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PAR RENE 1 i 0
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LA SAINTE BIBLE
SELON LA VULGATE
OUVRAGES DE M. VIGOUROUX
Les Livres Saints et la Critique rationaliste. Hisloire el réfutation des
objections des incrédules contre les saintes Ecritures, par F. Vicouroux, avec des
illustrations d’après les monuments, par M. l'abbé DourrLAnp, architecte. Cinquième
édition. 5 vol.in-89" . . 52 D c uo cc EN - M 35 fr.
vol. In LAC RER OR CR ONU 20 fr. ב תפחוס
Manuel biblique, ow Cours d'Ecrilure sainle à l'usage des séminaires. Ancien Tes-
tament, par F. Vicouroux. Nouveau Testament, par L. Bacuez. 11* édition. 4 vol.
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Carte de la Palestine, pour l'étude de l'Ancien et du Nouveau Testament, 1 feuille
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La Bible et les découvertes modernes en Palestine, en Égypte et en
Assyrie, par F. Vicounoux ; avec cartes, plans et illustrations, d’après les monu-
ments, par M. l'abbé DouiLLaRD, architecte. 6* édition. 4 volumes in-12. . 16 fr.
Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques modernes,
avec des illustrations d’après les monuments. 2° édit. 1 vol. in-12 . . . , 4 fr.
Mélanges bibliques La Cosmogonie mosaïque d’après les Pères de
l'Eglise, suivie d'éludes diverses relatives à l'Ancien et au Nouveau Testament
(Les inventeurs de l'explication naturelle des miracles : Eichhorn et Paulus. — Les
inscriptions el les mines du Sinai — Les Hélhéens de la Bible. — Le Livre des Pro-
verbes el la Fourmi — Susanne : caraclere véridique de son histoire. — Les Sama-
rilains au temps de Jésus-Christ. — La Bible et la critique, réponse aux Souvenirs
d'enfance et de jeunesse de Renan), par F. Vicouroux ; avec une carte et des illustra-
tions d'après les monuments, par M. l'abbé DouiLrAnD, architecte. 2* édition 4 volume
HR v ₪7 שר L8] בי τ -0- CORDON 4 fr.
La Sainte Bible selon la Vulgate, traduite en francais par M. l'abbé GLAIRE,
avec introductions, notes, appendices et index archéologique, par F. Vicouroux ; seule
approuvée après examen fait à Rome par la Sacrée Congrégation de l'Index. 4 vol.
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Le Nouveau Testament in-8° se vend séparément. . . . . . . . . 6 fr.
Sous presse : La Sainte Bible, formal in-18, caractères neufs, comprenant : 1° le texte
de la Bible distribué en alinéas avec divisions générales et secondaires des livres sa-
crés ; 2» des introductions; 39 des notes nombreuses ; 4? des appendices ; 5? des illus-
trations archéologiques 5 vol. in-18.
Nouveau Testament in-18 (nouvelle édition, caractères neufs), par MM. GLAIRE
et Vicouroux. Seule traduction approuvée par le Saint-Siège. Avec notes nouvelles,
— introductions, — appendices, — concorde des Evangiles, — tableau de l'histoire de
Notre-Seigneur Jésus-Christ, — index archéologique, table des Epitres et des Evangiles
de toute l'année. 1 vol, in-18 . . . . . . D US - ONDES NE ND: 2 fr.
Le méme:papienteinté, ה כ קסע סס|ת CCC 3 tr.
Les Saints Évangiles, suivis des Actes des Apótres, précédés de la messe et des
vépres. À vol. in-18, papier teinté, filet rouge . . . . . . . . . . . 0
EN COURS DE PUBLICATION :
La Sainte Bible polyglotte, contenant le texte hébreu, le texte grec, la Vulgate
latine et la version française de M. Glaire, avec les différences de l'hébreu et de la
Vulgate, des introductions, des notes, des cartes et des illustrations, par F. Viaou-
Roux. Paris, Roger et Chernoviz. L'ouvrage formera 8 forts volumes grand in-8 raisin.
Prix net pour les souscripteurs, le volume pris à Paris, . . . . . . . 7 τ:
Dictionnaire de la Bible, contenant tous les noms de personnes, de lieux, de
plantes, d'animaux, mentionnés dans les Saintes Ecritures, les questions théologi -
ques, archéologiques, scientifiques, critiques. relatives à l'Ancien et au Nouveau Tes-
tament, et des notices sur les commentateurs anciens et modernes avec de nombreux
renseignements bibliographiques. Ouvrage orné de cartes, de plans, de vues des lieux,
de reproductions de médailles antiques, de fac-similés des manuscrits, de reproductions
de peintures et de bas-reliels assyriens, égyptiens, phéniciens, etc, publié par
E. Vicouroux, avec le concours d'un grand nombre de collaborateurs. — Prix du fas-
cicule, in-49, de.320 COL RC EN TON NE. CORRE 5 fr.
BESANCON, — IMPRIMERIE JACQUIN.
LA
SAINTE BIBLE
SELON LA VULGATE
TRADUITE EN FRANÇAIS, AVEC DES NOTES
L'ABBEÉ J.-B. GLAIRE
Seule approuvée
APRÈS EXAMEN FAIT A ROME PAR LA SACRÉE CONGRÉGATION DE L'INDEX
NOUVELLE ÉDITION
AVEC INTRODUCTIONS, NOTES COMPLÉMENTAIRES ET APPENDICES
X זז IBCGOU IO ו הו
Prétre de Saint-Sulpice
PARIS MONTRÉAL
A. ET R. ROGER ET F. CHERNOVIZ LIBRAIRIE BEAUCHEMIN
Libraires-Éditeurs pe pa
256, RUE SAINT-PAUL
1, RUE DES GRANDS-AUGUSTINS
IMPRIMATUR
Besancon, le 27 avril 1905
F. LABEUCHE,
V; ;
CRUE
AVIS
Comme on le voit dans le Rescrit apostolique qui figure parmi les piéces sui-
vantes, Sa Saintelé Pie IX a daigné charger Son Eminence le Cardinal arche-
véque de Bordeaux, Mgr l'archevéque de Paris et Mgr l'archevéque de Bourges,
d'examiner notre traduction et d'en permettre la publication, pourvu qu'elle
soit entiérement conforme à l'ancienne Vulgate latine authentique; qu'elle ne
contienne rien de contraire à la foi et aux moeurs, et qu'elle soit accompagnée
de notes ou de commentaires tirés des saints Pères de l'Eglise, ou de savants
interprètes catholiques. Les trois prélats, aprés examen fait, ayant reconn
que notre version réunissait ces diverses condilions exigées par le Saint-Père
onf donné leur epprobation reproduite un peu plus bas. Mais, il faut bien le
remarquer, ceite commission du Saint-Pére ne doit pas être considérée comme
une approbation solennelle et proprement dite du Saint-Siège. Disons, en effet,
que cette approbation solennelle n'a été jamais donnée dans l'Eglise qu'à la
Vulgate latine, déclarée authentique par le Concile de Trente.
Que le lecteur nous permette d'ajouter ici un mot à ce qui a été dit sur la
littéralité de notre version dans l'Avertissement. Quelques nouvelles objections
rendent celte addition nécessaire.
Ainsi on a prétendu qu'en voulant catquer quelquefois les mots sur la tournure
ou sur l'expression latine, nous ne nous sommes pas souvenu de la régle posée
par saint Jérôme lui-même : Magis sensum è sensu, quàm ex verbo verbum trans-
ferre (Præfat. in lib. Judith). Bossuet, Sacy, cités dans le même avertissement,
ont déjà parfaitement répondu à celte objection. De notre cóté, nous dirons
que, sans avoir oublié ce texte, nous nous sommes souvenu de cet autre du méme
Père : Melius est in divinis libris transferre quod dictum est, licet non intelligas
quar? diclum sit, quàm auferre quod. nescias (In Ezech. xx); et nous répéterons,
avec D. Calmet, expliquant ce passage : « Il est de trop grande conséquence,
dans la traduction d'un texte, de déterminer un sens que peut-étre l'auteur a
voulu exprés laisser suspendu : ce n'est point exprimer son sens, c'est agir
contre ses fins et ses intentions (Comm. littér. Præf. génér., t. T, p. 4). »
On nous a reproché encore d'avoir reproduit avec un soin minutieux dans
nos notes les différences les plus légéres qui se trouvent entre le latin et le
francais, comme, par exemple, notre remarque : sont des biens, littéralement et
par hébraisme, sont en biens, ou pour biens (Eccli., xxxix, 32). Nous l'avouons
franchement, nous nous serions bien gardé de les faire, si nous n'avions eu un
but utile en les faisant. Or, ce but, c'est de montrer contre les détracteurs de
la Vulgate la fidélité avec laquelle saint Jérôme s'est attaché à reproduire, dans
toutes ses nuances les plus fines et les plus délicates, le texte original. Ainsi,
dans le passage de l'Ecclésiastique, le grec porte à la lettre sont en biens ou
AVIS.
pour biens, ce qui est un pur hébraisme que l'auteur lui-méme de ce livre a cru
devoir respecter dans le texte grec, et que saint Jéróme, à son tour, a voulu
conserver dans le Jatin.
En terminant sa lettre qui accompagne le Rescrit, le R. P. Sacchéri dit qu'il
espère que les vœux de M. Glaire seront enfin remplis, et que sa version pro-
duira dans l'Eglise des fruits trés abondants. S'il en est ainsi, nous n'aurons, en
effet, rien de plus à désirer en ce monde ; nos derniers jours seront pleinement
satisfaits; et dans le cas où il ne nous sera pas permis d'achever nos autres
travaux, nous n'en bénirons pas moins Dieu jusqu'au dernier soupir, de ce qu'il
a bien voulu nous accorder la grâce insigne de contribuer à répandre sa divine
parole.
J.-B. GLAIRE.
ammo PTS (2) 4 —
A SA SAINTETE PIE IX
TRÈS SAINT-PÈRE,
Profondément affligés de voir les protestants répandre leurs Bibles parmi les
familles catholiques avec une profusion alarmante, et par ce moyen y exercer
beaucoup d'influence, soit en déprimant à leurs yeux nos saintes croyances,
soit en attirant les enfants de ces familles dans leurs propres écoles, les Evéques
soussignés, dans le vif désir d'obvier à un mal aussi grave, viennent supplier
Votre Sainteté de vouloir bien faire examiner la Traduction francaise de l'An-
cien Testament de M. l'abbé Glaire, et de lui accorder, s'il y a lieu, l’impri-
matur.
On ne saurait douter que ce ne soit là un puissant moyen d'arréter les progrés
du mal, l'expérience ayant déjà prouvé que la publication du Nouveau Testa-
ment du méme auteur, précédemment autorisée par le Saint-Siège, avait produit
les fruits les plus salutaires.
[| est incontestable que rien aujourd'hui ne peut empêcher la lecture de la
Bible entiére dans le monde. Or n'y a-t-i! nas un grand avantage à substituer
une version fidèle et autorisée aux traductions inexactes et dépourvues de toute
approbation ecclésiastique ?
Enfin une Bible francaise autorisée par le Saint-Siège 616781] aux protestants
tout prétexte d'accuser injustement l'Eglise catholique d'empécher les Fidèles
de lire la parole de Dieu.
Les Evéques soussignés osent espérer que Votre Sainteté reconnaitra la légi-
üimité de ces considérations.
Dans cet espoir, ils la prient humblement d'agréer l'assurance de leur pro-
fonde vénération. |
Rome, le 5 juillet 1870.
+ Cu.-Fr. Ev. de Séez. T AucusrE. Ev. de Meaux.
+ Anwr.-CH. Ev. d'Angouléme. + Jos.-Ar. Ev. de Beauvais, de Noyon et
+ J.-B. 108008. Ev. d'Arras. Senlis.
T CHarLes. Ev. du Mens. + L.-Manik, Ev. d'Aire et Dax.
T Pierre-Hexri. Ev. de Belley. + Louis. Ev. de Rodez.
À cette occasion, comme Lloujours, je suis heureux de m'unir à Mgr l’évêque
de Rodez; et je me féliciterais si j'avais pu aider le pieux et savant M. Glaire,
qui a déjà beaucoup fait pour les Saintes Ecritures. + RÉNÉ, Ev. de Quimper.
+ A.-René. Ev. de Saint-Denis. + F&ux. Ev. de Limoges.
+ GasparD-MermiLLon. Ev. d'Hébron, + R.-François. Arch. de Cambrai.
auxil. de Genéve. + C.-Euie. Ev. d'Angers.
+ J.-A.-M. Ev. de Mende. + EuctwE. Ev. de Chartres.
+ L.-E. Ev. de Poitiers. + Fron. Arch. de Toulouse.
VII APPROBATIONS.
T Pierre. Ev. du Puy. + A-A. Durowr. Ev. d'Azoth, vic. apost
+ M.-Josern. Ev. de Périg. et de Sarlat. de Siam.
+ J.-François. Arch. de Reims. + Y.-M Cnoc. Ev. de Laranda, coadj. dt
+ Jaco.-Awr. Ev. d'Amiens. Tonquin.
+ A.-V.-FR? Ev. de Gap. T Fn.-C. Rinec. Ev. de Philippopolis, vic
T Jos.-Eucène, Ev. d'Ottawa. apost. de Corée.
+ Pierre. Ev. de Versailles. + ExwaNuEL-Jur. Ev. de Troyes.
+ V.-AucusrE. Arch. de Malines. + M.-Juuen. Ev. de Digne.
T G.-losern. Ev. de Tournai. + V.-Féux. Arch. de Sens.
T T.-Josepu. Ev. de Namur. + AwroiwE. Ev. de Para (Brésil).
+ Henrt. Ev. de Gand. + Perrus. Episcopus Sebni, Fluminis Ja-
t JgAw-Jos. Ev. de Bruges. nuarii.
T J.-CLatr. Ev. de la Guadeloupe. + ALoisius. Episc. Fortalixiensis.
+ L.-Aswr. Ev. de Saint-Claude. - T AuGusi .. Ev. de Nevers.
+ F.-N. Ev. de Valence. + Louis. Arch. d'Avignon.
+ F.-ManiE. Ev. de Maurienne. + François. Ev. de Carcassonne.
+ François. Ev. de Dijon. + J.-Josepn. Ep. Bostoniensis.
T E.-L. CaarsoxnEAU. Ev. de Jussa, vic. + J.-Jures. Ev. de Soissons et de Laon,
ap. du Mysore. + Iexri. Ev. de Fréjus et de Toulon.
t F. LaourENAN. Ev. de Faviopolis, vic. + L.-Tn. Ev. de Blois.
apost. de Pondichéry. + François. Ev. de Bayonne.
RESCRIPTUM
FERIA IV, DIE 22 JANUARII 1873
In audientia SSmi PII PP. IX. habita eadem die ab infrascripto Secretario exhibi-
tus fuit supplex libellus R. D. Joannis Baptistæ Glaire, quo humiliter petit, ut Emo
ac Rmo D. Cardinali Archiepiscopo Burdigalensi, et [mis ac Revmis DD. Archie-
piscopis Bituricensi, et Parisiensi Sanctitas Sua committere dignetur, versionem
gallicam Veteris Testamenti ab ipso exaratam recognoscere, jurisque publici facien-
dam permittere. SSmus benigne annuit juxta petita, hac tamen lege, ut hujusmodi
versio sit omnino conformis Veteri Vulgatæ Latin: authentic, nil in ea deprehen-
datur contra fidem, ac mores, et cum aunotationibus aut commentariis desumptis
ex Sanctis Ecclesie Patribus, vel ex doctis catholicisque viris juxta decretum a s. In-
dicis Congregatione die 13 Junii 1757 editum, et die 23 Junii 1817 tb eadem confir-
matum. Insuper Sanctitas Sua declaravit, ut hæc tribus superius laudatis Archie-
piscopis data commissio minime censeatur veluti solemnis ac propria dictæ versionis
gallicæ Veteris Testamenti approbatio a S. Sede prolata.
10 spilli Fr. HIERONYMUS PIUS SACCHERI
PRESSE Ord. Praed. Sacr. Indicis Cong. ₪
Jegretaria Del l'Indiche
MINERVA N? 3.
EMO AC R"? DOMINO D. CARD. ARCHIEP. BURDIGALEN.
EMINENTISSIME AC REVERENDISSIME DOMINE,
Pergratum sane ac honorificum munus a SS. D. N. PP. IX (quem Deus diu sospitem
servet) mihi est commissum ad Eminentiam Tuam Reverendissimam mittendi Res-
criptum, quo Eadem Sanctitas Sua benigne indul-it supplici exhibito libello R. D.
Joannis Baptistæ Glaire pro obtinenda recoguitiouc versionis gallicæ veteris Testa-
APPROBATIONS, τὰ
taentí ab ipso peräctæ, et pro facultate eam typis consignandi, perpensis tamen et
omnino adhibitis certis quibusdam conditionibus in eodem Rescripto contentis.
Eminentiam vero Tuam certiorem facio ipsum Rescriptum, dé quo agitur, in ejusdem
versionis procemio plané inserendum esse
Idcirco in spem adducor, D. Glaire votorum suorum adimplementum tandem con-
sequturum, simulque fructus in Sancta Dei Ecclesia uberrimos ex hac versione ori-
turos.
Interim Tibi, Eminentissime Domine, felicia ac leta ex animo adprecatus sa-
eram purpuram humiliter Tibi deosculor et ad quaque officia me paratissimum
exhibeo.
Datum Roma, die 26 januarii 1819,
Eminentie tuæ Reverendissimæ
Addictissimus
Fr. HIERONYMUS PIUS SACCHERI
Ord. Præd. Sacr. Indicis Congr. a Secretis,
La méme lettre ἃ été adressée à Nos Seigneurs les Archevéques de Paris et de
Bourges.
Nous, CARDINAL ÁRCREVÉQUE DE BORDEAUX,
Vu le rapport trés favorable qui nous a été fait par un savant professeur délégué
par Nous, sur la traduction de l'Ancien Testament de M. Glaire, vicaire général et
chanoine honoraire de notre diocèse,
Uéclarons cette version conforme au texte latin de la Vulgate, et avons la convie-
tion qu'elle sera d'une grande utilité pour les fidéles, et qu'elle remplacera avan-
tageusement celles qui ont eu cours jusqu'à présent el dont aucune n'offre autant
de garantie.
+ FERDiNAND, Card. Donner, Archevéque de Bordeaux.
Bordeaux, 16 6 mars 1810.
ARCHEVÊCHÉ DE PARIS
Sur le rapport qui nous a été fait par un savant professeur de théologie, que nous
avions chargé d'examiner la traduction de l'Arcien Testament par M. l'abbé Glaire,
nous déclarons exacte et conforme au texte de la Vulgate cette version en langue
francaise, et nous en autorisons l'impression et la lecture.
Fait à Paris, le l** mars 1813.
T J. Hipr., 4rchevéque de Paris.
ARCHEVÉCHÉ DE BOURGES
Conformément au rapport qui nous a été fait par un de nos vicaires généraux,
nous aimons à déclarer que la traduction francaise des livres de l'Ancien Testament,
par M. l'abbé Gluire, est entièrement conforme au texte latin de la Vulgate, inter-
prété, lorsqu'il en est besoin, par les textes originaux, et accompagné de notes expli-
catives, ainsi que le demande le saint Concile de Trente.
L'auteur s'est attaché à rendre cette version aussi littérale que possible. Dans son
ἘΚ APPROBATIONS.
. Avertissement, il répond d'avance à ceux qui seraient tentés de lui en faire un re-
proche. Pour nous, nous voyons dans cette exactitude minutieuse, qui parfois pourra
paraitre excessive, une qualité plutót qu'un défaut. Dans tous les cas, plus fidéle et
plus complète que la plupart des versions françaises, celle-ci répond au besoin qui
s'est fait sentir depuis longtemps dans notre pays, d'une traduction sûre et autorisée
qu'on puisse mettre sans aucun danger entre les mains des fidèles. Nous l'approuvons
en ce qui nous concerne, ct selon la teneur du Rescrit apostolique, en cate du
22 janvier de la présente année. Wa
+ U.-A., Archev, de Bourges,
Bourges, le 5 mars 1813.
JUGEMENT
DES! CRITIQUES LES PLUS HABILES ET DES INTERPRÈTES LES PLUS SAVANTS
DU PROTESTANTISME SUR LA VULGATE
1. Paul Fage ou Fagius traite de demi-savants et d'impudents tous ceux qui
osent mal parler de cette version : « Non est ergo temere nata Vulgata editio, ul
quidam scioli stulte et impudenter clamitant (1). »
2. Scaliger, cité, par G. Carpzov ou Carpzovius, dit que jamais personne n'a
été plus capable de traduire l'Ecriture que saint Jéróme, à cause de l'érudition
et de la connaissance des langues qu'il possédait : « Nemo majorem erudilionem
et apparatum iinguarum et translationem Scripturz. attulit post Hieronymum,
quam Hieronymus.» Sans partager entièrement l'avis de Scaliger, Carpzovius
avoue cependant que saint Jérôme 8 surpassé de beaucou 2 lous les docteurs de
son temps, et qu'il a donné des preuves irrécusables de ;on savoir en hébreu,
Soit dans ses Commentaires, enrichis de notes critiques sur les lecons et va-
riantes et les différentes interprétations du texte, soit uans ses savantes pré-
faces, soit enfin dans tous ses autres travaux bibliques (2).
3. Drusius loue le Concile de Trente d'avoir donné à la Vulgate !a sanction de
son autorité, « parce que, dit-il, les versions nouvelles ne sont pas meilleures
que cette ancienne, et qu'elles ont peut-étre de plus grands défauts (3). »
4, Grotius, rendant raison du motif qui l'a porté à choisir la Vulgate pour en
faire le fond de ses notes sur l'Ancien Testament, dit : > J'ai toujours beaucoup
estimé cette version, non seulement parce qu'elle ne renferme rien de con-
traire à la saine doctrine (nulla dogmata insalubria continet), mais encore parce
que son auteur est plein d'éruditiou (4). »
9. Louis de Dieu, comparant la Vulgate avec les traductions latines du Nou-
veau Testament faites par Bèze et par Erasme, dit : « Si j'affirme que l'auteur de
la Vulgate, quel qu'il soit, est un savant et un trés savant homme, je ne croirai
pas avoir mal jugé. Il a des défauts, je l'avoue, il a aussi ses barbarismes; mais
je ne puis nier que j'admire partout sa bonne foi et son jugement, méme dans
les endroits où il parait barbare (5). » Cet auteur ne s'est pas borné à cet aveu;
dans ses remarques tant sur l'Ancien que sur le Nouveau Testament, il appuie
souvent la Vulgate et la défend contre ceux qui l'attaquent.
6. Dr. Walton reconnait qu'on doit faire grand cas de la Vulgate (magni facien-
(4) Præfat. ad collat. translat. Vet. Test.
(2) G. Carpzovius, Crit. sacr. Proæmium, p. 21, 22.
(3) Loca difficilia Pentateuchi.
(4) Praefat. annotationum Vet. Test,
(5) Notz ad Evangelia, passim.
xiu JUGEMENT.
dam), tant pour son antique et son long et universel usage dans l'Occident,
que pour le savoir (doctrinam) et la fidélité (fidelitatem) de l'interprète Jérôme,
que les plus savants prolestants (protestantium doctissimi) proclament avec
reconnaissance comme ayant bien mérité de l'Eglise... Puis, aprés avoir cité
comme: défenseurs de cette version, Béze, Andrews, Fage, Louis de Dieu et
Casaubon, il ajoute : « Ces témoignages prouvent assez clairement que les pro-
testants les plus savants, bien qu'ils n'accordent pas à la Vulgate une autorité
souveraine, et qu'ils ne l'égalent pas aux sources primitives, en la déclarent
exemple de toute erreur, ils ne la méprisent pas; ils lui rendent, au contraire,
l'honneur qui lui est dû. C'est pourquoi nous l'avons irsérée dans votre édition
de la Bible, laissant de côté les traductions latines qui ent été faites de nos
jours, d’après des manuscrits hébreux et grecs trés récents, et auxquelles, à
cause de leur nouveauté méme, nous n'avons pas dà convenablement donner
une place parmi les versions que leur antiquité rend vénérables (1). » ו
7. Thomas Hartwel Horn, quoique n'ayant pas une zrande zutorité parmi les
critiques, peut d'autant mieux étre invoqué en faveur de la Vulgate, qu'étant
anglican, son jugement n'est pas suspect, et qu'il parle d'aprés l'opinion com-
mune de ses coreligionnaires. Cet écrivain dit donc que, > bien que la Vulgate
ne soit ni inspirée, ni infaillible..., il est cependant reconnu qu'elle est en géné-
ral une version fidéle, qu'elle pa assez souvent le sens des Ecritures avec plus
d'exactitude que les versions plus modernes..., et que, par conséquent, elle ne
doit en aucune manière être négligée dans la critique biblique (2). » vits
8. W. Gesenius, mort en 1842, était assurément l'hébraisant le plus habile de
l'époque; eh bien, ce savant philologue malgré ses préjugés dogmatiques et
son rationalisme si prononcé, combat très souvent les significations de mots
hébreux et les interprétations données, soit par toutes les autres versions, soit
par les commentateurs et les hébraïsants anciens et modernes, pour maintenir
les sens assignés aux mots et aux phrases du texte original par l'auteur de la
Vulgate, On n'a, pour s'en convaincre, qu'à parcourir son Thesaurus lingue
hebrez et chaldææ Vet. Test.
9. Depuis Gesenius, il a paru en Allemagne plusieurs ouvrages en faveur de
la Vulgate; ouvrages faits par des protestants trés renommés; nous nous bor-
nerons à citer celui de Hermann Rœnsch, intitulé : Ztala und Vulgata ; das
Sprachidiom des urchrislichten Itala und der katholischen Vulgata. — Leipzig, 1869,
in-8.
J.-B. GLAIRE.
(4) Polyglot., prolegom., X.
(3) An Introd. to the ον itical study and. Knowledge of the holy Scriptures, vol. M,
part. 1, p. 239. Eighth edition,
— 325-0» (Seo oc— —
AVERTISSEMENT
En publiant notre traduction du Nouveau Testament avant celle de
l'Ancien, nous avons déféré à l'avis de plusieurs évêques, d'un grand
nombre de prétres de différents pays et du Souverain Pontife lui-méme;
et nous l'avons fait avec d'autant plus d'empressement, qu'ils sont les
meilleurs juges d'une pareille anticipation. Mais, par là méme, nous
avons dà mettre en téte des éditions du Nouveau Testament un avertis-
sement qui y devenait nécessaire, quoique sa place naturelle füt immé-
diatement avant ia waduction de l'Ancien. Nous reproduisons donc ici
cet avertissement, en y faisant, toutefois, des additions nécessitées par
certaines circonstances.
Bien que préparé à cette traduction par une étude des langues et de
la science bibliques, continuée pendant plus de quarante années, nous
n'aurions osé entreprendre une tâche aussi difficile, si nous n'y avions
élé fortement engagé, et en France et en plusieurs pays étrangers,
par des hommes dont l'autorité doit être du plus grand poids pou:
nous. 51 donc il y a eu témérité de notre part, nous espérons trouver
dans ces encouragements une excuse légitime.
Nous avions d'abord pensé à reproduire la version de Sacy, avec de
nombreux changements; mais, aprés un examen plus approfondi et
une confrontation plus rigoureuse de cette version avec la Vulgate,
nous avons dü renoncer à cette idée. Sacy, en effet, est moins traducteur
que paraphraste; il semble méme, dans une multitude de passages,
affecter de s'écarter de la lettre, sans qu'il y aitle plus léger motif qui
puisse 1' obliger. Aussi, il faut bien le reconnaitre, si la traduction se
recommande par une grande pureté et ure certaine élégance de style,
elle ne laisse pas méme entrevoir qu'elle soit la représentation d'un
texte qui.à conservé dans tout leur naturel les couleurs si vives et si
tranchées de la composition orientale dont il émane. Ajoutons que ce
mode de traduction libre, tout en mettant fort à l'aise le traducteur lui-
méme, laisse souvent la pensée de l'écrivain sacré dans un vague et une
obscurité qui ne permettent pas au lecteur de la saisir d'une manière
claire et précise. De là vient que quand on compare Sacy avec saint
Jéróme, on ne comprend pas toujours quel rapport il peut y avoir entre
l'un et l'autre.
τιν / AVERTISSEMENT.
Quant à la traduction de Genoude, elle est trop défectueuse pour que
nous ayons songé un seul instant à la prendre pour base de notre
travail. L'auteur, profondément ignorant de/tout ce qui touche à nos
divines Ecritures, a accumulé contre-sens sur contre-sens, omis une
foule de mots importants; et, quoiqu'il semble avoir voulu se conformer
à la Vulgate et la reproduire aussi littéralement qu'il est possible, il lui
arrive constamment de l'abandonner pour suivre l'hébreu ou le grec,
sans les traduire exactement, et de copier, avec une fidélité scrupu-
leuse, la paraphrase de Sacy. |
On comprend. aisément que. nous àyons cherché à mettre à profit les
traductions bibliques de Bossuet. 11 y a trente-cinq ans que, sur les
instances d'un vénérable sulpieien, M. Mollevaut, nous entreprimes de
recueillir de ses divers ouvrages tout ce qu'il a traduit de nos saintes
Ecritures. Ainsi nous devons beaucoup au grand évéque de Meaux;
cependant il nous est arrivé fort souvent de donner des interprétations
autres que les siennes. On ne saurait s'en étonner, puisque, malgré son
érudition, d'ailleurs prodigieuse, Bossuet manquait d'une connaissance
indispensable à tout exégète de la Bible, de la connaissance de l'hébreu.
Mais nous devons au lecteur quelques explieations sur la nature de
notre propre travail. Le premier devoir d'un traducteur étant de choisir
un texte qui puisse donner toutes les garanties désirables, nous nous
sommes entierement coniormé à i'ea1tion ae ia Vulgate donnée à Turin
par Hyacinthe Marielti, et approuvée par un décret de la Congrégation
de l'Index, en date du 26 juin 1850. Quant a notre traduction elle-
méme, ce qui la caractérise surtout, c'est une rigoureuse littéralité.
Ainsi, toutes les fois que les exigences de notre langue ne s'y sont pas
opposées, nous avons rendu la Vulgate mot, pour mot. Or, voici les
avantages que nous avons cru trouver dans ce genre d'interprétation.
D'abord la Bible conserve mieux son admirable simplicité, sa noble
concision, la richesse et la vivacité de ses images, la hardiesse de ses
tropes; en un mot, tout le charme d'un style pittoresque; qui attache
le lecteur, sans le fatiguer jamais. En second liéu, toutes les traductions
autorisées ont suivi lesystème de la littéralité, et la Vulgate elle-même s'y
est généralement conformée; car le manque de clarté qu'on lui reproche
dans un grand nombre de passages vient précisément de ce que son
auteur a cru devoir expliquer les textes originaux au pied de la lettre (4).
Troisièmement, enfin, le respect même dû à la parole de Dieu nous à
empêché d'adopter le mode d'une traduction libre, comme exposant
continuellement le traducteur à faire prendre le change sur le vrai sens
des écrivains sacrés, en leur prétant des idées qui ne sont pas les leurs.
(1) Plusieurs critiques ont objecté que saint Jéróme s'est souvent éloigné du texte.
hébreu; nous avons répondu ailleurs à cette objection; nous nous bornons à dire ici
que le texte hébreu que lisait le saint docteur était évidemment différent du nótre
dans plusieurs endroits.
AVERTISSEMENT, Xy
Que si, malgré ces motifs, on nous faisait encore le reproché d'étre
trop littéral, nous nous croirions en être pleinement justifié par ia con-
sidération que ce mode de traduction nous a été imposé par le traduc-
teur sans égal, Bossuet, que nous avons pris pour modèle, et 8 qui, par
conséquent, nous avons dû faire le plus d'emprunts possibles. Or, Bos-
suet ne connait pas de raison suffisante d'abandonner jamais, méme au
détriment du génie de notre langue, une littéralité qui rend le texte,
etle texte. tout entier, dans sa simplicité, dans sa rudesse, et, le cas
échéant, dans ses ombres et son obseurité; une littéralité qui n'autorise
point. la. licence criminelle. d'introduire dans le texte des paraphrases
qu'on devrait renvoyer dans les notes, pour ne point mêler ou substituer
la pensée de l'homme à la pensée de Dieu; une littéralité qui ne veut
pas que, par. מט esprit. de ménagement. et une fausse délicatesse, on
donne n sens vague à un terme précis; une littéralité qui exige, non
seulement que les expressions et les tours identiques dans le texte se
rendent de la méme sorte dans la traduction, mais encore que la figure
du texte, son allure, sa manière d’être, sa physionomie, soient. fidèle-
ment reproduites en conservant Lous les idiotismes grecs ou hébreux.
Enfin, Bossuet ne connait pas de raison suffisante d'abandonner la litté-
ralité qui, en présence du texte sacré, rejelant toules les pompes 6
l’éloquence humaine, parle simplement, et comme de mot à mot, la
langue des pauvres pécheurs de Galilée. Ces considérations, que Bossuet
ἃ répandues cà et là dans ses écrits (1), se trouvent parfaitement résu-
mées dans le passage suivant, où, en parlant de la traduction de Sacy,
imprimée à Mons, il dit au maréchal de Bellefonds : > Je vois avec
regret que quelques-uns affectent delire une certaine version plus à
cause des traducteurs qu'à cause de Dieu qui parle, et paraissent plus
touchés de ce qui vient du génie ou de l'éloquence de l’interprèté, que
des choses mêmes. J'aime, pour moi, qu'on respecte, qu'on goûte et
qu'on aime, dans les versions les plus simples, la sainte vérité de Dieu.
Si la version de Mons a quelque chose de blàámable, c'est principale-
ment qu'elle affecte trop de politesse, et qu'elle veul faire trouver, dans
lautraduclion, un agrément que le Saint-Esprit a dédaigné dans l'ori-
ginal. Aimons la parole de Dieu pour elle-même; que ce soil la vérité
qui nous touche, et non les agréments dont les hommes éloquents l'au-;
ront parée. La, traduction de Mons aurait eu quelque chose de plus
vénérable et de plus conforme à la gravité de l'original, si. on l'avait
faite un peu plus simple, et si les traducteurs eussent moins mélé leur
industrie, et l'élégance naturelle de leur esprit à la parole de Dieu (2). »
Il semble que Sacy avait sous les yeux ces paroles de Bossuet et qu'il
(1), M. Wallon (de l'Institut), digne interprète de. Bossuet, a réuni la plupart de ces
considérations dans les Evangiles. traduction de Bossuel, mise en ordre, Avertissement,
passim.
(2) Lettre xix au maréchal de Bellefonds, ₪ XXVII, p. 16, édit. de Versailles, 1818,
avi AVERTISSEMENT.
en sentait toute l'importance, lorsque, l'année méme dé sa mort, il
disait à son ami Fontaine, au sujet de sa traduction de la Bible : « Que
sais-je, si je n'ai rien fait contre les desseins de Dieu? J'ai tàché d'óter
de l’Ecriture sainte l'obscurité et la rudesse, et Dieu, jusqu'ici, a voulu
que sa parole fût enveloppée d'obscurités. N'ai-je donc pas sujet de
craindre que ce ne soit résister aux desseins du Saint-Esprit, que de
donner, comme j'ai tâché de faire, une version claire et peut-ótre assez
exacte par rapport à la pureté du langage? Je sais bien que je n'ai
affecté ni les agréments, ni les curiosités qu'on aime dans le monde,
et qu'on pourrait rechercher dans l'Académie francaise. Dieu m'est
témoin combien ces ajustements m'ont toujours été en horreur; mais je
ne puis me dissimuler à moi-méme que j'ai tàché de rendre le langage
de l'Ecriture clair, pur et conforme aux règles de la grammaire ; et qui
peut m'assurer que ce ne soit pas là une méthode différente de celle
qu'il a plu au Saint-Esprit de choisir? Je vois dans l'Ecriture que le feu
qui ne venait pas du sanctuaire était profane et étranger, quoi qu'il püt
étre plus clair et plus beau que celui du sanctuaire... Il ne faut pas se
tromper dans cette belle pensée d'éditier les âmes. Il y a une grande
différence entre contenter et édifier. Il est certain que l'on contente les
hommes en leur parlant avec élégance; mais on ne les édifie pas tou-
jours en cette matière (1). »
On comprend aisément que, d’après ces considérations, nous n'ayons
pas couru après l'élégance du style, vaine chimère qu'on n'atteindra
jamais, dans une traduction de la Bible, sans s'écarter de la voie de la
fidélité et de l'exactitude. Nous avions d'ailleurs un autre modèle
que nous devions tout naturellement imiter : nous voulons parler de
saint Jéróme. Or, le savant Pére s'est-il jamais fait un scrupule de
s'écarter du génie de l'idiome latin, en employant des termes et des
tours de phrases inusités dans la pure latinité classique? Et si, sans
remonter aussi haut, nous demandions à l'Italien Martini, à l'Espagnol
Scio, à l'Allemand Allioli et aux auteurs de la Bible anglaise catho-
lique, pourquoi ils ont, eux aussi, sacrifié si souvent, dans leurs ver-
sions, le génie de leur langue, et surtout l'élégance du style, ils ne
manqueraient pas de répondre : que c'était pour ne pas étre obligés de
sacrifier quelque chose de beaucoup plus important, le respect et la
fidélité dus au texte sacré. Mais si notre traduction, comme toutes celles
qui se piquent d'une rigoureuse fidélité, n'est pas d'une élégance clas-
sique, comme on dit, elle est du moins correcte ; aussi osons-nous affirmer,
en nous fondant sur le témoignage de plusieurs littérateurs des plus
distingués, que ceux qui en ont critiqué certains passages ont prouvé,
par là-méme, qu'ils avaient une connaissance bien imparfaite de notre
langue; car nous n'avons nullement dépassé les limites tracées par des
(V) Sainte-Beuve. Hisloire de Port-Royal. b Yi «is ,
AVERTISSEMENT. XVII
écrivains qui jouissent d'une grande autorité dans le monde littéraire.
Cependant, hátons-nous de le dire, partout où une trop grande litté-
ralité ne rendait pas assez fidélement ou assez clairement la pensée de
ces écrivains, nous l'avons abandonnée ; mais, dans ce cas méme, nous
ne nous en sommes éloigné que le moins possible, et en reproduisant,
dans les notes, les termes et les constructions que notre langue ne per-
meltait pas d'introduire dans le corps du texte. D'un autre cóté, nous
n'avons pas cru devoir nous en 6087107, en traduisant certains mots de
plusieurs manières, puisque, dans les textes primitifs eux-mêmes, ils
offrent réellement une variété de sens. Tel est, par exemple, le verbe
dire (en latin dico), qui, en hébreu aussi bien qu'en chaldéen, en
syriaque et en arabe, signifie souvent répondre, répliquer, repartir, etc.,
et auquel saint Jérôme lui-même 8 substitué tantôt inquio, tantôt aio.
Tel est encore répondre (respondeo), mot représentant l'hébreu mana,
primitivement élever la voix, crier; combien de fois n'échange-t-il point
sa signification première contre celle de prendre la parole, ou parler
avant tout autre? Et, pour ne plus citer qu'un exemple en ce genre, la
même parlieule e£ ne réunit-elle pas, dans les quatre langues orien-
tales que nous venons de nommer, les diverses nuances de mais,
cependant, en outre, ensuite, ctc., tandis qu'en mille endroits elle devient
purement pléonastique pour un traducteur francais, surtout quand elle
marque simplement l'apodose? Enfin, on ne viole certainement pas les
lois de la littéralité, ni en négligeant dans une traduction francaise les
particules quia, quoniam, quand elles ne sont qu'explicatives, ou en les
rendant par disant, en disant, lorsque, représentant le kr hébreu, le AN
arabe, le KH persan, elles ne servent qu'à introduire dans le récit un
discours direct; ni en substituant un nom au pronom qui le représente,
afin d'éviter la confusion, ramphiboiogie, et, en un mot, tout ce qui
pourrait blesser la susceptibilité de notre langue.
Nous croyons avoir rendu plus fidélement que la plupart des traduc-
teurs en langue vulgaire, bien des phrases tant de l'Ancien que du
Nouveau Testament, non seulement en tenant compte de l'emploi ou ,
de l'omission de l'article déterminatif, qui existe dans l'hébreu et dans?
le grec, et que l'auteur de la Vulgate n'a pu reproduire dans le latin ;
| mais en conservant, aulant qu'il a été possible, l'ordre méme des mots,
‘attendu que cet ordre influe toujours plus ou moins sur le sens du
texte; car il est incontestable que certaines inversions, contraires à la
marche naturelle οἱ ordinaire de la phrase, ne sont nullement arbi-
traires et un pur effet d'euphonie, mais que le mot qui occupe la
premiére place dans une proposition est généralement celui auquel
l'écrivain sacré attache le plus d'importance, et par conséquent sur
lequel il veut arrêter plus particulièrement l'esprit du lecteur (1).
(1) Ce n'est pas seulement dans les langues bibliques que l'on trouve ces sortes
de constructions grammaticales, c'est encore dans beaucoup d'autres idiomes, tant
xvin AVERTISSEMENT.
Comme un certain nombre de passages de l'Eeriture se trouvent
diversement rendus dans les versions qui sont à l'usage des catholiques
anglais, espagnols, italiens et allemands, nous avons emprunté de ces
versions les sens qui nous ont paru les mieux TOMOS (4).
L'Eglise s'opposant avec la plus grande sagesse à la publication de
versions en langue vulgaire, quand elles ne sont pas accompagnées de
notes tirées des saints Pères ou de savants écrivains catholiques, nous
en avons ajouté à notre traduction; elles ont pour objet, tantót d'éclair-
cir les passages obscurs, tantôt de justifier la Vulgate contre l'accusa-
tion de barbarie, en montrant que les irrégularités si étranges qu'on lui
reproche ne sont pour la plupart que de purs hébraismes, qu'elle a
voulu conserver par respect pour le texte sacré, tantôt de réfuter les
objections faites dans le monde par des chrétiens qui ne sont pas suf-
fisamment instruits de ce qui touche à la religion, tantót enfin de con-
cilier les principales contradictions apparentes de la Bible. Mais comme
il est certaines difficultés qui, par leur nature, ne sauraient étre bien
expliquées au moyen de simples notes, nous avons cru devoir placer
des observations préliminaires en téte des livres oü se rencontrent ces
difficultés.
Beaucoup de catholiques ne rougissant point de se joindre au com-
mun des protestants, pour déprimer la Vulgate, ou au moins pour lui
refuser toute l'estime qui lui est due à tant de titres, nous avons cru
devoir mettre ici les témoignages des critiques les plus habiles, et des
interprètes les plus savants du protestantisme en faveur de cette ver-
sion, qui a conquis d'ailleurs la vénération de tous les siècles qu'elle ἃ
Lraversés.
Lorsque notre version du Nouveau Testament a paru pour la première
fois, le R. P. Grenier, missionnaire oblat, à Québec, dans le bas Canada,
a bien voulu nous proposer quelques améliorations que nous avons
mises à profit avec reconnaissance. La table qui termine cet avertisse-
ment est une de ces améliorations. Ainsi c'est d’après les conseils du
savant missionnaire que nous avons traduit en francais A table of refe-
rences, placée à la fin des Bibles anglaises catholiques, en l'intitulant :
Citations, par ordre alphabétique, des textes de la Bible qui établissent les
dogmes catholiques contre les erreurs des protestants. Les catholiques
peuvent opposer ces citations avec confiance aux protestants qui leur
disent que leurs prétendus dogmes ne sont nullement fondés sur l'Ecri-
türe, et qu'ils n'ont d'autre appui que les décisions imaginaires de
de l'Orient que de l'Occident; et le francais, en particulier, en fournit de nombreux
exemples.
(1) Ces versions, que nous avons souvent confrontées en composant la nótre, sont
la Bible anglaise, dont l'Ancien Testament a été publié pour la première fois à Douai
par le Collège anglais, et le Nouveau à Reims, également par le Collège anglais; la
Bible espagnole de Philippe Scio; la Bible italienne d Antoine Martini, et a Bible
allemande de Josepli-Francois Allioli.
AVERTISSEMENT. XIX
l'Eglise romaine. C'est encore d’après ses conseils que, dans le volume
consacré au Nouveau Testament, nous avons ajouté une noté supplé-
mentaire dont le but est d'appuyer par des exemples celle qui a rapport
aux expressions, les frères, les sœurs de Jésus (Matth., xi, 46 ; xii, 55, 56),
« point très important, dit le P. Grenier, dont nos frères séparés se
servent tous les jours pour égarer nos pauvres catholiques. »
Nous venons de dire en quoi nous avons 1866 de mieux faire que nos
devanciers, el par quelle voie nous avons cherché à y parvenir. Avons-
nous atteint ce but? on en jugera. Evidemment, quant à nous, si nous
ne pensions pas que notre travail, envisagé sous les nombreux et divers
points de vue qu'il embrasse, réunit au moins quelques avantages de
plus que les autres travaux de méme genre, nous n'auriens jamais eu
l'idée de le publier, ou plutót nous l'aurions abandonné, dés que nous
aurions reconnu l'inanité de nos efforts. Mais avons-nous réussi de
manière à être salisfail de notre œuvre, à la juger, non plus par com-
paraison avec les autres traductions françaises, mais avec le modèle
dont nous avons entrepris la copie, c'est-à-dire la Vulgate, le livre que
tout homme versé dans les matières bibliques considère comme le plus
difficile à faire passer dans notre langue? Sous ce rapport, personne
assurément ne jugera nolre traduction plus sévèrement que nous ne
l'avons fait nous-méme, parce que personne n'a mieux compris toute
l'étendue des difficultés que présente un pareil travail, non seulement
pour le langage et pour le style, mais pour le sens exégétique et théo-
logique. Aussi n'est-ce pas sans dessein que, dès 165 premiers mots de
cel avertissement, nous avons déclaré que, malgré nos quarante années
consacrées à l'étude des diverses branches de la science biblique, nous
n'aurions pas osé entreprendre une lâche aussi difficile, si nous n'y
avions élé fortement engagé par des hommes dont l'autorité doit être
du plus grand poids pour nous. Nous sommes donc pleinement con-
vaincu que dans quelques passages sur le sens desquels différent entre
eux, et les théologiens, et les commentateurs, el les Péres eux-mémes,
nous avons pu ne pas choisir le sentiment le mieux fondé, malgré la
comparaison la plus minutieuse des divers moyens qu'offre à un tra-
ducteur la critique sacrée, aussi bien que l'herméneutique et l’exégèse.
Nous ne sommes pas moins convaincu qu'en ce qui touche au langage
et au style, plusieurs imperfections ont pu nous échapper, les unes par
inadvertance, les autres par suite du système de littéralité que nous
avons adopté.
Quant aux notes qui accompagnent notre traduction, il en est quel-
ques-unes qui, au premier abord, paraitront peut-étre trop scientifiques;
mais, comme cette traduction est destinée à tous les catholiques indis-
tinctement, et par conséquent aux hommes instruits et méme aux
savants, aussi bien qu'à ceux dont l'esprit est moins cultivé, nous avons
cru qu'elles ne seraient pas sans quelque utilité. Encore ici, nous n'hé- :
sx AVERTISSEMENT.
sitons pas à lé dire, il est très possible que nous ne soyons pas toujours
resté dans une juste mesure.
Un dernier mot sur notre traduction. Il y a, sans contredit, dans dif:
férentes parlies de la Bible, des passages trés difficiles à comprendre,
puisque l'apótre saint Pierre lui-méme avoue qu'il s'en trouve dans les
Epitres de saint Paul (II Pierre, nt, 16). Nous rappellerons donc au lec-
teur que, comme, d’après le méme apótre, 71 n’est nas permis d'expliquer
aucune prophétie, c'est-à-dire aucune parole inspirée de l'Ecriture, par
une interprétation particulière, 1 devra, pour tous ceux que nous n'avons
pu expliquer suflisamment, recourir aux pasteurs de l'Eglise qui ont
recu lumiere et mission pour éclaircir les difficultés, comme on recourt
ordinairement, et tout naturellement, aux jurisconsultes, par exemple,
pour toute question de législation embarrassante, ou bien au médecin,
pour tous les cas difficiles que peut présenter la pathologie ou toute
autre partie de la médecine.
J.-B. GLAIRE.
ume σοῦ}. LU je AUT τς Gene rernm ren
PREFACE
La Bible, expression tirée du mot grec livre, et qui signifie elle-
méme le /ivre par excellence, est devenue, depuis quelques siecles,
un nom propre que l'on met en téte du recueil de nos saintes Ecri-
tures. On appelle la Bible sainte, parce qu'elle contient la parole de
Dieu écrite par des hommes divinement inspirés, qu'elle traite de la
religion, chose la plus sainte et la plus sacrée; qu'elle est une source
de vérité et qu'elle contribue puissamment à nous sanctifier, en nous
offrant les regles de conduite les plus sages et les plus parfaites.
Elle se compose de l'Ancien Testament, גוס Ancienne Alliance que
Dieu fit autrefois avec son ancien peuple, les Hébreux, et du Nouveau,
qui est la Nouvelle Alliance faite parla médiation de Jésus-Christ sur
la croix. Mais nous prenons ici ces dénominations pour les monu-
ments ou les livres qui nous font connaitre sous leurs divers rapports
ces deux Alliances divines. Or les livres de l'Ancien Testament sont :
La Genése (en grec, génération, naissance), qui commence par le
récit de l'origine du monde, l'/Zzode (en grec sortie), rapportant la
sorlie des Israélites de l'Egypte; le Lévitique, où figure surtout la
tribu de Lévi; les Nombres, ainsi nommés à cause des divers dénom-
brements qui s'y trouvent; le Deutéronome (en grec, seconde loi),
qui est en grande parlie une répétition des lois déjà connues ; Josué,
gui lire son nom de Josué, successeur de Moïse; les Juges, dont
l'objet srincipal est l'histoire des chefs qui gouvernerent les Israé-
PRÉFACE. אא
lites depuis la mort de Josué jusqu'à Samuél; Ruth, contenant l'his-
toire d'une femme moabite de ce nom, devenue fort célebre; les
Rois, formant quatre livres dont les deux premiers ne faisaient
qu'un autrefois sous le nom de //vre de Samuél, soit parce qu'on
croyait que Samuél en était l'auteur, soit parce qu'il commcuce par
la naissance de ce prophete, et qu'il contient sa vie, son gouverne-
ment et sa mort, et dont les deux derniers ne faisaient également
qu'un appelé Livre des Rois, parce qu'ils rapportent les actions des
rois d'Israël et de Juda (1); les Paralipomènes (en grec, choses omises),
qui tout en répétant un grand nombre de faits déjà contenus dans
les Rois, renferment cependant quelques événements et quelques
parlicularités qu'on ne trouve nulle part ailleurs dans l'Écriture; les
deux livres d' Esdras, dont le second porte le nom de NéAémie dans
les Bibles hébraiques; Z'obie, qui n'est que l'histoire des deux Tobie,
pere et fils; Judith, nom tiré de celui d'une sainte veuve qui délivra
la ville de Béthulie; Esther, nom également tiré de celui d'une Juive
illustre, qui obtint d'Assuérus, roi de Perse, la liberté et la vie des
Juifs; Job, contenant l'histoire et surtout les malheurs d'un homme
ainsi appelé; les Psaumes, au nombre de cent cinquante, dits
Psaumes de David, parce que c'est David qui en a composé la plus
grande partie; les Proverbes, c'est-à-dire les sentences, les maximes;
le sujet général de ce livre est en effet des leçons courtes et instruc-
Lives, écrites par Salomon en un style concis et sentencieux ; Ecc/é-
siaste (en grec, qui assemble) ou orateur parlant devant une assem-
blée; nom qui désigne Salomon, comme le prouve le livre lui-même
en plusieurs endroits; le Cantique des cantiques, c'est-à-dire, le
plus beau des cantiques ; sainte allégorie qui nous représente l'amour
réciproque de Dieu et de l'Église; la Sagesse, ou recueil de toutes
sortes d'instructions qui conduisent à la vertu; l'Ecclésiastique (en
grec, livre en usage dans l'assemblée, dans l'Eglise), qui fait l'éloge
de la sagesse des patriarches, des prophètes, et autres personnages
illustres du peuple hébreu, qui trace des règles de conduite et
exhorte à l'amour de la sagesse; les Prophètes, au nombre de seize,
dont les prophéties se rapportent principalement ou aux Juifs, ou
aux nations étrangères, ou au Messie, et dont quatre sont appelés
grands prophètes, et douze, petits prophètes, àcause du peu d'étendue
de leurs prophéties; les premiers sont : /saie, Jérémie auquel on
(1) Remarquons cependant que le deuxième de ces deux premiers livres, contenant
l'histoire de Saül, premier roi des Hébreux, peut légitimement porter le titre dy
Livre des Rois, aussi bien que les derniers.
PRÉFACE. XXIII
joint Baruch, son secrétaire, et auteur d'une prophétie, Ézéchiel,
Daniel; les derniers : Osée, Joél, Amos, Abdias, Jonas, Michée,
Nahum. Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie; enfin, les
Machabées, premier et second (les troisième et quatrième étant
apocryphes), qui contiennent l'histoire des fils de Mathathias. illustre
héros de:la nation juive, et dont l'un des fils était surnommé Ma-
chabée.
Nous ne terminerons point cette préface sans rappeler que l'Écri-
ture sainte étant la parole méme de Dieu, son divin Testament, le
dépót de ses secrets et de ses divines volontés. elle ne saurait pro-
fiter qu'autant qu'on la lia avecune foi vive, une humilité profonde,
une soumission parfaite et une enliere pureté d'intention.
J.-D. GLAIRE.
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INTRODUCTION
AU PENTATEUQUE
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1:
ANALYSE DU PENTATEUQUE.
8I. Du Pentateuque en général.
On appelle Pentateuque le livre dans iequel Moise, libérateur et
législateur des Hébreux, a raconté, avec l'aide de l'inspiration divine,
vers le xv? siecle avant notre ere, les origines du monde et l'histoire
du peuple de Dieu jusqu'au moment où celui-ci est sur le point
d'entrer dans la Terre Promise.
Le Pentateuque, de πέντε, cinq, et τεῦχος, volume, est ainsi nommé
à cause de sa division en cinq livres dans les Bibles grecques et
latines. Les Juifs l'ont toujours appelé Thorah ou la 20 parce qu'il
contient la législation mosaïque et que la Genèse elle-méme n'est
qu'une introduction historique à la Loi. Nous désignons les cinq
livres du Pentateuque par un nom tiré de leur contenu et surtout
du sujet dont ils s'occupent d'abord, à cause de l'usage oriental de
dénommer un livre par son commencement : 15 Genèse ou origine,
parce qu'elle raconte en commengant la création et l'origine des
choses; 2 Exode ou sortie, parce que le commencement et plus de
la moitié du livre sont employés à décrire la sortie des Hébreux
d'Egypte; 3^ Lévitique, parce que les premiers chapitres et une
portion considérable de ce livre sont exclusivement consacrés à
l'exposition des lois cérémonielles faites pour la tribu de Lévi;
4 Nombres, parce qu'ils commencent par un dénombrement du
peuple et des lévites; 5° Deutéronome ou seconde loi, parce qu'il
contient une récapitulation, une seconde promulgation de la loi
Ás T. | 1
2 INTRODUCTION AU PENTATEUQUE.
déjà donnée. — Les Hébreux désignent les cinq parties du Penta-
teuque par le premier mot de chaque livre: Bereschith, Veelle
schemoth, etc.
La Genèse sert d'introduction aux quatre derniers livres du Penta-
teuque et à toute l'histoire du peuple de Dieu. Elle nous raconte
l'histoire du monde jusqu'àla vocation d'Abraham, et l'histoire des
patriarches Abraham, Isaac et Jacob jusqu'à la mort de ce dernier
en Egypte. La famille de Jacob devient un peuple en Egypte. Les
trois livres qui suivent la Genèse nous font connaitre d'une maniere
continue l'histoire de l'établissement de la nationalité hébraique et
la loi qui lui est donnée. Le cinquième livre, le Deutéronome, a,
comme la Genèse, une physionomie à part: il se compose d'une
suite de discours dans lesquels Moïse résume, explique ou complète
le code qu'il a imposé à Israël par l'ordre de Dieu. La Genèse pré-
pare donc l'Exode, ie Lévitique et les Nombres, et le Deutéronome
les récapitule. Tel est 16 plan général et l'unité du Pentateuque.
S II. La Genese.
La Genèse se divise en dix sections d'inégale longueur et d'inégale
importance, mais très caractérisées. Elles sont précédées du récit
de la création, qui sert d'introduction et comme de préface à tout
le Pentateuque et à toute la Dible.
Création du monde, 1-11, ὃ.
4° Histoire des origines du monde et de l'humanité, 11, 4-1v, 26.
9» Histoire de la descendance d'Adam, v-vi, 8.
3 Histoire de Noé, vi, 9-1x, 29.
4 Histoire des enfants de Noé, x-xr, 9.
5° Histoire de Sem, xi, 10-26.
6° Histoire de Tharé et d'Abraham, xt, 27-xxv, 11.
7° Histoire d'Ismaél, xxv, 12-18.
8° Histoire d'Isaac, xxv, 19-xxxv
9% Histoire d'Ésaü, xxxvi.
10° Histoire de Jacob, xxxvii-L.
Ainsi, au commencement de la section 10°, nous lisons : « Voici 5
générations de Jacob : Joseph avait dix-sept ans, etc.» Le mot généra-
tions signifie ici purement et simplement histoire, puisque ces géné-
rations ont été déjà énumérées, xxx; tous les fils de Jacob sont nés
pendant la vie d'Isaac et pour ce motif leur naissance a 616 6
INTRODUCTION AU PENTATEUQUE. 3
dans l'histoire d'Isaac et n'est pas répétée ici. De méme, 11, 4 et sui-
vants : « Voici les générations du ciel et de la terre, » signifie sim-
plement : « Voici l'histoire de la création, etc. »
Cette division est très clairement indiquée dans la Genese méme.
Chacune des dix sections commence par ces mots: Voici les géné-
rations. Cest pour ainsi dire le titre qui annonce aux lecteurs une
nouvelle partie du livre. Moise emploie le mot de générations de la
méme maniere que nous emploierions le mot d'histoire, parce que
les généalogies forment le cadre de son histoire et que les géné-
rations des patriarches sont en méme temps l'histoire des patriarches
et de leur famille. La Genèse est comme un vaste tableau généa-
logique auquel est joint le récit des événements. C'est là ce qui
constitue l'unité de la Genèse et en explique le tissu et la compo-
sition.
L'auteur suit une marche uniforme et traite son sujet, dans cha-
cune de ses dix sections, de la méme manière. Quand une généa-
logie se subdivise en plusieurs rameaux, les rameaux secondaires,
dont les chefs ont été nommés dans le récit des événements,
obtiennent toujours une mention. Ces rameaux sont invariablement
énumérés dans l'ordre inverse de leur importance et avant :a branche
principale. Les branches secondaires sont ainsi éliminées et ne
reparaissent plus, si ce n'est accidentellement. Le nombre d'années
qu'a vécu chacun des patriarches de la ligne directe est constamment
donné; ce nombre n'est point indiqué pour les lignes latérales,
Ismaél excepté. L'auteur se contente de relever en passant quelques
particularités de leur histoire. 1} pousse généralement l'énumération
des descendants assez loin.
Chaque section commence d'ordinaire par une répétition ou réca-
pitulation. Ainsi nous lisons, Gen., xxv, 19-20 : « Voici les générations
d'Isaac, fils d'Abraham. Abraham engendra Isaac. Celui-ci, א 6
de quarante ans, épousa Rébecca, fille de Bathuel, le Syrien de Méso-
potamie, sceur de Laban. » Tous ces événements avaient été déjà
racontés plus haut en détail, xxr, xxiv. Ce résumé n'est pas conforme
ànos habitudes et à nos procédés littéraires, mais il n'en est pas
moins très caractéristique, il sert tout à la fois de transition et
d'avertissement, pour indiquer le passage d'un sujet à un autre et
le commencement d'une nouvelle section.
Voici quel est le contenu des dix sections.
Après le préambule de la création des six jours, l'auteur raconte :
4° La génération du ciel et de la terre, τι, 4-1v, 26, c'est-à-dire l'his-
ᾷ INTRODUCTION AU PENTATEUQUE.
toire primordiale de tous les êtres terrestres et de l'homme iui-
méme, le commencement de l'histoire du monde, le paradis terres-
tre, [a chute d'Adam et sa descendance dans la ligne de Caïn, jusqu'à
la septieme génération.
2% Le livre des générations d'Adam, v-vi, 8, nous fait connaître la
descendance d'Adam dans la ligne bénie de Seth et comprend dix
générations, jusqu'à Noé, c’est-à-dire l'histoire antédiluvienne des
enfants de Dieu.
3° Les générations de No£, vi, 9-1x, 29, forment une section à part,
à cause de l'importance de ce patriarche qui est comme le second
père de l'humanité et au nom duquel se rattache l'histoire du
déluge.
4 Les générations des enfants de Noé, x-xi, 9, tiges de tous
les peuples de la terre, méritent une division particulière, qui
est la célèbre 7aóle ethnographique de la Genèse, laquelle est
comme le point de départ et le principe de toutes les histoires parti-
culières.
5° A partir de là, la Bible cesse d’être l'histoire générale de l'hu-
manité pour devenir d'abord l'histoire de la famille de Sem, puis, en
se restreignant de plus en plus, de la famille d'Abraham, et enfin
seulement de l'unique famille de Jacob. La 5* section, ,זא 10-26, énu-
mere brievement les générations de Sem, en s'attachant exclusive-
ment à la ligne principale, les autres lignes accessoires ayant été
mentionnées dans la section précédente. L'objet de cette partie, qui,
pour les premieres générations, n'est qu'une répétition, est de nous
montrer que l'histoire se circonscrit et abandonne toutes les lignes
généalogiques collatérales. La famille de Sem se perpétue jusqu'au
jour où sa mission divine va être manifestée.
6° Les générations de Tharé, xi, 21-xxv, 11, commencent à nous
faire entrer dans le vif de l'histoire du peuple de Dieu, tout en don-
nantlieu à de nouvelles éliminations, celles des freres d'Abraham
el de leur postérité, dont la vie nous est cependant racontée autaut
qu'il est nécessaire pour comprendre la suite des événements pos-
térieurs ; mais la plus large place est donnée, comme il convient, à
Abraham. Cette période est une période de pérégrinations dont
l'objectif bien déterminé est le pays de Chanaan où se rend 16 pa-
triarche.
75 Les générations d'Ismaél, xxv, 12-18, sont données brièvement
avant celles d'Isaac, selon la règle constante de l'auteur de la Ge-
nèse, qui, comme nous l'avons mentionné plus haut, énumere tou-
INTRODUCTION AU PENTATEUQUE. 5
jours la postérité des personnages dont elle a parlé, mais en faisant
précéder par la généalogie (es branches secondaires la généalogie
de la branche principale.
8^ Les générations d'Isaac, Yhéritier des promesses divines faites
à Abraham, commencent aussitôt que Moïse en a fini avec Ismaël,
le rejeton secondaire, xxv, 19-xxxv. Elles contiennent en méme
temps l'histoire de ses deux enfants, Jacob et Ésaü, jusqu'au moment
où Isaac meurt et où Jacob devient ainsi le chef de la famille. Cette
section est l'histoire d'un premier séjour en Palestine.
9 Avant de passer à l'histoire de Jacob, le personnage principal,
Moïse, conformément à la regle qu'il suit sans exception, nous fait
connaitre les générations d'Ésaü, xxxvi. 11 les poursuit assez loin et
probablement jusqu'à son époque, cf. Nom., xx, 14 et suivants, ce
qui nous prouve que l'intention de Moise, en nous fournissant tous
ces détails, était de planter en quelque sorte des jalons et d'éclairer
à l'avance la suite du récit du Pentateuque.
10° Les générations de Jacob, xxxvu-r, terminent le livre de la
Genese. Moise raconte dans cette derniere section l'établissement
des Israélites en Egypte. Elle s'ouvre par le récit de l'événement
dont se servit la Providence pour amener en Ezypte Joseph, qui
devait y attirer plus tard son père et ses freres, et elle se termine
par la mort de Jacob et de Joseph, qui y laissent leur postérité.
« La Genèse [a donc] été rédigée sur un plan d'une entière régu-
larité ; elle est en réalité un grand tableau généalogique accompagné
d'un texte explicatif, un tableau généalogique où les événements
de l'histoire primitive et de l'histoire patriarcale viennent s'inter-
caler dans les intervalles de la ligne principale ou des lignes secon-
daires, selon les personnages qui y jouent un róle prépondérant, et
dans lequel les faits ainsi distribués recoivent un développement
proportionné à leur importance dans lensemble. En un mot, dans
le premier livre de Moise, la généalogie est le cadre de l'histoire. »
(Εμμ. Cosquin.)
8 II. L'Exode.
L'Exode nous montre Israël, devenu un peuple en Egypte, opprimé
par les Pharaons du pays et affranchi de leur joug par l'envoyé de
Dieu, Moise, au moyen des plus éclatants miracles; la promulgation
de la loi sur le Sinai et la construction du tabernacle.
L'Exode se divise en trois parties : 4° les événements qui pré-
cedent et préparent la sortie d'Egypte; ?* la sortie d'Egypte jusqu’à
8 INTRODUCTION AU PENTATEUQUE.
l'arrivée au Sinai ; 8° la législation du mont Sinaï et la construction
du tabernacle.
fre partie, מזא-ז 36. Événements qui précèdent la sortie d'Egypte.
— Cette partie se subdivise ainsi: 19 Tableau de l'oppression
d'Israël, τ. — 2° Histoire des quarante premieres années de la vie de
Moïse, π. — 3? Vocation de Moïse et son retour en Egypte, mr-iv. —
4* Vaines tentatives auprés du Pharaon pour obtenir l'affranchis-
sement d'Israël, v-vi. — 8" Description des neuf premières plaies
qui laissent 16 Pharaon endurci, vii-x. — 6° Annonce de la dixième
plaie, institulion de la Páque, mort des premiers-nés, départ pré-
cipité d'Israël, xi-xir, 36.
Ile partie, xit, 37-xvir. Sortie d'Egypte. — Elle contient quatre sub-
divisions: — 1° Premiers campements des Hébreux; prescriptions
pour la Páque; sanctification des premiers-nés; apparition de la
colonne de nuée, xir, 37-xur. — 99 Passage de la mer Rouge, xiv-xv,
21. — 3° Voyage des Israélites et premieres stations dans le désert;
les cailles, la manne, l'eau miraculeuse, xv, 22-xvit, 7. — 4° Victoire
remportée sur les Amalécites; visite de Jéthro, xvir, 8-xvur.
IIl? partie, xix-xr. Promulgation de la loi sur le mont Sinai et cons-
truction du Tabernacle. — Elle renferme quatre subdivisions : —
19 Conclusion de lalliance entre Dieu et les Hébreux ; arrivée au
Sinai et préparatifs pour la promulgation de la loi, xix-xx ; premieres
lois, מזואא-זאצ 19; avertissements sur l'entrée dans la terre de Cha-
naan, xx111, 20-xxiv, 44. — 2» Prescriptions concernant la construc-
tion de l'arche d'alliance et du Tabernacle, xxiv, 19-xxxr, 48. —
3° Digression historique amenée par un événement qui se produisit
alors, la défection du peuple et l'adoration du veau d'or, xxxir-xxxrv.
— 4° Construction du Tabernacle, xxxv-xr.
8 IV. Le Lévitique.
Le Lévitique contient les lois qui se rapportent à l'exercice du
culte en général et en particulier.
On peut distinguer trois parties dans ce livre. L'Exode a déter-
miné le lieu où seraient offerts les sacrifices et tout ce qui s'y rap-
porte extérieurement; le Lévitique regle maintenant: 4° ce qui
regarde les sacrifices; 2 les impuretés légales; 3° le Sabbat et les
fétes.
Ir Partie, 1-xr. Des sacrifices. — 1° Espèces, but, rites des sacri-
fices, 1-vir. — 2° De la consécration des prêtres. Punition des enfants
INTRODUCTION AU PENTATEUQUE. 1
d'Aaron qui ont violé les prescriptions concernant le culte divin,
vir-x. — 3? Des victimes des sacrifices ou des animaux purs et im-
purs, XI.
Il Partie, xu-xxn. Puretés et impuretés légales. — 4? Relevailles,
xm. — 9» Lépreux, xurxiv. — 8° Impuretés involontaires, xv. —
4 Entrée du grand prétre dens le sanctuaire; bouc émissaire; fête
de l'expiation, xvi. — 5? Règles pour l'immolation des victimes:
défense de manger le sang et la chair des animaux non égorgés,
xvi. — 6° Prescriptions contenant le mariage, xvii. — 7° Préceptes
moraux et religieux divers, xix-xx. — 8° De la sainteté des prétres,
XXI-XXII.
IlI* Partie, xxur-xxvir. Sabbat et fètes. — 4° Le sabbat etles grandes
fètes de l'année, xxiu-xxvr. — 2? Des vœux et des dimes, xxvir.
S V. Les Nombres.
Les Nombres se relient étroitement au Lévitique, dont ils sont
une suite, comme le Lévitique lui-méme est la continuation non
interrompue de l'Exode. [15 racontent l'histoire du peuple hébreu
depuis le départ du Sinai, la seconde année après la sortie d'Egypte,
jusqu'à la quarantieme année; ils ne nous font pas connaitre en
détail cette période, mais en énumèrent seulement les événements
principaux : les révoltes successives des Israélites et la punition qui
en fut la conséquence, les lois et ordonnances promulguées dans cet
intervalle, et la conquéte de la Palestine située à l'est du Jourdain.
On peut y distinguer trois parties: 4° préparation au départ du
mont Sinai, r-x ; 2° révoltes du peuple dans le désert et faits saillants
jusqu'au commencement de la quarantième année après la sortie
d'Egypte, xi-xix; 3° événements accomplis et lois portées pendant
les dix premiers mois de la quarantieme année de l'Exode, xx-xxxvi.
1τὸ Partie, r-x. Préparatifs pour le départ du mont Sinai. — 4° Re-
censement du peuple, ordre de campement, 1-17. — 2 Recensement
des Lévites, mr-iv. — 3° Lois particulières, v-vi. — 4° Présents des
chefs de tribu au Tabernacle, vir. — 5° Consécration des Lévites, vin.
— 6° Célébration de la Pâque au Sinai, 1x, 1-14. — 79 La colonne de
feu et de fumée, 168 trompettes pour la mise en marche, 1x, ,א-15 10.
— 8° Départ du Sinai, x, 11-36.
II* Partie, xi-xix. Chutes et révoltes du peuple dans le désert. —
1* Révoltes à Thabeérah ; partie du camp incendiée; cailles et Sépul-
cres de concupiscenee, xr. — 90 Murmures de Marié et d'Aaron contre
8 INTRODUCTION AU PENTATEUQUE,
Moïse; châtiment de Marie, xir. — 3° Envoi des espions dans la terre
de Chanaan, sédition à leur retour, ΧΠΙ-ΧΙΥ. — 4° Lois diverses, xv.
— 5° Révolte de Dathan, Coré et Abiron, xvr-xvrr. — 6? Prescriptions
diverses, XVIII-XIX.
III* Partie, xx-xxxvr. Evénements accomplis et lois portées pendant
les dix premiers mois de 18 quarantième année de l'Exode. — 4° Ar-
rivée dans le désert de Sin; mort de Marie, d'Aaron, etc., xx. —
9» Victoire remportée sur le roi chananéen Arad; les serpents de
feu; victoire sur Og et Séhon, xxr. — 3° Balaam et ses prophéties,
xxn-xxiv. — 4° Idolâtrie des Israélites, leur châtiment, xxv. —
5° Nouveau recensement du peuple pour le partage de la Terre
Promise; filles de Salphaad; Josué désigné comme successeur de
Moïse, xxvr-xxvii. — 6» Fétes et vœux, xxvi-xxx. — 7° Victoire sur
les Madianites, .זצאא -— 8° Etablissement de Ruben, de Gad et de la
demi-tribu de Manassé, au delà du Jourdain, .זואאא — 9° Campements
des Israélites: limites de la Terre Promise, .טזאאא-זוזצאא — 10° Villes
lévitiques, villes de refuge, xxxv. — 11% Prescriptions pour le ma-
riage des héritières, ]טאאא
8 VI. Le Deutéronome.
Le Deutéronome forme un tout complet. Il ne se rattache pas
étroitement aux Nombres, comme les Nombres au Lévitique, et le
Lévitique à l'Exode; ses divisions sont plus marquées que dans ces
irois derniers livres. 11 se distingue aussi des autres parties du Pen-
iateuque en ce qu'il se compose principalement, non de récits, mais
de discours prononcés dans les plaines de Moab, vis-à-vis de Jéricho,
.e onzième mois de la quarantieme année de l'Exode. Ces discours
sont au nombre de trois. en ne tenant pas compte de l'interruption,
xxix, 1 (Hébreu, xxvii, 69). Ils sont précédés d'un titre, 1, 1-5, et sui-
vis d'une conc'usian historique, xxxr-xxxiv.
Ie Discours. 11 sert d'introduction au Deutéronome, 1, 6-rv, 43. Le
législateur fait d'abord un abrégé historique des événements qui se
sont passés depuis que la loi a été donnée sur le mont Sinaï, 1, 6-1,
puis une exhortation pressante à l'observation de la loi, ιν, 1-43.
II* Discours. C'est la partie principale du livre, v-xxvi. Il résume
surtout la loi mosaïque, dans ses points fondamentaux. Moïse lc
commence en rappelant la loi et spécialement le décalogue, v-vi, 3.
T1 développe ensuite sa pensée.
49 Dans une premiere partie, vi, 4-xi, il rappelle aux llébreux les
INTRODUCTION AU PENTATEUQUE. 9
motifs qu'ils ont d'étre fideles à Dieu. Jéhovah est le seul vrai Dieu,
le seul objet digne de leur amour et de leur respect, vr, 4-25. Ils
doivent donc extirper le culte des idoles dans le pays de Chanaan, vit,
par reconnaissance pour les bienfaits de Dieu, vnur, qui sont tout à
fait gratuits de sa part, ix-x, 11. Malédiction contre les infideles, x,
19-xi, 32. |
2 La seconde partie du discours, xir-xxvi, résume 18 législation
mosaïque : — 4° Droit religieux : Unité de culte, xu-xim; prohibition
des usages paiens; défense de se nourrir de viandes impures; paye-
ment de la dime, xiv; année sabbatique; rachat des premiers-nés, xv;
les trois principales fêtes de l'année, xvi, 1-17. — 2^ Droit public;
droit personnel: Ordonnances pour déraciner lidolàtrie; pouvoir
judiciaire des prétres; du choix d'un roi, xvi, 48-xvn. Droits et de-
voirs des prêtres et des prophètes, xvi. — Droit réel: Immunité des
villes de refuge; des bornes; des témoins. xix. — Droit de guerre;
exemption du service militaire; traitement des ennemis, xv; expia-
tion d'un meurtre dont l'auteur est inconnu ; traitement des femmes
prises à la guerre, xxt, 1-14. — 3° Droit privé : droit d'ainesse ; devoirs
envers les enfants, xxr, 15-23; des objets perdus et trouvés; des vé-
tements; des nids d'oiseaux; de la construction des maisons; du
mélange des semences et des étoffes, xxu, 1-12; des vierges, xxi,
13-30; lois diverses, entre autres surlusure, les vœux, etc., xxii;
du divorce; des pauvres; des étrangers, xxiv; la flagellation; le lé-
virat; poids, mesures, etc., xxv; offrandes des premiers-nés et de la
dime, xxvi, 1-18. — Péroraison: exhortation à l'observance invio-
lable de toutes ces prescriptions, xxvi, 16-19.
HT: Discours, sans titre, xxvir-xxx. — Le discours final comprend
trois parties. — 1° Engagement que devra prendre le peuple, après
avoir conquis la Terre Proinise, sur le mont Hébal et le mont Gari-
zim, d'être fidèle à la loi, xxvi. — 2» Bénédictions promises à l'ohéis-
sance, menaces contre l'infidélité, xxvim. — 3° Exhortations pres-
santes à l'observation de la loi, xxix-xxx.
Conclusion historique, xxxi-xxxrv. — 1? Moïse désigne Josué comme
son successeur. Avis divers, entre autres, ordre delire la loi pendant
l'année sabbatique et de la conserver dans l'arche, xxxi. — 2° Can-
tique de Moïse, xxxi. — 3° Bénédiction des tribus d'Israël, xxxii. —
4° Mort et deuil de Moïse, xxxiv.
10 INTRODUCTION AU PENTATEUQUE.
II.
DE L'AUTHENTICITÉ DU PENTATEUQUE.
Les Juifs et les chrétiens ont toujours cru que Moïse, le libérateur
etle législateur des Hébreux, était l'auteur des cinq livres du Pen-
tateuque. Ce fait historique est prouvé par le témoignage de ce livre
lui-même. Dans l'Exode, xvur, 14, Dieu commande à Moïse d'écrire
non pas dans wn livre, mais dans /e livre, comme le porte le texte
hébreu, le récit de la bataille contre les Amalécites, ce qui suppose
l'existence d'un livre dans lequel étaient consignés les événements
concernant l'histoire d'Israél. Le ch. xxiv, 4, de l'Exode. dit expres-
sément: > Moïse écrivit tous les discours du Seigneur. » Le y. 7
nomme en toutes lettres le Séfer Berith ou Livre de l'alliance, et
Moise le lit au peuple. Moise avait donc écrit non seulement les lois,
mais aussi les faits historiques. Le Deutéronome est plus explicite
encore : > Moïse, y est-il dit, xxxr, 9, écrivit cette loi (ha-thórdh) et
la donna aux prétres, fils de Lévi. » On a essayé, il est vrai, de res-
treindre au seul Deutéronome les passages tirés de ce livre, mais
cette restriction est contraire à l'interprétation de tous les siècles.
— Le récit de la mort de Moïse, Deut., xxxiv, qu'on reconnait géné-
ralement être l’œuvre d'un écrivain postérieur, peut-être de Josué,
et qui est placé à la fin du Pentateuque comme une sorte d'appen
dice, ne prouve nullement que Moise n'a pas écrit ce qui précede.
Tous les livres postérieurs au Pentateuque confirment ce qu'il nous
apprend lui-méme sur son origine mosaique. Toute l'Histoire Sainte
présuppose le Pentateuque et les événements qui y sont racontés,
l'origine chaldéenne de la race Israélite, le séjour en Egypte, l'Exode
et la législation mosaique. Le mont Sinai, surlequella loi fut donnée
au peuple de Dieu, est le berceau de sa nationalité.
Si plus tard, le souvenir du Sinai s'éclipse devant celui de Sion,
où Dieu habite, il n'est pas complètement oublié, car le prophète
Elie va le visiter, et le mont Sion lui-méme est, pour ainsi dire, un
autre Sinai :
Le Seigneur est au milieu d'eux dans un sanctuaire, comme autrefois
sur le Sinai. (Ps. Lxvir, 18.)
Et de méme que Sion présuppose le Sinai, toute l'histoire juive
présuppose la législation du Sinai.
INTRODUCTION AU PENTATEUQUE. 11
Et ce qu'il y a de particulièrement remarquable dans l’histoire de
la législation hébraïque, ce qui en confirme l'antiquité et l'origine
d'une manière frappante, c'est qu'elle n'est pas faite, comme les
autres législations, à l'image du peuple qu'elle régit. Elle ne sort
pas de lui, comme le fruit de l'arbre qui le porte, elle n'est pas l'ex-
pression de ses idées et de ses penchants, elle est, au contraire, en
opposition absolue avec ses goüts et ses inclinations, et cependant
il s'y soumet. 11 est comme invinciblement porté à l'idolátrie, il y
tombe souvent, il n'y persiste jamais. Qui est-ce qui l'en retire et
l'empéche de s'y perdre? La loi. Supprimez la loi, supprimez Moise,
supprimez le Pentateuque, et rien n'est intelligible dans son histoire.
Les Psaumes sont tout imprégnés de la loi de Moise, ainsi que les
livres sapientiaux. Les Psaumes descriptifs et historiques ne sont
qu'un résumé des faits racontés par Moise. Le Psautier est le Pen-
tateuque mis en prieres.
Tous les prophétes connaissent les livres de Moise, et y puisent
fréquemment. Enfin le Nouveau Testament confirme le témoignage
de l'Ancien et Notre Seigneur lui-méme cite Moise comme l'auteur
du Pentateuque.
Une preuve nouvelle et importante de l'origine mosaique de ce
livre nous est fournie par les monuments égyptiens. L'exactitude
minutieuse du texte n'atteste pas seulement une connaissance par-
faite de l'Egypte, mais la connaissauce de l'Egypte telle qu'elle était
sous les Ramsès, à l'époque de l'Exode. Ce qui est dit de l'état du
pays, des principales villes de la frontiere, de la composition de
l'armée, est vrai de l'époque des Ramsès et non de l'époque des
pharaons contemporains de Salomon et de ses successeurs. Or, une
telle exactitude ne peut étre le résultat d'une tradition qui se serait
transmise à travers une durée de plusieurs siècles; elle nous reporte
au temps de Moise.
Le Deutéronome, en particulier, contient de nombreuses allusions
aux usages de l'Egypte. Il interdit aux Hébreux, Deut., iv, 15-48, les
œuvres de sculpture qu'on prodiguait dans l'empire des pharaons,
de peur qu'elles ne les séduisent et ne les entraînent à l’idolâtrie. Il
défend aussi au roi, quand il y en aura un en Israél, de ramener son
peuple en Egypte, טא 16. Voilà, certes, une crainte qu'on ne peut
avoir conçue que dans le désert, lorsque les Hébreux, naguère sortis
de la vallée du Nil, et découragés par les privations qu'ils avaient à
endurer, comme par les obstacles qu'ils rencontraient sur la route
de la Terre Promise, étaient tentés de retourner dans la terre de
42 INTRODUCTION AU PENTATEUQUE.
Gessen. Un certain nombre de passages rappellent les usages pha-
raoniques : — xx, 5, les chefs, schoterim, qui font penser par leur
nom méme aux scribes égvptiens et en remplissent les fonctions en
temps de guerre; — xxvii, 1-8, les pierres enduites de chaux dont on
se sert pour écrire; — xxv, 2, la bastonnade infligée pour certaines
fautes de la méme maniere que nous la représentent les monuments
égyptiens; — xr, 10, les nombreux canaux dans lesquels on distri-
buait l'eau du Nil et que les auditeurs, auxquels l'orateur s'adresse,
ont vu de leurs yeux ou connaissent par le récit de leurs pères ; —
vit, 15, et xxvur, 60, les maladies dont les Hébreux ont souffert en
Egypte, etc. Les nombreuses prescriptions du Pentateuque contre la
lèpre prouvent qu'elles ont été portées en un temps proche de la
sortie d'Egypte, parce que c'est surtout à cette époque que ce mal
terrible a été fréquent parmi les Hébreux, Deut., vir, 15 (4).
Enfin l'authenticité du Pentateuque est confirmée par les ar-
chaismes et les locutions qui lui sont propres. Les livres de Moise
ont une couleur antique, qui est produite par des mots et des formes
vieillis depuis, comme aussi par le caractere poétique de sa prose et
la puissante originalité de sa poésie. Ces archaismes ne se ren-
contrent déjà plus dans le livre de Josué. Le Pentateuque ne contient
d'ailleurs d'autres mots étrangers que des mots égyptiens. Tout nous
prouve ainsi qu'il a été écrit au temps de l'exode et qu'il est l'œuvre
de Moise, comme l'a toujours enseigné la tradition juive et chré-
tienne (2).
(1) On peut voir le développement de cette preuve dans La Bible et les découvertes
modernes, 5° édit., t. π, p. 519 et suiv.; 516 et suiv.
(2) Pour l’éclaircissement de certaines questions importantes, concernant ie Penta-
teuque, voir les notes placées à la fin du volume
97990 0% טפ ל —
LA GENESE
CHAPITRE PREMIER.
Création du monde et de l'homme.
Dieu soumet toutes les créatures à
l'homme.
1. Aucommencement Dieu créa
le ciel et la terre.
2. Mais la terre était informe
et nue, et des ténèbres étaient
sur la face d'un abime, et l'Esprit
de Dieu était porté sur les eaux.
3. Or Dieu dit : Que la lumière
soit. Et la lumière fut.
4. Et Dieu vit que la lumière
était bonne, et il sépara la lu-
mière des ténèbres.
5. Et il appela la lumiere, Jour,
et les ténebres, Nuit : et d'un soir
et d'un matin sefitunjourunique.
6. Dieu dit encore : Qu'un fir-
mament soit fait entre les eaux,
et qu'il sépare les eaux d'avec les
eaux.
1. Et Dieu fit le firmament, et
il séparales eaux qui étaient sous
le firmament de celles qui étaient
sur le firmament. Et il fut fait
ainsi.
8.0rDieu nomma le firmament,
Ciel; et d'un soir et d'un matin se
fit un second jour.
9. Dieu dit ensuite : Que les
eaux qui sont sous le ciel se ras-
semblent en un seul lieu, et que
la partie aride paraisse.
10. Or Dieu nomma la partie
aride, Terre, et les amas d'eaux,
il les appela Mers. Et Dieu vit que
cela était bon.
11. Et il dit : Que la terre pro-
duise de l'herbe verdoyante, et
faisant de la semence, et des ar-
bres fruitiers, faisant du fruit se-
lon leur espece, dont la semence
soit en eux-mêmes sur la terre.
Et il fut fait ainsi.
12. Et la terre produisit de
l'herbe verdoyante, et faisant de
CHaP. I. 1. Ps. xxxi, 6; cxxxv, 5; Ecclés., xvin, 1; Actes, xiv, 14; xvii, 24. —
3. Hébr., xi, 3. — 7. Ps. cxxxv, 5; cxLvii, 4; Jór., x, 12; L1, 15. — 10. Job, xxxvii, 4;
DSTI T LXXXVIII, 125 CXXXV. Ὁ.
Ζ
1. Au commencement; c'est-à-dire rien n'existant encore que Dieu seul. — * Voir
à la fin du volume la note 1 sur la cosmogonie mosaique.
3. Littér. : Que lumière soit, et lumière fut. Par lumiere, il faut entendre ici le fluide
lumineux dont les astres sont devenus les moteurs.
6, 7. Le mot firmament de la Vulgate, aussi bien que l'hébreu expansion, étendue
signifie l'atmosphére, qui non seulement divise les eaux des nuées que les vapeurs
y forment, de celles de la terre, mais qui pesant sur les eaux des mers, les main-
tient et les affermit dans leur état liquide et dans leurs limites.
M. Faisant du fruit; portant déjà du fruit, chargés de leurs fruits. — Selon leur
espèce: littér. Selon son genre. Ces deux mots sont souvent confondus dans la Vul-
gate; le texte hébreu porte partout le mème terme, que l'on rend généralement per
espèce.
4 LA GENÉSE.
la semence selon son espèce, et
desarbresfaisantdu fruit, etayant
chacun de la semence selon son
espèce. Et Dieu vit que cela était
bon.
13. Et d'un soir et d'un matin
se fit un troisieme jour.
14. Dieu dit aussi : Qu'il soit
fait des luminaires dans le firma-
ment du ciel, et qu'ils séparent
le jour et la nuit, et qu'ils servent
de signes pour marquer et les
temps et les jours et les années,
15. Qu'ils luisent dans le firma-
ment du ciel, et qu'ils éclairent
la terre. Et il fut fait ainsi.
16. Dieu fit donc deux grands
luminaires; l'un plus grand, pour
présider au jour; l’autre moins
grand, pour présider à la nuit; et
les étoiles.
47. Etilles placa dans le firma-
ment du ciel pour luire sur la
terre,
18. Pour présider au jour et à
la nuit, et pour séparer la lumiere
et les ténèbres. Et Dieu vit que
cela était bon.
19. Et d'un soir et d'un matin
se fit un quatrième jour.
20. Dieu dit encore : Que les
14. Ps. cxxxv, 7. — 26. Infra, v, 1; 1x, 6; I Cor., ,א 7; Coloss.,
[cn. 1]
eauxproduisentdesreptiles d'une
âme vivante, et des volatiles sur
la terre, sous le firmament du
ciel.
21. Dieu créa done les grands
poissons, et toute àme vivante et
ayant le mouvement, que les
eaux produisirent selon leurs es-
peces, et tout volatile selon son
espèce. Et Dieu vit que cela était
bon.
29. Il les bénit, disant : Crois-
sez et multipliez-vous, et rem-
plissez les eaux de la mer : et que
les oiseaux se multiplient sur la
terre.
23. Et d'un soir et d'un matin
se fit un cinquieme jour.
24. Dieu dit aussi : Que la terre
produise des àmes vivantes selon
leur espèce, des animaux domes-
tiques, des reptiles et des bêtes
de la terre selon leurs espèces.
Et il fut fait ainsi.
95. Dieu fit done les bétes de
la terre selon leurs espèces, les
animaux domestiques et tous les
reptiles de la terre selon leur es-
pece. Et Dieu vit que cela était
bon.
26. Il dit ensuite : Faisons un
rir, 10.
14. Le soleil et la lune ne sont pas, il est vrai, les deux plus grands astres, bien
qu'ils nous paraissent tels; mais ils sont les deux plus grands luminaires, puisque,
de tous les globes célestes, ce sont ceux qui répandent le plus de lumière.
16. * Dieu fit deux grands luminaires. « Le soleil et la lune ne sont pas les deux
plus grands corps célestes; ils sont néanmoins les deux plus grands luminaires (re-
lativement à uous), puisque ce sont ceux de tous les astres qui répandent le plus
de lumière sur la terre.» — Pour présider au jour. « Moïse dit que le soleil est des-
tiné à présider au jour, comme la lune et les étoiles sont destinées à éclairer la
nuit, afin d'óter aux Israélites la tentation d'adorer ces corps inanimés (comme le
faisaient les peuples voisins) Deulér onome, IV, 19. » (DucLor.)
20. Les Hébreux appelaient les poissons reptiles, parce qu'ils n'ont généralement
point de pieds et qu'ils se trainent sur leur ventre. — D'une âme vivante; c'est-
à-dire doués du principe vital, animés.
26. Faisons marque évidemment la pluralité des personnes en Dieu. — À notre
image, etc. L'homme est fait à l'image de Dieu en ce qu'il est doué d'une àme imma-
térielle, immortelle, intelligente, libre, capable de sagesse, de vertu et de béatitude,
n.] .אס]
homme à notre image et à notre
ressemblance : et qu'il domine
sur les poissons de la mer, sur
les volatiles du ciel, et sur les
bétes, et sur toute la terre et sur
tous les reptiles qui se meuvent
sur la terre.
27. Et Dieu créa l'homme à son
image : c'est à l'image de Dieu
qu'il le créa : il les créa mále et
femelle.
98. Et Dieu les bénit et leur dit:
Croissez et multipliez-vous; rem-
plissez la terre et assujettissez-la,
et dominez sur les poissons de la
mer, surles volatiles du ciel et sur
tous les animaux qui se meuvent
sur la terre.
29. Dieu dit encore : Voici que
LA GENÉSE. 15
tant de 18 semence sur la terre, et
toutes les plantes ayant en elles-
mêmes lasemence deleur espèce,
pour être votre nourriture;
30. Et à tous les animaux de la
terre, à tous les oiseaux du ciel,
et à tout ce qui se meut sur la
terre et en qui est une âme vi-
vante, pour qu'ils aient à manger.
Et il fut fait ainsi.
31. Et Dieu vit toutes les choses
qu'il avait faites, et elles étaient
tres bonnes. Et d'un soir et d'un
matin se fit le sixième jour.
CHAPITRE II.
Repos du septième jour. Description du
Paradis. Création d'Eve. Institution du
mariage.
je vous donne toute herbe por- 1. Ainsi furent achevés les
91. Sap., u, 23; Eccli., xvir, 1; Matt., xix, 4. — 28. Infra, vin, 17; 1x, 1. — 29. Infra,
IX, 9. — 91. Eccli., xxxix, 21; Marc, vir, 31.
c'est-à-dire, de voir Dieu et d'en. jouir. — * > Dieu, dit Bossuet, a formé les autres
animaux en cette sorte: Que la terre, que les eaux produisent les plantes et les
animaux, et c'est ainsi qu'ils ont recu l'être et la vie. Mais Dieu, aprés avoir mis en
ses mains toutes puissantes la boue dont le corps humain a été formé, il n'est pas
dit qu'il en ait tiré son âme, mais il est dit qu'il inspira sur sa face un souffle de
vie, et c’est ainsi qu'il a été fait une dme vivante. Dieu fait sortir chaque chose de
ses principes : il produit de la terre les herbages et les arbres avec les animaux, qui
n'ont d'autre vie qu'une vie terrestre et purement animale: mais l’ême de l'homme
est tirée d'un autre principe, qui est Dieu. C'est ce que veut dire ce souffle de vie,
que Dieu tire de sa bouche pour animer l'homme: ce qui est fait à la ressemblance
de Dieu ne sort point des choses matérielles; et cette image n'est point cachée dans
ces bas éléments pour en sortir, comme fait une statue de marbre ou de bois. L'homme
a deux principes: selon le corps, il vient de la terre; selon l'àme, il vient de Dieu
seul; et c'est pourquoi, dit Salomon, pendant que le corps retourne à la terre d’où
il a. élé tiré, lesprit retourne à Dieu qui l'a donné. »
28. * Remplissez la terre, parce que la terre est faite pour l'homme. La terre «tient
dignement son rang [au milieu des astres] par la supréme harmonie de toutes ses
parties et de tous ses mouvements; planéte aux allures rythmiques, elle est en
petit le représentant des mondes. Carl Ritter caractérisait la terre comme étant la
planéte du juste milieu. La plasticité du globe terrestre offrait, disait-il, plus d'har-
monie que celle des autres planétes; les aspérités qui en hérissent la surfaee sont
moins accentuées que celles qui existent sur Vénus et sur la lune. N'étant ni trop
voisine ni trop éloignée du soleil, la terre n'est exposée qu'à une chaleur modérée;
elle n'a qu'un seul satellite, pendant que d'autres planètes en ont jusqu'à 8 ou n'en
ont pas du tout. Elle représente en toutes choses une sorte de terme moyen égale-
ment éloigné de tous les extrémes et cet équilibre admirable des conditions d'exis-
tence de la terre semble indiquer un développement individuel qui s'est harmonisé
d'une manière définitive avec le système solaire tout entier et qui fait de la terre
le séjour prédestiné de l'homme. > (RApav.)
18 LA GENÉSE.
cieux et la terre, et tout leur or-
nement.
2. Et Dieu eut accompli son
œuvre le septième jour : et il se
reposa le septième jour de tous
les ouvrages qu'il avait faits.
3. Et Dieu bénit le septième
jour et le sanctifia, parce qu'en
ce jour il s'était reposé de tout ce
qu'il avait créé et fait.
4. Telles furent les origines du
ciel etde la terre, lorsqu'ils furent
créés, au jour que le Seigneur
Dieu fit un ciel et une terre.
5. Et tous les arbustes de la
campagne, avant quils eussent
paru sur la terre, et toutes les
herbes de la campagne, avant
qu'elles eussent poussé : car le
Seigneur Dieu n'avait point en-
core fait pleuvoir sur la terre, et
il n'y avait point d'homme pour
cultiver la terre.
6. Mais il s'élevait dela terre
une source qui arrosait toute la
surface de la terre.
1. Le Seigneur Dieu forma donc
l'homme du limon de la terre, et
il souffla sur son visage un souffle
de vie, et l'homme fut fait àme
vivante.
8. Or le Seigneur Dieu avait
planté, des le commencement,
fen. a.)
un jardin de délices, dans lequel
| il mit l'homme qu'il avait formé.
9. Et le Seigneur Dieu fit sortir
du sol toutes sortes d'arbres
beaux à voir, et dont les fruits
étaient doux à manger : et aussi
l'arbre de vie au milieu du para-
dis, et l'arbre de la science du
bien et du mal.
10. De ce lieu de délices sortait
un fleuve pour arroser le paradis,
et qui ensuite se divise en quatre
canaux.
11. Le nom de l'un est Phison ;
c'est celui qui coule autour de
la terre de Hévilath, où vient
l'or.
19. Et l'or de cette terre est
excellent; c'est là aussi que se
trouve le bdellium et la pierre
d'onyx.
13. Le nom du second fleuve
est Géhon ; c'est celui qui coule
tout autour de la terre d'Ethiopie.
14. Le nom du troisieme fleuve
est le Tigre ; il se répand du cóté
de l'Assyrie. Le quatrième fleuve,
c'est l'Euphrate.
15. Le Seigneur Dieu prit donc
l'homme et le mit dans le jardin
de délices, pour le cultiver et le
garder :
16. Et il lui commanda, disant:
Cuar. II. 2. Exode, xx, 11; xxxi, 17; Deutér., v, 14; Hébr., 1v, 4. — 7. 1 Cor., xv, 45.
— 11. Eccli., xxiv, 35.
3. Qu'il avait créé et fait, littér., qu'il avait créé pour faire; c'est-à-dire pour le
façonner et le disposer. — * Voir à la fin du volume la note 2 sur la date de la créa-
tion du monde, et la note 3 sur la date de la création de l'homme.
1. * Le Seigneur Dieu forma donc l’homme, Adam, du limon de la terre. Le nom
d'Adam, qui signifie rouge, parait rappeler l'origine terrestre de son corps, la terre
rouge, en hébreu, adámáh, d’où il fut tiré.
9. * L'arbre de vie et larbre de la science du bien et du mai. Noir la note sur le y 11.
13. * Ethiopie, pays de Cousch, en Asie, non en Afrique.
15. * Voir à la fin du volume la note 4 sur le Paradis terrestre.
16. * EL il lui commanda, etc. « Le Seigneur, dit S. Jean Chrysostome, pour faire
conuaitre à l'homme dés le commencement que celui qui avait créé toutes choses
était aussi son créateur, lui imposa un commandement facile à observer... 11 lui dé-
{cu. 1n.)
Mange des fruits de tous les ar-
bres du paradis :
11. Mais quant au fruit de lar-
bre dela science du bien et du
mal, n'en mange pas; car au jour
où tu en mangeras, tu mourras
de mort.
18. Le Seigneur Dieu dit aussi:
Il n'est pas bon que l'homme soit
seul; faisons-lui une aide sem-
blable à lui.
19. Tous les animaux de la
terre et tous les volatiles du ciel,
ayant donc été formés de la terre,
le Seigneur Dieu les fit venir de-
vant Adam, afin qu'il vitcomment
il les nommerait : or le nom
qu'Adam donna à toute àme vi-
vante, est son vrai nom.
20. Ainsi Adam, appela par
leurs noms tous les animaux,
tous les volatiles du ciel, et toutes
les bêtes de la terre : mais pour
Adam, il ne se trouvait point
d'aide semblable à lui.
91. Le Seigneur Dieu envoya
LA GENÈSE. 17
donc à Adam un profond som-
meil ; et lorsqu'il se fut endormi,
il prit une de ses cótes, et il mit
de la chair à sa place.
22. Puis le Seigneur Dieu forma
de la côte qu'il avait tirée d'A-
dam, une femme, et il l'amena
devant Adam.
93. Et Adam dit : Voilà mainte
nant un os de mes os, et de la
chair de ma chair : celle-ci s'appel-
lera femme, parce qu'elle a été
tirée d'un homme.
24. C'est pourquoi un homme
quittera son père et sa mère, et
s'attachera à sa femme ; et ils se-
ront deux dans une seule chair.
95. Or ils étaient nus l'un et
l’autre, c'est-à-dire Adam et sa
femme, et ils ne rougissaient
pas.
CHAPITRE III.
Tentation d'Eve par le serpent. Le péché
et sa punition.
1. Mais le serpent était le plus
23. I Cor., x1, 9. — 24. Matt., xix, 5; Marc, x, 7; Ephés., v, 31; I Cor., vi, 16.
fendit de manger du fruit d'un seul arbre et le menaca, en cas de désobéissance,
d'un grave chátiment pour le forcer 1 reconnaitre qu'il avait un maitre à la libéralité
duquel il devait tous les biens dont il jouissait. »
11, Tu mourras de mort; hébraisme, pour £u mourras sans rémission, inévitablement.
Le sens est: Tu deviendras nécessairement sujet à la mort, mortel, d'immortel que
tu es par ta nature. — * L'arbre de (a science du bien et du mal, d’après la doctrine
des saints Pères, fut ainsi appelé bien plus en raison du précepte dont il fut l'objet
qu'en raison de ses propriétés naturelles. « Cet arbre est ainsi nommé, dit S. Jean
Chrysostome, non pas parce qu'il a donné à l'homme la science du bien et du mal,
mais parce qu'il a été l'instrument de sa désobéissance et qu'il a introduit ainsi la
connaissance et la honte du péché... L'Ecriture appelle cet arbre l'arbre dela science
du bien et du mal, parce qu'il devait étre pour l'homme une occasion de péché ou de
mérite. » Ce qui est dit de l'arbre de la science du bien et du mal s'applique égale-
ment à l'arbre de vie.
23. En remontant à l'étymologie des mots francais homme et femme, on y découvre
la ressemblance qui existe en hébreu entre iscA, vw, et son féminin ischschd, rendu
dans la Vulgate par virago. Les anciens Latins, en effet, disaient Aemo au lieu de
homo. Or la lettre À n'est qu'une aspiration qu'on a souvent transcrite par un f.
Dans plusieurs provinces du midi, où le patois renferme une multitude d'expressions
et méme de locutions latines, on prononce le mot femme, eme, en aspirant for-
tement la lettre A.
1. Par le serpent, il faut entendre dans tout le récit le démon qui a pris la forme
de ce reptile. — * > Osons le dire, tout 8 ici en apparence un air fabuleux, dit Bos-
A. T. 2
48 LA GENÉSE.
rusé de tous les animaux de la
terre qu'avait faits le Seigneur. Il
dit à la femme : Pourquoi Dieu
vous a-t-il commandé de ne pas
manger d« fruit detous les arbres
du paradis?
2. La femme lui répondit : Nous
mangeons du fruit des arbres qui
sont dans le paradis :
3. Mais pour le fruit de l'arbre
[cu. 1π.}
manger, et de n'y point tou-
cher, de peur que nous ne mou-
rions.
4. Mais le serpent dit à la fem-
me : Point du tout, vous ne mour-
rez pas de mort.
9. Car Dieu sait qu'en quelque
jour que ce soit que vous en
mangiez, vos yeux s'ouvriront ;
et vous serez comme des dieux,
qui est au milieu du paradis, Dieu | sachant le bien et le mal.
nous a commandé de n'en point 0. La femme donc vit que /e
CuaP. III. 4. II Cor., xi, 3. — 6. Eccli., xxv, 33; I Tim., τι, 14.
suet. Un serpent parle, une femme écoute; un homme si parfait et si éclairé se
laisse entraîner à une tentation grossière; tout le genre humain tombe avec lui
dans le péché et dans la mort: tout cela parait insensé. Mais c'est ici que com-
mence la vérité de cette sublime sentence de S. Paul: Ce qui est en Dieu une folie
apparente est plus sage que la sagesse des hommes... Ne regardons pas {la finesse du
serpent] comme la finesse d'un animal sans raison, mais comme la finesse du diable,
qui, par une permission divine, était entré dans le corps de cet animal. Comme
Dieu paraissait à l'homme sous une forme sensible, il en était de méme des anges...
Il était juste, l'homme étant composé de corps et d'àme, que Dieu se fit connaitre
à lui selon l'un et l'autre, selon le sens comme selon l'esprit. Il en était de méme
des anges, qui conversaient avec l'homme, en telle forme que Dieu permettait et
sous la figure des animaux. Eve ne fut donc point surprise d'entendre parler un
serpent, comme elle ne le fut pas de voir Dieu méme paraître sous une forme sen-
sible. » — Pourquoi? > Le tentateur procéde par interrogation et tâche d'abord de
produire un doute. La premiére faute d'Eve, c'est de l'avoir écouté et d'étre entrée
avec lui en raisonnement. La première faute de ceux qui errent, c'est de douter. »
(Bossukr.)
3.* Nous mangeons, etc. « Telle fut la réponse d'Eve, où il n'y a rien que de véri-
table, puisqu'elle ne fait que répéter le commandement du Seigneur. Il ne s'agit
donc pas de bien répondre ou de dire de bonnes choses, mais de les dire à propos.
Eve eut dû ne point parler du tout au tentateur, qui lui venait demander des raisons
d'un commandement où il n'y avait qu'à obéir et non point à raisonner. » (BOossukT.)
4. Vous ne mourrez pas de mort. Voyez un peu plus haut, u, 11. — * Le serpent
« vit qu'Eve était éblouie de la nouveauté et que déjà elle entrait dans le doute qu'il
lui voulait suggérer, il ne garde plus de mesures; il flatte l'orgueil, il pique et excite
la curiosité. L'orgueil entra avec ces paroles: Vous serez comme des dieux. Celles-ci :
Vous saurez le bien et le mal, excitèrent la curiosité. » (Bossuer.)
6. * La femme vit... « Eve commence à regarder ce fruit défendu et c'est un com-
mencement de désobéissance. C'est vouloir étre réduite que de se rendre si attentive
à la beauté et au goüt de ce qui lui avait été interdit. La voilà donc occupée des
beautés de cet objet défendu et comme convaincue que Dieu était trop sévère de
leur défendre l'usage d'une chose si belle, sans songer que le péché ne consiste pas
à user des choses mauvaises par leur nature, puisque Dieu n'en avait point fait ni
n'en pouvait faire de telles, mais à mal user des bonnes. Ces regards attentifs sur
l'agrément et sur le bon goüt de ce beau fruit firent entrer jusque dans la moelle
des os l'amour du plaisir des sens. » — Et en donna à son mari. « Le serpent ne
poussa pas plus loin la tentation du dehors; et content d'avoir bien instruit et per-
suadé son ambassadeur, il laissa faire le reste à Eve séduite. Il lui avait parlé non
seulement pour elle, mais encore pour son mari. Le démon ne se trompa pas en
croyant que sa parole portée par Eve à Adam aurait plus d'effet que s'il la lui eût
portée lui-même. (Adam) céda plutôt à Eve par complaisance que convaincu par
[cn πι.}
fruit de l'arbre était bon à man-
ger, beau à voir et d'un aspect
qui excitait le désir ; elle en prit,
en mangea et en donna à son
mari, qui en mangea.
7. En effet leurs yeux s'ouvri-
rent; et lorsqu'ils eurent connu
qu'ils étaient nus, ils entrelace-
rent des feuilles de figuier, et
s'en firent des ceintures.
8. Et lorsqu'ils eurent entendu
la voix du Seigneur Dieu qui se
promenait dans le paradis, à la
brise du soir, Adam et sa femme
se cachèrent de la face du Sei-
gneur Dieu au milieu des arbres
du paradis.
9. Mais le Seigneur Dieu appela
Adam, et lui dit : Où es-tu?
10. Adam répondit : J'ai entendu
votre voix dans le paradis; et j'ai
eu peur, parce que j'étais nu, et
je me suis caché.
11. Dieu lui dit: Mais qui t'a
appris que tu étais nu, si ce n'est
que tu as mangé du fruit de l'ar-
bre dont je t'avais défendu de
manger?
12. EtAdam répondit : Lafemme
que vous m'avez donnée pour
compagne m a présenté du fruit
de l'arbre, et j'en ai mangé.
13. Alors le Seigneur Dieu dit
16. I Cor., xiv, 34.
LA GENÈSE. 19
à la femme : Pourquoi as-tu fait
cela? Elle répondit : Le serpent
m'a trompée, et j'ai mangé.
14. Le Seigneur Dieu dit au ser-
pent : Parce que tu as fait cela,
tu es maudit entre tous les ani-
maux de la terre : tu ramperas
sur ton ventre, et tu mangeras
de la terre tous les jours de ta
vie.
15. Je mettrai des inimitiés
entre toi et la femme, entre ta
postérité et sa postérité : Elle te
brisera la tête, et toi, tu lui ten-
dras des embáüches au talon.
16. Il dit encore à la femme:
Je multiplierai tes fatigues et tes
grossesses; c'est dans la douleur
que tu mettras au monde des
enfants; tu seras sous la puis-
sance de ton mari, et lui te do-
minera.
17. Mais à Adam, il dit : Puisque
tu as écouté la voix de ta femme,
et que tu as mangé du fruit dont
je t'avais défendu de manger,
maudite sera la terre en ton œu-
vre; et c'est avec des labeurs que
tu en tireras ta nourriture durant
tous les jours de ta vie.
18. Elle te produira des épines
et des chardons : et tu mangeras
l'herbe de la terre
ses raisons. ll ne voulut point contrister cette seule et chère compagne. A la fin il
donna dans la séduction. » (Bossuer.)
14, 15. Le serpent est celui des animaux que l'homme a le plus en horreur, et qu'il
désire le plus de détruire. Le démon ayant élevé le serpent au-dessus de sa condi-
tion naturelle en l'embellissant par ses prestiges, en lui donnant une attitude plus
noble, Dieu lui óte ses qualités, et le réduit à la condition de ramper sur le ventre.
— Le serpent se nourrit de semences et d'insectes qui se trouvent dans la terre. —
La malédiction que Dieu prononce ici regarde tout à la fois etle serpent et le démon.
Cette femme qui doit briser la tête du serpent est la très sainte Vierge, qui ruina
l'empire du démon en donnant naissance à Jésus-Christ.
16. Tes fatigues; c'est-à-dire les incommodités qu'éprouve une femme enceinte,
comme le malaise, les langueurs, les dégoüts, etc. — Tes grossesses; ou plutôt, les
douleurs, les tourments de la grossesse.
20 LA GENÉSE.
19. C'est à la sueur de ton front
que tu te nourriras de pain, jus-
qu'àce que tu retournes àlaterre,
d'oü tu as été tiré : puisque tu es
poussière, tu retourneras à la
poussière.
20. Adam donna à sa femme le
nom d'Eve, parce qu'elle était la
mère de tous les vivants.
21. Le Seigneur Dieu fit aussi à
Adam et à sa fomme des tuniques
de peau, et les en revétit.
22. Et il dit : Voilà qu'Adam est
devenu comme l'un de nous, sa-
chant le bien et le mal : mainte-
nant donc, qu'il n'avance pas sa
main; qu'il ne prenne pas non
plus du fruit de l'arbre de vie;
qu'il n'en mange point, et qu'il
ne vive point éternellement.
29. Et le Seigneur Dieu le ren-
voya du jardin de délices, afin
qu illabourát la terre, de laquelle
il fut tiré.
24. ll renvoya donc Adam, et il
placa àl'entrée du jardin de délices
les Chérubins avec un glaive flam-
boyant qu'ils brandissaient, pour
garder la voie de l'arbre de la vie.
CHAPITRE IV.
Cain et Abel; leurs sacrifices. Caïn tue
Abel. Descendants de Cain. Seth, fils
d'Adam. Enos, fils de Seth.
1. Or Adam connut sa femme
(cB. 1v.]
Eve, qui concut et enfanta Cain,
disant : J'ai acquis un homme par
la gráce de Dieu.
2. Et de nouveau elle enfanta
son frere Abel. Or Abel fut pas-
teur de brebis, et Cain laboureur.
3. Et il arriva aprés bien des
jours que Cain offrait des fruits
de la terre en présent au Sei-
gneur.
4. Abel aussi offrit des pre-
miers-nés de son troupeau, et
des plus gras : et le Seigneur re-
garda Abel et ses dons.
5. Mais Cain et ses dons, il ne
les regarda pas : aussi Cain fut
violemment irrité, et son visage
fut abattu.
6. Et le Seigneur lui dit : Pour-
quoi es-tu irrité, et pourquoi ton
visage est-il abattu?
7. Si tu fais bien, n'en recevras-
tu pas la récompense? et si tu
fais mal, le péché ne sera-t-il pas
soudain à 18 porte? Mais la con-
cupiscence qui t'entraine vers lui
sera sous toi, et tu la domine-
ras.
8. Or Cain dit à Abel son frère :
Sortons dehors. Et lorsqu'ils
étaient dans la campagne, Caïn
se leva contre son frère Abel et
le tua.
9. Le Seigneur dit alors à Caïn :
Où est Abel ton frère? Il répon-
Cxar. IV. 4. Hébr , xt, 4. — 8. Sap., x, 3; Matt., xx, 35; I Jean, ri, 12; Jude, 11.
19. Le pain est mis souvent dans l'Ecriture pour la nourriture en général.— * « La
souffrance infligée comme chátiment à la femme et le travail que doit subir Adam
satisfont à la régle de la justice. En elle-méme la loi du travail n'est point une loi de
douleur et de souffrance; c'est le péché, c'est la chute d'Adam qui fait ajouter la
peine au travail, la sueur au pain que l'homme doit manger. » (A. PELLISSIER.)
22. Comme l'un de nous. Compar. 1, 26.
2. * Le nom d’Abel, qui s'est conservé en assyrien sous la forme habal, signifie fis.
4, 9. C'est la foi et la piété sincère d'Abel qui le rendirent, lui et ses dons,
agréables à Dieu; et c'est sans doute par le manque de ces sentiments que Caiu
n'eut pas le méme bonheur.
[cg. tv.)
dit : Je ne sais; suis-je le gardien
de mon frere, moi?
10. Mais le Seigneur lui repar-
tit : Qu'as-tu fait? la voix du sang
de ton frere crie de la terre jus-
qu'à moi.
11. Maintenant donc, maudit tu
seras sur la terre qui a ouvert sa
bouche et qui a recu de ta main
le sang de ton frere.
12. Lors méme que tu l'auras
cultivée, elle ne te donnera pas
ses fruits : tu seras errant et fu-
gitif sur la terre.
13. Mais Cain dit au Seigneur :
Elle est trop grande, mon ini-
quité, pour que je mérite le par-
don.
14. Voilà que vous me rejetez
aujourd'hui de la face de la terre,
je me cacherai de votre face, et
je serai errant et fugitif sur la
terre : quiconque donc me trou-
vera, me tuera.
15. Mais le Seigneur lui répon-
dit : Non, il n'en sera pas ainsi;
car quiconque tuera Cain, sera
puni sept fois. Et le Seigneur mit
un signe sur Cain, afin que qui-
conque le trouverait, ne le tuât
pas.
16. Etant done sorti de la pré-
sence du Seigneur, Cain fugitif
habita dans le pays qui est au
côté oriental d'Eden.
17. Cependant Cain connut sa
femme, laquelle conçut et en-
LA GENÉSE. 21
fanta Hénoch, et il bátit une ville,
et il lui donna le nom d'Hénoch,
tiré du nom de son fils.
18. Or Hénoch engendra lrad,
Irad engendra Maviaël, Maviaël
engendra Mathusaël, et Mathusaël
engendra Lamech,
19. Lequel prit deux femmes :
le nom de l’une était Ada, et le
nom de l’autre, Sella.
20. Et Ada enfanta Jabel, qui
fut le père de ceux qui habitent
sous les tentes, et des pasteurs.
21. Et le nom de son frère était
Jubal; c'est le pére de ceux qui
jouent de la harpe et de l'orgue.
22. Sella aussi engendra Tubal-
cain, qui sut travailler avec le
marteau, et faire loutes sortes
d'ouvrages d'airain et de fer. La
sceur de Tubalcain fut Noéma.
23. Or Lamech dit à ses femmes
Ada et Sella : Entendez ma voix,
femmes deLamech,prétezl' oreille
à mes paroles : j'ai tué un homme
à cause de ma blessure, et un
jeune homme à cause de ma
meurtrissure.
24. Cain sera vengé sept fois,
mais Lamech septante fois sept
fois.
25. Adam connut encore sa
femme, et elle enfanta un fils, et
elle l'appela du nom de Seth, di-
sant: Dieu m'a donné un autre fils
à la place d'Abel qu'a tué Cain.
20. Et à Seth aussi naquit un
15. * Un signe. On ignore en quoi il consistait.
16. * Dans le pays... Le texte original appelle ce pays la terre de Nod, mais la si-
tuation en est inconnue.
20. Abel paissait aussi ses troupeaux (ver. 2); mais Jabel fut le premier qui fit
profession particuliére de conduire des troupeaux.
22. * Toutes sorles d'ouvrages d'airain et de fer. Conformément à ce qui est dit ici,
l'archéologie nous montre en Asie le berceau des arts métallurgiques.
23. Le pronom personnel étant susceptible en hébreu du sens passif aussi bien que
du sens actif, ma blessure, ma meurtrissure peuvent signifier indistinctement /a bles-
sure, la meurtrissure que j'ui faile ou que j'ai reçue.
92 LA GENÈSE.
fils qu'il appela Enos; celui-ci
commença à invoquer le nom du
Seigneur.
CHAPITRE V.
Généalogie de Noé, remontant jusqu'à
Adam, par les descendants de Seth.
1. Voicile livre de la génération
d'Adam. Au jour que Dieu créa
l'homme, c'est à la ressemblance
de Dieu qu'il le fit.
2. Il créa un homme et une
femme, et il les bénit : et il les
appela du nom d'Adam, au jour
où ils furent créés.
3. Or Adam vécut cent trente
ans, et il engendra un fils à son
image et à sa ressemblance, et il
l'appela du nom de Seth.
4. Et les jours d'Adam, après
qu'il eut engendré Seth, furent
de huit cents ans ; et il eut encore
des fils et des filles.
5. Ainsi tout le temps que vécut
Adam fut de neuf cent trente ans,
et il mourut.
6. Seth aussi vécut cent cinq
ans, et il engendra Enos.
7. Et Seth vécut; après qu il eut
engendré Enos, huit cent sept
ans, et il eut des fils et des filles.
8. Ainsi tous les jours de Seth
furent de neuf cent douze ans, et
il mourut.
9. Enos vécut quatre-vingt-dix
ans, et engendra Caïnan,
[cu. νοὶ]
10. Après la naissance du-
quel il vécut huit cent quinze
ans, et il engendra des fils et des
filles.
11. Ainsi tous les jours d'Enos
furent de neuf cent cinq ans, et
il mourut.
19. Cainan vécut soixante-dix
ans, et il engendra Malaléel.
13. Et Cainan vécut, apres qu'il
eut engendré Malaléel, huit cent
quarante ans, etil engendra des
fils et des filles.
14. Ainsi tous les jours de Cai-
nan furent de neuf cent dix ans,
et il mourut.
15. Quant à Malaléel, il vécut
soixante-cinq ans, et il engendra
Jared.
16. Et Malaléel vécut, après
quil eut engendré Jared, huit
cent trente ans, et il engendra
des fils et des filles.
17. Ainsi tous les jours de Mala-
léel fureut de huit cent quatre-
vingt-quinze ans, et il mourut.
18. Jared vécut soixante-deux
ans, et il engendra Hénoch.
19. Et Jared vécut, apres qu'il
eut engendré Hénoch, huit cents
ans, et il engendra des fils et des
filles.
90. Ainsi tous les jours de Jared
furent de neuf cent soixante-deux
ans, et il mourut.
91. Hénoch vécut soixante-cinq
ans, et il engendra Mathusala.
CuaP. V. 1. Supra, 1, 27; Infra, 1x, 6; Sag., τι, 23; Eccli., xvn, 1. — 4. I Par., 1, 1.
9. Adam; c'est-à-dire tiré de la terre.
5. La longue vie d'Adam ainsi que celle de tous les patriarches qui ont existé
avant le déluge, se trouve contirmée par Manéthon et Bérose. Les Grecs supposent
aussi, comme incontestable. que les premiers hommes vivaient incomparablement
plus longtemps que nous. Enfin la longueur des règnes que les histoires des Indiens,
des Chinois et des Persans assignent à leurs premiers rois, dépose également en
faveur de la longévité des patriarches.
[cp. vr.]
99. Or Hénoch marcha avec
Dieu, et vécut, apres qu'il eut en-
gendré Mathusala, trois centsans,
et il engendra des fils et des
filles.
93. Ainsi tous les jours d'Hé-
noch furent de troiscent soixante-
cinq ans.
24. ll marcha donc avec Dieu,
et il ne parut plus, parce que Dieu
l'euleva.
25. Mathusala aussi vécut cent
quatre-vingt-sept ans, et il en-
gendra Lamech.
26. Or Mathusala vécut, apres
qu'il eut engendré Lamech, sept
cent quatre-vingt-deux ans, et il
engendra des fils et des filles.
27. Ainsi tous les jours de Ma-
thusala furent de neuf cent soi-
xante-neuf ans, et 11 mourut.
28. Lamech vécut cent quatre-
vingt-deux ans, et il engendra un
fils.
29. lH l'appela du nom de Noé,
disant : Celui-ci nous consolera
des œuvres et des travaux péni-
bles de nos mains dans cette
terre qu'a maudite le Seigneur.
30. Et Lamech vécut, apres
qu'il eut engendré Noé, cinq cent
quatre-vingt-quinze ans, et il en-
gendra des fils et des filles.
31. Ainsi tous les jours de La-
mech furent de septcentsoixante-
LA GENESE. 23
dix-sept ans, et il mourut. Mais
Noé, lorsqu'il avait cinq cents
ans, engendra Sem, Cham et Ja-
pheth.
CHAPITRE VI.
Multiplieation et corruption générale des
hommes. Prédiction du déluge. Cons-
truction de l'arche.
*
1. Lorsque les hommes eurent
commencé à se multiplier sur la
terre, et qu'ils eurent procréé des
filles,
2. Les fils de Dieu voyant que
les filles des hommes étaient
belles, prirent leurs femmes en-
tre toutes celles qu'ils avaient
choisies.
3. Et Dieu dit : Mon esprit ne
demeurera pas dans l'homme
pour toujours, parce qu'il est
chair; et ses jours seront de cent
vingt ans.
4. Or il y avait des géants sur
la terre en ces jours-là. Car après
que les enfants de Dieu se furent
approchés des filles des hommes,
celles-ci enfanterent; et de là sont
venus ces hommes puissants,
fameux dés les temps anciens.
ὃ. Mais Dieu voyant que la ma-
lice des hommes était grande sur
la terre, et que toutes les pensées
de leurs cœurs étaient tournées
au mal en tout temps,
24. Eccli., xiv, 16 ; Hébr., xr, 5. — (παρ. VI. 5. Infra, vin, 21; Matt., xv, 19.
22, 24. Marcher avec Dieu, hébraisme, pour: se conduire d'une maniére irrépro-
chable, parfaitement conforme à la volonté divine.
31. * Voir à la fin du volume la note 5 sur la longévité des patrirches.
2. On entend communément par les fils de Dieu les descendants de Seth, auxquels
on donna ce nom à cause de leur piété envers Dieu, et par les filles des hommes, les
filles de la race pervertie de Cain.
3. Parce qu'il est chair; c'est-à-dire qu'il se laisse emporter aux mouvements dé-
réglés de la chair. — Et ses jours, etc. Les hommes, à compter du moment de cette
menace, n'avaient plus que cent vingt ans à vivre; c'est-à-dire que Dieu leur accor-
dait ce long temps pour faire pénitence.
24 LA GENÈSE.
6. Se repentit d'avoir fait
l'homme sur la terre ; et touché de
douleur jusqu'au fond du cœur,
1. J'exterminerai, dit-il, 'hom-
me que j'ai créé, de la face de la
terre, depuis l'homme jusqu'aux
animaux, depuis le reptile jus-
qu'aux oiseaux du ciel; car je me
repens de les avoir faits.
8. Mais Noé trouva gráce de-
vant le Seigneur.
9. Voici les générations de Noé :
Noé fut un homme juste et par-
fait au milieu de tous ceux de son
temps; il marcha avec Dieu.
10. Ainsi, il enfanta trois fils,
Sem, Cham et Japhet.
11. Or la terre fut corrompue
et remplie d'iniquité.
19. Lors donc que Dieu eut vu
que la terre était corrompue (car
toute chair avait corrompu sa
voie sur la terre),
13. Il dit à Noé : La fin de toute
chairest venue pour moi ; la terre
est remplie d'iniquité à cause
d'eux, et moi, je les exterminerai
avec la terre.
14. Fais-toi une arche de pièces
de bois polies : tu feras dans
l'arche des compartiments, et tu
l'enduiras de bitume intérieure-
ment et extérieurement.
15. Et c'estainsi que tu laferas:
La longueur de l'arche sera de
trois cents 60110608 ; sa largeur de
9. Eccli., xuiv, 17.
fcx. vi.]
cinquante coudées, et sa hauteur
de trente coudées.
16. Tu feras une fenétre à
l'arche, que tu termineras par le
haut, en la réduisant à une cou-
dée : quant àla porte de l'arche,
tu la mettras sur un cóté : tuy
feras un étage dans le bas, puis
un second et un troisième étage.
17. Et voici que moi j'amènerai
les eaux du déluge sur la terre,
pour faire périr toute chair en la-
quelle est l'esprit de vie sous le
ciel : tout ce qui est sur la terre
sera consumé.
18. Mais j'établirai mon alliance
avec toi; et tu entreras dans
l'arche, toi et tes fils, tà femme
et les femmes de tes fils avec toi.
19. Et de tous les animaux de
toute chair, tu en feras entrer
deux dans l'arche, afin qu'ils vi-
ventavec toi, l'un mâle et l'autre
femelle.
20. Des oiseaux selon leur es-
pece, et des quadrupedes selon
leur espece et de tout reptile de
la terre selon son espèce; de tous
ces animaux, dis-je, deux entre-
ront avec toi, afin qu'ils puissent
vivre.
21. Tu prendras donc avec toi
de tous les aliments, et tu les em-
porteras dans l'arche : et ils se-
ront tant pour toi que pour eux,
votre nourriture.
CET ו ς ς΄ 2 MTM sm lom comm
6. Les expressions se repenlir, étre touché jusqu'au fond du cœur, sont ici pure-
ment métaphoriques et signifient sous les emblèmes des affections humaines, le
décret par lequel Dieu avait arrêté qu'il punirait les hommes obstinés dans leurs
désordres et dans leur incrédulité.
9. Il marcha avec Dieu. Voyez v, 22, 24.
12, 13. Toute chair; hébraisme, pour fous les hommes. Compar. Isaïe, xL, 5.
15. * Trois cents coudées, environ 150 mètres; cinquante coudées, environ 25 mètres;
trente coudées, environ 15 mètres, d'après la valeur de la coudée dans les derniers
temps de l'histoire juive.
‘cn. vir.)
99, Et Noé fit tout ce que Dieu
lui avait ordonné.
CHAPITRE VII.
Noé entre dans l'arche avec sa famille.
Il y fait entrer les animaux. Le dé-
luge.
1. Or le Seigneur dit à Noé :
Entre, toi et toute ta maison,
dans larche; car je t'ai trouvé
juste devant moi au milieu de
cette généraüon.
9. De tous les animaux purs
prends sept couples, máles et fe-
melles; mais des animaux im-
purs, deux couples, mâles et fe-
melles.
3. Et des volatiles du ciel pa-
reillement sept couples, mâles et
femelles, afin qu'en soit conser-
vée la race sur la face de toute
la terre.
4. Car encore sept jours, et
après je ferai pleuvoir sur la terre
durantquarante jours et quarante
nuits, et j'exterminerai toutes les
créatures que j'ai faites, de la
surface de la terre.
5. Noé fit done tout ce que lui
avait ordonné le Seigneur.
6. Or, il avait six cents ans,
lorsque les eaux du déluge inon-
derent la terre.
LA GENÉSE. 25
7. Ainsi Noé et ses fils, sa
femme et les femmes de ses fils
entrerent avec lui dans l'arche, à
cause des eaux du déluge.
8. Les animaux aussi, purs et
impurs, les oiseaux et tout ce
qui se meut sur la terre,
9. Entrerent deux à deux au-
près de Noé dans l'arche, mâle et
femelle, comme avait ordonné
le Seigneur à Noé.
10. Et lorsque les sept jours
furent passés, les eaux du déluge
inonderent la terre.
11. L'an six cent de la vie de
Noé, au second mois, le dix-sep-
tieme jour du mois, toutes les
sources du grand abime furent
rompues, et les cataractes du ciel
furent ouvertes;
19. Et la pluie tomba sur la
terre durant quarante jours et
quarante nuits.
13. Ce jour-là méme, Noé, Sem,
Cham et Japhet, ses fils, sa femme
et les trois femmes de ses fils
entrèrent dans l'arche;
14. Ainsi, eux et tout animal
selon son espèce, tous les ani-
maux domestiques selon leur es-
pece, et tout ce qui se meut sur
la terre dans son genre et tout
volatile selon son genre, tous les
Cap. VII. 1. Hébr., xr, 7; II Pierre, ,זז 5. — 7. Matt., xxiv, 38; Luc, xvii, 26; I Pierre,
πι, 20.
2. Selon la plupart des interprétes, dés avant le déluge, on distinguait les ani-
maux que l'on offrait en sacrifice de ceux qu'on n'y offrait pas; les premiers se
nommaient purs et les autres ämpurs. Quelques-uns pensent que ces dénominations
s'appliquent aussi aux animaux qui servaient à la nourriture et à ceux dont on ne
mangeait pas.
11. Les meilleurs chronologistes pensent qu'avant la sortie d'Egypte le second
mois commencait à notre vingt et un octobre. Ainsi le dix-sept du second mois
répondait à notre six novembre. Voy. notre Abrégé d'introduction aux livres de
l'Ancien et du Nouveau Testament, pag. 531-539, deuxième édition.
13. Ce jour-là méme; c'est-à-dire le dix-septième du second mois (vers. 11). La
Vulgate porte: Dans l'article (articulo) de ce jour-là; idiotisme qui en hébreu a le
3608 que nous lui avons donné dans notre traduction.
26 LA GENÉSE.
oiseaux et tout ce qui s'élève
dans l'air,
15. Entrèrent auprès de Noé
dans larche, deux à deux, de
toute chair en laquelle est l'esprit
de vie.
16. Et ceux qui y entrerent,
entrèrent mâles et femelles de
toute chair, comme Dieu lui avait
ordonné: 6616 Seigneur l'enferma
par dehors.
11. Etil y eut un déluge durant
quarante jours sur la terre : et
les eaux s'acerurent et élevèrent
l'arche de la terre dans les airs.
18. Car elles se répandirent im-
pétueusement, et remplirent tout
sur la surface de la terre : mais
l'arche était portée sur les eaux.
19. Et les eaux crürent prodi-
gieusement sur la terre, et toutes
les hautes montagnes furent cou-
vertes sous le cielentier.
20. L'eau s'éleva de quinze cou-
dées au-dessus des montagnes
qu'elle avait couvertes.
21. Ainsi périt entierement
toute chair qui se mouvait sur la
terre, d'oiseaux, d'animaux do-
mestiques, de bétes sauvages, et
de tout reptile qui rampe sur la
terre : tous les hommes,
22. Et tout ce qui a un souffle
de vie surla lerre, moururent.
93. C'est ainsi que Dieu détrui-
sit toute créature qui était sur
la terre, depuis l'homme jusqu'à
la béte, tant le reptile. que les
oiseaux du ciel : tout disparut
(cu. vus]
de la terre; il ne resta que Noé
et ceux qui étaient avec lui dans
l'arche.
24. Et les eaux couvrirent la
terre durant cent cinquante jours.
CHAPITRE VIII.
Les eaux se retirent. Noé sort de l'arche;
il offre un sacrifice à Dieu, et Dieu fait
alliance avec lui.
1. Mais Dieu s'étant souvenu de
Noé, et de toutes les bêtes sau-
vages, et de tous les animaux do-
mestiques qui étaient avec lui
dans l'arche, fit venir un vent sur
la terre, etles eaux diminuerent.
2. Et les sources de l'abime et
les cataractes du ciel furent fer-
mées, et les pluies du ciel furent
arrétées.
3. Et les eaux se retirerent de
dessus la terre, allant et reve-
nant, et elles commencerent à
décroitre apres cent cinquante
jours.
4. Etl'arches'arrétaau septième
mois, le vingt-septième jour du
mois, sur les montagnes de l'Ar-
ménie.
9. Cependant les eaux allerent
en décroissant jusqu'au dixième
mois; car au dixième mois, le
premier jour du mois parurent
les sommets des montagnes.
6. Et lorsque quarante jours
furent passés, Noé, ouvrant la
fenétre qu'il avait faite à l'arche,
làcha le corbeau,
1. Qui sortit et ne revint plus,
9]. Sag., x, 4; Eccli., xxxix, 28; I Pierre, nt, 20.
4. Au septième mois de l'année et non du déluge. — * Sur les montagnes de lAr-
ménie; d'aprés une tradition fort répandue, sur le mont Ararat. La cime isolée à
qui on ἃ donné spécialement ce nom, l'Agri-Dhga, a 5350 métres d'altitude et est
située à 65 kilométres au sud-ouest d'Erivan.
1. L'expression jusqu'à ce que, comme on le voit dans une foule de passages, tant
(cu. 1x.]
jusqu'à ce que les eaux fussent
désséchées sur la terre.
8. Il lâcha aussi la colombe,
pour voir si les eaux n'étaient
plus sur la surface de la terre.
9. Mais comme elle ne trouva
pas où poser son pied, elle revint
vers lui dans l'arche, parce que
les eaux étaient encore sur toute
la terre : et il tendit la main, et
l'ayant prise, il la remit dans l'ar-
che.
10. Etayantattendu encore sept
autres jours, il envoya de nou-
veau la colombe hors de l'arche.
11. Mais elle vint à lui vers le
soir, portant à son bec un rameau
d'olivier ayant des feuilles vertes.
Noé comprit donc que les eaux
n'étaient plus sur la face de la
terre!
12. Il attendit cependant sept
autres jours, et il envoya la co-
lombe qui ne revint plus vers lui.
13. Ainsi l'an six cent un, au
premier mois, le premier jour du
mois, les eaux diminuerent sur
la terre, et Noé, ouvrant le toit
de larche, vit que la surface de
la terre était séchée.
14. Au second mois, le vingt-sep-
tieme jour du mois, la terre fut
toute séchée.
15. Alors Dieu parla à Noé, di-
sani :
16. Sors de larche, toi et ta
femme, tes fils et les femmes de
tes fils.
11. Tous les animaux qui sont
auprès de toi, de toute chair, tant
| LA GENÈSE. 97
parmi les volatiles que parmi les
quadrupedes et tous les reptiles
qui rampent sur la terre, fais-les
sortir avec toi, et entrez sur la
terre: Croissez et vous y multi-
pliez.
18. Noé sortit donc, et ses fils,
etsa femme, et les femmes de ses
fils avec lui.
19. Et tous les animaux aussi,
les quadrupedes et les reptiles qui
rampent surlaterre, chacun selon
son espèce, sortirent de l'arche.
20. Or Noé bâtit un autel au
Seigneur; et prenant de tous les
quadrupèdes et de tous les oi-
seaux purs, il les offrit en holo-
causte sur l'autel.
21. Et le Seigneur en sentit l'o-
deur suave, et dit : Je ne maudi-
rai plus la terre à cause des
hommes; car les sentiments et les
pensées du cœur de l'homme sont
inclinés au mal dés sa jeunesse ;
je ne frapperai done plus toute
àme vivante, comme j'ai fait.
22. Durant tous les jours de la
terre, des semailles et de la mois-
son, le froid et la chaleur, l'été et
l'hiver, le jour et la nuit ne ces-
seront point.
CHAPITRE IX
Alliance de Dieu avec Noé et sa posté-
rité. Malédiction contre Cham et Cha-
naan. Bénédiction en faveur de Sem et
de Japheth.
1. Et Dieu bénit Noé et ses fils,
et il leur dit: Croissez, multipliez-
vous, et remplissez la terre.
CnaP. VIII. 17. Supra, 1, 22, 28; Infra, 1x, 1, 7. — 21. Supra, νι, 5; Matt., xv, 19. —
CuaP. IX. 1. Supra, 1, 22, 98; ננט 17.
EE LL
de l'Ancien que du Nouveau Testament, ne marque pas toujours qu'une chose se soit
faite aprés un certain temps, mais simplement qu'elle ne s'est pas faite auparavant.
22. * Voir à la fin du volume la note 6 sur le Déluge.
98 LA GENÉSE.
9. Soyez la terreur et l'épou-
vante de tous les animaux de la
terre, de tous les oiseaux du ciel
et de tout ce qui se meut sur la
terre; tous les poissons de la mer
ont été mis entre vos mains.
3. Tout ce qui se meut et vit
sera votre nourriture : de méme
que les légumes verts, je vous ai
donné toutes ces choses.
4. Excepté que vous ne mange-
rez point de chair avec son sang.
5. Car le sang de vos àmes,
j'en demanderai compte à la main
de tous les animaux, etàla main
de l'homme, et à la main de son
frere, je demanderai compte de
l'àme de l'homme.
6. Quiconque aura répandu le
sang de l'homme, son sang sera
répandu; car c'est à l'image de
Dieu qu'a été fait l'homme.
7. Pour vous, croissez et mul-
tipliez-vous : entrez sur la terre
et la remplissez.
8. Dieu dit encore à Noé et à
ses fils comme à lui :
9. Voilà que moi j'établirai mon
alliance avec vous, et avec votre
postérité apres vous ;
10. Et avec toute àme vivante,
qui est avec vous, tant parmi les
oiseaux, que parmi les animaux
domestiques, et toutes les bétes
de la terre qui sont sorties de
l'arche et tous les animaux de la
terre.
[cn. 1x.
11. J'établirai mon alliance aveo
vous, et toute chair ne sera plus
détruite par les eaux d'un déluge,
car il n'y aura plus à l'avenir de
déluge ravageant la terre.
19. Dieu dit ensuite : Voilà le
signe de l'alliance que j'établis
entre moi et vous et toute âme
vivante qui est avec vous pour
des générations éternelles :
13. Je placerai mon arc dans
les nues, et il sera un signe d'al-
liance entre moi et la terre.
14. Et quand j'aurai couvert le
ciel de nuages, mon arc paraitra
dans les nues ;
15. Et jeme souviendrai de mon
alliance avec vous, et avec toute
àme vivante qui anime la chair ;
et il n'y aura plus d'eaux de dé-
luge pour détruire toute chair.
16. L'are sera done dans les
nues ; je le verrai, et je me sou-
viendrai de l'alliance éternelle
qui est élablie entre Dieu et toute
àme vivante de toute chair qui
est sur la terre.
17. Dieu dit encore à Noé : Voici
le signe de l'alliance que j'ai éta-
blie entre moi et toute chair sur
la terre.
18. Les fils de Noé qui sorlirent
de larche, étaient donc Sem,
Cham et Japhet : or ce méme
Cham est le père de Chanaan.
19. Ge sont là les trois fils de
Noé, et c'est par eux que toute la
3. Supra, 1, 29. — 4. Lév. xvir, 14. — 6. Matt., xxvi, 52; Apoc., xi, 10. — 7. Supra,
1, 28; vin, 17. — 11. Isaïe, Liv, 9. — 13. Eccli, xuru, 12.
E ————————
5. En hébreu comme en arabe le mot dme se prend souvent pour vie, personne,
individu.
13. On ne saurait conclure légitimement de ce verset que l'arc-en-ciel n'existait pas
avant le déluge; il prouve seulement que par l'institution de Dieu, ce phénomène
doit étre désormais un signe d'alliance qu'il fait avec les hommes.
14. * Voir à la fin du volume la note 7 sur l'arc-en-ciel.
45. Voyez, sur le mot chair, vi, 12.
(ca. x.)
race des hommes s'est répandue
sur la terre entière.
20. Noé agriculteur, commenca
à cultiver la terre, et planta une
vigne.
91. Et ayant bu du vin, il s'eni-
vra et se trouva nu dans sa tente.
29. Lorsque Cham, père de
Chanaan, eut vu cela, c'est-à-dire,
18 nudité de son pere, il 'annonca
à ses deux frères dehors.
29. Mais Sem et Japhet mirent
un manteau sur leurs épaules, et
marchanten arriere,ilscouvrirent
la nudité de leur pere ; ainsi leurs
visages étaient détournés, et ils
ne virent pas la nudité de leur
père.
24. Mais Noé, réveillé de son
ivresse, lorsqu'il eut appris ce que
lui avait fait son second fils,
95. Dit : Maudit Chanaan! il
sera l'esclave des esclaves de ses
freres.
26. Mais il ajouta : Béni le Sei-
gneur, le Dieu de Sem! que Cha-
naan soit son esclave.
ὕπαρ. X. 1. I Par., 1, 5.
LA GENÉSE. 29
27. Que Dieu donne de l'éten-
due 8 Japheth, et qu'il habite dans
les tentes de Sem, et que Cha-
naan soit son esclave.
28. 0r Noé vécutapreésle déluge
trois cent cinquante ans.
29. Et tous ses jours accom-
plirent neuf cent cinquante ans,
et il mourut.
CHAPITRE X.
Dénombrement des fils de Noé. Pays que
chacun d'eux a possédé.
1. Voiciles générations des fils
de Noé, Sem, Cham et Japheth :
car il leur naquit des fils apres le
déluge.
2. Les fils de Japheth sont : Go-
mer, Magog, Madai, Javan, Thu- :
bal, Mosoch et Thiras.
3. Les fils de Gomer : Ascenez,
Riphath et Thogorma.
4. Et les fils de Javan : Elisa,
Tharsis, Cetthim et Dodanim.
9. C'est par eux que furent di-
visées les iles des nations dans
21. * Ayant bu du vin. L'Arménie, où habitait alors probablement Noé, est très fa-
vorable à la culture de la vigne. Xénophon parle de l'excellent vin de ce pays. L'Asie
est reconnue de tous comme la patrie de la vigne.
25. L'esclave des esclaves; hébraisme, pour 76 plus vil des esclaves. — Noé ne voulut
pas maudire Cham qui avait recu la bénédiction de Dieu au sortir de l'arche (vers, 1),
mais bien Chanaan, le plus méchant de ses enfants. Noé était persuadé d'ailleurs
que Cham serait plus sensible au malheur de son fils qu'il ne l'aurait été à sa propre
disgráce. — * Chanaan fut en effet l'esclave de ses fréres et sentit tout le poids de
la malédiction de Noé. .
26. * Béni le Seigneur, le Dieu de Sem! La bénédiction propre de Sem, c’est la con-
naissance du vrai Dieu. Sa race conserva fidélement le culte du vrai Dieu dans la
postérité d'Abraham, tandis que les descendants de Cham et de Japhet s'abandon-
nérent à l'idolátrie.
21. Que Dieu donne, etc., c'est-à-dire que Dieu étende la race et les possessions de
Japhet. — * « Nous voyons cette prophétie accomplie dans les Gentils, » dit S. Jean
zhrysostome. Nous sommes des descendants de Japhet, qui habitons dans les tentes
de Sem; nous participons aux avantages spirituels de Sem.
5. C'est par eux, etc., veut dire que les descendants de Japhet, énumérés aux
vers. 2-4, se sont partagé entre eux les diverses contrées que les Hébreux appelaient
les iles des nalions, c'est-à-dire des idolâtres (probablement les iles et les pays séparés
dela Palestine et oü les Hébreux ne pouvaient aller que par mer); qu'ils se sont
30 LA GENESE.
leurs pays, chacun selon sa lan-
gue et ses familles dans leurs na-
tions.
6. Les fils de Cham : Chus, Mes-
raim, Phuth et Chanaan.
7. Les fils de Chus : Saba, Hé-
vila, Sabatha, Regma et Sabata-
cha. Les fils de Regma : Saba et
Dadan.
8. Or Chus engendra Nemrod ;
c'est lui qui commença à être
puissant sur la terre.
9. C'était un fort chasseur de-
vant le Seigneur. De là est venu
le proverbe : Comme Nemrod,
fort chasseur devant le Seigneur.
10. Le commencement de son
royaume fut Babylone, Arach,
Achad et Chalanné, dans la terre
de Sennaar.
11. De ce pays sortit Assur qui
bâtit Ninive, les rues de cette
ville et Chalé,
19. Et aussi Résen entre Ni-
nive et Chalé : c'est la grande
ville.
13. Quant à Mesraim, il engen-
dra Ludim, Anamim, Laabim,
Nephthuim,
14. Phétrusim et Chasluim, d'ou
sont sortis les Philistins et les
Caphtorins.
15. Chanaan engendra Sidon,
son premier-né, l'Héthéen,
16. Le Jébuséen, l'Amorrhéen,
le Gergéséen,
22 LiDar s Tdi
]68. x.]
17. L'Hévéen, l'Aracéen, le Si-
néen,
18. L'Aradien, le Samaréen et
l'Amathéen : et apres cela se sont
dispersés les peuples des Chana-
néens.
19. Et les limites des Chana-
néens furent depuis Sidon en ve-
nant à Gérara, jusqu'à Gaza; et
en venant à Sodome, Gomorrhe,
Adama et Séboim, jusqu'à Lésa.
20. Ce sont là les enfants de
Cham selon leur parenté, leurs
langues, leurs générations, leurs
pays et leurs nations.
21. De Sem aussi, pere de tous
les enfants d'Héber et frere ainé
de Japheth, naquirent des fils.
22. Les fils de Sem sont : Elam,
Assur. Arphaxad, Lud et Aram.
93. Les fils d'Aram : Us, Hul,
Géther et Mes.
24. Or Arphaxad engendra Salé,
dont est né Héber.
95. A Héber naquirent deux
fils : le nom de l'un fut Phaleg,
parce qu'en ses jours la terre fut
divisée; et le nom de son frere,
Jectan.
26. Lequel Jectan engendra El-
modad, Saleph, Asarmoth, Jaré,
97. Aduram, Uzal, Décla,
98. Ebal, Abimaël, Saba,
29. Ophir, Hévila et Jobab : tous
ceux-là sont les fils de Jectan.
30. Et leur habitation s'étendit
établis dans ces contrées chacun selon sa langue, ses familles, et qu'ils ont formé
des nations. Remarquons que tout ceci est dit par anticipation; car ce n'est qu'après
la construction de la tour de Babel (xr, 9) qu'a eu lieu la dispersion des familles
et la diversité des langues.
9. Devant le Seigneur; aux yeux du Seigneur; c'est-à-dire que le Seigneur lui-
méme le tenait pour fort chasseur.
10. * Arach ou Erech et Orchoé, aujourd'hui Warka, sur la rive occidentale du bas
Euphrate, au sud-est de Babylone.
11, * Ninive, capitale de l'Assyrie, sur le Tigre.
[cu. x1.]
de Messa jusqu'à Séphar, mon-
tagne qui est à l'orient.
31. Voilà les fils de Sem, selon
leur parenté, leurslangues, leurs
pays et leurs nations.
32. Et voilà les familles de Noé,
selon leurs peuples et leurs na-
lions. C'est par elles qu'ont été
divisées toutes les nations sur la
terre après le déluge.
CHAPITRE XI.
Construction de la tour de Babel. Confu-
sion des langues. Postérité de Sem.
1. Orla terre n'avait qu'un seul
langage et qu'une seule langue.
2. Et lorsque les hommes par-
tirent de l'orient, ils trouverent
une plaine dans la terre de Sen-
naar, et ils y habitèrent.
9. Et l'un dit à l'autre : Venez,
faisons des briques et cuisons-les
au feu. Or ils se servirent de
briques au lieu de pierres, et de
bitume au lieu de ciment.
4. Et ils dirent encore : Venez,
faisons-nous une ville et une tour
dont le faite touche au ciel; et
rendons notre nom célèbre, avant
que nous soyons dispersés dans
tous les pays.
9. Mais le Seigneur descendit
pour voir la ville et la tour que
bâtissaient les fils d'Adam,
6. Et il dit : Voici un seul peu-
ple, et un seullangage pour tous :
ils ont commencé à faire cet ou-
vrage, et ils n'abandonneront pas
(βαρ. XI. 2. Sag., x, 5. — 10. I Par., 1, 17.
LA GENÈSE. 34
leur dessein, qu'ils ne l'aient ac-
compli.
7. Venez donc, descendons et
confondons là méme leur lan-
gage, afin que l'un n'entende pas
la langue de l'autre.
8. C'est ainsi que le Seigneur
les dispersa de ce lieu dans tous
les pays; et ils cesserent de bà-
lir la ville.
9. Et c'est pourquoi elle a été
appelée du nom de Babel; parce
que c'est là que fut confondu le
langage de toute la terre : et de
là le Seigneur les dispersa sur la
face de tous les pays.
10. Voici les générations de
Sem : Sem avait cent ans quand
il engendra Arphaxad, deux ans
apres le déluge.
11. Sem vécut, apres qu'il eut
engendré Arphaxad, cinq cents
ans, et il engendra des fils et des
filles.
12. Arphaxad vécut trente-cinq
ans, et il engendra Salé.
13. Et Arphaxad vécut, apres
quil eut engendré Salé, trois
cents trois ans, et il engendra
des fils et des filles.
14. Or Salé vécut trente ans, et
il engendra Héber.
15. Et Salé vécut, apres qu'il
eut engendré Héber, quatre cent
trois ans, et il engendra des fils
et des filles.
16. Mais Héber vécut trente-
quatre ans, et il engendra Pha-
leg.
———————Ó—————M Ó€— M —
32. C'est par elles, etc. Compar., vers. 5. — * Voir à la fin du volume la note 8 sur
la table ethnographique.
2. * Dans la terre de Sennaar, en Babylonie.
gun Babel. Probablement sur l'emplacement du Birs-Nimroud actuel, sur les ruines
de l'ancienne Babylone, capitale de la Babylonie.
32 LA GENÈSE.
17. Et Héber vécut, après qu'il
eut engendré Phaleg, quatre cent
trente ans, et il engendra des fils
et des filles.
18. Phaleg aussi vécut trente
ans, et il engendra Reü.
19. Et Phaleg vécut, apres qu'il
eut engendré Reü, deux cent
neuf ans, etil engendra des fils
et des filles.
90. Reü vécut trente-deux ans,
et il engendra Sarug.
21. Et Reü vécut, après qu'il eut
engendré Sarug, deux cent sept
ans, et il engendra des fils et des
filles.
22. Or Sarug vécut trente ans,
et il engendra Nachor.
23. Et Sarug vécut, après quil
eut engendré Nachor, deux cents
ans, et il engendra des fils et des
filles. |
24.. Nachor vécut vingt-neuf
ans, et il engendra Tharé.
25. Et Nachor vécut, apres qu'il
eut engendré Tharé, cent dix-
neuf ans, et il engendra des fils
et des filles.
26. Tharé vécut soixante-dix
ans, et il engendra Abram, Na-
chor et Aran.
97. Mais voici les générations
de Tharé. Tharé engendra Abram,
Nachor et Aran. Or Aran ו
dra Lot.
19. I Par.,
I, 19. — 26. Jos., xxiv, 2; I Par.,
[cg. xi,
98. Aran mourut avant Tharé
son pere, dans le pays de sa nais-
sance, à Ur des Chaldéens.
29. Abram et Nachor prirent
des femmes : le nom de la femme
d'Abram était Sarai, et le nom de
la femme de Nachor, Melcha, fille
d'Aran, pere de Melcha, et pere
de Jescha.
30. Or Sarai était slérile, et
n'avait pas d'enfants.
31. C'est pourquoi Tharé prit
Abram son fils, et Lot fils d'Aran,
et le fils de son fils, et Sarai, sa
belle-fille, femme d'Abram son
fils, et il les fit sortir d'Ur des
Chaldéens pour aller dans la terre
de Chanaan: orils vinrent jus-
qu'à Haran, et y habitèrent.
32. Et les jours de Tharé furent
de deux cent cinq ans, et il mou-
rut à Haran.
CHAPITRE XII.
Vocation d'Abram, et promesse qui luifest
faite. Son entrée en Egypte.
1. MaisleSeigneur dit à Abram :
Sors de ton pays et de ta parenté
et de la maison de ton père, et
viens dans la terre que je te mon-
trerai
2. Et je te ferai père dune
grande nation; je te bénirai, je
rendrai ton nom célebre, et tu
seras béni.
1, 26. — 31. Jos., xxiv, 2; II Esd., 1x, 7;
Judith, v, 7; Actes, vir, 2. — CnaP. XII. 1. Actes, vr, 3.
28. * Ur des Chaldéens, aujourd'hui Mugheir, dans l'ancienne Chaldée, à peu près
à moitié distance entre Babylone et l'embouchure de l'Euphrate dans le golfe Per-
sique. Ur était une ville considérable, où l’on cultivait les sciences et les arts et la
littérature et où l'on adorait principalement la Lune sous le nom de dieu Sin.
31, 32. Haran est la méme ville que Charan, dont parle saint Etienne dans Act.,
vii, 2, 4, — * Haran est situé au point d'intersection oü se croisent les routes qui
conduisent les caravanes aux gués de l'Euphrate d'une part, aux gués du Tigre de
l'autre, sur le Bililk, affluent de l'Euphrate, dans une plaine qui était autrefois ar-
rosée par de nombreux canaux.
[cn. xn.]
8. Je bénirai ceux qui te béni-
ront, et maudirai ceux qui te
maudiront : et EN Tor seront bé-
nies toutes les nations de la
terre.
4. Abram donc sortit, comme
lui avait ordonné le Seigneur, et
Lot alla avec lui; or Abram avait
soixante- quinze ans, lorsqu'il
sortit de Haran.
5. Ainsi, il prit Sarai sa femme
et Lot fils de son frere, tout le
bien qu'ils possédaient, et les
âmes qu'ils avaient acquises à
Haran; et ils sortirent pour aller
dans la terre de Chanaan. Lors-
qu'ils y furent arrivés,
6. Abram traversa le pays
jusqu'au lieu de Sichem, jusqu'à
la vallée illustre. Les Chananéens
étaient alors dans ce pays.
7. Or le Seigneur apparut à
Abram et lui dit : C'est à ta posté-
térité que je donnerai ce pays.
Et Abram bátit là un autel au Sei-
gneur qui lui était apparu.
8. Et de là passant jusqu'à la
montagne qui était à l'orient de
LA GENÉSE. 33
Béthel, i| y dressa ses tentes,
ayant Béthel à l'occident et Hai à
l'orient; 11 bâtit là aussi un autel
au Seigneur, et il invoqua son
nom.
9. Puis Abram s'en alla chemi-
nant et s'avancant vers le midi.
10. Mais il survint une famine
en ce pays, et Abram descendit
en Egypte pour y habiter, car la
famine régnait dans le pays.
11. Lorsqu'il était pres d'entrer
en Egypte, il dit à Sarai sa
femme : Je sais que tu es une
belle femme ;
12. Et que quand les Egyptiens
te verront, ils diront: C'est sa
femme ; et ils me tueront, et ils te
conserveront.
13. Dis donc, je te conjure, que
tu es ma sœur, afin que bien
m'arrive à cause de toi, et que
mon âme vive grâce à toi.
14. Lors donc qu'Abram fut
entré en Egypte, les Egyptiens
virent que cette femme était ex-
trèmement belle.
15. Et les princes en infor-
3. Infra, xvur, 18; xxr, 18; Gal., 11, 8. — 4. Hébr., xi, 8. — 7. Infra, xir, 15; xv, 18;
מטאא 4; Deut., xxxiv, 4. — 13. Infra, xx, 11.
9. Les 07008; pour les personnes, les individus. Compar. ΙΧ, 5.
6. * La vallée illustre, en hébreu Moré, la vallée située entre le mont Hébal et le
mont Garizim, au cœur méme de la Palestine. — Sichem est le site le plus beau de
la Palestine centrale, le mieux arrosé de tout le pays; on n'y compte pas moins de
?1 sources. Les oliviers qui croissent rendentle paysage perpétuellement vert.
8. * A l’orient de Béthel. Béthel est sur la grande route qui conduit du nord-est
au sud-ouest de la Palestine. Abram s'arréta sur la montagne située au levant. De là
il put jouir du spectacle de la Terre-Sainte presque entiére: à l'est, au premier plan,
la chaine dentelée des collines de Jéricho; dans le lointain,les montagnes de Moab;
entre les deux, la large vallée du Jourdain; au sud et à l'ouest, l'eeil domine les
sombres collines de la Judée; au loin, la chaine méridionale sur une pente de la-
quelle est Hébron; vers le nord, les collines qui séparent la Judée des riches plaines
de Samarie.
13. Sara était véritablement sceur d'Abraham, étant fille du méme pere que lui.
Voyez xx, 12. D'ailleurs le mot hébreu traduit par sœur signifie également cousine,
niéce, et en général proche parente. — Et que mon áme vive; c'est-à-dire, et que je
puisse ainsi sauver ma vie.
15. * Pharaon n'est pas un nom propre, mais un titre. On ignore quel est le pharaon
qui régnait en Egypte à l'époque d'Abraham.
A. T. 3
34 LA GENÉSE.
merent Pharaon, et la vanterent
devant lui; et elle fut enlevée
pour la maison de Pharaon.
16. Pour Abram, ils en usèrent
bien à son égard, à cause d'elle;
il recut méme des brebis, des
bœufs, des ânes, des serviteurs
et des servantes, des ânesses et
des chameaux.
17. Mais le Seigneur frappa
Pharaon de très grandes plaies et
sa maison, à cause de Sarai
femme d'Abram.
18. Alors Pharaon appela Abram
et lui dit : Qu'est-ce que tu m'as
fait? que ne m'as-tu averli que
c'était ta femme?
19. Pour quel motif as-tu dit
que c'était ta sceur, afin que je
la prisse pour ma femme? Main-
tenant donc voilà ta femme;
prends-la et pars.
90. Et Pharaon donna des
ordres à ses gens au sujet d'A-
bram; et ils le reconduisirent, lui,
et sa femme et tout ce qu'il avait.
CHAPITRE XIII.
Abram retourne d'Egypte dans la terre
de Chanaan. Lot se sépare de lui.
Abram recoit de nouvelles assurances
de la protection de Dieu.
1. Abram monta donc de lE-
gypte, lui, sa femme et tout ce
qu'il avait, et Lot avec lui, vers
la région australe.
2. Or Abram était trés riche en
possession d'or et d'argent.
CH. xim.)
3. Il s'en retourna parle méme
chemin qu'il était venu, du midi à
Béthel, jusqu'au lieu où aupara-
vant ilavait planté sa tente, entre
Béthel et Hai;
4. Au lieu où il avait fait d'a-
bord un autel, et il invoqua là le
nom du Seigneur.
5. Mais Lot qui était avec
Abram, avait aussi des troupeaux
de brebis et de gros bétail, et des
lentes.
6. Et ce pays ne leur permettait
pas de demeurer ensemble ; car
leurs biens étaient nombreux, et
ils ne pouvaient habiter en com-
mun.
7. De là il s'éleva une querelle
entre les pasteurs des troupeaux
d'Abram et de Lot. Or ence temps-
là les Chananéens et les Phéré-
séens habitaient en ce pays.
8.'Abram dit donc à Lot : Je te
prie, qu'il n'y ait pas de débat
entre moi et toi, ni entre mes
pasteurs et tes pasteurs; car nous
sommes frères.
9. Voici que toutle pays est de-
vant toi : sépare-toi de moi, je te
conjure; si tu vas à gauche, j'irai
à droite, et si tu choisis la droite,
je prendrai la gauche.
10. C’est pourquoi Lot, 165 yeux
levés, vit toute la contrée qui s'é-
tendait le long du Jourdain, et
qui, avant que le Seigneur eût
détruitSodome et Gomorrhe, était
| toute arrosée, comme le paradis
ὕπαρ. XIII. 4. Supra, xii, 7. — 6. Infra, xxxvi, 7.
pn—— A ——— —— ÁÉ C — d——— À—— -À——— —
1. * Vers la région australe, dans la Palestine du sud.
3. * Béthel. Voir plus haut, xu, 8.
10. * Sodome et Gomorrhe étaient probablement au sud de la mer Morte, dans une
partie qui fut submergée à l'époque de la catastrophe de ces deux villes. — Ségor
était sans doute la première ville égyptienne qu'on rencontrait sur la frontière en
allant du pays de Chanaan dans la vallée du Nil. — Sur le Jourdain, voir l'Intro-
duction au livre de Josué.
[cn. xiv.]
du Seigneur, et comme l'Egypte,
en venant vers Ségor.
41. Lot choisit pour lui les en-
virons du Jourdain, et s'éloigna de
l'orient : c'est ainsi qu'ils se sépa-
rerent l'un de l'autre.
19. Abram habita dans la terre
de Chanaan, et Lot demeura dans
les villes qui étaient aux environs
du Jourdain, et 11 habita dans So-
dome.
13. Or les habitants de Sodome
étaient trés méchants, et tres
grands pécheurs devant le Sei-
gneur.
14. Et le Seigneur dit à Abram,
apres que Lot fut séparé de lui :
Leve les yeux et regarde du lieu
oü tu es maintenant, vers l'aqui-
lon et le midi, vers lorient et
l'occident.
15. Tout le pays que tu aper-
cois, je te le donnerai, à toi et à
ta postérité pour toujours.
16. Je ferai ta postérité comme
LA GENÈSE. 35
la poussière de la terre; si quel-
qu'un d'entre les hommes peut
nombrer la poussiere de la terre,
il pourra aussi nombrer ta posté-
rité.
11. Lève-toi, et parcours le pays
en sa longueur et en sa largeur,
parce que c'està toi que je le dois
donner.
18. Levant donc satente, Abram
vint et habita pres de la vallée de
Mambré, qui est en Hébron, et il
bátit là un autel au Seigneur.
CHAPITRE XIV.
Guerre de Chodorlahomor contre les rois
de la Pentapole. Abram délivre Lot.
Melchisédech bénit Abram.
1. Or il arriva en ce temps-là
qu'Amraphel roi de Sennaar,
Arioch roi de Pont, Chodorlaho-
mor roi des Elamites, et Thadal
roi des Nations
2. Firent la guerre à Bara roi
de Sodome, à Bersa roi de Go-
14. Supra, xr, 7; Infra, xv, 18; xxvi, 4; Deut., xxxiv, 4.
15. Cette promesse de Dieu conférait à Abraham un droit authentique sur tout le
pays de Chanaan. Quant à sa postérité, elle ne devait occuper ce pays qu'autant
qu'elle serait fidéle, comme lui, à Dieu et à la religion. Cette condition se trouve
clairement exprimée par l'Ecriture elle-même. Voyez en effet Lév., xvin, 26, 28;
Deut., 1v, 25, 26; Isaie, xzvin, 18, 19. — Si l'on prend à la lettre l'expression pour
toujours, il ne faut pas oublier que la terre de Chanaan n'est ici que la figure de la
Chanaan céleste, que doivent posséder éternellement les vrais enfants d'Abraham,
qui auront imité sa foi et sa vertu. — * Du reste, dans l'Ecriture, pour toujours signifie
souvent seulement pour longtemps.
18. * Hébron est située sur le versant de trois montagnes et dans une vallée, à une
hauteur de 850 métres environ au-dessus de la Méditerranée, au milieu des mon-
tagnes de Juda, dans la Palestine méridionale. C'est l'une des plus anciennes villes
de la terre de Chanaan; elle s'appelait aussi Cariath-Arbé. La vallée au fond de
laquelle est l'Hébron actuelle se dirige du nord au sud. Les coteaux sont encore
aujourd'hui couverts de vignes qui produisent les plus beaux raisins de la terre de
Juda. On y voit aussi des bosquets d'oliviers. Le tombeau des patriarches est à l'ex-
trémité d'Hébron.
1. * Sennaar, la Babylonie. — Pont, en hébreu Ellassar, en Babylonie. — Chodor-
lahkomor, signifie probablement serviteur du dieu Lagamar; il était roi d'Elam et
conquérant. — Roi des nations, en hébreu Goëm, des nomades ou du pays de Guti
dont le site est incertain.
2. * Baia, la mème que Ségor, autre que le Ségor mentionné Genése, xi, 10, pro-
bablement sur la cóte orientale dela mer Morte, l'une des cinq villes de la vallée de
36 LA GENÉSE.
morrhe, à Sennaab roi d'Adama,
à Séméber roi de Séboim et au
roi de Bala, la méme que Ségor.
3. Tous ces rois s'assemblerent
dans la vallée des Bois, qui est
maintenant la mer de sel.
4. Car pendant douze ans ils
avaient été soumis à Chodorlaho-
mor, et àla treizieme année ils
s'étaient séparés de lui.
5. C'est pourquoi à la quator-
zieme. année, Chodorlahomor
vint, et les rois qui étaient avec
lui ; et ils battirent les Raphaites
et les Zuzites à Astarothcarnaim,
et les Emites à Savé Cariathaïm,
6. Etles Chorréens dans les mon-
tagnes de Séir jusqu'à la plaine
de Pharan, qui est dans le désert.
7. Puis ils retournerent et vin-
rent à la fontaine de Misphat, le
méme lieu que Cadès ; et ils rava-
gerent toute la contrée des Ama-
lécites et des Amorrhéens qui
habitaient à Asasonthamar.
8. Alors partirent le roi de So-
dome, le roi de Gomorrhe, le roi
d'Adama, le roi de Séboim et le
roi de Bala, la méme que Ségor :
et ils rangèrent leur armée en
bataille contre eux, dans la vallée
des Bois ;
9. C'est-à-dire, contre Chodor-
[cH. xiv.]
lahomor roi des Elamites, Thadal
roi des Nations, Amraphel roi de
Sennaar et Arioch roi de Pont :
quatre rois contre cinq.
10. Or la vallée des Bois avait
beaucoup de puits de bitume.
C'est pourquoiles rois deSodome
et de Gomorrhe, ayant pris la
fuite, y tombèrent, et ceux qui
étaient restés s'enfuirent sur la
montagne.
41. Et ils enleverent toutes les
richesses de Sodome et de Go-
morrhe et tous les vivres, et ils
s'en allerent.
19. Ils enleverent aussi avec
toutes ses richesses Lot, fils du
frere d'Abram, qui habitait à So-
dome.
13. Et voilà qu'un homme qui
s'était sauvé annonca cette nou-
velle à Abram qui habitait dans
la vallée de Mambré l'Amorrhé-
en, frere d'Escol, et frere d'Aner;
car ceux-ci avaient fait alliance
avec Abram.
14. Quand Abram eut entendu
cela, c'est-à-dire que Lot son frere
était captif, il prit les plus agiles
de ses serviteurs, nés dans sa
maison, au nombre de trois cent
dix-huit, et poursuivit les enne-
mis jusqu'à Dan.
Siddim. Elle appartint à Moab du temps des prophétes, aux Arabes aprés la cap-
tivité et à Arétas du temps des Apótres.
5. * Astarothcarnaim, consacrée à Astarté, la déesse dela lune aux deux cornes ou
au croissant, était située à l'est et non loin de la mer Morte. Dans les livres des
Machabées, elle est appelée Carnaim et Carnion. — S«vé Cariathaïm était à l'est du
Jourdain, mais sa position est inconnue.
6. * Les Chorréens tiraient probablement leur nom du mot Khor, hou, caverne,
parce qu'ils habitaient des cavernes. On voit encore par centaines dans les environs
de Pétra les cavernes qu'ils ont habitées; quelques-unes sont encore habitées aujour-
d'hui. — Séir, l'Idumée.
1. * Misphat, le méme lieu que Cadés. Voir Nombres, xx, 1. — Asason-Thamar, ap-
pelée aussi Engaddi, dans le désert de Juda, à l'ouest de la mer Morte.
14. Et ils enlevérent, etc. ; c'est-à-dire quatre rois vainqueurs enlevèrent, ete.
14, 16. Loth, son frère, hébraisme, pour son neveu, son proche parent. Compar.
xir, 18. -- * Dan, au nord de la Palestine.
08. xv.)
15. Puis, ses alliés divisés, il
fondit sur eux pendant la nuit,
les battit et les poursuivit jusqu'à
Hoba,quiest àlagauche de Damas.
16. Ill reprit toutes les richesses,
et Lot son frere avec ses riches-
ses, de méme que les femmes et
le peuple.
11. Mais le roi de Sodome sortit
au-devant de lui, lorsqu'il reve-
nait apres la défaite de Chodorla-
homor, et des rois qui étaientavec
lui dans la vallée de Savé, qui est
la vallée du roi.
48. Mais Melchisédech roi de
Salem, offrant du pain et du vin,
car il était prétre du Dieu tres-
haut,
19. Le bénit, et dit : Béni soit
Abram par le Dieu très haut, qui
a créé le ciel et la terre;
90. Et béni le Dieu tres haut,
qui te protégeant, les ennemis
ont été livrés entre tes mains! Et
Abram lui donna la dime de tout.
21. Mais le roi de Sodome dit à
Abram : Donne-moi les àmes, et
prends le reste pour toi.
92. Abram lui répondit : Je leve
ma main vers le Seigneur Dieu
très-haut, possesseur du ciel et de
la terre,
98. Que depuis 16 fil de la trame
jusqu'à la courroie d'une chaus-
sure, je ne recevrai rien de tout
ce qui est à toi, afin que tu ne di-
ses pas : J'ai enrichi Abram.
18. Hébr.,
115529;
LA GENÉSE. 37
24. J'excepte seulement ce que
mes jeunes gens ont mangé, et
les parts des hommes qui sont
venus avec moi, Aner, Escol, et
Mambré : ceux-ci recevront leurs
parts.
CHAPITRE XV.
Dieu promet un fils à Abram. Alliance
de Dieu avec Abram.
1. Ges choses s'étant ainsi pas-
sées, la parole du Seigneur se fit
entendre à Abram dans une vi-
sion, disant : Abram, ne crains
pas, je suis ton protecteur et ta
récompense grande à l'infini.
2. Et Abram dit : Seigneur Dieu,
que me donnerez-vous ? moi, je
m'en irai sans enfants; car cet
Eliézer de Damas est le fils de
l'intendant de ma maison.
3. Et Abram ajouta : Pour moi,
vous ne m'avez pas donné de pos-
térité, aussi voilà que le serviteur
né dans ma maison sera mon hé-
riter.
4. Et aussitót la parole du Sei-
gneur se fit entendre à lui, disant:
Celui-là ne sera pas ton héritier;
mais celui qui sortira de tes en-
trailles, tu l’auras pour héritier.
ὃ. Et il l'emmena dehors et lui
dit : Regarde le ciel, et compte
les étoiles, si tu peux. Etilajouta:
Ainsi sera ta postérité.
6. Abram crut à Dieu, et ce lui
fut imputé à justice.
vir, 1. — .פה XV. 5. Rom., rv, 18. — 6. Rom., 1v, 3; Galat., ir, 6; Jac.,
15. * Damas, capitale dela Syrie, abondamment arrosée, et tout entourée de ver-
dure, au milieu du désert.
18. Cette oblation du pain et du vin faite par Melchisedech est une figure “bible
du sacrifice de nos autels. — * Par son double caractère de roi et de pontile, Mel-
chisédech représente le Messie, et il a mérité de donner son nom au sacerdoce de
la loi nouvelle, selon l’ordre de Melchisédech. (Psawme, cix, 4; Hébreux, vi, 20.)
21. Les ámes; c'est-à-dire les personnes. Compar. xii, 5
38 LA GENÈSE.
7. Le Seigneur lui dit encore :
Je suis le Seigneur qui t'ai fait
sortir d'Ur des Chaldéens, pour
te donner cette terre, afin que tu
la possèdes.
8. Mais Abram demanda : Sei-
gneur Dieu, d'où pourrai-je savoir
que je dois la posséder?
9. Et répondant, le Seigneur :
Prends, dit-il, une génisse de
trois ans, une chèvre de trois
ans, un bélier de trois ans, de
méme qu'une tourterelle et une
colombe.
10. Abram prenant tous ces ani-
maux, les divisa parla moitié, et
placa les deux parties vis-à-vis
l'une del'autre ; mais les oiseaux,
il ne les divisa point.
11. Or les oiseaux descendirent
sur les corps morts, et Abram les
chassait.
19. Et comme le soleil se cou-
chait, un profond sommeil s'em-
para d'Abram, et une terreur
grande et sombre le saisit.
[cu. xv.]
13. Alors il lui fut dit : Sache
des à présent que ta postérité
doit étre étrangere dans un pays
qui ne sera pas le sien; qu'on les
réduira en servitude, et qu'on les
opprimera durant quatre cenis
ans.
14. Mais la nation à laquelle ils
seront assujettis, c'est moi qui la
jugerai;etaprès ils sortiront avec
de grandes richesses.
15. Pour toi, tu iras en paix
vers tes peres, enseveli dans une
heureuse vieillesse.
16. Ainsi àla quatrieme géné-
ration, ils reviendront ici; car les
iniquités des Amorrhéens ne
sont pas parvenues à leur comble
jusqu'au temps présent.
11. Or, quand le soleil fut cou-
ché, il se fit une obscurité téné-
breuse, et il parut un four qui fu-
mait, et une lampe de feu qui pas-
sait au milieu des animaux divi-
565.
18. En ce jour-là le Seigneur fit
10. Jérémie, xxxiv, 18. — 13. Actes, vir, 6. — 18. Supra, xm, 7; xui, 15; Infra,
xxvi, 4; Deut., xxxiv, 4; 111 Rois, 1v, 21; 11 Paralip., 1x, 26. :
8. Abraham ne doute pas des promesses divines; il demande seulement à Dieu de
lui faire connaître la manière de les exécuter.
43. Qu’on les véduira; c'est-à-dire tes descendants; mot représenté par £a postérité.
45. * Tu iras... vers tes pères. La mort, d’après les idées des Hébreux, mettait fin
au pèlerinage terrestre ; mourir, c'était retourner à ses pères, se réunir à son peuple.
Ces locutions remarquables, qui se lisent dans tous les livres dela Bible hébraique
et surtout dans le Pentateuque, « expriment plus qu'une inhumation ordinaire,
dit M. Franz Delitzsch. De méme que lorsqu'il est dit que les patriarches meurent
rassasiés de jours, on indique par là non seulement le dégoût des misères de cette
vie, mais aussi les aspirations à une vie meilleure, de méme la réunion avec les
ancétres n'est pas seulement la réunion des corps, mais aussi la réunion des per-
sonnes. »
16. * Des Amorrhéens, peuple chananéen qui, avant la conquéte de la Palestine
par les Israélites, occupait les montagnes de Juda à l'ouest de la mer Morte, et le
royaume de Basan avec celui de Séhon à l'est du Jourdain.
18. * Depuis le fleuve d'Egypte, le torrent qui sépare l'Asie de l'Afrique, l'ouadi
el-Arisch. — Jusqu'au grand fleuve d' Euphrate. L'Euphrate, un des plus grands fleuves
de l'Asie occidentale, prend sa source dans l'Arménie, passe à Babylone et se mêle
ensuite au Tigre avant de se jeter dans le golfe Persique. Son eau est bourbeuse,
mais a un goüt agréable, quand elle est purifiée. L'Euphrate est souvent appelé
simplement dans l'Ecriture « le grand fleuve, » sans l'addition du nom propre.
[68. xvi.)
une alliance avec Abram, disant :
C'est à ta postérité que je donne-
rai ce pays, depuis le fleuve d'E-
gypte jusqu'au grand fleuve d'Eu-
phrate ;
19. Les Cinéens, les Généséens,
les Cedmonéens,
90. Les Héthéens, les Phéré-
séens, et les Raphaites aussi.
91. Les Armorrhéens, les Cha-
nanéens, les Gergéséens et les Jé-
buséens.
CHAPITRE XVI.
Abram épouse Agar. Fuite d'Agar. Nais-
sance d'Ismael.
1. Cependant Sarai femme d'A-
bram ne lui avait pas donné d'en-
fants; mais ayant une servante
égyptienne du nom d'Agar,
2, Elle dit à son mari : Voilà
que le Seigneur m'a rendue sté-
rile, pour que je n'aie pas d'en-
fants; prends ma servante, peut-
étre qu'au moins par elle j'aurai
des enfants. Abram ayant con-
senti à sa priere,
3. Elle prit Agar sa servante
égyptienne, dix ans après qu'ils
eurent commencé d'habiter dans
la terre de Chanaan, et elle la
donna à son mari pour femme.
4. 1 alla donc vers elle. Mais
elle, voyant qu'elle avait conçu,
méprisa sa maîtresse.
LA GENÈSE. 39
5. Alors Sarai dit à Abram : Tu
agis injustement envers moi :
c'est moi qui t'ai donné ma ser-
vante pour femme, laquelle,
voyant qu'elle a concu, me traite
avec mépris. Que le Seigneur
juge entre moi et toi.
6. Abram lui répondant : Voilà,
dit-il, ta servante qui est entre
tes mains; fais d'elle ce qui te
plaira. Sarai l'ayant donc châtiée,
elle prit la fuite.
7. Mais l'Ange du Seigneur
l'ayant trouvée dans la solitude
aupres de la source d'eau qui est
surle chemin de Sur au désert,
8. Lui dit: Agar, servante de
Sarai, d’où viens-tu? et où vas-
tu? Elle répondit : Je fuis devant
Sarai ma maitresse.
9. Et l'ange du Seigneur lui re-
partit : Retourne vers ta mai-
tresse, et humilie-toi sous sa
main.
10. Et de nouveau : Multipliant,
dit-il, je multiplierai ta postérité,
et elle sera innombrable par la
multitude.
41. Puis : Voilà, ajouta-t-il, que
tu as concu et tu enfanteras un
fils, et tu l'appelleras du nom
d'Ismaél, parce que le Seigneur
a en'endu ton affliction.
12. Geseraunhomme farouche:
sa main sera contre tous, et la
main de tous contre lui; et c'est
19. * Les Cinéens, tribu qui habitait au sud-est de Chanaan. Du temps de Saül, ils
étaient mélés aux Amalécites. D'autres vivaient en nomades au nord de la Palestine,
à l'époque des Juges. Quelques-uns habitaient dans des villes.
2. Quoique contraire à l'institution primitive du mariage (π, 24), la pluralité des
femmes, en vertu d'une dispensation particuliére de Dieu, fut permise aux patri-
arches; et il semble qu'elle a duré pendant la législation mosaique: mais Jésus-Christ
a ramené le mariage à sa première institution (Matt., xix).
1. * Le chemin de Sur, Voir la note sur Exode, xv, 22,
10. Mullipliant, je mulliplierai; hébraisme, pour je mulliplierui à l'infini,
41. " Ismaël signifie Dieu 6 entendu ou exaucé,
40 LA GENÉSE.
vis-à-vis de tous ses frères qu'il
plantera ses tentes.
43. Alors elle appela le Sei-
gneur qui lui parlait du nom de:
Vous étes le Dieu qui m'avez
vue. Car elle dit : Certainement
ici j'ai vu par derrière, celui qui
me voit.
14. C'est pourquoi elle appela
ce puits, le Puits du vivant et me
voyant. Ce puits est entre Cades
et Barad.
15. Agar donc enfanta un fils à
Abram qui l'appela du nom d'Is-
maél.
16. Abram avait quatre-vingt-
six ans, quand Agar lui enfanta
Ismaël.
CHAPITRE XVII.
Dieu apparait à Abraham; il change son
nom et celui de Sarai. Institution de la
Circoncision. Promesse de la naissance
d'Isaac.
1. Or, aprés qu'Abram eut com-
mencé sa quatre-vingt-dix-neu-
vieme année, ie Seigneur lui ap-
parut, et lui dit : Je suis le Dieu
tout-puissant : marche devant
moi, et sois parfait.
9. J'établirai mon alliance entre
moi et toi, et je te multiplierai
prodigieusement.
[cH. xvm.]
3. Abram tomba incliné sur sa
face.
4. Et Dieu lui dit : C'est moi, et
mon alliance sera avec toi, et tu
seras père de beaucoup de na-
tions.
5. Et on ne t'appellera plus du
nom d'Abram, mais tu te nomme-
ras Abraham; car je t'ai établi
père de beaucoup de nations.
6. Et je te ferai croitre prodi-
gieusement, et je t'établirai chef
de nations; et des rois sortiront
de toi.
1. Ainsi j'établirai mon alliance
entre moi et toi, et entre ta pos-
térité après toi dans ses généra-
tions, par un paete éternel; afin
que je sois ton Dieu et le Dieu de
ta postérité apres toi.
8. Et je te donnerai et à ta pos-
térité la terre de ton pèlerinage,
toute la terre de Chanaan, en pos-
session éternelle; et je serai leur
Dieu.
9. Dieu dit encore à Abraham :
Tu garderas mon alliance, toi et
ta postérité après toi dans ses gé-
nérations.
10. Voici mon alliance que vous
observerez entre moi et vous, et
ta postérité après toi : Tout mâle
d'entre vous sera circoncis.
14. Infra, xxiv, 62. — Cuar. XVII. 4. Eccli., טנא 20; Rom., tv, 17. — 9. Actes, vir, ὃ.
14. * Barad, sur la route de Bersabée en Egypte, était probablement au nord du
Djebel Helâl;
wailich actuel.
Cadès à lest; le Puits du vivant est vraisemblablement l'Ain Mou-
5. Abram veut dire, père d'élévation, et Abraham, père de multitude.
6. Saint Paul montre que ces promesses regardent proprement les enfants d'Abra-
ham, selon l'esprit, qui imitent la foi et l'obéissance de patriarche. Voyez Rom., iv,
11, 12; ax, 1, 8; Galat., ur, 14 et .טנטפ
10. La circoncision, qui devait distinguer extérieurement le peuple juif de tous les
autres peuples, était aussi la figure du baptéme, qui devait nous purifier du péché
originel et nous faire entrer ainsi dans la seconde alliance représentée par cette
première que Dieu a faite avec Abraham. Cette circoncision était encore une figure
d'une autre: circoncision intérieure et spirituelle; c'est-à-dire la répression de tous
les plaisirs déréglés, et de toutes les passions.
[cn. xvi.)
11. Et vous circoncirez votre
chair, afin que ce soit là un signe
d'alliance entre moi et vous.
12. L'enfant de huit jours sera
circoncis parmi vous; tout mále
en vos générations, tant le servi-
teur né dans votre maison, que
le serviteur acheté, sera circon-
cis, et méme celui qui ne sera
pas de votre race.
13. Ainsi mon pacte en votre
chair sera une alliance éternelle.
14. Le mâle dont la chair n'aura
pas été circoncise, cette àme sera
exterminée du milieu de son
peuple, parce qu'il aura rendu
vaine mon alliance.
15. Dieu dit aussi à Abraham :
Tu n'appelleras pas ta femme Sa-
rai, mais Sara.
16. Je la bénirai, et d'elle je te
donnerai un fils que je dois bénir
aussi; et il sera chef de nations;
et des rois de peuples sortiront
de lui.
17. Abraham tomba sur sa face,
et rit, disant en son cœur : Pen-
sez-vous qu'à un centenaire nai-
tra un fils, et que Sara nonagé-
naire enfantera?
18. Et il dit à Dieu : Plaise à
Dieu qu'Ismaél vive devant vous!
19. Et Dieu répondit à Abra-
ham : Sara ta femme t'enfantera
un fils, et tu l'appelleras du nom
d’Isaac, et je ferai de mon pacte
avec lui et avec sa postérité apres
lui une alliance éternelle.
20. Pour Ismaél, je t'ai aussi
exaucé : voilà que je le bénirai,
que je le ferai croitre et que je le
multiplierai grandement; il don-
LA GENÈSE. 4A
nera naissance à douze chefs, et
je le ferai pere d'une grande na-
tion.
91. Mais mon alliance, je l'éta-
blirai avec Isaac, que t'enfantera
Sara en ce méme temps, l'année
prochaine.
22. Et lorsque fut fini le dis-
cours de Dieu qui lui parlait, Dieu
disparut de devant Abraham.
93. Abraham donc prit Ismaël
son fils, tous les serviteurs nés
dans sa maison et tous ceux qu'il
avait achetés, tous máles d'entre
les hommes de sa maison, et il
les circoncit aussitót ce jour-là
méme, comme Dieu lui avait or-
donné.
94. Or Abraham avait quatre-
vingt-dix-neuf ans, quand il cir-
concit sa chair.
95. Et Ismaël son fils avait ac-
compli treize ans au moment de
sa circoncision.
26. Dans 16 méme jour fut cir-
concis Abraham et Ismaël son
fils.
97. Et tous les hommes de sa
maison, tant les serviteurs nés
chez lui, que ceux qui avaient été
achetés, et les étrangers furent
pareillement circoncis.
CHAPITRE XVIII.
Apparition de trois anges à Abraham.
Promesse de la naissance d'Isaac. Pré-
diction de la destruction de Sodome et
de Gomorrhe.
1. Orle Seigneur apparut dans
la vallée de Mambré, à Abraham,
assis à l'entrée de sa tente dans
la grande chaleur du jour.
11. Lév., xir, 3; Luc, 11, 21; Rom., 1v, 11. — 19. Infra, xvii, 10; xxr, 2. — Cnr. XVIII.
1. Hébr., xni, 2.
15. Sarai signifie noble, princesse, et Sara, féconde,
42 LA GENESE.
2. Car, lorsqu'il eut levé les
yeux, trois hommes lui apparu-
rent se tenant pres de lui ; et lors-
qu'il les eut vus, il courut au-de-
vant d'eux de l'entrée de sa tente,
et il se prosterna en terre.
3. Et il dit : Seigneur, si j'ai
trouvé gráce à tes yeux, ne passe
pas au-delà de ton serviteur.
4. J'apporterai un peu d'eau,
et vous laverez vos pieds, et vous
vous reposerez sous cet arbre.
5. Je vous servirai aussi un peu
de pain; et vous reprendrez vos
forces, puis vous irez plus loin,
car c'est pour cela que vous étes
venus vers votre serviteur. Ils lui
répondirent: Fais ce que tu as dit.
6. Et Abraham alla en toute
háte à sa tente vers Sara, et lui
dit : Pétris vite trois mesures de
fleur de farine, et fais des pains
cuits sous la cendre.
1. Etlui-méme courut au trou-
peau, et en prit un veau tendre et
excellent; et il le donna à un ser-
viteur qui se hâta et le fit cuire.
8. Il prit aussi du beurre et du
lait, et le veau quil avait fait
cuire, et le mit devant eux; et lui-
méme se tenait debout prés d'eux
sous l'arbre.
9. Quand ils eurent mangé, ils
lui demandèrent : Où est Sara ta
femme? Il répondit : La voilà
dans la tente.
fcu. xvur.]
10. L'un d'eux dit : En retour-
nant, je viendrai vers toi en ce
temps-ci, vous vivant encore, et
Sara ta femme aura un fils. Ce
qu'ayant entendu, Sara rit der-
riere la porte de la tente.
11. Car ils étaient tous deux
vieux et d'un âge fort avancé, et
Sara n'avait plus ses mois.
19. Elle rit en cachette, disant :
Apres que je suis devenue vieille,
et que mon seigneur est un peu
bien vieux, penserai-je au plai-
sir?
13. Mais le Seigneur dit à Abra-
ham : Pourquoi Sara a-t-elle ri,
disant: Est-ce que vraiment je
dois enfanter, moi vieille?
14. Estce quà Dieu quelque
chose est difficile? Selon ma pa-
role, je reviendrai vers toi, en
ce méme temps, vous vivant en-
core, et Sara aura un fils.
15. Sara le nia, disant : Je n'ai
pas ri; car elle était saisie de
crainte. Mais le Seigneur : Il n'en
est pas ainsi, dit-il; mais tu as ri.
16. Lors donc que ces hommes
furent partis delà, ils tournerent
les yeux vers Sodome; et Abra-
ham allaitavec eux, les recondui-
sant.
47. Alors le Seigneur dit : Pour-
rai-je cacher à Abraham ce que
je vais faire,
18. Puisquil doit être père
10. Supra, xvir, 19; Infra, xxr, 1; Rom., ΙΧ, 9. — 12. I Pierre, ur, 6. — 18. Supra,
ἘΠῚ 3 ΧΙ 118:
2, Trois hommes; c'est-à-dire, comme le prouve tout ce récit même, Dieu et deux
anges sous une forme humaine. — Et il se prosterna; littér.: Et il adora, Le verbe
adorer se prend souvent dans l'Ecriture pour marquer l'action simple de s’incliner,
de se prosterner. Compar. Hébr., xi, 21. L'acte extérieur d'adoration qu'on rendait à
Dieu n'était pas différent de l'hommage de respect qu'on rendait aux hommes, le
sentiment intérieur pouvait les distinguer.
3. A tes yeux, etc. Abraham parle ici au singulier, parce qu'il n'adresse la parole
qu'à celui des trois personnages qui lui a paru le principal.
]68. xvim.]
d'une nation grande et trés puis-
sante, et que DOIVENT ÉTRE BÉNIES
en lui toutes les nations de la
terre ?
19. Car je sais qu'il ordonnera
à ses enfants età sa maison apres
lui, de garder la voie du Seigneur,
et de pratiquer l'équité et la jus-
tice, afin que le Seigneur accom-
plisse à cause d'Abraham tout ce
qu'il lui a dit.
90. Le Seigneur dit donc : La
clameur de Sodome et de Go-
morrhe s'est multipliée, et leur
péché s'est agravé outre mesure.
91. Je descendrai, et je verrai,
si la clameur qui est venue jus-
qu'à moi, elles l'ont accomplie
par leurs œuvres : s'il n'en est
pas ainsi, que je le sache.
99, Et ils partirent de là, et ils
s'en allerent vers Sodome ; mais
Abraham se tenait encore devant
le Seigneur.
93. Et s'approchant, il dit : Est-
ce que vous perdrez le juste avec
l'impie ?
94. S'il se trouve cinquante
justes dans la ville, périront-ils
avec les autres? et ne pardonne-
rez-vous pas à ce lieu à cause de
ces cinquante justes, s'ils s'y trou-
vent ?
25. Loin de vous de faire cela,
de perdre le juste avec l'impie,
en sorte que le juste soit traité
comme l'impie ; cela n'est pas de
vous : vous qui jugez toute la
terre, vous ne rendrez nullement
ce jugement. :
26. Le Seigneur lui répondit :
Si je trouve à Sodome cinquante
LA GENÈSE. 43
justes, dans l'enceinte de la ville,
je pardonnerai à tout ce lieu à
cause d'eux.
Et reprenant, Abraham dit: .דפ
Puisque j'ai déjà commencé, je
parlerai à mon Seigneur, quoi-
que je ne sois que poussiere et
cendre.
98. Et s'il y avait cinquante
justes, moins cinq, détruiriez-
vous, parce qu'il n'y en aurait que
quarante-cinq, la ville entière ?
Et le Seigneur dit : Je ne la détrui-
rai pas, si j'en trouve là quarante-
cinq
29. Et il lui parla de nouveau :
Mais s'il sen trouve là quarante,
que ferez-vous? Dieu répondit :
Je nela frapperai pas, à cause des
quarante.
30. Je vous prie, Seigneur,
ajouta Abraham, ne vous fáchez
point, si je parle encore : Et s'il
s'en trouve làtrente? Le Seigneur
répondit : Je ne le ferai pas, si
jen trouve là trente.
31. Puisque j'ai déjàcommencé,
dit encore Abraham, je parlerai
à mon Seigneur: Et s'il s'y en
trouvait vingt? Le Seigneur ré-
pondit : Je ne la détruirai pas, à
cause des vingt.
32. Je vous conjure, Seigneur,
reprit Abraham, ne vous irritez
pas, si je parle encore une fois :
Et s'il s'en trouve là dix? Et le
Seigneur dit : Je ne la détruirai
pas à cause des dix.
33. Et le Seigneur s'en alla,
apres qu'il eut cessé de parler à
Abraham, et Abraham retourna
en sa demeure.
22. Et ils partirent. Les deux anges qui accompagnaient Dieu vont à Sodome;
mais Dieu, toujours sous la figure d'un homme, demeure seul avec Abraham.
ἀὰ LA GENÈSE.
CHAPITRE XIX.
Lot recoit les anges à Sodome; il se sauve
à Ségor. Destruction de Sodome et de
Gomorrhe. Inceste des filles de Lot.
1. Cependant les deux Anges
vinrent à Sodome vers le soir, et
Lot étant assis à la porte de la
ville. Dés qu'il les eut vus, il se
leva et alla au-devant d'eux, et se
prosterna, incliné vers la terre.
2. Et il dit: Je vous conjure,
seigneurs, venez dans la maison
de votre serviteur, et demeurez-
y; lavez vos pieds, et des le ma-
tin vous continuerez votre route.
Ils répondirent : Point du tout;
mais c'est sur la place que nous
demeurerons.
3. Mais il les forca par ses ins-
tances de venir chez lui ; et lors-
qu'ils furent entrés dans sa mai-
son, il leur prépara un repas, et
il fit cuire des azymes ; et ils man-
gerent.
4. Mais avant qu'ils allassent se
coucher, les hommes de la ville
environnerent la maison, depuis
l'enfant jusqu'au vieillard, tout
le peuple ensemble.
5. Et ils appelerent Lot et lui
dirent : Où sont les hommes qui
sont entrés chez toi cette nuit?
Amène-les ici, afin que nous les
connaissions.
6. Lot étant sorti vers eux, et
ayant fermé derriere lui la porte,
dit :
]08. xix.]
7. Ne faites pas, je vous prie,
mes frères, ne faites pas ce mal.
8. J'ai deux filles qui n'ont pas
encore connu d'hommes : je vous
lesamenerai, et vous ferez d'elles
ce qui vous plaira, pourvu qu'à
ces hommes vous ne fassiez au-
cun mal; cer ils sont venus à
l'ombre de mon toit.
9. Mais ils répondirent : Retire-
toi d'ici. Et de nouveau : Tu es
venu ici, dirent-ils, comme étran-
ger; est-ce pour t'ériger en juge.
C'est donc toi-même que nous
maltraiterons plus qu'eux. Et ils
faisaient à Lot la plus grande vio-
lence; et déjà ils étaient près
d'enfoncer la porte.
10. Mais voilà que les hommes
avancerent la main, firentrentrer
Lot aupres d'eux et fermerent la
porte;
11. Et ceux qui étaient dehors,
ils les frappèrent d'aveuglement,
depuis le plus petit jusqu'au plus
grand, en sorte qu'ils ne pou-
vaient retrouver la porte.
12. Alorsils dirent à Lot: As-tu
iciquelqu'un destiens, ungendre,
ou des fils, ou des tilles? tous
ceux qui sont à toi, fais-les sortir
de cette ville ;
13. Car nous détruirons ce lieu,
parce que leur clameur s'est éle-
vée de plus en plus devant le
Seigneur qui nous a envoyés
pour les perdre. :
14. Lot étant donc sorti, parla
CHAP. XIX. 1. Hóbr., x, 2. — 9. II Pierre, τ, 8. — 11. Sag., xix, 16.
1. Et il se prosterna; littér.: Et il adora. Voy. xviu, 2. — * A Sodome. Voir la note
sur Genèse, xui, 10.
3. Des azymes; c'est-à-dire des pains ou des gâteaux faits sans levain.
8. La proposition de Lot est en elle-méme trés coupable, mais le trouble et l'em-
barras oü il se trouvait, et la charité qui le portait à défendre avec tant d'ardeur les
devoirs sacrés de l'hospitalité, diminuent de beaucoup la gravité de son péché.
[cn. [.אזא
à sesgendres, qui devaient épou-
ser ses filles, et dit : Levez-vous,
sortez de ce lieu; parce que le
Seigneur détruira cette ville. Et
il leur sembla parler comme en
se jouant.
15. Mais lorsqu'il fut matin, les
Angesle pressaient, disant : Leve-
toi, prends ta femme, et les deux
filles que tu as, afin que tu ne
périsses pas, toi aussi, dans le
châtiment de la ville.
16. Mais lui différant, ils prirent
sa main et la main de sa femme
et de ses deux filles, parce que le
Seigneur lui faisait grâce.
17. Et ils l'emmenèrent, le mi-
rent hors de la ville; et là, ils
lui parlerent, disant : Sauve ton
âme; ne regarde point derrière
toi, et ne t'arréte dans aucune
contrée d'alentour; mais sauve-
toi sur la montagne, de peur que
tu ne périsses toi aussi avec les
autres.
18. Et Lot leur répondit : 8
vous prie, mon Seigneur,
19. Puisque votre serviteur a
trouvé grâce devant vous et que
vous avez signalé la miséricorde
que vous m'avez faite, pour sau-
ver mon àme, non, je ne puis
ètre sauvé sur la montagne; il
est à eraindre que le mal ne
LA GENÉSE. A5
m'atteigne, et que je ne meure.
20. Cette ville ici près, où je
puis m'enfuir, est petite et j'y se-
rai sauvé; n'est-elle pas de peu
d'étendue? et mon âme n’y vi-
vra-t-elle pas?
21. Etil lui répondit : Voici que
même en cela, j'ai accueilli ta
prière, de ne pas détruire la ville
pour laquelle tu m'as parlé.
22. Hâte-toi, et tu y seras sau-
vé; car je ne pourrai rien faire
jusquà ce que tu y sois entré.
C'est pourquoi cette ville fut ap-
pelée du nom de Ségor.
23. Le soleil se leva sur la terre,
et Lot entra dans Ségor.
24. Le Seigneur donc fit pleu-
voir sur Sodome et Gomorrhe du
soufre et du feu venus du ciel
d'auprès du Seigneur;
95. Et il détruisit ces villes, et
toute la contrée d'alentour, et
tous les habitants des villes, et
Loutes les plantes de la terre.
26. Et la femme de Lot, regar-
dant derriere elle, fut changée en
une statue de sel.
27. Or Abraham se levant le
matin, et venant oü il avait été
auparavant avec le Seigneur,
98. Regarda Sodome et Go-
morrhe, et toute la terre de cette
contrée, et il vit une fumée qui
17. Sag., x, 6. — 22. Sag., x, 6. — 24. Deut., xxix, 23; Isaie, זזא 19; Jérémie, 1, 40;
Ezéch., xvi, 49; Osée, xi, 8; Amos, 1v, 11; Luc, xvir, 28; Jud., 7. — 26. Luc, xvir, 32.
— 27. Supra, xvii, 1.
11, Ton âme; c'est-à-dire ta vie, ta personne. Compar. 1x, 5.
22. Ségor, en hébreu Tsohar, signifie petit. — * Ce Ségor devait étre différent de
celui de Genèse, xur, 10. Voir plus haut, xiv, 2.
24-26. Pour traduire en mythes ou en faits purement naturels la destruction de
Sodome et de Gomorrhe, et le changement de la femme de Lot en statue de sel, il
faut non seulement s'inserire en faux contre la tradition aussi constante qu'uni-
verselle des juifs et des chrétiens, mais encore violer les lois les plus sacrées de
l'herméneutique et de l’exégèse.
21. Et venant; la concision de la Vulgate rend cette addition indispensable pour
16 vrai sens du texte sacré.
46 LA GENÉSE.
montait de la terre, comme la
fumée d'une fournaise.
29. Mais, lorsque le Seigneur
détruisait les villes de cette con-
trée, s'étant souvenu d'Abraham,
il sauva Lot de la ruine de ces
villes dans lesquelles il avait ha-
bité.
30. Et Lot sortit de Ségor; il se
relira sur la montagne, et ses
deux filles avec lui (car il crai-
gnait de demeurer dans Ségor),
et il demeura dans 18 caverne, lui
et ses deux filles avec lui.
31. Orl'ainéeditàla plusjeune:
Notre père est vieux, et il n'est
resté sur la terre aucun homme
qui puisse nous épouser selon la
coutume de toute la terre.
32. Viens, et enivrons-le de vin,
et dormons avec lui, afin que nous
puissions par notre pere conser-
ver une postérilé.
33. Elles donnerent donc à leur
pere du vin à boire cette nuit-là;
et l'ainée vint et dormit avec son
père; mais celui-ci ne s'apercut,
ni quand sa fille se coucha, ni
quand elle se leva.
34. Et le lendemain, l'ainée dit
à la plus jeune : Voilà que j'ai
dormi hier avec mon père; don-
nons-lui à boire du vin encore
cette nuit, et tu dormiras avec
lui, afin que nous conservions
une postérité de notre pere.
35. Et elles donnèrent encore
cette nuit-là à leur père du vin à
boire; et la plus jeune fille dor-
mit avec lui; et encore cette fois,
[c. xx.]
il ne s'apercut pas quand elle se
coucha, ou quand elle se leva.
36. Ainsiles deux filles de Lot
conçurent de leur père.
91. L'ainée enfanta un fils, et
l'appela du nom de Moab; c'est le
pere des Moabites, jusqu'au pré-
sent jour.
38. La plus jeune aussi enfanta
un fils, et l'appela du nom d'Am-
mon, c'est-à-dire le fils de mon
peuple; c'est le père des Ammo-
nites, jusqu'aujourd'hui.
CHAPITRE XX.
Abraham se retire à Gérara. Abimélech
enléve Sara; il la rend à Abraham.
1. Parti de là pour la terre aus-
trale, Abraham habita entre Ca-
dès et Sur, et demeura comme
étranger à Gérara.
2. Or il dit de Sara sa femme :
C'est ma sœur. Abimélech, roi de
Gérara, envoya donc vers lui et
la fit enlever.
3. Mais Dieu vint vers Abimé-
lech dans un songe pendant la
nuit, et lui dit : Voilà que tu
mourras, à cause de la femme
que tu as enlevée; car elle a un
mari.
4. Or Abimélech ne l'avait pas
touchée, et il dit : Seigneur, per-
drez-vous une nation qui est dans
l'ignorance, et innocente?
5. Lui-méme ne m'a-t-il pas dit:
C'est ma sœur? Et elle-méme n'a-
t-elle pas dit : C'est mon frere?
C'est dans la simplicité de mon
m — HM — M á ——— M M M M M —
31, 38. C'est le père, etc., est mis elliptiquement pour : C'est le père des Moabites,
des Ammonites qui existent encore aujourd'hui.
1. * A Gérara, aujourd'hui Khirbet el-Gerar, au sud de Gaza. Cadés, au sud de
Chanaan, dans le désert de Sin, était sur la limite de l'Idumée.
2, C’est ma sœur. Voyez vers. 12, et compar. xii, 13.
[cu. xx1.]
cœur et dans la pureté de mes
mains que je l'ai fait.
6. Et Dieu lui dit : Et moi aussi
je sais que c'est avec un cœur
simple que tu l'as fait; et c'est
pour cela que je t'ai gardé, afin
que tu ne péchasses pas contre
moi, et que je n'ai pas permis que
tu la touchasses.
7. Maintenant donc rends à son
mari cette femme ; parce que c'est
un prophète, et il priera pour toi,
ettu vivras; mais si tu nela rends
pas, sache que tu mourras de
mort, toi et tout ce qui est à toi.
8. Aussitót, se levant de nuit,
Abimélech appela tous ses servi-
teurs, et fit entendre toutes ces
paroles à leurs oreilles; et tous
ces hommes furent saisis d'une
grande crainte.
9. Puis Abimélech appela aussi
Abraham et lui dit : Que nous as-
tu fait? et en quoi t'avons-nous
offensé, pour que tu aies attiré
sur moi et sur mon royaume un
si grand péché? ce que tu ne de-
vais pas faire, tu nous l'as fait.
10. Et de nouveau se plaignant,
il dit: Qu'as-tu vu, pouragir ainsi?
11. Abraham répondit : J'ai
pensé en moi-méme, disant :
Peut-être n'y a-t-il pointla crainte
de Dieu en ce lieu-ci, et ils me
feront mourir à cause de ma
femme.
12. D'ailleurs elle est vraiment
aussi ma sœur, étant fille de mon
pere, quoiqu'elle ne soit pas fille
de ma mère; et je l’ai prise pour
femme.
13. Or quand Dieu me fit sortir
LA GENÈSE. 47
de la maison de mon père, je dis
à Sara : Tu me feras cette grâce :
dans tous les lieux où nous irons,
tu diras que je suis ton frère.
14. Abimélech prit donc des
brebis, des bœufs, des serviteurs
et des servantes, et il les donna à
Abraham; et il lui rendit Sara sa
femme.
15. Et il dit : La terre est devant
vous ; partout où il te plaira, ha-
bites-y.
16. Mais à Sara il dit: Voilà que
jai donné à ton frère mille pièces
d'argent, pour que tu aies un
voile sur les yeux devant tous
ceux qui seront avec toi, et en
quelque lieu que tu ailles : et
souviens-toi que tu as été enle-
vée.
47. Mais Abraham ayant prié,
Dieu guérit Abimélech, sa femme
et ses servantes, et elles enfan-
tèrent ;
18. Car le Seigneur avait frappé
de stérilité toute la maison d'Abi-
mélech, à cause de Sara femme
d'Abraham.
CHAPITRE XXI.
Naissance d'Isaac. Agar est chassée. Al-
liance entre Abimélech et Abraham.
1. Or le Seigneur visita Sara,
comme il l'avait promis, et il ac-
complit ce quil avait dit.
2. Elle concut et enfanta un fils
dans sa vieillesse, au temps que
Dieu lui avait prédit.
3. Abraham appela son fils que
lui engendra Sara, du nom d'I-
saac.
(ΒΑΡ, XX, 12. Supra, xir, 13. — 13. Infra, xxr, 23. -— .גו XXL. 1. Supra, xvu, 19;
xvii, 10. — 2. Gal., 1v, 23; Hébr., ,זא
" Tu mourras de mort: hébraisme, vour ἐμ mourras infa lliblement,
48 LA GENÈSE,
4. Et il le circoncit le huitieme
jour, comme Dieu lui avait or-
donné,
9. Ayant alors cent ans: car
c'est à cet âge de son pere que
naquit Isaac.
6. Et Sara dit: Dieu m'a donné
sujet de rire : quiconque l'ap-
prendra, rira avec moi.
7. Elle dit encore : Qui aurait
cru qu'Abraham entendrait dire
que Sara allaiterait un fils qu'elle
lui a enfanté lorsqu'il était déjà
vieux?
8. Cependant l'enfant grandit,
et il fut sevré; et Abraham fit un
grand festin au jour de son se-
vrage.
9. Mais Sara ayant vu le fils
d'Agar lEgyptienne se raillant
d'Isaac son fils, elle dit à Abra-
ham :
10. Chasse cette servante et
son fils; car le fils de la servante
ne sera pas héritier avec mon fils
Isaac.
11. C'est avec peine qu'Abra-
ham accueillit cette parole à
cause de son fils.
19. Dieu lui dit : Qu'elle ne te
paraisse pas dure, cette parole sur
l'enfant et sur la servante : quel-
que chose que te dise Sara, écoute
88 voix ; parce que c'est en Isaac
que sera ta postérité.
13. Mais le fils méme de la ser-
vante, je le ferai père d'une
xx1,] .אס]
grande nation, parce qu'il est né
de toi.
14. Abraham se leva done le
matin, et prenant du pain et une
outre pleine d'eau, il les mit sur
l'épaule d’Agar, lui donna l'enfant
et la renvoya. Celle-ci s'en étant
allée, errait dans le désert de Ber-
sabée.
15. Et quand l'eau de l'outre
fut consommée, elle porta len-
fant sous un des arbres qui
étaient là.
16. Et elle s'en alla et s'assit
vis-à-vis, aussi loin qu'un arc
peut lancer son trait ; car elle dit :
Je ne verrai pas mourir mon fils.
Et assise en face, elle éleva sa
voix et pleura.
11. Or Dieu entendit la voix de
l'enfant : l'ange de Dieu appela
Agar du ciel, disant : Que fais-tu,
Agar? ne crains point, car Dieu ἃ
entendu la voix de l'enfant du
lieu dans lequel il est.
18. Lève-toi, prends l'enfant et
le tiens parla main; car je le ferai
père d'une grande nation.
19. Alors Dieu lui ouvrit les
yeux : et voyant un puits d'eau,
elle alla et remplit l'outre, et
donna à boire à l'enfant.
20. Et Dieu fut avec lui: il
grandit, demeura dans le désert,
et devint un jeune homme ha-
bile à tirer de l'arc.
21. Il habita dans le désert de
4. Supra, xvi, 10; Matt., 1, 2. — 10. Gal., 1v, 30. — 12. Rom., 1x, 7; Hébr., xr, 18.
14. Saint Paul nous découvre le sens mystérieux qui est caché dans cette conduite
d'Abraham, lorsqu'il dit que Sara figurait l'Eglise, et Agar la synagogue ; Ismaél les
juifs incrédules; Isaac les fidèles circoncis ou incirconcis. Voy. Rom., 1x, 1,8; Galat.,
IV, 24 et suiv. — * Bersabée, aujourd'hui Bir es-Seba, dans l'ouadi Seba, au sud
d'Hébron, sur la route d'Egypte, devint plus tard la frontière méridionale de la
Palestine.
19. * Un puits d'eau. D'après des explorations récentes, ce puits ou cette source
serait dans l'ouadi Murveiléh.
[cu. xxi.)
Pharan, ev sa mere prit pour lui
une femme de la terre d'Egypte.
22. En ce méme temps Abimé-
lech et Pichol, chef de son armée,
dirent à Abraham: Dieu est avec
toi en tout ce que tu fais.
23. Jure donc par Dieu que tu
ne feras pas de mal, ni à moi, ni
àmes enfants, ni à ma race; mais
que selon la miséricorde que j'ai
exercée envers toi, tu l'exerceras
envers moi et envers la terre
dans laquelle tu as demeuré
comme étranger.
94. Et Abraham dit : Je le jure.
25. Mais il se plaignit à Abimé-
lech, à cause du puits d'eau que
ses serviteurs lui avaient 016 avec
violence.
26. Abimélech repartit : Je n'ai
pas su qui a fait cela; mais toi-
méme, tu ne m'en as pas averti ;
et moi je n'en ai pas oui parler,
si ce n’estaujourd'hui.
27. Abraham prit donc des bre-
bis et des bœufs, et les donna à
Abimélech, et ils firent tous deux
alliance.
28. Et Abraham mit sept jeunes
brebis de son troupeau à part.
29. Et Abimélech lui demanda :
Que signifient ces jeunes brebis
que tu as mises à part?
LA GENESE. 49
30. Maïs Abraham : Ces sept
jeunes brebis, dit-il, tu les rece-
vras de ma main, afin qu'elles me
soient en témoignage que c'est
moi qui ai creusé ce puits.
91. C'est pourquoi ce lieu fut
appelé Bersabée, parce que là
l'un et l'autre jura.
32. Cest ainsi qu'ils firent
alliance, pour le puits du ser-
ment.
33. Abimélech se leva ensuite,
et Pichol, chef de son armée, et
ils retournèrent dans le pays des
Philistins. Mais Abraham planta
un bois à Bersabée, et il invoqua
là le nom du Seigneur Dieu éter-
nel.
34. Etil demeura comme étran-
ger dans la terre des Philistins,
durant de longs jours.
CHAPITRE XXII.
Sacrifice d'Isaac. Dieu réitère ses pro-
messes à Abraham. Dénombrement des
enfants de Nachor, frére d'Abraham.
1. Apres que ces choses se fu-
rent passées, Dieu éprouva Abra-
ham, et lui dit : Abraham, Abra-
ham. Et lui répondit : Me voici.
2. Dieu lui dit : Prends ton fils
unique, que tu chéris, Isaac, ₪
va dans la terre de vision, et li
23. Supra, xx, 13. — .שג XXII. 1. Judith, virt, 22; Hébr., x1, 17.
22. * Phicol, titre du ministre du roi, général de ses armées.
32. Pour le puits. Le texte sacré peut signifier aussi devant, pres le puits.
33. Dans les premiers temps ces sortes de bois servaient d'oratoires destinés au
culte qu'on rendait au Seigneur. Voyez notre Abrégé d'introduction, etc., p. 459. Les
idolâtres ont depuis recherché des lieux élevés, pour y planter les bois sacrés, qui
leur servaient également de temples.
2. Comme maitre souverain de la vie et de la mort des hommes, Dieu avait le droit
d'exiger d'Abraham le sacrifice de son fils; mais on voit par l'événement méme qu'il
voulait seulement éprouver et faire éclater la foi et la soumission du saint patriarche,
afin de l'en récompenser d'une maniére digne de sa puissance infinie; c'est-à-dire
non seulement par la conquéte des Hébreux sur les Chananéens, les Moabites et
les Ammonites, mais encore par celle de l'Eglise chrétienne sur tous les pays du
monde qui ont été assujettis à Jésus-Christ, dont Isaac n'était que la figure. — * Sur
Ae Te 4
50 LA GENÈSE.
tu l’offriras en holocauste, sur
une des montagnes que je te
montrerai.
3. Abraham s'étant donc levé
de nuit, prépara son âne, ame-
nant avec lui deux jeunes hom-
mes et Isaac son fils; et lorsqu'il
eut coupé du bois pour un holo-
6811816, il s'en alla vers le lieu que
Dieu lui avait prescrit.
4. Mais le troisieme jour, les
yeux levés, il vit le lieu de loin.
5. Et il dit à ses serviteurs :
Attendez ici avec làne, moi et
mon fils nous hâtant d'aller jus-
que-là, après que nous aurons
adoré, nous reviendrons à vous.
6. Il prit aussi le bois de l'holo-
causte, et le mit sur son fils Isaac,
mais lui-méme portait en ses
mains le feu et le glaive. Comme
ils s'avancaient tous deux en-
semble,
7. Isaac dit à son pere : Mon
pere. Et celui-ci répondit : Que
veux-tu, mon fils? Voici, dit-il,
le feu et le bois; où est la victime
de l'holocauste?
8. Et Abraham répondit : Dieu,
mon fils, se pourvoira lui-méme
de la victime de l'holocauste. Ils
s'avancaient donc ensemble.
9. Et ils arriverent au lieu que
Dieu lui avait indiqué. Abraham
y bátit un autel, et déposa le bois
dessus ; et, lorsqu'il eut lié Isaac
son fils, il le mit sur l'autel, au-
dessus du tas de bois.
[cH. xxur.]
10. Alors il étendit la main, et
il saisit le glaive pour immoler |
son fils.
11. Et voilà que l'ange du Sei-
gneur cria du ciel, disant : Abra-
ham, Abraham. Lequel répondit :
Me voici.
12. Et l'ange dit : N'étends pas
ta main sur l'enfant, et ne lui fais
rien; je sais maintenant que tu
crains Dieu, puisque tu n'as pas
épargné ton fils unique à cause
de moi.
13. Abrabam leva les yeux et
vit derriere lui un bélier embar-
rassé parles cornes dans un buis-
son; le prenant, il l'offrit en ho-
locauste à la place de son fils.
14. Et il appela ce lieu du nom
de : Le Seigneur voit. D'ouü l'on
dit encore aujourd'hui : Sur la
montagne le Seigneur verra.
15. Mais lange du Seigneur
appela Abraham une seconde fois
du ciel, disant :
16. Par moi-méme j'ai juré,
dit le Seigneur : parce que tu as
fait cela, et que tu n'as pas épar-
gné ton fils unique à cause de
moi,
17. Je te bénirai, et je multiplie-
rai ta postérité comme les étoiles
du ciel, et comme le sable qui est
sur le rivage de la mer; ta pos-
térité possédera les portes de ses
ennemis,
18. Er sERONT BÉNIES en ta posté-
rité toutes les nations de la terre,
10. Jacques, 11, 21. — 16. Ps. civ, 9; Eccli., xuv, 21; I Mach., u, 52; Luc, 1, 73;
Hébr., vi, 18, 17. — 18. Supra, xit, 3; xvni, 18; Infra, xxvi, 4; Eccli., xiv, 25; Actes,
I, 29.
une des montagnes, sur le mont Moriah, où fut bâti plus tard le temple de Jérusalem,
d’après une tradition très répandue. Voir la note sur IL Rois, xxiv, 16.
11. Les portes, etc.; hébraisme, pour /es villes de ses ennemis.
18. Cette prophétie a eu son accomplissement parfait par Jésus-Christ, qui a été
la bénédiction de tous les peuples de la terre.
CH. XXIII.)
parce que tu as obéi à ma voix.
19. Et Abraham retourna vers
ses serviteurs, et ils s'en allèrent
ensemble à Bersabée, et il y ha-
bita.
90. Ces choses s'étant ainsi pas-
sées, on annonca à Abraham que
Melcha aussi avait enfanté des
fils à Nachor son frere :
21. Hus, le premier-né, Buz,
son frère, et Camuel, pere des
Syriens,
99. Cazed, Azau et aussi Phel-
das et Jedlaph,
93. Et Bathuel, dont naquit Ré-
becca ; ce sont là les huit fils que
Melcha enfanta à Nachor, frere
d'Abraham.
24. Sa femme du second rang,
du nom de Roma, enfanta Tabée,
Gaham, Tahas et Maacha.
CHAPITRE XXIII.
Mort de Sara. Abraham achéte une
caverne pour l'enterrer.
1. OrSara vécut cent vingt-sept
ans.
2. Et elle mourut dans la ville
d'Arbée, qui est Hébron, dans la
terre de Chanaan; et Abraham
vint pour faire le deuil et pour la
pleurer.
LA GENESE. 51
3. Et lorsqu'il se fut levé après
les devoirs funéraires, il parla
aux fils de Heth, disant :
4. Je suis parmi vous étranger
et voyageur : donnez-moi le droit
de sépulture chez vous. afin que
jensevelisse mon mort.
ὃ. Les fils de Heth répondirent,
disant :
6. Ecoute-nous, seigneur, tu es
un prince de Dieu au milieu de
nous; ensevelis ton mort dans le
plus beau de nos sépulcres; nul
ne pourra t'empécher d'ensevelir
ton mort dans son tombeau.
1. Abraham se leva, et se pros-
terna devant le peuple de ce
pays, c'est-à-dire, les fils de Heth;
8. Etilleur dit : S'il plaît à votre
àme que j'ensevelisse mon mort,
écoutez-moi et intercédez pour
moi auprès d'Ephron, fils deSéor,
9. Afin qu'il me donne la ca-
verne double qu'il a à l'extrémité
de son champ ; que pour un prix
convenable, il me la livre devant
vous, afin que j'y possede un sé-
pulcre.
10. Or, Ephron habitait au mi-
lieu des fils de Heth. Ephron ré-
pondit donc à Abraham, devant
tous ceux qui entraientàla porte
de la ville, disant:
2. * Arbée, Hébron. Voir plus haut, xii, 18.
3. Les fils de Heth; les Héthéens, descendants de Heth, fils de Chanaan. Com-
par. x, 45.
6. Un prince de Dieu; c'est-à-dire envoyé de Dieu, ou peut-étre mieux, un trés grand
prince; car, dans l'Ecriture, le mot Dieu est trés souvent employé pour exprimer le
superlatif le plus élevé.
1, 12. Se prosterna ; littér.: adora. Voyez xvin, 2.
9. * La caverne double. Cette caverne s'appelle en hébreu Makpelah. La caverne de
Makpelah a été décrite par le voyageur juif Benjamin de Tudéle qui l'a visitée au
xit siècle. On entre dans une première grotte où l'on ne remarque rien. On descend
ensuite dans une seconde qui est également vide. On pénètre enfin dans une troi-
sième où se trouvent six tombeaux qui, d'après les inscriptions, seraient ceux
d'Abraham, d’Isaac, de Jacob, de Sara, de Rébecca et de Lia. Benjamin vit là aussi
un grand nombre de tonneaux remplis d'ossements d'anciens Israélites qu'on y avait
transportés par dévotion.
59 LA GENÈSE.
11. Non, il n’en sera pas ainsi,
mon seigneur; mais toi, écoute
plutôt ce que je dis : Je te livre
le champ et la caverne qui est
dans ce champ, en présence des
fils de mon peuple; ensevelis ton
mort.
12. Abraham se prosterna de-
vant le peuple de ce pays,
43. Et dit à Ephron, le peuple
l'environnant : Je te prie de m'é-
couter; je donnerai l'argent pour
le champ ; prends-le, et ainsi j'y
ensevelirai mon mort.
14. Et Ephron répondit :
15. Mon seigneur, écoute-moi :
la terre que tu demandes vaut
quatre cents sicles d'argent; c'est
le prix entre moi el toi; mais
qu'est-ce que cela? ensevelis ton
mort.
16. Ce qu'Abraham ayant en-
tendu, il fit peser l'argent qu'E-
phron avait demandé, en pré-
sence des fils de Heth, quatre
cents sicles d'argent en monnaie
de bon aloi et ayant cours.
17. Et le champ jadis d'Ephron,
dans lequel était une caverne
double, en face de Mambré, aussi
bien que la caverne et tous les
arbres qui bordaient le champ de
tous cótés, fut assuré
18. A Abraham comme proprié-
té sous les yeux des fils de Heth
et de tous ceux qui entraient à la
porte de la ville.
19. Et ainsi Abraham ensevelit
Sara sa femme dans la caverne
[cH. xxiv.]
double du champ, en face de
Mambré ; c'est Hébron, dans la
terre de Chanaan.
20. Le champ donc et la ca-
verne qui étaient dans le champ
furent assurés à Abraham comme
propriété de tombeau, par les fils
de Heth.
CHAPITRE XXIV.
L'intendant de la maison d'Abraham va
en Mésopotamie demander une femme
pour Isaac; il obtient Rébecca.
1. Or Abraham était vieux et
plein de jours ; etle Seigneur l'a-
vait béni en toutes choses.
2. Et il dit au serviteur le plus
ancien de sa maison, qui présidait
sur tout ce qu'il avait : Pose ta
main sous ma cuisse,
3. Afin que je t'adjure par le
Seigneur Dieu du ciel et de la
lerre, que tu ne prendras pas de
femme pour mon fils parmi les
filles des Chananéens au milieu
desquels j'habite ;
4. Mais que tu iras dans mon
pays et dans ma parenté, et que
c'est delà que tu prendras une
femme pour mon fils Isaac.
5. Le serviteur répondit : Si la
femme ne veut pas venir avec
moi dans ce pays-ci, dois-je reme-
ner votre fils dans le lieu d'oü
vous étes sorti?
6. Et Abraham dit : 1
de jamais y remener mon fils
1. Le Seigneur Dieu du ciel qui
m'a tiré dela maison de mon pere
19. Infra, xxxv, 27. — Cuar. XXIV. 2. Infra, ,תנטנא 29. — 7. Supra, xu, 7; xui, 15;
xv, 18; Infra, xxvi, 3.
15. Le sicle d'argent pur valait environ 1 fr. 60. Voyez notre Abrégé d'introduclion
aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, p. 541, 542.
2. Pose ta main, etc. Cette pratique, selon plusieurs Pères de l'Eglise, renferme un
sens mystérieux qui est un serment fait au nom du Messie, qui devait maître d'Abraham.
[cu. xxiv.)
et du pays de ma naissance, qui
m'a parlé, et m'a juré, disant :
C'est à ta postérité que je donne-
rai ce pays, enverra lui-même
son ange devant toi, et tu pren-
dras de là une femme pour mon
fils.
8. Que si la femme ne veut
pas te suivre, tu ne seras pas
engagé par le serment; seule-
ment ne remène jamais là mon
fils.
9. Le serviteur donc posa la
main sous la cuisse d'Abraham
son maitre, et il le lui jura.
10. C'est pourquoi il prit dix
chameaux du troupeau de son
maitre, et s'en alla portant avec
lui de tous ses biens; et étant
parti, il se dirigea en Mésopota-
mie, vers la ville de Nachor.
11. Et lorsqu'il eut fait agenouil-
ler ses chameaux hors de la ville,
près du puits, sur le soir, temps
ou les jeunes filles ont coutume
de sortir pour puiser de l'eau, il
dit :
19. Seigneur Dieu de mon mai-
tre Abraham, je vous supplie,
venez-moi en aide aujourd'hui,
et faites miséricorde àmon maître
Abraham.
13. Me voici prés de la source
d'eau, et les filles des habitants
de cette ville sortiront pour pui-
ser de l'eau.
14. Quela jeune fille donc à qui
je dirai : Incline ta cruche, afin
que je boive, et qui répondra :
Bois, et je donnerai aussi à boire
à tes chameaux, soit celle que
LA GENÈSE. 53
vous avez préparée à votre servi-
teur Isaac : et c'est à cela que je
connaitrai que vous aurez fait
miséricorde à mon maitre.
15. Il n'avait pas encore achevé
ces mots en lui-méme, et voilà
que sortit Rébecca, la fille de Ba-
thuel, fils de Melcha, femme de
Nachor, frere d'Abraham, laquelle
portait une cruche sur son
épaule ;
16. Jeune fille fort gracieuse,
vierge tres belle et inconnue à
tout homme : or elle était déjà
descendue à la fontaine, avait
rempli sa cruche, et elle s'en re-
tournait.
11. Aussitótle serviteur courut
au-devant d'elle, et dit : Donne-
moi un peu d'eau à boire de ta
cruche.
18. Elle répondit : Bois, mon
seigneur; et elle posa prompte-
ment sa cruche sur son bras, et
elle lui donna à boire.
19. Et lorsqu'il eut bu, elle
ajouta : Et méme pour tes cha-
meaux je puiserai de l'eau, jus-
qu'à ce que tous aient bu.
20. Et versant sa cruche dans
les canaux, elle courut au puits
pour puiser de l'eau, et quand elle
l'eut puisée, elle la donna à tous
les chameaux.
21. Cependant lui la contem-
plait en silence, voulant savoir si
le Seigneur avait rendu son
voyage heureux ou non.
22. Or, aprés que les cha-
meaux eurent bu, cet homme lui
présenta des pendants d'oreilles
10. * Mésopotamie, contrée située entre le Tigre et l'Euphrate, l'Euphrate et le Cha-
bour.
22. Le sicle d'or pur valait à peu prés 23 fr. 20. Voyez Abrégé d'introduction, etc.,
p. 541, 542.
54 LA GENESE.
d'or, pesant deux sicles, et au-
tant de bracelets du poids de dix
sicles.
93. Puis il dit : De qui es-tu
fille? dis-le moi : y a-t-il dans la
maison de ton père un lieu pour
y loger?
24. Elle répondit : Je suis la
fille de Bathuel, fils de Melcha et
que lui a engendré Nachor.
95. Et elle ajouta, disant:llya
chez nous beaucoup de foin et de
paille, et un lieu spacieux pour
y loger.
96. L'homme s'inclina, et adora
le Seigneur,
27. Disant : Béni le Seigneur
Dieu de mon maitre Abraham,
qui ne lui a pas retiré sa mi-
séricorde et sa fidélité, et qui
m'a conduit par une voie droite
dans la maison du frere de mon
maitre!
28. C'est pourquoi la jeune fille
courut et annonca àla maison de
sa mere tout ce qu'elle avait en-
tendu.
99. Or Rébecca avait un frere
du nom de Laban, qui sortit en
grande hâte pour aller vers
l'homme là oü était la fontaine.
30. Et, comme il avait vu les
pendants d'oreilles et les brace-
lets aux mains de sa sœur, et
qu'il avait entendu toutes ses pa-
roles, lorsqu'elle disait : Ainsi
m'a parlé cet homme, il vint vers
l'homme, qui se tenait à cóté de
ses chameaux et prés de la source
d'eau.
91. Et il lui dit : Entre, béni du
Seigneur; pourquoi restes-tu de-
hors? J'ai préparé la maison et
un lieu pour tes chameaux.
32. Puis:il le fit entrer dans le
logis, dessangla les chameaux,
Xx1v.] .אס]
leur donna de la paille et du foin,
etàlui-méme età ceux qui étaient
venus avec lui, de l'eau pour la-
ver leurs pieds.
33. On mit aussi du pain en 88
présence. Il dit :Je ne mangerai
pas que je ne vous aie énoncé
mon message. Laban lui répon-
dit : Parle.
34. Alors lui : Je suis, dit-il, ser-
viteur d'Abraham.
39. Le Seigneur a béni beau-
coup mon maitre, et il est de-
venu grand; car il lui a donné
des brebis et des bœufs, de l'ar-
gent et de l'or, des serviteurs et
des servantes, des chameaux et
des ânes.
36. Et Sara la femme de mon
maitre lui a enfanté un fils dans
sa vieillesse, et il lui a donné
tout ce qu'il avait.
37. Et mon maitre m'a adjuré,
disant : Tu ne prendras point de
femme pour mon fils parmi les
filles des Chananéens dans le pays
desquels j'habite;
38. Mais tu iras à la maison de
mon pere, et tu prendras dans
ma parenté une femme pour mon
fils.
39. Et moi j'ai répondu à mon
maitre : Mais si la femme ne veut
pas venir avec moi?
40. Le Seigneur, reprit-il, en
présence de qui je marche, en-
verra son ange avec toi, et diri-
gera ta voie; et tu prendras une
femme pour mon fils dans ma
parenté et de la maison de mon
père.
41. Tu seras exempt de ma ma-
lédiction, si tu vas vers mes pa-
rents et qu'ils te refusent.
49. Je suis donc venu aujour-
d'hui pres de la source d'eau, et
CH. XXIV.]
jai dit : Seigneur Dieu de mon
maître Abraham, si vous avez di-
rigé la voie dans laquelle je
marche maintenant,
43. Me voici prés de la source
d'eau; que la vierge donc qui
sortira pour puiser de l'eau, qui
entendra de moi : Donne-moi un
peu d'eau à boire de ta cruche,
44. Et qui me répondra : Bois,
loi; je puiserai ensuite de l'eau
pour tes chameaux, soit la femme
que le Seigneur a préparée au
fils de mon maitre.
45. Pendant que sans rien dire,
j'agitais ces pensées au-dedans
de moi-même, parut Rébecca ve-
nant avec sa cruche qu'elle por-
tait sur l'épaule : elle descendit à
la fontaine et puisa de l'eau. Et
je lui dis : Donne-moi un peu à
boire.
46. Elle se hâtant, descendit sa
cruche de dessus son épaule et
me dit : Bois, toi; je donnerai
ensuite à boire à tes chameaux.
Je bus, et elle abreuva les cha-
meaux.
#1. Je l'interrogeai alors, et je
dis : De qui es-tu fille? Elle ré-
pondit : Je suis fille de Bathuel,
fils de Nachor, que lui a enfanté
Melcha. Je lui ai donc mis les
pendants d'oreilles pour orner
son visage, et j'ai attaché les bra-
celets à ses bras.
48. Et incliné, j'ai adoré le Sei-
gneur, bénissant le Seigneur
Dieu de mon maitre Abraham,
qui m'a conduit par une voie
droite, afin de prendre la fille du
frère de mon maitre pour son
fils.
49. C'est pourquoi, si vous agis-
sez avec miséricorde et loyauté
envers mon maitre, dites-le-moi ;
LA GENÈSE. 55
mais si autre chose vous plaît,
dites-le- moi encore; afin que
j aille à droite ou à gauche.
90. Laban et Bathuel répondi-
rent : C'est du Seigneur qu'est
sortie cette parole; nous ne pou-
vons en dehors de sa volonté, te
dire rien autre chose.
91. Voici Rébecca devant toi :
prends-la, pars, et qu'elle soit la
femme du fils de ton maitre, selon
qua parlé le Seigneur.
92. Ce qu'ayant entendu le ser-
viteur d'Abraham, se proster-
nant en terre, il adora le Sei-
gneur.
53. Puis, tirant des vases d'or
el d'argent, et des vétements, il
les donna à Rébecca en présent;
et à ses frères et à sa mere, il of-
frit aussi des dons.
94. Le repas commencé, man-
geant ensemble et buvant, ils de-
meurerent là. Mais se levant le
malin, ie serviteur dit : Laissez-
moi partir, afin que j'aille vers
mon maitre.
do. Les frères de Rébecca et sa
mère répondirent : Que la jeune
fille demeure au moins dix jours
aupres de nous, et ensuite elle
partira.
56. Ne me retenez pas, reprit-il,
puisque le Seigneur a dirigé ma
voie : laissez-moi partir, afin que
jaille vers mon maitre.
97. Et ils dirent : Appelons la
jeune fille, et demandons-lui ce
qu'elle veut.
98. Lorsque appelée, elle fut
venue,ilslui demandèrent : Veux-
tu aller avec cet homme? Elle dit :
J'irai.
99. Ils l'envoyerent donc, elle,
sa nourrice, le serviteur d'Abra-
ham et ses compagnons,
56 LA GENÈSE.
60. Implorant des choses heu-
reuses pour leur sœur, et disant :
Tu es notre sœur; puisses-tu
croître en mille et mille géné-
rations, et puisse ta postérité
posséder les portes de ses enne-
mis!
61. Ainsi Rébecca et ses ser-
vantes étant montées sur les cha-
meaux, suivirent le serviteur qui
en grande hâte retournait vers
son maitre.
62. En ce méme temps se pro-
menait Isaac dans le chemin
qui mene au puits dont le nom
est puits Du vivant et voyant;
car il habitait dans la terre aus-
trale.
63. Et il était sorti pour médi-
ter dans la campagne, le jour
étant déjà sur son déclin : et
comme il avait levé les yeux,
il vit les chameaux venant de
loin.
64. Rébecca aussi, Isaac aperçu,
descendit de son chameau,
65. Et dit au serviteur : Quel
est cet homme qui vient par la
campagne, à notre rencontre? Et
il lui dit : C’est mon maître. Et
elle, prenant aussitôt son voile,
se couvrit.
66. Or le serviteur raconta tout
ce qu'il avait fait, à Isaac,
67. Qui conduisit Rébecca dans
la tente de Sara sa mère, et la
reçut pour femme : et il l'aima
tellement, qu'il tempéra la dou-
leur qu'il avait eue de la mort de
sa mere. :
(cH. xxv.]
CHAPITRE XXV.
Abraham épouse Cétura. Dénombrement
des enfants nés de ce mariage. Mort
d'Abraham. Postérité d'Ismael; sa mort.
Naissance d'Esaü et de Jacob. Esaü
vend son droit d'ainesse.
1. Or Abraham prit une autre
femme du nom de Cétura,
2. Laquelle lui enfanta Zamran,
Jecsan, Madan, Madian, Jesboc
et Sué.
3. Et Jecsan engendra Saba et
Dadan. Les fils de Dadan furent
Assurim, Latusim et Loomim.
4. Mais de Madian naquirent
Epha, Opher, Hénoch, Abida et
Eldaa. Tous ceux-ci sont les fils
de Cétura.
5. Abraham donna tout ce qu'il
possédait à Isaac.
6. Mais aux fils de ses autres
femmes, il fit des présents, les
sépara d'Isaac, son fils, etles en-
voya, pendant que lui vivait en-
core, vers la région orientale.
1. Or les jours de la vie d'Abra-
ham furent de cent soixante-
quinze ans.
8. Et manquant de forces, il
mourut dans une heureuse vieil-
lesse, étant d'un àge fort avancé,
et plein de jours; et il fut réuni à
son peuple.
9. Et Isaac et Ismaël, ses fils,
l'ensevelirent dans la caverne
double, qui est située dans le
champ d'Ephron, fils de Séorl'Hé-
théen, vis-à-vis de Mambré,
10. Et qu'il avait acheté des fils
62. Supra, xvi, 14. — (παρ. XXV. 1. I Par., 1, 32.
60. Les portes de ses ennemis. Voyez xxi, 11.
62. * Dans la terre australe, dans la Palestine méridionale.
9. * Dans la caverne double. Voir la note sur Genèse, xxii, 9.
08. XXV.]
de Heth : c'est là qu'il fut enseveli,
lui, et Sara sa femme.
41. Et, apres sa mort, Dieu bé-
nit Isaac son fils qui habitait près
du puits du nom de puits Du
vivant et voyant.
19. Voici les générations d's-
maél, fils d'Abraham, que lui en-
fanta Agarl'Egyptienne, servante
de Sara :
13. Et voici les noms de ses fils
selon leurs noms et leurs géné-
rations. Le premier né d'Ismaél
fut Nabaioth, ensuite Cédar, Ab-
déel, Mabsam,
14. Masma, Duma, Massa,
15. Adar, Théma, Séthur, Na-
phis et Cedma.
16. Ce sont 18 les fils d'Ismaél ;
ce sont aussi les noms de leurs
châteaux et de leurs villes; 7/s
ont été douze princes de leurs
tribus.
17. Or la vie d'Ismaél fut de
cent trente-sept ans; et man-
quant de forces, il mourut, et fut
réuni à son peuple.
18. 11 habita depuis Hévila jus-
quà Sur, qui regarde l'Egypte,
quand on entre en Assyrie : c'est
en présence de tous ses freres
quil mourut.
19. Voici aussi les générations
d'Isaac fils d'Abraham : Abraham
engendra Isaac,
20. Lequel, lorsqu'il était âgé
LA GENESE. 57
de quarante ans, prit pour femme
Rébecca, fille de Bathuel, Syrien
de Mésopotamie, et sœur de
Laban.
91. Or Isaac implora 16 Seigneur
pour sa femme, parce qu'elle
était stérile : et le Seigneur
l'exauca, et accorda la conception
à Rébecca.
22. Mais ses enfants s'entrecho-
quaient dans son sein; elle dit :
S'il devait en étre ainsi pour moi,
qu'était-il besoin de concevoir?
Et elle alla, pour consulter le Sei-
gneur,
93. Qui répondant, dit : Deux
nations sont dans ton sein, et
deux peuples sortis de ton ventre
se diviseront; un peuple surpas-
sera l'autre peuple, et l'ainé ser-
virale plus jeune.
24. Déjà le temps d'enfanter
était venu, et voilà que deux ju-
meaux se trouvèrent dans son
sein.
25. Celui qui le premier sortit,
était roux, tout hérissé de poils
comme une peau; et il fut appelé
du nom d'Esaü. Aussitót l'autre
sortant, tenait de sa main le pied
de son frère : et c'est pour cela
qu'elle l'appela Jacob.
26. Isaac était sexagénaire,
quand ces enfants lui naquirent.
27. Ceux-ci devenus grands,
Esaü se rendit habile à chasser,
13. I Par., 1, 29. — 23. Rom., 1x, 10. — 25. Osée, xir, 8; Matt., 1, 2.
13. Selon leurs noms et leurs générations; c'est-à-dire selon les noms de leurs géné-
rations. Compar. nt, 16.
16. Ce sont aussi les noms, etc. Littér.: Et ce sont les noms par leurs châteaux el
par leurs villes, ce que l'on interpréte par: Et ce sont les noms qui sont passés à
leurs cháteaux et à leurs villes, ou bien qu'ils ont donnés à leurs cháteaux et à leurs
villes.
18. * Jusqu'à Sur. Voir la note sur Exode, xv, 22. Les descendants d'Ismaél ou les
Bédouins nomades habitérent depuis l'Arabie Pétrée jusqu'à l'Euphrate et le long de la
rive occidentale de l'Euphrate en remontant vers le nord jusque vis-à-vis de l'Assyrie.
58 LA GENESE.
et fut un homme des champs; Ja-
cob, au contraire, homme simple,
habitait sous les tentes.
98. Isaac aimait Esaü, parce
qu'il se nourrissait de sa chasse;
et Rébecca chérissait Jacob.
29. Or Jacob fit cuire un mets;
Esaü étant venu vers lui des
champs très fatigué.
30. Dit : Donne-moi de ce mets
roux; car je suis extrêmement
fatigué. C'est pour ce motif qu'il
fut appelé du nom d'Edom.
31. Jacob lui dit : Vends-moi
ton droit d'ainesse.
32. Esaü répondit : Voici que je
meurs ; à quoi me servira mon
droit d'ainesse ?
33. Jacob repartit : Jure-le moi
donc. Esaü le lui jura, et il vendit
son droit d'ainesse.
34. C'est ainsi qu'ayant pris du
pain et le plat de lentilles, il man-
gea et but, et s'en alla, estimant
peu d'avoir vendu son droit d'ai-
nesse.
CHAPITRE XXVI.
Voyage d'Isaac à Gérara; son retour à
Bersabée; son alliance avec Abimélech.
Mariage d'Esaü.
1. Cependant une famine étant
survenue dans ce pays, apres la
diselte qui était arrivée dans les
jours d'Abraham, Isaac s'en alla
vers Abimélech, roi des Philistins,
à Gérara.
2. Or le Seigneur lui apparut,
[cH. XXVI.]
οἱ dit : Ne descends pas en
Egypte, mais demeure dans le
pays que je te dirai.
3. Restes-y comme étranger, et
je serai avec toi, et je te bénirai;
car c'est à toi et à ta postérité que
je donnerai toutes ces contrées,
accomplissant le serment que j'ai
fait à Abraham ton père.
4. Et je multiplierai ta postérité
comme les étoiles du ciel; et je
donnerai à tes descendants toutes
ces contrées, et SERONT BÉNIES en
ta postérité toutes 165 nations de
la terre;
5. Parce qu'Abraham a obéi à
ma voix, qu'il a gardé mes pré-
ceptes et mes commandements,
et qu'il a observé les cérémonies
et les lois.
6. Isaac donc demeura à Gé-
rara.
1. Comme il était interrogé par
les hommes de ce lieu sur sa
femme, il répondit : C'est ma
sœur; car il avait craint d'avouer
qu'elle lui était unie par le ma-
riage, pensant que peut-étre ils le
tueraient à cause de sa beauté.
8.Or,lorsque beaucoup de jours
furent passés, et qu'il demeurait
encore en ce méme endroit,
Abimélech, roi des Philistins,
regardant par la fenétre, le vit
jouant avec Rébecca, sa femme.
9. Et l'ayant fait venir, il dit :
Il est évident que c'est ta femme;
pourquoi as-tu menti, disant que
30. Abd., 1; Hébr., xir, 16. — (παρ. XXVI. 3. Supra, xir, 7; xv, 18. — 4. Supra, xu 3;
xvii, 18; xxu, 18; Infra, xxvii, 14.
e ΄΄τς ἭἭ΄΄ἷ!ἵ“ἵἝ“ἵἝ5Ἕἷ τ οΘτὁοΟὕὥὥὕὠῳΔὩὡὉὈὡὩὕὥ.-.ὥ9ζῷ8-Φ-ὄ.ς----τ- ----
1. * Abimélech, voi des Philistins, roi de Gérare (voir plus haut note sur Genèse,
xx, 1), dans le pays qui appartint plus tard aux Philistins.
4. Et seront bénies, etc. Compar. xxu, 18.
1. Isaac et Rébecca descendaient l'un et l'autre de Tharé, aieul d'Isaac et bisaieul
de Rébecca. Voyez pour le mot sœur, xit, 13.
[cg. xxvi.]
c'est ta sœur? Il répondit: J'ai eu
peur de mourir à cause d'elle.
10. Et Abimélech reprit : Pour-
quoi nous en as-tu imposé ? quel-
qu'un du peuple aurait pu abuser
de tafemme, ettu aurais attiré sur
nous un grand péché. Et il com-
manda à tout le peuple, disant:
11. Quiconque touchera la
femme de 661 homme, mourra de
mort.
19. Et Isaac sema en ce pays,
et il trouva dans l'année méme le
centuple; car le Seigneur le bé-
nit.
13. Ainsi cet homme.s'enrichit,
et il allait prospérant et s'accrois-
sant, jusqu'à ce qu'il devint ex-
trémement puissant.
14. ll eut aussi des possessions
de brebis et de gros troupeaux,
et unenombreuse famille. A cause
de cela, les Philistins jaloux de
lui,
15. Comblèrent en ce temps-là
tous les puits qu'avaient creusés
les serviteurs de son pere Abra-
ham, les remplissant de terre;
16. Tellement qu'Abimélech dit
à Isaac : Eloigne-toi de nous,
parce que tu es devenu beaucoup
plus puissant que nous.
11. Et lui descendant, vint au
torrent de Gérara pour y habiter.
18. ll creusa de nouveau les
autres puits qu'avaient creusés
les serviteurs de son père Abra-
ham, et que, celui-ci mort, les
Philistins avaient anciennement
comblés; et il les appela des
LA GENÈSE. 59
mémes noms dont auparavant
son pere les avait nommés.
19. Ils creusèrent aussi dans le
torrent, etils trouvèrent de l'eau
vive.
20. Mais là aussi les pasteurs de
Gérara firent une querelle aux
pasteurs d'Isaac, disant : L'eau est
à nous; C'est pourquoi, il donna
à ce puits, à cause de ce qui était
arrivé, le nom de Calomnie.
21. Or ils creuserent un autre
puits : et pour celui-là aussi ils se
querellèrent, et il l'appela Inimi-
tiés.
22. Parti de là, il creusa un
autre puits, pour lequel ils ne se
disputèrent point, et il l'appeladu
nom d'Etendue, disant : Mainte-
nant le Seigneur nous a donné
de l'étendue et nous a fait croitre
sur la terre,
23. Puis il monta de ce lieu à
Bersabée,
24. Où lui apparut le Seigneur
cette nuit-là méme, disant : Je
suis le Dieu d'Abraham ton père;
ne crains pas, parce que je suis
avec toi : je te bénirai, et je mul-
tiplierai ta postérité à cause de
mon serviteur Abraham.
25. C'est pourquoi il bâtit là un
autel: puis, le nom du Seigneur
invoqué, il dressa sa tente, et or-
donna à ses serviteurs de creuser
unpuits.
20. Comme en ce lieu vinrent
de Gérara, Abimélech, Ochozath
son ami, et Phicol chef de ses sol-
dats,
20-23.* Calomnie, Inimitiés, Rehoboth. En hébreu, Sitnah, Esek et Rehoboth. ReAo-
both est dans l'ouadi Ruheibéh. A gauche de l'ouadi Ruheibéh, il y a une petite vallée
appelée Sutnet er Ruheibéh ou s'est conservé le nom de Sitnah.
23. * Bersabée. Voir plus haut, xxr, 14.
26. * Phicol, c'est le titre du ministre du roi.
60 LA GENÉSE.
27 Isaac leur demanda : Pour-
quoi venez-vous vers moi, homme
que vous haissez, et que vous
avezchassé d'aupres de vous?
28. Ils répondirent : Nous avons
vu qu'avec toi était le Seigneur,
et c'est pourquoi nous avons dit:
Qu'il y ait serment entre nous, et
faisons alliance,
29. Afin que tu ne nous fasses
aucun mal, comme nous-mémes,
nous n'avons touché à rien de ce
qui est à toi, etnous n'avons rien
fait qui t'offensát; mais nous t'a-
vons renvoyé en paix, comblé de
la bénédiction du Seigneur.
30. Isaac donc leur fit un festin:
et apres qu'ils eurent mangé et
bu,
31. Se levantle matin, ils firent
serment de part et d'autre; en-
suite Isaac les envoya paisible-
ment chez eux.
32. Mais voilà que vinrent en
ce jour-là méme les serviteurs
d'Isaac, lui apportant des nou-
velles du puits qu'ils avaient
creusé, et disant : Nous avons
trouvé de l'eau.
33. D'où il l'appela Abondance :
et à la ville on a imposé le nom
de Bersabée jusqu'au présent
jour.
34. Quant à Esaü, quadragé-
naire, il prit pour femmes Ju-
dith, fille de Béeri l'Hétéen, et
Basemath, fille d'Elon, du méme
lieu ;
35. Qui toutes deux avaient
irrité l'esprit d'Isaac et de Ré-
becca.
35. Infra, xxvii, 46.
[cu. xxvi.)
CHAPITRE XXVII.
Jacob surprend la bénédiction d'Esaü.
Menace d'Esaü coutre Jacob, qui se re-
tire en Mésopotamie.
1. Or Isaac devint vieux et ses
yeux s'obscurcirent, et il ne pou-
vait plus voir : il appela Esaü,
son fils aîné, et lui dit : Mon fils.
Celui-ci répondit : Me voici.
2. Et son pere : Tu vois, lui dit-
il, que je suis devenu vieux et
que j'ignore le jour de ma mort.
3. Prends tes armes, ton car-
quois et ton arc, et sors dehors ;
et quand.à la chasse tu auras
pris quelque chose,
4. Fais-m'en un mets comme
tu sais que je les veux, et ap-
porte-le-moi, afin que jele mange,
et que mon àme te bénisse avant
que je meure.
9. Lorsque Rébecca eut entendu
cela, et qu'Esaü fut allé dans les
champs pour remplir les ordres
de son père,
6. Elle dit à son fils Jacob : J'ai
oui ton pere parlant à Esaü ton
frere, et lui disant :
7. Apporte-moi de ta chasse
et fais un mets, afin que je
mange, et que je te bénisse de-
vant le Seigneur avant que je
meure.
8. Maintenant donc, mon fils,
acquiesce à mon conseil,
9. Et courant au troupeau,
apporte-moi deux des meilleurs
chevreaux, afin que j'en fasse à
ton pere un de ces mets qu'il
mange aveo plaisir;
33. * Bersabée. Voir la note sur Genèse, xxi, 33.
9. * Deux des meilleurs chevreaux. Voir la note sur I Rois, xvi, 20.
xxvir.] .אס]
10. Et que, quand tu l'auras pré-
senté, et qu'il en aura mangé, il
te bénisse avant qu'il meure.
11. Celui-ci lui répondit : Vous
savez qu'Esaü mon frère est un
homme velu, et moi, je ne le
suis pas :
12. Si mon père me touche et
me reconnaît, je crains qu'il ne
pense que jai voulu me jouer
de lui, et que je n'altire sur moi
une malédiction au lieu d'une bé-
nédiction.
13. Alors sa mère : Sur moi
soit, lui dit-elle, cette malédic-
lion, ὃ mon fils seulement
écoute ma voix; va, et apporte ce
que j'ai dit.
14. Il alla, l'apporta et 6
donna à sa mère. Celle-ci prépara
un mets, comme elle savait que
son père les voulait.
15. Puis elle le revétit des
plus précieux vêtements d'Esaü
qu'elle avait auprès d'elle dans la
maison ;
16. Et elle lui mit la peau des
chevreaux autour des mains, et
lui en couvrit la partie nue du cou.
17. Elle lui donna ensuite le
mets, et /uz remit les pains qu'elle
avait fait cuire.
18. Les ayant apportés, il dit à
Isaac : Mon père. Et celui-ci ré-
pondit : J'entends. Qui es-tu, mon
fils ?
19. Et Jacob reprit: Je suis votre
premier-né Esaü : j'ai fait comme
vous m'avez commandé; levez-
vous, asseyez-vous et mangez
de ma chasse, afin que votre âme
me bénisse.
LA GENESE. 61
20. Et de nouveau Isaac à son
fils : Comment, dit-il, as-tu pu en
trouver si tôt, mon fils? 11 répon-
dit : La volonté de Dieu a été que
ce que je cherchais, est venu sou-
dain au-devant de moi.
21. Isaac dit encore : Approche
d'ici, que je te touche, mon fils,
et que je reconnaisse si tu es mon
fils Esaü, ou non.
22. Celui-ci s'approcha de son
père. Or, l'ayant touché, Isaac
dit : La voix est certainement la
voix de Jacob; mais les mains
sont les mains d'Esaü.
23. Et il ne le reconnut point,
parce que ses mains velues re-
produisaient celles de son ainé.
C'est pourquoi, le bénissant,
24. ΠῚ dit : Toi, tu es mon fils
Esaü? ll répondit : Je le suis.
25. Alors Isaac : Apporte-moi,
dit-il, le mets de ta chasse, ὃ mon
fils, afin que mon àme te bénisse.
Lorsqu'il eut mangé le mets pré-
senté, Jacob lui présenta aussi
du vin; l'ayant bu,
26. Il lui dit : Approche-toi de
moi, et donne-moi un baiser, mon
fils.
Il s'approcha, et il le baisa. .דפ
Et dés qu'Isaac sentit la bonne
odeur de ses vétements, le bénis-
sant, il dit : Voici que l'odeur qui
s'exhale de mon fils est comme
l'odeur d'un champ plein qu'a
béni le Seigneur.
28. Que Dieu te donne, de la
rosée du ciel et de la graisse de
la terre, une abondance de blé et
de vin.
29. Et que les peuples te ser-
21. * L'odeur d'un champ. Les plantes en Orient sont trés aromatiques et au prin-
emps les champs de la Palestine sont complètement couverts de fleurs.
29. Se proslernent devant; littér.: adorent. Voyez, xvii, 2
62 LA GENESE.
vent, et que les tribus se pros-
ternent devant toi : sois le sei-
gneur de tes frères, et que les
fils de ta mère se courbent de-
vant toi: que celui qui te mau-
dira, soit lui-méme maudit; et
que celui qui te bénira, soit rem-
pli de bénédictions.
30. A peine Isaac avait achevé
ces mots, et à peine Jacob était
sorti dehors, qu'Esaü arriva,
31. Et présenta à son père le
mels qu'il avait apprété de sa
chasse, disant : Levez-vous, mon
père, et mangez de la chasse de
votre fils, afin que votre àme me
bénisse.
32. Et Isaac lui demanda : Qui
es-tu donc? Il répondit : Je suis
votre fils premier-né Esaü.
33. Et Isaac fut frappé d'une
grande stupeur; et surpris au
delà de ce que l'on peut croire,
il dit : Qui est done celui qui m'a
déjà apporté ce qu'il avait pris à
lachasse, et quej'ai mangé, avant
que tu vinsses? Je l'ai béni, et il
sera béni.
34. Esaü, les paroles de son
pere entendues, poussa un grand
cri de fureur, et consterné, il
dit : Bénissez-moi aussi, mon
père.
35. 1 répondit : Ton propre
frere est venu frauduleusement,
et il t'à enlevé ta bénédiction.
36. Mais Esaü repartit : C'est
justement qu'il a été appelé du
nom de Jacob; ear il m'a sup-
planté déjà une autre fois : il m'a
enlevé auparavant mon droit
d'ainesse, et maintenant il m'a
surpris encore ma bénédiction.
Et de nouveau : N'avez-vous pas,
[cu. xxvir.]
dit-il à son pére, réservé aussi
pour moi une bénédiction?
91. Isaac répondit : Je l'ai éta-
bli ton seigneur, j'ai soumis tous
ses frères à sa domination, et je
l'ai enrichi de blé et de vin; mais
pour toi, mon fils, apres cela, que
puis-je faire?
38. Alors Esaü : Est-ce, lui dit-
il, une seule bénédiction que vous
avez, mon pere? Je vous con-
jure de me bénir aussi. Et comme
il pleurait en jetant de grands
eris,
39. Isaac ému lui dit : C'est dans
la graisse de la terre et dans la
rosée du ciel d'en haut,
40. Que sera ta bénédiction. Tu
vivras sur ton glaive, mais tu
serviras ton frere; et le temps
viendras oü tu secoueras et dé-
lieras son joug de ton cou.
41. Esaü haissait donc toujours
Jacob, pour la bénédiction dont
l'avait béni son père; et il dit en
son cœur : Viendront les jours
du deuil de mon père, et je tuerai
Jacob mon frere.
42. Cela fut rapporté à Rébecca,
qui envoyant et appelant Jacob
son fils, lui dit : Voilà qu'Esaü ton
frère menace de te tuer.
48. Maintenant donc, mon fils,
écoute ma voix, lève-toi et fuis
chez Laban mon frere, à Haran :
44. Tu demeureras avec lui
quelques jours, jusqu'à ce que
s'apaise la fureur de ton frere,
45. Que cesse son indignation,
et qu'il oublie ce que tu as fait
contre lui; apres cela j'enverrai,
et je te ramenerai de là ici : pour-
quoi serais-je privée de mes deux
fils en un seul jour?
Cuar. XXVII. 36. Supra, xxv, 34. — 39. Hébr., xi, 20. — 41. Abd., 1U.
(cn. xxvur.]
46. Rébecca dit encore à Isaac :
Je suis lasse de ma vie, à cause
des filles de Heth : si Jacob prend
une femme originaire de ce pays,
je ne veux plus vivre. '
CHAPITRE XXVIII.
Jacob quitte la maison de son pére pour
se retirer en Mésopotamie. Esaü épouse
Mahéleth, fille d'Ismaél. Vision de Ja-
cob à Béthel.
1. C'est pourquoi Isaac appela
Jacob, le bénit et lui commanda,
disant : Ne prends pas une femme
de la race de Chanaan :
2. Mais va, et pars pour la Mé-
sopotamie de Syrie, dans la mai-
son de Bathuel, pere de ta mère,
et prends delà une femme d'entre
les filles de Laban ton oncle;
3. Et que le Dieu tout-puissant
te bénisse, qu'il te fasse croitre
et qu'il te multiplie, afin que tu
sois le père d'un grand nombre
de peuples;
4. Et qu'il te donne les béné-
dictions d'Abraham, à toi et à ta
postérité aprés toi, afin que tu
possèdes la terre de ton pèleri-
nage quil a promise à ton aieul.
ὃ. Lorsqu'Isaac eut renvoyé Ja-
cob, celui-ci étant parti, vint en
Mésopotamie de Syrie, chez La-
ban, fils de Bathuel, Syrien, frere
de Rébecca sa mère.
6. Mais Esaü, voyant que son
pere avait béni Jacob, et qu'il
46. Supra, xxvi, 39. — CHar. XXVIII
XLVIII, 3.
LA GENÉSE. 63
lavait envoyé en Mésopotamie
de Syrie, pour en prendre une
femme; et qu'apres la bénédic-
tion, il lui avait commandé, di-
sant : Tu ne prendras point de
femme d'entre les filles de Cha-
naan;
7. Et que Jacob, obéissant à
ses parents, était allé en Syrie;
8. Sachant aussi par expérience
que son pere ne voyait pas avec
plaisir les filles de Chanaan,
9. Il alla vers Ismaél, et prit
pour femme, outre celles quil
avait déjà, Mahéleth, fille d'Is-
maël fils d'Abraham, sœur de Na-
baioth.
10. Jacob donc, sorti de Bersa-
bée, poursuivait son chemin vers
Haran.
11. Or, lorsqu'il fut venu en un
certain lieu, et qu'il voulait s'y
reposer, après le coucher du so-
leil, il prit une des pierres qui
étaient là, etla mettant sous sa
tête, il dormit en ce méme lieu.
12. Alors il vit en songe une
échelle posée sur la terre, et dont
le sommet touchait au ciel, les
anges de Dieu aussi qui la mon-
taient et la descendaient.
13. Et le Seigneur appuyé sur
l'échelle, lui disant : Je suis le
Seigneur, le Dieu d'Abraham ton
pere et le Dieu d'Isaac; la terre
sur laquelle tu dors, je te la don-
nerai, à toi et à ta postérité.
. 9. Osée, xu, 12. — 13. Infra, xxxv, 1;
46. * Jacob va en Mésopotamie pour une double cause: d'abord pour fuir la colère
de son frère Esaü, et ensuite pour y épouser une femme de sa race. Rébecca n'al-
légue naturellement à Isaac que cette sconde cause, en passant sous silence la pre-
mière.
10. * Bersabée. Voir la uote sur Genèse, xxi, 14. — Vers Harun. Voir la note sur
Genèse, xi, 31-32.
64 LA GENESE.
14. Et elle sera, ta postérité,
comme la poussiere de la terre, et
tu t'étendras à l'occident et à l'o-
rient, au septentrion et au midi;
et SERONT BÉNIES EN TOI et en ta pos-
térité toutes les tribus dela terre.
15. Et je serai ton gardien par-
tout où tuiras, et je te ramènerai
dans ce pays, et je ne te quitterai
point, que je n'aie accompli tout
ce que j'ai dit.
16. Quand Jacob fut éveillé de
son sommeil, il dit : Vraiment le
Seigneur est en ce lieu, et moi je
ne le savais pas.
17. Et, saisi d'effroi : Qu'il est
terrible, dit-il, ce lieu-ci! Ce n'est
autre chose que la maison de
Dieu et la porte du ciel.
18. Se levant donc le matin,
Jacob prit la pierre qu'il avait
mise sous sa téte, et l'érigea en
monument, répandant de l'huile
dessus,
19. Et il appela du nom de Bé-
thel la ville qui auparavant s'ap-
pelait Luza.
20. Il voua aussi un vœu, di-
sant : Si le Seigneur Dieu est
avec moi, s'il me garde dans le
chemin par lequel je marche, et
me donne du pain pour me nour-
rir et des vétements pour me
couvrir,
21. Et que je retourne heu-
reusement à la maison de mon
(cu. xxix.]
pere, le Seigneur sera mon Dieu;
22. Et cette pierre, que j'ai éri-
gée en monument, sera appelée
Maison de Dieu; et de tout ce
que vous m'aurez donné, Sei-
gneur, je vous offrirai la dime.
CHAPITRE XXIX.
Jacob sert Laban pendant sept ans pour
épouser Rachel; mais Laban lui donne
Lia. Il sert encore sept ans pour avoir
Rachel. Naissance de Ruben.
1. Etant done parti, Jacob vint
dans la terre d'orient.
2. Il vit un puits dans un
champ, et aussi trois troupeaux
de brebis couchées aupres : car
c'est à ce puits que s'abreuvaient
les troupeaux; et l'entrée en était
fermée par une grosse pierre.
3. Or, c'était la coutume, toutes
les brebis rassemblées, de rouler
la pierre; et, les troupeaux abreu-
vés, de la replacer sur l'ouverture
du puits.
4. Jacob demanda aux pas-
teurs : Mes frères, d’où êtes-vous?
Ils répondirent : De Haran.
ὃ. Les interrogeant encore : Ne
connaissez vous point, dit-il, La-
ban, fils de Nachor? Ils dirent :
Nous le connaissons.
6. Est-il en bonne santé?
ajouta-t-il. Π 56 porte bien, dirent-
ils : et voici Rachel sa fille qui
vient avec son troupeau.
14. Deut., xii, 20; xix, 8; Supra, xxvi, 4. — 18. Infra, xxxi, 13.
14. En toi et en ta postérité. La particule ef est ici purement explicative; le sens
est donc: En toi, c'est-à-dire en ta postérité. Ce genre d'hébraisme, outre qu'il n'est
pas rare dans l'Ecriture, se trouve confirmé par deux passages (xxur, 18; xxvi, 4) qui
contiennent la même prophétie, et dans lesquels l'expression en (oi n'est pas ex-
primée. Quant au sens de cette prédiction divine, compar. xxir, 18.
19. * Béthel. Voir la note sur Genése, xu, 8.
1.* Dans la terre d'Orient, des fils de l'Orient, porte le texte original, ce qui dé-
signe la terre habitée par des nomades et ici spécialemeut la Mésopotamie. ll y a
des Arabes nomades dans les alentours de Haran.
|68. xxix.!
7. Jacob reprit : Il reste encore
beaucoup de jour, et il n'est pas
temps de ramener les troupeaux
aux étables; donnez auparavant.
à boire aux brebis, et les ramenez
ainsi aux páturages.
8. Ils répondirent : Nous ne le
pouvons pas. jusqu'à ce que tous
les troupeaux soient rassemblés,
et que nous ótions la pierre de
louverture du puits, pour abreu-
ver les troupeaux.
9. Ils parlaient encore, et voilà
que Rachel venait avec les brebis
de son pere; car elle paissait elle-
méme le troupeau.
10. Quand Jacob leut vue, et
qu'il sut qu'elle était sa cousine
germaine, et que les brebis
étaient de Laban son oncle ma-
ternel, il óta la pierre qui fermait
le puits. |
11. Et, le troupeau abreuvé, il
embrassa Rachel; et, la voix éle-
vée, il pleura.
12. Puis il lui fit connaitre qu'il
était frère de son père et fils de
Rébecca : or, elle se hátant, l'an-
nonca à son père,
13. Qui, lorsqu'il eut entendu
que Jacob, fils de sa sœur, était
venu, courut au-devant de lui, et
lembrassa; et, le couvrant de
baisers, il le conduisit dans sa
maison. Mais les motifs de son
voyage entendus,
14. Il répondit : Tu es de mes
os et de ma chair. Et apres que
furent accomplis les jours d'un
mois,
LA GENÈSE. 65
15. Il lui dit : Est-ce donc
parce que tu es mon frere, que tu
me serviras gratuitement? Dis
quelle récompense tu accepte-
ras?
16. Or il avait deux filles; le
nom de l'ainée était Lia, et la plus
jeune s'appelait Rachel.
17. Mais Lia avait les yeux
chassieux, Rachel, un beau visage
et un aspect gracieux.
18. Jacob, qui aimait celle-ci,
dit : Je te servirai pour Rachel, ta
plus jeune fille, durant sept
ans.
19. Laban répondit : Il vaut
mieux que je te la donne qu'à
un autre homme : demeure avec
moi.
20. Jacob donc servit pour Ra-
chel durant sept ans; mais ils lui
paraissaient peu de jours, à cause
de son grand amour.
21. Et il dit à Laban : Donne-
moi ma femme, puisque déjà est
accompli le temps auquel je dois
m approcher d'elle.
22. Alors Laban, un grand
nombre d'amis invités à un fes-
tin, fit les noces.
23. Et le soir, il conduisit Lia sa
sa fille, aupres de Jacob,
24. Donnant à sa fille une ser
vante du nom de Zelpha. Lorsque,
selon la coutume, Jacob se fut ap-
proché d'elle, le matin venu, il re-
connut Lia.
25. Et il dit à son beau-pere:
Qu'est-ce que tu as voulu faire?
N'est-ce pas pour Rachel que je
8. * La pierre de louverture du puits. L'orifice du puits est souvent à fleur de terre
en Orient et on le bouche avec une pierre qu'il faut enlever pour puiser de l'eau.
23, 24, Selon l'antique usage, le nouveau mari était couché dans une chambre, on
lui amenait sa femme couverte d'un voile. Ainsi il fut très facile à Labau de tromper
Jacob, en substituant Lia à Rachel.
A. 6
5
66 LA GENÉSE.
l'ai servi, m'as - tu
trompé?
26. Laban répondit : Ce n'est
pas la coutume dans notre pays,
de donner d'abord les plus jeunes
en mariage.
27. Acheve 18 semaine des jours
de ce mariage, et je te donnerai
aussi Rachel pourle travail que tu
devras faire à mon service, pen-
dant sept autres années.
28. Jacob consentit à la proposi-
tion; etla semaine s'étant passée,
il prit pour femme Rachel,
29. A laquelle son père avait
donné pour servante Bala.
30. Ayaut enfin obtenu le ma-
riage qu'il désirait, il préféra l'a-
mour de la seconde à la première,
servant chez Laban pendant sept
autres années.
31. Mais le Seigneur, voyant
qu'il dédaignait Lia, la rendit fé-
conde, sa sœur demeurant sté-
rile.
32. Lia ayant concu, enfanta un
fils, et elle l'appela du nom de
Ruben, disant : Le Seigneur a vu
mon humiliation; c'est mainte-
nant que mon mari m'aimera.
33. Et elle concut de nouveau,
et enfanta un fils, et elle dit :
Parce que le Seigneur a entendu
que j'étais méprisée, il m'a donné
encore celui-ci. Et elle l'appela
du nom de Siméon.
34. Elle conçut pourla troisième
fois, et enfanta un autre. fils, et
elle dit : Maintenant aussi mon
x
mari s'attachera à moi, puisque
90. Μαίι., 1, 2.
pourquoi
[cH. xxx.]
je lui ai enfanté trois fils; et c'est
pourquoi elle l'appela du nom de
Lévi.
35. Elle concut pour la qua-
trième fois, et enfanta un fils, et
elle dit : A présent je célébrerai
le Seigneur; et à cause de cela
elle l'appela Juda : alors elle cessa
d'enfanter.
CHAPITRE XXX.
Naissance de Dan, de Nephtali, de Gad,
d'Aser, d'Issachar, de Dina et de Jo-
seph. Aecord de Jacob et de Laban.
1. OrRachelvoyant qu'elle était
stérile, concut de la jalousie pour
sa sœur, et dit à son mari : Donne-
moi des enfants, autrement je -
mourrai.
2. Jacob irrité lui répondit :
Est-ce que moi je suis comme
Dieu, qui t'a privée du fruit de
ton sein?
3. Mais Rachel : J'ai, reprit-elle,
ma servante Bala : prends-la, afin
qu'elle enfante sur mes genoux,
et que j'aie par elle des enfants.
4. Elle lui donna donc en ma-
riage Bala, qui,
9. Son mari l'ayant prise, con-
cut et enfanta un fils.
6. Alors Rachel dit : Dieu a ju-
gé en ma faveur, et a exaucé ma
voix, me donnant un fils : et c'est
pourquoi elle l'appela du nom de
Dan.
7. Et 0818, concevant de nou-
veau, enfanta un autre fils,
8. Au sujet duquel Rachel dit :
Le Seigneur m'a mise aux prises
30. L'amour de la seconde à la première, est mis d'une manière elliptique pour:
L'amour de la seconde à l'amour de la première.
3. L'usage de ces premiers temps était de recevoir les enfants naissante sur les
genoux et non sur les bras. Compar. Job, ri, 12.
.CHe xxx.]
avec ma sœur, et Je l'ai emporté :
et elle le nomma Nephtali.
9. Lia, voyant qu'elle avait cessé
d'enfanter, donna à son mari
Zelpha sa servante,
10. Qui, ayant mis au monde un
fils qu'elle avait concu,
11. Dit : Heureuse fortune! et
cest pourquoi elle l’appela du
nom de Gad.
19. Zelpha aussi enfanta un
autre fils,
13. Et Lia dit : C'est pour mon
bonheur; carles femmes me di-
ront bienheureuse : à cause de
cela elle l'appela Aser.
14. Or Ruben étant sorti dans
la campagne au temps dela mois-
son des blés, trouva des mandra-
gores qu'il porta à sa mère Lia.
Et Rachel dit: Fais-moi part des
mandragores de ton fils.
15. Elle répondit : Crois-tu que
c'est peu de m'avoir enlevé mon
mari, si tu ne prends pas encore
les mandragores de mon fils? Ra-
chel reprit : Qu'il dorme avec toi
celte nuit pour les mandragores
de ton fils.
16. Ainsi Jacob revenant le soir
de la campagne, Lia sortit à sa
rencontre, et : C'est avec moi,
dit-elle, que tu viendras, parce
que je 681 obtenu au prix des
mandragores de mon fils. Et il
dormit avec elle cette nuit-là.
17. Or Dieu exauca ses prières ;
car elle concut et enfanta un cin-
quieme fils,
18. Et elle dit : Dieu m'a donné
une récompense, parce que j'ai
donné ma servante à mon mari :
LA GENÉSE. 67
et ellel'appela du nom d'Issachar.
19. Lia concevant de nouveau,
enfanta un sixième fils:
20. Alors elle dit : Dieu m'a
douée d’un don excellent; encore
cette fois mon mari seraavec moi,
parce que je lui ai donné six fils;
et c'est pourquoi elle l'appela du
nom de Zabulon.
21. Après Zabulon elle enfanta
une fille du nom de Dina,
22. Le Seigneur se souvintaussi
de Rachel; 11 l'exauca et la rendit
féconde.
23. Elle conçut et enfanta un
fils, disant : Dieu m'a retiré mon
opprobre.
24. Et elle l'appela du nom de
Joseph, disant: Que le Seigneur
me donne encore un autre fils.
25. Or Joseph né, Jacob dit à
son beau-père : Laisse-moi re-
tourner dans ma patrie, et dans
mon pays.
26. Donne-moi mes femmes et
mes enfants, pour lesquels je t'ai
servi, afin que je m'en aille; tu
sais quel a été mon service pres
de toi.
27. Laban lui dit : Que je trouve
grâce devant toi; jai connu par
mon expérience que le Seigneur
m'a béni à cause de toi;
28. Fixe la récompense que je
dois te donner.
29. Mais Jacob répondit : Tu
sais comment je t'ai servi, et com-
ment entre mes mains se sont
accrues tes possessions.
30. Tu avais peu avant que je
vinsse chez toi, et maintenant tu
es devenu riche; car le Seigneur
14.* Mandragores, plante de la famille des solanées qui touche de prés à la bella-
done. Elle a une longue racine fusiforme, épaisse, quelquefois divisée en deux
poiutes fourchues, ce qui l'a fait comparer tantótà un homme, tantót à une femme.
68 LA GENÈSE.
l'a béni à mon arrivée. Il est donc
juste qu'enfin je songe aussi à
ma propre maison.
31. Alors Laban lui demanda :
Que te donnerai-je? Etlui répon-
dit : Je ne veux rien ; mais si tu
fais ce que je demande, je paitrai
de nouveau et je garderai tes
troupeaux.
32. Parcours tous tes bestiaux,
et sépare toutes les brebis mou-
chetées et à toison 18010160 ; et
tout ce qui sera noirátre, ou ta-
cheté ou moucheté, tant parmi
les brebis que parmi les chèvres,
sera mà récompense.
33. Et ma justice répondra de-
main pour moi, quand le temps
de l’accordsera arrivé, devant toi:
et ce qui ne sera pas moucheté,
ou tacheté ou noirâtre, tant parmi
les brebis que parmi les chèvres,
me convaincra de larcin.
34. Laban dit : J'agrée ce que
tu demandes.
35. Et il sépara ce jour-là même
les chèvres, les brebis, les boucs
et les béliers mouchetés ou tache-
168 ; mais tout le bétail qui était
d'une seule couleur, à la toison
blanche ou noire, il le remit aux
mains de ses fils.
36. Et il mit l'espace de trois
journées de chemin entre lui et
son gendre qui paissait le reste
de ses troupeaux.
37. Jacob donc prenant des
[cu. xxx.]
branches vertes de peuplier, d'a-
mandier et de platane, les écorça
en partie : or les écorces enle-
vées, il parut une blancheur dans
les endroits qui en avaient été
dépouillés; mais les autres en-
droits qui étaient entiers, res-
tèrent verts; de cette maniere la
couleur devint variée.
38. Et il les placa dans les ca-
naux oü on versait l'eau, afin que,
lorsque les troupeaux viendraient
boire, ils eussent les branches
devant les yeux et qu'à leur as-
pect ils conçussent.
39. Il arriva, en effet, que dans
la chaleur méme du coit les bre-
bis regardaient les branches et
faisaient des petits tachetés, mou-
chetés et parsemés de marques
de diverses couleurs.
40. Jacob divisa le troupeau et
placales branches dans les canaux
devantles yeux desbéliers:ortous
lesanimaux blanes ettousles noirs
étaient pour Laban,et tous les
autres pour Jacob, leurs trou-
peaux étant séparés entre eux.
41. Lors donc qu'à la premiere
saison les brebis étaient saillies,
Jacob plaçait les branches dans
les canaux devant les yeux des
béliers et des brebis, pour qu'en
les regardant elles conçussent.
49. Mais quand c'était l'accou-
plement d'arriere-saison, et la
derniere conception, il ne les y
33. Demain; hébraisme, pour un jour, dans lavenir. — Quand le lemps, etc. Au-
trement : Et ma justice répondra pour moi devant toi. Ce genre d'inversion était
fréquent chez les Hébreux. — Quand le temps de l'accord; c'est-à-dire quand arrivera
le moment d'exécuter la convention que nous avons faite.
31, etc. La multiplication prodigieuse des troupeaux tachetés de Jacob ne s'est pas
faite sans le concours d'un miracle; Jacob lui-méme l'a reconnu. Voyez xxxi, 9, 10,
14, 16. Quant 8 l'artifice du patriarche, on ne saurait le trouver condamnable lorsque
סי considère l'injustice de Laban à son égard. 11 n'est donc pas étonnant que Dieu
ui- méme le lui ait fait connaitre (xxxi, 10-13).
[cH. xxx1.]
plaçait pas. Aïnsi, ce qui était de
Varrière-saison appartint à La-
tan, et ce qui était de la premiere
à Jacob.
43. Celui-ci donc devint riche
outre mesure, et ileut beaucoup
de troupeaux, de servantes et
de serviteurs, de chameaux et
d'ànes.
CHAPITRE XXXI.
Fuite de Jacob. Laban le poursuit.
Aliiance entre eux.
1. Or après que Jacob eut en-
tendu les paroles des fils de La-
ban, qui disaient : Jacob a en-
levé tout ce qui était à notre
pere, et enrichi de son bien, il est
devenu un grand personnage,
2. Et quil eut aussi remarqué
que le visage de Laban n était pas
pour lui comme hier et avant-
hier,
3. Surtout le Seigneur lui ayant
dit : Retourne au pays de tes
peres et vers ta famille, et je se-
rai avec toi,
4. ll envoya et appela Rachel et
Lia dans le champ où il paissait
les troupeaux,
5. Et illeur dit : Je vois que le
visage de votre père n'est pas
pour moi comme hier et avant-
hier; mais le Dieu de mon père ἃ
été avec moi ;
6. Et vous-mémes vous savez
que c'est de toutes mes forces
que j'ai servi votre pere.
(βαρ. XXXI. 13. Supra, xxvi, 18.
LA GENÈSE, 69
7. Mais votre père m'a trompé,
et il a changé dix fois ma récom-
pense; et cependant Dieu ne l'a
pas laissé me nuire.
8. Quand il a dit: Les petits
mouchetés seront ta récompense;
toutes les brebis avaient des pe-
tits mouchetés; quand au con-
traire il a dit : Tu recevras tous
les blancs pour récompense, tous
les troupeaux ont fait des petits
blancs.
9. C'est ainsi que Dieu ἃ pris
le bien de votre pere, et me l'a
donné.
10. Car lorsque le temps de la
conception des brebis fut venu,
je levai mes yeux, et je vis en
songe les máles couvrant les fe-
melles, mouchetés, tachetés, et
de diverses couleurs.
41. Et l'ange de Dieu me dit en
songe : Jacob. Et moi je répon-
dis : Me voici.
12. Il ajouta : Leve les yeux et
vois : tous 168 mâles couvrant les
femelles sont mouchetés, tache-
tés et parsemés de marques de
diverses couleurs; car j'ai vu
tout ce que t'a fait Laban.
13. Je suisle Dieu de Béthel,
où tu as oint une pierre, et où
tu m'as voué un vœu. Mainte-
nant donc lève-toi, sors de cette
terre, retournant dans le pays de
ta naissance.
14. Rachel et Lia répondirent :
Nous reste-t-il quelque chose des
2, 5. Comme hier et avant-hier; hébraisme, pour comme auparavant.
9.* Dieu a pris le bien de votre père et me l'a donné. La méme chose est répétée
au y. 16. Dans le chapitre précédent, l'acquisition des richesses de Jacob est attribuée
à son savoir-faire et à son travail. Le y. 42 du présent chapitre nous montre com-
ment tout se concilie: Si Dieu...
ne m'avait protégé, peut-étre m'aurais-tu renvoyé nu,
mais Dieu a regardé, c'est-à-dire béni mon travail.
13. * Béthel. Voir plus haut, xm, 8
70 LA GENÈSE.
biens et de l'héritage de la mai-
son de notre père?
45. N'est-ce pas comme des
étrangères qu'il nous a considé-
rées et vendues; et n'a-til pas
mangé le prix de notre vente?
16. Mais Dieu a pris les riches-
ses de notre pere, et nous les
a données, à nous et à nos fils :
ainsi, tout ce que Dieu t'a com-
mandé, fais-le.
11. C'est pourquoi Jacob se
leva, et ses enfants et ses femmes
placés sur des chameaux, il s'en
alla,
18. Et emporta toutes ses ri-
chesses, tous ses troupeaux et
tout ce qu'il avait acquis en Mé-
sopotamie, se dirigeant vers
15880 son père dans la terre de
Chanaan .
19. En ce temps-là Laban était
allé tondre ses brebis, et Rachel
déroba les idoles de son père.
20. Jacob ne voulut pas avouer
à son beau-père qu'il fuyait.
21. Lors donc qu'il fut parti, et
lui et tout ce qui était à lui de
plein droit, et que. le fleuve tra-
versé, il s'avancait vers la mon-
tagne de Galaad,
99. On annonça à Laban, le
lroisième jour, que Jacob fuyait.
93. Laban ayant pris ses frères
avec lui, le poursuivit durant
sept jours, et l'atteignit à la mon-
tagne de Galaad.
24. Et il vit en songe Dieu qui
lui dit: Garde-toi de rien dire à
Jacob avec dureté.
95. Or Jacob avait déjà tendu
sa tente sur la montagne; et
29. Infra, xzvur, 16.
[cH. XxxI.]
quand Laban leut atteint avec
ses frères, c'est sur la méme
montagne de Galaad qu'il planta
sa tente,
26. Et il dit à Jacob : Pourquoi
as-tu agi ainsi, que d'emmener
mes filles à mon insu, comme des
captives du glaive ?
27. Pourquoi, moi l'ignorant,
as-tu voulu fuir, et ne pas m'a-
vertir, pour que je t'accompa-
gnasse avec joie, avec des chants,
des tambours et des harpes?
28. Tu ne m'as laissé embrasser
ni mes fils ni mes filles; tu as agi
en insensé : et maintenant certes,
29. Ma main peut te rendre le
mal; mais le Dieu de ton pere
m'a dit hier : Garde-toi de dire à
Jacob rien de trop dur.
30. Eh bien, soit, tu désirais al-
ler vers les tiens; et la maison de
ton pere était pour toi un objet
de regret; pourquoi m'as-tu dé-
robé mes dieux?
31. Jacob répondit : Si je suis
parti à ton insu, c'est que j'ai
craint que tu ne m'enlevasses
violemment tes filles.
32. Mais quant au larein que tu
me reproches, que celui chez qui
tu trouveras tes dieux soit mis à
mort devant nos freres : fouille;
tout ce que tu trouveras à toi chez
moi, emporte-le. Disant cela, il
ignorait que Rachel avait enlevé
les idoles.
33. Laban étant donc entré dans
la tente de Jacob, de Lia et des
deux servantes, ne trouva rien.
Mais quand il entra dans la tente
de Rachel,
931. * Vers la montagne de Galaad, située à l'est du Jourdain, au nord du Jaboc.
Voir l'Introduction au livre de Josue.
xxxi.] .אס]
34. Celle-ci se hátant, cacha les
idoles sous le bát de son cha-
meau, et elle s'assit dessus; et
comme il fouillait toute la tente,
et qu'il ne trouvait rien,
35. Elle lui dit: Que mon sei-
gneur ne se fáche point de ce que
je ne puis meleverensaprésence;
car ce qui est ordinaire aux
femmes, m'arrive en ce moment.
Ainsi elle dépista ces minutieuses
perquisitions.
36. Alors s'emportant, Jacob lui
dit avec reproche : Pour quelle
faute, et pour quel péché t'es-tu
ainsi enflammé après moi,
31. Et as-tu fouillé tous mes
objets? Qu'as-tu trouvé de tout ce
qui appartient à ta maison? Mets-
le ici devant mes frères et tes
freres, et qu'ils jugent entre moi
et toi.
38. Est-ce pour cela que j'ai été
vingt ans avec toi? tes brebis et
tes chèvres n'ont pas été stériles;
je nai pas mangé les béliers de
ton troupeau:
39. Et pour ce qui avait été pris
par les bétes sauvages, je ne t'en
ai pas averti; c'est moi qui en ré-
parais tout le dommage : tout ce
qui avait été dérobé, c'est de moi
que tu l'exigeais.
40. Le jour et la nuit j'étais
brülé par la chaleur et glacé par
le froid; et le sommeil fuyait de
mes yeux.
41. C'est ainsi que pendant
vingt ans je t'ai servi dans ta
maison, quatorze pour tes filles,
LA GENÉSE.
"A
et six pour tes troupeaux : et tu
as changé ma récompense dix
fois.
42. Si le Dieu de mon père
Abraham et la crainte d'Isaac ne
m'avaient protégé, peut-étre
m'aurais-tu maintenant renvoyé
nu; mais Dieu a regardé mon af-
fliction et le travail de mes
mains,et il t'a fait hier des re-
proches.
49. Laban lui répondit : Mes
filles et mes fils, tes troupeaux,
et tout ce que tu vois, sont à moi,
que puis-je faire à mes filles et à
mes petits-fils ?
44. Viens donc et faisons une
alliance, pour qu'elle soit en té-
moignage entre moi et toi.
49. C'est pourquoi Jacob mit
une pierre, et l'érigea en monu-
ment.
46. Et il dit à ses frères : Ap-
portez des pierres. Ceux-ci en
ayant rassemblé firent un grand
tas. et mangerent dessus ;
41. Laban l'appela Monceau du
témoin, et Jacob, Monceau du té-
moignage, chacun selon la pro-
priété de sa langue.
48. Et Laban dit : Ce monceau
sera témoin entre moi et toi au-
jourd'hui; et c'est pourquoi onl'a
appelé du nom de Galaad, c'est-à-
dire, Monceau du témoin.
49. Que le Seigneur considere
et juge entre nous, quand nous
serons éloignés l'un de l'autre.
90. Si tu affliges mes filles, et si
tu prends d'autres femmes avec
36. T'es-tu ainsi enflammé après moi; expression elliptique dont le sens est: Pour-
quoi Ües-tu ainsi enflammé en courant aprés moi?
46. Par l'expression ses fréres, il faut probablement entendre les personnes de sa
suite, et celles qui avaient accompagné Laban.
41. * Laban parle syriaque ou araméen; Jacob parle hébreu.
72 LA GENÈSE.
elles, nul n’est témoin de nos pa-
roles, excepté Dieu, qui présent,
nous regarde.
51. Il dit de nouveau à Jacob :
Voilà que ce monceau et la pierre
que j'ai dressée entre moi et toi
52. Sera témoin: que ce mon-
ceau, dis-je, et cette pierre soient
en témoignage, si moi je les fran-
chis, venant vers toi, ou si toi tu
les dépasses, méditant le mal
contre moi.
53. Que le Dieu d'Abraham, le
Dieu de Nachor, le Dieu de leur
pere juge entre nous. Jacob donc
jura par la crainte de son père
Isaac ;
54. Puis, des victimes immo-
lées sur la montagne, il invita ses
frères à manger du pain. Lors-
qu'ils eurent mangé, ils demeu-
rerent là.
55. Mais Laban, se levant de
nuit, embrassa ses fils et ses
filles, el les bénit, et il s'en re-
tourna dans sa demeure.
CHAPITRE XXXII.
Jacob fait annoncer son retour à Esaü;
celui-ci vient au-devant de lui. Lutte
de Jacob avec un ange.
1.Jacob aussi s'en alla par le
chemin qu'il avait pris : et les
anges du Seigneur furent à sa
rencontre.
9. Quand il les eut vus, il dit :
C'est 16 camp de Dieu ; et il appela
Cap. XXXII. 1. Infra, xzvin, 16.
[cH. [.זזאאא
ce lieu du nom de Mahanaim,
c'est-à-dire camp.
3. Mais il envoya aussi des mes-
sagers devant lui à Esaü son frere
dans la terre de Séir, dans la
contrée d'Edom,
4. Et leur commanda, disant :
Parlez ainsi à mon seigneur
Esaü : Voici ce que dit votre
frère Jacob: J'ai demeuré comme
étranger chez Laban, et j'y ai été
jusqu'au présent jour.
ὃ. J'ai des bœufs, des ânes, des
brebis, des serviteurs et des ser-
vantes; et j'envoie maintenant
un message à mon seigneur, afin
de trouver grâce en votre pré-
sence.
6. Et les messagers retour-
nerent vers Jacob, disant : Nous
sommes venus aupres d'Esaü,
votre frère, et voici qu'il vient en
grande háte au-devant de vous
avec quatre cents hommes.
1.Jacobeut une grande frayeur,
et tout épouvanté, il divisa les
gens qui étaient avec lui, de
méme que les troupeaux, les
brebis, les bœufs et les cha-
meaux, en deux troupes,
8. Disant : Si Esaü vient à une
troupe et qu'il la batte, l'autre
qui restera, sera sauvée.
9. Jacob dit ensuite : Dieu de
mon père Abraham, Dieu de mon
pere Isaae, Seigneur qui m'avez
dit : Retourne en ton pays et
53. Par la crainte; c'est-à-dire par le Dieu, objet de la crainte.
54. Manger du pain, dans la langue des Hébreux, signifie simplement prendre de la
nourriture, faire un repas. Compar. in, 19.
9. * Mahanaïm, à l'est du Jourdain, au nord du Jaboc.
3. * Séir, Edom, l'Idumée. Voir la note sur Marc, ur 8. — Esaü ne s'était pas
encore établi définitivement en Idumée, voir plus loin, xxxvr, 6, mais il y vivait alors
en nomade, pour y faire paître ses troupeaux, et il fit plus tard la conquête du pays.
]68. xxx.)
au lieu de ta naissance et je te
ferai du bien,
10. Je suis au-dessous de vos
miséricordes et de la fidélité que
vous avez gardée envers votre
serviteur. J'ai passé ce Jourdain
n'ayant qu'un báton; et mainte-
nant je reviens avec deux trou-
pes.
11. Délivrez-moi de la main de
mon frere Esaü, car je le crains
extrémement; de peur que, ve-
nant, 11 ne frappe la mère avec
les enfants.
19. Vous avez dit que vous me
feriez du bien, et que vous éten-
driez ma postérité comme le sable
de la mer, lequel par sa multi-
tude ne peut se compter.
13. Et, quand il eut dormi là
cette nuit, il sépara de ce qu'il
avait, des présents pour Esaü son
frere :
14. Deux cents chèvres, vingt
boues, deux cents brebis et vingt
béliers,
45. Trente femelles de cha-
meaux pleines avec leurs petits,
quarante vaches, vingt taureaux,
vingt ânesses et dix de leurs pe-
tits.
16. Et il envoya par ses servi-
teurs chaeun des troupeaux sépa-
rément, etil dit à ses serviteurs :
Précédez-moi, et qu'il y ait un in-
tervalle entre un troupeau et un
troupeau.
47. Etil commanda au premier,
disant : Si tu rencontres mon
frere Esaü, et qu'il te demande :
LA GENÉSE. 13
A qui es-tu? ou bien : Où vas-tu?
ou : À qui sont ces bétes que tu
suis?
18. Tu répondras : A votre ser-
viteur Jacob, qui les envoie en
présent à mon seigneur Esaü
lui-méme aussi vient apres nous.
19. 11 donna pareillement des
ordres au second, au troisième,
et à tous ceux qui suivaient les
iroupeaux, disant : C'est en ces
mémes termes que vous parlerez
àEsaü, quand vousl'aurez trouvé.
20. Et vousajouterez: Lui-méme
aussi votre serviteur Jacob suit
notre chemin; car il a dit : Je l'a-
paiserai par les présents qui me
précèdent, et après cela je le ver-
rai, peut-être qu'il me deviendra
propice.
21. C'est pourquoi les présents
le précédèrent, mais lui-même
demeura cette nuitlà dans le
camp.
29. Et lorsqu'il se fut levé de
bonne heure, il prit ses deux
femmes et autant de servantes
avec ses onze fils, et passa le gué
de Jaboc.
93. Et ayant fait passer tout ce
qui lui appartenait,
24. Il demeura seul : et voilà
qu'un homme lutta avec lui jus-
qu'au matin.
25. Or comme cet homme vit
qu'il ne pouvait le vaincre, il tou-
cha le nerf de sa cuisse, lequel
aussitôt se dessécha.
26. Et il lui dit : Laisse-moi; car
déjà se lève l'aurore. Jacob répon-
22. * Le gué de Jaboc. Jaboc, sur la rive gauche du Jourdain, s'appelle aujourd'hui
ouadi Zerka, le bleu, à cause de la couleur de ses eaux. Il se jette dans le Jourdain,
entre le lac de Tibériade et la mer Morte, plus prés de cette derniére. Il prend sa
source à l'est du plateau de Galaad. Prés de son embouchure, il n'est jamais à sec,
et en hiver, il est souvent impossible de le passer à gué.
24. Un homme; le prophéte Osée (xii, 4) lui donne le nom d'ange.
74 LA GENÈSE.
dit : Je ne vous laisserai point, si
vous ne me bénissez.
Illui demanda donc : Quel .דפ
est ton nom? Il répondit : Jacob.
98. Mais l'homme : On ne t'ap-
pellera plus, dit-il, du nom de Ja-
cob, mais du nom d'Israël; parce
que si tu as été fort contre Dieu,
combien plus prévaudras-tu con-
tre les hommes?
99. Jacob lui demanda : Dites-
moi, de quel nom vous appelez-
vous? Il répondit : Pourquoi de-
mandes-tu mon nom? Et il le bé-
nit en ce méme lieu.
30. Jacob appela ce lieu du nom
Phanuel, disant : J'ai vu Dieu face
à face, et mon âme a été sauvée.
31. Et le soleil se leva aussitót
apres qu'il eut passé Phanuel;
mais il boitait d'un pied.
39. C'est pour ce motif que les
enfants d'Israél ne mangent point
jusqu'au présent jour, le nerf qui
se dessécha dans la cuisse de Ja-
cob, parce que l'age toucha le
nerf de sa cuisse, qui fut paralysé.
CHAPITRE XXXIII.
Rencontre de Jacob et d'Esaü. Jacob se
retire à Socoth, et de là il se rend à
Sichem.
1. Mais Jacob, levant les yeux,
vit Esaü venant, et avec lui quatre
cents hommes ; il sépara aussitót
[cH. xxxur.]
les enfants de Lia, de Rachel et
des deux servantes;
2. Il mitl'une etl'autre servante
et leurs enfants en avant, Lia et
ses enfants en second lieu, mais
Rachel et Joseph les derniers.
9. Et lui-méme s'avancant, se
prosterna, incliné vers la terre
par sept fois, jusqu'à ce que son
frère approchát.
4. C'est pourquoi Esaü, courant
au-devant de son frere, l'embras-
sa; et, serrant étroitement son
cou et le baisant, il pleura.
5. Puis, les yeux levés, il vit les
femmes et leurs petits enfants, et
dit : Que signifient ceux-ci? est-
ce à toi qu'ils appartiennent? Il
répondit : Ce sont les petits en-
fants que Dieu a donnés à votre
serviteur.
6. Et s'approchant, les servantes
et leurs fils se prosternerent.
1. Lia aussi s'approcha avec ses
enfants; et quand ils se furent pa-
reillement prosternés, Joseph et
Rachel se prosternèrent les der-
niers.
8. Alors Esaü dit: Quelles sont
ces troupes que j'ai rencontrées?
Jacob répondit : C'est pour trou-
ver gráce devant mon seigneur.
9. Mais Esaü reprit : J'ai beau-
coup de biens, mon frere, que les
tiens restent à toi.
——————…—…—…—…———.—…———…—………—…——û————
98. On ne lappellera plus, etc., c'est-à-dire : Tu ne t'appelleras plus seulement
Jacob, tu t'appelleras aussi Israël. Ce dernier nom fut donné plus particulièrement à
ses descendants, puisqu'ils ne furent connus que sous la dénomination d'Israélites.
30. Comme on l'a déjà remarqué plusieurs fois, par le mot dme les Hébreux en-
tendaient souvent la personne, l'individu méme. Comme c'était anciennement une
opinion générale que l'on ne pouvait voir Dieu ou un ange sans en mourir, quelques
interprétes supposent que le sens de ce passage est: J'ai vu le Seigneur, et cependant
je n'en suis pas mort; mais il est plus naturel de croire que Jacob voulait dire par
là que Dieu l'avait délivré de la frayeur extréme quil avait de son frére Esaü, au-
devant duquel il alla ensuite avec plus de confiance, — " Phanuel était probablement
entre le Djébel Adjloun et le Djébel Djeloud.
3. Se prosterna ; littér.: adora. Voyez xvut, 2.
[cH. xxxiv.)
10. Jacob répondit : Non, je
vous prie, qu'il n'en soit pas ainsi;
mais si j'ai trouvé gráce à vos
yeux, recevez ce petit présent de
mes mains; car jai vu votre vi-
sage, comme si j'eusse vu la face
de Dieu : soyez-moi propice.
11. Et recevez cette bénédiction
que je vous ai apportée et que
m'a donnée Dieu qui donne toutes
choses. Esaü la recevant avec
peine, son frere le pressant,
12. Dit : Allons ensemble, et je
t'accompagnerai dans ton che-
min.
13. Mais Jacob répondit : Vous
savez, mon seigneur, que j'aiavec
moi de petits enfants bien faibles
encore, des brebis et des vaches
pleines; si je les fatigue trop par
la marche, tous mes troupeaux
mourront en un jour.
14. Que mon seigneur pré-
cede son serviteur, et moi je le
suivrai peu à peu, selon que je
verrai que mes petits enfants le
pourront faire, jusqu'à ce que je
parvienne vers mon seigneur à
Séir.
15. Esaü repartit : Je te prie,
que des gens qui sont avec moi,
quelques-uns restent pour t'ac-
compagner. Non, dit Jacob, cela
n'est pas nécessaire : la seule
chose dont j'ai besoin, c'est de
trouver grâce devant vous, mon
seigneur.
16. Esaü donc retourna ce jour-
LA GENÈSE. 15
là à Séir, par le même chemin
qu'il était venu.
11. Et Jacob vint à Sochoth, où
une maison bâtie et des tentes
plantées, ilappela ce lieu du nom
de Socoth, c'est-à-dire, tentes.
18. Ensuite il passa à Salem,
ville des Sichémites, dans le pays
de Chanaan, après qu'il futrevenu
de la Mésopotamie de Syrie; et
il habita auprès de la ville.
19. Et il acheta pour cent
agneaux, des enfants d'Hémor,
père de Sichem, une portion du
champoüilavait planté sestentes.
90. Puis, un autel érigé en ce
lieu, il invoqua le Dieu tres fort
d'Israél.
CHAPITRE XXXIV.
Dina, fille de Jacob, est violée par Sichem,
fils d'Hémor. Siméon et Lévi égorgent
les Sichémites.
1. OrDina, fille deLia, sortitpour
voir les femmes de cette contrée.
2. Lorsque Sichem, fils d'Hémor
Hévéen, prince du pays,l'eut vue,
ill'aima passionnément ; et il l'en-
leva et dormit avec elle, faisant
violence à cette jeune vierge.
3. Et son àme s'attacha forte-
ment à elle; et il adoucit sa
tristesse par ses caresses.
4. Allant ensuite vers Hémor
son père : Obtiens-moi, dit-il,
cette jeune fille pour femme.
9. Ce que Jacob ayant appris,
ses fils étant absents et occupés
11. Bénédiction. On appelait ainsi les présents, parce qu'ordinairement ils étaient
accompagnés de bénédictions de la part de ceux qui les recevaient et de ceux qui
les faisaient.
11. * Socoth, sur la rive gauche et dans la vallée du Jourdain, probablement au
sud du Jaboc. Cette localité appartint plus tard à la tribu de Gad.
18. * A Salem, village prés de Sichem, d’après les uns ; substantif commun, signi-
fiant, d'aprés les autres, que Jacob arriva sans accident à Sichem.
19. * Il acheta une portion du champ. Voir la note sur Jean, iv, 5-6.
76 LA GENÈSE.
à paître les troupeaux, il garda le
silence jusqu'àce qu'ils revinrent.
6. Cependant Hémor, père de
Sichem, étant sorti pour parler à
Jacob,
1. Voilà que ses fils revenaient
de la campagne : or ayant appris
ce qui était arrivé, ils furent très
irrités de ce que Sichem avait fait
une chose honteuse contre Israél,
et de ce qu'en violant la fille de
Jacob, il avait commis une action
illicite.
8. C'est pourquoi Hémor leur
dit : L'àme de mon fils Sichem
s'est attachée à votre jeune fille :
donnez-la-lui pour femme :
9. l'aisons réciproquement des
mariages : donnez-nous vos filles,
et prenez nos filles;
10. Et habitez avec nous : la
terreesten votre puissance ; culti-
vez-la; trafiquez-y, et possédez-la.
11. Mais Sichem lui-méme dit
au pere et aux frères de Dina :
Que je trouve gráce devant vous,
et tout ce que vous aurez déter-
miné, je 16 donnerai.
19. Augmentez le douaire et
demandez des présents, et je vous
accorderai volontiers ce que vous
demanderez : seulement don-
nez-moi cette jeune fille pour
femme.
13. Les fils de Jacob, transportés
de fureur à cause 66 0
fait àleur sceur, répondirent avec
ruse à Sichem et à son pere :
14. Nous ne pouvons faire ce
que vous demandez, ni donner
notre sœur à un homme incir-
concis; parce que c'est une chose
illicite et criminelle parmi nous.
(cR. xxxiv.]
15. Mais nous pourrons nous
allier à cette condition, que vous
vouliez étre semblable à nous, et
que tout mäle soit circoncis
parmi vous.
16. Alors nous donnerons et
nous accepterons mutuellement
nos filles et les vôtres; et nous
habiterons avec vous, et nous
serons un seul peuple.
17. Mais si vous ne voulez pas
être circoncis, nous prendrons
notrefille et nousnous retirerons.
18. Leur offre plut à Hémor et
à Sichem son fils ;
19. Et lejeune homme ne tarda
pas d'accomplir ce que l'on de-
mandait; car il aimait extré-
mement la jeune fille, et il était
de sa personne trés considéré
dans toute la maison de son père.
20. Etant donc venus à la porte
de la ville, ils dirent au peuple :
91. Ces hommes sont paisibles,
et veulentbien habiteravec nous:
qu'ils trafiquent en cette terre,
et la cultivent, car spacieuse et
étendue, elle manque de labou-
reurs : nous prendrons leurs
filles pour femmes, et nous leur
donnerons les nôtres.
99. Il y ἃ une seule chose qui
retarde un si grand avantage,
c'est si nous faisons circoncire
tous nos mâles, nous conformant
à la coutume de cette nation.
93. Ainsi leurs richesses, leurs
troupeaux, et tout ce qu'ils posse-
dent, seront à nous : acquiescons
seulement, et habitant ensemble,
nous ferons un seul peuple.
94. Et tous consentirent, tous
les mâles ayant été circoncis.
1. Contre Israël; c'est-à-dire contre Jacob, qui vient d’être nommé Jsraël, xxxu, 28,
20. La porte de la ville était le lieu des assemblées du peuple.
[(Η. xxxv.]
95. Mais voilà qu'au troisieme
jour, lorsque la douleur des plaies
est très forte, deux des fils de
Jacob, Siméon et Lévi, freres de
Dina, leurs glaives pris, entrerent
hardiment dans la ville, et tous
les mâles tués,
26. Massacrèrent pareillement
Hémor et Sichem, enlevant Dina
leur sœur delamaison de Sichem.
97. Eux sortis, les autres fils de
Jacob se jeterent surles morts et
pillèrent la ville, comme ven-
geance de l'outrage,
98. Ravageant les brebis, le
gros bétail et les ânes des habi-
tants, et tout ce qui était dans les
maisons et dans les champs;
29. Ils emmenèrent aussi cap-
tifs leurs petits enfants et leurs
femmes.
30. Cet audacieux forfait com-
mis, Jacob dit à Siméon et à Lévi :
Vous m'avez profondément af-
fligé, et rendu odieux aux Chana-
néens etaux Phérézéens habitants
de ce pays : nous, nous sommes
en petit nombre, mais eux réunis
me battront, etjeseraiexterminé,
moi et toute ma maison,
31. Ils répondirent : Devaient-
ils abuser de notre sœur comme
d'une prostituée?
CHAPITRE XXXV.
Voyage de Jacob à Béthel. Naissance de
Benjamin. Dénombrement des fils de
Jacob. Mort d'Isaac.
1. Cependant Dieu dit à Jacob :
LA GENÉSE. 71
Leve-toi, et monte à Béthel; de-
meure là, etfais un autel au Dieu
qui t'apparut, quand tu fuyais
Esaü ton frère.
2. Jacob donc, toute sa maison
assemblée, dit : Jetez les dieux
étrangers qui sont au milieu de
vous, purifiez-vous, et changez
vos vétements.
3. Levez-vous et montons à
Béthel, afin que nous fassions là
un autel au Dieu qui m'a exaucé
au jour de ma tribulation et quia
été le compagnon de mon
voyage.
4.lls lui donnèrent donc tous
les dieux étrangers qu ils avaient,
etles pendants qui étaient àleurs
oreilles; etlui les enfouit sous le
térébinthe qui est derriere la ville
de Sichem.
9. Et lorsqu'ils furent partis, la
terreur de Dieu saisit toutes les
villes d'alentour, et on n'osa pas
les poursuivre dans leur retraite.
6. Jacob donc vint à Luza, qui
est dans la terre de Chanaan, et
surnommée Béthel, lui et tous
ses gens avec lui.
7. ll bátit là un autel, et il ap-
pela ce lieu du nom de Maison de
Dieu; car c'est là que lui apparut
Dieu, lorsqu'il fuyait son frère.
8. Dansle méme temps mourut
Débora, nourrice de Rébecca, et
elle fut ensevelie au pied de Bé-
thel sous le chéne : et on donna
à ce lieu le nom de Chéne de
pleur.
Cuap. XXXIV. 25. Infra, xuix, 6. — Cnapr. XXXV. 1. Supra, xxvii, 13. — 7. Supra,
xxvir, 13.
1. * Béthel. Voir plus haut, xit, 8.
4. * Sichem. Voir la note sur Genèse, xit, 6.
9. La terreur de Dieu; c'est-à-dive la terreur que Dieu inspira; ou bien, la terreur
la plus grande. Coinpar. xxui, 6.
18 LA GENÈSE.
9. Mais Dieu apparut de nou-
veau à Jacob, après quil fut re-
venu de la Mésopotamie de Sy-
rie, et il le bénit,
10. Disant : Tu ne seras plus
appelé Jacob, mais Israël sera ton
nom. Et il l'appela Israël.
11. Il lui dit aussi : Je suis le
Dieu tout-puissant; crois et te
multiplie; des peuples et une
foule de nations viendront de toi,
et des rois sortiront de tes flancs;
12. Et la terre que j'ai donnée
à Abraham età Isaac, je te la
donnerai, à toi et à ta postérité
apres toi.
13. Et il s'éloigna de lui.
14. Mais lui érigea un monu-
ment de pierre au lieu où Dieu
lui avait parlé, faisant des liba-
tions dessus et y répandant de
l'huile;
15. Et donnant à ce lieu le nom
de Béthel.
16. Or, parti delà,il vint au
printemps dans la terre qui con-
duit à Ephrata. Comme Rachel y
était en travail,
17. À cause de la difficulté de
l'enfantement, elle commenca à
être en danger. Or la sage-femme
lui dit : Ne crains point; car tu
auras encore ce fils.
18. Mais son âme étant pres de
sortir par l'exces de la douleur,
et la mort déjà s'approchant, elle
appela son fils du nom de Bénoni,
c’est-à-dire, fils de ma dou-
leur; mais son pere l'appela
[cH. xxxv.]
Benjamin, c'est-à-dire, fils de la
droite .
19. Rachel mourut donc, et elle
fut ensevelie sur le chemin qui
conduit à Ephrata; c'est Beth-
léem.
20. Et Jacob érigea un monu-
ment sur son sépulcre : c'est le
monument du sépulcre de Rachel,
jusqu'au présent jour.
21. Sorti de là, il planta sa
tente au delà de la Tour du
troupeau.
22. Et pendant qu'il habitait en
cette contrée, Ruben s'en alla et
dormit avec Bala, seconde femme
de son père; ce qui ne fut nul-
lement ignoré de lui. Or, les fils
de Jacob étaient douze :
23. Les fils de Lia : Ruben, pre-
mier-né, Siméon, Lévi, Juda, Is-
sachar et Zabulon ;
24. Les fils de Rachel : Joseph
et Benjamin;
98. Les fils de Bala, servante
de Rachel : Dan et Nephtali ;
26. Les fils de Zelpha, servante
de Lia : Gad et Aser. Ce sont là
les fils de Jacob qui lui naquirent
en Mésopotamie de Syrie.
Jacob vint aussi vers Isaac .דפ
son pere à Mambré, ville d'Arbée
(cest Hébron), en laquelle de-
meurerent comme étrangers
Abraham et Isaac.
98. Et les jours d'Isaac complé-
terent cent quatre-vingts ans.
29. Et, consumé par l'áge, il
mourut; et il fut réuni à son
10. Supra, מזאאא 28. — 20. Infra, xrvnr, 7. — 22. Infra, xuix, 4.
10. Dieu renouvelle ici à Jacob le nom d'Israël, qu'il a déjà reçu. Compar. xxxi, 18.
19. * Ephrata, c'est Bethléem. Voir la note sur Matthieu, τι, 1. On voit encore sur
la route de Jérusalem à Bethléem le tombeau appelé de Rachel, qui marque proba-
blement l'emplacement de sa sépulture, quoique le monument ne soit pas celui
qu'avait élevé Jacob.
21. " Hébron. Voir la note sur Genèse, xut, 18.
[cH. xxxvr.]
peuple, vieux et plein de jours;
et Esaü et Jacob ses fils l'ense-
velirent.
CHAPITRE XXXVI.
Dénombrement des descendants d'Esaü.
1. Voiciles générations d'Esaü ;
cest le méme qu'Edom.
2. Esaü prit pour femmes
d'entreles filles des Chananéens :
Ada, fille d'Elon l'Hétéen, et Oo-
libama, fille d'Ana, , 111 06
de Sébéon l'Hévéen;
3. Et aussi Bazemath, fille d'Is-
maël, sœur de Nabaioth.
4. Ada enfanta Eliphaz; Baze-
math enfanta Rahuel;
ὃ. Oolibama enfanta Jéhus,
Ihélon et Coré. Ce sont là les fils
d'Esaü, qui lui naquirent dans la
terre de Chanaan.
6. Or Esaü prit ses femmes, ses
fils, ses filles et toutes les àmes
de sa maison, ses richesses, ses
bestiaux et tout ce qu'il pouvait
avoir dans la terre de Chanaan,
etil s'en alla dans une autre con-
trée, et s'éloigna de son frere
Jacob.
7. Car ils étaient extrêmement
riches, et ils ne pouvaient habi-
ter ensemble; et la terre de leur
pèlerinage ne leur suffisait pas,
à cause de la multitude de leurs
troupeaux.
8. Ainsi Esaü habita sur la mon-
tagne de Séir : Esaü est le méme
qu'Edom.
LA GENÉSE. 79
9. Or, voici les générations
d'Esaü père des Iduméens sur la
montagne de Séir;
10. Et voici les noms de ses
fils : Eliphaz, fils d'Ada, femme
d'Esaü, Rahuel aussi, fils de Ba-
zemath sa femme.
11. Et les fils d'Eliphaz furent
Théman, Omar, Sépho, Gatham
et Cénez.
12. Il y avait encore Thamna,
seconde femme d'Eliphaz, fils
d'Esaü, laquelle lui enfanta Ama-
lech : ce sont là les fils d'Ada,
femme d'Esaü ;
13. Mais les fils de Rahuel : Na-
that et Zara, Samma et Meza : ce
sont là les fils de Bazemath,
femme d'Esaü.
14. Il y avait aussi les fils d'Oo-
libama (fille d'Ana, fille e//e-même
de Sébéon), femme d'Esaü, qu'elle
lui enfanta: Jéhus, Ihélon et Coré.
15. Voici les chefs des fils d'E-
saü :les fils d'Eliphaz, premier-
né d'Esaü:le chef Théman, le
chef Omar, le chef Sépho, le chef
Cénez,
16. Le chef Coré, le chef Ga-
tham, le chef Amalech. Ce sont
là les fils d'Eliphaz, dans le pays
d' Edom, et ce sont les fils d'Ada.
17. Et voici les fils de Rahuel
fils d'Esaü : le chef Nahath, le
chef Zara, le chef Samma, le chef
Meza: ce sont là les chefs issus
de Rahuel dans le pays d'Edom ;
et ce sont les fils de Bazemath,
femme d'Esaü.
6. XXXVI. 4, I Par., 1, 35. — 7. Supra, xii, 6. — 8. Jos., xxiv, 4. — 10. I Par., 1, 35.
2. Les femmes d'Esaü sont nommées autrement (xxvi, 34). Il n'était pas rare chez
les Hébreux de voir la méme personne porter plusieurs noms.
6. * Il s'en alla dans une autre contrée, dans la montagne de Séir. Voir la note
sur Genèse, xxxit, 8.
10. Le mot fi/s comprend souvent, dans l'Ecriture, les petits-fils, les descendants.
— Sa femme, c'est-à-dire la femme d'Esaü.
80 LA GENÉSE.
18. Mais voici les fils d'Ooli-
bama, femme d'Esaü : le chef
Jéhus, le chef Ihélon, le chef
Coré : ce sont là les chefs issus
d'Oolibama, femme d'Esaü, fille
d'Ana.
19. Ce sont là les enfants d'E-
saü, et ce sont là leurs chefs :
Esa est le méme qu'Edom.
20. Voici les fils de Séir Hor-
réen, habitants de ce pays: Lo-
tan, Sobal, Sébéon, Ana,
91. Dison, Eser et Disan : ce
sontlà les chefs Horréens, fils de
Séir, dans le pays d'Edom.
92. Mais les fils de Lotan furent
Hori et Héman : or, la sœur de
Lotan était Thamna.
93. Voici les fils de Sobal : Al-
van, Manahat, Ebal, Sépho et
Onam.
94. Et voici les fils de Sébéon :
Aia et Ana. Celui-ci est Ana, qui
trouva les eaux chaudes dans le
désert, pendant qu'il paissait les
ànes de Sébéon son pere;
25. Il eut pourfils Dison, et pour
tille Oolibama.
26. Or, voici les fils de Dison :
Hamdan, Eséban, Jéthram et Cha-
ran;
20. I Par., 1, 38.
(cu. xxxvr.]
27. Et les fils d'Eser : Balaan,
Zavan et Achan.
28. Mais Disan eut pour fils Hus
et Aram.
29. Voicileschefs des Horréens:
le chef Lotan, le chef Sobal, le
chef Sébéon, le chef Ana,
30. Le chef Dison, le chef Eser
etle chef Disan : ce sont là les
chefs qui ont commandé dans le
pays de Séir.
31. Mais les rois qui regnerent
dans le pays d'Edom, avant que
les enfants d'Israél eussent un
roi, furent ceux-ci :
32. Béla, fils de Béor, et le nom
de sa ville était Denaba.
33. Mais Béla mourut, et à sa
place régna Jobab, fils de Zara de
Bosra.
34. Et quand Jobab mourut, à sa
place régna Husam du pays des
Thémanites.
35. Celui-ci mort aussi, régna à
sa place Adad, fils de Badad, qui
battit Madian dans les champs de
Moab; et le nom de sa ville était
Avith.
36. Et quand Adad mourut, ré-
gna à sa place Semla de Masréca.
37. Celui-ci mort aussi, régna à
20. * Horréen. C'est le mot qui a été écrit Chorréen, Genèse, xiv, 6. Voir la note 2bid.
31. Avant que les enfants d'Israël eussent un roi. Comme les Israélites n'ont eu
des rois que plusieurs siècles aprés la mort de Moïse, quelques critiques supposent
que ces paroles ont été ajoutées au texte par une main postérieure. Mais cette sup-
position parait peu fondée; car, sans prétendre absolument que Moise ait fait cette
réflexion par esprit prophétique, il est incontestable qu'il n'a pas vu s'accomplir de
son temps la promesse divine, faite à Abraham, à Isaac ^t à Jacob (xvi, 6, 16;
xxxv, 11), que des rois sortiraient de leur race. D'ailleurs n'a-t-il pas pu prendre ici
le mot roi dans le sens vague et général de chef, gouverneur, comme il est pris,
Juges, xvii, 6; Ps. cxvur, 46, etc., et comme il lui est donné à lui-même, Deut.,
וזצצא ὃ, et vouloir dire, en conséquence, que les Iduméens eurent des rois avant que
les Israélites formassent un peuple et l'eussent lui-même pour chef?
33. * Bosra, ville d'Idumée (différente d'une autre Bosra située dans le pays de
Moab), aujourd'hui El-Buseiréh, dans le district de Djebàl. Bosra fut pendant quelque
temps la capitale de l'Idumée. On voit ses ruines à deux heures trois quarts de
marche au sud de Toutiléh.
[cn. xxxvi.)
sa place Saül, du fleuve de Roho-
both.
38. Et quand celui-ci mourut,
Balanan, fils d'Achobor, succéda
au royaume.
39. Gelui-ci mort aussi, régna à
sa place Adar; et le nom de sa
ville était Phaü; et sa femme s'ap-
pelait Méétabel, fille de Matred,
fille e/le-méme de Mézaab.
40. Voici donc les noms des
chefs zssus d'Esaü, selon leurs fa-
milles et leurs demeures et leurs
noms : le chef Thamna, le chef
Alva, le chef Jétheth,
41. Le chef Oolibama, le chef
Ela, le chef Phinon,
42, Le chef Cénez, le chef Thé-
man, le chef Mabsar,
43. Le chef Magdiel, le chef Hi-
ram : ce sont là les chefs 2ssus
d'Edom, qui habitaient dans le
pays de leur domination : Edom
est le méme qu'Esaü père des Idu-
méens.
CHAPITRE XXXVII.
Jalousie des fils de Jacob contre Joseph,
leur frére; ils le vendent, et il est mené
en Egypte.
1. Mais Jacob habita dans la
terre de Chanaan, dans laquelle
son pere avait été comme étran-
ger.
2. Et voici ses générations
Joseph, lorsqu'il avait seize ans,
paissait le troupeau de son pere,
avec ses frères, étant encore en-
fant : etil étaitaveclesfilsd Bala
etdeZelpha, femmes de son pere;
et il accusa ses frères auprès de
son père d'un crime détestable.
3. Or Israël aimait Joseph par-
LA GENESE. 81
dessus tous ses fils, parce que
cest dans sa vieillesse qu'il l'a-
vait engendré : et il lui fit une tu-
nique d'un tissu de diverses cou-
leurs.
4. Ses frères donc voyant qu'il
était aimé par son pere plus que
tous ses autres frères, le hais-
saient, et ne pouvaient rien lui
dire avec douceur.
9. 11 arriva aussi qu'il raconta
à ses frères un songe qu'il avait
vu; prétexte qui fut la semence
d'une plus grande haine.
6. Il leur dit donc : Ecoutez
mon songe que j'ai vu :
1. Je croyais que nous étions
à lier des gerbes dans le champ,
el que ma gerbe se levait et se
tenait comme debout, et que les
vótres, étant autour, se proster-
naient devant ma gerbe.
8. Ses freres lui répondirent :
Est-ce que tu seras notre roi? ou
serons-nous soumis à ta puis-
sance? Ainsi ceprétexte de songes
et de discours fournit un aliment
à leur envie et à leur haine.
9. Il vit encore un autre songe
qu'il raconta à ses frères, disant :
J'ai vu en songe comme le soleil
et la lune et onze étoiles se pros-
terner devant moi.
10. Lorsqu'il 160% rapporté à
son père et à ses frères, son père
le reprit, et dit : Que veut dire ce
songe que tu as vu? est-ce que
moi, ta mère et tes frères, nous
nous prosternerons devant toi
sur la terre?
41. Ainsi ses frères lui portaient
envie, mais son père considérait
la chose en silence.
40. Selon leurs familles, elc., c'est-à-dire selon les noms de leurs familles et de
leurs demeures. Compar. 11, 16, et xxv, 13.
A: T.
6
82 LA GENÉSE.
19. Et comme ses freres s'é-
taient arrêtés à Sichem pour
paître les troupeaux de leur père,
43. Israël lui dit : Tes frères
paissentles brebis dans les pâtu-
rages de Sichem : viens, je t'en-
verrai vers eux. Joseph répon-
dant :
14. Je suis prêt, il lui dit : Va,
el vois si tout va bien pour tes
freres et pour les troupeaux, et
rapporte-moi ce qui se fait. En-
voyé dela vallée d'Hébron, il vint
à Sichem :
18. Et un homme 16 trouva
errant dans 18 campagne, et lui de-
manda ce qu'il cherchait.
16. Et lui répondit : Ce sont
mes freres que je cherche; dis-
moi où ils paissent les troupeaux.
41. Et cet homme lui dit : Ils
sont partis d'ici; et je les a1 en-
tendus, disant : Allons à Dothain.
Joseph alla donc après ses freres,
et il les trouva à Dothain.
18. Lorsque ceux-ci l'eurent
vu de loin, avant qu'il appro-
chát d'eux, ils projeterent de le
tuer :
19. Et ils se disaient mutuel-
lement : Voici le songeur qui
vient;
90. Venez, tuons-le, et jetons-le
dans une vieille citerne ; nous di-
rons : Une béte sauvage l'a dé-
Car. XXXVII. 22. Infra, xui, 22.
[cg. xxxvir.]
voré ; et alors on verra ce que lui
servent ses songes.
94. Mais entendant cela, Ruben
s'efforcait de le sauver de leurs
mains, et disait :
22. Ne tuez pas son âme et ne
versez pas son sang; mais jetez-
le dans cette citerne qui est dans
le désert, et conservez vos mains
pures. Or il disait cela, voulant
larracher de leurs mains, et le
rendre à son pere.
23. Aussitôt done qu'il fut ar-
rivé pres de ses freres, ils le dé-
pouillèrent de sa tunique longue,
tissue de diverses couleurs.
24. Et ils le jetèrent dans la
vieille citerne, où il n'y avait pas
d'eau.
95. Puis s'asseyant pour man-
ger du pain, ils virent des voya-
geurs Ismaélites qui venaient de
Galaad, et leurs chameaux por-
tant des aromates, de la résine et
du stacté en Egypte.
26. Juda dit alors à ses freres :
Que nous servira si nous tuons
notre frére et nous cachons son
sang?
297. || vaut mieux qu'il soit
vendu aux Ismaélites, et que nos
mains ne soient pas souillées; car
il est notre frère et notre chair.
Ses frères acquiescèrent à ses dis-
cours.
-φ.-.ιιωιτι:-τι᾽..Ἵ-.Ἐ.Ἐ.ς.ςςςςςς---.-Ξ- ---.-Ἐ---ς--- ὅὕ90ὅὕ-τ-- ----
19. * A Sichem. Voir la note sur Genése, xn, 6.
14. * De la vallée d'Hébron. Voir plus haut, Genèse, xur, 18.
41. * Dothain, au sud d'Engannim, aujourd'hui Djénin, au sortir de la plaine d'Es-
drelon, sur la route qui méne de Damas dans la Palestine du sud et en Egypte.
20. * Dans une vieille citerne. 11 y ἃ à Dothain de nombreuses citernes taillées dans
le roc, et comme elles ont la forme d'une bouteille avec un orifice étroit, il était
impossible à celui qui y était emprisonné d'en sortir. ὃ
29. Son âme; c'est-à-dire lui. Voyez xvii, 2.
25. Voyez, pour l'expression de manger du pain, xxxi, 54. — * Tous les Orientaux
recherchent beaucoup les parfums, mais en Egypte on en faisait une consommation
plus graude encore qu'ailleurs pour embaumer les morts.
[cH. xxxvii.)
28. Et des marchands Madiani-
tes passant, ils le retirèrent de la
citerne, et le vendirent vingt
pieces d'argent aux Ismaélites
qui le menerent en Egypte.
29. Cependant Ruben étant re-
venu à la citerne, n'y trouva pas
l'enfant;
30. Alors, ses vétements dé-
chirés, il retourna vers ses frères
et dit : L'enfant ne parait pas, et
moi, oü irai-je?
31. Ils prirent donc sa tunique
et la trempèrent danslesangd'un
chevreau qu'ils avaient tué,
32. Envoyant des gens pour la
porter à leur père, et pour lui
dire: Nous l'avons trouvée ; vois si
c'estlatunique de ton fils, ou non.
33. Quand le pere l’eut re-
connue, il dit : C'est la tunique
de mon fils ; une béte farouche et
28. Sag., x, 13.
LA GENÉSE. 83
cruelle l'a dévoré, une béte a dé-
voré Joseph.
94. Et, ses vétements déchirés,
il se couvrit d'un cilice, pleurant
son fils pendant longtemps.
35. Or, tous ses enfants s'étant
rassemblés pour adoucir la dou-
leur de leur pere, il ne voulut pas
recevoir de consolation, mais il
dit : Je descendrai pleurant vers
mon fils dans l'enfer. Et lui per-
sévérant dans son pleur,
36. Les Madianites vendirent
Joseph en Egypte à Putiphar,
eunuque de Pharaon, chef des
soldats.
CHAPITRE XXXVIII.
Juda marie successivement deux de ses
fils à Thamar. Naissance de Pharés et
de Zara.
1. Dans le méme temps, Juda,
τ τ ee ——— M ι-Ὡῳὄ-Π ς΄. ,...00ὃϑ (ὃ ὃ 0 o [i
28. Des marchands Madianites. Comme dans le texte hébreu cette expression ne
porte pas l'article déterminatif, beaucoup d'interprétes supposent que ces Madianites
faisaient partie de la caravane d'Ismaélites dont il est parlé, ver. 25, 21.
35. Par le mot enfer (hébr. scheül), il faut entendre, non le sépulcre, le tombeau
(hébr. kéber), mais ce lieu souterrain que les Hébreux regardaient comme le séjour des
âmes après la mort. Ainsi ce passage fournit une preuve sans réplique de la croyance
des Juifs à la survivance des àmes. — * Une foule de passages trés clairs établissent que
pour les Hébreux le scheól était réellement le lieu où se rendaient les àmes aprés la
inort, et que, dans ce séjour, elles n'étaient point privées de sentiment et de vie.
D'aprés les données que nous fournissent les Livres saints, on « descend » dans cette
demeure au terme de la vie présente. On y entre, d'aprés la description poétique
qui nous en est faite en divers endroits,
par une « porte, » qui en est appelée aussi
« la bouche » et qui peut « s'élargir sans mesure. » On pénétre ainsi dans un lieu
« trés profond, obscur et ténébreux. » Cependant le regard de Dieu peut le sonder.
Toutes les àmes arrivent dans le séjour des morts : c'est le lieu de réunion assigné
à tous les hommes, « la maison destinée à tous les vivants. » Le scheól désigne
tantót le lieu de la réunion des morts en g
le séjour des méchants, ou plutót, tous les
énéral, tantót le séjour des bons et tantót
morts y descendent. Il est clair d'ailleurs
que le nom de scheól donné indistinctement au séjour des bons et au séjour des
méchants, dans l'Ancien Testament, n'implique en aucune facon qu'ils aient été con-
fondus ensemble, encore moins qu'ils aient enduré les mêmes tourments. Mais il
est certain que les ámes des justes qui étaient dans les limbes ne pouvaient pas y
acquérir de mérites et n'y jouissaient point de la vision béatifique. C'est pourquoi
il est dit plusieurs fois qu'on ne peut glorifier Dieu dans ce séjour des morts.
36. * Putiphar signifie consacré à Ra, le soleil adoré comme dieu par les Egyptiens.
1. * Odollam ou Adullai, ville qui appartint plus tard à la tribu de Juda et dans
le voisinage de laquelle il y a de nombreuses cavernes.
84 LA GENÈSE.
s'éloignantdesesfrères,allaloger
chez un homme d'Odollam, du
nom d'Hiras.
2. Et il vit là la fille d'un homme
de Chanaan, du nom de διό, et
layant prise pour femme, il
vécut avec elle.
3. Elle concut et enfanta un fils,
et elle lui donna 16 nom de Her.
4. Et ayant concu une seconde
fois, elle nomma le fils qui naquit
Onan.
5. Elle en enfanta aussi un troi-
sieme, qu'elle appela Séla : celui-
ci né, elle cessa d'enfanter davan-
tage.
6. OrJuda donna à son premier-
né Her une femme du nom de
Thamar.
7. Mais Her, le premier-né de
Juda, fut tres méchant en la pré-
sence du Seigneur ; et par le Sei-
gneur il fut frappé de mort.
8. Juda dit donc à Onan, son
fils : Prends la femme de ton
frere, et unis-toi à elle pour sus-
citer des enfants à ton frere.
9. Mais celui-ci sachant que les
enfants qui naitraient de son
union avecla femme de son frere
ne seraient pas à lui, empéchail
qu'elle ne devint mère, pour ne
pas qu'il naquit des enfants du
nom de son frere.
10. Etc'est pourquoileSeigneur
le frappa, parce qu'il faisait une
:hose détestable.
11. A cause de cela Juda dit à
[cu. xxxvi]
Thamarsa belle-fille : Reste veuve
dans la maison de ton père, jus-
quà ce que Séla mon fils soit
devenu grand; car il craignait
que lui aussi ne mourüt comme
ses freres. Celle-ci s'en alla et ha-
bita dans la maison de son père.
12. Mais bien des jours s'étant
écoulés, mourut la fille de Sué,
femme de Juda, qui s'étant con-
solé aprés le deuil, montait à
Thamnas versles tondeurs de bre-
bis, lui etHiras d'Odollam, pasteur
de ses troupeaux.
13. Or on annonca à Thamar
que son beau-père montait à
Thamnas pour tondre ses brebis.
14. Celle-ci, ses habits de veu-
vage quittés, prit un voile, et
s'étant déguisée, elle s’assit dans
le carrefour du chemin qui con-
duit à Thamnas, parce que Séla
était déjà devenu grand, etqu'elle
ne l'avait pas eu pour époux.
15. Lorsque Juda l'eut apercue,
il crut que c'était une femme de
mauvaise vie; car elle avait cou-
vert son visage, afin qu'elle ne
füt pas reconnue.
16. Et s'approchant d'elle, il dit :
Laisse-moi aller avec toi; caril ne
savait pas qu'elle füt sa belle-fille.
Elle répondant : Que me don-
neras-tu pour que tu viennes avec
moi?
11. Il dit : Je t'enverrai un che-
vreau de mes troupeaux. Mais
elle reprenant: Je consentirai à ce
XXXVIII. 2. I Par., 11, ὃ. — 4. Nom., xxvi, 19. — 7. Nom., xxvi, 19. שג
9. Du nom de son frére. Le premier-né portait le nom du frére qui était mort
sans enfants; mais les autres enfants portaient celui du frère vivant qui était leur
pere naturel.
13. * Thamnas ou Thamna, dans les montagnes appelées plus tard montagnes de
juda.
17. * Un chevreau. Voir la note sur 1 Rois, xvi, 20.
[cHe xxxix.]
que tu veux, si tu me donnes un
gage, en attendant que tu envoies
ce que tu promets.
48. Juda lui demanda : Que
veux-tu que je te donne pour
gage? Elle répondit : Ton anneau,
ton bracelet et le báton que tu
liens à la main. Ayant donc vu
Juda une seule fois, cette femme
concut,
19. Et se levant, elle s'en alla;
puis ayant quitté le vétement
qu'elle avait pris, elle se revétit
de ses habits de veuvage.
90. Or Juda envoya le chevreau
par son pasteur qui était d'Odol-
lam, afin qu'il retirátle gage qu'il
avait donné à cette femme ; celui-
ci ne l'ayant pas trouvée,
91. Demanda aux hommes de
ce lieu : Oü est cette femme qui
était assise dans le carrefour?
Tous répondant : 11 n'y a pas eu en
celieu de femme de mauvaise vie.
99. [| revint vers Juda et lui
dit : Je ne l'ai pas trouvée ; et les
hommes méme de ce lieu m'ont
dit que jamais là ne s'est assise
femme débauchée.
93. Juda répondit : Qu'elle le
garde; elle ne peut pas au moins
nous accuser de mensonge ; moi,
jai envoyé le chevreau que j'a-
vais promis, et toi, tu ne l'as pas
trouvée.
24. Mais voilà qu'apres trois
mois on annonca à Juda cette
nouvelle : Thamar ta belle-fille
ἃ forniqué, et elle parait étre en-
ceinte. Juda répondit : Produisez-
la en public, afin qu'elle soit brü-
lée.
95. Thamar, comme elle était
conduite au supplice, envoya
27. Matt., 1, 3. — 30, I Par,, rr, 4.
LA GENÈSE, 85
vers son beau-père, disant : C'est
de l'homme à qui sont ces gages
que j'ai concu : vois à qui sont cet
anneau, ce bracelet et ce bâton.
26. Juda, les gages reconnus,
dit : Elle est plus juste que moi,
puisque je ne l’ai pas donnée à
Séla mon fils. Toutefois il ne la
connut pas depuis.
27. Or les couches pressant,
parurent deux jumeaux dans son
sein; et à la sortie méme des en-
fants, l'un présenta sa main, à
laquelle la sage-femme lia un fil
d'écarlate, disant :
28. Celui-ci sortira le premier.
29. Mais, lui retirant sa main,
l'autre sortit; et la sage-femme
dit: Pourquoi le mur a-t-il été
rompu à cause de toi? Or pour
cette raison elle lui donna 16 nom
de Phares.
30. Ensuite sortit son frere, à
la main duquel était le fil d'écar-
late; elle l'appela Zara.
CHAPITRE XXXIX.
Joseph mérite la confiance de son maítre
Putiphar; mais il est accusé par sa
femme et mis en prison.
1. Joseph done fut mené en
Egypte, et Putiphar Egyptien,
eunuque de Pharaon et chef de
l'armée, l'acheta de la main des
Ismaélites par lesquels il avait
été amené.
2. Etle Seigneur fut avec lui,
et c'était un homme prospérant
en toutes choses : il demeura
dans la maison de son maitre,
3. Qui connaissait très bien que
le Seigneur était avec lui, et que
tout ce qu'il faisait, le Seigneur
le dirigeait entre ses mains.
86 LA GENÉSE.
4. Ains: Joseph trouva gráce
devant son maitre, et il le servait;
préposé par lui à toutes choses,
il gouvernait la maison qui lui
était confiée, et tout ce qui avait
été remis à ses soins.
5. Et le Seigneur bénit la mai-
son de lEgyptien à cause de
Joseph, et il multiplia tous ses
biens, tant à la ville que dans les
champs.
6. Et il ne connaissait autre
chose que le pain dont il se nour-
rissait. Or Joseph était beau de
visage et d'un aspect très agréa-
ble.
7. C'est pourquoi, apres bien
des jours, sa maitresse jeta les
yeux sur Joseph et dit : Dors avec
moi.
8. Mais celui-ci ne consentant
nullement à cette action crimi-
nelle, lui répondit: Voilàque mon
maitre, toutes choses m'ayant été
confiées, ignore ce qu'il a dans
sa maison :
9. Et il n'y a rien qui ne soit en
ma puissance, et qu'il ne m'ait
livré, excepté vous, qui étes sa
femme : comment donc pourrais-
je faire ce mal, et pécher contre
mon Dieu?
10. Par des discours semblables
chaque jour cette femme était
importune à ce jeune homme, et
lui se refusait au crime.
Cuar. XXXIX. 20. Ps. civ, 18.
[cu. xxxix.]
11. Or il arriva un jour que
Joseph, rentré dans la maison,
s'occupait de quelque travail sans
témoins,
12. Et qu'elle, ayant prisle bord
de son manteau, dit : Dors avec
moi. Mais lui, le manteau laissé
dans sa main, s'enfuit et sortit
dehors.
13. Lorsque cette femme eut
vu le manteau dans ses mains,
et qu'elle était méprisée,
14. Elle appela les gens de sa
maison et leur dit : Voilà qu'il a
amené ici un homme hébreu pour
nous insulter. Il est venu à moi
pour me corrompre; et, lorsque
j'ai poussé des cris,
15. Et qu'il a entendu ma voix,
il a laissé son manteau que je
tenais, et s'est enfui dehors.
16. Et pour preuve de sa fidé-
lité, elle montra à son mari re-
venu dans la maison, le manteau
qu'elle avait retenu,
11. Et dit : L'esclave hébreu
que tu as amené, est venu à moi,
pour m’insulter.
18. Mais lorsqu'il m'a entendu
crier, 11 a laissé son manteau, que
je tenais, et il s'est enfui dehors.
19. Ces plaintes entendues, le
maitre trop crédule aux paroles
de sa femme, fut tres irrité,
90. Et il envoya Joseph dans la
prison où les prisonniers du roi
00 תכ ———_—_—————
6. Et il ne connaissait, etc. Les uns rapportent ces paroles à Joseph, les autres avec
plus de probabilité à l'Egyptien, dont il vient d'étre dit immédiatement que Dieu
lavait comblé de richesses. Dans cette opinion le sens de la phrase est, ou que
Putiphar avait tellement mis sa confiance en Joseph, qu'il n'avait point de souci, si
ce n'est de vivre à son aise, et qu'il ne lui demandait d'autre compte que celui de
sa dépense ordinaire, ou plutót qu'il était devenu si riche qu'il ne connaissait
nullement sa fortune, et que d'ailleurs il s'en reposait sur Joseph au point de n'avoir
d'autre soin que de se mettre à table et de manger.
20.* Dans la prison de Memphis ou plutót de Tanis, capitale des rois pasteurs,
rois d'origine étrangère qui étaient alors maitres de l'Egypte septentrionale.
[ca. xL.]
étaient gardés, et il était là en-
fermé.
91. Mais le Seigneur fut avec
Joseph, et ayant pitié de lui, illui
fit trouver grâce devant le chef
de la prison,
29. Lequel mit sous sa main
tous les prisonniers qui étaient
détenus daus la prison; de sorte
que tout ce qui se faisait, était
soumis à Joseph.
‘93. ll ne prenait méme con-
naissance de rien, tout ayant été
confié à Joseph, parce que le Sei-
gneur était avec lui, et dirigeait
toutes ses œuvres.
CHAPITRE XL.
Le grand échauson et le grand panetier
du roi d'Egypte sont mis en prison.
Joseph explique leurs songes.
1. Ces choses s'étant ainsi pas-
sées,ilarriva que deux eunuques,
l'échanson du roi d'Egypte et le
panetier, offensèrent leur maitre.
9. Et Pharaon, irrité contre
eux (car l'un commandait aux
échansons et lautre aux pane-
tiers),
3. Les envoya dans la prison
du chef des soldats, où Joseph
aussi était détenu.
4. Mais le gardien de 18 prison
leur donna Joseph pour les ser-
vir.Quelque temps s'était écoulé,
et eux étaient détenus dans la
prison.
LA GENÉSE. 87
5. Or ils virent tous deux, dans
une méme nuit, un songe qui, se-
lon son interprétation, se rappor-
tait à eux.
6. Lorsque Joseph fut entré
près d'eux le matin, et qu'il les
eut vus tristes,
7. Il les interrogea, disant
Pourquoi votre visage est-il plus
triste aujourd'hui que de cou-
tume?
8. Ceux-ci répondirent : Nous
avons vu un songe, et il n'y a per-
sonne pour nous l'interpréter. Jo-
seph leur dit : N'est-ce pas à Dieu
quappartient l'interprétation?
Rapportez-moi ce que vous avez
vu.
9. Le grand échanson raconta
le premier son songe : Je voyais
devant moi qu'une vigne,
10. Oü il y avait trois provins,
poussait peu à peu des boutons,
et qu'apres des fleurs, des raisins
mürissaient,
11. Et que la coupe de Pha-
raon était dans ma main : je pris
donc les raisins et les pressai
dans la coupe que je tenais, et je
donnai la coupe à Pharaon.
12. Joseph répondit : Voici
l'interprétation du songe : Les
trois provins, ce sont trois jours
encore,
18. Après lesquels Pharaon se
souviendra de ton ministère, et
te rétablira dans ton ancienne
9. Les incrédules ont prétendu que d’après Hérodote et Plutarque les Egyptiens
n'avaient pas de vignes; mais le premier dit au commencement de son histoire que
les habitants de Thébes se vantaient d'avoir été les premiers à connaitre la vigne; et
ce dernier avoue que les rois, au moins avant Psamméticus, buvaient du vin. Dio-
dore de Sicile dit aussi, d’après l'autorité des Egyptiens eux-mêmes, que leurs rois
faisaient usage du vin. — * Les monuments égyptiens attestent que la vigne et le vin
étaient trés communs en Egypte à l'époque de Joseph.
11. * Les textes hiéroglyphiaues disent qu'on exprimait le jus des raisins dans
les coupes.
88 LA GENÈSE.
charge; tu lui présenteras la
coupe, selon ton office, comme tu
avais coutume de le faire aupara-
vant.
14. Seulement souviens-toi de
moi, quand bien t'arrivera, et
fais-moi miséricorde en suggé-
rant à Pharaon de me tirer de
cette prison :
45. Car j'ai été enlevé par
fraude du pays des Hébreux, et
innocent, j'ai été jeté ici dans la
fosse.
16. Le grand panetier voyant
qu'il avait sagement expliqué le
le songe, dit : Et moi aussi j'ai vu
un songe : J'avais trois corbeilles
de farine sur ma 1610 ;
11. Et dans l'une des corbeilles,
qui était la plus élevée, je por-
tais de tous les aliments qui s'ap-
prétent par l'art du boulanger,
et les oiseaux en mangeaient.
18. Joseph répondit : Voici l'in-
terprétation du songe : Les trois
corbeilles, ce sont trois jours
encore,
19. Apreslesquels Pharaon t'en-
lèvera la tête, et te suspendra à
une croix, et les oiseaux déchire-
ront tes chairs.
90. Le troisieme jour d'apres
était le jour de la naissance de
Pharaon, qui, faisant un grand
festin à ses serviteurs, se ressou-
vint, pendant le repas, du grand
échanson et du grand panelier.
91. Or il rétablit l'un dans sa
charge, pour qu'il lui présentàt la
coupe,
[cu. xui.]
29. Et il suspendit l’autre à
une potence; en sorte que la
véracité de l'interprete se trouva
justifiée.
23. Cependant, tout lui prospé-
rant, le grand échanson oublia
son interprète.
CHAPITRE XLI.
Songes de Pharaon expliqués par Joseph.
Elévation de Joseph. Naissance de Ma-
nassé et d'Ephraim. Stérilité en Egypte.
1. Après deux ans, Pharaon vit
un songe. Il croyait qu'il était de-
bout sur le bord du fleuve,
2. Duquel montaient sept va-
ches extrémement belles et
grasses; et elles paissaient dans
les marécages.
3. Sept autres vaches aussi
sortaient du fleuve, hideuses et
consumées de maigreur ; et elles
paissaient sur la rive méme du
fleuve, dans des lieux ver-
doyants ;
4. Et elles dévorèrent celles
dont la beauté et l'embonpoint
étaient merveilleux. Pharaon s'é-
tant réveillé,
9. S'endormit de nouveau et
vit un autre songe : Sept épis
poussaient sur une seule tige,
pleins et beaux.
6. Et autant d'autres épis gréles
et frappés par un vent brülant se
levaient aussi,
1. Dévorant toute la beauté des
premiers. Pharaon s'éveillant
apres son sommeil,
8. Et, le matin venu, frappé
1. * Pharaon est probablement le roi pasteur Apapi II, le plus célébre des rois
pasteurs qui s'étaient emparés de l'Egypte depuis longtemps et qui étaient d'origine
sémitique comme Joseph. — Sur le bord du fleuve du Nil, le fleuve unique de l'Egypte,
auquel. ce pays doit toute sa fertilité et sa richesse.
2. * Sept vaches. La vache était consacrée à la déesse égyptienne Hathor, et celle-ci
est souvent représentée accompagnée de sept vaches.
[cH. ΧΙ].
d'épouvante, il envoya vers tous
les devins de l'Egypte et tous les
sages; et les ayant mandés, il
leur raconta le songe, et il n'y en
avait aucun qui püt linterpré-
ter.
9. Alors enfin le grand échan-
son, se souvenant, dit: Je con-
fesse ma faute.
10. Le roi irrité contre ses ser-
viteurs ordonna que moi et le
grand panetier fussions ramenés
dans la prison du chef des sol-
dats,
11. Où dans une seule nuit
nous vimes chacun un songe,
présage des choses futures.
19. Il y avait là un jeune Hé-
breu, serviteur du méme chef des
soldats, et auquel ayant raconté
nos songes,
13. Nousentendimestout ce que
dans la suite l'événement con-
firma; car moi je fus rendu à ma
charge, et lui fut suspendu à une
croix.
14. Aussitót par l'ordre du roi,
on tondit Joseph qu'on avait tiré
de la prison, et, ses vétements
changés, on le lui présenta.
15. Le roi lui dit : J'ai vu des
songes, et il n'y a personne qui
puisse les expliquer : j'ai appris
que tu les interprètes très sage-
ment.
16. Joseph répondit : Sans moi,
Dieu répondra des choses favo-
rables à Pharaon.
17. Pharaon raconta donc ce
qu'il avait vu : Je croyais que j'é-
LA GENÈSE. 89
tais debout sur la rive du fleuve,
18. Et que sept vaches sortaient
du fleuve, extrêmement belles et
aux chairs grasses; elles pais-
saient l'herbe verte dans les ma-
récages.
19. Et voilà que sept autres
vaches les suivaient, si difformes
et si maigres, que jamais je n'en
visdetelles danslaterre d'Egypte.
20. Or celles-ci ayant dévoré et
consumé les premieres,
21. Ne donnèrent aucun signe
desatiété ; mais elles demeuraient
engourdies dansla méme mai-
greur et la méme laideur. M'étant
éveillé et de nouveau assoupi,
22. Je vis un songe : sept épis
poussaient sur une seule tige,
pleins et très beaux.
23. Sept autres aussi, gréles et
frappés par un vent brülant s’éle-
vaient d'un chaume ;
24. Ils dévorèrent la beauté des
premiers. J'ai raconté le songe
aux devins, et il n'y a personne
qui puisse l'expliquer.
25. Joseph répondit : Le songe
du roi est un : ce que Dieu doit
faire, il l'a montré à Pharaon.
26. Les sept vaches belles et les
sept épis pleins sont sept années
d'abondance, etontdansle songe
la méme signification.
21. Pareillement, les sept va-
ches maigres et décharnées qui
sont montéesaprés les premieres,
et les sept épis gréles et frappés
d'un vent brülant, sont sept an-
nées d'une famine qui doit venir.
———————————————————————————————
14. Les Egyptiens ne laissaient jamais croitre leurs cheveux et leur barbe, excepté
pendant le deuil et dans l'affliction; et ils portaient toujours des habits de lin trés
propres. Ainsi on n'aurait pas osé présenter Joseph au roi avant de l'avoir tondu et
rasé, et de l'avoir dépouillé de ses habits pour lui en donner de convenables. Voyez
Hérodote. 1. II. ch. 36 et 31.
90 LA GENÈSE.
98. Ces années s'accompliront
dans cet ordre :
29. Voilà que viendront dans
toute la terre d'Egypte sept an-
nées d'une grande fertilité,
30. Que suivront sept autres
années d'une si grande stérilité,
quetoute l'abondance précédente
sera livrée à l'oubli; car lafamine
doil consumer toute la terre.
31. Et la grandeur de la disette
doit détruire la grandeur de
l'abondance.
32. Mais le songe que vous avez
vu en second lieu, et qui se rap-
porte àla méme chose, c'est un
signecertain quelaparole de Dieu
aura son effet et qu'elle s'accom-
plira promptement.
33. Maintenant donc, que le roi
choisisse un homme sage et ha:
bile, et qu'il le prépose sur la
terre d'Egypte;
34. Afin qu'il établisse des in-
tendants dans toutes les pro-
vinces; et que la cinquième par-
tie des fruits des sept années d'a-
bondance,
35. Qui déjà maintenant vont
venir, il l'amasse dans les gre-
niers: et que tout le blé soit mis
sous la puissance de Pharaon, et
gardé dans les villes;
36. Et qu'il soit tenu prêt pour
la famine des sept ans qui pèsera
sur l'Egypte, et que le pays ne soit
pas consumé par la disette.
37. Ce conseil plut à Pharaon et
à tous ses ministres;
[cu. xrr.)
38. Et il leur demanda : Pou-
rons-nous trouver un tel homme
qui soit plein de l'esprit de Dieu?
39. 11 dit donc à Joseph : Puis-
que Dieu t'a montré tout ce que
tu as dit, pourrai-je trouver quel-
qu'un plus sage que toi, et méme
semblable à toi?
40. C'est toi qui seras préposé!
sur ma maison, et au commande-
ment de ta bouche, tout le peuple
obéira; et c’est par le trône royal
seulement que j'aurai sur toi la
préséance.
41. Pharaon dit encore à Joseph:
Voici que je t'établis sur toute la
terre d'Egypte.
49. ἘΠῚ) óta l'anneau 46 858 main,
et le mit à la main de Joseph : il
le revétit aussi d'une robe de fin
lin, et lui mit autour du cou un
collier d'or.
48. I le fit monter sur son se-
cond char, un héraut criant que
tous devant lui fléchissent le ge-
nou, etsussent qu'il était préposé
sur toute la terre d'Egypte.
44. Le roi dit aussi à Joseph :
Moi je suis Pharaon, mais sans
ton commandement nul ne re-
muera la main ou le pied dans
toute la terre d'Egypte.
45. Et il changea son nom, et
ill'appela en langue égyptienne
Sauveur du monde. Il lui donna
pour femme Aseneth, fille de Pu-
tiphar, prétre d'Héliopolis.Joseph
sortit donc pour visiter la terre
d'Egypte.
(παρ. XLI. 40. Ps. civ, 21; I Mach., 1, 53; Actes, vir, 10.
€ — .--ς-ς- ς-ς- ------
49. * Un collier d'or. C'était une espéce de décoration que les rois d'Egypte accor-
daient aux hommes de mérite. Il était souvent à plusieurs rangs. On le voit au cou
Je presque tous les personnages égyptiens dont nous avons les statues ou les bas-
reliefs.
45. * Héliopolis ou On, prés du village actuel de Matariéh, non loin du Caire.
(cu. xiu.)
46. (Or ilavaittrente ans, quand
il fut présenté au roi Pharaon), et
ilfitle tour de touteslesprovinces
de l'Egypte.
47. Cependant arriva la fertilité
des sept années, et les blés, mis
en gerbes, furent recueillis dans
les greniers de l'Egypte.
48. Toute l'abondance 8
grains fut mise aussi en réserve
dans chacune des villes.
49. Et si grande fut l'abondance
du froment, qu'il égalait le sable
de la mer, et que la quantité sur-
passail toute mesure.
50. Or il naquit à Joseph, avant
que la famine vint, deux fils que
lui enfanta Aseneth, fille de Pu-
tiphar, prétre d'Héliopolis.
51. Il appela le premier-né du
nom de Manassé, disant : Dieu
m'afait oubliertoutes mes peines,
et la maison de mon père.
59. Et il appela le second du
nom d'Ephraim, disant : Dieu m'a
fait croitre dans la terre de ma
pauvreté.
53. Ainsi, les sept années de la
fertilité de l'Egypte étant passées,
54. Commencèrent à venir les
sept années de disette que Joseph
avait prédites; et dans tout l'u-
nivers la famine prévalut; mais
dans toute la terre d'Egypte il y
avait du pain.
dd. Or, l'Egypte affamée, le
peupleeriaàPharaon, demandant
des vivres. Pharaonleurrépondit:
Allez à Joseph, et tout ce qu'il
vous dira, faites-le.
96. Cependant la famine aug-
mentait chaque jour sur toute la
50. Infra, xrvi, 20; xrvir, 5.
LA GENÉSF. 91
terre; et Joseph ouvrit tous les
greniers; et il vendait du blé aux
Egyptiens, car la famine pesait
aussi sur eux.
97. Et toutes les provinces ve-
naient en Egypte pour acheter
des vivres, et tempérer le mal de
la disette.
CHAPITRE XLII.
Arrivée des fréres de Joseph en Egypte.
Joseph fait arréter Siméon, et ne ren-
voie les autres qu'à condition qu'ils
améneront Benjamin.
1. Or Jacob apprenant que l'on
vendait des vivres en Egypte, dit
à sesfils : Pourquoi étes-vous si
négligents?
2. J'ai appris qu'on vend du blé
en Egypte; descendez-v, et ache-
tez ce qui nous est nécessaire,
afin que nous puissions vivre,
et que nous ne soyons pas con-
sumés par la disette.
3. Ainsi, descendant pour ache-
ter du blé en Egypte, les dix frères
de Joseph
4. (Benjamin ayant été retenu
dans la maison par Jacob qui avait
dit à ses freres : C'est de peur
quen chemin il n'éprouve
quelque accident)
ὃ. Entrèrent dans la terre d'E-
gypte avec d'autres qui allaient
pour en acheter; car la famine
était dans la terre de Chanaan.
6. Or Joseph était gouverneur
dans la terre d'Egypte, et c'est
selon sa volonté quele blé se ven-
dait aux peuples. Lors donc que
ses frères se furent prosternés
devant lui
ב e רש
6. Se furent prosternés, etc.; littér. : l'eurent adoré. Voyez xvin, 2.
99 LA GENÈSE.
7. Et qu’il les eut reconnus, il
leur parlait durement, comme à
des étrangers, leur demandant :
D'où êtes-vous venus? Ils répon-
dirent : De la terre de Chanaan,
afin d'acheter ce qui est nécessaire
à la vie.
8. Mais cependant reconnais-
sant ses frères, il ne fut pas re-
connu d'eux.
9. Et se souvenant des songes
qu'autrefoisilavait vus, illeur dit :
Vous étes des espions; c'est pour
voir les endroits les plus faibles
du pays, que vous étes venus.
10. Ils répondirent : Il n'en est
pas ainsi, seigneur; mais vos
serviteurs sont venus pour ache-
ter des vivres.
11. Nous sommes tous fils d'un
seul homme; c'est en gens pai-
sibles que nous sommes venus;
et vos serviteurs ne méditent
rien de mal.
12. Joseph leur repartit : Il en
est autrement; vous êtes venus
pour observer les places de l'E-
gypte qui ne sont pas fortifiées.
13. Mais eux : Nous, vos ser-
viteurs, disent-ils, nous sommes
douze freres, fils d'unseul homme
dans la terre de Chanaan; le plus
jeune est avec notre père, et
l'autre n'est plus.
14. C'est, reprit-il, ce que j'ai
dit : Vous étes des espions.
45. Dès maintenant, je vous
éprouverai : par la vie de Pha-
raon, vous ne sortirez pas d'ici,
jusqu'à ce que vienne votre frere
le plus jeune.
16. Envoyez l'un d'entre vous,
et qu'il l'amène, mais vous, vous
serez dans les liens jusqu'à ce
[cH. xum.)
qu'il soit prouvé que ce que vous
avez dit est vrai ou faux : autre-
ment, parla vie de Pharaon, vous
étes des espions.
11. Il les mit donc en prison
pendant trois jours.
18. Mais, au troisième jour les
ayant tirés de prison, il leur dit :
Faites ceque [ 81 ditet vous vivrez ;
car je crains Dieu.
19. Si vous étes des gens pai-
sibles, que l'un de vos freres soit
enchainé dans la prison, et vous,
allez et portez]le blé que vous avez
acheté dans vos maisons;
20. Maisamenez-moi votre frere
le plus jeune, afin que je puisse
vérifier vos paroles, et que vous
ne mouriez pas. 118 firent comme
il avait dit.
91. Et ils se dirent les uns aux
autres : C'est justement que nous
souffrons toutceci, parce que nous
avons péché contre notre frère,
voyant l’angoisse de son âme,
quand il nous priait, et nous ne
l'avons pasécouté : c’est pour cela
qu'est venue surnous cette tribu-
lation.
92. Un seul d'entre eux, Ruben
dit : Ne vous ai-je pas dit : Ne pé-
chez pascontrecet enfant? et vous
ne m'avez pas écouté : voilà que
son sang est redemandé.
93. Or, ils ne savaient pas que
Joseph les entendit, parce que
c'est par interprète qu'il leur
parlait.
24. Mais il se retira un moment
et pleura : puis revenu, il leur
parla.
95. EtprenantSiméon etleliant,
eux présents, il commanda à ses
ministres qu'ils emplissent leurs
CuaP. XLII. 20, Infra, xLu1, 5. — 22. Supra, xxxvil, 22.
]68. [.זזהזא
sacs de blé, et qu'ils remissent
l'argent de chacun d'eux dans son
sac, en leur donnant de plus des
vivres pour la route : ceux-ci
firent ainsi.
26. Ainsi les freres de Joseph,
emportant leur blé surleurs ânes,
partirent.
27. Or l'un d'eux ayant ouvert
son sac pour donner à manger à
3a béte dans rhótellerie, et ayant
vu son argent à l'entrée du sac,
28. Dit à sesfrères : Mon argent
m'a été rendu, le voici dans le sac.
Etonnés et troublés, ils se disaient
mutuellement: Qu'est-ce que Dieu
nous a fait?
29. Cependant ils vinrent vers
Jacob leur pere dans la terre de
Chanaan, et ils lui raconterent
tout ce qui leur était arrivé, di-
sant :
30. Le maitre de ce pays nous a
parlé durement, et il a cru que
nous étions des explorateurs de
la contrée.
31. Nous lui avons répondu :
Nous sommes des gens paisibles,
et nous ne dressons aucune em-
büche.
32. Nous sommes douze frères,
engendrés d'un seul pere : l'un
n'estplus, etle plus jeune est avec
notre pere dans la terre de Cha-
naan.
98. 1 nous a reparti : Voici
commentj éprouveraisi vous étes
des gens paisibles; laissez un de
vosfrèresauprès de moi, et prenez
les provisions nécessaires à vos
maisons, et vous en allez.
34. Mais votre frere le plus
jeune, amenez-le-moi, afin que je
sache que vous n'étes pas des
LA GENÈSE. 93
espions, et que vous puissiez re-
couvrer celui qui est retenu dans
les liens, et qu'ensuite vous ayez
la liberté d'acheter ce que vous
voudrez.
98. Ces choses dites, comme ils
versaient leur blé, ils trouvèrent
à lentrée des sacs chacun leur
argent 116 ; et étant tous ensemble
saisis d'effroi,
36. Jacob leur père dit : Vous
avez fait que je suis sans enfants:
Joseph n'est plus, Siméon est re-
tenu dans les liens, et vous enlè-
verez Benjamin : c'est sur moi
que tous ces malheurs sont re-
tombés.
91. Ruben lui répondit : Tuez
mes deux fils, si je ne vous le ra-
mene; remettez-le en ma main,
et moi, je vous le rendrai.
38. Mais Jacob : Non, dit-il, il
ne descendra pas avec vous, mon
fils : son frere est mort, et lui
seul est resté; si quelque chose
defâcheuxluiarrivait dans le pays
oü vous allez, vous feriez des-
cendre mes cheveux blancs avec
douleur dans les enfers.
CHAPITRE XLIII.
Retour des fréres de Joseph en Egypte
avec Benjamin. Joseph leur fait un
festin.
1. Cependant la famine pesait
violemment sur toute la terre.
2. Et les vivres qu'ils avaient
apportés de l'Egypte, étant con-
sommés, Jacob dit àses fils : Re-
tournez, etachetez-nous quelques
provisions.
3. Juda répondit : Cet homme
nous ἃ fait une déclaration sous
le sceau du serment, disant : Vous
38. Les enfers. Voyez pour le vrai sens de ce mot, xxxvi, 35.
94 LA GENÈSE.
ne verrez point ma face si vous
n'amenez votre frère le plus jeune
avec vous.
4. Si donc vous voulez l'en-
voyer avec nous, nous irons en-
semble, et nous achéterons ce qui
vous est nécessaire.
5. Mais si vous ne voulez pas,
nous n'irons pas; car cet homme,
comme souvent nous l'avons dit,
nous a fait une déclaration, di-
sant : Vous ne verrez point ma
face,sans votre frereleplusjeune.
6. Israël leur dit : Pour mon
malheur vousavez faitde maniere
que vouslui avezindiqué que vous
aviez encore un frère.
7. Mais eux répondirent : Cet
homme nous a interrogés par
ordre sur notre famille : si notre
pere vivait, si nous avions un
autre frère; et nous lui avons ré-
pondu conséquemment, selon ce
qu'il avait demandé ; est-ce que
nous pouvions savoir qu'il dirait :
Amenez votre frère avec vous?
8. Juda aussi dit à son père :
Envoyez l'enfant avec moi, afin
que nous partions et que nous
puissions vivre, et que nous ne
mourions pas, nous et nos petits
enfants.
9. C'est moi qui me charge de
l'enfant; c'est à ma main que vous
le redemanderez; si je ne le ra-
mene, et si je ne vous le rends,
je serai coupable envers vous à
jamais.
10. S'il n'était pas intervenu de
délai, nous serions déjà revenus
une seconde fois.
41. Ainsi Israël leur père leur
[,ז זא fcu.
dit : S'il le faut ainsi, faites ce
que vous voudrez; prenez des
meilleurs fruits de ce pays-ci dans
vos vases, et portez à cet homme
en présent un peu de résine, de
miel, de storax, de stacté, de té-
rébinthe et d'amandes.
19. Portez aussi avec vous le
double d'argent ; etcelui que vous
avez trouvé dans vos sacs, repor-
tez-le, de peur que cela n'ait été
fait par méprise.
19. Mais prenez aussi votre
frère et allez vers cet homme.
14. Que mon Dieutout-puissant
vous le rende favorable, afin qu'il
renvoie avec vous votre frere
qu'il retient, et ce Benjamin; et
moi, je serai comme privé d'en-
fants.
15. Ceux-ci prirent donc avec
eux les présents, le double d'ar-
gent et Benjamin, et ils descen-
dirent en Egypte et se présente-
rent devant Joseph.
16. Lorsque Joseph les vit et
Benjamin avec eux, il commanda
à lintendant de sa maison, di-
sant : Fais entrer ces hommes
dans la maison ; tue des victimes,
et appréte un festin; parce que
c'est avec moi qu'ils doivent man-
ger à midi.
11. Celui-ci fit ce qui lui avait
été commandé, et il introduisit
ces hommes dans la maison.
18. Et là, épouvantés, ils se
dirent mutuellement : C'est à
cause de l'argent que nous avons
rapporté précédemment dans nos
sacs qu'il nous a fait entrer ici,
pourdéversersur nous une fausse
(παρ. XLIII. 5. Supra, xri, 20. — 9. Infra, xriv, 32.
11. * Les parfums étaient trés estimés et trés recherchés en Egypte. Voir plus haut,
xxxvil, 25.
[cu. xum.)
accusation, et nous réduire vio-
lemment en servitude, nous et
nos ânes.
19. C'est pourquoi, à la porte
méme, s'approchant de l'inten-
dant de la maison,
90.Tls dirent: Nous vous prions,
seigneur, de nous écouter. Nous
sommes déjà venus ici pour ache-
ler des vivres;
21. Lesquels achetés, quand
nous fümes arrivés à l'hótellerie,
nous ouvrimes nos sacs, et nous
trouvâmes l'argent à l'entrée des
sacs : nous l'avonsrapporté main-
tenant dans tout son poids.
22. Mais nous avons rapporté
aussi d'autre argent pour acheter
ce qui nous est nécessaire. Nous
ne savons pas qui a mis cet ar-
gent dans nos bourses.
23. Mais lui répondit : Paix avec
vous! ne craignez point : votre
Dieu et le Dieu de votre pere vous
a mis des trésors dans vos sacs,
car largent que vous m'avez
donné, c'est moi qui l'ai en bonne
monnaie. Et il leur amena Si-
méon.
24. Etles ayant introduits dans
la. maison, il leur apporta de
l'eau, et ils laverent leurs pieds,
et il donna à manger à leurs
ánes.
25. Or eux préparaient leurs
présents, attendant que Joseph
entrât sur le midi; car ils avaient
appris que c'étaitlàqu'ils devaient
manger du pain.
26. Joseph done entra dans sa
maison, et ils lui offrirent les pré-
20. Supra, xi, ὃ.
LA GENÉSE. 95
sents qu'ils tenaient en leurs
mains, etils se prosternèrent, in-
clinés vers la terre.
27. Mais Joseph, leur ayant
rendu leur salut avec bonté, les
interrogea, disant : Se porte-t-il
bien, votre vieux père dont vous
m'aviez parlé? vit-il encore ?
28. Ceux-ci répondirent : Il se
porte bien, votre serviteur notre
père, il vit encore. Et s'étant pro-
fondément inclinés, ils seproster-
nerent devant lui.
29. Or Joseph, levant les yeux,
vit Benjamin son frère utérin, et
dit : Celui-ci est votre jeune frere
dont vous m'aviez parlé? Et de
nouveau : Dieu, dit-il, te soit mi-
séricordieux, mon fils!
30. Et il se retira précipitam-
ment, car ses entrailles s'étaient
émuessur son frere, et des larmes
s'échappaient de ses yeux : en-
trant done dans sa chambre il
pleura.
31. Puis, sortant de nouveau, le
visage lavé, il se contint et dit :
Servez des pains.
32. Les pains servis à part pour
Joseph, à part pour ses freres, et
àpart pourles Egyptiens qui man-
geaient ensemble (caril n'est pas
permis aux Egyptiens de manger
avec les Hébreux, et ils regardent
comme profane un semblable re-
pas),
33. Ils s'assirent devant lui, le
premier-né, selon son droit d'ai-
nesse, et le plus jeune, selon son
âge. Or ils étaient extrémement
surpris,
25. Manger du pain. Voyez pour le sens de cette expression, xxxt, 54.
26, 28. Ils se prosternérent. Voyez xvin, 2.
31. Servez des pains; c'est-à-dire préparez un repas. Compar. 111, 19; אאא 54.
96 LA GENÈSE.
34. En prenant les parts qu'ils
avaient recues de lui; car une
part d'autant plus grande vint à
Benjamin, qu'elle surpassait cinq
autres parts. Ils burent dono et
(irent grande chere avec lui.
CHAPITRE XLIV.
Joseph fait mettre sa coupe dans le sac
de Benjamin. Il traite ses fréres comme
des voleurs. Juda s'offre à demeurer
esclave àla place de Benjamin.
1. Or Joseph commanda à l'in-
tendant de sa maison disant : Em-
plisles sacs de ces hommes d'au-
tant de blé qu'ils en peuvent con-
tenir, et mets l'argent de chacun
dans le haut de son sac.
9. Mais place à l'entrée du sac
du plus jeune ma coupe d'argent,
et le prix du blé qu'il a donné. Et
il fut fait ainsi.
3. Et, au lever du matin, on les
renvoya avec leurs ânes.
4. Et déjà ils étaient sortis de
la ville, et ils avaient fait un peu
de chemin; alors Joseph ayant
appelé lintendant de sa mai-
son : Lève-toi, dit-il, et poursuis
ces hommes; et quand tu les
auras atteints, dis-leur : Pourquoi
avez-vous rendu le mal pour le
bien?
5. La coupe que. vous avez dé-
robée, est celle dans laquelle boit
nion maitre, et avec laquelle il a
coutume de deviner :c'est une
]68. xLIv.]
chose trés mauvaise que vous
avez faite.
6. Celui-ci fit comme il lui avait
été ordonné; et lesayantatteints,
il leur dit le commandement mot
pour mot.
7. Ils répondirent : Pourquoi
notre seigneur parle-t-il ainsi,
comme si vos serviteurs avaient
commis un crime si grand?
8. L'argent que nous avons
trouvé dans le haut de nos sacs,
nous l'avons rapporté de la terre
de Chanaan : comment arrive-t-il
done que nous avons dérobé de
la maison de votre maitre de l'or
ou de l'argent?
9. Que celui, quel qu'il soit de
vos serviteurs, auprès de qui sera
trouvé ce que vous cherchez,
meure, et nous, nous serons es-
claves de notre seigneur.
10. Il leur dit : Qu'il soit fait
selon votre avis : que celui auprès
de quiilsera trouvé, soit mon es-
clave; mais vous, vous serez in-
nocents.
11. C'est pourquoi descendant
promptement leurs 5805 à terre,
chacun ouvrit le sen.
19. L'intendant les ayant fouil-
lés, commençant depuis le plus
grand jusqu'au plus petit, trouva
la coupe dans le sac de Benjamin.
13. Ainsi eux, leurs vétements
déchirés, et leurs ânes rechargés,
retournerent à la ville.
————————————Áá—— —————— ————————————————m
34. Firent grande chère, ou se réjouirent. Le verbe inebriare du texte est susceptible
de ces deux significations.
5, 15. L'usage de deviner par la coupe était commun aux peuples de l'Orient et
surtout aux Egyptiens (S. Augustin, de Civit. Dei, 1. vit, 6. 51). La traduction de la
Vulgate, qui parait la plus conforme au texte hébreu et qui est aussi celle des Sep-
tante, n'autorise cependant point à croire que Joseph se soit livré à des sortiléges;
car, comme le remarque saint Thomas (2. 2, quæst. 195, art. 7), Joseph et son inten-
dant ont pu tenir le langage que Moise leur préte, parce que les Egyptiens regar-
daient et proclamaient Joseph comme très habile dans l'art de la divination.
[cH. xLIV.]
14. Et Juda le premier avec ses
frères entra auprès de Joseph
(car il n’était pas encore sorti du
lieu), et tous ensemble se préci-
pitèrent à terre devant lui.
15. Joseph leur dit : Pourquoi
avez-vous voulu agir ainsi? igno-
rez-vous quil ny 8 point
d'homme semblable à moi dans
l'art de deviner?
16. Et Juda : Que répondrons-
nous à mon seigneur? lui dit-il;
ou que dirons-nous, ou bien que
pourrons-nous légitimement
prétexter? Dieu a découvert li-
niquité de vos serviteurs : nous
voilà tous esclaves de mon sei-
gneur, et nous, et celui aupres
de qui a été trouvée la coupe.
11. Joseph répondit : Loin de
moi d'agir ainsi! Que celui qui a
dérobé ma coupe, soit mon es-
clave; pour vous, retournez libres
vers votre père.
18. Mais Juda, s'approchant
plus pres, dit avec assurance : Je
vous prie, mon seigneur, que
votre serviteur fasse entendre un
mot à votre oreille, et ne vous
irritez point contre votre servi-
teur; car vous êtes après Pha-
raon,
19. Mon seigneur. Vous avez
au commencement demandé à
vos serviteurs : Avez-vous un
père ou un autre frère ?
20. Et nous, nous avons répon-
du à vous, mon seigneur : Nous
avons un père qui est vieux, et
un enfant très jeune qui lui est
né dans sa vieillesse, et dont le
LA GENESE. 97
frère utérin est mort; sa mère
n’a laissé que celui-ci, mais son
père l'aime tendrement.
91. Alors vous avez dit à vos
serviteurs : Amenez-le-moi, et je
poserai mes yeux sur lui.
22. Et nous avons ajouté à mon
seigneur : Cet enfant ne peut
quitter son père ; car s’il le laisse,
son père mourra.
29. Et vous avez répliqué à vos
serviteurs : Si votre frere le plus
jeune ne vient avec vous, vous
ne verrez plus ma face.
24. Lors donc que nous fümes
montés vers votre serviteur notre
père, nous lui rapportámes tout
ce que nous avait dit mon sei-
gneur.
25. Et notre pere dit : Retour-
nez et achetez-nous un peu de
blé.
26. Nous lui répondimes : Nous
ne pouvons aller : si notre frere
le plus jeune descend avec nous,
nous partirons ensemble ; autre-
ment, lui absent, nous n'osons
voir la face de cet homme.
27. A quoi lui répliqua : Vous
savez que ma femme m'a donné
deux fils.
28. L'un est sorti, et vous avez
dit : Une bête féroce l'a dévoré;
et jusqu ici il ne reparait point.
29. Si vous emmenez encore
celui-ci, et que quelque chose lui
arrive en chemin, vous ferez des-
cendre mes cheveux blancs avec
douleur dans les enfers.
30. Si j'entre donc auprès de
votre serviteur notre pere, et que
Cuar. XLIV. 19. Supra, xru, 13. — 23. Supra, xri, 3, Ὁ. — 28. Supra, xxxvii, 20. 33.
28. Est sorti; l'hébreu ajoute d'avec moi.
29, 31. Les enfers. Voyez pour le vrai sens de ce mot, xxxvil, 35.
A LI 1t
98 LA GENÉSE.
l'enfant n'y soit pas (comme l'àme
de l'un dépend de l'àme de l'au-
tre),
81. Et qu'il voie qu'il n'est pas
avec nous, il mourra, et vos ser-
viteurs feront descendre ses che-
veux blancs avec douleur dans
les enfers.
32. Que je sois votre esclave,
moi particulièrement, quil'ai regu
sur ma foi, et qui en ai répon-
du, disant : Si je ne le ramène,
je serai coupable d'un crime en-
vers mon pere à jamais.
33. C'est pourquoi je demeure-
rai votre esclave pour l'enfant au
service de mon seigneur, et que
l'enfant remonte avec ses freres;
34. Car je ne puis revenir vers
mon père, l'enfant absent, de
peur que je n'assiste comme té-
moin du malheur qui va accabler
mon pere.
CHAPITRE XLV.
Joseph se fait connaitre à ses fréres. Ceux-
ei s'en retournent vers Jacob chargés
de présents.
1. Joseph ne pouvait plus se
contenir, beaucoup de personnes
se trouvant là présentes; c'est
pourquoi il commanda que toutes
sortissent dehors, et qu'aucun
étranger ne fût présent à la re-
connaissance mutuelle.
9. Alors il éleva la voix avec
larmes; les Egyptiens l'entendi-
rent et toute la maison de Pha-
raon. :
8. Et il dit à ses frères : Je suis
[cu. xLv.]
Joseph: mon pere vit-il encore?
Ses frères ne pouvaient lui ré-
pondre, étantsaisisd'uneextréme
frayeur.
4. Mais lui avec douceur : Ap-
prochez-vous de moi, dit-il. Et
quand ils se furent approchés bien
près : Je suis, ajouta-t-il, Joseph
votre frere, que vous avez vendu
pour l'Egypte.
9. Ne craignez point, et qu'il
ne vous semble point pénible de
m'avoir vendu en ces régions;
car c'est pour votre salut que
Dieu m'a envoyé avant vous en
Egypte.
6. Car il y a deux ans que la
famine a commencé à étre sur la
terre, et il reste encore cinq ans
pendant lesquels on ne pourra ni
labourer ni moissonner.
7. Dieu m'a donc envoyé ici
avant vous, afin que vous soyez
conservés sur la terre, et que
vous puissiez avoir des vivres
pour subsister.
8. Ce n'est point par votre con-
seil, mais par la volonté de Dieu
que j'ai été envoyé 101 : 11 m'a éta-
bli comme père de Pharaon,
maitre de toute sa maison, et
prince dans toute la terre d'E-
gypte.
9. Hátez-vous, montez vers mon
pere, et vous lui direz : Voici ce
que vous mande votre fils Joseph :
Dieu m'a établi maitre de toute la
terre d'Egypte; descendez vers
moi, ne tardez point.
10. Vous habiterez dans laterre
32. Supra, xni, 9. — Cuar. XLV. 4. Actes, vu, 13. — 5. Infra, r, 20
10. * La terre de Gessen était située entre l'isthme de Suez et la branche tanitique
du Nil. Du temps de Joseph, elle ne formait pas encore ce qu'on appelle un nome
égyptien, mais elle était comme en dehors des divisions administratives, dans une
région propre à nourrir des troupeaux,
[eu. xLv.]
de Gessen; et vous serez près de
moi, vous et vos fils et les fils de
vos fils; vos brebis et vos trou-
peaux de gros bétail et tout ce
que vous possédez.
41. Et là je vous nourrirai (car
il reste encore cinq années de fa-
mine), afin que vous ne périssiez
pas et vous et votre maison et tout
ce que vous possédez.
12. Voici que vos yeux et les
yeux de mon frere Benjamin
voient que c'est ma bouche qui
vous parle.
13. Annoncez à mon pere toute
ma gloire et tout ce que vous avez
vu en Egypte : hátez-vous et ame-
nez-le-moi.
14. Et lorsque l'embrassant il
fut retombé sur le cou de Benja-
min son frere, il pleura, Benja-
min aussi pleurant pareillement
sur le cou de Joseph.
19. Joseph embrassa ensuite
tous ses freres et pleura sur cha-
cun d'eux ; après quoi ils osèrent
lui parler.
16. Et l'on entendit et l'on pu-
blia hautement à la cour du roi:
Les frères de Joseph sont venus;
et Pharaon s'en réjouit et toute sa
famille.
11. Et il dit à Joseph qu'il com-
mandât à ses freres, disant : Char-
gez vos bétes et vous en allez dans
la terre de Chanaan;
18. Et amenez de là votre pere
et votre parenté, et venez à moi :
et moi je vous donnerai tous les
biens de l'Egypte, afin que vous
LA GENÈSE. 99
vous nourrissiez de la moelle de
cette terre.
19. Ordonne aussi qu'ils pren-
nent descharsde laterre d'Egypte
pour le transport de leurs petits
enfants etde leurs femmes; et dis-
leur: Amenez votre père et hátez-
vous de venir au plus tót.
20. Ne laissez rien de vos meu-
bles; car toutes les richesses de
l'Egypte seront à vous.
21. Et les fils d'Israél firent
comme il leur avait été com-
mandé. Joseph leur donna des
chars selon l'ordre de Pharaon,
et des vivres pour le chemin.
22. Il ordonna qu'on leur remit
aussi à chacun deux robes; mais
à Benjamin il donna trois cents
pieces d'argent avec cinq robes
des plus belles :
23. Envoyant à son pere autant
d'argent et de vétements; ajou-
tant méme dix ànes chargés de
toutes les richesses de l'Egypte,
et un nombre égal d'ánesses por-
tant du blé et du pain pour le
chemin.
24. Il renvoya donc ses frères,
et leur dit, lorsqu'ils partaient :
Ne vous fáchez pas en route.
25. Ceux-ci, montant de l'E-
gypte, vinrent dans la terre de
Chanaan, vers leur pere Jacob,
26. Et lui portèrent le message,
disant : Joseph votre fils vit en-
core, et c'est lui qui commande
dans toute la terre d'Egypte. Ce
quayant entendu Jacob, il s'é-
veilla comme d'un profond som-
18. De (a moelle, hébr. de la graisse; c'est-à-dire des meilleures productions.
20. Ne laissez rien, etc. Le vrai sens parait étre, conformément au texte hébreu et
à ce qui suit immédiatement: Ne laissez rien avec regret, n'ayez aucun souci de
Laisser, etc.
22. Trois cents pièces d'argent; c'est-à-dire (rois cents sicles. Le sicle d'argent pur
valait environ 1 fr. 66 cent.
100 LA GENÈSE.
meil; mais il ne les croyait pas.
97. Eux au contraire lui rap-
portaient toute la suite de la
chose; et quand il vitles chars et
tout ce que Joseph avait envoyé,
son esprit se ranima.
98. Et il dit : Il me suffit, si
Joseph mon fils vitencore : j'irai
et jele verrai avant que je meure.
CHAPITRE XLVI.
Jacob vient en Egypte; dénombrement
de ses enfants. Entrevue de Jacob et
de Joseph.
1. Israël donc partit avec tout
ce qu'il avait, vint au Puits du
Serment; et là , des victimes im-
molées au Dieu de son perelIsaao,
9. Il l'entendit dans une vision
de la nuit, l'appelant etlui disant :
Jacob, Jacob. Il lui répondit : Me
voici.
3. Dieu lui dit : Je suis le Dieu
très fort de ton père; ne crains
point, descends en Egypte, parce
que je te ferai père d’une grande
nation en ce pays.
4. Moi-même je descendrai là
avec toi, et moi-même je t'en
ramènerai, lorsque tu en revien-
dras : et Joseph posera ses mains
sur tes yeux.
5. Jacob donc se leva du Puits
du Serment, et ses fils le portè-
rent avec leurs petits enfants et
leurs femmes sur les chars que
Pharaonavaitenvoyés pour trans-
porter le vieillard,
[cH. XLvI.]
6. Et tout ce qu'il possédait
dans la terre de Chanaan : il ar-
riva donc en Egypte avec toute sa
lignée,
7. Ses fils, ses petits-fils, ses
filles et toute sa race ensemble.
8. Or voici les noms des fils
d'Israël, qui entrèrent en Egypte,
lorsqu'il vint avec ses enfants. Le
premier-né était Ruben.
9. Les fils de Ruben : Hénoch,
Phallu, Hesron et Charmi.
10. Les fils de Siméon : Jamuel,
Jamin, Ahod, Jachin, Soharet Saül
fils d'une Chananéenne.
11. Les fils de Lévi : Gerson,
Caath et Mérari.
19. Les fils de Juda : Her, Onan,
Séla, Phares et Zara; mais Her et
Onan moururent dans le pays de
Chanaan. Et naquirent à Phares,
les fils Hesron et Hamul.
13. Les fils d'Issachar : Thola,
Phua, Job et Semron.
14. Les fils de Zabulon : Sared,
Elon et Jahélel.
15. Ce sont là les fils de Lia
qu'elle enfanta en Mésopotamie
de Syrie, avec Dina sa fille; tou-
tes les âmes deses fils et de ses
filles furent trente-trois.
16. Les fils de Gad : Séphion,
Haggi, Suni, Esébon, Héri, Arodi
et Aréli.
417. Les fils d'Aser : Jamné, Jé-
sua, Jessui et Béria, et aussi Sara
leur sceur. Les fils de Béria : Hé-
ber et Melchiel.
ὕπαρ. XLVI. 5. Actes, vit, 15. — 6. Jos., xxtv, 4; Ps. civ, 23; Isaie, 111, 4. — 8. Exode,
1,2; vi, 14; Nom., xxvi, 5; I Par., v, 1. 3. — 10. Exode, vi, 15; I Par., 1v, 24. — 11. I Par.,
vi, 4. — 12. I Par., i1, 3; 1v, 21. — 13. I Par, vu, 1. — 41. I Par., vu, 30.
E ————
1. * Au Puits du Serment, à Bersabée. Voir note sur Genèse, xxt, 33.
4. Posera sa main sur tes yeux; les fermera. La coutume de fermer les yeux aux
personnes décédées est trés ancienne chez les Grecs eux-mêmes. C'étaient ordinai-
rement les proches ou les amis les plus chers qui rendaient ce dernier devoir.
15. Toules les âmes de ses fils; c'est-à-dire, (ous ses fils, etc. Compar. IX, b.
CH. XLVI.]
18. Ce sont là les fils de Zelpha
que donna Laban à Lia sa fille, et
qui les enfanta à Jacob : seize
ámes.
19. Les fils de Rachel femme de
Jacob : Joseph et Benjamin.
20. Et il naquit à Joseph dans
la terre d'Egypte des fils que lui
enfanta Aseneth, fille de Puti-
phar, prêtre d'Héliopolis : Manas-
sé et Ephraim.
91. Les fils de Benjamin : Béla,
Béchor, Asbel, Géra, Naaman,
Echi, Ros, Mophim, Ophim, et
Ared.
29. Ce sont là les fils de Rachel
qu'elle engendra à Jacob : en tout
quatorze âmes.
93. Les fils de Dan : Husim.
94. Les fils de Nephtali : Jasiel,
Guni, Jéser et Sallem.
95. Ce sout là les fils de Bala
que donna Laban à Rachel sa fille,
et qu'elle enfanta à Jacob en tout
sept ámes.
96. Toutes les âmes qui entrè-
rent avec Jacob en Egypte, et qui
étaient issues de lui, sans les
femmes de ses fils, furent soi-
xante-six ;
27. Mais les fils de Joseph qui lui
naquirent dans la terre d'Egypte,
deux âmes. Toutes les âmes de
la maison de Jacob qui entrèrent
en Egypte, furent soixante-dix.
28. Or Jacob envoya Juda de-
vant lui vers Joseph, afin qu’on
LA GENÈSE. 101
l'avertit, et qu'il vint à sa rencon-
tre dans la terre de Gessen.
29. Lorsqu'il y fut arrivé, Jo-
seph, son char attelé, monta au
méme lieu à la rencontre de son
pere; et le voyant, il se jeta à
son cou, et, au milieu des em-
brassements, il pleura.
30. Et le pere dit à Joseph :
Maintenant je mourrai joyeux,
puisque j'ai vu ta face, et que je
te laisse vivant après moi.
31. Mais Joseph dit à ses frères
et à toute la maison de son père :
Je monterai et je porterai la nou-
velle à Pharaon, et je lui dirai :
Mes frères et la maison de mon
père qui étaient dans la terre de
Chanaan, sont venus vers moi.
32. Ce sont des hommes pas-
teurs de brebis, et ils ont soin
d'élever des troupeaux ; leur me-
nu et leur gros bétail et tout ce
qu'ils pouvaient avoir, ils l'ont
amené avec eux.
33. Lors donc qu'il vous appel-
lera et demandera : Quelle est
votre occupation ?
34. Vous répondrez : Nous vos
serviteurs, nous sommes des
hommes pasteurs depuis notre
enfance jusqu'à présent, et nous
et nos peres. Or vous direz cela,
afin que vous puissiez demeurer
dans la terre de Gessen; car les
Egyptiens détestent tous les pas-
teurs de brebis
20. Supra, xri, 50. — 21. I Par., vii, 6; viu, 1 — 27. Deut., x, 22.
ידה ה
23. Dans les généalogies les Hébreux employaient quelquefois le pluri?! pour le
singulier. On trouve des exemples de cet idiotisme dans les anciens auteurs latins
soit orateurs, soit poétes, soit historiens.
26-21. * Les soixante-dix comptés au y. 21, renferment outre les soixante-sir in
diqués au y. 26, Jacob, Joseph et ses deux fils.
102
CHAPITRE XLVII.
Jacob arrive avec sa famille en Egypte.
Pharaon leur donne la terre de Gessen.
Maladie de Jacob.
1. Etant donc entré, Joseph
porta la nouvelle à Pharaon, di-
sant : Mon père et mes frères,
leurs brebis, leur gros bétail, et
tout ce qu'ils possèdent, sont ve-
nus de la terre de Chanaan; et
voici qu'ils se sont arrêtés dans
la terre de Gessen.
2. Il placa aussi les cinq der-
niers de ses frères devant le roi.
3. Etle roi leur demanda : Quel
genre d'occupation avez-vous?
Ils répondirent : Nous, vos servi-
teurs, nous sommes pasteurs de
brebis, et nous et nos peres.
4. C'est pour séjourner comme
étrangers dans votre terre que
nous sommes venus; parce qu'il
n'y a point de pâturages pour les
troupeaux de vos serviteurs, la
famine augmentant chaque jour
dans la terre de Chanaan ; et nous
vous prions d'ordonner que nous,
vos serviteurs, demeurions dans
la terre de Gessen.
5. C'est pourquoi le roi dit à
Joseph : Ton père et tes frères
sont venus vers toi :
6. La terre d'Egypte est en ta
présence : fais-les habiter dans le
meilleur endroit, et donne-leur la
terre de Gessen. (Que si tu sais
qu'il y ait parmi eux des hommes
LA GENESE.
(ca. xLvir.]
intelligents, établis-les maitres
de mes troupeaux.
7. Après cela Joseph introduisit
son père auprès du roi, et le pla-
ca devant lui. Jacob ayant sou-
haité au roi toute sorte de pros-
pérités,
8. Et ayant été interrogé par
lui : Quels sont les jours des an-
nées de ta vie?
9. Répondit : Les jours de mon
pèlerinage sont de cent trente
ans, courts et mauvais, et ils ne
sont pas parvenus jusqu'aux
jours durant lesquels mes peres
ont fait leur pèlerinage.
10. Et, toute sorte de prospéri-
tés souhaitées au roi, il sortit de-
hors.
11. Or Joseph donna en posses-
sion à son père et à ses frères en
Egypte, dans le lieu le plus fer-
tile, Ramessès, comme avait or-
donné Pharaon.
12. Et il les nourrissait eux et
toute la maison de son pere, don-
nant des vivres à chacun.
13. Car dans tout l'univers le
pain manquait, et la famine pe-
sait sur la terre principalement
d'Egypte et de Chanaan.
14. Joseph recueillit de ces pays
tout l'argent par la vente du blé,
et il le porta au trésor du roi.
15. Et lorsque l'argent eut man-
qué aux acheteurs, toute l'Egypte
vint à Joseph, disant : Donnez-
nous du pain : pourquoi mourons-
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9. * Leur pèlerinage. « 1[ appelait un pèlerinage sa vie errante sur la terre, parce
qu'il avait le sentiment de la patrie d'au-delà. — Ceux qui tiennent ce langage, dit
saint Paul, indiquent qu'ils cherchent la patrie, car s'ils avaient pensé seulement à
celle d’où ils étaient sortis, ils avaient certainement le temps d'y retourner, mais ils
en désiraient une meilleure, c'est-à-dire céleste. Hébreux, xt, 16. » (Franz DrLrTZscn.)
41. * Ramessès. La terre de Gessen est appelée ici par anticipation Ramessés, nom
sous lequel elle fut aussi connue plus tard, lorsque les Hébreux y eurent bâti la ville
de ce nom, du temps de Ramsès II, leur persécuteur. Voir Exode, 1, 11.
[cu. xrvi.]
nous devant vous, l'argent nous
manquant ?
10. Celui-ci leur répondit : Ame-
nez vos troupeaux, et je vous
donnerai en échange des vivres,
si vous n'avez point d'argent.
11. Quand ils les eurent ame-
nés, il leur donna des vivres en
échange de leurs chevaux, de
leurs brebis, de leurs bœufs et de
leurs ânes; ainsi il les nourrit
cette année-là, en échange de
leurs troupeaux.
18. Ils vinrent encore la seconde
année, et lui dirent : Nous ne ca-
cherons pas à notre seigneur que,
l'argent nous manquant, nos
troupeaux nous ont aussi man-
qué ; et ce n'est pas à votre insu
qu'excepté les corps et la terre,
nous n'avons rien.
19. Pourquoi donc mourrons-
nous sous vos yeux? et nous et
notre terre nous serons à vous :
achetez-nous pour étre les escla-
ves du roi, et donnez-nous des
semences, pour ne pas que, le
cultivateur périssant, la terre soit
réduite en solitude.
20. Joseph donc acheta toute la
terre d'Egypte, chacun vendant
ses possessions à cause de la
grandeur de la famine ; et il l'as-
sujettit à Pharaon,
21. Et tous les peuples, depuis
une extrémité del Egypte jusqu'à
l'autre extrémité,
22. Excepté la terre des prétres
qui leur avait été donnée par le
roi; car une quantité déterminée
de vivres des greniers publics
leur était fournie, et c'est pour
Cuar. XLVII. 29. Supra, xxiv, 2.
LA GENÈSE. 103
celà qu'ils n'ont pas été contraints
de vendre leurs possessions.
23. Joseph donc dit au peuple :
Voici, comme vousle comprenez,
que Pharaon possède et vous et
votre terre ; recevez des semences
et semez les champs,
24. Afin que vous puissiezavoir
des grains. La cinquième partie,
vous la donnerez au roi, et les
quatre autres, je vous les laisse
comme semence et comme nour-
riture pour vos familles et pour
vos enfants.
25. Ils répondirent : Notre salut
esten votre main ; seulement que
notre seigneur ait égard à nous,
et joyeux, nous servirons le roi.
26. Depuis ce temps-là jusqu'au
présent jour dans toute la terre
d'Egypte, c'est aux rois que la cin-
quieme partie est payée; et cela
est comme passé en loi, excepté
pour la terre des prétres, qui fut
exempte de cette condition.
27. Israël donchabita en Egypte,
c'est-à-dire, dans la terre de Ges-
sen, et la posséda : et il s'accrut
et se multiplia extrémement.
28. Et il y vécut dix-sept ans;
et tous les jours de sa vie furent
de cent quarante-sept ans.
29. Et comme il voyait appro-
cher le jour de sa mort, il appela
son fils Joseph, et lui dit : Si j'ai
trouvé grâce devant toi, mets ta
main sous ma cuisse ; et tu auras
pour moi cet égard et cette loyau-
té, de ne pas m'ensevelir en
Egypte;
30. Mais de me laisser dormir
avec mes peres, de me transpor-
29. Mets ta main sous ma cuisse. Voyez note sur xxiv, 2.
104 LA GENÉSE.
ter hors de cette terre, et de me
mettre dans le sépulcre de mes
ancétres. Joseph lui répondit :
Oui, je ferai ce que vous avez
commandé.
31. Et lui: Jure-le moi donc,
dit-il. Joseph jurant, Israël adora
Dieu, se tournant vers le chevet
de son lit.
CHAPITRE XLVIII.
Jacob bénit Ephraim et Manassé ; il laisse
à Joseph le champ voisin de Sichem.
1. Ces choses s'étant ainsi pas-
sées, on annonça à Joseph que
son pere était malade; or, Joseph
ayant pris avec lui ses deux fils,
Manassé et Ephraim, se mit en
chemin.
9. Et on dit au vieillard : Voici
votre fils Joseph qui vient vers
vous. Or reprenant ses forces, il
s'assit sur son lit.
3. Et quand Joseph fut entré
pres de lui, il dit : Le Dieu tout-
puissant m'a apparu à Luza qui
est dans la terre de Cbanaan , et
il m'a béni,
4. Et a dit : Je te ferai croitre et
te multiplierai, et je te ferai le
père d'une multitude de peuples;
et je te donnerai cette terre, et à
ta postérité apres toi, en posses-
sion éternelle.
5. C'est pourquoi tes deux fils
qui te sont nés en Egypte, avant
que je vinsse vers toi,. seront
miens. Ephraim et Manassé
comme Ruben et Siméon seront
censés à moi.
(en. xuvint,|
6. Maislesautresquetu aurasen-
gendrés après eux, seront tiens, et
ils seront appelés du nom de leurs
freres dans leurs possessions.
7. Car, lorsque je venais de Mé-
sopotamie, Rachel me mourut en
chemin méme, dans la terre de
Chanaan, et c'était le printemps :
jentrais à Ephrata, et je l'ense- |
velis près du chemin d'Ephrata,
qui est appelée d'un autre nom
Bethléhem.
8. Or, voyant ses fils, il lui dit:
Qui sont ceux-ci?
9. Joseph répondit : Ce sont
mes fils que Dieu m'a donnés en
ce lieu. Approche-les de moi, dit
Jacob, afin que je les bénisse.
10. Car les yeux d'Israél étaient
obscurcis, à cause de sa grande
vieillesse, et il ne pouvait voir
distinctement. Lors done qu'ils
furent approchés de lui, les ayant
baisés et embrassés,
11. Il dit à son fils : Je n'ai pas
été privé de te voir; de plus, Dieu
m'a montré ta postérité.
12. Lorsque Joseph les eut re-
tirés des bras de son père, il se
prosterna, incliné vers la terre.
13. Puis, il placa Ephraim à sa
droite, c'est-à-dire, à la gauche
d'Israél, et Manassé à sa gauche,
c'est-à-dire à la droite de son pere,
et 11168 approcha tous deux de lui.
14. Israél étendant sa main
droite,la posa sur la téte d'Ephra-
im, le plus jeune des deux freres,
et la gauche sur Manassé, qui
était l'aîné, changeant ses mains
de place.
Car. XLVIIL 3. Supra, xxviu, 13. — 5. Supra, א 90; Jos., xii, 7, 29. — 7. Supra,
xxxv, 19.
pnX—————————————— DAC GGILLIAU EE ecd
1.* Ephrala, Bethléhem. Noir là note sur Genèse, xxx, 49.
[cu. xuix.?
45. Et Jacob bénit les fils de Jo-
seph, et il dit : Que le Dieu en
présence duquel ont marché mes
peres Abraham et Isaac, le Dieu
qui me nourrit depuis mon en-
fance jusqu'au présent jour;
16. Que l'ange qui m'a délivré
de tous les maux, bénisse ces en-
fants; que mon nom soit invoqué
sur eux, etles noms aussi de mes
peres Abraham et Isaac, et qu'ils
croissent en multitude sur la
terre.
17. Mais Joseph, voyant queson
père avait poséla main droite sur
Ja téte d'Ephraim, en eut une
grande peine, et, prenant la main
de son pere, il tàcha de la lever
de dessus la téte d'Ephraim et de
la transporter sur la téte de Ma-
nassé.
18. Et il dit à son père : Il ne
convient pas de faire ainsi, mon
pere : puisque celui-ci est l'ainé,
mettez votre main droite sur sà
ἰδία.
19. Mais Jacob, refusant, dit :
Je le sais, mon fils, je le sais : ce-
lui-ci sera aussi chef de peuples,
et il se multipliera : mais son
frere plus jeune, sera plus grand
que lui, et sa postérité formera
un grand nombre de nations.
15. Hébr., xr, 21. — 16. Supra, xxx1, 29; xxxn, 2; Matt., xvi, 10. — 22. Jos., xv, 7;
XVI, 1; xxiv, 8. — Cnar. XLIX. 1. Deut., xxxi, 6. — 4. Supra, xxxv, 22: I Par., v, 1.
LA GENESE, 105
90. Il les bénit donc en ce rno-
ment-là, disant: En toi sera béni
Israél, et l'on dira : Dieu te fasse
comme à Ephraim et Manassé.
Ainsi il mit Ephraim devant Ma-
nassé.
91. Et il dit à Joseph son fils :
Voici que moi je meurs, mais
Dieu sera avec vous, et il vous
ramènera dans le pays de vos
pères.
22. Je te donne de plus qu'à
tes frères une part que j'ai enle-
vée à lAmorrhéen avec mon
glaive et mon arc.
CHAPITRE XLIX.
Dernières paroles de Jacob. Il prédit à
chacun de ses fils ce qui doit lui arri-
ver. Il meurt.
1. Or Jacob appela ses fils et
leur dit : Assemblez-vous, afin
que je vous annonce ce qui doit
vous arriver dans les jours der-
niers.
2. Assemblez-vous, et écoutez,
fils de Jacob, écoutez Israël votre
père :
3. Ruben, mon premier-né, toi
ma force et le principe de ma dou-
leur; premier en dons, plus grand
en puissance,
4. Tu ₪68 répandu comme
,
16. Que mon nom, etc.; c'est-à-dire qu'ils portent mon nom.
11. La tribu d'Ephraim fut toujours une des plus nombreuses et des plus puis-
santes d'Israél. Les anciens Péres remarquent que cette préférence du puiné à l'ainé
figure les avantages des chrétiens sur les juifs.
22. * De l'Amorrhéen. Voir Genèse, xv, 16.
1. Afin que je vous annonce, etc., prouve que les bénédictions de Jacob sont aussi
des prophéties, et qu'il bénit ses enfants non seulement comme pére, mais aussi
comme prophéte. — Les jours derniers. Cette expression marque dans l'Ecriture des
temps futurs, tantót plus, tantót moins éloignés.
3. * Plus grand en puissance. Allusion à son droit d'ainesse.
4. Parce que tu es monté, etc. Compar. xxxv, 22. —* Tu t'es répandu comme l'eau.
Ruben ne jouit pas, en effet, de ses droits d'ainesse. La principauté et Ja dignité
106 LA GENÉSE.
leau; tu ne croitras pas, parce
que tu es monté sur le lit de ton
pere, et que tuassouillésacouche.
5. Siméon et Lévi sont freres,
instruments d'iniquité dans le
combat.
6. Que dans leur conseil n'entre
pas mon àme, et que dans leurs
assemblées ne se trouve pas ma
gloire, parce que dansleurfureur,
ils onttué un homme, et que dans
leur résolution ils ont renversé un
mur.
7. Maudite leur fureur, parce
qu'elle est opiniátre, et leur indi-
gnation, parce qu'elle est impla-
cable! je les diviserai dans Jacob,
et je les disperserai dans Israél.
8. Juda, tes frères 16 loueront;
ta main sera sur le cou de tes en-
nemis; les enfants de ton pere se
prosterneront devant toi.
[cH. [.אזזא
9. C'est le petit d'un lion, que
Juda. Tu t'es élancé sur la proie,
ὃ mon fils : te reposant, tu t'es
couché comme le lion et comme
la lionne ; qui le provoquera ?
10. Le sceptre NE SERA PAS ÓTÉ
de Juda, ni le prince de sa posté-
rité, jusqu'à ce que vienne celui
qui doit étre envoyé, et lui-méme
sera l'attente des nations.
11. Iliera, ὃ mon fils, à la vigne,
son ànon, et au cep son ânesse.
Il lavera dans le vin sa robe, et.
dans le sang du raisin son man-(
teau.
12. Ses yeux sont plus beaux
que le vin, et ses dents plus
blanches que le lait.
13. Zabulon habitera sur le ri-
vage de la mer, et prés du port
des navires, s'étendant jusqu'à
Sidon.
6. Supra, xxxiv, 25. — 7. Jos., xix, 1. — 9. I Par., v, 2. — 10. Matt., 11, 6; Jean, 1, 45.
messianique, le sacerdoce et la double portion d'héritage qui étaient les priviléges
de l'ainé furent transférés à Juda, Lévi et Joseph. Dathan et Abiron, qui furent ses
descendants, cherchèrent en vain à les faire prévaloir, Nombres, xvi, 1. Sa tribu fut
sans importance.
ὃ. Sont frères; c'est-à-dire, selon l'hébreu, ils sont bien ressemblants. Compar.
XXXIV, 90.
6. Homme et mur sont ici des noms collectifs, pour des Aommes, des murs.
1. * Je les diviserai dans Jacob. Lévi et Siméon furent effectivement séparés en
Israël. Lévi n'eut aucune part dans le partage de la Terre Promise, il ne posséda que
48 villes dispersées. Siméon ne prospéra pas; il ne recut point de territoire à part,
mais seulement l'aride Négeb, au sud de la Palestine et quelques villes disséminées
dans la tribu de Juda.
8. La première partie de cette prophétie se rapporte à la tribu de Juda, mais la
derniere à Jésus-Christ, qui descendait de Juda selon la chair. — * Tes frères te
loueront; Juda signifie louer. Jacob prend le nom de Juda, de méme qu'il va le faire
de celui de la plupart de ses fréres, comme une sorte de présage de sa destinée
future. /
10. Cette prophétie reçut son accomplissement au temps de Jésus-Christ, qui parut
au moment οὐ les Juifs venaient de perdre l'autorité souveraine, et qui prouva par
ses miracles qu'il était le Messie que Dieu devait envoyer et que les nations avaient
attendu.
44. * Il liera à la vigne, etc. Un des traits les plus caractéristiques de la tribu de
Juda furent ses vignobles. A Hébron, à Engaddi, à Bethléhem surtout, plus que par-
tout ailleurs en Palestine, les flancs des collines sont tapissés de vignes avec leurs
tours de garde et leurs murs soutenant les terrasses. L'áne sert à transporter les
raisins.
13. * Zabulon eut pour territoire le pays situé entre la mer Méditerrauée, Sidon ou
sa Phénicie et le lac de Génésareth.
[cu. xuix.]
14. Issachar, âne robuste, cou-
ché au milieu de son héritage.
15. Il a vu que le repos était
bon, et que sa terre était excel-
lente; il a soumis son épaule aux
fardeaux, et il s'est assujetti aux
tributs.
16. Dan jugera son peuple,
aussi bien qu'une autre tribu en
Israél.
17. Que Dan devienne un ser-
pent sur le chemin, un céraste
dans le sentier, mordant le talon
du cheval, afin que son cavalier
tombe à la renverse.
18. C'est votre Sarur que j'at-
tendrai, Seigneur.
19. Gad tout armé combattra
devant lui; et lui-méme se revé-
tira de ses armes en arriere.
LA GENÈSE. 107
20. Aser, gras est son pain, et
il fournira des délices aux rois
91. Nephthali, cerf échappé;
il donne des paroles pleines de
beauté.
22. Joseph, fils croissant, fils
croissantetbeau à voir : les jeunes
filles ont couru sur la muraille.
93. Mais ils l'ont irrité, ils l'ont
querellé, et ils lui ont porté envie,
ceux qui avaient des dards.
24. Son arc s'est appuyé sur le
fort;les liens de ses bras et de
ses mains ont été brisés par les
mains du puissant de Jacob; de
là il est sorti pasteur, pierre
d'Israël.
25. Le Dieu de ton père sera ton
soutien, et le Tout-Puissant te bé-
nira des bénédictionscélestes d'en
22. I Par., v, 1.
14-15. Issachar, satisfait de la richesse de son territoire où est enclavée une partie
de la plaine fertile d'Esdrelon, se rendit tributaire des étrangers pour ne pas troubler
son repos.
16. Dan jugera, etc. Jacob fait allusion au nom de Dan, qui signifie Juge. Il veut
donc dire que si une autre tribu fournit des juges, des gouverneurs au peuple
d'Israel, celle de Dan aura aussi ce privilége, quoiqu'elle ne soit pas considérable par
sa grandeur, et que Dan lui-méme doive le jour à une des servantes de son pére.
Il est certain que Samson, qui fut un des Juges d'Israel, appartenait à la tribu de
Dan.
11. * Un céraste. Le céraste est un serpent à cornes, couleur de terre, qui se cache
dans les ornières, de sorte qu'il peut mordre facilement les passants. Le sens est que
Dan suppléera par la ruse à ce qui lui manquera en force. C'est en effet par surprise
qu'il s'empara de Lais, Juges, xvui, 28-29.
18. Votre SaLur; c'est-à-dire votre Messie.
19. Devant lui; pour devant Dan. — En arriére; placé sur la frontière, exposé aux
incursions de l'ennemi, il saura se défendre.
20. * Gras est son pain. Le territoire d'Aser, qui longeait la Phénicie en partant du
Carmel, était trés fertile, et particuliérement riche en froment et en huile. La plaine
d’Acre, qui lui appartenait, est peut-être celle qui produit la plus riche végétation
de la Palestine et le plus beau blé.
21. Barac de la tribu de Nephthali, timide dans le principe comme le cerf, se
signala ensuite par sa valeur en poursuivant les Chananéens avec la vitesse du cerf,
et après la victoire remportée sur eux, il chanta avec Debbora un cantique qui étin-
celle en beautés de tout genre (Juges, 1v-v). — * Le cerf ou la gazelle est dans 1 Ἐ-
criture l'embléme du guerrier rusé et argile.
25. * Des bénédictions célestes d'en haut, des bénédictions de l'abime qui est en bas.
Sichem (voir la note sur Genèse, xit, 6) fut le centre des possessions des enfants de
Joseph. La plaine à l'extrémité de laquelle était bâtie Sichem, la plus large et la
plus belle dans les montagnes d'Ephraim, était un petit grenier d'abondance, rempli
de blé, et réalisant pleinement ces bénédictions.
108 LA GENÈSE.
haut, des bénédictions de l'abime
qui est en bas, des bénédictions
de mamelles et de sein.
26. Les bénédictions de ton pere
seront fortifiées par les bénédic-
tions de ses peres jusqu'à ce que
vienne le désir des collines éter-
nelles; qu'elles se répandent sur
la téte de Joseph et surla téte de
celui qui est Nazaréen entre ses
freres.
27. Benjamin, loup ravissant :
le matin, il dévorera la proie, et le
soir, il partagera les dépouilles.
28. Tous ceux-là sont les douze
dans les tribus d'Israél : ainsi leur
parla leur père, et il les bénit les
uns apres les autres des bénédic-
tions propres ὦ chacun d'euz.
99. Etilleur commanda, disant;
Je vais étre réuni à mon peuple:
ensevelissez-moi avec mes peres
dans là caverne double qui est
dans 16 champ d'Ephronl'Hétéen,
30. Vis-à-vis de Mambré dans
la terre de Chanaan, et qu'Abra-
ham acheta d'Ephron l'Hétéen,
avec le champ, pour y posséder
un sépulcre.
31. C'est là qu'on la enseveli
lui et Sara sa femme : là a été
enseveli Isaac avec Rébecca sa
[cg. 1.[
femme : là aussi, ensevelie, re-
pose Lia.
32. Les recommandations qu'il
adressait à ses fils achevées, il
retira ses pieds sur son lit, et
mourut; et il fut réuni à son
peuple.
CHAPITRE L.
Obsèques de Jacob. Mort de Joseph.
1. Ce que voyant Joseph, 1} se
jeta sur le visage de son pere,
pleurant et l'embrassant.
2. Et il ordonna aux médecins
qui étaient à son service d'em-
baumer son pere.
3. Pendant qu'ils exécutaient
cet ordre, quarante jours se pas-
serent; car telle était la coutume
pour les corps embaumés ; et l'E-
gypte pleura Jacob pendant soi-
xante-dix jours.
4. Or le temps du deuil accom-
pli, Joseph dit à la famille de
Pharaon : ₪1 j'ai trouvé grâce
devant vous, faites entendre aux
oreilles de Pharaon,
5. Que mon pére m'a adjuré,
disant : Voici que je meurs; vous
m'ensevelirez dans le sépulcre
que je me suis creusé dans la
terre de Chanaan. J'y monterai
30. Supra, xxi, 17. — Cab. L. 5. Supra, זט זא 29.
96. Les bénédictions de ton père, etc.; c'est-à-dire aux bénédictions que je te donne
se joindront les bénédictions que j'ai reçues de mes pères. D'autres traduisent d'après
l'hébreu: Les bénédictions de ton pére surpassent ou surpasseront les bénédictions de
ses peres. La Vulgate, comme le texte hébreu, met le prétérit au lieu du futur, parce
que, dans les prédictions et les promesses prophétiques, les choses qu'on prédit et
qu'on promet sont envisagées comme déjà accomplies. — Nazaréen; c'est-à-dire sé-
paré, éloigné de son père, de sa maison; selon d'autres, consacré à Dieu; selon d'autres
enfin, couronné dans la maison de Pharaon. Dans la cour des rois d'Orient, le pre-
mier officier se nomme nazir, ou officier de la couronne.
21. * Le soir, il partagera les dépouilles. Quoique la tribu de Benjamin fût une des
plus petites, elle compta néanmoins parmi les plus fortes, parce qu'elle était maitresse
des défilés qui, de son territoire, donnent accés dans les plaines adjacentes. S. Paul
qui conquit tant de nations à l'Eglise, était Benjamite.
29. * Dans la caverne double. Voir la note sur Genèse, xxin, 9.
(ca. L.]
donc, et j'ensevelirai mon pere,
et je reviendrai.
6. Et Pharaon lui dit : Montes-y
et ensevelis ton père, comme tu
as été adjuré.
7. Joseph y montant, avec lui
allèrent tous les anciens de la
maison de Pharaon, tous les an-
ciens de la terre d'Egypte,
8. La maison de Joseph, avec
ses frères, excepté les petits en-
fants, les troupeaux de menu et
de gros bétail, qu'ils laissèrent
dans la terre de Gessen.
9. Il eut aussi à sa suite des
chars et des esclaves; et il se
forma une troupe considérable.
10. 115 vinrent àlaire d'Atad,
qui est située au-delà du Jour-
dain, où ils passèrent sept jours
pleins, célébrant les funérailles
par un deuil grand et solennel.
41. Ce qu'ayant vu les habitants
de laterre de Chanaan, ils dirent :
Voilà un grand deuil parmi les
Egyptiens. Et c'est pourquoi on
appela ce lieu du nom de Deuil
de l'Egypte.
19. Les fils de Jacob firent
donc comme il leur avait com-
mandé ;
13. Et le portant dans la terre
de Chanaan, ils l’ensevelirent
dans la caverne double, située
vis-à-vis de Mambré, et qu'Abra-
ham avait achetée d'Ephron l'Hé-
théen, avec le champ, pour y pos-
séder un sépulcre.
LA GENÈSE. 109
14. Et Joseph retourna en
Egypte avee ses freres et toute sa
suite, son père ayant été ense-
veli.
15. Jacob mort, les freres de
Joseph craignant et se disant mu-
tuellement : Pourvu qu'il ne se
souvienne pas de l'injure qu'il a
soufferte, et qu'il ne nous rende
point tout le mal que nous lui
avons fait,
16. Ils envoyèrent vers lui, di-
sant : Votre père nous a com-
mandé, avant qu'il mourüt,
17. Que nous vous disions en
ses propres paroles : Je te conjure
d'oublier le crime de tes freres,
leur péché et la malice qu'ils ont
exercée contre toi : nous aussi
nous vous prions de pardonner
cette iniquité aux serviteurs du
Dieu de votre père. Ces paroles
entendues, Joseph pleura.
18. Et ses freres vinrent à lui,
et inclinés, se prosternant en
terre, ils dirent : Nous sommes
vos serviteurs.
19. Joseph leur répondit : Ne
craignez point : Est-ce que nous
pouvons résister à la volonté de
Dieu?
20. Vous, vous avez formé un
mauvais dessein contre moi, mais
Dieu l’a changé en bien, pour
m'élever, comme vous voyez à
présent, et pour sauver beaucoup
de peuples.
21. Ne craignez point : c'est
13. Actes, vir, 16; xxii, 16. — 20. Supra, χων, 5. — 21. Supra, xrvri, 12.
1. Les anciens, etc. (Vulg. senes, majores natu); c'est-à-dire les grands officiers de
la cour de Pharaon, et les premiers personnages, les principaux de l'Egypte.
10. * L'aire d'Atad, dont la situation est inconnue, était à l'est du Jourdain, d’après
les uns, à l'ouest d'aprés les autres.
11. Deuil de l’Egypte, en hébreu : Abel-Misraim.
13. * Dans la caverne double, à Makpelah. Voir note sur Genèse, xx, 9.
110 LA GENÉSE.
moi qui vous nourrirai, vous et
vos petits enfants; et il les con-
sola, et il leur parla avec affection
et douceur.
22. Il habita donc en Egypte
avec toute la maison de son père,
et il vécut cent dix ans. Et il vit
les enfants d'Ephraim jusqu'à la
troisieme génération. Les enfants
méme de Machir fils de Manassé
naquirent sur les genoux de
Joseph.
23. Ces choses s'étant passées,
[cu. L.]
Joseph dit à ses frères : Après
ma mort Dieu vous visitera et
vous fera monter de cette terre à
celle qu'il a jurée à Abraham, à
Isaac et à Jacob.
24. Et lorsqu'il les eut adjurés,
et leur eut dit : Dieu vous visi-
tera; emportez mes os avec vous
de ce lieu-ci,
95. Il mourut, cent dix ans de
sa vie ayant été accomplis. Et
ayant été embaumé, il fut mis
dans un cercueil en Egypte.
99. Nom., xxxm, 39. — 23. Hébr., xi, 12. — 24. Exode, xir, 19; Jos., xxiv, 32.
22. Naquirent sur les genoux de Joseph. Voy. xxx, 3.
94. * Emporlez mes os Ce commandement fut exécuté. Voir la note sur Josué,
xxiv, 32.
L'EXODE
CHAPITRE PREMIER.
Dénombrement des Israélites qui vinrent
en Egypte; nouveau roi qui les opprime
à cause de leur accroissement et de
leur multiplication. Sages-femmes ré-
compensées pour avoir sauvé les en-
fants des Hébreux.
1. Voici les noms des fils d'Is-
rael qui entrèrent en Egypte avec
Jacob : chacun y entra avec sa
maison :
9. Ruben, Siméon, Lévi, Juda.
3. Issachar, Zabulon et Benja-
min,
4. Dan et Nephtali, Gad et Aser.
9. Ainsi toutes les àmes deceux
qui sont issus de Jacob étaient
soixante-dix; mais Joseph était
6. Joseph mort, et tous ses
freres, et toute cette génération,
1. Les enfants d'Israél s'accru-
rent et se multiplierent, comme
5115 eussent germé; et devenus
extrémement forts, ils remplirent
la terre.
8. Cependant il s'éleva en
Egypte un nouveau roi qui ne
connaissait pas Joseph;
9. Etil ditàson peuple: Voicique
le peuple des enfants d'Israél est
nombreux et plus fort que nous.
10. Venez, opprimons-le par
prudence, de peur qu'il ne se mul-
tiplie, et que, s'il s'éléve contre
nous une guerre, il ne se joigne
à nos ennemis, et que, nous vain-
cus, il ne sorte de la terre.
en Egypte. 11. Il préposa donc sur eux des
Cnar. I. 1. Genèse, xLvi, 8. — 7. Actes, vir, 17.
5. Ainsi. Par ce mot le texte sacré reporte le lecteur à ce qu'il a dit Gen. xLvi, 27.
— Ames. Comme nous l'avons déjà remarqué, les Hébreux se servaient de ce mot
pour exprimer la personne, l'individu. — Soixante-dix; en y comprenant Joseph, et
Jacob lui-même, ou bien Zaré qui figure comme chef de famille, Nombres, xxvi, 13;
puisque d’après le texte méme, il ne s'agit dans ce nombre que des fils de Jacob, et
non de Jacob lui-méme.
1. La terre; c'est-à-dire le pays où ils étaient.
8. * Un nouveau roi qui ne connaissait pas Joseph. Ce nouveau roi était très vrai-
semblablement Ramsès II, de la xixe dynastie égyptienne, connu des Grecs sous le
nom de Sésostris, l'un des pharaons les plus célèbres qui aient régné sur l'Egypte.
ll occupa le trône près de soixante-dix ans.
11. Les villes des tentes. En hébreu, les villes où se trouvaient les magasins, les
greniers publics. — * Phithom, aujourd'hui Tell el-Maskhüta, était entourée d'un
mur considérable de briques crues, renfermant dans son circuit quatre hectares
de terrain environ. Cette superficie restreinte était occupée, à l'exception du temple
de Tum et de son étroite enceinte, par des magasins ou entrepóts, faciles à recon-
naitre, encore aujourd'hui, au milieu des ruines, parce qu'ils n'ont aucune porte
latérale, qu'ils sont sans communication entre eux et n'ont d'acces que par leurs
toits voütés; c'est par ces ouvertures supérieures qu'on y faisait entrer le grain. Ces
entrepôts sont de forme rectangulaire, trés solidement bâtis et en murs de briques
112 L'EXODE.
chefs de travaux, pour les acca-
bler de charges : et ils bátirent à
Pharaon les villes des tentes,
Phithom et Ramesses.
12. Mais plus on les opprimait,
plus ils se multipliaient et croi-
saient.
13. Et les Egyptiens haissaient
les enfants d'Israël et les affli-
geaient en leur insultant.
14. Et ils rendaient leur vie
amère par des ouvrages pénibles
de mortier et de briques, et par
toute espèce de servitude dont
ils les accablaient dans des ou-
vrages de terre.
15. Or le roi d'Egypte parla aux
sages-femmes des Hébreux, dont
lune se nommait Séphora et
l'autre Shua,
16. Leur ordonnant : Quand
vous accoucherez les femmes des
Hébreux, et quele temps de l'en-
fantement sera venu, si c’est un
garcon, tuez-le ; si c'est une fille,
conservez-la.
17. Mais les sages-femmes crai-
gnirent Dieu, et ne firent pas
selon l’ordre du roi d'Egypte;
mais elles conservaient les gar-
çons.
18. Appelées devant lui, le roi
[cH. 11.)
dit: Qu'est-ce que vous avez voulu
faire, en conservant les garçons?
19. Elles répondirent : Les
femmes des Hébreux ne sont pas
comme les femmes égyptiennes;
car elles savent accoucher elles-
mémes; aussi avant que nous
venions vers elles, elles en-
fantent.
20. Et Dieu fit du bien aux sa-
ges-femmes; et le peuple s'accrut
et se fortifia extrémement.
91. Et parce que les sages-fem-
mes craignirent Dieu, il leur bátit
des maisons.
22. Pharaon commanda donc
à tout son peuple, disant : Tout
ce qui naitra du sexe masculin,
jetez-le dans le fleuve; tout ce qui
naitra du féminin, conservez-le.
CHAPITRE II.
Naissance de Moise, sa fuite dans le
pays de Madian; son mariage avec
Séphora.
1. Apres cela un homme de la
famille de Lévi sortit et prit une
femme de sa race ;
2. Laquelle concut et enfanta
un fils; et le voyant beau, elle le
cacha pendant trois mois.
3. Mais comme elle ne pouvait
Cuae. II. 1. Infra, vi, 20. — 2. Hébr., ,זא 23.
—————————————————————————————————————————
de deux à trois mètres d'épaisseur. Les arsenaux de Phithom, comme ceux de Ramessès,
étaient sans doute destinés à recueillir ou à garder les provisions de tout genre et
spécialement de grains, qui étaient nécessaires aux pharaons pour leurs campagnes
contre l'Asie. Le Tell el-Maskhüta actuel, l'antique Phithom, était probablement du
temps de Moïse une ville frontière, et pour ce motif elle devait être fortifiée, afin de
ne pas étre exposée à un coup de main de la part des nomades du désert. C'est
ce qui explique la construction de ces murs d'enceinte qui ont duré jusqu'à nos
jours. — La ville de Ramessès, bâtie aussi par les Hébreux, était vraisemblablement
dans le voisinage de Phithom, puisqu'elle était également un arsenal et une place
forte, dela terre de Gessen, mais le site en est inconnu.
21. Il leur bâtit des maisons; c'est-à-dire il leur accorda une nombreuse famille.
Dieu, en cela, ne voulut point récompenser leur mensonge, mais la bonté de leur
cœur; car, comme le remarque saint Augustin, il ne laisse rien sans récompense.
3. * Du fleuve du Nil, sans doute sur la branche tanitique, prés de la ville de Tanis.
cH. |.זז
plus le cacher, elle prit une cor-
beille de jonc, etl'enduisit de bi-
tume et de poix; puis elle mit
dedans le petit enfant, et l'ex-
posa parmi les joncs de la rive du
fleuve,
4. Lasceur de l'enfant se tenant
au loin, et considérant l'issue de
la chose. |
5. Or voilà que la fille de Pha-
raon descendait pour se baigner
dans le fleuve, et ses jeunes filles
marchaient le long du bord de
l'eau. Lorsqu'elle eut vu la cor-
beille au milieu des joncs, elle en-
voya une de ses servantes, qui
l'apporta.
6. Ouvrant /z corbeille, et y
apercevant le petit enfant qui
criait, elle eut pitié de lui, et dit :
C'est un enfant des Hébreux.
7. Alors la sœur de l'enfant :
Voulez-vous, lui dit-elle, que
j'aille, et que je vous fasse venir
une femme des Hébreux qui
puisse nourrir ce petit enfant?
8. Elle répondit : Va. La jeune
fille alla et appela sa mere,
9. A laquelle la fille de Pharaon
ayant parlé : Prends, dit-elle, cet
enfant, et nourris-le-moi; c'est
moi qui te donnerai ton salaire.
La femme prit et nourrit l'enfant ;
et quandil eut grandi elleleremit
à la fille de Pharaon,
10. Qui l'adopta pour son fils,
et lui donna le nom de Moise, di-
sant : C'est de l'eau que je lai tiré.
L'EXODE. 113
11. En ces jours-là, après que
Moise fut devenu grand, il sortit
vers ses freres, et il vitleur afflic-
tion, et un Egyptien frappant un
des Hébreux ses freres.
12. Or lorsqu'il eut regardé cà
et là, et qu'il eut vu qu'il n'y avait
personne, il tua l'Egyptien et le
cacha dans le sable.
13. Et étant sorti le jour sui-
vant, il apercut deux Hébreux
qui se querellaient; et il de-
manda à celui qui faisait l'in-
jure : Pourquoi frappes-tu ton
semblable?
14. Celui-ci répondit : Qui t'a
établi prince et juge sur nous?
Est-ce que tu veux me tuer.
comme hier tu as tué l'Egyptien?
Moise eut peur, et dit : Comment
cette chose est-elle devenue pu-
blique?
15. Cependant Pharaon apprit
ce discours, et il cherchait à faire
mourir Moïse, qui fuyant de sa
présence, demeura dans la terre
de Madian, et s'assit près d'un
puits.
16. Orle prétre de Madian avait
sept filles, qui vinrent pour pui-
ser de l'eau; etles canaux rem-
plis, elles désiraient abreuver
les troupeaux de leur pere.
11. Les pasteurs survinrent et
leschasserent ; mais Moise seleva,
et les jeunes filles défendues, il
abreuva leurs brebis.
18. Lorsqu'ellesfureulrevenues
5. Actes, vir, 21; Hébr., xr, 23. — 11. Hébr., ,זא 24.
9. Ses jeunes filles; les filles attachées à son service. — * La fille de Pharaon s'ap-
pelait, d'aprés la tradition juive, Thermonthis. Elle était probablement fille de
Séti ler, père de Ramsès II.
18. Quelques-uns croient que Raguel était l'aieul de ces filles, et père de Jéthro,
nommé au chap. suivant, vers. 1 et au chap. xvii, 4; mais la plupart pensent que
c'était un seu! personnage qui portait deux noms. On lèverait lacilement les dii-
A, T. 8
444
vers Raguel leur pere, il leur de-
manda : Pourquoi étes-vous re-
venues plus tót que de coutume?
19. Elles répondirent : Un Egyp-
tien nous a délivrées de la main
des pasteurs : de plus, il ἃ méme
puisé de l'eau avec nous, et il a
donné à boire à nos brebis.
20. Mais oü est-il? reprit Raguel.
Pourquoi avez-vous laissé aller
cet homme? appelez-le, afin qu'il
mange du pain.
21. Moise jura done qu'il habi-
lerait avec lui, et il prit Séphora
sa fille pour femme :
22. Laquelle lui enfanta un fils
quil appela Gersam, disant : J'ai
été voyageur dans une terre
étrangere. Mais elle en enfanta un
autre qu'il appela Eliézer, disant :
Le Dieu de mon père, mon aide,
m'a délivré de la main de Pha-
raon.
23. Mais aprés bien du temps,
le roi d'Egypte mourut, et les en-
fants d'Israél, gémissant à cause
de leurs travaux, vociférerent, et
leur clameur monta de leurs tra-
vaux jusqu'à Dieu.
24. Et il entendit leur gémisse-
ment, etil se souvint de l'alliance
qu'il fit avec Abraham, Isaac et
Jacob.
L'EXODE.
(ca. [.זוג
25. Et le Seigneur regarda les
enfants d'Israël et il les reconnut.
CHAPITRE III.
Dieu se manifeste à Moise; il l'envoie
pour tirer les Hébreux de l'Egypte; il
lui déclare le nom sous lequel il veut
étre connu.
1. Cependant Moise paissait les
brebis de Jéthro son beau-pere,
prétre de Madian ; or lorsqu'il eut
conduit le troupeau dans lin-
térieur du désert, il vintàla mon-
tagne de Dieu, Horeb.
2. Et le Seigneur lui apparut
dans une flamme de feu du milieu
du buisson; etil voyait quelebuis-
son brülait et ne se consumait
point.
3. Moïse dit donc : J'irai, et je
verrai cette grande vision, pour-
quoi le buisson ne se consume
point.
4. Mais le Seigneur, voyant qu'il
s'avangait pour voir, l'appela du
milieu du buisson, et dit : Moise,
Moise. Lequel répondit : Me voici.
5. Et le Seigneur : N'approche
point d'ici, dit-il: ótela chaussure
detes pieds;carlelieu dans lequel
tu es est une terre sainte.
6. Il ajouta : Je suis le Dieu de
ton père, le Dieu d'Abraham, le
21. Infra, xvi, 2, 3; 1 Par., xxi, 15. — (ΒΑΡ. III. 2. Actes, vii, 30. — 6. Matt.,
xxm, 32; Marc, xri, 26; Luc, xx, 91.
ficultés qu'occasionne la confusion de ces deux noms, si on admettait, ce que plus
d'une raison semble prouver d'ailleurs, que Jéthro était fils de Raguel, et par consé-
quent beau-frére de Moise.
20. Afin qu'il mange du pain ; hébraisme, pour prendre dela nourriture, faire un repas.
23. * Le roi d'Egypte Ramsès 11 mourut. Il eut pour successeur son fils Mene-
phtah Ier, 16 treizième de ses enfants; les douze aînés étaient morts avant leur père.
1. Jéthro. Voy. ,זו 18. — Horeb est appelée montagne de Dieu par anticipation;
car elle n'a recu ce nom qu'à cause de l'apparition de Dieu à Moise. — * Le mont
Horeb est le mont Sinai proprement dit, sur lequel Dieu, après la sortie d'Egypte,
donna sa loi à son peuple.
9. * Ote la chaussure de tes pieds, en signe de respect, sclou un usage encore en
vigueur dans l'Orient.
[cn. ur.]
Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob.
Moise cacha sa face, car il n'osait
pas regarder vers Dieu.
1. Le Seigneur lui dit : J'ai vu
laffliction de mon peuple en
Egypte, et j'ai entendu sa clameur
à cause de la dureté de ceux qui
président aux travaux.
8. Et sachantsa douleur, je suis
descendu pour le délivrer des
mains des Egyptiens, et pour le
conduire de cette terre dans une
autre terre bonne et spacieuse,
dans une terre oü coulent du lait
etdu miel, au pays du Chananéen,
del'Héthéen, del'Amorrhéen, du
Phérézéen, dePHévéenet duJébu-
séen.
9. La clameur des enfants d'Is-
raél est venue jusqu'à moi, et j'ai
vu leur affliction dont ils sont ac-
cablés par les Égyptiens.
10. Mais viens, et je t'enverrai
vers Pharaon, afin que tu retires
mon peuple, les enfants d'Israél,
de l'Egypte.
11. Et Moise répondit à Dieu :
Qui suis-je, moi, pour que jaille
vers Pharaon, et que je retireles
enfants d'Israél de l'Egypte?
12. Le Seigneur lui répliqua :
Je serai avec toi, et tu auras ceci
pour signe que je t'aurai envoyé :
L'EXODE. 115
Lorsque tu auras retiré mon
peuple de l'Egypte, tu immoleras
à Dieu sur cette montagne.
13. Moise dit à Dieu : Voici que
jirai vers les enfants d'Israél, et
je leur dirai : Le Dieu de vos peres
m'a envoyé vers vous. S'ils me
demandent : Quel est son nom?
que leur dirai-je?
14. Dieu dit à Moïse : JE suis
CELUI QUI suis. 11 ajouta : Tu diras
ainsi aux enfants d'Israël : Cervi
QUI EST m'a envoyé vers vous.
15. Et Dieu dit encore à Moise:
Tu diras ceci aux enfants d'Israël:
Le Seigneur Dieu de vos pères,
le Dieud'Abraham, le Dieu d'Isaac
et le Dieu de Jacob m'a envoyé
vers vous : c'est là mon nom pour
l'éternité, et c'est celui qui doit
me rappeler à la mémoire de gé-
nération en génération.
16. Va et assemble les anciens
d'Israël, et tu leur diras : Le Sei-
gneur Dieu de vos peres m'a ap-
paru, le Dieu d'Abraham, le Dieu
d'Isaacetle Dieu de Jacob, disant :
Visitant, je vous ai visités, et j'ai
vu tout ce qui vous est arrivé en
Egypte.
11. Et j'ai dit que je vous reti-
rerai de l'affliction de l'Egypte
pour vous conduire dans la terre
10. * Vers Pharaon, Menephath Ier.
14. * Le nom par lequel Dieu manifeste ici sa nature à Moise est celui qu'on prononce
ordinairement Jéhovah. La prononciation Jéhovah n'est certainement pas la véritable
prononciation du tétragramme divin; les voyelles de ce nom sont celles du mot
Adonai que les Hébreux lisaient à la place du nom incommunicable. La plupart des
orientalistes croient aujourd'hui que la vraie prononciation est Jahvéh ou Yahvéh.
— Je suis celui qui suis. « Cette définition parfaite, dit S. Hilaire. rend la notion de
nature divine par l'expression la mieux appropriée à l'intelligence des hommes.
En effet, rien ne se concoit comme plus essentiel à Dieu que d'étre, parce que celui
qui est l'existence méme ne peut avoir ni fin ni commencement, et que dans la
continuité d'une béatitude inaltérable, il n'a pu et ne pourra jamais ne pas étre. »
16. Les anciens d'Israél; probablement, les chefs des tribus, les principaux du
peuple. — Visitant, etc., c'est-à-dire je vous ai visités avec le plus grand soin. En
hébreu, comme en bien d'autres langues, ces sortes de répétitions donnent de l'in-
tensité à l'idée exprimée par le verbe.
410 L'EXODE.
du Chananéen, de l'Héthéen, de
l'Amorrhéen, du Phérézéen, de
l'Hévéen et du Jébuséen, terre où
coulent du lait et du miel.
18. Et ils entendront ta voix;
et tu entreras, toi et les anciens
d'Israël, auprès du roi d'Egypte,
et tu lui diras : Le Seigneur Dieu
des Hébreux nous a appelés : nous
ferons le chemin de trois journées
dans le désert, afin que nous im-
molions au Seigneur notre Dieu.
19. Mais moi, je sais que le roi
d'Egypte ne vous laissera pas
aller, si ce n'est par une main
puissante.
20. Aussi j étendrai ma main, et
jefrapperail'Egypte de toute sorte
de prodiges que je vais faire au
milieu d'eux : apres cela il vous
laissera aller.
21. Et jeferai que 00 peupletrou-
vera grâce aux yeux des Egyp-
tiens; et quand vous sortirez, vous
ne vous en irez pas dépourvus.
22. Mais chaque femme de-
mandera à sa voisine et à son
hótesse des vases d'argent et d'or,
et des vétements, que vous met-
trez, sur vos fils et vos filles, et
vous dépouillerez l'Egypte.
CHAPITRE IV.
Miracles que Dieu fait en faveur de Moise.
Moïse retourne en Egypte. Circoncision
de son fils. Aaron se joint à lui.
1. Répondant, Moïse dit : Ils ne
me croiront point, et ils n'écoute-
ront point ma voix, mais ils di-
21. Infra, xi, 2; זא 36.
[cu. 1v.!
ront : Non, le Seigneur ne t'a pas
apparu.
2. Le Seigneur lui dit donc :
Qu'est-ce que tu tiens en ta main?
Il répondit : Une verge.
3. Le Seigneur ajouta : Jette-la
à terre. Il la jeta, et elle fut chan-
gée en serpent; desorteque Moïse
s'enfuyait.
4. Mais le Seigneur dit : Etends
ta main et prends sa queue. ἢ
l'étendit, saisit la queue, et ellefut
changée en verge.
ὃ. C'est afin qu'ils croient,
ajouta-t-il, que t'a apparu le Sei-
eneur Dieu de leurs peres, le Dieu
d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le
Dieu de Jacob.
6. Et le Seigneur lui dit de
nouveau : Mets ta main dans ton
sein. Quand il l'eut mise dans son
sein, il la retira lépreuse et 5/azn-
che comme la neige.
7.Remetsta main dans ton sein,
ajouta le Seigneur. Il la remit, et
il la retira une seconde fois, et
elle était semblable au reste de sa
chair.
8. S'ils netecroient point, reprit
le Seigneur, et s'ils n'entendent
pointlelangage du premier signe,
ils croiront à la parole du signe
suivant.
9. Que s'ils necroient pas méme
à ces deux signes, et n'écoutent
pas ta voix, prends de l'eau du
fleuve, et répands-la sur la terre,
et tout ce que tu auras puisé au
fleuve sera changé en sang.
22. Dieu, maitre souverain de toutes choses, donne cet ordre aux Israélites pour
les dédommager de tous les maux que les Egyptiens leur avaient faits, et pour les
payer des services qu'ils avaient rendus à l'Egypte. Compar. Sagesse, x, 11 19.
4. Elle ful; ainsi que le reste du corps du serpent, changée, etc.
8. * Signe a tout à la fois le sens de signe et de miracle.
CB. τν.]
10. Moise dit : Je vous conjure,
Seigneur, je n'ài pas la parole
facile depuis hier et avant-hier;
et méme depuis que vous avez
parlé à votre serviteur, j'ai la
langue plus embarrassée et plus
lente.
11. Le Seigneur lui dit : Qui a
faitla bouche del'homme? ou qui
a formé le muet et le sourd, le
voyant et l'aveugle? n'est-ce pas
moi?
12. Va donc, et moi je serai en
ta bouche, et je t'enseignerai ce
que tu dois dire.
13. Mais lui: Je vous conjure,
Seigneur, dit-il, envoyez celui
que vous devez envoyer.
14. Le Seigneur, irrité contre
Moïse, dit : Je sais qu'Aaron ton
frere, le Lévite, parle avec facilité ;
voilà quil sort lui-même au
devant de toi, et te voyant, il se
réjouira en son cœur.
15. Parle-lui, et mets mes pa-
roles en sa bouche : el moi, je
seraientabouche eten sa bouche,
et je vous montrerai ce que vous
devez faire.
16. Lui parlera pour toi au
peuple, et sera ta bouche; et toi,
tule guideras dans les choses qui
regardent Dieu.
47. Prends aussi en ta main
cette verge avec laquelle tu dois
faire les signes.
18. Moise s'en alla, et retourna
vers Jéthro, son beau-pere, et lui
Cua». IV. 12. Matt., x, 20. — 15. Infra, vir, 2
U'EXODE. 117
dit : Je m'en irai et je retournerai
vers mes frères en Egypte, pour
que je voie 8118 vivent encore.
Jéthro lui dit : Va en paix.
19. AinsileSeigneur dit à Moise
à Madian : Va, et retourne en
Egypte; car ils sont morts tous
ceux qui cherchaient ton âme.
20. Moïse prit donc sa femme
et ses fils, les mit sur l’âne et
retourna en Egypte, portant la
verge de Dieu en sa main.
21. Et le Seigneur lui dit pen-
dant qu'il retournait en Egypte :
Aie soin de faire devant Pha-
raon tous les prodiges que j'ai mis
en ta main ; moi, j endurcirai son
cœur, etil ne laissera pas aller le
peuple.
22. Et tu lui diras : Voici ce que
dit le Seigneur : Mon fils premier-
né est Israël.
23. Je t'ai dit : Laisse aller mon
fils, afin qu'il me serve, et tu n'as
pas voulu le laisser : voilà que
que moi, jetuerai ton fils premier-
pe.
24. Or, comme Moïse était en
chemin, le Seigneur se présenta
à lui à l'hôtellerie, et il voulait le
faire mourir.
25. Séphora prit aussitôt une
pierre très aiguë et circoncit son
fils, puis elle toucha ses pieds et
dit: Tu m'es un époux de sang.
26. Et il le laissa, après qu'elle
eut dit : Epoux de sang, à cause
de la circoncision.
^.
10. Depuis hier et avant-hier ; hébraisme, pour depuis quelque temps.
21. L'Ecriture dit souvent que Dieu fait ce qu'il permet seulement. C'est donc en
se sens qu'il faut entendre ce qui est dit ici de l'endurcissement de Pharaon, et un
#raud nombre de passages de la Bible, où nous trouvons la même locution.
23, * Une rierre tres uiguë. On se servait de couteaux de silex pour faire la circon-
sion,
118 L'EXODE.
97. Cependant le Seigneur dit
à Aaron : Va à la rencontre de
Moïse dans le désert. Et il alla
au-devant de lui à la montagne
de Dieu, et il l'embrassa.
98. Et Moise raconta à Aaron
toutes les paroles par lesquelles
le Seigneur l'avait envoyé, et les
miracles qu'il lui avait comman-
dés.
99. Ils vinrent donc ensemble,
et ils assemblerent tous les an-
ciens des enfants d'Israël.
30. Et Aaron raconta toutes les
parolesque leSeigneuravait dites
à Moise;etilfitles miracles devant
le peuple.
31. Et le peuple crut. C'est
ainsi qu'ils apprirent que le Sei-
gneur avait visité les enfants d'Is-
raél, et qu'il avait regardé leur
affliction : et inclinés ils ado-
rerent.
CHAPITRE V.
Moise et Aaron se présentent devant Pha-
raon. Pharaon surcharge les Israélites
de nouveaux travaux. Plaintes des Is-
raélites contre Moïse et Aaron.
4. Après cela Moïse et Aaron
entrèrent et dirent à Pharaon :
Voici ce que dit le Seigneur Dieu
d'Israël : Laisse aller mon peuple,
afin qu'il me sacrifie dans le
désert.
9. Mais celui-ci répondit : Qui
est le Seigneur, pour que j'écoute
sa voix et que je laisse aller Is-
(cg. v.]
rael? Je ne connais point le Sei-
eneur, et Israël, je ne le laisserai
pas aller.
3. Ils dirent encore : Le Dieu
des Hébreux nous a appelés, afin
que nous fassions le chemin de
trois journées dans le désert, et
que nous sacrifiions au Seigneur
notre Dieu, de peur que ne nous
advienne la peste ou le glaive.
4. Le roi d'Egypte leur répon-
dit : Pourquoi, Moise et Aaron,
détournez-vous le peuple de ses
ouvrages? Allez à vos travaux.
5. Pharaon ajouta : Le peuple
est nombreux dans le pays : vous
voyez que la multitude s'est in-
sensiblement accrue; combien
plus, si vous lui donnez reláche
dans ses travaux?
6. Il commanda donc en ce
jour-là aux intendants des tra-
vaux,et aux exacteurs du peuple, .
disant :
7. Vous ne donnerez plus du
tout de paille au peuple pour faire
des briques, comme auparavant ;
mais qu'ils aillent eux-mémes, et
qu'ils ramassent du chaume.
8. Gependant vous leur impo-
serez la quantité de briques qu'ils
faisaientauparavant, et vous n'en
diminuerez rien ; car ils chóment,
etc'estpour cela qu'ils vociferent,
disant : Allonsetsacrifions à notre
Dieu.
9. Qu'ils soient accablés d'ou-
vrages et qu'ils les acccomplis-
27. La montagne de Dieu. ΝΟΥ. ui, 1.
1. * Dirent à Pharaon, Menephtah Ier. Les scènes racontées dans ce chapitre ct
les suivants se passèrent à Tanis, dans la Basse-Egypte. Cette ville était située à
droite, sur le bras du Nil, auquel elle donnait son nom.
2. * Qui est le Seigneur? Le texte hébreu porte ici le nom propre de Dieu, Jéhovah.
Menephtah dit : Je ne connais point Jéhovah.
1. On pouvait employer cette paille, en la mêlant avec le mortier, pour donner
aux briques plus de consistance, ou seulement pour les couvrir, de peur qu'étant
promptement séchées par l'ardeur du soleil, elles ne se fendissent.
€H. V.)
sent, et qu'ils n'acquiescent point
à des paroles mensongeres.
10. Etant donc sortis, les inten-
dants des travaux et les exacteurs
dirent au peuple : Ainsi dit Pha-
raon : Je ne vous donne point de
paille.
11. Allez et amassez oü vous
pourrez trouver, et rien ne sera
diminué de votre ouvrage.
19. Et le peuple se dispersa
dans toute la terre d'Egypte pour
amasser de la paille.
13. Les intendants des travaux
aussi les pressaient, disant : Ache-
vez votre ouvrage chaque jour,
comme auparavant vous aviez
coutume de faire, quand on vous
donnait la paille.
14. Ceux mémes qui présidaient
aux travaux des enfants d'Israél
furent flagellés par les exacteurs
de Pharaon, qui leur disaient :
Pourquoi n'avez-vous point
achevé le nombre de briques, ni
hier ni aujourd'hui, comme aupa-
ravant?
15. Alors vinrent les préposés
aux enfants d'Israël, et ils vocifé-
rerent contre Pharaon, disant :
Pourquoi agissez-vous ainsi con-
ire vos serviteurs ?
16. On ne nous donne point de
paille, et l'on nous commande
également des briques : voici que
nous, vos serviteurs, nous
L'EXODE. 119
sommes déchirés de verges, et
que l'on agit injustement contre
votre peuple.
11. Pharaon répondit : Vous
chómez par oisiveté, etc'est pour-
quoi vous dites : Allons et sacri-
fions au Seigneur.
18. Allez donc et travaillez; on
ne vous donnera point de paille,
et vous rendrez le compte accou-
tumé de briques.
19. Ainsi les préposés aux en-
fants d'Israël se voyaient dans
une fácheuse position, puisqu'il
leur était dit: Rien ne sera dimi-
nué des briques chaque jour.
20. Or ils rencontrerent Moise
et Aaron qui se trouvaient vis-à-
vis, quand ils sortirent d'avec
Pharaon,
91. Et ils leur dirent : Que le
Seigneur voie et juge; car vous
nous avez mis en mauvaise odeur
auprès de Pharaon et de ses ser-
viteurs, et vous lui avez donné
un glaive pour qu'il nous tue.
22. Alors Moise retourna vers
le Seigneur, et dit : Seigneur,
pourquoi avez-vous affligé ce
peuple? pourquoi m'avez-vous
envoyé?
23. Car depuis que jesuis entré
aupres de Pharaon pourlui parler
en votre nom, il a affligé votre
peuple, et vous ne les avez pas
délivrés.
12. * Le texte original porte: Le peuple se répandit dans toute la terre d'Egypte
pour y amasser des roseaux au lieu de paille. Ce verset signifie que, ne trouvant plus
de paille, les Israélites recueillirent à la place et pour en tenir lieu, dans la fabri-
eation des briques, les roseaux qui croissent en abondance sur les bords du Nil et
des canaux qui en dérivent. Le sens précis de l'hébreu n'avait pas été bien compris,
parce que Moïse, dans son récit, pour désigner le roseau qui pousse en Egypte sur
les bords du Nil et des étangs, l'a appelé de son nom égyptien, gasch.
14. Ces exacteurs, ou officiers de Pharaon préposés aux travaux, avaient eux-
mémes sous leur propre surveillance des Hébreux chargés de les faire exécuter par
leurs frères.
120 L'EXODE.
CHAPITRE VI.
Dieu rassure Moise et console les Israé-
lites. Descendance de Ruben, de Si-
méon et de Lévi.
1. Le Seigneur dit à Moise :
C'est maintenant que tu verras ce
que je vais faire à Pharaon; car
par l'effet dune main puissante
il les laissera aller, et en vertu
d'une main forte, il les pressera
de sortir de son pays.
2. Le Seigneur parla encore à
Moïse, disant : Je suis le Seigneur,
3. Qui ai apparu à Abraham, à
Isaac et à Jacob en Dieu tout-
puissant; mais mon nom ADonaï,
je ne le leur ai pas manifesté.
4. Et j'ai fait alliance avec eux,
afin de leur donner la terre de
Chanaan, terre de leur pelerinage
danslaquelleils ont été étrangers.
5. J'ai entendu le gémissement
des enfants d'Israël, que les Egyp-
tiens ont opprimés; et je me suis
souvenu de mon alliance.
6. C'estpourquoi disaux enfants
d'Israél : Je suis le Seigneur qui
vous tirerai dela prison des Egyp-
tiens, et vous délivrerai de la ser-
vitude: et je vous rachèterai par
un bras élevé et de grands juge-
ments.
7. Et je vous prendrai pour mon
peuple, et je serai votre Dieu;
ainsi vous saurez que c'est moi,
[cH. vi.)
qui suis le Seigneur votre Dieu,
qui vous aurai tirés de la prison
des Egyptiens,
8. Et fait entrer dans la terre,
sur laquelle j'ai levé la main, ju-
rant que je la donnerais à Abra-
ham, à Isaac et à Jacob; car je
vous la donnerai en possession,
moi le Seigneur.
9. Moise raconta done toutes
ces choses aux enfants d'Israél,
qui ne l'écouterent pas àcause de
l'angoisse de leur esprit et deleur
travail très pénible.
10. Et le Seigneur parla à Moïse,
disant :
11. Entre, et parle à Pharaon,
roi d'Egypte, pour qu'il laisse sor-
tirles enfants d'Israél deson pays.
12. Moïse répondit devant le
Seigneur : Voilà que les enfants
d'Israël ne m'écoutent pas : et
comment Pharaon m'écoutera-t-
il, surtout moi étant incirconcis
des lèvres?
13. C'est ainsi que le Seigneur
parla à Moise et Aaron et qu'il leur
donna ses ordres pour les enfants
d'Israél et pour Pharaon, roi d'E-
gypte, afin qu'ils fissent sortir les
enfants d'Israël de la terre d'E-
gypte.
14. Voiciles chefs des maisons
selon leurs familles : Les fils de
Ruben, premier-né d'Israël : Hé-
noch et Phallu, Hesron et Charmi:
CHaP. VI. 14. Genèse, xLvi, 9; Nom., xxvr, 5; 1 Par., v, 1.
3. Adonai signifie Seigneur. C'est le mot que les Septante ont substitué à celui de
Jehóva, qu'il n'est pas permis aux Juifs de prononcer. A la vérité, les anciens pa-
triarches ont connu le nom Jéhova, mais ils n'en ont pas connu toute la puissance,
toute l'efficacité, puisqu'ils n'ont pas vu l'accomplissement des promesses qui leur
avaient été faites en vertu de ce divin nom. — "Sur le nom de Jéhovah, voir la note
sur Exode, ni, 14.
19. La locution incirconcis des lèvres, de la bouche, des oreilles, du cœur, etc., ex-
prime une imperfection, une impureté, une indisposition dans ces parlies, soit dans:
ic sens physique, soit dans le sens naturel.
[(cu. vu.]
15. C'estlàla parenté de Ruben.
Les fils de Siméon : Jamuel, Jamin,
Ahod, Jachin, Soar et Saül, fils
d'une Chananéenne. C'est là la
race de Siméon.
16. Et voici les noms des fils de
Lévi, selon leur parenté : Ger-
son, Caath et Mérari. Or les an-
nées de la vie deLévi furent cent
trente-sept.
A1. Les fils de Gerson : Lobni et
Séméi, selon leur parenté.
18. Les fils de Caath : Amram-
15881, Hébron et Oziel : et les an-
nées de la vie de Caath furent
cent trente-trois.
19. Les fils de Mérari : Moholi
et Musi : c'est là la parenté de
Lévi selon ses familles.
90. Or Amram prit pour femme
Jochabed, fille de son oncle pa-
ternel, laquelle lui enfanta Aaron
et Moïse. Et les années de la
vie d'Amram furent cent trente-
sept.
21. Lesfilsd'Isaar: Coré, Nepheg
et Zéchri.
29, Les fils d'Oziel : Misaël, Eli-
saphan et Séthri
23. Or Aaron prit pour femme
Elisabeth, fille d'Aminadab, sœur
de Nahasson, laquelle lui enfanta
Nadab, Abiu, Eléazar et Ithamar.
24. Les fils de Coré: Aser,
Elcana, et Abiasaph : c'est là la
parenté des Corites.
25. Mais Eléazar, fils d'Aaron,
prit une femme d'entre les filles
le Phutiel, laquelle lui enfanta
L'EXODE. 194
Phinéès. Ce sont là les chefs des
familles lévitiques selon leur pa-
renté.
26. C'est Aaron et Moïse aux-
quels le Seigneur commanda de
retirer les enfants d'Israél de l'E-
gypte, selon leurs bandes.
27. Ce sont eux qui parlent
à Pharaon, roi d'Egypte, pour
qu'ils retirent les enfants d'Is-
raël de l'Egypte : c'est Moïse et
Aaron,
28. Au jour où le Seigneur parla
à Moïse dans la terre d'Egypte.
29. Etle Seigneur parla à Moïse,
disant : Je suis le Seigneur; dis à
Pharaon, roi d'Egypte, tout ce que
moi-même je te dis.
30. Et Moïse répondit devant le
Seigneur : Voici que je suis incir-
concis des lèvres, comment Pha-
raon m écoutera-t-il ?
CHAPITRE VII.
La verge d'Aaron changée en serpent
Endurcissement de Pharaon. Première
plaie, changement des eaux en sang.
1. Et le Seigneur dit à Moise :
Voilà que jet'ai établi le Dieu de
Pharaon, et Aaron ton frère sera
ton prophète.
2. Toi, tu lui diras tout ce que
je t'ordonne, et lui parlera à Pha-
raon, afin qu'il laisse les enfants
d'Israél s'en aller de son pays.
3. Mais moi j'endurcirai son
cœur, et je multiplierai mes si-
gnes et mes prodiges dans laterre
d'Egypte.
15. I Par., 1v, 24. — 17. 1 Par., vi, 1. — 18. Nom., 1u, 19; xxvi, 57, 58; 1 Par., vi, 2;
xxii, 12. — Cnar. VII. 2. Supra, iv, 15.
26. Selon leurs bandes; distribués en plusieurs corps, comme des troupes réglées.
ompar. xir, 18.
30. * Je suis incirconcis des lèvres. Noir plus haut, 1v, 10.
3. J'endurcirai son cœur. Voy. iv, 94.
y. v,
122 L'EXODE.
4. Etil ne vous écoutera point :
et je lancerai ma main sur l'E-
gyte, et je retirerai mon armée et
mon peuple, les enfants d'Israél,
de la terre d'Egypte par de tres
grands jugements.
5. Etles Egyptiens sauront que
test moi le Seigneur qui aurai
étendu ma main sur l'Egypte, et
retiré les enfants d'Israël du
milieu d'eux.
6. C'est pourquoi Moïse et Aa-
ron firent comme avait ordonné
le Seigneur : ainsi agirent-ils.
7. Or Moïse avait quatre-vingts
ans et Aaron quatre-vingt-trois,
quand ils parlèrent à Pharaon.
8. Et le Seigneur dit à Moise et
à Aaron :
9. Quand Pharaon vous dira :
Montrez des signes, tu diras à Aa-
ron : Prends ta verge et jette-la
devant. Pharaon; et elle sera
changée en serpent.
10. Moise donc et Aaron, étant
entrés aupres de Pharaon, firent
comme avait ordonné le Sei-
gneur : Aaron jetala verge de-
vant Pharaon et ses serviteurs, et
elle fut changée en serpent.
11. Mais Pharaon appela les
sages et les magiciens; et ils fi-
rent eux aussi pareillement par
les enchantements égyptiens et
par certains secrets.
19. Ils jeterent chacun leur
11. Il. Tim., ur, 8.
[cg. vir.)
verge, et elles furent changées
en serpents ; mais la verge d'Aa-
ron dévora leurs verges.
13. Et lecœur de Pharaon s'en-
durcit, et il n'écouta point Moise
et Aaron, comme avait ordonné
le Seigneur.
14. Or le Seigneur dit à Moïse :
Le cœur de Pharaon s'est endurci;
il ne veut pas laisser aller le
peuple.
45. Va vers lui dès le matin;
voilà qu'il sortira pour aller vers
l’eau; et tu te présenteras à sa
rencontre sur la rive du fleuve :
et la verge qui a été changée en
serpent, tu 18 prendras en tamain,
16. Et tu diras à Pharaon : Le
Seigneur Dieu des Hébreux m'a
envoyé vers toi, disant : Laisse
aller mon peuple afin qu'il me
sacrifie dans le désert, et jusqu’à
présent tu n’as pas voulu écouter.
17. Voici donc ce que dit le
Seigneur : En ceci tu sauras que
je suis le Seigneur : voici que je
frapperai de la verge qui est en ma
main l’eau du fleuve, et elle sera
changée en sang.
18.Les poissons même qui sont
dans le fleuve mourront; et les
eaux se corrompront, etles Egyp-
tiens qui boiront de l'eau du
fleuve, souffriront beaucoup.
19. Le Seigneur dit aussi à
Moise : Dis à Aaron : Prends ta
e i ——————
41. Que le changement opéré par les magiciens ait été réel ou simplement appa-
rent, Pharaon aurait dû reconnaitre la toute-puissance du Dieu des Hébreux, en
voyant la verge d'Aaron dévorer celles des magiciens. — * Les principaux magiciens
d'Egypte qui résistèrent à Moïse s'appelaient, comme nous l'apprend S. Paul, Jannès
et Mambrés. Les magiciens de l'Egypte ont été de tout temps célèbres dans l'anti-
quité, et il y a toujours eu dans ce pays des psylles ou charmeurs de serpents.
19. * On peut voir la description détaillée du changement de l'eau du Nil en sang
et d'autres plaies d'Egypte, dans F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes,
5e édition, 1889, t. 11, p. 285-341.
(cH. νΠ|.}
verge, et étends ta main sur les
eaux de l'Egypte, et sur leurs
fleuves, et sur les ruisseaux et les
marais, et sur tous les lacs des
eaux, afin qu'ils soient changés
en sang, et qu'il y aitainsi du sang
dans toute la terre d'Egypte, tant
dans les vases de bois que dans
les vases de pierre.
20. Et Moise et Aaron firent
comme lavait ordonné le Sei-
gneur; et Aaron levant sa verge,
frappa leau du fleuve devant
Pharaon et ses serviteurs, et elle
fut changée en sang.
91. Et les poissons qui étaient
dans le fleuve moururent; le
fleuve se corrompit, et les Egyp-
tiens ne pouvaient boire de l'eau
du fleuve : et il y eut du sang
dans toute la terre d'Egypte.
99. Les magiciens d'Egypte
firent pareillement par leurs en-
chantements, et le cœur de Pha-
raon s'endurcit, et il n'écouta pas
Moise et Aaron, comme avait
ordonné le Seigneur.
23. Il se retira et il entra en sa
maison, et ne prit pas la chose à
cœur encore cette fois.
94. Or tous les Egyptiens creu-
serent autour du fleuve pour
trouver de l'eau à boire; car ils
ne pouvaient boire de l'eau du
fleuve.
95. Et il se passa sept jours en-
tiers, aprés que le Seigneur eut
frappé le fleuve.
CHAPITRE VIII.
Seconde plaie, les grenouilles; troi-
sième, les moucherons ; quatrième, les
mouches. Vaines promesses de Pharaon.
1. Le Seigneur dit aussi à
| L'EXODE. 123
Moïse : Entre auprès de Pharaon,
et tu lui diras : Voici ce que dit le
Seigneur : Laisse aller mon
peuple, afin qu'il me sacrifie :
2. Mais si tu ne veux pas le
laisser aller, voici que moi je
frapperai tout ton pays de gre-
nouilles.
3. Car le fleuve fera jaillir des
grenouilles, qui monteront, et
entreront dans ta maison et dans
la chambre où est ton lit, et sur
ton lit. et dans les maisons de tes
serviteurs, etau milieu de ton peu-
ple, et dans tes fours, et sur les
restes de tes aliments.
4. Ainsi c'est chez toi, et chez
ton peuple et chez tous tes ser-
viteurs qu'entrexont les gre-
nouilles.
5. LeSeigneur dit donc à Moise :
Dis à Aaron : Etends ta main sur
les fleuves, et sur les ruisseaux
etles marais, et fais venirles gre-
nouilles sur la terre d'Egypte.
6. Et Aaron étendit sa main sur
les eaux d'Egypte, et les gre-
nouilles monterent et couvrirent
la terre d'Egypte.
7. Mais les magiciens aussi fi-
rent pareillement par leurs en-
chantements, et ils firent venir
les grenouilles sur la terre d'E-
gypte.
8. Or Pharaon appela Moise et
Aaron et leur dit : Priez le Sei-
gneurqu'il éloigne les grenouilles
de moi et de mon peuple, et je
laissererai aller le peuple, afin
qu'il sacrifie au Seigneur.
9. Et Moise répondit à Pharaon :
Indique-moi quand je devrai prier
pour toi, et pour tes serviteurs et
pour ton peuple, afin que les gre-
20. Infra, xvii, 5; Ps. Lxxvn, 44, — 22. Sag., xvii, 7. — παρ. VIII. 7. Sag.. xvii, ἢ.
194
nouilles soient chasséesloin de toi
et de ta maison, et de tes servi-
teurs et de ton peuple, et qu'elles
demeurent seulement dans le
fleuve.
10. Celui-ci répondit : Demain.
Or Moise : Je ferai, dit-il, selon
ta parole, afin que tu saches qu'il
n'y en a pointcomme le Seigneur
notre Dieu.
41. Etles grenouilles s'éloigne-
ront de toi et de ta maison, et de
tes serviteurs et de ton peuple,
et elles demeureront seulement
dans le fleuve.
19. Alors Moise et Aaron sor-
tirentdedevantPharaon ; et Moise
cria au Seigneur, à cause de la
promesse qu'il avait faite à Pha-
raon touchant les grenouilles.
13. Et le Seigneur fit selon la
parole de Moïse ; etles grenouilles
des maisons, et des villages et
des champs, moururent.
44. Et on les entassa en im-
menses monceaux, et la terre en
fut infectée.
45. Or Pharaon, voyant qu'il
lui avait été donné du relâche,
endurcit son cœur, et il n'écouta
pas Moïse et Aaron, comme avait
ordonné le Seigneur.
16. Alors le Seigneur dit à
Moise : Dis à Aaron : Etends ta
verge et frappe la poussiere de
la terre, et qu'il y ait des mouche-
rons dans toute la terre d'Egypte.
47. Et ils firent ainsi. Aaron
étendit donc sa main, tenant sa
verge ; etil frappa la poussière de
la terre, et les moucherons s'at-
tachèrent aux hommes et aux
L'EXODE.
ferr. vi.)
bétes; toute la poussiere de la
- terre fut changée en moucherons
par toute la terre d'Egypte.
18. Et les magiciens firent pa-
reillement par leurs enchante-
ments, pour produire les mou-
cherons, mais ils nele purent; et
les moucherons restaientattachés
aux hommes et aux bétes.
19. Alors les magiciens dirent
à Pharaon : C'estle doigtde Dieu;
et le cœur de Pharaon s'endur-
cit, et il n'écouta pas Moise et
Aaron, comme avait ordonné le
Seigneur.
20. Le Seigneur dit aussi à
110156 : Lève-toi au point du jour,
et présente-toi devant Pharaon;
car il sortira pour aller vers l’eau,
et tu lui diras :Voici ce que dit le
Seigneur Laisse aller mon
peuple, afin qu'il me sacrifie.
21. Que si tu ne le laisses pas
aller, voicique je vais envoyersur
toi etsurtes serviteurs, et sur ton
peuple et en tes maisons, toute
sorte de mouches ; et les maisons
des Egyptiens seront remplies de
mouches de diverses especes, et
toute la terre en laquelle ils se-
ront.
29. Mais jerendrai merveilleuse
en ce jour-là la terre de Gessen,
en laquelle est mon peuple, de
manière à ce qu'il n'y ait point là
de mouches, et que tu saches que
moile Seigneur, je suis au milieu
de cette terre.
93. C'est ainsi que je mettrai
une distinction entre mon peuple
et ton peuple : demain aura lieu
ce prodige.
EEE --ο-ΟοΟ'ῦ--ρ--ς--ς
18. Les magiciens frappèrent la terre de leur verge, comme Aaron; mais ce fut
sans succes.
20. Les rois d'Egypte se lavaient tous les matins avant de sacrifier aux dieux
[cn. 1x.)
24. Et le Seigneur fit ainsi. Il
vint des mouches tres dange-
reuses dans les maisons de Pha-
raon et de ses serviteurs, et dans
toute la terre d'Egypte : ainsi la
Lerre futinfectée par les mouches
de cette sorte.
95. Alors Pharaon appela Moise
et Aaron, et leur dit : Allez et sa-
crifiez à votre Dieu en cette
terre-ci.
96. Mais Moïse répondit : Cela
ne peut se faire ainsi; car les sa-
crifices que nous offrirons au Sei-
gneur notre Dieu sont des abomi-
nations pour les Egyptiens; que si
nous tuons devant eux les 00/-
maux quadorent les Egyptiens,
ils nous lapideront.
27. Nous ferons le chemin de
trois journées dans le désert, et
nous sacrifierons au Seigneur
notre Dieu, comme il nous l'a or-
donné.
28. Et Pharaon reprit : Moi, je
vous laisserai aller, afin que vous
sacrifiiez au Seigneur votre Dieu
dans le désert : cependant n'allez
pas plus loin, priez pour moi.
29. Moise répondit : Sorti d'a-
vec toj, je prierai le Seigneur, et
demainlesmouchess'éloigneront
de Pharaon, et de ses serviteurs
et de son peuple; cependant ne
me trompe plus désormais, en
ne laissant pas aller le peuple sa-
crifier au Seigneur.
30. Moïse done, sortit dela pré-
sence de Pharaon, pria le Sei-
gneur;
24. Sag., xvi, 9. — 27. Supra, ur, 48.
L'EXODE. 195
31. Qui fit selon sa parole, et il
enleva les mouches de Pharaon,
et de ses serviteurs et de son
peuple : il n'en resta pas méme
une seule.
32. Mais le cœur de Pharaon
s'endurcit : en sorte que, pas
méme cette fois, il ne laissa aller
le peuple.
CHAPITRE IX.
Cinquiéme plaie, la peste sur les ani-
maux; sixième, les ulcères ; septième,
la grêle et le tonnerre.
1. Mais le Seigneur dit à Moïse :
Va vers Pharaon, et dis-lui : Voici
ce que dit le Seigneur Dieu des
Hébreux : Laisse aller mon peuple,
afin qu’il me sacrifie.
2. Que si tu refuses encore et
les retiens,
9. Voilà que ma main sera sur
tes champs : et sur tes chevaux,
et tes ânes, et tes chameaux, et
tes beeufs, et tes brebis, une peste
très dangereuse.
4. Et le Seigneur fera une dis-
lincüon merveilleuse entre les
possessions d'Israél et les posses-
sions des Egyptiens; en sorte que
rien absolument ne périra de ce
qui appartient aux enfants
d'Israël.
9. Et le Seigneur en ἃ mar-
qué le temps, disant : Demain le
Seigneur accomplira cette parole
en ce pays.
6. Le Seigneur donc accomplit
cette parole le jour suivant : et
tous les animaux des Egyptiens
-------- SOEUR ΞΕ ΒΟ הרפ Ὁ ה
26. * Les Egyptiens adoraient un grand nombre d'animaux comme des dieux, en
particulier le bœuf Apis.
6. Ce verset n'est nullement en contradiction avec le neuvième, où il est dit que
les animaux furent atteints d'ulcéres, tandis qu'ici on les suppose tous morts. Car
120 L'EXODE.
moururent; mais parmi les ani-
maux des enfants d'Israél rien
absolument ne périt.
7. Et Pharaon envoya voir : et
rien n’était mort de ce que pos-
sédait Israël. Et le cœur de Pha-
raon s'endurcit et il ne laissa pas
aller le peuple.
8. Alors le Seigneur dit à Moïse
et à Aaron : Prenez plein vos
mains de cendre de foyer, et que
Moïse la jette çà et là vers le ciel
devant Pharaon ;
9. Et qu'il y ait de la poussiere
sur toute la terre d'Egypte; car
il y aura sur les hommes et les
bétes des ulceres, et de grosses
tumeurs, dans toute la terre d'E-
gypte.
10. Ils prirent done de la cen-
dre de foyer, et ils se présenterent
devant Pharaon, et Moïse la jeta
cà et là vers le ciel, et il se
forma des ulceres, de grosses
tumeurs sur les hommes et les
bétes.
11. Et les magiciens ne pou-
vaient se tenir devant Moïse, à
cause des plaies qui étaient sur
eux et dans toute la terre d'E-
gypte.
12. Mais le Seigneur endurcit le
cœur de Pharaon, et il n'écouta
pas Moise et Aaron, comme l'a-
vait dit le Seigneur à Moise.
13. Le Seigneur dit encore à
Moise : Leve-toi des le matin et
présente-toi devant Pharaon, et
tu lui diras : Voici ce que dit le
Seigneur, Dieu des Hébrenx :
Cnar, IX. 16. Rom., 1x, 17.
[cH. 1x.)
Laisse aller mon peuple, afin qu'i
me sacrifie. )
14. Parce que, pour cette fois,
jenverrai toutes mes plaies sur
ton cœur, et sur tes serviteurs,
et sur ton peuple, afin que tu
saches que nul n’est semblable à
moi dans toute la terre.
15. C'est maintenant, en effet,
qu'étendant la main, je frapperai
ioi et ton peuple de la peste, et
tu périras de dessus la terre.
16. Car je t'ai établi pour mon-
trer en toi ma puissance, et pour
que mon nom soit publié dans
toute la terre.
11. Tu retiens encore mon peu-
ple, et tu ne veux pas le laisser
aller?
18. Voilà que je ferai pleuvoir
demain à cette méme heure une
gréle extrémement abondante,
telle qu'il n'y en a point eu en
Egypte, du jour oü elle a été
fondée, jusqu'au temps présent.
19. Envoie donc des mainte-
nant, et rassemble tes bétes et
tout ce que tu as dans la cam-
pagne; car les hommes et les bé-
tes et toutes les choses qui se
trouvent dehors, n'ayant pas été
retirées des champs, et sur les-
quelles sera tombée la gréle,
mourront.
20. Celui qui d'entre les servi-
teurs de Pharaon craignit la pa-
role du Seigneur, fit retirer ses
serviteurs et ses bétes dans les
maisons;
21. Mais celui qui négligea le
1» Il ne faut entendre le mot {ous que des bêtes qui étaient dans les champs, comme
on le lit au ver. 3, où cette plaie est annoncée. 2» Le texte peut trés bien s'entendre
de {ous les animaux, non pas pris individuellement, mais considérés par rapport à
l'espèce elle-même, en sorte que 16 sens soit, coute espèce d'animaux.
! cH. x.]
discours du Seigneur laissa ses
serviteurs et ses bétes dans les
champs.
99. AlorsleSeigneur ditàMoise:
Etends ta main vers le ciel, afin
qu'il fasse de la gréle dans toute
laterre d'Egypte, surleshommes,
etsur les bêtes et sur toute l'herbe
de la campagne dans la terre d'E-
gypte.
93. Et Moïse étendit sa verge
vers le ciel, et le Seigneur donna
des tonnerres et de la gréle et
des éclairs qui couraient de tou-
tes parts sur la terre : c'est ainsi
que le Seigneur fit pleuvoir de la
gréle sur la terre d'Egypte.
24. Et la gréle et le feu mélés
tombaient ensemble, et /a grêle
fut d’une telle grosseur, que ja-
mais pareille ne parut dans toute
la terre d'Egypte, depuis que cette
nation a été fondée.
95. Ainsi la grêle frappa dans
toute la terre d'Egypte tout ce qui
s'était trouvé dans les champs,
depuis l'homme jusqu'à la béte;
elle frappa aussi toute l'herbe de
la campagne, et elle brisa tout
arbre de la contrée.
26. Seulement dans la terre de
Gessen, oü étaient les enfants
d'Israél, la gréle ne tomba pas.
297. Alors Pharaon envoya et
appela Moise et Aaron, leur di-
sant : J'ai encore péché, mainte-
nant : le Seigneur est juste; moi
et mon peuple nous sommes les
impies.
28. Priez le Seigneur que ces
tonnerres de Dieu et la gréle ces-
23. Sag., xvi, 16; xix, 19.
L'EXODE. 127
sent, afin que je vous laisse aller,
et, qu'en aucune maniere, vous
ne demeuriez ici davantage.
29. Moise répondit : Quand je
serai sorti de la ville, j'étendrai
mes mains vers le Seigneur, et les
tonnerres cesseront, et il n'y aura
plus de gréle; afin que tu saches
qu'au Seigneur est la terre.
30. Or je sais que toi-méme et
tes serviteurs ne craignez pas en-
core le Seigneur Dieu.
31. Ainsi le lin et l'orge furent
gátés, parce quel'orge était verte,
et que le lin poussait déjà ses
balles.
32. Maisle froment etl'épeautre
ne furent point gátés, parce qu'ils
étaient tardifs.
33. Moise done, sorü d'avec
Pharaon et de la ville, étendit ses
mains vers le Seigneur, et les
tonnerres et la gréle cessèrent,
et il ne tomba plus une goutte
d'eau sur la terre.
34. Or Pharaon, voyant que la
pluie, la gréle et les tonnerres
avaient cessé, aggrava son péché;
39. Et son cœur et celui de ses
serviteurs s'appesantirent et s'en-
durcirent extrémement; et il ne
laissa point aller les enfants d'Is-
raél, comme avait ordonné le
Seigneur par l'entremise de
Moise.
CHAPITRE X.
Huitième plaie, les sauterelles;
neuvième, les ténèbres.
4. Et le Seigneur dit à Moïse :
Entreauprès de Pharaon; car c’est
35. Par l'entremise de Moïse, littér. par la main de Moïse. Les Hébreux se servaient
des mots main, mains pour exprimer les idées de moyen, d'instrument, d'entre-
mise, etc
198 L'EXODE.
moi qui ai endurci son cœur et
celui de ses serviteurs, afin que
je fasse sur lui ces signes de ma
puissance,
9. Et que tu racontes aux oreil-
les de ton fils et de tes neveux,
combien de fois j'ai brisé les
Egyptiens et j'ai fait mes signes
au milieu d'eux, et que vous sa-
chiez que je suis le Seigneur.
3. Moïse et Aaron entrèrent
done auprès de Pharaon, et lui
dirent : Voici ce que dit le Sei-
gneur Dieu des Hébreux : Jusqu'à
quand ne voudras-tu pas te sou-
mettre à moi? Laisse aller mon
peuple, afin qu'il me sacrifie.
4. Que si tu résistes encore, et
si tu ne veux pas le laisser aller,
voilà que moi, je ferai venir de-
main des sauterelles dans tes
confins ;
ὃ. Pour qu'elles couvrent la
surface dela terre ; en sorte qu'il
n'en paraisse rien; mais que ce
qui sera resté apres la gréle, soit
mangé; car elles rongeront tous
{es arbres qui poussent dans les
champs.
6. Et elles rempliront tes mai-
sons, et celles de tes serviteurs
et de tous les Egyptiens; ni tes
peres, ni tes aieux n'en ont vu
autant depuis qu'ils sont nés sur
la terre, jusqu'au présent jour.
Et il se retira, et il sortit d'avec
Pharaon.
7. Mais les serviteurs de Pha-
raon lui dirent : Jusqu'à quand
souffrirons-nous ce scandale?
Laissez aller ces hommes, afin
qu ils sacrifient au Seigneur leur
Dieu : ne voyez-vous pas que l'E-
gypte est perdue?
CHAP. X. 4. Sag., XVI, 9,
]68. x.]
8. Ils rappelèrent done Moïse et
Aaron auprès de Pharaon, qui
leur dit : Allez, sacrifiez au Sei-
gneur votre Dieu : qui sont ceux
qui doivent y aller?
9. Moïse répondit : Nous irons
avec nos petits enfants et nos
vieillards, avec nos fils et nos
filles, avec nos brebis et notre
gros bétail; car c'est une solen-
nité du Seigneur notre Dieu.
10. Et Pharaon repartit : Que le
Seigneur soit avec vous de la
méme manière que moi, je vous
laisserai aller, vous et vos petits
enfants : qui doute que vous ne
formiez de très mauvais des-
seins ?
11. Non, il n'en sera pas ainsi ;
mais allez, vous autres hommes
seulement, et sacrifiez au Sei-
gneur; car c'est ce que vous-
mémes avez demandé. Et aussi-
tót ils furent renvoyés de la pré-
sence de Pharaon.
12. Maisle Seigneur dit à Moise:
Etends ta main sur la terre d'E-
gypte vers les sauterelles, afin
qu'elles montent sur la terre, et
quelles dévorent toute lherbe
qui est restée apres la gréle.
13. Et Moise étendit sa verge
sur la terre d'Egypte, et le Sei-
gneur fit venir un vent brülant,
qui soufflatout ce jour-là et toute
la nuit; et, le matin venu, le vent
brülant fit lever les sauterelles;
14. Qui monterent sur toute la
terre d'Egypte; et elles s'arréte-
rent dans tous les confins des
Egyptiens en nombre infini, tel-
les qu'avant ce temps-là il n'y en
avait pas eu, et qu'à l'avenir il
ne doit pas y en avoir.
[cu. x1.]
45. Ainsi, elles couvrirent la
surface entiere de la terre, rava-
geant tout. Toute l'herbe de la
terre fut donc dévorée, et tout ce
qui se trouva de fruits sur les
arbres, fruits que la gréle avait
laissés; de sorte qu'il ne resta
absolument rien de vert sur les
arbres ni dans les herbes de la
terre, dans toute l'Egypte.
16. C'est pourquoi Pharaon se
hâtant appela Moïse et Aaron, et
leur dit : J'ai péché contre le Sei-
gneur votre Dieu, et contre vous.
11. Mais maintenant pardon-
nez-moi mon péché encore cette
fois, et priez le Seigneur votre
Dieu, afin qu'il retire de moi cette
mort.
18. Moise donc, sorti de la pré-
sence de Pharaon, pria le Sei-
gneur,
19. Qui fit souffler de l'occident
un vent tres violent, qui, ayant
enlevé les sauterelles, les jeta
dans la mer Rouge ; il n'en de-
meura pas méme une seule dans
tous les confins de l'Egypte.
20. Mais le Seigneur endurcit
le cœur de Pharaon, et il ne laissa
pas aller les enfants d'Israël.
91. Alors le Seigneur dit à
Moise : Etends ta main vers le
ciel, et qu'il y ait sur 18 terre d'E-
gypte des ténèbres si épaisses,
qu'on puisse les toucher.
99. Et Moïse étendit sa main
vers le ciel, et il se forma des
ténèbres horribles sur l'Egypte
entiere pendant trois jours.
23. Personne ne vit son frere,
23. Sag., XVII, 2; xvi, 4.
L'EXODE. 129
nine se remua du lieu oü il était:
mais la lumiere était partout oü
habitaient les enfants d'Israël.
24. Alors Pharaon appela Moise
et Aaron et leur dit : Allez, sacri-
fiez au Seigneur : que vos brebis
seulement et votre gros bétail
demeurent, et que vos petits en-
fants aillent avec vous. |
25. Moïse répondit : Tu nous
donneras aussi des hosties et des
holocaustes que nous puissions
offrir au Seigneur notre Dieu.
26. Tous nos troupeaux iront
avec nous, et il ne demeurera
pas une corne de leurs pieds;
c'est nécessaire pour le culte du
Seigneur notre Dieu; d'autant
plus que nous ignorons ce qui
doit étre immolé, jusqu'à ce que
nous parvenions au lieu méme.
27. Mais le Seigneur endurcit
le cœur de Pharaon, et il ne vou-
lut pas les laisser aller.
28. Et Pharaon dit à Moïse :
Retire-toi de moi, et garde-toi de
voir désormais ma face : car en
quelque jour que ce soil que tu
paraisses devant moi, tu mourras.
29. Moïse répondit : Il sera fait
ainsi que tu l'as dit, je ne verrai
plus ta face.
CHAPITRE XI.
Prédiction de la dixième et dernière plaie,
mort des premiers-nés des Egyptiens.
Sortie des Israélites de l'Egypte. Pré-
ceptes touchant la 4.
1. Et le Seigneur dit à Moise :
Je frapperai encore, mais d'une
seule plaie, Pharaon et l'Egypte;
11. Cette mort; c'est-à-dire ce fléau des sauterelles qui, en dévorant tout, devaient
nécessairement donner la mort.
26. Au lieu méme que le Seisneur a désigné, et où il nous instruira de ses voloutés.
4 . 1 .
9
130
et apres cela il vous laissera aller,
il vous forcera méme de sortir.
2. Tu diras done à tout le peu-
ple, que chaque homme demande
à son ami, et chaque femme à sa
voisine, des vasesd'argent et d'or.
3. Et le Seigneur fera trouver
gráce à son peuple devant les
Egyptiens. Or Moisefutun homme
tres considérable en Egypte aux
yeux des serviteurs de Pharaon
et de tout le peuple.
4. Il dit donc : Voici 66 que dit
leSeigneur : Au milieu dela nuit,
jentrerai en Egypte;
ὃ. Et tout premier-né mourra
dans la terre des Egyptiens, de-
puis le premier-né de Pharaon,
qui est assis sur son trône, jus-
qu'au premier-né de la servante,
qui tourne la meule, et jusqu'au
premier-né des bétes.
6. Et il y aura un grand eri dans
toute la terre d'Egypte, tel qu'au-
paravant il n'y en a pas eu, et
qu'à l'avenir il ne doit pas y en
avoir.
7. Mais chez tous les enfants
d'israël, depuis l'homme jusqu'à
la béte, pas méme un chien ne
murmurera,afin que vous sachiez
par quel miracle le Seigneur sé-
pare les Egyptiens d'Israël.
8. Alors ceux-ci tes serviteurs
descendront tous vers moi, et se
prosternerontdevant moi, disant:
Sors, toi ettout le peuple qui t'est
L'EXODE.
fcm. xu.)
soumis:aprescelanoussortirons.
9, Et il sortit d'avec Pharaon
extrémement irrité. Et le Sei-
gneur dit à Moïse : Pharaon ne
vous écoutera pas, afin que beau-
coup de signes se fassent dans la
terre d'Egypte.
10. Or Moise et Aaron firent
devant Pharaon tous les prodiges
qui sont écrits. Mais le Seigneur
endurcit le cœur de Pharaon, et
il ne laissa pas aller les enfants
d'Israél hors de son pays.
CHAPITRE XII.
Cérémonie de la Pâque.
1. Le Seigneur dit aussi à Moise
età Aaron dans la terre d'Egypte :
9. Ce mois sera pour vous le
commencement des mois : il sera
le premier dans les mois de l'an-
née.
3. Parlez àtoute l'assemblée des
enfants d'Israël, et dites-leur
Au dixième jour de ce mois, que
chacun prenne un agneau par
chacune de ses familles et de ses
maisons.
4. Mais si le nombre est trop
petit pour qu'il puisse suffire à
manger l'agneau, il prendra son
voisin qui estproche desa maison,
selon le nombre des àmes qui
peuvent suffire à manger ]8-
gneau.
5. Or l'agneau sera sans tache,
Cuar. XI. 2. Supra, ur, 22; 10/78, xii, 35, — 3. Eccli., XLv, 1.
2. Que chaque homme demande, etc. Voy. πὶ, 22.
5. Ayant un an (anniculus) ; ou né dans l'année. Compar. Lévit., xxii, 2T.
8. Ceux-ci; c'est-à-dire les Israélites, synonyme d'Israél qui précède immédiate-
ment.
10. Qui sont écrits, racontés ici dans ce livre, et qui font partie des événements
arrivés en Egypte.
XII, 2. Ce mois, appelé d'abord Abib, puis Nisan, commençait à la nouvelle tuge
du mois de mars.
cH. XII.)
mâle, ayant un an. Conformément
à ce rite vous prendrez aussi un
Aihevreau.
6. Et vous 16 garderez jusqu'au
quatorzieme jour de ce mois; et
toute la multitude des enfauts
d'Israél l'immolerà vers le soir.
7. Ils prendront de son sang, et
ils en mettront sur les deux po-
teaux et surles linteaux des mai-
sons, en lesquelles ils les mange-
0%
8. Εἰ 115 mangeront cette nuit-
là les chairs róties au feu avec
des pains azymes et avec des
laitues sauvages.
9. Vous n'en mangerez rien
cru, ni cuit dans l'eau, mais seu-
lement róti au feu; vous en man-
gerez la tête avec les pieds et les
intestins.
10. Il n'en demeurera rien jus-
qu'au matin : s'il y aquelquereste, :
vous le brülerez au feu.
11. Or c'est ainsi que vous le
mangerez : Vous ceindrez vos
reins; et vous aurez votre chaus-
sure à vos pieds, tenant un báton
en vos mains, et vous mangerez
àlaháte; car c'est la Pâque, (c'est-
à-dire) le passage du Seigneur.
19. Et je passerai par la terre
d'Egypte cette nuit-là, et je frap-
perai tout premier-né danslaterre
d'Egypte, depuis l'homme jus-
qu'au bétail, et sur tous les dieux
de l'Egypte j'exercerai des juge-
ments, moi le Seigneur.
43. Or le sang sera un signe en
votre faveur dans les maisons où
vous serez; Car je verrai le sang,
L'EXODE. 131
et je passerai au delà de vous; et
la plaie de destruction ne vous
atteindra pas lorsque je frapperai
la terre d'Egypte.
14. Ce jour sera pour vous un
monument, et vous le célébrerez
dans vos générations comme con-
sacré au Seigneur par un culte
éternel.
15. Pendant sept jours vous
maugerez desazymes : dès le pre-
mier jour il n'y aura point de le-
vain dans vos maisons ; quiconque
mangera du pain levé, depuis le
premier jour jusqu'au septième
jour, son àme périra du milieu
d'Israël.
16. Le premier jour sera saint
et solennel, et le septième jour
sera vénérable parla méme solen-
nité : vous ne ferez aucun travail
en ces jours-là, excepté ce qui re-
garde la nourriture.
11. Vous observerez donc la
féte des Azymes; car c'est en ce
méme jour que je conduirai votre
armée hors de la terre d'Egypte :
ainsi vous garderez ce jour en
vos générations par un rite per-
pétuel.
18. Au premier mois, le qua-
torzieme jour du mois, vers le
soir, vous mangerez des azymes
jusqu'au vingt-unième jour du
méme mois, vers le soir.
19. Sept jours durant, on ne
trouvera point de levain dans vos
maisons : celui qui mangera du
pain levé, son âme périra du mi-
lieu de l'assemblée d'Israél, qu'il
soit étranger ou naturel du pays.
Cuar, XII. 18. Lév., xxi, 5; Nom., xxvi, 16.
44. Sila Pàque des Hébreux a cessé, la Pàque chrétienne, dont la première n'était
que la figure, durera jusqu'à la fin des temps.
132 L'EXODE.
20. Vous ne mangerez rien de
fermenté ; danstoutes vos habita-
tions vous maugerez des azymes.
91. Or Moïse appela tous les
anciens des enfants d'Israël et
leur dit : Allez, et prenez un ani-
mal par chacune de vos familles,
et immolez la Pâque.
22. Trempez un bouquet d'hy-
sope dans le sang qui est sur le
seuil de la porte, et vous en asper-
gerez le linteau et les deux po-
teaux, etque nul de vous ne sorte
hors de 1a porte de sa maison
jusqu'au matin.
23. Car le Seigneur passera
frappant les Egyptiens; et lors-
qu'il verra le sang sur le linteau
et sur les poteaux, il passera au
delà de la porte de la maison, et
il ne permettra pas que le destruc-
leur entre dans vos maisons et
vous frappe.
24. Garde cette parole comme
une loi éternelle pour toi et pour
tes enfants.
95. Et lorsque vous serez en-
trés dansle pays que le Seigneur
doit vous donner, comme il a
promis, vous observerez ces cé-
rémonies.
26. Et quand vos enfants vous
demanderont : Quel est ce culte
religieux?
27. Vous leur direz : C'est la
victime du passage du Seigneur,
quand il passa par-dessus les
maisons des enfants d'Israël en
Egypte, frappant les Egyptiens,
]68. xm.]
et préservant nos maisons. Alors
le peuple profondément incliné
adora.
98. Et étant sortis, les enfants
d'Israél firent commele Seigneur
avait ordonné à Moise et à Aaron.
29. Or il arriva au milieu de la
nuit que le Seigneur frappa tous
les premiers-nés dans la terre
d'Egypte, depuis le premier-né de
Pharaon qui était assis sur son
tróne, jusqu'au premier-né de la
captive qui était en prison, et
tout premier-né des bétes.
30. Et Pharaon se leva la nuit,
et tous ses serviteurs et tout son
peuple, et il s'éleva un grand cri
en Egypte, car il n'était pas de
maison daus laquelle ne gésit un
mort.
31. Pharaon ayant donc appelé
Moise et Aaron pendant la nuit,
leur dit: Levez-vous, et sortez du
milieu de mon peuple, vous et les
enfants d'Israël; allez, sacrifiez
au Seigneur, comme vous dites.
32. Prenez aussi vos brebis et
votre gros bétail, comme vous
aviez demandé, et vous en al-
lant, bénissez-moi.
33. Et les Egyptiens pressaient
le peuple de sortir de leur pays
promptement, disant : Nous
mourrons tous. |
34. Le peuple prit donc de la
farine pétrie avant qu'elle fût le-
vée, 6118 liant dansles manteaux,
1118 mit sur ses épaules.
35. Alors les enfants d'Israél
22. Hébr., xr, 28. — 29. Supra, xr, 5; Sag., XVIII, 9. — 35. Supra, xi, 2.
23. * Un bouquet d'hysope. Les feuilles de l'hysope forment une touffe chevelue
qui la rend trés propre à servir d'aspersoir.
35-36. * Les Hébreux demandérent des bijoux et des vétements, parce 06 +
les objets précieux qu'il était le plus facile a'emporter. Ils leur furent donnés, par la
p^rinission de Dieu, sous le coup de la terreur causée par la dixième plaie. Ce n'était
[cu. xir.)
firent comme avait ordonné
Moïse; et ils demandèrent aux
Egyptiens des vases d'argent et
d'or et beaucoup de vétements.
36. Or le Seigneur fit trouver
gráce au peuple devant les Egyp-
tiens, pour qu'ils les leur prétas-
sent; et ils dépouillérent les
Egyptiens.
37. Et les enfants d'Israél par-
tirent de Ramessès pour Socoth,
environ six cent mille hommes
de pied, sans les petits enfants.
38. Mais une foule innombrable
de gens de toute espece monta
avec eux, ainsi que des brebis, du
gros bétail et des animaux de di-
versgenresen trés grand nombre.
39. Ils firent cuire aussi la fa-
rine qu'ils avaient apportée d'E-
gypte déjà toute pétrie, et firent
des pains azymes cuits sous la
cendre; car ils ne pouvaient fer-
menter, les Egyptiens les forçant
de partir, et ne leur permettant
de prendre aucun délai; et ils
n'avaient pas eu la facilité d'ap-
préter aucun aliment.
40. Or l'habitation des enfants
d'Israél pendant qu'ils demeure-
rent en Egypte, fut de quatre cent
trente ans.
41. Lesquels accomplis, toute
l'armée du Seigneur sortit le
méme jour de la terre d'Egypte.
49. Cette nuit doit étre obser-
46. Nom., 1x, 12; Jean, xix, 36.
L'EXODE. 133
vée en lhonneur du Seigneur,
quand il les retira de la terre
d'Egypte, et tous les enfants d'Is-
raël doivent l’observer dans
leurs générations.
49. Et le Seigneur dit à Moise
et à Aaron : Voici le rite de la
Páque : Aucun étranger n'en
mangera.
44. Mais tout esclave acheté
sera circoncis, et alors il en man-
gera.
45. L'étranger et le mercenaire
n'en mangeront point.
46. C'est dans une méme mai-
son qu'on la mangera; et vous
ne porterez point de sa chair au
dehors, et vous n'en romprez au-
cun os.
ἀπ. Toute l'assemblée d'Israél
la fera.
48. Que si quelqu'un des étran-
gers veut entrer dans votre colo-
nie et faire la Pâque du Seigneur,
tous ses enfants mâles seront
circoncis auparavant, et alors il
la célébrera selon le rite; et il
sera comme un naturel du pays;
mais si quelqu'un n'a pas été cir-
concis, il n'en mangera pas.
49. La méme loi sera pour l'in-
digene et pour le colon qui sé-
journent chez vous.
50. Et tous les enfants d'Israél
firent comme avait ordonné le
Seigneur à Moise et à Aaron.
LLLA ——ÁÀ—À—MÀMMM—À—
qu'une compensation partielle des immeubles considérables qu'ils laissaient, en
partant, entre les mains des Egyptiens. Voir la note sur Ezode, 11, 22.
31. Les incrédules prétendent que si les Israélites avaient été aussi nombreux,
loin de fuir devant Pharaon, ils auraient tenté de s'emparer de toute l'Egypte; mais
ils ne considèrent pas que les Israélites, quoiqu'en fort grand nombre, n'auraient pu
espérer un grand succès de leur tentative, attendu qu'ils n'étaient nullement accou-
tumés au métier de la guerre, ayant été au contraire accablés de travaux durant leur
longue servitude. D'ailleurs, Dieu n'avait pas ordouné à Moïse de combattre contre
Pharaon, mais bien de tirer son peuple de la terre d'Ezypte.
134 L'EXODE.
51. Et le méme jour le Sei-
gneur retira les enfants d'Israél
de la terre d'Egypte, selon leurs
bandes.
CHAPITRE XIII.
Lois pour la consécration des premiers-
nés et pour l'observation de la Pâque.
Chemin par lequel Dieu conduit les
Israélites. Colonne de nuée et de feu.
1. Le Seigneur parla encore à
Moïse, disant :
9, Consacre-moi tout premier-
né qui ouvre un sein parmi les
enfants d'Israël, tant d'entre les
hommes que d'entre les bêtes :
car à moi sont toutes choses.
3. Et Moïse dit au peuple : Sou-
venez-vous de ce jour auquel
vous êtes sortis de l'Egypte et de
la maison de servitude; car par
une main puissante le Seigneur
vous a retirés de ce lieu : vous
ne mangerez donc point de pain
fermenté.
4. Vous sortez aujourd'hui dans
le mois des nouveaux grains.
5, Et quand le Seigneur t'aura
introduit dans la terre du Chana-
néen, de l'Héthéen, de l'Amor-
rhéen, de l'Hévéen et du Jébu-
séen, terre qu'il a juré àtes peres
qu'il tedonnerait, terre oü coulent
du lait et du miel, tu célébreras
cette pratique sacrée en ce mois.
6. Pendant sept jours tu te
nourriras d'azymes, et le sep-
tième jour sera une solennité du
Seigneur.
[cm. xir.)
! Vous mangerez des azymes
pendant sept jours; il ne parai-
ira point de pain fermenté chez
toi, ni dans tous tes confins,
8. Et tu le raconteras à ton fils
en ce jour-là, disant ; Voilà ce
qu'a fait pour moi le Seigneur,
quand je suis sorti de l'Egypte.
9. Et ce sera comme un signe
en 18 main, et comme un monu-
ment devant tes yeux, et afin que
laloi du Seigneur soit toujours
en ta bouche; car c'est avec une
main puissante que le Seigneur
t'a retiré de l'Egypte.
10. Tu observeras un culte de
cette sorte au temps marqué
d'année en année,
11. EtlorsqueleSeigneurt'aura
introduit dans la terre du Chana-
néen, comme il l'a juré à toi à tes
pères, et qu'il te l'aura donnée,
19. Tu sépareras pour le Sei-
gneur tout ce qui ouvre un sein
el ce qui est primitif dans tes
troupeaux; tout ce que Lu auras
du sexe masculin, tu le consacre-
ras au Seigneur.
13. Tu échangeras le premier-
né de l’âne pour une brebis : que
si tu ne le rachètes point, tu le
tueras. Mais tout premier-né de
l'homme d'entre tes fils, c'est
avec de l'argent que tu le racbe-
teras.
14. Et quand ton fils t'interro-
gera demain, disant : Qu'est-ce
que ceci? tu lui répondras : Par
une main puissante le Seigneur
Cape. XIII. 2. Infra, xxxiv, 19; Lévit,, xxvi, 96; Nom., vii, 16; Luc, 11, 23. —
19. Infra, xxir, 29; xxxiv, 19; Ezéch., ,טזזא 30,
51. Selon leurs bandes. Voy, vi, 26, et compar. xum, 18.
10. D'année en année; littér. de jours en jours. Les Bébreux exprimaient quelque:
fois l'espace d'un an, en mettant le mot jour au pluriel,
14, Demain, hébraï:me, pour un jour, dans l'avenir.
CH. XIV.]
L'EXODE. 135
nousaretirés delaterred'Egypte, | tera; emportez d'ici mes os avec
de la maison de servitude.
45, Car comme Pharaon s'était
endurci, et qu'il ne voulait pas
nous laisser aller,le Seigneur tua
tout premier-né dans la terre d'E-
gypte, depuis le premier-né de
l'homme jusqu'au premier-né des
bêtes : c'est pourquoi jimmole au
Seigneur tout mále qui ouvre un
sein, et je rachète tous les pre-
miers-nés de mes fils.
16. Ce sera donc comme un
signe en ta main, et comme quel-
que chose de suspendu entre tes
yeux, pour souvenir; parce que
par une main puissante le Sei-
gneur nous a retirés de l'Egypte.
47. Or, quand Pharaon eutlaissé
aller le peuple, Dieu ne les con-
duisit point par le chemin de la
terre des Philistinsquiest voisine,
pensant que peut-étre il se repen-
tirait, sil voyait des guerres s'é-
lever contre lui, et qu'il retourne-
rait en Egypte.
18. Mais il leur fit faire un dé-
tour par la voie du désert, qui
est prés dela mer Rouge : ainsi
les enfants d'Israél monterent
armés de laterre d'Egypte.
19. Moise emporta aussi avec
lui les os de Joseph, parce que
Joseph avait adjuré les enfants
d'Israél, disant : Dieu vous visi-
vous.
90. Partis donc de Socoth, ils
camperent à Etham, à l'extrémité
du désert.
21. Orle Seigneur les précédait
pour montrer 18 voie, le jour dans
une colonne de nuée, et la nuit
dans une colonne de feu; afin
quil fût leur guide dans l'un et
l'autre temps.
22. Jamais la colonne de nuée
ne disparut devant le peuple du-
rant le jour, ni la colonne de feu
durant la nuit,
CHAPITRE XIV,
Pharaon poursuit les Israélites. Les eaux
de la mer Rouge s'ouvrent pour don-
ner passage aux Hébreux. Les Egyp-
tiens sont ensevelis sous les eaux.
1. Or le Seigneur parla à Moïse,
disant :
2. Dis aux enfants d'Israél qu'ils
retournent, et qu'ils campent vis-
à-vis de Phihahiroth, qui est entre
Magdalum et la mer, contre Béel-
séphon : c'est la vue de ce lieu
que vous poserez votre camp,
près de la mer,
3. Car Pharaon va dire des en-
fants d'Israél : Ils sont resserrés
dans la terre, le désert les tient
enfermés.
4. Et j endurcirai son cœur, et il
16. Deut., vr, 8. — 19. Genèse, r, 24. — 21. Nom., xiv, 44; II Esdr., 1x, 19; I Cor.
x
20. * De Socoth. Socoth était le nom civil de Phithom. ll désigne ici la région située
autour de cette place forte. — A Etham, lieu indéterminé qui se trouvait sur la
route allant d'Egypte en Palestine, en longeant la mer Méditerranée.
2. * Phihahiroth, peut-être l'Adjroud actuel. — Magdalum, forteresse dont le site
est inconnu. — Et {a mer Rouge ou golfe de Suez, — Contre Béelséphon, probable-
ment la montagne de Djébel-Attaka, qui se dresse à l'ouest et au nord-ouest de la
mer Rouge.
3. Le désert les tient enfermés, par les montagnes qui s'y trouvent, En effet, il ya
au couchant de la mer Rouge des montagnes presque impraticables,
136
les poursuivra ; et je serai glorifié
enPharaon et en toute son armée;
et les Egyptiens sauront que je
suis le Seigneur. Et /es enfants
d'Israël firent ainsi.
5. Cependant on annonca au roi
des Egyptiens quele peuple s'était
enfui, et le cœur de Pharaon et
de ses serviteurs fut changé à
l'égard du peuple: et ils dirent :
Qu'avons-nous voulu faire en
laissant aller Israél, pour qu'il ne
nous servit plus?
6. ll attela donc son char. et
prit tout son peuple avec lui.
7. Il emmena aussi, outre six
cents chars d'élite, tout ce qu'il
y eut de chars dans l'Egypte, et
les chefs de toute l'armée.
8. Et le Seigneur endurcit le
coeur de Pharaon, roi d'Egypte,
et il poursuivit les enfants d'Is-
raël; mais eux étaient sortis par
une main élevée.
9. Et comme les Egyptiens sui-
vaient leurs traces de près, ils les
trouverent dans leur camp pres
de la mer : toute la cavalerie et
les chars de Pharaon et l'armée
enliere étaient à Phihahiroth
contre Béelséphon.
10. Et quand Pharaon se fut ap-
proché, les enfants d'Israél,levant
les yeux, virent les Egyptiens
derriere eux, et ils furent saisis
dune grande crainte, et ils
crierent au Seigneur,
41. Et ils dirent à Moise : Peut-
étre qu'il n'y avait pas de sépul-
tures en Egypte; c'est pour cela
que tu nous a amenés, afin que
nous mourions dans le désert :
qu'as-tu voulu faire en nous reti-
rant de la terre d'Egypte?
CuaP. XIV, 9, Jos,, xxiv, 6; I Mach., 1v, 9.
L'EXODE,
[cu. σιν,
19. N'est-ce pas là le langage
que nous te tenions en Egypte,
disant : Retire-toi de nous, afin
que nous servions les Egyptiens?
car il valait beaucoup mieux les
servir que mourir dans le désert.
13. Or Moïseréponditau peuple:
Ne craignez point, demeurez
fermes, et voyez les grandes
œuvres que le Seigneur va faire
aujourd’hui; carles Egyptiensque
vous voyez en ce moment, vous
ne les verrez plus jamais.
14. Le Seigneur combattra pour
vous, et vous serez dans le si-
lence.
15. Le Seigneur dit ensuite à
Moise : Pourquoi cries-tu vers
moi? Dis aux enfants d'Israël
qu'ils partent.
16. Mais toi, éleve ta verge, et
étends ta main sur la mer, et di-
vise-la, afin que les enfants d'Is-
raél marchent au milieu dela mer
à sec.
47. Pour moi, j'endurcirai le
cœur des Egyptiens, afin qu'ils
vous poursuivent, et je serai glo-
rifié en Pharaon, et en toute son
armée, et en ses chars et en ses
cavaliers.
18. Etles Egyptienssauront que
moi, je suis le Seigneur, quand
jaurai été glorifié en Pharaon, et
en ses chars et en ses cavaliers.
19. Alors l'ange de Dieu qui
précédait le camp d'Israël, alla
derriere eux ; et ainsi que lui, la
la colonne de nuée, passant de
devant en arriere,
20. Se tint entre le camp des
Egyptiens et le camp d'Israél; or
la nuée était ténébreuse, et elle
éclairait la nuit; en sorte que du-
ἴσῃ. xiv.)
rant tout le temps de la nuit, ils
ne pouvaient s'approcher l'un de
l'autre.
91. Lors donc que Moïse eut
étendu la main sur la mer, le Sei-
gneur la fit retirer, un vent im-
pétueux et brülant ayant soufflé
toute la nuit. et illa mit à sec, et
l'eau fut divisée.
99. Ainsi les enfants d'Israël
entrèrent au milieu de la mer
desséchée; car l'eau était comme
un mur à leur droite et à leur
gauche.
93. Etles poursuivant, les Ezyp-
tiens entrèrent après eux au mi-
lieu de la mer, ainsi que toute la
cavalerie de Pharaon, ses chars et
ses cavaliers.
94. Et déjà était venue la veille
du matin, et voilà que le Seigneur
jetant un regard sur le camp des
Egyptiens à travers la colonne de
feu et de nuée, tua toute leur
armée,
95. Et renversa les roues des
chars, ils furent entrainés au
profond dela mer. Les Egyptiens
dirent donc : Fuyons Israél, car
le Seigneur combat pour eux
contre nous.
26. Et le Seigneur dit à Moise :
Etends ta main sur la mer, afin
L'EXODE. 137
que les eaux retournent vers les
Egyptiens, surleurs chars etleurs
cavaliers.
27. Etlorsque Moise eut étendu
sa main contre la mer, elle re-
tourna au premier point du jour,
en son premier lieu; et les eaux
vinrent à la rencontre des Egyp-
tiens qui s'enfuyaient, et le Sei-
gneur les enveloppa au milieu
des flots.
28. Ainsi les eaux retournèrent
et couvrirent les chars et les ca-
valiers de toute l'armée de Pha-
raon, qui, poursuivant Israël,
étaient entrés dans la mer
etil ne resta pas méme un seul
d'entre eux.
29. Mais les enfants d'Israél
poursuivirent leur chemin au mi-
lieu de la mer desséchée, et les
eaux étaient pour eux comme un
mur à droite et à gauche :
30. Etle Seigneur délivra en ce
jour-là Israél dela main des Egyp-
tiens.
31. Et ils virent les Egyptiens
morts sur le rivage dela mer, et
la main puissante qu'avait éten-
due le Seigneur contre eux: et le
peuple craignit le Seigneur, et ils
crurent au Seigneur et à Moise
son serviteur.
22, Ps. xxvm, 13; civ, 37; exui, 3; Hébr., xr, 29. — 24. Sag., XVIII, 15.
PT Re e e e e MER ὃὃ
21-31. Le passage de la mer Rouge tel que Moise le rapporte, est un miracle évi-
dent que les rationalistes ont vainement cherché à expliquer d'une manière naturelle,
Nous dirons de méme des prodiges qui ont été opérés ensuite pendant le séjour des
Hébreux dans le désert. tels que les eaux améres adoucies, les cailles, la manne,
l'eau sortie du rocher d'Horeb, l'apparition de Dieu sur le mont Sinai.
24. La veille du matin; c'est-à-dire l'espace de temps compris entre le chant du
coq et le lever du soleil.
28. * Toute l'armée de Pharaon, mais non Pharaon lui-méme. Menephtah ne fut pas
noyé dans la mer Rouge.
31. * Voir à la fin du volume la note 9 sur la sortie d'Egypte.
138 L'EXODE.
CHAPITRE XV.
Cantique d'action de gráces aprés le pas-
sage de la mer Rouge. Campement à
Mara, οὐ Moise adoucit les eaux.
1. Alors Moise et les enfants
d'Israél chanterent ce cantique au
Seigneur, et dirent : Chantons le
Seigneur, car il s'est glorieuse-
ment signalé;ila précipité dans
la mer le cheval et celui qui le
montait.
9. Ma force et ma louange, c'est
le Seigneur; car il est devenu mon
salut. C'est mon Dieu, et je le
glorifierai : le Dieu de mon pere,
et je l'exalterai.
3. Le Seigneur est comme un
combattant, le Tout-puissant est
son nom.
4. llalancéleschars de Pharaon
et son armée dans la mer; et ses
princes d'élite ont été submergés
dans la mer Rouge.
5. Les abimes les ont couverts;
ils sont descendus au profond du
gouffre comme une pierre.
6. Votre droite, Seigneur, s'est
signalée dans sa force; votre
droite, Seigneur, a frappé l'en-
nemi.
7. Et par la grandeur de votre
gloire vous avez renversé vos ad-
versaires; vous avez envoyé votre
colere qui les a dévorés comme
la paille.
8. Et au souffle de votre fu-
reur les eaux se sont amonce-
lées; l'onde qui coulait s'est
arrêtée, et les abimes se sont
(cu. xv.]
amoncelés au milieu de la mer.
9. L'ennemi a dit : Je poursui-
vrai, je saisirai, je partagerai les
dépouilles; mon âme sera
remplie : je tirerai mon glaive;
ma main les tuera.
10. Votre vent a soufflé, et la
mer les a couverts; ils se sont en-
foncés comme le plomb dans des
eaux impétueuses.
11. Qui est semblable à vous
parmi les forts, ὃ Seigneur? qui
est semblable à vous, magnifique
en sainteté, terrible et digne de
louanges, faisant des prodiges?
19. Vous avez étendu votre
main, et la terreles a dévorés.
13. Dans votre miséricorde vous
avez été un guide pour le peuple
que vous avez racheté, et vous
l'avez porté dans votre force jus-
qu'à votre demeure sainte.
14. Les peuples sont montés et
ont été irrités; les douleurs ont
saisi les habitants de la Palestine.
45. Alorsles princes de l'Idumée
ont été violemment troublés; la
peur a saisi les forts de Moab;
tous les habitants de Chanaan ont
été glacés d'effroi.
16. Que l'épouvante et l'effroi
fondent sur eux à cause de l'é-
tendue de votre bras; qu'ils de-
viennent immobiles comme une
pierre, jusqu'à ce que soit passé
votre peuple, ὃ Seigneur, jusqu'à
ce que soit passé ce peuple que
vous vous étes acquis.
47. Vousles introduirez et vous
les planterez sur la montagne de
XV. 1. Sag.. x, 20. — 2. Isa., xit, 2; Ps. cxvi, 14. .גח
- ————————————
13. Ce verset et les suivants contiennent une vraie prophétie de tout ce qui devait
arriver aux Israélites dans leur voyage, jusqu'à leur entrée dans la terre promise,
le pays de Chanaan.
14. Sont montés; hébraisme, pour : ont fait une sortie contre les Hébreux.
[cH. xv.]
votre héritage, dans votre de-
meureinébranlable que vous avez
faite, Seigneur; c'est votre sanc-
tuaire qu'ont affermi vos mains.
18. Le Seigneur régnera dans
l'éternité, et au delà.
19. Car Pharaon est entré à
cheval dans la mer avecses chars
et ses cavaliers, et le Seigneur à
ramené sur eux les eaux de la
mer; mais les enfants d'Israél ont
marché à sec au milieu de la mer.
90. Marie, prophétesse, sœur
d'Aaron, prit donc un tambour en
sa main, et toutes les femmes
sortirentapres elleavec des tam-
bours et en chœur.
91. Elle chantait avant elles,
disant : Chantons le Seigneur;
caril s'est glorieusement signalé :
L'EXODE. 139
il a précipilé dans la mer le cheval
et celui qui le montait.
92. Or Moïse fit sortir Israël de
la mer Rouge, et ils allèrent au
désert de Sur; et ils marchèrent
trois jours dans la solitude, et ils
ne trouvaient pas d'eau.
93. Et ils vinrent à Mara ; mais
ils ne pouvaient pas boire des
eaux de Mara, parce qu'elles
étaient ameres; c'est pourquoi il
lui donna un nom conforme au
lieu, l'appelant Mara, c'est-à-dire,
amertume.
24. Et le peuple murmura con-
tre Moise, disant : Que boirons-
nous?
95. Mais Moïse cria au Seigneur
qui lui montra un bois : lorsqu'il
l'eut jeté dans les eaux, elles de-
25. Judith, v, 15; Eccli., xxxvu, 5.
19. * Car Pharaon est entré... Le texte porte: Le cheval (pour les chevaux) de
Pharaon sont entrés dans la mer. — Il faut remarquer qu'il n'y avait pas de cava-
liers dans l'armée égyptienne, mais seulement des chariots portant des soldats.
23. * Au désert de Sur. « Le mot Sur signifie en hébreu muraille. Pendant que
nous étions à Ayoun Mouca (c'est-à-dire la Fontaine de Moise, à l'entrée du désert),
en regardant, au delà de la plaine étincelante, les monts er-Rahah et et-Tih, qui la
bordent, nous remarquâmes aussitôt que ce qui forme le caractère principal, sinon
unique, de cette partie du désert, c'est cette longue chaine montagneuse en forme
de mur, et nous ne fümes plus surpris que les [sraélites eussent appelé ce lieu
mémorable, d'après sou trait le plus saillant, le désert de Sur ou de la Muraille. »
(E. H. PALwER). — 175 marchèrent trois jours dans la solitude et ils ne trouvaient pas
d'eau. « Cette notice laconique met parfaitement en relief le caractère principal de
cette contrée à l'époque actuelle. Une plaine morte et stérile, couverte seulement de
quelques herbes et de quelques arbustes misérables, des cailloux noircis et rayés
par le sable, une monotonie désolante, l'absence totale d'eau, à part celle que four-
nissent une demi-douzaine de crevasses remplies d'eau saumâtre, sur une superficie
de 1600 kilométres carrés, tout cela ne produit que trop vivement dans l'esprit du
veyageur l'impression d'un désert sans eau. » (H. S. PALMER).
23. * Et ils vinrent à Marah. On s'accorde généralement à l'identifier avec Ain-
Haouarah. La fontaine est au centre d'une petite éminence, établie sur un dépót
calcaire ; elle a environ 1 métre 80 de circonférence et 60 centimétres de profondeur.
La qualité de l'eau varie un peu, selon les saisons, mais elle est toujours mauvaise
et amére. Les hommes ne peuvent la boire et les chameaux eux-mêmes ne s'y désal-
térent que quand ils souffrent beaucoup de la soif.
25. Lui; c'est-à-dire au peuple d'Israél. — * Lui montra un bois. On a supposé
que ce bois était une plante appelée gharkad, dont les baies auraieut été jetées
dans la source. Mais les baies du gharkad n'ont aucune vertu adoucissante, et les
Israélites traversaient le désert à une saison où la plante ne les avait pas encore
produites. Aucun bois connu ne possède la propriété de rendre potable la fontaine
de Haouarah.
140
vinrent douces : là le Seigneur
lui donna des préceptes et des
ordonnances, et là il le tenta,
26. Disant : Si tu écoutes la
voix du Seigneur ton Dieu, et si
tu fais ce qui est droit devant lui,
et que tu obéisses à ses comman-
dements, et que tu gardes tous
ses préceptes, je n'aménerai sur
toi aucune de ces maladies que
j'ai introduites en Egypte; car
c'est moi le Seigneur qui te gué-
ris.
97. Ensuite les enfants d'Israël
vinrent à Elim, oü il y avait douze
sources d'eaux et soixante-dix
palmiers ; et 115 campèrent auprès
des eaux.
CHAPITRE XVI.
Murmures des Hébreux. Dieu leur envoie
des cailles et fait pleuvoir la manne.
Préceptes touchant la manière dont la
manne doit étre recueillie.
1. Et ils partirent d'Elim, et
toute la multitude des enfants
d'Israél vint au désert de Sin, qui
est entre Elim et Sinai, le quin-
zieme jour du second mois apres
qu'ils furent sortis de la terre
d'Egypte.
9. Et toute l'assemblée des en-
fanis d'Israël murmura contre
Moise et Aaron dans le désert.
3. Et les enfants d'Israël leur
L'EXODE.
(cu. xvr.]
dirent : Plût à Dieu que nous fus-
sions morts par la main du Sei-
gneur dans la terre d'Egypte,
quand nous étions assis pres des
marmites de viandes, et que nous
mangions du pain àsatiété! Pour-
quoi nous avez-vous amenés
dans ce désert, pour faire mourir
toute cette multitude de faim ?
4. Or le Seigneur dit à Moise :
Voici que moi, je ferai pleuvoir
pour vous du pain du ciel; que le
peuple sorte, et qu'il en amasse ce
qui lui suffira pour chaque jour,
afin que j'éprouve s'il marche en
ma loi, ou non.
5. Mais qu'au sixième jour ils
apprétent ce qu'ils auront appor-
té, et que ce soit le double de ce
qu'ils avaient coutume d'amasser
chaque jour.
6. Et Moise et Aaron dirent à
tous les enfants d'Israël : Ce soir
vous saurez que c'est le Seigneur
qui vous ἃ retirés de la terre d'E-
gypte ;
7. Et au matin vous verrez la
gloire du Seigneur; car il a en-
tendu votre murmure contre lui;
mais nous, qui sommes-nous,
pour que vous murmuriez contre
nous?
8. Et Moïse ajouta : Le Seigneur
vous donnera ce soir de la chair
à manger, et au matin du pain à
91. Nom., זצאא 9. — Cap. XVI. 1. Sag., xi, 2.
Les enfants d’Israël vinrent à Elim. On s'accorde généralement à placer Elim * .דפ
àlouadi Gharandel; c'est une oasis située à 86 kilomètres d'Ayoun Mouca. On y
trouve des palmiers sauvages (nakhl), des tamaris et d'autres plantes du désert,
entretenues par un ruisseau perpétuel, oü coule une eau limpide. Au printemps,
c'est-à-dire à l'époque où les Hébreux se trouvaient en ce lieu-là, ce ruisseau se
subdivise, et il forme des étangs, entourés de jones où abondent des oiseaux aqua-
tiques et non aquatiques.
1. * Au désert de Sin. C'est la plaine actuelle d'el Markha, située entre les mon-
tagnes à l'est et la mer Rouge à l'ouest. Elle a une étendue d'environ 24 kilomètres
de long sur 5 kilométres de large.
xvir.] .אס]
satiété. parce qu'il a entendu vos
murmures par lesquels vous avez
murmuré contre lui; car, nous,
que sommes-nous? ce n'est donc
pas contre nous qu'est votre
murmure, mais contre le Sei-
gneur.
9. Moise dit aussi à Aaron : Dis
à toute l'assemblée des enfants
d'Israél : Approchez-vous devant
le Seigneur; car il a entendu vo-
tre murmure.
10. Et lorsque Aaron parlait à
toute lassemblée des enfants
d'Israël, ils regarderent vers le
désert, et voilà que la gloire du
Seigneur apparut dans la nuée.
||. Or le Seigneur parla à
Moise, disant :
12. J'ai entendu les murmures
des enfants d'Israël, dis-leur : Ce
soir vous mangerez de la chair,
et au matin vous serez rassasiés
de pain, et vous saurez que je suis
le Seigneur votre Dieu.
13. Le soir vint donc, et les
68111665 montant couvrirent le
camp : le matin aussi la rosée se
trouva répandue autour du camp.
14. Et lorsqu'elle eut couvert la
surface de la terre, il apparut
dans le désert quelque chose de
menu et comme pilé au mortier,
ressemblant à la gelée blanche
sur la terre.
15 Ce qu'ayant vu les enfants
d'Israél, ils se dirent les uns aux
autres : Manhu, ce qui signifie :
Qu'est-ceci? ils ignoraient, en
L'EXODE. 14!
effet, ce que c'était. Moïse leur
dit : C'est le pain que le Seigneur
vous a donné à manger.
16. Voici les paroles que le Sei-
gneur ἃ ordonnées : Que chacun
en amasse autant qu'il suffit pour
manger : un gomor pour chaque
téte, selon le nombre de vos
àmes qui habitent dans leurtente:
voilà ce que vous recueillerez.
17. Et les enfants d'Israël firent
ainsi, et ils en amasserent, l'un
plus, l'autre moins.
18. Et ils la mesurerent à la
mesure du gomor : or celui qui
en avait plus amassé, n'en eut
pas davantage, et celui qui en
avait moins amassé, n'en trouva
pas moins, car chacun en recueil-
lit selon ce qu'il pouvait manger.
19. Moise leur dit aussi : Que
nul n'en laisse pour le matin.
20. Tous ne lécouterent pas,
mais quelques-uns d'entre eux
en laisserent jusqu'au matin ; or
elle commença par fourmiller de
vers, puis elle se corrompit; et
Moïse fut irrité contre eux.
21. Chacun en amassait donc le
matin autant qu'il pouvait suffire
pour manger ; et lorsque le soleil
était devenu chaud, elle se fon-
dait.
22. Mais, au sixième jour, ils
amassèrent le double de cette
nourriture, c'est-à-dire, deux go-
mors pour chaque personne : tous
les chefs de la multitude vinrent,
et l'annoncerent à Moïse,
10. Eccli., χων, 3. — 19. Nom., xr, 31. — 14. Nom., xi, 7; Ps. טא 24; Sag., xvi, 20;
Jean, vi, 31. — 15. I Cor., x, 3. — 18. II Cor., vi, 15.
13. * Le soir vint. Les cailles voyagent ordinairement la nuit. C'est donc le soir que
Dieu les envoie à son peuple.
16. Le gomor contenait environ trois pintes. — * En litres, le gomor contenait
3 litres 88.
142
93. Qui leur dit : Voici ce qu'a
dit le Seigneur : C'est demain le
repos du sabbat, consacré au
Seigneur; ce qui doit étre fait,
faites-le aujourd’hui; et ce qui
doit étre cuit, faites-le cuire, mais
tout ce qui séra de reste, serrez-
le jusqu'au matin.
24. Ils firent donc selon qu'avait
ordonné Moïse, et 18 manne ne se
corrompit point; et on n'y trouva
pas de ver.
95. Et Moise dit : Mangez-la au-
jourd'hui, parce que c'est le sab-
bat du Seigneur; il ne s'en trou-
vera pas aujourd'hui dans la
campagne.
26. Pendantsix jours ramassez-
en, car au septieme jour, c'est le
sabbat du Seigneur; c'est pour-
quoi on n'en trouvera pas.
27. Or vint le septième jour, et
quelques-uns du peuple étant
sortis pour en amasser, ils n'en
trouvèrent point.
98. Alors le Seigneur dit à
Moise : Jusqu'à quand ne voudrez-
vous point garder mes comman-
dements et ma loi?
29. Voyez que le Seigneur vous
a donné le sabbat, et à cause de
cela au sixieme jour il vous a ac-
cordé le double de nourriture :
que chacun demeure chez soi,
et que nul ne sorte de son lieu au
septième jour.
35. II Esd., 1x, 21; Judith, v, 15.
L'EXODE.
[em. xvr.]
30. Ainsi le peuple sabbatisa 8 ..
septième jour.
31. Et la maison d'Israël appela
cette nourriture du nom de Man;
elle était blanche comme une
graine de coriandre, et son goüt,
celui de la fleur de farine mêlée
avec du miel.
32. Or Moise dit : Voici les pa-
roles qu'a ordonnées le Seigneur:
Emplis-en un gomor, et qu'il soit
gardé dans les générations qui
doivent venir dans la suite, afin
qu'elles connaissent le pain dont
je vous ài nourris dansle désert,
quand vous avez été retirés de la
terre d'Egypte.
33. Et Moise dità Aaron : Prends
un vase et mets-y de là Manne,
autant que peut en contenir un
gomor; et place-le devant le Sei-
gneur, afin de le conserver en
vos générations,
34. Comme a ordonné le Sei-
gneur à Moise. Et Aaron le placa
dans le tabernacle pour étre ré-
servé.
35. Or, les enfants d'Israél man-
gèrent la Manne pendantquarante
ans, jusqu à ce qu'ils vinrent en
une terre habitable; c'est de cet
aliment qu'ils furent nourris,
jusqu'à ce qu'ils touchèrent aux
confins de la terre de Chanaan.
36. Or, le gomor est la dixième
partie de l'éphi.
RÀ
30. Sabbalisa, c'est-à-dire observa, célébra, le Sabbat.
31. * Comme une graine de coriandre. La coriandre est une plante ombellifère à
petites graines rondes.
35. Les qualités soit naturelles, soit surnaturelles de la manne, représentent dans
un sens figuré le pain du ciel que Jésus-Christ nous donne dans le sacrement de son
corps et de son sang, comme il nous en avertit lui-même (Jean, vi, 32 et suiv.)
46. L'éphi contenait environ trente pintes, — * En litres. l'éphi contenait 38 litres.
(CH. xvi.)
CHAPITRE XVII.
Murmures des Israélites à Raphidim.
Dieu fait sortir l'eau du rocher. Dé-
faite des Amalécites.
1. Ainsi toute la multitude des
enfants d'Israél étant partie du
désert de Sin, et ayant fait des sé-
jours, selon les paroles du Sei-
gneur, ilscampèrent à Raphidim,
où il n'y avait pas d'eau à boire
pour le peuple,
9. Qui querellant Moise, dit :
Donne-nous de leau, afin que
nous buvions. Moise leur répon-
dit: Pourquoi me querellez-vous?
pourquoi tentez-vousle Seigneur ?
3. Là doncle peuple eut soif à
cause de la pénurie d'eau, et il
murmura contre Moise, disant :
Pourquoi nous as-tu fait sortir de
l'Egypte, pour nous faire mourir
de soif, nous, nos enfants et nos
bétes?
4. Or Moise cria au Seigneur,
disant : Que ferai-je à ce peuple-
L'EXODE. 143
ci? encore un peu, et 11 me lapi-
dera.
5. Et le Seigneur répondit à
Moise : Marche devant le peuple,
et prends avectoi des anciens d'Is-
raél; et la verge dont tu as frappé
le fleuve, prends-la en ta main,
et va.
6. Voilà que moi, je me tiendrai
là devant toi sur la pierre d'Horeb;
et tu frapperas la pierre, et il en
sortira de l'eau, afin que le peu-
ple boive. Moise fit ainsi devant
les anciens d'Israél :
1. Et il appela ce lieu du nom
de Tentation, à cause de la que-
relle des enfants d'Israël, et parce
qu'ils avaient tenté le Seigneur,
disant : Le Seigneur est-il parmi
nous, ou non?
8. Or Amalec vint, et il com-
battait contre Israël à Raphidim.
9. Et Moïse dit à Josué : Choisis
des hommes, et étant sorti, com-
bats contre Amalec ; demain moi,
je me tiendrai au sommet de la
CHapr. XVII. 2. Num., xx, 4. — ὃ. Supra, xiv, 21; Ps. rxxvir, 15; I Cor., x. 4. —
δὲ πο, χχαν, Lie Judith, vs 19: 580., ΧΙ. 9.
1. * A Raphidim, aujourd'hui l'ouadi Feiran.
6. * Sur la pierre d'Horeb et tu frapperas la pierre. Horeb signifie « sécheresse,
lieu aride et sans eau. » Les savants anglais distinguent le lieu de ce nom, dont il
est question dans ce récit, du mont Horeb, où Moïse avait eu la vision du buisson
ardent. Quant au rocher dont parle l'Exode, les moines du couvent de Sainte-Catherine
croient le posséder dans leur voisinage, mais Raphidim, où coula l'eau miraculeuse,
est situé dans l'ouadi Feiran, comme l'atteste une tradition antique que nous ren-
controns déjà dans Eusèbe et S. Jérôme au iv* siècle, dans Antonin le Martyr au vire.
8. * Raphidim signifie lieu de repos, halte. Les Israélites s'y reposaient de leurs
fatigues, au point où l'ouadi Feiran reçoit l'ouadi Aleyat et est dominé par le Djébel
et-Tahounéh, à 5 ou 6 kilométres au-dessus de Hési-el-Khattatin, lorsqu'ils y ren-
contrérent pour la premiére fois une partie dela population indigéne, les Amalé-
cites, qui venaient leur barrer le passage. C'était une tribu belliqueuse du désert,
capable de lutter contre des forces considérables. Elle se partageait la péninsule
avec les Madianites. Ces derniers étaient amis de Moise, gendre de l'un d'entre eux,
Jéthro. Les Amalécites descendaient d'Abraham par un de ses arrière-petits-fils,
Amalec, qui leur avait donné son nom. Ils occupaient le désert de Pharan, c'est-
à-dire, selon toute vraisemblance, une partie du désert de Tih, s'étendant depuis
l'ouadi el-Arabah, à l'est, jusque prés de l'Egypte, à l'ouest, et jusqu'aux environs
du mont Sinai, au sud. Le nom du désert de Pharan ne subsiste plus aujourd'hui
que dans celui de l'ouadi et del'oasis de Feiran, prés du mont Serbai,
144 L'EXODE.
colline, ayant la verge de Dieu
en ma main.
10. Josué fit comme avait dit
Moïse, et il combattait contre
Amalec : mais Moise et Aaron et
Hur montèrent sur le sommet de
la colline.
11. Etlorsque Moise élevait les
mains, Israël était victorieux;
mais s'il les abaissait un peu,
Amalec l'emportait.
19. Or, les mains de Moise
étaientappesanties; prenant donc
une pierre, ils la mirent sous lui;
il s’y assit; mais Aaron et Hur
soutenaient ses mains des deux
cótés. Et il arriva que ses mains
ne se lasserentpas jusqu'au cou-
cher du soleil.
13. Et Josué mit en fuite Ama-
lec et son peuple, parle tranchant
du glaive.
14. Or le Seigneur dit à Moise :
Écris ceci pour souvenir dans le
livre, et fais-le entendre à Josué;
car j'effacerai la mémoire d’A-
malec sous le ciel.
45. Et Moïse bâtit un autel et
l'appela du nom de: Le Seigneur
est mon exaltation, disant :
16. La main du trône du Sei-
gneur et la guerre du Seigneur
seront contre Amalec de généra-
tion en génération.
Car. XVIII. 3. Supra, u, 22.
(ca. xvur.]
CHAPITRE XVIII.
Jéthro, beau-père de Moïse, vient au-
devant des Israélites. Conseils qu'il
donne à Moise.
1. Or, quand Jéthro prétre de
Madian, parent de Moise, eut ap-
pris tout ce que Dieu avait fait à
Moïse et à Israël son peuple, et
que le Seigneur avait retiré Israél
de l'Egypte,
2. Il prit Séphora femme de
Moise, que celui-ci lui avait ren-
voyée,
3. Et ses deux fils dont l'un
s'appelait Gersam, son pere ayant
dit : J'ai été voyageur dans uue
terre étrangère;
4. Et l’autre Eliézer; car le Dieu
de mon père, avait-il dit, ful mon
aide, et il m'a délivré du glaive
de Pharaon.
5.Jéthro donc, parent de Moise,
vint, ainsi que ses fils et sa fem-
me, vers Moïse dansle désert, où
il avait campé pres de la mon-
tagne de Dieu.
6. Et il envoya vers Moïse, di-
sant : Moi Jéthro ton parent, je
viens à toi, ainsi que ta femme et
tes deux fils avec elle.
7. Moïse étant sorti au-devant
de son parent, se prosterna et
l'embrassa ; et ils se saluèrentmu-
AR————————————————————————————————————————24
44. Le livre. Ce mot étant déterminé par l'article, désigne non point un livre en
général, mais un livre connu de Moïse; c'est sans aucun doute le Pentateuque, que
Moise avait commencé à rédiger, et dans lequel il insérait, vraisemblablement au
fur et à mesure qu'ils arrivaient, les événements qui devaient étre transmis à la
postérité.
1, 5. Parent (cognatus) de Moïse. Compar. n, 18.
2, * Il prit Séphora. Moïse avait emmené avec lui sa femme Séphora quand il était
retourné en Egypte, Exode, iv, 20, mais il l'avait renvoyée à son beau-pére, à cause
des périls qu'elle aurait pu courir avec ses enfants pendant qu'il luttait contre le
Pharaon pour obtenir la permission d'emmener le peuple dans le désert.
9. La montagne de Dieu; c'est-à-dire, d'Horeb. Voy. un, +.
xvni.) .אס]
tuellement par des paroles de
paix. Et lorsque Jéthro fut entré
dans la tente,
8. Moise raconta à son parent
tout ce qu'avait faitle Seigneur à
Pharaon et aux Egyptiens à cause
d'Israél, et toute la peine qui lui
était arrivée dans le chemin!, et
que le Seigneur lesavait délivrés.
9. Et Jéthro se réjouit de tous
les biens qu'avait faits le Seigneur
à Israël, de ce qu'il l'avait délivré
de la main des Egyptiens,
10. Et il dit: Béni le Seigneur,
qui vous a délivrés dela main des
Egyptiens, et de la main de Pha-
raon ; qui a délivré son peuple de
la main de l'Egypte.
11. Maintenant je connais que
le Seigneur est grand au-dessus
de tous les dieux, parce que c’est
en vain qu'ils ont agi insolem-
ment contre eux.
19. Jéthro donc, parent de
Moise, offrit des holocaustes et
des hosties à Dieu, et Aaron et
tous les anciens d'Israël vinrent
pour manger du pain avec lui de-
vant Dieu.
13. Or, le jour suivant Moise
s'assit pour juger le peuple, qui
se présentait devant Moise depuis
le matin jusqu'au soir.
14. Ce qu'ayant vu le parent de
Moïse, c'est-à-dire, tout ce qu'il
faisait avec le peuple, il dit :
Qu'est-ce que tu fais avec le
peuple? pourquoi es-tu seul assis,
etle peuple attend-il depuis le
matin jusqu'au soir?
L'EXODE.
145
15. Moise lui répondit : Le peu-
ple vient à moi demandant le ju-
gement de Dieu;
16. Car lorsqu'il leur arrive
quelque différend, ils viennent à
moi, afin que je juge entre eux
et que je leur montre les précep-
tes de Dieu et ses lois.
47. Mais celui-ci : Tu ne fais
pas, dit-il, une bonne chose :
18. Par cetimprudent labeur tu
te consumes, toi et tout ce peuple
qui est avec toi : l'affaire surpasse
tes forces; seul, tu ne pourras pas
la soutenir.
19. Mais écoute mes paroles et
mes conseils, et Dieu sera avec
toi. Sois toi-méme au peuple dans
les choses qui regardent Dieu,
pour rapporter les paroles qui lui
sont adressées ;
20. Et pour montrer au peuple
les cérémonies et la maniere de
l'honorer, et la voie dans laquelle
ils doivent entrer et l’œuvre
qu'ils doivent accomplir.
21. Mais choisis d'entre tout le
peuple des hommes valeureux,
et craignant Dieu, en qui soit la
vérité, et qui haissent l'avarice,
et fais-en des tribuns, des chefs
de cent, de cinquante et de dix
hommes ;
22. Qu'ils jugent le peuple en
tout temps : qu'ils te rappor-
tent tout ce qui sera plus im-
portant, et qu'eux-mémes ju-
gent seulement les affaires moins
considérables; alors la charge
sera plus légère pour toi, le far-
11. Supra, 1, 14; v, 7; x, 10; xiv, 8. — 18. Deut., 1, 12.
21, 25. Des tribuns, hébr. chefs de milliers. 11 est probable que, comme il y avait
dans l'ordre militaire des officiers qui commandaient à mille, à cent, à cinquante et
à dix soldats (Nombres, xxxi, 14), Jéthro conseille ici à Moise d'établir pour le civil
une hiérarchie de pouvoir aur le plan de la division militaire.
A. T.
10
|
|
146 L'EXODE.
deau étant partagé avec d'autres.
23. Si tu fais cela, tu rempliras
lordre de Dieu, et tu pourras
exécuter ses préceptes : et tout
ce peuple retournera dans ses
demeures en paix.
24. Cesconseils entendus, Moise
fit tout ce que Jéthro lui avait
suggéré.
25. Et ayant choisi des hommes
vaillants de tout Israél, il les éta-
blit princes du peuple, tribuus,
chefs de cent, de cinquante et de
dix hommes.
26. Ils jugeaient le peuple en
tout temps : mais ils rapportaient
à Moïse tout ce qui était plus
grave, jugeant seulement les
affaires les plus faciles.
27. Kt Moïse laissa aller son pa-
rent, qui s'en retournant alla en
son pays.
CHAPITRE XIX.
Les Israélites arrivent auprès de Sinai.
Moïse monte sur la montagne. Il re-
vient et ordonne au peuple de se pré-
parer à recevoir les ordres du Sei-
gneur. Dieu fait éclater sa gloire sur
la montagne.
1. Au troisième mois de la sor-
tie d'Israël de la terre d'Egypte,
en ce jour-là, ils vinrent au désert
de Sinaï.
2. Car partis de Raphidim et
parvenus jusqu’à ce désert, 115
campèrent dans le même lieu, et
là Israël planta ses tentes vis-à-
vis de la montagne de Sinaï.
[cH. xix.]
3. Or Moïse monta vers Dieu,
et le Seigneur l'appela dela mon-
tagne, et dit : Voici ce que tu di-
ras à la maison de Jacob, et que
tu annonceras aux enfants d'Is-
1881 :
4. Vous-mémes vous avez vu
ce que j'ai fait aux Egyptiens, de
quelle maniere je vous ai portés
sur des ailes d'aigles, et que je
vous ai pris pour moi.
9. Si donc vous écoutez ma
voix, et que vous gardiez mon
alliance, vous serez pour moi une
portion choisie d'entre tous les
peuples; car toute la terre est à
moi.
6. Et vous, vous serez pour
moi un royaume sacerdotal, et
une nation sainte. Ce sont les pa-
roles que tu diras aux enfants
d'Israël.
7. Moïse vint, et, les anciens du
peuple assemblés, il exposa
toutes les paroles qu'avait ordon-
nées le Seigneur.
8. Et tout le peuple répondit
ensemble : Tout ce que le Sei-
gueur a dit, nous le ferons. Or,
quand Moise eut rapporté les pa-
roles du peuple au Seigneur,
9. Le Seigneur lui dit : Dès
maintenant je viendrai à toi dans
l'obscurité de la nuée, afin que
le peuple m'entende te parlant,
et quil te croie pour toujours.
Moïse donc annonça les paroles
du peuple au Seigneur,
10. Qui lui dit : Va vers le peu-
Car. XIX. 1. Nom., xxxii, 15. — 3. Actes, vir, 38. — 4. Deut., xxix, 2. — 5. Ps.
xxii, 1. — 6. I Pierre, τι, 9.
1. * Voir à la fin du volume la note 10 sur le mont Sinai.
6. C'est principalement sous le regne de Jésus-Christ que les fidéles sont le sacer-
doce royal et la nation sainte.
9. L'oóscurité de la nuée; c'est-à-dire ia nuée obscure; dont il a déjà été parlé.
]68. [.אזא
ple, et sanctifie-les aujourd'hui
et demain, et qu'ils lavent leurs
vétements.
41. Et qu'ils soient préts pour
le troisieme jour; car au troi-
sieme jour, le Seigneur descen-
dra devant tout le peuple sur la
montagne de Sinai.
12. Tu fixeras des limites pour
le peuple tout autour, et tu leur
diras : Gardez-vous de monter
sur la montagne et d'en toucher
les limites ; quiconque touchera
la montagne mourra de mort.
13. Aucune main ne le touchera,
mais il sera lapidé, ou percé de
traits ; soit que ce soit une bête,
ou un homme, il ne vivra pas.
Quand la trompette commencera
à sonner, qu'alorsils montent sur
la montagne.
14. Et Moise descendit de la
montagne vers le peuple, et le
sanctifia. Et quand ils eurent lavé
leurs vétements,
45. Il leur dit : Soyez prêts pour
le troisieme jour, et ne vous ap-
prochez point de vos femmes.
16. Et déjà le troisieme jour
était venu, et le matin avait ré-
pandu sa lumière, et voilà que
des tonnerres commencerent à
se faire entendre, des éclairs à
briller et une nuée tres épaisse à
couvrir la montagne, et le son
d'une trompette retentissait tres
fortement, et la peur saisit le
peuple qui était dans le camp.
17. Et lorsque Moise les eut
conduits du lieu où était le camp
à la rencontre de Dieu, ils s'ar-
12. Hóbr., xii, 18. — 18. Deut., tv, 11.
L'EXODE. 147
réterent au pied de la montagne.
18. Or toute la montagne de
Sinai fumait, parce que le Sei-
gneur y était descendu au milieu
du feu, et la fumée en montait
comme une fournaise; aussi,
toute 18 montagne inspirait 18 ter-
reur.
19. Et le son de la trompette
augmentait insensiblement de
plus en plus et se répandait plus
au loin. Moise parlait, et Dieu lui
répondait.
20. Etle Seigneur descendit sur
la montagne de Sinai, sur le som-
met méme de la montagne, et il
appela Moise sur son faite. Lors
qu'il y fut monté,
91. Il lui dit : Descends, et ad-
jure le peuple, de peur qu'il ne
veuille dépasser les limites pour
voir le Seigneur et qu'il n'en pé-
risse une grande multitude.
29. Que les prétres aussi qui
s'approchent du Seigneur soient
sanctifiés, pour ne pas qu'il les
frappe.
293. Et Moïse répondit au Sei-
gneur : Le peuple ne pourra pas
monter sur la montagne de Si-
nai; car vous méme vous l'avez
assuré et ordonné, disant : Mets
deslimitesautourdelamontagne,
et sanctifie-la.
24. Et le Seigneur lui dit : Va,
descends; et tu monteras toi et
Aaron avec toi; mais que les pré-
tres et le peuple ne passent point
les limites, et ne montent point
vers le Seigneur, de peur qu'il ne
les fasse mourir.
—— Á——— RR
12. Mourra de mort; hébraisme, pour mourra sans rémission, infailliblement.
23. Et sanclifie-la. Le mot sanctifier a ici, comme souvent ailleurs, le sens de
séparer une chose de l'usage commun et ordinaire, de la déclarer sainte.
148 L'EXODE.
95. Moise descendit donc vers
le peuple et il leur raconta toutes
ces choses.
CHAPITRE XX.
Le Seigneur annonce au peuple ses pré-
ceptes. Le peuple est effrayé. Moise le
rassure. Ordre de Dieu touchant la
construction d'un autel.
1. Le Seigneur dit ensuite tou-
tes ces paroles :
2. Je suis le Seigneur ton Dieu;
qui t'ai retiré de la terre d'Egypte,
de la maison de servitude.
3. Tu n'auras point de dieux
étrangers devant moi.
4. Tu ne te feras point d'image
taillée au ciseau, ni aucune repré-
sentation de ce qui est en haut
dans le ciel, et de ce qui est en bas
sur la terre, ni de ce qui est dans
les eaux sous la terre.
5. Tu ne les adoreras point, ni
ne les honoreras : carc'est moiqui
suis le Seigneur ton Dieu fort,
jaloux, visitantl’iniquité des pères
dans les enfants jusqu'à la troi-
sième et la quatrième génération
de ceux qui me haissent,
[cH xx.]
6. Et faisant miséricorde des
milliers de fois à ceux qui m'’ai-
ment et gardent mes préceptes.
1. Tu ne prendras point le nom
du Seigneur ton Dieu en vain;
car le Seigneur ne regardera pas
comme innocent celui qui aura
pris le nom du Seigneur son Dieu
en vain.
8. Souviens-toi de sanctifier le
jour du sabbat.
9. Pendant six jours tu tra-
vailleras, et tu feras tous tes ou-
vrages.
10. Mais au septième jour est le
sabbat du Seigneur ton Dieu; tu
ne feras aucunouvrage ence jour,
ni toi, ni ton fils et ta fille, ton
serviteur et ta servante, ta béte
et l'étranger qui est au-dedans
de tes portes.
11. Car c'est en six jours que le
Seigneur a fait le ciel et la terre,
etla mer, ettout ce qui esten eux,
et il s'est reposé auseptième jour;
c'est pour cela que le Seigneur 8
béni le jour du sabbat et l'a sanc-
tifié.
12. Honore ton père et ta mère
XX. 2. Deut., v, 6; Ps. Lxxx, 11. — 4. Lév., xxvi, 1; Deut., 1v, 15; Jos., xxiv, .ג
Ps. xcvi, 7. — 7. Lév., xix, 12; Deut., v, 11; Matth., v, 33. — 8. Infra, xxxi, 13; ;14
Deut., v, 14; Ezéch., xx, 12. — 11. Genèse, 11, 2. — 12. Deut., v, 16; Matt., xv, 4;
Ephés., vi, 2.
4. L'histoire du veau d'or (xxxit) montre la sagesse de cette défense, qui a évidem-
ment pour but d'empécher l'idolátrie (vers. 5); mais on ne saurait légitimement en
inférer que toutes sortes de représentations et d'images soient défendues; car Moïse
lui-même fit faire des Chérubins qu'il posa sur l'arche (xx, 18, 19); Salomon en
placa aussi dans le sanctuaire du temple de Jérusalem; il mit méme des figures de
bœuf, sous le vaisseau appelé la mer de fonte, et sur les socles des figures de lions,
(11 Rois, vi, 23, vir, 29, 44). Ajoutons que les représentations de Dieu sont naturel-
lement trés propres à réveiller et à entretenir en nous les sentiments d'amour, d'ado-
ration, de reconnaissance, que nous lui devons, et que les images des saints nous
excitent puissamment à l'admiration et à l'imitation de leurs vertus.
9. Visitant; c'est-à-dire punissant dans les enfants qui imitent l'iniquité de leurs
pères.
10. Tes portes; hébraisme, pour tes villes.
12. * Afin que tu sois d'une longue vie sur la terre. Dans ce passage et dans beau-
coup d'autres, Dieu donne pour sanction à sa loi des récompenses ou des peines
[cm. xxr.)
afin que tu sois d'une longue vie
sur 18 terre que le Seigneur ton
Dieu te donnera.
13. Tu ne tueras point.
14. Tu ne commettras point
d'adultere.
15. Tu ne feras point de vol.
16. Tu ne porteras pointde faux
témoignage contre ton prochain.
11. Tu ne convoiteras point la
maison de tcn prochain, et tu ne
désireras point sa femme, ni son
serviteur, ni sa servante, ni son
bœuf, ni son âne, ni aucune des
choses qui sont à lui.
18. Or tout le peuple entendait
les tonnerres et le son de la trom-
pette;ilvoyaitleséclairsetlamon-
tagne fumante; c'est pourquoi,
épouvantés et frappés de terreur,
ils se tinrent au loin,
19. Disant à Moise : Parle-nous
toi-même, et nous écouterons;
mais que le Seigneur ne nous
parle point, de peur que nous ne
mourions.
90. Et Moise réponditau peuple:
Ne craignez point; car c'est pour
vous éprouver que Dieu est venu,
et pour 416 58 crainte soit en vous,
et que vous ne péchiez point.
21. Le peuple donc se tint au
loin; mais Moise s'approcha de
lobscurité dans laquelle était
Dieu.
L'EXODE. 149
22. Outre cela le Seigneur dit à
Moise : Voici ce que tu diras aux
enfants d'Israël : Vous avez vu
vous-mémes que du haut du ciel
je vous ai parlé.
23. Vous ne vous ferez point de
dieux d'argent, et vous ne vous
ferez point de dieux d'or.
24. Vous me ferez un autel de
terre, et vous m'offrirez dessus
vos holocaustes et vos hosties pa-
cifiques, vos brebis et vos bœufs,
dans tout lieu dans lequel sera la
mémoire de mon nom; je vien-
drai à toi et je te bénirai.
95. Que situ me fais un autel de
pierre, tu ne le bátiras point de
pierres taillées; car si tu leves
le couteau dessus, il sera souillé.
26. Tu ne monteras point par des
degrés à mon autel, afin que ta
nudité ne soit pas découverte.
CHAPITRE XXI.
Ordonnance touchant les esclaves. Lois
contre les homicides, etc. Peine du ta-
lion.
1. Voici les ordonnances que tu
leur proposeras.
2. Si tu achètes un esclave hé-
breu, il te servira pendant six
années; à la septième, il sortira
libre sans rien donner.
3. Qu'il s'en aille avecle méme
vétement avec lequelil est entré;
13. Matt., v, 21. — 17. Rom., vir, 7; xiu, 9. — 21. Deut., xvii, 16; Hébr., xir, 18. —
24. Infra, xxvir, 8; xxxvrri, 7. — 25. Deut., מנטאא 5; Jos., vii, 31. — 6085. XXI. 2. Deut.,
xv, 12; Jér., xxxiv, 14.
temporelles. « Dans ce Testament qu'on appelle proprement Ancien et qui a été
donné sur le mont Sinai, dit S. Augustin, on ne rencontre d'autre promesse explicite
que celle d'une félicité terrestre. » A des hommes encore grossiers, il fallait des
récompenses grossières. « La loi de Moïse, dit Bossuet, ne donnait à l'homme qu'une
premiére notion de la nature de l'àme et de sa félicité... Les merveilles de la vie
future ne furent pas alors universellement développées, et c'était au jour du Messie
que cette grande lumière devait paraître à découvert. C'est un des caractères du
peuple nouveau de poser pour fondement de la religion la foi de la vie future. »
150 L'EXODF.
sil a une femme, sa femme sor-
tira aussi avec lui.
4. Mais si c'est son maitre qui
lui ἃ donné une femme, et qu'elle
ait enfanté des fils et des filles, la
femme et ses enfants seront à
son maître; pour lui, il s'en ira
avec son vétement.
5. Que si l'esclave dit : J'aime
mon maitre, et ma femme et mes
enfants, je ne sortirai point pour
étre libre :
6. Son maitre le présentera aux
dieux, puis il le fera approcher
de la porte et des poteaux, per-
cera son oreille d'une aléne; et
il sera son esclave pour tou-
jours.
7. Si quelqu'un vend sa fille
pour étre servante, elle ne sortira
pas comme les esclaves ont cou-
tume de sortir.
8. Si elle déplait aux yeux de
son maitre auquel elle avait été
livrée, il la laissera aller; mais il
n'aura pas le pouvoir de la ven-
dre à un peuple étranger, s'il l'a
méprisée.
9. Mais s'il l'a fiancée à son fils,
illa traitera à la maniere des
filles libres.
10. Que s'iLen prend une autre
pour son fils, il procurera à la
jeune fille un autre mariage, et
il ne lui refusera pas ses véte-
[cg. xxr.)
ments et le prix de sa virginité.
41. S'il ne fait pas ces trois
choses, elle sortira sans donner
aucun argent.
12. Que celui qui frappe un
homme, voulant le tuer, meure
de mort.
13. Quant à celui qui n'a pas
dressé d'embüches, mais aux
mains duquel Dieu l'a livré, je te
fixerai un lieu dans lequel il de-
vra se réfugier.
14. Si quelqu'un tue son pro-
chain de dessein prémédité et
par surprise, tu larracheras de
mon autel pour qu'il meure.
15. Que celui qui frappe son
père ou sa mère, meure de mort.
16. Que celui qui vole un
homme et le vend, convaincu de
ce crime, meure de mort.
17. Que celui qui maudit son
père ou sa mère, meure de mort.
18. Si des hommes se querel-
lent et que l'un frappe son pro-
chain avec une pierre ou avec le
poing, et que celui-ci ne meure
point, mais qu'il gise dans un
lit;
19. S'il se lève ensuite et qu'il
marche dehors avec son bâton,
celui qui l'a frappé sera innocent,
de telle sorte cependant qu'il
compense son travail #nterrompu
et les dépenses des médecins.
12. Lév., xxiv, 17. — 13. Deut., xix, 2. — 17. Lév., xx. 9; Prov., xx, 20; Matt., xv, 4;
Marc, vu, 10.
6. Aux dieux; hébraisme pour aux magistrats, qui rendent la justice au nom et
à la place de Dieu. — * L'esclave était attaché un moment à la porte par l'oreille,
Deutéronome, xv, 17, selon une coutume commune dans l'antiquité, pour marquer
qu'il faisait désormais partie de la maison pour toujours.
8. S'il l'a méprisée; s'il l'a corrompue, s’il en a abusé, ou bien, s'il ne veut pas
la retenir pour lui-même.
19. * Les dépenses des médecins. Le texte original ne mentionne point les médecins,
parce que la médecine n'était pas alors une profession parmi les Hébreux; il dit
seulement que celui qui a frappé dédommagera sa victime pour ce qu'il lui a fait
perdre.
[cu. xx1.]
20. Celui qui frappe son esclave
ou sa servante avec la verge, et
quils meurent entre ses mains,
sera coupable de crime.
21. Mais s'ils survivent un jour
ou deux,il ne sera pas soumis àla
peine, parce que c'est son argent.
29. Si des hommes se querel-
lent, et que l'un frappe une fem-
me enceinte, et qu'elle accouche
à la vérité d'un enfant mort, mais
qu'elle vive elle-méme, il sera
soumis à une amende telle que
le mari de la femme la demandera
et que des arbitres l'assigneront.
23. Mais si la mort de la femme
s'ensuit, il rendra âme pour âme,
24. OEil pour œil, dent pour
dent, main pour main, pied pour
pied,
25. Brülure pour brülure, plaie
pour plaie, meurtrissure pour
meurtrissure.
26. Si quelqu'un frappe 10511 de
son esclave ou de sa servante, et
quil les rende borgnes, il les
laissera aller libres pour l'œil
qu'il a enlevé.
27. De méme, s'il fait tomber
la dent de son esclave ou de sa
servante, il les laissera pareille-
ment aller libres.
28. Si un bœuf frappe de la
corne un homme et une femme,
et qu'ils meurent, il sera lapidé,
et l'on ne mangera point de sa
chair, mais le maitre du bœuf
sera innocent.
VEXODE. 151
29. Que si un bœuf frappait de
la corne depuis hier etavant-hier,
et qu'on ait averti son maitre, et
qu'il ne l'ait pas enfermé, qu'en-
suite le œuf ait tué un homme
ou une femme, et le bœuf sera
lapidé, et on fera mourir son
maitre.
30. Que si une amende lui est
imposée, il donnera pour son âme
tout ce qui sera demandé.
31. 511 frappe aussi de la
corne un garcon ou une fille, le
maître sera soumis au méme ju-
gement.
32. S'il se jette sur un esclave
ou sur une servante, il donnera
trente sicles d'argent au maitre,
mais le bœuf sera lapidé.
33. Si quelqu'un ouvre une ci-
terne et lacreuse, et nela couvre
pas, et qu'il y tombe un bœuf ou
un âne,
34. Le maitre de la citerne ren-
dra le prix des bétes ; mais ce qui
aura péri sera à lui.
89. Si 16 bœuf de quelqu'un
blesse le beeuf d'un autre, et que
ce beeuf meure, ils vendront le
bœuf vivant, et ils partageront le
prix, mais le corps du mort, ils le
diviseront entre eux.
36. Mais si le maître savait que
le beeuf frappait de la corne de-
puis hier et avant-hier, et quil
ne lait point gardé, il rendra
bœuf pour bœuf, mais il prendra
le corps mort tout entier.
24. Lév., xxiv, 20; Deut., xix, 21; Matt., v, 38.
20. Α la jeune fille; qu'il avait épousée la premiere.
21. Parce que c'est avec son argent qu'il les a achetés.
28. Ame pour áme; c'est-à-dire vie pour vie.
29. Depuis hier et avant-hier. Voy. iv, 10.
32. Le sicle d'argent valait environ 1 fr. 60.
152 L'EXODE.
CHAPITRE XXII.
Lois tou-bant le larcin, la fornication,
l'usure, les dimes, les prémices, etc.
1. Si quelqu'un vole un bœuf
ou une brebis, et qu'il les tue ou
les vende, il restituera cinq bœufs
pour un bœuf et quatre brebis
pour une brebis.
2. Si le voleur est trouvé for-
cant une maison ou la minant, et
qu'il meure d'une blessure recue,
celui qui l'a frappé ne sera pas
coupable de son sang.
3. Que s'il a fait cela, le soleil
levé, il à commis un homicide,
et il mourra lui-même. S'il n’a
pas de quoi rendre pour le larcin,
il sera vendu lui-même.
4. Si ce qu'il a volé est trouvé
chez lui, vivant, soit un bœuf,
soit un âne, soit une brebis, il
restituera le double.
5. Si quelqu'un endommage un
champ ou une vigne, et qu'il
laisse aller sa bête, pour qu'elle
paisse ce qui est à autrui, il ren-
dra tout ce qu'il aura de meil-
leur dans son champ, ou dans sa
vigne, selon l'estimation du
dommage.
6. Si un feu qui s'élève trouve
des épines et gagne un tas de
gerbes, ou bien les blés sur pied
dans les champs, celui qui a allu-
mé le feu réparera le dommage.
1. Si quelqu'un confie en garde
à son ami de l'argent ou un objet
quelconque, et qu'il soit volé à
celui qui l'a recu, si le voleur
[cu. xxit.]
est trouvé, il rendra le double.
8. Si le voleur reste inconnu. le
maitre de la maison sera conduit
aux dieux, et il jurera qu'il n'a
pas étendu sa main surle bien de
son prochain,
9. Pour commettre le vol, soit
d'un bœuf, soit d'un âne, d'une
brebis, d'un vêtement et de tout
ce qui peutporter dommage; c'est
devant les dieux que viendra la
cause de l’un et de l’autre; et si
ceux-ci le condamnent, il resti-
tuera le double à son prochain.
10. Si quelqu'un confie en garde
à son prochain un âne, un bœuf,
une brebis, ou toute autre bête, et
qu’elle meure, ou dépérisse, ou
bien soit prise par les ennemis, et
que personne ne l'ait vu,
11. Interviendra le serment
qu'il n’a pas étendu sa main sur le
bien de son prochain, et le maître
recevra le serment. et celui-là ne
sera pas contraint de rendre.
12. Que si c’est par un vol que
la bête ἃ été enlevée, il réparera
le dommage envers le maître.
43. Si elle a été mangée par une
bête sauvage, qu'il lui apporte ce
qui sera resté, et il ne restituera
pas.
14. Si quelqu'un demande en
prét à son prochain quelqu'une de
ses bétes, et qu'elle dépérisse ou
meure, le maître n'étant pas pré-
sent, il sera forcé de la rendre.
15. Que si le maitre se trouve
présent, il ne restituera pas, sur-
tout s'il était venu la louer, pour
le prix de son travail.
(βαρ. XXII. 1. II Rois, xir, 6. — 12. Genèse, xxxi, 39.
8. Aux dieux. Voy. xxi, 6. — * Dans ce passage, comme xxi, 6,
: meilleure tra-
duction serait: à Dieu, c'est-à-dire, comme ont traduit les Septante, ἃ l'endroit où
l'on rend la justice au nom de Dieu. Voir Deutéroname, 1, 11; xix, 11.
[cu. xxm.]
16. Si quelquun séduit une
vierge non encore fiancée, et dort
avec elle, il la dotera et la prendra
pour femme.
11. Si le père de la vierge ne
veut pas la donner, il rendra de
l'argent selon la dot que les vier-
ges ont coutume de recevoir.
18. Tu ne laisseras pas vivre
ceux qui usent de maléfices.
19. Que celui qui commet un
crime avec une béte, meure de
mort.
90. Celui qui sacrifie à d'autres
dieux qu'au Seigneur seul sera
mis à mort.
91. Tu ne contristeras point
l'étranger, et tu ne l'affligeras
point; car vous avez été étrangers
vous-mémes dans la terre d'E-
gypte.
29. Vous ne nuirez point à la
veuve et à l'orphelin.
93. Si vous les offensez, ils crie-
ront fortement vers moi, et j'en-
tendrai leur clameur;
94. Et ma fureur s'indignera,
puis je vous frapperai du glaive,
et vos femmes seront veuves et
vos fils orphelins.
95 Si tu prétes de l'argent à
mon peuple pauvre qui habite
avec toi, tu ne le presseras point
comme un exacteur, et tu ne l'ac-
cableras point d'usures.
26. Si tu prends en gage de ton
prochain un vétement, tu lui ren-
dras avant le coucher du soleil.
27. Car c'est le seul dont il se
couvre, le seul vétement de sa
chair, et il n'en a pas un autre
L'EXODE.
153
dans lequel il dorme : s'il crie vers
moi, je l'exaucerai, parce que je
suis miséricordieux.
28. Tu ne parleras point mal des
dieux, et tu ne maudiras point le
vruce de ton peuple.
29. Tu ne différeras point à
rendre tes dimes et tes prémices:
tu me donneras le premier-né de
tes fils.
30. Pour tes bœufs aussi et tes
brebis tu feras de méme : que
pendant sept jours le premier-né
soit avec sa mère, et au huitième
jour tu me le rendras.
31. Vous me serez des hommes
consacrés; vous ne mangerez
point de la chair dont les bétes
sauvages auront déjà goüté, mais
vous la jetterez aux chiens.
CHAPITRE XXIII.
Lois pour les juges. Repos de la sep-
tième année et du septième jour. La
célébration des trois principales fêtes
de l'année. Dieu promet d'envoyer son
ange devant les Israélites.
1. Tu n'accueilleras point une
parole de mensonge, et tu ne
préteras pas ta main de maniere
à dire en faveur delimpie un faux
témoignage.
2. Tu ne suivras point la multi-
tude pour faire le mal; et en ju-
gement tu n'acquiesceras pas à
l'avis du plus grand nombre pour
dévier de la vérité.
3. Tu n'auras point non plus
compassion du pauvre en juge-
ment.
4. Si tu rencontres le bœuf de
16. Deut., xxir, 28. — 20. Lév., xix, 4. — 99. Zach., vir, 10. — 96. Deut., xxiv, 13. —
28. Actes, xxv, 5. — 29. Supra, xri, 2, 12; Infra, xxiv, 19; Ezéch., xuiv, 30. — 31. Lév.,
xxm, 8. — παρ. XXIII. 4. Deut., xxii, 1.
L— * e o ὀ - o RE 00000 D SAMU 31) 519% ef 40880 apod]
28. * Des dieux, ou plutôt d’après l'hébreu, de Dieu.
154
ton ennemi, ou son 806 égaré,
ramene-le-lui.
5. Si tu vois 186 de celui qui
te hait tombé sous le fardeau, tu
ne passeras pas outre, mais tu le
releveras avec lui.
6. Ne fais point d'écarts dans le
jugement du pauvre.
7. Tu fuiras le mensonge; tu ne
feras point mourir l'innocent et le
juste, parce que j'ai l'impie en
aversion.
8. Tu ne recevras point de pré-
sents, qui aveuglent méme les
sages et corrompent les paroles
des justes.
9. Tu ne seras point fâcheux
pourl'étranger;car vous connais-
sez les âmes des étrangers, puis-
que vous-mémes, vous avez été
étrangers dans la terre d'Egypte.
10. Pendant six aus tu semeras
ia terre et tu en recueilleras les
fruits.
11. Mais à la septième année. tu
la laisseras et tu la feras repo-
ser, afin que les pauvres de ton
peuple mangent, et que tout ce
qui sera de reste, les bêtes de la
campagne le mangent : ainsi tu
feras pour ta vigne et pour ton
plant d'oliviers.
19. Pendant six jours tu travail-
leras, mais au septième jour tu
cesseras, afin que ton bœuf et ton
âne se reposent,et que le fils de ta
servante, etl'étrangerreprennent
des forces.
L'EXODE.
(cH. xxtmJ.]
13. Gardez toutes les choses que
je vous ai dites, et vous ne jure-
rez point par le nom des dieux
étrangers, et on nel'entendra pas
de votre bouche.
14. Trois fois chaque année
vous célébrerez des fétes en mon
honneur.
15. Tu garderas la solennité des
azymes. Durant sept jourstu man-
geras des azymes, comme je t'ai
ordonné, au temps du mois des
nouveaux fruits, quand tu es sorti
de l'Egypte : tu ne paraitras pas
en ma présence les mains vides.
16. Tu garderas de plus la solen-
nité de la moisson des prémices
de ton travail, quoi que ce soit
que tu aies semé dans ton champ ;
et aussi la solennité à la fin de
l'année, quand tu auras recueilli
tous les fruits de ton champ.
17. Trois 1018 dans l'année, pa-
raitront tous tes mâles en pré-
sence de moi, le Seigneur ton
Dieu.
18. Tu ne sacrifieras point sur
du levain le sang de ma victime,
et la graisse de ma solennité ne
demeurera point jusqu'au matin.
19. Tu apporteras les prémices
du fruit de ta terre 08118 la mai-
son du Seigneur ton Dieu. Tu ne
feras point cuire un chevreau
dans le lait de sa mere.
20. Voilà que moi, j'enverrai
mon ange, afin quil te précede
et te garde dans le chemin, et
1. Dan., xir, 53. — 8. Deut., xvi, 19; Eccli., xx, 31. — 9. Genèse, xLvi, 6. — 11. Lév.,
xxv, 4. — 15. Supra, xui, 3, 4; Infra, xxxiv, 22; Deut., xvr, 16; Eccli., xxxv, 6. —
47. Infra, xxxiv, 23; Deut., xvr, 16. — 19. Infra, xxxiv, 26; Deut.., xiv, 24.
-. ὁ ὁθϑὃ5ῷὋ7ὲΣῪ2λῪ}λο͵ ο ὁ ὁὁσΣσ.ι;7΄͵͵ ..:.ΣΣ.»....-0β..-ΞΣ»--ς-ς-ςςς-ς--ςς.-ς--ς - τ ἧ ςἶ-.-“- “-ἀὋἰ-- ---΄ τ το ῦῦῖς--ςςς-ς----ς-ς.-ςςςς--
9. Le mot áme, comme nous l'avons déjà remarqué, se prenait souvent, chez les
Hébreux, dans le sens de personne, d'éndividu.
15. * La solennité des azymes, Pàque.
16. * La solennité de la moisson, la Pentecóte.
[cH. xxiv.]
qu'il t'introduise dans le lieu que
j'ai préparé.
91. Respecte-le, écoute sa voix,
et ne pense pas à le mépriser,
parce quil ne te pardonnera
point, lorsque tu pécheras, et que
mon nom est en lui.
99, Que si tu écoutes sa voix,
et que tu fasses tout ce que je te
dis, je serai un ennemi pour ton
ennemi, et j'affligerai ceux qui
t'affligeront.
93. Et mon ange te précédera,
et il t'introduira chez l'Amor-
rhéen, l'Héthéen, le Phérézéen,
le Chananéen, l'Hévéen et le Jé-
buséen, que j'écraserai.
94. Tu n'adoreras point leurs
dieux et tu ne les serviras pas;
tu ne feras point leurs ceuvres,
mais tu les détruiras et tu brise-
ras leurs statues.
95. Vous servirez le Seigneur
votre Dieu, afin que je bénisse tes
pains et tes eaux, et que j'enléve
la maladie du milieu de toi.
26. Il n’y aura ni femme infé-
conde, ni stérile dans ta terre : je
remplirai le nombre de tes jours.
97. J'enverrai ma terreur en
avant de toi, et je ferai mourir
tout peuple chez lequel tu entre-
ras, et je ferai tourner le dos à
tous tes ennemis devant toi ;
28. Envoyant d'abord les fre-
lons, qui mettront en fuite l'Hé-
véen, le Chananéen et l'Héthéen,
avant que tu entres.
29. Je ne les chasserai pas de
devant ta face en une seule an-
L'EXODE. 155
née, de peur que la terre ne soit
réduite en solitude, et que les
bétes sauvages ne se multiplient
contre toi.
30. C'est peu à peu que je les
chasserai de ta présence, jusqu à
ce que tu croisses en nombre et
que tu possedes cette terre.
91. Je poserai tes limites depuis
la mer Rouge jusqu'à la mer des
Philistins, et depuis le désert jus-
qu'au fleuve : je livrerai entre
vos mains les habitants de cette
terre, et les chasserai de votre
présence.
32. Tu ne feras point d'alliance
avec eux, ni avec leurs dieux.
33. Qu'ils n'habitent point dans
ta terre, de peur qu'ils ne te fas-
sent pécher contre moi, si tu sers
leurs dieux; ce qui certainement
serait pour toi un scandale.
CHAPITRE XXIV.
Les Israélites s'engagent à garder l'al-
liance contractée avec le Seigneur.
Moise remonte sur la montagne et y
demeure quarante jours.
1. Dieu dit aussi à Moise : Monte
vers le Seigneur, toi et Aaron,
Nadab et Abiu, et les soixante-
dix anciens d Israël, et vous ado-
rerez de loin.
2. Et Moise seul montera vers
le Seigneur, et eux ne s'appro-
cheront pas, et le peuple ne mon-
tera pas avec lui.
3. Moise vint donc et raconta
au peuple toutes les paroles du
Seigneur et ses ordonnances, et
22. Deut., vir, 11. — 23. Infra, xxxii, 2; Deut., vir, 22; Jos., xxiv, 11. — 28. Deut.,
vir, 20. — 32. Infra, xxxiv, 15; Deut., vir, 2.
21. Mon nom; c'est-à-dire mon autorité, ma volonté.
28. * Les frelons. Voir la description de la Sagesse, xui, 8-9 et Josué, xxiv, 12.
1. * Nadab et Abiu, les deux fils ainés d'Aaron.
156
tout le peuple répondit d'une
seule voix : Nous accomplirons
toutes les paroles que le Seigneur
a dites.
4. Or Moise écrivit tous les dis-
cours du Seigneur, et le matin,
se levant, il bátitun autel au pied
de la montagne et douze monu-
ments selon les douze tribus d'ls-
raël.
5. Et il envoya les jeunes gens
d'entre les enfants d'Israël, et ils
offrirent des holocaustes, et ils
immolèrent des victimes pacifi-
ques au Seigneur, des veaux.
6. C'est pourquoi Moise prit la
moitié du sang et la mit dans des
coupes; mais la partie qui restait,
il la répandit sur l'autel.
7. Prenant ensuite le livre de
l'alliauce, il lut, le peuple écou-
tant, lequel dit : Tout ce que le
Seigneur a dit, nous le ferons, et
nous serons obéissants.
8. Or Moise ayant pris le sang,
le répandit sur le peuple, et dit :
Voici le sang de l'alliance que le
Seigneur a faite avec vous selon
toutes ces paroles.
9. Alors monterent, Moise et
Aaron, Nadab et Abiu, et les soi-
xante-dix anciens d'Israél ;
10. Et ils virent le Dieu d'Israél,
el sous ses pieds comme un ou-
vrage de pierre de saphir, et
comme le cel, lorsqu'il est se-
rein.
41. Et Dieu ne lança pas sa
main surceux des enfants d'Israél
qui s'étaient retirés au loin ; et ils
L'EXODE.
fcn. xxv.]
virent Dieu, puis ils mangèrent et
ils burent.
19. Or 16 Seigneur dit à Moïse :
Monte vers moi surla montagne,
et sois là : je te donnerailes tables
de pierre, et la loi et les com-
mandements que j'ai écrits, afin
que tu les enseignes.
13. Moise et Josué son servi-
teur se leverent; et Moïse mon-
tant sur la montagne de Dieu,
14. Dit aux anciens : Attendez
ici jusqu'à ce que nous retour-
nions à vous. Vous avez Aaron
et Hur avec vous; s'il naît quel-
que question, vous leur en ferez
le rapport.
45. Et lorsque Moïse fut monté,
la nuée couvrit la montagne.
16. Et la gloire du Seigneur
reposa sur Sinaï, le couvrant de
la nuée pendant six jours; mais
au septième jour il appela Moïse
du milieu de l'obscurité.
17. Or l'aspect de la gloire du
Seigneur était comme un feu ar-
dent sur le sommet de la monta-
gne, en la présence des enfants
d'Israël.
18. Et Moïse étant entré au mi-
lieu de la nuée, monta sur la
montagne, et il fut là quarante
jours et quarante nuits.
CHAPITRE XXV.
Ordonnances du Seigneur touchant l'Ar-
che, la table des pains de proposition
et le chandelier d'or.
1. Etle Seigneur parla à Moise,
disant :
(βαρ. XXIV. 8. Hébr., 1x, 20. — 18. Deut., 1x, 9.
—————————M————Ó————Á——————
40. * Comme un ouvrage de pierre de saphir et comme le ciel, c'est-à-!i * bleu clair.
41. D'autres traduisent : Sur ceux qui avaient laissé derriére eux les enfants
d'Israël. — C'était l'opinion commune parmi les anciens Hébreux qu'on ne pouvait
voir Dieu sans mourir
cH. XXV.]
2. Disaux enfants d'Israél qu'ils
prennent pour moi des prémices;
vous les recevrez de tout homme
qui les offrira de son plein gré.
3. Or voici ce que vous devez
recevoir : de l'or, de l'argent et
de l'airain;
4. De Phyacinthe, de la pour-
pre, de l'écarlate deux fois teinte,
du fin lin, des poils de chèvres,
5. Des peaux de béliers teintes
en rouges et des peaux violettes,
et des bois de sétim ;
6. De l'huile pour entretenir les
luminaires, des aromates pour le
parfum à oindre, et des parfums à
brüler d'une excellente odeur ;
7. Des pierres d'onyx et des
pierres précieuses pour orner
l'éphod et le rational.
8. Et ils me feront un sanc-
tuaire et j'habiterai au milieu
d'eux :
9. Il aura une ressemblance par-
faite avec le tabernacle que je te
montrerai, et avec tous les vases
consacrés à son service : or, c'est
ainsi que vous le ferez.
10. Construisez une arche de
bois de sétim, dont la longueur
ait deux coudées et demie; la
largeur une coudée et demie; la
L'EXODE.
157
hauteur pareillement une coudée
el demie.
11. Puis tu la doreras d'un or
trés pur au dedans et au dehors,
ettuferasau-dessusunecouronne
d'or tout autour;
12. Et quatre anneaux d'or, que
tu mettras aux quatre coins de
l'arche : que deux anneaux soient
à un côté, et deux à l'autre.
13. Tu feras aussi des leviers de
bois de sétim, et tu les couvriras
d'or;
14. Et tu les introduiras dans
les anneaux qui sont aux cótés
de l'arche pour qu'on la porte par
leur moyen.
15. Ils seront toujours dans les
anneaux, et jamais ils n'en seront
retirés.
16. Ettu mettras dansl'arche le
témoignage que je te donnerai.
11. Tu feras aussi un propitia-
toire d'un ortrès pur :lalongueur
tiendra deux coudées et demie, et
sa largeur une coudée et demie.
18. Tu feras de plus deux ché-
rubins d'or et ductiles des deux
cótés de l'oracle.
19. Qu'un chérubin soit d'un
cóté et l'autre de l'autre.
20. Qu'ils couvrent les deux có-
CHAP. XXV. 2. Infra, xxxv, 5. — 9. Hébr., ix, 2.
--------------- ==? הרי
4. * De l’hyacinthe, violet ou bleu foncé.
9. * Le bois de sétim est l'acacia qui est assez commun dans la péninsule du Sinai.
— Les peaux violettes sont des peaux de dugong, amphibie commun dans la mer
Rouge.
1. * L'éphod et le rational. Voir plus loin, xxvi, 4.
10. La coudée hébraique avait environ un pied et demi. — * Voir à la fin du
volume la note 11 sur l'arche d'alliance.
16, 21. Le témoignage. C'est ainsi que la loi est souvent nommée dans l'Ecriture.
11, 18. Le propitiatoire et l'oracle étaient une méme chose (xxxvli, 6). C'est de là
que Dieu se rendait propice aux prières et aux vœux de son peuple, et qu'il rendait
ses oracles au grand prêtre. — CAérubins ductiles, pour Chérubins d'un or ductile. —
* Le propitiatoire était le couvercle de l'arche.
20. * Qu'ils couvrent les deux côtes du propitiatoire. Les ailes étendues des Chéru-
bins, n'ombrageant aucun symbole visible, marquaient d'une maniere frappante la
nature invisible de Dieu.
158
tés du propitiatoire, étendant les
ailes et ombrageant l'oracle; et
qu'ils se regardent l'un l'autre, les
visages tournés vers le propitia-
toire, dont doit étre couverte
l'arche,
91. Dans laquelle tu mettras le
témoignage que je te donnerai.
22. C'est delà que j'ordonnerai ;
et je te dirai au-dessus du propi-
tiatoire, et du milieu des deux
chérubins, qui seront l'arche du
témoignage, tout ce que je com-
manderai par toi aux enfants d'Is-
raél.
93. Tu feras aussi une table de
bois de sétim, ayant deux coudées
de longueur, et en largeur une
coudée et demie.
24. Et tu la doreras d'un or
trés pur, et lui feras une bordure
d'or tout autour,
25. Et à la bordure elle-méme
une couronne de sculpture à jour
haute de quatre doigts, et au-
dessus d'elle une autre couronne
d'or.
26. Tu prépareras aussi quatre
anneaux d'or et tu les poseras aux
quatre coins de cette méme table,
un à chaque pied.
97. Au-dessous de la couronne
seront les anneaux d'or, pour
quon y passe les leviers et
qu'on puisse porter la table.
28. Les leviers eux-mêmes, tu
les feras aussi de bois de sétim
et tu les doreras tout autour, pour
porter la table.
29. Tu prépareras encore des
plats, des patères, des encensoirs
et des tasses en or trés pur, dans
L'EXODE.
(cir. xxv.]
lesquelles doivent être offertes les
libations.
30. Et tu placeras sur la table
des pains de proposition toujours
en ma présence.
31. Tu feras aussi un chandelier
ductile d'un or trés pur, sa tige,
ses branches, ses coupes, ses
pommes et ses lis qui en sorti-
ront.
32. Six branches sortiront des
côtés, trois d'un côté et trois de
l'autre.
33. ll y aura trois coupes en
forme de noix à une branche,
ainsi qu'une pomme et un lis; et
pareillement trois coupes en
forme de noix, à une autre bran-
che, ainsi qu'une pommeetun lis :
tel sera 16 travail des six branches
qu'on drevra faire sortir de la
tige.
34. Mais au chandelier lui-
méme il y aura quatre coupes en
forme de noix, et des pommes à
chacune ainsi que des lis.
35. ll y aura des pommes en
trois endroits sous les deux bran-
ches, qui font ensemble six, sor-
tant d'une seule tige.
36. Ainsi, et les pommes et les
brauches sortiront du chande-
lier lui-même, toutes ductiles
d’un or très pur.
97. Tu feras de plus sept lampes
et tu les mettras au-dessus du
chandelier afin qu'elles éclairent
vis-à-vis l'une de l'autre.
38. Et aussi que des mouchettes
et des vases oü les lumignons
doivent s'éteindre, soient faits
d'un or très pur.
30. Des pains de proposition; c'est-à-dire qui devaient être toujours exposés sur
la table en la présence du Seigneur.
31. Chandelier ductile. Voy. y. 18.
{cu. xxvi.)
39. Tout le poids du chandelier
avec tout ce qui sert à son usage
sera d'un talent d'or trés pur.
40. Regarde, et fais selon le
modele qui t'a été montré sur la
montagne.
CHAPITRE XXVI.
Ordonnances du Seigneur touchant le
tabernacle et toutes ses parties.
1. Maisle tabernacle, c'est ainsi
que tu le feras : Tu feras dix ri-
deaux de fin lin retors, d'hya-
cinthe, de pourpre et d'écarlate
deux fois teinte, parsemés en ou-
vrage de broderie.
9. La longueur d'un rideau aura
vingt-huit coudées : la largeur
sera de quatre coudées. Tous les
rideaux seront faits d'une seule
mesure.
3. Cinq rideaux seront joints
ensemble, l'un à l'autre, et les
autres cinq seront attachés de la
méme manière.
4. Tu feras de petits lacs d'hya-
cinthe aux cótés et aux sommités
des rideaux, afin qu'ils puissent
s'unir l'un à l'autre.
9. Un rideau aura cinquante
petitslacs dechaquecóté, disposés
de telle sorte qu'un lacs vienne
contre un lacs, et que l'un puisse
s'ajuster à l'autre.
6. Tu feras aussi cinquante an-
neaux d'or par lesquels les voiles
des rideaux doivent étre joints,
afin qu'il se fasse un seul taber-
nacle.
7. Tu feras encore onze cou-
40. Hébr., vin, 5; Actes, vir, 44.
L'EXODE. | 459
vertures de poils de chèvres pour
couvrir le dessus du tabernacle.
8. La longueur d'une couver-
ture aura trente coudées, et la
larg:ur quatre. La mesure de
toutes les couvertures sera égale.
9. Tu en joindras cinq à part,
et tu en uniras six l'une à l'autre,
en sorte que tu replies la sixieme
couverture sur le devant du toit.
10. Tu feras de plus cinquante
lacs au bord d'une couverture,
afin qu'elle puisse étre jointe à
l'autre ; et cinquante lacs au bord
de cette autre, afin qu'elle puisse
étre unie à une autre.
11. Tu feras aussi cinquante
boucles d'airain, par lesquelles
les lacs doivent étre joints, afin
que du tout il se fasse une seule
couverture.
19. Pour ce qui sera de trop
dansles couvertures que l’on dis-
posera pour le toit, c'est-à-dire
une couverture qui sera de sur-
plus, tu couvriras avec sa moitié
le derriere du tabernacle.
13. Et une coudée pendra d'un
cóté et une autre de l'autre ; ce
qui sera de surplus dans la lon-
gueur des couvertures couvrira
les deux cótés du tabernacle.
14. Tu feras aussi au toit une
autre couverture de peaux de
béliers teintes en rouge, et sur
celle-ci tu mettras encore une
autre couverture de peaux vio-
lettes.
15. Tu feras aussi de bois de
sétim les ais du tabernacle, qui
se tiendront debout,
39. D'un talent, etc. Le talent d'or valait environ 6,306 fr.
14. * De peauz violettes, de peaux de dugong. Voir xxv, 5.
160 L'EXODE.
16. Qui auront chacun dix cou-
dées en longueur, et en largeur
une coudée et demie.
17. Aux côtés d'un ais on fera
deux emboitements, par lesquels
un ais s'enchássera dans un autre
ais ; et c'est de cette maniere que
tous les ais seront disposés.
18. Il y en aura vingt du côté
méridional quiregarde le vent du
midi.
19. Pour ces ais, tu fondras qua-
rante soubassements d'argent,
de maniere que deux soubasse-
ments soient posés au-dessous
de chaque ais aux deux angles.
90. Et aussi au second cóté du
tabernacle, qui regarde l'aquilon,
il y aura vingt ais,
91. Ayant quarante soubasse-
ments d'argent; deux soubasse-
ments seront posés sous chaque
ais.
99. Et pour le cóté occiden-
tal du tabernacle, tu feras six
815,
93. Et encore deux autres qui
seront dressés aux angles du der-
riere du tabernacle.
94. Et ils seront joints depuis
le bas jusqu'au haut, et un seul
joint les retiendra tous. De méme
pour les deux ais qui doivent étre
posés aux angles, on conservera
une semblable jointure.
95. Or il y aura en tout huit
ais, et leurs soubassements d'ar-
gent seront au nombre de seize,
en comptant deux soubassements
pour un seul ais.
20. Tu feras aussi des leviers
XXVI. 30. Supra, xxv, 40. גצ
[cu. xxvi.]
de bois de sétim, cinq pour main-
tenir les ais à un cóté du taberna-
cle,
27. Et cinq autres à l'autre, et
le méme nombre pour le cóté oc-
cidental.
98. Et ils seront posés en tra-
vers au milieu des ais depuis une
extrémité jusqu'à l'autre extré-
mité.
29. Tu doreras aussiles ais eux-
mémes, et tu fondras, pour les y
mettre, des anneaux d'or au
moyen desquels des barres main-
tiendront les ais; 00/7/08 que tu
couvriras de lames d'or.
30. Ainsi, tu dresseras le taber-
nacle selon le modèle qui t'a été
montré sur la montagne.
31. Tu feras aussi un voile
d'hyacinthe, de pourpre, d'écar-
late deux fois teinte et de fin lin
retors, d'un ouvrage en bro-
derie, et tissu avec une belle va-
riété.
32. Tu le suspendras à quatre
colonnes de bois de sétim, les-
quelles seront aussi elles-mémes
dorées, et auront des chapiteaux
d'or, mais des soubassements
d'argent.
33. Or, c'est par des anneaux
que sera attaché le voile, au-de-
dans duquel tu placeras larche
du témoignage, par lequel le
Saint et le Saint des Saints seront
divisés.
34. Tu placeras aussi le propi-
tiatoire surl'arche du témoignage
dans le Saint des Saints,
35. Et la table en dehors du
———M———ÓÓ————M € IR M—————
33. L'arche du témoignage; l'arche qui renferme la loi appelée témoignage. Com-
par. xxv, 16
[cu. xxvn.]
voile, et vis-à-vis de la table le
chandelier du cóté méridional du
tabernacle; car la table sera du
cóté de l'aquilon.
36. Tu feras aussi à l'entrée du
tabernacle un voile d'hyacinthe,
de pourpre, d'écarlate deux fois
teinte, et de fin lin retors, en ou-
vrage de brodeur.
31. Et tu doreras cinq colonnes
de bois de sétim, auxquelles sera
suspendu le voile, dont les chapi-
teaux seront d'or etles soubasse-
ments d'airain.
CHAPITRE XXVII.
Ordonnances touchant l'aautel des holo-
caustes, le parvis du tabernacle, les
vases sacrés, l'huile et les lampes.
1. Tu feras encore un autel de
bois de sétim, qui aura cinq cou-
dées en longueur et autant en
largeur, c'est-à-dire carré, ettrois
coudées en hauteur.
2. Mais les cornes en sortiront
aux quatre angles; et tu le cou-
vriras d'airain.
3. Et tu feras à son usage des
chaudières pour recevoir les cen-
dres, des pincettes, des four-
chettes et des brasiers; tu fe-
ras tous ces instruments en ai-
rain.
4. Tu feras encore une grille
d'airain en forme de rets : à ses
quatre angles seront des anneaux
d'airain,
5. Que tu mettras au-dessous
du foyer de l'autel : et la grille
viendra jusqu'au milieu de l'au-
tel.
6. Tu feras aussi deux leviers
d'autel de bois de sétim, que tu
couvriras de lames d'airain :
L'EXODE. 161
7. Et tu 165 passeras dans les
anneaux ; et ils seront des deux
cótés de l'autel pour le porter.
8. Tu ne feras point l'autel so-
lide, mais vide et creux au de-
dans, comme il t'a été montré sur
la montagne.
9. Tu feras aussi le parvis du
tabernacle au cóté austral du-
quel seront contre le midi des ri-
deaux de fin lin retors : un seul
cóté tiendra cent coudées en lon-
gueur.
10. Et £u y poseras vingt co-
lonnes avec autant de soubasse-
ments d'airain, lesquelles auront
leurs chapiteaux avec leurs orne-
ments d'argent.
11. De méme aussi du cóté de
Paquilon il y aura des rideaux de
cent coudées de long, vingt co-
lonneset des soubassements d'ai-
rain de méme nombre ; leurs cha-
piteaux avec leurs ornements se-
ront d'argent.
12. Mais dans la largeur du par-
vis quiregarde l'occidentil y aura
dans l'espace de cinquante cou-
dées des rideaux, dix colonnes et
autant de soubassements.
13. De méme, danslalargeurdu
parvis, laquelle regarde l'orient,
il y aura cinquante coudées,
14. Dans lesquelles seront affec-
tésàuncóté des rideaux de quinze
coudées, trois colonnes et autant
de soubassements :
15. Et de l'autre côté seront des
rideaux ayant quinze coudées,
trois colonnes et autant de sou-
bassements.
16. Mais à l'entrée du parvis on
fera un rideau de vingt coudées
d'hyacinthe, de pourpre, d'é-
(βαρ. XXVII. 1. Infra, xxxvii, 6. — 8. Supra, xx, 24.
A. T.
11
102 L'EXODE.
carlate deux fois teinte et d'un
fin lin retors, en ouvrage de bro-
deur : cette entrée aura quatre
colonnes et autant de soubasse-
ments.
17. Toutes les colonnes du par-
vis seront revêtues tout autour
de lames d'argent; elles auront
des chapiteaux d'argent et des
soubassements d'airain.
18. En longueur le parvis aura
cent coudées, en largeur cin-
quante; sa hauteur sera de cinq
coudées; et il sera fait de fin lin
retors, et il aura des soubasse-
ments d'airain.
19. Tousles vases du tabernacle
destinés à tous les usages et à
toutes les cérémonies, tant ses
pieux que ceux du parvis, tu les
feras d'airain.
20. Ordonne aux enfants d'Is-
raël qu'ils t'apportent de l'huile
d'oliviers tres pure, et pilée au
mortier, afin qu'une lampe brüle
toujours.
91. Dans le tabernacle de témoi-
gnage en dehors du voile qui est
suspendu devant le témoignage.
Et Aaron et ses fils la placeront,
afin qu'elle éclaire jusqu'au matin
devant le Seigneur. Ce sera un
culte perpétuel durant leurs suc-
cessions parmi les enfants d'Is-
rael.
[cu. x viu.)
CHAPITRE XXVIII.
Ordonnances touchant les habits ponti-
ficaux et sacerdotaux d'Aaron et de ses
fils.
1. Fais aussi approcher de toi
Aaron ton frere avec ses fils du
milieu des enfants d'Israél, afin
qu'ils exercent les fonctions du
sacerdoce pourmoi:Aaron,Nadab
et Abiu, Eléazar et Ithamar.
2. Et tu feras un vêtement saint
à Aaron ton frère pour la gloire et
l'ornement.
3. Ettu parlerasàtous les sages
decœur, que j'airemplis del'esprit
de prudence, pour qu'ils fassent
à Aaron des vêtements, par les-
quels étant sanctifié, il me servira.
4. Or voici les vêtements qu'ils
feront : Un rational, un éphod,
une robe et une {unique de lin
étroite, une tiare, et uneceinture.
Ainsi, 115. feront des vétements
saints à ton frére Aaron et à ses
fils, afin qu'ils exercent les fonc-
tions du sacerdoce, pour moi.
5. Et ils prendront l'or, l'hya-
cinthe, la pourpre, l'écarlate deux
fois teinte et le fin lin.
6. Or ils feront l'éphod d'or,
d'hyacinthe, de pourpre, d'écar-
latedeuxfoisteinte, etdefinlinre-
tors, d'un ouvrage en tissu de di-
verses couleurs.
20. De l'huile... pilée au mortier, pour, de huile d'olives pilées, etc.
21. Durant leurs successions; tant qu'ils se succéderont de race en race.
4. Une robe. Il y a dans la Vulgate funicam et dans l'hébreu manteau; c'était
l'habit de dessus. — La tunique de lin étroite se mettait immédiatement sur la chair.
— * Pour orner l'éphod. L'éphod est décrit plus loin tout au long, xxviu, 4-14. 1] se
composait de deux parties dont l'une couvrait la poitrine et la partie supérieure du
corps, tandis que l'autre retombait par derriére. Les deux parties étaient attachées
ensemble dans le haut par deux onyx, sur chacun desquels étaient gravés six des
noms des douze tribus d'Israel. L'éphod était fixé en bas par une ceinture d'or, de
pourpre et de lin. 11 était porté par le grand prêtre et par les simples prêtres, 1 Rois,
xxu, 18; xiv, 28; Osée, τι, 4; nous voyons qu'il fut aussi porté par Samuel, I Rois,
ii, 18; par David, II Rois, vi, 14; I Par., xv, 21.
[cu. xxvm.)
7. ll aura aux deux côtés de ses
sommités deux bandes jointes, de
maniere à former une seule piece.
8. Le tissu lui-méme et tous les
ouvrages diversseront d'or, d'hya-
cinthe, de pourpre, d'écarlate
deux fois teinte et de fin lin re-
tors.
9. Et tu prendras deux pierres
d'onyx, et tu graveras sur elles
les noms des fils d'Israél :
10. Six noms sur une pierre, et
les six autres sur une autre, selon
l'ordre de leur naissance.
41. Au moyen d'un travail de
sculpteur et de la taille d'un lapi-
daire, tu graveras sur les pierres
les noms des fils d'Israël, apres
les avoir enchassées dans l'or et
les en avoir environnées;
19. Et tu les mettras sur les
deux cótés de l'éphod, souvenir
pour les enfants d'Israél.'Et Aaron
portera sur ses épaules leur nom
devant le Seigneur, pour sou-
venir.
13. Tu feras encore des agrafes
d'or.
44. Et deux chainettes d'un or
très pur, se tenant l'une à l'autre,
que tu attacheras aux agrafes.
15. Tu feras aussi le rational du
jugement, d'un ouvrage en tissu
de diverses couleurs, selon la tis-
sure 46] éphod, d'or, d'hyacinthe,
de pourpre, d'écarlate deux
teinte et de fin lin retors.
16. Il sera carré et double, et il
aura la mesure d'une palme, tant
en longueur qu'en largeur.
47. Tu y mettras quatre rangs
de pierres : à la premiere ran-
gée il y aura une sardoine, une
lopaze et une émeraude;
18. Α laseconde, une escarbou-
cle, un saphir et un jaspe;
L'EXODE.
163
19. A la troisieme, un ligure,
une agate et une améthyste;
20. A la quatrième, un chryso-
lite, un onyx, et un béryl; ils
seront enchássés dans de l'or, se-
lon leurs rangs.
91. Et ils porteront les noms
des fils d'Israël : leurs douze noms
seront gravés, chaque nom sur
chaque pierre, selon les douze
tribus.
22. Tu feras pour le rational
des chaines se tenant l'une à
l'autre, d'un or trés pur,
23. Et deux anneaux d'or que
tu mettras aux deux sommités du
rational;
24. Puis tu joindras les deux
chaines d'or par les anneaux qui
sont aux bords du rational ;
95. Et tu attacheras les extré-
mités des chaines elles -mémes
aux agrafes aux deux cótés de
l'éphod qui regarde le rational.
96. Tu feras aussi deux anneaux
d'or que tu mettras aux sommités
du rational sur les bords qui sont
vis-à-vis de l'éphod, et regardent
sa partie de derriere.
97. Tu feras de plus deux autres
anneaux d'or qui devront étre
posés aux deux cótés de l'éphod
par en bas; 00/68 qui regardent en
face de la jonction inférieure, afin
que le rational puisse s'adapter
à l'éphod.
98. Et que le rational soit atta-
ché par ses anneaux aux anneaux
de l'éphod au moyen d'un ruban
d'hyacinthe, afin que la jonction
habilement faite se maintienne,
et que le rational et l'éphod ne
puissent étre séparés lun de
l'autre.
99. Et Aaron portera les noms
des fils d'Israél dans le rational du
164 L'EXODE.
jugement sur sa poitrine, lors-
qu'ils entrera dans le sanctuaire,
souveniren présence du Seigneur
pour toujours.
30. Or tu mettras sur le ratio-
nal du jugement : La Doctrine et
la Vérité, qui seront sur la poi-
urine d'Aaron, lorsqu'il entrera
devant le Seigneur; ainsi il por-
tera toujours le jugement des fils
d'Israél sur sa poitrine en la pré-
sence du Seigneur.
31. Tu feras encore, toute de
couleur d'hyacinthe, la tunique
de l'éphod.
32. Au milieu de laquelle il y
aura dans le haut une ouverture,
et autour d'elle un bord tissu,
comme on à coutume d'en faire
aux extrémités des vétements,
pour ne pas qu'il se déchire faci-
lement.
33. Mais en bas, aux pieds de la
méme tunique, tu feras tout au-
tour comme des grenades d'hya-
cinthe, de pourpre, d'écarlate
deux fois teinte, en entremélant
des sonnettes,
34. En sorte qu'il y ait une son-
nette d'or et une grenade, et de
nouveau, une autre sonnette d'or
et une grenade.
35. Aaron en sera revétu dans
les fonctions du ministere, afin
qu'on entende le son, quand il
entrera dans le sanctuaire en la
présence du Seigneur, et qu'il en
sortira, et qu'il ne meure point.
36. Tu feras encore une lame
CHAP. XXVIII. 35. Eccli., xLv, 11.
(cg. xxvii.)
d'un or très pur, sur laquelle tu
graveras,en ouvrage de ciseleur:
La sainteté est au Seigneur.
37. Et tu la lieras avec un ru-
ban d'hyacinthe, et elle sera sur
la tiare,
38. Dominant le front du pon-
tife. Et Aaron porteralesiniquités
de ce que les enfants d'Israél au-
ront offert et consacré dans tous
leurs dons et présents. Or cette
lame sera toujours sur son front,
afin que le Seigneur leur soit
propice.
39. Et tu feras la tunique étroite
de fin lin; tu feras aussi une tiare
de fin lin, et une ceinture, en ou-
vrage de brodeur.
40. Mais aux fils d'Aaron, tu
prépareras des tuniques de lin,
des ceintures et des tiares pour
la gloire et l'ornement ;
41. Et tu revétiras de tous ces
vétements Aaron ton frere, et ses
fils avec lui. Et tu consacreras les
mains de tous, et tu les sancti-
fierasafin qu'ils exercent les fonc-
tions du sacerdoce pour moi.
49. Tu feras aussi des calecons
de lin, afin qu'ils couvrentla chair
de leur nudité, depuis les reins
jusqu'aux cuisses;
43. Et Aaron et ses fils s'en ser-
viront, quand ils entreront dans
le tabernacle de témoignage, ou
quand ils approcheront de l'autel
pour servir dans le sanctuaire,
afin qu'ils ne meurent point cou-
pables d'iniquité. Ge sera une loi
30. * Doctrine et Vérité, en hébreu Urim et Thummim, littéralement lumière et per-
fection.
36. La sainteté, etc., ou bien, consacré au Seigneur; c'est une chose consacrée au
Seigneur. — * Une lame d'un or trés pur. C'était une sorte de diadéme formé d'une
mince feuille d'or
[cg. xxix.)
perpétuelle pour Aaron et pour
sa postérité apres lui.
CHAPITRE XXIX.
Ordonnances touchant la consécration
des prêtres. Part qu'ils doivent avoir
aux victimes. Sacrifice perpétuel de
deux agneaux par jour.
1. Mais voici ce que tu feras en-
core pour qu'ils me soient con-
sacrés dans le sacerdoce. Prends
un veau du troupeau et deux bé-
liers sans tache,
2. Des pains azymes, une ga-
lette sans levain, qui soit arrosée
d'huile, et aussi des beignets sans
levain, oints d'huile : c'est avec
de la fleur de farine de froment
que tu feras toutes ces choses.
3. Et aprés lesavoir mises dans
une corbeille, tu les offriras,
ainsi que le veau et les deux bé-
liers.
4. Tu feras ensuite approcher,
Aaron et ses fils de la porte du
tabernacle de témoignage. Or,
lorsque tu auras lavé le pere et
ses fils avec de l'eau,
9. Tu revétiras Aaron de ses
vêtements c'est-à-dire de la £un-
que de lin, de la robe, 66 4
et du rational que tu lieras avec
la ceinture.
6. Et tu mettras la tiare sur sa
téte, et la lame sainte sur la tiare,
7. Et tu répandras sur sa téte
l'huile de l'onction; et c'est par
ce rite qu'il sera consacré.
8. Tu feras approcher aussi ses
fils, et tu les revétiras de tuniques
de lin, et tu les ceindras de la
ceinture,
L'EXODE. 165
9. C'est-à-dire, Aaron et ses en-
fants; puis tu leur mettras des
mitres ; et ils seront mes prêtres
par un culte perpétuel. Après
que tu auras consacré leurs
mains,
10. Tu feras aussi approcher le
veau devant le tabernacle de té-
moignage. Alors Aaron et ses fils
poseront les mains sur sa tête,
11. Et tu le tueras en la pré-
sence du Seigneur, près de la
porte du tabernacle de témoi-
gnage.
12. Puis, après avoir pris du
sang du veau, tu le mettras sur
les cornes de l'autel avec ton
doigt; mais le reste du sang, tu
le répandras au pied de l'autel.
18. Tu prendras encore toute la
graisse qui couvre les intestins,
la membrane réticulaire du foie,
les deux reins et la graisse qui
est dessus, et tu les offriras en les
brülant sur l'autel :
14. Pour la chair du veau et sa
peau et sa fiente, tu les brüleras
dehors, au delà du camp, parce
que c'est «ne hostie pour le pé-
ché.
15. Tu prendras aussi l'un des
béliers, sur la téte duquel Aaron
et ses fils poseront les mains.
16. Lorsque tu l'auras tué, tu
prendras de son sang, et tu le
répandras autour de l'autel.
11. Mais le bélier lui-méme, tu
le couperas en morceaux, puis tu
mettras ses intestins et ses pieds
lavés sur sa chair coupée, et sur
sa tête.
18. Et tu offriras tout le bélier
Cap. XXIX. 1. Lév., 1x, 2. — 10. Lév., 1, 3. — 13. Lév., ,זוז ὃ.
———————— ———— r—— A —— s
9. De la tunique de lin, de la robe. Voy. xxvi, 4.
166
en le brülant sur l'autel : c’est
une oblation au Seigneur, une
odeur tres suave de la victime du
Seigneur.
19. Tu prendras aussi l'autre
bélier, sur la téte duquel Aaron
et ses fils poseront les mains.
20. Lorsque tu l'auras égorgé,
tu prendras de son sang et tu en
mettras surl' extrémité de l'oreille
droite d'Aaron et de ses fils, et
sur.les pouces de leur main et de
leur pied droit, et tu répandras
le reste du sang sur lautel tout
autour.
91. Et lorsque tu auras pris du
sang qui est sur lautel et de
l'huile de l'onction, tu aspergeras
Aaron et ses vétements, ses fils
et leurs vétements. Eux-mémes
et leurs vétements ainsi consa-
crés,
22. Tu prendras du bélier, la
graisse, la queue, le gras qui
couvre les entrailles, la mem-
brane réticulaire du foie, les deux
reins et la graisse qui est dessus
et l'épaule droite, parce que c'est
un bélier de consécration.
23. De plus, une miche de pain,
une galette arrosée d'huile et un
beignet de la corbeille des azy-
mes qui a été posée en la présence
du Seigneur :
24. Et tu mettras toutes ces
choses sur les mains d'Aaron et
de ses fils et tu les sanctifieras en
élevant ces dons devant le Sei-
gneur.
95. Tu recevras ensuite toutes
ces choses de leurs mains, et tu
39. Lév., vin, 31; xxiv, 9; Matt., xit, 4.
L'EXODE.
[cu. xxix.]
les brüleras sur l'autel en holo-
causte, odeur très suave en 18 pré-
sence du Seigneur, parce que c'est
son oblation.
96. Tu prendras aussi la poitrine
du bélier au moyen duquel a été
consacré Aaron, ettu la sancti-
fieras apres avoir été élevée de-
vantle Seigneur, et elle devien-
dra ta part.
27. Et tu sanctifieras aussi la
poitrine consacrée, et l'épaule
que tu as séparée du bélier
28. Au moyen duquel ont été
consacrés Aaron et ses fils, et elles
deviendront la part d'Aaron et de
ses fils, par un droit perpétuel,
parmi les enfants d'Israél, parce
que ce sont de leurs victimes paci-
fiques les premieres parties qu'ils
offrent d'abord au Seigneur.
99. Quant au saint vétement
dont se servira Aaron, ses fils
J'aurontapreslui, afin qu'ils soient
oints, en étant revétus, et que
leurs mains soient consacrées.
30. Pendant sept jours il servira
à celui de ses fils qui aura été
établi pontife à sa place, et qui
entrera dans le tabernacle de té-
moignage pour exercer son mi-
nistere dans le sanctuaire.
31. Or, tu prendras 16 bélier de
la consécration, et tu cuiras dans
un lieu saint sa chair,
39. Dont mangeront Aaron et
ses fils. Les pains aussi, qui sont
dans la corbeille, ils les mange-
ront dans le vestibule du taber
nacle de témoignage.
33. Afin que ce soit un sacrifice
93. Une miche de pain; littér. Une rondeur de pain.
34. Le bélier de la consécration ; le bélier qui sera offert pour la consécration.
[cu..xxx.]
propitiatoire, et que soient sanc-
tifiées les mains de ceux qui les
offrent. L'étranger n'en mangera
point, parce qu'ils sont saints.
34. Que s'il demeure de la chair
consacrée ou des pains jusqu'au
matin, tu brüleras les restes au
feu : on ne mangera point de ces
choses, parce qu'elles sont sanc-
tifiées.
35. Tu feras touchant Aaron et
sesfils, tout ce que je t'ai ordonné.
Pendant sept jours tu consacreras
leurs mains,
36. Et tu offriras chaque jour un
veau en expiation pour le péché.
Et tu purifieras lautel lorsque
tu auras immolé l'hostie d'expia-
tion, et tu l'oindras pourle sanc-
tifier.
31. Pendant sept jours tu puri-
fieras l’autel, et tu le sanctifieras,
il sera très saint; quiconque le
touchera sera sanctifié.
38. Voicice quetusacrifierassur
l'autel : Deux agneaux d'un an,
chaque jour, sans interruption,
39. Unagneaule matin, etl'autre
le soir;
40. La dixième partie de l’éphi
de fleur de farine arrosée d'huile
pilée, qui ait pour mesure la qua-
trième partie du hin, et du vin
pour les libations selon la méme
mesure, sur un agneau.
44. Mais l’autre agneau, tu
l'offriras vers le soir, selon le rite
de l'oblation du matin, et selon ce
que nous avons dit, en odeur de
suavité.
42. C'est un sacrifice qui sera
38. Nom., xxvii, 3.
L'EXODE.
167
offert au Seigneur, d'une oblation
perpétuelle en vos générations. à
la porte du tabernacle de témoi-
gnage devant le Seigneur, oü je
me tiendrai pour te parler.
43. Et c'est là que j'ordonnerai
aux enfants d'Israël, et que sera
sanctifié l'autel par ma gloire.
44. Je sanclifierai aussi le taber-
nacle de témoignage avec l'autel,
et Aaron avec ses fils, afin qu'ils
exercent les fonctions du sacer-
doce pour moi.
45. Ainsi j'habiterai au milieu
des enfants d'Israël, etje seraileur
Dieu.
46. Et ils sauront que c'est moi,
le Seigneur leur Dieu qui les ai
retirés de la terre d'Egypte, afin
que je demeurasse parmi eux,
moi, le Seigneur leur Dieu.
CHAPITRE XXX.
Ordonnances touchant l'autel du parfum,
Demi-sicle dû par tête. Bassin d'airain.
Parfum.
1. Tu feras aussi pour brüler un
parfum, un autel de bois.de sétim,
2. Ayant une coudée de lon-
gueur, et une de largeur, c'est-à-
dire carré, et deux coudées en
hauteur. Des cornes en sortiront.
9. Or, tu le revétiras d'un or
tres pur, tant la grille que les
parois tout autour, et les cornes.
Et tu y feras une couronne d'or
tout autour,
4. Et deux anneaux d'or sous
la couronne, à chaque côté, pour
qu'on y passe des leviers et que
l'autel puisse étre porté.
TC ET Le ENMEIELCM ורוו ב
40. D'huile pilée. Voy. xxvu, 20. — * La dixième partie de l'éphi, ou 3 litres 33, —
La quatriéme partie du hin ou 4 litre 60.
168
5. Et les leviers eux-mémes tu
les feras de bois de sétim, et tu
les doreras.
6. Et tu placeras l'autel contre
le voile qui est suspendu devant
l'arche de témoignage, devant le
propitiatoire dont est couvert le
témoignage, oü je te parlerai.
7. Et Aaron y brülera le matin
un parfum, exhalant une odeur
suave. Quandil apprétera les lam-
pes, ille brülera;
8. Et quand il les placera vers
le soir, il brülera un parfum per-
pétuel devant le Seigneur en vos
générations.
9. Vous n'offrirez sur cet autel,
ni parfum d'une autre compo-
sition, ni oblation, ni victime;
et vous n’y ferez point de liba-
tions.
10. Et Aaron fera des expiations
sur les cornes de l'autel une fois
par an, en y répandant le sang de
la victime qui a été offerte pour
le péché, et il conciliera à l'autel
la faveur du Seigneur dans vos
générations. Ce sera une chose
très sainte pour le Seigneur.
11. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
19. Quandtu aurasfaitle dénom-
brement des enfants d'Israél, ils
donneront chacun un prix au Sei-
gneur pour leurs àmes, et il n'y
aura point de plaie parmi eux,
lorsqu'ils auront été recensés.
13. Or voici ce que donnera qui-
conque aura présenté son nom :
L'EXODE.
[cu. xxx.]
un demi-sicle selon la mesure du
temple. Le sicle a vingt oboles.
La moitié d'un sicle sera offerte
au Seigneur.
14. Celui qui est compris dans
le dénombrement, depuis vingt
ans et au-dessus donnera ce prix.
15. Le riche n'ajoutera point à
la moitié d'un sicle, et le pauvre
n'y diminuera rien.
16. Et l'argent reçu qui aura
été apporté par les enfants d'Is-
raél, tu le donneras pour les usa-
ges du tabernacle de témoi-
gnage, afin qu'il soit un souvenir
d'eux devant le Seigneur et que
le Seigneur se montre propice à
leurs àmes.
17. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
18. Tu feras aussi un bassin
d'airain avec sa base pour se la-
ver, et tu le placeras entre le ta-
bernacle de témoignage et l'autel.
Or, de l'eau ayant été mise,
19. Aaron et ses fils y laveront
leurs mains et leurs pieds,
90. Quand ils devront entrer
dansle tabernacle de témoignage,
et quand ils devront s'approcher
de l'autel pour y offrir un parfum
à brüler au Seigneur,
91. De peur qu'ils ne meurent.
Ce sera une loi perpétuelle pour
Aaron et sa postérité durant ses
successions.
92. Le Seigneur parla encore à
Moise,
33. Disant : Prends des aroma-
(παρ. XXX. 12. Nom., 1, 2. — 13. Lév., xxvir, 25; Nom., nr, 47; Ezéch., xLv, 12.
6. Le témoignage; c'est-à-dire l'arche du témoignage. Voy. xxvr, 53
9. D'une autre composition; d'une composition différente de celle des ver. 34 et suiv.
13. * Voir la note sur Exode, xxi, 32.
93. * Cing cents sicles ou 1 kilog. de myrrhe, résine odorante qui coule de l'arbre
appelé bulsamodendron myrrha. — Moilié moins, c'est-à-dire deux cent cinquante
[cg. xxx.)
tes, cinq cents sicles de myrrhe,
premiere et choisie, et la moitié
moins de cinnamome, c'est-à-
dire, deux cent cinquante sicles,
et pareillement deux cent cin-
quante sicles de canne;
94. Cinq cents sicles de casse
au poids du sanctuaire et une
mesure de hin d'huile d'olive;
95. Et tu feras de l'huile sainte
d'onction, essence composée se-
lon l'art d'un parfumeur.
96. Puis tu en oindras le taber-
nacle de témoignage, l'arche du
testament,
97. La table avec ses vases, le
chandelier et ses ustensiles, les
autels du parfum à brüler,
98. Et de l'holocauste, et tous
les objets qui appartiennent à
leur service.
99. Et tu sanctifieras toutes ces
choses, et elles seront très sain-
tes : celui qui les touchera sera
sanctifié.
30. Tu oindras Aaron et ses fils,
et tu les sanctifieras, afin qu'ils
L'EXODE. 169
exercent les fonctions du sacer-
doce pour moi.
31. Et aux enfants d'Israël aussi
tu diras : Cette huile d'onction
me sera consacrée en vos géné-
rations.
32. Aucune chair d'homme n'en
sera ointe, et tu n'en feras point
d'autre selon sa composition,
parce qu'elle a été sanctifiée, et
elle sera sainte pour vous.
33. Un homme quelconque qui
en composera de pareille et qui
en donnera à un étranger, sera
exterminé du milieu de son peu-
ple.
34. Le Seigneur dit encore à
Moise : Prends des aromates, du
stacté, de l'onyx, du galbanum
odoriférant et de l'encens le plus
luisant, toutes ces choses seront
de méme poids,
39. Et tu feras un parfum à
brüler composé selon l'art d'un
parfumeur, mélé avec soin, pur
et trés digne de sanctification.
36. Et lorsqu'en les broyant tu
sicles ou 3 kilo 1/2 de cinnamome, canne. « La canne odorante est un roseau connu
par les botanistes sous le nom de calamus aromaticus, et le cinnamome est l'écorce
du cinnamomum verum. » (E. RiwwEL). — Pour la myrrhe, voir aussi la note sur le
Psaume xu, 8.
24. * Cinq cents sicles ou 1 kilogrammes de casse, écorce du cinnamomum casia.
34. * Du stacté, gomme odorante du síyraz officinalis. — De l’onyx. « La version
la plus accréditée représente l'onyx comme la coquille d'un poisson habitant les
marais de l'Inde et qui devait son odeur au nard dont il se nourrissait. Ce poisson
se trouvait aussi dans la mer Rouge, dont les Hébreux le tiraient sans doute. L'écaille
blanche et transparente qui le renfermait ressemblait à un ongle humain, ce qui lui
fit donner le nom d'onyx. Onyx en grec signifie ongle. » (E. RiwwEL). — Du galbanum,
résine tirée par incision de la ferula, arbuste qui croit en Syrie, en Arabie et en
Abyssinie. — De l’encens, résine tirée d'un arbre de l'Arabie heureuse et de l'Inde,
arbor thuris. — De l'encens le plus luisant. « L'encens est une gomme-résine obtenue
par incision d'un térébinthacé nommé par les anciens TAurifera et par les modernes
Boswellia Thurifera. Cet arbuste est originaire d'Arabie; c'était, du temps de Virgile,
le pays de Saba qui fournissait le meilleur: India mittit ebur, molles sua thura Sabæi.
L'Inde nous envoie l’ivoire et Saba ses encens. On distingue deux sortes d'encens:
le meilleur, l'encens mále, est rond, blanc, onctueux, et s'enflamme facilement.
L'encens femelle est mou, plus résineux et moins suave d'odeur. On les extrait tous
deux en incisant l'écorce de l'arbre... L'encens brûlé seul produit une fumée âcre et
peu agréable; aussi celui qu'emploie de nos jours le culte catholique est-il mélangé
avec du benjoin. » (E. Rime.)
170
auras réduit toutes ces choses en
une poudre tres fine, tu en met-
tras devant le tabernacle de té-
moignage, dans lequel lieu je
t'apparaitrai. Ce sera pour vous
un tres saint parfum à brüler.
37. Vous ne ferez point de pa-
reille composition pour votre
usage, parce que c'est une chose
sainte pour le Seigneur.
38. Un homme quelconque qui
en fera de semblable pour en res-
pirer avec plaisir l'odeur, périra
du milieu de ses peuples.
CHAPITRE XXXI.
Béséléel destiné de Dieu pour travailler
au tabernacle. Lois touchant le sabbat.
Les deux tables de la loi données à
Moise.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
9. Voici, j'ai appelé nommé-
ment Béséléel, fils d'Uri, fils de
Hur de la tribu de Juda,
3. Et je l'ai rempli de l'esprit de
Dieu, de sagesse, d'intelligence
et de science pour toute sorte
d'ouvrage,
4. Pour inventer tout ce qui
peut se faire par l'art avec l'or,
l'argent et l'airain,
5. Avec du marbre, des pierres
précieuses et divers bois.
6. Et je lui ai donné pour com-
pagnon Ooliab, fils d'Achisamech
de la tribu de Dan. Et dans le
cœur de tout ouvrier habile j'ai
L'EXODE.
fcu. xxxr.]
mis de la sagesse, afin qu'ils fas-
sent tout ce que je t'ai ordonné :
7. Le tabernacle d'alliance, l'ar-
che de témoignage, le propitia-
toire qui est dessus, et tous les
vases du tabernacle ;
8. La table et ses vases, le chan-
delier trés pur avec ses vases, et
les autels du parfum à brüler,
9. Et de lholocauste et tous
leurs vases, le bassin avec sa
base;
10. Les vétements saints du
ministere pour Aaron, le grand-
prétre et ses fils, afin qu'ils s'ac-
quittent de leur office dans les
choses sacrées;
11. L'huile de l'onetion, le par-
fum à brüler composé d'aromates
pour le sanctuaire : ainsi, ils fe-
ront tout ce que je t'ai ordonné.
19. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
13. Parle aux enfants d'Israël,
et tu leur diras : Ayez soin de
garder mon sabbat, parce qu'il
est un signe entre moi et vous en
vos générations, afin que vous
sachiez que c'est moi, le Sei-
gneur, qui vous sanctifie.
44. Gardez mon sabbat, car il
est saint pour vous : celui qui le
profanera mourra de mort ; celui
qui travaillera en ce jour-là, son
àme périra du milieu de son peu-
ple.
15. Pendant six jours vous tra-
vaillerez, au septieme jour c'est
(βαρ. XXXI. 13. Supra, xx, 8; Ezéch., xx, 12.
—————@— —— M ————
38. De ses peuples; c'est-à-dire de ses familles; car le mot du texte hébreu signifie
l'un et l'autre.
1. Comme on l'a déjà remarqué, les Hébreux exprimaient par le mot vase tout ce
qui se rattache à une chose, tout ce qui sert à son usage, etc.
13. * Mon sabbat, le repos du samedi et toutes les prescriptions concernant ce jour,
consacré à honorer le repos de Dieu aprés la création.
fcn. xxxm.]
un sabbat, repos saint pour le
Seigneur, quiconque travaillera
en ce jour-là, mourra.
16. Que les enfants d'Israél
gardent le sabbat, et qu'ils le cé-
lèbrenten leurs générations. C'est
un pacte éternel
47. Entre moi et les enfants
d'Israél et un signe perpétuel;
car c'est en six jours que le Sei-
gneur a fait le ciel et la terre,
et au septième il 8 cessé son
œuvre.
18.0Or, leSeigneur ayant achevé
les discours de cette sorte sur la
montagne de Sinaï, donna à Moïse
les deux tables de pierre du té-
moignage, écrites du doigt de
Dieu.
CHAPITRE XXXII.
Le peuple adore le veau d'or. Moise
brise les tables de la loi. Punition des
Israélites. Moise prie pour eux.
1. Gependant le peuple voyant
le retard que mettait Moise à des-
cendre de la montagne, et s'étant
assemblé contre Aaron, dit: Leve-
toi, fais-nous des dieux qui nous
précedent; car pour Moise, cet
homme qui nous a retirés de la
terre d'Egypte, nous ignorons ce
qui lui est arrivé.
2. Et Aaron leur répondit : Otez
les pendants d'or des oreilles de
vos femmes, de vos fils et de vos
filles, et apportez-les-moi.
3. Et le peuple fit ce qu'il avait
L’'EXODE. 171
commandé, portant les pendants
d'oreilles à Aaron.
4. Lorsque celui-ci les eut re-
cus, il les jeta en fonte, etil en fit
un veau de fonte : alors ils dirent:
Voici tes dieux, ὃ Israël, qui t'ont
retiré de la terre d'Egypte.
5. Ce qu'ayant vu Aaron, il bâ-
lit un autel devant le veau, et il
cria par la voix d'un héraut :
Demain est une solennité du Sei-
gneur.
6. Et, se levant le matin, ils
offrirent des holocaustes et des
hosties pacifiques, et le peuple
s'assit pour manger et pour boire,
et ils se leverent pour jouer.
Mais 16 Seigneur parla à .ד
Moïse, disant : Va, descends : il a
péché, ton peuple que tu as retiré
de la terre d'Egypte.
8. Ils se sont bientót écartés de
la voie que tu leur as montrée :
ils se sont fait un veau de fonte,
et ils l'ont adoré; puis lui immo-
lant des hosties, ils ont dit : Voici
tes dieux, ὃ Israél, qui t'ont re-
tiré de la terre d'Egypte.
9. Et de nouveau le Seigneur
dit à Moise : Je vois que ce peuple
est d'un cou roide;
10. Laisse-moi, afin que ma fu-
reur s'irrite contre eux, et que je
les extermine ; et je te ferai chef
d'une grande nation.
11. Mais Moise priaitle Seigneur
son Dieu, disant : Pourquoi, Sei-
gneur, votre fureur s'indigne-t-
17. Genèse, 11, 2. — 18. Deut., 1x, 10. — (παρ. XXXII. 1. Actes, vir, 40. — 4. Ps. cv,
19. — 6. I Cor., x, 7. — 7. Deut., 1x, 12. — 8. III Rois, xri, 28. — 9. Infra, xxxii, 3;
Deut., 1x, 13. — 11. Nom., xiv, 13; Ps. cv, 23.
4. * Un veau de fonte, souvenir de l'Egypte, où l'on adorait le bœuf Apis. — Voici
les dieux. La vraie traduction est {on Dieu. Le veau d'or représentait le vrai Dieu,
mais sous un symbole idolátrique et interdit.
9. D'un cou roide, qui supporte difficilement le joug, indomptable.
172
elle contre votre peuple que vous
avez retiré de la terre d'Egypte,
avec une grande puissance, et
une main forte?
19. Que les Egyptiens, je vous
prie, ne disent pas : C'est par ruse
qu'il les a retirés, afin de les tuer
sur les montagnes, et les exter-
miner de la terre : que votre co-
leres'apaiseet]laissez-vous fléchir
sur la méchanceté de votre peu-
ple.
13. Souvenez-vous d'Abraham,
d'Isaac et d'Israél vos serviteurs
auxquels vous avez juré par
vous-même, disant : Je multiplie-
rai votre postérité comme les
étoiles du ciel; et toute cette
terre dont je vous ai parlé, je la
donnerai à votre postérité, et
vous la posséderez toujours.
14. Et le Seigneur s'apaisa, et
il ne fit pas à son peuple le mal
qu'il avait dit.
15. Ainsi, Moise retourna de la
montagne, portant en sa main les
deuxtables dutémoignage écrites
des deux cótés,
16. Et faites par l'euvre de
Dieu ; l'écriture aussi, gravée sur
les tables, était de Dieu.
11. Or, Josué entendant le tu-
multe du peuple qui vociférait,
dit à Moise : On entend des cris
de combat dans le camp.
18. Moise répondit : Ce n'est
point là le cri de ceux qui s'ex-
hortent au combat, ni les voci-
férations de ceux qui poussent
leurs ennemis à la fuite; mais
c'est la voix degens qui chantent,
que moi j'entends.
19. Et lorsqu'il se fut approché
du camp, il vitle veau et les dan-
13. Genèse, xm, 7; xv, 7; xLVIn, 16.
L'EXODF.
lcg. xxxi]
ses; alors très irrité, il jeta les
tables qu'il tenait à la main, et
les rompit au pied de la monta-
gne;
20. Puis saisissant le veau qu'ils
avaient fait, 1116 brüla, et le brisa
jusqu’à le réduire en poudre,
qu'il répandit dans l’eau, et il
donna de cette poudre à boire
aux enfants d'Israël.
21. Il dit ensuite à Aaron : Que
t'a fait ce peuple, pour que tu
attirasses sur lui un très grand
péché ?
22. Aaron lui répondit : Que
mon Seigneur ne soit pas indi-
gné; car tu connais ce peuple;
tu sais qu'il est porté au mal:
23. Ils m'ont dit: Fais-nous des
dieux qui nous précèdent, car
pour ce Moise qui nous a retirés
de la terre d'Egypte, nous ne sa-
vons ce qui lui est arrivé.
24. Moi, je leur ai dit : Qui de
vous a de l'or? Ils l'ont apporté
et me l'ont douné ; et je l'ai jeté
dans le feu, et il en est sorti ce
veau.
95. Moïse voyant donc que le
peuple avait été mis nu (car Aa-
ron l'avait dépouillé pour une
ignominie d'ordure, et l'avait mis
nu au milieu de ses ennemis),
96. Et se tenant à la porte du
camp, dit : Si quelqu'un est au
Seigneur, qu'il se joigne à moi.
Et tous les enfants de Lévi se
réunirent auprès de lui;
27. Il leur dit : Voici ce que dit
le Seigneur Dieu d’Israël : Que
chaque homme mette un glaive
sur sa cuisse : allez et revenez
d'une porte àl'autreau travers du
camp, et que chacun tue son
[cu. χχχπι.
frere, son ami, et celui qui lui est
le plus proche.
98. Et les fils de Lévi firent se-
lon la parole de Moïse, etiltomba
en ce jour-là environ vingt-trois
mille hommes.
29. Alors Moise dit : Vous avez
consacré aujourd'hui vos mains
au Seigneur, chacun sur son
fils et sur son frère, afin que
vous soit donnée une bénédic-
tion.
30. Mais le jour suivant arrivé,
Moise parla au peuple, disant :
Vous avez commis un trés grand
péché; je monterai vers le Sei-
gneur, pour voir si je pourrai en
quelque manière détourner le
chátiment de votre crime.
31. Et étant retourné vers le
Seigneur, il dit : Je vous conjure,
ce peuple a commis un très grand
péché, ils se sont fait des dieux
d'or : ou remettez-leur cette
faute,
32. Ou, si vous ne le faites pas,
effacez-moi de votre livre que
vous avez écrit.
33. Le Seigneur lui répondit :
Celui qui aura péché contre moi,
je l'effacerai de mon livre :
94. Mais toi, va, et conduis ce
peuple où je t'ai dit : mon ange te
précédera. Pour moi, au jour de
la vengeance, je visiterai ce péché
qu'ils ont commis.
39. Le Seigneur frappa donc le
L'EXODE. 173
peuple pour le crime du veau
qu'avait fait Aaron.
CHAPITRE XXXIII.
Le peuple s'humilie et pleure son péché.
Moise parle à Dieu face à face. Il le prie
de lui montrer son visage.
1. Le Seigneur parla ensuite à
Moise, disant : Va, monte de ce
lieu, toi et ton peuple que j'ai re-
tiré de la terre d'Egypte, en la
terre que j'ai jurée à Abraham, à
Isaac et à Jacob, disant : C'est à
ta postérité que je la donnerai;
2. Et jenverrai pour ton pré-
curseur, un ange, afin que je
chasse le Chananéen, l'Amorrhé-
en, l'Héthéen, le Phérézéen, l'Hé-
véen et le Jébuséen,
3. Et que tu entres dans une
terreoü coulentdulait et du miel.
Car je ne monterai pas avec toi,
parce que tu es un peuple d'un
cou roide; de peur que je ne te
détruise dans le chemin.
4. Or, le peuple entendant cette
parole trés fácheuse, pleura, et
nul ne se revétit, comme àl'ordi-
naire, de sa parure.
9. Ainsile Seigneur dit à Moise:
Dis aux enfants d'Israël : Tu es
un peuple d'un cou roide, je mon-
terai une seule fois au milieu de
toi, et jet'exterminerai. Des main-
tenant, dépose tes ornements,
afin que je sache ce que je te fe-
rai.
Cuap. XXXIII. 1. Genèse, xir, 7. — 2. Supra, xxxi, 34; Deut., vit, 22; Jos., xxiv, 11.
— 3. Supra, xxxir, 9; Deut., 1x, 13.
———————————————— — — .
28. L'hébreu, le samaritain, les Septante, la paraphrase chaldaique, sans compter
plusieurs pères et autres autorités, lisent seulement f£rois mille; et cette lecon parait
la mieux fondée.
32. Du livre, etc.; c'est-à-dire du livre, du nombre des vivants. Compar. Nombres,
xi, 15. Suivant d'autres, du livre de vie de la prédestination. Saint Paul s'est servi
d'une semblable expression. Voy. note sur Rom., ix, 3.
3. D'un cou roide. Voy. note sur xxxi, 9.
174 L'FXODE.
6. Les enfants d'Israél dépose-
rent donc leurs ornements dés la
montagne d'Horeb.
7. Moise aussi prenant le taber-
nacle le dressa hors du camp au
loin, et il l'appela du nom de Ta-
bernacle d'alliance. Et tous ceux
du peuple qui avaient quelque
question, sortaient vers le taber-
nacle d'alliance, hors du camp.
8. Etlorsque Moise sortait vers
le tabernacle, le peuple entier
se levait, et se tenait chacun
àla porte de son pavillon et re-
gardait Moïse par derriere, jus-
qu'à ce qu'il entrait dans le taber-
nacle.
9. Or, Moise entré dans le ta-
bernacle d'alliance, la colonne de
nuée descendait, et se tenait à la
porte et le Seigneur parlait avec
Moise,
10. Tous voyant que la colonne
de nuée se tenait à la porte du
tabernacle. Et ils se tenaient eux-
mêmes, et ils adoraient à la porte
de leurs tentes.
11. Or, le Seigneur parlait à
Moïse face à face, comme a cou-
tume de parler un homme à son
ami. Et lorsque Moise retournait
au camp, son serviteur Josué,
jeune homme, fils de Nun, ne
s'éloignait pas du tabernacle.
19. Or, Moise dit au Seigneur :
Vous m'ordonnez d'emmener ce
peuple, et vous ne m'indiquez
pas celui que vous devez envoyer
avec moi, quoique cependant
vous m'ayez dit: Je te connais
nommément, et tu as trouvé
grâce devant moi.
19. Rom., 1x, 15.
(cu. xxxui.]
18. Si donc j'ai trouvé grâce en
votre présence, montrez-moi
votre visage, afin que je vous
connaisse, et que je trouve grâce
devant vos yeux : regardez votre
peuple, cette nation.
14. Et le Seigneur répondit :
Ma face te précédera, et je te don-
nerai le repos.
15. Et Moise reprit : Si vous ne
nous précédez vous-même, ne
nous retirez pas de ce lieu.
16. Car en quoi pourrons-nous
savoir, moi et votre peuple, que
nous avons trouvé grâce en votre
présence, si vous ne marchez
avec nous, afin que nous soyons
elorifiés par tous les peuples qui
habitent sur la terre?
17. Or le Seigneur dit à 10186 :
Cette parole méme que tu as
dite, je l'accomplirai : car tu
as trouvé grâce devant moi, et
je te connais toi-même nommé-
ment.
18. Moise dit : Montrez-moi
votre gloire.
19. Le Seigneur répondit : Moi,
je te montrerai toute sorte de
biens, je prononcerai le nom du
Seigneur devant toi, je ferai mi-
séricorde à qui je voudrai, et je
serai clément envers qui il me
plaira.
90. Et de nouveau il dit: Tu ne
pourras voir ma face ; car l'hom-
me ne saurait me voir et vivre.
94. Et encore : Voici, dit-il, un
lieu pres de moi, et tu te tiendras
sur la pierre.
92. Et lorsque passera ma
gloire, je te placerai à l'ouverture
6. * La montagne d'Horeb. Le mont Sinai.
[cu. xxxiv.]
de la pierre et je te couvrirai de
ma droite, jusqu'à ce que je sois
passé,
93. J'ôterai alors ma main, et tu
me verras par derrière ; mais ma
face, tu ne la verras point.
CHAPITRE XXXIV.
Moise remonte sur la montagne. Dieu lui
manifeste sa gloire et lui renouvelle
les principales conditions de l'alliance
faite avec son peuple. Moise descend,
la téte environnée de rayons.
1. Et ensuite : Taille-toi, dit-il,
deux tables de pierre à l'instar
des premieres, et j'écrirai des-
sus les paroles que contenaient
les tables que tu as rompues.
2. Sois prét des le matin, pour
monter aussitót sur la montagne
de Sinai, et tu te tiendras avec
moi sur le sommet de la monta-
gne.
9. Que nul ne monte avec toi,
et que personne ne soit vu sur
toute la montagne; que les bœufs
méme et les brebis ne paissent
point contre.
4. 11 tailla donc deux tables de
pierre, comme celles qui avaient
été auparavant; et se levant de
nuit, il monta sur la montagne
de Sinaï, comme lui avait ordonné
le Seigneur, portant avec lui les
tables.
9. Et lorsque le Seigneur fut
descendu dans la nuée, Moise se
tint avec lui, invoquant le nom
du Seigneur.
6. EtleSeigneur passant devant
lui, Moise dit : Dominateur, Sei-
UEXODE.
175
gneur Dieu, miséricordieux et
clément, patient et d'une abon-
dante miséricorde, et tres véri-
table,
7. Qui gardez votre miséricorde
pour des milliers de créatures;
qui effacez l’iniquité, les crimes
et les péchés, et nul auprès de
vous n'est innocent par lui-
méme; qui rendez l'iniquité des
peres aux fils et aux petits-fils,
jusqu'à la troisieme et la qua-
trième génération.
8. Et aussitót Moise se pros-
terna incliné vers la terre, et ado-
rant,
9. Dit : Si j'ai trouvé grâce en
votre présence, Seigneur, je vous
conjure de marcher avec nous
(car ce peuple est d'un cou roide),
d'effacer nos iniquités et nos pé-
chés, et de nous prendre en pos-
session.
10. Le Seigneur répondit : Moi,
je ferai alliance, tous le voyant,
je ferai des signes, qui n'ont ja-
mais été vus sur la terre, ni dans
aucune nation, afin qu'il voie, ce
peuple au milieu duquel tu es,
l'œuvre terrible du Seigneur que
je dois faire.
11. Observe tout ce qu'aujour-
d'hui je te commande ; moi-mé-
me, je chasserai devant ta face
l'Amorrhéen, le Chananéen, l'Hé
théen, le Phérézéen aussi, l'Hé-
véen et le Jébuséen.
12. Prends garde de ne jamais
lier des amitiés avec les habi-
tants de cette terre, lesquelles
soient pour toi une ruine ;
Cap. XXXIV. 1. Deut., x, 1. — 7. Deut., v, 10; Jér., xxxi, 18; Ps. ex, ;ל Deut.,
v, 9; Jér., ואאא 18. — 10. Deut., v, 2; Jér., xxxr, 40.
—————
1. Qui rendez l’iniquilé, etc. Voy. xx, 5.
176 L'EXODE.
13. Mais détruis leurs autels,
brise leurs statues et coupe leurs
bois sacrés.
14. N'adore point de dieu étran-
ger. Le Seigneur, son nom est :
jaloux ; Dieu est jaloux.
15. Ne fais point d'alliance avec
les hommes de ces pays-là, de
peur que lorsqu'ils auront forni-
qué avec leurs dieux, et qu'ils
auront adoré leurs simulacres,
quelqu'un ne t'invite à manger
des victimes immolées.
16. Tu ne prendras point de
femmes d'entre leurs filles pour
tes fils, de peur qu'apreés qu'elles-
mémes auront forniqué, elles ne
fassent forniquer aussi tes fils
avec leurs dieux.
11. Tu ne feras point de dieux
jetés en fonte.
18. Tu garderas la solennité des
azymes. Pendant sept jours tu
mangeras des azymes, comme je
t'ai ordonné, au temps du mois
des nouveaux fruits; car c'est au
mois du printemps que tu es sorti
de l'Egypte.
19. Tout mále qui ouvre un
sein, sera à moi. Le premier-né
d'entre tous les animaux, tant
des bœufs que des brebis, sera à
moi.
20. Tu rachèteras le premier-né
[cu. xxxiv.)
de l'àne avec une brebis ; mais si
tu ne donnes pas de rancon pour
lui, il sera tué. Tu rachèteras le
premier-né de tes fils; et tu ne
paraitras point devant moi les
mains vides.
91. Pendant six jours tu tra-
vailleras; au septième jour, tu
cesseras de labourer et de mois-
sonner.
22. Tu feras la solennité des
semaines, à l'époque des prémi-
ces des fruits de ta moisson de
froment, et 18 solennité de la ré-
colte, quand, le temps de l'année
revenant, tout se serre.
23. A trois époques de l'année
tous tes mâles paraitront en la
présence du tout-puissant Sei-
gneur Dieu d'Israél.
24. Car lorsque j'aurai enlevé
les nations de devant ta face, et
que j'aurai étendu tes limites,
nul ne cherchera à surprendre ta
terre, toi montant, et paraissant
en la présence du Seigneur ton
Dieu trois fois l'année.
95. Tu ne sacrifieras point sur
du levain le sang de mon hostie,
et il ne restera pas le matin de la
victime de la solennité de la Pà-
que.
26. Tu offrirasles prémices des
fruits de ta terre dans la maison
15. Supra, xxr, 32; Deut., vir, 2. — 16. 111 Rois, xr, 2; Deut., vu, 3. — 19. Supra,
xim, 2, 12; xxm, 29. — 22. Supra, xxu, 15. — 23. Supra, xxu, 11; Deut., xvi, 16. —
25. Supra, xxur, 18, 19. — 26. Supra, ,אא 19; Deut., xiv, 21.
13. * Coupe leurs bois sacrés. Les lieux où l'on rendait un culte idolátrique à Baal
et à Astaroth étaient souvent entourés de bosquets sacrés oü se commettaient des
infamies en l'honneur des idoles. Voir la note sur IV Rois, xxi, 1.
18. Au mois du printemps; pour: Au mois où commence le printemps. — * La so-
lennité des azymes, Pâques.
22. La solennité des semaines était appelée ainsi, parce qu'elle devait se célébrer
après une semaine de semaines, c'est-à-dire sept semaines après Pâques, Lévit., xxur,
15, 16. — Le temps de l'année revenant; c'est-à-dire au moment oü l'année va recom-
mencer, ou bien à la fin de l'année, comme on lit, xxiu, 16. — * La solennilé des
semaines, la Pentecôte.
[cH. xxxv.]
du Seigneurton Dieu. Tu ne feras
point cuire un chevreau dans le
lait de sa mere.
97. Le Seigneur dit encore à
Moise : Ecris pour toi ces paroles
par lesquelles j'ai fait alliance et
avec toi et avec Israël.
' 98. Il fut donc là avec le Sei-
gneur quarante jours et quarante
nuits : il ne mangea point de
pain et il ne but point d'eau, et il
écrivit sur les tables les dix pa-
roles de l'alliance.
29. Et lorsque Moise descendait
de la montagne de Sinai, il tenait
les deux tables du témoignage,
et il ignorait que sa face était
rayonnante de lumiere, depuis
l'entretien du Seigneur avec lui.
30. Or Aaron et les enfants d'Is-
raél, voyant la face de Moise
rayonnante, craignirent de s'ap-
procher.
31. Mais appelés par lui, ils re-
vinrent, tant Aaron que les prin-
ces de la synagogue. Et apres
qu'il leur eut parlé,
32. Vinrent aussi vers lui tous
lesenfants d'Israél, auxquelsilor-
donna toutes les choses qu'il avait
entendues du Seigneur sur la
montagne de Sinai.
33. Et, ces discours achevés, il
mit un voile sur sa face.
34. Entré auprès du Seigneur,
et parlant avec lui, il ótait ce
voile jusqu'à ce qu'il en sortit, et
c'est alors qu'il disait aux enfants
d'Israél toutes les choses qui lui
avaient été commandées.
35. Ceux-ci voyaient que la face
L'EXODE. 117
de Moise rayonnait, lorsqu'il sor-
tait, mais lui la voilait de nou-
veau, s'il avait à leur parler.
CHAPITRE XXXV.
Moise déclare au peuple les ordonnances
du Seigneur. Le peuple apporte ses
offrandes. Béséléel et Ooliab sont nom-
més pour travailler au tabernacle.
1. Ainsi, toute la multitude des
enfants d'Israél assemblée, il
leur dit : Voici ce que le Seigneur
a commandé que l'on fasse.
2. Pendant six jours, vous tra-
vaillerez, le septième jour vous
sera saint, étant le sabbat et le
repos du Seigneur; celui qui tra-
vaillera en ce jour-là sera mis à
mort.
3. Vous n'allumerez de feu dans
aucune de vos demeures au jour
du sabbat.
4. Moise dit encore à toute l'as-
semblée des enfants d'Israël :
Voici la parole qu'a ordonnée le
Seigneur, disant :
9. Mettez à part chez vous des
prémices pour le Seigneur. Que
chacun offre volontairement et
porte de cœur au Seigneur, de
l'or, de l'argent et de l'airain ;
6. De l'hyacinthe, et de la pour-
pre, de l'écarlate deux fois teinte,
du fin lin, des poils de chevre ;
1. Des peaux de béliers teintes
en rouge, et des peaux violettes,
des bois de sétim ;
8. Del'huile pour entretenir les
luminaires, et pour composer le
parfum à oindre et le parfum à
brüler d'une odeur trés suave;
28. Supra, xxiv, 18; Deut., 1x, 9, 18; Deut., 1v, 13. — 33. II Cor., ur, 13. —
CnaP. XXXV. 5. Supra, xxv, 2.
T. * Des peaux violetles, des peaux de dugong. Voir plus haut, xxv, 5.
A. 1.
12
418
9. Des pierres d'onyx et des
pierres précieuses pour l'orne-
ment de l'éphod et du rational.
10. Quiconque de vous estintel-
ligent, qu'il vienne, et qu'il fasse
ce que le Seigneur a commandé :
11. C'est-à-dire, le tabernacle,
son toit, et la couverture, les an-
neaux, les ais avec les leviers, les
pieux et les soubassements,
19. L'arche et les leviers, le
propitiatoire et le voile qui est
suspendu devant lui ;
13. La table avecles leviers, les
vases et les pains de proposition;
14. Le chandelier pour soutenir
les luminaires, ses vases et les
lampes et l'huile pour l'entretien
des lumières;
18. L’autel du parfum à brûler
et les leviers, l'huile de l'onction
etle parfum à brüler, composé
d'aromates ; le voile à la porte du
tabernacle ;
16. L'autel de l'holocauste, et
sa grille d'airain avec ses leviers
et ses vases ; le bassin et sa base;
11. Les rideaux du parvis avec
les colonnes et leurs soubasse-
ments; le voile à la porte du ves-
tibule ;
18. Les pieux du tabernacle et
du parvis avec leurs cordages;
19. Les vêtements, dont l'usage
est pour le service du sancluaire,
les ornements d'Aaron, le pontife,
et ceux de ses fils, afin qu'ils
exercent les fonctions du sacer-
doce pour moi.
20. Alors toute la multitude des
enfants d'Israël étant sortie de la
présence de Moise,
L'EXODE.
(cg. xxxv.]
21. Ils offrirent d'un cœur très
empressé et dévoué les prémices
au Seigneur, pour faire l'ouvrage
du tabernacle de témoignage.
Pour tout ce qui était nécessaire
au culte et aux vétements saints,
92. Les hommes avec les fem-
mes donnerent des bracelets, des
pendants d'oreilles, des anneaux
et des ornements de la main
droite : tout vase d'or fut mis à
part comme offrandes au Sei-
gneur.
23. Si quelqu'un avait de l'hya-
cinthe, delapourpre, de l'écarlate
deux fois teinte, du fin lin, des
poils de chèvre, des peaux de bé-
liers teintes en rouge et des
peaux violettes,
24. Des métaux d'argent οἱ
d'airain, il les offrit au Seigneur,
ainsi que des bois de sétim, pour
les divers usages.
25. Or les femmes habiles aussi
donnèrent ce qu'elles avaient filé,
l'hyacinthe,la pourpre, l'écarlate,
le fin lin,
26. Et les poils de chèvre, ac-
cordant toutes ces choses de leur
propre mouvement.
27. Mais les princes offrirent les
pierres d'onyx, les pierres pré-
cieuses pourl'éphod etle rational,
28. Les aromates et l'huile pour
entretenir les luminaires et pour
préparer le parfum à oindre, et
composer le parfum à brüler
d'une odeur trés suave.
29. Tous les hommes et toutes
les femmes offrirent leurs pré-
sents d'un cœur dévoué, afin que
fussent faits tous les ouvrages
13. Les pains de proposition. Voy. xxv, 30.
23. * Des peaux violettes, des peaux de dugong. Voir plus haut, xxv, =.
29. Par l'entremise de Moïse. Voy. 1x, 35.
[cu. xxxvi.]
quele Seigneur avait commandés
par l'entremise de Moise. Ainsi
tous les enfants d'Israél dédierent
des offrandes volontaires au Sei-
gneur.
30. Alors Moise dit aux enfants
d'Israël : Voilà que le Seigneur a
appelé nommément Béséléel, fils
d'Uri, fils de Hur, de la tribu de
Juda;
31. Et il l'a rempli de l'esprit de
Dieu, de sagesse, d'intelligence,
de science et de toute connais-
sance,
32. Pourinventeret faire un tra-
vail en or, en argent et en airain,
33. Ainsi qu'en gravure de
pierres et en ouvrage de menui-
serie. Tout ce qui peut étre trou-
vé par l'art,
34. Il l'a mis en son cœur. 77 a
appelé aussi Ooliab, fils d'Achisa-
mech, de la tribu de Dan.
35. IL les a doués tous les deux
de sagesse, afin qu'ils exécutent
des ouvrages de menuisier, de
tisseur en diverses couleurs, de
brodeur d'hyacinthe, de pourpre,
d'écarlate deux fois teinte et de
fin lin; qu'ils fassent de tous les
üissus et qu'ils en trouvent des
nouveaux de toutes sortes.
CHAPITRE XXXVI.
Moise fait travailler aux ouvrages que le
Seigneur avait ordonnés. Construction
du tabernacle.
1. Béséléel donc et Ooliab et
tous les hommes sages auxquels
leSeigneur avait donné la sagesse
et l'intelligence, pour qu'ils sus-
L'EXODE. 119
sent exécuter habilement, firent
ce qui était nécessaire aux usa-
ges du sanctuaire, et ce qu'avait
ordonné le Seigneur.
2. Car lorsque Moise les eut ap-
pelés avec tous les hommes ha-
biles auxquels ie Seigneur avait
douné la sagesse et qui de leur
propre mouvement s'étaient of-
ferts pour faire l'ouvrage,
3. Il leur livra tous les dons des
enfants d'fsraël. Pendant qu'ils
s'appliquaient avec ardeur à i'ou-
vrage, chaque jour au matin le
peuple offrait des présents votifs.
4. C'est pourquoi les ouvriers
forcés de venir,
9. Dirent à Moise : Le peuple
offre plus qu'il n'est nécessaire.
6. Moïse commanda donc qu'il
fût publié par la voix du hérault:
Que ni homme ni femme n'offre
plus rien pour l'ouvrage du sanc-
tuaire. Et ainsi on cessa d'offrir
des présents,
7. Parce que ceux qui avaient
été offerts suffisaient et surabon-
daient.
8. Et tous les sages de cœur
pour accomplir l'ouvrage du ta-
bernacle, dix rideaux de fin lin
retors, d'hyacinthe, de pourpre,
d'écarlate deux fois teinte, d'un
travail varié, et selon l'art de la
tissure en diverses couleurs.
9. Un des rideaux avait en lon-
gueur vingt-huit coudées, et en
largeur quatre; il y avait une
seule mesure pour tous les ri-
deaux.
10. Il joignit cinq rideaux l'un
30. Supra, xxxi, 2. — (παρ. XXXVI. 1. Supra, xxvi, 1. — 2. I Par., xxi, 29.
——Á——À———————— — ν΄ ὃ à
10. 1/ joignit, etc. C'est Béséléel, nommé au vers. 1, qui est le sujet de ce verbe et
des suivants.
180
à l’autre, et il attacha les cinq
autres ensemble.
11. Il fit aussi des lacs d'hya-
cinthe au bord d'un rideau des
deux cótés, et pareillement au
bord d'un autre rideau,
19. Afin que les laes vinssent
l’un contre l'autre, et qu'ils se
joignissent ensemble.
13. C'est pourquoi il fondit aussi
cinquante anneaux d'or qui de-
valent attacher les lacs des ri-
deaux, afin qu'il se fit un seul ta-
bernacle.
14. Il fit encore onze couvertu-
res de poils de chevre pour cou-
vrir le toit du tabernacle.
15. Une couverture avait en
longueur trente coudées, et en
largeur, quatre coudées : toutes
les couvertures étaient d'une
seule mesure.
16. Il en joignit cinq à part et
les six autres séparément;
11. Et il fit cinquante lacs au
bord d'une couverture et cin-
quante au bord d'une autre cou-
verture, afin qu'elles fussent
jointes ensemble ;
18. Et de plus cinquante bou-
cles d'airain par lesquelles devait
étre attaché le toit, afin que de
toutes les couvertures, il se fit
une seule couverture.
19. 11 fit encore une couverture
du tabernacle, de peaux de bé-
liers, teintes en rouge, et par-
dessus une autre couverture de
peaux violettes.
20. Il fit aussi de bois de sétim
les ais du tabernacle, qui se te-
naient debout.
21. La longueur d'un ais était
L'EXODE.
[cH. xxxvi.]
de dix 601106068 ; et la largeur te-
nait une coudée et demie.
99. ll y avait deux emboite-
ments à chaque ais, afin que l'un
fût joint à l'autre. Ainsi fit-il pour
tous les ais du tabernacle.
23. De ces ais vingt étaient du
cóté méridional contre le vent du
midi,
24. Avec quarante soubasse-
ments d'argent. Deux soubasse-
ments étaient posés sous un seul
ais des deux côtés des angles, où
lemboitement des côtés se ter-
mine dans les angles.
25. Et aussi pour le côté du ta-
bernacle, qui regarde l'aquilon,
il fit vingt ais,
20. Avec quarante soubasse-
ments d'argent, deux soubasse-
ments pour chaque ais.
27. Mais contre l'oceident, c'est-
à-dire, vers cette partie du taber-
nacle qui regarde la mer, il fit
six ais,
28. Et deux autres à chaque
angle du tabernacle, par derrière;
29. Lesquels étaient joints de-
puis le bas jusqu'au haut, et for-
maient un seul assemblage. Ainsi
fit-il des deux côtés pour chaque
angle;
30. De maniere à ce que huitais
fussent ensemble, et qu'ils eus-
sent seize soubassements d'ar-
gent; c'est-à-dire, deux soubasse-
ments sous chaque ais.
31. Il fit encore des leviers de
bois de sétim, cinq pour mainte-
nir les ais d'un cóté du taberna-
cle,
32. Et cinq autres pour assu-
jettir les ais de l'autre cóté; et
19. * De peaux violettes, de peaux de dugong. Voir xxv, ὃ.
(cu. Χχχυπ.
outre ceux-là, cinq autres leviers
au cóté occidental du tabernacle
contre la mer.
33. Il fit aussi un autre levier
qui passait par le milieu des ais
depuis un angle jusqu'à l'autre
angle.
34. Mais les cloisons elles-mé-
mes des ais, il les dora, leurs
soubassements d'argent ayant été
fondus. Et il fit leurs cercles d'or,
par lesquels les leviers pussent
passer, et qu'il couvrit aussi de
lames d'or.
35. 11 fit de plus le voile d'hya-
cinthe et de pourpre, d'écarlate
et de fin lin retors, d'un ouvrage
de tisseur en diverses couleurs,
varié et parsemé,
36. Et quatre colonnes de bois
de sétim, lesquelles il dora avec
leurs chapiteaux, leurs soubasse-
ments d'argent ayant été fondus.
37. Il fit encore à l'entrée du
tabernacle un voile d'hyacinthe,
de pourpre, d'écarlate, de fin lin
retors, en ouvrage de brodeur,
38. Et cinq colonnes avec leurs
chapiteaux, lesquelles il couvrit
d'or, et il fondit leurs bases d'ai-
rain.
CHAPITRE XXXVII.
Béséléel fait l'arche, la table des pains
de proposition, le chandelier, l'autel
du parfum, et compose le parfum lui-
méme.
1. Or Béséléel fit aussi l'arche
de bois de sétim, ayant deux cou-
dées et demie en longueur, et
une coudée et demie en largeur;
la hauteur aussi était d'une cou-
L’EXODE. 481
dée et demie ; etil la revétit d'un
or trés pur au dedans et au de-
hors.
2. Et il y fit une couronne d'or
tout autour,
3. Jetant en fonte quatre an-
neaux d'or pour les quatre coins
de l'arche, deux àun cóté et deux
à l'autre.
4. Il fit aussi desleviers de bois
de sétim, qu'il revétit d'or,
9. Et qu'il passa dans les an-
neaux qui étaient aux cótés de
l'arche pour la porter.
6. ll fit encore un propitiatoire,
c'est-à-dire un oracle, d'or très
pur, de deux coudées et demie
en longueur, et d'une coudée et
demie en largeur;
1. Et aussi deux chérubins d'un
or ductile, qu'il posa des deux
côtés du propitiatoire :
8. Un chérubin à la sommité
d'un cóté, et l'autre chérubin à la
sommité de l'autre cóté : chacun
des deux chérubins à chacune
des sommités du propitiatoire,
9. Etendant leurs ailes et cou-
vrant le propitiatoire, et se re-
gardant l'un l'autre, et le propi-
tiatoire.
10. Il fit de plusla table de bois
de sétim, qui avait en longueur
deux coudées, en largeur une
coudée, eten hauteur une coudée
et demie.
11. Et il la revétit d'un or tres
pur, et il y fit une bordure d'or
tout autour;
19. Et à la bordure elle-méme,
une couronne d'or de sculpture
à jour de quatre doigts, et au-
1. * Béséléel fit l'arche. Voir à la fin du volume la note 11 sur l'arche d'alliance.
6. Un propitialoire, etc. Voy. xxv, 11. —
lisent pas dans le texte original.
* C'esl-à-dire un oracle. Ces mots ne se
482 L'EXODE.
dessus de celle-ci une autre cou-
ronne d'or.
13. Il fondit aussi quatre an-
neaux d'or qu'il posa aux quatre
côtés, un à chaque pied de la ta-
ble,
14. Contre la couronne; et il y
passa les leviers, afin que la ta-
ble pût être portée.
15. 11 fit aussi les leviers eux-
mêmes de bois de sétim, et il les
revêtit d’or;
10. Et de plus les vases d’un or
pur pour les divers usages de la
table, les plats, les patères, les
encensoirs et les tasses dans les-
quelles doivent être offertes les
libations.
17. Il fit encore le chandelier
ductile d'un or trés pur. De sa
lige sortaient les branches, les
coupes, les pommes et les lis :
18. Six branches sortaient aux
deux cótés, trois d'un cóté, et
trois de l'autre.
19. Il y avait trois coupes en
forme de noix à une branche,
ainsi que des pommes et des lis,
et trois coupes en forme de noix
àuneautre branche, ainsi que des
pommes et des lis. C'était le
méme travail pour les six bran-
ches qui sortaient de la tige du
chandelier.
20. Mais à la tige elle-méme
étaient quatre coupes en forme
de noix, et des pommes à cha-
cune, ainsi que des lis,
21. Et des pommes en trois en-
droits sous les deux branches,
qui font ensemble six branches
sortant d'une seule tige.
Cap. XXXVIII. 1. II Par., 1, 5.
[cH. xxx VIN.)
29. Ainsi, et les pommes et les
branches sortaient du chandelier
lui-méme, toutes ductiles d'un
or trés pur.
23. Il fit aussi d'un or tres pur
les sept lampes, avec leurs mou-
chettes, et les vases oü doivent
s'éteindre les lumignons,
24. Le chandelier avec tous ses
vases pesait un talent d'or.
25. Il fit encore l'autel du par-
fum à brüler de bois de sétim,
lequel avait en carré une coudée,
et en hauteur deux : de ses an-
gles sortaient les cornes.
26. Et il le revétit d'un or tres
pur, avec la grille, les parois et
les cornes.
27. ἘΠῚ y fit une couronne tout
autour, et deux anneaux d'or
sous la couronne à chaque côté,
pour qu'on y passát des leviers,
et que l'autel pût être porté.
98. Mais les leviers eux-mêmes,
il les fit de bois de sétim, et les
couvrit de lames d'or.
29. 11 60 0088ב aussi l'huile pour
les onetions de consécration et le
parfum à brüler, composé d'aro-
mates très purs, selon l'art d'un
parfumeur.
CHAPITRE XXXVIII.
Construction de l'autel. des holocaustes,
du bassin d'airain, du parvis. Quantité
de l'or, de l'argent et de l'airain qui
furent employés à la construction du
tabernacle.
1. Il fit encore l'autel de l’holo-
causte de bois de sétim, de cinq
coudées en carré, et de trois en
hauteur.
11. Chandelier ductile, pour d'un or ductile. Voy. vers. 1 et xxv, 31.
[cu, xxxvim.]
9. Les cornes de lautel sor-
taient des quatre angles, et il le
couvrit de lames d'airain.
3. Et pour les usages de l'autel
il prépara les divers vases d'ai-
rain, les chaudières, les pincettes,
les fourchettes, les crocs et les
brasiers.
4. Il fit aussi la grille de l'autel
d'airain, en forme de rets, et au-
dessous, le foyer au milieu de
l'autel,
5. Quatre anneaux ayant été je-
tés en fonte pour les quatre som-
mités de la grille, afin d'y passer
les leviers pour porter l’autel.
6. Il fit ces leviers eux-mêmes
de bois de sétim, et il les couvrit
de lames d'airain,
7. Et il les passa dans les an-
neaux qui saillaient sur les cótés
de l'autel. Mais l'autel lui-méme
n'était pas massif, mais creux,
composé d'ais et vide au dedans.
8. Ii fit de plus le bassin d'ai-
rain avec sa base, des miroirs des
femmes qui veillaient à la porte
du tabernacle.
9. Il fit encore le parvis, au cóté
austral duquel étaient les rideaux
de fin lin retors, de cent coudées.
10. Vingt colonnes d'airain avec
leurs soubassements; les chapi-
teaux des colonnes et tous les
ornements du travail étaient d'ar-
gent.
11. Egalement du côté septen-
trional les colonnes, les soubas-
sements et les chapiteaux des co-
lonnes étaient de la méme me-
sure, du méme travail et du
méme métal.
7. Supra, xxvii, 8.
L'EXODE.
183
19. Mais au cóté qui regarde
l'occident, les rideaux étaient de
cinquante coudées, les dix colon-
nes avec leurs soubassements
étaient d'airain, et les chapiteaux
descolonnesettouslesornements
de ce travail, d'argent.
13. Or, contre l'orientil disposa
des rideaux decinquante coudées,
14. Sur lesquelles un cóté ayant
trois colonnes avec ses soubasse-
ments prenait quinze coudées,
15. Etl'autre cóté (puisque c'est
entrel'unetl'autre 41} 1 entrée
du tabernacle) prenait également
quinze coudées par les rideaux,
par trois colonnes et autant de
soubassements.
16. Tous les rideaux du parvis
avaient été tissus de fin lin retors.
11. Les soubassements des co-
lonnes étaient d'airain, et leurs
chapiteaux avec tous leurs orne-
ments, d'argent; mais les colon-
nes elles-mémes du parvis, il les
revétit d'argent.
18. Et à l'entrée du parvis, il fit
en ouvrage de brodeur un rideau
d'hyacinthe, de pourpre, d'écar-
late et definliuretors lequel avait
vingt coudées en longueur; mais
la hauteur était de cinq coudées,
selon la mesure que tous les ri-
deaux du parvis avaient.
19. Mais il y avait quatre co-
lonnes à l'entrée avec leurs sou-
bassements d'airain ; et leurs cha-
piteaux etleursornements étaient
d'argent.
20. Il fit aussi autour du taber-
nacle et du parvis les pieux d'ai-
rain.
4. Le foyer, etc. Compar. xxvi, 5.
A1. Etaient de la méme mesure, etc , que les précédents.
184 L'EXODE.
91. Telles sontles parties du ta-
bernacle du témoignage, qui fu-
rent énumérées par lordre de
Moise pour les cérémonies des
Lévites par l'entremise d'Ithamar
fils d'Aaron, le prétre,
29. Et que Béséléel, fils d'Uri,
fils de Hur, de la tribu de Juda,
le Seigneur l'ordonnant par Moïse
avait achevé,
93. Après s'étre adjoint Ooliab,
fils d'Achisamech de la tribu de
Dan, qui était aussi lui-méme
ouvrier habile en bois, tisseur en
diverses couleurs, et brodeur en
hyacinthe, en pourpre, en écar-
late et en fin lin.
94. Tout l'or qui fut dépensé
pour le travail du sanctuaire et
qui fut offert en dons, fut de vingt-
neuf talents et de sept cent
trente sicles, selon la mesure du
sanctuaire.
95. Orcesoffrandes furentfaites
par ceux qui entrerent dans le
dénombrement, depuis vingt ans
et au-dessus, au nombre de six
cent trois mille et cinq cent cin-
quante portant les armes.
96. Il y eut de plus cent talents
d'argent, dont furent fondus les
soubassements du sanctuaire et
l'entréeoüle voileétaitsuspendu.
97. Cent soubassements furent
faits avec cent talents, uu talent
supputé pour chaque soubasse-
ment.
98. Mais avec les mille sept
cent et soixante-quinze 820708 il
(παρ. XXXIX. 1. Supra, xxvii, 6.
[cH. xxxix.)
fit les chapiteaux des colonnes,
qu'il revétit aussi d'argent.
29. On offrit encore deux mille
et soixante-dix talents d'airain,
et de plus quatre cents sicles,
30. Dont furent fondus les sou-
bassements à l'entrée du taber-
nacle de témoignage, l'autel d'ai-
rain avec sa grille, tous les vases
qui appartiennent à son usage,
91. Les soubassements du par-
vis, tant autour qu'à son entrée,
et les pieux du tabernacle et du
parvis tout autour.
CHAPITRE XXXIX.
Béséléel travaille aux habits pontificaux.
Dénombrement des ouvrages faits pour
le culte divin.
1. Or Béséléel fit aussi d'hya-
cinthe, de pourpre, et d'écarlate
et de lin fin, les vétements dont
devait étre revétu Aaron, quand
il servait dans les lieux saints,
comme avait ordonné le Seigneur
à Moise.
2. T1 fit donc l'éphod d'or, d'hya
cinthe, de pourpre, d’écarlate
deux fois teinte, et de fin lin re-
tors,
3. D'un ouvrage de tisseur en
diverses couleurs, et il tailla des
feuilles d'or, etles réduisit en fils,
pour qu'elles pussent étre retor-
dues dans le tissu des couleurs
précédentes.
4. 11 fit de plus les deux bords
de l'éphod joints l'un à l'autre
aux deux cótés des sommités,
a ——— A —— M —— MMÓ——————— P —
24. * Le talent d'or valait plus de 130,000 francs; le sicle d'or, environ 43 franes,
du moins dans les derniers temps de l'histoire juive.
26. Les soubassements des colonnes du sancluaire. — * Le talent d'argent valait
8,500 francs.
2. * L'éphod, Voir plus haut, xxvi, 4.
xxxix.] .אס]
5. Et la ceinture des mêmes
couleurs, comme avait ordonné
le Seigneur à Moise.
6. IL prépara aussi les deux
pierres d'onyx, attachées et en-
chássées dans de l'or et portant
les noms des enfants d'Israél gra-
vés selon l'art d'un lapidaire;
7. Puis il les placa aux côtés de
l'éphod, en souvenir des fils d'Is-
raél, comme avait ordonné le
Seigneur à Moise.
8. Il fit encore le rational, d'un
ouvrage de tisseur en diverses
couleurs, selon le travail de l'é-
phod, d'or, d'hyacinthe, de pour-
pre, d'écarlate deux fois teinte,
et de fin lin retors.
9. Il le fit carré, double, de la
mesure d'une palme.
10. Et il posa quatre rangs de
pierres précieuses. À la premiere
rangée il y avait une sardoine,
une topaze, une émeraude;
11. A la seconde, une escar-
boucle, un saphir et un jaspe;
19. A la troisième, un ligure,
une agate et une améthyste;
13. A la quatrième, un chryso-
lithe, un onyx et un béryl, apres
les avoir environnés d'or et les y
avoir enchássés, selon leurs
rangs.
14. Et ces douze pierres elles-
mémes portaient gravés les
douze noms des tribus d'Israël,
chaque pierre chaque nom.
15. Ils firent aussi au rational
deux chainettes, se tenant l'uneà
l'autre, d un or trés-pur;
16. Deux agrafes et autant d'an-
neaux d'or. Or, ils poserent aux
deux cótés du rational les an-
neaux,
8. * Le rational. Voir plus haut, xxvin, 4.
L'EXODE.
185
17. Desquels pendaient les deux
chaînes d'or qu'ils attachèrent
aux agrafes qui sortaient des
angles de l'éphod.
18. Tout cela était ajusté devant
et derriere, de maniere que l'é-
phod et le rational. se tenaient
unis l'un à l'autre,
19. Etant serrés près de la cein-
ture, et fortement liés par des an-
neaux que joignaient ensemble
un ruban d'hyacinthe, afin qu'ils
ne fussent point lâches, et qu'ils
ne s'écartassent pas l'un de l'au-
tre, comme a ordonné le Seigneur
à Moïse.
20. Ils firent aussi la tunique de
l'ébhod toute d'hyacinthe,
91. Une ouverture à la partie
supérieure vers le milieu, et un
bord tissu autour de l'ouverture;
22. Mais au bas, vers les pieds,
des grenades d'hyacinthe, de
pourpre, d'écarlate et de fin lin
retors;
93. Et des sonnettes d'un or pur,
qu'ils poserententreles grenades,
à la partie inférieure de la tu-
nique, tout autour:
24. Une sonnette d'or et une
grenade; c'est revétu de ces or-
nements que le pontife exercait
les fonctions de son ministère,
comme avait ordonnéle Seigneur
à Moise.
25. Ils firent encore les tuniques
tissues de fin lin pour Aaron et
ses fils,
26. Les mitres avec leurs petites
couronnes de fin lin ;
97. Et aussi de fin lin, les cale-
cons de lin,
28. Mais la ceinture de fin lin
retors, d'hyacinthe, de pourpre
180 L'EXODE.
et d'écarlate deux fois teintes, en
broderie, comme avait ordonné
le Seigneur à Moise.
29. Ils firent de plus la lame de
la sainte vénération, d'un or très
pur, etils y écrivirent en ouvrage
de lapidaire : La sainteté du Sei-
gneur;
30. Et ils la lierent à la mitre
avec un ruban d'hyacinthe,
comme avait ordonnéle Seigneur
à Moïse.
31. Ainsi, tout l'ouvrage du ta-
bernacle et du toit de témoignage
fut achevé ; et les enfants d'Israël
firent tout ce qu'avait ordonné le
Seigneur à Moise.
32. Et ils présenterent le taber-
nacle et son toit et toutes ses dé-
pendances, les anneaux, les ais,
lesleviers, les colonnes et les sou-
bassements ;
33. La couverture de peaux de
béliers teintes en rouge, et l'au-
tre couverture depeaux violettes ;
34. Le voile, l'arche, les leviers,
le propitiatoire;
35. La table et ses vases et les
pains de proposition,
36. Le chandelier, les lampes,
et leurs ustensiles avec l'huile;
87. L'autel d'or, le parfum à
oindre etle parfum à brüler, com-
posé d'aromales ;
38. Le voile à l'entrée du taber-
nacle;
39. L'autel d'airain, la grille,
les leviers et tous ses vases; le
[cH. xr.)
bassin avec sa base; les rideaux
du parvis, et les colonnes avec
leurs soubassements;
40. Le voile à l'entrée du par-
vis, ses cordages et ses pieux.
Rien ne manqua des choses que,
pour le service du tabernacle et
pour le toit d'alliance, Dieu avait
commandé de faire.
44. Et aussiles vétements dont
les prétres se servent dans le
sanctuaire, c'est-à-dire Aaron et
ses fils,
42. Les enfants d'Israël les pré-
senterent, comme avait ordonné
le Seigneur.
43. Après que Moïse eut vu
toutes ces choses achevées, il les
bénit.
CHAPITRE XL.
Erection du tabernacle. Il est couvert de
la nuée qui représentait la majesté de
Dieu.
1. Le Seigneur parla ensuite à
Moise, disant :
2. Au premier mois, au premier
jour du mois, tu dresseras le ta-
bernacle de témoignage;
3 Et tu y mettras l'arche et tu
suspendras devant elle le voile.
4. Puis, la table portée, tu met-
tras sur elle ce qui a été légitime-
ment ordonné. Le chandelier sera
placé avec ses lampes,
5. Ainsi que l'autel d'or sur le-
quel se brüle de l'encens devant
l'arche du témoignage. Tu pose-
29. La saintelé du Seigneur. Le passage parallèle diffère un peu quant à l'expres-
sion; mais l'idée doit être la méme dans les deux endroits. Voy. xxviu, 36. — * La
lame de la sainte vénéralion. Voir la note sur Exode, xxvin, 36.
31. Le toit du témoignage; pour le toit du tabernacle de témoignage.
32. Ils présentèrent à Moïse. Compar. le verset 45.
33. * De peaux violettes, des peaux de dugong. Voir xxv, 5.
35. Les pains de proposition. Voy. xxv, 30.
40. Le toit d'alliance; pour, le toit du tabernacle d'alliance.
xL.] .אס]
ras le voile à l’entrée du taber-
nacle,
6. Et devant le voile l'autel de
l'holocauste ;
7. Le bassin que tu rempliras
d'eau, entre l'autel et le taber-
nacle.
8. Tu entoureras de rideaux le
parvis et son entrée.
9. Et, prenant l'huile de l'onc-
tion, tu oindrasle tabernacle avec
ses vases, afin qu'ils soient sanc-
tifiés ;
10. L'autel de l'holocauste et
tous ses vases;
41. Le bassin avec sa base : tu
consacreras toutes choses avec
l'huile, afin qu'elles soient tres
saintes.
19. Tu feras approcher Aaron et
ses fils de la porte du tabernacle
de témoignage, etaprès les avoir
lavés dans l'eau,
13. Tu les revétiras des saints
vétements, afin qu'ils me servent,
et que leur onction serve à un sa-
cerdoce perpétuel.
14. Et Moise fit tout ce qu'avait
ordonné le Seigneur.
15. Ainsi, au premier mois de
la seconde année, au premier
jour du mois fut placé le taber-
nacle.
16. Et Moise le dressa, et il placa
les ais, les soubassements et les
leviers, et il posa les colonnes;
L'EXODE. 187
11. Puis il étendit le toit sur le
tabernacle, la couverture ayant
été mise par-dessus, comme le
Seigneur avait commandé.
18. De plus, il placa le témoi-
gnage dans larche, ayant posé
les leviers au bas et l'oracle au-
dessus;
19. Etlorsqu'il eut porté l'arche
dans le tabernacle, il suspendit
devant elle le voile pour accom-
plir l'ordre du Seigneur.
20. 11 posa aussi la table dans
le tabernacle de témoignage du
côté septentrional, en dehors du
voile,
21. Les pains de proposition
étant rangés devant, comme avait
ordonné le Seigneur à Moise.
22. Il posa de plusle chandelier
dans le tabernacle de témoignage,
vis-à-vis de la table, à la partie
australe,
23. Les lampes ayant été pla-
cées en ordre, selon le précepte
du Seigneur.
24. Il mit encore l'autel d'or
sous le toit de témoignage contre
le voile,
25. Et il brüla sur lui un par-
fum d'aromates, comme l'avait
commandé le Seigneur à Moise,
26. Il posa de plus le voile à
l'entrée du tabernacle de témoi-
gnage,
27. Et l'autel de l'holocauste
Car. XL. 13. Supra, xxix, 35; Lév., vii, 2. — 16. Nom., vir, 4.
13. Serve, etc. Cette onction imprimait dans les prétres de l'ancienne loi, comme
le sacrement de l'Ordre dans ceux de la nouvelle, un caractére par lequel ils étaient
toujours prétres pendant leur vie. D'autres expliquent le texte dans ce sens, que
l'onction ne se fit que pour les fils d'Aaron, qui la recurent pour tous leurs succes-
seurs; attendu que le sacerdoce étant héréditaire dans la famille d'Aaron, il n'était
pas nécessaire de la réitérer pour chaque prétre de cette race.
21. Les pains de proposition. Voy. xxv, 30.
24, 21, 30, 33. Le toit de témoignage, le vestibule de témoignage, le toit d'alliance.
Voy. xxxix, 34, 40.
188 L'EXODE.
dans le vestibule de témoignage,
offrant sur lui l'holocauste et les
sacrifices, comme le Seigneur
avait commandé.
28. Il placa aussi le bassin en-
tre le tabernacle de témoignage
et l'autel, et il le remplit d'eau.
99. Et Moïse et Aaron et ses fils
lavaient leurs mains et leurs
pieds,
30. Lorsqu'ils entraient sous le
toit d'alliance, et s'approchaient
de l'autel, comme avait ordonné
le Seigneur à Moise.
31. Il dressa aussi le parvis au-
tour du tabernacle et de l'autel, le
voile ayant ététendu àson entrée.
Apres que tout fut achevé,
39. La nuée couvrit le taber-
39. Nom., 1x, 15; ΠῚ Rois, vri, 10.
[cH. xr.]
nacle de témoignage et la gloire
du Seigneur le remplit.
33. Et Moise ne pouvait entrer
sous le toit d'alliance, la nuée
couvrant tout, et la majesté du
Seigneur brillant, parce que la
nuée avait tout couvert.
34. 51 quelquefois la nuée quit-
tait le tabernacle, les enfants d'Is-
raél partaient selon leurs bandes;
35. Si elle restait suspendue au-
dessus, ils demeuraient dans le
méme lieu.
36. Car la nuée du Seigneur re-
posait pendant le jour au-dessus
du tabernacle, et un feu durant
la nuit, tous les peuples d'Israel
le voyant de toutes leurs de-
meures.
36. Tous les peuples. ΝΟΥ. plus haut, xxx, 38.
PE (he tM הידיד
LE LÉVITIQUE
CHAPITRE PREMIER.
Cérémonies qu'on doit observer dans les
holocaustes de bœufs, de brebis ou de
chèvres, de tourterelles ou de colombes.
1. Or le Seigneur appela Moïse,
et il lui parla du tabernacle de té-
moignage, disant :
9. Tu parleras aux enfants d'Is-
raël et tu leur diras : Un homme
d'entre vous qui offrira au Sei-
gneur une hostie de bètes àquatre
pieds, c’est-à-dire qui offrira des
bœufs et des brebis comme vic-
times,
3. Si son oblation est un holo-
causte, et de gros bétail, c'est un
mâle sans tâche qu'il offrira, à la
porte du tabernacle de témoi-
gnage, pour fléchir 16 Seigneur;
4. Et il mettra la main sur la
tête de l'hostie qui sera accep-
table, et servira à son expiation ;
5. Puis il immolerale veau de-
vant le Seigneur, et les fils d'Aa-
ron, prétres, en offriront le sang.
le répandant autour de lautel
qui est devant la porte du taber-
nacle ;
6. Et, lapeau del'hostieenlevée,
CuaP. I. 3. Exode, xxix, 10.
ils en couperontles membres par
morceaux,
1. Ensuite ils mettront du feu
sous l'autel, un tas de bois ayant
été auparavant disposé ;
8. Et arrangeant au-dessus les
membres coupés, c'est-à-dire, la
tête et tout ce qui tientau foie,
9. Les intestins et les pieds
ayant été auparavant lavés dans
l'eau; puis le prétre les brülera
sur l'autel en holocauste et en
suave odeur pour le Seigneur.
10. Que si l'oblation de bétes
à quatre pieds est un holocauste
de brebis ou de chevres, c'est un
mâle sans tache qu'il offrira ;
11. Et il l'immolera au côté de
l'autel qui regarde l'aquilon, de-
vantle Seigneur; pour son sang,
Les fils d'Aaron le répandront sur
l'autel tout autour;
12. Et ils couperont les mem-
bres, la téte et tout ce qui tient
au foie, et ils les placeront sur le
bois au-dessous duquel doit étre
mis le feu.
13. Maislesintestins etlespieds,
ils les laveront dans l'eau. Et le
prétre brülera toutes ces choses
2. Dieu nous découvre lui-même la véritable raison de ces ordonnances, lorsqu'il
dit qu'ayant distingué les Israélites de toutes les autres nations, pour en faire son
peuple saint, il veut qu'ils s'abstiennent de tous les animaux qu'il leur a désignés
comme impurs, afin qu'ils soient purs et saints, comme lui-méme est saint (xx, 24, 26).
Il voulait qu'ils se souvinssent toujours de leur dignité, et de la manière dont il les
avait séparés des autres nations, pour en faire son peuple choisi.
10. Il offrira; c'est-à-dire l'homme qui fait l'offrande. Voy. ver. 2.
190 LE LÉVITIQUE.
offertes sur l'autel, en holocauste
el en odeur trés suave pour le
Seigneur.
14. Mais si c'est en oiseaux que
se fait l'oblation de l'holocauste
au Seigneur : en tourterelles, et
petits de colombe,
15. Le prétre offrira la victime
à l'autel, et lui tourrant la tête en
arrière sur le cou, et ouvrant une
plaie, ii fera couler le sang sur le
bord de l'autel;
16. Mais la vésicule du gosier
et les plumes, il les jettera au-
près de l’autel, du côté oriental,
au lieu dans lequel les cendres
ont coutume d’être répandues.
17. 1[ lui rompra les ailes, et il
ne ja coupera, ni ne la divisera
par le fer, mais il la brülera sur
l'autel, le feu ayant été mis sous
le bois. C'est un holocauste et
une oblation d'une tres suave
odeur pour le Seigneur.
CHAPITRE II.
Cérémonies que l'on doit observer dans
les oblations de farine et de pain, et
dans celle des prémices.
4. Lorsqu'un homme offrira
une oblation de sacrifice au Sei-
gneur, c'est de fleur de farine que
sera son oblation; et il répan-
dra de l'huile sur elle, et il mettra
de l'encens ;
2. Puis il la portera aux fils
d'Aaron, prétres, dont l'un pren-
dra une pleine poignée de fleur
de farine et d'huile et tout l'en-
cens, et il le posera comme un
souvenir sur lautel, en odeur
trés suave pour le Seigneur.
II. 3. Eccli., vir, 34. .ג
[cH. m.)
3. Mais ce qui sera de reste du
sacrifice, appartiendra à Aaron
et à ses fils, comme une chose
trés sainte des oblations du Sei-
gneur.
4. Et lorsque tu offriras le sa-
crifice d'une chose cuite au four,
elle sera de fleur de farine, c'est-
à-dire, de pains sans levain, ar-
rosés d'huile, et de beignets azy-
mes oints d'huile,
9. Si ton oblation se fait d'une
chose cuite dans la poéle, de
fleur de farine arrosée d'huile et
sans levain,
6. Tu la couperas en petits
morceaux, et tu répandras sur
elle de l'huile.
7. Mais si c'est d'une chose
cuite sur le gril que se fait le sa-
crifice, la fleur de farine sera éga-
lement arrosée d'huile;
8. Et l'offrant au Seigneur, tu
laremettras aux mains du prétre,
9. Qui, lorsqu'il l'aura offerte,
prendra une partie du sacrifice
comme un souvenir, et il la brü-
lera sur l'autel, en odeur de sua-
vité pourle Seigneur:
10. Mais tout ce qui sera de
reste, appartiendra à Aaron et à
ses fils, comme une chose tres
sainte des oblations du Seigneur.
11. Toute oblation qui sera of-
ferte au Seigneur, se fera sans
levain, et rien en fait de levain et
de miel ne sera brülé, quand on
sacrifiera au Seigneur.
12. Vous les offrirez seulement
comme des prémices et des dons ;
mais ils ne seront pas mis sur
l'autel en odeur de suavité.
1. Un homme, littér. Une dme. Les Hébreux employaient ce mot pour désigner un
individu, une personne.
[cu. ur.]
13. Tout ce que tu offriras en
sacrifice, tu l'assaisonneras de sel,
et tu n'óteras pas de ton sacrifice
le sel de l'alliance de ton Dieu.
Dans toute oblation tu offriras du
sel.
14. Mais si tu offres au Seigneur
un présent de tes premiers grains,
des épis encore verts, tu les ró-
tiras au feu, et tu les briseras à
la maniere du froment, et c'est
ainsi que tu offriras tes pré-
mices au Seigneur,
15. Répandant del'huile dessus,
et mettant de l'encens, parce que
c’est une oblation du Seigneur,
16. Dans laquelle 16 prêtre brà-
lera, en mémoire du présent une
partie du froment brisé et de
l'huile, et tout l'encens.
CHAPITRE III.
Cérémonies qu'on doit observer dans les
sacrifices pacifiques.
1. Que si son oblation est une
hostie de sacrifices pacifiques, et
qu'il veuille offrir d’entre les
bœufs un mâle ou une femelle, il
les offrira sans tâche au Sei-
gneur;
2. Et il mettra la main sur la
téte de sa victime qui sera im-
molée à l'entrée du tabernacle de
témoignage, et les fils d'Aaron,
prétres, répandront le sang au-
tour de l'autel.
3. Et ils offriront de l'hostie des
sacrifices pacifiques en oblation
au Seigneur, la graisse qui couvre
LE LÉVITIQUE. 191
les entrailles et tout ce qu'il y à
de graisse au dedans;
4. Les deux reins avecla graisse
dont sont couverts les flancs, et
la membrane réticulaire du foie
avec les reins,
ὃ. Et ilsles brüleront sur l'autel
en holocauste, le feu ayant été
mis sous le bois, en oblation de
tres suave odeur pour le Sei-
gneur.
6. Mais si c'est de brebis que se
fait l'oblation, et que ce soit une
hostie de sacrifices pacifiques,
soit qu'il offre un mále, ou une
femelle, ils seront sans tâche,
1. Si c’est un agneau qu'il offre
devant le Seigneur,
8. Il mettra sa main sur la tête
de sa victime, qui sera immolée
dans le vestibule du tabernacle
de témoignage, et les fils d'Aaron
en répandront le sang autour de
l'autel,
9. Et ils offriront de l’hostie des
sacrifices pacifiques un sacrifice
au Seigneur : la graisse et la
queue entière
10. Avec les reins, et la graisse
qui couvre le ventre et toutes les
entrailles, l'un et l’autre rein avec
la graisse qui est près des flancs,
et la membrane réticulaire du
foie avec les reins ;
41. Et le prétre les brülera sur
l'autel pour l'entretien du feu et
de l'oblation du Seigneur.
12. Si son oblation est une chè-
vre, et qu'il l'offre au Seigneur,
13. 11 mettra sa main sur 8
13. Marc., 1x, 48. — Cnar. 111. 3. Exode, xxix, 13.
13. Le sel, par son incorruptibilité, figure la fidélité qui doit exister dans les
alliances.
9. La queue des brebis de l'Orient est une partie trés grasse.
192 LE LÉVITIQUE.
tête, et il l'immoleraàlentrée du
tabernacle de témoignage. Et les
fils d'Aaron en répandront le sang
autour de l'autel;
14. Et ils en prendront pour
l'entretien du feu du Seigneur, la
graisse qui couvre le ventre, et
qui est sur toutes les entrailles,
15. Les deux reins avec la mem-
brane réticulaire, qui est sur eux
près des flancs, et le gras du foie
avec les reins;
16. Et le prêtre les brülera sur
l'autel pour l'entretien du feu et
d'une tres suave odeur. Toute
graisse appartiendra au Seigneur.
11. Par un droit perpétuel dans
vos générations et toutes vos de-
meures : et vous ne mangerez
jamais ni sang ni graisse.
CHAPITRE IV.
Cérémonies qu'on doit observer dans les
sacrifices offerts pour les péchés d'i-
gnorance.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
2. Dis aux enfants d'Israél : Un
horome quia péché parignorance,
et qui, touchant les commande-
ments du Seigneur, a fait quel-
que chose de ce qu'il a commandé
de ne point faire;
3. Si c'est le prétre qui a été
oint, qui a péché, faisant faillir
le peuple, il offrira pour son pé-
ché, un veau sans tache au Sei-
gneur;
4. Et il l'amenera à la porte du
tabernacle de témoignage devant
le Seigneur, et il mettra la main
[cu. 1v.]
sur sa téte, et il l'immolera au
Seigneur.
5. Il prendra aussi du sang du
veau, le portant dans le taber-
nacle de témoignage.
6. Et lorsqu'il aura trempé son
doigt dans le sang, il en fera l'as-
persion sept fois devant le Sei-
gneur contre le voile du sanc-
tuaire.
7. Ensuite il mettra du méme
sang sur les cornes de l'autel du
parfum à brüler, trés agréable au
Seigneur, e£ qui est dans le ta-
bernacle de témoignage, mais
tout le reste du sang, il le répan-
dra au pied de lautel de l'holo-
causte, à l'entrée du tabernacle.
8. Et il enlèvera la graisse du
veau, Aostie pour le péché, tant
celle qui couvre les entrailles,
que tout ce qui est au dedans,
9. Les deux reins et la mem-
brane réticulaire qui est sur eux
prés des flancs, et la graisse du
foie avec les reins,
10. Comme elle s'enléve du
veau de l'hostie des sacrifices pa-
cifiques, et il les brülera sur l'au-
tel de l'holocauste.
11. Quant à la peau et à toutes
les chairs, avec la téte, les pieds,
les intestins, la fiente,
12. Et le reste du corps, il les
emportera hors du camp dans un
lieu net, où les cendres ont cou-
tume d'étre répandues; et il les
brülera sur un tas de bois, et ils
seront consumés dans le lieu des
cendres répandues.
13. Que si toute la multitude
9. Un homme; littér. Une dme. Voy. 1t, 4.
12. * Où les cendres ont coutume d’être répandues. En Orient on a coutume de porter
les cendres hors des lieux habités en un endroit où elles s'amoncellent parfois en
monceaux considérables.
[en. 1v.]
d'Israël a été dansl'ignorance, et
que par impéritie, elle ait fait ce
qui est contre un commandement
du Seigneur,
14. Et qu'ensuite elle ait re-
connu son péché, elle offrira pour
son péché un veau, et elle l'ame-
nera à la porte du tabernacle.
15. Alors les anciens du peuple
mettront les mains sur sa téte
devant le Seigneur. Et, le veau
immolé en la présence du Sei-
gneur,
16. Le prétre qui ἃ été oint,
portera de son sang dans le ta-
bernacle de témoignage,
47. Faisant de son doigt trempé
dans ce sang sept fois l'aspersion
contre le voile;
18. Et il mettra du méme sang
sur les cornes de l'autel qui est
devant le Seigneur dans le taber-
nacle de témoignage; mais le
reste du sang, il le répandra au
pied de l'autel des holocaustes,
qui est à la porte du tabernacle
de témoignage.
19. Etil prendra toutela graisse
du veau et la brülera sur l’au-
tel;
90. Faisant ainsi de ce veau,
comme il a fait auparavant : et le
prétre priant pour eux, le Sei-
gneur leur sera propice.
94. Mais le veau lui-méme, il
l'emportera hors du camp, et le
brülera comme le premier veau,
parce que c'est pourle péché de
la multitude.
22. Si un prince a péché et qu'il
ait fait par ignorance une des
choses nombreuses qui sont dé-
fendues par la loi du Seigneur,
LE LÉVITIQUE. 193
23. Et qu'ensuite il ait reconnu
son péché, il offrira une hostie
au Seigneur, un bouc sans tache,
pris d'entre les chèvres.
24. 11 mettra sa main sur sa
téte; et lorsqu'il l'aura immolé
dans le lieu où a coutume d'être
immolé lholocauste devant le
Seigneur, parce que c'est pour le
péché,
25. Le prétre trempera le doigt
dans le sang de l'hostie pour le
péché, touchant les cornes de
l'autel de l'holocauste et répan-
dant le reste au pied de l'autel.
26. Mais la graisse, illa brülera
dessus, comme on a coutume de
faire aux victimes des sacrifices
pacifiques : et le prétre priera
pour lui et pour son péché, et il
lui sera pardonné.
97. Que si un homme d'entre
le peuple de la terre peche par
ignorance, de manière à faire
quelqu'une des choses qui sont
défendues parla loi du Seigneur,
et à faillir,
28. Et qu'il reconnaisse son pé-
ché, il offrira une chèvre sans
tache,
29. Et il mettra la main sur la
téte de l'hostie qui est pour le
péché, et il l'immolera au lieu de
l'holocauste. |
30. Puis le prétre prendra du
sang avec son doigt, et touchant
les cornes de lautel de l'holo-
causte, il répandra le reste au
. pied de l'autel.
31. Mais enlevant toute la
graisse, comme elle a la coutume
d'être enlevée des victimes des
sacrifices pacifiques, il la brülera
20. Comme il a fait auparavant; expression elliptique pour: Comme il a été dit
auparavant qu'il ferait de l'autre veau.
A. T.
13
194 LE LÉVITIQUE.
sur lautel en odeur de suavité
pourle Seigneur; etil priera pour
lui, et il lui sera pardonné.
32. Mais sil offre une victime
de brebis pour le péché, que ce
soitune brebis sans tache;
33.1l poserala main sur sa tête,
et il l'immolera au lieu où ont
coutume d'étre tuées les hosties
des holocaustes.
34. Alors le prétre prendra de
son sang avec son doigt, et tou-
chant les cornes de l'aute] de l'ho-
locauste, il répandra le reste au
pied de l'autel,
35. Enlevant aussi toute la
graisse comme a coutume d être
enlevée la graisse du bélier, qui
est immolé dans les sacrifices pa:
cifiques, il la brülera sur l'autel
pour lholocauste du Seigneur;
et il priera pour celui qui offre le
sacrifice et pour son péché, et il
lui sera pardonné.
CHAPITRE V.
Peine contre ceux qui ne découvrent pas
au juge ce qu'ils savent, Différents sa-
crifices d'expiation.
1. Si un homme ἃ péché en ce
qu'il a entendu la parole de quel-
qu'un qui jurait, et qu'il soit té-
moin pour avoir vu ou su la chose,
à moins qu'il ne la dénonce, il
portera son iniquité.
2. Un homme qui a. touché
quelque chose. d'impur, soit un
animaliué par une béte sauvage,
ou mort de soi-même, soit. tout
reptile quelconque, et qui a ou-
Car. V. 7. Infra, xir, 8; Luc, 11, 24.
[cu. v.]
blié son impureté, est coupable,
et il a failli ; Υ̓ |
3. Et s’il a touché quelque chose
d'impur d'un homme; selon toute
impureté dont il a coutume d’être
souillé, et que l'ayant oublié, il
le reconnaisse ensuite, il sera
coupable de délit.
4. Un homme qui a juré et pro-
noncé par ses lèvres qu'il ferait
ou mal ou bien, et qui a confirmé
cette méme chose par serment et
par sa parole; puis, qui l'ayant
oublié, reconnait ensuite son dé-
lit, |
5. Qu'il fasse pénitence pour
son péché,
6. Et qu'il offre d’entre les
troupeaux une jeune brebis, ou
une chèvre; el le prêtre priera
pour lui et pour son péché;
7. Mais s'il ne peut offrir une
brebis ou une chèvre, qu'il offre
deux tourterelles ou deux petits
de colombe au Seigneur, lun
pour le péché et l'autre en holo-
causte ; |
8. Et il les donnera au prétre,
qui offrant le premier pour le
péché, lui tournera la téte du
côté des ailes, en sorte qu'elle
reste. attachée au cou et qu'elle
n'en soit pas entièrement arra-
chée.
9. Il aspergera ensuite avec son
sang la paroi de l'autel; mais tout
ce qui sera de reste, il le fera dis-
tiller au pied del'autel, parce que
c'est pour le péché.
10. Quant à l'autre, ille brülera
—————————————————————————————ÉÁ——— ————
1. Son iniquité; c'est-à-dire la peine de son iniquité. Cette expression signifie ordi-
nairement étre puni du dernier supplice.
3. De délit. Le délit ou faute, différait du péché, quoiqu'on ne sache pas au juste
en quoi consistait la différence.
[cg. vi.]
en holoeauste, comme cela à cou-
tume de sefaire; etleprétrepriera
pour cet homme et pour son pé-
ché, et il lui sera pardonné.
41. Que si sa main ne peut of-
frir deux tourterelles ou deux
petits de colombe, il offrira pour
son péché la dixième partie d'un
éphi de fleur de farine; il n'y mé-
lera point d'huile, et n'y mettra
pas un seulgrain d'encens, parce
que c'est pour le péché;
19. Et il la remettra au prêtre,
qui en prenantune pleine poignée
la brülera sur l'autel en mémoire
de celui qui l'aura offerte,
13. Priant pour lui et faisant
des expiations; mais le reste, il
l'aura comme un don.
14. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
15. Si un homme manquant
aux cérémonies , a péché par er-
reur dans des choses qui sont
consacrées au Seigneur, il offrira
pour son délit un bélier sans tache
pris d'entre les troupeaux, qui
peut étre acheté deux sicles, se-
lon le poids du sanctuaire;
16. Et quant au dommage mé-
me qu'il a fait, il 16 restituera, et
il y ajoutera par-dessus la cin-
quième partie, la remettra au
prêtre, qui priera pour lui, en of-
frant le bélier, et il lui sera par-
donné.
47. Si un homme a péché par
.gnorance, et qu'il ait fait une
des choses qui sont défendues
pàr la loi du Seigneur, et que
VI. 5. Nom., v, 7. ,פאז
LE LÉVITIQUE. 195
coupable de péché, il ait reconnu
son iniquité,
18. IL offrira au prêtre un bélier
sans tache pris d'entre les trou-
peaux, selon la mesure et l'esti-
mation du péché : le prétre priera
pour lui parce qu'il l'a fait sans
le savoir ; et il lui sera pardonné,
19. Parce que c'est par erreur
qu'il a failli contre le Seigneur.
CHAPITRE VI.
Autres sacrifices d'expiation, Lois tou-
chant l'holocauste de chaque jour, le
feu perpétuel, les offrandes de fleur de
farine, celles des grands prétres au jour
de leur onction; les hosties pour le
péché.
1. Le Seigneur parla à Moise di-
sant :
2. L'homme qui a péché, et qui,
le Seigneur méprisé, a nié à son
prochain le dépót qui avait été
confié à sa foi, ou qui par violence
à ravi quelque chose, ou a fait
une fraude,
3. Ou bien encore a trouvé une
chose perdue, etle niant, s'est de
plus parjuré, et a fait quelqu'au-
tre des nombreux péchés dans
lesquels ont coutume de tomber
les hommes,
4. Convaincu de son délit, ren-
dra
9. En entier tout ce qu'il a voulu
| retenir par fraude, et par-dessus
la cinquième partie au maître au-
quel il avait causé le dommage.
6. Mais pour son péché, il of-
frira un bélier sans tache pris du
—————————————— M a Ít—Í
11. Que si sa main, etc., pour: S'il n'a pas le pouvoir, la faculté. — La dixième
partie de l'éphi contenait environ trois pintes — * La dixième partie d'un epni,
dans notre systéme actuel de mesures, équivaut à 38 litres 88.
15. * Voir la note sur Exode, xxt, 32.
190 LE LÉVITIQUE.
troupeau, et il le dounera au pré-
tre, selon l'estimation et la me-
sure du délit;
1. Le prétre priera pour lui de-
vant le Seigneur, et il lui sera
pardonné pour chacune des cho-
ses qu'il a faites en péchant.
8. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
9. Ordonne à Aaron et à ses
fils : Voici la loi de l'holocauste :
Il brülera sur l'autel toute la nuit
jusqu'au matin; le feu sera pris
de l'autel méme.
10. Le prétre se vétira d'une
tunique et de caleçons de lin;
puis il prendra les cendres que le
feu aura embrasées, etles mettant
près de l'autel,
11. Il se dépouillera de ses pre-
miers vêtements, et en. ayant
revétu d'autres, il emportera les
cendres hors du camp et les fera
consumer jusqu'au dernier reste
dans un lieu très net.
19. Mais toujours sur lautel
brülera le feu que le prétre en-
tretiendra, mettant du bois des-
sous chaque jourle matin, et, l'ho-
locauste posé dessus, le prétre
brülera par dessus les graisses
des sacrifices pacifiques.
13. C'est là lefeu perpétuel qui
jamais ne manquera sur l'autel.
44. Voici la loi du sacrifice et
des libations qu'offriront les fils
d'Aaron devant le Seigneur et
devant l'autel. |
45. Le prêtre prendra une poi-
gnée de fleur de farine, qui aura
(CH. vi.]
été arrosée d'huile, et tout l'en-
cens qui aura été mis sur la fleur
de farine, et il le brülera sur l'au-
tel en souvenir d'une odeur très
suave pour le Seigneur.
16. Mais la partie restante de la
fleur de farine, Aaron la mangera
avec ses fils, sans levain; et il la
mangera dans le lieu saint du par-
vis du tabernacle.
17. Or on n'y mettra pas de 16-
vain, parce qu'une partie en est
offerte pour l'holocauste du Sei-
gneur. Ce sera une chose tres
| sainte, comme pour le péché et
le délit.
18. Les mâles seulement de la
race. d'Aaron en mangeront. Ce
sera une loi perpétuelle en. vos
générations, touchant les sacri-
fices du Seigneur; quiconque
touchera ces choses sera sanc-
tifié.
19. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
90. Voici l'oblation d'Aaron et
de ses fils qu'ils doivent offrir au
Seigneur au jour de leur onction.
Ils offriront la dixième partie
d'un éphi de fleur de farine, dans
le sacrifice perpétuel, la moitié
le matin, et la moitié le soir;
91. Arrosée d'huile, elle sera
frite dans une poéle. Or il l'of-
frira chaude; en odeur tres. suave
| pourle Seigneur,
22. Le prétre qui de droit aura
succédé à son père, et elle sera
brülée tout entiere sur l'autel.
23. Car tout sacrifice, des pré-
11. Jusqu'au dernier veste; littér. Jusqu'à
la cendre chaude; c'est-à-dire que le
prétre consumera entiérement par le feu ce qui avait pu rester de bois, de chairs et
d'os parmi les cendres avant qu'elles eussent été emportées hors du camp. — * I4 em-
portera les cendres hors du camp. Voir plus haut, 1v, 12.
11. Comme pour le péché, etc., c'est-à-dire comme ce que l'on olfre pour Ἢ péché.
[cg. vu]
tres sera consumé par le feu, et
nul n'en mangera.
94. OrleSeigneurparlaàMoise,
disant :
95. Dis à Aaron et à ses fils :
Voici la loi de lhostie pour le
péché : Elle sera immolée devant
le Seigneur, au lieu où est offert
l'holocauste. C'est une chose tres
sainte.
96. Le prétre qui l'offre la man-
gera dans un lieu saint, dans le
parvis du tabernacle.
97. Tout ce qui en touchera la
chair sera sanctifié. Si un vête-
ment a été mouillé du sang de
l'hostie, il sera lavé dans un lieu
saint.
28. Maisle vase de terre dans
lequel elle aura été cuite sera
brisé; que si le vase est d'airain,
il sera nettoyé avec soin et lavé
dans l'eau.
99. Tout mále de la race sacer-
dotale mangera de la chair de
l'hostie, parce que c'est une chose
trés sainte.
30. Car quant à l'hostie qui est
tuée pour le péché, dont le sang
est porté dans le tabernacle de
témoignage, pour faire l'expia-
tion dans le sanctuaire, elle ne
sera point mangée, mais elle sera
brülée au feu.
CHAPITRE VII.
Lois sur les sacrifices offerts pour expier
les fautes, et sur les sacrifices paci-
fiques. Défense de manger de la graisse
et du sang.
1. Voici aussi la loi de l'hostie
pour le délit, elle est très sainte :
9. C'est pourquoi là où sera im-
molé l'holocauste, sera aussi tuée
30. Supra, iv, 5; Hébr., xim, 41.
LE LÉVITIQUE. 197
la victime pour le délit; son sang
sera répandu autour de l'autel.
3. On en offrira la queue et la
graisse qui couvre les entrailles :
4. Les deux reins, la graisse qui
est pres des flancs et la mem-
brane réticulaire du foie avec les
reins ;
ὃ. Et le prêtre les brülera sur
l'autel : c'est l'holocauste du Sei-
gneur pour le délit.
6. Tout mále de la race sacer-
dotale mangera de ces chairs dans
un lieu saint, parce que c'est une
chose trés sainte.
7. Comme pour le péché est of-
ferte l'hostie, de méme aussi
l'hostie pour le délit : une seule
loi sera pour les deux hosties :
cest au prétre qui les a offertes
qu'elles appartiendront.
8. Le prétre qui offrela victime
de l'holocauste, en aura la peau.
9. Et toute offrande de fleur de
farine qui se cuit dans le four
ou qui s'appréte sur un gril ou
dans la poéle, sera au prétre par
lequel elle est offerte :
10. Qu'elle soit arrosée d'huile
ou qu'elle soit sèche, elle sera
partagée entre tous les fils d'Aa-
ron en une égale mesure.
11. Voici la loi de l'hostie des
sacrifices pacifiques qui est of-
ferte au Seigneur.
19. 51 c'est une oblation pour
action de grâces, on offrira des
pains sanslevain, arrosés d'huile,
des beignets azymes, oints d'hui-
le, de la fleur de farine cuite, des
galettes : mêlées et arrosées
d'huile;
.. 18. Etaussi des painsfermentés,
avec l'hostie d'action de gráces,
198 LE LÉVITIQUE.
qui est immolée pour les sacri-
fices pacifiques.
14. Un de ces pains sera offert
pour prémices au Seigneur, et il
sera au prétre qui répandra le
sang de l'hostie,
15. Dont la chair sera mangée
le méme jour, et il n'en restera
rien jusqu'au matin.
16. Si quelqu'un par vœu ou
spontanément offre une hostie,
elle. sera également mangée le
méme jour, et si quelque chose
en reste pour le lendemain, il
sera permis d'en manger;
17. Maistoutce que le troisième
jour en trouvera, le feu le consu-
mera.
18. Si quelqu'un mange le troi-
sième jour de la chair de la vic-
time des sacrifices pacifiques,
l'oblation deviendra nulle, et elle
ne sera pas utile à celui qui laura
offerte; bien plus, quiconque se
sera souillé par un tel aliment,
sera coupable de prévarication.
19. La chair qui aura touché
quelque chose d'impur, ne sera
point mangée, mais elle sera brü-
lée au feu; celui qui sera pur
mangera de la victime des sacri-
fices pacifiques.
299: L'homme souillé qui man-
gera de la chair de l'hostie des
sacrifices pacifiques,laquelleaura
été offerte au Seigneur, périra du
milieu de ses peuples.
91. Et celui qui aura touché quel-
que chose d'impur d'un homme,
ou d'une béte, ou bien de toute
chose qui peut souiller, et qui
mangera dela chair de cette sorte,
périra du milieu de ses peuples.
[cn.. vir.
22. Le Seigneur parla encore à
110186 , disant :
23. Dis aux enfants d'Israël :
Vous ne mangerez point de la
graisse de brebis, de bœuf et de
chevre.
24. Quant à la graisse d'un ani-
mal crevé, et de celui qui a été
pris par une béte sauvage, vous
l'emploierez à divers usages.
25. Si quelqu'un mange de la
graisse qui doit étreconsumée par
le feu comme une oblation au Sei-
gneur, il périra du milieu de son
peuple.
26. Vous ne prendrez pas non
plus pour nourriture du sang
d'aucun animal, tant des oiseaux
que des troupeaux.
27. Tout homme qui aura
mangé du sang, périra du milieu
de ses peuples.
28. Le Seigneur parla encore à
Moïse, disant :
99. Parle aux enfants d'Israël,
disant : Que celui qui offre la vic-
time des sacrifices pacifiques au
Seigneur, lui offre aussi en même
temps son sacrifice, c'est-à-dire,
ses libations.
30. Il tiendra dans ses mains la
graisse de l'hostie et la poitrine;
et lorsqu'en les offrant l'une et
lautre au Seigneur, il les aura
consacrées, il les remettra au
prétre,
31. Qui brülera la graisse sur
l'autel; mais la poitrine sera pour
Aaron et pour ses fils.
32. L'épaule droite des hosties
des sacrifices pacifiques. devien-
| dra les prémices du prêtre.
33. Celui des fils d'Aaron qui
20. De ses peuples. Voy. Exode, xxx, 38.
99. Ses libations; les libations dont elle doit être accompagnée.
[cu. vur.]
aura offert le sang et la graisse,
celui-là méme aura aussi l'épaule
droite pour sa portion.
34. Carla poitrine de l'élévation
et l'épaule de la séparation, je les
ai prises aux enfants d'Israél sur
leurs hosties pacifiques, et je les
ai données à Aaron, le prétre, et
à ses fils, par une loi perpétuelle
pour tout le peuple d'Israél.
35. C'est là l'onction d'Aaron ef
de ses fils dans les cérémonies du
Seigneur, au jour que Moise les
présenta pour exercer les fonc-
tions du sacerdoce;
36. Et c’est ce que le Seigneur a
commandé de donneraux enfants
d'Israél; comme culte perpétuel
dans leurs générations.
37. Telle est la loi de lholo-
causte et du sacrifice pour le pé-
ché et pour le délit, et pour la
consécration et les victimes des
sacrifices pacifiques;
38. Loi que le Seigneur donna
à Moïse sur la montagne de Sinai,
quand il commanda aux enfants
d'Israél d'offrir leurs oblations au
Seigneur dans le désert de Sinai,
CHAPITRE VIII.
Consécration d'Aaron et de ses fils. Con-
sécration du. tabernacle et. de tout ce
qui devait y servir.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
2. Prends Aaron avec ses fils,
leurs vétements, l'huile de l'onc-
tion, le veau pour le péché, les
deux béliers et la corbeille des
azymes, |
3. Et tu réuniras toute l'assem-
blée devant la porte du taber-
nacle.
Cuar, VIII. 12. Eccli., χων, 18.
LE LÉVITIQUE. 199
4. Moise fit comme le Seigneur
avait commandé, et, toute la mul-
titude assemblée devant la porte
du tabernacle,
5. 11 dit : Voici la parole que le
Seigneur a commandé qu'on ac-
complisse.
6. Et aussitótil présenta Aaron
et ses fils. Et lorsqu'il les eut
lavés,
1. ll revétit le pontife de la tu-
nique de lin de dessous, le cei-
gnant delaceinture etle couvrant
de la tunique d'hyacinthe, et il
mit 16000 par-dessus.
8. Le serrant avec la ceinture,
il y adapta le pectoral, sur lequel
était : La Doctrine et la Vérité.
9. Il couvrit aussi sa téte de la
tiare, et sur la tiare, contre le
front, il posa la lame d'or consa-
créepourlasanctification, comme
lui avait ordonné le Seigneur.
10. Il prit aussi l'huile de l'onc-
tion, dont il oignit le tabernacle
avec toutes ses dépendances;
11. Et, lorsque, pour le sanc-
tifier, il eut aspergé l'autel sept
fois, il l'oignit ainsi que tous les
vases et le bassin avec sa base,
et il les sanctifia avec l'huile.
19. Versant l'huile sur la tête
d'Aaron, il l'oignit etle consacra.
13. Ses fils aussi, apres les avoir
présentés, il les revétit de tuni-
ques de lin, les ceignit de cein-
tures et posa des mitres sur leurs
têtes, comme avait commandé
le Seigneur.
14.11 offrit encore le veau pour
le péché : etlorsque Aaron et ses
fils eurent mis leurs mains sur sa
téte,
15. ll l'immola : prenantlesang,
200
et y trempant son doigt, il toucha
les cornes de l'autel tout autour ;
l'autel purifié et sanctifié, il y ré-
pandit le reste du sang au pied.
16. Quant à ia graisse qui était
sur les entrailles, à lamembrane
réticulaire du foie et aux deux
reins avec leurs parties grasses,
il les brüla sur l'autel;
17. Brülant hors du camp le
veau avec la peau, la chair et la
fiente, comme l'avait ordonné le
Seigneur.
18. 11 offrit aussi en holocauste
le bélier; sur la téte duquel lors-
que Aaron et ses fils eurent posé
leurs mains,
19. Il l'immola et il en répandit
le sang autour de l'autel.
20. Et le bélier lui-méme, le
coupant en morceaux, il en brü-
la au feu la téte, les membres et
la graisse,
91. Les intestins et les pieds
ayant été auparavant lavés ; et il
brüla le bélier tout entier sur l’au-
tel, parce que c'était un holocaus-
te d'une très suave odeur pour le
Seigneur, comme il lui avait or-
donné.
22. 1] offrit encore le second
bélier pour la consécration des
prêtres; et Aaron et ses fils po-
sèrent leurs mains sur sa tête;
23. Lorsque Moïse l'eut immo-
lé, prenant de son sang, il toucha
l'extrémité del'oreille droite d'Aa-
ron et le pouce de sa main droite
et également de son pied.
24. Ill présenta aussi les fils
d'Aaron; et lorsque avec le sang
du bélier immolé il eut touché
31. Exode, xxix, 32; Infra, xxiv, 9.
LE LÉVITIQUE.
[cu. vr]
l'extrémité de l'oreille droite de
chacun d'eux et les pouces de la
main et du pied droits, il répan-
dit le reste sur l'autel tout au-
tour;
25. Mais la graisse, la queue,
toute la graisse qui couvre les in-
testins, la membrane réticulaire
du foie et les deux reins avec
leurs graisses et l'épaule droite, il
les sépara.
26. Or, prenant de la corbeille
des azymes, qui était devant le
Seigneur, un pain sans levain,
une galette arrosée d'huile et un
beignet, il les mit sur les grais-
ses et sur l'épaule droite,
27. Remettant à la fois toutes
ces choses à Aaron et à ses fils.
Apres que ceux-ci les eurent éle-
vées devant le Seigneur,
28. Moise les ayant recues de
nouveau de leurs mains, les brü-
la sur lautel de Vl'holocauste,
parce que c'était une oblation de
consécration, enodeurde suavité
de sacrifice pour le Seigneur.
29. Et il prit, l'élevant devant le
Seigneur, la poitrine du bélier
de la consécration pour sa part,
comme lui avait ordonné le Sei-
gneur.
30. Prenant ensuite le parfum
à oindre et le sang qui était sur
l'autel, il fit l'aspersion sur Aaron
et sur ses vétements, sur ses fils
et sur leurs vétements,
31. Et lorsqu'il les eut sancti-
fiés dans leur vétement, il leur
ordonna, disant: Faites cuire la
chair devant la porte du taber-
nacle, et là mangez-la; mangez
28. Parce que c'était une oblation pour la consécration, et un sacrifice d'une odeur
trés agréable au Seigneur.
1x.] .אס]
aussi les pains dela consécration
qui ont été mis dans la corbeille,
comme m'a ordonné le Seigneur,
disant : Aaron et ses fils les man-
geront:
32. Et tout ce qui sera de reste
de la chair et des pains le feu le
consumera.
33. Vous ne sortirez plus hors
dela porte du tabernacle pendant
sept jours jusqu'au jour oü sera
accompli le temps de votre con-
sécration; car c'est en sept jours
que s'acheve la consécration,
34. Comme il a été fait aussi
présentement, afin quele rite du
sacrifice füt accompli.
35. Jour et nuit vous demeure-
rez dans le tabernacle, observant
les veilles du Seigneur, pour que
vous ne mouriez pas; Car il m'a
été ainsi ordonné.
80. Et Aaron et ses fils firent
tout ce que le Seigneur avait dit
par l'entremise de Moise.
CHAPITRE IX.
Aaron établi Grand-prètre offre à Dieu
divers sacrifices, tant pour lui que pour
tout le peuple.
1. Or, le huitieme jour venu,
Moïse appela Aaron et ses fils, et
les anciens d'Israél, et il dit à
Aaron:
2. Prends d'un troupeau de
gros bétail un veau pour le péché
et un bélier pour un holocauste,
l’un et l’autre sans tache, et offre-
les devant le Seigneur.
3. Et tu diras aux enfants d'Is-
raël : Prenez un bouc pour le pé-
ché, un veau et un agneau d'un
Cnuar. IX. 2. Exode, xxix, 1.
LE LÉVITIQUE. 201
an et sans tache pour un holo-
causte,
4. Un bœuf et un bélier pour
des sacrifices pacifiques, etimmo-
lez-les devantle Seigneur, offrant
dansle sacrifice de chacun de ces
animaux de la fleur de farine ar-
rosée d'huile; car aujourd'hui le
Seigneur vous apparaîtra.
9. Ils porterent donc tout ce
que leur avait ordonné Moise, à
laporte dutabernacle, où pendant
que toute la multitude se tenait
debout,
6. Moïse dit : Voici la parole
qu'aordonnéeleSeigneur; accom-
plissez-la et sa gloire vous appa-
raitra.
1. Et il dit à Aaron : Approche-
toi de l'autel, etimmole pour ton
péché; offre l'holocauste, et prie
pour toi et pour le peuple, et
lorsque tu auras sacrifié l'hostie
du peuple, prie pour lui, comme
a ordonné le Seigneur.
8. Et aussitót Aaron s'appro-
chant de l'autel immola pour son
péché le veau,
9. Dont ses fils lui présenterent
le sang, dans lequel trempant le
doigt, il toucha les cornes de l'au-
tel, et il répandit lereste du sang
au pied de l'autel.
10. Quant à la graisse, aux
reins, et à la membrane réticu-
laire du foie, qui sont pour le
péché, il les brüla sur l'autel,
comme avait ordonné le Seigneur
à Moise;
11. Mais la chair et la peau,
c'est hors du camp auil les brüla
au feu.
ו וו וו
36. Par l'entremise de Moïse. Voy. Exode, 1x, 35.
202 LE LÉVITIQUE.
12. Il 1mmola aussi la victime
de l'holocauste; et ses fils lui en
présenterent le sang, qu'il répan-
dit autour de l'autel.
13. Ils lui présenterent aussi
l'hostie elle-même coupée en
morceaux avec la téte et chacun
de ses membres; lesquelles cho-
ses 11 brüla toutes au feu surl'au-
tel,
14. Les intestins et les pieds
ayant été auparavant lavés dans
l'eau.
15. Et offrant le sacrifice pour
le péché du peuple, il immola le
bouc; et, l'autel purifié,
16. Il fit l'holocauste,
17. Ajoutant au sacrifice les li-
bations, qui sont pareillement of-
fertes, et les brülant sur l'autel,
outre les cérémonies de l'holo-
causte du matin.
48. ll immola aussi 16 bœuf et
le bélier, hosties pacifiques du
peuple; etses fils lui présenterent
le sang, qu'il répandit sur l'autel
tout autour.
19. Mais la graisse du bœuf, la
queue du bélier, les reins avec
leurs graisses et la membrane
réticulaire du foie,
20. 118 les poserent sur les poi-
trines ; et lorsque les graisses eu-
rent été brülées sur l'autel,
91. Aaron sépara les poitrines
des hosties et les épaules droites,
les élevant devant le Seigneur,
comme avait ordonné Moise.
99. Et étendant les mains vers
[cu. x.]
le peuple, il le bénit. Or, les 0070-
tions des hosties pour le péché,
des holocaustes et des sacrifices
pacifiques ainsi achevées, il des-
cendit.
23. Mais Moise et Aaron étant
entrés dans le tabernacle de té-
moignage, et ensuite étant sor-
tis, ils bénirent le peuple. Alors
la gloire du Seigneur apparut à
toute la multitude;
24. Et voilà qu'un feu sorti du
Seigneur dévora lholocauste et
les graisses qui étaient sur l'au-
tel. Ce qu'ayant vu la multitude,
ils louerent le Seigneur, tombant
sur leur face.
CHAPITRE X.
Nadab et Abiu consumés par le feu du
ciel. Le vin défendu aux prétres. Aaron
laisse consumer toute la victime pour
le péché.
1. Alors Nadab et Abiu ayant
pris les encensoirs, mirent du feu
et de l'encens dessus, offrant de-
vant le Seigneur un feu étranger;
ce qui ne leur avait pas été or-
donné.
9. Et un feu sorti du Seigneur
les dévora, et ils moururent de-
vant le Seigneur.
3. Et Moise dit à Aaron: Voilà
ce qu'a dit le Seigneur : Je serai
sanctifié dans ceux qui m'appro-
chent, et je serai glorifié devant
tout le peuple. Ge qu'entendant,
Aaron se tut.
4. Or, Moise ayant appelé Mi-
23. II Machab., rr, 10. — (παρ. X. 1. Nom., rr, 4; xxvi, 61; 1 Par., xxiv, 2,
22. Il descendit de l'autel où il était monté pour bénir le peuple.
24. Un feu sorti du Seigneur; c'est-à-dire descendu du ciel, selon l'auteur du
deuxième livre des Machabées (u, 40); ce qui arriva aussi à la dédicace du temple
de Salomon (II Paralip., vn, 1); ou bien, selon plusieurs interprétes, sorti, soit du
sanctuaire, soit de la nuée de lumière où le Seigneur était présent.
[ca. x.)
saél et Elisapnan fils d'Oziel, on-
cle d'Aaron, leur dit : Allez et
prenez vos freres de devant le
sanctuaire, et emportez-les hors
du camp.
5. Et aussitót allant, il les pri-
ent, comme ils gisaient, vétus
de leurs tuniques de lin, et ils les
jeterent dehors, comme il leur
avait été commandé.
6. Alors Moise dit à Aaron, et
à Eléazar et à Ithamar ses fils : Ne
découvrez pas vos tétes, et ne
déchirez pas vos vétements, de
peur que vous ne mouriez, et que
lindignation ne s'élève contre
toute l'assemblée. Que vos freres
et toute la maison d'Israél pleu-
rent l'incendie que le Seigneur a
suscité ;
7. Mais vous, vous ne sortirez
peint de la porte du tabernacle;
autrement vous périrez; car
l'huile de la sainte onction est
sur vous. Ceux-ci firent tout selon
l'ordre de Moise.
8. LeSeigneur ditaussiàAaron:
9. Vous ne boirez point de vin
et de tout ce qui peut enivrer, toi
et tes fils, quand vous entrerez
dansletabernacle de témoignage,
de peur que vous ne mouriez;
parce que c'est un précepte per-
pétuel pour vos générations,
10. Et afin que vous ayez la
science de discerner entre le saint
et le profane, entre ce qui est
souillé et ce qui est pur,
11. Et que vous enseigniez aux
enfants d'Israël tout ce qui con-
cerne mes lois que le Seigneur a
16. II Machab., ,זז
LE LÉVITIQUE.
203
proclamées par l'entremise de
Moise.
19. Moise dit alors à Aaron, à
Eléazar et 8 Ithamar, ses fils qui
lui étaient restés : Prenez le sa-
crifice qui est resté de l'oblation
du Seigneur, et mangez-le sans
levain pres de l'autel, parce que
c'est une chose tres sainte.
13. Or, vous le mangerez dans
un lieu saint, parce qu'il vous a
été donné, à toi et à tes fils, des
oblations du Seigneur, comme il
m'a été ordonné.
14. La poitrine aussi qui a été
offerte, et l'épaule qui a été sépa-
rée, vous les mangerez dans un
lieu trés pur, toi et tes fils et tes
filles avec toi; car c'est pour toi
et pour tes enfants qu'elles ont
été réservées, des hosties salu-
taires des enfants d'Israël;
15. Parce qu'ils ont élevé de-
vant le Seigneur l'épaule, la poi-
trine etles graisses qui sont brü-
lées sur l'autel, et qu'elles t'ap-
partiennent à toi et à tes fils par
une loi perpétuelle, comme a or-
donné le Seigneur.
16. Cependant, comme Moise
cherchait le bouc qui avait été of-
fert pour le péché, il le trouva
entierement brülé ; or, irrité con-
tre Eléazar et Ithamar, fils d'Aa-
ron, qui lui étaient restés, il dit :
17. Pourquoi n'avez-vous pas
mangé dans le lieu saint l'hostie
pour le péché, quiest trés sainte,
et qui vous a été donnée, afin que
vous portiez l'iniquité de la mul-
titude, et que vous priiez pour
14. Des hosties saluluires, ou, comme on l'entend généralement, des hosties paci-
fiques, qui étaient offertes pour le salut, la paix et la prospérité.
904 LE LÉVITIQUE.
elle en la présence du Seigneur,
18. Surtout puisqu'on n'a pas
porté de son sang dans les lieux
saints, et que vous auriez dû la
manger dans le sanctuaire com-
me il m'a été ordonné?
19. Aaron répondit : La victime
pourle péché a été offerte aujour-
d'hui, et l'holocauste devant le
Seigneur; mais pour moi, il m'est
arrivé ce que tu vois. Comment
aurais-je pula manger, ou plaire
au Seigneur dans les cérémonies,
avec un esprit profondément af-
fligé?
20. Ce qu'ayant entendu Moi-
se, il reçut son excuse.
CHAPITRE XI.
Distinction des animaux purs et des
animaux impurs.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise et à Aaron, disant :
9. Dites aux enfants d'Israël :
Voiciles animaux que vous devez
manger, d'entre tous les animaux
de la terre :
3. Tout ce qui a l'ongle fendu et
qui rumine parmi les bétes, vous
en mangerez.
4. Pour tout ce qui rumine et
qui ἃ un ongle, mais qui ne l'a
pas fendu, comme le chameau et
tous les autres, vous n'en mange-
rez point, et vous le compterez
parmi les bétes impures.
5. Le chérogrylle qui rumine,
[cn. xr.]
mais qui n'a point l'ongle fendu,
est impur.
6. Le lièvre également; car il
rumine, lui aussi, mais il n'a pas
l'ongle fendu.
1. Lepourceau encore, qui quoi-
qu'il ait l'ongle fendu, ne rumine
point.
8. Vous ne mangerez point de
la chair de ces bêtes , et vous ne
toucherez pointleurscorps morts,
parce qu'ils sont impurs pour
vous. |
9. Voici les bétes qui sont en-
gendrées dansles eaux, et dont il
est permis de manger. Tout ce
qui a des nageoires et des écail-
les, tant dans 18 mer que dans les
rivières et dans les étangs, vous
en mangerez.
10. Mais tout ce qui n'a pas de
nageoires et d'écailles dans 0
qui se meut et vit dans les eaux,
vous sera abominable,
41. Et vous l'aurez en exécra-
tion; vous n'en mangerez point
la chair et vous éviterez leurs
corps morts.
19. Tout ce qui n'a pas de na-
geoires etd'écailles dans les eaux
sera impur.
13. Voici ceux des oiseaux que
vous ne devez pas manger, et qui
sont à éviter pour vous : l'aigle,
le griffon, l'aigle de mer,
14. Le milan, le vautour, selon
son espèce ;
15. Tout ce qui dans l'espèce du
(βαρ. XI. 2. Deut., xiv, 4. — 1. II Machab., vi, 18.
5. * Le chérogrylle est le porc-épic, mais l'hébreu parait désigner le daman, animal
de la grosseur du liévre.
6. * Le lièvre. car il rumine. Le lièvre n'est pas un animal ruminant dans le sens
scientifique du mot, mais ici on doit prendre le mot ruminant dans le sens large
d'animal qui mâche sans manger et rumine du museau, non dans son acception
physiologique d'animal à quatre estomacs.
14. Son espèce; littér. Son genre. Voy. Genèse, 1, i.
[cu. xr.]
corbeau est à sa ressemblance :
46. L'autruche, le hibou, le
larus, lépervier selon son es-
pece;
47. Le chat-huant, le plongeon,
l'ibis,
48. Le cygne, l'onocrotale, le
porphyrion,
19. Le héron, le pluvier selon
son espece; lahuppeet 18 chauve-
souris.
90. Tout ce qui d'entre les vo-
latiles, marche sur quatre pieds,
vous sera abominable.
91. Tout ce qui au contraire
marche, à la vérité, sur quatre
pieds, mais a les jambes de der-
rière plus longues, avec lesquel-
les il saute sur la terre,
22. Vous devez en manger; tel
est le bruchus dans son espece,
l'attachus, l'ophiomachus, la sau-
terelle, chacun selon son espece.
23. Mais tout ce qui d'entre les
volatiles a seulement quatre
pieds vous sera en exécration;
24. Et quiconque touchera leurs
corps morts, sera 8001116, il sera
impur jusqu'au soir;
25. Et s'il est nécessaire qu'il
porte quelqu'un de ces animaux
mort, il lavera ses vétements, et
il sera impur jusqu'au coucher du
soleil.
26. Tout animal quia un ongle,
mais qui ne l’a pas fendu et qui
ne rumine pas, est impur ; et ce-
lui. qui le touchera sera souillé.
27. Ce qui marche sur quatre
mains, d'entre tous les animaux
quadrupedes qui marchent, sera
impur : celui qui touchera leurs
corps morts sera souillé jusqu'au
soir.
28. Et celui qui portera des
corps morts de cette sorte, lave-
LE LÉVITIQUE. 205
ra ses vétements, etil sera impur
jusqu'au soir, parce que toutes
ces choses sont immondes pour
vous.
29. Vous compterez aussi par-
mi les choses souillées d'entre les
animaux qui se meuvent sur la
terre, la belette, le rat etle croco-
dile, chacun selon son espèce;
30. La musaraigne, le camé-
léon, le stellion, le lézard et la
taupe.
31. Tout ces animaux sont im-
purs. Celui qui touchera leurs
corps morts sera impur jusqu'au
SOIT ;
32. Et sur quoi que ce soit que
tombe quelque chose de leurs
corps morts, il sera souillé; que
ce soit un vase de bois, ou un vé-
tement, ou des peaux et des cili-
ces; et tous les objets avec les-
quels se fait quelque ouvrage, se-
ront lavés dans l’eau, et seront
souillés jusqu'au soir, et de cette
maniere ils seront ensuite pu-
rifiés.
33. Mais le vase de terre dans
l'intérieur duquel quelqu'une de
ceschosesseratombée, serasouil-
lé ; il doit être brisé.
34. Toutaliment que vous man-
gerez, s'il se répand de l'eau sur
lui, sera impur; et toute liqueur
quise boit dans un vase quelcon-
que, sera impure.
35. Et tout ce qui de tels corps
morts tombera sur le vase, sera
impur; que ce soient des fours,
ou des marmites, ils seront bri-
sés et ils seront impurs.
36. Mais les fontaines et les ci-
ternes et tout réservoir d'eaux
sera pur. Celui qui touchera le
corps mort de ces animaux, sera
souillé.
900 LE LÉVITIQUE.
91. S'il tombe sur la semence,
il ne la souillera pas.
38. Mais si quelqu'un répand de
l'eau sur 18 semence, et qu'après
cela elle soittouchée parles corps
morts, elle sera aussitót souillée.
39. S'il meurt un animal qu'il
vous est permis de manger, ce-
lui qui touchera son corps sera
impur jusqu'au soir;
40. Et celui qui en mangera
quelque chose ou en portera, la-
vera ses vétements et sera impur
jusqu'au soir.
44. Tout ce qui rampe sur la
terresera abominable; etl'on n'en
prendra point pour nourriture.
49. Tout ce qui étant quadru-
pede, et ce qui ayant beaucoup de
pieds marche sur la poitrine, ou
se traine sur la terre, vous n'en
mangerez point, parce qu'il est
abominable.
43. Ne souillez point vos àmes,
et ne touchez aucune de ces cho-
ses, de peur que vous ne soyez
impurs.
44. Car c’est moi qui suis le Sei-
gneur votre Dieu : soyez saints,
parce que moi, je suis saint. Ne
souillez point vos âmes par aucun
reptile qui se meut sur la terre.
49. Car c'est moi qui suis le
Seigneur qui vous ai retirés de la
terre d'Egypte, afin que je fusse
Dieu pour vous. Soyez saints,
parce que moi, je suis saint.
46. Telle est la loi des animaux
et des volatiles et de toute àme
vivante, qui se meut dans l'eau,
et qui rampe sur la terre;
47. Afin que vous connaissiez
les différences de ce qui est pur et
impur, et que vous sachiez ce que
fcu. χα.
vous devez manger et ce que
vous devez rejeter
CHAPITRE XII.
Loi touchant la purification des femmes
aprés leur accouchement.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
2. Parle aux enfants d'Israél et
tu leur diras : Si une femme,
aprés avoir concu, enfante un en-
fant mâle, elle sera impure pen-
dant sept jours, selon les jours
de la séparation menstruelle,
3. Et au huitième jour le petit
enfant sera circoncis :
4. Mais elle demeurera elle-
méme trente-trois jours dans le
sang de sa purification. Elle ne
touchera aucune chose sainte, et
elle n'entrera pas dans le sanc-
tuaire, jusqu'à ce que soient ac-
complis les jours de sa purifica-
tion.
5. Que si elle enfante une fille,
elle sera impure pendant deux
semaines, selon le rite du flux
menstruel, et pendant soixante-
six jours elle demeurera dans le
sang de sa purification.
6. Et lorsque seront accomplis
les jours de sa purificalion, pour
un fils ou pour une fille, elle por-
tera un agneau d'un an pour l'ho-
locauste, etlepetit d'une colombe
ou bien une tourterelle pour le
péché à la porte du tabernacle de
témoignage, et elle les donnera
au prétre,
7. Qui les offrira devant le Sei-
gneur et priera pour elle; et c'est
ainsi qu'elle sera purifiée de la
perte de son sang. Telle est la loi
44, 1 Pierre, 1, 16. — Cua». XII. 2. Luc, τι, 22. — 3. Luc, u, 21; Jean, vu, 22.
| .אס xui.)
de celle qui enfante un enfant
mále ou une fille.
8. Que si sa main ne trouve et
ne peut offrir un agneau, elle
prendra deux tourterelles ou
deux petits de colombe, l'un pour
lholocauste et l’autre pour le
péché : et le prêtre priera pour
elle, et c'est ainsi qu'elle sera
purifiée.
CHAPITRE XIII.
Lois pour le discernement de la lépre
des hommes et des habits.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise et à Aaron, disant :
2. L'homme dans la peau ou
dans la chair duquel se sera for-
mée une diversité de couleur, soit
une pustule, ou quelque chose de
luisant, c'est-à-dire une plaie de
lepre, sera amené à Aaron, le
prétre, ou à un de ses fils, quel
qu'il soit;
3. Qui, lorsqu'il verra la lèpre
dans la peau, les poils devenus
. d'une couleur blanche et l'endroit
méme où parait la lèpre, plus en-
foncé que la peau et le reste de
la chair, déclarera que c'est une
plaie de lèpre, et d’après sa déci-
sion l'homme sera séparé.
4. Si au contraire une blancheur
luisante est à la peau, et qu'elle
ne soit pas plus enfoncée que le
reste de la chair, et que les poils
soient de leur couleur primitive,
le prétre le renfermera pendant
sept jours,
5. Et il le considérera au sep-
8. Supra, v, 1, 11; Luc, ur, 24.
LE LÉVITIQUE.
207
tieme jour; et si la lépre n'a pas
crü davantage, et n'a point dé-
passé dans la peau ses premieres
limites, il le renfermera pendant
sept autres jours.
6. Etau septieme jour il le re-
gardera attentivement; si la lèpre
est plus obscure, et qu'elle n'ait
pascrüdanslapeau,illedéclarera
pur, parce que c'est une éruption;
et l'homme lavera ses vêtements,
et il sera pur.
7. Quesi après qu'il aura été vu
parle prétre, et déclaré pur, la
lépre eroit de nouveau, il sera
amené vers lui,
8. Et il sera condamné pour
cause d'impureté.
9. Siune plaiede lèpre setrouve
dans un homme, il sera amené
au prêtre,
10. Et le prêtre le verra. Or,
lorsquil y aura une couleur
blanche sur la peau, et qu'elle
aura changé l'aspect des cheveux,
et que la chair vive elle-même
aura aussi paru,
11. La lèpre sera jugée très
ancienne et enracinée dans la
peau. C'est pourquoi le prêtre le
déclarera souillé, et il ne le ren-
fermera point, parce qu'il a une
impureté ires visible.
12. Mais si la lèpre s'épanouit,
courant sur la peau, et qu'elle
couvre toute la peau depuis la tête
jusqu'aux pieds, dans tout ce qui
tombe sous la vue,
13. Le prêtre le considérera et
il jugera qu'il est attaqué d'une
lèpre trés pure, parce qu'elle est
3. Séparé du peuple, de la compagnie des autres hommes,
6. Une éruption simplement; selon d'autres la gale.
908
toute devenue d'une couleur
blanche, et à cause de celà,
l'homme sera pur.
14. Maisquandla chair viveaura
paru en lui,
15. Alors, au jugement du pré-
tre ilsera souillé, etil seracompté
parmilesimpurs ; carlachair vive,
si elle est entachée de lèpre, est
impure.
16. Que si de nouveau elle est
devenue d’une couleur blanche,
et qu'elle couvre l'homme tout
entier,
17. Le prêtre le considérera et
déclarera qu'il est pur.
18. Mais si c'est une chair et
une peau sur laquelle un ulcere
s'est formé et a été guéri,
19. Et qu'à l'endroit de l'ulcere
il paraisse une cicatrice blanche,
ou roussâtre, l'homme sera ame-
né au prétre,
20. Qui, lorsqu'il verra que
l'endroit de la lèpre est plus en-
foncé que le reste de la chair, et
que les poils sont devenus d'une
couleur blanche, il le déclarera
souillé; car c'est une plaie de
lepre qui s'est formée dans l'ul-
cere.
21. Que si le poil est de sa cou-
leur primitive, et si la cicatrice
est un peu obscure, et qu'elle ne
soitpas plus enfoneée que la chair
voisine, 11 le renfermera pendant
sept jours.
92. Et si toutefois elle croit, il
décidera qu'il a la lèpre.
93. Si au contraire elle s'est
arrêtée 8 88 place, c'est la cicatrice
de l'ulcere, et l'homme sera pur.
24. Mais si c'est une chair et
une peau que le feu aura brülée,
et qui, étant guérie, aura une ci-
calrice blanche ou rousse,
LE LÉVITIQUE.
(cu. xur.]
95. Le prétre la considérera, et
voilà qu'elle est devenue d'une
couleur blanche, et que sa place
est plus enfoncée que le reste de
la peau : il le déclarera souillé,
parce que c'est une plaie de lèpre
qui s'est formée dansla cicatrice.
26. Que si la couleur des poils
n'est point changée, et si la plaie
n'est pas plus enfoncée que le
reste de la chair, et que la lèpre
elle-même paraisse un peu obs-
cure, il le renfermera pendant
sept jours,
27. Et au septième jour, il le
regardera attentivement : si la
lèpre ἃ crà sur la peau, il le dé-
clarera souillé.
28. Si au contraire la blancheur
s'arréte à sa place, n'étant pas
assez claire, c'est la plaie de la
brülure; et, àcause de cela, il
sera déclaré pur, parce que c'est
la cicatrice de la brülure.
99. Un homme ou une femme, si
la lepre se produit en eux à la
téte ou à la barbe, le prétre les
verra,
30. Et si toutefois cet endroit
est plus enfoncé que le reste de
la chair, et que le poil soit jaune
et plus délié. que de coutume, il
les déclarera souillés, parce que
c'est la lepre de la téte et de la
barbe.
31. Si au contraire il voit l'en-
droit de 18. tache égal à la chair
voisine et le poil noir, il le ren-
fermera pendant sept jours,
32. Et au septieme jour, ille
regardera. Sila tache n'a pas crü,
si le poil a gardé sa couleur, et
si l'endroit de là plaie est égal au
reste de la chair :
33. L'homme sera rasé, hormis
lendroit de la tache, et il sera
[cH. χα.
renfermé pendant sept autres
jours.
34. Si, au septieme jour, la
plaie semble s'étre arrétée à sa
place, et n'étre pas plus enfoncée
que le reste de la chair, il le dé-
clarera pur; or, ses vétements
javés, il sera pur.
39. Si au contraire apres sa pu-
rification déclarée, la tache croit
de nouveau sur la peau,
36. 11 ne recherchera plus si le
poil est devenu d'une couleur
jaune, parce qu'évidemment il
est impur.
37. Mais si la tache s'est arré-
tée, et que les poils soient noirs,
qu’il reconnaisse que l'homme
est guéri, et que hardiment il le
proclame pur.
38. Un homme, ou une femme,
si une blancheur parait sur leur
peau,
39. Le prêtre les regardera ; s'il
découvre qu'une blancheur un
peu obscure luit sur la peau, qu'il
sache que ce n'est pas une lèpre,
mais une tache de couleur blan-
che, et que l'homme est pur.
40. Un homme dont les cheveux
tombent de la tête est chauve et
pur;
44. Et si c’est du front que tom-
bent les cheveux, il est chauve
par devant et pur.
42. Si au contraire sur la partie
chauve de derriere et sur la par-
tie chauve de devant une couleur
blanche ou rousse se forme,
43. Et que le prêtre la voie, il
le condamnera pour cause d'une
lèpre non douteuse qui s'est for-
mée sur la partie chauve.
44. Quiconque donc sera enta-
ché de la lèpre, et aura été sépa-
ré d'aprés la décision du prétre,
A. T.
LE LÉVITIQUE.
209
49. Aura ses vétements décou-
sus, 18 tête nue, le visage couvert
de son vêtement, et il criera qu'il
est souillé et impur.
46. Pendant tout le temps qu'il
sera lépreux et impur, il habitera
seul hors du camp.
47. Le vêtement de laine ou de
lin qui aura une lèpre
48. Dans la chaîne et la trame,
ou certainement une peau, ou
tout ce qui se fait de peau,
49. S'il est souillé d'une tache
blanche ou rousse, elle sera répu-
tée jepre, et montrée au prêtre,
50. Qui apres l'avoir considé-
rée l'enfermera pendant sept
jours ;
91. Et au septieme jour la re-
gardant de nouveau, s'il découvre
qu'elle a crü, c'est une lèpre per-
sévérante : il jugera le vétement
souillé, ainsi que toute chose en
laquelle sera trouvée /a tache;
δῶ, Et à cause de cela il sera
entierement brülé par les flam-
mes.
53. Que s’il voit que la tache
n'ait pas crü,
δά. Il ordonnera, et on lavera
ce qui contient la lèpre, et il l'en-
fermera pendant sept autres
jours.
55. Et lorsqu'il verra que son
aspect primitif n'est pas revenu,
et que cependant la lèpre n'a pas
crü, il jugera le vétement impur
et le brülera au feu, parce que la
lèpre s'est répandue à la superfi-
cie du vétement, ou dans l'épais-
seur.
56. Si au contraire l'endroit de
la lépre est plus sombre aprés
que le vétement aura été lavé, il
le déchirera et le séparera du
vétement entier.
ape 14
210
97. Que s'il parait encore dans
ces endroits qui auparavant
étaient sans tache, une lèpre vo-
lante et vague, il doit étre brülé
au feu.
58. Si elle cesse, il lavera une
seconde fois dans l'eau les par-
lies qui sont pures, et elles se-
ront entièrement pures.
59. Telle est 18 loi de la lèpre
du vêtement de. laine et de lin,
de la chaine et de la trame, et de
tout objet qui est fait de peau,
pour qu'on sache comment on
doit déclarer qu'il est pur ou qu'il
est souillé.
CHAPITRE XIV.
Lois pour la purification des lépreux.
Lois touchant la lépre des maisons.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
2. Voici le rite du lépreux,
quand il doit être purifié : il sera
amené au prêtre ;
3. Qui, étant sorti du camp,
lorsqu'il trouvera que la lèpre est
guérie,
4. Ordonnera à celui qui est
purifié qu'il offre pour lui deux
passereaux vivants, dont il est
permis de manger, du bois de
cèdre, de l'écarlate et de l'hy-
sope.
ὃ. ll commandera aussi que
lun des passereaux soit immolé
dans un vase de terre sur des
eaux vives;
6. Mais l’autre vivant, il le trem-
pera avec le bois de cèdre, l’écar-
LE LÉVITIQUE.
[cm. xrv.]
late et l'hysope dans 16 sang du
passereau immolé,
7. Dont il aspergera sept fois
celui qui doit étre purifié, afin
quil soit légitimement purifié ;
puis il lâchera 16 passereau vi-
vant, pour qu'il s'envole dans la
campagne.
8. Et lorsque l'homme aura lavé
ses vêtements, il rasera tous les
poils de son corps et 1] sera lavé
dans l’eau ; et étant purifié, il en-
trera dans le camp, de telle sorte
seulement qu'il demeurera hors
de sa tente pendant sept jours;
9. Et au septième jour il rasera
les cheveux de sa téte, sa barbe,
ses sourcils etles poils de tout le
corps. Ensuite, les vêtements et
le corps lavés une seconde fois;
10. Au huitième jour, il prendra
deux agneaux sans tache, et une
brebis d'un an sans tache, et trois
décimes de fleur de farine qui
soit arrosée d'huile pour un sa-
crifice, et séparément un setier
d'huile.
| M. Et lorsque le prêtre, puri-
fiant l'homme, l’aura présenté,
ainsi que toutes ces choses de-
vant le Seigneur à la porte du
tabernacle de témoignage,
19. Il prendra un agneau et
l'offrira pour le délit, et un setier
d'huile; et toutes ces choses
offertes devant le Seigneur,
13. 11 immolera l'agneau où a
coutume d'étre immolée l'hostie
pour le péché ainsi que l’holo-
causte, c'est-à-dire dans le lieu
saint. Car comme dans le sacrifice
(βαρ. XIV. 2. Matt., virt, 4. — 4. Marc, 1, 44; Luc, v, 14.
10. Décimes, setier. Voy. Abrégé d'introduction, pag. 941. — * Un selier d'huile,
52 centilitres.
12. Pour le délit. Voy. v, 3.
]68. xiv.]
pour le péché, de méme aussi
dans le sacrifice pour loffense,
c'estau prêtre qu'appartient l'hos-
tie : elle est tres sainte.
14. Orle prétre prenant du sang
de l’hostie qui 8 étéimmolée pour
le délit, le mettra sur l'extrémité
de l'oreille droite de celui qui est
purifié, et sur les pouces de la
main droite et du pied ;
15. Ensuite il versera du setier
d'huile dans sa main gauche,
16. Trempera son doigt droit
dans cette huile, et fera las-
persion devant le Seigneur sept
fois.
11. Quant à ce qui sera de reste
de l'huile en sa main gauche, il
le répandra sur lextrémité de
l'oreille droite de celui qui est
purifié, sur les pouces de la main
et du pied droits, et sur le sang
qui a été répandu pourle délit,
18. Et sur la tête de l'homme,
19. Et il priera pour lui devant
le Seigneur, et il offrira le sacri-
fice pour le péché : alors ilimmo-
lera l'holocauste,
20. Et il le mettra sur l'autel
avec ses libations, et l'homme
sera purifié selon les rites.
21. Que s'il est pauvre et que
sa main ne puisse trouver ce qui
a été dit, il prendra un agneau
en oblation pour le délit, afin que
le prêtre prie pour lui, une
dixième partie de fleur de farine
arrosée d'huile pour un sacrifice,
et un setier d'huile,
22. Et deux tourterelles ou bien
deux petits de colombe, dont l'un
soit pour le péché et l'autre pour
un holocauste ;
23. Et au huitième jour de sa
22. Supra, v, 7, 11; xri, 8; Luc, 11, 24.
LE LÉVITIQUE. 211
purification, il les présentera au
prêtre à la porte du tabernacle de
témoignage devant le Seigneur ;
24. Alors le prêtre, recevant
l'agneau pour le délit et le setier
d'huile, les élévera ensemble ;
95. Puis, l'agneau immolé, il
mettra de son sang sur l'extré-
mité de l'oreille droite de celui
qui est purifié, et sur les pouces
de sa main et de son pied droits;
26. Il versera aussi une partie
de l'huile dans sa main gauche,
27. Et, y trempant le doigt de
la main droite, il fera l'aspersion
sept fois devant le Seigneur:
98. Et il touchera l'extrémité
de l'oreille droite de celui qui est
purifié, et les pouces de la main
et du pied droits, à l'endroit qui
avait été arrosé du sang répandu
pour le délit.
29. Mais le reste de l'huile, qui
est dans sa main gauche, il le
mettra sur 18 tête du purifié, afin
quil fléchisse pour lui le Sei-
gneur.
30. Il offrira aussi une tourte-
relle ou un petit de colombe;
31. L'un pour l'offense, et l'au-
tre pour un holocauste avec ses
libations.
32. Tel est le sacrifice du lé-
preux qui ne peut pas avoir tou-
tes les choses pour sa purifica-
tion.
33. Le Seigneur parla encore à
Moise et à Aaron, disant :
34. Lorsque vous serez entrés
dans la terre de Chanaan que je
vous donnerai moi-méme en pos-
session, s'il se trouve une plaie
de lèpre dans quelque maison,
35. Celui à qui appartient la
212
maisonira, l'annoncantau prêtre,
et il dira : 11 me semble qu'il y a
comme une plaie de lèpre dans
ma maison.
36. Or, le prêtre ordonnera que
l'on emporte tout de 18 maison,
avant qu'il y entre et qu'il voie
si elle est lépreuse, de peur que
ne devienne impur tout 06 qui
est dans la maison. Mais il entre-
ra après, pour qu'il considère la
lepre de la maison ;
97. Et lorsqu'il verra sur ces
murs. comme de. petites cavités,
hideuses par des taches pâles ou
rougeátres, et plus enfoncées que
la superficie du mur,
38. Il sortira hors de la porte de
la maison, etaussitót il la fermera
pour sept jours.
39. Et, revenu au septième jour,
il la considérera : s'il trouve que
la lèpre ait crü ,
40. Il commandera d'arracher
les pierres dans lesquelles est la
lepre, et de les jeter hors de la
ville dans un lieu immonde ;
41. Mais de racler la maison
elle-méme en dedans tout autour,
et de jeter cà et là la poussière
de la raclure hors de la ville dans
un lieu immonde ;
49. Puis de remettre. d'autres
pierres au lieu de celles qui au-
ront été ótées, et d'enduire la
maison d'une autre terre.
43. Mais si, après qu'on aura
arraché les pierres, raclé la pous-
sière, enduit avec une autre terre,
44. Le prétre, étant entré, voit
lalepre revenue, et les murs cou-
verts de taches, c’est une lèpre
persévérante, et la maison est
impure ;
LE LÉVITIQUE.
[cu. xiv.]
45. Et aussitót on la détruira,
et on en jettera les pierres, les
bois et toute la poussiere hors de
la ville dans un lieu immonde.
46. Celui qui entrera dans la
maison, lorsqu'elle sera fermée,
sera impur jusqu'au soir ; .
47. Et celui qui y dormira et y
mangera quelque chose, lavera
ses vétements.
48. Que, si le prétre entrant,
voit que 18 lèpre n’a pas crû dans
la maison, apres qu'elle aura été
enduite de nouveau, il la purifie-
ra, étant redevenue saine;
49. Et pour sa purification, il
prendra deux passereaux, du bois
de cèdre, de l'écarlate et de l'hy-
sope;
50. Et, un passereau immolé
dans un vase de terre sur des
eaux vives,
51. Il prendra le bois de cèdre,
l'hysope,l'écarlate et le passereau
vivant et tremperale tout dans le
sang du passereau immolé et dans
les eaux vives, et il aspergera la
maison sept fois,
52. Et il la purifiera tant avec le
sang du passsereau mm 6
qu'avecles eaux vives, le passe-
reau vivant, le bois de cèdre,
l'hysope et l'écarlate.
53. Et lorsqu'il aura laissé le
passereau s'envoler librement
dans la campagne, il priera pour
la maison, et elle sera légitime-
ment purifiée.
54. Telle est la loi de toute lèpre
et plaie;
55. De la lèpre des vêtements
et des maisons ;
56. De la cicatrice et des pus-
tules qui sortent, de la tache lui-
ς-- ῖ “.ς- — ———— ה
94. Et de la plaie qui dégénére en lèpre.
[cu. xv.]
sante et des couleurs changées de
diverses manieres;
57. Afin qu'on puisse savoir
quand une chos : est pure ou im-
pure.
CHAPITRE XV.
Loi touchant les impuretés involontaires
des hommes et des femmes.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise et à Aaron, disant :
9. Parlez aux enfants d'Israél
et dites-leur : Un homme qui a la
gonorrhée sera impur.
3. Or, on jugera qu'il est atteint
de cette maladie, lorsqu'à chaque
moment s'attachera à sa chair et
s'accroitra une humeur sale.
4. Tout lit sur lequel il aura
dormi, sera impur, et tout endroit
où il se sera assis.
9. Si quelque homme touche
son lit, il laverases vétements, et
lui-même, s'étant lavé dans l'eau,
sera impur jusqu'au soir.
6. S'il s'assied oü cet homme
s'est assis, il lavera lui aussi ses
vétements; et s'étant lavé dans
l'eau, il sera impur jusqu'au soir.
7. Celui qui aura touché sa
chair, lavera ses vétements; et
lui-méme s'étant lavé dans l'eau,
il sera impur jusqu'au soir.
8. Si un homme, en cet état,
jette de sa salive sur celui qui est
pur, celui-ci laverases vêtements ;
et s'étant lavé dans l’eau, il sera
impur jusqu’au soir.
9. Le bát sur lequel il se sera!
assis, sera impur; !
10. Et tout ce qui aura été sous !
celui qui a la gonorrhée sera
souillé jusqu'au soir. Celui qui
portera quelqu'une de ces choses,
LE LÉVITIQUE.
213
lavera ses vétements; et lui-
méme, s'étant lavé dans l'eau,
sera impur jusqu'au soir.
11. Tout homme qu'aura touché
celui qui est en cet état, avant
d'avoir lavé ses mains, lavera ses
vétements; et s'étant lavé dans
l'eau, il sera impur jusqu'au soir.
19. Un vase de terre qu'il aura
touché, sera brisé; mais un vase
de bois sera lavé dans l'eau;
18. Mais si celui qui endure une
pareille maladie guérit, il comp-
tera sept jours après sa purifica-
tion, et, ses vétements et tout son
corps lavés dans des eaux vives,
il sera pur.
14. Mais au huitieme jour, il
prendra deux tourterelles, ou
deux petits de colombe, et il vien-
dra en la présence du Seigneur à
la porte du tabernacle de témoi-
gnage, elles donnera au prétre,
15. Qui en sacrifiera un pour
le péché et l'autre en holocauste;
et le prêtre priera pour lui devant
le Seigneur, afin qu'il soit purifié
de sa gonorrhée.
16. Un homme qui a usé du ma-
riage, lavera dans l'eau tout son
corps, et il sera impur jusqu'au
soir.
17. Il lavera dans l'eau le véte-
ment etla peau qu'il avait sur lui,
et elle sera impure jusqu'au soir.
18. La femme dont il se sera
approché sera lavée dans l'eau, et
elle sera impure jusqu'au soir.
19. Une femme, qui au retour
du mois éprouve un écoulement
de sang, sera séparée pendant
sept jours.
20: Quiconque la touchera sera
impur jusqu'au soir;
———— —— Áo בב 07 0 τ τ ios uU 0 SDN
19. Séparée ; c'est-à-dire éloignée des choses saintes.
914 LE LÉVITIQUE.
21. Et l'endroit dans lequel elle
aura dormi, ou se sera assise
dans les jours de sa séparation,
sera souillé.
22. Celui qui aura touché son |
lit, lavera ses vêtements; et lui-
méme, s'étant lavé dans l'eau,
sera impur jusqu au soir.
23. Quiconque aura touché un
meuble, quel qu'il soit, sur lequel
elle sesera assise, lavera ses véte-
ments; et lui-méme , s'étant lavé
dans l'eau, il sera souillé jusqu'au
soir.
24. Si un homme s'approche
d'elle dans le temps de ses mois,
il sera impur pendant sept jours;
et tout lit sur lequel il dormira
sera souillé.
25. Une femme, qui éprouve
pendant plusieurs jours une perte
de sang, horsle temps menstruel,
ou qui aprés le sang menstruel
ne cesse pas d'avoir cette perte,
tant qu'elle sera atteinte de cette
maladie, sera impure, comme si
elleétaitdansle temps menstruel.
26. Tout lit sur lequel elle aura
dormi, et tout meuble sur lequel
elle aura été assise, sera souillé.
27. Quiconque aura touché ces
choses, lavera ses vêtements; et
lui-méme, s'étant lavé dans l'eau,
sera impur jusqu'au soir.
28. Si le sang s'arréte, et cesse
decouler, elle compterasept jours
jusqu'à sa purification ;
29. Et au huitième jour, elle of-
frira pour elle au prêtre deux tour-
terelles ou deux petits de co-
lombes à la porte du tabernacle
de témoignage.
30. Le prêtre en sacrifiera un
pour le péché et l'autre en. holo-
[cH. xvi.]
causte; et il priera pour elle de-
vantle Seigneur, et pour la cause
de son impureté.
31. Vous instruirez donc les en-
fants d'Israël, afin qu'ils se gar-
dent de l'impureté, et qu'ils ne
meurent point dans leurs souil-
lures, lorsqu'ils auront profané
mon tabernacle, qui est au milieu
de vous.
32. Telle est la loi de celui qui
ala gonorrhée, et qui se souille
en usant du mariage,
33. Et de celle qui est séparée
à cause de ses mois, ou qui
éprouve une perte de sang conti-
nuelle, et de l'homme qui aura
dormi avec elle.
CHAPITRE XVI.
Entrée du grand prétre dans le sanc-
tuaire. Bouc émissaire chargé des pé-
chés du peuple. Féte de l'expiation.
1. Or, le Seigneur parla à Moïse
apres la mort des deux fils d'Aa-
ron, quand, offrant un feu étran-
ger, ils furent tués;
9. Etillui ordonna, disant : Dis
à Aaron ton frere, qu'il n'entre
pas en tout temps dans le sanc-
tuaire, qui est au dedans du voile
devant le propitiatoire dont l'ar-
che est couverte, de peur qu'il ne
meure (car j'apparaitrai dans la
nuée sur l'oracle),
3. S'il ne fait pas auparavant
ces choses : il offrira un veau
pour le péché et un bélier en ho-
locauste.
4. Il se revétira d'une tunique
de lin, couvrira de calecons de lin
sa nudité; il se ceindra d'une
ceinture de lin;il mettra une
tiare de lin sur sa tête; car ces
(βαρ. XVI. 1. Suora, x, 1, 2. — 2. Exode, xxx, 10; Hébr., ix, 7.
[cH. xvr.]
vêtements sont saints; illes revé-
tira tous, lorsqu'il se sera lavé.
5. Il recevra ensuite de la mul-
titude des enfants d'Israél deux
boucs pour le péché et un bélier
en holocauste.
6. Et lorsqu'il aura offert le
veau, et qu'il aura prié pour lui
et pour sa maison,
7. Il présentera les deux boucs
devant le Seigneur à la porte du
tabernacle de témoignage;
8. Et jetant le sort sur les deux,
un sort pour le Seigneur, et
l'autre pourle bouc émissaire,
9. Celui dont le sort sera sorti
pour le Seigneur, il l'offrira pour
le péché;
10. Mais celui dont /e sort sera
sorti pour le bouc émissaire, il le
présentera vivant devant le Sei-
gneur pour répandre des prieres
sur lui, et l'envoyer dans le dé-
sert;
41. Ges choses faites avec so-
lennité selon les rites, il offrira le
veau, et priant pour lui-méme et
pour sa maison, il l'immolera :
19. Puis, ayant pris l'encensoir
qu'il aura rempli de charbons de
l'autel, et prenant de la main le
parfum composé pour étre brülé,
il entrera au dedans du voile dans
les lieux saints ;
13. Afin queles parfums étant
mis sur le feu, leur fumée et leur
vapeur couvre l'oracle, qui est
sur le témoignage, et qu'il ne
meure point.
17. Luc, 1, 10.
LE LÉVITIQUE.
215
14. Il prendra aussi du sang de
veau, et il fera l'aspersion avec
le doigt sept fois contre le propi-
tiatoire du cóté de l'orient,
15. Et lorsqu'il aura immolé le
boue pour le péché du peuple,
il apportera son sang au dedans
du voile, comme il a ordonné
pour le sang du veau, afin qu'il
fasse l'aspersion vis-à-vis de 10-
racle,
16. Et qu'il purifielesanctuaire
des impuretés des enfants d'Is-
raël, de leurs prévarications et de
tous leurs péchés. Il purifiera se-
lon ce rite le tabernacle de témoi-
gnage, qui est dressé parmi eux
au milieu des souillures de leur
habitation.
47. Que nul homme ne soit
dans le tabernacle, quand le pon-
tife entrera dans le sanctuaire,
afin de prier pour lui-méme et
pour sa maison et pour toute l'as-
semblée d'Israël, jusqu'à ce qu'il
sorte.
18. Mais lorsqu'il sera sorti
pour venir àl'autel qui est devant
le Seigneur, qu'il prie pour lui-
méme, et aprésavoir pris du sang
du veau et du bouc, qu'il le ré-
pande sur les cornes de l'autel
tout autour,
19. Et que faisant laspersion
avec le doigt sept fois, il le pu-
rifie et le sanctifie des impuretés
des enfants d'Israël.
20. Aprés quil aura purifié le
sanctuaire,letabernacle etl'autel,
9. Celui dont le sort, etc. Le bouc que le sort aura désigné comme devant étre
immolé au Seigneur.
13. Qui est sur le témoignage; pour, sur l'arche dans laquelle est le témoignage,
c'est-à-dire la 101. Compar. Exode, xx, 16; xxvi, 93.
18. L'autel qui, etc. C'est l'autel des parfums.
216
qu'il ottre alors le bouc vivant;
94. Et, les deux mains posées
sur sa tête, qu'il confesse toutes
les iniquités des enfants d'Israël,
tous leurs délits et tous leurs pé-
chés; et les appelant sur sa tête,
il l’enverra par un homme choisi
pour cela, dans le désert.
29. Et lorsque le bouc aura
porté toutes leurs iniquités dans
une terre solitaire, et qu'il aura
été lâché dans le désert,
93. Aaron retournera au taber-
nacle de témoignage, et se dé-
pouillant des vêtements dont il
était auparavant revêtu, quand il
entrait dans le sanctuaire, et les
laissant là,
24. Il lavera sa chair dans un
lieu saint, et il se revétira de ses
vétements. Etapres qu'étantsorli,
il aura offert son holocauste et
celui du peuple, il priera tant
pour lui-même que pour le
peuple;
95. Et la graisse qui a été of-
ferte pour les péchés, il la brülera
sur l'autel.
96. Quant à celui qui aura con-
duit le bouc émissaire, il lavera
ses vétements et son corps dans
l'eau, et c'est ainsi qu'il entrera
dans le camp.
97. Maisle veau etle bouc qui
avaient été immolés pour le pé-
ché et dontle sang avaitété porté
dans le sanctuaire pour que l'ex-
piation füt accomplie, on les em-
LE LÉVITIQUE.
(en. x vr.]
portera hors du camp, et on brü-
lera au feu, tant leur peau, que
leur chair et leur fiente;
98. Et quiconque les aura brü-
lées, lavera ses vétements et sa
chair dans leau, et c'est ainsi
qu'il entrera dans le camp.
29. Or ceci sera pour vous une
loi perpétuelle Au septième
mois, au dixième jour du mois,
vous affligerez vos âmes, vous ne
ferez aucun travail, soit lindi-
gene, soit l'étranger qui séjour-
nent parmi vous.
30. En ce jour-là sera votre ex-
piation, et la purification de tous
vos péchés; c'est devant le Sei-
gneur que vous serez purifiés ;
31. Car c'est un sabbat de repos,
et vous affligerez vos âmes par
un culte perpétuel.
32. Or il fera la purification, le
prétre qui aura été oint et dont
les mains auront été consacrées,
pour exercer les fonctions du sa-
cerdoce à la place de son père : et
il sera revêtu de la robe de lin et
des vêtements saints,
33. Etil purifiera le sanctuaire,
le tabernacle de témoignage et
l'autel, les prétres aussi et tout le
peuple.
34. Et ce sera pour vous une loi
perpétuelle, que vous priiez pour
les enfants d'Israël et pour tous
leurs péchés une fois dansl'année.
Moïse fit donc comme lui avait
ordonné le Seigneur.
27. Héb., xii, 11. — 29. Infra, xxri, 27, 28.
δος ו
29. Affliger son âme, veut dire, dans le langage de l'Ecriture, se livrer au jeüne et
aux autres œuvres de pénitence.
31. C'est un sabbat de repos; c'est-à-dire un repos de repos; hébraisme, pour un
grand repos, le repos par excellence, ou qui doit étre observé plus rigoureusement,
plus parfaitement que les autres.
[cu. xvu.]
CHAPITRE XVII.
Défense de sacrifier au Seigneur en au-
cun autre lieu qu'à l'entrée du taber-
nacle. Défense de manger du sang des
animaux et dela chair des bétes mortes
d'elles-mémes, ou tuées par d'autres
bétes.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
2. Parle à Aaron et à ses fils et
à tous les enfants d'Israél, leur
disant : Voici la parole qu'a com-
mandée le Seigneur, disant :
3. Un homme, quel qu'il soit de
la maison d'Israél, s'il a tué un
bœuf, ou une brebis, ou une
chèvre, dans le camp, ou hors du
camp,
4. Et qu'il ne l'ait pas présentée
à la porte du tabernacle comme
oblation au Seigneur, sera cou-
pable de sang : comme s'il avait
répandu le sang, ainsi il périra du
milieu de son peuple.
5. A cause de cela les enfants
d'Israél doivent présenter au
prêtre leurs hosties qu'ils tue-
ront dans la campagne,
qu'elles soient consacrées au Sei-
gneur devant la porte du taber-
nacle de témoignage, et qu'ils les
immolent comme des hosties pa-
cifiques au Seigneur.
6. Et le prêtre répandra le sang
sur l'autel du Seigneur à la porte
du tabernacle de témoignage, et
il brülera la graisse en odeur de
suavité pour le Seigneur.
7. Ainsi ils n'immoleront ja-
mais plus leurs hosties aux dé-
LE LÉVITIQUE.
afin -
217
mons, avec lesquels ils ont for-
niqué. Ce sera une loi perpé-
tuelle pour eux et pour leurs
descendants.
8. Et tu leur diras à eux-mé-
mes : Un homme de la maison
d'Israél, et d'entre les étrangers
qui séjournent chez vous, qui
aura offert un holocauste ou une
victime,
9. Et ne l'amenera pas à la
porte du tabernacle de témoi-
gnage, pour qu'elle soit offerte
au Seigneur, périra du milieu de
son peuple.
10. Un homme, quel qu'il soit
de la maison d'Israël, et d'entre
les étrangers qui séjournent
parmi eux, s'il mange du sang,
jaffermirai ma face contre son
àme, et je l'exterminerai du mi-
lieu de son peuple,
11. Parce que l'àme de la chair
est dans le sang; or, c'est moi qui
vous l'ai donné, afin qu'avec lui
vous fassiez sur lautel des ex-
piations pour vos âmes, et que
le sang serve ainsi à l'expiation
de l'àme.
19. C'est pourquoi j'ai dit aux
enfants d'Israël : Nul d'entre vous
ne mangera du sang, ni aucun
d'entre les étrangers qui séjour-
nent chez vous.
13. Un homme quelconque
d'entre les enfants d'Israël et
d'entre les étrangers, qui séjour-
nent chez vous, sil prend à la
chasse et au filet une béte sau-
vage ou un oiseau, dont il est
permis de manger, qu'il répande
————————————————————————————————————————————
10. J'affermirai ma face contre son áme; c'est-à-dire je ferai éclater ma colére
contre lui. Souvent, dans l'Ecriture, la face et la coiere de Dieu sont des termes
synonymes; de méme qu'áme et personne, individu.
11. L'áme de la chair; la vie, le principe vitai.
218
son sang et le couvre de terre.
14. Car l'âme de toute chair est
dans le sang; c'est pourquoi j'ai
dit aux enfants d'Israël : Vous ne
mangerez le sang d'aucune chair,
parce que l'àme de la chair est
dans le sang: et quiconque en
mangera, périra.
15. Un homme, tant d'entre les
indigenes que d'entre les étran-
gers, qui mangera d'un animal
crevé, ou pris par une béte sau-
vage, lavera ses vétements et
soi-méme dans l'eau, et il sera
souillé jusqu'au soir : et c'est de
cette maniere quil deviendra
pur.
16. Que s'il ne lave pas ses vé-
tements et son corps, il portera
son iniquité.
CHAPITRE XVIII.
Dieu défend aux Israélites les coutumes
des Egyptiens, et les mariages dans
plusieurs degrés de parenté. ll leur dé-
fend d'offrir leurs enfants à Moloch, et
de commettre des impuretés contre
nature.
1. Le Seigneur parla à Moïse,
disant :
9. Parle aux enfants d'Israël et
tu leur diras: Je suis le Seigneur
votre Dieu :
3. Vous ne vous conduirez point
selon la coutume de la terre
d'Egypte, dans laquelle vous avez
habité ; et vous n'agirez point se-
lon les mœurs du pays dé Cha-
naan, dans lequel je dois moi-
méme vous introduire, et vous
ne marcherez point dans leurs
lois.
4. Vous exécuterez mes ordon-
nances, vous observerez mes
LE LÉVITIQUE.
fem. xvi.]
préceptes et vous y marcherez.
Je suis le Seigneur votre Dieu.
5. Gardez mes lois et mes or-
donnances; l'homme qui les ac-
complit, vivra par elles. Je suis
le Seigneur.
6. Nul homme ne s'approchera
d'une femme qui est de son sang
pour révéler sa nudité. Je suis le
Seigneur.
7. Tu ne découvriras point la
nudité de ton père et la nudité de
ta mere : c'est ta mere; tu ne ré-
véleras pas sa nudité.
8. Tu ne découvriras point la
nudité de la femme de ton pere;
car c'est la nudité de ton pere.
9. Tu ne révéleras point la nu-
dité de ta sœur de père ou de
mere, qui est née dans la maison
ou au dehors.
10. Tu ne révéleras point la nu-
dité de la fille de ton fils ou de
la fille de ta fille; parce que c'est
ta 6.
11. Tu nerévéleras point la nu-
dité de la fille dela femme de ton
pere, qu'elle a enfantée à ton
. pere; car elle est ta sœur.
19. Tu ne découvriras point la
nudité de la sœur de ton père,
parce que c'est la chair de ton
père.
18. Tu ne révéleras point la nu-
dité de la sœur de 18 mère, parce
que c'est la chair de ta mère.
14. Tu ne révéleras point la nu-
dité de ton oncle paternel, et tu
ne t'approcheras point de sa
femme, qui t'est unie par affi-
nité.
15. Tu ne révéleras point la nu-
dité de ta belle-fille, parce que
c'est la femme de ton fils, et tu
(παρ. XVII. 14. Genèse, 1x, 4; Supra, vir, 26. — (παρ. XVIII. 5. Ezéch., xx, 11; Rom.,
Galat 1 ΤΩΣ ו ה
]68. xvni.)
ne découvriras point son igno-
minie.
16. Tu ne révéleras point la nu-
dité de la femme de ton frere,
parce que c'est la nudité de ton
frere.
11. Tu ne révéleras pointla nu-
dité de ta femme et de sa fille.
Tu ne prendras point la fille de
son fils et la fille de sa fille, pour
révéler son ignominie, parce
qu'elles sont sa chair, et une telle
union est un inceste.
18. Tu ne prendras point la
sœur de ta femme conjointe-
ment avec elle, et tu ne révéleras
point sa nudité, elle encore vi-
vante.
19. Tu ne t'approcheras point
de la femme qui ἃ ses mois, et
tu ne révéleras point son impu-
reté.
20. Tu ne t'approcheras point
de la femme de ton prochain, et
tu ne te souilleras point par un
mélange de sang.
91. Tu ne donneras point de tes
enfants pour étre consacrés à
l'idole de Moloch, et tu ne souil-
leras point le nom de ton Dieu.
Je suis le Seigneur.
22. Tu ne t'approcheras point
d'un homme comme d'une fem-
me, parce que c'est une abomi-
nation.
23. Tu ne t'approcheras d'au-
cune béte, et tu ne te souilleras
21. Infra, xx, 2. — 93. Infra, xx, 16.
LE LÉVITIQUE. 219
point avec elle. Une femme n'ira
point vers une béte et ne s'unira
point avec elle, parce que c'est
un crime.
24. Ne soyez point souillés
d'aucune de ces choses, dont ont
été souillées toutes les nations,
que je chasserai moi-méme de-
vant vous,
25. Et dont a été souillée cette
terre de laquelle je visiterai moi-
méme les crimes, afin qu'elle
vomisse ses habitants.
26. Gardez mes lois et mes or-
donnances, et ne faites aucune
de ces abominations, tant l'indi-
gene, que le colon qui séjournent
chez vous.
27. Car toutes ces exécrations,
ils les ont commises, les habitants
de cette terre qui ont été avant
vous, et ils l'ont souillée.
28. Prenez donc garde qu'elle
ne vous vomisse vous aussi de
méme, lorsque vous ferez de
pareilles choses, comme elle a
vomi la nation qui a été avant
vous.
29. Tout homme qui fera quel-
que chose de ces abominations,
périra du milieu de son peuple.
30. Gardez mes commande-
ments. Ne faites point les choses
qu'ont faites ceux qui ont été
avant vous et ne soyez point
souillés par elles. Je suis le Sei-
gneur votre Dieu
21. * A l'idole de Moloch. Moloch, le dieu du feu, du soleil brülant, était représenté,
d'aprés la tradition juive, sous la forme d'un taureau d'airain, dont l'intérieur était
creux et vide. Il étendait ses bras comme un homme qui se dispose à recevoir
quelque chose. On chauffait le monstre à blane, et on lui offrait alors en holocauste
une innocente victime, un enfant qui était promptement consumé. Le pére assistait
au sacrifice. Pour que les entrailles paternelles ne fussent pas trop déchirées, on
battait, dit-on, du tambour afin d'étouffer les cris de l'enfant.
25. Celle terre; c'est-à-dire la terre de Chanaan.
9290
CHAPITRE XIX.
Respecter ses parents. Garder le sabbat.
Lois contre l'avarice, le jurement, la
calomnie, l'injustice et la vengeance.
Divers autres commandements.
1. Le Seigneur parla à Moise,
disant :
2. Parle à toute l'assemblée des
enfants d'Israél, et tu leur diras :
Soyez saints, parce que je suis
saint, moi, le Seigneur votre
Dieu.
3. Que chacun craigne son
pere et sa mère. Gardez mes
sabbats. Je suis le Seigneur votre
Dieu.
4. Ne vous tournez point vers
les idoles, et ne vous faites point
de dieux de fonte. Je suis le Sei-
gneur votre Dieu.
5. Si vous immolez une hos-
tie de sacrifices pacifiques au
Seigneur, afin quil se laisse flé-
chir,
6. Au méme jour qu'elle aura
été immolée, vous la mangerez,
et au jour suivant; mais ce qui
sera de reste au troisième jour,
vous le brülerez au feu.
7. Si quelqu'un en mange après
deux jours, il sera profane et
coupable d'impiété ;
8. Et il portera son iniquité,
parce qu'ila souillé la chose sainte
du Seigneur, et cette àme périra
du milieu de son peuple.
9. Lorsque tu moissonneras les
LE LÉVITIQUE.
[cu. xix.]
blés de la terre, tu ne couperas
point jusqu'au sol, ce qui sera à
la superficie de la terre, et tu ne
ramasseras point les épis res-
tants.
10. Et, dans ta vigne, tu ne
cueilleras point les grappes et
les grains qui tombent, mais tu
les laisseras recueillir aux pau-
vres et aux étrangers. Je suis le
Seigneur votre Dieu.
11. Vous ne ferez point de vol,
vous ne mentirez point, et nul ne
trompera son prochain.
19. Tu ne feras point de faux
serment en mon nom, et tu ne
souilleras point le nom de ton
Dieu. Je suis le Seigneur.
13. Tu ne calomnieras point
ton prochain, tu ne l'opprimeras
point par la violence. Le travail
de ton mercenaire ne demeurera
point chez toi jusqu'au matin.
14. Tu ne maudiras point le
sourd, et devant l'aveugle, tu ne
mettras pas de pierre d'achoppe-
ment; mais tu craindras le Sei-
gneur ton Dieu, parce que c'est
moi qui suis le Seigneur.
15. Tu ne feras point ce qui est
inique, et tu ne jugeras point in-
justement. Ne considere point la
personne du pauvre, et n'honore
point le visage de l'homme puis-
sant. Juge justement ton pro-
chain.
16. Tu ne seras point accusa-
teur, ni médisant parmile peuple.
Cnar. XIX. 2. Supra, ,זא 44; I Pierre, 1, 16. — 9. Infra, xxii, 22. — 12. Exode, xx, 7.
— 13. Eccli., x, 6; Deut., xxiv, 14; Tobie, 1v, 15. — 15. Deut., 1, 17; xvr, 19; Prov.,
xxiv, 23; Eccli., xri, 4 ; Jac., 11, 2.
9. * Moi, le Seigneur votre Dieu. Beaucoup de lois et prescriptions mosaiques sont
tomme signées par ces mots par lesquels elles se terminent.
8. Son iniquité ; c'est-à-dire la peine de son iniquité.
13. Le travail est mis ici pour le prix, le salaire du travail.
16. Contre le sang, etc. Tu ne conspireras point contre sa vie.
[cu. xix.)
Tu ne t'éleveras point contre le
sang de ton prochain. Je suis le
Seigneur.
11. Ne hais point ton frere en
ton cœur, mais reprends-le pu-
bliquement, afin que tu n'aies pas
de péché à son sujet.
18. Ne cherche point la ven-
geance, et tu ne te souviendras
pas del'injure de tes concitoyens.
Tu aimeras ton ami comme toi-
méme. Je suis le Seigneur.
19. Gardez mes lois. Tu n'ac-
coupleras pointla béte de somme
avec des animaux d'une autre
espèce. Tu ne sèmeras point
ton champ de diverse semence.
Tu ne te vêtiras point d'un vête-
ment qui est tissu de fils diffé-
rents.
20. Si un homme dort avec une
femme, qui soit servante, même
nubile, mais non rachetée à prix
d'argent, ni mise en liberté, ils
seront battus tous deux, et ils ne
mourront point, parce qu'elle
n'était pas libre.
21. Mais pour son délit, l’Aomme
offrira au Seigneur à la porte du
tabernacle de témoignage un bé-
lier;
22. Et le prétre priera pour lui
et pour son péché devant le Sei-
gneur; et il lui redeviendra pro-
pice, et son péché sera remis.
23. Quand vous serez entrés
dans la terre, et que vous y aurez
planté des arbres fruitiers, vous
LE LÉVITIQUE.
221
les émonderez : les fruits qu'ils
produisent vous seront impurs,
et vous n'en mangerez point.
24. Mais à la quatrième année
tout leur fruit sera consacré au
Seigneur au milieu des louanges.
25. Et, à la cinquième année,
vous mangerez les fruits, re-
cueillant ceux que /es arbres por-
teront. Je suis le Seigneur votre
Dieu.
26. Vous ne mangerez rien avec
le sang. Vous ne consulterez point
les augures, et vous n’observerez
point les songes.
27. Vous ne couperez point vos
cheveux en rond, et vous ne ra-
serez point votre barbe.
28. Vous ne ferez point d'inci-
sions en votre chair à cause d'un
mort, et vous ne ferez aucune
figure ou de marques sur vous.
Je suis le Seigneur.
29. Ne prostitue point ta fille, et
afin que la terre ne soit pas souil-
lée et qu'elle ne soit pas remplie
d'impiété.
30. Gardez mes sabbats, et crai-
gnez mon sanctuaire. Je suis le
Seigneur.
31. Vous n'irez point vers les
magiciens et vous ne demande-
rez rien aux devins, pour que
vous soyez souillés par eux. Je
suis le Seigneur votre Dieu.
32. Lève-toi devant une téte
blanche, et honore la personne
d'un vieillard : et crains le Sei-
11, 1 Jean, 11, 11; ru, 14; Eccli., xix, 13; Matt., xvi, 15; Luc, xvii, 3. — 18. Matt.,
v, 43; xxii, 39; Luc, vi, 27; Rom., זוא 9.
19. De fils differents, litt.: De deux.
23. Dans la terre de Chanaan que je vous ai promise.
24. Littér. : Tout leur fruit sera sanctifié, digne de louanges au Seigneur. Dans les
repas qui accompagnaient les sacrifices on célébrait les louanges du Seigneur.
30. Craignez mon sanctuaire ; c'est-à-dire révérez-le, ne vous en approchez qu'au
tant que vous en serez dignes.
222 LE LÉVITIQUE.
gneur ton Dieu. Je suis le Sei-
gneur.
33. Si un étranger habite en
votre terre, et s'il demeure par-
mi vous, ne lui faites point de re-
proches;
34. Mais qu'il soit parmi vous
comme un indigene; et vous l'ai-
merez comme vous-mémes; car
vous avez été , vous aussi, étran-
gers dans la terre d'Egypte. Je
suis le Seigneur votre Dieu.
35. Ne faites rien d'inique dans
le jugement, dans la regle, dans
le poids, dans la mesure.
36. Que la balance soit juste,
les poids justes, le boisseau juste
et le setier juste. Je suis le Sei-
gneur votre Dieu, qui vous al re-
tirés de la terre d'Egypte.
37. Gardez tous mes préceptes
et toutes mes ordonnances et
exécutez-les. Je suis le Seigneur.
CHAPITRE XX.
Peine de mort contre ceux qui offrent
leurs enfants à Moloch, qui consultent
les devins, qui maudissent leurs péres
ou leurs méres; contre les adultéres,
les incestueux, les abominables.
1. Le Seigneur parla encore à
Moïse, disant :
9. Tu diras ces choses aux en-
fants d'Israël : Si quelque homme
d'entre les enfants d'Israël, et
d'entre les étrangers qui habitent
en Israél, donne de ses enfants à
lidole de Moloch, qu'il meure de
[cu. xx.]
mort : le peuple du pays le lapi-
dera,
3. Et moi, je poserai ma face
contre lui, et je le retrancherai du
milieu de son peuple, parce qu'il
a donné de ses enfants à Moloch,
qu'il a souillé mon sanctuaire, et
qu'il a profané mon saint nom.
4. Que si le peuple du pays né-
gligeant et estimant peu mon
commandement, laisse aller
l'homme qui a donné de ses en-
fants à Moloch, et ne veut point
le tuer,
5. Je poserai ma face sur cet
homme et sur sa parenté, et je le
retrancherai lui et tous ceux qui
auront consenti à ce qu'il for-
niquât avec Moloch, du milieu de
son peuple.
6. Un homme qui ira vers les
magiciens et les devins et forni-
quera avec eux, je poserai ma
face contre lui, et je l'extermi-
nerai du milieu de son peuple.
7. Sanclifiez-vous et soyez
saints, parce que c'est moi qui
suis le Seigneur votre Dieu.
8. Gardez mes préceptes et exé-
cutez-les. Je suis le Seigneur qui
vous sanctifie.
9. Que celui qui maudit son
pere ou sa mere, meure de mort :
c'estson pere et sa mere qu'il a
maudits, que son sang soit sur
lui.
10. Si quelqu'un abuse de la
femme d'un autre, et commet un
33. Exode, xxi, 21. — (παρ. XX. 2. Supra, xvrmr, 21. — 7. I Pierre, 1, 16. —
9. Exode, xxr, 17; Prov., xx, 20; Matt., xv, 4; Marc, vu, 10. — 10. Deut., xxir, 22; Jean,
VIII, ὃ.
.-.- — —MÓ— M M — ——— M—— —————
35. * Dans la règle, mesure de longueur; dans (a mesure, mesure de capacité pour
g , ,
les solides et les liquides.
36. * Le boisseau, l'éphah, contenant 38 litres 88; le selier, le hin, 6 litres 49.
2. * A l'idole de Moloch. Voir la note sur Lévilique, xvin, 21.
[cu. xx.]
adultère avec la femme de son
prochain, qu'ils meurent de mort,
et l'homme adultere et la femme
adultere.
41. Que celui qui dort avec sa
belle-mère, et découvre ligno-
minie de son pere, meure avec
elle : que leur sang soit sur eux.
19. Si quelqu'un dort avec sa
belle-fille, que lun et l’autre
meurent, parce que c'est un crime
qu'ils ont commis : que leur sang
soit sur eux.
13. Celui qui dort avec un hom-
me comme avec une femme, l'un
et l'autre a fait une action horri-
ble; qu'ils meurent de mort : que
leur sang soit sur eux.
14. Celui qui, outre la fille de-
venuesafemme,aépousélamère,
a commis un crime : il sera 6
vif avec elles, et une action aussi
horrible ne persistera pas au mi-
lieu de vous.
15. Que celui qui s'approchera
d'une béte de gros ou de menu
bétail, meure de mort : tuez aussi
la béte.
16. Une femme qui ira avec une
béte quelle qu'elle soit, sera tuée
avec elle : que leur sang soit
sur elles. :
11. Si quelqu'un prend sa sœur,
fille de son pére, ou fille de sa
mère et voit sa nudité, et que
cette sœur apercoive l'ignominie
de son frère, ils ont fait une chose
horrible: ils seront tués en la
présence de leur peuple, parce
qu'ils ont découvert leur nudité
l’un à l’autre, et ils porteront leur
iniquité.
16. Supra, xvur, 23.
LE LÉVITIQUE.
223
18. Celui qui s'approche d'une
femme pendant ses mois et révele
sa nudité, et qu'elle-méme se
fasse voir en cet état, ils seront
exterminés tous les deux du mi-
lieu de leur peuple.
19. Tu ne découvriras point la
nudité de ta tante maternelle et
de ta tante paternelle : celui qui
le fait, met à nul'ignominie de sa
chair; ils porteront tous deux
leur iniquité.
20. Celui qui s'approche de la
femme de son oncle paternel ou
de son oncle maternel, et révèle
l'ignominie de sa parenté, il por-
tera comme elle son péché : ils
mourront sans enfants.
21. Celui quia épouséla femme
de son frère, a fait une chose illi-
cite; il a révélé la honte de son
frere: il sera ainsi qu'elle sans
enfants.
22. Gardez mes lois et mes or-
donnances, et exécutez-les, afin
qu'elle ne vous vomisse point
aussi, la terre dans laquelle vous
devez entrer, et vous devez ha-
biter.
23. Ne marchez point dans les
10187065 nations que je dois chas-
ser moi-méme devant vous. Car
elles ont fait toutes ces choses, et
je les ai eues en abomination.
24. Mais à vous, je dis: Possédez
leur terre que je vous donnerai
en héritage, terre oü coulent
du lait et du miel. Je suis votre
Dieu, qui vous ai séparés de tous
les autres peuples.
25. Séparez donc, vousaussi, la
béte pure de l'impure et l'oiseau
21. Il sera, etc.; soit que leurs enfants ne portent point leur propre nom, mais
celui de leur oncle; soit que Dieu refuse absolument de leur accorder des enfants.
224
pur de l'impur; ne souillez point
vos àmes par les bétes, parles oi-
seaux et par tout ce qui se meut
sur la terre, et que je vous ai
montré étre impur.
26. Vous me serez saints, parce
que je suis saint, moi le Seigneur,
et je vous ai séparés de tous les
autres peuples, afin que vous
fussiez à moi.
27. Qu'un homme ou une fem-
me, dans lesquels se trouve un
esprit de python ou de divination,
meurent de mort: on les 18210018 ;
que leur sang soit sur eux.
CHAPITRE XXI.
Lois pour la conduite des prétres. Défauts
qui excluent du sacerdoce.
1.Le Seigneur dit aussi à Moïse :
Parle aux prêtres, fils d'Aaron, et
tu leur diras : Qu'un prêtre ne se
souille point à la mort de ses con-
citoyens;
2. Or, il y souillera, à moins
qu'il ne s'agisse seulement de ses
LE LÉVITIQUE.
[cH. xx1.]
consanguins et de ses proches,
c'est-à-dire, de son pere et de sa
mere, de son fils et de sa fille, de
son frere,
3. Et de sa sceur vierge, qui n'a
pas été mariée à un homme ;
4. Mais il ne se souillera pas
non plus pour le prince de son
peuple.
9. Ils ne raseront point leur
tête, ni leur barbe, et dans leur
chair ils ne feront point d'inci-
sions.
6. Ils seront saints pour leur
Dieu et ils ne souilleront point
son nom; car ils offrent l’holo-
causte du Seigneur, et les pains
de leur Dieu, et c'est pour cela
qu'ils seront saints.
1. Ils n'épouseront point une
femme déshonorée et une fille
prostituée, ni celle qui a été ré-
pudiée par son mari ; parce qu'ils
sont consacrés à leur Dieu,
8. Et qu'ils offrent les pains de
proposition. Qu'ils soient done
saints, parce que je suis saint,
26. I Pierre, 1, 16. — 27. Deut., xvur, 11; 1 Rois, xxvii, 7. — Car. XXI. 5. Supra,
xIX, 27; Ezéch., xriv, 20. — 7. Supra, xix, 29.
26. * Je vous ai séparés de tous les autres peuples, afin que vous fussiez à moi. Dans
la Terre Sainte, cette séparation devait étre surtout morale et religieuse, mais elle
devait étre aussi physique et matérielle, afin qu'Israél püt conserver plus facilement
le dépót de la vraie religion. Dieu subordonna tout à la mission religieuse de son
peuple qui était la vocation principale d'Israël. Pour le mettre à l'abri de la séduction,
il l'emprisonna en quelque sorte dans la Palestine, à l'abri de tout contact étranger.
Il ne voulut point que cette race, qui un jour devait manifester une telle aptitude
pour le commerce, se livrât, avant la captivité, au négoce et à l'industrie, parce que
ses relations avec les peuples voisins auraient pu altérer la pureté de sa foi. Au sud
et à l'est, il l'entoura d'une ceinture de déserts; au nord, il éleva devant lui les
montagnes infranchissables du Liban. Il ne permit méme pas qu'Israél atteignit
jusqu'aux rivages de la Méditerranée, la grande voie de communication entre les
peuples d'alors; il échelonna sur la cóte des guerriers puissants, avec qui les Hébreux
furent constamment en guerre et qu'ils ne purent jamais complétement subjuguer.
De là, pour eux, la nécessité de vivre isolés dans la terre de Chanaan, en grande
partie inaccessible à l'étranger.
21. Un esprit de python. Cette expression, empruntée à la mythologie grecque, se
prend ici pour un esprit de magie.
1. On se souillait en s'approchant d'un mort, ou en le touchant, ou en l'enseve-
lissant.
fci. xxu.]
moi aussi, le Seigneur qui les
sanctifie.
9. Si la fille d'un prétre est
surprise en fornicalion et qu'elle
ait déshonoré le nom de son pere,
elle sera complètement brülée
par les flammes.
. . 40. Le pontife, c'est-à-dire, le
grand-prétre parmi ses freres,
sur la tête duquel l'huile delonc-
tion a été répandue, dont les
mains ont été consacrées à son
sacerdoce et qui est revétu des
saints vétements, ne découvrira
pointsa tête et ne déchirera point
ses vétements :
41. Et il n'entrera absolument
aupres d'aucun mort : pour son
pere méme et pour sa mere il ne
se souillera point.
12. Il ne sortira point des lieux
saints, afin qu'il ne souille pas le
sanctuaire du Seigneur, parce
que l'huile de la sainte onction
de son Dieu est sur lui. Je suis le
Seigneur.
13. C'est une vierge qu'il pren-
dra pour femme ;
14. Mais il ne prendra point une
veuve, et une femme répudiée,
ou déshonorée, ni une prostituée,
mais une jeune fille de son peuple.
15. Qu'il ne mêle point le sang
de sa race avec le vulgaire de
sa nalion, parce que je suis le
Seigneur qui le sanctifie.
16. Le Seigneur parla encore à
Moïse, disant :
11. Dis à Aaron: Un homme de
ta lignée dans tes familles, qui
aura une tache, n'offrira point
des pains à son Dieu;
13. Ezéch., xLiv, 22.
LE LÉVITIQUE. 995
18. Et il ne s'approchera point
de son ministère, s'il est aveugle,
s'il est boiteux, s'il a le nez petit,
ou grand, ou tortu,
19. S'il a le pied rompu ou la
main,
90. S'il est bossu, s'il est chas-
sieux, s’il a une taie sur l'ceil, s'il
a une gale continue, ou une dar-
tre vive sur le corps, ou une her-
nie.
21. Quiconque de la race d'Aa-
ron, le prétre, aura une tache, ne
s’approchera point pour offrir des
hosties au Seigneur, ni des pains
à son Dieu :
22. Il mangera néanmoins des
pains qui sont offerts dans le
sanctuaire,
93. De telle sorte seulement,
quil n'entre pas au dedans du
voile, et qu'il ne s'approche pas
de l'autel, parce qu'il aune tache,
et qu'il ne doit point souiller mon
sanctuaire. Je suis le Seigneur
qui vous sanctifie.
24. Moise dit donc à Aaron, à
ses fils et à tout Israél tout ce qui
lui avait été commandé.
CHAPITRE XXII.
Défense aux prétres de toucher aux
choses saintes, lorsqu'ils sont impurs.
Qui sont ceux qui doivent manger les
choses saintes. Qualité des victimes
qu'on doit offrir.
1. Le Seigneur parla aussi à
Moïse, disant :
2. Parle à Aaron et à ses fils,
afin qu'ils s'abstiennent de ce qui
& été consacré par les enfants
d'Israël, et qu'ils ne souillent pas
17. Une tache sur le corps, ou une difformité sensible.
A. T.
15
296
le nom des choses qui me sont
consacrées, qu'ils offrent eux-
mémes. Je suis le Seigneur.
3. Dis à eux et à leurs descen-
dants : Tout homme de votre
race qui s'approchera des choses
qui auront été consacrées etqu e
les enfants d’Israël auront offer-
tes au Seigneur, mais dans lequel
est une impureté, périra devant
le Seigneur. C'est moi qui suis ie
Seigneur.
4. Un homme dela race d'Aaron
qui sera lépreux ou qui aura la
gonorrhée ne mangera point des
choses qui m'auront 616 consa-
crées, jusqu'à ce qu'il soit guéri.
Celui qui touchera un homme
impur à cause d'un mort, et à qui
arrivera comme il arrive dans
l'usage du mariage,
ὃ. Et qui touchera un reptile et
quoi que ce soit d'impur dont le
contact souille,
6. Sera impur jusqu'au soir,
et ne mangera point des choses
qui auront été sanctifiées; mais
lorsqu'il aura lavé sa chair dans
l'eau,
7. Et que le soleil sera couché,
alors purifié, il mangera des
choses sanctifiées, parce que c'est
sa nourriture.
8. lls ne mangeront point d'un
animal crevé, et d'un animal pris
par une béte sauvage, et ils ne
seront point souillés par eux.
C'est moi qui suis le Seigneur.
9. Qu'ils gardent mes précep-
tes, afin qu'ils ne soient point
soumis au péché, et qu'ils ne
meurent point dans le sanctuaire,
LE LÉVITIQUE.
[cH. xx.]
lorsqu'ils l'auront souillé. Je suis
le Seigneur qui les sanctifie.
10. Nul étranger ne mangera
des choses sanctifiées, celui qui
séjourne chez un prétre et un
mercenaire n'en mangeront
point.
11. Mais celui que le prétre
aura acheté, et le serviteur qui
sera né dans sa maison, ceux-là
en mangeront.
12. Si la fille d'un prêtre épouse
un homme du peuple, quel qu'il
soit, elle ne mangera point des
choses qui auront été sanctifiées,
ni des prémices.
19. Mais si, veuve ou répudiée
et sans enfants, elle retourne à
la maison de son père, elle sera
nourrie de la nourriture de son
pere, comme elle avait accoutu-
mé étant jeune fille. Aucun étran-
ger n'a le droit d'en manger.
14. Celui qui aura mangé des
choses sanctifiées par ignorance,
ajoutera la cinquieme partie à ce
qu'il ἃ mangé, et il la donnera au
prétre pour le sanctuaire.
15. Ils ne profaneront point les
choses sanctifiées des enfants
d'Israél, que ceux-ci offrent au
Seigneur :
16. De peur qu'ils ne portent
l'iniquité de leur délit, lorsqu'ils
auront mangé les choses sancti-
fiées. Je suis le Seigneur qui les
sanclifie.
17. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
18. Parle à Aaron, à ses fils et
à tous les enfants d'Israél, et tu
leur diras : Un homme de la mai-
Cxar. XXII. 8. Exode, xxir, 31 ; Supra, xvri, 15; Deut., xiv, 21; Ezéch., xriv, 31.
15. Ils; c'est-à-dire ceux qui ne sont pas de la famille du prétre. Compar. vers, 13.
[cu. xxm.)
son d'Israél, et d'entre les étran-
gers qui habitent chez vous qui
présente son oblation, ou acquit-
tant des vœux, ou faisant une
offrande spontanée, quoi que ce
soit qu'il présente pour l'holo-
causte du Seigneur,
i 19. Afin que ce soit présenté
par vous, ce sera un mále sans
tache d'entre les bœufs, les bre-
bis et les chèvres.
90. S'il a une tache, vous ne
l'offrirez point, et il ne sera point
acceptable.
21. Un homme qui offre une
victime de sacrifices pacifiques au
Seigneur, ou acquiltantdes voeux,
ou faisant. une offrande sponta-
née, tant de bœufs que de brebis,
offrira un animal sans tache, afin
qu'il soit acceptable : il n'y aura
aucune tache en lui.
99. S'il est aveugle, s'il a un
membre rompu, ou une cicatrice,
ou des pustules, ou la gale, ou le
farcin : vous n'offrirez pas ces ani-
maux au Seigneur, et vous n'en
brülerez point sur l'autel duSei-
gneur.
23. Tu pourras offrir volontai-
rement un bœuf et une brebis,
une oreille et la queue ayant été
coupées; mais un vœu ne peut
ètre acquitté par leur moyen.
24. Vous n'offrirez au Seigneur
aucun animal qui ἃ l'organe gé-
nérateur ou froissé , ou foulé, ou
coupé, ou arraché; et en votre
pays ne faites absolument point
cela.
25. De la main de l'étranger
LE LÉVITIQUE. 227
votre Dieu, ni toute autre chose
qu’il voudra donner, parce que
toutes ces choses sont corrom-
pues et souillées : vous ne les
recevrez point.
26. Le Seigneur parla encore à
Moïse, disant :
27. Un bœuf, une brebis etune
chèvre, lorsqu'ils seront nés, se-
ront sept jours sous la mamelle
de leur mère; mais au huitième
jour et après, ils pourront être
offerts au Seigneur.
28. Soit cette vache, soit cette
brebis, elles ne seront pas immo-
lées en un seul jour avec leurs
petits.
29. Si vous immolez une hos-
tie pour action de grâces au Sei-
gneur, afin qu'il puisse se laisser
fléchir,
30. Vous la mangerez le méme
jour, il n'en demeurera rien pour
le matin du jour suivant. Je suis
le Seigneur.
31. Gardez mes commande-
ments et exécutez-les. Je suis le
Seigneur.
32. Ne souillez point mon nom
saint, afin que je sois sanctifié au
milieu des enfants d'Israél. Je suis
le Seigneur qui vous sanctifie,
33. Et qui vous ai retirés de la
terre d'Egypte afin que je fusse
votre Dieu. Je suis le Seigneur.
CHAPITRE XXIII.
Lois pour le sabbat et pour les fêtes de
la Páque, de la Pentecóte, des Trom-
pettes, de l'Expiation, des Tabernacles.
1. Le Seigneur parla encore à
vous n'offrirez point des pains à | Moise, disant :
21. Deut., xv, 21; Eccli., xxxv, 14.
ומש
21, 28. Bœuf. Le mot étant épicène en hébreu, il désigne la vache aussi bien que
le bœuf
228
2. Parle aux enfants d'Israël, et
tu leur diras : Voici les fétes du
Seigneur que vous appellerez
saintes.
3. Pendant six jours vous tra-
vaillerez; 16 septième jour, parce
qu'il est le repos du sabbat, sera
appelé saint : vous neferez aucun
ouvrage en ce jour. C'estle sabbat
du Seigneur dans toutes vos ha-
bitations.
4. Voici donc les fétes saintes
du Seigneur que vous devez cé-
lébrer en leurs temps.
9. Àu premier mois, au quator-
zieme jour du mois vers le soir,
est la Páque du Seigneur;
6. Et au quinzieme jour de ce
mois est la solennité des azymes
du Seigneur. Pendant sept jours
vous mangerez des azymes.
1. Le premier jour sera pour
vous trés solennel et saint; vous
ne ferez aucune œuvre servile en
ce jour;
8. Mais vous offrirez un sacrifice
avec du feu au Seigneur pendant
sept jours; mais le septiéme
jour sera plus solennel et plus
saint; et vous ne ferez aucune
œuvre servile en ce jour.
9. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
10. Parle aux enfants d'Israél,
et tu leur diras : Lorsque vous
entrerez dans 18 terre que je vous
donnerai moi-méme, et que vous
aurez moissonné le blé, vous
apporterez des gerbes d'épis, pré-
mices de votre moisson, au
prétre,
11. Qui élévera la botte devant
LE LÉVITIQUE.
[cu. xxii.
le Seigneur, le second jour du
sabbat, afin qu'elle soitacceptable
en votre faveur, et il la sancti-
fiera.
12. Et au méme jour que la
gerbe sera consacrée, un agneau
sans tache, d'un an, sera immolé
pour l'hclocauste du Seigneur.
13. Et seront offertes avec lui
les libations : deux décimes de
fleur de farine arrosée d'huile
pour l'holocauste du Seigneur, et
en odeur tres suave; et aussi
les libations de vin, la quatrieme
partie du hin.
14. Vous ne mangerez ni pain,
ni farine desséchée, ni bouillie
provenant du blé, jusqu'au jour
que vous en offrirez à votre Dieu.
C'est un précepte perpétuel en
toutes 08 66681108 etentoutes
vos habitations.
15. Vous compterez donc depuis
le second jour du sabbat dans le-
quel vous aurez offert la gerbe
des prémices, sept semaines
pleines,
16. Jusqu'au jour d’après la fin
de la septième semaine, c'est-à-
dire, cinquante jours; et c'est
ainsi que vous offrirez un sacrifice
nouveau au Seigneur,
17. De toutes vos habitations,
deux pains de prémices de deux
décimes de fleur de farine fer-
mentée, que vous cuirez pour les
prémices du Seigneur;
18. Et vousoffrirezavecles pains
sept agneaux sans tache d'un au,
et un veau pris du troupeau de
gros bétail, et deux béliers, et ils
seront avec leurs libations pour
Cap, XXIII. 5. Exode, xir, 18; Nom., xxvii, 16. — 15. Deut., xvi, 9.
13. Décime, hin. Voy. Abrégé d'Introduction, etc., pag. 516, 541.
[cn. ΧΧΠΙ.ἢ
un holocauste, en odeur très
suave pour le Seigneur.
19. Vous sacrifierez aussi un
bouc pour le péché et deux
agneaux d'un an, hosties de sa-
ciifices pacifiques.
90. Et lorsquele prétrelesaura
élevésavecles pains des prémices
devant le Seigneur, ils devien-
dront à son usage.
91. Et vous appellerez ce jour
tres solennel et très saint; vous
ne ferez aucune ceuvre servile en
ce jour. Ce sera une loi éternelle
en toutes vos habitations et en
toutes vos générations.
99. Quand vous moissonnerez
le blé de votre terre, vous ne le
couperez pas jusqu'au sol, et vous
ne ramasserez point les épis res-
tants, mais vousles laisserezpour
les pauvres et les étrangers. C'est
moi qui suis le Seigneur votre
Dieu.
93. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
24. Dis aux enfants d'Israël :
Au septième mois, au premier
jour du mois, sera pour vous un
sabbat, un souvenir, les trom-
pettes sonnant; et il sera appelé
saint.
25. Vous ne ferez aucune œuvre
servile en ce jour, et vous offrirez
un holocauste au Seigneur.
26. Le Seigneur parla encore à
Moïse, disant :
27. Au dixième jour de ce
septième mois, sera le jour très
LE LÉVITIQUE.
229
solennel des expiations, et il
sera appelé saint; or, vous affli-
gerez vos ámes en ce jour, et
vous offrirez un holocauste au
Seigneur.
28. Vous ne ferez aucune œu-
vre servile pendant tout ce jour,
parce que c'est un jour de pro-
pitiation, afin que le Seigneur
votre Dieu vous devienne pro-
pice.
29. Tout homme qui ne sera
point affligé en ce jour-là périra
du milieu de ses peuples;
30. Et celui qui fera quelque
œuvre que ce soit, je le retran-
cherai du milieu de son peuple.
31. Vous ne ferez donc aucune
œuvre en ce jour; ce sera une
loi perpétuelle pour vous en tou-
tes vos générations et en toutes
vos habitations.
32. C'est un sabbat de repos, et
vous afiligerez vos âmes au neu-
vieme jour du mois : c'est depuis
un soir jusqu'à un soir que vous
célébrerez vos sabbats.
33. Le Seigeur parla encore à
Moise, disant :
34. Dis aux enfants d'Israël :
Depuis le quinzième jour de ce
septieme mois, seront les fétes
des Tabernacles pendant sept
jours en l'honneur du Seigneur.
99. Le premier jour sera ap-
pelé très solennel et très saint :
vous ne ferez aucune œuvre ser-
vile en ce jour.
36. Et pendant sept jours vous
22. Supra, xix, 9. — 24. Nom., xxix, 1. — 27. Supra, xvi, 29; Nom., xxix, 7. —
36. Jean, vir, 37.
24. Il sera appelé; hébraisme, pour i/ sera saint. Compar. Nomb., xxix, 1.
21. Le septième mois de l'année sacrée commençait à la nouvelle lune de septembre.
29. De ses peuples. Voy. Exode, xxx, 38.
32, C’est un sabbat de repos, ctc. Voy. xvi, 29 et 31.
230
offrirez des holocaustes au Sei-
gneur : le huitieme jour aussi
sera très solennel et très saint,
et vous offrirez un holocauste au
Seigneur; car c'est une assem-
blée et des réunions : vous ne
ferez aucune œuvre servile en ce
jour.
37. Ce sont là les fêtes du Sei-
gneur que vous appellerez très
solennelles et très saintes, et vous
y offrirez des oblations au Sei-
eneur, des holocaustes et des liba-
tions selon le rite de chaque jour;
98. Outre le sabbat du Sei-
eneur, et vos dons et les choses
que vous offrirez en vertu d'un
vœu, ou que vous donnerez spon-
tanément au Seigneur.
39. Depuis donc le quinzième
jour du septieme mois, quand
vous aurez rassemblé tous les
fruits de votre terre, vous célé-
brerez les fétes du Seigneur pen-
dant sept jours; au premier et au
huitième jour sera un sabbat,
c'est-à-dire un repos.
40. Or, au premier jour vous
prendrez des fruits de l'arbre le
plus beau, des petites spathes
de palmiers, des rameaux d'un
arbre au feuillage épais et des
saules du torrent, et vous vous
réjouirez devant le Seigneur
votre Dieu:
41. Et vous célébrerez sa solen-
nité pendant sept jours par an :
ce sera une loi perpétuelle en
vos générations. Au septieme
mois vous célébrerez ces fétes,
49. Et vous habiterez sous les
ombrages pendant sept jours.
Quiconque est de la race d'Israél
demeurera sous les tentes;
49. Afin que vos descendants
apprennent que c'est sous les
LE LÉVITIQUE.
[cH. xxiv."
tentes que j'ai fait habiter les en-
fants d'Israél, lorsque je les reti-
rai de la terre d'Egypte. Je suis le
Seigneur votre Dieu.
44. C'est ainsi que Moïse parla
sur les solennités du Seigneur
aux enfants d'Israél.
CHAPITRE XXIV.
Lois pour l'entretien des lampes et des
paius de proposition. Blasphémateur
lapidé. Peine contre les blasphémateurs
et contre les homicides. Lois du talion.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
2. Ordonne aux enfants d'Israel
qu'ils 'apportent de l'huile d'oli-
ves très pure et très claire pour
entretenir des lampes perpétuel-
lement,
3. En dehors du voile de témoi-
gnage dans le tabernacle d'al-
liance. Et Aaron les disposera
depuis le soir jusqu'au matin de-
vant le Seigneur par un culte et
un rite perpétuel en vos géuéra-
tions.
4. C'est sur le chandelier très
pur qu'elles seront toujours pla-
cées en la présence du Seigneur.
ὃ. Tu prendras aussi de la fleur
de farine, et tu cuiras avec elle
douze pains qui auront chaeun
deux décimes ;
6. Tu en placeras six des deux
cótés sur la table trés pure de-
vant le Seigneur;
7. Et tu mettras sur eux de
l'encens le plus luisant, afin que
le pain soit un monument de
l'oblation du Seigneur.
8. À chaque sabbat, ils seront
changés devant le Seigneur,
après qu'ils auront été reçus des
enfants d'Israël, par une alliance
perpétuelle;
[cH. xxv.]
9. Et ils appartiendront à Aa-
ron et à ses fils, afin qu'ils les
mangent dans un lieu saint, parce
que c'est une chose très sainte
des sacrifices du Seigneur en ver-
tu d'un droit perpétuel.
10. Or voilà que le fils d'une
femme israélite qu'elle avait eu
d'un Egyptien parmi les enfants
d'Israël, étant sorti, eut une que-
relle dans le camp avec un Is-
raélite.
11. Et comme il blasphéma le
nom de Dieu et le maudit, il fut
conduit à Moise (or sa mere s'ap-
pelait Salumith, fille de Dabri, de
la tribu de Dan);
12. Et on le mit en prison, jus-
qu'à ce qu'on süt ce que comman-
derait le Seigneur.
13. Le Seigneur parla à Moise,
14. Disant : Fais sortir hors
du camp le blasphémateur; que
tous ceux qui l'ont entendu met-
tent leurs mains sur sa tête, et
que tout le peuple le lapide.
15. Et aux enfants d'Israél tu
diras : Un homme qui maudira
son Dieu, portera son péché:
16. Et que celui qui blasphe-
mera le nom du Seigneur, meure
de mort; toute la multitude le
lapidera, soit qu'il soit citoyen ou
étranger. Que celui quiblasphème
le nom du Seigneur meure de
mort.
17. Que celui qui frappe et tue
un homme, meure de mort.
LE LÉVITIQUE. 231
18. Celui qui tuera un animal,
en rendra un autre à sa place,
c'est-à-dire, âme pour âme.
19. Celui qui fera un outrage à
quelqu'un de ses concitoyens,
comme il aura fait, ainsi il lui se-
ra fait :
20. Il rendra fracture pour frac-
ture, œil pour œil, dent pour dent.
Quelque outrage qu'il ait fait, il
sera obligé de le souffrir.
21. Celui qui frappera une béte,
en rendra une autre. Celui qui
frappera un homme, sera puni.
22. Qu'il y aitun jugement équi-
table parmi vous, que ce soit un
étranger, ou un citoyen qui ait
péché, parce que je suis le Sei-
gneur votre Dieu.
23. Moise parla doncaux enfants
d'Israël, et ils firent sortir celui
quiavaitblasphémé hors du camp,
et ils le lapidèrent. Et les enfants
d'Israël firent comme avait or-
donné le Seigneur à Moise.
CHAPITRE XXV.
Lois touchant le repos de la septiéme
année et le Jubilé de la cinquantième.
Lois contre l'usure. Ordonnance en fa-
veur des esclaves hébreux.
1. Le Seigneur parla à Moise
sur la montagne de Sinai, di-
sant :
2. Parle aux enfants d'Israël, et
tu leur diras : Quand vous serez
entrés dans la terre que je vous
donnerai moi-méme, sabbatise le
XXIV. 17. Exode, xxr, 12. — 20. Exode, xx1, 24; Deut., xix, 21; Matt., v, 38. — .פא
XXV. 2. Exode, xxui, 10. ,פאס
12, * En prison, en un lieu où on le garda, car il n'y avait pas de prison proprement
dite.
18. Ame pour âme; c'est-à-dire individu pour individu, animal pour animal.
21. Qui frappera à mort, tuera.
2. Sabbatise le sabbat ; hébraisme, pour: Célèbre le sabbat avec une grande solennité.
292
le sabbat en l'honneur du Sei-
gneur.
. 9. Pendant six ans tu sèmeras
ton champ, et pendant six ans tu
tailleras ta vigne et tu recueilleras
ses fruits;
4. Mais à la septième année, ce
sera le sabbat dela terre et du re-
pos du Seigneur, tu ne semeras
point ton champ, et tu ne tailleras
point ta vigne.
5. Ce quele sol produira de lui-
méme, tu ne le moissonneras
point, et tu ne recueilleras point
les raisins de tes prémices comme
ta vendange; car c'est l'année du
repos de 18 terre;
6. Mais ce vous sera une nour-
riture, à toi et à ton serviteur, à
ta servante etàton mercenaire, et
à l'étranger qui séjourne chez toi;
7. À tes bêtes et à tes troupeaux,
tout ce qui naît fournira de la
nourriture.
8. Tu compteras aussi sept se-
maines d'années, c'est-à-dire sept
fois sept, qui ensemble font qua-
rante-neuf ans.
9. Ettu sonneras dela trompette
au septieme mois, au dixieme
jour du mois, temps de la propi-
tiation dans votre terre.
10. Et tu sanctifieras l'année
cinquantieme et tu proclameras
la rémission pour tous les habi-
LE LÉVITIQUE.
[cn. xxv.]
tants de ta terre; car c’est le ju-
bilé. L'homme retournera dans sa
possession, et chacun reviendra
dans son ancienne famille;
41. Parce que c'est le jubilé et
la cinquantième année. Vous ne
semerez point, et vous ne mois-
sonnerez point ce qui nait de soi-
méme dans un champ, et vous ne
recueillerez pointles prémices de
la vendange,
12. A cause de 18 sanctificalion
du jubilé; mais vous mangerez
aussitót ce qui se présentera.
13. Enl'année du jubilé tous re-
tourneront dans leurs posses-
sions.
14. Quand tu vendras quelque
chose à ton concitoyen, ou que
tu achèteras de lui, ne contriste
point ton frère, mais tu achèteras
de lui selon le nombre des années
du jubilé,
15. Et il te vendra selon la sup-
putation des moissons.
16. Plus il restera d'années
après le jubilé, plus aussi le prix
augmentera, et moins tu comp-
teras de temps, moindre aussi
sera 16 prix de l'achat; car c'est
le temps des moissons quil te
vendra.
11. Naffligez point ceux qui
sont de la même tribu que vous;
mais que chacun craigne son
14-16. Quand on vendait une terre, on devait tenir compte du nombre des années
qui s'étaient écoulées, et des moissons qui avaient été recueillies entre le jubilé et
et la vente, parce qu'on ne vendait pas la terre, mais seulement le produit des
récoltes. — * « C'est faute de réflexion qu'on a blàmé les dispositions relatives aux
dettes et à l'aliénation des terres. Connu de tous, prévu par l'acheteur comme par
le vendeur, cet événement n'était une surprise pour personne. En vue de cette
échéance, chacun réglait les conditions de l'aliénation des domaines. En annulant
toute aliénation de liberté ou de propriété, la loi prévenait la ruine irrémédiable des
enfants par les fautes de leur père; elle maintenait entre tous les fils d'Israél une
sorte d'équilibre; elle substituait la vente d'un usufruit à l'aliénation irréparable du
fond; elle allait donc au-devant de ces révoltes de l'envie et de la haine qui ont
eusanglanté les dernières années de la république romaine. » (A. PELLISSIER.)
(cn. xxv.]
Dieu, parce que je suis le Sei-
gneur votre Dieu.
18. Exécutez mes préceptes, gar-
dez mes ordonnances et accom-
plissez-les, afin que vous puissiez
habiter dans le pays sans aucune
crainte,
19. Et que le sol vous produise
ses fruits, que vous puissiez man-
ger jusqu'àsatiété, ne redoutant
la violence de personne.
90. Que si vous dites: Que man-
gerons-nousenlaseptiemeannée,
si nous n'avons pas semé, et si
nous n'avons pas recueilli nos
moissons?
91. Je vous donnerai ma béné-
diction enla sixième année, et elle
produira les fruits de trois ans.
99. Or, vous semerez en 18 hui-
tieme année, et vous mangerez
les anciens fruits jusqu'à la neu-
vieme année; jusqu'à ce quil
naisse quelque chose de nouveau,
vous mangerez l'ancien.
23. La terre aussi ne sera pas
vendue à perpétuité, parce qu'elle
est à moi, et que vous, vous étes
des étrangers et mes colons.
24. C'est pourquoi tout le pays
de votre possession sera vendu
sous condition de rachat.
95. Si devenu pauvre, ton frere
vendsa petite possession, etsi son
proche parent la veut, il peut ra-
cheter ce que celui-là avait vendu.
26. Mais s'il n'a pas de proche
parent, et qu'il puisse lui-méme
trouver le prix pour racheter,
27. On comptera les fruits de-
puis le temps qu'il a vendu; et ce
qui reste, il lerendra à l'acheteur,
et ainsi il recouvrera sa posses-
sion.
28. Que si sa main ne peut trou-
ver à rendre le prix, l'acheteur
LE LÉViTIQUE.
233
possédera ce qu'il aura acheté
jusqu'à l'année jubilaire; car en
cette méme année toute chose
vendue retournera à son maitre
et à son ancien possesseur.
29. Celui qui aura vendu une
maison au dedans des murs d'une
ville, aurala faculté de la racheter
jusqu'à ce qu'une année soit ac-
complie.
30. S'il ne la rachète point, et
que le cours d'une année soit ré-
volu, l'acheteur la possédera,
ainsi que ses descendants, à per-
pétuité, et elle ne pourra point
étre rachetée, méme au jubilé.
31. Mais si la maison est dans
un village qui n’a pas de mu-
railles, elle sera vendue selon le
droit rural. Si auparavant elle n'a
pas été rachetée, au jubilé elle
retournera à son maitre.
32. Les maisons des Lévites, qui
sont dans les villes, peuvent tou-
jours étre rachetées.
33. Si elles n'ont point été ra-
chetées, au jubilé elles retourne-
ront àleurs maîtres, parce que les
maisons des villes des Lévites
sont leurs possessions parmi les
enfants d'Israél.
34. Mais que leurs faubourgs ne
se vendent pas, parce que c'est
une possession perpétuelle.
39. Si ton frère est devenu pau-
vre et infirme de sa main, et si tu
l'as recu comme un étranger etun
voyageur, et qu'il vive avec toi,
36. Ne reçois point d'usures de
lui, ni plus que tu as donné.
Crains ton Dieu afin que ton frere
puisse vivre chez toi.
37. Tu ne lui donneras point
ton argent à usure, et tu n'exige-
ras pas un surplus de fruits.
38. Je suis le Seigneur votre
234
Dieu qui vous ai retirés delaterre
d'Egypte, pour vous donner la
terre de Chanaan, et pour être
votre Dieu.
39. Si pressé par la pauvreté,
ton frère se vend à toi, tu ne l'ac-
cableras point de la servitude des
esclaves,
40. Mais il sera comme un mer-
cenaire et un colon : jusqu'à l'an-
née jubilaire il travaillera chez
toi,
A4. Et ensuite il sortira avec ses
enfants, et il retournera dans sa
famille et dans la possession de
ses peres ;
49. Car c'est de moi qu'ils sont
les esclaves, et c'est moi qui les
ai retirés de la terre d'Egypte;
quils ne soient point vendus
dans la condition des esclaves.
43. Ne l'afffige point par ta
puissance, mais crains ton Dieu.
44. Ayez des serviteurs et des
servantes des nations qui sont
autour de vous.
45. Et quant aux étrangers qui
séjournent chez vous, ou qui sont
nés d'eux dans votre terre, ce
sont eux que vous aurez pour
serviteurs,
46. Et que par un droit hérédi-
taire vous transmettrez à vos
descendants, et que vous possé-
derez pour toujours; mais vos
freres d'Israél, ne les opprimez
point par votre puissance.
47. Si la main d'un étranger et
d'un voyageur s'est affermie chez
vous, et que devenu pauvre ton
frère se soit vendu à lui, ou à
quelqu'un de sa race,
LE LÉVITIQUE.
[cH. xxvr.]
48. Après la vente, il peut être
racheté. Celui de ses frères qui
voudra, le rachètera,
49. Son oncle, le fils de son on-
cle, son consanguin et son allié.
Mais si lui-même aussi le peut, il
se rachètera,
50. Les années seulement étant
supputées depuis le temps de sa
vente jusqu'à l'année jubilaire,
et l'argent pour lequel il a été
vendu étant supputé selon le
nombre des années et son ser-
vice de mercenaire ;
51. S'il y a beaucoup d'années
qui restent jusqu'au jubilé, c'est
aussi selon ces années qu'il fera
la remise du prix.
52. S'il y en a peu, il comptera
avec son maitre selon le nombre
des années, et il rendra à l'ache-
teur ce qui est de reste des an-
nées,
53. Le salaire pour lequel il a
précédemment servi étant mis
en ligne de compte : il ne l'affli-
gera point violemment en ta pré-
sence.
94. Que si par ces moyens il
ne peut étre racheté, il sortira
à l'année jubilaire avec ses en-
fants,
55. Car c'est de moi que sont
esclaves les enfants d'Israél que
jai retirés de la terre d'Egypte.
CHAPITRE XXVI.
Le Seigneur promet de grands biens à
ceux qui observeront ses commande-
menís; et il menace de grands maux
ceux qui les violeront.
4. Je suis le Seigneur votre
Car. XXVI. 1. Exode, xx, 4; Deut., v, 8; Ps. xcvi, T.
1. * Vous n'érigerez point de monuments et vous ne poserez point de pierre remar-
quable. ΤΊ s'agit dans l'original d'objets idolátriques qui sont prohibés pour cette raison.
[cu. xxvi.)
Dieu : Vous ne vous ferez point
d'idole ni d'image taillée au ci-
seau; vous n'érigerez point de
monuments et vous ne poserez
point de pierre remarquable dans
votre terre, pour que vous l'ado-
riez. Car jesuisle Seigneur votre
Dieu.
9. Gardez mes sabbats et trem-
blez auprès de mon sanctuaire.
Je suis le Seigneur.
3. Si vous marchez dans mes
préceptes, et si vous gardez mes
commandements et que vous les
exécutiez, je vous donnerai les
pluies en leurs temps,
4. Et la terre produira sa végé-
tation, et les arbres seront rem-
plis de fruits.
ὃ. Le battage des moissons at-
teindra la vendange, et la ven-
danges'uniraàl'ensemencement;
et vous mangerez votre pain à
satiété, et vous habiterez sans
crainte votre terre.
6. Je donnerai la paix dans vos
confins, vous dormirez, et point
ne sera qui vous épouvante. Je
détruirai les méchantes bétes, et
le glaive ne passera pas vos fron-
tières.
7. Vous poursuivrez vos enne-
mis, et ils tomberont devant
vous,
8. Cinq des vôtres poursuivront
cent étrangers, et cent d'entre
vous, dix mille : vos ennemis
tomberont par le glaive en votre
présence.
_ 9. Je vous regarderai et vous
ferai croitre : vous vous multi-
plierez, et j'affermirai mon al-
liance avec vous.
10. Vous mangerez les plus an-
LE LÉVITIQUE.
235
ciens des anciens fruits, et, les
nouveaux survenant, vous rejet-
terez les anciens.
11. Je poserai mon tabernacle
au milieu de vous, et mon âme
ne vous rejettera point.
19. Je marcherai parmi vous,
et je serai votre Dieu, et vous,
vous serez mon peuple.
13. Je suis le Seigneur votre
Dieu, qui vous ai retirés de la
terre des Egyptiens, afin que vous
ne fussiez pas leurs esclaves, et
qui ai brisé les chaines de vos
cous, afin que vous marchiez la
téte levée.
14. Que si vous ne m'écoutez
point, et si vous n'exécutez point
tous mes commandements;
15. Si vous méprisez mes lois,
etsi vous ne tenez pas compte de
mes ordonnances, en sorte que
vous ne fassiez point ce qui a été
établi par moi, et que vous ren-
diez vaine mon alliance,
16. Moi aussi, je ferai ceci con-
tre vous : Je vous visiterai sou-
dain par lindigence, et par une
ardeur qui desséchera vos yeux
et consumera vos àmes. En vain
vous semerez vos semences, qui
seront dévorées par vos ennemis.
11. Je fixerai ma face contre
vous, et vous tomberez devant
vos ennemis, et vous serez assu-
jettis à ceux qui vous haissent :
vous fuirez, personne ne vous
poursuivant.
18. Mais si aprés cela méme
vous ne m'obéissez point, j'aug-
menterai vos chátiments d'un
septuple à cause de vos péchés,
19. Et je briserai lorgueil de
votre dureté. De plus, je rendrai
3. Deut., xxvi, 4. — 12. II Cor., vr, 46. — 14. Deut., xxviri, 15; Thren., m, 17;
Malach., 1 2.
236
pour vousleciel au-dessuscomme
le fer, et la terre d'airain.
20. Votre travail sera employé
en vain, la terre ne produira
point de végétation, et les arbres
ne donneront point de fruits.
21. Si vous marchez en opposi-
tion avec moi, et que vous ne
vouliez pas m'écouter, j'augmen-
terai vos plaies d'un septuple à
cause de vos péchés;
22. Et jenverrai contre vous
les bétes de la campagne, qui
vous consumeront, vous et vos
troupeaux, et qui les réduiront
tous à un petit nombre, et vos
chemins deviendront déserts.
23. Que si apres cela méme
vous ne voulez point recevoir ma
correction, mais que vous mar-
chiez en opposition avec moi,
24. Moi aussi, je marcherai con-
tre vous et je vous frapperai sept
fois à cause de vos péchés ;
25. Et je conduirai sur vous le
glaive vengeur de mon alliance;
et, lorsque vous aurez fui dans les
villes, j'enverrai la peste au mi-
lieu de vous, et vous serez livrés
aux mains des ennemis,
26. Apres que j'aurai brisé le
báton de votre pain ; en sorte que
dix femmes cuirontles pains dans
un seul four, et les rendront au
poids : or, vous mangerez, et ne
serez pas rassasiés.
97. Mais siavec cela méme vous
LE LÉVITIQUE.
[cu. xxvi.
ne m'écoutez point, et que vous
marchiez contre moi,
28. Moi aussi, je marcherai con-
tre vous avec une fureur contrai-
re, et je vous châtierai de sept
plaies à cause de vos péchés;
29. En sorte que vous mange-
rez la chair de vos fils et de vos
filles.
30. Je détruirai voshauts lieux,
je briserai vos simulacres. Vous
tomberez parmi les ruines de vos
idoles, et mon âme vous aura en
abomination,
31. Tellement que je réduirai
vos villes en solitude, que je ren-
drai déserts vos sanctuaires, et
que je ne recevrai plus votre
odeur très suave.
39. Je détruirai votre terre, et
vos ennemis seront dans l'éton-
nement à son sujet, lorsqu'ils en
seront les habitants;
33. Mais vous, je vous disper-
serai parmi les nations, et je tire-
rai aprés vous le glaive, et votre
terre sera déserte et vos villes
ruinées.
34. Alors la terre se plaira dans
ses sabbats pendant tous les jours
de sa solitude : quand vous serez
39. Dans la terre ennemie, elle
sabbatisera et se reposera dans
les sabbats de sa solitude, parce
qu'elle ne s'est pas reposée dans
vos sabbats, quand vous habitiez
en elle.
26. Le pain est appelé báton, parce qu'il est le soutien de la vie, comme 16 báton
»st le soutien du corps. Compar. Ezéch., iv, 16; v, 16. — Et les vendront, etc. Ellés
es distribueront au poids et par mesure à leurs familles, mais il n'y en aura pas
assez pour les nourrir. Comp. Ezéch., 1v, 16, 47.
99. En sorte que vous mangerez, etc. C'est ce qui s'est vu au siège de Samarie et
aux deux sièges de Jérusalem.
30. * Vos hauts lieux. Voir la note sur Nombres, xxi, 41.
35. Parce que contrairement à la loi et par avarice vous ne lui avez pas laissé le
repos que Dieu lui avait destiné.
[cu. xxvu.]
36. Quant à ceux d'entre vous
qui resteront, je donnerai de 16-
pouvante à leurs cœurs dans les
contrées de leurs ennemis, le
bruit d’une feuille qui vole les
effrayera, et ils fuiront comme si
c'était un glaive : ils tomberont,
personne ne les poursuivant;
37. Et ils se précipiteront, cha-
cun sur leurs frères, comme s'ils
fuyaient les combats : personne
de vous n'osera résister à vos en-
nemis.
38. Vous périrez parmi les na-
tions, et la terre ennemie vous
consumera.
39. Que s'il en demeure encore
quelques-uns d'entre ceux-là, ils
sècheront dans leurs iniquités,
dans la terre de leurs ennemis,
et à cause des péchés de leurs
pères et des leurs propres ils se-
ront affligés ;
40. Jusqu'à ce qu'ils confessent
leurs iniquités et celles de leurs
aieux par lesquelles ils ont pré-
variqué contre moi, et ils ont
marché en opposition avec moi.
41.Je marcherai done moi aussi
contre eux, et je les conduirai
dans la terre ennemie, jusqu'à ce
que rougisse leur esprit incircon-
cis ; alors ils prieront pour leurs
iniquités.
42. Et je me souviendrai de
mon alliance que j'ai faite avec
Jacob, Isaac et Abraham. Je me
souviendrai aussi de la terre,
43. Qui, lorsqu'elle aura été
abandonnée par eux, se complai-
ra dans ses sabbats, souffrant la
solitude à cause d'eux. Mais ils
prieront eux-mémes pour leurs
péchés, parce qu'ils ont rejeté
LE LÉVITIQUE.
237
mes ordonnances et qu'ils ont
méprisé mes lois.
44. Et cependant, lors même
qu'ils étaient dans la terre enne-
mie, je ne les ai pas entièrement
rejetés, et je ne les ai pas dédai-
gnés de manière à ce qu'ils fus-
sent consumés, et à ce que je ren-
disse vaine mon alliance avec
eux. Car c'est moi qui suis le Sei-
gneur leur Dieu.
45. Et je me souviendrai de
mon ancienne alliance, quand je
les ai retirés de la terre d'Egypte
en la présence des nations, pour
que je fusse leur Dieu. Je suis le
Seigneur. Ce sont là les ordon-
nances, les préceptes et les lois
qu'a donnés le Seigneur entre lui
etles enfants d'Israél, surla mon-
tagne de Sinai par l'entremise de
Moise. iti
CHAPITRE XXVII.
Lois touchant les vœux et les dimes.
1. Le Seigneur parla encore à
Moïse, disant :
2. Parle aux enfants d'Israël,
et tu leur diras : Un homme qui
aura fait un vœu et qui aura pro-
mis à Dieu son àme donnera, se-
lon l'estimation, le prix.
3. Si c est un homme depuis la
vingtième année jusqu'à la soi-
xantième année, il donnera cin-
quante sicles d'argent, selon la
mesure du sanctuaire ;
4. Si c'est une femme, trente.
ὃ. Mais depuis la cinquième an-
née jusqu'à la vingtième, l'hom-
me donnera vingt sicles, la fem-
me, dix.
6. Depuis un mois jusqu'à la
oo
3. * Cinquante sicles. Voir la note sur 22006, xxi, 32.
238
cinquième année, pour l'homme
on donnera cinq sicles, pour la
femme, trois.
7. Un homme de soixante ans
et au-dessus donnera quinze si-
cles; la femme, dix.
8. S'il est pauvre, et s'il ne peut
payer l'estimation, il se présen-
tera devant le prétre; et autant
celui-ci aura estimé et aura vu
qu'il peut payer, autant il donne-
ra.
9. Mais un animal, qui peut
étreimmolé au Seigneur, si quel-
qu'un le voue, sera saint,
10. Etil ne pourra étre changé,
cest-à-dire, ni un meilleur pour
un mauvais, ni un pire pour un
bon; que s'il le change, et celui
qui a été changé et celui pour le-
quelle premier a été changé sera
consacré au Seigneur.
11. Un animal impur, qui ne
peut étre immolé au Seigneur,
si quelqu'un le voue, sera amené
devant le prétre,
12. Qui jugeant s'il est bon ou
mauvais, fixera le prix.
13. Si celui qui offre veut le
donner, il ajoutera au-dessus de
l'estimation la cinquième partie.
14. Si un homme voue sa mai-
son et la consacre au Seigneur,
le prètre considérera si elle est
bonne ou mauvaise, et selon le
prix qui aura été assigné par lui,
elle sera vendue;
15. Mais, si celui qui l’a vouée,
veut la racheter, il donnera la
cinquième partie de l'estimation
en sus, et il aura la maison.
16. Que s'il voue le champ de
sa possession, et qu'il le consacre
au Seigneur, c'estselonla mesure
LE LÉVITIQUE.
(ca. xxvur.]
des semences que sera estimé le
prix; si la terre est semée de
trente boisseaux d'orge, qu'elle
soit vendue cinquante sicles d'ar-
gent.
17. Si c’est dès l'année du ju-
bilé commençant qu'il voue son
champ, autant il peut valoir, au-
tant il sera estimé.
18. Mais, si c'est après quelque
temps, le prétre supputera l'ar-
gent, selonle nombre des années
qui restent jusqu'au jubilé, et il
sera fait un retranchement dans
le prix.
19. Que si celui qui l'a voué,
veut racheter le champ, il ajou-
tera la cinquième partie de l'ar-
gent estimé, et il le possédera.
20. Mais s'il ne veut pas le ra-
cheter, et qu'il ait été vendu à
quelque autre, celui qui l'avait
voué ne pourra plus le racheter,
21. Parce que, lorsque le jour
du jubilé sera venu, il sera con-
sacré au Seigneur, et qu'une pos-
session consacrée appartient au
droit des prétres.
22. Si le champ a été acheté, et
quil n'ait pas été consacré au
Seigneur comme possession des
aieux,
23. Le prêtre supputera le prix
selon le nombre des années qu'il
y aura jusqu'au jubilé, et celui
qui l'avait voué, donuera ce prix
au Seigneur;
24. Mais au jubilé, le champ
retournera au premier maitre qui
lavait vendu, et qui lavait eu
pour lot de sa possession.
25. Toute estimation se fera au
poids du sicle du sanctuaire. Le
sicle a vingt oboles.
(βαρ, XXVII. 25. Exode, xxx, 13 ; Nom., m, 41; Ezéch., xtv, 12.
[cH. xxvir.]
26. Les premiers-nés, qui ap-
partiennent au Seigneur, per-
sonne ne pourra les consacrer et
les vouer : que ce soitun bœuf ou
une brebis, ils sont au Seigneur.
27. Que si l'animal est impur,
celui qui l'a offert le rachètera
selon ton estimation, et il ajou-
tera la cinquième partie du prix;
s'il ne veut pas le racheter, il sera
vendu à un autre, autant qu'il
aura été estimé par Loi.
28. Tout ce qui est consacré au
Seigneur, que ce soit un homme,
ou un animal, ou un champ, ne
sera point vendu, et ne pourra
étre racheté. Tout ce qui aura été
une 1018 60258016, étant tres saint,
sera pour le Seigneur.
29. Rien de consacré, qui est
offert par un homme, ne sera ra-
cheté, mais il mourra de mort.
30. Toutes les dimes de la terre,
LE LÉVITIQUE.
239
soit des grains, soit des fruits des
arbres, sont au Seigneur et lui
sont consacrées.
31. Mais si quelqu'un veut ra-
cheter ses dimes, il en ajoutera la
cinquième partie.
32. Dans les dimes des bœufs,
des brebis et des chèvres qui
passent sous la verge du pas-
teur, tout ce qui viendra comme
dixieme, sera consacré au Sei-
gneur.
33. Ni le bon, ni le mauvais ne
sera choisi, et il ne sera point
changé pour un autre; si quel-
qu'un le change, et ce qui aura
été changé, et ce pour quoi il aura
été changé, sera consacré au Sei-
gneur, et ne sera pas racheté,
34. Ce sont là les préceptes qu'a
donnés le Seigneur à Moise pour
les enfants d'Israël sur la mon-
tagne de Sinai.
LES NOMBRES
CHAPITRE PREMIER.
Dénombrement des Israélites capables
de porter les armes.
1. Et le Seigneur parla à Moise
dans le désert de Sinai, dans le
tabernacle d'alliance, au premier
jour du second mois, à la seconde
année de leur sortie d'Egypte,
disant :
9. Faites le dénombrement de
toute lassemblée des enfants
d'Israël, selon leur parenté, leurs
maisons, et les noms de chacun,
de tout ce qui est du sexe mas-
culin,
3. Depuis vingtansetau-dessus,
de tous les hommes forts d'Israél,
et vous les dénombrerez, selon
leurs bandes, toi et Aaron.
4. Etil y aura avec vous les
princes de leurs tribus et de leurs
maisons dans leur parenté.
5. Ceux dont voici les noms :
De Ruben, Elisur, fils de Sédéur;
6. De Siméon, Salamiel, fils de
Surisaddai;
7. De Juda, Nahasson, fils d'A-
minadab ; à)
Cuar. I. 2. Exode, xxx, 12.
8. D'Issachar, Nathanael, fils de
Suar;
9. De Zabulon, Eliab, fils d'Hé-
lon.
10. Et d'entre les fils deJoseph:
d'Ephraim, Elisama, fils d'Amiud;
de Manassé, Gamaliel, fils de Pha-
dassur;
11. De Benjamin, Abidan, fils
de Gédéon ;
12. De Dan, Ahiézer, fils d'Ami-
saddai;
13. D'Aser, Phégiel, fils d'O-
chran;
14. De Gad, Eliasaph, fils de
Duel;
15. De Nephtali, Ahira, fils
d'Enan.
16. C'étaient 18 les plus nobles
princes de la multitude selon
leurs tribus et leur parenté, et
les chefs de l'armée d'Israél,
17. Que prirent Moïse et Aaron
avec toutela multitude du peuple,
18. Et qu'ils assemblèrent au
premier jour du second mois, les
recensant selon la parenté, les
maisons, les familles, la personne
et le nom de chacun. depuis vingt .
ans et au-dessus,
2, Ni la multitude qui suivait le camp des Israélites, ni les esclaves ne sont compris
dans ce dénombrement. — Leur parenté; Yhébreu porte : Leurs familles. On voit
dans Josué (vir, 16, etc.) que les tribus étaient divisées en familles, les familles en
maisons. Or ces maisons n'étaient elles-mêmes que des familles particulières dont
chacune prenait le nom de son père ou de son chef. Jamais les mères ne donnaient
leurs noms aux maisons.
9-15. De Ruben... De Siméon, etc.; c'est-à-dire de la tribu de Ruben, de Siméon, etc.
CH. 1.]
19. Comme avait ordonné le
Seigneur à Moise. Or, il y eut de
dénombré dans le désert de Sinai,
20. De Ruben, premier-né d'Is-
raél, selon les générations, les fa-
milles, les maisons et le nom de
chacun, tout ce qui est du sexe
masculin, depuis vingt ans et au-
dessus, allant à la guerre,
21. Quarante-six mille cinq
cents.
22. Des enfants de Siméon, se-
lon les générations, les familles
et les maisons de leur parenté,
furent recensés selon le nom et
la personne de chacun, tout ce
qui est du sexe masculin, depuis
vingt ans et au-dessus, allant à
la guerre,
23. Cinquante-neuf mille trois
cents.
24. Des enfants de Gad, selon
les générations, les familles etles
maisons de leur parenté, furent
recensés selon le nom de chacun
depuis vingt ans et au-dessus,
comme pouvant tous aller aux
combats,
25. Quarante-cinq mille six cent
cinquante.
26. Des enfants de Juda, selon
les générations, les familles et les
maisons de leur parenté, selon le
nom de chacun depuis vingt ans
et au-dessus, tous ceux qui pou-
vaient aller aux combats,
27. Furent recensés soixante-
quatorze mille six cents.
28. Desenfants d'Issachar, selon
les générations, les familles et les
maisons de leur parenté, selon le
nom de chacun, depuis vingt ans
et au-dessus, tous ceux qui pou-
vaient aller aux combats,
LES NOMBRES. 244
29. Furent recensés cinquante-
quatre mille quatre cents.
30. Des enfants de Zabulon, se-
lon les générations, les familles
et les maisons de leur parenté,
furent recensés selon le nom de
chacun, depuis vingt ans et au-
dessus, tous ceux qui pouvaient
aller aux combats,
‘31. Cinquante-sept mille quatre
cents.
32. Des enfants de Joseph, en-
fants d'Ephraim, selon les géné-
rations, les familles etles maisons
de leur parenté furent recensés,
selon le nom de chacun, depuis
vingt ans et au-dessus, tous ceux
qui pouvaient aller aux combats,
33. Quarante mille cinq cents.
94. Ensuite, des enfants de Ma
nassé selon les générations, les
familles et les maisons de leur
parenté, furent recensés selon le
nom de chacun depuis vingt ans
et au-dessus, tous ceux qui pou-
vaient aller aux combats,
88. Trente-deux mille deux
cents.
36. Des fils de Benjamin, selon
les générations, les familles etles
maisons de leur parenté, furent
recensés par le nom de chacun,
depuis vingt ans et au-dessus,
tous ceux qui pouvaient aller aux
combats,
37. Trente-cinq mille quatre
cents.
38. Des enfants de Dan, selon
les générations, les familles et
les maisons deleurparenté, furent
recensés par le nom de chacun,
depuis vingt ans et au-dessus,
tous ceux qui pouvaientaller aux
combats,
32. Des enfants de Joseph, etc., issus de son fils Ephraim
A. T.
16
242 LES NOMBRES.
39. Soixante-deux mille sept
cents.
40. Des enfants d'Aser, selon
les générations, les familles et les
maisons de leur parenté, furent
recensés selon les noms de cha-
cun, depuis vingt ans et au-
dessus, tous ceux qui pouvaient
aller aux combats,
41. Quarante-un mille et cinq
cents.
42. Des enfants de Nephthali, se-
lon les générations, les familles et
les maisons de leur parenté, fu-
rent recensés par les noms de
chacun depuis vingt ans et au-
dessus, tous ceux qui pouvaient
aller aux combats,
43. Cinquante-trois mille quatre
cents.
44. Tels sont ceux que dénom-
brerent Moise, Aaron, et les douze
princes d'Israél, chacun selon les
maisons de sa parenté.
45. Ainsi le nombre total des
enfants d'Israél selon leurs mai-
sons etleursfamilles, depuis vingt
ans et au-dessus, qui pouvaient
aller aux combats, fut
40. De six cent trois mille cinq
cent cinquante hommes.
47. Pour les Lévites, ils ne fu-
rent pas dénombrés dans la tribu
de leurs familles avec eux.
48. CarleSeigneur parlaàMoise,
disant :
49. Ne compte point la tribu de
Lévi, et tu ne comprendras point
lenombre des Lévites avecles en-
fants d'Israél :
50. Mais prépose-les au taber-
nacle du témoignage, à tous ses
vases et à tout ce qui appartient
aux cérémonies. Eux-mémes por-
[cu. uu.)
teront le tabernacle et tous ses us-
tensiles : ils seront dans le minis-
tere, et c'est autour du tabernacle
qu'ils camperont.
51. Lorsqu'il faudra partir, les
Lévites enleveront le tabernacle ;
lorsquil faudra camper, ils le
dresseront; tout étranger qui en
approchera, sera mis à mort.
52. Mais les enfants d'Israél
poserontleur camp, chacun selon
sesbandes, sescorpsetson armée.
93. Et les Lévites planteront
leurstentes autour du tabernacle,
afin que l'indignation ne vienne
pas sur les enfants d'Israël, et ils
veilleront àla garde du tabernacle
du témoignage.
94. Les enfants d'Israël firent
donc selon tout ce qu'avait or-
donné le Seigneur à Moise.
CHAPITRE II.
Ordre que les Israélites doivent garder
dans leurs marches et dans leurs cam-
pements.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise et à Aaron, disant :
2. Les enfants d'Israël, chacun
selon ses bandes, ses étendards,
ses drapeaux et les maisons de sa
parenté, camperont autour du ta-
bernacle d'alliance.
3. Juda plantera ses tentes vers
l’orient selon les bandes de son
armée, et le prince de ses enfants
sera Nahasson, fils d'Aminadab ;
4. Et le nombre total des com-
battants de sa race, est de soixan-
te-quatorze mille six cents.
5. Près de lui campèrent ceux
dela tribu d'Issachar ; leur prince
fut Nathanael fils de Suar ;
6. Et le nombre total de ses
3. Juda; c'est-à-dire la tribu de Juda.
[cn. i1.)
combattants, de cinquante-quatre
mille quatre cents.
7. Dans la tribu de Zabulon le
prince fut Eliab, fils d'Hélon.
8. Toute l'armée des combat-
tants de sarace fut de cinquante-
sept mille quatre cents.
9. Tous ceux qui ont été dé-
nombrés dans le camp de Juda,
furent cent quatre-vingt-six mille
quatre cents; et ils sortiront les
premiers seion leurs bandes.
10. Dans le camp des enfants
de Ruben vers le cóté méridio-
nal, le prince sera Elisur, fils de
Sédéur;
11. Et toute l'armée deses com-
battants qui ont été dénombrés,
quarante-six mille cinq cents.
12. Près de lui campèrent ceux
de la tribu de Siméon ; leur prince
fut Salamiel, fils de Surisaddai,
13. Et toute l’armée de ses
combattants qui ont été dénom-
brés, cinquante-neuf mille trois
cents.
14. Dans la tribu de Gad, le
prince fut Eliasaph, fils de Duel;
15. Et toute l’armée de ses
combattants qui ont été dénom-
brés, quarante-cinq mille six cent
cinquante.
16. Tous ceux qui ont été re-
censés dans le camp de Ruben
furent cent cinquante-un mille
quatre cent cinquante, selonleurs
bandes ; ils marcheront au second
rang.
17. Alors le tabernacle de té-
moignage sera enlevé par les
soins des Lévites et par leurs
bandes : de la maniere qu'il sera
dressé, il sera aussi enlevé. Cha-
cun marchera en sa place et en
son rang.
18. Vers le cóté occidental sera
LES NOMBRES.
243
le camp des enfants d'Ephraim ;
leur prince fut Elisama, fils d'Am-
miud;
19. Et toute l'armée de ses com-
battants qui ont été dénombrés,
quarante mille cinq cents.
20. Et avec eux, la tribu des
enfants de Manassé ; leur prince
fut Gamaliel, fils de Phadassur;
21. Ettoute l'armée de sescom-
battants qui ont été dénombrés,
trente-deux mille deux cents.
22. Dans la tribu des fils de
benjamin, le prince fut Abidan,
fils de Gédéon ;
23. Et toute l'armée de ses
combattants qui ont été recensés,
trente-cinq mille quatre cents.
24. Tous ceux qui ont été dé-
nombrés dans le camp d'Ephraim,
furent cent huit mille cent, selon
leurs bandes; ils marcheront les
troisièmes.
25. Vers la partie de l'aquilon
ont campé les fils de Dan; leur
prince fut Ahiézer, fils d'Ammi-
8801081 ;
26. Toute l'armée de ses com-
battants qui ont été dénombrés,
soixante-deux mille sept cents.
27. C'est prés de Dan que plan-
terent leurs tentes ceux de la tri-
bu d'Aser;leur prince fut Phégiel,
fils d'Ochran;
28. Toute l'armée de ses com-
battants qui ont été comptés,
quarante-un mille cinq cents,
29. Quant à la tribu des enfants
de Nephthali, le prince fut Ahira,
fils d'Enan ;
30. Toute l'armée de ses com-
battants, cinquante-trois mille
quatre cents.
31. Tous ceux qui ont été dé-
nombrés dans le camp de Dan,
furent cent cinquante-sept mille
244
six cents; et ils marcheront les
derniers.
39. Ce nombre des enfants d'Is-
raél, selon les maisons de leur
parenté et les bandes de leur ar-
mée divisée, était de six cent trois
mille cinq cent cinquante.
33. Mais les Lévites n'ont pas
été dénombrés parmi les enfants
d'Israél ; car ainsi l'avait ordonné
le Seigneur à Moise.
34. Et les enfants d'Israël fi-
rent selon tout ce qu'avait com-
mandé le Seigneur. Ils campe-
rent selon leurs bandes, et mar-
cherent selon les familles et les
maisons de leurs peres.
CHAPITRE III.
Dieu choisit les Lévites pour le service
du tabernacle. Dénombrement de la
tribu de Lévi.
1. Voici les générations d'Aa-
ron et de Moise, au jour que le
Seigneur parla à Moïse sur la
montagne de Sinai.
2. Et voici les noms des fils
d'Aaron : Son premier-né Nadab,
ensuite Abiu, Eléazar et Ithamar.
3. Tels sont les noms des fils
d'Aaron, prétres qui furent oints,
et dont les mains furent remplies
et consacrées pour qu'ils exercas-
sent les fonctions du sacerdoce.
4. Or Nadab et Abiu moururent
sans enfants lorsqu'ils offraient
un feu étranger en la présence
du Seigneur dans le désert de
Sinai ; et Eléazar et Ithamar exer-
LES NOMBRES.
]68₪. π|.}
cerent les fonctions du sacerdoce
devant Aaron leur pere.
ὃ. Et le Seigneur parla à Moise,
disant :
6. Fais approcher la tribu de
Lévi, et fais-les tenir en la pré-
sence d'Aaron, le prétre, afin
qu ilsle servent, et qu'ils veillent,
7. Qu'ils observent aussi tout
ce qui appartient au culte de la
multitude devant le tabernacle
de témoignage ;
8. Qu'ils gardent les vases du
tabernacle, servant pour son mi-
nistère.
9. Et tu donneras en dons les
Lévites
10. À Aaron et à ses fils aux- -
quels ils ont été accordés par les
enfants d'Israël. Mais tu établiras
Aaron et ses fils dansles fonctions
du sacerdoce. L'étranger qui ap-
prochera pour exercer le minis-
tere, mourra.
11. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
12. J'ai pris les Lévites d'entre
les enfants d'Israél, à la place de
tout premier-né qui ouvre un sein
parmi les enfants d'Israël, et les
Lévites seront à moi.
13. Car tout premier-né est à
moi, depuis que j'ai frappé les
premiers-nés dans la terre d'E-
gypte, j'ai consacré pour moi tout
ce qui nait le premier en Israél,
depuis l'homme jusqu'à la béte :
Je suis le Seigneur.
14. Le Seigneur parla de nou-
Cua, III. 2. Exode, νι, 23. — 4. Lév., x, 1, 2; I Par., xxiv, 2. — 13. Exode, xui, 2;
Infra, viu, 16.
3. L'expression remplir les mains, signifie dans ce passage et autres semblables,
consacrer quelqu'un, lui confier une fonclion. On a vu dans l'Exode (xxix, 24) que
Moïse devait, dans la consécration des prêtres, leur mettre entre les mains les ins-
truments sacrés ; ce qui se pratique encore aujourd'hui dans l'Eglise.
1. Au culle de lu mullilude; c'est-à-dire, que doit rendre la multitude.
CH. [.זזז
veau à Moise dans le désert de
Sinai, disant :
15. Dénombre les enfants de
Lévi, selon les maisons de leurs
peres et leurs familles, tout mâle
d'un mois et au-dessus.
16. Moise les dénombra, comme
avait ordonné le Seigneur,
17. Etfurent trouvés les enfants
deLévi,selonleurs noms, Gerson,
Caath et Mérari.
18. Les fils de Gerson : Lebni et
Séméi.
19. Les fils de Caath : Amram,
Jésaar, Hébron et Oziel.
90. Les fils de Mérari : Moholi
et Musi.
91. De Gerson sont sorties deux
familles, la Lebnitique et la Sé-
méitique,
22. Dont la population du sexe
masculin depuis un mois et au-
dessus dénombrée, fut de sept
mille cinq cents.
23. Ceux-ci camperont derrière
le tabernacle, vers l'occident,
24. Sous le prince Eliasaph, fils
de Laél.
95. Et ils auront la garde dans
le tabernacle d'alliance,
26. Du tabernacle lui-méme et
de sa couverture, du voile qu'on
tire devant la porte du toit d'al-
liance, et des rideaux du parvis,
ainsi que du voile qui est sus-
pendu à l'entrée du parvis du ta-
bernacle, et de tout ce qui appar-
tient au ministere de l'autel, les
cordages du tabernacle et tous
ses ustensiles.
27. La parenté de Caath aura
les peuples Amramites, Jésaa-
17. Exode, νι, 16.
LES NOMBRES. 245
rites, Hébronites et Oziélites. Ce
sont là les familles des Caathites
recensées selon leurs noms.
28. Tous ceux du genre mascu-
lin depuis un mois et au-dessus,
huit mille six cents auront la
garde du sanctuaire,
29. Et ils camperont vers le
cóté méridional ;
30. Et leur prince sera Elisa-
phan, fils d'Oziel.
31. Ainsi ils garderont l'arche,
la table, le chandelier, les autels,
les vases du sanctuaire avec les-
quels se fait le service, le voile et
tous les objets semblables :
32. Mais le prince des princes
des Lévites, Eléazar fils d'Aaron
le prétre, sera au-dessus de ceux
qui veilleront à la garde du sanc-
tuaire.
39. Mais de Mérari sortiront les
familles Moholites et Musites, re-
censées selon leurs noms.
34. Tous les máles depuis un
mois et au-dessus sont au nombre
de six mille deux cents.
35. Leur prince est Suriel, fils
d'Abihaiel : c'est au cóté septen-
trional qu'ils camperont.
36. Seront sous leur garde : les
ais du tabernacle, les leviers, les
colonnes et leurs soubassements,
et tout ce qui appartient à un tel
service;
37. Et les colonnes autour du
parvis avec leurs soubassements,
et les pieux avec leurs cordages.
38. Devant le tabernacle d'al-
liance, c'est-à-dire vers le côté
oriental, camperont Moise et Aa-
ron avec ses fils, ayant la garde
26. Du toit d'alliance; pour, du toit du tabernacle d'alliance.
21. Aura les peuples; c'est-à-dire comprendra les familles. Voy. Exod. xxx, 38.
246 LES NOMBRES.
du sanctuaire, au milieu des en-
fanis d'Israël; tout étranger qui
s'en approchera, mourra.
39. Tous les Lévites que dénom-
brerent Moïse et Aaron d’après le
commandement du Seigneur, se-
lon leurs familles, parmi les
máles d'un mois et au-dessus,
furent vingt-deux mille.
40. Le Seigneur dit encore à
Moise : Dénombre les premiers-
nés máles d'entre les enfants d'Is-
raël, depuis un mois et au-dessus,
et tu en tiendras compte.
44. Et tu prendras pour moi les
Lévites ἃ 18 place detout premier-
né des enfants d'Israël; je suis le
Seigneur; et leurs bestiaux à la
place de tous les premiers-nés
des bestiaux des enfants d'Israël.
49. Moiserecensa, comme avait
ordonné le Seigneur, les pre-
miers-nés des enfants d'Israél ;
49. Et les mâles, selon leurs
noms, depuis un mois et au-des-
sus, furent vingt-deux mille deux
cent soixante-treize.
44. Le Seigneur parla encore à
Moïse, disant :
45. Prendsles Lévites à la place
des premiers-nés des enfants d'Is-
raël, et les bestiaux des Lévites à
la place de leurs bestiaux, et les
Lévites seront à moi. Je suis le
Seigneur.
40. Et pour le prix des deux
cent soixante-treize d'entre les
premiers-nés des enfants d'Israël
[cu. 1v.]
qui dépassent le nombre des Lé-
vites,
47. Tu prendras cinq 8
pour chaque téte, selon la me-
sure du sanctuaire. Le sicle a
vingt oboles.
48. Et tu donneras largent à
Aaron pour le prix de ceux qui
sont de plus.
49. Moise prit donc l'argent de
ceux qui étaient de plus, et qu'ils
avaient rachetés des Lévites,
50. Pour les premiers-nés des
enfants d'Israél, mille trois cent
soixante-cinq sicles selon le poids
du sanctuaire ;
91. Et il le donna à Aaron et à
ses fils. selon la parole que lui
avait ordonnée le Seigneur.
CHAPITRE IV.
Dénombrement des emplois et des
familles des Lévites.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise et à Aaron, disant :
2. Fais le dénombrement des
fils de Caath d'entre les Lévites,
selon leurs familles et leurs mai-
sons,
3. Depuis trente ans et au des-
sus, jusqu'à cinquante ans, de
tous ceux qui entrent, pour se
tenir et servir dans le tabernacle
d'alliance.
4. Voici la fonction des fils de
Caath : C'est dans le tabernacle et
le Saint des saints
41. Exode, xxx, 13; Lév., xxvir, 25; Ezéch., xLv, 12.
39. Au lieu de vingt-deux mille, les nombres partiels (ver. 22, 28) donnent vingt-
deux mille trois cents; mais il est probable que les trois cents ne sont pas compris
ici dans le nombre total, parce qu'étant les premiers-nés parmi les Lévites, et appar-
tenant déjà à Dieu en cette qualité, ils n'étaient pas échangeables contre d'autres
premiers-nés.
41. * Cinq sicles. Voir la note sur Exode. xxi, 32.
CH. צז .[
5. Qu'entreront Aaron etses fils,
quand le camp devra étre levé,
et ils óteront le voile qui est sus-
pendu devant la porte, et ils en
envelopperont l'arche du témoi-
gnage,
6. Et ils le couvriront encore
d'une couverture de peaux vio-
lettes, etils étendront par-dessus
un drap tout d'hyacinthe, et ils
introduiront les leviers.
7. Ils envelopperont aussi la
table de proposition d'un drap
d'hyacinthe, et ils mettront avec
elleles encensoirs, les petits mor-
tiers, les tasses etlescoupes pour
faire les libations; et les pains
seront toujours sur elle;
8. Et ils étendront par-dessus
un drap d'écarlate qu'ils cou-
vriront encore d'une couverture
de peaux violettes, et ils y intro-
duiront les leviers.
9. Ils prendront de plus un drap
d'hyacinthe dont ils couvriront le
chandelier avec ses lampes, ses
pincettes, ses mouchettes et tous
les vases d'huile qui sont néces-
saires pour entretenir les lampes.
10. Et sur toutes ces choses ils
poserontune couverture de peaux
violettes, et ils introduiront les
leviers.
41. Et l'autel d'or aussi, ils l'en-
velopperont d'un drap d'hyacin-
the, et ils étendront par-dessus
une couverture de peaux vio-
lettes, et ils y introduiront les le-
viers.
12. Tous les vases avec lesquels
se fait le service dans le sanc-
tuaire, ils les envelopperont dans
Cap. IV. 15. I Par., xv, 15.
LES NOMBRES. 241
un drap d'hyacinthe, et ils éten-
dront par-dessus une couverture
de peaux violettes, et ils introdui-
ront les leviers.
13. Mais ils nettoieront aussi
l'autel de ses cendres, et ils l'en-
velopperont dans un drap de
pourpre,
14. Et ils y mettront avec lui
tous les vases dont ils se servent
pour son ministère, c'est-à-dire
les brasiers, les fourchettes, les
tridents, les crocs et les pelles. Ils
couvriront ensemble tous les va-
ses de l'autel d'une couverture
de peaux violettes, et ils intrc
duiront les leviers.
15. Or, lorsque Aaron et ses fils
auront enveloppé le sanctuaire
et tous ses vases, au lever du
camp, les fils de Caath entreront
pour les porter ainsi enveloppés;
mais ils ne toucheront point les
vases du sanctuaire, de peur
quils ne meurent. Telles sont
dans le tabernacle d'alliance les
charges des fils de Caath,
16. Au-dessus desquels sera
Eléazar, fils d'Aaron,le prétre, au
soin de qui appartient l'huile
pour entretenir les lampes, le
parfum de composition, le sacri-
fice perpétuel, l'huile de l'onction
et tout ce qui appartient au ser-
vice du tabernacle et de tous les
vases qui sont dans le tabernacle.
11. Le Seigneur parla encore à
Moise et à Aaron, disant :
18. Ne détruisez pointle peuple
de Caath du milieu des Lévites;
19. Mais faites ceci pour eux,
afin quils vivent et qu'ils ne
7-77 ÉL
1. La table de proposition; pour, la table des pains de proposition. Compar. Exode,
Xxv, 30.
948 LES NOMBRES.
meurent point, s'ils touchent le
Saint des saints. Aaron et ses fils
entreront, et ils disposeront eux-
mémes les ouvrages de tous sé-
parément, et ils partageront ce
que chacun doit porter.
90. Que les autres ne voient
nullement avec curiosité ce qui
est dans le sanctuaire, avant qu'il
soit enveloppé, autrement ils
mourront.
21. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
29. Fais aussi 16 dénombrement
des enfants de Gerson, selon leurs
maisons. leurs familles et leur
parenté,
93. Depuis trente ans et au-
dessus jusqu'à cinquante ans.
Dénombre tous ceux qui entrent
et qui servent dans le tabernacle
d'alliance.
24. L'office de la famille des
Gersonites est,
95. Qu'ils portent les rideaux
du tabernacleet le toit d'alliance,
lautre couverture, puis la cou-
verture violette quiestpar-dessus
tout, et le voile qui est suspendu
àlentrée dutabernacle d'alliance ;
96. Les rideaux du parvis et le
voile de l'entrée, qui est devant
le tabernacle. Tout ce qui appar-
tient à l'autel, les cordages et les
vases de service,
97. Au commandement d'Aa-
ron et de ses fils, les fils de Ger-
son le porteront, et chacun saura
à quelle charge il doit être soumis.
98. Tel est l'emploi de la famille
des Gersonites dans le tabernacle
(eir. 1v.]
d'alliance: et ils seront sous 8
main d'Ithamar, fils d'Aaron le
prétre.
29. Tu recenseras aussi les fils
de Mérari selon leurs maisons et
les familles de leurs peres,
30. Depuis trente ans et au-
dessus jusqu'à cinquante ans,
tous ceux qui entrent pour l'office
de leur ministere, et le service de
l'alliance de témoignage.
31. Voici leurs charges : ils por-
teront les ais du tabernacle, ses
leviers, ses colonnes et leurs sou-
bassements,
32. Et aussi les colonnes autour
du parvis avec leurs soubasse-
ments, leurs pieux et leurs cor-
dages. Ils prendront le compte de
tous les vases et des autres objets,
et c'est ainsi qu'ils les porteront.
33. Tel est l'office des familles
des Mérarites et leur ministère
dans le tabernacle d'alliance; et
ils sont sous la main d'Ithamar,
fils d'Aaron, le prétre.
34. Moise done, Aaron et les
princes de la synagogue recen-
serent les fils de Caath, selon
leur parenté et les maisons de
leurs peres,
35. Depuis trente ans et au-des-
sus jusqu'à cinquante ans, tous
ceux qui entrent au service du ta-
bernacle d'alliance;
36. Et il s'en trouva deux mille
sept cent cinquante.
37. C'estlà le nombre du peuple
de Caath qui entrent dans le ta-
bernacle d'alliance : Moise et Aa-
ron les dénombrerent, selon la
25. Le toit d'alliance. Voy. 11, 26. — * La couverture violette. La couverture en
peau de dugong, animal amphibie qui vit en troupes dans la mer Rouge.
30. L'alliance de témoignage; c'est-à-dire, l'arche d'alliance qui renferme les tables
de la loi, appelée souvent dans l'Ecriture, (émoignage.
cH. v.]
parole du Seigneur, par l'entre-
mise de Moise.
38. Les fils de Gerson aussi fu-
rent dénombrés selon leur pa-
renté et les maisons de leurs
peres,
39. Depuis trente ans et au-des-
sus, jusqu'à cinquante ans, tous
ceux qui entrent pour servir dans
le tabernacle d'alliance;
40. Et il s'en trouva deux mille
six cent trente.
44. C'est là le peuple des Ger-
sonites, que dénombrerent Moise
et Aaron, selon la parole du Sei-
gneur.
49. Ensuite furent dénombrés
les fils de Mérari selon leur pa-
renté et les maisons de leurs pè-
res,
43. Depuis trente ans et au-des-
sus, jusqu'à cinquante ans, tous
ceux qui entrent pour accomplir
les rites du tabernacle d'alliance;
44. ἘΠῚ) s'en trouva trois mille
deux cents.
45. Tel est le nombre des fils
de Mérari que recensèrent Moïse
et Aaron, selon l'ordre du Sei-
gneur, par l'entremise de Moise.
46. Tous ceux qui furent re-
censés d'entre les Lévites, et que
firent recenser par leurs noms,
Moise, Aaron et les princes d'Is-
raél, selon leur parenté et les
maisons de leurs peres,
47. Depuis trente ans et au-
dessus, jusqu'à cinquante ans,
enirant pour le service du ta-
bernacle et pour porter les far-
deaux,
48. Furent en tout huit mille
cinq cent quatre-vingts.
49. C'est selon la parole du Sei-
LES NOMBRES.
249
gneur que Moise les recensa, cha-
cun selon son office et ses char-
ges, comme lui avait ordonné le
Seigneur.
CHAPITRE V.
Lois touchant ceux qui doivent étre
chassés hors du camp, touchant la
restitution, touchant l'épreuve des
femmes soupconnées d'adultére.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
2. Ordonne aux enfants d'Is-
raël qu'ils jettent hors du camp
tout lépreux, celui qui a la gonor-
rhée et celui qui a été souillé à
cause d'un mort:
3. Que ce soit un homme ou
une femme, jetez-les hors du
camp, pour ne pas qu'ils le souil-
lent, puisque j'habiie avec vous.
4. Et les enfants d'Israél firent
ainsi, et ils les jetèrent hors du
camp, comme avait dit le Sei-
gneur à Moise.
5. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
6. Dis aux enfants d'Israël : Un
homme ou une femme, lorsqu'ils
auront commis quelqu'un des
péchés, quiont coutume d'arriver
aux hommes, et que par négli-
gence, ils auront transgressé le
commandement du Seigneur, et
auront failli,
7. Confesseront leur péché, et
rendront la somme méme, et la
cinquième partie par-dessus, à
celui contre lequel ils auront pé-
ché.
8. Mais s'il n'y a personne qui
puisse recevoir, ils la donneront
au Seigneur, et elle appartiendra
au prétre, outre le bélier qui est
2. Qui a été souillé à cause d'un mort. Nov. Lévit.. .א
250
offert pour l'expiation, afin que
l'hostie soit propitiatoire.
9. Toutes les prémices aussi
qu offrent les enfants d'Israël, ap-
partiennent au prêtre;
10. Et tout ce qui est offert au
sanctuaire par chacun d'eux, et
qui est remis aux mains du
prêtre, lui appartiendra,
11. Le Seigneur parla encore à
Moïse, disant :
12. Parle aux enfants d'Israël,
et tu leur diras : Un homme dont
la femme aura fait une faute, et
méprisant son mari,
13. Aura dormi avec un autre
homme, en sorte que son mari
n'ait pu la découvrir, et que l'a-
dultere soit caché, et qu'elle ne
puisse pas étre convaincue par
des témoins, parce qu'elle n'a
pas été trouvée dans le crime ;
14. Si un esprit de jalousie ex-
cite cet homme contre sa femme,
qui est souillée, ou accusée par
un faux soupcon,
15. ll l'ameénera au prêtre, et
offrira une offrande pour elle, la
dixieme partie d'une mesure de
farine d'orge : il ne répandra
point d'huile par-dessus, et il n'y
mettra point d'encens, parce que
c'est un sacrifice de jalousie, et
une oblation pour découvrir un
adultère.
16. Le prêtre l'offrira donc et la
présentera devant le Seigneur;
11. ἘΠῚ prendra de l'eau sainte
dans un vase de terre, et il y jet-
tera un peu de terre du pavé du
tabernacle.
18. Et lorsque la femme sera
debout en la présence du Sei-
LES NOMBRES.
(CH. v.]
gneur, il lui découvrira la téte,
et lui posera sur les mains le
sacrifice du souvenir, et l'oblation
de la jalousie: mais lui-méme
tiendrales eaux trés ameres, sur
lesquelles il à accumulé les ma-
lédictions avec exécration ;
19. Et il ladjurera, et il lui
dira: Si un homme étranger n'a
pas dormi avec toi, et si tu n'as
pas été souillée, le lit de ton
mari déserté, elles ne te nuiront
point ces eaux trés amères sur
lesquelles j'ai accumulé les ma-
lédictions.
90. Si, au contraire, tu t'es dé-
tournée de ton mari, et si tu as
été souillée et as été avec un
autre homme,
21. Tu seras sous le poids de ces
malédictions : Que le Seigneur
te donne en malédiction et en
exemple àtous parmi son peuple;
qu'il fasse pourrir ta cuisse, et
que s'enflant, ton sein se rompe.
99. Qu'elles entrent dans ton
ventre ces eaux maudites, et que,
ton sein s'enflant, ta cuisse se
pourrisse. Et la femme répondra :
Amen, amen.
23. Et le prêtre écrira sur le
livre ces malédictions, puis il
les effacera avec les eaux tres
ameres, sur lesquelles il a accu-
mulé les malédictions,
24. Et illes lui donnera à boire.
Lorsqu'elle les aura bues,
95. Le prétre prendra de sa
main le sacrifice de jalousie et
l'élevera devant le Seigneur, puis
il le posera sur l'autel, de telle
sorte seulement, qu'auparavant
26. Il prenne une poignée du
18. Le sacrifice du souvenir; le sacrifice destiné à rappeler le souvenir du crime
dont elle est accusée.
[cH. VI.]
sacrifice qui est offert, et qu'il le
brüle sur l'autel, et qu'ainsi il
donne à boire à la femme les
eaux tres ameres.
97. Lorsqu'elle les aura bues,
si elle a été souillée, et si, son
mari méprisé, elle est coupable
d'adultere, les eaux de malédic-
tion la pénétreront ; et son ventre
s'étant enflé, sa cuisse se pour-
rira ; et cette femme sera en ma-
lédiction et en exemple à tout le
peuple.
98. Que si elle n'a pas été souil-
lée, elle n'éprouvera aucun mal,
et elle aura des enfants.
99. Telle est la loi de la jalou-
sie. Si une femme s'est détour-
née de son mari, et si elle a été
souillée,
30. Et que son mari poussé par
un esprit de jalousie, l'amène en
présence du Seigneur, et que le
prétre lui fasse selon tout ce qui
a été écrit,
31. Le mari sera sans faute, et
elle, elle recevra Je châtiment de
son iniquité.
CHAPITRE VI.
Consécration des Nazaréens. Bénédiction
que les prétres doivent donner au
peuple.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
2. Parle aux enfants d'Israél, et
tu leur diras : Un homme ou une
femme, lorsqu'ils auront fait un
vœu pour se sanctifier, et qu'ils
auront voulu se consacrer au
Seigneur,
Cnar. VI. 5. Judic., xii, 5.
LES NOMBRES. 251
3. S'abstiendront de vin et de
tout ce qui peut enivrer.Ils ne
boiront point de vinaigre, qui est
fait de vin, ni de quelque autre
breuvage enivrant que ce soit, ni
de rien de ce qui est exprimé du
raisin; ils ne mangeront point
de raisins frais, ni secs
4. Durant tous les jours qu'ils
seront consacrés par vou au
Seigneur;ils ne mangeront rien
de ce qui peut venir de la vigne
depuis le raisin sec jusqu'au
pepin.
9. Durant tout le temps de sa
séparation le rasoir ne passera
point sur sa téte, jusqu'à ce que
soit accompli le jour jusqu'auquel
il est consacré au Seigneur. Il
sera saint, laissant croitre la che-
velure de sa téte.
6. Durant tout le temps de sa
consécration, il n'entrera point
auprès d'un mort,
7. Et il ne se souillera méme
point aux funérailles de son
père, de sa mère, de son frère
et de sa sœur, parce que la con-
sécration de son Dieu est sur sa
téte.
8. Durant tous les jours de sa
séparation, il sera consacré au
Seigneur.
9. Mais s'il. meurt subitement
quelqu'un devant lui, la consé-
cration de sa téte sera souillée,
il la rasera aussitót au jour méme
de sa purification, et au sep-
tième.
10. Et au huitième jour il of-
frira deux tourterelles, ou deux
5. Sa séparation ; la séparation du Nazaréen.
1. Parce que la consécration, etc. ; c'est-à-dire, parce qu'il porte sur la tête la marque
d'un homme consacré à Dieu.
252 LES NOMBRES.
x
petits de colombe au prêtre à
l'entrée de l'alliance de témoi-
gnage.
41. Et le prétre en sacrifiera
un pourle péché et l'autre en ho-
locauste, et il priera pour lui,
parce qu'il a péché à cause de ce
mort; et il sanctifiera sa téte en
ce jour-là ;
12. Et il consacrera au Seigneur
les jours de sa séparation, offrant
un agneau d'un an pour le pé-
ché ; de telle sorte cependant que
les premiers jonrs deviennent
inutiles, parce que sa consécra-
tion a été souillée.
13. Voici la loi de la consécra-
tion : Lorsque les jours qu’il
avait fixés par son vœu seront
accomplis, /e prêtre l'amènera à
la porte du tabernacle de l'al-
liance,
14. Et il offrira son oblation au
Seigneur : un agneau d'un an
sans tache en holocauste, une
brebis d’un an, sans tache, pour
le péché, un bélier sans tache,
hostie pacifique ;
15. Une corbeille de pains
azymes, quisoientarrosés d'huile,
des beignets sans levain, oints
d'huile, et les libations de cha-
cune de ces choses,
16. Que le prétre offrira devant
le Seigneur, et qu'il sacrifiera
tant pour le péché que pour l'ho-
locauste .
17. Mais le bélier, il l'immo-
lera comme hostie pacifique au
Seigneur, offrant en méme temps
18. Actes, xxi, 24. — 94. Eccli., xxxvi, 19.
(cu. vr.]
la corbeille d'azymes et les liba-
tions qui sont dues par l'usage.
18. Alors la chevelure du naza-
réen consacrée ὦ Dieu sera rasée
devant la porte du tabernacle
d'alliance, et /e prêtre prendra
ses cheveux et les mettra sur le
feu qui se trouve au-dessous du
sacrifice des pacifiques.
19. Il prendra aussi l'épaule
cuite du bélier, une miche sans
levain de la corbeille, et un bei-
gnet azyme, et il les remettra
aux mains du nazaréen, apres
que sa téte aura été rasée.
20. Et les ayant recus une se-
conde fois de lui, il les élèvera
en la présence du Seigneur; ainsi
sanclifiés ils appartiendront au
prêtre, comme la poitrine qui
a dü être séparée, et la cuisse;
apres cela, le nazaréen peut boire
du vin.
91. Telle est laloi du nazaréen,
lorsqu'il a voué son oblation au
Seigneur au temps de sa consé-
cralion, outre ce que sa main
trouvera. Selon ce quil aura
voué dans son esprit, ainsi fera-
t-il pour la perfection de sa sanc-
tification.
22. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
93. Dis à Aaron et à ses fils :
C'est ainsi que vous bénirez les
enfants d'Israël, et vous leur
direz :
24. Que le Seigneur te bénisse
et qu'il te garde.
95. Que le Seigneur te montre
14. D'un an. Voy. Exod., ,זוא 5.
21. Ce que sa main trouvera; ce qu'il pourra faire d'ailleurs de lui-même. Outre
ce qui lui est prescrit ici, le nazaréen pourra ajouter quelque chose de surérogation,
suivant le vœu qu'il en aura fait.
cH. VII.]
3a face, et qu'il ait pitié de toi.
26. Que le Seigneur tourne son
visage vers toi, et te donne la
paix.
27. Ils invoqueront ainsi mon
nom sur les enfants d'Israél, et
moi, je les bénirai.
CHAPITRE VII.
Présents des princes d'Israél après l'érec-
tion du tabernacle et pendant les jours
de la dédicace de l'autel.
1. Or, il arriva qu'au jour oü
Moise acheva le tabernacle, il le
dressa, loignit et le sanctifia
avec tous ses vases ainsi que
l'autel et tous ses vases.
2. Les princes d'Israél et les
chefs de familles, qui étaient
dans chaque tribu et qui com-
mandaient à ceux qui avaient été
dénombrés, offrirent
3. Leurs présents devant le
Seigneur : six chariots couverts
avec douze bœufs. Deux chefs
offrirent un chariot, et chacun
d'eux un bœuf, et ils les offrirent
en présence du tabernacle.
4. Or, le Seigneur dit à Moise :
9. Recois-les d'eux, pour qu'ils
soient employés au service du
tabernacle. et tu les donneras
aux Lévites, selon le rang de
leur ministere.
6. Cest pourquoi, lorsque
Moïse eut reçu les chariots et
les bœufs, il les donna aux Lé-
vites.
7. 11 donna aux fils de Gerson
deux chariots et quatre bœufs,
selon ce qui leur est nécessaire.
8. ll donna aux fils de Mérari
Cap. VII. 1. Exode, xr, 16.
LES NOMBRES.
253
les quatre autres chariots et les
huit bœufs, selon leurs fonctions
et leur service, sous la main d’I-
thamar, fils d'Aaron, le prétre.
9. Mais aux fils de Caath, il ne
donna point de chariots et de
bœufs, parce que c'est dans le
sanctuaire qu'ils servent et qu'ils
portent les fardeaux sur leurs
propres épaules.
10. Les chefs donc offrirent
leur oblation devant l'autel pour
la dédicace de l'autel, au jour
qu'il fut oint.
11. Et le Seigneur dit à Moise :
Que chaque chef offre chaque
jour ses présents pour la dédi-
cace de l'autel.
12. Au premier jour Nahasson,
fils d'Aminadab, de la tribu de
Juda, offrit son oblation :
13. ll y avait un plat d'argent
du poids de cent trente sicles,
une patere d'argent de soixante-
dix sicles, selon le poids du sanc-
tuaire, l'un et l'autre pleins de
fleur de farine arrosée d'huile
pour un sacrifice;
14. Un petit mortier de dix
sicles d'or, plein d'encens;
15. Un bœuf pris d'un trou-
peau, et un bélier, et un agneau
d'un an pour un holocauste ;
16. Un bouc pour le péché ;
11. Et pour le sacrifice des pa-
cifiques, deux 200068, cinq bé-
liers, cinq boues, cinq agneaux
d'un an. Telle est l'oblation de
Nahasson, fils d'Aminadab.
18. Au second jour, Nathanaél,
fils de Suar, chef de la tribu d'Is-
sachar, offrit
8. Sous la main ; hébraisme, pour sous lu puissance, sous les ordres.
15. D'un un. Voy. Exod. xit, 5.
254
19. Un plat d'argent pesant
cent trente sicles, une patere
d'argent de soixante-dix sicles,
selon le poids du sanctuaire, l’un
et l’autre pleins de fleur de fa-
rine arrosée d'huile pour un sa-
crifice ;
20. Un petit mortier d'or de dix
sicles, plein d'encens ;
21. Un bœuf pris d'un trou-
peau, un bélier, et un agneau d'un
an, pour un holocauste ;
29. Et un bouc pour le péché;
23. Et pour le sacrifice des pa-
cifiques, deux bœufs, cinq bé-
liers, cinq boucs, cinq agneaux
d'un an. Telle fut l'oblation de
Nathanaél, fils de Suar.
24. Au troisième jour, le prince
des enfants de Zabulon, Eliab,
fils d'Hélon,
25. Offrit un plat d'argent, pe-
sant cent trente sicles, une pa-
tere d'argent de soixante- dix
sicles, au poids du sanctuaire,
l'un et l'autre pleins de fleur de
farine arrosée d'huile pour un
sacrifice ;
26. Un petit mortier d'or, pe-
sant dix sicles, plein d'encens;
27. Un bœuf pris d'un trou-
peau, un bélier, et un agneau d'un
an, pour un holocauste;
98. Un bouc pour le péché;
29. Et pour le sacrifice des pa-
cifiques, deux 200018, cinq bé-
liers, cinq boucs, cinq agneaux
d'un an. Telle est l'oblation d'E-
liab, fils d'Hélon.
30. Au quatrième jour, le prince
des enfants de Ruben, Elisur, fils
de Sédéur,
31. Offrit un plat d'argent, pe-
sant cent trente sicles, une pa-
tere de soixante-dix sicles, au
poids du sanctuaire, l'un etl'autre
LES NOMBRES.
[cu. vu]
pleins de fleur de farine arrosée
d'huile pour un sacrifice;
32. Un petit mortier d'or, pe-
sant dix 810168, plein d'encens;
33. Un bœuf pris d'un trou-
peau, un bélier et un agneau d'un
an pour un holocauste; ו
84. Un bouc pour le péché;
39. Et pour les hosties des pa-
cifiques, deux bœufs, cinq bé-
liers, cinq boucs, cinq agneaux
d'un an. Telle fut l'oblation d'Eli-
sur, fils de Sédéur.
36. Au cinquième jour, le prince
des enfants de Siméon, Salamiel,
fils de Surisaddai,
31. Offrit un plat d'argent, pe-
sant cent trente sicles, une pa-
tere d'argent de soixante-dix
sicles, au poids du sanctuaire,
l'un et l’autre pleins de fleur de
farine arrosée d'huile pour un
sacrifice ;
38. Un petit mortier d'or, pe-
sant dix sicles, plein d'encens;
39. Un bœuf pris d'un trou-
peau, un bélier, et un agneau
d'un an pour un holocauste;
40. Un boue pour le péché;
41. Et pour les hosties des pa-
cifiques, deux bœufs, cinq bé-
liers, cinq boucs, cinq agneaux
d'un an. Telle fut l'oblation de
Salamiel, fils de Surisaddai.
49. Au sixieme jour, le prince
des enfants de Gad, Eliasaph, fils
de Duel,
43. Offrit un plat d'argent, pe-
sant cent trente sicles, une pa-
tere d'argent de soixante-dix
sicles, au poids du sanctuaire,
l'un et l'autre pleins de fleur de
farine arrosée d'huile pour un
sacrifice ;
44. Un petit mortier d'or, pesant
dix sicles, plein d'encens:
cu. vil.
45. Un bœuf pris d'un trou-
peau, un bélier et un agneau
d'un an pour un holocauste;
46. Un bouc pour le péché ;
41. Et pour les hosties des pa-
cifiques, deux bœufs, cinq bé-
liers, cinq boucs, cinq agneaux
d'un an. Telle fut l'oblation d'E-
liasaph, fils de Duel.
48. Au septième jour, le prince
des enfants d'Ephraim, Elisama,
fils dAmmuiud,
49. Offrit un plat d'argent, pe-
sant cent trente sicles, une pa-
tere d'argent de soixante-dix
sicles, au poids du sanctuaire,
l'un et l'autre pleins de fleur de
farine arrosée d'huile pour un
sacrifice ;
90. Un petit mortier d'or pe-
sant dix sicles, plein d'encens;
91. Un bœuf pris d'un trou-
peau, un bélier et un agneau d'un
an pour un holocauste;
52. Un bouc pour le péché ;
93. Et pour les hosties des pa-
cifiques, deux 205018, cinq bé-
liers, cinq boues, cinq agneaux
d'un an. Telle fut l'oblation d'E-
lisama, fils d'Ammiud.
94. Au huitième jour, le prince
des enfants de Manassé, Gama-
liel, fils de Phadassur,
99. Offrit un plat d'argent pe-
sant cent trente sicles, une pa-
tere d'argent de soixante-dix
sicles, au poids du sanctuaire,
l'un et l'autre pleins de fleur de
farine arrosée d'huile pour un
sacrifice ;
90. Un petit mortier d'or pe-
sant dix sicles, plein d'encens ;
97. Un bœuf, pris d'un trou-
peau, un bélier et un agneau d'un
an pour un holocauste;
58. Un bouc pour le péché;
LES NOMBRES. 255
99. Et pour les hosties des pa-
cifiques, deux bœufs, cinq bé-
liers, cinq boucs, cinq agneaux
d'un an. Telle fut l'oblation de
Gamaliel, fils de Phadassur.
60. Au neuvième jour, le prince
des enfants de Benjamin, Abidan,
fils de Gédéon,
61. Offrit un plat d'argent pe-
sant cent trente sicles, une pa-
6ע6) d'argent de soixante-dix
sicles, au poids du sanctuaire,
l'un et l'autre pleins de fleur de
farine arrosée d'huile pour un
sacrifice ;
62. Un petit mortier d'or pesant
dix sicles, plein d'encens;
63. Un bœuf, pris d'un trou-
peau, un bélier et un agneau
d'un an pourun holocauste ;
64. Un bouc pour le péché ;
65. Et pour les hosties des pa-
cifiques, deux bœufs, cinq bé-
liers, cinq boucs, cinq agneaux
d'un an. Telle fut l'oblation d'A-
bidan, fils de Gédéon.
66. Au dizième jour, le prince
des enfants de Dan, Ahiézer, fils
d'Ammisaddai ,
01. Offrit un plat d'argent, pe-
sant cent trente sicles, une pa-
tere d'argent de soixante-dix si-
cles, au poids du sanctuaire, l'un
et l'autre pleins de fleur de farine
arrosée d'huile pour un sacrifice ;
68. Un petit mortier d'or pe-
sant dix sicles, plein d'encens ;
69. Un bœuf pris d'un trou-
peau, un bélier et un agneau
d'un an pour un holocauste ;
10. Un bouc pour le péché;
74. Et pour les hosties des pa-
cifiques, deux bœufs, cinq bé-
liers, cinq boues, cinq agneaux
dun an. Telle fut l'oblation
d'Ahiézer, fils d'Ammisaddai;
256
72. Au onzième jour, le prince
des enfants d'Aser, Phégiel, fils
d'Ochran,
19. Offrit un plat d'argent pe-
sant cent trente sicles, une pa-
tere d'argent de soixante-dix
sicles, au poids du sanctuaire,
l'un et l'autre pleins de fleur de
farine arrosée d'huile pour un
sacrifice ;
74. Un petit mortier d'or pe-
sant dix sicles, plein d'encens;
πὸ. Un bœuf, pris d'un trou-
peau, un bélier et un agneau
d'un an pour un holocauste;
76. Un bouc pour le péché;
Ti. Et pour les hosties des pa-
cifiques, deux bœufs, cinq bé-
liers, cinq boucs, cinq agneaux
d'un an. Telle fut l'oblation de
Phégiel, fils d'Ochran.
18. Au douzieme jour, le prince
des enfants de Nephtali, Ahira,
fils d'Énan,
19. Offrit un plat d'argent pe-
sant cent trente sicles, une pa-
tere d'argent de soixante-dix
sicles, au poids du sanctuaire,
l'un et l'autre pleins de fleur de
farine arrosée d'huile pour un
sacrifice ;
80. Un petit mortier d'or pe-
sant dix sicles, plein d'encens;
81. Un boeuf pris d'un trou-
peau, un bélier, et un agneau
d'un an, pour un holocauste ;
82. Un bouc pour le péché ;
83. Et pour les hosties des pa-
cifiques, deux bœufs, cinq bé-
liers, cinq boucs, cinq agneaux
dun an. Telle fut l'oblation
d'Ahira, fils d'Enan.
84. Ges choses furent offertes
par les princes d'Israël à la dédi-
cace de l'autel, au jour qu'il fut
consacré : douze platsd'argent,
ES NOMBRES.
(cm. vii.)
douze patères d'argent, douze
petits mortiers d'or;
85. De telle sorte qu'un plat
était de cent trente sicles d'ar-
gent et une palere de soixante-
dix sicles; c'est pour tous les
vases d'argent ensemble deux
mille quatre cents sicles, au poids
du sanctuaire;
86. Douze petits mortiers d'or
pleins d'encens, pesant chacun
dix sicles, au poids du sanc-
tuaire; c'est pour tout l'or cent
vingt sicles;
87. Douze bœufs, pris d'un
troupeau, pour un holocauste,
douze béliers, douze agneaux
d'un an et leurs libations; douze
boucs pour le péché.
88. Pour les hosties des pa-
cifiques, vingt-quatre bœufs,
soixante béliers, soixante boucs,
soixante agneaux d'un an. Ces
choses furent offertes à la dédi-
cace de l’autel, quand il fut oint.
89. Or, lorsque 210156
dans 16 tabernacle d'alliance pour
consulter l’oracle, il entendait la
voix de celui qui lui parlait du
propitiatoire, qui était sur
l'arche du témoignage entre deux
chérubins d'oü aussi il lui par-
lait.
CHAPITRE VIII.
De quelle manière le chandelier d'or doit
étre placé. Consécration des Lévites.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
2. Parle à Aaron et tu lui diras:
Lorsque tu auras placé les sept
lampes, que le chandelier soit
dressé à la partie australe. Or-
donne donc que les lampes re-
gardent contre le nord vis-à-vis
de la table des pains de proposi-
[cu. vm.)
tion; c'est contre cette partie que
le chandelier regarde, qu'elles
devront luire.
3. Et Aaron le fit, et il posa les
lampes sur le chandelier, comme
avait ordonné le Seigneur à
Moise.
4. Or voici la facon du chande-
lier : il était d'or ductile, tant la
tige du milieu, que tout ce qui
sortait des deux côtés des
branches : c’est selon le modèle
que montra le Seigneur à Moïse,
que Moise fit le chandelier.
5. Le Seigneur parla encore à
Moïse, disant :
6. Prends les Lévites du milieu
d'Israël, et tu les purifieras
7. Selon ce rite : Qu'ils soient
aspergés d'eau de purification, et
quils rasent tous les poils de
leur chair. Et lorsqu'ils auront
lavé leurs vétements, et qu'ils
seront purifiés,
8. Ils prendront un bœuf des
troupeaux, avec sa libation, de
la fleur de farine arrosée d'huile:
et toi, tu prendras un autre bœuf
du troupeau pour le péché;
9. Et tu feras approcher les
Lévites devant le tabernacle d'al-
liance, toute la multitude des en-
fants d'Israél ayant été convo-
quée.
10. Et lorsque les Lévites se-
ront devant le Seigneur, les en-
fants d'Israël poseront leurs
mains sur eux,
11. Et Aaron offrira les Lévites
en la présence du Seigneur,
comme un don de la part des
enfants d'Israël, afin qu'ils le
servent dans son ministere.
12. Les Lévites aussi poseront
LES NOMBRES.
257
leurs mains sur la tête des
bœufs, dont tu sacrifieras l'un
pour le péché, et l’autre pour
l'holocauste du Seigneur, afin
que tu pries pour eux.
13. Tu présenteras ensuite les
Lévites devant Aaron et ses fils,
et tu les consacreras apres les
avoir offerts au Seigneur,
14. Et tu les sépareras du mi-
lieu des enfants d'Israël, afin
qu'ils soient à moi;
15. Et apres cela ils entreront
dans le tabernacle d'alliance,
pour qu'ils me servent. Et c'est
ainsi que tu les purifieras et les
consacreras pour l'oblation du
Seigneur, parce qu'ils m'ont été
donnés en don par les enfants
d'Israël.
16. C’est en place des premiers-
nés qui ouvrent un sein quel-
conque, que je les ai reçus.
47. Car ils sont à moi, tous les
premiers-nés des enfants d'ls-
raël, tant des hommes que des
bêtes. Depuis le jour que j'ai
frappé tout premier-né dans la
terre d'Egypte, je les ai consa-
crés pour moi;
18. Et jai pris les Lévites au
lieu de tous les premiers-nés des
enfants d'Israél ;
19. Et j'en ai fait don à Aaron
et à ses fils, les tirant du milieu
du peuple, pour qu'ils me servent
au lieu d'Israël dans le tabernacle
d'alliance, et qu'ils prient pour
eux, afin qu'il n'y ait pas de
plaie sur le peuple, s'il osait ap-
procher du sanctuaire.
20. Or, Moïse et Aaron et toute
la multitude des enfants d'Israël
firent touchant les Lévites ce
βαρ. VIII. 16. Exode, xir, 2; Supra, im, 13; Luc, 11, 23.
A. T.
41
258
qu'avait ordonné le Seigneur à
Moise :
21. lls furent donc purifiés, et
ils laverent leurs vétements; et
Aaron les éleva en la présence
du Seigneur, et il pria pour eux,
22. Afin que purifiés, ils en-
irassent dans le tabernacle d'al-
liance pour leurs fonctions de-
vant Aaron et ses fils. Comme le
Seigneur avait ordonné à Moise
touchant les Lévites, ainsi il fut
1810.
23. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
24. Voici la loi des Lévites :
Depuis vingt-cinq ans et au-des-
sus, 115 entreront pour servir
dans le tabernacle d'alliance.
98. Et lorsqu'ils auront accom-
pli la cinquantieme année d'áge,
ils cesseront de servir,
26. Et ils seront les ministres
de leurs frères dans le tabernacle
d'alliance, pour garder ce qui leur
aura été confié; mais 108 fonc-
lions elles-mémes, qu'ils ne les
fassent point. Tu régleras ainsi
pour les Lévites touchant leur
garde.
CHAPITRE IX.
Lois pour la célébration de la Pâque.
De la colonne de nuée.
1. Le Seigneur. parla à Moise
dans le désert de Sinai, à la se-
conde année aprés qu'ils furent
sortis de la terre d'Egypte, au |
premier mois, disant :
9. Que les enfants d'Israél
fassent 18 Pâque en son temps,
3. Au quatorzième jour de ce
LES NOMBRES.
[cH. 1x.]
mois, vers le soir, selon toutes
ses cérémonies et ses ordon-
nances.
4. Et Moise ordonna aux en-
fants d'Israël qu'ils feraient la
Pâque.
5. Ils la firent en son temps, au
quatorzième jour du mois, sur la
montagne de Sinai. Les enfants
d'Israël firent selon tout ce qu'a-
vait commandé le Seigneur à
Moïse.
6. Or voici que quelques-uns,
impurs à cause de làme d'un
homme, et qui ne pouvaient faire
la Pâque en ce jour-là, s'appro-
chant de Moise et d'Aaron,
7. Leur dirent : Nous sommes
impurs à cause de l'àme d'un
homme : pourquoi sommes-nous
frustrés de pouvoir offrir. l'of-
frande au Seigneur en son temps
parmiles enfants d'Israél?
8. Moise leur répondit : Atten-
dez que je consulte le Seigneur
sur ce qu'il ordonnera de vous.
9. Et le Seigneur parla à Moise,
disant :
10. Dis aux enfants d'Israël :
Qu'un homme dans votre nation
qui sera impur à cause d'une
âme, ou en voyage au loin, fasse
la Pâque du Seigneur
11. Au second mois, au qua-
torzieme jour du mois, vers le
soir ; c'est avec des azymes et des
laitues sauvages qu'il la man-
gera;
19. Il n'en laissera rien jusque
au matin et il n'en rompra point
les os : il observera tout le rite
de la Páque.
(ΒΑΡ. IX. 2. Exode, xir, 3. — 12. Exode, xir, 46; Jean, xix, 36.
6. Impurs, etc. ; c'est-à-dire, impurs pour s'étre approchés d'un corps mort.
]68. τ
13. Mais si quelqu'un est méme
pur, et n'est point en voyage, et
que cependant il ne fasse point
la Páque, cette àme sera exter-
minée du milieu de ses peuples;
parce qu'il n'a pas offert de sacri-
fice au Seigneur en son temps :
il portera lui-méme son péché.
14. Un voyageur aussi et un
étranger, s'ils se trouvent chez
vous, feront la Pâque du Seigneur
selon ses cérémonies et ses ΟΥ-
donnances. Ce sera un précepte
parmi vous, tant pour l'étranger
que pour l'indigene.
15. Donc au jour que fut dressé
le tabernacle, la nuée le couvrit.
Mais depuis le soir, il y eut sur
la tente comme une espece de
feu jusqu'au matin.
16. Ainsi arrivait-il toujours :
pendant le jour la nuée couvrait
le tabernacle, et pendant la nuit,
comme une espece de feu.
11. Et lorsque la nuée qui cou-
vrait le tabernacle était enlevée,
les enfants d'Israél partaient; et
dans le lieu oü elle s'arrétait, là
ils campaient.
18. Au commandement du Sei-
gneur ils partaient, et à son
commandement ils dressaient le
tabernacle. Pendanttous les jours
que la nuée se tenait sur le ta-
bernacle, ils demeuraient dans le
méme lieu.
19. Et s'il arrivait qu'elle de-
meurát longtemps sur lui, les
enfants d'Israél étaient en obser-
LES NOMBRES.
259
vation du Seigneur, et ils ne
partaient pas,
20. Autant de jours que la nuée
était sur le tabernacle. Au com-
mandement du Seigneur, ils
dressaient les tentes, et à son
commandement, ils les enle-
vaient.
21. Si la nuée restait depuis le
soir jusqu'au matin, et qu'aussitót
le point du jour elle quittát le ta-
bernacle, 118 partaient : et si apres
un jour et une nuit elle se retirait,
ils détendaient les tentes.
22. Mais si elle était deux jours,
ou un mois ou plus longtemps sur
le tabernacle, les enfants d'Israël
demeuraient dans le méme lieu
et ne partaient pas; mais des
qu'elle s'était retirée, ils levaient
le camp.
29. C'était sur la parole du Sei-
gneur qu'ils plantaient les tentes,
et sur sa parole qu'ils partaient :
et ils étaient en observation du
Seigneur, selon son commande-
ment par l'entremise de Moise.
CHAPITRE X.
Trompettes pour donner le signal. Dé
campement des enfants d'Israél. Moise
prie Hobab de demeurer avec Moise.
*
1. Le Seigneur parla encore ‘à
Moise, disant :
2. Fais-toi deux trompettes d'ar-
gent ductiles, avec lesquelles tu
puisses convoquer la multitude,
quand le camp devra étre levé.
3. Et lorsque tu auras sonné
15. Exode, xL, 16, 32; Supra, vir, 1. — 18. I Cor., x, 1.
— ———— M ———— M —— € MM a — ρρ9Ὰ95ὺ2ὺΟὺὥ΄2΄ — —— À—
13. Du milieu de ses peuples. Voy. ut, 21, et Exod., xxx, 38. -— Son péché; c'est-à-dire
la peine de son péché.
14. Pour pouvoir faire la Pâque avec les Hébreux, les étrangers devaient embrasser
religion. Voy. Exod., xit, 43, 45, 48. פטס"
15. Sur (a lente; c'est-à-dire sur le tabernacle; le terme hébreu signifie l'un et
l'autre.
260 LES NOMBRES.
les trompettes, toute la multi-
tude s'assemblera vers toi à la
porte du tabernacle d'alliance.
4. Si tu sonnes une fois, les
princes viendront vers toi, et les
chefs de la multitude d'Israël.
5. Mais sile son de la trompette
se fait entendre plus prolongé et
interrompu, ceux qui sont du
cóté oriental leveront le camp les
premiers.
6. Mais au deuxième son et au
bruit de la trompette pareil au
premier, ceux qui habitent au
midi enlèveront leurs tentes; et
cest de cette maniere que les
autres feront, les trompettes re-
rentissant pour le départ.
7. Et quand le peuple devra
étre assemblé, le son des trom-
pettes sera simple, et elles son-
neront sans interruption.
8. Or, les fils d'Aaron, prétres,
sonneront des trompettes ; et ce
sera une loi perpétuelle en vos
générations.
9. Si vous sortez de votre terre
pour une guerre contre les enne-
mis qui combattent contre vous,
vous sonnerez bruyamment des
trompettes, et il y aura souvenir
de vous devant le Seigneur votre
Dieu, en sorte que vous soyez
délivrés des mains de vos enne-
mis.
10. Quand vous ferez un festin,
ainsi que les jours de fête, et les
calendes, vous 8026702 des
trompettes au milieu des holo-
caustes et des victimes pacifiques,
afin qu’elles soient pour vous un
souvenir de la part de votre Dieu.
CHAP. X. 14. Supra, 1, 1.
[cn. x.]
Je suis le Seigneur votre Dieu.
11. A la seconde année, au se-
cond mois, au vingtième jour du
mois, la nuée se leva de dessus
le tabernacle de l'alliance ;
12. Alors les enfants d'Israël
partirent, selon leurs bandes, du
désert de Sinai, et la nuée se re-
posa dans la solitude de Pharan.
13. Or levèrent le camp les
premiers, selon le commande-
ment du Seigneur par l'entremise
de Moise,
14. Les enfants de Juda, selon
leurs bandes, dont le prince était
Nahasson, fils d'Aminadab.
15. Dans la tribu des enfants
d'Issachar, fut prince Nathanael,
fils de Suar.
16. Dans la tribu de Zabulon,
était prince Eliab, fils d'Hélon.
11. Ainsi, le tabernacle ayant
été enlevé, les enfants de Ger-
son et de Mérari sortirent, le por-
tant. | E
18. Ensuite partirent aussi se-
lon leurs bandes et leur rang, les
enfants de Ruben, dont le prince
était Hélisur, fils de Sédéur.
19. Mais dans la tribu des en-
fants de Siméon, le prince fut
Salamiel, fils de Surisaddai.
20. Et dans la tribu de Gad était
prince Eliasaph, fils de Duel.
21. Après, partirent aussi les
Caathites portant le sanctuaire.
Le tabernacle était toujours por-
té, jusqu'à ce qu'on vint au lieu
de l'érection.
22. Leverent de méme le camp
selon leurs bandes, les enfants
d'Ephraim, dans l'armée des-
41. Le portant, sur les six chariots que Moise leur avait donnés pour cela.
CH. ΧΙ.
quels le prince était Elisama, fils
d'Ammuiud.
93. Dans la tribu des fils de
Manassé, le prince fut Gamaliel,
fils de Phadassur.
94. Et dans la tribu de Benjamin
était chef Abidan, fils de Gédéon.
95. Partirent les derniers de
tout le camp, selon leurs bandes,
les fils de Dan, dans l'armée des-
quels le prince fut Ahiézer, fils
d'Ammisaddai.
96. Mais dans la tribu des en-
fants d'Aser était prince Phégiel,
fils d'Ochran ;
97. Et dans la tribu des en-
fants de Nephthali, le prince fut
Ahira, fils d'Enan.
28. Voilà le camp et les départs
des enfants d'Israël, selon leurs
bandes, quand ils sortaient.
99. Or. Moise dit à Hobab, fils
de Raguel, le Madianite, son pa-
rent : Nous partons pour le lieu
que le Seigneur doit nous don-
ner: viens avec nous, afin que
nous te fassions du bien, parce
que le Seigneur a promis des
biens à Israél.
30. Hobab lui répondit : Je n'irai
pàs avec toi, mais je retournerai
en ma terre, dans laquelle je
suis né. |
31. Mais Moïse : Ne nous aban-
donne pas, reprit-il; car toi, tu
sais dans quels lieux dans le dé-
sert nous devons camper, et tu
seras notre guide.
32. Et quand tu seras venu avec
nous, tout ce qu'il y aura de meil-
leur dans les richesses que le Sei-
LES NOMBRES.
261
gneur doit nous accorder, nous
te le donnerons.
33. Partis donc de la montagne
du Seigneur, ils firent le chemin
de trois journées, et l'arche d'al-
liance du Seigneur les précédait,
montrant pendant trois jours le
lieu du camp.
34. La nuée du Seigneur aussi
les couvrait pendant le jour, lors-
qu'ils marchaient.
35. Et lorsqu'on élevait l'arche,
Moise disait : Levez-vous, Sei-
gneur, que vos ennemis soient
dissipés, et qu'ils fuient devant
votreface, ceux qui vous haissent.
36. Et lorsqu'on la posait, il di-
sait : Revenez, Seigneur, à la
multitude de l'armée d'Israél.
CHAPITRE XI.
Murmure des Israélites puni par un feu
envoyé de Dieu. Choix de soixante-dix
anciens pour soulager Moise. Dieu en-
voie des cailles.
1. Cependant il s'éleva un mur-
mure du peuple contre le Sei-
gneur, comme se plaignant de la
fatigue. Le Seigneur l'ayant en-
tendu, fut irrité; et le feu du Sei-
gneur allumé contre eux, dévora
l'extrémité du camp.
9. Alors, comme le peuple cria
vers Moise, Moise pria le Sei-
gneur, et le feu s'éteignit.
3. Et il appela ce lieu du nom
d'Embrasement, parce que le feu
du Seigneur s'y était allumé con-
tre eux.
4. Car une foule de gens de
toute espèce, qui étaient montés
35. Ps. rxvmr, 2. — (ΠΑΡ, XI. 1. Ps. Lxxvu, 19; 1 Cor., x, 10; Ps. וטא 21, —
22. Gory.x; 8.
28. Quand ils sortaient; du lieu où ils campaient, quand ils décampaient.
33. La montagne du Seigneur. Voy. Exod., in, 1.
262 LES NOMBRES.
avec eux, s'enflamma de convoi-
(156, s'asseyant et pleurant, et les
enfants d'Israél s'étant joints
aussi à elle, elle dit : Qui nous
donnera de la chair à manger?
9. Nous nous souvenons des
poissons que nous mangions en
Egypte pour rien : ils nous vien-
nent à l'esprit, les concombres,
les melons, les poireaux, les
ognons et les aulx.
6. Notre âme est aride : nos
yeux ne voient que la manne.
7. Or la manne était comme de
la graine de coriandre, de la cou-
leur du bdellium.
8. Et le peuple allait autour du
camp, et la recueillant, il la bri-
sait sous la meule, ou il la pilait
dans le mortier, la cuisant dans
la marmite, et en faisant de pe-
tites miches d'une saveur sembla-
ble à celle du pain pétri avec de
l'huile.
9. Et lorsque la rosée descen-
dait pendant la nuit sur le camp,
la manne aussi descendait pareil-
lement.
10. Moise entendit donc le peu-
ple pleurant dans les familles,
chacun à la porte de sa tente.
Alors la fureur du Seigneur fut
extrémement irritée; et la chose
parut aussi à Moise insupporta-
ble.
(cg. x1.]
41. Et il dit au Seigneur : Pour-
quoi avez-vous affligé votre ser-
viteur? pourquoi ne trouvé-je
point grâce devant vous? et pour-
quoi avez-vous mis le poids de
tout ce peuple sur moi?
12. Est-ce moi quiai concu toute
cette multitude, ou qui l'ai en-
gendrée, pour que vous me di-
siez : Porte-les dans ton sein,
comme la nourrice a coutume de
porter son petit enfant, et con-
duis-les dans la terre au sujet de
laquelle vous avez juré à leurs
peres?
13. D’où aurai-je de la chair
pour en donner à une si grande
multitude? ils pleurent contre
moi, disant : Donne-nous de la
chair, afin que nous en mangions.
14. Je ne puis seul soutenir
tout ce peuple; parce qu'il est
lourd pour moi.
45. S'il ne vous en semble pas
autrement, je demande instam-
ment que vous me fassiez mou-
rir, et que je trouve gráce à vos
yeux, pour que je ne sois pas ac-
cablé de tant de maux.
16. Et le Seigneur répondit à
Moise : Assemble-moi soixante-
dix hommes d'entre les anciens
d'Israél, que tu sais étre les an-
ciens du peuple etles maitres; et
tu les conduiras à la porte du ta-
7. Exode, xvi, 14; Ps. Lxxvir, 24; Sag., xvi, 20; Jean, vi, 31.
1. * De la graine de coriandre. Voir la note sur Exode, xvi, 31. — De la couleur du
bdellium, c'est-à-dire blanche. Le bdellium est une gomme résineuse qui coule de la
bdella, espéce de palmier.
8. * Sous la meule. Voir la note sur Deutéronome, xxiv, 6. — Dans le mortier. Les
moulins à eau et à vent ont été inventés assez tard. On avait commencé par piler
le grain, entre deux pierres, l'une servant de mortier, l'autre de pilon, avant de
le moudre. Un monument égyptien représente deux hommes broyant le grain dans
un mortier. Le moulin à bras existait dès le temps d'Abraham, puisqu'il est question
de farine fine ou farine moulue, non pilée ou broyée. Genèse, xvur, 6. On se sert
aussi du mortier, aujourd'hui encore, dans quelques villages d'Orient.
12. Pour laquelle vous avez juré; que vous avez promise par serment.
[cH. xr.]
bernacle d'alliance, et tu les feras
rester là avec toi,
17. Pour que je descende et
que je te parle, que je prenne
ton esprit et que je leur donne,
afin qu'ils soutiennent avec toi le
fardeau du peuple, et que toi seul,
tu ne sois pas surchargé.
18. Tu diras aussi au peuple :
Sanctifiez-vous, demain vous
mangerez de la chair. Car moi-
méme je vous ai entendu dire :
Qui nous donnera des aliments de
chair? Nous étions bien en Egyp-
te. Ainsi le Seigneur vous don-
nera de la chair, afin que vous
en mangiez,
19. Non pas un jour, ni deux,
ni cinq, ni dix, ni méme vingt.
20. Mais pendant un mois de
jours, jusqu'à ce qu'elle sorte par
vosnarines, qu'elle deviennenau-
séabonde, parce que vous avez
rejeté le Seigneur, qui est au
milieu de vous, et que vous avez
pleuré devant lui, disant : Pour-
quoi sommes-nous sortis de
l'Egypte?
91. Et Moïse dit : Il y a six cent
mille hommes de pied dans ce
peuple, et vous dites : Je leur
donnerai des aliments de chair
pendant un mois entier.
22. Est-ce qu'une multitude de
brebis et de bœufs sera tuée, pour
suffire à leur nourriture? ou bien
tous les poissons de la mer se-
ront-ils réunis, afin de les rassa-
sier?
23. Le Seigneur lui répondit :
Est-ce que la main du Seigneur
LES NOMBRES,
263
est impuissante? Dès à présent
tu verras si ma parole se réali-
sera.
24. Moïse vint donc et rapporta
au peuple les paroles. du Sei-
gneur, rassemblant soixante-dix
hommes d'entre les anciens d'Is-
raél, qu'il placa autour du taber-
nacle.
25. Alors le Seigneur descendit
dans la nuée, et parla à Moise,
prenant de l'esprit qui était en
lui, etle donnantauxsoixante-dix
hommes. Or, lorsque l'Esprit se
fut reposé en eux, ils prophétise-
rent et ne cesserent plus.
26. Mais il était demeuré dans
le camp deux hommes, dont l'un
s'appelait Eldad, et l'autre Médad:
l'Esprit se reposa sur eux; car ils
avaient été enregistrés, et ils
n'étaient pas sortis pour aller au
tabernacle.
27.Et, comme ils prophétisaient
dans le camp, un enfant courut
et l'annonca à Moise, disant
Eldad et Médad prophétisent dans
le camp.
28. Aussitót Josué, fils de Nun,
serviteur de Moïse, etchoisi dans
le plus grand nombre, dit : Mon
seigneur Moïse, empèchez-les.
29. Mais Moïse : Pourquoi. dit-
il, es-tu jaloux pour moi? Plût à
Dieu que tout le peuple prophé-
tisât, et que le Seigneur leur don-
nât son esprit!
30. Et Moïse revint, ainsi que
les anciens d'Israël, dans le
camp.
31. Mais un vent envoyé par le
22. Jean, vi, 10. — 23. Isaïe, rix, 1. — 31. Ps. rxxvrt, 26, 27.
18. Ainsi le Seigneur vous donnera. Ce passage étant inintelligible dans la Vulgate;
nous l'avons traduit d'après l'hébreu.
264 LES NOMBRES.
Seigneur, saisissant des cailles
au delà de la mer, les portaet les
abattit dans le camp, de tout cóté
autour du camp, dansl'espace du
chemin qu'on peut faire en un
jour; et elles volaient en l'air à
la hauteur de deux coudées au-
dessus de la terre.
32. Le peuple, se levant donc
durant tout ce jour-là, toute la
nuit, et le jour suivant, amassa
des cailles, chacun au moins dix
mesures; et ils les firent sécher
autour du camp.
33. La chair était encore en
leurs dents, et cet aliment n'était
pas achevé ; et voilà que la fureur
du Seigneur excitée contrelepeu-
ple, le frappa d'une tres grande
plaie.
34. Aussi ce lieu fut-il appelé :
Sépulcres dela concupiscence ; là,
en effet, on ensevelit le peuple qui
avait désiré de /a chair. Mais sor-
tis des Sépulcres de la concupis-
cence, ils vinrent à Haséroth et
y demeurerent.
33. Ps. נטאאע 30.
Leu. xir]
CHAPITRE XII.
Murmure de Marie et d'Aaron contre
Moïse. Eloge que Dieu fait de Moïse.
Marie frappée de lèpre.
4. Or Marie et Aaron parlèrent
contre Moïse à cause de sa fem-
me l'Ethiopienne,
2. Et dirent : Est-ce par le seul
Moise qu'a parlé.le Seigneur? Ne
nous a-t-il pas également parlé ?
Ce qu'ayant entendu le Seigneur,
3. (Car Moïse était l'homme
le plus doux de tous les hommes
qui demeuraient sur la terre)
4. ll dit aussitôt à Moïse, à
Aaron et à Marie : Sortez, vous
trois seulement, pour aller au ta-
bernacle d'alliance. Et lorsqu'ils
furent sortis,
ὃ. Le Seigneur descendit dans
une colonne de nuée, et se tint
à lentrée du tabernacle, appe-
lant Aaron et Marie. Lorsqu'ils
furent venus,
6. Il leur dit : Ecoutez mes pa-
roles : Si quelqu'un parmi vous
32. Littér. Amassa des cailles, qui peu, dix mesures.
34. * Sépulcres de la concupiscence, en hébreu Qibroth Hattaavah, probablement
l'Erweis el Ebierig actuel, éminence parfaitement adaptée pour un grand rassem-
blement de peuple et couverte à plusieurs lieues à la ronde des vestiges d'un grand
rassemblement et du séjour d'une grande multitude. — Haséroth parait désigner un
campement permanent d'un peuple pasteur, comme on en trouve encore aujourd'hui
des restes, dans le désert du Sinai.
3. C'est uniquement la conviction et la force de la vérité qui arrachent ces paroles
à Moïse; et s'il les a placées ici, c'est moins pour faire sentir combien son frère et
sa sœur étaient coupables de le traiter si durement, que pour faire comprendre qu'il
n'aurait jamais pensé à les en punir, quelque élevé qu'il füt au-dessus d'eux sous
tant de rapports, et quelque fondé qu'il füt à le faire. Remarquons de plus que cet
éloge ne passe pas les limites d'une modestie éclairée, et qu'il est des circonstances
dans lesquelles les hommes méme les plus modestes croient avec raison devoir se
justifier de fausses imputations, et, par cela méme, faire jusqu'à un certain point
leur apologie. C'est souvent une justice qu'on se doit et qu'on doit à l'éditication
publique. Saint Paul (II Cor., xt, 10, 23, etc.), Jésus-Christ lui-méme (Jean, x, 36) se
louent pour détruire les mauvaises impressions que leurs ennemis et leurs persée
cuteurs cherchaient à donner à leur sujet.
6. Dans la vision prophétique, et non point dans une vision en général.
[cn. הזז
est prophete du Seigneur, je lui
apparaitrai dans la vision, ou je
lui parlerai en songe.
7. Mais tel n'est pas mon ser-
viteur Moïse, qui est très fidèle
dans toute ma maison ;
8. Car c'est bouche à bouche
que je lui parle, et c'est claire-
ment et non en énigmes et en
figures quil voit le Seigneur.
Pourquoi donc n'avez-vous pas
craint de décrier mon serviteur
Moise?
9. Et, irrité contre eux, il s'en
alla.
10. La nuée aussi qui était sur
le tabernacle se retira : et voilà
que Marie parut blanche de lèpre
comme la neige. Or Aaron l'ayant
regardée, et l'ayant vue couverte
de lèpre,
41. Dit à Moise : Je vous con-
jure, mon seigneur, ne nous im-
posez point un péché que nous
avons commis follement ;
19. Que celle-ci ne devienne
pas comme morte, et comme
l'avorton qui est rejeté du sein de
sa mere; voilà que déjà la moitié
de sa chair a été dévorée par la
lèpre.
13. Moïse donc cria au Sei-
gneur, disant : Dieu, je vous con-
jure, guérissez-la.
14. Le Seigneur lui répondit :
Si son pere eüt craché sur sa face,
n'eüt-elle pas dü étre au moins
pendant sept jours couverte de
honte? Qu'elle soit séparée du-
rant sept jours hors du camp, et
apres cela elle sera rappelée.
LES NOMBRES.
265
15. C'est pourquoi Marie fut
exclue du camp durant sept
jours ; et le peuple ne sortit pas
de ce lieu, jusqu’à ce que Marie
fut rappelée.
CHAPITRE XIII.
Arrivée des Israélites à Pharan. Moïse
envoie considérer la terre de Chanaan.
Murmure du peuple. Fidélité de Caleb
et de Josué.
1. Après cela le peuple partit
d'Haséroth, et planta ses tentes
dans le désert de Pharan.
2. Et là, le Seigneur parla à
Moïse, disant :
3. Envoie d'entre les princes,
un par chaque tribu, des hommes,
qui considerent la terre de Cha-
naan que je dois donner aux
enfants d'Israël.
4. Moise fit ce que le Seigneur
avait commandé, envoyant du
désert de Pharan des hommes
d'entre les princes dont voici les
noms :
9. De la tribu de Ruben, Sam-
mua, fils de Zéchur ;
6. De la tribu de Siméon, Sa-
phat, fils d'Huri ;
7. De la tribu de Juda, Caleb,
fils de Jéphoné ;
8. Dela tribu d'Issachar, Igal,
fils de Joseph ;
9. De latribu d'Ephraim, Osée,
fils de Nun;
10. De la tribu de Benjamin,
Phalti, fils de Raphu ;
11. De 18 tribu de Zabulon,
Geddiel, fils de Sodi ;
12. De la tribu de Joseph, du
Cuap. XII. 7. Hébr., mr, 2. — 8. Exode, מזוצאא 11. — 10. Deut., xxiv, 9. — Cap. XIII.
4. Deut., 1, 22.
————————————————————————————
2. * Là, à Cadésbarné. Voir plus loin, xx, 1.
12, Du sceptre; c'est-à-dire de la trihn ^'est le même mot en hébreu.
200 LES NOMBRES,
sceptre de Manassé, Gaddi, fils de
Susi;
13. Dela tribu de Dan, Ammiel,
fils de Gémalli ;
44. De la tribu d'Aser, Sthur,
fils de Michaél;
18. De la tribu de Nephthali,
Nahabi, fils de Vapsi ;
16. De la tribu de Gad, Guel,
fils de Machi.
17. Ce sont là les noms des
hommes qu'envoya Moise, pour
considérer la terre ; et il donna à
Osée, fils de Nun, le nom de
Josué.
18. Moiseles envoya donc pour
considérer la terre de Chanaan,
et il leur dit : Montez par le cóté
méridional. Or, lorsque vous se-
rez arrivés aux montagnes,
19. Considérez la terre, ce
qu'elle est, et le peuple qui l'ha-
bite, s'il est fort ou faible, s'il
est en petit nombre, ou nom-
breux ;
90. Si la terre elle-même est
bonne ou mauvaise, ce que sont
les villes, si elles sont murées ou
sans murs.
91. Si le sol est gras ou stérile,
bien boisé ou sans arbres. Forti-
fiez-vous, et apportez-nous des
fruits de la terre. Or, c'était le
temps auquel les raisins précoces
peuvent étre mangés.
22. Lors donc qu'ils furent
24. Deut., 1, 24.
]08. xui.)
montés, ils explorèrent la terre
depuis le désert de Sin, jusqu'à
Rohob, en entrant à Emath.
93. Et ils montèrent vers le
midi, et ils vinrent à Hébron, oü
étaient Achiman, Sisai et Thol-
mai, les fils d'Enac; car Hébron
fut fondée sept ans avant Tanim,
ville d'Egypte.
24. Et avançant jusqu'au Tor-
rent de la grappe de raisin,
ils coupèrent une branche de
vigne avec son raisin, que deux
hommes porterent sur un levier.
115 porterent aussi des grenades
et des figues de ce lieu,
95. Qui fut appelé Néhélescol,
c'est-à-dire,le Torrentdelagrappe
de raisin, parce que les enfants
d'Israél avaient emporté de là une
grappe de raisin.
26. Or, les explorateurs de la
terre, étant retournés après qua-
rante jours, toute la contrée par-
courue,
97. Vinrent vers Moïse, Aaron
ettoute l'assemblée des enfants
d'Israël dans le désert de Pha-
ran qui est en Cadès; et leur
ayant parlé ainsi qu'à toute la
multitude, ils montreérent 8
fruits de la terre;
98. Et ils raconterent, disant :
Nous sommes allés dans la terre
vers laquelle vous nous avez en-
voyés, oü coulent, en effet, du
17. Osée, en hébreu, signifie secourir, sauver, ou secours, sauve; et Josué dont
Jéhova est le secours, le salut.
39. * Sin. Voir Exode, xvi, 1. — Rohob, hébreu Beth Rechob, capitale d'un des
petits royaumes de Syrie dont la position est inconnue. — Emath. Voir IL Rois, vni, 9.
23. * Hébron. Voir la note sur Genèse, xiu, 23. — Tanim ou plutôt Tams, ville de
la Basse-Egypte, à l'embouchure de la branche tanitique du Nil, célébre par sa
fertilité.
24. * Le Torrent de la grappe de raisin, Nahalescol, probablement la vallée duns
laquelle est situé Hébron. Voir Genèse, xui, 23.
[cH. xiv.)
lait et du miel, comme on peut le
connaitre par ces fruits ;
29. Mais elle a des habitants
tres forts, et des villes grandes
et murées. Nous avons vu là la
race d'Enac.
30. Amalec habite au midi,
l'Héthéen, 16 Jébuséen et l'Amor-
rhéen dans les montagnes; mais
le Chananéen demeure le long
de la mer, et pres des courants
' du Jourdain.
91. Gependant Caleb, pour apai-
serlemurmure du peuple, qui s'é-
levait contre Moïse, dit: Montons,
et possédons la terre, parce que
nous pouvons nous en emparer.
32. Mais les autres qui avaient
été avec lui, disaient : Nous ne
pouvons nullement monter vers
ce peuple, parce qu'il est plus fort
que nous.
33. Et ils décrierent, parmi les
enfants d'Israél, la terre qu'ils
avaient examinée, disant : La
terre que nous avons parcourue
dévore ses habitants : le peuple
que nous avons considéré est
d'une haute stature.
34. Là nous avons vu certains
monstres des enfants d'Enac, de
la race gigantesque : comparés à
eux, nous paraissions comme
des sauterelles .
CHAPITRE XIV.
Discours séditieux des Israélites; Dieu
les condamne à mourir dans le désert.
Combat contre les Chananéens et les
Amalécites.
1. Ainsi toute la multitude vo-
ciférant, pleura cette nuit-là.
LES NOMBRES.
267
2. Et tous les enfants d'Israël
murmurerent contre Moise et
Aaron, disant :
3. Plût Dieu que nous fussions
morts en Egypte! et plüt à Dieu
que nous périssions dans cette
vaste solitude, et que le Seigneur
ne nous conduise pas dans cette
terre, afin que nous ne tombions
point sous le glaive, et que nos
femmes et nos enfants ne soient
pas amenés captifs ! Ne vaut-il pas
mieux retourner en Egypte?
4. Et ils se dirent l'un àl'autre:
Etablissons-nous un chef, et re-
tournons en Egypte.
9. Ce qu'ayant entendu, Moise
et Aaron tomberent inclinés vers
laterre devant toutela multitude
des enfants d'Israél.
6. Mais Josué, fils de Nun, et
Caleb, fils de Jéphoné, qui avaient
aussi eux-mémes parcouru la
terre, déchirerent leurs véte-
ments,
1. Et dirent à toute la multi-
tude des enfants d'Israël : La
terre dont nous avons faitle tour
est très bonne.
8. Si le Seigneur est propice, il
nous y conduira et nous donnera
cesoloücoulent dulaitet du miel.
9. Ne soyez point rebelles
contre le Seigneur, et ne crai-
gnez point le peuple de cette
terre, parce que nous pouvons
les dévorer comme du pain
tout secours les aabandonnés: le
Seigneur est avec nous; ne crai-
gnez point.
10. Et, comme toute la multi-
tude criait et voulait les lapider,
CnaP. XIV. 6. Eccli, xzvi, 9; I Mac., 11, 55, 56.
:Ξ-- --------ςςςςςςςςςς- 5 “5. δ΄ MN CS
30. * Amalec, tribu nomade 46 ia peninsule sinaitique, entre le mont Sinai et l'Idu-
mée, au sud 4e la Palestine.
268 LES NOMBRES.
la gloire du Seigneur apparut
sur le toit d'alliance à tous les
enfants d'Israël.
11. Et le Seigneur dit à Moïse :
Jusqu'à quand ce peuple m'outra-
sera-t-il? Jusqu'à quand ne me
croiront-ils pas, apres tous les mi-
racles que j'ai faits devant eux?
12. Je les frapperai donc de la
peste, et je les détruirai entiere-
ment : et pour toi, je te ferai
prince sur une nation grande, et
plus forte que n'est celle-ci.
13. Et Moise répondit au Sei-
eneur : C'est donc pour que les
Egyptiens du milieu desquels
vous avez retiré ce peuple, ap-
prennent, eux
14. Et les habitants de cette
terre (qui ont oui dire que vous,
Seigneur, vous étes au milieu
de ce peuple, que vous y étes vu
face à face, que votre nuée les
couvre, que vous les précédez
dans une colonne de nuée pen-
dant le jour, et dans une colonne
de feu pendant la nuit),
15. Que vous avez fait mourir
une si grande multitude comme
un seul homme, et qu'ils disent :
16. 11 ne pouvait pas introduire
ce peuple dans la terre au sujet
de laquelle il avait juré. C'est
pourquoi il les a fait mourir dans
le désert.
17. Que la force du Seigneur
soit donc glorifiée, comme vous
l'avez juré, disant :
18. Le Seigneur est patient et
d'une abondante miséricorde, ef-
[cn. [,ץזצ
facant l'iniquité et les crimes, et
ne délaissant aucun innocent ;
vous qui visitez les péchés des
peres dans les filsjusqu'à la troi-
sième et quatrième génération,
19. Remettez, je vous conjure,
le péché de ce peuple, selon la
grandeur de votre miséricorde,
comme vous leur avez été pro-
pice depuis qu'ils sortirent de
l'Egypte jusqu'en ce lieu.
20. Et le Seigneur reprit : Je
l'ai remis selon ta parole.
91. Je vis, moi : et toute la
lerre sera remplie de la gloire du
Seigneur.
99. Mais cependant tous les
hommes qui ont vu ma majesté
et les miracles que j'ai faits en
Egypte et dans le désert, qui
m'ont déjà tenté par dix fois, et
n'ont pas obéi à ma voix,
23. Ne verront pas la terre au
sujet de laquelle j'ai juré à leurs
pères, et qui que ce soit d'entre
eux qui m'a outragé ne la verra
pas.
24. Quant à mon serviteur Ca-
leb, qui, plein d'un autre esprit,
m'a suivi, je l'introduirai dans
cette terre dont il a fait le tour;
et sa postérité la possédera.
25. Parce que l'Amalécite et le
Chananéen habitent dans les val-
lées, demain levez le camp et re-
tournez au désert parle chemin
de la mer Rouge.
26. Le Seigneur parla encore à
Moise et à Aaron, disant :
27. Jusqu'à quand cette multi-
14. Exode, xir, 21. — 16. Exode, xxxi, 28. — 18. Ps. cir, 8; Exode, xxxiv, 1; xx, =.
— 23. Deut., r, 35. — 24. Josué, xiv, 6.
16. Au sujet de laquelle il avait juré. Voy. χι, 12.
21. Je vis, moi; formule de serment qui veut dire :
J'en jure par la vie qui est
en moi essentiellement et nécessairement, par ma vie éternelle.
[cn. χιν.]
tude très méchante murmurera-
t-elle contre moi? j'ai oui les
plaintes des enfants d'Israél.
98. Dis leur done : Je vis, moi,
dit le Seigneur : Comme vous
avez parlé, moi l'entendant, ainsi
je vous ferai.
99. C'est dans cette solitude
que gésiront vos cadavres. Vous
tous qui avez été dénombrés de-
puis vingt ans et au-dessus, et
qui avez murmuré contre moi,
30. Vous n'entrerez point dans
la terre sur laquelle j'ai levé ma
main, que je vous la ferais habi-
ter, excepté Caleb, fils de Jé-
phoné et Josué, fils de Nun.
91. Mais vos petits-enfants dont
vous avez dit qu'ils seraient en
proie aux ennemis, je les y in-
troduirai, afin qu'ils voient la
terre qui vous ἃ dépiu.
39. Vos cadavres gésiront dans
cettesolitude.
33. Vos enfants seront errants
dans le désert pendant quarante
ans, ils porteront votre fornica-
tion, jusqu'à ce que soient con-
sumés les cadavres de leurs pères
dans le désert,
34. Selon le nombre des qua-
rante jours pendant lesquels
vous avez considéré la terre : un
an sera compté pour un jour. Et
pendant quarante ans vous rece-
vrez la peine de vos iniquités, et
vous saurez ma vengeance;
39. Parce que, comme j'ai
parlé, ainsi je ferai à toute cette
multitude trés méchante, qui
LES NOMBRES.
269
s'est élevée contre moi : elle dé-
faillira dans cette solitude et elle
mourra.
36. Ainsi, tous les hommes
qu'avait envoyés Moïse pour
considérer la terre et qui, reve-
nus, avaientfaitmurmurercontre
lui toute la multitude, décriant
la terre comme si elle était mau-
vaise,
31. Moururent, ayant élé frap-
pés en la présence du Seigneur.
38. Mais Josué, fils de Nun, et
Caleb, fils de Jéphoné, vécurent
seuls de tous ceux qui étaient al-
lés pour considérer la terre.
39. Or Moise dit toutes ces pa-
roles à tous les enfants d'Israél,
et le peuple selamenta beaucoup.
40. Et voilà que, se levant de
grand matin, ils montèrent sur
le sommet de la montagne, et
dirent : Nous sommes prêts à
monter au lieu dont le Seigneur
a parlé, parce que nous avons
péché.
41. Pourquoi, leur dit Moïse,
transgressez-vous la parole du
Seigneur, ce qui ne vous tour-
nera pas à bien?
42. Ne montez point (car le Sei-
gneur n'est point avec vous), de
peur que vous ne succombiez
devant vos ennemis.
43. L'Amalécite et le Chana-
néen sont devant vous; vous suc-
comberez sous leur glaive, parce
que vous n'avez pas voulu obéir
au Seigneur, et le Seigneur ne
sera pas avec vous.
29. Infra, xxxi, 10; Ps. cv, 26. — 30. Deut., 1, 35. — 34. Ezéch., 1v, 6; Ps. xciv, 10.
— 36. Judith, vu, 24; I Cor., x, 10; Hébr., זז 17; Jud., 5. — 42. Deut., 1, 42.
29. * Dans cette solitude, à Cadèsbarné. Voir plus loin, xx, 1.
30. J'ai levé ma main; j'ai juré. Compar. xi, 12.
33. Votre fornication; c'est-à-dire la peine de votre fornication.
2710 LES NOMBRES.
44. Mais eux, couverts de té-
nebres, monterent sur le sommet
de la montagne. Mais l'arche
d'alliance du Seigneur et Moïse
ne sortirent point du camp.
45. Alors descendirent l'Ama-
lécite et le Chananéen, qui habi-
taientsurla montagne, et les frap-
pant et les taillant en pieces, ils
les poursuivirent jusqu'à Horma.
CHAPITRE XV.
Lois touchant les sacrifices. Prémices du
pain dues aux Lévites. Expiation des
péchés d'omission. Violateur du sabbat.
Frange des vétements.
1. Le Seigneur parla à Moise,
disant :
9. Parle aux enfants d'Israél et
tu leur diras : Lorsque vous serez
entrés dans la terre de votre ha-
bitation, que moi-méme je vous
donnerai,
3. Et que vous ferez une obla-
tion au Seigneur, holocauste au
victime, acquittant des vœux, ou
faisant des offrandes spontanées,
ou, dans vos solennités, brülant,
comme une odeur de suavité
pour le Seigneur, des bœufñs ou
des brebis,
4. Quiconque immolera une
victime, offrira un sacrifice de
fleur de farine, la dixième partie
de l'éphi arrosée d'huile qui aura
pour mesure le quatrième du
hin ;
5. Et il donnera du vin de
méme mesure pour faire les liba-
[cH. xv.]
tions, soit pour l'holocauete, soit
pour la victime. Pour chaque
agneau,
6. Et chaque bélier, le sacri-
fice sera de deux décimes de
fleur de farine, qui devra étre ar-
rosée d'huile de la troisième par-
tie du hin;
7. Et il offrira du vin pour les
libations, la troisieme partie de
la méme mesure, en odeur de
suavité pour le Seigneur.
8. Mais quand tu offriras un ho-
locauste de bœuf, ou une hostie,
afin d'accomplir un vœu ou des
victimes pacifiques,
9. Tu donneras pour chaque
bœuf trois décimes de fleur de
farine arrosée d'huile qui doit
avoir la moitié de la mesure du
hin;
10. Et du vin pour faire les li-
bations, de méme mesure, en
oblation d'une trés suave odeur
pour le Seigneur.
41. C'est ainsi que tu feras
19. Pour chacun des bœufs, des
béliers, des agneaux et des che-
vreaux,
13. Tant les indigènes que les
voyageurs
14. Offriront les sacrifices selon
le méme rite.
15. ll y aura un seul précepte,
et une seule ordonnance, tant
pour vous que pour les étrangers
à votre pays.
16. Le Seigneur parla à Moise,
disant:
44. Couverts de ténébres; frappés d'aveuglement.
45. * Horma (Sephaath), au sud de Bersabée, dans le désert. Voir Juges, 1, 11.
1. * Les chapitres xv-xix contiennent les lois promulguées et les événements sur-
venus pendant trente-sept ans dans le désert, depuis la troisième année de la sortie
d'Egypte jusqu'à la quarantième.
4. Le hin vaut environ cinq pintes.
[cn. xv.]
17. Parle aux enfants d'Israél,
et tu leurs diras :
18. Lorsque vous serez arrivés
dans la terre que je vous don-
nerai,
19. Et que vous mangerez des
pains de ce pays-là, vous met-
trez à part pour le Seigneur les
prémices
20. De ce que vous mangerez.
Comme vous mettez à part les
prémices d'aires,
91. Ainsi vous donnerez les
prémices de vos pátes au Sei-
gneur.
29. Que si par ignorance vous
aviez omis quelqu'une de ces
choses qu'a dites le Seigneur à
Moise,
23. Et qu'il vous a commandées
par lui, depuis le jour qu'il a com-
mencé à commander, et après ;
94. Et si la multitude a oublié
de le faire, elle offrira un veau
pris d'un troupeau, holocauste
en odeur tres suave pour le Sei-
gneur, et son sacrifice et les li-
bations, comme les cérémonies
le demandent, et un bouc pour
le péché ;
25. Et le prêtre priera pour
toute la multitude des enfants
d'Israél; et il leur sera pardonné,
parce qu'ils n'ont pàs péché volon-
tairement; cependant offrant un
holocauste au Seigneur pour
eux-mémes, pour leur péché et
leur erreur;
26. Et il sera pardonné à tout
le peuple des enfants d'Israël et
aux étrangers qui séjournent par-
mi eux, parce que c'est une faute
de tout le peuple commise par
ignorance.
LES NOMBRES. 271
27. Que si une personne en
particulier pèche, ne le sachant
point, elle offrira une chèvre d'un
an pour son péché;
28. Et le prêtre priera pour
elle, parce que c’est sans le savoir
qu'elle ἃ péché devant le Sei-
gneur ; et il lui obtiendra grâce,
et il lui sera pardonné.
29. 11 n’y aura qu'une seule loi
tant pour tous les indigenes que
pour tous les étrangers qui au-
ront péché par ignorance.
30. Mais celui qui aura fait
quelque chose par orgueil, soit
que celui-là soit citoyen, ou étran-
ger (parce que c'est contre le
Seigneur qu'il a été rebelle),
périra du milieu de son peuple;
31. Car il a méprisé la parole
du Seigneur, il a rendu son pré-
cepte vain : c'est pourquoi il sera
détruit, et il portera son iniquité.
32. Or, il arriva que, comme
les enfants d'Israël étaient dans
le désert, et qu'ils avaient trouvé
un homme ramassant du bois, au
jour du sabbat,
33. Ils le présenterent à Moïse
et à Aaron et à toute la multi-
tude,
34. Quil'enfermérent en prison,
ne sachant ce qu'ils devaient faire
de lui.
39. Alors le Seigneur dit à
Moise : Que cet homme meure
de mort, et que toute la multi-
tude le lapide hors du camp.
36. Et lorsqu'ils l'eurentconduit
dehors, ils le lapidèrent, et il
mourut, comme avait ordonné le
Seigneur.
37. Dieu dit aussi à Moïse :
38. Parle aux enfants d'lsraél,
XV. 38. Deut., xxii, 12; Matth., xxu, 5. .אא
272
et tu leur diras qu'ils se fassent
des franges aux coins de leurs
manteaux, y posant des bande-
lettes d'hyacinthe ;
39. Que lorsqu'ils les verront,
ils se souviennent de tous les
commandements du Seigneur, et
quils ne suivent point leurs
pensées, ni leurs yeux qui se
prostituent à divers objets ;
40. Mais plutót, que se souve-
nant des préceptes du Seigneur,
ils les accomplissent, et qu'ils
soient saints pour leur Dieu.
41. Je suis le Seigneur votre
Dieu qui vous ai retirés de la
terre d'Egypte, afin que je fusse
votre Dieu.
CHAPITRE XVI.
Révolte de Coré, Dathan et Abiron. Mur-
mure du peuple. Aaron arréte l'embra-
sement qui les consume.
1. Or voilà que Corée, fils d'l-
saar, fils de Caath, fils de Lévi,
et Dathan et Abiron, les fils d'E-
liab, et de plus Hon, fils de
Phéleth d'entre les fils de Ruben,
9. S'éleverent contre Moïse,
ainsi que deux cent cinquante
autres hommes des enfants d'ls-
raél, princes de la synagogue, et
qui, au temps du conseil, étaient
nommément appelés.
3. Comme donc ils résistaient
à Moise et à Aaron, ils dirent :
Qu'il vous suffise que toute la
multitude soit une multitude de
saints, et que le Seigneur soit au
milieu d'eux. Pourquoi vous éle-
LES NOMBRES.
(cu. XVI
vez-vous au-dessus du peuple du
Seigneur ?
4. Ce qu'ayant entendu Moise,
il tomba incliné sur sa face,
5. Et parlant à Coré et à toute
la troupe : Demain matin, dit-il,
le Seigneur fera connaitre ceux
qui lui appartiennent, et il atta-
chera à lui les saints; et ceux
qu'il aura choisis s'approcheront
de lui. Ϊ
6. Faites donc ceci : Que cha-
cun prenne son encensoir, toi,
Coré, et tout ton conseil.
1. Et ayant pris demain du feu,
mettez dessus de l'encens devant
le Seigneur, et celui qu'il aura
choisi, celui-là méme sera saint.
Vous vous élevez beaucoup, fils
de Lévi.
8. 11 dit encore à Coré : Ecoutez,
fils de Lévi ;
9. Est-ce peu pour vous, que
le Dieu d'Israél vous ait séparé
de tout le peuple, et vous ait
attaché à lui, afin que vous le
serviez dans le culte du taberna-
cle, que vous assistiez devant la
foule du peuple, et que vous
exerciez le ministère pour le
Seigneur?
10. Est-ce pour cela qu'il t'a
fait approcher de lui, toi et tous
tes freres, enfants de Lévi, afin
que vous vous arrogiez méme le
sacerdoce,
41. Et que toute ta troupe ré-
siste au Seigneur? Qu'est-ce, en
effet, qu'Aaron, pour que vous
murmuriez contre lui?
CuaP. XVI. 3. Eccli, xtv, 22; I Cor., x, 10; Jud., 11.
————————————————————————————— Ám
1. * Dathan et Abiron, en qualité de descendants de Ruben, prétendaient avoir
droit au sacerdoce. Voir la note sur Genèse, xuix, 4. — Coré, descendant de Lévi, se
joignit aux mécontents, parce qu'il était jaloux que le sacerdoce eût été donné à
Aaron. La date de cette révolte et le lieu où elle se produisit sont iuconnus,
fou. xvi-]
12. Moïse envoya donc appeler
Dathan et Abiron, fils d'Eliab. Ils
répondirent : Nous nirons pas.
13. Est-ce peu pour vous, que
vous nous ayez retirés d'une
terre où coulaient du lait et du
miel, pour nous faire mourir
dans le désert, si de plus vous ne
nous dominez point ?
14. A la vérité, vous nous avez
conduits dans une terre, où cou-
lent des ruisseaux de lait et de
miel, et vous nous avez donné
des possessions de champs et de
vignes; est-ce que vous voulez
aussi nous arracher les yeux?
Nous n'irons pas.
15. Or, Moise fort irrité, dit au
Seigneur : Neregardez pointleurs
sacrifices ; vous savez que je n'ai
jamais recu d'eux pas méme un
ànon, et que je n'ai affligé aucun
d'eux.
16. Et il dit à Coré : Toi et toute
ton assemblée, tenez-vous de-
main d'un cóté devant le Sei-
gneur, et Aaron d'un autre.
17. Prenez chacun vos encen-
soirs, et mettez-y de l'encens,
offrant au Seigneur deux cent
cinquante encensoirs; qu'Aaron
tienne aussi son encensoir.
18. Lorsqu'ils eurent fait cela,
Moise et Aaron étant présents,
19. Et qu'ils eurent réuni contre
eux toute la multitude à la porte
du tabernacle, la gloire du Sei-
gneur apparut à tous.
20. Et le Seigneur ayant parlé
à Moise et à Aaron, dit :
LES NOMBRES.
273
21. Séparez-vous du milieu de
cette assemblée, afin que je les
détruise soudain.
22. Ceux-ci tombèrent inclinés
sur leur face et dirent : Dieu
très fort des esprits detoute chair,
est-ce qu’un seul péchant, votre
colère sévira contre tous.
23. Et le Seigneur repartit à
Moïse :
24. Ordonne à tout le peuple
qu'il se sépare des tentes de Coré,
de Dathan et d'Abiron.
95. Et Moïse se leva, alla vers
Dathan et Abiron, et les anciens
d'Israël le suivant,
26. Il dit à la multitude : Reti-
rez-vous des tentes de ces hom-
mes impies et ne touchez pas ce
qui leur appartient, de peur que
vous ne soyez enveloppés dans
leurs péchés.
27. Or lorsqu'ils se furent reti-
rés de leurs tentes tout autour,
Dathan et Abiron, sortis se te-
naient à l'entrée de leurs pavil-
lons avec leurs femmes, leurs
enfants, et tous les leurs.
28. Alors Moise dit : En ceci
vous connaitrez que le Seigneur
m'a envoyé pour faire tout ce
que vous voyez, et que je n'ai
rien produit de mon propre es-
prit :
29. S'ils meurent d'une mort
ordinaire aux hommes, 66 8
sont visités de la plaie dont tous
les autres ont coutume d'être visi-
tés, le Seigneur ne m'a pas en-
voyé;
15. Cette irritation de Moïse n'est nullement en contradiction avec la douceur qu'il
s'est attribuée à lui-même (xit, 3); car la douceur n'exclut que la colère déplacée et
qui dégénére en emportement; et quand Moise s'irrite, c'est toujours pour les
intéréts de la gloire de Dieu; c'est contre l'impiété, le murmnre et la désobéissance
üux ordres divins.
22. Des esprils de toule chair; des esprits qui animent toute chair.
18 ו
274
30. Mais si le Seigneur fat une
chose nouvelle : si la terre ou-
vrant sa bouche les engloutit,
eux et tout ce qui leur appartient,
et qu'ils descendent vivants dans
l'enfer, vous saurez qu'ils ont
blasphémé le Seigneur.
31. Aussitôt qu'il cessa de par-
ler, la terre se fendit sous leurs
pieds;
32. Et ouvrant sa bouche, elle
les dévora avec leurs tentes et
tout leur avoir;
33. Et ils descendirent vivants
dans l'enfer, recouverts par la
terre, et ils périrent du milieu de
la multitude.
94. Cependant tout Israél qui
se tenait là autour, s'enfuit au cri
de ceux qui périssaient, disant :
C'est de peur que la terre ne nous
engloutisse aussi.
35. En méme temps un feu sor-
ti du Seigneur tua les deux cent
cinquante hommes qui offraient
de l'encens.
36. Et le Seigneur parla à
Moise, disant :
37. Ordonne ἃ Éléazar, fils
d'Aaron, le prétre, qu'il prenne
les encensoirs, qui sont par terre
au milieu de l'embrasement, et
qu'il disperse le feu cà et là, parce.
qu'ils ont été sanctifiés
38. Par la mort des pécheurs ;
qu'il les réduise en lames, et
qu'il les attache à l'autel, parce
qu'on y a offert 66 166018 810 501-
gneur, et qu'ils ont été sanctifiés,
afin que les enfants d'Israël les
voient comme. un signe et un
monument.
39. Eléazar, le prétre, prit donc
les encensoirs d'airain dans les- |
LES NOMBRES.
[cH. XVI]
quels avaient offert 06 8
ceux que l'embrasement dévora,
et il les réduisit en lames, les
attachant à l'autel,
40. Afin que les enfants d'Isra-
él] eussent dans la suite de quoi
les avertir, que quelqu'un d'é-
iranger et qui n'était pas de
la race d'Aaron, ne devait pas
offrir de l'encens au Seigneur,
de peur quil ne lui arrivât ce
qui arriva à Coré et à toute sa
troupe, lorsque le Seigneur parla
à Moise.
41. Or toute la multitude des
enfants d'Israél murmura le jour
suivant contre Moise et Aaron,
disant : C'est vous qui avez tué
le peuple du Seigneur.
42. Et comme la sédition s'éle-
vait et que le tumulte croissait,
43. Moïse et Aaron s'enfuirent
au tabernacle d'aillance. Lors-
qu'ils furent entrés, la nuée se
couvrit, et la gloire du Seigneur
apparut,
44. Et le Seigneur dit à 10186 :
45. Retirez-vous du milieu
de cette multitude, maintenant
méme je les détruirai. El comme
ils étaient couchés sur la terre,
46. Moïse dit à Aaron : Prends
lencensoir, et ayant pris du feu
de l'autel, mets de l'encens par
dessus, et va aussitôt vers le
peuple, afin que tu pries pour lui ;
car déjà la colere est sortie du
Seigneur, etla plaie sévitavec vio-
lence.
41. Aaron l'ayant fait, et ayant
couru au milieu de la multitude
que déjà ravageait l'embrase-
ment, offrit de l'encens.
48. Et se tenant entre les morts
31. Deut., xi, 6; Ps. cv, 17, 18. — 46. Sag., xvin, 24,
(ca. xvi.
et les vivants, il pria pour le peu-
ple, et la plaie cessa.
49. Or il y eut de ceux qui fu-
rent frappés, quatorze mille et
sept cents hommes, outre ceux
qui avaient péri dans la sédition
de Coré.
90. Et Aaron retourna vers
Moise à là porte du tabernacle
d'alliance, aprés que la mort se
fut arrété.
CHAPITRE XVII.
Le sacerdoce est confirmé à Aaron par le
miracle de sa verge qui fleurit.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
2. Parle aux enfants d'Israél,
el prends d'eux des verges, une
à une, selon leur parenté, de
tous les princes des tribus, douze
verges; et tu écriras le nom de
chacun d'eux sur sa verge :
3. Mais le nom d'Aaron sera
dans la tribu de Lévi, et chaque
verge contiendra séparément
toutes les familles ;
4. Tu les déposeras dans le
tabernacle d'alliance, devant le
témoignage, oü je te parlerai.
9. Celui d'entre eux que j'aurai
choisi, c'est celui dont la verge
fleurira : j'arréterai ainsi les
plaintes des enfants d'Israél qui
les font murmurer contre vous.
6. Et Moise parla aux enfants
d'Israël; et tous les princes lui
donnerent des verges, une par
chaque tribu : ainsi il y eut douze
verges sans la verge d'Aaron.
CHaP. XVII. 10. Hébr., 1x, 4.
LES NOMBRES. 210
7. Moise les ayant déposées
devant le Seigneur, dans le taber-
nacle du témoignage,
8. Et, le jour suivant, étant
revenu, il trouva que la verge
d'Aaron dans la famille de Lévi
avait germé, et que des bour-
geons s'étant développés, il était
sorti des fleurs, qui, des feuilles
s'étant ouvertes, s'étaient for-
mées en amandes.
9. Moise donc porta les verges
de la présence du Seigneur à
tous les enfants d'Israél; ils vi-
rent et reçurent chacun leur
verge.
10. Or, le Seigneur dit à 10180 :
Reporte la verge d'Aaron dans
le tabernacle du témoignage,
afin qu'elle y soit gardée comme
un signe de la rébellion des
enfants d'Israël, et que leurs
plaintes se taisent devant moi,
pour ne pas qu'ils meurent.
11. Et Moïse fit, comme avait
ordonné le Seigneur.
12. Mais les enfants d'Israël di-
rent à Moïse : Voici que nous
sommes consumés et que tous
nous périssons.
13. Quiconque approche du ta-
bernacle du Seigneur, meurt ; est-
ce jusqu'à une entiere extermi-
nation, que nous devons étre
détruits ?
CHAPITRE. XVIII.
Fonctions des prêtres et des: Lévites.
Prémices et dimes pour leur subsis-
tance.
4. Et le Seigneur dit à Aaron :
3. Dans la tribu de. Lévi; sur la verge de la tribu de Lévi. — Toutes les familles;
pour: les noms de toutes les familles.
4. Devant le témoignage; c'est-à-dire l'arche du témoignage.
210 LES NOMBRES.
Toi et tes fils, et la maison de ton
père avec toi, vous porterez l'ini-
quité du sanctuaire : et toi et tes
fils vous porterez ensemble les
péchés de votre sacerdoce;
2. Mais prends aussi avec toi
tes frères de la tribu de Lévi , et
le sceptre de ton père, et qu'ils
l'assistent et te servent; mais toi
et tes fils, vous servirez dans le
tabernacle du témoignage.
3. Les Lévites veilleront à tes
commandements et à toutes les
œuvres du tabernacle; en sorte
seulement qu'ils n'approchent
point des vases du sanctuaire, et
de l’autel, de peur qu'eux aussi
ne meurent et que vous ne péris-
siez en même temps.
4. Mais qu'ils soient avec toi,
et qu'ils veillent à la garde du
tabernacle et à toutes ses céré-
monies. Un étranger ne se méle-
ra point avec vous.
ὃ. Veillez à la garde du sanc-
tuaire et au ministère de l'autel.
afin qu'il ne s'éléve point d'indi-
gnalion contre les enfants d'Is-
rael.
6. C'est moi qui vous ai donné
vos freres les Lévites, pris du mi-
lieu des enfants d'Israél, et qui
les ai offerts en don au Seigneur
pour qu'ils servent dans le minis-
lere de son tabernacle.
7. Mais toi et tes fils, conser-
vez votre sacerdoce ; et tout ce
qui appartient au service de l'au-
tel, et qui est au dedans du voile
sera fait par le ministère des pré-
tres. Si quelque étranger en ap-
proche, il sera mis à mort.
(cu. xvur.]
8. Le Seigneur parla encore à
Aaron : Voilà que je t'ai donné la
garde de mes prémices. Tout ce
qui est consacré par les enfants
d'Israël, je te l'ai accordé à toi et
à tes fils pour les fonctions sa-
cerdotales; ce sera une loi per-
pétuelle.
9. Voici done ce que tu pren-
dras des choses qui sont sanc-
tifiées et qui ont été offertes au
Seigneur. Toute oblation et sa-
crifice et tout ce qui m'est rendu
pour le péché et pour le délit, et
devient une des choses tres sain-
tes, sera pour toi et pour tes fils.
10. C'est dans le sanctuaire que
que tu le mangeras ; les mâles
seulement en mangeront, parce
que cela a été consacré pour toi.
11. Quant aux prémices que
les enfants d'Israél voueront, ou
offriront spontanément, je te les
ai données, à toi, à tes fils et à tes
filles, par un droit perpétuel. Ce-
lui qui est pur dans ta maison en
mangera.
19. Toute moelle d'huile, de
vin, de blé, tout ce qu'ils offrent
de prémices au Seigneur, je te
lai donné.
13. Tous les premiers des fruits
que produit le sol, et qui sont
présentés au Seigneur, seront à
ton usage : celui qui est pur dans
ta maison en mangera.
14. Toul ce que les enfants
d'Israël rendront en vertu d'un
vœu, sera pour toi. |
15. Tout ce qui sort le premier
d'un sein de toute chair, qu'ils
offrent au Seigneur, qu'il soit
2. Et le sceptre; voy. xut, 12.
19. Toute moelle; hébr. toute graisse; c'est-à-dire tout ce qu'il y ἃ de plus délicat,
de plus exquis.
[cg. xvm.)
d'entre les hommes, ou d'entre
les bêtes, sera à toi de plein droit :
en sorte seulement que pour le
premier-né d'un homme tu re-
.coives le prix, et que tu fasses
racheter tout animal qui est im-
pur,
16. Dont le rachat sera apres
un mois, de cinq sicles d'argent,
au poids du sanctuaire. Le sicle
ἃ vingt oboles.
11. Mais le premier-né d'un
bœuf, d'une brebis et d'une che-
vre, tu ne le feras pas racheter,
parce que ces animaux sont con-
sacrés au Seigneur ; tu répandras
seulement leur sang sur l'autel,
et tu brüleras les graisses en très
suave odeur pour le Seigneur.
18. Mais leur chair sera à ton
usage, comme la poitrine consa-
crée et l'épaule droite seront à
toi.
19. Je t'ai donné, à toi et à tes
fils et à tes filles par un droit
perpétuel toutes les prémices du
sanctuaire qu'offrent les enfants
d'Israël au Seigneur. C'est un
pacte de sel à perpétuité devant
le Seigneur pour toi et pour tes
fils.
90. Le Seigneur dit encore à
Aaron : Vous ne posséderez rien
dans la terre des enfants d'Israël,
et vous n'aurez aucune part par-
LES NOMBRES.
277
mi eux : c'est moi qui suis ta part
et ton héritage au milieu des
enfants d'Israél.
91. Mais aux enfants de Lévi,
jai donné toutes les dimes d'Is-
raél en possession, à cause du
ministère qu'ils remplissent pour
moi dans le tabernacle d'alliance,
22. Afin queles enfants d'Israél
n'approchent plus du tabernacle,
et ne commettent point de péché
qui porte à la mort,
23. Les seuls enfants de Lévi
me servant dans le tabernacle,
et portant les péchés du peuple.
Ce sera une loi perpétuelle en
vos générations. Ils ne posséde-
ront rien autre chose,
24. Contents de loblation des
dimes que j'ai mises à part pour
leur usage, et pour tout ce qui
leur est nécessaire.
25. Le Seigneur parla aussi à
Moise, disant :
26. Ordoune aux Lévites et dé-
clare-leur : Lorsque vous aurez
recu des enfants d'Israél les di-
mes queje vousai données, offrez-
en les prémicesau Seigneur, c'est-
à-dire, la dixième partie de la
dime,
27. Afin qu'elle vous soit comp-
tée comme une oblation des pré-
mices, tant des aires, que des
pressoirs ;
Cap. XVIII. 16. Exode, xxx, 13; Lév., xxvi, 25; Supra, mi, 41. Ezéch., xLv, 19. —
23. Deut., וזטא 4.
16. Dont le rachat. Ceci ne peut s'entendre que des hommes; car les animaux
impurs se rachetaient avec une brebis, et huit jours aprés leur naissance. Compar.
Exod., xut, 13; xxu, 30; Lévit., xxvn. 6. — * Cing sicles. Voir la note sur Exode, xxi, 32.
19. Pacte de sel: aussi incorruptible que le sel. — * « Chez les Arabes, le sel est
l'embléme et le symbole de l'amitié et de la fidélité. Quand ils ont mangé du sel
avec un homme, cet homme devient pour eux inviolable. Tout Arabe (en particulier
au Sinai), qui causerait le moindre dommage à celui avec qui il a consenti à manger
le pain et le sel, serait regardé par ses compatriotes comme un 18626, un homme vil
et digne d'un souverain mépris, et il ne pourrait jamais se laver d'une pareille
lâcheté. » (PiNAnT.)
278
98. Et offrez au Seigneur. puis
donnez à Aaron, le prétre, de tou-
tes les choses dont vous recevez
les prémices.
99. Tout ce que vous offrirez
des dimes, et que vous mettrez
à part comme offrandes au Sei-
gneur, serale meilleur etle mieux
choisi.
30. Tuleur diras encore : $i vous
offrez des dimes les plus belles
etles meilleureschoses, cela vous
seracompté, comme si vous aviez
donné les prémices d'une aire et
d'un pressoir;
31. Or, vous mangerez ces di-
mes dans toutes vos demeures,
tant vous que vos familles, parce
que c'est le prix du ministère
que vous remplissez dans le ta-
bernacle de témoignage.
39. Et vous ne pécherez point |
en réservant pour vous ce qu'il y |
a d'excellent et de gras, afin que
vous ne souilliez pas les obla-
tions des enfants d'Israel, et que
vous ne mouriez point.
CHAPITRE XIX.
Sacrifice de la vache rousse. Eau
d'expiation; son usage.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise et à Aaron, disant :
9. Voici 18 cérémonie de la vic-
time qu'a déterminée le Sei-
gneur. Ordonne aux enfants d'Is-
raël qu'ils t'amenent une vache
rousse, dans l'intégrité de l’âge,
en laquelle il n'y ait aucune
tache, et qui n'ait point porté le
joug;
3. Et vous 18 livrerez à Eléazar,
le prétre, qui après l'avoir menée
Cap. XIX. 3. Hébr., ,זוא
LES NOMBRES.
[CH, XIX. |
hors du camp, l'immolera en pré-
sence de tous ;
4. Et, trempant le doigt dans
son sang, il fera laspersion
contre la porte du tabernacle par
sept fois.
5. Puis il la brülera, tous le
voyant, en livrant aux flammes
tant sa peau et sa chair, que son
sang et sa fiente.
6. Le prétre jettera aussi du
bois de cèdre, de l'hysope et de
lécarlate deux fois teinte, dans
la flamme qui brüle la vache.
7. Et alors enfin, ses véte-
ments et son corps lavés, il en-
irera dans le camp et il sera
souillé jusqu'au soir.
8. Mais celui aussi qui laura
brülée, lavera ses vétements et
son corps, et il sera impur jus-
qu'au soir.
9. Et un homme pur recueillera
les cendres de la vache, et les
déposera hors du camp dans un
lieu trés net, afin qu'elles soient
àla garde de la multitude des
enfants d'Israél,etqu'ellesservent
pour une eau d'aspersion; parce
que c'est pour le péché que la
vache a été brülée.
10. Et lorsque celui qui avait
porté les cendres de la vache.
aura lavé ses vétements, il sera
impur jusqu'au soir. Les enfants
d'Israé] et les étrangers qui ha-
bitent parmi eux tiendront cette
ordonnance pour sainte par un
droit perpétuel.
41. Celui qui aura touché le ca-
davre d'un homme, et qui pour
cela sera impur pendant sept
jours,
19. Sera aspergé de cette eau
[cg. xx.]
au troisième et au septième
jour, et c'est ainsi qu'il sera pu-
rifié. Si au troisième jour il n’a
pas été aspergé, au septième il ne
pourra être purifié.
13. Quiconque aura touché le
corps mort d'une âme humaine,
et n'aura pas été aspergé de cette
eau ainsi mélée, souillera le ta-
bernacle du Seigneur, et périra
du milieu d'Israël : parce qu'il
n'a pas été aspergé d'eau d'ex-
piation, il sera impur et son im-
pureté demeurera sur lui.
44. Voici la loi de l'homme qui
meurt dans une tente : Tous ceux
qui entrent dans sa tente, et tous
les vases qui y sont, seront souil-
lés pendant sept jours.
15. Un vase qui n'aurait point
de couvercle, ni d'attache par-
dessus, sera impur.
16. Siquelqu'un dans un champ
touche le cadavre d'un homme
tué, ou mort de lui-même, ou
bien un de ses os, ou son sépulcre,
il sera impur pendant sept jours.
11. On prendra des cendres de
la combustion et du péché, et l'on
mettra de leau vive sur ces
cendres dans un vase;
18. Etun homme pur y ayant
trempé de l'hysope,il en asper-
gera toute la tente, tous les
meubles et tous les hommes
souillés par un tel contact
LES NOMBRES.
279
19. Et de cette manière le pui
purifiera l'impur au troisième el
au septieme jour; et celui qui
aura été purifié au septième jour,
se lavera, lui et ses vétements, et
il sera impur jusqu'au soir.
20. Si quelqu'un n'est pas puri-
fié selon ce rite, son àme périra
du milieu de l'assemblée, parce
quil a souillé le sanctuaire du
Seigneur, et qu'il n'a pas été as-
pergé d'eau depurification.
91. Gette ordonnance sera une
loi perpétuelle. Gelui aussi qui
aura fait les aspersions de l'eau,
lavera ses vétements. Quiconque
aura touché l'eau de l'expiation,
seraimpur jusqu'au soir.
92. Tout ce que touchera un
impur, il le rendra impur : et
l'homme qui touchera quelqu'une
de ces choses, sera impur jus-
qu'au soir.
CHAPITRE XX.
Mort de Marie, sceur de Moise. Eaux de
contradiction. Moise repris de sa dé-
fiance. Le roi d'Edom refuse le passage
aux Israélites. Mort d'Aaron; Eléazar
lui succède.
4. Or, lesenfants d'Israël ettoute
la multitude vinrent dans le dé-
sert de Sin, au premier mois; et
le peuple demeura à Cadès. Et
Marie mourut là, et elle fut ense-
velie au méme lieu.
11. De la combustion et du péché; hébraisme: de la vache brûlée pour le péché.
1. * Les chapitres xx=xxxvi des Nombres racontent les événements accomplis et les
lois promulguées pendant les dix premiers mois de la quarantième année de la sortie
d'Egypte. — À Cadès. À Cadèsbarné. M. Trumbull, qui a publié un livre sur Cades-
barné, décrit ainsi cette oasis : « Au nord-est de cet endroit pittoresque, on voit une
petite colline rocheuse que Rowlands a regardée comme le rocher frappé par Moïse
pour en faire sortir de l'eau. De cette éminence sort un ruisseau abondant. Un puits
circulaire, maconné depuis le fond avec des pierres calcaires rongées par le temps,
était le premier récipient de l'eau. Une auge en marbre était prés de ce puits. Elle
était plus travaillée que les auges de Bersabée, mais elle accusait également un art
primitif. Le nom de l'oasis est encore Cadès, »
280
9. Et comme le peuple man-
quait d'eau, ils s'assemblerent
contre Moise et Aaron,
3. Et tournant à la sédition,
ils dirent : Plût à Dieu que nous
eussions péri au milieu de nos
freres devant le Seigneur!
4. Pourquoi avez-vous amené
lassemblée du Seigneur dans
cette solitude, pour que nous et
nos bétes nous mourions?
5. Pourquoi nous avez-vous
fait monter de l'Egypte, et nous
avez-vous amenés dans ce lieu
détestable, qui ne peut étre semé,
qui ne produit ni figuier, ni
vignes, ni grenadiers, où, de
plus, il n'y a pas méme d'eau
pour boire?
6. Alors Moise et Aaron, la
multitude congédiée, entrèrent
dans le tabernacle, tombèrent
inclinés vers la terre, crièrent au
Seigneur, et dirent : Seigneur
Dieu, écoutez le cri de ce peuple,
et ouvrez-leur votre trésor, une
fontaine d'eau vive, afin qu'étant
rassasiés, leur murmure cesse.
Alors apparut la gloire du Sei-
neur sur eux.
7. Et le Seigneur parla à Moise,
disant :
8. Prends ta verge et assemble
le peuple, toi et Aaron ton frere,
et parlez à la pierre devant eux;
et elle donnera de l'eau. Et
lorsque tu auras fait sortir de
l'eau de la pierre, toute la mul-
tude boira et ses bêtes.
LES NOMBRES.
[cn. xx.]
9. Moïse prit donc la verge qui
était en la présence du Seigneur,
comme il lui avait ordonné,
10. La multitude étant assem-
blée devant la pierre, et il leur
dit : Ecoutez. rebelles et incré-
dules : Pourrons-nous vous faire
jaillir de l’eau de cette pierre?
11. Et lorsque Moise eut élevé
la main, frappant de la verge
deux fois la pierre, il en sortit
de l'eau trés abondante; en sorte
que le peuple buvait et les bétes.
19. Et le Seigneur dit à Moise
et à Aaron : Parce que vous ne
m'avez pas cru, et que vous ne
m'avez pas sanctifié devant les
enfants d'Israél, vous n'introdui-
rez point ces peuples dans la
terre que je leur donnerai.
13. C'est là l'eau de contradic-
tion, où les enfants d'Israël exci-
tèrent une querelle contre le
Seigneur, et il fut sanctifié au
milieu d'eux.
14. Cependant Moïse envoya de
Cadès des messagers au roi d'E-
dom, pour lui dire : Voici ce que
te mande ton frère Israël : Tu sais
tout le labeur qui nous a saisis:
15. Comment nos pères sont
descendus en Egypte, comment
nous y avons habité longtemps,
comment les Egyptiens nous ont
affligés, nous et nos pères,
16. Et comment, nous ayant
crié au Seigneur, il nous a exau-
cés, et ἃ envoyé un ange qui
nous a retirés de l'Egypte. Voici
Car. XX. 4. Exode, נטא 3. — 9. Exode, xvir, 5, 6; Sag., xr, ἄ. — 10. Ps. rxxvir,
15, 90; I Cor., x, 4. — 12. Deut., r, 31.
——— — — € M ——— — ——————
8. Ta verge; littér. La verge. En hébreu, l'article déterminatif s'emploie souveut
pour le pronom possessif; au reste, ce pronom est exprimé dans le texte original,
au y. 41, et le grec des Septante le porte ici méme.
12. Sanctifier, 101, comme en bien d'autres endroits de l'Ecriture. signifie, recoa-
naitre pour scint, traiter en saint.
[cx. xxr.]
qu'arrétés dans la ville de Cadès,
qui est à tes derniers confins,
47. Nous demandons instam-
ment qu'il nous soit permis de
passer par ta terre. Nous n'irons
pas à travers les champs, ni à
travers les vignes, nous ne boi-
rons point l'eau de tes puits;
mais nous marcherons par la
voie publique, ne nous détour-
nant ni à droite, ni à gauche,
jusqu'à ce que nous soyons passés
hors de tes frontières.
18. Edom lui répondit : Tu ne
passeras point par chez moi ; au-
trement j'irai armé au-devant de
toi.
19. Et les enfants d'Israél di-
rent : C'est par là voie battue que
nous marcherons ; et si nous bu-
vons ton eau, nous et nos trou-
peaux, nous donnnerons ce qui
est juste : il n'y aura pour le prix
aucune difficulté ; seulement que
nous puissions passer rapide-
ment.
20. Mais Edom répondit : Tu ne
passeras point. Et aussitót il sortit
au-devant d'eux avec une multi-
tude infinie et une forte armée,
91. Et il ne voulut pas écouter
celui qui le priait d'accorder le
passage par son territoire; c'est
pourquoi Israël s'en détourna.
22. Or, lorsqu'ils eurent dé-
campé de Cadès ils vinrent à la
montagne de Hor, qui est sur
LES NOMBRES. 281
les confins de la terre d'Edom,
93. Où le Seigneur parla à
Moise :
94. Qu'Aaron, dit-il, aille vers
ses peuples; car il n'entrera pas
dans 18 terre que j'ai donnée aux
enfants d'Israél, parce qu'il a été
incrédule à ma parole, aux Eaux
de contradiction.
95. Prends Aaron et son fils
avec lui, et tu les conduiras sur
la montagne de Hor.
26. Et, lorsque tu auras dé-
pouillé le père de son vêtement,
tu en revétiras Eléazar son fils :
Aaron sera réuni 0 ses pères, etil
mourra là.
27. Moïse fit comme avait or-
donné le Seigneur: et ils mon-
tèrent sur la montagne de Hor
devant toute la multitude.
28. Et lorsqu'il eut dépouillé
Aaron de ses vêtements il en
revêtit Eléazar son fils.
29. Aaron mort sur le sommet
de la montagne, Moïse descendit
avec Eléazar.
30. Or toutela multitude voyant
qu'Aaron était mort, pleura sur
lui pendant trente jours dans
toutes ses familles.
CHAPITRE XXI.
Victoire des Israélites sur les Chauanéens
Nouveau murmure. Serpent d'airain.
Guerre contre Séhon et contre Og.
1. Lorsque le roi d'Arad Cha-
25. Infra, xxxi, 38; Deut., xxxm, 50. — (ΠΑΡ. XXI. 4. Infra, xxxrm, 40.
22-26. * A la montagne de Hor. Une tradition assez bien établie place le mont Hor
dans les environs de Pélra. On y voit encore aujourd'hui un monument qui porte
le nom de tombeau d'Aaron,
24. Qu'Aaron aille vers ses peuples; c'est-à-dire vers ses familles (Ezod., xxx, 38)
,
“ormule qui, comme celle du y. 26, prouve évidemment que les Hébreux croyaient
à la survivance des âmes aux corps.
1. Arad, ville peu éloignée de Cadèsbarné, à vingt milles d'Hébron, selon Eusébe;
mais d'autres prennent Arad pour un nom d'homme.
282 LES NOMBRES.
nanéen, qui habitait vers le midi,
eut appris cela, c'est-à-dire,
qu'Israél était venu par le che-
min des espions, il combattit
contre lui, et étant 0 1
en emporta le butin.
2. Mais Israél se liant par un
vœu au Seigneur, dit : Si vous
livrez ce peuple à ma main, je
détruirai toutes ses villes.
3. Et le Seigneur exauça les
prieres d'Israél, et il livra le
Chananéen qu'Israél fit périr, ses
villes ayant été renversées ; et il
appela ce lieu du nom de Horma,
c'est-à-dire anatheme.
4. Or, ils partirent aussi du
mont Hor par la voie qui conduit
àla mer Rouge. pour aller autour
de la terre d'Edom. Et le peuple
commença às ennuyer du chemin
et de la fatigue ;
5. Et il parla contre Dieu et
contre Moise, et dit : Pourquoi
nous as-tu retirés de lEgypte,
pour que nous mourions dans le
désert? Le pain nous manque, il
ny ἃ pas d'eau; notre àme a
déjà des nausées à cause de cette
nourriture très légère.
6. C'est pourquoi le Seigneur
envoya contre le peuple des ser-
pents brülants : à cause des
blessures et de la mort d'un grand
nombre,
6. Judith, vir, 25; Sag., xvi, 5; I Cor.,
[cu. xxi.]
1. On vint à Moise et on dit :
Nous avons péché, parce que
nous avons parlé contre le Sei-
gneur etcontretoi : priepourqu'il
éloigne de nous les serpents. Et
Moise pria pour le peuple,
8. Et le Seigneur lui dit : Fais
un serpent d'airain, et expose-
le comme un signe : celui qui
ayant été blessé, le regardera,
vivra.
9. Moïse fit donc uN SERPENT
D'AIRAIN et l'exposa comme un
signe : lorsque les blessés le
regardaient, ils étaient guéris.
10. Or les enfants d'Israél étant
partis, camperent à Oboth.
41. D'où étant sortis. ils plan-
terent leurs tentes à Jéabarim,
dans le désert qui regarde Moab,
contre le cóté oriental.
12. Et partant de là, ils vinrent
au torrent de Zared ;
13. Le laissant, ils campèrent
contre Arnon, qui est dans le
désert, et s’avance sur les confins
de l'Amorrhéen; puisqu'Arnon
est la frontiere de Moab, divisant
les Moabites et les Amorrhéeus.
14. D'où il est dit dans le livre
des guerres du Seigneur : Comme
il a fait en la mer Rouge, ainsi il
fera dans les torrents d'Arnon.
45. Les rochers des torrents se
sont inclinés, pour se reposer en
x, 9. — 9. Jean, iri, 14. — 18. Juges, xr, 18.
3. * Horma. Voir Juges 1, 11.
9. Voy. sur ce serpent d'airain, Sagesse, xvi, 1, et Jean, ni, 14, 15,
10. * Oboth, à l'entrée de l'ouadi Ithur actuel.
1. * Jéabarim, à l'est du pays de Moab et probablement au nord de l'ouadi el-
Ahsa.
12. Au torrent de Zared, peut-être l'ouadi Kerak actuel.
13. * Arnon, aujourd'hui ouadi el-Modjib, prend sa source dans les montagnes
orientales de Moab et se jette dans la mer Morte, aprés un cours de 75 kilomètres,
dans un lit très escarpé.
14. Le livre des guerres du Seigneur est aujourd'hui perdu.
15. * Ar. Ar-Moab, sur la rive gauche de l'Arnon, presque vis-à-vis d'Aroér.
feg. [.זאצ
Ar, et pour retomber dans les
confins des Moabites.
16. Au sortir de ce lieu parut un
puits, au sujet duquel le Seigneur
dit à Moïse : Assemble le peuple,
et je lui donnerai de l'eau.
47. Alors Israël chanta ce can-
tique : Que le puits monte. Ils
chantaient tous ensemble :
18. Le puits qu'ont creusé des
princes, et qu'ont préparé les
chefs de la multitude avec celui
qui a donné la loi, et avec leurs
bâtons. Du désert 778 vinrent à
Matthana,
19. De Matthana à Nahaliel, de
Nahaliel à Bamoth;
90. Apres Bamoth est une val-
lée dansla contrée de Moab, pres
dusommet de Phasga, quiregarde
contre le désert.
91. Or Israël envoya des mes-
sagers à Séhon, roi des Amor-
réhens, disant :
99. Je demande instamment
quil me soit permis de passer
par ta terre : nous ne nous dé-
tournerons point dans les champs
et les vignes, nous ne boirons
point l'eau des puits; c'est par la
voie publique que nous marche-
rons, jusqu'à ce que nous soyons
passés hors de tes frontieres.
LES NOMBRES.
283
93. Séhon ne voulut pas accor-
der qu'Israél passát par ses con-
fins; bien plus, son armée as-
semblée, il sortit au devant dans
le désert et vint à Jasa, et com-
battit contre lui.
24. Israël le frappa du tran-
chant du glaive et posséda sa
terre depuis Arnon jusqu'à Jeboc
et aux enfants d'Ammon, parce
que les frontières des Ammonites
étaient gardées par une forte
garnison.
95.Israél prit done toutes ses
cités et il habita dans les villes
de l'Amorrhéen,c'est-à-dire, dans
Hésébon et ses bourgades.
26. La ville d'Hésébon était
à Séhon, roi des Amorréhens
qui combattit contre le roi de
Moab et prit toute la terre qui
avait été de sa domination jus-
qu'à Arnon.
27. C'est pourquoi on dit dans
le proverbe : Venez à Hésébon;
que la ville de Séhon soit bâtie
et construite.
28. Un feu est sorti d'Hésébon,
une flamme, de la ville de Séhon,
et elle a dévoré Ar des Moabites
et les habitants des hauteurs
d'Arnon.
29. Malheur à toi, Moab! Tu
21. Deut., 11, 26; Juges, xr, 19. — 24. Ps. cxxxiv, 11; Amos, 11, 9. — 29. Juges,
xi, 24; 111 Rois, xx, 7.
18. * Matthana, d'après Eusèbe, était à douze milles romains à l'est de Médaba.
19. * Nahaliel, peut-être l'onadi-Enkheiléh, affluent de l'Arnon. — Bamoth, Bemoth-
Baal (Josué, xut, 17), montagne à l'est de la mer Morte, non loin de Dibon. sur la
frontiére de Moab, dans la tribu de Ruben.
20. Aprés Bamoth, c'est-à-dire en sortant de Bamoth, etc. Cette interprétation nous
a paru la plus conforme à la Vulgate; l'hébreu porte : Et de Bamoth à la vallée,
qui, etc. — * Phasga désigne tout ou partie de la chaine des monts Abarim à l'est de
la mer Morte.
24. * Jusqu'à Jeboc, affluent du Jourdain, aujourd'hui ouadi-Zerka.
25. * Hésébon, sur une colline où l'on voit encore ses ruines, à l'est du Jourdain,
presque vis-à-vis de l'embouchure de ce fleuve.
29. Chamos était une divinité des Moabites. — * Voir la note sur III Rois, xi, 1.
284
as péri, peuple de Chamos. Il ἃ
mis ses fils en fuite et livré ses
filles captives au roi des Amor-
rhéens, à Séhon.
30. Leur joug a été entierement
détruit, depuis Hésébon jusqu'à
Dibon; dans leur lassitude ils
sont parvenus à Nophé et jusqu'à
Médaba.
31. Israël habita donc dans la
terre de l'Amorrhéen.
32. Or, Moise envoya des gens
pourexplorer Jazer; ils en prirent
les bourgades et s'emparerent
des habitants.
33. Ensuite, ils se détournèrent,
et monterent par le chemin de
Basan; mais Og, roi de Basan,
vint à leur rencontre pour les
combattre à Edrai .
34. Alors le Seigneur dit à
Moise : Ne le crains point, je l'ai
livré à ta main, lui, tout son
peuple et sa terre; et tu lui feras
comme tu as fait à Séhon, roi des
Amorrhéens, qui habitait Hé-
sébon.
39. Ils le frappèrent donc, et
LES NOMBRES.
xxn.] .מס|
lui avec ses enfants, et tout son
peuple, jusqu'à une entière ex-
termination, et ils possédèrent sa
terre.
CHAPITRE XXII.
Les Israélites campent dans les plaines
de Moab. Balac, roi des Moabites, en-
voie chercher le devin Balaam.
1. Et étant partis, ils campèrent
dans les plaines de Moab, vis-à-
vis de l'endroit où est situé Jé-
richo, au delà du Jourdain.
2. Or, Balae, fils de Séphor,
voyant tout ce qu'avait fait Israël
à l'Amorrhéen :
3. Que les Moabites le crai-
gnaient extrémement, et qu'ils
ne pourraient en soutenir lat-
taque,
4. Dit aux enfants de Madian :
Ce peuple détruira tous ceux qui
demeurent à nos confins, de la
méme maniere quele beeuf broute
les herbes jusqu'aux racines.
C'est lui qui était en ce temps-là
roi de Moab.
ὃ. Ill envoya donc des messa-
33. Deut., 111, 3, et xxix, 7. — Cuap. XXII. 5. Dout., xxr, 5; Jos., xxiv, 9.
30. * Dibon, ville des Amorrhéens, fut donnée à la tribu de Gad; Dibon-Gad devint
sans doute alors son nom. Elle est située dans une plaine riche en pâturages, au
nord de l'Arnon. Plus tard elle tomba au pouvoir des Moabites. — Nophé, ville in-
connue. — Médaba, aujourd'hui Madaba, à peu de distance au sud d'Hésébon, au
nord de Baalméon.
32. * Pour explorer Jazer. Jazer était une ville des Amorrhéens. qui fit depuis
partie de la tribu de Gad, plus loin, מוצצצ 35, et devint une ville lévitique, Joswé,
xxi, 39. Elle tomba plus tard au pouvoir des Moabites. Elle était située à dix milles
romains à l'ouest de Rabbath-Ammon, à quinze milles au nord d'Hésébon. On croit
en avoir retrouvé les ruines à es-Sir, où sont des étangs qu'on peut considérer comme
la mer de Jaser dont parle Jérémie, ,]וזש 32.
33. * Basan, pays à l'est du Jourdain, borné au nord par le mont Hermon, à l'est
par le pays de Gessuri et de Machati, au sud par le pays de Galaad, à l'ouest par
la vallée du Jourdain; vaste plateau, aujourd'hui inculte, mais autrefois fertile et
couvert en partie de foréts de chénes. — Edrai, ville capitale du royaume de Basan,
sans eau, et d'un accés trés difficile; aujourd'hui Edra. On y voit des ruines consi-
dérables. Edra fut donné à Manassé.
1. * Jéricho. Voir la note sur Josué, vi, 4.
5. Le fleuve; c'est-à-dire l'Euphrate, d'après la paraphrase chaldaique et la version
&vahe. Ajoutons que ies Hébreux appelaient en effet l'Euphrate du nom énérique
(cu. xxm.)
gers à Balaam, fils de Béor, de-
vin, qui habitait sur le fleuve du
pays des enfants d'Ammon, pour
l'appeler et lui dire : Voilà qu'un
peuple est sorti de l'Egypte; il a
couvert la surface de la terre,
campé vis-à-vis de moi.
6. Viens donc, et maudis ce
peuple, parce qu'il est plus fort
que moi: si par quelque moyen
je pourrais le battre et le chas-
ser de ma terre : car je sais que
sera béni celui que tu béniras.
et maudit celui sur qui tu accu-
muleras les malédictions.
7. Ainsi, les vieillards de Moab
et les anciens de Madian allèrent,
ayant le prix de la divinalion
dans leurs mains. Or, lorsqu'ils
furent venus auprès de Balaam,
et qu'ils lui eurent raconté toutes
les paroles de Balac,
8. Balaam répondit : Demeu-
rez ici cette nuit, et je vous ré-
pondrai tout ce que m'aura dit
le Seigneur. Ceux-ci demeurant
chez Balaam, Dieu vint et lui
dit :
9. Que signifient ces hommes
chez toi?
10. Il répondit : Balac, fils de
Séphor, roi des Moabites, a en-
voyé vers moi,
11. Disant : Voilà qu'un peuple,
qui est sorti de l'Egypte, a cou-
18. Infra, xx1v, 13.
LES NOMBRES. 285
vert la surface de la terre : viens
et maudis-le : si par quelque
moyen je pouvais, en le combat-
tant, le chasser.
12. Et Dieu dit à Balaam : Ne
và pas avec eux, et ne maudis
pas ce peuple, parce quil est
béni.
13. Balaam s'étant levé le ma-
ün, dit aux princes : Allez en
votre terre, parce que le Sei-
gneur m'a défendu d'aller avec
vous.
14. Etant retournés, les princes
dirent à Balac: Balaam n'a pas
voulu venir avec nous.
15. Dalac envoya de nouveau
des messagers beaucoup plus
nombreux et plus nobles que
ceux qu'il avait d'abord envoyés.
16. Lorsqu'ils furent venus
chez Balaam, ils dirent : Ainsi dit
Balac, fils de Séphor : Ne tarde
pas à venir vers moi;
17. Je suis prêt à t'honorer,
ettout ce que tu voudras, je te le
donnerai; viens, et maudis ce
peuple .
18. Balaam répondit : Si Balac
me donnait sa maison pleine
d'argent et d'or, je ne pourrais
changer la parole du Seigneur
mon Dieu, pour dire plus ou
moins.
19. Je demande instamment
de fleuve, mais en le faisant précéder de l'article déterminatif. — * Balaam était ori-
ginaire de Pethor, ville située dans le nord de la Mésopotamie, sur les bords de
I Euphrate, au confluent de ce fleuve et du Sagur. Au lieu de : qui habitait sur le
fleuve du pays des enfants d'Ammon, le texte original porte : à Pethor, qui est sur la
rivière des enfants de son peuple, c'est-à-dire du peuple de Balaam. — Les opinions
sont partagées sur le caractère de Balaam : 4° Philon, S. Ambroise, S. Augustin le
regardent comme un faux prophète et un païen qui ne connaissait pas la vraie reli-
gion et que Dieu força à bénir malgré lui Israël, au lieu de le maudire; 2e Tertullien
et S. Jérôme au contraire le cousidérent comme un vrai prophète qui pécha seule-
inent par avarice et par ambition,
286
que vous demeuriez ici encore
cette nuit, et que je puisse sa-
voir ce que le Seigneur me ré-
pondra de nouveau.
90. Dieu vint donc vers Ba-
laam pendant la nuit, et lui dit :
Si ces hommes sont venus t'ap-
peler, léve-toi, et và avec eux,
en sorte seulement que tu fasses
ce que je t'ordonnerai.
91. Balaam se leva le matin,
el, son ânesse préparée, il partit
avec eux.
92. Alors Dieu fut irrité; et
l'ange du Seigneur se tint sur la
voie en face de Balaam, qui était
monté sur son ànesse, et avait
deux serviteurs aveo lui.
23. L'ànesse voyant l'ange qui
se tenait sur la voie, son épée
lirée du fourreau, se détourna
du chemin, et elle allait à travers
les champs. Comme Balaam la
frappait, et voulait la ramener
dans le sentier,
24. lange se tint dans le défilé
de deux murailles, dontles vignes
étaient entourées.
25. L’ânesse le voyant, se pressa
contre le mur, et froissa le pied
de celui qui la montait. Mais
Balaam la frappait de nouveau;
26. Et néanmoins l'ange, pas-
sant dans un lieu plus étroit, oü
elle ne pouvait dévier ni à droite,
ni à gauche, s'arréta à sa ren-
contre. |
27. Or, lorsque lánesse vit
lange arrété, elle tomba. sous
les pieds de celui qui 18 montait ;
Balaam irrité, lui frappait plus
fort les flancs avec son bâton.
22. II Pierre, 11, 15.
LES NOMBRES.
(en. xxi]
98. Alors le Seigneur ouvrit la
bouche de l'ànesse, et elle dit :
Que vous ai-je fait? Pourquoi me
frappez-vous ? Voilà déjà trois
fois !
29. Balaam répondit : Parce
que tu l'as mérité, et que tu t'es
jouée de moi: plüt à Dieu que
jeusse un glaive, pour te frap-
per!
30. L'ánesse répliqua : Ne suis-
je pas votre animal, sur lequel
vousavez toujours accoutumé:de
monter jusqu'au présent jour?
dites si je vous ai jamais fait
quelque chose de semblable ;. or
Balaam répondit : Jamais.
31. Aussitôt Dieu ouvrit les
yeux de Balaam, et il vit l'ange
qui se tenait sur la voie, son: épée
tirée du fourreau, et il l'adora
incliné vers là terre.
89. Et l'ange à Balaam : Pour-
quoi, dit-il, as-tu frappé trois
fois ton ànesse ? Moi, je suis venu
pour m'opposer à toi, parce que
ta voie est perverse, et qu'elle
m'est contraire :
33. Et si 180980 ne- se fût dé-
tournée, cédant la place à celui
qui lui résistait, je t'aurais tué,
et elle, elle vivrait.
34. Balaam répondit : J'ai pé-
ché, ne sachant pas que c'était
vous qui vous teniez là contre
moi : mais maintenant, s'il vous
déplait que j'aille, je retourne-
rai.
35. L'ange reprit : Va avec eux,
et prends garde de dire autre
. chose que ce que je t'ordonnerai.
: ἢ alla donc avec les princes.
22. Dieu fut irrité; à cause des mauvaises dispositions avec lesquelles Balaain se
mit en chemin. Compar. Deutér., xxiu, à,
[cu. xxur.]
36. Ce que Balac ayant appris, il
sortit à sa rencontre jusqu'à une
ville des Moabites qui est située
aux derniers confins d'Arnon.
37. Et il dit à Balaam : Jai
envoyé des messagers, pour t'ap-
peler; pourquoi n'es-tu pas venu
aussitót vers moi? Est-ce parce
que je ne puis pas donner une
récompense à ton arrivée ?
38. Balaam lui répondit : Me
voici : est-ce que je pourrai dire
autre chose que ce que Dieu
mettra en ma bouche ?
39. Is s'en allérent donc en-
semble, et ils vinrent dans une
ville qui étail aux derniers con-
fins de son royaume.
40. Or, lorsque Balac eut tué
des bœufs et des brebis, il en-
voya à Balaam et aux princes qui
étaient avec lui des présents.
41. Mais, le matin venu, il le
conduisit sur les hauts lieux de
Baal, et Balaam vit la partie du
peuple qui était aux extrémités.
CHAPITRE XXIII.
Balaam. bénit par deux fois les Israélites
au lieu de les maudire.
1. Alors Balaam dit à Balac :
Bâtis-mot ici sept autels et pré-
pare autant de veaux, et des
béliers en méme nombre.
LES NOMBRES. 287
2. Et, lorsqu'il eut fait selon la
parole de Balaam, ils placerent
ensemble un veau et un bélier
sur l'autel.
3. Et Balaam dit à Balac: Tiens-
toi un peu aupres de ton holo-
eauste, jusqu'à ce que j'aille voir
si par hasard le Seigneur se pré-
sentera à moi; et tout ce qu'il
me commandera, je te le dirai.
4. Et, s'en étant allé promp-
tement, le Seigneur se présenta.
Et Balaam lui ayant parlé : J'ai
dressé, dit-il, sept autels, et j'ai
placé un veau et un bélier par-
dessus.
9. Mais le Seigneur lui mit une
parole dans la bouche, et dit :
Retourne vers Balae ettu lui diras
ces choses.
6. Revenu, il trouva Balac se
tenant aupres de son holocauste,
ainsi que tous les princes des
Moabites ;
7. Et employant sa parabole,
il dit : C'est d'Aram que m'a fait
venir Balac, roi des Moabites,
cest des montagnes d'orient :
Viens, a-t-il dit, et maudis Jacob;
háte-toi et déteste Israel.
8. Comment maudirais-je celui
| que Dieu n’a point maudit?
Comment détesterais-je celui que
| le Seigneur ne déteste point?
9. Des rochers les plus élevés
36. * Jusqu'à une ville des Moabites. Dans l'hébreu :
Ir Moab, ville des Moabites,
au sud de Rabbath ou Ar-Moab, à l'est de la pointe méridionale de la mer Morte.
41. * Sur les hauts lieux de Baal; Sur Baal, voir la note sur Juges, vi, 23. On choisis-
sait de préférence pour l'honorer les hauts. lieux ou bamôth. Les montagnes, où l'on
trouvait l'air frais et l'ombrage, si recherché dans ce pays brülé d'Orient, attiraient
en foule ses adorateurs. Là, on chantait, on faisait de la musique, on brülait des
parfums, et on se livrait à toute sorte de débauches, La montagne appartenait à Baal
etle bocage à Aschéra, la déesse du plaisir.
4. Par-dessus chacun de ses autels. Compar. 29 et 30.
1. Sa parabole, c'est-à-dire la parabole, ou oracle prophétique que Dieu lui ins-
pirait; car c'est le sens qu'a ce mot dans ce chapitre et le suivant. — * Aram, la Syric
et la Mésopotamie à l'ouest de l'Euphrate, — Des montagnes d'Orient, mème sens.
288
je le verrai, et des collines je le
considérerai. Ce peuple habitera
seul, et il ne sera pas compté
parmi les nations.
10. Qui pourra compter la
poussiere de Jacob et connaitre
le nombre de la lignée d'Israël ?
Meure mon âme de la mort des
justes, et que ma fin soit sem-
blable à la leur.
41. Alors Balae dit à Balaam :
Qu'est-ce que tu fais? C'est pour
maudire mes ennemis que je t'ai
appelé, et au contraire tu les
bénis.
12. Balaam lui répondit Est-ce
que je puis dire autre chose que
ce qu'a commandé le Seigneur ?
13. Balac reprit donc : Viens
avec moi dans un autre lieu, d'oü
tu verras une partie d'Israël, et
tu ne pourras le voir tout entier;
de là maudis-le.
14. Et lorsqu'il l'eut conduit
daus un lieu tres élevé, sur le
sommet de la montagne de Phas-
ga, Balaam bâtit sept autels, et,
un veau et un bélier placés par-
dessus chacun d'eux,
13. li dit à Balac : Tiens-toi
ici aupres de ton holocauste,
jusqu'à ce que j'aille à la ren-
contre du Seigneur.
16. Or, lorsque le Seigneur se
fut présenté à lui, et qu'il lui eut
mis une parole dans la bouche,
il dit : Retourne vers 28180, et tu
jui diras ces choses.
11. Revenu, il le trouva se te-
naut aupres de son holocauste,
Cuar. XXIII. 22. Infra, xxiv, 8.
LES NOMBRES.
] ΧΧΠΙ.]
ainsi que les princes des Moabites
avec lui. Balac lui demanda :
Qu'a dit le Seigneur ?
18. Or, Balaam employant sa
parabole, dit : Lève-toi, Balac, et
préte l'oreille; écoute, fils de Sé-
phor :
19. Dieu n'est pas comme un
homme, pour quil mente, ou
comme le fils d'un homme, pour
qu'il change. Ainsi, il a dit, et il
ne fera pas ? il a parlé, et il n'ac-
complira pas ?
90. J'ai été amené pour bénir,
et je ne puis détourner la béné-
diction.
91. Il n'y a point didole en
Jacob, et on ne voit point de si-
mulacre en Israél. Le Seigneur
son Dieu est avec lui, et le chant
de la victoire du roi en lui.
22. Dieu l'a retiré de l'Egypte ;
sa force est semblable à celle
d'un rhinocéros.
93. Il n'y a point d'augure en
Jacob, ni de divination en Israél.
On dira en son temps à Jacob et
à Israel ce que Dieu ἃ fait.
24. Voilà qu'un peuple se lèvera
comme une lionne, et il se dres-
sera comme un lion : il ne se re-
posera pas jusqu'à ce qu'il dévore
une proie, et qu'il boive le sang
de ceux qu'il aura tués.
25. Alors Balac dit à Balaam : Ne
le maudis, ni ne le bénis.
96. Et celui-ci répondit : Ne t'ai-
je pas dit que tout ce que Dieu
commanderait, je Le ferais ?
97. Alors Balac lui dit : Viens,
10. Nous avons déjà remarqué plus d’une fois que les Hébreux employaient tris
souvent le mot dme pour signifier personne, individu.
14. * Phasga. Noir plus haut, xxi, 20.
22, * Rhinocéros. Le texte original porte : buffle sauvage.
[cu. xxiv.]
et je te conduirai dans un autre
lieu, pour voir si par hasard il
plairait à Dieu que tu les maudis-
ses de là.
28. Et, lorsqu'il 26005
surle sommet dela montagne de
Phogor, qui regarde le désert,
29. Balaam lui dit : Bátis-moi
ici sept autels, et prépare autant
de veaux, et des béliers en mé-
me nombre.
30. Balac fit comme Balaam
avait dit : il placa un veau et un
bélier sur chaque autel.
CHAPITRE XXIV.
Balaam bénit les Israélites pour la
troisième fois; ses prophéties.
1. Or lorsque Balaam eut vu
qu'il plaisait au Seigneur qu'il bé-
nit Israél, il n'alla nullement com-
me il était allé auparavant, pour
chercher un augure ; mais tour-
nant son visage vers le désert,
2. Et levant les yeux, il vit Is-
raél dans les tentes, campé selon
ses tribus : et. l'esprit de Dieu
s'emparant de lui,
3. Et lui, employant sa para-
bole, s'écria : Il a dit, Balaam, fils
de Béor; il a dit, l'homme dont
10011 fut fermé ;
4. Il a dit, celui qui entend les
paroles de Dieu, qui a contemplé
la vision du Tout-Puissant, qui
tombe, et ainsi ses yeux sont ou-
verts :
9. Que tes tabernacles sont
LES NOMBRES. 289
beaux, ὃ Jacob! et tes tentes, ὃ
Israël !
6. Elles sont comme des vallées
bien boisées, comme des jardins
arrosés d'eaux le long des fleu-
ves, comme des tabernacles qu'a
dressés le Seigneur, comme des
cedres pres des eaux.
7. L'eau coulera de son sceau,
et sa postérité se répandra com-
me des eaux abondantes. Son roi
serarejeté, à cause d'Agag, et son
royaume lui sera enlevé.
8. Dieu l’a retiré de l'Egypte, lui
dont la force est semblable à celle
du rhinocéros. Ils dévoreront les
peuples leurs ennemis, ils brise-
ront leurs os, et ils les perceront
de fleches.
9. Se couchant, il a dormi com-
me un lion, etcomme une lionne
que nul n'osera éveiller. Celui qui
te bénira, sera aussi lui-méme bé-
ni : celui qui te maudira sera com-
pris dans la malédiction.
10. Or, Balac irrité contre Ba-
laam, et frappant des mains, dit :
C'est pour maudire mes ennemis
que je t'ai appelé, et au contraire
tu les a bénis trois fois.
11. Retourne en ton lieu. J'a-
vais résolu de t'honorer magnifi-
quement; mais le Seigneur t'a
privé de l'honneur préparé.
12. Balaam répondit à Balac :
N'ai-je pas dit à tes messagers
que tu m'as envoyés :
13. Si Balac me donnait sa mai-
son pleine d'argent et d'or, je ne
Car. XXIV. 8. Supra, xxr, 22, — 13. Supra, xxr, 18.
28. * Sur le sommet de la montagne de Phogor, au nord de Phasga, dans la chaiue
de l'Abarim, vis-à-vis d'Hésébon.
1. * Vers le désert, vers les plaines de Moab, où était le camp des Israélites.
4. Et ainsi; c'est-à-dire et en tombant, Compar. 16.
8. * Rhinocéros. Voir xxur, 22,
A. T.
19
290
pourrais aller au-delà de la paro-
le du Seigneur mon Dieu, pour
produire de mon propre esprit
quelque chose de bien ou de mal;
mais tout ce que le Seigneur
dira, je le dirai?
14. Cependant, allant vers mon
peuple, je donnerai un conseil
sur ce que ton peuple doit faire
à celui-ci dans le dernier temps.
15. Employant donc sa parabo-
le, il dit encore : 11 a dit, Balaam,
fils de Béor; il a dit, l'homme
dont l'eeil fut fermé;
16. Il a dit, celui qui entend les
paroles de Dieu, qui connait la
doctrine du Tres-Haut, et voit les
visions du Tout-Puissant, qui,
tombant, a les yeux ouverts.
47. Je le verrai, mais non main-
tenant; je le contemplerai, mais
non de pres. Ir SE LÈVERA UNE ÉTOI-
LE de Jacob ; et il s’élèvera une
vierge d'Israël; et elle frappera
les chefs de Moab et ruinera tous
les enfants de Seth.
18. De plus, l'Idumée sera sa
possession ; l'héritage de Séir pas-
sera à ses ennemis, et Israel agira
vaillamment,
11. Matth., 11, 2. — 24. Dan, xi, 30.
LES NOMBRES.
[cu. xxiv.j
19. De Jacob sortira celui qui
doit dominer, et perdre les restes
de la cité.
90. Et lorsqu'il eut vu Amalec,
employant sa parabole, il dit :
Amalec est le commencement
des nations; ses derniers mo-
ments seront frappés par la des-
truction.
91. ] vit aussi le Cinéen ; et
employantsa parabole, il dit : Ton
habitation, à la vérité, est solide;
mais si c'est sur la pierre que tu
as posé ton nid,
92. Et si tu as été choisi de la
race de Cin, combien de temps
pourras-tu durer? Car Assur te
prendra.
23. Et employant sa parabole,
il dit encore : Hélas! qui vivra,
qnand Dieu fera ces choses?
24. Ils viendront d'Italie dans
des triremes ; ils vaincront les
Assyriens; ils ruineront les Hé-
breux, et à la fin, eux-mêmes
aussi périront.
25. Apres cela Balaam se leva,
et retourna en son lieu; Balac
aussi s'en retourna par la même
voie qu'il était venu.
17. Les Pères, et les interprètes chrétiens, et méme les anciens Juifs conviennent
que cette prophétie regarde la venue du Messie. — * Tous les enfants de Seth, c'est-
à-dire les enfants du tumulte, périphrase poétique pour désigner les belliqueux
Moabites.
19. De la cité, ou d'une cilé..La paraphrase chaldaique de Jérusalem, et plusieurs
interprètes chrétiens supposent que c'est Rome, où le paganisme a été détruit par
le dominateur de Jacob.
20. * Amalec, tribu nomade de la péninsule sinaitique, entre le mont Sinai et 11-
dumée, au sud de la Palestine.
21. * Le Cinéen. Voir Genése, xv, 19.
22. * Assur, l'Assyrie, royaume qui avait pour capitale Ninive sur le Tigre.
24. * D'Italie. En hébreu Kittim, qui désigne proprement l'ile de Cypre et par ex-
tension les pays à l'ouest de Cypre.
₪ xxv.)
CHAPITRE XXV.
Crime des Israélites avec les filles des
Moabites. Zéle de Phinéés. Dieu lui
promet le sacerdoce.
1. Or, en ce temps-là Israël de-
meurait à Settim, et le peuple
forniqua avec les filles de Moab,
1 2. Qui les appelèrent à leurs
sacrifices ; et eux en mangerent
et ils adorèrent leurs dieux,
3. Et Israël fut initié au culte
de Béelphégor; et le Seigneur
irrité,
4. Dit à Moise : Prends tous les
princes du peuple, et suspends-
les à des potences à la face du
soleil, afin que ma fureur se dé-
tourne d'Israël.
5. Moïse dit donc aux juges
d'Israël : Que chacun tue ses
proches, qui ont été initiés au
culte de Béelphégor.
6. Et voilà qu'un des enfants
d'Israël entra devant ses frères
chez une prostituée madianite,
Moïse le voyant, ainsi que toute
la multitude des enfants d'Israël,
qui pleuraient devant la porte du
tabernacle.
7. Ce qu'ayant vu Phinéès, fils
d'Eléazar, fils d'Aaron, le prêtre,
il se leva du milieu de la multi-
tude, et, un poignard pris,
8. Il entra aprés l'Israélite,
dans la tente de prostitution,
LES NOMBRES. 291
et les perca tous deux, c'est-à-
dire l'homme et la femme dans
les parties secrètes : et la plaie
fut détournée des enfants d'Is-
raél;
9. Or, vingt-quatre mille hom-
mes furent tués.
10. Et le Seigneur dit à Moise :
11. Phinées, fils d'Eléazar, fils
d'Aaron,le prétre, a détourné ma
colere des enfants d'Israél, parce
quil a été animé de mon zèle
contre eux, afin que moi-méme
je ne détruisisse point les enfants
d'Israël dans mon zèle.
12. C'est pourquoi dis-lui
Voici que je lui donne la paix de
mon alliance;
13. Et ce sera tant pour lui que
pour sa postérité un pacte per-
pétuel de sacerdoce, parce qu'il a
été zélé pour son Dieu, et qu'il
a expié le crime des enfants d'Is-
rael.
14. Or le nom de l'homme is-
raélite, qui fut tué avec la Madia-
nite, était Zambri, fils de Salu,
chef de la parenté et de la tribu
de Siméon.
15. Et la femme madianite qui
pareillement fut tuée, s'appelait
Cozbi, fille de Sur, prince très
noble des Madianites.
16. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
17. Que les Madianites sentent
Cnar. XXV. 3. Jos., xxi, 17; Ps. cv, 28. — 4. Deut., 1v, 3. — 5. Exode, xxxir, 21.
— 1. Ps. cv, 30; 1 Mach., iz, 26; I Cor., x, 8. — 12. Eccli., xv, 30; I Mach., ir, 54. —
17. Infra; xxxi, 2:
1. * Seltim, à l'est du Jourdain, vis-à-vis de Galgala et de Jéricho placées de l'autre
cóté du fleuve.
3. * Béelphégor, nom d'un Baal particulier. Voir la note sur Juges, vi, 25.
4. À la face du soleil. Selon la loi, les cadavres ne devaient demeurer à la potence
que jusqu'au coucher du soleil. Voy. Deutér., xxt, 23; Jos., vur, 99; x, 21.
9. Au lieu de vingt-quatre mille, saint Paul, faisant allusion à cet événement, ne
compte que vingt-trois mille morts; mais l'apótre parle sans doute des Israélites
qui périrent par la peste, et nullement de ceux que les juges firent mourir.
202
que vous étes leurs ennemis, et
frappez-les,
18. Parce qu'eux-mémes aussi
vous ont traités hostilement, et
vous ont trompés insidieusement
parl'idole de Phogor, et par Cozbi,
fille du chef de Madian, leur sceur,
qui fut frappée au jour de la plaie,
à cause du sacrilège de Phogor.
CHAPITRE XXVI.
Troisième dénombrement des enfants
d'Israél.
1. Apres que le sang des cou-
pables eut été répandu, le Sei-
gneur dit à Moise et à Eléazar,
le prétre, fils d'Aaron:
9. Faites le dénombrement
complet des enfants d'Israél de-
puis vingt ans et au-dessus, selon
leurs maisons et leur parenté, de
tous ceux qui peuvent aller aux
combats.
3. C'est pourquoi Moise et Eléa-
zar,le prétre, parlerent, dans les
plaines de Moab, sur le Jourdain,
contre Jéricho, à ceux qui avaient
4. Vingt ans et au-dessus,
comme le Seigneur avait com-
mandé, et dont voici le nombre:
5. Ruben, premier-né d'Israël ;
son fils Hénoch, de qui vient la
famille des Hénochites; Phallu,
de qui vient 18 famille des Phal-
luites ;
6. Hesron, de qui vient la fa-
mille des Hesronites; et Charmi,
de qui vient la famille des Char-
mites.
7. Telles sont les familles de
LES NOMBRES.
[cu. xxvr.]
la race de Ruben, dont le
nombre trouvé fut de quarante-
trois mille et sept cent trente.
8. Le fils de Phallu, fut Eliab;
9. Les fils de celui-ci, Namuel,
Dathan et Abiron. Ce sont Dathan
et Abiron, les princes du peuple,
qui s'éleverent contre Moise et
Aaron, dans la sédition de Coré,
quand ils se révoltèrent contre le
Seigneur,
10. Et que la terre, ouvrant
sa bouche, dévora Coré, un grand
nombre, étant morts; quand le
feu brüla deux cent cinquante
hommes. Alors il se fit un grand
miracle,
11. Tel que, Coré périssant, ses
fils ne périrent pas.
12. Les fils de Siméon selon
leurs familles : Namuel; de lui
vient la famille des Namuélites :
Jamin ; de lui vient la famille des
Jaminites : Jachin; de lui vient
la famille des Jachinites :
13. Zaré ; de lui vient 18 famille
des Zaréites : Saül; de lui vient
la famille des Saülites.
14. Ge sont là les familles de la
race de Siméon, dont le nombre
total fut de vingt-deux mille deux
cents.
15. Les fils de Gad, selon leur
parenté : Séphon; de lui vient la
famille des Séphonites : Agg!;
de lui vient la famille des Aggites :
Suni ; de lui vient la famille des
Sunites :
16. Ozni; de lui vient la fa-
mille des Oznites : Her; de lui
vient la famille des Hérites :
Car. XXVI. 2. Supra, 1, 2, 3. — 5. Gen., xLvi, 9; Exode, vi, 14; I Par., v, 3. —9. Supra,
XVI, À, 2.
oo
18. * Phogor, pour Béelphégor. Voir plus haut, v, 3.
3. * Contre Jéricho. Voir la note sur Josué, vi, 1.
[cu. xxvr.]
17. Arod; de lui vient la famille
des Arodites : Ariel; de lui vient
la famille des Ariélites :
48. Telles sont les familles de
Gad, dont le nombre total fut de
quarante mille cinq cents.
49. Les fils de Juda : Her et
Onan, qui tous deux moururent
dans la terre de Chanaan.
90. Or, les fils de Juda furent,
selon leur parenté : Séla, de qui
vient la famille des Sélaites :
Phares, de qui vient la famille des
Pharésites : Zaré, de qui vient la
famille des Zaréites.
91. Mais les fils de Phares : Hes-
ron, de qui vient la famille des
Hesronites; et Hamul, de qui
vient la famille des Hamulites.
92, Telles sont les familles de
Juda, dont le nombre total fut de
soixante-seize mille cinq cents.
93. Les fils d'Issachar, selon
leur parenté : Tola, de qui vient
la famille des Tolaites : Phua, de
qui vient la famille des Phuaites :
24. Jasub, de qui vient la fa-
mille des Jasubites : Semran, de
qui vient la famille des Semra-
nites.
25. Telle est la parenté d's-
sachar, dont le nombre total fut
de soixante-quatre mille trois
cents.
26. Les fils de Zabulon, selon
leur parenté : Sared, de qui vient
la famille des Sarédites : Elon, de
qui vient la famille des Elonites :
18161, de qui vient la famille des
Jalélites.
97. Telle est la parenté de Za-
bulon, dont le nombre fut de
soixante mille cinq cents. :
98.1,68 fils de Joseph, selon
LES NOMBRES.
293
leur parenté Manassé οἱ
Ephraim.
29. De Manassé naquit Machir,
de qui vient la famille des Ma-
chirites. Machir engendra Galaad,
de qui vient la famille des Galaa-
dites.
90. Galaad eut des fils : Jézer,
de qui vient la famille des Jézé-
rites : 116166, de qui vient la famil-
le des Hélécites :
91. Asriel, de qui vient la famil-
le des Asriélites : Séchem, de qui
vient la famille des Séchémites :
32. Sémida, de qui vient la
famille desSémidaites; et Hépher,
de qui vient la famille des Héphé-
rites.
33. Or Hépher fut père de
Salphaad qui n'eut point de fils,
mais seulement des filles, dont
les noms sont: Maala, Noa, Hégla,
Melcha et Thersa.
34. Ge sont là les familles de
Manassé, et leur nombre fut de
cinquante-deux mille sept cents.
39. Mais les enfants d'Ephraim,
selon leur parenté, furent ceux-
ci : Suthala, de qui vient la famil-
le des Suthalaites : Bécher, de
qui vient la famille des Béchéri-
tes : Théhen, de qui vient la fa-
mille des Théhénites.
36. Or, le fils de Suthala fut Hé-
ran, de qui vient la famille des
Héranites.
31. Telle est la parenté des file
d'Ephraim, dontle nombre fut de
trente-deux mille cinq cents.
38. Ge sontlà les fils de Joseph,
selon leurs familles. Les fils de
Benjamin, selon leur parenté :
Béla, de qui vient la famille des
Bélaites : Asbel, de qui vient la
19, Gen., xxxviu, 3, 4, — 99. Jos., נטא 4. — 39. Infra, נצאא 4. — 33. Ibid.
294
familles des Asbélites : Ahiram,
de qui vient la famille des Ahira-
mites.
39. Supham, de qui vient la fa-
mille des Suphamites : Hupham,
jde qui vient la famille des Hupha-
mites.
40. Les fils de Béla : Héred et
Noéman. De Héred vient la famil-
le des Hérédites; de Noéman, la
famille des Noémanites.
44. Ce sont là les fils de Benja-
min, selon leur parenté, dont le
nombre fut de quarante-cinq mil-
le six cents.
49. Les fils de Dan, selon leur
parenté : Suham, de qui vient la
famille des Suhamites. Telle est la
parenté de Dan, selonsesfamilles.
49.. Tous furent Suhamites,
dont 16 nombre était de soixante-
quatre mille quatre cents.
44. Les fils d'Aser, selon leur
parenté : Jemna, de qui vient la
famille des Jemnaites : Jessui de
qui vient la famille des Jessuites :
Brié, de qui vient la famille des
Briéites.
45. Les fils de Brié : Héber, de
qui vient la famille des Hébérites.
et Melchiel, de qui vient la famil-
le des Melchiélites.
46. Mais le nom de la fille d'Aser
fut Sara.
41. Telle est la parenté des fils
d'Aser, et leur nombre fut de cin-
quante-trois mille quatre cents.
48. Les fils de Nephthali, selon
leur parenté : Jésiel, de qui vient
57. Exode, vi, 16.
LES NOMBRES.
[c xxvi.
la famille des Jésiélites : Guni, de
qui vient la famille des Gunites.
49. Jéser, de qui vient la famil-
le des Jésérites : Sellem, de qui
vient la famille des Sellémites.
50. Telle est la parenté des fils
de Nephthali, selon leurs familles,
et dont le nombre fut de quaran-
te-cinq mille quatre cents.
91. C'est là le nombre des en-
fants d'Israél qui furent recensés :
six cent et un mille sept cent
trente.
52. Le Seigneur parla ensuite
à Moise, disant :
53. La terre leur sera partagée
selon le nombre des noms, pour
étre leurs possessions.
54. Au plus grand nombre tu
donneras la plus grande partie,
et au plus petit nombre, la moin-
dre ; à chacun sera remise sa pos-
session, selon quil vient d'étre
recensé ;
55. De manière seulement que
ce soit le sort qui partage la terre
aux tribus et aux familles.
56. Tout ce qui sera échu par
le sort, c’est ce que recevra ou le
plus grand nombre ou le plus pe-
tit nombre.
57. Voici aussi le nombre des
fils de Lévi, selon leurs familles :
Gerson, de qui vient la famille des
Gersonites : Caath, de qui vient la
famille des Caathites : Mérari, de
qui vient la famille des Mérarites.
58. Voici les familles de Lévi: la
famille de Lobni, la famille d'Hé-
39. Les cinq autres fils de Benjamin dont il est parlé dans la Genèse, ,זא
étaient apparemment morts sans postérité.
42. Au lieu de Suham, on lit dans la Genése, xLvi, 23, Husim. Voy. notre note sur
ce mot.
54-56. * Ces prescriptions furent observées seulement en partie, parce que quelques
iribus conquirent pour leur propre compte une partie dela Terre Promise.
[cH. xxvir.]
broni, 18 famille de Moholi,la fa-
mille de Musi, la famille de Coré.
Mais Caath engendra Amram,
59. Qui eut pour femme Jocha-
bed, fille de Lévi, laquelle naquit
en Egypte; c'est elle qui engen-
dra à Amram, son mari, ses fils,
Aaron et Moise, et Marie leur
sœur.
60. D'Aaron naquirent : Nadab,
Abiu, Eléazar, et Ithamar ;
61. Dont Nadab et Abiu mouru-
rent, lorsqu'ils eurent offert un
feu étranger devant le Seigneur.
62. Ainsi tous ceux qui furent
dénombrés, s'éleverent à vingt-
trois mille du sexe masculin, de-
puis un mois et au-dessus, parce
qu'ils ne furent pas recensés par-
miles enfants d'Israël, et qu'il
ne leur fut pas donné de posses-
sion avec les autres.
63. C'estlàlenombre des enfants
d'Israél, qui furent enregistrés
par Moise et Eléazar, le prétre,
dans les plaines de Moab, sur le
Jourdain, contre Jéricho;
64. Parmi lesquels il ne s'en
trouva aucun de ceux qui avaient
été dénombrés auparavant par
Moïse et Aaron dans le désert de
Sinai.
65. Car le Seigneur avait prédit
que tous mourraient dans le dé-
sert. Ainsi, il ne resta pas un
seul d'eux, si ce n'est Caleb, fils
de Jéphoné, et Josué, fils de Nun.
CHAPITRE XXVII.
Loi touchant les héritages. Moise consi-
dére la terre de Chanaan. Josué est
nommé pour lui succéder.
1. Or, vinrent les filles de Sal-
phaad, fils d'Hépher, fils de Ga-
LES NOMBRES.
295
laad, fils de Machir, fils de Ma-
nassé, qui fut fils de Joseph, dont
les noms sont Maala, Noa, Hégla,
Melcha et Thersa,
2. Et elles se présenterent de-
vant Moise et Eléazar, le prétre,
ettous les princes du peuple, à
l'entrée du tabernacle d'alliance,
et dirent :
3. Notre père est mort dans
le désert, etil n'a pas été dans la
sédition qui fut excitée contre le
Seigneur sous Coré, mais il est
mort dans son péché : lui n'a pas
eu d'enfants máles. Pourquoi son
nom est-il 616 de sa famille, parce
qu'il n'a pas eu de fils? Donnez-
nous une possession parmi les
parents de notre père.
4. Et Moise portaleur cause au
jugement du Seigneur,
5. Qui lui dit :
6. C'est une chose juste que
demandent les filles de Salphaad :
donne-leur une possession parmi
lesparents deleurpéere, et qu'elles
lui succèdent dans l'héritage;
7. Mais aux enfants d'Israël, tu
diras ces choses :
8. Lorsqu'un homme mourra
sans fils, l'héritage passera à sa
fille :
9. S'il n'a point de fille, il aura
pour successeurs ses freres;
10. Que s'il n'a pas méme de
frères, vous donnerez l'héritage
aux freres de son père;
11. Mais s'il n'a pas non plus
d'oncles paternels, l'héritage sera
donné à ceux qui lui sont plus
proches ; et ce sera pour les en-
fants d'Israél une chose sainte
par une loi perpétuelle, comme a
ordonné le Seigneur à Moise.
61. Lev., x, 1; Supra, ur, 4; I Par., xxiv, 2. — 64, I Cor., x, 5. — 65. Supra, xiv, 23, 24.
— CBaP. XXVII. 1. Supra, xxvi, 32, 33; Infra, xxxvi, 1; Jos., xvii, 1. — 3. Supra, xvi, 4.
29€ LES NOMBRES.
19. Le Seigneur dit aussi à
Moise : Monte sur cette montagne
d'Abarim, et contemple de là la
terre, que je dois donner aux
enfants d'Israël;
13. Et lorsque tu l'auras vue,
tu iras, toi aussi, vers ton peu-
ple, comme y est allé ton frère
Aaron ;
14. Parce que vous m'avez of-
fensé dans le désert de Sin, à la
contradiction de la multitude, et
vous n'avez pas voulu me sancti-
fier devant elle, prés des eaux;
ce sont les eaux de contradiction
à Cades du désert de Sin.
15. Moise lui répondit :
16. Que le Seigneur Dieu des
esprits de toute chair choisisse
un homme qui soit au-dessus de
celte multitude,
47. Et qui puisse sortir et en-
trer devant eux, les faire sortir
ou les faire entrer; afin que le
peuple du Seigneur ne soit pas
comme le troupeau sans pas-
leur.
48. Or, le Seigneur lui dit :
PrendsJosué, fils de Nun, homme
dans lequel est 720» Esprit, et
pose ta main sur lui.
19. ll se tiendra devant Eléa-
zar, le prétre, et toute la mulü-
tude;
90. Et tu lui donneras des pré-
ceptes à la vue de tous, et une
partie de ta gloire, afin que toute
[cu. ΧΧΥΠΙ.ἢ
lassemblée des enfants d'Israél
l'écoute.
91. S'il faut entreprendre
quelque chose, Eléazar, le prétre,
consultera le Seigneur pour lui.
A sa parole, Josué sortira et en-
trera, et tous les enfants d'Israël
avec lui, et le reste de la multi-
tude.
22. Moïse fit comme avait or-
donné le Seigneur. Ainsi, lors-
qu'il eut pris Josué, il le présenta
devant 13168281, 16 prêtre, et toute
la foule du peuple.
23. Et, les mains imposées sur
sa 1610, il déclara tout ce qu'a-
vait commandé le Seigneur.
CHAPITRE XXVIII.
Lois touchant les sacrifices pour chaque
jour, et pour les jours de féte.
4. Le Seigneur dit aussi à
Moise :
2. Ordonne aux enfants d'Is-
rael, et tu leur diras : Offrez en
leurs temps mon oblation, les
pains et le sacrifice consumé par
le feu d'une odeur très suave.
3. Voici les sacrifices que vous
devez offrir: deux agneaux d'un
an, sans tache, tous les jours, en
holocauste perpétuel;
4. Vous en offrirez un le ma-
tin, et l'autre vers le soir :
5. La dixieme partie d'un éphi
de fleur de farine, qui soit arro-
12. Deut., xxxii, 49. — 14. Supra, xx, 12; Deut., xxxi, 91. — 18, Deut., 111, 21. —
Car. XXVIII. 3. Exode, xxix, 38.
12. * Abarim, dans le pays de Moab, à l'est de la mer Morte.
14. Me sanclifier. Voy. plus haut, xx, 19. — * À Cadès. Voir plus haut, xx, 1.
16. Des esprits de toute chair. Voy. xvi, 22.
417. Entrer et. sorlir devant eux; comme font les pasteurs qui conduisent leurs
troupeaux; c'est-à-dire les gouverner, les diriger, les conduire.
21. Par entrer et le sortir les Hébreux comprenaient toutes les actions, l'ensemble
de la vie et de la conduite.
[cu. xxvii.)
sée d'huile trés pure, et de la
quatrieme partie du hin.
6. C'est l'holocauste perpétuel
que vous avez offert sur 18 mon-
tagne de Sinai, en odeur tres
suave d'un sacrifice au Seigneur,
consumé par le feu.
7. Et vous répandrez en liba-
tions la quatrieme partie d'un
hin de vin pour chaque agneau,
dans le sanctuaire du Seigneur.
8. Et l'autre agneau, vous l’of-
frirez de méme vers le soir, se-
lon toutle rite du sacrifice du
matin, et de ses libations : obla-
lion d'une trés suave odeur pour
le Seigneur.
9. Mais au jour du sabbat, vous
offrirez deux agneaux d'un an,
sans tache, et deux décimes de
fleur de farine, arrosée d'huile,
pour le sacrifice, et les libations,
10. Qui, selon les rites, sont
répandues à chaque sabbat en
holocauste perpétuel.
11. Mais aux calendes, vous
offrirez un holocauste au Sei-
gneur : deux veaux pris d'un
troupeau, un bélier, septagneaux
d'un an, sans tache,
19. Et irois décimes de fleur
de farine, arrosée d'huile, pour
le sacrifice de chaque veau, et
deux décimes de fleur de farine,
arrosée d'huile, pour chaque bé-
lier;
13. Et la décime d'une décime
de fleur de farine avec de l'huile,
pour le
LES NOMBRES.
sacrifice de chaque
297
agneau : holocauste d'une très
suave odeur et d'un sacrifice au
Seigneur consumé par le feu.
14. Quant aux libations de vin
qui doivent étre répandues pour
chaque victime, les voici : la moi-
üé du hin pour chaque veau, la
troisième partie pour le bélier,
la quatrième pour l'agneau : ce
sera là un holocauste pour tous
les mois quise succèdent dans le
cours de l’année.
15. Un bouc aussi sera offert
au Seigneur pour les péchés en
holocauste perpétuel avec ses li-
bations.
16. Mais au premier mois, au
quatorzieme jour du mois, sera
la Páque du Seigneur,
17. Et au quinzième jour, la
solennité : pendant sept jours on
mangera des azymes.
18. Le premier de ces jours
sera vénérable et saint : vous ne
ferez aucune œuvre servile en ce
jour,
19. Et vous offrirez un sacri-
fice holocauste au Seigneur: deux
veaux pris d'un troupeau, un bé-
lier, sept agneaux d'un an, sans
tache;
20. Et les offrandes pour cha-
cun, de fleur de farine qui soit
arrosée d'huile, trois décimes
pour chaque veau et deux dé-
cimes pour le bélier;
21. Et la décime d'une décime
pour chaque agneau, c'est-à-dire,
pour sept agneaux.
9. Matt., xir, 9. — 16. Exode, xri, 18; Lévit., xxxi, 5.
——————————————— áÁ—BÓ— M —— M —— s.
11. * Auz calendes, à la nouvelle lune qui marque le commencement du mois chez
les Hébreux.
18. La décime était la dixième partie de l'épha ou éphi, qui était lui-même 18
dixième partie du Aómer ou cór; or l'éphi valait environ vingt-neuf pintes et demie
de Paris.
21. Pour sept agneaux ; c'est-à-dire pour chacun des sept agneaux.
298
99. Et un bouc pour le péché
afin qu'il serve d'expiation pour
VOUS ;
93. Outre l'holocauste du ma-
lin, que vous offrirez toujours.
24. C'est ainsi que vous ferez à
chaque jour des sept jours pour
lentretien du feu, et en odeur
trés suave pour le Seigneur, la-
quelle s'élévera de l’holocauste
οἱ des libations de chaque vic-
time.
25. Le septième jour sera aussi
trés solennel et saint pour vous :
vous ne ferez aucune œuvre ser-
vile en ce jour.
26. De méme, le jour des pré-
mices, quand vous offrirez les
nouveaux grains au Seigneur, les
semaines étant accomplies, sera
vénérable et saint : vous ne ferez
aucune œuvre servile en ce jour.
97. Et vous offrirez un holo-
causte en odeur trés suave pour
le Seigneur : deux veaux pris
d'un troupeau, un bélier, et sept
agneaux d'un an, sans tache ;
28. Et pour les oblations qui
les accompagnent, trois décimes
de fleur de farine, arrosée d'hui-
le, pour chaque veau, deux pour
les béliers,
29. La décime d'une décime,
pour les agneaux, qui font en-
semble sept agneaux ; et un bouc,
30. Qui est immolé pour l'ex-
piation, outre l'holocauste per-
pétuel et ses libations.
Car. XXIX. 7. Lévit., xvi, 29; xxii, 21.
-— LES NOMBRES.
[cH. xxix.]
91. Vous offrirez sans tache
toutes ces victimes avec leurs
libations.
CHAPITRE XXIX.
Sacrifice pour la féte des Trompettes,
pour celle de l'Expiation, et pour celle
des Tabernacles.
1. Le premier jour du septième,
mois sera aussi vénérable et saint |
pour vous : vous ne ferez aucune
œuvre servile en ce jour, parce
que c'est le jour du son éclatant
et des trompettes.
9. Or, vous offrirez un holo-
causte, en odeur trés suave pour
le Seigneur : un veau pris d'un
troupeau, un bélier, et sept
agneaux d'un an, sans tache :
3. Et pour les oblations qui les
accompagnent, trois décimes de
fleur de farine, arrosée d'huile,
pour chaque veau, deux décimes
pour le bélier,
4. Une décime pour chacun des
agneaux, qui font ensemble sept
agneaux ;
9. Et un bouc pour le péché,
qui est offert pour l'expiation du
peuple,
6. Outre l'holocauste des ca-
lendes avec ses oblations, et
l'holocauste perpétuel avec les
libations ordinaires; avec les
mémes cérémonies, vous offri-
rez, comme une odeur tres suave,
un holocauste au Seigneur.
7. Le dixième jour de ce septiè-
26. Les semaines, etc. Voy. Lévit., xxi, 15.
27. Cet holocauste est indépendant de celui dont parle Moïse dans le Lévitique
(xxi, 18), et qui appartenait au sacrifice quotidien.
1. Du son éclatant et des trompettes ; c'est-à-dire du son éclatant des trompettes ;
figure grammaticale dont la Bible fournit un certain nombre d'exemples. — * Cette
féte du premier jour du septième mois s'appela la fête des trompettes.
[cg. xxix.)
me mois sera aussi pour vous
saint et vénérable, et vous affli-
gerez vos âmes : vous ne ferez
aucune œuvre servile en ce jour.
8. Et vous offrirez un holocauste
au Seigneur, en odeur très
suave : un veau pris d'un trou-
peau, un bélier, sept agneaux
d'un an, sans tache :
9. Et pour les oblations qui
les accompagnent, trois décimes
de fleur de farine, arrosée d'huile,
pour chaque veau, deux décimes
pour le bélier,
10. La décime d'une décime
pour chacun des agneaux, qui
font ensemble sept agneaux ;
11. Et un bouc pour le péché,
outre ce qui a coutume d'étre
offert pour le délit en expiation,
et pour lholocauste perpétuel,
avec l'oblation et les libations
qui l'accompagnent.
19. Mais au quinzième jour du
septième mois, qui vous sera
saint et vénérable, vous ne ferez
aucune œuvre servile, mais vous
célébrerez une solennité au Sei-
gneur durant sept jours ;
13. Et vous offrirez un holo-
causte en odeur très-suave pour
le Seigneur : treize veaux pris
d'un troupeau, deux béliers, qua-
torze agneaux d'un an, sans
tache ;
14. Et pour leurs libations,
trois décimes de fleur de farine,
arrosée d'huile, pour chacun des
veaux, et deux décimes pour un
bélier, c'est-à-dire, pour les deux |
béliers ensemble ;
15. Et la décime d'une décime
pour chacun des agneaux, qui
font ensemble quatorze agneaux ; '
LES NOMBRES. 299
16. Et un bouc pour le péché,
outre l'holocauste perpétuel, l'o-
blation et la libation qui lac-
compagnent.
17. Au second jour vous offri-
rez douze veaux pris d'un trou-
peau, deux béliers, quatorze
agneaux d'un an, sans tache ;
18. Vous offrirez aussi, selon
les rites, les oblations et les liba-
tions pour chacun des veaux,
des béliers et des agneaux ;
19. Et un bouc pour le péché,
outre lholocauste perpétuel, l'o-
blation et les libations qui l'ac-
compagnent.
20. Au troisieme jour, vous
offrirez onze veaux, deux béliers,
quatorze agneaux d'un an, sans
tache :
21. Vous offrirez aussi selon
les rites, les oblations et les liba-
lions pour chacun des veaux,
des béliers et des agneaux;
22. Et un bouc pour le péché,
outre l'holocauste perpétuel, l'o-
blation et la libation qui l'ac-
compagnent.
23. Au quatrième jour, vous
offrirez dix veaux, deux béliers,
qualorze agneaux d’un an, sans
tache ;
24. Vous offrirez aussi, selon
les rites, les oblations et les li-
bations pour chacun des veaux,
des béliers et des agneaux ;
25. Et un bouc pour le péché,
outre l'holocauste perpétuel, l'o-
blation et la libation qui l'ac-
compagnent.
26. Au cinquieme jour, vous
offrirez neuf veaux, deux béliers,
quatorze agneaux d'un an, sans
tache ;
En
12. * Une solennité, la fête des Tabernacles
900
97. Vous offrirez aussi, selon
les rites, les oblations et les li-
bations pour chacun des veaux,
des béliers et des agneaux ;
98. Et un bouc pour le péché,
outre l'holocauste perpétuel, l'o-
blation et la libation qui l'accom-
pagnent.
29. Au sixième jour, vous of-
frirez huit veaux, deux béliers,
quatorze agneaux d'un an, sans
tache ;
30. Vous offrirez aussi, selon
les rites, les oblations et les
libations pour chacun des veaux,
des béliers et des agneaux ;
31. Et un bouc pour le péché,
outre l'holocauste perpétuel, l'o-
blation et la libation qui l'ac-
compagnent.
39. Au septième jour, vous
offrirez sept veaux, deux béliers,
quatorze agneaux d'un an, sans
tache ;
33. Et vous offrirez, selon les
rites, les oblations et les libations
pour chacun des veaux, des bé-
liers et des agneaux ;
34. Et un bouc pour le péché,
outre l'holocauste perpétuel, l'o-
blation etla libation qui l'accom-
pagnent.
35. Au huitième jour, qui est
très solennel, vous ne ferez au-
cune ceuvre servile ;
36. Vous offrirez un holocauste
en odeur tres suave pour le Sei-
eneur: un veau, un bélier, sept
agneaux d'un an, sans tache;
37. Vous offrirez aussi, selon
les rites, les oblations et les liba-
tions pour chacun des veaux, des
béliers et des agneaux;
LES NOMBRES.
[cu. xxx.]
38. Et un bouc pour le péché,
outre l’holocauste perpétuel, l'o-
blation et la libation qui l’accom-
pagnent.
39. Voilà ce que vous offrirez
au Seigneur dans vos solennités,
outre les vœux, les offrandes
spontanées en holocauste, en
oblation, en libation et en hos-
ties pacifiques.
CHAPITRE XXX.
Lois touchant les vœux et les promesses
faites avec serment.
1. Et Moïse raconta aux en-
fants d'Israél tout ce que le Sei-
gneur lui avait commandé ;
2. Et il dit aux princes des
tribus des enfants d'Israël : Voici
la parole qu'a ordonnée 16 Sei-
gneur :
3. Si un homme a voué un vœu
au Seigneur, ou s'est lié par ser-
ment, il ne rendra point vaine sa
parole, mais il effectuera tout ce
qu'il a promis.
4. Si une femme a voué quel-
que chose et s'est liée par ser-
ment, et qu'elle soit dans la mai-
son de son pere, et encore dans
le jeune âge; si le père connait
le vœu qu'elle a fait, et le ser-
ment par lequel elle a lié son
âme et qu'il garde le silence, elle
est obligée à son vœu;
9. Tout ce qu'elle a promis et
juré, elle le mettra à effet;
6. Mais, si, dès qu'il l apprend,
son pere proteste contre, et ses
vœux et ses serments seront
nuls, et elle ne sera point obli-
gée à tenir son engagement, par-
35. Les autres fétes ne duraient que sept jours, mais celle des Tabernacles en
durait huit. Aprés le premier jour, le huitième était le plus solennel.
|
xxxr.] .זס]
ce que son père a protesté contre.
7. Si elle a un mari, et qu'elle
ait voué quelque chose, et qu'une
parole une fois sortie de sa bouche
ait obligé son âme par serment,
8. Et que dans le jour où son
mari l'a appris, il n'ait pas pro-
testé contre, elle sera obligée à
son vœu, et elle effectuera tout
. ce qu'elle a promis ;
9. Mais, si l'apprenant, le mari
proteste contre aussitót, et rend
ainsi nulles ses promesses, et les
paroles par lesquelles elle a lié
son áme, le Seigneur lui sera
propice.
10. Une veuve et une répudiée
effectueront tout ce qu'elles ont
voué.
11. Lorsqu'une femme dans la
maison de son mari s'est liée par
vœu ou par serment,
19. Si son mari lapprend, et
qu'il garde le silence, et ne pro-
leste pas contre son engagement,
elle effectuera tout ce qu'elle a
promis;
13. Mais si sur-le-champ il pro-
teste contre, elle ne sera pas
obligée à tenir sa promesse,
parce que son mari a protesté
contre ; et le Seigneur lui sera
propice.
14. Si elle a fait un vœu, et si
elle s'est obligée par serment à
aftliger son àme par le jeüne, ou
par l'abstinence de toute sorte de
choses, il dépendra de son mari
qu'elle le fasse ou ne le fasse
pas;
Cap. XXXI. 3. Supra, xxv, 11.
LES NOMBRES.
301
15. Que, si lapprenant, son
mari garde le silence, et differe
jusqu'au lendemain à dire son
sentiment, tout ce qu'elle a voué
et promis, elle l'effectuera, parce
que dès qu'il l'a appris, il a gardé
le silence;
16. Mais s'il a protesté contre,
aprés quil est venu à le savoir,
il portera lui-même l’iniquité de
sa femme.
17. Telles sont les lois que le
Seigneur a établies par Moise
entre le mari et la femme, entre
le pere et la fille, qui est encore
dans le jeune âge, ou qui de-
meure dans la maison de son
père.
CHAPITRE XXXI.
Défaite des Madianites. Partage du butin.
1. Le Seigneur parla encore à
Moïse, disant :
2. Venge d’abord les enfants
d'Israël des Madianites, et après
cela tu seras réuni à ton peuple.
3. Et aussitôt Moïse : Armez,
dit-il, pour le combat, des
hommes d'entre vous,qui puissent
exercer la vengeance du Sei-
gneur sur les Madianites.
4. Que mille hommes de chaque
iribu soient choisis du milieu
d'Israél pour étre envoyés à la
guerre.
5. Et ils donnèrent mille hom--
mes de chaque tribu, c'est-à-
dire, douze mille tout préts pour
le combat,
14. Affliger son âme par le jeûne, etc. ; hébraisme, pour: jeüner, pratiquer l'abs-
tinence, etc.
2. Tu seras réuni à ton peuple. Voy. sur cette formule, xx, 24. — * Des Madianites.
115 habitaient dans le désert à l'est des Moabites.
802 LES NOMBRES.
6. Que Moise envoya avec Phi-
nées, fils d'Eléazar, le prétre; il
lui remit aussi les vases saints et
les trompettes pour en sonner.
7. Lors donc qu'ils eurent
combattu contre les Madianites,
etremportéla victoire, ils tuèrent
tous les mâles,
8. Et leurs rois, Evi, Recem,
Sur, Hur et Rébé, cinq princes de
la nation; ils tuèrent aussi par le
glaive Balaam, fils de Béor.
9. Et ils prirent leurs femmes,
leurs petits enfants, tous leurs
troupeaux, tous leurs meubles;
ils pillèrent tout ce qu'ils pou-
vaient avoir.
10. La flamme consuma tant
les villes que les bourgades et les
châteaux.
11. Et 115 enlevèrent le butin
et tout ce qu'ils avaient pris, tant
des hommes que des bétes,
12. Et ils les amenèrent devant
Moise et Eléazar, le prétre, et
toute la multitude des enfants
d'Israël: mais tout ce qui pouvait
être à leur usage, ils le portèrent
au camp dans les plaines de Moab,
prés du Jourdain, contre Jéricho.
13. Or Moise, Eléazar, le prétre,
et tous les princes de la syna-
gogue, sortirent à leur rencontre
hors du camp.
14. Et Moise irrité contre les
chefs de larmée, les tribuns
et les centurions, qui venaient
de la guerre,
8. Jos., ,זא 21. — 16. Supra, xxv, 18. — 17. Juges, xxi, 11. — 21. Lévit.,
XI, 33; xv, 11.
(ex. xxxr.]
15. Dit : Pourquoi avez-vous
réservé les femmes?
16. Ne sont-ce pas elles qui ont
trompé les enfants d'Israël à la
suggestion de Balaam, et vous
ont fait prévariquer contre le
Seigneur parle péché de Phogor.
pour lequel aussi le peuple fut
frappé?
11. Ainsi, tuez-les tous, tout ce
qui est du sexe masculin méme
parmi les enfants; et égorgez les
femmes qui ont connu des
hommes;
18. Mais les jeunes filles et
toutes les femmes vierges, réser-
vez-les pour vous;
19. Et demeurez hors du camp
pendant sept jours. Celui qui
aura tué un homme, ou qui en
aura touché un tué, sera purifié
au troisième jour et au sep-
tième.
20. Et dans tout le butin, qu'il
y ait, soit un vêtement, soit un
vase, et quelque chose de destiné
aux usages, en peaux de chèvres,
en poils et en bois, il sera purifié.
91. De son cóté, Eléazar, le
prétre, parla ainsi aux hommes
de l'armée qui avaient combattu :
Voici le précepte de la loi qu'a
commandé le Seigneur à Moise :
22. L'or, l'argent, lairain, le
fer, le plomb et l'étain,
93. Et tout ce qui peut passer
par les flammes, sera purifié par
le feu. Mais tout ce qui ne peut
v1, 28;
10. * Les châteaux. Dans le texte original, les campements où étaient dressées les
tentes des Moabites.
14, 52. Les tribuns, etc. Voy. Exod., xvii, 21.
16. Par le péché de Phogor; en vous engageant dans le culte de l'idole de Phogor,
Compar. xxv, 18.
| .אס] xxxi.]
supporter le feu, sera sanctifié
par l'eau d’expiation ;
94. Et vous laverez vos véte-
ments au septième jour, et, pu-
rifiés, vous entrerez ensuite dans
le camp.
98. Le Seigneur dit aussi à
Moise :
26. Faites le dénombrement de
tout ce qui a élé pris, depuis
l'homme jusqu'à la béte, toi,
Eléazar, le prétre, et les princes
du peuple,
27. Et tu partageras également
le butin entre ceux qui ont com-
battu et qui sont sortis pour aller
à la guerre, et tout le reste de la
multitude ;
28. Et tu sépareras la part du
Seigneur de la part de ceux qui
ont été à la guerre : une àme sur
cinq cents, tant d'entre les hom-
mes que d'entre les bœufs, les
ànes et les brebis ;
29. Et tu la donneras à Eléa-
zar, le prétre, parce que ce sont
les prémices du Seigneur.
90. Tu prendras aussi de la
moitié attribuée aux enfants d'Is-
raël, la cinquantième partie des
hommes, des bœufs, des ânes,
des brebis, de tous les animaux,
et tu la donneras aux Lévites,
qui veillent à la garde du taber-
nacle du Seigneur.
31. Et Moïse et Eléazar firent
comme avait ordonné le Sei-
gneur.
32. Or, le butin que l'armée
avait pris fut de six cent soixante-
quinze mille brebis,
33. De soixante-douze mille
bœufs,
34. De soixante et un mille ânes,
LES NOMBRES. 303
359. De trente-deux mille per-
sonnes du sexe féminin, qui n'a-
vaient pas connu d'hommes.
96. Et la moitié fut donnée à
ceux qui avaient été au combat :
trois cent trente-sept mille cinq
cents brebis,
31. Desquelles furent supputées
pour la part du Seigneur six
cent soixante-quinze brebis ;
98. Et des trente-six mille
bœufs, soixante-douze bœufs ;
39. Des trente mille cinq cents
ânes, soixante et un ânes;
40. Des seize mille personnes,
trente-deux personnes passèrent
à la part du Seigneur.
41. Et Moïse remit le nombre
des prémices du Seigneur à Eléa-
zar, le prêtre, comme il lui avait
été ordonné,
42. Pris sur la moitié des en-
fants d'Israël, qu'il avait séparée
pour ceux qui avaient été aux
combats.
43. Mais quant à la moitié qui
était échue au reste de la multi-
tude, c'est-à-dire de trois cent
trente-sept mille cinq cents
brebis,
44, De trente-six mille bœufs,
45. De trente mille cinq cents
ânes,
46. Et de seize mille personnes,
41. Moïse prit la cinquantième
partie, et la donna aux Lévites,
qui veillaient dans le tabernacle
du Seigneur, comme l'avait or-
donné le Seigneur.
48. Et lorsque les chefs de l'ar-
mée, les tribuns et les centurions
se furent approchés de Moise, ils
dirent :
49. Nous, tes serviteurs, nous
ic: '""-"!"'c - ————————— HO NN
30, 47. De la moitié, 610., de l'autre moitié du butin. = Partie; littér. téte.
304
avons recensé le nombre des
combattants, que nous avons eus
sous notre main, et il n'en a pas
manqué méme un seul.
90. Pour ce motif, nous of-
frons chacun en don au Seigneur
ce que nous avons pu trouver
dans le butin d'or : périscélides,
bracelets, anneaux, ornements
de la main droite, et petits col-
liers, afin que tu pries pour nous
le Seigneur.
51. Et Moise et Eléazar, le pré-
tre, recurent tout l'or en diver-
ses espèces,
59. Du poids de seize mille
sept cent cinquante sicles, des
tribuns et des centurions.
53. Car ce que chacun avait
pris dans le butin était à lui.
δέ. Et après avoir recu cet or,
ils le porterent dans le tabernacle
de témoignage, comme un mo-
nument des enfants d Israël de-
vant le Seigneur.
CHAPITRE ]אאא
Moise donne aux tribus de Gad et de
Ruben les terres d'au delà du Jour-
dain.
1. Or les enfants de Ruben et
de Gad avaient beaucoup de trou-
peaux, et ils possédaient en bes-
taux d'immenses richesses. Lors
LES NOMBRES.
]68. xxxut.]
donc qu'ils eurent vu que les
terres deJazeret de Galaad étaient
propres à nourrir des animaux,
2. Ils vinrent vers Moïse et
Eléazar, le prétre, et les princes
de la multitude, et dirent :
3. Ataroth, Dibon, Jazer, Nem-
ra, Hésébon, Saban, Nébo et
Béon,
4. Terre qu'a frappée le Sei-
gneur en la présence des enfants
d'Israël, est une contrée tres
fertile pour le pâturage des ani-
maux : et nous, tes serviteurs,
nous avons des bestiaux en très
grand nombre :
9. Nous prions donc, si nous
avons trouvé gráce devant toi,
pour que tu la donnes à tes ser-
viteurs en possession, et que tu
ne nous fasses point passer le
Jourdain.
6. Moise leur répondit : Est-ce
que vos frères iront au combat,
et vous, vous demeurerez ici ?
7. Pourquoi bouleversez-vous
les esprits des enfants d'Israél,
afin qu'ils n'osent passer dans la
terre que doit leur donner le
Seigneur ?
8. N'est-ce pas ainsi qu'ont
agi vos peres, lorsque je les en-
voyai à Cadesbarné pour explorer
celte- terre?
90. Les périscélides sont des anneaux que les femmes portent encore au bas des
iambes dans plusieurs pays de l'Asie et de l'Afrique.
52. * Sicles. Le sicle d'or, du moins après la captivité, avait un poids de 14 gram-
mes 20.
| 1.*Jazer. Voir plus haut, xxr, 32. — Galaad, le pays transjordanique au nord et
au sud du Jaboc.
3. * Ataroth devint une ville de la tribu de Gad. — Dibon, ville de Moab, à une
heure environ au nord de l'Arnon. — Jazer, la ville mentionnée au y. 1. — Nemra
ou Bethnemra, dans la vallée du Jourdain. — Hésébon, capitale de Séhon, roi des
Amorrhéens. Voir plus haut, xxt, 25. — Saban était prés d'Hésébon et célébre par ses
vignobles. — Nébo, à trois milles au sud-ouest d'Hésébon, sur une colline. — Béon,
la même que Baalméon, à neuf milles romains d'Hésébon, au sud-ouest de cette ville.
8. Cadesbarné est le méme que Cadés. Voir plus haut, xx, 1.
(cu. χχχπ.]
9. Car, lorsqu'il furent venus
jusqu'à la Vallée dela grappe de
raisin, toute la contrée parcou-
rue, ils bouleversèrent le cœur
des enfants d'Israél, afin qu'ils
n'entrassent point dans le pays
que le Seigneur leur donna.
10. Le Seigneur, irrité, jura,
disant :
11. Ils ne verront pas, ces
hommes qui sont montés de
l'Egypte depuis vingt ans et au-
dessus, la terre que j'ai promise
sous serment à Abraham, Isaac
et Jacob, et qui n'ont pas voulu
me suivre,
19. Excepté Caleb, fils de Jé-
phoné, le Cénézéen, et Josué, fils
de Nun : ceux-ci ont accompli
ma volonté.
13. Et le Seigneur, irrité contre
Israél, lui fit faire un détour par
le désert pendant quarante ans,
jusqu'à ce que fut détruite toute
la génération qui avait fait le mal
en sa présence.
14. Et voilà que vous, vous
avez surgi à la place de vos pères,
rejetonsetnourrissons d'hommes
pécheurs, pour augmenter la fu-
reur du Seigneur contre d'Israël.
15. Si vous ne voulez point le
suivre, il abandonnera le peuple
dans le désert, et vous serez la
cause de la mort de tous.
16. Mais eux, s'approchant plus
prés, dirent: Nous ferons des
pares de brebis et des étables de
bestiaux, et aussi pour nos petits
enfants des villes fortifiées ;
17. Mais nous-mémes, armés
LES NOMBRES. 305
et équipés, nous marcherons au
combat devant les enfants d'Isra-
él, jusqu'à ce que nous les intro-
duisions dans leurs terres. Nos
petits enfants, et tout ce que nous
pouvons avoir seront dans des
villes murées, à cause des embü-
ches des habitants.
18. Nous ne retournerons point
dans nos maisons, jusqu'à ce que
les enfants d'Israël possèdent leur
héritage ;
19. Et nous ne chercherons rien
au delà du Jourdain, parce que
nous avons déjà notre possession
au cóté oriental de ce fleuve.
20. Moiseleurrépondit: Si vous
faites ce que vous promettez,
marchez devant le Seigneur, tout
préts au combat;
91. Et que tout guerrier, armé,
passe le Jourdain, jusqu'à ce que
le Seigneur renverse ses enne-
mis,
22. Et que toute la terre lui soit
soumise: alors vous serez irré-
prochables devant le Seigneur et
devant Israél, et vous obtiendrez
les contrées que vous voulez, de-
vant le Seigneur.
23. Mais si ce que vous dites,
vous ne le faites point, il n'y ade
doute pour personne que vous
ne péchiez contre le Seigneur; et
sachez que votre péché s'empa-
rera de vous.
24. Bátissez donc des villes pour
vos petits enfants, des parcs et
des étables pour vos brebis et
vos bestiaux ; et effectuez ce que
vous avez promis.
CgaP. XXXII. 9. Supra, xir, 24. — 90. Jos., 1, 14.
11. Ils ne verront pas; littér. et par hébraisme, s'ils voient.
16. Mais eux, etc.; c'est-à-dire les enfants de Ruben et de Gad, s'étant approchés
de Moise qui leur tenait ce discours. Voy. vers. 1, 25.
A. T.
20
906 LES NOMBRES.
25. Alors les enfants de Gad et
de Ruben dirent à Moise : Nous
sommes tes serviteurs, nous fe-
rons ce que commande notre
maitre.
26. Nous laisserons nos petits
enfants, nos femmes, nos trou-
peaux et nos bestiaux dans les
villes de Galaad ;
27. Mais nous tous, tes servi-
teurs, nous marcherons à la
guerre, tout préts, comme toi, sei-
gneur, tu le dis.
28. Moise ordonna donc à Eléa-
zar, le prétre, àJosué, fils de Nun,
el aux princes des familles, dans
les tribus d'[sraél, et leur dit :
29. Siles enfants de Gad et les
enfants de Ruben passent avec
vous le Jourdain, tous armés
pourlaguerredevantle Seigneur,
et que la Lerre vous soit soumise,
donnez-leur Galaad en posses-
sion.
30. Mais s'ils ne veulent pas pas-
ser armés avec vous dans la terre
de Chanaan, qu'ils prennent par-
mi vous des lieux d'habitation.
31. Les enfants de Gad et les
[cH. xxxu.]
enfants de Ruben répondirent :
Comme le Seigneur a dit à ses
serviteurs, ainsi nous ferons.
39. Nous-mémes, nous mar-
cherons armés devantle Seigneur
dans la terre de Chanaan, et nous
reconnaissons que nous avons dé-
jà recu notre possession au delà
du Jourdain.
33. C'est pourquoi Moise donna
aux enfants de Gad et de Ruben,
et à la demi-tribu de Manassé, fils
de Joseph, le royaume de Séhon,
roi del'Amorrheen, etle royaume
d'Og, roi de Basan, et leur terre
avec leurs villes d'alentour.
34. Ainsi, les enfants de Gad re-
construisirent Gad, Dibon, Ata-
roth, Aroér,
35. Etroth, Sophan, Jaser, Jeg-
baa,
36. Bethnemra, Betharan, villes
fortifiées, et desétablespourleurs
troupeaux.
37. Mais les enfants de Ruben
rebátirent Hésébon, Eléale, Caria-
thaim,
38. Nabo et Baalméon en chan-
geant les noms, et aussi Sabama;
25. Jos., 1v, 12. — 29. Deut., ir, 12; Jos., xiu, 8, et xxr, 4. — 33. Jos., xxir, 4.
32. Au delà du Jourdain; ce qui est trés juste, par rapport au pays de Chanaan ;
mais par rapport aux enfants de Gad et de Ruben qui parlaient à Moïse dans la
terre de Galaad, c'est-à-dire du côté opposé du Jourdain, le mot au delà de la Vulgate,
veut dire réeilement au deçà.
33. ' Basan. Voir plus haut, xxr, 33.
34, 31. Reconstruisirent, rebâlirent; littér., construisirent, bátirent, mais ces villes
existaient déjà; et on sait d'ailleurs que le verbe hébreu bâtir, signifie souvent, par
extension, veodlir, reconstruire, réparer, embellir un édifice. — * Dibon. Voir plus
haut, xxi 30. — Ataroth, déjà wentionnée au y. 3, comme Dibon. — Aroër, sur la
rive septentrionale de l'Arnon.
35. * Etroth et Sovhan désignent dans l'hébreu une seule et méme ville, d'ailleurs
inconnue. |
36. " Bethnemra, la même que Nemra du y. 3. — Betharan est la Livias, ainsi
nommée par 1162006 Antipas, en l'honneur de Livie, femme d'Auguste.
31. * Hésébon. Voir plus haut, xxi, 25. — Eléale, au nord d'Hésébon, à un mille de
distance. — Cariathaim; sa position est incertaine.
38. * Nabo. Voir Nébo au y. 3. — Baalméon, appelée aussi Bethmaon, Béelméon
et Béon, au nord de l'Arnon, sur la route qui mène à Bosra. Elle retomba plus tard
au pouvoir des Moabites. — Sabama, pres d'Hésébon, renommée pour ses vignes.
'cH. XXXIII.)
donnantdes nomsaux villes qu'ils
avaient construites.
39. Or, les enfants de Machir,
fils de Manassé, marcherent sur
Galaad et la dévastèrent, l'Amor-
rhéen qui l'habitait ayant été tué.
40. Moïse donna donc la terre
de Galaad à Machir, fils de Ma-
nassé, qui y habita.
41. Mais Jair, fils de Manassé,
s'en alla, et occupa ses bourgs,
qu'il appela Havoth Jair, c'est-à-
dire Bourgs de Jair.
42. Nobé alla aussi, et prit Cha-
nath avec ses bourgades, etill'ap-
pela de son nom, Nobé.
CHAPITRE XXXIII.
Demeures ou stations des Israélites dans
le désert, depuis leur sortie jusqu'à
leur arrivée dans les plaines de Moab.
1. Voici les demeures des en-
fants d'Israél, qui sont sortis de
l'Egypte, selon leurs bandes, par
l'entremise de Moise et d'Aaron;
2. Lesquels Moise décrivit, selon
les lieux de leurs campements
qu'ils changeaientparle comman-
dement du Seigneur.
LES NOMBRES. 307
3. Partis done de Ramesses, au
premier mois, au quinzieme jour
du premier mois, le lendemain de
la Pâque, les enfants d'Israël, par
une main élevée, tous les Egyp-
tiens le voyant,
4. Et ensevelissant leurs pre-
miers-nés qu'avait frappés le Sei-
gneur (or, méme sur leurs dieux
il avait exercé sa vengeance),
5. Camperent à Soccoth,
6. Et de Soccoth ils vinrent à
à Etham, qui estaux derniers con-
fins du désert.
1. Sortis donc de là, ils vinrent
contre Phihahiroth, qui regarde
Béelséphon, et ils campèrent de-
vant Magdalum.
8. Et partis de Phihahiroth, ils
passerent parle milieu de la mer
dans le désert; et marchant du-
rant trois jours par le désert d'E-
tham, ils camperent à Mara.
9. Or, partis de Mara, ils vin-
rent à Elim, où étaient douze
sources d'eaux, et soixante-dix
palmiers; et ils y camperent.
10. Mais étant encore sortis de
là, ils plantèrent leurs tentes sur
39. Gen., r, 22. — Cap. XXXIII. .ד Exode, xiv, 2. — 9. Exode, xv, 21.
42. * Chanath, Nobé, probablement la Kanawa actuelle, dans le Hauran méridional,
à quelques heures au nord du mont el-Klub.
3. * Ramessès, en Egypte, dans la terre de Gessen, dans les environs de Pithom,
aujourd'hui Tell el-Maskhüta.
4. Même sur leurs dieux, etc. Voy. Exod., xu, 12.
ὃ. * Soccoth, la méme ville que Pithom.
6. * Etham, à l'entrée du désert de Sur. Voir Exode, xui, 20.
1. * Voir notes sur Ezode, xiv, 2.
8. * Mara. Voir Exode, xv, 23.
9. * Elim. Voir 020006, xv, 21.
10. * Sur la mer Rouge. Cette station n'est pas indiquée dans l'Exode. Le chemin
que suivaient les Israélites pour se rendre d'Elim au mont Sinai les mena sur le bord
de la mer où ils campèrent. L'étude des lieux permet de fixer cette station avec
assez de certitude. On ne peut supposer qu'Israel descendit l'ouadi Gharandel jus-
quà la mer. Comme il se dirigeait vers le Sinai, le seul chemin direct qui se pré-
sentât à lui pour atteindre la mer était celui qui passe sur les hauteurs, au pied du
Djébel Hammam-Faroun; de là, les Israélites devaient descendre vers la cóte par
le premier sentier praticable, c'est-à-dire par l'ouadi Schebeikéh et l'ouadi Taiyibéh.
908 LES NOMBRES
la mer Rouge. Et partis dela mer |
| à Céélatha;
Rouge,
11. Ils campèrent dans le dé-
sert de Sin;
19. D'où étant sortis, ils vinrent
à Daphca.
18. Et partis de Daphca, ils
camperent à Alus.
44. Or, sortis d'Alus, ils plan-
tèrent leurs tentes à Raphidim,
oü l'eau pour boire manqua au
peuple.
15. Et partis de Raphidim, ils
camperent dans le désert de
Sinai.
16. Mais, sortis aussi du désert
de Sinai, ils vinrent aux Sépulcres
de la concupiscence.
17. Et partis des Sépulcres de
la concupiscence, ils campèrent
à Haséroth.
18. Or, de Haséroth, ils vinrent
à Rethma.
19. Et partis de Rethma, ils
campèrent à Remmompharès ;
20. D'où étant sortis, ils vinrent
à Lebna.
21. De Lebna, ils campèrent à
Ressa.
(cu. xxxi.)
92. Etsortis de essa, ils vinrent
23. D'où étant partis, ils cam-
pèrent à la montagne de Sépher.
24. Sortis de la montagne de
Sépher, ils vinrent à Arada.
25. Partant de là, ils camperent
à Macéloth.
26. Et étant partis de Macéloth,
ils vinrent à Thahath.
27. De Thahath, ils camperent
à Tharé;
28. D'où étant sortis, ils plan-
terent leurs tentes à Methea.
29. Et de Methca, ils campèrent
à Hesmona.
30. Or, partis de Hesmona, ils
vinrent à Moséroth.
91. Et de Moséroth, ils cam-
pèrent à Bénéjaacan.
32. Mais partis de Bénéjaacan,
ils vinrent à la montagne de Gad-
gad ;
33. D'où étant partis ils cam-
pèrent à Jétébatha.
34. Et de Jétébatha, ils vinrent
à Hébrona.
35. Et, sortis d'Hébrona, ils
campèrent à Asiongaber
14. Exode, xvir, 4. — 16. Exode, xix, 2. — 17. Supra, xi, 34. — 18. Supra, xiu, 1. —
32. Deut., x, 7.
Aussi s'accorde-t-on à placer ce campement à l'extrémité inférieure de l'ouadi
Taiyibéh, ou à un point quelconque du littoral, dans la plaine d'el-Mourkheiyéh,
située au delà.
11. Ce désert de Sin était prés de la mer Rouge; mais il y en avait un autre, que
le texte hébreu appelle Tsin, prés de la terre promise et dont il est question au
verset 36. — * Dans le désert de Sin. Voir Exode, xvi, 1.
12. * Daphca, peut-étre Mafka, dans l'ouadi Maghara.
13. * Alus, station inconnue.
14. * Raphidim, aujourd'hui ouadi Feiran.
15. * Dans le désert de Sinai, autour du mont Sinai proprement dit.
16. * Sépulcres de la concupiscence. Voir plus haut, xi, 33.
17. * Haséroth signifie campements, enclos, clôtures. Situation incertaine.
18. * Rethma signifie genevrier. Situation incertaine, comme celle de la plupart des
stations suivantes.
24. * A Arada, probablement le Djébel Haradéh.
34. * Hébrona devait étre prés d'Asiongaber.
35. * Asiongaber, port de mer, à l'extrémilé septentrionale du golfe élanitique.
xxxi.) .אס|
86. Partis delà, ils vinrent au
désert de Sin; c'est Cadès.
37. Et, sortis de Cadès, ils cam-
perent àla montagne de Hor, aux
derniers confins de la terre d'E-
dom.
38. Or, Aaron, le prétre, monta
sur la montagne de Hor, le Sei-
gneur l'ordonnant, et là il mou-
rut, en l'année quaranlieme de la
sortie des enfants d'Israël de
l'Égypte, au cinquième mois, au
premier jour du mois,
39. Comme il avait cent vingt-
trois ans.
40. Cependant le roi d'Arad,
Chananéen, qui habitait vers le
midi, apprit que les enfants d'Is-
raël étaient venus dans la terre
de Chanaan.
41. Or, partis dela montagne
de Hor, ils campèrent à Sal-
mona;
49. D'où étant sortis, ils vinrent
à Phunon.
43. Et partis de Phunon, ils
campèrent à Oboth .
44. Et. d'Oboth ils vinrent à
Jiéabarim, qui est aux confins
des Moabites.
45. Puis, partis de Jiéabarim,
ils planterent leurs tentes à Di-
bongad;
LES NOMBRES.
309
46. D'où étant sortis, ils cam-
pèrent à Helmondéblathaim.
47. Et sortis de Helmondébla-
thaim, ils vinrent aux montagnes
d'Abarim, contre Nabo.
48. Or, partis des montagnes
d'Abarim, ils passerent dans les
plaines de Moab, surle Jourdain,
contre Jéricho.
49. Et là ils campèrent, depuis
Bethsimoth jusqu'à Abelsatim,
dans les lieux les plus plats des
Moabites,
50. Où le Seigneur dit à Moïse :
51. Ordonne aux enfants d'Is-
raél, et dis-leur : Quand vous
aurez passé le Jourdain, entrant
dans la terre de Chanaan,
52. Détruisez tous les habitants
de cette terre; brisez les monu-
ments, mettez en pieces les sta-
tues, et ravagez tous les hauts
lieux,
53. Purifiant la terre, et y ha-
bitant; car c'est moi qui vous l'ai
donnée en possession ;
54. Vous vous la partagerez
parle sort. Au plus grand nombre,
vous donnerez la partie la plus
étendue, et au plus petit nombre,
la partie la plusresserée. Comme
le sort sera échu à chacun, ainsi
sera donné lhéritage. C'est par
36. Supra, xx, 1. — 38. Supra, xx, 25; Deut., xxxir, 50. — 52. Deut., vir, 5; Juges, 11, 2.
36. C'est Cadès. On a pu remarquer plusieurs fois des formules semblables; elles
ont pour but d'exprimer un nom tombé en désuétude par celui qui était usité à
l'époque de l'écrivain sacré. — * Cadès. Voir plus haut, xx, 1.
38. * Hor. Voir plus haut, xx, 29.
40. Le roi d'Arad. Voy. xxi, 4.
45. * Dibongad. Voir plus haut, xxi, 30.
&i. * Aux montagnes d'Abarim, dans le pays de Moab, à l'est de la mer Morte.
49. * Bethsimoth, à la pointe septentrionale de la mer Morte. — Abe/satim, ville
de Moab, appelée aussi simplement Settim, Nombres, xxv, 1. — Abelsatim signifie
« prairie des acacias. »
52, 56. Les crimes horribles qui régnaient parmi les Chananéens méritaient assuré-
ment que Dieu les traitàt avec la plus grande sévérité. — * Ravagez tous les hauts
lieux. Voir la note sur Nombres, xxu, 41.
910
tribus et par familles que la pos-
session sera partagée.
55. Mais si vous ne voulez pas
tuer les habitants de la terre,
ceux qui resteront seront comme
des clous dans vos yeux et des
lances dans vos cótés, et ils vous
seront contraires dans la terre de
votre habitation ;
56. Et ce que j'avais pensé à
leur faire, c'est à vous que je le
ferai.
CHAPITRE XXXIV.
Limites de la terre promise. Noms de
ceux qui doivent en faire le partage.
1. Le Seigneur parla encore à
Moise, disant :
9. Ordonne aux enfants d'Is-
raél, et tu leur diras: Lorsque
vous serez entrés dans la terre
de Chanaan, et qu'elle vous sera
échue en possession par le sort,
c'est parces frontières qu'elle sera
bornée :
3. La partie méridionale com-
mencera au désert de Sin, qui
est près d'Edom; et elle aura
pour frontiere vers l'orient la
mer tres salée;
4. Ces frontières environneront
la partie australe par la montée
du Scorpion, en sorte qu'elles
passent à Senna, et qu'elles
viennent depuis le midi jusqu'à
Cadesbarné, d'oü elles iront par
les lieux limitrophes jusqu'au
Car. XXXIV. 3. Josué, xv, 4.
LES NOMBRES.
[cH. xxxiv.]
village du nom d'Adar, et s'éten-
dront jusqu'à Asémona ;
5. Puis la limite ira en tour-
nant d'Asémona jusqu'au torrent
d'Egypte, et elle finira au rivage
de la grande mer.
6. Mais la partie occidentale
commencera à la grande mer,
et sera fermée par cette limite
méme.
7. Or, vers la partie septen-
trionale, les limites commence-
ront à la grande mer, parvenant
jusqu'à la trés haute montagne,
8. De laquelle elles viendront
à Emath jusqu'aux confins de
Sédada ;
9. Puis, elles iront par les
lieux limitrophes jusqu'à Zé-
phrona, et au village d'Enan.
Telles seront les limites dans la
partie de l'aquillon.
10. De là les frontières se me-
sureront contre la partie orienta-
le, depuis le village d'Enan jus-
qu'à Séphama ;
11. Et de Séphama, les limites
descendront à Rébla, contre la
fontaine de Daphnim : de là elles
parviendront contre l'orient à la
mer de Cénéreth,
19. S'étendront jusqu'au Jour-
dain, et enfin seront fermées par
18 mertres salée. C'est cette terre
que vous aurez selon ses fron-
tieres dans son contour.
43. Moïse ordonna donc aux en-
————————áဗ M M a ---ς-.- - ----ς-ςς-ς-.Ῥ----΄-ς -.--------------- -.
3. * La mer trés salée, la mer Morte.
4. * Voir Josué, xv, 3. — Cadesbarné, Cadés. Voir plus haut, xx, 1.
4-5. * Asémona, aujourd'hui Aseiméh. Voir Josué, xv, 4.
8. * Emath. Voir 11 Rois, vur, 9. — Sédada, aujourd'hui Sadad, à trente milles à
l'est de l'entrée d'Emath.
A1. * La mer de Cénéreth est le lac de Tibériade, sur lequel on peut voir l'Intro-
duction au livre de Josué.
12. * Jusqu'au Jourdain. Sur le Jourdain, voir l'Introduction au livre de Josué.
[cH. xxxv.]
fants d'Israël, disant : Ce sera la
terre que vous posséderez par le
sort, et que le Seigneur a com-
mandé qu'on donnát aux neuf
tribus et à la demi-tribu.
44. Car la tribu des enfants de
Ruben, selon ses familles, et la
tribu des enfants de Gad, selon le
nombre de sa parenté, et aussi la
demi-tribu de Manassé,
15. C'est-à-dire deux tribus et
demie, ont recu leur part au delà
du Jourdain, contre Jéricho, à la
partie orientale.
16. Le Seigneur dit aussi à
Moise :
17. Voici les noms des hommes
qui vous partageront la terre :
Eléazar, le prétre, et Josué, fils de
Nun,
18. Et chaque prince de chaque
tribu,
19. Dont voici les noms : De la
tribu de Juda, Caleb, fils de Jé-
phoné;
20. De la tribu de Siméon, Sa-
muel, fils d'Ammiud ;
91. De la tribu de Benjamin,
Elidad, fils de Chasélon ;
92. De la tribu des enfants de
Dan, Bocci, fils de Jogli ;
23. Des enfants de Joseph : de
la tribu de Manassé, Hanniel, fils
d'Ephod;
24. De 18 tribu d'Ephraim, Ca-
muel, fils de Sephtan;
95. De la tribu de Zabulon, Eli-
saphan, fils de Pharnach ;
26. De la tribu d'Issachar, le
chef Phaltiel, fils d'Ozan ;
27. De la tribu d'Aser, Ahiud,
fils de Salomi;
LES NOMBRES.
311
98. De la tribu de Nephthali,
Phédaël, fils d'Ammiud.
29. Tels sont ceux auxquels le
Seigneur ordonna de partager
aux enfants d Israël la terre de
Chanaan.
CHAPITRE XXXV.
Demeure des Lévites. Villes de refuge.
Lois touchant les homicides.
1. Le Seigneur dit encore ceci
à Moise dans les plaines de
Moab, sur le Jourdain, contre Jé-
richo :
2. Ordonne aux enfants d'Israël
qu'ils donnent de leurs posses-
sions aux Lévites,
3. Des villes à habiter et leurs
faubourgs d'alentour; afin qu'ils
demeurent eux-mémes dans les
villes, et que les faubourgs soient
pour les troupeaux et les bes-
tiaux.
4. Ces faubourgs en dehors
des murs des villes, s'étendront
tout autour dans l'espace de mille
pas;
5. Contre l'orient, il y aura deux
mille coudées; et contre le midi
pareillement deux mille; vers la
mer aussi, qui regarde l'occident,
ce sera la méme mesure, et la
partie septentrionale sera bornée
par une semblable limite; et les
villes seront au milieu, et au-de-
hors les faubourgs.
6. Or, de ces villes mémes que
vous donnerez aux Lévites, six
seront séparées, comme asiles
pour les fugitifs, afin que celui
qui aura versé 16 sang, s'y réfu-
17. Jos., xiv, 4, 2. — (παρ. XXXV. 2. Jos., xxi, 2.
5. * Deux mille coudées, environ mille mètres,
312 | LES NOMBRES.
gie; et outre ces six, il y aura qua-
rante-deux autres villes,
7. Cest-à-dire, en tout, qua-
rante-huit avec leurs faubourgs.
8. Quant à ces villes mémes
qui seront données sur les pos-
sessions des enfants d'Israël, on
en prendra plus à ceux qui en au-
ront plus, et moins à ceux qui en
auront moins; chacun, selon la
mesure de son héritage, donnera
des villes aux Lévites.
9. Le Seigneur dit à Moise :
10. Parle aux enfants d'Israél,
et tu leur diras : Quand vous au-
rez passé du Jourdain dans laterre
de Chanaan,
41. Décidez quelles villes doi-
vent étre des asiles pour les fugi-
tifs, qui, sans le vouloir, auront
versé le sang;
19. Villes dans lesquelles, lors-
que le fugitif y sera, le parent de
celui qui a été tué ne pourra pas
le tuer, jusqu'à ce qu'il se trouve
en présence de la multitude, et
que sa cause soit jugée.
13. Or, deces vilies, qui seront
séparées pour étre des asiles de
fugitifs,
14. Trois seront au-delà du
Jourdain, et trois dans la terre
de Chanaan,
15. Tant pour les enfants d'Is-
raél, que pour les étrangers et les
voyageurs, afin que s'y réfugie
celui qui, sans le vouloir, aura
versé le sang. 1
16. Si quelqu'un frappe avec
le fer, et que celui qui a été
frappé meure, il sera coupable
d'homicide, et il mourra lui-
méme.
17. S'il jette une pierre, et que
[cu. xxxv.]
celui qui aura été frappé meure,
il sera puni de la méme ma-
niere.
18. Si quelqu'un frappé avec
du bois meurt, il sera vengé
par le sang de celui qui l'aura
frappé.
19. Le parent de celui qui aura
été tué, tuera l'homicide ; aussitôt
qu'il l'aura pris, il le tuera.
20. Si par haine quelqu'un
pousse un homme, ou jette quel-
que chose contre lui de guet-
apens,
91. Ou si, étant son ennemi, il
le frappe dela main, et que celui-
ci meure, celui qui aura frappe
sera coupable d'homicide; le pa-
rent de celui qui aura été tué,
aussitót qu'il le trouvera, l'égor-
gera.
29. Que si c'est par hasard, et
sans haine,
23. Et sans inimitié, qu'il a fait
quelqu'une de ces choses;
24. Et que cela ait été prouvé,
le peuple l'entendant, et que la
question ait été agitée entre celui
qui a frappé et le parent vengeur
du sang,
25. Il sera délivré, comme in-
nocent, de la main du vengeur,
et sera ramené par sentence dans
la ville. dans laquelle il s'était ré-
fugié, et il demeurera là, jusqu'à
ce que le grand prétre qui a été
oint de l'huile sainte, meure.
96. Si c'est hors des limites des
villes qui ont été assignées aux
bannis, que l'homicide
97. Est trouvé, et qu'il soit frap-
pé à mort par ceiu1 qui est le ven-
geur du sang, celui quilaura tué
ne sera pas coupable;
10. Deut., xix, 2; Jos., xx, 2. — 13. Deut., 1v, 41; Jos., xx, 1, 8. — 20. Deut.,
xix, 11.
[cn. xxxvr.]
98. Car le fugitif devait résider
dans la ville jusqu'à la mort du
pontife. Mais apres que celui-ci
sera mort, l'homicide retournera
dans sa terre.
29. Ceci sera perpétuel et une
loi dans toutes vos habitations.
30. C'est d'après des témoins
qu'un homicide sera puni : sur le
témoignage d'un seul, nul ne sera
condamné.
31. Vous ne recevrez point d'ar-
gent de celui qui est coupable du
sang ; mais il mourra aussitót lui-
méme.
39. Les bannis et les fugitifs,
avant la mort du pontife, ne pour-
ront en aucune maniere retour-
ner dans leurs villes,
33. Afin que vous ne souilliez
point la terre de votre habita-
tion, laquelle est profanée par
le sang des innocents; et elie ne
peut étre purifiée que par le sang
de celui qui a versé le sang d'un
autre.
34. Or, c'est ainsi que sera pu-
rifiée votre possession, moi de-
meurant avec vous : car c'est
moi qui suis le Seigneur qui ha-
bite parmi les enfants d'Israél.
CHAPITRE XXXVI.
Loi touchant les mariages des filles qui
ont hérité, à défaut d'enfants mâles.
1. Or, les princes des familles
de Galaad, fils de Machir, fils de
Manassé, de la race des fils de Jo-
seph, s'approcherent, parlerent à
Moise devant les princes d'Israél
et dirent :
2. C'est à toi qui es notre sei-
gneur, que le Seigneur a ordonné
LES NOMBRES. 313
de partager par le sort la terre
aux enfants d'Israël, et de donner
aux filles de Salphaad, notre
frère, la possession due à leur
père.
3. Si des hommes d’une autre
tribu les prennent pour femmes,
leur possession les suivra, et
transférée à une autre tribu, elle
sera retranchée de notre héri-
tage :
4. Et ainsi il arrivera que, lors-
que le jubilé, c'est-à-dire la cin-
quantième année de la rémission,
sera venu, la distribution des
sorts sera confondue, et que la
possession des uns passera aux
autres.
9. Moise répondit aux enfants
d'Israél, et, le Seigneur ordon-
nant, il dit : C'est sagement que
la tribu des enfants de Joseph a
varié :
6. Et voici la loi sur les filles
de Salphaad, promulguée par
le Seigneur : Qu'elles épousent
ceux qu'elles voudront, mais
seulement des hommes de leur
tribu ;
7. Afin que la possession des
enfants d'Israël ne se mêle point
d'une tribu en une autre. Car
tous les hommes prendront des
femmes de leur tribu et de leur
parenté,
δ. Et toutes les femmes pren-
dront des maris dela méme tribu,
afin quel'héritage demeure cons-
tamment dans les familles,
9. Et que les tribus ne se mêlent
point entre elles, mais qu'elles
demeurent ainsi
10. Qu'elles ont été séparées
par le Seigneur. Or, les filles de
Car. XXXVI. 1, Supra, xxvir, 4. — 6. Tob., vir, 14
314 LES NOMBRES. (cu. xxxvi.]
Salphaad firent comme il leur
avait été commandé :
11. Et Maala, Thersa, Hégla,
Melcha et Noa épouserent les fils
de leur oncle paternel,
19. De la famille de Manassé,
qui fut fils de Joseph ; et la pos-
session qui leur avait été assi-
gnée, demeura dans la tribu et la
famille de leur père.
13. Tels sont les commande-
ments et les ordonnances que
commanda le Seigneur par l'en-
tremise de Moise aux enfants
d'Israél, dans les plaines de Moab,
sur le Jourdain, contre Jéricho.
— PSC) 742 --ὦ»
LE DEUTÉRONOME
CHAPITRE PREMIER.
Récit abrégé de ce qui arriva aux Israé-
lites depuis leur départ de Sinai jusqu'à
leur seconde arrivée à Cadès.
1. Voiciles paroles que Moise
dit à tout Israél au delà du Jour-
dain au désert, dans la plaine,
contre la mer Rouge, entre Pha-
ran, Thophel, Laban et Haséroth,
où il y a beaucoup d'or;
2. A onze journées d'Horeb,
par la voie de la montagne de
Séir jusqu'à Cadesbarné.
3. En la quarantième année, au
onzième mois, au premier jour
du mois, Moise dit aux enfants
d'Israël tout ce que le Seigneur
]ui avait ordonné de leur dire ;
4. Apres qu'il eut battu Séhon,
roi des Amorrhéens, qui habitait
à Hésébon, et Og, roi de Basan,
qui demeurait à Astaroth et à
Edrai,
5. Au delà du Jourdain, dans la
terre de Moab. Moise commenca
donc à expliquer la loi et à dire :
6. Le Seigneur notre Dieu nous
a parlé à Horeb disant : Vous avez
suffisamment demeuré près de
cette montagne;
7. Retournez, et venez à la mon-
tagne des Amorrhéens et dans
tous les lieux qui l’avoisinent, les
plaines, les montagnes et les val-
lées, contre le midi et sur le ri-
vage de la mer, dans la terre des
Chananéens et du Liban, jusqu'au
grand fleuve d'Euphrate.
8. Voilà, dit-il, que je vous l'ai
livrée; entrez, et possédez cette
terre, au sujet de laquelle le Sei-
gneur a juré à vos pères, Abra-
ham, Isaac et Jacob , qu'il la leur
donnerait, à eux et à leur posté-
rité apres eux.
9. Et je vous ai dit en ce temps-
là :
10. Je ne puis seul vous soute-
nir, parce que le Seigneur votre
Dieu vous a multipliés, et que
vous étes aujourd'hui comme les
étoiles du ciel, en trés grand
nombre.
CnaP. I. 4. Nom., xxr, 24. — 10. Exode, ,זזנטא
1,5. Au delà du Jourdain. Voy. sur cette expression, Nombres, xxxn, 32. —* Pharan,
le désert de ce nom. — Thophel, peut-être le Tabyléh actuel. — Laban, sans doute
le Lebna de Nombres, xxxui, 22.
2. * Horeb, le mont Sinai. — Séir, l'Idumée. — Cadesbarné ou Cadès. Voir Nombres,
XX dE
4. * Hésébon. Voir plus haut la note sur Nombres, χχι, 25. — Basan, voir la note
sur Nombres, xxt, 33. — Astaroth, à l'est du Jourdain, dans le pays de Basan, devint
une ville lévitique dans la demi-tribu de Manassé transjordanique. — Edrai. Voir
Nombres, xxi, 33.
6. * Ici commence le premier discours de Moise qui finit au chapitre iv, 43.
1. * D'Euphrate. Voir Genèse, xv, 18.
816 LE DEUTÉRONOME.
11. (Que le Seigneur Dieu de
vos peres ajoute à ce nombre
beaucoup de milliers, et qu'il
vous bénisse, comme il a dit.)
12. Je ne puis seul soutenir vos
affaires, et leur poids, et vos que-
relles.
13. Présentez d'entre vous des
hommes sages et habiles et d'une
conduite éprouvée dans vos tri-
bus. afin que je les établisse vos
princes.
44. Alors vous m'avez répondu:
Cest une bonne chose que tu
veux faire.
15. Et je pris de vos tribus des
hommes sages et nobles, et je les
ai établis princes, tribuns, chefs
de cent, de cinquante et de dix
hommes, pour vous enseigner
toutes ces choses.
16. Puis, je leur ordonnai, di-
sant : Ecoutez-les, et jugez selon
ce qui est juste, que ce soit un
citoyen ou un étranger.
17 . Il n'y aura aucune différence
de personnes; vous écouterez le
petit comme le grand; vous n'au-
rez égard à la personne de qui que
ce soit, parce que c’est le juge-
ment de Dieu. Que si quelque
chose vous paraît difficile, rap-
portez-le-moi, et moi, je l'enten-
drai.
18. Et je vous ai ordonné tout
ce que vous deviez faire.
19. Or, partis d'Horeb, nous
passâmes par le désert terrible et
ires grand que vous avez vu, par
la voie de la montagne de l'Amor-
rhéen, commenousavait ordonné
[cn. r.]
le Seigneur notre Dieu. Et lorsque
nous fümes venus à Cadesbarné,
\ 90. Je vous dis : Vous êtes par-
venus à la montagne de l'Amor-
rhéen que 16 Seigneur notre Dieu
doit nous donner.
21. Vois la terre quele Seigneur
ton Dieu te donne : monte, et
possede-la, comme a dit le Sei-
gneur notre Dieu à tes peres : ne
crains point, et n'aie frayeur de
rien.
92. Alors vous vousapprochátes
tous de moi, et vous dites : En-
voyons des hommes, qui consi-
derent la terre, et qu'ils nous di-
sent par quel chemin nous devons
monter, et vers quelles villesnous
devons marcher.
23. Et comme ce discours me
plut, j'envoyai d'entre vous douze
hommes, un de chaque tribu;
24. Lesquels s'étant mis en che-
min et ayant monté à travers les
montagnes, ils vinrent jusqu'à la
vallée de la Grappe de raisin; et,
la terre considérée,
25. Prenant de ses fruits, pour
montrersa fertilité, ils nouslesap-
porterent, et dirent : Elle est
bonne, la terre que le Seigneur
notre Dieu doit nous donner.
26. Et vous ne voulütes point
monter, mais incrédules à la pa-
role du Seigneur notre Dieu,
97. Vous murmurátes dans vos
tentes, et vous dites: Le Seigneur
nous hait, et c'est pour cela qu'il
nous a retirés de l'Egypte, afin de
nous livrer à la main de l'Amor-
rhéen, et de nous détruire. :
16. Jean, vir, 24. — 17. Lév., xix, 15; Infra, xvr, 19, 2rov., xxiv, 23; Eccli., xum, 1;
Jac., 1 4. — 22. Nomb., xri, 3.
15. Tribuns, etc. Voy. Exode, xvux, 21.
24. * La vallée de la Grappe de raisin. Voir Nombres, xiu, 24,
[cn. 1.]
98. 0à monterons-nous? les en-
voyés ont épouvanté nos ccurs,
disant: C'estunetres grande mul-
titude, et leur stature est plus
haute que la nótre : les villes sont
grandes et fortifiées jusqu'au ciel;
nous avons vu là les enfants
d'Enac.
29. Et je vous répondis : N'ayez
pas peur, et neles craignez point:
30. Le Seigneur Dieu qui est
votre guide, combattra lui-méme
pour vous, comme il a fait en
Egypte, tous le voyant.
31. Et dans 16 désert (toi-même
tu l’as vu) 16 Seigneur ton Dieu t'a
porté, comme un homme a cou-
tume de porter son petit enfant,
dans toute la voie par laquelle
vous avez marché, jusqu'à ce que
vous soyez venus en ce lieu.
32. Et méme alors vous n'avez
pas cru au Seigneur votre Dieu,
33. Qui vous a précédés dans la
voie, et a mesuré le lieu dans le-
quel vous deviez planter vos ten-
tes, la nuit, vous montrant le che-
min par le feu, et le jour, par la
colonne de nuée.
34. Et lorsque le Seignew eut
entendu la voix de vos discours,
irrité, il jura et dit :
359. Nul des hommes de cette
génération tres méchante ne
verra la terre bonne, que sous le
serment, j'ai promis à vos pères,
80. Excepté Caleb, fils de Jé-
phoné ; car lui la verra, et c'est à
lui que je donnerai la terre qu'il
LE DEUTÉRONOME.
317
a foulée, et à ses enfants, parce
qu'il a suivi le Seigneur.
31. Et elle n'est pas étonnante,
cette indignationcontrelepeuple,
puisque irrité méme contre moi,
àcause de vous,le Seigneur a dit:
Tu n'y entreras pas non plus.
38. Mais Josué, fils de Nun, ton
serviteur, entrera lui-méme au
lieu de toi; exhorte-le et le for-
tifie, car lui-même partagera au
sort la terre à Israël.
39. Vos petits enfants, dont vous
avez dit qu’ils seraient emmenés
captifs, et les enfants qui aujour-
d'hui ignorent la différence du
bien et du mal, ceux là entreront ;
et c'est à eux que je donnerai la
terre, et ils la posséderont.
40. Mais vous, retournez et allez
au désert par la voie de la mer
Rouge.
41. Et vous me répondites :
Nous avons péché contre le Sei-
gneur; nous monterons et nous
combattrons, comme a ordonné
le Seigneur notre Dieu. Ét comme
vous marchiez en armes vers la
montagne,
42. LeSeigneurme dit :Dis-leur:
Ne montez point, ni ne combattez,
car je ne suis pas avec vous : ne
tombez point devantvos ennemis.
49. Je vous parlai, et vous ne
m'écoutâtes point; mais vous op-
posantau commandement du Sei-
gneur, et enflés d'orgueil, vous
montâtes sur la montagne.
44. C'est pourquoi l'Amorrhéen,
33. Ex., ,זווא 21 ; Nomb., xiv, 14. — 35. Nomb., xiv, 23; Ps. xciv, 11. — 41. Nomb., xiv,
40. — 42. Nomb., xiv, 42.
28. Enacim est en hébreu le plur. d'Enac et signifie les descendants d'Enac, géant
redoutable. Comp. Nombres, xui, 34.
33. Par le feu; c'est-à-dire par la colonne de feu.
4^. * Dans les montagnes du sud de la Palestine. — Horma, voir Nombres, xiv, 45.
318 LE DEUTÉRONOME.
qui habitait dans les montagnes,
étant sorti et venant au-devant
de vous, vous poursuivit, comme
les abeilles ont coutume de pour-
suivre, et il vous tailla en pièces
depuis Séir jusqu'à Horma.
45. Et comme, étant retournés,
vous pleuriez devantle Seigneur,
il ne vous écouta point, et il ne
voulutpasacquiescer à votre voix.
46. Vous demeurátes donc à Ca-
desbarné durant un long temps.
CHAPITRE IT.
Voyage des Israélites depuis Cadesbarné
jusqu'au pays de Séhon. Dieu leur dé-
fend de combattre les Iduméens, les
Moabites etles Amorrhéens. Défaite de
Séhon, roi des Amorrhéens.
1. Or, partis de là, nous vinmes
au désert qui conduit à la mer
Rouge, comme m'avait ditle Sei-
gneur, etnoustournámes autour
de la montagne de Séir, durantun
long temps.
2. Et le Seigneur me dit :
3. Vousavez suffisammenttour-
né autour de cette montagne, al-
lez contre l'aquilon :
4. Etordonne au peuple, disant :
Vous passerez par les frontières
de vos freres, les enfants d'Esaü,
qui habitent à Séir, et ils vous
craindront.
9. Voyez avec soin à ne pas vous
mettre en mouvement contre
eux; car je ne vous donnerai pas
de leur terre, et autant.que la
plante d'un seul pied peut en fou-
[ca. 11,]
ler, parce que j'ai donné en pos-
session à Esaü la montagne de
Séir.
6. Vous achèterez d'eux des vi-
vres avec de l'argent, et vous
mangerez ; vous puiserez de l'eau
achetée, et vous boirez.
1. Le Seigneur ton Dieu t'a
béni en toute œuvre de tes mains ;
il connait ton chemin : comment
tu as passsé ce grand désert; le
Seigneur ton Dieu a habité avec
toi pendant quarante ans, et rien
ne t'a manqué.
8. Lorsque nous eümes passé
à travers nos freres, les enfants
d'Esaü, qui habitaient à Séir,
nous sommes venus par la voie
de la plaine, d'Elath et d'Asion-
gaber au chemin qui conduit au
désert de Moab.
9. Alors le Seigneur me dit :
Ne combats point contre les Moa-
bites, et ne leur livre point ba-
taille; car je ne te donnerai rien
de leur terre, parce que c'est aux
enfants de Lot que j'ai livré Ar
en possession.
10. Les Emim furent ses pre-
miers habitants, peuple grand
et fort, et d'une stature si haute,
que la race des Enacim
11. Etait regardée comme leur
souche, de méme que celle des
géants, et qu'ils étaient sembla-
bles aux enfants d'Enacim. En-
fin les Moabites les appellent
Emim.
19. Quant à Séir, les Horrhéens
4. * A Séir, l'Idumée.
8. * Elath et Asiongaber, villes situées à l'extrémité septentrionale du golfe Elani-
tique.
9. * Ar, capitale de Moab, au sud de l'Arnon.
11. Enacim. Voy. 1, 28. — Emim, c'est-à-dire terreurs.
12. * Les Horrhéens, ou Chorréens, car l'orthographe seule est différente. Habitants
des cavernes. Voir la note sur Genèse, xiv, 6.
[cn. n.]
y avaient jadis habité; lesquels
chassés et détruits, les enfants
d'Esaü y habitèrent, comme ἃ
fait Israël dans la terre de sa
possession que lui a donnée le
Seigneur.
13. Nous levant donc pour pas-
ser le torrent de Zared, nous
vinmes auprès.
14. Or, le temps pendant le-
quel nous marchâmes de Cades-
barné jusqu'au passage du tor-
rent de Zared, fut de trente-huit
ans, jusquà ce que toute la
génération des hommes combat-
tants eut été exterminée du
camp, comme l'avait juré le Sei-
gneur,
15. Dont la main fut contre eux,
pour qu'ils périssent du milieu
du camp.
16. Or, aprés que tousles com-
battants furent tombés,
17. Le Seigneur me parla,
disant :
18. Tu franchiras aujourd'hui
les frontières de Moab, la ville
du nom d'Ar :
19. Et t'approchant des lieux
voisins des enfants d'Ammon,
garde-toi de combattre contre
eux, et de les provoquer au com-
bat; car je ne te donnerai point
de la terre des enfants d'Ammon,
LE DEUTÉRONOME. 319
parce que c'est aux enfants de
Lot que je l'ai donnée en pos-
session.
20. Elle a été réputée terre des
géants, et en elle autrefois ont
habité des géants que les Am-
monites appellent Zomzommim,
21. Peuple grand et nombreux,
et d'une haute taille comme les
Enacim, et que le Seigneur dé-
truisit devant les Ammonites
qu'il fit habiter en leur place,
29. Comme il avait fait pour
les enfants d'Esaü qui habitent
à Séir, détruisant les Horrhéens,
et leur livrant leur terre qu'ils
possèdent jusqu'à présent.
23. Les Hévéens aussi qui habi-
taient à Hasérim jusqu'à Gaza,
furent chassés par les Cappado-
ciens, qui, sortis de Cappadoce,
les détruisirent et habitèrent en
leur place.
24. Levez-vous et passez le
torrent d’Arnon : voilà que j'ai
livré en ta main Séhon, roi d'Hé-
sébon,l'Amorrhéen, etcommence
à posséder sa terre, et engage
un combat contre lui.
25. Aujourd'hui je commence-
rai à envoyer la terreur et l'effroi
aux peuples qui sont sous le ciel
entier, afin que, ton nom oui, ils
tremblent, et que, comme les
13. * Zared. Voir Nombres, xxi, 12.
14. * Cadesbarné. Voir Nombres, xx, 1.
18. * Les frontières de Moab, l'Arnon. Voir Nombres, xxi, 13
19. * Des lieux voisins des enfants d'Ammon. Les Ammonites, descendants de Loth,
habitaient à l'est du Jourdain entre l'Arnon et le Jaboc. Ils paraissent avoir mené
la vie nomade et s'étre retirés pius à l'est où ils furent repoussés.
23. * Hasérim semble étre un nom commun désignant un ensemble de villages. —
Gaza, ville des Philistins, à l'extrémité sud-ouest de la plaine de la Séphéla. — Les
Cappadociens... sortis de Cappadoce. Le texte hébreu porte les Caphtorim sortis de
Caphtor, c'est-à-dire, probablement la Créte, et non la Cappadoce, comme le croyaient
les anciens interprétes.
24. * L'Arnon, qui se jette dans la mer Morte, à l'est, séparait alors les Moabites
des BE ΒΡ ΡΩΝ, Son lit est trés profond et très escarpé. — Hésébon. Voir Nombres,
ואצ 25.
320 LE DEUTÉRONOME:
femmes qui enfantent, ils fré-
missent, et soient saisis par la
douleur.
26. J'envoyai donc des messa-
gers du désert de Cadémoth vers
Séhon, roi d'Hésébon, avec des
paroles de paix, disant :
27. Nous passerons à travers
ta terre; nous marcherons par
la veie publique; nous ne nous
détournerons ni à droite ni à
gauche.
28. Vends-nous des vivres se-
lon le prix, afin que nous man-
gions : donne-nous de l’eau pour
de l'argent, et ainsi nous boirons.
Le tout est que tu nous accordes
le passage,
99. Comme ont fait les en-
fants d'Esaü qui habitent à Séir,
et les Moabites qui demeurent
à Ar, jusqu'à ce que nous arri-
vions au Jourdain, et que nous
passions dans la terre que le Sei-
eneur notre Dieu doit nous ac-
corder.
30. Mais Séhon, roi d'Hésébon,
ne voulut point nous donner le
passage, parce que le Seigneur
ton Dieu avait endurci son esprit
et fermé son cœur, afin qu'il füt
livré en tes mains, comme tu
vois maintenant.
34. Alors le Seigneur me dit :
Voilà que j'ai commencé à te li-
vrer Séhon et sa terre : commen-
ce à la posséder.
39. Et Séhon sortit au-devant
de nous avec tout son peuple
Ic. it. ]
pour nous combattre à Jasa:
33. Et le Seigneur notre Dieu
nous le livra, et nous le battimes
avec ses fils et tout son peuple.
34. Nous primes en ce temps-
là toutes ses villes, nous tuámes
les habitants, hommes, femmes
et petits enfants, et nous n’y
laissámes rien,
39. Excepté les bestiaux, qui
devinrent la part de ceux qui les
pillèrent, et les dépouilles des
villes que nous primes.
36. Depuis Aroér, qui est sur
le bord du torrent d'Arnon, ville
qui est située dans la vallée, jus-
qu'à Galaad, il n'y eut point de
bourg ni de ville qui échappât à
nos mains; le Seigneur notre
Dieu nous les livra toutes,
31. Excepté la terre des enfants
d'Ammon, dont nous n'avons pas
approché, et tout ce qui se trou-
ve auprès du torrent de Jéboc,
et les villes des montagnes, et
tous les lieux que le Seigneur
notre Dieu nous a interdits.
CHAPITRE III.
Défaite d'Og, roi de Basan. Partage des
tribus de Ruben et de Gad, et de la
demi-tribu de Manassé. Moise ne peut
obtenir d'entrer dans la terre promise.
4. C'est pourquoi, étant re-
tournés, nous montâmes par le
chemin de Basan; et Og, roi de
Bazan, sortit à notre rencontre
avec tout son peuple pour com -
battre à Edrai.
Cuar. II. 26. Nomb., xxi, 21. — 34. Amos, τι, 9. — (ΒΑΡ. 111. 1. Nomb., xxi, 33; Infra,
CXTX le
30. Le Seigneur ton Dieu, etc. Voy. Exode, iv, 21.
36. * Aroér, sur lArnon, formait l'extrémité occidentale du royaume de Séhon,
vis-à-vis d'Ar Moab.
1. * Basan. Voir la note sur Nombres, xxi, 33. — 000% Voir Nombres, xxi, 33.
[cu. ui]
9. Alors le Seigneur me dit :
Ne le crains point, parce qu'il a
été livré en ta main avec tout
son peuple et sa terre; et tu lui
feras comme tu as fait à Séhon,
roi des Amorrhéens, qui habitait
à Hésébon.
3. Le Seigneur notre Dieu li-
vra done aussi en nos mains Og,
roi de Basan, et tout son peuple;
nous les battimes jusqu'à une
entière extermination,
4. Dévastant toutes ses cités
en un méme temps (il ny eut
point de ville qui nous échappât):
soixante villes, toute la contrée
d'Argob, royaume d'Og en Basan.
5. Toutes les villes étaient for-
lifiées de murs très hauts, et de
portes et de verrous, outre les
villes innombrables qui n'avaient
point de murs.
6. Et nous détruisimes ces
peuples, comme nous avions fait
àSéhon,roid'Hésébon, détruisant
toute ville, les hommes, les
femmes et les petits enfants.
1. Mais les bestiaux et les dé-
LE DEUTÉRONOME.
321
pouilles des villes, nous les en-
levàmes.
8. Nous primes donc en ce
temps-là la terre des deux rois
des Amorrhéens, qui étaient au
delà du Jourdain, depuis le tor-
rent d'Arnon jusqu'à la mon-
tagne d'Hermon,
9. Que les Sidoniens appellent
Sarion, et les Amorrhéens Sanir ;
10. Toutes les villes qui sont
situées dans la plaine, et toute la
terre de Galaad et de Dasan
jusqu'à Selcha et Edrai, villes du
royaume d'Og en Basan.
11. Car le seul Og, roi de Ba-
san, était resté de la race des
géants. On montre son lit de fer
qui est à Rabbath des enfants
d'Ammon, ayant neuf coudées de
longueur, et quatre de largeur,
selonlamesure de lacoudée d'une
main d'homme.
12. Ainsi, nous possédâmes en
ce temps-là la terre, depuis Aroër
qui est sur le bord du torrent
d'Arnon, jusquau milieu de la
montagne de Galaad, et j'en don-
2. Nomb., xxr, 33. — 3. Nomb., xxr, 34, 39. — 12. Nomb., xxxir, 29.
4. Soixante villes, se rapporte, comme explicatif, aux mots précédents foules ses
cilés ; c'est pour cela que nous avons mis entre parenthèses la phrase qui l'en détache.
— * Toute la contrée d'Argob, appelée du temps de Notre Seigneur Trachonitide. —
Les soixante villes furent plus tard appelées Havoth-Jair, parce qu'elles appartinrent
à Jair, de la tribu de Manassé. L'Argob est un pays volcanique, couvert de roches
basaltiques.
8. * Au delà du Jourdain. Voir la note sur Nombres, xxxi, 32. — Arnon, rivière qui
se jette dans la mer Morte, à l'est. — Hermon, chaine de montagnes au nord de la
Palestine, ramification de l'Anti-Liban.
11. Rabbaih des enfants d'Ammon. Moïse ajoute les derniers mots, parce qu'il y
avait une autre ville du méme nom, située dans le pays de Moab. — La grande
quantité d'insectes dans les pays orientaux rend les lits de métal presque indis-
pensables. — Selon la mesure, c'est-à-dire, probablement, selon la grandeur de la
coudée d'un homme ordinaire, et non selon la longueur prise à la mesure d'Og
lui-même. — * Rabbalh Ammon, capitale des Ammonites, à l'est du Jourdain, au sud-
est de Ramoth-Galaad, sur la route de Bosra du Hauran à Hésébon. — * Son lil de fer,
probablement le sarcophage dans lequel il avait été placé après sa mort. Par fe,
il faut entendre vraisemblableinert le basalte noir, commun dans le pays, et qui
contient vingt pour cent de fer, d'oü vient que les Arabes appellent enceve aujour-
d'hui le basalte du fer.
A.. T. - 21
322
nai les villes à Ruben et à Gad.
13. Mais le reste de Galaad et
tout le Basan du royaume d'Og,
je le livrai à la demi-tribu de Ma-
nassé, ainsi que toute la contrée
d'Argob : or, tout le Basan est ap-
pelé terre de géants.
14. Jaïr, fils de Manassé, pos-
séda toute la contrée d'Argob,
jusqu'aux frontieres de Gessuri
et de Machati ; etil appela de son
nom Basan, Havoth Jair, c'est-à-
dire bourgs de Jair, ce qui a été
leur nom jusqu'au présent jour.
15.Je donnai aussi Galaad à
Machir.
16. Mais aux tribus de Ruben
et de Gad, je donnai de la terre
de Galaad jusqu'au torrent d'Ar-
non, 18 moitié du torrent et de
ses confins jusqu'au torrent de
Jéboc, qui est lafrontière des en-
fants d'Ammon;
17. De plus, la plaine du dé-
sert, le Jourdain, et les fron-
tières de Cénéreth jusqu à la mer
du désert, qui est la très salée,
jusqu'au pied de ia montagne de
Phasga, contre l'orient.
18. Et je vous ordonnai en ce
temps-là, disant : Le Seigneur
votre Dieu vous donne cette terre
en héritage; tous prêtsaucombat,
précédez vos frères, les enfants
d'Israël, vous tous, hommes forts,
19. Sans vos femmes, vos pe-
21. Nomb., xxvir, 18.
LE DEUTÉRONOME.
[cu. ur]
tits enfants et vos bestiaux. Car
je sais que vous avez de nom-
breux troupeaux ; or, ils devront
demeurer dans les villes que je
vous ai livrées,
20. Jusqu'à ce que le Seigneur
accorde le repos à vos frères,
comme il vous la accordé; et
qu'ils possèdent, eux-mêmes
aussi, la terre qu'il doit leur don-
ner au delà du Jourdain : alors
chacun retournera en sa posses-
sion que je lui ai donnée.
91. A Josué aussi j'ai ordonné en
ce temps-là, disant : Tes yeux ont
vu ce qu'a fait le Seigneur votre
Dieu à ces deux rois : c'est ainsi
quil fera à tous les royaumes
dans lesquels tu dois passer.
22. Ne les crains point; car le
Seigneur votre Dieu combattra
pour vous.
23. Et je priai le Seigneur en
ce temps-là, disant :
24. Seigneur Dieu, vous avez
commencé à montrer à votre ser-
viteur votre grandeur, et votre
main trés puissante; car il n'est
pas d'autre Dieu ou dans le ciel
ou sur la terre, qui puisse faire
vos œuvres, et être comparé à
votre puissance.
95. Je passerai donc, et je verrai
celte terre excellente au-delà du
Jourdain, et cette belle mon-
tagne, et le Liban.
14. * Argob, Gessuri, Machali. Voir l'Introduction au livre de Josué. — Havoth Jair.
Voir vers. 4.
11. * La plaine du désert, la plaine de Moab. — Cénéreth devint une ville de Neph-
tali. C'est elle qui donna son nom au lac de Cénéreth, Génésareth ou Tibériade. —
La mer trés salée est la mer Morte, sur laquelle on peut voir l'Introduction au livre
de Josué. — Phasga. Voir Nombres, xxi, 20.
25. Cette belle montagne ; la montagne de Moria, sur laquelle Abraham offrit Isaac,
et où devait être bâtie la ville de Sion et son temple, ou bien les montagnes de
264261, plus hautes que la montagne de Moria, plus voisines du Jourdain et peu
[cn. 1v.)
96. Mais le Seigneur, irrité
contre moi à cause de vous, ne
m'exauca pas, mais il me dit :
C'est assez pour toi, ne me parle
plus de cela.
1. Monte au sommet de Phas-
ga, et promène tes yeux vers
l'occident, et vers l'aquilon, et le
midi, et l'orient, et regarde; car
tu ne passeras pas le Jourdain.
98. Ordonne àJosué, affermis-le
el le fortifie, parce que c'est lui-
méme qui précédera ce peuple,
et qui leur divisera la terre que
tu vas voir.
29. Et nous demeurámes dans
la vallée, contre le temple de
Phogor.
JHAPITRE IV.
Exhortation à l'observation des divins
commandements. Menaces contre ceux
qui les violeraient. Trois villes de re-
fuge établies en decà du Jourdain.
1. Maintenant, Israël, écoute
les préceptes et les ordonnances
que moi je t'enseigne, afin que
les pratiquant, tu vives, et que
lu possèdes, en y entrant, la terre
que le Seigneur Dieu de vos peres
và vous donner.
2. Vous n'ajouterez point à la
parole que je vous dis, et vous
LE DEUTÉRONOME. 323
n'en retrancherez point: gardez
les commandements du Seigneur
votre Dieu que moi, je vous pres-
cris.
3. Vos yeux ont vu tout ce qu'a
fait le Seigneur contre Béelphé-
gor, comment il a brisé tous ses
adorateurs du milieu de vous.
4. Mais vous qui étes attachés
au Seigneur votre Dieu, vous vi- |
vez tous jusqu'au présent jour. |
5. Vous savez que je vous ai
enseigné les préceptes et les lois,
comme m'a commandé le Sei-
gneur mon Dieu : ainsi, vous les
pratiquerez dans la terre que
vous allez posséder;
6. Vous les observerez et les ac-
complirez par vos œuvres. Car
telles sont votre sagesse et votre
intelligence devant les peuples,
afin qu'entendant parler de tous
ces préceptes, ils disent : Voici
un peuple sage et intelligent, une
erande nation.
7. Et i! n'est point d'autre na-
tion, si grande qu'elle soit, qui
ait des dieux s'approchant d'elle,
comme notre Dieu, qui est pré-
sent à toutes nos prières.
8. Quelle est, en effet, l'autre
nation assez illustre pour qu'elle
ait des cérémonies, des ordon-
21. Infra, ,אאא 2; xxxiv, 4. — CHap. IV. 3. Nomb., xxv, 4.
éloignées de Jéricho. — * Le Liban devait former la frontière septentrionale de la
Palestine. Sur cette montagne, voir l'Introduction au livre de Josué.
21. * Phasga. Voir Nombres, xxi, 20.
28. La terre que tu vas voir. Compar. xxxiv, 4.
2. Les hérétiques prétendent à tort que ce verset condamne toutes les traditions
et les ordonnances de l'Eglise, comme étant des additions que l'on a faites à l'Ecri-
ture. S'ils étaient conséquents, ils diraient la méme chose de toutes les autres
parties de la Bible, et méme des autres livres du Pentateuque, où il se trouve des
ordonnances qu'on n'était pas moins obligé de pratiquer. Le sens évident de ce
passage est que personne ne pouvait rien faire des choses que Dieu avait défendues,
et ne rien omettre de celles qu'il lui avait ordonnées; c'est-à-dire que toute la loi
devait étre exactement observée par tout le peuple de Dieu.
3. * Béelphégor, Baal adoré à Phégor par un culte impur.
324 LE DEUTÉRONOME.
nances justes, et toute cette loi
que j'exposerai aujourd'hui de-
vant vos yeux?
9. Garde-toi done toi-méme et
: ton âme soigneusement. N'oublie
“point les paroles qu'ont vues tes
JAyeux, et qu'elles ne sortent point
de ton cœur tous les jours de ta
vie. Tu les enseigneras à tes fils
et à tes petits-fils,
10. Depuis le jour que tu t'es
trouvé devant le Seigneur ton
Dieu à Horeb, quand le Seigneur
me parla, disant : Assemble au-
prés de moi le peuple, afin qu'ils
entendent mes paroles, et qu'ils
apprennent à me craindre tout le
temps qu'ils vivront sur la terre.
et qu'ilsinstruisent leurs enfants.
11. Et vous vous approchâtes
du pied de la montagne, qui brü-
lait jusqu'au ciel; et il y avait sur
elle des ténèbres, un nuage et
une obscurité.
19. Et le Seigneur vous parla
du milieu du feu. Vous entendites
la voix de ses paroles, mais de
forme, vous n'en vites absolu-
ment point.
13. Il vous fit connaitre son al-
liance, qu'il vous ordonna d'ac-
complir, et les dix paroles qu'il
écrivit sur deux tables de pierre.
14.Etàmoi,ilmecommanda, en
cetemps-là, devous enseigner des
cérémonies et des ordonnances
que vous deviez accomplir dans
la terre que vous allez posséder.
15. Gardez donc soigneusement
11. Exode, xix, 18. — 21. Supra, 1, 31.
[cu. 1v.]
vos àmes. Vous n'avez vu aucune
représentation au jour que le Sei-
gneur vous parla à Horeb, du mi-
lieu du feu;
16. De peur que, séduits, vous
ne vous fassiez quelque représen-
tation taillée au ciseau, ou bien
quelque image d'homme ou de
femme;
17. Quelque représentation de
toutes les bêtes qui sont sur la
terre, ou des oiseaux qui volent
sous le ciel,
18. Et des reptiles qui se meu-
vent sur la terre, ou des poissons
qui sous la terre demeurent dans
les eaux;
19. De peur que, les yeuxlevés
au ciel, tu ne voies le soleil, la
lune et tous les astres du ciel, et
que, séduit par l'erreur, tu ne les
adores, et tu n'offres un culte à
des choses que le Seigneur ton
Dieu a créées pour servir à toutes
les nations qui sont sous le ciel.
20. Pour vous, le Seigneur vous
a tirés et ramenés de la fournaise
de fer de l'Egypte, pour avoir un
peuple héréditaire, comme il est
au présent jour.
91. Et le Seigneur s'est irrité
contre moi, à cause de vos dis-
cours, et il a juré que je ne pas-
serai pas le Jourdain, et que je
n'entrerai pas dans 18 terre excel-
lente qu'il và vous donner.
22. Voici donc que je meurs en
ce pays; je ne passerai point le
Jourdain; vous, vous le passerez,
10. * Horeb, le mont Sinai.
12-15. Ces passages prouvent clairement, contre certains incrédules, que les Hé-
breux n'attribuaient pas de corps à Dieu.
16. Vous ne vous fassiez, etc. Voy. Exode, xx, 4.
16-19. * La défense de faire des statues fut si bien observée, sauf les cas d'idolátrie,
qu'il n'existe pas, à proprement parler, d'art judaique.
[(Η. 1v.]
et vous posséderez cette belle
terre.
93. Prends garde d'oublier ja-
mais l'alliance du Seigneur ton
Dieu, qu'il a établie avec toi, et
de te faire quelque représenta-
tion taillée au ciseau des choses
dont le Seigneur a défendu d'en
faire,
24. Parce que le Seigneur ton
Dieu est un feu consumant, un
Dieu jaloux.
95. Si vous engendrez des en-
fants et des petits-enfants, et que
vous demeuriez dans cette terre,
et que, séduits, vous fassiez quel-
que représentation, commettant
le mal devant le Seigneur votre
Dieu, en sorte que vous le provo-
quiez au courroux,
26. J'invoque à témoin aujour-
d'hui le ciel et la terre que bien-
tót vous serez exterminés de la
terre, que, le Jourdain passé,
vous allez posséder; vous n'y ha-
biterez pas longtemps, mais le
Seigneur vous détruira,
27. Et vous dispersera dans tous
les peuples, et vous resterez en
petit nombre parmi les nations,
chez lesquelles le Seigneur doit
vous conduire.
28. Etlà vous servirez des dieux
qui ont été fabriqués par la main
des hommes, du bois et de la
pierre, qui ne voient, ni n'enten-
dent,ninemangent, ni neflairent.
. 99. Mais, lorsque tu chercheras
làleSeigneur ton Dieu, tule trou-
24. Hébr., xir, 29.
LE DEUTÉRONOME. 325
veras, si cependant c'est de tout
ton cœur que tu le cherches, et
dans toute l’affliction de ton âme.
30. Apres que te seront arrivées
toutes les choses qui ont été pré-
dites, tu reviendras, dans le der-
niertemps, au Seigneurton Dieu,
et tu écouteras sa voix,
31. Parce que c'est un Dieu
miséricordieux, le Seigneur ton
Dieu; il ne t'abandonnera point,
et il ne te détruira pas entiere-
ment, etil n'oublierapasl'alliance
qu'il a jurée à tes peres.
32. Demande aux jours anciens
qui ont été avant toi, depuis le
jour que Dieu a créé l'homme sur
la terre, depuis une extrémité du
ciel jusqu'à l'autre extrémité, s'il
a été fait jamais une chose sem-
blable, ou si jamais il a été connu
33. Qu'un peuple ait entendu
la voix de Dieu, parlant du milieu
du feu, comme tu l'as entendue,
en conservant la vie;
34. Si Dieu a entrepris de venir
et de prendre pour lui une nation
au milieu des nations, par des
épreuves, des signes et des pro-
diges, parla guerre, par une main
forte, un bras étendu et d'hor-
ribles visions, selon tout ce qu'a
fait pour vous le Seigneur votre
Dieu dans l'Egypte, tes yeux le
voyant,
35. Afin que tu susses que c'est
leSeigneurlui-méme qui estDieu,
et qu'il n'en 651088 d'autre quelui.
36. Du haut du ciel il t'a fait
.ןו
Le Seigneur lui-même est Dieu et il n'en est pas d'autre que lui. Ce magni- * .33
fique passage du Deutéronome est comme la profession de foi des Juifs. Les Israélites
le copient encore aujourd'hui de leurs mains sur un morceau de parchemin avec
celui de l'Exode, xur, 2-10, 11-17, et l'attachent à leur front et au bras gauche pour
réciter leur prière du matin. C'est la partie essentielle des phylactères. On appelle
ce parchemin du mot hébreu par lequel il commence schema. ₪
326 LE DEUTÉRONOME.
entendre sa voix pour t'instruire,
et sur la terre il t'a montré son
feu tres ardent, et tu as entendu
ses paroles qui sortaientdu milieu
du feu,
37. Parce qu'il a aimé tes peres,
et qu'il ἃ choisi leur postérité
apres eux; et il t'a retiré de l'E-
gypte, te précédantavecsa grande
puissance,
38. Pour détruire à ton entrée
des nations trés grandes et plus
fortesquetoi, et pour t'introduire,
et te donner leur terre en posses-
sion, comme tu vois au présent
jour.
39. Sache donc aujourd'hui, et
pense en ton cœur, que c'est le
Seigneur hii-méme qui est Dieu
dans le ciel en haut, et sur la
terre en bas, et qu'il n'en est pas
d'autre.
40. Garde ses préceptes et ses
commandements, que moi, je te
prescris, afin que bien t’arrive, à
toi et à tes fils apres toi, et que
tu demeures longtemps sur la
terre que le Seigneur ton Dieu
va te donner.
41. Alors Moïse sépara trois
villes au-delà du Jourdain vers la
partieorientale,
42. Afin que s'y réfugie celui
qui sans le vouloir aura tué son
prochain, et qui n'aura pas été
son ennemi un ou deux jours au-
[απ tv.)
paravant, et qu'il puisse seretirer
dans une de ces villes :
43. Bosor dans le désert, qui
est située dans Ja plate campagne
de la tribu de Ruben; Ramoth en
Galaad, qui est dans la tribu de
Gad, el Golan en Basan, qui est
dans la tribu de Manassé.
44. Telle est la loi que Moise
exposa devant les enfants d'ls-
raél ;
45. Et telles sont les lois, les
cérémonies et les ordonnances
quil annonca aux enfants d'Is-
raél, quand ils furent sortis de
l'Egypte,
46. Au delà du Jourdain dans
la vallée, contre le temple de Pho-
gor dans la terre de Séhon, roi
de l'Amorrhéen, qui habita à Hé-
sébon, et que bhattit Moïse. Les
enfants d'Israél aussi, sortis de
l'Egypte,
41. Possédèrent sa terre, et la
terre d'Og, roi de Basan, deux rois
des Amorrhéens qui étaient au-
delà du Jourdain, vers le levant,
48. Depuis Aroér qui est sut
le bord du torrent d'Arnon, jus-
qu'à la montagne de Sion, qui est
appelée aussi Hermon,
49. Toute la plaine au-delà du
Jourdain, vers la partie orien-
tale, jusqu'à la mer du désert, et
jusqu'au pied dela montagne de
Phasga.
31. Exode, xir, 21. — 41. Nomb., xxxv, 14. — 49. Jos., xx, 8.
41, #1, 49. Au delà du Jourdain. ΝΟΥ. Nombres, xxxn, 32.
43. * Bosor, sur le plateau du pays des Amorrhéens, en Galaad, aujourd'hui Kesür-
el-Bescheir, au sud-ouest de Dibon, fut enlevée plus tard aux Rubénites par les Moa-
bites. — Ramoth Galaad, dans une position trés forte, sur une colline entourée de
ravins profonds, couverte de vignes et d'oliviers, probablement l'es-Salt d'aujourd'hui.
— Golan, site inconnu.
46. * Le temple de Phogor, en hébreu Beth Phogor, ville de Moab, puis de Ruben,
rés du Jourdain, en face de Jéricho. — ilésébon. Voir Nombres, xxt, 25.
49. * Phasga. Voir Nombres, xxt, 20.
68. v.]
CHAPITRE V.
Moïse rappelle au peuple les préceptes
du Décalogue.
1. Or, Moïse appela tout Israél
et lui dit : Ecoute, Israël, les cé-
rémonies et les ordonnances que
moi, je vous fais entendre aujour-
d'hui; apprenez-les et les accom-
plissez par vos œuvres.
2. Le Seigneur notre Dieu a fait
avec nous une alliance à Horeb.
3. Ce n'est pas avec nos pères
quil a fait cette alliance, mais
avec nous qui sommes mainte-
nant et qui vivons.
4. ll nous a parlé face à face
surla montagne du milieu du feu.
5. C'est moi qui fus l'interprète
et le médiateur entre le Seigneur
et vous en ce temps-là, pour vous
annoncer ses paroles; car vous
craignites le feu, et vous ne
montâtes pas sur la montagne,
et il dit :
6. Je suis le Seigneur ton Dieu
qui t'ai reliré de la terre d'E-
gypte, de la maison de servitude.
7. Tu n'auras point de dieux
étrangers en ma présence.
8. Tu ne te feras point d'image
taillée au ciseau, ni de représen-
tation de tout ce qui est dans le
ciel en haut, et de ce qui est sur
la terre en bas, et de ce qui se
trouve dans les eaux sous la
terre.
9. Tu ne les adoreras pas et tu
LE DEUTÉRONOME.
327
ne les serviras pas. Car c'est moi
qui suis le Seigneur ton Dieu,
Dieu jaloux, rejetant l'iniquité
des pères sur les enfants jusqu’à
la troisième et la quatrième gé-
nération de ceux qui me haissent,
10. Et faisant miséricorde dans
plusieurs milliers de généra-
tions, à ceux qui m'aiment et
gardent mes préceptes.
11. Tu ne prendras point le
nom du Seigneur ton Dieu en
vain : car il ne sera pas impuni,
celui qui pour une chose vaine
prendra son nom.
12. Observe le jour du sabbat,
afin de le sanctifier, comme t'a
ordonné le Seigneur ton Dieu.
13. Pendant six jours tu tra-
vailleras, et tu feras tous tes ou-
vrages.
14. Mais le septième jour est
celui du sabbat, c'est-à-dire le re-
pos du Seigneur ton Dieu. Tu ne
feras en ce jour aucun ouvrage,
ni toi, ni ton fils, ni ta fille,
ni ton serviteur, ni ta servante,
ni ton bœuf, ni ton âne, ni au-
cune de tes bêtes, nil'étrangerqui
est au-dedans de tes portes ; afin
que ton serviteur et ta servante
se reposent comme toi aussi.
15. Souviens-toi que toi-méme
aussi tu as servi en Egypte, et
que le Seigneur ton Dieu t'en a
retiré par une main puissante et
un bras étendu. C'est pourquoi il
t'a ordonné d'observer le jour du
sabbat.
Cxap. V. 6. Exode, xx, 2; Lév., xxvi, 1; Ps. rxxx, 11. — 7. Exode, xx, 3; Ps. Lxxx, 10.
— 8. Exode, xx, 4; Lévit., תטאא 1; Ps. xcvi, 7. — 9. Exode, xxxiv, 14. — 11. Exode,
xx, 1; Lév., xix, 12; Matt., v, 33. — 14. Genèse, r1, 2; Exode, xx, 10; Hébr., 1v, 4.
—MÓ á— M — — M M M a € M ——
1. * [ci commence le second discours de Moïse qui s'étend jusqu'au ch. xxvi et
forme la partie principale du livre du Deutéronome.
14. Tes portes; hébraisme, pour fes villes.
328
16. Honore ton pere et ta mere,
comme t'a ordonné le Seigneur
Lon Dieu, afin que tu vives long-
temps, et que bien t'arrive dans
la terre que le Seigneur ton Dieu
va te donner.
17. Tu ne tueras point.
18. Tu ne commettras point
d'adultere.
19. Et tu ne feras point de vol.
90. Tu ne porteras point de
faux témoignage contre ton pro-
chain.
91. Tu ne convoiteras point la
femme de ton prochain, ni sa
maison, ni son champ, ni son
serviteur, ni sa servante, ni son
bœuf, ni son âne, ni aucune des
choses qui sont à lui.
92. Ce sont là les paroles qu'a
dites le Seigneur à toute votre
multitude, sur la montagne, du
milieu du feu, de la nuée et de
l'obscurité, avec une voix forte,
n'ajoutant rien de plus; et il les
écrivit sur deux tables de pierre,
qu'il me remit.
93. Mais vous, aprés que vous
eütes entendu sa voix du milieu
des ténèbres et que vous eütes
vu la montagne embrasée, vous
vous approchátes de moi, tous les
princes des tribus, et les anciens,
et vous dites :
24. Voilà que le Seigneur notre
Dieu nous a montré sa majesté
et sa grandeur; nous avons en-
tendu sa voix du milieu du feu,
et nous avons éprouvé aujour-
d'hui, que Dieu ayant parlé avec
l'homme, l'homme conserve la
vie.
25. Pourquoi donc mourrons-
nous, et ce tres grand feu nous
LE DEUTÉRONOME.
[cu. v.]
dévorera-t-il? Car si nous enten-
dons encore la voix du Seigneur
notre Dieu, nous mourrons.
26. Qu'est toute chair, pour
qu'elle entende la voix du Dieu
vivant, qui parle du milieu du
feu, comme nous avons entendu,
et qu'elle puisse vivre?
27. Approche plutôt, toi, et
écoute tout ce que te dira le
Seigneur notre Dieu; tu nous le
rapporteras ensuite, et, l'ayant
entendu, nous le ferons.
28. Ce qu'ayant entendu le Sei-
gneur, il me dit : J'ai entendu la
voix des paroles de ce peuple,
lorsqu'ils t'ont parlé : ils ont bien
dit toutes ces choses.
29. Qui leur donnera d'avoir un
esprit tel, qu'ils me craignent, et
qu'ils gardent tous mes comman-
dements en tout temps, afin que
bien leur arrive, à eux et à leurs
enfants pour jamais.
30. Va, et dis-leur : Retournez
en vos tentes.
31. Mais toi, demeure ici avec
moi, et je te dirai tous mes com-
mandements, les cérémonies et
les ordonnances, que tu leur en-
seigneras, afin qu'ils les prati-
quent dans la terre que je leur
donnerai en possession.
32. Gardez donc et faites ce que
vous a ordonné le Seigneur votre
Dieu; vous ne vous détournerez
ni à droite ni à gauche ;
33. Mais c'est par la voie qu'a
prescrite le Seigneur votre Dieu
que vous marcherez, afin que
vous viviez et que bien vous ar-
rive, et que vos jours soient pro-
longés dans la terre de votre pos-
session.
16. Exode, xx, 12; Eccli., πὶ, 9; Matt., xv, 4; Marc, vir, 10; Eph., vi, 2. — 21. Matt.,
v, 28; Rom., vit, 7.
(cu. vi.)
CHAPITRE VI.
Moïse exhorte les Israélites à aimer le
Seigneur, et à ne jamais oublier ses
préceptes et ses bienfaits.
1. Voici les préceptes, les céré-
monies et les ordonnances que le
Seigneur votre Dieu a prescrites,
afin que je vous les enseigne, et
que vous les pratiquiez dans la
terre dans laquelle vous allez
passer pour la posséder,
2, Afin que tu craignes le Sei-
gneur ton Dieu, et que tu gardes,
tous les jours de ta vie, tous ses
commandements et ses préceptes
que moi, je te prescris, à toi, à tes
fils et à tes petits-fils, pour que
tes jours soient prolongés.
3. Ecoute, Israël, et aie grand
soin de faire ce que t'a ordonné
le Seigneur, afin que bien t'arri-
ve, et que tu sois encore multi-
plié, puisque le Seigneur Dieu
de tes peres t'a promis une terre,
oü coulent du lait et du miel.
4. Ecoute, Israël, le Seigneur
notre Dieu est l'unique Seigneur.
5. Tu aimeras le Seigneur ton
Dieu de tout ton cœur, de toute
ton âme et de toute ta force.
6. Et ces paroles que moi, je te
prescris aujourd'hui seront dans
ton cœur ;
7. Tu les raconteras aussi à tes
enfants, et tu les méditeras, assis
en ta maison, et marchant dans
le chemin, dormant et te levant.
8. De plus, tu les lieras comme
unsigne dans ta main ; ellesseront
etse mouvront entre tes yeux;
9. Et tu les écriras sur le seuil
LE DEUTÉRONOME.
329
et sur les portes de ta maison.
10. Et lorsque le Seigneur ton
Dieu t'auraintroduit dans la terre
au sujet de laquelleil a juré à tes
peres, Abraham, [saac et Jacob,
et quil t'aura donné des villes
grandes et trés bonnes que tu
n'as pas báties,
11. Des maisons pleines de tou-
tes richesses, et que tu n'as pas
construites, des citernes que tu
n'as pas creusées, des vignobles
et des plants d'oliviers que tu
n'as point plantés,
12. Et que tu auras mangé et
que tu te seras rassasié,
13. Prends bien garde d'oublier
le Seigneur qui t'a retiré de la
terre d'Egypte, de la maison de
servitude. Tu craindras le Sei-
gneur ton Dieu, et tu ne serviras
que lui, et c'est par son nom que
tu jureras.
14. Vous n'irez point apres les
dieux étrangers de toutes les na-
tions qui sont autour de vous,
15. Parce qu'un Dieu jaloux, le
Seigneur ton Dieu, est au milieu
de toi; de peur qu'un jour la fu-
reur du Seigneur ton Dieu ne
s'irrite contre toi, et qu'il ne t'en-
lève de la surface de la terre.
16. Tu ne tenteras point le Sei-
gneur ton Dieu, comme tu l'as
tenté au lieu de la tentation.
17. Garde les préceptes du Sei-
gneur ton Dieu, les lois et les cé-
rémonies qu'il t'a prescrites,
18. Et fais ce qui est agréable et
bon en la présence du Seigneur,
afin que bien t'arrive, et que tu
possèdes, y étant entré, la terre
Cnar. VI. 5. Infra, xr, 13; Matt., xxi, 31; Marc, xir, 30; Luc, x, 27. — 13. Infra, x, 90-
Matt., 1v, 10; Luc, 1v, 8. — 16. Matt., 1v, 7; Luc, 1v, 12.
הרו[
1. Dormant, etc.; c'est-à-dire en te couchant pour dormir, et en te réveillant.
330
excellente, touchant laquelle le
Seigneur a juré à tes pères,
19. Qu'il détruirait tous tes en-
nemis devant toi, comme ila dit.
20. Et lorsque ton fils t'interro-
gera demain, disant : Que signi-
fient ces lois, ces cérémonies et
ces ordonnances que nous a pres-
crites le Seigneur notre Dieu?
21. Tu lui diras : Nous étions
esclaves de Pharaon en Egypte,
et le Seigneur nous a retirés de
l'Egypte par une main puissante ;
29. Et il a fait des signes et des
prodiges grands et terribles en
Egypte contre Pharaon et toute
sa maison en notre présence;
93. Puis, il nous a retirés de là
pour nous donner, aprés nous y
avoir introduits, la terre, au sujet
de laquelle il a juré à nos pères.
24. Le Seigneur ensuite a or-
donné quenous exécutions toutes
ces lois, que nous craignions le
Seigneur notre Dieu, afin que
bien nous arrive tous les jours de
notre vie, comme il en est au-
jourd'hui.
25. Car il nous sera miséricor-
dieux, si nous gardons et nous
pratiquons tous ses préceptes de-
vantle Seigneur notre Dieu, com-
me il nous a commandé.
CHAPITRE VII.
Ordre de Dieu d'exterminer les Chana-
néens. Assurance de la protection du
Seigneur.
1. Lorsque le Seigneur ton Dieu
t'aura introduit dans la terre
ὕπαρ. VII. 1. Exode, xxi, 23; xxxi, 2.
3. Exode, xxxiv, 16. — 5. Exode, ]אא 24;
xxvi, 18.
LE DEUTÉRONOME.
{cH. vir.];
dans laquelle tu entres pour la
posséder, et qu'il aura détruit
beaucoup de nations devant toi,
l'Héthéen, le Gergézéen, l'Amor-
rhéen, le Chananéen, le Phéré-
zéen, l'Hévéen et le Jébuséen,
sept nations beaucoup plus nom-
breuses que toi et beaucoup plus
fortes que toi,
2. Et que le Seigneur ton Dieu
te les aura livrées, tu les battras
jusqu'à une entière extermina-
tion. Tu ne feras point d'alliance
avec elles, et tu n’auras pas pitié
d'elles ;
3. Tu ne contracteras pas non
plus de mariages avec elles. Tu
ne donneras point ta fille à son
fils, et tu n'accepteras pas sa fille
pour ton fils,
4. Parce qu’elle persuadera à
ton fils de ne pas me suivre, et
de servir plutôt des dieux étran-
gers ; ainsi s'irritera la fureur du
Seigneur, et il te perdra soudain.
5. Mais au contraire, voici ce
que vous leur ferez : Renversez
leurs autels, brisez leurs statues,
coupez leurs bois sacrés, et brü-
lez leurs images taillées au ci-
seau :
6. Parce que tu es un peuple
consacré au Seigneur ton Dieu.
C'est toi qu'a choisi le Seigneur
ton Dieu, afin que tu sois son
peuple particulier entre tous les
peuples qui sont sur la terre.
7. Ce n'est pas parce que vous
lemportiez par le nombre sur
toutes les nations, que le Sei-
— 9. Exode, xxiu, 32; xxxiv, 15, 16. —
Infra, זא 3; xvi, 21. — 6. Infra, xiv, 2;
—— M <תרררטטווווו REUS,
20. Demain; hébraisme, pour, dans l'avenir, un jour.
5. * Coupez leurs bois sacrés. Voir la note sur Exode, xxxiv, 13.
[cu. vu.]
gneur s'est uni à vous, et vous a
choisis, puisque vous étes moins
nombreux que tous les peuples;
8. Mais c'est parce que le Sei-
gneur vous a aimés et qu'il a
gardé le serment qu'il a juré à
vos peres; c'est pour cela qu'il
vous a retirés de l'Egypte par
une main puissante, et qu'il vous
a délivrés de la maison de servi-
tude, de la main de Pharaon, roi
d'Egypte.
9. Ainsi, tu sauras que le Sei-
gneur ton Dieu est lui-méme le
Dieu fort et fidele, gardant son
alliance et sa miséricorde à ceux
qui l'aiment, età ceux qui gardent
ses préceptes, jusqu'à mille gé-
nérations;
10. Et rendant soudain à ceux
qui le haissent, en sorte qu'il les
détruit, et ne diffère pas, leur
rendant sur-le-champ ce qu'ils
méritent.
11. Garde donc les préceptes,
les cérémonies et les ordon-
nances que moi, je te commande
. aujourd'hui de pratiquer.
12. Si, aprés avoir entendu ces
ordonnances, tu les gardes et les
pratiques, le Seigneur ton Dieu
aussi te gardera l'alliance et 8
miséricorde quil a jurée à tes
pères;
13. Il t'aimera, il te multipliera,
il bénira tes enfants, et le fruit
de ta terre, ton blé et tes vignes,
ton huile et ton gros bétail, les
troupeaux de tes brebis dans la
terre, au sujet de laquelle il a juré
à tes pères qu'il te la donnerait.
44. Car tu seras béni entre tous
LE DEUTÉRONOME.
394
les peuples. 11 n'y aura pas chez
toi de stérile de l'un et de l'autre
sexe, tant dans les hommes que
dans tes troupeaux.
15. Le Seigneur éloignera de
toi toute langueur; et les infir-
mités terribles de l'Egypte que
tu connais, il ne te les apportera
pas, à toi, mais à tous tes en-
nemis.
16. Tu dévoreras tous les
peuples que le Seigneur ton Dieu
doit te donner. Ton cil ne les
ménagera pas, et tu ne serviras
point leurs dieux,afin qu'ils ne
solent pas pour toi une ruine.
11. Si tu dis en ton cœur : Ces
nations sont plus nombreuses
que moi; comment pourrai-je
les détruire ?
18. Ne crains point, mais rap-
pelle-toi ce qu'a fait le Seigneur
ton Dieu à Pharaon et à tous les
Egyptiens,
19. Les tres grandes plaies,
qu'ont vues tes yeux, les signes
et les prodiges, la main forte et
le bras étendu, pour que le Sei-
gneur ton Dieu te retirát de 7 E-
gypte : ainsi fera-t-il à tous les
peuples que tu redoutes.
20. De plus, leSeigneurton Dieu
enverra aussi les frelons contre
eux, jusqu'à ce qu'il détruise et
perde entierement tous ceux qui
t’auront échappé et qui auront
pu se cacher.
21. Tu ne les craindras point,
parce que le Seigneur ton Dieu
est au milieu de toi, Dieu grand
et terrible.
22. Lui-méme, il exterminera
14. Exode, xxr, 26. — 90. Exode, xxr, 28; Jos., xxiv, 12.
oo
22. Les bétes de la terre, ou des champs; c'est-à-dire les bêtes sauvages.
832
ces nauons en ta présence, peu à
peu et par parties. Tu ne pourras
pas les détruire toutes à la fois,
de peur que les bétes de la terre
ne se multiplient contre toi.
93. Mais le Seigneur ton Dieu
les mettra en ta présence, et il
les fera mourir jusqu'à ce qu'ils
soient entierement détruits.
24. Et il livrera leurs rois en
tes mains, et tu extermineras
leurs noms de dessous le ciel; nul
ne pourra te résister, jusqu'à ce
que tu les aies brisés.
95. Tu brüleras au feu leurs
images taillées au ciseau; tu ne
convoiteras point l'argent et l'or
dont elles ont été faites, οἱ tu
n'en prendras rien pour toi, de
peur que tu ne tombes dans un
piège, parce que c’est l'abomina-
tion du Seigneur ton Dieu.
96. Et tu ne porteras rien de
lidole dans ta maison, afin que
tu ne deviennes pas anathème,
comme elle-méme l'est. Tu la
détesteras comme de la fange, et
tu l'auras en abomination comme
de la souillure et des ordures,
parce que c'est un anatheme.
CHAPITRE VIII.
Exhortation à conserver le souvenir des
^ bienfaits du Seigneur.
4. Prends bien garde de prati-
quer tous les préceptes, que moi,
je te prescris aujourd'hui,- afin
que vous puissiez vivre, que vous
vous multipliiez, et, qu'après y
être entrés, vous possédiez la
LE DEUTÉRONOME.
[cH. vm.]
terre au sujet de laquelle le Sei-
gneur a juré à vos peres.
2. Ettu te souviendras de tout
le chemin par lequel le Seigneur
ton Dieu t'aconduit pendant qua-
rante ans à tvavers le désert,
pour t'affliger, t'éprouver et faire
connaitre ce qui se passait dans
ton cœur: si tu garderais ses
commandements, ou non.
3. Il t'a affligé par la faim, et il
ta donné pour nourriture la
manne que tu ignorais, toi, et tes
peres, afin de te montrer que ce
n'est pas de pain seulement que
l'homme vit, mais de toute pa-
role qui sort de la bouche de
Dieu.
4. Ton vétement dont tu étais
couvert, n'a pas manqué par la
vétusté, et ton pied n'a pas été
déchiré en dessous, et voici la
quarantième année.
5. C'est afin que tu penses en
ton cœur, que comme un homme
instruit son fils, ainsi le Seigneur
ton Dieu t'a instruit;
6. Afin que tu gardes les com-
mandements du Seigneur ton
Dieu, que tu marches dans ses
voles, et que tule craignes.
7. Car le Seigneur ton Dieu
t'introduira dansune terre bonne,
terre de ruisseaux, d'eaux, et de
fontaines, dans les champs et les
montagnes de laquelle jaillissent
des sources de fleuves.
8. Terre de blé, d'orge et de
vignes, dans laquelle naissent
les figuiers, les grenadiers et les
oliviers; terre d'huile et de miel,
25. II Mach., xir, 40. — Cua». VIII. 3. Matt., 1v, 4; Luc, 1v, 4.
קש תססה ו
26. Anathème, est ici la méme chose que voué à la destruction.
4. N'a pas manqué par la vétusté; ne s'est pas usé.
[cn. 1x.]
9. Oà tu mangeras ton pain
sans en manquer jamais, oü tu
jouiras de l'abondance de toutes
choses, dont les pierres sont du
fer; et de ses montagnes on ex-
ploite des mines d'airain;
; 10. Afin que, lorsque tu auras
mangé, et que tu te seras rassa-
sié, tu bénisses le Seigneur ton
: Dieu pourla terre excellente qu'il
t'a donnée.
41. Aie soin, et prends garde
de n'oublier jamais le Seigneur
ton Dieu, et de ne point négliger
ses préceptes, ses ordonnances
et ses cérémonies, que moi, je te
prescris aujourd'hui ;
19. De peur qu'après que tu
auras mangé, et que tu seras ras-
sasié, que tu auras bâti de belles
maisons, et que tut'y seras établi,
13. Et que tu auras eu des trou-
peaux de bϾufs, et des trou-
peaux de brebis, et une abon-
dance d'argent et d'or de toutes
choses,
14. Ton cœur ne s'élève, et que
tu ne te souviennes plus du Sei-
gneur ton Dieu, qui t'a retiré de
la terre d'Egypte, de la maison
de servitude;
15. Qui a été ton guide dans le
désert grand et terrible, dans le-
quel étaient des serpents au
souffle brülant, des scorpions et
des dipsas, et où il n'y avait abso-
lument aucune eau; qui a fait
jaillir des ruisseaux de la pierre
la plus dure,
16. Et qui t'a nourri dans le dé-
sert d'une manne que n'ont pas
LE DEUTÉRONOME.
333
connue tes pères. Et après qu'il
l'a eu affligé et éprouvé, il a eu
enfin pitié de toi,
11. Afin que tu ne dises pas en
ton cœur : C'est ma force, et la
vigueur de ma main qui m'ont
acquis toutes ces choses;
18. Mais que tu te souviennes
que c'est le Seigneur ton Dieu
lui-méme quit'a donné des forces,
afin qu’il accomplit ainsi l'alliance
au sujet de laquelle il a juré à tes
pères, comme le montre le pré-
sent jour.
19. Mais si, oubliant le Seigneur
ton Dieu, tu suis des dieux étran-
gers, et que tu les serves et les
adores, voici maintenant que je
te prédis que tu périras entière-
ment.
20. Comme les nations qu'a dé-
iruites le Seigneur à ton entrée,
ainsi vous aussi, vous périrez, si
vous étes désobéissants à la voix
du Seigneur votre Dieu.
CHAPITRE IX.
Moïse rappelle aux Israélites leurs mur-
mures et leurs infidélités passées.
1. Ecoute Israél: Tu passeras
aujourd'hui le Jourdain, afin que
tu possèdes des nations tres gran-
des et plus fortes que toi, des
villes immenses et fortifiées jus-
qu'au ciel,
2. Un peuple grand et d'une
très haute stature, les enfants d'E-
nac, que toi-même tu as vus et
entendus, auxquels nul ne peut
résister en face.
15. Nomb., xx, 9; xxi, 6; Exode, xvir, 6. — 10. Exode, xvi, 44.
ΞΘ. ——— —— "eet zo σαν 8
13. Le dipsas, ou dipsade, est une espéce de serpent dont la blessure cause une
soif mortelle.
1. * Aujourd'hui, dans le sens de bientôt.
334
3. Tu sauras donc aujourd'hui
queleSeigneurtonDieului-méme
passera devant toi, feu dévorant
et consumant, qui les brisera, les
détruira, et les exterminera sou-
dain devant ta face, comme il t'a
dit.
4. Ne dis point en ton cœur,
lorsque le Seigneur ton Dieu les
aura détruits en ta présence
C'est à cause de ma justice, que le
Seigneur m'a introduit dans cette
terre pour la posséder, puisque
c'est à cause de leurs impiétés
que ces nations ont été détruites.
5. Car ce n'est pas à cause de
ta justice, et de l'équité de ton
cœur, que tu entreras dans leurs
terres pour les posséder; mais
c'est parce que ces nations ont
agi d'une maniere impie, que, loi
entrant, elles seront détruites, et
afin quele Seigneur accomplit sa
parole, qu'il donna avec serment
à tes peres Abraham, Isaac et Ja-
cob.
6. Sache donc que ce n'est pas
à cause de ta justice, que le Sei-
gneur ton Dieu t'a donné cette
terre excellente en possession,
puisque tu es un peuple d'un cou
irés roide.
7. Souviens-toi, et n'oublie pas
comment tu as provoqué au cour-
roux le Seigneur ton Dieu dans
le désert. Depuis le jour que tu
es sorti del'Egyptejusqu'àce lieu-
ci, tu as toujours lutté contre le
Seigneur.
8. Car à Horeb méme, tu l'as
provoqué; aussi, irrité, ila voulu
te détruire,
LE DEUTÉRONOME.
[cH. 11.
9. Quand je montai sur 18 mon-
tagne, pour recevoir les tables de
pierre, les tables de l'alliance que
fit le Seigneur avec vous; et je
demeurai constamment sur cette
montagne pendant quarante
jours et quarante nuits, ne man-
geant point de pain et ne buvant
point d'eau. |
10. Le Seigneur me donna alors
les deux tables de pierre, écrites
du doigt de Dieu, et contenant
toutes les paroles qu'il vous dit
sur la montagne, du milieu du
feu, quand l'assemblée du peuple
fut réunie.
11. Et lorsque furent passés les
quarante jours et autant de nuits,
le Seigneur me donna les deux
tables de pierre, les tables de l'al-
liance,
19. Et il me dit : Leve-toi, et
descends vite d'ici, parce que ton
peuple que tu as retiré de l'E-
gypte a abandonné aussitót la
voie que tu lui as montrée, et ils
se sont fait une idole de fonte.
13. Et de nouveau le Seigneur
me dit : Je vois que ce peuple est
d'un cou roide;
14. Laisse-moi, que je le brise,
et que j'efface son nom de des-
sous le ciel, et que je t'établisse
sur une nation plus grande et
plus forte que celle-ci.
15. Or, lorsque je descendis de
la montagne ardente, tenant les
deux tables de l'alliance dansl'une
et l'autre main,
16. Et lorsque j'eus vu que vous
aviez péché contre le Seigneur
votre Dieu, que vous aviez fait
Cua, IX. 8. Exode, וטא 6. — 10. Exode, xxxi, 18. — 12. Exode, xxxil, TG
וה Le — A aÓPáÓ— Ó———— M——— ———À
6. D'un cou très roide. Voy. pour cette expression, Exode, xxxii, 9.
9. Ne mangeant, etc.; c'est-à-dire ne mangeant et ne buvant rien absolument.
[cH. x.)
pour vous un veau de fonte, et
que vous aviez abandonné sitót
sa voie qu'il vous avait montrée,
17 Je jetai les tables de mes
mains, et je les brisai en votre
présence.
18. Puis, je me prosternai de-
vant le Seigneur, comme aupara-
vant, ne mangeant point de pain
pendant quarante jours et qua-
.rante nuits, et ne buvant pas
d'eau, àcause de tous vos péchés
que vous aviez commis contre le
Seigneur, et parce que vous l'a-
viez provoqué au courroux;
19. Car j'ai craint son indigna-
tion et sa colere, par laquelle,
excité contre vous, il a voulu
vous détruire. Mais le Seigneur
m'exauca encore cette fois.
20. Contre Aaron aussi extré-
mement irrité, il voulut le briser,
mais je l'en détournai également
par mes prières.
91. Quant au péché que vous
aviez fait, c'est-à-dire le veau, le
prenant, je le brálai au feu, puis
le brisant en morceaux, et le ré-
duisant entierement en poudre,
je le jetai dans le torrent qui des-
cend de la montagne.
99. A lembrasement aussi, à
la tentation et aux Sépulcres de
la concupiscence, vous avez pro-
voqué le Seigneur;
23. Et quand il vous envoya de
Cadesbarné, disant: Montez etpos-
sédez la terre que je vous ai don-
née, vous méprisátes le comman-
dement du Seigneur votre Dieu,
vous ne crütes pas en lui, et vous
ne voulütes pas écouter sa voix ;
LE DEUTÉRONOME.
335
24. Mais vous avez été toujours
rebelles, depuis le jour que j'ai
commencé à vous connaitre.
25. Je me tins donc prosterué
devantle Seigneur quarante jours
et quarante nuits, durant lesquels
je le conjurais avec supplication
de ne point vous détruire, comme
il en avait menacé ;
26. Et, priant, je dis : Seigneur
Dieu, ne détruisez point votre
peuple, et votre héritage, que
vous avez racheté par votre gran-
deur, ceux que vous avez retirés
de l'Égypte par une main puis-
sante.
971. Souvenez-vous de vos servi-
teurs Abraham, Isaac et Jacob;
ne considérez point la dureté de
ce peuple, ni son impiété, ni son
péché ;
28. De peur que les habitants
de la terre, de laquelle vous nous
avez retirés, ne disent: Le Sei-
gneur ne pouvait les introduire
dans la terre qu'il leur avait pro-
mise, et il les 8188816 ; c'est pour
cela qu'il les a retirés de / Egyp-
te, afin de les faire mourir dans
le désert.
29. Ils sont votre peuple et vo-
tre héritage; ce sont eux que
vous avez retirés de l'Egypte par
votre grande puissance et par
votre bras étendu.
CHAPITRE X.
Secondes tables de la loi. Vocation des,
Lévites. Exhortation à observer la loi.
du Seigneur. |
1. En ce temps-là le Seigneur
me dit : Taille-toi deux tables de
22. Nomb., x1, 1; xvi, 2; xxr, 5. — (ΠΑΡ. X. 1. Exode, xxxiv, +.
21. * Le veau d'or. Exode, xxxii, 20,
23, * Cadesbarné ou Cadés. Voir Nombres, xx, 1.
\
336
pierre, comme les premières
étaient, et monte vers moi sur la
montagne, et tu feras une arche
de bois,
2. Et j'écrirai sur ces tables les
paroles qui étaient sur celles que
tu as déjà brisées, et tu les place-
ras dans l'arche.
3. Je fis done une arche de bois
de sétim. Et lorsque j'eus taillé
deux tables de pierre comme les
premieres, je montai sur la mon-
iagne, les ayant en mes mains.
4. Et /e Seigneur écrivit sur ces
tables, selon ce qu'il avait d'abord
écrit, les dix paroles qu'il vous
adressa sur la montagne, du mi-
lieu du feu, quand le peuple était
assemblé, et 11 me les donna.
ὃ. Et revenu de la montagne,
je descendis, et je placai les ta-
bles dans l'arche que j'avais faite;
et elles y sont demeurées jus-
quici, comme le Seigneur m'a
commandé.
6. Or les enfants d'Israël trans-
portèrent Jeur camp de Béroth
des enfants de Jacan à Moséra,
oü mourut et fut enseveli Aaron,
à la place duquel Eléazar, son
fils, exercales fonctions du sacer-
doce.
De là ils vinrent à Gadgad, .ד
et parlis de ce lieu, ils camperent
à Jétébatha, terre d'eaux et de
torrents.
8. En ce temps-là, 06 Seigneur
isépara la tribu de Lévi, afin
|
qu'elle portât l’arche d'alliance
du Seigneur, qu'elle se tint de-
6. Nomb., xxxur, 31; Nom., xx, 28, 29.
LE DEUTÉRONOME.
]08. x.]
vant lui pour son ministere, et
qu'elle bénit en son nom, comme
elle a fait jusqu'au présent jour.
9. A cause de cela Lévi n'a pas
eu de part, ni de possession avec
ses freres, parce que le Seigneur
lui-méme est sa possession, com-
me lui a promis le Seigneur ton
Dieu.
10. Pour moi, je me tins sur la
montagne comme auparavant,
quarante jours et quarante nuils;
et le Seigneur m'exauça encore
cette fois, et il ne voulut pas te
perdre.
11. Il me dit ensuite : Va, et
précede le peuple, afin qu'il en-
tre, et qu'il possede la terre que
jai juré à ses peres de leur don-
ner.
19. Et maintenant, Jsraül,
qu'est-ce que le Seigneur tou ieu
demande de toi, si ce n’est que
tu craignes le Seigneur ton Dieu,
que tu marches dans ses voies,
que tu l'aimes, que tu serves le
Seigneur ton Dieu en tout ton
cœur et en toute ton âme ;
18. Et que tu gardes les com-
mandements du Seigneur et ses
cérémonies, que moi, je te pres-
cris aujourd'hui, afin que bien
l'arrive ?
14. Voici, au Seigneur ton Dieu
est le ciel, et le ciel du ciel, et la
terre et tout ce qui est sur elle.
15. Et cependant le Seigneur
s'est uni étroitement à tes peres,
il les a aimés, et il a choisi leur
postérité après eux, c'est-à-dire,
2-3. * L'arche d'alliance. Sur l'arche, voir la note 41 à la fin du volume.
4. Les dix paroles; pour les dix commandements.
6. Des enfants de Jacan; c'est-à-dire qui appartenait aux enfants de Jacan.
1. * Gadgad. Voir Nombres, xxxi, 32,
"eg. x1.]
vous, d'entre toutes les nations,
comme il est entierement prouvé
aujourd'hui.
16. Opérez donc la circoncision
de votre cœur, et ne rendez plus
votre cou inflexible,
17. Parce quele Seigneur votre
Dieu est lui-méme le Dieu des
dieux et le Seigneur des sei-
gneurs, le Dieu grand, puissant
et terrible, qui n'a point égard à
la personne, ni aux présents.
18. [| fait justice à l'orphelin et
à la veuve, ii aime l'étranger, et
il lui donne la nourriture et le
vétement.
19. Vous donc aussi, aimez les
étrangers, parce que vous-mémes
aussi, vous avez été étrangers
dans la terre d'Egypte.
90. Tu craindras le Seigneur
ton Dieu, et tu le serviras lui
seul; tu t'attacheras à lui, et tu
jureras par son nom.
21. C'est lui-méme qui est ta
gloire et ton Dieu ; lui qui a fait
pour toi ces merveilles grandes
et terribles qu'ont vues tes yeux.
22. C'est au nombre de soixante-
dix âmes que tes pères sont des-
cendus en Egypte, et voilà que
maintenant le Seigneur ton Dieu
t'a multiplié comme les astres du
ciel.
CHAPITRE ΧΙ.
Moïse continue d'exhorter les Israélites à
observer les préceptes du Seigneur.
Bénédiction sur ceux qui les observe-
ront. Malédiction sur ceux qui les vio-
leront.
1. C'est pourquoi aime le Sei-
gneur ton Dieu, observe ses pré- |
ceptes et ses cérémonies, ses
LE DEUTÉRONOME. 327
ordonnances et ses commande-
ments en tout temps.
2. Reconnaissez aujourd'hui ce
que vos fils ignorent, eux qui
n'ont pas vu les chátiments du
Seigneur votre Dieu, ses mer-
veilles, sa main puissante et son
bras étendu ;
3. Les signes etles œuvres qu'il
a faits au milieu de l'Egypte au
roi Pharaon et à toute sa terre ;
4. À toute l’armée des Egyp-
tiens, à ses chevaux et à ses cha-
riots : de quelle maniere les eaux
dela mer Rouge les ont couverts,
lorsqu'ils vous poursuivaient, et
comment le Seigneur les a dé-
truits jusqu'au présent jour;
9. Ce qu'il vous a fait à vous-
mémes dans le désert, jusqu'à ce
que vous soyez venus en ce lieu;
6. Et à Dathan et à Abiron, fils
d Eliab, qui fut fils de Ruben, que
la terre, ayant ouvert sa bouche,
engloutit avec leurs maisons,
leurs tentes et tout leur bien
qu'ils avaient au milieu d'Israél.
7. Vos yeux ont vu toutes les
œuvres grandes que le Seigneur
a faites,
8. Afin que vous gardiez tous
ses commandements, que moi, je
vous prescris aujourd'hui, que
vous puissiez entrer et posséder
la terre vers laquelle vous mar-
chez,
9. Et que vous viviez longtemps '
en cette terre, que le Seigneur a!
promise avec serment à vos pe-
res, et à leur postérité, et où À
coulent du lait et du miel .
10. Car la terre dans laquelle tu
entreras pour la posséder, n'est
11. זו Par., xix, 7; Job, xxxiv, 19; Sag., vi, 8; Eccli., xxxv, 15; Actes, x, 34; Rom.,
It, 11; Gal., 11, 6. — 20. Supra, vr, 13; Matt., 1v, 10; Luc, 1v, 8. — 55. Genèse, xLvI, 245
Exode, 1, 5. — .ג XI. 6. Nomb., xvi, 1; xvi, 32.
AT.
22
338 LE DEUTÉRONOME. (ch. ki.'
pas comme la terre d'Egypte dont
tu es sorti, où, la semence jetée,
on conduit comme dans les jar-
dins, des eaux qui servent à arro-
ser ;
11. Mais c’est une terre de mon-
tagnes et de plaines, qui attend
du ciel de la pluie ;
12. Que le Seigneur ton Dieu
regarde toujours; et ses yeux
sont sur elle depuis le commen-
cement de l'année jusqu'à sa fin.
13. Si donc vous obéissez à mes
commandements, que moi, je
vous prescris aujourd'hui, d'ai-
mer le Seigneur votre Dieu, et de
le servir en tout votre cœur et en
toute votre àme,
14. Il donnera à votre terre les
premières et ies dernieres pluies,
afin que vous recueilliez le blé, le
vin et l'huile,
15. Et du foin des champs pour
nourrir vos bestiaux, et pour que
vous-mémes, vous mangiez et
soyez rassasiés.
16. Prenez garde que votre
cœur ne soit séduit, que vous ne
vous éloigniez du Seigneur, que
vous ne serviez des dieux élran-
gers, et que vous ne les adoriez:
17. Et, qu'irrité, le Seigneur
ne ferme le ciel, que les pluies
ne descendent pas, que la terre
ne donne pas sa végétation, que
vous ne soyez exterminés en peu
de temps de la terre excellente
que le Seigneur va vous donner.
18. Déposez ees paroles que je
dis dans vos cœurs et dans vos
esprits, et suspendez-les comme
un signe à vos mains, et placez-
les entre vos yeux.
19. Apprenez-les à vos enfants,
pour qu'ils les méditent; lorsque
tu seras assis en ta maison,
lorsque tu marcheras dans la
voie, que tu te coucheras et que
tu te lèveras,
20. Tu les écriras sur les po-
teaux et sur les portes de ta mai-
son;
21. Afin que se multiplient tes
jours et ceux de tes enfants dans
la terre que le Seigneur a juré à
les peres de leur donner, tant
que le ciel sera suspendu au-des-
sus de la terre.
99. Car si vous gardez et si
vous pratiquez les commande-
ments que moi, je vous prescris,
d'aimer le Seigneur votre Dieu,
el de marcher dans toutes ses
voles, vous attachant à lui,
93. Le Seigneur détruira tou-
tes ces nations devant votre face
et vous les posséderez, ces na-
tions qui sont plus grandes et
et plus fortes que vous.
24. Tout lieu que foulera votre
pied sera à vous. Depuis le désert
et depuis le Liban, depuis le
grand fleuve d'Euphràte jusqu'à
la mer occidentale, ce seront vos
limites.
25. Nul ne tiendra contre vous:
13. Supra, x, 12. — 18. Supra, vi, 6. — 24. Josué, 1, 3.
14. Dans la Palestine, il ne pleut ordinairement que dans deux saisons : au prin-
temps, avant la moisson, et en automne, après les semailles. — * Les premières
pluies désignent les pluies d'automne, qui tombent en octobre et novembre, à l'é-
poque des semailles, et les derniéres pluies, les pluies du printemps, qui tombent
en mars et avril. Le reste de l'année, la pluie est tout à fait exceptionnelle eu Pa-
lestine.
24. * Liban. Voir l'Introduction au livré de Josué. — Euphrate. Voir Genèse, xv, 18.
[cu. xir]
le Seigneur votre Dieu jettera la
terreur et l'effroi sur toute la
terre que vous devez fouler,
comme il vous a dit.
96. Voici que je mets aujour-
d'hui en votre présence la béné-
diclion et la malédiction :
97. La bénédiction, si vous
obéissez aux commandements
du Seigneur votre Dieu, que moi,
je vous prescris aujourd'hui :
98. La malédiction, si vous
n'obéissez pas aux commande-
ments du Seigneur votre Dieu,
mais si vous vous écartez de la
voie que moi, je vous montre
maintenant, et que vous mar-
chiez aprés des dieux étrangers
‘que vous ne connaissez pas.
29. Mais lorsque le Seigneur
ton Dieu t'aura introduit dans la
terre vers laquelle tu chemines
pour l'habiter, tu mettras la bé-
nédiction sur la montagne de
Garizim, et la malédiction sur la
montagne d'Hébal,
30. Qui sont au-delà du Jour-
dain, derriere la voie qui tourne
à l'occident, dans la terre du
Chananéen, qui habite dans les
plaines contre Galgala, qui est
pres d'une vallée qui s'étend et
s'avance au loin.
31. Car vous, vous passerez le
Jourdain, pour posséder la terre
LE DEUTÉRONOME. 339
que le Seigneur votre Dieu doit
vous donner, afin que vous l'ayez
et que vous la possédiez.
32. Voyez donc à ce que vous
accomplissiez les cérémonies et
les ordonnances que moi, je met-
irai en votre présence aujour-
d'hui.
CHAPITRE XII.
Dieu ordonne de ruiner lidolàátrie dans
le pays de Chanaan, de payer les dimes
et les prémices, et de ne pas imiter les
Chananéens.
1. Voici les préceptes et les or-
donnances que vous devez prati-
quer dans le pays que le Sei-
gneur Dieu de tes pères va te
donner, afin que tu le possèdes
durant tous les jours que tu mar-
cheras sur la terre.
2. Renversez tous les lieux
dans lesquels les nations que
vous allez posséder ont adoré
leurs dieux sur les hautes mon-
tagnes et sur les collines, et sous
les arbres couverts de feuillage.
3. Détruisez leurs autels, et
brisez leurs statues, brülez au
feu leurs lieux sacrés et réduisez
en poudre leurs idoles : effacez
leurs noms de ces lieux.
4. Vous ne ferez pas ainsi en-
vers le Seigneur votre Dieu ;
9. Mais vous viendrez au lieu
Cuar. XII. 3. Supra, vir, 25; 11 Mach., xir, 40.
רת
29. * Garizim, 116000, deux montagnes d'Ephraim séparées l'une de l’autre par
une vallée trés fertile et bien arrosée dans laquelle est bâtie la ville de Sichein,
aujourd'hui Naplouse.
30. * Au delà du Jourdain signifie ici à l'ouest du Jourdain. — Galgala n'est pas
celui des bords du Jourdain, mais un autre Galgala à vingt kilométres environ au
sud du mont Garizim.
2. * Sur les hautes montagnes. Voir la note sur Nombres, xxi, 41.
ὃ. Le nom du Seigneur se prend quelquefois, dans l'Ecriture, pour Dieu lui-méme,
sa majesté, sa présence; les mots pour y habiter, qui suivent immédiatement, sem-
blent indiquer qu'il en est de méme ici.
340 LE DEUTÉRONOME.
que le Seigneur votre Dieu aura
choisi d'entre toutes vos tribus,
pour y établir son nom, et pour
y habiter;
6. Et vous offrirez en ce lieu
vos holocaustes et vos victimes,
les dimes et les prémices de vos
mains, vos vœux et vos dons, les
premiers-nés de vos bœufs et de
vos brebis.
7. Et vous mangerez là en la
présence du Seigneur votre Dieu,
et vous vous réjouirez en toutes
les choses auxquelles vous aurez
mis la main vous et vos maisons,
et dans lesquelles vous aura bé-
nis le Seigneur votre Dieu.
8. Vousne ferez pointlà ce que
nous faisons ici aujourd'hui,
chacun ce qui lui parait juste.
9. Car jusqu'au présent temps
vous n'étes pas venus dans le re-
pos et la possession que le Sei-
gneur votre Dieu va vous donner.
10. Vous passerez le Jourdain
et vous habiterez dans la terre
que le Seigneur votre Dieu va
vous donner, afin que vous y
soyez en repos du cóté de tous les
ennemis d'alentour, et que vous
habitiez sans aucune crainte,
11. Dans le lieu qu'aura choisi
le Seigneur votre Dieu, pour que
son nom y soit : c'est là que vous
apporterez tout ce que je vous
prescris, vos holocaustes, vos
hosties, vos dimes et les prémices :
de vos mains, et tout.ee qu'il y
a de meilleur dans les présents
[cH. |
que vous vouerez au Seigneur.
19. Là, vous ferez des festins
devant le Seigneur votre Dieu,
vous, vos fils et vos filles, vos
serviteurs et vos servantes, et le
Lévite qui demeure dans vos
villes; car il n'a pas d'autre part
et d'autre possession parmi vous.
13. Prends garde de ne poin:
offrir tes holocaustes en tout lieu
que tu verras ;
14. Mais tu offriras tes hosties
dans celui qu'aura choisi le Sei-
gneur en l'une de tes tribus, et
tu feras tout ce que je t'ordonne. :
15. Mais si tu veux manger, et
que l'aliment dela chair te plaise,
tue et mange, selon la bénédic-
lion que le Seigneur ton Dieu
l'aura donnée dans tes villes :
que l'animal, soit impur, c’est-à-
dire, ayant quelque tache ou étant
mutilé, soit pur, c'est-à-dire en-
tier et sans tache, et qui peut être
offert, tu en mangeras, comme
de la chèvre sauvage ou du cerf;
16. Seulement, sans manger le
sang,que tu répandras surlaterre
comme l’eau.
17. Tu ne pourras manger dans
tes villes la dime de ton blé, de
ton vin et de ton huile, niles pre-
. miers-nés des troupeaux de gros
et de menu bétail, ni rien de ce
que tu auras voué et de ce que tu
auras voulu offrir spontanément,
ni les prémices de tes mains;
18. Mais tu les mangeras devant
le Seigneur ton Dieu, dans le lieu
EEE ——M———
11, 17. Les prémices de vos mains; les prémices des ouvrages de vos moins.
45. * Soit impur, soit pur. La Vulgate applique ici ces deux mots aux animaux,
mais au y. 22, elle applique et avec raison les mêmes mots à ceux qui se nourrissent
dela chair des victimes et à qui il est permis d'en manger, alors méme qu'ils
zeraient légalement impurs.
16. On répandait le sang des animaux comme l'eau, c'est-à-dire comme une chose
commune et ordinaire. .
(cH. [.זזזא.
que le Seigneur ton Dieu aura
choisi, toi, ton fils et ta fille, ton
serviteur et ta servante, et le Lé-
vite qui demeure dans tes villes;
et tu te réjouiras et tu te récon-
forteras devant le Seigneur ton
Dieu, en toutes les choses aux-
quelles tu auras mis ta main.
49. Prends garde de ne pas
abandonner le Lévite pendant
tout le temps que tu seras sur la
terre.
90. Quand le Seigneur ton Dieu
aura étendu tes limites, comme
il ta dit, et que tu voudras te
nourrir de la chair que désire ton
âme :
94. Si le lieu que le Seigneur
ton Dieu aura choisi, pour que
son nom y soit, se trouve éloigné,
tu tueras du gros et du menu bé-
tail, que tu auras, comme je t'ai
ordonné, et tu en mangeras dans
les villes, comme il te plaira.
29. Comme on mange de la
chèvre sauvage et du cerf, ainsi
tu t'en nourriras; et le pur et
l'impur en mangeront en com-
mun.
23. Garde-toiseulementde man-
ger le sang; car le sang tient lieu
d'âme; et c'est pour cela que tu
ne dois pas manger l'àme avec
la chair,
24. Mais tu le répandras sur la
terre comme l'eau,
25. Afin que bien t'arrive, à toi,
et à tes enfants après toi, lorsque
tu auras fait ce qui plait en la pré-
sence du Seigneur.
.26. Quant à ce que tu auras
sanctifié et voué au Seigneur, tu
le prendras, puis tu viendras au
lieu qu'aura choisi lé Seigneur.
LE DEUTÉRONOME. 344
27. Et tu offriras pour tes obla-
tions la chair et le sang sur l'au-
tel du Seigneur ton Dieu; tu ré-
pandras le sang des hosties sur
l'autel; mais toi, tu te nourriras
de la chair.
28. Observe et écoute tout ce
que moi, je t'ordonne ici, afin que
bien t'arrive, à toi et à tes enfants
apres toi pour toujours, lorsque
tu auras fait ce qui est bon et
agréable en présence du Seigneur
ton Dieu.
29. Quand le Seigneur ton Dieu
aura détruit devant ta face les
nations, chez lesquelles tu entre-
ras, pour les posséder, et que tu
les posséderas, et que tu habite-
ras en leur terre,
90. Prends garde de ne pas les
imiter, apres que, toi y entrant,
elles auront été renversées, et de
ne pas rechercher leurs cérémo-
nies, disant : Comme ces nations
ont adoré leurs dieux, ainsi moi
aussi, je les adorerai.
31. Tu ne feras point sembla-
blement envers le Seigneur ton
Dieu; car toutes les abominations
qu'abhorre le Seigneur, elles les
ontfaites pourleurs dieux, offrant
leurs fils et leurs filles, etles brü-
lant au feu.
32. Fais seulement pour le Sei-
gneur, ce que je t'ordonne; n'a-
joute et ne diminue rien.
CHAPITRE XIII.
Des faux prophétes et de la séduction
pour entraîner à l'idolátrie.
1. S'il s'élève au milieu de toi
un prophéte, ou quelqu'un qui
dise qu'il a vu un songe, qui
20. Genèse, xxvii, 14; Exode, xxxiv, 24; Infra, xix, 8. — 29. Infra, xix, 4,
342
prédise un signe ou un pro-
dige,
2. Qu'arrive ce qu'il a annoncé,
et qu'il te dise : Allons, et suivons
des dieux étrangers, que tu ne
‘connais pas, et servons-les :
3. Tu n'écouteras point les pa-
roles de ce prophète ou de ce
songeur, parce que le Seigneur
votre Dieu vous éprouve, afin
qu'il soit démontré, si vous l'ai-
mez ou non, en tout votre cœur
et en toute votre âme.
4. Ne suivez que le Seigneur
votre Dieu, ne craignez que lui,
ne gardez que ses commande-
ments, et n'écoutez que sa voix;
ne servez que lui, et ne vous at-
tachez qu'à lui.
5. Mais ce prophete ou cet in-
venteur de songes sera tué, parce
qu'il a parlé pour vous détourner
du Seigneur votre Dieu, qui vous
a retirés de la terre d'Ezypte, et
vous a rachetés de la maison de
servitude, pour te faire écarter de
la voie que t'a prescrite le Sei-
gneur ton Dieu : tu Óteras ainsi
le mal du milieu de toi.
6. Si ton frère, le fils de ta mere,
ou ton filsou ta fille, ou ta femme
qui repose sur ton sein, ou ton
ami, que tu aimes comme ton
Cuar. XIII. 9. Infra, xvi, 7.
LE DEUTÉRONOME.
xur.] .אס]
âme, veut te persuader, te disant
en secret : Allons, et servons des
dieux étrangers que tu n’as pas
connus, ni toi ni tes pères,
7. Les dieux de toutes les na-
tions qui sont autour de vous,
loin ou près, depuis le commen-
cement jusqu'à la fin de la terre:
8. N'aie point de déférence pour
lui, ne l'écoute pas, et que ton
œil ne le ménage point, en sorte
que tu aies pitié de lui et que tu
le caches;
9. Mais tue-le aussitót. Que ta
main d'abord soit surlui, et qu'en-
suite tout le peuple y porte la
main.
10. Accablé de pierres, il périra,
parce qu'il a voulu t'arracher au
Seigneur ton Dieu, qui t'a retiré
de la terre d'Egypte, de la maison
de servitude;
11. Afin que tout Israël enten-
dant, craigne, et qu'à l'avenir, il
ne fasse nullement rien de sem-
blable à cela.
19. Si dans une de tes villes
que le Seigneur ton Dieu te don-
nera à habiter, tu entends quel-
ques-uns disant :
13. Des fils de Bélial sont sortis
du milieu de toi, ils ont détourné
les habitants de leur ville, et ont
CE Re RE וו
|
| 4. La construction de tout ce verset, soit dans la Vulgate, soit dans le texte hébreu,
construction qu'il est impossible de reproduire en francais, ne permet pas de tra-
duction différente de la nótre.
1. Les dieux. Ce mot est dans le texte original.
9. Chez la plupart des anciens peuples, c'était la famille méme du coupable qui
etait chargée de punir le crime, et cet usage subsiste encore parmi plusieurs nations.
— Mais tue-le; non de ton autorité privée, mais aprés l'avoir déféré au juge qui,
sur la déposition de deux ou trois témoins, le condamnera à être lapidé (xvu, 6, 7).
— Aussitôt n'est pas dans l'hébreu, qui porte littéralement, en le tuant, tu le tueras,
genre de répétition, qui n'a pour but que de renforcer la signification du verbe.
13. * Bélial, signifie étymologiquement « sans valeur » et par extension, malice,
mal. Dans le Nouveau Testament, il est devenu synonyme de Satan. Voir la note sur
II Corinthiens, vi, 15.
[cu. x1v.]
dit : Allons, et servons des dieux
étrangers que vous ne connaissez
pas:
14. Fais des recherches avec
sollicitude et un grand soin; la
vérité de la chose bien examinée,
si tu trouves, que ce qu'on dit est
certain, et que cette abomination
a été réellement commise,
15. Tu frapperas aussitót les
habitants de cette ville du tran-
chant du glaive, et tu la détrui-
ras, ainsi que tout ce qui est en
elle, jusqu'aux animaux.
16. De plus, tout ce qu'il y aura
de meubles, tu le rassembleras
au milieu de ses rues, et tu le
brüleras avec la ville elle-méme,
de maniere à ce que tu consumes
tout en l'honneur du Seigneur
ton Dieu, et que ce soit un mon-
ceau de ruines perpétuel : ainsi
elle ne sera plus rebátie,
11. Et il ne s'attachera rien de
cet anatheme à ta main, afin que
le Seigneur soit détourné de la
colere de sa fureur, qu'il ait pitié
detoi, et qu'ilte multiplie,e comme
il a juré à tes peres,
18. Quand tu écouteras la voix
du Seigneur ton Dieu, gardant
tous ses préceptes que moi, je te
prescris aujourd'hui, afin que tu
LE DEUTÉRONOME.
343
fasses ce qui est agréable en la
présence du Seigneur ton Dieu.
CHAPITRE XIV.
Défense de se faire des incisions, et de
se couper les cheveux dans le deuil.
Animaux purs et impurs. Dimes, Repas
devant le Seigneur.
4. Soyezlesenfants du Seigneur
votre Dieu: vous ne vous ferez
point d'incisions; et vous ne cou-
perez point vos cheveux à cause
d'un mort,
2. Parce que tu es un peuple
consacré au Seigneur ton Dieu;
etilt'a choisi, afin que tu sois son
peuple particulier entre toutes
les nalions qui sont sur la terre.
3. Ne mangez pas ce qui est im-
pur.
4. Voici les animaux que vous
devez manger : le bœuf, la brebis,
la chevre,
9. Lecerf, etla chevre sauvage,
le bubale, le tragélaphe, le py-
gargue, l'oryx, la girafe.
6. Tout animal qui a l'ongle
fendu en deux et qui rumine,
vous en mangerez.
7. Mais pour ceux qui ruminent,
et qui n'ont pas l'ongle fendu,
comme le chameau, le lievre, le
chærogrylle, vous ne devez pas
Cap. XIV. 2. Supra, vir, 6; Infra, xxvi, 18. — 3. Lév., xr, 4.
1. * Voyez Lévitique, xix, 21; xxr, 5.
3. Ce verset n'est nullement en opposition avec le 15e du chap. xii, où il est permis
expressément de tuer et de manger des animaux purs et impurs sans distinction,
parce que les mots pur et impur se prennent dans des sens différents. Ainsiil y avait
des animaux absolument impurs, c'est-à-dire qu'il n'était permis ni de manger, ni
d'offrir en sacrifice, tels que les lièvres, les cochons, etc., et des animaux impurs
sous un rapport seulement, comme les cerfs, les chévres, etc., qu'on pouvait manger,
sans qu'il füt permis de les offrir en sacrifice. On voit par cette explication, qu'au
chap. xit, ver. 15, il s'agit de ces derniers animaux, tandis qu'ici il est question des
premiers.
5. Le mot pygargue doit s'entendre ici, non point d'une sorte d'aigle, mais d'une
espèce de gazelle.
1. * Le lièvre, Voir Lévitique, x1, 6.
344 LE DEUTÉRONOME.
en manger : parce que ces ani-
maux ruminent, mais qu'ils n'ont
pas l'ongle fendu, ils seront im-
purs pour vous.
8. Le pourceau aussi, puisqu'il
a longle fendu, mais quil ne
rumine point, sera impur; vous
ne mangerez point de leur chair,
et vous ne toucherez point leurs
corps morts.
9. Voici les bétes que vous man-
gerez entre toutes celles qui vi-
vent dans les eaux : celles qui
ont des nageoires et des écailles,
mangez-les ;
10. Celles qui sont sans na-
geoires et sans écailles, ne les
mangez point, parce qu'elles sont
impures.
11. Mangez tous les oiseaux
purs.
19. Ne mangez pointles impurs:
c'est-à-dire l'aigle, le griffon et
l'aigle de mer,
13. L'ixion, le vautour et le mi-
lan, selon son espèce;
14. Tout ce qui est de l'espece
du corbeau;
15. L'autruche, le hibou, le la-
rus et l'épervier, selon son es-
pèce;
16. Le héron, le cygne, l'ibis,
7. Le plongeon, le porphyrion,
la chouette,
18. L'onocrotale et le pluvier,
chacun dans son espece; la huppe
aussi et la chauve-souris.
19. Et tout ce qui rampe sur là
terre et qui a des ailes, sera im-
pur, et ne se mangera pas.
20. Mangez tout ce qui est
pur.
91. Exode, xxir, 19; xxxiv, 26.
[cH. xiv.]
21. Quant à tout animal qui est
crevé, n'en mangez point ; donne-
le à l'étranger qui est au-dedans
de tes portes, afin qu'ilen mange,
ou vends-lui, parce que toi, tu es
le peuple saint du Seigneur ton
Dieu. Tu ne feras point cuire un
chevreau dans le lait de sa mère.
22. Tu sépareras la dixieme
partie de tous les fruits qui nais-
sent dans la terre tous les ans;
23. Et tu en mangeras en la
présence du Seigneur ton Dieu,
au lieu qu'il aura choisi, afin que
son nom y soit invoqué, le dixiè-
me de ton blé, de ton vin, de ton
huile, et les premiers-nés de ton
eros bétail et de tes brebis ; afin
que tu apprennes à craindre 6
Seigneur ton Dieu en tout temps.
24. Mais lorsque le chemin sera
trop long jusqu'au lieu qu'aura
choisi le Seigneur ton Dieu, et
lorsqu'il t'aura béni, et que tu ne
pourras pas lui apporter toutes
ces offrandes,
25. Tu vendras tout, tu en feras
de l'argent, puis tu le porteras
en ta main. et tu partiràs pour 1e
lieu qu'aura choisi le Seigneur
ton Dieu ;
26. Tu achèteras avec ce méme
argent tout ce qui te plaira, soit
en gros bétail, soit en brebis, du
vin aussi et de là cervoise, et
tout ce que désire ton âme ; et tu
mangeras devant le Seigneur ton
Dieu, et tu feras un festin, toi et
ta maison;
97. Et le Lévite qui est au-de-
dans de tes portes, garde-toi de
l'abandonner, parce qu'il n'a pas
21, 21, 29. Tes portes; hébraisme, pour (es villes.
]68. xv.]
d'autre part dans ta posses-
sion.
98. A la troisieme année, tu
sépareras une autre dime de tout
ce qui te vient en ce temps, et tu
la réserveras au-dedans de tes
portes.
29. Et il viendra, le Lévite qui
n'apoint de part ni de possession
avec toi, ainsi que l'étranger,
lorphelin et la veuve qui sont
au dedans de tes portes, et ils
mangeront et se rassasieront,
afin que le Seigneur ton Dieu te
bénisse dans touslesouvrages de
tes mains que tu feras.
CHAPITRE XV.
Année sabbatique. Affranchissement des
esclaves. Usureé tolérée envers les étran-
gers. Soin des pauvres. Premiers-nés
qu'on doit offrir au Seigneur.
1. A laseptieme année, tu feras
la rémission,
9. Qui sera célébrée de cette
manière : Celui à qui il est dà
quelque chose par son ami ou
son prochain et son frere, ne
pourra le redemander, parce que
c'est l'année de là rémission du
Seigneur.
3. Tu l'exigeras du voyageur et
de l'étranger : tu n'auras pas le
pouvoir de lé redemander à ton
concitoyen et à un de tes proches.
4. Etil n'y aura aucun indigent
et aucun mendiant parmi vous,
afin que le Seigneur ton Dieu te
bénisse dans la terre qu'il va te
livrer en possession.
9. Si cependant tu écoutes la
voix du Seigneur ton Dieu, et que
LE DEUTÉRONOME.
345
iu observes tout ce qu'il a com-
mandé, et que moi aujourd'hui,
je te prescris, il te bénira comme
il ἃ promis.
6. Tu préteras à beaucoup de
nations, mais toi-méme, tu ne
recevras de prét de personne. Tu
domineras sur plusieurs na-
tions, et personne ne te domi-
nera.
1. Si un de tes freres qui de-
meurera au dedans des portes de
ta ville, dans la terre que le Sei-
gneur ton Dieu va te donner,
tombe dans la pauvreté, tu n'en-
durciras point ton cœur, et tu ne
resserreras point ta main,
8. Mais tu l'ouvriras au pauvre,
et tu lui préteras ce dont tu ver-
ras qu'il aura besoin.
9. Prends garde qu'une pensée
impie ne s'insinue en toi, et que
tu ne dises en ton cœur : La sep-
tieme année de la rémission ap-
proche; et que tu ne détournes
ainsi les yeux de ton frere pau-
vre, ne voulant pas lui faire le
prét qu'il demande, de peur qu'il
ne crie contre toi au Seigneur, et
que cela ne devienne pour toi un
péché.
10. Mais tu lui donneras , et tu
ne feras rien avec ruse en soula-
geant ses besoins pressants, afin
que le Seigneur ton Dieu te bé-
nisse en tout temps et en toutes
les choses auxquelles tu auras
mis la main.
11. Les pauvres ne manqueront
pas dans la terre de ton habita-
tion ; c'est pour cela que moi, je
t'ordonne d'ouvrir ta main à ton
(βαρ. XV. 8. Matt., v, 42; Luc, vi, 34. — 41. Matt., xxvi, 11.
ΞΕΕΞΕΕΕ - --- -- - 99 ΘΕ σοι θυ θυ ν DC ΚΟΝΕ κ αν τ LU
28. A la troisiéme année; c'est-à-dire tous les trois ans. — De tes portes ; hébraisme,
pour de tes maisons.
346 LE DEUTÉRONOME.
frère 1ndigent et pauvre, qui de-
meure avec toi dans ta terre.
12. Lorsque ton frere t'aura été
vendu, un hébreuou unehébreue,
et qu'il t'aura servi pendant six
ans, tu le renverras libre à la
septième année;
13. Et celui que tu gratifieras
de la liberté, tu ne souffriras nul-
lement qu'il s'en aille les mains
vides ;
14. Mais tu lui donneras un via-
lique pris de tes troupeaux, de
ton aire, de ton pressoir, dont t'a
béni le Seigneur ton Dieu.
15. Souviens-toi que toi-même,
tu as servi dans la terre d'Egypte,
et que le Seigneur ton Dieu t'a
délivré; c'est pour cela que moi
je t'ordonne maintenant ces cho-
ses.
16. Mais s'il dit: Jene veux pas
sorlir, parce qu'il t'aime, toi etta
maison, et qu'il sent qu'il est bon
pour lui d'étre chez toi,
11. Tu prendras une alene, tu
perceras son oreille à ia porte de
ta maison, etil te servira jusqu'à
jamais; pour ta servante aussi,
tu feras pareillement.
18. Ne détourne point tes yeux
d'eux, quand tu les auras ren-
voyés libres, parce qu'il t'a servi
pendant six ans, avec le salaire
d'un mercenaire, afin que le Sei-
lgneur ton Dieu te bénisse dans
tous les ouvrages que tu feras.
[cH. xvr.]
19. Quant aux premiers-nés,
qui naissent dans ton gros bétail
et parmi tes brebis, tu consacre-
ras au Seigneur ton Dieu tout ce
qui est mâle. Tu n'emploieras
point au travail le premier-né du
bœuf, et tu ne tondras point les
premiers-nés des brebis.
20. Tu les mangeras chaque
année, toi et ta maison, en la
présence du Seigneur ton Dieu,
aulieu qu'aura choisile Seigneur.
21. Mais s? le premier-né a une
tache, s'il est boiteux, ou aveu-
gle, ou difforme en quelque en-
droit, ou mutilé, il ne sera point
immolé au Seigneur ton Dieu ;
22. Mais tu le mangeras au de-
dans des portes de ta ville : tant
le pur que l'impur en mangeront
également, comme de la chèvre
sauvage et du cerf.
23. Tu prendras garde seule-
ment de ne pas manger leur sang,
mais tu le répandras sur la terre
comme l'eau.
CHAPITRE XVI.
Des fêtes de Pâque, de la Pentecôte et
des Tabernacles. Des juges et des ma-
gistrats dans les villes. De la fuite de
l'idolátrie.
1. Observe le mois des nou-
veaux grains, qui est le premier
du printemps, afin que tu fasses
la Páque du Seigneur ton Dieu,
parce que c'est en ce mois que le
19. Exode, xxt, 2; Jér., xxxiv, 14. — 21, Lév., xxr, 20, 21; Eccli., xxxv, 14.
12. Hébreue. Nous avons cru devoir conserver ce mot, qui se trouve dans toutes
les anciennes versions francaises. et qui n'est pas sans analogue dans notre langue.
14. Dont ta béni; c'est-à-dire qu'il t'a accordés par l'effet de sa bénédiction.
17. * Tu perceras son oreille. Voir la note sur Exode, xxi, 6.
23. Comme l'eau. Voy. xir, 16.
1. Qui est; littér. et il est. Eu hébreu et est souvent purement explicatif. — Les
préparatifs ont été faits pendant la nuit; mais le départ ἃ eu lieu le lendemain de
grand matin.
cu. xvi.]
Seigneur ton Dieu t'a retiré de
l'Egypte pendant la nuit.
2. Ainsi, tu immoleras pour la
Páque du Seigneur ton Dieu, des
brebis et des bœufs, au lieu
qu'aura choisi le Seigneur ton
Dieu pour que son nom y habite.
3. Tu n'y mangeras point de
pain fermenté : pendant sept
jours tu mangeras sans levain du
pain d'affliction, parce que c'est
dans la frayeur que tu es sorti de
l'Egypte, afin que tu te souvien-
nes du jour de ta sortie de l'Egyp-
te, tous les jours de ta vie.
4. ll ne paraîtra point de levain
dans tous tes confins, pendant
sept jours, et il ne restera point
de la chair de la victime qui aura
été immolée le soir, au premier
jour, jusqu'au matin.
5. Tu ne pourras immoler la
Pâque dans toutes les villes que
le Seigneur ton Dieu doit te don-
ner;
6. Mais dans le lieu que le Sei-
gneur ton Dieu aura choisi pour
que son nom y habite, tu immo-
leras la Páque, le soir, au coucher
du soleil, temps oü tu es sorti de
l'Egypte.
7. Et tu feras cuire et tu man-
geras /a victime au lieu qu'aura
choisi le Seigneur ton Dieu, et le
matin, te levant, tu iras dans tes
tabernacles.
8. Durant six jours tu mangeras
des azymes, et au septieme jour,
parce que c'est la réunion du
Seigneur ton Dieu, tu ne feras
point d'ouvrage.
LE DEUTÉRONOME.
341
9. Tu compteras sept semaines
depuis le jour que tu auras mis la
faux dans la moisson.
10. Et tu célébreras la féte des
semaines en l'honneur du Sei-
gneur ton Dieu, oblation spon-
tanée de ta main, que tu offriras
selon la bénédiction du Seigneur
ton Dieu;
11. Et tu feras des festins de-
vant le Seigneur ton Dieu, toi,
ton fils et ta fille, ton serviteur et
ta servante, et le Lévite qui est
au dedans de tes portes, l'étran-
ger, l'orphelin et la veuve, qui de-
meurent avec vous, au lieu
qu'aura choisi le Seigneur ton
Dieu, pour que son nom y habite;
12. Et tu te souviendras que tu
as 616 esclave en Egypte, et tu gar-
deras et tu pratiqueras ce qui ἃ
été ordonné.
18. Et aussi la solennité des ta-
bernacles, tu la célébreras pen-
dant sept jours, quand tu auras
recueilli de l'aire et du pressoir
tes fruits des champs.
14. Et tu feras des festins en ta
solennité, toi, ton fils et ta fille,
ton serviteur et ta servante, le Lé-
vite aussi et l'étranger, l'orphelin
et la veuve qui sont au dedans de
tes portes.
15. Pendant sept jours tu célé-
breras des fétes en l'honneur du
Seigneurton Dieu, aulieu qu'aura
choisi le Seigneur; etle Seigneur,
ton Dieu te bénira dans tous tes
fruits des champs, et en toute
ceuvre de tes mains, et tu seras
dans la joie.
en
0 Dans tes tabernacles ; c'est-à-dire dans tes tentes. C'est le même mot en hébreu.
8. La réunion du Seigneur; lassemblée solennelle instituée en l'honneur du Sei-
gneur.
11. Son nom; sa majesté, sa divinité. Dans l'Ecriture, le nom de Dieu se prend
souvent pour Dieu lui-méme.
948
16. Trois fois par an tous tes en-
fants máles paraitront en la pré-
sence du Seigneur ton Dieu, au
lieu qu'il aura choisi : à la solen-
nité des azymes, àla solennité des
\semaines, et à la solennité des ta-
bernaeles. Ils ne paraitront point
devant le Seigneur, les mains
vides;
17. Mais chacun offrira suivant
ce qu'il aura, selon la bénédiction
que le Seigneurson Dieu lui aura
donnée.
18. Tu établiras des juges et des
magistrats à toutes tes portes, que
le Seigneur ton Dieu t'aura don-
nées, dans chacune de tes tribus,
afin qu'ils jugent le peuple par un
juste jugement,
19. Et qu'ils n'inclinent point
vers un cóté. Tu ne feras point
acception de personne, tu ne re-
cevras point de présents, parce
que les présents aveuglent les
yeux des sages, et changent les
paroles des justes.
20. Tu rechercheras justement
ce qui est juste, afin que tu vives
et que tu possèdes la terre que
le Seigneur ton Dieu t'aura don-
née.
21. Tuneplanteras point de bois,
ni aucun arbre pres de l'autel du
Seigneur ton Dieu.
22. Tu ne te feras point ét tu ne
dresseras point de statue : choses
que hait le Seigneur ton Dieu.
LE DEUTÉRONOME.
[cH. xvit.]
CHAPITRE XVII.
Hébreux idolátres punis de mort. Con-
sulter les prétres dans les causes diffi-
ciles. Election d'un roi.
1. Tu n'immoleras pas au Sei-
gneur ton Dieu une brebis, ni un
bœuf dans lequel est une tache,
ou quelque défaut, parce que
c'estune abomination pour le Sei-
eneur ton Dieu.
2. Lorsqu'on aura trouvé chez
toi, au dedans d'une de tes portes
que le Seigneur ton Dieu te don-
nera, un homme ou une femme,
qui font le mal en la présence du
Seigneur ton Dieu, et qui trans-
gressent son alliance,
3. De manière 8 00 qu'ils aillent,
et servent des dieux étrangers et
les adorent : le soleil, la lune et
toute la milice du ciel, choses que
je n'ai point ordonnées:
4. Et lorsque cela t'aura été
annoncé, et que l'ayant appris
tu t'en seras informé exacte-
ment, et que tu auras trouvé
que la chose est vraie, et que
cette abomination a été faite en
Israél,
5. Tu ameneras l'homme et la
femme qui ont fait cette chose
tres criminelle, aux portes de ta
ville, et ils seront lapidés.
6. C'est sur la parole de deux
ou trois témoins que périra celui
qui sera mis à mort. Que nul ne
ὕπαρ. XVI. 16. Exode, xx, 48 ;. xxxiv, 20; Eccli., xxxv, 6. — 19. Exode, xxr, 8;
Lév., xix, 45; Supra, 1, 17; Eccli., xx, 31. — Car. XVII. 6. Infra, xix, 15; Matt., xvm, 16;
II Cor., xui, 1.
18. À toutes tes portes; aux portes de toutes tes villes. — * Sur les portes auprès
desquelles on rend la justice, voir 0008, xvr, 3.
21. Cette défense avait pour but de distinguer les fsraélites des paiens, qui ordi-
nairement n'érigeaient point d'autel et ne bâtissaient point de temple sans planter
auprès des arbres et des bois. — * Au lieu de bois, le texte original porte Aschéra,
c'est-à-dire, le cippe représentant la déesse Astarté.
1
(cu. χνπ.]
soit tué, un seul homme rendant
témoignage contre lui.
7. La main des témoins le tuera
la premiere, et la main du reste
du peuple se lèvera la dernière,
afin que tu 6408 le mal d'au milieu
de toi.
8. Si tu aperçois qu'un juge-
ment que tu asà porter entre sang
et sang, cause et cause, lèpre et
lepre, est difficile et douteux, et
et que tu voies à tes portes que les
avis des juges sont partagés, lève-
toi, etmonte au lieu qu'aura choisi
le Seigneur ton Dieu.
9. Et tu viendras vers les pré-
ires de la race Lévitique, et vers
le juge qu'il y aura en ce temps-
là; tu les interrogeras, et ils te dé-
couvriront la vérité du jugement.
10. Or, tu feras tout ce qu'au-
ront dit ceux qui président au lieu
qu'aura choisi le Seigneur, et ce
qu'ils t'auront enseigné,
11. Selon sa loi; et tu suivras
leur avis, et tu ne te détourneras
point à droite ni à gauche.
12. Mais celui qui s'enorgueil-
lira, ne voulant pas obéir au com-
mandement du prétre qui, en ce
temps-là, sera ministre du Sei-
gneur ton Dieu, ni à l'arrét du
juge, cet homme-là mourra, et tu
óteras le mal d'Israël;
13. Et tout le peuple entendant
craindra, en sorte que nul désor-
mais ne s'enflera d'orgueil.
14. Lorsque tu seras entré dans
la terre que le Seigneur ton Dieu
te donnera, que tula posséderas,
7. Supra, xim, 9. — 9. 11 Par., xix, 8.
LE DEUTÉRONOME.
849
que tu habiteras en elle, et que
tu diras : J'établirai sur moi un
roi, comme en ont toutes les na-
tions d'alentour :
15. Tu établiras celui que le Sei-
gneur ton Dieu aura choisi du
nombre de tes freres. Tu ne
pourras faire roi un homme d'une
autre nation, et qui nesoit pas tor:
frere.
16. Et lorsqu'il aura été établi,
il ne multipliera point pour lui
des chevaux, et il ne ramènera
point le peuple en Egypte, sou-
tenu par une nombreuse cava-
lerie, surtout puisque le Seigneur
vous ἃ commandé de ne jamais
plus retourner par la méme voie.
17. Il n'aura pas un grand nom-
bre de femmes qui entrainent son
esprit, ni une immense quantité
d'argent et d'or.
18. Apres qu'il se sera assis sur
le tróne de son royaume, il écrira
pour luile Deutéronome de cette
loi dans un livre, recevant une
copie des prétres dela tribu Lévi-
tique ;
19. Et il l'aura avec lui, et il le
lira tous les jours de sa vie, afin
d'apprendre à craindre le Sei-
gneur son Dieu et à garder ses
paroles et ses cérémonies, qui
sont prescrites dans la loi.
20. Que son cœur ne s'élève
point par l'orgueil au-dessus de
ses frères, et qu'il ne se détourne
point vers le cóté droit ou le gau-
che, afin qu'il règne longtemps,
lui-méme et ses fils, sur Israël.
ןוו ——
T. La main des témoins, ete. Les témoins devaient jeter les premières pierres de
teur propre main, et le reste du peuple continuait la lapidation.
9. La vérité du jugement; le vrai jugement que tu dois en porter.
18. Le Deutéronome; c'est-à-dire le double, une copie, un exemplaire,
$60
CHAPITRE XVIII.
Partage des prétres et des Lévites. Dé-
fense de consulter les devins. Prophéte
que Dieu doit susciter. Marques pour
distinguer les faux prophètes.
1. Les prétres, les Lévites, et
tous ceux qui sont de la méme
tribu n'auront point de part et
d'héritage avec le reste d'Israél,
parce qu'ils mangeront des sacri-
fices du Seigneur et de ses obla-
tions;
2. Et ils ne recevront rien autre
chose de la possession de leurs
frères ; car le Seigneur lui-même
est leur héritage, comme il leur
a dit.
3. Voici le droit des prétres sur
le peuple, et sur ceux qui offrent
les victimes ; soit qu'ils immolent
un bœuf ou une brebis, ils donne-
ront au prétre l'épaule et la poi-
trine ;
4. Les prémices du blé, du vin,
de l'huile et une partie de la tonte
des brebis ;
9. Car c'est lui que le Seigneur
ton Dieu a choisi d'entre toutes
les tribus, afin qu'il assiste de-
vant le Seigneur, et qu'il exerce
le ministere en son nom, lui et
ses enfants pour toujours.
6. Si un Lévite sort d'une de
vos villes de tout Israël, dans la-
‘quelle il habite, et qu'il veuille et
désire venir au lieu qu'aura choisi
le Seigneur,
LE DEUTÉRONOME.
(cu. xvur.]
7. lexercera le ministère au
nom du Seigneur son Dieu, com-
me tous ses freres les Lévites,
qui assisteront en ce temps-là
devant le Seigneur.
8. Il recevra la méme part d'a-
liments que tous les autres, outre
ce qu'il lui est dà dans sa ville de
la succession paternelle.
9. Quand tu seras entré dans la
terre quele Seigneur ton Dieu te
donnera, prends garde de vouloir
imiter les abominations de ces
nations ;
10. Et qu'il ne se trouve au mi-
lieu de toi personne qui purifie
son fils ou sa fille, les faisant pas-
ser par le feu, ou qui interroge
des devins, et qui observe les
songes et les augures, ni qui use
de maléfices,
11. Ni qui soit enchanteur, ni
qui consulte ceux qui ont l'esprit
de python et les devins, ou qui
demande aux morts la vérité ;
12. Car le Seigneur a toutes ces
choses en abomination, et c’est à
cause de ces sortes de crimes
qu'il détruira ces nations à ton
entrée.
19. Tu seras parfait et sans ta-
che avec le Seigneur ton Dieu.
14. Ces nations dont tu possé-
deras la terre, écoutent les augu-
res et les devins; mais toi, tu as
été instruit autrement par le Sei-
gneur ton Dieu.
15. Le Seigneur ton Dieu te sus-
₪4. XVIII. 1. Nomb., xvin, 20, 23 ; Supra, x, 9; I Cor., 1x, 13. — 4. Nomb., xvii, 21.
— 10. Lév., xx, 21. — 11. I Rois, xxvii, 7. — 15. Jean, 1, 45; Actes, rir, 22.
14. * Python. Voir Lévitique, xx, 21.
15. Ce verset contient une prophétie qui ne doit s'entendre que du Messie; car
c'est à Jésus-Christ que l'Ecriture elle-même l'a appliquée (Act., 11, 22, etc.; vir, 31).
En second lieu, les Péres de l'Eglise en ont fait la méme application. Enfin on ne
peut appliquer cette prophétie à aucun autre personnage que Jésus-Christ sans faire
violence au texte. | Γ᾿ 51} 2 MA |
(cu. xix.]
citera un PnornETE de ta nation et
d'entre tes frères, comme moi;
c'est lui que tu écouteras ;
16. Comme tu as demandé au
Seigneur ton Dieu à Horeb, quand
l'assemblée fut réunie, et comme
tu as dit : Que je n'entende plus
la voix du Seigneur mon Dieu,
et que je ne voie plus ce tres
grand feu, afin que je ne meure
pas.
17. Et le Seigneur me répon-
dit : Ils ont bien dit toutes choses.
18. Je leur susciterai un pro-
phète du milieu de leurs freres,
semblable à toi, et je mettrai mes
paroles en sa bouche, et il leur
dira tout ce que je lui aurai or-
donné.
19. Or, celui qui ne voudra pas
écouter ses paroles, qu'il dira en
mon nom, c'est moi qui m'en
vengerai.
20. Mais le prophète qui, cor-
rompu par orgueil, voudra dire
en mon nom des choses que je ne
lui ai pas ordonné de dire, ou qui
parlera au nom de dieux étran-
gers, sera mis à mort.
91. Que si tu réponds secrète-
ment par la pensée : Comment
puis-je discerner la parole que le
Seigneur n'a pas dite?
22. Tu auras ce signe : Ce que
ce prophéte aura prédit au nom
du Seigneur, n'arrivant pas, le
Seigneur ne l'a pas dit, mais c'est
par l'enflure de son esprit que le
prophète la inventé : et c'est
pourquoi tu ne le craindras pas.
LE DEUTÉRONOME. 351
CHAPITRE XIX.
Villes de refuge. Homicide. Défense de
changer les bornes. Chátiment des faux
témoins. Peine du talion.
1. Lorsque leSeigneur ton Dieu
aura détruit les nations dont il va
te livrerla terre, et que tu la pos-
séderas, et que tu habiteras dans
les villes et dans les maisons,
2. Tu sépareras trois villes au
milieu dela terre que le Seigneur
ton Dieu te donnera en posses-
sion,
3. Aplanissant soigneusement
la voie; et tu partageras en trois
parties égales toute l'étendue de
ta terre, afin que le fugitif pour
cause d'homicide ait dans le voi-
sinage oü pouvoir se réfugier.
4. Voici la loi de lhomicide
fuyant, dont la vie doit étre con-
servée : Celui qui a frappé son
prochain, sans s'en apercevoir, et
qui est reconnu pour n'avoir eu
hier et avant-hier aucune haine
contre lui,
9. Mais pour étre allé simple-
ment avec lui dans la forét couper
du bois, si en coupant le bois la
cognée est échappée de sa main,
et que le fer sortant du manche
ait frappé son ami et l'ait tué, ce-
lui-là se réfugiera dans une des
susdites villes, et vivra ;
6. De peur que le plus proche
parent de celui dont le sang a été
versé, excité par sa douleur, ne
le poursuive et ne l'atteigne, si le
chemin est trop long, et ne frappe
16. Exode, xx, 21. — 18. Jean, 1, 45. — (ΠΑΡ. XIX. 2. Nomb., xxxv, 11; Jos., xx, 2.
20. Qui parlera. Ces deux mots se trouvent dans l'hébreu; ils sont d'ailleurs né-
tessaires à l'intelligence de ce passage.
4. Hier et avant-hier; hébraisme, pour, depuis quelque temps.
352
l'àme de celui qui ne mérite point
la mort, parce qu'il est démontré
qu'il n'a eu auparavant aucune
haine contre celui qui a été tué.
1. C'est pourquoi je t'ordonne
de placer les trois villes dans une
égale distance entre elles.
8. Mais lorsque le Seigneur ton
Dieu aura étendu tes limites,
comme il l'a juré à tes pères, et
quil t'aura douné toute la terre
qu'il leur a promise,
9. (Si cependant tu gardes ses
commandements, etque tu fasses
ce qu'aujourd'hui je te prescris :
que tu aimes le Seigneur ton Dieu
et que tu marches dans ses voies
en tout temps) tu ajouteras trois
autres villes, et tu doubleras ainsi
le nombre des trois susdites
villes,
10. Afin qu'un sang innocent
ne soit pas versé au milieu de la
terre que le Seigneur ton Dieu te
donnera pour la posséder, afin
que tu ue sois pas coupable de
sang .
11. Mais si quelqu'un, haïssant
son prochain, tend des pièges à
sa vie, et que, se levant, 1] le
frappe, et que, celui-ci étant
mort, il s’enfuie dans une des
susdites villes,
12. Les anciens de sa ville en-
verront, et l'enleveront du lieu
de refuge etlelivreront à ia main
LE DEUTÉRONOME.
[cu. xix.]
du parent de celui dont le sang a
été versé, et il mourra.
13. Tu n'auras pas pitié de lui,
et tu óteras d'Israél le sang inno-
cent, afin que bien t'arrive.
14. Tu n'enléveras, et tu ne
déplaceras point les bornes de
ton prochain, que des prédéces-
seurs ont posées dans ta posses-
sion que le Seigneur ton Dieu te
donnera dans la terre que tu re-
cevras pour la posséder.
15. Il ne se présentera point
un seul témoin contre quelqu'un,
quel que soit son péché et son
crime; mais c'est sur la parole
de deux ou trois témoins que
tout sera avéré.
16. S'il s'élève un témoin men-
teur contre un homme, l'accu-
sant de prévarication,
17. Les deux qui sont en cause
viendront devant le Seigneur en
la présence des prétres et des
juges qu'il y aura en ces jours-là.
18. Et lorsqu'apres avoir fait
la plus exacte perquisition, ils
auront trouvé que le faux témoin
a dit contre sou frère un men-
songe,
19. 115 lui rendront ce qu'il
avait eu dessein de faire à son
frère, et tu óteras le mal d'au
milieu de toi,
90. Afin que tous les 801108 en-
tendant, éprouvent de la crainte,
8. Genèse, xxvur, 14; Exode, xxxiv, 24; Supra, xir, 20. — 11. Nomb., ,טאאא 20. —
15. Supra, xvir, 6; Matt., xvi, 16; 11 Cor., xir, 1. — 18. Dan., xir, 62.
——M Ó————— Ha M ——á— ————Ó——
12. De sa ville; de la ville natale du fugitif. La Vulgate est amphibologique, mais
le texte hébreu ne l'est nullement. Compar. d'ailleurs, Nombres, xxxv, 24, 25.
13. Tu óleras d'Israél le sang innocent; c'est-à-dire le crime commis par l'effusion
du sang innocent.
14. * Les bornes étaient considérées chez les peuples païens, Assyriens, Grecs,
Romains, comme une sorte d'objet sacré, afin de les faire respecter. Moise se con-
tenta de défendre de les changer. Celui qui viole cette loi est maudit plus loin,
xxvi, 17.
[cH. xx.]
et qu'ils n'osent nullement faire
de telles choses.
91. Tu n'auras point pitié de
lui; mais tu exigeras âme pour
âme, œil pour 031, dent pour
dent, main pour main, pied pour
pied.
CHAPITRE XX.
Loi pour la guerre. Ordonnance pour les
sièges des villes. Traitement envers
les Chananéens.
1. Lorsque tu sortiras pour la
guerre contre tes ennemis, et
que tu verras une cavalerie, des
chars, et un corps d'armée enne-
mie plus considérable que celui
que tu auras, tu ne les craindras
point, parce que le Seigneur ton
Dieu est avec toi, lui qui t'a reti-
ré de l'Egypte.
2. Or, le combat approchant,
le prétre se tiendra devant l'ar-
mée, et c'est ainsi qu'il parlera,
au peuple :
3. Ecoute, Israël : c'est vous
qui aujourd’hui engagez le com-
bat contre vos ennemis; que
votre cœur ne s'épouvante point,
ne craignez point, ne reculez
point, ne les redoutez point;
4. Parce que le Seigneur votre
Dieu est au milieu de vous, et il
combattra pour vous contre vos
adversaires, pour vous délivrer
du péril.
9. Les chefs aussi crieront cha-
cun à la téte de son corps, l'ar-
LE DEUTÉRONOME. 353
mée entendant Quel %
l'homme qui a bâti une maison
neuve, et qui ne lait pas encore
dédiée? qu'il s'en aille.et retourne
en sa maison, de peur qu'il ne
meure à la guerre, et qu'un
autre ne la dédie.
6. Quel est l'homme qui a
planté une vigne, et qui n'a pas
fait encore qu'elle füt commune,
pour qu'il soit permis à tous
d'en manger? qu'il s'en aille, et
quil retourne en sa maison, de
peur qu'il ne meure à la guerre.
et qu'un autre homme ne fasse
ce qu il devait faire.
7. Quel est l'homme qui a été
fiancé à une fille.et qui ne l'a
pas épousée? qu'il s'en aille et
retourne en sa maison, de peur
quil ne meure à la guerre, et
qu'un autre homme ne l'épouse.
8. Ces choses dites, ils ajoute-
ront le reste, et ils diront au
peuple : Quel est l'homme crain-
tif et d'un cœur timide? qu'il s'en
aille et retourne en sa maison,
de peur qu'il ne jette la frayeur
dans le cœur de ses frères,
comme il est lui-méme frappé de
crainte.
9. Et lorsque les chefs de l'ar-
mée auront cessé de parler, cha-
cun préparera ses bataillons à
combattre.
10. Siquelquefoistut' approches
pour assiéger une ville, tu lui
offriras d'abord la paix.
21. Exode, xx1, 23, 24; Lévit., xxiv, 20; Matt., v, 38. — (παρ, XX. 5. I Mach., ,זז 56.
— 8. Judic., vir, 3.
9. Avant de prendre possession d'une maison nouvellement bâtie, les Hébreux
faisaient une espèce de dédicace. Les paiens et les Romains en particulier, ne bâtis-
saient rien sans le consacrer par des rites qui variaient selon les temps et les lieux.
6. Les fruits des trois premiéres années passaient pour impurs; ceux de la qua-
trième étaient consacrés au Seigneur; et aprés cela, la vigne et ses fruits étaient
mis au rang des choses communes et ordinaires.
A. T. 23
354
11. Si elle l'accepte et t'ouvre
ses portes, tout le peuple qui est
en elle sera sauvé, et te servira
en te payant le tribut.
12. Mais si elle ne veut point
faire alliance, et qu'elle com-
mence contre toi la guerre, tu
l'assiégeras.
13. Et lorsque le Seigneur ton
Dieu l'aura livrée en ta main, tu
frapperas tout ce qui est en elle
du sexe masculin, du tranchant
du glaive,
14. Hormis les femmes, les en-
fanis, les bestiaux, et tout le
reste qui sera dans la ville. Tu
partageras tout le butin à l'ar-
mée, et tu mangeras les dépouil-
les de tes ennemis que le Sei-
gneur ton Dieu t'aura données.
15. C'est ainsi que tu feras à
toutes les cités qui sont tres
éloignées de toi, et qui ne sont
pas de ces villes que tu vas pos-
séder.
16. Mais quant à ces villes
qui te seront données, tu ne
laisseras vivre absolument per-
sonne,
17. Mais tu tueras par le tran-
chant du glaive, savoir : l'Hé-
théen, l'Amorréhen, le Chana-
néen, le Phéréséen, l'Hévéen, et
le Jébuséen, comme t'a ordonné
le Seigneur ton Dieu;
18. Afin qu'il ne vous appren-
nent pas à faire toutes ces abo-
minations qu'ils ont commises
eux-mémes pour leurs dieux, et
que vous ne péchiez pas contre
le Seigneur votre Dieu.
19. Quand tu assiégeras une
ville longtemps et que tu l'en-
toureras de circonvallations, afin
de la réduire, tu ne couperas
point les arbres du fruit desquels
LE DEUTÉRONOME.
(cu. xxi.
on peut se nourrir, et tu ne dois
point ravager avec des cognées
la contrée d'alentour; parce que
cest du bois et non pas des
hommes, et quil ne peut ac-
croître le nombre de ceux qui
combattent contre toi.
20. Mais si quelques-uns de ces
arbres ne sont pas fruitiers, mais
sauvages et propres à tous les
autres usages, coupe-les, et cons-
truis-en des machines, jusqu'à ce
que tu aies pris la ville qui com-
bat contre toi.
CHAPITRE XXI.
Expiation d'un meurtre dont on ignore
lauteur. Mariage avec une captive.
Droit des premiers-nés. Fils désobéis-
sant. Corps détaché de la potence.
1. Quand on trouvera dans la
terre que le Seigneur ton Dieu va
te donner, le cadavre d’un hom-
me tué, et que le coupable du
meurtre sera inconnu,
2. Les anciens sortiront, et "e
juges aussi, et ils mesureront la
distance du lieu du cadavre à cha-
cune des villes d'alentour;
3. Puis, ayant reconnu celle qui
est plus proche que toutes les
autres, les anciens de cette ville-
là prendront une génisse d'un
troupeau, qui n'aura point porté
le joug, ni iabouré la terre,
4. Ils la conduiront dans une
vallée âpre et pierreuse, qui n'a
jamais été labourée, etn'a jamais
recu de semence, etils couperont
dans cette vallée le cou à la gé-
nisse ;
9. Alors s'approcheront 165 pré-
ires, enfants de Lévi, que le Sei-
gneur ton Dieu aura choisis, pour
qu'ils le servent, qu'ils bénissent
en son nom, et que toute affaire,
(cu. xx1.]
et tout ce qui est pur ou impur
soit jugé par leurs avis.
6. Et les anciens de cette ville
viendront pres de celui qui aura
été tué ; ils laveront leurs mains
sur la génisse, qui aura été frap-
pée dans la vallée,
7. Et ils diront : Nos mains
n'ont pas versé ce sang, el nos
yeux ne l'ont pas vu;
8. Soyez propice à votre peuple
d'Israél, que vous avez racheté,
6 Seigneur, et n'imputez point
un saug innocent versé au milieu
de votre peuple d'Israël. Et l'im-
putation du sang sera écartée
d'eux.
9. Pour toi, tu seras étranger
au sang de linnocent, qui a été
versé, lorsque tu auras fait ce
qu'a ordonné le Seigneur.
10. Si tu sors pour le combat
contre tes ennemis, et que le Sei-
gneur ton Dieu les livre en ta
main; que tu les emmenes cap-
fs,
11. Que tu voies dans 16 nombre
des captifs une femme belle, que
tu l'aimes, et que tu veuilles l'a-
voir pour femme,
12. Tu l'introduiras en ta mai-
son; elle rasera sa chevelure, et
coupera ses ongles;
13. Elle quittera le vétement
avec lequel elle ἃ été prise; et
assise en ta maison, elle pleurera
son père et sa mère pendant un
mois ; et apres cela, tu viendras
vers elle, tu dormiras avec elle,
et elle sera ta femme.
14. Mais si dans la suite elle ne
se fixe point dans ton cœur, tu la
LE DEUTÉRONOME. 355
renverras libre, et tu ne pourras
pas la vendre pour de l'argent,
ni l'opprimer par ta puissance,
parce que tu l'as humiliée.
15. Si un homme a deux fem-
mes, l'une chérie, l'autre odieu-
se, et qu'elles aient eu des enfants
de lui; que le fils de la femme
odieuse soit le premier-né,
16. Et que l'homme veuille par-
tager son bien entre ses enfants,
il ne pourra pas faire le fils de la
femme chérie, son premier-né,
et le préférer au fils de la femme
odieuse ;
11. Mais il reconnaitra le fils de
la femme odieuse pour le pre-
mier-né, et lui donnera le double
de tout ce quil a; celui-là, en
effeL, estle premier de ses enfants,
et c'est à lui qu'est dû le droit
d'ainesse.
18. 51 un homme engendre un
fils rebelle et insolent, qui n'é-
coute point le commandement de
son père ou de sa mère, et qui,
ayant été repris, dédaigne d’o-
béir,
19. Ils le prendront et le con-
duiront aux anciens de la ville et
à la porte du jugement,
20. Et ils leur diront : Notre fils
est insolent et rebelle, il dédaigne
d'écouter nos avertissements ; il
passe sa vie dans la débauche,
dans la dissolution et dans les
festins.
21. Le peuple de la ville le lapi-
dera, et il mourra, afin que vous
ótiez le mal d'au milieu de vous,
et que tout Israël entendant, soit
épouvanté.
8. Et l'imputation, etc.; c'est-à-dire il ne sera pas demandé compte aux enfants
d'Israël du sang innocent qui a été versé au milieu d'eux.
19. La porte du jugement; la porte où se rendent les jugements.
356
22. Quand un homme aura
commis un péché, qui doit étre
puni de mort, et que condamné
à mort, il aura été pendu à une
potence,
23. Son cadavre ne demeurera
point sur le bois, mais, dans le
même jour, il sera enseveli, par-
ce qu'il est maudit de Dieu, celui
qui est pendu au bois, et tu ne
souilleras en aucune maniere la
terre que le Seigneur ton Dieu
t'aura donnée en possession.
CHAPITRE XXII.
Charité envers le prochain. Femme accu-
sée de n'avoir pas été trouvée vierge.
Peine contre ceux qui auront violé une
fille.
1. Tu ne verras point le bœuf
de ton frere ou sa brebis égarés,
en passant outre, mais tu les ra-
meneras à ton frere,
2. Quand ce frere ne serait pas
ton parent, et que tu ne le con-
naitrais pas; tu les conduiras
dans ta maison, et ils seront chez
toi, jusqu'à ce que ton frere les
cherche et les recoive de toi.
3. Tu feras pareillement pour
l’âne, pour le vêtement et pour
toute chose que ton frère aura
perdue; si tu la trouves, tu ne la
négligeras point, comme étran-
gere.
4. Situ vois que l'áne de ton
frère, ou son bœuf est tombé dans
le chemin, tu ne détourneras
LE DEUTÉRONOME.
[cH. xxi.)
point les yeux, mais tu les relève-
ras avec lui.
9. Une femme ne mettra point
un vétement d'homme, et un
homme ne se servira point d'un
vétement de femme; car il est
abominable devant Dieu, celui
qui fait cela.
6. Si marchant dans le chemin,
tu trouves sur un arbre ou à terre
un nid d'oiseau, et la mere cou-
chée surles petits ou surles œufs,
tu ne retiendras point la mere
avec ses petits ;
7. Mais tu la laisseras aller en
tenant les petits caplifs, afin que
bien t'arrive, et que tu viveslong-
temps.
8. Lorsque tu auras bâti une
maison nouvelle, tu feras un mur
au toit tout autour, pour ne pas
qu'il y ait du sang versé en ta
maison, et que tu sois coupable,
quelqu'un tombant et roulant de
haut en bas.
9. Tu ne sèmeras point dans ta
vigne d'autre semence, de peur
que la semence que tu auras se-
mée et ce qui naît de la vigne ne
soient pareillement sanctifiés.
10. Tu ne laboureras point
avecunbœæuf et un âne ensemble.
11. Tu ne te revêtiras point
d'un vêtement qui soit tissu de
laine et de lin.
12. Tu feras des cordons aux
franges, aux quatre coins du
manteau dont tu te couvriras.
(βαρ. XXI. 23. Gal., ur, 13. — (βαρ. XXII. 1. Exode, xxi, 4. — 12. Nomb., xv, 38.
2. De toi. Ces mots, qui complètent le sens de la phrase, sont virtuellement
renfermés dans le texte original.
9. Le sens de ce verset, qui parait le plus simple et le plus naturel, est celui-ci :
Ne sème rien dans ta vigne, pour ne pas que cette semence et le fruit de cette
méme vigne soient sanctifiés, c'est-à-dire consacrés à Dieu l'un et l'autre, et qu'ainsi
ils soient perdus pour toi. D'ailleurs un pareil mélange n'était pas agréable au
Seigneur. Compar. Lévil., xix, 19.
[cH. xxm.]
13. Si un homme prend une
femme, et l'a ensuite en haine :
14. Qu'il cherche des occasions
pour la renvoyer, lui reprochant
une réputation trés mauvaise, et
qu'il dise : J'ai pris cette femme,
et m'étant approché d'elle, je ne
l'ai pas trouvée vierge,
15. Son pere et sa mere la pren-
dront, et ils porteront avec eux
les signes de sa virginité aux an-
ciens de la ville qui sont à la
porte;
16. Et le pere dira : J'ai donné
ma fille à cet homme pour étre
sa femme ; et, parce qu'il la hait,
17. Hl lui reproche une répu-
tation trés mauvaise, en sorte
qu'il dit: Je n'ai pas trouvé ta
fille vierge; or, voici les signes
de la virginité de ma fille. 115 dé-
ploiront le vétement devant les
anciens de la ville ;
18. Et les anciens de la ville
prendront cet homme et le fla-
gelleront,
19. Le condamnant de plus à
cent sicles d'argent qu'il donnera
au père de la jeune fille, parce
qu'il ἃ répandu un bruit très
mauvais sur une vierge d'Israël :
il l'aura pour femme, et il ne
pourra la renvoyer durant tous
les jours de sa vie.
20. Que si ce qu'il reproche est
véritable, et si la virginité n'a pas
été trouvée dans la jeune fille,
21. Ils la chasseront hors des
portes de la maison de son père,
etles hommes de cette ville la la-
pideront, et elle mourra, parce
qu'elle a fait une action horrible
22. Lév., xx, 10. — 29. Exode, xxii, 16.
LE DEUTÉRONOME.
357
en Israël, en forniquant dans la
maison de son pere : ettu Óteras
le mal d'au milieu de toi.
22. Si un homme dort avec la
femme d'un autre, l'un et l'autre
mourront, c'est-à-dire l'homme
adultère et la femme adultère; et
tu óteras le mal d'Israël.
23. Si un homme a fiancé une
jeune fille vierge, et que quel-
qu'un la trouve dans la ville, et
qu'il dorme avec elle,
24. Tu les conduiras l'un et
l’autre à la porte de cette ville,
et ils seront lapidés : la jeune
fille, parce qu'elle n’a pas crié,
lorsqu'elle était dans la ville; et
l'homme, parce qu'il a humilié la
femme de son prochain: et tu
óteras le mal d'au milieu de toi.
25. Mais si un homme trouve
dans la campagne une jeune fille
qui est fiancée, et que la prenant
de force il dorme avec elle, il
mourra lui seul.
26. La jeune fille ne devra rien
souffrir, et elle n'est pas digne
de mort, parce que, comme un
voleur s'élève contre son frère
et le tue, ainsi a enduré aussi
cette jeune fille.
27. Elle était seule dans la cam-
pagne, elle a crié et personne ne
s'est trouvé là, qui 18 délivrát.
28. Si un homme trouve une
jeune fille, qui n'a pas de fiancé,
et que là prenant de force, il
dorme avec elle, et que la chose
vienne en Jugement,
29. Celui qui a dormi avec elle
donnera cinquante sicles d'ar-
gent, et il l'aura pour femme
——————————————————————— M n a —
19, 29. Le sicle d'argent pur valait environ 1 fr. 60.
358 LE DEUTÉRONOME.
parce qu'il la bumiliée; il ne
pourra la renvoyer durant tous
les jours de sa vie.
30. Unhomme n'épousera point
la femme de son père, et il ne ré-
vélera point ce qui est caché en
elle.
CHAPITRE XXIII.
Personnes qu'on ne devait point admettre
dans l'assemblée du Seigneur. Pureté
du camp. Usure. Vœux.
1. Un eunuque dont les parties
génératrices auront été froissées,
ou amputées, ou arrachées, n'en-
irera point dans lassemblée du
Seigneur.
9. Un bátard, c'est-à-dire, un
homme né dune prostituée,
n'entrera point dans l'assemblée
du Seigneur, jusqu à la dixième
génération.
3. L'Ammonite et le Moabite
n'entreront point dans lassem-
blée du Seigneur, méme apres la
dixieme génération, à jamais,
4. Parce qu'ils n'ont pas voulu
venir au-devant de vous avec le
pain et l'eau, dans le chemin,
lorsque vous êtes sortis de l'E-
gypte; et parce qu'ils ont gagné
contre toi Balaam, fils de Béor,
de la Mésopotamie de Syrie, afin
qu'il te maudit;
5. Mais le Seigneur ton Dieu ne
voulut point écouter Balaam, et
il changea sa malédiction en bé-
nédiction pour toi, parce qu'il
t'aimait.
[cg. xxm.]
6. Tu ne feras point de paix
avec eux, et tu ne rechercheras
aucun bien pour eux durant tous
les jours de ta vie, à jamais.
7. Tu n'auras point l'Iduméen
en abomination, parce qu'il est
ton frére; ni l'Egyptien, parce que
tu as été étranger dans sa terre.
8. Ceux qui seront nés d'eux, à
la troisieme génération, entre-
ront dans l'assemblée du Sei-
gneur.
9. Quand tu sortiras contre tes
ennemis pour un combat, tu te
garderas de toute chose mau-
vaise.
10.S'il se trouve parmi vous
un homme qui ἃ été souillé dans
un songe nocturne, il sortira hors
du camp,
11. Et il n'y reviendra point,
avant qu'il ne se soit lavé vers le
soir, dans l'eau; et apres le cou-
cher du soleil, il reviendra dans
le camp.
19. Tu auras un lieu hors du
camp, oü tu iras pour les besoins
de la nature,
13. Portant un pieu à la cein-
ture; et lorsque tu voudras t'as-
seoir, tu feras un trou en rond,
et tu couvriras de terre ce qui est
sorti de toi,
14. Après que tu te seras relevé
delà (car le Seigneur ton Dieu
marche au milieu de ton camp,
pour te délivrer, et te livrer tes
ennemis); ainsj, que ton camp
soit saint, et qu'il n'y paraisse
Cap. XXIII. 3. Néh., xir, 1. — 4. Nomb., xxi, 5; Jos., xxiv, 9.
1. N'entrera point, etc. ; c'est-à-dire ne fera point partie du peuple d'Israël, eu ce
sens qu'il ne jouira point des privilèges et des avantages extérieurs dont jouit
ce peuple.
13. De ce qui est sorti de toi; de tes excréments. C'est ce que porte l'Hébren, et c'est
le vrai sens de la Vulgate.
ÎcH. xxiv.]
aucune saleté, de peur qu'il ne
t'abandonne.
15. Tu ne livreras point à son
maitre l'esclave qui se sera réfu-
gié près de toi;
16. Il habitera avec toi dans le
lieu quilui plaira, et il se reposera
dans une de tes villes ; ne le con-
triste pas.
17. Il n'y aura point de femme
publique d'entre les filles d'Israël,
ni de prostitué d'entre les enfants
d'Israél.
18. Tu n'offriras point la récom-
pense de la prostitution, ni le
prix d'un chien, dans la maison
du Seigneur ton Dieu, quoi que
ce soit que tu aies voué, parce
que l'un et l'autre est une abomi-
nation aupres du Seigneur ton
Dieu.
19. Tu ne préteras à usure à ton
frère, .ni argent, ni grains, ni
quelque autre chose que ce soit ;
20. Mais à l'étranger. Quant à
ton frere, ce sera sans usure, que
tu lui préteras ce dont il aura be-
soin, afin que le Seigneur ton
Dieu te bénisse en toutes tes ceu-
vres, dans la terre dans laquelle
tu entreras pour la posséder.
91. Lorsque tu auras voué un
vœu au Seigneur ton Dieu, tu ne
larderas point à l'acquitter, parce
que le Seigneur ton Dieu te le re-
demandera ; et si tu differes il te
sera imputé à péché.
22. Si tu ne veux point promet-
tre, tu seras sans péché.
93. Mais ce qui une fois est sorti
de tes lèvres, tu l’observeras, et
tu feras comme tu as promis au
LE DEUTÉRONOME. 359
Seigneur ton Dieu ; car tu as parlé
parta propre volonté et par ta
bouche.
24. Entré dans la vigne de ton
prochain, mange des raisins au-
tant qu'il te plaira ; mais n'en em-
porte point dehors avec toi.
25. Si tu entres dans les blés de
ton ami, tu cueilleras des épis et
tu les broieras avec la main ; mais
tu n'en couperas pas avec la faux.
CHAPITRE XXIV.
Lois touchant le divorce. Gages. Lépre.
Abandonner aux pauvres ce qui reste
après la moisson et les vendanges.
4. Si un homme a pris une
femme, et qu'il l'ait eue, et qu'elle
n'ait pas trouvé gráce à ses yeux
àcause de quelque défaut hon-
teux, il écrira un acte de répudia-
tion ; il le mettra dans la main de
cette femme, et il la renverra de
sa maison.
2. Et lorsque, sortie, elle aura
épousé un autre mari,
9. Et que celui-ci aussi concoive
de l'aversion pour elle, lui donne
un acte de répudiation, et la
renvoie de sa rinaison, ou bien
meure,
4. Le premier mari ne pourra
pas la reprendre pour femme,
parce qu'elle a été souillée, et
qu'elle est devenue abominable
devant le Seigneur : ne fais pas
pécher la terre que le Seigneur
ton Dieu t'a livrée pour la possé-
der.
5. Lorsqu'un homme aura pris
une femme depuis peu, il n'irà
point àla guerre, et aucune char-
CgaP. XXIV. 1. Matt., v, 31; xix, 7; Marc, x, 4.
18. Le prix d'un chien; c'est-à-dire d'un prostitué (Comp. le vers. 17), selon les
meilleurs interprètes.
360 LE DEUTÉRONOME.
ge publique ne lui sera imposée,
mais il s'occupera sans aucune
faute dans sa maison, à se réjouir
pendant une année avec sa fem-
me.
6. Tu ne recevras point pour
gage la meule de dessous et de
dessus; parce que c'est l'àme de
celui qui te l'offre.
7. Si un homme est surpris em-
bauchant son frère d'entre les
enfants d'Israél, et que, celui-ci
vendu, il ait reçu le prix, il sera
mis à mort, et tu 040288 le mal
d'au milieu de toi.
8. Evite soigneusement de con-
tracter la plaie de la lépre; mais
tu feras tout ce que t'enseigne-
ront les prétres de la race léviti-
que, selon que je leur ai prescrit,
et accomplis-le exactement.
[cH. xxiv.]
9. Souvenez-vous de ce qu'a
faitle Seigneur votre Dieu à Marie
dans le chemin, lorsque vous sor-
tiez de l'Egypte.
10. Lorsque tu redemanderas à
ton prochain quelque chose, qu'il
te doit, tu n'entreras point dans
sa maison, pour emporter un
gage,
11. Mais tu te tiendras dehors,
etc'est lui qui t'apportera ce qu'il
aura.
12. Que s'il est pauvre, le gage
ne passera pas la nuit chez toi;
13. Mais tu 16 lui rendras aussi-
tôt avant 16 coucher du soleil, afin
que dormant dans son vétement,
il te bénisse, et que tu aies pour
toi la justice devant le Seigneur
ton Dieu.
14. Tu ne nieras point le salaire
9. Nomb., xir, 10. — 11. Exode, xxii, 26. — 14. Lév., xix, 13; Tobie, 1v, 15.
6. L'áme; le moyen d'existence. Littér. : Parce que c'est son âme, sa vie qu'il t'a
présentée. Selon cette construction de la Vulgate, il faut nécessairement sous-en-
tendre : Celui qui la offert en gage la meule, etc. Nous avons déjà fait remarquer
plus d'une fois les diverses acceptions du mot dme en hébreu. — * La meule de
dessous et de dessus. Les Hébreux, en quittant l'Egypte, avaient emporté avec eux
dans le désert, comme un objet indispensable, des moulins à bras, dont ils se ser-
vaient en méme temps que de mortiers. Nombres, xi, 8. Comme il n'existait pas
chez les Orientaux de moulins publics ni de boulangers, chaque famille devait avoir
un moulin à bras, et comme on faisait cuire chaque jour le pain de la journée, il
fallait moudre ainsi chaque jour le grain nécessaire. Aussi le Deutéronome avait-il
défendu de prendre les moulins en gage, de peur que ceux qui seraient privés de
cet objet de premiere nécessité ne fussent exposés à mourir de faim. Le moulin à
bras se compose de deux meules superposées, dont la meule supérieure est mise en
mouvement, par une ou deux femmes, au moyen d'une poignée. Cette poignée est
droite. Elle est placée à un bord de la pierre supérieure qu'elle sert à faire tourner
sur la meule inférieure. La meule supérieure est appelée en arabe rekkab, « le ca-
valier, » comme l'appelaient autrefois les Hébreux. Elle est percée au milieu d'un
trou, dans lequel entre une tige de fer, fixée solidement à la pierre qui repose sur
le sol. On jette le grain par le trou, à mesure qu'il est nécessaire. La meule supérieure
est concave dans la partie qui s'adapte à la meule inférieure, laquelle, au contraire,
est convexe. Celle-ci est posée sur le sol. Toutes les deux sont de forme ronde.
Aujourd'hui, en Palestine, elles sont ordinairement l'une et l'autre en lave poreuse
du Hauran. Cette pierre est préférée, à cause de sa légèreté qui rend le travail moins
pénible. Quelquefois la meule inférieure est en matière plus dure. Le blé, grossiè-
rement moulu, sort d'entre les deux pierres et tombe sur la toile au-dessus de
laquelle le moulin est placé.
13. * Son vélement. Ce vêtement est le manteau dont les Orientaux se servent
la nuit comme de couverture.
14. De tes portes; hébraisme, pour de ta ville.
xxv.] .א6]
de l'indigent et du pauvre, qu'il
soit ton frere, ou un étranger qui
demeure avec toi dans ta terre et
au dedans de tes portes ;
45. Mais tu lui rendras le jour
méme le prix de son travail avant
le coucher du soleil, parce qu'il
2st pauvre, et que c'est par là
qu'il sustente son àme, afin qu'il
ne crie pas contre toi au Seigneur,
et qu'il ne te soit pas imputé à
péché.
16. Des peres ne seront pas mis
à mort pour des enfants, ni des
enfants pour des peres; mais cha-
cun mourra pour son péché.
17. Tu ne pervertiras point le
jugement d'un étranger et d'un
orphelin; et tu n'óteras point,
pour gage, à la veuve son véte-
ment.
18. Souviens-toi que tu as servi
en Egypte, et quele Seigneur ton
Dieu t'a retiré de là. C'est pour-
quoi voici ce que je t'ordonne de
faire :
19. Quand tu moissonneras les
grains dans ton champ, et que
par oubli tu auras laissé une ger-
be, tu ne retourneras point pour
la prendre ; mais tu la laisseras
emporter par l'étranger, l'orphe-
lin et la veuve, afin que le Sei-
gneur ton Dieu te bénisse dans
toutes les ceuvres de tes mains.
20. Si tu recueilles les fruits
des oliviers, tu ne retourneras
point pour recueillir tout ce qui
LE DEUTÉRONOME. 361
sera resté sur les arbres ; mais tu
le laisserasàl'étranger, à l'orphe-
lin et à la veuve.
91. Si tu vendanges ta vigne, tu
ne recueilleras point les grappes
deraisins restantes ; mais qu'elles
soient laissées pour l'usage de
l'étranger, de l'orphelin et de la
veuve.
22. Souviens-toi que toi aussi,
tu as servi en Egypte, et c'est
pour cela que je t'ordonne de
faire ces choses.
CHAPITRE XXV.
Peine du fouet. Frére obligé d'épouser
la veuve de son frère. Ordre de dé-
truire les Amalécites.
1. S'il survient un débat entre
quelques hommes, et qu'ils en
appellent aux juges, celui qu'ils
reconnaitront pour juste, ils lui
donneront la palme de la justice,
et celui qu'ils reconnaitront pour
impie, ils le condamneront d'im-
piété.
2. Que s'ils jugent celui qui a
péché, digne de coups, ils le ren-
verseront, et le feront battre de-
vant eux. C'est selon la mesure
du péché, que sera la mesure des
Coups;
3. En sorte seulement, qu’elle
n'excède pas le nombre de qua-
rante, de peur que ton frère ne
s'en aille ayant été horriblement
déchiré devant tes yeux.
4. Tu ne lieras point la bouche
16. IV Rois, xiv, 6; II Par., xxv, 4; Ezéch., xvii, 90. — (Παρ. XXV. 3. 1] Cor., xi, 24.
— 4, I Cor., 1x, 9; I Tim., v, 18.
————————————————————
2. * Ils le renverseront. Les monuments figurés nous montrent ceux qui recoivent
la bastonnade renversés et étendus par terre.
3. L'historien Joséphe rapporte que l'usage s'était introduit de ne donner que
trente-neuf coups, pour qu'on ne s'exposát pas à passer le nombre de quarante.
Saint Paul confirme le dire de Joséphe, quand il nous apprend (II Corinth., xt, 24)
qu'en cinq occasions il a regu quarante coups de fouet, moins un.
362 LE DEUTÉRONOME.
d'un bœuf qui foule tes grains
dans l'aire.
5. Quand deux frères habitent
ensemble, etque l'un d'eux meurt
sans enfants, que la femme du
défunt n’en épouse point un au-
tre; mais le frère de son mari la
prendra, etil suscitera des enfants
à son frère ;
6. Et il appellera le fils premier-
né d'elle du nom de son frère,
afin que le nom de son frere ne
soit pas effacé d'Israël.
7. Mais s'il ne veut pas prendre
la femme de son frere qui lui est
due en vertu de la loi, cette fem-
me ira à la porte de la ville, elle
s'adressera aux anciens et dira :
Le frere de mon mari ne veut pas
ressusciter le nom de son frere
en Israël, ni me prendre pour
femme.
8. Etaussitót ils le feront appe-
ler, et ils l'interrogeront. S'il ré-
pond : Je ne veux pas la prendre
pour femme,
9. La femme s'approchera de
lui devant les anciens, et lui óte-
ra la chaussure de son pied, elle
crachera sur sa face, et dira : C'est
ainsi qu'il sera fait à l'homme
qui n'édifie pas la maison de son
frere.
10. Et il sera appelé en Israél
du nom de Maison du déchaussé. ἡ
11. Si deux hommes ont une
dispute entre eux, et que l'un
commence à quereller l'autre, et
que la femme de l'un voulant ar-
racher son mari dela main du plus
fort, étende la main et saisisse
ses parties secretes,
[CH. xxvi.]
19. Tu couperas sa main, et tu
ne te laisseras fléchir par aucune
compassion pour elle.
13. Tu n'auras point dans ton
sachet deux poids, l'un plus gros
et l'autre plus petit;
14. Et il n'y aura point dans ta
maison un boisseau plus grand et
un plus petit.
45. Tu auras un poids juste et
véritable, et il y aura chez toi un
boisseau égal et véritable, afin
que tu vives longtemps sur la
terre que le Seigneur ton Dieu
t'aura donnée;
16. Car le Seigneur ton Dieu a
en abomination celui qui fait ces
choses, et il déteste toute injus-
tice.
11. Souviens-toi de ce que t'a
fait Amalecdans lechemin, quand
tu sortais de l'Egypte.
18. Comment il marcha contre
toi, et tailla en piecesles derniers
de ton armée, qui, fatigués, s'é-
taient arrétés, quand toi-méme
tu étais épuisé de faim et de fati-
gue, et il ne craignit pas Dieu.
19. Lors donc que le Seigneur
ton Dieu t'aura donné le repos,
et qu'il t'aura assujetti toutes les
nations d'alentour, dans la terre
qu'il t'a promise, tu effaceras son
nom de dessous le ciel. Prends
garde que tu ne l'oublies.
CHAPITRE XXVI.
Cérémonies qui devaient s'observer, lors-
qu'on offrait les prémices des fruits.
1. Lorsque tu seras entré dans
la terre que le Seigneur ton Dieu
5. Matt., xxi, 24; Marc, xir, 19; Luc, xx, 28. — 7. Ruth, 1v, 5. — 17. Exode, xvi, 8,
————— ידוהה ההשו E
16. Les mots ces choses se rapportent aux vers. 13, 14.
11-18. * Voir note sur 22000, xvi, 8.
{en xxvr.]
va ie donner pour la posséder,
que tu l'auras conquise et que tu
auras habité en elle,
9. Tu prendras les prémices de
tous tes fruits, tu les mettras dans
la corbeille, et tu iras au lieu que
le Seigneur ton Dieu aura choisi,
afin que son nom y soit invoqué,
3. Et tu t'approcheras du prétre
qu'il y aura en ces jours-là, et tu
lui diras : Je déclare hautement
aujourd'hui, en présence du Sei-
eneur ton Dieu, que je suis entré
dans la terre, au sujet de laquelle
il a juré à nos peres qu'il nous la
donnerait.
4. Alors le prêtre prenant la
corbeille de ta main, la déposera
devant lautel du Seigneur ton
Dieu,
5. Et tu diras en présence du
Seigneur ton Dieu : Un Syrien
poursuivait mon pere, qui des-
cendit en Egypte, et là, 11 séjour-
na avec un tres petit nombre
d'hommes ; mais il forma une na-
tion grande, forte et nombreuse
à l'infini.
6. Mais les Egyptiens nous af-
fligerent et nous persécutèrent,
nous imposant des fardeaux trés
lourds,
7. Alors nous 01181108 au Sei-
gneur le Dieu de nos peres, qui
nous exauca, et regarda notre
humiliation, notre labeur, et no-
tre angoisse ;
8. Et il nous retira de l'Egypte
par une main forte et un bras
étendu, par une grande terreur,
des signes et des prodiges ;
9. Puis il nous a introduits en
LE DEUTÉRONOME. 363
ce lieu et nous a livré cette terre,
oü coulent du lait et du miel.
10. Et c'est pour cela que main-
tenant j'offre les prémices des
fruits de la terre, que le Seigneur
m'a donnée. Et tu les laisseras
en la présence du Seigneur ton
Dieu, et adore le Seigneur ton
Dieu.
11. Et tu feras un festin de tous
les biens que leSeigneurton Dieu
aura donnés. à toi et à ta mai-
son, toi et le Lévite et l'étranger
qui est avec toi.
19. Quand tu auras accompli la
dime de tous tes fruits, à la troi-
sieme année des décimes, tu les
donneras au Lévite, à l'étranger,
à l'orphelin et à la veuve, afin
qu'ils les mangent au dedans de
tes portes, et qu'ils soient rassa-
8168 ;
13. Et tu diras en la présence
du Seigneur ton Dieu : J'ai 016 de
ma maison ce qui était consacré,
et je l'ai donné au Lévite, à l'é-
tranger, àl'orphelin et à la veuve,
comme vous m'avez ordonné ; je
n'ai pas négligé vos commande-
ments, et n'ai pas oublié votre
ordre.
14. Je n'ai pas mangé de ces
choses pendant mon deuil, je ne
les ai mises à part pour aucun
usage profane, et je n'en ai rien
employé dans les funérailles. J'ai
obéi à la voix du Seigneur mon
Dieu et j'ai fait toutes choses,
comme vous m'avez ordonné.
15. Regardez de votre sanctu-
aire, du haut descieux, votre de-
meure, et bénissez votre peuple
Cxap. XXVI. 13. Supra, xiv, 29. — 19. Is., rxir, 15; Bar., i1, 16.
9. Dans la corbeille; destinée, consacrée à cet usage.
ὃ. ' Un Syrien poursuwant mon pere. Héhreu
: Mon père élas un Syrien nomade.
364
d'Israël, et la terre que vous nous
avez donnée, comme vous avez
juré à nos pères, terre où coulent
du lait et du miel.
16. Aujourd'hui le Seigneur ton
Dieu t'a ordonné d'exécuter ces
commandements et ces ordon-
nances, de les garder et de les
accomplir de tout ton cœur et de
toute ton âme.
47. Tu as choisi aujourd'hui le
Seigneur, afin qu'il soit ton Dieu,
afin que tu marches dans ses
voies, et que tu gardes ses céré-
monies, ses commandements et
ses ordonnances, et que tu obéis-
ses à son ordre ;
48. Etle Seigneur t'a choisi au-
jourd'hui, afin que tu sois son
peuple particulier, comme il t'a
dit, et que tu gardes tous ses pré-
ceptes,
19. Et qu'il t’'élève au-dessus de
toutes les nations qu'il a créées
pour sa louange, son nom et sa
gloire; afin que tu sois le peuple
saint du Seigneur ton Dieu, com-
me il a dit.
CHAPITRE XXVII.
Ordre de dresser un monument au delà
du Jourdain. Cérémonies qu'on devait
observer en prononcant les bénédic-
tions et les malédictions sur les monts
Garizim et Hébal.
1. Or Moise ordonna, et les an-
ciens d'Israël, disant au peuple :
Gardez tous les commandements
que je vous prescris aujourd'hui.
2. Et lorsque vous aurez passé
LE DEUTÉRONOME.
xxvi.) .אס]
du Jourdain dans la terre que le
Seigneur ton Dieu te donnera, tu
érigeras de grandes pierres, et tu
les enduiras de chaux,
3. Afin que tu puisses y écrire
toutes les paroles de cette loi, le
Jourdain passé, pour que tu en-
tres dans la terre que le Seigneur
ton Dieu te donnera, terre oü
coulent du lait et du miel, comme
il a juré à tes peres.
4. Quand donc vous aurez pas-
sé le Jourdain, érigez les pierres
que moi, je vous prescris aujour-
d'hui, surle mont Hébal, et tu les
enduiras de chaux ;
5. Et tu bátiras là un autel au
Seigneur ton Dieu, avec des pier-
res que le fer n'aura pas tou-
chées,
6. Des pierres informes et.non
polies ; et tu offriras sur cet autel
des holocaustes au Seigneur ton
Dieu.
7. Et tu immoleras des hosties
pacifiques, et tu mangeras là, et
tu feras des festins devant le Sei-
gneur ton Dieu.
8. Et tu écriras sur les pierres
toutes les paroles de cette loi
nettement et clairement.
9. Alors Moise et les prétres de
la race lévitique dirent à tout
Israël : Sois attentif, et écoute, ὃ
Israél: tu as été fait aujourd'hui
le peuple du Seigneur ton Dieu ;
10. Tu écouteras sa voix, et tu
pratiqueras les commandements
et les lois que moi, je te pres-
cris,
18. Supra, vir, 6. — παρ. XXVII. 4. Exode, xx, 25; Jos., vii, 31.
1. * Les chapitres xxvu-xxx renferment le troisième et dernier grand discours du
Deutéronome.
4. * Hébal, montagne en face du Garizim, au pied de laquelle était Sichem, au-
ourd'hui Naplouse,
[cu. xxvi.)
41. Or, Moise ordonna au peu-
ple, en ce jour-là, disant :
19. Ceux-ci se tiendront pour
bénir le peuple, sur le mont Ga-
rizim, le Jourdain passé : Siméon,
Lévi, Juda, Issachar, Joseph et
Benjamin. |
13. Et vis-à-vis, ceux-ci se tien-
dront pour maudire sur le mont
Hébal : Ruben, Gad, Aser, Zabu-
lon, Dan et Nephthali.
14. Etles Lévites prononceront,
et diront à tous les hommes d'Is-
raél, à haute voix :
15. Maudit l'homme qui fait
une image taillée au ciseau, et
une idole de fonte, l'abomination
du Seigneur, l'eeuvre des mains
des artisans, et qui la mettra
dans un lieu secret! et tout le
peuple répondra, et dira : Amen.
16. Maudit celui qui n'honore
point son père et sa mère ! et tout
le peuple dira : Amen.
11. Maudit celui qui déplace
les bornes de son prochain! et
tout le peuple dira : Amen.
18. Maudit celui qui fait égarer
un aveugle dans le chemin! et
tout le peuple dira : Amen.
19. Maudit celui qui pervertit le
jugement d'un étranger, d'un or-
phelin et d'une veuve! et tout le
peuple dira : Amen.
20. Maudit celui qui dort avec
la femme de son père, et dé-
couvre la couverture de son lit!
14. Dan., 1x, 11.
LE DEUTÉRONOME.
365
et tout le peuple dira : Amen.
21. Maudit celui qui dort avec
une béte quelconque! et tout le
peuple dira : Amen.
22. Maudit celui qui dort avec
sa sœur, fille de son père ou de
sa mere! et tout le peuple dira :
Amen.
23. Maudit celui qui dort avec
sa belle-mère! et tout le peuple
dira : Amen.
24. Maudit celui qui frappe en
secret son prochain! et tout le
peuple dira : Amen.
25. Maudit celui qui reçoit des
présents pour verser un sang in-
nocent! et tout le peuple dira :
Amen.
26. Maudit celui qui ne persé-
vere pas dans les paroles de cette
loi, et ne les accomplit point par
ses ceuvres ! et tout le peuple di-
ra : Amen.
CHAPITRE XXVIII.
Biens promis à ceux qui observeront la
loi du Seigneur. Maux dont seront pu-
nis ceux qui la violeront.
1. Mais si tu écoutes la voix du
Seigneur ton Dieu, en sorte que
tu pratiques et que tu gardes tous
ses commandements que moi, je
te prescris aujourd'hui, le Sei-
gneur ton Dieu t'élèvera au-
dessus de toutes les nations qui
sont sur la terre.
2. Et toutes ces bénédictions
12. * Garizim. Voir plus haut, xi, 29.
47. * Les bornes. Voir plus haut, xix, 14.
25. Pour verser un sang innocent. Littér. et par hébraisme :
Pour frapper lâme
d'un sang innocent. Nous avons déjà fait remarquer les différents sens du mot àme
dans l'Ecriture.
1. L'histoire atteste l'accomplissement des promesses et des menaces faites aux
Juifs dans ce chapitre.
366 LE DEUTÉRONOME.
viendront sur toi, et elles te sai-
siront, si cependant tu écoutes
ses préceptes.
3. Béni tu seras dans la ville et
béni dans la campagne ;
4. Béni sera le fruit de ton ven-
tre, le fruit de ta terre et le fruit
de tes bestiaux ; tes troupeaux de
gros bétail, et les pares de tes
brebis ;
5. Bénis tes greniers, bénie ta
surabondance.
6. Béni tu seras entrant et sor-
tant.
7. Le Seigneur fera que tes en-
nemis qui s'élèvent contre toi,
tomberont en ta présence : ils
viendront par une seule voie
contre toi, et c'est par sept qu'ils
s'enfuiront devant ta face.
8. Le Seigneur enverra la béné-
diction sur tes celliers et sur tou-
tes les ceuvres de tes mains, et il
te bénira dans 18 terre que tu au-
ras recue.
9. Il se suscitera en toi un peu-
ple saint, comme il t'a juré, si tu
gardes les commandements du
Seigneur ton Dieu, et si tu mar-
ches dans ses voies.
10. Et tous les peuples de la
terre verront que le nom du Sei-
gneur est invoqué sur toi, et ils
te craindront.
11. Le Seigneur te fera abonder
en tous biens, en fruit de ton sein,
en fruit de tes bestiaux, et en fruit
de la terre, que le Seigneur a juré
à tes pères qu'il te donnerait.
[cH. xxvir.]
12. Le Seigneur ouvrira son
excellent trésor, le ciel, pour
quil donne la pluie à ta terre
en son temps; et il bénira tou-
tes les œuvres de tes mains. Et
tu prêteras à un grand nombre
de nations, et toi-même tu ne re-
cevras de prêt de personne.
13. Le Seigneur t'établira la
téte, et non la queue; et tu seras
toujours au-dessus, et non au-
dessous, si cependant tu écoutes
les commandements du Seigneur
ton Dieu, que moi, je te prescris
aujourd'hui;si tu les gardes et
les pratiques,
14. Et si tu ne t'en détournes
ni à droite ni à gauche, et que tu
ne suives pas des dieux étran-
gers, el que tu ne les serves
point.
15. Que si tu ne veux point
écouter la voix du Seigneur ton
Dieu, afin de garder et de prati-
quer tous ses commandements
et toutes ses cérémonies, que
moi, je te prescris aujourd'hui,
toutes ces malédictions vien-
dront sur toi et te saisiront.
16. Maudit tu seras dans la
ville, maudit dans la campagne ;
17. Maudit ton grenier, et mau-
dite ta surabondance ;
18. Maudit le fruit de ton
ventre, et le fruit de ta terre, les
troupeaux de tes 200018 et les
troupeaux de tes brebis.
19. Maudit tu seras entrant, et
maudit sortant.
(παρ. XXVIII. 15. Lév., xxvi, 14; Lament., rr, 17; Bar., 1, 20; Mal., ri, 2.
6. Entrant et sortant. Dans la langue des Hébreux, entrer et sortir signifie ordi-
nairement l'ensemble de la conduite, toutes les actions de la vie.
10. Le nom du Seigneur, etc.; ou bien : Tu portes le nom du Seigneur; tu t'appelles
le peuple du Seigneur.
13. Tétablira la téte, etc. Locution proverbiale dont le sens se trouve expliqué par
les paroles suivantes.
[cH. xxvi.]
90. Le Seigneur enverra sur toi
la famine et la faim, et le blàme
sur toutes tes ceuvres, que tu fe-
ras, jusqu'à ce qu'il te brise et te
perde soudain, à cause de tes
inventions détestables, par les-
quelles tu m'auras abandonné.
21. Que le Seigneur ajoute
contre toi la peste, jusqu'à ce
qu'il t'ait entierement exterminé
de la terre dans laquelle tu
entreras pour la posséder.
99. Que le Seigneur te frappe
de l'indigence, de la fievre et du
froid, de la chaleur brülante, de
l'air corrompu, et de la nielle, et
qu'il te poursuive, jusqu'à ce que
tu 6718808 .
23. Que le ciel qui est au-des-
sus de toi, soit d'airain, et la
terre que tu foules, de fer.
24. Que le Seigneur donne
pour pluie à ta terre de la pous-
sière, et que du ciel descende
sur toi de la cendre, jusqu'à ce
que tu sois brisé.
25. Que le Seigneur fasse que
tu tombes devant tes ennemis;
que tu sortes par une seule voie
contre eux, et que ce soit par
sept que tu fuies, et que tu sois
dispersé dans tous les royaumes
de la terre;
26. Et que ton cadavre serve
de páture à tous les oiseaux du
ciel et aux bétes de la terre, et
quil n'y ait personne qui les
chasse.
21. Que le Seigneur te frappe
de l'ulcere de l'Egypte, et qu'il
frappe la partie du corps par la-
quelle sortent les excréments, de
LE DEUTÉRONOME. 367
la gale aussi bien que de la de-
mangeaison; en sorte que tu ne
puisses être guéri.
28. Que le Seigneur te frappe
de démence, d'aveuglement, et
de la fureur d'esprit,
29. Et que tu tâtonnes à midi,
comme à coutume de tâtonner
laveugle dans les ténèbres, et
que tu ne diriges point tes voies.
Qu'en tout temps, tu sois en
butte àla calomnie, que tu sois
opprimé par la violence, et
que tu n'aies personne qui te dé-
livre.
90. Que tu prennes une femme,
et qu'un autre dorme avec elle.
Que tu bátisses une maison, et
que tu n'habites point en elle.
Que tu plantes une vigne, et que
tu nela vendanges point.
31. Que ton bœuf soit immolé
devant toi, et quetu n'en manges
point. Que ton àne soit enlevé en
ta présence, et qu'il ne te soit
point rendu. Que tes brebis soient
données à tes ennemis, et qu'il
n'y ait personne qui te secoure.
82. Que tes fils et tes filles
soient livrés à un autre peuple,
tes yeuxle voyant,etse desséchant
tout le jour à leur aspect ; et qu'il
n'y ait point de force en ta main.
33. Qu'unpeuple que tu ignores
mange les fruits de ta terre et
tous tes travaux ; et que tu sois
toujours en butte à la calomnie,
et opprimé tous les jours,
34. Et interdit par la frayeur
des choses que verront tes yeux.
35. Que le Seigneur te frappe
d'un ulcere trés malin aux ge-
20. Tes inventions délestables; hébr. la malice de tes actions.
26. Aux bêtes de la terre, c'est-à-dire, aux bêtes sauvages.
21. De l’ulcère de l'Egypte. Compar. Exod., ix, 9.
368
noux et aux jambes; et que tu ne
puisses être guéri depuis la
plante du pied jusqu’au haut de
ta tête.
36. Le Seigneur t'emmènera,
toi et ton roi que tu auras établi
sur toi, dans une nation que tu
auras ignorée, toi et tes peres; et
tu serviras là des dieux étran-
gers, du bois et dela pierre.
87. Et tu seras perdu, deve-
nant le brocard et la fable de
tous les peuples chez lesquels
t'aura introduit le Seigneur.
38. Tu jetteras beaucoup de se-
mence dans la terre, et tu en re-
cueilleras peu, parce que les sau-
terelles dévoreront tout.
39. Tu planteras une vigne et
tu la laboureras ; mais tu ne boi-
ras pas de vin, et tu n'en recueil-
leras rien, parce qu'elle sera ra-
vagée par les vers.
40. Tu auras des oliviers dans
tous les confins, et tu ne t'oin-
dras pas d'huile, parce qu'ils cou-
leront et périront.
41. Tu engendreras des fils et
des filles, et tu n'en jouiras pas,
parce qu'ils seront emmenés en
captivité.
42. La rouille consumera tous
tes arbres et les fruits de ta terre.
43. L'étranger qui est avec toi
dans ta terre s'élévera au-dessus
de toi, et sera plus puissant;
mais toi, tu descendras et tu se-
ras au-dessous.
44. Lui, te prétera à usure, et
toi, tu ne lui préteras point. Lui
sera la téte, et toi, tu seras la
queue.
38. Mich., v1, 15; Aggée, r, 6.
-
LE DEUTERONOME.
[cH. xx vu]
45. Et toutes ces malédictions
viendront sur toi, elles te pour-
suivront et te saisiront, jusqu’à
ce que tu périsses, parce que tu
n'as pas écouté la voix du Sei-
gneur ton Dieu, ni observé ses
commandements et les cérémo-
nies qu'il t'a prescrites,
46. Et elles seront pour tou-
jours en toi et en ta postérité des
signes et des prodiges,
41. Parce que tu n'auras pas
servi le Seigneur ton Dieu dans
le contentement et la joie du
cœur, dans l'abondance de toutes
choses.
48. Tu serviras ton ennemi
que t'enverra le Seigneur, dans
la faim et la soif, dans la nudité
et une pénurie absolue; et il
mettra un joug de fer sur ton
cou, jusqu'à ce qu'il te brise.
49. Le Seigneur aménera sur
toi d'un pays lointain, des der-
nieres limites de la terre, une
nation semblable à l'aigle qui
vole avec impétuosité, et dont
tu ne puisses entendre la langue;
50. Une nation tres insolente,
qui n'ait point de déférence pour
un vieillard, ni de pitié pour un
enfant ;
51. Qui dévore le fruit de tes
bestiaux, et les fruits de ta terre,
jusqu'à ce que tu périsses ; qui
ne te laisse pas de blé, de vin ni
d'huile, de troupeaux de bœufs,
ni de troupeaux de brebis, jusqu'à
ce qu'il te détruise,
59. Et qu'il te brise dans toutes
tes villes, et que soient détruites
tes murailles fortes et élevées en
4^4. Lui sera la téte, etc. Compar. vers. 13.
[cH. xxvirr.]
lesquelles tu avais confiance dans
toute ta terre. Tu seras assiégé
au dedans de tes portes, dans
toute ta terre que te donnera le
Seigneur ton Dieu ;
53. Et tu mangeras le fruit de
ton sein, la chair de tes fils et de
tes filles que t'aura donnés le
Seigneur ton Dieu, à cause de la
détresse et de la ruine dont t'af-
fligera ton ennemi.
54. L'homme chez toi le plus
délicat etle plus voluptueux refu-
sera à son frère el à sa femme
qui repose sur son sein,
55. De leur donner de la chair
de ses fils dont 11 mangera, parce
qu'il n'aura rien autre chose pen-
dant le siege, et dans la pénurie
dont t'affligeront tes ennemis au
dedans de toutes tes portes.
56. La femme molle et délicate,
qui ne pouvait pas marcher sur
la terre, ni y poser la plante de
son pied, à cause de sa mollesse
et de sa délicatesse excessive, re-
fusera à son mari qui repose sur
son sein, la chair de son fils et de
sa fille,
91. Et l'amas des souillures qui
sortent de son sein, et les en-
fants qui sont nés à cette méme
heure; car ils les mangeront en
cachette, à cause de la pénurie
de toutes choses pendant le siege
et la dévastation dont t'affligera
ton ennemi au dedans de tes
portes.
98. Si tu ne gardes et ne prati-
ques toutes les paroles de cette
loi qui sont écrites dans ce livre,
etsi tu ne crains pas son nom
93. Lament,, 1v, 10; Baruch., 11, 2.
LE DEUTÉRONOME.
369
glorieux et terrible, c'est-à-dire le
Seigneur ton Dieu,
99. Le Seigneur augmentera
tes plaies, et les plaies de ta pos-
térité, plaies grandes et persévé-
rantes, infirmités très cruelles, et
perpétuelles,
60. Et il fera retourner sur toi
toutes les afflictions de l'Egypte,
que tu as redoutées, et elles s'at-
tacheront à toi ;
61. De plus, toutes les lan-
gueurs et les plaies qui ne sont
point écrites dans le livre de cette
loi, le Seigneur les amènera sur
toi, jusqu'à ce qu'il te brise ;
62. Et vous demeurerez en pe-
tit nombre, vous qui auparavant
étiez comme les astres du ciel par
votre multitude, parce que tu
n'auras pas écouté la voix du Sei-
gneur ton Dieu.
63. Et comme auparavant le
Seigneur s'était réjoui de vous,
vous faisant du bien, et vous
multipliant, ainsi il se réjouira,
vous perdant et vous détruisant,
afin que vcus soyez enlevés de la
terre dans laquelle tu entreras
pour la posséder.
64. Le Seigneur te dispersera
dans toutes les nations depuis
une extrémité de 18 terre jusqu'à
lautre extrémité; et tu serviras
là des dieux étrangers que tu au-
ras ignorés, toi et tes peres, du
bois et des pierres.
65. Parmi ces nations mémes
tu ne te reposeras pas, et il n'y
aura pas pour la plante de ton
pied oü se poser. Car le Seigneur
te donnera 18 un cœur tremblant,
————— —————— M Pa € À—— a X ue
95. Toutes tes portes; hébraisme, pour loutes tes villes.
AE:
370 LE DEUTÉRONOME.
des yeux languissants et une âme
consumée de douleur ;
66. Et ta vie sera comme en
suspens devant toi. Tu craindras
nuit et jour, et tu ne croiras pas
à ta vie.
67. Le matin, tu diras : Qui me
donnera le soir? et le soir : Qui
me donnera le matin? à cause de
l'effroi de ton cœur, dont tu seras
épouvanté, et à cause de ce que
tu verras de tes yeux.
68. Le Seigneur te ramènera
sur des vaisseaux en Egypte, par
la voie dont il t'a dit que tu ne la
reverrais jamais. Là, vous serez
vendus à vos ennemis comme
esclaves et comme servantes, et
il n'y aura personne qui vous
acnete.
CHAPITRE XXIX.
Alliance confirmée de nouveau entre
Dieu et Israél. Menaces contre les vio-
lateurs de cette alliance.
1. Voici les paroles de l'alliance
que le Seigneur ordonna à Moise
de faire avec les enfants d'Israël
dans la terre de Moab, outre l'au-
tre alliance qu'il fit avec eux à
Horeb.
2. Moïse donc appela toutlsraël
et leur dit : Vous, vous avez vu
tout ce qu'a fait le Seigneur de-
vant vous dans la terre d'Egypte,
à Pharaon, à tous ses serviteurs
et à toute sa terre,
3. Les grandes épreuves qu'ont
[cu. xxiX.]
vues vos yeux, ces signes et ces
prodiges considérables,
4. Et le Seigneur ne vous a pas
donné jusqu'au présent jour un
cœurintelligent,desyeux voyants
et des oreilles qui peuvent enten-
dre.
ὃ. H vous 8 conduits durant
quarante ans à travers le désert :
vos vêtements ne se sont pas
usés, etla chaussure de vos pieds
n'a pas été détruite de vétusté.
6. Vous n’avez pas mangé de
pain, vous n'avez pas bu de vin
et de cervoise, afin que vous sus-
siez que c'est moi qui suis le Sei-
eneur votre Dieu.
7. Et vous êtes venu en ce lieu,
et Séhon, roi d'Hésébon, est sorti,
ainsi que Og, roi de Basan, ve-
nant au-devant de nous pour le
combat. Et nous les avons battus,
8. Etnous avons pris leur terre,
el nous l'avons remise, pour la
posséder, à Ruben, à Gad et à la
demi-tribu de Manassé.
9. Gardez donc les paroles de
cette alliance, etaccomplissez-les,
afin que vous compreniez tout ce
que vous faites.
10. Vous étes tous aujourd'hui
devant le Seigneur votre Dieu,
vos princes, vos tribus, les an-
ciens et les docteurs, tout le peu-
ple d'Israél,
11. Vos enfants et vos femmes,
et l'étranger qui demeure avec
vous dans le camp, excepté ceux
(παρ. XXIX. 2. Exode, xix, 4. — 5. Supra, vir, 2. — 1. Supra, I, 4. — 8. Nomb.,
XI, 19; 7108., XXII LA
68. * Titus vendit beaucoup de Juifs en Egypte comme esclaves aprés la prise de
Jérusalem. Josèphe dit qu'il périt de faim douze mille Juifs, pendant qu'on faisait
le triage pour les vendre comme esclaves. On ne vendit que ceux qui étaient âgés de
moins de dix-sept ans.
1. * Hésébon. Voir plus haut Nombres, xxi, 25. — Basan. Voir Nombres, XXI, 33.
(cu. xxix.)
qui coupent le bois, et ceux qui
portent l'eau,
19. Afin que tu entres dans l'al-
liance du Seigneur ton Dieu, et
dans le serment que te fait au-
jourd'hui le Seigneur ton Dieu,
13. Afin qu'il se suscite en toi
un peuple, et que lui-méme soit
ton Dieu, comme il t'a dit, et
comme il a juré à tes peres,
Abraham, Isaac et Jacob.
14. Et ce n'est pas pour vous
seuls que moi, je fais cette allian-
ce et je confirme ces serments,
15. Mais c'est pour tous ceux
qui sont présents, et pour tous
ceux qui sont absents.
16. Car vous, vous savez de
quelle maniere nous avons ha-
bité dans la terre d'Egypte, et de
quelle manière nous avons passé
au milieu des nations, et qu’en
les traversant,
47. Vous avez vu leurs abomi-
nations et leurs ordures, c'est-à-
dire leurs idoles, du bois, de la
pierre, de l'argent et de lor,
qu'ils adoraient.
18. Que s'il y avait parmi vous
un homme ou une femme, une
famille ou une tribu dont le
cœur est aujourd'hui détourné
du Seigneur notre Dieu, en sorte
qu'il aille et qu'il serve les na-
tions, et qui soit parmi vous une
racine produisant du fiel et de
l'amertume ;
19. Et que quand il aura en-
tendu les paroles de ce serment,
il se flatte en lui-méme, disant :
La paix sera avec moi, et je
LE DEUTÉRONOME.
371
marcherai dans la perversité de
mon cœur : alors que la racine
bien abreuvée consume celle qui
a soif,
20. Et que le Seigneur ne lui
pardonne point; mais que sa fu-
reur et son zèle contre cet
homme jettent la fumée la plus
épaisse; que toutes les malé-
dictions qui sont écrites dans ce
livre s'arrétent sur lui; que le
Seigneur efface son nom de des-
sous le ciel.
21. Et qu'il l'extermine pour:
λ
x
L|
jamais de toutes les tribus d'Is- '
raél, selon les malédictions, qui
sont contenues dans le livre de
cette loi et de l'alliance.
22. Et la génération suivante et
les enfants qui naitront succes-
sivement, et les étrangers qui se-
ront venus de loin, voyant les
plaies de cette terre et les infir-
mités dont l'aura affligée le Sei-
gneur,
23. En la brülant par le soufre
et par l'ardeur du sel, de sorte
qu'elle ne soit plus semée, et
qu'elle ne pousse plus aucune
verdure, à l'exemple de la ruine
de Sodome et de Gomorrhe, d'A-
dama et de Séboim, que le Sei-
gneur renversa dans sa colere et
sa fureur,
24. Et toutes les nations di-
ront : Pourquoi le Seigneur a-t-il
fait ainsi à cette terre? qu'est-ce
que cette immense colère de sa
fureur?
25. Et on leur répondra : Parce
qu'ils ont abandonné l'alliance
23. Genèse, xix, 24. — 24. III Rois, 1x, 8; Jér., xxi, 8.
———————————
15. Pour lous ceux, etc.; c'est-à-dire pour tous ceux qui existent aujourd'hui, et
pour tous ceux qui viendront aprés nous.
23. ^ De Sodome. Voir la note sur Genèse, xur, 10,
372
du Seigneur, qu'il a faite avec
leurs peres, quand illes a retirés
de la terre d'Egypte;
96. Et qu'ils ont servi des dieux
étrangers, qu'ils les ont adorés,
des dieux qu'ils ne connaissaient
pas et auxquels ils n'apparte-
naient pas;
27. C'est pour cela que la fu-
reur du Seigneur s’est irritée
contre cette terre, afin qu'il ame-
nât sur elle toutes les malédic-
lions qui sont écrites dans ce
livre ;
28. Et il les a chassés de leur
terre dans sa colère, dans sa fu-
reur et dans sa plus grande indi-
gnation, etilles ἃ jetés dans une
terre étrangère, comme il est en-
tierement prouvé aujourd'hui.
29. Les choses cachées sont au
Seigneur notre Dieu, celles qui
sont manifestes, à nous et à nos
enfants à jamais, afin que nous
accomplissions toutes les paroles
de cette loi.
CHAPITRE XXX.
Les Juifs retourneront au Seigneur, et il
aura pitié d'eux. Les commandements
de Dieu ne sont pas impossibles. Les
biens et les maux proposés de sa part.
1. Lors donc que seront venues
sur toi toutes ces paroles, la bé-
nédiction ou la malédiction, que
j'ai exposées en ta présence, et
que conduit par le repentir de
(παρ. XXX. 5. II Machab., 1, 29.
LE DEUTÉRONOME.
(cu. xxx.!
ton cœur, parmi les nations, chez
lesquelles t'aura dispersé le Sei-
gneur ton Dieu,
2. Tu seras revenu à lui avec
tes enfants, et que tu obéiras à
ses ordres en tout ton cœur et en
toute ton àme, comme moi, je te
prescris aujourd'hui,
3. Le Seigneur ton Dieu rame-
nera tes captifs, il aura pitié de
toi, et il te rassemblera encore
du milieu de tous les peuples
chez lesquels il t'avait aupara-
vant dispersé.
4. Quand tu aurais été dispersé
jusqu'aux póles du ciel, le Sei-
gneur ton Dieu t'en retirera,
ὃ. Et il te prendra, et t'intro-
duira dans la terre qu'ont possé-
dée tes peres et tu en seras mai-
tre;et tebénissantilte rendra plus
nombreux que furent tes peres.
6. Le Seigneur ton Dieu circon-
cira ton cœur et le cœur de ta
postérité, afin que tu aimes le
Seigneur ton Dieu en tout ton
cœur et en toute ton âme, afin
que tu puisses vivre.
Ἴ. Mais toutes ces malédictions,
il les fera retourner sur tes enne-
mis et sur ceux qui te haissent et
te persécutent.
8. Pour toi, tu reviendras, et tu
écouteras la voix du Seigneur
ton Dieu, et tu pratiqueras tous
ses commandements que moi, je
te prescris aujourd'hui;
26. Auzquels ils n'appartenaient pas. Littér. : Auxquels is n'avaient pas été attri-
bués. Toutes les nations de la terre livrées à l’idolâtrie appartenaient naturellement
aux fausses divinités; mais le vrai Dieu, s'étant réservé Israël pour en faire son
peuple particulier, les Israélites n'appartenaient qu'à lui seul.
29. Ce verset, que la Vulgate a parfaitement traduit de l'hébreu, est diversement
interprété; le sens qui nous semble le plus naturel est que ces chátiments avaieut
666 jusque-là un secret caché en Dieu, et que Dieu le manifestait maintenant pour
?ngager plus puissamment les Israélites à l'observation de ses commandements.
(cu. xxx.]
.9. Et le Seigneur ton Dieu te
fera abonder en toutes les
œuvres de tes mains, en en-
fants de ton sein, en fruit de tes
bestiaux, en fécondité de ta terre
et en dons de toutes choses. Car
le Seigneur reviendra pour se
complaire en toi, en te com-
blant de tous les biens, comme
il s'est complu dans tes pères;
10. Si cependant tu écoutes la
voix du Seigneur ton Dieu, que
tu gardes ses préceptes et ses cé-
rémonies qui sont écrites dans
cette loi, et que tu reviennes au
Seigneur ton Dieu en tout ton
cœur et en toute ton âme.
11. Ce commandement que
moi, je te prescris aujourd'hui,
n'est pas au-dessus de toi, ni
éloigné ;
19. Ni placé dans le ciel, en
sorte que tu puisses dire : Qui
de nous peut monterau ciel, pour
nous l'apporter, et pour que nous
l'entendions et l'accomplissions
par nos œuvres ?
18. Il n’a pas été posé non plus
au-delà de la mer, pour que tu
trouves un prétexte et que tu
dises : Qui de nous pourra passer
la mer, et lapporter jusqu'à
nous,afin quenouspuissions l'en-
tendre, et faire ce qui est or-
donné?
14. Mais ce commandement est
tout près de toi, dans ta bouche
et dans ton cœur, pour que tu le
pratiques.
12. Rom., x, 6.
LE DEUTÉRONOME. 313
15. Considere que j'ai proposé
aujourd'hui en ta présence la vie
et le bien, et d'un autre côté la
mort et le mal,
16. Afin que tu aimes le Sei-
gneur ton Dieu, que tu marches
dans ses voies, que tu gardes ses
commandements, ses cérémonies
et ses ordonnances; et que tu
vives, et qu'il te multiplie et qu'il]
te bénisse dans la terre dans la. !
quelle tu entreras pour la possé-
der.
11. Mais si ton cœur se détour-
ne, si tu ne veux pas écouter, et
que, séduit par l'erreur, tu ado-
res des dieux étrangers, et tu les
serves,
18. Je te prédis aujourd'hui que
tu périras, et que tu demeureras
peu de temps dans la terre, dans
laquelle, le Jourdain passé, tu en-
treras pour la posséder.
19. J'invoque à témoin au-
jourd'hui le ciel et la terre, que
je vous ai proposé la vie et la
mort, la bénédiction et la malé-
diction. Choisis donc la vie, afin
que tu vives, et toi et ta posté-
rité,
20. Que tu aimes le Seigneur
ton Dieu, que tu obéisses à sa
voix et que tu t'attaches à lui (car
c'est lui-méme qui est ta vie et la
longueur de tes jours), afin que
tu habites dans la terre au sujet
de laquelle le Seigneur a juré à
tes pères, Abraham, Isaac et Ja-
cob qu'il la leur donnerait.
9. En dons de toutes choses. Littér.: Et en largesse de toutes choses; c'est-à-dire en
le comblant de toute sorte de biens.
15. Le bien, le mal; c'est-à-dire les biens, les avantages, les maux, les malheurs.
374
CHAPITRE XXXI.
Moïse nomme Josué pour son succes-
seur. ll ordonne qu'on lise la loi au
peuple tous les sept ans. Dieu lui an-
nonce sa mort prochaine, et lui ordonne
de composer un cantique.
1. Moise alla donc, et il adressa
toutes ces paroles à tout Israél,
2. Et il leur dit : J'ai cent vingt
ans aujourd'hui, je ne peux plus
sortir et entrer, surtout après que
le Seigneur m'a dit: Tu ne passe-
ras point ce Jourdain.
3. Le Seigneur donc ton Dieu
passera devant toi; lui-même dé-
truira toutes ces nations en 8
présence, et tu les posséderas :
et ce Josué passera devant toi,
comme a dit le Seigneur.
4. Et le Seigneur leur fera com-
me il a fait à Séhon et à Og, rois
des Amorrhéens et à leur terre,
et il les détruira.
5. Lors donc qu'il vous les aura
aussi livrés, vous leur ferez pa-
reillement, ainsi que je vous ai
ordonné :
6. Agissez courageusement et
fortifiez-vous ; ne craignez point,
et ne tremblez pas à leur aspect,
parce que le Seigneur lui-méme
est ton guide, et il ne te laissera
point, et il ne l'abandonnera
point.
| 7. Et Moïse appela Josué, et lui
dit devant tout Israél : Fortifie-
toi et sois courageux; car c'est
toi qui introduiras ce peuple dans
la terre que le Seigneur a juré à
ses peres de lui donner, et c'est
toi qui la partageras au sort.
LE DEUTÉRONOME.
[cu. xxxi.
8. Et le Seigneur qui est votre
guide, sera lui-méme avec toi ;
il ne te laissera point, et il ne t'a-
bandonnera point : ne crains pas
et ne tremble pas.
9. C'est pourquoi Moise écrivit
cette loi, et la remit aux prétres,
enfants de Lévi, qui portaient
l'arche de l'alliance du Seigneur,
et à tous les anciens d'Israél.
10. Et il leur ordonna, disant :
Après sept ans, à l’année de la
rémission, à la solennité des ta-
bernacles,
11. Tous ceux d'Israël venant
ensemble pour paraître en la pré-
sence du Seigneur ton Dieu, au
lieu qu'aura choisi le Seigneur,
tu liras les paroles de cette loi
devant tout Israél, qui écoutera,
12. Et tout le peuple étant as-
semblé, tant les hommes que les
femmes, les petits enfants et les
étrangers qui sont au dedans de
tes portes, afin que les écoutant,
ils les apprennent, et qu'ils crai-
gnent le Seigneur votre Dieu, et
qu'ils gardent et accomplissent
toutes les paroles de cette loi.
43. Et que leurs enfants aussi
qui maintenant les ignorent,
puissent les entendre, et qu'ils
craignent le Seigneur leur Dieu,
durant tous les jours qu'ils de-
meureront dans la terre, vers la-
quelle vous-mêmes vous allez
pour vous en emparer, le Jour-
dain une fois passé.
14. Alors le Seigneur dit à
Moïse : Voilà qu'approchent les
jours de ta mort ; appelle Josué,
et tenez-vous dans le tabernacle
παρ. XXXI. 2. Nomb., xxvir, 13; Supra, ir, 27. — 4. Nomb., xxt, 24, — 5. Supra,
vii, 2. — 7. Jos., 1, 6; III Rois, 11, 2.
2. Entrer et sortir, à votre tête, c'est-à-dire vous conduire.
]68. xxxi.)
de témoignage, afin que je lui
donne mes ordres. Moise et Jo-
sué allèrent donc, et ils se tin-
rent dans le tabernacle de té-
moignage ;
15. Et le Seigneur y apparut
dans une colonne de nuée qui
s'arréta à l'entrée du tabernacle.
16. Le Seigneur dit alors à
Moise : Voilà que toi, tu dormi-
ras avec tes pères, et ce peuple,
se levant, forniquera avec des
dieux étrangers dans la terre dans
laquelle il va entrer pour y habi-
ter : là, il m'abandonnera, et il
rendra vaine mon alliance, l'al-
liance que j'ai faite avec lui.
17. Et ma fureur s'irritera con-
tre lui en ce jour-là; et je l'aban-
donnerai et je lui cacherai ma
face, et il sera dévoré : Tous les
maux et toutes les afflictions l’en-
vahiront, de sorte qu'il dira en ce
jour-là : vraiment, c'est parce
que Dieu n'est pas avec moi, que
ces maux m'ont envahi.
18. Mais moi je cacherai, je cé-
lerai ma face en ce jour-là, à
cause de tousles maux qu'il aura
faits, parce qu'il aura suivi des
dieux étrangers.
19. Maintenant donc écrivez
pour vouscecantique etapprenez-
leaux enfants d'Israél, afin qu'ils
le retiennent de mémoire, qu'ils
le chantent de leur bouche, et
que ce chant me soit un témoi-
gnage parmi les enfants d'Israël.
20. Car je l'introduirai dans la
terre au sujet de laquelle j'ai juré
à ses pères, et où coulent du lait
LE DEUTÉRONOME. 315
et du miel. Et lorsqu'ils auront
mangé, et qu'ils seront rassasiés
et engraissés, ils se tourneront
vers des dieux étrangers et les
serviront; ils parleront contre
moi et rendront vaine mon al-
liance.
21. Aprés qu'une foulede maux
et d'afflictions l’auront envahi,
ce cantique lui répondra comme
un témoignage qu'aucun oubli
n'effacera de 18 bouche de sa pos-
161116. Car je sais ses pensées, ce
qu'il doit faire aujourd'hui, avant
que je l'introduise dans la terre
que je lui ai promise.
22. Moise écrivit donc le canti-
que, et il l'apprit aux enfants
d'Israël.
23. Or le Seigneur ordonna à
Josué, fils de Nun, et il lui dit :
Prends courage et sois fort; car
c'est toi qui introduiras les en-
fants d'Israël dans la terre que j'ai
promise, et moi, je serai avec
toi.
24. Après donc que Moïse eut
écrit les paroles de cette loi dans
un livre, et qu'il eut achevé,
25. Il ordonna aux Lévites qui
portaient l'arche de l'alliance du
Seigneur, disant :
26. Prenez celivre, et placez-le
à côté de l'arche de l'alliance du
Seigneur votre Dieu, afin qu'il y
soit un témoignage contre toi.
27. Car moi, je connais ton
obstination et ton cou très roide.
Moi vivant encore, et marchant
avec vous, vous avez toujours
agi opiniátrément contre le Sei-
——————————————— — —— Hà
20. Je l'introduirai. Le singulier Le désigne le peuple d'Israél, nom collectif; voilà
pourquoi Moise emploie le pluriel immédiatement aprés.
table,
21. D'un cou trés roide; qui supporte trés difficilement le joug, tout à fait indomp-
376
gneur; combien plus lorsque je
serai mort?
98. Assemblez auprès de moi
tous les anciens selon vos tribus
et vos docteurs, et je leur ferai
entendre ces paroles, et j'invo-
querai contre eux le ciel et la
terre.
99. Car je sais qu'aprés ma
mort vous agirez avec iniquité,
et que vous vous détournerez
bien vite de la voie que je vous
ai prescrite : et que les maux
viendront au-devant de vous dans
les derniers temps, quand vous
aurez fait le mal en la présence
du Seigneur, de manière à l'irri-
ter par les œuvres de vos mains.
30. Moïse prononca donc les
paroles de ce cantique, l’assem-
blée entière d'Israël écoutant, et
il le récita jusqu'à la fin.
CHAPITRE XXXII.
Dernier cantique de Moïse. Il monte sur
la montagne d'Abarim et considère la
terre de Chanaan.
4. Entendez, ὃ ciéux, ce que je
dis ; que la terre entende les pa-
roles de ma bouche.
Car. XXXII. 7. Job, vir, 8.
LE DEUTÉRONOME.
]68. xxxi]
2. Que ma doctrine croisse
comme la pluie, que ma parole
se répande comme la rosée,
comme la pluie sur l'herbe, et
comme les gouttes d'eau sur le
gazon.
3. Parce que j'invoquerai le
nom du Seigneur; rendez gloire
à notre Dieu.
4. Les ceuvres de Dieu sont par-
faites, et toutes ses voies sont
justes : Dieu est fidele, et sans
aucune iniquité ; il est juste et
droit.
5. 115 ont péché contre lui ; ain-
si, ils n'étaient pas ses fils au mi-
lieu de leurs souillures : généra-
tion dépravée et perverse.
6. Est-ce là ce que tu rends au
Seigneur, peuple fou et insensé ?
N'est-ce pas lui qui est ton père,
qui t'a possédé, qui t'a fait et qui
ἰ᾽ἃ EOM
7. Souviens-toi des jours an-
ciens, pense à chacune des géné-
ralions ; interroge ton père, et il
te le racontera; tes ancétres, et
ils te le diront.
8. Quand le Très-Haut divisait
les nations, quand il séparait les
1. * « Nous ne sommes pas ici en présence d'un peuple de pasteurs, ou d'idées de
pasteurs sur Dieu et l'ensemble de la vie. Nous avons affaire à un homme né et
élevé en Egypte, dont l'Arabie est la seconde patrie, la scéne de ses actions, de ses
voyages, de ses miracles. L'esprit de sa poésie y prend sa forme et ses images. Le
désert de l'Arabie donne partout le ton : Dieu est un rocher, un feu qui brüle et qui
consume; il aiguise le tranchant de son épée; il décoche ses fléches altérées de sang;
les messagers de sa colére sont des serpents, etc. La poésie de Moise est forte, pri-
mitive, simple, comme sa vie et son caractère. Son esprit est tout différent de celui
de Job, de David et de Salomon; l'àme énergique et zélée de Moise se révéle dans
ce dernier chant. Les plus riantes et les plus poétiques images des Psaumes et des
prophètes dérivent spécialement de ce chant de Moïse, qui est comme la prophétie
primitive, le type et la règle de toutes les prophéties. » (HERDER). — « L'Eeriture
surpasse tous (les auteurs Grecs et Romains) infiniment en naiveté, en vivacité, en
grandeur. Jamais Homére méme n'a approché de la sublimité de Moise dans ses
cantiques, particulièrement le dernier. » (FÉNELON).
4. Justes; littér. jugements. Le mot hébreu traduit par judicia dans la Vulgate,
signifie ce qui est juste, équitable.
[(Η. xxxir.]
enfants d'Adam, il établit les li-
mites des peuples selon le nom-
bre des fils d'Israél.
9. Mais la part du Seigneur fut
son peuple; Jacob, la corde de
son héritage.
10. Le Seigneur le trouva dans
une terre déserte, dans un lieu
d'horreur et d'une vaste solitude,
ille conduisit par divers chemins,
et il l'instruisit, et il le garda
comme la prunelle de son ceil.
11. Comme un aigle qui pro-
voque ses petits à voler, et vol-
tige sur eux, il a étendu ses ai-
les, l'a pris et l'a porté sur ses
épaules.
19. Le Seigneur seul fut son
guide; et il n'y avait point avec
lui de dieu étranger.
13. Il l'a établi sur une terre
élevée, afin quil mangeàt les
fruits des champs, afin qu'il sa-
vourát le miel de la pierre, et
l'huile du rocher le plus dur ;
14. Le beurre du troupeau de
gros bétail, le lait des brebis avec
la graisse des agneaux et des bé-
liers fils de Bazan; les boucs avec
18 moelle du froment ; et afin qu'il
büt le sang du raisin le plus pur.
15. Le bien-aimé s'appesantit
et se révolta; appesanti, engrais-
sé, grossi, il a abandonné Dieu,
son créateur, et il s'est 6101616 de
Dieu son salut.
16. 118 l'ont provoqué par des
Of Gr xv, 14 תי
LE DEUTÉRONOME.
371
dieux étrangers, et par des abo-
minations ils l'ont poussé au
courroux.
47. Ils ont sacrifié aux démons,
et non à Dieu, à des dieux qu'ils
ignoraient ; il est venu des dieux
nouveaux, d'un jour, que n'ont
pas adorés leurs pères.
18. Le Dieu qui t'a engendré,
tu l'as abandonné, et tu as oublié
le Seigneur ton créateur.
19. Le Seigneur a vu, et il a été
poussé à la colere, parce que ses
fils et ses filles l'ont provoqué.
90. Et il a dit : Je leur cacherai
ma face, et je considérerai leur
fin; car c'est une génération per-
verse et des enfants infideles.
91. Ce sont eux qui m'ont pro-
voqué par ce qui n'est pas Dieu
et qui m'ont irrité par leurs vani-
tés : et moi je les provoquerai
par ce qui n'est pas un peuple, et
je les irriterai par une nation in-
sensée.
22. Un feu s'est allumé dans
ma fureur, et il brülera jusqu'aux
extrémités de l'enfer; il dévorera
la terre avec sa végétation, et il
brülera entierement les fonde-
ments des montagnes.
93. J'assemblerai sur eux les
maux, et j'épuiserai mes fleches
sur eux.
24. 115 seront consumés par la
famine et les oiseaux les dévore-
ront avec les morsures les plus
9. En Egypte, on se servait de cordes pour mesurer les longueurs considérables.
14. Le beurre, etc.; le beurre ou la créme faite avec du lait de vache. — Fils de
Basan; c'est-à-dire qui étaient de Basan, pays très abondant en gras pâturages. —
Lu moelle du froment pour la fleur du froment.
15. Le mot hébreu que la Vulgate a rendu par bien aimé (dilectus) est un nom
propre symbolique qui s'applique au peuple d'Israël, et dont la racine signifie étre
droit, juste.
21. Par leurs vanités. Cest le nom que l'Ecriture donne aux faux dieux des paiens,
978 LE DEUTÉRONOME,
cruelles: j'enverrai contre eux les
dents des bétes féroces, avec la
fureur de celles qui se trainent
sur la terre, et qui rampent.
25. Au dehors, le glaive les ra-
vagera, etau dedans, l'épouvante;
ils ravageront le jeune homme
en méme temps que la vierge,
l'enfant qui tete avec le vieillard.
26. J'ai dit : Où sont-ils? je fe-
ral cesser leur mémoire du milieu
des hommes.
27. Mais à cause de la colère
des ennemis j'ai différé, de peur
que leurs ennemis ne s'énorgueil-
lissent, et ne disent : C'est notre
main élevée, et non le Seigneur,
qui a fait toutes ces choses.
28. C'est une nation sans con-
seil et sans prudence.
29. Ah! que n'ont-ils de la sa-
gesse! que ne comprennent-ils!
que ne prévoient-ils la fin!
30. Comment un seul en pour-
suit-il mille, et deux en font-
ils fuir dix mille? n'est-ce point
parce que leur Dieu les a vendus
et que le Seigneur les a enfer-
més?
31. Car notre dieu n'est pas
comme leurs dieux, nos ennemis
mémes en sont juges.
39. C'est de la vigne de Sodome
[cu. xxxi.]
qu'est leur vigne, et des fau-
bourgs de Gomorrhe; leur raisin
est un raisin de fiel, et leurs
grappes sont très ameres.
33. C'est un fiel de dragons que
leur vin, et un venin d'aspics in-
curable.
84. Tout cela n'est-il pas ren-
fermé en moi, et scellé dans mes
trésors?
35. À moi est la vengeance, et
c'est moi qui ferai la rétribution
en son temps, afin que leur pied
chancelle : le jour de leur perte
est prés, et les temps se hátent
d'arriver
90. Le Seigneur jugera son
peuple, et il aura pitié de ses ser-
viteurs : il verra que leur main
est affaiblie, que ceux mémes qui
étaient renfermés ont 06181111. et
que ceux qui étaient restés ont
été consumés.
37. Et il dira : Où sont leurs
dieux en qui ils avaient confiance?
38. Ils mangeaient les graisses
de leurs victimes , et buvaient le
vin de leurs libations : qu'ils se
lèvent, qu'ils vous secourent, et
que dans votre détresse il vous
protegent.
39. Voyez que moi je suis seul,
et qu'il n'y a point d'autre Dieu
29. Jér., 1x, 12. — 35. Eccli., xxvi, 1; Rom., xir, 19; Hébr., x, 30. — 36. II Mach.,
vir, 6. — 37. Jér., 11, 28. — 39. I Rois, i, 6; Tobie, xm, 2; Sag., xvi, 13; Job, x, 7;
Sag., xvi, 45.
30. Les a enfermés, dans les mains de leurs ennemis,
32. * De Sodome. Voir la note sur Genèse, xim, 10.
36. Qui étaient renfermés, dans leurs forteresses, selon les uns, dans les prisons,
selon les autres, ou bien, selon d'autres encore dans leurs maisons; c'est-à-dire ceux
qui n'avaient pas pris part à la guerre. — Ceux qui étaient restés; c'est-à-dire ceux
qui avaient pris d'abord la fuite, et qui étaient revenus et s'étaient rendus à l'ennemi.
On donne encore à cette expression plusieurs autres sens, mais celle-ci parait plus
conforme à la Vulgate.
39. Dans la Vulgate, les verbes sont au futur, comme ils y sont dans le texte
original; mais en vertu d'un hébraisme, ils expriment le présent, ou plutót un temps
indéterminé,
[cH. ΧΧΧΊΙ.]
que moi; moi je tue, et moi je
fais vivre ; moi je frappe, et moi
je guéris, et il n'y a personne qui
puisse rien arracher de ma main.
40. Je lèverai au ciel ma main,
et je dirai:Je vis, moi, éternelle-
ment.
M. Si jaiguise mon glaive
comme la foudre, et que ma main
saisisse un jugement, j'exercerai
ma vengeance sur mes ennemis,
etàceux qui me haissent je ferai
la rétribution.
49. J'enivrerai mes flèches de
sang, et mon glaive dévorera
des chairs, à cause du sang de
ceux qui ont été tués, et à cause
de la captivité des ennemis à la
téte nue.
43. Nations, louez son peuple,
parce qu'il vengerale sang de ses
serviteurs, qu'il exercera sa ven-
geance sur leurs ennemis, et qu'il
sera propice à la terre de son
peuple.
44. Moise vint donc, et il récita
toutes les paroles de ce cantique
aux oreilles du peuple, lui et Jo-
sué, fils de Nun.
LE DEUTÉRONOME. 379
45. Et il acheva tous ses dis-
cours, parlant à tout Israél ;
46. Et il leur dit : Appliquez
vos cœurs à toutes les paroles
que moi je vous certifie aujour-
d'hui, afin que vous enjoigniez à
vos fils de les garder et de les
pratiquer, et d'accomplir toutes
les choses qui sont écrites dans
cette loi,
47. Parce que ce n'est pas en
vain qu'elles vous ont été pres-
crites, mais afin que chacun de
vous vive par elles, et que les
pratiquant, vous demeuriez long-
temps dans la terre dans laquelle,
le Jourdain passé, vous allez en-
trer pour la posséder.
48. Or, le Seigneur parla à
Moise, le méme jour, disant :
49. Monte sur cette montagne
d'Abarim, c'est-à-dire des passa-
ges, sur la montagne de Nébo qui
est dans la terre de Moab contre
Jéricho ; et vois la terre de Cha-
naan que je livrerai moi-méme
aux enfants d'Israél pour l'occu-
per, et meurs sur la montagne.
90. Et, l'ayant montée, tu seras
43. II Mach., vir, 6. — 50. Nomb., xx, 26; xxvi, 13.
——————————— M M ——— € —À—— i À—À € —|Ü
40. Je vis, etc. Formule de serment qui n'est propre qu'à Dieu seul. Dieu jure
par lui-même, parce que, comme le remarque saint Paul (Hébr., vi, 13), il n'y a
aucun étre plus graud que lui par lequel il puisse jurer.
41. Si j'aiguise mon glaive comme la foudre; c'est-à-dire si je le rends pénétrant
comme la foudre, si je lui donne le brillant, l'éclat éblouissant de l'éclair.
42. Ce verset est aussi obscur dans le texte hébreu que dans la Vulgate, l'expli-
cation qu'en donne Ménochius nous a paru la plus simple et la plus naturelle : Je
punirai les nations, parce qu'elles ont versé le sang des lsraélites, en les tuant,
parce qu'elles les ont emmenés en captivité, et parce qu'elles ont rasé la téte à ces
mêmes Israélites, leurs ennemis, comme on la rase aux esclaves. Dans ces temps
anciens, en effet, c'était la coutume de raser la tête aux captifs en signe d'escla-
vage.
49. Le mot hébreu Abarim est un pluriel; c'est pourquoi la Vulgate elle-même
dit, Nombres, xxxut, 417, 48, les montagnes d' Abarim. Nébo était une des montagnes
qui formaient la chaine des monts Abarim. — * « On ne distingue pas un sommet,
pas la moindre cime » dans cette chaine, dit Chateaubriand. Cependant, d'après la
description générale, le mont Nébo devait être situé près de l'embouchure du Jour-
dain. — Contre Jéricho. Voir la note sur Josué, vi, 4.
380
réuni à tes peuples, comme est
mort Aaron ton frere sur la mon-
tagne de Hor, et il a été réuni à
ses peuples,
51. Parce que vous avez préva-
riqué contre moi aux Eaux de
contradiction, à Cades du désert
de Sin; et que vous ne m'avez
pas sanctifié parmi les enfants
d'Israël.
52. Vis-à-vis, tu verras la terre
(et tu n'y entreras pas) que je
donnerai moi-méme aux enfants
d'Israél.
CHAPITRE XXXIII.
Moise bénit les douze tribus et prédit ce
LE DEUTÉRONOME.
[cH. xxxi.)
enfants d'Israël avant sa mort.
2. Il dit donc : Le Seigneur est
venu de Sinai, et il s'est levé pour
nous de Séir; il a apparu de la
montagne de Pharan, et avec lui
des milliers de saints. En samain
droite était une loi de feu.
3. Π ἃ aimé des peuples ; tous
les saints sont dans sa main ; et
ceux qui s'approchent de ses
pieds recevront de sa doctrine.
4. Moise nousa prescrit une loi,
héritage de la multitude de Jacob.
9. Il sera roi chezle peuple très
juste, les princes du peuple étant
assemblés avec les tribus d'Is-
raël.
qui dai CERN ror. 6. Que Ruben vive, et qu'il ne
meure pas, mais qu'il soit en pe-
tit nombre.
1. Voici la bénédiction dont
Moise, homme de Dieu, bénit les
51. Nomb., xx, 19; xxvii, 14. — βαρ. XXXIII. 3. Sag., ri, 1; v, 5.
51. Vous ne m'avez pas sanclifié. Voy. Nombres, xx, 12. — * A Cadès du désert de
Sin. Voir Nombres, xx, 1.
1. On s'accorde assez généralement à regarder ce chapitre et le suivant comme
appartenant au livre de Josué. Autrefois, les livres saints étaient ordinairement sans
titres et sans sommaires; ils se suivaient sans aucune division par sections. Cepen-
dant les bénédictions contenues dans ce xxxrue chap. sont incontestablement l'œuvre
de Moise.
2. Le mont Séir était en Idumée, et celui de Pharan dans une région du pays des
Ismaélites, à laquelle il donnait son nom. Pour expliquer la difficulté que semble
offrir ce passage, il suffit de remarquer que Moise nomme les trois montagnes de
Sinai, de Séir et de Pharan, non point par rapport à leur situation, car Pharan est
plus prés de Sinai que Séir, quand on vient d'Egypte; mais relativement à la route
que les Israélites firent avant d'entrer sur les confins du pays de Chanaan. Remar-
quons encore que Moise a pu réunir ces trois lieux, parce qu'ils furent illustrés tous
les trois par les merveilles que Dieu y opéra.
3. Le mot peuples doit s'entendre ici, comme on l'entend en bien d'autres passages,
d'une collection, d'une réunion nombreuse d'individus. Nous dirons donc avec les
meilleurs interprétes, que Moise veut exprimer ici les douze tribus, les Israélites. —
Dans sa main; c'est-à-dire sous sa garde, sous sa protection toute particuliére. —
Ceux qui s'approchent de ses pieds, ses disciples, qui viennent recevoir ses instruc-
tions. Anciennement, comme aujourd'hui encore dans plusieurs pays de l'Orient,
les écoliers étaient assis aux pieds de leurs maîtres. Compar. Act., xxii, 3. Cependant
cette locution pourrait signifier ceux qui lui sont soumis, comme porte la version
grecque.
5. Il sera roi; Yhébreu porte et il fut roi; ce que la plupart des interprètes juifs
et chrétiens entendent de Moise, qui, sans porter le nom de roi, en eut toute l'au-
torité et toutes les prérogatives. D'ailleurs le terme traduit dans la Vulgate par roi,
signifie aussi gouverneur, chef, qui commande. Plusieurs traduisent : Elle (la loi) sera
voi, tiendra lieu de roi; mais le texte original s'oppose à cette interprétation. —
Chez le peuple très juste. Voy. xxxli, 45.
]68. xxxum.]
7. Voici la bénédiction de Juda:
Ecoutez, Seigneur, la voix de Ju-
da et introduisez-le auprès de son
peuple; ses mains combattront
pour lui, et il sera son aide con-
ire ses adversaires.
8. A Lévi aussi il dit : Seigneur,
votre perfection et votre doctrine
sont à l'homme, votre saint, que
vous avez éprouvé par une ten-
tation, et jugé aux Eaux de con-
tradiction ;
9. Qui a dit à son pere et à sa
mere : Je ne vous connais pas; et
à ses freres : Je ne sais qui vous
étes; et ils n'ont pas connu leurs
enfants. Ceux-là ont gardé votre
parole, et ont observé votre al-
liance,
10. Vos ordonnances, ὃ Jacob!
et votre loi, à Israël. Ils offriront
de l'encens dans votre fureur, et
un holocauste sur votre autel.
11. Bénissez, Seigneur, sa force,
et recevez les œuvres de ses
mains. Frappez le dos de ses en-
nemis, et que ceux qui le haissent
ne se relèvent point.
19. Et à Benjamin il dit : Le
16. Exode, 111, 2.
LE DEUTÉRONOME,
381
bien-aimé du Seigneur habitera
avec confiance en lui; il demeu-
rera toutle jour comme dans une
chambre nuptiale, et il se repose-
ra entre ses bras.
43. A Joseph aussi il dit : Que
la terre de Joseph soit remplie de
la bénédiction du Seigneur, des
fruits du ciel, de la rosée, et de
l'abime qui est en bas ;
14. De toutes les sortes de fruits
que mürissent 16 soleil et la lune ;
15. Des fruits du sommet des
montagnes antiques et de ceux
des collines éternelles,
16. De tous les grains de la
terre et de son abondance. Que
la bénédiction de celui qui a ap-
paru dans un buisson vienne sur
la téte de Joseph, et sur la téte
de celui qui est nazaréen entre
ses freres.
11. Sa beauté est comme celle
du premier-né d'un taureau; les
cornes du rhinocéros sont ses
cornes; avec elles il fera sauter
en lair des nations jusqu'aux
extrémités de la terre. Telle se-
ront les troupes nombreuses d'E-
8. Votre perfection et votre doctrine. Compar. Exode, xxvur, 30. — A l'homme, etc. ;
c'est-à-dire à Aaron. — Que vous avez éprouvé, etc. L'hébreu porte : Que vous avez
éprouvé par épreuve, ou en l’éprouvant; genre de pléonasme qu'on rencontre à
chaque page de la Bible. — Eauz de contradiction. Voy. Nombres, xx, 13. |
9. Iis n'ont pas connu leurs enfants; ils n'ont pas été touchés de compassion pour
eux, lorsqu'il s’est agi de venger l'outrage fait au Seigneur. (Exode, xxxit, 27, 28.)
10. Vos ordonnances, etc. Ces mots forment évidemment un des compléments du
verbe ont observé du verset précédent, et sont en apposition avec parole et alliance
du méme verset 9; d'où le sens est : Ceux-là ont gardé votre parole, et ont observé
votre alliance, qui ne sont autre chose que vos ordonnances, ó Jacob, et votre loi,
6 Israel. Quelques traducteurs, abandonnant la Vulgate, ont rendu conformément
à l'hébreu: J/s ont enseigné vos ordonnances à Jacob et votre loi à Israël.
11. * Les cornes du rhinocérossontses cornes. Les montagnes d'Ephraim, héritage des
enfants de Joseph, leur donnèrent la force prédite par Moïse. Juda devait garder le sud,
cemme un lion caché dans sa forteresse de Sion; Ephraim, son rival, devait défendre
le nord, semblable au taureau et au rhinocéros (ou plutót au bufle), moins belliqueux
mais non moins puissant. Les chemins de communication entre le nord et le sud de
la Palestine par la plaine d'Esdrelon, passaient par les défilés appartenant à Manassé,
382
phraim, et tels les milliers de
Manassé,
48. Et à Zabulon il dit : Réjouis-
toi, Zabulon, dans ta sortie, et,
Issachar, dans tes tabernacles.
19. 115 appelleront des peuples
sur la montagne ; là, ils immole-
ront des victimes de justice. Ils
suceront comme le lait les eaux
débordantes de la mer, et les tré-
sors cachés dans les sables.
90. Et à Gad il dit : Béni Gad
dans son étendue ! il s'est reposé
comme un lion, puis il a saisi un
bras et une téte.
91. Et il a vu sa primauté, qui
est que dans son partage était
placé un docteur : et il a été avec
les princes d'un peuple, et il a
exécuté les justices du Seigneur
et son jugement avec Israël.
22. A Dan aussi il dit : Dan est
le petit d'un lion, il se répandra
de Basan au loin.
93. Et à Nephtali il dit : Nephtali
jouira de l'abondance etil sera
rempli des bénédictions du Sei-
gneur; 11 possédera la mer et le
midi.
94. À Aser aussi il dit : Béni
Aser entre les fils d'Israél! qu'il
soit agréable à ses frères, et qu'il
trempe son pied dans l'huile.
25. Le fer et l'airain seront sa
LE DEUTÉRONOME.
[cu. xxxiv.]
chaussure. Ta vieillesse sera
comme les jours de ta jeunesse.
96. Il n'est pas un autre Dieu
comme le Dieu du peuple tres
juste; celui qui monte sur le ciel
est ton aide. Par sa magnificence
les nuées courent de toutes parts;
97. Son habitacle est en haut ;
et au-dessous sont ses bras éter-
nels ; il chassera de ta face l'en-
nemi, et il dira : Sois brisé.
98. Israél habitera avec assu-
rance et seul. L'ceil de Jacob sera
fixé sur une terre de vin et de
blé, et les cieux seront obscurcis
par la rosée.
29. Tu es heureux, Israél : qui
est semblable à toi, peuple, qui
es sauvé dans le Seigneur? il est
le bouclier de ta défense, et le
glaive de ta gloire; tes ennemis
te renieront, et tu fouleras aux
pieds leurs cous.
CHAPITRE XXXIV.
Mort de Moise. Sa sépulture. Josué lui
succède. Eloge de Moïse.
1. Moïse donc monta des
plaines de Moab sur la montagne
de Nébo au sommet de Phasga
contre Jéricho; et le Seigneur lui
montra toute la terre de Galaad
jusqu'à Dan,
Car. XXXIV. 1. Supra, ur, 21; IE Mach., τι, 4.
18. Dans ta sortie: c'est-à-dire tes excursions, ta navigation.
19. * Les trésors, le verre fabriqué par les Phéniciens, cachés dans le sable du Bélus.
90. * Comme un lion. Gad eut quelque chose du caractére du lion de Juda. ll
habita, comme un lion, dans les foréts, au sud du Jaboc, à l'est du Jourdain. Du
temps de David, il est mentionné pour sa vaillance.
21. Ce docteur est, selon l'opinion commune, Moïse, qui fut enterré au delà du
J'ourdain, où la tribu de Gad avait son partage.
99. * Basan. Voir Nombres, xxi, 33.
24. * Dans l'huile. Voir la note sur Genèse, xix, 20.
26. Du peuple très juste. Voy. xxxu, 15.
1. Voy. sur l'auteur de ce chapitre, xxxi, 4. — * Nébo. Voir plus haut, xxxi, 49.
- Phasga. Voir Nombres, xxt, 20.
(en. xxxiv.]
9. Tout Nephtali, la terre
d'Ephraim et de Manassé et toute
la terre de Juda, jusqu'à la der-
niere mer;
3. Et la partie australe,ainsi
que l'étendue de la campagne de
Jéricho ville des palmes jusqu'à
Ségor.
4. Et le Seigneur lui dit : Voici
la terre au sujet de laquelle j'ai
juré à Abraham, à Isaac et à Ja-
cob, disant : C'est à ta postérité
que je la donnerai. Tu l'as vue
de tes yeux, et tu n’y passeras
pas.
5. Et Moise, serviteur du Sei-
gneur, mourut là dans la terre
de Moab, le Seigneur lordon-
nant;
6. Et il l'ensevelit dans la val-
lée de la terre de Moab contre
Phogor; et aucun homme n'a
connu son sépulcre jusqu'au pré-
sent jour.
7. Moïse avait cent et vingt ans
quand il mourut; son œil ne
4. Genèse, xii, 1; xv, 18.
LE DEUTÉRONOME. 383
S'obscurcit pas, et ses dents ne
furent pas ébranlées.
8. Les enfants d'Israél le pleu-
rèrent dans les plaines de Moab
durant trente jours : ainsi furent
accomplis les jours du deuil de
ceux qui pleuraient Moise.
9. Or, Josué, fils de Nun, fut
rempli de lEsprit de sagesse,
parce que Moise avait posé sur
lui ses mains. Et les enfants d'Is-
raél lui obéirent et ils firent
comme avait ordonné le Sei-
gneur à Moise.
10. Et il ne s'éleva plus de pro-
phéte en Israél comme Moise, que
le Seigneur connüt face à face,
11. A cause de tous les signes
et de tous les prodiges qu'il l'en-
voya faire dans la terre d'Egypte
contre Pharaon, contre ses ser-
viteurs et contre toute sa terre,
19. Et à cause de toute cette
main forte, et de ces grandes
merveilles que fit Moise devant
tout Israél
9. La derniére mer; c'est-à-dire la mer Méditerranée. .
3. * Jusqu'à Ségor, à l'extrémité sud de la mer Morte.
10-12. Le sens de ces trois versets est que depuis la mort de Moise il ne parut pas
en Israël un prophète avec lequel 16 Seigneur entretint un commerce aussi intune,
par lequel il montrát avec autant d'éclat sa main puissante, et opérât des prodiges
semblables aux miracles faits en Egypte, à la face de tout le peuple d'Israel. Quant
à l'analyse grammaticale des deux derniers versets, on doit reconnaitre qu'elle est
absolument impossible à faire.
== .οοοπϑρεξοοοο-
INTRODUCTION
AU LIVRE DE JOSUÉ
I. — LE LivRE ΡῈ Josué.
Le livre de Josué raconte l'histoire de la conquéte de la Terre Promise et le
partage du pays conquis entre les tribus d'Israël. De là, sa division en deux
parties principales : 19 conquête de la Palestine, 1-x11; 2° partage du territoire,
xiu-xxi. Il se termine par un appendice ou supplément, xxii-xxiv.
On ne sait point d'une manière certaine quel est l'auteur du livre de Josué ;
mais la tradition juive, consignée dans le Talmud et acceptée par un grand
| nombre de critiques, en attribue la composition à Josué lui-méme, à l'excep-
tion du récit de sa mort et de celle d'Éléazar.
L'authenticité et l'intégrité du livre de Josué sont niées par les rationalistes
contemporains. L'unité qui régne dans tout, cet ouvrage, l'uniformité du style
et de l'exposition, dans toutes ses parlies, sont une preuve de son intégrité en
méme temps que de son antiquité.
Les faits qui sont racontés dans le livre de Josué sont dignes de foi, parce
que ce sont des faits publies, connus de tous et exposés d'une manière simple,
avec l'accent de la sincérité. Les écrivains postérieurs rendent témoignage en
sa faveur par les emprunts qu'ils lui font.
Josué est un des rares personnages de l'Ancien Testament auquel l'Esprit
Saint n'ait aucun reproche à adresser. C'est un modéle de piété, de foi et de
confiance en Dieu. Lorsque le peuple désespére de pouvoir s'emparer de la
Palestine, Josué avec Caleb lui dit : Le Seigneur est avec nous; ne craignez
point, Nomb., xiv, 9. Cette belle parole est comme l'explication de sa vie entière.
Tout son livre nous montre d'ailleurs combien est justement fondée la confiance
que nous placons en Dieu. Il contient l'accomplissement des promesses tempo-
relles que le Seigneur avait faites aux patriarches. Il est, par rapport au Pen-
tateuque, ce que sont les Actes par rapport aux Évangiles. Comme nous voyons
dans les Actes l'établissement de l'Église et l'exécution des promesses de Jésus-
Christ à ses Apôtres, nous voyons dans le livre de Josué l'établissement d'Israél
en Chanaan et l'exécution des promesses faites à Abraham et à Moïse.
II. — GÉOGRAPHIE DE LA PALESTINE.
Pour comprendre le livre de Josué et en faire la lecture avec fruit, il est
pécessaire de connaitre la géographie de la Palestine. Nous allons donc en tracer
INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ. 385
ici les traits principaux, ce qui aidera aussi à comprendre les autres livres de
l'Ancien et du Nouveau Testament (1).
La Palestine est appelée ordinairement dans la Bible, jusqu'à l'époque des
' Rois, la terre de Chanaan, et, à partir de Saül, la terre d'Israél. Les prophètes
lui donnent quelquefois le nom de terre de Jéhovah, Osée, 1x, 3; de Terre Sainte,
Zach., מז 19. Depuis la captivité jusqu'à la venue de Notre Seigneur, elle est
désignée communément sous le nom de Judée. Les écrivains sacrés ne la
nomment jamais Palestine, ce mot s'appliquant exclusivement, dans leurs écrits,
au pays des Philistins; elle recut cette dénomination des auteurs profanes qui
étendirent à toute la contrée la désignation qui ne convenait proprement qu'à
la cóte occidentale, au sud du Carmel.
« La Palestine est formée par la partie méridionale du grand plateau calcaire
et crayeux, et dans quelques parties basaltique, qui s'étend du cours central de
l'Euphrate à la mer Méditerranée, dans la direction du nord-est au sud-ouest.
Ce plateau est traversé à peu prés vers son milieu, du nord au sud, par le
bassin du Jourdain (le Ghor), de telle sorte que la Palestine est divisée par ce
dernier en deux parties presque égales. Deux chaines de montagnes la tra-
versent également du nord au sud : le Liban et l'Antiliban qui, séparés au nord,
puis paraissant se réunir au sud et se fondre dans une troisiéme chaine dépen-
dant de l'Antiliban et aboutissant au mont Hermon, se divisent de nouveau et
se prolongent, le premier, à l'ouest du Jourdain, jusqu'à la péninsule du Sinaï;
le second, à l'est du Jourdain, jusqu'à l'extrémité sud-ouest de l'Arabie, à
Moka. La chaine orientale porte le nom de Galaad, de l'extrémité sud du lac de
Tibériade jusqu'à l'extrémité nord de la mer Morte, et le long de la mer Morte
jusqu'à son extrémité sud, ceux de Phasgah et d'Abarim. Le nom d'Abarim
parait désigner plus particulièrement la partie sud de cette chaine et celui de
Phasgah la partie nord. Le mont Nébo fait partie de ce systéme de montagnes.
La hauteur des montagnes de la Palestine est moyenne. » (E. AnNAUD.) Leur plus
grande élévation est de 900 à 1000 métres. — La Terre Promise comprenait
1? la Palestine proprement dite, c'est-à-dire, la région située à l'ouest du Jour-
dain, et 2? le pays à l'est du Jourdain.
I. Palestine proprement dite.
I. Description de la Palestine.
La Palestine proprement dite est bornée au nord par le Liban, à l'ouest par
la Méditerranée, au sud par le désert, à l'est par le Jourdain et la mer Morte.
Elle s'étend du 31° 11° jusqu'au 33° 15' de latitude nord, et du 32° jusqu'au 33°
20' de longitude est. Sa superficie est d'environ 15,500 kilométres carrés :
223 kilomètres de Dan à Bersabée, 64 kilomètres de largeur moyenne.
« En Palestine comme en Gréce, tous les voyageurs sont frappés de l'exiguité
du territoire. Méme aprés tout ce qu'ils ont déjà entendu raconter, ils sont
surpris de pouvoir, en une seule journée, se rendre de la capitale de la Judée à
(1) Ce qui concerne la description générale de la Palestine, les montagnes, les ri-
vières et les fleuves, étant traité ici ne sera naturellement pas répété dans les notes
du commentaire.
A. T. 23
386 INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ,
celle du royaume de Samarie; de voir, dans huit heures d'intervalle, trois loca-
lités célébres comme Hébron, Bethléem et Jérusalem. Le contraste entre la
pelitesse de la Palestine et la vaste étendue des empires voisins de sa frontière
septentrionale et méridionale est presque toujours présent à l'esprit des pro-
phétes et des psalmistes. [[ les aide à sentir plus vivement la bonté de Dieu
envers leur patrie, quand ils chantent leurs petites collines et leurs torrents
desséchés, qu'ils comparent aux hauts sommets du Liban et de l'Hermon et aux
fleuves larges comme une mer de la Mésopotamie. Ce n'est pas d'ailleurs seule-
ment par son peu d'étendue, mais aussi par son peu de largeur que cette con-
trée est remarquable. De tous les points élevés, sa largeur est visible dans sa
totalité, de la longue muraille des collines de Moab à l'est jusqu'à la mer Médi-
terranée à l'ouest. » (STANLEY.)
La Palestine est essentiellement un pays montagneux, un massif de collines
entrecoupées seulement de quelques vallées ou gorges plus ou moins profondes,
creusées par les pluies d'hiver et appelées aujourd'hui 000006 ; il n'y a guère de
plaines que sur les bords de la mer Méditerranée. Elle comprend trois princi-
paux massifs, celui des montagnes de Nephtali, nommées plus tard de Galilée;
celui des montagnes d'Éphraim et celui des montagnes de Juda.
Les montagnes de Galilée sont le prolongement du Liban, si célébre dans les
Livres Saints. Le mont Liban ou « mont Blanc » s'étend au nord de la Pales-
line, parallèlement à l'Anti-Liban, dont il est séparé par une vallée profonde,
connue des anciens sous le nom de Cœlésyrie ou Syrie creuse. Le plus haut
sommet du Liban, le Dhor-el-Khédif, couvert de neiges éternelles, a 3060 métres.
L'Hermon, aujourd'hui Djébel-esch-Scheik, à l'extrémité méridionale de l'Anti-
Liban et également couvert de neiges, n'est guère moins élevé; il est visible
d'une grande partie de la Palestine. — Les derniéres ramifications du Liban
meurent dans la plaine de Jezraél ou d'Esdrelon, bornée à l'est par la vallée du
Jourdain, au sud par les montagnes d'Éphraim, et à l'ouest par le Carmel et la
Méditerranée.
Le Carmel, haut de 600 mètres, forme un promontoire dans la Méditerranée
el va se perdre au sud-est, dans le massif central des montagnes d'Éphraim,
appelées depuis montagnes de Samarie. Ces montagnes sont comme la forte-
resse d'Israël et le cœur du pays. Elles s'étendent depuis la plaine d'Esdrelon
jusqu'aux environs de Jérusalem et offrent de loin, du cóté de la mer, l'aspect
d'un immense mur. Leur altitude est d'environ 700 métres. Elles se perdent à
l'est dans la vallée du Jourdain, et à l'ouest, au sud du Carmel, dans la plaine
de Saron, qui se développe sur le rivage de la mer,
Le troisiéme groupe de montagnes, est celui du sud; connu sous le nom de
Juda, il est formé par de hauts plateaux qui s'élévent, en. allant de Jérusalem
vers Hébron, à une hauteur de mille mètres. Ils sont étroitement reliés, au nord,
aux montagnes d'Ephraim; au sud, ils se perdent dans le désert; à l'ouest, ils
s'abaissent de manière à former la plaine de la Séphéla ou pays bas, qu'habi-
taient les Philistins ; à l'est, ils finissent à la mer Morte.
A l'est du Jourdain, dans la contrée que du temps de Notre Seigneur on appe-
lait la Pérée, court aussi une chaine de montagnes calcaires, dépendante de
l'Hermon, et séparée de la Palestine strictement dite par le Jourdain. Le point
le plus élevé a une altitude de 1200 mètres. Cette région, qui formait le pays de
Basan et de Galaad, était très boisée, |
INTRODUCTION AU LIVRE DE 1080 8. 381
Les montagnes de la Terre Sainte en faisaient la force et la sécurité. — Un
des traits les plus caractéristiques de ce pays, ce sont les villages qui sont la plu-
part construits au sommet des collines. 11 n'y a presque aucune éminence qui ne
soit couronnée de maisons habitées ou en ruines. Une ville au fond d'une vallée
est une exception. On cherchait, pour y établir sa demeure, les endroits dont
l'accés était le plus difficile, afin d'échapper ainsi aux surprises et aux brusques
attaques des ennemis, contre lesquels on avait toujours besoin de se tenir en
défiance.
Toutes les montagnes de la Palestine, et particuliérement celles de Juda,
étant de formation calcaire, sont percées de nombreuses cavernes, en partie
naturelles, en partie artificielles, quelques-unes trés spacieuses. Elles servaient
de refuge aux habitants, en temps d'invasion, et elles ont joué un róle assez
important dans l'histoire du peuple de Dieu.
La Terre Sainte esttraversée du nord au sud par le Jourdain. Il tire probable-
ment son nom de larapidité de son cours. Il a trois sources principales : 4° celle
de Banias, la Césarée de Philippe du temps de Notre Seigneur; elle jaillit du
fond d'une grotte creusée dans le roc; 2° celle de Dan, à cinq quarts d'heure de
Banias, à Tell-el-Khadi ; 3° celle de l'ouadi Hasbani ou d'Hasbeya, située prés du
village de ce nom, sur l'Hermon. Il roule ses eaux d'un jaune sale à travers les
marécages de l'Ard-el-Houléh et forme ensuite le lac Mérom ou lac élevé, appelé
aujourd'hui Houléh, Bahr-el-Houléh. Ce lac de forme triangulaire, de sept kilo-
mètres environ de large sur prés de quatorze de longueur, est situé à 6 mètres
& centimètres au-dessous du niveau de la Méditerranée. Ses eaux sont douces et
transparentes; il est couvert en partie par une plante à larges feuilles; les
oiseaux aquatiques y abondent.
Aprés avoir traversé le lac Houléh, le Jourdain se dirige vers le lac de Géné-
sareth, l'un des plus beaux qui soient au monde. Il a 20 kilomètres de long sur
10 de large; sa forme est un ovale irrégulier; il est situé à 212 metres au-
dessous du niveau de la Méditerranée. Son eau est claire, limpide et fraiche; il
abonde en poissons. On l'appelait aussi autrefois lac de Tibériade et mer de
Galilée ; aujourd'hui il porte le nom de Bahr Tabariyeh.
Au sortir du lac de Génésareth, le Jourdain précipite sa course, jusqu'à son
embouchure dans la mer Morte, où il disparait. Il y déverse environ six millions
de tonnes d'eau par jour. ו
Il n'a pas d'affluent proprement dit sur sa rive droite. Sur la rive gauche, il
recoit, au-dessous du lac de Tibériade, l'Hiéromax et le Jabbok, appelés aujour-
d'hui le Yarmouk et le Zerka.
La vallée du Jourdain, de la mer de Galilée à la mer Morte, s'appelle
aujourd'hui El-Ghór. On y remarque en divers endroits des traces d'anciennes
éruptions volcaniques.
Les traits caractéristiques du cours du Jourdain sont la profondeur de son lit
et ses nombreuses sinuosités. De sa source au point oü il se perd, il suit une
pente interrompue de temps en temps par des rapides et des chutes ; du lac de
Tibériade à la mer Morte, le lieutenant Lynch descendit vingt-sept rapides. Ses
sinuosités sont moins grandes au-dessus qu'au-dessous de la mer de Galilée.
Leur somme totale est telle qu'elle fait plus que tripler la longueur de son cours :
il n'est que de 97 kilomètres à vol d'oiseau, mais en réalité il en a plus de 300.
La largeur moyenne du Jourdain est de 20 mètres; il n'est pas navigable ; il ne
388 INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ.
ב
peut non plus servir pour l'irrigation, à cause de la profondeur de son lit. Il
déborde tous les ans, à l'époque de la fonte des neiges, en mars et avril. Avant
l'époque romaine, il n'a été couvert d'aucun pont ; on ne pouvait le franchir que
par trois ou quatre gués, qui ont été reconnus par les explorateurs modernes :
l'un d'eux est presque vis-à-vis de l'ouadi Zerka, l'autre vis-à-vis de Jéricho. —
Différant en ce point, comme en tant d'autres, de tous les grands fleuves, le
Jourdain n'a vu jamais aucune cité fleurir sur ses rives. Ses eaux sont douces
et agréables à boire, quoique légèrement troubles.
La mer Morte (1), dans laquelle se jette le Jourdain, n'est pas moins singu-
liére que le fleuve qui l'alimente. Elle porte plusieurs noms qui dépeignent cha-
cun quelqu'un de ses traits distinctifs : mer Morte, parce qu'elle ne contient
aucun étre vivant, si l'on ne tient pas compte de quelques animaleules insigni-
fiants; mer de sel, parce que ses eaux sont extraordinairement salées; lac
Asphaltite, parce qu'on y rencontre beaucoup d'asphalte et de bitume.
Cette petite mer est un des endroits les plus remarquables du monde, à cause
de la profondeur de ses eaux, de leur salure et de la dépression de sa surface.
Le niveau varie un peu suivant les saisons, qui lui apportent une quantité de
liquide plus ou moins considérable. D'aprés les mesures moyennes, elle est à
393 métres au-dessous de l'Océan. Elle est de forme oblongue, d'une longueur
d'environ vingt-cinq lieues et de prés de quatre lieues dans sa plus grande lar-
geur. Elle se compose de deux parties trés distinctes, la partie septentrionale,
qui est une coupe gigantesque, et la partie méridionale, qui est une sorte de
plaine unie. Très profonde au nord, où elle atteint jusqu'à 400 mètres, elle ne
forme au sud qu'une sorte de lagune de cinq à six métres. L'énorme dépression
du sol est cause que la chaleur y est trés intense et y produit une évaporation
extraordinaire, égale en moyenne à la quantité d'eau recue. Cette évaporation
couvre constamment le lac de vapeurs.
La pesanteur spécifique de ses eaux n'est pas partout la méme : en moyenne,
elles pèsent deux dixiémes de plus que l'eau distillée, ce qui permet d'y nager
plus facilement qu'ailleurs. Cette densité considérable provient dela quantité
de sels minéraux qui y sont en dissolution. Elle en contient 25 pour 100, tandis
que l'eau de mer ordinaire n'en contient guére que quatre. Le sel ordinaire
entre pour prés d'un tiers dans ces éléments minéraux, le chlorure de magné-
sium y entre pour prés de deux et lui communique un goüt amer et nauséa-
bond. Le chlorure de calcium, qu'elle renferme aussi, la rend huileuse au tou-
cher. Elle est d'ailleurs limpide. Tous les éléments qui la composent se trouvent
dans les montagnes environnantes ou dans les pays que traversent ses affluents.
On admet généralement aujourd'hui que la mer Morte existait avant l'arrivée
d'Abraham en Palestine. Sa forme a pu cependant étre modifiée en partie, lors
de la catastrophe de Sodome. Les eaux du Jourdain se sont, en tout cas, tou-
jours déchargées dans cette petite mer intérieure, qui est sans issue. L'étude
géologique du pays a prouvé que son cours ne s'était jamais prolongé jusqu'à
la mer Rouge.
Les bords de la mer Morte sont désolés et stériles. Elle est encaissée, dans
(4) « Le lac Asphaltite ne mérite pas seulement le nom de mer à cause de sa pro-
fondeur et de sa forte salure : il a aussi son courant principal, se dirigeant du nord
au midi en continuant le cours du Jourdain, et ses autres courants, refluant à droite
ou à gauche, parallèlement au littoral. » (Vianns.)
INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ. 389
toute sa longueur, entre deux chaînes de collines élevées, coupées seulement
par quelques affluents, qui sont, à l'est, le Zerka-Main, dont les eaux chaudes
et sulfureuses (31° 5 à l'embouchure) viennent des sources de Callirhoé; l'Ar-
non, aujourd'hui Ouadi- Modjib; le Beni-Hemad; au sud, le Kourahy ; à l'ouest,
l'Ain-Djidi. Pendant la saison des pluies, le torrent de Cédron déverse aussi ses
eaux dans la mer Morte, au nord-ouest. A l'ouest s'élévent sur ses bords de
vraies montagnes de sel gemme.
II. Climat, flore et faune de la Palestine.
Il n'y a guère que deux saisons en Palestine, l'hiver et l'été caractérisés, le
premier, par des pluies abondantes, le second, par la sécheresse. Les pluies
commencent à la fin d'octobre ou dans les premiers jours de novembre; elles
sont souvent accompagnées d'éclairs et de tonnerre; elles continuent plus ou
moins réguliérement jusqu'au milieu de mars; quelquefois, mais rarement,
elles se prolongent jusqu'à la fin d'avril. Elles viennent d'ordinaire du sud ou
du sud-ouest, Luc, xit, 54. Il en tombe en moyenne trois fois plus à Jérusalem
qu'à Londres. Pendant le mois de janvier et de février, une couche de quelques
centimétres de neige couvre assez fréquemment le sol, mais non pas toutes les
années. Il est rare de voir la glace.
La température n'est pas la méme dans les diverses parties de la Palestine, à
cause de la différence d'altitude et des accidents divers du pays. La plus basse
observée à Jérusalem est de 3 degrés; la plus haute, de 33; la moyenne, de 17.
Le mois de janvier est le plus froid, ceux de juillet et d'août les plus chauds.
Somme toute, la température est assez uniforme dans chaque région. La chaleur,
quoique extréme durant le milieu de l'été, surtout dans la vallée du Jourdain,
est tempérée, dans beaucoup d'endroits, par la bise de mer, qui souffle réguliè-
rement du nord-ouest, de dix heures du matin à dix heures du soir. La ligne
isothermique de Jérusalem passe par Gibraltar, prés de Madére et des iles Ber-
mudes, par la Floride, au nord de Mobile, et par la Californie.
Entre avril et novembre, à part un petit nombre d'exceptions, le temps est
constamment beau et le ciel sans nuages. Pendant la nuit, la rosée, dont parlent
si souvent les auteurs sacrés, est trés abondante, au point de mouiller les cou-
vertures des tentes comme une véritable pluie. Vers le lever du soleil, l'atmos-
phére se refroidit considérablement, et d'épais brouillards couvrent toute la
contrée.
La chaleur est beaucoup plus intense dans les bas-fonds et surtout dans la
vallée du Jourdain, à cause de la nature sablonneuse du sol, de l'absence de
brise, des quantités considérables de vapeurs répandues dans l'atmosphère, etc.
La moisson est d’un mois entier en avance dans le Ghor; les blés sont encore
verts sur les hauteurs quand ils sont déjà foulés sur les bords du Jourdain.
Près de la mer, la végétation rappelle aussi les tropiques, et la moisson s'y fait
beaucoup plus tót que dans les distriets montagneux, mais la température y est
beaucoup plus douce et assez semblable pendant l'hiver, à celle du midi de la
France.
Les tremblements de terre ne sont pas très rares en Palestine,
La fertilité est fort inégale dans les diverses parties du pays.
Le sud, plus rapproché du désert et plus sec, manquant de bois et d'eau, était
300 INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ.
moins fécond que le nord; les Hébreux l'appelaient Negeb, d'un mot qui parait
avoir signifié primitivement sécheresse. En s'éloignant du sud, on voit l'aridité
diminuer ; cependant l'aspect du paysage est toujours monotone et sévère : des
collines, de forme ronde, s'élévent de tous côtés et présentent à l'oeil le roc nu,
d'une couleur grisátre. Le printemps couvre un moment de verdure ces rochers
chauves et remplit les ravins d’eau écumante. Aprés les pluies de novembre,
l'herbe pousse avec vigueur, et en décembre le sol est tout couvert de végéta-
tion; mais pendant l'été et pendant l'automne, d'Hébron jusqu'à Béthel, tout
est aride et désolé. Les vallées de dénudation qui séparent les collines sont
néanmoins productives : elles sont plantées de figuiers et d'oliviers et ordinai-
rement couvertes de blés ou de dourra, dont les longues tiges, semblables à des
roseaux, demeurent aprés la moisson, sur le sol pierreux, jusqu'à l'année sui-
vante. Sur le versant occidental des montagnes, la végétation est plus abondante,
parce qu'elle est entretenue par les fraiches brises qui soufflent de la mer.
A mesure qu'on avance vers le nord, la ferlilité augmente : l'eau devient
moins rare, et, entre les collines, s'étendent de petites plaines trés productives.
La plaine de Jezraél est fort riche, comme celle de Saron et surtout celle de la
Séphéla. Seul, aujourd'hui, le bois fait partout défaut, excepté sur le Carmel et
sur les montagnes de la Galilée. Ailleurs, on ne rencontre guére que l'olivier,
qu'on cultive pour son fruit.
On commence les semailles en octobre, aprés les premiéres pluies, et on les
continue jusqu'en janvier. Dans la vallée du Jourdain, la moisson commence
quelquefois à la fin de mars; dans les montagnes de la Judée, un mois plus
tard; dans le Liban, rarement avant juin; elle n'est pas achevée avant la fin
de juillet sur les parties les plus élevées de cette montagne. Les vendanges se
font à la fin d'aoüt et pendant le mois de septembre.
La flore de la Palestine est, pour le fond, celle de l'Asie-Mineure, l'une des
plus variées et des plus riches du globe. Grâce aux caractères si divers de la
contrée, à la différence des altitudes et des positions, elle offre, dans la vallée
du Jourdain, les plantes des tropiques, et ailleurs celles du bassin de la Médi-
terranée et de l'Europe centrale. Le cédre ne se rencontre que sur le Liban; le
chéne, quoique relativement rare, est l'arbre le pius commun en Palestine; il
croit partout et spécialement dans le nord. Le térébinthe peut atteindre des
proportions gigantesques, comme celui de Mambré. Sur les bords des cours
d'eaux, les peupliers sont nombreux, ainsi que les lauriers-roses qui se couvrent
à profusion de fleurs. On voit, cà et là, le platane, le pin,le cyprés, plus encore
le pistachier, le jujubier, le caroubier et le sycomore, dont le bois était très
recherché des Egyptiens pour confectionner des cercueils. L'olivier est partout
cultivé avec soin. Le figuier produit aussi une des récoltes importantes du pays.
On en recueille les premiers fruits, qui sont regardés comme les meilleurs, vers
le mois de juin, les seconds en aoüt, les troisiemes quand les feuilles sont
tombées, ce qui peut n'arriver qu'en janvier. La vigne réussit dans toutes les
parties de la Palestine et spécialement dans le sud, dans les environs d'Hébron,
où elle porte des raisins énormes. Presque tous les arbres fruitiers prospèrent
dans ce pays; le pommier, le poirier, le cognassier, l'amandier, le noyer, le
pécher, l'abricotier, le grenadier et l'oranger ne sont guère cultivés que dans les
jardins; le bananier ne se trouve que prés de la Méditerranée; le palmier,
autrefois si commun, a presque totalement disparu aujourd'hui; il n'en reste
INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ. 391
plus un seul à Jéricho, l'antique ville des palmes; il abonde cependant encore à
Jaffa et à Caipha. Le caprier, l'acacia existent en grand nombre dans la vallée
du Jourdain, de méme que la Balanites ægyptiaca, des fruits de laquelle les
Arabes extraient l'huile qu'ils appellent zuk : on lui attribue des propriétés
médicinales, et peut-étre est-ce le baume de Galaad si célébre dans l'antiquité.
La flore palestinienne n'est. pas encore complètement étudiée : elle renferme
de 2,000 à 2,500 plantes.
La faune de la Palestine comprend aujourd'hui plusieurs animaux féroces :
l'ours, la panthère, l'hyéne, le loup. Le lion, qui n'était pas trés rare avant l'ére
chrétienne, a complètement disparu. Le sanglier habite encore le Thabor et le
petit Hermon. Les rats abondent; les chacals de même. On y rencontre deux
espèces de lièvres, connue sous le nom de lièvres de Syrie et d'Égypte, quelques
cerfs et beaucoup de gazelles. Les animaux domestiques sont le chameau à une
bosse, le cheval, l'àne, le mulet, le buffle, le bœuf de petite taille, le mouton à
large queue, la chèvre.
Parmi les oiseaux, on compte l'aigle, le vautour, le faucon, dont les Arabes
se servent encore pour chasser la gazelle; le milan, le hibou, le coucou, le rossi-
gnol de Palestine, le geai, le corbeau, le pigeon, la perdrix, la caille, l'outarde,
la cigogne noire et blanche, — on en voit souvent des troupes par centaines, —
le héron, le pélican, l'hirondelle, la mouette, etc. Les oiseaux chanteurs sont
extrémement rares.
Les reptiles sont assez nombreux. Le lézard pullule dans les murs en ruine ;
la tortue grecque (testudo greca) habite les sources du Jourdain ; celle d'eau douce
se multiplie abondamment dans les ruiseaux de la plaine de Jezraél, dans le
haut Jourdain et dans les lacs; le caméléon est commun; les serpents sont
partout; le céraste, seulement dans le sud; les grenouilles foisonnent dans les
étangs marécageux; elles sont de grandes dimensions, mais les habitants ne
les mangent point; le crapaud est dans tout le pays.
Quant aux poissons, ils abondent dans le lac de Tibériade. Les espéces qu'on
y péche le plus sont le cyprinus lepidotus, sorte de barbeau, et le poisson qu'on
appelle mesht, qui est plat comme une sole.
Insectes. Les lépidoptéres sont trés variés, comme les fleurs; on y voit toutes
les espéces de papillons de l'Europe occidentale. Les abeilles sont nombreuses.
On compte au moins trois espèces de scorpions. Les araignées, les fourmis sont
dans toute la Palestine. Les sauterelles ravagent parfois le pays.
H. Le pays à Vest du Jourdain.
L'Écriture nous apprend que les enfants d'Israél occupèrent à l'est du Jour-
dain six districts appelés Mischór, Galaad, Basan, Argob, Gessur, et Machati.
Ils sont encore peu connus aujourd'hui, parce qu'on ne peut les visiter qu'avec
de grandes difficultés et en s'exposant à toutes sortes de dangers.
Au moment de la conquéte, le pays immédiatement au nord de l'Arnon était
occupé par Séhon, roi des Amorrhéens. Il portait le nom de Mischôr, «la Plaine »,
comme traduit la Vulgate. C'est le Belka actuel, regardé par les Arabes comme
fournissant les meilleurs páturages de la contrée. Il est bien arrosé et couvert
d'un gazon fin et court. Il va se perdre insensiblement dans les déserts sans
392 INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ.
limites de l'est, qui ont toujours été le séjour de prédilection des tribus
nomades de pasteurs.
Au delà du Mischór, au nord d'Hésébon, était Galaad, borné à l’est par le désert
d'Arabie, à l'ouest par le Jourdain et au nord par Basan, dont 16 séparait l'Hié-
romax, aujourd'hui Scheriat-el-Mandhour. Il est quelquefois appelé la montagne
de Galaad, Gen., xxx1, 25, parce que c'est en effet un pays de montagnes. Il
avait environ 96 kilométres de longueur, et en moyenne 32 kilométres de lar-
geur. On doit observer cependant que ses limites n'étaient pas rigoureusement
déterminées et que, dans plusieurs passages de l'Écriture, son nom désigne la
plus grande partie du pays à l'est du Jourdain, parce qu'il en formait la partie
la plus considérable, Deut., xxxiv, 1. Le territoire compris entre le Jabbok et
l'Hiéromax s'appelle aujourd'hui Djebel-Adjlàm ; l'un des pics les plus élevés de
la chaine de ses montagnes ἃ conservé son antique dénomination et se nomme
Djébel-Djilad : il est à 11 kilomètres environ au sud du Jabbok ; de son sommet,
on voit toute la vallée du Jourdain et les montagnes de Juda et d'Éphraim. Ce
lieu, admirablement disposé pour servir de point de ralliement à une armée,
soit pour une guerre offensive, soit pour une guerre défensive, est probablement
le site du Ramoth-Masphé de Jos., xut, 26, et du Maspha de Galaad, d'oü
partit Jephté pour aller combattre les Ammonites, Jug., xr, 29. Le village
voisin d'Es-Salt occupe l'emplacement de l'ancienne cité de refuge de Gad,
Ramoth-Galaad.
Les montagnes de Galaad ont une hauteur réelle de 600 à 900 mètres, mais
la dépression profonde du Jourdain les fait paraitre, du cóté de l'ouest, beau-
coup plus élevées qu'elles ne le sont en effet, tandis que, du cóté de l'est,
l'altitude du plateau d'Arabie les rend basses en apparence. Elles forment une
sorte de large plateau onduleux, couvert d'excellents pâturages, Nomb., xxxi, 1.
La verdure qui les tapisse forme un contraste frappant avec l'aridité de la
Palestine à l'ouest du Jourdain, laquelle n'a rien qui lui soit, sous ce rapport,
comparable, excepté les hauteurs du Carmel et les montagnes de la Galilée. Au
nord et au sud on ne rencontre point d'arbres, mais au centre et des deux
côtés du Jabbok il y a de belles forêts de chênes et de térébinthes. Galaad pro-
duisait autrefois en abondance le baume et d'autres aromates qu'on exportait
en Égypte.
Basan s'étendait au nord de Galaad et avait pour limites : à l'est Salécha,
Gessur et Maacha, au nord le mont Hermon, et à l’ouest l'Arabah ou vallée du
Jourdain. Il était célèbre par ses forêts de chênes et par ses taureaux, ainsi
que par ses riches vallées et ses plantureux pâturages.
Une partie du territoire de Basan portait le nom d'Argob, « pierreux ». On y
comptait 60 villes fortifiées, Deut., nr, 4-5. Cette région, au temps de Notre
Seigneur, s'appelait Trachonitide. Elle a environ 80 kilométres du sud au nord
et 22 kilomètres de l'est à l’ouest ; sa forme est celle d'un ovale presque régu-
lier. Les éruptions volcaniques y ont produit de grands bouleversements ; on ne
voit partout que roches de basalte noir entassées dans la plus grande confusion,
des fissures et des crevasses. Les voyageurs modernes y ont découvert des cités
nombreuses qui remontent à la plus haute antiquité et avaient été trés solide-
ment bâties.
Au nord-est du territoire de Basan, dans le voisinage d'Argob et de la Syrie,
était situé le district de Gessur. C'était probablement une partie de la région
INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ. 303
sauvage et escarpée appelée de nos jours el-Ledjah. Ses rochers lui font une
situation très forte.
Machati était un territoire voisin d'Argob comme Gessur, mais il nous est
encore moins connu que ce dernier. Il s'étendait du Jourdain à Salécha et
comprenait vraisemblablement une partie du Ledjah et du Djaulan actuel.
III. — PARTAGE DE LA PALESTINE ENTRE LES DOUZE TRIBUS.
Les pays que nous venons de décrire furent partagés de la manière suivante
entre les tribus d'Israël, en remontant du sud au nord.
Juda occupa les montagnes du sud, Jos., xvii, 5, et une petite partie de 8
plaine de la Séphéla, dont la plus grande part demeura toujours entre les mains
des Philistins, Jos., xv, 1-19. La ville la plus importante de la tribu de Juda
était Hébron. Nous devons aussi mentionner Bethléem, patrie de David et de
Notre Seigneur Jésus-Christ.
Juda céda plus tard une partie de son domaine, avec dix-sept villes, à Siméon,
qui forma la tribu la plus méridionale, sur les confins du désert de l'Idumée,
Jos., xix, 1-9; cf. xv, 26, 32, 42; I Par., 1v, 24-39, 42-43.
Dan fut enclavé en partie dans Juda; dans le partage, il recut sa portion le
dernier, et elle fut la plus petite, Jos., xix, 40-48, ce qui l'obligea plus tard à
aller fonder quelques établissements dans le nord, Jud., xvi, 4; Jos., xix, 47.
A l'est de Dan et au nord de Juda était Benjamin, qui s'étendait depuis l'em-
bouchure du Jourdain jusque près de la plaine des Philistins, Jos., xvur, 11-20.
Son territoire formait une sorte de parallélogramme irrégulier, deux fois plus
long que large; Jéricho en faisait partie, ainsi que Jérusalem. La citadelle de
cette derniére ville ne fut enlevée à ses anciens possesseurs, les Jébuséens, que
par David, qui en fit la capitale de son royaume, II Reg., tv, 6-7.
Au nord de Benjamin, Éphraim occupa la montagne à laquelle il donna son
nom, Jos., xvi, 1-10, c'est-à-dire le centre de la Palestine. Il s'étendait depuis
le Jourdain, à l'est, jusqu'à la mer Méditerranée à l'ouest. Sichem, non loin de
laquelle fut bâtie plus tard Samarie, était comme le cœur de son territoire;
Béthel et Silo lui appartenaient. Ses montagnes de calcaire, profondément
déchiquetées par de nombreux torrents, en rendaient l'accés difficile; Éphraim
ressemblait à une forteresse inexpugnable.
Les limites de la demi-tribu de Manassé cisjordanique sont indécises, Jos.,
xvi, 9; ,הצא 9-12. Manassé ne parait pas avoir déterminé rigoureusement la
frontière qui le séparait des possessions de son frère Ephraim au sud. Au nord,
il confinait à Aser; au nord-est à Issachar. La demi-tribu cisjordanique de Ma-
nassé n'était séparée que par le fleuve de la transjordanique, d'aprés ce que
nous apprend Josèphe; cf. Jos., xvir, 9, 11.
Issachar eut en partage une des parties les plus riches de la Palestine, c'est-
à-dire la plaine d'Esdrelon, arrosée par le Cison, Jos., xix, 17-23. Il s'étendait
du mont Carmel au Jourdain; il avait au nord 16 mont Thabor. Parmi ses villes,
on comptait Mageddo, Jezraél, Taanach, Bethsan, surnommée la porte du
paradis, Endor, Aphec, Jibleam. Quelques-unes de ces villes restérent cependant
assez longtemps entre les mains des Chananéens. Le Thabor et le Gelboé étaient
dans son domaine.
394 INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ.
Le terntoire de Zabulon, au nord d'Issachar, avait pour frontière, d’après
Joséphe qui est plus précis que les livres bibliques, à l'est le lac de Génésareth,
à l'ouest le Carmel et la Méditerranée, au sud Issachar, au nord Nephtali et Aser.
Aser, situé à l'ouest sur le rivage de la Méditerranée, s'étendait du Carmel, au
sud, à S/don, au nord ; il était borné au sud-est par Zabulon, à l'est par Neph-
tali, au nord par la Phénicie, Jos., xix, 24-31. La partie de son territoire située
sur la cóte était trés fertile et abondait en froment et en huile.
Nephtali était, avec Aser, la plus septentrionale des tribus d'Israél, Jos., xix,
32-39. Elle avait pour limites : à l'est, le Jourdain, le lac Mérom et le lac de
Génésareth ; au sud, Zabulon ; à l'ouest, Aser; au nord, probablement le fleuve
Léontés. Son territoire était le plus varié de toutes les tribus : au nord, des
montagnes; au sud, des plaines qui sont le jardin de la Palestine. Josèphe
décrit la plaine située sur la cóte de la mer de Galilée comme un paradis
terrestre où règne un printemps éternel et où murissent les fruits les plus
exquis.
Les tribus de Ruben, de Gad et la moitié de celle de Manassé avaient recu leur
part de territoire, avant la mort de Moise, à l'est du Jourdain, Nomb., xxxii;
xxxiv, 14-15; Deut., 111, 12-17. Ruben et Gad possédaient de nombreux trou-
peaux, et comme la région située de ce côté du fleuve était riche en pâturage,
ils demandèrent et obtinrent de s’y établir.
La plus méridionale des tribus transjordaniques était Ruben. Elle était bornée
au sud par l'Arnon, à l'est par le désert, à l'ouest par la mer Morte, au nord
par Gad. Son territoire était composé du Mischór et de la partie méridionale
de Galaad, Deut., ,זז 16-17 ; Nomb., xxxr, 33; Jos., ,זוא
Gad était placé au nord de Ruben, au centre des possessions israélites à l'est
du Jourdain. Les limites de cette tribu ne sont pas connues avec précision, Jos.,
xit, 1-6. A l'est, elle était bornée par le désert d'Arabie, par « Aroer, vis-à-vis
de Rabbah » (l'Amman actuelle), dit Josué, xir, 25; à l'ouest, par le Jourdain,
Jos., xir, 27; au nord, sa frontière est incertaine ; elle atteignait le lac de Géné-
sareth, Jos., xur, 27; Deut., mr, 12-13, mais elle ne possédait, jusqu'à cette
hauteur sur les bords du fleuve, qu'une bande de terrain; ses possessions, à
l'est, dans la montagne, ne dépassaient pas le Jabbok. Son territoire était une
partie du pays de Galaad.
La partie la plus septentrionale de la région à l'est du Jourdain était occupée
par la demi-tribu de Manassé, par la famille vaillante et belliqueuse de Machir,
qui l'avait conquise, Nomb., xxxu, 33, 39-42; Deut., ,וז Jos., ,זא Elle
comprenait une partie du pays de Galaad, Basan et Argob, Jos., ,זוא
xx, 7; mais ses limites ne sont pas déterminées avec précision. Ses principales
villes étaient Gaulon, Astaroth et Edréi, Jos., xur, 31; xx, 8; xxi, 27; I Par.,
vt, 74.
JOSUE
CHAPITRE PREMIER.
Dieu promet à Josué d'étre avec lui. Jo-
sué ordonne au peuple de se préparer
à passer le Jourdain.
1. Or, il arriva après la mort
de Moise, serviteur du Seigneur,
que le Seigneur parla à Josué,
fils de Nun, serviteur de Moise,
et qu'il lui dit :
9. Moïse, mon serviteur est
mort, lève-toi, passe le Jourdain,
toi et tout le peuple avec toi, et
và dans la terre que je donne-
rai moi-méme aux enfants d'Is-
rael.
3. Tout lieu que la plante de
votre pied aura foulé, je vous le
livrerai, comme j'ai dit à Moise.
4. Depuis le désert et le Liban
jusqu'au grand fleuve d'Eu-
phrate,toutelaterre des Héthéens,
jusqu'à la grande mer contre le
couchant du soleil, sera votre
limite.
5. Nu! ne pourra vous résister
pendant tous les jours de ta vie:
comme j'ai été avec Moise, ainsi
je serai avec toi, je ne te laisse-
rai, ni ne t abandonnerai.
6. Prends courage et sois fort,
car c'est toi qui partageras à ce
peuple par le sort la terre, au su-
jet de laquelle j'ai juré à leurs
pères que je la leur livrerais.
1. Prends donc courage, et sois
trés fort, afin que tu gardes et
que tu pratiques toute la loi que
l'a prescrite Moïse, mon servi-
teur : ne t'en délourne ni à droite
ni à gauche, afin que tu com-
prennes tout ce que tu fais.
8. Que le livre de cette loi
ne s'éloigne point de ta bouche;
tu le méditeras les jours et les
nuits, afin que tu gardes et pra-
tiques tout ce qui y est écrit:
alors tu dirigeras ta voie et tu la
comprendras.
9. Voici que je te l'ordonne,
prends courage et sois fort. Ne
crains point, et ne t'épouvante
point, parce que le Seigneur ton
Dieu est avec toi en quelque
lieu que tu 811168 .
10. Et Josué ordonna aux
princes du peuple, disant : Pas-
sez par le milieu du camp, et
commandez au peuple, et dites :
11. Préparez-vous des vivres,
parce qu'après trois jours vous
passerez le Jourdain, et vous en-
CuaP. 1, 3. Deut., ,זא 24. — 5. Infra, ir, 7; Hébr., xii, 5. — 6. Deut., xxxi, 1, 23;
Ill Rois, 11, 2.
4. La grande mer est un des noms de la Méditerranée. — * Le Liban. Voir l'Intro-
duction au livre de Josué. — Euphrate. Noir Genèse, xv, 18. — Toute la terre des
Héthéens, la Syrie, qui, du temps de Josué, appartenait aux Héthéens.
11. * Le Jourdain. Voir l'Introduction au livre de Josué, p. 381.
300 JOSUÉ.
trerez pour la posséder, dans la
terre que le Seigneur votre Dieu
va vous donner.
19. Aux Rubénites aussi et aux
Gadites et à 18 demi-tribu de Ma-
nassé, il dit :
13. Souvenez-vous de ce que
vous ordonna Moise, serviteur
du Seigneur, disant : Le Seigneur
votre Dieu vous a donné le repos
et toute cette terre.
14. Vos femmes, vos enfants et
vos bestiaux demeureront dans
la terre que vous alivrée Moïse en
decà du Jourdain; mais vous,
passez armés devant vos frères,
vous tous forts de la main, et
combattez pour eux,
15. Jusqu'à ce que le Seigneur
donne le repos à vos freres, com-
me il vous l'a donné à vous-mé-
mes; et qu'ils possèdent eux aussi
la terre que le Seigneur votre
Dieu va leur donner : et c'est
ainsi que vous retournerez dans
la terre de votre possession, et
que vous habiterez dans cette
terre que vous ἃ donnée Moise,
serviteur de Dieu en decà du
Jourdain contre le levant.
16. Et ils répondirent à Josué
et dirent : Nous ferons tout ce que
tu nous as ordonné ; et nous irons
partout oü tu nous enverras.
17. Comme nous avons obéi en
toutes choses à Moise, ainsi nous
t'obéirons à toi-même. Seulement
que le Seigneur ton Dieu soit
avec toi, comme il a été avec
Moïse.
[cm. [.זז
18. Que celui qui contredira ta
parole, et qui n'obéira pas à tous
les discours que tu lui prescriras,
meure; seulement, toi, fortifie-
toi, et agis courageusement.
CHAPITRE II.
Josué envoie deux espions pour recon-
naitre la ville de Jéricho. Rahab les
sauve; ils lui promettent qu'on lui con-
servera la vie.
1. Josué, fils de Nun, envoya
donc de Sétim deux hommes
comme espions secrets, et il leur
dit : Allez et considérez la terre
et la ville de Jéricho. Et ceux-ci
s'étant mis en chemin, entrerent
dans la maison d'une femme de
mauvaise vie, du nom de Rahab,
et se reposerent chez elle.
2. Or, on l'annonca au roi de
Jéricho, et on lui dit : Voilà que
des hommes d'entre les enfants
d'Israél sont entrés ici pendant
la nuit pour explorer la terre.
3. Et le roi de Jéricho envoya
chez Rahab, disant : Fais sortir
les hommes qui sont venus chez
toi, et qui sont entrés dans ta
maison ; car ce sont des espions,
et ils sont venus considérer toute
cette terre.
4. Mais Rahab, prenant ces
hommes, les cacha, et dit : Je l'a-
voue, ils sont venus chez moi,
mais je ne savais pas d'oü ils
étaient :
5. Et comme on fermait la porte
de la ville pendantla nuit, ils sont
sortis en méme temps; je ne sais
14. Nomb., xxxi, 26. — (παρ. 11. 1. Hébr., xr, 31; Jac., ir, 25. — 4. Infra, vr, 11.
19. Les Rubénites et les Gadites étaient les Israélites des tribus de Ruben et de Gad.
14. En deçà; littér.: au delà. Voy. Nombres, xxxu, 32.
1. * Sélim, appelé aussi Abelsatim, vis-à-vis de Jéricho, à l'est du Jourdain. —
Jéricho. Voir la note sur Josué, vi, 6.
"cH. [.זז
où ils sont allés : poursuivez-les
promptement et vous les attein-
drez.
6. Mais elle, elle fit monter ces
hommes sur la terrasse de sa
maison, et elleles couvrit avec de
la paille de lin, qui était là.
7. Or, ceux qui avaient été en-
voyés les poursuivirent par la
voie qui mene au gué du Jour-
dain; et, eux sortis, aussitót la
porte fut fermée.
8. Ceux qui étaient cachés ne
dormaient pas encore, et voilà
que Rahab monta vers eux, et
dit :
9. Je sais que leSeigneur vous
a livré cette terre ; car la terreur
de votre nom nous a saisis, et
tous les habitants de cette terre
sont dans l'abattement.
10. Nous avons appris que le
Seigneur a desséché les eaux de
la mer Rouge, à votre entrée,
quand vous étes sortis de l'Egyp-
te, et ce que vous avez fail aux
deux rois des Amorrhéens, qui
étaient au delà du Jourdain, Sé-
hon et Og, que vous avez tués.
11. Et apprenant cela, nous
avons craint fortement; notre
cœur a défailli, et le courage nous
a abandonnés à votre entrée ; car
le Seigneur votre Dieu est Dieu
aussi dans le ciel en haut, et sur
la terre en bas.
12. Maintenant donc, jurez-moi
JOSUÉ. 397
par le Seigneur, que, comme je
vous ai fait miséricorde, ainsi
vous ferez à la maison de mon
pere, et que vous me donnerez
un signe certain,
13. Que vous sauverez mon
père et ma mere, mes frères et
mes sœurs et tout ce qui est à
eux, 61 que vous arracherez ainsi
nos àmes à la mort.
14. Et ils lui répondirent : Que
notre àme soit pour vous jusqu'à
la mort, si toutefois tu ne nous
trahis point; et lorsque le Sei-
gneur nousaura livré cette terre,
nous accomplirons envers toi la
miséricorde et la fidélité.
15. Elle les fit donc descendre
avec une corde par la fenétre ;
car sa maison tenait au mur de la
ville,
16. Et elle leur dit : Allez vers
les montagnes, de peur qu'en re-
venant, ils ne vous rencontrent ;
et cachez-vous là trois jours, jus-
qu'àce qu'ils reviennent; et alors
vous irez par votre chemin.
47. Ils lui répondirent : Nous ne
manquerons pas à ce sermentpar
lequel tu nous a adjurés,
18. Si, nous entrant dans cette
terre, ce cordon d'écarlate sert de
signe, et si tu le lies à la fenétre
par laquelle tu nous a fait des-
cendre, et que tu assembles dans
ta maison ton père et ta mère,
tes freres et toute ta parenté,
10. Exode, xiv, 21; Nomb., xx1, 24. — 12. Infra, vi, 22.
14. Que notre dme, etc.; c’est-à-dire : Que nous périssions plutôt que de ne pas
t'accorder la demande que tu nous fais. On a déjà remarqué plusieurs fois que
le mot dme, en hébreu, se prend souvent pour vie, personne.
16. * Vers les montagnes qu'on appelle aujourd'hui de la quarantaine où fut tenté
Notre Seigneur (voir la note sur Matthieu, tv, 1). Elles sont à l'ouest de Jéricho et
par conséquent à l'opposé du chemin qui conduit aux gués du Jourdain, chemin
que devaient naturellement suivre ceux qui les poursuivaient, comme il est dit
au ÿ. 1.
398 JOSUÉ.
19. Celui qui sortira de la porte
de ta maison, son sang sera sur
sa tête, et nous, nous y serons
étrangers ; mais le sang de tous
ceux qui seront avec toi dans ta
maison retombera sur nous, si
quelqu'un les touche.
20. Que si tu veux nous trahir,
et publier ces paroles, nous se-
rons libres de ce serment par le-
quel tu nous as adjurés.
21. Et elle leur répondit : Qu'il
soit fait ainsi que vous avez dit.
Et les laissant aller, elle suspen-
dit le cordon d'écarlate à la fené-
ire.
92. Et eux, cheminant, parvin-
rent aux montagnes, et demeu-
rerent là trois jours, jusqu'à ce
querevinrent ceux qui les avaient
poursuivis; car les cherchant
dans tout le chemin, ils ne les
trouvèrent pas.
23. Et ceux-ci étant déjà entrés
dans la ville, les espions s'en re-
tournèrent, et descendirent de la
montagne; puis, le Jourdain pas-
sé, ils vinrent vers Josué, fils de
Nun, et lui racontèrent tout ce
qui leur était arrivé,
24. Et ils dirent : Le Seigneur
a livré toute cette terre en nos
mains et tous ses habitants sont
consternés par la frayeur.
CHAPITRE IIL.
Les Israélites passent le Jourdain.
1. Ainsi, Josué se levant de
nuit, leva le camp; et sortant de
Sétim ils vinrent au Jourdain,
lui et tous les enfants d'Israél, et
Cnar. III. 7. Supra, 1, ὃ.
(CH. ur.]
ils demeurèrent là trois jours.
2. Et ces trois jours écoulés,
les hérauts passèrent par le mi-
lieu du camp,
3. Et, commencerent à crier :
Quand vous verrez larche de
l'alliance du Seigneur votre Dieu
et les prétres de la race lévi-
tique qui la portent, vous aussi,
levez-vous, et marchez à leur
suite;
4. Et qu'il y ait entre vous et
l'arche l’espace de deux mille
coudées, afin que de loin vous
puissiez voir et connaître par
quelle voie vous devez aller,
parce que vous n’avez pas encore
passé par cette vole; et gardez-
vous d'approcher de l'arche.
9. Josué dit aussi au peuple :
Sanctifiez-vous; car demain le
Seigneur fera parmi vous des
merveilles .
6. Puis il dit aux prétres : Por-
tez l'arche du Seigneur, et pré-
cédez le peuple. Et ceux-ci accom-
plissant ces ordres, la porterent,
et marchèrent devant le peuple.
7. Alors le Seigneur dit à Jo-
sué : Aujourd'hui je commence-
rai à t'exalter devant tout Israël,
afin qu'ils sachent que, comme j'ai
été avec Moïse, ainsi je suis avec
toi aussi.
8. Pour toi, commande aux
prêtres qui portent 18106 de
l'alliance, et dis-leur : Lorsque
vous serez entrés dans une par-
tie de l'eau du Jourdain, arrétez-
vous-là.
9. Et Josué dit aux enfants d'Is-
raél : Approchez-vous ici, et
1. * Sétim. Voir 1, 4.
ur.] .8ס]
écoutez la parole du Seigneur
votre Dieu.
10. Et de nouveau : En cela
vous saurez que le Seigneur Dieu
vivant est au milieu de vous, et
quil détruira en votre présence
le Chananéen, l'Hétéen, l'Hévéen,
le Phérézéen, le Gergézéen, le
Jébuséen et l'Àmorrhéen.
41. Voilà qne l'arche de l'al-
liance du Seigneur de toute la
terre marchera devant vous à
travers le Jourdain.
19. Préparez douze hommes
des tribus d'Israél, un de chaque
tribu.
13. Et lorsque les prétres qui
portent l'arche du Seigneur Dieu
de toute la terre auront posé la
plante de leurs pieds dans les
eaux du Jourdain, les eaux d'en
bas s'écoulerontet se dissiperont,
mais celles qui viennent d'en
haut se condenseront en mon-
ceau.
14. Ainsi le peuple sortit de
ses tabernacles pour passer le
JOSUÉ.
399
Jourdain; et les prétres qui por-
taient l'arche de l'alliance mar-
chaient devant lui.
15. Mais eux étant entrés dans
le Jourdain, et leurs pieds com-
mencant à étre mouillés (car le
Jourdain avait couvert ses rives
au temps de la moisson),
16. Les eaux qui descendaient
S'arréterent en un seul lieu, et,
s'élevant comme une montagne,
elles paraissaient de loin, depuis
la ville qui est appelée Adom
jusqu'au lieu nommé Sarthan ;
mais celles qui étaient au-des-
sous, descendirent dans la mer
du désert (qui maintenant est ap-
pelée 76 mer Morte), jusqu'à ce
qu'ellesfussententierementécou-
lées.
17. Or, le peuple marchait
contre Jéricho, et les prétres qui
portaient l'arche de l'alliance du
Seigneur se tenaient sur la terre
seche au milieu du Jourdain tout
préts; et tout le peuple passait à
travers le lit desséché du fleuve.
11. Actes, vu, 45. — 15. Eccli., xxiv, 36.
15. * Le Jourdain avait couvert ses rives au lemps de la moisson. « Le récit biblique
correspond exactement à ce qu'on remarque encore aujourd'hui. Les Israélites tra-
versèrent le Jourdain quatre jours avant la Pâque. Alors comme maintenant la
moisson se faisait en avril et au commencement de mai, la moisson des orges précé-
dant celle du froment de deux ou trois semaines. Alors, comme aujourd'hui,il y a une
légére croissance des eaux qui est cause que le fleuve coule à cette saison à pleins
bords et sort méme quelquefois de son lit, là où il est le moins profond, de sorte
qu'en certains endroits l'inondation s'étend sur la partie du rivage qui est couverte
d'arbres et de végétation. » (Dr Roginson.) « ll est d'ailleurs impossible de déter-
miner l'endroit précis oü s'effectua le passage. Tout ce que nous savons à ce sujet,
c'est qu'il eut lieu vis-à-vis de Jéricho. Les Israélites descendaient des hauteurs de
Moab, probablement par l'ouadi Hesban et ils camperent dans la plaine au pied des
montagnes, prés d'une ville appelée Sétim, qui devait tirer indubitablement son nom
de ses bosquets d'acacias (Nombres, xxm, 48-49). De là ils se rendirent sur les bords
du Jourdain, et ils demeurérent là, avant de passer le fleuve, à un endroit situé
vis-à-vis, c'est-à-dire à l'est de Jéricho. » (PonTER.)
16, 17. Il est impossible de ne pas reconnaitre dans ce passage du Jourdain un
vrai miracle dont le but était de servir à conserver la vraie religion et à affermir
les Israélites, la jeunesse surtout, dans la croyance à son Dieu unique, créateur et
gouverneur de l'univers, et en particulier protecteur du peuple hébreu. — * La situa-
tion d'Adom et celle de SartAh«n sont incertaines.
400
CHAPITRE IV.
Monument dressé par Josué après le
passage du Jourdain.
1. Et, quand ils eurent passé,
le Seigneur dit à Josué :
2. Choisis douze hommes, un
de chaque tribu,
3. Et ordonne-leur d'emporter
du milieu du lit du Jourdain, oü
se sont arrétes les pieds des
prétres, douze pierres très dures,
que vous placerez dans l'endroit
du camp oü vous planterez cette
nuit les tentes.
4. Josué appela donc les douze
hommes quil avait choisis
d'entre les enfants d'Israël, un
de chaque tribu,
5. Et il leur dit : Allez devant
larche du Seigneur votre Dieu,
au milieu de Jourdain, et empor-
tez de là chacun une pierre sur
vos épaules, selon le nombre des
enfants d'Israël,
6. Afin que ce soit un signe
parmi vous. Et quand vos fils
vous interrogeront demain, di-
sant : Que veulent dire ces
pierres?
7. Vous leur répondrez : Les
eaux du Jourdain se sont dissi-
pées devant l'arche de l'alliance
du Seigneur, quand elle le pas-
sait, c'est pourquoi ces pierres
ont été placées comme un monu-
ment des enfants d'Israél pour
toujours. .
8. Les enfants d'Israël firent
donc comme ordonna Josué, por-
Cap. IV. 12. Nomb., xxxi, 28.
JOSUE.
[cH. 1v.]
tant du milieu du lit du Jour-
dain douze pierres, comme le
Seigneur lui avait commandé,
selon le nombre des enfants
d'Israël, jusqu'au lieu dans lequel
ils étaient campés; et c'est là
qu'ils les placèrent.
9. Josué placa aussi douze
autres pierres au milieu du
lit du Jourdain, וס
les prêtres qui portaient l'arche
de l'alliance ; et elles sont là jus-
qu'au présent jour.
10. Or, les prétres qui portaient
larche se tenaient au milieu du
Jourdain, jusqu'à ce que füt ac-
compli tout ce que le Seigneur
avait ordonné à Josué d'annon-
cer au peuple, et que lui avait
dit Moïse. Et le peuple se hâta
et passa le fleuve.
11. Et lorsque tous eurent pas-
sé, l'arche du Seigneur passa
aussi, et les prétres marchaient
devant le peuple.
12. De plus, les enfants de Ru-
ben et de Gad, et la demi-tribu
de Manassé, armés, précédaient
les enfants d'Israél, comme leur
avait ordonné Moise;
13. Et quarante mille combat-
tants marchaient par bandes et
par bataillons àtraversles plaines
et les campagnes de la ville de
1611600 .
14. En ce jour-là le Seigneur
exalta Josué devant tout Israél,
afin qu'ils le craignissent comme
ils avaient craint Moise pendant
qu'il vivait.
15. Et il lui dit :
5. Le nombre des enfants d'Israél; c'est-à-dire le nombre des tribus des enfauts
d'Israël.
6, 21. Demain; hébraisme, pour dans l'avenir, un jour.
fcn. v.]
16. Ordonne aux prétres qui
portent l'arche de l'alliance de
monter du Jourdain.
47. Et il leur ordonna, disant :
Montez du Jourdain.
18. Et lorsqu'ils furent montés,
portant Parche de l'alliance du
Seigneur, et qu'ils eurent com-
mencé à marcher sur la terre
sèche, les eaux revinrent dans
leur lit, etelles coulaient comme
elles avaient coutume aupara-
vant.
19. Or, le peuple monta du
Jourdain le dixieme jour du pre-
mier mois, et ils camperent à
Galgala, vers le cóté oriental de
la ville de Jéricho.
20. Josué placa aussi à Galgala
les douze pierres qu'ils avaient
prises dans le lit du Jourdain.
91. Et il dit aux enfants d’Is-
raël : Quand vos fils interroge-
ront demain leurs peres, et leur
diront : Que veulent dire ces
pierres?
22. Vous les instruirez et vous
direz : C'est à travers son lit des-
séché qu'Israél a passé ce Jour-
dain.
93. Le Seigneur votre Dieu
ayant séché les eaux en votre
présence jusqu'à ce que vous eus-
siez passé,
24. Comme il avait fait aupara-
vant àla mer Rouge, jusqu'à ce
que nous eussions passé,
25. Afin que tous les peuples de
laterre connaissent la main toute-
puissante du Seigneur, et que
24. Exode, xiv, 21.
JOSUÉ. 401
vous-mémes vous craigniez aussi
le Seigneur votre Dieu en tout
temps.
CHAPITRE V.
Les Israélites recoivent la circoncision et
font la Páque. La manne cesse. Un
ange apparait à Josué.
1. Quand donc tous les rois des
Amorrhéens qui habitaient au
delà du Jourdain, vers le cóté
occidental, et tous les rois de Cha-
naan qui possédaient les lieux
voisins de la grande mer, appri-
rent que le Seigneur avait séché
le cours du Jourdain devant les
enfants d'Israël, jusqu'à ce qu'ils
eussent passé, leur cœur défaillit,
etle courage les abandonna, par-
ce qu'ils craignaient l'entrée des
enfants d'Israél.
2. Alors le Seigneur dit à Josué :
Fais-toi des couteaux de pierre,
et circoncis pour la seconde fois
les enfants d'Israël.
3. Il fit ce qu'avait commandé
le Seigneur, et il circoncit les
enfants d'Israël sur la colline de
la circoncision.
4. Or voici la cause de la se-
conde circoncision : Tous les mà-
les d'entrele peuple, qui sortirent
de lEgypte, tous hommes de
guerre, moururent dans le désert
pendant les tres longs détours du
chemin ;
9. Et ils avaient été tous cir-
concis ; mais le peuple qui naquit
dans le désert
6. Pendant quarante années de
20. Galgala, est nommé ici par anticipation (Voy. y. 9). Cette figure, qu'on trouve
assez souvent dans la Bible, est aussi employée par les auteurs profanes. C'est ainsi
que Virgile a dit par anticipation (Enéid., 1, 2) : Lavinia littora
1. La grande mer. Voy. 1, ^.
4. 1.
403 JOSUÉ.
-
marche dans cette très vaste so-
litude, fut incirconcis, jusqu'à ce
que fussent consumés ceux qui
n'avaient pas écouté la voix du
Seigneur, et à qui auparavant il
avait juré qu'il neleur montrerait
pas la terre oü coulent du lait et
du miel.
7. Les fils de ceux-ci succéde-
rent à leurs pères, et furent cir-
concis par Josué, parce qu'ils
étaient incirconcis, comme ils
étaient nés, et que pendant le
chemin personne ne les avait cir-
concis.
8. Mais apres qu'ils furent tous
circoncis, ils demeurèrent cam-
pés dansle méme lieu, jusqu'à ce
qu'ils fussent guéris.
9. Alors le Seigneur dità Josué:
Aujourd'hui, j'ai óté l'opprobre
de l'Egypte de dessus vous. Et ce
lieu a été appelé du nom de Gal-
gala jusqu'au présent jour.
10. Et les enfants d'Israël de-
meurèrent à Galgala, et firent la
Pâque, au quatorzieme jour du
mois, vers 16 soir, dans les plaines
de Jéricho.
11. Et ils mangèrent des fruits
dela terre le jour suivant, des
pains azymes et de la farine sé-
chée au feu de la méme année.
19. Et la manne cessa après
CnaP. V. 16. Exode, 11 5; Actes, vii, 33.
]68. vr.]
qu'ils eurent mangé des fruits de
la terre, et les enfants d'Israël
n'userentplus decette nourriture,
mais ils mangerent des fruits de
laterre de Chanaan de la présente
année.
13. Or, comme Josué était dans
la campagne de la ville de Jéri-
cho, il leva les yeux et vit un
homme debout en face de lui, te-
nant un glaive nu ; et il alla vers
lui, et dit: Es-tu des nótres ou de
nos ennemis ?
14. Il répondit : Nullement,
mais je suis le prince de l'armée
du Seigneur, et maintenant je
viens.
15. Josué tomba incliné vers la
terre. Et, adorant, il dit : Que dit
mon Seigneur à son serviteur?
16. Ote, dit-il, ta chaussure de
tes pieds; car le lieu dans lequel
tu es est saint. Et Josué fit com-
me il lui avait été commandé.
CHAPITRE VI.
Siége et prise de Jéricho. Rahab associée
au peuple de Dieu. Iniprécation contre
celui qui rebátira Jéricho.
1. Or, Jéricho était fermée et
fortifiée, dans la crainte des en-
fants d'Israél, et nul n'osait sor-
tir ou entrer.
2. Et le Seigneur dit à Josué :
10. Au quatorzióme jour du mois. Voy. Exod., xu, 2.
1. * Jéricho. D'après M. 66 Saulcy, > la Jéricho détruite par Josué était sur le pâté
de mamelons qui domine l'Ain es-Sultan [la fontaine d'Elisée, voir la note sur
IV Rois, 19, 22]; la Jéricho de Hiel [III Rois, xvi, 34], devenue la Jéricho d'Hérode,
c'est-à-dire celle dans laquelle a séjourné Notre Seigneur Jésus-Christ, était au bas
de la gorge qui, de Jéricho, monte à Jérusalem, c'est-à-dire à l'entrée méme de la
plaine; la troisième Jéricho enfin, celle qui était florissante du temps d'Eusébe et
de S. Jérôme, n'est que la Riha des Arabes, c'est-à-dire qu'elle a été bâtie dans le
voisinage du Bordj actuel, vers le point où se dirigent les aqueducs, de construction
arabe, dont on retrouve quelques troncons entre la fontaine d'Elisée et le Bordj, dans
le large ravin qui sert de lit au Nahr el-Kelt, le Karith de l'Ecriture. »
[cn. VI.)
Voici que j'ai livré en ta main
Jéricho et son roi et tous ses bra-
ves guerriers.
3. Faites le tour de la ville,
vous tous combattants, une fois
par jour. Ainsi ferez-vous pen-
dant six jours.
4. Mais, au septieme jour, que
des prêtres portent sept trom-
pettes dont on fait usage pendant
le Jubilé, et qu'ils précèdent l'ar-
che de l'alliance ; et sept fois vous
ferez le tour de la ville, et les
prétres sonneront des trom-
pettes.
5. Et lorsque le son de la trom-
pette se fera entendre, d'abord
prolongé, puis entrecoupé, et
qu'il retentira à vos oreilles, tout
le peuple ensemble poussera les
plus grands cris, et les murailles
dela ville s'écroulerontjusqu'aux
fondements, et chacun entrera
par l'endroit vis-à-vis duquel il se
trouvera.
6. Josué, fils de Nun, appela
donc les prêtres et leur dit : Por-
tez l'arche de l'alliance, et que
sept autres prêtres portent sept
trompettes du jubilé, et qu'ils
marchent devant l'arche du Sei-
gneur.
7. Au peuple aussi il dit : Allez,
et faites le tour de la ville, armés,
précédant l'arche du Seigneur.
8. Or, lorsque Josué eut achevé
ces paroles, et que les sept pré-
ires sonnaient des sept trom-
pettes devant l'arche de l'alliance
du Seigneur,
9. Et que toute la troupe ar-
Cnar. VI. 11. Supra, τι, 4; Hébr., ,א
JOSUÉ. 405
mée précédait, le reste du peuple
suivait l'arche, et tout retentis-
sait du son des trompettes.
10. Or, Josué avait commandé
au peuple, disant : Vous ne crie-
rez point, et votre voix ne sera
point entendue, et aucun mot ne
sortira de votre bouche, jusqu'à
ce que vienne le jour auquel je
vous dirai : Criez et vociférez.
11. L'arche du Seigneur fit donc
une fois le tour de la ville pen-
dant le jour, et, revenue au camp,
elle y demeura.
12. Mais Josué s'étant levé du-
rant la nuit, les prétres porterent
l'arche du Seigneur,
13. Et sept d'entre eux, lessept
trompettes dont on fait usage
dans le jubilé ; et ils précédaient
l'arche du Seigneur, marchant et
sonnant des trompettes, et le
peuple armé allait devant eux,
et le reste du peuple suivait l'ar-
che et sonnait des trompettes.
14. Et le second jour ils firent
le tour de la ville une fois, puis
ils revinrent dans le camp. Ainsi
firent-ils pendant six jours.
15. Mais le septième jour, se
levant dès l'aurore, ils firent le
tour de la ville, comme il leur
avait été ordonné, sept fois.
16. Et lorsqu'au septieme tour,
les prétres sonnaient de la trom-
pette, Josué dit à tout Israël :
Poussez de grands cris; car le
Seigneur vous a livré la ville.
17. Et que cette ville soit ana-
thème, et que tout ce qui 50
trouve, soif consacré au Sei-
4. Des prélres. L'hébreu porte sept prétres. On voit, en effet, par le verset 6, où
on lit: sept autres prêtres, que le mot sept manque ici dans la Vulgate.
11, Soit anathème; c'est-à-dire soil vouée à la destruction.
40%
gneur; que la seule Rahab, la
femme de mauvaise vie, vive
avec tous ceux qui sont à elle
dans sa maison ; car elle ἃ caché
les messagers que nous avons
envoyés.
18. Mais vous, prenez garde
que vous ne touchiez à aucune
des choses qui vous ont été dé-
| fendues, que vous ne soyez cou-
» pables de prévarication, et que
' tout le camp d'Israél ne soit sous
le péché, et n'éprouve de la dis-
gráce.
49. Ainsi, que tout ce qu'il y
aura d'or et d'argent, et de vases
d'airain et de fer, soit consacré
au Seigneur et déposé dans ses
irésors.
20. Tout le peuple donc pous-
sant de grands cris, et les trom-
pettes sonnant, quand la voix et
le son eurent retenti aux oreilles
de la multitude, les murs sou-
dain s'écroulerent, chacun monta
par le lieu qui était vis-à-vis de
lui, et ils prirent la ville.
91. Et ils tuèrent tout ce qui s'y
trouvait, depuis l'homme jusqu'à
la femme, depuis l'enfant jus-
qu'au vieillard. Les bœufs aussi,
et les brebis et les ânes, ils les
frapperentdutranchantdu glaive.
299. Mais Josué dit aux deux
hommes qui avaient été envoyés
comme espions : Entrez dans la
JOSUÉ.
(cu. vi.]
maison de la femme de mauvaise
vie, et faites-la sortir, ainsi que
tout ce qui est à elle, comme
vous lui avez assuré par serment.
93. Et les deux jeunes hommes
étant entrés, firent sortir Rahab,
son père et sa mère, ses frères
aussi, tout ce qui leur apparte-
nait et toute sa parenté, et les
firent demeurer hors du camp
d'Israël.
24. Mais la ville et tout ce qui
s'y trouvait, ils les brülèrent,
excepté l'or, l'argent, les vases
d'airain et de fer, qu'ils consacrè-
rent pour le trésor du Seigneur.
οὗ, Quant à Rahab, la femme
de mauvaise vie, àla maison de
son père et à tout ce qu'elle avait,
Josué leur conserva la vie, et ils
ont habité au milieu d'Israël jus-
qu'au présent jour, parce qu'elle
cacha les messagers quil avait
envoyés pour explorer Jéricho.
En ce ce temps-là, Josué fit une
imprécation, disant :
26. Maudit devantle Seigneur;
l'homme qui relèvera et rebátira
la ville de Jéricho ! Que ce soit
sur son premier-né qu'il en jette
les fondements, et que ce soit
sur le dernier de ses enfants
qu'il en pose les portes.
27. Le Seigneur fut donc avec
Josué, et son nom se répandit
sur toute la terre.
20. Hébr., xri, 30; II Mach., xir, 15. — 22. Supra, 1, 1, 14. — 23. Héb., xr, 3l. —
94. Infra, viri, 2. — 26. ΠῚ Rois, xvi, 34.
20. Les murs, etc. 11 est vraisemblable que Dieu excita tout à coup un tremblement
de terre par lequel ces murs furent subitement renversés.
26. Que ce soit, etc.; c'est-à-dire que son premier-né périsse quand on jettera les
fondements de la nouvelle Jéricho, et son dernier-né lorsqu'on en posera les portes.
C'est une prophétie qui s'est vérifiée sous le règne d'Achab, en la personne de Hiel et
de ses fils, Abiran et Ségub. Voy. IT Rois, טא 34.
21. * Voir à la fin du volume la note 12 sur l'explication naturelle du passage du
Jourdain et de la prise de Jéricho.
[cu. vn.]
CHAPITRE VII.
Les Israélites attaquent la ville de Hai.
Ils sont repoussés avec perte. Crime
d'Achan découvert et puni.
1. Or, les enfants d'Israël trans-
gresserent le commandement, et
s'approprierent de lanatheéme;
car Achan, fils de Charmi, fils de
Zabdi, fils de Zaré, de la tribu de
Juda, prit quelque chose de l'a-
natheme, et le Seigneur fut
irrité contre les enfants d'Israél.
9. Et lorsque Josué envoya de
Jéricho des hommes contre Hai,
qui est près de Béthaven, au
côté oriental de la ville de Béthel.
il leur dit : Montez, et explorez
la terre. Ceux-ci, accomplissant
ses ordres, explorerent Hai.
3. Et, revenus, ils lui dirent :
Que toutle peuple ne monte point,
mais que deux ou trois mille
hommes aillent, et détruisent la
ville : pourquoi tout le peuple se
fatiguerait-il en vain contre des
ennemis trés peu nombreux?
4. 11] monta donc trois mille
combattants, qui aussitót tour-
nant le dos,
9. Furent battus par les habi-
tants de la ville de Hai; et il
tomba trente-six hommes d'entre
eux; etles ennemis les poursui-
virent depuis la porte jusqu'à
Sabarim, et ils les taillerent en
pieces, pendant qu'ils fuyaient à
travers les versants; et le cœur
du peuple fut saisi d'une grande
crainte et s'écoula comme l'eau.
- CnaP. VIL. 1. Infra, xxii, 20; I Par., n1, 7.
JOSUÉ.
405
6. Mais Josué déchira ses véte-
ments et tomba, incliné vers la
terre devant l'arche du Seigneur
jusqu'au soir, tant lui que tous
les anciens d'Israël ; etils mirent
de la poussière sur leurs têtes,
7. Et Josué dit : Hélas! Sei-
gneur Dieu, pourquoi avez-vous
voulu que ce peuple passát le.
fleuve du Jourdain, pour nous
livrer aux mains de l'Amorrhéen
et nous perdre? Oh! que ne som-
mes-nous demeurés au delà du
Jourdain comme nous avions
commencé!
8. Mon Seigneur Dieu, que di-
rai-je, voyant Israél tournant le
dos devant ses ennemis?
9. Les Chananéens lappren-
dront et tous les habitants de la
terre, et réunis ensemble, ils
nous envelopperont, et ils efface-
ront notre nom de la terre; et
que ferez-vous pour votre grand
nom?
10. Et le Seigneur dit à Josué :
Lève-toi et pourquoi es-tu cou-
ché 1a face contre terre?
11. Israél a péché et il a trans-
gressé mon alliance; ils ont pris
quelque chose de l'anatheme ; ils
l'ont dérobé, ils ont menti, et ils
l'ont caché parmi leurs bagages.
12. Israël ne pourra pas tenir
devant ses ennemis, et il les
fuira, parce qu'il s'est souillé par
l'anatheme : je ne serai plus avec
vous, jusqu'à ce que vous détrui-
siez celui qui est coupable de ce
crime.
1. De l’anathème; c'est-à-dire de ce qui avait été mis sous l'anathème, de ce qui
était voué à la destruction, ou consacré au Seigneur.
2. * Béthel. Voir Genèse, xij, 8. Auprès de Béthel sont les ruines de Khirbet el-
Koudeiréh qui marquent, d'aprés M. Victor Guérin, l'emplacement de Hai.
ἀ06
13. Léve-toi, sanctifiele peuple,
et dis-leur : Sanctifiez-vous pour
demain; car voici ce que dit le
Seigneur Dieu d'Israël : L'ana-
thème est au milieu de toi, Israël;
tu ne pourras tenir devant tes
ennemis, jusqu'à ce que dispa-
raisse d'au milieu de toi celui qui
s'est souillé de ce crime.
14. Vous viendrez des le matin,
chaeun dans votre tribu; et
quelle que soit la tribu que le
sort désigne, elle viendra divisée
en ses familles, la famille en
maisons, etla maison en hommes.
15. Et quiconque aura été sur-
pris dans ce crime, sera consumé
par le feu avec tout ce qui lui
appartient, parce qu'il a trans-
eressé l'alliance du Seigneur, et
qu'il a commis un forfait dans Is-
raël.
16. C'est pourquoi Josué, se le-
vant des le matin, fit venir Israél
selon ses tribus, et la tribu de
Juda fut trouvée coupable.
11. Et lorsqu'elle se fut pré-
sentée selon ses familles, la fa-
mille de Zaré fut trouvée cou-
pable. Et Josué la présentant
aussi par maisons, il trouva celle
de Zabdi coupable.
18. Et divisant la maison de
Zabdi par chaque homme, il
trouva coupable Achan, fils de
Charmé, fils de Zabdi, fils de Zaré,
de la tribu de Juda.
19. Alors Josué dit à Achan:
Mon fils, rends gloire au Sei-
gneur Dieu d'Israël; confesse et
JOSUÉ.
[cH. vir.]
et déclare-moi ce que tu as fait;
ne le cache pas.
90. Et Achan répondit à Josué,
et lui dit : C'est vraiment moi qui
ai péché contre le Seigneur Dieu
d'Israëi; et c'est absolument
ainsi que j'ai agl :
91. Fai vu parmi les dépouilles
un manteau d'écarlate, fort
beau, et deux cents sicles d'ar-
gent, et une règle d'or de cin-
quante sicles; et, les convoitant,
je les pris et les cachai dans la
terre au milieu de ma tente;
mais largent, je le couvris de
terre dans une fosse.
22. Josué envoya donc des ser-
viteurs, qui, courant à la tente
d'Achan, trouverent toutes les
choses cachées dans le méme
lieu, et l'argent aussi.
93. Et les enlevant de la tente,
ils les apporterent à Josué et à
tous les enfants d'Israël, et les
jeterent devant le Seigneur.
94. Or, Josué et tout Israél avec
lui prenant Achan, fils de Zaré,
l'argent, le manteau et la règle,
d'or; ses fils aussi et ses filles,
ses bœufs, ses ânes et ses brebis,
sa tente elle-méme et tous ses
meubles, les conduisirent dans
la vallée d'Achor,
95. Où Josué dit : Parce que tu
nous a troublés, que le Seigneur
te trouble en ce jour-ci. Et tout
Israël le lapida, et tout ce qui
était à lui, fut consumé par feu.
96. Et ils amassèrent sur lui un
grand monceau de pierres, qui
13. Lév., xx, 7; Nomb., xi, 18; Supra, ur, 5; I Rois, xvr, 5. — 26. II Rois, xvii, 11.
A —— — ———À
21. * Deux cents sicles. Voir la note sur Exode, xxi, 32.
23. Devant le Seigneur ;
24. * Dans la vallée d' Achor.
c'est-à-dire devant l'arche du Seigneur.
Cette vallée, dans le voisinage de Hai, au 1 nord de
Jéricho, ne peut être exactement déterminée.
[cæ. vin. |
est demeuré jusqu'au présent
jour. Ainsi fut détournée d'eux
la fureur du Seigneur. Et ce lieu
a été appelé du nom de vallée
d'Achor jusqu'aujourd'hui.
CHAPITRE VIII.
Prise de la ville de Hai. Bénédictions et
malédictions prononcées sur les monts
Hébal et Garizim.
1. Or, le Seigneur dit à Josué :
Ne crains pas et ne t'effraie pas :
prends avec toi toute la multi-
tudedes combattants, ette levant,
monte à la ville de Hai : Voilà
que j'ai livré en ta main son roi et
son peuple, sa ville et sa terre.
2. Et tu feras à la ville de Hai
et à son roi, comme tu as fait à
Jéricho et à son roi, mais le butin
et tous les animaux, vous les
prendrez pour vous : dresse une
embuscade à la ville par derriere.
3. Josué se leva donc et toute
l'armée de combattants avec lui
pour monter vers Hai, et il en-
voya la nuit trente mille hommes
choisis des plus vaillants,
4. Et il leur ordonna, disant :
Dressez une embuscade derriere
la ville, et ne vous éloignez pas
trop; et vous serez tous préts;
9. Pour moi et le reste de la
multitude qui est avec moi, nous
avancerons du cóté opposé contre
la ville. Et lorsqu'ils sortiront
contre nous, comme déjà nous
avons fait, nous fuirons, et nous
tournerons le dos,
6. Jusqu'à ce que, nous pour-
suivant, ils soient entrainés plus
JOSUÉ.
407
loin hors de la ville; car ils croi-
ront que nous fuyons comme au-
paravant.
1. Ainsi, nous fuyant et eux
nous poursuivant, vous vous lè-
verez del'embuscade, et vous ra-
vagerez la ville; et le Seigneur
votre Dieu lalivrera en vos mains.
8. Et lorsque vous l'aurez prise,
mettez-y le feu; et c'est ainsi que
vous ferez toutes choses, comme
jai commandé.
9. Et Josué les envoya, et ils
allerent au lieu de l'embuscade,
et se tinrent entre Béthel et
Hai, au cólé occidental de la
ville de Hai; mais Josué, cette
nuit-là, demeura au milieu du
peuple;
10. Et, se levant au point du
jour, il fit la revue de ses gens,
et il monta avec les anciens à la
téte de l'armée, protégé par le
secours des combattants.
11. Et, lorsqu'ils furent arri-
vés, et qu'ils eurent monté du
cóté opposé de la ville, ils s'ar-
réterent au cóté septentrional de
la ville, entre laquelle et eux était
la vallée.
19. Mais il avait choisi cinq
mille hommes et les avait placés
en embuscade entre Béthel et
Hai, àla partie occidentale de la
méme ville.
13. Quant à tout le reste de
l'armée, il se dirigeait en bataille
rangée vers l'aquillon, en sorte
que les derniers de cette multi-
tude atleignaient au côté occi-
dental de la ville. Josué partit
Cap. VIII. 2. Supra, vr, 24. — 5. Supra, vit, +.
1. * Hai. Voir plus haut, vu, 2.
9. * Béthel. Voir Genèse, xu, 8.
12. De la méme ville; c'est-à-dire de Hai.
408
donc cette nuit là, et s’arrêla au
milieu de la vallée.
14. Ce qu'ayant vu le roi de
Hai, il se hâta des le matin, et
sortit avec toutes les troupes de
la ville, et dirigea l'armée vers
le désert, ignorant que derriere
il y avait une embuscade.
15. Or, Josué et tout Israél
abandonnerent ce lieu, et fei-
gnant la peur, ils s'enfuirent par
la voie du désert.
16. Mais ceux de Hai poussant
tous ensemble de grands cris, et
s'encourageant muluellement les
poursuivirent; et, comme ils se
furent éloignés de la cité,
17. Et que pas méme un seul
ne resta dans la ville de Hai et de
Béthel, afin de poursuivre Israël
(comme ils étaient sortis précipi-
tamment, laissant leurs villes
ouvertes),
18. Le Seigneur dit à Josué :
Leve le bouclier qui est dans ta
main contre la ville de Hai, parce
que je te la livrerai.
19. Et lorsqu'il eut levé le bou-
clier contre la ville, ceux qui
étaient cachés en embuscade, se
leverent aussitót, et marchant
vers la ville, ils la prirent et y
mirent le feu.
20. Mais les hommes dela ville
qui poursuivaient Josué, regar-
dant et voyant que la fumée de
la ville montait jusqu'au ciel, ne
purent plus fuir ni d'un. cóté,
ni de lautre, surtout lorsque
ceux qui avaient feint une fuite
et se dirigeaient vers le dé-
sert, résisterent trés fortement
JOSUÉ.
(ca. vur.]
à ceux qui les poursuivaient.
21. Alors Josué et tout Israël,
voyant que la ville était prise, et
que la fumée montait de la ville,
se retournèrent et battirent les
hommes de Hai,
22. Attendu que ceux-mémes
qui avaient pris et brülé la cité,
étant sortis de la ville au-devant
des leurs, commencerent à frap-
per les ennemis au milieu d'eux.
Comme donc des deux cótés les
ennemis étaient taillés en pieces,
de maniere que pas un seul d'une
si grande multitude ne fut sauvé,
23. 115 prirent aussi vivant le
roi de la ville de Hai, et le pré-
sentèrent à Josué.
24. Ainsi, tous ceux qui avaient
poursuivi Israël se dirigeant vers
le désert, ayant été tués, et étant
tombés sous le glaive dans le
méme lieu, les enfants d'Israél
revinrent et ravagerent la ville.
95. Or, ceux qui, en ce méme
jour, succombèrent, depuis
l'homme jusqu’à la femme,
étaient au nombre de douze mille
hommes, tous de la ville de Hai.
90. Quant à Josué, tenant son
bouclier, il ne baissa pas la main
qu'il avait élevée, jusqu'à ce que
tous les habitants de Hai fussent
tués.
27. Et pour les bestiaux etle bu-
tin de la ville, les enfants d'Israël
se les partagèrent, comme avait
ordonné le Seigneur à Josué.
98. Et Josué mit le feu à la ville
et en fit un monceau de ruines
éternel;
29. Il en suspendit aussi le roi
14. Vers le désert; vers la plaine de Galgala, d’où les Israélites étaient partis.
29. La loi ordonnait de descendre les
Deut., xxi, 23.
pendus avant le coucher du soleil. Voy.
]68. 1x.)
à la potence jusqu'au soir et au
coucher du soleil. Ensuite Josué
ordonna, 6% on descendit son ca-
davre de la croix; on le jeta à
l'entrée méme de la ville, en éle-
vant sur lui un monceau de pier- |
res qui est demeuré jusqu'au pré- |
sent jour.
30. Alors Josué bâtit un autel
au Seigneur Dieu d'Israél sur le
mont Hébal,
31. Comme avait ordonné
Moïse, serviteur du Seigneur,
aux enfants d'Israël, et comme
il est écrit dans le livre de la
loi de Moïse : Un autel de pier-
res non polies que le fer n’a pas
touchées ; et il offrit dessus
des holocaustes au Seigneur, et
il immola des victimes pacifi-
ques.
32. Et il écrivit sur les pierres
le Deutéronome delaloi de Moise,
que celui-ci avait exposé devant
les enfants d'Israél.
33. Or tout le peuple et les an-
ciens, les chefs et les juges étaient
debout des deux cótés de l'arche,
en présence des prétres qui por-
taient l'arche de l'alliance du Sei-
eneur, l'étranger comme l'indi-
gene. Une moitié était pres du
mont Garizim, et l'autre moitié
prés du mont Hébal, comme avait
ordonné Moise, serviteur du Sei-
gneur. Et d'abord il bénit le peu-
ple d'Israël.
34. Apres cela il lut toutes les
paroles de bénédiction et de ma-
31. Exode, xx, 25; Deut., xxvir, 5.
JOSUÉ.
409
lédiction, et tout ce qui était écrit
dans le livre de la loi.
39. Il ne laissa rien, sans le
rappeler, de tout ce que Moise
avait commandé ; mais il retraca
toutes choses devant toute la
multitude d'Israël, les femmes,
les petits enfants et les étrangers
qui demeuraient parmi eux.
CHAPITRE IX.
Les Gabaonites surprennent Josué. On
fait alliance avec eux. Leur artifice est
reconnu. On les condamne à porter le
bois, et à porter l'eau dans la maison
du Seigneur.
1. Ces événements appris, tous
les rois d'au delà du Jourdain,
qui demeuraient dans les monta-
gnes, dans les plaines, dans les
lieux maritimes et sur le rivage
de la grande mer ; ceux aussi qui
habitaient près du Liban, l'Héthé-
en, etl'Amorrhéen,le Chananéen,
le Phérézéen, l'Hévéen et le Jé-
buséen,
2. Se réunirent tous ensemble
pour combattre contre Josué et
Israël, dun méme cœur et d'un
méme esprit.
3. Mais ceux qui habitaient à
Gabaon, apprenant tout ce qu'a-
vait fait Josué à Jéricho et à
Hai,
4. Et imaginant une ruse, pri-
rent avec eux des vivres, mettant
de vieux sacs sur leurs ànes et
des outres de vin rompues et re-
cousues,
————— ————————ÓÓPMÁÓ—— r— a —Q
30-33. * Garizim, Hébal. Voir Deutéronome, ΧΙ, 90.
1. La grande mer; c'est-à-dire la mer Méditerranée. — * Dans les plaines. La Vul-
gate traduit ainsi le mot Schephéla ou Séféla, qui désigne proprement la plaine des
Philistins. Voir la note sur Juges, xv, 5.
3. * A Gabaon. Voir la note sur 111 Rois, 1n, &.
40
5. Et des chaussures très vieil-
les, et qui, pour preuve de leur
vétusté, étaient couvertes de pie-
ces; ils étaient eux-mémes vétus
de vieux habits : les pains aussi
qu'ils portaient pour provisions
de voyage, étaient durs et brisés
en morceaux.
6. C'est ainsi qu'ils vinrent vers
Josué, qui alors se trouvait au
camp de Galgala, et qu'ils lui di-
rent et en méme temps à tout
Israél: Nous sommes venus d'une
terre lointaine, désirant faire la
paix avec vous. Et les hommes
d'Israël leur répondirent et di-
rent :
7. Peut-être que vous habitez
dans la terre qui nous est due par
le sort, et que nous ne pouvons
faire alliance avec vous.
8. Mais eux à Josué : Nous
sommes vos serviteurs, dirent-ils.
Et Josué leur demanda : Qui étes-
vous? Et d’où venez-vous?
9. Ils répondirent : C'est d'une
terre très lointaine que sont ve-
nus vos serviteurs, au nom du
Seigneur ton Dieu; car nous
avons appris la renommée de sa
puissance, tout ce qu'il a fait en
Egypte,
10. Et aux deux rois des Amor-
rhéens, qui étaient au delà du
Jourdain, Séhon, roi d'Hésébon,
et Og, roi de Basan, qui était à
Astaroth.
11. Et les anciens et tous les
habitants de notre terre nous ont
JOSUÉ.
[cn. 1x.]
dit : Prenez en vos mains des
provisions pour ce tres long
voyage, et allez au-devant d'eux,
et dites : Nous sommes vos servi-
teurs, faites alliance avec nous.
12. Voyez ces pains, quand
nous sommes sortis de nos mai-
sons, pour venir vers vous, nous
les avons pris chauds; mainte-
nant ils sont devenus secs et ré-
duits en poudre par une excessi-
ve vétusté.
13. Et ces outres de vin, nous
les avons remplies neuves, main-
tenant elles sont rompues et dé-
cousues; et les vétements que
nous portons, et les chaussures
que nous avons aux pieds, sont
usés à cause de la longueur d'un
trop long chemin, et presque en-
tierement détruits.
14. Ils prirent donc de leurs vi-
vres et ils n'interrogeérent point
l'oracle du Seigneur.
15. Et Josué fit la paix avec
eux, et, l'alliance contractée, il
promit qu'ils ne seraient pas
tués : les princes dela multitude
aussi le leur jurerent.
16. Mais après trois jours de
l'alliance faite, ils apprirent qu'ils
habitaient dans le voisinage, et
qu'ils allaient se trouver au mil-
lieu d'eux.
17. Et les enfants d'Israël le-
verent le camp, et ils arriverent
letroisieme jour dans leurs villes,
dont les noms sont, Gabaon, Ca-
phira, Béroth et Cariathiarim.
CnaP. 1X. 10. Nomb., xxr, 24. — 15. II Rois, xxi, 2.
10. * Voir Deutéronome, 1, ^.
44. Ils. 11 faut entendre par ce mot les principaux d'Israël.
1T. * Gabaon. Voir III Rois, 111, 4. — Caphira ou Caphara aujourd'hui Kefir, devint
une ville de Benjamin. — Béroth, ainsi nommé à cause de ses sources, au nord de
Jérusalem. — Cariathiarim, au nord-ouest de Jérusalem. Voir Juges, xvin, 12.
[cu. x.)
18. Cependantils ne les tuerent
point, parce que les princes de
la multitude le leur avait juré au
nom du Seigneur Dieu d'Israël.
C'est pourquoi tout le peuple
murmura contre les princes,
19. Qui leur répondirent : Nous
leur avons juré au nom du Sei-
gneur Dieu d'Israél, et c'est pour
cela que nous ne pouvons les
toucher.
20. Seulement, voici ce que
nous leur ferons : Qu'à la vérité
ils soient conservés à la vie, de
peur que la colère du Seigneur
ne s'élève contre nous, si nous
nous parjurons;
21. Mais qu'ils vivent de telle
sorte qu'ils coupent du bois et
quils portent de l'eau pour l'u-
sage de toute la multitude. Pen-
dant que les princes disaient ces
choses,
22. Josué appela les Gabaoni-
tes, et leur dit : Pourquoi avez-
vous voulu nous surprendre par
fraude, jusqu'à dire : Nous habi-
tons fort loin de vous, tandis
que vous étes au milieu de nous?
23. C'est pourquoi vous serez
sous la malédiction, et jamais il
ne manquera quelqu'un de votre
race pour couper du bois et porter
de l'eau dans la maison de mon
Dieu.
24. Ceux-ci répondirent : Il a
été annoncé à vos serviteurs,
que le Seigneur votre Dieu avait
promis à Moise, son serviteur,
quil vous livrerait toute cette
terre, et qu'il en détruirait tous
JOSUÉ. AU
les habitants. Nous avons donc
beaucoup craint, et nous avons
pourvu à notre vie, poussés par
la terreur de votre nom, et nous
avons formé ce dessein.
25. Mais maintenant nous som-
mes en ta main, fais-nous ce qui
te paraît bon et juste.
26. Josué fit donc comme il
avait dit; et il les délivra de la
main des enfants d'Israël, afin
qu'ils ne fussent pas tués.
97. Et en ce jour-là il déclara
qu'ils étaient au service de tout
le peuple et de lautel du Sei-
gneur, pour couper du bois et
porter de l'eau dans le lieu que
le Seigneur aurait choisi; ce
quils ont fait jusqu'au présent
temps.
CHAPITRE X.
Siège de Gabaon. Josué marche à son se-
cours. Il arrête le soleil, fait mourir les
rois vaincus, et prend plusieurs villes.
1. Lorsque Adonisédec, roi de
Jérusalem, eut appris ces choses,
savoir, que Josué avait pris Hai et
qu'il l'avait détruite (car comme
il avait fait à Jéricho et à son
roi, ainsi fit-il à Hai et à son
roi), et queles Gabaonites avaient
passés aux Israélites, et qu'ils
étaient leurs alliés,
2. Il en eut une grande crainte;
car Gabaon était une grande ville
et une des cités royales, et plus
grande que la ville de Hai et
tous ses guerriers étaient tres
vaillants. |
3. 400156060 , roi de Jérusa-
* Jérusalem. Voir la note 15 à la fin du volume. — Hai. Voir plus haut, vir, 2.
h * Gabaon. Voir la note sur HI Rois, ur, 4
3. * Hébron. Voir la note sur Genèse, xui, 18. — Jérimoth, ville de la ו de Juda,
sur une haute colline, à
trois heures d'Eleuthéropolis. — Lachis, plus tard ville de
412 JOSUÉ.
lem, envoya donc vers Oham, roi
d'Hébron, vers Pharam, roi de
Jérimoth, vers Japhia aussi, roi
de Lachis, et vers Dabir, roi d'E-
glon, disant :
4. Montez vers moi, et me por-
tez secours, afin que nous rédui-
sions Gabaon, parce qu'elle a
'passé à Josué et aux enfants d'Is-
rael.
5. S'étant donc assemblés, les
cinq rois des Amorrhéens, le roi
de Jérusalem, le roi d'Hébron, le
roi de Jérimoth, le roi de Lachis,
le roi d'Eglon, montèrent ensem-
ble avec leurs armées , ils campè-
rent pres de Gabaon et l'assié-
gerent.
6. Mais les habitants de Ga-
baon, la ville assiégée, envoyè-
rent à Josué, qui alors était au
camp prés de Galgala, et lui
dirent : Ne retire pas tes mains
auxiliaires de tes serviteurs
monte aussitót, délivre-nous, et
[cu. x.]
porte-nous secours; car tous les
rois des Amorrhéens qui habi-
tent dans les montagnes se sont
réunis contre nous.
7. Et Josué monta de Galgala,
et avec lui toute larmée des
combattants, hommes très vail-
lants.
8. Et le Seigneur dit à Josué :
Ne les crains point ; car je les ai
livrés en tes mains : nul d'entre
eux ne pourra te résister.
9, C'est pourquoi Josué mon-
tant de Galgala pendant toute la
nuit, fondit soudainement sur
eux;
10. Et le Seigneur les mit en
déroute à la face d'Israél; il en
fit un grand carnage à Gabaon,
il les poursuivit par la voie de
la montée de Béthoron, et les
tailla en pieces jusqu'à Azéca et
à Macéda.
11. Et lorsqu'ils fuyaient les
enfants d'Israél, et qu'ils étaient
Juda, à l'entrée de la plaine de la Séphéla, au nord-ouest et non loin d'Eglon. —
Eglon, aujourd'hui Adjlan, sur la route de Jérusalem à Gaza, à quatre heures au
sud-ouest d'Eleuthéropolis.
10-11. * Par la voie de la montée de Béthoron... Dans la descente de Béthoron. « Une
large vallée, toute couverte de champs de blé, part de la plaine de Saron et se
dirige tout droit vers les hauteurs, qui ont ici un caractère plus hardi et atteignent
une élévation plus qu'ordinaire. Cette vallée est la vallée d'Aialon ou des Certs,
dont le nom survit encore dans un petit village, situé au sud. La vallée est légère-
ment interrompue par une petite éminence sur laquelle s'éléve le village. de Beit-
Nouba. Aprés avoir passé par deux autres villages, Beit-Siréh et Beit-Likhi, on
franchit une autre éminence et un autre village. A partir de là, la vallée se rétrécit
et l'on commence à monter graduellement. On voit à ses pieds, sur une élévation,
le village de Beit-ur el-tahti, reconnaissable à ses palmiers; au sommet, à l'extrémité
orientale du défile, est situé le village de Beit-ur el-foka. Ce défilé est le passage de
Béthoron-le-Bas et de Béthoron-le-Haut, « la Maison des Cavernes. » Il y a encore
des traces de ces cavernes, quoique pas assez peut-être pour justifier un tel nom.
On dit qu'il existe trois ou quatre cavernes trés profondes dans une colline qui est
immédiatement au sud de Béthoron-le-Haut. De Béthoron-le-Haut, une autre descente
et une autre montée conduisent à une autre éminence qui commande les hauteurs
au-dessus d'El-Gib, le village moderne qui retient sous cette forme le nom de Ga-
baon. De là une descente en pente douce mène à ce village lui-même. » (SrANLEY.)
11 * > La plupart des commentateurs, dit Calmet, entendent (ce verset) d'une
gréle d'une grosseur et d'une dureté extraordinaire. D'autres prennent à 18 lettre
[grandes pierres]. » Le texte et les versions parlent positivement de pierres de
gréle.
[cn. x.]
dans la descente de Béthoron, le
Seigneur lanca du ciel sur eux
de grosses pierres jusqu'à Azéca :
et il en mourut beaucoup plus
par les pierres de gréle, que les
enfants d'Israél n'en avaient tués
par le glaive.
19. Alors Josué parla au Sei-
gneur, dans le jour qu'il livra
lAmorrhéen en présence des
enfants d'Israël, et il dit devant
eux : Soleil, ne te meus point
contre Gabaon, ni toi, lune, contre
la vallée d'Aialon.
13. Et le soleil et la lune s'ar-
réterent, jusqu'à ce qu'une nation
se fut vengée de ses ennemis.
Cela n'est-il pas écrit dans le
livre des Justes? C'est pourquoi
le soleil s'arréta au milieu du
ciel, et ne se hâta point de se
coucher durant l'espace d'un
jour.
14. Il n'y eut point avant ni
apres un aussi long jour, le Sei-
gneur obéissant à la voix d'un
homme etcombattant pour Israël.
15. Et 10506 retourna avec tout
Israél au camp de Galgala.
16. Car les cinq rois s'étaient
enfuis et s'étaient cachés dans la
caverne de la ville de Macéda.
11. Et l'on annonça à Josué que
les cinq rois avaient été trouvés
cachés dans la caverne de la ville
de Macéda.
18. Et Josué ordonna à ceux
qui l'accompagnaient, et dit
Roulez de grandes pierres à l'ou-
verture de la caverne, et placez
JOSUÉ. 443
des hommes intelligents qui gar-
dent ceux qui y sont enfermés.
19. Pour vous, ne vous arrétez
point, mais poursuivez les enne-
mis, et taillez en pièces tous les
derniers des fuyards; et ne les
laissez point entrer dans les for-
teresses de leurs villes, eux que
le Seigneur votre Dieu a livrés
en vos mains.
20. Les ennemis donc ayant été
taillés en pieces dans un grand
carnage, et presque détruits jus-
qu'à une entière extermination,
ceux qui purent échapper à Israél
entrèrent dans les villes forti-
fiées.
91. Et toute l'armée retourna
vers Josué à Macéda, oü alors
était le camp, saine et sauve, et
en nombre complet : et nul n'osa
murmurer contre les enfants
d'Israél.
22. Et Josué ordonna disant :
Ouvrez l'entrée de la caverne, et
amenez-moi les cinq rois qui y
sont cachés.
93. Etles serviteurs firent com-
me il leur avait été commandé ;
et ils lui amenèrent de la caverne
les cinq rois, le roi de Jérusalem,
le roi d'Hébron, le roi de Jéri-
moth, le roi de Lachis, le roi d'E-
glon.
24. Et lorsqu'ils eurent été
amenés, il appela tous les hom-
mes d'Israël, et il dit aux princes
de l’armée, qui étaient avec lui :
Allez, et mettez les pieds sur les
cous de ces rois. Lorsque ceux-ci
Cuar. X. 13. Eccli., xzvr, 5; Is., xxvnr, 21.
13. * Voir à la fin du volume la note 13 sur le miracle du soleil arrêté par Josué.
11." Dans la caverne de... Macéda. « Nous ne connaissons pas d'une manière précise
la position de Macéda, mais elle était probablement située à l'endroit où les der-
nières pentes des montagnes se confondent avec la plaine. » (STANLEY.)
414
furent allés, et pendant qu'ils
foulaient leurs cous aux pieds,
après les avoir terrassés,
25. Il leur dit de nouveau : Ne
craignez point, et ne vous épou-
vantez pas, prenez courage et
soyez forts; car ainsi fera le Sei-
gneur à tous vos ennemis contre
lesquels vous combattrez.
26. Et Josué les frappa et les
tua, et les suspendit à cinq po-
leaux; et ils furent suspendus
jusqu'au soir.
27. Et lorsque le soleil se cou-
chait il ordonna à ceux qui l'ac-
compagnaient de les descendre
des poteaux. Ceux-ci les ayant
descendus, les jetèrent dans la
caverne, dans laquelleilss'étaient
cachés, et mirent à l'entrée de
grandes pierres, qui sont demeu-
rées jusqu'à présent.
28. En ce méme jour aussi Jo-
sué prit Macéda et la frappa du
tranchant du glaive; et il tua son
roi et tous ses habitants, et il n'y
laissa pas méme les moindres
restes. Ainsi, il fitau roi de Macé-
da comme il avait fait au roi de
Jéricho.
29. Or, il passa avec tout Israël
de Macéda à Lebna, et il combat-
tait contre elle.
27. Deut., xxr, 23. — 30. Supra, vi, 2.
JOSUÉ.
x.] .זוס]
90. Et le Seigneur la livra avec
son roi aux mains d'Israël ; ils
frappèrent du tranchant du glaive
la ville et tous ses habitants ; 115
n y laissèrent aucun reste. Aïnsi,
ils firent au roi de Lebna, comme
ils avaient fait au roi de Jéricho.
31. De Lebna il passa à Lachis
avec tout Israël; et, son armée
étant rangée tout autour, il l'at-
taquait.
32. Et le Seigneur livra Lachis
aux mains d'Israël, et il la prit le
second jour, et il frappa du tran-
chant du glaive, toute àme qui
avait été en elle, comme il avait
fait à Lebna.
33. En ce temps-là monta Ho-
ram, roi de Gazer, pour secourir
Lachis. Josué le battit avec son
armée jusqu'à une. derniere ex-
termination.
34. Etil passa de Lachis à Eglon
et l'assiégea;
35. Et il la prit d'assaut le méme
jour; etil frappa du tranchant du
glaive toutes les àmes qui étaient
en elle, selon tout ce qu'il avait
fait à Lachis.
36. Il monta aussi avec tout
Israel d'Eglon à Hébron, et com-
battit contre elle.
97. 11 la pritetlafrappa du tran-
26. * Josué... les suspendit à cing poleaux. La maniére dont Josué traite les rois
vaincus, qu'il fait pendre, était commune dans l'antiquité. Le pharaon Aménophis II,
par exemple, immole de sa main sept des prisonniers qu'il avait faits au voisinage
de l'Euphrate et il en attache ensuite les cadavres à l'avant du vaisseau qui le ramène
triomphalement dans sa capitale. ἃ son retour, six des cadavres sont suspendus
en face des murs de Thébes, ainsi que les mains coupées aux morts sur les champs
de bataille. La septième victime est envoyée jusqu'à Napata, au fond de l'Ethiopie,
pour y être exposte de la même manière.
21. De les descendre, etc. Voy. viu, 29.
29. " Lebna, vile royale des Chananéens, dans la plaine de la Séphéla, entre
Macéda et Lachis, au sud-ouest de cette dernière ville. Son site précis est d'ailleurs
inconnu.
33. * Gazer. Voir 111 Rois, 1x, 16.
[cu. x1.]
chant du glaive, ainsi que son roi
et toutes les autres villes de cette
contrée, et toutes les àmes qui y
étaient demeurées ; il n’y laissa
aucuns restes : comme il avait
fait à Eglon, ainsi fit-il à Hébron,
faisant passer par le glaive tout
ce qu'il trouva.
38. De là revenu à Dabir,
39. Il la prit et la ravagea; il
frappa aussi du tranchant du
glaive son roi et toutes les villes
d'alentour : il n'y laissa aucuns
restes : comme il avait fait à Hé-
bron et à Lebna et à leurs rois,
ainsi fit-il à Dabir et à son roi.
40. C'est pourquoi Josué frappa
toute la terre des montagnes, du
midi et de la plaine, et Asédoth
avec ses rois : il n'y laissa aucuns
restes; mais tout ce qui pouvait
respirer, il le tua, comme lui
avait ordonné le Seigneur Dieu
d'Israél,
41. Depuis Cadesbarné jusqu'à
Gaza. Toute la terre de Gosen jus-
qu'à Gabaon,
49. Et tous leurs rois et leurs
contrées, il les pritet les ravagea
d'une seule attaque ; car le Sei-
gneur Dieu d'Israél combattit
pour lui.
JOSUÉ. 415
43. Et il retourna avec tout Is-
raél au lieu du camp, à Galgala.
CHAPITRE XI.
Victoires de Josué sur le roi d'Asor, et
sur plusieurs autres rois ligués contre
Israél.
1. Lorsque Jabin, roi d'Asor,
eut appris ces choses, il envoya
vers Jobab, roi de Madon, vers le
roi de Séméron, versle roi d'Ach-
saph,
9. Et aussi vers les rois de l'a-
quilon, qui habitaient dans les
montagnes et dans la plaine,
contre le midi de Cénéroth, dans
les campagnes mémes et dans les
contrées de Dor, prés de la mer;
3. De plus, vers le Chananéen
à l'orient et àl'occident, vers l'A-
morrhéen, l'Héthéen, le Phéré-
zéen, le Jébuséen dans les mon-
tagnes ; vers l'Hévéen aussi qui
habitait au pied de l'Hermon,
dans la terre de Maspha.
4. Ils sortirent tous avec leurs
troupes, peuple très nombreux,
comme le sable qui est sur le ri-
vage de la mer, etavec une gran-
de multitude de chevaux et de
chars.
5. Et tous ces rois vinrent en-
38. * Dabir, appelée Cariath-Sépher ou ville des livres. Voir Juges, 1, 11-12.
41. * Cadesbarné ou Cadès. Voir note sur Nombres, xx, 1. — Gaza, l'une des cinq
grandes villes des Philistins, au sud-ouest de la Séphéla, sur la route entre l'Egypte
et la Syrie, dont elle était la clef. Climat chaud, puits excellents, palmiers et oliviers.
— Gosen, au sud de la tribu de Juda.
1. * Asor, ville trés forte sur une éminence, non loin du lac Mérom et de la ville
de Cédés, probablement le Tell Khoreibéh actuel. — Madon, Séméron, Achsaph, si-
tuation inconnue.
2. * Dans les montagnes de Nephthali. — Cénéroth, prés du lac de Génésareth. —
Dor, au pied du Carmel, prés de (a mer Méditerranée.
4. * Avec une grande mullitude de chevaux et de chars. Les chariots des Chana-
néens n'étaient pas des chariots armés de faux, comme on l'a dit quelquefois, car
ces derniers étaient inconnus en Asie, avant Cyrus; ils étaient garnis de fer, comme
les chars égyptiens, faits en bois avec des clous et des coins de métal.
5. * Auprés des eauz de Mérom. Le lac Mérom, aujourd'hui el-Houléh, au nord du
lac de Tibériade.
410 JOSUÉ.
semble auprès des eaux de Mé-
rom, pour combattre eontre Is-
raél.
6. Alors le Seigneur dit à Josué:
Ne les crains point; car demain,
à cette méme heure, moi-même
je les livrerai tous pour être bat-
tus en présence d'Israël : tu cou-
peras les nerfs des jambes de
leurs chevaux, et tu brüleras
leurs chars au feu.
7. Et Josué vint soudainement
et toute son armé avec lui, con-
tre eux auprès des eaux de Mé-
rom, et ils fondirent sur eux,
8. Et le Seigneur les livra aux
mains d'Israël. Ils les battirent et
les poursuivirent jusqu'à la
grande Sidon, jusqu'aux eaux de
Maséréphoth et jusqu à la cam-
pagne de Masphé, laquelle est à
sa partie orientale. Il les battit
tous de telle sorte qu'il n'en
laissa aucun reste ;
9. Et il fit comme lui avait or-
donné le Seigneur, il coupa les
nerfs des jambes de leurs che-
vaux, et brüla les chars au feu.
10. Et étant retourné aussitót il
prit Asor, et frappa de son glaive
le roi de cette ville; car Asor an-
ciennement tenait le premier
rang entre tous ces royaumes.
11. 11 frappa toutes les âmes
qui s'y trouvaient, et il n'y laissa
aucun reste ; maisil ravagea tout
[cu. xr.]
jusqu'à une derniere extermina-
tion; et la ville elle-méme, il la
détruisit par un incendie.
19. Quant à toutes les cités
d'alentour et à leurs rois,il les
prit, les battit et les détruisit,
comme lui avait ordonné Moise,
serviteur du Seigneur.
13. Israël mit le feu à toutes
les autres villes, excepté à celles
qui étaient situées sur les col-
lines et sur les hauteurs;il ne
consuma entierement par les
flammes que la seule Asor, qui
était très fortifiée.
14. Mais tout le butin de ces
villes et les bestiaux, les enfants
d'Israël se les partagérent, tous
les hommes ayant été tués.
15. Comme le Seigneur avait
ordonné à Moise, son serviteur,
ainsi ordonna 110186 à Josué, et -
celui-ci accomplit tout; il n'o-
mit aucun des commandements,
ni méme une seule parole de ce
que le Seigneur avait commandé
à Moise.
16. C'est pourquoi Josué prit
toute la terre montagneuse et
méridionale, la terre de Gosen,
la plaine, la région occidentale,
la montagne d'Israél et ses cam-
pagnes.
17. Et la partie de la montagne
qui monte vers Séir jusqu'à
Baalgad parla plaine du Liban,
XI. 12. Deut., vir, 1. — 15. Exode, xxxiv, 11; Deut., vir, 1. ג
€ MÀ M —— — M M M M — M ——
8. La grande; non point qu'il y en eüt une plus petite, mais elle était véritable-
ment grande par son étendue, son antiquité et ses richesses. — Masphé; même nom
de lieu que Maspha du verset 3. — * Sidon, au nord de Tyr, port sur la Méditerranée,
capitale de la Phénicie avant Tyr, qui devint dans la suite plus importante. — Les
euux de Masérépholh sont inconnues comme Masphé.
16. * La terre montagneuse et méridionale, les montagnes de Juda. — Gosen. Voir
x, 41. — La montagne d'Israël, probablement la montagne d'Ephraim.
41. * Baalgad, ville située au pied de l'Hermon, appelée aussi Baal-Hermon, peut-
être la méme qui devint plus tard Césarée de Philippe.
‘cH. “ΧΕΙ
au-dessous de la montagne d'Her-
mon : il prit tous leurs rois, les
battit et les tua.
18. Pendant longtemps Josué
combattit contre ses rois.
19. Il n'y eut pas de ville qui
se rendit aux enfants d'Israël, ex-
cepté l'Hévéen qui habitait à Ga-
baon; car il les prit toutes en
combattant.
90. L'arrét du Seigneur, en ef-
fet, avait été que leurs cœurs se-
raient endurcis, qu'ils combat-
traient contre Israël et qu'ils
succomberaient, qu'ils ne méri-
teraient aucune clémence, et
qu'ils périraient, comme avait
ordonné le Seigneur à Moise.
91. En ce temps-là Josué vint,
et il tua les Enacim des mon-
tagnes d'Hébron, de Dabir, d'A-
nab, et de toute la montagne de
Juda et d'Israël, et il détruisit
leurs villes.
92. Il ne laissa aucun de la race
des Enacim, dans la terre des
enfants d'Israél, excepté dans les
villes de Gaza, de Geth et d'A-
zot, dans lesquelles seules il en
fut laissé.
JOSUÉ.
417
23. Josué donc prit tout le
pays, comme avait dit le Sei-
gneur à Moïse, et il le livra en
possession aux enfants d'Israël,
selon leurs parts et leurs tribus; et
le pays se reposa des combats.
CHAPITRE XII.
Dénombrement des rois vaincus par les
Israélites.
1. Voici les rois que battirent
les enfants d'Israél, et dont ils
posséderent la terre au delà du
Jourdain, vers le levant, depuis
le torrent d'Arnon jusqu'à la
montagne d'Hermon, et toute la
contrée orientale qui regarde le
désert.
9. Séhon, roi des Amorrhéens
qui habita à Hésébon, et qui rè-
gna depuis Aroer, qui est située
sur le bord du torrent d'Arnon,
au milieu de la vallée, et dans la
moitié de Galaad jusqu'au tor-
rent de 18200, qui est la frontière
des enfants d Ammon;
3. Et depuis le désert jusqu'à
la mer du Cénéroth contre l'o-
rient, et jusqu'à la mer du dé-
19. * Gabaon. Voir 111 Rois, 111, 4.
20. Que leurs cœurs, etc. Voy. Exod., 1v, 21. |
21, 22. Enacim. Voy. Deutér., 1, 28. — * Hébron. Voir la note sur Genèse, xui, 18.
— Dabir. Voir xi, 38. — Anab, ville dela montagne de Juda, au sud d'Hébron.
22. * Gaza, Geth, Azoth, trois des principales villes des Philistins.
23. Selon leurs parts et leurs (ribus; figure grammaticale usitée chez les Grecs aussi
bien que chez les Hébreux, pour, selon les parls de leurs tribus. — * Josué prit donc
tout le pays, mais les Israélites ne conservèrent pas toutes leurs conquêtes et plu-
sieurs villes restèrent au pouvoir des Chananéens.
ὶ
1. * Arnon, rivière qui formait la frontière septentrionale du pays de Moab; elle
prend sa source dans les montagnes orientales de Moab et se jette dans la mer
Morte.
3." Hésébon, capitale du royaume des Amorrhéens, au nord de Madaba. — Aroer,
sur l'Arnon, formait la frontiere méridionale de Séhon. — Galaad. Sur ce pays, voir
l'introduction au livre de Josué. — Jaboc, Voir la note sur Genèse, xxxii, 22
--.
₪ E La mer de Cénéroth, c'est-à-dire de Génésareth ou lac de Tibériade. — La mer
du désert, la mer Morte. — Bethsimoth. Voir Nombres, xxxi, 49. — Asédc tA, pays
abondant en eaux. Ce n'est pas un nom de lieu. — PAasga. Voir Nombres, xxi, 20.
A. T.
21
418 JOSUÉ.
sert, qui est la mer très salée,
vers le cóté oriental, par la voie
qui mène à Bethsimoth; et de-
puis la partie australe qui est
au-dessous d'Asédoth, jusqu'à
Phasga.
4. Les limites d'Og, roi de Ba-
san, qui était des restes des Ra-
phaim, et qui habita à Astaroth
et à Edrai, et qui regna à la
montagne d'Hermon, à Salécha
et dans tout le Basan, s'étendaient
jusqu'aux frontieres
5. De Gessuri, de Machati et de
la moitié de Galaad : frontieres
de Séhon, roi d'Hésébon.
6. Moise, servileur du Sei-
gneur, et les enfants d'Israël bat-
tirent ces rois, et Moise livra
leur terre en possession aux Ru-
bénites, aux Gadites età la demi-
iribu de 218 8886 .
1. Voici les rois du pays que
battirent Josué 61 les enfants
d'Israël au-delà du Jourdain, du
côté occidental, depuis Baalgad
dans la campagne du Liban jus-
qu'à la montagne dont une par-
tie s'élève vers Séir : et Josué le
[cu. xm.]
donna en possession aux tribus
d'Israël, à chacune sa part,
8. Tant au milieu des mon-
tagnes, que dans la plaine et la
campagne. Dans Asédoth, dans
le désert et au midi, étaient l'Hé-
théen et l'Amorrhéen, le Chana-
néen et le Phérézéen, l'Hévéen
et le Jébuséen :
9. Un roi de Jéricho, un roi de
Hai, laquelle est à cóté de Béthel,
10. Un roi de Jérusalem, un roi
d'Hébron,
11. Un roi de Jérimoth, un roi
de Lachis,
12. Un roi d'Eglon, un roi de
Gazer ,
18. Un roi de Dabir, un roi de
Gader,
14. Un roi d'Herma,
d'Héred ,
15. Un roi de Lebna, un roi
d'Odullam,
16. Un roi de Macéda, un roi de
Béthel,
47. Un roi de Taphua, un roi
d'Opher,
18. Un roi d'Aphec, un roi de
Saron,
un roi
4. Des restes, etc., c'est-à-dire de la race des Raphaim, qui étaient des géants. —
* Voir Deutéronome, 1, 4.
5. * Gessuri, Machati, Galaad. Voir l'Introduction au livre de Josué, p. 392.
8. * Dans la plaine des Philistins, la Séphéla. Voir la note sur Josué, 1x, 1.
9. Ce verset et les suivants ne sont que l'explicatif des mots, voici les noms des
vois que Josué battit, etc., du verset 1; c'est donc comme si l'auteur sacré avait dit:
Ainsi, Josué battit un roi de Jéricho, un roi de Hai, etc. — Laquelle est à côté de
Béthel. y avait une autre Hai qui appartenait aux Ammonites. — * Jéricho. vir
plus haut, vu, 1. — Hai. Voir vu, 2. — Béthel. Voir Genèse, xir, 8.
11. + Jér imoth; Lachis. Voir plus haut, x, ὃ.
12. * Eglon. Voir plus haut, x, ὃ. — GB. Voir 111 Rois, 1x, 16.
13. * Dabir. Voir xi, 38. — Gader, aujourd'hui Djedour, entre, Bethléem et Hébron.
14. * Herma ou Horma. Voir Nombres, xiv, 45. — Héred, en hébreu Arad, au sud
d'Hébron, au nord-est de Moladah.
15. * Lebna. Voir plus haut, x, 29. — Odullam, Adullam, Odollam. Voir 1 Rois,
XXII, À.
16. * Macéda. Voir plus haut, x, 17, — Béthel. Voir Genèse, xu, 8.
I1. * Taphua, Opha, sites inconnus.
18. * Aphec, position inconnue. — Saron, dans la plaine de ce noin, qui s'étend de
Césarée à Jaffa,
19. Un roi de Madon, un roi
d'Asor,
90. Un roi de Séméron, un roi
d'Achsaph,
91. Un roi de Thénac, un roi de
Mageddo,
99. Un roi de Cadès, un roi de
Jachanan du Carmel,
93. UnroideDor, et delaprovin-
ce de Dor, un roi des nations de
Galgal,
24. Un roi de Thersa : en tout,
trente-un rois.
CHAPITRE XIII.
Dieu ordonne à Josué de partager aux
Israélites les terres qu'il avait con-
quises. Partage des terres d'au delà du
Jourdain fait par Moise.
1. Josué était vieux et d'un âge
fort avancé, et le Seigneur lui dit:
Tu es vieux, et méme tres avan-
cé en âge, et une terre très éten-
due est restée, qui n'a pas été en-
core divisée par le sort :
9. Savoir, toute la Galilée, la
terre des Philistins et toute celle
de Gessuri,
3. Depuis le fleuve fangeux qui
arrose l'Egypte jusqu'aux confins
cu. xi] JOSUÉ.
419
d'Accarou, contre l’aquilon,; la
terre de Chanaan qui est partagée
entre les cinq princes des Philis-
tins, celui de Gaza, celui d'Azot,
celui d'Ascalon, celui de Geth et
celui d'Accaron.
4. Mais au midi sont les Hé-
véens, toute la terre de Chanaan,
Maara des Sidoniens, jusqu à
Aphéca et jusqu'aux frontières
des Amorrhéens,
9. Et jusqu'aux pays qui leur
sont voisins; de plus, la contrée
du Liban contre l'orient, depuis
Baalgad, au-dessous de 18 monta-
gne d'Hermon, jusqu'à ce qu'on
entre à Emath ;
6. La contrée de tous ceux qui
habitent sur la montagne, depuis
le Liban jusqu'aux eaux de Masé-
réphoth, et tous les Sidoniens. Je
suis celui qui les exterminerai de
la face des enfants d'Israël. Que
cela entre donc dans la part de
l'héritage d'Israël, comme je t'ai
ordonné.
7. Et maintenant partage la
terre en possession aux neuf
tribus, et à la demi-tribu de Ma-
nassé,
19. * Madon, inconnue. — Asor. Voir ,זא 1.
20. * Séméron, Achsaph, inconnus.
21. * Thénac, Thaanach, au sud-ouest de la plaine d'Esdrelon. — Mageddo, au nord
de Thaanach, dans la plaine d'Esdrelon.
22. * Cadés. Voir Juges, 1v, 6. — Jachanan du Carmel, site inconnu.
23. Plusieurs rois de cette époque ne régnaient que sur la ville qu'ils habitaient. —
* Dor. Voir xi, 2. — Galgal, site inconnu.
24.* Thersa, site inconnu. — Voir à la fin du volume la note 44 sur le droit de
conquéte des Hébreux et sur l'extermination des Chananéens en Palestine.
2. * La Galilée, dans la Palestine du nord. — La terre des Philistins, la plaine de
la Séphéla au sud-ouest de la Palestine. — Gessuri. Voir l'Introduction au livre de
Josué, p. 392.
3. * Le fleuve fangeux, le ruisseau d'Egypte, l'ouadi el-Arisch, qui sépare l'Egypte
de la Palestine. — Accaron, l'une des cinq grandes villes des Philistins, dans la plaine
de la Séphéla, ainsi que Gaza, Azot, Accaron et Geth.
4. Tous ces pays et les suivants sont l'énumération détaillée de /a terre trés éten-
due, etc., dont il est parlé au 1er verset.
5. * Depuis Baalgad. Voir plus haut, ,זא 11. — Emath. Voir 11 Rois, vut, 9
6. * Maséréphoth, Sidon. Voir plus haut, xi, 8.
£20 JOSUÉ.
8. Avec laquelle Ruben et Gad
»osséderent déjà la terre que leur
ilivrée Moise, serviteur du Sei-
zneur, au delà des courants du
Jourdain, du cóté oriental,
9. Depuis Aroer, qui est située
surla rive du torrent d'Arnon,
et au milieu de la vallée ; de plus,
toutela campagne de Médaba, jus-
qu'à Dibon;
10. Et toutesles villes de Séhon,
roi de l'Amorrhéen, lequel a ré-
gné à Hésébon, jusqu'aux fron-
tières des enfants d Ammon:
11. Galaad, les confins de Ges-
suri et de Machati; toute la mon-
tagne d'Hermon , et toutle Basan,
iusqu'à Salécha,
12. Tout le royaume d'Og en
Basan, lequel a régné à Astaroth
et à Edrai, et qui était des restes
des Raphaim; et Moise les battit
et les détruisit.
13. Cependant les enfants d'Is-
raél ne voulurent pas extermi-
ner ceux de Gessuri et de Ma-
chati; aussi ont-ils habité au
milieu d'Israél jusqu'au présent
jour.
14. Mais àla tribu de Lévi, Mozse
ne donna point de possession,
parce que les sacrifices et les
victimes du Seigneur Dieu d'ls-
raélsont son héritage, comme lui
a dit /e Seigneur.
15. Moise donna donc des pos-
(cH. xur.]
sessions à la tribu des enfants
de Ruben, selon sa parenté.
16. Et sa limite fut depuis
Aroer, qui est située sur la rive
du torrent d'Arnon, et au milieu
de la vallée du méme torrent,
toute la plaine qui conduit à Mé-
daba,
11. Hésébon, et tous leurs vil-
lages qui sont dans 18 campagne ;
Dibon aussi, Bamothbaal, la ville
de Baalméon,
18. Jassa, Cédimoth, Méphaath,
19. Cariathaim, Sabama, Sara-
thasar sur la montagne dela val-
lée,
20. Bethphogor et Asédoth,
Phasga et Bethiésimoth,
21. Et toutes les villes de la
plaine, tous les royaumes de Sé-
hon, roi de l'Amorrhéen, qui ré-
gna à Hésébon, que Moise battit
avec les princes de Madian, Hévi,
Résem, Sur, Hur et Rébé, chefs
de Séhon, habitants de cette ter-
re.
22. Et les enfants d'Israël firent
mourir par le glaive Balaam le
devin, fils de Béor, avec tous les
autres qui furent tués.
23. Et le Jourdain devint la li-
mite des enfants de Ruben. C'est
là la possession des villes et des
villages des Rubénites, selon leur
parenté.
24. Moïse donna aussi à 18 tribu
63%. XIII. 8. Nomb., xxxi, 33. — 14. Nomb., xvi, 20. — 24. Nomb., xxxi, ὃ.
9. * Dibon. Voir Nombres, xxi, 30. — Aroer est au sud et non loin de Dibon. —
Médaba ou Madaba au nord de Dibon et au sud d'Hésébon.
11. * Voir la note sur Nombres, xxi, 33.
12. Des restes, etc. Voy. xu, 4. — * Astaroth. Voir Deutéronome, 1, 4. == Edraï. Voir
Nombres, xxi, 33.
15. * Pour le partage de la Palestine entre les douze tribus, voir l'Introduction au
livre de Josué, p. 393. Pour la tribu de Ruben, voir 2070 , p. 394.
24. * Sur le territoire donné à la tribu de Gad, voir l’Introduction au livre de
Josué, p. 394.
fen. xiv.]
de Gad et à ses enfants, selon leur
parenté, une possession dont voi-
ci la division :
95. Sa limite fut Jaser, toutes les
villes de Galaad, et la moitié de la
terre des enfants d'Ammon, jus-
qu'à Aroer, qui est contre Rabba,
26. Depuis Hésébon jusqu'à Ra-
moth, Masphé et Betonim, et de-
puis Manaim jusqu'aux confins de
Dabir;
97. De plus, dans la vallée de
Betharan, de Bethnemra, de So-
coth et de Saphon, reste du
royaume de Séhon, roi d'Hésé-
bon; sa limite est aussi le Jour-
dain jusqu'à l'extrémité de la mer
de Cénéreth, au delà du Jourdain,
du cóté oriental.
98. Voilà la possession des en-
fants de Gad, selon leurs familles,
voilà les villes et les villages de
ces familles.
29. Moise donna aussi à la demi-
tribu de Manassé et à ses enfants,
selon leur parenté, une posses-
sion,
30. Dont voici le commence-
ment : Depuis Manaim, tout Ba-
san, tous les royaumes d'Og, roi
de Bazan, tous les bourgs de Jair
qui sont en Dasan, soixante villes;
31. Et la moitié de Galaad, As-
taroth et Edrai, villes du royau-
me d'Og, en Basan, aux enfants
de Machir, fils de Manassé, c'est-
d-dire à la moitié des enfants
JOSUÉ. : 421
de Machir, selon leur parenté.
32. Moïse partagea cette posses-
sion dans la plaine de Moab, au
delà du Jourdain, contre Jéricho,
du côté oriental.
33. Mais à la tribu de Lévi, il ne
donna pas de possession, parce
que le Seigneur Dieu d'Israél est
lui-même sa possession, comme
il lui a dit.
CHAPITRE XIV
Caleb demande Hébron pour son héritage
et l'obtient.
1. Voici ce qu'ont possédé les
enfants d'Israél dans la terre de
Chanaan que leur donnèrent
Eléazar, le prétre, et Josué, fils de
Nun et les princes des familles de
chaque tribu d'Israél,
2. Disiribuant tout par le sort,
comme avait ordonné leSeigneur
par lentremise de Moise, aux
neuf tribus et à la demi-tribu de
Manassé.
3. Car aux deux autres tribus
et à l’autre demi-tribu, Moïse
avait donné au delà du Jourdain
une possession ; à l'exception des
Lévites qui ne recurent aucune
terre comme leurs freres ;
4. Mais en leur place succédè-
rent les fils de Joseph, divisés en
deux tribus, Manassé et Ephraim ;
etles Lévites ne recurent point
d'autre part dans la terre de
Chanaan que des villes pour les
33. Nomb., xvii, 20. — (ΒΑΡ. XIV. 2. Nomb., xxxiv, 13.
25. * Jaser ou Jézer. Voir Nombres, xx1, 32.
21. De plus, etc., c'est-à-dire que la limite, ou le partage de Gad (ver. 25) fut aussi,
s'étendait aussi dans la vallée, etc.
z9. * Sur le territoire donné à la demi-tribu de Manassé transjordanique, voir l'In-
troduction au livre de Josué, p. 394.
31. La moitié de Galaad, etc., est un des compléments directs de Moïse donna aussi,
du verset 29. — C'est-à-dire à la moitié; car Machir était une famille particulière de
Manassé (Nombr., xxvi, 29). L'autre moitié recut son partage au delà du Jourdain.
422
habiter, et leurs faubourgs pour
leurs bétes de somme et leurs
troupeaux.
5. Comme le Seigneur avait or-
donné à Moise, ainsi firent les
enfants d'Israël, et ils partagèrent
la terre.
6. C'est pourquoi les enfants
de Juda vinrent trouver Josué à
Galgala; et Caleb, fils de Jéphoné,
le Cénézéen, lui dit : Tu sais ce
que le Seigneur a dit de moi et
de toi à Moise, homme de Dieu,
à Cadesbarné.
7. J'avais quarante ans, lorsque
Moise, serviteur du Seigneur,
m'envoya de Cadesbarné, pour
considérer la terre, et que je lui
rapportai ce qui me paraissait
vrai.
8. Mais mes frères qui étaient
montés avec moi, ont dissous le
cœur du peuple; et néanmoins
moi, je suivis le Seigneur mon
Dieu.
9. Et Moise jura en ce jour-là,
disant : La terre que ton pied a
foulée sera ta possession et la
possession de tes enfants pour
toujours, parce que tu as suivi
le Seigneur mon Dieu.
10. Le Seigneur m'a donc ac-
cordé la vie, commeil a promis
jusqu'au présent jour. 1 y 8
quarante-cinq ans que le Sei-
JOSUÉ.
[cu. xv.)
gneur dit cette parole à Moise,
quand Israél allait à travers le
désert : aujourd'hui j'ai quatre-
vingt-cinq ans,
11. Aussi fort que je l'étais au
lemps que je fus envoyé pour
explorer /e pays : la vigueur de
ce temps-là a persévéré jusqu'au-
jourd'hui, tant pour combattre
que pour marcher.
12. Donne-moi donc cette mon-
tagne, que ma promise le Sei-
gneur, toi-méme l'entendant, sur
laquelle sont des Enacim, des
villes grandes et fortifiées; pour
voir sile Seigneur sera avec moi,
et si je pourrai les exterminer
comme il m'a promis.
13. Et Josué le bénit, et il lui
livra Hébron en possession.
14. Et depuis, Hébron a été à Ca-
leb, fils de Jéphoné, le Cénézéen,
jusqu'au présent jour, parce qu'il
suivit le Seigneur Dieu d'Israél.
15. Hébron était appelée aupa-
ravent du nom de Cariatharbé :
Adam, le plus grand entre les
Enacim, y est enterré : et le pays
se reposa des combats.
CHAPITRE XV
Partage de la tribu de Juda. Prise de
Cariath-Sépher. Villes de la tribu de
Juda.
1. Ainsi le lot des enfants de
6. Nomb., xiv, 24. — 11. Eccli., תטזא 11. — 15. Supra, ΣΙ, 23. — (ΒΑΡ. XV. 1. Nomb.,
XXXIV, ὃ.
6. * Cadesbarné. Voir Nombres, xx, 1.
8. Ont dissous le ceur du peuple, en y jetant l'épouvante.
12. Josué avait déjà défait les Enacim (x1,21), race de géants, mais ceux qui restèrent
chez les Philistins purent revenir à Hébron, et en rétablir les villes, pendant que
Josué était occupé dans les autres extrémités du pays.
13. * Hébron. Voir la note sur Genèse, xur, 18.
15. * Cariatharbé: Adam, etc. Le texte original doit se traduire: « Cariath, (ville)
d'Arbé, homme trés grand parmi les Enacim. » Adam signifie homme.
1. * Sur le territoire de la tribu de Juda, voir l'Introduction au livre de Josué,
p. 393.
[cu. xv.]
Juda, selon leur parenté, fut celui-
ci : Depuis la frontiere d'Edom,
le désert de Sin contre le midi,
jusqu'à l'extrémité de la contrée
australe.
2. Le commencement de ce
pays est à la pointe de la mer
tres salée, et à cette langue de
mer qui regarde le midi ;
3. Et il sort contre la montée
du Scorpion, et passe à Sina;
puis, monte vers Gabesbarné, et
parvient à Esron, montant vers
Addar, et faisant le tour de
Carcaa,
4. Et delà traversant Asémona,
et arrivant jusqu'au torrent d'E-
gypte, et ses limites seront la
grande mer : ce seront là ses con-
fins du cóté méridional.
5. Mais à l'orient, le commen-
cement sera la mer très salée
jusqu'à l'extrémité du Jourdain,
et tout ce qui regarde vers 18-
quilon, depuis lalangue de mer
jusquau méme fleuve du Jour-
dain.
6. Sa frontière monte à Beth-
Hagla, et passe de laquilon à
Beth-Araba, montant vers la
pierre de Boén, fils de Ruben,
7. S'étendant jusqu'aux fron-
tieres de Débéra, de la vallée
d'Achor, contre l'aquilon, regar-
dant Galgala qui est vis-à-vis de
la montée d'Adommim, du cóté
IOSUÉ. 423
austral du torrent; elle passe les
eaux qui sont appelées Fontaine
du Soleil, et se termine à la Fon-
taine du Rogel.
8. Elle monte aussi par la val-
lée du fils d'Ennom du cóté du
Jébuséen au midi, c'est-à-dire de
Jérusalem: et de là montant jus-
qu'au sommet de la montagne,
qui est contre Géennom, à l'oc-
cident, à l'extrémité de la vallée
des Raphaim, contre l'aquilon,
9. Elle passe depuis le sommet
de la montagne jusqu'à la fon-
taine de Nephtoa, et arrive jus-
qu'aux bourgs de la montagne
d'Ephron; elle incline ensuite
vers Baala, qui est Cariathiarim,
c'est-à-dire, Ville des Forêts;
10. Elle tourne de Baala contre
loccident jusqu'à la montagne
de Séir, passe au cóté de la mon-
tagne de Jarim, vers l'aquilon, à
Cheslon, descend à Bethsamès,
et passe à Thamna ;
11. Elle parvient contre la par-
tie septentrionale d'Accaron, par
le cóté, incline ensuite vers Sé-
chrona, passe la montagne de
Baala, parvient jusqu'à Jebnéel,
et se termine contre l'occident
par la grande mer.
19. Telles sont les limites des
enfants de Juda, de tous cótés,
selon leur parenté.
13. Mais à Caleb, fils de Jépho-
2. * La mer très salée, la mer Morte. — Cette langue de mer, la pointe méridionale
de la mer Morte, qu'on appelle el-Lischan, « la langue ».
3. * Voir Nombres, xxxiv. 4.
&,* Voir Nombres, xxxiv, 4, 5. — Le torrent d'Egypte est le fleuve fangeuz, plus
haut, xiii, 3. — La grande mer, la Méditerranée.
1. * De la vallée d'Achor. Voir plus haut, vir, 24.
9. La fontaine de Nephtoa, probablement les Etangs de Salomon, prés de la
source d'Etan.
41. * Accaron. Voir plus haut, xur, 3.
13. Cariath-Arbé du père d'Enac; c'est-à-dire ville du père d'Enac. — * Voir plus
haut, xiv, 15.
424
né, Josué donna en partage, au
milieu des enfants de Juda, Ca-
riath-Arbé du père d'Enac, la
même qu'Hébron.
14. Et Caleb extermina de cette
ville les trois enfants d'Enac, Sé-
sai, Ahiman et. Tholmai, de la
race d'Enac.
15. Et montant. de là, il vint
vers les habitants de Dabir, qui
auparavant était appelée 68-
riath-Sépher, c'est-à-dire Ville
des lettres.
16. Et Caleb dit : Celui qui at-
taquera Cariath-Sépher, et la
prendra, je lui donnerai Axa, ma
fille, pour femme.
17. Othoniel, fils de Cénez et
jeune frère de Caleb, la prit, et
Caleb lui donna sa fille Axa pour
femme.
18. Axa, lorsqu'ils allaient en-
semble, fut engagée par son mari
à demander à son pere un champ ;
or, elle soupira pendant qu’elle
était montée sur l'àne; alors Ca-
leb : Qu'as-tu? lui dit-il.
19. Et elle répondit : Accorde-
moi une grâce : c’est une terre
située au midi et aride, que tu
m'as donnée, ajoutes-y une terre
arrosée. Caleb lui en donna une
arrosée en haut et en bas.
90. Telle est la possession de la
tribu des enfants de Juda, selon
leur parenté.
91. Et aux extrémités de la
terre des enfants de Juda, le long
des frontières d'Edom, au midi,
étaient les villes : Cabséel, Eder,
Jagur,
99. Cina, Dimona, Adada,
14. Juges, 1, 20.
JOSUÉ.
[cu. xv.]
93. Cades, Asor, Jethnam,
94. Ziph, Télem, Baloth,
95. Asor la nouvelle, Carioth,
Hesron, qui est la méme qu'Asor,
26. Amam, Sama, Molada,
97. Asergadda, | Hassémon,
Bethphélet,
98. Hasersual, Bersabée, Ba-
ziothia,
99. Baala, Jim, Esem,
30. Eltholad, Césil, Harma,
31. Sicéleg, Médéména, Sen-
senna,
39. Lébaoth, Sélim, Aen et
Remmon : en tout vingt-neuf vil-
les et leurs villages;
33. Et dans les plaines : Estaol,
Saréa, Aséna,
34. Zanoé, Engannim, Taphua,
Enaim,
35. Jérimoth, Adullam, Socho,
Azéca,
36. Saraim, Adithaim, Gédéra,
et Gédérothaim : quatorze villes
et leurs villages ;
31. Sanam, Hadassa, Magdal-
gad,
38. Déléan, Masépha, Jecthel,
39. Lachis, Bascath, Eglon,
40. Chebbon, Léhéman, Céthlis,
M. Gidéroth, Bethdagon, Naa-
ma et Macéda : seize villes et
leurs villages ;
49. Labana, Ether, Asan,
43. Jephtha, Esna, Nésib,
44. Ceila, Achzib et Marésa :
neuf villes et leurs villages ;
45. Accaron avec ses bourgs et
ses petits villages,
46. Depuis Accaron jusqu'à la
mer, tout ce qui s'étend vers
Azot et ses bourgades;
oo
15. * Dabir, Cariathsépher. Voir Juges, 1, 11, 12.
32. * Aen et Remmon. Voir xix, 1.
[cg. χντ.]
47. Azot avec ses bourgs et ses
petits villages; Gaza avec ses
bourgs et ses petits villages, jus-
qu'au torrent d'Egypte, etla gran-
de mer est sa limite;
48. Et dans la montagne : Sa-
mir, Jéther, Socoth,
49. Danna, Chariathsenna, qui
est la méme que Dabir,
50. Anab, istémo, Anim,
54. Gosen, Olon et Gilo : onze
villes et leurs villages,
59. Arab, Ruma, Esaan,
53. Janum, Beththaphua, Aphé-
ca,
54. Athmatha, Cariath-Arbé,
qui est la méme qu'Hébron, et
Sior : neuf villes et leurs villages;
55. Mahon, Carmel, Ziph, Jota,
56. Jezraél, Jucadam, Zanoé,
57. Accain, Gabaa et Thamna :
dix villes et leurs villages.
58. Halhul, Bessur, Gédor,
59. Mareth, Béthanoth et Elté-
con : six villes et leurs villages;
60. Cariathbaal, qui est la
méme que Cariathiarim, ville des
Foréts, et Arebba : deux villes et
leurs villages;
61. Dans le désert : Betharaba,
Meddin, Sachacha,
62. Nebsan, la ville de sel et
Engaddi : six villes et leurs villa-
ges. :
63. Quant au Jébuséen, habi-
tant de Jérusalem, les enfants de
Juda ne purent le détruire; et le
Jébuséen a habité avec les en-
fants de Juda dans Jérusalem jus-
qu'au présent jour.
JOSUÉ.
425
CHAPITRE XVI.
Partage de la tribu d'Ephraim.
1. Etlelot échu aux enfants de
Joseph fut depuis le Jourdain,
contre Jéricho, et les eaux de ce
fleuve, à l'orient, le désert qui
monte de Jéricho à la montagne
de Béthel,
9. Ets'avance de Béthel à Luza,
passe par la frontiere d'Archi à
Ataroth,
3. Et descend à l'occident pres
de la frontiere de Jéphlet, jus-
qu'aux frontières de Béth-horon
la basse, et jusqu'à Gaser; et ses
contrées finissent à la grande
mer.
4. Or, c'est là ce qu'ont possédé
les enfants de Joseph, Manassé et
Ephraim.
5. Et la frontiere des enfants
d'Ephraim, selon leur parenté,
devint ainsi que leur possession,
contre lorient, Ataroth Addar,
jusqu'à Beth-horon la haute;
6. Et ses confins s'avancent jus-
quàla mer; mais Machméthath
regarde l'aquilon, fait le tour des
frontieres, contre l'orient, à Tha-
nathsélo, et passe de l'orient à
Janoé.
7. La frontière descend encore
de Janoé à Atharoth et à Naara-
tha; puis elle parvient à Jéricho,
et s'avance jusqu'au Jourdain ;
8. De Taphua elle passe contre
la mer jusqu'à la Vallée des ro-
seaux et se termine àla mer trés
62. * La ville de sel, dans le désert de Juda, devait étre à l'extrémité méridionale
de la mer Morte.
1. * Sur le territoire donné à la tribu d'Ephraim, voir l'Introduction au livre de
Josué, p. 393.
3. Et ses contrées: c'est-à-dire l'étendue du lot, du pays assigné à Joseph.
426 JOSUÉ.
salée; telle est la possession de
la tribu des enfants d'Ephraim,
selon leurs familles.
9. Mais les villes qui étaient au
milieu de la possession des en-
fants de Manassé, furent distrai-
tes pour les enfants d'Ephraim,
ainsi que leurs villages.
10. Et les enfants d'Ephraim ne
tuerent point le Chananéen, qui
habitait dans Gazer; mais le Cha-
nanéen a habité au milieu d'E-
phraim jusqu'à ce jour, comme
tributaire.
CHAPITRE XVII.
Partage de la tribu de Manassé.
1. Mais un lot échut à la tribu
de Manassé (car c'est le premier-
né de Joseph), à Machir, premier-
né de Manassé et pere de Galaad,
qui fut un homme belliqueux et
qui eut la possession de Galaad
et de Basan,
9. Au reste des enfants de Ma-
nassé, selon leurs familles, aux
enfant d'Abiézer, aux enfants
d'Hélec, aux enfants d'Esriel, aux
enfants de Séchem, aux enfants
d'Hépher et aux enfants de
Sémida : ce sont là les enfants
mâles de Manassé, fils de Joseph,
selon leur parenté.
3. Mais Salphaad, fils d'Hépher,
fils de Galaad, fils de Machir, fils
de Manassé, n'avait pas de fils,
mais des filles seulement, dont
[cu. xvir.]
voici 168 noms : Maala, Noa, Hé-
gla, Melcha et Thersa.
4. Elles viurent en présence
d'Eléazar, le prétre, de Josué, fils
de Nun, et des princes, disant :
Le Seigneur a ordonné par l'en-
tremise de Moise qu'on nous don-
nât une possession au milieu de
nos freres. Et Josué leur donna
selon l'ordre du Seigneur une
possession au milieu des freres
de leur père.
ὃ. Ainsi échurent dix portions
à Manassé, outre la terre de Ga-
laad et de Basan au delà du Jour-
dain.
6. Carles filles de Manassé pos-
sédèrent un héritage au milieu
de ses enfants; mais la terre de
Galaad tomba dans le lot des au-
ires enfants de Manassé.
7. Or, la frontière de Manassé
fut depuis Aser jusqu'à Machmé-
thath, qui regarde Sichem, et elle
s'avance à droite pres des habi-
bants de la fontaine de Taphua.
8. Car, c'est dans le lot de Ma-
nassé qu'était tombée la terre de
Taphua, qui, située pres des fron-
tieres de Manassé, estaux enfants
d'Ephraim.
9. Et la frontiere de la Vallée
des roseaux descend au midi du
torrent des cités d'Ephraim, qui
sont au milieu des villes de Ma-
nassé : la frontiere de Manassé
est depuis le septentfion du tor-
rent, et elle va finir à la mer;
(βαρ. XVII. 2. Nomb., xxvi, 30. — 3. Nomb., ,זנטאא 1; xxxvi, 11.
1. * Sur le territoire donné à la demi-tribu de Manassé cisjordanique, voir l'Intro-
duction au livre de Josué, p. 393.
2. Au reste des enfants de Manassé... aux enfants d'Epher; ces mots se rattachent
à échut (vers. 1) dont ils sont le complément.
4. Des princes; des chefs du peuple.
5. Dix portions; littér.: dix cordes. Voy. Deutér., xxxu, 9.
6. Des autres, etc., qui étaient restés au delà du Jourdain.
[(Η. xvi.)
10. En sorte que la possession
d'Ephraim est du cóté du midi, et
celle de Manassé du côté de l'a-
quilon, que la mer termine l'une
et l'autre, et qu'elles s'unissent
dans la tribu d'Aser du cóté de
l'aquilon, et dans la tribu d'Issa-
char du cóté de l'orient.
11. L'héritage de Manassé en
Issachar et en Aser, fut Betsan et
ses bourgades, Jéblaam avec ses
bourgades, les habitants de Dor
avec leurs bourgs, les habitants
d'Endor aussi avec leurs bourga-
des; pareillement, les habitants
de Thénac avec leurs bourgades,
les habitants de Mageddo avec
leurs bourgades, et la troisième
partie de la ville de Nopheth.
19. Les enfants de Manassé ne
purent détruire ces villes; mais
le Chananéen commenca à habi-
ter dans son pays.
13. Mais apres que les enfants
d'Israël se furent fortifiés, ils sou-
mirent les Chananéens, et se les
rendirent tributaires; mais ils ne
les tuerent pas.
14. Or, les enfants de Joseph
parlerent à Josué, et dirent: Pour-
quoi m'as-tu donné la possession
d'un seullot et d'un seul héritage,
puisque je forme une si grande
multitude, et quele Seigneur m'a
béni?
JOSUÉ. 497
15. Josué leur répondit : Si tu
es un peuple nombreux, monte à
la forét, et fais-toi de l'espace en
l'abattant dans la terre du Phéré-
zéen et des Raphaim, puisque la
possession de la montagne d'E-
phraim est étroite pour toi.
16. Les enfants de Joseph lui
répondirent : Nous ne pourrons
monter jusqu'aux montagnes,
parce que les Chananéens qui ha-
bitent dans le pays plat dans le-
quel sont situées Bethsan avec
ses bourgades, et Jezraël qui oc-
cupe le milieu de la vallée, se
servent de chars armés de fers.
11. Et Josué répondit à la mai-
son de Joseph, Ephraim et Ma-
nassé : Tu es un peuple nombreux
et d'une grande force; tu n'auras
pas seulement un lot;
18. Mais tu passeras à la mon-
tagne, et en abattant les arbres,
tu te feras de l'espace pour y ha-
biter; et tu pourras aller au delà,
lorsque tu auras détruit le Cha-
nanéen, que tu dis avoir des
chars armés de fers, et étre tres
fort.
CHAPITRE XVIII.
Tabernacle à Silo. Partage de la tribu
de Benjamin.
|. Tous les enfants d'Israël
s'assemblerent à Silo, et là ils
19. Les Chananéens avaient été d'abord chassés de ces villes, mais ils les reprirent
plus tard, et s'y fortifiérent de nouveau.
16. * Chars armés de fers. Voir plus haut, x1, 4.
1. * Silo, aujourd'hui Seiloün. Sur une espéce de Tell ou monticule, on voit les
ruines d'un village moderne. A l'est et au nord, l'horizon est fermé par des collines
nues de calcaire gris, où poussent des figuiers; au sud, le plateau va mourir dans
une plaine. Une vallée profonde court, au nord, derrière les ruines ; sur ses flancs sont
des tombeaux taillés dans le roc. — Là ils dressérent le tabernacle de témoignage.
Silo, d'aprés les Juifs, fut, pendant 369 ans, la demeure du Tabernacle et de l'arche.
Au-dessous du sommet de la colline, au nord des ruines, il y a une sorte de rectangle
irrégulier, penchant un peu vers l'ouest, élevé au-dessus des terrasses construites
pour l'exploitation agricole. Le rocher a été grossièrement taillé en deux escarpes
498 JOSUÉ.
dresserent le tabernacle de té-
moignage, et la terre leur fut sou-
mise.
2. Or, étaient restées sept tri-
bus des enfants d'Israél, lesquel-
les n'avaientpas encorereculeurs
possessions.
3. Josué leur dit : Jusqu'à quand
languirez- vous. dans linaction,
et n'entrerez-vous pas, pour la
posséder, dans la terre que le Sei-
gneur Dieu de vos pères vous a
donnée?
4. Choisissez de chaque tribu
trois hommes, afin que je les en-
voie, et qu'ils aillent, et parcou-
rent cette terre; qu'ensuite ils la
décrivent, selon le nombre de
chaque multitude, et qu'ils me
rapportent ce qu'ils auront décrit.
9. Divisez entre vous la terre
en sept parties : que Juda soit
dans ses limites du cóté austral,
et Joseph du cóté de l'aquilon.
6. Décrivez la terre qui est au
milieu d'eux en sept parts; en-
suite vous viendrez ici vers inoi,
afin que, devant 16 Seigneur vo-
tre Dieu, je jette pour vous ici le
sort,
7. Parce quil n'y à point de
[cu. xvi.)
part parmi vous pour les Lévites,
mais quele sacerdoce du Seigneur
est leur héritage. Quant à Gad,
à Ruben et à la demi-tribu de Ma-
nassé, déjà elles avaient recu au
delà du Jourdain, au côté orien-
tal, leurs possessions, que leur
donna Moïse, serviteur du Sei-
eneur.
8. Lorsque ces hommes se fu-|
rent levés pour aller décrire la
terre, Josué leur ordonna, disant:
Parcourez la terre, décrivez-la, et
revenez vers moi, afin qu'ici, de-
vant le Seigneur, à Silo, je jette
pour vous le sort.
9. C'est pourquoi ils allerent; et
parcourant la terre avec soin, ils
la divisèrent en sept parts, écri-
vant dans un livre; puis ils re-
vinrent au camp, à Silo, vers Jo-
sué,
10. Qui jeta les sorts devant le
Seigneur, àSilo, et divisala terre
aux enfants d'Israël en sept parts.
41. Or, le premier sort tomba
sur les enfants de Benjamin, se-
lon leursfamilles, pour qu'ils pos-
sédassent la terre située entre les
enfants de Juda et les enfants de
Joseph.
paralléles, sur une étendue de plus de 120 métres; une cour, de 23 métres de large
et de 1 métre 50 de profondeur au-dessous de la surface extérieure, est entre les
deux. Il y a donc là une place suffisante pour la cour du Tabernacle. D'aprés la
Mischna, la partie inférieure du Tabernacle de Silo était en pierre; une tente était
dressée au-dessus. C'est ce qui a porté la commission scientifique anglaise, qui a
exploré la Palestine, à supposer que cet endroit était celui où Dieu avait si longtemps
habité. Quand on visite les lieux, on ne peut guère douter, en effet, qu'on ne soit là
sur l'emplacement du Tabernacle. Au pied se déroule un immense amphithéâtre
ovale, d'où tout 16 peuple pouvait voir la tente où habitait le Seigneur.
4. Selon le nombre de chaque multitude; c'est-à-dire suivant le nombre des tribus
qui n'ont pas recu leur lot.
6. La terre qui est au milieu d'eux, signifie probablement le reste de la terre,
la terre qui reste à partager. Plusieurs critiques veulent qu'on lise dans la Vulgate
aliam, l'autre, au lieu de mediam, qui tient le milieu.
8. Se furent levés; hébraisme, pour se furent préparés, disposés.
11. * Sur le territoire de la tribu de Benjamin, voir l'introduction au livre de
Josué, p. 393.
]64. xix.]
19. Et leur frontiere fut vers
laquilon à partir du Jourdain;
s'avancant pres du 6016 septen-
trional de Jéricho, et de là mon-
tant contre l'occident vers les
montagnes, et parvenant jus-
qu'au désert de Bethaven;
13. Puis, passant vers le midi
pres de Luza, qui est la méme
que Béthel, elle descend à Ata-
roth-Addar versla montagne qui
est au midi de Beth-horon la
basse;
14. Et s'abaisse en tournant
contre la mer, au midi de la mon-
tagne qui regarde Beth-horon
contre l'Africus ; enfin elle se ter-
mine à Cariath-Baal, qui est ap-
pelée aussi à Cariathiarim, ville
des enfants deJuda : telle est son
étendue contre la mer, à l'occi-
dent.
15. Mais du cóté du midi, sa
frontière s'avance de Cariathia-
rim contrela mer et parvient jus-
qu'à la source des eaux de Neph-
toa.
16. Et elle descend vers la par-
tie de la montagne qui regarde
la vallée des enfants d'Ennom, et
qui est contre le cóté septentrio-
nal, à l'extrémité de la vallée des
Raphaim. Elle descend aussi à
Géennom (c'est-à-dire ia vallée
d'Ennom), à cóté du Jébuséen, au
midi, et 6116 parvient à la fontaine
de Rogel, ,
17. Passant devant l'aquilon,
et allant à Ensemes, c'est-à-dire,
Fontaine du soleil,
18. Elle passe jusqu'aux ter-
βαρ. XVIII. 13. Genése, xxvi, 19.
JOSUÉ.
&29
ires, qui sont vis-à-vis de la
montée d'Adommim; elle des-
cend à Abenboen, c'est-à-dire la
pierre de Boen, fils de Ruben:
elle passe du cóté de l'aquilon
jusquaux campagnes, et des-
cend dans la plaine;
19. Elle s'avance vers l'aqui-
lon au dela de Beth-hagla, et
elle se termine à la langue de la
mer tres salée du cóté de l'aqui-
lon, au bout du Jourdain, vers le
cóté austral,
20. Qui la termine du cóté de
lorient : telle est la possession
des enfants de Benjamin, selon
leurs frontieres d'alentour et
leurs familles.
91. Ses villes étaient : Jéricho,
Beth-hagla, la vallée de Casis,
22. Beth-Araba, Samaraim, Bé-
thel,
23. Avim, Aphara, Ophéra,
24. Le village d'Emona, Ophni
el Gabée : douze villes et leurs
villages ;
25. Gabaon, Rama, Béroth,
26. Mesphé, Caphara, Amosa,
27. Récem, Jaréphel, Taréla,
28. Sala, Elaph, Jébus, qui est
Jérusalem, Gabaath et Cariath :
quatorze villes et leurs villages.
Telle estla possession des enfants
de Benjamin, selonleurs familles.
CHAPITRE XIX.
Partage des six autres tribus.
1. Le deuxième sort sortit pour
les enfants de Siméon, selon leur
parenté, et l'héritage fut
13. * Ataroth-Addar, aujourd'hui ed-Dâriéh.
1. * Sur le territoire donné à la tribu de Siméon, voir l'Introduction au livre de
Josué, p. 393.
430 JOSUE.
9. Pour eux au milieu de la
possession des fils de Juda : Ber-
sabée, Sabée, Molada;
3. Hasersual, Bala, Asem,
4. Eltholad, Bétul, Harma,
5. Sicéleg, Bethmarchaboth,
Hasersusa,
6. Béthlébaoth et Sarohen :
treize villes et leurs villages;
7. Aïn, Remmon, Athar et Azan:
quatre villes et leurs villages;
8. Toutes les bourgades autour
de ces villes jusqu'à Baalath,
Béer, Ramath contre la partie
australe. Tel est l'héritage des
enfants de Siméon, selon leur
parenté,
9. Dans la possession et le par-
tage des enfants de Juda, parce
qu'il était trop grand pour eux :
et c'est pour cela que les enfants
de Siméon eurent leur posses-
sion au milieu de leur héritage.
10. Le troisieme sort échut aux
enfants de Zabulon, selon leur
parenté; et la frontière de leur
possession s'étendait jusqu'à Sa-
rid ;
11. Elle monte de la mer et de
Mérala, et elle parvient à Deb-
baseth, jusqu'au torrent qui est
contre Jéconam ;
19. Elle retourne de Sared
contre l'orient, aux confins de
Césélethabor, s'avance près Da-
béreth et monte contre Japhié ;
[cH. xix.]
13. De là, elle passe jusqu'à la
partie orientale de Géthhépher et
Thacasin, et s'avance vers Rem-
mon, Amthar et Noa.
14. De plus, elle fait, à l'aqui-
lon, le tour d'Hanaton, et elle est
terminée parla vallée de Jeph-
tahel,
19. Par Cathed, Naalol, Sémé-
ron, Jédala et Bethléem; douze
villes et leurs villages.
16. C'est là l'héritage de la
tribu des enfants de Zabulon, se-
lon leur parenté; ce sont leurs
villes et leurs bourgades.
11. Cest pour Issachar, selon
sa parenté, que sortit le qua-
trième sort;
48. Et son héritage fut Jezraël,
Casaloth, Sunem,
19. Hapharaim, Séhon, Anaha-
rat,
29. Rabboth, Césion, Abès.
21. Rameth, Engannim,
hadda,et Bethphésès ;
22. Et sa frontiere parvient jus-
qu'à Thabor, Séhésima et Bethsa-
mes; et se termine au Jourdain :
seize villes et leurs villages.
23. Telle est la possession des
enfants d'Issachar, selon leur pa-
renté; telles sont les villes et
leurs bourgades.
24. Le cinquieme sort échut
aux enfants d'Aser, selon leur
parenté;
En-
7. * Ain, Remmon. Dans le texte original, Ain-Remmon est une seule ville qui
devint ville sacerdotale.
9. Dans la possession; c'est-à-dire que l'héritage des enfants de Siméon (vers. 8)
fut pris sur le territoire des enfants de Juda, parce qu'il était trop considérable
pour eux. — Le partage; littér.: (a corde, Voy. Deulér., xxxu, 9.
10. * Sur le territoire de la tribu de Zabulon, voir lIntroduction au livre de
Josué, p. 394.
11. * Sur le territoire de la tribu d'Issachar, voir l'Introduction au livre de
Josué, p. 393.
24. " Sur le territoire assigné à la tribu d'Aser, voir l'Iutroduction au livre de
Josué, p. 394,
[cu. xix.)
25. Et leur frontière fut Hal-
cath, Chali, Béthen, Axaph,
96. Elmélech, Amaad et Mes-
sal; et elle parvient jusqu'au Car-
mel de la mer, jusqu'à Sihor et
Labanath ;
27. Et elle retourne contre l'o-
rient à Bethdagon; elle passe
jusqu'à Zabulon et à la vallée de
Jephthael, contre laquilon, jus-
qu'à Bethémec et Néhiel. Elle s'a-
vance, vers la gauche, vers Cabul,
98. Abran, Rohob, Hamon et
Cana, jusqu'à Sidon la grande;
29. Puis elle retourne vers
Horma, jusqu'à la ville tres for-
lifiée de Tyr, et jusqu'à Hosa; et
elle est terminée, à la mer, au
territoire d'Achziba,
30. Amma, Aphec et Rohob :
vingt-deux cités et leurs villages.
31. Telle est la possession des
enfants d'Aser, selon leur pa-
renté; telles sont les villes et
leurs bourgades .
32. Aux enfants de Nephthali
échut le sixième sort, selon leurs
familles ;
33. Et leur frontière commence
à Héleph et Elon, va à Saananim
et à Adami, qui est la même que
Néceb,etàJebnaéljusqu'àLécum,
el s'avance jusqu'au Jourdain ;
34. Et la frontiere retourne,
JOSUÉ. 431
contre l'occident,à Azanoth-Tha-
bor, et de là s'avance vers Hu-
cuca, et passe à Zabulon, contre
le midi, à Aser, contre l'occident,
et à Juda, vers le Jourdain, contre
le levant.
35. Les villes très fortifiées sont
Assédim, Ser, Emath, Reccath,
Cénéreth,
36. Edéma, Arama, Asor,
37. Cédès, Edrai, Enhasor, |
38. Jéron, Magdalel, Horem,|
Bethanath et Bethsames : dix-|
neuf villes et leurs villages.
39. Telle est la possession de
la tribu des enfants de Nephthali,
selon leur parenté ; telles sont les
villes et leurs bourgades.
40. C'est pour 18 tribu des en-
fants de Dan, selon leurs familles,
que sorlit le septieme sort;
41. Et la frontiere de sa posses-
sion fut Saraa, Esthaol et Hirsé-
més, c'est-à-dire, ville du soleil,
42. Sélébin, Aialon, Jéthéla,
43. Elon, Themna et Acron,
44. Elthécé, Gébbéhon et Ba-
laath,
45. Jud, Bané, Barach, Ge-
thremmon,
46. Méjarchon, et Arecon, avec
la frontière qui regarde Joppé,
47. Et elle est terminée par
cette limite. Mais les enfants de
26. Carmel de la mer; c'est-à-dire qui est sur la mer. Le Carmel, en effet, était
voisin de la Méditerranée.
28. Sidon la grande. Voy. x1, 8.
30. Amma, Aphec et Rohob sont attribut de /eur frontière fut, du vers. 25.
32.* Sur le territoire de la tribu de Nephtali, voir l'introduction au livre de
Josué, p. 394.
38. Diz-neuf villes. Ce nombre est moindre que celui des noms qui précédent. Il
est trés probable qu'on a séparé des noms qui devraient étre réunis, ou que les
copistes se sont trompés en écrivant les nombres.
40. * Sur le territoire de la tribu de Dan, voir l'Introduction au livre de
Josué, p. 393.
41. Elle est terminée; c'est-à-dire la frontière des enfants de Dan (vers. 41). —
* Lésem-Dan, au nord de la Palestine, à l'endroit où sort l'une des trois sources du
432 JOSUÉ.
Dan monterent et combattirent
contre Lésem, la prirent, la frap-
pèrent du tranchant du glaive,
en prirent possession et habite-
rent en elle, lui donnant le nom
de Lésem-Dan, du nom de Dan
leur pere.
48. Telle est la possession de
la tribu des enfants de Dan, selon
leur parenté ; telles sont les villes
et leurs bourgades.
49. Or, lorsqu'il eut achevé de
partager par le sort la terre à
chacun, selon sa tribu, les enfants
d'Israél donnerent en possession
à Josué, fils de Nun, au milieu
d'eux,
90. Selon le commandement
du Seigneur, la ville qu'il avait
demandée, Thamnath-Saraa, sur
la montagne d'Ephraim, et il bátit
la ville et il y habita.
51. Telles sont les possessions
que partagèrent au sort Eléazar,
le prétre,Josué, fils de Nun, et les
princes des familles et des tribus
des enfants d'Israél, à Silo, de-
vant le Seigneur, à la porte du
tabernacle de témoignage. C'est
ainsi qu'ils partagerent la terre.
CHAPITRE XX.
Villes de refuge marquées par l'ordre
du Seigneur.
1. Ensuite le Seigneur parla à
]08. xx.]
Josué, disant : Parle aux enfants
d'Israël, et dis-leur :
2. Séparez les villes des fugitifs
dont je vous ai parlé par l'entre-
mise de Moise,
3. Afin que s'y réfugie quicon-
que aura frappé une àme par
mégarde, et qu'il puisse échapper
à la colère du proche parent, qui
est le vengeur du sang.
4. Et lorsqu'il se sera réfugié
dans une de ces villes, il se pré-
sentera devant la porte de la
ville, etil dira aux anciens de
cette ville, ce qui peut le prouver
innocent : et ainsi ils le recevront
et lui donneront un lieu pour
habiter.
9. Et lorsque le vengeur du
sang le poursuivra, ils ne le li-
vreront point entre ses mains,
parce que c'est en lignorant
quil 8 frappé son prochain, et
que, deux ou trois jours aupa-
ravant, il n'était pas prouvé qu'il
füt son ennemi.
6. Etil habitera dans cette ville,
jusqu'à ce qu'il comparaisse en
jugement pour rendre compte
de son action, et que meure le
grand prétre qu'il y aura en ce
temps-là; alors reviendra l'homi-
cide, et il rentrera dans sa ville
et dans sa maison, de laquelle il
avait fui.
7. Ils désignerent donc Cédès
Cnap. XX. 2. Nomb., xxxv, 10; Deut., xix, 2.
Jourdain, servit souvent depuis à marquer l'extrémité septentrionale de la Palestine,
dans la locution si souvent répétée dans l'Ecriture : « Depuis Dan jusqu'à Bersabée. »
50. IL bâtit, etc. On a déjà remarqué qu'en hébreu bdfir une maison, une ville,
signifie aussi y faire des agrandissements, des embellissements, etc. — * Thamnath-
Sara, aujourd'hui Tibnéh, à deux heures et demie de marche environ au nord-ouest
de Djifnéh, l'ancienne Gophna, au milieu des montagnes d'Ephraim.
3. Aura frappé une áme; hébraisme pour aura tué un homme, une personne.
7. Cédés, etc. C'est ainsi que porte le texte hébreu; la Vulgate dit par hypallage :
Cédès dans la Galilée de la montagne de Nephthali. — * Cariatharbé. Voir Genèse, xi, 18.
{cu. xxi.]
en Galilée, sur la montagne de
Nephthali, Sichem, sur la monta-
gne d'Ephraim, et Cariatharbé,
qui estla méme qu'Hébron, sur
la montagne de Juda.
8. Et au delà du Jourdain,
contre la partie orientale, ils dé-
terminerent Bosor qui est située
dans la plaine du désert, de la
tribu de Ruben, Ramoth en Ga-
laad, de la tribu de Gad, et Gau-
lon en Basan, de la tribu de Ma-
nassé.
9. Ces villes furent établies
pour tous les enfants d'Israél, et
pour les étrangers, qui habi-
taient parmi eux, afin que celui
qui, pas mégarde, aurait frappé
une âme, s'y réfugiàt, et ne
mourüt pas de là main du pa-
rent, désirant venger le sang
versé, jusqu'à ce qu'il se pré-
sentât devant le peuple, pour dé-
fendre sa cause.
CHAPITRE XXI.
Villes données aux Lévites pour leurs
demeures.
1. Alors vinrent les princes des
familles de Lévi vers Eléazar, le
prêtre, vers Josué, fils de Nun, et
vers les chefs des familles de
chaque tribu des enfants d'Israél.
2. Et ils leur parlèrent à Silo,
dans la terre de Chanaan, et di-
rent : Le Seigneur a ordonné
par l'entremise de Moise, qu'on
nous donnàt des viles pour ha-
JOSUE.
433
biter, et leur faubourgs pour
nourrir les bétes.
3. Et les enfants d'Israël don-
nèrent de leurs possessions, selon
l'ordre du Seigneur, les villes et
leurs faubourgs.
4. Et le sort assigna à la fa-
mille de Caath, pour les enfants
d'Aaron,le prétre, treize villes
des tribus de Juda, de Siméon et
de Benjamin;
5. Et aux auíres enfants de
Caath, c'est-à-dire aux Lévites
qui restaient, dix villes des tribus
d'Ephraim, de Dan, et de la demi-
tribu de Manassé.
6. Mais pour les enfants de
Gerson, le sort décida qu'ils re-
cevraient des villes au nombre
de treize, des tribus d'Issachar,
d'Aser, de Nephthali et dela demi-
tribu de Manassé.
1. Et pour les enfants de Méra-
ri, selon leur parenté, douze
villes des tribus de Ruben, de
Gad et de Zabulon.
8 Les enfants d'Israël donne-
rent aux Lévites ces villes et
leurs faubourgs, comme avait
ordonné le Seigneur par l'entre-
mise de Moise, les distribuant à
chacun par le sort.
9. Josué donna les villes des
tribus des enfants de Juda et de
Siméon, dont voici les noms :
10. Aux enfants d'Aaron d'en-
treles familles de Caath de la
race lévitique (car le premier sort
sortit pour eux),
8. Deut., 1v, 43. — .גא XXI. 2. Nomb., xxxv, 2. — 9. I Par., vi, 55.
8. * Bosor. Voir Deutéronome, 1v, 43.
2. Silo dans la terre; littér.: Silo de la terre. Compar. xx, 1.
4, 5. ll y avait plusieurs branches dans la famille de Caath; la plus distinguée était
celle d'Aaron, qui possédait le sacerdoce; en dehors de cette branche, il ne pouvait
y avoir que de simples Lévites.
A. T.
28
434
11. Cariatharbé du pere d'Enac,
qui est appelée Hébron, sur la
montagne du Juda, et ses fau-
bourgs tout autour.
12. Pour ses champs et ses vil-
:ages, il les avait donnés à Caleb,
fils deJéphoné, pourles posséder.
13. Il donna done aux enfants
d'Aaron, le prétre, Hébron, ville
de refuge, et ses faubourgs, ainsi
que Lobna avec, ses faubourgs ;
14. Jéther, Estémo,
15. Holon, Dabir,
16. Ain, Jéta et Bethsamès, avec
leurs faubourgs : neuf villes des
deux tribus, comme il a été dit.
17. De la tribu des enfants de
Benjamin : Gabaon, Gabaé,
18. Et Anathoth et Almon avec
leurs faubourgs : quatre villes.
19. Toutes ces villes des en-
fants d'Aaron, le prétre, forment
ensemble le nombre de treize
avec leurs faubourgs.
20. Quant aux autres enfants
12. Supra, xiv, 14.
——M—M ו
JOSUÉ.
(CH. xxr.
de Caath de la race lévitique, se-
lon leurs familles, voici la pos-
session qui leur fût donnée :
91. De la tribu d'Ephraim, les
villes de refuge, Sichem avec ses
faubourgs, sur la montagne d'E-
phraim, Gazer,
99. Et Cibsaim et Beth-horon
avec leurs faubourgs : quatre
villes;
23. Dela tribu de Dan, Elthéco,
Gabathon,
24. Et Aialon et Gethremmon,
avec leurs faubourgs : quatre
villes ;
95. Mais de la demi-tribu de
Manassé, Thanach et Gethrem-
mon, avec leurs faubourgs : deux
villes.
26. En tout dix villes et leurs
faubourgs furent donnés aux en-
fants de Caath, d'un rang infé-
rieur.
27. 1] donna aussi de la demi- |
tribu de Manassé, aux enfants de
11. Du père d'Enac. Voy. xv, 13. — * Cariatharbé. Voir Genèse, xur, 18 et plus
haut, xiv, 15.
13. * Lobna, la méme que Lebna. Voir plus haut, x, 29.
14. * Jéther, dans les montagnes de Juda, à 24 milles d'Eleuthéropolis. — EstAémo,
appelée aussi Esthamo et Istémo, dans les montagnes de Juda, au sud d'Hébron.
19. * Holon ou Olon (plus haut, xv, 51), dans les montagnes de Juda. — Dubir.
Voir x, 38.
16. Des deux tribus, de Juda et de Siméon. — * Ain, peut-étre Ain-Rimmon, xix, T.
— Jéta ou Jota (xv, 55), aujourd'hui Youttah ou Jutta, au sud d'Hébron. — Bethsa-
més, aujourd'hui Ain-Schems, à 20 kilométres environ à l'ouest de Jérusalem.
11. * Gabaon. Voir HI Rois, ur, 4. — Gabaé ou Gabéé (xvm, 24), au nord de Jéru-
salem, différente de Gabaa, patrie de Saül.
18. * Anatoth, aujourd'hui Anata, à peu de distance au nord de Jérusalem. —
Almon, inconnue.
21. * Sichem, dans les montagnes d'Ephraim, dans la vallée qui sépare le mont
Garizim du mont Hébal. — Gazer, entre Béthoron et la Méditerranée.
22. * Cibsaim, ville inconnue. — Beth-Aoron. Voir x, 10.
23. * Elthéco, Gabathon, villes non retrouvées.
24. * Aialon. Voir x, 12. — Gethremmon, site inconnu.
25. * Thanach. Voir xu, 21. — Gethremmon. La liste parallèle de I Paralipomènes,
VI, 10, porte Balaam, qui est la méme ville que Jeblaam, dont le site est incertain.
26. D'un rang inférieur aux prètres. Voy. la note des vers. 4, 5.
21. * Gaulon en Basan, site inconnu en Gaulonitide. --- Bosra, en hébreu Beeschtera,
est l'Astaroth dont il est parlé Deutéronome, 1, 4. :
[cx. xxr.]
Gerson, de la race lévitique, les
villes derefuge, Gaulon en Basan,
et Bosra, avec leurs faubourgs :
deux villes;
98. De la tribu d'Issachar, Cé-
sion, Dabéreth,
29. Et Jaramoth et Engannim,
avec leurs faubourgs : quatre
villes;
30. De la tribu d'Aser, Masal,
Abdon,
31. Et Helcath et Rohob, avec
leurs faubourgs : quatre villes;
39. Et aussi de la tribu de
Nephthali, les villes de refuge,
Cédès en Galilée, Hammoth-Dor et
Carthan, avec leurs faubourgs :
trois villes;
99. En tout, aux familles de Ger-
son, treize villes avec leurs fau-
bourgs.
34. Mais aux enfants de Mérari,
lévites d'un rang inférieur, et se-
lon leurs familles, furent données
de la tribu de Zabulon, Jecnan,
Cartha,
35. Et Damna et Naalol: quatre
villes avec leurs faubourgs;
90. De la tribu de Ruben, au
JOSUÉ. 435
delà du Jourdain, contre Jéricho,
les villes de refuge, Bosor dans
le désert, Misor, Jaser, Jethson,
et Méphaath : quatre villes avec
leurs faubourgs;
31. De la tribu de Gad, les vil-
les de refuge, Ramoth en Galaad,
Manaim, Hésébon et Jazer : qua-
ire villes avec leurs faubourgs ;
38. En tout, aux enfants de Mé-
rari, selon leurs familles et leur
parenté, douze villes.
39. Ainsi, toutes les villes des
Lévites au milieu de la possession
des enfants d'Israël furent au
nombre de quarante-huit,
40. Avec leurs faubourgs, cha-
cune ayant été distribuée selon
les familles.
41. Le Seigneur Dieu donna
ainsi à Israël toute la terre qu'il
avait juré de livrer à leurs pères;
et ils la possédèrent et ils y habi-
terent.
42. Etil leur donna la paix avec
toutes les nations d'alentour; et
nul de leurs ennemis n'osa leur
résister; mais tous furent soumis
àleur domination.
0 * Césion. Inconnu. — Dabéreth, aujourd'hui Debouriéh, au pied du mont Thabor,
à l'ouest.
29. * Jaramoth, appelée Rame!h, xix, 21, aujourd'hui Raméh. — Engannim, aujour-
d'hui Djénin, à l'entrée de la plaine d'Esdrelon.
30. * Masal, nommée Messal, xix, 26, sur la Méditerranée, prés du Carmel, —
Abdon, inconnue.
31. * Helcath ou Halcath (xix, 25), site incertain. — Rohob, également inconnue,
32. * Cédés. Voir Juges, iv, 6. — Hammoth-Dor, peut-être aux sources thermales
prés de Tibériade. — Carthan, inconnue.
34. * Jecnan. Voir Jachanan, xit, 22. — Cartha, non retrouvée
35. * Damna et Naalol, inconnues.
36. Quatre villes; il y en a cependant cinq d'énumérées dans la Vulgate. Jaser, qui
est dans la version grecque, ne se trouve pas dans l'hébreu. D'un autre côté, Miso»
est considérée, en plusieurs endroits de l'Ecriture, comme un nom commun qui
signifie plaine. Le nombre douze, qu'on lit un peu plus bas au vers. 38, et plus haut
au vers. 7, et, surtout ces mots : Bosor, qui est située dans la plaine du désert (xx);
justifient cette supposition. — * Bosor, inconnue. — Misor, plaine inconnue. — Jaser,
peut-être Jassa, xiu, 18. — Jethson, inconnue. — Méphaath, inconnue.
31. * Ramoth en Galaad, au milieu des montagnes de Galaad. — Menaim au nord
du Jaboc. — Hésébon. Voir Nombres, xxt, 25. — Jazer. Voir xui, 25,
436 JOSUÉ.
43. Pas méme une seule parole
de tout ce que Dieu avait promis
de.leur donner, ne fut' vaine;
mais toutes furent exactement
accomplies.
CHAPITRE XXII.
Retour des tribus de Ruben et de Gad,
et de la demi-tribu de Manassé. Mo-
nument qu'elles élévent sur le bord
du Jourdain.
1. Dans le méme temps, Josué
appela les Rubénites et les Gadi-
‘tes et la demi-tribu de Manassé,
2. Et leur dit: Vous avez fait
tout ce que vous a ordonné Moise,
serviteur du Seigneur : à moi
aussi, vous m'avez obéi en toutes
choses,
3. Et dans ce long temps, vous
n'avez pas abandonné vos freres
jusqu'au présent jour, gardant le
le commandement du Seigneur
votre Dieu.
4. Puis done que le Seigneur
votre Dieu a donné à vos freres le
repos et la paix, comme il a pro-
mis, retournez et allez dans vos
tabernacles et dans la terre de
possession. que vous a livrée
Moise, serviteur du Seigneur, au
delà du Jourdain ;
ὃ. En sorte seulement que vous
gardiez attentivement et que
vous accomplissiez par vos œu-
vres le commandement et la loi
que vous a prescrite Moïse, ser-
viteur du Seigneur, que vous 81- |
miez le Seigneur votre Dieu, que
vous marchiez dans toutes ses
voles, que vous observiez ses
[cH. [,זנצא
commandements, que vous vous
attachiez à lui, et que vous le
serviez en tout votre cœur et en
toute votre âme.
6. Et Josué les bénit et 165 ren-
voya; et ils retournèrent dans
leurs tabernacles.
7. Quant à la demi-tribu de Ma-
nassé, Moise lui avait donné une
possession en Basan; et c'est pour
cela que Josué donna à l'autre
demi-tribu un lot parmi ses au-
tres frères, au delà du Jourdain,
vers la partie occidentale. Lors-
quilles renvoya dans leurs ta-
bernacles, apres les avoir bénis,
8. Il leur dit : Retournez en vos
demeures avec beaucoup de biens
et de richesses, avec de l'argent
et de l'or, de l'airain, du fer et
beaucoup de vétements; parta-
gez avec vos frères le butin rem-
porté sur les ennemis.
9. Ainsi, les enfants de Ruben,
les enfants de Gad et la demi-tri-
bu de Manassé s'éloignerent des
enfants d'Israél de Silo, qui est
située en Chanaan, pour venir à
Galaad, terre de leur possession,
quils avaient obtenue, selon le
commandement du Seigneur par
l'entremise de Moise.
10. Et lorsqu'ils furent revenus
aux digues du Jourdain, dans la
terre de Chanaan, ils bâtirent
près du Jourdain un autel d'une
immense grandeur.
41. Lorsque les enfants d'Israël
leurent appris, et que des mes-
sagers fidèles leur eurent rappor-
té que les enfants de Ruben, de
Cuar. XXII. 4. Nomb., xxxi, 85; Supra, xui, 8.
1. Au delà du Jourdain. Voy. sur cette expression, Nombr., xxxu, 32. — * Basan.
Voir la note sur Nombres, xxi, 33.
9. Des enfants d'Israël de Silo: c'est-à-dire qui étaient à Silo.
[eu. xxu.]
Gad et de là demi-tribu de Ma-
nassé avaient bâti un autel dans
la terre de Chanaan, sur les di-
gues du Jourdain vis-à-vis des
enfants d'Israël,
19. Ils s'assemblerent tous à
Silo, pour monter et combattre
contre eux.
13. Et cependant ils envoyèrent
vers eux, dans la terre de Ga-
laad, Phinéès, fils d'Eléazar, le
prétre,
14. Et dix princes dw peuple
avec lui, un de chaque tribu.
18. Lesquels vinrent vers les
enfants de Ruben, de Gad et de
la demi-tribu de Manassé, dans la
terre de Galaad, et leur dirent :
16. Voici ce que mande tout le
peuple du Seigneur : Quelle est
cette transgression? Pourquoi
avez-vous abandonné le Seigneur
Dieu d'Israél, bátissant un autel
sacrilége, et vous éloignant de
son culte?
17. Est-ce peu pour vous, que
vous ayez péché à Béelphégor,
que jusqu'au présent jourlatache
de ce crime demeure sur nous,
et qu'un grand nombre d'entre
le peuple ait succombé?
18. Et vous, aujourd'hui, vous
avez abandonné le Seigneur, et.
demain contre tout Israël sa co-
lere sévira.
19. Que si vous eroyez que la
terre de votre possession est im-
pure, passez àla terre dans la-
quelle est le tabernacle du Sei-
gneur, ét habitez parmi nous;
seulement, ne vous éloignez
JOSUÉ. 437
point du Seigneur et de notre so-
ciété, en bátissant un autel, outre
l'autel du Seigneur notre Dieu.
20. Est-ce qu'Achan, fils de Za-
ré, ne viola pas le commande-
ment du Seigneur, et que la co-
lere du Seigneur ne tomba pas
sur tout le peuple d'Israél? Et lui
était un seul homme; et plüt à
Dieu que, seul, il eüt péri dans
son crime!
21. Et les enfants de Ruben et
de Gad, et la demi-tribu d'Israël
répondirent aux princes de la lé-
gation d'Israël :
22. Le tres fort Dieu Seigneur,
le trés fort Dieu Seigneur, lui-
méme le sait, et Israél aussi le
comprendra : si c’est dans un es-
prit de prévarication que nous
avons construit cet autel, que /e
Seigneur ne nous garde point,
mais qu'il nous punisse présente-
ment;
29. Et si nous l'avons fait dans
l'intention d'y offrir des holo-
caustes, un sacrifice et des vic-
limes pacifiques, que lui-même
instruise et juge;
24. Etsi ce n’est pas plutôt dans
la pensée et dans le but de dire :
Demain, vos enfants diront à nos
enfants : Qu'importe à vous et au
Seigneur Dieu d'Israël?
25. Le Seigneur a misune borne
entre nous et vous, à enfants de
Rubenet enfants de Gad 16 fleuve
du Jourdain; et c'est pour cela
que vous n'avez point de part
dans le Seigneur. Et à cette occa- .
sion vos enfants détourneront
17. Nomb., xxv, 3; Deut., 1v, 3. — 20. Supra, vr, 1.
11. * A Béelphégor. Voir la note sur Nombres, xxv, 3.
25. Dans le Seigneur ou avec le Seigneur; vous n'êtes pas de son peuple; vous
n'avez point part à son alliance, à ses sacrifices, à son héritage. Compar. vers. 27.
438 JOSUÉ.
nos enfants de la crainte du Sei-
gneur. Ainsi nous avons mieux
pensé,
26. Et nous avons dit : Dres-
sons-nous un autel, non pour of-
frir des holocaustes ou des vic-
times,
97. Mais en témoignage entre
vous et nous, entre notre race et
votre lignée, que nous servirons
le Seigneur, qu'il est de notre
droit d'offrir des holocaustes, des
victimes et des hosties pacifiques,
el qu'en aucune maniere vos en-
fants ne diront demain à nos en-
fants : Il n'y a point de part pour
vous dans le Seigneur.
98. Que s'ils veulent le dire, ils
leur répondront : Voici l'autel du
Seigneur, qu'ont fait nos peres,
non pour des holocaustes ni pour
un sacrifice, mais en témoignage
entre nous et vous.
99. Loin de nous, le crime de
nous séparer du Seigneur, et de
quitter ses traces, en dressant un
autel, pour offrir des holocaustes,
des sacrifices et des victimes, hors
l'autel du Seigneur notre Dieu,
qui a été dressé devant son taber-
nacle.
30. Ces paroles entendues, Phi-
nées, le prétre, et les princes de
la légation d'Israél, qui étaient
avec lui, s'apaiserent, et accueil-
lirent du meilleur cceur les paro-
les des enfants de Ruben, de Gad
et de la demi-tribu de Manassé.
31. Alors Phinéès, le prêtre, fils
d'Eléazar, leur dit : Maintenant
nous savons que le Seigneur est
avec nous, puisque vous étes
étrangers à cette prévarication,
Teu. xxur.]
et que vous avez délivré les en-
fants d'Israél de la main du Sei-
gneur.
32. Après cela, il revint avec
les princes du peuple d'auprès
des enfants de Ruben et de Gad,
de la terre de Galaad, confins de
Chanaan, vers les enfants d'Israël,
et il leur fit son rapport.
33. Or, ce discours plut à tous
ceux qui l'entendirent, et les en-
fants d'Israél louerent Dieu, et
ils ne dirent plus qu'ils monte-
raient contre eux, qu'ils les com-
battraient, et qu'ils détruiraient
la terre de leur possession.
34. Et les enfants de Ruben et
les enfants de Gad appelerent
l'autel qu'ils avaient dressé, Notre
témoignage que, c'estleSeigneur
lui-méme qui est Dieu.
CHAPITRE XXIII.
Josué exhorte les enfants d'Israël à ob-
server la loi du Seigneur. Maux dont
il les menace, s'ils deviennent infideles.
1. Or, beaucoup de temps s'é-
tant écoulé, aprés queleSeigneur
eut donné la paix à Israël, et
toutesles nationsà l'entour ayant
été soumises, enfin Josué, étant
déjà très vieux et d'un âge fort
avancé,
2. Appela tout Israél, les an-
ciens, les princes, les chefs et les
magistrats, et leur dit : Je suis
vieux, et d'un áge tirés avancé;
9. Et vous, vous voyez tout ce
qu'a faitle Seigneur votre Dieu
à toutes les nations d'alentour,
comment il a lui-méme combattu
pour vous; i
4. Et maintenant qu'il vous a
31. De la main du Seigneur; c'est-à-dire de ses coups, de ses châtiments.
4. Beaucoup de nations; à vaincre, à soumettre.
[cu. xxi.)
partagé au sort toute cette terre,
depuis la partie orientale du Jour-
'dain jusqu'à la grande mer, et
quil reste encore beaucoup de
-nations,
5. Le Seigneur votre Dieu les
exterminera, et les 01078 de de-
vant votre face, et vous posséde-
rez cette terre, comme il vous a
promis.
6. Seulement, fortifiez - vous,
soyez attentifs à garder tout ce
qui est écrit dans le livre de la
loi de Moise, et ne vous en détour-
nez ni à droite ni à gauche,
7. Afin que, lorsque vous serez
entrés chez les nations qui doi-
ventse trouver au milieu de vous,
vous ne juriez pas au nom de
leurs dieux, que vous ne les ser-
viez pas, et que vous ne les ado-
riez point;
8. Mais que vous vous attachiez
au Seigneur votre Dieu, ce que
vous avez fait jusqu'à ce jour.
9. Et alors le Seigneur Dieu en-
lèvera en votre présence des na-
lions grandes et trés fortes, et
nul ne pourra vous résister.
10. Un seul d'entre vous pour-
suivra mille hommes de vos en-
nemis, parce que le Seigneur
votre Dieu lui-même combattra
pour vous, comme il a promis.
11. Seulement, ayez le plus
grand soin d'aimer le Seigneur
, votre Dieu.
19. Que si vous voulez vous at-
, tacher aux erreurs de ces nations
βαρ. XXIII. 44. III Rois, τι, 2.
JOSUÉ. 439
qui demeurent parmi vous, vous
mêler avec ellespardesmariages,
et vous unir par des liens d'ami-
tié,
13. Sachez, dès maintenant,
que le Seigneur votre Dieu ne les
détruira pas devant votre face,
mais elles seront pour vous une
fosse, un filet, et un obstacle à
votre côté, et des épines dans vos
yeux, jusqu'à ce qu'il vous enlève
et vous extermine de cette terre
excellente qu'il vous a livrée.
14. Voici que moi aujourd'hui,
jentre dans la voie de toute la
terre, et vous reconnaitrez de
tout cœur, que de toutes les pa-
roles que le Seigneur a promis
d'accomplir en votre faveur, au-
cune n'a été dite en vain.
15. Gomme donc il a accompli
par ses œuvres tout ce qu'il a pro-
mis, et que toutes choses ont été
prospères, ainsi il amènera sur
vous tous les maux dont il vous
a menacés, jusqu'à ce qu'il vous
enlève et vous extermine de cette
terre excellente qu'il vous a li-
vrée,
16. Parce que vous aurez violé
l'alliance du Seigneur votre Dieu
qu'il a faite avec vous, que vous
aurez servi des dieux étrangers,
et que vous les aurez 800168 ; sou-
dain et promptement s'élevera
contre vouslafureurduSeigneur,
et vous serez enlevés de cette
terre excellente qu'il vous a li-
vrée.
— ——————— M MÀ ———— ÓÀ—À HÀ
14. Aujourd'hui; hébraisme, pour bientôt. — Dans la voie de toute la terre; la voie
que tout le monde prend, où tous les hommes sont obligés d'entrer, la voie de la
mort.
16. Ces prédictions ont été accomplies pendant la captivité de Babylone, et surtout
depuis la mort de Jésus-Christ.
440 JOSUÉ.
CHAPITRE XXIV.
Josué rappelle aux enfants d'Israél tout
ce que Dieu a fait pour leurs pères et
pour eux. 115 promettent de demeurer
attachés au Seigneur. Mort de Josué et
d'Eléazar.
1. Et Josué assembla toutes les
tribus d'Israël à Sichem, et il ap-
pela les anciens, les princes, les
juges et les magistrats; et ils se
ünrent en la présence du Sei-
gneur;
2. Et i1 parla ainsi au peuple :
Voici ce que dit le Seigneur Dieu
d'Israël : C'est au delà du fleuve
qu'ont habité vos peres dés le
commencement, Tharé, pered'A-
braham et de Nachor, et ils ont
servi des dieux étrangers.
3. Je pris donc votre pere Abra-
ham du pays de la Mésopotamie,
et je l'amenai dans la terre de
Chanaan, et je multipliai sa race.
4. Et je lui donnai Isaac, et à
Isaac ensuite Jacob et Esaü. Quant
à ceux-ci, je donnai à Esaü la
montagne de Séir, pour la possé-
der; mais Jacob et ses fils des-
cendirent en Egypte.
9. Et j'envoyai Moïse et Aaron,
et je frappai l'Egypte d'un grand
nombre de signes et de prodiges.
6. Et je vous retirai, vous et
vos peres de l'Egypte, et vous
vintes à la mer. Alors les Egyp-
tiens poursuivirent vosperesavec
[cg. xxiv.]
des chars et de la cavalerie jus-
qu'à la mer Rouge.
7. Maisles enfants d'Israél criè-
rent au Seigneur, qui mit des té-
nèbres entre vous et les Egyp-
liens, e£ amena sur eux la mer,
et les couvrit. Vos yeux ont vu
tout ce que j'ai fait en Egypte, et
vous avez habité dans le désert
pendant longtemps;
8. Après cela, je vous ai intro-
duits dans la terre de l'Amor-
rhéen, qui habitait au delà du
Jourdain. Et lorsqu'ils combat-
taient contre vous, je les livrai
en vos mains; et vous avez pos-
sédé leur terre, et vous les avez
tués.
9. Cependant se leva Balae, fils
de Séphor, roi de Moab, et il com-
battit contre Israël. Il envoya et
appela Balaam, fils de Béor, pour
vous maudire;
10. Et moi, je ne voulus point
l’écouter; mais au contraire je
vous bénis par lui, et je vous dé-
livrai de sa main.
11. Vous passâtes le Jourdain
et vous vintes à Jéricho. Alors
combattirent contre vous les
hommes de cette ville, l'Amor-
rhéen, le Phérézéen, le Chana-
néen, l'Héthéen, le Gergéséen,
l'Hévéen et le Jébuséen, et je les
livrai en vos mains.
19. De plus, j'envoyai devant
vous des frelons, et je les chassai
CHaP. XXIV. 2. Genèse, xi, 26. — 3. Genèse, xi, 31. — 4. Genèse, xxi, 2; xxv, 26;
xxxvi, 8; xLvi, 6. — 5. Exode, rr, 10. — 6. Exode, xir, 37; xiv, 9. — 8. Nomb., xxr, 24.
— 9. Nomb., xxi, 5. — 11. Supra, 1x, 18; vi, 1; xr, 3. — 19. Exode, xxur, 28; Deut.,
vit, 20; Supra, x1, 20.
1. * A Sichem, au centre de la Palestine. Voir la note sur Genése, xit, 6.
1. Et les couvrit; c'est-à-dire (e Seigneur, ou plutôt /a mer; car il arrive souvent
en hébreu que le complément d'un verbe qui précède, sert de sujet au verbe qui
suit, sans que rien dans la phrase indique ce double emploi.
M. * Vous vintes à Jéricho. Voir la note sur Josué, vi, 1.
[cn. xxiv.]
de leur pays, les deux rois des
Amorrhéens, non par ton épée,
ni par ton arc.
13. Je vous donnai une terre
dans laquelle vous n'avez pas tra-
vaillé, et des villes que vous n'a-
vez pas báties, pour que vous y
habitiez; des vignes, et des lieux
couverts d'oliviers que vous n'a-
vez pas plantés.
14. Maintenant donc craignez
le Seigneur, et servez-le avec un
cœur parfait et très sincere; en-
levez les dieux qu'ont servis vos
peres dans la Mésopotamie et
dans l'Egypte, et servez le Sei-
gneur.
15. Si, au contraire, c'est un
malà vos yeux que de servir le
Seigneur, l'option vous est don-
née. Choisissez aujourd'hui ce
qui vous plait, et voyez qui vous
devez servir plutót, ou les dieux
qu'ont servi vos peres dans la
Mésopotamie, ou les dieux des
Amorrhéens, dans la terre des-
quels vous habitez; pour moi et
ma maison, nous servirons le Sei-
gneur.
16. Et le peuple répondit, et
dit : Loin de nous que nous aban-
donnions le Seigneur, et que nous
servions des dieux étrangers.
11. Le Seigneur notre Dieu lui-
méme nous a retirés, nous et nos
peres, de la terre d'Egypte, de la
maison de servitude; il a fait,
14. I Rois. vir, 3; Tobie, xiv, 10.
JOSUÉ.
4i
nous le voyant, de grands pro-
diges, et il nous a gardés dans
tout le chemin par où nous avons
marché, et parmi tous les peuples
chez lesquels nous avons passé.
18. Etil a chassé toutes les na-
tions, l'Amorrhéen habitant de la
terre dans laquelle nous, nous
sommes entrés. Nous servirons
donc le Seigneur, parce que c'est
lui qui est notre Dieu.
19. Et Josué dit au peuple :
Vous ne pourrez pas servir le
Seigneur; car c'est un Dieu saint
et fort jaloux, et il ne pardonnera
pas vos crimes et vos péchés.
20. Si vous abandonnez le Sei-
gneur et servez des dieux étran-
gers, il se tournera, vous afflige-
ra et vous renversera, après qu'il
vous aura donné des biens.
21. Le peuple répliqua à Josué :
Il n'en sera nullement comme tu
dis; mais nous servirons le Sei-
gneur.
22. Et Josué au peuple : Vous
êtes témoins, repartit-il, que vous
choisissez vous-mémes 16 Sei-
gneur pour le servir. Ils répon-
dirent : Témoins.
23. Maintenant donc, reprit-il,
ótez les dieux étrangers d'au mi-
lieu de vous, et inclinez vos
cœurs devant le Seigneur Dieu
d'Israël.
24. Et le peuple répondit à Jo-
sué : C'est le Seigneur notre Dieu
19. Vous ne pourrez pas, etc. 11 est évident que Josué ne veut pas dire aux Israé-
lites qu'il leur est impossible de servir le Seigneur, puisque dans les versets précé-
dents il les exhorte si fortement à le faire; son but est simplement de les engager
à réfléchir plus sérieusement sur leur promesse, et à raminer leur courage; E
comme s'il leur eût dit: Vous promettez de servir le Seigneur, mais le pourrez-vous
avec votre penchant si prongnee pour l’idolâtrie, et avec votre si grande facilité à
vous y laisser entrainer? Serez-vous assez fermes et assez courageux pour persé-
vérer dans les sentiments qui vous animent aujourd' hui?
442 JOSUÉ.
que nous servirons, et nous obéi-
rons à ses préceptes.
95. Josué fit donc alliance en ce
jour-là, et il proposa au peuple
des préceptes et des ordonnances
à Sichem.
26. Il écrivit aussi toutes ces
iparoles dans le livre de la loi du
Seigneur, et il prit une tres
grande pierre, et il la placa sous
le chéne qui était dans le sanctu-
aire du Seigneur,
27. Et il dit à tout le peuple :
Voici que cette pierre vous sera
en témoignage, qu'elle a entendu
toutes les paroles que le Seigneur
vous a dites, de peur que dans la
suite vous ne vouliez le nier, et
mentir au Seigneur votre Dieu.
98. Et il renvoya le peuple cha-
cun en sa possession.
29. Et après cela mourut Josué,
fils de Nun, à l’âge de cent dix ans;
30. Et on l’ensevelit dans les
limites de sa possession, à Tam-
(cu. xxiv.]
nathsaré, qui est située sur la
montagne d'Ephraim, vers la
partie septentrionale de la mon-
tagne de Gaas.
31. Ainsi, Israël servit le Sei-
gneur durant tous les jours de
Josué et des anciens qui vécurent
longtemps aprés Josué, et qui
connaissaient toutes les œuvres
du Seigneur quil avait faites en
Israél.
32. Les os de Joseph aussi, que
les enfants d'Israél avaient em-
portés de l'Egypte, on les ense-
velit à Sichem, dans la partie du
champ que Jacob avait achetée
des fils d'Hémor, pere de Sichem,
pour cent jeunes brebis, et qui
devint la propriété des enfants de
Joseph.
33. Eléazar, fils d'Aaron, mou-
rut aussi, et on l'ensevelit à Ga-
baath, ville de Phinées, son fils,
qui lui fut donnée en la monta-
gne d'Ephraim
32. Genèse, L, 24; Exode, xim, 19; xxxii, 19,
26, Par sanctuaire, on peut entendre, avec plusieurs commentateurs, une tente
ou un sanctuaire passager qu'on avait dressé sous ce chêne, pour y placer l'arche
durant le peu de temps qu'elle fut à Sichem.
29-33. On peut admettre que la fin de ce chapitre a été insérée dans ce livre par
une main étrangere, mais autorisée. On aura voulu sans doute réunir en un méme :
corps d'ouvrage tout ce qui avait rapport à l'histoire de Josué, comme il parait qu'on
à fait pour Moise.
30. * Thamnathsaré. Voir plus haut, xix, 50.
32. * A Sichem. Le tombeau de Joseph est prés de Sichem, au sud-est, à cóté du
puits de la Samaritaine.
33. * A Gabaath de Phinéès, prés de Thamnathsaré, au sud-ouest de Silo.
— — 000(9e00oo«———
INTRODUCTION
AU LIVRE DES JUGES
Le livre des Juges nous raconte les traits les plus saillants de l'histoire du
peuple de Dieu, depuis la mort de Josué jusque vers l'époque de Samuel,
qui établit Saül premier roi d'Israël. Il est précédé d'une sorte d'introduc-
tion renfermant deux parties. La première, r-it, 5, trace le tableau de l'état
politique d'Israél, aprés la mort de Josué, relativement aux Chananéens, qui
n'avaient pas été expulsés de leurs anciennes possessions; la seconde, rr, 6-11, 6,
dépeint l'état religieux des Hébreux, qu'elle nous montre vacillant constam-
ment entre la fidélité et l'infidélité, prospéres quand ils servent le vrai Dieu,
châtiés quand ils tombent dans l'idolâtrie, jusqu'à ce qu'ils fassent pénitence.
Les Juges d'Israél, mentionnés dans le livre qui porte leur nom, sont au
nombre de treize ou de quatorze, selon que l'on compte ou non parmi eux
Abimélech, qui usurpa le pouvoir royal à Sichem. L'auteur sacré ne nous les
fait pas tous connaitre en détail; il ne raconte un peu longuement que la vie
de sept d'entre eux, en se contentant d'énumérer les autres. De là sept sections :
1? Othoniel, nr, 7-11 ; 2° Aod (et Samgar), ni, 12-31; 3° Débora et Barac, 1v-v:
4» Gédéon, vi-vin, 32; 5° Abimélech (Thola et Jair), vur, 33-x, 5; 6° Jephté
(Abesan, Ahialon et Abdon), x, 6-xi; 7? Samson, xin-xvi.
Deux appendices terminent le livre. Le premier nous raconte l'histoire de
l'idolátrie des Danites, xvir-xvni, et le second le crime des habitants de Gabaa,
qui amena la guerre des autres tribus contre celle de Benjamin et l'anéantisse-
ment presque total de cette dernière, xix-xxi. Ces deux événements n'ont aucune
relation nécessaire avec le corps de l'ouvrage; ils y sont joints comme supplé-
ments, parce qu'ils se sont passés dans la méme période, le premier, un peu
avant, le second, un peu aprés [ἃ mort de Josue.
Si l'on ne tient pas compte de ce double appendice, le livre des Juges forme
un tout homogène, dont une pensée unique constitue l'unité. Nous n'avons là,
sans doute, qu'une série de portraits, mais ils ont tous été peints par le méme
arliste et dans le but de former une seule galerie. L'introduction en est comme
le vestibule nécessaire, qui prépare et explique ce qui suit. Le cadre de tous
les récits est identique, et il nous révèle clairement le dessein de l’auteur, indi-
qué d'ailleurs dans l'introduction : c'est de prouver par des exemples qu'Israël
est heureux tant qu'il est fidèle à son Dieu; malheureux, dés qu'il l'abandonne;
pardonné, dés qu'il se convertit. Ainsi le corps de l'ouvrage n'a point d'autre
but que de démontrer la thèse posée, 11, 11-19, et la conclusion pratique qui en
découle, c'est la nécessité, pour le pécheur, de reconnaitre sa faute et de revenir
à son Dieu.
ven
AA INTRODUCTION AU LIVRE DES JUGES.
L'unité du livre des Juges, qui se manifeste si bien dans le plan adopté par
l'auteur, est la preuve qu'il est l'œuvre d'un seul écrivain.
On peut fixer approximativement la date du livre des Juges. 1* Comme la
mort de Samson forme la fin du récit et que la durée de l'oppression des Phi-
listins est indiquée, xur, 1, il en résulte que l'ouvrage ne peut pas avoir été
écrit avant la victoire de Samuel sur ces ennemis du peuple de Dieu, I Rois,
vir, 1-14. De plus, les mots : > En cetemps là il n'y avait pas de roi en [sraél, »
qui se lisent plusieurs fois dans les Juges, supposent la royauté déjà établie
en Israél; nous ne pouvons donc pas placer l'époque de la composition des
Juges avant l'avénement de Saül au trône. 2° D'autre part, comme il est dit
expressément, 1, 21, que les Jébuséens sont encore dans Jérusalem avec les
Benjamites, et que nous savons par II Rois, v, 6-7, que cette tribu chananéenne
fut chassée par David, au commencement de son règne, de la cité dont il devait
faire la capitale de son royaume, il suit de ces données que l'auteur a écrit
avant cel événement.
La tradition talmudique attribue à Samuel le livre des Juges; quoique cette
tradition ne puisse pas être établie rigoureusement, elle s'accorde bien avec les
faits que nous venons de rappeler et ne manque pas de vraisemblance.
Ce livre nous fait connaitre la suite de l'histoire du peuple de Dieu, et les
merveilles qu'opére le Seigneur en faveur d'Israél. C'est un des écrits inspirés
dans lesquels la Providence se manifeste avec le plus d'éclat. — Ce que Dieu
fait pour délivrer les enfants d'Abraham de leurs ennemis est, d'aprés tous les
Péres, l'image de ce que devait faire Jésus-Christ, pour nous affranchir des liens
du péche. — Enfin le livre des Juges renferme un grand nombre d'exemples
propres à nous exciter au bien et à nous prémunir contre le mal. Voir le cha-
pitre x1 de l'Epitre de S. Paul aux Hébreux.
LES JUGES
CHAPITRE PREMIER.
La tribu de Juda est nommée pour mar-
cher à la téte des autres tribus. Défaite
d'Adonibézec. Prise de Jérusalem. Plu-
sieurs tribus épargnent les Chananéens.
1. Après la mort de Josué, les
enfants d'Israél consulterent le
Seigneur, disant : Qui montera
devantnous contre le Chananéen,
et sera le chef de la guerre?
2. Etle Seigneur répondit : Juda
montera; voilà que j'ai livré la
terre en ses mains.
3. Alors Juda dit à Siméon, son
frere : Monte avec moi dans mon
lot; et combats contre le Chana-
néen, afin que moi-même j'aille
dans ton lot. Et Siméon alla avec
lui.
4. Et Juda monta, et le Seigneur
livra le Chananéen et le Phéré-
zéen en leurs mains, et ils bat-
tirent à Bézec dix mille hommes.
5. Ils trouvèrent ensuite Ado-
nibézec à Bézec ; ils combattirent
contre lui, et défirent le Chana-
néen et le Phérézéen.
Cuar. I. 10. Jos., xv, 14.
6. Or, Adonibézec s'enfuit;
l'ayant poursuivi, ils le prirent et
couperent les extrémités de ses
mains et de ses pieds.
1. Et Adonibézec dit : Soixante-
dix rois, les extrémités de leurs
mains et de leurs pieds ayant été
coupées, ramassaient sous ma
18216 les restes des aliments :
comme j'ai fait, ainsi Dieu m'a
rétribué. Et ils l'emmenèrent à
Jérusalem, et il y mourut.
8. Or, les enfants de Juda ayant
attaqué Jérusalem, la prirent et la
frappérentdutranchant du glaive,
livrant aux flammes toute la ville.
9. Et ensuite descendant, ils
combattirent contre le Chana-
néen, qui habitait dans les mon-
tagnes, et vers le midi, et dans
les plaines.
10. Et Juda, marchant contre
le Chananéen, qui habitait à Hé-
bron (dont le nom fut ancienne-
ment Cariath-Arbé), battit Sésai,
Ahiman et Tholmai.
11. Puis, parti de là, il alla vers
les habitants de Dabir, dont l'an-
2. Juda, etc. La tribu de Juda donnera l'exemple aux autres. Elle était la plus
nombreuse et la plus vaillante (Gen., xux, 8). — La terre des Chananéens. =
3. Les deux tribus de Juda et de Siméon étaient voisines; leurs lots étaient en
quelque sorte les mémes.
4. * Bézec, ville chananéenne, capitale d'Adonibézec, devint aussi ville de Juda.
6. Et coupèrent, etc. Ce genre de supplice était usité chez les anciens; il avait pour
but de mettre les prisonniers hors d'état de porter les armes
9. * Dans les plaines des Philistins, la Séphéla.
10. * Hébron. Voir Genése, xui, 18.
11-12. * Cariath-Sépher ou Dabir, dans le Négeb, au sud d'Hébron, probablement
446 LES JUGES.
cien nom était Cariath-Sépher,
c'est-à-dire Ville des lettres.
19. Alors Caleb dit : Celui qui
attaquera Cariath-Sépher, et la
ravagera, jelui donnerai ma fille
Axa pour femme.
13. Or, comme Othoniel, fils
de Cénez, et frere puiné de Caleb,
la prit, il lui donna Axa, sa fille,
pour femme.
414. Axa étant en chemin, son
mari l'avertit de demander à son
pere le champ. Et comme elle
soupirait, pendant qu'elle était
montée sur l'àne, Caleb lui dit :
Qu'as-tu?
15. Et elle répondit : Accorde-
moi une gráce ; puisque c'est une
lerre aride que tu m'as donnée,
donne-m'en aussi une arrosée par
des eaux. Caleb donc lui en donna
une arrosée par le haut et arrosée
par le bas,
16. Or, les enfants d'un Cinéen,
parent de Moise, monterent de
la Ville des palmes, avec les en-
fants de Juda, au désert de leur
lot, lequel est vers le midi d'A-
rad, et habiterent avec eux.
20. Nomb., xiv, 24; Jos., xv, 14.
fcm. 1.]
47. Cependant Juda s'en alla
avec Siméon, son frere; ils atta-
querent ensemble le Chananéen
qui habitait à Séphaath, et ils le
tuerent. Et la ville fut appelée du
nom d'Horma, c'està-dire ana-
thème.
18. Juda prit aussi Gaza avec
ses confins, Ascalon et Accaron
avec leurs frontières.
19. Etle Seigneur futavec Juda,
et Juda posséda les montagnes ;
mais il ne put détruire les habi-
tants de la vallée, parce qu'ils
avaient une grande quantité de
chars armés de faux.
20. EL ils donnèrent, comme
Moïse avait dit, Hébron à Caleb,
qui en extermina les trois fils
d'Enac.
21. Mais les enfants de Benja-
min ne détruisirent pas le Jébu-
séen, habitant de Jérusalem;
ainsi, le Jébuséen a habilé avec
les enfants de Benjamin à Jérusa-
lem, jusqu'au présent jour.
22. La maison de Joseph aussi
monta vers Béthel; et le Sei-
gneur fut avec eux.
la Dháheriyéh d'aujourd'hui, sur une éminence au nord de laquelle est une vallée
où l'on remarque plusieurs sources jaillissant les unes sur le flanc de la colline, les
autres dans le fond du ravin.
14. Le champ. L'article déterminatif qu'on lit dans le texte hébreu suppose un
champ particulier, bien connu, ou un champ dont on a déjà parlé. Dans la première
supposilion, ce serait probablement le champ attenant à la terre aride qu'Axa avait
recu de son beau-pére; et dans la seconde, l'auteur sacré ne ferait que rappeler le
champ déjà mentionné au livre de Josué (xv, 18); et par conséquent ce fait ne se
trouverait rapporté ici que par récapitulation.
16. Au désert de leur lot; au désert qui était échu en partage aux enfants, à la
tribu de Juda. — Avec eux: littér. avec lui; c'est-à-dire Juda, considéré comme
tribu, ou selon que porte l'hébreu, comme peuple. — * La ville des Palmes, Jéricho.
— Arad. Voir la note sur Nombres, xxi, 1. — Cinéen. Voir Genèse, xv, 19.
11. A Séphaath, aujourd'hui Sebaita. On y voit des ruines assez considérables,
entre autres celles de trois églises et d'une tour. Il y avait deux réservoirs d'eau.
18. * Gaza, Ascalon, Accaron, trois des cinq grandes villes des Philistins, dans la
plaine de la Séphéla. La conquéte de Juda ne fut pas durable,
19. * Chars armés de faux. Noir Josué, Xr, 4.
22, * Béthel. Voir Genèse, xt, 8.
[.ז . א6]
93. Car, comme ils assiégeaient
la ville, qui auparavant était ap-
pelée Luza,
24. lls virent un homme sor-
tant de la cité, et ils lui dirent:
Montre-nous l'entrée de la ville,
et nous te ferons miséricorde.
95. Lorsque cet homme la leur
eut montrée, ils frappèrent la
ville du tranchant du glaive;
mais cet homme et toute sa pa-
renté, ils les renvoyèrent.
96. Cet homme renvoyé, s'en
alla dans la terre d'Hetthim, et
il bátit là une ville et l'appela
Luza, laquelle est ainsi appelée
jusqu'au présent jour.
97. Manassé aussi ne détruisit
pas Bethsan et Thanac avec leurs
bourgades, ni les habitants de
Dor, ni Jéblaam, ni Mageddo avec
ses bourgades; et le Chananéen
commenca à habiter avec eux.
98. Mais lorsqu Israël se fut
fortifié, il les rendit tributaires,
et il ne voulut pas les détruire.
99. Ephraim de méme ne tua
pas le Chananéen, qui habitait à
Gazer, mais 76 Chananéen habita
aveclui.
30. Zabulon ne détruisit pas
LES JUGES. 447
les habitants de Cétron et de Naa-
lol; mais le Chananéen habita au
milieu de lui et lui devint tribu-
taire.
31. Azer aussi ne détruisit pas
les habitants d'Accho et de Si-
don, ni Ahalab, ni Achazib, ni
Helba, ni Aphec, ni Rohob;
32. Mais il habita au milieu du
Chananéen, habitant de cette
terre, et il ne le tua pas.
33. Nephthali aussi ne détruisit
pasles habitants de Bethsamès. et
deBéthanath ; maisil habita parmi
le Chananéen habitant de cette
terre; et les Bethsamites, et les
Béthanites lui furent tributaires.
34. L'Amorrhéen resserra les
enfants de Dan sur la montagne,
et il ne leur donna pas lieu de
s'étendre dans la plaine;
35. Et il habita sur la montagne
d'Harès, que l'on interprète mon-
tagne de téts, dans Aialon et Sa-
lébim. Et la puissance de la
maison de Joseph s’accrut, et l'A-
morrhéen lui devint tributaire.
80. Or, la frontiere de l'Amor-
rhéen fut depuis la montée du
Scorpion, le rocher et les lieux
plus élevés.
26. * Hetthim, les Héthéens, alors maitres de la Syrie.
21. * Belhsan, non loin du Jourdain, à l'est du mont Gelboé. — Thanac, au sud de
Mageddo. — Jéblaam, dans le voisinage d'Engannim, au sud de cette ville. —
Mageddo, daus la plaine d'Esdrelon.
29. Le Chananéen. Ce mot est répété dans l'hébreu; il détruit ainsi l'amphibologie
qui se trouve dans la Vulgate. — Avec lui; c'est-à-dire avec Ephraim. Voy. la note
précédente. — * Gazer, à l'ouest de Béthoron, au nord-est d'Accaron.
31. * Accho, appelée aussi Aere, S. Jean d'Acre et Ptolémaide, ville phénicienne et
port de mer sur la Méditerranée, prés du mont Carmel, à l'embouchure du Bélus,
au sud de Tyr. — Sidon, première capitale de la Phénicie, sur la Méditerranée, au
nord de Tyr. — Ahalab, ville inconnue, mentionnée seulement ici. — Achazib,
Ecdippe, au nord d'Accho, sur la Méditerranée. — Helba, non retrouvée. — Aphec,
Rohob, sites inconnus.
33. * Bethsamés. Voir Josué, xxt, 10. — Béthanath, inconnue.
35. La puissance; littér. (a main. Le mot hébreu réunit ces deux significations. —
* Aialon. Voir Josué, x, 11.
/ 36. Le rocher, ou (a pierre, désigne probablement Pétra, la capitale de l'Arabie
étrée,
448 LES JUGES.
CHAPITRE II.
Un envoyé de Dieu reprend les Israé-
lites d'avoir épargné les Chananéens.
Infidélité des Israélites depuis la mort
de Josué.
1. Or, lange du Seigneur
monta de Galgala au lieu des
pleurants, et dit: Je vous ai reti-
rés de l'Egypte, je vous ai intro-
duits dans la terre pour laquelle
j'ai fait serment à vos pères, et
j'ai promis que je ne rendrais ja-
mais vaine mon alliance avec
vous;
2. À condition seulement que
vous ne feriez point d'alliance
avec les habitants de cette terre;
mais que vous renverseriez leurs
autels; et vous n'avez pas voulu
entendre ma voix; pourquoi
avez-vous fait cela?
3. C’est pourquoi je n'ai pas
voulu les exterminer de votre
face, afin que vous les ayez pour
ennemis, et que leurs dieux vous
soient en ruine.
4. Lorsque l'ange du Seigneur
disait ces paroles à tous les en-
fants d'Israél, ceux-ci éleverent
leur voix et pleurerent,
5. Et on appela ce lieu du nom
de Lieu de pleurants, ou de
larmes; et ils immolerent là des
victimes au Seigneur.
|. 6. Josué renvoya donc le peu-
ple, et les enfants d'Israél s'en
Cuap. II. 6. Jos., xxiv, 28.
[cur. 114)
allèrent, chacun en sa possession,
pour l'occuper.
7. Et ils servirent le Seigneur
durant tous les jours de Josué
et les anciens qui vécurent long-
temps après lui, et qui avaient
connu toutes les œuvres du Sei-
gneur, qu'il avaitfaites en faveur
d'Israél.
8. Or, Josué, fils de Nun, servi-
teur du Seigneur, mourut âgé
de cent dix ans;
9. Et on l'ensevelit dans les
bornes de sa possession à Tham-
nathsaré, sur la montagne d'E-
phraïm, vers la partie septentrio-
nale du mont Gaas.
10. Et toute cette génération
futréunie à ses pères ; et d’autres
hommes s'élevèrent qui ne con-
naissaient point le Seigneur, ni
les œuvres qu'il avait faites en
faveur d'Israël.
11. Et les enfants d'Israël firent
16 malenla présence duSeigneur,
et ils servirent les Baalim.
12. Et ils abandonnerentle Sei-
gneur Dieu de leurs peres, qui les
avait retirés de la terre d'Egypte,
et ils servirent des dieux étran-
gers, et les dieux des peuples qui
habitaient autour d'eux, et ils les
adorerent, et exciterent le Sei-
gneur à la colere,
13. L'abandonnant et servant
Baal et Astaroth.
14. Et 16 Seigneur irrité contre
1. Au lieu des pleurants; au lieu qui fut appelé depuis Lieu de pleurants (vers. 4, 5).
— * Galgalu, à l'ouest du Jourdain, entre ce fleuve et la ville de Jéricho.
9. * Thamnathsaré. Noir Josué, xix, 50.
11. Baalim, plur. hébr. de Baal, c'est-à-dire maitre, seigneur, désigne les idoles de
ce faux dieu. — * Sur Baal et les Baalim, voir la note sur Juges, vi, 25. Le siège
principal du culte de Baal était en Phénicie et à Tyr, mois il était adoré, avant la
conquête de Josué, dans tout le pays de Chanaan.
13. * Astaroth. Noir la note sur Juges, ur, 1.
[cn. 1u.]
les Israélites, les livra aux mains
de pillards, qui les prirent et les
vendirent aux ennemis qui habi-
taient tout autour; ainsi ils ne pu-
rent résister à leurs adversaires;
15. Mais partout οἱ ils auraient
voulu aller, la main du Seigneur
était sur eux, comme il a dit et
leur a juré : et ils furent violem-
ment affligés.
16. Et le Seigneur suscita des
juges pour ies délivrer des mains
des dévastateurs; mais ils ne
voulurent pas les écouter,
17. Forniquant avec des dieux
étrangers, et les adorant. Bien-
tôt ils abandonnerent la voie par
laquelle avaient marché leurs
pères; et entendant les comman-
dements du Seigneur, ils firent
tout le contraire.
18. Et lorsque 16 Seigneur sus-
citait des juges, sa miséricorde
fléchissait durant les jours de ces
juges; il écoutait les gémisse-
ments des affligés, et il les déli-
vrait du carnage des dévasta-
leurs.
19. Mais après que le juge était
mort, ils retombaient, et faisaient
des choses bien pires que n'en
avaient fait leurs peres, suivant
des dieux étrangers, les servant
et les adorant. 115 n'abandonne-
rent point leurs inventions, ni la
vole trés rude par laquelle ils
avaient accoutumé de marcher.
90. Aussi, la fureur du Sei-
gneur fut irritée contre Israél, et
LES JUGES.
449
il dit: Parce que cette nation a
rendu vaine mon alliance, que
j'avais faite avec ses pères, et
qu'elle a dédaigné d'entendre ma
voix,
21. Eh bien, moi je ne détrui-
rai point les nations que Josué a
laissées, lorsqu'il est mort,
22. Afin que par elles j'éprouve
Israél, en voyant s'ils gardent la
voie du Seigneur, comme l'ont
gardée leurs peres, et s'ils y mar-
chent, ou non.
23. Le Seigneur laissa donc
toutes ces nations, et ne voulut
point les détruire aussitót, c'est
pourquoi il ne les livra pas aux
mains de Josué.
CHAPITRE III.
Servitude des Israélites sous Chusan;
Othoniel est leur libérateur. Servitude
sous Eglon ; Aod lesen délivre. Samgar,
troisiéme juge d'Israel.
1. Voici les nations que le Sei-
gneur laissa, pour instruire par
elles Israël et tous ceux qui ne
connaissaient pas les guerres des
Chananéens ;
2. Afin que dans la suite leurs
enfants apprissent à combattre
contre les ennemis, et qu'ils s'ac-
coutumassent à livrer bataille :
3. Les cinq satrapes des Philis-
üns, tous les Chananéens, les
Sidoniens et les Hévéens qui ha-
bitaient sur la mont Liban, depuis
la montagne de Baal-Hermon
jusqu'à l'entrée d'Emath.
19. Leurs inventions; leurs égarements d'esprit et de cœur; selon le texte hébreu,
leurs actions mauvaises.
3. Les cinq satrapes, etc. Ces mots se rapportent à : Voici les nations, etc. du 1er ver-
set dont ils sont l'explicatif; mais ils sont à l'accusatif, parce qu'on peut les consi-
dérer aussi comme complément du verbe, qui les précède immédiatement, livrer
bataille, ou abandonner (vers. 1). — * Baal-Hermon. Noir Josué, xt, 11. — Emalh.
Voir II Rois, vit, 9.
A. T. 29
450
4. Or, il les laissa, afin que par
eux il éprouvât Israël, en voyant
s’il écouterait les commande-
ments du Seigneur, qu'il avait
donnés à leurs peres par l'entre-
mise de Moise, ou non.
ὃ. C'est pourquoi les enfants
d'Israël habiterent au milieu du
Chananéen, de l'Héthéen, de l’A-
morrhéen, du Phérézéen, de l'Hé-
véen et du Jébuséen ;
0. Ils prirent pour femmes,
leurs filles, et ils donnèrent eux-
mémes leurs propres filles à leurs
fils, et ils servirent leurs dieux.
7. Ainsi, ils firent le mal en la
présence du Seigneur, et ils ou-
blierent leur Dieu, servant les
Baalim et les Astaroth.
8. Or, irrité contre Israél, le
Seigneur {+ livra aux mains de
Chusan Rasathaim, roi de Méso-
potamie, et ils le servirent pen-
dant huit ans.
9. Et ils crierent au Seigneur,
qui leur suscita un sauveur qui
LES JUGES.
[ca. nr.)
les délivra, Othoniel, fils de Cé-
nez, frère puiné de Caleb.
10. Et l'esprit du Seigneur fut
en lui, et il jugea Israël. Il s'en
alla au combat, et le Seigneur
livra en ses mains Chusan Rasa-
thaim, roi de Syrie, et il le sub-
jugua.
11. Et le pays se reposa durant
quarante ans, et Othoniel, fils de
Cénez, mourut.
12. Mais les enfants d'Israël
recommencèrent à faire le mal
en la présence du Seigneur, qui
fortifia contre eux Eglon, roi de
Moab, parce qu'ils firent le mal
en sa présence.
13. Et il joignit à lui les enfants
d'Ammon et d'Amalec ; et il alla
et battit Israél, et il se rendit
maitre de la ville des Palmes.
14. Et les enfants d'Israél ser-
virent Eglon, roi de Moab, pen-
dant dix-huit ans;
15. Et après cela ils crièrent au
Seigneur, qui leur suscita un
1. Baalim. Voy. n, 11. — Astaroth, plur. fém. hébr., signifie les idoles de la divinité,
qui dans le texte original se produit sous la forme aschtoreth, ou mieux haschthoreth,
et dans la Vulgate sous celle d’Astarthé. L'hébreu lit ici aschéroth, qui veut dire bois
sacré, parce qu'on l'adorait plus particulièrement dans les bois. — * Astoreth ou As-
tarté avait beaucoup de traits de ressemblance avec Vénus. Elle est souvent nommée
dans le livre des Juges, en compagnie de Baal. Il y avait d'ailleurs plusieurs Astoreths
ou Astartés, comme il y avait plusieurs Baals : chaque Baal avait son Astarté, la
multiplieation du dieu impliquant la multiplication de la déesse. De méme que Baal
était quelquefois le ciel, Astarté était aussi la terre fécondée par le ciel. Mais de
nombreux indices montrent aussi qu'elle est souvent la lune,'embléme de la beauté
féminine, de méme que le soleil, qui fait pousser les plantes et dessèche, est le sym-
bole de la force et dela destruction; elle est le principe passif et productif, la mère,
comme Baal est le principe actif et générateur, le pére. Une figurine en albátre du
Musée du Louvre représente Astarté portant un croissant d'or au-dessus de sa téte,
mais on la représente le plus souvent sous la forme d'un pieu symbolique.
8. * Chusan-Rasathaim ne nous est connu que par ce passage du livre des Juges.
9. Un sauveur qui les délivra; ce qui semblerait donner à ce verbe le mot Seigneur
pour sujet. Mais voy. Josué, XxIv, 1.
13. Sur Amalec, voir Exode, xvii, 8. — * La ville des Palmes, probablement Jéri-
cho.
15. * Aod... se servait des deux mains comme de la droite. Aod n'était pas le seul
Israélite habitué à se servir également des deux mains dans le combat. Les Ben-
jamites, à la tribu desquels appartenait Aod, étaient célèbres comme archers 6
comme frondeurs, comme également habiles à se servir de la main gauche et de la
(cu. π|.}
sauveur du nom d'Aod, fils de
Géra, fils de Jémini, qui se ser-
vait des deux mains comme dela
droite. Or, les enfants d'Israél en-
voyerent par lui des présents à
Eglon, roi de Moab.
16. Aod se fit un glaive à deux
tranchants, qui avait au milieu
une garde de la longueur de la
paume de la main, et ille ceignit
sous son sayon, sur la cuisse
droite.
17. Et il offrit les présents à
Eglon, roi de Moab. Or, Eglon
était extrémement gros.
18. Lors donc qu'il lui eut of-
fert. les présents, il suivit ses
compagnons qui étaient venus
avec lui.
19. Puis, revenu de Galgala, où
étaient les idoles, il dit au roi:
J'ai une parole secrète pour vous,
ὃ roi. Et le roi commanda le
silence, et tous ceux qui étaient
autour de lui étant sortis,
90. Aod s'approcha de lui : or,
il était assis dans sa chambre
d'été, seul; Aod lui dit donc : Fai
une parole de Dieu pour vous. Le
roi aussitót se leva de son tróne.
91. Et Aod étendit la main gau-
LES JUGES. 451
che, et prit le glaive de dessus sa
cuisse droite, et l'enfonca dans
son ventre,
22. Si fortement, que la poi-
gnée suivit le fer dans la blessure,
et s'y trouva très resserrée par
la graisse extrémement épaisse.
Il ne retira donc point le glaive,
mais il le laissa dans le corps,
comme il était, lorsqu'il eut porté
le coup : et aussitôt les excré-
ments renfermés dans le ventre
s'échappeérent par les conduits
naturels.
93. Or, Aod, ayant fermé avec
le plus grand soin les portes de
la chambre, et y ayant mis les
verrous,
24. Sortit par le derriere. Ce-
pendant. les serviteurs du roi
étant venus, virent les portes de
18 chambre fermées, et ils dirent :
Peut-être satisfait-il à un besoin
dans la chambre d'été.
25. Et ayant attendu longtemps
jusqu'àen étre troublés, et voyant
que personne n'ouvrait, ils pri-
rent la clef; et ouvrant, ils trou-
verentleur maitre étendu sur la
terre, mort.
26. Mais Aod, pendant que
main droite, et capables de frapper un cheveu avec leur fronde, Jud., xx, 16; 1 Par.,
xu, 2. Mucius Scævola, qui se rendit célèbre chez les Romains par un acte semblable
à celui d'Aod, était aussi gaucher; et c'est la signification méme de son surnom de
Scaevola.
19. * De Galgala. Voir ut, 1. — Où étaient les idoles, cest peut-être un nom de
lieu, Pesilim. Au y. 26, nous lisons 16 lieu des idoles.
19-22. Si on était obligé de justifier cette conduite d'Aod, on pourrait dire qui!
croyait, d'aprés les préjugés du temps, et le droit de la guerre, beaucoup plus ri-
goureux à cette époque reculée qu'il ne l'est aujourd'hui, qu'il lui était permis de
recourir à un pareil stratagéme. N'est-il pas possible d'ailleurs que Dieu ait suscité
ce général pour sauver son peuple, sans lui inspirer ce meurtre? — * Chez tous les
peuples et dans tous les temps, on a admiré le sang-froid, l'audace, le courage et
le dévouement qu'indiquent, dans leurs auteurs, des actes comme ceux d'Aod,
quoique ces actes ne soient pas de tout point irrépréhensibles. Les Athéniens ont
€: ies louanges d'Harmodius et d'Aristogiton, les Romains ont glorifié Mucius
cævola.
26. * Séirath, localité inconnue de la montagne d'Ephraim.
452
ceux-ci étaient dans le trouble, |
s'enfuit et traversa le lieu des
idoles, d’où il était revenu. Il
vint à Séirath ;
97. Et aussitôt il sonna de la
irompette sur la montagne d'E-
phraim, et les enfants d'Israél
descendirent avec lui, marchant
lui-méme en téte.
28. Il leur dit : Suivez-moi ; car
le Seigneur a livré nos ennemis,
les Moabites, en nos mains. Et
ils descendirent aprés lui, et ils
occuperent les gués du Jourdain,
par lesquels on va à Moab ; et ils
ne laissèrent passer personne.
99. Mais ils tuerent en ce
temps-là environ dix mille Moa-
bites, tous hommes forts et vail-
lants; nul d'entre eux ne put
échapper.
30. Ainsi Moab fut humilié en
ce jour-là sous la main d'Israél;
et le pays se reposa durant
quatre-vingts ans.
31. Apres Aodil y eut Samgar,
Cnar. IV. 2. I Rois, xz, 9.
LES JUGES.
]08. rv.]
fils d'Anath, qui défit six cents
hommes d'entre les Philistins
avec un soc de charrue : et lui
aussi défendit Israël.
CHAPITRE V.
Servitude sous Jabin. Debbora et Barac
défont Sisara, général des troupes de
Jabin.
1. Et les enfants d'Israël re-
commencèrent à faire le mal en
la présence du Seigneur apres
la mort d'Aod,
2. Et le Seigneur les livra aux
mains de Jabin, roi de Chanaan,
qui régna dans Asor ; or, il avait
pour général de son armée uu
homme du nom de Sisara; et
lui-méme habitait à Haroseth des
nations.
3. Etles enfants d'Israélcrierent
au Seigneur; car Jabin avail
neuf cents chars armés de faux ;
et pendant vingt ans il les avait
violemment opprimés.
4. Or, c'était Debbora, prophé-
28. Personne; c'est-à-dire aucun des Moabites. —- * 11 n'y avait pas de ponts sur le
Jourdain; on ne pouvait le passer qu'à gué.
ΘΠ ἃ D'entre les Philistins. Sur les Philistins, voir la note sur Juges, xiu, 4.
2. Asor; rebátie par quelque descendant de l'ancien Jabin. Compar. Josué, xt, 10, 11.
-- Haroseth des nations; ville ainsi nommée, parce qu'il y avait beaucoup de gens
de diverses nations, ou parce qu'eile était peuplée de Chaaanéens et de peuples
idolâtres, ou enfin parce qu'elle se trouvait dans la Galiiée des nations.
3. * Neuf cents chars armés de faux. Le texte hébreu porte : neuf cents chars de
^er, et non armés de faux. Voir la note sur Josué, xi, 4.
4. * Debbora signifie abeille. De méme que biche, chatte, sont aujourd'hui des termes
de tendresse, les noms d'animaux gracieux ont toujours été employés comme noms
de femmes. Juhel signifie biche; Se5ia, IV Rois, xi, 1, et Tabitha ou Dorcas, Act., 1x, 36,
qazelle; Rachel, agneau ou brebis; Séphora, femme de Moïse, oiseau. Nous trouvons
méme un nom de femme, celui de [8 mère du roi Joakim, IV Rois, xxiv, 8, Nohesta,
qui signifie serpent, par allusion sans doute au serpent d'airain érigé par Moïse dans
le désert et qu'Ezéchias avait fait détruire, dont le nom était Nohestan, IV Rois,
xiu, 4. Comme noms d'hommes empruntés aux animaux, on trouve Caleb, chien,
désignant différents personnages, Oreb, corbeau, Zeb, loup, Aia, vautour, Snal,
chacal, Jonas, colombe, Ariel, lion de Dieu. Cf. Léon, etc. Le nom de Debbora était
aussi celui de la nourrice de Rébecca. Il correspond au grec et au latin Melissa,
à l'allemand Imma, qui signifie oussi abeille.
[cx. τν.]
tesse, femme de Lapidoth, la-
quelle jugeait le peuple en ce
temps-là.
9. Et elle s'asseyait sous un
palmier, qui était appelé de son
nom, entre Rama et Béthel sur
la montagne d'Ephraim; et les
enfants d'Israél montaient vers
elle, pour tous les jugements.
6. Elle envoya et appela Barac,
LES JUGES. 453
fils d'Abinoem de Cédès de Neph-
thali, et elle lui dit : Le Seigneur
Dieu d'Israël te l'ordonne, va, et
conduis l’armée sur la montagne
de Thabor, et tu prendras avec
toi dix mille combattants des
enfants de Nephthali et des en-
fants de Zabulon :
7. Or moi-même je t’amènerai
à l'endroit du torrent de Cison,
5. * Rama, probablement au sud-ouest de Béthel. — Béthel. Voir Genèse, xi, 8.
6. * Cédes de Nephthali. « Les villes de la région (montagneuse de Nephthali) ont
toutes ce trait commun de ressemblance qu'elles sont situées sur des rochers élevés
au milieu des collines, au-dessus de vallées vertes et 81812168. De ces villes, la plus
remarquable est Cédés de Nephthali, la patrie de Barac... Le village moderne cou-
ronne la cime de la colline. Les fragments de colonnes qu'on rencontre sur cette
colline, les tombeaux de toute espéce dans la vallée au-dessous et sur la place du
village, les ruines de deux bâtiments considérables sur cette méme place, forment
lensembie le plus considérable de vestiges archéologiques de toutes les villes de
Galilée. La plaine verdoyante qui s'étend au nord et au sud de la colline et de la
place du village est toute parsemée de térébinthes, assez nombreux pour servir
d'illustration à la scène du campement de Jahel, sous des arbres de méme espèce,
dans ce même lieu. » (STANLEY.) — Conduis l’armée sur la montagne de Thabor. Le
Thabor est situé dans la tribu d’Issachar, sur la limite de Zabulon. Il se distingue par
sa forme et par sa végétation abondante des autres montagnes de la Palestine. Vu du
sud-ouest, il se dresse devant le spectateur comme un dôme gigantesque, complé-
tement isolé. Il faut prés d'une heure de marche pour en atteindre la cime. Ses
flancs sont couverts d'arbres propres à cacher les hommes qui s'y réfugient. Le
sommet, dont on peut faire le tour en une demi-heure, est couvert en partie d'arbres,
en partie de pelouses. 1/0511 domine de là toute la plaine d'Esdrelon : aucun mouve-
ment des Chananéens ne pouvait échapper à Barac et à Débora. Les chars de Sisara
ne pouvaient d'ailleurs y atteindre les Hébreux. — « Les cótés du Thabor sont iné-
gaux, escarpés, d'une pente raide, couverts d'arbres odoriférants et d'arbrisseaux qui
s'élévent dans les interstices des rochers; partout οὐ peut croitre l'herbe, la terre est
tapissée de verdure et de fleurs. Les sentiers sont presque impraticables, et quelque
bons que soient les chevaux, ils ont la plus grande peine à se tirer de certains pas-
sages scabreux... Les écrivains qui ont assuré que [le sommet] se termine en pain de
sucre se sont trompés. C'est un plateau d'environ une demi-heure d'étendue, où l'on
ne rencontre que de l'herbe fort élevée, des broussailles, des arbustes, de petits
bocages sur les points les plus éminents, et d'énormes tas de pierres... Le gibier
fourmille partout; les endroits touffus et les creux des rochers servent de repaire à
des panthères, des sangliers et autres animaux sauvages. » (DE GÉRAMB.)
T. * A l'endroit du torrent de Cison, dans la plaine d'Esdrelon ou de Jezraél. La
plaine a environ dix lieues de longueur du Carmel à la vallée du Jourdain, et cinq
lieues de largeur, entre les montagnes de Gelboé et celles de Nazareth. Elle est iné-
gale, surtout au levant et au couchant. C'est de Mageddo, oü était Sisara, daus la
direction de Nazareth, au nord, qu'elle est le plus large etle plus unie. Mageddo, qui
commande l'entrée de la plaine, au sud-ouest, Bethsan qui la commande à l'est,
demeurérent des forteresses jusqu'au temps des Romains, sous le nom de Legio et
de Scythopolis. Du temps de Sisara, les Chananéens habitaient encore en grand
nombre dans ces deux villes, et devaient y étre les maitres. — Le torrent de Cison
prend sa source sur le versant nord-est du Thabor; il arrose dans toute sa longueur,
du nord-est au nord-ouest, la plaine d'Esdrelon et se jette dans la Méditerranée au
nord du mont Carmel. Il a un grand nombre d'affluents, qui sont complètement
à eec en été, mais forment des torrents considérables au moment des pluies,
454
Sisara, prince de l'armée de Ja-
bin, ses chars et toute sa mul-
titude, et je les livrerai en ta
main.
8. Et Barac lui répondit : Si
vous venez avec moi, j'irai; si
vous ne voulez pas venir avec
moi, je n'irai pas.
9. Debbora lui repartit : J'irai
assurément avec 101 ; mais pour
cette fois la victoire ne te sera
point attribuée, parce que c'est
dans la main d'une femme que
sera livré Sisara. C'est pourquoi
Debbora se leva et s'en alla avec
Barac à Cédès.
10. Barac, ayant mandé Zabu-
lon et Nephthali, monta avec dix
mille combattants, accompagné
de Debbora.
11. Or Haber le Cinéen s'était
retiré depuis longtemps de tous
ses autres frères, les Cinéens, fils
d'Hobab, parent de Moise, et il
avait tendu ses tabernacles jus-
qu'à la vallée qui est appelée
Sennim, et qui était près de Cé-
dès.
19. Et l'on annonça à Sisara,
que Barac, fils d'Abinoem, était
monté sur la montagne de Tha-
bor.
13. Et il assembla ses neuf
cents chars armés de faux, et
toute son armée qui vint de Ha-
15. Ps. rxxxir, 10.
LES JUGES.
[cu. 1v.]
roseth des nations au torrent de
Cison.
14. Alors Debbora dit à Barac :
Lève-toi; car c'est le jour auquel
le Seigneur a livré Sisara en tes
mains : voilà que lui-méme est
ton guide. C'est pourquoi Barac
descendit de la montagne de
Thabor, et dix mille combattants
avec lui.
15. Et le Seigneur épouvanta
Sisara, tous ses chars et toute sa
multitude, par le tranchant du
glaive, à l'aspect de Barac; de
telle sorte que Sisara s'élancant
de son char, s'enfuit à pied,
16. Que Barac poursuivit les
chars qui s'enfuyaient et l'armée,
jusqu'à Haroseth des nations, et
que toute la multitude des enne-
mis périt jusqu'à une entiere
extermination.
11. Mais Sisara fuyant parvint
à la tente de Jahel, femme d'Ha-
ber le Cinéen. Car il y avait paix
entre Jabin, roi d'Azor, et la mai-
son d'Haber le Cinéen.
18. Jahel étant done sorti au-
devant à la rencontre de Sisara,
lui dit : Entre chez moi, mon sei-
gneur; entre, et ne crains point.
Sisara entré dans son tabernacle,
et couvert par elle, de son man-
teau,
19. Lui dit : Donnez-moi, je
11. * Le Cinéen. Voir la note sur Genése, xv, 19. — Sennim, signifie changer la
tente, proprement charger les montures (pour changer de campement). Sennim est
donc probablement un lieu οὐ campaient d'ordinaire les caravanes.
18. De son manteau, selon l'hébreu, de la couverture. On sait que dans la langue
sacrée, l'article déterminatif se met souvent pour le pronom possessif. Mais on ne
sait au juste si ce pronom doit se rapporter à Sisara ou à Jahel. — * Les Orientaux
se sont toujours servis pour dormir de leur manteau. « Ces gens-ci, écrivait du
Maroc Eugène Delacroix, ne possèdent qu'une couverture dans laquelle ils marchent,
ils dorment, et où ils seront un jour ensevelis. »
19. * Jahel ouvrit l'outre du lait, lui donna à boire. « Les Bédouins savent préparer
le lait 081116 d'une manière délicieuse; cette préparation est appelée Jében; on l'offre
[cn. v.]
vous prie, un peu d'eau, parce
que jai une grande soif. Jahel
ouvrit l'outre du lait, lui donna à
boire et le couvrit.
90. Alors Sisara lui dit : Tenez-
vous devant la porte de votre ta-
bernacle; et lorsque quelqu'un
viendra, vous interrogeant, et
disant: Est-ce qu'il n'y a point ici
quelqu'un? Vous répondrez : Il
n'y a personne.
91. C'est pourquoi, Jahel, fem-
me d'Haber prit le clou du taber-
nacle, prenant également le mar-
-teau ; et étant entrée secrètement
et en silence, elle posale clou sur
la tempe de sa téte, et apres la-
voir frappé avec le marteau, elle
lui enfonca dans le cerveau jus-
qu'à terre : et Sisara joignant le
sommeil à la mort défaillit et
mourut.
22. Et voilà que Barac, pour-
suivant Sisara, arrivait; et Jahel
étant sortie à sa rencontre, lui
dit : Viens, et je te montrerai
l'homme que tu cherches. Lors-
que celui-ci fut entré chez elle, il
vit Sisara étendu mort, etle clou
enfoncé dans sa tempe.
93. Dieu humilia done en ce
jour-là Jabin, roi de Chanaan, de-
vant les enfants d'Israél,
94. Qui croissaient tous les
jours, et qui d'une main forte op-
primaient Jabin, roi de Chanaan,
LES JUGES.
455
jusqu'à ce qu'ils l'eurent entière-
ment détruit.
CHAPITRE V.
Cantique de Debbora.
1. Or, Debbora et Barac, fils
d'Abinoem, chanterent en cejour-
là, disant :
2. Vous qui des enfants d'Israél
avez volontairement offert vos
âmes au péril, bénissez le Sei-
gneur.
3. Ecoutez, rois; prétezl' oreille,
princes; c'est moi, c'est moi qui
chanterai le Seigneur; je célébre-
rai par des hymnes le Seigneur
Dieu d'Israël.
4. Seigneur, lorsque vous sor-
tiez de Séiret que vous passiez par
les régions d'Edom, la terre s'é-
mut, et les cieux etles nuées ver-
serent goutteà goutte leurs eaux.
9. Les montagnes s'écoulerent
devant la face du Seigneur, et le
Sinai devant la face du Seigneur
Dieu d'Israél.
0. Aux jours de Samgar, fils
d'Anath, aux jours de Jahel, les
sentiers se reposèrent, et ceux
qui y entraient, marcherent par
des routes détournées.
7. Les forts manquèrent en Is-
raël, et se reposèrent, jusqu'à ce
que se levát Debbora, qu'elle se
levát mère en Israël.
aux hótes, mais on la considére généralement comme un mets délicat. Je sais par
expérieuce qu'elle est trés rafraichissante pour le voyageur accablé par la fatigue et
la chaleur, mais elle a aussi un effet soporifique étrange. Ce ne fut pas sans doute
sans connaitre ses effets probables que Jahel donna à son hóte épuisé ce breuvage
séducteur, qui devait lui procurer un sommeil profond et de bonne durée. » (CoxpEn.)
21. Le clou, probablement, le clou principal, le plus gros; l'hébreu porte le pieu
de la tente. — Quant à la conduite de Jahel envers Sisara, il est au moins des cir-
constances qu'on ne saurait justifier, par exemple son mensonge formel, son manque
de bonne foi; choses mauvaises en elles-mémes. Mais cela n'empéche point de
rendre justice à ses intentions, qui étaient incontestablement pures et louables.
Voyez ce que nous avons dit en parlant d'Aod, rr, 19,
456 LES JUGES.
8. Le Seigneur a choisi de nou-
velles guerres, il a renversé lui-
méme les portes des ennemis;
est-ce qu'un bouclier et une lance
paraissaient parmi les quarante
mille d'Israël?
9, Mon cœur aime les princes
d'Israél: vous qui volontairement
vous étes offerts au danger, bé-
nissez le Seigneur.
10. Vous qui montez sur des
ânes brillants, qui siégez dans le
jugement et qui marchez dans la
voie, parlez.
11. Que là oü les chars ont été
brisés et l'armée des ennemis
étouffée on raconte les justices
du Seigneur, sa clémence envers
les forts d'Israél. Alors le peuple
du Seigneur descenditaux portes,
et il acquit la principauté.
19. Lève-toi, lève-toi, Debbora,
lève-toi, lève-toi, et dis un can-
tique. Leve-toi, Barac, saisis tes
captifs, fils d'Abinoem.
13. Ils ont été sauvés les débris
du peuple, le Seigneur a com-
battu parmi les forts.
14. Un Aéros sorti. d'Ephraim
les a détruits dans Amalec, et
apres lui un autre est sorti de
Benjamin contre tes peuples, ὃ
Amalec : des princes sont descen-
dus de Machir, et des querriers
de Zabulon, pour conduire l'ar-
mée au combat.
15. Les chefs d'Issachar ont été
[ca v.]
avec Debbora, et ont suivi les
traces de Barac, qui s'est jeté
dans le danger comme dans un
précipice et un abime. Ruben
étant divisé contre lui-méme, une
dispute s'est élevée entre les ma-
gnanimes.
16. Pourquoi habites-tu entre
deux limites pour entendre les
cris aigus des troupeaux? Ruben
étant divisé contrelui-méme, une
dispute s'est élevée entre les
magnanimes.
11. Galaad se reposait au delà
du Jourdain, et Dan vaquait à ses.
vaisseaux : Aser habitait sur le
rivage de la mer etse tenait dans
les ports.
48. Mais Zabulon et Nephthali
offraient leurs âmes à la mort
dans la région de Méromé.
19. Des rois sont venus, et ont
combattu; les rois de Chanaan
ont combattu à Thanach près des
eaux de Mageddo, et toutefois,
butinant, ils n'ont rien emporté.
90. On acombattu du ciel contre
eux;les étoiles, demeurant dans
leur rang et dans leur cours, ont
combattu contre Sisara.
91. Le torrent de Cison a en-
traîné leurs cadavres; le torrent
de Cadumim, le torrent de Cison :
mon âme, foule aux pieds. les
forts.
99. La corne des chevaux est
tombée, les plus vaillants des en-
"————— —À ——M——À——— —1O AAA S0 :————— —— À—— Ó—MáÁ— Á—— m n —
8. Est-ce que; littér. si. Cette particule est souvent en hébreu interrogative, ou
négative; on pourrait donc traduire aussi: Ni lance ni bouclier ne paraissaient.
10. Dans la Palestine, les juges et les principaux du pays n'avaient que des ânes
pour monture, Voy. X, 4; xit, 14.
414. Ce verset, qui est différent dans l'hébreu et aussi obscur que dans la Vulgate
par sa concision, se traduit diversement; nous avons choisi l'interprétation qui nous
a paru la plus conforme au texte latin.
91. * Le torrent de Cadumim; c'est-à-dire le torrent des combats. Le torrent de
Cison s'appelle aujourd'hui Nahr el-Mukatta, /a rivière du Massacre.
[cx. vi.) LES JUGES. 457
nemis fuyant avec impétuosité et | t-il à revenir? pourquoi les pieds
se renversant précipitamment. des chevaux de ses quadriges
293. Maudissez la terre de Mé- | tardent-ils?
roz, dit l'ange du Seigneur; mau- 29. Une des femmes de Sisara,
dissez ses habitants, parce qu'ils | plus sage que les autres, répon-
ne sont pas venus au secours du | dit à sa belle-mère ces paroles :
Seigneur, en aide à ses plus vail- 30. Peut-étre que maintenant il
lants. partage des dépouilles, et que la
94. Bénie entre les femmes, | plus belle des femmes est choi-
Jahel, femme d'Haber, le Cinéen! | sie pour lui; on donne à Sisara
et qu'elle soit bénie dans son ta- | des vétements de diverses cou-
bernacle. - leurs pour butin, et on lui amasse
95. A Sisara demandant de | un assortiment varié pour orner
l'eau, dans la coupe des princes, | son cou.
elle donna du lait, et elle présen- 31. Ainsi périssent tous vos en-
ta du beurre. nemis, Seigneur! mais que ceux
26. Elle a mis la main gauche | qui vous aiment, brillent, comme
au clou, et la main droite à des | le soleil resplendit à son lever.
marteaux d'ouvriers, et elle 8 | 32. Et le pays se reposa durant
frappé Sisara, cherchant à sa tête | quarante ans.
un endroit pour la blessure, et |
lui percant fortement la tempe. CHAPITRE VI.
97. Il tomba à ses pieds, défail- | Servitude des Israélites sous les Madia-
lit et mourut; il se roulait à ses nites; Gédéon est choisi de Dieu pour
pieds, et il gisait inanimé et | l^ délivrer.
digne de pitié. 1. Maisles enfanis d'Israél firent
28. Regardant par la fenêtre, | le mal en la présence du Sei
sa mère poussait des cris per- | gneur, qui les livra à la main de
cants, et de sa chambre, elle | Madian pendant sept ans,
disait : Pourquoi son char differe- 2. Et ils furent trés opprimés
33. * Méroz, probablement le Kephr Murs actuel.
24-21. Voyez ce que nous avons dit de l'action de Jahel, iv, 91.
26. Au clou. Voy. 1v, 21. — A des marteaux; dans lhébreu, ἃ un marteau d'ou-
vriers.
31. * Le cantique de Debbora est d’une belle et forte poésie; c’est un des monuments
littéraires les plus remarquables de l'antiquité, mais ce qui le caractérise surtout,
c’est que la prophétesse le consacre à la louange du Dieu des combats qui a vaincu
par Israél, et non à la glorification des vainqueurs : les chefs et les soldats ne pa-
raissent qu'au second plan; c'est Dieu qui tient la première place. Cet admirable
cantique se compose de trois parties, chacune de trois strophes : I. Introduction,
v, 2-8; 19 Adresse du poème, 2-3; 20 Puissance de Jéhovah, gage de victoire pour les
Hébreux fidèles, 4-5; 39 Malheurs d'Israël avant Debbora, 6-8. — 11. Préparatifs du
combat, 9-17; 1o Nouvelle exhortation à tous ceux qui doivent chanter et bénir Jého-
,תפצ 9-12; 2° Enumération des combattants, 19-15c; 3° Reprochesaux tribus qui n'ont
pas secouru leurs frères, 154-17. — 111. Tableau du combat et de ses suites, 18-31;
4° Description de la bataille, 18-22; 2» Malédiction de Méroz, bénédiction de Jahel,
23-21; 3° Inquiétude et illusions de la mère et des femmes de Sisara; souhait fiual,
28-31. — Herder appelle ce poème « le plus beau chant héroïque des Hébreux...
Chez Debbora, dit-il, tout est présent, vivant, agissaut. »
438 LES JUGES.
par eux. Ils se firent des antres
et des cavernes dans les mon-
tagnes, et des lieux très fortifiés
pour se défendre.
3. Lorsqu'Israél avait semé,
montaient Madian et Amalec et
tous les autres peuples des na-
tions orientales ;
4. Et plantant chez eux leurs
tentes, comme ils étaient au mi-
lieu des moissons, ils ravageaient
tout jusqu'à Gaza; et ils ne lais-
saient absolument rien en Israél,
de tout ce qui était nécessaire à
la vie, ni brebis, ni bœufs, ni
ânes.
5. Car ils venaient eux-mêmes
et tous leurs troupeaux avec
leurs tabernacles ; et comme des
sauterelles, cette multitude in-
nombrable d'hommes et de cha-
meaux remplissait tout, rava-
geant tout ce qu'elle touchait.
6. Israel fut donc tres humilié
en présence de Madian.
7. Et il cria au Seigneur, de-
mandant secours contre les Ma-
dianites .
8. Le Seigneur leur envoya un
homme, prophète, qui leur dit :
Voici ce que dit le Seigneur Dieu
(cg. vi.]
d'Israél: C'est moi qui vous ai
fait monter de l'Egypte, et qui
vous ai retirés de la maison de
servitude ;
9. Je vous ai délivrés de la main
des Egyptiens, et de tous les en-
nemis qui vous affligeaient; je
les ai chassés à votre entrée, et je
vous ai livré leur terre.
10. Et j'ai dit : Je suis le Sei-
gneur votre Dieu, ne craignez
point les dieux des Amorrhéens
dans la terre desquels vous habi-
tez. Et vous n'avez pas voulu
écouter ma voix.
11. Or, vint l'ange du Seigneur
et 11 s'assit sous le chêne qui était
à Ephra et qui appartenait à
Joas, pere de la famille d'Ezri. Et
comme Gédéon, son fils, battait
et vannait du blé dans le pressoir
pour échapper à Madian,
12. L'ange du Seigneur apparut
et lui dit : Le Seigneur est avec
toi, ὃ le plus fort des hommes!
13. Et Gédéon lui répondit : Je
vous conjure, mon seigneur, si
le Seigneur est avec nous, pour-
quoi tout cela a-t-il fondu sur
nous? Oü sont ses merveilles que
nous ont racontées nos peres?
3. * Tous les autres peuples des nations orientales. En hébreu, Bené-Qédem, ou F'ils
de l'Orient, désignent toujours dans la Bible les Arabes nomades ou Bédouins qui
habitent l'Arabie déserte, depuis la Pérée jusqu'à l'Euphrate. Juges, vt, 3, 33; vit, 12;
Job, 1, 3; III Rois, v, 10; Isaie, xt, 14; Jérémie, xux, 28 (où Bené-Qédem désigne spé-
cialement les Bené-Qédar ou habitants du Hauran); Ezéchiel, xxv, 4, 10.
4. Des moissons; littér. des herbes; hébr., du produit de la terre. — * Jusqu'à Gaza.
Voir Josué, x, 41.
11. * Ephra, localité située à l'ouest du Jourdain, dans la tribu de Manassé, mais
dont la position précise est inconnue. — Dans le pressoir. Les pressoirs, en Palestine,
se composaient de deux espèces de cuves, de niveau différent. On foulait les raisins
dans la cuve supérieure, etle jus coulait, par une rigole creusée dans la pierre, dans
la cuve inférieure, généralement plus grande, et oà l'on pouvait cacher hommes et
provisions. Afin de n'étre pas remarqué par les Madianites, qui ródaient déjà peut-
étre aux alentours, Gédéon dépiquait les épis, non dans l'aire, mais dans le pressoir,
et renfermait probablement ensuite le grain dans la cuve destinée à recevoir le vin.
11-24. Quoi qu'en disent les incrédules et les mythologues de nos jours, il n'y a
rien dans l'histoire de Gédéon qui, en bonne critique, autorise à la regarder comme
un lissu de faussetés et d'aventures ridicules, ni comme une pure fiction mythique.
[cg. vr.]
car ils ont dit : Le Seigneur nous
a retirés de l'Egypte. Mais main-
tenant le Seigneur nous a aban-
donnés, et nous a livrés à la
main de Madian.
14. Et le Seigneur le regarda
et dit: Vaavec cette tienne force,
et tu délivreras Israél de la main
de Madian. Sache que je t'ai en-
voyé.
15. Gédéon répondant, dit : Je
vous conjure, mon seigneur,
comment délivrerai-je Israël?
Voilà que ma famille est la der-
nière en Manassé, et que moi je
suis le plus petit dans la maison
de mon père.
16. Et le Seigneur lui dit : Moi-
même, je serai avec toi, et tu
battras Madian comme un seul
homme.
17. Alors Gédéon : Si j'ai, dit-il,
trouvé gráce devant vous, don-
nez-moi un signe que c'est vous
qui me parlez.
18. Et ne vous retirez point
d'ici, jusqu'à ce que je retourne
vers vous, portant mon sacrifice,
et vous l'offrant. L'ange lui ré-
pondit : Oui, jattendrai ton re-
tour.
19. C'est pourquoi Gédéon en-
tra chez lui, et fit cuire un che-
Cuar. VI. 14, I Rois, xir, 11.
LES JUGES. 459
vreau et des pains azymes d'une
mesure de farine, et placant la
chair dans la corbeille, et le jus de
la chair dans la marmite, il porta
le tout sous le chéne, et le lui
offrit.
20. L'ange du Seigneur lui dit :
Prends la chair et les pains azy-
mes, et pose-les sur cette pierre,
et verse le jus dessus. Lorsqu'il
eut fait ainsi,
21. L'ange du Seigneur étendit
le bout de la verge qu'il tenait à
la main, et il toucha la chair et
les pains azymes : etle feu monta
de la pierre, et consuma la chair
et les pains azymes ; mais l'ange
du Seigneur disparut de devant
ses yeux.
22. Et Gédéon, voyant que c'é-
lait l'ange du Seigneur, dit : Ηό-
las! Seigneur mon Dieu, j'ai vu
l'ange du Seigneur face à face.
23. Et le Seigneur lui répon
dit : Paix avec toi! ne crains
point, tu ne mourras pas.
24. Gédéon bâtit donc là un
autel au Seigneur et il l'appela
Paix du Seigneur, jusqu'au pré-
sent jour. Et lorsqu'il était encore
à Ephra, qui est à la famille
d'Ezri,
95. Le Seigneur lui dit en cette
14. Va avec cette tienne force. Nous avons cru devoir conserver cette locution, qui
se trouve dans toute les anciennes versions françaises, et qu'aucune autre ne saurait
convenablement remplacer.
19. * Un chevreau. Voir la note sur I Rois, xvi, 20.
20-21. * Pour lui offrir à manger, parce qu'il ne savait pas que c'était un ange,
disent les uns; pour offrir un sacrifice à Dieu, disent les autres, en plus grand
nombre. Mais les détails donnés, Jug., vi, 19, indiquent un repas, uon un sacrifice,
car dans le sacrifice on n'apportait pas la victime cuite.
24. Jusqu'au présent, etc. 1| y a devant cette expression l'ellipse de la phrase : E4
il a été ainsi appelé. Compar. 1, 26.
25.* Baal. Baal était le principal dieu chananéen, Baal signifie Je Seigneur, le
Maitre, et ce nom devait étre un des noms primitifs du vrai Dieu. On le représenta
d'abord sous la forme d'une pierre conique, .voir la note sur IV Rois, ,זוז 2. Dans les
460 LES JUGES.
nuit-là : Prends le taureau de
ton père et un autre taureau de
sept aus, et tu détruiras l’autel
de Baal, qui est à ton père; et le |
bois qui est autour 06 1
coupe-le.
26. Tu bâtiras aussi un autel au
Seigneur ton Dieu sur le sommet
de cette pierre, sur laquelle tu as
déjà posé le sacrifice; et tu pren-
dras avec toi le second taureau,
et tu offriras un holocauste sur
un amas d'arbres que tu auras
coupés de ce bois.
27. Gédéon ayant donc pris dix
hommes de ses serviteurs, fit
comme lui avait ordonné le Sei-
gneur. Mais craignant la maison
de son pére et les hommes de
cette ville-là, il ne voulut pas le
[cu. vi.)
cette ville se furent levés au ma-
tin, ils virent l'autel de Baal dé-
truit, le bois coupé, et le second
taureau mis sur l'autel qui venait
d'étre báti.
29. Alors ils se dirent les uns
aux autres : Qui a fait cela? Et
comme ils cherchaient partout
l'auteur du fait, on leur dit : C'est
Gédéon, fils de Joas, qui a fait
toutes ces choses.
30. Et ils dirent à Joas : Fais
venir ton filsici, afin qu'il meure,
parce qu'il a détruit l'autel de
Baal, et qu'il a coupé le bois.
31. Joas leur répondit : Est-ce
que vous étes les vengeurs de
0881, pour que vous combattiez
pour lui? Que celui qui est son
ennemi, meure avant que la lu-
mière de demain ne vienne. S'il
est dieu, qu'il se venge lui-méme
de celui qui a démoli son autel.
faire pendant le jour, mais il ac-
complit toutes choses de nuit.
28. Et lorsque les hommes de
derniers temps, on le figura la téte entourée de rayons. C'était en effet le soleil
divinisé, et aussi la nature considérée comme dieu. On distingua un grand nombre
de Baals, qu'on considéra peu à peu comme des dieux différents, mais qui n'étaient
en réalité que des personnifications des attributs du Baal principal ou bien ce Baal
honoré en des lieux différents. Considéré comme présidant aux traités et aux alliances,
il devint Baal-Berith, Juges, 1x, 4; comme roi, il prit chez les Ammonites le nom de
Moloch, Milcom ou Malkom; comme dieu des mouches, ces insectes si nombreux et
si désagréables en Palestine, il fut appelé Béelzébub, IV Rois, r, 2. Sur le mont
Hermon, on l'appelait Baalhermon, Juges, 11, 3, et Baalgad : à Hazor, il devenait
Baalhazor, 1] Rois, xur, 23; à Peor ou Phégor, Béelphégor; comme maître des cieux,
c'était Baal-samaim; comme dieu-soleil, c'était Baal-salakh, le dieu qui lance ses
rayons ou Baal-haman, le dieu flamboyant. Le Baal, père des autres Baals, quand
le souvenir de l'unité primitive de Dieu eut été oubliée, fut appelé avec l'article, 6
Baal par excellence. Il. exerca son influence sur les fruits de la terre, et les autres
Baals, qui étaient censés plus jeunes, représentèrent les influences spéciales du
soleil sur la terre. — On célébrait son culte avec une grande pompe, puisque du
temps du prophète Elie, sous Achab, le texte sacré nous parle de quatre cent cin-
quante prêtres de Baal et de quatre cents prêtres d'Aschéra, 111 Rois, xvin, 19-40;
Jérémie, n, 28. Ses autels étaient nombreux, Jérémie, x, 13; 11] Rois, מטא 32;
IV Rois, xi, 18. On lui offrait des holocaustes et méme des victimes humaines, Jéré-
mie, xix, 5. Les sacrificateurs exécutaient autour de l'autel des danses frénétiques,
accompagnées de cris sauvages : ils se meurtrissaient eux-mémes et s'enlevaient avec
des instruments tranchants des lambeaux de chair pour attirer l'attention du dieu,
var la vue de leur corps ensanglanté, 11] Rois, xvin, 26-28. La nature et le soleil
étaient adorés par les Moabites et parles Ammonites, sous le nom de Moloch.
26. On peut supposer qu'il n'est parlé que du second taureau, que parce que c'est
;elui que Gédéon immola en holocauste pour les péchés de la nation; tandis quil
vait offert avec 16 premier un sacrifice particulier pour lui et pour sa famille.
[cn. vir.)
32. Depuis ce jour Gédéon fut
appelé Jérobaal, parce que Joas
avait dit : Que Baal se venge de
celui qui a démoli son autel.
33. Ainsi, tout Madian, Amalec
et les peuples orientaux se réu-
nirent, et passant le Jourdain, ils
camperent dans la vallée de Jez-
raél.
34. Mais l'esprit du Seigneur
remplit Gédéon, qui sonnant de
latrompette, convoqua la maison
d'Abiézer, afin qu'elle le suivit.
98. Et il envoya des messagers
à tout Manassé, qui, lui aussi, le
suivit; et il envoya d'autres mes-
sagers à Aser, à Zabulon et à
Nephthali qui vinrent à sa rencon-
ire.
36. Alors Gédéon dit à Dieu : Si
vous sauvez par ma main Israël,
comme vous avez dit,
37. Je mettrai cette toison dans
l'aire: s’il y a dela rosée sur la toi-
son seule, et sur toute la terre de
la sécheresse, je saurai que c’est
par ma main, comme vous avez
dit, que vous délivrerez Israél.
38. Et il fut fait ainsi. Et se le-
vant de nuit, et pressant la toi-
son, il remplit une conque de ro-
sée.
LES JUGES. 461
39. Et Gédéon dit de nouveau
à Dieu : Que votre fureur ne s'ir-
rite point contre moi, si je fais
encore une fois une tentative, er
demandant un signe dans la toi-
son.Je demande que la toison
seule soit sèche, et que toute la
terre soit mouillée de rosée.
40. Et Dieu fit en cette nuit-là,
comme il avait demandé : et il y
eut de la sécheresse sur la toison
seule, et de la rosée sur toute la
terre.
CHAPITRE VII.
Gédéon, avec trois cents hommes, défait
les Madianites.
1. Ainsi Jérobaal, c'est-à-dire,
Gédéon, se levant de nuit, et tout
le peuple avec lui, vint à la fon-
taine qui est appelée Harad. Or,
le camp de Madian était dans la
vallée vers le cóté septentrional
de la colline fort élevée.
2. Et le Seigneur dità Gédéon :
Il y a avec toi un peuple nom-
breux ; mais Madian ne sera point
livré en ses mains; de peur qu'Is-
raél ne se glorifie contre moi, et
ne dise : C'est par mes propres
forces que j'ai été délivré.
3. Parle au peuple, et, tous
(ΒΑΡ. VII. 3. Deut., xx, 8; I Mach., ur, 56.
33. * Ils campèrent dans la vallée de Jezraél. La plaine de Jezraél a toujours exercé
sur les enfants du désert une fascination irrésistible. De temps immémorial, au com-
mencement du printemps, ils traversent le Jourdain et se dirigent vers Bethsan,
qui, pour eux, est comme la porte du ciel. La plaine de Jezrael est bien en effet un
petit paradis et digne de son nom de « semence de Dieu. » Elle charme tous les
voyageurs par la richesse de son sol et l'exubérance de sa végétation. Cette exu-
bérance est telle, qu'un homme à cheval y disparait presque au milieu des hautes
herbes. En avril, le blé ondule dans la vaste campagne.
1. Vers le côté septentrional de la colline fort élevée. Cette colline porte dans l'hé-
breu le nom de mont Moréh; c'est le petit Hermon, au nord du mont Gelboé. Les
habitants l'appellent aujourd'hui Duhy.
3. * Parle au peuple, conformément à la loi du Deutéronome, xx, 8. — De la mon-
tagne de Galaad. 1] n'est pas douteux que Gédéon ne campát sur le mont Gelboé,
sur le versant septentrional, à l'extrémité occidentale. Le texte porte à la vérité, le
462 LES JUGES,
l'entendant, publie : Que celui qui
est craintif et timide s'en retour-
ne. Et vingt-deux mille hommes
du peuple se retirèrent de la
montagne de Galaad et s'en re-
tournèrent; et seulement dix
mille restèrent.
4. Alors le Seigneur dit à Gé-
déon : Le peuple est encore nom-
breux; mène-les près de l'eau, et
là, je les éprouverai : et celui
dont je te dirai, qu'il aille avec
toi, que celui-là parte; que celui
à qui je défendrai d'aller, s'en re-
tourne.
5. Et lorsque le peuple fut des-
cendu pres de l'eau, le Seigneur
dit à Gédéon : Ceux qui de la
langue laperont leau comme
les chiens ont coutume de laper,
tu les mettras à part; mais ceux
qui, les genoux courbés, boiront,
seront d'un autre côté.
6. Or, le nombre de ceux qui
laperent l'eau, leur main la por-
tant à leur bouche, fut de trois
cents hommes; mais tout le reste
dela multitude avait bu, le genou
fléchi.
7. Et le Seigneur dit à Gédéon :
C'est par les trois cents hommes
qui ont lapé l'eau que je vous dé-
livrerai, et queje livrerai en votre
main Madian; mais que tout le
reste dela multitude s'en retour-
ne dans ses foyers.
(cn. vir.]
8. C'est pourquoi, ayant pris
des vivres et des trompettes en
proportion du nombre de. ces
hommes, il ordonna au reste de
la multitude de se retirer dans
ses tabernacles; et lui-même
avec les trois cents hommes se
réserva pour le combat. Or le
camp de Madian était en bas dans
la vallée.
9. La méme nuit, le Seigneur
lui dit : Lève-toi, et descends
dans le camp, parce que je les ai
livrés en ta main ;
10. Mais si tu crains d'aller seul,
que Phara, ton serviteur, descen-
de avec to .
11. Etlorsque tu auras entendu
ce qu'ils disent, tes mains se for-
tifieront, et tu descendras plus
rassuré dans le camp des enne-
mis. ll descendit done, lui et
Phara, son serviteur, dans la par-
tie du camp oü étaient les postes
des hommes armés.
19. Or, Madian et Amalec et
tous les peuples orientaux étaient
couchés épars dans la vallée,
comme une multitude de saute-
relles :les chameaux aussi étaient
innombrables comme le sable
qui est sur le rivage de la mer.
13. Et lorsque Gédéon se fut
avancé, quelqu'un racontait ainsi
à son voisin un songe qu'il avait
vu: J'ai vu un songe; or, je voyai;
A ——— ———————
mont Galaad, mais il ne peut étre question des montagnes de Galaad, situées à l'est
du Jourdain, puisque nous verrons tout à l'heure les Madianites obligés de traverser
le Jourdain pour passer à l'est. Il faut donc ou que Galaad füt un des noms du
mont Gelboé, ou que Galaad soit écrit ici pour Gelboé.
5. * Près de l'eau de la fontaine d'Ain-Harod, aujourd'hui Ain-Djaloud, source
abondante au pied du mont Gelboé, au nord-ouest. Elle sort de dessous un gros
rocher, creusé intérieurement comme une caverne, et surplombant au-dessus du
grand bassin, de forme demi-circulaire, où l'eau se répand en nappe, et où jouent
de nombreux poissons. Elle se divise ensuite en deux canaux.
41. Tes mains, etc. Tu deviendras plus fort; tu te sentiras plus de vigueur.
13. A la tente, principale, celle du roi, selon l'historien Josèphe; ou bien à 4
]68. vir.]
comme un pain d'orge cuit sous
la cendre rouler, et descendre
dans le camp de Madian, et lors-
qu'il est parvenu à la tente, il l'a
frappée, l'a renversée et jetée
entierement à terre.
14. Celui à qui il parlait répon-
dit : Cela n'est pas autre chose
que le glaive de Gédéon, fils de
Joas, homme d'Israël ; car le Sei-
gneur alivré en ses mains Madian
et tout son camp.
15. Et lorsque Gédéon eut en-
tendu le songe et son interpréta-
tion, il adora ; et il retourna au
camp d'Israél, et dit : Levez- vous,
car le Seigneur a livré en nos
mains le camp de Madian.
16. Alors il divisa les trois cents
hommes en trois parties, et il mit
des trompettes en leurs mains,
et des cruches vides et des lampes
au milieu des cruches.
11. Etil leur dit : Ce que vous
me verrez faire, faites-le : j'en-
trerai dans une partie du camp,
et ce que je ferai, imitez-le.
18. Quand la trompette sonnera
dans ma main, vous aussi sonnez
autour du camp, et criez ensem-
ble : Au Seigneur et à Gédéon!
19. Gédéon entra done et les
irois cents hommes qui étaient
aveclui, dans une partie du camp,
les veilles du milieu de la nuit
commencant, puis, les gardes
étant réveillés, ils commencèrent
99. Ps. Lxxxi, 10.
LES JUGES.
463
à sonner des trompettes, et à
heurterleurs cruches l'une contre
l'autre.
20. Et ayant sonné autour du
camp en trois endroits, et ayant
brisé les cruches, ils tinrent les
lampes de la main gauche, son-
nant des trompettes de la droite,
et ils crierent : Le glaive du Sei-
gneur et de Gédéon!
21. Se tenant chacun à son
poste autour du camp des enne-
mis. C'est pourquoi tout le camp
fut troublé; et vociférant et hur-
lant ils s'enfuirent.
22. Et néanmoinsles trois cents
hommes continuaient à sonner
des trompettes. Alors le Seigneur
envoya le glaive dans tout le
camp, etils se tuaient les uns les
autres.
23. Fuyant jusqu'à Bethsetta
et au bord d'Abelméhula en Teb-
bath. Mais les hommes d'Israël
des tribus de Nephthali, d'Aser et
de toute la tribu de Manassé,
criant ensemble, poursuivaient
Madian.
24. Et Gédéon envoya des mes-
sagers sur toute la montagne d'E-
phraim, disant : Descendez à la
rencontre de Madian, et empa-
rez-vous des eaux jusqu'à Beth-
béra et jusqu'au Jourdain. Et
tout Ephraim cria et s'empara
des eaux et du Jourdain jusqu'à
Bethbéra.
tente; car en hébreu, comme en francais, l'article déterminatif se met souvent pour
le pronom possessif.
23. * Bethsetta, peut-être la Chouttah actuelle. — A4belméhula, patrie d'Elisée, était
dans la tribu d'Issachar, au sud de Bethsan, sur la route qui conduit de l'extrémité
occidentale du lac de Génésareth à Sichem. — Tebbath, localité inconnue.
94. * Emparez-vous des eaux, des gués. l| n'y avait sur le Jourdain ni ponts ni
barques. Il fallait donc chercher nécessairement, pour le passer, les endroits oü l'eau
était peu profonde. — Jusqu'à Bethbéra, peut-étre le Bethabura de Jean, r, 18.
464
95. Et ayant pris deux hommes
de Madian, Oreb et Zeb, ils tué-
rent Oreb, au rocher d'Oreb, mais
Zeb au pressoir de Zeb. Et ils
poursuivirent Madian, portant
les tétes d'Oreb et de Zeb à Gé-
déon au delà des courants du
Jourdain.
CHAPITRE VIII.
Gédéon apaise les enfants d'Ephraim. ll
met à mort Zébéé et Salmana. Il fait
faire un éphod. Mort de Gédéon.
1. Et les hommes d'Ephraim
lui dirent : Qu'est-ce que tu as
voulu faire, en ne nous appelant
point, lorsque tu allais au com-
bat contre Madian? le querellant
fortement et lui faisant presque
violence.
2. Gédéon leur répondit : Qu'ai-
je donc pu faire de semblable à
ce que vous-mémes avez fait?
Une grappe de raisin d'Ephraim
ne vaul-elle pas mieux que les
vendanges d'Abiézer.
3. Gest en vos mains que le
Seigneur a livré les princes de
Madian, Oreb et Zeb. Qu'ai-je
pu faire de semblable à ce que
vous-mémes avez fait? Lorsqu'il
leur eut dit cela, l'esprit dont ils
25. Ps. rxxxit, 12; Isaie, x, 26.
LES JUGES.
[en.. vri.]
étaient animés contre lui s'apaisa.
4. Et lorsque Gédéon fut venu
au Jourdain, il le passa avec les
trois cents hommes qui étaient
avec lui; mais à cause de leur
lassitude, ils ne pouvaient pour-
suivre les fuyards.
9. Et il dit aux hommes de Soc-
coth : Donnez, je vous prie, des
pains aux gens qui sont avec moi,
parce qu'ils ont défailli, afin que
nous puissions poursuivre Zébéé
et Salmana, rois de Madian.
6. Les princes de Soccoth ré-
pondirent : Peut-être que les pau-
mes des mains de Zébéé et de
Salmana sont en ta main, et c'est
pour cela que tu demandes que
nous donnions des pains à ton
armée.
7. Gédéon leur répliqua : Lors
done que le Seigneur aura livré
Zébéé et Salmana en mes mains,
je déchirerai votre chair avec les
épines et les ronces du désert.
8. Et de là, montant, il vint à
Phanuel; et il dit aux hommes de
ce lieu des choses semblables; et
ceux-ci lui répondirent, comme
avaient répondu les hommes de
Soccoth.
9. C'est pourquoi il leur dit à
25. Deux hommes. Voy. vir, 3. — Au rocher, etc., [c'est-à-dire que ce rocher et ce
pressoir portérent dans la suite, l'un et l'autre, le nom du prince qui y avait été
tué. — * Le pressoir se composait d'une cuve supérieure et d'une cuve inférieure.
Voir la note plus haut, vi, 11. Zeb s'était caché dans la cuve inférieure d'un pressoir
et c'est là qu'il fut tué. :
1-3, * Cet épisode est raconté par anticipation pour en finir d'un coup avec les
Ephraimites, dont l'auteur vient de faire connaitre les exploits dans la prise d'Oreb
et de Zeb. Les plaintes des Ephraimites ne peuvent avoir été exprimées que lorsque
l'expédition fut finie.
2. Une grappe, etc. Le sens est : La tribu d'Ephraim ne vaut-elle pas mieux à elle
seule que toute la famille des Abiézérites à laquelle j'appartiens? ou bien encore:
5e que vous venez de faire ne vaut-il pas mieux que mon exploit? J'ai commencé
,& guerre, et vous l'avez achevée.
9. * Soccoth, aujourd'hui Tell-Derala,
[cn. vi.)
eux aussi : Lorsque je serai reve-
nu en paix victorieux, je détrui-
rai cette tour.
10. Mais Zébéé et Salmana se
reposaientavec toute leur armée ;
car il était resté quinze mille
hommes de toutesles troupes des
peuples orientaux, cent vingt
mille guerriers, tirant le glaive,
ayant été taillés en pieces.
11. Et Gédéon, montant par la
voie de ceux qui demeuraient
dans les tabernacles, vers la par-
[16 orientale de Nobé et de Jeg-
baa, battit le camp des ennemis,
qui étaient en sécurité, et ne soup-
connaient rien de fácheux.
12. Or Zébéé et Salmana s'en-
fuirent; et Gédéon, les poursui-
vant, les prit, toute leur armée
ayant été mise en désordre.
13. Etrevenant du combatavant
le lever du soleil,
14. Il prit un jeune garcon d'en-
tre les hommes de Soccoth, et il
l'interrogea sur les noms des
princes et des anciens de Soccoth,
et il écrivit soixante - dix - sept
hommes.
15. IL vint ensuite à Soccoth,
et il leur dit : Voici Zébes et Sal-
mana, au sujet desquels vous
LES JUGES. 465
m'avez insulté, disant : Peut-étre
que les mains de 26266 et Sal-
mana sont en tes mains, et c'est
pour cela que tu demandes que
nous donnions des pains à tes
hommes qui sont las et qui ont
défailli.
16. Il prit donc les anciens de
la ville, et les épines et les ron-
ces du désert et il en déchira et
mit en pièces les hommes de Soc-
coth.
17. ll renversa aussi la tour de
Phanuel, les habitants de la ville
ayant été tués.
18. Et il dit à 26266 et à Salma-
na: Comment étaient leshommes
que vous avez tués au Thabor?
Ils répondirent : Semblables à
toi, et l'un d'eux, comme le fils
du roi.
19. Gédéon leur repartit : C'é-
taient mes freres, les fils de ma
mere. Le Seigneur vit! si vous
les aviez conservés, je ne vous
tuerais pas.
20. Et il dit à Jéther son pre-
mier-né : Lève-toi, et tue-les. Jé-
ther ne tira pas son glaive, car il
craignait, parce qu'il était encore
jeune.
21. Alors Zébéé et Salmana di-
Cua». VIII. 11. Osée, x, 14. — 21. Ps. rxxxu, 12.
16. Les hommes. Il est trés probable que par ce mot il faut entendre les seuls per-
sonnages dont on vient de parler; car si Gédéon avait voulu faire mourir tous les
habitants de Soccoth, il n'aurait pas demandé les noms des principaux de la ville.
19. Le Seigneur vit! formule de serment que l'on rend assez ordinairement par
vive le Seigneur! et qui équivaut à : Je jure que.
21. Bulle ou petite boule, était un ornement d'or, d'argent ou d'autre métal que
portaient au cou les personnes aussi bien que les animaux. Le correspondant en
hébreu est traduit dans la Vulgate par collier, cercle (torques), au vers. 26 de ce
méme chapitre, et par petite lune ou croissant (lunulæ), au chap. ur, vers, 18, d'Isaie.
— * « L'usage d'orner le cou des chameaux n'est pas perdu, dit M. de Saulcy, et dans
18 Syrie, quand on rencontre de ces animaux harnachés, on est à peu près assuré
d'avance qu'on leur verra un collier. Celui-ci est fréquemment formé de fils d'une
petite coquille blanche du genre des porcelaines, et qui sert de monnaie sous le nom
de cauri, sur toute la côte occidentale d'Afrique. Je ne puis affirmer positivement
que j'aie rencontré des chameaux portant suspendu à leur collier un croissant de
A. 7L. 30
466 LES JUGES.
rent: Lève-toi, toi-même, etfonds
sur nous; parce que la force de
l'homme esten proportion de son
âge. Gédéon se leva, et tua Zébéé
et Salmana; il prit ensuite les or-
nements et les bulles dont on a
coutume d'orner le cou des cha-
meaux des rois.
22. Et tous les hommes d'Israël
dirent à Gédéon : Commande-
nous, toi, ton fils etle fils de ton
fils, parce que tu nous a délivrés
de la main de Madian.
29. Gédéon leur répondit : Je
ne vous commanderai point, et
mon fils ne vous commandera
point; mais le Seigneur vous
commandera.
24. Il leur dit encore : Je vous
fais une seule demande : Donnez-
moi les pendants d'oreilles de
votre butin. Car les Ismaélites
avait coutume de porter des pen-
dants d'oreilles en or.
25. Geux-ci répondirent : Nous
les donnerons tres volontiers. Et
étendant sur la terre le manteau,
ils y jetèrent les pendants d'oreil-
les du butin.
26. Or, le poids des pendants
d'oreilles demandés fut de mille
sept cents sicles d'or, sansles or-
nements, les colliers, et le véte-
ment de pourpre dont les rois de
Madian avaient coutume de se
servir, et outre les carcans d'or
des chameaux.
(cit. viit,]
27. Et Gédéon en fit un éphod,
et il le mit dans sa ville d'Ephra.
Et tout Israël tomba dans l’idolà-
trie à cause de cet éphod, qui de-
vint une ruine pour Gédéon et
pour toute sa maison.
28. Mais Madian fut humilié
devant les enfants d'Israél, et il
ne put plus lever la téte ; mais le
pays se reposa pendant quarante
ans que Gédéon gouverna.
29. C'est pourquoi Jérobaal s'en
alla et habita en sa maison;
30. Et il eut soixante-dix fils
qui vinrent de lui, parce qu'il
avait plusieurs femmes.
31. Mais sa seconde femme
qu'il avait à Sichem, lui enfanta
un fils du nom d'Abimélech.
32. Et Gédéon, fils de Joas, mou-
rut dans une heureuse vieillesse,
et il fut enseveli dans le sépulere
de Joas son père à Ephra de la
famille d'Ezri.
33. Mais apres que Gédéon fut
mort, les enfants d'Israél se dé-
tournerent, et forniquèrent avec
Baal. Et 115 fireut alliance avec
Baal, afiu qu'il füt leur dieu;
34. Et ils ne se souvinrent point
. du Seigneur leur Dieu, qui les
avait délivrés de leurs ennemis
d'alentour ;
35. Et ils ne firent point miséri-
corde à la maison de Jévobaal Gé-
déon, en proportion de tout le
bien qu'il avait fait à Israël.
cuivre, je crois cependant bien me le rappeler. Ce que tout le monde sait aussi bien
que moi, c'est que l'usage de ces croissants de cuivre s'est conservé dans le harna-
chement i1nilitaire de la cavalerie moderne. »
26. * Mille sept cents sicles d'or. Le sicle, du moins aprés la captivité, avait comme
poids la valeur de 14 grammes 20; 1700 sicles équivalaient donc à 24 kilogr. 140
grammes. Avec ce poids, Gédéor üt sans doute fabriquer non seulement un éphod,
mais plusieurs autree objets sacrés.
27, Voy. sur l'éphod, ornement sacré, Exode, xxvur, 4.
32. Ephra de la famille; c'est-à-dire qui appavtenait à la famille,
33. * Baal, Voir la note sur Juges, vi, 29.
|ca. 1x.]
CHAPITRE IX.
Abimélech se fait déclarer roi. Les Si-
vhémites lui dressent des embüehes. Il
prend Sichem. Il est tué au siège de
Thébés.
1. Or, Abimélech, fils de Jéro-
baal, s'en alla à Sichem vers les
freres de sa mere, etil leur parla,
ainsi qu'à toute la parenté de la
maison du pere de sa mére, di-
sant :
2. Dites à tous les habitants de
Sichem : Lequel est le meilleur
pour vous, que soixante-dix
hommes, tous fils de Jérobaal,
vous commandent, ou qu'un seul
homme vous commande? et con-
sidérez en méme temps que je
suis votre os et votre chair.
3. Et les frères de sa mère rap-
portèrent à son sujet toutes ces
paroles aux hommes de Sichem,
et ils firent pencher leur cœur
pour Abimélech, disant : C'est
notre frere.
4. Et ils lui donnèrent soixante-
dix 576/65 pesant d'argent du tem-
ple de Baalberith. Abimélech
réunit à lui avec cet argent des
hommes misérables et vaga-
bonds; et ils le suivirent.
5. Alors il vint dans la maison
de son pere à Ephra, et il tua ses
freres, fils de Jérobaal, soixante-
LES JUGES. 467
dix hommes, sur une seule pier-
re : mais il resta Joatham, le fils
de Jérobaal le plus petit, et il fut
caché.
6. Or, tous les hommes de Si-
chem s'étant assemblés, et toutes
les familles dela ville de Mello,
ils allérent, et établirent roi Abi-
mélech prés du chéne qui était à
Sichem.
1. Lorsque cela fut annoncé à
Joatham, il alla, et se tint au som-
met de la montagne de Garizim,
et, la voix élevée, il cria et dit :
Ecoutez-moi, hommes de Sichem,
et qu'ainsi Dieu vous entende.
8. Les arbres ailerent pour oin-
dre e£ établir sur eux un roi, et
ils dirent à l'olivier : Commande-
nous.
9. L'olivier leur répondit : Est-
ce que je peux abandonner mon
huile dont les dieux et les hom-
mes se servent, et venir pour étre
promu, parmi les arbres?
10. Les arbres dirent ensuite au
figuier : Viens, et regne sur nous.
11. Le figuier leur répondit :
Est-ce que je puis abandonner
ma douceur et mes fruits trés
suaves, et aller pour étre promu
parmi tous les autres arbres?
12. Alors les arbres dirent à la
vigne: Viens, etcommande-nous.
13. La vigne leur répondit :
1. * A Sichem. Voir la note sur Genèse, xi, 6.
4. Le mot sicle est ici comme en bien d'autres endroits, sous-entendu, pour son
poids et sa valeur. — * Soixante-dix sicles d'argent font prés d'un kilogramme. —
Baalberith, le Baal de l'alliance. Voir la note sur Juges, vi, 25.
1. * Le mont Garizim est coupé dans le bas par une ligne de rochers blancs à pic.
A un endroit, devant Sichem, le rocher s'avance en forme de triangle. Au-dessous,
dans le roc, il y a des cavernes. C'est sur ce rocher triangulaire que Joatham pro-
nonca son apologue.
1-15. * Cette fable rappelle celle des membres et de l'estomac que Ménénius
Agrippa adressa au peuple romain révolté, Tite-Live, ו 30; La Fontaine, |. ii,
fable ir.
13. Qui réjouit Dieu; expression figurée, qui doit se prendre dans le méme sens
468
Est-ce que je puis abandonner
mon vin, qui réjouit Dieu et les
hommes, et étre promu parmi
tous les autres arbres?
14. Et tous les arbres dirent au
buisson : Viens, et regne sur
nous.
15. Le buisson leur répondit :
Si vraiment vous me constituez
votre roi, venez et reposez-vous
sous mon ombre; mais si vous
ne voulez pas, qu'un feu sorte du
buisson, et qu'il dévore les cedres
du Liban.
16. Maintenant donc, est-ce
justement et sans péché que vous
avez constitué sur vous Abimé-
lech roi? avez-vous bien agi en-
vers Jérobaal et envers sa mai-
son? et avez-vous payé de retour
les bienfaits de celui qui a com-
battu pour vous,
11. Qui alivré son àme aux pé-
rils, pour vous délivrer de la
main de Madian,
18. Vous qui maintenant venez
de vous élever contre la maison
de mon père, qui avez tué ses fils,
soixante-dix hommes sur une
seule pierre, et constitué roi sur
les habitants de Sichem, Abimé-
lech, fils de sa servante, parce
qu'il est votre frere?
19. Si donc, c'est justement et
sans péché, que vous avez agi en-
vers Jérobaal et sa maison, ré-
LES JUGES.
[cH. 1x.]
jouissez-vous aujourd'hui en Abi-
mélech, et que lui se réjouisse en
vous.
20. Mais si c'est méchamment,
qu'un feu sorte de lui, qu'il con-
sume les habitants de Sichem et
la ville de Mello; qu'un feu sorte
des hommes de Sichem et de la
ville de Mello, et qu'il dévore Abi-
mélech.
21. Lorsqu'il eut dit ces choses,
il s'enfuit et s'en alla à Béra; et
il habita là par la crainte d'Abi-
mélech son frère.
22. C'est pourquoi Abimélech
regna sur Israël pendaut ivois
ans.
23. Mais le Seigneur envoya un
esprit trés mauvais entre Abimé-
lech et les habitanls de Sichem,
qui commencèrent à le détester,
24. Et à rejeter le crime du
meurtre des soixante-dix fils de
Jérobaal, etl'effusion deleursang
sur Abimélech leur frère et sur
tousles autres princes de Sichem,
qui l'avaient aidé.
25. Ils lui dressèrent donc des
embüches au sommet des mon-
tagnes; et pendant qu'ils atten-
daient son arrivée, ils exercaient
des brigandages, faisant du butin
sur les passants. Et on l'annonca
à Abimélech.
26. Gependant Gaal. fils d'Obed,
vint avec ses freres et passa à
que, l'odeur des victimes est une odeur agréable au Seigneur, que les parfums le
récréent. D'ailleurs il est probable qu'au lieu de Dieu, il faut les dieux, comme le
porte la Vulgate elle-même dans le passage parallèle (vers. 9). Alors, Joatham a très
bien pu se servir de cette expression, puisque les paiens auxquels il parlait, croyaient
que leurs dieux prenaient réellement plaisir à la fumée des victimes et à l'odeur de
leurs parfums et de leurs libations.
16. Est-ce justement, etc.; littér. si justement, voy. v, 8.
11. Qui a livré, etc.; c'est-à-dire qui a exposé sa vie.
21. * Béra, dans la tribu de Juda, selon les uns; Béeroth, dans la tribu de iJeujamin,
selon les autres.
25. * Au sommet des montagnes d'Hébal et de Garizim.
[cn. 1x.]
Sichem. A son arrivée, les habi-
tants de Sichem rassurés,
27. Sortirent dans les champs,
ravageant les vignes, et foulant
aux pieds les raisins; puis, des
chœurs de chantants formés, ils
entrerent dans le temple de leur
dieu, et, au milieu des mets et
des coupes, ils maudissaient
Abimélech,
98. Gaal, fils d'Obed, criant: Qui
est Abimélech, et quelle est Si-
chem, pour que nous le servions?
N'est-il pas le fils de Jérobaal, et
n'a-t-il pas constitué Zébul, son
serviteur, prince sur les hommes
d'Hémor, père de Sichem? Pour-
quoi donc le servirions-nous?
99. Plût à Dieu que quelqu'un
mit ce peuple sous ma main, pour
que j'enlevasse du monde Abi-
mélech ! Et on dit à Abimélech :
Assemble une multitude de trou-
pes, et viens.
30. Car Zébul prince de la ville,
ayant entendu les discours de
Gaal, fils d'Obed, fut tres irrité,
31. Et il envoya en cachette
vers Abimélech, disant : Voilà,
Gaal, fils d'Obed, est venu à Si-
chem avec ses freres, et ils atta-
quent la ville contre toi.
32. C'est pourquoi lève-toi pen-
dant la nuit avec le peuple qui
est avec toi, et cache-toi dans là
campagne ;
33. Et de grand matin, le soleilse
levant,fonds sur la ville; or,lors-
. qu'ilsortiraavecson peuple contre
toi, fais-lui ce que tu pourras.
34. C'est pourquoi Abimélech
I ES JUGES.
469
seleva avec toute son armée pen-
dant la nuit, et tendit des em-
büches près de Sichem, en quatre
endroits.
35. Or, Gaal, fils d'Obed, sortit,
et se tint à l'entrée de la porte de
la ville. Mais Abimélech se leva,
et toute son armée avec lui, du
lieu de l'embuscade.
36. Et lorsque Gaal eut vu ce
peuple, il dit à Zébul : Voici une
multitude qui descend des mon-
tagnes. Zébul lui répondit : Tu
vois les ombres des montagnes
comme des têtes d'hommes, et tu
es trompé par cette illusion.
37. Et de nouveau Gaal dit :
Voici un peuple qui descend des
hauteurs de la terre, et un seul
bataillon vient par la voie qui re-
garde le chène.
38. Zébul lui répondit : Où est
maintenant ta bouche avec 18-
quelle tu disais : Qui est Abimé-
lech, pour que nous le servions?
N'est-ce pas ce peuple que tu mé-
prisais? Sors et combats contre
lui.
39. Gaal s'en alla donc, le peu-
ple de Sichem le regardant, et il
combattit contre Abimélech,
40. Qui le poursuivit pendant
qu'il fuyait et le chassa dans la
ville; et nombre des siens suc-
comberent jusqu'à la porte de la
ville.
41. Et Abimélech s'arréta à Ru-
ma; mais Zébul chassa Gaal et
ses gens de la ville, il ne souffrit
pas qu'ils y demeurassent.
42. Orle jour suivant le peuple
98. Sur les hommes d'Hémor; sur la famille d'Hémor.
31. I/s attaquent la ville contre toi; c'est-à-dire ils pressent la ville de se déclarer
contre toi; ou bien ils s'y fortifient pour résister contre toi.
31. Le chéne; probablement celui dont il est parlé au vers. 6.
41. * Ruma, probablement l'el-Arma d'aujourd'hui.
470
sortit dans la campagne. Lors-
qu'on l'eut annoncé à Abimélech
43. Il prit son armée et la divisa
en trois corps, tendant des em-
büches dans les champs. Et voy-
ant que le peuple sortait de la
ville, il se leva et fondit sur eux
44. Avec son bataillon, atta-
quant et assiégeant la ville; mais
les deux autres bataillons pour-
suivaient les ennemis fuyant ca
et là dans la plaine.
45. Or, pendant tout ce jour-là,
Abimélech attaquait la ville qu'il
prit, tuant ses habitants et détrui-
sant la ville elle- méme, de ma-
niere à y semer du sel.
46. Ce qu'ayant appris ceux qui
habitaient dans la tour de Sichem,
ils entrerent dans le temple de
leur dieu Berith, oü ils avaient
fait alliance avec lui; et c’est de
cette alliance qu'avait reçu son
nom lé lieu qui était très fortifié.
47. Abimélech aussi, apprenant |
que les hommes de la tour de
Sichems'étaientréunisensemble,
48. Monta sur la montagne de
Selmon avec tout són peuple, et
saisissant la 1180116 il coupa une
branche d'arbre, et là mettant
sur son épaule il dit aux siens :
Ce que vous me voyez faire, faites-
le vite.
49. Goupant donc à l'envi des
LES JUGES.
(ca. [.אז
branches d'arbres, ils suivaient
leur chef ; et environnant 18 for-
teresse, 118 l'incendierent ; et de
cette manière il arriva que par
lafumée et par lefeu il périt mille
personnes, tant hommes que
femmes, qui demeuraient dans
la tour de Sichem.
50. Ensuite Abimélech, partant
delà, vint à la ville de Thébès,
qu investissant, il assiégeait avec
son armée.
51. Or, il y avait au milieu de
la ville une tour élevée, dans la-
quelle s'étaient réfugiés ensem-
ble les hommes et les femmes et
tous les princes de la ville, la
porte étant bien fermée, et ils se
tenaient sur le toit de 18 tour,
derriere les parapets.
59. Et Abimélech, s'avangant
près de la tour, combattait vail-
lamment; et, s'approchant de la
porte, 11 s'efforcait d'y mettre le
feu.
53. Et voilà qu'une femme, je-
tant d'en haut un morceau de
meule, frappa la tête d'Abimélech
el brisa son crâne.
54. llappelaaussitótson écuyer,
et il lui dit : Tire ton glaive, et
frappe-mói, de peur qu'on ne dise
que c'est par une femme que j'ai
été tué. L'écuyer, exécutant ses
ordres, le tua.
(βαρ. IX. 53. II Rois, xr, 21. — 54. 1 Rois, xxxi, 4; I Par., x, ₪
4 בור "n
45. Le sel jeté en grande quantité dans un terrain le rend stérile. C'est pour cela
que l'Écriture dit wne terre de sel, une terre salée, pour désigner une terre stérile.
Les auteuts profanes emploient quelquefois la méme locution.
46, Berith en hébreu signifie pacte, alliance.
50. * Thébès, aujourd'hui Tübas, était sur la route qui conduit de Sichem à Bethsan,
à quatre heures de marche de Sichem, àu nord-est.
54. L'histoire profane loue quelques serviteurs qui ont rendu un pareil service à leürs
maîtres; tandis que Dävid fit mourir l'Amalécite, qui se vantait de l'avoir rendu à S&ül
sur son instante prière. Le christianisme condamne également 66101 qui demande 6
service et celui qui le rend. —* Une mort éomme celle d'Abimélech, reçue de là main
d'une femme, était considérée comme particulièrement ifnominieusé, Voir ἢ Rois, xi, 21.
[cn. x.]
55. Abimélech mort, tous ceux
d'Israël qui étaient avec lui re-
tournèrent en leurs demeures.
56. Ainsi Dieu rendit le mal
qu'Abimélech avait commis con-
tre son père, ayant tué ses
soixante-dix frères.
57. Aux Sichémites aussi, ce
qu'ils avaient fait fut rendu, et la
malédiction de Joatham, fils de
Jérobaal, vint sur eux.
CHAPITRE X.
Thola 6% Jair, juges d'Israél. Servitude
sous les Philistins et ies Ammonites.
1. Après Abimélech, parut
comme chef en Israël, Thola, fils
de Phua, oncle paternel d'Abi-
mélech, homme de la tribu d'Is-
sachar, qui habita à Samir de la
montagne d'Ephraïm ;
9. Et il jugea Israël pendant
vingt-trois ans; et il mourut, et
fut enseveli dans Samir.
3. À Thola succéda Jair Galaa-
dite qui jugea Israël pendant
vingt-deux ans,
4 Ayant trente fils qui mon-
taientsur trente poulains d'ánes-
ses, et étaient princes de trente
villes dans la terre de Galaad, qui
ont été appelées de son nom,
Havoth-Jair, c'est-à-dire villes de
Jair, jusqu'au présent jour.
5. Jair mourut ensuite, et il fut
enseveli dans un lieu dont le nom
est Camon.
6. Mais les enfants d'Israél ajou-
tant aux anciens péchés des nou-
LES JUGES. 471
veaux, firentle mal en la présence
du Seigneur, et servirent des
100165 , les Baalim, les Astaroth,
les dieux de Syrie, de Sidon, de
Moab, des enfants d'Ammon et
des Philistins; et ils abandonnè-
rent le Seigneur, etnel'adorerent
point.
1. Le Seigneurirrité contre eux,
les livra aux mains des Philistins
et des enfants d'Ammon.
8. Et tous ceux qui habitaient
au delà du Jourdain, dans la terre
de l'Amorrhéen, qui est en Ga-
laad, furent affligés et violem-
ment opprimés pendant dix-huit
ans ;
9. En sorte que les enfants
d'Ammon, passant le Jourdain,
ravageaient Juda, Benjamin et
Ephraïm : ainsi, Israël fut extrè-
mement affligé.
10. C'est pourquoi criant au
Seigneur, ils dirent : Nous avons
péché contre vous, parce que
nous avons abandonné le Sei-
gneur notre Dieu, et nous avons
servi les Baalim,
41. Le Seigneur leur répondit :
N'est-ce pas que les Egyptiens,
les Amorrhéens, les enfants
| d'Ammon, les Philistins,
19. Les Sidoniens aussi, et
Amalec et Chanaan vous ont
opprimés, que vous avez crié
vers moi, et que je vous ai dé-
livrés de leur main ?
13. Et cependant vous m'avez
abandonné, et vous avez adoré
des dieux étrangers : c'est, pour-
1. Samir de la montagne; pour Samir, dans la montagne.
3. Jair Galaadite. Compar. Nombr., xxvi, 29.
4. Qui montaient, etc. Voy. v, 10. — * Havoth-Jair, dans le pays d'Argob. Voir
Deutéronome, wm, 4.
5, * Camon, dans le pays de Galaad.
6. * Les Baalim. Voir la note sur Juges, vi, 23.
472 LES JUGES.
quoi je ne recommencerai plus à
vous délivrer.
14. Allez, etinvoquez les dieux
que vous avez choisis ; qu'ils vous
délivrent eux-mêmes dans le
temps de l'angoisse.
45. Et les enfants d'Israél di-
rent au Seigneur : Nous avons
péché, faites-nous vous-même,
en retour, tout ce qu'il vous
plaira; seulement pour cette
heure délivrez-nous.
16. Disant cela, ils jetèrenthors
de leur territoire les idoles des
dieux étrangers, et ils servirent
le Seigneur Dieu, qui fut sensible
à leurs misères.
47. C'est pourquoi les enfants
d'Ammon, jetant de grands cris,
planterent leurs tentes en Galaad ;
et les enfants d'Israël, s'étant
réunis contre eux, camperent à
Maspha.
18. Et les princes de Galaad se
dirent les uns aux autres : Le
premier d'entre nous qui com-
mencera à combattre contre les
enfants d'Ammon, sera le chef du
peuple de Galaad.
CHAPITRE XI.
Jephté, choisi pour être chef des Israé-
lites, combat les Ammonites, et les dé-
fait. Son vœu.
4. En ce temps-là fut Jephté
Galaadite, homme très fort, et
guerrier, fils d'une femme de
mauvaise vie, lequel naquit de
Galaad.
9. Or Galaad eut une femme
Cap. XI. 7. Genèse, xxvi, 27.
[cg. x1.
dont il eut des fils, qui après
qu'ils eurent grandi, chasserent
Jephté, disant : Tu ne pourras
pas être héritier dans la maison
de notre père, parce que c’est
d'une autre mère que tu es né.
3. Et Jephté les fuyant et les
évitant, habita dans la terre de
Tob. Alors se joignirent à lui des
hommes dénués de tout et exer-
cant des brigandages, et ils le
suivaient comme leur chef.
4. Encestemps-làcombattaient
les enfants d'Ammon contre
Israël.
ὃ. Et comme ils le pressaient
vivement, les anciens de Galaad
allèrent, pour amener Jephté de
la terre de Tob, à leur secours ;
6. Et 115 lui dirent : Viens, sois
notre chef, et combats contre les
enfants d'Ammon.
7. Jephté leur répondit: N'étes-
vous point ceux qui me haïssez,
et qui m'avez jeté hors de la mai-
son de mon père? Et maintenant
vous êtes venus vers moi, con-
traints par la nécessité.
8. Et les princes de Galaad
dirent à Jephté : C'est pour ce
motif que nous venons mainte-
nant vers toi, afin que tu marches
avec nous, que tu combattes
contre les fils d'Ammon, et que
tu sois le chef de tous ceux qui
habitent en Galaad.
9. Jephté leur demanda en-
core : Si vraiment vous étes
venus vers moi, pour que je
combatte pour vous les enfants
11." Maspha de Galaad, au nord-est de Jabès-Galaad.
3. * La terre de Tob. Elle est inconnue, mais elle était probablement située sur les
eoufins du royaume des Ammonites, si méme elle n'en faisait pas partie.
[cn. [.זא
d'Ammon, et 81 le Seigneur les
livre en mes mains, est-ce moi
qui serai votre prince?
10. Ils lui répondirent : Le
Seigneur qui entend ceci, est lui-
méme médiateur et témoin que
nous exécuterons nos promesses.
11. Cest pourquoi Jephté s'en
alla avec les princes de Galaad,
et tout le peuple le fit son prince.
Mais Jephté dit toutes ces paroles
devant le Seigneur à Maspha;
12. Et il envoya des messagers
au roi des enfants d'Ammon,
pour dire de sa part : Qu'importe
à moi et à toi, pour que tu sois
venu contre moi, afin de ravager
ma terre?
13. Le roi leur répondit : C'est
parce qu'israël, quand il est
monté d'Egypte, a pris ma terre,
depuis les confins d'Arnon jus-
qu'au Jaboc et jusqu'au Jourdain:
maintenant donc, rends-la moi
en paix.
14. Jephté donna de nouveau
sa réponse par les messagers, et
il leur commanda de dire au roi
d'Ammon :
18. Voici ce que dit Jephté :
Israél n'a pas pris la terre de
Moab, ni la terre des enfants
d'Ammon :
16. Mais, quand il monta de
l'Egypte, il marcha à travers le
désert jusqu'à la mer Rouge, et
il vint à Cadès.
LES JUGES. 3
17. Et il envoya des messagers
au roi d'Edom, disant : Laisse-
moi passer par ta terre. Et le roi
ne voulut point acquiescer à ses
prieres. ll envoya aussi vers le
roi de Moab, qui lui-méme dédai-
gna de donner passage. C'est
pourquoi il demeura à Cadès.
18. Puis, il cótoya la terre
d'Edom et la terre de Moab, vint
contre le cóté oriental de Moab,
et campa au delà del'Arnon ; mais
il ne voulut pas entrer dans le
territoire de Moab; car l'Arnon est
la frontiere de la terre de Moab.
19. Cest pourquoi Israël en-
voya des messagers à Séhon, roi
des Amorrhéens, qui habitait à
Hésébon, etils lui dirent : Laisse-
nous passer par ta terre jusqu'au
fleuve.
20. Séhon, lui aussi, méprisant
les paroles d'Israël, ne le laissa
point passer par son territoire;
mais ayant assemblé une multi-
tude innombrable, il sortit contre
lui à Jasa, et il résistait forte-
ment.
21. Mais le Seigneur le livra
avec toute son armée aux mains
d'Israél, qui le battit et qui pos-
séda toute la terre de l'Amor-
rhéen, habitant de cette contrée.
92. Et toutes ses frontieres,
depuis l’Arnon jusqu'au Jaboc, et
depuis le désert jusqu'au Jour-
dain.
13. Nomb., xxr, 24. — 17. Nomb., xx, 14. — 18. Nomb., xxr, 43
41. Jephté dit, etc. 11 renouvela les assurances que les princes de Galaad lui avaient
données, et, de son cóté, il prit solennellement Dieu à témoin de la fidélité avec
laquelle il tiendrait ses engagements.
13. * Arnon, rivière qui forme la frontière septentrionale de Moab, plus bas, y. 18,
et se jette dans la mer Morte après un cours de 75 kilomètres. — 0000. Voir la note
sur Genèse, xxxi, 22.
16. * Cadés. Voir Nombres, xx, 4.
19. Jusqu'au fleuve; c'est-à-dire jusqu'au Jourdain, — * Hésébon, Voir Nombres, xxi, 25,
474
93. Ainsi, le Seigneur Dieu
d'Israël renversa l'Amorrhéen,
Israél son peuple combattant
contre lui, et toi maintenant, tu
veux posséder sa terre?
94. Ce que possede Chamos
ton dieu, net'est-il point 60 légi-
timement? Or, ce que le Seigneur
notre Dieu a acquis comme vain-
queur, viendra en notre posses-
sion.
25. A moins que tu vailles
mieux que Balac, fils de Séphor,
roi de Moab, et que tu nous
montres qu'ilse soit plaint d'Is-
raël, et qu'il ait combattu contre
lui,
96. Quand il habita à Hésébon
et dans ses bourgades, à Aroer,
et dans ses villages, ou dans
toutes les villes près du Jourdain,
pendant trois centsans. Pourqttoi,
pendant un si long temps, n'as-
tu rien tenté au sujet de cette
réclamation?
27, Ainsi, ce n'est pas moi qui
suis én faute avec toi, mais c'est
toi qui agis mal envers moi, me
déclarant des guerres injustes.
95. Nonib., xxii, 2.
LES JUGES.
[cn. xr.]
Que le Seigneur, arbitre. de ce
jour, juge entre Israël et entre
les enfants d'Àmmon.
28. Mais le roi des enfants
dAmmon ne voulut point ac-
quiescer aux paroles de Jephté, '
quil lui avez mandées par les
messagers.
29. Et l'esprit du Seigneur vint
sur Jephté ; et Jephté parcourant
Galaad, et Manassé, de méme
que Maspha de Galaad, et de là
passant jusqu aux enfants d'Am-
mon,
30. Il voua un vœu au Sei-
gneur, disant : Si vous livrez les
enfants d'Ammon en mes mains,
31. Quiconque le premier sor-
| tira des portes de ma maison, et
| viendra à ma rencontre, lorsque
| je retournerai en paix dw pays
des enfants d'Ammon, je l’offrirai
| en holocauste au Seigneur.
32. Jephté passa ensuite chez
les enfants d'Ammon, pour eom-
battre contre eux ; et le Seigneur
les livra en ses mains.
838, frappa aussi d'une très
grande plaie vingt villes, depuis
94. * Chamos ton dieu. Voir la note sur 11] Rois, xr, T. — Ton dieu. Les Israélites
n'attribüent qu'à léur Dieu unique üne véritable divinité : ils traitent de faux dieux
tous céux qu'adorent les nations étrangères. Quand Jephté dit Chamos, ton Dieu,
ii parle le langage diplomatique. Cette expression n'est donc pas une profession de
foi δὲ ne prouvé pas que Jephté croyait à la divinité de Chamos. Elle prouve seule-
ment que lé juge d'istaél voulait parler au roi des Ammonites un langage qui lui
fût agréable, afin d'en obtenir la paix qu'il sollicitait.
96. * A Hésébon. Voir Nombres, xxi, 25. — A Aroer, sur l'Arnon, qui formait lo
frontière méridionalé du royaütae de Béhon.
31-40. Contre le sentiment de tous les anciens, plusieurs interprétes modernes pré-
tendent que la fille de Jephté ne fut pas réellement immolée, mais seulement con-
sacrée au service du sanctuaire. Quelque opinion qu'on adopte, on ne peut rien con-
clure contre la divinité de là religion des Hébreux. Car le vœu de Jephté est un fait
qui lui est entièrement personnel. Il n'était pas commandé par la loi, puisque la loi
au contraire défendait si expressément le sacrifice de victimes humaines, C’est un fait
isolé, et auquel le grand prêtre el là majorité du peuple ne prirent aucune part.
33.* Depuis Aroer, non pas probablement Aroer sur l'Arnon, mais Aroer de Gad,
à l'est de Rabbath-Ammon, jusqu'à l'entrée de Mennith, au sud, et jusqu'à Abel, qui
est plantée de vignes ou Abél-Keraniim, sûr là route qui và d'Aroer à Bosra.
[cu. xu.]
Aroer jusqu'à l'entrée de Men-
nith, et jusqu'à Abel, qui est
plantée de vignes; etles enfants
d'Ammon furent humiliés par les
enfants d'Israél.
34. Or, Jephté retournant à
Maspha, dans sa maison, sa fille
unique, car il n'avait pas d'autres
enfants. vint au-devant de lui
avec des chœurs et des tambours.
35. L'ayant vue, il déchira ses
vêtements, et dit : Hélas! ma
fille, tu m'as trompé, ettoi-méme
tu t'es trompée; car j'ai ouvert
ma bouche au Seigneur, et je ne
pourrai pas faire autre chose.
36. Sa fille lui répondit : Mon
père, si vous avez ouvert votre
bouche au Seigneur, faites-moi
tout ce que vous avez promis, là
vengeance et la victoire sur les
ennemis vous ayant été accor-
dées,
81. Elle dit encore à son père :
Accordez-moi seulement ce que
je vous demande avec prière :
Laissez-moi pendant deux mois
parcourir les montagnes et pleu-
rer ma virginité avec Mes com-
pagnes.
38. Jephté lui répondit : Va.
Et il la laissa pendant deux mois.
Et lorsqu'elle s'en fut allée, avec
ses amies et ses compagnes, elle
pleurait sa virginité sur les mon-
tagnes,
39. Or, deux mois achevés, elle
revint vers son père; et il fit à
son égard, selon ce qu'il avait
voué; et elle ne connut point
d'homme. De là vint l'usage en
LES JUGES.
Galaad est un fügitif d'Ephraïm,
475
Israël, et la coutume a toujours
été conservée,
40. Qu'apres le cours d'une
année, les filles d'Israël s'assem-
blent pour pleurer la fille de
Jephté Galaadite pendant quatre
jours.
CHAPITRE XII.
Guerre entre Ephraim et Galaad. Mort
de Jephté. Abésan, Ahialon, Abdon,
juges d'Israél.
1. Mais voilà que dans Ephraim
s'éleva une sédition; car les
hommes de cette tribu passant
vers laquilon, dirent à Jephté :
Pourquoi marchant au combat
contre les enfants d'Ammon, n'as-
tu pas voulu nous appeler, afin
que nous allassions avec toi?
Aussi incéndiérons-nous tà mai
son.
9. Jephté leur répondit : Nous
avions un grand débat moi et
mon peuple éontre les enfants
d'Ammon; je vous ai appelés,
pour me donner dü secours, et
vous ne l'avez pas voulu faire.
3. Cé que voyant, j'ai inis mon
áme en mes mains, j'ai passé
chez 165 enfants d'Ammon, et le
Seigneur les a livrés en mes
mains.En quoi ai je mérité que
vous vous éleviez Contre moi
pour me faire la guérre?
4. C'est pourquoi ayant appelé
à lui tous les hommes de Galaad,
il combattit contre Ephraim : et
les hommes dé Galaad battirent
Ephraim, parce qu'il avait dit :
35. J'ai ouvert ma bouche au Seigneur; j'ai prononcé un vœu fait au Seigneur,
81. On regardait comme un malheur de mourir sans laisser de postérité;
40. Après le cours d’une année; c'est-à-dire chaque année,
3. J'ü1 mis mon âme, eté.; hébraïsmé, pour j'ai exposé ma vie.
476
et il habite au milieu d'Ephraim
et de Manassé.
5. Et les Galaadites occupèrent |
les gués du Jourdain, par lesquels
Ephraïm devait revenir; et lors-
quil y venait quelqu'un de l'ar-
mée d'Ephraïm, fuyant, et qu'il
disait : Je vous conjure de me
permettre de passer, les Galaa-
dites lui répondaient : Est-ce que
tu es Ephrathéen? lequel disant :
Je ne le suis pas,
6. Ils lui demandaient : Dis
donc Schibboleth, ce qu'on inter-
prète par Epi. Il répondait Sib-
boleth, ne pouvant pas expri-
mer épi avec la même lettre. Et
aussitôt, après l'avoir saisi, on
l'égorgeait au passage même du
Jourdain. Or, il périt en ce temps
quarante - deux mille hommes
d' Ephraim.
7. Ainsi, Jephté Galaadite jugea
Israël pendant six ans; et il mou-
rut et fut enseveli dans sa ville
de Galaad.
8. Apres lui Abésan de Beth-
léhem jugea Israël.
9. Il eut trente fils et autant de
(παρ. XIII. 1. Supra, x, 6.
LES JUGES.
[cu. xir.]
filles, qu וג maria, les établissant
hors de chez lui; et il reçut pour
ses fils des femmes en méme
nombre,les admettant dans sa
- maison. Abésan jugea Israël pen-
dant sept ans;
10. Et il mourut et fut enseveli
à Bethléhem.
11. À Abésan succéda Ahialon
Zabulonite; et il jugea Israël
pendant dix ans;
19. Et il mourut et fut enseveli
dans Zabulon.
13. Après lui, Abdon, fils d'f-
lel, Pharathonite, jugea Israél;
14. Il'eut quarante fils, et d'eux
trente petits-fils, qui montaient
sur soixante-dix poulains d'à-
nesses; et il jugea Israél pendant
huit ans;
15. Et il mourut et fut enseveli
à Pharathon de la terre d'E-
phraim, sur la montagne d'Ama-
lec.
CHAPITRE ΧΠΙ.
Servitude des Israélites sous les Phitis-
tins. Naissance de Samson.
1. Et de nouveau les enfants
6. Ne pouvant pas exprimer, etc.; c'est-à-dire, ne pouvant pas exprimer le mot
schibboleth, qui signifie épi, en prononcant comme il faut la lettre sch; car, en
hébreu, ces trois caractères ne forment qu'une seule lettre ou articulation. Remar-
quons que les Ephrathéens n'étaient pas tués parce qu'ils ne savaient pas prononcer
le mot schibboleth, mais parce qu'ils étaient des ennemis de guerre, et d'une guerre
injuste faite à Jephté et aux Israélites, leurs fréres. La prononciation de ce mot
était seulement une marque à laquelle on reconnaissait s'ils disaient vrai, quand
ils niaient qu'ils fussent Ephrathéens.
1. * Galaad ou Maspha de Galaad.
13. Pharathonite; de Pharathon. Voy. vers. 15.
1. * Aux mains des Philistins. Les Philistins étaient originaires de Créte et avaient
émigré de la ville de Caphtor ou Cydonia. Ils formaient une grande confédération
qui, sous Ramsès 111, roi d'Egypte, avait envahi la Syrie. Ramsès ΠῚ les battit
et en établit les restes dans le pays qui prit depuis leur nom. A la fin de la xxe dy-
nastie égyptienne, profitant de la faiblesse des pharaons, ils devinrent seuls maîtres
de toute la riche plaine de la Séphéla. Ils possédèrent ainsi, près de la Méditerranée,
trois villes, Gaza au sud, Azot au nord, Ascalon, au centre. Dans l'intérieur des
terres, ils avaient aussi deux autres villes principales, Geth et Accaron. Ces cinq
Tcu. [.זוזא
d'Israél tirent le mal en la pré-
sence du Seigneur, qui les livra
aux mains des Philistins pendant
quarante ans.
2. Or, il y avait un certain
homme de Saraa, et de la race
de Dan, du nom de Manué, ayant
une femme stérile,
3. A qui l'ange du Seigneur
apparut, et dit: Tu es stérile et
sans enfants; mais tu concevras >
et tu enfanteras un fils.
4. Prends donc bien garde de
ne point boire de vin, et de cer-
voise, et de ne manger rien d'im-
pur,
59. Parce que tu concevras et
tu enfanteras un fils dont le ra-
soir ne touchera pas la téte; car
il sera nazaréen de Dieu, depuis
son enfance et dés le sein de sa
mère ; et c'est lui qui commen-
cera à délivrer Israél de la main
des Philistins.
6. Et étant venue vers son
mari, elle lui dit: L'homme de
Dieu est venu vers moi, ayant le
visage d'un ange, et inspirant la
plus grande terreur. Lorsque je
lui ai demandé qui il était, d'ou
. LES JUGES.
477
il venait, et de quel nom il s'ap-
pelait, il n'a pas voulu me le
dire.
7. Mais il m'a répondu ceci :
Voilà que tu concevras et enfan-
teras un fils : prends garde de
ne point boire de vin ni de cer-
voise, et de ne rien manger d'im-
pur; car l'enfant sera nazaréen
de Dieu depuis son enfance, du
sein de sa mère jusqu'au jour de
sa mort.
8. C'est pourquoi Manué pria
le Seigneur et dit : Je vous con-
jure, Seigneur, que l'homme de
Dieu, que vous avez envoyé,
vienne de nouveau, et qu'il nous
enseigne ce que nous devons
faire de l'enfant qui doit naitre.
9. Et le Seigneur exauca Ma-
nué priant, et de nouveau appa-
rut l'ange de Dieu à sa femme,
assise dansla campagne. Or, Ma-
nué son mari n'était pas avec
elle. Et lorsqu'elle eut vu l'ange,
10. Elle se hâta, courut à son
mari, et le lui annonca, disant :
Voilà que m'a apparu l'homme
que j'avais vu auparavant.
11. Manué se leva et suivit sa
3. Genèse, xvi, 11; I Rois, 1, 20; Luc, 1, 31. — 4. Nomb., vr, 3, 4.
villes, encore aujourd'hui subsistantes, Geth exceptée, étaient les chefs-lieux de cinq
principautés puissantes, gouvernées par cinq seranim ou princes confédérés. C'est
du nom des Philistins que les Egyptiens et les Grecs, qui les connurent avant les
habitants de l'intérieur des terres, tirérent la dénomination de Palestine, sous
laquelle la terre de Chanaan est encore aujourd'hui désignée.
2. * De Saraa. Saraa est actuellement un village de trois cents habitants, qui a
gardé son ancien nom, à peine modifié sous la forme Sarah. Il est placé sur une
colline en forme de pain de sucre, à l'entrée d'une vallée. Les flanes de la colliue
sont percés de grottes sépulcrales. Une source est à peu de distance, au-dessous du
village.
3. Les grâces que Dieu a accordées à Samson et les faveurs qu'il lui a faites
n'avaient pas pour objet de le récompenser de sa vertu, mais de protéger et de dé-
fendre son peuple contre la tyrannie et l'oppression de ses ennemis.
9. Nazaréen de Dieu; c'est-à-dire consacré à Dieu en qualité de nazaréen.
6. L'homme de Dieu. C'est ainsi que porte l’hébreu. Il parait que Manué et sa
femine avaient déjà une connaissance quelconque de cet homme de Dieu : c’est du
moins ce que prouve l'article déterminatif que l'écrivain sacré affecte d'employer ici.
418 LES JUGES.
femme; puis, venant vers l'hom-
me, il lui dit : Vous étes celui
qui avez parlé à cette femme? Et
il répondit : Je le suis.
19. Et Manué à lhomme
Quand, dit-il, votre parole sera
accomplie, que voulez-vous que
fasse l'enfant? ou de quoi devra-
t-il s'abstenir?
13. Et l'ange du Seigneur ré-
pondit à Manué : Que ta femme
s’abstienne de toutes les choses
que je lui ai indiquées;
14. Qu'elle ne mange rien de
ce qui nait de la vigne; qu'elle ne
boive point de vin ni de cervoise;
qu'elle ne mange rien d'impur;
et que ce que je lui ai ordonné,
elle l'accomplisse et le garde.
15. Alors Manué dit à l'ange
du Seigneur : Je vous conjure
d'acquiescer à mes prières; et,
puissions-nous vous préparer un
chevreau.
16. L'ange lui répondit : Quand
tu me presserais, jene mangerais
pas de tes pains ; mais si tu veux
faire un holocauste, offre-le au
Seigneur. Et Manué ne savait pas
que ce füt l'ange du Seigneur.
47. Il lui dit encore : Quel est
votre nom, afin que, si vos pa-
roles s'accomplissent, nous vous
honorions?
18. L'ange lui répondit : Pour-
18. Genése, xxxir, 29.
(cu. xm.]
quoi demandes-tu mon nom, qui
est admirable?
19. Manué prit donc le chevreau
et les libations, et les placa sur
le rocher, les offrant au Seigneur
qui fait les merveilles : or, lui-
méme et sa femme regardaient.
20. Et lorsque la flamme de
l'autel montait vers le ciel, l'ange
du Seigneur monta pareillement
dans la flamme. Ce qu'ayant vu
Manué et sa femme, ils tomberent
inclinés vers la terre.
21. Et l'ange du Seigneur n'ap-
parut plus à leurs yeux. Et aus-
sitót Manué comprit que c'était
l'ange du Seigneur.
22. Et il dit à sa femme : Nous
mourrons de mort, parce que
nous avons vu le Seigneur.
93. Sa femme lui répondit : Si
le Seigneur voulait nous faire
mourir, il n'aurait pas recu de nos
mains d'holocaustes et de liba-
tions, il ne nous aurait pas mon-
tré toutes ces choses, et il n'au-
rait pas dit ce qui doit arriver.
24. Elle enfanta donc un fils,
et elle l'appela du nom de Sam-
son. Et l'enfant grandit, et le Sei-
gneur le bénit.
25. Et l'esprit du Seigneur com-
menca à étre avec lui, dans le
camp de Dan, entre Saraa el Es-
thaol.
13, 14. Que ta femme s'abstienne, etc. Les verbes de ces deux versets étant au fé-
minin en hébreu, ne peuvent avoir pour sujet que la mére de Samson, et non Sam-
son lui-méme.
15. * Un chevreau. Voir la note sur I Rois, xvi, 20.
19. Sur le rocher, qui se trouvait à l'endroit méme de la campagne où était
Manué.
22. Nous mourrons de mort; hébraisme pour : nous mourrons infailliblement.
24. Samson, en hébreu Schismchón, paraît être un diminutif de 500670030, 1
[cn. xiv.]
CHAPITRE XIV.
Samson épouse une Philistine, elle le
trahit; il la quitte, et se retire chez
son père.
4. Ensuite Samson descendit à
Thamnatha; et voyant là une
femme d’entre les filles des Phi-
listins,
9. Il monta, et il l'annonca à
son pere et à sa mère, disant :
J'ai vu à Thamnatha une femme
d'entre les filles des Philistins,
que je vous prie d'accepter pour
mon épouse.
3. Son pere et sa mere lui ré-
pondirent : Est-ce qu'il n'y a point
de femme parmi les filles de tes
freres, et dans tout mon peuple,
puisque tu veux prendre une
femme d'entre les Philistins qui
sont incirconcis? Et Samson dit
à son pere : Acceptez-la pour moi,
parce qu'elle a plu à mes yeux.
LES JUGES. 419
4. Mais ses parents ne savaient
pas que la chose se faisait par le
Seigneur, et qu'il cherchait une
occasion contre les Philistins ; car
en ce temps-là les Philistins do-
minaient sur Israél.
9. C'est pourquoi Samson des-
cendit avec son père et sa mere
àThamnatha. Et, lorsqu'ils furent
arrivés aux vignes de la ville,
parut le petit d'un lion furieux et
rugissant, et il vint à la rencontre
de Samson.
6. Mais l'Esprit du Seigneur
s'empara de Samson, qui déchira
le lion comme il aurait mis un
chevreau en pièces, n'ayant abso-
lument rien dans la main; et il
ne voulut pas le déclarer à son
père et à sa mère.
7. Et il descendit, et il parla à
la femme qui avait plu à ses yeux.
8. Et, après quelques jours, re-
venant pour l'épouser, il se dé-
1. * 4 Thamnatha. Thamnatha, aujourd'hui Tibnéh. Tibnéh n'est plus qu'un mon-
ceau de ruines, éparses sur les flanes d'une colline hérissée de hautes herbes, de
chardons et de lentisques. Une partie de ses débris a été transportée plus loin et
a servi à bâtir le village actuel d'el-Bridje. Elle a perdu maintenant ses riches vi-
gnobles. De gros blocs de pierres, disséminés aux alentours, sont, avec ces vieux
décombres, rongés et couverts de lichens, le seul souvenir qui nous reste de Tham-
natha. — Samson descendit. On a fait une difficulté contre ce verset, parce qu'il y
est dit que Samson descendit de Saraa à Thamnatha, mais cette expression est
exacte. « Il fallait descendre, ce qui est effectivement vrai, le village actuel de Saraa
étant situé sur une colline plus élevée que Tibnéh, » dit M. Guérin.
2. * Une femme d'entre les Philistins. Du temps de Samson, Thamnatha était au
pouvoir des Philistins. Du moins les Philistins y habitaient-ils en nompre et y agis-
saient-ils en maitres.
9. * Parut le petit d'un lion. Thamnatha est à une heure à l'ouest de Bethsamés
Ce fut en descendant de Bethsamés à Thamnatha, peut-étre dans la gorge méme,
prés du torrent qu'il avait à traverser, que Samson rencontra et tua le lionceau.
C'est aussi dans ce massif montueux qu'il prit plus tard les trois cents chacals avec
lesquels il brüla les blés des Philistins. Ces lieux abondaient autrefois en bétes
fauves, comme l'attestent les noms que portaient les villages des alentours, Lebaoth
ou les lionnes, Saalbim ou les chacals.
6. L'Esprit du Seigneur ne signifie pas ici c'inspration divine, ou l'amour de la
vertu, mais cet esprit de force dont le Seigneur remplit Samson pour combattre et
vaincre les Philistins, qui étaient les ennemis d'Israel. L'Ecriture elle-même nous
apprend que la force de Samson n'était pas naturelle, mais qu'elle lui était donnée
de Dieu d'une maniére miraculeuse, bien qu'il y ait eu des hommes doués d'une
force de corps prodigieuse.
8. * Et aprés quelques jours, etc. « On sait que les abeilles fuient les cadavres,
480
tourna pour voir le corps du lion,
et voilà qu'un essaim d'abeilles
était dans la gueule du lion, et
un rayon de miel.
9. Ayant pris ce rayon dans ses
mains, ille mangeait en chemin;
et étant arrivé chez son pere et
sa mere, il leur en donna une
partie, qu'eux-mémes aussi man-
gerent; mais cependant il ne
voulut pas leur déclarer qu'il
avait pris le miel dans la gueule
du lion.
10. Son pere descendit donc
chez cette femme, et il fit pour
son fils Samson un festin; car
c'est ainsi que les jeunes gens
avaient coutume de faire.
11. Or, lorsque les habitants de
ce lieu l'eurent vu, ils lui donne-
rent trente jeunes hommes pour
étre avec lui.
19. Samson leur dit : Je vous
proposerai une énigme; si vous
me l'expliquez pendant les sept
jours du festin, je vous donnerai
trente vétements de dessous et
autant de tuniques;
13. Mais si vous ne pouvez pas
l'expliquer, c'est vous qui me
donnerez trente vêtements de
LES JUGES.
[cH. xiv.]
dessous et des tuniques en même
nombre. Ils lui répondirent :
Propose l'énigme afin que nous
l'entendions.
14. Alors Samson leur dit : De
celui qui mangeait est sortie une
nourriture, et du fort est sorti de
la douceur; et ils ne purent point
pendant trois jours expliquer
l'énigme.
15. Mais, lorsqu'approchait le
septième jour, ils dirent à la fem-
me de Samson : Gagne ton mari
par tes caresses, et persuade-lui
de te donner la signification de
l'enigme; que si tu ne veux pas
le faire, nous te brülerons, toi et
la maison de ton pere; est-ce
que tu ne nous as appelés aux
noces que pour nous dépouil-
ler?
16. Elle répandait des larmes
auprès de Samson, et se plaignait,
disant : Tu me hais et tu nejm’ai-
mes point; c'est pour cela que tu
ne veux pas m'expliquer l'énigme
que tu as proposée aux fils de mon
peuple. Mais Samson répondit :
Je ne l'ai point voulu dire à mon
père et à ma mère; et je pourrai
te l'expliquer?
mais elles ne fuient pas les ossements desséchés. L'expression aprés quelques jours
est plus d'une fois employée dans la Sainte Ecriture pour désigner un espace de
temps considérable et méme quelques années. Samson peut étre resté plusieurs
mois fiancé avec la jeune fille, qui était peut-être encore trop jeune. Hérodote, v, 114,
raconte que les abeilles firent du miel dans le crâne d'Onésilos, tyran de l'ile de
Cypre, dont la tête avait été suspendue par les habitants d'Amathonte. » (STOLBERG.)
— Les bois de Palestine sont remplis d'innombrables essaims d'abeilles sauvages
qui n'habitent pas seulement des creux d'arbres, mais rassemblent aussi, faute
d'autres places, leurs provisions de miel dans les fentes des rochers et dans les ca-
vernes souterraines, sans autre but que de s'abriter à leur ombre.
11. C'était anciennement la coutume de donner à l'époux, pour laecompagner,
un certain nombre plus ou moins considérable de jeunes hommes. Les Grecs les
appelaient paranymphes. Ce sont probablement ceux que l'Evangile désigne sous le
nom d'amis de l’époux.
12. * Pendant les sept jours du festin. Les fètes qui accompagnaient les mariages
duraient une semaine entière et on les égayait par toute espèce de divertissements.
14. * Le goût des Orientaux pour les énigmes et les jeux de mots est un des traits
saillants de leur caractère,
]68. xv.]
47. Ainsi, pendantles sept jours
du festin elle pleurait devant iui;
et enfin le septieme jour, comme
elle lui était importune, il lui
expliqua. Elle aussitót la fit con-
naitre à ses concitoyens.
18. Et eux dirent à Samson le
septieme jour avant le coucher
du soleil : Quoi de plus doux que
du miel, etdeplus fort que lelion?
Et Samson leur répondit : 51 vous
n'aviez pas labouré avec ma gé-
nisse, vous n'auriez pas décou-
vert mon énigme.
19. Cest pourquoi l'esprit du
Seigneur s'empara de Samson. et
il descendit à Ascalon : et là il tua
trente hommes dont il donna les
vétements qu'il leur avait pris à
ceux qui avaient expliqué l'énig-
me. Et étant tres irrité il monta à
la maison de son père.
20. Or, sa femme prit pour
mari un de ses amis, un de ceux
qui l'avaient accompagné à ses
noces.
CHAPITRE XV.
Samson met le feu aux moissons des
Philistins. 11 bat mille Philistins avec
une mâchoire d'àne.
1. Mais peu de temps aprés,
lorsque les jours de la moisson
LES JUGES.
481
des blés approchaient, Samson
vint, voulant voir sa femme ; et il
lui apporta un chevreau. Or,
comme il voulait, selon 18 coutu-
me, entrer dans sa chambre, son
pere l'empécha, disant :
2. J'ai pensé que tu la haissais,
et c'est pour cela que je l'ai don-
née à ton ami. Mais elle a une
sœur qui est plus jeune et plus
belle; qu'elle soit ta femme au
lieu d'elle.
3. Samson lui répondit : Dès
ce jour, il n'y aura pas de faute
en moi contre les Philistins, si je
vous fais du mal.
4. IL aila donc, et il prit trois
cents renards ; illiales queues des
uns aux queues des autres, et at-
tacha des torches au milieu.
5. Mettant le feu aux torches,
il làeha les renards, afin qu'ils
courussent çà et là. Ceux-ci allè-
rent dans les moissons des Philis-
tins, lesquelles une fois embra-
8668 , et les blés déjà amassés et
ceux qui étaient encore sur pied,
furent brülés ; tellement que la
flammeconsuma mémeles vignes
ef les plants d'oliviers.
6. Alors les Philistins dirent :
Qui a fait cela? On leur répondit:
Samson, gendre du Thamna-
19. * Ascalon, l'une des cinq grandes villes des Philistins, sur la Méditerranée, au
rord de Gaza et au sud d'Azot, dans une position très forte et trés fertile.
4. * Il lui apporta un chevreau. Voir la note sur I Rois, xvr, 20.
3. Il m'y aura plus, etc.; c'est-à-dire je ne serai point coupable envers les Philistins.
4. Les renards dont il est ici question sont les schacals, espèce d'animaux qui
tiennent le milieu entre le renard ordinaire, le chien et le loup. On les rencontre par
troupes dans la Palestine; ils cherchent la société des hommes, et se laissent prendre
facilement.
9. * Dans les snoissons des Philistins. Les cinq villes des Philistins étaient situées
dans une vaste plaine que le texte hébreu appelle Séphéla ou le pays bas. Sur le ri-
vage de la mer Méditerranée s'étend une large bande de sable stérile. mais tout le
reste de la plaine n'est qu'un immense champ de blé, d'un rapport merveilleux,
parsemé cà et là de légers mamelons, couverts de jardins verdoyants et de riches
vergers.
A. T. 91
482
théen, parce que celui-ci a enle-
vé sa femme et l'a donnée à un
autre, a fait ces choses. Alors
les Philistins montèrent et brü-
lerent tant la femme que som
père.
7. Samson leur dit : Quoique
vous ayez fait cela, je tirerai en-
core de vous vengeance, et alors
je demeurerai tranquille.
8. Il les frappa, en effet d'une
plaie, en sorte que saisis de stu-
peur, ils mettaient la jambe sur
la cuisse. Apres cela, descendant,
il habita dans la caverne du rocher
d'Etam.
9. Les Philistins montant donc
dans la terre de Juda, camperent
dans ce lieu, qui, dans la suite,
fut appelé Léchi, c'est-à-dire,
Màchoire, où leur armée fut dis-
sipée.
10. Des hommes de la tribu de
Juda leur dirent : Pourquoi avez-
vous monté contre nous? Ils ré-
pondirent: C'est pour lier Samson
que nous sommes venus et pour
lui rendre ce qu'il a fait contre
nous.
11. Il descendit donc trois mil-
le hommes de Juda à la caverne
du rocher d'Etam, et ils dirent à
| Samson : Tu ne sais pas que les
Philistins nous commandent?
Pourquoi as-tu voulu faire cela?
Il leur répondit : Comme ils m'ont
fait, ainsi je leur ai fait.
19. C'est pour te lier, repren-
nent-ils que nous sommes venus,
LES JUGES.
(cn. xv.)
et pour te livrer aux mains des
Philistins. Et Samson : Jurez , leur
dit-il, et promettez-moi, que vous
ne me tuerez pas.
13. Ils répondirent : Nous nete
tuerons pas; mais nous te livre-
rons enchainé, Et ils le lierent
avec deux cordes neuves, et ils
l'enlevèrent du rocher d'Etam.
14. Lorsqu'il fut arrivé au lieu
de 18 Mâchoire et que les Philis-
tins, vociférant, furent venus à
sa rencontre, l'Esprit du Seigneur
s'empara de lui; et comme le lin
ἃ coutume de se consumer à l'o-
deur du feu, ainsi les liens dont
il avait été lié, se briserent et se
détacherent.
15. Et saisissant une máchoire
d'âne, c'est-à- dire une mandibule
d'àne, qu'il trouva et qui était
à terre, il en tua mille hommes.
16. Et il dit : Avec la mâchoire
de l'àne, avec la mandibule du
poulain des ânesses je les ai dé-
truits, et j'ai frappé mille hom-
mes.
11 Et lorsqu'il eut fini de chan-
ter ces paroles, il jeta de sa main
la mandibule, et appela ce lieu du
nom de Ramathléchi, qu'on in-
terprète par Elévation de mà-
choire.
18. Et pressé violemment par
la soif, il cria au Seigneur, et
dit : C'est vous qui avez mis dans
la main de votre serviteur cette
délivrance prodigieuse, et cette
victoire; voici que je meurs de
m —— án €—Ó— á— —MM — ——— ———— — à
8. On met souvent la jambe sur la cuisse, quand on est pensif, inquiet, interdit.
L'hébreu porte: Et il les frappa jambe sur cuisse; ce qui peut être une expression
proverbiale désignant une défaite entière. — * Dans la caverne du rocher d'Etam.
Cette caverne était probablement une des nombreuses excavations qu'on trouve à
l'extrémité orientale de la plaine de la Séphéla, dans les derniers contreforts des
montagnes de Juda, vers Lekiéh et Deir-Dubban.
14. A l'odeur du feu; aux approches, au moindre contact du feu,
[cH. xvi.]
soif, et je tomberai entre les
mains des incirconcis.
19. C'est pourquoi le Seigneur
ouvrit la dent molaire dans la
mâchoire d'àne, et il en sortit de
l’eau; et Samson en ayant bu,
ranima ses esprits, et reprit ses
forces. C'est pour cela que jus-
qu'au présent jour on a appelé
ce lieu du nom de Fontaine de
l''nvoquant sortie de la machoire.
90. Et Samson jugea Israél aux
jours des Philistins pendant vingt
ans.
LES JUGES. 483
vit une femme de mauvaise vie,
et il entra chez elle.
2. Lorsque les Philistinsl'eurent
appris, et que le bruit se fut
répandu chez eux, que Samson
était entré dans la ville, ils l'en-
vironnèrent, mettant des gardes
à la porte de la ville, et atten-
dant là, toute la nuit, en silence,
pour le tuer, le matin venu, lors-
qu'il sortirait.
3. Mais Samson dormit jus-
qu'au milieu de la nuit; et se
levant alors il prit les deux bat-
tants dela porte avec ses poteaux
et son verrou, et les ayant mis
sur ses épaules, il les porta sur
le sommet de la montagne qui
regarde Hébron.
4. Apres cela il aima une
CHAPITRE XVI.
Samson enléve les portes de Gaza. Dalila
lui coupe les cheveux. Il renverse sur
lui le temple de Dagon.
1. Il alla aussi à Gaza, et là il
19. * Fontaine de l'invoquant. Elle ne devait pas étre éloignée d'Etam
1. * Gaza. Noir Josué, x, 41.
3. * IL prit les deux battants de la porte avec ses poteaux et son verrou. « Les portes
des villes sont ordinairement cintrées; elles sont gardées et fermées la nuit. Elles
sont larges, massives, à deux battants (Isaie, xLv, 1), construites en bois solide et bar-
dées de fer (Acles, xit, 10). Une forte barre de fer, formant crochet à l'une de ses extré-
mités, est suspendue à un lourd anneau de méme métal, fixé à un fort montant solide-
ment encastré dans la muraille de chaque cóté de la porte. Quand la porte est fermée,
le crochet des arcs-boutants entre dans un anneau de fer, attaché derrière chaque
battant, de sorte que la porte est capable de résister à une forte pression venant du
dehors. La serrure est massive, de fer travaillé, et la clef à longue poignée, fort
lourde, est portée à la ceinture par le gardien de la porte ou suspendue à un clou
dans le petit appartement qui est tout près. Il fallut la force de Samson, pour ar-
racher les portes de Gaza de leurs gonds, avec les deux montants, barre et tout, et
les porter au sommet de la colline qui regarde Hébron. Une tour quelquefois deux,
flanquent la porte. Des banes sont fixés de chaque cóté de l'entrée et souvent occupés
por des gardes, qui vivent dans des appartements ouvrant sur le porche. Ce porche
est le rendez-vous favori des habitants, spécialement des plus riches, qui y sont
attirés par la brise fraiche qui souffle à travers la porte ombragée, et par la distrac-
tion qu'ils trouvent à voir aller et venir constamment hommes et bétes... Les juges
et méme le gouverneur se rendent souvent en ce lieu pour régler les affaires les plus
importantes : les causes civiles et criminelles y sont souvent discutées et jugées...
Les portes de la ville sont fermées au coucher du soleil ou bientót aprés. Quelques-
unes d'entre elles ont, dans un de leurs battants, une petite porte, qui demeure
ouverte une heure ou méme plus aprés le coucher du soleil, pour permettre aux
piétons accidentellement en retard d'entrer dans la ville ou d'en sortir. On peut la
faire ouvrir aussi plus tard, moyennant un backschisch. Mais les animaux doivent
rester dehors et les voyageurs attardés sont ainsi fréquemment forcés de camper
hors des murs, quand ils n'arrivent pas à la porte avant le coucher du soleil. »
(Van LENNEP.) — Hébron. Voir la note sur Genèse, xi, 18,
4. * La vallée de Sorec. La vallée qui sépare Bethsamès de Saraa est trés proba-
484
femme, qui habitait dans la val-
lée de Sorec, et s'appelait Dalila.
5. Et les princes des Philistins
vinrent vers elle, et dirent
Trompe Samson, et apprends de
lui comment il a une si grande
force, et de quelle maniere nous
pourrions le vaincre, et après
l'avoir lié, le tourmenter. Que si
tu fais cela, nous te donnerons
chacun mille et cent pieces d'ar-
gent.
6. Dalila dit donc à Samson :
Dis-moi, je te conjure, d’où te
vient ta trés grande force, et
quel est le lien, dont étant lié, tu
ne pourrais t'échapper?
1. Samson lui répondit : Si on
me lie avec sept cordes de boyau
non sèches, maisencore humides,
je serai faible comme tous les
autres hommes.
8. Les satrapes des Philistins
luiapporterentseptcordescomme
il avait dit, dont elle le lia ;
9. Et, une embuscade ayant été
placée chez elle, et attendant
dans la chambre lissue de la
chose, elle lui cria: Les Philis-
tins sur toi, Samson! Et lui, rom-
pit les cordes, comme quelqu'un
romprait un fil tordu avec le re-
but de l'étoupe, lorsqu'il sent 10-
deur du feu; et on ne connut
point d'où venait sa force.
10. Alors Dalila lui dit : Voilà
que tu t'es joué de moi, et tu as
dit faux : au moins maintenant
LES JUGES.
[cH. xvi.]
indique-moi avec quoi tu devrais
étre lié.
11. Samson lui répondit : Si je
suis lié avec des cordes neuves,
qui jamais n'ont été mises en
œuvre, je serai faible et sem-
blable aux autres hommes.
12. Dalilale lia encore avec ces
cordes, et cria : Les Philistins sur
toi, Samson! une embuscade
ayant été disposée dans la cham-
bre. Et lui rompit les cordes
comme des fils de toiles.
13. Et Dalila lui dit de nou-
veau:Jusqu'à quand me trom-
peras-tu, etdiras-tu faux ? montre
par quoi tu dois être lié. Samson
lui répondit: Si tu entrelaces les
sept tresses des cheveux de ma
téte avec le fil de la trame, et que
tu enfonces dans la terre le clou
entouré de ces tresses, je serai
faible.
14. Ce que Dalila ayant fait,
elle lui dit : Les Philistins sur
toi, Samson! Et lui, sortant de
son sommeil, arrachale clou avec
les tresses de cheveux et le fil de
la trame.
15. Et Dalila lui dit : Comment
dis-tu que tu m'aimes, puisque
ton cœur n'est pas avec moi? Par
trois fois tu m'as menti, et tu n'as
pas voulu dire d’où vient ta très
grande force .
16. Et comme elle lui était im-
portune, et que pendant bien des
jours elle se tint constamment
blement la vallée qu'habitait Dalila. Les plants de vigne de la vallée de Sorec étaient
les plus célébres de la Palestine.
5. Pièces ; c’est-à-dire sicles. Voy. Genèse, ,א
13. Si lu entrelaces, etc. Pour bien comprendre la fin de ce verset, il faut supposer
que Samson partageait ordinairement ses cheveux en sept tresses, et qu'il était alors
couché par terre auprès de Dalila, qui faisait de la toile sur son métier. Quant au
clou que le texte hébreu détermine par l'article, c'était probablement le principal
parmi ceux qui servaient à soutenir le métier.
[cg. x v1.]
attachée aupres de lui, ne lui
accordant point de temps pour
le repos, sou âme défaillit, et se
lassa jusqu'à la mort.
17. Alors découvrant la vérité
de la chose, il lui dit : Jamais fer
n'a monté sur ma téte, parce que
je suis nazaréen, c'est-à-dire,
consacré à Dieu des le sein de
ma mere; si ma téte est rasée,
ma force se retirera de moi; je
deviendrai faible, et je serai
comme tous les autres hommes.
18. Or, Dalila, voyant quil lui
lui avait confessé tout son cœur,
envoya vers les princes des Phi-
listins, et leur manda : Montez
encore une fois, parce que main-
tenant il m'a ouvert son cœur.
Etils monterent, après avoir pris
avec eux l'argent qu'ils avaient
promis.
19. Ainsi, elle le fit dormir sur
ses genoux, et reposer la téte sur
son sein. Elle appela aussi un
barbier, etil rasa les sept tresses
de ses cheveux : alors elle com-
menca à le chasser et à le repous-
ser d'aupres d'elle; car aussitót
sa force se retira de lui.
LES JUGES. 485
20. Et elle dit: Les Philistins
sur toi, Samson! Et lui, sortant
de son sommeil, dit en son cœur:
Je sortirai, comme j'ai fait aupa-
ravant, et je me dégagerai, ne
sachant pas que le Seigneur s'é-
tait retiré de lui.
21. Lorsque les Philistins l'eu-
rent pris, ils arrachèrent aussitôt
ses yeux, le conduisirent à Gaza
lié de chaines, et lenfermant.
dans la prison, ils lui firent tour-
ner la meule.
22. Et déjà ses cheveux com-
mencaient à revenir,
23. Lorsque les princes des
Philistins s'assemblerent pour
immoler des hosties solennelles
à Dagon leur dieu,et faire des
festins, disant : Notre Dieu 8 li-
vré Samson notre ennemi en nos
mains.
24. Ce que le peuple aussi
voyant, il louait son Dieu, et di-
sait les mémes choses : Notre
dieu a livré en nos mains notre
ennemi, qui a ruiné notre terre
et a tué un grand nombre de Phi-
listins.
25. Or, comme ils se réjouis-
21. * Ils lui firent tourner la meule. On ne peut imaginer d'occupation plus fasti-
dieuse et plus fatigante. Aussi celui qui était obligé de s'y livrer était considéré
comme la plus malheureuse des créatures, et chez les peuples anciens, on condam-
nait souvent les captifs à tourner la meule, comme Samson. Il est donc impossible
de rien concevoir de plus humiliant pour le héros israélite que cette besogne de
femme et d'esclave. Sur le moulin à bras, voir la note sur Deutéronome, xxiv, 6.
23. * Dagon leur dieu. Dagon était le dieu principal des Philistins. Sur cette idole,
voir la note sur I Rois, v, 3.
25-21. Jouait en chantant et en dansant, pour les amuser, selon l'usage de ce
temps-là. — * La description suivante de Shaw permet de se rendre bien compte des
faits racontés ici: «Il y a dans ce pays-ci [en Afrique] plusieurs palais et Don-wánas,
comme ils appellent les cours de justice, qui sont bàtis [comme les anciens enclos
sacrés] lesquels étaient entourés les uns en partie seulement, les autres tout à fait, de
bâtiments avec des cloîtres par-dessus. Les jours de fête, on couvre la place de sable,
afin que les pello-waan ou lutteurs ne se fassent point de mal en tombant, pendant
que les toits des cloitres d'alentour fourmillent de spectateurs. J'ai souvent vu à Alger
plusieurs centaines de personnes dans ces sortes d'occasions surle toit du palais du
Dey qui, de méme que plusieurs autres grands édifices, a un cloitre avancé qui res-
semble à un grand appegtis, n'étant soutenu dans le milieu ou sur le devant que
486 LES JUGES.
saient au milieu des festins, les
repas étant déjà pris, ils ordon-
nerent que Samson füt appelé,
et qu'il jouát devant eux. Samson
ayant été amené de la prison,
3ouait devant eux, et ils le firent
tenir debout entre les deux co-
ionnes.
26. Samson dit à l'enfant qui
dirigeait ses pas : Laisse-moi tou-
cher les colonnes par lesquelles
toute la maison est soutenue, et
m appuyer contre elles, et me re-
poser un peu.
27. Or la maison était pleine
dhommes et de femmes, et là
étaient tous les princes des Phi-
listins, et environ trois mille per-
sonnes de l'un et de l'autre sexe,
regardant, du toit et de la terras-
se, Samson qui jouait.
98. Mais, Samson, le nom du
Seigneur invoqué, dit : Seigneur
Dieu, souvenez-vous de moi, et
rendez-moi maintenant ma pre-
miere force. mon Dieu, afin que je
me venge de mes ennemis, et que,
pour la perte de mes deux yeux,
je tire une seule vengeance.
99. Et saisissant les deux co-
lonnes sur lesquelles était ap-
puyée la maison, tenant lune
d'elles de la main droite, et l'au-
ire de la main gauche,
(cu. xvm.]
30. Il dit: Meure mon àme avec
les Philistins; et, les colonnes
fortement ébranlées, la maison
tomba sur tous les princes et sur
Loute la multitude qui était là, et
il en tua beaucoup plus en mou-
rant, qu'il n'en avait tué aupara-
vant, lorsqu'il vivait.
31. Or, ses frères et toute sa
parenté descendant en ce lieu.
prirent son corps et l'enseveliren*
entre Saraa et Esthaol dans le
sépulcre de son père Manué. Et
il jugea Israél pendant vingt ans
CHAPITRE XVII.
Idole de Michas.
1. Il y eut en ce temps-là un
certain homme de la montagne
d'Ephraim, du nom de Michas,
2. Qui dit à sa mere : Les mille
et cent sicles d'argent, que vous
aviez mis à part, et au sujet des-
quels, vous aviez juré, moi l'en-
tendant, voici que je les ai, et
qu'ils sont avec moi. Sa mere lui
répondit : Béni soit mon fils par
le Seigneur!
3. Michas les rendit donc à sa
mere, qui lui avait dit : J'ai con-
sacré et voué cet argent au Sei-
gneur, afin que mon fils le re-
coive de ma main, et qu'il fasse
par un ou deux piliers. C'est dans de semblables bâtiments ouverts, que les bachas,
les cadis et les autres grands officiers s'assemblent et s'asseyent au milieu de leurs
gardes et de leurs conseillers, pour administrer la justice et pour régler les affaires
publiques de leur province. Ils y font aussi des festins, comme les principaux d'entre
les Philistins en faisaient dans le temple de Dagon. De sorte qu'en supposant que
ce temple était construit à peu prés comme les bátiments dont je viens de parler, il
est aisé de concevoir comment Samson, en faisant tomber les piliers qui soutenaient
le cloitre, le renversa, « et tua plus de Philistina en sa mort qu'il n'en avait fait
mourir en sa vie. »
98. Je tire une seule vengeance; je me venge en une seule fois du mal qu'ils m'ont
fait en m'arrachant les deux yeux.
31. * Esthaol, aujourd'hui Aschoua. — Dans le sépulcre dont loualy (tombeau)
de Scheikh Gherib actuel, occupe probablement l'emplacement.
[cu. xvur.]
une image taillée au ciseau et
une idole de fonte ; et maintenant
je te le remets.
4. ll les rendit donc à sa mere,
qui prit deux cents sicles d'argent
et les donna à un orfévre, afin
qu'il en fit une image taillée au
ciseau et une idole de fonte, qui
demeura dans la maison de Mi-
chas.
5. Michas aussi éleva séparé-
ment dans sa maison un petit
temple au dieu, et fit un éphod,
des théraphim, c'est-à-dire un
vêtement sacerdotal, el des ido-
les; puis il remplit la main d'un
de ses fils; et celui-ci devint son
prétre.
6. En ces jours-là il n'y avait
point de roi en Israél, mais cha-
cun faisait tout ce qui lui sem-
blait juste.
7. ll y eut aussi un autre jeune
homme deBethléhem de Juda, par
sa parenté; et lui était Lévite, et
il habitait là.
8. Sorti de la ville de Bethlé-
hem, il voulut voyager partout
où il trouverait pour lui un avan-
tage. Et lorsqu'il fut venu à la
montagne d'Ephraim, chemin
faisant, et qu'il se fut un peu dé-
tourné jusqu'à la maison de Mi-
chas,
9. Michas lui demanda d’où il
venait. Il répondit : Je suis Lé-
vite de Bethléhem de Juda, et
je vais pour habiter oü je pour-
LES JUGES.
481
rai, οἱ oü je verrai qu'il me sera
utile.
10. Et Michas dit : Demeure
chez moi, et sers-moi de pere et
de prétre ; je te donnerai chaque
ennée dix szcles d'argent, un dou-
ble vétement et ce qui est néces-
saire pour la vie.
11. ll consentit, et il demeura
chez lui, et il fut pour lui comme
un de ses enfants.
12. Et Michas remplit sa main,
et il garda ce jeune homme com-
me prétre chez lui,
13. Disant : Je sais que Dieu me
fera du bien, puisque j'ai un pré-
tre de la race Lévitique.
CHAPITRE XVII.
Six cents hommes de ]a tribu de Dan
vont s'établir à Lais. Ils enlévent le
prétre et l'idole de Michas.
1. En ces jours-là il n’y avait
point de roi en Israël, et la‘tribu
de Dan se cherchait une posses-
sion pour y habiter ; car jusqu'à
ce jour elle n'avait pas recu de
lot parmi les autres tribus.
2. Les enfants de Dan envoye-
rent donc cinq hommes de leur
race et de leur famille, des plus
vaillants de Saraa et d'Esthaol,
pour explorer la terre, et l'exa-
miner avec soin; et ils leur di-
rent : Allez et considérez la terre.
Lorsque ceux-ci, s'étant mis en
chemin, furent venus à la mon-
tagne d'Ephraim, et qu'ils furent
5, 12. 11 remplit la main, etc. Voyez sur le sens de cette expression, Nombres, ai, 3.
— * Il fil un éphod. Voir Exode, xxvin, 4. — C'est-à-dire un vélement sacerdotal et
des idoles. Cette explication est ajoutée au texte original dans notre Vulgate.
7. Par sa parenté; du côté de sa mère; c'est-à-dire, qu'il appartenait à la tribu de
Juda par sa mère; car par son père il était de la race de Lévi. Ainsi l'écrivain sacré
fait ici cette remarque, dans le but d'expliquer pourquoi il demeurait à Bethléhem,
ville de la tribu de Juda, laquelle n'était pas du nombre des villes assignées aux
Lévites. Au lieu de par sa parenté, l'hébreu, plus explicite, dit : de la famille de Juda.
488 LES JUGES.
entrés dansla maison de Michas.
ils s'y reposerent ;
3. Et reconnaissant la voix du
jeune Lévite, et se trouvant dans
son logis, ils lui demandèrent :
Qui t'a amené ici? qu'y fais-tu?
pour quel motif as-tu voulu y
venir ?
4. ll leur répondit : Michas a
fait pour moi telle et telle chose,
et il m'a loué moyennant un sa-
laire, pour que je lui serve de
prêtre.
5. Or, ils le prierent de consul-
ter le Seigneur, afin qu'ils pus-
sent savoir s'ils feraient un heu-
reux voyage, et si leur entreprise
aurait son effet.
6. Il leur répondit : Allez en
paix, le Seigneur regarde votre
voie, etle chemin par lequel vous
allez.
7. S'en allant donc, les cinq
hommes vinrent à Laïs, et ils
virent que le peuple y habitait
sans aucune crainte, selon la
coutume des Sidoniens, en sé-
curité et tranquille, personne
absolument ne s'opposant à lui,
ayant de grandes richesses, loin
de Sidon, et séparé de tous les
hommes.
8. EL étant retournés vers leurs
frères à Saraa et à Esthaol, ils
répondirent à ceux qui leur de-
manderent ce qu'ils avaient fait :
9. Levez-vous, montons vers
eux, car nous avons vu la terre
tres riche ettres fertile; ne mettez
point de négligence, et ne diffé-
]08. xvir.]
rez point. Allons, et possédons-la,
il n'y aurà aucun labeur.
10. Nous entrerons chez des
gens en sécurité, dans une con-
irée trés étendue, et le Seigneur
nous livrera un lieu dans lequel
il n'y ἃ manque d'aucune chose
de ce qui est produit sur la terre.
11. Ils partirent donc de la fa-
mille de Dan, c'est-à-dire de Sa-
raa et d'Esthaol, six cents hom-
mes, munis d'armes de guerre,
19. Et, montant, ils demeurè-
rent à Cariathiarim de Juda; le-
quellieu, depuis cetemps-là,recut
le nom de Camp de Dan, et ii est
derriere Cariathiarim.
13. De là ils passèrent à 18 mon-
tagne d'Ephraim. Et lorsqu'ils
furent venus à la maison de Mi-
chas,
14. Les cinq hommes qui aupa-
ravant avaient été envoyés pour
considérer la terre de Lais, dirent
à tous leurs autres freres : Vous
savez qu'en ces maisons-là il y a
un ephod, des théraphims, une
image taillée au ciseau, et une
idole de fonte; voyez ce qui vous
plait.
15. Lors donc qu'ils se furent.
un peu détournés, ils entrèrent
dans la maison du jeune Lévite
qui était dans la maison de Mi-
chas ; et ils 16 saluerent avec des
paroles de paix.
16. Cependant, les six cents
hommes, tels qu'ils étaient ar-
més, se tenaient devant la porte.
11. Mais ceux qui étaient entrés
1.* A Lais. Voir y. 27. — Sidon, capitale de la Phénicie, avant Tyr; port de mer
sur la Méditerranée.
8. * A Saraa. Voir plus haut, xiu, 2. — À Esthaol. Voir xvi, 31.
12. * Cariathiarim, la ville des fourrés, probablement aujourd'hui Erma, entre les
hautes montagnes de Juda et les collines plus basses.
44. * Un éphod. Voir la note sur Exode, xxvin, 4.
[cu. xvin.)
dans la maison du jeune homme
s'efforcaient d'enlever l'image
taillée au ciseau, l'éphod, les thé-
raphims et l'idole de fonte; et le
prétre se tenait devant la porte,
les six cents hommes tres vail-
lants se tenant non loin de là.
18. Ceux done qui étaient en-
trés enleverent l'image taillée au
ciseau, l'éphod, les idoles, et celle
de fonte. Le prétre leur dit : Que
faites-vous?
19. Ils lui répondirent : Tais-
toi, et mets ton doigt sur ta bou-
che; et viens avec nous, afin que
nous t'ayons pour père et pour
prétre. Lequel est le meilleur
pour toi, que tu sois prétre dans
la maison d'un homme, ou dans
une tribu et une famille en Is-
rael?
90. Ce qu'ayant entendu, il ac-
quiesca à leurs paroles, prit l'é-
phod, les idoles et l'image taillée
au ciseau, et partit avec eux.
21. Lorsqu'ils étaient en che-
min, et qu'ils avaient fait aller
devant eux les enfants, les bes-
liaux et tout ce qui était pré-
cieux,
22. Et que déjà ils étaient loin
dela maison de Michas, les hom-
mes qui demeuraient dans la mai-
son de Michas, s'appelant les uns
les autres, les suivirent,
23. Et se mirent à crier après
eux. Ceux-ci s'étant retournés,
dirent à Michas : Que demandes-
tu? Pourquoi eries-tu ὃ
24. Il répondit : Vous m'avez
!
i
LES JUGES.
489
enlevé mes dieux que je me suis
faits, mon prétre, et tout ce que
j'ai, et vous dites : Qu as-tu?
25. Et les enfants de Dan lui
dirent : Prends garde que tu ne
nous parles davantage, que des
hommes excités par la colere ne
viennent contre toi, et que toi-
méme tu ne périsses avec toute
ta maison.
26. Et ils continuèrent ainsi
leur chemin commencé. Mais Mi-
chas, voyant qu'ils seraient plus
forts que lui, s'en retourna à sa
maison.
27. Gependant les six cents
hommes emmenèrent le prétre
el ce que nous avons dit plus
haut; et ils vinrent à Lais, chez
un peuple tranquille et en sécu-
rité, et ils les frappèrent du tran-
chant du glaive, et livrèrent la
ville aux flammes,
28. Personne absolument ne
portant secours aux habitants de
Lais, parce qu'ils habitaient loin
de Sidon, et qu'ils n'avaient avec
quelque homme que ce soit au-
cune société et aucun commerce.
Or, la ville était située dans la
contrée de Rohob; et l'ayant re-
construite, ils y habitèrent,
29. Appelant cette ville du nom
de Dan, selon 16 nom de leur pere
qu'avait engendré Israél, elle qui
auparavant était appelée Lais. =
30. Ils érigèrent pour eux l'i-
mage taillée au ciseau, et Z/s éta-
blirent Jonathan, fils de Gersam,
fils de Moise, et ses fils prétres
| 21. * Lais. Ville de la frontiére septentrionale de la Palestine, à une des sources
du Jourdain; aujourd'hui Tell el-Kadi. Il n'y a actuellement qu'un moulin.
38. * Rohob n'est connu que vaguement d’après l'indication donnée ici. Il était au
sud d'Emath, sur la route de cette ville.
30. Fils de Gersam; c'est-à-dire petit-fils ou descendant; car le mot fils en hébreu
est susceptible de ces différentes significations.
490
dans la tribu de Dan, jusqu'au
jour de leur captivité.
91. Et l'idole de Michas demeu-
ra parmi eux pendant tout le
temps que la maison de Dieu fut
à Silo. En ces jours-là il n'y avait
point de roi dans Israél.
CHAPITRE XIX.
Outrage fait à la femme d'un Lévite par
les habitants de Gabaa.
1. Il y eut un certain homme
Lévite, habitant sur le cóté de la
montagne d'Ephraim, et qui prit
une femme de Bethléhem de
Juda,
2. Laquelle le quitta; et étant
retournée dans la maison de son
pere à Bethléhem, elle demeura
chez lui pendant quatre mois.
3. Mais son mari la suivit, vou-
lant se réconcilier avec elle, la
gagner par ses caresses, et la ra-
mener chez lui; il avait avec lui
un serviteur et deux ânes. Sa
femme l'accueillit et l'introduisit
dans 18 maison de son père. Lors-
que son beau-père eut apprit sa
venue, et qu'il l'eut vu, il alla au-
devant de lui tout joyeux,
4. Et il 'embrassa. Or, le gen-
dre demeura dans la maison du
beau-pere pendant trois jours,
mangeant avec lui et buvant fa-
milierement.
5. Mais au quatrième jour, se
levant de nuit, il voulut partir.
Son beau-père le retint, etlui dit :
Goüte d'abord un peu de pain, et
fortifie ton estomac, et ensuite tu
partiras.
LES JUGES.
[cn. xix.]
6. Ils s'assirent donc ensemble,
et ils mangèrent et burent. Et le
père de la jeune fille dit à son
gendre : Je te prie de demeurer
aujourd'hui, et que nous nous ré-
jouissions ensemble.
7. Mais lui, se levant, commen-
ça à vouloir partir; mais néan-
moins son beau-père le retint par
ses efforts et le fit demeurer chez
lui.
8. Mais, le matin venu, le Lé-
vite préparait son voyage; et son
beau-père de nouveau : Je te prie,
lui dit-il, prends un peu de nour-
riture, et, tes forces réparées, at-
tends que le jour soit plus avan-
cé, ensuite tu partiras. Ils man-
gerent donc ensemble.
9. Et le jeune homme se leva,
pour aller avec sa femme et son
serviteur. Son beau-père lui dit
de nouveau : Considère que le
jour est plus incliné vers le cou-
chant, et qu'il s'approche du soir;
demeure chez moi encore aujour
d'hui, passe un jour joyeux, et
demain tu partiras pour aller à ta
maison.
10. Son gendre ne voulut pas
acquiescer à ses paroles; mais il
partit aussitót, et vint contre Jé-
bus, qui est appelée d'un autre
nom Jérusalem, prenant avec lui
deux ânes chargés et sa seconde
femme.
11. Et déjà ils étaient pres de
Jébus, et le jour se changeait en
nuit, lorsque le serviteur ditàson
maitre : Venez, je vous conjure,
dirigeons-nous vers la ville des
Jébuséens, et demeurons-y.
31. La maison de Dieu, signifie le saint tabernacle. — * Fut à Silo. Voir la note
sur Josué, XVIII, 1.
1. * Belhléhem. Noir Ruth, t, 4.
[. זוע .6₪]
12. Son maitre Iui répondit : Je
n'entrerai point dansla ville d'une
nation étrangere, qui n'est point
des enfants d'Israël ; mais je pas-
serai jusqu'à Gabaa ;
13. Et lorsque j'y serai parve-
nu, nous y demeurerons, ou au
moins dans la ville de Rama.
14. Ils passèrent donc Jébus, et
ils continuaient le chemin com-
mencé, et le soleil se couchait
pour eux près de Gabaa, qui est
dans la tribu de Benjamin;
45. EL ils se dirigèrent vers cette
ville pour y demeurer. Lorsqu'ils
y furent entrés, ils s'assirent sur
la place de la ville, et nul ne vcu-
lut leur donner l'hospitalité.
16. Mais voilà que parut un
homme vieux, revenant de la
campagne et de son travail, sur
le soir, qui lui aussi était de la
montagne d'Ephraim, et qui ha-
bitait comme étranger à Gabaa.
Or, les hommes de la contrée
étaient enfants de Jémini.
17. Et, les yeux levés, ce vieil-
lard vit le Lévile assis avec ses
bagages sur la place de la ville,
et il lui demanda : D'oü viens-tu?
et oü vas-tu?
18. Celui-ci lui répondit : Nous
sommes partis de Bethléhem de
Juda, et nous nous rendons à no-
ire demeure, qui est sur le côté
de la montagne d'Ephraim, d'oü
nous étions allés à Béthléhem; et
maintenart nous allons à la mai-,
Cap. XIX. 22. Genèse, xix, ὃ.
12. * Gabaa, aujourd’hui Tuleil el-Fül.
LES JUGES.
401
son de Dieu, et nul ne veut nous
recevoir sous son toit,
19. Quoique nous ayons de la
paile et du foin pour la páture
des ânes, et du pain et du vin
pour mon usage, et celui de votre
servante, et du serviteur qui est
avec moi : nous n'avons besoin
de rien, si ce n'est d'un logement.
20. Le vieillard lui répondit :
La paix soit avec vous! c'est moi
qui donnerai tout ce qui est né-
cessaire, seulement, je te prie,
ne demeure point sur la place.
91. Et il l'introduisit dans sa
maison, etil donna à manger aux
ânes ; et aprés qu'eux-mémes eu-
rent lavé leurs pieds, il leur don-
na un repas.
22. Pendant qu'ils mangeaient,
et qu'apres la fatigue du chemin
ils redonnaient des forces à leurs
corps en mangeant et en buvant,
il vint des hommes de cette ville,
fils de Bélial (c'est-à-dire sans
joug); et environnant la maison
du vieillard, ils se mirent à frap-
per àla porte, criant au maitre
de la maison, et disant : Fais sor-
tir l’homme qui est entré dans ta
maison, afin que nous en abu-
sions.
23. Alors 16 vieillard sortit vers
eux et dit : Gardez-vous, mes
frères, gardez-vous de faire ce
mal : cet homme est entré sous
mon toit hospitalier, et renoncez
à cette folie :
18. À la maison de Dieu; auprès du saint tabernacle, qui est à Silo; ou bien à Silo où
est le tabernacle; car quelquefois Silo elle-même est appelée maison de 0100. Voy. xx, 18.
19. Par l'expression volre servante, 16 Lévite désigne sa propre femme.
92. Sans joug; c'est-à-dire ne pouvant supporter aucun joug. indisciplinés, indomp:
tables. Selon l'étymologie, Bélial signifie sans ulililé, vaurien, Compar. notre note sur
Il Corinth., νι, 15.
492 LES JUGES.
24. J'ai une fille vierge et cet
homme a sa seconde femme; je
les amènerai vers vous, afin que
vous les humiliez, et que vous
assouvissiez votre passion; seu-
lement, je vous conjure, ne com-
mettez pas ce crime contre nature
sur cet homme.
\ . . .
| 25. Ils ne voulaient pas acquies-
cer à ses paroles. Ce que voyant
16 Lévite il leur amena sa femme,
et la livra à leurs outrages; lors-
quils en eurent abusé pendant
toute la nuit, ils la renvoyèrent
le matin.
26. Mais cette femme, les ténè-
bres de la nuit se retirant, vint à
la porte de la maison où demeu-
rait son seigneur, et là elle tomba
par terre.
Le matin venu, 16 Lévite se .דש
leva, et ouvritla porte, pour ache-
versaroute commencée : et voilà
que sa femme gisait devant la
porte, les mains étendues sur le
seuil.
28. Pensant qu'elle reposait, il
lui dit : Lève-toi et marchons.
Elle ne répondant rien, il comprit
qu'elle était morte; il la prit, la
mit sur l'àne et retourna en sa
maison.
29. Lorsqu'il y fut entré, il prit
le glaive, et coupant par mor-
(παρ. XX. 1. Osée, 1x, 9.
[cu. xx.]
ceaux le cadavre de sa femme
avec ses os en douze parts, il les
envoya dans tous les confins d'Is-
raël.
30. Ce que chacun ayant vu,
tous s'écriaient : Jamais chose pa-
reille n'a été faite en Israël, de-
puis le jour que nos pères sont
montés de l'Egypte jusqu'au
temps présent : prononcez une
sentence, et décidez ensemble ce
qu'il faut faire.
CHAPITRE XX.
Les Israélites vengent sur les enfants de
Benjamin l'injure faite au Lévite.
1. C’est pourquoi tous les en-
fants d'Israël sortirent, et s'étant
réunis ensemble comme un seul
homme, depuis Dan jusqu'à Ber-
sabée, 208 se rendirent, ainsi que
la terre de Galaad, vers le Sei-
gneur, à Maspha;
2. Tous les chefs du peuple et
toutes les tribus d'Israél vinrent
ensemble dans 1888612166 du
peuple de Dieu, quarante mille
combattants à pied.
3. (Et les enfants de Benjamin
n'ignorerent pas que les enfants
d'Israël étaient montés àMaspha.)
Et le Lévite, mari de la femme
qui avait été tuée, interrogé com-
29. Le glaive; le texte hébreu porte, 76 couteau. — Dans tous les confins; dans tous
les lieux occupés par les enfants d'Israël; c'est-à-dire qu'il envoya une part dans
chacune des tribus d'Israël.
1. Depuis Dan jusqu'à Bersabée; depuis une extrémité du pays jusqu'à l'autre;
Dan étant située à l'extrémité septentrionale de la terre de Chanaan, et Bersabée à
l'extrémité méridionale. — La terre de Galaad; expression elliptique pour les hahi-
tants de la terre de Galaad; ce qui veut dire 1c1 la tribu qui était au delà du Jour-
dain. — Le peuple d'Israél s'assembla souvent à Maspha, et on lit dans le premier
livre des Machabées (III, 46) que cette ville était un lieu de prières.
2. Les chefs du peuple; littér. : les angles du peuple; ceux qui étaient comme les
pierres angulaires qui soutenaient tout l'édifice de la nation. Cette métaphore est
souvent employée dans l'Ecriture.
]68. xx.]
ment un si grand crime avait été
commis,
4. Répondit : Je vins dans la
ville de Gabaa de la tribu de Ben-
jamin avec ma femme, et j'y lo-
geai;
5. Et voilà que des hommes de
cette ville environnerent pen-
dant la nuit la maison dans la-
quelle je demeurais, voulant me
tuer, et tourmentant ma femme
avec une fureur incroyable inspi-
rée par la passion; enfin elle est
morte.
6. L'ayant prise, je la coupai
par morceaux, et j'envoyai les
parts dans tous les confins de
votre possession, parce que ja-
mais une action si horrible et un
si grand forfait n'ont été commis
dans Israél.
7. Vous étes tous ici présents,
enfants d'Israél, décidez ce que
vous devez faire.
8. Et tout le peuple qui était
là, répondit comme avec la voix
d'un seul homme : Nous ne re-
tournerons point dans nos taber-
nacles, ni personne n'entrera en
sa maison ;
9. Mais voici ce que nous ferons
tous ensemble contre Gabaa :
10. Qu'on choisisse dixhommes
sur cent d'entre toutes les tribus
d'Israël, cent sur mille, et mille
sur dix mille, afin qu'ils portent
à l'armée des vivres, et que nous
puissions combattre contre Ga-
baa de Benjamin, et lui rendre
selon son crime, ce qu'elle mé-
rite.
11. Ainsi, tout Israél se rendit
auprès de la ville, comme un seul
LES JUGES.
493
homme, dans un méme esprit, et
une méme résolution.
12. Et ils envoyèrent des mes-
sagers à toute la tribu de Benja-
min, pour dire : Pourquoi une
action si horrible s'est-elle trou-
vée parmi vous?
13. Livrez-nous les hommes de
Gabaa qui ont commis cette in-
famie, afin qu'ils meurent et que
le mal soit enlevé d'Israél. Les
Benjamites ne voulurent point
entendre l’ordre de leurs frères
les enfants d'Israël;
44. Mais ils vinrent de toutes
les villes qui étaient de leur lot,
à Gabaa pour la secourir, et pour
combattre contre tout le peuple
d'Israél.
15. Et il se trouva vingt-cinq
mille Benjamites, tirant le glaive,
outre les habitants de Gabaa,
16. Qui étaient sept cents hom-
mes très vaillants, combattant
de la main gauche comme de la
droite, et jetant les pierres dans
les frondes avec tant de süreté,
qu'ils pouvaient frapper méme
un cheveu, sans que le coup de
la pierre portât le moins du mon-
de en un autre endroit.
47. Il se trouva aussi, sans les
enfants de Benjamin, quarante
mille hommes d'Israël, tirant le
glaive et préparés au combat,
18. Et qui, se levant, vinrent à
la maison de Dieu, c’est-à-dire à
Silo; et ils consultèrent Dieu, et
dirent : Qui sera dans notre ar-
mée le prince du combat contre
les enfants de Benjamin? Le Sei-
gneur leur répondit : Que Juda
soit votre chef.
4. * Gabaa. Voir xix, 12.
18. * A Silo. Silo est mis ici par erreur; il s'agit de Béthel,
404
19. Et aussitót les enfants d'Is-
raél, se levant dès le matin, cam-
pèrent près de Gabaa;
20. Et de là s'avancant au com-
bat contre Benjamin, ilscommen-
cerent à assiéger la ville.
21. Mais les enfants de Benja-
min étant sortis de Gabaa, tue-
renten ce jour-là vingt-deux mille
hommes des enfants d'Israél.
292. Les enfants d'Israël, se con-
fiant en leur force et en leur
nombre, serangerent de nouveau
en bataille, dans le méme lieu
dans lequel ils avaient combattu
auparavant ;
23. De manière cependant
qu'auparavant ils montèrent et
pleurèrent devant le Seigneur
jusqu'à la nuit, qu'ils le consul-
tèrent et dirent : Dois-je aller
encore en avant pour combattre
contre les enfants de Benjamin,
mes freres, ou non? le Seigneur
leur répondit : Montez à eux, et
engagez la bataille.
24. Et lorsque le jour suivant,
les enfants d'Israël se furent
avancés au combat contre les en-
fants de Benjamin,
25. Les enfants de Benjamin
sortirent avec impétuosité des
portes de Gabaa, et les rencon-
trant, ils en firent un si grand
carnage, qu'ils tuèrent dix-huit
mille hommes, tirant le glaive.
26. C’est pourquoi tous les en-
fants d'Israël vinrent à la maison
de Dieu, et, assis, ils pleuraient
devant le Seigneur. Ils jeunèrent
ce jour-là jusqu'au soir, et ils lui
offrirent des holocaustes et des
victimes pacifiques ;
31. * Béthel. Voir Genèse, xit, 8.
LES JUGES.
[cu. xx.]
27. Et ils le consultèrent sur
leur situation. En ce temps-là
l'arche du Seigneur était en ce
lieu,
28. Et Phinées, fils d'Eléazar,
fils d'Aaron était préposé sur la
maison de Dieu. 115 consulterent
done le Seigneur et dirent : De-
vons-nous sortir encore au com-
bat contre les enfants de Benja-
min, nos freres, ou rester en re-
pos? Le Seigneur leur répondit :
Montez, car demain je les livrerai
en vos mains.
29. Alors les enfants d'Israël
placerent des embuscades autour
de la ville de Gabaa.
30. Et pour la troisieme fois,
comme pour la premiere et la se-
conde, ils firent avancer leur ar-
mée contre les enfants de Benja-
min.
31. Mais les enfants de Benja-
min aussi sortirent audacieuse-
ment de la ville et poursuivirent
très loin leurs ennemis qui
fuyaient; en sorte qu'ils en bles-
serent, comme au premier et au
second jour, qu'ils taillèrent en
pieces ceux qui prenaient la fuite
par les deux chemins, dont l'un
se prolongeait jusqu'à Béthel, et
l’autre jusqu'à Gabaa, et qu'ils
tuèrent environ trente hommes ;
32. Car ils pensaient qu'ils les
tailleraient en pièces comme de
coutume. Mais les enfants d'Is-
raél, feignant adroitement une
fuite, avaient le dessein de les
éloigner de la ville, et de les at-
lirer, en paraissant fuir, dans les
susdits chemins.
33. C'est pourquoi tous les en-
33. * Baalthamar, ville de la tribu de Benjamin, dans les environs de Gabaa.
xx.) .אס]
fants d'Israël s'étant levés de
leurs postes, étendirent leurs li-
gnes dans le lieu qui est appelé
Baalthamar. L'embuscade aussi
qui était autour de la ville, com-
menca à se montrer peu à peu,
Et à s'avancer par la partie .34
occidentale de la ville. Mais de
plus, dix autres mille hommes,
choisis entre tout Israél, provo-
‘quaient les habitants de la ville
au combat. Ainsi, la guerre con-
tre les enfants de Benjamin aug-
menta; etils ne comprirent point
que la mort les pressait de toule
part.
35. Le Seigneur donc les frappa
en présence des enfants d'Israél,
qui tuèrent, en ce jour-là, vingt-
cinq mille et cent hommes, tous
euerriers, tirant le glaive.
36. Or, les enfants de Benja-
min, lorsqu'ils virent qu'ils
étaient inférieurs, commencèrent
à fuir. Ce qu'apercevant les en-
fants d'Israél, ils leur firent place
pour fuir, afin qu'ils arrivassent
à l'embuscade préparée près de
la ville.
31. Et ceux qui étaient embus-
qués, s'étant levés soudainement
de leur retraite, et ayant taillé
en pièces Benjamin qui fuyait,
entrerent dans la ville et la frap-
pèrent du tranchant du glaive.
38. Or les enfants d'Israël
avaient donné pour signal à ceux
qu'ils avaient mis en embuscade,
qu'après qu'ils auraient pris la
ville, ils allumeraient un feu, afin
que, la fumée s'élevant en haut,
ils montrassent que la ville avait
été prise.
LES JUGES.
495
39. Lorsque les enfants d'Is-
raël placés au milieu du combat
s'en aperçurent (car les enfants
de Benjamin pensèrent qu'ils
fuyaient, et ils les poursuivaient
plus vivement, après avoir taillé
en pièces trente hommes de leur
armée),
40. Et qu'ils virent comme une
colonne de fumée s'élever de la
ville, tandis que Benjamin aussi
regardant en arriere, s'apercut
que la ville était prise, et que les
flammes étaient portées dans les
airs,
41. Les Israélites qui aupara-
vant avait feint une fuite, faisant
volte-face, résistaient plus forte-
ment. Ce qu'ayant vu, les enfants
de Benjamin prirent la fuite,
49. Et commencèrent à aller
dans la voie du désert, les enne-
misles poursuivantméme jusque-
là; mais en outre ceux qui avaient
incendié la ville, vinrent à leur
rencontre.
43. Et ainsi il arriva que de l'un
et de l'autre côté, ils étaient tail-
lés en pieces par les ennemis
el on ne faisait nullement de
quarüer aux mourants. Ils tom-
berent, et restèrent terrassés, au
côté oriental de la ville de Gabaa. |
44. Or, il y eut qui furent tués
en ce méme lieu, dix-huit mille
hommes, et tous tres forts com-
battants.
45. Ce qu'ayant vu ceux qui
étaient restés de Benjamin, ils
s'enfuirent dans le désert, et ils
allaient vers le rocher dont le
nom est Remmon. Dans cette
fuite aussi, comme ils étaien:
34. Choisis. Ce mot se lit dans l'hébreu, et il est nécessaire pour donner le véri-
table sens de la phrase,
496 LES JUGES.
errants cà et là, prenant divers
chemins, les enfants d'Israël en
tuèrent cinq mille; et comme ils
passaient plus loin, ils les pour-
suivirent, et en tuerent encore
deux autres mille.
40. Et ainsi il arriva que tous
ceux de Benjamin qui tombèrent
en divers lieux,étaient au nombre
de vingt-cinq mille, guerriers très
portés à la guerre.
47. C'est pourquoi de toute
l'armée de Benjamin, il resta qui
purent s'échapper et s'enfuir
dans le désert, six cents hommes;
et ils demeurérent au rocher de
hemmon pendant quatre mois.
48. Mais les enfants d'Israël
étant revenus, frappèrent du
glaive tout ce qui restait dans la
ville, depuisleshommes jusqu'aux
bétes; mais toutes les villes et
les bourgades, une flamme dévo-
rante les consuma.
CHAPITRE XXI.
Ruine de Jabés-Galaad. Filles données
aux Benjamites.
1. Les enfants d'Israél jurèrent
aussi à Maspha, et dirent : Nul
de nous ne donnera aux enfants
de Benjamin de ses filles pour
femmes.
9. Et ils vinrent tous à la
maison du Dieu, à Silo, et, assis
[cu. [.זאא
en sa présence jusqu'au soir, ils
commencerent à pleurer avec de
grands cris, disant :
3. Pourquoi, Seigneur Dieu
d'Israél, est-il arrivé dans votre
peuple ce malheur, qu'aujour-
d'hui une tribu ait été retranchée,
au milieu de nous?
4. Mais le jour suivant, se
levant au point du jour, ils cons-
truisirent un autel, ils y offrirent
des holocaustes et des victimes
pacifiques, et ils dirent :
5. Qui d'entre toutes les tribus
d'Israël n'est pas monté avec
l'armée du Seigneur? Car ils s'é-
laient engagés par un grand ser-
ment, lorsqu'ils étaient à Maspha,
de tuer ceux qui y auraient
manqué.
6. Et touchés de repentir par
rapport à leur frère Benjamin,
les Israélites commencèrent ἃ
dire : Une tribu a été retranchée
d'Israél.
7. D'où prendront-ils des
femmes? Car tous ensemble
nous avons juré que nous ne
leur donnerions point nos filles.
8. C'est pourquoi ils dirent :
Qui est celui d'entre toutes les
tribus d'Israél, qui n'est pas
monté versle Seigneur à Maspha?
Et voilà que les habitants de Ja-
bes-Galaad se trouvèrent n'avoir
pas été avec l'armée.
AT. * Au rocher de Remmon,- à 15 milles romains au nord de Jérusalem, d’après
2 ,
Eusébe.
1. Jurérent aussi à Maspha; ce mot aussi de la Vulgate donne au prétérit yurèrent
le sens du plus-que-parfait qui se trouve dans le texte original, et qui rattache ainsi
ce serment à l'assemblée que les Israélites avaient tenue à Maspha. Voy. xx.
6. Leur frère Benjamin; c'est-à-dire leurs frères de la tribu de Benjamin. Ici,
comme souvent ailleurs, le fondateur de la tribu se prend pour la tribu elle-méme.
8. * Jabés-Galaad, ville de Galaad, dans le voisinage;de Pella. La situation exacte
de cette ville n'est pas connue. Peut-étre était-elle située à Ed-Deir, prés de l'ouadi
Yabés, à cinq heures de marche au sud-est de Bethsan.
[cu. xx1.]
9. (Dans 16 temps méme que
les enfants d'Israél étaient à Silo,
nul d'eux ne s'y trouva).
10. C'est pourquoi ils envoye-
rent dix mille hommes tres forts,
et ils leur ordonnerent, disant :
Allez, et frappez les habitants de
Jabes-Galaad du tranchant du
glaive, tant les femmes que leurs
petits enfants.
11. Et voici ce que vous devrez
observer: Tuez tout ce qui est du
sexe masculin, et les femmes
qui ont connu des hommes ; mais
les vierges, réservez-les.
12. Et il se trouva à Jabes-Ga-
laad quatre cents vierges qui
n'avaient pas connu de lit
d'homme, et ils les emmenerent
au camp à Silo, dans la terre de
Chanaan.
13. Ils envoyèrent ensuite des
messagers aux enfants de Ben-
jamin, qui étaient au rocher de
Remmon, et ils leur ordonnèrent
de les recevoir en paix.
14. Et les enfants de Benjamin
vinrent en ce temps-là, et on
leur donna pour femmes des
filles de Jabes-Galaad; mais on
n'en trouva point d'autres qu'on
pût leur donner de la méme ma-
niere.
15. Et tout Israél éprouva une
grande douleur, et fit pénitence
du meurtre d'une des tribus d'Is-
rael.
16. Et les anciens dirent : Que
ferons-nous pour les autres qui
XXI. 11. Nomb., xxxi, 17, 18. .אס
LES JUGES. 497
n’ont pas reçu de femmes? Toutes
les femmes en Benjamin sont
tombées à la fois,
17. Et nous devons avec un
grand soin et un grand zèle,
pourvoir à ce qu’une des tribus
d'Israël ne soit pas détruite.
18. Cependant nous ne pouvons
leur donner nos filles, liés par le
serment et la malédiction dans
laguelle nous avons dit : Maudit
celui qui donnera de ses filles
pour femmes à Benjamin!
19. Ils prirent donc cette ré-
solution, et ils dirent : Voici que
la solennité anniversaire du Sei-
gneur est à Silo, qui est située
au septentrion de la ville de bé-
thel, et au cóté oriental de la voie
qui de Béthel s'étend jusqu'à Si-
chem et au midi de la ville de
Lébona.
20. Et ils ordonnerent aux en-
fants de Benjamin, et dirent : Al-
lez, et cachez-vous dans les vi-
gnes.
21. Et iorsque vous verrez les
filles de Silo s'avancer pour for-
mer des danses, selon la coutume,
sortez soudainement des vignes,
prenez parmi elles chacun votre
femme, et allez dans la terre de
Benjamin.
22. Et lorsque leurs peres et
leurs freres viendront se plaindre
de vous, et vous accuser, nous
leur dirons: Ayez pitié d'eux ; car
ils ne les ont pas enlevées par le
droit des combattants et des vain-
16. Sont tombées à la fois, sous les coups du glaive. Voy. vers. 10, 11.
19. * Béthel. Voir Genése, xu, 8. — Lébona, ville au nord de Silo.
20. * Cachez-vous dans les vignes. Les vignes qui, du temps de Josué et des Juges,
étaient aux environs de Silo, ont aujourd'hui disparu. Avec la ruine du village, la
désolation s'est répandue sur les collines d'alentour.
A. T.
2
498 LES JUGES.
queurs; mais quand ils ont de-
mandé à les avoir, vous ne les
avez pas données; ainsi c'est de
votre cóté qu'est la faute.
93. Et les enfants de Benjamin
firent comme il leur avait été
commandé; et, selon leur nom-
bre, chacun enleva une des filles
qui formaient des danses, pour
en faire sa femme; et ils s'en al-
(cu. xxr.]
lèrent dans leurs possessions,
rebâtissant les villes et. y habi-
tant.
24. Les enfants d'Israël aussi
retournerent, selon leurs tribus
et leurs familles, dans leurs ta-
bernacles. En ces jours-là, il n’y
avait point de roi en Israél, mais
chacun faisait ce qui lui paraissait
juste.
23. Rebátissant. C'est le sens qu'exige l'article qui se trouve en hébreu devant le
mot villes. Les villes dont il est ici question existaient déjà; et d'ailleurs, comme
nous l'avons remarqué dans un autre endroit (Nombr., xxxn, 34), le verbe hébreu
bálir, signifie souvent par extension rebátir, reconstruire, reslaurer, embellir un
édifice,
INTRODUCTION
AU LIVRE bE RUTH
Le petit livre qui porte le nom de Ruth a pour objet principal de nous faire
connaitre la généalogie de David, le fondateur de la race royale, et celle de
Jésus-Christ. Cette généalogie, qui n'est point donnée par le livre des Rois, se
lit ici, rv, 18-21; elle est incomplète, car de Pharés, fils de Juda, jusqu'à David,
elle ne comprend que dix membres, ce qui est insuffisant pour un intervalle de
six à huit siécles; mais l'auteur ἃ voulu nous indiquer seulement les principaux
ancêtres du grand roi, et établir qu'il descendait de Juda, fils de Jacob.
L'histoire d'une Moabite, Ruth, a fourni à l'écrivain sacré l'occasion de raconter
l'origine du véritable fondateur de la monarchie israélite. Elle vivait du temps
des Juges; c'est pourquoi ce livre est considéré comme une sorte d'appendice
ou de supplément au livre méme des Juges. Il est d'ailleurs impossible de fixer
à quelle date précise se sont passés les événements mentionnés dans Ruth. Des
critiques ont pensé que c'était pendant les invasions des Madianites qu'avait eu
lieu la famine dont parle 1, 1; Josèphe dit que Booz vivait du temps d'Héli,
aprés la mort de Samson. On ne peut résoudre la question. Nous ne savons
pas davantage quel est l'auteur de cet écrit. Le style ne ressemble ni à celui
du livre des Juges ni à celui des deux premiers livres des Rois. Plusieurs l'ont
attribué à Samuel, d'autres à Ézéchias, mais sans preuves. Il a été probable-
ment composé peu aprés la mort de David, puisque la généalogie finale
s'arrête à ce roi, tv, 22.
Le livre de Ruth nous fait pénétrer dans l'intérieur d'une famille bethléhémite
et nous trace un tableau achevé de la vie domestique. C’est une ravissante
idylle d'une incomparable fraicheur, d'une grâce charmante, d'une délicate
sobriété de touche, une œuvre d'art exquise. Le plus habile poéte n'aurait pu
imaginer des caractères mieux harmonisés et mieux choisis. Quelle belle figure
que celle de Booz, homme de foi, plein de l'idée de Dieu, dont la pensée est
présente à tous les détails de sa vie, diligent et soigneux dans la culture de
ses terres, bon pour ses serviteurs, condescendant envers eux, aimé de tous;
libéral envers les étrangers, respectant le droit des autres et observant la loi,
jusque dans son amour pour Ruth, sa parente! — Quelle touchante et sympa-
thique figure que celle de cette Moabite, d'un dévouement si généreux pour sa
belle-mére et pour la mémoire de son époux, d'une modestie si simple, d'une
patience si grande dans le support de la pauvreté, d'une docilité si candide aux
avis de Noémi! Cette étrangère, adoptée par le peuple de Jéhovah, à cause de
ses vertus, destinée à devenir un des ancétres du Messie, n'est pas seulement
pour nous un beau caractére : elle est le gage de notre vocation à la foi, pour
500 INTRODUCTION AU LIVRE DE RUTH.
nous, gentils, qui avons été appelés comme elle de l'erreur à la vérité. —
Noémi est le type de la mère de famille, de la femme forte que devait chanter
plus tard l'auteur des Proverbes; c'est la femme religieuse, fidèle à remplir ses
devoirs avec tact, sagesse et prudence, comptant toujours sur Dieu, dans l'ad-
'versité comme dans la prospérité. — Et pour faire contraste à ces figures si
attachantes, Orpha, qui n'est point méchante, mais qui n'a pas le cœur assez
généreux pour suivre jusqu'au bout sa belle-mére, la quitte aprés l'avoir em-
brassée et renonce ainsi à la vraie religion, comme sans s'en douter, pour
retourner chez elle, vers son peuple et « vers ses dieux, » et demeurer paienne.
« Le petit livre de Ruth, dit Roos, est placé au milieu de livres remplis de
récits de guerres et d'autres grands événements comme une peinture gracieuse
et incomparable d'honnéteté, de décence, de sagesse et de droiture... Cette
belle histoire renferme des types de toutes les vertus nécessaires dans la vie
domestique et sociale. C'est la gloire éternelle du Dieu d'Israél d'avoir été
honoré, au milieu de la liberté dont son peuple jouissait à cette époque, par
tant de chasteté, de justice, d'amour, de bienséance. Qu’étaient donc Noémi,
Booz, Ruth? C'étaient des paysans. Combien charmante est leur éloquence!
Combien touchante leur amitié! Combien délicate leur conduite! Quelle pru-
dence et quel jugement ils manifestent |
rm RÀ MÀ à
RUTH
CHAPITRE PREMIER.
iElimélech se retire dans le pays de Moab.
Il y meurt. Ses fils s'y marient. Noémi
sa femme avec Ruth, sa bru, retourne
à Bethléhem.
1. Aux jours d'un juge, lorsque
les juges gouvernaient, il y eut
une famine sur la terre. Or, un
homme s'en alla de Bethléhem
de Juda, pour voyager dans le
pays de Moab, avec sa femme et
ses deux enfants.
2. Cet homme s'appelait Elimé-
lech, sa femme Noémi, et ses
deux fils, l'un Mahalon et l'autre
Chélion; ils étaient Ephrathéens
de Bethléhem de Juda. Or, étant
entrés dans le pays de Moab, ils
y demeurerent.
3. Et Elimélech, mari de Noémi,
mourut; et elle resta avec ses
fils,
4. Qui prirent des femmes moa-
bites, dont l'une s'appelait Orpha,
etl'autre Ruth. Etils demeurerent
là pendant dix ans,
5. Puisils moururent tous deux,
c'est-à-dire Mahalon et Chélion :
et cette femme resta seule privée
de ses deux enfants et de son
mari.
6. Elle se leva donc pour aller
du pays de Moab dans sa patrie
avec l’une et l’autre de ses belles-
filles; car elle avait appris que le
Seigneur avait regardé son peu-
ple et lui avait donné dela nour-
riture.
1. C'est pourquoi elle sortit du
lieu de son pèlerinage avec l'une
et l'autre de ses belles-filles; et
s'étant déjà mise en chemin pour
retourner dans la terre de Juda,
8. Elle leur dit : Allez en 18 mai-
son de votre mère, que le Sei-
gneur vous fasse miséricorde,
comme vous l'avez faite à ceux
qui sont morts, et à moi.
9. Qu'il vous donne de trouver
du repos dans les maisons des
maris qui doivent vous échoir.
Et elle les embrassa. Et elles, la
voix élevée, se mirent à pleurer,
10. Et à dire : Nous irons avec
vous chez votre peuple.
1. De Juda, est ajouté à Bethléhem, parce qu'il y avait un autre Bethléhem dans la
tribu de Zabulon. — * Bethléhem, gracieux village,à deux heures environ de Jérusalem
au sud, báti sur une double colline, tapissée de vignes et d'oliviers. Voir la note sur
Malthieu, τι, 1. — Moab, à l'est de la mer Morte.
2. Ephrathéens, veut dire ici hommes d'Ephrata, ou de Bethléhem, qui s'appelait
anciennement Ephrata; et non point hommes de la tribu d'Ephraim, comme en plu-
sieurs autres endroits.
6. Du pays de Moab, selon le texte hébreu, ne peut se rattacher qu'au verbe a//er;
mais il y a amphibologie dans la Vulgate.
8. Allez, etc. Les femmes demeuraient dans des appartements séparés de ceux des
hommes; ainsi les filles habitaient dans l'appartemeut de leurs mères,
502 RUTH.
11. Noémi leur répondit : Re-
tournez, mes filles, pourquoi ve-
nez-vous avec moi? Est-ce que
j'ai encore des fils dans mon sein,
pour que vous puissiez espérer
de moi des maris?
19. Retournez, mes filles, et
allez-vous-en; je suis déjà usée
de vieillesse, etnullement propre
au lien conjugal. Quand méme
je pourrais concevoir cette nuit
et enfanter des fils,
13. Si vous vouliez les attendre
jusqu'à ce qu'ils eussent grandi
et achevé les années de puberté
vous seriez vieilles avant de les
épouser. Non, mes filles, je vous
prie; parce que votre angoisse
pèse trop sur moi, et la main
du Seigneur est sortie contre
moi.
14. Ainsi, la voix élevée, elles
se mirent de nouveau à pleurer.
Orpha embrassa sa belle-mère,
et s'en retourna; Ruth s'attacha
à sa belle-mère;
15. Et Noémi lui dit : Voilà ta
belle-sœur qui est retournée à
son peuple et à ses dieux, va avec
elle.
16. Ruth répondit : N'insistez
point auprès de moi, pour que je
vous quitte et que je m'en aille,
car partout où vous irez, j'irai;
et là oü vous demeurerez, moi
aussi je demeurerai. Votre peuple
est mon peuple, et votre Dieu
mon Dieu.
11. Et la terre qui vous recevra
mourante, jy mourrai; et c'est
là que je prendrai le lieu de ma
(cn. 11.]
sépulture. Que le Seigneur me
fasse ceci et qu'il ajoute cela, si
ce n'est pas la mort seule qui me
sépare de vous.
18. Noémi voyant donc que
Ruth avait opiniátrément résolu
d'aller avec elle, ne voulut plus
s'y opposer, ni lui persuader de
retourner vers les siens.
19. Et elles partirent ensemble,
et elles vinrent à Bethléhem. En-
trées dans la ville, le bruit s'en
répanditpromptementparmi tous
les habitants, et les femmes di-
saient : Voilà cette Noémi.
20. Noémi leur dit : Ne m'appe-
lez point Noémi (c'est-à-dire belle);
mais appelez-moi Mara (c'est-à-
dire amère), parce que le Tout-
Puissant m'a remplie d'une gran-
de amertume.
21. Je suis sortie pleine, et
le Seigneur m'a ramenée vide.
Pourquoi done m'appelez-vous
Noémi, moi que le Seigneur à hu-
miliée et que le Tout-Puissant a
affligée.
29. Noémi vint donc avec Ruth,
la Moabite, sa belle-fille, de la
terre de son pèlerinage ; et elle re-
vint à Bethléhem, quand on com-
mencait à moissonner les orges.
CHAPITRE IT.
Ruth va glaner dans les champs de Booz.
Booz la comble de bonté.
1. Or Elimélech, mari de Noé-
mi, avait un parent, homme puis-
sant et de grandes richesses, du
nom de Booz.
11. Que le Seigneur, etc. Bien que les mots du texte hébreu différent un peu de
ceux de la Vulgate, le sens est le méme; il exprime une formule de serment usitée
dans ces anciens temps, mais abrégée ici par l’auteur sacré. C'est comme si l'on
disait: Que le Seigneur me punisse de tels et tels maux'et d'autres encore.
feu. u.] RUTH. 503
9. Et Ruth, la Moabite, dit à sa | traces des moissonneurs; et de-
belle-mère : Si vous ordonnez, | puis le matin jusqu à présent elle
j'irai dans le champ, et je recueil- | est. dans le champ, et elle n'est
lerailes épis qui auront échappé | pas méme retournée un moment
des mains des moissonneurs, | dans sa maison.
partout oü je trouverai gráce de- 8. Et Booz dit à Ruth : Ecoute,
vant un pere de famille, bon pour | mafille, ne va point dans un autre
moi. Noémi lui répondit : Va, ma | champ pour glaner, etne t'éloigne
fille. point de ce lieu; mais joins-toi à
3. C'est pourquoi elle s'en alla, | mes jeunes fiiles.
et elle recueillait les épis derriere 9. Et là où elles moissonneront,
les moissonneurs. Or, il arriva | suis-les. Car j'ai commandé à
que ce champ avait un maître du | mes serviteurs que personne ne
nom de Booz, qui était de la pa- | t'inquiète; et méme si tu as soif,
renté d'Elimélech. va oü sont les vases, et bois de
4. Et voilà que lui-méme venait | l'eau dont mes serviteurs eux-
de Bethléhem, et il dit aux mois- | mémes boivent.
sonneurs : Le Seigneur soit avec 10. Ruth, tombant sur sa face,
vous! Ceux-ci lui répondirent : | et se prosternant contre terre,
Le Seigneur vous bénisse! lui dit: D'oü me vient cela, que
5. Alors Booz dit au jeune hom- | j'aitrouvé gráce devant vos yeux,
me qui était à la téte des mois- | et que vous daigniez me connai-
sonneurs : À qui est cette jeune | tre, moi femme étrangere?
fille ?- 11. Booz lui répondit : On m'a
6. Il lui répondit : C’est cette | rapporté tout ce que tu as fait
Moabite qui est venue avec Noé- | pour ta belle-mère après la mort
mi du pays de Moab. de ton mari, et que tu as quitté
1. Elle a demandé de recueillir | tes parents et la terre où tu es
les épis restants, en suivant les | née, et que tu es venue chez un -
2. Dans le champ; voisin du lieu oü elles se trouvaient. — * Les épis qui auront
échappé des mains des moissonneurs. La récolte du froment commence ordinairement
en Palestine vers la fin de mai. Les moissonneurs, prenant les épis de la main
gauche, les coupent de la main droite avec une faucille, ou bien les arrachent avec
la main par la raciue; on les lie en gerbes avec un lien fait de la paille méme qu'on
vient de couper et on les laisse, ainsi liés, sur place. Hommes et femmes travaillent
aujourd'hui, comme du temps de Ruth, à cette opération. Ils avancent en diagonale
à travers le champ qu'ils moissonnent. Ce ne sont pas les cultivateurs ordinaires
qui moissonnent, ce sont des hommes pris à gage pour la journée.
3. * Elle recueillait les épis derriére les moissonneurs. Aujourd'hui comme du temps
de Ruth, « les plus pauvres parmi le peuple, la veuve et l'orphelin, se voient souvent
à la suite des moissonneurs, recueillant les épis qui ont été laissés en arrière. »
(VAN LENNEP.)
8. Mes jeunes filles; c'est-à-dire les jeunes filles qui me servent.
9. * Et méme si tu as soif, va où sont les vases et bois de l’eau dont mes serviteurs
eux-mêmes boivent. Les moissonneurs sont toujours trés altérés, aussi vont-ils boire
souvent à une eruche d'eau qu'on garde cachée à l'ombre d'un arbre ou dans des
broussailles. Les peintures égyptiennes représentant la moisson nous montrent pres-
que toujours des outres d'eau destinées aux ouvriers. Tantót une femme les leur
apporte, tantót on les voit boire à longs traits.
504 RUTH.
peuple, qu'auparavant tu ne con-
naissais pas.
12. Que le Seigneur te rende
selon tes œuvres et que tu re-
çoives une pleine récompense du
Seigneur Dieu d'Israël, vers le-
quel tu es venue, et sous les ailes
duquel tu t’es réfugiée.
13. Ruth répondit : J'ai trouvé
grâce devant vos yeux, mon sei-
gneur, qui m'avez consolée, et
vous avez parlé au cœur de votre
servante, de moi qui ne suis pas
semblable à vos servantes.
14. Booz lui dit encore : Quand
ce sera l'heure de manger, viens
ici, et mange du pain, et trempe
ton morceau dans le vinaigre.
C'est pourquoi elle s'assit au côté
des moissonneurs, prit des grains
rôtis pour elle, mangea, se ras-
sasia et emporta le reste.
15. Et ensuite elle se leva pour
recueillir les épis, selon la cou-
tume. Or, Booz ordonna à ses
serviteurs, disant : Quand elle
voudrait moissonner avec vous,
ne l'empéchez point :
fcH. 11.]
16. Et méme jetez de vos ger-
bes à dessein, et faites en sorte
qu'il en reste, afin qu'elle glane
sans honte, et que lorsqu'elle gla-
nera, personne ne la reprenne.
11. ₪16 glana donc dans le
champ jusqu'au soir; puis frap-
pant d'une verge ce qu'elle avait
recueilli et le secouant, elle trou-
va environ la mesure d'un éphi,
c'est-à-dire trois boisseaux.
18. Et, les portant, elle retour-
na à la ville, et les montra à sa
belle-mère; de plus elle lui pré-
senta et lui donna le reste de ce
qu'elle avait mangé et dont elle
s'était rassasiée.
19. Et sa belle-mère lui deman-
da: Où as-tu glané aujourd'hui,
et où as-tu travaillé? Qu'il soit
béni, celui qui a eu pitié de toi!
Et elle lui indiqua chez qui elle
avait travaillé; et elle lui dit que
cet homme s'appelait du nom de
Booz.
20. Noémi lui répondit : Béni
soit-il du Seigneur, puisque la
méme bonté qu'il avait eue pour
13. Qui ne suis pas semblable; qui suis au-dessous.
14. Chez les anciens, le vinaigre figurait ordinairement dans les repas des gens de
la campagne. — * Quand le moment du repas est venu, les moissonneurs se réunis-
sent tous ensemble, à l'ombre d'un arbre, autour d'un plat fourni par le propriétaire
du champ. Les mets préférés sont le /eben ou lait aigre, des grains rótis, la salade
ou des mets vinaigrés, nourriture peu substantielle mais rafraichissante et par là
méme trés agréable au milieu de la chaleur qui dévore les travaiileurs. Sur les épis
rótis, voici ce que dit un voyageur: « Je rencontrai entre Acre et Seyde un berger
qui conduisait le plus grand troupeau de chèvres que j'eusse encore vu dans le
pays. ll dinait avec des épis de froment à moitié mürs, qu'il mangeait, aprés les
avoir fait rótir, d'aussi bon appétit que les Turcs font leur pi//aus. Il nous régala du
méme mets et nous offrit à boire du lait tout chaud. 1] est parlé de ces épis ainsi
rótis dans le livre de Ruth, preuve que cette nourriture est fort ancienne dans
l'Orient. Elle est pareillement en usage en Egypte, avec cette différence que les
pauvres gens substituent aux épis de froment ceux du blé de Turquie et du millet.
Les premiers hommes qui usèrent de cette nourriture, ignoraient les raffinements
de l'art, et vraisemblablement ceux qui s'en servent les ignorent encore. Cependant
je mets beaucoup de différence entre du bon pain de froment et ces épis rótis. »
(Fa. HassELQUiIST.)
AT. L'éphi contenait environ trente pintes. — * En litres: 38 litres 88. — Quand la
quantité d'orge ou de froment est petite, on sépare le grain de l'épi en le battaut
avec un báton et on le vanne au moyen d'un courant d'air qui emporte le chaume.
]. [.זזז
les vivants, il l'a gardée aussi
pour les morts. Et de nouveau,
elle dit : Cet homme est notre
parent.
21. Alors Ruth : Il m'a, dit-elle,
ordonné encore ceci, de me join-
dre à ses moissonneurs, jusqu'à
ce que tous les grains seraient
recueillis.
92. Sa belle-mère lui répondit :
Il vaut mieux, ma fille, que tu
sortes avec ses jeunes filles pour
moissonner, afin que personne
ne t'inquiète dans le champ d'un
autre.
93. C'est pourquoi elle se joignit
aux jeunes filles de Booz, et mois-
sonna avec elles, jusqu'à ce que
les orges et le froment eussent
été serrés dans les greniers.
CHAPITRE 1II.
Ruth va se coucher aux pieds de Booz.
Booz lui promet de l'épouser.
1. Or, aprés que Ruth fut re-
tournée près de sa belle-mère,
elle entendit d'elle : Ma fille, je
chercherai pour toi du repos, et
je pourvoirai à ce que bien t'ar-
rive.
RUTH. 505
2. Ce Booz, aux jeunes filles
duquel tu t'es jointe dans le
champ, est notre parent; et cette
nuit il vanne l'aire de l'orge.
3. Lave-toi donc, parfume-toi,
revéts-toi de tes plus beaux ha-
bits, et descends dans l'aire : que
cet homme ne te voie point, jus-
qu'à ce qu'il ait fini de manger et
de boire.
4. Mais quand il ira dormir,
remarque le lieu, où il dort; et
tu viendras , et tu découvriras la
couverture dontil est couvert du
côté des pieds, puis tu te couche-
ras, et tu demeureras là; mais
lui-méme te dira ce que tu dois
faire.
9. Ruth répondit : Tout ce que
vous ordonnerez, je le ferai.
6. Elle descendit donc dans
laire, et elle fit tout ce que sa
belle-mère lui avait commandé.
7. EL lorsque Booz eut mangé
et bu, et qu'il fut devenu plus
gai, et qu'il fut allé dormir pres
du tas de gerbes, elle vint secrè-
tement, et, la couverture écartée
du cóté des pieds, elle se coucha.
8. Et voilà qu'au milieu méme
de la nuit cet homme fut effrayé
2. Il vanne l'aire de l'orge; pour il vanne l'orge de l'aire, ou dans l'aire. — Quand
on se reporte à la simplicité des mœurs de ces anciens temps, et que l'on examine
sans prévention l'ensemble de ce récit, on est loin de le trouver scandaleux comme
l'ont trouvé quelques incrédules, affectant une chasteté, qu'ils n'avaient peut-étre
pas dans le cœur.
1. * Et quil fut allé dormir près du tas de gerbes. Depuis le moment où le blé
commence à étre transporté sur l'aire jusqu'au jour oü il en est enlevé, aprés avoir
été battu et vanné, le propriétaire dort la nuit à cóté de ses gerbes, dont quelques-
unes lui servent de couche et le garantissent de la rosée de la nuit. Il est nécessaire
de garder ainsi la récolte pour la garantir contre les voleurs, si l'aire n'est pas
éloignée d'un village, ou pour la mettre à l'abri des ravages des sangliers, quand on
est loin des lieux habités. Dans les parties montagneuses de la Palestine, les cerfs
et les ours sont aussi à redouter pour les monceaux de blé. Sur les bords du Jour-
dain, les cultivateurs sont souvent obligés de couper les récoltes avant qu'elles soient
entiérement müres, pour les dérober aux Bédouins qui viennent du désert, s'em-
parent des grains, les chargent sur leurs chameaux ou leurs chevaux et les em-
portent.
506
et se troubla, lorsqu'il vit une
femme couchée à ses pieds,
9. Etil lui dit: Qui es-tu? Et elle
lui répondit : Je suis Ruth, votre
servante : étendez votre couver-
turesur votre servante, parce que
vous étes mon parent.
10. Et lui : Ma fille, dit-il, tu es
bénie du Seigneur, et tu as sur-
passé la première miséricorde
parla derniere, parce que tu n'as
pas recherché les jeunes gens,
pauvres ou riches.
11. Ne crains donc point; mais
tout ce que tu me diras, je le fe-
rai pour toi; car tout le peuple
qui habite au dedans des portes
de ma ville sait que tu es une
femme de vertu.
12. Et je ne désavoue pas que
je sois parent; mais il y en a un
autre plus proche que moi.
13. Repose-toi cette nuit, et le
matin venu, s'il veut te retenir
par le droit de parenté, c'est une
bonne chose; mais sil ne veut
pas, moi, sans aucun doute, je
te prendrai, le Seigneur vit! Dors
jusqu'au matin.
14. C'est pourquoi elle dormit
à ses pieds jusqu'à l'éloignement
de la nuit. C'est pourquoi elle se
leva avant que les hommes se re-
connussent mutuellement, et
Booz dit : Prends garde que per-
sonne ne sache que tu es venue
ici.
15. Et de nouveau : Etends dit-
il, ton manteau dont tu te cou-
RUTH.
[cu. 1v.]
vres, et tiens-le de l'une et l'au-
tre main. Et, Ruth létendant et
letenant, il mesura six boisseaux
d'orge et les mit sur elle ; et elle,
les portant, entra dans la ville,
16. Et vint vers sa belle-mere,
qui lui dit: Qu'as-tu fait, ma fille?
Et elle lui raconta tout ce que cet
homme avait fait pour elle,
17. Et elle ajouta : Voici six
boisseaux d'orge quil m'a don-
nés, et il a dit : Je ne veux pas
que tu retournes les mains vides
vers ta belle-mère.
18. Et Noémi dit : Attends, ma
fille, jusqu'à ce que nous voyons
quelle fin aura la chose; car cet
homme n'aura point de repos
qu'il n'ait accompli ce qu'il a dit.
|
1 CHAPITRE IV.
Booz épouse Ruth, Elle devient mére
d'Obed, aieul de David.
1. Booz donc monta à la porte
de la ville et s'y assit. Et lorsqu'il
vit passer le parent dont il a été
parlé auparavant, il lui dit : Dé-
tourne-toi un peu ,-et assieds-toi
ici, l'appelant par son nom. Celui-
ci se détourna et s'assit.
2. Or, Booz, prenant dix hom-
mes d'entreles anciens de la ville,
leur dit : Asseyez-vous ici.
3. Et, eux s'étant assis, il dit à
son parent : Noémi, qui est reve-
nue du pays de Moab, vendra la
partie du champ de notre frere
Elimélech.
10. La premiére miséricorde; la bonté, la charité que tu as eue pour ton mari et
ta belle-mère. — La dernière; le zèle que tu mets à faire revivre la mémoire et le
nom de ton premier mari, eu épousant un parent ágé préférablement à un jeune
homme, que tu devrais naturellement rechercher étant jeune toi-méme.
13. Le Seigneur vit! Voy. Juges, viu, 19.
3. Notre frère; c'est-à-dire notre parent.
(cn. 1v.]
4. J'ai voulu que tu l'apprisses,
et tele dire devant tous ceux qui
sont assis ici et devant les an-
ciens de mon peuple. Si tu veux
le posséder parle droit de paren-
té, achete-le et possede-le; mais
si cela te déplait, déclare-le moi.
afin que je sache ce que je dois
faire; car il n'y a aucun parent,
excepté toi, qui es le premier, et
moi qui suis le second. Mais lui
répondit : C'est moi qui achèterai
le champ.
5. Booz lui dit : Quand tu auras
acheté le champ de la main de la
femme, tu devras aussi épouser
Ruth, la Moabite, qui fut la fem-
me du défunt, afin que tu fasses
revivre le nom de ton parent dans
son héritage.
6. Il répondit : Je cède le droit
de parenté; car je ne dois pas
éteindre la postérité de ma fa-
mille; use toi-méme du privilege
dont je déclare me priver volon-
tairement.
7. Or, c'était une ancienne cou-
tume en Israël entre les parents,
que quand l’un cédait son droit à
l'autre, afin que la cession füt va-
lide, un homme déliait sa chaus-
sure et la donnait à son parent.
C'étaitlàle témoignage de la ces-
sion en Israél.
8. Booz dit done à son parent :
Ote ta chaussure. Et aussitót illa
délia de son pied.
9. Mais Booz aux anciens et
à tout le peuple : Vous, dit-il,
vous étes témoins aujourd'hui,
que je possede tout ce qui a ap-
RUTH. 507
partenu à Elimélech, à Chélion
et à Mahalon, Noémi 06 le li-
vrant;
10. Et que je prends en mariage
Ruth, la Moabite, fernme de Ma-
halon, afin que je fasse revivre
le nom du défunt dans son héri-
tage, pour ne pas que son nom
disparaisse de sa famille, de ses
freres et de son peuple. Vous, dis-
je. vous étes témoins de cette
chose.
11. Tout le peuple qui était à la
porte répondit, ainsi que les an-
ciens : Nous sommes témoins;
que 16 Seigneur fasse cette femme
qui entre dans ta maison, comme
Rachel et Lia qui ont élevé la
maison d'Israél, afin qu'elle soit
un exemple de vertu dans Ephra-
ta, et qu'elle ait un nom célèbre
dans Bethléhem ;
12. Et que ta maison devienne
comme la maison de Phares, que
Thamar enfanta à Juda, par la
postérité que le Seigneur te don-
nera de cette jeune fille.
19. C'est pourquoi Booz prit
Ruth et la reçut pour femme; il
s'approcha d'elle, et le Seigneur
lui donna de concevoir et d'en-
fanter un fils.
14. Et les femmes dirent à Noé-
mi : Béni le Seigneur qui n'a pas
souffert que ta famille manquát
d'un héritier dont le nom. serait
nommé dans Israël,
15. Et que tu n'aies pas wn en-
fant qui console ton âme, etpren-
ne soin de ta vieillesse! car il est
né de ta belle-fille qui te chérit,
IV. 7. Deut., xxv, 1. — 12. Genèse, xxxvi, 29. .אס
5. De la main de la femme; c'est-à-dire Noémi.
41. * Comme Rachel et Lia, les épouses de Jacob. Voir Genèse, xxix-Xxx.
508 RUTH. [cH. 1v.]
et qui ve vaut beaucoup mieux 48. Voici les générations de
que si tu avais sept fils. Pharès : Phares engendra Esron.
16. Et Noémi ayant pris l'enfant 19. Esronengendra Aram, Aram
le mit sur son sein, et elle faisait | engendra Aminadab,
l'office denourrice et de porteuse. 20. Aminadab engendra Nahas-
17. Or, les femmes voisines la | son, Nahasson engendra Salmon.
félicitaient et disaient : Il est né 91. Salmon engendra Booz,
un fils à Noémi ; elles l’appelèrent | Booz engendra Obed,
du nom d'Obed : c’est le pere d'I- 99. Obed engendra 1881, Isai
sai, pere de David. engendra David.
18. I Par., 11, 5; 1v, 1 ; Matth., 1, 4.
11. Elles appelèrent. Ce sont les voisines de Noémi qui nommerent l'enfant. Le
latin de la Vulgate est amphibologique, mais l'hébreu ne l'est nullement.
M À—Ó——7 .5 9 Te οι
INTRODUCTION
AUX LIVRES DES ROIS
Les livres que nous nommons livres des Rois forment deux ouvrages distincts,
quoique étroitement liés entre eux. Ils ont chacun un nom particulier dans la
Bible hébraique. Les deux premiers livres portent le nom de Samuel, et aux
deux derniers est réservé le titre de livres des Rois.
Les deux premiers livres des Rois ou livres de Samuel ne formaient primiti-
vement qu'un seul livre, lequel fut partagé en deux par les Septante et par la
Vulgate. Ils portent le nom de Samuel, dans le texte hébreu, non parce que ce
juge en est l'auteur, mais parce qu'il est le premier personnage qui apparait
sur la scène : c'est son histoire qui nous est d'abord racontée, puis celle des
deux rois qu'il a sacrés, Saül et David.
Les deux premiers livres des Rois se divisent en trois grandes sections :
1° Enfance et judicature de Samuel, I Rois, 1-xi1; 2° histoire du règne de Saül,
;זאאא-מוא 3? histoire du règne de David, II Rois, r-xxiv. La première section
nous apprend comment le régime monarchique s'introduisit en Israél ; la seconde
nous montre dans Saül ce que ne doit pas être un roi d'Israël, et la troisième
nous fait voir dans David l'idéal du roi théocratique. De la naissance de Samuel
aux dernières années de David, au moment où s'arréte notre narrateur, il
s'écoula probablement un peu plus de cent ans.
Lesdeux premiers livres des Rois entrent dans de longs détails sur les faits qu'ils
racontent, excepté dans quelques passages qui ont la forme abrégée de chro-
niques ou d'annales; ils contiennent une véritable biographie des trois person-
nages que l'auteur nous présente, en se permettant seulement quelques répéti-
lions, comme on en trouve dans Homére et dans tous les écrivains Orientaux.
L'unité de composilion est attestée par l'unité de plan et par le langage qui
est toujours le méme, généralement semblable à celui des écrits antérieurs,
mais avec un certain nombre de mots et de locutions nouvelles.
L'auteur des deux premiers livres des Rois n'est pas le méme que celui
du troisième et du quatrième. Ces deux livres forment un tout complet; les
derniers chapitres du second forment méme une sorte d'appendice qui montre
que l'auteur était arrivé au terme de son ceuvre. — Le plan des deux écrivains
n'est pas le méme. Le plus ancien a écrit plutót des biographies que des annales;
il entre dans une foule de détails circonstanciés et peu importants en apparence ;
le plus récent raconte briévement; il ne développe pas, il omet beaucoup de
faits. — Le style des troisiéme et quatriéme livres des Rois se distingue enfin
de celui du premier et du second par des néologismes et des aramaismes parti-
culiers. L'historien de Saül et de David est au contraire un des meilleurs écri-
510 INTRODUCTION AUX LIVRES DES ROIS.
vains en prose de l’âge d'or de la littérature hébraïque. Il tient parmi les prosa-
teurs le méme rang qu'Isaie et Joël parmi les prophètes. Il n'a point les
archaïsmes du Pentateuque, mais il y a cependant moins de différence entre
Moise et lui qu'entre le poéte Lucain et Virgile; il n'a pas non plus ce qu'on a
appelé les provincialismes de l'auteur des Juges, qu'on a supposé avoir vécu
dans le nord de la Palestine; il est supérieur à l'auteur des Paralipomènes, qui
appartient à l’âge d'argent, et aussi à l'auteur des troisième et quatrième livres
des Rois, chez qui l'on trouve un certain nombre de chaldaismes, tandis qu'on
n'a pu en découvrir plus de six dans les deux livres de Samuel. Il y a quelques
expressions qui lui sont propres; il est le premier qui appelle Dieu:« Le
Seigneur des armées » ou Jéhovah Sabaoth; mais cette dénomination devient
trés fréquente à partir de cette époque, et on la retrouve dans les deux derniers
livres des Rois, comme dans les autres écrivains de la méme époque.
Du reste, l'auteur des livres de Samuel n'est pas nommé dans la Sainte Écri-
ture, non plus que dans Joséphe et la Mischna. La Ghemara de Babylone, la
premiére, et par suite, plusieurs Péres, les attribuent à Samuel, quoiqu'on y
lise le récit d'événements postérieurs à la mort de ce prophéte. Parmi les Juifs
et les modernes, quelques-uns ont eru que Samuel était l'auteur des vingt-quatre
premiers chapitres du premier livre et que le reste avait été composé par les
prophétes Gad et Nathan; d'autres critiques en ont attribué la composition, les
uns à David, les autres à Isaïe, Jérémie, Ézéchias ou Esdras. Cependant toutes
ces hypothéses ne reposent sur aucun fondement solide : nous ignorons quel en
est l'auteur, et tout ce qu'ilest permis d'affirmer, c'est qu'ils ont été trés proba-
blement rédigés peu de temps aprés la mort de Salomon.
Les 115 et IV* livres des Rois, n'en forment réellement qu'un, partagé en
deux par les Septante et par la Vulgate. Ils contiennent l'histoire de 427 ans,
selon la chronologie ordinairement recue, c'est-à-dire depuis l'avénement de
Salomon, en 1045, jusqu'à la destruction du temple, en 588. On leur a donné
le nom de livres des Rois, parce qu'ils s'occupent principalement de l'histoire
des rois depuis la mort de David jusqu'à la captivité. Ils se partagent en trois
sections : 19 règne de Salomon, III Rois, r-xr (1015-975); 2° histoire des
royaumes séparés de Juda et d'Israél, 11] Rois, xn-IV Rois, xvit (975-721);
3° histoire du royaume de Juda depuis la ruine du royaume d'Israél jusqu'à la
captivité de Babylone, IV Rois, xvir-xxv (721-588). Ils commencent là où s'ar-
rétent les deux livres de Samuel, mais ils forment une œuvre indépendante et
complète, comme le prouvent l'unité du plan, la manière particulière de pré-
senter les faits et le style propre de l'écrivain.
Ils nous montrent tour à tour les rois fidèles à Dieu récompensés de leur
fidélité et les infidéles punis de leurs péchés, mais non rejetés comme Saül.
Les fautes de Salomon sont chátiées en la personne de son fils Roboam qui
perd dix tribus, mais conserve Jérusalem et la tribu de Juda. Les successeurs
de Roboam portent aussi le poids de leurs iniquités ou sont protégés par le
Seigneur, selon qu'ils le méritent. Israël expie par la déportation son incurable
idolátrie; Juda satisfait à la vengeance divine par la captivité de Babylone.
Pour faire ressortir l'intervention de la Providence dans le gouvernement de
son peuple, l'auteur des derniers livres des Rois fait surtout des extraits d'ou-
vrages antérieurs plus développés, mais en les coordonnant et les disposaut
selon le plan qu'il s'était tracé, de manière à faire une œuvre pleine d'unité,
INTRODUCTION AUX LIVRES DES ROIS. 511
La marche qu'il suit est toujours uniforme : il décrit le commencement, le carac-
tère et la fin de chaque régne; il indique la mort et la sépulture de chaque roi
en termes à peu prés identiques; il apprécie les actions des princes d'aprés la
loi de Moise et marque avec soin la chronologie.
Le Talmud et un grand nombre d'anciens commentateurs ont regardé
Jérémie comme l'auteur du troisiéme et du quatriéme livre des Rois. Plusieurs
modernes adoptent cette opinion, en se fondant sur la ressemblance de langage
et d'idées qu'on remarque entre cet ouvrage et les écrits du prophéte. Cette
opinion, sans étre certaine, est trés vraisemblable, car elle a pour elle la tradi-
tion en méme temps que la similitude du style.
L'exactitude des livres des Rois par rapport aux événements politiques est
universellement reconnue, et la découverte des inscriptions assyriennes, dans
ces dernières années, l'a confirmée d'une manière éclatante. La seule partie de
cette histoire sacrée qui soit attaquée par les ennemis de la foi est celle qui
raconte la mission des prophètes, leurs prédictions et leurs miracles : ils les
traitent de mythes ou de légendes, mais sans autres motifs que la négation du
surnaturel, oubliant ou ne voulant pas admettre que Dieu peut révéler à
l'homme un avenir qui pour lui est sans voiles, et commander à la nature dont
il est l'auteur |
LES ROIS
I ROIS
CHAPITRE PREMIER.
Elcana et ses deux femmes. Anne obtient
du Seigneur un fils qui est nommé Sa-
muel. Eile le consacre au Seigneur.
1. Il y eut un homme de Rama-
thaimsophim, de la montagne
d'Ephraim, et son nom était El-
cana, fils de Jéroam, fils d'Eliu,
fils de Thohu, fils de Suph : il
était Ephrathéen ;
2. Et il avait deux femmes; le
nom d'une était Anne, et le nom
de la seconde Phénenna. Or Phé-
nenna eut des fils, mais Anne n'a-
vait pas d'enfants.
3. Et cet homme montait de sa
ville aux jours prescrits, nour
adorer et sacrifier au Seigneur
des armées à Silo. Or il y avait là
les deux fils d'Héli, Ophni et Phi-
nées, prêtres du Seigneur.
4. Vint donc le jour, et Elcana
offrit un sacrifice, etil donna des
portions à Phénenna, sa femme,
et à tous ses fils et à ses filles;
5. Mais à Anne il donna une
seuleportionavec tristesse, parce
quil chérissait Anne. Or, le Sei-
gneur l'avait frappée de stéri-
lité.
6. Sa rivale l'affligeait aussi et
la tourmentait violemment, au
point de lui reprocher que le Sei-
gneur lavait frappée de stéri-
lité.
1. C'est ainsi qu'elle faisait cha-
que année, lorsque, le temps re-
venant, ils montaient au temple
du Seigneur, et c'est ainsi qu'elle
la provoquait. Or, Anne pleurait
el ne prenait pas de nourriture.
8. Elcana, son mari, lui dit
donc : Anne, pourquoi pleures-
tu? d'où vient que tu ne manges
pas? et pour quel motif ton cœur
est-il affligé? Est-ce que moi je
ne vaux pas mieux pour toi que
dix fils?
9. Mais Anne se leva après
qu'elle eut mangé et bu à Silo.
Et, Héli, le prétre, étant assis sur
1. Ephrathéen; ou de la tribu d'Ephraim, mais par le domicile seulement, car par
la naissance, il était de la tribu de Lévi. Compar. Ruth, 1, 11. — Ramathaimsophim
que l'on identifie avec Neby-Samouil, au nord de Jérusalem.
2. Il avait deux femmes; ce que la loi tolérait alors pour éviter de plus grands
maux.
3. Les jours prescrits, ou fixés, déterminés; c'est-à-dire les jours consacrés aux
rois grandes solennités de l'année, Páques, Pentecóte et la féte des Tabernacles. —
Le Tabernacle était à Silo depuis le temps de Josué. Voy. Josué, xviu, 1. — * Silo.
Voir Josué, xvin, 1.
1. * Au temple, ou Tabernacle.
ἴση. 1.
son siége devant la porte du tem-
ple du Seigneur,
10. Anne, qui avait le cœur
dans lamertume, adressa des
prieres au Seigneur, pleurant
abondamment,
11. Et elle voua un vœu, disant:
Seigneur des armées, siabaissant
votre regard, vous voyez l'afflic-
lion de votre servante, si vous
vous souvenez de moi; si vous
n'avez pas oublié votre servante,
et que vous donniez à votre es-
clave un enfant mále, je le don-
nerai au Seigneur pour tous les
jours de sa vie, et le rasoir ne
montera jamais sur sa téte.
19. Or, il arriva, que, comme
elle multipliait ses prieres devant
le Seigneur, Héli observait sa
bouche.
19. Mais Anne parlait en son
cœur, ses lèvres seules étaient
en mouvement, et sa voix n'était
pas du tout entendue. Héli donc
la jugea ivre,
14. Et il lui dit : Jusqu'à quand
seras-tu | ivre? Laisse reposer
quelque temps le vin qui t'enivre.
15. Anne répondant : Nulle-
ment, dit-elle, mon seigneur; car
je suis une femme très malheu-
reuse; le vin et tout ce qui peut
enivrer, je n'en ai pàs bu ; mais
jai répandu mon àme en la pré-
sence du Seigneur.
16. Ne prenez pas votre ser-
vante pour une des filles de Bé-
lial; parce que c'est dans l'exces
de ma douleur et de mon afflic-
I ROIS. 513
tion que j'ai parlé jusqu'à pré-
sent.
17. Alors Héli lui répliqua : Va
en paix, et que le Dieu d'Israël
t’accorde la demande que tu lui
as faite.
18. Et Anne répondit : Plàt à
Dieu que votre servante trouvàt
grâce à vos yeux! Et la femme
sen alla en son chemin; elle
mangea, et ses traits n’éprouvè-
rent plus aucun changement.
19. Apres cela, ils se leverent
le matin, et ils adorèrent devant
le Seigneur; puis ils s'en retour-
nerent et vinrent dans leur mai-
son à Ramatha. Or, Elcana connut
Anne sa femme, et le Seigneur
se souvint d'elle.
20. Et, il arriva qu'apres une
révolution de jours, Anne concut,
puis enfanta un fils, et elle lui
donna le nom de Samuel, parce
qu'elle l'avait demandé au Sei-
gneur.
21. Or, Elcana, son mari, monta
au temple, ainsi que toute sa
maison, pour immoler au Sei-
gneur l'hostie solennelle, et s'ac-
quitter de son vœu;
22. Mais Anne n'y monta point ;
car elle dit à son mari : Je n'irai
pas, jusqu'à ce que l'enfant soit
sevré, et que je le conduise, afin
qu'il paraisse en la présence du
Seigneur, et qu'il y demeure per-
pétuellement.
23. Et Elcana, son mari, lui
répondit : Fais ce qui te semble
bon, et demeure jusqu'à ce que
——————— M— M M M M
16. * Bélial. Voir Deutéronome, xui, 13.
19. * Ramatha, 1a méme ville que Ramathaimsophim.
20. Une révolution, etc.; littér. un cercle de jours; c'est-à-dire, selon nous, une
année. 11 est incontestable que le mot jour, mis au pluriel, se prend quelquefois en
hébreu pour une année.
A. T.
33
514
tu le sevres; et je prie pour que
le Seigneur accomplisse sa pa-
role. Sa femme demeura donc,
et elle allaita son fils, jusqu'à ce
qu'elle le sevrát.
24. Et elle l'amena avec elle,
après qu'elle l'eut sevré, en pre-
nant trois veaux, trois boisseaux
de farine et une cruche de vin;
ainsi elle l'amena dans la maison
du Seigneur à Silo. Or, l'enfant
était encore un tout petit enfant.
25. Et ils immolèrent le veau,
et présenterent l'enfant à Héli.
20. Et Anne dit : Je vous con-
jure, mon seigneur, votre àme
vit, seigneur! c’est moi qui suis
cette femme qui me suis tenue
devant vous ici, priant le Sei-
gneur. |
97. C'est pour cet enfant que
j'ai prié, et le Seigneur m'a ac-
cordé ma demande que je lui ai
faite.
28. C'est pour cela aussi que
moi je l'ai donné au Seigneur,
pour tous les jours pour lesquels
il aura été donné au Seigneur.
Ainsi ils adorèrent là le Seigneur,
et- Anne pria et dit :
1 ROIS.
(cu. 11]
CHAPITRE II.
Cantique d'actions de grâces d'Anne, mère
de Samuel. Désordre des enfants d'Héli.
Samuel sert devant le Seigneur. Héli
reprend trop faiblement ses enfants.
Dieu lui fait prédire la ruine de sa mai-
son.
1. Mon àme a tressailli d'allé-
gresse dans le Seigneur, et ma
force a été exaltée en mon Dieu;
ma bouche s'est dilatée sur mes
ennemis, parce que je me suis
réjouie dans votre assistance. .
2. Il n’est pas de saint comme
est le Seigneur; car il n'en est
pas d'autre en dehors de vous, et
il n'est pas de fort comme notre
Dieu.
3. Ne multipliez point des pa-
roles hautaines en vous glorifiant;
que les anciens discours s'éloi-
gnent de votre bouche, parce
que le Seigneur est le Dieu des
sciences, et que c'est pour lui que
sont préparées les pensées.
4. L'arc des forts a été vaincu,
et les faibles ont été ceints de
force.
9. Ceux qui auparavant regor-
24. Trois veaux. La version grecque, et les Pères qui l'ont suivie, de méme que
le syriaque et l'arabe, lisent un veau de trois ans; et dans la suite de ce chapitre
on n'en voit qu'un d'immolé; d'un autre cóté l'Ecriture parle eu plusieurs endroits
d'animaux de trois ans qu'on choisissait pour les sacrifices. En somme il faudrait un
bien léger changement dans le texte original pour obtenir ce sens.
21. C’est pour cet enfant, etc.; c'est-à-dire c'est pour obtenir cet enfant, que j'ai
Ne:
28. Je l'ai donné au Seigneur, etc. Je viens de l'offrir au Seigneur avec le désir
qu'il lui reste consacré pendant tout le temps pour lequel je le lui ai voué, pendant
toute sa vie. Anne parle ainsi, parce que les enfants n'étaient pas tenus d'accomplir
ces sortes de vœux faits par leurs parents.
1. Ma force; littér. ma corne. Chez les ancieus la corne était un symbole de la
force et de la puissance. — Ma bouche s'est dilatée, ouverte pour répondre à mes
ennemis. Phénenna, sa rivale, l'insultait auparavant à cause de sa stérilité.
3. C'est pour lui; ou peut-étre : C'est par lui; ce qui s'accorderait mieux avec ce
qui précède immédiatement. Remarquons aussi que la particule hébraïque, rendue
ici dans la Vulgate par le datif, signifie souvent par, quand elle se trouve jointe à
un verbe passif.
[cn. n.]
geaient se sont loués pour du
pain; et les affamés ont été ras-
sasiés, jusque là qu'une femme
stérile a enfanté un grand nom-
bre d'enfants, et que celle qui en
avait beaucoup est tombée dans
la langueur.
6. C'est le Seigneur qui fait
mourir et qui fait vivre, qui
conduit aux enfers et qui en ra-
mène.
7. C'est le Seigneur qui fait le
pauvre et qui enrichit, qui abais-
se et qui relève.
8. 11 fait sortir de la poussière
l'indigent, et du fumier il élève
le pauvre, afin qu'il s'asseye avec
les princes, et qu'il occupe un
trône de gloire ; car au Seigneur
appartiennent les pôles de la ter-
re, et il a posé sur eux l’univers.
9. Il gardera les pieds de ses
saints, et les impies se tairont
dans les ténèbres, parce que ce
n'est point par sa propre force
que l'homme se fortifiera.
10. C'est le Seigneur que re-
douteront ses ennernis, et c'est
sureux-mémes qu'il tonnera dans
les cieux. Le Seigneur jugera les
confins de la terre, il donnera
l'empire à son roi, et il élèvera la
puissance de son christ.
I ROIS. 915
11. Aprés cela, Elcana s'en alla
à Ramatha dans sa maison ; mais
l'enfant servait en la présence du
Seigneur et devant Héli, le prétre.
12. Or, les fils d'Héli étaient des
fils de Bélial, ne connaissant point
le Seigneur,
13. Nile devoir des prétres en-
vers le peuple; car quiconque
avait immolé une victime, le ser-
viteur du prétre venait, tandis
que les chairs cuisaient, et il avait
la fourchette à trois dents en sa
main,
14. Et il la plongeait dans la
chaudiere, ou dans le chaudron,
ou dans la marmite, ou dans le
pot; et tout ce qu'enlevait la four-
chette, le prétre l'emportait pour
lui. C'est ainsi qu'ils faisaient à
tous ceux d'Israël qui venaient à
5110.
15. Méme avant qu'on brulàt
la graisse, le serviteur du prétre
venait, et disait à celui qui immo-
lait : Donne-moi de la chair, afin
que je la fasse cuire pour le pré-
tre; car je ne recevrai pas de
toi de la chair cuite, mais de la.
crue.
16. Et celui qui immolait lui
disait: Que la graisse d'abord soit
brülée aujourd'hui, selon l'usage,
Cuar. II. 6. Deut., xxxi, 39; Tobie, זוא 2: Sag., xvi, 13.
——— ——M
6. * Aux enfers, en hébreu scheôl. Voir la note sur Genèse, xxxvu, 35.
9. Il gardera, etc.; 11 conduira leurs pas, les préservera des pièges.
40. Par son christ, le paraphraste chaldéen et les meilleurs interprètes entendent
le Messie. — * C'est pour la première fois que le nom de Messie ou Christ apparait
dans la Sainte Ecriture. « Le paraphraste chaldéen et les meilleurs interprétes, dit
Calmet, entendent ceci du Messie et de son royaume sur l'Eglise. 1/ donnera la force
à son roi, dit Jonathan, e£ i multipliera le royaume de son Messie. On l'expiique
aussi de David, qui a été une des plus expressives images de Jésus-Christ. Anne, ou
plutôt le Saint-Esprit, pouvait avoir en vue en mème temps ces deux grands objets :
le changement de l'état présent des Hébreux de patriarcal en monarchique, et le
règne glorieux du Messie. » Les sentiments exprimés par Anne dans son cantique sont
si beaux que la sainte Vierge se les est appropriés en partie dans son Magnificat.
12. * Bélial. Voir Deutéronome, xui, 13.
516
et prenez pour vous tout autant
qu'en désire votre âme. Et celui-
ci, répondant, lui disait : Point
du tout; car tu m'en donneras
maintenant, ou bien j'en prendrai
de force.
11. Ainsi le péché des enfants
d'Héli était très grand devant le
Seigneur, puisqu'ils détournaient
les hommes des sacrifices du Sei-
gneur.
18. Cependant devant la face
du Seigneur servait Samuel, en-
fant revétu d'un éphod de lin.
19. Et sa mere lui faisait une
petite tunique qu'elle lui appor-
tait aux jours prescrits, montant
avec son mari, pour immoler
l'hostie solennelle.
20. Et Héli bénit Elcana et sa
femme et dit à Elcana : Que le
Seigneur te rende une postérité
par cette femme pour l'intérét de
ce que tu as prété au Seigneur.
Et ils s'en allèrent dans leur de-
meure.
21. Le Seigneur visita donc
Anne, et elle concut et enfanta
trois fils et deux filles, et l'enfant
Samuel devint grand devant le
Seigneur.
22. Or, Héli était fort vieux; et
il apprit tout ce que faisaient ses
I ROIS.
[cu. m.]
fils à tout Israél, et comment ils
dormaient avec les femmes qui
veillaient à la porte du taber-
nacle,
23. Et il leur demanda : Pour-
quoi faites-vous des choses de
cette nature, choses trés mau-
vaises, que j'apprends moi-méme
de tout le peuple?
24. Cessez, mes enfants; car il
n'est pas honorable le bruit qui
est parvenu jusquà moi, que
vous faites transgresser le peu-
ple du Seigneur.
25. Si un homme peche contre
un homme, Dieu pourra étre apai-
sé pour lui; mais si c'est contre
le Seigneur qu'un homme peche,
qui priera pour lui? Et ils n'écou-
tèrent pas la voix de leur pere,
parce que le Seigneur voulut les
perdre.
26. Cependant l'enfant Samuel
avançail et croissait, et plaisait
autant au Seigneur qu'aux hom-
mes.
27. Or, il vint un homme de
Dieu vers Héli, et il lui dit : Voi-
ci ce que dit le Seigneur : Ne me
suis-je pas ouvertement révélé à
la maison de ton père, lorsqu'ils
étaient en Egypte, dans la mai-
son de Pharaon?
18. * D'un éphod, Voir la note sur 22006, xxv, 1.
19. Aux jours prescrits. Voy. 11, 3.
25. Mais si c'est contre le Seigneur, ete. Les fautes d'un homme contre un autre
homme sont plus faciles à pardonner, parce qu'elles regardent Dieu d'une maniére
en quelque sorte moius directe; mais si nous l'attaquons immédiatement en pro-
fanant son nom, en souillant ses mystères, en rendant méprisables sa religion et
ses cérémonies, qui s'intéressera à nous réconcilier avec lui? quels moyens em-
ploierons-nous pour fléchir sa justice? Ainsi, bien que notre pardon ne soit pas en
ce cas impossible, il devient au moins d'une plus grande difficulté. — Parce que le
Seigneur, etc. Parce que le Seigneur voulut les abandonner à eux-mémes, et qu'il ne
leur donna pas ces gráces extraordinaires, qui auraient triomphé de la dureté de
leur cœur, mais dont ils s'étaient rendus indignes par leurs infidélités, et en com-
blant la mesure de leurs crimes. Compar. Exod., 1v, 21; Rom., 1x, 18.
21. Un homme de Dieu; c'est-à-dire un prophète. Compar. ix, 6. — * Ton gère
Aatou.
[cn. 11.]
- 98. Je l'ai choisi entre toutes
les tribus d'Israél pour mon pré-
tre, afin qu'il montát à mon autel,
qu'il brülát pour moi de l'encens,
et qu'il portât un éphod devant
moi; et j'ai donné à la maison de
ton pere de tous les sacrifices des
enfants d'Israél.
29. Pourquoi avez-vous jeté
sous vos pieds ma victime et mes
présents que j'ai ordonné d'offrir
dansle temple, et as-tu plus ho-
noré tes fils que moi, pour que
vous mangeassiez les prémices
de tous les sacrifices d'Israél mon
peuple?
30. C'est pour cela que le Sei-
eneur Dieu d'Israël dit : Parlant,
j'ai parlé, afin que ta maison et la
maison de ton père servit en ma
présence pour toujours. Or, le
Seigneur dit maintenant : Loin
de moi cela! mais quiconque
m'aura glorifié, je 16 glorifierai;
ceux au contraire qui me mépri-
sent, seront avilis.
31. Voici que des jours vien-
dront, et je couperai ton bras, et
le bras de la maison de ton père,
en sorte qu'il n'y ait point de
vieillard dans ta maison.
32. Et tu verras ton rival dans
30. III Rois, 11, 91.
I ROIS. 517
16 temple, au milieu de toutes les
prospérités d'Israël; et il n'y aura
de vieillard dans ta maison en
aucun jour.
39. Cependant je n'enléverai
pas entièrement de mon aute!
tout homme issu de toi; mais je
ferai que tes yeux s'éteindront,
et que ton àme se desséchera :
et une grande partie de ta maison .
mourra, lorsqu'elle sera parve-
nue 8 l’âge viril.
34. Or, ce qui en sera pour toi
le signe, est ce qui doit arriver à
tes deux fils, Ophni et Phinées :
en un seul jourils mourront tous
les deux.
35. Et je me susciteraiun prêtre
fidèle qui agira selon mon cœur
et mon àme; et je lui édifierai
une maison fidele, et il marchera
devant mon christ, tous les
jours.
36. Or, il arriva, que quiconque
sera resté dans ta maison, vien-
dra, afin qu'on prie pour lui et
qu'il offre une pièce d'argent, et
une miche de pain, et qu'il dise :
Admettez-moi, je vous conjure,
à une fonction sacerdotale, afin
que je mange une bouchée de
pain.
28. De tous les sacrifices; littér. de toutes les choses des sacrifices, de tout ce qui
revenait au prêtre dans les sacrifices.
30. Parlant, j'ai parlé. Nous avons déjà remarqué que ce genre de répétition avait
pour but de donner à l'expression de la force et de l'énergie.
35. Ce prêtre est Sadoc, dans la famille duquel demeura constamment le souve-
rain sacerdoce. — * Devant mon christ, mon oint, c'est-à-dire le roi, qui devait étre
sacré par l'onction de l'huile. Cette prophétie annonce l'institution de la royauté en
Israél.
36. Viendra, comme un simple Israélite demander au prêtre de prier pour lui en
présentant pour ses offrandes, non point un bœuf, un veau, ou une brebis; mais un
pain et une petite piéce d argent comme les personnes les plus pauvres.
|
|
CHAPITRE IIT.
Le Seigneur déclare à Samuel les juge-
ments qu'il va exercer contre Héli. Sa-
muel les découvre à Héli. Samuel re-
connu prophéte daus Israél.
1. Or l'enfant Samuel servait
le Seigneur devant Héli, et la
parole du Seigneur était pré-
cieuse en ces jours-là; il ny
avait pas de vision manifeste.
2. Il arriva donc un certain
jour qu'Héli était couché en son
lieu (or ses yeux étaient obscur-
cis, et il ne pouvait pas voir);
3. Avant que la lampe de Dieu
füt éteinte, Samuel dormait dans
le temple du Seigneur, oü était
l'arche de Dieu.
4. Et le Seigneur appela Sa-
muel, qui répondant, dit : Me
voici.
5. Alors il courut à Héli et dit :
Me voici; car vous m'avez appelé.
Héli répondit : Je ne t'ai pas ap-
pelé; retourne-t'en, et dors. Et il
s'en alla, et il dormit.
6. Mais le Seigneur recom-
menca à appeler de nouveau Sa-
muel. Et Samuel, se levant, s'en
alla vers Héli et dit: Me voici,
parce que vous m'avez appelé.
Et Héli répondit : Je ne t'ai pas
appelé, mon fils; retourne-t'en
iet dors.
7. Or, Samuel ne connaissait
pas encore le Seigneur, et la pa-
I ROIS.
[cH. m.]
role du Seigneur ne lui avait pas
été révélée.
8. Et le Seigneur recommenca.,
et il appela encore Samuel pour
la troisieme fois. Et Samuel, se
levant, s'en alla vers Héli,
9. Et dit: Me voici, parce que
vous m'avez appelé. Héli comprit
donc quele Seigneur appelaitl en-
fant, etildit à Samuel. Va,et dors :
et si dans la suite il t'appelle, tu
diras: Parlez, Seigneur, parce que
votre serviteur écoute. Samuel
s'en alla donc et dormit en son
lieu.
10. Et le Seigneur vint, et s'ar-
réta; puis il appela, comme il
avait appelé par deux fois : Sa-
muel, Samuel. Et Samuel répon-
dit : Parlez, Seigneur, parce que
votre serviteur écoute.
11. Alors le Seigneur dit à Sa-
muel : Voici que moi je vais
faire entendre une parole dans
Israël; et quiconque l'entendra,
ses deux oreilles tinteront.
12. En ce jour-là, je susciterai
contre Héli tout ce que j'ai dit
sur sa maison : je commencerai
et j'achèverai.
13. Car je lui ai prédit que je
devais juger sa maison à jamais,
pour cause d'iniquité, parce qu'il
savait que ses fils agissaient in-
dignement, et qu'il ne les a pas
corrigés.
14. C'est pour cela que j'ai juré
1. Précieuse, ou vare; c'est-à-dire qu'il y avait peu de prophètes. — * 17 n'y avait
pas de vision manifeste, fréquente.
2. Or ses yeux, etc. Cette fin de verset est évidemment une parenthèse; c'est pour
cela que nous l'avons mise entre deux crochets.
3. * La lampe de Dieu, le chandelier à sept branches, w'éfait pas encore éteinte,
t'est-à-dire qu'il ne faisait pas encore jour. — Dans le temple, dans le tabernacle.
1. Ne connaissant pas encore le Seigneur. Comme c'était la première fois que Dieu
parlait à Samuel, le jeune prophète ne distinguait pas sa voix de celle d'un homme,
romme il sut la distinguer ensuite.
[cg. 1v.]
àla maison d'Héli, que l'iniquité
de sa maison ne sera jamais ex-
piée par des victimes et par des
offrandes.
15. Or, Samuel dormit jusqu'au
matin, et il ouvrit les portes de
la maison du Seigneur. Et Samuel
craignait de déclarer la vision à
Héli.
16. Héli appela donc Samuel
et dit : Samuel, mon fils? Celui-ci
répondant, dit : Je suis pré-
sent.
17. Et il l'interrogea : Quel est
le discours que t'a tenu le Sei-
gneur? Je te prie de ne point me
le céler. Que Dieu te fasse ceci,
et quil ajoute cela, si tu me
caches quelqu'une de toutes les
paroles qui t'ont été dites.
18. Samuel lui déclara donc
toutes les paroles, et ne les lui
cacha pas. Et Héli répondit : Il
estle Seigneur; qu'il fasse ce qui
est bon à ses yeux.
19. Or, Samuel grandit, et le
Seigneur était avec lui, et nulle
de ses paroles ne tomba par
terre.
20. Et tout Israël connut depuis
Dan jusqu'à Bersabée que Sa-
muel était un fidèle prophète du
Seigneur.
91. Et le Seigneur continua à
apparaitre à Silo, parce que le
Seigneur s'était révélé à Samuel
à Silo, selon la parole du Sei-
gneur. Et le discours de Samuel
parvint à tout Israél.
I ROIS. 919
CHAPITRE IV.
Guerre des Philistins. Les Israélites font
venir l'archequi est prise. Mort d'Ophni,
de Phinéès, d'Héli et de la femme de
Phinéés.
1. Or il arriva en ces jours-là,
queles Philistinsserassemblèrent
pour le combat; et Israël sortit
au devant des Philistins pour la
bataille, et il campa près de la
pierre du Secours. Mais les Phi-
listins vinrent à Aphec,
2. Et ils rangerent leur armée
en bataille en face d'Israël. Or,
le combat engagé, Israël tourna
le dos aux Philistins; et il y eut
de taillés en pièces dans ce com-
bat cà et là, à travers les champs,
environ quatre mille hommes.
3. Et le peuple revint dans le
camp, et les anciens d'Israël
dirent : Pourquoi le Seigneur
nous a-t-il frappés aujourd'hui,
devant les Philistins? Apportons
prés de nous de Silo, l'arche de
l'alliance du Seigneur, et qu'elle
vienne au milieu de nous, afin
qu'elle nous sauve de la main de
nos ennemis.
4. Le peuple envoya donc à
Silo, etils en apporterent l'arche
de lalliance du Seigneur des
armées, assis sur les chérubins;
et les deux fils d'Héli, Ophni et
Phinéès, étaient avec l'arche de
l'alliance de Dieu.
ὃ. Et lorsque l'arche de l'al-
liance du Seigneur fut venue
17. Que Dieu te fasse ceci, etc. Voy. Ruth, 1, 11.
19. Ne tomba par terre, ne demeura sans étre accomplie.
20. * Depuis Dan jusqu'à Bersabée. Voir la note sur Juges, xx, 1.
4. * Près de la pierre du Secours, en hébreu, Aben-Ezer, localité probaplement
située entre Maspha et Sen-Aphec, probablement au nord-ouest et non loin de Jéru-
salem.
3. * Apportons... de Silo l'arche de l'alliance. Voir la note sur Josué, xvur, 4.
520 I ROIS.
dans le camp, tout Israël cria
d'un grand cri, et la terre re-
tentit.
6. Et les Philistins entendirent
le bruit de la clameur et dirent :
Quel est le bruit de cette grande
clameur dans le camp des Hé-
breux? Et ils connurent que l'ar-
che du Seigneur était dans le
camp.
7. Alors les Philistins craigni-
rent, disant : Dieu est venu dans
le camp. Et ils gémirent, disant:
8. Malheur à nous! car il n'y
eut pas une si grande allégresse
hier et avant-hier; malheur à
nous! Qui nous sauvera de la
main de ces dieux suprémes? ce
sont ces dieux qui ont frappé l'E-
gypte de toute sorte de plaies
dans le désert.
9. Prenez courage, et ‘soyez
hommes de cœur, Philistins; ne
servez pas les Hébreux comme
eux vous ont servis; prenez cou-
rage et combattez.
10. Les Philistins combattirent
donc, et Israël fut taillé en piè-
ces, et chacun s’enfuit dans son
tabernacle; et il se fit un très
grand carnage, et il tomba du
cóté d'Israél trente mille hommes
de pied.
11. De plus, l'arche deDieu fut
prise, etles deux fils d'Héli, Ophni
et Phinées moururent aussi.
12. Or, un homme de Benjamin
accourant de l'armée, vint à Silo,
ce jour-là, ayant son vêtement
déchiré, et la tête couverte de
poussière.
18. Et lorsque cet homme arri-
1v.] .זוס]
va, Héli était assis sur son siège,
tourné vers le chemin; car son
cœur tremblait de crainte pour
l'arche de Dieu. Mais, 661 homme,
après qu'il fut entré, donna la
nouvelle à la ville ; et toute la ci-
té poussa des hurlements.
14. Et, Héli entendit le bruit de
la clameur et dit : Quel est le
bruit 66 ce tumulte? Et cethomme
se hâta, et vint, et donna la nou-
velle à Héli.
15. Or, Héli avait quatre-vingt-
dix-huit ans, et ses yeux étaient
obscurcis, et il ne pouvait pas
voir.
16. Et cet homme dit à Héli :
C'est moi qui suis venu de la ba-
taille, et moi qui me suis enfui
de l'armée aujourd'hui. Héli lui
demanda : Qu'a-t-il été fait, mon
fils?
17. Celui qui donnait la nou-
velle répondant : Israël, dit-il, a
fui devant les Philistins et il a été
fait une grande ruine dans le
peuple; et de plus vos deux fils,
Ophni et Phinéès, sont morts, et
l'arche de Dieu a été prise.
48. Lorsque cet homme eut
nommé l'arche de Dieu, Héli tom-
ba de son siege à la renverse près
de la porte, et, la téte brisée, il
mourut. C'était un homme vieux
et très avancé en 880 ; et il jugea
lui-même Israëlpendantquarante
ans.
19. Or, sa belle-fille, femme de
Phinéès, était enceinte et près
d'enfanter; et ayant appris la
nouvelle que l'arche de Dieu avait
été prise, et que son beau-père
à
8. * Ces dieux. Les Philistins ne connaissaient pas le Dieu unique d'Israël et 8
croyaient qu'il en adorait plusieurs.
12. Un homme de Benjamin: c'est-à-dire de la tribu de Benjamin.
[ca. v.]
était mort, ainsi que son mari,
elle se baissa et enfanta; car les
douleurs subites l'avaient saisie.
90. Mais au moment méme de
sa mort, celles qui se tenaient au-
prés d'elle, lui dirent : Ne crains
point, car tu as enfanté un fils.
Et elle ne répondit pas, et n'y fit
pas même attention.
91. Et elle appela son fils Icba-
bod, disant : La gloire d'Israël a
été transférée, parce que l'arche
de Dieu fut prise, et à cause de
son beau-père et de son mari;
29. Et elle dit : La gloire d'Is-
raél a été transférée, parce que
l'arche de Dieu avait été prise.
CHAPITRE V.
L'arche du Seigneur est placée dans le
temple de Dagon. Cette idole est ren-
versée. Plaie dont Dieu frappe les Phi-
listins. Ds sont obligés de renvoyer
l'arche.
1. Or, les Philistins prirent l'ar-
che de Dieu, et la transportèrent
de la pierre du Secours à Azot.
παρ. V. 6. Ps. rxxvir, 66.
21. Ichabod, signifie proprement sans gloire; c'est comme si elle eüt dit :
plus de gloire.
I ROIS. 521
2. Ainsi les Philistins prirent
l'arche de Dieu, et ils la porterent
dans le temple de Dagon, et la
placerent auprès de Dagon.
3. Et lorsque les Azotiens se
furent levés le lendemain au point
du jour, voilà que Dagon gisait
renversé contre terre devant l'ar-
che du Seigneur: et ils prirent
Dagon, et le rétablirent à sa place.
4. Et de nouveau se levant de
matin le jour suivant, ils trou-
verent Dagon gisant sur sa face
contre terre, devant larche du
Seigneur; mais la téte de Dagon
et les deux paumes de ses mains
coupées étaient sur le seuil de la
porte,
ὃ. Et le trone seul de Dagon
était demeuré à sa place. Pour ce
motif, les prétres de Dagon et
tous ceux qui entrent dans son
temple, ne mettent pas le pied
sur le seuil de la porte de Dagon
à Azot jusqu'au présent jour.
6. Or, la main du Seigneur s'ap-
pesantit sur les Azotiens, et il les
Il ny a
1. * De la pierre du Secours, Aben-Ezer. Voir plus haut I Rois, 1v, 1. — Azot, une
des cinq grandes villes des Philistins, dans la plaine de la Séphéla, au nord d'As-
calon.
2. Dagon, est un diminutif du mot hébreu dág, poisson. On ne sait ni quel dieu
les Philistins adoraient sous ce nom, ni quelle était sa forme, l'Ecriture n'étant pas
explicite à cet égard. Seulement, Diodore de Sicile (1. 11, c. rv) dit qu'à Ascalon, ville
célèbre des Philistins, on adorait la déesse Derkeío sous ja figure d'une femme qui
avait tout le bas d'un poisson. — * Nous connaissons maintenant par divers monu-
ments figurés de l'antiquité la forme sous laquelle était représenté Dagon : il était
homme par la partie supérieure et poisson par la partie inférieure.
6. * IL frappa, etc. On croit communément que le mal dort Dieu (rappa les Phi-
listins, ce furent les hémorrhoides. — Fourmillérent de rats. Le rat des champs à
courte queue, comme il est appelé par les naturalistes, est trés commun dans toute
l'Asie occidentale. Il se propage trés abondamment, malgré tous les ennemis acharnés
à le détruire. Cependant le nombre n'en diminue pas. On le voit dans toutes les
terres cultivées, courant à travers champs, et emportant le grain afin de l'emma-
gasiner pour l'hiver. Cet animal est susceptible de se multiplier en si grande quan-
tité qu'il peut nuire quelquefois sensiblement aux récoltes; aussi ses ravages sont-
ils généralement redoutés.
522 I ROIS.
désola; et 11 frappa Azot et ses
confins à la partie la plus secrete
du corps. Et les villages et les
champs au milieu de cette con-
trée fourmillèrent de rats qui na-
quirent, et la confusion causée
par une grande mortalité régna
dans la ville.
7. Cependant les hommes d’A-
20% voyant une plaie de cette
sorte, dirent : Quel'arche du Dieu
d'Israël ne demeure pas chez
nous, parce que sa main pèse sur
nous et sur Dagon notre Dieu.
8. Et ils envoyèrent chercher,
et rassemblérent tousles satrapes
des Philistins auprès d'eux, et
dirent : Que ferons-nous de l'ar-
che du Dieu d'Israél? Et les Gé-
théens répondirent : Que l'arche
du Dieu d'Israël soit conduite au-
tour du pays. Et ils conduisirent
l'arche du Dieu d'Israël autour
du pays.
9. Or, eux la conduisant ainsi,
la main du Seigneur faisait dans
chaque cité un très grand car-
nage, et il frappait les hommes
de chacune de ces villes, depuis
le petit jusqu'au grand, et leurs
intestinssortant, se pourrissaient.
Aussi les Géthéens tinrent con-
seil et se firent des sièges de
peaux.
10. Ils envoyèrent done l'arche
de Dieu à Accaron. Et lorsque
l'arche de Dieu fut venue à Acca-
ron, les Accaronites s'écrierent,
disant : Ils nous ont amené l'ar-
che du Dieu d'Israél, pour qu'elle
nous tue, nous et notre peuple.
11. C'est pourquoi ils envoyè-
rent chercher et rassemblèrent
[cH. vr.]
tous 165 satrapes des Philistins,
qui dirent : Renvoyez l'arche du
Dieu d'Israél, et qu'elle retourne
en son lieu, et qu'elle ne nous tue
pas avec notre peuple.
19. Car la frayeur dela mort se
répandait dans chaque ville, et la
main de Dieu devenait extréme-
ment pesante ; les hommes aussi,
qui n'étaient pas morts, étaient
frappés à la partie la plus secrete
du corps; et le cri lamentable de
chaque cité montait jusqu'au
ciel.
CHAPITRE VI.
Les Philistins renvoient l'arche. Elle ar-
rive à Bethsameés. Bethsamites frappés
de mort pour l'avoir regardée.
1.,L'arche du Seigneur fut donc
dans le pays des Philistius pen-
dant sept mois.
2. Et les Philistins appelerent
les prétres et les devins, disant :
Que ferons-nous de larche du
Seigneur? indiquez-nous com-
ment nous la renverrons en son
lieu. Ceux-ci répondirent :
3. Si vous renvoyez l'arche du
Dieu d'Israël, ne la renvoyez
point vide; mais rendez-lui pour
le péché ce que vous devez, et
alors vous serez guéris; et vous
saurez pourquoi sa main ne se
retire pas de vous.
4. Les Philistins reprirent :
Qu'est-ce que nous devons lui
rendre pour le péché ? Et les pré-
tres répondirent :
5. Vous ferez, selon le nombre
des provinces des Philistins, cinq
anus d'or, et cinq rats d'or, parce
qu'il n'y a eu qu'une méme plaie
10. * Accaron, l'une des cinq grandes villes des Philistins.
M. * Les satrapes des Philistins, leurs chefs, dont le vrai titre était seranim.
[cu. vr.]
pour vous tous et pour vos satra-
pes. Vous ferez donc des repré-
sentations de vos anus, et des
représentations des rats qui ont
ravagé la terre; et vous donnerez
gloire au Dieu d'Israél; peut-étre
qu'il relèvera sa main de dessus
vous, de dessus vos dieux, et de
dessus votre terre.
6. Pourquoi aggravez-vous vos
cœurs comme l'Egypte et Pha-
raon aggraverent leur cour?
n'est-ce pas apres qu'il eüt été
frappé, qu'illes renvoya, et qu'ils
s'en allèrent ?
7. Maintenant donc prenez et
faites un char neuf, et attelez à
ce char deux vaches nourrices,
et auxquelles on n'a pas imposé
ce joug, etrenfermez leurs veaux
dans l'étable.
8. Puis, vous prendrez l'arche
du Seigneur, et vous la placerez
sur le char; mais les objets d'or
que vous lui aurez payés pour le
péché, vous les mettrez dans le
coffret, à cóté d'elle; et laissez-la
aller.
9. Et vous regarderez; et si
toutefois elle monte, par la route
de ses confins, vers Bethsames,
c'est lui-méme qui nous a fait ce
grand mal; mais sinon, nous
saurons que ce n'est nullement
Cxapr. VI. 6. Exode, xir, 31.
I ROIS.
523
sa main qui nous a touchés, mais
que c’est arrivé par hasard.
10. Les Philistins firent donc de
cette manière; et prenant deux
vaches qui allaitaientleurs veaux,
ils les attelèrent au char, et ren-
fermèrent leurs veaux dans l'éta-
ble.
11. Puis, ils placerent l'arche
de Dieu sur le char et le coffret
qui contenait les rats d’or et les
représentations des anus.
49. Or, les vaches allaient tout
droit par la route qui mène à
Bethsamès, et marchaient par le
méme chemin, s'avancant et mu-
gissant; et elles ne s'écartaient
ni à droite ni à gauche ; mais les
satrapes des Philistins suivirent
aussi jusqu'aux frontieres de
Bethsames.
13. Cependant les Bethsamites
moissonnaient le froment dans
la vallée; et, levant les yeux, ils
virent l'arche, et ils se réjouirent,
lorsqu'ils l'eurent vue.
14. Et le char vint dans le
champ de Josué, le Bethsamite,
et s'arréta là. Oril y avait là une
grande pierre; et ils couperent
en morceaux le bois du char, et
ils mirent les vaches dessus
comme un holocauste au Sei-
gneur. -
7. Prenez et faites; c'est-à-dire prenez de quoi faire. — Nourrices. C'est le sens de
l'hébreu, et le mot fetus, de la Vulgate, signifie souvent, dans les auteurs latins,
des vaches qui ont mis bas. -- * Un char neuf. Les chars orientaux actuels, appelés
arabas, sont probablement semblables à ceux qui étaient en usage alors chez les
Philistins et les Hébreux et qui étaient tirés par une paire de bœufs. C'est le seul
véhicule à roues aujourd'hui employé en Palestine. Les roues sont en bois massif et
solidement fixées à un essieu, qui tourne en méme temps qu'elles, sous le corps du
char, en produisant uu bruit strident. Elles sont quelquefois entourées elles-mêmes
de bandes de fer, attachées par des clous à grosses têtes.
8. Pour le péché, que vous avez commis. Compar. vers. 4.
9. C'est lui-méme; le Scigneur nommé au vers. précédent.
12. * A Bethsamés, ville de la tribu de Juda. Voir Josué, xxi, 16.
524
45. Mais les Lévites descendi-
rent l'arche de Dieu et le coffret
qui était auprès d'elle, et ils les
placèrent sur la grande pierre.
De leur côté, les Bethsamites of-
frirent des holocaustes et immo-
lèrent des victimes en ce jour-là
au Seigneur.
16. Etles cinq satrapes des Phi-
listins le virent, et ils retournè-
rent à Accaron en ce jour-là.
17. Or, voiciles cinq anus d'or
que les Philistius rendirent pour
le péché au Seigneur : Azot en
donna un; Gaza, un; Ascalon,
un ; Geth, un; Accaron, un;
18. /Is rendirent aussi les rats
d'or, selon le nombre des villes
des Philistins, des cinq provinces,
depuis la ville murée jusqu'au
village qui était sans mur, et jus-
qu'à la grande Abel, sur laquelle
ils placerent l'arche du Seigneur,
qui a été jusqu'à ce jour dans le
champ de Josué, le Bethsamite.
19. Or, Je Seigneur frappa des
I ROIS.
(cu. vir.]
hommes de Bethsamès, parce
qu'ils avaient regardé l'arche du
Seigneur; etil frappa d'entre le
peuple soixante-dix hommes, et
cinquante mille du bas peuple. Et
le peuple pleura, parce que le
Seigneur avait frappé le peuple
d'une grande plaie.
20. Et les hommes de Bethsa-
mes dirent : Qui pourra subsister
en la présence du Seigneur, ce
Dieu saint? et chez qui montera-
t-il de chez nous?
21. Ils envoyerent donc des
messagers aux habitants de Ca-
riathiarim, disant : Les Philistins
ont ramené l'arche du Seigneur,
descendez, et ramenez-la chez
vous.
CHAPITRE VII.
Transport de l'arche à Cariathiarim. Sa-
muel exhorte le peuple à retourner au
Seigneur. Il délivre Israél des mains
des Philistins.
1. Les hommes de Cariathiarim
11. Voici les cinq anus, est pour : Voici les noms des cinq villes qui offrirent les
cing anus : genze d’ellipse qui n'est pas rare dans l'Ecriture. — * Azof, Gaza, As-
cation, Geth, Accaron. Ce sont les cinq principales villes des Philistins, qui formaient
une sorie de confédération gouvernée par cinq seranim ou princes.
18. Ils rendi» ent. L'accusatif mures aureos suppose nécessairement que ce verbe
est sous-entendu. Peut-étre aussi que l'auteur de la Vulgate, par un genre de cons-
truction qui lui est assez familier, a-t-il voulu mettre ces deux mots à l'accusatif en
en faisant un complément direct de ce méme verbe is rendirent, exprimé au verset
précédent. — La grande Abel est le nom qui fut donné à une pierre sur laquelle on
déposa l'arche, après la mort des Bethsamites racontée au vers. 19.
19. Parce qu'ils avaient regardé, avec une curiosité défendue par la loi sous peine
de mort (Nombr., 1v, 20). — * Il frappa... soixante-dix hommes et cinquante mille
hommes. Qv croit assez communément «ue le chiffre de cinquante mille hommes est
une interpolation, parce que, contrairement à l'usage, le chiffre soixante-dix est
placé avant celui de cinquante mille; que, de plus, 11 n'y avait pas à Bethsamès ni
autour de Bethsamés une population de cinquante mille habitants et qu'enfin il ne
peut pas étre ici question d'un rassemblement extraordinaire du peuple, parce que
l'arche arriva d'une manière inopinée, au moment de 18 moisson. Le mot bas peuple
ne se lit pas dans l'original hébreu.
21. * Cariathiarim, au nord-ouest de Jérusalem, sur la route de Jaffa à Jérusalem,
dans les montagnes.
1. Ils sanctifiérent; c'est-à-dire consacrèrent par l'onction sainte, ou appliguérent
au minislére des Lévites, ou simplement disposérent, préparérent Eléazar, en le puri-
[cH. vu.]
vinrent donc, ramenerent l'arche
du Seigneur, et la transportèrent
dans la maison d’Abinadad à Ga-
baa : mais ils sanctifièrent Eléa-
zar, son fils, afin qu'il gardât
l'arche du Seigneur.
2. Et il arriva que depuis le
jour où larche du Seigneur de-
meura à Cariathiarim, les jours
se multiplierent (car c'était déjà
la vingtieme année); et toute la
maison d'Israël se reposa à l'abri
du Seigneur.
3. Et Samuel s'adressa à toute
la maison d'Israël, disant : Si
c'est en tout votre cœur que vous
revenez au Seigneur, Ôtez d'au
milieu de vous les dieux étran-
gers, les Baalim et les Astaroth,
et préparez vos cœurs pour le
Seigneur, ne servez que lui, et il
vous délivrera de la main des
Philistins.
4. Les enfants d'Israél enlevè-
rent donc les Baalim et les Asta-
roth, et ne servirent que le Sei-
gneur.
9. Or Samuel dit : Rassemblez
tout Israél à Masphath, afin que
je prie pour vous le Seigneur.
6. Et ils s'assemblerent à Mas-
phath; ils puiserent de l'eau, et
la répandirent en la présence du
Seigneur; ils jeunèrent aussi en
I ROIS. 925
avons péché contre le Seigneur.
Et Samuel jugea les enfants d'Is-
raél à Masphath.
1. Cependant les Philistins ap-
prirent que les enfants d'Israél
s'étaient assemblés à Masphath,
et les satrapes des Philistins mon-
terent vers Israël. Ce qu'ayant
appris les enfants d'Israël, ils crai-
gnirent à l'aspect des Philistins.
8. Et ils dirent à Samuel : Ne
cessez point de crier pour nous
vers le Seigneur notre Dieu, afin
qu’il nous sauve de la main des
Philistins.
9. Samuel prit donc un agneau
encore à la mamelle, et loffrit
tout entier en holocauste au Sei-
gneur, et Samuel cria vers le Sei-
gneur pour Israél, et le Seigneur
lexauca.
10. Or, iL arriva que, tandis que
samuel offrait l'holocauste, les
Philistins engagerent la bataille
contre Israël; mais le Seigneur
tonna avec un grand éclat ce jour-
là sur les Philistins, et les épou-
vanta, et ils furent taillés en piè-
ces à la face d'Israël.
11. Et les hommes d'Israël,
étant sortis de Masphath, pour-
suivirent les Philistins, et ils les
battirent jusqu'au lieu qui était
au-dessous de Bethchar.
ce jour, et ils dirent là : Nous 12. Or, Samuel prit une pierre,
Cnar. VII. 3. Deut., vi, 13; Matth., 1v, 10. — 10. Eccli., זא 20. — 11. Eccli., טא 21.
fiant des souillures extérieures en l'obligeant à s'abstenir des plaisirs sensuels, à
laver ses vétements; en un mot, en le soumettant à tous les genres de puritication
usités en pareil cas. — * Gabaa ne désigne probablement pas ici une ville parti-
culière, mais une hauteur, la partie la plus élevée de Cariathiarim.
3. Les Baalim et les Astaroth. Noy. Juges, ni, 1.
5. * Masphath ou Maspha est probablement la Nebi-Samouil actuelle, à l'extrémité
occidentale de la tribu de Benjamin. Elle domine tout le pays à l'ouest de Jérusalem.
Elle est à deux heures de distance de cette derniére ville et à une demi-heure de
Gabaon.
11. * Bethchar, dont le nom signifie la maison de l'agneau, était vraisemblable-
ment au sud-ouest de Maspha.
526
etla posa entre Masphath et entre
Sen ; et il appela ce lieu du nom
de Pierre du secours, et il dit :
C'est jusqu'ici que le Seigneur
nous à secourus.
13. Ainsi, les Philistins furent
humiliés, et ils n'entreprirent
plus de venir sur les frontières
d'Israél. C'est pourquoi la main
du Seigneur fut sur les Philistins,
pendant tous les jours de Samuel.
14. Et les villes que les Philis-
tins avaient enlevées à Israél,
furent rendues à Israél, depuis
Accaron jusqu'à Gelh, de méme
que leurs confins : ainsi il délivra
Israël de la main des Philistins ;
et la paix était entre Israél et
l'Amorrhéen.
15. Samuel jugeait aussi Israél
pendant tous les jours de sa vie;
16. Et il s'en allait chaque an-
née parcourant Béthel, Galgala et
Masphath, et il jugeait Israël dans
les susdits lieux.
47. Il retournait ensuite à Ra-
matha, car là, était sa maison, et
là il jugeait Israël ; il bátit là aussi
jun autel au Seigneur.
CHAPITRE VIII.
Samuel établit ses enfants juges d'Israël.
Les Israélites demandent un roi. Sa-
muel leur présente le droit du roi. Ils
persistent dans leur demande.
1. Or, il arriva que, lorsque
I ROIS.
[cg. [.זזוץ
Samuel fut devenu vieux, il éta-
blit ses fils juges d'Israël.
2. Le nom de son fils premier-
né fut Joel, et le nom du second,
Abia; ils étaient juges à Bersa-
bée
3. Mais ses fils ne marcherent
pas dans ses voies; mais ils se
portèrent à l'avarice, reçurent
des présents et ils pervertirent
le jugement.
4. Tous les anciens d'Israél,
s'étant donc assemblés, vinrent
vers Samuel à Ramatha,
9. Etlui dirent : Voilà que vous
étes devenu vieux, et vos fils ne
marchent pas dans vos voies;
élablissez sur nous un roi, afin
quil nous juge, comme en ont
toutes les nations.
6. Ge discours déplut à Samuel,
parce qu'ils avaient dit : Donnez-
nous un roi, afin qu'il nous juge.
Et Samuel adressa des prieres au
Seigneur.
7. Mais le Seigneur dit à Sa-
muel : Ecoute la voix du peuple
en Lout ce qu'ils te disent; car ce
n'est pas toi qu'ils ont rejeté,
mais moi, afin que je ne regne
pas sur eux.
8. Selon toutes leurs œuvres
qu'ils ont faites depuis le jour
que je les ai retirés de l'Egypte,
jusqu'à ce jour; comme ils m'ont
abandonné etont servi des dieux
CnaP. VIII. 5. Osée, xir, 10; Actes, xri, 21.
14. De méme que leurs confins. La Vulgate porte ef terminos suos; accusatif qui
dépend de la préposition usque, en sorte que ces confins seraient ceux d'Accaron et
de Geth; ou plutót, comme nous le supposons dans notre version, cet accusatif dé-
pend du verbe {ulerant, en vertu d'un genre de construction qui a été déjà si-
gnalé, vi, 18.
16. * Béthel. Voir Genèse, xui, 8. — üalgala, peut-être celle qui était prés du Jour-
dain, peut-étre aussi une ville qui était au sud-ouest de Silo. — Masphath. Voir vir, ὃ.
2. * Bersabée. Voir la note sur Genèse, xxt, 14.
4. * Ramatha ou Ramathaimsophim. Voir 1, 4,
[c5. 1x.]
étrangers, ainsi ils te font à toi
aussi.
9. Maintenant donc écoute leur
voix; cependant avertis-les et
dis-leur d'avance, le droit du roi,
qui doit régner sur eux.
10. C'est pourquoi Samuel dit
toutes ces paroles au peuple, qui
lui avait demandé un roi,
41. Et il ajouta : Voici le droit
du roi, qui doit vous gouverner :
Il prendra vos enfants, les em-
ploiera à ses chars, et s'en fera
des cavaliers, et des avant-cou-
reurs de ses quadriges,
19. Et il les établira ses tri-
buns, ses centurions, les labou-
reurs deseschamps, les moisson-
neurs de ses grains, et les for-
geurs de ses armes et de ses
chariots.
13. Et de vos filles aussi il fera
ses parfumeuses , ses cuisinieres
et ses boulangeres.
14. Vos champs mémes, vos vi-
gnes et vos plants d'oliviers les
meilleurs, il les prendra et les
donnera à ses serviteurs.
15. Mais de plus 11 lèvera la di-
me de vos grains, et des revenus
de vos vignes, pour donner à ses
eunuques et à ses serviteurs.
16. Il enlèvera aussi vos servi-
teurs, vos servantes, l'élite de
vos jeunes gens, et vos ânes, et
il les empioiera à des travaux
pour lui.
17. Vos troupeaux mémes, il
en lèvera la dime, et vous vous
serez ses serviteurs.
I ROIS.
527
18. Et vous crierez, en ce jour-
là, à cause de votre roi, que vous
vous serez choisi : et le Seigneur
ne vous exaucera point, en ce
jour-là, parce que vous avez de-
mandé pour vous un roi.
19. Or le peuple ne voulut pas
entendre la voix de Samuel ; mais
ils dirent : Point du tout; car il y
aura un roi sur nous,
90. Et nous serons, nous aussi
comme toutes les nations : et no-
tre roi nous jugera, et il sortira
devant nous, et il combattra dans
nos guerres pour nous.
91. Et Samuel entendit toutes
les paroles du peuple, et il les
dit aux oreilles du Seigneur.
22. Mais le Seigneur dit à Sa-
muel : Ecoute leur voix, et établis
sur eux un roi. Samuel dit donc
aux hommes d'Israél : Que cha-
cun s'en aille en sa ville.
CHAPITRE IX.
Saül cherche les ánesses de son pére. 1]
và trouver Samuel. Samuel le retient
chez lui.
1. Or, 11 était un homme de la
tribu de Benjamin nommé Cis,
fils d'Abiel, fils de Séror, fils de
Béchorath, fils d'Aphia, fils d'un
homme de Jémini, courageux et
robuste.
2. Et il avait un fils du nom de
Saül, distingué et bon; et il n'é-
tait pas dhomme parmi les en-
fants d'Israél meilleur que lui;
de l'épaule et de la téte il surpas-
sait tout le peuple.
12. Ses tribuns, ses centurions. Voy. Exode, xvi, 21.
18. A cause de. C'est le vrai sens de l'expression hébraique, qui, à la rigueur et au
pied de 18 lettre, signifie de la face de (a facie), comme a traduit la Vulgate.
1. D'un homme de Jémini; c'est-à-dire dela race de Benjamin.
2. De la téte; littér.: d'au-dessus de l'épaule.
528 I ROIS.
3. Or les ánesses de Cis, pere
de Saül, s'étaient perdues; et Cis
dit à Saül, son fils : Prends avec
toi un des serviteurs, et, te le-
vant, va, et cherche les ânesses.
Ceux-ci ayant passé parla mon-
tagne d'Ephraim,
4. Et par la terre de Salisa, et
ne les ayant point trouvées, pas-
serent aussi par la terre de Sa-
lim, et elles n'y étaient pas; et
aussi par la terre de Jémini, et
ils ne les rencontrerent pas du
tout.
5. Mais lorsqu'ils furent venus
dans la terre de Suph, Saül dit au
serviteur qui étaitaveclui : Viens,
et relournons-nous-en, de peur
que mon pere n'ait laissé 8
ânesses, et qu'il ne soit inquiet
sur nous.
6. Le serviteur lui dit : Voilà
qu'il y a un homme de Dieu dans
cette ville, homme célebre, tout
ce quil dit arrive certainement.
Maintenant donc allons là; peut-
étre nous renseignera-t-il sur la
route, à cause de laquelle nous
sommes venus.
7. Alors Saül ditàson serviteur:
Eh bien, nous irons : que porte-
rons-nous àl'homme de Dieu? Le
pain a manqué dans nos pane-
tières, nous n'avons pas de pré-
sent pour donner à l'homme de
Dieu, ni quelque autre chose que
ce soil.
8. Le serviteur répondit de
nouveau à Saül, et dit : Voici que
]68. ix.]
se trouve dans ma main la qua-
trième partie d'un statère d'ar-
gent, donnons-la à l'homme de
Dieu, afin qu'il nous indique no-
tre route.
9. (Autrefois dans Israél ainsi
parlaient tous ceux qui allaient
consulter Dieu : Venez, et allons
au voyant; car celui qui est ap-'
pelé prophète aujourd'hui, se
nommait autrefois voyant.)
10. Alors Saül dit à son servi-
teur : Ta parole est excellente.
Viens, allons. Et ils allèrent dans
la ville, dans laquelle était l'hom-
me de Dieu.
11. Et lorsqu'ils montaient la
pente de la ville, ils trouverent
des jeunes filles, qui sortaient
pour puiser de l'eau, et ils leur
demanderent : Est-il ici le voyant?
12. Celles-ci répondant, leur
dirent : Il est ici : le voici devant
toi, hàte-toi maintenant; car il
est venu aujourd'hui dansla ville,
parce qu'il y aaujourd'hui un sa-
crifice pour le peuple sur le haut
lieu.
13. Entrant dans la ville, vous
le trouverez aussitót, avant qu'il
monte le haut lieu pour manger;
car le peuple ne doit pas man-
ger, jusqu à ce qu'il vienne, parce
que c'est lui qui bénit l'hostie, et
que c'est aprés cela que mangent
ceux qui ont été appelés. Montez
donc maintenant, parce qu'au-
jourd'hui vous le trouverez.
14. Et ils montèrent à la ville.
4. * Salisa était, d'après Eusèbe, à 15 milles romains au nord de Lydda ou Dios-
polis. — Sulim, inconnue.
5. * La terre de Suph, le pays où était situé Ramathaimsophim.
1. C'est un usage presque général en Orient de ne point se présenter devant quel-
qu'un de distingué sans lui offrir un présent.
8. * La quatrième pariie d’un statàre d'argent. Le texte original porte le quart d'un
sicle. c'est-à-dire envirou 70 centimes,
(cg. 1x.]
Et comme ils marchaient au mi-
lieu de la ville, parut Samuel,
sortant au-devant d'eux, pour
monter sur le haut lieu.
15. Or, le Seigneur avait ouvert
l'oreille de Samuel, un jour avant
que n'arrivát Saül, disant :
16. A cette heure méme qui est
maintenant, demain j'enverrai
vers toi un homme de la terre de
Benjamin, et tu l'oindras chef sur
mon peuple d'Israël; et il sauvera
mon peuple de la main des Phi-
listins, parce que j'ai regardé
mon peuple; car leur clameur est
venue jusqu'à moi.
11. Et lorsque Samuel eut re-
gardé Saül, le Seigneur lui dit :
Voici l'homme dont je t'avais par-
lé, c'est celui-là qui régnera sur
mon peuple.
18. Or Saül s'approcha de Sa-
muel au milieu de la porte, et
dit : Indique-moi, je te prie, oü
estla maison du voyant.
19. Et Samuel répondit à Saül,
disant : C'est moi qui suis le
voyant : monte devant moi sur le
haut lieu, afin que vous mangiez
avec moi aujourd'hui, et je t'eu-
verrai le matin; et tout ce qui est
dans ton cœur, je te l'expliquerai.
20. Et quant aux ànesses que
tu as perdues, il y a trois jours,
ne sois pas inquiet, parce qu'elles
sont retrouvées. Et à qui seront
toutes les meilleures choses d'Is-
raël? N'est-ce pas à toi et à toute
la maison de ton père?
21. Mais Saül répondant, dit :
Est-ce que je ne suis pas, moi,
CnaP. 1X. 15. Actes, xii, 21.
J ROIS.
529
fils de Jémini, de la plus petite
tribu d'Israël, etma parenté n'est-
elle pas la dernière entre toutes
les familles de la tribu de Benja-
min? Pourquoi donc m'avez-vous
tenu ce discours?
99. C'est pourquoi Samuel pre-
nant Saül et son serviteur. les
introduisit dans la salle à man-
ger, et leur donna place à la téte
de ceux qui avaient été invités;
car ils étaient environ trente per-
sonnes.
93. Et il dit au cuisinier : Donne
la portion, que je t'ai donnée, et
que je t'ai commandé de mettre
à part auprès de toi.
24. Or, le cuisinier prit une
épaule, et la placa devant Saül.
Et Samuel dit: Voici ce qui est
resté, mets-le devant toi, et man-
ge, parce que c'est à dessein qu'on
l’a conservé pour 101, quand j'ai
invité le peuple. Et Saül mangea
avec Samuel en ce jour-là.
95. Apres cela, ils descendirent
du haut lieu dans la ville, et Sa-
muel parla avec Saül sur la ter-
rasse, et il prépara un lit à Saül,
| et Saül dormit.
26. Lorsque le matin, ils se
furent levés, et que déjà il faisait
jour, Samuel appela Saül sur la
terrasse, disant : Léve-toi, et je,
t'enverrai. Et Saül se leva, et ils
sortirent tous deux, c'est-à-dire
lui-méme et Samuel.
27. Et lorsqu'ils descendaient
àlextrémité de la ville, Samuel
dit à Saül : Dis à ton serviteur
qu'il nous précède, et qu'il passe
21. Fils de Jémini; pour: de la tribu de Benjamin.
22. * La salle à manger est ce qui est appeié le Aaut lieu aux y. 13, 19, 25, parce
qu'elle était dans une partie élevée de l'appartement.
A. T.
34
ὅ40 I ROIS.
outre; mais toi, demeure un peu,
afin que je te révèle la parole de
Dieu.
CHAPITRE X.
Samuel sacre Saül. Saül prophétise. ll
est élu roi par le sort, reconnu par le
peuple; il se retire à Gabaa.
1. Or, Samuel prit le petit vase
d'huile et le répandit sur 18 téte
de Saül, puis il le baisa et dit:
Voilà que le Seigneur t'a oint
comme prince sur son héritage
et tu délivreras son peuple des
mains de ses ennemis, qui sont
autour de lui. Et ceci sera pour
toi le signe que Dieu t'a oint
comme prince :
2. Lorsque tu t'en seras allé
aujourd'hui d'auprés de moi, tu
irouveras deux hommes pres du
sépulcre de Rachel, dans les con-
fins de Benjamin, au midi, et ils
te diront : Elles ont été trouvées
les ânesses que tu étais allé re-
chercher, mais, les ànesses, lais-
sées de côté, ton père est inquiet
sur vous, et il dit : Que ferai-je
au sujet de mon fils?
3. Et lorsque tu t'en seras allé
de là, que tu auras passé outre,
et que tu seras venu au chéne de
Thabor, là te rencontreront trois
hommes, montant vers Dieu à
Béthel : l'un portant trois che-
vreaux, lautre trois miches de
pain, etl'autre portant une cruche
de vin.
CHAP. X. 1. Actes, xii, 21.
[cH. x.]
4. Et lorsqu'ils auront salué,
ils te donneront deux pains, οἱ tu
les recevras de leur main.
ὃ. Apres cela tu viendras sur
la colline de Dieu, oü est une
garnison de Philistins; etlorsque
tu seras entré là dans 1a ville, tu
auras à ta rencontre une troupe
de prophètes, descendant du
haut lieu, et précédés de psalté-
rions, de tambours, de flütes et
de harpes, et les prophètes eux-
mémes prophétisant.
0. Et l'esprit du Seigneur se
saisira de toi, et tu prophétiseras
avec eux, et tu seras changé en
un autre homme.
7. Quand donc tous ces signes
te seront arrivés, fais tout ce que
ta main renconirera, parce que
le Seigneur est avec toi.
8. Et tu descendras avant moi
à Galgala (car moi-méme je des-
cendrai vers toi) afin que iu
offres une oblation, et que tu im-
moles des victimes pacifiques.
Tu attendras pendant sept jours,
jusquà ce que j'arrive pres de
toi, et je te montrerai ce que tu
dois faire.
9. C'est pourquoi, lorsqu'il eut
détourné son épaule, pour s'en
aller d'auprés de Samuel, Dieu
changea son cœur en un autre;
et tous ces signes arrivereut en
ce jour-là.
10. Et ils arrivèrent à la sus-
dite colline, et voilà une bande
1. Les rois recevaient l'onction sainte comme les prêtres et les prophètes. Cet
usage est passé dans l'église chrétienne, quoiqu'il n'ait été ni uniforme ni universel.
3. * Thabor. Voir Juges, 1v, 6. — Béthet. Voir Genèse, xit, 8.
5. La colline de Dieu était une hauteur qui dominait la ville de Gabaa; on la nom-
mait probablement ainsi, parce qu'il y avait un autel, ou parce que les prophètes y
tenaient leurs assemblées.
1. Tout ce que (a main rencontrera, c'est-à-dire tout ce qui se présentera à faire.
06. x]
de prophetes à sa rencontre ;
alors l'esprit du Seigneur se sai-
sit de lui, et il prophétisa au mi-
lieu d'eux.
11. Or tous ceux qui l'avaient
connu hier et avant-hier, voyant
quil était avec des prophetes,
etqu'il prophétisait,s' entredirent:
Qu'est-ce qui est arrivé au fils de
Cis? est-ce que Saül est aussi du
nombre des prophètes?
19. Et l'un répondit à l'autre,
disant : Et qui est leur père?
C'est pourquoi est passé en pro-
verbe : Est-ce que Saül est aussi
parmi les prophètes ὃ
13. Mais il cessa de prophéti-
ser, et il vint au haut lieu.
14. Et l'oncle de Saül lui dit, à
lui et à son serviteur : Oü étes-
vous allés? Ils répondirent
Chercher les ànesses; et comme
nous ne les avons pas trouvées,
nous sommes venus vers Sa-
muel.
18. Son oncle lui dit encore :
Fais-moi connaître ce que 8
dit Samuel.
16. Et Saül répondit à son
oncle : ll nous a appris que les
ánesses avaient été trouvées.
Mais il ne lui découvrit rien du
discours sur la royauté, que lui
avait tenu Samuel.
47. Après cela, Samuel con-
voqua tout le peuple auprès du
Seigneur à Maspha,
12. Infra, xix, 24. — 19. Supra, vint, 19.
I ROIS. 531
18. Et il dit aux enfants d'Is-
raél : Voici ce que dit le Sei-
gneur Dieu d'sraél: C'est moi
qui ai retiré Israél de l'Egypte,
et qui vous ai délivrés de la main
des Egyptiens, et de la main de
tous les rois qui vous affli-
geaient.
19. Mais vous aujourd'hui,
vous avez rejeté votre Dieu, qui
seul vous a sauvés de tous vos
maux et de toutes vos tribula-
tions, et vous avez dit : Point
du tout; mais établissez un roi
sur nous. Maintenant donc, te-
nez-vous devant le Seigneur,
selon vos tribus, et selon vos
familles.
20. Et Samuel fit approcher
toutes les tribus d'Israël, et le
sort tomba sur la tribu de Ben-
jamin.
21. Il fit donc approcher la
tribu de Benjamin et ses fa-
milles, et la famille de Métri
tomba au sort, et le sort arriva
jusqu'à Saül, fils de Cis. Ils le
chercherent donc, mais il ne se
trouva pas.
22. Et ils consultèrent après
cela le Seigneur, pour savoir
s’il devait venir en ce lieu-là. Et
le Seigneur répondit : Voilà qu'il
est caché dans sa maison.
23. C'est pourquoi ils cou-
rurent, et ils l'enleverent de là;
et il se tint debout au milieu du
11. Hier et avant-hier; hébraïsme pour : auparavant.
12. Qui est leur pére? c'est-à-dire le pére des autres prophétes, ou le maitre, qui
inspire les autres prophétes? Dieu, qui dispense le don de prophétie, n'a-t-il donc
pu faire de Saül un prophète ?
21. Le mot sort est évidemment sous-entendu dans ce verset; ce n'est qu'en le
restituant, que le sens de la Vulgate devient intelligible, et la construction des
phrases réguliere.
23. De la téle. Voy. 1x, 2.
532
peuple et il se trouva plus grand
que tout le peuple de l'épaule et
de la téte.
24. Et Samuel dit à tout le
peuple : Certes, vous voyez quel
est celui qu'a choisi le Seigneur,
et qu'il n'y en a point de sem-
blable dans tout le peuple. Alors
tout le peuple s'écria et dit : Vive
le roi!
25. Or, Samuel dit au peuple
la loi du royaume, et il l'écrivit
dans le livre, et il le déposa de-
vant le Seigneur, et Samuel ren-
voya tout le peuple chacun dans
sa maison.
26. Mais Saül aussi s'en alla
dans sa maison à Gabaa; et s'en
alla avec lui la partie de l'ar-
mée dont Dieu avait touché le
cœur.
97. Au contraire, les enfants
de Bélial dirent : Est-ce qu'il
pourra nous sauver, celui-là? Et
ils le mépriserent, et ils ne lui
apportèrent point de présents;
mais Saül feignait de ne pas en-
tendre.
I ROIS,
[cH. [,1א
CHAPITRE XI.
Les Ammonites assiègent Jabés de Ga-
laad. Saül va au secours de cette ville,
et les met en fuite. ll est de nouveau
reconnu roi à Galgala.
1. Et il arriva environ un mois
apres que Naas, roi des Ammo-
nites, monta et commença à com-
battre contre Jabès-Galaad. Et
tous les hommes de Jabes dirent
à Naas : Acceptez-nous comme
alliés, et nous vous servirons.
9. Et Naas, l'Ammonite, leur
répondit : L'alliance que je ferai
avec vous, sera que je vous arra-
cherai à tous l'oeil droit et que je
vous rendrai lopprobre de tout
Israël.
3. Et les anciens de Jabès lui
répliquerent : Accordez-nous sept
jours, afin que nous envoyions
des messagers dans tous les con-
fins d'Israél, et s'il n'y a personne
pour nous défendre, nous vien-
drons à vous.
4. Les messagers vinrent donc
à Gabaa, patrie de Saül, et rap-
24. * Ce qui est dit 1 Rois, x, 1, que Saül fut sacré par Samuel sur l'ordre de Dieu
n'est pas en opposition. comme on l'a prétendu, avec 1 Rois, x, 20-25, où Saül est
choisi par le sort. David fut aussi sacré d'abord par le méme prophéte et reconnu
plus tard par le peuple Saül est secrètement désigné par Dieu avant de l'étre publi-
quement dans l'assemblée du peuple.
25. Le livre. L'article déterminatif qui est dans l'hébreu marque un livre parti-
culier; ce livre s'est perdu, comme beaucoup d'autres. — Par la loi du royaume,
on peut entendre les ordonnances de Moïse touchant les rois (Deut., xvi, 15-20),
ou, d’après l'historien Joséphe, ce que Samuel a dit un peu plus haut (vin, 11-18),
ou de nouveaux réglements dressés par Samuel pour le bon gouvernement du
royaume, ou simplement l'acte méme de l'élection solennelle du roi Saül, que
Samuel écrivit. — Devant le Seigneur; c'est-à-dire dans le tabernacle ou prés de
l'arche.
26. * Gabaa, de la tribu de Benjamin, n'était pas loin de Ramathaimsophim.
21. * Bélial. Voir Deutéronome, xu, 13.
*. * Jabés-Galaad. Voir Juges, xxi, 8.
ἐς * Gabaa de Saül est la même ville que Gabaa de Benjamin, selon les uns; ditlérente,
selon les autres. Gabaa de Saül est certainement le Tell el-Foul actuel, à une heure
et demie de marche de Machmas; Gabaa tout court (en hébreu Geba) vis-à-vis de
Machimas, xiv, 4-5, est certainement le Djeba actuel. D'après plusieurs, Gabaa de
Beujamin est la méme que cette dernière et cette opinion parait la mieux fondée,
CH. XI.]
portèrent ces paroles, le peuple
l'entendant; alors tout le peuple
éleva sa voix, et pleura.
9. Et voilà que Saül venait de
la campagne, suivant les bœufs,
et il dit : Qua le peuple, qu'il
pleure? Et on lui raconta les pa-
roles des hommes de Jabès.
6. Or, l'esprit du Seigneur se
saisit de Saül, lorsqu'il eut enten-
du ces paroles, et sa fureur fut
très irritée.
7. Et prenant run et l’autre
bœufs, il les coupa en morceaux,
et les envoya dans tous les con-
fins d'Israél par la main des mes-
sagers, disant : Quiconque ne
sortira pas et ne suivra pas Saül
et Samuel, c'est ainsi qu'il sera
fait à ses bœufs. Ainsi la crainte
du Seigneur saisit le peuple,
et ils sortirent comme un seul
homme.
8. Et 8007 en fit la revue à Bé-
zech, et il y eut trois cent mille
enfants d'Israél; mais des hom-
mes de Juda, trente mille.
9. Et ils dirent aux messagers
qui étaient venus : C'est ainsi que
vous direz aux hommes qui sont
à Jabès-Galaad : Demain, le salut
sera pour vous, lorsque le soleil
sera devenu chaud. Les messa-
gers vinrent donc, et apporterent
cette nouvelle aux hommes de
Cap. XI. 12. Supra, x, 21.
I ROIS.
533
Jabès, qui se livrèrent à la joie.
10. Et ils dirent : Demain nous
nous donnerons à vous, et vous
nous ferez tout ce qui vous plaira.
11. Or, il arriva, que lorsque le
lendemain fut venu, Saül parta-
gea le peuple en trois parties; et
il entra au milieu du camp pen-
dantla veille du matin, et il battit
Ammon, jusqu'à ce que le soleil
füt devenu chaud. Ceux qui échap-
pèrent furent dispersés, de ma-
nière qu'il n'en resta pas deux en-
semble.
19. Alors le peuple dit à Sa-
muel : Quel est celui qui a dit : Est-
ce que Saül régnera sur nous?
Donnez-nous ces hommes, et
nous les tuerons.
13. Et Saül répondit : Personne
ne sera mis à mort en ce jour,
parce que le Seigneur a accordé
aujourd'hui le salut dans Israël.
14. Mais Samuel dit au peuple :
Venez, et allons à Galgala, et
proclamons-y de nouveau la
royaulé.
15. Et tout le peuple alla à Gal-
gala, ct ils y firent Saül roi
devant le Seigneur, à Galgala; et
ils immolèrent là des victimes pa-
cifiques devant le Seigneur. Et
Saül se livra là, ainsi que tous les
peuples d'Israél, à une joie très
grande.
1. Par la main des messagers. Nous avons déjà remarqué que les Hébreux se ser-
vaient des mots main, mains, pour exprimer les idées de moyen, d'instrument, d'en-
(remise, etc.
8. Dans ces temps anciens, lorsqu'on proclamait la guerre, on appelait tout ce qui
était en état de porter les armes. Il ne faut donc pas s'étonner si l'armée de Saül,
qui était composée d'Israélites accourus de tous les points de la Palestine, présentait
un aussi grand nombre de combattants. — * Bézech, aujourd'hui Ibzik, sur la route
de Sichem à Bethsan.
A1. La veille du matin. Voy. Exode, xi, 24.
14, * Gulgala, probablement la ville de ce nom à l'ouest du Jourdain, à l'est de
Jéricho.
534 I] ROIS.
CHAPITRE XII.
Samuel prend tout le peuple à témoin de
l'innocence de sa conduite. Il lui re-
présente toutes les miséricordes du
Seigneur, et ses propres infidélités. Il
lexhorte à ne s'attacher qu'au Sei-
gneur.
1. Or Samuel dit à tout Israél :
Voilà que j'ai entendu votre voix,
selon tout ce que vous m'avez dit,
et j'ai établi sur vous un roi.
2. Et maintenant ce roi marche
devant vous ; pour moi, j'ai vieilli,
et j'ai blanchi; mais mes fils sont
avec vous. C'est pourquoi, ayant
vécu devant vous depuis ma jeu-
nesse jusqu'à ce jour, me voici
en votre présence.
3. Dites de moi devant le Sei-
gneur et devant son christ, si j'ai
pris le bœuf ou l'àne de personne,
si jai calomnié qui que ce soit,
si j'ai opprimé quelqu'un, si j'ai
recu un présent de la main de
personne, je le dédaignerai au-
jourd'hui et je vous le rendrai.
4. Et ils lui répondirent : Vous
ne nous avez point calomniés, ni
opprimés, et vous n'avez pris de
la main de quelqu'un quoi que ce
soit.
5. Il leur dit encore : Le Sei-
gneur est témoin contre vous, et
son christ aussi est témoin en ce
jour, que vous n'avez trouvé dans
ma main quoi que ce soit. Et ils
répondirent : Témoin.
(cu. xm.]
6. Alors Samuel dit au peuple :
Le Seigneur qui a fait Moise et
Aaron, et qui a retiré nos pères
de la terre d'Egypte.
7. Maintenant donc comparais-
sez, que je vous attaque en juge-
ment devant le Seigneur, pour
toutes les misérieordes du Sei-
gneur, qu'il vous a faites, à vous
et à vos peres,
8. Par la manière dont Jacob
entra en Egypte, dont vos pères
crierent vers le Seigneur, dont le
Seigneur envoya Moise et Aaron,
et dont il retira vos pères de l'E-
gypte, et dont il les établit dans
ce lieu-ci.
9. Ils oublierent le Seigneur
leur Dieu, et il les livra àla main
de Sisara, chef de la milice d'Ha-
sor, à la main des Philisüns, et à
la main du roi Moab, qui combat-
tirent contre eux.
10. Mais ensuite ils crierent
vers le Seigneur et dirent : Nous
avons péché, parce que nous
avons abandonné le Seigneur, et
nous avons servi les Baalim et
les Astaroth : mais maintenant
délivrez-nous de la main de nos
ennemis, el nous vous servirons.
11. Et leSeigneur envoya Jéro-
baal, Badan, Jephté et Samuel,
etil vous délivra de la main de
vos ennemis d alentour, et vous
avez habité cette terre avec assu-
rance.
19. Cependant voyant que Naas,
Cua». XII. 3. Eccli., xLVI, 92, — 8. Genèse, xLvi, 5. — 9. Judic., 1v, 2. — 11. Judic.,
vi, 18. — 19. Supra, vii, 19; x, 19.
3. * Devant son christ, devant le roi.
6. Le Seigneur. Devant ce mot est sous-entendu : Ainsi le témoin est.
9. * D'Hasor ou Asor. Voir Josué, xi, 1.
10. * Les Baalim. Voir note sur Juges, vi, 25. — Les Astaroth. Voir note sur
Juges, 11, 7.
19. * L'auteur sacré assigue ici une nouvelle cause de l'élévation de Sai à la
]08. xn.]
roi des enfants d'Ammon, était
venu contre vous, vous m'avez
dit : Point du tout; mais un roi
nous gouvernera, lorsque le Sei-
eneur votre Dieu régnait sur
vous.
13. Maintenant donc il est là vo-
tre roi que vous avez choisi et
demandé : voilà que le Seigneur
vous ἃ donné un roi.
14. Si vouscraignezle Seigneur,
et que vous le serviez, si vous en-
Lendez sa voix, et que vous n'ex-
aspériez point la bouche du Sei-
gneur, vous suivrez, et vous et
le zoi qui vous gouverne, le Sei-
gneur votre Dieu;
15. Maissi vous n'écoutez point
18 voix du Seigneur, et que vous
exaspériez ses paroles, la main
du Seigneur 5618 5111 vous, et sur
VOS peres.
16. Mais de plus, prenez garde
maintenant, et voyez cette gran-
de chose que va faire le Seigneur
en votre présence.
17. N'est-ce pas la moisson du
froment aujourd'hui? J'invoque-
rai le Seigneur, et il lancera des
tonnerres et des pluies; et vous
saurez, et vous verrez que vous
avez fait un grand mal en la pré-
sence du Seigneur, demandant
un roi au-dessus de vous.
18. Et Samuel cria vers le Sei-
I ROIS. 935
gneur, et le Seigneur lanca des
tonnerres et des pluies en ce jour-
là.
19. Et tout le peuple craignit le
Seigneur et Samuel, et le peuple
entier dit à Samuel : Priez pour
vos serviteurs le Seigneur votre
Dieu, afin que nous ne mourions
pas ; car nous avons ajouté à tous
nos autres péchés ce mal, que
nous avons demandé pour nous
un roi.
20. Mais Samuel répondit au
peuple : Ne craignez point; c'est
vous qui avez fait tout ce mal;
mais cependant ne vous retirez
pas en arrière du Seigneur, mais
servez le Seigneur en tout voire
cœur.
91. Et ne vous tournez point
vers les choses vaines qui ne vous
serviront pas, et qui ne vous
délivreront pas, parce qu'elles
sont vaines.
22. Et le Seigneur n'abandon-
nera pas son peuple, à cause de
son grand nom, parce que le
Seigneur a juré de vous faire son
peuple.
23. Mais loin de moi ce péché
contre le Seigneur, que je cesse
de prier pour vous ; mais je vous
enseignerai la voie bonne et
droite.
94. Ainsi, craignez le Seigneur,
royauté. Les deux causes pour lesquelles les Hébreux désirent un roi, savoir la cu-
pidité des enfants de Samuel, I [1ois, vir, 3-5, et les menaces d'invasion des Ammo-
nites, 1 Rois, xit, 12, 13, ne s'excluent point, comme on l'a affirmé : elles concordent
parfaitement ensemble; seulement l'historien ne s'est pas cru obligé de les faire
connaitre en méme temps, mais quand il en a trouvé l'occasion.
14. N'exaspériez point la bouche du Seigneur. La phrase hébraïque correspondante
a été rendue ailleurs dans la Vulgate par : Ne soyez pas incrédules, ou rebelles à la
parole, ou à l’ordre du Seigneur.
11, 18. Des tonnerres; littér. des voix; le tonnerre est assez souvent appelé /a voix
de Dieu dans l'Ecriture.
91. Les choses vaines; c'est-à-dire ies faux dieux, qui n'ont point d'existence réelle,
et qui par là méme ne peuvent rien pour les hommes.
536 I ROIS.
et servez-le en vérité et de tout
votre cœur ; car vous avez vu les
grandes choses qu'il a faites par-
mi vous.
25. Que si vous persévérez dans
votre malice, et vous et votre roi
vous périrez ensemble.
CHAPITRE XIII.
Guerre entre les Philistins et les Israé-
lites. Jonathas défait la garnison de
Gabaa. Les Philistins assemblent leur
armée, Saül offre des sacrifices contre
lordre du Seigneur. Samuel lui dé-
clare que Dieu l'a rejeté.
1. Saül avait un an, lorsqu'il
commenca à régner, et il régna
pendant deux ans sur Israél.
9. Et il se choisit trois mille
hommes d'Israél; or, il y en avait
deux mille avec Saül à Machmas,
et sur la montagne de Béthel, et
mille avec Jonathas à Gabaa-Ben-
jamin; pour le reste du peuple,
il renvoya chacun dans son taber-
nacle.
3. EtJonathas battit la garnison
des Philistins, qui était à Gabaa.
Lorsque les Philistins l'eurent ap-
pris, Saül sonna de la trompette
[cH. xm.]
dans tout le pays, disant : Que
les Hébreux entendent.
4. Or tout Israël apprit cette
nouvelle : Saül a battu la garni-
son des Philistins; et Israél se
leva contre les Philistins. Le
peuple cria donc après Saül à
Galgala.
5. Et les Philistins s'assemble-
rent pourcombattre contre Israël,
avec irente mille chariots, six
mille cavaliers et le reste de la
multitude, semblable au sable
nombreux qui est sur le rivage
de la mer. Et, montant, ils cam-
perent à Machmas, vers l'orient
de Béthaven.
6. Lorsque les hommes d'Israël
virent qu'ils étaient ainsi resser-
rés (car le peuple était affligé),
ils se cachèrent dansles cavernes,
dans les lieux retirés, dans les
rochers méme, dans les antres et
dans les citernes.
7. Mais les Hébreux passèrent
le Jourdain e£ vinrent dans la
terre de Gad et de Galaad. Et
comme Saül était à Galgala, tout
le peuple qui le suivait, était
épouvanté.
1. Avait un an; littér. était fils d'un an. On lévera facilement les difficultés, autre-
ment insolubles, qu'offre ce verset, si on le traduit, conformément à l'hébreu, par :
Saül était fils ou âgé d'un an dans son végne; et il avait régné deux ans ; et si ensuite
on rattache la première partie aux événements rapportés dans les chapitres précé-
dents, et la seconde à ce qui suit dans celui-ci; car, dans cette supposition, le sens
sera : Saül avait régné un an, quand, aprés la défaite des Ammonites et la levée du
siège de Jabès, il fut reconnu de tout le peuple à Galgala; et il avait régné deux ans,
lorsqu'il choisit trois mille hommes d'Israel, etc.
9. Gabaa-Benjamin; Gabaa de la tribu de Benjamin. — * Machmas, au nord-est de
Jérusalem, aujourd'hui Moukmas. — Béthel. Voir Genèse, xu, 8. — Gabaa de Ben-
jamin. Voir plus haut, xr, 4.
3. * Gabaa, en hébreu Geba, n'est pas Gabaa de Saül, mais l'actuel Djeba, vis-à-vis
de Machmas.
3, 1. Par Hébreux, plusieurs entendent ceux d'au delà du Jourdain, suivant la signi-
fieation primitive de ce mot. Cette interprétation parait assez probable.
4. Le peuple, etc.; c'est-à-dire le peuple suivit Saül à Galgala en eriant, ou bien,
selon le texte original, il s'assembla auprès de Saül à Galgala. — * À Galgata dans
la plaine du Jourdain.
9. * Bélhaven était à l'est de Béthel.
xui.] .א6]
8. Et il attendit durant sept
jours, selon l'ordre de Samuel,
et Samuel ne vint point à Galgala,
etle peuple se détacha de Saül.
9. Saül dit: Apportez-moi l'ho-
locauste et les hostes pacifiques.
Et il offrit l'holocauste.
10. Et comme il achevait d'of-
frir l'holocauste, voilà que Sa-
muel arrivait; et Saül sortit au-
devant de lui pour le saluer.
11. Et Samuel lui demanda :
Qu'avez-vous fait? Saül répondit:
Parce que [ 81 vu que le peuple se
détachait de moi, et que vous
n'étiez pas venu, selon les jours
marqués, mais que les Philistins
s'étaient assemblés à Machmas,
19. J'ai dit : Maintenant les
Philistins descendront vers moi
à Galgala, et je n'ai point apaisé
la face du Seigneur. Poussé par la
nécessité, j'ai offert l'holocauste.
13. Et Samuel dit à Saül
Vous avez agi en insensé, et
vous n'avez pas gardé les com-
mandements du Seigneur votre
Dieu, quil vous a prescrits. Si
vous n'aviez point fait cela, le
Seigneur aurait déjà maintenant
établi votre règne sur Israël
pour toujours;
14. Mais votre regne ne sub-
sistera plus désormais. Le Sei-
gneur s'est cherché un homme
selon son cœur; et le Seigneur
lui à ordonné d'étre chef sur son
peuple, parce que vous n'avez pas
observé ce qu'a ordonné le Sei-
gneur.
CnuaP. XIII. 14. Actes, xir, 22.
I ROIS.
537
15. Or, Samuelseleva, et monta
de Galgala à Gabaa-Benjamin.
Et le reste du peuple, monta
après Saül au-devant du peuple
des Philistins qui les attaquait,
tandis qu'ils venaient de Gal-
gala à Gabaa sur la colline de
Benjamin. Et Saül fit la revue
du peuple, qui se trouvait avec
lui au nombre d'environ six cents
hommes.
16. Ainsi Saül et Jonathas, son
fils, et tout le peuple qui se trou-
vait avec eux, étaient à Gabaa-
benjamin ; mais les Philistins s'é-
taient postés à Machmas.
17. Alors sortirent pour piller
trois bataillons de Philistins. Un
batailon allait en face de la
voie d'Ephra, vers la terre de
Sual ;
18. Mais l'autre s'avancait par
la voie de Béthoron, et le troi-
sieme avait tourné vers ie che-
min du territoire qui domine la
vallée de Séboim, contre le dé-
sert.
19. Or, il ne se tronvait point
de forgeron dans toute la terre
d'Israël; car les Philistins avaient
pris ces mesures, de peur que
les Hébreux ne fissent des glai-
ves ou des lances.
20. Tout Israël descendait donc
chez les Philistins, paur aiguiser
chacun son soe de charrue, son
hoyau, sa cognée et son sarcloir.
21. C'est pourquoi les tran-
chants des 5005 de charrue, des
hoyaux, des fourches et des co-
—————————————————————————————————————————————————
17. * Ephra, à l'est de Béthel. — Sua, ainsi nommé probablement des chacals qui
y abondaient, n'a pas été retrouvé.
18. * Béthoron, ville d'Ephraim, sur la route qui conduisait au pays des Philistins
et en Egypte. — Séboim, inconnu.
538 ו ROIS.
gnées étaient émoussés jusqu'à
la pointe qu'il fallait redresser.
22. Et lorsque fut venu le jour
du combat, il ne se trouva ni
épée, ni lance dans la main de
tout le peuple qui était avec Saül
el Jonathas, excepté dans celle
de Saül et de Jonathas, son fils.
93. Or, la garnison des Phi-
listins sortit, pour passer vers
Machmas.
CHAPITRE XIV.
Jonathas, accompagné de son écuyer,
attaque les Philistins. Erreur répandue
dans leur camp. Saül les poursuit. Jo-
nathas en danger de périr pour avoir
violé, sans le savoir, le serment de son
pére. Victoire de Saül.
1. Et il arriva un certain jour
que Jonathas, fils de Saül, dit au
jeune homme, son écuyer : Viens
et passons jusqu à la garnison
des Philistins, qui est au delà
dece lieu. Maisil ne déclara point
cela à son pere.
9. Or, Saül demeurait àl'extré-
mité de Gabaa, sous le grena-
dier qui était à Magron; et le
peuple était avec lui, au nombre
d'environ six cents hommes.
3. Et Achias, fils d'Achitob.,
frère d'Ichabod, fils de Phinéès
qui était né d'Héli, prêtre du Sei-
gneur à Silo, portait un ephod.
Mais le peuple aussi ignorait oü
était allé Jonathas.
4. Or, il y avait entre les mon-
(βαρ. XIV. 3. Supra, tv, 21.
xiv.] .אס]
tées par lesquelles Jonathas s'ef-
forçait de passer jusqu'à la gar-
nison des Philistins, des pierres
très hautes des deux côtés, et
des rochers de part et d'autre
coupés à pic en forme de dents :
le nom de l'un était Bosès, et le
nom de l'autre, Séné.
9. Un des rochers avancait vers
l'aquilon, vis-à-vis de Machmas.
et l'autre vers le midi, contre
Gabaa.
6. Or. Jonathas dit au jeune
homme, son écuyer : Viens, pas-
sons jusqu'à la garnison de ces
incirconcis; peut-être que 8
Seigneur agira pour nous, parce
quil n'est pas difficile au Sei-
gneur de sauver avec un grand
ou avec un petit nombre.
7. Et son écuyer lui répondit :
Faitestoutce qui vous plaira; allez
où vous désirez, et je serai avec
vous partout où vous voudrez,
8. Et Jonathas reprit: Voici que
nous allons vers ces hommes-
là. Lors donc que nous leur appa-
raitrons,
9. S'ils nous parlent de cette
sorte : Demeurez-là, jusqu'à ce
que nous allions à vous, demeu-
rons à notre place et ne montons
pas vers eux.
10. Mais s'ils disent : Montez
vers nous, montons, parce que
le Seigneur les a livrés en nos
mains: cesera pour nous lesigne.
41. Ils apparurent donc sou-
2. * Magron, probablement l'el-Mighram actuel, au nord de Tell el-Foul et au sud
de Machmas. — Sal demeurait à l'extrémité de Gabaa de Saül.
3. * Un éphod. Voir note sur Exode, xxv, 1.
4-9. * Machmas, Gabaa. Voir וזא 23. Entre Machmas et Gabaa (Djeba), il y 8 un
ravin trés profond, appelé aujourd'hui l'ouadi Soueimt et l'on y remarque des
rochers coupés à pic.
]68. xiv.]
dain l'un et l'autre à la garnison
des Philistins; et les Philistins
dirent: Voici les Hébreux qui
sortent des cavernes dans les-
quelles ils étaient cachés.
19. Et les hommes de la gar-
nisen parlèrent à Jonathas et à
son écuyer, et dirent : Montez
vers nous, et nous vous montre-
rons quelque chose. Alors Jona-
thas dit à son écuyer : Montons,
suis-moi; car le Seigneur les a
livrés aux mains d'Israél.
13. Jonathas monta donc, grim-
pant avec les mains et les pieds,
et son écuyer derriere lui. C'est
pourquoi les uns tombaient de-
vant Jonathas; les autres, son
écuyer qui le suivait,les tuait.
14. Ce fut là la premiere dé-
faite des Philistins, dans laquelle
Jonathas et son écuyer tuèrent
environ vingt hommes, dans la
moitié d'un arpent, laquelle une
paire de bœufs a coutume de la-
bourer en un jour.
15. Et il fut fait un miracle
danslecamp et danslacampagne;
et aussi tous les gens de leur
garnison, qui étaient venus pour
piller, furent frappés de stupeur,
et le pays fut troublé : ainsi il ar-
riva comme un miracle de Dieu.
16. Et les sentinelles de Saül,
qui étaient à Gabaa-Benjamin,
regardèrent, et voilà une multi-
tude étendue par terre, et une
autre fuyant çà et là.
12. I Mach., 1v, 30.
I ROIS. 539
17. Alors Saül dit au peuple
qui était avec lui: Cherchez, et
voyez qui est sorti de notre
camp. Or, lorsqu'on eut cherché,
on trouva que Jonathas et son
écuyer n'y étaient pas.
18. Saül dit donc à Achias :
Approchez larche de Dieu (car
l'arche de Dieu était en ce jour-là
avec les enfants d'Israël).
19. Et pendant que Saül par-
lait au prêtre, un grand tumulte
s'éleva dans le camp des Philis-
tins; et il se fortifiait peu à peu,
puis il retentissait plus distincte-
ient. Alors Saül dit au prétre :
Retirez votre main.
20. Saül jeta un grand cri,
ainsi que tout le peuple qui était
avec lui; et ils vinrent jusqu'au
lieu du combat : et voilà que le
glaive de l'un avait été tourné
contre l'autre, οἱ qu'il y avait eu
un trés grand carnage.
21. Mais les Hébreux aussi qui
avaient été avec les Philistins hier
et avant-hier, monterent avec
eux dans le camp. retournèrent
pour étre avec les Israélites qui
étaient avec Saül et Jonathas.
22. De méme tous les Israélites
qui s'étaient cachés dans la mon-
lagne d'Ephraim, apprenant que
les Philistins avaient fui, s'unirent
aux leurs pour 16 combat. Or, il y
avait avec Saül environ dix mille
hommes.
23. Et le Seigneur sauva en
16. * Gabaa-Benjamin. Noir xi, 4.
11. De notre camp; littér. : d'auprés de nous, d'avec nous.
19. Relirez, ou fermez votre main. Le prêtre priait les mains élevées et étendues.
Saül pensa que le Seigneur s'était déjà assez déclaré en sa faveur, pour que le prétre
cessát ses prières, et qu'il ne fallüt plus qu'une prompte exécution,
21. Hier et avant-hier, hébraisme, pour depuis deux ou trois jours.
540 I ROIS.
ce jour-là Israël; et le combat
parvint jusqu'à Béthaven.
24. Et les hommes d'Israél se
réunirent en ce jour-là; mais
Saül adjura le peuple, disant :
Maudit l'homme qui mangera du
pain avant le soir, jusqu'à ce que
je me sois vengé de mes enne-
mis! Et tout le peuple ne mangea
pas de pain.
25. Et tout le bas peuple du
pàys vint dans le bois dans le-
quel il y avait du miel sur la face
des champs.
26. Le peuple entra donc dans
ce bois, et il parut du miel qui
coulait, et nul ne porta la main à
sa bouche; car le peuple craignait
le serment.
27. Mais Jonathas n'avait pas
entendu, lorsque son père adju-
rait le peuple; il étendit donc
lextrémité de la baguette qu'il
tenait à la main, et il la trempa
dans un rayon du miel, puis il
porta sa main à sa bouche, et ses
yeux devinrent brillants .
28. Mais quelqu'un du peuple
prenant la parole, dit : Votre père
a lié par serment le peuple, di-
sant : Maudit l'homme qui man-
gera du pain aujourd'hui! (or le
peuple était défaillant.)
99. Et Jonathas répondit : Mon
pere a troublé le pays : Vous avez
vu, vous-mémes, que mes yeux
sont devenus brillants, parce que
jài goüté un peu de ce miel;
30. Qu'eut-ce été, si le peuple
[cH. xiv.]
eüt mangé du butin de ses enne-
mis, qu'il a trouvé ? La défaite des
Philistins n'eüt-elle pas été plus
grande ?
31. Les Hébreux battirent donc
en ce jour-là les Philistins depuis
Machmas jusqu'à Aialon. Mais le
peuple fut tres fatigué,
32. Et s'étant tourné du côté
du butin, il prit des brebis, des
bœufs et des veaux; ils les tuèrent
sur la terre, et le peuple les man-
gea avec le sang.
33. Mais on l'annonca à Saül,
en disant que le peuple avait pé-
ché contre le Seigneur, en man-
geant de la chair avec le sang.
Et Saül dit: Vous avez prévari-
qué, roulez près de moi une
grande pierre.
34. Et Saül ajouta : Répandez-
vous çà et là dans le peuple, et
dites-leur, que chacun m'amene
son bœuf et son bélier; tuez-les
sur cette pierre, et mangez-en, et
vous ne pécherez pas contre le
Seigneur, en mangeant la chair
avec le sang. C'est pourquoi tout
le peuple amena son bœuf par la
main jusqu'à la nuit; et ils les
tuèrent là.
35. Or, Saül bátit un autel au
Seigneur ; et ce fut alors pour la
premiere fois qu'il commença à
bâtir un autel au Seigneur.
36. Saül dit ensuite : Fondons
sur les Philistins pendant la nuit,
et ravageons-les jusqu'à ce que
brille la lumiere du matin, et n'en
24. Comme nous l'avons déjà remarqué, les Hébreux disaient manger du pain,
pour manger en général, faire un repas; d'autant que dans leur langue, le mot pain
se prend pour tout aliment, pour une nourriture quelconque.
25. Dans le bois, qui se touvait en cet endroit.
26. Nul ne porta; n'osa prendre du miel avec sa main, 6118 porter ensuite à sa bouche.
81. * Depuis Machmas jusqu'à Aialon, il y a au moins cinq heures de marche.
Aialon, au sud-ouest de Machmas, conduit au pays des Philistins.
[ca. xiv.]
laissons pas un seul homme. Et
le peuple répondit : Tout ce qui
parait bon à vos yeux, faites-le.
Alors le prétre dit: Approchons-
nous ici de Dieu.
81. Et Saül consulta le Sei-
gneur: Est-ce que je poursuivrai
les Philistins? et les livrerez-vous
aux mains d'Israël? Et il ne lui
répondit point en ce jour-là.
38. Et Saül dit: Faites venir ici
tous les chefs du peuple; sachez
et voyez par qui a eu lieu le pé-
ché en ce jour.
39. Le Seigneur, sauveur d's-
raél, vit! Si c'est par Jonathas,
mon fils, quil a été commis, il
mourra sans rémission. Sur quoi
nul d'entre tous ne le contredit.
40. Et il dit à tout Israël : Sé-
parez-vous, vous d'une part, et
moi, avec Jonathas, mon fils, je
serai del'autre part. Et le peuple
répondit à Saül: Ce qui parait
bon à vos yeux, faites-le.
41. Et Saül dit au Seigneur
Dieu d'Israël : Faites connaitre
pourquoi est-ce que vous n'avez
pas répondu à votre serviteur
aujourd'hui? Si c'est en moi ou
en Jonathas mon fils qu'est cette
iniquité, montrez-le; ou si cette
iniquité est dans votre peuple,
montrez votre sainteté. Et Jona-
thas et Saül tombèrent au sort, et
le peuple 50111
42. Alors Saül dit : Jetez le sort
I ROIS. 541
entre moi et entre Jonathas,
mon fils. Et Jonathas tomba au
sort.
43. Or, Saül dit à Jonathas :
Indique-moi ce que tu as fait. Et
Jonathas le lui indiqua, et dit :
Je n'ai fait que goüter avec l'ex-
trémité de la baguette. qui était
en ma main, un peu de miel, et
voici que je meurs.
44. Et Saül répondit : Que Dieu
me fasse ceci, et qu'il ajoute
cela, si tu ne meurs de mort, Jo-
nathas.
45. Mais 16 peuple dit à Saül :
Quoi donc! Jonathas mourra, lui
qui a procuré le salut à Israel par
cette grande victoire? Cela ne se
peut : le Seigneur vit!il ne tom-
bera pas un cheveu de sa téte sur
la terre, parce qu'il a agi avec
Dieu aujourd'hui. Le peuple déli-
vra donc Jonathas, pour qu'il ne
mourüL pas.
46. Après cela Saül se retira,
et il ne poursuivit pas les Philis-
üns: or, les Philistins s'en allèrent
chez eux.
47. Et Saül, son règne sur Is-
rael affermi, combattait aux alen-
tours contre tous ses ennemis,
contre Moab, contre les enfants
d'Ammon, contre Edom, contre
les rois de Soba et contre les Phi-
listins; et partout oü il se portait,
il était vainqueur.
48. Ensuite, son armée assem-
38. Les chefs; littér.: les angles. Voy. Juges, xx, 2.
39, 45. Le Seigneur, sauveur d'Israél, vit! Voy. Juges, vut, 19.
41. Montrez votre sainteté, en faisant connaitre, et en punissant le coupable.
D'autres traduisent : sanctifiez-le, c'est-à-dire le peuple, en lui découvrant le cou-
pable, parce qu'en l'exterminant il recouvrera la sainteté, qu'il avait perdue par le
péché commis.
4^4. Que Dieu me fasse ceci, etc. Voy. Ruth, 1, 11.
41. * Soba, partie de la Syrie.
48. * Amalec, tribu nomade de la presqu'ile du Sinai, entre le mont Sinai et l'Idu-
née, au sud de la Palestine.
542
blée, 11 battit Amalec, et délivra
Israël de la main de ses dévasta-
teurs.
49. Or, les fils de Saül furent
Jonathas, Jessui et Melchisua: et
les noms de ses deux filies étaient,
le nom de l'ainée, Mérob, et le
nom de la plus jeune, Michol;
50. Et le nom de la femme de
Saül, Achinoam, fille d'Achimaas;
et le nom du prince de sa milice,
Abner, fils de Ner, oncle paternel
de Saül.
91. Mais Cis fut père de Saül,
et Ner père d'Abner, fils d'Abiel.
92. Mais il y eut une puissante
guerre contre les Philistins, du-
rant tous les jours de Saül; car
tout homme qu'il avait vu vail-
lant et propre au combat, il l'as-
sociait à lui.
CHAPITRE XV.
Guerre contre les Amalécites. Saül épar-
gne leur roi. Samuel lui reproche sa
désobéissance, et lui déclare que Dieu
l'a rejeté. 11 fait venir Agag et le coupe
en morceaux. li se sépare de Saül.
1. Et Samuel dit à Saül : Le
Seigneur m'a envoyé pour vous
oindre comme roi sur son peuple,
Israël : maintenant donc écoutez
la voix du Seigneur.
2. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : J'ai passé en revue
tout ce qu'a fait Amalec à Israël,
comment il lui résista dansle che-
min, lorsqu'il montaitde l'Egypte.
(βαρ. XV. 2. Exode, xvi, ὃ.
I ROIS.
[cn. xv.]
3. Maintenant donc va et bats
Amalec et détruis tout ce qui est
à lui : ne l'épargne point, et ne
désire rien de ce qui lui appar-
üent; mais tue depuis l'homme
jusqu'à la femme, jusqu'au petit
enfant, et celui qui est à la ma-
melle, jusqu'au bœuf, à la brebis,
au chameau et à l’âne.
4. C'est pourquoi Saül ordonna
au peuple, etilles recensa comme
des agneaux ; et il y eut deux cent
mille hommes de pied et dix mille
de la tribu de Juda.
9. Et quand Saül fut venu jus-
qu'à la ville d'Amalec, il dressa
des embuscades sur le bord du
torrent.
6. Et Saül dit au Cinéen : Allez,
retirez-vous, et descendez loin
d'Amalec, de peur que je ne t'en-
veloppe avec lui; car tu as fait
miséricorde à tous les enfants
d'Israél, lorsqu'ils montaient de
l'Egypte. Et le Cinéen se retira du
milieu d'Amalec.
7. Et Saül battit Amalec depuis
Hévila jusqu'à ce qu'on vienne à
Sur, qui est vis-à-vis de l'Egypte.
8. Et il prit Agag, roi d'Amalec,
vivant; mais tout le peuple, il le
tua par le tranchant du glaive.
9. Et Saül et le peuple épar-
gnerent Agag, les meilleurs trou-
peaux de brebis et de bœufs, les
vêtements, les béliers et tout ce
qui était beau, et ils ne voulurent
pas les détruire; mais lout ce qui
6. Il paraît qu'il y avait un Cinéen auprès de Saül; c'est ce qui explique ce chau-
gement de nombre dans le méme verset. Or les Cinéens, descendants de Jéthro,
parent de Moise, avaient montré beaucoup d'attachement aux Israélites. Voisins des
Amalécites, ils s'étaient mélés avec eux; c'est pour cela que Saül les engage à se
séparer de ce peuple, qu'il avait ordre d'exterminer.
7. * Depuis Hévila jusqu'à ce qu'on vienne à Sur, Voir Genèse, xxv, 18.
CH. xv.]
était vil et meprisable, voilà ce
qu'ils détruisirent.
10. Or, la parole du Seigneur
se fit entendre à Samuel, disant :
11. Je me repens d'avoir établi
Saül roi, parce qu'il m'a aban-
donné, et qu'il n'a pas accompli
mes paroles par ses œuvres. Et
Samuel fut contristé, et il cria
vers le Seigneur pendant toute la
nuit.
19. Et lorsque Samuel se fut
levé de nuit pour aller vers Saül
au matin, on annonca à Samuel
que Saül était venu surle Carmel,
qu'il s'était érigé un arc de tri-
omphe, et que, retournant, il était
passé et descendu à Galgala. Sa-
muel vint donc vers Saül, et Saül
offrait un holocauste au Seigneur
des prémices des dépouilles qu'il
avait emportées d'Amalec.
43. Et quand Samuel fut venu
vers Saül, Saüllui dit : Béni soyez-
vous du Seigneur! J'ai accompli
la parole du Seigneur.
14. Et Samuel demanda : Quelle
est cette voix de brebis, qui re-
tentit à mes oreilles, et de beeufs,
que j'entends ?
15. Et Saül répondit : On lesa
amenés d'Amalec; car le peuple
a épargné les meilleures brebis
etles meilleurs bœufs, pour qu'ils
fussent immolés au Seigneur vo-
ire Dieu; mais le reste nous l'a-
vons tué.
16. Mais Samuel dit à Saül :
Laissez-moi, et je vous déclarerai
ce que le Seigneur m'a dit pen-
ὃ ROIS. 943
dant cette nuit. Et il lui répondit :
Parlez.
11. Et Samuel dit : Est-ce que,
quand vous étiez petit à vos yeux,
vous n'étes pas devenu chef par-
miles tribus d'Israél?Le Seigneur
vous a méme oint comme roi sur
Israël ;
18. De plus, il vous a lancé dans
la voie, et il a dit : Va, et tue les
pécheurs d'Amalec, et tu combat-
iras contre eux jusqu'à leur en-
tière extermination.
19. Pourquoi donc n'avez-vous
pas écouté la voix du Seigneur;
mais, que vous étant tourné du
cólé du butin, vous avez fait le
mal sous les yeux du Seigneur?
20. Et Saül répondit à Samuel :
Au contraire, j'ai écouté la voix
du Seigneur, et j'ai marché dans
la voie dans laquelle m'a lancé le
Seigneur, et j'ai amené Agag, roi
d'Amalec, et j'ai tué Amalec.
21. Mais le peuple a pris dans
le butin des brebis et des bœufs,
prémices de ceux qui ont été tail-
lés en pièces, pour les immoler
au Seigneur son Dieu à Galgala.
22. Et Samuel repartit : Est-ce
que le Seigneur veut des holo-
caustes et des victimes, et non
pas plutôt qu’on obéisse à la voix
du Seigneur? Car lobéissance
est (meilleure) que des victimes,
et écouter vaut mieux qu'offrir
de la graisse de béliers.
23. Car c'est comme un péché
de magie que de résister, et com-
me un crime d'idolàátrie, que de
22. Eccli., 1v, 17; Osée, vi, 6; Matth., 1x, 13; xit, 7.
12. * Carmel, ville de Juda, dont les ruines encore existantes ont conservé le nom
antique, à environ trois heures au sud-est d'Hébron, entre Ziph et Maon. — Un arc
de triomphe. Le texte original porte une main, c'est-à-dire un cippe, une pierre des-
tinée à conserver le souvenir de la victoire de Saül.
544
ne vouloir pas se rendre. Parce
donc que vous avez rejeté la pa-
role du Seigneur, le Seigneur
vous ἃ rejeté, afin que vous ne
soyez plus roi.
24. Et Saül répondit à Samuel :
J'ai péché, parce que j'ai prévari-
qué contre la parole du Seigneur
et vos paroles, craignant le peuple
et obéissant à sa voix.
25. Mais maintenant portez, je
vous prie, mon péché, et retour-
nez avec moi, afin que j'adore le
Seigneur.
26. Et Samuel répliqua à Saül :
Je ne retournerai pas avec vous,
parce que vous avez rejeté la pa-
role du Seigneur, et que le Sei-
gneur vous a rejeté, afin que
vous ne soyez plus roi sur Israél.
27. Et Samuel se tourna pour
s'en aller, mais Saül saisit le
coin de son manteau, qui se dé-
chira,
28. Et Samuel lui dit : Le Sei-
gneur a déchiré le royaume d'Is-
raél, en vous l'ótant aujourd'hui,
et il l'a livré à votre prochain,
meilleur que vous.
29. Or.leTriomphateurenIsraél
n'épargnera point, et il ne sera
pas touché de repentir; car ce
n'est pas un homme pour qu'il se
repente.
30. Mais Saül reprit : J'ai péché;
mais honorez-moi maintenant
devant les anciens de mon peuple
28. Infra, xxvn, 17.
I ROIS.
[cu. xvr.]
et devant Israél et retournez avec
moi, afin que j'adore le Seigneur
votre Dieu.
31. Samuel donc, retournant,
suivit Saül; et Saül adora le Sei-
gneur.
32. Alors Samuel dit : Amenez-
moi Agag, roi d'Amalec. Et on
lui présenta Agag, fort gras et
tremblant. Et Agag dit : Est-ce
ainsi que la mort amère sépare?
33. Et Samuel répondit: Comme
ton glaive a privé des femmes de
leurs enfants, ainsi ta mere sera
sans enfants parmi les femmes.
Et Samuel le coupa en morceaux
devant le Seigneur à Galgala.
34. Or, Samuel s'en alla à Ra-
matha; mais Saül monta en sa
maison à Gabaa.
35. Et Samuel ne vit plus Saül
jusqu'au jour de sa mort ; cepen-
dant Samuel pleurait Saül, parce
que le Seigneur se repentait de
l'avoir établi roi sur Israél
CHAPITRE XVI.
Samuel est envoyé de Dieu à Bethléhem
pour sacrer David. Saül est tourmenté
par le malin esprit; David le soulage
par le son de sa harpe.
1. Ktle Seigneur dit à Samuel:
Jusqu'à quand pleureras-tu Saül,
puisque je l'ai rejeté, afin qu'il ne
regne plus sur Israël ? Remplis ta
corne d'huile, et viens, afin que
je t'envoie vers 1881, le Bethléhé-
25. Portez mon péché devant le Seigneur, en le priant de me le pardonner.
21. * Son manteau. Voir plus loin, xxvii, 14.
28. Votre prochain; c'est-à-dire David. Voy. xxvur, 11.
32. Est-ce ainsi, etc. Faut-il que la mort me sépare de tout?
33. Agag avait été un tyran cruel et sanguinaire; Dieu le punit ici trés justement
pour ses forfaits.
34.* A Ramatha, Ramathaimsophim. Voir plus haut, 1, 1. — 4 Gabaa, Tell el-
Foul. Voir xi, 4.
[cg. xvi.]
mite ; car Je me suis choisi un roi
entre ses fils.
2. Et Samuel répondit : Com-
ment irai-je? car Saül l'appren-
dra, etil me tuera. Et le Seigneur
dit : Tu prendras un veau du
troupeau en ta main, et tu diras:
C'est pour l'immoler au Seigneur
que je suis venu.
| 9. Et tu appelleras 1581] pour la
victime, et je te montreraice que
tu dois faire, et tu oindras celui
que je te désignerai.
4. Samuel fit donc comme lui
avait dit le Seigneur. Et il vint en
Betkléhem, et les anciens de 8
ville furent surpris, venant au-
devant de lui, et ils dirent: Votre
entrée est-elle pacifique?
9. Et il répondit : Pacifique;
c'est pour immoler au Seigneur
que je suis venu ; sanctifiez-vous,
et venez avec moi, afin que j'im-
mole. Il sanctifia donc Isai et ses
fils, et il les appela au sacrifice.
6. Lorsqu'ils furent entrés, il
vit Eliab, et il dit : Est-ce le christ
du Seigneur qui est devant lui?
7. Et le Seigneur dit à Samuel:
Ne regarde point son visage, ni
la hauteur de sa stature, parce
que je l'ai rejeté, et que moi
je ne juge point selon le regard
de l'homme; car l'homme voit
I ROIS.
545
ce qui parait, mais le Seigneur
regarde le cœur.
8. Et Isai appela Abinadab, et
l'amena devant Samuel, lequel
dit : Ce n'est point non plus celui-
là que le Seigneur a choisi.
9. Or, Isai amena Samma, dont
Samuel dit : Méme celui-là, le
Seigneur ne l’a pas choisi.
10. C'est pourquoi Isai amena
ses sept fils devant Samuel; et
Samuel dit à Isai : Le Seigneur
n'a pas choisi parmi ceux-ci.
11. Alors Samuel dit à Isai : Tes
fils sont-ils là au complet? Isai
répondit : Il reste encore un petit
enfant; et il pait les brebis. Et
Samuel dit à Isai : Envoie, et
amene-le ; car nous ne nous met-
trons pas à table avant que celui-
là ne vienne ici.
12. 11 envoya donc, et il l'ame-
na. Or, il était roux, d'un bel
aspect, et d'un visage agréable; et
le Seigneur dit : Lève-toi, oins-le;
car c'est celui-là.
19. Samuel prit donc la corne
d'huile, et l'oignit au milieu de
ses frères : et l'esprit du Seigneur
descendit sur David des ce jour-
là et à jamais ; et Samuel se le-
vant s'en alla à Ramatha.
14. Mais l'esprit du Seigneur se
retira de Saül, et un esprit malin,
(βαρ. XVI. 7. Ps. vii, 10. — 13. II Rois, vir, 8; Ps. Lxxvu, 10; Lxxxvin, 21; Actes, "
vil, 46; xim, 22.
3. Pour la viclime; c'est-à-dire pour manger la victime. Dans les sacrifices paci-
fiques on mangeait la meilleure partie de la victime avec ses amis.
4. * Bethléhem. Voir la note sur Ruth, 1, 1.
14. La plupart des Pères et des anciens commentateurs croient que Saül était
réellement possédé du démon; mais beaucoup de modernes pensent qu'il était
simplement frappé de manie. Le premier sentiment est plus conforme au texte.
Cependant on peut dire que la mélancolie a eu aussi quelque part à l’état où se
trouvait ce prince; la mélancolie étant la cause immédiate du mal de Saül, la mu-
sique était un moyen propre à la dissiper; mais le démon pouvait fort bien remuer
et augmenter cette humeur noire, à laquelle le tempérament de Saül parait avoir été
trés sujet.
A. T. ν 35
546 I ROIS.
envoyé par le Seigneur, le tour-
mentait.
15. Etles serviteurs de Saül lui
dirent : Voici qu'un esprit malin,
envoyé de Dieu, vous tourmente.
16. Que notre seigneur com-
mande, et vos serviteurs, qui
sont devant vous, chercheront un
homme sachant toucher la harpe,
afin que, quand l'esprit malin,
envoyé par le Seigneur, vous au-
ra saisi, il en joue de sa main, et
que vous souffriez plus patiem-
ment.
17. Et Saül dit à ses serviteurs :
Procurez-moi quelqu'un qui tou-
che bien la harpe, et amenez-le-
moi.
18. Et répondant, un des servi-
teurs dit : Voilà que j'ai vu le fils
d'Isai le Bethléhémite, sachant la
toucher, homme d'une très gran-
de force, belliqueux , prudent en
paroles, et homme doué de beau-
té ; et le Seigneur est avec lui.
19. Saül envoya donc des mes-
sagers à Isai, disant : Envoie-moi
David, ton fils, qui est dans la
prairie.
20. C'est pourquoi Isai prit un
âne chargé de pains, une cruche
de vin et un chevreau, et illesen-
voya par lentremise de David
son fils à Saül.
91. Et David vint vers Saül et
se présenta devant lui : mais Saül
(cH. xvir.]
l'aima beaucoup, et il devint son
écuyer.
92. Et Saül envoya vers Isai,
disant : Que David se tienne en
ma présence; car ila trouvé grâce
à mes yeux.
23. Ainsi toutes 108 fois que
l'esprit malin saisissait Saül,
David prenait la harpe et la
touchait de sa main, et Saül
était soulagé, et il se trouvait
mieux; car l'esprit malin se re-
tirait de lui.
CHAPITRE XVII.
Guerre des Philistins contre Israél. In-
sultes de Goliath. David abat ce géant
d'un coup de fronde.
1. Or les Philistins assemblant
leurs troupes pour le combat, se
réunirent à Socho de Juda, et ils
camperent entre Socho et Azéca
sur les confinsde Dommim.
2. Mais Saül et les enfants d'Is-
raël, s'étant assemblés, vinrent
dans la Vallée du térébinthe, et
rangèrent leur armée en bataille
pour combattre contre les Philis-
tins.
3. Et les Philistins se tenaient
sur la montagne d'un côté, et Is-
raël se tenait sur la montagne
de l'autre côté, et la vallée était
entre eux.
4. Et il sortit du camp des Phi-
listins un homme de père incon-
20. * Un chevreau. « Il est digne de remarque que dans presque toutes les descrip-
tions de l'hospitalité donnée à un hôte de passage, c'est, non pas un agneau, mais
un chevreau, qui est tué pour la circonstance, et c'est ce qui a lieu encore aujourd'hui.
La chair du bouc n'est pas comparable à celle du mouton, mais le chevreau est
tendre et délicat, surtout quand il est bouilli dans le lait. » (VAN LENNEP.)
1. * Socho de Juda, aujourd'hui Schouwekéh, près de la Séphéla où habitaient les
Philistins. — Azéca était aussi une ville de Juda. — Dommim, en hébreu Ephes-
Dammim (dans I Paralipoménes, xi, 13, Phesdomim), dans la vallée d'Elah ou du Té-
rébinthe.
2. * La vallée du Térébinthe, l'ouadi es-Sumt, prés de Socho, ou une vallée voisine.
4. * De la hauteur de six coudées et d'un palme. Environ trois mètres.
fcu. xvin.]
nu, du nom de Goliath, de Geth,
de la hauteur de six coudées et
d'un palme;
9. Et un casque d'airain était
sur sa téte, et il était vétu d'une
cuirasse à écailles; or,le poids de
sa cuirasse était de cinq mille
sicles d'airain;
0. Et il avait des bottes d'airain
sur les jambes, et un bouclier
d'airain couvrait ses épaules.
1. Mais la hampe de sa lance
éiait comme un ensouple de tis-
serands; mais le fer lui-méme de
sa tance pesait six cents sicles
de fer; et son écuyer le précé-
dait ;
8. Et, se présentant, il criait
devant les pha'anges d'Israël, et
leur disait : Pourquoi êtes-vous
venus, préparés au combat? Est-
ce que moi je ne suis pas Philis-
lin, et vous serviteurs de Saül?
Choisissez un homme d'entre
vous, et qu'il descende pour un
combat singulier ;
9. S'il peutcombattre avec moi,
et qu'il me tue, nous serons vos
esclaves; mais si moi j'ai le des-
sus et que je le tue, c'est vous
qui serez esclaves, et qui nous
servirez.
10. Et le Philistin disait : C'est
moi qui ai défié les troupes d'Is-
raël aujourd'hui : donnez-moi un
homme, et qu'il engage avec moi
un combat singulier.
11. Mais Saül et tous les Israé-
lites, entendantles paroles d'un
Car. XVII. 12. Supra, xvi, 1.
I ROIS.
541
! tel Philistin, étaient étonnés et
avaient une grande peur.
12. Or, David était fils de cet
homme Ephrathéen, dont il a été
parlé plus haut, de Bethléhem-
Juda, dont le nom était Isai, qui
avait huit fils, et qui était aux
jours de Saül un homme vieux,
et très avancé en âge parmi les
hommes.
13. Mais ses trois plus grands
fils suivirent Saül au combat ; et
les noms de ses trois fils qui al-
lèrent à la guerre, étaient Eliab,
le premier-né, le second Abina-
dab, et le troisieme Samma.
14. Or, David était le plus petit.
Ainsi, les trois plus grands ayant
suivi Saül,
15. David s'en alla, et revint
d'auprés de Saül pour paitre le
troupeau de son pere à Bethlé-
hem.
16. Cependant le Philistin s'a-
vançait le matin et le soir, et il
se présenta pendant quarante
jours.
11. Or Isai dit à David, son
fils : Prends pour tes frères un
éphi de grains rôtis et ces dix
pains, et cours au camp vers tes
frères ;
18. Mais ces dix fromages, tu
les porteras au tribun; et tu visi-
teras tes frères pour voir s'ils se
portent bien, et sache avec qui ils
ont été classés.
19. Or, Saül et les fils d'Isai, et
tous les enfants d'Israél combat-
tnt RR ABRE |
9. * Cing mille sicles d'airain, Environ 60 kilogrammes.
1. * Six cents sicles, environ 7 kilogrammes 500 grammes,
47. * Un éphi, 38 litres 88. — Les Israélites qui faisaient la guerre devaient s'ap-
provisionner eux-mêmes,
18. Au tribun. Voy. Exode, xvii, 21,
₪ 9
548 I ROIS.
taient dans la Vallée du térébinthe
contre les Philistins.
20. C'est pourquoi David se leva
le matin, confia le troupeau à un
gardien, et s'en alla chargé, com-
me lui avait ordonné Isai. Et il
vint au lieu Magala, et vers l'ar-
mée, qui, sortie pour la bataille,
poussait les cris du combat.
21. Car Israél avait rangé son
armée; et vis-à vis, les Philistins
s'étaient préparés.
22. David, laissant done tout
ce qu'il avait apporté aux mains
du gardien des bagages, courut
au lieu du combat; et il deman-
dait si tout allait bien pour ses
freres.
23. Et comme il leur parlait en-
core, parut montant du camp des
Philistins, cet homme de pere
inconnu, du nom de Goliath, Phi-
listin, de Geth; et comme il disait
les mémes paroles, David enten-
dit.
94. Or, tous les Israélites ayant
vucet homme, s'enfuirent devant
lui, le craignant.
95. Et quelqu'un d'Israël dit :
Est-ce que vous n'avez point vu
cet homme qui est monté? c'est
pour défier Israél qu'il est monté.
Aussi le roi enrichira-t-il de gran-
des richesses l'homme qui le tue-
ra, lui donnera-t-il sa fille, et
rendra-t-il la maison de son pere
exempte du tribut en Israél.
26. Et David parla aux hommes
qui étaient avec lui, disant : Que
sera-t-il donné à l'homme qui
[cn. xvir.]
tuera ce Philistin, et qui ótera
l'opprobre d'Israël? Car qui est
ce Philistin incirconcis, qui a dé-
fié l'armée du Dieu vivant?
27. Et le peuple lui répétait la
méme parole, disant : Voilà ce
qui sera donné à l'homme qui
l'aura tué.
28. Ce qu'ayant entendu Eliab,
son frere ainé, David parlant avec
les autres, il fut irrité contre lui;
et il dit : Pourquoi es-tu venu,
pourquoi as-tu laissé ce peu de
brebis dans le désert? Moi je
connais ton orgueil et la mé-
chanceté de ton cœur; car c'est
pour voir la bataille que tu es
descendu.
29. Et David dit : Qu'ai-je fait?
Est-ce que ce n'est pas une pa-
role?
30. Et il se détourna un peu de
lui vers un autre, et il lui dit la
méme parole. Etle peuple lui ré-
pondit comme auparavant.
31. Or les paroles que David
dit furent entendues et rappor-
tées en la présence de Saül.
32. Et comme il fut amené de-
vant Saül, il lui dit : Que le cœur
de personne ne s'abatte à cause
de cet homme; moi, votre servi-
teur, j'irai, et [6 combattrai contre
le Philistin.
33. Et Saül dit à David : Tu ne
peux pas résister à ce Philistin,
nicombattre contre lui, parce que
tu es un enfant, et que celui-là
est un homme de guerre depuis
sa jeunesse.
90. * Magala n'est pas un nom propre, mais désigne le campement des Israélites.
23. Leur; c'est-à-dire à ceux qu'il interrogeait.
29. N'est-ce pas, etc. Est-ce autre chose qu'une simple parole qui ne saurait tirer
à conséquence? — * Ou plutôt : N'est-il pas permis de dire une parole et de prendre
quelques informations ?
[ἐπ. xvm.]
34. Et David répondit à Saül :
Votre serviteur paissaitle trou-
peau de son père, et venait le
lion ou l'ours, et il emportait un
bélier du milieu du troupeau;
35. Et je les poursuivais, et les
attaquais, et j'arrachais /a proie
de leur gueule ; et eux se levaient
contre moi, alors je les prenais à
la gorge, je les étranglais et je
les tuais:
86. Car moi, votre serviteur,
j'ai tué un lion et un ours ; il sera
donc aussi, ce Philistin incircon-
cis, comme l'un d'eux. Mainte-
nant j'irai, et j'enlèverai l'oppro-
bre du peuple; car qui est ce
Philistin incirconcis, qui a osé
maudire l’armée du Dieu vivant?
81. Et David ajouta : Le Sei-
gneur qui m'a délivré des griffes
du lion et des griffes de l'ours,
lui-méme me délivrera de lamain
de ce Philistin. Or, Saül dit à
David : Va, et que le Seigneur
soit avec toi.
38. Et Saül revétit David de ses
vétements, et il mit un casque
d’airain sur sa tête, et l'arma
d'une cuirasse.
39. David donc s'étant ceint de
son glaive sur son vétement,
commença à essayer si, armé, il
pourrait marcher; caril n'en avait
pas la coutume. Et David dit à
Saül: Je ne puis marcher ainsi,
pàrce que je n'en ai pas l'habi-
tude. Et il déposa ces armes.
40. Et il prit son báton qu'il
avait toujours en ses mains, et il
se choisit cinq pierres du torrent
tres polies, et il les mit dans sa
94. Eccli., xLvir, 3.
I ROIS. 549
panetière de berger, qu'il avait
avec lui, et il prit en sa main sa
fronde, et il s'avanca contre le
Philistin.
41. Or, le Philistin allait mar-
chant. et s'approchant contre Da-
vid, et son écuyer devant lui.
42. Et lorsque le Philistin eut
regardé et qu'il eut vu David, il
le méprisa; car il était jeune.
roux et d'un bel aspect.
49. Et le Philistin dit à David :
Est-ce que je suis un chien, que
tu viens à moi avec ce bâton ? Et
le Philistin maudit David par ses
dieux,
44. Et il dit à David : Viens à
moi, et je donnerai ta chair aux
oiseaux du ciel et aux bétes de
la terre.
45. Mais David répondit au
Philistin: Toi, tu viens à moi avec
un glaive, une lance et un bou-
clier ; mais moi, je viens à toi au
nom du Seigneur. des armées,
du Dieu des troupes d'Israél, que
tu as défiées
46. Aujourd'hui; le Seigneur te
livrera à ma main ; je te battrai,
et [6 t'enléverai 18 tête, et je don-
nerai aujourd'hui les cadavres du
camp des Philistins aux oiseaux
du ciel et aux bétes de la terre,
afin que toute la terre sache qu'il
yaun Dieu en Israél,
47. Et que toute cette multitude
reconnaisse que ce n'est pas avec
un glaive, ni avec une lance que
le Seigneur sauve; car la guerre
est à lui, et il vous livrera en nos
mains.
48. Lors donc que le Philistin
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34. * Le lion ou l'ours. Les animaux féroces étaient autrefois communs en Palestine.
550 I ROIS.
se fut levé, et lorsqu'il venait et
s'approchait contre David, David
se háta, et courut au combat vis-
à-vis du Philistin.
49. Et il mit sa main dans la
panetière, et il prit une pierre et
la lanca avec la fronde, qu'il fit
tourner, et il frappa le Philistin
au front, et la pierre s'enfonca
dans son front, et il tomba sur sa
face contre terre.
90. Ainsi David l'emporta sur
le Philistin avec la fronde et la
pierre, et tua le Philistin ainsi
frappé. Et comme il n'avait point
d'épée en sa main, David
91. Courut, se jeta sur le Philis-
tin, prit son glaive, et le tira du
fourreau, puisille tua et trancha
sa téte. Or, les Philistins voyant
que le plus fort d'entre eux était
mort, s'enfuirent.
52. Et les hommes d'Israël et
de Juda, se levant, pousserent de
grands cris, et poursuivirent les
Philistins, jusqu'à ce qu'ils fus-
sent venus à la vallée, et jus-
qu'aux portes d'Accaron, et les
blessés des Philistins tombèrent
dans la voie de Saraim, jusqu'à
Geth et jusqu'à Accaron.
53. Et les enfants d'Israël, re-
50. Eccli., xrvir, 4; 1 Mach., 1v, 30.
[cH. xvur.}
tournant après qu'ils eurent
poursuivi les Philistins, s'empa-
rèrent de leur camp.
54. Mais David, prenant la tête
du Philistin, l'apporta. à Jérusa-
lem ; mais ses armes, illes déposa
dans son tabernacle.
58. Or, dans le temps où Saül
vit David sortant contre le Philis-
lin, il demanda à Abner, prince
de la milice : De quelle famille
descend ce jeune homme, Abner?
Et Abner répondit : Votre âme
vit, ὁ roi! si je le connais.
56. Et le roi reprit : Demande,
toi, de qui est fils ce jeune homme.
57. Et lorsque David fut reve-
nu, apres avoir tué le Philistin,
Abner le prit et l'introduisit de-
vant Saül, ayant la téte du Phi-
listin à la main.
93. Et Saül lui demanda : De
quelle famille es-tu, ὃ jeune
homme? Et David répondit : Je
suis le fils de votre serviteur Isai,
le Bethléhémite.
CHAPITRE XVIII
Amitié de Jonathas et de David. Jalousie
de Saül contre David. David épouse
Michol, seconde fille de Saül.
1. Et il arriva, lorsqu'il eut
52. * Accaron, Geth, deux des cinq grandes villes des Philistins. — Saraïm, dans
16 texte original, désigne probablement les portes de Geth et d'Accaron.
54. * A Jérusalem. La citadelle de cette ville était encore occupée par les Jébu-
séens, mais la ville était sans doute déjà en la possession des Israelites. — Dans son
tabernacle, dans le Tabernacle de Dieu, non la demeure de David.
55. Votre áme vit! c'est-à-dire je jure par votre àme. Compar. 1, 25 et Juges, vur, 19.
— Bien que David eût eu déjà des rapports avec Saül, il ἃ pu n'être pas reconnu
de lui, à cause de l'aliénation mentale du prince. Quant à Abner, qui avait vu aussi
David auparavant, il feignit probablement de ne pas le reconnaître, pour ne pas
affliger Saül en lui montrant l'état de son dérangement d'esprit. — * L'auteur lui-
méme rattache, xvir, 12 à xvi, 18-22, en disant, au verset 12: David, fils de cet homme
Ephrathéen dont il a été parlé plus haut. On peut d'ailleurs observer que Saül de-
mande-quelle-est la-famille de David, non qui il est.
1. Le mot âme, comme nous l'avons déjà remarqué, se prend souvent, dans l'Ecri-
ture, pour personne, individu. |
[cn. xvin.]
achevé de parler à Saül, que l'âme
de Jonathas s'attacha étroitement
à l'âme de David, et Jonathas
l'aima comme son àme.
9. Et Saül le prit en ce jour-là,
et il ne lui accorda pas de retour-
ner dans la maison de son père.
3. Or David et Jonathas firent
alliance; car Jonathas laimait
comme son âme.
4. Aussi Jonathas se dépouilla
de la tunique dont il était revêtu,
etil la donna à David avecle reste
de ses vêtements, jusqu'à son
glaive et son arc, et jusqu'à son
baudrier.
5. David allait aussi partout où
l'envoyait Saül, et il se conduisait
prudemment; de plus, il le pré-
posa sur les hommes de guerre,
et il était agréable aux yeux de
tout le peuple, et surtout en la
présence des serviteurs de Saül.
6. Or, lorsque David revint,
après avoir tué le Philistin, les
femmes sortirent de toutes les
villesd'Israél, chantantetformant
des danses, au-devant du roi Saül,
avec des tambours de réjouis-
sance, et avec des sistres.
7. Et elles chantaient, jouant et
disant : Saül en a tué mille, et
David dix mille.
8. Mais Saül fut très irrité, et
cette parole déplut à ses yeux, et
il dit : Elles ont donné dix mille
hommes à David, et à moi, elles
m'en ont donné mille; que lui
I ROIS. 551
reste-t-il à avoir, si ce n'est la
royauté ?
9. Ainsi Saül, depuis ce jour-là,
neregarda jamais plus David d'un
bon ceil.
10. Mais aprés le jour suivant,
lesprit malin, envoyé de Dieu,
saisit Saül, et il prophétisait au
milieu de sa maison; mais David
touchait la harpe de sa main com-
me tous les jours; et Saül tenait
sa lance,
11. Et il la jeta, pensant qu'il
pourrait percer David avec la
muraille; et David se détourna
de devant lui par deux fois.
19. Alors Saül craignit David,
parce que le Seigneur était avec
David, tandis qu'il s'étaitretiré de
lui.
13. Saül l'éloigna donc de lui,
etillefittribunsur millehommes;
et il sortait etil entrait en la pré-
sence du peuple.
14. En toutes ses voies aussi,
David agissait prudemment, et le
Seigneur était avec lui.
15. C'est pourquoi Saül vit qu'il
étaittres prudent, et ilcommenga
à se garder de lui.
16. Mais tout Israël et Juda ai-
mait David; car c'était lui qui en-
trait et sortait devant eux.
11. Et Saül dit à David : Voici
ma fille ainée Mérob; c'est elle
que je te donnerai pour femme;
seulement sois courageux, et
combats les combats du Seigneur.
Cnar. XVIII. 7. Infra, xxi, 11; Eccli., xLvir, 7.
6. * Sistres, instruments de musique trés communs dans l'antique Egypte, consistant
dans des anneaux de métal passés dans des cordes métalliques et qu'on agite en cadence.
Il n'est pas certain que le mot hébreu employé ici signifie sistre.
10, Il prophélisail; c'est-à-dire qu'agité par l'esprit malin, il contrefaisait les pro-
phétes, en parlant avec un certain enthousiasme.
13. Tribun. Voy. Exode, xvni, 21. — Il sorlaif, etc., c'est-à-dire qu'il menait le peuple
à la guerre, et le ramenait,
552
Or, Saül pensait en lui-méme,
disant: Que ma main ne soit pas
contre lui, mais que la main des
Philistins soit sur lui.
18. Mais David répondit à Saül :
Qui suis-je, moi, ou quelle est ma
vie, ou quelle est la parenté de
mon père en Israël, pour que je
devienne gendre du roi?
19. Or, le temps vint que Mé-
rob, fille de Saül, devait étre don-
née à David, et elle fut donnée
pour femme à Hadriel, le Mola-
thite.
90. Mais Michol, la seconde fille
de Saül, aima David. Et on l'an-
nonca à Saül, et cela lui plut.
91. Et Saül dit : Je la lui don-
nerai, afin qu'elle devienne sa
ruine, et que la main des Phi-
listins soit sur lui. Saül dit donc
à David : Cest à deux condi-
lions que tu seras mon gendre
aujourd'hui.
22. Alors Saül commanda à ses
serviteurs : Parlez à David, sans
que je paraisse, disant : Voilà que
tu plais au roi, et tous ses servi-
teurs t'aiment. Maintenant donc
sois le gendre du roi.
93. Et les serviteurs, de Saül
dirent aux oreilles de David toutes
ces paroles. Et David répondit :
Croyez-vousquece soit peu, d'être
le gendre du roi? Pour moi, je
suis un homme pauvre et de nulle
considération.
94, Et les serviteurs de Saül le
rapporterent, disant : Telles sont
les paroles qu'a dites David.
95. Mais Saül répondit : C'est
ainsi que vous parlerez à David :
I ROIS.
(cg. xix.]
Le roi n'a pas besoin de douaire,
mais seulement de cent prépuces
de Philistins, afin que vengeance
soitfaite des ennemis du roi. Mais
Saül pensait livrer David aux
mains des Philistins.
26. Et lorsque les serviteurs de
Saül eurent rapporté à David les
paroles que Saül avait dites, le
discours plut à David, puisqu'il
devenait gendre du roi.
27. Aussi, après peu de jours,
David, se levant, s'en alla avec
les hommes qui étaient sous lui;
el il tua parmi les Philistins deux
cents hommes, et il apporta leurs
prépuces, et les compta au roi,
afin quil 106 son gendre. C'est
pourquoi Saül lui donna Michol
sa fille pour femme.
28. Et Saül vit et comprit que
le Seigneur étaitavec David. Pour
Michol, fille de Saül, elle aimait
David.
29. Et Saül commenca à crain-
dre davantage David; et Saül de-
vint ennemi de David tous les
jours.
30. Et les princes des Philistins
sorlirent; mais des le commen-
cement de leur sortie, David se
conduisait plus prudemment que
tous les serviteurs de Saül, et son
nom devint très célèbre.
CHAPITRE. XIX.
Jonathas 878156 son père, qui voulait
tuer David. Saül s'irrite contre David,
qui se retire auprès de Samuel.
1. Or, Saül parla à Jonathas,
son fils, et à tous ses serviteurs,
pour qu'ils tuassent David. Mais
25. Qui n'a pas besoin de douaire. Chez les Hébreux, c'était le mari qui donnait le
dot à sa femme.
30. Sortirent, hébraisme, pour : se mirent en campagne.
[cu. xix.]
Jonathas, fils de Saül, aimaitbeau-
coup David.
9, Aussi Jonathas l'annonca-t-il
à David, disant : Saül mon père
cherche à te tuer; c'est pourquoi
veille sur toi, je te prie, des le
matin; tu resteras dans un lieu
secret, et tu te cacheras.
3. Pour moi, sortant, je me
tiendrai près de mon père dans
le champ, partout oü tu seras; et
moi-même je parlerai de toi à
mon pere, et tout ce que je ver-
rai, je te l'annoncerai.
4. Jonathas donc parla bien de
David à Saül, son pere, et il lui
dit : Ne péchez pas, ὃ roi, contre
votre serviteur David, parce qu'il
n'a pas péché contre vous, et ses
œuvres vous sont tres avanta-
geuses.
5. Etil a mis son àme en sa
main, et a tué le Philistin, et
le Seigneur a donné le salut à
tout Israél par une grande vic-
toire. Vous lavez vu, et vous
vous étes réjoui. Pourquoi donc
péchez-vous contre un sang inno-
cent, tuant David qui est sans
faute?
6. Lorsque Saül eut entendu ce-
la, apaisé par la voix deJonathas,
il jura : Le Seigneur vit! il ne
sera pas tué.
7. C'est pourquoi Jonathas ap-
pela David, et il fui fit connaitre
toutes ces paroles; ensuite Jona-
thas introduisit David auprès de
I ROIS. 553
Saül; et David fut devant lui,
comme hier et avant-hier.
8. Mais la guerre fut déclarée
denouveau;et David, étant sorti,
combattit contre les Philistins; et
il les frappa d'une grande plaie;
et ils s'enfuirent devant lui.
9. Et le mauvais esprit, envoyé
du Seigneur, s'empara de Saül;
or, il était assis dans sa maison,
et il tenait sa lance; mais David
touchait la harpe de sa main.
10. Et Saül s'efforca de percer
David de sa lance contre la mu-
raille; et David se détourna de
devant Saül; quand à la lance,
sans faire de blessure, elle donna
dans la muraille; et David s'en-
fuit, et il fut sauvé cette nuit-là.
11. Saül envoya donc ses gar-
des en la maison de David pour
s'assurer de lui et le tuer des le
matin. Lorsque Michol, sa femme,
l'eut annoncé à David, disant :
Si tu ne te sauves cette nuit, de-
main iu mourras,
12. Elle le descendit par la fe-
nétre; David done s'en alla et
s'enfuit, et il fut sauvé.
13. Cependant Michol prit la
statue, et la posa sur le lit, mit la
peau velue de chèvre à sa tête, et
la couvrit de vétements.
14. Or Saül envoya des.archers
pour enlever David ; et on répon-
dit qu'il était malade. |
15. Et Saül envoya de nouveau
des messagers, pour voir David,
5. Il a mis son âme en sa main; c'est-à-dire, il a exposé sa vie aux plus grands
dangers.
1. Hier et avant-hier; hébraisme, pour auparavant.
13. On ne sait ce qu'était cette statue. L'hébreu porte es théraphim, mot qui dé-
signe ordinairement des idoles; dans tous les cas, il doit étre pris ici au singulier.
Deux savants rabbins, Abarbanel et Abendana, prétendent qu'anciennement les
femmes avaient dans leur appartement des représentations à la ressemblance de leurs
maris, afin de les avoir en quelque sorte toujours présents.
554
disant : Apportez-le-moi dans le
lit, afin qu'il soit tué.
16. Et lorsque les messagers
furent venus, le simulacre ‘fut
trouvé sur le lit, etla peau de
chèvre à sa tête.
11. Et Saül demanda à Michol :
Pourquoi m'as-tu ainsi trompé,
et as-tu laissé mon ennemi s'en-
fuir? Et Michol répondit à Saül :
Parce que lui-méme m'a dit :
Laisse-moi aller, autrement je te
tuerai.
18. Ainsi David fuyant fut sau-
vé, et il vint vers Samuel à Ra-
matha, et il lui raconta tout ce
que lui avait fait Saül; et ils s'en
allèrent, lui et Samuel, et ils de-
meurerent à Naioth.
19. Or, la nouvelle en fut por-
tée à Saül par des gens qui di-
rent : David est à Naioth en Ra-
matha. /
20. 0801 envoya donc des ar-
chers pour enlever David; quand
ceux-ci virent la bande des pro-
phètes qui prophétisaient, et Sa-
muel qui les présidait, l'Esprit du
Seigneur s'empara aussi d'eux,
et ils commencèrent eux aussi à
prophétiser.
21. Ce qui ayant été annoncé à
Saül, il envoya encore d'autres
messagers ; Or, ceux-ci aussi pro-
phétiserent. Et de nouveau Saül
envoya de troisièmes messagers,
Car. XIX. 24. Supra, x, 12.
I ROIS.
[cu. xx.]
qui eux aussi prophétisèrent. Et
Saül fut irrité par la colère,
22. Il s'en alla aussi lui-même
à Ramatha, vint jusqu'à la grande
citerne, qui est à Socho, interro-
gea et dit : En quel lieu sont Sa-
muel et David? Et illui fut répon-
du : Voilà qu'ils sont à Naioth en
Ramatha.
98. Et il s'en alla à Naioth en
Ramatha, et l'esprit du Seigneur
s'empara aussi de lui, et il allait
marchant, et il prophétisait, jus-
qu'à ce qu'il vint à Naioth de Ra-
matha.
24. Et il se dépouilla aussi lui-
méme de ses vétements, et il pro-
phétisa avec tous les autres de-
vant Samuel; et il se coucha nu
durant tout ce jour-là et la nuit;
d'où est venu le proverbe : Est-ce
que Saül est parmi les prophètes?
CHAPITRE XX.
Jonathas et David renouvellent leur al-
liance. Saül cherche toujours à perdre
David. Jonathas en donne avis à David.
1. Or, David s'enfuit de Naioth,
qui est en Ramatha, et étant ve-
nu, il dit devant Jonathas : Qu'ai-
je fait? quelle est mon iniquité,
et quel est mon péché contre ton
père, puisqu'il cherche mon âme?
9. Jonathas lui répondit : ADieu
ne plaise! tu ne mourras pas; car
mon pere ne fait rien de grand ni
18. * Ramatha, Ramathaimsophim, 1, 4. — Naioth signifie habitations et désigne les
écoles de prophétes qui avaient été fondées par Samuel.
19, 23. En Ramatha; c'est-à-dire prés de Ramatha.
20. * Prophétiser,
prendre part aux exercices des écoles des prophètes et proba-
blement surtout aux priéres et aux louanges en l'honneur de Dieu.
92. * Socho, lieu inconnu.
24. Nu; c'est-à-dire dépouillé de ses vétements de dessus.
4. En Ramatha. Voy. xix, 19. — Il cherche mon âme; hébraisme, pour ἐξ cherche à
m'óter la vie.
[cu. xx.]
de petit, s'il ne me l'a fait savoir
auparavant. C'est donc la seule
parole que mon pere m'ait célée?
Cela ne sera nullement.
3. Et il jura de nouveau à Da-
vid. Et celui-ci dit : Ton père sait
certainement que jai trouvé
gráce à tes yeux, et il dira : Que
Jonathas ne sache point ceci, de
peur qu'il ne soit contristé. Bien
plus, le Seigneur vit, et ton àme
vit! car c'est d'un seul pas (pour
ainsi dire) que moi et la mort nous
'Sommes séparés.
^ 4. Et Jonathas répondit à Da-
vid : Tout ce que me dira ton
àme, je le ferai pour toi.
5. David dit alors à Jonathas :
Voici que les calendes sont de-
main, et moi d'apres l'usage, j'ai
coutume de m'asseoir auprès du
roi pour manger; laisse-moi donc
aller me cacher dans la campagne
jusqu'au soir du troisième jour.
6. Si, regardant, ton père me
demande, tu lui répondras : Da-
vid m'à demandé d'aller promp-
tement à Bethléhem, sa ville;
parce que là les victimes solen-
nelles sont présentées pour tous
ceux de sa tribu.
7. S'il dit : Bien, la paix sera
faite avec ton serviteur; mais s'il
s'irrite, sache que sa malice est
à son comble.
8. Fais donc miséricorde à ton
serviteur, puisque tu m'as fait
I ROIS.
595
faire, à moi, ton serviteur, l'al-
liance du Seigneur avec toi; mais
s'il est quelque iniquité en moi,
tue-moi toi-méme, et ne m'intro-
duis point auprès de ton père.
9. Et Jonathas dit : Loin de toi
une pareille chose; car il ne peut
pas se faire, que je sache d'une
maniere certaine que la malice
de mon pere contre toi est à son
comble, et que je ne t'en informe
point.
10. Et David répondit à Jona-
thas : Qui m'informera, si par ha-
sard ton père répond durement
à mon sujet?
41. Et Jonathas dit à David :
Viens, et sortons dehors dans la
campagne. Etlorsqu'ils furent sor-
tis tous deux dans la campagne,
12. Jonathas dit à David : Sei-
gneurDieu d'Israél, si jedécouvre
le dessein de mon père demain,
ou après-demain, et qu'il y ait
quelque chose de bon pour Da-
vid, et que je n'envoie aussilôt
vers toi, et que je ne t'en donne
point connaissance,
13. Que le Seigneur fasse ceci
à Jonathas, et qu'il ajoute cela.
Mais si la malice de mon pere
persévère contre toi, j'ouvrirai
ton oreille, et je te laisserai par-
tir, afin que tu ailles en paix, et
que le Seigneur soit avec toi,
comme il a été avec mon père.
14. Etsi je vis, tu useras envers
5. Les calendes; c'est-à-dire la néoménie, ou fête de la nouvelle lune (Nombr.,
xxvm 11-15), qui était célébrée par des sacrifices et un festin sacré. — Jusqu'au
soi du lroisième jour, parce que le second jour était le jour du sabbat, et qu'il
n'était pas permis, ce jour-là, de faire de longs voyages. D'un autre cóté David ne
pouvait pas savoir avant ce terme la disposition du roi à son égard.
6. * Les victimes solennelles, annuelles.
13. Que le Seigneur fasse ceci, etc. Voy. Ruth, τ, 11.
1&, La miséricorde du Seigneur, c'est-à-dire la miséricorde semblable à celle du
Seigneur, la plus grande possible.
956
moi de la miséricorde du Sei-
gneur; mais si je meurs,
15. Tu ne retireras point à ja-
mais ta miséricorde de ma mai-
son, quand le Seigneur aura ex-
terminé de la terre les ennemis
de David jusqu'au dernier. Que
le Seigneur enleve Jonathas de
sa maison, et qu'il tire vengeance
des ennemis de David.
16. Jonathas fit donc alliance
avec la maison de David, et le
Seigneur tira vengeance des en-
nemis de David.
11. Et Jonathas renouvela ses
serments à David, parce qu'il
laimait; car il l'aimait comme
son âme.
18. Et Jonathas lui dit : Demain
sontles calendes, et ons'enquerra
de toi ;
19. Car on s'enquerra de ta
place jusqu'après demain. Tu
descendras donc, te hátant, et tu
viendras dans le lieu oü tu dois
étre caché, au jour auquel il est
permis de travailler, ettu te tien-
dras pres de la pierre dont lenom
est Ezel.
20. Et moi je décocherai trois
fleches pres dela pierre, et je les
lancerai, comme m’exerçant à
atteindre le but.
21. J'enverrai aussi mon servi-
I ROIS.
(cn. xx.]
teur, lui disant : Va, et apporte-
moi les flèches.
22. Si je dis à mon serviteur :
Voici que les flèches sont en deçà
de toi, prends-les; viens toi-
même à moi, parce que la paix
est avec toi, et il n’y a rien de
mal ; le Seigneur vit! Mais si je
parle ainsi à mon serviteur : Voici
que les flèches sont au delà de
toi; va en paix, parce que le Sei-
gneur te laisse aller.
93. Quant à la parole que nous
avons dite, moi et toi, que le
Seigneur soit entre moi et toi
pour toujours.
24. David done se cacha dans
la campagne, et vinrent les ca-
lendes, et le roi s'assit pour man-
ger du pain.
25. Et lorsque le roi se fut assis
(selon la coutume) sur son siege
pres dela muraille, Jonathas se
leva; Abner s'assit à cóté de Saül,
etla place de David parut vide.
96. Et Saül ne dit rien en ce
jour-là; car il pensait que peut-
étre il était arrivé à David de
n'étre pas pur, et de n'avoir pas
été purifié.
97. Et lorsque fut venu le se-
cond jour apres les calendes, la
place de David parut encore vide.
Et Saül demanda à Jonathas, son
——————————Mm
15. Qu'il tire vengeance des ennemis; littér. : qu'il demande de la main des ennemis,
σι demande compte à la main des ennemis. Compar. Genèse, 1x, 5.
18. Demain sont les calendes. ΝΟΥ͂. vers. ὃ.
19. On s'enquerra de (a place; on demandera pourquoi elle est vide, et que tu ne
l'occupes point. — Au jour où il est permis de travailler; c'est-à-dire le lendemain
du sabbat, le troisième jour du mois.
91. Mon serviteur; littér. dans le texte originel, 76 servileur, mais, comme nous
lavons déjà remarqué, l'article se met trés souvent, en hébreu, pour le pronom
05865811. D'ailleurs toute la suite du discours justifie pleinement notre traduction.
22. Le Seigneur vit! Voy. Juges, vu, 19.
24. Manger du pain; dans l'hébreu Je pain. Voy. xiv, 24.
25. * Près de ta muraille. La place d'honneur en Orient est vis-à-vis la porte.
26. Il n'était pas permis de participer au festin des sacrifices, quand on avait con-
tracté une impureté légale.
[cH. xx.]
fils : Pourquoi le fils d'Isai n'est-
il point venu, ni hier, ni aujour-
d'hui, pour manger?
98. EtJonathas répondit à Saül:
Il m'a demandé instamment d'al-
ler à Bethléhem,
99. Et il a dit : Laissez-moi
aller, parce qu'il y a un sacrifice
solennel en ma cité, un de mes
, frères m'a appelé; maintenant
donc, si j'ai trouvé gráce à vos
yeux, j'irai aussitót, et je verrai
mes frères. C'est pour cette rai-
son qu'il n'est pas venu àla table
du roi.
30. Or, Saül irrité contre Jona-
thas, lui dit: Fils d'une femme
qui ravit volontiers un homme,
est-ce que j'ignore que tu aimes
le fils d'Isai, à ta confusion, et à
la confusion de ton ignominieuse
mere?
31. Car durant tous les jours
que le fils d'ITsai vivra sur la terre,
tu ne seras pas affermi, ni toi, ni
ton royaume. C'est pourquoi, en-
vole des maintenant, et amene-
le-moi, parce que c'est un fils de
mort.
32. Mais Jonathas répondant à
Saül, son père, dit : Pourquoi
mourra-t-il ? qu'a-t-il fait?
99. Et Saül saisit sa lance pour
le frapper. Et Jonathas comprit
qu'il avait été arrété par son pere
de tuer David.
34. Jonathas done se leva de
table dans une colère de fureur,
et il ne mangea pas de pain le
second jour des calendes; car il
était contristé au sujet de David,
parce queson perel'avaitoutragé.
I ROIS.
591
35. Et lorsque le matin fut ve-
nu, Jonathas vint à la campagne,
selon la convention faite avec
David, et un petit serviteur avec
lui,
90. Et il dit à son serviteur :
Va, et apporte-moi les fleches que
je tire. Et lorsque le serviteur
eut couru,il tira une autre fleche
au delà du serviteur.
37. C'est pourquoi le serviteur
vint à l'endroit du trait qu'avait
lancé Jonathas; et Jonathas cria
derriere le serviteur, et dit : La
voilà la fleche, là-bas, au delà de
toi.
38. Et Jonathas cria encore
derriere le serviteur, disant :
Hâte-toi vite, ne t'arréte point.
Or le serviteur de Jonathas re-
cueillit les flèches, et les apporta
à son maitre;
39. Quant à ce qui se faisait, il
l'imenorait entierement; car Jona-
thas et David seulement savaient
la chose.
40. Ensuite Jonathas donna ses
armes au serviteur, et lui dit :
Va, et porte-ies à la ville.
41. Et lorsque le serviteur s'en
fut allé, David se leva du lieu,
qui regardaitle midi, et tombant
incliné vers la terre, il se pros-
terna par trois fois ; et, s'embras- |
sant l'un l'autre, ils pleurerent
ensemble, mais David beaucoup
plus.
49. Jonathas donc dit à David :
Va en paix; tout ce que nous
avons juré tous deux, au nom du
Seigneur, disant : Que le Seigneur
soit entre moi et toi, et entre ma
31. Fils de mort; hébraisme pour voué à la mort, digne de mort.
34. Une colère de fureur; hébraisme pour une colère furieuse.
41. Et il se prosterna; littér. : et il adora. Voy. Genèse, xvut, 2.
558 I ROIS.
postérité et ta postérité pour tou-
jours....
43. Et David seleva et s'en alla;
mais Jonathas rentra dans la ville.
CHAPITRE XXI.
David va à Nobé vers le grand-prétre
Achimélech, et se retire auprès d'Achis,
roi de Geth.
1. Or, David vint à Nobé vers
Achimélech, le prétre; et Achimé-
lech fut tout étonné de ce que
David était venu. Et il lui dit :
Pourquoi es-tu seul, et que per-
sonne n'est avec toi?
9. Et David répondit à Achimé-
lech, le prétre : Le roi m'a donné
un ordre, et il a dit : Que per-
sonne ne sache la chose pour la-
quelle tu es envoyé par moi, et
quels sont les commandements
que je t'ai donnés; car j'ai même
assigné un rendez-vous à mes
serviteurs en tel et tel lieu.
3. Maintenant doncsi vous avez
quelque chose sous la main, mé-
me cinq pains, donnez-les-moi,
ou bien tout ce que vous trouve-
TZ.
4. Et le prétre répondant à Da-
vid, lui dit : Je n'ai point de pains
pour le peuple sous la main, seu-
(βαρ. XXI. 6. Matth., xit, 3, 4.
[eu. xxr.]
lement au pain saint. Est-ce que
tes serviteurs sont purs, surtout
par rapport aux femmes?
5. Et David répondit au prêtre;
et il lui dit : Certainement, s'il
s’agit de femmes; nous nous som-
mesabstenus depuis hier etavant-
hier, quand nous sommes partis,
elles vases des serviteurs étaient
purs. À la vérité, cette route ἃ
été souillée, mais elle sera sanc-
tifiée elle-même aujourd'hui dans
les vases.
6. Le prêtre lui donna donc du
pain sanctifié ; caril n'y avait point
là de pain, si ce n'est seulement
les pains de proposition, qui
avaient été enlevés de devant le
Seigneur pour y placer des pains
chauds.
7. Or, il y avait en ce jour-là
un certain homme des serviteurs
de Saül, au dedans du tabernacle
du Seigneur; et son nom était
Doëg l’Iduméen, le plus puissant
des pasteurs de Saül.
8. David demanda donc à Achi-
mélech : Avez-vous ici sous la
main une lance ou un glaive?
parce que je n'ai pas porté avec
moi mon glaive, ni mes armes;
car la parole du roi pressait.
1. * Nobé est placé ordinairement au nord de Jérusalem et à peu de distance de
cette ville, mais sa position est incertaine.
4. Est-ce; littér. si, particule qui, en hébreu, exprime, outre le doute, l'interro-
gation et la négation. "
5. Par Les vases des serviteurs, les uns entendent les vêtements, les autres tous les
objets qu'avaient les serviteurs avec eux, et qui pouvaient contracter quelque im-
pureté légale; d'autres enfin leurs propres corps; car saint Paul prend quelquefois
le mot vase en ce sens. — Cette route a été souillée; métonymie, pour : nous avons
contracté des souillures légales sur cette route, — Mais elle sera sanctifiée elle-
méme, etc.; c'est-à-dire (en vertu de la méme métonymie), nous nous sanctifierons,
nous nous purifierons de ces souillures mémes, contractées dans nos vétements, ou
dans nos autres objets, ou dans nos corps.
6. Les pains de proposition. Voy. Exode, xxv, 30.
8. Avez-vous; littér. s? vous. Voy. verset 4,
[cu. xxu.]
9. Et le prétre répondit : Voici
le glaive de Goliath, le Philistin,
que tu as tué dans la Vallée du
térébinthe ; il est enveloppé dans
le manteau derriere l'éphod : si
tu veux l'emporter, emporte-le ;
car il n'y en a point ici d'autre
que celui-là. Et David dit : Il n'y
en a point d'autre semblable à
celui-là, donnez-le moi.
10. C'est pourquoi David se le-
va, et s'enfuit en ce jour-là de
devant Saül, et vint vers Achis,
roi de Geth.
11. Et les serviteurs d'Achis lui
dirent, lorsqu'ils eurent vu David;
N'est-ce pas ce David, le roi de
la terre? N'est-ce pas pour lui
qu'on chantait dans les chœurs,
en disant : Saül en a tué mille, et
David dix mille?
12. Mais David recueillit ces pa-
roles en son cœur, et il craignit
beaucoup de la part d'Achis, roi
de Geth ;
13. Aussi il changea de visage
devant eux; et il tombait entre
leurs mains, etil se heurtait con-
tre les battants de la porte, et sa
salive découlait sur sa barbe.
14. Et Achis dit à ses serviteurs:
Vous avez vu un homme insensé;
pourquoi l'avez-vous amené vers
moi?
11. Supra, xvirr, 1; Eccli, xLvir, 1.
I ROIS. 959
15. Est-ce que les furieux nous
manquent, que vous avez intro-
duit celui-ci, pour qu'il délire,
moi présent? Est-ce que cet hom-
me entrera dans ma maison?
CHAPITRE XXII.
Retraite de David dans la caverne d'O-
dollam, et de là auprés du roi de Moab.
Il revient dans le pays de Juda. Saül
fait tuer tous les prétres de Nobé. Abia-
thar se sauve, et se retire auprès de
David.
1. David s'en alla donc de là, et
il s'enfuit dans la caverne d'Odol-
lam. Lorsque ses frères l'eurent
appris et toute la maison de son
pere, ils descendirent vers lui en
cet endroit.
2. Et se réunirent auprès de lui
tous ceux qui étaient dans la dé-
tresse, accablés de dettes, et mé-
contents; et il devint leur chef;
et il y eut avec lui environ quatre
cents hommes.
9. Et Pavid partit de là pour
Maspha qui est en Moab; et il dit
au roi de Moab : Que mon pere
et ma mère, je vous prie, demeu-
rent avec vous, jusqu'à ce que je
sache ce que fera Dieu à mon
égard.
4. Et il les laissa auprès du
roi de Moab, et ils demeurèrent
9. Mon manteau, littér. le manteau. Voy. xx, 21. — * Derrière l'éphod. Sur l'éphod,
voir la note sur Exode, xxv, 1.
10. * Geth, l'une des cinq villes principales des Philistins,
11. Le roi de la terre; c'est-à-dire comme le roi de son pays; ou plutôt le roi de
ce pays-ci, selon les conditions du combat dans lequel il a terrassé Goliath.
Voy. xvi, 9.
1. * Odollam, probablement aujourd'hui Aid-el-ma. Près des ruines de l'ancienne
cité, il y a une caverne suffisamment grande pour que David y ait habité.
3. * Maspha en Moab, site inconnu.
4. * Dans la forteresse de Maspha de Mo
autres,
ab, selon les uns, d'Odollam, selon les
500
aupres de lui pendant tous les
jours que David fut dans la forte-
resse.
5. Cependant Gad le prophète
dit à David : Ne demeure point
dans la forteresse, pars, et va
dans la terre de Juda. Et David
partit, et il vint dans la forét de
Haret.
6. EtSaül appritque David avait
paru, ainsi que des hommes qui
étaient avec lui. Or, lorsque Saül
demeurait à Gabaa, et qu'il était
dans le bois qui est à Rama, te-
nant sa lance àla main, et que
tous ses serviteurs lenviron-
naient,
7. Il dit à ses serviteurs qui
étaient auprès de lui : Ecoutez
maintenant, enfants de Jémini :
Est-ce que le fils d'Isai vous don-
nera à tous des champs et des vi-
gnes, et vous fera-t-il tous tribuns
et centurions,
8. Puisque vous avez tous cons-
piré contre moi, et qu'il ny ἃ
personne qui me renseigne ; sur-
tout quand mon fils méme a fait
alliance avec le fils d'Isai? Il n'en
est pas d'entre vous qui plaigne
mon sort, ni qui m'averlisse; à
cause que mon fils a suscité con-
tre moi mon serviteur, qui me
dresse des embüches jusqu au-
jourd'hui.
9. Mais, répondant, Doég l'Idu-
méen qui était présent, et le pre-
mier entre les serviteurs de Saül :
J'ai vu, dit-il, le fils d'Isai.à Nobé,
I ROIS.
[cu. xxi.
chez Achimélech, le prétre, fils
d'Achitob,
10. Lequel 8 consulté le Sei-
gneur pour lui, lui a donné des
vivres, et lui a méme donné le
glaive de Goliath le Philistin.
11. Le roi donc envoya ehercher
Achimélech, le prétre, fils d'Achi-
tob, et toute la maison de son
père, des prêtres qui étaient à
Nobé ; lesquels tous vinrent vers
le roi.
12. Et Saül dit à Achimélech :
Ecoute, fils d'Achitob. Et Achimé-
lech répondit : Je suis présent,
seigneur.
13. Et Saül lui dit : Pourquoi
as-tu conspiré contre moi, toi ef
le fils d'Isai? Pourquoi lui as-tu
donné des pains et un glaive, et
as-tu consulté Dieu pour lui, afin
qu'il s'élevàt contre moi, insidia-
teur persévérant jusqu'aujour-
d'hui?
14. Et Achimélech, répondant
au roi, dit : Qui parmi vos servi-
teurs est comme David, fidele,
gendre du roi, marchant à votre
commandement, et honorable
dans votre maison?
18. Est-ce aujourd'hui que j'ai
commencé à consulier Dieu pour
lui? Loin de moi! Que le roi ne
soupconne point son serviteur,
ni toute la maison de mon père
d'une pareille chose; car votre
serviteur ne sait de cette affaire
rien de petit ou de graud.
16. Et le roi dit: Tu mourras de
M M—— —— MÀ —— — — M — ————
5. * Haret, inconnu.
6. * Gabaa, Tell el-Foul. Voir xt, 4.
1. Enfants de Jémini; c'est-à-dire Benjamites. — Tribuns et centurions. Voy.
Exode, xvin, 21.
15. Que le roi, etc.; littér.: Que Le roi ne soupçonne point contre son servileur une
pareille chose, dans toute la maison de mon père.
16. Tu mourras de mort; hébraisme, pour tu mourras infailliblement.
[cH. xxu.)
mort, Achimélech, toi et toute la
maison de ton père.
17. Puis le roi dit aux gardes
qui l'environnaient : Tournez-
vous, et tuez les prétres du Sei-
gneur; carleur main est avec Da-
vid; sachant qu'il s'était enfui,
ils ne me l'ont point déclaré. Mais
les serviteurs du roi ne voulurent
pas étendre leurs mains sur les
prétres du Seigneur.
18. Alors le roi dit à Doég :
Tourne-toi, et jette-toi sur les
prétres. Et, s'étant tourné, Doeg
l'Iduméen se jeta sur les prêtres,
etiltua ence jour-làquatre-vingt-
cinq hommes vétus d'un éphod
de lin.
19. Ensuite il frappa Nobé, la
cité des prétres, du tranchant du
glaive, égorgeant hommes et
femmes, petits enfants et les en-
fants à la mamelle, bœuf, âne et
brebis.
20. Mais un des fils d'Achimé-
lech, dont le nom était Abiathar,
s'étant échappé, s'enfuit vers Da-
vid.
21. Et il lui annonca que Saül
avait tué les prétres du Seigneur.
22. Et David dit à Abiathar : Je
savais en ce jour que puisque
Doég l'Iduméen était là, il averti-
rait certainement Saül : c’est moi
qui suis coupable de /a mort de
toutes les âmes de /a maison de
ton père.
23. Demeure avec moi, et ne
crains point : si quelqu'un cher-
che mon àme, il cherchera aussi
I ROIS.
561
ton àme, et tu seras sauvé avec
moi.
CHAPITRE XXIII.
David délivre Céila. Il se retire au désert
de Ziph. Saül le poursuit dans le désert
de Maon.
1. Et on apporta une nouvelle
à David en disant : Voilà que les
Philistins attaquent Céila, et qu'ils
pillent les aires.
2. David donc consulta le Sei-
gneur, disant : Est-ce que j'irai
et que je battrai ces Philistins? Et
le Seigneur répondit à David :
Va, et tu battras les Philistins, et
tu sauveras Céila.
3. Et les hommes qui étaient
avec David lui dirent : Voilà que
nous, étant en Judée, nous crai-
gnons, combien plus, si nous
allons à Céila contre les troupes
des Philistins?
4. De nouveau donc David con-
sulta le Seigneur, qui lui répon-
dit : Lève-toi et va à Céila; car
c'est moi qui livrerai les Philis-
tins à ta main.
9. David donc s'en alla et ses
hommes à Céila, et il combattit
contre les Philistins, et il amena
leurs bestiaux, et il frappa ses
ennemis d'une grande plaie :
ainsi David sauva les habitants:
de Céila. |
6. Or, dans le temps qu'Abia-
thar, fils d'Achimélech, s'enfuyait
vers David à Céila, il était des-
cendu ayant un éphod avec lui.
1. Gependant on annonca à Saül
——Ó————M——MM—MM— וי VU
17. Gardes; littér., émissaires; c'est-à-dire ceux qui faisaient la fonction de mes-
sagers ou de coureurs. — Leur main est avec David; c'est-à-dire ils donnent la main
à David; ils l'aident, ils favorisent ses vues.
23. Cherche mon âme. Voy. xx, 1.
1. * Céila était dans le voisinage du pays des Philistins Josué, xv, 44.
A. T:
36
562
que David était venu 8 Céila, et
Saül dit : Dieu l'a livré en mes
mains, et il est enfermé, étant
entré dans une ville, où il y a des
portes et des serrures.
8. Saül done ordonna à tout le
peuple de descendre au combat
à Céila, et d'assiéger David et ses
hommes.
9. Lorsque David eut su que
Saül préparait secrètement sa
perte, il dit à Abiathar, le prétre :
Revétez-vous de l'éphod.
10. Et David dit : Seigneur,
Dieu d'lsraél, votre serviteur a
entendu dire que Saül se dispose
à venir à Céila, pour détruire la
ville à cause de moi;
11. Est-ce que les hommes de
Céila me livreront en ses mains?
et Saül descendra-t-il, comme vo-
tre serviteur l'a appris? Seigneur
Dieu d'Israél, indiquez-le à votre
serviteur. Et le Seigneur répon-
dit : Il descendra.
19. David dit encore : Est-ce
que les hommes de Céila me li-
vreront, moi et les hommes qui
sont avec moi aux mains de Saül?
Et le Seigneur répondit : 115 vows
livreront.
13. David donc se leva, ainsi
queses hommes, au nombre d'en-
viron six cents, et sortis de Céila,
ils erraient cà et là, incertains;
Cuar. XXIII. 19. Infra, xxvi, 1.
I ROIS.
[cH. xxi.)
et l'on annonca à Saül que David
s'était enfui .de Céila et s'était
sauvé : pour cette raison, Saül
feignit de ne pas sortir.
14. Or, David se tenait dans le
désert, dans des lieux très sûrs, et
il demeura sur la montagne de la
solitude de Ziph, montagne om-
bragée : Saüi le cherchait cepen-
dant tous les jours; et Dieu ne le
livra pas en ses mains.
15. Et David s'aperqut que Saül
était sorti pour chercher son âme.
Mais David était dans le désert de
Ziph, dans la forét.
16. Et Jonathas, fils de Saül, se
leva, et s'en alla vers David dans
la forét et fortifia ses mains en
Dieu, et lui dit :
47. Necrains point; car la main
de mon pere Saül méme ne te
trouvera pas; et tu règneras sur
Israél, et moi je serai le second
après toi; mais mon père méme
sait cela.
18. Ils firent donc l'un et l'autre
alliance devant le Seigneur; et
David demeura dans la forét;
mais Jonathas retourna en sa
maison.
19. Cependant les Ziphéens
montèrent vers Saül à Gabaa, di-
sant : Ne voilà-t-il pas que David
est caché parmi nous dans les
lieux les plus sürs de la forét, sur
9. * Revétez-vous de l'éphod. Sur l'éphod, voir la note sur Exode, xxv, 1.
11, 12. Est-ce que; littér. si, qui exprime souvent en hébreu une interrogation ou
une négation.
14. Ombragée, par les arbres dont elle était couverte. — * Dans le désert de Juda,
qui s'étend entre les montagnes de Juda et la rive occidentale de la mer Morte. —
La solitude de Ziph était la partie du désert de Juda située dans les environs de la
ville de Ziph, au sud-est d'Hébron, au nord de Carmel et de Maon.
16. Fortifia ses mains, etc. 1] l'encouragea soit par le souvenir des promesses de
Dieu, soit par le renouvellement de leur alliance faite au nom de Dieu.
19. * A Gabaa, Tell el-Foul. Voir xr, 4. — Sur La colline d'Hachila. Elle se trouvait
entre Zioh et Maon. — Qui est à la droite, c'est-à-dire au midi du désert de Ziph.
]68. xxiv.]
la colline d'Hachila, qui est à la
droite du désert.
90. Maintenant donc, comme
votre âme a désiré que vous des-
cendiez, descendez ; mais ce sera
ànous à lelivrer aux mains du
roi.
21. Et Saül répondit : Bénis
soyez-vous du Seigneur, parce
que vous avez été affligés de mon
sort.
22. Allez donc, je vous prie,
préparez £owt avec une grande
diligence, agissez avec beaucoup
de soin, et considérez le lieu oü
est son pied, ou qui l'aura vu;
car il pense de moi, que je lui
tends adroitement des piéges.
23. Considérez et voyez tous
les lieux secrets dans lesquels il
se cache, puis revenez vers moi
avec quelque chose de certain,
afin que j'aille avec vous. Quand
il se serait enfoncé dans la terre,
je le chercherai parmi tous les
mille de Juda.
24. Ainsi les Ziphéens se le-
vant s'en allèrent à Ziph avant
Saül : or, David et ses hommes
étaient dans le désert de Maon,
dans les plaines, à la droite de
Jésimon.
25. Saül alla donc ainsi que ses
I ROIS. 563
gens pour le chercher; et on
l'annonca à David, et aussitôt il
descendit vers le rocher, et il de-
meurait dans le désertdeMaon; ce
qu ayant appris Saül,il poursuivit
David dans le désert de Maon.
26. Et Saül cótoyait la monta-
gne d'un cóté ; mais David et ses
hommes cótoyaient la montagne
de l'autre. Or, David désespérait
de pouvoir se sauver de la face
de Saül; car Saül et ses hommes
environnaient en forme de cou-
ronne David et ses hommes, pour
les prendre.
27. Et un messager vint vers
Saül, disant : Hátez-vous, et ve-
nez, parce que les Philistins se
sont jetés sur le pays.
98. Saülretourna donc, cessant
de poursuivre David, et il marcha
àlarencontre des Philistins ; c'est
pour cela qu'on appela ce lieu le
Rocher qui divise.
CHAPITRE XXIV.
David se retire dans la caverne d'Engaddi.
Saül y entre seul; David coupe le bord
de son manteau. Saül reconnait l'inno-
cence de David.
4. David monta donc de là, et
il habita dans les lieux les plus
sürs d'Engaddi.
23. Parmi tous les mille, etc.; c'est-à-dire parmi tous les hommes de Juda; ou bien
avec tous les hommes, toutes les troupes de Juda. Les tribus étaient divisées par
maisons et familles formant ensemble mille hommes.
24. * Maon. La ville de ce nom, à deux heures au sud de Ziph, donnait son nom
au désert qui l'entourait. — À /a droite (au midi) de Jésimon, nom commun en hébreu,
qui signifie désert; ici le désert de Ziph, comme au verset 19.
28. Le Rocher qui divise, ou qui divisa; parce qu'en cet endroit l'esprit de Saül et
de ses gens se trouva divisé, partagé, pour savoir s'il devait aller au secours de son
pays, ou continuer à poursuivre David. Ou plutôt : Le Rocher qui sépara, le lieu où
Saül fut obligé de se séparer et d'abandonner la poursuite de David; ou bien tout
simplement le rocher qui séparait Saül de David, puisqu'il ne fallait que le passer
pour s'emparer de David.
1. * D'Engaddi, ville amorrhéenne, qui appartint à la tribu de Juda, à l'ouest de
la mer Morte. Ses alentours abondaient en vignes, en palmiers et en baumiers. Elle
s'appelait aussi Asason-Thamar.
₪
2. Et lorsque 5801 fut revenu,
aprés avoir poursuivi les Philis-
tins, on lui porta une nouvelle,
en disant : Voilà que David est
dans le désert d'Engaddi.
3. Saül donc, prenant trois mille
hommes choisis de tout Israél,
alla pour chercher David et ses
hommes, méme sur les rochers
les plus escarpés, qui sont acces-
sibles seulement aux chamois.
4. Etil vint aux parcs de brebis,
qui s'offraient à lui pendant qu'il
était en chemin; et il y avait là
une caverne, dans laquelle entra
Saül pour un besoin naturel : or,
David et ses hommes étaient ca-
chés dans la partie intérieure de
la caverne.
9. Et les serviteurs de David lui
dirent : Voici le jour dont le Sei-
gneur vous a dit : C’est moi qui
te livrerai ton ennemi, afin que
tu lui fasses comme il plaira à tes
yeux. David se leva donc, et cou-
pa sans bruit le bord du manteau
de Saül.
6. Après cela David frappa sa
poitrine de ce qu'il avait coupé
le bord du manteau de Saül.
7. Et il dit à ses hommes : Que
le Seigneur me soit propice, afin
que [6 necommette point ce crime
contre mon seigneur, le christ du
Seigneur, que de porter ma main
sur lui, parce qu'il est le christ
du Seigneur.
8. Et David réprima ses hom-
mes par ses paroles, et 11 ne per-
mit pas qu'ils s'élevassent contre
564 I ROIS.
(cu. xxiv.]
Saül : or, Saül se levant de la ca-
verne, continuait son chemin
commencé.
9. Or David se leva aussi apres
lui; et, sorti dela caverne, il cria
derriere Saül, disant : Mon sei-
gneur roi! Et Saül regarda der-
riere lui, et David, s'inclinant
penché vers la terre, se proster-
na,
10. Et dit à Saül : Pourquoi
écoutez-vous les paroles d'hom-
mes qui disent : David cherche
votre perte?
11. Voilà qu'aujourd'hui vos
yeux ont vu que le Seigneur vous
ἃ livré à ma main daus la caver-
ne; et jai pensé à vous tuer,
mais mon œil vous a épargné ;
car j'ai dit : Je n'étendrai pas ma
main sur mon seigneur, parce
que c'est le christ du Seigneur.
12. Bien plus, mon père, voyez,
et reconnaissez le bord de votre
manteau dans ma main, et que
quand j'ai coupé l'extrémité de
votre manteau, je n'ai pas étendu
ma main sur vous ; remarquez et
voyez quil n'y a pas de mal en
ma main, ni d'iniquité, et que je
n'ai pas péché contre vous ; mais
vous, vous tendez des embüches
à mon âme, pour la détruire.
13. Que le Seigneur juge entre
moi et vous, et que le Seigneur
me venge de vous ; mais que ma
main ne soil pas sur vous.
14. Comme il est dit aussi dans
l'ancien proverbe : C'est DES IMPIES
que sorlira limpiété : que ma
2. * Dans le désert d'Engaddi, près de la ville. Il y a dans ce désert de nombreuses
cavernes.
6. Frappa sa poitrine. Ce remords que David éprouve pour avoir coupé le bord du
manteau de Saül s'explique facilement, quand on considère que les Hébreux et en
général les Orientaux regardaient leurs rois comme des représentants directs de la
divinité.
[“η. xxv.]
main donc ne soit pas sur vous.
15. Qui poursuivez-vous, roi
d'Israël? qui poursuivez-vous?
cest un chien mort que vous
poursuivez, et une puce.
16. Que le Seigneur soit juge,
et qu'il juge entre moi et vous;
qu'il voie et juge ma cause et
qu'il me délivre de votre main.
47. Or, lorsque David eut ache-
vé de tenir ces discours à Saül,
Saül dit : N'est-ce point là ta voix,
mon fils David? Et Saül éleva sa
voix, et pleura;
18. Puis il dit à David : Tu es
plus juste que moi, toi; car toi,
tu m'as fait du bien, et moi, jet'ai
rendu du mal.
19. C'est méme toi qui m'as
montré aujourd'hui le bien que
tu m'asfait : commentle Seigneur
m'a livré à ta main, et comment
tu ne m'as point tué.
90. Qui, en effet, lorsqu'il a
trouvé son ennemi, le laisse aller
dans une bonne voie? Mais que
le Seigneur te paie de retour,
pour ce que tu as fait aujourd'hui
à mon égard.
91. Et maintenant comme je
sais que tres certainement tu dois
régner, et que tu dois avoir en ta
main le royaume d'Israël,
29. Jure-moi par le Seigneur
que tu ne détruiras point ma race
apres moi, et que tu n'óteras pas
mon nom de la maison de mon
père.
93. Et Davidle jura à Saül. Saül
donc s'en alla en sa maison; et
David et ses hommes monterent
dans des lieux plus sürs.
I ROIS. | 565
CHAPITRE XXV.
Mort de Samuel. David se retire dans le
désert de Pharan. Nabal lui refuse des
vivres : Abigail apaise David. Nabal
meurt. David épouse Abigail et Achi-
noam, et Michol est donnée à Phalti.
1. Or, Samuel mourut, et tout
Israél fut assemblé ; et ils le pleu-
rerent, et ils l'ensevelirent dans
sa maison à Ramatha. Et David,
selevant, descendit dansle désert
de Pharan.
2. Or il y avait un homme dans
la solitude de Maon, et sa posses-
sion était sur le Carmel; et cet
homme était très riche, et il avait
trois mille brebis et mille chè-
vres : et il arriva que l’on tondait
son troupeau sur le Carmel.
3. Or, le nom de cet homme
était Nabal, etle nom de safemme
Abigail; et cette femme était trés
prudente et belle; mais son mari
était dur, très méchant et rusé :
or, il était de la race de Caleb.
4. Lors done que David eut ap-
pris dans le désert que Nabal ton-
dait son troupeau,
5.llenvoyadixjeunes hommes,
et leur dit: Montez sur le Carmel,
et vous irez vers Nabal, et vous
le saluerez en mon nom pacifi-
quement;
6. Et vous direz : Que la paix
soit avec mes frères et avec toi;
et que la paix soit en ta maison,
et que la paix soit sur tout ce que
tu as.
1. Jai appris que tes pasteurs,
qui étaient avec nous au désert,
tondaient 20% troupeau : jamais
XXV. 1. Infra, xxvi, 3; Eccli., xzvi, 23. .שג
1. * Ramatha, Ramathaimsophim. Voir r, 4.
2. * Carmel, ville de Juda. Voir plus haut, xv, 12. — Maon. Voir xxm, 24.
566 1 ROIS.
nous ne les avons inquiétés, et
jamais il ne leur a rien manqué
de leur troupeau, pendant tout
le temps qu'ils ont été avec nous
sur le Carmel.
8. Interroge tes serviteurs, et
ils te le diront. Maintenant donc,
que tes serviteurs trouvent grâce
à tes yeux; car nous sommes ve-
nus dans un bon jour : tout ce
que ta main trouvera, donne-le à
tes serviteurs et à ton fils David.
9. Ainsi lorsque les serviteurs
de David furent venus, ils dirent
à Nabaltoutes ces paroles au nom
de David, puis ils gardèrent le
silence.
10. Mais Nabal, répondant aux
serviteurs de David, dit : Qui est
David? et qui est le fils d'Isai? Au-
jourd'hui les serviteurs qui fuient
leurs maitres s'augmentent.
11. Je prendrai donc mes pains,
mon eau, la chair des bétes que
j'ai tuées pour mes tondeurs, et
je les donnerai à des hommes qui
sont je ne sais d'où?
12. C'est pourquoiles serviteurs
de David revinrent par leur che-
min, et, étant retournés, ils vin-
rent et lui rapportèrent toutes les
paroles que Vabal avait dites.
13. Alors David dit à ses servi-
teurs : Que chacun se ceigne de
son glaive. Et ils se ceignirent
chacun de leur glaive, David lui-
méme se ceignit de son épée; et
environ quatre cents hommes
suivirent David; mais deux cents
resterent pres des bagages.
14. Mais un des serviteurs de
]08. xxv.]
Nabal lannonca à Abigail, sa
femme, disant : Voilà que David
a envoyé des messagers du dé-
sert, pour bénir notre maitre, et
il les a repoussés.
15. Ces hommes ont été assez
bons pour nous, et ne nous ont
point inquiétés, et rien n'a jamais
péri de 20s troupeaux, pendant
tout le temps que nous nous som-
mes trouvés avec eux dans le dé-
sert.
16. Ils étaient comme une mu-
raille pour nous, tant la nuit que
le jour, durant tous les jours que
nous avons fait paitre au milieu
d'eux les troupeaux.
17. C'est pourquoi considérez
et pensez à ce que vous ferez;
parce que la malice est à son
comble contre votre mari et con-
tre votre maison, et que lui-mé-
me est un fils de Bélial, en sorte
que personne ne peut lui parler.
18. Abigail donc se hâta, et elle
prit deux cents pains, deux outres
de vin, cinq béliers cuits, cinq
mesures de grains rótis, cent
grappes de raisins secs et deux
cents panerées de figues sèches:
elle les plaga sur les ânes;
19. Et elle dit à ses serviteurs :
Précédez-moi; voici que je vous
suivrai par derriere : mais à son
mari Nabal, elle n'en dit rien.
20. Lors donc qu'elle fut mon-
tée sur son âne, et qu'elle des-
cendait au pied de la montagne,
David et ses serviteurs descen-
daient à sa rencontre; et elle-
méme alla au devant d'eux.
8. Dans un bon jour; un jour de joie. C'était la coutume de faire des réjouissances
dans le temps de la tonte des troupeaux.
11. Fils de Bélial. ΝΟΥ. Juges, xix, 22.
18. * Cinq mesures, hébreu seim, environ 595 litres,
[cn. xxv.]
91. Et David dit : Vraiment,
c'est en vain que jai conservé
tout ce qui était à lui dans le dé-
sert, et que rien n'a péri de tout
ce qui lui appartenait; et il m'a
rendu le mal pour le bien.
99. (ue Dieu fasse ceci aux en-
nemis de David, et qu'il ajoute
cela, si de tout ce qui lui appar-
tient, je laisse jusqu'au matin
un seul urinant contre une mu-
raille.
23. Mais lorsqu'Abigail eut vu
David, elle se háta, descendit de
son áne, tomba sur sa face de-
vant David, et se prosterna sur
la terre;
24. Puis elle se jeta à ses pieds,
et dit: Sur moi soit, mon sei-
gneur, cette iniquité : que votre
servante, je vous conjure, parle
à vos oreilles, et écoutez les pa-
roles de votre servante.
95. Que mon seigneur roi n'ar-
réte pas son cœur sur cet homme
inique de Nabal, puisque, selon
son nom, il est insensé, et qu'il y
a folie en lui; mais moi, votre
servante, je n'ai pas vu, mon sei-
gneur, les serviteurs que vous
avez envoyés.
96. Maintenant donc, mon sei-
gneur, le Seigneur vit, et votre
âme vit! Je Seigneur qui vous a
empéché de venir dans du sang,
et qui vous a sauvé votre main;
et maintenant qu'ils deviennent
] ROIS. 567
comme Nabal, vos ennemis, et
ceux qui cherchent la perte de
mon seigneur.
27. C'estpourquoi, recevezcette
bénédiction que votre servante
vous aapportée, à vous, mon sei-
gneur, et donnez-la aux servi-
teurs qui vous suivent, vous, mon
seigneur.
28. Remettez l'iniquité de votre
servante; car le Seigneur vous
fera trés certainement à vous,
mon seigneur, une maison fidele,
parce que, mon seigneur, vous
combattez les combats du Sei-
gneur : quil ne se trouve donc
point de malice en vous durant
tous les jours de votre vie.
29. Car 811 s'élève un jour un
homme qui vous persécute, et
cherche votre âme, 1816 de mon
seigneur sera gardée, comme
dans le faisceau des vivants, au-
près du Seigneur votre Dieu;
mais l’âme de vos ennemis tour-
noiera, comme du tournoiement
rapide de la fronde.
30. Lors donc que le Seigneur
vous aura fait à vous, mon sei-
gneur, tous les biens qu'il a pré-
dits de vous, et qu'il vous aura
établi chef sur Israël,
31. Ce ne sera pas pour vous
un sujet de soupir, ni un scrupule
de conscience pour mon seigneur,
d'avoir versé un sang innocent,
et de vous étre vengé vous-mé-
22. Que Dieu fasse ceci, etc. Voy. Ruth, 1, 41. — Un seul urinant, etc. Beaucoup
d'interprétes entendent cette expression du chien, mais Bochart et aprés lui les
meilleurs critiques l'entendent de l'homme; et il faut convenir que tous les passages
de l'Ecriture οὐ elle se trouve favorisent le sentiment de ces derniers.
26. Le Seigneur vit, et votre âme vit! Voy. Juges, vin, 19. — De venir dans du
sang; de venir pour verser du sang. — Vous a sauvé votre main; c'est-à-dire a pré-
servé votre main de le verser.
27. Cette bénédiction; c'est-à-dire ce présent. Voy. Genèse, xxxii, 11.
29. Cherche votre âme. Voy. xx, 4.
568 I ROIS.
me : et lorsque le Seigneur aura
fait du bien à mon seigneur, vous
vous souviendrez de votre ser-
vante.
32. Et David répondit à Abigail :
Béni le Seigneur Dieu d'Israël,
qui vous a envoyée aujourd'hui
à ma rencontre! et bénie votre
parole!
33. Et bénie vous-même, qui
m'avez empêché de venir pour
du sang, et de me venger de ma
main!
34. Autrement, leSeigneurDieu
d'Israél vit! lequel m'a empéché
de vous faire du mal : si vous n'é-
tiez venue si vite à ma rencontre,
il ne serait pas resté à Nabal, jus-
qu'àla lumiere du matin, un seul
urinant contre une muraille.
35. David donc recut de sa main
tout ce qu'elle lui avait apporté, et
il lui dit : Allez en paix dans votre
maison; voilà que j'ai entendu
votre voix, et honoré votre face.
36. Or, Abigail vint vers Nabal ;
et voilà qu'il y avait un festin
dans sa maison, comme le festin
du roi, et le cœur de Nabal était
joyeux; car Nabal était fort ivre;
et elle ne lui dit pas une parole
grande ou petite jusqu'au matin.
37. Mais au point du jour, quand
Nabal fut revenu de son ivresse,
sa femme lui rapporta ces choses,
et son cœur mourut intérieure-
(cu. xxv.)
ment, et il devint lui-même com-
me une pierre.
38. Et lorsque dix jours furent
passés, le Seigneur frappa Nabal,
et il mourut.
39. Lorsque David eut appris
que Nabal était mort, il dit : Béni
le Seigneur qui a jugé la cause
de mon opprobre, venant de la
main de Nabal, et qui a préservé
son serviteur du mal! car le Sei-
gneur a rejeté la malice de Nabal
sur sa tête. David envoya donc,
et il parla à Abigail, afin de la
prendre pour femme.
40. Et les serviteurs de David
vinrent vers Abigail sur le Car-
mel, et ils lui parlerent, disant :
David nous a envoyés vers vous,
désirant de vous prendre pour
femme.
41. Abigail se levant se pros-
terna, inclinée vers la terre, et
dit : Voicita servante; qu'elle soit
servante pour laver les pieds des
serviteurs de mon seigneur.
49. Et Abigail se hâta, et elle se
leva, monta sur son àne, et cinq
jeunes filles, ses suivantes, allè-
rent avec elle; et elle suivit les
messagers de David; et elle de-
vint sa femme.
43. Mais David prit aussi Achi-
noam de Jezraél; et l'une et l'au-
tre fut sa femme.
44. Or, Saül donna Michol, sa
37. Fut revenu de son ivresse; littér. : Eut digéré le vin. — Mourut, c'est-à-dire fut
glacé d'effroi.
39. De la main. Nous avons déjà remarqué que les Hébreux employaient le mot
main pour exprimer les idées de moyen, d'instrument, d'entremise, etc.
40. * Sur le Carmel, à la ville de Carmel, comme au verset 2.
41. Ta servante. Abigail parle aux envoyés de David comme si lui-méme eüt été
présent.
43. David avait déjà Achinoam, comme le prouve le verbe hébreu, qui est au plus-
que-parfait, et le soin que prend fidélement l'auteur sacré de toujours nommer
Achinoam avant Abigail. — * De Jezraél, ville des montagnes de Juda,
45. * De Gallim, ville située entre Gabaa et Jérusalem.
[cg. xxvi.)
fille, femme de David, 8 Phalti,
fils de Lais, qui était de Gallim.
CHAPITRE XXVI.
David se retire vers le désert de Ziph.
Saül vient l'y chercher. David entre la
nuit dans sa tente, et emporte sa lance
et sa coupe. Saül reconnait l'innocence
de David.
1. Cependant les Ziphéens vin-
rent vers Saül à Gabaa, disant :
Voici que David est caché sur la
colline d'Hachila, qui est vis-à-vis
du désert.
9. Et Saül se leva, et descendit
au désert de Ziph, et avec lui trois
mille hommes de l'élite d'Israël,
pour chercher David dans le dé-
sert de Ziph.
3. Et Saül campa à Gabaa d'Ha-
chila, qui était vis-à-vis de la so-
litude, sur le chemin; mais David
habitait dans le désert. Or, voyant
que Saül était venu après lui dans
le désert,
4. Il envoya des espions, et il
apprit que Saül y était venu très
certainement.
5. David se leva donc secrète-
ment, et il vint au lieu où était
Saül; et lorsqu'il eut vu le lieu
où dormait Saül, ainsi qu'Abner,
fils de Ner, prince de sa milice,
et Saül dormant dans sa tente,
et toute la multitude autour de
lui,
6. David parla à Achimélech
l'Héthéen, et à Abisai, fils de Sar-
via, frere de Joab, disant : Qui
CxaP. XXVI. 1. Supra, xxi, 19,
I ROIS.
569
descendra avec moi vers Saül,
dans le camp? Et Abisai dit : Moi,
je descendrai avec toi.
1. David done et Abisai vinrent
vers le peuple pendant la nuit,
et ils trouvèrent Saül couché et
dormant dans sa tente, sa lance
fichée dans la terre, près de sa
téte, et méme Abner et le peuple
dormant autour de lui.
8. Et Abisai dit à David : Le
Seigneur a enfermé ton ennemi
aujourd'hui dans tes mains;
maintenant donc je le percerai de
la lance contre la terre une fois,
et il n'y aura pas besoin d'un se-
cond coup.
9. Et David répondit à Abisai :
Ne le tue pas; car qui étendra sa
main sur le christ du Seigneur, et
sera innocent?
10. Et David ajouta : Le Sei-
gneur vit! à moins que le Sei-
gneur ne le frappe, ou que son
jour ne soit venu de mourir, ou
que, descendant au combat, il ne
périsse ;
11. Que le Seigneur me soit
propice, afin que je n'étende pas
ma main sur 16 christ du Seigneur;
maintenant donc, prendslalance,
qui est près de sa 1616, et sa cou-
pe, et allons-nous-en.
12. David prit donc la lance, et
la coupe d’eau, qui était auprès de
la tête de Saül, et ils s'en allè-
rent; et il n'y eut personne, qui
les vit, qui entendit, et qui s'é-
veillàt; mais tous dormaient,
1. * A Gabaa, Tell el-Foul. Voir xt, 4. — La colline d'Hachila. Voir xxt, 19.
2. * Ziph. Voir xxii, 14.
12. Un profond sommeil du Seigneur; c'est-à-dire envoyé par le Seigneur; ou bien
16 mot Seigneur exprime-t-il, ici; comme le mot Dieu en bien des endroits, le super-
latif; en sorte que le sens serait un tres profond sommeil.
570
parce qu un profond sommeil du
Seigneur s'était emparé d'eux.
13. Et lorsque David eut passé
de l'autre cóté, et qu'il se fut
arrété au loin sur le sommet de
la montagne, et qu'il y avait un
grand intervalle entre eux,
14. David cria au peuple et à
Abner, fils de Ner, disant : Est-ce
que tu ne répondras pas, Abner?
Et répondant, Abner dit : Qui
es-tu, toi qui cries, et qui troubles
le roi?
15. Et David dit à Abner : Est-
ce que tu n'es pas homme? et
quel autre est semblable à toi en
Israél? Pourquoi donc n'as-tu pas
gardé ton seigneur, le roi? car il
est entré quelqu'un de la multi-
tude pour tuerle roi ton seigneur.
16. Ce n'est pas bien, ce que
tu as fait; le Seigneur vit! Vous
étes des fils de mort, vous qui
n'avez pas gardé votre seigneur,
lechrist du Seigneur: maintenant
donc, vois où est la lance du roi,
et où est la coupe d'eau, qui était
près de sa tête ?
47. Or, Saül connut la voix de
David, et dit: N'est-ce pas ta voix,
mon fils David? Et David répon-
dit : Ma voix, mon seigneur roi.
18. Et il ajouta : Pour quel motif
mon seigneur persécute-t-il son
serviteur? Qu'ai-je fait? ou quel
mal est-il en ma main?
19. Maintenant donc, écoutez,
je vous prie, mon seigneur roi,
les paroles de votre serviteur : Si
I ROIS.
]08. xxvr.]
le Seigneur vous excite contre
moi, qu'il respire l'odeur d'un
sacrifice ; mais si ce sont les fils
des hommes, ils sont maudits en
la présence du Seigneur, eux qui
m'ontrejeté aujourd'hui, afin que
je n’habite point dans l'héritage
du Seigneur, disant : Va, sers des
dieux étrangers.
20. Et maintenant, que mon
sang ne soit point versé sur la
terre devant le Seigneur, parce
que le roi d'Israël est sorti pour
chercher une puce, comme on
poursuit la perdrix sur les mon-
tagnes.
91. Et Saül dit : J'ai péché, re-
viens, mon fils David ; car je ne
te ferai plus de mal, parce que
mon âme a été précieuse à tes
yeux aujourd'hui : car il parait
que j'ai agi en insensé, et que j'ai
ignoré beaucoup de choses.
99. Et répondant, David dit :
Voici la lance du roi; qu'un de:
serviteurs du roi passe ici, et qu'il
la prenne.
23. Mais le Seigneur rendra à
chacun selon sa justice et sa foi;
car le Seigneur vous a livré au-
jourd'hui à ma main, et je n'ai
pas voulu étendre ma main sur
le christ du Seigneur.
24. Et comme votre âme a été
aujourd'hui élevée à mes yeux,
ainsi soit élevée mon âme aux
yeux du Seigneur, et quil me
délivre de toute angoisse.
95. Saül donc dit à David : Bénis
16. Des fils de mort. Voy. xx, 31.
19. Qu'il respire, etc., c'est-à-dire qu'il ait pour agréable un sacrifice que je lui offre,
en épargnant mon ennemi, et en souffrant sans murmure tout ce qu'il me fait souffrir.
20. Devant le Seigneur; parce que le Seigneur étant témoin de ma mort ne man-
quera pas de la venger, à cause de mon innocence.
25. Tu achèveras, etc.; littér. e£ certainement faisant tu feras; ce qui est un pur
hébraisme.
[cH. xxvi.)
sois-tu, mon fils David; et tu
achèveras certainement ce que
tu feras, et tu pourras beaucoup.
Or, David s'en alla en son chemin,
et Saül retourna en sa demeure.
CHAPITRE XXVII.
David seretiredenovveau auprès d'Achis,
roi de Geth, qui lui donne Siceleg. Il
fait des courses sur les ennemis d'Is-
raél.
1. Et David dit en son cœur : Je
tomberai enfin un jour dans les
mains de Saül. Ne vaut-il pas
mieux que je m'enfuie, et que je
me sauve dans la terre des Philis-
tins, afin que Saül perde l'espoir
etcesse de me chercher dans tous
les confins d'Israél? Je fuirai donc
ses mains.
9. Ainsi David se leva, et s'en
alla, lui etsix cents hommes avec
lui, vers Achis, fils de Maoch, roi
de Geth.
9. Et David habita avec Achis à
Geth, lui et ses hommes, chaque
homme et sa maison ; et David et
ses deux femmes, Achinoam de
Jezraél et Abigail, femme de Na-
bal du Carmel.
4. Et l'on annonca à Saül que
David s'était enfui à Geth, et il ne
continua plus à le chercher.
ὃ. Or David dit à Achis : Si j'ai
trouvé gráce à vos yeux, qu'il me
soit donné un lieu dans une des
villes de ce pays, afin que j'y ha-
bite; car pourquoi votre servi-
teur demeure-t-il dans la cité du
roi avec vous?
I ROIS. 571
6. Ainsi donc, Achis lui donna
en ce jour-là Siceleg : et c’est
pour cette raison que Siceleg est
devenue la possession des rois de
Juda juqu'à ce jour.
7. Or, le nombre des jours pen-
dant lesquels David habita dans
le pays des Philistins fut de qua-
tre mois.
8. Et David monta, ainsi que ses
hommes, et ils pillaient Gessuri,
Gerzi, et les Amalécites ; car ces
cantons étaient habités dans ce
pays depuis longtemps, sur le
chemin de Sur jusqu'à la terre
d'Egypte.
9. Et David frappait toute la
contrée, et il ne laissait vivant
ni homme, ni femme ; et enlevant
brebis, beeufs, ànes, chameaux et
vêtements, il s'en retournait et
venait vers Achis.
10. Or, Achis lui demandait :
Sur qui es-tu tombé aujourd’hui?
David répondait : Sur le midi de
Juda, sur le midi de Jéraméel, et
sur le midi de Céni.
11. 11 ne laissait en vie ni hom-
me ni femme, et il n'en amenait
point 8 Geth, disant : C'est de peur
qu'ils ne disent contre nous : Da-
vid a fait ces choses; et c'est à
cela qu'il s'est arrété durant tous
les jours qu'il habita dans le pays
des Philistins.
12. Ainsi Achis se confia à Da-
vid, disant : Il a fait beaucoup de
maux àson peuple Israél; il sera
donc pour moi un serviteur per-
pétuel.
5. * Geth, l'une des cinq principales villes des Philistins.
6. * Siceleg, au sud de Juda. Sa situation exacte n'est pas connue.
8. Sur le chemin; littér. à ceux qui vont, quand on va, en allant. — * Gessuri,
Gerzi désignent des nomades habitant le désert d'Arabie, comme les Amalécites.
10. * Jéraméel, de la tribu de Juda. — Céni, le pays habité par les Cinéens, au sud
de Juda.
572 I ROIS.
CHAPITRE XXVIII.
Dernière guerre des Philistins contre
Saül. David s'engage à y accompagner
le roi de Geth. Saül consulte une pytho-
nisse, qui évoque Samuel.
1. Or, il arriva, en ces jours-là,
que les Philistins assemblerent
leurs troupes, pour se préparer à
la guerre contre Israël; et Achis
dit à David : Sache bien que tu
viendras avec moi dans mon
camp, toi et tes hommes.
2. Et David répondit à Achis :
Maintenant vous saurez ce que
votre serviteur doit faire. Achis
dit encore à David : Et moi je t'é-
tablirai garde de ma personne
pour toujours.
9. Or, Samuel était mort, tout
le peuple d'Israël l'avait pleuré,
et ils l'avaient enseveli à Rama-
tha, sa ville. Et Saül avait chassé
les magiciens et les devins de son
pays.
4. Et les Philistins s'assem-
blèrent et vinrent, et ils cam-
pèrent à Sunam ; mais Saül aussi
assembla tout Israël, et vint à
Gelboé.
5. Et Saül vit le camp des Phi-
listins, et il eraignit, et son cœur
fut tout saisi d'épouvante.
6. Et il consulta le Seigneur, et
le Seigneur ne lui répondit point,
[cH. xxvi.
ni par des songes, ni par les pré-
tres, ni par les prophetes.
7. Alors Saül dit à ses servi-
teurs : Cherchez-moi une femme
ayant un esprit de python, et j'i-
rai à elle, et je l'interrogerai. Et
ses serviteurs lui répondirent : Il
y a à Endor une femme qui a un
esprit de python.
8. Il changea donc son habille-
ment, se revêtit d'autres véte-
ments, et s'en alla, lui et deux
hommes avec lui, et ils vinrent
vers la femme pendant la nuit, et
il lui dit : Devine pour moi par
l'esprit de python, et évoque-moi
celui que je te dirai.
9. Et la femme lui répondit :
Voilà que tu sais tout ce qu'a fait
Saül, et de quelle maniere il a
exterminé de la terre les magi-
ciens etles devins ; pourquoi donc
tends-tu des pièges à mon âme,
pour que je sois tuée?
10. Et Saül lui jura par le Sei-
gneur, disant : Le Seigneur vit!
il ne t'arrivera rien de mal àcause
de ceci.
11. Et la femme lui demanda :
Qui t'évoquerai-je? Il répoudit :
Evoque-moi Samuel.
19. Or, quand la femme eut vu
Samuel, elle s'écria à haute voix,
et dit à Saül : Pourquoi m'en avez-
vous imposé? car vous étes Saül.
Lévit., xx, 27; Deut., xvii, 11; .1 — .23 זא XXVIII. 3. Supra, xxv, 1; Eccli., .ג
Actes, xvi, 16.
3. Samuel était mort. Le verbe en hébreu est au plus-que-parfait; d'ailleurs cette
mort a été déjà rapportée. Voy. xxv, 1. — * Ramatha, Ramathaimsophim. Voir 1, 4.
4. * Sunam ou Sunem, dans la plaine d'Esdrelon, au nord de Jezraél, au sud de
Naim. — Gelboé, au sud-est de Jezrael.
1. Un esprit de python. Voy. note sur Lévitique, xx, 21. — * Endor, au nord-est
de Naim, en face du mont Thabor.
12. Les Péres de l'Eglise, la plupart des juifs et des interprétes catholiques sou-
tiennent que par une intervention surnaturelle du pouvoir de Dieu, Samuel a réelle-
ment apparu en personne à Saül. Ce sentiment est d'ailleurs plus conforme à la
lettre de l'Ecriture et à tout le contexte.
"CH. Χχνπι.]
13. Alors le roi lui dit : Ne crains
point; qu'as-tu vu? Et la femme
répondit àSaül:Ce sont des dieux
que j'ai vus montant de la terre.
14. Et il lui demanda : Quelle
est sa forme? Elle répondit : Un
vieillard est monté, et il est cou-
vert d'un manteau. Et Saül com-
prit que c'était Samuel, et il s'in-
clina sur sa face vers la terre, et
il se prosterna.
15. Or Samuel dit à Saül : Pour-
quoi m'avez-vous troublé, de
sorte que jefusse évoqué? Et Saül
répondit: Je suis dans une grande
contrainte; puisque les Philistins
combattent contre moi, que Dieu
s'est retiré de moi, et quil n'a
point voulu m'entendre ni par
l'entremise des prophètes, ni par
des songes; je vous ai donc ap-
pelé, pour que vous me montriez
ce que je dois faire.
16. Et Samuel répliqua : Pour-
quoi m'interrogez-vous, puisque
le Seigneur s'est retiré de vous,
et qu'il est passé à votre rival?
47. Car le Seigneur vous fera,
comme ila dit par mon entremise,
et il divisera votre royaume en
larrachant de votre main, et il
le donnera à votre parent David,
18. Parce que vous n'avez pas
obéi àla voix du Seigneur, et vous
n'avez pas accompli la colere de
45. Eccli., xLvi, 23.
I ROIS.
513
sa fureur contre Amalec; c'est
pour cela que ce que vous souf-
frez, le Seigneur vous l'a fait au-
jourd'hui.
19. Et le Seigneur abandonnera
aussi Israél avec vous aux mains
des Philistins; mais demain vous
et vos fils vous serez avec moi;
et méme le camp d'Israël, le Sei-
gneur le livrera aux Philistins.
.90. Et aussitôt Saül tomba et
resta étendu sur la terre; car il
avait été épouvanté des paroles
de Samuel, et il n'y avait pas de
force en lui, parce qu'il n'avait
pas mangé de pain durant tout
ce jour-là.
91. C'est pourquoi cette femme
vint vers Saül (car il était fort
troublé), et elle lui dit : Voilà que
votre servanteaobéi à votre voix,
et j'ai mis mon âme en ma main,
et jai écouté vos paroles, que
vous m'avez dites.
22, Maintenant donc écoutez,
vous aussi, la voix de votre ser-
vante, et je mettrai devant vous
une bouchée de pain, afin que
mangeant, vous repreniez vos
forces, et que vous puissiez faire
la route.
93. Saül refusa, et dit : Je ne
mangerai point. Mais ses servi-
teurs et 18 femme le contraigni-
rent, et enfin, leur voix écoutée,
13. Ce sont des dieux. Le mot Elóhim, qui signifie proprement le vrai Dieu, se
donne aux fausses divinités, aux anges, aux juges, aux magistrats; et quoiqu'il soit
au pluriel par sa forme grammaticale, on l'emploie pour désigner une seule personne
à laquelle on veut donner les marques d'un grand honneur et d'un grand respect,
comme ici la pythonisse à Samuel.
14. * D'un manteau, le long vétement supérieur que portaient les prophètes.
18. La colère de sa fureur. Voy. xx, 34.
20. * « ll est évident, dit trés justement M. Munk, que l'auteur de ce récit, ainsi que
ceux pour qui il écrivait, croyaient à l'existence du prophète au delà de la tombe et
à un séjour où les [âmes] se réunissaient après la mort. »
21. J'ai mis mon áme en ma main. ΝΟΥ͂. xix, 5.
574
il se leva de terre, el s'assit sur
le lit.
94. Or, cette femme avait un
veau gras en sa maison, elle se
hâta, et le tua; puis prenant de
la farine, elle la pétrit, et fit cuire
des pains azymes,
95. Et elle les mit devant Saül
et devant ses serviteurs. Lors-
qu'ils eurent mangé, ils se levè-
rent, et marcherent durant toute
cette nuit.
CHAPITRE XXIX.
Les princes des Philistins obligent Achis
de renvoyer David à Siceleg.
1. Toutes les troupes des Phi-
listins s'assemblerent done à A-
phec; mais Israël aussi campa
près de la fontaine de Jezraël.
9. Or, les satrapes des Philistins
marchaient avec des compagnies
de cent et de mille hommes;
mais David et seshommes étaient
à l'arriere-garde avec Achis.
3. Les princes des Philistins
dirent à Achis : Que veulent dire
ces Hébreux? Et Achis répondit
aux princes des Philistins : Est-ce
que vousne connaissez pas David,
qui a été serviteur de Saül, roi
d'Israél, qui est avec moi depuis
nombre de jours et méme d'an-
nées, et dans lequel je n'ai rien
trouvé, depuis le jour qu'il s'est
réfugié auprès de moi jusqu'à ce
jour-ci ?
Car. XXIX. 4, I Par., xir, 19.
I ROIS.
[cu. xxix.]
4. Mais les princes des Philistins
s'irriterent contre lui, et lui di-
rent : Que cet homme s'en re-
tourne; qu’il demeure dans son
lieu, dans lequel vous l'avez éta-
bli, et qu'il ne descende pas avec
nous au combat, afin qu'il ne
devienne point notre ennemi,
lorsque nous aurons commencé
à combattre ; car comment pour-
ra-t-il apaiser son seigneur autre-
ment qu'avec nos têtes ?
ὃ. N'est-ce pas ce David, en
l'honneur duquel on chantait
dans les chœurs : Saül a frappé
sur ses mille, et David sur ses dix
mille ?
6. Achis donc appela David, et
lui dit: Le Seigneur vit! tu es
droit et bon en ma présence, et
ta sortie et ton entrée est avec
moi dans le camp ; et je n'ai trou-
vé en toi rien de mal, depuis le
jour que tu es venu vers moi jus-
qu'à ce jour-ci; mais tu ne plais
pas aux satrapes.
7. Retourne-t'en donc, et va en
paix, et n'offense pas les yeux
des satrapes des Philistins.
8. Et David demanda à Achis :
Qu'ai-je donc fait, et qu'avez-vous
trouvé en moi, votre serviteur,
depuis le jour que j'ai été en vo-
tre présence jusqu'à ce jour-ci,
pour que je ne vienne point, et
que je ne combatte point contre
les ennemis de mon seigneur roi?
9. Mais répondant, Achis dit à
a — M MM ——————————— ——
1. * Près de la fontaine de Jezraël. C'est probablement la fontaine d'Ain-Harod, dé-
erite note sur Juges, vu, 5. — Aphec était à l'ouest de Naim, au nord-ouest de Sunem.
6. Le Seigneur vit! Achis jure par le Seigneur ou Jéhova pour donner plus d'assu-
rance à David, ou parce qu'il reconnaissait le Dieu des Hébreux, sinon comme la
seule divinité, du moins comme semblable à celles qui étaient en grand nombre
chez les paiens. — Par l'expression l'entrée et la sortie, les Hébreux entendaient
toutes les actions, l'ensemble de la conduite.
‘CH. XXX.]
David : Je sais que tu es bon à
mes yeux comme un ange de
Dieu ; mais les princes des Philis-
tins ont dit: 11 ne montera point
avec nous au combat.
10. Ainsi lève-toi, des le matin,
toi et les serviteurs de ton sei-
gneur qui sont venus avec toi;
et lorsque vous vous serez levés
pendant la nuit, et qu'il aura
commencé à faire jour, partez.
11. C'est pourquoi David se leva
pendant la nuit, lui et ses hom-
mes, pour partir dès le matin, et
retourner dans la terre des Philis-
tins; mais les Philistins monte-
rent à Jezraél.
CHAPITRE XXX.
David, à son retour, trouve Siceleg pillée
par les Amalécites. Il les poursuit, les
défait, reprend sur eux le butin et le
partage à ses troupes et aux anciens de
Juda.
1. Or, lorsque David et ses
hommes arrivèrent à Siceleg, au
troisième jour, les Amalécites
avaient fait une irruption du cóté
austral, contre Siceleg, avaient
battu Siceleg et l'avaient mise à
feu.
2. Et ils avaient emmené les
femmescaptives, et depuis le plus
petit jusqu'au grand : ils n'avaient
tué personne; mais ils avaient
XXX. 1. I Par., xir, 90. ,שג
I ROIS. 515
tout emmené avec eux, et ils s'en
allaient par leur chemin.
3. Lors donc que David et ses
hommes furent arrivés à la ville,
et quils eurent trouvé qu'elle
avait été mise à feu, et que leurs
femmes, leurs fils et leurs filles
avaient été emmenées captives,
4. David et le peuple qui était
avec lui éleverent leurs voix, et
pleurèrent jusqu'à ce que les lar-
mes leur manquerent.
9. Car méme les deux femmes
de David, Achinoam de Jezraél,
et Abigail, femme de Nabal du
Carmel, avaient étó emmenées
captives.
6. Et David fut très contristé ;
car le peuple voulait le lapider,
parce que l’âme de chacun était
dans lamertume à cause de ses
fils et de ses filles ; mais David se
fortifia dans leSeigneur son Dieu.
7. ἘΠῚ dit à Abiathar, le prêtre,
fils d'Achimélech : Approchez-moi
l'éphod. Et Abiathar approcha
l'éphod de David.
8. Et David consulta le Sei-
gneur, disant: Poursuivrai-je ces
brigands, et les prendrai-je, ou
non? Et le Seigneur lui répondit :
Poursuis, car, sans doute, tu les
prendras, et tu recouvreras le
butin.
9. David s'en alla donc, lui et
1. * Du côlé austral, dans la Palestine du sud. — Siceleg. Voir xxvii, 6.
3. A la ville; c'est-à-dire à Siceleg.
1. Approchez-moi léphod. C'est la traduction littérale de la Vulgate et du texte
hébreu, que les uns expliquent par : Donnez-moi, attachez-moi l'éphod, et les autres
par : Mettez, revétez l'éphod pour moi, c'est-à-dire, afin de consulter le Seigneur
pour moi. — * Sur l'éphod lui-même, voir la note sur Exode, xxv, 1.
8. David consulta le Seigneur; ou par lui-méme, revétu de l'éphod, ou par Abiathar
Voy. le vers. 1
9. * Bésor. Ce torrent devait passer près de Siceleg au sud et se jeter dans la Mé-
diterranée au sud de Gaza.
510
les six cents hommes qui étaient
avec lui, et ils vinrent jusqu'au
torrent de Bésor; et quelques-uns
fatigués s'arréteérent.
10. Mais David les poursuivit
avec quatre cents hommes ; car
deux cents s'étaient arrétés, qui,
fatigués, ne pouvaient passer le
torrent de Bésor.
41. Et ils trouverent un Egyp-
tien dans la campagne, et ils l'a-
menèrent à David, et ils lui don-
nèrent du pain pour manger, et
de l'eau pour boire ;
12. Et de plus une partie d'une
panerée de figues sèches et deux
grappes de raisins secs. Lorsqu'il
eut mangé ces choses, ses esprits
revinrent, et il fut restauré ; car
il n'avait pas mangé de pain ni bu
d'eau pendant trois jours et trois
nuits.
18. C'est pourquoi David lui
demanda : À qui es-tu? et d'où
es-tu ? et où vas-tu? Celui-ci ré-
pondit : Je suis un jeune Egyp-
tien, esclave d'un Amalécite; mais
mon maitre m'a abandonné, par-
ce que je tombai malade avant-
hier.
14. Car nous, nous avons fait
une sortie vers la région australe
du Céréthien, et contre Juda, et
vers le midi de Caleb, et nous
avons mis Siceleg à feu,
15. Et David lui dit : Peux-tu
me conduire vers cette troupe?
L'Egyptien répondit : Jurez-moi
par Dieu, que vous ne me tuerez
point, et que vous ne me livrerez
point aux mains de mon maitre,
I ROIS.
[cu. xxx.)
et moi je vous conduirai vers
cette troupe. Et David lui jura.
16. Et lorsque l'Egyptien l'eut
conduit, voilà que les Amalécites
étaient couchés sur la face de
toute la terre, mangeant et bu-
vant, et comme célébrant un
jour de féte, pour tout le butin,
et les dépouilles qu'ils avaient
enlevés de la terre des Philistins,
et de la terre de Juda.
11. Et David les battit depuis le
soir jusqu'au soir du jour suivant,
et il n'en échappa aucun, sinon
quatre cents jeunes hommes qui
étaienl montés surles chameaux,
et s'étaient enfuis.
18. David donc reprit tout ce
que les Amalécites avaient em-
porté, ainsi il reprit ses deux
femmes.
19. Et rien ne manqua, depuis
le petit jusqu'au grand, tant des
fils que des filles, ni des dépouil-
les; car tout ce qu'ils avaient pris,
David le ramena entierement.
20. Il retira donc tous les trou-
peaux de menu et de gros bétail,
et les fit marcher devant lui; et
on disait: Voici le butin de Da-
vid.
91. David vint ensuite vers les
deux cents hommes, qui, fati-
gués, s'étaient arrétésetn'avaient
pu suivre David, et à qui il avait
commandé de rester au torrent
de Bésor; ceux-ci sortirent au-
devant de David et du peuple qui
était avec lui. Or, David s'appro-
chant du peuple, le salua pacifi-
quement.
14. * Céréthien, Crétois, tribu philistine. — Ca/eb possédait Hébron et ses dépen-
dances.
16. Sur la face de toule la terre, c'est-à-dire dans toute la campagne, dans laquelle
is étaient dispersés.
[cH. xxxi.]
22 Mais tout homme très mé-
chant et inique, d’entre les hom-
mes qui étaient allés avec David,
répondant, dit: Parce qu'ils ne
sont pas venus avec nous, nous
ne leur donnerons rien du butin
que nous avons repris; mais que
chacun se contente de sa femme
et de ses enfants; et, lorsqu'ils les
auront recus, qu'ils se retirent.
23. Mais David dit : Ce n'est pas
ainsi, mes frères, que vous dispo-
serez des biens que le Seigneur
nous a livrés, il nous a conservés,
eta mis en nos mainsles brigands
qui étaient sortis violemment
contre nous;
24. Et nul ne vous écoutera sur
cette parole; car égale sera la
part de celui qui est descendu au
combat, et de celui qui est resté
près des bagages, et ils partage-
ront également.
25. Or, c'est ce qui a été fait
depuis ce jour-là, et dans la suite
établi, fixé, et comme une loi
dans Israël jusqu'à ce jour.
26. David donc vint à Siceleg,
et il envoya des dons du butin
pris aux anciens de Juda, ses pro-
ches, disant : Recevez cette béné-
₪89. XXXI. 2. I Par., x, 2, 5.
I ROIS. 971
diction du butin des ennemis du
Seigneur;
27. A ceux qui étaient à Béthel, à
ceux qui étaient à Ramoth vers le
midi, à ceux qui étaient à Jéther,
28. À ceux qui étaient à Aroer,
à ceux qui étaient à Séphamoth,
à ceux qui étaient à Esthamo,
29. À ceux qui étaient à Ra-
chal, à ceux qui étaient dans les
villes de Jéraméel, à ceux qui
étaient dans les villes de Céni,
30. À ceux qui étaient à Arama,
à ceux qui étaient sur le lac d'A-
san, à ceux qui étaient à Athach,
31. A ceux qui étaient à Hébron,
et aux autres qui étaient dans les
lieux dans lesquels avaient de-
meuré David, lui-méme, et ses
hommes.
CHAPITRE XXXI.
Combat des Philistins contre Israël. Mort
de Saül et de ses fils.
1. Cependant les Philistins com-
battaient contre Israél; et les
hommes d'Israël s'enfuirent de-
vant les Philistins, et tomberent
morts surla montagne de Gelboé.
2. Etles Philistins fondirent sur
הו וו ו ———————————
26. Cette bénédiclion; ce présent. Voy. Genèse, ווצצצ 11.
27. * Béthel. Voir Genèse, xu, 8. — lamoth, daus le Négeb ou désert du sud de la
Palestine. — Jélher, dans les montagnes de Juda, ville sacerdotale. Josué, xxI, 14.
28. * Aroer de Juda, dans l'ouadi Ararah. Il n'en reste plus que quelques murs.
Ces ruines sont à trois heures au sud-est de Bersabée, — Séphamoth, vilie inconnue,
— Esthamo, appelée aussi Esthémo et Isthémo, ville sacerdotale des montagnes de
Juda, au sud d'Hébron. Josué, XXI, 14.
29. * Rachal, ville inconnue. Les Septante lisent, et sans doute avec raison, Carmel,
la ville dont il est parlé plusieurs fois plus haut dans l'histoire de Nabal et d'Abigail,
xxv, 2. — Jéraméel, Céni. Voir xxvi, 10.
30. * Arama ou Horma-Séphaath. Voir Nombres, xiv, 45. — Sur le lac d'Asan. Lieu
inconnu. Divers manuscrits et diverses versions lisent Bor ou Ber Asan, c'est-à-dire
le puits d'Asan. — AtAhach, inconnu.
31. * Hébron. Voir la note sur Genèse, xit, 18,
1. * Gelboë. Voir xvnt, 4.
A. 1:
37
|
578
Saül et ses fils, et tuèrent Jona-
thas, Abinadab et Melchisua, fils
de Saül.
3. Et tout le poids de la bataille
tomba sur Saül; et les archers le
poursuivirent, et il fut griève-
ment blessé par les archers.
4. Alors Saül dit à son écuyer :
Tire ton glaive et frappe-moi, de
peur que ces incirconcis ne vien-
nent, et ne metuent, en se jouant
de moi. Et son écuyer ne voulut
pas; car il avait élé épouvanté
d'une trop grande terreur; c'est
pourquoi Saül saisit son glaive
et se jeta dessus.
ὃ. Ce qu'ayant vu son écuyer,
c'est-à-dire que Saül était mort,
il se jeta lui aussi sur son épée
et mourut avec lui.
6. Saül mourut donc, en méme
temps que ses trois fils, son
écuyer, et tous ses hommes, en
ce jour-là.
7. Or, les hommes d'Israël qui
étaient au delà de la vallée et au
delà du Jourdain, voyant que les
Israélites avaient fui, et que Saül
était mort ainsi que ses fils, aban-
donnèrent leurs cités et s'enfui-
rent; et les Philistins vinrent et
y habitèrent.
4. 1 Par., x, 4. — 11. 11 Rois, τι, 4.
I ROIS.
(cH. xxxr.]
8. Mais, le jour suivant arrivé,
les Philistins vinrent pour dé-
pouillerceux qui avaient été tués,
et ils trouvèrent Saül et ses trois
fils étendus sur la montagne de
Gelboé.
. 9. Et ils coupèrent la tête de
Saül, et le dépouillèrent de ses
armes; puis, ils envoyèrent dans
laterre des Philistins tout autour,
pour que la nouvelle fut portée
dans le temple des idoles, et par-
mi les peuples.
10. Et ils déposèrent ses armes
dans le temple d'Astaroth ; mais
son corps, ils le suspeudirent au
mur de Bethsan.
11. Lorsque les habitants de
Jabès-Galaad eurent appris tout
ce que les Philistins avaient fait
à Saül,
12. Tous les hommes les plus
valllants se leverent, et marchè-
rent pendant toute la nuit, et ils
enleverentle cadavre de Saül, et
les cadavres de ses fils du mur
de Bethsan ; puis, ils vinrent à Ja-
bès-Galaad, et les brülèrent là.
18. Et 115 emportèrent leurs os,
et les ensevelirent dans le bois de
Jabès, et ils jeûnèrent pendant
sept jours.
6. * Sur les causes de ce châtiment de Saül, voir I Paralipomènes, x, 13.
10. Le temple d’Astaroth. Voy. Juges, ut, 1. — * L'Astaroth des Philistins s'appelait
proprement Atergatis ou Derketo, voir la note sur I Rois, v, 2, mais elle ne différait
guére d'Astarté que par ia forme. — Bethsan, appelée depuis Scythopolis, était située
à l'ouest et non loin du Jourdain, au sud du lac de Tibériade.
41. * Jabés-Galaad. Noir Juges, xxi, 8.
13. Ils jeünérent; eu signe de deuil. Le jeûne et 16 deuil étaient comme inséparables;
le deuil ordinaire était de sept jours.
[cu. 1.]
II ROIS. 519
II ROIS
CHAPITRE PREMIER.
David apprend la fuite d'Israél et la mort
de Saül et de Jonathas. Il fait mourir
celui qui se vantait d'avoir tué Saül.
Plainte de David sur la mort de Saül
et de Jonathas.
1. Or, il arriva, après que Saül
fut mort, que David revint de la
défaite d'Amalec, et qu'il demeu-
ra à Siceleg pendant deux jours.
2. Mais au troisieme jour, il
parutun homme, venant du camp
de Saül, le vétement déchiré et
la téte couverte de poussière; et
des qu'il arriva aupres de David,
il tomba sur sa face, et se pros-
terna.
3. Et David lui demanda : D'où
viens-tu ? Celui-ci lui répondit :
Je me suis échappé du camp d'Is-
rael.
4. David lui demanda encore :
Qu'est-ce qui a été fait? Apprends-
le moi. Il répondit : Le peuple
s'est enfui de la bataille, et beau-
coup d'entre le peuple, ayant suc-
combé, sont morts ; et Saül méme
et Jonathas son fils ont péri.
ὃ. Et David dit au jeune homme
qui lui apportait la nouvelle :
D'oü sais-tu que Saül est mort, et
Jonathas son fils?
6. Et le jeune homme qui lui
apportaitla nouvelle lui répondit:
Je suis venu par hasard sur la
montagne de Gelboé, et Saül était
appuyé sur sa lance ; or, les cha-
riots et les cavaliers s'avancaient
vers lui,
1. Et s'étant retourné, et me
voyant, il m'a appelé. Et quand
je lui eus répondu : Me voici,
8. Il me demanda : Qui es-tu ?
Et je lui répondis : Je suis Ama-
lécite.
9. Alorsil me dit : Jette-toi sur
moi, et tue-moi, parce que je suis
en proie aux angoisses, et que
toute mon àme est encore en moi.
10. Me jetant donc sur lui, je
letuai;car je savais qu'il ne pou-
vait pas vivre après son désastre;
alors je pris le diadème qui était
sur sa tête, et le bracelet de son
bras, et je les apportai ici à vous,
mon seigneur.
11. Mais David prenant ses vé-
tements, les déchira; ce que firent
aussi tous les hommes qui étaient
avec lui.
12. Et ils furent dans le deuil,
4. Qu'est-ce qui a été fait? Que s'est-il passé? Qu'est-il arrivé? littér.: Quelle chose;
car le terme hébreu que la Vulgate a rendu ici par parole, signifie aussi cAose,
affaire.
6. Saül était appuyé, etc. L'Amalécite dit ce qu'il veut pour s'attribuer le prétendu
mérite d'avoir tué l'ennemi de David; car, comme on l'a vu au chapitre précédent,
Saül s'était jeté sur son glaive pour se tuer lui-même.
10. Les hommes, surtout ceux qui étaient élevés en dignité, portaient des bracelets
de méme que les femmes. On sait que les Romains en donnaient aussi bien que des
couronnes d'or à ceux qui s'étaient distingués par leur valeur dans les combats.
11. Déchirer ses vétements était une marque de deuil commune aux anciens
peuples.
580 II ROIS.
et ils pleurèrent et ils jeûnèrent
jusqu'au soir, au sujet de Saül,
de Jonathas, son fils, du peuple
du Seigneur et de la maison d'Is-
raél, parce qu'ils avaient suc-
combé au glaive.
13. Et David dit au jeune hom-
me qui lui avait apporté la nou-
velle : D'où es-tu? Il répondit : Je
suis fils d'un étranger, d'un Ama-
lécite.
14. Et David lui dit : Pourquoi
n'as-tu pas craint de lever ta
main, pour tuer le christ du Sei-
gneur?
15. Et David appelant un de ses
serviteurs, dit : Approche-toi,
jette-toi sur lui. Le serviteur le
frappa, et il mourut.
16. Et David ajouta : Ton sang
sur ta téte! car ta bouche a parlé
contre toi, disant : C'est moi qui
ai tué le christ du Seigneur.
17. Alors David fit entendre
cette complainte sur Saül et sur
Jonathas, son fils
48. (Et il ordonna qu'on ensei-
gnât l'arc aux enfants de Juda,
comme il est écrit dans le Livre
des Justes), el il dit : Considère,
ὃ Israël, ceux qui sont morts sur
Cuap. I. 14. Ps. civ, 15.
(ca. 1.]
tes hauts lieux, couverts de bles-
sures.
19. Les illustres, ὃ Israël, ont
été tués sur tes montagnes :
comment des forts sont-ils tom-
bés ? |
20. Ne lannoneez pas dans
Geth, ne l'annoncez pas dans les
carrefours d'Ascalon, de peur que
les filles des Philistins ne se li-
vrent à la joie, et que les filles
des incirconcis ne bondissent
d'allégresse.
21. Montagnes de Gelboé, que
ni pluie, ni rosée ne viennent
sur vous : qu'il n'y ait point de
champs de prémices, parce que
là a été jeté un bouclier de forts,
le bouclier de Saül, comme s'il
n'avait pas été oint avec l'huile.
22. La flèche de Jonathas n'est
jamais retournée en arriere, sans
avoir du sang de ceux qui ont été
tués, et de la graisse des forts, et
le glaive de Saül n'est pas revenu
en vain.
23. Saül et Jonathas, aimables
et beaux dans leur vie, méme à
leur mort, n'ont pas été séparés;
plus rapides que des aigles, plus
forts que des lions.
18. L'arc. 11 nous paraît très simple et très naturel de considérer ce mot, qui a fort
embarrassé les commentateurs, comme le titre de la complainte ou élégie de David,
parce que l'auteur y fait surtout l'éloge de l'arc de Saül et de celui de Jonathas. Les
écrivains profanes en ont souvent usé ainsi dans leurs compositions. — * Tes hauts
lieux, les lieux élevés. x
20. * Geth, l'une des cinq villes principales des Philistins, au pied des montagnes
de Juda. — Ascalon, dans la plaine de la Séphéla, sur la Méditerranée, ville forte
des Philistins
91. Comme s'il n'avait pas été, etc. Quelques interprétes rapportent ces paroles au
bouclier de Saül; mais la plupart les appliquent à Saül lui-méme, qui avait été oint
ou sacré avec l'huile sainte. — * Gelboë. Voir I Rois, xvitt, 4.
92. Sans avoir du sang. C'estla seule traduction admissible; car, outre que le con-
texte l'exige, ce passage est un de ceux dans lesquels la Vulgate, à l'exemple de la
Version grecque, donne aux particules hébraiques leur sens le plus ordinaire, bien
qu'elles y aient leur signification moins usitée.
[cu. [.זז
94. Filles d'Israél, pleurez sur
Saül, qui vous revétait d'écarlate
au milieu des délices, et vous
fournissait de l'or pour votre pa-
rure.
95. Comment des forts sont-ils
tombés dans la bataille? Jonathas
a été tué sur tes hauteurs.
96. Je pleure sur toi, mon frere,
Jonathas, de la plus grande beau-
té, aimable au-dessus de l'amour
des femmes. Comme une mère
aime son fils unique, ainsi moi je
te chérissais.
97. Comment des forts sont-ils
tombés, et des armes guerrières
ont-elles péri?
CHAPITRE II.
David est sacré roi de Juda, et Isboseth,
fils de Saül, est établi roi d'Israél. Com-
bat entre l'armée de David et celle d'Is-
boseth. David est victorieux.
1. Et apres cela David consulta
le Seigneur, disant : Est-ce que
je monterai dans une des villes
(παρ, II. 4. 1 Mach., זז 57.
II ROIS.
581
de Juda? Et le Seigneur lui dit :
Monte. Alors David demanda :
Oü monterai-je? Et le Seigneur
lui répondit : A Hébron.
2. David donc monta, et ses
deux femmes Achinoam , Jezraé-
lite, et Abigail, femme de Nabal
du Carmel.
3. Mais David mena aussi les
hommes qui étaient avec lui,
chacun avec sa maison ; et ils de-
meurerent dans les villes d'Hé-
bron.
4. Alors vinrent les hommes de
Juda, et ils oignirent là David,
afin qu'il régnát sur la maison de
Juda. Et on annonca à David que
les hommes de Jabès-Galaad
avaient enseveli Saül.
5. David donc envoya des mes-
sagers aux hommes de Jabès-Ga-
laad, et leur dit : Bénis soyez du
Seigneur, vous qui avez fait cette
miséricorde à votreseigneur 5811],
et l'avez enseveli!
6. Et maintenant le Seigneur
21. * L'élégie de David sur la mort de Saül et de Jonathas portait le nom de chant
de l'arc. Elle est composée avec beaucoup d'art. Il y a dans l'original deux vers
d'introduction et deux de conclusion; les derniers mots du y. 19 sont les mémes
que les premiers du y. 21. Les vers du y. 21 sont plus courts, comme terminant le
poème. — L'élégie elle-méme renferme cinq strophes très distinctes par le sens. La
première et la seconde, la quatrième et la cinquième, sont de quatre vers ; la troi-
sième formant le milieu, a six vers et est ainsi de tous points la plus longue. —
Introduction, 18-19 : Théme de l'élégie. — 1re strophe, 20 : La douleur ne doit pas
éclater, afin de ne pas réjouir les ennemis. — 2e strophe, 21 : Malédiction contre
Gelboé, où les héros sont tombés. — 3e strophe, 22-23 : Eloge commun de Jonathas
et de Saül. Les deux parties de cette strophe médiale sont symétriques. — 4* strophe,
24: Eloge particulier de Saül; les filles d'Israël doivent le pleurer. — Répétition du
refrain,25. — 5e strophe, 25c-26 : Eloge particulier de Jonathas, son ami. — Conclu-
sion et refrain, 27. — On peut comparer, au point de vue littéraire, le poéme de
David à l'ode xx du I* livre d'Horace, et à l'élégie de Malherbe à Duperrier sur la
mort de sa fille.
1. * A Hébron. Voir la note sur Genèse, ,זוא
9. * Abigail. Voir I Rois, xxv.
3. Dans les villes d'Hébron; c'est-à-dire dans la ville d'Hébron et dans les villages
qui en dépendaient.
4. * Jabès-Galaad. Voir Juges, xxt, 8.
6. Celle action; littér. : cette parole, Voy. 1, 4.
582
vous rendra miséricorde et fidé-
lité; mais moi aussi je vous ren-
drai gráces de ce que vous avez
fait cette action.
7. Que vos mains se fortifient,
et soyez des fils de courage ; car,
quoique votre seigneur Saül soit
mort, néanmoins la maison de
Juda m'a oint pour son roi.
8. Mais Abner, fils de Ner,
prince de l'armée de Saül, prit
Isboseth, fils de Saül, et lui fit
parcourir le camp.
9. Et il l'établitroi sur Galaad,
sur Gessuri, sur Jezraél, sur
Ephraim, sur Benjamin et sur
tout Israël.
10. Isboseth, fils de Saül, avait
quaranteans, lorsqu'il commenca
àrégner sur Israél, et il régna
deux ans; mais la seule maison
de Juda suivait David.
11. Et le nombre des jours que
David demeura, régnant à Hébron
sur la maison de Juda, fut de sept
ans et six mois.
19. Et Abner, fils de Ner, sortit
du camp, et les serviteurs d'Isbo-
seth, fils de Saül, pour venir à
Gabaon.
13. Mais Joab, fils de Sarvia,
etles serviteurs de David sorti-
rent, et les rencontrèrent près de
la piscine de Gabaon. Et lorsqu'ils
se furent assemblés, ils se postè-
Il ROIS.
[ca. 11.]
rent en droite ligne, ceux-ci d'un
côté de la piscine, et ceux-là de
l'autre.
44. Alors Abner dità Joab : Que
les jeunes hommes se lèvent, et
qu'ils escarmouchent devant
nous. Et Joab répondit : Qu'ils se
lèvent.
15. Ils se leverent donc, et ils
passèrent au nombre de douze de
Benjamin, du côté d'Isboseth, fils
de Saül, et de douze d'entre les
serviteurs de David.
16. Et chacun, ayant pris par la
tête son concurrent, enfonca son
glaive dans le cóté de son adver-
saire, et ils tomberent ensemble;
et on appela ce lieu du nom de
Champ des forts à Gabaon.
47. Etil s'éleva une guerre tres
violente en ce jour-là; et Abner
fut mis en fuite et les hommes
d'Israël par les serviteurs de
David.
18. Or étaient là les trois fils
de Sarvia, Joab, Abisaï et Asaél;
et Asaël fut un coureur très agile,
comme un des chevreuils qui de-
meurent dans les forêts.
19. Aussi Asaël poursuivait Ab-
ner, et il ne se détourna ni à
droite ni à gauche, ne cessant de
poursuivre Abner.
20. C'est pourquoi Abner regar-
da derriere lui, et dit : Es-tu Asaél,
| .וו ה"
1. Fils de courage; hébraisme, pour courageur.
9. * Sur Galaad, sur Gessuri; Voir l'introduction à Josué, p. 392. — Sur Jezraël,
ville d'Issachar, aujourd'hui Zerin, dans une forte position, à l'extrémité de la vallée
formée par le Nahr-Djaloud entre le petit Hermon et les montagnes de Gelboé. Elle
commande toute la plaine d'Esdrelon.
10. IL régna deux ans; en paix. Cette restriction est d'autant plus nécessaire
qu'isboseth régna tant que David résida à Hébron, c'est-à-dire, sept ans et demi
(vers. 11). Elle se trouve d'ailleurs expliquée, par le vers. 15: du chap. ni, où on lit
qu'il y eut une longue guerre entre la maison de 88111 et celle de David. On peut
ajouter que les cinq dernieres années d'Isboseth furent plutót les années d'Abner que
les siennes; car ce général ne lui laissa que le nom de roi.
12, * A Gabaon. Voir la note sur III Rois, nt, 4.
[cm. [.חז
toi? Et il répondit : Oui, je le
suis.
91. Et Abner lui dit: Va à droite
ou à gauche, et saisis un de ces
jeunes hommes et prends pour toi
ses dépouilles. Mais Asaél ne vou-
lut pas cesser de le poursuivre.
99. Et Abner parla de nouveau
à Asaël : Retire-toi, ne me suis
point, pour ne pas que je sois
forcé de te percer contre la terre;
car je ne pourrai lever ma face du
cóté de Joab ton frere.
93. Asaël dédaigna de l'enten-
dre, et ne voulut pas se détour-
ner. Abner donc, retournant sa
lance, le frappa dans l'aine, le
transperca, et il mourut dans le
méme lieu ; et tous ceux qui pas-
saient par ce lieu dans lequel
Asaél était tombé et était mort,
s'arrétaient.
94. Or, Joab et Abisai poursui-
vant Abner qui s'enfuyait, le so-
leil se coucha; et ils vinrent jus-
qu'à la colline de l'aqueduc, qui
est vis-à-vis de la vallée, sur le
chemin du désert de Gabaon.
25. Et les enfants de Benjamin
s'assemblerent auprès d'Abner;
et réunis en un seul bataillon, ils
s'arrêtèrent sur le haut d'un ter-
tre. :
26. Alors Abner cria à Joab, et
dit : Est-ce jusqu'à la derniere
extermination que ton glaive
tranchant sévira? Ignores-tu que
le désespoir est dangereux? Jus-
qu'à quand ne diras-tu pas au
peuple, qu'il cesse de poursuivre
ses freres? dosi
27. Et Joab lui répondit : Le
Seigneur vit! si tu avais parlé, ce
II:ROIS.-
983
matin se serait retiré le peuple
qui poursuit son frere.
28. Joab donc sonna de la trom-
pette, et toute l'armée s'arrêta;
etils ne poursuivirent plus Israël,
etils n’engagèrent pas le combat.
29. Or, Abner et ses hommes
s'en allèrent à travers les plaines,
pendant toute cette nuit-là, et ils
passèrent le Jourdain, et, tout
Béthoron traversé, ils vinrent au
camp.
30. Quant à Joab, étant revenu,
apres avoir laissé Abner de cóté,
il assembla tout le peuple ; et il
manqua des serviteurs de David
dix-neuf hommes, sans compter
Asaël.
91. Maisles serviteurs de David
frappèrent de Benjamin et des
hommes qui étaient avec Abner
trois cent soixante, qui même
moururent.
92. Et ils emportèrent Asaël, et
l'ensevelirent dans le sépulcre de
son père à Bethléhem ; et Joab
etles hommes qui étaient avec
lui marchèrent pendant toute la
nuit, et au point du jour ils par-
vinrent à Hébron.
CHAPITRE III.
Longue guerre entre la maison de David |
et celle de Saül. Abner quitte le parti
d'Isboseth pour prendre celui de David.
Il est tué en trahison par Joab; David
pleure sa mort.
1. Ill se fit donc une longue
guerre entre la maison de Saül
et la maison de David. David s'a-
vancant, et toujours plus fort que
lui-méme, mais la maison de Saül
décroissant de jour en jour.
29. * Béthoron, ville d'Ephraim, sur la route qui conduisait au pays des Philistins,
584
9, Et des fils naquirent à David
à Hébron; et son premier-né fut
Amnon, d'Achinoam la Jezraélite;
3. Et apres lui Chéleab d'Abi-
₪811, femme de Nabal du Carmel;
puis 16 troisième, Absalom , fils
de 18868 , fille de Tholmai, roi
de Gessur ;
4. Ensuite le quatrieme, Ado-
nias, fils d'Haggith, et le cinquiè-
me, Saphathia, fils d'Abital ;
5. Et le sixieme, Jéthraam d'E-
gla, femme de David ; ceux-là
naquirent à David à Hébron.
6. Lors donc que la guerre était
entre la maison de Saül et la
maison de David, Abner, fils de
Ner, gouvernait la maison de
Saül.
7. Mais Saül avait eu une
femme du second rang, du nom
de Respha, ₪116 d'Aia. Et Isboseth
dit à Abner :
8. Pourquoi t’es-tu approché
de la femme du second rang de
mon pére? Abner, tres irrité à
cause des paroles d'Isboseth, ré-
pondit : Est-ce que je suis une
téte de chien, moi l'adversaire de
Juda aujourd'hui, qui ai fait mi-
séricorde à la maison de Saül,
ton pere, à ses freres et à ses
proches, et qui ne t'ai point livré
Il ROIS,
[cH.n.]
aux mains de David, tandis que
toi, tu as recherché aujourd'hui
contre moi ce que tu aurais à
reprendre au sujet de cette fem
me ?
9. Que Dieu fasse ceci à Abner,
et qu'il lui ajoute cela, si je n'agis
pas avec David, comme le Sei-
gneur lui a juré,
10. Afin que le royame soit
transféré de la maison de Saül, et
que le tróne de David soit élevé
sur Israél et sur Juda, depuis Dan
jusqu'à Bersabée.
11. Et il ne put rien répondre
à Abner, parce qu'il le craignait.
19. Abner envoya donc des
messagers à David de sa part,
disant : ἃ qui est la terre? et pour
dire: Fais amitié avec moi, et ma
main sera avec toi, et je ramène-
rai à toi tout [sraël.
13. David répondit : Très bien;
moi je ferai amitié avec toi, mais
je demande de toi une seule cho-
se, disant : Tu ne verras point
ma face, avant que tu aies amené
Michol, fille de Saül; car c'est
ainsi que tu vieudras et me ver-
ras.
14. David ensuite envoya dez
messagers à 1820801 , fils de
Saül, disant : Rends-moi ma
Cua. III. 2. I Par., ax, 1. — 14. I Reg., xviii, 21.
(———--—-A———^—^—^———^——^————————————————MÀÓ—À =... ——— —
3. * Gessur. Voir l'introduction au livre de Josué, p. 392-393.
1, 8. La femme du second rang, que les auteurs latins désignent par le mot con-
cubine, était une femme très légitime et avait les droits d'épouse, quoiqu'à certains
égards elle fût inférieure à la maitresse de la maison. C'est pour cela qu'Iaboseth ;
reproche à Abner de l'avoir épousée. 1] n'était pas permis, en effet, à un simple par-
ticulier d'épouser la veuve d'un roi; et en le faisant, on attentait à la royauté, on
se déclarait concurrent du roi régnant. Cet usage existait non seulement chez les :
Hébreux, mais aussi chez d'autres peuples.
9. Que Dieu fasse, ete. Voy. Ruth, 1, 11.
10. Dan et Bersabée sont les deux extrémités de la Palestine. — * Depuis Dan
jusqu'à Bersabée. Voir la note sur Juges, xx, 1. : *
13. A qui est la terre? À qui appartient tout ce pays, sinon à toi? — Ma main sera
avec toi. Voy. 1 Rois, xxn, 11.
[cu. ur.]
femme Michol, que j'ai épousée
pour cent prépuces de Philistins.
15. Isboseth donc envoya, et
l'enleva à son mari , Phaltiel, fils
de Lais.
16. Et son mari 18 suivait, pleu-
rant, jusqu'à Bahurim ; et Abner
lui dit: Va, et retourne-t'en. Et
il s'en retourna.
17. Abner adressa aussi la pa-
role aux anciens d'Israël, disant :
Tant hier qu'avant-hier, vous
cherchiez David, pour qu'il ré-
gnát sur vous.
18. Maintenant donc agissez,
puisque le Seigneur a parlé à
David, disant : C'est par la main
de mon serviteur David que je
sauverai mon peuple Israél de la
main des Philistins, et de,tous ses
ennemis.
19. Abner parla aussi à /a tribu
de Benjamin. Et il s'en alla pour
dire à David à Hébron, tout ce
qui avait paru bon à Israél et à
tout Benjamin.
20. Et il vint vers David à Hé-
bron avec vingt hommes; et Da-
vid fit à Abner, el à ses hommes
qui étaient venus avec lui, un
festin.
21. Et Abner dit à David : Je me
lèverai, afin que j'assemble près
de vous, mon seigneur le roi,
tout Israël, et que je fasse avec
vous alliance, et que vous régniez
sur tous, comme votre àme le
désire. Lors donc que David eut
91. III Rois, 11, 5.
II ROIS, 585
reconduit Abner, et que celui-ci
s'en fut allé en paix,
22. Aussitót les serviteurs de
David etJoab vinrent, après avoir
taillé en pieces des voleurs, et
avec un trés grand butin; mais
Abner n'était pas avec David à
Hébron, parce que déjà il l'avait
quitté, et qu'il était parti en paix.
93. Et Joab et toute l'armée qui
était avec lui vinrent après; c'est
pourquoi la nouvelle fut portée à
Joab par des gens qui racontè-
rent : Abner, fils de Ner, est venu
près du roi, et le roi l’a renvoyé,
et il s'en est allé en paix.
94. Et Joab entra chez le roi, et
dit : Qu'avez-vous fait? Voilà
qu'Abner est venu vers vous;
pourquoi l'avez-vous renvoyé, et
qu'il s'en est allé , et s'est retiré?
25. Ignorez-vous qu'Abner, fils
de Ner, n'est venu vers vous que
pour vous troinper, et pour savoir
votre sortie et votre entrée, et
connaitre tout ce que vous faites?
26. C'est pourquoi Joab, étant
sorti d'avec David, envoya des
messagers après Abner, et le fit
revenir de la citerne de Sira, Da-
vid l'ignorant.
27. Et lorsqu'Abner fut retour-
né à Hébron, Joab l'amena à part
au milieu dela porte, pour lui
parler, en trahison, et là il le
frappa dans l'aine, etil le tua pour
venger la mort d'Asaél, son frère.
28. Lorsque David eut appris ce
16. * Bahurim, localité de Benjamin, sur le chemin de Jérusalem à Jéricho, prés du
mont des Oliviers.
11. Tant hier qu'avant-hier; hébraisme, pour : depuis un certain temps, depuis
assez longtemps.
23. La nouvelle de l'entrevue de David et d'Abner (vers. 20, 21).
26. * La citerne de Siru était, d’après Joséphe, à vingt stades d'Hébron, au nord.
586 II ROIS.
qui s'était passé , il dit : Je suis
innocent, moi et mon royaume à
jamais devant le Seigneur, du
sang d'Abner, fils de Ner;
29. Mais qu'il retombe sur la
tête de Joab et sur toute la mai-
son de son père ; et que ne man-
que point dans la maison de Joab
quelquun ayant la gonorrhée,
quelqu'un infecté de la lèpre,
quelqu'un tenant le fuseau, quel-
qu'un tombant sous le glaive , et
quelqu'un dépourvu de pain.
30. Ainsi Joab et Abisai, son
frère, tuèrent Abner, parce qu'il
avait tué Asaël, leur frère, à Ga-
baon, dans le combat.
31. David donc dit à Joab et à
tout le peuple qui était avec lui :
Déchirez vos vêtements, ceignez-
vous de sacs, et pleurez aux fu-
nérailles d'Abner : or, le roi Da-
vid suivait le cercueil.
32. Et lorsqu'on eut enseveli
Abner à Hébron, David leva sa
voix et pleura sur le tombeau
d'Abner; et tout le peuple aussi
pleura.
33. Et le roi se lamentant, et
pleurant Abner, dit : Ce n'est
nullement comme ont coutume
de mourir les láches, qu'est mort
Abner.
34. Tes mains n'ont pas été
liées, et tes pieds n'ont pas été:
chargés de fer; mais comme on:
[cu. 1v.]
a coutume de tomber devant des
fils d'iniquité, ainsi tu es tombé.
Alors tout le peuple redoubla de
pleurs sur lui.
35. Et lorsque toute la multi-
tude fut venue pour prendre de
la nourriture avec David, le jour
étant encore brillant, David jura,
disant : Que Dieu me fasse ceci,
et qu'il ajoute cela, si avant le
coucher du soleil je goüte du
pain ou de quelque autre chose!
36. Ettout le peuple entendit, et
ils agréerent tout ce que le roi fit
en la présence de tout le peuple.
37. Et toute la multitude con-
nut, et tout Israël en ce jour-là,
qu'il n'avait pas été décidé par le'
roi qu'Abner, fils de Ner. serait
tué.
38. Le roi dit aussi à ses servi-
teurs : Est-ce que vous ignorez
qu'un prince et un grand est
tombé aujourd'hui en Israël?
39. Pour moi, je suis encore
faible, quoique ointroi; mais les
fils deSarvia sont durs pour moi :
que le Seigneur rende à celui qui
fait le mal, selon sa malice.
CHAPITRE IV.
Baana et Réchab, serviteurs d'Isboseth,
apportent à David la téte de ce prince,
et David les fait mourir.
1. Or, Isboseth, fils de Saül,
apprit qu'Abner avait succombé
99. Tenant le fuseau; comme les femmes; Peor à-dire mou, efféminé, ou comme
l'eunuque que l'on occupe à filer et à faire de la toile.
30. * À Gabaon. Voir III Rois, m, 4.
31. Ceignez-vous de sacs de deuil. Ce sac de deuil, que l'on portait aussi dans la
pénitence et dans une extréme pauvreté, était une espéce de cilice ou de haire, de
couleur noire ou brune, et faite de poils de chameau ou de chèvre,
34. Des fils d'iniquité; hébraisme, pour, iniques, méchants.
39. Que Dieu me fasse, etc. Voir Ruth, x, 11.
39. Quoique; c'est le sens qu'a ici, comme en plusieurs endroits de l'Ecriture, la
particule ef.
1, Ses mains perdirent leurs forces; il perdit courage.
[cu. 1v.]
à Hébron, et ses mains perdirent
leur force, et tout Israël fut trou-
blé.
9. Cependant il y avait deux
hommes, chefs de voleurs, au-
pres du fils de Saül; le nom de
Tun était Baana, et le nom de
l'autre, Réchab, fils de Remmon,
le Bérothite, des fils de Benja-
min, puisque Béroth aussi était
réputée de Benjamin.
3. Et les Bérothites s'enfuirent
à Géthaim, et ils ont été là
comme étrangers jusquà ce
temps-ci.
4. Or, Jonathas, fils de Saül,
avait un fils, infirme des pieds;
ilavait cinq ans, quand vint de
Jezraël la nouvelle touchant Saül
et Jonathas; c'est pourquoi sa
nourrice, le prenant, s'enfuit;
et, comme elle se hátait de fuir,
il tomba, et devint boiteux ; et il
eut pour nom Miphiboseth.
5. Etant donc venus, les fils de
Remmon, le Bérothite, Réchab
et Baana, entrèrent, à la chaleur
du jour, dans la maison d'Isbo-
seth, qui dormait sur son lit à
midi; etla portiere de la maison,
vannant du blé, s'endormit.
6. Ils entrèrent donc dans la
prenant.
maison secrètement,
des épis de froment; et Réchab
et son frère le frapperent à l’aîne,
et s'enfuirent,
7. Ainsi lorsqu'ils furent entrés
dans la maison, Isboseth dormait
sur son lit dans sa chambre à
Cape. IV. 10. Supra, 1, 14.
II ROIS.
587
coucher; et, le frappant, ils le
tuerent ; puis, sa téte enlevée, ils
s'en allèrent par la voie du dé-
sert, durant toute la nuit,
8. Et ils apportèrent la tête,
d'Isboseth à David à Hébron, et
ils dirent au roi: Voici la téte
d'Isboseth, fils de Saül, votre en-
nemi, qui cherchait votre âme :
et le Seigneur a vengé aujour-
d'hui mon seigneur le roi de
Saül et de sa race.
9. Mais David répondant à Ré-
chab età Baana son frère, fils de
Remmon, le Bérothite, il leur
dit: Le Seigneur vit, lui qui a
délivré mon âme de toute an-
goisse!
10. Celui qui m'avait annoncé
et dit : Saül est mort, et qui pen-
sait qu'il annonçait une heureuse
nouvelle, je le pris et le tuai à Si-
celeg, lui à qui il fallait donner
une récompense pour son mes-
sage;
11 Combien plus maintenant
que des hommes impies ont tué
l'homme innocent, dans sa mai-
son, sur son lit, demanderai-je
son sang à votre main, et vous
enlèverai-je de la terre!
12. C'est pourquoi David or-
-donna à ses serviteurs, et ils les
tuerent; et coupant leurs mains
et leurs pieds, ils lessuspendirent
à la. piscine, à Hébron; mais la
téte d'Isboseth, ils la prirent et
lensevelirent dans le sépulcre
d'AbneràHébron.
ne
2. * Béroth, ancienne ville des Gabaonites, au nord de Jérusalem,
3. * Géthaïm, inconnue.
4. * De Jezraél. Voir plus haut, ,טז 4.
8. Cherchait votre dme. Voy. 1 Rois, xx, 1,
|
|
588
CHAPITRE V.
David est sacré roi sur tout Israél. 1]
prend Jérusalem. Hiram, roi de Tyr,
lui envoie des messagers. Victoires de
Javid sur les Philistins.
1. Et toutes les tribus d'Israël
vinrent vers David à Hébron, di-
sant: Nous voici, nous sommes
votre os et votre chair.
2. Mais et hier et avant-hier,
lorsque Saül était roi sur nous,
vous meniez et rameniez Israël;
mais le Seigneur vous a dit : C'est
toi qui seras le pasteur de mon
peuple Israël, et c’est toi qui seras
chef sur Israél.
3. Et les vieillards d'Israël
vinrent aussi vers le roi à Hé-
bron, et le roi David fit alliance
avec eux à Hébron devant le Sei-
gueur, et ils oignirent David roi
sur Israël.
4. David était ágé de trente
ans, lorsqu'il commença à ré-
gner, et il régna quarante ans.
5. À Hébron, il régna sur Juda
sept ans et six mois; mais à Jé-
rusalem, il régna trente-trois ans
sur tout Israël et Juda.
6. Et le roi s'en alla, et tous
II ROIS.
]08. v.]
ceux qui étaient avec lui, à Jé-
rusalem, contre les Jébuséens,
habitants du pays: et ceux-ci
dirent à David : Vous n'entrerez
pas ici, à moins que vous n'en-
leviezles aveugles et les boiteux,
disant par la : David n'entrera
pas ici.
7. Mais David prit la citadelle
de Sion, qui est la cité de David.
8. Car David avait proposé en
ce jour-là une récompense à ce-
lui qui battrait les Jébuséens,
toucherait les gouttières des
toits, et enlèverait les aveugles
et les boiteux, haissant l'àme de
David. C'est pourquoi l'on dit en
proverbe : Un aveugle et un boi-
teux n'entreront point dans le
temple.
9. Or, David habita dans 18 ci-
tadelle, et il l'appela Cité de Da-
vid ; etil bátit tout autour, depuis
Mello et au dedans.
10. Et il allait, avançant et
croissant; et le Seigneur Dieu
des armées était avec lui.
11. Hiram, roi de Tyr, envoya
aussi des messagers à David, des
bois de cedre, des charpentiers
et des tailleurs de pierres pour
V. 4. I Par., xi, 1. — 4, III Rois, 11, 11. — 11. I Par., xiv, 1. סג
——————————————————————————————— ὕὕά........Ὄ--Ἐ...
9. Hier et avant-hier. Voy. ni, 41. — Vous meniez au combat.
3. Fil alliance avec eux. David s'engagea à conduire le peuple suivant les lois de
Dieu (Deutér., xvu, 44 et suiv.); et les anciens, au nom de tout le peuple, lui jurérent
obéissance. — Devant le Seigneur; probablement devant l'arche du Seigneur, qu'on
fit venir, ou devant un autel qu'on érigea, en y faisant les cérémonies et les sacri-
fices accoutumés : on voit, en effet, plus tard un autel érigé à Hébron, où Absalom
vint de Jérusalem, pour sacrifier. (II Rois, xv, 1-12.)
6. Les Jébuséens étaient encore maitres de la citadelle sur la montagne de Sion.
— A moins que vous n'enleviez, etc. On peut supposer avec quelque probabilité que
les Jébuséens placèrent sur les murs les aveugles et les boiteux de la ville pour faire
insulte aux Hébreux, et pour leur montrer qu'on les craignait si peu, qu'on ne
voulait leur opposer que de semblables soldats.
1. Qui est appelée aujourd'hui. — * La cité de David, Jérusalem. Jérusalem devint
ainsi la capitale du royaume. Voir à la fin du volume la note 15 sur Jérusalem.
8. Dans le temple. Hébreu :
dans la maison.
à. Mello était la vailée qui séparait la basse ville de la citadelle.
(cu. v.]
les murailles; et ils bátirent une
maison à David.
12. Et David connut que le Sei-
gneur l'avait confirmé roi sur
Israél, et qu'il avait élevé son
royaume sur son peuple Israël.
13. David prit donc encore des
femmes du second et du premier
rang de Jérusalem, apres qu'il
fut venu d'Hébron ; et il naquit à
David d'autres fils et des filles ;
14. Et voici les noms de ceux
qui lui naquirent à Jérusalem :
Samua, Sobab, Nathan, Salomon,
15. Jébaar, Elisua, Népheg,
16. Japhia, Elisama, Elioda et
Eliphaleth.
17. Les Philistins donc appri-
rent qu'on avait oint David com-
me roi sur Israël, etils montèrent
tous pour chercher David; lors-
que David l'eut appris, il descen-
dit dans la forteresse.
18. Or, les Philistins, venant,
se répandirent dans la vallée de
Raphaim.
19. Et David consulta le Sei-
gneur, disant : Monterai-je contre
les Philistins, et les mettrez-vous
en ma main? Et le Seigneur dit
à David : Monte, parce que les
livrant, je mettrai les Philistins
en ta main.
20. David donc vint à Baal-Pha-
II ROIS. 589
rasim, et il les battit là, et il dit :
Le Seigneur a dispersé mes enne-
mis devant moi, comme se dis-
persent les eaux. C’est pour cela
que ce lieu fut appelé du nom de
Baal-Pharasim.
91. Et les Philistins laisserent
làleurs images taillées au ciseau,
que David et ses hommes empor-
terent.
22. Etles Philistins recommen-
cerent encore à monter, et ils se
répandirent dans la vallée de
Raphaim.
23. Alors David consulta le Sei-
gneur : Monterai-je contre les
Philistins, et les livrerez-vous en
mes mains? Le Seigneur répon-
dit: Ne monte pas contre eux,
mais tourne derriere eux, et tu
viendras contre eux vis-à-vis des
poiriers.
94. Et lorsque tu entendras le
bruit de quelqu'un qui marche
au haut des poiriers, tu engage-
ras la bataille, parce qu'alors
marchera le Seigneur devant ta
face pour battre le camp des
Philistins.
95. C'est pourquoi David fit
comme lui avait ordonné le Sei-
gneur, et il battit les Philistins
depuis Gabaa jusqu'à ce qu'on
arrive à Gézer.
13. I Par., ur, 4, 2. — 18. I Par., xiv, 9. — 20. Isaie, xxvi, 21.
13. Des femmes du second et du premier rang. Voy. uit, 1.
19. Je mettrai. Comme nous l'avons déjà remarqué, le verbe hébreu rendu par
donner dans la Vulgate, signifie proprement poser, mettre dans la main.
20. Baal-Pharasim ; ou possesseur de dispersions; hébraisme, pour, lieu de disper-
sions. Là, en effet, les Philistins furent 81 bien dispersés, mis en déroute, qu'ils
laissérent méme leurs dieux. — * Baal-Pharasim était dans la tribu de Juda et dans
la vallée de Raphaim, au sud-ouest de Jérusalem.
25. * Gabaa, Djeba. Voir I Rois, xi- ^. — Gézer, Gazer. Voir 111 Rois, 1x, 16.
500 II ROIS.
CHAPITRE VI.
David va prendre l'arche à Cariathiarim.
Oza est frappé de mort pour l'avoir
touchée. David la laisse dans la maison
d'Obédédom, puis la transfère à Jéru-
salem. Il est raillé par Michol.
1. Or, David rassembla de nou-
veau tous les hommes choisis
d'Israël, au nombre de trente
mille.
2. Et David se leva et s’en alla,
et tout le peuple qui était avec
lui d'entre les hommes de Juda,
pour amener l'arche de Dieu, sur
laquelle fut invoqué le nom du
Seigneur des armées, assis entre
les chérubins au-dessus d'elle,
3. Et ils mirent l'arche de Dieu
sur un char neuf; et ils l'enle-
verent de la maison d'Abinadab,
qui était à Gabaa ; or, Oza et Ahio,
fils d'Abinadab, conduisaient le
char neuf.
4. Et lorsqu'ils l'eurent empor-
tée de la maison d'Abinadab, qui
était à Gabaa, gardant l'arche de
Dieu, Ahio précédait l'arche.
ὃ. Mais David et tout Israél
jouaient devant le Seigneur de
toutes sortes d'instruments, des
harpes, des lyres, des tambours,
des sistres et des cymbales.
6. Mais, après qu'ils furent ve-
nus à l'aire de Nachon, 028 éten-
dit la main sur l'arche de Dieu
et la retint, parce que les bœufs
regimbaient et la firent pencher.
1. Et le Seigneur fut irrité d'in-
dignation contre Oza, etle frappa
(cu. vi.]
à cause de sa témérité; et il
mourut là auprès de l'arche de
Dieu.
8. Or, David fut contristé, parce
que le Seigneur avait frappé Oza.
Et ce lieu a été appelé du nom de
Chátiment d'Oza jusqu'à ce jour.
9. Et David craignit beaucoup
le Seigneuren ce jour-là, disant :
Comment entrera chez moi l'ar-
che du Seigneur?
10. Et il ne voulut pas faire
venir chez lui l'arche du Seigneur
dans la cité de David ; mais il la
fit venir dans la maison d'Obédé-
dom, le Géthéen.
11. Et l'arche du Seigneur de-
meura dans la maison d'Obédé-
dom, le Géthéen, durant trois
mois, et le Seigneur bénit Obé-
dédom, et toute sa maison.
19. Etl'on annonca au roi David
que le Seigneur avait béni Obédé-
dom et tout ce qui lui appartenait,
à cause de l'arche de Dieu. David
donc s'en alla, et amena l'arche
de Dieu de la maison d'Obédé-
dom en la cité de David avec joie;
et David avait avec lui sept
chœurs et un veau pour victime.
19. Et lorsque ceux qui por-
taientl'arche du Seigneur avaient
fait six pas, il immolait un bœuf
et un bélier.
14. Et David dansait de toutes
ses forces devant le Seigneur ; et
il était ceint d'un éphod de lin.
15. Et David et toute la maison
d'Israél conduisaient l'arche du
testament du Seigneur avec des
Cuar. VI. 2. I Par., נוא Ὁ. — 4. I Rois, vir, 1. — 8. 1 Par. «zr, 11. — 12. I Par,
xv, 25. — 13. I Par., xv, 26.
3, 4. * Gabaa à Cariathiarim. Voir 1 Rois, vit, 1.
19. Un veau pour victime; littér.: une victime de veau.
14. * Il était ceint d'un éphod. Sur l'éphod, voir la note sur Exode, xxv, 4
[cg. vir.
cris de joie et au son de la trom-
pette.
10. Et lorsque l'arche du Sei-
gneur fut entrée dans la cité de
David, Michol, fille de Saül, re-
gardant par la fenétre, vit le roi
David sautillant et dansant de-
vant le Seigneur; et elle le mé-
prisa en son Cœur,
47. Et ils introduisirent l'arche
du Seigneur, et ils la mirent en
sa place, au milieu du tabernacle
que David avait dressé; et David
offrit des holocaustes et des sacri-
fices pacifiques devant le Sei-
gneur.
18. Et quand il eut achevé d'of-
frir les holocaustes et les sacrifi-
ces pacifiques, il bénit le peuple
au nom du Seigneur des armées.
19. Et il distribua à toute la
multitude d'Israél, tant aux hom-
mes qu'aux femmes, à chacun
une galette de pain, et un mor-
ceau de viande de 20301 rótie, et
de la fleur de farine frite dans
l'huile; ettout le peuple s'en alla,
chacun en sa maison.
90. Et David s'en retourna pour
bénir sa maison ; et Michol, fille
de Saül, étant sortie au-devant
de David, dit : Qu'il a été glorieux
aujourd'hui le roi d'Israél, se
découvrant devant les servantes
de ses serviteurs! car il s'est dé-
pouillé, comme si un de ses bouf-
fons se dépouillait.
Cap. VII. 2. I Par., xvir, 1.
II ROIS. ‘891
21. Et David répondit à Michol :
Devant le Seigneur, qui m'a
choisi plutót que ton pere et que
toute ta maison, et qui m'a or-
donné d'étre chef sur le peuple
du Seigneur en Israél,
92. Je jouerai, et je passerai
pour plus vil que je n'ai passé;
et je serai humble à mes yeux ;
et devant les servantes dont tu
as parlé, je paraitrai plus glo-
rieux.
23. Ainsi, il n'est point né de
fils à Michol, fille de Saül, jus-
qu'au jour de sa mort.
CHAPITRE VII.
David se propose de bátir un temple au
Seigneur. Nathan lui déclare que cet
honneur sera réservé à son fils. Pro-
messes en faveur de David. David re-
mercie le Seigneur des biens dont il
la comblé, et le conjure d'accomplir
ses promesses.
1. Or il arriva que lorsque le
roi se fut établi en sa maison, el
que le Seigneur lui eut donné le
repos de toutes parts du cóté de
tous ses ennemis,
2. Il dit à Nathan le prophète :
Vois-tu que jhabite dans une
maison de cèdre, et que l'arche
de Dieu est placée au milieu des
peaux ?
3. Et Nathan répondit au roi :
Tout ce qui est en votre cœur,
allez, faites-le, parce que le Sei-
gneur est avec vous.
20. Il s'est dépouillé de ses vêtements de dessus; il avait gardé sa tunique, sur
laquelle était attaché l'éphod. — Un de ses bouffons. La Vulgate elle-même indique
assez clairement ce sens; mais le texte hébreu le détermine positivement par l'ur-
ticle qui se met souvent pour le pronom possessif.
2. Au milieu des peaux. Les tentes se faisaient anciennement avec des peaux de
bêtes, et en particulier le tabernacle ou la tente qui couvrait l'arche du Seigneur
était en partie de peaux.
592 II ROIS.
4. Or il arriva pendant cette
nuit-là, que voilà que la parole
du Seigneur vint à Nathan, di-
sant :
9. Va, et dis à mon serviteur
David : Voici ce que dit le Sei-
gneur : Est-ce que tu ne me báti-
ras point une maison pour l'ha-
biter ?
6. Car je n'ai pas habité dans
une maison, depuis le jour que
j'ai retiré les enfants d'Israël de
la terre d'Egypte, jusqu'à ce jour-
ci; mais je marchais dans un ta-
bernacle, dans une tente.
7. Dans tous les lieux par où
j'ai passé avec tous les enfants
d'Israël, est-ce que j'ai jamais dit
à une des tribus d'Israël, à la-
quelle j'ai ordonné de conduire
mon peuple Israél, disant : Pour-
quol ne m'avez-vous pas báti une
maison de cèdre ?
8. Et maintenant tu diras ceci
à mon serviteur David : Voici ce
que dit le Seigneur des armées :
C'est moi qui t'ai tiré des pâtu-
rages, lorsque tu suivais les trou-
peaux, afin que tu fusses chef sur
mon peuple Israël ;
9. Et j'ai été avec toi dans tous
les lieux oü tu as marché, et j'ai
tué tous tes ennemis devant toi,
et jai rendu ton nom grand,
comme le nom des grands qui
sont sur la terre.
8. I Rois, xvi, 11; Ps. rxxvu, 70. — 12.
(en. vu.)
10. Et je fixerai un lieu à mon
peuple Israël, et je le planterai,
et il y habitera, et il ne sera plus
troublé ; et des fils d'iniquité ne
recommenceront pas à l'affliger,
comme auparavant,
11. Depuis le jour que j'ai établi
des juges sur mon peuple Israél;
et je te donnerai le repos du cóté
de tous tes ennemis ; et le Sei-
gneur t'annonce qu'il te fera une
maison.
12. Et lorsque tes jours seront
accomplis, et que tu dormiras
avec tes peres, je te susciterai
un fils apres toi, lequel sortira de
tes entrailles, et j'affermirai son
regne.
19. C'est lui qui bátira une
maison à mon nom, et j'établirai
fermement le tróne de son royau-
me pour toujours.
14. Moi je serai son pere, et lui
sera mon fils ; et s'il fait quelque
chose iniquement, je le chátierai
avec une verge d'homme, et avec
des plaies des enfants des hom-
mes.
15. Mais ma miséricorde, je ne
la retirerai pas de lui, comme je
l'ai retirée de Saül, que j'ai écarté
de ma face.
16. Et ta maison sera fidele, et
ton royaume éternellement de-
vant ta face, et ton tróne sera
ferme à jamais.
III Rois, vii, 19. — 13. III Rois, v, 5. —
14. 1 Par., מזאא 10; Hébr., 1, 5. — 15. Ps. rxxxvirt, 4, 31. — 10. Héb., 1, 8.
10. Je le planterai; c'est-à-dire je l'établirai.
11. Il te fera une maison; hébraisme, pour: il t'accordera une nombreuse famille.
13. J'établirai, etc. Les dernières paroles de cette promesse prises à la lettre ne
peuvent s'appliquer qu'au Messie, dont le règne est un règne éternel, tandis que la
postérité de Salomon finit avec Sédécias. Compar. Dan., u, 44; Luc, 1, 32, 33.
14. Je serai son pére et lui sera mon fils, ne peut s'appliquer qu'à Jésus-Christ, le
fils de David par excellence. Compar. Ps. u, 1; Hebr., 1, 5. — Je le châtierai, non
dans la sévérité de ma justice, mais humainement, par des chàtiments que les
hommes emploient quand ils veulent seulement corriger les coupables.
[cu. vir.]
17. C'est selon toutes ces paro-
les, et suivant toute cette vision,
que Nathan parla à David.
18. Or, le roi David entra, et
il s'assit devant le Seigneur et
dit : Que suis-je moi, Seigneur
Dieu, et quelle est ma maison,
pour que vous m'ayez conduit
jusque-là?
19. Mais cela méme a paru peu,
en votre présence, Seigneur Dieu,
si vous ne parliez aussi de la mai-
son de votre serviteur pour un
long avenir; car c'est la loi d'A-
dam, Seigneur Dieu.
20. Que pourra done encore
ajouter David, pour vous parler?
car vous, Seigneur Dieu, vous
connaissez votre serviteur.
91. A cause de votre parole et
selon votre cœur vous avez fait
toutes ces grandes œuvres, afin
d'en donner connaissance à votre
serviteur.
22. C'est pour cela que vous
avez été exalté, Seigneur Dieu;
car nul n'est semblable à vous,
et il n'y a point de Dieu hors
vous, selon tout ce que nous
avons entendu de nos oreilles.
23. Mais quelle est la nalion
sur la terre comme votre peuple
d'Israël, à cause de laquelle Dieu
est allé pour la racheter comme
son peuple, pour se faire un
nom, et pour opérer au milieu
d'eux des cuvres grandes et
terribles sur la terre, à la face de
votre peuple, que vous vous étes
IL ROIS. 593
racheté de l'Egypte, frappant une
nation et son dieu.
24. Car vous vous êtes assuré
de votre peuple Israél comme
d'un peuple perpétuel; et vous,
Seigneur Dieu, vous étes devenu
leur Dieu.
25. Maintenant donc, Seigneur
Dieu, suscitez pour toujours la
parole que vous avez dite sur
volre serviteur et sur sa mai-
son, et faites comme vous avez
parlé,
20. Afin que votre nom soit
exalté à jamais, et que l'on dise:
Le Seigneur Dieu des armées est
Dieu sur Israél. Et la maison de
votre serviteur David sera fer-
mement établie devant le Sei-
gneur,
27. Parce que c'est vous, Sei-
gneur des armées, Dieu d'Is-
rael, qui avez ouvert l'oreille de
votre serviteur, disant : Je te
bâtirai une maison; à cause de
cela votre serviteur a trouvé son
cœur pour vous adresser cette
prière.
28. Maintenant donc, Seigneur
Dieu, vous êtes Dieu, et vos pa-
roles seront véritables; car vous
avez dit à votre serviteur ces
bonnes choses.
29. Commencez-donc, et bé-
nissez la maison de votre servi-
teur, afin qu'elle soit à jamais
devant vous, parce que c'est
vous, Seigneur Dieu, qui avez
parlé, et c'est de votre bénédic-
18. Et il s'assit; ou bien : se lint, demeura un certain temps; car la Vulgate est
susceptible de ces deux sens aussi bien que le texte hébreu.
19. Mais cela méme, etc. Ce serait peu de chose à vos yeux que d'avoir fait de moi
un roi puissant, si vous ne promettiez encore à ma postérité un empire éternel. —
* La loi d'Adam, de l'homme. Adam n'est pas ici un nom propre.
20. Car vous connaissez. Le terme hébreu signifie aussi aimer, faire 06 quelqu'un
un objet de prédilection. 11 semble que ce sens se lie mieux avec ce qui précède.
2. T-
38
594
tion que sera bénie la maison de
votre serviteur à jamais.
CHAPITRE VIII.
Victoires de David sur divers peuples.
Thoü, roi d'Emath, lui envoie son fils
pour le féliciter. Dénombrement des
principaux officiers de David.
1. Or, il arriva aprés cela que
David battit les Philistins et les
humilia; et David 648 le frein du
tribut de la main des Philistins.
2. Il battit aussi Moab et les
mesura au cordeau, les faisant
coucher par terre; or, il en me-
sura deux cordeaux, l'un pour les
tuer, l'autre pour leur conserver
la vie; et Moab fut assujetti à
David lui payant tribut.
3. De plus, David battit Ada-
rézer, fils de Rohob, roi de Soba,
quand il partit pour dominer sur
le fleuve d'Euphrate.
4. Et David, apres lui avoir pris
mille sept cents cavaliers et
vingt mille hommes de pied,
coupa les nerfs des jambes à tous
les chevaux des chariots; mais
il en laissa pour cent chariots.
Vint aussi la Syrie de Da-
mas, pour porter secours à Ada-
rézer, roi de Soba; et David tua
(παρ. VIII. 4. I Par., xvi, 4.
II ROIS.
(ca. vui.)
de la Syrie vingt-deux mille
hommes.
6. Et David mit une garnison
dans la Syrie de Damas; et la
Syrie devint tributaire de David;
et le Seigneur conserva David
dans tous les lieux oü il alla.
7. Et David enleva les armes
d'or qu'avaient les serviteurs d'A-
darézer, et les porta à Jérusalem.
8. Et de Beté et de Béroth,
villes d'Adarézer, le roi David
enleva une trés grande quantité
d'airain.
9. Or, Thoü, roi d'Emath, ap-
prit que David avait battu toutes
les forces d'Adarézer;
10. Alors il envoya Joram son
fils vers le roi David, pour le sa-
luer, en le félicitant, et lui rendre
gráce de ce qu'il avait vivement
attaqué Adarézer, etl'avait battu;
car Thoü était ennemi d'Adaré-
zer; et dans la main de Joram
étaient des vases d'or, des vases
d'argent et des vases d'airain,
11. Que le roi David consacra
aussi au Seigneur, avec l'argent et
l'or qu'il avait consacrés de toutes
les nations qu'il avait soumises,
19. De la Syrie, de Moab, des
enfants d'Ammon, des Philistins,
2. Moab; c'est-à-dire les Moabites. — Les mesura, etc. Aprés avoir rassemblé les
captifs en un lieu, et les avoir fait coucher par terre, il les partagea en deux parties,
dont l'une devait étre mise à mort, et l'autre conserver la vie. D'aprés le droit de
la guerre de ces temps, David pouvait les tuer tous, ou les transporter dans des
pays étrangers.
3. * Soba. Partie de la Syrie, voisine d'Emath et de Damas. — L’Euphrate. Voir
Genèse, xv, 18.
5. * La Syrie de Damas, le royaume de Syrie qui avait pour capitale Damas.
8. * Belé porte le nom de Thébath dans le passage parallèle de I Paralipomènes,
xviit, 8. C'était une ville de l'Aram-Soba, entre Alep et Palmyre. — Béroth, confondue
souvent à tort avec Beyrouth, était aussi une ville de l'Aram-Soba, peut-être le Ber-
eitàn actuel, dans la Cœlésyrie.
9. * Emath ou Hamath, ville et pays habité par les Amathéens, tribu chananéenne
ou héthéenne. La ville était bátie sur l'Oronte. Sous les Séleucides, elle porta le
nom d'Epiphanie de Syrie. Aujourd'hui Hamah.
(cu. 1x.]
d'Amalec et des dépouilles d'A-
darézer, fils de Rohob, roi de
Soba.
13. David se fit encore un nom,
lorsque, la Syrie prise, il fut re-
venu dans la vallée des Salines,
où il tailla en pièces dix-huit
mille hommes.
14. Et il mit des gardes dans
l'Idumée, et il établit une garni-
son; et toute l'Idumée devint
assujettie à David; et le Sei-
gneur conserva David dans tous
les lieux oü il alla.
15. Ainsi David régna sur tout
Israél; il rendait aussi des juge-
ments et 18 justice à tout son
peuple.
16. Mais Joab, fils de Sarvia,
commandait larmée, et Josa-
phat, fils d'Ahilud, tenait les re-
gistres;
17. Et Sadoc, fils d'Achitob,
et Achimélech, fils d'Abiathar,
étaient prétres, et Saraias, scribe;
18. Mais Banaias, fils de Joiada,
commandait les Céréthiens et
les Phéléthiens ; mais les fils de
David étaient prétres.
CHAPITRE IX
David fait venir aupres de lui Miphi-
boseth, fils de Jonathas.
1. Et David dit: Penses-tu
quil y ait quelquun qui soit
{L ROIS. | 595
resté de la maison de Saül, afin
que je lui fasse miséricorde à
cause de Jonathas?
2. Or il y avait de la maison de
Saül un serviteur du nom de
Siba; lorsque le roi l'eut appelé
prés de lui, i| lui dit : Es-tu
Siba? Et celui-ci répondit : Oui, je
suis votre serviteur.
3. Et le roi reprit : Est-ce qu'il
reste quelqu'un de la maison de
Saül, afin que j'use envers lui de
la miséricorde de Dieu? Et Siba
répondit au roi : Il reste le fils de
Jonathas, infirme des pieds.
4. Où est-il? demanda David.
Et Siba au roi : Voilà, répondit-il,
quil est dans la maison de Ma-
chir, fils d'Ammiel, à Lodabar.
ὃ. Le roi David envoya donc, et
le fit venir de la maison de Ma-
chir, fils d'Ammiel, de Lodabar.
6. Mais lorsque Miphiboseth ,
fils de Jonathas, fils de Saül, fut
venu pres de David, il tomba sur
sa face et se prosterna. Et David
lui dit : Miphiboseth. Lequel ré-
pondit : Me voici, votre servi-
teur.
7. Et David lui dit : Ne crains
point, parce que je te ferai entiè-
rement miséricorde, à cause de
Jonathas, ton pere, et je te ren-
drai tous les champs de Saül, ton
pere, et tu mangeras toujours du
pain à ma table.
13. * La vallée des Salines est très probablement la plaine au sud de la mer
Morte, appelée aujourd'hui le Ghor. Les Iduméens avaient sans doute profité du
moment où les Israélites faisaient la guerre contre la Syrie pour envahir leur pays.
18. * Les Céréthiens et les Phéléthiens, probablement des soldats mercenaires de
la tribu céréthienne (voir I Rois, xxx, 14) et du pays des Philistins. — Prétres signifie
ici, comme III Rois, 1v, 5, amis ou conseillers du roi.
1. Et David dit en lui-même, se dit en lui-même. — Penses-lu n'est pas dans
lhébreu, où on lit simplement : N'est-il pas, etc.
3. De la miséricorde de Dieu. Voy. 1 Rois, xx, 14,
4. * Lodabar, ville du pays de Galaad.
596 II ROIS.
8. Miphiboseth, se prosternant
devant lui, dit : Qui suis-je, moi
votre serviteur, pour que vous
ayez regardé un chien mort, sem-
blable à moi?
9. C'est pourquoi le roi appela
Siba, serviteur de David, et lui
dit : J'ai donné au fils de ton mai-
ire tout ce qui était à Saül, et
toute sa maison.
10. Laboure done la terre pour
jui, toi, tes fils et tes serviteurs ;
et tu apporteras au fils de ton
maitre des aliments pour se nour-
rir; mais Miphiboseth, fils de ton
maitre, mangera toujours du
pain à ma table. Or Siba avait
quinze fils et vingt serviteurs.
41. Et Siba dit au roi : Comme
vous avez commandé , mon mai-
tre, le roi, à votre serviteur, ainsi
fera votre serviteur; et Miphibo-
seth mangera à ma table, comme
l'un des fils du roi.
12, Or, Miphiboseth avait un fils
très jeune, du nom de Micha ; et
toute la parenté de la maison de
Siba servait Miphiboseth.
13. Et Miphiboseth habitait à
Jérusalem, parce qu'il était nourri
habituellement de la table du roi;
et il était boiteux de l'un et de
l'autre pied.
CHAPITRE X.
Le roi des Ammonites outrage les mes-
sagers de David. Défaite des Ammo-
nites et des Syriens.
1. Or, il arriva après cela que
le roi des enfants d'Ammon mou-
CuaP. X. 2. I Par., xix, 2.
[cu. x.]
rut, et Hanon, son fils, régna en
sa place.
2. Et David dit : Je ferai miséri-
corde à Hanon, fils de Naas,
comme son pere m'a fait miséri-
corde. David envoya donc, le con-
solant par ses serviteurs de la
mort de son père. Mais lorsque
les serviteurs de David furent
venus dans la terre des enfants
d'Ammon,
3. Les princes des enfants
d'Ammon dirent à Hanon leur
seigneur : Pensez-vous que ce
soit pourl'honneur de votre pere,
que David vous ait envoyé des
consolateurs, et que ce ne soit
pas pour s'enquérir de la ville,
lexplorer et la détruire, que
David a envoyé ses serviteurs
vers vous?
4. C'est pourquoi Hanon prit
les serviteurs de David, rasa la
moitié de leur barbe, coupa la
moitié de leurs vétements jus-
qu'au haut des cuisses, et les
renvoya.
9. Lorsque cela eut été annoncé
à David, il envoya au-devant
d'eux; car ces hommes étaient
très honteusement confus, et
David leur manda : Demeurez à
Jéricho jusqu'à ce que votre bar-
be croisse, et alors revenez.
6. Mais les enfants d'Ammon,
voyant qu'ils avaient fait injure
à David, envoyèrent prendre à
leur solde des Syriens de Rohob,
et des Syriens de Soba, vingt
mille hommes de pied, mille
5. * A Jéricho. Voir la note sur Josué, νι, 4.
6. * Rohob. Voir Juges, xvi, 28. — Soba. Voir plus haut, vit, 3. — Maacha ou Ma-
chati. Voir l'Introduction au livre de Josué, p. 393. — 19/00, pays inconnu, mentionné
seulement ici.
]68. x.]
du roi de Maacha, et douze mille
d'Istob.
7. Ce qu'ayant appris David, il
envoya Joab et toute l'armée de
ses guerriers.
8. Les enfants d'Ammon sorti-
rent donc, et rangèrent leur ar-
mée en bataille devant l'entrée
méme de la porte, mais les Sy-
riens de Soba et de Rohob, d'Is-
tob et de Maacha, étaient séparé-
ment dans la plaine.
9. Joab donc, voyant que la ba-
taille était préparée contre lui et
par devant et par derriere, prit
de toute l'élite d'Israël, et rangea
son armée en bataille contre les
Syriens ;
10. Mais le reste du peuple, il
le confia à Abisai son frere, qui
le rangea en bataille contre les
enfants d'Ammon.
11. Et Joab dit : Si les Syriens
prévalent contre moi, tu me seras
en aide; mais si les enfants
d'Ammon prévalent contre toi, je
te secourrai.
19. Sois homme courageux, et
combattons pour notre peuple, et
la cité de notre Dieu : mais le
Seigneur fera ce qui est bon à ses
yeux.
13. C'est pourquoi Joab et le
peuple qui était avec lui engage-
rent 16 combat contre les Syriens,
qui aussitót s'enfuirent devant
lui.
14. Mais les enfants d'Ammon
voyant que les Syriens avaient
II ROIS. 597
fui, s’enfuirent aussi eux-mêmes
devant Abisai, et ils entrèrent
dans la ville; et 1082 s'en re-
tourna aprés la défaite des en-
fants d'Ammon, et vint à Jéru-
salem.
15. Les Syriens donc, voyant
qu'ils avaient succombé devant
Israël, s'assemblerent tous.
16. Et Adarézer envoya pour
faire venir les Syriens, qui étaient
au delà du fleuve, et il amena
leur armée; or, Sobach, maitre
de la milice d'Adarézer, était leur
prince.
11. Lorsque cela eut été annon-
cé à David, il réunit tout Israël,
passale Jourdain, et vint à Hé-
lam; et les Syriens rangèrent
leur armée en bataille contre
David, et combattirent contre
lui.
18. Et les Syriens s'enfuirent
devant Israél, et David tua des
Syriens sept cents hommes qui
étaient sur les chariots, et qua-
rante mille cavaliers; etil frappa
Sobach, prince de la milice, le-
quel mourut sur-le-champ.
19. Or, tous les rois qui étaient
venus au secours d'Adarézer,
voyant qu'ils étaient vaincus par
Israël, furent épouvantés, et cin-
quante-huit mille hommes s'en-
fuirent devant Israël. Et ils firent
la paix avec Israél, et ils les ser-
virent; et les Syriens craignirent
de donner encore secours aux
enfants d'Ammon.
8. De la porte de Médaba, petite ville du voisinage. Voy. I Paralip., xix, 1.
12. La cité de notre Dieu; Jérusalem, nouvelle capitale du royaume de Juda.
14. Dans la ville de Médaba. Compar. vers. 8.
16. * Au delà du fleuve de l'Euphrate.
M. * Hélam, ville inconnue.
כ רש
CHAPITRE XI. :
David tombe en adultère avec Bethsa-
bée, femme d'Ürie. Il donne ordre à
Joab d'exposer Urie au danger. Après
la mort d'Urie, Bethsabée épouse David.
1. Or, il arriva qu'au retour de
l'année, au temps que les rois
ont coutume d'aller à la guerre,
David envoya Joab et ses servi-
teurs avec lui et tout Israél, et il
ravagerent les enfants d'Ammon
et assiégèrent Rabba ; mais David
demeura à Jérusalem.
9. Pendant que ces choses se
passaient, il advint que David se
levait de son lit apres midi, et
qu'il se promenait sur la terrasse
du palais; or il vit une femme
qui se baignait vis-à-vis sur sa
terrasse ; et cette femme était fort
belle.
3. Le roi donc envoya, et de-
manda quelle était cette femme.
Et on lui annonça que c'était
Bethsabée, fille d'Eliam, femme
d'Urie, l'Héthéen.
4. C'est pourquoi David, ayant
envoyé des messagers, l'enleva.
Lorsqu'elle fut entrée aupres de
lui, il dormit avec elle : et aussi-
tót elle se purifia de son impu-
reté ;
5. Et elle retourna en sa mai-
son, apres avoir conçu. Et en-
voyant, elle annonca à David, et
dit : J'ai concu.
6. Or, David envoya vers Joab,
disant : Envoie-moi Urie, l'Hé-
II. ROIS.
[cu. x1.]
théen. Et Joab envoya Urie à Da-
vid.
7. Et Urie vint vers David; et
David demanda si Joab allait
bien ainsi que le peuple, et com-
ment la guerre était conduite.
8. Puis David dit à Urie : Va en
ta maison, et lave tes pieds. Et
Urie sortit de la maison du roi,
et les mets du roi le suivirent.
9. Mais Urie dormit devant la
porte de la maison du roi avec
les autres serviteurs de son sei-
gneur, et il ne descendit point en
sa maison.
10. Et on l'annonca à David,
en disant : Urie n'est pas allé en
sa maison. Et David demanda à
Urie : Est-ce que tu ne viens pas
d'un voyage? pourquoi n'es-tu
pas descendu en ta maison?
41. Et Urie répondit à David :
L'arche de Dieu, et Israël, et
Juda, habitent dans les pavillons,
et mon seigneur Joab, et les
serviteurs de mon seigneur de-
meurent sur la face de la terre,
et moi, j'entrerai en ma maison,
pour manger et boire, et pour
dormir avec ma femme? Par
votre salut, et par le salut de
votre âme, je ne ferai pas cette
chose.
19. David donc dit à Urie : De-
meure ici encore aujourd'hui, et
demain je te renverrai. Urie de-
meura à Jérusalem ce jour-là et
le lendemain.
13. Alors David l'appela pour
(ΒΑΡ. XI. 4. I Par., xx, 1. — 4. Lév., xv, 18.
oo
1. * Rabba, Rabbath Ammon, sur le Nahr-Amman, au nord d'Hésébon, sur la
route de Bosra, capitale des Ammonites.
8. Comme on ne portait ni bas ni souliers, mais simplement des sandales, et que
quelquefois méme on allait nus pieds, la sueur et la poussière rendaient nécessaire
l'usage de se laver les pieds. C'était d'ailleurs un soulagement qu'on prenait volon-
tiers au retour d'un voyage.
[(π. x1.)
qu'il mangeát devant lui et qu'il
bát, etill'enivra. Urie étant sorti
le soir, dormit dans son lit avec
les serviteurs de son seigneur,
et il ne descendit pas en sa mai-
son.
44. Il arriva donc le matin
que David écrivit une lettre à
joab, et lenvoya par la main
d'Urie,
15. Ecrivant dans la lettre :
Placez Urie au premier rang dans
la bataille, là où le combat est le
plus fort; et abandonnez-le, afin
que, frappé, il périsse.
16. Comme donc Joab assié-
geait la ville, il placa Urie dans le
lieu où il savait qu'étaient les
hommes les plus vaillants.
47. Et les hommes, étant sortis
de la cité, combattaient contre
Joab, et dans la multitude des
serviteurs de David plusieurs
tombèrent, et Urie, l'Héthéen,
mourut aussi.
18. C'est pourquoi Joab envoya,
et annonca à David tous les évé-
nements du combat,
19. Et il ordonna au messa-
ger, disant : Lorsque tu auras
achevé au roi tout ton récit de la
guerre, ,
20. Si tu vois qu'il s'indigne et
dise : Pourquoi vous étes-vous
approchés du mur pour com-
battre? est-ce que vous ignoriez
que beaucoup de traits sont lan-
cés du haut du mur?
91.Qui frappa Abimélech, fils de
Jérobaal? n'est-ce pas une femme
21. Juges, Ix.
II ROIS.
599
qui lanca du mur sur lui un mor-
ceau de meule, et le tua à Thé-
bes? Pourquoi vous êtes-vous ap-
prochés du mur? tu diras : Votre
serviteur Uriel'Héthéen esttombé
mort aussi.
22. Le messager donc partit, et
il vint et raconta à David tout ce
que lui avait ordonné Joab.
23. Et le messager dit à David :
Les hommes ont prévalu contre
nous, et ils sont sortis sur nous
dans la campagne; mais nous,
ayant fait une irruption, nous les
avons poursuivis jusqu'àla porte
de la ville.
24. Et les archers ont lancé des
traits contre vos serviteurs du
haut du mur; et il est mort des
serviteurs du roi, et, qui plus est,
votre serviteur Urie, l'Héthéen,
est mort.
95. Et David répondit au mes-
sager : Tu diras ceci à Joab : Que
cela ne t'abatte point; car di-
vers est 16 succès de la guerre;
c'est maintenant celui-ci, et
maintenant celui-là que dévore
le glaive: anime tes combattants
contre la ville, afin que tu la dé-
truises, et encourage-les.
26. Or, la femme d'Urie apprit
qu'Urie, son mari, était mort, et
elle le pleura. :
277. Mais, le deuil passé, David
envoya, et il l'introduisit en sa
maison; alors elle devint sa
femme, et elle lui enfanta un fils.
Or, cette action qu'avait faite Da-
vid déplut au Seigneur.
15. Au premier rang dans la bataille; littér.: en face de la guerre.
18. Les événements. Nous avons déjà remarqué que le terme hébreu traduit ici
dans la Vulgate par parole, signifie aussi chose, a/faire, événement, etc. Compar.
vers. 21.
600 I ROIS.
CHAPITRE XII.
Nathan reprend David de son péché. Ce
prince le confesse et en obtient le par-
don. Mort du fils qui était le fruit de
son crime. Naissance de Salomou. Prise
de Rabbath. Rigu.urs exercées contre
les Ammonites.
1. Le Seigneur done envoya
Nathan vers David; et lorsque
Nathan fut venu vers lui, il lui
dit : Deux hommes étaient dans
une ville, l'un riche et lautre
pauvre.
2. Le riche avait des brebis et
des bœufs en très grand nombre;
3. Mais le pauvre n'avait ab-
solument rien, hors une brebis
ires petite, qu'il avait achetée et
nourrie, et qui avait grandi chez
lui en méme temps que ses en-
fants, mangeant de son pain, bu-
vant de sa coupe, et dormant sur
son sein, et elle était pour lui
comme une fille.
4. Mais un étranger étant venu
chez le riche, et s'abstenant de
prendre de ses brebis et de ses
bœufs, pour faire un festin à cet
étranger, qui était venu chez lui,
il enleva la brebis de l'homme
pauvre, et appréta un mets à
l'homme qui était venu chez lui.
5. Or, fortement irrité d'indi-
gnation contre cet homme, Da-
vid dit: Le Seigneur vit! c'est un
fils de mort, l'homme qui a fait
cela.
6. Il rendra la brebis au qua-
druple, parce qu'il a fait cette ac-
tion, et qu'il n'a pas épargné /a
pauvreté.
[cu. xm.]
7. Alors Nathan dit à David:
C'est vous qui êtes cet homme.
Voici ce que dit le Seigneur Dieu
d'Israël : C'est moi qui t'ai oint
roi sur Israël, et moi qui t'ai dé-
livré de la main de Saül ;
8. Et je t'ai donné la maison de
ton seigneur et les femmes de
ton seigneur sur ton sein; je t'ai
donné aussi la maison d'Israél et
de Juda; et si ce sont là de pe-
tites choses, je t'en aurais ajouté
de beaucoup plus grandes.
9. Pourquoi donc as-tu méprisé
la parole du Seigneur pour faire
le mal en ma présence? Tu as
frappé du glaive Urie, l'Héthéen,
tu as pris sa femme pour en faire
ta femme, et tu l'as tué par le
glaive des enfants d'Ammon.
10. Pour cette raison le glaive
ne s'éloignera jamais de ta mai-
son, parce que tu m'as méprisé,
et que tu as enlevé la femme
d'Urie, l'Héthéen, afin qu'elle fût
ta femme.
11. C'est pourquoi voici ce que
dit le Seigneur : Voilà que moi je
susciterai sur toi du mal de ta
propre maison ; et j'enléverai tes
femmes à tes yeux, et jeles don-
nerai à ton prochain, et il dormi-
ra avec tes femmes aux yeux de
ce soleil.
19. Car toi tu as agi secrète-
ment; mais moi, j'accomplirai
cette parole en la présence de
tout Israél, et en la présence du
soleil.
13. Et David dit à Nathan : J'ai
péché contre le Seigneur. Et Na-
than répondit à David : Le Sei-
XII. 6. Exode, xxu, 1. — 11. Infra, xvi, 22. — 13. Eccli., XLVII, 183. ,שג
5. C'est un fils de mort. Voy. 1 Rois, xx, 31.
13. A transféré, éloigné, c'est-à-dire pardonné.
xu.] .אס].
gneur aussi a transféré votre pé-
ché; vous ne mourrez point.
14. Cependant, parce que vous
avez fait blasphémer les enne-
mis du Seigneur, à cause de cette
action, le fils qui vous est né
mourra de mort.
15. Ensuite Nathan retourna en
sa maison. Le Seigneur frappa
aussi le petit enfant qu'avait en-
fanté la femme d'Urie à David, et
il fut désespéré.
16. Et David pria le Seigneur
pour le petit enfant, et David
jeûna entierement, et, étant en-
tré à part, il demeura couché sur
la terre.
17. Mais vinrent les anciens de
sa maison pour le forcer à se le-
ver de terre; David ne voulut
point, et il ne prit pas avec eux
de nourriture.
18. Or, il arriva au septième
jour que l'enfant mourut; et les
serviteurs de David craignirent
de lui annoncer que le petit en-
fant était mort; carils dirent :
Voilà que lorsque le petit enfant
vivait encore, nous lui parlions,
et il n'écoutait pas notre voix;
combien plus s'affligera-t-il, si
nous lui disons : Il est mort, le
petit enfant?
19. Lors donc que David eut vu
ses serviteurs parlant tout bas, il
comprit que le jeune enfant était
mort; et il dit à ses serviteurs :
Est-ce qu'il est mort, l'enfant?
11 ROIS, 601
Ceux-ci lui répondirent : Il est
mort.
20. David donc se leva de terre,
se lava et s'oignit; puis lorsqu'il
eut changé de vétement, il entra
dans la maison du Seigneur et il
adora; et il vint en sa maison, et
il demanda qu'on lui servit du
pain, etil mangea.
21. Alors ses serviteurs lui de-
mandèrent: Qu'est-ce que vous
avez fait? à cause de l'enfant,
vous avez jeüné et vous pleuriez,
lorsqu'il vivait encore, mais,
lenfant mort, vous vous étes
levé, et vous avez mangé du
pain.
22. David répondit : A cause de
l'enfant, pendant qu'il vivait en-
core, j'ai jeüné et j'ai pleuré;
car je disais : Qui sait si le Sei-
gneur ne me le donnera point, et
si l'enfant ne vivra point?
23. Mais maintenant qu'il est
mort, pourquoi jeünerais-je?
Est-ce que je pourrai encore le
faire revenir? Moi j'irai plutót à
lui; mais lui ne reviendra pas à
moi.
24. Et David consola Bethsabée
sa femme, il s'approcha d'elle et
dormit avec elle; et elle engen-
dra un fils, et il l'appela du nom
de Salomon, et le Seigneur l'ai-
ma;
25. Et 11 envoya par l'entremise
de Nathan, le prophète, et il l'ap-
pela du nom d'Aimable au Sei-
14. Mourra de mort; hébraisme, pour : mourra infailliblement, sans vémission.
20. Se lava, s'oignit, ete, C'était l'usage à la fin du deuil. David n'avait pas con-
iracté d'impureté légale, parce qu'il n'était pas entré dans la chambre du mort, et
quil n'avait pas assisté aux funérailles; par conséquent il pouvait se rendre au
tabernacle du Seigneur sans une purification proprement dite. — Du pain; hébraisme,
pour nourriture en général, aliments. — * Dans la maison du Seigneur, le Taber-
nacle.
21. Qu'est-ce que vous 1vez fait. Voy. xi, 15,
602 II ROIS.
gneur, parce que le Seigneur l’ai-
ma.
96. Or, Joab combattait contre
Rabbath des enfants d'Ammon,
et il attaquait vivement la ville
royale.
27. Et Joab envoya des messa-
gers à David, disant: J'ai com-
battu contre Rabbath, et la ville
des eaux doit étre prise.
98. Maintenant donc, assem-
blez le reste du peuple, assiégez
la ville et prenez-la, de peur que,
lorsque la ville aura été détruite
par moi, la victoire ne soit attri-
buée à mon nom.
99. C'est pourquoi David as-
sembla tout le peuple, et partit
contre Rabbath, et après qu'il eut
combattu, il la prit.
30. Et ii δία 16 diadème du roi
de sa téte, pesant un talent d'or,
et ayant des pierreries trés pré-
cieuses ; et il fut mis sur la tête
de David. Mais il emporta aussi
le très grand butin de la ville ;
31. Et amenant ses habitants, il
les scia, fit passer sur eux les
chariots armés de fer, les parta-
96. T'Par.; xx, 4.
gea avec des couteaux, et les fit
passer dans le moule des briques;
ainsi fit-il à toutes les villes des
enfants d'Ammon. Ensuite David
revint et toute l'armée à Jérusa-
lem.
CHAPITRE XIII.
Amnon, fils de David, commet un inceste
avec Thamar, sœur d'Absalom. Son
amour se change en haine contre elle.
Absalom fait tuer Amnon, et se sauve
chez Tholomai, roi de Gessur.
1. Or, il arriva apres cela,
qu'Amnon, fils de David, s'éprit
d'amour pour 18 sceur d'Absalom,
fils de David, femme très belle,
du nom de Thamar;
2. Et il l'aimait éperdument, à
un tel point, qu'à cause de son
amour il était malade, parce que
comme elle était vierge, il lui
paraissait difficile de rien faire
déshonnétement avec elle.
3. Or, Amnon avait un ami, du
nom de Jonadab, fils de Semmaa,
frère de David, homme très pru-
dent,
4. Lequel lui demanda : Pour-
quoi, fils du roi, maigris-tu ainsi
96. * Rabbath-Ammon. Voir Deutéronome, ut, 11 et plus haut, xr, 1.
(cu. χα.
21. * La ville des eaux, la partie basse de Rabbath-Ammon qui était sur le bord du
Nahr-Amman.
30. Pesant, etc. ; littér. : talent d'or par le poids. Le mot talent est un appositif de
diadéme et par conséquent représente l'accusatif, comme complément du verbe óta.
Ce genre de construction n'est pas rare dans la Vulgate. Il est probable qu'il s'agit ici,
non du talent hébraique, mais du syriaque, qui avait cours à Rabbath, ou Rabba,
capitale des Ammonites, et qui pesait tout au plus le quart du premier. On sait
généralement d'ailleurs que chez les anciens le poids du talent était différent selon
les divers pays où l'on s'en servait. Ainsi ce diadéme qui fut mis sur la tête de David
pendant la cérémonie de son sacre pouvait ne peser que 22 livres; ce qui, certes, ne
surpassait pas les forces de ce prince. Les savants ont fait d'autres hypothèses plus
ou moins probables pour expliquer cette difficulté. — * L'une de ces hypothéses les
plus vraisemblables, c'est que le diadéme n'avait pas le poids matériel d'un talent,
mais avait une valeur d'un talent, étant orné de pierres précieuses (environ
130,000 francs), le mot qui est traduit par poids dans la Vulgate signifiant aussi
valeur.
31. Dans le moule des briques; c’est-à-dire, selon la plupart des interprètes, dans
des fours à briques. " ia
[cu. xum.)
chaque jour? pourquoi ne me le
dis-tu point? Et Amnon lui ré-
pondit : J'aime Thamar, la sœur
de mon frère Absalom.
5. Jonadab lui dit : Couche-toi
sur ton lit et feins une maladie ;
et lorsque ton pere viendra pour
te visiter, dis-lui : Que Thamar,
ma sœur, vienne, je vous prie,
afin qu'elle me donne de la nour-
riture, et qu'elle me fasse un
mets, pour que je mange de sa
main.
6. C'est pourquoi Amnon se
coucha, et commenca à feindre
d'étre malade; et lorsque le roi
fut venu pour le visiter, Amnon
dit au roi : Que Thamar, ma
sœur, vienne, je vous conjure,
afin qu'elle fasse sous mes yeux
deux petits bouillons, et que je
prenne de la nourriture de sa
main.
7. David donc envoya à la mai-
son de Thamar, disant : Venez à
la maison d'Amnon, votre frère,
et faites-lui un mets.
8. Et Thamar vint à la maison
d'Amnon, son frère ; celui-ci était
couché; et elle, prenant de la fa-
rine, 18 pétrit, et la délayant, elle
fit cuire sous ses yeux deux pe-
tits bouillons.
9. Et prenant ce qu'elle avait
fait cuire, elle le versa et le posa
devant lui, et il ne voulut pas en
manger; et Amnon dit: Faites re-
tirer tout le monde. Et lorsqu'on
eut fait retirer tout le monde,
10. Amnon dit à Thamar : Porte
le mets dans lachambre, afin que
je le mange de ta main. Thamar
IT ROIS. 603
donc prit les deux petits bouillons
qu'elle avait faits, et les porta à
Amnon son frère dans la cham-
bre.
11. Et lorsqu'elle lui eut pré-
senté le mets, il la saisit, et dit :
Viens, repose avec moi, ma sceur.
12. Thamar lui répondit : Non,
mon frere, ne me fais pas vio-
lence; car cela n'est pas permis
en Israël ; ne fais pas cette folie.
13. Car moi, je ne pourrai sup-
porter mon opprobre, et toi, tu
seras comme un des insensés en
Israël ; mais plutôt parle au roi,
etil ne me refusera pas à toi.
14. Or, il ne voulut point ac-
quiescer à ses prières, mais plus
fort, il lui fit violence, et il reposa
avec elle.
15. Aussitôt Amnon la prit en
très grande haine, de sorte que
la haine dont illa haissait était
plus grande que l'amour dont il
l'avait aimée auparavant. Aussi
Amnon lui dit: Lève-toi et va-t'en.
16. Thamar lui répondit : Le
mal que tu fais maintenant en me
chassant, est plus grand que celui
que tu as fait auparavant. Et il ne
voulut pas l'écouter ;
17. Mais, ayant appelé le jeune
homme qui le servait, il dit :
Eloigne celle-là de moi, fais-la
sortir, et ferme la porte après elle.
18. Thamar était vétue d'une
robe trainante, car c'est de cette
sorte de vétements que les filles
du roi, qui étaient vierges, fai-
saient usage. C'est pourquoi son
serviteur la mit dehors, et ferma
la porte derriere elle.
9. Elle le versa dans un vase, ou un plat.
13. Il ne me refusera pas à toi; construction elliptique, pour : 1] ne refusera pas
de me donner à toi en mariage.
604
19. Thamar, répandant de la
cendre sur sa téte, déchirant sa
robe trainante, et les mains po-
sées sur sa téte, allait marchant
et criant.
90. Or, Absalom, son frere, lui
demanda : Est-ce qu'Amnon, ton
frere, a dormi avec toi? Mais
maintenant, ma sœur, garde le
silence, c'est ton frere ; n'afflige
pas ton cœur pour cela. C'est
pourquoi Thamar demeura, se
desséchant, dans la maison d'Ab-
salom, son frere.
21. Mais lorsque le roi David
eut appris ces choses, il fut très
contristé, et il ne voulut point
contrister l'esprit d'Amnon, son
fils, car il le chérissait, parce qu'il
était son premier-né.
29. Or, Absalom ne dit rien à
Amnon, ni mal, ni bien ; car Ab-
salom haïssait Amnon, parce
qu'il avait violé Thamar, sa sœur.
23. Mais il arriva, après un in-
tervalle de deux ans, qu'on ton-
dait les brebis d'Absalom, à Baal-
hasor près d'Ephraim; et Absalom
appela tous les fils du roi.
94. Et il vint vers le roi, et lui
dit: Voilà qu'on tond les brebis
de votre serviteur, je prie le roi
quil vienne avec ses serviteurs
chez son serviteur.
25. Et le roi répondit à Absa-
lom : Non, mon fils, ne demande
pas que nous venions tous, et
que nous te génions. Mais, com-
me Aósalom le pressait, et qu'il
ne voulait pas y aller, il le bénit.
Il ROIS.
[ca. xur.]
26. Alors Absalom lui dit : Si
vous ne voulez pas venir, je vous
prie qu'au moins Amnon, mon
frère, vienne avec nous. Et le roi
lui répondit : Il n'est pas néces-
saire qu'il aille avec toi.
27. C'est pourquoi Absalom lui
fit des instances, et David laissa
aller avec lui Amnon et tous les
fils du roi. Or, Absalom avait
préparé un festin comme un fes-
tin de roi.
28. Et Absalom avait ordonné
à ses servileurs, disant : Faites
attention, lorsqu'Amnon sera
troublé par le vin, et que je vous
dirai : Frappez-le , et le tuez ; ne
craignez point; car c'est moi qui
vous l'ordonne. Fortifiez-vous, et
soyez des hommes courageux.
29. Les serviteurs d'Absalom
firent donc contre Amnon, com-
me leur avait ordonné Absalom.
Et tous les fils du roi se levant
monterent chacun sur leur mule,
et s'enfuirent.
30. Et comme ils poursuivaient
encore leur chemin, le bruit en
vint jusqu'à David ; on dit : Absa-
lom a tué tous les fils du roi; il
n'en est pas resté méme un seul.
31. C'est pourquoi le roi se le-
va, et déchira ses vétements, et
tomba sur la terre; et tous ses
serviteurs qui étaient prés de lui
déchirèrent leurs vêtements.
89. Or, Jonadab, fils de Sem-
maa, frere de David, prenant la
parole, dit : Que mon seigneur le
roi ne croie pas que tous les jeu-
19. Comme nous l'avons déjà fait observer, on déchirait ses vétements en signe
de deuil et de douleur.
23. * Baalhasor, ville de la tribu d'Ephraim. — Près d’Ephraïm, ville inconnue.
32. Il avait été mis dans la bouche d'Absalom; c'est-à-dire probablement, qu'Ab-
salom avait proféré le serment, ou avait donné l'ordre de détruire Amnon. L'hébreu
est susceptible de ces deux sens ; le chaldéen porte dans le cœur d'Absalom.
xiv.] .אס]
nes hommes fils du roi aient été
tués: Amnon seul est mort, parce
qu'il avait été mis dans la bouche
d'Absalom, depuis le jour qu'il fit
violence à Thamar, sa sceur.
33. Maintenant donc, que mon
seigneur le roi ne mette point
cela en son esprit, disant : Tous
les fils du roi ont été tués, puis-
qu'Amnon seul est mort.
34. Mais Absalom s'enfuit, et
la jeune sentinelle leva ses
yeux, et regarda; et voilà qu'un
peuple nombreux venait par un
chemin détourné du cóté de la
montagne.
35. Or, Jonadab dit au roi:
Voici les fils du roi qui viennent:
selon la parole de votre servi-
teur, ainsi il est arrivé.
36. Et lorsqu'il eut cessé de
parler, parurent les fils du roi;
et, entrant, ils éleverent leurs
voix et pleurerent; mais le roi
aussi et tous ses serviteurs pleu-
rerent d'un tres grand pleur.
87. Ainsi Absalom fuyant s'en
alla auprès de Tholomai, fils
d'Ammiud, roi de Gessur. David |
pleura done son fils, tous les.
jours.
38. Or, Absalom, lorsqu'il se
fut enfui, et qu'il fut venu à
Gessur, fut là pendant trois ans.
39. Et le roi David cessa de
poursuivre Absalom, parce qu'il
s'était consolé de la mort d'Am-
non.
CHAPITRE XIV. T
Joab obtient de David le retour d'Absa-
lom, et celui-ci revient à Jérusalem.
Joab obtient encore qu'il paraisse en
présence de David.
1. Mais Joab, fils de Sarvia,
II ROIS.
605
comprenant que le cœur du roi
était tourné vers Absalom,
2. Envoya à Théeua, et fit ve-
nir de là une femme sage, et lui
dit: Feins de pleurer, et revéts-
toi d'un vétement de deuil ; et ne
t'oins pas d'huile, afin que tu sois
comme ‘une femme qui depuis
longtemps pleure un mort ;
3. Et tu entreras chez le roi,
et tu lui tiendras un tel discours.
Or, Joab mit les paroles en sa
bouche.
4. C'est pourquoi, lorsque 8
femme de Thécua fut entrée chez
le roi, elle tomba devant lui sur
la terre, et se prosterna, et dit :
Sauvez-moi, ὃ roi!
8. Et le roi lui demanda :
Qu'as-tu? Celle-ci répondit
Hélas! je suis une femme veuve,
car mon mari est mort.
6. Or, votre servante avait
deux fils, qui se sont disputés
l'un contre l'autre dans la cam-
pagne, et il n'y avait personne
qui pût les empêcher, et l'un a
frappé l'autre, et l'a tué.
7. Et voilà que toute la parenté,
s'élevant contre votre servante,
dit: Livre celui qui a frappé son
frere, afin que nous le mettions
à mort, pour l’âme de son frère
quil a tue, et que nous détrui-
sions i'héritier; et ils cherchent
à éteindre l'étincelle qui m'a été
laissée, afin quil ne survive
point de nom à mon mari, ni des
restes de lui sur la terre.
8. Et le roi dit à cette femme :
Va en ta maison, et moi je don-
nerai des ordres pour toi.
9. Et la femme de Thécua dit
au roi : Que l'iniquité, mon sei-
31. Gessur. Voir l'Introduction au livre de Josué, p. 392-393.
606 II ROIS.
gneur roi, soit sur moi et sur la
maison de mon père; mais que le
roi et son tróne soient innocents.
10. Et le roi reprit: Amène-
moi celui qui te contredira, et
il ne recommencera pas à te por-
ter atteinte.
|; 41. Elle répondit : Que le roi
se souvienne du Seigneur son
Dieu, afin que les proches du
sang ne se multiplient pas pour
le venger, et qu'en aucune ma-
nière ils ne tuent mon fils. Le roi
dit: Le Seigneur vit! il ne tom-
bera pas de cheveu de ton fils sur
la terre.
12. La femme reprit donc :
Que votre servante dise une pa-
role à mon seigneur, le roi. Et
il répondit : Parle.
13. Et la femme dit : Pourquoi
avez-vous pensé une pareille
chose contre le peuple de Dieu,
et pourquoi le roi a-t-il dit cette
parole, pour pécher, en ne rap-
pelant pas celui qu'il a banni?
14. Nous mourons tous, et
nous nous écoulons sur la terre
comme les eaux qui ne revien-
nent point : et Dieu ne veut pas
qu'une àme périsse ; mais il tem-
porise, pensant que celui qui a
été rejeté ne doit pas périr entiè-
rement.
xiv.] .אס]
15. Maintenant donc, je suis
venue pour dire à mon seigneur
le roi cette parole, le peuple pré-
sent. Et votre servante a dit: Je
parlerai au roi, pour voir s'il ac-
complira de quelque maniere la
parole de sa servante.
16. Et le roi a écouté, pour dé-
livrer sa servante de tous ceux
qui voulaient exterminer de l'hé-
ritage de Dieu moi et mon fils en
méme temps.
17. Que votre servante donc
puisse dire : Que la parole de
mon seigneur le roi s'accom-
plisse comme un sacrifice. Car
comme est un ange de Dieu,
ainsi est mon seigneur le roi,
quil ne s'émeut ni de la béné-
diction, ni de la malédiction :
d'oü le Seigneur votre Dieu
méme est avec vous.
18. Et répondant, le roi dit à la
femme : Ne me cache point la
chose que je te demande. Et la
femme lui répondit: Parlez, mon
seigneur le roi.
19. Et le roi dit : Est-ce que la
main de Joab n'est pas avec toi
en toutes ces choses? La femme
répondit, et dit : Par le salut de
votre àme, mon seigneur le roi!
il ny a rien ni à gauche ni à
droite de tout ce qu'a dit mon
CuaP. XIV. 14. Ezéch., xvii, 32; xxxri, 11.
41. Les proches du sang, étaient les plus proches parents, qui, selon la loi, étaient
les vengeurs obligés du sang versé.
13. Contre le peuple de Dieu. Le peuple aimait Absalom, et le regardait comme
l'héritier naturel du trône. — Et pourquoi le roi, etc.; ce qui signifie :
Pourquoi le
roi m'a-t-il parlé de manière à tomber en faute, puisque d'un côté, il m'accorde la
gráce de mon fils, meurtrier de son frére, et que de l'autre, il refuse à son peuple
le retour d'Absalom, qui n'est pas plus coupable que mon fils ?
16. Le roi a écouté, pour délivrer sa servante; hyperbate, pour : Le roi a écouté sa
servante pour la délivrer.
17. S'accomplisse comme un sacrifice promis à Dieu; ou bien :
devienne comme un
sacrifice agréable à Dieu. — Qu'il ne s'émeut, etc.; qui ne se laisse ébranler ni par
les éloges, ni par le blàme des hommes,
Îcx. xiv.]
seigneur le roi; car votre servi-
teurJoab lui-méme m'a ordonné,
etlui-méme a mis dans la bouche
de votre servante toutes ces pa-
roles.
20. Votre serviteur Joab m'a
ordonné de tourner ainsilaforme
de ces paroles; mais vous, mon
seigneur le roi, vous étes sage,
comme est sage uu ange de
Dieu, en sorte que vous compre-
nez toutes choses sur la terre.
91. Et le roi dit à Joah : Voilà
qu'apaisé, j'ai accompli ta pa-
role : va donc, et rappelle le
jeune Absalom.
22. Alors Joab, tombant sur sa
face contre terre,se prosterna,
et souhaita toute sorte de pros-
périté au roi; puis Joab dit : Au-
jourd'hui votre serviteur a com-
pris que j'ai trouvé gráce à vos
yeux, mon seigneur le roi: car
vous avez accompli la parole de
votre serviteur.
93. Joab donc se leva, et s'en
alla à Gessur, et il amena Absa-
lom à Jérusalem.
24. Mais le roi dit : Qu'il retour-
ne en sa maison, et qu'il ne voie
point ma face. C'est pourquoi
Absalom retourna en sa maison,
et ne vit pas la face du roi.
25. Or, il n'y avait pas d'hom-
me en tout Israël comme Absa-
lom, beau et trés agréable: depuis
la plante du pied jusqu'à la téte,
il n'y avait en lui aucun défaut.
26. Et quand il tondait ses che-
veux (or, on le tondait une fois
dans lannée, parce que sa che-
velure chargeait sa téte), il pesait
Il ROIS.
607
les cheveux de sa tête avec deux
cents sicles, selon le poids public.
27. Or, il naquit à Absalom
trois fils, et une fille, du nom de
Thamar, d'une élégante beauté.
98. Et Absalom demeura à Jé-
rusalem pendant deux ans, et il
ne vit pas la face du roi.
29. C'est pourquoi il envoya
vers Joab pour l'envoyer vers le
roi; Joab ne voulut pas venir
vers lui. Et lorsqu'il eut envoyé
une seconde fois, et que celui-ci
eut refusé de venir vers lui,
30. Il dit à ses serviteurs : Vous
savez que 16 champ de Joab, près
de mon champ, conlient une
moisson d'orge : allez donc et
mettez-le à feu. Les serviteurs
d'Absalom mirent donc à feu la
moisson. Et les serviteurs de
Joab, venant, aprés avoir déchiré
leurs vétements, dirent : Les ser-
viteurs d'Absalom ont mis une
partie du champ à feu.
31. Alors Joab se leva, et vint
vers Absalom en sa maison, et
dit : Pourquoi tes serviteurs ont-
ils mis ma moisson à feu?
32. Et Absalom répondit à Joab:
J'ai envoyé vers toi, te conjurant
de venir vers moi, que je t'en-
verrais vers le roi, et que tu lui
dirais : Pourquoi suis-je venu de
Gessur ? Il valait mieux pour moi
d’être là: je vous conjure donc,
que je voie la face du roi ; que
s'il se souvient de mon iniquité,
qu'il me tue.
33. C'est pourquoi étant entré
chez le roi, Joab lui déclara tout;
et Absalom fut appelé; il entra
26. Deux cents sicles; probablement babyloniens; ce qui ferait trente ou trente et
une onces. — Le poids public ; l'hébreu porte : le poids du roi, qui ne différait pas du
premier avant la captivité de Babylone, selon de trés savants critiques.
608 II ROIS.
chez le roi, et se prosterna sur la
face de la terre devant lui; et le
roi embrassa Absalom.
CHAPITRE XV.
Absalom se fait proclamer roi à Hébron.
David s'enfuit de Jérusalem. Ethai Gé-
théen s'attache à lui.
l'arche à Jérusalem avec les grands
prêtres. Il y renvoie aussi Chusai pour
| détruire les conseils d'Achitophel.
| 1. Ainsi, après cela, Absalom se
procura des chariots, des cava-
liers et cinquante hommes qui le
précédaient.
2. Et, se levant des le matin,
Absalom se tenait à l'entrée de la
porte ; et tout homme qui avait
une affaire telle, qu'il venait au
jugement du roi, Absalom l'ap-
pelait à lui, et demandait : De
quelle ville es-tu ? Celui-ci répon-
dant, disait : Moi votre serviteur,
je suis de telle tribu d'Israël.
3. Et Absalom lui répondait :
Tes paroles me paraissent bonnes
et justes; mais il n'y a personne
établi par le roi, qui puisse t'en-
tendre. Absalom ajoutait :
4. Qui m'établira juge sur la
terre, pour que viennent à moi
tous ceux qui ont une affaire, et
que je juge justement ?
5. Mais aussi lorsqu'un homme
s'approchait de lui, pourle saluer,
il étendait sa main et, le prenant,
il l'embrassait.
6. Et il faisait cela à tout Israél
venant au jugement, pour être
entendu par le roi, et il sollicitait |
-
David renvoie '
[cH. xv.]
les cœurs des hommes d'Israël.
7. Mais après quarante ans,
Absalom dit au roi David : Per-
mettez que j'aille, et je m'acquit-
terai de mes vœux que j'ai voués
au Seigneur à Hébron.
8. Car vouant, votre serviteur
a voué, lorsqu'il était à Gessur
de Syrie, disant : Si le Seigneur
me ramène à Jérusalem, je sacri-
fierai au Seigneur.
9. Et le roi David lui répondit :
Va en paix. Et il se leva, et il alla
à Hébron.
10. Mais Absalom envoya des
explorateurs dans toutes les tri-
bus d'Israël, disant : Aussitôt que
vous entendrez le son de la trom-
pette, dites : Absalom règne dans
Hébron.
11. Or, il alla avec Absalom
deux cents hommes de Jérusa-
lem, appelés, allant d'un cœur
simple, et ignorant entierement
le motif.
19. Absalom fit venir aussi
Achitophel, le Gilonite, conseiller
de David, de sa ville de Gilo. Et
comme il immolait les victimes,
la conjuration devint puissante,
et le peuple accourant, augmen-
tait auprès d'Absalom.
13. IL vint donc un messager
vers David, disant : Tout Israël
suit de tout cœur Absalom.
14. Et David dit àses serviteurs
qui étaient avec lui à Jérusalem :
Levez-vous, fuyons; car il n'y
aura point de moyen pour nous
d'échapper à la face d'Absalom :
. De la porte du palais. — D'une tribu; c'est-à-dire d'une telle tribu, qu'il désignait
par son nom.
6. A lout Israël; à tous ceux d'Israël qui venaient pour demander la justice au
roi.
1. * A Hébron. Voir la note sur Genése, xur, 18. :
12. * Gilo, dans les montagnes de Juda, au sud d' res
(cu. xv.)
hátez-vous de sorlir, de peur
qu'arrivant, il ne nous prévienne,
et ne lance sur nous la ruine, et
ne frappe la ville du tranchant du
glaive.
15. Et les officiers du roi lui
répondirent : Tout ce qu'ordon-
nera notre seigneur, le roi, nous,
vos serviteurs, nous l'exécute-
rons de bon gré.
16. Le roi done sortit et toute
sa maison, à pied ; et le roi laissa
dix femmes du second rang pour
garder la maison.
11. Et le roi étant sorti et tout
Israél, à pied, il s'arréta loin de
la maison ;
18. Et tous ses serviteurs mar-
chaient près de lui, et les légions
des Céréthiens et des Phéléthiens,
et tous les Géthéens, combattants
valeureux, six cents hommes de
pied, qui l'avaient suivi de Geth,
précédaient le roi.
19. Or, le roi dit à Ethai, le Gé-
théen : Pourquoi viens-tu avec
nous? retourne et demeure avec
le roi, parce que tu es étranger,
et que tu es 50111 de lon pays.
20. C'est hier que tu es venu,
et aujourd'hui tu seras contraint
de sortir avec nous? Pour moi,
j'irai où je dois aller; retourne,
et ramène avec toi tes freres, et
le Seigneur te fera miséricorde
et justice, parce que tuas montré
du zele et de la fidélité.
II ROIS. 609
21. Et Ethaï répondit au roi :
Le Seigneur vit, et mon seigneur
le roi vit! en quelque lieu que
vous soyez, mon seigneur, le roi,
soit en la mort, soit en la vie, là
sera votre serviteur.
99. Alors David dit à Ethai :
Viens, et passe. Et Ethai, le Gé-
théen, passa, et tous les hommes
qui étaient avec lui, et le reste de
lamultitude.
29. Et tous pleuraient à haute
voix, et tout le peuple passait; le
roi aussi traversait le torrent de
Cédron, et tout le peuple mar-
chait le long de la voie qui re-
garde vers le désert.
24. Or, vint Sadoc, le prétre,
et tous les Lévites avec lui, por-
tant l'arche de l'alliance de Dieu,
et ils dépostrent l'arche de Dieu;
et Abiathar monta, jusqu'à ce
qu'eüt entièrement passé tout le
peuple qui était sorti de la ville.
25. Alors le roi dit à Sadoc:
Reporte l'arche de Dieu dans la
ville. Si je trouve grâce aux
yeux du Seigneur, il me ramè-
nera, et il me la montrera, ainsi
que son tabernacle.
26. Mais 511 me dit : Tu ne me
plais point, je suis prét, qu'il
fasse ce qui est bon devant lui.
27. Et le roi dit à Sadoc, le
prêtre : 0 voyant, retourne dans
la ville en paix; et qu'Achimas,
ton fils, et Jonathas, fils d'Abia-
18. * Des Céréthiens et des Phéléthiens. Voir plus haut, vin, 18. — Geth, l'une des
cinq principales villes des Philistins.
22. Passe le torrent de Cédron.
28." Le torrent de Cédron, à l'est et au sud de Jérusalem; il est presque toujours
à sec, méme en hiver, et ne coule un peu qu'au moment des pluies. — Vers Le désert,
la parlie septentrionale du désert de Juda où passe la route qui conduit de Jérusalem
à Jéricho.
21. Voyant. Ce mot servait anciennement à désigner les prophétes; il convenait
aussi au grand-prétre, qui consultait le Seigneur et rendait des oracles en son nom.
A. T.
39
610
thar, vos deux fils, soient avec
vous.
98. Voilà que moi, je me ca-
cherai dans les plaines du désert,
jusquà ce que vienne de vous
une parole me metlant au cou-
rant.
29. Sadoc donc et Abiathar re-
porterent l'arche de Dieu à Jéru-
salem, et demeurerent là.
30. Cependant David gravis-
sait la pente de la montagne des
Oliviers, montant et pleurant,
marchant nu-pieds, et la téte
couverte; et aussi tout le peuple
qui était avec lui,la téte cou-
verte, montait pleurant.
34. Or, on annonça à David
qu'Achitophel était dans la con-
juration avec Absalom, et David
dit : Je vous prie, Seigneur, ren-
dez insensés les conseils d'Achi-
Lophel.
32. Or, lorsque David gravis-
sait le sommet de la montagne,
sur lequel il devait adorer le
Seigneur, voilà qu'accourut au-
devant de lui Chusai, l'Arachite,
le vêtement aäéchiré et la tête
pleine de terre.
33. Et David lui répondit : Si tu
viens avec moi, tu me seras à
charge;
34. Mais si tu retournes à la
ville, et que tu dises à Absalom :
Je suis votre serviteur, Ó roi;
comme j'ai été le serviteur de
votre pere, ainsi je serai votre
serviteur, tu dissiperas les con-
seils d'Achitophel.
XVI. 3. Infra, xix, 21. ג
IL ROIS.
[cH. xvi.]
35. Or, tu as avec toi Sadoc et
Abiathar, prêtres; et, toute pa-
role quelconque que tu auras
ouïe de la maison du roi, tu la
feras connaître à Sadoc et à Abia-
thar, prêtres.
36. Il y a aussi avec eux leurs
deux fils, Achimas, fils de Sadoc,
et Jonathas, fils d'Abiathar, et
vous m'enverrez par eux toute
parole que vous aurez ouie.
37. Chusai donc, ami de Da-
vid, étant venu dans la ville, Ab-
salom aussi entra à Jérusalem.
CHAPITRE XVI.
Siba, serviteur de Miphiboseth, calomnie
son maître auprès de David. Séméi
outrage David. Absalom entre dans Jé-
rusalem. Chusai se présente devant lui.
Absalom abuse des femmes de son père
1. Or, lorsque David eut dé-
passé un peu le haut de la mon-
tagne, parut à sa rencontre
Siba, serviteur de Miphiboseth,
avec deux ànes, qui étaient char-
gés de deux cents pains, et de
cent grappes de raisins secs, et
de cent panerées de figues
sèches, et d'une outre de vin.
2. Etle roi dità Siba: Que veut
dire cela? Et Siba répondit : Les
ânes sont pour les serviteurs du
roi, afin qu'ils y montent; les
pains et les figues pour nourrir
vos serviteurs; mais le vin, pour
boire, si quelqu'un tombe en dé-
faillance dans le désert.
9. Et le roi reprit : Où est le
fils de ton seigneur? Et Siba ré-
28. * Dans les plaines du désert, prés du Jourdain.
30. * La montagne des Oliviers, à l’est de Jérusalem.
31. Insensés ; c'est-à-dire nuls, inutiles.
32.* Le sommet de !4 montagne des Oliviers,
(cn. xvi.)
pondit au roi : ll est demeuré à
Jérusalem, disant : Aujourd'hui
la maison d'Israël me rendra le
royaume de mon pere.
4. Le roi dit encore à Siba :
Tout ce qui était à Miphiboseth
est à toi. Et Siba répondit : Je
| prie, que je trouve grâce devant
vous, mon seigneur le roi.
5. Le roi David vint donc jus-
qu'à Bahurim ; et voilà qu'en sor-
tait un homme de la parenté de
la maison de Saül, du nom de
Séméi, fils de Géra; et sortant,
il s'avancait maudissant,
6. Et il jetait des pierres contre
David et contre tous les servi-
teurs du roi David : or, tout le
peuple et tous les combattants
marchaient à droite et à gauche
à cóté du roi.
1. Et Séméi parlait ainsi lors-
quil maudissait le roi : Sors,
sors, homme de sang et homme
de Bélial.
8. Le Seigneur t'a rendu tout
le sang de la maison de Saül,
parce que tu t'es emparé du
royaume en sa place; et le Sei-
gneur a mis le royaume en la
main d'Absalom ton fils; et voilà
que t'accablent tes propres maux,
parce que tu es un homme de
sang.
9. Alors Abisai, fils de Sarvia,
dit au roi : Pourquoi ce chien
mort maudit-il mon seigneur le
roi? J'irai, et lui couperai la tête.
5. III Rois, 11, 8.
II ROIS.
611
10. Et le roi répondit : Qu'im-
porte à moi et à vous, fils de
Sarvia? Laissez-le maudire; car
le Seigneur lui a ordonné qu'il
maudisse David. Et quel est celui
qui osera dire : Pourquoi a-t-il
fait ainsi?
11. Et le roi dit à Abisai et à
tous ses serviteurs : Voilà que
mon fils, qui est sorti de mes
entrailles, cherche mon àme;
combien plus maintenant un
fils de Jémini! Laissez-le, qu'il
maudisse selon l'ordre du Sei-
gneur;
12. Peut-étre que le Seigneur
regardera mon affliction, et que
le Seigneur me rendra quelque
bien pour cette malédiction d'au-
jourd'hui.
18. C'est pourquoi David allait
par son chemin et ses gens avec
lui; mais Séméi marchait du
méme cóté, sur la créte de la
montagne, maudissant, lancant
des pierres contre lui, et répan-
dant de la poussiere en l'air.
14. Et ainsi le roi vint, et tout
le peuple avec lui, accablé de
lassitude, et ils reprirent là des
forces.
15. Cependant Absalom et tout
son peuple entrerent à Jérusa-
lem, et Achitophel aussi avec
lui.
16. Or, lorsque Chusai, l'Ara-
chite, ami de David, fut venu
vers Absalom, il lui dit: Je vous
3. * Bahurim, peut-être l'actuel Almit, où il y a beaucoup de citernes taillées dans
le roc, avec des ouvertures trés étroites. Voir plus loin, xvn, 18.
1. * Bélial. Voir Deuléronome, xim, 13.
8. Tes propres mauz; c'est-à-dire les maux que tu fais aux autres.
11. Cherche mon dme. Voy. 1 Rois, xx, 1. — Un fils de Jémini; un Benjamite; un
homme de la tribu de Saül.
613 II ROIS.
salue, ὃ roi; je vous salue, ὃ roi.
17. Et Absalom : Est-ce là, lui
dit-il, ta reconnaissance envers
ton ami? pourquoi n'es-iu pas
allé avec ton ami?
18. Et Chusai répondit à Absa-
lom : Point du tout, parce que je
serai àcelui que le Seigneura élu,
ainsi que tout ce peuple, et tous
ceux d'Israël, et c'est avec lui que
je demeurerai.
19. Mais pour ajouter encore
ceci : Qui vais-je servir? N'est-ce
pas le fils du roi? Comme jai
obéi à votre père, ainsi je vous
obéirai.
20. Or Absalom dit à Achito-
phel : Délibérez sur ce que nous
devons faire.
21. Et Achitophel dit à Absa-
lom : Approchez-vous des fem-
mes de votre pere, qu'il a laissées
pour garder la maison, afin que,
lorsque tout Israël aura oui que
vous avez déshonoré votre pere,
leurs mains se forüfienl avec
vous.
92. Ils dresserent donc une
tente pour Absalom sur la ter-
rasse, et il s'approcha des fem-
mes de son pere devant tout Is-
raél.
93. Et les conseils qu'Achito-
phel donnait en ces jours-là,
étaient comme si quelqu'un con-
sultait Dieu. Tel était tout conseil
d'Achitophel, et lorsqu'il était
avec David, et lorsqu'il était avec
Absalom. |
22, Supra, ,זא
(cH. xvir.]
CHAPITRE XVII.
Achitophel conseille de poursuivre David ;
Chusai détruit ce conseil, et fait aver-
tir David, qui passe le Jourdain. Achi-
tophel se pend. Absalom poursuit David.
David recoit des rafraichissements.
1. Achitophel donc dit à Absa-
lom : Je me choisirai douze mille
hommes, et me levant, je pour-
suivrai David en cette nuit.
2. Et, fondant sur lui (car il est
las et de mains défaillantes), je le
frapperai ; et lorsqu'aura fui tout
le peuple qui est avec lui, je frap-
perai le roi désolé.
3. Et je ramenerai tout le peu-
ple, comme un seul homme ἃ
coutume de revenir; car c'est un
seul homme que vous cherchez
vous-méme ; ettoutlepeuple sera
en paix.
4. Et sa parole plut à Absalom
et à tous les anciens d'Israél.
5. Mais Absalom dit : Appelez
Chusai, l'Arachite, et écoutons ce
que lui aussi dira.
6. Et lorsque Chusai fut venu
vers Absalom, Absalom lui dit :
Achitophela dit cette parole; de-
vons-nous l'exécuter ou non?
quel conseil donnes-tu ?
7. Et Chusaï répondit à Absa-
lom : Ce n'est pas un bon conseil
qu'a donné Achitophel cette fois.
8. Et Chusai ajouta encore :
Vous savez que votre pere et les
hommes qui sont avec lui sont
très vaillants, et d'un cœur outré,
21. Leurs mains se forlifient avec vous; hébraïsme, pour: ils s'attachent si forte-
ment à votre parti.
9. Désolé; c'est-à-dire abandonné, seul, comme porte l'hébreu.
8. Il ne restera point dans la plaine sans défense, mais il cherchera quelque en-
droit où il sera en sûreté et pourra se défendre,
ἴση. xvrr.]
comme si une ourse était furieu-
se, ses petits lui ayant été ravis
dans la forêt ; et votre père aussi,
homme de guerre, ne restera
point avec le peuple.
9. Peut-étre est-il maintenant
caché dans les cavernes, ou en
un autre lieu qu'il aura voulu;
et si quelqu'un, quel qu'il soit,
tombe au commencement, on
lapprendra, et quiconque l'ap-
prendra, dira: Il ἃ été fait une
grande plaie sur le peuple qui
suivait Absalom.
10. Et tous les plus vaillants,
dont le cœur est comme celui du
lion, seront saisis d'effroi; car
tout le peuple d'Israél sait que
votre pere est vaillant, et que
tous ceux qui sont avec lui sont
vigoureux.
11. Mais ceci me semble étre
un bon conseil : que tout Israél
s'assemble pres de vous, depuis
Dan jusqu'à Bersabée , comme le
sable innombrable de la mer, et
vous, vous serez au milieu d'eux.
19. Et nous fondrons sur David,
en quelque lieu que nous le trou-
vions, et nous le couvrirons
comme la rosée a coutume de
tomber sur la terre; quant aux
hommes qui sont avec lui, nous
n'en laisserons pas méme un
seul.
13. Que s'il entre en quelque
ville, tout Israël environnera
II ROIS. 613
cette ville de cordes; et nous
lentrainerons dans le torrent,
afin qu'on n'en trouve pas méme
une petite pierre.
14. Alors Absalom dit et tous
les hommes d'Israél : Le conseil
de Chusai, l'Arachite, est meilleur
que le conseil d'Achitophel. Ainsi
par la volonté du Seigneur fut
dissipé le conseil utile d'Achito-
phel, afin que le Seigneur ame-
nátle malheur sur Absalom.
15. Et Chusai dit à Sadoc et à
Abiathar, prétres : C'est de cette
maniere qu'Achitophel ἃ donné
conseil à Absalom et aux anciens
d'Israél, et moi j'ai donné tel et
tel conseil.
16. Maintenant donc, envoyez
vite, et annoncez à David, disant:
Ne demeurez point cette nuit
dans les plaines du désert; mais
passez au delàsans délai, de peur
que le roi ne soit englouti, et
tout le peuple qui est avec lui.
17. Or Jonathas et Achimaas
étaient pres de la fontaine de Ro-
gel : la servante vint, et les aver-
tit, etils partirent pour rapporter
au roi David le message ; car ils
ne pouvaient étre vus, ou entrer
dans la ville.
18. Mais un certain enfant les
vit, et en donna avis à Absalom :
or, eux, d'un pas précipité, en-
trèrent dans la maison d'un cer-
tain homme de Bahurim, lequel
11. * Depuis Dan jusqu'à Bersabée. Voir la note sur Juges, xx, 1.
12. Comme la rosée, 616. Construction elliptique, pour : Comme la rosée qui tombe
sur la terre, la couvre.
16. Au delà; sur l'autre rive du Jourdain.
47. La servante, probablement de Sadoc ou d'Abiathar, laquelle vint à la fontaine
sous prétexte de puiser de l'eau ou de laver du linge. — Car ils ne pouvaient, etc. ;
c’est-à-dire il leur était défendu de se montrer et d'entrer dans la ville. — * La fon-
laine de Rogel, aujourd'hui Puits de Job, au sud-ouest de Jérusalem.
18. Un puits. C'était une citerne, alors sans eau, et dont l'embouchure était à
ûeur de terre. — * Voir plus haut, xvi, 5.
614 Il ROIS.
avait ur puits dans sa cour, et
ils y descendirent.
19. Cependant la femme prit sa
sa couverture, et l'étendit sur le
juits, comme pour faire sécher
de l'orge mondé ; et ainsi fut ca-
chée la chose.
90. Et lorsque les serviteurs
d'Absalom furent venus dans la
maison, ils dirent à cette femme :
Où sont Achimaas et Jonathas?
Et la femme leur répondit : Ils
ont passé à la hâte, apres avoir
goüté un peu d'eau. Mais ceux
qui les cherchaient, ne les trou-
vant point, retournèrent à Jéru-
salem.
91. Et lorsquils s'en furent
allés, Achimaas et Jonathas mon-
tèrent hors du puits, et, che-
minant, ils l'annoncerent au roi
David, et dirent : Levez-vous,
et passez le fleuve; car Achi-
tophel a donné tel conseil contre
vous.
99. David donc se leva, et tout
10 peuple qui était avec lui, et ils
passerent le Jourdain jusqu'à ce
que le jour parüt, et il n'en de-
meura pas méme un seul qui ne
passát le fleuve.
93. Mais Achitophel, voyant que
son conseil n'avait pas été suivi,
sella son âne et se leva, et s'en
alla en sa maison et en sa ville ;
et, sa maison réglée, il se pendit,
et il fut enseveli dans le sépulcre
de son père.
94. Ensuite David vint dans le
camp, et Absalom passa le Jour-
[cH. Xvurr.]
dain, lui et tous les hommes d'Is-
rael avec lui.
95. Et Absalom établit Amasa
sur l'armée au lieu de Joab. Or
Amasa était fils d'un homme qui
s'appelait Jétra, de Jezraél, qui
avait été avec Abigail, fille de
Naas, sœur de Sarvia, laquelle
fut mere de Joab.
26. Et Israël campa avec Absa-
lom dans la terre de Galaad.
27. Et lorsque David fut venu
dans le camp, Sobi, fils de Naas,
deRabbath des enfants d' Ammon,
et Machir, fils d'Ammihel de Lo-
dabar, et Berzellai, le Galaadite,
de Rogelim,
98. Lui offrirent des lits, des
tapis, des vases de terre, du blé,
de l'orge, de la farine, des grains
rótis, des fèves, des lentilles, des
pois grillés.
99. Du miel, du beurre, des
brebis, et des veaux gras ; et ils
les donnerent à David et au peu-
ple qui était avec lui pour man-
ger : Car ils supposèrent que le
peuple était abattu par la faim et
par la soif dans le désert.
CHAPITRE XVIII.
Victoire de l'armée de David contre Ab-
salom, qui, en s'enfuyant, demeure sus-
pendu à un arbre. Joab le perce. David
pleure sa mort.
1. Ainsi David, son peuple pas-
sé en revue, établit sur eux des
tribuns et des centurions.
2. Et il mit une troisième partie
de ses troupes sous la main de
o —— M —— τι͵ — ——— ————
95. Avait été avec Abigail. D'autres traduisent, avait épousé Abigail; mais ni la
Vulgate, ni l'hébreu ne le disent. — Naas est le méme qu'sai, que portent ici
quelques exemplaires de la version grecque. D'ailleurs la généalogie de Naas qui
figure ici est celle qu'on donne à Isai dans 1 Paralip., 11, 13, 15, 16.
Rabbath-Ammon. Voir Deutéronome, πὶ, 11, — Lodabar, ville du pays de * .דפ
Galaad, — Rogelim, ville du pays de Galaad.
(cu. xvrr.]
Joab, une troisieme partie sous
la main d'Abisai, fils de Sarvia,
frère de Joab, et une troisième
parüe sous la main d'Ethai, qui
était de Geth; et le roi dit au
peuple: J'irai moi aussi avec vous.
3. Et le peuple répondit : Vous
ne sortirez point; car si nous
fuyons, ils n'attacheront pas
beaucoup d'importance à nous;
et si la moitié de nous tombe, ils
n'y prendront pas assez d'intérét,
parce que vous seul, vous étes
compté pour dix mille. Il vaut
donc mieux que vous nous soyez
un appui dans la ville.
4. Le roi leur dit : Je ferai ce
qui vous semble bon. Le roi donc
s'arrêta pres de la porte : et le
peuple sortait selon ses bandes,
par cent et par mille.
5. Et le roi commanda à Joab,
et à Abisai, et à Ethai, disant :
Sauvez-moi mon fils Absalom. Et
tout le peuple entendit le roi or-
donnant à tous les chefs en faveur
d'Absalom.
6. C'est pourquoi le peuple sor-
tit dans la plaine contre Israél, et
le combat se fit dans la forét d'E-
phraim.
7. Et là le peuple d'Israël fut
taillé en pièces par l'armée de
David; et il y eut une grande dé-
faite en ce jour-là, vingt mille
hommes furent tués.
8. Or, le combat s'étendit sur la
II ROIS. 615
face de toute la terre, ceux du
peuple que 18 forêt détruisit,
étaient beaucoup plus nombreux
que ceux que dévora le glaive en
ce jour-là.
9. Mais il advint qu'Absalom
rencontrales serviteurs de David,
étant assis sur son mulet; et tan-
dis que le mulet entrait sous le
chéne touffu et grand, la téte
d'Absalom s'embarrassa dans le
chêne ; et, lui étant suspendu en-
tre le ciel et la terre, le mulet sur
lequel il était assis passa outre.
10. Or, quelqu'un vit cela, et
l'annonca à Joab, disant : J'ai vu
Absalom suspendu au chéne.
11. Et Joab dit à l'homme qui le
lui avait annoncé : Si tu l'as vu,
pourquoi ne l'as-tu point percé
contre la terre? Je t'aurais donné
dix sicles d'argent et un baudrier.
19. Celui-ci dit à Joab : Quand
vous peseriez en mes mains mille
sicles d'argent, je ne porterais
nullement ma main sur le fils du
roi; Car, comme nous l'avons oui,
le roi vous a ordonné à vous, à
Abisai et à Ethai, disant : Conser-
vez mon fils Absalom.
13. Mais si j'avais agi ainsi au-
dacieusement contre mon âme,
cela n'aurait pu étre nullement
caché au roi; et vous, seriez-vous
contre ἐμ
14. Et Joab dit : Non pas comme
tu veux, mais je l'attaquerai de-
6. * Dans la forêt d'Ephraim, à l'est du Jourdain, selon les uns, à l'ouest, selon
les autres.
8. Sur la face de toute lu terre; c'est-à-dire dans tout le pays.
9. Le chéne, etc. Ce chéne était distingué de tous les autres arbres, c'est pour cela
que l'écrivain sacré l'a fait précéder de l'article.
11, 12. Le sicle d'argent avait chez les Hébreux le même poids que le sicle d'or,
environ 14 grammes 177. Quant à la valeur comme monnaie, le sicle d'argent pur
représentait environ 4 fr. 60 et le sicle d'or pur, environ 23 tr. 20.
14. Non pas, etc. Construction elliptique, ponr : 17 n'en sera pas comme, etc. Com-
par. Mat{h,, xxvi, 29.
616 II ROIS.
vant toi. Joab donc prit trois
dards en sa main, et les enfonca
dans le cœur d'Absalom ; et com-
me il respirait encore, suspendu
au chéne,
18. Accoururent dix jeunes
écuyers de 108, et, le frappant,
ils le tuerent.
16. Or Joab sonna de la trom-
pette, et retint le peuple, afin
qu'il ne poursuivit point Israël,
qui fuyait, voulant épargner la
multitude. :
11. Et ils emportèrent Absalom
et le jeterent dans la forêt, dans
la grande fosse, et ils porterent
sur lui un très grand monceau
de pierres; mais tout Israël s'en-
fuit en ses tabernacles.
18. Or, Absalom avait érigé
pour lui, lorsqu'il vivait encore,
un monument qui est dans la
Vallée du roi; car il avait dit : Je
n'ai point de fils, et ce sera là un
souvenir de mon nom. Et il ap-
pela le monument de son nom;
et on l'a appelé la Main d'Ahsa-
lom jusqu'à ce jour.
19. Alors Achimaas, fils de Sa-
doc, dit : Je courrai, et j annonce-
rai au roi que le Seigneur lui a
fait justice, en le délivrant de la
main de ses ennemis.
90. Joab lui dit : Tu ne seras
point messager en ce jour; mais
tu annonceras dans un autre : je
ne veux pas que tu portes aujour-
d'hui la nouvelle; car le fils du
roi est mort.
[cH. xvur.]
91. Joab dit donc à Chusi : Va,
et annonce au roi ce que tu as
vu. Chusi se prosterna devant
Joab, et courut.
29. Achimaas, fils de Sadoc,
dit encore à Joab : Qui empéche
que je ne coure, moi aussi, apres
Chusi? Et Joab lui dit : Pourquoi
veux-tu courir, mon fils? tu ne
seras pas porteur d'une bonne
nouvelle.
93. Achimaas répondit : Mais
enfin si je courais? Et il lui dit :
Cours. Achimaas donc, courant
par une voie plus courte, devanca
Ghusi.
24. Cependant David était assis
entre les deux portes; et la sen-
tinelle qui était au faite de la
porte surle mur, levant]les yeux,
vit un homme courant seul.
95. Et, criant à haute voix, elle
averlit le roi; et le roi dit : S'il est
seul, une bonne nouvelle est en
sa bouche. Or, celui-ci se hátant,
et approchant de plus pres,
90. La sentinelle vit un autre
homme courant, et criant haut
du faite, elle dit : Je vois un
autre homme courant seul. Et le
roi dit : Gelui-ci aussi est un bon
messager.
27. Mais la sentinelle : Je vois,
dit-elle, la course du premier
comme la course d'Achimaas, fils
de Sadoc. Et le roi dit : C'est un
homme de bien, et c'est en por-
tant une bonne nouvelle qu'il
vient.
18. * Dans la Vallée du roi, probablement la Vallée de Cédron. On y voit encore
aujourd'hui un monument qu'on appelle 16 tombeau d'Absalom. ll date seulement
de l'époque grecque. Néanmoins il peut se trouver à l'endroit où Absalom avait fait
élever son monument, qui devait étre un cippe en pierre.
24. Entre les deux portes; c'est-à-dire entre la porte intérieure qui regardait la
ville, et la porte extérieure qui regardait la campagne.
25. S'il est seul, etc. ; car s'ils étaient vaincus, ils reviendraient en nombre.
[(Η. xix.]
98. Et criant, Achimaas dit
au roi: Salut, ὃ roi! Et, se pros-
ternant devant le roi, incliné
vers la terre, il dit: Béni le Sei-
gneur votre Dieu, qui a enfermé
les hommes qui ont levé leurs
mains contre mon seigneur le
roi.
29. Et le roi demanda : La
paix est-elle avec mon fils Absa-
lom? Et Achimaas répondit : 0
roi, jai vu un grand tumulte,
lorsque Joab, votre serviteur,
m'envoyait, moi, votre serviteur:
je ne sais pas autre chose.
30. Et le roi : Passe, dit-il, et
attends ici. EL lorsque celui-ci eut
passé, et qu'il s'arrétait,
31. Parut Chusi, et venant, il
dit : J'apporte une bonne nou-
velle, mon seigneur le roi; car
le Seigneur aujourd'hui a jugé
en votre faveur, en vous déli-
vrant de la main de tous ceux
qui se sont élevés contre vous.
39. Et le roi dit à Chusi : La
paix est-elle avec mon fils Absa-
lom? Chusi lui répondant : Qu'ils
deviennent, dit-il, comme le
jeune prince, les ennemis de
mon seigneur le roi, et tous ceux
qui s'élèvent contre lui pour le
mal.
33. C'est pourquoi le roi con-
trist monta dans la chambre
au-dessus de la porte, et pleura.
Et il disait en montant : Mon fils
Absalom! Absalom mon fils! qui
est-ce qui me donnera que je
CaaP. XVII. 33. Infra, xix, 4.
II ROIS. 617
meure moi-même pour toi? Ab-
salom mon fils! mon fils Absa-
lom!
CHAPITRE XIX.
David contiuue de pleurer Absalom. Joab
l'oblige de se montrer à son peuple. La
tribu de Juda le raméne à Jérusalem.
Il pardonne à Séméi. 1[ reçoit Miphibo-
seth. Berzellaï lui laisse son fils. Mur-
mure d'Israël contre Juda.
1. Or, on annonça à Joab que
le roi pleurait, et qu'il se lamen-
tait sur son fils.
2. Et la vietoire, en ce jour-là,
fut changée en deuil pour tout le
peuple : car le peuple en ce jour
entendit qu'on disait : Le roi
pleure sur son fils.
3. Et le peuple évita ce jour-là
d'entrer dans la ville, comme a
coutume de l’éviter le peuple
qui a été défait et qui s'enfuit de
la bataille.
4. Or, le roi couvrit sa tête, et
il eriait à haute voix : Mon fils
Absalom! Absalom mon fils!
mon fils!
9. Joab donc, étant entré pres
du roi dans la maison, dit :
Vous avez aujourd'hui répandu
la confusion sur le visage de
tous vos serviteurs, qui ont
sauvé votre âme, etl'Àme de vos
fils et de vos filles, et l'àme de
vos épouses et de vos femmes.
6. Vous aimez ceux qui vous
haissent, et haissez ceux qui
vous aiment; et vous avez mon-
tré aujourd'hui que vous ne son-
29. La paix; c'est-à-dire /a santé, ou la vie. Nous avons déjà remarqué que par
le mot paix, les Hébreux entendaient souvent toute sorte de prospérités.
4. Couvrit sa lêle; comme cela se pratiquait dans le deuil.
9. Par épouses, il faut entendre ici les femmes du premier rang, et par femmes,
celles du second.
618 IT ROIS.
gez pas à vos officiers et à vos
serviteurs ; et je reconnais main-
tenant avec vérité que si votre
fils Absalom vivait, et que nous
eussions tous succombé, cela
vous serait agréable.
7. Maintenant donc levez-vous,
paraissez, et en leur parlant,
vontentez vos serviteurs : car je
vous jure par le Seigneur que, si
vous ne sortez, il n'en demeurera
pas même un seul avec vous cette
nuit; et ce sera pour vous pire
que tous les maux qui sont venus
sur vous depuis votre adoles-
cence jusqu'à présent.
8. Le roi se leva donc et s'assit
à la porte; et l'on annonça à tout
le peuple que le roi était assis à
la porte; et toute la multitude
vint devant le roi; mais Israël
s'enfuit dans ses tabernacles.
9. Et tout le peuple dans toutes
les tribus d'Israël s'animait à
l'envi, disant: Le roi nous a dé-
livrés de la main de nos enne-
mis, lui-méme nous a sauvés de
la main des Philistins; et mainte-
nant 11 fuit de son pays à cause
d'Absalom.
10. Et Absalom, que nous
avons oint pour étre au-dessus
de nous, est mort à la guerre.
Jusqu'à quand garderéz-vous le
silence, et ne ramènerez-vous
point le roi?
11. Or, le roi David envoya à
Sadoc et à Abiathar, prétres,
disant : Parlez aux anciens de
Juda, disant : Pourquoi venez-
(βαρ. XIX. 16. III Rois, 11, 8.
[cH. xix.]
vous les derniers pour ramener
le roi dans sa maison? (Or, la pa-
role de tout Israél était venue
jusqu'au roi en sa maison.)
19. Vous étes mes freres, vous
étes mon os et ma chair : pour-
quoi ramenez-vous le roi les der-
niers?
13. Et dites à Amasa : N’es-tu
pas mon os et ma chair? Que
Dieu me fasse ceci, et qu'il ajoute
cela, si tu n'es le maitre de la
milice devant moi, en tout temps,
à la place de Joab!
14. Et il s'attira le cœur de tous
les hommes dé Juda, comme ἐκ
cœur dun seul homme; et ils
envoyèrent au roi, disant : Re-
venez, vous et tous vos servi-
teurs.
15. Le roi donc retourna, et
vint jusqu'au Jourdain; et tout
Juda vint jusqu'à Galgala pour
rencontrer le roi, et pour le con-
duire au delà du Jourdain.
16. Or Séméi, fils de Géra, fils
de Jémini, de Bahurim, se háta,
et descendit avec les hommes de
Juda, àla rencontre du roi David,
17. Avec mille hommes de Ben-
jamin, et Siba, le servileur de la
maison de Saül; et ses quinze fils
et vingt serviteurs étaient avec
lui; et, traversant le Jourdain
avant le roi,
> 48. Ils passèrent à gué, afin de
conduire au delà la maison du
roi et pour agir selon son com-
mandement : or, Séméi, fils de
Géra, prosterné devant le roi,
8. Israël; c'est-à-dire les Israélites qui avaient suivi Absalom.
18. Que Dieu me fasse ceci, etc. Voy. Ruth, 1, 11.
16. Séméi, le méme qui avait maudit David. Voy. chap. xvi, 5-8. — Fi/s de Jémini ;
Benjamite, dela tribu de Benjamin. — * De Bahurim. Voir plus haut, xvi, ὃ.
ἴω. xix.)
lorsque déjà il ava t passéle Jour-
dain,
19. Lui dit : Mon seigneur, ne
considérez point mon iniquité, et
ne vous souvenez pas des in-
jures de votre serviteur au jour,
mon seigneur le roi, que vous
étes sorti de Jérusalem, et ne
la mettez pas en votre cœur, ὁ
roi;
20. Car moi, votre serviteur, je
connais mon péché, et c'est pour-
quoi aujourd'hui je suis venu le
premier de toute la maison de
Joseph, et je suis descendu à la
rencontre de mon seigneur le
roi.
91. Mais Abisai, fils de Sarvia,
répondant, dit : Est-ce que pour
ces paroles, Séméi ne sera pas
mis à mort, puisqu'il a maudit le
christ du Seigneur?
22. Et David répondit : Qu'im-
porte à moi et à vous, fils de Sar-
via? Pourquoi me devenez-vous
aujourd'hui des ennemis? Est-ce
donc aujourd'hui quun homme
sera mis à mort en Israél ? Est-ce
que j'ignore que je suis devenu
aujourd'hui roi sur Israél?
93. Etle roi dit à Séméi : Tu ne
mourras point. Et il lui jura.
24. Miphiboseth aussi, fils de
Saül, descendit àla rencontre du
roi, les pieds non lavés et la bar-
be non rasée; et il n'avait point
lavé ses vêtements depuis le jour
21, Supra, xvi, 3.
II ROIS. 619
que le roi était sorti jusqu'au jour
de son retour en paix.
95. Et lorsqu'il fut venu à la
rencontre du roi à Jérusalem, le
roi lui dit : Pourquoi n'es-tu pas
venu avec moi, Miphiboseth ?
26. Et, répondant, il dit: Mon
seigneur le roi, mon serviteur
m'a méprisé, et je lui ai dit, moi,
votre serviteur, quil préparât
mon âne, afin que montant des-
sus je m'en allasse avec le roi;
car moi, votre serviteur, je suis
boiteux.
27. Et de plus, il m'a accusé,
mol, votre serviteur, devant
vous, mon seigneur le roi. Mais
vous, mon seigneur le roi, vous
étes comme un ange de Dieu;
faites ce qui vous est agréable.
28. Car toute la maison de mon
père n'a mérité que la mort de
mon seigneur le roi; cependant
vous m'avez placé, moi, votre
serviteur, parmi les convives de
votre table. Quel sujet ai-je donc
d'une juste plainte, et que puis-
je encore réclamer du roi?
29. Le roi donc lui dit : Pour-
quoi parles-tu encore? ce que
j'ai dit est arrêté : toi et Siba, par-
tagez les possessions.
30. Et Miphiboseth répondit au
roi : Qu'il prenne méme tout,
puisque mon seigneur le roi est
revenu pacifiquement dans sa
maison.
20. La maison de Joseph se prend, tantôt pour toute la maison d'Israël, tantôt pour
la maison d'Israél, distinguée de la maison de Juda. C'est dans ce dernier sens qu'elle
se prend ici.
26. M'a méprisé; c'est-à-dire a méprisé mes ordres.
29. Il. est probable que David a cru voir quelque chose de suspect dans la conduite
de Miphiboseth; voilà pourquoi il ne lui rend que la moitié de ses biens, et laisse
l'autre moitié à Siba, qui paraissait être trés affectionné et au roi et à son gouverne-
ment,
620 II ROIS.
91. 01201181 aussi, le Galaadite,
descendant de Rogelim, condui-
sit le roi de l'autre cóté du Jour-
dain, prét à l'accompagner aussi
au delà du fleuve.
32. Or Berzellai, le Galaadite,
était très vieux, c'est-à-dire, oc-
togénaire; ce fut lui qui fournit
des vivres au roi, quand il de-
meurait dans le camp; car il fut
un homme tres riche.
33. C'est pourquoi le roi dit à
Berzellai : Viens avec moi, afin
que tu vives en repos avec moi à
Jérusalem.
34. Et Berzellai répondit au roi:
Quel est le nombre des jours de
ma vie, pour que je monte avec
le roi à Jérusalem?
35. Je suis octogénaire aujour-
d'hui. Mes sens ont-ils quelque
vigueur, pour discerner le doux
et l'amer? Ou le manger et le
boire peuvent-ils donner du plai-
sir à votre serviteur? ou bien
puis-je écouter encore la voix
des chanteurs et des chanteuses?
Pourquoi votre serviteur serait-il
à charge à mon seigneur le roi?
36. Moi, votre serviteur, j'irai
un peu au delà du Jourdain avec
vous; je n'ai pas besoin de ce
changement.
37. Mais je vous conjure, que
je puisse, moi votre serviteur,
retourner et mourir dans ma
ville, et étre enseveli pres du sé-
pulcre de mon père et de ma
mère. Mais voici votre serviteur
32. Supra, xvii, 28; III Rois, rr, 7.
[cu. xix.]
Chamaam, qu'il aille lui-méme
avec vous, mon seigneur le roi,
et faites pour lui tout ce qui vous
semble bon.
38. C'est pourquoi le roi lui dit :
Que Chamaam vienne avec moi,
et je ferai pour lui tout ce qui te
plaira, et tout ce que tu deman-
deras, je te l'accorderai.
39. Et lorsque tout le peuple et
le roi eurent passé le Jourdain,
le roi baisa Berzellai et lui sou-
haita toute sorte 66 68 ;
et celui-ci s'en retourna en sa
demeure.
40. Le roi donc passa à Galgala,
et Chamaam avec lui : mais tout
le peuple de Juda avait conduit le
roi au delà du fleuve, etla moitié
seulement du peuple d'Israél s'y
était trouvée.
41. C'est pourquoi tous les
hommes d'Israël, accourant au-
près du roi, lui dirent: Pourquoi
nos freres, les hommes de Juda,
vous ont-ils enlevé, et ont-ils con-
duit le roi et sa maison au delà
du Jourdain, et tous les hommes
de David avec lui?
49. Et chaque homme de Juda
répondit aux hommes d'Israél :
Parce que le roi m'est plus pro-
che; pourquoi vous irritez-vous
de cela? Est-ce que nous avons
mangé quelque chose venant du
roi? ou nous a-t-on donné des
présents ? E
43. Et un homme d'Israël ré-
pondit aux hommes de Juda, et
31. * Rogelim, ville du pays de Galaad.
36. Ce changement, de vie, de situation; ou, selon l'hébreu, cette rétribution, celte
récompense.
42. M'est plus proche. David était en effet de la tribu de Juda.
43. Nous sommes, etc. ; puisque nous sommes dix tribus contre une, celle de Juda.
[cu. xx.]
dit : Nous sommes auprès du roi
dix fois plus, que vous ; ainsi Da-
vid nous appartient plus qu'à
vous. Pourquoi nous avez-vous
fait injure, et n'avons-nous pas
été avertis les premiers pour ra-
mener notre roi? Mais les hom-
mes de Juda répondirent plus
durement aux hommes d'Israél.
CHAPITRE XX.
Séba excite un nouveau soulèvement
contre David. Joab prend ombrage de
la confiance que David témoigne à
Amasa, et le tue. Il va assiéger Abéla,
οὐ Séba s'était retiré. Séba est mis à
mort.
1. Il arriva aussi que là était
un homme de Bélial, du nom de
Séba, fils de Bochri, homme de
Jémini, et il sonna de la trom-
pette, et dit : Nous n'avons point
de part avec David, ni d'héritage
avec le fils d'Isai; retourne en
tes tabernacles, ὃ Israël.
9. Et tout Israél se sépara de
David, et suivit Séba, fils de Bo-
chri; mais les hommes de Juda
resterent pres de leur roi, de-
puis le Jourdain jusqu'à Jérusa-
lem.
3. Et lorsque le roi fut venu en
sa maison à Jérusalem, il prit les
dix femmes qu'il avait laissées
pour garder la maison, les donna
en garde, leur fournissant les
XX, 9. III Rois, rr, 5. .ג
II ROIS. 621
aliments; et il ne s'approcha plus
d'elles : mais elles étaient enfer-
mées jusqu'au jour de leur mort,
vivant en veuves.
4. Or, le roi dit à Amasa : Ap-
pelle prés de moi tous les hom-
mes de Juda pour le troisieme
jour, et toi, sois présent.
9. Amasa donc s'en alla pour
appeler Juda, et il tarda au delà de
l'ordre que lui avait donné le roi.
6. Or David dit à Abisai
Maintenant Séba, fils de Bochri,
nous affligera plus qu'Absalom :
prends doncles serviteurs de ton
seigneur, et poursuis-le, de peur
qu'il ne trouve des villes forti-
fiées, et qu'il ne nous échappe.
7. Les hommes de Joab sorti-
rent donc avec lui, les Géréthiens
aussi et les Phélétiens; et tous les
hommes vigoureux sortirent de
Jérusalem pour poursuivre Séba,
fils de Bochri.
8. Et lorsqu'ils furent près de
la grande pierre qui est à Ga-
baon, Amasa, venant, les ren-
contra. Or, Joab était vétu d'une
tunique étroite, selon la mesure
de son habit, et par-dessus ceint
d'un glaive pendant à ses cótés
dans son fourreau, et fait de ma-
nière qu'il pouvait par un léger
mouvement sortir et frapper.
9. C'est pourquoi Joab dit à
Amasa : Salut, mon frère. Et de
- Littér.: Je suis, etc. Le singulier qui existe dans les verbes et les pronoms de ce
verset, aussi bien dans le texte original que dans la Vulgate, ne saurait étre repro-
duit en francais, sans fausser évidemment le sens.
1. * Homme de Jémini signifie, par abréviation, en supprimant le premier élément du
nom propre Ben (fils), homme de la tribu de Benjamin; ce qui, dans l'hébreu comme
dans la Vulgate, s'exprime par 6/8 de Jémini, ainsi qu'on l'a déjà vu dans un certain
nombre de passages. — * Belial. Voir Deutéronome, xii, 13.
1. * Les Céréthiens et les Phéléthiens. Voir plus haut, vri, 18.
8. * A Gabaon. Voir la note sur 111 Rois, 111, 4.
032 II. ROIS.
sa main droite, il prit le menton
d'Amasa, comme pour le baiser.
10. Or Amasa ne prit point
garde au glaive qu'avait Joab,
qui le frappa dans le côté, et ré-
pandit ses entrailles sur la terre;
et il ne 16 frappa point d'un se-
cond coup, et Amasa mourut. En-
suite Joab et Abisai son frère
poursuivirent Séba, fils de Bo-
chri.
11. Gependant quelques hom-
mes des compagnons de Joab, s'é-
tant arrétés prés du cadavre d'A-
masa, dirent : Voilà celui qui a
voulu être de la suite de David à
la place de Joab.
19. Et Amasa, couvert de sang,
gisait au milieu de la voie. Mais
un certain homme vit que tout le
peuple s'arrétait pour le voir; il
poussa Amasa de la voie dans le
champ, et le couvrit d'un véte-
ment, afin que les passants ne
s'arrétassent pas à cause de lui.
13. Amasa donc ôté de la voie,
tout homme passait, suivant
Joab, pour poursuivre Séba, fils
de Bochri.
14. Mais celui-ci avait passé à
travers toutes les tribus d'Israël,
à Abéla et à Bethmaacha ; et tous
les hommes choisis s'étaient as-
semblés auprès de lui.
15. C'est pourquoi 7000 et les
siens vinrent, et l'assiégèrent à
Abéla et à Bethmaacha; et ils
environnerent la ville de fortifi-
cations, et la ville fut investie :
[cu. xx.]
or, toute la multitude qui était
avec Joab s'efforcait de détruire
les murs.
16. Et une femme sage de la
ville s'écria : Ecoutez, écoutez;
dites à Joab : Approche-toi d'ici,
et je te parlerai.
17. Lorsque 1082 se fut appro-
ché d'elle, elle lui dit : C'est toi
qui es Joab? Et celui-ci répondit :
Moi. Elle lui parla ainsi : Ecoute
les paroles de ta servante. Joab
répondit : J'écoute.
18. Et elle de nouveau : Ce
mot, dit-elle, se disait dans un
ancien proverbe: Ceux qui in-
terrogent, qu'ils interrogent à
Abéla; et c'est ainsi qu'ils arri-
vaient au but.
19. N'est-ce pas moi qui ré-
ponds la vérité en Israél, et toi,
tu demandes à bouleverser une
cité, et à détruire une mère en
Israël ? Pourquoi renverses-tu
l'héritage du Seigneur?
20. Et répondant, Joab dit :
Loin de moi, loin de moi cela!
je ne renverse, ni ne démolis.
21. La chose n'est pas ainsi;
mais un homme de la montagne
d'Ephraim, Séba, fils de Bochri
par son surnom, a levé sa main
contre le roi David : livrez-le
seul, et nous nous retirerons de
la ville. Et la femme dit à Joab :
Voilà que sa téte te sera envoyée
par-dessus le mur.
99. Elle s'avanca donc vers
tout le peuple, et parla sage-
— M— — Ὃ΄-΄“ρ“ππ.-ςῆὩῸδρ1πἨτπ1πππττἀυλιτττοοωης1πΠ1.11ι.3..ς.ςᾺἃΛΔἃἄὑὕῃ΄ἈΓ[ Ρ, τ. “----«΄-ῖῖ5
9. Et de sa main droite, etc. Telle étaitla coutume des Orientaux.
44. * Abéla, ville de Nephtali. — Bethmuacha, ville proche d'Abéla et même proba-
blement jointe à elle.
18. Et c'est ainsi, etc. On arrivait à son but, on terminait facilement ses affaires,
quand on s'en rapportait aux habitants de celte ville, célébre par sa sagesse. C'est
lexplication qui, au milieu de bien d'autres, nous a paru la plus simple et la plus
naturelle
(cu. xxi.]
ment; et ayant coupé la téte de
Séba, fils de Bochri, ils la jeterent
à Joab. Et celui-ci sonna de la
trompette, et ils se retirèrent
de la ville, chacun en ses taber-
nacles; mais Joab retourna à Jé-
rusalem pres du roi.
93. Joab donc fut chef de
toute l'armée d'Israël, mais Ba-
naïas, fils de Joiada, des Céré-
thiens et des Phéléthiens,
94. Et Aduram, des tributs; et
Josaphat, fils d'Ahilud, tenait les
registres.
95. Siva était scribe, et Sadoc
et Abialhar, prétres.
96. Mais Ira, le Jairite, était
prétre de David.
CHAPITRE XXI.
Famine de trois ans dans Israël. David
livre aux Gabaonites sept personnes de
la famille de Saül. Piété de Respha en-
vers le corps de ces princes. David les
fait ensevelir. Guerre contre les Philis-
tins.
1. Il y eut aussi une famine,
dans les jours de David, pendant
trois ans continuels: et David
consulta l'oracle du Seigneur. Et
le Seigneur dit : C'est à cause de
Saül et de sa maison de sang,
parce qu'il a tué les Gabaonites.
2. Les Gabaonites donc appe-
lés, le roi leur dit (or, les Gabao-
nites n'étaient point des enfants
d'Israël, mais les restes des
IT ROIS. 623
Amorrhéens; car les enfants d'Is-
raël leur avaient fait serment, et
Saül voulut les frapper par zèle,
comme pour les enfants d'Israël
et de Juda);
3. David donc dit aux Gabao-
nites : Que ferai-je pour vous, et
quelle sera la réparation envers
vous, afin que vous bénissiez
l'héritage du Seigneur?
4. Et les Gabaonites lui répon-
dirent : Ce n’est pas pour nous
une question d'argent et d'or,
mais une question contre Saül et
contre sa maison; et nous ne
voulons pas qu'aucun homme
d'Israél soit tué. Le roi leur dit :
Que voulez-vous donc que je
fasse pour vous?
ὃ. 115 dirent au roi : Nous de-
vons tellement exterminerl'hom-
me qui nous a brisés et opprimés
injustement, qu'il ne reste pas
méme un seul de sa race dans
tous les confins d'Israél.
6. Que sept hommes de ses fils
nous soient donnés, afin que nous
les crucifiions au Seigneur à Ga-
baa de Saül, autrefois l'élu du
Seigneur. Et le roi dit : Oui, je
vous les donnerai.
7. Et le roi épargna Miphibo-
seth, fils de Jonathas, fils de Saül,
à cause du serment du Seigneur
qui avait été fait entre David et
Jonathas, fils de Saül.
8. C'est pourquoi le roi prit les
23. Supra, vir, 16. — Cuap. XXI. 2. Jos., 1x, 25. — 7. I Rois, xvi, 3.
26. * Préire, conseiller intime de David.
2. Leur avaient fait serment de leur conserver la vie.
6. Gabaa de Saül; c'est-à-dire Gabaa, résidence de Saül. Saül, en effet, y avait
résidé avant et aprés son élévation au trône. — * Voir I Rois, xi, 4.
8. Les cinq fils de Michol, etc. Le mot Michoi parait être une faute de copiste; car
on lit plus haut (I Rois, xvur, 19) que ce fut Mérob, sœur de Michol, qui épousa
Hadriel, le Molathite, que Michol eut pour mari Phalti, fils de Lais (I Rois, xxv, 44),
et qu'elle mourut sans enfants (II. Rois, vi, 23). Les Juifs et la plupart des con:uen-
624
deux fils de Respha, fille d'Aia,
qu'elle avait enfantés à Saül, Ar-
moni et Miphiboseth, et les cinq
fils de Michol, fille de Saül, qu'elle
avait engendrés à Hadriel, fils de
Berzellai, lequel était de Molath;
9. Et il les livra aux mains des
Gabaonites, qui les crucifièrent
sur la montagne, devant le Sei-
gneur; et ces sept hommes tom-
bèrent morts ensemble dans les
premiers iours de la moisson, la
moisson de l'orge commençant.
10. Or, Respha, fille d'Aia, pre-
nant son cilicc, l'étendit sous elle
surle rocher, depuis le commen-
cement de la moisson jusqu'à ce
que l'eau du ciel tombât sur eux;
et elle ne laissa pas les oiseaux
les déchirer pendant le jour, ni
les bétes sauvages pondant la
nuit.
41. Et l'on annonca à David ce
que Respha, fille d'Aia, femme
du second rang de Saül, avait
fait.
19. Et David s'en alla, et prit
les os de Saül et de Jonathas, son
fils, chez les hommes de Jabès-
Galaad, qui les avaient enlevés
furtivement de la place de Beth-
san, oü les Philistins les avaient
suspendus, lorsqu'on eut tué
Saül à Gelboé ;
13. Et il apporta de là les os de
II ROIS.
(ex. xxr.]
Saül et les os de Jonathas, son
fils ; et, recueillantles os de ceux
qui avaient été attachés d wne
croix,
14. On les ensevelit avec les os
de Saül et de Jonathas, son fils,
dans la terre de Benjamin, sur
un cóté, dans le sépulcre de Cis,
son pere ; et on fit tout ce que le
roi avait ordonné ; et Dieu rede-
vint propice à la terre aprés cela.
15. Or il se fit de nouveau une
guerre des Philistins contre Is-
raél, et David descendit et ses
serviteurs avec lui, et ils combat-
tirent contre les Philistins. Or,
David défaillant,
16. Jesbibénob, qui était de la
race d'Arapha, dont le fer de la
hache pesait trois cents onces, et
qui était ceint d'un glaive neuf,
s'efforca de frapper David.
17. Mais Abisai, fils de Sarvia,
le défendit, et ayant frappé le
Philistin, le tua. Alors les servi-
teurs de David jurèrent, disant :
Maintenant vous ne sortirez plus
avec nous àla guerre, afin que
vous n'éteigniez pas la lampe
d'Israël.
18. Et la seconde guerre fut à
Gob, contre les Philistins ; alors
Sobochai de Husati tua Saph, de
la descendance d'Arapha, de la
race des géants.
12. 3 Rois, χχχι, 12. — 16. I Rois, xvir, 7. — 18. 1 Par., xx, 4.
————@ 33 ——
tateurs chrétiens croient, d'aprés la version chaldaique, que ce fut Mérob qui en-
fanta ces ciuq fils à Hadriel, et que Michol les lui eleva.
9. Sur la montagne voisine de Gabaa. — Devant le Seigneur, probablement en pré-
sence de l'autel qui était sur cette montagne. — * Dans les premiers jours de la
moisson... de l'orge, au mois d'avril.
10. * Son cilice, vètement en étoffe grossière et en forme de sac. — Jusqu'à ce que
l'eau du ciel tombät sur eux, en octobre.
12. Jabés-Galaad. Voir Juges, xxi, 8.
16. * De la race d'Arapha, des Raphaim ou géants. — Trois cents onces, hébreu :
trois cents sicles ou environ 40 kilogr.
18. * Gob, Geth ou Gazer. — De IHusati ou Hosa, ville de la tribu de Juda.
[cg. [.זנצצ
19. La troisieme guerre fut
aussi à Gob, contre les Philistins,
en laquelle Adéodatus, fils de Sal-
tus, tisseur en diverses couleurs,
Bethléhémite, tua Goliath, le Gé-
théen, dont la hampe de la lance
était comme un ensouple de tis-
serands.
20. Une quatrième guerre fut
à Geth, en laquelle était un hom-
me très grand, qui avaitsix doigts
en ses mains et en ses pieds,
c'est-à-dire vingt-quatre et 11 ti-
rait son origine d'Arapha.
91. Etil blasphéma Israël; mais
Jonathan, fils de Samaa, le frere
de David, le tua.
29. Ces quatre hommes étaient
nés d'Arapha, à Geth, et ils tom-
berent sous la main de David et
de ses serviteurs.
CHAPITRE XXII.
Cantique de David pour remercier Dieu
de l'avoir délivré de tous ses enne-
mis.
1. Or, David dit au Seigneur les
paroles de ce cantique, au jour
où le Seigneur le délivra de la
main de tous ses ennemis et de
la main de Saül.
2. Et il dit : Le Seigneur est
mon rocher, et ma force, et mon
sauveur.
3. Dieu est mon fort, j'espére-
rai en lui; il est mon bouclier,
II ROIS.
625
l'appui de mon salut; c'est lui qui
m'élève, et qui est mon refuge ;
mon Sauveur, vous me délivre-
rez de l'iniquité.
4. J'invoquerai le Seigneur,
digne de louanges, et je serai dé-
livré de mes ennemis.
9. Parce que les brisements de
la mort m'ont environné, les tor-
rents de Bélial m'ont épouvanté.
6. Les liens de l'enfer m'ont
environné, les lacs de la mort
m'ont enveloppé.
1. Dans ma tribulation, j'invo-
querai le Seigneur, et c'est vers
mon Dieu que je crierai, et il
exaucera ma voix de son temple,
et mon cri viendra jusqu'à ses
oreilles.
8. La terres'est émue et a trem-
blé; les fondements des monta-
gnes ont été agités et ébranlés,
parce que le Seigneur s'est irrité
contre elles.
9. Une fumée est montée de
ses narines, 61 un feu sorti de sa
bouche dévorera; des charbons
en ont été allumés.
10. Il a incliné les cieux, et il
est descendu, et un nuage obs-
cur était sous ses pieds.
11. Il à monté sur des chéru-
bins, et il a pris son vol, et il s'est
élancé sur des ailes de vent.
19. Il ἃ mis des lénèbres autour
de lui pourse cacher; il a fait dis-
Cuar. XXII. 2. Ps. xvir, 3. — 4. Ps. xvur, 4.
19. * Adéodatus, Dieudonné, est la traduction de l'hébreu Elkhanan. — Saltus, nom
propre traduit; en hébreu Jair. .
20. * Geth, une des cinq grandes villes des Philistins.
22. Elaient nés d'Arapha; c'est-à-dire qu'ils étaient de la race d'Arapha.
5. Bélial ; c'est-à-dire Je démon, prince de fer. Voy. II CorintA., νι, 15.
6 *
XXXVII, 39.
Les liens de l'enfer, en hébreu scheól. Voir sur le scAeól la note sur Genèse,
11. Sur des ailes de rent. Cette expression peint admirablement bien la prompti-
tude avec laquelle Dieu vint délivrer David de la main de ses ennemis.
A. le
40
020
liller des eaux des nuées des
cieux.
13. A la lumiere qui éclate en
sa présence, des charbons de feu
se sont allumés.
14. Le Seigneur tonnera du
ciel, et le Très-Haut élèvera sa
voix.
45. Il a lancé des flèches, et il
les a dissipés ; la foudre, et il les
à consumés.
16. Alors ont paru les abimes
de la mer, les fondements du
moude ont été mis à nu, à la me-
nace du Seigneur, au souffle du
vent de sa colere.
47. ll a envoyé d'en haut, et il
m'a pris, et il m'a retiré d'un
gouffre d'eaux.
18. 1[ m'a délivré de mon enne-
mi tres puissant, et de ceux qui
me haissaient, parce qu'ils étaient
plus forts que moi.
19. 11 m'a prévenu au jour de
mon affliction, et le Seigneur s'est
fait mon appui.
90. Et il m'a mis au large ; il
m'a délivré, parce que je lui ai
plu.
91. Le Seigneur me rétribuera
selon ma justice, et il me rendra
selon la pureté de mes mains,
22. Parce que j'ai gardé les
voies du Seigneur, et que je n'ai
pas agi avec impiété en m'éloi-
gnant de mon Dieu.
93. Tous ses jugements sont
devant mes yeux, et je n'ai point
éloigné ses préceptes de moi.
39. Ps. cxi, À.
1 ROIS.
(cg. xxit.]
24. Et je serai parfait avec lui,
et je me garderai de mon iniqui-
té.
95. Et le Seigneur me rendra
selon ma justice, et selon la pu-
reté de mes mains devant ses
yeux.
26. Avec un saint vous serez
saint, et avec un fort, parfait.
97. Avec un homme excellent,
vous serez excellent, et avec un
pervers, vous agirez selon sa
perversilé.
28. Vous sauverez un peuple
pauvre, et par vos yeux vous hu-
milierez les superbes.
99. Parce que c'est vous, Sei-
gneur, qui êles ma lampe; vous,
qui illuminez mes ténèbres.
30. Car avec vous je courrai
tout prêt au combat; avec mon
Dieu, je franchirai un mur.
31. Dieu, sa voie est sans tache,
la parole du Seigneur est éprou-
vée par le feu; il est le bouclier
de tous ceux qui espèrent en
lui.
32. Qui est Dieu, excepté le
Seigneur? et qui est le fort, ex-
cepté notre Dieu?
33. Le Dieu qui m'a revétu de
force, et qui m'a aplani ma voie
parfaite ;
34. Egalant mes pieds aux cerfs,
et m'établissant sur mes lieux
élevés ;
35. Instruisant mes mains au
combat, et rendant mes bras
comme un arc d'airain.
€Ó€——————————ÓÓ———————————————— M שש áH— n — n!
16. Les abimes, le fond. C'est ainsi que l'on traduit généralement, d'aprés l'hébreu,
le mot e/fusiones, qui signifie plutót écoulements, débordements.
21. Excellent; vertueux, juste, et selon l'hébreu, pur. — Avec un pervers, etc., c'est-
à-dire, d'aprés l'hébreu, que vous poursuivrez dans les sentiers détournés celui qui
8'y engagera.
35. Ma voie parfaite, pour : la voie parfaite dans laquelle je marche,
[cu. xxur.]
36. Vous m avez donné le bou-
clier de votre salut, et votre bonté
m'a multiplié.
31. Vous agrandirez mes pas
sous moi, et mes talons ne chan-
celleront point.
38. Je poursuivrai mes enne-
mis, et je les briserai; et je ne
reviendrai point jusqu'à ce que je
les détruise.
39. Je les détruirai etles brise-
rai, de manière qu'ils ne se re-
lèvent point, ils tomberont sous
mes pieds.
40. Vous m'avez revêtu de force
pour le combat, vous avez fait
plier sous moi ceux qui me résis-
taient.
41. Vous m'avez livré mes en-
nemis par derriere; ceux qui nie
haissaient, et je les exterminerai.
42. 115 crieront, et il n'y aura
personne qui les sauve; /s crie-
ront vers le Seigneur, et il ne les
exaucera pas.
43. Je les dissiperai comme de
la poussiere de la terre, et je les
broierai comme de la boue de
rues et les briserai.
44. Vous me sauverez des con-
tradictions de mon peuple; vous
me garderez pour chef de nations;
un peuple que j'ignore me ser-
vira. ;
45. Des fils d'étranger me ré-
sisteront; en écoutant de leurs
oreilles, ils m'obéiront.
> 49. Ps. xvii, 49. — 50. Rom., xv, 9.
IT ROIS. 627
46. Des fils d'étranger se sont
dispersés, et ils seront resserrés
dans leurs défilés.
41. Le Seigneur vit, et béni
mon Dieu! etle Dieu fort de mon
salut sera exalté ;
48. Vous, le Dieu qui me don-
nez des vengeances, et qui abat-
tez des peuples sous moi;
49. Qui m'arrachez à mes enne-
mis et qui m'élevez au-dessus de
ceux qui me résistent : vous me
délivrerez de l'homme inique.
90. A cause de cela, je vous
confesserai, Seigneur, parmi les
nations, et je chanlerai votre
nom,
51. Qui exalte les victoires de
son roi, et qui fait miséricorde à
son christ, David, età sa postérité
pour toujours.
CHAPITRE XXIII.
Dernières paroles de David. Noms des
plus vaillants hommes de son armée.
1. Mais voici les dernières pa-
roles de David. David, fils d'Isai,
aparlé ; l'homme institué le christ
du Dieu de Jacob, l'excellent
psalmiste d'Israël, a dit :
2. L'Esprit du Seigneur s'est
faitentendre par moi, et sa parole
par ma langue.
3. Le Dieu d'Israël m'a dit; le
Fort d'Israél a parlé : le domina-
teur des hommes, le juste domi-
36. M'a mulliplié, pour faire face à tous mes ennemis qui sont si nombreux.
50. Le nom de Dieu se prend souvent pour Dieu lui-méme. Ainsi, c'est ce inot qui
est le sujet des verbes exalle, fait miséricorde, du verset suivant.
91. Les victoires; littér. : les saluts, les délivrunces, mot qui en hébreu se prend
pour les victoires remportées par un secours extraordinaire de Dieu.
3. Le dominaleur des hommes; selon d'autres: Un dominaleur; mais le sens revient
au méme; ce dominateur est 16 Messie, dont l'un des principaux caractères est d'être
reuipli de la crainte de Dieu. Voy. fsaïe, xt, 3. -
628 II ROIS.
nateur dans la crainte de Dieu
sera
4. Comme 18 lumière de l'au-
rore, qui, au soleil levant, le ma-
tin, brille sans nuages, et comme
l'herbe qui germe de la terre par
les pluies.
9. Et ma maison n'était pas si
grande devant Dieu, pour qu'il fit
avec moi un pacte éternel, ferme
en toutes choses et assuré; car
ce pacte est tout mon salut et
toute ma volonté ; et rien n'en
provient qui ne porte ses fruits.
6. Mais les prévaricateurs se-
ront exlirpés tous comme des
épines quel'onn'arrache pas avec
les mains.
7. Et si quelqu'un veut les tou-
cher, il s'arme de fer, et d'un bois
de lance, et brülées par le feu,
elles sont consumées jusqu’à
néant.
8. Voici le nom des braves de
David. Celui qui était assis dans
la chaire, le plus sage, le premier
entre les trois; c'est lui qui,
comme le petit ver le plus tendre
du bois, tua huit cents hommes
en une seule fois.
9. Apres lui, Eléazar, Ahohite,
fils de son oncle paternel, était
entre les trois braves qui étaient
avec David, lorsqu'ils insultèrent
les Philistins, et qu'ils s'assem-
blerent en ce lieu pour le combat.
Cuar. XXIII. 8, I Par., xr, 10.
[cu. xxur.]
10. Etlorsque les hommes d'Is-
raél eurent monté, lui se présen-
ta, et battit les Philistins, jusqu'à
ce que sa main se lassät et de-
meurât attachée à son glaive; et
le Seigneur donna une grande
victoire à Israél en ce jour-là, et
le peuple, qui avait fui, retourna
pour enlever les dépouilles des
morts.
11. Et après lui venait Semma,
fils d'Agé, d'Arari. Et les Philis-
üns s’assemblèrent au poste;
car il y avait là un champ plein
de lentilles. Et lorsque le peuple
se fut enfui devant les Philistins,
12. Semma se tint au milieu
du champ, le défendit et battit
les Philistins ; et le Seigneur ac-
corda une grande victoire.
13. Et déjà auparavant étaient
descendus les trois qui étaient les
premiers entre les trente, et ils
étaient venus au temps de la
moisson vers David, dans la ca-
verne d'Odollam ; mais le camp
des Philistins était placé dans la
Vallée des Géants.
14. Et David était dans la forte-
resse; mais l’armée des Philis-
tins était alors à Bethléhem.
15. David donc fit un souhait,
et dit : Oh! si quelqu'un me don-
nait à boire de l'eau de la citerne
qui est à Bethléhem, près de la
porte:
4. Ce verset est diversement interprété, nous avons adopté le sens qui nous a paru
le plus conforme à la Vulgate expliquée dans ce que le latin a d'amphibologique
d'aprés le texte original.
8. * Comme le petit ver, etc. Les critiques s'accordent à reconnailre que le texte
a été ici altéré et qu'il faut lire, d'après le y. 18 et I Paralipomènes, xi, 11: à brandit
ou leva sa lance et tua, etc.
13. * Odollam. Voir 1 Rois, xxu, 1. — Dans (a Vallée des Géants, 0008 la vallée des
Rapüaïm. Voir 1E Rois, v. 20.
14, La forteresse; la caverne mentionnée dans le verset précédent,
(cu. xxur.]
16. Les trois braves passerent
donc à travers le camp des Phi-
listins, et puiserent de l'eau dans
la citerne de Bethléhem qui était
près de la porte, et l'apporterent
à David ; et David n'en voulut pas
boire, mais il l'offrit en libations
au Seigneur,
47. Disant: Que le Seigneur me
soil propice, pour que je ne fasse
pas cela : boirai-je le sang de ces
hommes qui sont allés /a cher-
cher, et le péril de leurs àmes?lIl
ne voulut donc pas boire. Voilà
ce que firent ces trois hommes
très vigoureux.
18. Abisaï aussi, frère de Joab,
fils de Sarvia, était le premier de
trois autres : c’est lui qui leva sa
lance contre trois cents, qu'il tua;
il était renommé parmi ces trois,
19. Et le plus noble d'entre ces
irois, et leur chef; mais il n'at-
leignait pas les premiers.
20. Ensuite Banaias de Cabséel,
fils de Joiada, homme tres vail-
lant, et aux grands exploits; c'est
Jui qui tua les deux lions de
Moab, et lui qui descendit et tua
le lion au milieu de la citerne,
dans les jours de la neige.
21. C'est lui qui tua l'Egyptien :
homme digne d'étre en spectacle
et ayant en main une lance ; c'est
pourquoi, lorsqu'il fut descendu
vers lui avec sa verge, il arracha
de force la lance de la main de
l'Egyptien, et le tua de sa lance.
22. Voilà ce que fit Banaias, fils
de Joiada.
23. Et il était renommé entre
II ROIS.
620
les trois vaillants les plus nobles
entre les trente; cependant il
n'atteignait pas 168 trois premiers;
et David le fit son conseiller in-
time.
24. Asaël, frère de Joab, était
entre les trente; Eléhanan de
Bethléhem, fils del'oncle paternel
d'Asaél ;
95. Semma de Harodi, Elica de
Harodi,
26. Héles de Phalti, Hira, fils
d'Accès de Thécua;
297. Abiézer d'Anathoth, Mobon-
nai de Husati,
28. Selmon,l'Ahohite, Maharai,
le Nétophathite ;
29. Héled, fils de Baana, lui
aussi Nétophatite, Ithai, fils de
Ribai de Gabaath des enfants de
Benjamin;
90. Banai, 16 Pharathonite, Hed-
dai du torrent de Gaas,
91. Abialbon, l'Arbathite, Az-
maveth de Béromi,
32. Eliaba de Salaboni. Les fils
de Jassen, Jonathan,
33. Semma d'Orori ; Ahiam, fils
de Sarar, l'Arorite ;
94. Eliphélet, fils d'Aasbai, fils
de Machati; Eliam, fils d'Achito-
sphel, le Gélonite,
39. Hesrai du Carmel, Pharai
d'Arbi,
86. Igaal, fils de Nathan de So-
ba, Bonni de Gadi,
37. Sélec d'Ammoni, Naharai,
le Bérothite, écuyer de Joab, fils
de Sarvia,
38. Ira, le Jéthrite, Gareb, lui
aussi Jéthrite,
20. Les uns prennent ici le mot /ion dans son sens propre; les autres prétendent
qu'il désigne des guerriers.
21. * D'Anatoth, ville sacerdotale de Benjainin, au nord-est de Jérusalem
29. Gabaath des enfants de Benjamin; c'est-à-dire dela tribu de Benjamin.
630
39. Urie, l'Héthéen. En tout
trente-sept.
CHAPITRE XXIV.
David fait faire le dénombrement du
peuple. Il en est repris par le prophéte.
Peste que Dieu euvoie dans Israël.
1. Et la fureur du Seigneur re-
commenca à s'irriter contre Is-
rael, etil excitaparmi eux, David,
disant : Va, dénombre Israél et
Juda.
2. Le roi dit donc à Joab, prince
de son armée : Parcours toutes
les tribus d'Israél, depuis Dan
jusqu'à Bersabée, et dénombrez
tout le peuple, afin que j'en sache
le nombre.
3. Et Joab répondit au roi : Que
le Seigneur votre Dieu multiplie
votre peuple encore autant qu'il
est maintenant, et que de nou-
veau, il le centuple en la pré-
sence de mon seigneur le roi :
mais que veut faire mon seigneur
le roi par une chose de cette na-
ture?
4. Mais la parole du roi l'em-
porta sur les paroles de Joab et
des princes de l'armée; et Joab
JU ROIS.
(cm. xxiv.:
de la présence du roi, pour dé-
nombrer le peuple d'Israél.
5. Et lorsqu'ils eurent passé le
Jourdain, ils vinrent à Aroér, à la
droite de 18 ville qui est dans la
vallée de Gad,
> 6. Puis, par Jazer ils passèrent
en Galaad, et dans la terre infé-
rieure d'Hodsi; et ils vinrent dans
les foréts de Dan. Tournant en-
suite près de Sidon,
7. [ls passèrent près des mu-
railles de Tyr, et de toute la
terre de l'Hévéen et du Chana-
néen, et ils vinrent au midi de
Juda, à Bersabée.
8. Et, toute la terre examinée,
ils se trouverent, apres neuf
mois et vingt jours, à Jérusalem.
9. Joab donc donna le dénom-
brement du peuple au roi, et il se
trouva d'Israël huit cent mille
hommes forts, qui pouvaient ti-
rer l'épée; et de Juda, cinq cent
mille combattants.
10. Mais le cœur de David fut
pris de remords, aprés que le
peuple eut été dénombré, et Da-
vid dit au Seigneur : J'ai beau-
coup péché en cette action; mais
je vous prie, Seigneur, écartez
sortit, et les princes des soldats, *| l'iniquitéde votreserviteur, parce
CHAP. XXIV. 1.1 Par. xx 1.
1. Εἰ il excita. Comme nous l'avons déjà remarqué, l'Ecriture dit souvent que
Dieu fait ce qu'il permet seulement. D'ailleurs le dénombrement d'Israël n'étant point
par lui-méme un mal, Dieu a pu y exciter David, sans participer à la malice du
démon, qui y porta ce prince, ni aux mauvaises dispositions par lesquelles il déplut
à Dieu en l'exécutant. Dans l'endroit parallèle des Paralipoménes (I, xxi, 4), on lit :
Satan au lieu du Seigneur.
2. Dénombrez. Ce pluriel est mis ici, parce que Joab ne devait pas faire seul le d i- :
nombrement. — * Depuis Dan jusqu'à Bersabée. Voir la note sur Juges, Xx, 1. .
5. * Aroér de Gad est différente d'Aroér sur l'Arnon ; elle était à l'est de Rabbath-
Ammon. |
6. * Jazer. Voir Nombres, xxi, 32. — Dans la terre inférieure d'Hodsi. Il faut corriger
les noms propres qui ont été défigurés par les copistes et lire : à Cadès (ville) des
léthéens, dans la Cœlésyrie. — Dan, au nord de la Palestine, à l'une des sources
du Jourdain. — Sidon, sur la Méditerranée, en Phénicie, au nord de Tyr. |
1." Tyr, capitale de la Phénicie, sur la Méditerranée.
[cu. xx1v.]
que j'ai agi tout à fait en insensé.
11. C'est pourquoi David se
leva le matin, et la parole du
Seigneur fut adressée à Gad, le
prophete et le voyant de David,
disant:
12. Va, et parle à David : Voici
ce que dit le Seigneur : L'option
de trois choses t'est donnée ; choi-
sis celle que tu voudras, afin que
je te la fasse.
13. Lors done que Gad fut venu
vers David, il lui annonca, di-
sant: Ou une famine vous vien-
dra sur la terre durant sept ans;
ou vous fuirez vos ennemis du-
rant trois mois, et eux vous
poursuivront; ou bien une peste
sera pendant trois jours dans
votre terre. Maintenant donc dé-
libérez, et voyez quelle parole je
dois porter en réponse à celui
qui m'a envoyé.
14. Et David répondit à Gad :
Je suis dans une tres grande an-
goisse, mais il vaut mieux que
je tombe dans les mains du Sei-
gneur (car ses miséricordes sont
sans nombre), que dansles mains
des hommes.
15. Et le Seigneur envoya une
peste en Israél, depuis le matin
jusqu'au temps marqué; et il
mourut d'entre le peuple, depuis
Dan jusqu'à Bersabée, soixante-
dix mille hommes.
16. Et, lorsque l'ange du Sei-
gneur eut étendu sa main sur
Jérusalem pour la détruire, le
14. I Par., xxt, 13; Dan., xri, 23.
II ROIS.
631
Seigneur eut pitié de son afflic-
tion, et dit à l'ange qui frappait
le peuple: Il suffit, maintenant
retiens ta main. Or, l'ange du Sei-
gneur était alors pres de l'aire
d'Aréuna, le Jébuséen.
11. Et David dit au Seigneur,
quand il vit l'ange tuant le peu-
ple : C'est moi qui ai péché et qui
ai agi iniquement : ceux-ci, qui
sont les brebis, qu'ont-ils fait ?
Que votre main, je vous conjure,
se tourne contre moi et conire
la maison de mon père.
18. Or, Gad vint vers David en
ce jour-là, et lui dit : Montez, et
élevez au Seigneur un autel dans
l'aire d'Aréuna, le Jébuséen.
19. Et David monta selon la
parole de Gad, que lui avait or-
donnée le Seigneur.
20. Et regardant, Aréuna aper-
cut le roi et ses serviteurs venir
vers lui;
21. Et il sortit et se prosterna
devant le roi, le visage incliné
vers la terre, et il dit : Quelle
raison y a-t-il pour que mon sei-
gneur le roi vienne vers son ser-
viteur? David lui répondit : C'est
pour acheter de toi l'aire et bâtir
un autel au Seigneur, afin que
cesse la tuerie qui ravage le
peuple.
22. Et Aréuna dit à David : Que
mon seigneur le roi prenne, et
qu'il offre comme il lui plait : |
vous avez les bœufs pour l'ho-
locauste, le char, et les jougs
16. * Près de l'aire d'Aréuna, sur le mont Moriah. La colline sur laquelle fut bâti
le Temple n'est nommée Moriah que II Paralipoménes, 1n, 1, mais ce nom est passé
dans l'usage courant, surtout à cause de la tradition qui identifie cette colline avec
le mont Moriah où Abraham voulut offrir Isaac en sacrifice, Genèse, xxu, 2,
22. Pour servir de bois; pour faire le bücher. p
632
de bœufs, pour servir de bois.
93. Le roi Aréuna donna toutes
ces choses au roi; et Aréuna dit
au roi : Que le Seigneur votre
Dieu recoive votre vœu.
24. Le roi, lui répondant, dit :
Pas du tout comme vous vou-
lez; mais jachèterai de vous,
selon le prix, et je n'offrirai
point au Seigneur mon Dieu des
III ROIS,
[.ז .68]
0100808168 qui ne me coûtent
rien. David donc acheta l'aire et
les bœufs cinquante sicles d'ar-
gent.
25. Et David bátit là un autel
au Seigneur, et il offrit des ho-
locaustes et des sacrifices paci-
fiques. Et le Seigneur devint pro-
pice à la terre, et la plaie fut
écartée d'Israél.
III. ROIS
CHAPITRE PREMIER.
Abisag réchauffe David dans sa vieillesse.
Adonias forme un parti pour se faire
déclarer roi. Salomon est établi succes-
seur de David. 1[ pardonne à Adonias.
1. Or, le roi David était devenu
vieux, et il comptait un grand
nombre de jours de vie; et
quoiqu'il füt couvert de véte-
ments, il ne se réchauffait pas.
9. Ses serviteurs lui dirent
donc : Cherchons pour notre sei-
gneur le roi une jeune fille
vierge, afin qu 'elle se tienne de-
vant le roi, qu'elle le soigne,
dorme sur son sein, et réchauffe
notre seigneur le roi.
3. Ils chercherent donc une
jeune fille, belle, dans tous les
confins d'Israël; et ils trouvèrent
Abisag, la Sunamite, et ils l'ame-
nerent au roi.
4. Or, c'était une fille tres belle,
et elle dormait avec le roi, et
elle le servait; mais le roi ne la
connut pas.
9. Cependant Adonias, fils
d'Haggith, s'élevait, disant : C'est
moi qui régnerai. Et il se pro-
cura des chars et des cavaliers,
et cinquante hommes pour cou-
rir devant lui.
6. Jamais son père ne le re-
prit, disant : Pourquoi as-tu fait
cela? Or, Adonias était aussi tres
24. Pas du tout, etc. Construction elliptique. Voy. xvur, 14. — * Cinquante sicles
d'argent. Voir la note sur 11 Rois, xviu, 11, 12.
25. A la terre; c'est-à-dire au pays d'Israël,
2. Quelques incrédules se sont récriés contre un tel reméde, le jugeant aussi sin-
gulier que peu conforme aux lois de l'honnéteté. Mais il est certain que la trans-
piration d'une personne saine peut contribuer à réchauffer et à réparer un tem-
pérament froid et épuisé. L'expérience de tous les jours prouve que des hommes
maladifs qui épousent des femmes jeunes et saines acquièrent une meilleure santé.
Quant à l'honnéteté du moyen, elle serait suffisamment établie par la supposition
d'un mariage. Or, puisque laloi permettait la polygamie, par quel motif pourrait-on
rejeter cette supposition? Ajoutons qu'Adonias, ayant voulu épouser Abisag, fut
aceusé d'aspirer au tróne (III Rois, u, 21, 22); mais on n'aurait pu lui imputer une
pareille prétention, si Abisag n'eüt été une des femmes légitimes de David; car les
femmes d'un roi défunt ne pouvaient épouser qu'un roi. Voy. notre note sur
II Rois, in, 8. |
[cn. 1.[
beau, et le second apres Absa-
lom.
. 7. Et il avait des entretiens avec
Joah, file de Sarvia, et avec Abia-
ihar, le prêtre, qui soutenaient le
parü d'Adonias.
8. Mais Sadoc, le prêtre, Ba-
naias, fils de Joiada, Nathan, le
prophète, Séméi, Réi, et la force
de l'armée de David, n'étaient
pas avec Adonias.
9. Adonias, ayant donc immolé
des béliers, des veaux et toutes
les victimes grasses, pres de la
pierre de Zohéleth, qui était voi-
sine de la fontaine de Rogel, ap-
pela tous ses freres, fils du roi,
et tous les hommes de Juda, ser-
viteurs du roi.
10. Mais Nathan, le prophète,
Banaias, tous les hommes vigou-
reux, et Salomon, son frere, il ne
les appela point.
11. C'est pourquoi Nathan dit à
Bethsabée, mère de Salomon :
Avez-vous oui dire qu'Adonias,
fils d'Haggith, a été fait roi, et
notre seigneur David l'ignore?
12. Maintenant donc venez, et
recevez un conseil de moi : sau-
vez voire vie et celle de votre fils
Salomon.
43. Allez, et entrez chez le roi
David, et dites-lui : N'est-ce pas
vous, mon seigneur le roi, qui
avez juré, à moi votre servante,
disant : Salomon ton fils régnera
après moi, et c'est lui qui sera
IIl ROIS. 633
assis sur mon trône ? Pourquoi
donc Adonias règne-t-il ?
14. Et tandis que vous parlerez
encore au roi, moi je viendrai
après vous, et je compléterai vos
discours.
15. C'est pourquoi Bethsabée
entra chez le roi, dans sa cham-
bre : or, leroi était fort vieux, et
Abisag, la Sunamite, le servait.
16. Bethsabée s'inclina et se
prosterna devant le roi. Le roi
lui dit : Que veux-tu?
11. Bethsabée répondant, dit :
Mon seigneur, c'est vous qui avez
juré par le Seigneur votre Dieu
à votre servante : Salomon ton
fils régnera apres moi, et c'est
lui qui sera assis sur mon tróne.
18. Et voilà qu'Adonias règne,
vous, mon seigneur le roi, l'igno-
rant.
19. ll aimmolé des bœufs, tou-
tes les victimes grasses, et un
grand nombre de béliers; et il a
appelé tous les enfants du roi,
méme Abiathar,le prétre, etJoab,
prince dela milice ; mais Salomon
votre serviteur, il ne l'a pas ap-
pelé.
20. Cependant, mon seigneur
le roi, c'est sur vous que sont
fixés les yeux de tout Israél, afin
que vous leur déclariez, mon sei-
gneur le roi, qui doit étre assis
sur votre tróne aprés vous.
21. Car il arrivera que, lorsque
mon seigneur le roi se sera en-
8. Séméi, différent de celui qui avait maudit David et qui fut mis à mort par l'ordre
de Salomon.
9. * La fontaine de Rogel. Aujourd'hui Puits de Job, Bir Éyàb, situé à 18 jonction
de la vallée d'Hinnom et de la vallée du Cédron. Il est appelé aussi Puits de Néhémie
(II Machabées, 1, 19-22). 11 a 38 mètres de profondeur.
13. La plupart des interprètes croient que David fit cette promesse à Bethsabée
aprés la mort du premier fils qu'il avait eu d'elle, afin de la consoler de ceite
perte.
634
dormi avec ses pères, nous se-
rons, moi et mon fils Salomon,
des criminels.
99. Bethsabée parlant encore
avec le roi, Nathan, le prophète
vint.
93. Et on l'annonca au roi, en
disant : Nathan le prophète est
là. Et lorsqu'il fut entré en pré-
'sence du roi, et qu'il se fut pros-
terné devant lui, incliné vers la
terre,
94. Nathan dit . Mon seigneur
le roi, est-ce vous qui avez dit :
Qu'Adonias regne après moi, et
que ce soit lui qui soit assis sur
mon tróne?
95. Parce qu'il est descendu
aujourd'hui, il ἃ immolé des
bœufs et des victimes grasses et
un grand nombre de béliers, et il
a appelé tous les fils du roi, les
princes de l'armée, et méme
Abiathar, le prétre; et ils ont
mangé et bu avec lui, disant :
Vive le roi Adonias!
96. Mais moi, votre serviteur,
et Sadoc, le prêtre, et Banaïas,
fils de 101808 , et Salomon, votre
serviteur, il ne nous a pas appe-
lés.
97. Est-ce de mon seigneur le
roi que cela vient, et ne m'avez-
vous point déclaré, à moi, votre
serviteur, qui était celui qui de-
vait étre assis sur le tróne de mon
seigneur le roi, après lui?
98. Et le roi David répondit,
disant : Appelez auprès de moi
Bethsabée. Bethsabée étant en-
III ROIS.
[cu. 1.]
trée devant le roi, et se tenant
devant lui,
29. Le roi jura, et dit : Le Sei-
gneur vit, lui qui a délivré mon
âme de toute angoisse!
30. Comme je l'ai juré par le
Seigneur Dieu d'Israél, disant :
Salomon ton fils régnera apres
moi, et c'est lui qui sera assis sur
mon tróne en ma place, ainsi fe-
rai-je aujourd'hui.
31. Bethsabée, le visage baissé
vers la terre, se prosterna devant
le roi, disant : Que mon Seigneur
David vive à jamais!
39. Le roi David dit encore :
Appelez Sadoc le prétre, Nathan
le prophete, et Banaias, fils de
Joiada. Lorsqu'ils furent entrés
devant le roi,
33. I leur dit: Prenez avez vous
les serviteurs de votre maitre ;
faites monter Salomon mon fils
sur ma mule, et conduisez-le à
Gihon ;
34. Et que Sadoc le prétre, et
Nathan le prophete, l'oignent, en
ce lieu, roi d'Israél ; et vous son-
nerez de la trompette, et vous
direz : Vive le roi Salomon!
35. Et vous monterez après lui;
etil viendra, et il s'assiéra sur
mon tróne, et c'est lui qui régne-
ra en ma place, et je lui ordonne-
rai d’être chef sur lsraél et sur
Juda.
36. Et Banaias, fils de Joiada,
répondit au roi, disant : Amen ;
que le Seigneur Dieu de mon
seigneur le roi parle ainsi.
33.* A Gihon. La fontaine de Gihon, aujourd'hui Fontaine de la Vierge, à
lest de Jérusalem. Elle alimenta plus tard deux grands réservoirs placés dans la
vallée (II Paralipomènes, xxxu, 30; xxxur, 14). C'était sans doute un lieu de réunion,
comme la fontaine de Rogel et la plupart des sources en Orient.
36. Que le Seigneur, etc., c'est-à-dire confirme ce que vous avez dit vous-même.
cu. 1.)
37. Comme le Seigneur a été
avec mon seigneur le roi, ainsi
soit-il avec Salomon, et qu'il éle-
ve son tróne encore plus haut
que le irône de mon seigneur, le
roi David.
38. Sadoc, le prétre, descendit
done, ainsi que Nathan le pro-
phète, Banaias, fils de Joïada, les
Céréthiens et les Phéléthiens ; et
ils firent monter Salomon sur la
mule du roi David, et ils le con-
duisirent à Gihon.
39. Et Sadoc, le prêtre, prit la
corne d'huile du tabernacle, et
oignit Salomon; et ils sonnerent
de la trompette, et tout le peuple
dit : Vive le roi Salomon!
40. Et toute la multitude monta
apres lui, et une troupe de jou-
eurs de flüte et de gens qui se
réjouissaient d'une grande joie,
et la terre retentit de leur cla-
meur.
. 44. Or, Adonias entendit, et tous
ceux qui avaient été invités par
lui ; mais le festin était déjà ache-
vé; et Joab aussi, ayant oui le
son de la trompette, dit : Que
veut dire cette clameur de la ville
en tumulte ?
42. Joab parlant encore, Jona-
tbas, fils d'Abiathar le prétre,
vint. Adonias lui dit: Entre, par-
ce que tu es un homme vaillant,
et nous annoncant de bonnes
choses.
49. Et Jonathas répondit à
Adonias : Nullement, car notre
III ROIS.
635
seigneur, le roi David, a établi
roi Salomon;
44. Et il a envoyé avec lui Sa-
doc le prétre, Nathan le pro-
phète, Banaias, fils de Joiada, les
Céréthiens et les Phéléthiens, et
ils l'ont fait monter sur la mule
du roi.
45. Et Sadoc le prétre, et Na-
than le prophète, l'ont oint roi à
Gihon; et ils sont montés de là
en se réjouissant; et la ville a
retenti. C'est là le bruit que vous
avezentendu.
46. Et Salomon méme est déjà
assis sur le tróne du royaume.
47. Et les serviteurs du roi,
étant entrés, ont félicité notre
seigneur, le roi David, disant :
Que Dien étende le nom de Salo-
mon plus que votre nom, et qu'il
élève son tróne au-dessus de
votre tróne. Et le roi a adoré le
Seigneur dans son lit,
48. Et a dit: Béni le Seigneur
Dieu d'Israél, qui a fait asseoir
aujourd'hui mon fils sur mon
tróne, mes yeux le voyant!
49. Ils furent donc effrayés, e«
ils se levèrent, tous ceux qui
avaient été invités par Adonias
et chacun s'en alla en sa voie.
90. Mais Adonias, craignant Sa-
lomon, se leva et s'en alla, et sai-
sit la corne de l'autel.
51. Et on l'annonca à Salomon,
en disant : Voilà Adonias, qui,
craignant le roi Salomon, s'est
attaché à la corne de l'autel, di-
38. * Les Céréthiens et les Phéléthiens. Voir 11 Rois, vut, 18.
48. A fait asseoir. Nous avons déjà remarqué que le verbe hébreu rendu dans la
Vulgate par donner, a souvent, comme ici, sa signification primitive, celie de mettre,
poser.
90. La loi n'autorisait pas à regarder l'autel comme un asile pour les criminels,
puisqu'elle ordonnait qu'on em arrachât tout coupable d'homicide volontaire.
(Exode, xxi, 14)
636 IIl ROIS.
sant: Que le roi Salomon me
jure aujourd'hui qu'il ne frap-
perapointson serviteur du glaive.
52. Et Salomon dit: S'il est un
homme de bien, il ne tombera
pas méme un seul de ses che-
veux sur la terre; mais s'il se
trouve du mal en lui, il mourra.
93. Le roi Salomon envoya
donc, et le fit retirer de l'autel.
Et, étant entré, il se prosterna
devant le roi Salomon; et Salo-
mon lui dit: Va en ta maison.
CHAPITRE II.
Derniers avis de David à Salomon. Ado-
nias est mis à mort. Abiathar est relé-
gué. Joab est tué au pied de l'autel.
Séméi est puni de mort.
1. Or, approcherent les jours
oü David devait mourir, et ils or-
donna à Salomon, son fils, di-
sant :
2. Moi j'entre dans la voie de
toute la terre : fortifie-toi, et sois
homme.
3. Observe les commandements
du Seigneur ton Dieu, afin que
tu marches dans ses voies, que
tu gardes ses cérémonies, ses
préceptes, ses ordonnances et ses
lois, comme il est écrit dans la
loi de Moise, afin que tu com-
prennes tout ce que tu feras et
toutes tes démarches,
4. Afin que le Seigneur con-
firme les paroles qu'il a pronon-
[cH. 10]
cées à mon sujet, disant : Si
tes enfants gardent leurs voies,
et qu'ils marchent devant moi
dans la vérité, en tout leur cœur
et en toute leur âme, un homme
ne te sera pas enlevé du tróne
d'Israél.
ὃ, Toi aussi, tu sais ce que m'a
fait Joab, fils de Sarvia, et ce qu'il
a fait à deux chefs de l'armée
d'Israél, à Abner, fils de Ner, et
à Amasa, fils de Jéther, qu'il a
tués ; et il a versé en paix du sang
de guerre; et il a mis du sang de
combat sur le baudrier qui était
à ses reins et sur la chaussure
qui était à ses pieds.
6. Tu feras done selon ta sa-
gesse, et tu ne laisseras pas des-
cendre en paix sescheveux blancs
dans les enfers.
7. Mais tu rendras grâce aux
fils de Berzellai, le Galaadite, et
ils mangeront à ta table : car ils
ont couru au-devant de moi,
quand je fuyais devant Absalom,
ton frère.
8. Tu as aussi auprès de toi
Séméi, fils de Géra, fils de Jé-
mini, de Bahurim, qui m'a mau-
dit de la malédiction la plus
cruelle, quand. je m'en allais au
camp : mais, parce qu'il descen-
dit au-devant de moi, lorsque je
traversai le Jourdain, je lui jurai
par le Seigneur, disant : Je ne
te tuerai point par le glaive.
Cuap. IL 3. Deut., xvii, 19. — 5, 11 Rois, i, 27; xx, 10. — 7. 11 Rois, xix, 31. —
8. II Rois, xvi, 5; xix, 19.
3. Toutes les démarches; littér. : partout où tu te tourneras.
4. Un homme, etc.; c'est-à-dire un homme de ta race ne sera pas exclu du trône
d'Israël; au contraire, ce sera toujours un de tes descendants qui l'occupera. Voy.
chap. 1x, ὃ.
6. Et tu ne laisseras pas, etc. Voy. Genèse, xxxvit, 35; ,זנ
8. * Dahurim. Noir la note sur 11 Rois, xvi, 5.
[cn. n.]
9. Pour toi, ne souffre pas
qu'il n'éprouve aucun dom-
mage. Mais tu es un homme
sage, en sorte que tu sais ce que
tu lui feras, et tu feras descen-
dre ses cheveux blancs avec du
sang dans les enfers.
10. David dormit donc avec
ses peres, et il fut enseveli dans
la cité de David.
41. Or, les jours durant les-
quels David régna sur Israél
furent de quarante années : à
Hébron, il régna sept ans, et à
Jérusalem, trente-trois ans.
19. Et Salomon s'assit sur le
tróne de David, son pere, et son
regne s’affermit puissamment.
13. Et Adonias, fils d'Haggith,
entra chez Bethsabée, mère de
Salomon. Elle lui demanda : Ton
entrée ici est-elle pacifique? Il
lui répondit : Pacifique.
14. Etil ajouta: J'ai un mot pour
vous. Elle lui dit: Parle. Et lui :
45. Vous savez, dit-il, que le
royaume était à moi, et que tout
Israël m'avait mis à sa tête
comme roi; mais le royaume a
été transféré, et il a passé à mon
frère; car c'est par le Seigneur
qu'il lui a été attribué.
16. Maintenant donc, je ne vous
fais qu'une seule prière ; ne cou-
vrez pas ma face de confusion.
Bethsabée lui dit : Parle.
11. Et Adonias lui dit : Je vous
prie de dire à Salomon, le roi (car
10. Actes, 11, 29. — 11. I Par., xxix, 27.
WI ROIS.
| 631
il ne peut rien vous refuser), qu'il
me donne Abisag, la Sunamite,
pour femme.
18. Et Bethsabée dit : Bien; je
parlerai moi-méme pour toi au roi.
19. Bethsabée vint donc auprès
du roi Salomon, afin de lui parler
pour Adonias; et le roi se leva
au-devant d'elle, puis il s'assit
sur son trône; et un trône fut
placé pour la mère du roi, la-
quelle s'assit à sa droite.
20. Et elle lui dit : Je n'ai
qu'une petite priere à te faire; ne
couvre pas ma face de confusion.
Et le roi lui dit : Demandez, ma
mère; car il n'est pas juste que
j écarte votre face.
91. Bethsabée lui dit : Qu'A-
bisag, la Sunamite, soit donnée à
Adonias, ton frère, pour femme.
22. Et le roi Salomon répondit
et dit à sa mere : Pourquoi de-
mandez-vous Abisag, la Sunami-
te, pour Adonias? Demandez
aussi pour lui le royaume; car il
est mon frere ainé, et il a déjà
pour lui Abiathar, le prétre, et
Joab, fils de Sarvia.
93. C'est pourquoi le roi Salo-
mon jura par le Seigneur, disant :
Que Dieu me fasse ceci, et qu'il
ajoute cela, si ce n'est pas contre
son àme qu'Adonias a dit cette
parole.
24. Et maintenant le Seigneur
vit, lui, qui m'a affermi, qui m'a
placé sur le tróne de David, mon
9. Avec du sang; c'est-à-dire : feints de sang; ou, après avoir versé son sang par
une mort violente.
11. * A Hébron. Voir la note sur Genèse, xur, 18.
23. Que Dieu me fasse, etc. Voy. Ruth, 1, 48. — Contre son âme; hébraisme, pour
contre 81 vie, ou sa personne, lui-même.
21. Mu fait une maison; c'est-à-dire, m'a accordé une nombreuse famille, Compar,
Lxode, 1, 21,
638 III. ROIS.
père, et qui m'a fait une maison,
comme il l'avait dit ! aujourd'hui
Adonias sera mis à mort.
25. Et le roi Salomon envoya
Banaias, fils de Joiada, quile tua,
et il mourut.
20. Le roi dit aussi à Abiathar,
le prétre : Va à Anathoth, dans
ton champ; à la vérité, tu es un
‘homme de mort; mais aujour-
d'hui je ne te tuerai point, parce
lque tu as porté l'arche du Sei-
gneur Dieu devant David, mon
père, et que tu as supporté le
labeur danstoutes les choses dans
lesquelles mon père l'a enduré.
27. Salomon relégua donc Abia-
(har, pour quil ne füt plus le
prétre du Seigneur, afin que la
parole que le Seigneur avait dite
fütaccomplie surla maison d'Héli
à Silo.
98. Or cette nouvelle vint à
Joab, parce qu'il avait passé à
Adonias, et qu'il n'avait pas passé
à Salomon : 1082 donc s'enfuit
daus le tabernacle du Seigneur,
et saisit la corne de l'autel.
29. Et l'on annonca au roi Sa-
lomon que Joab s'était enfui dans
le tabernacle du Seigneur, et
qu'il était pres de 1 811101 ; et Salo-
mon envoya Danaias, fils de Joia-
da, disant : Va, et tue-le.
30. Et Banaias vint au taberna-
cle du Seigneur, et dit à Joab :
Voici ce que dit le roi : Sors. Joab
répondit : Je ne sortirai point,
(cu. 1.)
mais [6 mourrai ici. Banaïas rap-
porta cette parole au roi, disant :
Voilà ce qu'a dit Joab, et voilà ce
qu'il m'a répondu.
31. Et le roi lui dit : Fais comme
il a dit : tue-le et l'ensevelis ; et
tu écarteras de moi et de la mai- |
son de mon père un sang inno-
cent qui ἃ été versé par Joab.
32. Et le Seigneur fera retomber
son sang sur sa tête, parce qu'il
a tué deux hommes justes, meil-
leurs que lui, et qu'il les a tués
par 16 glaive, mon père David 11-
gnorant : Abner, fils de Ner, prin-
ce de la milice d'Israël, et Amasa,
fils de Jéther, prince de l’armée
de Juda ;
33. Et leur sang retombera sur
la tête de 1082 et sur la tête de
sa postérité pour jamais. Mais
qu'à David et à sa postérité, à sa
maison et à son trône, soit une
paix éternelle par le Seigneur.
34. C'est pourquoi Banaias, fils
de Joiada, monta ; et ayant atta-
qué Joab, il le tua; et il fut en-
seveli en sa maison, dans le dé-
sert.
35. Et le roi établi Banaias, fils
de Joiada, sur l'armée au lieu de
Joab, et il mit Sadoc, le prétre, à
la place d'Abiathar.
36. Le roi envoya aussi, et ap-
pela Séméi, et lui dit : Bâtis-toi
une maison dans Jérusalem, et
demeures-y, et n'en sors point
pour aller ici et là.
27. I Rois, rr, 31. — 32. II Rois, ,זז 21; xx, 10.
rH M M MH M ——
25. Envoya Banaïas; littér.: envoya par la main de Banaias. Le mot main indique
souvent en hébreu l'instrument, le moyen, l'entremise.
26. Un homme de mort, est un hébraisme qui, comme un fils de mort, signifie :
digne de mort. — * Anatholh, ville sacerdotale de Benjamin, prés de Jérusalem, au
nord-est de cette ville.
21. Afin que fàt accomplie, etc. Voy. 1 Rois, n, 32.
28. Et saisit ia corne de l'autel. Voy. 1, 50.
CH. 111.)
37. Or, au Jour où tu sortiras,
ettu passeras le torrent de Cé-
dron, sache que tu seras tué et
que ton sang sera sur ta tête.
38. Séméi dit au roi : Cette pa-
role est juste. Comme mon sei-
gneur le roi a dit, ainsi fera votre
serviteur. C'est pourquoi Séméi
demeura longtemps à Jérusalem.
39. Mais il arriva, après trois
ans, que les esclaves de Séméi
senfuirent vers Achis, fils de
Maacha, roi de Geth; et on an-
nonca à Séméi que ses esclaves
étaient allés à Geth.
40. Et Séméi seleva, scelia son
âne, et s'en alla vers Achis, à
Geth, pour redemander ses escla-
ves, et les ramena de Geth.
44. Or, on annonca à Salomon
que Séméi avait été de Jérusalem
à Geth, et qu'il était revenu.
42. Et envoyant, il l'appela, et
lui dit : Ne t'ai-je pas juré par le
Seigneur, et dit par avance : Au
jour oü, étant sorti, tu iras ici et
là, sache que tu mourras ? Et tu
m'as répondu : Elle est juste la
parole que j'ai entendue.
43. Pourquoi donc n'as-tu pas
gardé le serment du Seigneur, et
l'ordre que je t'avais donné ?
44. Et le roi dit à Séméi : Tu
sais toi-méme tout le mal que
lon cœur te reproche d'avoir fait
à David, mon père : le Seigneur
Cuar. III. 1. II Par., 1, 1.
III ROIS.
639
a fait retomber ta malice sur ta
téte.
45. Et le roi Salomon sera béni,
et le trône de David sera stable
devant le Seigneur à jamais.
46. C'est pourquoi Salomon
commanda à Banaïas, fils de Joia-
da; et Banaias sortit, frappa Sé-
méi; et 11 mourut.
CHAPITRE III.
Salomon épouse la fille de Pharaon. Il
demande à Dieu la sagesse. Dieu lui
donne par surcroit les richesses et la
gloire. Jugement qu'il porte entre deux
femmes.
1. La royauté fut donc affermie
dans la main de Salomon ; il s'u-
nit par alliance à Pharaon, roi
d'Egypte; car il prit sa fille, et il
lamena dans la cité de David,
jusqu'à ce quil eût achevé de
bátir sa maison, et la maison du
Seigneur, et le mur de Jérusalem
tout autour.
2. Cependant le peuple immo-
lait surles hauts lieux ; caril n'a-
vait pas été bâti de temple au
nom du Seigneur jusqu'à ce jour.
3. Or, Salomon aima le Sei-
gneur, marchant selon les pré-
ceptes de David son pere, excepté
qu'il sacrifiait sur les hauts lieux,
et qu'il brülait de l'encens.
4. C'est pourquoi il s'en alla à
Gabaon pour y sacrifier ; car c'é-
31. * Le torrent de Cédron qui forme la vallée à l'est et au sud-est de Jérusalem.
39. * Geth, l'une des cinq grandes villes des Philistins.
43. Le serment du Seigneur; c'est-à-dire le serment fait au Seigneur.
1.* A Pharaon, roi d'Egypte. Ce roi d'Egypte n'est pas connu d'une manière cer-
laine. C'était probablement Psousennès II, pharaon de la xxie dynastie, qui résidait
à Tanis.
4..* Gabaon, aujourd'hui e/-Djib, était bâtie sur une des nombreuses collines qui
s'élévent en forme de mameions, au-dessus du plateau de la terre de Benjamin, et
portait un nom expressif, comme Gaba, Geba, Rama, Ramath, tout autant de mots
640
tait le haut lieu le plus grand;
Salomon offrit mille hosties en
holocauste sur cetautel à Gabaon.
5. Orle Seigneur apparut à Sa-
lomon en songe pendant la nuit,
disant : Demande-moi ce que tu
veux que je te donne.
6. Et Salomon répondit : Vous
avez fait à David mon pere, vo-
tre serviteur, une grande miséri-
corde, selon qu'il a marché en
votreprésence dansla vérité, dans
la justice οἱ dans la droiture de
cœur envers vous; vous lui avez
conservé cette grande miséri-
corde; et vous lui avez donné un
fils qui devait étre assis sur son
trône, comme il l'est aujourd'hui.
7. Et maintenant, Seigneur
Dieu, vous avez fait régner votre
serviteur en la place de David,
mon père : mais mol, je suis un
petit enfant, ignorant mon en-
trée et ma sortie.
8. Et votre serviteur est au
milieu du peuple que vous avez
choisi; d'un peuple infini, qui ne
peut étre nombré ni supputé à
cause de sa multitude.
9. Vous donnerez donc à votre
serviteur un cœur docile, afin
qu'il puisse juger votre peuple
et discerner entre le bien et le
mal; car qui pourra juger ce
peuple-ci, ce peuple vôtre, si
nombreux?
ΠῚ ROIS.
[cH. 1π.}
10. Elle plut donc aux yeux du
Seigneur la parole par laquelle Sa-
lomon avait demandé une telle
chose.
11. Et le Seigneur dit à Salo-
mon : Parce que tu as demandé
cette chose, et que tu n'as point
désiré pour toi des jours nom-
breux, ni des richesses, ou les
ámes de tes ennemis, mais que
tu as demandé pour toi la sa-
gesse, afin de discerner ce qui
est juste , |
19. Voilà que j'ai fait envers
toi selon tes paroles, et je t'ai
donné un cœur sage et intelli-
gent, tellement que nul avant
toi n'a été semblable à toi, et
qu'après toi il ne s'en élèvera
point.
13. Mais méme ce que tu n'as
point demandé, je te l'ai donné,
les richesses et la gloire, eu sorte
que personne n'aura été sem-
blable à toi parmi les rois dans
tous les jours passés.
14. Or, situ marches dans mes
voies, et que tu gardes mes pré-
ceptes et mes commandements,
comme a marché ton pére, je
prolongerai tes jours.
18. Ainsi s'éveilla Salomon, et
il comprit que c'était un songe;
et, lorsqu'il fut venu à Jérusa-
lem, il se présenta devant l'arche
de l'allance du Seigneur, offrit
9. II Par., 1, 10. — 13. Sag., vir, 11; Matt., vi, 29.
qui, comme Gabaon, désignent des lieux élevés. Gabaon était située sur la partie
la plus septentrionale d'une de ces collines, vis-à-vis de Maspha, placée au sud, sur
une autre éminence. La route qui conduit à la mer, à Jaffa, par Béthoron, passe à
peu de distance, au nord de l'élévation sur laquelle est bâtie el-Djib. Les flancs de la
colline, disposés en terrasses, sont couverts de vignes et d'oliviers. A l'est, une source
abondante sort d'un rocher et forme un large réservoir. Un peu plus bas, au milieu
des oliviers, se trouvait un étang considérable, dont on voit encore les ruines. C'étaient
sans doute les « grandes eaux de Gabaon, » dont parle le prophète Jérémie, xui, 12.
7. Mon entrée et ma sortie. Voy. 1 Rois, xxix, 6.
414. Les ámes; c'est-à-dire la vie, pour la détruire,
[cn. 1v.]
des holocaustes, sacrifia des vic-
times pacifiques, et fit un grand
festin à tous ses serviteurs.
16. Alors vinrent deux femmes
de mauvaise vie vers le roi, et se
présentèrent devant lui;
47. Et l’une dit: Je vous con-
jure, mon seigneur : moi et cette
femme, nous habitions dans une
même maison, et j'ai enfanté
auprès d'elle dans la chambre.
48. Mais le troisième jour
après que moi j'ai enfanté, elle a
enfanté, elle aussi, et nous étions
ensemble, nul autre n'était dans
la maison, excepté nous deux.
19. Or le fils de cette femme
est inort pendant la nuit; car en
dormant elle l'a étouffé.
90. Et, se levant daus le si-
lence d'une profoude nuit, elle a
pris mon fils à mon côté, pen-
dart que je dormais, moi, votre
servante, et l’a placé sur son
sein: mais son fils, qui était mort,
elle l'a posé sur mon sein.
21. Et lorsque je me suis levée
le matin pour donner du lait à
mon fils, il a paru mort; et, le
considérant plus attentivement
au grand jour, j'ai reconnu que
ce n'était pas le mien que j'avais
enfanté.
22. Et l'autre femme répondit :
Il wen est pas ainsi que tu dis;
mais ton fils est mort, et le mien
vit. Àu contraire, celle-là disait :
Tu mens; car c'est mon fils qui
vit, et le tien est mort. Et c'est
de cette maniere qu'elles dispu-
taient devant le roi.
93. Alors le roi dit : Celle-ci
ΠῚ ROIS.
64:
dit: Mon fils vit, et le tien est
mort; et celle-là répond : Non;
mais c'est ton fils qui est mort,
et le mien vit.
24. Le roidit donc: Apportez-
moi un glaive. Et lorsqu'on eut
apporté le glaive devant le roi,
25. Coupez, dit-il, l'enfant vi-
vant en deux parties, et donnez
la moitié à l'une et la moitié à
l'autre.
26. Alors 18 femme dont le fils
était vivant dit au roi (car ses en-
trailles furent émues pour son
fils) : Je vous conjure, seigneur,
donnez-lui l'enfant vivant, et ne
le tuez point. Au contraire, l'autre
disait : Qu'il ne soit ni à moi ni à
toi; mais qu'il soit partagé.
27. Le roi répondit, et dit :
Donnez à celle-ci l'enfant vivant,
et quil ne soit point tué; car
c'est elle qui est sa mere.
28. C'est pourquoi tout Israél
apprit le jugement qu'avait rendu
le roi; et ils craignirent le roi,
voyant que la sagesse de Dieu
était en lui pour rendre la justice.
CHAPITRE IV.
Principaux officiers de Salomon. Eten-
due de sa domination. Sagesse de ce
prince.
1. Or le roi Salomon régnait
sur tout Israël;
2. Et voici les principaux offi-
ciers qu'il avait : Azarias, fils de
Sadoc, le prétre;
3. Elihoreph et Ahia, fils de
Sisa, étaient scribes; Josaphat,
fils d'Ahilud, tenait les registres;
4. Banaias, fils de Joiada, com-
4. * Sadoc et Abiathar étaient grands prétres. D'aprés l'explication de Théodoret,
Abiathar, qui s'était déclaré pour Adonias conire Salomon, conserva le titre de
grand prêtre, mais l'exercice du souverain pontificat appartiut à Sadoc.
A. T. c—
41
͵
|
042 IL ROIS.
mandait l’armée; Sadoc et Abia-
thar étaient prêtres;
5. Azarias, fils de Nathan,
prêtre, commandait à ceux qui
étaient toujours auprès du roi;
Zabud, fils de Nathan, était ami
du roi;
6. Et Ahisar, intendant de la
maison; et Adoniram, fils d'Abda,
surintendant des tributs.
7. Et Salomon avait douze pré-
posés sur tout Israël, qui four-
nissaient les vivres au roi et à
sa maison; car à chaque mois
dans l’année, chacun donnait
tout ce qui était nécessaire.
8. Voici leurs noms : Benhur
était préposé sur la montagne
d'Ephraim;
9. Bendécar, à Maccès, à Sa-
lébim, à Bethsamès, à Elon et à
Béthanan ;
10. Benhésed, à Aruboth : So-
cho était à lui, et toute la terre
d'Hépher.
11. Bénabinadad, à qui était
tout le Néphat-Dor, avait Tapheth,
[cH. 1v.
fille de Salomon, pour femme.
12. Dana, fils d'Ahilud, gouver-
nait Thanae, Mageddo, et tout
le Bethsan, qui est près de Sar-
thana, au-dessous de Jezraél, de-
puis Bethsan jusqu'à Abelméhula
vis-à-vis de Jecmaan.
13. Bengaber était à Ramoth-
Galaad; et il avait les bourgs de
Jair, fils de Manassé , en Galaad ;
cest lui qui était préposé dans
toute la contrée d'Argob, qui est
en Basan, sur soixante cités
grandes et murées, qui avaient
des verrous d'airain.
14. Ahinadab, fils d'Addo, était
préposé sur Manaïm ;
45. Achimaas, sur Nephthali;
et lui aussi eut Basémath, fille de
Salomon, en mariage ;
16. Baana, fils d'Husi, sur Ase
et sur Baloth ;
11. Josaphat, fils de Pharué, sur
Issachar ;
18. Séméi, fils d'Ela, sur Benja-
min ;
19. Gaber, fils d'Uri, surlaterre Ὁ
9. * Ami du roi, son conseiller.
6. * Adoniram. D'aprés l'opinion la plus généralement admise, cet Adoniram est
le méme que l'Aduram qui fut lapidé par le peuple au commencement du régne de
Roboam, 111 Rois, xu, 18. — Surintendant des íribufs. Jusqu'à. cette époque, les
Israélites n'avaient été tenus qu'à payer la dime, à offrir les premiers fruits et à
racheter les premiers-nés; c'étaient là des redevances religieuses; il n'y avait aucun
impót proprement dit. |
10. Socho était à lui; c'est-à-dire qu'il était aussi préposé sur Socho. -- Arubol/,
ville de Juda, proche sans doute de Socho.
11. Avait Tapheth, etc. Ceci est dit par anticipation, parce que Salomon n'avait
pas alors de fille nubile. Cette observation est applicable au vers. 15.
12. * Abelméhula. Voir la note sur Juges, vit, 23.
13. Les bourgs. C'est lexplication de la première partie du mot Avofth-jair de la
Vulgate; mot dont la terminaison 7 αἴ)" est un nom propre d'homme. Voy. Juges, x, 4.
— * Ramoth-Galaad. Noir Deuléronome, 1v, 43. — Argob. Noir la note sur Deuté-
ronome, ut, 4. — Les bourgs de Jaiv. Voir Juges, x, 4. — Basan. Voir Nombres, xxt, 33.
19. * On voit que cette division du royaume en douze parties ne correspondait
pas à la division en douze tribus, parce que le territoire, les revenus et la population
des douze tribus étaient trop inégaux pour astreindre chacune d'elles à fournir la
méme quantité d'impóts. Pour répartir les charges avec plus d'équité, on avait tenu
compte de la population, de la richesse et de la plus ou moins grande fertilité de
chaque partie du pays, et l’on avait partagé le royaume en douze sections, parce que
chacune d'elles devait entretenir Ja maison royale uu des douze mois de l'année.
1v.] . אס|
de Galaad, sur la terre de Séhon,
roi des Amorrhéens, et d'Og, roi
de Basan, sur tout ce qui était en
cette terre.
20. Juda et Israél étaient in-
nombrables comme le sable de
la mer par leur multitude, man-
geant, buvant et se réjouissaut.
91. Or, Salomon avait sous sa
domination tous les royaumes,
depuis le fleuve de la terre des
Philistins jusqu’à la frontière
d Egypte ; iis lui offrirent des pré-
senis et le servirent durant tous
les jours de sa vie.
99. Or, les vivres de Salomon
étaient chaque jour trente cors
de fleur de farine et soixante cors
de farine ordinaire ;
23. Dix bœufs gras, vingt beeufs
de páturage, cent béliers, outre
la venaisor des cerfs, des che-
vreuils, des bubales et de la vo-
laille.
24. Car c'est lui qui dominait
sur toute la contrée qui était au
delà du fleuve, depuis Taphsa
jusqu'à Gaza, et sur tous les rois
de ces contrées; et il avaitla paix
de toutes parts alentour.
25. Et Juda et Israë! habitaient
sans aucune crainte, chacun sous
sa vigne et sous son figuier, de-
puis Dau jusqu'à Bersabée, du-
ΠῚ ROIS.
643
rant tous les jours de Salomon.
26. Et Salomon avait quarante
mille écuries pour les chevaux
des chariots, et douze mille cava-
liers.
21. Les susdits préposés par le
roi les nourrissaient ; mais ils
fournissaient aussi ce qui était
nécessaire à la table du roi Salo-
mon avec un grand soin et en son
temps.
28. Ils portaient aussi lorge
et la paille pour les chevaux et
les bestiaux, au lieu où était le
roi, selon l’ordre qu'ils avaient
recu.
29. Dieu donna aussi à Salomon
une sagesse et une prudence tres
ezande, et une étendue de cœur,
comine le sable qui est sur le ri-
vage de la mer.
30. Et la sagesse de Salomon
surpassait la sagesse de tous les
Orientaux et de tous les Egyp-
tiens ;
31. l1 était plus sage que tous
les hommes, plus sage qu'Ethan
l'Ezrahite, qu'Héman, Chalcol et
Dorda, enfants de Mahol; et il
élait renommé dans toutes les
nations des environs.
32. Salomon dit trois mille pa-
raboles, et ses cantiques furent
au nombre de mille et cinq.
CnAP. iV. 21. Eccli., xLvir, 15. — 26. II Par., 1x, 25. — 34. Eccli., xzvur, 16.
———À — —MÀ— A. n —
21. * Le fleuve de la terre des Philistins, le ruisseau d'Egypte, l'ouadi el-Arisch.
22. * Le corus, ou kór, appelé aussi chomer, mesure pour les matières sèches,
valait environ 388 litres,
23.* On a ca:culé, d’après les diverses données du texte, que la cour de Salomon
se composait d'environ quatorze mille personnes.
24. Du fleuve; c'est-à-dire de l'Euphrate. — * Thaphsa, Thapsaque, sur l'Euphrate,
à un gué important de ce fleuve. — G«za. Voir Josué, xi, 41.
25. * Depuis Dan jusqu'à Bersabée. Voir 18 note sur Juges, xx, 1.
26. Quarante mille écuries. L'hébreu porte ici le méme nombre; mais dans le
passage parallèle, 1] Paralip., 1x, 25, on y Kt quatre au lieu de quarante. 1] »
616 trés facile à un copiste de confondre ces deux mots à cause de leur peu de
différence,
644
33. Et il discourut sur les ar-
bres, depuis le cèdre qui est sur
le Liban, jusqu'à l'hysope qui
sort de la muraille, et traita des
bestiaux, des oiseaux, des reptiles
et des poissons.
34. Et on venait de chez tous
les peuples pour entendre la sa-
gesse de Salomon, et de la part
de tous les rois de la terre qui
apprenaient sa sagesse.
CHAPITRE V.
Alliance entre Hiram et Salomon. Hiram
lui fournit les bois nécessaires pour la
construction du temple. Salomon choi-
sit dans Israél ceux qui devaient tra-
vailler à cet édifice.
1. Hiram, roi de Tyr, envoya
aussi sesserviteurs versSalomon;
car il apprit qu'on l'avait oint roi,
en la place de son père, parce
qu Hiram avait toujours été l'ami
de David.
2. Or Salomon envoya vers Hi-
ram, disant :
3. Vous savez le désir de David
mon père, et qu'il n'a pu bâtir
une 1naison au nom du Seigneur
son Dieu, à cause des guerres qui
le menagaient de toutes parts,
jusqu'à ce que le Seigneur eüt
mis ses ennemis sous la plante
de ses pieds.
III ROIS.
[cu. v.]
4. Mais maintenant le Seigneur
mon Dieu m'a donné la paix alen-
tour ; et il n'y a ni adversaire, ni
obstacle fácheux.
9. C'est pourquoi je pense à
bátir un temple au nom du Sei-
gneur mon Dieu, comme a parlé
le Seigneur à David, mon pere,
disant : Ton fils, que je mettrai
en ta place sur ton tróne, sera
celui qui bátira une maison à mon
nom.
6. Ordonnez donc que vos ser-
viteurs coupent pour moi des
cedres du Liban, et que mes ser-
viteurs soient avec les vôtres;
quant à la récompense de vos
serviteurs, je vous la donnerai
telle que vous la demanderez ;
car vous savez que parmi mon
peuple, il n'est pas dhomme qui
sache couper le bois comme les
Sidoniens.
7. Lors donc qu'Hiram eut en-
tendu les paroles de Salomon, il
se réjouit beaucoup, et dit : Béni
aujourd'hui le Seigneur Dieu, qui
a donné à David un fils trés sage
pour gouverner ce très grand
peuple!
8. Et Hiram envoya vers Salo-
mon, disant : J'ai entendu tout
ce que vous m'avez mandé; je
ferai tout ce que vous désirez
Cnar. V. 5. 11 Rois, vu, 13; I Par., xxi, 10.
33. * L'hysope qui sort de la muraille n'est pas l'hysope proprement dite, mais une
espèce de mousse dont les feuilles lancéolées ressemblent à celles de l'hysope, d'après
plusieurs naturalistes. D’après d’autres, il s'agit de l'hysope ordinaire.
3. Ses ennemis. Il est évident que c'est le mot que représente le pronom eux, les
de la Vulgate et de l'hébreu; puisqu'il s'agit dans ce passage des guerres que David
avait à soutenir de toutes parts.
6. * Des cédres. Le bois de cèdre était particulièrement estimé dans l'antiquité et
méritait de l'étre. On peut l'employer avec grand avantage dans les œuvres d'archi-
tecture. On le regardait comme incorruptible; il est du moins d'une grande durée.
li peut servir à toute sorte d'usages et c'est comme l'arbre par excellence pour les
constructions. Le tronc d'un des cèdres séculaires qui subsistent encore sur le Liban
a treize mètres quatre-vingts centimètres de circontérence.
[cR. vr.]
pour les bois de cèdre et de sa-
pin.
9. Mes serviteurs les porteront
du Liban à la mer, et moi je les
ferai mettre en radeaux sur la
mer, jusquau lieu que vous
m'aurez marqué ; je les y ferai
aborder; vous les enlèverez, et
et vous me fournirez tout ce qui
me sera nécessaire pour nourrir
ma maison.
^0. C'est pourquoi Hiram don-
nait à Salomon des bois de cèdre
et de sapin, selon tous ses désirs.
11. Et Salomon fournissait à
Hiram, pour nourrir sa maison,
vingt mille cors de froment et
vingt cors d'huile trés pure
voilà ce que Salomon livrait
chaque année à Hiram.
19. Le Seigneur donna aussi
la sagesse à Salomon, comme il
le lui avait dit: et il y avait paix
entre Hiram et Salomon, et ils
firent tous deux alliance.
13. Et le roi Salomon choisit
des ouvriers de tout Israél, et la
taxation était de trente mille
hommes.
14. Et il les envoyait au Liban
touràtour, dix mille chaque mois,
de sorte qu'ils étaient deux mois
dans leurs maisons; et Adoniram
était préposé à cette taxation.
15. Salomon avait soixante-dix
III ROIS. 645
mile hommes qui portaient des
fardeaux, et quatre-vingt mille
qui taillaient des pierres sur la
montagne,
16. Sans les préposés qui pré-
sidaient à chaque ouvrage, au
nombre de trois mille trois cents,
et qui donnaient les ordres au
peuple et à ceux qui faisaient
l'ouvrage.
17. Et. le roi leur ordonna de
prendre de grandes pierres, des
pierres de prix, pour les fonde-
ments du temple, et de. les
équarrir;
18. Et les macons de Salo-
mon et les macons d'Hiram les
taillèrent; or ceux de Giblos
préparèrent les bois et les pierres
pour bátir la maison du Seigneur.
CHAPITRE VI.
Description du temple báti par
Salomon.
1. lL arriva donc, à la quatre
cent quatre-vingtième année de
la sortie des enfants d'Israél de
la terre d'Egypte, à la quatrieme
année du regne de Salomon sur
Israël, au mois de Zio (c'est le
second mois de l'année), que l'on
commença à bâtir la maison du
Seigneur.
2. Or la maison que bátissait
12. Supra, mr, 12. — ΒΑΡ. VI. 1. II Par., ur, 1.
11. Cors. Voy. pour ce mot, iv, 22.
14. * Adoniram. Voir la note sur III Rois, iv, 6. — Les bois coupés sur le Liban
étaient transportés par mer 8 Joppé ou Jaffa, II Paralipoménes, 11, 16, et de là par
terre à Jérusalem.
19. * Sur la montagne, sur le mont Bezétha, au nord de Jérusalem, dans les car-
rières appelées depuis royales, dont une entrée est en face de la Grotte de Jérémie.
18. * Giblos, Gebal, appelée par les Grecs Byblos, au nord de Beyrouth, était la
ville de la cóte de Phénicie la plus rapprochée de la forét des cédres.
1. Le mois de Zio ou Zif commençait à la nouvelle lune d'avril.
2. * Vingt coudées. La coudée valait un peu plus de cinquante centimètres.
646
au Seigneur le roi Salomon avait
soixante coudées en longueur,
vingt coudées en largeur et
trente coudées en hauteur.
3. Et le portique devant le
temple était de vingt coudées de
longueur, sélon la mesure de la
largeur du temple, et il avait dix
coudées de largeur, devant la
face du temple.
4. Et il fit au temple des fe-
nétres obliques.
ὃ. Et il bátit sur la muraille
du temple des étages, tout au-
tour, à côté des murailles de la
maison à l'entour du temple et de
loracle; et il fit 606685 8
alentour.
6. L'étage d'en bas avait cinq
coudées de largeur, l'étage du
milieu six coudées de largeur,
et le troisieme étage avait sept
coudées de largeur. Mais il mit
des poutres à la maison tout au-
tour en dehors, de sorte qu'elles
n'étaient pas attachées aux murs
du temple.
7. Or, lorsque la maison se
bátit, cest de pierres taillées et
bien préparées qu'elle fut bâtie.
Et ni marteau, ni cognée, ni au-
cun instrument de fer ne fut en-
tendu dans la maison, pendant
qu'on la bátissait.
8. La porte du cóté du milieu
12. II Rois, vir, 16. — 13. I Par., xxr, 9.
III ROIS.
(cu. vi.]
était à la partie droite de la mai-
son, et l'on montait par un esca-
lier tournant à l'étage mitoyen,
et de l'étage mitoyen au troi-
sieme.
9. Ainsi il bátit la maison et
l'acheva, et il la couvrit de lam-
bris de cèdre.
10. Et il bâtit un étage au-des-
sus de tout l'édifice, de cinq
coudées de hauteur, et il couvrit
la maison de bois de cedre.
11. Et la parole du Seigneur
fut adressée à Salomon, disant :
19. Voici la maison que tu bà-
lis; si tu marches dans mes pré-
ceptes, si tu exécutes mes lois
et que tu gardes tous mes com-
mandements, en y marchant, je
confirmerai pour toi la parole
que j'ai dite à David ton pere.
13. Jhabiterai au milieu des
enfants d'Israël, et je n'aban-
donnerai point mon peuple Is-
raël.
14. Ainsi Salomon bâtit la mai-
son du Seigneur, et l'acheva.
15. Et il lambrissa les mu-
railles de la maison en dedans,
d'ais de cédre, depuis le pavé de
la maison jusqu'au haut des mu-
railles et jusqu'au plafond, et il
le couvrit de bois de cedre en de-
dans, et il couvrit le pavé de la
maison de plauches de sapin.
3. * Et le portique, le vestibule ou pronaos.
5. Il bátit sur la muraille; c'est-à-dire à côté de la muraille; 1[ adossa contre la
muraille. Le texte hébreu est susceptible de ce sens. — L'oracle. Voy. Exode, xxv, 18.
— * Dans les livres des Rois, la Vulgate traduit par oracle un des mots hébreux qui
désignent le Saint des Saints.
8. Au côté droit de la maison; littér. et par hébraïsme : Au côté de la maison
droite.
19. Voici la maison que tu bális, conformément à mes ordres; maintenant, si tu
marches, etc. C'est la seule explication qui nous a paru ne point faire violence au
texte original fidèlement reproduit daus la Vulgate.
[cu. vi.]
16. Il lambrissa aussi les vingt
coudées, au fond du temple,
d'ais de cèdre, depuis le pavé
jusqu'au haut, et il fit le lieu in-
iérieur de l’oracle pour le Saint
des saints.
41. Or, le temple lui-méme
était de quarante coudées de-
vant la porte de l'oracle.
18. Et toute la maison était au
dedans revétue de cèdre, ayant
des contours et des jointures fai-
tes avec art, et des moulures sail-
lantes : tout était revétu de lam-
bris de cedre; et aucune pierre
ne pouvait paraitre dans la mu-
raille.
19. Quant à 1028010, c'est au
milieu du temple, dans la partie
la plus intérieure, qu'il l'avait
fait, pour y mettre l'arche de
l'alliance du Seigneur.
90. Or l'oracle était de vingt
coudées de longueur, de vingt
coudées de largeur, et de vingt
coudées de hauteur, et il le cou-
vrit et revétit d'or trés pur; mais
l'autel, 11 le couvrit de bois de
cedre.
91. La maison aussi devant
loracle, 1 la couvrit d'un or
tres pur, et il attacha les lames
d'or avec des clous d'or.
29. Et il n'y avait rien dans le
temple qui ne füt couvert d'or:
et il couvrit aussi d'or tout l'au-
tel de l’oracle.
IIl ROIS. = 647
23. Et il fit dans l'oracle deux
chérubins de bois d'olivier, de
dix coudées de hauteur.
24. L'une des ailes d'un chéru-
bin était decinqcoudées, etl'autre
aile de ce chérubin était de cinq
coudées ; c'est-à-dire qu'il y avait
dix coudées depuis l'extrémité
d'une des ailes jusqu'à l'extrémité
de l'autre aile.
25. Le second chérubin était
aussi de dix coudes, des mêmes
dimensions, et il n'y avait qu'un
seul ouvrage pour les deux ché-
rubins,
26. C'est-à-dire que le premier
chérubin avait la hauteur de dix
coudées, et le second pareille-
ment.
2/1. Et il placa les chérubins au
milieu du temple intérieur; or
les chérubins étendaient leurs
ailes; l'une des ailes du premier
chérubin touchait une muraille,
et l'aile du second chérubin tou-
chait l’autre muraille, et leurs
autres ailes se joignaient ensem-
ble au milieu du temple.
28. Il couvrit aussi d’or les ché-
rubins.
29. Et toutes les murailles du
temple, il les orna alentour de
sculptures variées et d'un con-
tour; et il y ₪) des chérubins, des
palmes et des peintures variées
qui semblaient se détacher de la
muraille et en sortir.
16. Les vingt coudées; celles, sans doute, dont il est question au vers. 2. — ]
fit, etc., ou bien: IL fit du lieu intérieur de l'oracle le Saint des saints. — Le lieu;
littér. : la maison. Les Hébreux se servaient souvent de ce dernier mot pour exprimer
le dedans d'une chose. — L'oracle. Voyez Exode, xxv, 18.
11. Le temple lui-méme était la partie du temple comprise entre le vestibule et le
Saint des saints, et appelé le Saint.
19, 90. * L'oracle, le Saint des saints.
21. * La maison devant 17070016, le Saint, qui précédait le Saint des saints.
92. L'autel de l'oracle; c'est-à-dire qui était devant l'arche.
29. * Qui semblaient se détacher de la muraille et en sortir, des bas-reliefs.
648 IT ROIS.
30. Mais même le pavé de la
maison , il le couvrit d'or, en de-
dans et en dehors.
34. Et à l'entrée de l'oracle, il
fit de petites portes de bois d'oli-
vier, et des poteaux à cinq angles;
32. Et deux portes en bois d'oli-
vier; et il y sculpta des figures
de chérubins, des palmes, et des
bas-reliefs tres saillants; et il
couvrit d'or tant les chérubins
que les palmes et le reste.
33. Il fit à l'entrée du temple
des poteaux de bois d'olivier
quadrangulaires.
34. Et deux portes de bois de
sapin de cóté et d'autre : chaque
porte avait deux battants, et elle
s'ouvrait, ayant ces deux battants
unis ensemble.
35. Et il sculpta des chérubins,
et des palmes, et des moulures
très saillantes, et il couvrit le tout
de lames d'or, d'un travail fait à
la regle et à l'équerre.
36. Il bâtit aussi le parvis inté-
rieur de trois rangs de pierres
polies et d'un rang de bois de
cedre.
91. C'est à la quatrieme année,
que fut fondée la maison du Sei-
gneur, au mois de Zio ;
38. Et la onzieme année, au
mois de Bul (c'est le huitième
mois), la maison fut entierement
achevée, et dans tous ses ouvra-
ges, et dans tout ce qui devait y
servir; et Salomon la bâtit en
sept ans.
Car. VII. 1. Infra, 1x, 10.
(cu. vrr.]
CHAPITRE VII.
Description au palais de Salomon. Divers
ouvrages faits pour le temple.
1. Quant à sa maison, Salomon
la bátit et l'acheva entierement
en treize ans.
9. Il bátit aussi la maison de la
forét du Liban, qui avait cent
coudées de longueur, cinquante
coudées de largeur et trente cou-
dées de hauteur, et quatre gale-
ries entre des colonnes de bois
de cedre; car il avait coupé du
bois de cèdre pour les colonnes.
3. Et il revétit de lambris de
bois de cèdre toute la voûte, qui
était soutenue par quarante-cinq
colonnes. Or chaque rang avait
quinze colonnes,
4. Placées vis-à-vis l'une de
l'autre,
5. Et se regardant en face, une
égale distance étant entre les
colonnes; et sur les colonnes
étaient des poutres carrées entiè-
rement égales.
6. Et il fit le portique des co-
lonnes de cinquante coudées de
longueur, et de trente coudées
de largeur, et un autre portique
en face du plus grand, et des co-
lonnes et des architraves sur les
colonnes.
7. Il fit aussi le portique du
tróne dans lequel est le tribunal,
et il le couvrit de bois de cedre,
depuis le pavé jusqu'au haut.
—— ——— — M M — M —————
31. A la quatrième. etc. Voy. vers. 1.
38. Bul. Ce mois commencait à la nouvelle lune d'octobre. — * Voir à la fin du
volume la note 16 sur le Temple de Salomon.
2. * La maison de la forét du Liban, ainsi nommée, non parce qu'elle était cons-
truite dans le Liban, mais parce qu'on y avait prodigué le bois de cédre.
[cn. vm.]
8. Et il y avait au milieu du
portique une petite maison, d'un
semblable ouvrage, danslaquelle
on s'asseyait pour juger. ἢ fit
aussi pour la fille de Pharaon
(que Salomon avait épousée) une
maison d'un ouvrage tel que ce
portique méme.
9. Tout était de pierres d'un
grand prix, lesquelles avaient été
sciées d'une certaine forme et
d'une certaine mesure, tant en
dedans qu'en dehors, depuis le
fondement jusqu'au haut des mu-
railles, mais en dehors jusqu'au
grand parvis.
10. Les fondements aussi
étaient de pierres de prix, de
grandes pierres de dix ou de huit
coudées.
11. Et au-dessus étaient des
pierres de prix, taillées d'une
méme mesure, et ainsi du cedre.
12. Le grand parvis était rond,
et de trois rangs de pierres tail-
lées, et d'un rang de cèdre dolé;
etilen était ainsi dansle parvis in-
térieur dela maison du Seigneur,
et dans le portique de la maison.
13. Le roi Salomon envoya
aussi pour faire venir de Tyr Hi-
ram,
14. Fils d'une femme veuve de
la tribu de Nephthali, et d'un père
Tyrien, ouvrier en bronze, rempli
de sagesse, d'intelligence et de
science, pour faire toute sorte
d'ouvrages en airain. Hiram,
étant donc venu vers le roi Salo-
mon, fit tous ses ouvrages.
8. Supra, int, 1. — 15. Jérémie, ,זז
III ROIS. 649
15. Ainsi, il fit deux colonnes
d'airain, chaque colonne de dix-
huit coudées de hauteur ; et une
ligne de douze coudées entourait
l'une et l'autre colonne.
16. Il fit aussi deux chapiteaux
d'airain, jetés en fonte, lesquels
devaient étre placés sur la téte
des colonnes : un chapiteau était
de cinq coudées de hauteur, et
l'autre chapiteau de cinq coudées
de hauteur,
11. Et en forme de rets et de
chaines entrelacées lune dans
l'autre avec un art admirable.
Les deux chapiteaux des colonnes
étaient jetés en fonte ; il y avait
sept rangs de réseaux à un chapi-
teau, et sept rangs de réseaux à
l'autre chapiteau.
1S. Et il fit les colonnes et deux
rangs autour de chacun des ré-
seaux, pour qu'ils couvrissent les
chapiteaux qui étaient sur le
sommet des grenades : c'est de
cette manière qu'il fit pour le se-
cond chapiteau.
19. Mais les chapiteaux qui
étaient au haut des colonnes,
dans le parvis, étaient faits en
facon de lis, de quatre cou-
dées.
20. Et il y avait encore d'autres
chapiteaux, au sommet des co-
lonnes, au-dessus, selon la me-
sure de la colonne, contre les
réseaux : mais les grenades, au
nombre de deux cents, étaient
disposées en rangs autour du se-
cond chapiteau.
———————————————————
8. On s’asseyail. Selon l'hébreu, i] s'asseyait; c'est-à-dire Salomon.
11. Et ainsi du cédre, expression elliptique, pour :
au-dessus.
Il y avait également du cèdre
20. Selon la mesure, etc.; c'est-à-dire proportionnés à la grosseur de la colonne.
650 II ROIS.
91. rt 11 placa les deux colon-
nes dans le portique du temple,
et lorsqu'il eut placé la colonne
droite, il l'appela du nom de Ja-
chin : il érigea de méme la se-
conde colonne, et il lui donna le
nom de Booz.
29. Et sur la tête des colonnes,
il mit l'ouvrage fait en forme de
lis; et l'ouvrage des colonnes fut
achevé.
23. Il fit aussi la grande mer
jetée en fonte, de dix coudées
d'un bord jusqu'à autre bord :
elle était toute ronde: sa hauteur
avait cinq coudées, et un cordon
de trente coudées l'environnait
tout autour.
24. Et une sculpture au-dessous
du bord entourait cette mer, l'en-
vironnant dans /espace de dix
coudées; deux rangs de sculptu-
res striées avaient été jetées en
fonte.
95. Et cette mer était posée sur
douze bœufs, dont trois regar-
daient l'aquilon , trois l'occident,
trois le midi et trois l'orient ; et
la mer était sur ces bœufs, dont
toute la partie de derriere était
cachée en dedans.
26. Or, lépaisseur du bassin
était de trois pouces, et son bord,
comme le bord d'une coupe et
comme la feuille d'un lis épanoui;
il contenait deux mille bats.
99 II Dar- ἵν, ὦ.
[cu. vm.]
27. Il fit aussi dix bases d'ai-
rain, chacune de quatre coudées
de longueur, de quatre coudées
de largeur et de trois coudées
de hauteur.
98. L'ouvrage lui-méme des
bases était à jour, et il y avait
des sculptures entre les jointu-
res;
99. Et entre les couronnes et
les entre-lacs, des lions, des
bœufs et des chérubins ; et dans
les jointures également au-dessus
et au-dessous, des lions, des
bœufs, et comme des courroies
d'airain qui pendaient.
30. Et à chaque base étaient
quatre roues d'airain et des es-
sieux d'airain ; et aux quatre có-
tés au-dessous du bassin, comme
de petites épaules jetées en fonte,
et se regardant l'une l'autre.
31. De plus, louverture du
bassin en dedans était à son ex-
trémité supérieure : ce qui en
paraissait au dehors était d'une
coudée et tout rond, et le tout
avait une coudée et demie; mais
dans les angles des colonnes, il y
avait diverses ciselures, et les
entre-colonnements étaient car-
rés et non ronds.
32. Les quatre roues aussi, qui
étaient aux quatre angles de la
base, se joignaient ensemble par-
dessous la base; chaque roue
91. Jachin, en hébreu :
la force.
il établira, il affermira. — Booz; c'est-à-dire en lui est
23. Toute ronde; absolument ronde. C'est le vrai sens de l'expression pléonastique
vonde autour, qui se trouve également dans le texte hébreu.
26.* Le bat équivaut à 38 litres 88.
27. Bases ou socles; espèce de caisses dans lesquelles on mettait des bassins pleins
d'eau pour les besoins du temple.
30. Ces petites épaules étaient une sorte de consoles ou de supports ayant la forme
d'une épaule.
[ca. vm.;
avait de hauteur une coudée et
demie.
33. Or, les roues étaient telles
qu'elles ont coutume de se faire
à un char; et leurs essieux, leurs
rais, leurs jantes et leurs moyeux
avaient été tous jetés en fonte.
34. Etces quatre petites épaules
aussi, qui étaient à chacun des
quatre angles de chaque base,
avaient été fondues de la base
méme, et y étaient jointes.
35. Au haut dela base il y avait
un certain rond d'une demi-cou-
dée, travaillé de maniere que le
bassin püt y étre placé dessus;
il avait ses ciselures et diverses
sculptures qui saillaient.
36. Hiram grava de plus dans
les entre-deux des jozntures, qui
étaient d'airain, et aux angles,
des chérubins, des lions et des
palmes, comme un homme qui
est debout, en sorte que ces cho-
ses paraissaient, non point cise-
lées, mais ajoutées tout autour.
37. Il fit de cette manière les
dix bases d'une méme fonte, de
méme mesure, et de sculpture
entièrement semblable.
38. Il fit aussi dix bassins d'ai-
rain; chaque bassin contenait
quarante bats et était de quatre
60110608 ; et il posa chaque bassin
sur chaque, c'est-à-dire, sur les
dix bases.
39. Et il placa les dix bases,
cinq à la partie de droite du tem-
ple, et cinq à la gauche ; mais la
mer, illa posa à la partie droite
III ROIS. 651
du temple, contre l'orient, vers
le midi.
40. Hiram fit aussi les chaudie-
res, les écuelles et les petits
seaux, et il acheva tout l'ouvra-
ge du roi Salomon dansle temple
du Seigneur.
41. Il fit deux colonnes et les
deux cordons des chapiteaux sur
les chapiteaux des colonnes ; et
les deux réseaux, pour couvrir
les deux cordons qui étaient sur
les chapiteaux des colonnes;
42. Etles quatre cents grenades
dans les deux réseaux, deux
rangs de grenades dans chaque
réseau, pour couvrir les cordons
des chapiteaux qui étaient sur
les sommets des colonnes ;
49. Et les dix bases, et les dix
bassins sur les bases ;
44. Et la mer unique, et les
douze bœufs sous la mer;
45. Et les chaudieres, et les
écuelles et les petits seaux : tous
les vases qu Hiram fit au roi Salo-
mon pour la maison du Seigneur,
étaient d'airain fin.
46. C'est dans le pays plat du
Jourdain que le roi les fit fondre
dans la terre argileuse, entre
Sochoth et Sarthan.
47. Et Salomon placa tous les
vases ; mais, à cause de leur mul-
titude, on ne pesa pas l'airain.
48. Et Salomon fit tousles vases
pour la maison du Seigneur, l'au-
tel d'or. et la table d'or, sur la-
quelle devaient étre placés les
pains de proposition;
35. Ce rond était probablement un rebord autour de la base, lequel soutenait le
bassin. Comp. le vers. 31, dont celui-ci n'est guére que la répétition.
46. * Dans la terre argileuse. La partie de la vallée du Jourdain qui s'étend du
lac de Tibériade à la mer Morte est un terrain argileux.
48. * Les pains de proposition. Voir Exode, xxv, 30 et Lévitique, xxiv, 5-9,
652 III ROIS.
49. Et les chandeliers d'or, cinq
à droite et cinq à gauche, contre
l'oracle, d'or pur; de méme que
les fleurs delis et les lampes d'or
au-dessus, et aussi les pincettes
d'or,
50. Les cruches, les fourchettes,
les pateres, les petits mortiers et
les encensoirs, d'un or très pur :
les gonds des portes de la maison
intérieure du Saint des saints, et
des portes de la maison du tem-
ple, étaient d'or.
51. Ainsi Salomon acheva tout
ce qu'il faisait pour la maison du
Seigneur, et il porta ce que David
son pere avait consacré d Dieu,
l'argent, l'or et les vases, et il les
déposa dans les trésors de la mai-
son du Seigneur.
CHAPITRE VIII.
Dédicace du temple de Salomon. Salo-
mon offre à Dieu sa prière et bénit le
peuple. Nombre des victimes immolées
dans cette solennité.
1. Alors s'assemblerent tous les
anciens d'Israél avec les princes
des tribus, et les chefs des famil-
les des enfants d'Israël, auprès
du roi Salomon dans Jérusalem,
pour transporter l'arche de l'al-
liance du Seigneur de la cité de
David, c'est-à-dire, de Sion.
9. Et tout Israél vint ensemble
aupres du roi Salomon, dans le
mois d'Ethanim, au jour solen-
nel : c'est le septième mois.
[cH. vr. |
3. Tous les anciens d'Israél
vinrent donc, et les prétres em-
portèrent l'arche,
4. Et ils emporterent l'arche
du Seigneur, et le. tabernacle
d'alliance, et tous les vases du
sanctuaire qui étaient dans le
tabernacle ; et les prêtres et les
lévites les portaient.
5. Or le roi Salomon, et toute
la multitude d'Israël, qui. était
venue auprès de lui, marchait
avec lui devant l'arche, et ils im-
molaient des brebis et des bœufs,
sans prix et sans nombre.
6. Et les prêtres portèrent l'ar-
che de l’alliance du Seigneur en
son lieu, dans l’oracle du temple,
dans le Saint des saints, sous les
ailes des chérubins.
7. Car les chérubins étendaient
leurs ailes au-dessus du lieu de
l'arche, et ils couvraient l'arche,
et les leviers par en haut.
8. Et comme les leviers pas-
saient en dehors, et que leurs
extrémités paraissaient hors du
sanctuaire devant l'oracle, ils ne
paraissaientplus extérieurement,
et ils sont demeurés là jusqu'au
présent jour.
9. Or, il n'y avait rien autre
chose dans larche que les deux
tables de pierre que Moise y avait
mises à Horeb, quand le Seigneur
fit alliance avec les enfants d'Is-
raél, lorsqu'ils sortirent de la
terre d'Egypte.
51. II Par., v, 1. — CuaP. VIII. 1. II Par., v, 2. — 9. Exode, xxxiv, 21; Hébr.,
IX, 4.
49. * Les chandeliers d'or avaient chacun sept branches en y comprenant la tige,
de laquelle se dégageaient trois séries de branches superposées.
9. Ethanim, nommé aussi Tischri, et qui commençait à la nouvelle lune de sep-
tembre, était le septième mois de l'année sainte ou sacrée, et le premier de l’année
civile.
vu] .אס]
40. Mais il arriva que, quand
les prêtres furent sortis du sanc-
tuaire, la nuée remplit la maison
du Seigneur ;
11. Et les prêtres ne pouvaient
pas s'y tenir, ni remplir leur mi-
nistere à cause de la nuée ; car la
gloire du Seigneur avait rempli
la maison du Seigneur.
42. Alors Salomon dit : Le Sei-
gneur a dit qu'il habiterait dans
la nuée.
13. O Dieu, jai báti cette mai-
son pour votre demeure, et pour
votre tróne tres affermi à jamais.
14. Et le roi tourna sa face, et
bénit toute l'assemblée d'Israël :
car toutel'assemblée d'Israél était
présente.
15. Et Salomon dit : Béni le
Seigneur Dieu d'Israél! lui qui a
parlé de sa bouche à David mon
pere, et par ses mains a accom-
pli sa parole, disant :
16. Depuisle jour que j'ai retiré
de l'Egypte mon peuple Israél, je
n'ai point choisi de ville d'entre
toutes les tribus d'Israël, afin
qu'on me bâtit une maison et que
mon nom y füt; mais j'ai choisi
David, afin qu'il füt chef de mon
peuple Israël.
47. Et David mon pere voulut
bátir une maison au nom du Sei-
gneur Dieu d'Israél ;
18. Mais le Seigneur dit à David
mon pere : Quand tu as pensé en
ton cœur à bâtir une maison à
12. II Par., vi, 1. — 17. 11 Rois, vir, 5.
III ROIS. 653
mon nom, tu as bien fait, en t'oc-
cupant de cela en ton esprit.
19. Cependant ce ne sera pas
toi qui me bátiras une maison ;
mais ton fils, qui sortira de tes
flanes, sera celui qui bátira une
maison à mon nom.
20. Le Seigneur a continué la
parole qu'il a dite : j'ai succédé à
David mon père, je me suis assis
surle tróne d'Israél, comme l'a
dit le Seigneur, et j'ai bâti une
maison au nom du Seigneur
Dieu d'Israél.
91. Et j'ai établi là le lieu de
l'arche, dans laquelle est l'alliance
du Seigneur, qu'il fit avec nos
pères, quand ils sortirent de la
terre d'Egypte.
22. Or Salomon se tint debout
devant lautel du Seigneur, en
présence de toute l'assemblée
d'Israël, et il étendit ses mains
vers le ciel,
23. Et il dit : Seigneur Dieu
d'Israël, il n'y a point de Dieu
semblable à vous en haut, dans
le ciel, et en bas, sur la terre :
c'est vous qui conservez l'alliance
et 18 miséricorde à vos serviteurs,
qui marchaient devant vous en
tout leur cœur ;
24. Qui avez gardé à votre ser-
viteur, David mon pere, ce que
vous lui avez promis : vous l'avez
dit de votre bouche et accompli
par vos mains, comme ce jour le
prouve.
10. La nuée dans laquelle le Seigneur, selon sa promesse, devait habiter. Voy.
le vers. 12.
15, 24. Le mot mains est mis ici par hébraisme, pour, puissance.
23-53. * La prière de Salomon est une œuvre littéraire, en méme temps qu'un
monument de sa piété ; le roi fait à Dieu sept demandes pour sept cas dans lesquels
le peuple l'invoquera dans sonTemple, et chaque demande se termine par cette
sorte de refrain : Exaucez-les dans le ciel.
654
95. Maintenant donc, Seigneur
Dieu d'Israél, conservez à votre
serviteur David, mon père, ce que
vous lui avez promis, disant : On
ne t’enlèvera pas devant moi
un homme qui doit s'asseoir sur
le tróne d'Israél, pourvu néan-
moins que tes fils gardent leur
voie, afin qu'ils marchent devant
moi, comme toi tu as marché en
ma présence.
26. Εἰ maintenant, Seigneur
Dieu d'Israél, qu'elles soient ac-
complies, les paroles que vous
avez ditesà votreserviteur, David
mon pere.
27. Est-il donc croyable que
Dieu habite véritablement sur la
terre? Car, si le ciel et les cieux
des cieux ne vous peuvent con-
tenir, combien moins cette mai-
son que j'ai bâtie?
28. Mais portez vos regards sur
la prière de votre serviteur, et
sur ses supplications, Seigneur
mon Dieu : écoutez l'hymne et la
prière que votre serviteur fait
devant vous aujourd'hui,
29. Afin que vos yeux soient
ouverts sur cette maison nuit et
jour; sur la maison de laquelle
vous avez dit : Mon nom sera 18 ;
afin que vous exauciez la priere
que vous fait en ce lieu votre
serviteur;
30. Afin que vous exauciez la
priere de votre serviteur, et de
votre peuplelsraël, quelque chose
qu'ils demandent en ce lieu : et
vous exaucerez dans le lieu de
95. II Rois, vir, 12. — 29. Deut., xii, 11.
IT ROIS.
[cu. vim]
votre habitation, dans le ciel, et
lorsque vous aurez exaucé vous
serez propice.
31. Si un homme peche contre
son prochain, s'il a quelque ser-
ment par lequel il s'est lié, et
qu'il vienne à cause de ce ser-
ment devant votre autel, dans
votre maison,
32. Vous écouterez dans le ciel,
et vous agirez et vous jugerez
vos serviteurs, condamnant l'im-
pie, ramenant sa voie sur sa tête,
justifiant le juste, et lui rendant
selon sa justice.
33. Si votre peuple Israël fuit
devant ses ennemis (parce qu'il
lui arrivera de pécher contre
vous), et que, faisant pénitence
et rendant gloire à votre nom, ils
viennent, et vous prient et vous
implorent dans cette maison,
94. Exaucez-les dans le ciel, et
remettezle péché de votre peuple
Israél, et ramenez-les dans la
terre que vous avez donnée à
leurs peres.
35. Si le ciel est fermé, s'il ne
pleut point à cause de leurs pé-
chés, et que, priant en ce lieu, ils
fassent pénitence pour honorer
votre nom, et qu'ils se convertis-
sent, et quittent leurs péchés à
cause de leur affliction,
90. Exaucez-les dans le ciel, et
remettez les péchés de vos servi-
teurs et de votre peuple Israél :
montrez-leur la voie droite par
laquelle ils doivent marcher ; et
répandez de la pluie sur votre
25. On ne Üenlévera pas, etc. Voy. chap. um, &, et ix, 5.
21. Les cieux des cieux; superlatif, exprimant l'étendue la plus grande qu'on puisse
imaginer, l'immensité.
32. Sa voie; c'est-à-dire, sa manière d'agir, sa conduite.
[cn. νι. IIl ROIS. 655
terre que vous avez donnée à 49. Vous lexaucerez dans le
votre peuple en possession. ciel, dans votre demeure stable,
87. Si une famine se lève sur | et vous ferez toutes les choses
la terre, ou une peste, ou un air | pour lesquelles l'étranger vous
corrompu, ou la rouille, ou la | invoquera, afin que tous les peu-
sauterelle ou la nielle, et que | ples de la terre apprennent à
votre peuple soit affligé par son | craindre votre nom, comme /e
ennemi, assiégeant ses portes, | fait votre peuple Israël, et qu'ils
par toute sorte de plaies et toute | éprouvent que votre nom a été
sorte d'infirmités ; invoqué sur cette maison que j'ai
| 38.Danstoutanathemeettoute | bâtie.
imprécation qui arrivera à un 44. Si votre peuple sort pour la
homme, quel qu'il soit, de votre | guerre contre ses ennemis, et
peuple [5088] : 51 quelqu'un recon- | que, dans la voie, partout où
naît la plaie de son cœur, et qu'il | vous les aurez envoyés, ils vous
éteude ses mains dans cette mai- | prient, touraés vers la cité que
sou, vous avez choisie, et vers la mai-
39. Vous l'exaucerez dans le | son que j'ai bâtie à votre nom,
ciel, dans le lieu de votre habita- 45. Vous exauczrez aussi daus
tion; vous lui redeviendrez pro- | le ciel leurs prières et leurs sup-
pice, et vous ferez en sorte d'ac- | plications, et vous leur ferez jus-
corder à chacun selon toutes ses | tice.
voies, comme vous verrez son 46. Que s'ils pèchent contre
cœur (parce que vous seul, vous | vous (car il n'y a point d'homme
connaissez le cœur de tous les | qui ne peche), e* qu'irrité, vous
enfants des hommes), les livriez aux reins de leurs
40. Afin qu'ils vous craignent | ennemis, qu'ils soient emmenés
durant tous les jours qu'ils vi- | captifs dans la terre des ennemis,
vront sur la face de la terre que | ou près ou loiu ;
vous avez donnée à nos peres. 41. Qu'ils fassent pénitence en
44. De pius, lorsque l'étranger | leur cœur dans le lieu de la cap-
lui-méme, qui n'est point de vo- | tivité, et que, convertis, ils vous
tre peuple Israél, viendra d'une | prient dans leurcaptivité, disant:
terre lointaine, à cause de votre | Nous avons péché, nous avons
nom (car on entendra parler de | agi iniquement, nous nous som-
votre grand nom, de votre main | mes conduits en impies ;
puissante, et de votre bras 48. Qu'ils reviennent à vous en
42. Etendu en tous lieux): lors | tout leur cœur et en toute leur
donc qu'il viendra, et qu'il priera | âme dans 18 terre de leurs eune-
en ce lieu, mis, dans laquelle ils ont été em-
46. II Par., vr, 36; Eccl., vir, 21; 1 Jean, 1, 8.
— HÀ € הלקת M —————
43. Votre demeure stable; littér. : la solidité, la stabilité de voire demeure; dans
lhébreu, 76 lieu de votre demeure.
44. Tournés, etc. Q'a toujours été l'usage des Juifs éloignés de Jérusalem de se
tourner du côté de cette ville pour faire leur prière, Compar. le verset 46, Daniel, vi, 10,
656 III ROIS.
menés captifs, et qu'ils vous
prient, tournés du côté de leur
terre que vous avez donnée à
leurs pères, de la ville que vous
avez choisie, et du temple que
j'ai bâti à votre nom,
49. Vous exaucerez dans le ciel,
dansle lieu stable de votre trône,
leurs prières et leurs supplica-
tions ; vous leur ferez justice ;
90. Vous deviendrez propice à
votre peuple qui ἃ péché contre
vous, en pardonnant toutes leurs
iniquités par lesquelles ils ont
prévariqué contre vous, et vous
leur ferez miséricorde devant
ceux qui les auront emmenés cap-
tifs, afin qu'ils aient pitié d'eux.
91. Car c'est votre peuple et
votre héritage, que vous avez re-
tirés de l'Egypte, du milieu de la
fournaise de fer.
92. Que vos yeux soient ouverts
aux supplications de votre servi-
teur et de votre peuple Israél,
afin que vous les exauciez dans
toutes les choses pour lesquelles
ils vous invoqueront.
53. Car c’est vous qui les avez
séparés de tous les peuples de la
terre pour votre héritage, comme
vous l'avez dit par Moise, votre
serviteur, lorsque vous avez reti-
ré nos peres de l'Egypte, ὃ Sei-
gneur Dieu.
δά. Or, il arriva que, lorsque
Salomon, priant le Seigneur, eut
achevé toutes ces prieres et ces
supplications, il se leva de devant
l'autel du Seigneur; car il avait
mis les deux genoux en terre, et il
avaitétendu les mains vers leciel.
55. Il se tint donc debout, et il
[cH. vnr.]
bénit toute l'assemblée d'Israël,
à haute voix, disant :
56. Béni le Seigneur, qui a don-
né du repos à son peuple Israél,
selon tout ce qu'il a dit! Il n'est
pas méme tombé une seule parole
touchant tous les biens qu'il nous
a promis par Moise son serviteur.
97. Que le Seigneur notre Dieu
soit avec nous, comme il a été
avec nos pères, ne nous aban-
donnant point, et ne nous reje-
tant point ;
98. Mais qu'il incline nos eceurs
vers lui, afin que nous marchions
dans toutes ses voies, et que
nous gardions ses commande-
ments, ses cérémonies, et toutes
les ordonnances qu'il a prescrites
à nos peres;
99. Et que ces mémes paroles,
par lesquelles j'ai prié devant le
Seigneur, approchent du Sei-
gneur notre Dieu, jour et nuit,
afin qu'il fasse justice à son ser-
viteur et à son peuple Israël cha-
que jour;
60. Afin que tous les peuples
dela terre sachent que c'est le
Seigneur qui est Dieu, et qu'il n'y
en a point d'autre, excepté lui.
61. Que notre cœur aussi soit
parfait avec le Seigneur notre
Dieu, afin que nous marchions
dans ses décrets, et que nous
gardions toujours ses comman-
dements, comme nous faisons
encore aujourd'hui.
62. Ainsi le roi et tout Israël
avec lui immmolaient des vic-
times devant le Seigneur.
63. Et Salomon tua les hosties
pacifiques qu'il immola au Sei-
56. I n'est pas tombé, etc.; c'est-à-dire qu'il n'est pas une seule parole qui ait été
vaine, sous étre accomplie.
(cu. [.צז
gneur, vingt-deux mille bœufs et
cent vingt mille brebis; et le roi
et les enfants d'Israël dédièrent
le temple du Seigneur.
θά. En ce jour-là, le roi
consacra le milieu du parvis
qui était devant la maison du
Seigneur; car il offrit là l'holo-
causte, le sacrifice, et la graisse
des hosties pacifiques, parce que
l'autel d’airain qui était devant
le Seigneur était trop petit et ne
pouvait contenir l'holocauste, le
sacrifice et la graisse des hosties
pacifiques.
65. Salomou üt donc en ce
temps-là la féte célebre, et tout
Israël avec lui, une grande mul-
titude étant accourue depuis l'en-
trée d'Emath jusqu'au fleuve d'E-
geypte, devant le Seigneur notre
Dieu, durant sept jours et sept
sept jours, c'est-à-dire durant
quatorze jours.
06. Et, au huitième jour, il
renvoya les peuples, qui, bénis-
sant le roi, s'en allèrent dans
leurs tabernacles avec allégresse
et le cœur joyeux, pour tous les
biens qu'avait faits le Seigneur à
David son serviteur et à Israël
son peuple.
CHAPITRE IX.
Le Seigueur apparait une seconde fois à
Salomon. Ce prince donne vingt villes
au roi de Tyr. Il bâtit plusieurs villes
et s'assujettit plusieurs peuples. ll en-
voie une flotte au pays d'Ophir.
1. Or, il arriva que lorsque
Salomon eut achevé l'édifice de
ΠῚ ROIS.
657
la maison du Seigneur, l'édifice
du roi, et tout ce qu'il avait
souhaité et voulu faire,
2. Le Seigneur lui apparut une
seconde fois, comme 1] lui avait
apparu à Gabaon.
3. Et le Seigneur lui dit : J'ai
exaucé ta prière et tes supplica-
tions que tu as faites devant
moi : j'ai sanctifié cette maison
que tu as bâtie, afin que j'y éta-
blisse mon nom à jamais ; et mes
veux et mon cœur seront là tous
les jours.
4. Toi aussi tu marches devant
moi comme a marché ton père,
dans la simplicité de cœur et
dans l'équité ; et si tu fais tout ce
| que je t'ai ordonné, et que tu
gardes mes lois et mes ordon-
nances,
9. J'établirai le trône de ton
règne sur Israël à jamais, comme
je l'ai promis à David ton père,
disant : Un homme de ta race
ne sera pas 016 du trône d'Israël.
6. Mais si vous vous détournez
entièrement, vous et vos fils, ne
me suivant pas, et ne gardant
pas mes commandements et mes
cérémonies que je vous ai expo-
868 ; et si vous vous en allez, et
que vous serviez des dieux étran-
gers et que vous les adoriez,
7. J'enlèverai Israël de la sur-
face de la terre que je lui ai don-
née; et le temple que j'ai consa-
cré à mon nom, je le rejelterai
loin de ma présence, et Israël de-
viendra le brocard et la fable de
tous les peuples.
(βαρ. IX. 2. Supra, ri, 5; II Par., vir, 12. — 5. HI Rois, vir, 12, 16.
ו —
65. * Emath. Voir 11 Rois, vin, 9. — Jusqu'au fleuve d'Egyple ou ruisseau d'Egypte,
l'ouadi el-Arisch.
2. * Ga^aon. Voir 11] Rois, in, 4,
A 01
42
θὺ8 וו ROIS.
8. Et cette maison sera en
exemple; et quiconque passera
auprès d'elle sera étonné, sif-
(lera, et dira : Pourquoi le Sei-
gneur a-t-il fait ainsi à cette
terre et à cette maison?
9. Et on répondra : Parce qu'ils
ont abandonné le Seigneur leur
Dieu, qui a retiré leurs peres de
l'Egypte, et qu'ils ont suivi des
dieux étrangers, et qu'ils les ont
adorés et servis : c'est pour cela
que le Seigneur à amené sur eux
ce malheur.
10. Or, vingt ans s'étant écou-
lés après que Salomon eut bâti
les deux maisons, c'est-à-dire la
maison du Seigneur et la maison
du roi,
11. (Hiram, roi de Tyr, four-
nissant à Salomon des bois de
cedre et de sapin, et de l'or tout
autant qu'il en avait besoin) alors
Salomon donna à Hiram vingt
villes dans la terre de Galilée.
(cu. 1x.]
19. Et Hiram sortit de Tyr pour
voir les villes que lui avait don-
nées Salomon, et elles ne lui
plurent pas,
13. Et il dit : Sont-celà les villes
que vous m'avez données, mon
frère? Et il les appela terre de
Chabul, jusqu'à ce jour.
14. Hiram envoya aussi au roi
Salomon cent vingt talents d'or.
15. Telle est la somme des dé-
penses que Salomon fit pour bá-
lir la maison du Seigneur, sa
maison, Mello, les murs de Jéru-
salem, Héser, Mageddo et Gaser.
16. Pharaon, roi d'Egypte,
monta, et prit Gazer et la mit à
feu; et il battit le Chananéen qui
habitait dans la ville, et il la
donna pour dot à sa fille, femme
de Salomon.
17. Salomon rebátit donc Ga-
zer et Béthoron la basse,
18. Baalath et Palmyre, dans la
terre du désert.
8. Deut., xxix, 24; Jérémie, xxr, 8. — 10. II Par., viu, 1.
10. Aprés qu'il eut báti, c'est-à-dire aprés qu'il eut commencé à bátir. En confron-
tant les divers passages oü il est parlé de ces bátiments, on voit que la construction
du temple a duré sept ans et demi, et celle du palais de Salomon douze et demi.
11. * Dans la terre de Galilée, probablement dans la tribu de Nephthali, au nord,
prés de la Phénicie.
13. Selon l'historien Josèphe, Chabul signifie en phénicien désagréable, qui ne
plait pas; mais cette explication est aussi incertaine que les autres qui ont été
données de ce mot. — Devant l'expression jusqu'à ce jour, il y a ellipse de la phrase
comme on les a appelées; ellipse qu'on a pu déjà remarquer assez souvent.
14, 28. Le talent d'or valait environ 131,850 fr.
15. * Mello, travaux de fortification ou citadelle. — Héser ou Hazor, situé au pied
du Liban, commandait la frontière de la Palestine du côté de la Syrie. — Mageddo,
entre le mont Thabor et la mer Méditerranée, était la clef de la plaine d'Esdrelon,
et là se sont livrées, dans tous les temps, les batailles d'où a dépendu le sort de
la Palestine.
16. * Gazer, prés d'Abou-Chouché, à quatre kilométres environ de Khoulda, à droite
de la route qui va de Jaffa à Jérusalem.
17. * Salomon mit son royaume à l'abri des ennemis, du côté du sud, en fortifiant
Gazer et Béthoron, qui dominaient les défilés par lesquels on pénétrait du pays des
Philistins dans la tribu de Juda.
18. * Baalath, ville de Dan. — Palmyre, la ville des Palmes, en plein désert, est
au pied d'une chaine de collines qui court du sud-ouest au nord-est. Elle est arrosée
par deux sources peu abondantes, mais qui entretiennent les palmiers auxquels elle
doit son noin. Cette ville eut une trés grande importance commerciale,
fes. x.]
19. Et il fortifia tous les bourgs
qui lui appartenaient et qui
$taient sans mur, et les villes des
chars, et les villes des cavaliers,
et tout ce qu'il lui plut de bátir
dans Jérusalem, sur le Liban, et
dans toute la terre de sa puis-
sance.
20. Quant à tout le peuple qui
était demeuré des Amorrhéens,
des Héthéens, des Phérézéens,
des Hévéens et des Jébuséens,
qui ne sont point des enfants
d'Israël,
21. Et quant à leurs enfants,
qui étaient demeurés dans la
terre, c’est-à-dire ceux que les
Israélites n’avaient pu extermi-
ner, Salomon les a faits tribu-
taires jusqu'à ce jour.
22. Mais pour les enfants d'Is-
raél, Salomon établit qu'aucun
ne servirait; mais ils étaient ses
hommes de guerre; et 11 en fit
ses ministres, ses principaux of-
ficiers, les chefs de son armée et
les commandants de ses chars et
de ses chevaux.
23. Or, les principaux officiers
préposés à tous les travaux de
Salomon étaient au nombre de
cinq cent cinquante, qui avaient
le peuple sous eux, et qui com-
mandaient les travaux entrepris.
24. Or la fille de Pharon monta
de la cité de David en sa mai-
son, que lui avait bâtie Salo-
II] ROIS.
659
mon ; ce fut alors que le roi bátit
Mello.
25. Salomon offrait aussi trois
fois chaque année des holocaustes
et des victimes pacifiques sur
l'autel qu'il avait báti au Seigneur,
et il brülait du parfum devant le
Seigneur; etle temple avait été
achevé.
26. Le roiSalomon équipa aussi
une flotte à Asiongaber, qui est
pres d'Ailath, sur le rivage de la
mer Rouge, dans la terre d'Idu-
mée.
27. Et Hiram envoya sur cette
flotte ses serviteurs, matelots, et
connaissant la mer, avec les ser-
viteurs de Salomon.
28. Et lorsqu'ils furent venus
en Ophir, ils y prirent quatre cent
vingt talents d'or et les apporte-
rent au roi Salomon.
CHAPITRE X.
La reine de Saba vient trouver Salomon.
Sagesse et richesses de ce prince. Des-
cription du trône qu'il fit faire. .
1. Mais la reine de Saba aussi,
ayant appris la renommée de Sa-
lomon au nom du Seigneur, vint
l'éprouver par des énigmes.
2. Et étant entrée dans Jérusa-
lem avec une suite nombreuse,
des richesses, des chameaux qui
portaient des aromates, de l'or
en quantité infinie et des pierres
précieuses, elle vint vers le ro::
24. II Par., vin, 11, — (ΒΑΡ, X. 1. II Par., 1x, 4; Matt., xir, 42; Luc, xr, 31.
26. * Asiongaber fut sur le golfe élanitique ou oriental de la mer Rouge ce qu'est
devenu Suez de nos jours sur le golfe occidental.
28. * Ophir, probablement Abhira, dans l'Inde, à l'embouchure de l'Indus.
1. La renommée de Salomon au nom da Seigneur; c'est-à-dire la renommée de Sa-
lomon acquise par tout ce qu'il avait fait pour le nom du Seigneur. — * Saba, capi-
tale des Sabéens, dans l'Arabie heureuse, où l'on trouve de l'or, des pierres pré-
cieuses, de l'encens et des parfums en abondance.
660 | III. ROIS.
Salomon, et tui dit tout ce qu'elle
avait en son cœur.
3. Et Salomon l'instruisit sur
toutes les paroles qu'elle lui avait
proposées, el il n'y a point de
mot qui püt étre caché au roi, et
sur lequel il ne lui répondit.
4. Or la reine de Saba, voyant
toute la sagesse de Salomon, la
maison quil avait bâtie,
ὃ. Les mets de sa table, les lo-
gemenis de ses serviteurs, les
divers ordres de ceux qui le ser-
valent et leurs vétements, ses
échansons, et les holocaustes
quii offrait dans la maison du
Seigneur, n'avait plus son esprit;
6. Et elle dit au roi : Il est véri-
table le récit que j'ai oui, dans
mon pays,
1. De vos entretiens et de votre
sagesse; et je n'ai pas cru ceux
qui me parlaient, jusqu'à ce que
je sois venue moi-méme et que
jaie vu de mes yeux ; et j'ai re-
connu que la moitié ne m'avait
pas été annoncée. Votre sagesse
et vos œuvres sont plus grandes
que la rumeur que j'ài entendue.
8. Heureux vos sujets, et heu-
reux vos serviteurs, qui sont tou-
jours devant vous et qui écoutent
votre sagesse !
9. Béni soit le Seigneur votre
Dieu, à qui vous avez plu, et qui
vous a placé sur le trône d Israël,
parce que le Seigneur a aimé Is-
raël pour jamais, et qu'il vous a
41 IT Par., 1x, 40;
[cu. x.]
établi roi pour rendre les juge-
ments et la justice.
10. La reine de Saba donna
donc au roi cent vingt talents
d'or, des parfums en très grande
quantité, et des pierres précieu-
ses : on n'apporta jamais depuis
à Jérusalem des parfums aussi
nombreux que ceux que donna
la reine de Saba au roi Salomon.
11. (Mais aussila flotte d'Hiram,
qui portait de l'or d'Ophir, appor-
ta d'Ophir des bois odorants en
très grande quantité et des pierres
précieuses.
12. Et le roi fit de ces bois odo-
rants les balustres de la maison
du Seigneur et de la maison du
roi, des harpes et des lyres pour
les chantres : on n'a point apporté
et on n'a point vu de tels bois
odorants jusqu'au présent jour.)
13. Or le roi Salomon donna à
la reine de Saba tout ce qu'elle
voulut et ce qu'elle lui demanda,
outre ce qu'il lui offrit de lui-
méme avec une munificence
royale. Et la reine s'en retourna
et s'en alla en son pays avec ses
serviteurs.
14. Or, le poids de l'or quon
apportait à Salomon chaque an-
née était de six cent soixante-six
talents d'or,
15. Sans ce que lui apportaient
les hommes préposés aux tributs,
les marchands, tous ceux qui
vendaient des choses recher-
5. N'avait plus son esprit; était ravie, hors d'elle-màme.
11. * Des bois odoranís, du bois de santal.
14. * Six cent soixante-six talents d'or, environ 283,000 kilogrammes ou 87,800,000
francs. Le calife Haroun al-Reschid avait un revenu annuel d'environ 289,000,000 de
franes.
15. * Arabie, 16 pays qui s'étend au sud et à l'est de la Palestine jusqu'à la mer
Rouge.
{cu. x.]
chées, tous les rois d'Arabie et
tous les chefs du pays.
16. Le roi Salomon fit aussi
deux cents grands boucliers d'un
or très pur : il donna pour chaque
bouclier six cents sicles d’or.
47. Et 11 fit trois cents petits
boucliers d'un or éprouvé ; trois
cents mines d'or revétaient cha-
que bouclier; et le roi les placa
dans la maison du bois du Liban.
18. Le roi Salomon fit aussi un
grand trône d'ivoire, et il le re-
vétit d'un or très jaune.
19. Ce tróne avait six degrés :
le haut était arrondi par derriere,
et il y avait deux mains, l'une
d'un cóté et l'autre de l'autre, qui
tenaient le siége, et deux lions
auprès de chaque main ;
90. Et douze lionceaux étaient
surles dix degrés, d'un cóté et
de l'autre : il n'a pas été fait un
tel ouvrage dans aucun royaume.
91. Mais aussi tous les vases où
ΠῚ ROIS. 661
le roi Salomon buvait étaient
d'or, et toute la vaisselle de la
maison du bois du Liban était
d'un or tres pur. L'argent n'était
réputé d'aucun prix aux jours de
Salomon,
22. Parce que la flotte du roi
avec celle du roi Hiram, allait une
fois tous les trois ans, en Tharsis,
rapportant de 1a ce l'or, de l'ar-
gent, des dents d'éléphant, des
singes et des paons.
23. Le roi Salomon surpassa
donc tous les rois du monde en
richesses et en sagesse.
24. Et toute la terre désirait
voir la face de Salomon, pour
écouter sa sagesse que Dieu avait
mise en son Cœur.
25. Et chacun lui envoyait des
présents, des vases d'argent et
dor, des vêtements, des armes
de guerre, des parfums, des che-
vaux et des mulets, à chaque
année.
16. Six cents sicles d'or. Voy. 11 Rois, xvur, 11.
16-17. * Salomon fit aussi deux cents grands boucliers d'or... el trois cents petits
boucliers. Dans l'antiquité, il y avait des boucliers de deux formes et de deux gran-
deurs; les grands, en quadrilatères voütés; les petits, plus ou moins arrondis. Les
uns et les autres étaient sans doute de bois et revétus de plaques d'or du poids de
six cents sicles pour les uns, de trois mines pour les autres. Ces boucliers conte-
naient donc pour plus de dix millions de francs d'or. Un talent équivaut à soixante
mines, une mine à cinquante sicles, et un sicle à quatorze grammes vingt centig.
11. La mine d'or valait 630 fr. 60 cent. — * Dans la maison du bois du Liban.
Voir vir, 2.
20. Aucun. C'est le vrai sens du mot fout en hébreu, quand il est joint à une né-
gation.
22. * La flotte du roi... allait... en Tharsis. Le texte hébreu porte simplement que
les vaisseaux de la flotte étaient des vaisseaux de Tharsis, c'est-à-dire des vaisseaux
de fort tonnage, de ceux dont se servaient les Phéniciens pour aller à Tartessus en
Espagne, de méme que les Anglais appellent aujourd'hui Indiamen leurs grands
vaisseaux, qu'ils aillent ou non dans l'Inde. Quelques-uns ont cru, il est vrai, que
Salomon avait envoyé des vaisseaux et à Ophir et à Tartessus, mais le texte ne le
dit point, et il n'est pas d'ailleurs vraisemblable que les Phéniciens aient fait béné-
ficier les Hébreux du commerce qu'ils faisaient en Espagne. Les Phéniciens en rap-
portaient de l'argent et de l'étain, et ces métaux ne sont point nommés parmi les
objets reçus par Salomon. 1] Peralipoménes, ix, 21, semble dire, il est vrai, que la
flotte de Salomon allait à Tharsis, mais on ne doit entendre par là l'Espagne,
puisque II Paralipomènes, xx, 36, nous lisons que la flotte de Tharsis partait d'Asion-
gaber, d'où il n'était pas possible de se rendre en Espagne.
662
26. Et Salomon rassembla un
grand nombre de chars et de ca-
valiers, et on lui disposa quatorze
cents chars et douze mille cava-
liers, etilles placa dans les villes
fortifiées, et prés du roi dans Jé-
rusalem.
27. Et il fit qu'il y avait à Jéru-
salem une aussi grande abon-
dance d'argent que de pierres, et
il procura une multitude de cè-
dres, semblable à celle des syco-
mores, qui naissent dans les plai-
nes.
98. Et l'on amenait des chevaux
pour Salomon, de l'Egypte et de
Coa ; car les marchands du roi les
achetaient à Coa, et les lui ame-
naient pour un prix convenu.
29. Or, il sortait un attelage de
quatre chevaux d'Egypte pour
six cents sicles d'argent, et un
cheval pour cent cinquante : et
cest de cette maniere que tous
les rois des Héthéens et de Syrie
lui vendaient des chevaux.
CHAPITRE XI.
Salomon se laisse aller à l'amour des
femmes. Elles le font tomber dans
lidolátrie. Ennemis que Dieu lui sus-
cite. Le prophéte Ahias promet à Jéro-
boam le royaume des dix tribus. Mort
de Salomon. Roboam lui succède.
1. Orleroi Salomon aima beau-
III ROIS.
[cn. xr.]
coup de femmes étrangères, la
fille de Pharaon aussi, et des
Moabites, des Ammonites, des
Iduméennes, des Sidoniennes et
des Héthéennes,
2. De nalions dont le Seigneur
avait dit aux enfants d'Israél :
Vous ne vous approcherez point
d'elles, et (es hommes d'entre
elles ne s'approcheront point de
vos filles; car très certainement
elles pervertiront vos cœurs,
pour que vous suiviez leurs
dieux. C'est pourquoi Salomon
s’attacha à ces femmes par un
très ardent amour.
3. Et il eut sept cents femmes
qui étaient comme reines, et
trois cents du second rang; et
ses femmes pervertirent son
cœur.
4. Et lorsqu'il était déjà vieux,
son cœur fut dépravé par les
femmes, en sorte qu'il suivait des
dieux étrangers; et son cœur ne
fut point parfait devant le Sei-
gneur son Dieu, comme le cœur
de David son père.
5. Mais Salomon servait As-
larthé, déesse des Sidoniens, et
Moloch, idole des Ammonites.
6. Ainsi Salomon fit ce qui ne
plaisait pas au Seigneur, et il n'a-
cheva pas de suivre le Seigneur,
comme David son père.
26. II Par., 1, 14. — παρ. XI. 1. Deut., xvir, 11; Eccli., xLvir, 21. — 2. Exode, xxxiv, 16.
96. * Voir plus haut, iv, 26..
21. * Des sycomores à figues. Voir la note sur Luc, xix, 4. — Dans les plaines des
iPhilistins, la Séphéla. Voir la note sur Josué, 1x, 1.
28. * Coa, ville ou région inconnue qui devait être sur la frontière de l'Egypte et
de la Palestine. D'aprés d'autres, c'est la Cilicie.
29. * Six cents sicles d'argent, ou près de 1,700 francs. — Cent cinquante sicles ou
1425 francs environ. — Un attelage de quatre chevaux. Le texte original porte seule-
ment : un char, sans parler des quatre chevaux. — Héthéens. Les Héthéens étaient
alors trés puissants en Syrie et leur domination s'étendait jusqu'à l'Euphrate.
2. Vous ne vous approcherez, etc. Voy. Exode, xxxiv, 16, d'où cette citation est prise.
8. * Astarthé. Noir note sur Juges, 11, 1. — Moloch. Voir note sur Lévitique, xvut, 21,
[cn. x1.]
7. C'est alors que Salomon 18-
üt un temple à Chamos, idole
des Moabites, sur la montagne
qui est contre Jérusalem, et à
Moloch, idole des enfants d'Am-
mon.
8. Et c'est de cette maniere
qu'il fit pour toutes ses femmes
étrangères, qui brülaient de
l'encens et sacrifiaient à leurs
dieux.
9. Aussi le Seigneur fut-il ir-
rité contre Salomon, de ce que
son esprit s'était détourné du Sei-
gneur Dieu d'Israël, qui lui avait
apparu une seconde fois,
10. Et qui lui avait ordonné à
ce sujet de ne point suivre des
dieux étrangers: et il ne garda
pas ce que lui commanda le Sei-
gneur.
11. C'est pourquoi le Seigneur
dit à Salomon : Puisque tu as ce
péché en toi, et que tu n'as point
gardé mon alliance et mes pré-
ceptes que je t'ai prescrits, je dé-
chirerai et diviserai ton royaume,
et je le donnerai à ton serviteur.
19. Cependant, je ne le ferai
pas durant tes jours, à cause de
David, ton père; mais c'est ve-
nant de la main de ton fils que
je le diviserai;
13. Et je n'óterai pas tout le
royaume: mais je donnerai une
iribu à ton fils, à cause de David,
9, Supra, 1x, 2. — 12. Infra, xit, 15. — 15.
III ROIS. 663
mon serviteur, et de Jérusalem,
que j'ai choisie.
14. Or le Seigneur suscita pour
ennemi à Salomon, Adad, l'Idu-
méen de la race royale, qui était
dans Edom.
15. Car lorsque David était
dans llIdumée, et que Joab,
prince de la milice, eut monté
pour ensevelir ceux qui avaient
été tués, et qu'il eut tué tout
mâle dans l'Idumée
16. (Car Joab y demeura six
mois et toute l'armée d'Israël,
pendant quil tuait tout mâle
dans l’Idumée),
17. Adad s'enfuit, lui et des
Iduméens, serviteurs de son
pere, avec lui, pour entrer en
Egypte; or Adad était alors un
petit enfant.
18. Et lorsqu'ils furent sortis de
Madian, 115 vinrent à Pharan;
puis ils prirent avec eux des
hommes de Pharan, et ils en-
trèrent en Egypte, auprès de
Pharaon, roi d'Egypte, qui donna
à Adad une maison, lui assigna
des vivres, et lui attribua une
terre.
19. Et Adad trouva tout à fait
grâce devant Pharaon, tellement
qu'il lui donna pour femme la
sœur germaine de sa propre
femme, de Taphnès, la reine.
20. Et cette sœur de la reine lui
II Rois, vint, 14.
1. * La nature et le soleil étaient adorés par les Moabites sous le nom de Chamos,
comme ils étaient adorés par les Ammonites sous le nom de Moloch. L'un et l'autre
étaient le méme dieu que Baal sous des noms différents. Chamos était aussi un des
dieux des Ammonites. — Sur la montagne qui est contre Jérusalem, la montagne du
Scandale (IV Rois, xxur, 13), au sud de Jérusalem.
11. A ton servileur; c'est-à-dire à un de tes serviteurs.
18. * De Madian. Le pays àl'est du golfe élanitique. —- Pharan, le désert de Feiran,
dans le Sinai.
19. * Devant Pharaon. Ce pharaon est inconnu.
664 III ROIS.
enfant un fils, Génubath, et
Taphné le nourrit dans la maison
de Pharaon; ainsi Génubath ba-
bitait auprès de Pharaon avec ses
enfants.
21. Lorsqu'Adad eut appris, en
Egypte, que David s'était en-
dormi avec ses péres, et que
Joab, prince de la milice, était
mort, il dit à Pharaon : Laissez-
moi aller, afin que je retourne en
mon pays.
22. Et Pharaon lui dit : Mais de
quoi manques-tu chez moi, pour
que tu cherches à aller en ton
pays? Et Adad 1ui répondit : De
rien; mais je vous conjure de me
laisser aller.
23. Dieu suscita aussi pour en-
nemi à Salomon, Razon, fils d'E-
liada, qui s'était enfui d'aupres
d'Adarézer, roi de Soba, son sei-
gneur,
24. Qui assembla des hommes
contre David, et devint chef de
voleurs, lorsque David les tuait;
et ils allèrent à Damas, ils y ha-
biterent, et l'établirent roi à Da-
mas.
95. Et il fut ennemi d'Israël
durant tous les jours de Salo-
mon. Voilà le mal que fit Adad,
et sa haine contre Israël; ainsi,
il régna en Syrie.
96. Jéroboam aussi, fils de
Nabath, Ephrathéen, de Saréda,
serviteur de Salomon, dont la
mere, femme veuve, avait pour
nom Sarva, leva la main contre
le roi.
26. II Par., זוא 6. — 29. II Par., x, 15.
xr.) .זוס]
27. Et lacause de sa révolte est
est que Salomon avait báti Mello,
et comblé l'abime de la cité de
David son pere.
28. Or Jéroboam était un
homme fort et puissant; et Sa-
lomon, voyant ce jeune homme
d'un bon naturel et laborieux,
l'établit intendant des tributs de
toute la maison de Joseph.
29. Il arriva donc en ce temps-
là que Jéroboaïm sortit de Jérusa-
lem, et qu'Aias, le Silonite, le
prophète, couvert d'un manteau
neuf,le rencontra dans le che-
min; or eux deux seulement
étaient dans la campagne.
30. Et Ahias, prenant son man-
teau neuf dont il était couvert, le
coupa en douze parts,
91. Et dit à Jéroboam : Prenez,
pour vous ces dix lambeaux;
car le Seigneur Dieu d'Israél dit
ceci : Voilà que moi je diviserai
le royaume venant de la main de
Salomon, et que je te donnerai
dix tribus.
32. Mais une tribu lui restera,
à cause de mon serviteur David,
et de la ville de Jérusalem, que
jài choisie d'entre toutes les tri-
bus d'Israél;
33. Parce que Salomon m'a
abandonné, et qu'il a adoré As-
tarthé , déesse des Sidoniens,
Chamos, dieu de Moab, et Moloch,
dieu des enfants d'Ammon; et
qu'il n'a point marché dans mes
voles, pour pratiquer la justice
devant moi, mes préceptes et
24. * À Damas, capitale de la Syrie, sur l'Abana, qui, par ses eaux abondantes, fait
la fertilité et la richesse de cette ville.
26. * De Scréda, ville inconnue.
21. * Mello. Voir plus haut, 1x, 15.
[cH. xi.]
mes ordonnances, comme David,
son pere.
94. Je n'óterai pas tout le
royaume de sa main; mais je
l'en laisserai chef durant tous les
jours de sa vie, à cause de David,
mon serviteur, que j'ai choisi,
qui a gardé mes commandements
et mes préceptes.
35. Mais j'óterai le royaume de
la main de son fils, et je te don-
nerai dix tribus ;
36. Et quant à son fils, je lui
donnerai une tribu, afin qu'il
demeure une lampe à David, mon
serviteur, tous les jours, devant
moi dans la ville de Jérusalem,
que j'ai choisie, afin que mon
nom soit là.
91. Mais, toi, je te prendrai, et
iu régneras sur tout ce que désire
ton âme, et tu seras roi sur Is-
raé].
38. ₪1 donc tu écoutes tout ce
que je t'ordonne, et si tu marches
dans mes voies, et que tu fasses
ce qui est droit devant moi, gar-
dant mes commandements et mes
préceptes, comme a fait David,
mon serviteur, je serai avec toi,
el je te bâtirai une maison fidèle,
comme j'ai báti à David une mai-
son, et je te livrerai Israél ;
39. Et j'affligerai en cela la race
=. XII. 1. II Par., x, 1.
Il] ROIS.
665
de David, mais non pour tou-
jours.
40. Salomon voulut donc tuer
Jéroboam, qui s'enfuit en Egypte
vers Sésac, roi d'Egypte, et fut
en Egypte jusqu'à la mort de Sa-
lomon.
41. Quant au reste des actions
de Salomon, à tout ce qu'il a fait,
età sa sagesse, voilà que tout
est écrit dans le Livre des actions
des jours de Salomon.
42. Orles jours durant lesquels
Salomon régna dans Jérusalem
sur tout Israël, furent de quarante
ans.
43. Et Salomon dormit avec ses
peres, et il fut enseveli dans la
cité de David son père, et Ro-
boam son fils régna en sa place.
CHAPITRE XII.
Roboam donne lieu à la séparation des
dix tribus, qui choisissent Jéroboam
pour roi. Roboam se prépare à faire la
guerre à Jéroboam. Le prophéte Sé-
méias le lui défend. Culte impie des
veaux d'or établi par Jéroboam.
1. Or Roboam vint à Sichem ;
car c'est là que tout Israël s'était
assemblé pour l'établir roi.
2. Mais Jéroboam, fils de Na-
bath, pendant qu'il était encore
réfugié en Egypte, loin de la pré-
36. Une lampe; une postérité qui brille comme une lampe illustre. — On a déjà
remarqué que le nom de Dieu se prend souvent pour la majesté divine, Dieu lui-
méme.
38. Je te bâlirai une maison; hébraisme, pour
famille.
: je t'aecorderai une nombreuse
40. * Sésac, pharaon de la xxue dynastie, réunit l'Egypte entière sous son pouvoir
ella gouverna avec vigueur. ll n'était pas de la méme dynastie que le beau-pére
de Salomon. Voir pius loin, xiv, 25.
41. Ce livre, perdu depuis longtemps, était probablement une espèce de journal
de l'histoire de Salomon, les mémoires de sa vie, les annales de son régne, comme
il s'en écrivait chez les Perses, les Babyloniens, etc.
1. * Vint à Sichem, au centre dela Palestine. Voir la note sur Genèse, xi, 6
666 III ROIS.
sence du roi Salomon, ayant ap-
pris sa mort, revint de l'Egypte.
3. Car on envoya et on l'appela.
Jéroboam vint donc, et toute la
multitude d'Israël; et ils parle-
rent à Roboam, disant :
4. Votre père nous a imposé un
joug trés dur : vous donc mainte-
nant, tempérez un peu le gou-
vernement trés dur de votre pere,
et le joug trés pesant qu'il nous a
imposé, et nous vous servirons.
9. Roboam leurrépondit : Allez
jusqu'au troisième jour, et reve-
nez vers moi. Or, lorsque le peu-
ple s'en fut allé,
6. Le roi Roboam tint conseil
avec les anciens qui étaient au-
près de Salomon son pere, lors-
qu'il vivait encore,etil demanda :
Quel conseil me donnez-vous,
afin que je réponde à ce peuple?
7. Ceux-ci répondirent : Si vous
obéissez maintenant à ce peuple,
si vous vous soumettez el que
vous cédiez à leur demande, et
que vous leur disiez des paroles
de douceur, ils vous seront sou-
mis pour toujours.
8. Roboam abandonna le con-
seil que les anciens lui avaient
donné, et consulta les jeunes
gens qui avaient été nourris avec
lui et qui étaient auprès de lui;
9. Et il leur dit : Quel conseil
me donnez-vous, afin que je ré-
poude à ce peuple, qui m'a dit :
Allégez le joug qu'a imposé votre
père sur nous?
15. Supra, x1, 31.
]68. xm.]
10. Et ces jeunes gens qui
avaient été nourris avec lui, lui
répondirent : C'est ainsi que vous
parlerez à ce peuple qui vous a
parlé, disant : Votre père a appe-
santi notre joug ; vous, soulagez-
nous. C'est ainsi que vous leur
parlerez : Mon plus petit doigt
est plus gros que le dos de mon
père.
11. Ainsi donc mon père ἃ im-
posé sur vous un joug pesant;
mais moi j'ajouterai à votre joug:
mon père vous ἃ déchirés avec
des verges; mais moi je vous
déchirerai avec des scorpions.
19. Jéroboam vint donc, et tout
le peuple, vers Roboam, le troi-
sieme jour, comme Roboam l'a-
vali déclaré, disant : Revenez
vers moi au troisième jour.
13. Etle roi répondit au peuple
des choses dures, abandonnant le
conseil que les anciens lui avaient
donné,
14. Et il leur parla selon le con-
seil des jeunes gens, disant : Mon
père a appesanti votre joug; mais
moi j'ajouterai à votre joug : mon
père vous ἃ déchirés avec des
verges; mais moi je vous déchi-
rerai avec des scorpions.
15. Et le roi n'écouta point le
peuple, parce que le Seigneur
s'était détourné de lui, pour effec-
tuer la parole qu'il avait dite par
l'entremise d'Ahias, le Silonite, à
Jéroboam, fils de Nabath.
16. C'est pourauoi Je peuple,
΄
A. Des scorpions; c'est-à-dire des courroies garnies de pointes, à leur extrémité;
ou bien des verges garnies d'épines.
16. David est mis ici pour la famille de David, pour la race royale. — 18+
père de David. — Voyez votre maison; c'est-à-dire faites vos affaires, ayez soin de
vous-méue.
[cu. xir.]
voyant que 16 roi n'avait point
voulu les écouter, lui répondit,
disant : Quelle part avons-nous
avec David? ou quel héritage
avec le fils d'Isai? Va dans tes
tabernacles, Israël; maintenant
voyez votre maison, ὃ David. Et
Israël s'en alla dans ses taberna-
cles.
47. Mais c'est sur tous les en-
fants d'Israël qui demeuraient
dans les villes de Juda, que régna
Roboam.
18. Le roi Roboam envoya en-
suite Aduram, qui était surinten-
dant des tributs ; et tout Israël le
lapida, et 11 mourut. Or le roi
Roboam, se hátant, monta sur
son char, et s'enfuit à Jérusalem.
19. Et Israël s'est tenu séparé
de la maison de David jusqu'au
présent jour.
20. Or il arriva que, lorsque
tout 152861 eut oui que Jéroboam
élait revenu, on envova, et on
l'appela, l'assemblée s'étant réu-
nie, et on l'établit roi sur tout
Israél, et nul ne suivit la maison
de David, excepté la seule tribu
de Juda.
21. Mais Roboam vint à Jéru-
salem, assembla toute la maison
de Juda et 18 tribu de Benjamin,
au nombre de cent quatre-vingt
mille hommes de guerre choisis,
pour combattre contre la maison
d'Israël, et remettre le royaume
à Roboam, fils de Salomon.
22. Alors la parole du Seigneur
IIT ROIS. 667
fut adressée à Séméias, homme
de Dieu, disant :
23. Parle à Roboam, fils de
Salomon, roi de Juda, à toute la
maison de Juda et de Benjamin,
et au reste du peuple, disant :
24. Voici ce que dit le Sei-
gneur : Vous ne monterez point
et vous ne ferez point la guerre
contre vos frères, les enfants
d'Israël : que chaque homme re-
tourne en sa maison, car c'est
par moi qu'a été fait ceci. Ils
écoutèrent la parole du Seigneur,
et ils s’en retournèrent comme
leur avait ordonné le Seigneur.
25. Or Jéroboam bâtit Sichem
sur la montagne d'Ephraim, et il
y habita; et, étant sorti de là, il
bátit Phanuel.
96. Et Jéroboam dit en son
cœur : Maintenant le royaume
retournera à la maison de David,
27. Si ce peuple monte à Jéru-
salem pour sacrifier dans la mai-
son du Seigneur : et le cœur de
ce peuple se tournera vers son
seigneur Roboam, roi de Juda, et
ils me tueront et retourneront à
lui.
98. Et, ayant réfléchi müremeut
à son dessein, il fit deux veaux
d'or, et dit au peuple: Ne montez
plus à Jérusalem; Israél, voici
tes dieux qui t'ont retiré de la
terre d'Egypte.
29. Or il en placa un à Béthel
et l'autre à Dan.
30. Et cela devint un sujet de
22. 1] Par., xr, 2. — 28. Tobie, 1, 5; Exode, xxxr, 8.
18. * Aduram, Adoniram. Voir la note sur III Rois, 1v, 6.
25. 101, comme en plusieurs autres passages, bá/ir signifie rebátir, faire des agran-
dissements, des embellissements.
28. * Les veaux d'or étaient aussi une représentation du vrai Dieu.
29, * Bélhel. Voir Genèse, xu, 8. — Dan. Voir Josué, xix, #1.
668 וז ROIS.
péché; car le peuple allait pour
adorer ce veau jusqu'à Dan.
41. Et il fit des temples sur les
hauts lieux, et des prétres des
derniers du peuple, qui n'étaient
point d'entre les enfants de Lévi.
32. ll ordonna aussi un jour
solennel dans le huitième mois,
le quinzième jour du mois, à
limitation du jour de solennité
qui se célébrait en Juda. Et, mon-
tant à l'autel, il fit de méme à Bé-
thel pour sacrifier aux veaux
qu'il avait fabriqués; et il établit
dans Béthel les prétres des hauts
lieux qu'il avait bâtis.
33. Et il monta à l’autel qu'il
avait construit dans Béthel, le
quinzième jour du huitième
mois, qu'il avait établi selon son
gré; et il fit une solennité aux
enfants d'Israël, et monta à l'au-
tel pour brüler de l'encens.
CHAPITRE XIII.
Un prophéte prédit devant Jéroboam la
naissance de Josias et la destruction
des hauts lieux. Ce prophéte est tué
par un lion pour avoir désobéiau com.
mandement de Dieu. Jéroboam per-
siste dans son impiété.
1. Et voilà qu'un homme de
Dieu vint avec les paroles du Sei-
gneur, de Juda à Béthel, Jéro-
boam étant pres de l'autel et je-
tant de l'encens.
9. Et il s'écria contre l'autel,
avec les paroles du Seigneur, et
il dit: Autel, autel, le Seigneur
ditceci: Voilà qu'un fils naitra
[cu. xir.]
dans la maison de David, du nom
de Josias, et il immolera sur toi
les prétres des hauts lieux, qui
maintenant brülent sur toi de
l'encens, et il brülera sur toi des
os d'hommes.
3. Et il donna en ce jour-là ce
signe, disant : Ceci sera le signe
que le Seigneur a parlé : Voilà
que l'autel sera brisé, et que sera
répandue la cendre qui est sur
lui.
4. Or lorsque le roi eut entendu
la parole que l'homme de Dieu
avait dite en criant contre l'autel
à Déthel, il étendit sa main
de dessus lautel, disant : Saisis-
sez-le. Et sa main qu'il avait
étendue contre le prophéte se
sécha, et il ne put pas la retirer
à lui.
5. L'autel aussi se brisa, et la
cendrese répanditdel'autel, selon
le signe que l'homme de Dieu
avait prédit avec les paroles du
Seigneur.
6. Alors le roi dit à l'homme
de Dieu : Implore la face du Sei-
gneur ton Dieu, et prie pour
moi, afin que ma main me soit
rendue. Et l'homme de Dieu pria
la face du Seigneur, el la main
du roi revint à lui, et elle devint
comme elle était auparavant.
7. Or le roi dit à l'homme de
Dieu : Viens avec moi en ma mai-
son pour diner, et je te donuerai
des présents.
8. Et l'homme de Dieu répondit
au roi: Quand vous me doune-
31. II Par., x1, 15. — Cnar. XIII. 2. IV Rois, זואא 16. $i
A € M — HH οῬὄΟῬΚς..βρ.σ:...
31. * Sur les hauis lieux. Voir la note sur Nombres, xxu, #1.
1. Jetant de l'encens; c'est-à-dire encensant. — 1, 2, 5. Avec ies paroles du Seigneur;
avec les propres paroles du Seigueur, porteur des propres paroles du Seigneur.
[cu. xir.]
riez la moitié de votre maison, je
n'irai point avec vous, et je ne
mangerai point de pain ni ne
boirai point d'eau en ce lieu;
9. Car c'est ainsi qu'il m'a été
commandé avec les paroles du
Seigneur, qui a donné cet ordre :
Tu ne mangeras point de pain,
Lu ne boiras point d'eau, et tu ne
retourneras point par la voie par
laquelle tu es venu.
10. Il s'en alla donc par une
autre voie, et il ne retourna pas
par le chemin par lequel il était
venu à Béthel.
11. Or un certain vieux pro-
phète habitait à Béthel, et ses
fils vinrent vers lui, et lui racon-
ièrent toutes les œuvres qu'avait
faites l'homme de Dieu ze jour-
là à Béthel; et les paroles qu’il
aväit dites au roi, ils les racon-
tèrent à leur père.
12. Et leur père leur dit : Par
quelle voie s'en est-il allé? Ses
fils lui montrerent la voie par
laquelle s'en était allé l'homme
de Dieu qui était venu de Juda.
19. Et il dit à ses fils : Préparez-
moi l’âne. Et lorsque ceux-ci
l'eurent préparé, il monta dessus.
14. Et il s'en alla apres l'homme
de Dieu, et il le trouva assis sous
le térébinthe, et il lui dit : Es-tu
l'homme de Dieu qui es venu de
Juda? Celui-ci répondit: Je le suis.
45. Viens, dit-il, avec moi en ma
maison pour manger du pain.
16. L'homme de Dieu lui ré-
pondit : Je ne puis retourner ni
III ROIS.
669
aller avec toi, et je ne mangerai
point de pain et ne boirai point
d'eau en ce lieu ;
17. Parce que le Seigneur m'a
parlé avec les paroles du Sei-
gneur, disant : Tu ne mangeras
point de pain et ne boiras point
d'eau là, et-tu ne retourneras
point par la voie par laquelle tu
seras allé.
18. Cet homme lui répondit :
Moi aussi, je suis prophete, sem-
blable à toi, et un ange m'a parlé
avec les paroles du Seigneur, di-
sant : Ramène-le avec toi en ta
maison, afin qu'il mange du pain
et qu'il boive de l’eau. 1116 trompa,
19. Et le ramena avec lui : 1]
mangea donc du pain en sa mai-
son, et il but de l'eau.
20. Et, lorsqu'ils étaient assis à
table, la parole du Seigneur fut
adressée au prophète qui l'avait
ramené,
21. Et il cria à l'homme de Dieu
qui était venu de Juda, disant :
Voici ce que dit le Seigneur :
Parce que tu n'as pas été obéis-
sant àla parole du Seigneur, et
que tu n'as point gardé le com-
mandement que t'a prescrit le
Seigneur ton Dieu,
22. Et que tu es retourné, et
que tu as mangé du pain et bu de
l'eau dans le lieu dans lequel je
t'ai ordonné de ne point manger
de pain et de ne point boire d'eau,
ton cadavre ne sera pas porté
dans le sépulere de tes peres.
23. Lors donc qu'il eut mangé
9. Il m'a été commandé avec les paroles du Seigneur ; c'est-à-dire le commandement
que j'ai recu était l'expression méme du Seigneur.
11. Parce que, etc. Parce que le Seigneur m'a parlé directement, m'a fait entendre
568 propres paroles.
21, 26. La parole; littér., (a bouche, et par un genre de métonymie trés usité en
hébreu, /a parole, le commandement, qui sort de la bouche.
670 111 ROIS.
et bu, le vieux prophète sella son
âne pour le prophète qu'il avait
ramené.
24. Et lorsque celui-ci s'en fut
allé, uu lion le rencontra et le
tua, et son cadavre était étendu
dans le chemin : l'âne se tenait
auprès de lui, et le lion se tenait
auprès du cadavre.
25. Et voilà que des hommes
qui passaient virent son cadavre
étendu sur la voie, et le lion qui
se tenait auprès du cadavre. Etils
vinrent, et le publièrent dans la
ville dans laquelle ce vieux pro-
phète demeurait.
26. Ce qu ayant appris, ce pro-
phète qui l'avait détourné de sa
vole, dit : C'est l'homme de Dieu
qui a été désobéissant à la parole
du Seigneur, et le Seigneur l'a
livré au lion, qui l'a brisé et l'a
tué, selon la parole que le Sei-
gneur lui avait dite.
97. Et il dit à ses fils : Sellez-
moi l'àne. Lorsque ceux-ci l'eu-
rent sellé,
28. Et que lui s'en fut allé, il
trouva le cadavre étendu sur la
voie, et l'àne et le lion qui se te-
naient aupres du cadavre : le lion
ne mangea pas du cadavre et ne
fit pas de mal à l'àne.
29. Le prophète prit donc le ca-
davre de l'homme de Dieu, le mit
sur làne, et le ramena dans la
ville du vieux prophète, pour le
pleurer.
(βαρ. XIV. 2. Supra, ,זא 31. -
(ca. xiv.]
30. Et il mit son cadavre dans
son sépulcre ; et ils le pleurèrent,
disant : 116185 hélas ! mon frère!
31. Et lorsqu'ils l'eurent pleuré,
il dit à ses fils : Lorsque je serai
mort, ensevelissez-moi dans le
sépulcre dans lequel l'homme de
Dieu est enseveli ; mettez mes os
auprès de ses os.
32. Car certainement il arrivera
ce qu'il a prédit avec les paroles
du Seigneur, contre lautel qui
est à Béthel, et contre tous les
temples des hauts lieux qui sont
dans les villes de Samarie.
33. Après cela, Jéroboam ne
revint point de ses voies très
mauvaises ; mais au contraire, il
fit des derniers du peuple des
prêtres des hauts lieux : à qui-
conque le voulait il remplissait
sa main, et celui-ci devenait prè-
ire des hauts lieux.
34. Et c'est pour ce motif que
pécha la maison de Jéroboam, et
qu'elle fut détruite et exterminée
de la surface de la terre.
CHAPITRE XIV.
Jéroboam envoie sa femme consulter le
prophète Ahias sur la maladie de son
fils. Mort de Jéroboam. Nadub lui suc-
cède. Sésac, roi d'Egypte, pillele temple
de Jérusalem. Roboam meurt. Abiam
règne à sa place.
1. En ce temps-là, Abia, fils de
Jéroboam, fut malade,
9. Et Jéroboam dit à sa femme:
32. Avec les paroles; en se servant des propres paroles. Comp. vers. 1, 9. — * Les
villes de Samarie. Sur Samarie, voir la note sur 111 Rois, xvr, 24. Samarie donna son
nom à tout le pays.
33. IL remplissait sa main soit des victimes qui devaient ètre ollertes en sacrilice,
soit des instruments sacrés de son ministère. C'était la formule usitée pour la con-
sécration des prêtres.
c
2, * Va à Sito. Sur Silo, voir la note sur Josué, xvur, 5
[cH. xtv.]
Lève-toi, change de vêtement,
pour qu'on ne sache point que tu
es femme de Jéroboam, et va à
Silo, oü est Ahias le prophete,
qui m'a dit que je devais régner
sur ce peuple.
3. Prends aussi en ta main dix
pains, une galette et un vase de
miel, et va vers lui ; car lui-méme
lindiquera ce qui doit arriver à
cet enfant.
4. La femme de Jéroboam fit
comme il avait 016 ; et, se levant,
elle alla à Silo, et vint dans la
maison d'Ahias ; mais celui-ci ne
pouvait voir, parce que ses yeux
s'étaient obscurcis à cause de sa
vieillesse.
5. Or le Seigneur dit à Ahias :
Voilà que la femme de Jéro-
boam vient te consulter sur son
fils qui est malade : tu lui diras
ceci et cela. Comme donc elle
entrait, et dissimulait qui elle
était,
6. Ahias entendit le bruit de
ses peds lorsqu'elle entrait à la
porte, et il dit: Entrez, femme de
Jéroboam : pourquoifeignez-vous
d’être une autre? Pour moi, je
vous suis envoyé comme un mes-
sager funeste.
- 7. Allez, et dites à Jéroboam :
Voici ce que dit le Seigneur Dieu
d'Israël : Je t'ai élevé du milieu
du peuple, et je t'ai établi chef
sur mon peuple Israël;
8. Et j'ai divisé le royaume de
la maison de David et tel'ai don-
né; ettu n'as point été comme
mon serviteur David, qui a gardé
10. Infra, xv, 29.
ROIS. 671 זז
mes commandements, et qui m'a
suivi en tout son cœur, faisant
tout ce qui était agréable en ma
présence ;
9. Mais tu as fait plus de maux
que tous ceux qui ont été avant
toi, et tu t'es fait des dieux étran-
gers et jetés .en fonte, pour me
provoquer au courroux, et tu
m'as rejeté derrière toi.
10. C'est pourquoi voilà que
jaménerai des maux sur la mai-
son de Jéroboam, et je frapperai
de Jéroboam celui qui urine con-
ire une muraille, celui qui est
renfermé, et celui qui est le der-
nier dans Israël ; et [6 nettoyerai
les restes de la maison de Jéro-
boam, comme on a coutume de
nettoyer le fumier, jusqu'à ce que
tout soit net.
11. Ceux de Jéroboam qui
mourront dans la ville, les chiens
les mangeront, et ceux qui mour-
ront dans la campagne, les oi-
seaux du ciel les dévoreront,
parce que c'est le Seigneur qui a
parlé.
12. Vous donc, levez-vous, et
allez en votre maison ; et, à l'en-
trée méme de vos pieds dans la
ville, l'enfant mourra,
13. Et tout Israël le pleurera et
l'ensevelira; car c'est le seul de
Jéroboam qui sera porté dans un
sépulcre, parce qu'il a été trouvé
en lui quelque chose de bon par
le Seigneur Dieu d'Israël dans la
maison de Jéroboam.
14. Mais le Seigneur s'est établi
un roi sur Israël, qui frappera la
9. Derrière toi; littér. derrière ton corps.
10. Celui qui urine, etc. Voy. 1 Rois, xxv,
22, — Celui qui est renfermé. Voy. Deu-
léronome, xxxii, 36. — Le dernier des descendants de Jéroboam.
672 ΠῚ ROIS.
maison de Jéroboam en ce jour
et en ce temps;
15. Etle Seigneur Dieu frappera
Israël comme le roseau a coutu-
me d'étre agité dans l'eau, et il
arrachera Israél de la bonne terre
qu'il a donnée à leurs peres, et il
'les dispersera au delà du fleuve,
' parce qu'ils se sont fait des bois
sacrés pour irriter le Seigneur.
16. Etle Seigneur livrera Israel
à cause des péchés de Jéroboam,
qui a péché et qui a fait pécher
Israél.
11. C'est pourquoi la femme de
Jéroboam se leva, s'en alla, et
vint à Thersa ; et lorsqu'elle en-
trait sur le seuil de la porte de
sa maison, l'enfant mourut,
19. Et on l'ensevelit. Et tout
Israël le pleura, selon la parole
du Seigneur qu'il avait dite par
lentremise de son serviteur
Ahias, le prophète.
19. Mais le reste des actions de
Jéroboam, comment il combatlit,
et comment il régna, voilà que
cest écrit dansle Livre des ac-
tions des jours des rois d'Israél.
20. Or les jours durant lesquels
Jéroboam régna furent de vingt-
deux ans, et il dormit avec ses
peres, et Nadab, son fils, régna
en sa place.
21. Cependant Roboam, fils de
91. II Par., xir, 13. — 26. Supra, x, 16.
[CH. xiv.]
Salomon régnait sur Juda. Ro-
boam avait quarante-un ans lors-
quil commenca à régner, et il
régna dix-sept ans dans la ville
de Jérusalem, que le Seigneur
avait choisie d'entre toutes les
tribus d'Israél pour y établir son
nom. Or le nom de sa mère était
Naama, l'Ammanite.
22. Et Juda fit le mal aux yeux
du Seigneur, et ils l'irriterent au
delà de tout ce qu'avaient fait
leurs peres, dans les péchés dont
ils s'étaient rendus coupables,
23. Car ils se firent, eux aussi,
des autels, des statues et des bois
sacrés sur toute colline élevée et
sous tout arbre couvert de feuil-
lage.
24. Il y eut aussi des efféminés
dans leur terre, et ils commirent
toutes les abominations de ces
nations que le Seigneur avait dé-
truites devant la face des enfants
d'Israél.
25. Or en la cinquième année
du règne de Roboam, Sésac, roi
d'Egypte, monta à Jérusalem,
26. Et il enleva les trésors de
la maison du Seigneur et les tré-
sors du roi, et il pilla tout, même
les boucliers d'or qu'avait faits
Salomon, ,
27. En la place desquels le roi
Roboam fit des boucliers d'airain,
15. Au delà du fleuve de l'Euphrate. — * Ils se sont fait des bois sacrés. Voir la
note sur Exode, xxxiv, 13.
17. * Thersa, site inconnu.
19, 29. Le Livre, etc. Voy. chap. xi, 41.
21, 31. L'Ammanite; l'hébreu porte l'Ammonite, du pays des Ammonites.
23. * Sur toute colline élevée. Voir la note sur Nombres, xxu, 41.
24. Des efféminés; c'est-à-dire des prostitués. Voy. Deutér., xxu, 17.
25. * Sésac, fondateur de la xxiv dynastie égyptienne, était d'origine étrangère et
avait épousé Karamat, fille du pharaon Pisebkhan 19. 1] nous a conservé sur ses
monuments à Karnak le souvenir de ses victoires sur le royaume de Juda.
21,28. Les scutaires étaient ce que nous appelons les gardes du corps.
]68. xv.]
etilles mit entre les mains des
chefs des scutaires, et de ceux qui
veillaient devant la porte de la
maison du roi.
28. Et lorsque le roi entrait
dans la maison du Seigneur, ceux
dont l'office était de marcher de-
vantlui portaient ces boucliers,
et ensuite ils les reportaient dans
l'arsenal des scutaires.
29. Mais le reste des actions de
Roboam, et tout ce qu'il a fait,
voilà que c'est écrit dans le Livre
des actions des jours des rois de
Juda.
30. Et il y eut guerre entre Ro-
boam et Jéroboam durant tous
leurs jours.
31. Et Roboam dormit avec ses
peres, et il fut enseveli avec eux
dans la cité de David. Le nom
de sa mère était Naama lAm-
manite, et Abiam son fils régna
en sa place.
CHAPITRE XV.
Abiam imite l’impiété de Roboam. Il meurt
et est remplacé par Asa son fils, qui
imite la piété de David. Josaphat son
fils lui succède. Nadab est tué par Baasa,
qui régne en sa place.
1. Ainsi en la dix-huitieme
année du regne de Jéroboam, fils
de Nabath, Abiam régna sur
Juda.
2. Il régna trois ans dans Jéru-
salem ; le nom de sa mère était
Maacha, fille d'Abessalom.
3. Et il marcha dans tous les
péchés que son pére avait com-
ΠῚ ROIS. 673
mis avant lui, et son cœur n'était
point parfait avec le Seigneur
son Dieu, comme le cœur de Da-
vid son pere.
4. Mais, à cause de David, le
Seigneur son Dieu lui donna une
lampe dans Jérusalem, en sorte
qu'il suscita son fils apres lui, et
maintint Jérusalem,
9. Parce que David avait fait ce
qui était droit aux yeux du Sei-
gneur, et qu'il ne s'était point
détourné ἀθ tout ce qu'il lui avait
commandé, durant tous les jours
de sa vie, excepté le fait touchant
Urie, l'Héthéen.
6. Cependant il y eut guerre
entre Roboam et Jéroboam, pen-
dant tout le temps de la vie de
Roboam.
7. Mais le reste des actions d'A-
biam, et tout ce qu'il fit, n'est-ce
pas écrit dans le Livre des actions
des jours des rois de Juda? Et il
yeut une bataille entre Abiam et
Jéroboam.
8. Et Abiam dormit avec ses
pères, et on l'ensevelit dans la
cité de David; et son fils Asa ré-
gna en sa place.
9. Ainsi en la vingtième année
de Jéroboam, roi d'Israél, Asa, roi
de Juda, régna.
10. Et 11 régna quarante-un ans
dans Jérusalem. Le nom de sa
mere était Maacha, fille d'Abessa-
lom.
41. Et Asa fit ce qui était droit
en la présence du Seigneur, com-
me David son père;
CuaP. XV. 2. II Par., xui, 2. — 5. II Rois, xr, 4. — 7. II Par., xri, 3. — 8. II Par.,
XIV, 4.
4. Une lampe. Voy. xti, 36.
T. Le livre, ec. Voy. ch. xi, 41.
10, 13. Mère est probablement mis ici par hébraisme pour grund'mère,
A. T.
42
374 III ROIS.
19. Et il chassa les efféminés
du pays, et le purifia de toutes les
souillures des idoles que ses peres
avaient fabriquées.
13. De plus, il éloigna même sa
mere Maacha, afin qu'elle ne füt
pas préposée aux sacrifices de
Priape, et à son bois sacré qu'elle
avait consacré ; et il renversa sa
caverne, et il brisa 16 simulacre
très obscene, et le brüla dans le
torrent de Cédron.
14. Mais il ne détruisit pas les
hauts lieux. Toutefois le cœur
d'Asa fut parfait avec le Seigneur
durant tous ses jours;
15. Il porta aussi ce qu'avait
consacré son pere, et qu'il avait
voué dans la maison du Seigneur,
de l'argent, de l'or, et des vases.
16. Or il y eut guerre entre
Asa et Baasa, roi d'Israël, durant
tous leurs jours.
17. Et Baasa, roi d'Israël, vint
contre Juda et bâtit Rama, afin
que personne ne püt sortir ou
entrer du côté d'Asa, roi de Juda.
18. C'est pourquoi Asa, pre-
nant tout largent et l'or qui
étaient demeurés dans les trésors
de la maison du Seigneur et
dans les trésors de la maison du
roi, les mit entre les mains de ses
serviteurs, et les envoya à Béna-
dad, fils de Tabremon, fils d'Hé-
41. II Par., xvi, 1.
[cu. xv.]
zion, roi de Syrie, qui habitait à
Damas, disant :
19. Il y a alliance entre moi et
vous, et entre mon pere et votre
père : c'est pourquoi je vous ai
envoyé des présents, de l'argent
et de l'or, et je vous prie de ve-
nir, et de rendre vaine l'alliance
que vous avez avec Baasa, roi
d'Israél, afin qu'il se retire loin
de moi.
20. Bénadad, écoutant le roi
Asa, envoya les princes de son
armée contre les villes d'Israël,
et ils prirent d'assaut Ahion, Dan,
Abel maison de Maacha, et
Cennéroth tout entière, c'est-à-
dire toute la terre de Nephthali.
91. Ge qu'ayant appris, Baasa
cessa de bâtir Rama, et revint à
Thersa.
22. Or le roi Asa envoya un
messager dans tout Juda, disant :
Que personne ne soit exempté.
Et on emporta les pierres de
Rama et les bois avec lesquels
Baasa avait báti, et le roi Asa en
construisit Gabaa en Benjamin,
et Maspha.
23. Mais le reste de toutes les
actions d'Asa, tous ses traits de
courage, tout ce qu'il fit, et les
villes qu'il bátit, n'est-ce pas écrit
dans le Livre des actions des
jours des rois de Juda? Cepen-
13. * Dans letorrentde Cédron, à l'est et au sud-est de Jérusalem. — Au lieu de Priape,
l'original porte Aschéra ou Astarté.
14, * Les hauts lieux. Voir la note sur Nombres, xxu, 41.
11. * Bátit, reconstruisit Rama, aujourd'hui er-Ram, au nord de Jérusalem.
18. * A Damas. Voir plus haut, xi, 24.
20. * Cennéroth. Voir Deutéronome, ur, 11. — Pour Ahion et Abel maison de Maacha,
voir IV Rois, xv, 29. — Pour Dan, voir Josué, xix, #1. E. P. \
22. Ne soit exempté, de venir à Rama. — * Gabaa en Benjamin. Voir 1 Rois, Xt, 4.
— Maspha, au nord de Jérusalem.
23, 31. Le Livre, etc. Voy. chap. ,א
68. XVI.)
dant dans le temps de sa vieil-
lesse, il souffrit de ses pieds ;
94. Et il dormit avec ses peres,
etil fut enseveli avec eux dans
la cité de David son pere. Et Jo-
saphat, son fils, régna en sa
place.
95. Or N&dab, fils de Jéroboam,
régna sur Israël la seconde an-
née d’Asa, roi de Juda; et il ré-
gna deux ans sur Israël.
96. Et il fit ce qui est mal en la
présence du Seigneur, et il mar-
cha dans les voies de son pere
et dans les péchés par lesquels il
fit pécher Israél.
97. Mais Baasa, fils d'Ahias, de
la maison d'Issachar, lui tendit
des embüches et le tua pres de
Gebbethon, qui est une ville des
Philistins; vu que Nadab et tout
Israél assiégeaient Gebbethon.
98. Baasa tua donc Nadab, et
il régna en sa place, la troisième
année d'Asa, roi de Juda.
29. Et lorsque Baasa fut devenu
roi, il tua toute la maison de Jé-
roboam : il n'en laissa pas méme
une seule âme de sa race, jusqu'à
ce qu'il l'eàt exterminée, selon la
parole que le Seigneur avait dite
par l'entremise de son serviteur
Ahias, le Silonite,
30. À cause des péchés que Jé-
roboam avait commis et par les-
quels il avait fait pécher Israël, et
à cause du péché par lequel il
avait irrité le Seigneur Dieu d'Is-
rael.
31. Mais le reste des actions de
Nadab, et tout ce qu'il fit, n'est-
ce pas écrit dans le Livre des ac-
ΠῚ ROIS.
675
tions des jours des rois d'Israél?
32. Et il y eut guerre entre Asa
6% Baasa, roi d'Israël, durant tous
leurs jours.
33. La troisieme année d'Asa,
roi de Juda, Baasa, fils d'Ahias,
régna sur tout Israél à Thersa
pendant vingt-quatre ans.
34. Et il fit le mal devant le
Seigneur, et il marcha dans la
voie de Jéroboam et dans les
péchés par lesquels il avait fait
pécher Israël.
CHAPITRE XVI.
Jéhu prédit à Baasa la ruine de sa famille.
Mort de Baasa. Ela lui succéde. Zambri
tue Ela et se fait roi d'Israël. Amri est
choisi roi par le peuple. Zambri se brüle
dans son palais. Mort d'Amri; Achab
lui succéde et épouse Jézabel.
1. Orla parole du Seigneur fut
adressée à Jéhu, fils d'Hanani,
contre Baasa, disant :
2. Quand je t'ai élevé de la
poussiere, et je t'ai établi chef
sur mon peuple Israél, toi au
eontraire, tu as marché dans la
voie de Jéroboam, et tu as fait
pécher mon peuple Israél, pour
m'irriter par leurs péchés :
3. Voilà que moi, je moisscn-
nerai la postérité de Baasa et la
postérité de sa maison, et je ferai
de ta maison ce que j'ai fait de la
maison de Jéroboam, fils de
Nabath.
4. Celui de la race de Baasa
qui mourra daus la ville, les
chiens le mangeront, et celui qui
mourra dans la campagne, les oi-
seaux du ciel le mangeront.
24. II Par., xvir, 1. — 29. Infra, xxr, 22; Supra, xiv, 10. — Car. XVI. 4. Supra,
xiv, 41.
21. * Gebbethon, ville lévitique de la tribu de Dan.
676 III ROIS.
5. Mais le reste des actions de
Baasa, et tout ce qu'il fit, et ses
combats, n'est-ce pas écrit dans
le Livre des actions des jours des
rois d'Israël?
6. Baasa dormit donc avec ses
pères, et il fut enseveli à 1110788 ;
et Ela son fils régna en sa place.
1. Mais lorsque par l'entremise
de Jéhu le prophete, fils d'Hana-
ni, la parole du Seigneur eut été
adressée contre Baasa, contre sa
maison, et contre tout le mal
quil avait fait devant le Sei-
gneur, pour lirriter par les
œuvres de ses mains, afin que sa
maison devint comme la maison
de Jéroboam, 20056 pour ce mo-
tif méme 16 tua, c'est-à-dire, Jéhu,
fils d'Hanani le prophete,
8.Lavingt-sixiemeannée d'Asa,
roi de Juda, Ela, fils de Baasa, ré-
gna sur Israél à Thersa pendant
deux ans;
9. Car son serviteur Zambri,
chef de la moitié de sa cavalerie,
se révolta contre lui ; or Ela était
à Thersa buvant et ivre, dans la
maison d'Arsa, gouverneur de
Thersa.
10. Zambri donc se jetant sur
lui, le frappa et le tua la vingt-
septieme année d'Asa, roi de
Juda, et il régna en sa place.
11. Et lorsqu'il fut roi et qu'il
fut assis sur son tróne, il tua
toute la maison de Baasa, et il ne
laissa d'elle aucun urinant contre
une muraille, ni ses proches, ni
ses amis.
12. Ainsi Zambri détruisit toute
5. II Par., xvi, 4. — 10. IV Rois, 1x, 31.
[CH. XVI. |
la maison de Baasa, selon la pa-
role que le Seigneur avait dite à
Baasa par l'entremise de Jéhu le
prophète,
13. À cause de tous les péchés
de Baasa et des péchés d'Ela son
fils, qui avaient péché et fait
pécher tout Israël, provoquant
le Seigneur Dieu d'Israël par
leurs vanités.
14. Mais le reste des actions
d'Ela, et tout ce qu'il fit, n'est-ce
pas écrit dans le Livre des actions
des jours des rois d'Israel?
15. La vingtseptieme année
d'Asa, roi de Juda, Zambri régna
pendant sept jours à Thersa : or
l'armée d'Israél assiégeait Gebbe-
thon, ville des Philistins.
16. Et lorsqu'il eut appris que
Zambri s'était révolté et avait tué
le roi, tout Israél se donna pour
roi Amri, qui était prince de la
milice d'Israél, et en ce jour-là
dans le camp.
17. Amri monta donc, et tout
Israël avec lui, de Gebbethon, et
ils assiégeaient Thersa.
18. Or Zambri, voyant que la
ville allait étre prise d'assaut, en-
tra dans le palais et se brüla avec
la maison.royale : et il mourut
19. Dans ses péchés qu'il avait
commis, faisant le mal devant le
Seigneur, et marchant dans la
voie de Jéroboam et dans le péché
par lequel il avait fait pécher 15-
rael.
20. Mais le reste des actions de
Zambri, de ses embüches et de sa
tyrannie, n'est-ce pas écrit dans
11. Urinant contre une muraille. Voy. 1 Rois, xxv, 22.
13, 26. Vanités. C'est le nom que l'Ecriture donne aux idoles.
14, 20, 21. Le Livre, etc. Voy. chap. xi, 41.
(cn. xvi.]
le Livre des actions des jours des
rois d'Israël?
91. Alors le peuple d'Israël fut
divisé en deux parties : la moitié
du peuple suivait Thebni, fils de
Gineth, pour l'établir roi, et l'au-
tre moitié. Amri.
99. Maisle peuple qui était avec
Amri l'emporta sur le peuple qui
était avec Thebni, fils de Gineth;
or Thebni mourut, et Amri ré-
gna.
93. Depuis la trente-unième
année d'Asa, roi de Juda, Amri
régna sur Israél pendant douze
ans : à Thersa, il régna six
ans.
94. Et il acheta la montagne de
Samarie à Somer, pour deux ta-
lents d'argent ; et il la bátit, et il
appela la ville qu'il avait cons-
truite Samarie, du nom de Somer,
le maitre de la montagne.
95. Mais Amri fit le mal en la
présence du Seigneur, et il agit
méchamment, plus que tous ceux
qui furent avant lui.
90. Et il marcha dans toute la
voie de Jéroboam, fils de Nabath,
et dans ses péchés par lesquels
il avait fait pécher Israél, pour
irriter le Seigneur Dieu d'Israël
par ses vanités.
97. Mais le reste des actions
d'Amri et les combats qu'il don-
na, n'est-ce pas écrit dansle Livre
34. Jos., vr, 26.
E IH ROIS. 677
des actions des jours des rois
d'Israël ?
98. Et Amri dormit avec ses
peres et fut enseveli à Samarie,
et Achab, son fils, régna en sa
place.
29. Mais Achab, fils d'Amri,
régna sur Israél la trente-huitie-
me année d'Asa, roi de Juda. Et
Achab, fils d'Amri, régna sur Is-
raël à Samarie pendant vingt-
deux ans.
30. Et Achab, fils d'Amri, fit le
mal en la présence du Seigneur
plus que tous ceux qui furent
avant lui.
31. Et il ne lui suffit pas de mar-
cherdans les péchés deJéroboam,
fils de Nabath; de plus, il prit
pour femme Jézabel, fille d'Eth-
baal, roi des Sidoniens, et il alla,
et servit Baal et l'adora.
39. Et il éleva un autel à Baal
dans le temple de Baal qu'il avait
bâti à Samarie,
33. Et il planta le bois sacré; et
Achab ajouta à son œuvre en
irritant le Seigneur Dieu d'Israël
plus que tous les rois d'Israël qui
furent avant lui.
34. Pendant ses jours, Hiel, de
Béthel, bâtit Jéricho : il en jeta
les fondements sur Abiram, son
premier-né, et il en posa les por-
tes sur Ségub, son dernier fils,
selon la parole que le Seigneur
24. * Samarie, bâtie sur une hauteur, au nord de Sichem, au milieu d'une plaine
ceinte d'une couronne de montagnes, se trouvait dans une position plus forte encore
que celle de Jérusalem. Elle était élevée d'environ deux cents métres au-dessus des
vallées environnantes et occupait un site délicieux.
31. * Baal. Voir la note sur Juges, vt, 25.
33. * Et il planta le bois sacré. Voir la note sur Exode, xxxiv, 13.
34. Pendant ses jours; c'est-à-dire pendant le régne d'Achab. Voy. pour le reste du
verset, Josué, vi, 26. — * Hiel bátit Jéricho. Voir la note sur Josué, vt, 1. — Bélhel
est à peu de distance de Jéricho. Voir Genése, xu, 8.
678
avait dite par l'entremise de Jo-
sué, fils de Nun.
CHAPITRE XVII.
Elie déclare à Achab qu'il ne pleuvra
point jusqu'à ce que Dieu l'ordonne
par sa bouche. Ce prophéte est nourri
par les corbeaux. Il multiplie miracu-
leusement à Sarephta l'huile et la farine
chez une veuve. Le fils de cette veuve
meurt, Elie le ressuscite.
4. Et Elie, le Thesbite, un des
. habitants de Galaad, dit à Achab :
Il vit, le Seigneur Dieu d'Israël,
en la présence duquel je suis ! il
n'y aura pendant ces années-ci
ni rosée ni pluie que selon les
paroles de ma bouche.
9, Et la parole du Seigneur fut
adressée à Elie, disant :
3. Retire-toi d'ici; va contre
l'orient, et cache-toi pres du tor-
rent de Carith, qui est contre le
Jourdain ;
4. Et là tu boiras au torrent ; et
jai ordonné aux corbeaux qu'ils
te nourrissent là.
5. Elie s'en alla donc, et fit se-
lon la parole du Seigneur, et
lorsqu'il s'en fut allé, il s'assit
pres du torrent de Carith, qui est
contre le Jourdain.
0. Et les corbeaux lui appor-
taient du pain et de la chair le
IIl ROIS.
[cH. xvir.]
matin, également du pain et de
la chair le soir, et il buvait au
torrent.
7. Mais après quelques jours le
torrent se sécha; car il n'avait
pas plu sur la terre.
8. La parole du Seigneur lui fu‘
donc adressée, disant :
9. Lève-toi, et va à Sarephta,
ville des Sidoniens, et tu demeu-
reras là; car j'ai ordonné là à une
femme veuve qu'elle te nourrisse.
10. Il se leva et s'en alla à Sa-
rephta. Et lorsqu'il fut venu à la
porte de la ville, il apercut une
femme veuve qui ramassait du
bois; et il l'appela, et lui dit :
Donne-moi un peu d'eau dans le
vase, afin que je boive.
11. Et lorsque celle-ci allait
pour en apporter, il cria derriere
elle, disant : Apporte-moi aussi,
je te prie, un peu de pain en ta
main.
12. Elle lui répondit : Le Sei-
gneur ton Dieu vit! je n'ai point
de pain, mais seulement dans la
cruche autant de farine qu'une
main peut en contenir, et un peu
d'huile dans le flacon. Voilà que
je ramasse deux morceaux de
bois, pour que j'entre et que je
fasse du pain pour moi et pour
Cuar. XVII. 1. Eccli., תונזה 1; Jacques, v, 17. — 10. Exc, 1v, 26.
4. Il vit, etc. Voy. Juges, vur, 19. — Pendant ces années-ci; c’est-à-dire, pendant
trois ans et demi, selon saint Luc (1v, 25) et saint Jacques (v, 17). — * Le Thesbite,
de Thesbé, sur une hauteur à l'ouest du lac Mérom. Il habitait dans le pays de
Galaad, à l'est du Jourdain.
3. * Le torrent de Carith, d'après l'opinion commune, est l'ouadi Kelt actuel, qui
débouche prés de Jéricho et est profondément creusé entre deux montagnes sauvages,
où abondent les corbeaux.
9. * Sarephta ou Sarepta, ville phénicienne, port de mer sur la Méditerranée, entre
Sidon et Tyr; renommée pour ses vins.
10. Le vase destiné à cet usage. À moins qu'ici, comme souvent ailleurs, l'article
déterminatif ne soit mis pour le pronom possessif, et que le vrai sens ne soit {on
vase.
12. EL que nous mourions ensuite de faim, n'ayant plus rien à mauger.
q ,nà&y P
[cH. xvi.)
mon fils, afin quenous mangions,
et que nous mourions.
13. Elie lui dit : Necrains point;
mais va, et fais comme tu as dit;
cependant fais pour moi aupara-
vant, avec ce peu de farine mé-
me, un petit pain cuit sous la
cendre, et apporte-le-moi ; mais
pour toi et pour ton fils, tu en
feras ensuite.
14. Car voici ce que dit le Sei-
gneur Dieu d'Israël : La cruche
de la farine ne manquera point,
et le flacon de l'huile ne diminue-
ra point, jusqu'au jour oü le Sei-
gneur doit donner de la pluie sur
la face de la terre.
15. Cette femme s'en alla donc,
et fit selon la parole d'Elie; et il
mangea lui-méme, et elle et sa
maison ; et depuis ce jour-là
16. La cruche de farine ne man-
qua point, et l'huile du flacon ne
diminua point, selon la parole
que le Seigneur avait dite par
l'entremise d' Elie.
11. Or il arriva ensuite que le
fils de cette femme, mere de fa-
mille, fut malade ; et sa maladie
fut très violente, en sorte qu'il ne
restait pas en lui un souffle.
18. Cette femme dit donc à Elie:
Qu'importe àmoi et à toi, homme
de Dieu? Es-tu entré chez moi
pour renouveler la mémoire de
mes péchés et pour faire mourir
mon fils?
19. Et Elielui répondit : Donne-
moi ton fils. Etille prit de dessus
son sein, le porta dans la cham-
bre où lui-même demeurait, et
il le mit sur son lit.
III ROIS. 679
20. Puis il cria au Seigneur et
dit : Seigneur mon Dieu, même
la veuve chez laquelle moi-même
en tout cas je suis nourri, vous
l'avez affligée au point de faire
mourir son fils ?
91. Et il s'étendit et se rapetissa
sur l'enfant jusqu'à sa mesure,
par trois fois, puis il cria au Sei-
gneur et dit : Seigneur mon Dieu,
je vous conjure, que l'àme de cet
enfant retourne en son corps.
29. Et le Seigneur exauca 8
voix d'Elie, et l'àme de l'enfant
retourna en lui, et il revécut.
93. Alors Elie prit l'enfant, le
mena de sa chambre au bas de la
maison, le remit à sa mere, et lui
dit : Vois, ton fils vit.
24. Etla femme répondit à Elie:
Maintenant je reconnais en cela
que tu es un homme de Dieu, et
que la parole du Seigneur en ta
bouche est véritable.
CHAPITRE XVIII.
Le Seigneur envoie Elie devant Achab.
Elie persuade à Abdias d'aller annoncer
son arrivée à Achab. Entrevue d'Achab
et d'Elie. Elie fait descendre le feu du
ciel sur son sacrifice, et met à mort
les faux prophétes de Baal; il promet
de la pluie et elle tombe.
1. Apres bien des jours, la pa-
role de Dieu fut adressée à Elie,
en la troisième année, disant : Va,
et montre-toi à Achab, afin que je
donne de la pluie surla surface de
la terre.
2. Elie alla donc pour se mon-
trer à Achab; cependantla famine
était grande dans Samarie.
3. Et Achab appela Abdias, in-
91. Son corps; littér. ses entrailles; hébr. son intérieur.
1. La troisième année; très probablement de son séjour à Sarephta.
680
iendant de sa maison ; mais Ab-
dias craignait fort le Seigneur ;
4. Car, lorsque Jézabel tuait les
prophètes du Seigneur, lui prit
cent prophètes qu'il cacha dans
les cavernes, cinquante dans
l'une et cinquante dans l'autre,
et il les nourrit de pain et d'eau.
ὃ. Achab dit donc à Abdias : Va
dans le pays, à toutes les sources
d'eaux et à toutes les vallées,
pour voir si nous pourrons trou-
ver de l'herbe, sauver des che-
vaux et des mulets, et si les bêtes
ne périront pas totalement.
6. Ils se partagerent donc les
contrées pour les parcourir
Achab allait par une voie, et Ab-
dias par une autre séparément.
7. Et lorsque Abdias était en
chemin, Elie vint à sa rencontre
lorsque Abdias l'eut reconnu, il
tomba sur sa face et dit : Est-ce
vous, Elie, mon seigneur?
8. Il lui répondit : C'est moi.
Va, et dis à ton maitre : Elie est
là.
9. Alors Abdias : En quoi ai-je
péché, dit-il, puisque vous me li-
vrez, moi, votre serviteur, à la
main d'Achab, pour qu'il me tue?
10. Le Seigneur votre Dieu vit!
il n'y a point de nation ou de
royaume où mon seigneur n'ait
envoyé, vous cherchant, et, tous
lui répondant : Il n'est pas ici, il
a adjuré chaque royaume et cha-
que nation que vous n'aviez pas
été trouvé.
11. Et vous Maio vous
III ROIS.
(cu. xvrim.)
me dites : Va, et dis à ton maître :
Elie est là.
12. Et lorsque je me serai éloi-
ené de vous, l'Esprit du Seigneur
vous transportera en un lieu que
jignore ; et étant entré, j'averti-
rai Achab, et ne vous trouvant
pas, il me tuera : or votre servi-
teur craint le Seigneur depuis
son enfance.
13. Ne vous a-t-on pas rappor-
té, à vous, mon seigneur, ce que
je fis lorsque Jézabel tuait les
prophètes du Seigneur, et que je
cachai d'entre les prophètes du
Seigneur, cent hommes dans les
cavernes, cinquante puis cin-
quante, et que je les nourris de
pain et d'eau?
14. Et vous maintenant, vous
me dites: Va, et dis à ton maitre :
Elie est là; est-ce pour qu'il me
tue ?
15. Et Elie lui répondit : Il vit
le Seigneur des armées, devant
le visage duquel je suis! je parai-
trai aujourd'hui devant Achab.
16. Abdias alla done à la ren-
contre d'Achab, et l'avertit; et
Achab vint à la rencontre d'Elie.
11. Et lorsqu'il le vit, 11 deman-
da : Es-tu celui qui troubles Is-
raël?
18. Et Elie lui répondit : Ce n'est
pas moi qui ai troublé Israël,
mais vous et la maison de votre
pere, qui avez abandonné les
commandements du Seigneur, et
qui avez suivi Baal.
19. Cependant envoyez mainte-
18. * Baal. Voir la note sur Juges, νι, 25.
19. * Sur la montagne du Carmel, du côté de la plaine d'Esdrelon. D'après la tra-
dition, au sud-est du côté de la plaine ;
là le rocher se termine par une muraille à
pie, et l'on pouvait voir de loin tout ce qui s'y passait. De grands bloes de pierres
qui s'y trouvent purent servir à ériger l'autel. L'eau n'en est pas éloignée.
[cn. xvii.]
nant, et faites assembler devant
moi tout Israël sur la montagne
du Carmel, et les quatre cent cin-
quante prophètes de Baal, et les
quatre cents prophètes des bois
sacrés qui mangent de la table
Jézabel.
20. Achab envoya vers tous les
enfants d'Israël, et il assembla les
prophètes sur la montagne du
Carmel.
91. Or Elie, s'approchant de
tout le peuple, dit: Jusqu'à quand
boiterez-vous des deux côtés? Si
le Seigneur est Dieu, suivez-le ;
mais si c'est Baal, suivez-le. Et le
peuple ne lui répondit pas un
mot.
22. Et Elie dit encore au peu-
ple : Moi, prophète du Seigneur,
je suis demeuré seul; mais les
prophètes de Baal sont quatre
cent cinquante hommes.
93. Qu'on nous donne deux
bœufs, et qu'eux se choisissent
un bœuf, et que le coupant par
morceaux, ils le mettent sur le
bois, et qu'ils ne mettent point
de feu dessous ; et moi je sacri-
fierai l'autre beeuf, je le mettrai
aussi sur le bois, mais je ne met-
trai point de feu dessous.
24. Invoquez les noms de vos
dieux, et moi, j'invoqueraile nom
de mon Seigneur; et que le Dieu
qui exaucera par le feu, soit, lui
III ROIS. 684
seul, Dieu. Tout le peuple répon-
dant, dit : La proposition est tres
bonne.
25. Elie dit donc aux prophètes
deBaal: Choisissez-vous un bœuf,
et sacrifiez les premiers, parce
que vous étes en plus grand
nombre, etinvoquez les noms de
vos dieux ; mais ne mettez point
de feu dessous.
26. Lorsqu'ils eurent pris le
bœuf qu'il leur avait donné, ils
sacrifièrent, et 115 invoquaient
le nom de Baal depuis le matin
jusqu à midi, disant : Baal, exau-
cez-nous. Mais il n’y avait point
de voix, ni personne qui répon-
dit : cependant ils sautaient par-
dessus l'autel qu'ils avaient fait.
27. Et comme il était déjà
midi, Elie les raillait, disant
Criez plus haut, car il est Dieu,
et il parla peut-être 2 quelqu'un,
ouilest dans une hótellerie, ou
en chemin, ou du moins il dort,
qu'on le réveille.
28. Ils criaient donc à haute
voix, et ils se faisaient des inci-
sions, selon leur coutume, avec
leurs couteaux et leurs lancettes,
jusqu'à ce qu'ils fussent couverts
de sang.
29. Mais après que midi fut
passé, et, qu'eux prophétisant,
fut venu le temps auquel le sacri-
fice avait coutume d'étre offert,
91. Mais si Baal. Bossuet a dit : Ou si un poisson, pour : Ou s'il lui demande un
poisson (Voy. notre note sur Luc, xr, 11).
93, 25, 26. Le verbe faire, dans la Vulgate comme dans le texte hébreu, s'emploie
souvent pour faire un sacrifice, sacrifier ; c'est évidemment le sens qu'il a ici.
94. Qui exaucera par le feu; construction elliptique, pour : Qui fera connaitre par
le moyen du feu, qu'il exauce.
96. Qu'il leur avait donné; c'est-à-dire qu'Achab ou tout autre leur avait donné. —
* Jis sautaient par-dessus l'autel. I] s'agit d'une danse sacrée qui faisait partie du
culte de Baai.
28. * Ils se faisaient des incisions. Certains derviches ont encore conservé ces usages
sanglants.
082
comme aucune voix n'était en-
tendue, et que personne ne ré-
pondait et n'était attentif à ceux
qui priaient,
30. Elie dit à tout le peuple :
Venez vers moi. Et le peuple s'é-
tant approché de lui, il rétablit
l'autel du Seigneur, qui avait été
détruit.
31. Et il prit douze pierres, se-
lon le nombre des tribus des en-
fants de Jacob, à qui avait été
adressée la parole du Seigneur,
disant : Israél sera ton nom.
32. Et il bâtit de ces pierres
un autel au nom du Seigneur; il
fit une rigole, comme entre deux
petits sillons autour de l'autel.
33. Et il rangea le bois, et il
coupa le bœuf par morceaux et
le mit sur le bois,
34. Et il dit : Remplissez quatre
cruches d'eau, et répandez-les
sur l'holocauste et sur le bois. Et
de nouveau il dit : Faites encore
cela une seconde fois. Et lorsqu'ils
l'eurent fait une seconde fois, il
dit : Faites encore cette méme
chose une troisième fois. Et ils la
firent une troisieme fois,
35. Et les eaux couraient au-
tour de l'autel, et la fosse de la
rigole était remplie.
36. Et lorsque déjà il était
temps que l'holocauste füt offert,
Elie leprophéte s'approchant, dit:
Seigneur Dieu d'Abraham, 41-
saac et de Jacob, montrez aujour-
d'hui que vous étes le Dieu d'Is-
raél,et que moi je suis votre ser-
viteur, et quec'est par votre ordre
que j'ai fait toutes ces choses.
CuaP. XVIII. 31. Genèse, xxxi, 28.
III ROIS.
[cH. xvm.]
31. Exaucez-moi, Seigneur,
exaucez-moi, afin que ce peuple
apprenne que vous étes le Sei-
gneur Dieu, et que c'est vous qui
avez converti leur cœur de nou-
veau.
38. Or le feu du Seigneur tom-
ba, et dévora l'holocauste, le bois
et les pierres, la poussière méme,
et l'eau qui était dans la rigole
autour de l'autel.
39. Ce que toutle peuple ayant
vu, il tomba sur sa face, et dit :
C'est le Seigneur qui est Dieu,
c'est le Seigneur qui est Dieu.
40. Alors Elie leur dit : Prenez
les prophètes de Baal, et qu'il
n'en échappe pas méme un seul
d'entre eux. Lorsqu'ils les eurent
pris, Elie les mena au torrent de
Cison, et il les tua là.
41. Ensuite Elie dit à Achab :
Montez, mangez et buvez; car
voici le bruit de la grande pluie.
49. Achab monta pour manger
et pour boire. Or Elie monta sur
16 sommet du Carmel, et incliné
vers la terre, il mit sa face entre
ses genoux,
49. Et il dit à son serviteur:
Monte, et regarde conire la mer.
Lorsque celui-ci eut monté et re-
gardé, il dit : Il n'y a rien. Et de
nouveau Elie lui dit: Retourne
par sept fois.
44. Mais la septième fois, voilà
qu'un petit nuage, comme une
trace de pied d'homme, s'élevait
de la mer. Elie dit : Monte, et dis
à Achab : Attelez votre char, et
descendez pour ne pas que la
pluie vous surprenne.
40. * Au torrent de Cison. Voir Juges, 1v, 1.
4^4. * De la mer Méditerranée sur laquelle s'avance 16 mont Carmel.
[cn. xix.]
45. Et comme il se tournait
d'un cóté et d'un autre, voilà
les cieux couverts de ténèbres,
et des nuées, et un vent, et une
grande pluie. Montant donc,
Achab s’en alla à Jezrahel :
46. Et 18 main du Seigneur fut
sur Elie; et, les reins ceints, il
courait devant Achab, jusqu'à ce
qu'il vint à Jezrahel.
CHAPITRE XIX.
Jézabel veut faire mourir Elie. Le pro-
phéte se retire à la montagne d'Horeb.
Le Seigneur l'envoie sacrer Hazaél roi
de Syrie, et Jéhu roi d'Israél. Elisée
recoit l'esprit de prophétie, et s'attache
à Elie.
1. Or Achab annonca à Jézabel
tout ce qu'avait fait Elie, et de
quelle maniere il avait tué par le
glaive tous les prophètes.
9. Et Jézabel envoya un messa-
ger à Elie, disant : Que les dieux
me fassent ceci, et qu'ils ajoutent
cela, si demain à cette heure, je
ne mets ton âme comme l'âme
de chacun d'eux!
3. Elie craignit donc, et, se le-
vant, il sen alla partout où le
portait son désir; or il vint à
Bersabée en Juda, etlà il renvoya
son serviteur,
4. Etil fit dans le désert le che-
min d'une journée. Or lorsqu'il
fut venu, et qu'il se fut assis sous
un genièvre, il demanda pour son
III ROIS,
683
âme de mourir, et il dit : C'est
assez pour moi, Seigneur, prenez
mon âme; car je nesuis pas meil-
leur que mes peres.
5. Et il se jeta par terre, et s'en-
dormit à l'ombre du genièvre; et
voilà qu'un ange du Seigneur le
toucha, et lui dit: Lève-toi, et
mange.
6. Il regarda, et voilà auprès
de sa tête un pain cuit sous la
cendre et un vase d’eau; il man-
gea donc et but, et de nouveau il
s'endormit.
7. Et l'ange du Seigneur revint
une seconde fois, le toucha, et
lui dit : Lève-toi, et mange; car il
te reste un grand chemin.
8. Et, lorsqu'il se fut levé, il
mangea et but; etil marcha, forti-
fié par cette nourriture, quarante
jours et quarante nuits, jusqu'à
Horeb, la montagne de Dieu.
9. Or, lorsqu'il fut arrivé là, il
demeura dans 18 caverne ; et voilà
que la parole du Seigneur lui fut
adressée, et lui dit : Que fais-tu
ici, Elie?
10. Or lui répondit : Je brüle
d'un grand zéle pour vous, Sei-
neur Dieu des armées, parce que
les enfants d'Israël ont aban-
donné votre alliance; ils ont dé-
truit vos autels, ils ont tué vos
prophètes par le glaive, et je suis
resté moi seul, et ils cherchent
mon âme pour la détruire.
46. Les reins ceints; ayant retroussé sa robe jusqu’à la ceinture, pour n'en être
pas embarrassé en courant.
2. Me fassent ceci, etc. Voy. Ruth, τ, 17. — Je ne mette, etc.; c'est-à-dire je ne te
mette dans l'état où tu as mis ces prophètes.
3. * Bersabée. Voir la note sur Genèse, xxi, 14.
4. * Dans le désert du Sinai.— Genièvre. Dans l'hébreu : genét.
8. La montagne de Dieu. Voy. Exode, wt, 1.
10, 14. Je brüle d'un grand zèle; littér. Je suis zélé de zèle; hébraisme. Cette répé-
tition du méme mot donne de l'énergie à l'expression. — Mon âme; autre hébraisme,
pour ma vie.
684
11. Alors le Seigneur lui dit :
Sors, et tiens-toi sur la montagne
devant le Seigneur : et voilà que
le Seigneur passa, et un vent
violent et impétueux renversant
des montagnes et brisant des
rochers devant le Seigneur, et le
Seigneur n'était point dans le
vent; et aprés le vent, un trem-
blement de terre, et le Sei-
gneur n'était pas dans le tremble-
ment ;
19. Et après le tremblement,
un feu, et le Seigneur n'était
point dans le feu; et après le
feu, vint le souffle d'une brise lé-
gere.
13. Ce qu'ayant entendu, Elie
couvrit son visage de son man-
teau, et étant sorti,il se tint à
l'entrée de la caverne; et voilà
qu'une voix vint à lui, disant :
Que fais-tu là, Elie? Et lui répon-
dit :
14. Je brüle d'un grand zele
pour vous, Seigneur Dieu des
armées, parce que les enfants
d'Israél ont abandonné votre al-
liance; ils ont détruit vos autels,
ils ont tué vos prophètes par le
glaive, et je suis resté moi seul,
et ils cherchent mon âme pour
la détruire.
15. Et le Seigneur lui dit : Va,
et retourne en ta voie par le dé-
sert, à Damas; et, lorsque tu y
seras arrivé, tu oindras Hazaél
roi sur la Syrie.
III ROIS.
[cg. xix.]
16. Tu oindras encore Jéhu, fils
de Namsi, roi sur Israél; mais
Elisée, fils de Saphat, qui est d'A-
belméhula, tu l'oindras prophete
en ta place.
17. Et il adviendra que qui-
conque aura échappé au glaive
d'Hazaél, Jéhu le tuera; et qui-
conque aura échappé au glaive de
Jéhu, Elisée le tuera.
18. Et je me réserverai dans
Israél sept mille hommes dont
les genoux n'ont pas fléchi de-
vant Baal, et toute bouche qui ne
la pas adoré en baisant ses
mains.
19. Etant donc parti de là, Elie
trouva Elisée, fils de Saphat, qui
labourait avec douze paires de
bœufs ; et lui-même était un de
ceux qui labouraient avec les
douze paires de bœufs. Et lors-
qu'il fut venu vers Elisée, il jeta
son manteau sur lui.
20. Elisée aussitôt, ses bœufs
abandonnés, courut après Elie, et
dit : Que j'embrasse, je vous prie,
mon père et ma mere, et alors
je vous suivrai. Et il lui répon-
dit: Va, et reviens; car j'ai fait
pour toi ce que j'avais à faire.
91. Elisée, ayant quitté Elie,
prit une paire de bœufs et les
tua; et avec la charrue des bœufs
il fitcuire la chair, et la donna au
peuple, et ils mangerent; alors,
se levant, il s'en alla, suivit Elie ;
etil le servait.
CnaP. XIX. 14. Rom., xr, 3. — 16. IV Rois, 1x, 2. — 18, Rom., xr, 4.
15. * A Damas. Voir plus haut, xt, 24.
.6. * Abelmehula. Voir la note sur Juges, vit, 93.
18. Et toute bouche, etc. L'écrivain sacré par une belle figure personnifie ici la
bouche; le sens est donc :
Et qui n'ont pas adoré Baal, en baisant leur main.
C'était en effet la coutume des paiens de porter la main à la bouche pour la baiser.
— * Sur Baal, voir la note sur Juges, vi, 25.
[cn. xx.]
CHAPITRE XX.
Siége de Samarie par Bénadad. Défaite de
son armée. Seconde défaite de l'armée
des Syriens. Achab fait alliance avec
Bénadad. Il en est repris par un pro-
phète.
1. Or Bénadad, roi de Syrie, as-
sembla toute son armée, et tren-
te-deux rois avec lui, des che-
vaux et des chars; puis montant,
il combattait contre Samarie, et
l'assiézeait.
2. Et envoyant dans la ville des
messagers à Achab, roi d'Israél,
3. ll dit: Voici ce que dit Bé-
nadad : Votre argent et votre or
est à moi; vos femmes et vos en-
fants les meilleurs sont à moi.
4. Et le roi d'Israël lui répon-
dit : Selon votre parole, ὃ roi
mon seigneur, je suis à vous,
moi et tout ce que j'ai.
9. Et revenant, les messagers
dirent : Voici ce que dit Bénadad,
qui nous à envoyés vers vous :
Vous me donnerez votre argent,
votre or, vos femmes et vos fils.
6. Demain donc, à cette méme
heure, j'enverrai mes serviteurs
vers vous, et ils fouilleront votre
maison et la maison de vos ser-
viteurs, et tout ce qui leur plaira,
ils le prendront en leurs mains et
l'emporteront.
1. Mais le roi d'Israél appela
tous les anciens du pays, et dit :
Considérez et voyez qu'il nous
tend un piege; car il m'a envoyé
pour mes femmes, pour mes fils,
pour mon argent et mon or, et
je n'ai pas refusé.
8. Tous les anciens et tout le
peuple lui répondirent : Ne l'é-
III ROIS,
685
coutez point, et nelui cédez point.
9. C'est pourquoi Achab répon-
dit aux messagers de Bénadad :
Dites à mon seigneur le roi : Tout
ce que vous m'avez demandé, à
moi votre serviteur, au commen-
cement, je le ferai, mais, quant à
ceci, je ne le puis faire.
10. Et, étant revenus, les mes-
sagers firent leur rapport à Bé-
nadad, et Bénadad les envoya de
nouveau, et dit : Que les dieux
me fassent ceci, et qu'ils ajoutent
cela, si la poussiere de Samarie
suffit pour remplir 16 creux de la
main de tout le peuple qui me
suit!
11. Et répondant, le roi d'Is-
raël dit: Dites-lui : Que celui qui
a mis sa ceinture, ne se glorifie
point comme celui qui l'a ótée.
12. Or il arriva que lorsque
Bénadad reçut cette réponse, il
buvait, lui etles autres rois, dans
leurs pavillons, et il dit à ses
serviteurs : Investissez 18 ville.
Et ils l'investirent.
13. Et voilà qu'un prophete,
sapprochant d'Achab, roi d'Is-
raél,lui dit : Voici ce que dit le
Seigneur : Sans doute que tu as
vu toute cette multitude innom-
brable? voilà que moi je la livre-
rai en ta main aujourd'hui, afin
que tu saches que c'est moi qui
suis le Seigneur.
14. Et Achab lui demanda : Par
qui? Et il lui répondit : Voici ce
que dit le Seigneur : Par les
serviteurs des princes des pro-
vinces. Achab ajouta: Qui com-
mencera le combat? Et le pro-
phéte répondit : Toi.
15. Achab fit donc la revue des
10. * Que les dieux, 610, Voir Ruth, 1, 11,
680 ΠῚ ROIS.
serviteurs des princes des pro-
vinces, et il trouva le nombre de
deux cent trente-deux; et après
eux, il fit la revue du peuple de
tous les enfants d'Israël, et 1] en
trouva sept mille.
16. Et ils sortirent à midi. Ce-
pendant Bénadad buvait, ivre,
dans son pavillon, et avec lui les
trente-deux rois qui étaient ve-
nus à son secours.
47. Or les serviteurs des princes
des provinces sortirent au pre-
mier rang. C'est pourquoi Béna-
dad envoya; et on lui annonca,
en disant : Ce sont des hommes
sortis de Samarie.
18. Et lui répondit : Si c'est
pour la paix qu'ils viennent, sai-
sissez-les vivants; si c'est pour
combattre, prenez-les vivants.
19. Les serviteurs des princes
des provinces sortirent donc, et
le reste de l'armée suivait ;
20. Et chacun d'eux frappa celui
qui venait contre lui; alors les
Syriens s'enfuirent, et Israél les
poursuivit. Bénadad, roi de Syrie,
s'enfuit aussi à cheval avec ses
cavaliers.
91. Et méme le roi d'Israél,
étant sorti, frappa les chevaux et
les chariots, et frappa la Syrie
d'une grande plaie.
[cH. xx.]
22. (Alors le prophète, s'appro-
chant du roi d'Israël, lui dit : Al-
lez, fortifiez-vous, sachez et voyez
ce que vous devez faire ; car l'an-
née suivante le roi de Syrie mon-
lera contre vous.)
23. Mais les serviteurs du roi de
Syrie lui dirent : Cesont les dieux
des montagnes, que leurs dieux,
et c'est pourquoi ils nous ont
vaincus ; il vaut donc mieux que
nous combattions contre eux
dans les plaines, et nous l'empor-
terons sur eux.
24. Vous donc, faites cette cho-
86-01 : éloignez tous les rois de
votre armée, et mettez des offi-
ciers en leur place ;
95. Rétablissez le nombre de
ceux de vos soldats qui ont suc-
combé, et autant de chevaux que
les premiers chevaux, et autant
de chariots que vous avez eu de
chariots auparavant; et nous
combattrons contre eux dans les
plaines, et vous verrez que nous
l'emporterons sur eux. Il crut leur
conseil, et il fit ainsi.
26. Ainsi après qu'un an fut
passé, Bénadad fit la revue des
Syriens, etil monta à Aphec pour
combattre contre Israél.
27. Les enfants d'Israél furent
aussi passés en revue; et, des
22. Le prophéte, dont il a été parlé au verset 13.
26. * A Aphec. Il existait plusieurs Aphec en Palestine. Celui dont il est question
ici était situé à l'est du Jourdain, sur la grande route de la Palestine à Damas, et son
nom s'est probablement conservé dans l'el-Fik actuel, avec lequel on l'identifie com-
munément. EI-Fik est à peu de distance, à moins d'une heure de marche et vis-à-vis
du milieu du lac de Tibériade à l'est, à l'endroit où commence l'ouadi et le ruisseau
du méme nom, qui se dirige à l'ouest vers le lac. Ce ruisseau est alimenté par trois
sources, qui jaillissent d'un rocher. C'est autour de ce rocher qu'est bâti le village,
en forme de croissant. Burckhardt l'a trouvé habité par deux cents familles. Cette
localité a toujours été une station importante pour les caravanes. On remarque
encore dans les alentours de grandes plantations d'oliviers. Sa situation, ses sources
d'eau vive et les arbres des environs nous expliquent comment les avmées, de
méme que les voyageurs, y fixaient volontiers leur camp.
[en xx]
vivres pris, ils partirent de leur
côté,etcampèrent vis-à-vis d'eux,
comme deux petits troupeaux de
chèvres, au lieu que les Syriens
couvraient toute la terre.
28. (Alors s'approchant, un
homme de Dieu dit au roi d'Israël:
Voici ce que dit le Seigneur :
Parce que les Syriens ont dit :
C'est le Dieu des montagnes que
le Seigneur, et il n’est pas le Dieu
des vallées, je mettrai toute cette
grande multitude en ta main, et
vous saurez que c'est moi qui
suis le Seigneur.)
29. Or durant sept jours ceux-
ci etceux-là rangerent les armées
en bataille, lune vis-à-vis de
l'autre, mais au septieme jour la
bataille fut engagée, et les en-
fants d'Israél tuerent, parmi les
Syriens, cent mille hommes de
pied en un seul jour.
30. Et ceux qui étaient restés
s'enfuirent dans la ville d'Aphec,
etle mur tomba sur vingt-sept
mille hommes qui étaient restés.
Quant à Bénadad, fuyant, il entra
dans la ville, et se retira dans
une chambre, qui était dans sa
chambre ;
31. Et ses serviteurs lui dirent:
Voilà que nous avons oui dire
que les rois de la maison d'Israël
sont cléments : mettons donc des
III ROIS. 687
sacs sur nos reins et des cordes
à nos têtes, et sortons vers le roi
d'Israël ; peut-être qu'il sauvera
nos âmes,
32. Ils ceignirent donc de sacs
leurs reins, mirent des cordes à
leurs têtes, vinrent vers le roi
d'Israël, et lui dirent : Votre ser-
viteur Bénadad dit : Je vous prie,
que mon âme vive. Et lui répon-
dit : S'il vit encore, il est mon
frère.
33. Ce que les Syriens prirent
pour un heureux présage ; et, se
hâtant, ils saisirent cette parole
de sa bouche et dirent : Bénadad
est votre frere. Et il leur répon-
dit : Allez, et amenez-le-moi. Bé-
nadad sortit donc vers Achab, qui
le fit monter sur son char.
34. Et Bénadad lui dit : Je vous
rendrai les villes que mon pere a
prises à votre pere; et faites-vous
des places publiques dans Damas,
comme s'en fit mon pere dans
Samarie; et moi, ainsi allié, je
me retirerai d'auprés de vous.
Achab fit donc alliance, et le lais-
sa aller.
39. Alors un certain homme
d'entre les fils des prophètes dit
à son compagnon avec la parole
du Seigneur : Frappe-moi. Mais
comme celui-ci ne voulut pas le
frapper,
30. Dans une chambre, qui était dans sa chambre; c'est-à-dire dans un cabinet trés
retiré.
31. Des sacs. Voy. 1] Rois, 11 31. — Des cordes à nos têtes. La coutume de se
mettre des cordes à la téte ou au cou, dans les disgráces, était anciennement com-
mune parmi les Syriens, et méme parmi les Egyptiens.
34. * Dans Damas. Voir plus haut, xi, 24. — Les places publiques qu'Achab demande
à établir à Damas ne peuvent étre que des emplacements de bazars, oü les Israélites
pussent s'établir pour faire le commerce.
35. Les fils des prophètes; c'est-à-dire les disciples des prophètes. — Avec /a parole
du Seigneur. Voy. chap. xut, 1. — Frappe-moi. Le prophète voulait paraître blessé
devant Achab, afin de l'intéresser davantage par cette action symbolique, et de tirer
plus facilement de sa bouche la confession de sa faute et sa propre condamnation.
688
36. Il lui dit : Parce que tu n'as
pas voulu écouter la voix du Sei-
gneur, tu t'éloigneras de moi, et
le lion te tuera. Lorsqu'il fut un
peu éloigné de lui, le lion le trou-
va et le tua.
37. Mais rencontrant aussi un
autre homme, il lui dit : Frappe-
moi. Get homme 16 frappa et le
blessa.
38. Le prophète s'en alla donc,
et vint à la rencontre du roi dans
la voie, et il changea, en y ré-
pandant de la poussière, son vi-
sage et ses yeux.
39. Et lorsque le roi fut passé,
il cria apres lui, et dit: Votre ser-
viteur est sorti pour combattre
de pres, et, comme un homme
s'est enfui, quelqu'un me l'a ame-
né, et a dit : Garde cet homme;
et, s'il s'échappe, ton âme sera
pour son âme, ou tu pèseras un
talent d'argent.
40. Mais tandis que moi, trou-
blé, je me tournais ici et là, il a
subitement disparu. Et le roi d'Is-
raël lui dit : C'est ton jugement
que Loi-méme tu as prononcé.
41. Mais lui aussitôt essuya la
poussiere de son visage, et le roi
CHAP. XX. 42. Infra, xxr, 35.
ΠῚ ROIS,
xxi.] .אס]
d'Israél reconnut qu'il était du
nombre des prophètes.
42. IL dit au roi: Voici ce quo
dit le Seigneur : Parce que tu as
laissé échapper de ta main un
homme digne de mort, ta vie se-
ra pour sa vie, et ton peuple pour
son peuple.
43. Le roi d'Israël retourna
donc en sa maison, dédaignant
d'entendre, et, plein de fureur, il
vint dans Samarie.
CHAPITRE XXI.
Naboth refuse de vendre sa vigne à Achab.
Jézabel fait condamner Naboth à être
lapidé. Elie fait de terribles menaces à
Achab, et détourne de dessus lui les
maux dont il était menacé.
1. Or après ces événements, en
ce même temps, Naboth, le Jezra-
hélite, avait une vigne qui était
dans Jezrahel, près du palais d'A-
chab, roi de Samarie.
2. Achab parla à Naboth, di-
sant : Donne-moi ta vigne, afin
que je me fasse un jardin po-
tager, parce qu'elle est voisine,
et je te donnerai en sa place
une vigne meilleure, ou, 851 tu
juges plus commode pour toi, le
36. Le lion. C'est un lion connu, puisque le texte hébreu emploie l'article déter-
minatif; probablement celui dont il a été déjà question au chap. xir, 24-26, 28. Cette
punition semble bien sévére; mais n'est-elle pas suffisamment justifiée par le refus
formel de ce prophète d'obéir à ce qu'il savait parfaitement être la volonté de Dieu ?
39. Ton âme, etc. ; ta vie répondra pour la sienne. —* Tu pèseras un talent d'argent,
8,500 francs. Il est dit : tu péseras, dans le sens de : £u paieras, parce que, l'argent
n'étant pas monnayé, on le pesait.
49. Un homme digne de mort; c'est-à-dire Bénadad.
1. Une vigne qui, laquelle. Les éditions ordinaires de la Vulgate portent Jequel
(Naboth); mais celle de Turin, que nous suivons, comme étant ]a seule approuvée
par le Saint-Siège, lit conformément au contexte, laquelle. Nous exposerons dans
notre grand commentaire les raisons qui militent en faveur de cette dernière leçon.
— * Jezrahel, ville frontière d'Issachar, à l'extrémité orientale de la plaine d'Esdrelon, au
nord d'Engannim, au sud de Sunem et de Naim. Par sa situation Jezrahel est la clef de
la plaine du coté de l'est.
[cu. xxi.
prix en argent, selon ce qu'elle
vaut.
3. Naboth lui répondit : Que le
Seigneur me soit propice, pour
que je ne vous donne point l'hé-
ritage de mes peres!
4. Achab vint done en sa mai-
son, indigné et frémissant, à
cause dela parole que lui avait
répondue Naboth, le Jezrahélite,
disant:Je ne vous donnerai point
l'héritage de mes pères. Et, se
jetant sur son lit, il tourna sa face
vers la muraille, et ne mangea
point du pain.
5. Mais Jézabel, sa femme, en-
ira auprès de lui, et lui dit
Qu'est-ce que cela? Pourquoi vo-
tre âme est-elle contristée? et
pourquoi ne mangez-vous point
du pain?
6. Il lui répondit : J'ai parlé à
Naboth, le Jezrahélite, et je lui ai
dit : Donue-moi ta vigne, en ac-
ceptant de l'argent, ou si cela te
plait, je te donnerai une vigne
meiileure en sa place. Et lui m'a
répondu : Je ne vous donnerai
poiut ma vigne.
7. Jézabel, sa femme, lui dit
donc : Vous avez une grande au-
Lorité et vous gouvernez bien le
royaume d'Israél. Levez-vous et
mangez du pain, et ayez l'esprit
calme ; c'est moi qui vous donne-
rai la vigne de Naboth, le Jezra-
héiite.
8. Cest pourquoi elle écrivit
des lettres au nom d'Achab, et
les scella de l'anueau du roi, et
III ROIS.
689
elle les envoya aux anciens et
aux grands qui étaienl dans la
ville de Naboth, et habitaient avec
lui.
9. Orle sens de ces lettres était
celui-ci : Publiez un jeüne, et fai-
tes asseoir Naboth entre les pre-
miers du peuple,
10. Et subornez contre lui deux
hommes, fils de Bélial, et qu'ils
disent ce faux témoignage : Il 8
blasphémé Dieu et le roi ; ensuite
menez-le hors de /a ville, lapidez-
le, et qu'ainsi il meure.
11. Ses concitoyens donc, les
anciens et les grands qui habi-
taient avec lui dans la ville, firent
comme leur avait ordonné Jéza-
bel, et comme il était écrit dans la
lettre qu'elle leur avait envoyée :
12. Ils publièrent un jeûne, et
firent asseoir Naboth entre les
premiers du peuple.
18. Et deux hommes, fils du
diable, ayant été amenés, ils les
firent asseoir en face de lui; mais
ceux-ci, comme hommes diabo-
liques, rendirent contre lui ce
témoignage devant la multitude :
Naboth a blasphémé Dieu etle roi.
C'est pourquoi on l'amena hors
de la ville, et on le lapida.
14. Et ils envoyerent à Jézabel,
disant : Naboth a été lapidé, et il
est mort.
15. Or il arriva que, lorsque Jé-
zabel eut appris que Naboth avait
été lapidé et qu'il était mort, elle
dit à Achab : Levez-vous, et pre.
nez possession de la vigne de Na-
3. Que le Seigneur, etc., c'est-à-dire que le Seigneur me garde de donner, etc.
4, 9, 1. On a déjà remarqué que manger du pain, dans la langue des Hébreux, signi-
fiait simplement manger, prendre de la nourriture.
10 Fils de Bélial; appelés un peu plus bas (vers. 13) fils du diable. Voy. Juges, xix,
22, 0% Π Corinth., vi, 15. — Il a blasphémé; littér. il a béni; mais bénir sc dit souvent
dans l'Ecriture par antiphrase.
À, T.
44
090 IH ROIS.
both, le Jezrahélite, qui n’a pas
voulu se rendre à votre désir, ni
vous la donner en acceptant de
l'argent ; car Naboth ne vit plus,
mais il est mort.
16. Lorsque Achab eut appris
cela, c'est-à-dire que Naboth était
mort, il se leva, et 11
dans la vigne de Naboth, le Jez-
rahélite, pour en prendre posses-
sion.
11. La parole du Seigneur fut
donc adressée à Elie, le Thesbite,
disant :
18. Leve-toi, et descends à la
rencontre d'Achab, roi d'Israél,
qui est dans Samarie : car voilà
quil descend dans la vigne de
Naboth pour en prendre posses-
sion.
19. Et tu lui parleras, disant :
Voici ce que dit le Seigneur : Tu
as tué, et de plus +0 88 pris pos-
session. Et aprés cela, tu ajoute-
ras : Voici ce que dit le Seigneur:
En ce méme lieu dans lequel les
chiens ont léché le sang de Na-
both, ils lécheront aussi ton sang.
20. Et Achab dit à Elie : Est-ce
que tu m'as trouvé ton ennemi ?
Elie lui répondit : Je vous ai trou-
vé tel, parce que vous vous êtes
vendu pour faire le mal en la
présence du Seigneur.
91. Voilà que j'amènerai des
maux sur toi; je moissonnerai ta
postérité, et je tuerai d'Achab ce-
lui qui urine contre une muraille,
celui qui est renfermé, et celui
qui est le dernier dans Israél.
29. Et je rendrai ta maison
[cu. xxr.]
comme la maison de Jéroboam,
fils de Nabath, et comme la mai-
son de Daasa, fils d'Ahia, parce
que tu as agi de maniere à pro-
voquer mon courroux , et que tu
as fait pécher Israël.
23. Mais le Seigneur a parlé
aussi de Jézabel, disant : Les
chiens mangeront Jézabel dans la
campagne de Jezrahel.
24. Si Achab meurt dans la
ville, les chiens mangeront sa
chair; et s'il meurt dans la cam-
pagne, les oiseaux du ciel le man-
geront.
25. Ainsi, il n'y eut point un
autre semblable à Achab, qui se
vendit pour faire le mal en la
présence du Seigneur; car Jéza-
bel, sa femme, l'excita,
26. Et il devint tellement abo-
minable, qu'il suivait les idoles
qu'avaient faites les Amorrhéens,
que le Seigneur extermina à la
face des enfants d'Israël.
27. Cest pourquoi, lorsque
Achab eut entendu ces paroles, il
déchira ses vétements, couvrit
sa chair d'un cilice, jeüna et dor-
mit avec le sac, et marcha la téte
baissée.
28. Et la parole du Seigneur fut
adressée à Elie, le Thesbite, di-
sant :
29. N'as-tu pas vu Achab humi-
lié devant moi? Puis donc qu'il
s'est humilié à cause de moi, je
n'amenerai pas le malheur en ses
jours, mais pendant les jours de
son fils, je porterai le malheur
dans sa maison.
Cua». XXI. 19. Infra, xxi, 38. — 21. IV Rois, 1x, 8. — 22. Supra, xv, 29; Supra, xvr, 3.
— 93. IV Rois, 1x, 36. — 29. IV Rois, 1x, 26.
21. Voilà que, etc. Ce sont les paroles du Seigneur qu'Elie reprend. — Celui qui
urine, etc. Voy. 1 Rois, xxv, 22. — Le dernier, des descendants d'Achab,
"cH. ΧΧΠ.Ϊ
CHAPITRE XXII.
Achab et Josaphat se liguent contre les
Syriens. Les faux prophétes d'Achab
prédisent la victoire; Michée lui prédit
sa mort. Achab meurt. Ochozias lui suc-
cède. Josaphat meurt aussi, et Joram
règne à sa place.
1. Trois ans se passèrent donc
sans guerre entre la Syrie et Is-
raël.
9. Mais, en la troisième année,
Josaphat, roi de Juda, descen-
dit vers le roi d'Israël.
3. (Et le roi d'Israël dit à ses
serviteurs : Ignorez-vous que la
ville de Ramoth en Galaad est à
nous, et nous négligeons de l'en-
lever de la main du roi de Sy-
rie?)
4. Et il demanda à Josaphat :
Viendrez-vous avec moi pour
combattre contre Ramoth-Ga-
laad ?
ὃ. Et Josaphat répondit au roi
d'Israël : Comme je suis, ainsi
vous êtes vous-même mon
peuple et votre peuple sont une
seule chose, et ma cavalerie est
votre cavalerie. Il dit encore au
roi d'Israël : Consultez, je vous
| prie, aujourd'hui la parole du
J Seigneur.
6. Le roi d'Israél assembla donc
les prophétes, environ quatre
cents hommes, et il leur dit :
Dois-je aller combattre contre
Car. XXII. 1. II Par., xvii, 1.
III ROIS. 691
Ramoth-Galaad, ou me tenir en
repos? Ceux-ci lui répondirent :
Montez, et le Seigneur la mettra
dans la main du roi.
7. Mais Josaphat lui demanda :
N'y a-til pas ici quelque pro-
phéte du Seigneur, afin que
nous le consultions par lui?
8. Et le roi d'Israël répondit à
Josaphat : 1 est demeuré un
homme par qui nous pouvons
consulter le Seigneur; mais,
moi, je le hais, parce qu'il ne me
prophétise point du bien, mais
du mal : c'est Michée, fils de
Jemla. Josaphat lui dit : Ne par-
lez pas ainsi, ὃ roi.
9. Le roi d'Israël appela donc
un certain eunuque, et lui dit :
Háte-toi d'amener Michée, fils de
Jemla.
10. Mais le roi d'Israël et Josa-
phat, roi de Juda, étaient assis
chacun sur leur tróne, vétus avec
une magnificence royale, dans
une aire pres de la porte de Sa-
marie, et tous les prophètes pro-
phétisaient en leur présence.
11. Sédécias, fils de Chanaana.
se fit aussi des cornes de fer, et
dit : Voici ce que dit le Seigneur:
Tu agiteras la Syrie avec ces
cornes, jusqu'à ce que tu l'aies
détruite.
12. Et tous les prophètes pro-
phétisaient de méme, disant
Montez contre Ramoth-Galaad,
3. * Ramoth-Galaad. Voir Deutéronome, iv, 43.
9. Comme je suis, etc., c'est-à-dire, je suis dans les mémes dispositions que vous;
ma volonté est la vôtre.
8. Ce Michée est différent de l'un des douze petits Prophètes, et qui ne vécut que
longtemps aprés. C'était le seul prophéte du vrai Dieu qui füt resté à Samarie. Elie
et Elisée demeuraient dans des solitudes et des lieux écartés avec leurs disciples.
10. * Près de la porte de Samarie. Cette porte était située à l'ouest de la ville et
dominait toute la plaine située au-dessous et la plaine de Saron jusqu'à la Méditerranée,
693 ΠῚ ROIS.
et marchez heureusement, et le
Seigneur 18 mettra dans la main
du roi.
13. Or le messager qui était
allé pour appeler Michée, lui
parla, disant : Voilà que les pa-
roles des prophètes prédisent
unanimement au roi de bonnes
choses : que votre parole soit
done semblable à la leur, et dites
de bonnes choses.
14. Michée lui répondit : Le
Seigneur vit! tout ce que m'aura
dit le Seigneur, c'est ce que je
dirai.
15. Michée vint donc vers le
roi, et le roi lui dit : Michée, de-
vons-nous aller contre Ramoth-
Galaad pour combattre, ou nous
reposer? Celui-ci lui répondit :
Montez, marchez heureusement,
et le Seigneur la mettra dans la
main du roi.
16. Mais le roi lui dit : Je t'ad-
jure de nouveau et encore de
nouveau de ne me dire que ce
qui est vrai, au nom du Seigneur.
17. Alors il 101 dit : Jai vu
tout Israël dispersé dans les
montagnes, comme des brebis
qui n'ont point de pasteur; et le
Seigneur a dit : Ceux-ci n'ont pas
de maitre; que chacun retourne
dans sa maison en paix.
18. (Le roi d'Israël dit donc à
Josaphat : Ne vous ai-je pas dit
quil ne me prophétise point du
bien, mais du mal?)
19. Mais Michée continuant,
dit : C'est pourquoi écoutez la
parole du Seigneur : J'ai vu le
[cu. xxr.]
Seigneur assis sur son tróne, et
toute l'armée du ciel se tenant
près de lui à droite et à gauche;
20. Et le Seigneur a dit : Qui
trompera Achab, roi d'Israël,
afin quil monte et qu'il suc-
combe à Ramoth-Galaad ? Et l'un
dit de telles choses, et l'autre au-
trement.
21. Mais l'esprit malin sortit,
et se tint devant le Seigneur, et
dit : C'est moi qui le tromperai.
Le Seigneur lui dit : En quoi?
22. Et il répondit : Je sortirai,
et je serai un esprit menteur
dans la bouche de tous ses pro-
phètes. Etle Seigneur dit : Tu le
tromperas et tu prévaudras. Sors,
et fais ainsi.
23. Maintenant donc, voilà que
le Seigneur a mis un esprit de
mensonge dans la bouche de
tous vos prophètes qui sont ici,
et le Seigneur a prononcé contre
vous malheur.
24. Or Sédécias, fils de Cha-
naana, s'approcha et frappa Mi-
chée sur la joue, et dit : Est-ce
donc moi que l'esprit du Sei-
eneur ἃ quitté, et t'a-t-il parlé à
toi?
95. Et Michée dit : Vous le ver-
rez au jour méme où vous ein-
trerez dans une chambre, qui est
dans une chambre, pour vous
cacher.
26. Alors le roi d'Israël dit:
Prenez Michée, et qu'il demeure
chez Amon, gouverneur de la
ville, et chez Joas, fils d'Amélech,
27. Et dites-leur : Voici ce que
16. Au nom du Seigneur. D'autres rattachent ces mots à Je t'adjure. Le roi s'est
apercu de l'ironie de Michée, c'est pourquoi il insiste si fortement pour obtenir une
vraie prédiction.
25. Qui est dans une chambre. Voy. chap. xx, 30.
[cg. xxu.]
dit le roi: Envoyez cet homme
dans la prison, et sustentez-le
d'un pain de tribulation et d'une
eau d'angoisse, jusqu'à ce que je
revienne en paix.
28. Et Michée dit : Si vous re-
venez en paix, le Seigneur n'a
point parlé par moi. Et il ajouta:
Peuples, tous {ant que vous êtes,
écoutez.
99. Le roi d'Israël monta donc,
et Josaphat, roi de Juda, contre
Ramoth-Galaad.
30. C'est pourquoi le roi d'Ts-
1861 dit à Josaphat: Prenez vos
armes, entrez au combat, et re-
vétez-vous de vos vêtements.
Mais le roi d'Israél changea ses
vétements, puis entra au com-
bat.
31. Or le roi de Syrie avait or-
donné aux trente-deux comman-
dants de ses chariots, disant : Ne
combattez point contre un petit
et un grand, quel quil soit, si
ce n'est contre le roi d'Israël
seul.
32. Lors donc que les comman-
dants des chariots eurent vu Jo-
saphat, ils supposèrent que c'é-
tait le roi d'Israél; et, se préci-
pitant, ils combattaient contre
lui; alors Josaphat jeta un grand
cri;
33. Et les commandants des
chariots reconnurent que ce n’é-
tait pas le roi d'Israël, et ils le
laissèrent.
38. Supra, xxr, 19.
ΠῚ ROIS. 693
34. Mais uu certain homme
tendit son arc, tirant une fleche
à laventure, et par hasard, il
frappa le roi d'Israél entre le pou-
mon et l'estomac. Mais le roi dit
au conducteur de son char :
Tourne ta main, et retire-moi de
l'armée, parce que je suis grieve-
ment blessé.
35. Le combat fut donc engagé
ce jour-là, et le roi d'Israël se
tenait sur son char en face des
Syriens, et il mourut vers le soir;
orle sang de la plaie coulait dans
l'intérieur du char.
36. Et le héraut, avant que le
soleil füt couché, sonna de la
trompette dans toute l’armée,
disant : Que chacun retourne en
sa ville et en sa terre.
37. Le roi mourut donc, et il
fut porté à Samarie ; ainsi, on en-
sevelit le roi à Samarie.
98. Et on lava son char dans la
piscine de Samarie, et les chiens
léchèrent son sang, et on lava
les rénes, selon la parole que le
Seigneur avait dite.
39. Mais le reste des actions
d'Achab, et tout ce qu'il fit, la
maison d'ivoire qu'il bátit, et
toutes les villes qu'il construisit,
n'est-ce pas écrit dans le Livre
des actions des jours des rois
d'Israël ?
40. Achab dormit donc avecses
pères, et Ochozias. son fils, ré-
gna en sa place.
———— € ὠ ἔ
38. * Dans la piscine. 11 n'y avait pas de source dans la ville de Samarie, bâtie sur
une hauteur, mais seulement une piscine. La fontaine de la ville était au bas de 8
montagne au sud-est.
39. Toutes les villes, est au génitif dans la Vulgate, comme complément du mot
resle qui précède. — N'est-ce pas écrit, etc. Compar. chap. xi, 41. — * La maison
d'ivowe, ornée intérieurement d'ivoire.
694 III ROIS.
41. Or Josaphat, fils d'Asa, avait
commencé à régner sur Juda la
quatrieme année d'Achab, roi
d'Israél.
42. 1] avait trente-cinq ans lors-
quil commenca à régner, et il
régna vingt-cinq ans dans Jéru-
salem. Le nom de sa mère était
Azuba, fille de Salai.
43. Et il marcha dans toute la
voie d'Aza son pere , et il ne s'en
détourna point, et il fit ce qui
était droit en la présence du Sei-
gneur.
44. Cependant il ne détruisit
pas les hauts lieux ; car le peuple
sacrifiait encore et brülait de l'en-
cens sur les hauts lieux.
45. Et Josaphat eut la paix avec
le roi d'Israél.
46. Mais le reste des actions de
Josaphat, et ses œuvres qu'il fit,
el ses combats, n'est-ce pas écrit
dans le Livre des actions des jours
des rois de Juda?
47. Mais aussi les restes des
efféminés qui étaient demeurés
dans les jours d'Asa son pere, il
les enleva de la terre.
48. Et i1 ny avait point alors de
roi établi dans Edom.
[cH. xxn.]
49. Or le roi Josaphat avait
construit des flottes sur la mer,
lesquelles firent voile vers Ophir,
pour en apporter Vor ; et elles ne
purent pas y aller, parce qu'elles
furent brisées à Asiongaber.
50. Alors Ochozias, fils d'Achab,
dit à Josaphat : Que mes servi-
teurs aillent sur les vaisseaux
avec les vótres. Mais Josaphat ne
voulut pas.
51. Et Josaphat dormit avec ses
pères, et il fut enseveli avec eux
dans la cité de David, son père;
et Joram, son fils, régna en sa
place.
89. Or Ochozias, fils d'Achab,
avait commencé à régner sur Is-
raël dans Samarie la dix-septième
année de Josaphat, roi de Juda,
et il régna deux ans sur Israël.
53. Et il fit le mal en la pré-
sence du Seigneur; il marcha
dans la voie de son père et de
sa mère, et dans la voie de Jéro-
boam, fils de Nabath, qui fit pé-
cher Israél.
54. Il servit aussi Baal et l'ado-
ra, et il irrita le Seigneur Dieu
d'Israél, selon tout ce que son
pere avait fait.
4^. * Les hauts lieux. Voir la note sur Nombres, xxu, 41.
41. Efféminés, c'est-à-dire prostitués. Voy. Deutér., xxi, 17.
49. * A Asiongaber, port sur la mer Rouge, à l'extrémité septcat..onale du golfe
Elanitique. — Ophir, pays de l'Inde, à l'embouchure de l'Indus.
54. * Il servit aussi Baal. Sur Baal, voir la note sur Juqes, vi, 23.
(cu. 1.]
IV ROIS. 695
IV ROIS
CHAPITRE PREMIER.
Moab secoue le joug d'Israél. Ochozias
envoie consulter Béelzébub sur sa ma-
ladie. Elie lui prédit qu'il mourra. Ce
prince envoie des gens pour se saisir
d'Elie. Mort d'Ochozias. Joram lui suc-
cède.
1. Or, après la mort d'Achab,
Moab se révolta contre Israël.
9. Et Ochozias tomba par la fe-
nétre de sa chambre haute qu'il
avait à Samarie, et il fut malade,
et il envoya des messagers, leur
disant : Allez, consultez Béelzé-
bub, le dieu d'Accaron, pour sa-
voir si je pourrai réchapper de
cette maladie.
3. Mais un ange du Seigneur
parla à Elie, le Thesbite, disant :
Lève-toi, et monte à la rencontre
des messagers du roi de Samarie,
et tu leurs diras : Est-ce qu'il n'y
a pas un Dieu dans Israël, pour
que vous alliez consulter Béelzé-
bub, le dieu d'Accaron?
4. C'est pourquoi voici ce que
dit le Seigneur: Tu ne descendras
point du lit sur lequel tu es mon-
té; mais tu mourras de mort. Et
Elie s'en alla.
9. Et les messagers revinrent
vers Ochozias. Il leur dit : Pour-
quoi étes-vous revenus ?
6. Mais eux lui répondirent :
Un homme est venu à notre ren-
contre, et nous a dit : Allez, et
retournez vers le roi qui vous a
envoyés, et vous lui direz : Voici
ce que dit le Seigneur : Est-ce
parce qu'il n'y a pas un Dieu dans
Israél, que tu envoies pour que
soit consulté Béelzébub, le dieu
d’Accaron? C'est pourquoi tu ne
descendras point du lit sur lequel
tu es monté ; mais tu mourras de
mort.
7. Le roi leur demanda : Quelle
figure et quel vétement a cet
homme qui est venu à votre ren-
contre, et qui vous a dit ces paro-
les?
8. Et ceux-ci lui répondirent :
C'est un homme couvert de poil,
et ceint sur les reins d'une cein-
ture de peau. Le roi dit : C'est
Elie, le Thesbite.
9. Et il envoya vers lui un chef
de cinquante so/dats, et les cin-
quante soldats qui étaient sous
lui. Ge chef monta vers Elie, et il
lui dit pendant qu'il était sur le
sommet dela montagne : Homme
de Dieu, le roi commande que
vous descendiez.
10. Et répondant, Elie dit au
chef des cinquante so/dats : Si je
suis homme de Dieu, qu'il des-
cende un feu du ciel, et qu'il te
dévore, toi et tes cinquante. C'est
pourquoiil descendit un feu du
ciel, et il le dévora, lui et les cin-
quante qui étaient avec lui.
11. Et de nouveau le roi lui en-
2. * Béelzébub, le Baal ou le dieu des mouches. Voir la note sur Juges, νι, 25. —
Sur Samarie, voir la note sur 11] Rois, xvi, 24. — Accaron, l'uue des cinq grandes
villes des Philistins, dans la plaine de la Séphéla,
696
voya un autre chef de cinquante
soldats, et cinquante soldats avec
lui. Celui-ci dit à Elie: Homme de
Dieu, voici ce que dit le roi : Háte-
toi, descends.
19. Et répondant, Elie dit : Si
moi je suis homme de Dieu, qu'il
descende un feu du ciel, et qu'il
(6 dévore, toi et tes cinquante. Il
descendit donc un feu du ciel, et
il le dévora, lui et ses cinquante.
13. Il envoya encore un troi-
sième chef de cinquante so/dats,
etles cinquante soldats qui étaient
avec lui. Celui-ci, étant venu de-
vant Elie, fléchitles genoux, l'im-
plora, et dit : Homme de Dieu,
ne dédaignez point mon âme et
les âmes de vos serviteurs qui
sont avec moi.
14. Voilà qu'il est descendu un
feu du ciel, 61118 dévoré les deux
premiers chefs de cinquante so/-
dats et les cinquante so/dats qui
étaient avec chacun d'eux ; mais
maintenant je vous conjure d'a-
voir pitié de mon âme.
15. Orl'ange du Seigneur parla
à Elie, disant: Descends avec lui,
ne crains point. Il se leva donc,
et descendit avec lui vers le roi,
16. Et il lui dit: Voici ce que
dit le Seigneur : Parce que tu as
envoyé des messagers pour con-
sulter Béelzébub, le dieu d'Acca-
IV ROIS.
[cn. 11.)
ron, comme s'il n'y avait pas un
Dieu dans Israël que tu pusses
consulter, tu ne te lèveras point
du lit sur lequel tu es monté,
mais tu mourras de mort.
17. Il mourut donc, selon 8
parole du Seigneur qu'avait dite
Elie. Et Joram, son frère, régna
en sa place, la seconde année de
Joram, fils de Josaphat, roi de
Juda : car Ochozias n'avait point
de fils.
18. Mais le reste des actions
qu'Ochozias a faites, n'est-il pas
écrit dans le Livre des actions des
jours des rois d'Israél?
CHAPITRE II.
Enlévement d'Elie. Ce prophéte promet
à Elisée de lui communiquer son esprit;
il lui laisse son manteau. Elie sépare
les eaux du Jourdain, et rend saines
celles de Jéricho. Quarante entants sonb
dévorés pour s'étre moqués de ce pro-
phéte.
1. Or il arriva, lorsque le Sei-
gneur voulut enlever Elie au ciel
dans le tourbillon, qu'Elie et Eli-
sée sortaient de Galgala.
2. Et Elie dit à Elisée : Demeure
ici, parce que le Seigneur m'a
envoyé jusqu'à Béthel. Elisée lui
répondit : Le Seigneur vit, et vo-
tre àme vit! je ne vous abandon-
nerai pas. 118 allérent donc à Βό-
thel,
11. Régna ; commença à régner. — La seconde année de Joram. Pour concilier cette
date avec celle qu on lit au ch. rir, 1, il faut ou admettre une faute de copiste, ou
supposer que, suivant un usage consacré non seulement parmi les Hébreux, mais
parmi plusieurs autres peuples de l'Orient, Josaphat s'était associé son fils Joram,
et qu'il l'avait fait la seizieme année de scn règne. Dans cette hypothèse, en effet,
sa dix-huitiéme année était réellement la deuxième de son fils. Ajoutons qu'il parait
probable, par quelques circonstances rapportées ci-aprés, que cette association eut
effectivement lieu.
1. Le tourbillon. C'est ainsi que porte l'hébreu et ici et au verset 11. Ce qui in-
dique un tourbilion particulier qui n'était pas entierement inconnu. — * De Galgala,
eu sud-ouest de Silo.
2. Le Seigneur vit, etc. Voy. Juges, vur, 19. — * Béthel. Voir Genese, xu, 8.
[cu. n.]
3. Et les enfants des prophètes
qui étaient à Béthel sortirent vers
Elisée, et lui dirent : Ne sais-tu
pas qu'aujourd'hui le Seigneur
t’'enlèvera ton maître? Elisée ré-
pondit : Je le sais; gardez le si-
lence.
4. Elie dit encore à Elisée : De-
meure ici, parce que le Seigneur
m'a envoyé à Jéricho. Et celui-ci
répondit : LeSeigneur vitet votre
âme vit! je ne vous abandonne-
rai pas. Or lorsqu'ils furent arri-
vés à Jéricho,
5. Les fils des prophètes qui
élaient à Jéricho s'approcherent
d'Elisée, et lui dirent : Ne sais-tu
pas que le Seigneur aujourd'hui
t'enlevera ton maitre? 1] leur ré-
pondit : Je le sais; gardez le si-
lence.
6. Mais Elie dit à Elisée : De-
meure ici, parce que le Seigneur
m'a envoyé jusqu'au Jourdain.
Elisée lui répondit : Le Seigneur
vit et votre àme vit! je ne vous
abandonnerai point. Ils allèrent
donc tous deux ensemble,
7. Et cinquante hommes des
fils des prophètes les suivirent,
lesquels s'arréterent vis-à-vis
d'eux au loin; mais eux étaient
tous deux debout sur le Jourdain.
8. Alors Elie prit son manteau
et le plia, et frappa les eaux, qui
se diviserent d'un cóté et de l'au-
tre, et ils passèrent tous deux à
sec.
9. Et lorsqu'ils eurent passé,
Elie dit à Elisée : Demande-moi
ce que tu veux que je fasse pour
toi, avant que je sois enlevé d'au-
IV ROIS.
697
pres de to1. Et Elisée dit : Je de-
mande avec instance que votre
double esprit passe en moi.
10. Elie répondit : C'est une
chose difficile que tu m'as deman-
dée. Cependant, si tu me vois
lorsque je serai enlevé d'aupres
de toi, tu auras ce que tu as de-
mandé; mais,si tu ne me vois
pas, tu ne l'auras point.
11. Et, lorsqu'ils poursuivaient
leur chemin,et que marchant, ils
s'entretenaient, voilà un char de
feu et des chevaux de feu qui les
séparèrent l'un de l'autre; et Elie
monta au ciel dans le tourbillon.
12. Or Elisée le voyait et criait :
Mon pere, mon pere, vous le char
d'Israél et son conducteur. Apres
cela il nele vit plus; et il prit ses
vêtements et les déchira en deux
parts.
13. Et il ramassa le manteau
d'Elie qui était tombé pour lui; et
revenu, il s'arréta sur la rive du
Jourdain,
14. Et avec le manteau d'Elie
qui était tombé pour lui, il frappa
les eaux, et elles ne furent point
divisées. Alors il dit: Oü est le
Dieu d'Elie maintenant? Et il frap-
pa les eaux, et elles se partage-
rent d'un cóté et de l'autre, et Eli-
sée passa.
15. Voyant cela, les fils des pro-
phètes qui étaient à Jéricho, vis-
à-vis, dirent : L'esprit d'Elie s'est
reposé sur Elisée. Et, venant à
sa rencontre, ils se prosternèrent,
inclinés vers la terre,
16. Et ils lui dirent : Voilà qu'a-
vec tes serviteurs sont cinquante
Cnar. 11. 11. Eccli., xtvnr, 13; 1 Mac., ,זז 58.
— M — a t
4. * A Jéricho. Voir la note sur Josué, νι, 1.
5. Les fils des prophètes; c'est-à-dire les disciples des prophètes.
698
hommes forts qui peuvent aller
et chercher ton maitre : car peut-
être que l'Esprit du Seigneur l'au-
ra enlevé et jeté quelque partsur
une des montagnes ou dans une
des vallées. Elisée répondit
N'envoyez point.
17. Mais ils le pressèrent jus-
qu'à ce qu'il consentit et qu'il
dit : Envoyez. [15 envoyerent
donc cinquante hommes, qui,
l'ayant cherché pendant trois
jours, ne le trouvèrent point.
18. Et ils revinrent vers Eli-
sée, qui habitait à Jéricho, et il
leur dit: Ne vous avais-je pas
dit : N'envoyez point?
19. Les hommes de la ville
dirent aussi à Elisée : Voilà que
l'habitation de cette ville est
excellente, comme vous-méme,
seigneur, le voyez; mais les
eaux sont tres mauvaises, et la
terre stérile.
90. Et Elisée répondit : Appor-
tez-moi un vase neuf, et mettez-y
dusel. Lorsqu'ilsl'eurent apporté,
91. Etant sorti vers la fontaine,
il jeta le sel dans l'eau, et dit :
Voici ce que dit le Seigneur : J'ai
rendu ces eaux saines, et il n'y
aura plus en elles de mort ni de
stérilité.
29, Ces eaux donc ont été
saines jusqu'à ce jour, selon la
parole qu'Elisée dit.
IV ROIS.
[cir. ur.]
23. Or il monta de là à Béthel ;
et, lorsqu'il montait par la voie,
de petits enfants sortirent de la
ville et le raillaient, disant
Monte, chauve; monte, chauve.
24. Lorsqu' Elisée eut regardé,
il les vit, et les maudit au nom
du Seigneur; et deux ours sor-
tirent du bois, et déchirèrent
quarante-deux de ces enfants.
95. Elisée s'en alla ensuite sur
la montagne du Carmel, et de là
il revint à Samarie. |
CHAPITRE TII.
Le roi de Moab refuse de payer le tribut
au roi d'Israél. Ce prince marche contre
lui avec le roi de Juda et celui d'Edom.
Elisée délivre leur armée prés de mou-
rir de soif. Les Moabites sont vaincus.
1. Or, Joram, fils d'Achab, ré-
gna sur Israël dans Samarie, la
dix-huitieme année de Josaphat,
roi de Juda; et il régna douze
ans.
9. Et il fit le mal devant le Sei-
gneur, mais non comme son pere
et sa mère, car il détruisit les
statues de Baal qu'avait faites
son pere.
9. Cependant il resta attaché
aux péchés de Jéroboam, fils de
Nabath, qui avait fait pécher Is-
raël, et il ne s'en éloigna point.
4. Or Mésa, roi de Moab, nour-
rissait des troupeaux nombreux,
19-92. * La fontaine d'Elisée est trés abondante et sort au pied de la montagne de
la Quarantaine.
93. * Il monta de là à Béthel. On se rend directement de Jéricho à Béthel par la
montagne de la Quarantaine.
9. * Les statues de Baal. Sur le dieu Baal, voir la note sur Juges, vi, 25. Dans les
sanctuaires qui lui étaient consacrés, Baal était représenté par une pierre ou un
morceau de bois conique, consacré au soleil, Ezéchiel, xvi, 17; IV Rois, x, 26. On
le voit figuré sous cette forme sur certaines monnaies romaines de l'époque im-
périale.
4. * Mésa, roi de Moa, a laissé uue stèle retrouvée en 1869 prés de Dibou dans
laquelle il raconte une partie de ses guerres avec les Israélites.
"CH. [,זז1
et payait au roi d'Israël cent
mille agneaux et cent mille bé-
liers avec leurs toisons.
5. Mais, lorsqu'Achab fut mort,
il rompit le traité qu'il avait fait
avec le roi d'Israél.
6. Le roi Joram sortit donc en
ce jour-là de Samarie, et il re-
censa tout Israël.
1. Et il envoya à Josaphat, roi
de Juda, disant : Le roi de Moab.
s'est retiré de moi; venez avec
moi pour combattre contre lui.
Josaphat répondit : Je monterai :
qui est à moi est à vous; mon
peuple est votre peuple, et mes
chevaux, vos chevaux.
8. 11 ajouta : Par quel chemin
monterons-nous? Et Joram ré-
pondit : Par le désert d'Idumée.
9. Le roi d'Israél et le roi de
Juda et le roi dEdom marchèrent
donc, et ils firent des circuits
dans le chemin durant sept
jours : et il n'y avait point d'eau
pour l'armée, et pour les bétes
qui les suivaient.
10. Alors le roi d'Israël dit :
Hélas! hélas! hélas! le Seigneur
nous a assemblés, trois rois,
pour nous livrer entre les mains
de Moab.
11. Et Josaphat demanda : Y a-
t-il ici un prophète du Seigneur,
afin que nous implorions le Sei-
gneur par lui? Et un des servi-
teurs du roi d'Israél répondit : Il
y ἃ ici Elisée, fils de Saphat, qui
versait de l’eau sur les mains
d' Elie.
IV ROIS.
699
19. Et Josaphat dit: La parole
du Seigneur est en lui. Et le roi
d'Israél descendit vers lui, ainsi
que Josaphat, roi de Juda, et le
roi d'Edom.
13. Or Elisée dit au roi d'Is-
raël : Qu'importe à moi et à
vous? Allez aux prophètes de
votre pere et de votre mère. Et
le roi d'Israél lui dit: Pourquoi
le Seigneur a-t-il assemblé ces
irois rois pour les livrer entre
les mains de Joab?
14. Et Elisée lui dit : 1 vit, le
Seigneur des armées, en la pré-
sence duquel je suis! si je ne
respectais la personne de Josa-
phat, roi de Juda, je n'aurais pas
même fait attention à vous, et je
ne vous aurais pas regardé.
15. Mais maintenant amenez-
moi un joueur de psaltérion. Et
pendant que le joueur de psai-
térion chantait, la main du Sei-
gneur fut sur Elisée, et il dit :
16. Voici ce que dit le Sei-
gneur : Faites dulit de ce torrent
des fosses et des fosses.
17. Car voici ce que dit le Sei-
gneur : Vous ne verrez pas de
vent,ni de pluie, et ce lit sera
rempli d'eau, et vous boirez,
vous, et vos familles et vos bétes.
18. Et ceci est peu aux yeux du
Seigneur : de plus,il livrera les
Moabites entre vos maius.
19. Et vous attaquerez vive-
ment toute cité fortifiée, toute
ville importante; vous couperez
par le pied tout arbre fruitier;
8. * Par le désert d'Idumée. On pouvait se rendve dans le pays de Moab par deux
routes. La. premiere passait au nord de la mer Morte; on traversait le Jourdain
à gué; la seconde passait au sud de la mer Morte par l'Idumée. C'est cette dernière
que prennent les rois alliés.
14. Si je ne respectais, etc.; littér. Si je ne rougissais du visage, etc.
100
vous boucherez toutes les sour-
ces d'eaux; et tout champ le plus
fertile, vous le couvrirez de
pierres.
20. Il arriva donc le matin,
quand on a coutume d'offrir le
sacrifice, que des eaux venaient
sur la voie d'Edom, et la terre fut
remplie d'eaux.
91. Or tous les Moabites, ap-
prenant que les rois étaient mon-
tés pour combattre contre eux,
convoquerent tous ceux qui
étaient ceints par-dessus d'un
baudrier, et ils se tinrent sur les
frontieres.
99, Et, se levant de grand ma-
tin, et le soleil paraissant déjà
vis-à-vis des eaux, les Moabites
virent à l'opposite les eaux rou-
ges comme le sang;
93. Et ils dirent : C'est le sang
du glaive; les rois se sont battus
l'un contre l'autre, et ils se sont
taillés en pièces mutuellement :
maintenant, va au butin, Moab.
24. Et ils marchèrent vers le
camp d'Israël; mais Israël, se
levant, battit Moab, et Moab s’en-
fuit devant Israël. Ils vinrent
donc ceux qui avaient vaincu, et
ils battirent Moab;
95. Ils détruisirent les villes,
et jetant chacun leur pierre, ils
remplirent tout champ le plus
fertile; ils bouchèrent toutes les
sources d'eaux, couperent par le
pied tous les arbres fruitiers, en
sorte qu'il ne resta que les mu-
railles faites d'argile; la ville fut
investie par les frondeurs, et en
grande partie, abattue.
96. Lorsque le roi de Moab eut
vu cela, c'est-à-dire que les en-
IV ROIS.
Len. 1v.)
nemis avaient prévalu, il prit
avec lui sept cents hommes ti-
rant 16266 pour qu'ils se jetas-
sent sur le roi d'Edom ; mais ils
ne le purent pas.
97. Et alors, saisissant son fils
le premier-né qui devait régner
après lui, 11 l'offrit en holo-
causte sur 16 mur, et il y eut une
grande indignation parmi les
enfants d'Israél; et aussitót ils
se retirerent de lui, et ils retour-
nerentenleurterre. =
CHAPITRE IV.
Elisée augmente l'huile d'une pauvre
femme. 11 obtient de Dieu un enfant à
une pauvre Sunamite : cet enfant meurt,
et il ressuscite. Il adoucit l'amertume
de quelques herbes, et rassasie cent
personnes avec quelques pains.
1. Orune certaine femme d'en-
tre les femmes des prophètes
criait à Elisée, disant : Ton servi-
teur, mon mari, est mort; et toi,
tu sais que ton serviteur fut crai-
gnant le Seigneur : et voilà qu'un
créancier vient, afin de prendre
mes deux fils pour le servir.
9. Elisée lui dit : Que veux-tu
que je fasse pour toi? Dis-moi,
qu'as-tu dans ta maison? Et elle
répondit: Je n'ai, moi taservante,
dansma maison qu'un peu d'huile
dont je m'oins.
3. 11 lui dit : Va, emprunte de
tes voisines un grand nombre de
vases vides,
4. Puisrentre, etferme ta porte,
lorsque tu seras dedans, toi et tes
fils; verse decette huile danstous
ces vases; el quand ils seront
pleins, tu les emporteras.
5. C'est pourquoi cette femme
a ———
21. Qui élaient ceints, elc.; c'est-à-dire qui portaient les armes.
[cn. 1v.]
s'en alla et ferma la porte sur
elle et sur ses fils; ceux-ci lui pré-
sentaient les vases, et elle y ver-
sait "huile.
6. Et lorsque les vases furent
pleins, elle dit à son fils : Apporte-
moi encore un vase, Et il lui ré-
pondit : Je n'en ai point. Et l'huile
s'arréta.
7. Or cette femme vint et ra-
conta éout à l'homme de Dieu. Et
lui : Va, dit-il, vends l'huile, et
rends à ton créancier ce qui lui
est dû; mais toi et tes fils, vivez
avec le reste.
8. Or un certain jour arriva, et
Elisée passait par Sunam: or il y
avait là une femme considérable,
laquelle le retint pour qu'il man-
₪68 du pain ; et comme il passait
souvent par là, il allait loger chez
elle pour manger du pain.
9. Cette femme dit à son mari :
Je m'apercois que c'est un saint,
cel homme de Dieu qui passe par
chez nous fréquemment.
10. Faisons-iui donc une petite
chambre, et mettons-y ט 116, une
table, un siége et un chandelier,
afin que, lorsqu'il viendra chez
nous, il demeure là.
41. Uncertain jour arriva donc,
et Elisée venant, alla loger en
cette chambre et s'y reposa.
19. Et il dit à Giézi, son servi-
leur : Appelle cette Sunamite.
Lorsque Giézi l'eut appelée, et
qu'elle se tenait devant lui,
13. 11 dit à son serviteur : Dis-
lui : Voilà que tu nous as servis
soigneusement; que veux-tu que
IV ROIS, 704
je fasse pour toi? As-tu quelque
affaire, et veux-tu que je parle au
roi ou au prince de la milice? Elle
lui répondit : J'habite au milieu
de mon peuple.
14. IL dit encore : Que veut-elle
donc que je fasse pour elle? Et
Giézi répondit : Ne cherchez pas;
car elle n'a point de fils, et son
mari est vieux.
15. C'est pourquoi ii ordonna
del'appeler; et lorsqu'elle eut été
appelée, et qu'elle se tenait de-
vant la porte,
16. Il lui dit : Dans ce temps et
à cette méme heure, si tu vis en-
core, tu auras en ton sein un fils.
Mais elle répondit : Non, je te prie,
mon seigneur, homme de Dieu,
non, ne ments pas à ta servante.
17. Et cette femme concut, et
elle enfania un fils dans le temps
etàla méme heure qu'Eliséeavait
dit.
18. Orl'enfant grandit; etcom-
me il arriva un certain jour qu'il
était sorli vers son pere, vers les
moissonneurs,
19. Il dit à son père : J'ai mal
à la tête, j'ai mal à la téte. Celui-
ci dit à son serviteur : l'reuds cet
enfant, et conduis-le à sa mère.
20. Lorsque le serviteur l'eut
pris et l'eut conduit à sa mère,
celle-ci le mitsur ses genoux jus-
qu'à midi, et il mourut.
21. Or elle monta et le placa
sur le lit de l'homme de Dieu, et
elle ferma la porte; et, étant sor-
tie,
22. Elle appela son mari, et dit :
13. J'habite au milieu de mon peuple ; je vis tranquille au milieu des miens; je suis
contente de ma situation; par conséquent je n'ai besoin d'aucune recommandation
auprès du roi.
19. * J'ai mal à (a téle. Il avait dà ètre frappé d'une insolation.,.
102 IV ROIS.
Envoie avec moi, je te conjure,
un de tes serviteurs etuneânesse,
pour que je coure jusqu'à l'hom-
me de Dieu, et je reviendrai.
23. Son mari lui demanda : Pour
quel motif vas-tu vers lui? Au-
jourd'hui ce ne sont point des ca-
lendes ni un sabbat. Elle répon-
dit : J'irai.
24. Et elle sella l’ânesse, et
ordonna à son serviteur : Con-
duis, et hâte-toi, ne me retarde
point en allant, et fais ce que je
t'ordonne.
25. Elle partit donc, et vint vers
l'homme de Dieusurla montagne
du Carmel; et lorsque l'homme
de Dieu l'eut vue en face de lui,
il dit à Giézi son serviteur: Voilà
cette Sunamite.
20. Va donc à sa rencontre, et
dis-lui : Tout va-t-il bien pour
vous, pour votre mari et pour
votre fils? Elle répondit : Bien.
97. Et, lorsqu'elle fut venue
vers l'homme de Dieu surlamon-
tagne, elle saisit ses pieds, et Gié-
zi s’'approcha pour l'écarter. Mais
l'homme de Dieu dit : Laissez-la:
car son àme est dans l'amertume,
et le Seigneur me l'a caché et ne
me l'a point fait connaitre.
98. Cette femme lui dit : Ai-je
demandé un fils à mon seigneur?
Ne l'ai-je pas dit : Ne me trompe
point?
29. Elisée dit à Giézi : Ceins tes
reins, et prends mon báton en ta
main, et va. Si un homme te ren-
contre, ne le salue point; et si
quelqu'un te salue, nelui réponds
[ci. 1v.]
point, et mets mon bâton sur la
face de l'enfant.
30. Or la mere de l'enfant dit :
Le Seigneur vit et ton àme vit! Je
ne te quitterai point. Il se leva
donc et la suivit.
31. Or Giézi était allé devant
eux, et il avait mis le bâton d'Eli-
sée sur la face de l'enfant; mais
il n'y avait en lui ni parole ni sen-
timent. Aussi il retourna à la ren-
contre de son maitre, et il le lui
annonça, disant : L'enfant ne s'est
pas levé.
32. Elisée entra donc dans la
maison, et voilà que l'enfant mort
gisait sur son lit.
93. Et étant entré, il ferma la
porte sur lui et sur l'enfant, et
adressa des prières au Seigneur.
34. Puis il monta sur le lit et
se coucha sur l'enfant; et il mit
sa bouche sursa bouche, ses yeux
sur ses yeux, et ses mains sur ses
mains; et il se courba sur lui, et
la chair de l'enfant fut échauffée.
35. Or étant revenu du lit, il se
promena dans la maison une fois
ici et une fois là, et il monta et
se coucha sur l'enfant; et l'enfant
281118 56711018 6611 ouvritles yeux.
36. Cependant Elisée appela
Giézi, et lui dit : Appelle cette
Sunamite. Elle ayant été appelée,
entra auprès d'flisée, et Elisée
dit : Emmène ton fils.
37. Cette femme vint, et se jeta
àses pieds, et se prosterna jus-
qu'à terre; et elle prit son fils et
sorlit.
98. Et Elisée retourna à Galga-
23. * Des calendes, de la nouvelle lune. Le jour de la nouvelle lune était sauctifió
par les 1578611168 d'après les prescriptions de la loi.
38. Les fils des prophèles; c'est-à-dire les disciples des prophètes, — * À Galgala,
au sud-ouest de Silo.
(cu. v.]
la. Or la famine était sur laterre,
et les fils des prophètes habi-
taient auprès de lui; il dit donc à
l'un de ses serviteurs : Prends la
grande marmite, et fait cuire un
mets pour les fils des prophètes.
39. Et l'un d'eux sortit dans la
campagne pour cueillir des her-
bes des champs; et il trouva
comme une vigne sauvage, et il
en cueillit des coloquintes sauva-
ges, et il remplit son manteau ;
et, étant revenu, il les coupa par
morceaux dans la marmite pour
le mets; car il ne savait ce que
c'était.
40. Il les versa ensuite de la
marmite pour les serviteurs d'E-
lisée ; mais lorsqu'ils eurent goü-
16 de ce meis, ils crierent, disant :
La mort est dans la marmite,
homme de Dieu. Et ils ne purent
manger.
41. Mais Elisée : Apportez, dit-
il, de la farine. Et lorsqu'ils en
eurent apporté, il 18 mit dans la
marmite , et dit : Versez-en pour
la troupe, afin qu'ils en mangent.
Et il n'y eut plus aucune amertu-
me dans la marmile.
49. Or un certain homme vint
de Baalsalisa, portant à l'homme
IV ROIS. 703
de Dieu des pains des prémices,
vingt pains d'orge et du blé nou-
veau dans sa besace. Elisée dit à
son serviteur : Donne au peuple,
afin qu'il mange.
43. Et son serviteur lui répon-
dit : Qu'est-ce que cela pour que
jeleserve àcent hommes? Elisée
dit de nouveau: Donne au peu-
ple, afin qu'il mange; car voici
ce que dit le Seigneur : Ils man-
geront, et il en restera.
44. Il mit done Jes pains devant
eux, et ils mangèrent, et il en
resta, selonla parole duSeigneur.
CHAPITRE V.
Naaman est guéri de la lèpre par 16 pro-
phéte Elisée. Giézi est frappé de cette
maladie pour avoir recu des présents
de Naaman.
1. Naaman, prince de la milice
du roi de Syrie, était un homme
puissant auprès de son maitre et
honoré ; car c'est par lui que le
Seigneur avait sauvé la Syrie :
or il était vaillant et riche, mais
lépreux.
2. Cependant des voleurs
étaient sortis de Syrie, etavaient
emmené captive de la terre d'Is-
raél une petite fille qui était au
39. * La coloquinte produit des fruits de la grosseur d'une orange. C'est un violent
purgatif.
42. * Baalsalisa, dans le district de Salisa, prés de Galgala, aujourd'hui Djildjilia.
1. * Naaman, prince de la milice du roi de Syrie, Bénadad. Il habitait Damas, et,
d'aprés l'historien Joséphe, c'était lui qui avait tué le roi Achab d'Israel par une
flèche tirée au hasard, 11] Rois, xxit, 34. Son souvenir est toujours vivant à Damas.
> D'après la tradition, la maison même qu'il habitait est aujourd'hui un hôpital de
lépreux. Nous avons visité, dit le Dr Guibout, cette antique maison de Naaman,
devenue, pour consacrer le souvenir de sa guérison miraculeuse, une léproserie.
Nous y avons vu une douzaine de malheureuses femmes, défigurées par cette horrible
maladie: le visage monstrueusement difforme, le front, les paupières, le nez, les
lèvres, les joues d'un développement énorme, d'une épaisseur hideuse, d'une teinte
violacée et sanieuse repoussante. Telle est la lépre tuberculeuse, hypertrophique et
ulcéreuse, à marche lente, désorganisant l'économie, incurable et mortelle. Tel était,
sans doute, l'état de Naaman, quand Elisée le guérit. » (Jérusolem, Le Caire,
Damas, 1889, p. 293).
704
service de la femme de Naaman.
3. Celle-ci dit à sa maitresse :
Plût à Dieu que mon seigneur
füt allé vers le prophète qui est à
Samarie ! assurément, il l'aurait
guéri de la lèpre qu’il a.
4. C'est pourquoi Naaman entra
auprès de son maître, et lui dit :
Ainsi et ainsi a parlé une fille de
la terre d'Israél.
ὃ. Et le roi de Syrie lui dit : Va,
et jenverrai une lettre au roi
d'Israël. Lorsque Naaman fut
parti, et qu'il eut pris aveclui dix
talents d'argent, six mille sicles
d'or et dix rechanges de véte-
ments,
6. Il porta au roi d'sraél 8
lettre du roi de Syrie en ces
termes : Lorsque vous recevrez
cette lettre, sachez que je vous
envoie Naaman, mon serviteur,
afin que vous le guérissiez de sa
lèpre.
7. Et lorsque 16 roi d'Israël eut
lu la lettre, il déchira ses véte-
ments, et dit : Suis-je Dieu, moi,
pour que je puisse tuer et faire
vivre, puisque ce roi envoie vers
moi, afin que je guérisse un
homme de sa lèpre ? Remarquez
IV ROIS.
[cu. v.)
et voyez quil cherche des occa-
sions contre moi.
8. Lorsque Elisée, l'homme de
Dieu, eut appris cela, c'est-à-dire
que le roi d'Israël avait déchiré
ses vêlements, il envoya vers lui,
disant : Pourquoi avez-vous dé-
chiré vos vêtements? Qu'il vien-
ne à moi, et qu'il sache qu'il y a
un prophète dans Israël.
9. Naaman vint donc avec ses
chevaux et ses chars, et se tint à
la porte dela maison d'Elisée.
10. Et Elisée lui envoya un mes-
sager, disant : Va, et lave-toi sept
fois dans le Jourdain, et ta chair
sera guérie, et tu deviendras net.
11. Naaman irrité se retirait,
disant : Je croyais qu'il sortirait
vers moi, et que, se tenant de-
bout, il invoquerait le nom du
Seigneur son Dieu, qu'il touche-
rait de sa main l'endroit de la le-
pre et me guérirait.
12. Est-ce qu'Abanà et Phar-
phar, fleuves de Damas, ne sont
pas meilleurs que toutes les eaux
d'Israël, pour que je m'y lave et
que je devienne net? Comme
done il s'était tourné, et qu'il s'en
allait indigné,
5. Le {alent d'argent valait à peu prés 4,414 fr. 50; et le sicle d'or environ 10 fr. 51.
— Dix rechanges de vélemenls ; ou dix vélements de rechange; c'est-à-dire dix tuniques
et dix manteaux; car les vétements ordinaires étaient la tunique et le manteau.
(Compar. Juges, xiv, 12). La coutume des Orientaux, de ne point porter des habits
justes au corps, permettait d'en offrir méme à des personnes qu'on ne connaissait pas.
12. * Abana et Pharphar. « Quelques-uns croient que l'Abana est l'Oronte; d'autres
que c'est le Chrysorrhoas des Grecs et le Barrada des Musulmans. Des savants non
moins estimables pensent devoir appliquer la dernière de ces dénominations au
Pharphar. Peut-être ne serait-il pas déraisonnable de conjecturer que le Pharphar
et l'Abana ne sont que deux branches d'un méme fleuve. Quoi qu'il en soit de ces
opinions, c'est surtout au Barrada que Damas doit la beauté et la fertilité de sa
plaine. Sa source est au mont Liban. 11 se divise aujourd'hui en sept branches : ce
sont autant de rivières! qui arrosent les jardius du dehors, pénètrent par divers
canaux dans ceux de l'intérieur, fournissent de l'eau aux bains qui sont en grand
nombre, aux fontaines publiques, aux bassins, au chàteau-fort, se réunissent ensuite
à peu de distance de Damas, coulent en un seul fleuve peudant quelques lieues et
vont se perdre dans un grand lac que les Arabes appellent Behairat-el-Mardi, la mer
du Pré. » (DE Ginams.)
[cu. v.)
18. Ses serviteurs s’approchè-
rent de lui, et lui dirent : Père,
quand même le prophète vous
aurait dit une chose importante,
vous auriez dû certainement la
faire; combien plus lorsqu'il vous
a dit maintenant : Lave-toi, et tu
deviendras net.
14. Il descendit et se lava dans
le Jourdain, sept fois, selon la
parole de l'homme de Dieu, et sa
chair fut rendue comme la chair
d'un petit enfant, et il devint net.
15. Et, étant retourné vers
l'homme de Dieu avec toute sa
suite, il vint et s'arréta devant
lui, et dit: Je sais certainement
qu'il n'y a point d'autre Dieu dans
loute la terre, si ce n'est dans
Israël. C'estpourquoijeteconjure
de recevoir une bénédiction de
ton serviteur.
16. Mais Elisée lui répondit : Il
vit, le Seigneur devant lequel je
suis! je ne la recevrai pas. Et
quoique Naaman fit instance, il
n'y consentit nullement.
17. Et Naaman dit : Comme tu
veux ; mais, je te conjure, accor-
Cuar. V. 14. Luc, iv, 21.
IV ROIS,
705
de à moi, ton serviteur, d'empor-
ter la charge de deux mulets de
terre; car, à lavenir, ton servi-
teur n'offrira plus d'holocauste
ou de victime à des dieux étran-
gers, mais seulement au Sei-
gneur.
18. La seule chose pourlaquelle
je désire que tu pries le Seigneur
pour ton serviteur, c'est que
quand mon seigneur entrera dans
le temple de Remmon pour ado-
rer, en s'appuyant sur ma main,
sij'adore dans le temple de Rem-
mon, lui adorant dans le méme
lieu, le Seigneur me pardonne
cette action, à moi, ton serviteur.
19. Elisée lui répondit : Va en
paix. Il s'en alla donc d'aupres de
lui, dansle plus beau temps de la
terre.
20. Alors Giézi, serviteur de
l'homme de Dieu, dit : Mon maitre
ἃ épargné ce Naaman de Syrie
au point de ne pas accepler ce
qu'il a apporté. Le Seigneur vit!
je courrai aprés lui, et jerecevrai
de lui quelque chose.
21. Ainsi Giézi suivit à la trace
13. Le mot pére était en Orient un titre d'honneur et une marque d'affection. Les
Grecs etles Romains ont imité cet usage.
15. Si ce n’est dans Israël; construction elliptique, pour : Si ce n'est celui qui est
dans Israël. — Une bénédiction, c'est-à-dire un présent. Voy. Genèse, xxxui, 11.
18, 19. Les interprétes anciens et nouveaux justifient généralement, quoique di-
versement, la demande de Naaman, et par là méme la réponse d'Elisée. Selon le
plus grand nombre, Naaman pouvait consciencieusement accompagner le roi dans
le temple de Remmon, lui préter son bras pour s'appuyer et se prosterner, en se
prosternant lui-méme; attendu que c'était là un service purement civil qu'il rendait
à son maitre, sans nul égard, nulle considération pour l'idole. Et si, malgré cela,
il croit devoir implorer lindulgence du Seigneur, c'est qu'il craint que son action,
quoique licite en elle-méme, ne puisse faire une impression fácheuse sur ceux qui
ne l'apprécieraient pas à sa juste valeur. Nous devons ajouter que le texte hébreu
peut parfaitement s'entendre d'un fait qui a déjà eu lieu. Or, dans ce cas. toute dif-
ficulté disparaitrait entierement.
19. Dans le plus beau temps; littér.: dans le temps choisi; c'est-à-dire au prin
temps; car c'est ainsi que la Vulgate a reudu la même expression hébraïque dans
la Genèse, ch. xxxv.
A. T. 4b
706 IV ROIS.
Naaman; et lorsque Naaman le
vit courant vers lui, il sauta de
son char àsa rencontre, et de-
manda : Tout va-t-il bien?
22. Et celui-ci répondit : Bien.
Mon maitre m'aenvoyé vers vous,
disant : Tout-à-l'heure sont venus
vers moi, de la montagne d'E-
phraim, deux jeunes hommes
d'entre les fils des prophètes
donne-leur un talent d'argent et
deux vétements de rechange.
23. Et Naaman répondit : Il
vaut mieux que tu prennes deux
talents. Et il le forca; il lia donc
deux talents d'argent dans deux
sacs et deux vétements; il en
chargea ses deux serviteurs, qui
les porterent méme devant Giézi.
24. Et comme le soir était déjà
venu, il les prit de leurs mains
et les serra dans sa maison; puis
il renvoya ces hommes, et ils
s'en allerent.
25. Mais lui-même, étant entré,
se tint devant son maitre; et
Elisée demanda : D'où viens-tu,
Giézi? Giézi répondit : Votre ser-
viteur n'a été nulle part.
26. Mais Elisée répliqua : Mon
esprit n'était-il pas avec toi lors-
que l'homme est revenu de son
char à la rencontre? Maintenant
donc tu as reçu l'argent, tu as
recu aussi des vétements pour
acheter des plants d'oliviers, des
vignes, des brebis, des bœufs, des
serviteurs et des servantes.
27. Mais la lèpre méme de Naa-
man s'attachera à toi et à toute
ta race pour toujours. Et il sortit
d'auprés de son maitre, lépreux
et blanc comme neige.
(cu. vi. |
CHAPITRE VI.
Elisée fait revenir sur l'eau le fer d'une
cognée. I] découvre au roi d'Israél les
desseins du roi de Syrie contre lui. Le
roi de Syrie envoie des soldats pour
arrêter le prophète; il assiège Samarie
et y cause une grande famine.
4. Or, les fils des prophètes di-
rent à Elisée : Voilà que ce lieu
dans lequel nous habitons avec
vous est étroit pour nous.
2. Laissez-nous aller jusqu'au
Jourdain, afin que chacun prenne
son bois de la forét, et que nous
nous bátissions là un lieu pour y
habiter. Elisée répondit : Allez.
3. Et l'un d'eux dit: Venez donc
vous aussi avec vos serviteurs.
Il répondit : J'irai.
4. Et il s'en alla avec eux. Et
lorsqu'ils furent venus au Jour-
dain, ils coupèrent leur bois.
ὃ. Mais il arriva que, comme
l'un d'eux abattait son bois, le fer
de la cognée tomba dans l'eau;
et celui-là s'écria et dit : Hélas!
hélas! hélas! mon seigneur, c'é-
tait leméme que j'avais emprun-
té.
6. Alors l'homme de Dieu dit :
Où est-il tombé? Et il lui montra
l'endroit. E/isée coupa donc un
morceau de bois et le jeta là, et
le fer nagea,
7. Et il dit : Prends-le. Celui-ci
étendit la main et le prit.
8. Orle roi de Syrie combattait
contre Israël, et il tint conseil
avec ses serviteurs, disant : Pla-
cons une embuscade en ce lieu-ci
et en celui-là.
9. Cest pourquoi l'homme de
32. Un talent d'argent..... deux vétements, etc. Voy. verset 5.
26. L'homme; Naaman. L'article, qui manque dans l'hébreu, est dans le grec.
[cu. vi.]
Dieu envoya vers le roi d'Israél,
disant : Gardez-vous de passer
en ce lieu-là, parce que les Sy-
riens y sont en embuscade.
10. C'est pourquoi le roi d'Israél
envoya au lieu que lui avait dit
l'homme de Dieu, et il l'occupa
le premier, et il s'y abrita non
pas une fois, ni deux fois.
11. Et le cœur du roi de Syrie
fut troublé de cela; et, ses servi-
teurs convoqués, il dit : Pourquoi
ne me découvrez-vous point qui
est celui qui me trahit aupres du
roi d'Israël?
12. Et l'un de ses serviteurs dit:
Point du tout, mon seigneur le
roi; mais Elisée le prophète, qui
est en [sraél, découvre au roi
d'Israél toutes les paroles que
vous dites dans votre chambre.
43. Et il leur dit: Allez, voyez
où il est, afin que j'envoie et que
je le prenne. Ils lui annoncèrent
done, disant : Voilà qu'il est à
Dothan.
14. Il y envoya donc des che-
vaux, des chariots et une forte ar-
mée; ceux-ci, étant arrivés du-
rant la nuit, investirent la ville.
15. Or, se levant au point du
jour, et étant sorti, le serviteur
de l'homme de Dieu vit une ar-
mée autour de la ville, des che-
vaux et des chariots, et il l'an-
nonca à Elisée, disant : Hélas ! hé-
las! hélas! mon seigneur, que fe-
rons-nous?
16. Mais Elisée lui répondit :
Ne crains point; car il y en a un
IV ROIS.
107
plus grand nombre avec nous
qu'avec eux.
11. Et lorsque Elisée eut prié,
il dit : Seigneur, ouvrez ses yeux,
afin quil voie. Et le Seigneur ou-
vritles yeux du serviteur, et il
vit; et voilà la montagne pleine
de chevaux et de chariots de feu
autour d'Elisée.
18. Cependant les ennemis des-
cendirent vers lui, et Elisée pria
le Seigneur, disant : Frappez, je
vous conjure, ce peuple d'aveu-
glement. EtleSeigneurles frappa
pour qu'ils ne vissent point, selon
la priere d'Elisée.
19. Alors Elisée leur dit : Ce
n'est pas là le chemin, et ce n'est
pas là la ville; suivez-moi, et je
vous montrerai l’homme que
vous cherchez. Ils les mena donc
dans Samarie.
20. Et lorsqu'ils furent entrés
dans Samarie, Elisée dit : Sei-
gneur, ouvrez leurs yeux, afin
quils voient. Et le Seigneur ou-
vrit leurs yeux, et ils virent qu'ils
étaient au milieu de Samarie.
91. Et le roi d'Israél dit à Eli-
sée, lorsqu'il les vit : Les tuerai-
je. mon père?
22. Mais Elisée répondit : Vous
ne les tuerez point; car vous ne
les avez pas pris avec votre
glaive, et avec votre arc, pour
que vous les fassiez périr; mais
mettez du pain et de l’eau devant
eux, afin qu'ils mangent et qu'ils
boivent, et qu'ils aillent vers leur
maitre.
10. Non pas une fois, ni deux fois; c'est-à-dire souvent.
13. * Dothan, Dothain. Voir Genèse, xxxvii, 11.
22. Pour que vous les fassiez péri. Le droit rigoureux de la guerre permettait au
vainqueur de faire mourir tous les ennemis vaincus qui tombaient entre ses moins,
mais les lois naturelles de l'humanité lui commandaient de conserver la vie à ceux
qui se rendaient et imploraient sa clémence.
708 IV ROIS.
23. ]| leur fut done servi un
grand repas; ils mangèrent et ils
burent; puis il les renvoya, et
ils s'en allèrent vers leur maitre,
et il ne vint plus de voleurs de
Syrie dans la terre d'Israél.
24. Mais il arriva apres cela
que Bénadad, roi de Syrie, as-
sembla toute son armée, monta
et assiégea Samarie.
95. Et il vint une grande fa-
mine dans Samarie ; et elle fut si
longtemps assiégée, qu'une téte
d'âne était vendue quatre-vingt
sicles d'argent; et la quatrième
partie d'un cab de fiente de co-
lombes, cinq sicles d'argent.
26. Et comme le roi d'Israël
passait le long du mur, une cer-
taine femme lui cria, disant :
Sauvez-moi, mon seigneur le
roi.
297. Le roi répondit : Le Sei-
gneur ne 16 sauve pas : au
inoyen de quoi puis-je te sauver?
au moyen de l'aire ou du pres-
soir? Et le roilui demanda : Que
veux-tu dire? Elle lui répondit :
28. Cette femme-ci m'a dit :
Donne ton fils, afin que nous le
mangions aujourd'hui, et nous
mangerons mon fils demain.
29. Nous avons donc fait cuire
mon fils, et nous l'avons mangé.
Je lui ai dit le jour suivant :
Donne ton fils, afin que nous le
mangions. Et elle a caché son
fils.
30. Ce qu'ayant entendu le
[cH. vu]
roi, il déchira ses vêtements; et
il passait le long du mur; et tout
le peuple vit le cilice dont il était
couvert intérieurement sur sa
chair.
31. Et le roi dit : Que Dieu me
fasse ceci, et qu'il ajoute cela,
si la tête d'Elisée, fils de Saphat,
demeure sur lui aujourd'hui!
32. Or Elisée était assis dans sa
maison, et les vieillards étaient
assis avec lui. C'est pourquoi /e
roi envoya en avant un homme;
et, avant que ce messager arri-
vât, Elisée dit aux vieillards :
Savez-vous que ce fils du meur-
trier a envoyé ici pour qu'on me
coupe la tête? Voyez donc, lors-
que viendra le messager, fermez
la porte, etne lelaissezpasentrer:
car voilà que le bruit des pieds
de son seigneur s'entend der-
riere lui.
33. Elisée leur parlant encore,
parut le messager, qui venait à
lui. Or il dit : Eh bien, ce mai si
grand vient du Seigneur : qu'at-
tendrai-je de plus du Seigneur?
CHAPITRE VII.
Elisée prédit une grande abondance de
vivres dans Samarie. Les Syriens pren-
nent la fuite et laissent toutes leurs
provisions. Un officier du roi qui n'avait
pas cru à la prédiction d'Elisée est
étoutfé à la porte de la ville.
1. Or Elisée dit : Ecoutez la pa-
role du Seigneur: Voici ce que
dit le Seigneur : A ce temps-ci,
25. Le sicle d'argent valait environ 1 fr. 47 c., et le cab ou 00 ou kab, mesure
pour les matières sèches contenait, à peu près 1 lit. 581.
31. Que Dieu me fasse, etc. Voy. Ruth, 1, 11.
32. Joram était fils d'Achab, le meurtrier de Naboth.
1, 16. Statére. C'est par ce mot que le sicle est rendu quelquefois dans ia Vulgate.
— * Le boisseau, environ 13 litres.
[cu. vr.)
demain, le boisseau de fleur de
farine sera à un statere, etdeux
boisseaux d'orge à un statère, à
la porte de Samarie.
9. Un des chefs de l'armée, sur
la main duquel le roi s'appuyait,
répondant, dit à l'homme de
Dieu : Quand le Seigneur ferait
méme des cataractes dans le ciel,
ce que tu dis pourrait-il étre?
Elisée répliqua : Tu le verras de
tes yeux, et tu n'en mangeras
point.
3. Or quatre hommes lépreux
étaient à l'entrée de la porte, qui
se dirent l'un et l'autre : Pour-
quoi voulons-nous étre ici jus-
qu'à ce que nous mourions?
4. Si nous voulons entrer dans
Ja ville, nous mourrons de faim;
si nous restons ici, il nous faut
mourir. Venez donc, et nous
passerons au camp des Syriens.
S'ils nous épargnent, nous vi-
vrons ; et s'ils veulent nous tuer.
nous mourrons tout de méme.
5. Ils se levèrent donc le soir
pour venir au camp de Syrie; et
lorsqu'ils furent venus à la tête
du camp de Syrie, ils n'y trou-
verent personne.
6. Car le Seigneur avait fait
entendre dans le camp de Syrie
un bruit de chariots, de chevaux
et dune armée innombrable; et
les Syriens s'étaient dit l'un à
l'autre : Le roi d'Israél a engagé
IV ROIS.
709
à prix d'argent contre nous les
rois des Héthéens et des Egyp-
tiens, etils sont venus sur nous.
7. Ils se leverent donc et s'en-
fuirent dans les ténèbres, et
laisserent leurs tentes, leurs
chevaux et leurs ànes, et ils s'en-
fuirent, désirant sauver seule-
ment leurs âmes.
8. Ainsi lorsque ces lépreux
furent venus à la tête du camp.
ils entrèrent dans un tabernacle,
ils mangèrent et burent; et ils en
enleverent de l'argent, de l'or et
des vétements, et ils s'en al-
lèrent et les cacherent; et étant
encore retournés, ils entrerent
dans un autre tabernacle, et en
emportant deschosessemblables,
ils les cacherent.
9. Et ils se dirent l’un à l'autre:
Nous ne faisons pas bien; car
c'est un jour de bonne nouvelle.
Si nous nous taisons, et que nous
ne voulions point l'annoncer jus-
qu'au matin, nous serons accu-
sés de crime. Venez, allons et
lannoncons à la cour du roi.
10. Et lorsqu'ils furent venus à
la porte de la ville, ils leur ra-
conterent, disant : Nous avons
été au camp de Syrie, et nous n'y
avons pas trouvé un seul homme,
mais seulement des chevaux et
des ánes attachés et des tentes
plantées.
11. Les gardes de la porte allè-
2, 19. Le méme mot hébreu rendu ici dans la Vulgate par chef de l'armée (dux),
est traduit quelquefois ailleurs par prince (princeps). Or ce terme hébreu qui dérive
d'une racine signifiant (rois, désigne peut-être un officier qui tenait le troisième
rang dans le royaume, de méme qu'un guerrier d'élite qui montait avec deux autres
sur un char pour combattre.
6. * Les rois des Héthéens et des Egyptiens. Les Héthéens au nord, dans la Syrie
jusqu'à l'Euphrate et au sud les Egyptiens, étaient à cette époque les peuples les
plus puissants parmi les voisins d'Israél.
ἴ. Leurs ámes; c'est-à-dire leurs vies, ou leurs personnes; car le terme hébreu
signifie l'un et l’autre,
710 IV ROIS.
rent donc et l’annoncèrent au pa-
lais du roi intérieurement.
19. Le roi se leva dans la nuit,
et dit à ses serviteurs : Je vous
dis ce qu'ont fait les Syriens. Ils
savent que nous souffrons de la
faim, et c'est pour cela qu'ils sont
sortis deleur camp et se sont ca-
chés dans la campagne, disant :
Lorsqu'ils sortiront de la ville,
nous les prendrons vivants, et
alors nous pourrons entrer dans
la ville.
43. Or un de ses serviteurs ré-
pondit : Prenons les cinq chevaux
qui sont restés dans la ville (par-
ce qu'il n'y a seulement que ceux-
là dans toutela multitude d'Israël;
car les autres ont été consumés),
et en envoyant, nous pourrons
aller àla découverte.
14. On amena donc deux che-
vàux ; et le roi envoya au camp
des Syriens, disant : Allez et
voyez.
15. Ils allèrent donc apres les
Syriens jusqu'au Jourdain; mais
voilà que toute la voie était pleine
de vétements et d'armes que les
Syriens avaient jetés, parce qu'ils
étaient Lroublés; et étant reve-
nus, les messagers en donnèrent
avis au roi.
16. Alors le peuple étant sorti,
pilla le camp de Syrie; etur bois-
seau de fleur de farine fut donné
pour un statère, et deux bois-
seaux d'orge pour un statère, se-
lon la parole du Seigneur.
(βαρ. VIII. 1. Supra, 1v, 35.
[cH. vit. |
17. Or le roi avait établi à la
porte de la ville le prince sur la
main duquel il s'appuyait, et la
foule du peuple l'écrasa sous les
pieds à l'entrée de la porte, et il
mourut, selon que lavait dit
l'homme de Dieu, quand le roi
était descendu chez lui.
18. Ainsi , il arriva selon la pa-
role de l'homme de Dieu, qu'il
avait dite au roi, lorsqu'il affirma:
Deux boisseaux d'orge seront à
un statère, et un boisseau de
fleur de farine à un statère, à ce
méme temps, demain, à la porte
de Samarie ;
19. Et lorsque le chef de l'armée
eut répondu à l’homme de Dieu :
Quand le Seigneur ferait des ca-
taractes dans le ciel, ce que vous
dites pourrait-il se faire? il lui
répliqua : Tu le verras de tes
yeux, et tu n'en mangeras point.
20. Il lui arriva donc comme il
avait été prédit, et le peuple l'é-
crasa sous les pieds à la porte, et
il mourut.
CHAPITRE VIII.
La Sunamite revient dans Israél aprés
les sept années de famine. Elisée va à
Damas et prédit la mort de Bénadad et
le règne d'Hazaél. Joram, fils de Josa-
phat, régne sur Juda. Révolte des Idu-
méens. Mort de Jorara, Ochozias lui
succède.
1. Or Elisée parla à cette femme
dont il avait ressuscité le fils, di-
sant : Leve-toi, va, toi et ta mai-
son, et fais ton séjour partout oü
13. La mullitude; c'est-à-dire le peuple.
15. * Jusqu'au Jourdain. Les Syriens allaient passer le Jourdain par la route de
Bethsan pour retourner à Damas.
11. * A la porte de la ville. ll n'y avait à Samarie qu'une porte, située à l'ouest de
lu ville.
[cH. vin.] IV ROIS. 711
tu trouveras; car le Seigneur a | cèrent l’arrivée du prophète, di-
appelé la famine, et elle viendra | sant : L'homme de Dieu est venu
sur la terre pendant sept ans. ici.
2. Gette femme se leva, et fit 8. Et le roi dit à Hazaël : Prends
selon la parole de l'homme de | avec toi des présents, et va à la
Dieu, et, s'en allant avec sa mai- | rencontre de l'homme de Dieu, et
son, elle séjourna dans la terre | consulte par lui le Seigneur, di-
des Philistins durant un grand | sant : Si je pourrai échapper de
nombre de jours. cette maladie.
3. Etlorsque les sept années de 9. Hazaël aila donc à la rencon-
famine furent passées, cette | tre de l'homme, de Dieu, ayant
femme revint de laterre des Phi- | avec lui des présents et de toutes
listins ; et elle sortit pour récla- | les bonnes choses de Damas, la
mer auprès du roi sa maison et | charge de quarante chameaux.
ses champs. Et, lorsqu'il se fut présenté de-
4. Le roi alors parlait avec Gié- | vant Elisée, il dit: Ton fils Béna-
zi, serviteur de l'homme de Dieu, | dad, roi de Syrie, m'a envoyé
disant : Raconte-moi toutes les | vers toi, disant : Si je pourrai étre
grandes œuvres qu'a faites Elisée. | guéri de cette maladie.
5. Et comme Giézi racontait au 10. Et Elisée lui répondit : Va,
roi de quelle maniere il avait res- | dis-lui: Vous guérirez; mais le
suscité le mort, parut la femme | Seigneur m'a montré qu'il mour-
dont il avait ressuscité le fils, ré- | ra de mort.
clamant auprès du roi sa maison 11. Etil s'arréta avec lui, et il se
et ses champs. Et Giézi dit : Mon | troubla tellement que son visage
seigneur le roi, c'est cette femme, | rougit; etl'homme de Dieu pieura.
et c'est son fils qu'a ressuscité 19. Hazaél lui demanda : Pour-
Elisée, quoi mon seigneur pleure-t-il? Et
6. Etle roi interrogea la femme, | Elisée lui répondit : Parce que ie
qui lui raconta fout; et le roi lui | sais quels maux tu dois faire aux
donna un eunuque, disant: Fais- | enfants d'Israël. Tu mettras à feu
lui rendre tout ce qui est à elle, | leurs villes fortifiées, tu tueras
et tous les revenus des champs, | par le glaive leurs jeunes hoin-
depuis le jour qu'elle a quitté le | mes, tu écraseras leurs enfants,
pays jusqu'à présent. et tu couperas en deux leurs
7. Elisée vint aussi à Damas; et | femmes enceintes.
Bénadad, roi de Syrie, était ma- 13. Hazaël dit : Qui suis-je donc,
lade, et ses serviteurs lui annon- | moi ton serviteur, un chien, pour
3. Sa maison et ses champs, confisqués pendant son absence.
1. * A Damas. Voir ΠῚ Rois, xi, 24.
10. Vous guérirez; c'est-à-dire votre maladie n'est pas mortelle, vous ne mourrez
pas de cette maladie. On voit en effet au verset 15 que Bénadad ne mourut que parce
qu'Hazaél l'étouffa. Cette explication donnée par un certain nombre d'interprétes est
loin de les satisfaire tous. On ferait entierement disparaitre la difficulté que présente
cette réponse d'Elisée, si conformément au texte hébreu, mais contrairement aux
anciennes versious, on traduisait: Noa, vous ne guérirez point.
712
faire cette grande chose ? Et Eli-
sée répondit : Le Seigneur m'a
fait voir que tu seras roi de Syrie.
14. Lorsque Hazaël se fut retiré
d'aupres d'Elisée, il vint vers son
maitre, qui lui demanda : Que t'a
dit Elisée? Et celui-ci répondit :
Il m'a dit que vous recouvrerez
la santé.
15. Et lorsque vint le jour sui-
vaut, il prit la couverture du lit,
il la trempa dans l'eau, et il l'é-
tendit sur la face du roi; et, le roi
mort, Hazaél régna en sa place.
16. La cinquième année de Jo-
ram, fils d'Achab, roi d'Israél, et
de Josaphat, roi de Juda, Joram,
fils de Josaphat, régna sur Juda.
11. Il avait trente-deux ans
lorsqu'il commenca à régner, et
il régna huit ans dans Jérusalem.
18. Et il marcha dans les voies
des rois d'Israél, comme y avait
marché la maison d'Achab; car
sa femme était fille d'Achab; et il
fit ce qui est mal en la présence
du Seigneur.
19. Or le Seigneur ne voulut
pas perdre Juda, à cause de Da-
vid, son serviteur, puisqu'il lui
avait promis qu'il lui donnerait
une lampe, à lui et à ses fils, tous
les jours.
IV ROIS,
[cgm. vur.]
20. Durant les jours de Joram,
Edom se retira, pour ne pas étre
sous Juda, et s'établit un roi.
91. Et Joram vint àSéira et tous
ses chariots avec lui, et il se leva
pendant la nuit, et battit les Idu-
méens qui l'avaient environné,
et ceux qui commandaient leurs
chariots; etlepeuple s'enfuit dans
ses tabernacles.
22. Edom se retira donc, pour
ne pas étre sous Juda, jusqu'à ce
jour. D'après cela Lobna se retira
en ce temps-là.
23. Quand au reste des actions
de Joram, et tout ce qu'il a fait,
n'est-ce pas écrit dans le Livre
des actions des jours des rois de
Juda?
24. Et Joram dormit avec ses
peres, et il fut enseveli avec eux
dans la cité de David, et Ocho-
zias, son fils, régna en sa place.
25. La douzième année de Jo-
ram, fils d'Achab, roi d'Israël, ré-
gna Ochozias, fils de Joram, roi
de Juda.
26. Ochozias avait vingt-deux
ans quand il commença à régner,
etilrégna un an dans Jérusalem :
le nom de sa mère était Athalie,
fille d'Amri, roi d'Israël.
27. Et il marcha dans les voies
11. II Par., xxi, 5. — 19. II Rois, vir, 16. — 20. II Par., xxr, 8. — 25. II Par., xxr, 4.
16. La cinquième année, etc., c'est-à-dire la cinquième année de Joram, roi d'Israól
Josaphat étant roi de Juda, Joram son fils commença à régner sur Juda conjointe-
ment avec son père. Compar. chap. 1, 17. Ainsi la cinquième année regarde Joram,
roi d'Israël, mais non point Josaphat, roi de Juda.
19. Qu'il lui donnerait, etc. Voy. 111 Rois, xi, 36; xv, 4.
21. * Séira, inconnu.
22. Devant jusqu'à ce jour, il faut suppléer; et il n’y a pas été. C'est un genre
d'ellipse très usité en hébreu. — * Lobna, Lebna. Noir Josué, x, 29.
23. Dans le Livre, etc. Voy. 111 Rois, xi, 41. 1
26. lille d'Amri; c'est-à-dire pelile-fille; le terme hébreu signifie l'un et l'autre.
Elle était fille d'Achab, fils d'Amri.
21. Car il fut genalre, etc.; c'est-à-dire qu'il avait épousé une femme de la famille
d'Achab,
[. אז .₪
de la maison d'Achab, et il fit ce
qui est mal devant le Seigneur,
comme la maison d'Achab; car il
fut gendre de la maison d'Achab.
98. Il alla aussi avec Joram, fils
d'Achab, pour combattre contre
Hazaël, roi de Syrie, à Ramoth-
Galaad; et les Syriens blesserent
Joram,
29. Qui revint à Jezrahel pour
étre guéri, parce que les Syriens
lavaient blessé à Ramoth, lors-
qu'il combattait contre Hazaël,
roi de Syrie. Or Ochozias, fils de
Joram, roi de Juda, descendit
pour voir Joram, fils d'Achab, à
Jezrahel, parce qu'il y était ma-
lade.
CHAPITRE IX.
Jéhu est sacré roi d'Israél, et recoitl'ordre
d'exterminer la maison d'Achab. Il tue
Joram. Ochozias est tué par ses gens,
et Jézabel est précipitée par sa fenétre.
1. Or le prophète Elisée appela
un des enfants des prophètes, et
lui dit : Ceins tes reins, prends ce
petit vase d'huile en ta main et
va à Ramoth-Galaad.
2. Et lorsque tu seras arrivé là,
tu verras Jéhu, fils de Josaphat,
fils de Namsi; et, étant entré, tu
le feras sortir du milieu de ses
freres, et tu l'introduiras dans
une chambre secrète.
3. Ettenant le petit vase d'huile,
tu la répandras sur sa téte, et tu
diras : Voici ce que dit le Sei-
gneur : Je t'ai oint roi sur Israël.
IV ROIS.
713
Et tu ouvriras la porte, et tu t'en-
fuiras, et tu ne resteras pas là.
4. Le jeune homme, serviteur
du prophète, s'en alla donc à Ra-
moth-Galaad,
9. Et il y entra : or, voilà que
les princes de l'armée étaient as-
sis; et il dit à Jéhu : Fai un mot
pour vous, ὃ prince. Et Jéhu de-
manda : Pour qui d'entre nous
tous? Et celui-ci répondit : Pour
vous, Ô prince.
6. Alors il se leva, et il entra
dans sa chambre, et le jeune
homme répandit lhuile sur sa
téte, et dit: Voici ce que dit le
Seigneur, Dieu d'Israël : Je t'ai
oint roi sur le peuple du Seigneur,
Israél,
1. Et tu frapperas la maison
d'Achab, ton seigneur, et je ven-
gerai le sang de mes serviteurs,
les prophètes, et le sang de tous
les serviteurs du Seigneur, de la
main de Jézabel.
8. Et je perdrai toute la maison
d'Achab, et je tuerai d'Achab, ce-
lui qui urine contre une muraille,
celui qui est renfermé, et celui
qui est le dernier dans Israël.
9. Et je rendrai la maison d'A-
chab comme la maison de Jéro-
boam, fils de Nabath, et comme
la maison de Baasa, fils d'Ahia.
10. Et Jézabel elle-méme, les
chiens la mangeront dans la cam-
pagne de Jezrahel, et il n'y aura
personne qui l'ensevelisse. Et il
ouvrit la porte et s'enfuit.
Car. IX. 2. ΠῚ Rois, xix, 16. — 8. ΠῚ Rois, xxi, 21. — 9. III Rois, xiv, 10;
XVI, 3.
98. * A Ramoth-Galaad. Noir Deutéronome, 1v, 43.
29. * Jezrahel. Voir plus haut, III Rois, xxi, 4.
8. Celui qui urine, etc. Voy. I Rois, xxv, 22. — Celui qui est renfermé. Voy. Deutér.,
וצצצ 36, — Le dernier des descendants d'Achab.
714
11. Mais Jéhu sortit vers les
serviteurs de son maître, qui lui
demandèrent : Tout va-t-il bien?
Pourquoi cet insensé est-il venu
vers vous? Jéhu leur dit : Vous
connaissez cet homme et ce qu'il
a pu dire.
19. Mais ceux-ci répondirent :
C'est quelque chose de faux, mais
au moins racontez-le nous. Jéhu
leur dit : 11 m'a dit ceci et cela,
et il a ajouté : Voici ce que dit le
Seigneur : Je t'ai oint roi sur Is-
raël.
13. C'est pourquoi ils se hâtè-
rent, et chacun prenant son man-
teau, ils le mirent sous les pieds
de Jéhu, pour représenter un tri-
bunal; puis ils sonnerent de la
trompette, et dirent : Jéhu est
roi.
14. Jéhu, fils de Josaphat, fils
de Namsi, conspira donc contre
Joram : or Joram avait assiégé
Ramoth-Galaad, lui et tout Israël,
contre Hazaël, roi de Syrie;
15. Et il était revenu pour se
guérir à Jezrahel d'une blessure,
parce que les Syriens l'avaient
blessé, lorsqu'il combattait contre
Hazaël, roi de Syrie; et Jéhu dit :
Sil vous plait, que personne ne
sorte, fuyant de la ville, afin qu'il
n'aille et ne l'annonce à Jezrahel.
16. Et il monta et partit pour
Jezrahel; car Joram était là ma-
lade; et Ochozias, roi de Juda,
était descendu pour visiter Jo-
ram.
11. La sentinelle donc qui était
sur la tour de Jezrahel, vit la
troupe de Jéhu qui venait, et dit :
14. Supra, viri, 28.
IV ROIS.
[cH. 1x.]
J'apercois une troupe, et Joram
dit : Prends un chariot et euvoie
à leur rencontre, et que celui qui
ira dise : Tout va-t-il bien?
18. Celui donc qui était monté
surle char, alla à la rencontre de
Jéhu, et dit : Voici ce que dit le
roi : Tout est-il en paix? Et Jéhu
répondit : Qu'importe à toi et à
la paix? passe, etsuis-moi. La seu-
tinelle l'annonca aussi, disant :
Le messager est allé vers eux, et
il ne revient point.
19. Joram envoya encore un
second chariot avec des chevaux ;
et 76 messager alla vers eux. et
dit : Voici ce que dit le roi : Est-
ce la paix? Et Jéhu répondit
Qu'importe à toi et à la paix?
Passe, et suis-moi.
90. Or la sentinelle l'annonca,
disant : Il est allé jusqu'à eux, et
il ne revient point; mais la dé-
marche de quelqu'un qui vient,
est comme la démarche de Jéhu,
fils de Namsi; car il marche avec
précipitation.
91. Et Joram dit : Attelle mon
char. Et l'on attela son char, et
Joram, roid'Israél, sortit, et Ocho-
zias, roi de Juda, chacun dans
son char, et ils sortirent à la ren-
contre de Jéhu, et le trouvèrent
dans le champ de Naboth, le
Jezrahélite.
22. Et lorsque Joram eut vu dé-
hu, il dit : Est-ce la paix, Jéhu?
Mais celui-ci répondit : Quelle est
cette paix? Les fornications de
Jézabel votre mere et ses enchan-
tements nombreux subsistent en-
core.
17. Prends... envoie. Joram s'adresse ou à la sentinelle ou plus probablement à
quelque serviteur qui se trouvait prés de lui,
"cR. [.אז
93. Or Joram tourna sa main,
et, fuyant, il dit à Ochozias : C'est
un piége, Ochozias.
24. Mais Jéhu tendit son arc de
sa main et frappa Joram entre les
épaules ; et la flèche sortit par son
cœur, et 811851104 il tomba surson
char.
95. Alors Jéhu dit à Badacer,
chef de l’armée : Prends-le et
jette-le dans le champ de Naboth,
leJezrahélite; car je me souviens,
quand moi et toi, assis sur un
char, nous suivions Achab, son
pere, que le Seigneur leva sur
lui ce fardeau, disant :
96. Je jure, si pour le sang de
Naboth et pour le sang de ses fils,
que j'ai vu hier verser, dit le Sei-
gneur, je ne te rends point la pa-
reille dans ce champ, dit le Sei-
gneur. Maintenant donc, prends-
le, et jette-le dans le champ, se-
lon la parole du Seigneur.
97. Or Ochozias, roi de Juda,
ayant vu cela, s'enfuit par le che-
min de la maison du jardin, et
Jéhu le poursuivit et dit : Méme
celui-là, frappez-le sur son char.
Et ils le frapperent à la montée
de Gaver, qui est presde Jéblaam,
et Ochozias s'enfuit à Mageddo et
mourut là.
IV. ROIS.
745
98. Et ses serviteurs le place-
rent sur son char, et le portèrent
à Jérusalem, et lensevelirent
dans le sépulcre avec ses pères
dans la cité de David.
29. La onzième année de Joram,
fils d'Achab, Ochozias régna sur
Juda,
30. Et Jéhu vint à Jezrahel. Or
Jézabel, ayant appris son arrivée,
peignit ses yeux avec du noir et
orna sa tête, puis elle regarda
par la fenêtre
31. Jéhu qui entrait à la porte,
et dit : Est-ce que la paix peut
être avec Zambri qui a tué son
maitre?
32. Et Jéhu leva sa face vers la
fenétre, et demanda : Qui est
celle-là? Et deux ou trois eu-
nuques se pencherent vers lui.
33. Et Jéhu leur dit : Précipitez-
la en bas. Et ils la précipitèrent,
et la muraille fut arrosée de son
sang, et la corne des chevaux la
foula.
34. Et lorsque Jéhu fut entré
pour boire et pour manger, il dit :
Allez, et voyez cette maudite, et
ensevelissez-la, parce qu'elle est
fille de roi.
35. Et lorsqu'ils furent allés
pour l'ensevelir, ils ne trouvèrent
26. III Rois, xxr, 22. — 31. III Rois, χνι, 10.
23. Tourna sa main; c'est-à-dire tourna bride.
95, Chef de l'armée. Voy. chap. vu, 2. — Fardeau. Dans le langage prophétique de
la Bible, 05 mot signifie la prédiction d'un malheur terrible et accablant.
26, Dens les formules de serment, le mot 7urer se sous-entend trés souvent.
$1. * Gaver et Jéblaam, d'après ce qui est dit ici, devaient être entre Jezrahel et
Mageddo à l'entrée des montagnes.
29, Régna comme associé à la royauté; il ne fut mis en possession du royaume
que lannée suivante, douziéme de Joram, roi d'Israél, comme il est dit au chap.
vui, 25.
30.* Avec du noir, du henné, préparé avec les feuilles du cyperus.
31. Zambri avait tué Ela, son roi et son maitre, et il était mort en se brülant dans
son palais (1H Rois, xvt, 9, 10, 18). Jézabel donne donc le nom de Zambri à Jéhu
pour lui reprocher son crime, et le menacer d'un sort sewblable au sien.
716
que le crâne, les pieds et l'extré-
mité des mains.
36. Et étant revenus, ils l'an-
noncerent à Jéhu. Or Jéhu dit :
C'est la parole du Seigneur, qu'il
ἃ prononeée par son serviteur
Elie, le Tesbite, disant : Dans la
campagne de Jezrahel, les chiens
mangeront la chair de Jézabel,
37. Et la chair de Jézabel sera
comme un fumier sur la face de
la terre, dans la campagne de
Jezrahel; et tous ceux qui passe-
ront diront : Est-ce là cette Jéza-
bel?
CHAPITRE X.
Jéhu fait mourir les fils d'Achab et les
fréres d'Ochozias. ll extermine les faux
prophétes de Baal, détruit son temple,
et brüle sa statue. Hazaél remporte de
grands avantages sur Israël. Mort de
Jéhu. Joachaz lui succède.
1. Or Achab avait soixante-dix
fils dans Samarie : Jéhu écrivit
done des lettres, et il les envoya
à Samarie aux grands de la ville,
aux anciens et à ceux qui éle-
vaient les enfants d'Achab, di-
sant :
2. Aussitôt que vous aurez re-
cu ces lettres, vous qui avez les
enfants de votre maitre, les chars,
les chevaux, les villes fortes et
les armes,
3. Choisissez le meilleur et ce-
lui qui vous plaira davantage,
d'entre les fils de votre maitre,
et mettez-le sur le tróne de son
pere, et combattez pour la mai-
son de votre maitre.
36. III Rois, xx1, 23.
36. * Jezrahel. Voir III Rois, xxt, 4.
1. Les corbeilles préparées pour cela.
IV ROIS.
[cg. x.]
4. Ceux-ci furent saisis d'une
grande crainte, etils dirent : Voilà
que deux rois n'ont pu subsister
devant lui, et comment nous,
pourrons-nous résister?
5. Les intendants de la maison
du roi, les chefs de la ville, les
anciens et ceux qui élevaient /es
princes, envoyèrent donc vers
Jéhu, disant : Nous sommes vos
serviteurs, tout ce que vous nous
commanderez, nous le ferons;
nous ne nous établirons point de
roi : tout ce qu'il vous plait, faites-
le. |
6. Or il leur écrivit des lettres
une seconde fois, disant : Si vous
étes à moi, et que vous vouliez
m'obéir, coupez les tétes des fils
de votre maitre, et venez vers
moi à cette méme heure demain,
à Jezrahel. Or, les fils du roi,
soixante-dix individus étaient éle-
vés chez les grands de la ville.
7. Et lorsque les lettres leur fu-
rent parvenues, ils prirent les fils
du roi, et tuerent ces soixante-
dix individus; ils mirent leurs
tétes dans les corbeilles, et les
envoyerent à Jezrahel.
8. Orle messager vint et l'an-
nonca à Jéhu, disant : Ils ont ap-
porté les tétes des enfants du roi.
Jéhu répondit : Mettez-les en deux
tas àl'entrée de la porte jusqu'au
matin.
9. Et lorsqu'il fit jour, il sortit,
et s'arrétant, il dit à tout le peu-
ple : Vous étes justes; si c'est
moi qui ai conspiré contre mon
8. * A l'entrée de la porte. L'usage d'exposer à la porte des villes les têtes des en-
nemis tués existe encore en Orient.
[cu. x.]
maître, et s1 je l'ai tué, qui est ce-
lui qui a frappé tous ceux-ci?
10. Voyez donc maintenant
qu'il n'est tombé par terre aucune
des paroles du Seigneur, que le
Seigneur a prononcées contre la
maison d'Achab, et que le Sei-
gneur a fait ce qu'il a dit par l'en-
tremise de son serviteur Elie.
11. Jéhu frappa donc tous ceux
qui restaient de la maison d'A-
chab dans Jezrahel, tous les
grands de sa cour, ses familiers
et ses prétres, jusqu'à ce qu'il ne
demeurát pas de restes de lui.
12. Et il se leva et il vint à Sa-
marie ; et lorsqu'il fut venu pres
dela Cabane des pasteurs, en son
chemin,
13. ll trouva les frères d'Ocho-
zias, roi de Juda, et il leur de-
manda : Qui étes-vous? Ceux-ci
répondirent : Nous sommes les
freres d'Ochozias, et nous som-
mes descendus pour saluer les fils
du roi et les fils de la reine.
14. Et Jéhu dit : Prenez-les vi-
vants. Et, lorsqu'ils les eurent
pris vivants, ils les égorgèrent
sur une citerne pres de la Cabane,
au nombre de quarante-deux
hommes, et il n'en resta pas un
seul.
15. Et lorsqu'il fut parti de là,
il trouva Jonadab, fils de Réchab,
à sa rencontre ; et il lui souhaita
toute sorte de prospérités. Il lui
demanda ensuite : Est-ce que ton
cœur est droit, comme mon cœur
avec ton cœur? Et Jonadab ré-
pondit : Il l'est. S'il l'est, reprit-il,
IV ROIS: 717
donne ta main. Celui-ci lui donna
sa main. Alors Jéhu le fit monter
auprès de lui dans son char.
16. Et il lui dit : Viens avec
moi, et vois mon zele pour le Sei-
gneur. Et l'ayant mis dans son
char,
11. Il les conduisit à Samarie.
Or il tua tous ceux qui étaient
restés d'Achab à Samarie, jus-
qu'au dernier, selon la parole que
le Seigneur avait dite par Elie.
18. Ensuite Jéhu assembla tout
le peuple, et il leur dit : Achab a
honoré un peu Baal; mais moi je
l'honorerai davantage.
19. Maintenant donc, appelez
vers moi tous les prophètes de
Baal, tous ses serviteurs et tous
ses prétres ; qu'il n'y en ait aucun
qui ne vienne ; car c'est un grand
sacrifice que je veux faire à Baal :
quiconque y manquera, ne vivra
plus. Or, Jéhu faisait cela insi-
dieusement pour perdre les ado-
rateurs de 2881 ;
20. Et il dit : Sanctifiez un jour
solennel en l'honneur de Baal ; et
il y invita ;
21. Il envoya donc dans tous
les confins d'Israël, et tous les
serviteurs de Baal vinrent, et il
ne s'en trouva pas même un seul
qui ne vint. Ainsi ils entrerent
dans le temple de Baal; et la
maison de Baal fut remplie depuis
une extrémité jusqu'à l'autre ex-
trémité.
22. Il dit ensuite à ceux qui
gardaient les vétements : Appor-
tez des vétements à tous les ser-
Caar. X. 10. 11] Rois, xxr, 29. — 18, III Rois, xvi, 31.
15. * Réchab. Sur les Réchabites, voir Jérémie, xxxv.
18. * Baal. Voir la note sur Juges, vi, 25.
20. Sanclifiez; c'est-à-dire célébrez, observez comme saint.
118
viteurs de Baal. Εἰ ils leur appor-
tèrent des vêtements.
93. Et Jéhu, étant entré avec
Jonadab, fils de Réchab , dans le
temple de Baal, dit aux adora-
teurs de Baal: Cherchez, et voyez
que personne parmi vous ne soit
des serviteurs du Seigneur; mais
qu'il n'y ait que les seuls servi-
teurs de Baal.
24. Ils entrerent donc dans le
temple pour sacrifier des victimes
etdes holocaustes : or Jéhu s'était
préparé dehors quatre-vingts
hommes, etil leur avait dit : Qui-
conque s'échappera d'entre les
hommes que je remettrai moi-
méme en vos mains, l'àme de ce-
lui-ci sera pour l'àme de celui-là.
95. Il arriva donc que, lorsque
l'holocauste eut été achevé, Jéhu
donna cet ordre à ses soldats et
à ses officiers : Entrez, tuez, et
qu'aucun n'échappe. Et les offi-
ciers et les soldats les frapperent
du tranchant du glaive, et les je-
terent dehors; ensuite ils allè-
rent dans la ville oü était le tem-
ple de Baal,
96. Et ils enlevèrent la statue
de Baal du temple, et ils 18 brà-
lerent,
97. Etla réduisirent en poudre.
Ils détruisirent aussi le temple
de Baal, et firent à sa place des
latrines qui ont subsisté jusqu'à
ce jour.
30. Infra, xv, 12.
IV ROIS.
]68. x.]
28. C'est ainsi que Jéhu exter-
mina Baal du milieu d'Ísraél ;
29. Mais quant aux péchés de
Jéroboam, fils de Nabath, qui fit
pécher Israël, il ne s'en écarta
pas, et il n'abandonna pas les
veaux d'or qui étaient à Béthel et
à Dan.
30. Le Seigneur ditdonc àJéhu:
Parce que tu as fait avec zèle ce
qui était droit et plaisait à mes
yeux, et que tout ce qui était en
mon cœur, tu l'as fait contre la
maison d'Achab, tes enfants, jus-
qu'à la quatrieme génération, se-
ront assis sur le tróne d'Israél.
31. Cependant Jéhu n'eut pas
soin de marcher dans la loi du
Seigneur Dieu d'Israël en tout
son cœur, et il ne s'écarta par des
péchés de Jéroboam, qui avait
fait pécher Israél.
32. En ces jours-là, le Seigneur
commenca à se lasser d'Israél, et
Hazaël les battit sur toutes les
frontieres d'Israél,
33. Depuis le Jourdain, vers le
côté oriental, ruinant toute la
terre de Galaad, Gad, Ruben et
Manassé, depuis Aroér, qui est
sur le torrent d'Arnon, et Galaad,
et Basan.
34. Mais le reste des actions de
Jéhu, tout ce qu'il a fait, et son
courage, n'est-ce pas écrit dans
le Livre des actions des jours des
rois d'Israël?
24. L'âme, etc. L'âme ou la vie de celui qui laissera échapper un de ces hommes
me répondra de la vie del'homme qui se sera échappé.
96. * La statue de Baal. Noir la note sur IV Rois, ur, 2.
99. * À Béthel et à Dan. Noir III Rois, xu, 29.
33. * Aroer, sur l'Arnon, qui séparait Israél de Moab, appartint à Ruben. Sa position
sur l'Arnon est indiquée, pour qu'on ne la confonde point avec Aroer de Gad et Aroer
de Juda. — Basan. Voir Nombres, xx1, 33.
34. Dans le livre, etc. Voy. 111 Rois, xi, 41.
[cg. x1.]
35. Et Jéhu dormit avec ses pe-
res, et on l'ensevelit à Samarie,
et Joachaz, son fils, régna en sa
place.
36. Or les jours durant lesquels
Jéhu régna sur Israël, en Sama-
rie, furent de vingt-huit ans.
CHAPITRE XI.
Athalie fait mourir toute la race royale,
et usurpe la couronne. Joas est sauvé
de ce carnage, et établi ensuite sur le
trône. Athalie est mise à mort.
1. Cependant Athalie, mère
d'Ochozias, voyant son fils mort,
se leva et tua toute la race
royale.
9. Mais Josaba, fille du roi Jo-
ram, sœur d'Ochozias, prenant
Joas, fils d'Ochozias,le déroba du
milieu des enfants du roi, que
l'on tuait, ainsi que sa nourrice,
l'enleva de sa chambre à coucher,
et le cacha aux yeux d'Athalie,
afin qu'il ne füt pas tué.
3. Et il fut six ans avec sa
nourrice en secret dans la mai-
son du Seigneur; cependant
Athalie régnait sur la terre. de
Juda.
4. Or, en la septieme année,
Joïada envoya, et, prenant les
centurions et les soldats, 11 les
introduisit prés de lui dans le
temple du Seigneur, et 11 fit al-
liance avec eux ; et, les adjurant
dans la maison du Seigneur, il
leur montra le fils du roi;
5. Et il leur ordonna, disant :
Voici ce que vous devez faire:
6. Qu'une troisième partie de
vous entre au jour du sabbat, et
IV ROIS.
719
qu'elle fasse sentinelle à la mai-
son du roi. Mais qu'une troi-
sième partie soit à la porte de
Sur; et qu'une troisieme partie
soit à la porte qui est derriere
l'habitation des scutaires, οἵ
vous ferez sentinelle à la maison
de Messa.
7. Que les deux parties d'entre
vous, qui toutes sortiront au jour
du sabbat, fassent sentinelle à
la maison du Seigneur auprès
du roi.
8. Et vous l'entourerez, ayant
les armes en vos mains : mais si
quelqu'un entre dans l'enceinte
du temple, qu'il soit tué : et vous
serez avec le roi lorsqu'il en-
trera et qu'il sortira.
9. Et les centurions firent se-
lon tout ce que leuravait ordonné
Joïada, le prêtre; et prenant cha-
cun leurs hommes qui entraient
au jour du sabbat, avec ceux qui
sortaient au jour du sabbat, ils
vinrent près de Joiada, le prêtre,
10. Qui leur donna les lances
et les armes du roi David, qui
étaient dans la maison du Sei-
gneur.
11. Et ils se tinrent debout,
chacun ayant les armes à la
main, depuis le cóté droit du
temple jusqu'au côté gauche de
l’autel et du temple, autour du
roi.
12. Joiada présenta ensuite le
fils. du roi, et il mit sur lui le
diadème et le témoignage; ils le
firent roi et loignirent; puis
frappant des mains, ils dirent :
Vive le roi!
CHAP. XI. 1. II Par., xxi, 10. — 4. II Par., xxi, 1.
6, 19. Les scutaires; que nous appelons aujourd'hui gardes du corps.
12. Le lémoignage; c'est-à-dire la 101, le livre de Ja loi,
720
13. Or Athalie entendit la voix
du peuple qui accourait, et en-
trant vers la foule dans le temple
du Seigneur,
14. Elle vit le roi, qui était sur
le tribunal, selon la coutume, et
les chantres et les trompettes
pres de lui, et tout le peuple de
la terre se réjouissant, et son-
nant des trompettes; alors elle
déchira ses vétements, et s'é-
cria : Conspiration! Conspira-
tion!
15. Alors Joiada ordonna aux
centurions qui commandaient les
troupes, disant : Emmenez-la
hors de l'enceinte du temple; et
que quiconque la suivra, soit
frappé par le glaive. Car le prétre
avait dit : Qu'elle ne soit pas
tuée dans le temple du Seigneur.
16. Ils mirent donc la main sur
elle, et la trainerent par le che-
min de la porte des chevaux,
pres du palais; et elle fut tuée là.
41. Joiada fit donc lalliance
entre le Seigneur, entre le roi et
entre le peuple, afin qu'il füt le
peuple du Seigneur; et entre le
roi et le peuple.
18. Et tout le peuple de la
terre entra dans le temple de
Baal, et ils détruisirentsesautels,
brisèrent complètement ses sta-
tues : et Mathan lui-même, le
prêtre de Baal, ils le tuerent de-
vant l’autel. Et le prêtre mit des
gardes dans la maison du Sei-
gneur.
19. Et il prit les centurions,
IV ROIS.
[cu. xu.)
les légions de Céreth et de Phé-
leth, et tout le peuple de la
terre, et ils conduisirent le roi
hors de la maison du Seigneur,
et vinrent par le chemin de la
porte des scutaires au palais; et
s'assit sur le tróne des rois.
20. Et tout le peuple de la terre
se réjouit, et la ville demeura en
paix; mais Athalie périt par le
glaive dans la maison du roi.
21. Or Joas avait sept ans lors-
qu'il commenca à régner.
CHAPITRE XII.
Joas fait réparer le temple. Hazaél vient
assiéger Jérusalem. Mort de Joas. Ama-
sias lui succède.
|. En la septieme année de
Jéhu, régna Joas; et pendant
quarante ans il régna dans Jéru-
salem : le nom de sa mere était
Sébia de Bersabée.
2. Or Joas fit ce qui était droit
devant le Seigneur, pendant tous
les jours que l'instruisit Joiada,
le prétre.
3. Cependant il n'abolit pas les
hauts lieux; car le peuple sacri-
fiait encore et brülait de l'encens
surles hauts lieux.
4. Et Joas dit aux prétres :
Quant à tout l'argent des choses
saintes qui sera apporté dans le
temple du Seigneur, par les pas-
sants, qui est offert pour prix
d'une âme, et qu'ils portent
spontanément, et au gré de leur
cœur dans le temple du Sei-
gneur,
44. * Le tribunal désigne ici une sorte d'estrade où le roi se plaçait par honneur.
18. Et le prétre; c'est-à-dire le pontife Joiada.
19. * Les légions de Céreth et de Phéleth. Voir II Rois, vin, 18.
1. * De Bersabée. Voir Ja note sur Genèse, xxt, 14.
9. * Les hauta lieux, Voir la note sur Nombres, xxu, 44,
(cu. xir |
5. Que les prétres le prennent,
chacun selon son rang, et qu'ils
réparent la maison du Seigneur,
s'ils voient quelque chose qui ait
besoin de réparation.
6. Mais jusqu'à la vingt-troi-
sieme année du roi Joas, les
prétres n'avaient point fait les
réparations du temple.
7. Le roi Joas appela donc
Joiada le pontife, et les prétres,
leur disant: Pourquoi ne faites-
vous point les réparations du
temple? Ne recevez donc plus
d'argent selon votre rang; mais
rendez-le pour les réparations de
la maison du Seigneur.
8. Et il fut défendu aux prétres
de recevoir à l'avenir de l'argent
du peuple et de réparer la mai-
son du Seigneur.
9. Et Joiada, grand prétre, prit
un coffre, et y fit une ouverture
par-dessus, et il le placa pres de
lautel, à la droite de ceux qui
entraient dans la maison du Sei-
gneur; et les prétres qui gar-
daient les portes, y déposaient
tout l'argent qui était apporté au
temple du Seigneur.
10. Lorsqu'ils voyaient qu'il y
avait trop d'argent dans le tronc,
le scribe du roi montait et le
pontife, et ils versaient et comp-
talent l'argent qui était trouvé
dans la maison du Seigneur;
11. Et ils le déposaient, en le
comptant et en 16 mesurant, dans
la main de ceux qui étaient à la
tête des maçons de la maison du
IV ROIS. 721
Seigneur, et qui l'employaient
pour les charpentiers, pour ces
mêmes maçons qui travaillaient
dans la maison du Seigneur,
12. Et faisaient les réparations,
et pour ceux qui taillaient les
pierres; et pour acheter du bois
et des pierres qu'on taillait,
de manière à achever la restau-
ration de la maison du Seigneur,
en tout ce qui exigeait des dé-
penses pour rétablir cette mai-
son.
13. Cependant on ne faisait
point avec cet argent les cruches
du temple du Seigneur, des
fourchettes, des encensoirs, des
trompettes, ni aucun vase d'or et
d'argent, avec l'argent qui était
apporté au temple du Seigneur;
14. Car c'est à ceux qui fai-
saient 16 travail, qu'il était donné,
afin que le temple du Seigneur
füt restauré.
15. Kt lon n'en demandait
point compte aux hommes qui le
recevaient pour le distribuer aux
ouvriers; mais ils l'employaieut
de bonne foi.
16. Quant à l'argent donné pour
un délit, et à l'argent donné pour
des péchés, on ne le portait point
dans le temple du Seigneur,
parce qu'il appartenait aux prè-
tres.
17. Alors Hazaël, roi de Syrie,
monta, et 1l combattit contre
Geth, et il la prit, et il tourna sa
face pour monter vers Jérusa-
lem.
1. Rendez-le; rendez celui que vous avez recu.
11. En le comptant et en le mesurant; littér.: selon le nombre et la mesure. Les
auciens Hébreux n'avaient point d'argent monnayé pour leur commerce ; ils divi-
saient l'or et l'argent en lingots plus ou moins forts.
1i, * Gelh, une des cinq principales villes des Philistins.
A. T.
«6
122
18. C'est pourquoi Joas, roi de
Juda, prit toutesles choses sanc-
tifiées, qu'avaient consacrées au
Seigneur Josaphat, Joram et
Ochozias, ses peres, rois de Juda,
el que lui-méme avait offertes,
et tout largent qui put étre
trouvé dans les trésors du temple
du Seigneur et dans le palais du
roi; et il l'envoya à Hazaél, roi
de Syrie, et Zazaél se retira de
Jérusalem.
19. Mais le reste des actions
de Joas, et tout ce qu'il a fait,
n'est-ce pas écrit dans le Livre
des actions des jours des rois de
Juda?
90. Or ses serviteurs se le-
verent, et conspirèrent entre
eux; et ils frapperent Joas en sa
maison de Mello, à la descente
de Sella.
91. Josachar fils de Sémaath, et
Jozabad, fils de Somer, ses
serviteurs, le frappèrent, et il
mourut; et on l'ensevelit avec
ses peres dans la cité de David,
et Amasias, son fils, régna en sa
place.
CHAPITRE XIII.
Impiété de Joachaz, roi d'Israél. Il est
batlu par le roi de Syrie. Joas, son fils,
lui succède. Mort d'Elisée et d'Hazael.
1. En la vingt-troisieme année
de Joas, fils d'Ochozias, roi de
Juda, Joachaz, fils de Jéhu, régna
sur Israël dans Samarie, pendant
dix-sept ans.
9. Il fit le mal devant le Sei-
IV ROIS.
[cu. xur.]
geur, et il suivit les péchés de
Jéroboam, fils de Nabath, qui fit
pécher Israél, et il ne s'en dé-
tourna point.
3. Et la fureur du Seigneur
fut irritée contre Israël, et il les
livra à la main d'Hazaél, roi de
Syrie, et à la main de Béna-
dad, fils 011828861, durant tous ses
jours.
4. Or Joachaz implora la face
du Seigneur, et le Seigneur l'é-
couta; car il vit l'angoisse d'Is-
raél, parce que le roi de Syrie les
avait brisés.
ὃ. Et le Seigneur donna un
sauveur à Israël, et il fut délivré
dela main du roi de Syrie; et les
enfants d'Israël habitèrent dans
leurs tabernacles comme hier et
avant-hier.
6. Cependant ils ne s'écar-
tèrent pas des péchés de la mai-
son de Jéroboam, qui fit pécher
Israël; mais.ils y marcherent,
puisque méme le bois sacré de-
meura toujours en Samarie.
7. Et il ne resta de peuple à
Joachaz que cinquante cavaliers,
dix chariots et dix mille hommes
de pied; car le roi de Syrie les
avait tués et réduits comme la
poussiere dans un battage d'aire.
8. Mais le reste des actions de
Joachaz, tout ce qu'il a fait, et
son courage, n'est-ce pas écrit
dans le Livre des actions des
jours des rois d'Israël?
9. Et Joachaz dormit avec ses
peres, et on l'ensevelit à Sama-
19. Dans le livre, etc. Voy. III Rois, x1, 41.
20. * δὼ maison de Mello, probablement la citadelle de Jérusalem. — Se//a, inconnu,
3. Durant (ous ses jours; c'est-à-dire tant que Joachaz vécut. Voy. le vers. 22.
9. Hier et avant-hier; hébraisme, pour : auparavant.
6. * Le bois sacré. Voir la note sur Exode, xxxiv, 13.
[cu. x1.]
rie; et Joas, son fils, régna en sa
place.
10. En la trente-septième an-
née de Joas, roi de Juda, Joas,
fils de Joachaz, régna sur Israél
dans Samarie, pendant seize ans;
11. Et il fit le mal devant le
Seigneur : il ne se détourna pas
de tous les péchés de Jéroboam,
fils de Nabath, qui fit pécher Is-
raël; mais il y marcha.
19. Mais le reste des actions de
Joas, tout ce qu'il a fait, et son
courage, et comment il combat-
tit contre Amasias, roi de Juda,
n'estce pas écrit dans le Livre
des actions des jours des rois
d'Israël ?
18. Et Joas dormit avec ses
peres; mais Jéroboam s'assit sur
son tróne. Or Joas fut enseveli à
Samarie avec les rois d'Israél.
14. Cependant Elisée était ma-
lade de la maladie méme dont il
mourut; et Joas, roi d'Israél,
descendit vers lui, et il pleurait
devant lui, et disait : Mon père,
mon père, vous le char d'Israël
et son conducteur.
15. Et Elisée lui dit : Apportez-
moi un arc et des flèches. Et
lorsqu'il lui eut apporté un arc
et des fleches,
16. Elisée dit : Mettez votre
main sur cet arc. Et lorsque le
roi eut mis sa main, Elisée mit
ses mains sur les mains du roi,
11. Et dit : Ouvrez la fenétre
qui regarde l'orient. Et lorsqu'il
leut ouverte, Elisée dit : Jetez
(παρ. XIII. 21. Eccli., ,טא
IV ROIS. 723
une flèche. Et il 18 jeta. Et Elisée
reprit : Flèche de salut du Sei-
gneur, flèche de salut contre la
Syrie; et vous frapperez la Syrie
à Aphec, jusqu'à ce que vous
l'exterminiez.
18.11 dit encore: Prenez les
fleches. Lorsque le roi les eut
prises, il lui dit de nouveau :
Frappez la terre avec un dard.
Et lorsqu'il eut frappé trois fois,
et qu'il se fut arrété,
19. L'homme de Dieu s'irrita
contre lui et dit : Si vous eussiez
frappé la terre cinq fois, ou six
fois, ou sept fois, vous auriez
frappé la Syrie jusqu'à l'extermi-
nation; mais maintenant vous la
frapperez par trois fois.
20. Elisée mourut donc, et on
lensevelit. Or des voleurs de
Moab vinrent sur la terre d'Is-
raél en cette méme année.
21. Or quelques hommes en-
terrant un mort virent les vo-
leurs, et jetèrent le cadavre dans
le sépulcre d'Elisée. Lorsque le
cadavre eut touché les os d'Eli-
sée, l'homme revécut, et se tint
sur ses pieds.
22. Hazaél, roi de Syrie, affligea
done Israél durant tous les jours
de Joachaz ;
23. Et le. Seigneur eut pitié
d'eux, et il revint à eux à cause
de son alliance qu'il avait faite
avec Abraham, Isaac et Jacob : il
ne voulut pas les perdre, ni les
rejeter entierement jusqu'a
temps présent.
11. Il ne se délourna pas de lous les péchés; c'est-à-dire il ne se détourna d'aucun
péché; car en hébreu, comme nous l'avons déjà remarqué, le mot (out, suivi d'une
négation, signifie, aucun, pas un seul, nul.
41. * A Aphec. Voir la note sur ΠῚ Rois, xx, 26.
724
24. Cependant Hazaël, roi de
Syrie, mourut, et Bénadad, son
fils, régna en sa place.
25. Mais Joas, fils de ו
reprit de la main 66 4
fils d'Hazael, les villes qu'Hazaél
avalt prises de la main de Joa-
chaz, son père, par le droit de la
guerre. Joas le battit par trois
fois, et il rendit les villes d'Israél.
CHAPITRE XIV.
Amasias fait mourir les meurtriers de son
pére; il bat les Iduméens, et il est vain-
cu par Joas, roi d'Israël. Mort de Joas.
Jéroboam lui succède. Amasias est tué
par les siens. Azarias régne après lui.
Mort de Jéroboam. Zacharias régne en
sa place.
1. En la seconde année de
Joas, fils de Joachaz, roi d'Israél,
régna Amasias, fils de Joas, roi
de Juda.
2. 1] avait vingl-cinq ans lors-
quil commenca à régner; et il
régna vingt-neuf ans dans Jéru-
salem ; le nom de sa mere était
Joadan de Jérusalem.
3. Et il fit ce qui était droit de-
vant le Seigneur, cependant non
pas comme David, son pere. Il fit
selon tout ce que Joas son père
avait fait;
4. Si ce n'est seulement qu'il
n'abolit point les hauts lieux, car
le peuple sacrifiait encore et brü-
‘ait de lencens sur les hauts
lieux.
5. Et lorsqu'il eut obtenu le
Cnae: XIV. 2. 1] Par., xxv,
IV ROIS.
4. — 6. Deut.,
[cH. x1v.]
royaume, 11 frappa de mort ses
serviteurs qui avaient tué le roi,
son pere;
6. Mais les enfants de ceux qui
avaient commis le meurtre, il ne
les tua point, selon ce qui est
écrit au livre de la loi de Moise,
et comme a ordonné le Seigneur,
disant : Des pères ne mourront
pas pour des enfants, et des en-
fanis ne mourront point pour des
pères; mais chacun mourra pour
son péché.
7. Ce fut lui qui battit Edom
dans la vallée des Salines, £uant
dix mille hommes, et il prit le
rocher dans cette bataille, et il
l'appela du nom de Jectéhel, jus-
qu'au présent jour.
8. Alors Amasias envoya des
messagers vers Joas, fils de Joa-
chaz, fils de Jéhu, roi d'Israël, di-
sant : Venez, et voyons-nous.
9. Et Joas, roi d'Israël, envoya à
son tour vers Amasias, roi de
Juda, disant: Le chardon du Li-
ban envoya vers le cèdre qui est
au Liban, disant: Donnez votre
fille à mon fils pour femme. Et
les bétes de la forét qui sont au
Liban passèrent, et foulèrent aux
pieds le chardon.
10. Vous l'aves emporté sur
Edom, en le battant, et votre
coeur vous a élevé. Soyez content
de celle gloire, et restez dans
votre maison. Pourquoi provo-
quez-vous un malheur, pour que
xxiv, 16; Ezech., xvii, 20.
1. Edom; c'est-à-dire les Iduméens, descendants d'Esaü, appelé aussi Edom (Ge-
nése, xxv, 90).
— Jectéhel; c'est-à-dire obéissance à Dieu, selon les uns, ou 4 sera
soumis, assujetti par Dieu, suivant d'autres; ou bien, c'est le nom de celui qui le
premier prit le rocher. — Devant jusqu'au présent jour, il faut suppléer l'ellipse, non
qu'il a conservé. — *
Le rocher est la traduction de Pétra, capitale de l'Idumée, en
hébreu Séla. C'est cette ville qui a donné son nom à l'Arabie-Pétrée. — Sur la vallée
des Salines, voir 11 Rois, vir, 13.
[cn. xiv.]
vous tombiez, vous et Juda avec
vous?
11. Mais Amasias ne l'écouta
pas; et Joas, roi d'Israél, monta
contre lui, et ils se virent, lui et
Amasias, roi de Juda, à Bethsa-
mes, ville de Juda.
19. Et Juda fut vaincu par Is-
raél, et ils s'enfuireut, chacun
dans leurs tabernacles.
13. Mais Joas, roi d'Israël, prit
à Bethsamés, Amasias, roi de
Juda, fils de Joas, fils d'Ochozias,
et l'emmena à Jérusalem; et il
perça le mur de Jérusalem, de-
puis la porte d'Ephraim jusqu'à
la porte de l'angle, espace de
quatre cents coudées.
14. Et il emporta tout l'or et
l'argent, tous les vases qui furent
trouvés dans la maison du Sei-
gneur, et dans tous les trésors du
roi, et les otages, et il retourna à
Samarie.
13. Mais le reste des actions de
Joas, et son courage avec lequel
il combattit contre Amasias, roi
de Juda, n'est-ce pas écrit. dans
le Livre des actions des jours des
rois d'Israël?
46. Et Joas dormit avec ses
pères, et fut enseveli à Samarie
avec les rois d'Israël; et Jéro-
boam, son fils, régna en sa place.
11. Mais Amasias, fils de Joas,
21. II Par., xxvi, 1. — 25. Jon., 1, 1.
IV ROIS. 725
roi de Juda, vécut quinze ans
aprés que fut mort Joas, fils de
Joachaz, roi d'Israél.
18. Mais le reste des actions
d'Amasias n'est-il pas écrit dans
le Livre des actions des jours des
rois de Juda?
19. Et il se fitune conspiration
contre lui à Jérusalem; mais lui
s'enfuit à Lachis. Et on envoya
apres lui à Lachis, et on le tua là.
20. On transporta son cadavre
sur les chevaux, et il fut ense-
seveli avec ses pères dans la
cité de David.
21. Tout le peuple prit ensuite
Azarias, âgé de seize ans, et ils
l'établirent roi en la place de son
père Amasias.
22. Ce fut lui qui bâtit Elath, et
la rendit à Juda, apres que le roi
se fut endormi avec ses pères.
29. En la quinziéme année d'A-
masias, fils de Joas, roi de Juda,
Jéroboam, fils de Joas, roi d'Is-
raél, régna à Samarie, e£ 77 régna
quarante-un ans;
24. Et il fit le mal devant le
Seigueur. Il ne s'écarta pas de
tous les péchés de Jéroboam, fils
de Nabath, qui fit pécher Israël.
25. C'est lui qui rétablit les li-
mites d'Israël depuis l'entrée
d'Emath jusqu'à la mer du dé-
sert, selon la parole que le Sei-
41. * Bethsamés, aujourd'hui Ain-Schems, au nord-ouest de Jérusalem.
13. * Quatre cents coudées, environ 200 mètres.
15. Dans le Livre, etc. Voy. III Rois, xi, 41.
19. * Lachis, à l'entrée de la plaine des Philistins, ἃ l'est, au sud-ouest d'Eleuthé-
ropolis.
22. * Elath, à la pointe septentrionale du golfe Elanitique.
24. De tous les péchés; c'est-à-dire d'aucun péché. ΝΟΥ. xur, 11.
25. * Emath. Voir ΠῚ Rois, vin, 9. — La mer du désert, la mer Morte. — sonas, le
petit prophète de ce nom. — Gelh qui est en Opher, au nord-est de Nazareth, sur
une colline.
726
gneur Dieu d'Israël avait dite par
son serviteur Jonas, le prophète,
fils d'Amathi, qui était de Geth,
qui est en Opher.
96. Gar. le Seigneur vit l'afflic-
tion tres amere d'Israél, et qu'ils
étaient consumés jusqu'à ceux
qui étaient renfermés dans la
prison, et jusqu'aux derniers du
peuple, et qu'il n'y avait personne
qui secourüt Israél.
Et le Seigneur ne dit pas .דפ
qu'il effacerait le nom d'Israël de
dessous le ciel; mais il les sauva
parla main de Jéroboam, fils de
Joas.
98. Mais le reste des actions de
Jéroboam, tout ce qu'il a fait,
son courage avec lequel il com-
battit, et comment il rendit Da-
mas et Emath à Juda en Israél,
n'est-ce pas écrit dans le Livre
des actions des jours des rois
d'Israël ?
99. Et Jéroboam dormit avec
ses peres, les rois d'Israél, et Za-
charie, son fils, régna en sa
place.
CHAPITRE XV.
Azarias, roi de Juda, devient lépreux.
Joathan gouverne en sa place. Zacha-
rias,roi d'Israél, est tué par Sellum,qui
s'empare du tróne. Manahem succéde
à Sellum, et a pour successeur Pha-
céia, et aprés lui Phacée. Théglathpha-
lasar transporte en Syrie une grande
partie des Israélites. Osée succède à
Phacée, et Achaz à Joathan, roi de Juda.
1. En la vingt-septième année
de Jéroboam, roi d'Israël, régna
Cuar. XV. 5. II Par., xxvi, 21.
p————————M— ICS —
98. * Damas. Voir 111 Rois, x1, 24.
IV ROIS.
[cu. xv.]
Azarias, fils d'Amasias, roi de
Juda.
2. Il avait seize ans lorsqu'il
commença à régner, et il régna
cinquante-deux ans dans Jérusa-
lem : le nom de sa mère était Jé-
chélie de Jérusalem.
3. Et il fit ce qui était agréable
devant le Seigneur, selon tout ce
que fit Amasias, son père.
4. Cependant il ne démolit pas
les hauts lieux, et le peuple sa-
crifiait encore et brülait de l'en-
cens sur les hauts lieux.
5. Mais le Seigneur frappa le
roi, et il fut lépreux jusqu'au jour
de sa mort, et il habitait dans la
maison retirée, séparément : ce-
pendant Joathan, fils du roi, gou-
vernait le palais, et jugeait le
peuple de la terre.
6. Mais le reste des actions
d'Azarias , et tout ce qu'il a fait,
n'est-ce pas écrit dans le Livre
des actions des jours des rois de
Juda?
7. Et Azarias dormit avec ses
pères, et on l'ensevelit avec ses
ancétres daus la cité de David, et
Joathan, son fils, régna en sa
place.
8. En la trente-huitième année
d'Azarias, roi de Juda, Zacharie,
fils de Jéroboam, régna sur Israël
à Samarie pendant six mois.
9. Et il fit le mal devant le Sei-
gneur, comme avaient fait ses
pères, et il ne s'écarta pas des pé-
chés de Jéroboam, fils de Nahath,
qui fit pécher Israël.
5. La maison retirée; littér. la maison libre. Dans le passage parallèle, 1] Paralip.,
xxvi, 21, on lit {a maison séparée. L'hébreu porte dans les deux endroits, /a maison
d'infirmilé, de maludie.
[cu. xv.]
10. Or Sellum, fils de Jabes,
conspira contre lui; il le frappa
publiquement, et il le tua; et il
régna en sa place.
11. Mais le reste des actions de
Zacharie n'est-il pas écrit dans le
Livre des actions des jours des
rois d'Israël?
19. Voici la parole du Seigneur
qu'il avait dite à Jéhu, disant :
Tes enfants jusqu'à la quatrieme
génération seront assis sur le
tróne d'Israél. Et il fut fait ainsi.
13. Sellum, fils de Jabès, régna
la trente-neuvième année d'Aza-
rias, roi de Juda; mais il régna
un mois seulement à Samarie.
14. Car Manahem, fils de Gadi,
monta de Thersa, vint à Samarie,
frappa Sellum, fils de Jabes, à Sa-
marie, le tua, et régna en sa place.
15. Mais le reste des actions de
Sellum, et sa conspiration par la-
quelle il tendit des embüches, ne
sont-ils pas écrits dans le Livre des
actions des jours desrois d'Israël?
16. Ce fut alors que Manahem
frappa Thapsa, et tous ceux qui
y étaient, et ses confins depuis
Thersa; car ses habitants ne lui
avaient pas voulu ouvrir /es por-
tes; etil entua toutes les femmes
enceintes et les coupa en deux.
11. En la trente-neuvieme an-
née d'Azarias, roi de Juda, Ma-
nahem, fils de Gadi, régna sur
12. Supra, x, 30.
IV ROIS.
727
Israël à Samarie pendant dix ans.
18. Et il fit le mal devant le
Seigneur, et il ne s'écarta pas des
péchés de Jéroboam, fils de Na-
bath, qui fit pécher Israël durant.
tous ses jours.
19. Phul, roi des Assyriens,
vint dans la terre d'Israël, et Ma-
nahem lui donna mille talents
d'argent, afin qu'il le secourût et
qu'il affermit son règne.
20. Et Manahem leva cet argent
dans Israél sur tous les puissants
et les riches, afin de donner au
roi des Assyriens cinquante sicles
d'argent par téte : le roi des Assy-
riens retourna aussitôt, et il ne
demeura point dans le pays.
21. Mais le reste des actions de
Manahem, et tout ce qu'il a fait,
n'est-ce pas écrit dans le Livre des
actions des jours des rois d'Israël?
22. Et Manahem dormit avec
ses peres, et Phacéia, son fils,
régna en sa place.
23. En la cinquantième année
d'Azarias, roi de Juda, Phacéia,
fils de Manahem, régna sur Israël
à Samarie pendant deux ans.
24. Et il fit ce qui était mal de-
vant le Seigneur, et il ne s'écarta
pas des péchés de Jéroboam, fils
de Nabath, qui fit pécher Israël.
25. Or Phacée, fils de Romélie,
chef de son armée, conspira con-
tre lui, et il le frappa à Samarie
16. * Thapsa, la Tafsah actuelle, au sud de Sichem.
19. * Phul, roi des Assyriens, est le méme que Téglathphalasar du y. 29. Téglath-
phalasar lIT, roi d'Assyrie, régna dix-huit ans, de 145 à 728 avant J-C., d'après les
annales assyriennes, qui racontent ses campagnes contre Israël et énumérent parmi les
villes dont il s'empara quelques-unes de celles qui sont nommées dans 16 quatrième livre
des Rois.
20. * Cinquante sicles d'argent par tête. Voir la note sur II Rois, xvi, 11-12.
25. Chef de son armée. Voy. vit, 2, — * D'après le texte hébreu, Argob et Arié sont
des noms d'homme, -
728 IV ROIS.
dans la tour de la maison royale,
prés d'Argob et pres d'Arié, et
avec lui, cinquante hommes
d'entre les enfants des Galaadites,
et il le tua et régna en sa place.
26. Mais le reste des actions de
Phacéia, et tout ce qu'il a fait,
n'est-ce pas écrit dans le Livre
des actions des jours des rois
d'Israël ?
27. En la cinquante-deuxième
année d'Azarias, roi de Juda,
Phacée, fils de Romélie, régna
sur Israël à Samarie pendant
vingt ans.
28. Et il fit le mal devant le
Seigneur, et il ne s'écarta pas des
péchés de Jéroboam, fils de Na-
bath, qui fit pécher Israél.
29. Dans les jours de Phacée,
roi d'Israël, vint Théglathpha-
lasar, roi des Assyriens, et il prit
Aion, et Abelmaison de Maacha
et Janoé, Cédès, Asor, Galaad, la
Galilée, et toute la terre de Neph-
thali, et en transporta les habi-
tants chez les Assyriens.
30. Mais Osée, fils d’Ela, cons-
pira, tendit des embüches à Pha-
cée, fils de Romélie, le frappa et
le tua ; et il régna en sa place, la
vingtieme année de Joathan, fils
d'Ozias.
31. Mais le reste des actions de
Phacée, et tout ce qu'il a fait,
n'est-ce pas écrit dans le Livre
des actions des rois d'Israel?
32. En laseconde année de Pha-
cée, fils de Romélie, roi d'Israél,
32. II Par., נטאא À.
[cH. xvi;
régna Joatham, fils d'Ozias, roi
de Juda.
33. Il avait vingt-cinq ans lors-
qu'il commenca à régner, et il
régna pendant seize ans dans
Jérusalem : le nom de sa mère
était Jérusa, fille de Sadoc.
34. Il fit ce qui était agréable
devant le Seigneur, et tout ce
qu Ozias, son pere, avait fait.
88. Cependant il n'abolit pas les
hauts lieux ; car le peuple sacri-
fiait encore et brülait de l'encens
sur les hauts lieux : ce fut lui
qui bátit la porte de la maison
du Seigneur, la plus haute.
36. Mais le reste des actions de
Joatham, et tout ce qu'il a fait,
n'est-ce pas écrit dans le Livre
des actions des jours des rois de
Juda?
3. En ces jours-là, le Seigneur
commenca à envoyer contre Juda
Rasin, roi de Syrie, et Phacée,
fils de Romélie.
38. Et Joatham dormit avec ses
pères; et il fut enseveli avec eux
dans la cité de David, son pere, et
Achaz, son fils, régna en sa place.
CHAPITRE XVI.
Achaz se livre au culte des idoles. Il est
assiégé dans Jérusalem par Rasin et par
Phacée, 1] appelle à son secours Thé-
glathphalasar. Il fait dresser dans le
temple un autel conforme à celui de
Damas. Il meurt et Ezéchias lui suc-
cède.
1. En la dix-septième année de
Phacée, fils de Romélie, régra
29. * Aion ou Ahion, ville de Nephthali de méme que Abelmaison de Maacha, en
hébreu Abelbethmaacha, qui était probablement située sur une colline à l'est de
l'ouadi Desdarah. — Junoé est identifié par quelques-uns avec Yanün, au sud-est de
Naplouse. — Cédés de Nephthali. Voir la note sur Juges, 1v, 6. — Asor, non loin de
Jédés et du lac Mérom, dans la tribu de Nephthali, sur une émiuence.
[cu. xv.
Achaz, fils de Joatham, roi de
Juda.
9. Achaz avait vingt ans lors-
quil commenca à régner, et il
régna seize ans à Jérusalem : il
ne fit point ce qui était agréable
en la présence du Seigneur son
Dieu, comme David son pere;
3. Mais il marcha dans la voie
des rois d'Israël; de plus il con-
sacra méme son fils, le faisant
passer par le feu, selon le culte
des idoles des nations qu'avait
dissipées le Seigneur devant les
enfants d'Israël.
4. Il immolait aussi des vic-
times, et offrait de l'encens sur
les hauts lieux, sur les collines,
et sous tout arbre couvert de
fevillage.
5. Alors Rasin, roi de Syrie,
et Phacée, fils de Romélie, roi
d'Israël, monterent à Jérusalem
pour livrer bataille, et quoiqu'ils
tinssent Achaz assiégé, ils ne pu-
rent pas le vaincre.
6. En ce temps-là, Rasin, roi
de Syrie, rendit Aila à la Syrie,
et chassa les Juifs d'Aila; et les
Iduméens vinrent à Aila, et ils y
ont habité jusqu'à ce jour.
7. Alors Achaz envoya des
messagers à Théglathphalasar, roi
des Assyriens, disant : Je suis
votre serviteur et votre fils;
montez, sauvez-moi de la main
du roi de Syrie et de la main du
roi d'Israél, qui se sont levés
ensemble contre moi.
IV ROIS.
729
8. Et ayant amassé largent et
lor qui put étre trouvé dans la
maison du Seigneur et dans les
irésors du roi, il envoya au roi
des Assyriens des présents.
9. Celui-ci acquiesca à sa vo-
lonté : le roi des Assyriens, en
effet, monta à Damas, et la rava-
gea; il en transféra les habitants
à Cyrene, mais il tua Rasin.
10. Alors le roi Achaz alla à la
rencontre de Théglathphalasar,
roi des Assyriens, à Damas; et
lorsqu'il eut vu l'autel de Damas,
le roi Achaz en envoya au prétre
Urie le modèle et la représenta-
tion d'après tout le travail de cet
autel.
41. Urie, le prêtre, construisit
donc l'autel; selon tout ce que le
roi Achaz avait ordonné de Da-
mas, ainsi fit le prêtre Urie, jus-
quà ce que le roi Achaz vint de
Damas.
12. Et lorsque le roi fut venu
de Damas, il vit cet autel, et il le
révéra; puis il monta, et immola
les holocaustes, et son sacrifice ;
13. Et il fit des libations, et ré-
pandit le sang des hosties paci-
fiques quil avait offertes sur
l'autel.
14. Quant à l'autel d'airain qui
était devant le Seigneur, il le
transféra de devant la face du
temple, de la place de l'autel et
de la place du temple du Sei-
gneur, et il 16 mit à côté de l'au-
tel, vers l'aquilon.
(παρ. XVI. 2. II Par., xxvrrm, 1. 5. Isaie, vu, 1.
————————ÓMá———— MU
6. * Aila, Elath, à la pointe septentrionale du golfe Elanitique.
1. * Téglathphalasar. Voir plus haut, xv, 19.
9. * Damas. Voir la nole sur III Rois, xi, 24. — Cyréne. L'hébreu porte Kyr et non
pas Cyréne, c'est-à-dire le pays arrosé par le fleuve Kyr qui prend sa source en
Arménie, se réunit ensuite à l'Araxe et se jette dans la mer Caspienue.
130
45. Le roi Achaz ordonna
aussi à Urie, le prétre, disant :
Offre sur le grand autel l'holo-
causte du matin et le sacrifice du
soir, l'holocauste du roi et son
sacrifice, l'holocauste de tout le
peuple, leurs sacrifices et leurs
libations; mais tout le sang des
holocaustes et tout le sang des
victimes, tu le répandras sur cet
autel; et quant à l'autel d'airain,
il sera préparé selon ma volonté.
16. Ainsi Urie, le prétre, fit
tout selon ce qu'avait ordonné le
roi Achaz.
17. Or le roi Achaz enleva les
bases ciselées et le bassin qui
était dessus, et il óta la mer de
dessus les bœufs d'airain, qui la
soutenaient, et il la mit sur le
pavé, qui était de pierre.
18. Méme le Musach du sabbat,
qu'il avait báti dans le temple,
et l'entrée extérieure du roi, il
les transporta dans le temple du
Seigneur, à cause du roi des As-
syriens.
19. Mais le reste des actions
d'Achaz, qu'il a faites, n'est-il pas
écrit dans le Livre des actions
des jours des rois de Juda?
90. Et Achaz dormit avec ses
peres, et fut enseveli avec eux
IV ROIS.
[cu. xvir.]
dans la cité de David, et Ezé-
chias, son fils, régna en sa place.
CHAPITRE XVII.
Siège de Samarie par Salmanasar. La
ville est prise, et les Israélites trans-
portés dans l'Assyrie. Colonies en-
voyées dans Samarie à la place des Is-
raélites.
1. En la douzième année d'A-
chaz, roi de Juda, Osée, fils d'Ela,
régna à Samarie sur Israél pen-
dant neuf ans.
2. Et il fit 16 mal devant le Sei-
gneur, mais non comme les rois
d'Israël qui furent avant lui.
3. Salmanasar, roi des Assy-
riens, monta contre lui, et Osée
fut asservi à Salmanasar, roi des
Assyriens, et il lui payait des tri-
buts.
4. Mais, le roi des Assyriens,
ayant découvert qu'Osée s'effor-
6816 de se révolter contre lui,
avait envoyé des messagers à
Sua, roi d'Egypte, pour ne point
payer des tributs au roi des Assy-
riens, comme il avait coutume
tous les ans, il l'assiégea, et l'en-
voya lié en prison.
5. Il parcourut ensuite tout le
pays; et montant à Samarie, il
l'assiégea pendant trois ans.
(βαρ. XVII. 3. Infra, xvru, 9; Tobie, 1, 2.
. M M M———ÓÓ
18. Le Musach du sabbat; c'est-à-dire qui servait le jour du sabbat. Le mot Musach
signifie en hébreu qui est couvert; la version grecque l'a rendu par le fondement du
siège, c'est-à-dire la base sur laquelle était porté le siège du roi. Ce siege, qui pro-
bablement était couvert de tapis, orné de draperies, et qui était placé dans le parvis
du temple, fut transporté dans le parvis des prêtres. — À cause du roi des Assyriens. '
qui aurait trouvé inconvenant que le roi priát au milieu du peuple.
3. * Salmanasar, roi des Assyriens, successeur de Téglathphalasar et prédécesseur
de Sargon, régna de 121 à 123 ou 122 avant J.-C. Dans les inscriptions assyriennes,
Sargon s'attribue la prise de Samarie dont le siège avait été commencé par Sal-
manasar.
4. * Sua ou Schabak, roi éthiopien qui était devenu maitre de l'Egypte, en 125. Il
appartient à la xxve dynastie égyptienne. 1] alla trop tard au secours des Israëlites
et fut battu par les Assyriens apres la chute de Samarie. -
{cu. χνπ.]
6. Or, en la neuvième année
d'Osée, le roi des Assyriens prit
Samarie, et transféra Israël chez
les Assyriens, et les conduisit en
Hala et en Habor, près du fleuve
de Gozan, dans les villes des
Medes.
7. Et cela arriva parce que les
enfants d'Israël avaient péché
contre le Seigneur leur Dieu, qui
les avait retirés de l'Egypte et de
la main de Pharaon, roi d'Egypte,
et parce qu'ils adorerent des
dieux étrangers.
8. Et ils marchèrent selon les
coutumes des nations que le Sei-
gneur avait exterminées en la
présence des enfants d'Israél, et
selon les coutumes des rois d'Is-
raël, parce qu'ils avaient fait de
méme que ces nations.
9. Et les enfants d'[sraél offen-
serent le Seigneur leur Dieu
par des actions qui n'étaient pas
droites, et ils se bâtirent des
hauts lieux dans toutes leurs
villes, depuis la Tour des gardes
jusqu'à la Cité fortifiée.
10. Et ils se firent des statues,
et des bois sacrés sur toute col-
IV ROIS. 731
line haute, et sous tout arbre
touffu ;
41. Et ils brülaient là de l'en-
cens sur des autels, à la maniere
des nations que 16 Seigneur avait
transportées loin de leur face,
et ils firent des actions trés mau-
vaises en irritant le Seigneur.
12. Et ils adorerent les impu-
retés, au sujet desquelles le Sei-
gneur leur avait ordonné de ne
pas faire cette chose.
13. Le Seigneur protesta dans
Israél et dans Juda par l'entre-
mise de tous les prophètes et des
voyants, en disant : Revenez de
vos voies trés mauvaises, et gar-
dez mes préceptes et mes céré-
monies, selon toute la loi que
jai prescrite à vos pères, et
comme je vous l'ai envoyé dire
parl'entremise de mes serviteurs,
les prophètes.
14. Et ils n'écouterent point ;
mais ils rendirent leur cou in-
flexible, comme le cou de leurs
peres, qui ne voulurent pas obéir
au Seigneur leur Dieu.
15. Et ils rejeterent ses lois, et
l'alliance qu'il fit avec leurs pères,
6. Infra, xvii, 10, — 13. Jérémie, xxv, 5.
10.0 O20 00 0 ρει, Re +
6. En Hala, etc. Ce passage assez obscur, et que nous avons traduit littéralement
de la Vulgate, parait signifier d'apres l'hébreu : En Hala, et sur le Habor, fleuve du
pays de Gozan, et dans les villes des Médes. L'endroit parallèle, ch. xvin, est absolu-
ment le méme dans le texte original, mais non point dans la Vulgate. Quant à
la différence qui se trouve dans I Paralip., v, 26, nous pensons qu'elle ne peut
provenir que d'une faute de copiste. — * Samarie fut prise l'an 121 avant J.-C. —
Les inseriptions cunéiformes ont fourni sur les pays mentionnés ici des lumiéres
nouvelles. Hala estla Chalcitide entre Anthémuse et le pays de Gozan en Mésopotamie.
— Le Habor est un affluent de l'Euphrate, appelé encore aujourd'hui Khabour. Sa
principale source est à l'ouest de Mardin. 1] se jette dans l'Euphrate à Kerkésiah. —
Gozan, limitrophe de la Chalcitide, était en Mésopotamie.
9. * Depuis la Tour des gardes jusqu'à la Cité fortifiée, depuis le plus petit village
ou une maison isolée jusqu'aux grandes villes.
10. * Des statues, des cippes de Baal et d'Astaroth. — Et des bois sacrés. Voir la note
sur Exode, זוצצצ 13.
12. Les impuretés; seion l'hébreu : Les ordures; c'est-à-dire les idoles.
18. Les vanités, C'est encore un nom que l'Ecriture donne aux idoles
132
et les déclarations par lesquelles
il protesta contre eux; ils suivi-
rent aussi les vanités, et agirent
vainement; ils suivirent les na-
tions qui étaient autour d'eux, et
au sujet desquelles le Seigneur
leur avait ordonné de ne pas
faire comme elles-mêmes fai-
saient.
16. Et ils abandonnèrent tous
les préceptes du Seigneur leur
Dieu; et ils se firent deux veaux
de fonte et des bois sacrés, ado-
rerent toute la milice du ciel, et
servirent Baal ;
17. Puis ils consacrèrent leurs
fils et leurs filles par le feu; et ils
se livraient à des divinations et
aux augures, et ils s'abandonne-
rent à faire le mal devant le Sei-
gneur, en sorte qu'ils l'irriterent.
18. Le Seigneur donc fut extré-
mement irrité contre Israél, et il
les óta de sa présence, et il ne
demeura que la tribu de Juda
seulement.
19. Or Juda lui-méme ne garda
point les commandements du
Seigneur sou Dieu; mais il mar-
cha dans les erreurs qu'lsraél
avait commises.
20. Et le Seigneur rejeta toute
21. LI Rois, xir, 19. — 23. Jér., xxv, 9.
IV ROIS.
[cir. xvir.]
la race d'Israét; et il les affligea,
et les livra àla main des pillards,
jusqu'à ce qu'il les rejetàt de de-
vant sa face;
91. Ce qui commenca dès le
temps méme. qu'Israél se sépara
dela maison de David, et qu'ils
établirent pour leur roiJéroboam,
fils de Nabath; car Jéroboam sé-
para Israël d'avec le Seigneur,
et leur fit commettre un grand
péché.
29. Et les enfants d'Israël mar-
chèrent dans tous les péchés que
Jéroboam avait commis, etils ne
s’en écartèrent point,
23. Jusqu'à ce que le Seigneur
ótàt Israël de sa face, comme 1
avait dit par l'entremise de tous
ses serviteurs, les prophètes; et
Israel fut transféré de sa terre
chez les Assyriens, jusqu'à ce
jour.
24. Or leroi des Assyriens ame-
na des habitants de Babylone, de
Cutha, d'Ava, d'Emath et de Sé-
pharvaim, et les établit dans les
villes dela Samarie, en la place
des enfants d'Israél : et ils possé-
derent la Samarie, et habiterent
dans ses villes.
95. Or lorsqu'ils commencèrent
LODELITIdITCLCOOULU'UDCEIOILLGOLZSZSLU 2ש2ת7תשת- LONG ND ו וו"
18. IL Les δία, etc. Il les éloigna de la terre qu'il leur avait donnée, ou du temple
oü il se rendait en quelque sorte présent à eux. — La tribu de Juda seulement.
Sous le nom de Juda, on comprenait Benjamin et Lévi, tribus qui, s'étant unies à
celle de Juda, ne firent avec elle qu'un seul et méme corps en s'établissant dans le
royaume de Juda.
20. Toute la race d'Israël; c'est-à-dire les dix tribus d'Israél, qui abandonnérent le
culte du Seigneur.
23. Devant jusqu'à ce jour, il faut suppléer l'ellipse, où il est resté.
94. * Le roi des Assyriens, Sargon, successeur de Salmanasar. — Babylone, la capi-
tale de la Chaldée sur l'Euphrate. — Cutha, aujourd'hui Tell Ibrahim, à 16 kilomètres
au nord-est de Babylone. — Ava, inconnue. — Emath, sur l'Oronte, dans la Cœælé-
syrie. — Sépharvaim ou les deux Sippara, aujourd'hui Tell Abou-Habba, au sud-
ouest de Bagdad, un peu à l'est du lit actuel de l'Euphrate, autrefois sur l'Euphrate
méme. Les ruines couvrent une surface de plus de trois kilomètres de circonférence.
[cH. xvir.)
à y habiter, ils ne craignaient pas
le Seigneur; etle Seigneur en-
voya contre eux les lions qui les
tuaient.
26. On lannonca au roi des
Assyriens, et on lui dit : Les
nations que vous avez transfé-
rées, et que vous avez fait habiter
dans les villes de la Samarie,
ignorent les lois du Dieu de ce
pays; et le Seigneur a envoyé
contre eux les lions qui les tuent,
parce qu'ils ignorent le culte du
Dieu de ce pays.
297. Aussi le roi des Assyriens
ordonna, disant : Envoyez làl'un
des prétres que vous en avez
emmenés captifs; quil aille et
habite avec eux, et qu'il leur
apprenne les lois du Dieu de ce
pays.
98. Ainsi, lorsque fut venu l'un
des prétres qui avaient été em-
menés captifs de Samarie, il ha-
bita à Béthel, et il leur apprenait
comment il devaient honorer le
Seigneur.
29. Mais chaque nation se fa-
briqua son dieu, et elles le mirent
dans les temples des hauts lieux
qu'avaient faits les Samaritains,
chaque nation dans ses villes,
dans lesquelles elle habitait.
30. Car les hommes de Baby-
34. Genèse, xxxm, 28.
26. * Au roi des Assyriens, Sargon.
28. * Béthel. Voir Genèse, xir, 8.
IV ROIS. 733
lone firent Sochothbénoth ; mais
les hommes de Chuta firent Ner-
gel, etles hommes d'Emath firent
Asima.
91. Or les Hévéens firent Né-
bahaz et Tharthac; mais ceux qui
étaient de Sépharvaim brülaient
leurs enfants au feu en l'honneur:
d'Adramélech et d'Anamélech,
dieux de Sépharvaim;
32. Et néanmoins ils adoraient
le Seigneur. Mais ils se firent des
derniers d'entre eux des prétres
des hauts lieux, et ils les éta-
blissaient dans les temples des
hauts lieux.
33. Ainsi, quoiqu'ils adorassent
le Seigneur, ils servaient aussi
leurs dieux, selon la coutume des
nations du milieu desquelles ils
avaient été transférés en Sa-
marié.
34. Jusqu'au présent jour ils
suivent leur ancienne coutume :
ils ne craignent pointle Seigneur,
et ne gardent point ses céré-
monies, ses ordonnances, ni sa
101, nile commandement qu'avait
prescrit le Seigneur aux enfants
de Jacob, qu'il surnomma Israël :
359. Et il avait fait avec eux al-
liance, et leur avait commandé,
disant : Ne craignez point les
dieux étrangers, ne les adorez
39. Chaque nation; littér. et par hébraisme : nation et nation.
30. * Sochothbénoth, probablement Zirbanit, la déesse « qui doune une postérité »,
adorée à Babylone. — Nergel ou Nergal, le dieu-lion, est appelé dans les documents
cunéiformes, « le dieu des hommes de Cutha ». — Asima, représenté, selon les Tal-
mudistes, sous la forme d'un bouc sans poils, est encore inconnu.
31. * Nébahaz el Tharthac avaient, disent les Rabbins, le premier, la forme d'un
chien, le second, celle d'un àne, mais leurs noms n'ont pas été retrouvés par les
savants modernes. — Adramélech et Anamélech sont Adar-mélek et Anu ou Oannès-
mélek, dieux souvent nommés dans les inscriptions assyriennes. Adar est un dieu
solaire. Anu était le démiurge. On le représentait moitié homme, moilié poisson,
734
point, ne les servez point et ne
leur sacrifiez point;
36. Mais ne craignez que le Sei-
gneur votre Dieu, qui vous a re-
tirés de l'Egypte par une grande
puissance et par un bras étendu;
n'adorez que lui, et ne sacrifiez
qu'à lui.
37. Les cérémonies aussi, et les
ordonnances, et la loi et le com-
mandement qu'il a écrits pour
vous, gardez-les, afin que vous
les pratiquiez tous les jours; et ne
craignez pas les dieux étrangers.
38. Etl'alliance qu'il a faite avec
vous, ne l'oubliez point, et n'ho-
norez point des dieux étrangers;
39. Mais craignez le Seigneur
votre Dieu, et il vous arrachera
lui-même à la main de tous vos
ennemis.
40. Or, ils n'écouterent point;
mais ils agissaient selon leur an-
cienne coutume.
41. Ainsi ces nations ont craint,
à la vérité, le Seigneur; mais
néanmoins elles ont servi leurs
idoles; car leurs fils etleurs petits-
fils font jusqu'au présent jour
comme ont fait leurs pères.
CHAPITRE XVIII.
Ezéchias rétablit le culte du Seigneur
dans sa pureté. Sennachérib s'avance
contre Jérusalem. Discours impies et
menacants de Rabsacès, officier de
Sennachérib.
1. En 18 troisième année d'Osée,
IV ROIS.
(cu. xvn.]
fils d'Ela, roi d'Israél, régna Ezé-
chias, fils d'Achaz, roi de Juda.
9. Il avait vingt-cinq ans lors-
qu'il commenca à régner, et il
régna vingt-neuf ans dans Jéru-
salem : le nom de sa mère était
Abi, fille de Zacharie.
3. Et il fit ce qui était bon de-
vant le Seigneur, selon tout ce
qu'avait fait David son père.
4. C'est lui qui détruisit les
hauts lieux, renversa les statues,
coupa les bois sacrés, et brisa le
serpent d'airain qu'avait fait Moi-
se, parce que jusqu'à ce temps-là
les enfants d'Israél lui brülaient
de l'encens, et il l'appela du nom
de Nohestan.
5. C'est dans le Seigneur Dieu
d'Israël qu'il espéra : aussi après
lui il n'y eut pas de semblable à
lui entre tous les rois de Juda, ni
méme parmi ceux qui furent
avant lui ;
6. Et il s'attacha au Seigneur,
et il ne s'écarta pas de ses traces,
et il pratiqua ses commande-
ments qu'avait prescrits le Sei-
gneur à Moise.
7. C'est pourquoi le Seigneur
était méme avec lui, et dans
toutes les choses qu'il entrepre-
nait il se conduisait sagement. Il
secoua aussi le joug du roi des
Assyriens, et ne lui fut pas as-
servi.
8. C'est lui qui frappa les Phi-
listins jusqu'à Gaza, et tous leurs
XVIII 1. II Par., xxvii, 21; xxix, 1. — 4. Nomb., xxr, 9. .ג
36. Ne craignez que lui, etc. C'est le vrai sens de l'hébreu et de la Vulgate; il est
commandé par la construction.
4. Nohestan. Ce mot en hébreu signifie fait d'airain, ou, selon d'autres, serpent
d'airain.
6. De ses traces; c'est-à-dire de ses voies.
8. * Jusqu'à Gaza. Voir Josué, xi, 44.
'cH. [.זוזטא
confins, depuis la Tour des gardes
jusqu'à la Cité fortifiée.
9. La quatrieme année du roi
Ezéchias, qui était la septieme
année d'Osée, fils d'Ela, roi d'Is-
raél, Salmanasar, roi des Assy-
riens, monta à Samarie, l'assié-
gea,
10. Et la prit. Or c'est apres
trois ans, en la sixieme année
du roi Ezéchias, c'est-à-dire la
neuvième année d'Osée, roi d'Is-
raél, que Samarie fut prise;
11. Etleroi des Assyriens trans-
féra Israël chez les Assyriens, et
les établit en Hala et en Habor,
fleuves de Gozan, dans les villes
des Mèdes,
19. Parce qu'ils n'écouterent
point la voix du Seigneur leur
Dieu, qu'ils transgresserent son
alliance : tout ce qu'avait ordonné
Moise, serviteur du Seigneur, ils
ne l'écouterent point ni ne le
suivirent.
13. La quatorzieme année du
roi Ezéchias, Sennachérib, roi
des Assyriens, monta vers toutes
les villes de Juda fortifiées, et les
prit.
14. Alors Ezéchias, roi de Juda,
IV ROIS. 135
envoya des messagers au roi des
Assyriens, à Lachis, disant : J'ai
péché, retirez-vous loin de moi,
et tout ce que vous m'imposerez,
je le supporterai. C'est pourquoi
le roi des Assyriens imposa à
Ezéchias, roi de Juda, trois cents
talents d'argent et trente talents
d'or.
15. Et Ezéchias donna tout l'ar-
gent qui avait été trouvé dans
la maison du Seigneur et dans
les trésors du roi.
16. En ce temps-là Ezéchias
rompit les battants des portes du
temple du Seigneur, et les lames
d'or que lui-méme y avait atta-
chées, et il les donna au roi des
Assyriens.
17. Or le roi des Assyriens en-
voya ensuite Tharthan, Rabsaris
et Rabsacès, de Lachis à Jérusa-
lem, vers le roi Ezéchias, avec
une forte armée; et lorsqu'ils
eurent monté, ils vinrent à Jéru-
salem, ils s'arrétérent près de
l'aqueducdela piscinesupérieure,
qui est sur la voie de Champ de
Foulon.
18. Et ils demanderent le roi :
or sortirent vers eux, Eliacim,
10. Supra, xvii, 6; Tobie, 1, 2. — 13. II Par., xxxi, 1; Eccli., xzvir, 20; Isaie, xxxvi, 1.
11. Fleuves. Ce pluriel parait être une faute de copiste. Voy. au reste pour la ditfi-
culté que présente ce passage, chap. xvir, 6.
13. * Sennachérib, roi des Assyriens, fils et successeur de Sargon, occupa le tróne
de Ninive, de l'an 105 à l'an 681 avant J.-C. La campagne contre la Palestine eut lieu
probablement en 701. Le nom de Sennachérib signifie : « le dieu Sin (la lune) a mul-
tiplié les frères. »
14. * Lachis, aujourd'hui Oumm-Lakis, ville au sud-ouest de la tribu de Juda, à
l'ouest d'Eglon, sur la route de Jérusalem à Gaza. On a trouvé dans les ruines du
palais de Sennachérib à Ninive un bas-relief représentant ce monarque recevant à
Lachis les tributs des Juifs. — Trois cents talents d'argent, environ 2,500,000 francs,
el trente talents d'or, ou à peu prés 4,000,000.
11. * Tharthan, Rabsaris et Rabsacès ne sont pas des noms propres, mais des titres
de dignité assyriennes. Le {harthan est le général de l'armée; Rabsaris est vraisem-
blablement le chef des eunuques ou des officiers de la maison du roi et Rabsacès est
le grand échauson. — Sur /a voie du champ de Foulon, dans le voisinage sans doute
de la porte actuelle de Jaffa, à l'ouest de Jérusalem.
796
fils d'Helcias, intendant de la
maison du roi, Sobna, le scribe,
et Joahé, fils d'Asaph, qui tenait
les registres.
19. Et Rabsacès leur dit : Dites
à Ezéchias : Voici ce que dit le
grand roi, le roi des Assyriens :
Quelle est cette confiance qui
vous soutient?
20. Peut-étre que vous avez
formé le dessein de vous prépa-
reraucombat. En qui mettez-vous
votre confiance, pour que vous
osiez vous révolter ?
21. Espérez-vous en ce bâton
de roseau et cassé, l'Egypte
bâton qui, si un homme s'appuie
dessus, étant brisé, entrera dans
sa main et la percera? Ainsi est
Pharaon, roi d'Egypte, pour tous
ceux qui se confient en lui.
99. Que si vous me dites : C'est
dans le Seigneur notre Dieu que
nous avons confiance, n'est-ce
pas celui dont Ezéchias a détruit
les autels et les hauts lieux, et a
ordonné à Juda et à Jérusalem:
C'est devant cet autel que vous
adorerez dans Jérusalem?
23. Maintenant donc passez vers
mon seigneur, le roi des Assy-
riens, et je vous donnerai deux
mille chevaux, et voyez si vous
trouverez des cavaliers pour eux.
24. Et comment pourriez-vous
résister devant un seul satrape
des derniers serviteurs de mon
maitre? Est-ce que vous avez con-
fiance dans l'Egypte, à cause de
ses chars et de ses cavaliers?
IV ROIS.
(cn. xvm.]
25. Mais est-ce donc sans la
volonté du Seigneur que je suis
monté en ce lieu pour le détrui-
re? Le Seigneur m'a dit : Monte
dans cette terre et ravage-la.
26. Or Eliacim, fils d'Helcias,
Sobna et Joahé, dirent à Rabsa-
ces : Nous vous prions de parler
à vos serviteurs en syriaque,
parce que nous entendons cette
langue, et de ne pas nous parler
en hébreu, le peuple, qui est sur
le mur, écoutant.
27. Et Rabsacès leur répondit :
Est-ce donc vers ton maitre et
vers toi que mon maitre m'a en-
voyé pour dire ces paroles, et non
pas plutót vers les hommes qui
sont sur le mur, pour qu'ils man-
gent leurs excréments et boivent
leur urine avec vous?
98. C'est pourquoi Rabsaces se
tint debout et cria d'une voix
forte en langue judaique : Ecou-
tezles paroles du grand roi, du
roi des Assyriens.
29. Voici ce que dit le roi :
Qu'Ezéchias ne vous séduise
point : car il ne pourra pas vous
arracher à ma main.
30. Et qu'il ne vous donne point
de confiance dans le Seigneur,
disant : Le Seigneur nous déli-
vrera certainement, et cette ville
ne sera point livrée à la main du
roi des Assyriens.
31. N'écoutez point Ezéchias ;
car voici ce que dit le roi des
Assyriens : Faites avec moi ce qui
vous est utile : sortez vers moi,
21. * Pharaon. Le roi d'Egypte était Tharaca, qui ne donna en effet à Ezéchias
aucun secours efficace.
21. Leur répondit, en s'adressant au principal d'entre eux.
30. Et qu'il ne vous donne, etc.; c'est-à-dire ne vous livrez point à celte confiance
qu'il veut vous donner. — Nous délivrera certainement; littér. et par hébraisme,
délivrant, il nous délivrera,
[cu. xix.]
et chacun mangera de sa vigne et
de son figuier, et vous boirez des
eaux de vos citernes,
32. Jusqu'à ce que je vienne et
que je vous transfère dans une
terre qui est semblable à votre
terre, dans une terre qui porte
du fruit, et fertile en vin, une
terre de pain et de vignes, une
terre d'oliviers, d'huile et de
miel, et vous vivrez, et vous ne
mourrez point. N'écoutez point
Ezéchias, qui vous trompe, di-
sant: Le Seigneur nous délivrera.
33. Est-ce que les dieux des
nations ont délivré leur terre de
la main du roi des Assyriens ?
34. Oü est le dieu d'Emath et
d'Arphad? oü est le dieu de Sé-
pharvaim, d'Ana et d'Ava? Est-
ce qu'ils ont délivré Samarie de
ma main?
35. Quels sont ceux, parmi tous
les dieux des nations, qui ont
arraché leur pays à ma main,
pour que le Seigneur puisse arra-
cher Jérusalem à ma main?
36. C'est pourquoi le peuple se
tut, et ne lui répondit rien ; caril
avait recu ordre du roi de ne pas
lui répondre.
31. Et Eliacim, fils d'Helcias,
intendant de la maison, Sobna,
le scribe, et Joahé, fils d'Asaph,
Cab. XIX. 1. Isaie, xxxvi, 1.
IV ROIS. 737
qui tenait les registres, vinrent
vers Ezéchias, leurs vêtements
déchirés, et ils lui rapportèrent
les paroles de Rabsacès.
CHAPITRE XIX.
Ezéchias envoie vers Isaïe. Ce prophète
console Ezéchias. Sennachérib marche
contre l'Ethiopie et blasphème de nou-
veau contre le Seigneur. Ezéchias prie
le Seigneur. Isaïe prédit la défaite de
Sennachérib, et un ange du Seigneur
extermine l’armée de ce prince.
1. Ce qu'ayant entendu le roi
Ezéchias, il déchira ses véte-
ments, se couvrit d'un sac, et
entra danslamaison du Seigneur.
2. Et il envoya Eliacim, inten-
dant de sa maison, Sobna, le
scribe, etles anciens d'entre les
prétres, couverts de sacs, à Isaie,
le prophète, fils d'Amos,
3. Lesquels dirent : Voici ce
que dit Ezéchias : C'est un jour
de tribulation, de reproche et
de blasphème, que ce jour : des
enfants sont venus jusqu'à l'en-
fantement, et celle qui est en
travail n'a pas de forces.
4. Peut-étre que le Seigneur
ton Dieu entendra toutes les pa-
roles de Rabsacès, qu'a envoyé
le roi des Assyriens, son maitre,
pour insulter le Dieu vivant, et
l'attaquer par les paroles que le
34. Dans l'endroit parallèle, Isaie (xxxvr, 19) ne parle ni d'Ana, ni d'Ava; mais il
les nomme (xxxvi, 13) dans la lettre de Sennachérib à Ezéchias. — * Emath. Voir la
note sur IL Rois, vig, 9. — Arphad, aujourd'hui Tell-Erfàád, au nord d'Alep, ville
souvent mentionnée dans les inscriptions assyriennes. — Sépharvaim. Voir plus
haut, xvii, 24. — Ana et Ava, villes inconnues.
3. Des enfants, etc. Belle figure, par laquelle Ezéchias compare sa situation et
celle de son peuple à une femme en travail, dont les forces épuisées ne lui permet-
tent pas de se délivrer, et qui, par conséquent, à moins d'un secours extraordinaire,
n'a que la mort à attendre.
4. Peut-étre que le Seigneur... entendra; c'est-à-dire montrera qu'il a entendu. —
Les restes, du royaume de Juda.
A. T. 41
138
Seigneur ton Dieu a entendues :
fais donc une priere au Seigneur
pour les restes qui ont été re-
trouvés.
8. Les serviteurs du roi Ezé-
chias vinrent donc vers Isaïe.
6. Et Isaïe leur répondit : Vous
direz à votre maitre : Voici ce
gue dit le Seigneur : Ne crains
point à cause des paroles que tu
as entendues, par lesquelles
m'ont blasphémé 168 serviteurs
du roi des Assyriens.
1. Voilà que moi je lui enverrai
un esprit, et il apprendra une
nouvelle, etil retournera dans sa
terre, et je l'abattrai par le glaive
dans sa terre. |
8. Rabsacès s’en retourna donc,
ei il trouva le roi des Assyriens
assiégeant Lobna; car il avait su
qu'il s'était retiré de devant La-
chis.
9. Et lorsque Sennachérib eut
entendu, au sujet de Tharaca,
roi d'Ethiopie, des gens disant :
Voilà qu'il est sorti pour com-
batlre contre vous, et qu'il allait
marcher contre ce roi, il envoya
des messagers à Ezéchias, en
disant :
10. Vous direz ceci à Ezéchias,
roi de Juda : Que votre Dieu, en
qui vous avez confiance, ne vous
séduise pas, et ne dites point :
Jérusalem ne sera point livrée
aux mains du roi des Assyriens.
11. Car vous-méme, vous avez
appris ce que les rois des Assy-
riens ont fait à tous les pays,
IV ROIS.
(cu. xix.]
comment ils les ont ravagés :
est-ce donc que seul vous pourrez
échapper?
19. Est-ce que les dieux des
nations ont délivré tous ceux
qu'ont ravagés mes peres, c'est-
à-dire Gozan, Haran, Réseph, et
les enfants d'Eden, qui étaient
en Thélassar?
13. Où est le roi d'Emath, le
roi d'Arphad, le roi de la ville de
Sépharvaim, d'Ana et d'Ava?
14. C'est pourquoi, lorsqu'Ezé-
chias eut recu la lettre de Senna-
chérib dela main des messagers,
et qu'il 'eut lue, il monta dans le
temple, et étenditla lettre devant
le Seigneur,
15. Et i1 pria en sa présence,
disant : Seigneur Dieu d'Israël,
qui étes assis sur les chérubins,
c'est vous qui êtes le seul Dieu
de tous les rois de la terre; c'est
vous qui avez fait le ciel et la
terre.
16. Inclinez votre oreille et
écoutez; ouvrez vos yeux, Sei-
gneur, et voyez : écoutez toutes
les paroles de Sennachérib, qui a
envoyé pour incriminer devant
nous le Dieu vivant.
17. Hl est vrai, Seigneur, les
rois des Assyriens ont détruit les
nations et toutes leurs terres,
18. Et ils ont jeté leurs dieux
dansle feu ; car ce n'étaient point
des dieux, mais des ouvrages de
mains d'hommes, de bois et de
pierre, et ils les ont détruits.
19. Maintenant donc, Seigneur
19. * 00200. Voir plus haut, xvu, 6. — Haran, ville de Mésopotamie, -- Réseph,
ville de Mésopotamie, voisine de Nisibe et d'Amid. — Eden, inconnu. — Thélassar,
ville de Babylonie.
13, * Emath. Noir IL Rois, vut, 9. Pour les autres villes, voir plus haut, xvur, 34.
41. Toutes leurs terres; littér, les terres de toutes,
[ct. xix.]
notre Dieu, sauvez-nous de la
main de ce roi, afin qu'ils
sachent, tous les royaumes de la
terre, que c'est vous qui étes le
seul Seigneur Dieu.
90. Or Isaie, fils d'Amos, en-
voya vers Ezéchias, disant : Voici
ce que dit le Seigneur Dieu
d'Israël : La prière que tu m'as
faite touchant Sennachérib, roi
des Assyriens, je l'ai entendue.
21. Voici la parole que le Sei-
gneur a dite de lui : Elle t'a mé-
prisé et elle t'a raillé, la vierge,
fille de Sion, derriere toi elle a
secoué la tête, la fille de Jérusa-
lem.
22. Qui as-tu insulté et qui as-tu
blasphémé? contre qui as-tu
élevé la voix, et porté en haut les
yeux? contre le saint d'Israél.
93. Par l'entremise de tes ser-
viteurs tu as insulté le Seigneur,
et tu as dit : Avec la multitude
de mes quadriges je suis monté
sur le haut des montagnes, au
sommet du Liban : j'ai coupé par
le pied ses hauts cèdres et ses sa-
pins les plus beaux. Je suis méme
entré jusqu'à l'extrémité de ses
limites, et la forét de son Car-
mel,
24. C'est moi qui l'ai coupée
par le pied. Et j'ai bu des eaux
étrangères, et j'ai séché par les
traces de mes pieds toutes les
eaux fermées.
25. N'as-tu done point oui dire
ce que des le commencement
j'ai fait? Dès les jours anciens je
iV 5. 139
l'aa préparé, et c'est maintenant
que je l'ai exécuté; et des villes
de combattants fortifiées seront
comme des collines ruinées.
26. Et ceux qui y sont dedans,
faibles de main, ont tremblé et
ont été confondus: ils sont deve-
nus comme le foin d'un champ,
comme l'herbe verte des toits et
qui seche avant de venir à ma-
turité.
27. Ta demeure, ton entrée, ta
sortie, et ton chemin par oü tu
es venu, je les ai sus d'avance, et
méme ta fureur contre moi.
28. Tu as été furieux contre
moi, et ton orgueil est monté à
mes oreilles : c'est pourquoi je
mettrai un cercle à tes narines et
un mors à tes lèvres, et je te ra-
menerai par la voie par laquelle
tu es venu.
29. Mais pour toi, Ezéchias,
voici un signe : Mange cette an-
née ce que tu trouveras; en la
seconde année, ce qui naitra de
soi-même; mais, en la troisième
année, semez et recueillez, plan-
tez des vignes et mangez-en le
fruit.
30. Et tout ce qui sera de reste
de la maison de Juda, jettera des
racines en bas et fera desfruits en
haut.
31. Car de Jérusalem sortiront
des restes, et ce qui sera sauvé de
la montagne de Sion : le zèle du
Seigneur des armées fera cela.
32. C'est pourquoi voici ce que
dit le Seigneur du roi des Assy-
25. Dieu reproche à Sennachérib d'attribuer à sa puissance la destruction des
royaumes et des villes, que lui-méme avait préparée depuis longtemps, et qu'il
avait insensiblement amenée, en se servant de lui comme d'un instrument pour les
punir de leurs péchés. — Des collines ruinées; littér. une ruine de collines.
28. * Des bas-reliefs assyriens représentent des ennemis vaincus ayant réellement
un mors aux lèvres.
740 IV ROIS.
riens : Il n'entrera point dans
cette ville, il ne lancera point
contre elle de fléche ; pas un bou-
clier ne 100002028, et pas un re-
tranchement ne l'entourera.
33. 11 retournera par la voie pat
laquelle il est venu; et il n'en-
trera point dans cette ville, dit le
Seigneur.
34. Je protégerai cette ville, et
je là sauverai à cause de moi et
à cause de mon serviteur David.
35. Il arriva donc en cette nuit-
là qu'il vint un ange du Seigneur,
et qu'il tua dans le camp des As-
syriens cent quatre-vingt mille
hommes. Et lorsqu'au point du
jour il se fut levé, il vit tous les
corps des morts et, se retirant, il
s'en alla.
36. Ainsi s'en retourna Senna-
chérib, roi des Assyriens, et il
demeura à Ninive.
37. Et lorsqu'il adorait dans le
temple Nesroch, son dieu, Adra-
mélech et Sarasar, ses fils, le frap-
pèrent du glaive, et s'enfuirent
dans la terre des Arméniens, et
Asarhaddon, son fils, régna en sa
place.
CHAPITRE XX.
Maladie d'Ezéchias. Rétrogradation de
l'ombre du soleil sur l'horloge d'Achaz.
Message du roi de Babylone. Ezéchias
est repris d'avoir montré ses trésors à
ces étrangers. Mort d'Ezéchias. Manassé
lui succède.
1. En ces jours-là, Ezéchias fut
malade jusqu'à la mort; alors
(cu. xx.]
vint vers lui Isaïe, le prophète,
fils d'Amos, et il lui dit : Voici ce
que dit 16 Seigneur Dieu : Donne
des ordres à ta maison; car iu
mourras, toi, et tu ne vivras pas.
2. Ezéchias tourna sa face vers
la muraille, et pria le Seigneur
disant :
3. Je vous conjure, Seigneur,
souvenez-vous, je vous prie, com-
ment j'ai marché devant vous
dans la vérité et avec un cœur
parfait, et comment j'ai fait ce
qui vous est agréable. Et Ezéchias
pleura d'un grand pleur.
4. Et avant qu'Isaie eüt franchi
la moitié du vestibule, la parole
du Seigneur lui fut adressée, di-
sant :
ὃ. Retourne, et dis à Ezéchias,
chef de mon peuple: Voici ce que
dit le Seigneur Dieu de David,
votre pere : J'ai entendu ta prière
et j'ai vu tes larmes; et voilà que
je ₪81 guéri, dans trois jours tu
monteras au lemple du Seigneur.
6. Et j'ajouterai quinze années
à tes jours; et même je te déli-
vrerai de la main du roi des As-
syriens, toi et cette ville, et je
protégerai cette ville, à cause de
moi, et à cause de David, mon
serviteur.
7. Alors Isaïe dit aux serviteurs
du roi : Apporlez-moi une pane-
rée de figues. Lorsqu'ils la lui
eurent apportée et qu'ils l'eurent
mise sur l’ulcère du roi, il fut
guéri.
35. Tobie, 1, 21; Eccli., xzvin, 24; Isaie, xxxvi, 36; I Mach., vir, 41; II Mach.,
virt, 19. — 37. Tobie, 1, 24. — (ηλρ. XX. 1. II Par., xxxi, 24; Isaie, xxxv, 1.
—— M HW —— M — —— ————— Οῤ-Ἰ
36. * Ninive, capitale de l'Assyrie, sur le Tigre. — Sennachérib vécut encore dix-
sept ou dix-huit ans aprés son retour en Assyrie.
31. * Asarhaddon succéda à son pére en 681 et régna jusqu'en 668. Son nom
signifie « le dieu Assur a donné un frère. »
[cn. xx.]
8. Or Ezéchias avait dit à Isaie:
Quel sera le signe que le Sei-
gneur me guérira, et que je mon-
terai dans trois jours au temple
du Seigneur?
9. Isaie lui répondit : Voici de
la part du Seigneur le signe que
le Seigneur accomplira la parole
quil a dite : Voulez-vous que
l'ombre dw soleil monte de dix
lignes, ou qu'elle rétrograde
d'autant de degrés?
10. Et Ezéchias dit : Il est facile
que l'ombre croisse de dix lignes;
et je ne désire pas que cela se
fasse; mais qu'elle retourne en
arriere de dix degrés.
11. C'est pourquoi Isaie, le pro-
phète, invoqua le Seigneur, et il
ramena lombre par les lignes
par lesquelles déjà elle était des-
cendue dans l'horloge d'Achaz, de
dix degrés en arriere.
19. En ce temps-la Bérodach
Baladan, fils de Baladan, roi des
Babyloniens, envoya des lettres
et des présents à Ezéchias ; car il
avait appris qu'il avait été ma-
lade.
13. Or Ezéchias se réjouit à
leur arrivée, et il leur montra la
maison de ses aromates, son or,
12. Isaie, xxxix, 1.
IV ROIS. 144
son argent, ses divers parfums,
et aussi ses essences, la maison
de ses armes, et tout ce qu'il
avait dans ses trésors. Et il n'y
eut rien qu'Ezéchias ne leur mon-
trât dans son palais et dans tout
son domaine.
14. Mais Isaie, le prophète,
vint vers le roi Ezéchias, et lui
demanda : Qu'ont dit ces hom-
mes, et d’où sont-ils venus vers
vous? Ezéchias lui répondit
C'est d'une terre lointaine qu'ils
sont venus vers moi, de Baby-
lone.
15. Mais Isaie reprit : Qu'ont-
ils vu dans votre maison? Ezé-
chias répondit : lls ont vu tout
ce qui est dans ma maison; il
ny a rien que je ne leur aie
montré dans mes trésors.
16. C'est pourquoi Isaie dit à
Ezéchias : Ecoutez la parole du
Seigneur :
11. Voilà que des jours vien-
dront, et que sera emporté à Ba-
bylone tout ce qui est dans ta
maison, et tout ce que tes pères
y ont amassé jusqu'à ce jour; il
n'en restera rien, dit le Sei-
gneur.
18. Mais on prendra méme de
11. Les Péres et aprés eux le plus grand nombre des interprétes enseignent que
le soleil rétrograda; mais d'autres, se fondant sur le texte méme, soutiennent que
c'est seulement l'ombre du soleil; c'est-à-dire que les rayons solaires, par une in-
flexion miraculeuse, firent rejeter en arrière l'ombre formée par le style du cadran.
A la vérité, l'auteur de l'Ecclésiastique (xuvni, 26) dit que c'est le soleil qui rétrograda;
mais ces derniers interprétes expliquent ce passage par le premier; d'autant plus
qu'Isaie (xxxviir, 8) semble justifier leur explication, puisqu'il dit dans le même verset:
Je fera revenir en arrière l'ombre des lignes, et : Le soleil revint en arrière de dix
lignes.
13. * Bérodach Baladan. Le véritable nom est Merodachbaladan, « le dieu Mérodach
à donné un fils ». C'était un roi de la basse Chaldée qui était devenu roi de Babylone
et qui était en guerre avec Sennachérib.
13. La maison; ou la chambre, ou l'armoire, ou tout autre lieu de cette nature;
car le terme hébreu maison est susceptible de ces divers sens. — La maison de ses
armes; son arsenal; selon d'autres, ses vases, ou ses meubles.
742 IV ROIS.
tes fils, qui sortiront de toi, que
tu engendreras, et ils seront eu-
nuques dans le palais du roi de
Babylone.
19. Ezéchias répondit à Isaie:
Elle est bonne, la parole du Sei-
gneur, que tu as dite : qu'il y ait
paix et vérité durant mes jours.
20. Mais le reste des actions
d'Ezéchias, et tout son courage,
comment il fit la piscine et l'a-
queduc, et comment il introdui-
sit les eaux dans la ville, n'est-ce
pas écrit dans le Livre des ac-
tions des jours des rois de Juda?
91. Et Ezéchias dormit avec ses
peres, et Manassé, son fils, régna
en sa place.
CHAPITRE XXI.
Impiété de Manassé. Menaces du Seigneur
contre Jérusalem. Mort de Manassé.
Amon lui succède. Il est tué par ses
serviteurs. Josias régne en sa place.
1. Manassé avait douze ans
lorsqu'il commenca à régner, et
il régna cinquante-cinq ans dans
Jérusalem : le nom de sa mere
était Haphsiba.
9. Et il fit le mal devant le Sei-
(βαρ. XXI. 1. II Par., זנאאא 1. — 3
[.זאא .68]
| gneur, selon le culte des idoles
des nations que le Seigneur avait
exterminées àla face des enfants
d'Israél.
3. Et il en revint à bâtir les
hauts lieux qu'avait détruits Ezé-
chias son pere, il dressa des au-
tels à Baal; il fit planter des bois
sacrés, comme avait fait Achab,
roi d'Israél ;11 80108 401116 milice
du ciel, et la servit.
4. ll construisit aussi des au-
tels dans la maison du Seigneur,
de laquelle le Seigneur avait dit:
C'est dans Jérusalem que j'établi-
rai mon nom.
5. Et i1 construisit des autels
àtoute la milice du ciel dans les
deux parvis du temple du Sei-
gneur.
6. Et il fit passer son fils par le
feu, il aima les divinations, ob-
serva les augures, et établit des
pythoniens et multiplia les arus-
pices, pour faire le mal devant le
Seigneur, et l'irriter.
7. 11 mit aussi l'idole du bois
sacré qu'il avait planté, dans le
temple du Seigneur, dont le Sei-
gneur avait dit à David et à Salo-
. II Par., xxxim, 3. — 4, 11 Rois, vir, 10, —
1. II Rois, vir, 26; 111 Rois, vint, 16; 1x, 5.
20. * Il fit la piscine et l'agueduc, probablement l’aqueduc souterrain taillé dans
le roc, qui conduit l'eau de la Fontaine de la Vierge, au sud-est de Jérusalem, dans la
piscine de Siloé, au sud de la ville. Voir les notes sur 11 Paralip., xxxit, 80 et sur
Jean, 1x, 11.
3. Et il en revint à bâtir: littér. Il retourna et il bátit; hébraisme, pour : 7 7
de nouveau, il rebátit. — * Baal. Voir la note sur Juges, vi, 25. — Les hauts lieux.
Voir la note sur Nombres, xxi, 41. — Des bois sacrés. Voir la note sur Exode, xxxiu, 13.
6. Des pythoniens, ou ayant un esprit de python. Voy. Lévit,, xx, 21.
1. * L'idole du bois sacré. Cette idole est appelée dans le texte hébreu Aschéra, dont
le pluriel est Aschéroth. Voir la note sur Juges, ur, T. Aschéra signifie /a bonne ou
l’'heureuse déesse. Aschéra n'est sans doute qu'un nom d'Astarté. Du moins est-elle
la compagne inséparable de Baal. Là oü il y avait un autel à Baal, il y avait aussi
une image d'Aschéra, un pieu symbolique qui la représentait, qui était l'objet d'un
culte impur qu'on lui rendait dans le temple ou dans les bosquets sacrés qui l'en-
touraient. Ce sont ces bosquets sacrés que Dieu avait si souvent commandé à son
peuple de détruire. MN
‘cu, xx1.]
mon, son fils: C'est dans ce
temple, et dans Jérusalem, que
jai choisie d'entre toutes les tri-
bus d'Israél, que j'établirai mon
nom pour jamais.
8. Ét je ne ferai plus que le
pied d'Israél se meuve dehors de
la terre que j'ai donnée à leurs
peres; si cependant ils mettent à
exécution tout ce que je leur ai
ordonné, etla loi tout entiere
que leur a prescrite mon servi-
teur Moise.
9. Or eux n'ont point écouté ;
mais ils ont été séduits par Ma-
nassé, pour faire le mal plus que
les nations qu'a brisées le Sei-
gneuràlaface des enfants d'Israël.
10. Le Seigneur a parlé en-
suite par l'entremise de ses ser-
viteurs, les prophètes, disant :
11. Parce que Manassé, roi de
Juda, a fait ces abominations,
bien plus mauvaises que tout ce
qu'ont fait les Amorrhéens avant
lui, et qu'il a fait pécher méme
Juda par ses impuretés,
19. C'est pourquoi le Seigneur
Dieu d'Israél, dit ceci : Voilà que
moi j'amènerai des maux sur Jé-
rusalem et sur Juda; en sorte
que quiconque les entendra, ses
deux oreilles tinteront.
13. J'étendrai sur Jérusalem le
cordeau de Samarie, et le poids
de la maison d'Achab, et j'efface-
rai Jérusalem comme on a cou-
tume d'effacer les tablettes; et
en l'effacant, je tournerai et pas-
11. Jér., xv, 4.
IV ROIS.
743
serai souvent le style sur sa face.
14. Et j'abandonnerai les restes
de mon héritage, et je les livre-
rai aux mains de leurs ennemis,
et ils seront un objet de ravage
et de rapine pour tous ceux qui
les haissent,
15. Parce qu'ils ont fait le mal
devant moi, et qu'ils ont conti-
nué à m'irriter, depuis le jour
que leurs peres sortirent de l'E-
gypte, jusqu'à ce jour.
16. De plus, Manassé répandit
méme une quantité prodigieuse
de sang innocent, au point d'en
remplir Jérusalem jusqu'à la
bouche, outre les péchés par les-
quels il fit pécher Juda, pour faire
le mal devant le Seigneur.
17. Mais le reste des actions de
Manassé et tout ce qu'il a fait,
et le péché qu'il a commis, n'est-
ce pas écrit dans le Livre des ac-
tions des jours des rois de Juda?
18. Et Manassé dormit avec ses
peres, et il fut enseveli dans le
jardin de sa maison, dans le jar-
din d'Oza; et Amon, son fils, ré-
gna en sa place.
19. Amon avait vingt-deux ans
lorsqu'il commenca à régner; il
régna aussi deux ans à Jérusa-
lem : le nom de sa mère était
Messalémeth, fille de Harus de
Jétéba.
20. Et il fit le mal en la pré-
sence du Seigneur, comme avait
fait Manassé, son père.
21. Et il marcha dans toutes les
13. D'effacer les tablettes; c'est-à-dire ce qui est écrit sur ies tablettes. — * Le cordeau
pour mesurer. — Le poids, le niveau, le fii à plomb,
16. Jusqu'à la bouche; c'est-à-dire entièrement,
11. Dans le Livre, etc. Voy. 111 Rois, x1, 41.
21. Les impurelés. Voy. xvu, 12.
744
voies par lesquelles avait marché
son pere; il servit les impuretés
qu'avait servies son père, et il
les adora,
99. Et il abandonna le Seigneur
Dieu de ses pères, et il ne marcha
pas dans la voie du Seigneur;
23. Et ses serviteurs lui dres-
serent des embüches, et tuerent
le roi dans sa maison.
24. Mais le peuple tua tous
ceux qui avaient conspiré contre
le roi Amon, et ils établirent
pour leur roi, Josias, son fils, en
sa place.
95. Mais le reste des actions
que fit Amon, n'est-il pas écrit
dans le Livre des actions des
jours des rois de Juda?
96. On l'ensevelit en son sé-
pulcre dans le jardin d'Oza; et
Josias, son fils, régna en sa place.
CHAPITRE XXII.
Piété de Josias. On trouve dans le temple
le livre dela loi. Josias, effrayé en en-
tendant la lecture de ce livre, consulte
la prophétesse Holda.
1. Josias avait huit ans lors-
qu'il commenca à régner, et il
régna trente-un ans à Jérusa-
lem : le nom de sa mere était
Idida, fille de Hadaia de Bésé-
cath.
9. Et il fit ce qui était agréable
devant le Seigneur, et marcha
dans toutes les voies de David,
son pere, et il ne se détourna ni
à droite ni à gauche.
| 3. Or la dix-huitieme année du
‘roi Josias, le roi envoya Saphan,
fils d'Aslia, fils de Messulam, le
Cnapr. XXII. 1. I] Par, xxxiv, 1.
IV ROIS.
[cH. xxi!
scribe du temple du Seigneur,
lui disant :
4. Va vers Helcias, le grand
prêtre, afin qu'on fasse fondre
l'argent qui a été porté au temple
du Seigneur, que les portiers du
temple ont recueilli du peuple;
ὃ. Et qu'il soit donné par les
préposés de la maison du Sei-
gneur aux ouvriers, et que ceux-
ci le distribuent à ceux qui
travaillent, dans le temple du
Seigneur, à faire les réparations
du temple,
6. C'est-à-dire aux charpen-
tiers, aux maçons, et à ceux qui
réparent les brèches, et afin
qu'on achete du bois et des pierres
des carrieres, pour réparer le
temple du Seigneur.
7. Cependant, qu'on ne leur
compte pas largent qu'ils re-
coivent; mais qu'iis l’aient en
leur pouvoir, et selon leur bonne
foi.
8. Or Helcias, le pontife, dit à
Saphan, le scribe : J'ai trouvé le
Livre de la Loi dans 18 maison du
Seigneur. Et Helcias donna le
volume à Saphan, qui le lut.
9. Saphan, le scribe, vint aussi
vers le roi, et lui rendit compte
de ce qu'il lui avait ordonné, et il
dit : Vos serviteurs ont fondu
l'argent qui a été trouvé dans la
maison du Seigneur, et ils l'ont
donné pour qu'il fût distribué
aux ouvriers par les préposés
aux travaux du temple du Sei-
gneur.
10. Saphan, le scribe, raconta
aussi au roi, disant : Helcias, le
1. * Bésécath, ville de la plaine de Juda.
8, Le livre de la loi; probablement le Deutéronome, écrit de la main de Moïse,
icu. xxii.]
prétre, m'a donné un Livre.
Lorsque Saphan l'eut lu devant
le roi,
41. Et quele roi eut entendu les
paroles du livre de la loi du Sei-
gneur, il déchira ses vétements.
19. Et il ordonna à Helcias, le
prétre, à Ahicam, fils de Saphan,
à Achobor, fils de Micha, à Sa-
phan, le scribe, et * Asaias, ser-
viteur du roi, disant :
13. Allez, et consultez le Sei-
gneur sur moi, sur le peuple et
sur tout Juda, touchant les pa-
roles de ce volume qui a été
trouvé; car la grande colère du
Seigneur s'est allumée contre
nous, parce que nos pères n'ont
point écouté les paroles de ce
Livre, pour faire ce qui a été
écrit pour nous.
14. C'est pourquoi Helcias, le
prétre, Ahicam, Achobor, Saphan
et Asaïas, allèrent vers Holda, la
prophétesse, femme de Sellum,
fils de Thécua, fils d'Araas, le
gardien des vétements, laquelle
demeurait à Jérusalem dans la
Seconde; et ils lui parlerent.
15. Et Holda leur répondit :
Voicice que dit le Seigneur Dieu
d'Israël : Dites à l'homme qui
vous a envoyés vers moi:
16. Le Seigneur dit ceci : Voilà
que moi j'amènerai des maux
sur ce lieu et sur ses habitants,
accomplissant toutes les paroles
de la Loi, qu'alues le roi de Juda,
17. Parce qu'ils m'ont aban-
donné, qu'ils ont sacrifié à des
dieux étrangers, et qu'ils m'ont
irrité par toutes les œuvres de
Cuar. XXII. 1. II Par., xxxiv, 28.
IV ROIS.
-- M — — M Ha M ——— M —À —À
745
leurs mains; mon indignation
s'allumera en ce lieu, et elle ne
s'éteindra pas.
18. Mais au roi de Juda, qui
vous a envoyés pour consulter
le Seigneur c'est ainsi que vous
direz : Voici ce que dit le Sei-
gneur Dieu d'Israél : Parce que tu
as écouté les paroles du volume,
19. Que ton cœur en a été
épouvanté, et que tu t'es humilié
devant le Seigneur, ayant en-
tendu mes paroles contre ce lieu
et ses habitants, c'est-à-dire qu'ils
seraient un objet de stupeur et
de malédiction; et parce que tu
as déchiré tes vétements et pleuré
devant moi, et que moi je t'ai
écouté, dit le Seigneur:
20. C'est pourquoi je te réunirai
à tes peres, et tu seras conduit
au sépulcre en paix, afin que tes
yeux ne voient point tous les
maux que je vais amener sur ce
lieu.
CHAPITRE XXIII.
Josias ayant assemblé tout le peuple,
renouvelle l'alliance avec le Seigneur.
Il détruit le reste de l'idolátrie, et or-
donne la célébration de la Pàque. ll est
tué dans un combat. Joachaz lui suc-
cède. Joachim est mis à la place de
Joachaz.
1. Et ils rapporterent au roi ce
qu'elle avait dit. Et le roi envoya,
el tous les anciens de Juda et de
Jérusalem s'assemblèrent près
de lui.
2. Et le roi monta dans le
lemple du Seigneur, ainsi que
tous les hommes de Juda et tous
ceux qui habitaient dans Jérusa-
———————————————————————————M
14. Seconde; nom qui se trouve encore dans le prophéte Sophonie, r, 10. On l'en-
tend communément d'une seconde enceinte de la ville faite par Ezéchias ou Manassé.
“40
lem avec lui, les prétres, les pro-
phètes et tout le peuple, depuis
le petit jusqu'au grand, et il lut,
tous l'écoutant, toutes les paroles
du livre de l'alliance, qui avait
été trouvé dans la maison du
Seigneur.
3. Et le roi se tint debout dans
la tribune, et fit l'alliance devant
le Seigneur, afin qu'ils mar-
chassent à la suite du Seigneur,
qu'ils observassent ses préceptes,
ses lois et ses cérémonies en
tout leur cœur et en toute leur
âme, et qu'ils rétablissent toutes
les paroles de l'alliance qui
étaient écrites dans ce livre; et
le peuple acquiesça à l'alliance.
4. Alors le roi ordonna à Hel-
cias, le pontife, aux prétres du
second ordre, et aux portiers, de
jeter hors du temple du Seigneur
tous les vases qui avaient appar-
tenu à Baal, au bois sacré et à
toute l'armée du ciel, et il les
brüla hors de Jérusalem, dans la
vallée de Cédron, etil en emporta
la poussiere à Béthel.
5. Et il détruisit les aruspices
qu'avalent établis les rois de
Juda pour sacrifier sur les hauts
lieux, dans les villes de Juda et
4. Eccli., XLIX, ὃ.
IV ROIS.
[,זזנא .68]
autour de Jérusalem, et ceux qui
brülaient de l'encens à Baal, au
Soleil, à la Lune, aux douze
signes et à toutela milice du ciel.
6. Et il fit emporter le bois
sacré de la maison du Seigneur
hors de Jérusalem, dans la vallée
de Cédron, où il le brüla et le
réduisit en poussiere quil jeta
sur les sépulcres du petit peuple.
7. 11 détruisit aussi les petites
maisons des efféminés, les-
quelles étaient dans la maison
du Seigneur, et dans lesquelles
les femmes tissaient comme des
tentes pour le bois sacré.
8. Et il assembla tous les pré-
tres des villes de Juda, et il pro-
fana les hauts lieux où sacri-
fiaient les prétres, depuis Gabaa
jusqu'à Bersabée, et il détruisit
les autels des portes, à l'entrée
de la porte de Josué, prince de la
ville, laquelle était à la gauche
de la porte de la ville.
9. Cependant les prétres des
hauts lieux ne montaient point à
l'autel du Seigneur dans Jérusa-
lem; mais seulement ils man-
geaient des azymes au milieu de
leurs freres.
10. Le roi profana aussi To-
-/-/- קת של ד --נעּ.ץ.; :46 pM UM
4. * Dans la vallée de Cédron qui entoure Jérusalem à l'est et au sud-est. — Béthel
n'est pas à une trés grande distance de Jérusalem. Voir Genèse, xit, 8.
1. Dans la maison, etc.; c’est-à-dire dans le parvis du temple. — Dans lesquelles.
Tel est le sens de l'hébreu et du grec. Comme des lentes, etc.; littér. comme des
maisonneltes du bois sacré.
8. Il profana, etc. (Voyez de quelle manière aux vers. 14, 16, 20), afin qu'on ne
püt plus y faire de prières. — À la gauche; pour ceux qui entraient dans 18 ville,
comme portent le chaldéen et le grec. — La porte de la ville; probablement la porte
principale; car il n'y a pas d'autre moyen d'expliquer l'article déterminatif qui se
trouve dans le texte original. — * Gabaa, Djeba, ville de la tribu de Benjamin, au
nord de Jérusalem. Voir 1 Rois, x1, 4. — Bersabée, à l'extrémité méridionale de la
Palestine. Voir Genèse, xxi, 14.
10. * À Moloch. Voir la note sur Lévitique, xviu, 21. — Dans la vallée du fils d'En-
nom, à l'ouest et au sud de Jérusalem.
[cu. xxur.]
pheth, qui est dans la vallée du
fils d'Ennom, afin que personne
ne consacrát son fils ou sa fille
par le feu à Moloch.
11. Il enleva aussi les chevaux
qu'avaient donnés les rois de
Juda au Soleil, à l'entrée du
temple du Seigneur, prés de la
sallede Nathanmélech,l'eunuque,
qui était à Pharurim ; mais les
chariots du Soleil, il les brüla au
feu.
19. Les autels mêmes qui
étaient sur le toit de la chambre
d'Achaz, qu'avaient faits les rois
de Juda, et les autels qu'avait faits
Manassé dans les deux parvis du
temple du Seigneur, le roi les dé-
truisit, et il répandit les cendres
dans le torrent de Cédron.
43. Le roi profana aussi les
hauts lieux qui étaient à Jérusa-
lem, du côté droit de la montagne
du Scandale, que Salomon, roi
d'Israël, avait bâtis à Astaroth,
idole des Sidoniens, à Chamos, le
scandale de Moab, et à Melchom,
l'abomination des enfants d'Am-
mon.
14. Et il brisa les statues et
coupa les bois sacrés, et il rem-
plit ces lieux-là d'os de morts.
15. En outre, quant à l'autel
méme qui était à Béthel, et le
haut lieu qu'avait bâti Jéroboam,
fils de Nabath, qni fit pécher Is-
rael, il détruisit et cet autel et ce
haut lieu; il les brüla et les ré-
13. III Rois, x1, 7. — 15. III Rois, xri, 32. — 17. III Roi
IV ROIS. 747
duisit en poussière, et il mit aussi
le feu au bois sacré.
16. Et, se tournant, Josias vit
là les sépulcres qni étaient sur
la montagne, et il envoya et il
prit les os de ces sépulcres, et les
brüla sur l'autel, et il le profana,
selon la parole du Seigneur, qu'a-
vait dite l'homme de Dieu qui
avait prédit ces choses.
17. Et il demanda : Quel est ce
tombeau qne je vois? Et les ci-
toyens de cette ville lui dirent :
C'est le sépulcre de l'homme de
Dieu qui vint de Juda, et qui pré-
dit ce que vous avez fait sur l'au-
tel de Béthel.
18. Et il dit : Laissez-le, que
personne ne remue ses os. Et ses
os demeurèrent intacts, avec les
os du prophète qui était venu de
Samarie.
19. De plus, tous les temples
mémes des hauts lieux qui
étaient dans les villes de Sama-
rie, qu'avaient faits les rois d'Is-
raël pour irriter le Seigneur, Jo-
sias les détruisit; et il leur fit se-
lon tout ce qu'il avait fait à Bé-
thel.
90. Et il tua tous les prétres
des hauts lieux qui étaient là
préposés aux autels, et il brüla
des ossements humains sur ces
autels, etil retourna à Jérusalem.
91. Et il ordonna à tout le
peuple, disant : Faites une Páque
du Seigneur votre Dieu, selon ce
8, XIII, 2. — 21. II Par., xxxv, 1.
11. * A Pharurim, dans l'intérieur des portiques du Temple.
12. Le toit, c'est-à-dire la terrasse.
13. La montagne du Scandale; dans lhébreu, de La corruption, de la perdition,
c'est la montagne des Oliviers, ainsi appelée, à cause de l'idolátrie qui s'y pratiquait.
* Voir ΠῚ Rois, xi, 7. — À Astaroth. Voir la note sur Juges, 11 7. — À Chamos.
Voin la note sur III Rois, XI, 1. — A Melchom, à Moloch.
16. L'homme de Dieu, qui, etc. Voy. III Rois, xin, 2.
748 IV ROIS.
qui est écrit dans le livre de cette
alliance ;
29. Car il n'a été fait aucune
Pâque depuis les jours des juges
qui jugèrent Israël, et pendant
tous les jours des rois d'Israél et
des rois de Juda,
28. Comme à la dix-huitième
année du roi Josias a été faite
cette Páque du Seigneur dans
Jérusalem.
24. Mais aussi ceux qui avaient
un esprit de python, les devins
etles figures des idoles, les im-
puretés et les abominations qui
avaient été dans la terre de Juda
et de Jérusalem, Josias les fit
disparaitre pour accomplir les
paroles de la loi qui sont écrites
dans le livre que trouva Helcias,
le prétre, dans le temple du Sei-
gneur.
25. 11 n'y a point eu avant Jo-
sias de roi semblable, qui soit re-
tourné comme lui au Seigneur
en tout son cœur, en toute son
âme, et en toute sa force, selon
toute la loi de Moïse, et apres lui,
il n'y en a pas eu de semblable à
lui.
26. Cependant le Seigneur ne
revint point de la colère de sa
[cu. xxur.]
grande fureur, dont fut irritée sa
fureur contre Juda, à cause des
sujets d'irritation qu'avait provo-
qués en lui Manassé.
27. C'est pourquoi le Seigneur
dit: Juda aussi, je l'óterai de de-
vant ma face, comme j'en ai Ôté
Israël, et je rejetterai cette ville,
que j'ai choisie, Jérusalem et
cette maison dont j'ai dit : Mon
nom sera là.
28. Mais le reste des actions de
Josias, et tout ce qu'il a fail,
n'est-ce pas écrit dans le Livre
des actions des jours des rois de
Juda?
29. Aux jours de Josias, Pha-
raon Néchao, roi d'Egypte, monta
contre le roi des Assyriens, vers
le fleuve d'Euphrate, et Josias, le
roi, alla à sa rencontre; et il fut
tué à Mageddo, lorsqu'il l'eut vu.
80. Et ses serviteurs l'enle-
verent mort de Mageddo, le por-
terent à Jérusalem et l'enseve-
lirent dans son sépulcre. Alors le
peuple du pays prit Joachaz, fils
de Josias; et ils l'oignirent, et
létablirent en la place de son
père.
31. Joachaz avait vingt-trois
ans lorsqu'il commença à régner,
21. Infra, xxiv, 2. — 29. II Par., xxxv, 20. — 31. II Par., xxxvi, 2.
"0/1 7 . -΄ιἰἨ 7ε’οὸὔὰὺὔυ.
99. Et pendant lous les jours. Ces derniers mots sont au génitif, dans la Vulgate,
probablement, comme complément de Pâque qui précède, mais le sens revient au
méme.
24. * Un esprit de python. Voir Lévitique, xx, 2
26. Les traducteurs qui n'ont pas reproduit ces pléonasmes de la Vulgate et de
l'hébreu ont singulièrement diminué la force et l'energie du sens.
39. Lorsqu'il l'eut vu; c'est-à-dire lorsqu'il lui eut livré un combat. — * Néchao II,
pharaon de la xxvi® dynastie, régna depuis 611 jusqu'à 605 environ avant J.-C. —
Mageddo barrait les voies du Liban et pouvait à volonté ouvrir ou fermer la route
aux armées qui marchaient vers l'Euphrate. Aussi joua-t-elle dans toutes les guerres
des Egyptiens en Asie un róle prédominant. Elle avait été le point de ralliement des ἡ
forces chananéennes et le poste avancé des peuples du nord contre les attaques
venues du sud. Une bataille perdue sous ses murs livrait la Palestine entière aux
mains du vainqueur et lui permettait de continuer sa marche vers la Ceelésyrie.
[cg, xxiv.]
et il régna trois mois à Jérusa-
lem : le nom de sa mere était
Amital, fille de Jérémie de Lobna.
39. Et il fit le mal devant le Sei-
gneur, selon tout ce que ses peres
avaient fait.
33. Et Pharaon Néchao l'en-
chaina à Rébla, qui est dans la
terre d'Emath, afin qu'il ne ré-
gnât point à Jérusalem, et il im-
posa une amende au pays de cent
talents d'argent et un talent d'or.
34. Et Pharaon Néchao établit
roi Eliacim, fils de Josias, en la
place de Josias, son pere, et il
changea son nom en Joakim : or
il prit Joachaz et le conduisit en
Egypte, etil y mourut.
35. Joakim donna à Pharaon
l'argent et l'or, puisqu'il avait
taxé le pays par tête, afin qu'ils
fussent apportés ensemble selon
lordre de Pharaon; et il exigea
de chacun, selon ses moyens,
tant l'argent que l'or du peuple
du pays, pour donner à Pharaon
Néchao.
36. Joakim avait vingt-cinq ans
lorsqu'il commença à régner, et
il régna onze ans à Jérusalem :
le nom de sa mère était Zébida,
fille de Phadaïa de Ruma.
37. Et il fit le mal devant le
Seigneur, selon tout ce qu'avaient
fait ses peres.
XXIV. 2. Supra, xxii, 27. .א
IV ROIS.
749
CHAPITRE XXIV.
Joakim est assujetti au roi de Babylone.
Il meurt; Joachin lui succéde. Nabucho-
donosor assiège Jérusalem, dont les
principaux habitants sont transportés
à Babylone. Sédécias est mis à la place
de Joachin.
1. Dans les jours de Joakim,
Nabuchodonosor,roide Babylone,
monta contre Juda, et Joakim lui
fut assujetti durant trois ans;
et ensuite il se révolta contre
lui.
9. Et le Seigneur envoya les
voleurs des Chaldéens, les vo-
leurs de Syrie, les voleurs de
Moab et les voleurs des enfants
d'Ammon, et il les envoya contre
Juda pour l'exterminer, selon la
parole que le Seigneur avait dite
par ses serviteurs, les prophètes.
3. Or ceci arriva par la parole
du Seigneur contre Juda, pour
lóter de devant lui, à cause de
tous les péchés que Manassé fit,
4. Et à cause du sang de l'in-
nocent qu'il versa; car il remplit
Jérusalem de sang innocent. C'est
pour ce motif que le Seigneur ne
voulut point se rendre propice.
5. Mais le reste des actions de
Joakim, et tout ce qu'il a fait,
n'est-ce pas écrit dans le Livre
des actions des jours des rois de
33. * Rébla, sur l'Oronte, à environ douze heures au sud-ouest d'Emese, dans une
plaine trés fertile. — Emath. Voir II Rois, vur, 9. — Cent talents d'argent et un talent
d'or. Le talent d'argent valait 8,500 francs et le talent d'or 131,850 francs.
34. En hébreu, Eliacim, ou plutôt Eliakim, signifie Dieu établit, et Joakim, ou Jé-
hoakim, le Seigneur (Jéhova) établit. Ce changement de nom marquait le domaine que
le roi d'Egypte prétendait conserver sur le roi de Juda.
36. * Ruma, probablement el-Arma, Juges, 1x, 41.
i Nabuchodonosor ou plus exactement Nabuchodorosor, dont le nom signifie :
« Dieu Nébo, protège la couronne », fils de Nabopolassar, roi de Babylone, régna
de 601 à 561 avant J.-C. 11 fut un grand conquérant et un grand bâtisseur,
150
Juda? Et Joakim dormit avec ses
pères;
6. Et Joachin, son fils, régna en
sa place.
7. Et le roi d'Egypte ne recom-
mença plus à sortir de son pays;
car le roi de Babylone avait em-
porté, depuis le torrent d'Egypte
jusqu’au fleuve d'Euphrate, tout
ce qui était au roi d'Egypte.
8. Joachin avait dix-huit ans
lorsqu'il commenca à régner, et
il régna trois mois à Jérusalem :
le nom de sa mere était Nohesta,
fille d'Elnathan de Jérusalem.
9. Et il fit le mal devant le Sei-
gneur, selon tout ce qu'avait fait
son pere.
10. En ce temps-là les servi-
teurs de Nabuchodonosor, roi de
Babylone, monterentàJérusalem,
et la ville fut entourée de forlifi-
cations.
41. Nabuchodonosor, roi de Ba-
bylone, vint aussi avec ses servi-
teurs pour l’attaquer.
12. Et Joachin, roi de Juda, sor-
lit vers le roi de Babylone, lui, sa
mère, ses serviteurs, ses princes
et ses eunuques; et le roi de Ba-
bylonele reçut la huitième année
de son regne.
13. Et il emporta de Jérusalem
tous les trésors de la maison du
Seigneur, et les trésors de la mai-
son du roi; et il brisa tous les
vases d'or que Salomon, roi d'Is-
raél, avait faits dans le temple du
IV ROIS.
(ca. xxiv.]
Seigneur, selon la parole du Sei-
gneur.
14. Et il transféra toute la ville
de Jérusalem, tous les princes et
tous les forts de larmée, au
nombre de dix mille, en captivité,
et aussi tous les ouvriers et tous
les lapidaires, et rien ne fut laissé,
excepté les pauvres du peuple
du pays.
15. Il transféra aussi à Baby-
lone Joachin, la mere du roi, les
femmes du roi, ses eunuques; et
les juges du pays, il les emmena
en captivité de Jérusalem à Ba-
bylone.
16. Il transféra encore tous les
hommes vigoureux, au nombre
de sept mille, les ouvriers et les
lapidaires au nombre de mille,
tous les hommes courageux et
guerriers; et le roi de Babylone
les emmena captifs à Babylone.
17. H établit, en 18 place de Joa-
chin, Matthanias son oncle, et il
lui imposa le nom de Sédécias.
18. Sédécias avait vingt-un ans
d'âge lorsqu'il commença à ré-
gner, et il régna onze ans à Jé-
rusalem : le nom de sa mère
était Amital, fille de Jérémie, de
Lobna.
19. Et il fit le mal devant le
Seigneur, selon tout ce qu'avait
fait Joakim.
90. Car le Seigneur s'irritait
contre Jérusalem et contre Juda,
jusqu'à ce qu'il les rejetât de de-
10, Dan., 1, 4. — 15. II Par., xxxvi, 10; Esth., 11, 6; xr, 4. — 17. Jér., טאאא 45 135 1.
1. * Le torrent d'Egypte, l'ouadi el-Arisch.— Euphrate, le fleuve qui arrose Babylone.
14. Toute, etc.; c'est-à-dire la plupart des habitants. Compar. ch. xxv, 18, 19. —
Les lapidaires. C'est ainsi que saint Jérôme explique le mot hébreu qui signifie à là
lettre qui enferme, qui enclôt, et que les uns traduisent par serrurier, d'autres par
magon, d'autres par orfèvre, etc.
11. Matthanias; c'est-à-dire don du Seigneur (de Jéhova). — Sédécias, c'est-à-dire
justice du Seigneur, Voy. sur ce changement de nom. chap. ,וצצ
(cu. xxv.]
vant sa face; et Sédécias se déta-
cha du roi de Babylone.
CHAPITRE XXV.
Dernier siège de Jérusalem par Nabucho-
donosor. Sédécias est pris et emmené
à Babylone. Nabuzardan met le feu à
la ville. et en transporte les habitants.
Godolias est établi gouverneur du pays.
Le peuple s'enfuit en Egypte. Joachin
est en faveur auprès d'Evilmérodach.
1. Or il arriva en 18 neuvième
année du regne de Sédécias, au
dixième jour, au dixième mois,
que Nabuchodonosor, roi de Ba-
bylone, vint, lui et toute son ar-
mée, contre Jérusalem ; et ils l'in-
vestirent, et y construisirent tout
autour des fortifications.
2. Ainsi la ville fut enfermée et
fortifiée jusqu'àla onzième année
du roi Sédécias,
3. Au neuvième jour du mois,
et la famine régna dans la ville ;
et il n'y avait pas de pain pour le
peuple du pays.
4. Et une brèche fut faite à la
ville, et tous les hommes de
guerre s'enfuirent durant la nuit,
par la voie de la porte qui est
entre le double mur près de la
porte du jardin du roi (or les
Chaldéens assiégeaient tout au-
tour la ville) : c'est pourquoi
Sédécias s'enfuit par la voie qui
conduit aux plaines du désert.
5. Et larmée des Cbaldéens
poursuivit le roi, et le prit dans
la plaine de Jéricho; et tous les
fV ROIS. 751
combattants qui étaient avec lui
furent dispersés et l'abandon-
nerent.
6. Ayant donc pris le roi, ils
l'amenerent au roi de Babylone
à Réblatha, lequel prononca
contre lui un arrét.
7. Quant aux fils de Sédécias,
il les tua devant lui, puis il lui
creva les yeux, le chargea de
chaines et l'emmena à Babylone.
8. Au cinquième mois, au sep-
tieme jour du mois, c'est la dix-
neuvieme année méme du roi de
Babylone, Nabuzardan, chef d'ar-
mée, serviteur du roi de Baby-
lone, vint à Jérusalem.
9. Et il brüla la maison du
Seigneur et 18 maison du roi, et
il consuma les maisons de Jéru-
salem, et toute espèce de maison.
10. Toute larmée des Chal-
déens, qui était avec ce chef de
soldats, détruisit les murs de
Jérusalem tout autour.
11. Quant à lautre partie du
peuple qui était restée dans la
ville, et aux transfuges qui
avaient passé au roi de Babylone,
et au reste du bas peuple, Nabu-
zardan, prince de la milice, les
transporta à Babylone.
19. Et il laissa d'entre les
pauvres les vignerons et les la-
boureurs.
13. Mais les colonnes d’airain
qui étaient dans le temple du
Seigneur, et les bases, et la mer
Cap. XXV, 1. Jérémie, xxxix, 4; 111, 4. — 9. Ps. Lxxin, 7. — 13. Jér., xxvir, 19.
4. * Le jardin du roi, au sud de Jérusalem, dans la vallée de Ben-Hinnom.
3. * Dans la plaine de Jéricho. Dans la plaine située entre la ville de Jéricho et le
Jourdain.
6. * Réblatha, Rebla. Voir plus haut, xxii, 33.
T. * Lui creva les yeux. Les bas-reliefs assyriens représentent des rois crevant eux-
mêmes les yeux avec une lance à leurs ennemis vaincus,
9 * Le temple fut brülé en 588 avant J.-C,
152
d'airain qui était dans la maison
du Seigneur, les Chaldéens les
briserent, et ils transporterent
tout l'airain à Babylone.
14. Les marmites d'airain aussi,
de méme que les pelles, les tri-
dents, les coupes, les petits
mortiers, et tous les vases d'airain
avec lesquels on faisait le service
dans le temple, ils les empor-
tèrent.
15. Le prince de la milice em-
porta également les encensoirs
et les patères, ce qui était d'or,
à part, et ce qui était d'argent, à
part.
16. C'est-à-dire les deux co-
lonnes, la mer et les bases
qu'avait faites Salomon dans le
temple du Seigneur; il n'y avait
pas de poids pour l'airain de
tous ces vases.
17. L'une des colonnes avait
dix-huit coudées de hauteur, et
le chapiteau d'airain de dessus,
était de trois coudées de hauteur:
et il y avait un réseau et des gre-
nades sur le chapiteau de la
colonne; le tout était d'airain :
la seconde colonne aussi avait un
semblable ornement.
18. Le prince de la milice em-
‘mena aussi Saraias, le premier
prétre, et Sophonias, second
prétre, et les trois portiers.
19. Et un eunuque de la ville
qui commandait aux hommes de
ι
ΙΝ ROIS.
(cu. xxv.]
guerre, et cinq hommes qui
étaient toujours devant le roi,
quil trouva dans la ville, et
Sopher, le prince de l'armée, qui
exercait les jeunes soldats pris
d'entre le peuple du pays, et
soixante hommes du bas peuple,
qui avaient été trouvés dans la
ville.
20. Nabuzardan, chef des sol-
dats, les ayant pris, les amena au
roi de Babylone à Réblatha.
21. Et le roi de Babylone les
frappa et les tua à Réblatha, dans
la terre d'Emath; ainsi Juda fut
transféré hors de son pays.
22. Quant au peuple qui était
resté dans la terre de Juda, qu'a-
vait laissé Nabuchodonosor, roi
de Dabylone, il mit à sa téte
Godolias, fils d'Ahicam, fils de
Saphan.
23. Ge qu'ayant appris tous les
chefs des soldats, eux et les
hommes qui étaient avec eux, à
savoir quele roi de Babylone avait
établi Godolias pour gouverneur,
Ismaël, fils de Nathanias, Joha-
nan, fils de Carée, et Saraia,
fils de Thanéhumeth, le Nétopha-
thite, et Jézonias, fils de Maacha-
thi, vinrent vers Godolias à
Maspha, eux et tous les leurs.
94. Et Godolias leur jura, à eux
et aux leurs, disant : Ne craignez
point de servir les Chaldéens;
demeurez dans cette terre, et
17. IIl Rois, vir, 15; II Par., ni, 15; Jérémie, Lu, 21.
15. Ce qui était d'or, à part, et ce qui était d'argent, à part; ou bien fant ce qui
était d'or que ce qui était d'argent; littér., ce qui était d'or, d'argent, etc.
16. Il m'y avait pas de poids avec lequel on püt peser tous ces vases, à cause de
leur énorme pesanteur.
11. * La coudée était d'environ un demi-mètre.
19. Sopher; l'hébreu porte le sopher, c'est-à-dire Le scribe, l'écrivain.
21. * Emath. Voir IL Rois, vut, 9.
23. * Maspha, ville au nord de Jérusalem,
[cH. xxv.]
servez le roi de Babylone, et vous
serez bien.
25. Or il arriva, au septième
mois aprés, qu'Ismaél, fils de Na-
thanias, fils d'Elisama, de la race
royale, vint à Maspha, et dix
hommes avec]lui; etils frapperent
Godolias, qui mourut, et aussi
les Juifs et les Chaldéens qui
étaient avec lui.
26. Et se levant, tout le peuple,
depuis le petit jusqu'au grand,
et les chefs des soldats, vinrent
en Egypte, craignant les Chal-
déens.
27. Mais il arriva qu'en la
trente-septième année de la cap-
tivité de Joachin, roi de Juda, au
douzieme mois, au vingt-sep-
IV ROIS.
753
tième jour du mois, Evilméro-
dach, roi de Babylone, en l'année
méme qu'il commença à régner
tira Joachin, roi de Juda, de pri-
son.
28. Et il lui parla avec bonté,
et il mit son tróne au-dessus du
tróne des rois qui étaient aupres
de lui à Babylone.
29. Et il changea ses vêtements
quil avait eus dans la prison;
et Joachin mangea toujours du
pain en sa présence tous les jours
de sa vie.
30. Il lui assigna aussi sans
interruption des vivres, qui
même lui étaient donnés chaque
jour par le roi, tous les jours de
sa vie.
21. * Evilmérodach, successeur de Nabuchodonosor, occupa deux ans 16 trône de
Babylone, de 561 à 559 avant J.-C.
29. Mangea du pain. Voy. sur cette expression, 1 Roës, xiv, %
48
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AU B V
INTRODUCTION
AUX LIVRES
DES PARALIPOMENES
Les deux livres des Paralipoménes forment en réalité un seul ouvrage, qui
était compté comme un livre unique, par les anciens, dans le canon de l'Ancien
Testament. Il a été partagé en deux par les Septante, et leur division a été con-
servée dans la Vulgate. Le premier livre se termine à la fin du règne de David.
Cette histoire porte en hébreu le nom de Dibré hayyámtm, que l'on traduit par
Chroniques. Nous l'appelons Paralipomènes, du titre grec que lui donnèrent les
Septante, c'est-à-dire suppléments, pour indiquer qu'elle suppléait aux omissions
des livres des Rois. C'était surtout comme complétant ces derniers qu'elle avait
excité l'attention des anciens; ils avaient trés justement remarqué que c'était
de là qu'elle tirait son importance.
L'auteur des Paralipoménes a omis un grand nombre de faits rapportés dans
les livres des Rois, de même qu'il en a raconté qu'on ne lit point dans ces
derniers. Les omissions comme les additions font voir clairement quel a été le
but qu'il se proposait : il a voulu montrer les rapports de Dieu avec son peuple;
comment le Seigneur a récompensé par la prospérité la fidélité à sa loi; com-
ment il a puni par l'adversité l’idolätrie et le péché. Et parce que l'observation
des prescriptions du culte mosaique était la marque sensible de l'obéissance
d'Israël à Jéhovah, l'auteur des Paralipoménes s'attache principalement à faire
ressorlir ce cóté de son sujet, afin d'inspirer à ses fréres une grande aversion
pour l'idolàtrie et de les porler à remplir toujours exactement leurs devoirs en-
vers le Seigneur. De là vient qu'il a mentionné, par exemple, dans l'élévation
de Joas au trône, la part qu'y prirent les Lévites, circonstance passée sous si-
lence dans IV Rois, qu'il considére surtout au point de vue religieux l'épisode
de la translation de l'arche à Jérusalem, envisagée au contraire de préférence
sous le rapport politique dans II Rois, etc. Quant à sa prédilection pour les gé-
néalogies, elle s'explique par le besoin qu'on en eut aprés la captivité, lors-
qu'il écrivit son ouvrage.
Les Paralipoménes ont été écrits aprés la captivité, puisqu'ils rapportent l'édit
de Cyrus qui y mit fin, et qu'ils contiennent la généalogie de Zorobabel jusqu'à
ses petits-fils. La mention des dariques ou monnaies perses de Darius prouve
qu'ils datent de la domination persane et non de l'époque des Séleucides. On peut
tirer la méme conclusion du nom de birah, qui est donné au temple, parce qu'un
auteur postérieur à Néhémie n'aurait pu désigner ainsi la maison de Dieu, sans
coufusion et sans équivoque : Néhémie, en effet, avait construit à Jérusalem, a
756 INTRODUCTION AUX LIVRES DES PARALIPOMÈNES.
l'imitation des villes de la Perse, une birah ou forteresse, distincte du temple,
laquelle fut appelée plus tard Baris et citadelle Antonia.
La tradition attribue généralement à Esdras la composition des Paralipo-
ménes, et ce que nous venons de constater sur l'époque de leur rédaction est
en parfait accord avec ce témoignage. Il est confirmé par l'identité de la con-
clusion de 1] Par., xxxvi, 22-23, et du commencement de I Esd., 1, qui donne
également l'édit de Cyrus, mais d'une manière plus complète. On trouve, de
plus, dans les Paralipoménes et le livre d'Esdras, le méme goût pour les généa-
logies, pour tout ce qui tient au culte et à la tribu de Lévi; des locutions par-
tieuliéres qui ont une signification propre à ces deux ouvrages, tels que kam-
mischpál, « selon la loi de Moise », et de nombreux chaldaismes.
Les tables généalogiques formant la première partie des Paralipoménes sont
extraites, soit du Pentateuque et des livres historiques antérieurs contenus dans
la Sainte Ecriture, soit de documents extrabibliques.
Dans la seconde partie, I Par., x-II Par., xxxvi, contenant les annales des rois
de Juda, de David à la captivité, l'auteur indique, aprés la mort de chaque roi,
où il a puisé les renseignements qui le concernent.
Le soin avec lequel l'auteur des Paralipoménes indique les sources dont il
s'est servi est une garantie de son exactitude et de la diligence avec laquelle il
a recueilli tous les renseignements propres à lui faire connaitre la vérité, indé-
pendamment méme de l'inspiration qui le mettait à l'abri de toute erreur.
C'est là un point digne de remarque, parce que, de tous les livres que contient
la Bible hébraique, les Chroniques sont ceux dont l'autorité est le plus violem-
ment attaquée par les rationalistes contemporains.
« Une partie considérable des faits racontés par ce livre lui est commune avec
les livres historiques canoniques plus anciens, et les termes qu'il emploie sont
souvent identiques, ou à peu prés, aux termes employés dans ces derniers; une
autre parlie, également importante, lui est propre. Au temps oü la critique né-
gative dominait dans les études bibliques, on expliquait les ressemblances entre
les Rois et les Paralipomènes en admettant que l’auteur de ceux-ci avait pris
dans les premiers tout ce qui leur était conforme, mais que tout ce qui était
différent et lui appartenait à lui seul était de son invention ou bien le résultat
de contre-sens, de remaniements, d'embellissements ou d'altérations volontaires.
La valeur historique des Chroniques a été vengée de ces soupcons injustes.
On reconnait maintenant que l'auteur a travaillé partout d'aprés les sources et
qu'il n'est pas possible de lui attribuer des fictions ou des falsifications volon-
taires. » (DILLMANN.)
« Le soin avec lequel il a compulsé ses sources est démontré d’une manière
évidente par la comparaison des récits qu’il a en commun avec les livres de
Samuel et des Rois. Non seulement, dans ces passages parallèles, les relations
concordent sur tous les points essentiels, mais là où elles offrent des variantes,
les Chroniques donnent, quant aux faits, des détails plus précis et plus dévelop-
pés; quant à la forme, les différences sont sans portée : elles consistent seule-
ment dans l'expression et le style, ou bien s'expliquent par le but parénétique
et didactique de l'historien.
» Ce but parénétique n'a d'ailleurs jamais porté atteinte à la vérité objective
des faits, comme le prouve une étude attentive et minutieuse du texte; il a
seulement communiqué à la narration une empreinte subjective ou personnelle,
INTRODUCTION AUX LIVRES DES PARALIPOMÉNES. 791
qui lui est particuliére et la distingue de l'exposition objective des livres des
Rois. Il résulte de là que nous sommes en droit de conclure... que, dans les par-
ties oü l'auteur a utilisé des documents aujourd'hui perdus, le chroniqueur n'a
pas été moins exact; qu'il n'a pas reproduit moins fidélement les listes chrono-
logiques qui lui sont propres, ainsi que les additions. » (Kzrr.)
On allégue contre la véracité des Paralipoménes l'exagération évidente, dit-on,
de certains chiffres : 1? l'énormité des sommes d'or et d'argent recueillies par
David, I Par., xxir, 44; xxix, 4; ou offertes par les principaux du peuple, xxix,
7, pour la construction du temple; 2? le nombre excessif des soldats d'Abia,
400,000, et de Jéroboam, 800,000, dont 500,000 furent tués, II Par., xim, 3, 17;
3° des soldats d'Asa, 580,000, et de Zara, roi d'Éthiopie; 1,000,000, 11 Par., xiv,
8, 9; 4° des soldats de Josaphat, plus de 1,160,000, II Par., xvi, 14-19; 5° des
femmes et des enfants emmenés prisonniers par Phacée, roi d'Israél, du temps
d'Achaz, 200,000, 1] Par., xxvur, 8.
On ne saurait disconvenir que ces chiffres sont trés considérables. Cependant
il faut remarquer, relativement à la grande quantité de métaux précieux ras-
semblée par David et donnée par ses sujets, qu'il est impossible d'en déterminer
la valeur réelle, parce que nous ignorons quel était alors le vrai poids du sicle;
que si néanmoins on en trouve le nombre excessif, ainsi que celui des autres
passages, on peut admettre qu'il a été altéré, soit par l'inadvertance des copistes,
soit par l'impuissance où ils ont été de lire dans leurs manuscrits les véritables
chiffres.
Des altérations de ce genre existent dans divers livres des Saintes Écritures,
Dieu n'ayant pas voulu faire de miracle pour en préserver le texte sacré.
Ainsi, d’après 1 Rois, xiu, 5, les Philistins mettent en campagne 30,000 chariots
et 6,000 cavaliers. Comme il est contre toute vraisemblance qu'un pays aussi
petit que celui des Philistins pût posséder 30,000 chars de guerre, tandis que
les plus grands empires ne les avaient point; comme, par cavaliers, on en-
tend dans la Bible les soldats combattant sur des chars; comme enfin nous sa-
vons par les usages de l'Égypte, que chaque chariot portait deux hommes, il en
résulte qu'au lieu de 30,000 il faut lire 3,000, ainsi qu'on l'admet généralement
aujourd'hui. De méme, il est dit, I Rois, vt, 19, que Dieu frappa à Bethsamès
« 70 hommes, 50,000 hommes » (telle est la phrase hébraique), pour avoir regardé
indiscrétement l'arche renvoyée par les Philistins. La réunion des deux nombres
juxtaposés, réunion contraire, par la forme, à tous les usages de la langue hé-
braique, indique déjà à elle seule que nous avons là deux lecons, placées l'une
à cóté de l'autre par les copistes, qui ont ignoré quelle était la véritable, et
dans l'incertitude, ont conservé les deux. On reconnait assez communément, à
cette heure, que la variante 50,000 est peu vraisemblable, parce qu'il est contre
toute probabilité que Bethsamés comptât 50,000 habitants, et il aurait fallu
qu'elle en possédát un bien plus grand nombre, pour qu'il en périt autant en
cette circonstance. — De méme que dans les livres des Rois, il est possible que
des chiffres soient altérés dans ceux des Paralipoménes. Il est aussi facile de
s'expliquer le fait dans les seconds que dans les premiers.
Ces erreurs purement matérielles proviennent de la confusion 6₪ 858
lettres hébraiques entre elles. S. Jéróme et les rabbins nous apprennent que les
anciens Hébreux exprimaient les nombres, non pas tout au long, mais par de
simples lettres de l'alphabet, ayant, comme en grec, la valeur de chiffres. Leur
708 INTRODUCTION AUX LIVRES DES PARALIPOMÈNES.
témoignage est confirmé par les monnaies des Machabées, où les nombres sont
en effet écrits en lettres. Si nous n'avons pas de preuve directe que cet usage
était de toute antiquité, nous en avons du moins une preuve indirecte décisive
dans le système de numération des Hellènes. Ils le recurent tout fait des Phéni-
ciens. Il ne concorde pas avec leur propre alphabet, tel qu'on le perfectionna
plus tard, mais avec l'alphabet hébreu, il a donc été de tout temps en usage
chez les habitants de la Palestine. Or, plusieurs des lettres hébraiques étant
très ressemblantes par la forme, les fausses lectures des copistes étaient à peu
prés inévitables.
Les remarques que nous venons de faire n'expliquent pas seulement les
chiffres des Paralipoménes, qui paraissent trop élevés, mais aussi les diver-
gences qu'on observe entre les nombres donnés par ce livre et les autres parties
de la Bible.
LES
PARALIPOMENES ?
= =
I PARALIPOMENES
Mesraïm, Phut, et Chanaan.
9. Mais les fiis de Chus, Saba,
et Hévila, Sabatha, et Regma, et
Sabathacha. Or les fils de Regma
sont Saba et Dadan.
10. Mais Chus engendra Nem-
rod; celui-ci commença à étre
puissant sur la terre.
11. Or Mesraim engendra Lu-
dim, Anamim, Laabim, et Neph-
CHAPITRE PREMIER.
Généalogie d'Adam jusqu'à Noé, et de-
puis Noé jusquà Abraham. Enfauts
d'Abraham. Postérité d'Esaü.
1. Adam, Seth, Enos,
2. Cainan, Malaléel, Jared,
3. Hénoch, Mathusalé, Lamech,
4. Noé, Sem, Cham et Japheth.
5. Les fils de Japheth sont Go-
mer, et Magog, et Madai, et Ja-
van, Thubal, Mosoch, Thiras ;
6. Or les fils de Gomer, Asce-
nez, Riphath et Thogorma ;
1. Mais les fils de Javan, Elisa
et Tharsis, Cethim et Dodanim ;
8. Les fils de Cham, Chus,
tuim,
19. Ainsi que Phétrusim et
Casiuim, desquels sont sortis
Philistiim et Caphtorim.
13. Or Chanaan engendra Si-
don, son premier-né, ainsi que
Heth, et
Cua». I. 1, Gen., 1, 1; 1v, 25; v, 6, 9. — 10. Gen., x, 8.
a Les Paralipomènes contiennent un certain nombre de passages qui paraissent
contradictoires aux endroits paralléles qu'on trouve dans d'autres livres; nous es-
sayerons de concilier les plus frappants, en renvoyant pour tous les autres aux
ouvrages des commentateurs.
1. Adam, Seth, etc., c'est-à-dire Adam engendra Seth, Seth engendra Enos, et ainsi
de suite jusqu'à Noé.
1-4. * Généalogie des patriarches depuis Adam jusqu'à Noé et ses fils, à l'exclusion
des descendants de Cain.
3. Mathusalé est écrit dans la Genèse Mathusala. Les Paralipomères contiennent
des noms propres qui se lisent autrement que dans d’autres livres sacrés. Cette
différence vient probablement, dans les uns, de la prononciation qui a varié, dans
les autres, de la faute des copistes, dans d'autres, enfin, de ce que certains person-
nages et certains lieux portaient différents noms, ou de ce que la signilication de
leur nom pouvait s'exprimer par plusieurs mots.
4. Noé engendra Sem, Cham et Japhet.
9-7. * Descendants de Japhet, fils de Noé.
8-16. * Descendants de Cham, fils de Noé,
“00 I PARALIPOMÈNES.
14. Le Jébuséen, l'Amorrhéen,
le Gergéséen,
15. L'Hévéen,
Sinéen,
16. Ainsi que l'Aradien, le Sa-
maréen et l'Amathéen.
17. Les fils de Sem sont : Elam,
Assur, Arphaxad, Lud, Aram,
Hus, Hul, Géther et Mosoch.
18. Or Arphaxad engendra 58-
lé, qui lui-méme engendra Hé-
ber.
19. Mais à Héber naquirent
deux fils : le nom de l'un fut Pha-
leg, parce qu'en ses jours la
terre fut divisée; et le nom de
son frere, Jectan.
20. Or Jectan engendra Elmo-
dad, Saleph, Asarmoth et Jaré,
91. Ainsi qu'Adoram, Huzal,
Décla,
99. Et aussi Hébal, Abimaél,
Saba, et de plus
23. Ophir, Hévila, et Jobab;
tous ceux-là sont les fils de Jec-
tan :
24. Sem engendra donc Ar-
phaxad, Salé,
95. Héber, Phaleg, Ragaü,
26. Sérug, Nachor, Tharé,
97. Abram : c'est le méme
qu'Abraham.
98. Or les enfants d'Abraham
sont Isaac et Ismahel.
99. Et voici leurs générations.
lAracéen, le
(cg. 1.]
Le premier-né d'Ismahel fut Na-
baioth, ensuite Cédar, Adbéel,
Mabsam,
90. Masma, Duma, Massa, Ha-
dad et Théma,
31. Jétur, Naphis, Cedma; ce
sont là les fils d'Ismahel.
32. Mais les fils que Cétura,
femme du second rang d'Abra-
ham, enfanta, sont Zamran, Jec-
san, Madan, Madian, Jesboc et
Sué ; et les fils de Jecsan, Saba et
Dadan; et les fils de Dadan, As-
surim, Latussim et Laomim.
33. Or les fils de Madian sont
Epha, Epher, Hénoch, Abida,
Eldaa; tous ceux-là sont fils de
Cétura.
34. Mais Abraham engendra
Isaac, dont les fils furent Esaü et
Israël.
98. Les fils d'Esaü, Eliphaz,
Rahuel, Jéhus, Ihélom et Coré;
36. Les fils d'Eliphaz, Théman,
Omar, Séphi, Gathan, Cénez,
Thamna, Amalec.
31. Les fils de Rahuel, Nahath,
Zara, Samma, Méza.
38. Les fils de Séir : Lotan,
Sobal, Sébéon, Ana, Dison, Eser,
Disan.
39. Les fils de Lotan : Hori, Ho-
mam. Or la sceur de Lothan était
Thamna.
40. Les fils de Sobal : Alian,
47. Gen., x, 22; x1, 10. — 27. Gen., x1, 26. — 29. Gen., xxv, 13. — 33. Gen., xxv, 4.
— 34. Gen., xxv, 19. — 33. Gen., xxxvi, 10.
11-21. * Descendants de Sem, fils de Noé.
91. C'est le même, etc. Voy. Genèse, xvn, 5.
28-34. * Descendants d'Abraham.
32. Femme du second rang. Voy. 11 Rois, ur, 1.
35-54. * Descendants d'Esaü; rois et princes d'Idumée.
40. Les fils d'Ana : Dison. Dans les récits généalogiques, ce pluriel s'emploie quel-
quefois pour le singulier; mais comme le mot fils signifie aussi enfant des deux
sexes, il pourrait se prendre ici dans ce dernier sens et comprendre Oolibama, qui
figure comme fille d'Ana dans la Genése, xxxvi, 25.
fei. 11.]
Manahath, Ebal, Séphi et Onam.
Les fils de Cébéon : Aia, et Ana.
Les fils d'Ana : Dison.
41. Les fils de Dison : Ham-
ram, Eséban, Jéthran, et Charan.
49. Les fils d'Eser : Balaan,
Zavan, Jacan. Les fils de Disan :
Hus, et Aran.
43. Voici les rois qui régnerent
dans la terre d'Edom, avant qu'il
y eüt un roi sur les enfants d'Is-
raél : Balé, fils de Béor, et le nom
de sa ville était Dénaba.
44. Mais Balé mourut, et régna
à sa place Jobab, fils de Zaré de
Bosra.
45. Et lorsque Jobab fut mort,
régna à sa place Husam, de la
terre des Thémanites.
40. Husam mourut aussi, et
régna à sa place Adad, fils de Ba-
dad, qui défit les Madianites dans
la terre de Moab : et le nom de
sa ville était Avith.
47. Et lorsqu'Adad lui-même
fut mort, régna à sa place Semla,
de Masréca.
48. Mais Semla aussi mourut,
et régna à sa place Saül, de Ro-
hoboth, qui est située pres du
fleuve.
49. Saül mort aussi, régna à sa
place Balanan, fils d'Achobor.
50. Mais celui-ci aussi mourut,
et régna à sa place Adad, dont le
nom de la ville fut Phaü ; et sa
femme s'appelait Méétabel, fille
I PARALIPOMÉNES.
761
de Matred, fille elle-même de
Mézaab.
51. Or, Adad mort, des chefs,
au lieu des rois, commencèrent
à gouverner en Edom : le chef
Thamna, le chef Alva, le chef
Jétheth,
52. Le chef Oolibama, le chef
Ela, le chef Phinon,
53. Le chef Cénez, le chef
Théman, le chef Mabsar,
54. Le chef Magdiel, le chef
Hiram ; ce sont là les chefs issus
d'Edom.
CHAPITRE II.
Enfants de Jacob. Postérité de Juda
jusqu'à David. Enfants de Caleb.
1. Or les fils d'Israél sont : Ru-
ben, Siméon, Lévi, Juda, Issa-
char et Zabulon,
2. Dan, Joseph, Benjamin,
Nephthali, Gad et Aser.
3. Les fils de Juda : Her, Onan
et Séla; ces trois lui naquirent de
la fille de Sué, Chananéenne.
Mais Her, le premier-né de Juda,
fut méchant devant le Seigneur,
qui le frappa de mort.
4. Or Thamar, belle-fille de
Juda, lui enfanta Phares et Zara.
Tous les fils de Juda furent au
nombre de cinq.
ὃ. Phares eut deux fils : Hes-
ron et Hamul.
6. Et les fils de Zara furent
Cnar. Il. 1. Gen., xxix, 32; xxx, 5; xxxv, 23. — 3. Gen., xxxvri, 3; xLvi, 12. —
4. Infra, 1v, 1; Matt., 1, 3.
4^. * Bosra. Voir Genèse, xxxvi, 33.
48. Pres du fteuve de ce nom (Genése, xxxvi, 31), selon les uns, prés du fleuve
d'Euphrate, selon les autres.
54. D'Edom; le méme qu'Esaü.
1-2. * Fils de Jacob.
3-5. * Descendants de Juda et de Pharès.
6-8. * Descendants de Zara,
“Ὁ
Zamri, Ethan, Eman, ainsi que
Chalchal et Dara ; cinq en tout.
7. Les fils de Charmi : Achar,
qui troubla Israél, et pécha par
le larcin de l'anatheme;
8. Les fils d'Ethan, Azarias ;
9. Mais les fils d'Hesron, qui
lui naquirent : Jéraméel, Ram,
et Calubi.
10. Or Ram engendra Amina-
dab; Aminadab engendra Nahas-
son, prince des fils de Juda.
11. Nahasson aussi engendra
Salma, duquel est né Booz.
19. Or Booz engendra Obed,
qui lui-méme engendra Isai.
13. Mais Isai engendra son
premier-né Eliab; le second,
Abinabad; le troisieme, Simmaa;
14. Le quatrieme, Nathanaél;
le cinquième, Raddaï;
15. Le sixième, Asom; le sep-
tième, David;
16. Dont les sœurs furent Sar-
via et Abigaïl; les fils de Sarvia,
trois : Abisaï, Joab et Asaël.
17. Or Abigail enfanta Amasa,
62 ז PARALIPOMÈNES.
[cn. [.זז
dont le père fut Jéther, l'Ismahé-
lite.
18. Or Caleb, fils d'Hesron, prit
une femme du nom d'Azuba,
dont il engendra Jérioth ; et ses
fils furent Jaser, Sobab et Ardon.
19. Mais lorsque Azuba fut
morte, Caleb prit pour femme
Ephratha, qui lui enfanta Hur.
90. Or Hur engendra Uri; οἱ
Uri engendra Bézéléel.
91. Aprés cela, Hesron s'unit à
la fille de Machir, pére de Galaad;
et il la prit, lorsqu'il avait
soixante ans : elle lui enfanta
Ségub.
22. Mais Ségub aussi engendra
Jair; et il posséda vingt-trois
villes dans la terre de Galaad.
93. Et Gessur et Aram prirent
les villes de Jair, et Canath, et
ses bourgades, soixante villes.
Tous ceux-là étaient les fils de
Machir, père de Galaad.
94. Mais aprés qu'Hesron fut
mort, Caleb s'unit 8 Ephratha ;
Hesron eut encore pour femme
1. Jos., vit, 1. — 9. Ruth, 1v, 19. — 13. I Rois, xvi, 6; vin, 9; xvir, 12,
E — MM M M M a M —— a —— ---- — MÀ αἜ
7, 8. Les fils. Voy. 1, 40.
9-41. * Descendants d'Hesron.
18. Caleb, dont il est question ici aux vers. 19, 24, 42, 46, 48, 49 est le méme que
Calubi, du vers. 9.
91. Père de Galaad. Comme Galaad est à la fois un nom de personne et un nom
de lieu, et que le mot hébreu pére signifie aussi prince, souverain, on peut traduire
par souverain, prince du pays de Galaad, puisque sa postérité y eut sa demeure.
Ce double emploi de noms propres dans ce verset et dans plusieurs autres vient de
ce que les premiers habitants de la terre promise prirent le nom des lieux qu'ils
habitaient, ou de ce qu'ils appelérent ces lieux du nom qu'ils portaient eux-mémes,
ou enfin de ce que leurs descendants donnèrent à leur père le nom de la ville qui
fut possédée par sa postérité.
23. Et ses bourgades, soixante villes; littér. et ses bourgs de soixante villes; ce qui
parait inintelligible. Le grec porte : Et ses villages, soixante villes, etc., et l'hébreu:
Et ses filles, soizante villes. Or les filles d'une ville sont ordinairement les bourgs,
les villages qui en dépendent. Il faut remarquer de plus que village, bourg, se con-
fondent quelquefois dans les récits géographiques avec le mot ville, qui signifie
alors tout simplement un assemblage de maisons plus ou moins considérables.
jompar., iv, 32. — Tous ceux-là, etc. D'autres traduisent : Tous ces pelils bourgs
appartenaient aux enfants de Machir; en supposant que le latin fil est au génitif
singulier, mis par énallage pour le pluriel.
[cn. ti.
Abia, qui lui enfanta Ashur, père
de Thécua.
95. Or il naquit des fils à Jéra-
méel, premier-né d'Hesron
Ram, son premier-né, ensuite
Buna, Aram, Asom et Achia.
96. Et Jéraméel prit encore une
autre femme : Atara, qui fut
mere d'Onam.
27. Mais, de plus, les fils de
Ram, fils ainé de Jéraméel, fu-
rent Moos, Jamin et Achar.
28. Or Onam eut pour fils Sé-
méi et Jada. Les fils de Séméi
sont Nadab et Abisur.
29. Et le nom de la femme d’A-
bisur était Abihail, laquelle lui
enfanta Ahobban et Molid.
30. Or les fils de Nadab furent
Saled et Apphaim. Quant à Saled,
il mourut sans enfants.
31. Mais le fils d'Apphaim fut
1681 ; lequel Jési engendra Sésan.
Or Sésan engendra Oholaï,
39. Et les fils de Jada, frère de
Séméi, furent Jéther et Jonathan.
Mais Jéther aussi mourut sans
enfants.
33. Or Jonathan engendra Pha-
leth et Ziza. Voilà quels ont été
les fils de Jéraméel.
34. Pour Sésan, il n'eut point
de fils, mais des filles, et un es-
clave égyptien nommé Jéraa,
35. Et il lui donna sa fille pour
femme, laquelle lui enfanta
Ethéi.
36. Or Ethéi engendra Nathan,
et Nathan engendra Zabad.
I PARALIPOMÉNES.
763
37. Zabad aussi engendra Oph-
lal, et Ophlal engendra Obed.
38. Obed engendra Jéhu, Jéhu
engendra Azarias.
39. Azarias engendra Helles,
et Hellés engendra Elasa.
40. Elasa engendra Sisamoi;
Sisamoï engendra Sellum.
M. Sellum engendra Icamia,
mais Icamia engendra Elisama.
42. Or les fils de Caleb, frère
de Jéraméel, furent Mésa, son
premier-né ; c'est le père de
Ziph, et les fils de Marésa, père
d 'Hébron ;
43. Et les fils d'Hébron furent
Coré, Taphua, Récem et Samma.
44. Or Samma engendra Ra-
han, pere de Jercaam, et Récem
engendra Sammai.
49. Le fils de Sammai fut
Maon, et Maon fut père de Beth-
sur.
46. Or Epha, femme du second
rang de Caleb, enfanta Haran,
Mosa et Gézez. Et Haran engen-
dra Gézez.
47. Mais les fils de Jahaddai
furent Régom, Joathan, Gésan,
Phalet, Epha et Saaph.
48. Maacha, femme du second
rang de Caleb, enfanta Saber, et
Tharana.
49. Mais Saaph, pere de Mad-
ména, engendra Sué, pere de
Machbéna, et pere de Gabaa. Or
la fille de Caleb fut Achsa.
50. Voici quels furent les fils
de Caleb, fils d'Hur, premier-né
49. Les fils de Marésa, c'est-à-dire ses descendants. Voy. pour Ziph, Marésa et
Hébron, le vers. 91.
42-55. * Descendants de Caleb.
46. Haran engendra un fils, nommé aussi Gézez, comme son oncle.
41. Jahaddai ne se trouvant dans aucune des généalogies précédentes, quelques-
uns le confondent avec Mosa, du vers. 46; d'autres veulent que ce soit son fils.
50, 51. Ce Caleb, fils d'Hur, est différent du précédent, qui eut Hesron pour père,
764
d'Ephratha : Sobal, père de Ca-
riathiarim ;
51. Salma, père de Bethlé-
hem; Hariph, père de Bethga-
der.
52. Or Sobal, père de Cariathia-
rim, eut des fils. Il voyait la
moitié des lieux de repos.
53. Et des familles de Cariathia-
rim sont venus les Jéthréens,
les Aphuthéens, les Sémathéens,
les Maséréens. C'est d'eux que
sont sortis les Saraites et les Es-
thaolites.
54. Les fils de Salma, Beth-
léhem et Nétophathi, les Cou-
ronnes de la maison de Joab, et
la Moitié du lieu de repos de
Sarai.
55. Et les familles des scribes
habitant à Jabes, chantant et
jouant des instruments, et de-
meurant dans des tabernacles.
Ce sont les Cinéens, qui sont
venus de Calor, pere de la mai-
son de Réchab.
1 PARALIPOMENES.
[cu. 11]
CHAPITRE III.
Descendants de David et des rois de
Juda ses successeurs.
1. Or voici les fils qtreut Da-
vid, qui lui naquirent à Hébron :
lainé, Amnon, fils d'Achinoam
de Jezrahel; le second, Daniel,
fils d'Abigail du Carmel;
9. Le troisiéme, Absalom, fils
de Maacha, fille de Tholmai, roi
de Gessur;le quatrième, Adonias,
fils d'Aggith ;
3. Le cinquième, Saphatias,
qu'il eut d'Abital; le sixième, Jé-
thraham, fils d'Egla, sa femme.
4. Il lui naquit donc six 8 à
Hébron, oü il régna sept ans et
un mois. Mais il régna trente-
trois ans à Jérusalem.
5. Or, à Jérusalem, voici les
fils qui lui naquirent : Simmaa,
Sobab, Nathan, Salomon, quatre
qu'il eut de Bethsabée, fille d'Am-
miel;
Cuae. III. 1. 11 Rois, rir, 2. — 5. 11 Rois, v, 14.
et de Caleb, fils de Jéphoné, dont la fille se nommait Axa (Josué, xv, 16). — Caria-
thiarim, Bethléhem, Bethgader, Nélophath, sont des noms de villes. Voy. pour ces
noms et le mot père, le vers. 21.
52. IL voyait, etc., hébraisme, pour ἐξ jouissait de la moitié d'un canton appelé
le repos. D'autres traduisent l'hébreu par : Les fils de Sobal... furent Haroé, Hatsi,
Hammenuhoth, noms propres dont la Vulgate représente la signification.
54. Les fils, c'est-à-dire les descendants. — Bethléhem et Nétophathi, c'est-à-dire
les habitants de ces villes. — Les Couronnes est la traduction pure et simple de
lhébreu Hataroth, que beaucoup d'interprétes prennent pour un nom propre. —
La Moilié, etc., est encore la traduction de l'hébreu, qui porte, comme au vers. 52,
avec une légère différence : Hatsi Hammanahthi. — Sarai. En hébreu, le mot corres-
pondant Tsorhi est probablement le même nom que Tsorhathi, du vers. 53, et que
la Vulgate a rendu par Saraite, c'est-à-dire un nom de peuple formé de Tsorha, ville
située dans les plaines de Juda, mais qui fut habitée par les Danites.
55. Chantant, etc. C'est la signification de trois mots hébreux qui paraissent être
des noms propres. -- * Les noms hébreux traduits par chantant, jouant des instru-
menls el demeurant dans des tabernacles ou des tentes, sont Tirathim, Schirmathim
et Soukhathim. — Jabès, situation inconnue. — Calor ou Chaleur est la traduction
latine du nom propre hébreu Hammath.
1-9. * Fils de David.
3. Sa femme du premier rang. Comp., vers. 9.
(cu. 1v.)
6. De plus Jébaar et Elisama,
7. Eliphaleth, Nogé, Népheg et
Japhia,
8. Comme aussi Elisama, Eliada
et Eliphéleth : en tout, neuf.
9. Ce sont là tous les fils de Da-
vid, outre les fils de ses femmes
du second rang; et ils eurent
une sœur, Thamar.
10. Or le fils de Salomon fut
Roboam, dont le fils Abia engen-
dra Asa; de celui-ci aussi est
né Josaphat,
11. Père de Joram, qui engen-
dra Ochozias, duquel est né Joas;
12. Dont le fils Amasias engen-
dra Azarias. Or le fils d'Azarias,
Joathan,
13. Procréa Achaz, pere d'Ezé-
chias, dont naquit Manassé.
14. Mais Manassé aussi engen-
dra Amon, pere de Josias.
15. Orles fils de Josias furent :
le premier-né, Johanan; le se-
cond, Joakim ; le troisième, Sé-
décias ; le quatrième, Sellum.
16. De Joakim naquit Jécho-
nias, puis Sédécias.
47. Les fils de Jéchonias furent
Asir, Salathiel,
18. Melchiram, Phadaïa, Senné-
ser et Jécémia, Sama et Nadabia.
19. De Phadaia sont nés Zo-
robabel et Séméi. Zorobabel en-
Ι PARALIPOMÉNES. 165
gendra Mosollam, et Hananias et
Salomith leur sœur;
90. Et encore, Hasabas, Ohol,
Barachias, Hasadias et Josabhe-
sed : en tout, cinq.
91. Or le fils d'Hananias fut
Phaltias, pere de Jéséias, dont le
fils fut Raphaia, et le fils de celui-
ci, Arnan, duquel naquit Obdis,
dont le fils fut Séchénias;
99. Le fils de Séchénias, Sé-
méia, dont les fils furent Hattus,
Jégaal, Baria, Naaria et Saphat;
au nombre de six.
23. Les fils de Naarias, Elioénai,
Ezéchias et Ezricam ; trois.
94. Les fils d'Elioénai : Oduia,
Eliasub, Phéléia, Accub, Johanan,
Dalaïa et Anani; sept.
CHAPITRE IV.
Descendants de Juda. Enfants de Siméon.
1. Les fils de Juda : Phares.
Hesron, Charmi, Hur et Sobal.
2. Or Raia, fils de Sobal, engen-
dra Jabath, dont naquirent Ahu-
mai et Laad; ce sont là les fa-
milles de Sarathi.
3. Voici aussi la lignée d'Etam:
Jezrahel, Jéséma et Jédébos. De
plus, le nom de leur sœur fut
Asalelphuni.
4. Or Phanuel fut père de Gé-
16. Matt., 1, 11. — Car. IV. 1. Gen., xxxvii, 3; xLvi, 12; Supra, m, 4; Matt., 1, 3.
10-16. * Rois de la maison de David depuis Roboam jusqu'à la captivité de Ba-
bylone.
47-24. * Descendants du roi Jéchonias,
22. * Sir descendants de Séchénias, et non six fils de Séméias. Cependant le
syriaque et l'arabe portent Hazarias pour sixième fils.
23. Le fils. En hébreu, les fils; ce qui est la vraie leçon
1, 4. Les fils, c’est-ë dire les descendants.
1-25. * Descendants de Juda.
2. De Sarathi, ou piutót des Saraïles. Voy. ו
3. La lignée d'Etam; dans l'hébreu, Je père d'Etam ou des habitants d
ainsi des vers. suiv. Voy. u, 2*
'Etam; et
166
dor, et Eser, père d'Hosa; ce
sont là les fils d'Hur, premier-né
d'Ephratha, et père de Bethlé-
hem.
ὃ. Mais Assur, pere de Thécua,
avait deux femmes : Halaa et
Naara.
6. Or Naara lui enfanta Oozam,
Hépher, Themani et Ahasthari;
ce sont là les fils de 8818 ;
7. Maisles fils de 118188 : Séreth,
15882 et Ethnan.
8. Et Cos engendra Anob et So-
boba, et la famille d'Aharéhel,
fils d'Arum.
9. Mais Jabes fut plus illustre
que ses frères; et sa mère lui
donna le nom de Jabès, disant :
C'est parce que je l'ai enfanté
dans la douleur.
10. Or Jabès invoqua le Dieu
d'Israël, disant : O si, me bénis-
sant, vous me bénissiez, et si
vous étendiez mes limites; si vo-
tre main était avec moi, et si
vous faisiez que je ne sois pas
opprimé par la malice ! Et Dieu
lui accorda ce qu'il demanda.
11. Quant à Caleb, frere de Sua,
il engendra Mahir, qui fut pere
d'Esthon.
12. Or Esthon engendra Beth-
rapha, Phessé, et Téhinna, le
pere de la ville de Naas : ce sont
‘là les hommes de la ville de Ré-
cha.
13. Mais les fils de Génez furent
21. Gen., xxxvi, ὃ.
i PARALIPOMÉNES.
(cu. 1v.]
Othoniel et Saraia. Et les fils
d'Othoniel : Hathath et Maonathi.
14. Maonathi engendra Ophra;
mais Saraia engendra Joab, le
pere de la Vallée des ouvriers ;
car là étaient des ouvriers.
15. Or les fils de Caleb, fils de
Jéphoné, furent Hir, Ela et Na-
ham. De plus, les fils d'Ela : Cé-
nez.
16. Les fils de Jaléléel aussi fu-
rent Ziph, Zipha, Thiria, et As-
raël ;
17. Et les fils d'Ezra : Jéther,
Méred, Epher et Jalon; il engen-
dra encore Marie, Sammai et
Jesba, pere d'Esthamo.
18. Sa femme aussi, Judaia,
enfanta Jared, pere de Gédor,
Héber, pere de Socho, et Icu-
thiel, pere de Zanoé ; or voilà les
fils de Béthie, fille de Pharaon,
que Méred prit pour femme.
19. Et les fils de sa femme
Odaia, sœur de Naham, père de
Céila, furent Garmi, et Esthamo,
qui était de Machathi. :
90. De méme les fils de Simon
furent Amnon et Rinna, fils d'Ha-
nan, et Thilon. Et les fils de Jési :
Zoheth et Benzoheth.
9]. Les fils de Séla, fils de Ju-
da: Her, pere de Lécha, et Laada,
pere de Marésa, et les familles
de la maison de ceux qui tra-
vaillent le fin lin dans la Maison
du serment;
10. Si me bénissant, etc., hébraisme, pour si vous me combliez de bénédiclions.
12. Les hommes de la ville, c'est-à-dire qui ont peuplé la ville.
14. * Pére de la vallée des ouvriers, c'est-à-dire fondateur de la colonie de Gé haras-
chim ou vallée des ouvriers. Cette vallée, mentionnée aussi dans II. Esdras, xt, 32,
parait avoir été située dans le voisinage de Jérusalem, au nord.
15. Les fils. Voy., sur ce pluriel, 1, 40.
90. Fils d'Hanan; c'est-à-dire qu'il eut de sa femme, Hanan.
21. * La Maison du serment est un nom propre : Beth Aschbea, anta
[cu 1v.] 1 PARALIPOM NES. 767
99. Celui qui ἃ fait arrêter le 29. Dans Bala, dans Asom, dans
soleil, et les hommes de Men- | Tholad,
songe, et le Sur, et l'Incendiaire, 30. Dans Bathuel, dans Horma
qui furent princes dans Moab, et | et dans Sicéleg,
qui revinrent à Lahem : or ces 31. Dans Bethmarchaboth, dans
paroles sont anciennes. Hasarsusim, dans Bethbérai et
93. Cesontlàles potiers habi- | dans Saarim : ce furent leurs
tant dans des plantationset dans | villes jusqu'au roi David.
des haies, aupres du roi, pour 32. Leurs villages aussi furent
ses ouvrages, etqui ont demeuré | Etam, Aén, Remmon, Thochen
là. et Asan : cinq villes.
94. Les fils de Siméon furent 33. Et toutes les bourgades aux
Namuel, Jamin, Jarib, Zara, et | environs de ces villes jusqu'à
Saül, Baal furent à eux : voilà leur
95. Dont lefils, Sellum, dont le | habitation, et la distribution de
fils, Mapsam, dont le fils, Masma. | leurs demeures.
26. Les fils de Masma : Hamuel, 34. De plus, Mosobab, Jemlech,
dont le fils, Zachur , dont le fils, | et Josa, fils d'Amasias,
Séméi. 35. Joël, et Jéhu, fils de Josabia,
97. Les fils de Séméi furent au | fils de Saraia, fils d'Asiel,
nombre de seize, et ses filles, au 36. Elioéónai, Jacoba, Isuhaïa,
nombre de cinq; mais ses frères | Asaia, Adiel, Ismiel et Banaia,
n'eurent pas beaucoup d'enfants, 31. Ainsi que Ziza, fils de Sé-
et toute leur parenté ne put éga- | phéi, fils d'Allon, fils d'Idaia, fils
ler le nombre des enfants deJuda. | de Semri, fils de Samaia;
28. Or ils habitèrent dans Ber- 38. Ceux-là sont les princes re-
sabée, dans Molada, dans Hasar- | nommés dans leurs familles ; et
- suha], ils se multiplierent extrémement
24. Gen., xLvI, 10.
29. Celui qui, etc. L'hébreu porte ici des noms propres dont la Vulgate donne lo
signification. — Ces paroles, ou ces choses sont anciennes; c'est-à-dire probablement :
Voilà quel était anciennement l'ordre des familles dans les villes de Juda; voilà
comment ce pays fut partagé aux diverses familles de la postérité de Juda. D'autres
traduisent: Or ce sont des choses anciennes; ce qui est faux grammaticalement; car,
dans l'hébreu, le substantif paroles ou choses étant déterminé par l'article, et l'adjectif
anciennes ne l'étant point, le premier de ces mots représente nécessairement le sujet
de la proposition, et le second l'attribut. — * Voici les noms propres qu'on lit dans
le texte hébreu : « Et Jokim, et les hommes de Cozéba et Joas, et Saraph, qui rè-
gnèrent sur Moab, et Jaschubilahem. »
93. Plantations, haies ou enceintes sont encore la traduction de mots hébreux que
plusieurs interprétes croient étre des noms propres. — * On rend ainsi communé-
ment l'hébreu : « Ce sont les potiers et les habitants de Netaim et de Gédéra. » La
position de Netaim est inconnue. Gédéra est la ville de la plaine de Juda mentionnée
dans Josué, xv, 36 et indiquée plus loin, xit, 44, comme la patrie de Jézabad.
24-43. * Descendants de Siméon.
26. Les fils. Voy., sur ce pluriel, 1, 40.
32. Villes. Voy. i, 21.
38. La maison de leurs alliances; la maison qui provint de leurs alliances par
mariage, les familles qui sortirent d'eux,
-
768
dans la maison de leurs alliances.
39. Et ils partirent pour péné-
trer dans Gador, jusqu'à l'orient
de la vallée, afin de chercher des
páturages pour leurs troupeaux.
40. Et ils trouvèrent des pâtu-
rages abondants et excellents, et
une terre tres spacieuse, paisible
et fertile, dans laquelle s'étaient
établis des descendants de Cham.
41. Ceux-ci donc, que plus haut
nous avons désignés nommé-
ment, vinrent aux jours d'Ézé-
chias, roi de Juda, attaquèrent
leur tabernacles, et les habitants
qui s'y trouverent; et ils les ont
détruits jusqu'au présent jour;
et ils y ont habité en leur place,
parce qu'ils ont trouvé là méme
de très abondants pâturages.
49. Parmi les mêmes fils de
Siméon, cinq cents hommes s'en
allèrent à la montagne de Séir,
ayant pour chefs Phaltias, Naaria,
Raphaia et Osiel, fils de Jési;
43. Et ils défirent les restes qui
avaient pu échapper des Amalé-
cites; et ils ont habité dans ce
pays, en leur place, jusqu'à ce
jour.
CHAPITRE V.
Descendants de Ruben, de Gad et de la
demi-tribu de Manassé.
1. Voici les fils de Ruben,
premier-né d'Israél (car c'est lui
qui était son premier-né; mais
1 PARALIPOMÉNES.
(cu. v.]
lorsqu'il eut violé le lit nuptial
de son pere, son droit d'ainesse
fut donné aux fils de Joseph, fils
d'Israél; et Ruben ne fut plus ré-
puté premier-né.
9. Quant à Juda, qui était le
plus vaillant parmi ses freres,
des princes ont germé de son
tronc; mais le droit d'ainesse fut
attribué à Joseph).
3. Voici donc les fils de Ruben,
premier-né d'Israël : Enoch et
Phallu, Esron et Carmi.
4. Les fils de Joël : Samaia,
dont le fils, Gog, dont le fils, Sé-
méi,
5. Dont le fils, Micha, dont le
fils, Réia, dont le fils, Baal,
6. Dont le fils, Bééra, que
Thelgathphalnasar, roi des Assy-
riens, emmena captif, et qui fut
prince dans la tribu de Ruben.
7. Mais ses frères et toute sa
parenté, quand ils furent dénom-
brés, avaient pour chefs Jéhiel et
Zacharie.
8. Or Bala, fils d'Azaz, fils de
Samma, fils de Joël, habita lui-
méme à Aroér, jusqu'à Nébo et
Béelméon.
9. Il habita aussi contre le cóté
oriental jusqu'à l'entrée du dé-
sert et jusqu'au fleuve d'Eu-
phrate; car ils possédaient un
grand nombre de bestiaux dans
la terre de Galaad.
10. Mais, dans les jours de
Car. V. 1. Gen., xxxv, 22; xuix, 4. — 3. Gen., טעה 9; Exode, vi, 14; Nomb.,
XXVI, 5.
——— וו ה
41. Ils les ont détruits, 660. ; 6111086, pour : Et ils n'ont plus existé jusqu'à ce jour.
1-10. * Descendants de Ruben.
8. * Aroér de Ruben, sur l'Arnon, vis-à-vis d'Ar-Moab.
9. * Plusieurs commentateurs traduisent : Jusqu'à l'entrée du désert qui s'étend de
l'Euphrate aux frontières du pays de Galaad, car rien u’indique que jamais les Ru-
bénites se soient étendus jusqu'à l'Euphrate.
v.] .8ס]
Saül, ils combattirent contre les
Agaréens, les tuerent et habi-
tèrent en leur place dans leurs
tabernacles, dans toute la con-
trée qui regarde Galaad.
11. Quant aux enfants de Gad,
ils habiterent vis-à-vis d'eux
dans la terre de Basan, jusqu'à
Selcha.
19. Joël était à la tête, et Sa-
phan, le second; mais Janai et
Saphat dans Basan.
13. Et leurs frères, selon les
maisons de leur parenté, étaient
Michaél, Mosollam, Sébé, Jorai,
,Jachan, Zié et Héber, sept en
tout.
14. Ceux-ci furent fils d'Abihail,
fils d'Huri, fils de Jara, fils de
Galaad, fils de Michaël, fils de
Jésési, fils de Jeddo, fils de Buz.
15. Leurs freres furent encore
les fils d'Abdiel, fils de Guni, cAa-
cun chef de maison dans ses fa-
milles. .
16. Et ils habiterent en Galaad,
dans Basan, et ses bourgades, et
dans tous les faubourgs de Sa-
ron, jusqu'aux limites.
47. Tous ceux-ci furent dénom-
brés dans les jours de Joathan,
roi de Juda, et dans les jours de
Jéroboam, roi d'Israël.
18. Les enfants de Ruben, de
Gad, et de la demi-tribu de Ma-
nassé, furent des gens de guerre,
portant des boucliers et des
11-11. * Descendants de Gad.
1 PARALIPOMÉNES.
769
glaives, tendant l'arc, et formés
aux combats, au nombre de qua-
rante-quatre mille sept cent
soixante, marchant à la bataille.
19. Ils combattirent contre
les Agaréens; mais les Ituréens,
Naphis et Nodab
20. Leur donnèrent du se-
cours. Et les Agaréens furent li-
vrés.entre leurs mains, ainsi que
tous ceux qui avaient été avec
eux, parce quils invoquèrent
Dieu, lorsqu'ils combattaient; et
il les exauca, parce qu'ils avaient
cru en lui.
21. Et ils prirent tout ce que
possédaient ces peuples : cin-
quante mille chameaux, deux
cent cinquante mille brebis,
deux mille ànes, et cent mille
âmes d'hommes.
22. De plus, beaucoup de bles-
sés succomberent: car c'était la
guerre du Seigneur. Et ils habi-
terent là en leur place jusqu'à la
transmigration.
23. Les enfants de la demi-tribu
de Manassé aussi possédèrent le
pays depuis les confins de Ba-
san jusqu'à Baal, Hermon et Sa-
nir, et la montagne d'Hermon,
parce que leur nombre était
grand.
24. Et voici les princes de la
maison de leur parenté : Epher,
Jési, Eliel, Ezriel, Jérémie, Odoia,
et Jédiel, hommes tres braves,
12. Mais Janaï, etc., étaient les premiers dans la terre de Basan.
18. Tendant l'arc; c'est-à-dire qu'ils étaient archers.
18-22. * Guerre entre les tribus transjordaniques et diverses tribus arabes.
24. Mille âmes d'hommes; hébraisme, pour mille personnes.
22. La guerre du Seigneur; c'est-à-dire trés sanglante, terrible, ou bien dans
laquelle le Seigneur montra une protection particulière.
23-26. * La demi-tribu de Manassé transjordanique.
23. * Baal, Hermon désignent une seule et unique montagne, probablement un pic
de l'Hermon.
.ה
49
770
et puissants, et princesrenommés
dans leurs familles.
95. Cependant ils abandon-
nèrent le Dieu de leurs pères, et
forniquerent, en allant. après
les dieux des peuples de ce pays
que Dieu avait détruits devant
eux.
26. Mais le Dieu d'Israél suscita
lesprit de Phul, roi des Assy-
riens, et l'esprit de Thelgathphal-
nasar, roi d'Assur; et il transféra
Ruben, Gad et la demi-tribu de
Manassé, et les emmena à Lahéla,
à Habor, à Ara, et sur le fleuve
de Gozan, jusqu'à ce jour.
CHAPITRE VI.
Postérité de Lévi. Descendants d'Aaron.
Fonctions des prétres et des Lévites.
Villes qui leur furent assignées pour
demeures.
1. Les fils de Lévi furent Ger-
son, Caath et Mérari;
9. Les fils de Caath, Amram,
Isaar, Hébron et Oziel ;
3. Les fils d'Amram, Aaron,
Moise et Marie; les fils d'Aaron
Nadab et Abiu, Eléazar et Itha-
mar.
4. Eléazar engendra Phinées,
et Phinéès engendra Abisué.
5. Abisué engendra Bocci, et
Bocci engendra Ozi.
6. Ozi engendra Zaraias, et
Zaraias engendra Méraioth.
I PARALIPOMENES.
[cu. vi.]
7. Méraioth engendra Amarias,
et Amarias engendra Achitob.
8. Achitob engendra Sadoc, et
Sadoc engendra Achimaas.
9. Achimaas engendra Azarias,
Azarias engendra Johanan.
10. Johanan engendra Azarias:
ce fut lui qui remplit les fonctions
du sacerdoce dans la maison que
bátit Salomon à Jérusalem.
11. Or Azarias engendra Ama-
rias, et Amarias engendra Achi-
Lob.
12. Achitob engendra Sadoc, et
Sadoc engendra Sellum.
13. Sellum engendra Helcias,
et Helcias engendra Azarias.
14. Azarias engendra Saraias,
et Saraias engendra Josédec.
15. Or Josédec sortit du pays,
quand le Seigneur déporta Juda
et Jérusalem par l'entremise de
Nabuchodonosor.
16. Les fils de Lévi furent donc
Gerson, Caath et Mérari ;
17. Les fils de Gerson, Lobni et
Séméi;
18. Les fils de Caath, Amram,
Isaar, Hébron et Oziel;
19. Les fils de Mérari, Moholi
et Musi. Mais voici la parenté des
enfants de Lévi, selon leurs fa-
milles :
90. Gerson, dont le fils, Lobni,
dont le fils, Jahath, dont le fils,
Zamma,
Cap. VI. 1. Gen., xvi, 11; Infra, xxii, 6, — 10. Exode, ט 16.
26. Et il les emmena, etc.; éllipse, pour : Et ils ont demeuré là jusqu'à ce jour. —
* Sur Phul et Telgathphalnasar ou plutôt Théglathphalasar, ainsi que sur les lieux
de la déportation, voir IV Rois, xv, 19, 29; xvii, 6. — Lahéla est Hala.
1-15. * Descendants d'Aaron jusqu'à la captivité de Babylone.
15. La tribu de Juda, et le peuple de Jérusalem. — Par l'entremise; littér., par la
main. Les Hébreux, comme nous l'avons déjà remarqué, se servaient des mots main,
mains, pour exprimer les idées de moyen, d'instrument, d'entremise, etc.
16-30. * Lévites descendant de Gerson, de Caath et de Mérari.
feu. vil ὁ 1 PARALIPOMÉNES. 771
91. Dont le fils, Joah, dont le | Caath : Héman, le chantre, fils de
fils, Addo, dont le fils, Zara, dont | Johel, fils de Samuel,
le fils, Jethrai ; 34. Fils d'Elcana, fils de Jéro-
99. Les fils de Caath : Amina- | ham, fils d'Eliel, fils de Thohu,
dab, son fils, dont le fils, Coré, 35. Fils de Suph, fils d'Elcana,
dont le fils Asir, fils de Mahath, fils d'Amasa,
93. Dont le fils, Elcana, dont 36. Fils d'Elcana, fils de Joël,
le fils, Abiasaph, dont le fils, | fils d'Azarias, fils de Sophonias,
Asir, 31. Fils de Thahath, fils d'Asir,
94. Dont le fils, Thahath, dont | fils d'Abiasaph, fils de Coré,
le fils, Uriel, dont le fils, Ozias, 38. Fils d'Isaar, fils de Caath,
dont le fils, Saül. ! fils de Lévi, fils d'Israél.
25. Les fils a’Elcana : Amasai, | 39. Et son frère Asaph, qui se
Achimoth, tenait à sa droite; Asaph, fils de
96. Et Elcana ; les fils d'Elcana : | Barachias, fils de Samaa,
Sophai, son fils, dont le fils, Na- 40. Fils de Michaël, fils de Ba-
hath, saias, fils de Melchias,
27. Dont le fils, Eliab, dont le 44. Fils d'Athanai, fils de Zara,
fils, Jéroham, dont le fils, Elcana. | fils d'Adaia,
28. Les fils de Samuel : le pre- 42. Fils d'Ethan, fils de Zamma,
mier-né, Vasseni, et Abia ; | fils de Séméi,
29. Mais les fils de Mérari, Mo- 43. Fils de Jeth, fils de Gerson,
holi, dont le fils, Lobni, dont le | fils de Lévi ;
fils, Séméi, dont le fils, Oza, 44. Mais les fils de Mérari, leurs
30. Dont le fils, Sammaa, dont | freres, qui se tenaient à la gau-
le fils, Haggia, dont le fils, Asaia. | che, étaient : Ethan, fils de Cusi,
31. Voilà ceux que David éta- | fils d'Abdi, fils de Maloch,
blit sur les chantres dela maison | 45. Fils d'Hasabias, fils d'Ama-
du Seigneur, depuis que l'arche ! sias, fils d'Helcias,
eut été placée. | 46. Fils d'Amasai, fils de Boni,
39. Et ils servaient devant le | fils de Somer,
tabernacle de témoignage, chan- | 47. Fils de Moholi, fils de Musi,
tant, jusqu'à ce que Salomon eût ' fils de Mérari, fils de Lévi.
bâti la maison du Seigneur dans | 48. Les Lévites, leurs frères,
Jérusalem; mais ils exerçaient ce | étaient aussi désignés pour tout
ministère suivant leur rang. le service du tabernacle de la
33. Or voici ceux qui servaient | maison du Seigneur.
avec leurs fils d’entre les fils de 49. Mais Aaron et ses fils of-
28. Le premier-né, Vasseni; mais on lit I Rois, vui, 2 : Le nom de son fils premier-né
fut Joél, et le nom du second. Abia. C'est ainsi qu'on traduit la Version grecque; et,
en effet, Vassen? signifie en hébreu e£ 16 second. Les Versions syriaque et arabe ont
remis Joël dans le texte.
31-48. * Aucétres d'Hémanu, d'Asapnh et d'Ethan, chantres du temple.
39. Son frére; c'est-à-dire parent d'Héman (vers. 33), puisqu'il descendait de
Gerson, fils de Lévi, comme Héman, quoique par une branche différente.
49-53. * Grands-prétres issus d'Aaron,
719
fraient ce qui se brüle sur l'autel
de l'holocauste et sur l'autel du
parfum, pour toute l'euvre du
Saint des Saints, et afin qu'ils
priassent pour Israél, selon tout
ce qu'avait ordonné Moise, servi-
teur de Dieu.
50. Or ceux-ci sont les fils
d'Aaron : Eléazar, son fils, dont le
fils, Phinées, dont le fils, Abisué,
51. Dont le fils, Bocci, dont le
fils, Ozi, dont le fils, Zaraias,
52. Dont le fils, Méraioth, dont
le fils, Amarias, dont le fils,
Achitob,
53. Dont le fils, Sadoc, dont le
fils Achimaas.
54. Et voici leurs habitations
dans les bourgs et les environs,
c'est-à-dire les habitations des
enfants d'Aaron,selonles familles
des Caathites; car c'est à eux
qu'elles étaient échues par le
sort.
55. Onleur donna donc Hébron,
dans la terre de Juda, et ses fau-
bourgs tout autour ;
56. Mais les campagnes de la
ville et les villages, on les donna
à Caleb, fils de Jéphoné.
57. Quant aux fils d'Aaron, on
leur donna les villes de refuge,
Hébron, et Lobna et ses fau-
bourgs ;
58. Jéther aussi οἱ Esthémo,
avec leurs faubourgs; et méme
Hélon et Dabir, avec leurs fau-
bourgs,
59. Et encore Asan et Beth-
sémes, et leurs faubourgs ;
56. Jos., xx1, 12. — 66. Jos., xx1, 21.
I PARALIPOMÈNES.
[cH. vi.]
60. Et de la tribu de Benjamin,
Gabée et ses faubourgs, Almath
avec ses faubourgs, comme aussi
Anathoth avec ses faubourgs; en
tout, treize villes, selon leurs fa-
milles.
61. Mais aux enfants de Caath,
qui restaient de sa famille, on
donna en possession, sur la demi-
tribu de Manassé, dix villes ;
62. Et aux enfants de Gersom,
selon leurs familles, sur la tribu
d'Issachar, sur la tribu d'Aser,
surlatribu de Nephthali, et sur la
tribu de Manassé, en Basan, treize
villes.
63. Quant aux enfants de Mé-
rari, on leur donna par le sort,
selon leurs familles, sur la tribu
de Ruben, sur la tribu de Gad,
et sur la tribu de Zabulon, douze
villes.
64. Ainsi les enfants d'Israél
donnèrent aux Lévites ces villes
et leurs faubourgs ;
65. Et ils donnerent par le sort
sur la tribu des enfants de Juda,
et sur la tribu des enfants de Si-
méon, et sur la tribu des enfants
de Benjamin, ces mémes villes
qu'ils appelèrent de leurs noms,
66. Et pour ceux qui étaient
dela famille des enfants de Caath,
il y eut des villes dans leur terri-
toire de la tribu d'Ephraim.
67. Ils leur donnèrent donc
des villes de refuge, Sichem avec
ses faubourgs, dans la montagne
d'Ephraim, et Gazer avec ses fau-
bourgs;
94-84. * Villes sacerdotales et lévitiques.
64. Ces villes; celles dont l'écrivain sacré vient de parler. L'article déterminatif
qui est dans le texte hébreu ne permet aucun autre sens.
61. Sichem est la seule ville de refuge, parmi les suivantes.
[cn. vir.]
68. Jecraaam aussi avec ses
faubourgs, et Béthoron égale-
ment;
69. En outre, Hélon avec ses
faubourgs, et Gethremmon de la
méme maniere.
70. Mais sur la demi-tribu de
Manassé, Aner et ses faubourgs,
etBaalam et ses faubourgs, furent
donnés, savoir, à ceux qui res-
taient de la famille de Caath.
71. Et aux enfants de Gersom,
sur la famille de la demi-tribu de
Manassé, ce fut Gaulon en Basan
et ses faubourgs, et Astharoth
avec ses faubourgs ;
79. Sur la tribu d'Issachar,
Gédes et ses faubourgs, et Da-
béreth avec ses faubourgs ;
πὸ. Ramoth aussi et ses fau-
bourgs, et Anem avec ses fau-
bourgs ;
74. Mais sur la tribu d'Aser,
Masal avec ses faubourgs, et
Abdon également;
19. Hucac aussi et ses fau-
bourgs, et Rohob avec ses fau-
bourgs;
16. Mais sur la tribu de Neph-
thali, Cédès en Galilée et ses
faubourgs, Hamon avec ses fau-
bourgs, et Cariathaim et ses fau-
bourgs.
Ti. De plus, aux enfants de
Mérari, qui restaient encore, fu-
rent donnés, sur la tribu de Za-
bulon, Remmono et ses fau-
bourgs, et Thabor avec ses fau-
bourgs;
18. Au delà du Jourdain, vis-à-
Cap. VII. 1. Gen., טא 13.
I PARALIPOMÉNES.
773
vis de Jéricho, contre l'orient du
Jourdain, ce fut sur la tribu de
Ruben : Bosor, dans le désert,
avec ses faubourgs, et Jassa avec
ses faubourgs ;
19. Cadémoth aussi et ses
faubourgs, et Méphaat avec ses
faubourgs ;
80. De méme que sur la tribu
de Gad, Ramoth en Galaad et ses
faubourgs, et Manaim avec ses
faubourgs;
81. Et de plus, Hésébon avec
ses faubourgs, et Jézer avec ses
faubourgs.
CHAPITRE VII.
Postérité d'Issachar, de Benjamin, de
Nephthali, de Manassé, d'Ephraim et
d'Aser,
1. Or les fils d'Issachar furent :
Thola et Phua, Jasub et Siméron ;
quatre.
2. Lesfils de Thola : Ozi, Raphaia,
Jériel, Jémai, Jebsem et Samuel,
princes dans les maisons de leurs
familles. C'est de la race de Thola
que, dans les jours de David,
furent dénombrés des hommes
trés braves, au nombre de vingt-
deux mille six cents.
3. Les fils d'Ozi : Izrahia, du-
quel naquirent Michaél, Obadia,
Johel et Jésia, tous cinq princes.
4. Et il y avait avec eux, dans
leurs familles et leurs peuples,
préts au combat, des hommes
tres braves, au nombre de trente-
six mille, car ils eurent beaucoup
de femmes et d'enfants.
18. * Bosor. Voir Deutéronome, 1v, 43.
1-5. * Descendants d'Issachar.
3, 10, 12. Les fils. Voy., sur ce pluriel, 1, 40.
4. Leurs peuples; l'hébreu porte : {a maison de leurs pères, la maison paternelle,
774 I PARALIPOMÈNES.
5. Leurs frères aussi, dans toute
Ia parenté d'Issachar, étaient très
vigoureux pour combattre; il y
en eut quatre-vingt-sept mille de :
dénombrés.
6. Les fils de Benjamin furent
Béla, Béchor et Jadihel; trois,
7. Les fils de Béla : Esbon, Ozi,
Oziel, Jérimoth et Urai; cinq
princes de familles, et très vigou-
reux pour combattre : or leur
nombre fut de vingt-deux mille
et trente-quatre ;
8. Les fils de Béchor : Zamira,
Joas, Eliézer, Elioénai, Amri, Jé-
rimoth, Abia, Anathoth et Al-
math : tous ceux-là furent fils de
Béchor.
9. Or on en dénombra, selon
leurs familles, comme princes
dans leur parenté, trés braves
pour les combats, vingt mille et
deux cents.
10. De plus, les fils de Jadihel :
Balan; et les fils de Balan : Jéhus,
Benjamin, Aod, Chanana, Zéthan,
Tharsis et Ahisahar ,
11. Tous ceux-là furent fils de
Jadihel, princes dansleur parenté,
hommes trés braves, au nombre
de dix-sept mille et deux cents,
marchant aux combats.
6. Gen., xLvi, 21. — 13. Gen., xLvi, 24.
(om. vir.)
19. Sépham aussi et Hapham
furent les fils de Hir; et Hasim,
les fils d'Aher;
13. Mais les fils de Nephthali :
Jasiel, Guni, Jéser et. Sellum, fils
de Bala.
14. Or le fils de Manassé fut
Esriel; et sa femme du second
rang, laSyrienne, enfanta Machir,
père de Galaad.
15. Et Machir prit des femmes
pour ses fils Happhim et Saphan;
et il eut une sœur du nom de
Maacha; mais le nom du second
fut Salphaad ; et il naquit à Sal-
phaad des filles.
16. Et Maacha, femme de Ma-
chir, enfanta un fils qu'elle ap-
pela du nom de Phares : or le
nom du frère de Phares fut Sares,
et les fils de Sarès : Ulam et
Récen.
17. Mais le fils d'Ulam fut
Badan; ceux-là sont les fils de
Galaad, fils de Machir, fils de
Manassé.
18. Sa sœur, Reine, enfanta
Homme-beau, et Abiézer et Mo-
hola.
19. Et les fils de Sémida étaient
Ahir, Séchem, Léci et Aniam;
20. Mais les fils d'Ephraim :
6-11. * Descendants de Benjamin.
43. Fils de Bala; dont la mère était Bala. Genèse, xvi, 25.
14-19. * Descendants de Manassé, établis à l'ouest du Jourdam
15. Le mot second, qui se trouve également dans l'hébreu, semble ne pouvoir se
rapporter qu'à Saphan, qui précède; et, par conséquent, Salphaad était un de ses
e
noms.
16. Maacha. La sceur et la femme de Maacha portaient le méme nom.
18. Reine et Homme-beau sont la traduction de deux noms propres qui se lisent
dans le texte hébreu. — * Reine est en hébreu Hammoléketh et Homme-beau est
Ischhod.
20, 21. Nous avons traduit le plus littéralement possible, et autrement que plus
haut (vt, 50-53), parce que beaucoup d'interprétes prétendent que tous les person-
nages ici nommés sont les fils immédiats d'Ephraim.
20-29. * Descendants d'Ephraim.
[cu. vir.!
Suthala, Bared, son fils, Thahath,
son fils, Elada, son fils, Thahath,
son fils, le fils de celui-ci, Za-
bad,
91. Etle fils decelui-ci, Suthala,
et le fils de celui-ci, Ezer, ainsi
qu'Elad; mais les hommes indi-
genes de Geth les tuèrent, parce
qu'ils étaient descendus pour en-
vahir leurs possessions.
99. C'est pourquoi Ephraim,
leur pere, les pleura pendant
un grand nombre de jours; et
ses frères vinrent pour le con-
soler.
93. Et il s'approcha de sa
femme, qui conçut et eut un fils,
et qui l'appela du nom de Béria,
parce qu'il était né au milieu des
maux de sa maison.
24. Mais sa fille fut Sara, qui
bâtit Béthoron la Basse et la
Haute, et Ozensara.
95. Il eut encore pour fils,
Rapha, Réseph, et Thalé, duquel
naquit Thaan,
96. Qui engendra Laadan; et
le fils de celui-ci fut Ammiud, qui
engendra Elizama,
Duquel est né Nun, qui eut .דפ
pour fils Josué.
98. Leur possession et leur
habitation furent Béthel avec ses
filles, Noran, contre l'orient, et
contre le cóté occidental, Gazer
et ses filles, comme aussi Sichem
avec ses filles, jusqu'à Aza avec
ses filles.
30. Gen., xLvi, 17.
I PARALIPOMÈNES.
775
29. Leur possession fut aussi,
près des fils de Manassé, Bethsan
et ses filles, Thanach et ses
filles, Mageddo et ses filles, Dor
et ses filles : c'est en ces lieux
qu'habiterent les fils de Joseph,
fils d'Israël.
30. Les fils d'Aser furent Jemna,
Jésua, Jessui et Baria, et Sara
était leur sœur;
31. Mais les fils de Bari :
Heber et Melchiel : c'est lui qui
est pere de Barsaith.
32. Or Héber engendrà Jeph-
lat, Somer et Hotham, et Suaa,
leur sceur.
33. Les fils de Jéphlat furent
Phosech, Chamaal et Asoth; ce
sont là les fils de Jéphlat.
34. Mais les fils de Somer : Ahi,
Roaga, Haba et Aram.
35. Et les fils d'Hélem, son
frere : Supha, Jemna, Selles et
Amal.
36. Les fils de Supha : δυό,
Harnapher, Sual, Béri et Jamra,
91. Bosor, Hod, Samma, Sa-
lusa, Jéthran et Béra.
38. Les fils de Jéther : Jéphoné,
Phaspha et Ara.
39. Et les fils d'Olla : Arée, Ha-
niel et Résia.
40. Tous ceux-là sont les fils
d'Aser, et les princes des fa-
milles, chefs distingués et les
plus braves des chefs : le nombre
de ceux d'un âge propre à la
guerre était de vingt-six mille.
24. * Bátit, reconstruisit, fortifia. Sur Béthoron, voir Josué, x, 10-11.
98. Ses filles. Voy. 11, 23.
29. Bethsan et les noms suivants sont à laccusatif dans la Vulgate, comme les
compléments de possession et d'habitation du verset précédent, parce qu'en hébreu,
comme quelquefois en latin, les noms d'action gouvernent ce cas.
30-40. * Descendants d'Aser.
776 I PARALIPOMÉNES.
CHAPITRE VIII.
Descendants de Benjamin jusqu'à Saül.
Enfants de Saül.
1. Or Benjamin engendra Balé
son premier-né, Asbel le second,
Ahara le troisième,
9. Nohaa le quatrième, et Ra-
pha le cinquieme.
3. Et les fils de Balé furent Ad-
dar, Géra et Abiud,
4. Abisué aussi, Naaman, et
Ahoé;
5. Mais encore Géra, Séphu-
phan et Huram.
6. Ceux-là sont fils d'Ahod, et
princes des familles habitant à
Gabaa, lesquels furent transférés
à Manahath :
7. C'est-à-dire Naaman, et
Achia, et Géra; lui-méme, Ahod,
les transféra, et il engendra Oza
et Ahiud.
8. Mais Saharaim engendra
dans la contrée de Moab, après
qu'il eut renvoyé Husim et Bara,
ses femmes.
9. Il engendra donc de Hodes,
sa femme, Joab, Sébia, Mosa et
Molchom :
10. Jéhus aussi, et Séchia,
et Marma ; ceux-là sont ses fils et
princes dans leurs familles.
11. Or Méhusim engendra Abi-
tob et Elphaal.
42. Mais les fils d'Elphaal sont
Héber, Misaam, et Samad : celui-
ci bátit Ono, et Lod et ses filles,
[cn. vur.]
13. Baria et Sama turent prin-
ces des familles habitant à Aia-
lon : ce sont eux qui chassèrent
les habitants de Geth.
14. De plus, Ahio, Sésac, Jéri-
moth,
15. Zabadia, Arod, Héder,
16. Michaél, Jespha et Joha,
sont les fils de Baria,
17. Et Zabadia, Mosollam, Hé-
zéci, Aéber,
18. Jésamari, Jezlia et Johab,
les fils d'Elphaal;
19. Jacim, Zéchri, Zabdi,
90. Elioénai, Séléthai, 1
21. Adaia, Baraia et Samarath,
les fils de Séméi ;
22. Jespham, Héber, Eliel,
98. Abdon, Zéchri, Hanan,
94. Hanania, Ælam, Anatho-
thia,
25. Jephdaia et Phanuel, les
fils de Sésac ;
26. Samsari, Sohoria, Otholia,
97. Jersia, Elia et Zéchri, les
fils de Jéroham.
28. Ce sont là les patriarches
et les princes des familles qui
ont habité à Jérusalem.
99. Mais à Gabaod habitèrent
Abigabaaon, dont le nom de la
femme était Maacha ;
30. Son fils, premier-né, Ab-
don, et les autres, Sur, Cis, Baal
et Nadab,
31. Et aussi Gédor, Ahio, Za-
cher et Macelloth ;
39. Et Macelloth engendra Sa-
maa; et ils habiterent vis-à-vis
Cua». VIII. 1. Gen., xrvi, 21; Supra, vir, 6. — 29. Infra, 1x, 35.
1-28. * Descendants de Benjamin.
7. Notre traduction, empruntée d'Allioli, et qui n'exige qu'un léger changement
de ponctuation, est la seule qui présente un sens admissible.
12. Et ses filles. Voy. vu, 28.
29-40. * Généalogie de la famille de Saül.
32, Avec leurs fréres; avec ceux qui étaient de leur branche,
[cH. [.צז
de leurs freres, à Jérusalem,
avec leurs freres.
33. Or Ner engendra Cis, et
Cis engendra Saül. Mais Saül en-
gendra Jonathan, Melchisua, Abi-
nadab et Esbaal.
34. Et le fils de Jonathan fut
Méribbaal, et Méribbaal engendra
Micha.
35. Les fils de Micha furent
Phithon, Mélech, Tharaa et Ahaz,
36. Et Ahaz engendra 10808 , et
Joada engendra Alamath, Az-
moth et Zamri : or Zamri engen-
dra Mosa;
37. Et Mosa engendra Banaa,
dont le fils fut Rapha, de qui
est né Elasa, qui engendra Asel.
38. Or Asel eut six fils de ces
noms: Ezricam, Bocru, Ismaël,
Saria, Obdia et Hanan : tous
ceux-là furent fils d'Asel.
39. Mais lesfils d'Esec, sonfrere:
Ulam, le premier-né, Jéhus, le
second, et Eliphalet, le troisième.
40. Et les fils d'Ulam furent
des hommes trés vigoureux et
lendant l'are avec une grande
force; ayant beaucoup de fils et de
petits-fils, jusqu'à cent cinquante.
Tous ceux-là sont les fils de Benja-
min. |
CHAPITRE IX.
Premiers habitants de Jérusalem après
le retour de la captivité. Noms des
prêtres et des Lévites qui revinrent au
tempie. Généalogie de Saül.
4. Tout Israël fut donc dénom-
33. I Rois, xiv, 51; Infra, 1x, 39.
I PARALIPOMÈNES. 777
bré, et leur nombre total a été
écrit dans le Livre des rois d'Is-
raël et de Juda; et ils furent
transportés à Babylone à cause
de leur péché.
2. Or ceux qui habitèrent les
premiers dans leurs possessions
et dans leurs villes furent [5-
raël, les prêtres, les Lévites et
les Nathinéens.
3. Il demeura à Jérusalem des
enfants de Juda et des enfants
de Benjamin, et méme des en-
fants d'Ephraim et de Manassé :
4. Othéi, fils d'Ammiud, fils
d'Amri, fils d'Omrai, fils de
Bonni, l’un des fils de Phares,
fils de Juda ;
5. Et de Siloni : Asaia, le pre-
mier-né, et ses autres fils;
6. Mais des fils de Zara : Jé-
huel et leurs freres, au nombre
de six cent quatre-vingt-dix ;
7. Et des fils de Benjamin :
Salo, fils de Mosollam, fils d'O-
duia, fils d'Asana;
8. Et Jobania, fils de Jéroham,
et Ela, fils d'Ozi, fils de Mochori ;
et Mosollam, fils de Saphatias,
fils de Rahuel, fils de Jébanias,
9. Et leurs frères, selon leurs
familles, au nombre de neuf cent
cinquante-six. Tous ceux-là fu-
rent princes de familles, dans les
maisons de leurs pères.
10. Mais d'entre les prêtres, il y
eut Jédaia, Joiarib et Jachin ;
11. Azarias aussi, fils d'Helcias,
40. Il y avait une sorte d’arcs qui étaient tellement forts, solides, que souvent les
soldats faisaient assaut de force pour les tendre.
1-34. * Les premiers habitants de Jérusalem.
2. Israël; les Israélites, le peuple. — Nathiaéens; c'est-à-dire donnés, consacrés aux
plus bas services du temple.
10-13. * Premiers prétres établis à Jérusalem.
718 I PARALIPOMÈNES.
fils de Mosollam, fils de Sadoc,
fils de Maraioth, fils d'Achitob,
pontife de la maison de Dieu.
19. De plus, Adaias, fils de Jé-
roham, fils de Phassur, fils de
Melchias ; et Maasai, fils d'Adiel,
fils de Jezra, fils de Mosollam, fils
de Mosollamith. fils dà'Emmer;
13. Ainsi que leurs freres, prin-
ces dansleursfamilles, au nombre
de mille sept cent soixante, d'une
trés grande force pour faire l'ou-
vrage du ministère dans la maison
de Dieu.
14. Et d'entre les Lévites, il y
eut Séméia, fils d'Hassub, fils
d'Ezricam, fils d'Hasébia, l’un des
fils de Mérari ;
15. Bacbachar aussi, charpen-
tier, Galal, et Mathania, fils de
Micha, fils de Zéchri, fils d'Asaph;
16. Et Obdia, fils de Séméias,
fils de Galal, fils d'Idithun; et
Barachia, fils d'Asa, fils d'Elcana,
qui habita dans les villages de
Nétophati.
17.Quantaux portiers, c'étaient
Sellum, Aecub, Telmon et Ahi-
mam; et leur frère Sellum était
leur chef.
18. Jusqu'à ce temps-là, à la
porte du roi, vers l'orient, des
fils de Lévi faisaient la garde
tour à tour.
19. Or Sellum, fils de Coré, fils
d'Abiasaph, fils de Coré, avec ses
freres et la maison de son pere,
c'est-à-dire les Corites préposés
aux ouvrages du ministère,
étaient les gardiens des vesti-
[cH. 1x.]
bules du tabernacle; et leurs fa-
milles gardaient tour à tour l'en-
trée du camp du Seigneur.
20. Or Phinéès, fils d'Eléazar,
était leur chef devant le Seigneur.
91. Et Zacharie, fils de Mosol-
lamia, était portier àla porte du
tabernacle de témoignage.
22. Tous ceux-là, choisis pour
portiers aux différentes portes,
étaient au nombre de deux cent
douze, enregistrés dans leurs
propres villages : David et Sa-
muel, le Voyant, les établirent à
cause de leur fidélité,
23. Tanteux que leurs fils, pour
veiller à leur tour aux portes de
la maison du Seigneur et du ta-
bernacle.
24. Les portiers étaient vers
les quatre vents, c'est-à-dire à
l'orient, à l'occident, à l'aquilon
et au midi.
95. Et leurs frères demeuraient
dans leurs bourgades, et ils ve-
naient en leurs sabbats depuis un
temps jusqu'à un temps.
26. C'est à ces quatre Lévites
que fut confié le nombre entier
des porliers; et ils veillaient sur
les chambres et sur les trésors de
la maison du Seigneur.
27. Ils demeuraient méme au-
tour du temple du Seigneur,
pendant leur garde, afin que,
lorsque le temps était venu, ils
ouvrissent eux-mêmes les portes
le matin.
98. A leur classe apparte-
paient aussi ceux qui étaient
14-34. * Premiers lévites établis à Jérusalem; leurs fonctions.
22. Le voyant; c'est-à-dire le prophéte. Voy. I Rois, ix, 9.
25. En leurs sabbats; aux sabbats qui leur étaient assignés. — Depuis un temps, etc.;
depuis un temps de la semaine jusqu'à l'autre temps; c'est-à-dire depuis le commen-
cement de la semaine jusqu'à la fin.
x.] .א6]
chargés des vases servant au
culte; car c'était en certain
nombre qu'étaient apportés les
vases et qu'ils étaient remportés.
29. Parmi eux encore se trou-
vaient ceux qui, ayant la garde
des ustensiles du sanctuaire, pre-
naient soin de la fleur de farine,
du vin, de l'huile, de l'encens et
des aromates.
30. Mais les fils des prétres
composaient les parfums àoindre
avec les aromates.
91. Et Mathathias le Lévite, le
premier-né de Sellum, le Corite,
était préposé pour ce qu'on fai-
sait frire dans la poéle.
32. Or c'est parmi les enfants
de Caath, leurs freres, que se
trouvaient ceux qui étaient char-
gés des pains de proposition, afin
d'en préparer toujours de nou-
veaux à chaque sabbat.
33. Ce sont là les chefs des
chantres parmi les familles des
Lévites, qui demeuraient dans
les chambres dw temple, afin que,
jour et nuit, sans interruption,
ils remplissent leur ministere.
34. Les chefs des Lévites,
princes dans leurs familles, de-
meurerent à Jérusalem.
35. Mais c'est à Gabaon que
s'établirent Jéhiel, dont le nom
de la femme était Maacha ;
36. Son fils premier-né, Abdon,
et les autres, Sur, Cis, Baal, Ner
et Nadab,
37. Gédor, Ahio, Zacharie et
Macelloth.
I PARALIPOM NES.
779
38. Or Macelloth engendra Sa-
maan ; ceux-là habitèrent vis-à-
vis de leurs freres, à Jérusalem,
avec leurs freres.
39. Mais Ner engendra Cis, et
Cis engendra Saül, et Saül en-
gendra Jonathan, et Melchisua, et
Abinadab, et Esbaal.
40. Et le fils de Jonathan fut
Méribbaal; et Méribbaal engendra
Micha.
44. Or les fils de Micha furent
Phithon, Mélech, Tharaa et Ahaz.
49. Et Ahaz engendra Jara, et
Jara engendra Alamath, Azmoth
et Zamri ; mais Zamri engendra
Mosa.
> 43. Pour Mosa, il engendra
Banaa, dont le fils Raphaia en-
gendra Elasa, de qui est né Asel.
44. Or Asel eut six fils de ces
noms : Ezricam, Bocru, Ismaël,
Saria, Obdia, Hanan ; 66 sont là
les fils d'Asel.
CHAPITRE X.
Mort de Saül et de ses enfants.
1. OrlesPhilistins combattaient
contre Israël, et les hommes d'Is-
raél s'enfuirent devant les Pales-
tiniens ; et ils tomberent blessés
sur la montagne de Gelboé.
2. Et lorsque les Philistins se
furent approchés, poursuivant
Saül et ses fils, ils tuèrent Jona-
than, Abinadab et Melchisua, fils
de Saül.
3. Et lecombat s'aggrava contre
Saül; et les archers l'atteigni-
CHAP. 1x. 35. Supra, vir, 29. — 39. Supra, vin, 33. — (ΠΑΡ. X. I Rois, xxxi, 1.
35-44. * Généalogie de la famille de Saül.
38. Avec leurs fréres; avec ceux qui étaient de leurs branches,
1. Palestiniens. C'est, dans le texte hébreu, le méme mot que Philistins.
780
rent, et le blesserent de leurs
traits.
4. Alors Saül dit à son écuyer :
Tire ton glaive et tue-moi, de
peur que ces incirconcis ne
viennent et ne se moquent de
moi. Mais son écuyer, saisi de
crainte, ne voulut pas le faire.
Saül prit donc son glaive et se
jeta dessus.
9. Lorsque son écuyer eut vu
cela, c'est-à-dire que Saül était
mort, il se jeta aussi lui-méme
sur son glaive, et mourut.
6. Saül périt donc et ses trois
fils, et toute sa maison tomba à
la fois.
7. Ce qu'ayant vu les hommes
d'Israél qui habitaient dans les
plaines, ils s’enfuirent ; et Saül
et ses fils étant morts, ils aban-
donnerent leurs villes, et se dis-
persèrent çà et là, et les Phi-
listins vinrent et y habitèrent.
8. Le second jour, les Philis-
tins, enlevant les dépouilles de
ceux qu'on avait taillés en pièces,
trouverent Saül et ses fils gisant
sur la montagne de Gelboé.
9. Et, lorsquils leurent dé-
pouillé, qu'ils lui eurent coupé
la tête et pris ses armes, ils l'en-
voyerent dans leur pays, pour
qu'il fût porté de côté et d'autre,
et quil füt montré dans les
temples des idoles et aux peuples.
10. Mais ses armes, ils les con-
sacrerent dans le temple de leur
I PARALIPOMÈNES.
Ten. xr.]
dieu, et ils attacherent sa téte
dans le temple de Dagon.
11. Lorsque les hommes de
Jabès-Galaad eurent appris cela,
savoir, tout ce que les Philistins
avaient fait à Saül,
12. Tous ceux d'entre eux qui
étaient forts se levèrent, prirent
les cadavres de Saül et de ses
fils, et les apporterent à Jabès;
et ils ensevelirent leurs os sous
le chêne qui était à Jabès, et ils
jeünérent durant sept jours.
13. Saül mourut done à cause
de ses iniquités, parce qu'il avait
violé le commandement que le
Seigneur lui avait prescrit, et
qu'il ne l'avait point gardé, mais
que, de plus, il avait consulté la
pythonisse.
14. Et il n'avait point espéré
dans le Seigneur : c’est pourquoi
Dieu le tua, et transféra son
royaume à David, fils d'Isai.
CHAPITRE XI.
David sacré roi d'Israël. Siège de Jéru-
salem. Joab géneral des armées de
David. Noms des plus vaillants hommes
qui étaient avec David.
1. Tout Israel s'assembla donc
pres de David à Hébron, disant :
Nous sommes votre os et votre
chair.
2. Hier méme et avant-hier,
lorsque Saül régnait encore,
vous étiez celui qui menait Israél
au combat et le ramenait; car
13. Exode, מנטא 14; I Rois, xv, 3; I Rois, xxvirt, 8. — Cua». XI. 1. II Rois, v, 1.
10. * Dans le temple de leur dieu, oà l'on adorait aussi la déesse Astarté. Voir
I Rois, xxxi, 10. — Sur Dagon, voir I Rois, v, 2. — Au lieu de ces détails, l'auteur de
I Rois, χχχι, 9-10, en donne d'autres. Les deux récits se complètent mutuellement.
41. * Jabés- Galaad. Voir I Rois, xxxi, 11.
1. * Hébron. Voir Genèse, xiu, 18.
2. Hier et avant-hier; hébraisme, pour 27 y a peu de temps.
[cn. xi.]
cest à vous que le Seigneur
votre Dieu a dit : C'est toi qui
seras le pasteur de mon peuple
Israél, et c'est toi qui seras son
prince.
3. Tous les anciens d'Israël
vinrent donc vers le roi à Hé-
bron; et David fit avec eux al-
liance devant le Seigneur; et ils
loignirent roi sur Israél, selon
la parole que le Seigneur avait
dite par l'entremise de Samuel.
4. Et David alla, et tout Israël.
à Jérusalem, c'est-à-dire Jébus,
où se trouvaient les Jébuséens,
habitants du pays.
5. Et ceux qui habitaient dans
Jébus dirent à David : Vous n'en-
trerez pas ici. Mais David prit la
citadelle de Sion, qui est la cité
de David,
6. Et il dit : Quiconque frap-
pera le premier un Jébuséen sera
prince et chef de l'armée. Joab,
fils de Sarvia, monta donc le pre-
mier, et il fut fait prince.
1. Or David habita dans la cita-
delle, et c'est pourquoi elle fut
appelée la cité de David.
8. Et il bátit la ville autour,
depuis Mello jusqu'à l'enceinte ;
et Joab répara le reste de la
ville.
9. Et David avancait, allant et
croissant; et le Seigneur des ar-
mées était avec lui.
I PARALIPOMÉNES. 781
10. Voici les premiers des hom-
mes braves de David qui l'ont
aidé à se faire roi sur tout Israél,
selon la parole que le Seigneur
avait dite à Israel;
11. Et voici le nombre des
hommes vigoureux de David:
Jesbaam, fils d'Hachamoni, le
premier entre les trente; c'est lui
qui leva sa lance sur trois cents
ennemis qu'il blessa en une seule
fois.
19. Et apres lui, Eléazar l'A-
hohite, fils de son oncle, était
entre les trois puissants.
13. C'est lui qui se trouva avec
David à Phesdomim, quand les
Philistins s'assemblerent en ce
lieu pour le combat: or la cam-
pagne de cette contrée était
pleine d'orge, et le peuple s'était
enfui devant les Philistins.
14. Mais eux s'arréteérent au
milieu du champ, et le défen-
dirent; et, lorsqu'ils eurent
frappé les Philistins, Dieu donna
une grande victoire à son peuple.
15. Ainsi trois d'entre les trente
princes vinrent au rocher sur le-
quel était David, à la caverne
d'Odollam, quand les Philistins
eurent campé dans la vallée de
Raphaim.
16. Or David était dans la for-
teresse, et une garnison de Phi-
listins à Bethléhem.
10. II Rois, xxr, 8. — 16. II Rois, xxii, 14.
3. Par l'entremise; littér., par la main. Voy. vi, 15.
4. * Jérusalem. Sur cette ville, voir la note 15 à la fin du t. t, p. 769.
8. * Mello. Voir II Rois, v, 9.
13. * Phesdomim, dans la vallée du Térébinthe. Voir 1 Rois, xvit, 4.
14. Victoire; littér., salut, délivrance, mot qui, en hébreu, se prend pour une
vicloire remportée par un secours extraordinaire de Dieu.
45. * Odollam. Voir 1 Rois, xxu, 1. — Raphaïm. Voir 11 Rois, v, 48.
16. La forteresse; la caverne mentionnée au verset précédent. — * Bethlehem. Voir
]a note sur Ruth, 1, 4.
782 I PARALIPOMÉNES.
17. David donc forma un sou-
hait et dit: O si quelquun me
donnait de l'eau de la citerne de
Béthléhem, qui est àla porte!
18. Ainsi ces trois hommes
passerent par le milieu du camp
des Philistins, puiserent de l'eau
à la citerne de Bethléhem, la-
quelle était àla porte, et l'appor-
tèrent à David, afin qu'il bût;
mais il ne voulut pas, et il l'of-
frit volontiers au Seigneur,
19. Disant : Loin de moi que je
fasse cela en la présence de
Dieu, et que je boive le sang de
ces hommes! parce que c'est au
péril de leurs àmes qu'ils ont ap-
porté cette eau. Et, pour ce mo-
tif, il ne voulut point boire.
Voilà ce que firent ces trois
hommes très vigoureux.
90. Abisaï aussi, frere de Joab,
était lui-méme le premier des
trois : c’est lui qui leva sa lance
contre trois cents ennemis quil
blessa, et lui qui était le plus
renommé entre les trois,
91. Illustre entre ces trois se-
«onds, et chef : cependant il n'at-
teignait pas les trois premiers.
29. Banaias de Cabséel, fils de
Joiada, était un homme très vi-
goureux, qui avait fait beaucoup
d'exploits : c'est lui qui tua les
deux Ariel de Moab: et lui qui
descendit et tua le lion au milieu
dela citerne au temps de la neige.
93. C'est lui aussi qui tua l'E-
(cu. x.]
gyptien dont la stature était de
cinq coudées, et qui avait une
lance comme une ensouple de
tisserands; il descendit donc vers
lui avec sa verge, et il lui arracha
la lance qu'il tenait en sa main,
et il le tua de sa lance.
24. Voilà ce que fit Banaïas, fiis
de Joiada, qui était très re-
nommé entre les trois guerriers
vigoureux,
25. Et le premier entre les
trente : cependant il n'atteignait
pas les trois premiers. Or David
le mit près de son oreille.
26. Mais les hommes les plus
vaillants dans larmée étaient
Asaél, frere de Joab, et Elcha-
nan, fils de son oncle paternel
de Bethléhem, .
97. Sammoth, l'Arorite, et Hel-
les, le Phalonite,
98. Ira, 16 Thécuite, fils d'Accès;
Abiézer d'Anathoth,
99. Sobbochai, l'Husathite, Ilai,
l'Ahohite,
30. Maharai, le Nétophathite,
Héled, fils de Baana, le Nétopha-
thite,
31. Ethai, fils de Ribai, de Ga-
baath, des fils de Benjamin;
Banaia, le Pharatonite,
32. Huraï, du torrent de Gaas,
Abiel, l'Arbathite, Azmoth, le
Bauramite, Éliaba, le Salabonite.
33. Les fils d'Assem, le Gézo-
nite, étaient Jonathan, fils de
Sagé, l'Ararite,
וו
17. * De la citerne de Bethléhem. > I1 est probable que cette citerne est celle qui
devait se trouver à la porte orientale de la ville et qui est aujourd'hui entre la ville
et l'église de la Nativité, au lieu où la colline penche vers le sud. L'eau en est trés
bonne. » (MisLin.)
20. Des trois, qui formaient une autre classe de braves dans l’armée de David.
22. Ariel, en hébreu, veut dire lon de Dieu; la Vulgate l’a rendu par lions, 11 Rois,
xxii, 20, qui, selon les uns, désigne de vrais lions, et selon les autres, des guerriers,
25. Le mil, etc.; l'admit dans son conseil secret,
CH. XII.]
34. Ahiam, fils de Sachar, l'Ara-
rite,
35. Eliphal, fils d'Ur;
36. Hépher, le Méchérathite,
Ahia, le Phélonite,
87. Hesro, du Carmel, Naarai,
fils d'Asbai,
38. Joël, frère de Nathan, Miba-
har, fils d'Agarai;
39. Sélec, l'Ammonite, Naarai,
le Bérothite, écuyer de Joab, fils
de Sarvia ;
40. Ira, le Jéthréen, Gareb, le
Jéthréen,
41. Urie, l'Héthéen, Zabad, fils
d Oholi,
49. Adina, fils de Siza, le Rubé-
nite, prince des Rubénites, et
trente avec lui ;
48. Hanam, fils de Maacha, et
Josaphat, le Mathanite,
44. Ozia, l'Astharothite, Samma
et Jéhiel, les fils d'Hotham, l'Aro-
rite,
45. Jédihel, fils de Samri, et
Joha, son frere, le Thosaite ;
46. Éliel, le Mahumite, et Jéri-
bai, et Josaia, le fils d'Elnaém, et
Jethma, le Moabite, Eliel, et Obed,
et Jasiel de Masobia.
CHAPITRE XII.
Dénombrement de ceux qui se joignirent
à David pendant la persécution de Saül,
et de ceux qui vinrent lui déférer la
royauté à Hébron, aprés la mort de ce
prince.
1. Ceux-ci aussi vinrent vers
David à Sicéleg, lorsqu'il fuyait
I PARALIPOMÉNES.
783
encore Saül, fils de Cis; c'étaient
des hommes tres forts et d'excel-
lents combattants,
2. Tendant larc, et des deux
mains jetant les pierres de la
fronde et dirigeant les flèches :
ils étaient freres de Saul, de la
tribu de Benjamin.
3. Le premier était Ahiézer,
ensuite Joas, les fils de Samaa, le
Gabaathite, puis Jaziel, et Phallet,
lesfils d'Azmoth, Barachaet Jéhu,
l'Anathothite ;
4. De plus Samaias, le Gabao-
nite, le plus vaillant parmi les
trente, et qui les commandait ;
Jérémie, Jéhéziel, Johanan, et
Jézabad, le Gadérothite ;
5. Eluzai, Jérimuth, Baalia, Sa-
maria et Saphatia, l'Haruphite;
6. Elcana, Jésia, Azaréel, Joé-
zer, et Jesbaam de Caréhim ;
7. De plus 10618 et Zabadia, les
fils de Jéroham, de Gédor.
8. Mais d'entre les Gaddites
aussi passèrent à David, lorsqu'il
était caché dans le désert, des
hommestres vigoureux, et excel-
lentscombattants, tenant un bou-
clier et unelance; leur face était
comme 18 face d'un lion, et ils
étaient agiles comme des che-
vreuils sur les montagnes.
9. Ezer était le premier, Ob-
dias,le second, Eliab, letroisieme,
10. Masmana, le quatrième, Jé-
rémie, le cinquieme,
11. Ethi, le sixieme, Eliel, le
septième,
44. * L'Arorite, d'Aroér de Juda. Voir I Rois, xxx, 28.
1. * Sicéleg, au sud de la tribu de Juda.
2. Tendant l'arc; c'est-à-dire qu'ils étaient archers. — Fréres de Saül; c'est-à-dire
)Jarents.
4. * Le Gabaonite. Voir note sur III Rois, nr, 4.
1aut, 1v, 23.
— Le Gadérothite, voir plus
“84
- 12. Johanan, le huitième, Elzé-
bad, le neuvieme,
13. Jérémie, le dixième, Mach-
banai, le onzième.
14. Ceux-là,fils de Gad, étaient
princes de l'armée: le moindre
commandait cent soldats; et le
plus grand, mille.
15. Ce sont eux qui passerent
le Jourdain au premier mois,
quand il aaccoutumé de déborder
sur ses rives, et qui mirent en
fuite tous ceux qui demeuraient
dans les vallées, vers le côté
oriental et occidental.
16. Il y en eut aussi qui vinrent
méme de Benjamin et de Juda
dans la forteresse, dans laquelle
se trouvait David.
17. Et David sortit au-devant
d'eux, et dit : Si c’est pacifique-
ment que vous étes venus vers
moi, afin de me secourir, que
mon cœur s'unisse à vous; mais
si vous me tendez un piége dans
l'intérêt de mes ennemis, quoi-
que je n'aie point d'iniquité en
mes mains, que le Dieu de nos
peres voie et juge.
18. Alors un espritremplit Ama-
sai, le premier entre les trente, et
ilrépondit: Nous sommes à vous,
6 David, et avec vous, 0 fils d'Isai.
Paix, paix à vous, et paix à vos
partisans! car votre Dieu vous
aide. David les recut donc et 165
établit chefs des troupes.
19. Ill y en eut aussi de Manassé
qui passerent à David, quand il
Car. XII. 19. I Rois, xxix, 4.
I PARALIPOMÉNES.
[cH. xi.]
venait avec les Philistins contre
Saül pour se battre; mais il ne
combattit pas avec eux, parce
qu'un conseil ayant été tenu, les
princes des Philistins le renvoyè-
rent, disant : Au péril de notre
tête, il retournera vers son mai-
tre, Saül.
20. Quand donc il revint àSicé-
leg, passèrent à lui de Manassé,
Ednas, Jozabad, Jédihel, Michaël,
Ednas, Jozabad, Eliu et Salathi,
chefs de mille soldats en Manassé.
21. Ge sont eux qui donnèrent
du secours à David contre les vo-
leurs; car ils étaient tous des
hommes tres braves; et ils furent
faits princes dans l'armée.
22. Enfin il venait tous les
jours des troupes vers David,
pour le secourir, jusque-là que
leur grand nombre devint comme
une armée de Dieu.
23. Voici aussi le nombre des
princes de l’armée qui vinrent
vers Davidlorsqu'ilétaitàHébron,
pour lui transférer le royaume de
Saül, selon la parole du Seigneur:
24. Les fils de Juda, portant le
bouclier et la lance, six mille
huit cents, prêts au combat.
95. D'entre les fils de Siméon,
tres braves pour combattre, sept
mille cent.
26. D'entre les fils de Lévi,
quatre mille six cents.
27. De plus, Joiada, prince de
la race d'Aaron, et avec lui trois
mille sept cents hommes.
14 et suiv. Fils; c'est-à-dire descendants.
15. Le premier mois commençait à la nouvelle lune de mars.
18. Un esprit; une heureuse inspiration. — Remplit; littér. revétit.
21. * Les voleurs, les Amalécites qui attaquèrent et pillérent Sicéleg pendant que
David accompagnait Achis, roi de Geth. Voir I Rois, xxx, 1-10.
22. Armée de Dieu; hébraisme, pour l’armée la plus puissante.
[cn. xui]
98. Sadoc aussi, jeune homme
d'un excellent naturel, et la mai-
son de son pere, vingt- deux
princes.
99. Mais d'entre les fils de Ben-
jamin, freres de Saül, trois mille
hommes; car une grande partie
d'entre eux suivait encore la
maison de Saül.
30. Et d'entre les fils d'E-
phraim, vingt mille huit cents,
d'une tres grande force, hom-
jmes renommés dans leur pa-
renté.
31. Et de la demi-tribu de Ma-
nassé, dix-huit mille vinrent,
chacun selon son nom, pour éta-
blir David roi.
32. Comme aussi 2 vint d'entre
les fils d'Issachar des hommes
instruits, qui connaissaient tous
les temps, afin d'ordonner ce que
devait faire Israél: les princi-
paux étaient au nombre de deux
cents, et tout le reste de leur
iribu suivait leur conseil.
33. Mais ceux de Zabulon qui
sortaient pour le combat, et qui
se tenaient dans la bataille munis
d'armes guerrières, vinrent au
nombre de cinquante mille au
secours de David, sans duplicité
de cœur.
34. Et de Nephthali, mille prin-
ces, et avec eux des hommes ar-
més d'une lance et d'un bouclier,
au nombre de trente-sept mille.
35. De Dan aussi, préparés au
combat, vingt-huit mille six
cents ;
I PARALIPOMÉNES.
785
36. Et d'Aser, sortant pour le
combat, et en bataille provo-
quant /ennemi, quarante mille.
37. Mais au delà du Jourdain,
des fils de Ruben et de Gad, et
de la demi-tribu de Manassé,
munis d'armes guerrieres, cent
vingt mille.
38. Tous ces hommes de guerre,
disposés à combattre, vinrent
avec un cœur parfait à Hébron,
pour établir David roi sur tout
Israël; et de plus tout le reste
d'Israël avait un méme cœur
pour que David fût fait roi.
39. Et ils furent là près de
David durant trois jours, man-
geant et buvant; car leurs frères
avaient éout préparé ;
40. Mais de plus, ceux qui
étaient proche d'eux, jusqu'à
Issachar, àZabulon et à Nephthali,
apportaient des pains sur les
ânes, les chameaux, les mulets
et les bœufs, pour qu'ils s'en
nourrissent; de la farine, des
figues, des raisins secs, du vin,
de l'huile, des bœufs et des bé,
liers en toute abondance; car
c'était une joie en Israël.
CHAPITRE XIII
L'arche est amenée de Cariathiavim.
Oza est frappé de mort. L'arche est
déposée dans la maison d'Obédédom.:
1. Or David tint conseil avec
les tribuns, les centurions et
tous les princes,
9. Et il dit à toute l'assemblée
d'Israël : Si elles vous plaisent,
29. Frères; c'est-à-dire parents. Compar., vers. 2.
31. Chacun selon son nom ; chacun ayant été désigné nominativement.
40. Pains; hébraisme, pour aliments, nourriture en général.
1. * Les lribuns, les centurions, etc. L'hébreu porte : Avec les chefs de mille et de
cent hommes, c'est-à-dire avec tous les chefs.
Ἄς d.
00
786
et si c'est du Seigneur, notre
Dieu, qu'elles viennent, les pa-
roles que je vais dire, envoyons
à nosautresfreres dans toutes les
contrées d'Israél, et aux prétres
et aux Lévites qui habitent dans
les faubourgs des villes, afin
qu'ils s'assemblent près de nous,
3. Et que nous ramenions l'ar-
che de notre Dieu chez nous ; car
nous ne nous en sommes pas OC-
cupés aux jours de Saül.
4. Et toute la multitude ré-
pondit, qu'il en füt ainsi; car ce
discours avait plu à tout le
peuple.
5. David rassembla donc tout
Israél, depuis Sihor d'Egypte
jusqu'à l'entrée d'Emath, afin
que l'on ramenát l'arche de Dieu
de Cariathiarim.
6. Et David monta, et tout
homme d'Israél, vers lacolline de
Cariathiarim, qui est en Juda;
pour en apporter l'arche du Sei-
gneur Dieu, assis sur les chéru-
bins, où son nom a été invoqué.
7. On mit donc l'arche de Dieu
surun char neuf, en la retirant
de la maison d'Abinadab : et Oza
| et son frère conduisaient le char.
| 8. Or David et tout Israël
jouaient devant Dieu de toute
leur force, au milieu des can-
liques, des harpes, des psal-
ilérions, des tambours, des
1 PARALIPOMÈNES.
[ci xiv.
cymbales et des trompettes.
9. Mais, lorsqu'on fut parvenu
à l'aire de Chidon, 028 tendit sa
main pour soutenir l'arche ; car
un bœuf bondissant l'avait fait un
peu pencher.
10. C'est pourquoi le Seigneur
fut irrité contre Oza, et le frappa,
parce qu'il avait touché l'arche :
etil mourutlàdevantle Seigneur.
11. Et David fut contristé de
ce que le Seigneur avait divisé
Oza ; et il appela ce lieu : Divi-
sion d’Oza, comme il a été appelé
jusqu'au présent jour.
12. Et il craignit le Seigneur
en ce moment-là, disant : Com-
ment pourrai-je introduire chez
moi l'arche de Dieu?
13. Et pour ce motif, il ne la
conduisit point chez lui, c'est-
à-dire dans la cité de David : mais
il la fit conduire en la maison
d'Obédédom, le Géthéen.
14. L'arche de Dieu demeura
ainsi dans la maison d'Obédédom
pendant trois mois, et le Seigneur
bénit sa maison et tout ce qu'il
avait.
CHAPITRE XIV.
Message d'Hiram à David. Femmes et
enfants de David. Ses victoires contre
les Philistins.
1. Hiram, roi de Tyr, envoya
aussi des messagers à David, et
(παρ. XIII. 5. II Rois, vr, 2. — CBar. XIV. 1. II Rois v, 11.
5. * Sihor d'Egypte, le ruisseau d'Egypte, l'ouadi el-Arisch. — Cariathiarim, dans
les montagnes, au nord-ouest de Jérusalem, sur la route qui conduit de cette ville
à Jaffa.
8. * Psallérions, espèces de harpe.
9. Un bœuf, etc. Dans 16 passage parallèle, 1] Rois, νι, 6, la Vulgate porte comme
l'hébreu, dans les deux endroits : Les bœufs regimbaient.
11. Dans l'Ecriture, diviser quelqu'un veut dire souvent séparer son corps de son
âme, lui óter la vie.
1, Des magons, ete. ; littér. des ouvriers de murailles el de bois.
cH. xv.)
des bois de cedre, et des macons,
et des charpentiers, pour lui
bátir une maison.
9. Et David reconnut que le
Seigneur l'avait confirmé roi sur
Israél, et quil avait élevé son
royaume sur son peuple Israél.
3. Il prit encore d'autres fem-
mes à Jérusalem, et il engendra
des fils et des filles.
4. Or voici les noms de ceux
qui lui naquirent à Jérusalem:
Samua et Sobad, Nathan et Sa-
lomon,
5. Jébahar, Elisua, et Elipha-
let, |
6. Noga aussi, et Napheg et
Japhia,
7. Elisama, Baaliada et Eli-
phalet.
8. Orles Philistins, apprenant
que David avait été oint comme
roi sur tout Israël, montèrent
tous pour le chercher : ce
qu'ayant appris David, il sortit
au-devant d'eux.
9. Cependant les Philistins, ve-
nant, se répandirent dans la
vallée de Raphaim.
10. Alors David consulta le
Seigneur, disant : Monterai-je
contre les Philistins, et les livre-
rez-vous en ma main 7 Et le Sei-
gneur lui répondit : Monte, et je
les livrerai en ta main.
11. Lors done que ceux-ci eu-
rent monté à Baalpharasim, David
les battitlà, et dit: Le Seigneur
ἃ dispersé mes ennemis par ma
main, comme les eaux se dis-
3. II Rois, v, 13. — 8. II Rois, v, 11.
9. * Raphaim. Voir IL Rois, v, 18.
1. Baalpharasim. Voy. IL Rois, v, 20.
I PARALIPOMÉNES.
787
persent : et c'est pourquoi celieu
fut appelé Baalpharasim.
12. Et les Philistins laisserent
là leurs dieux, et David comman-
da qu'ils fussent brülés.
13. Les Philistins firent encore
une autre fois irruption, et se ré-
pandirent dans la vallée.
14. Et David consulta Dieu de
nouveau; et Dieu lui dit : Ne
monte pas apres eux, mais éloi-
gne-toi d'eux; et tu viendras
contre eux, vis-à-vis des poiriers.
15. Et lorsque tu entendras le
bruit de quelqu'un qui marche au
haut des poiriers, alors tu sorli-
ras pour la bataille; car Dieu
sortira devant toi pour battre le
camp des Philistins.
16. David fit donc comme Dieu
lui avait ordonné; et il battit le
camp des Philistins, depuis Ga-
baon jusqu'à Gazer.
11. Ainsi le nom de David se
répandit dans toutes les contrées,
et le Seigneur inspira la terreur
de ce prince à toutes les nations.
CHAPITRE XV.
Transport de l'aiche de la maison d'Obé-
dédom. Michol se moque de David.
1. Il se construisit aussi des
maisons dans la cité de David, et
il bâtit un lieu pour larche de
Dieu, et il lui dressa un taber-
nacle.
2. Et il dit: Il n'est pas permis
que l'arche de Dieu soit portée
par d'autres que par les Lévites
12. * Leurs dieux, des idoles de bois sculpté. Voir II Rois, v, 21.
16. * Gabaon. Voir note sur III Rois, in, 4. — Gazer. Voir note sur {Π Rois, 1x, 46,
188
que le Seigneur a choisis pour la
porter et pour le servir à jamais.
3. Et il assembla tout Israël à
Jérusalem, afin que larche de
Dieu füt portée en son lieu qu'il
lui avait préparé.
4. Il assembla aussi
d'Aaron et les Lévites.
5. D'entre les fils de Caath, ce
fut Uriel, le prince, et ses freres,
au nombre de cent vingt.
6. D'entre les fils de Mérari,
Asaia, le prince, et ses freres, au
nombre de deux cent vingt.
7. D'entre les fils de Gersom,
Joël, le prince, et ses frères, au
nombre de cent trente.
8. D'entre les fils d'Elisaphan,
Séméias, le prince, et ses frères,
au nombre de deux cents.
9. D'entre les fils d'Hébron,
Eliel, le prince, et ses freres, au
nombre de quatre-vingts.
10. D'entre les fils d'Oziel, Ami-
nadab, le prince, et ses freres, au
nombre de cent douze.
11. David appela done Sadoc et
Abiathar, prétres, et les Lévites
Uriel, Asaia, Joël, Séméias, Eliel
et Aminadab,
12. Et il leur dit: Vous qui étes
les princes des familles de Lévi,
sanctifiez-vous avec vos freres,
et apportez l'arche du Seigneur
Dieu d'Israél au lieu qui lui a été
préparé;
13. De peur que, comme la pre-
miere fois, le Seigneur nous frap-
les fils
1 PARALIPOMÉNES.
[cu. xv.)
pa, parce que vous n'étiez pas
présents, il n'arrive aussi main-
tenant de méme, si nous faisons
quelque chose qui n'est point
permis.
14. Les prêtres se sanctifièrent
donc, et les Lévites, afin de porter
l'arche du Seigneur Dieu d'Israél.
15. Etles fils de Lévi portèrent
l'arche de Dieu, comme l'avait
ordonné Moïse, d’après la parole
du Seigneur, sur leurs épaules,
avec les leviers.
16. Et David dit aux princes des
Lévites d'établir d'entre leurs fre-
res les chantres avec des instru-
ments de musique; savoir, des
nables, des lyres et des cymbales,
afin que retentit bien haut un
bruit de joie.
17. Ils établirent donc les Lé-
vites, Héman, fils de Joël; et,
d'entre ses frères, Asaph, fils de
Barachias; mais, d'entre les fils
de Mérari et d'entre leurs freres,
Ethan, fils de Casaia,
18. Et avec eux leurs frères; et
au second rang, Zacharie, Ben,
Jaziel, Sémiramoth, Jahiel, Ani,
Eliab, Banaias, Maasias, Matha-
thias, Eliphalu, Macénias, Obédé-
dom et Jéhiel, portiers.
19. Or les chantres, Héman,
Asaph et Ethan, jouaient des cym-
bales d'airain.
20. Mais Zacharie, Oziel, Sémi-
ramoth, Jahiel, Ani, Eliab, Maa-
sias et Banaïas, chantaient sur des
CHAP. XV. 13. Supra, xui, 10. — 15. Nomb., 1v, 15.
4. Il assembla, sous-entendu dans la Vulgate, est exprimé dans l'hébreu.
12. Sanclifiez-vous; c'est-à-dire purifiez-vous des impuretés légales que vous pour-
riez avoir contractées.
13. La première fois; au premier transport. Voy. xir, 1 et suiv.
16. * Des nables, en hébreu nébel, instrument à cordes, comme la lyre.
?0. * Les choses mystérieuses. Plusieurs interprètes traduisent l'original : avec des
voix de soprano.
(cn. xvi.)
nables les choses mystérieuses;
91. Et Mathathias, Eliphalu, Ma-
cénias, Obédédom, Jéhiel et Oza-
ziu, chantaient sur des harpes,
pour l'octave, un chant de vic-
toire.
99, Quant à Chonénias, prince
des Lévites, il présidait à la pro-
phétie, pour commencer le pre-
mier la symphonie; car il était
tres habile.
93. Barachias et Elcana étaient
portiers de l'arche.
24. Sébénias, Josaphat, Natha-
naél, Amasai, Zacharie, Banaias
et Eliézer, prétres, sonnaient des
trompettes devant l'arche de
Dieu : Obédédom aussi et Jéhias
étaient portiers de l'arche.
95. Ainsi David et tous les an-
Gens d'Israél, et les tribuns, al-
lerent pour transporter l'arche de
l'alliance du Seigneur, de la mai-
son d'Obédédom ὦ Jérusalem,
avec allégresse.
96. Et, comme Dieu avait aidé
les Lévites qui portaient l'arche
de l'alliance du Seigneur, on im-
mola sept taureaux et sept bé-
liers.
27. Or David était revêtu d'une
robe de fin lin, ainsi que tous les
Lévites qui portaient 18616, et
les chantres, et Chonénias, le
I PARALIPOMÉNES. 789
prince de la prophétie au milieu
des chantres; mais David avait
de plus un éphod de lin.
98. Et tout Israél conduisait
larche d'alliance du Seigneur,
avec des cris de joie, faisant re-
tentir le son d'un clairon, et des
trompettes, ainsi que des cym-
bales, des nables et des harpes.
29. Et, lorsque l'arche de l'al-
liance du Seigneur fut arrivée
jusqu à la cité de David, Michol,
fille de Saül, regardant par la fe-
nétre, vitle roi David dansant et
jouant, et elle le méprisa en son
cœur.
CHAPITRE ,וא
L'arche est mise aans le tabernacle de
Sion. Cantique qui fut chanté dans
cette cérémonie. Lévites établis pour
chanter devant le Seigneur.
1. On apporta donc l'arche de
Dieu, et on la placa au milieu du
tabernacle que David lui avait
dressé; et l'on offrit des holo-
caustes et dessacrifices pacifiques
devant Dieu.
2. Et lorsque David eut achevé
d'offrir les holocaustes et les sa-
crifices pacifiques, il bénit le
peuple au nom du Seigneur.
3. Et il distribua à chacun en
particulier, depuis l'homme jus-
25. II Rois, vr, 12. — (παρ. XVI. 1. II Rois, vi, 1T.
21. Pour l'octave, ou dans, pendant l’octave; selon beaucoup d'interprétes, à huit
cordes; selon quelques-uns, pour la huitième bande des musiciens. L'hébreu est
aussi diversement rendu.
22. A la prophétie; c'est-à-dire, probablement, au chant de la prophétie. Comme
le mot hébreu rendu dans la Vulgate par prophétie signifie aussi élévation, trans-
port, les uns ont traduit par à /élévation de la voix, au chant, à la musique, et les
autres par au transport de l'arche, ou à tout ce qui devait étre transporté.
21. Le prince de la prophétie, גוס qui présidait au chant de la prophétie. Voy.
vers. 22. — * Un éphod. Voir la note sur Exode, xxv, 1.
3. * Bubale, espèce d'antilope. Le mot hébreu traduit par bubale désigne probable-
ment un morceau de viande rótie, du bœuf sans doute.
790 I PARALIPOMÈNES.
qu'à la femme, une miche de
pain, un morceau de viande de
bubale rótie, et de fleur de fa-
rine frite dans l'huile.
4. Et il établit devant l'arche
du Seigneur des Lévites qui de-
vaient le servir, rappeler le sou-
venir de ses œuvres, glorifier et
louer 16 Seigneur Dieu d'Israël :
9. Asaph, le premier, et son
second, Zacharie; ensuite Jahiel,
Sémiramoth, Jéhiel, Mathathias,
Eliab, Banaias et Obédédom;
Jéhiel, pour les instruments de
psaltérions et pour les lyres, et
Asaph, pour jouer des cymbales.
6. Or Banaias et Jaziel, prétres,
devaient sonner continuellement
de la trompette devant l'arche de
l'alliance du Seigneur.
7. En ce jour-là, David fit
Asaph premier chantre, pour
chanter ainsi que ses freres les
louanges du Seigneur.
8. Glorifiez le Seigneur, et in-
voquez son nom : faites con-
naître ses œuvres parmi les
peuples.
9. Chantez-le et jouez du psal-
térion en son honneur; et racon-
lez toutes ses merveilles.
10. Louez son saint nom : qu'il
se réjouisse, le cœur de ceux qui
cherchent le Seigneur.
11. Cherchez le Seigneur et sa
force : cherchez sa face sans
cesse.
12. Souvenez-vous de ses mer-
veilles qu'il a faites, de ses pro-
diges, et des jugements de sa
bouche,
[cu. xvi.]
13. Postérité d'israél, son ser-
viteur, enfants de Jacob, son
élu.
14. 1] est le Seigneur notre
Dieu : ses jugements sont sur
toute la terre.
15. Souvenez-vous à jamais de
son alliance, et de la parole qu'il
ἃ prescrite pour mille généra-
tions,
16. Qu'il a conclue avec Abra-
ham, et de son serment à Isaac; :
17. Et il a fait de ce serment
un précepte pour Jacob, et une
alliance éternelle avec Israél,
18. Disant: Je te donnerai la
terre de Chanaan pour corde de
votre héritage,
19. Lorsqu'ils étaient en petit
nombre, faibles et étrangers
dans cette terre.
20. Et ils passerent de nation
en nation, et d'un royaume à un
autre peuple.
21. 11 ne permit pas que quel-
qu'un les outrageàt; et il punit
méme des rois à cause d'eux.
22. Ne touchez point à mes
oints, et ne maltraitez pas mes
prophètes.
23. Chantez le Seigneur, /00/-
tants de toute la terre : annoncez
de jour en jour son salut.
24. Racontez parmi les nations
sa gloire, et parmi tous les peu-
ples ses merveilles.
25. Parce que le Seigneur est
grand, digne de louanges infi-
nies, et plus terrible que tous les
dieux.
26. Car tous les dieux des
8. Ps. civ, 1; Isaïe, xi, 4. — 22. Ps. civ, 15. — 93. Ps. xcv, 1,
8, Ses œuvres; ainsi porte l'hébreu; Vulgate, ses inventions.
18. Nous avons déjà remarqué qu'en Egypte on se servait de cordes pour mesurer
les longueurs considérables.
[cg. xvi.]
peuples sont des idoles; mais le
Seigneur a fait les cieux.
27. La gloire et la majesté sont
devant lui :la force et la joie,
dans le lieu qu'il habite.
98. Familles des peuples, ap-
portez au Seigneur; apportezau
Seigneur la gloire et la puissance.
29. Donnez au Seigneur la
gloire due à son nom : apportez
un sacrifice, et venez en sa pré-
sence, et adorez le Seigneur
dans une sainte parure.
30. Que toute la terre tremble
devant sa face; car c'est lui qui a
fondé l'univers inébranlable.
31. Que les cieux se réjouis-
sent; que la terre tressaille de
joie, et qu'on dise parmi les na-
tions : Le Seigneur règne.
32. Que la mer mugisse et
toute sa plénitude; que les
champs tressaillent de joie, et
tout ce qui est en eux.
33. Alors les arbres de la forét
chanteront des louanges devant
le Seigneur, parce qu'il est venu
pour juger la terre.
34. Glorifiez le Seigneur, parce
qu'il est bon, parce que sa misé-
ricorde est éternelle ;
35. Et dites Sauvez-nous,
Dieu, notre Sauveur; rassem-
blez-nous, et délivrez-nous des
nations, afin que nous glorifiions
votre saint nom, et que nous
tressaillions de joie au milieu de
vos cantiques.
36. Béni le Seigneur Dieu
d'Israël, de siècle en siecle! et
I PARALIPOMÈNES. 791
que tout le peuple dise : Amen,
et un hymne au Seigneur.
31. C'est pourquoi David laissa
là, devant larche du Seigneur,
Asaph et ses freres, afin qu'ils
servissent continuellement en la
présence de l'arche, tous les
jours, chacun à leur tour.
38. Mais Obédédom et ses
frères étaient au nombre de
soixante-huit; et Obédédom, fils
d'Idithun, et Hosa, ils les établit
portiers.
39. H établit en outre Sadoc
comme prêtre, et ses frères
comme prétres devant le taber-
nacle du Seigneur, sur le lieu
élevé qui était à Gabaon,
40,. Afin d'offrir des holo-
caustes au Seigneur sur l'autel
de l'holocauste, continuellement,
le matin et le soir, selon tout ce
qui est écrit dans la loi que le
Seigneur a prescrite à Israél.
44. Apres Sadoc étaient Hé-
man et Idithun, et les autres,
désignés chacun par son nom,
pour glorifier le Seigneur, di-
sant : Sa miséricorde est éter-
nelle.
42. Héman et Idithun jouaient
aussi de la trompette et tou-
chaient les cymbales, et tous les
instruments de musique, pour
chanter Dieu; mais les fils d'ldi-
thun, David les établit portiers.
43. Ensuite tout le peuple s'en
retourna en sa maison, ainsi que
David, pour bénir aussi sa mai-
son.
29. La gloire due à son nom; dans l'hébreu, ἴα gloire de son nom. — Dans une
sainte parure; hébr., dans une parure de sainteté, seul sens admissible.
39. * A Gabaon. Voir note sur III Rois, ut, 4.
43. Pour bénir aussi, etc. David avait déjà béni le peuple. Voy. II Rois, vi, 48. :
792 I PARALIPOMENES.
CHAPITRE XVII.
David conçoit le dessein de bâtir un
temple au Seigneur. Nathan lui déclare
que cet honneur est réservé à son fils.
Prière de David à cette occasion.
1. Or, lorsque David habitait
en sa maison, il dit au prophete
Nathan : Voilà que, moi, j'ha-
bite dans une maison de cèdre,
et l'arche de l'alliance du Sei-
gneur est sous des peaux.
9. Et Nathan dit à David :
Tout ce qui est en votre cœur,
faites-le; car Dieu est avec vous.
3. Mais, en cette nuit-là, la
parole de Dieu se fit entendre à
Nathan, disant :
4. Va, et dis à David, mon ser-
viteur : Voici ce que dit le Sei-
gneur : Ce n'est pas toi qui me
bâtiras une maison pour l’ha-
biter.
ὃ. Car je n'ai point demeuré
dans une maison depuis le temps
que j'ai retiré Israël de l'Egypte
jusqu'à ce jour-ci; mais j'ai été
toujours changeant les lieux du
tabernacle, et dans une tente,
6. Demeurant avec tout [5-
raél. Ai-je jamais parlé méme
à l'un des juges d'Israël, à qui
j'avais ordonné de conduire mon
peuple, et lui ai-je dit : Pourquoi
ne m'avez-vous point bâti une
maison de cèdre ?
1. Maintenant donc tu parleras
ainsi à mon serviteur David :
Voici ce que dit le Seigneur des
Cnar. XVII. 1. II Rois, vir, 2.
[cn. xvir.]
armées : C'est moi qui t'ai pris,
lorsquau milieu des páturages
tu paissais ton troupeau, pour
que tu fusses le chef de mon
peuple Israël ;
8. Et j'ai été avec toi partout
où tu es allé, et j'ai tué tous tes
ennemis devant toi, et je t'ai fait
un nom, comme celui d'un des
grands qui sont célebres sur la
terre.
9. Et j'ai donné un lieu à mon
peuple Israél : il y sera planté,
et il y habitera, et il ne sera
plus agité; et des fils d'iniquité
nelaccableront pas comme au-
paravant,
10. Depuis les jours que j'ai
donné des juges à mon peuple
Israél, et que j'ai humilié tous
tes ennemis. Je t'annonce donc
que le Seigneur doit te bátir une
maison.
41. Et lorsque tu auras rempli
tes jours pour aller vers tes
peres, je susciterai après toi uw»
prince de ta race, qui sera de tes
propres fils, et j'affermirai son
regne.
12. C'est lui qui me bátira une
maison, et j'affermirai son tróne
à jamais.
13. Moi, je serai son père, et
lui sera mon fils, et je ne reti-
rerai point ma miséricorde de
lui, comme je l'ai retirée de celui
qui a été avant toi.
14. Et je létablirai dans ma
maison et dans mon royaume
1. Sous des peaux. Voy. 11 Rois, vii, 2.
6. * Une maison de cédre. Le bois de cédre devait étre employé pour la construction
du temple.
9. Il y sera planté. Pour l'explication de ces mots et de plusieurs autres qui pour-
raient embarrasser dans les versets suivants, voy. Il Rois, vit, 10 et suiv.
(cu. xvur.]
jusqu'à jamais, et son trône sera
tres ferme à perpétuité.
15. C'est selon toutes ces pa-
roles et selon toute cette vision,
que Nathan parla à David.
16. Et lorsque le roi David fut
venu, et qu'il se fut assis devant
le Seigneur, il dit : Qui suis-je,
moi, Seigneur mon Dieu, et
quelle est ma maison, pour me
faire de telles gráces?
17. Mais cela méme a paru
peu en votre présence; et c'est
pourquoi vous avez parlé à votre
serviteur de sa maison, pour
l'avenir aussi, et vous m'avez
rendu plus considéré que tous
les autres hommes, Seigneur
mon Dieu.
18. Que peut ajouter de plus
David, lorsque vous avez ainsi
glorifié votre serviteur, et que
vous l'avez connu?
19. Seigneur, c'est à cause de
votre serviteur que, selon votre
cœur, vous en avez agi d'une
manière si magnifique, et que
vous avez voulu que toutes
ces grandes œuvres fussent con-
nues.
20. Seigneur, nul n’est sem-
blable à vous, et il n’y a point
d'autre Dieu hors vous, entre
tous ceux dont nous avons oui
parler.
21. Car quel est l'autre peuple
semblable à votre peuple Israël,
nation unique sur la terre, vers
laquelle Dieu est allé pour la
délivrer et s’en faire un peuple,
et pour chasser par sa puissance
et par des terreurs les nations,
XVIII. 1. II Rois, vint, À. .שג
I PARALIPOMÉNES. 793
devant la face de ce peuple qu'il
avait délivré de l'Egypte?
22. Et vous avez établi votre
peuple Israél pour étre votre peu-
ple à jamais; et vous, Seigneur,
vous étes devenu son Dieu.
23. Maintenant donc, Seigneur,
que la parole que vous avez
dite à volre serviteur, et tou-
chant sa maison, soit confirmée
pour toujours, et faites comme
vous avez parlé.
24. Que votre nom demeure et
soit exalté à jamais, et que l'on
dise : Le Seigneur des armées est
le Dieu d'Israél, et la maison de
David son serviteur subsiste tou-
jours devant lui.
25. Car c'est vous, Seigneur
mon Dieu, qui avez ouvert l'o-
reille de votre serviteur, pour
lui apprendre que vous lui bà-
tiriez une maison; et c'est pour
cela que votre serviteur a trouvé
confiance pour prier devant vous.
26. Maintenant donc, Seigneur,
vous étes Dieu; car vous avez
promis à votre serviteur ces si
grands bienfaits.
27. Vous avez commencé à bé-
nir la maison de votre serviteur,
afin qu'elle soit toujours devant
vous; car vous, Seigneur, la bé-
nissant, elle sera bénie à jamais.
CHAPITRE XVIII.
Diverses victoires de David. Thoü, roi
d'Hémath, lui envoie son fils pour le
féliciter. Dénombrement des principaux
offieiers de David.
1. Or il arriva apres cela que
David battit les Philistins et les
M —— —— € —— M — — —— הממור
1. Ses filles; c'est-à-dire ses bourgs, etc. Voy. vn, 28.
794 I PARALIPOMÈNES.
humilia, qu'il enleva Geth et ses
filles de la main des Philistins,
9. Qu'il battit aussi Moab, et
que les Moabites devinrent servi-
teurs de David, lui offrant des
présents.
3. En ce ce temps, David battit
encore Adarézer, roi de Soba,
contrée d'Hémath, lorsqu'il alla
pour étendre son empire jus-
qu'au fleuve d'Euphrate.
4. David lui prit donc mille
quadriges, et sept mille cavaliers,
et vingt mille hommes de pied ;
il coupa les nerfs des jambes à
tous les chevaux des chariots,
excepté cent quadriges qu'il ré-
serva pour lui.
9. Or vint encore le Syrien de
Damas, pour porter secours à
Adarézer, roide Soba ; mais David
lui tua aussi vingt-deux mille
hommes.
6. Et il mit des soldats dans
Damas, pour que la Syrie aussi
lui füt assujettie et offrit des
présents. Et le Seigneur l'assista
daus tous les lieux oü il alla.
7. David prit aussi les carquois
d'or qu'avaient les serviteurs
d'Adarézer, et il les porta à Jéru-
salem;
8. Et, de plus, une grande quan-
tité d'airain de Thébath et de
Chun, villes d'Adarézer, avec quoi
Salomon fit la mer d'airain, et les
colonnes, et les vases d'airain.
(cu. xvrr.]
9. Or, lorsque Thoü, roi d'Hé-
math, eut appris que David avait
battu toute l'armée d'Adarézer,
roi de Soba,
10. Il envoya Adoram, son fils,
au roi David, pour lui demander
la paix, et lui témoigner sa joie
de ce qu'il avait battu et vaincu
entierement Adarézer; car Thoü
était ennemi d'Adarézer.
11. Mais quant à tous les vases
d'or, d'argent οἱ d'airain, David,
le roi, les consacra au Seigneur
avec largent et l'or qu'il avait
pris sur toutes les nations, tant
sur l'Iduméen, Moab et les en-
fants d'Ammon, que sur les Phi-
listins et Amalec.
12. De plus, Abisai, fils de Sar-
via, battit Edom dans la vallée
des Salines; c’est-a-dire dix-huit
mille /dwméens.
13. Et il établit en Edom une
garnison, pour que l'Idumée fût
assujettie à David ; etle Seigneur
conserva David dans tous les
lieux où il alla.
14. David régna donc sur tout
Israél, etil rendait des jugements
et la justice à tout son peuple.
15. Mais Joab, fils de Sarvia,
commandait l'armée ; etJosaphat,
fils d'Ahilud, tenait les registres.
16. Et Sadoc, fils d'Achitob, et
Abimélech, fils d'Abiathar, étaient
prétres, et Susa, scribe.
17. Mais Banaias, fils de Joia-
2. Serviteurs de David; c'est-à-dire assujettis à David.
3. * Soba. Voir IL Rois, vux, 3. — Hémath. Voir II Rois, vii, 9.
4. * Quadriges signifie simplement ici chars de guerre.
8. * Thébath, appelé Beté II Rois, vut, 8. Voir la note 7070. — Chun est nommée ici
au lieu de Béroth qu'on lit II Rois, vir, 8.
M. * Amalec, tribu nomade de la péninsule du Sinai, voisine de l’Idumée
12. * Dans la vallée des Salines. Voir note sur 11 Rois, vni, 13.
17. Auprès du roi; littér. et par hébraisme, à {a main, c'est-à-dire au côté du roi.
— * Des Céréthiens et des Phélétiens. Noir note sur II Rois, vi, 18.
[cu. xix.]
da, commandait les légions des
Céréthiens et des Phélétiens ;
mais les fils de David étaient les
premiers auprès du roi.
CHAPITRE XIX.
Le roi des Ammonites outrage les messa-
gers de David. Défaite des Ammonites
et des Syriens. Seconde défaite des
Syriens.
4. Or il arriva que Naas, roi des
enfants d'Ammon, mourut, et
que son fils régna à sa place.
2. Et David dit : Je ferai miséri-
corde à Hanon, fils de Naas, parce
que son père m'a rendu service.
David envoya donc des messagers
pour le consoler de la mort de
son pere. Lorsque ceux-ci furent
arrivés dans le pays des enfants
d'Ammon, pour consoler Hanon,
3. Les princes des enfants
d'Ammon dirent à Hanon : Vous,
peut-étre, vous pensez que Da-
vid, pour l'honneur de votre pere,
a envoyé ces 7nessagers, afin de
vous consoler; et vous ne remar-
quez pas que c'est pour explorer,
sonder et scruter votre territoire
que sont venus vers vous ses
serviteurs.
4. Ainsi Hanon rasa la téte et
la barbeaux serviteurs de David,
coupa leurs tuniques depuis le
haut des cuisses jusqu'aux pieds,
et les renvoya.
5. Lorsque ceux-ci s'en furent
allés, et qu'ils eurent mandé cela
XIX. 1. II Rois, x, 1. ג
I PARALIPOMÈNES. 795
à David, il envoya à leur ren-
contre (car ils avaient enduré un
grand outrage), et il ordonna
quils demeurassent à Jéricho,
jusqu'à ce que leur barbe eût crû,
et qu'alors ils revinssent.
6. Or les enfants d'Ammon,
voyant que tant Hanon que le
restejdu peuple avaient fait injure:
à David, envoyèrent mille talents
d'argent, pour se procurer, de la
Mésopotamie, de la Syrie de
Maacha, et de Soba, des chariots
et des cavaliers.
1. Ils réunirent donc à eux
trente-deux mille chariots, et le
roi de Maacha avec son peuple.
Lorsqu'ils furent venus vis-à-vis
de Médaba, ils campèrent. Les
enfants d'Ammon, s'étant aussi
assemblés de leurs villes, vinrent
au combat.
8. Ce qu'ayant appris David,
il envoya Joab et toute l'armée
des hommes vaillants ;
9. Et, étant sortis, les enfants
d'Ammon rangerent leur armée
en bataille pres de la porte de la
ville; mais les rois qui étaient
venus à leur secours se tinrent
séparément dans la campagne.
10. Ainsi Joab, s'apercevant
que la guerre se faisait contre
lui, et par devant et par derrière,
choisit des hommes très braves
de tout Israël, et marcha contre
les Syriens.
11. Mais le reste du peuple, il
6. Le talent d'argent valait environ 4,414 fr. 50 c. — * Maacha. Voir l'Introduction
au livre de Josué, p. 393. — Soba. Voir 11 Rois, vin, 3,
1. * Médaba, au sud-est d'Hésébon.
9. * Pres de la porte de la ville de Rabba. Voir plus loin, xx, 4.
11. Il le mit sous la main ; c'est-à-dire sous la conduite. Nous avons déjà remarqué
que le verbe hébreu rendu par donner daus la Vulgate signifie proprement : poser,
mettre.
796
le mit sous la main d'Abisai, son
frère; et ils marcherent contre
les enfants d'Ammon ;
12. Et il dit : Siles Syriens me
vainquent, tu me seras en aide;
mais si les enfants d'Ammon
lemportent sur toi, j'irai à ton
secours.
13. Fortifie-toi et agissons cou-
rageusement pour notre peuple
et pour les villes de notre Dieu,
et le Seigneur fera ce qui est bon
en sa présence.
14. Joab marcha donc, et le
peuple qui 61811) 8706 lui, au com-
bat contre les Syriens, et il les
mit en fuite.
15. Or les enfants d'Ammon,
voyant que les Syriens avaient
fui, s'enfuirent, eux aussi, de-
vant Abisai, son frere, et ils en-
trèrent dans la ville; et Joab
lui-même retourna à Jérusalem.
16. Mais les Syriens, voyant
quiis avaient succombé devant
Israël, envoyèrent des messa-
gers, et firent venir les autres
Syriens qui étaient au delà du
fleuve : or Sophach, prince de la
milice d'Adarézer, était leur chef.
47. Lorsque cela eut été an-
noncé à David, il assembla tout
Israél, passa le Jourdain, fondit
sur eux et rangea en face son
armée en balaille, eux combat-
tant de leur cóté.
18. Gependant les Syriens s'en-
(παρ. XX. 1. II Rois, x, 7; xi, À.
I PARALIPOMÉNES.
(cn. xx.]
fuirent devant Israël, et David
tua des Syriens sept mille kom-
mes qui étaient sur les chariots,
quarante mille de pied, et So-
phach, général de cette armée.
19. Or les serviteurs d'Adaré-
zer, voyant qu'ils étaient vaincus
par Israël, passèrent à David et
lui furent assujettis; et la Syrie
ne voulut plus donner secours
aux enfants d'Ammon
CHAPITRE XX.
Prise de Rabba. Rigueurs exercées contre
les Ammonites. Victoires remportées
sur les Philistins.
1. Or il arriva qu'après le cours
d'une année, au temps que les
rois ont coutume d'aller à la
guerre, Joab assembla l’armée,
l'élite de la milice, et ravagea la
terre des enfants d'Ammon ; puis
il alla et assiégea Rabba ; mais
David demeura à Jérusalem pen-
dant que Joab battit Rabba et la
détruisit.
2. Or David enleva la couronne
delatéte de Melchom, et il y trou-
va un talent d'or pesant et des
pierreries trés précieuses, et il
sen fit un diadéme; il enleva
aussi une grande quantité de dé-
pouilles de la ville ;
3. Mais le peuple, qui y était, il
l'en retira, et fit passer sur eux
les traineaux, les herses et les
chars armés de fers; en sorte
1. * La terre des enfants d'Ammon. Voir la note sur Deutéronome, x, 19. — Rabba
ou Rabbath Ammon, capitale des Ammonites, au nord d'Hésébon.
2. Voy., pour ce verset, II Rois, נא 30. — * Melchom. Le texte original porte:
leur roi, comme II Rois, xu, 30, d’après l'orthographe et la vocalisation des Massorètes,
mais dans les deux passages, on peut lire, comme l'a fait iei S. Jéróme, Melchom,
dieu des Ammonites, et l'on s'explique alors plus facilement qu'une idole put porter
une couronne du poids d'un talent, c'est-à-dire d'une quarantaine de kilogrammes.
David eu tira de quoi faire pour lui un diadème.
CH ΧΧΙ.
qu'ils fussent coupés en deux et
broyés : ainsi fit David à toutes
les villes des enfants d'Ammon,
et il revint avec tout son peuple
à Jérusalem.
4. Apres cela, on entreprit une
guerre à Gazer contre les Philis-
tins, en laquelle Sobochai de Hu-
sathi tua Saphai de la race des
Raphaim, et il les humilia.
5. On fit encore contre les Phi-
listins une autre guerre, en la-
quelle Adéodat, fils de Saltus,
Bethléhémite, tua le frere de Go-
liath, le Géthéen, dont le bois de
la lance était comme une en-
souple de tisserands.
6. Mais, de plus, il arriva une
autre guerre à Geth, en laquelle
était un homme très grand, qui
avait six doigts, c'est-à-dire, en
tout vingt-quatre; qui lui-méme
aussi était sorti de la race de Ra-
pha.
7. Gelui-ci blasphéma Israël ; et
Jonathan, fils de Samaa, frere de
David, le tua. Ce sont là les en-
fants de Rapha, à Geth, lesquels
tombèrent sous la main de David
et de ses serviteurs.
CHAPITRE XXI.
David fait faire le dénombrement de son
peuple; il en est repris par le pro-
phète Gad. Peste que Dieu envoie en
Israël.
1. Or Satan s'éleva contre Is-
rael, et excita David à dénombrer
Israël.
9. Et David dit à Joab et aux
I PARALIPOMÈNES.
797
princes du peuple : Allez, et dé-
nombrez Israël, depuis Bersabée
jusqu'à Dan, et apportez-moi le
nombre, afin que je le sache.
3. Et Joab répondit : Que le Sei-
gneur accroisse son peuple au
centuple de ce qu'il est : est-ce,
mon seigneur roi, que tous ne
sont pas vos serviteurs? Pour-
quoi mon seigneur recherche-t-il
ce qui sera imputé à péché à Is-
rael?
4. Mais la parole du roi préva-
lut, et Joab sortit et parcourut
tout Israél, et il revint à Jérusa-
lem.
9. Et il donna à David le nombre
de tous ceux qu'il avait visités, et
le nombre total d'Israél se trouva
onze cent mille hommes d'Israël,
tous tirant le glaive; mais de Ju-
da, quatre cent soixante-dix mille
guerriers.
6. Car, pour Lévi et Benjamin,
Joab neles dénombra point, parce
que c'était à regret qu'il exécutait
l'ordre du roi.
1. En effet, ce qui avait été com-
mandé déplut à Dieu, et il frappa
Israél.
8. Et David dit à Dieu : J'ai pé-
ché grièvement en faisant cela.
Je vous conjure, effacez l'iniqui-
té de votre serviteur, parce que
j'ai agi en insensé.
9. Alors le Seigneur parla à Gad,
le Voyant de David, disant :
10. Va et parle à David, et dis-
lui : Voici ce que dit le Seigneur :
Je te donne l'option de trois cho-
4. II Rois, xxr, 18. — Cap. XXI. 1. II Rois, xxiv, 1; Infra, xxvii, 24.
4. Les Raphaim étaient des géants.
2. * Depuis Bersabée jusqu'à Dan. Depuis l'extrémité méridionale de la Palestine
jusqu'à l'extrémité septentrionale.
798
ses ; choisis celle que tu voudras,
et je te la ferai.
11. Lors donc que Gad fut venu
vers David, il lui dit : Voici ce
que dit le Seigneur : Choisis ce
que tu voudras :
19. Ou, durant trois ans, une
famine; ou, durant trois mois,
fuir devant les ennemis et ne
pouvoir pas éviter leur glaive; ou
que, pendant trois jours, le glaive
du Seigneur et une peste regnent
dans le pays, et qu'un ange du
Seigneur tue dans tous les con-
fins d'Israél. Maintenant dono,
vois ce que je dois répondre à
celui qui m'a envoyé.
13. Et David dit à Gad : De tou-
tes parts les angoisses me pres-
sent; mais il vaut mieux pour
moi que je tombe dans les mains
du Seigneur (parce que ses misé-
ricordes sont sans nombre), que
dans les mains des hommes.
14. Le Seigneur envoya donc
une peste en Israél, et il mourut
d'Israël soixante-dix mille hom-
mes.
45. ll envoya aussi un ange à
Jérusalem pour la frapper; et,
lorsqu'elle était frappée, le Sei-
gneur le vit, et fut touché de com-
passion àcause de la grandeur du
mal ; 11 commanda donc à l'ange
qui frappait : Il suffit; qu'à l'ias-
tant ta main s'arréte. Or l'ange
du Seigneur se tenait a/ors pres
de l'aire d'Ornan, le Jébuséen.
16. Et David, levant ses yeux,
12. II Rois, xxiv, 13.
PARALIPOMÉNES. ז
(cu. xx1.]
vit l'ange du Seigneur debout
entre le ciel et la terre, et un
glaive nu en sa main, et tourné
contre Jérusalem; alors lui aussi
bien que les anciens, revétus de
cilices, tomberent inclinés vers la
terre.
11. Et David dit à Dieu : N'est-ce
pas moi qui ai commandé de dé-
nombrer le peuple? C'est moi qui
ai péché ; c'est moi qui ai fait le
mal; mais ce troupeau, qu'a-t-il
mérité? Seigneur mon Dieu, je
vous conjure, que votre main se
lourne contre moi et contre la
maison demon père; mais que
votre peuple ne soit pas frappé.
18. Or l'ange du Seigneur or-
donna à Gad de dire à David qu'il
montát et dressät un autel au
Seigneur Dieu dans l'aire d'Or-
nan, le Jébuséen.
19, David monta donc, suivant
la parole que Gad lui avait dite au
nom du Seigneur.
20. Mais lorsqu'Ornan eut levé
les yeux, et qu'il eut vu l'ange du
Seigneur, ainsi que ses quatre
fils, ils se cacherent; car, en ce
moment-là, il battait du blé dans
son aire.
21. Lors donc que David venait
vers Ornan, Ornan l’aperçut, et
s'avanca de l'aire au-devant de
lui, puis se prosterna devant lui,
incliné vers la terre.
22. Et David lui dit : Donne-moi
la place de ton aire, afin que j'y
bâtisse un autel au Seigneur; en
P— ..... סו וו"
12. Un ange du Seigneur; d'autres traduisent /'ange du Seigneur. Le texte hébreu
est ici amphibologique comme la Vulgate; mais, au verset 15, 11 dit expressément
que le Seigneur envoya un ange et non point son ange.
15. * Prés de l'aire d'Ornan, à l'endroit oà fut bàti ensuite le temple de Jérusalem.
Voir IL Rois, xxiv, 16.
[cu. xxu.]
sorte que tu recoives autant d'ar-
gent qu'elle vaut, et que la plaie
soit détournée du peuple.
93. Or Ornan répoudit à David:
Prenez, et que mon seigneur le
roi fasse ce qui lui plait : et je lui
donne aussi les bœufs pour l'ho-
locauste, les herses pour le bois,
et le blé pour le sacrifice; je lui
donne tout cela avec plaisir.
24. Et le roi David lui dit : Pas
du tout, la chose ne se fera point
ainsi, mais je donnerai autant
d'argent qu'elle en vaut; car je
ne dois pas te l'óter, et offrir ainsi
au Seigneur des hoiocaustes qui
ne me coütent rien.
95. David donna donc à Ornan,
pour la place de l'aire, six cents
sicles d'or d'un poids trés juste.
26. Et il bâtit là un autel au
Seigneur, et il offrit des holo-
caustes et des sacrifices pacifi-
ques ; et il invoqua le Seigneur,
qui l’exauça par le moyen du
feu descendu du ciel sur lautel
de l'holocauste.
27. Et le Seigneur ordonna à
l'ange, et il remit son glaive dans
le fourreau.
98. Aussitôt done David, voyant
que le Seigneur lavait exaucé
dans l'aire d'Ornan, le Jébuséen,
immola dans ce lieu des vic-
times.
29. Mais le tabernacle du Sei-
gneur que Moïse avait fait dans
26. 11 Par., u1, 1. — 29. Exode, xxxvi, 2.
I PARALIPOMÈNES.
790
le désert, et l'autel des holo-
caustes, étaient àcette époque au
haut lieu de Gabaon.
30. Et David n'eut pas la force
d'aller jusqu'à lautel pour y
prier Dieu, parce qu'il avait été
frappé d'une trop grande crainte
en voyant le glaive de l'ange du
Seigneur.
CHAPITRE XXII.
David prépare toutes les choses néces-
saires pour bâtir le temple du Sei-
gneur. 11 ordonne à Salomon et aux
princes d'Israél de s'employer à cette
entreprise.
1. Et David dit : C'est la mai-
son de Dieu, et c'est l'autel pour
l'holocauste d'Israël.
2. Etil ordonna qu'on assem-
blàt tous les prosélytes de la
terre d'Israël, et il prit parmi
eux destailleurs de pierre, pour
tailler des pierres et les polir, afir.
que la maison de Dieu fût bâtie.
3. David prépara aussi beau-
coup de fer pour les clous des
portes et pour les gonds et
joints, et un poids d'airain in-
nombrable.
4. On ne pouvait de méme es-
timer les bois de cèdre que les
Sidoniens et les Tyriens avaient
apportés à David.
9. Et David dit : Salomon, mon
fils, est un enfant très jeune et
délicat; et la maison que je veux
25. * Six cents sicles d'or. Le sicle d'or valait environ 43 francs 50. Le texte de
11 Rois, xxiv, 24, porte cinquante sicles d'argent. Dans l'un des deux textes, le
chiffre a été altéré par les transcriptions des copistes.
1. David, ayant vu le feu du ciel consumer l'holocauste (I Paral., xxr, 26), fut per-
suadé que Dieu avait choisi ce lieu pour qu'il y élevât un autel à la gloire de son
nom.
2. Les prosélyles; c'est-à-dire les Chananéens que les Israélites avaient conservés
parmi eux, à la condition qu'ils renonceraient à l'idolàtrie, et qu'ils les serviraient.
800
bátir au Seigneur doit étre telle,
qu'on en parle dans tous les
pays : je lui préparerai donc
toutes les choses nécessaires. Et
c'est pour ce motif qu'avant sa
mort il prépara toutes les dé-
penses.
6. Et il appela Salomon, son fils,
et lui ordonna de bâtir une mai-
son au Seigneur Dieu d'Israël.
1. David dit done à Salomon :
Mon fils, il a été dans ma volonté
de bátir une maison au nom du
Seigneur mon Dieu;
8. Mais la parole du Seigneur
s est fait entendre à moi, disant :
Tu as versé beaucoup de sang,
et tu as combattu un grand nom-
bre de combats : tu ne pourras
pas bâtir une maison à mon
nom, tant de sang ayant été versé
devant moi.
9. Un fils qui te naitra sera
un homme tres tranquille; car
je le mettrai en repos du cóté de
tous ses ennemis d'alentour; et
pour ce motif il sera appelé Pa-
cifique; et je donnerai en Israél
paix et repos durant tous ses
jours.
10. C'est lui qui bátira une
maison à mon nom; lui sera
mon fils, et moi, je serai son
père, et j'affermirai le trône de
son royaume sur Israël pour
toujours.
41. Maintenant donc, mon fils,
que le Seigneur soit avec toi,
1 PARALIPOMÉNES.
[cu. [.זנא+
prospere, et bátis une maison au
Seigneur ton Dieu, comme il l'a
dit de toi.
12. Que le Seigneur te donne
aussi la sagesse et l'intelligence,
afin que tu puisses régir Israél
et garder la loi du Seigneur ton
Dieu ;
13. Car tu pourras profiter,
alors que tu garderas les com-
mandements et les ordonnances
que le Seigneur a prescrit à Moise
d'enseigner àIsraél:fortifie-toi, et
agis courageusement; ne crains
point, et ne t'épouvante pas.
14. Voilà que moi, dans ma
pauvreté, j'ai préparé, pour les
dépenses de la maison du Sei-
gneur, cent mille talents d'or et
un million de talents d'argent ;
mais il n'y a pas de poids pour
lairain et pour le fer; car la
quantité surpasse fout calcul: j'ai
préparé des bois et des pierres
pour tous les usages.
15. Tu as aussi un grand nom-
bre d'ouvriers, de tailleurs de
pierres, de macons, et des ou-
vriers en bois et de tous les mé-
tiers, tres habiles à faire des ou-
vrages
16. En or, en argent, en airain
et en fer, qui sont sans nombre.
Leve-toi donc, et fais, et le Sei-
gneur sera avec toi.
11. David ordonna aussi à
tous les princes d'Israél d'aider
Salomon, son fils.
Cua». XXII. 10. II Rois, vir, 13, 14; III Rois, v, 5; Hébr., 1, ὃ.
9. * Il sera appelé Pacifique. C'est la signification du nom de Salomon.
14. Le talent d'or valait à peu prés 6,306 fr., et le talent d'argent environ 4,414 fr. 50.
16. Qui sont sans nombre; c'est-à-dire dont la quantité est innombrable. La Vulgate
porte littér. : duquel (fer) il m'est pas de nombre. Dans le sens grammatical, le pro-
nom relatif se rapporte seulement à fer, qui précède immédiatement; mais, dans
le sens logique, il se rapporte aussi à airain (voy. vers. 14), et méme, selon le texte
hébreu, aux mots or et argent.
ICH. XXIII.
48. Vous voyez, dit-il, que le
Seigneur votre Dieuest avec vous,
et qu'il vous ἃ donné le repos
alentour, qu'il a livré tous vos
ennemis en vos mains, et que la
terre est soumise devant le Sei-
gneur et devant son peuple.
19. Disposez donc vos cœurs et
vos àmes à chercher le Seigneur
votre Dieu : levez-vous, et bà-
tissez le sanctuaire au Seigneur
Dieu, afin que l'arche de l'alliance
duSeigneur etles vases consacrés
au Seigneur soient transportés
dans la maison qui sera bâtie au
nom du Seigneur.
CHAPITRE XXIII.
David établit Salomon roi sur Israël. Il
regle l'ordre et les fonctions des Lé-
vites, destinés aux divers offices de la
maison du Seigneur. ;
1. David donc, vieux et plein
de jours, établit Salomon, son
fils, roi sur Israél.
2. Et ilassembla tousles princes
d'Israël, et les prêtres et les Lé-
vites.
3. Et les Lévites furent dé-
nombrés depuis trente ans et
au-dessus, et il s'en trouva trente-
huit mille.
4. On en choisit et on en dis-
tribua, pour le service de la
maison du Seigneur, vingt-quatre
mille; mais les gouverneurs et
les juges étaient au nombre de
six mille.
5. Il y avait aussi quatre mille
I PARALIPOMÉNES. 801
portiers et autant de joueurs de
psaltérion, chantant les louan-
ges du Seigneur sur les instru-
ments que David avait faits pour
chanter.
6. Et David les distribua selon
les classes des fils de Lévi ; sa-
voir : Gerson, Caath et Mérari.
7. Les fils de Gerson étaient
Léédan et Séméi.
8. Les fils de Léédan : le prince
Jahiel, Zéthan et Joël; trois.
9. Les fils de Séméi : Salomith,
Hosiel et Aran, trois. Ce sont là
les princes des familles de Léé-
dan.
10. Etles fils de Séméi : Léheth,
Ziza, Jaüs et Baria. Ce sont là les
fils de Séméi, quatre.
11. Léheth était donc le pre-
mier, Ziza le second : or Jaüs et
Baria n'eurent pasbeaucoup d'en-
fants; c'est pourquoi ils furent
comptés comme une seule fa-
mille et une seule maison.
12. Les fils de Caath : Amram,
Isaar, Hébron et Oziel, quatre.
13. Les fils d'Amram : Aaron et
Moise. Or Aaron fut séparé pour
servirdansle Saint des saints, lui
et ses enfants à jamais, et pour
offrir l'encens au Seigneur selon
son rite, et pour bénir son nom
perpétuellement. |
14. Les enfants de Moise,
l'homme de Dieu, furent aussi
comptés dans la tribu de Lévi.
15. Les fils de Moise furent Ger-
som et Eliézer.
CuHaP. XXIII. 6. Supra, vi, 1. — 13. Supra, vi, 3; Hébr., v, 4. — 15. Exode, ir, 22;
xvri, 3, 4.
5. * Psaltérion, instrument de musique à cordes.
6. Selon les classes, etc. Les descendants de Lévi étaient partagés en vingl-quatre
classes ou bandes, qui venaient chacune à son tour dans le temple, pour y chanter
les louanges du Seigneur. Compar., xxv. 9.
13. Son vile; c'est-à-dire Je rite qu'il avait prescrit.
AJ.
o1
802
16. Les fils de Gersom : Subuel,
le premier.
17. Or les fils d'Eliézer furent
Rohobia, le premier; et Eliézer
n'eut point d'autres fils ; mais les
fils de Rohobia se multiplierent
extrémement.
18. Les fils d'Isaar : Salomith,
le premier.
19. Les fils d'Hébron : Jériaü, le
premier; Amarias, le second;
Jahaziel, le troisieme ; Jecmaam,
le quatrième.
20. Les fils d'Oziel : Micha, le
premier, et Jésia, le second.
91. Les fils de Mérari : Moholi
et Musi. Les fils de Moholi : Eléa-
zar et Cis.
99. Or Eléazar mourut et n'eut
pas de fils, mais des filles ; et les
fils de Cis, leur freres, les épou-
serent.
93. Les fils de Musi furent Mo-
holi, Eder et Jérimoth, trois.
94. Ce sontlà les fils de Lévi
selon leur parenté et leurs fa-
milles, princes, qui, à leur tour,
et suivant le dénombrement qui
en avait été fait, tête par tête,
accomplissaient les œuvres du
ministère de la maison du Sei-
gneur, depuis vingt ans et au-
dessus.
25. Car David dit : Le Seigneur
I PARALIPOMÈNES.
[cH. xxm.]
Dieu d'Israël a donné le repos à
son peuple, et l'habitation de Jé-
rusalem à jamais.
26. Il ne sera pas de l'office des
Lévites de porter désormais le
tabernacle, et tous ses vases des-
tinés au ministère.
27. C'est aussi selon les der-
nières ordonnances de David que
sera compté le nombre des en-
fants de Lévi, depuis vingt ans et
au-dessus.
28. Et ils seront sous la main
des fils d'Aaron pour le culte de
la maison du Seigneur, dans les
vestibules, dans les chambres,
dans le lieu de la purification,
dans le sanctuaire, et dans tou-
tes les œuvres du ministère du
temple du Seigneur.
29. Mais les prêtres auront l’in-
tendance sur les pains de propo-
sition, sur le sacrifice de fleur de
farine, sur les beignets azymes,
sur la poéle, sur ce qui doit étre
róti, et sur lous les poids et
toutes les mesures.
30. Quant aux lévites, qu'ils
soient prêts le matin à louer et
à chanter le Seigneur, et égale-
ment le soir,
31. Tant à l'oblation des holo-
caustes du Seigneur qu'aux jours
de sabbat, aux calendes et autres
16, 17. Les fils, etc. Nous avons déjà remarqué que, dans les récits généalogiques,
les Hébreux, et aprés eux les Latins, employaient quelquefois le pluriel de fifs pour
le singulier. — Le premier, ou la téte, le chef de famille, comme porte l'hébreu.
92. Leurs fréres; c'est-à-dire leurs cousins; hébraisme dont on a déjà vu plusieurs
exemples. 0
24. Depuis vingt ans et au-dessus. Auparavant (voy. vers. 3), et d'aprés la loi
mosaique (Nombres, 1v, 3), les Lévites n'étaient enrólés qu'à l’âge de trente ans,
parce que l'arche et le tabernacle devant étre transportés d'un lieu en un autre,
leurs fonctions et leur service étaient beaucoup plus pénibles.
31. Selon le nombre; des cantiques qu'ils devaient chanter. Telle est l'explication
de plusieurs savants interprètes; mais, à notre avis, selon le nombre se rapporte aux
Lévites eux-mêmes, qui devaient officier dans le temple selon leur nombre; cesie
à-dire tous, sans exception. Ainsi cette expression, aussi bien que la suivante, con-
tinuellement devant le Seigneur, se rattache grammaticalement à qu’ils soient préls,
ca. xxiv.)
solennités, selon 16 nombre etles
cérémonies prescrites pour cha-
que chose; qu’ils soient conti-
nuellement devant le Seigneur.
32. Qu'ils aient soin de garder
le tabernacle d'alliance, le rite
du sanctuaire, et le respect en-
vers les enfants d'Aaron, leurs
freres, pour remplir leur minis-
tere dans la maison du Seigneur.
CHAPITRE XXiV.
David régle l'ordre et les fonctions des
prétres et des Lévites.
1. Or voici quelle fut la classi-
fication des fils d'Aaron. Les fils
d'Aaron étaient Nadab, Abiu,
Eléazar et Ithamar.
2. Mais Nadab et Abiu mouru-
rent avant leur père, sans en-
fants ; etEléazar et Ithamar exer-
cerent les fonctions du sacerdoce.
3. David les divisa donc, c'est-
à-dire Sadoc, d'entre les fils
d'Eléazar, et Ahimélech, d'entre
les fils d'Ithamar, selon leurs
classes et leur ministère.
4. Mais il se trouva beaucoup
plus de fils d'Eléazar parmi les
princes, que de fils d'Ithamar. Il
leur répartit donc, savoir : aux
fils d'Eléazar, seize princes, selon
leurs familles, et aux fils d'Itha-
I PARALIPOMÈNES.
803
mar, selon leurs familles et leurs
maisons, huit.
9. Il partagea encore l'une et
l'autre famille au sort; car il y
avait des princes du sanctuaire,
et des princes de Dieu, tant
d'entre les fils d'Eléazar, que
d'entre les fils d'Ithamar.
6. Séméias, fils de Nathanaél,
le scribe de la tribu de Lévi,
les enregistra devant le roi, les
princes, Sadoc, le prétre, Ahimé-
lech, fils d'Abiathar, et devant
les princes des familles sacerdo-
tales et lévitiques, prenant une
maison qui était à la téte des
auires, celle d'Eléazar, et une
autre maison qui avait sous elle
les autres, celle d'Ithamar.
7. Ainsi le premier sort sortit
pour Joiarib; le second, pour
Jédéi ;
8. Le troisième, pour Harim ;
le quatrième, pour Séorim ;
9. Le cinquième, pour Melchia ;
le sixieme, pour Maiman ;
10. Le septième, pour Accos ;
le huitième, pour Abia ;
11. Le neuvième, pour Jésua ;
le dixième, pour Séchénia ;
12. Le onzième, pour Eliasib ;
le douzième, pour Jacim ;
13. Le treizième, pour Hoppha;
le quatorzième, pour Isbaab;
(βαρ. XXIV. 2. Lév., x, 2; Nomb., ui, 4.
oo
du vers. 30. Au reste, ce genre de construction est tout à fait dans le génie de la
langue hébraïque.
32. Les enfants d'Aaron; qui étaient prêtres. Leurs frères; c'est-à-dire appartenant
à leur tribu.
4. Les tribus étaient divisées en familles, et les familles en maisons, qui n'étaient
elles-mêmes que des familles particulières dont chacune prenait le nom de son chef
(Josué, vit, 16, etc.).
ὃ. Princes du sanctuaire; c'est-à-dire chefs du service sacré du sanctuaire. —
Princes de Dieu; peut signifier ou trés grands princes (Compar. Genèse, xxur, 6),
ou chefs en tout ce qui regardait Dieu et la religion, ou enfin chefs des juges, puisque
l'hébreu Elohim, Dieu, veut dire aussi juges (Compar. II Paral., xix, 11).
804
14. Le quinzième, pour Belga;
le seizieme, pour Emmer ;
15. Le dix-septieme, pour Hé-
zir;le dix-huitieme, pour Aph-
ses ;
16. Le dix-neuvième, pour
Phétéia; le vingtieme, pour Hé-
zéchiel ;
47. Le vingt-unieme, pour
Jachin ; le vingt-deuxième, pour
Gamul ;
18. Le vingt-troisième, pour
Dalaïau ; le viugt-quatrieme, pour
Maaziaü.
19. Telles sont leurs classes,
selon leurs fonctions, afin qu'ils
entrent dans la maison du Sei-
gneur suivant le rite qui leur est
prescrit, sous la main d'Aaron
leur père, comme avait ordonné
le Seigneur Dieu d'Israël.
20. Quant aux autres fils de
Lévi, d'entre les fils d'Amram,
était Subaél, et d'entre les fils de
Subaél, Jéhédéia.
21. De plus, d'entre les fils de
Rohobia, le prince Jésias.
29. Or le fils d'Isaar était Salé-
. moth, et le fils de Salémoth,
Jaath,
93. Dont le fils Jériaü fut le
premier; Amarias, le second;
Jahaziel, le troisième; Jecmaan,
le quatrieme.
94. Le fils d'Oziel, Micha; le
fils de Micha, Samir.
95. Le frere de Micha était Jé-
sia, et le fils de Jésia, Zacharie;
I PARALIPOMÈNES.
[cn. xxv.)
96. Les fils de Mérari, Moholi
et Musi; le fils d'Osiaü, Benno.
27. Le fils de Mérari fut encore
Oziaü, ainsi que Soam, Zachur et
Hébri ;
28. Mais le fils de Moholi fut
Eléazar, qui n'eut point d'en-
fants ;
29. Et le fils de Cis, Jéraméel.
30. Les fils de Musi furent Mo-
holi, Eder et Jérimoth. Ce sont là
les fils de Lévi, selon les maisons
de leurs familles.
31. Or ceux-ci aussi, tant les
grands que les petits, jetèrent
les sorts, comme leurs freres, les
fils d'Aaron, devant David, le
roi, et devant Sadoc, Ahimélech,
et les princes des familles sacer-
dotales et lévitiques : le sort les
partagea tous également.
CHAPITRE XXV.
David régle l'ordre des chantres et des
musiciens.
1. Ainsi David et les chefs de
l’armée séparèrent pour le mi-
nistere les fils d'Asaph, d'Hé-
man et d'dithun, afin qu'ils
chantassent des prophéties sur
des harpes, des psaltérions et
des cymbales, s'acquittant, selon
leur nombre, de l'emploi à eux
assigné.
2. D'entre les fils d'Asaph, Za-
chur, Joseph, Nathania et Asaré-
la, fils d'Asaph, étaient sous la
90. Quant aux autres fils de Lévi; c'est-à-dire qui n'appartenaient pas à la famille
d'Aaron, la seule chargée des fonctions sacerdotales (xxi. 13).
30. Les maisons de leurs familles. Voy. le verset 4.
31. Les grands, etc.; ou bien Jes anciens et les plus jeunes. — Jetèrent, etc. C'est-
à-dire que les Lévites tirérent au sort, comme l'avaient fait les prétres, pour savoir
dans quel ordre ils exerçaient leurs fonctions. — Le sort, etc. Tous, sans distinction
de condition, d'âge ou de famille, reçurent uniquement par le sort le rang et la
classe qui leur furent assignés pour leur ministère.
Jen. xx v.]
main d'Asaph, qui chantait des
prophéties à côté du roi.
3. Pourldithun les fils d'Idithun
étaient Godolias, Sori, Jéséias,
Hasabias, Mathathias, six sous la
main de leur père, Idithun, qui
chanteit des prophéties sur la
‘harpe à la tête de ceux qui glo-
rifiaient et louaient le Seigneur.
| 4. Quant 8 Héman, les fils d'Hé-
man étaient Bocciaü, Mathaniaü,
Oziel, Subuel, Jérimoth, Hana-
nias, Hanani, Eliatha, Geddelthi,
Romemthiézer, Jesbacassa, Mel-
lothi, Othir, Mahazioth.
5. Tous ceux-là étaient fils
d'Héman, le Voyant du roi dans
les paroles de Dieu, pour exalter
sa puissance : et Dieu donna à
Héman quatorze fils et trois filles.
6. Tous avaient été distribués
sous la main de leur père, c'est-
à-dire d'Asaph, d'Idithun et d'Hé-
man, pour chanter dans le temple
du Seigneur, sur des cymbales,
des psaltérions et des harpes,
et pour remplir les ministères de
la maison du Seigneur, à côté du
roi.
7. Or le nombre de ceux-ci,
avec leurs frères, qui, tous habi-
les, enseignaient les cantiques du
Seigneur, était de deux cent
quatre-vingt-huit.
8. Et ils jetèrent les sorts pour
leurs classes sans distinction,
tant le grand que le petit, le sa-
vant de méme que celui qui man-
quait de savoir.
9. Le premier sort donc sortit
] PARALIPOMÈNES.
805
pour Joseph, issu d'Asaph ; le se-
cond, pour Godolias, tant pour
lui que pour ses fils et ses frères,
au nombre de douze ;
10. Le troisieme, pour Zachur,
ses fils et ses freres, au nombre
de douze ;
11. Le quatrième, pour Isari,
ses fils et ses freres, au nombre
de douze ;
12. Le cinquième, pour Natha-
nias, ses fils et ses frères, au
nombre de dcuze ;
13. Le sixieme, pour Bocciaü,
ses fils el ses freres, au nombre
de douze:
14. Le septieme, pour Isrééla,
ses fils et ses frères, au nombre
de douze ;
15. Le huitième, pour Jésaia,
ses fils et ses frères, au nombre
de douze ;
16. Le neuvième, pour Matha-
nias, ses fils et ses freres, au nom-
bre de douze ;
17. Le dixième, pour Séméias,
ses fils et ses frères, au nombre
de douze ;
18. Le onzième, pour Azaréel,
ses fils et ses frères, au nombre
de douze ;
19. Le douzième. pour Hasa-
bias, ses fils et ses frères, au
nombre de douze;
20. Le treizième, pour Subaël,
ses fils et ses frères, au nombre
de douze ;
21. Le quatorzième, pour Ma-
thathias, ses fils et ses frères, au
nombre de douze ;
3. Six. Il manque un nom pour faire six. Un manuscrit hébreu et la version arabe
portent Séméia, qu'on lit au vers. 17, tant dans le texte hébreu que dans la Vulgate.
5. Voyant ou prophète signifie ici musicien, chantre. — Dans les paroles de Dieu;
c'est-à-dire pour chanter les paroles de Dieu, les psaumes et les prophéties. La puis-
sance; littér. {a corne, qui, chez les Hébreux, était, en effet, le symbole de la force
et de la puissance.
806
99. Le quinzième, pour Jéri-
moth, ses fils et ses frères, au
nombre de douze ;
23. Le seizième, pour Hananias,
ses fils et ses frères, au nombre
de douze ;
24. Le dix-septième, pour Jes-
bacassa, ses fils et ses frères, au
nombre de douze;
95. Le dix-huitième, pour Hana-
ni, ses fils et ses frères, au nom-
bre de douze;
26. Le dix-neuvième, pour Mel-
lothi,ses fils et ses frères, au nom-
bre de douze;
27. Le vingtieme, pour Eliatha,
ses fils et ses freres, au nombre
de douze;
28. Le vingt et unième, pour
Othir, ses fils et ses freres, au
nombre de douze;
99. Le vingt-deuxieme, pour
Geddelthi, ses fils et ses freres,
au nombre de douze;
30. Le vingt-troisieme, pour
Mahazioth, ses fils et ses freres,
au nombre de douze ;
34. Le vingt-quatrieme, pour
Romemthiézer, ses fils et ses frè-
res, au nombre de douze.
CHAPITRE XXVI.
Ordre des portiers du temple et des gardes
des trésors, et des vases sacrés. Ordre
des Lévites destinés à remplir les fonc-
tions de chefs et de juges en Israël.
1. Voici la distribution des por-
tiers : dentre les Gorites, Mésé-
lémia, fils de Coré, d'entre les fils
d'Asaph.
9. Les fils de Mésélémia furent
1 PARALIPOMÈNES.
(cg. xxvt.]
Zacharie, le premier né, Jadihel,
le second, Zabadias, le troisième,
Jathanaél, le quatrieme;
3. Ælam, le cinquième, Joha-
nan, le sixieme, Elioénai, le sep-
tième ;
4. Mais les fils d'Obédédom, Sé-
méias, le premier-né, Jozabad,
le second, Joaha, le troisieme,
Sachar, le quatrième, Nathanael,
le cinquième;
5. Ammiel, le sixième, Issachar,
le septième, et Phollathi, le hui-
tième, parce que le Seigneur le
bénit.
6. Or à Séméi, son fils, naqui-
rent des fils, chefs de leurs famil-
les; car ils étaient des hommes
trés forts.
7. Les fils donc de Séméi furent
Othni, Raphaël, Obed, Elzabad et
ses freres, hommes tres forts;
Eliu aussi et Samachias.
8. Tous ceux-là étaient d'entre
les fils d'Obédédom : eux, leurs
fils et leurs freres, très forts pour
remplir leur ministère, étaient
soixante-deux de la maison d'O-
bédédom.
9. Or les fils de Mésélémia et
leurs freres, très robustes, étaient
dix-huit.
10. Mais d'Hosa, c'est-à-dire
d'entre les fils de Mérari, est venu
Semri, le prince (car, comme il
n'avait pas de premier-né, son
pere l'avait établi prince).
41. Helcias était le second ; Ta-
bélias, le troisieme; Zacharie, le
quatrieme. Tous ces fils et les
freres d'Hosa étaient treize.
5. Dieu bénit Obédédom en lui donnant une famille trés nombreuse (Voy, vers. 8), =
à cause du séjour de l'arche sainte dans sa maison (II Rois, vi, 11).
10. C'est-à-dire d'entre les fils, etc., signifie qu'Hosa descendait de Mérari. — Le
premier-né d'Hosa était mort ou incapable d'exercer les droits d'ainesse.
[CH. XXVI.)
19. Ceux-là furent distribués
comme portiers, de telle sorte
que les chefs des gardes, ainsi que
leurs freres, servaient toujours
dans la maison du Seigneur.
13. Les sorts furent donc jetés
sans distinction, et par les petits
et par les grands, selon leurs fa-
milles, pour chacune des portes.
14. Ainsilaporte orientale échut
à Sémélias. Mais à Zacharie son
fils, qui était un homme tres sage
et habile, advint par le sort le
côté septentrional;
15. Tandis qu'à Obédédom et à
ses fils, ce fut le côté du midi, dans
laquelle partie de la maison était
le conseil des anciens;
16. A Séphim et à Hosa, le cóté
de l'occident, prés dela porte qui
conduit à la voie de la montée :
garde contre garde.
17. Mais à lorient étaient six
Lévites, et vers l'aquilon, quatre
par jour; vers le midi, également
quatre par jour; etlà oü se tenait
le conseil, ils servaient deux à
deux. :
18. De plus, dans les petites
chambres des portiers à l'occi-
dent,il y en avait quatre sur la
Joie; deux par chaque chambre.
I PARALIPOMÈNES.
807
19. Telle était la distribution
des portiers, fils de Coré et de
Mérari.
20. Or Achias était préposé sur
les trésors de la maison de Dieu,
et les vases sacrés.
21. Les fils de Lédan sont les fils
du Gersonnien. De Lédan vien-
nent les princes de familles, Lé-
dan, et le Gersonnien, Jéhiéli.
22. Les fils de Jéhiéli et Zathan
et Joél, ses fréres, étaient prépo-
sés sur les trésors de la maison
du Seigneur,
93. Avec les Amramites, les
Isaarites, les Hébronites et les
Oziélites.
24. Or Subaël, fils de Gersom,
fils de Moise, était préposé aux
trésors ;
95. De méme que ses freres
Eliézer, dont le fils, Rahabia, dont
le fils, Isaie, dont le fils, Joram,
dont le fils, Zechri, dont le fils, Sé-
lémith.
26. Sélémith lui-même et ses
frères étaient préposés sur les
trésors des choses saintes que le
roi David consacra, ainsi que les
princes des familles, les tribuns,
les centurions et les chefs de
l'armée,
13. Les sorts, etc. Compar. xxv, 8.
15. * Le conseil des anciens. Le texte original porte : 76 maison des collections. C'était
probablement une sorte de dépôt de provisions pour le service du culte.
16. L'historien Joséphe (Antiq., 1. XV, c. xiv) parle d'une hauteur ou espèce de
chaussée qui conduisait du palais du roi au temple. — * Garde contre garde signifie
vraisemblablement que les postes de garde se faisaient face.
A1. * Où se tenait le conseil, où était le magasin des provisions,
21. Les fils de Lédan sont, etc. C'est le seul sens admissible de la Vulgate, expliquée
par l'hébreu. — Sont les fils du Gersonnien; c'est-à-dire appartiennent à la famille de
Gerson. Lédan, en effet, était fils de Gerson et père de Jahiel, qui s'écrit aussi Jéhiel
et Jéhiéli. Or Jéhiéli est appelé ici le Gersonnien, parce qu'il était petit-fils de Gerson.
Voy. xxm, 1, 8.
23. Avec est exprimé dans le texte original par une particule qui signifie plus ordi-
nairement à; voilà pourquoi la Vulgate met au datif Amramites, etc.
25. Les frères est mis pour /e frère, de même qu'on a déjà vu plusieurs fois dans
les récits généalogiques /es fils au lieu du fils.
808 I PARALIPOMÈNES.
27. Comme provenant des guer-
res et du butin des combats, et
qu'ils avaient consacrés pour la
restauration et les meubles du
temple du Seigneur.
28. Samuel,le Voyant, consacra
aussi toutes ces choses, de méme
que Sail, fils de Cis, Abner, fils' de
Ner, et Joab, fils de Sarvia : tous
ceux qui les consacrerent le firent
par l'entremise de Sélémith et de
ses freres.
29. Quant aux 158811105, Choné-
nias était à leur téte, ainsi que ses
fils, pourles choses de dehors tou-
chant Israél, pour les instruire et
les juger.
30. Mais d'entre les Hébronites,
Hasabias et ses freres, hommes
très forts, au nombre de mille
sept cents, étaient à la téte des
Israélites au delà du Jourdain,
contre l'occident, pour toutes'les
œuvres qui avaient rapport au
Seigneur, et pour le service du
roi.
31. Or le prince des Hébronites,
selon leurs familles et leur pa-
renté, fut Jéria. En la quaran-
tième année du règne de David,
ils furent recensés, et ils se
trouverent à Jazer-Galaad, eux,
hommes très forts,
39. Et ses freres, qui étaient
dans la force de l’âge, au nombre
de deux mille sept cents princes
de familles. Or David, 16 les
préposa aux Rubénites, aux Ga-
dites et à la demi-tribu de Ma-
[cu. xxvir.]
nassé pour tout le service de
Dieu et du roi.
CHAPITRE XXVIT.
Division du peuple en douze bandes pour
servir tour à tour auprés du roi. Noms
des chefs des tribus. Officiers de la
maison de David.
1. Or les enfants d'Israél, sui-
vant leur nombre, les princes de
familles, les tribuns, les centu-
rions, et les préposés qui, selon
leurs bandes, servaient le roi,
entrant et sortant à chaque mois
dans l'année, étaient chacun à la
tête de vingt-quatre mille Ao-
mes.
2. Au premier mois, Jesboa,
fils de Zabdiel, était à la tête de
la première bande, et sous lui
étaient vingt-quatre mille Aom-
mes.
3. Il était d’entre les fils de
Pharès, et le prince de tous les
princes dans l’armée, au premier
mois.
4. Dudia, l'Ahohite, avait la
bande du second mois, et apres
lui était un second du nom de
Macelloth, qui dirigeait une par-
tie de l'armée de vingt- quatre
mille Aommes.
5. De plus, le chef de la troi-
sieme bande, au troisieme mois,
était Banaïas, le prêtre, fils de
Joiada, et dans sa division étaient
vingt-quatre mille hommes.
6. C'est ce méme Banaias, le
plus vaillant parmi les trente, et
31. * Jazer-Galaad, Jazer du pays de Galaad. Voir Nombres, xxi, 32.
32. Et ses fréres; c'est-à-dire la parenté de Jéria, mentionné au verset précédent.
1. On croit communément que ces préposés remplacaient les princes de famille,
quand ceux-ci étaient empéchés de remplir leur charge. :
6. Son fils, etc.; c'est-à-dire qu'il commandait la bande de son pére, sous lui, ou en
son absence.
[cH. [.זזטצא
au-dessus des trente. Amizabad,
son fils, était aussi à la téte de
sa bande.
7. Le quatrième chef, au qua-
trieme mois, était Asahel, frere
de Joab, et Zabadias, son fils,
aprèslui ; et danssa bande étaient
vingt-quatre mille Aomes.
8. Le cinquième, au cinquième
mois, Samaoth, le Jézerite; et
dans sa bande étaient vingt-qua-
tre mille hommes.
9. Le sixième, au sixième mois,
Hira, fils d'Accès, 16 Thécuite ; et
dans sa bande étaient vingt-qua-
tre mille hommes.
10. Le septième, au septième
mois, Helles, le Phallonite, d'en-
tre les fils d'Ephraïm ; et dans sa
bande étaient vingt-quatre mille
hommes.
11. Le huitiéme, au huitieme
mois, Sobochai, le Husathite, de
la race de Zarahi; et dans sa
bande étaient vingt-quatre mille
hommes.
19. Le neuvieme, au neuvieme
mois, Abiézer, l’Anathothite,
d'entre les fils de Jémini; et dans
sa bande étaient vingt- quatre
mille hommes.
13. Le dixième, au dixième
mois, Marai, le Nétophathite, de
la race de Zarai; et dans sa bande
étaient vingt-quatre mille hom-
mes.
44. Le onzième, au onzième
mois, Banaïas, le Pharatonite,
d'entre les fils d'Ephraim; et
dans sa bande étaient vingt-
quatre mille hommes.
Cua». XXVII. 24. Supra, xxr, 2.
I PARALIPOMÉNES.
800
15. Le douzième, au douzième
mois, Holdaï, le Nétophathite, de
la race de Gothoniel; et dans sa
bande étaient vingt-quatre mille
hommes.
16. Quant aux tribus d'Israël,
à la tête des Rubénites, était le
chef, Eliézer, fils de Zechri; à la
téte des Siméonites, le chef Sa-
phatias, fils de 2188088 ;
17. A la tête des Lévites, Hasa-
bias, fils de Camuel; à la tête des
Aaronites, Sadoc;
18. A la tête de Juda, Eliu,
frère de David; à la tête d’Issa-
char, Amri, fils de Michaël ;
19. A 18 téte des Zabulonites,
Jesmaias, fils d'Abdias ; à la tête
des Nephthalites, Jérimoth, fils
d'Ozriel ;
20. A la téte des fils d'Ephraim,
Osée, fils d'Ozaziu; à la téte de
la demi-tribu de Manassé, Joél,
fils de Phadaïa ;
21. Et à la tête dela demi-tribu
de Manassé en Galaad, Jaddo, fils
de Zacharie; mais à la téte de
Benjamin, Jasiel, fils d'Abner;
22. Et à la 1616 de Dan, Ezrihel,
fils de Jéroham. Voilà les princes
des enfants d'Israél.
23. Mais David ne voulut pas
les dénombrer au-dessous de
vingt ans, parce que le Seigneur
avait dit qu'il multiplierait les
enfants d'Israél comme les étoiles
du ciel.
94. Joab, fils de Sarvia, avait
commencé à dénombrer ; mais il
n'acheva pas, parce que pour
cela était tombée la colère du
16. Les chefs dont les noms suivent étaient chargés de la direction civile de lenrs
tribus, tandis que les précédents étaient purement militaires.
810
Seigneur sur Israël; et c'est pour-
quoi le nombre de ceux qui
avaient été recensés n'a pas été
relaté dans les fastes du roi Da-
vid.
95. Le surintendant des tré-
sors du roi était Azmoth, fils
d'Adiel; quant aux trésors des
villes, des bourgs et des tours,
Jonathan, fils d'Osias, en avait la
garde;
26. Mais aux travaux de la
campagne et aux laboureurs qui
travaillaient la terre, présidait
Ezri, fils de Chélub.
97. À ceux qui cultivaient les
vignes, c'était Séméias, le Roma-
thite; mais aux celliers où on
metle vin, Zabdias, l'Aphonite.
28. Aux plants d'oliviers, aux
figuiers, qui étaient dans les
plaines, Balanan, le Gédérite, et
aux magasins d'huile, Joas.
29. Mais aux troupeaux qui
paissaient en Saron, fut préposé
Sétrai,le Saronite, et aux bœufs
dans les vallées, Saphat, fils
d'Adli ;
30. Sur les chameaux, , 1
l'Ismahélite, et sur les ânes,
Jadias, le Méronathite;
31. Et sur les brebis, Jaziz l'A-
garéen. Tous ceux-là étaient les
intendants des biens du roi Da-
vid.
32. Mais Jonathan, oncle de
David, homme sage et savant,
était un de ses conseillers; lui
etJahiel, fils dà Hachamoni, étaient
auprès des enfants du roi.
33. Achitophel aussi était con-
XXVIII. 3. II Rois, vir, 13. .גצ
{ PARALIPOMÈNES.
[cu. xxvnr.]
seiller du roi; Chusai, l'Arachite,
favori du roi.
34. Aprés Achitophel étaient
Joiada, fils de Banaias, et Abia-
thar; mais le prince de l'armée
du roi était Joab.
CHAPITRE XXVII.
David exhorte les principaux d'Israél et
Salomon, son fils, à être fidèles au
Seigneur. Il donne à Salomon le plan du
temple et de toutes les choses destinées
à son usage.
1. David convoqua donc tous
les princes d'Israél, les chefs des
tribus et les préposés de ses
troupes, lesquels servaient le
roi; comme aussi les tribuns et
les centurions, et ceux qui étaient
à la 1616 des biens et des posses-
sions du roi, ses enfants avec
les eunuques, les puissants; de
méme que les plus vigoureux
dans l'armée, e£ les réunit à Jéru-
salem.
2. Alors le roi, s'étant levé et
se tenant debout, dit : Ecoutez-
moi, mes freres et mon peuple :
jai pensé à bátir une maison
dans laquelle reposerait l'arche
de l'alliance du Seigneur, l'es-
cabeau des pieds de notre Dieu,
et, pour la bátir, jai tout pré-
paré.
3. Mais Dieu m'a dit : Tu ne bà-
tiras point une maison à mon
nom, parce que tu es un homme
de guerre, et que tu as versé le
sang.
4. Cependant le Seigneur Dieu
d'Israél m'a choisi dans toute la
28.* Aux figuiers, c'est-à-dire aux sycomores qui produisent des figues. Voir
note sur Luc, xix, 4. — Dans les plaines des Philistins. Voir la note sur Josué, ix, 4.
[cH. xxvm.]
maison de mon pere pour que
je fusse roi sur Israël à jamais;
car c'est dans Juda qu'il a choisi
des princes : en outre c'est dans
la maison de Juda qu'il a choisi la
maison de mon père, et entre les
fils de mon père, il lui a plu deme
choisir pour roi sur tout Israél.
5. Mais c’est aussi parmi mes
fils (car le Seigneur m'a donné
beaucoup de fils) qu'il a choisi
Salomon, mon fils, pour qu’il
5 8551} sur le trône du règne du
Seigneur sur Israél ;
6. Et il m'a dit : Salomon, ton
fils, bátira ma maison et mes
parvis ; car c’est lui que j'ai choi-
si pour mon fils, et c'est moi qui
serai son pére.
7. Et j'affermirai son règne à
jamais, s'il persévère à accom-
plir mes préceptes et mes or-
donnances comme aujourd'hui
méme.
8. Maintenant donc, devant
toute l'assemblée d'Israél, et no-
ire Dieu lentendant, gardez et
recherchez tous les commande-
ments du Seigneur notre Dieu,
afin que vous possédiez la terre
qui est remplie de biens, et que
vous 18 laissiez à vos fils après
vous pour jamais.
9. Et toi, Salomon, mon fils,
connais le Dieu de ton père, et
sers-le, avec un cœur parfait et
un esprit qui agit volontaire-
ment; car le Seigneur scrute
tous les cœurs et pénètre toutes
5. Sag., 1x, 7. — 9. Ps. vu, 10.
I PARALIPOMÈNES.
811
les pensées des esprits. Si tu le
cherches, tu le trouveras; mais
si tu l'abandonnes, il te rejettera
pour jamais.
10. Maintenant done que le
Seigneur t'a choisi pour bátir la
maison du sanctuaire, sois fort,
et agis.
11. Or David donna à Salomon,
son fils, le plan du portique du
temple, des celliers, du cénacle,
des chambres secrètes, de la
maison de propitiation ;
19. Comme aussi de tous les
parvis quil avait en vue, des
chambres tout autour, pour les
trésors de la maison du Seigneur,
et pour les trésors des choses
saintes ;
19. Dela distribution des pré-
tres et des Lévites pour tous les
ouvrages de la maison du Sei-
gneur, et pour le soin de tous les
vases consacrés au service du
temple du Seigneur.
14. Π lui donna l'or, selon le
poids voulu, pour chaque vase
de service ; de plus, le poids de
l'argent, selon la diversité des
vases et des ouvrages en argent,
15. Et encore lor pour les
chandeliers d'or et pour leurs
lampes, selon la mesure de cha-
que chandelier et des lampes. De
méme aussi pour les chandeliers
d'argent et pour leurs lampes, il
remit le poids de l'argent, selon
la diversité de leur mesure.
16. Il donna encore l'or pour
11. La maison de propitiation; c'est-à-dire le propitiatoire. Voy. Exode, xxv, 11.
12. Des choses saintes, ou consacrées au temple. Voy. xxvr, 29, 26.
14. Selon le poids, etc.; c'est-à-dire autant qu'il en fallait pour faire les vases, etc
16. Les tables, etc.; les tables sur lesquelles on mettait les paius de proposition,
Voy. Exode, xxv, 30.
812
les tables de proposition, selon la
diversité des tables, et également
de l'argent, pour les autres tables
d'argent.
17. De plus, pour les four-
chettes, les fioles, les encensoirs
d'un or tres pur, et pour les pe-
lits lions, il distribua le poids
pour chaque petit lion, selon la
grandeur de leur mesure. De
méme aussi pour les lions d'ar-
gent, il mit à part un poids d'ar-
gent différent.
18. Mais pour l'autel sur lequel
se brüle le parfum, il donna de
lor trés pur, pour qu'on en fit
une représentation du quadrige
et des chérubins, étendant leurs
ailes et couvrant l'arche de l'al-
liance du Seigneur.
19. Toutes ces choses, dit Da-
vid, me sont venues écrites de la
main du Seigneur, afin que je
comprisse tous les ouvrages de
ce modèle.
90. David dit encore à Salomon,
son fils : Agis courageusement,
fortifie-toi, et fais; ne crains point
et ne t'épouvante pas; car le
Seigneur mon Dieu sera avec toi :
I PARALIPOMÈNES.
[cH. xxix.]
il ne te laissera et ne t'abandon-
nera point que tu n'aies achevé
tous les ouvrages pour le service
de la maison du Seigneur.
21. Voilàla division des prétres
et des Lévites, lesquels sont au-
près de toi pour tous les services
de la maison du Seigneur; ils
sont prêts, et ils saventaccomplir
tes ordres, les princes aussi bien
que le peuple.
CHAPITRE XXIX.
Offrandes de David et des principaux
d'Israël pour la construction du temple.
David loue le Seigneur et le prie pour
son peuple et pour son fils. Seconde
onction de Salomon. Mort de David.
1. Ensuite David, le roi, dit à
toute l'assemblée ; Dieu a choisi
uniquement Salomon, mon fils,
encore jeune et délicat, quoique
l’œuvre soit grande; car ce n'est
paspourunhomme que se prépare
cette habitation, mais pour Dieu.
2. Pour moi, j'ai préparé de
toutes mes forces les dépenses
de la maison de mon Dieu; l'or
pour les vases d'or, l'argent pour
les vases d'argent, l'airain pour
11. Pour chaque, etc.,
évident que saint Jéróme a lu ici dans l'hébreu kefir au lieu de kefór;
littér. et par hébraisme pour un lion et un lion. — Il est
car dans I Es-
dras, 1, 10, et vri, 27, il a rendu ce méme mot kefór par coupe. — * D’après plusieurs
commentateurs, kefôr signifie un vase muni d'un couvercle. Si la leçon ion était la
vraie, ce mot pourrait signifier un poids en forme de lion, car on donnait aux poids
en Orient la forme de lions et d'autres animaux.
18. Les traducteurs de la Vulgate donnent généralement pour antécédent à chéru-
bins le mot quadrige; mais le texte hébreu, moins vague et moins amphibologique
que la version latine, s'y oppose entièrement. C'est pour éviter cette faute que nous
avons ajouté et en italique. — Dieu est souvent représenté dans la Bible, porté sur
un char que conduisent des animaux ailés. — * Les chérubins sont considérés comme
portant le Seigneur et c’est d’une manière figurée qu'ils sont appelés son char.
1. Salomon, quoiqu'ayant environ vingt-deux ans, était jeune par rapport à David,
et par rapport à un travail qui exigeait tous les secours de la nature, de l'art, du
savoir, de la prudence, et d'une grande expérience.
2} Antimoine. Le mot hébreu signifie une espèce de noir avec lequel les femmes
d'Orient se peignent les yeux. Compar. IV Rois, ix, 39. — * Marbre de Paros, S. Jé-
róme traduit ainsi les mots pierres blanches qu'on cite dans l'original.
[cu. xxix.]
ceux d'airain, 16 fer pour ceux de
fer, le bois pour ceux de bois, des
pierres d'onyx, d'autres sembla-
bles àlantimoine, d'autres de di-
verses couleurs, enfin toute sorte
de pierres précieuses, et du
marbre de Paros en trés grande
quantité.
3. Et, par-dessus ces choses que
jai offertes pour la maison de
mon Dieu, je donne de mon
propre bien de l'or et de l'argent
pour le temple de mon Dieu,
outre ce que jai préparé pour
son sanctuaire :
4. Trois mille talents d'or, de
l'or d'Ophir, et sept mille talents
d'argent trés pur, pour en revé-
tir les murailles du temple.
5. Et partout oü il est besoin
d'or et partout où il est besoin
d'argent, queles ouvrages soient
faits d'or et d'argent par les
mains des ouvriers; et si quel-
qu'un fait spontanément une of-
frande, qu'il remplisse sa main
aujourd'hui, et qu'il offre ce qu'il
voudra au Seigneur.
6. C'est pourquoi les princes des
familles et les grands des tribus
d'Israél le promirent, ainsi que
les tribuns, les centurions et les
intendants des possessions du roi.
7. Et ils donnèrent pour les ou-
vrages de la maison de Dieu cinq
mille talents d'or et dix mille so-
lides, dix mille talents d'argent,
dix-huit mille talents d'airain,
ainsi que cent mille talents de fer.
8. De méme tous ceux chez qui
on trouva des pierres précieuses
CnaP. XXIX. 15. Sag., ,זז 5.
I PARALIPOMÈNES.
les donnèrent pour le trésor de
la maison du Seigneur, par l'en-
tremise de Jahiel, le Gersonite.
9. Et le peuple se livra à l'allé-
gresse en promeltant spontané-
ment ses offrandes, parce quil
les offrait de tout cœur au Sei-
gneur; et aussi, David, le roi,
se réjouit d'une grande joie.
10. Etil bénitle Seigneur devant
toute la multitude, et il dit : Sei-
gneur, Dieu d'Israël, notre père,
vous êtes béni de siècle en siècle.
11. À vous, Seigneur, est la
magnificence, la puissance, la
gloire et la victoire; à vous la
louange ; car tout ce qui est dans
le ciel et sur la terre est à vous;
à vous, Seigneur, est le regne, et
c'est vous qui étes au-dessus de
tous les princes.
12. À vous les richesses et à
vous la gloire; c'est vous qui do-
minez sur toutes les créatures :
en votre maison sont la force et
la puissance; en votre main la
grandeur et lempire sur toutes
choses
13. Maintenant donc, ὃ notre
Dieu, nous vousglorifions, etnous
louons votre nom illustre.
14. Qui suis-je, et qui est mon
peuple pour que nous puissions
vous cffrir toutes ces choses?
Tout est à vous, et c'est de votre
main que nous avons recu ce que
nous vous avons donné;
15. Car nous sommes des voya-
geurs et des étrangers devant
vous comme tous nos peres. Nos
jours passent comme l'ombre sur
*
4. Très pur; littér. très éprouvé par le feu. — * Or d'Ophir signifie or d'excellente
qualité.
1. Le solide des Romains pesait un demi-sicle d'or hébraïque.
814
la terre, et rien ne les retient.
16. Seigneur notre Dieu, tou-
tes ces richesses que nous avons
préparées pour bâtir une mai-
son à votre saint nom sont de
votre main, et à vous sont toutes
choses.
11. Je sais, mon Dieu, que
vous sondez les cœurs et que
vous aimez la simplicité, c’est
pourquoi, moi aussi, je vous ai
offert toutes ces choses dans la
simplicité de mon cœur, et plein
d'allégresse; et votre peuple qui
se trouve ici, jel'ai vu avec une
grande joie vous offrir ses pré-
sents.
18. Seigneur Dieu d'Abraham,
d'Isaac et d'Israël, nos pères,
conservez éternellement cette
volonté de leur cœur, et que
toujours ce sentiment de vénéra-
tion pour vous persévere.
19. Donnez aussi à Salomon,
mon fils, un cœur parfait, afin
qu'il garde vos commandements,
vos témoignages et vos cérémo-
nies, et qu'il les accomplisse
tous; et qu'il bâtisse la maison
dont j'ai préparé les dépenses.
20. Or David ordonna à toute
l'assemblée : Bénissezle Seigneur
notre Dieu. Et toute l'assemblée
bénit le Seigneur Dieu de leurs
pères; ils s'inclinerent, et ils ado-
rerent Dieu et ensuite le roi.
91. Et ils immolerent des vic-
times au Seigneur; et ils lui of-
frirent des holocaustes le jour
22. III Rois, 1, 34. — 27. III Rois, τι, 11.
I PARALIPOMÉNES.
[cH. xxix.]
suivant : mille taureaux, mille
béliers et mille agneaux, avec
leurs libations, et en accomplis-
sant tout le rite : il y en eut très
abondamment pour tout Israël.
22. Et ils mangerent et burent
devant le Seigneur en ce jour-là
avec une grande allégresse. Et
ils oignirent une seconde fois Sa-
lomon, fils de David. Or, ils l’oi-
gnirent pour le Seigneur comme
prince, et Sadoc, comme pontife.
93. Ainsi Salomon s'assit sur
le tróne du Seigneur, comme roi,
à la place de David, son pere, et
il plut à tous ; et tout Israël lui
obéit.
24. Et tous les princes mêmes,
les puissants, et tous les fils du
roi David donnèrent la main et
se soumirent à Salomon, le roi.
25. Le Seigneur éleva donc Sa-
lomon sur tout Israël, etil donna
à son regne une gloire telle que
n'en eut avant lui aucun roi d'Is-
raél.
26. Ainsi David, fils d'Isai, ré-
gna sur tout Israël;
27. Et les jours pendant les-
quels il régna sur Israël furent
quarante années : il régna sept
ans à Hébron, et à Jérusalem,
trente-trois ans.
98. Et il mourut dans une heu-
reuse vieillesse, plein de jours,
et dans les richesses et dans la
gloire; et Salomon son fils régna
en sa place.
29. Or les actions de Dii; le
19. Les lois de Dieu souvent appelées dans l'Ecriture ses témoignages.
20. Et adorérent, etc. Comme nous l'avons déjà remarqué, l'acte extérieur d'ado-
ration qu'on rendait à Dieu n'était pas différent de l'hommage de respect qu'on ren-
dait aux hommes, le sentiment intérieur seul pouvait les distinguer. -
29. Ces livres ont été perdus.
]68. 1.[
roi, les premieres et les der-
nières, sont écrites dans le Livre
de Samuel, le Voyant, et dans le
Livre de Nathan, le prophète, et
dans le volume de Gad, le Voyant,
PARALIPOMÈNES,. זו
815
30. Et l’histoire de tout son
règne, de sa force, et des temps
qui ont passé de son vivant, soit
en Israël, soit dans tous les
royaumes de la terre.
II PARALIPOMENES
CHAPITRE PREMIER.
Sacrifice de Salomon sur l'autel de Ga-
baon. Dieu lui donne la sagesse, la
gloire et les richesses.
1. Salomon, fils de David, fut
donc affermi dans la royauté, et
le Seigneur son Dieu était avec
lui; et Je Seigneur Yéleva très
haut.
9. Et Salomon donna des or-
dres à tout Israél, aux tribuns,
aux centurions, aux autres chefs,
aux magistrats et aux princes
des familles;
3. Et il s'eu alla avec toute la
multitude au haut lieu de Ga-
baon, où étaitle tabernacle de l'al-
liance de Dieu, que fit Moise,
serviteur de Dieu, dans le désert.
4. Quant à l'arche de Dieu, Da-
vid l'avait amenée de Cariathia-
rim au lieu qu'il lui avait préparé,
et où il lui avait dressé un taber-
nacle, c'est-à-dire à Jérusalem.
ὃ. Mais l'autel d'airain qu'avait
fait Béséléel, fils d'Uri, fils de
Hur, était resté là devant le ta-
bernacle du Seigneur; et Salo-
mon alla le chercher, lui et toute
l'assemblée.
6. Et Salomon monta sur l'au-
tel d'airain devant le tabernacle
de l'alliance du Seigneur, et il y
offrit mille hosties.
7. Or voilà qu'en cette nuit
méme Dieu lui apparut, disant :
Demande ce que tu veux que je
te donne.
8. Alors Salomon dit à Dieu :
C'est vous qui avezfait une grande
miséricorde à David, mon pere,
et qui m'avez établi roi à sa place.
9. Maintenant donc, Seigneur
Dieu, qu'elle s'accomplisse, la
promesse que vous avez faite à
David, mon pere : car c'est vous
qui m'avez établi roi sur votre
peuple, qui est aussi innombra-
ble que la poussiere de la terre.
10. Donnez-moi de 18 sagesse et
del'intelligence, enfin que j'entre
et sorte devant votre peuple ; car
qui peut juger dignement ce
Cnar. I. 1. III Rois, ri, 1. — 4. II Rois, vi, 17; 1 Par., xvi, 1. — 5. Exode, xxxvi, 1.
— 10. Sag., 1x, 10.
30. Des temps, etc.; c'est-à-dire des événements qui se sont passés de ses temps.
— Tous les royaumes de la terre; dans tous les royaumes voisins de la terre d'Israël.
3. * Gabaon. Voir note sur 111 Rois, ui, 4.
4. * De Cariathiarim. Voir 1 Paralipomènes, xui, 5.
5. Là; c'est-à-dire à Gabaon,
10. Afin que J'entre, etc. Voy. Nombr., xxvii, 11; Deutér., xxviu, 6
816
peuple qui est vótre, et qui est si
grand?
11. Alors Dieu répondit à Salo-
mon : Parce que cela a plu de
préférence à ton cceur, et que tu
ne m as point demandé desriches-
ses, ni des biens, ni de la gloire,
niles àmes de ceux qui te hais-
sent, ni des jours de vietrès nom-
breux; mais que tu as demandé
de la sagesse et delascience, afin
que tu puisses juger mon peuple
sur lequel je t'ai établi roi :
12. La sagesse et la science te
sont données; et quant à des
richesses, à des biens, à de la
gloire, je t'en donnerai de telle
sorte, que nul parmi les rois, ni
avant toi, ni apres toi, n'aura été
semblable à toi.
13. Salomon vint donc du haut
lieu de Gabaon à Jérusalem, de-
vant le tabernacle d'alliance, et
il régna sur Israël.
14. Et il rassembla des chars
et des cavaliers; on lui disposa
mille quatre cents chariots et
douze mille cavaliers, et il les fit
mettre dans les villes des qua-
driges, et prés du roi à Jérusa-
lem.
15. Et le roi rendit l'or et l'ar-
gent communs comme les pierres
dans Jérusalem, et les cèdres
comme les sycomores qui crois-
sent dans les plaines en grande
quantité.
II PARALIPOMÉNES.
(cH. 11.]
16. Maisles chevaux lui étaient
amenés d'Egypte et de Coa par
les marchands du roi, qui y al-
laient et les achetaient,
11. Un attelage de quatre che-
vaux, six cents s?cles d'argent, et
un cheval, cent cinquante; et
c'estainsi que dans tous lesroyau-
mes des Héthéens, et par tous
les rois de Syrie, la vente se pra-
tiquait.
CHAPITRE II.
Salomon demande à Hiram, roi de Tyr,
un homme habile pour conduire l'en-
treprise de la construction du temple,
et le prie de lui envoyer les bois néces-
saires pour cet édifice. Ouvriers des-
tinés à cet ouvrage.
1. Salomon résolut de bátir une
maison au nom du Seigneur, et
un palais pour lui.
2. Et il dénombra soixante-dix
mille hommes portant des far-
deaux sur les épaules, quatre-
vingt mille pour tailler les pierres
dans les montagnes, et leurs
préposés, trois mille six cents.
3. ll envoya aussi vers Hiram,
roi de Tyr, disant : Comme vous
avez agi avec David, mon père, et
comme vous lui avez envoyé des
bois de cèdre pour bâtir une
maison dans laquelle il a habité,
4. Ainsi faites avec moi, afin
que je bátisse une maison au
nom du Seigneur mon Dieu, et
que je la consacre à brüler de
14. III Rois, x, 26. — (παρ. 11. 3. III Rois, v, 2.
11. Demander, chercher l'àme de quelqu'un est un hébraisme qui signifie désirer Lut
ôter, chercher à lui ôter La vie.
14. Les villes des quadriges; c'est-à-dire les villes destinées à loger les équipages.
15. * Comme les sycomores à figues. Voir Luc, xix, 4.
16. * Coa. Voir note sur III Rois, x, 28.
11. * Héthéens. Voir note sur III Rois, x, 29.
4. A consumer; littér. à fumiger, exposer à la fumée,
[cu. u.]
l'encens devant lui, à consumer
des aromates, à une exposition
des pains perpétuelle, à des ho-
locaustes le matin et le soir, ainsi
qu'aux sabbats, aux néoménies
et aux solennités du Seigneur
notre Dieu à jamais ; lesquelles
choses ontété ordonnées à Israél.
5. Car la maison que je désire
bátir est grande, parce que notre
Dieu est grand au-dessus de tous
les dieux.
6. Qui pourra donc étre capa-
ble de lui bátir une maison digne
de lui? Si le ciel et les cieux des
cieux ne peuvent le contenir, qui
suis-je, moi, pour pouvoir lui
bátir une maison? Aussi est-ce
seulement pour brüler de l’en-
cens devant lui.
7. Envoyez-moi donc un homme
qui s'entende à travailler lor,
l'argent, l'airain, le fer, la pour-
pre, l'écarlate et l'hyacinthe, et
qui sache faire des ciselures, avec
les ouvriers que j'ai auprès de
moi dans la Judée et à Jérusa-
lem, et que David mon pere a
préparés.
8. Mais envoyez-moi aussi des
bois de cèdre, de genièvre, et
des pins du Liban; car je sais
que vos serviteurs s'entendent à
couper les bois du Liban, et mes
serviteurs seront avec vos servi-
teurs,
9. Afin quel'on me prépare une
grande quantité de bois: carla
maison que je veux bátir est tres
grande et magnifique.
PARALIPOMÉNES. זז
817
10. Aprés cela, aux ouvriers
qui doivent couper les bois, à
vos serviteurs, je donnerai pour
leur nourriture vingt mille cors
de blé, autantde mesures d'orge:
vingt mille métrètes de vin, et
de plus vingt mille mesures
d'huile.
11. Or Hiram, roi de Tyr, dit
dans une lettre qu'il envoya à Sa-
lomon : Parce que le Seigneur a
aimé son peuple, c'est pourquoi
il vous a fait régner sur lui.
12. Et il ajouta, disant : Béni le
Seigneur, Dieu d'Israél, qui a fait
le ciel et la terre, qui a donné à
David, le roi, un fils sage. habile,
sensé, prudent, pour bâtir une
maison au Seigneur et un palais
pour lui-même!
43. Je vous envoie donc un
homme prudent et d'un très
grand savoir, Hiram, mon pere,
14. Fils d'une femme d'entre les
filles de Dan, dont le pere était
Tyrien : il sait travailler l'or, l'ar-
gent, l'airain, le fer, le marbre,
les bois, et méme la pourpre,
l'hyacinthe, le fin lin et l'écar-
late; il sait encore graver toute
sorte de figures, et inventer in-
génieusement ce qui est néces-
saire pour un ouvrage : 4 tra-
vaillera avec vos ouvriers et avec
ceux de mon seigneur David,
votre père.
15. Ainsi le blé, l'orge, l'huile
etle vin que vous avez promis,
mon seigneur, envoyez-les à vos
serviteurs.
10. Cors. Voy. pour ce mot, 111 Rois, tv, 22.
13. Mon père: qui est comme père, qui est pour moi un père. Compar. Genése, xtv, 8;
Juges, xvr, 10. D'autres prétendent à tort que cette expression est purement la tra-
duction de l'hébreu Aói, nom propre et surnom d'Hiram; car au ch. 1v, 16, au lieu
de 46%, on lit Abiv, c'est-à-dire le père de lui (Salomon).
À. T.
59
|
818
16. Pour nous, nous couperons
tous les bois du Liban qui vous
seront nécessaires, et nous les
ferons conduire en radeaux, par
mer à Joppé, mais ce sera à vous
de les transporter à Jérusalem.
11. Salomon dénombra donc
tous les hommes prosélytes qui
étaient dans la terre d'Israél, de-
puis le dénombrement qu'en
avait fait David, son pere, et il
s'en trouva cent cinquante mille
et trois mille six cents.
18. Il en établit soixante-dix
mille pour porter des fardeaux
sur les épaules, quatre-vingt mille
pour tailler les pierres dans les
montagnes, mais trois mille et
six cents préposés aux ouvrages
du peuple.
CHAPITRE III.
Salomon commence à bâtir le temple,
Plan de cet édifice. Description des
chérubins qui étaient dans le sanc-
tuaire, et des colonnes qui étaient aux
deux cótés de la porte du temple.
1. Ainsi Salomon commenca à
bâtir la maison du Seigneur à Jé-
rusalem, sur la montagne de Mo-
ria, qui avait été montrée àDavid,
son pere, au lieu qu'avait préparé
David dans l'aire d'Ornan, le Jé-
buséen.
Il PARALIPOMÉNES.
[cH. ur]
2. Or 1] commenca à bátir au
second mois, à la quatrieme an-
née de son règne.
3. Et voici les fondements que
jeta Salomon pour bátirla maison
du Seigneur: // luidonna soixante
coudées de longueur, suivant la
première mesure, et vingt cou-
dées de largeur.
4. De plus, 7/ 06/0, devant la
facade, le portique qui s'étendait
selon la mesure de la largeur de
la maison, à la longueur de vingt
coudées; mais sa hauteur était de
cent vingt coudées ; et Salomon
le fit dorer en dedans d'un or tres
pur.
ὃ. 11 lambrissa aussi Ja partie
de 18 maison la plus grande d'ais
de bois de sapin, et il attacha sur
le tout des lames de l'or le plus
fin; etil y grava des palmes et
comme de petites chaines entre-
lacées les unes dans les autres.
6. Il fit aussi le pavé du temple
d'un marbre trés précieux, avec
beaucoup de décorations.
1. L'or des lames dont il couvrit
la maison, les poutres, les po-
teaux, les murailles et les portes,
était très fin; et il grava des ché-
rubins sur les murailles.
8. Il fit aussi la maison du Saint
des saints, lui donnant une lon-
CuaP. III. 1. INT Rois, vr, 1; II Rois, xxiv, 25; I Par., xxi, 26.
16. * Joppé, aujourd'hui Jaffa, port sur la Méditerranée, à une douzaine d'heures de
marche de Jérusalem.
11, Prosélytes. Voy. 1 Paralip., xxu, 2.
1. * La montagne de Moria, à l'est de Jérusalem, dans laquelle elle fut depuis en-
clavée, au-dessus du versant occidental du torrent de Cédron.
2. Au second mois. Voy. 111 Rois, νι, 22.
3. La premiére ou l'ancienne mesure était celle dont on se servait du temps de Moise
et de Salomon, c'est-à-dire avant la captivité de Babylone; elle avait un palme de
plus que la coudée de Babylone. — * La coudée ordinaire avait 525 millimètres de
longueur,
9. La maison la plus grande, c'est-à-dire le Saint.
8. * Le talent pesait 43 kilogrammes et demi.
[cu. 1v. |
gueur selon la largeur de la mai-
son, de vingt coudées, et une lar-
geur également de vingt coudées;
etillacouvrit de lames d'or, d'en-
viron six cents talents.
9. Il fit de plus des clous d'or,
de maniere que chaque clou pe-
sait cinquante sicles; les cham-
bres d'en haut aussi, il les couvrit
d'or.
10. Il fit encore dans la maison
du Saint des saints deux chéru-
bins, d'un travail de statuaire ; et
il les couvrit d'or.
41. Les ailes des chérubins
avaient vingt coudées d'étendue,
en sorte qu'une aile avait cinq
coudées et touchait la muraille
de la maison, et que l'autre, qui
avait cinq coudées, touchait 8
de l'autre chérubin.
19. De méme une aile de cet
autre chérubin avait cinq cou-
dées, et touchait la muraille ; et
son autre aile, de cinq coudées,
touchait l'aile de l'autre chéru-
bin.
13. Ainsi les ailes des deux
chérubins étaient déployées, et
avaient vingt coudées d'étendue ;
et ils étaient eux-mémes droits
sur leurs pieds, et leurs faces
étaient tournées vers la maison
extérieure.
14. Il fit aussile voile d'hyacin-
the, de pourpre, d'écarlate et de
lin fin, et il y tissa des chérubins:
15. Et de plus, devant la porte
du temple, deux colonnes qui
avaient trente-cinq coudées de
ΗΠ PARALIPOMENES.
819
hauteur; et leurs chapiteaux
étaient de cinq coudées.
16. “ fit de méme comme de.
petites chaines dans l'oracle, et il
les mit sur les chapiteaux des co-
lonnes, ainsi que cent grenades
qu'il entrelaça dans les chaines.
17. Etles colonnes elles-mémes,
il les mit dans le vestibule du
temple, l'une à droite, l'autre à
gauche : il appela celle qui était
à droite, Jachin, et celle qui était
à gauche, Booz.
CHAPITRE V.
Description de l'autel des holocaustes,
de la mer d'airain, des conques, chan-
deliers, tables et autres vaisseaux et
ouvrages du temple.
1. Il fit aussi un autel d'airain
de vingt coudées de longueur, de
vingt coudées de largeur, et de
dix coudées de hauteur :
2. Et la mer d'airain, jetée en
fonte, de dix coudées d'un bord
jusqu'à l'autre, était toute ronde:
elle avait cinq coudées de hau-
teur, et un cordon de trente cou-
dées entourait sa circonférence.
3. De plus, une représentation
de bœufs était au-dessous de la
mer, et certaines ciselures au de-
hors entouraiént comme en deux
rangs la partie la plus large de la
mer dans un espace de dix cou-
dées. Or ces bœufs avaient été
jetés en fonte.
4. Et la mer elle-même était po-
866 sur douze bœufs, dont trois
regardaient l'aquilon, et trois
14. Matt., xxvii, 51. — 15. Jérémie, Lu, 20. — גצ IV. 2. III Rois, vir, 23.
9. * Le sicle pesait 14 grammes 30,
10. Le mot maison signifie ici par hébraisme le lieu, l'espace intérieur, le dedans.
13. La maison extérieure; c'est-à-dire le Saint et le parvis.
11, Sur Jachin et Booz, voy. 111 Rois, vu. 24.
820
autres l'occident; or trois autres,
le midi, et les autres, l’orient,
tous ayant la mer posée sur eux :
or la partie de derriere des bœufs
était en dedans sous la mer.
5. L'épaisseur de la mer avait la
mesure d'un palme, et son bord
était fait comme le bord d'une
coupe, ou d'un lis épanoui : etelle
contenait trois mille métrètes.
6. Mais il fit aussi dix conques,
etil en mit cinq à droite et cinq à
gauche, pour qu'on y lavát tout
ce qui devait étre offert en holo-
causte; mais c'est dans la mer
que les prétres se lavaient.
7. [fit en outre dix chandeliers
d'or, selon la forme d’après la-
quelle ilavait ordonné de lesfaire;
et il les mit dans le temple, cinq
à droite et cinq à gauche;
8. Et de plus dix tables; et il les
mit dans le temple, cinq à droite
et cinq à gauche, ainsi que cent
fioles d'or.
9. IL fit encore le parvis des
prélres, et 18 grande basilique, et
à la basilique des portes qu'il cou-
vrit d'airain.
10. Quant à la mer, il la mit du
cóté droit contre l'orient, vers le
midi.
11. Hiram fit aussi les chau-
dieres, les grandes fourchettes et
les fioles, et il acheva tout l'ou-
vrage du roi dans la maison de
Dieu;
12. C'est-à-dire les deux colon-
nes, les architraves, les chapi-
teaux, et les espèces de réseaux
PARALIPOMÈNES. זז
(cn. 1v.]
qui couvraient les chapiteaux
par-dessus les architraves.
13. 11 fit encore les quatre cents
grenades et les deux réseaux, de
manière que deux rangs de gre-
nades étaient attachés ensemble
à chacun des réseaux qui cou-
vraient les architraves etles cha-
piteaux des colonnes.
14. Il fit aussi les bases d'airain,
et les conques quil superposa
aux bases;
15. La mer unique, et aussi les
douze bœufs sous la mer,
16. Et les chaudieres, et les
grandes fourchettes, et les fioles.
Hiram, son père, fit à Salomon
tous les vases pour la maison du
Seigneur, d'un airain très pur.
11. C'est dans la contrée du
Jourdain que le roi les jeta en
fonte, dans la terre argileuse,
entre Sochoth et Sarédatha.
18. Or la multitude de ces vases
étaitinnombrable; en sorte qu'on
ignorait le poids de l'airain.
19. Ainsi Salomon fit tous les
vases de la maison de Dieu, ainsi
que l'autel d'or, les tables, et sur
elles les pains de proposition.
20. ZI fit encore d'un or trés pur
les chandeliers avec leurs lampes,
pour luire devant l'oracle, selon
16 υἱίθ ;
91. Ainsi que certains fleurons,
les lampes et les pincettes d'or :
loutes ces choses furent faites
d'un or trés pur.
22. Il fit aussi les cassolettes,
les encensoirs, les fioles et les pe-
5. * Un palme, 8 centimètres. — Metréte, 38 litres 88.
9. La grande basilique; le parvis du peuple, plus grand que le parvis des prétres.
16. Son pére. Voy. ch. ni, 12.
Ai. * Dans la terre argileuse. Voir III Rois, vir, 46.
19. Et sur elles, etc.; hébraisme pour, sur lesquelles étaient, on mettait, etc,
[cn. v.]
tits mortiers, d'un or tres pur. Et
il cisela les portes du temple inté-
rieur, c'est-à-dire du Saint des
saints; et les portes du temple à
lextérieur étaient d'or. Et ainsi
fut achevé tout l'ouvrage que fit
Salomon pour la maison du Sei-
gneur.
CHAPITRE V.
Cérémonie du transport de l'arche dans
le sanctuaire.
1. Salomon donc apporta tout
ce qu'avait voué David, son pere,
l'argent, l'or et tous les vases, et
il les mit dans les trésors de la
maison de Dieu.
9. Apres quoi, il assembla les
anciens d'Israél, tous les princes
des tribus et les chefs des fa-
milles des enfants d'Israël à Jé-
rusalem, pour amener l'arche
de lalliance du Seigneur de la
cité de David, qui est Sion.
3. C'est pourquoi tous les hom-
mes d'Israél vinrent aupres du
roi au jour solennel du septième
mois.
4. Et lorsque tous les anciens
d'Israël furent venus, les Lévites
enlevèrent l'arche,
5. Etl'apporterent avec tous les
ornements du tabernacle. Mais
les vases du sanctuaire, qui
étaient dans le tabernacle, ce fu-
rent les prétres qui les porterent
avec les Lévites.
6. Or le roi Salomon, tout le
peuple d'Israél, et tous ceux qui
PARALIPOMÈNES. 41 זז
s'assemblerent devant l'arche,
immolaient des béliers et des
bœufs sans nombre : tant était
grande, en effet, la multitude des
victimes.
7. Les prêtres portèrent donc
l'arche de l'alliance du Seigneur
en son lieu, c'est-à-dire, dans l'o-
racle du temple, dans le Saint des
saints, sous les ailes des chéru-
bins ;
8. En sorte que les chérubins
étendaient leurs ailes sur le lieu
dans lequel l'arche avait été mise,
et la couvraient elle-méme avec
ses leviers.
9. Quant aux leviers avec les-
quels on portait l’arche, parce
qu'ils étaient un peu plus longs,
leurs tétes paraissaient devant le
sanctuaire; mais si quelqu'un
était un peu en dehors, il ne pou-
vait pas les voir. Ainsi l'arche ἃ
été là jusqu'au présent jour.
10. Il n'y avait rien dans l'ar-
che, si ce n’est les deux tables que
Moise y mit à Horeb, quand le
Seigneur donna sa loi aux en-
fants d'Israél sortant d'Egypte.
11. Or les prétres étaient sortis
du sanctuaire (car tous les prétres
qui purent.se trouver là furent
sanclifiés; et en ce temps-là les
classes et l'ordre des ministères
n'avaient pas été encore distri-
bués entre eux),
19. Tant les Lévites que les
chantres, c’est-à-dire ceux qui
étaient sous Asaph, sous Héman.
Cuna». V. 1. III Rois, vir, 51. — 2. III Rois, vin, +
3. * Septième mois, partie de septembre et partie d'octobre.
11. Furent sanctifiés; c'est-à-dire purifiés. L'ordre établi par David (I Paral., xxiv
et suiv.), n'avait pas encore été exécuté; et c'est pourquoi beaucoup de prêtres
n'étaient pas encore purifiés, et n'avaient pu par là méme entrer dans l'exercice de
leurs fonctions.
822
sous Idithun, leurs fils et leurs
frères, revétus de fin lin, faisaient
retentir des cymbales, des psal-
térions et des harpes, se tenant
au cóté oriental del'autel; et avec
eux cent vingt prétres sonnaient
des trompettes.
13. Ainsi tous ensemble chan-
tant avec des trompettes, des
voix, des cymbales, des orgues
et d'autres instruments de divers
genres, et élevant la voix dans
les airs, un bruit s'entendait au
loin, en sorte que, lorsqu'ils eu-
rent commencé à louer le Sei-
gneur, et à dire : Rendez gloire
au Seigneur, parce qu'il est bon,
parce que sa miséricorde est éter-
nelle, la maison de Dieu fut rem-
plie d'une nuée;
14. En sorte que les prétres ne
pouvaient s'y tenir, ni remplir
leur ministere à cause de la
nuée; car la gloire du Seigneur
avait rempli la maison de Dieu.
CHAPITRE VI.
Priére de Salomon au jour de la dédicace
du temple.
4. Alors Salomon dit : Le Sei-
gneur a promis qu'il habiterai
dans une nuée;
9. Et moi j'ai élevé une maison
à son nom, afin qu'il y habitàt à
perpétuité.
3. Et le roi tourna sa face et
bénit toute la multitude d'Israël
(car toute la foule était debout et
attentive), et il dit :
4. Béni soit le Seigneur Dieu
d'Israél, qui a mis à effet ce
Cnar. VI. 1. III Rois, vri, 12.
PARALIPOMÈNES. זז
(cm. vr.)
qu'il promit à David, mon père,
disant :
5. Depuis le jour que j'ai re-
tiré mon peuple de la terre d'E-
gypte, je n'ai point choisi de ville
d'entre toutes les tribus d'Israél
pour y bátir une maison à mon
nom, et je n'ai choisi aucun autre
homme pour qu'il füt chef sur
mon peuple Israél ;
6. Mais j'ai choisi Jérusalem
pour que mon nom y soit, et j'ai
choisi David pour l'établir sur
mon peuple Israel.
7. Et lorsqu'il fut dans la vo-
lonté de David mon pere de bà-
tir une maison au nom du Sei-
gneur Dieu d'Israël,
8. Le Seigneur lui dit : Puisque
ta volonté a été de bâtir une
maison à mon nom, tu as certai-
nement bien fait d'avoir une pa-
reille volonté ;
9. Gependant ce ne sera pas
toi qui bátiras la maison; mais
ton fils, qui sortira de tes flancs,
bátira lui-méme la maison à mon
nom.
10. Le Seigneur accomplit donc
sa parole qu'il avait dite : et
moi, je me levai à la place de
David, mon pere; je me suis
assis sur le tróne d'Israél comme
l'a dit le Seigneur, et j'ai bàti
la maison au nom du Seigneur
Dieu d'Israël.
11. Jy ai mis l'arche, dans la-
quelle est l'alliance du Seigneur
qu'il a faite avec les enfants d'Is-
raél.
12. Il se tint donc devant l'au-
tel du Seigneur, en face de toute
6, Pour que mon nom. Voy. 111 Rois, xi, 36.
(ca. vi.]
la multitude d'Israél, et il éten-
dit ses mains;
13. Car Salomon avait fait une
estrade d'airain, et il l'avait pla-
666 au milieu de la basilique : elle
avait cinq coudées de longueur,
cinq coudées de largeur et trois
coudées de hauteur; et il s'y tint
debout; puis, les genoux fléchis
en face de toute 18 multitude d’Is-
raél, et les mains levées au ciel,
44. Il dit : Seigneur Dieu d'Is-
raél, il n'est pas un Dieu sem-
blable à vous, dans le ciel et sur
la terre; vous qui conservez l'al-
liance etla miséricorde à vos ser-
viteursqui marchent devant vous
de tout leur cœur;
45. Vous qui avez exécuté en
faveur de votre serviteur David,
mon père, toutes les paroles que
vous lui aviez dites, et qui avez
mis à effet ce que vous lui aviez
promis de bouche, comme le pré-
sent temps le prouve.
16. Maintenant donc, Seigneur
Dieu d'Israél, accomplissez en
faveur de votre serviteur, mon
père David, tout ce que vous lui
avez promis, disant : ll ne man-
quera pas devant moi d'homme,
sorti de toi, qui soit assis sur le
trône d'Israël, pourvu cependant
que tes fils gardent leurs voies,
et qu'ils marchent dans ma loi,
comme toi-méme tu as marché
devant moi.
47. Et maintenant, Seigneur
Dieu d'Israël, qu'elle soit confir-
mée, la parole que vous avez dite
à votre serviteur David.
14. II Machab., rr, 8.
PARALIPOMÉNES. זז
823
18. Est-il donc croyable que
Dieu habite avec les hommes sur
la terre? Si le ciel et les cieux des
cieux ne vous contiennent point,
combien moins cette maison que
jai bâtie!
19. Aussi a-t-elle été faite seu-
lement pour que vous considé-
riez, Seigneur mon Dieu, votre
serviteur et ses supplications, et
que vous écoutiez les prières que
répand devant vous votre servi-
teur;
20. Pour que vous ouvriez les
yeux sur cette maison pendant
les jours et les nuits, sur ce lieu
en lequel vous avez promis que
votre nom serait invoqué,
21. Et que vous exauceriez la
demande que votre serviteur
vous y adresse ; et pour que vous
exauciez les prières de votre ser-
viteur et de votre peuple Israël.
Quiconque priera en ce lieu,
exauceze de votre demeure,
c'est-à-dire des cieux, et soyez-
lui propice.
22. Si quelqu'un peche contre
son prochain, et qu'il vienne
prét à jurer contre lui, et qu'il
se lie par la malédiction devant
l'autel dans cette maison,
23. Vous écouterez du ciel, et
vous jugerez vos serviteurs, de
telle sorte que vous rameniez la
voie de l'homme inique sur sa
propre téte, et que vous vengiez
le juste, lui rendant selon sa
justice.
24. Si le peuple d'Israël est
vaincu par ses ennemis (car ils
22. Il s'agit probablement d'un homme qui, étant accusé d'avoir offensé son pro-
chain, vient au temple prêter serment contre son accusateur, qu'il est innocent, et se
souhaiter la malédiction dans le cas où il serait coupable, .
824
pécheront contre vous), et que,
convertis, ils fassent pénitence,
invoquent votre nom, et prient
en ce lieu,
95. Vous l'exaucerez du ciel;
pardonnez le péché de votre peu-
ple Israél, et ramenez-les dans
la terre que vous leur avez don-
née, à eux et à leurs pères.
26. Si, le ciel fermé, il ne tombe
point de pluie à cause des péchés
du peuple; s'ils prient en ce lieu
et qu'ils rendent gloire à votre
nom, et se convertissent de leurs
péchés, lorsque vous les aurez
affligés,
97. Exaucez-les du ciel, Sei-
gneur, et pardonnez les péchés
de vos serviteurs et de votre peu-
ple Israël; enseignez-leur la bon-
ne voie par laquelle ils doivent
marcher, et donnez de la pluie
à la terre que vous avez donnée
à votre peuple pour la posséder.
28. S'il se léve sur la terre une
famine, une peste, la rouille, l'a-
ridité, la sauterelle et la chenille,
et que les ennemis, après avoir
ravagé les contrées, assiégent
les portes de la ville, et que toute
sorte de plaies et d'infirmités
nous accable;
29. Si quelqu'un de votre peu-
ple Israël prie, reconnaissant sa
plaie et son infirmité, et qu'il
étende ses mains en cette mai-
son,
30. Vous l'exaucerez du ciel,
c'est-à-dire de votre demeure
élevée ; soyez propice, et rendez
à chacun selon ses voies, que
II PARALIPOMÈNES.
[cn. vi.]
vous savez qu'il à en son cœur
(car vous seul vous connaissez
les cœurs des enfants des hom-
mes);
31. Afin qu'ils vous craignent et
qu'ils marchent dans vos voies,
pendant tous les jours qu'ils vi-
vent sur la face de la terre que
vous avez donnée à nos pères.
32. Méme l'étranger qui n'est
point de votre peuple Israél, s'il
vient d'une terrelointaine à cause
de votre grand nom, et à cause
de votre main puissante, de votre
bras étendu, et qu'il vous adore
en ce lieu,
33. Vous l'exaucerez du ciel,
votre demeure inébranlable, et
vous ferez toutes les choses pour
lesquelles cet étranger vous in-
voquera, afin que tous les peu-
ples de là terre sachent votre
nom, et qu'ils vous craignent
comme /e fait votre peuple Is-
raél, et qu'ils reconnaissent que
votre nom a été invoqué sur cette
maison que j'ai bátie.
34. Si votre peuple sort pour
la guerre contre ses ennemis, et
que dans la voie dans laquelle
vous les aurez envoyés, ils vous
adorent, tournés vers la voie
dans laquelle est cette ville que
vous avez choisie, et la maison
que j'ai bátie à votre nom,
35. Vous exaucerez du ciel
leurs prieres et leurs supplica-
tions, et veuillez les venger.
36. Que 8118 pèchent contre
vous (car il n'y a point d'homme
qui ne peche), que si vous étes
28. Infra, xx, 9. — 36. III Rois, vin, 46; Eccl., vir, 21; I Jean, 1, 8.
28. L'aridité; la sécheresse, qui fait perdre aux plantes leurs couleur. Littér. la
jaunisse; ce que porie aussi la version grecque. La Vulgate a traduit ailleurs (lI Rois,
vir 31) le méme mot hébreu par air corrompu.
[cg. vir.]
irrité contre eux, et que vous
les livriez àleurs ennemis, et que
ceux-ci les emmènent captifs
dans une terre lointaine, ou bien
qui est proche,
37. Et que, convertis en leur
cœur, dans la terre dans laquelle
ils auront été emmenés captifs,
ils fassent pénitence, et vous
prient dans la terre de leur capti-
vité, disant : Nous avons péché,
nous avons fait l'iniquité, et nous
avons agi injustement,
38. Et qu'ils reviennent à vous
en tout leur cœur et en toute
leur àme dans la terre de leur
captivité, dans laquelle ils ont
été emmenés, et qu'ils vous ado-
rent, tournés du cóté de la terre
que vous avez donnée à leurs
peres, dela ville que vous avez
choisie, et dela maison que j'ai
bátie à votre nom,
39. Vous exaucerez du ciel,
c'est-à-dire de votre demeure
stable, leursprières; veuillezfaire
justice, et pardonner votre peu-
ple, quoique pécheur:
40. Car vous étes mon Dieu.
Que vos yeux soient ouverts, je
vous en conjure, et que vos
oreilles soient attentives à la
prière qui se faiten ce lieu.
44. Maintenant donc, levez-
vous, Seigneur Dieu, pour établir
ici votre repos, vous et l'arche de
votre puissance ;.que vos prétres,
Seigneur Dieu, soient revétus de
salut, et que vos saints se réjouis-
sent en vos biens.
PARALIPOMÉNES. זז
825
49. Seigneur mon Dieu, ne
détournez pas la face de votre
christ : souvenez-vous des mi-
séricordes de David, votre servi-
teur.
CHAPITRE VII.
Le feu descend du ciel pour consumer
les victimes ; la majesté de Dieu rem-
plit le temple. La solennité continue
pendant sept jours. On célébre ensuite
la féte des tabernacles. Le Seigneur
apparait à Salomon.
1. Lorsque Salomon eut ache-
vé de se répandre en prières, le
feu descendit du ciel, et consuma
les holocaustes et les victimes ;
et 18 majesté du Seigneur remplit
la maison.
2. Et les prêtres mêmes ne
pouvaient entrer dans le temple
du Seigneur, parce que la majesté
du Seigneur avait rempli le tem-
ple du Seigneur.
3. Mais tous les enfants d'Israël
aussi virent descendre le feu et
la gloire du Seigneur sur la mai-
son; et tombant, inclinés vers la
terre, sur le pavé qui était de
pierre, ils adorèrent et louèrent
le Seigneur : Parce qu'il est bon,
parce que sa miséricorde est éter-
pelle.
4. Or le roi et tout le peuple
immolaient des victimes devant
le Seigneur.
9. Le roi Salomon tua donc
vingt-deux mille bœufs et cent
vingt mille béliers; et le roi dé-
dia, ainsi que tout le peuple, la
maison du Seigneur.
41. Ps. cxxxi, 8. — (ΠΑΡ. VII. 4. II Mach., τι, 8. — 5. 111 Rois, vri, 63.
41. Revétus de salut; c'est-à-dire comblés de vos gráces et de votre protection.
42. Ne détournez pas; ne repoussez pas, ne rejetez pas. — Votre christ; votre oint,
le roi que vous avez choisi, et qui vous a été consacré par l'onction sainte, — Des
miséricordes, des bontés de David. D'autres traduisent de vos bontés pour David.
896
6. Orles prétres étaient appli-
pliqués à leurs fonctions, et les
Lévites jouaient des instruments
propres aux cantiques du Sei-
gneur qu'a composés le roi David
pour louer le Seigneur : Parce
que sa miséricorde est éternelle ;
chantant les hymnes de David
sur leurs instruments ; mais les
prêtres sonnaient des trompettes
devant eux, et tout Israël était
debout.
7. Salomon cons.cra aussi le
milieu du parvis devant le tem-
ple du Seigneur; car il avait
offert là les holocaustes et les
graisses des hosties pacifiques,
parce que l'autel d'airain quil
avait fait ne pouvait tenir les
holocaustes, les sacrifices et les
graisses.
8. Salomon fit done en ce
temps-là la solennité pendant
sept jours, ettout Israél avec lui :
assemblée trés grande, venue
depuis l'entrée d'Emath jusqu'au
torrent d' Egypte.
9. Et au huitième jour, il fit
une réunion, parce quil avait
dédié l'autel durant sept jours, et
quil avait célébré la solennité
durant sept jours.
10. Ainsi, au vingt-troisieme
jour du septieme mois, il ren-
voya dans leurs tabernacles les
peuples se livrant à l'allégresse,
et se réjouissant du bien qu'a-
vait fait le Seigneur à David,
11. III Rois, 1x, 4.
PARALIPOMÉNFS. זז
(cu. vir.)
à Salomon et à Israël son peuple.
11. Salomon acheva donc la
maison du Seigneur, la maison
du roi, et tout ce qu'il s'était
proposé en son cœur de faire
dans la maison du Seigneur et
dans sa propre maison, et il pros-
péra.
12. Or le Seigneur lui apparut
pendaut la nuit, et dit : J'ai en-
tendu ta prière, et choisi ce lieu
pour moi, comme une maison
de sacrifice.
13. Si je ferme le ciel, et qu'il
ne tombe point de pluie; si j'or-
donne et je commande à la sau-
terelle de dévorer la terre, et si
jenvoie une peste à mon peuple,
14. Mais que, converti, mon
peuple, sur qui a été invoqué
mon nom, me prie, et qu'il re-
cherche ma face, et quil fasse
pénitence de ses voies trés mau-
vaises, alors moi je les exaucerai
du ciel, et je pardonnerai leurs
péchés, et je purifierai leur terre.
15. Mes yeux aussi seront ou-
verts, et mes oreilles attentives
à la priere de celui qui priera en
ce lieu;
16. Car j'ai choisi et j'ai sanc-
tifié ce lieu, afin que mon nom
y soit à jamais, et que mes yeux
et mon cœur y demeurent cons-
tamment tous les jours.
47. Et toi-même, si tu marches
devant moi comme a marché Da-
vid ton père; si tu fais selon tout
6. Sur leurs instruments; littér. par le moyen de leurs mains; c'est-à-dire en pincant
des instruments avec leurs mains, avec leurs doigts.
8. Aprés la féte de la dédicace du temple qui dura sept jours, Salomon célébra la
solennité des tabernacles qui tombait à ce méme temps. — * Depuis l'entrée d'Emath
jusqu'au torrent d'Egypte. L'entrée d'Emath marque la frontière septentrionale du
royaume de Salomon, et le torrent d'Egypte, la frontière méridionale.
[cB. vui.)
ce que je t'ai ordonné, et que tu
gardes mes lois et mes ordon-
nances,
18. J'élèverai le trône de ton
regne comme je l'ai promis à Da-
vid, ton père, disant : On n’enlè-
vera pas à ta race un homme qui
doit étre prince en Israél.
19. Mais si vous vous détour-
nez, et que vous abandonniez
mes lois et mes préceptes que je
vous ai proposés, et que, vous
en allant, vous serviez des dieux
étrangers et les adoriez,
20. Je vous arracherai de ma
terre que je vous ai donnée; et
cette maison que j'ai consacrée
à mon nom, je la rejetterai de
ma face, et je la livrerai en pro-
verbe et en exemple à tous les
peuples.
91. Ainsi cette maison sera en
dérision à tous ceux qui passe-
ront, et ils diront, frappés d'éton-
nement : Pourquoi le Seigneur
a-t-il fait ainsi à cette terre et à
cette maison?
22. Et l'on répondra : Parce
qu'ils ont abandonné 16 Seigneur
Dieu de leurs pères, qui les retira
de la terre d'Egypte, et qu'ils ont
pris des dieux étrangers, et qu'ils
les ont adorés et servis: c'est
pour cela que sont venus sur
eux tousces maux.
Car. VIII. 4. III Rois, 1x, 10.
PARALIPOMÈNES. זז
CHAPITRE VIII.
Salomon bátit plusieurs villes. Il rend
tributaires les restes des Chananéens;
règle le service des prêtres et des Lé-
vites, et envoie une flotte à Ophir.
1. Or, vingt ans s'étant accom-
plis aprés que Salomon eut bâti
la maison du Seigneur et sa pro-
pre maison,
2. Il bâtit les villes qu'Hiram
lui avait données, et y fit habiter
les enfants d'Israël.
3. Il s'en alla aussi à Emath-
Suba, et s'en empara.
4. Et il bátit Palmyre dans le
désert, et les autres villes trés
fortifiées, il les bátit en Emath.
5. Il construisit aussi Béthoron
la haute, et Béthoron la basse,
villes murées, ayant des portes,
des verrous et des serrures ;
6. Et de plus Balaath, toutes
les villes trés fortes qui étaient
à Salomon, toutes les villes des
quadriges, et les villes de la ca-
valerie : tout ce que Salomon
voulut et décida, il le bâtit.
dans Jérusalem, et sur le Liban,
et dans tout le pays de sa domi-
nation.
7. Quant à tout le peuple qui
était resté des Héthéens, des
Amorrhéens, des Phérézéens, des
Hévéens et des Jébuséens, qui
18. On n'enlévera pas, etc. Voy. III Rois, τι, 4.
2. Comme nous l'avons déjà remarqué, bdtir signifie quelquefois rebátir, faire des
agrandissements, des embellissements.
3. * Emath-Suba ou Soba est, d'après l'opinion la plus commune, 18 ville d'Emath
(Voir II Rois, viu, 9), désignant ici le royaume dont cette ville était la capitale.
4. * Palmyre. Voir note sur III Rois, 1x, 18.
9. * Les deux Béfhoron, placées à l'entrée des défilés qui conduisaient dans le pays
des Philistins et en Egypte, étaient pour cette raison trés importantes.
6. Les villes des quadriges. Voir ch. 1, 14. — * Balaath ou Baalath, ville de la tribu
de Dan.
828
n'étaient point de la race d'Is-
raél,
8. Mais des enfants et des des-
cendants de ceux que les enfants
d'Israél n'avaient point tués, Sa-
lomon les rendit dépendants
et tributaires jusqu'à ce jour.
9. Pour les enfants d'Israël, il
ne les employa pas à travailler
aux ouvrages du roi; car c'é-
taient des hommes de guerre,
les premiers chefs et les com-
mandants de ses quadriges et de
sa cavalerie.
10. Or tous les princes de l'ar-
mée du roi Salomon étaient au
nombre de deux cent cinquante,
qui instruisaient le peuple.
11. Quant à la fille de Pharaon,
il la transporta de la cité de Da-
vid dans la maison qu'il lui avait
bâtie; car le roi dit : Ma femme
n'habitera pas dans la maison de
David, roi d'Israél, parce quelle
a été sanctifiée, du moment que
l'arche du Seigneur y est entrée.
19. Alors Salomon offrit des
holocaustes au Seigneur sur l'au-
tel du Seigneur, qu'il avait cons-
truit devant le portique,
13. Pour qu'on y offrit chaque
jour des sacrifices, selon le com-
mandement de Moise, aux jours
du sabbat, aux calendes, et aux
jours de féte, trois fois par an,
cest-à-dire à la solennité des
azymes, à la solennité des se-
11. III Rois, rr, 1.
PARALIPOMÉNES. זז
[cg. vin.)
maines et à la solennité des ta-
bernacles.
14. Et il établit, selon les pres-
criptions de David, son père, les
devoirs des prétres dans leur
ministere, les Lévites dans leur
ordre, pour chanter des louanges
et servir devant les prétres, sui-
vant le rite de chaque jour, et les
portiers, d’après la distribution
qui en avait été faite pour chaque
porte; ainsi, en effet, l'avait or-
donné David, l’homme de Dieu.
15. Touchant les commande-
ments du roi, ni les prétres ni
les Lévites n'omirent rien de
tout ce qu'il avait ordonné, et
par rapport à la garde des tré-
sors.
16. Salomon eut toutes les dé-
penses préparées depuis le jour
qu'il jeta les fondements de la
maison jusqu'au jour où il l'a-
cheva.
17. Alors Salomon alla à Asion-
gaber et à Ailath, sur le bord de
la mer Rouge, qui est dans la
terre d'Edom.
18. Or Hiram lui envoya, par
l'entremise de ses serviteurs, des
vaisseaux et des matelots con-
naissant la mer, et ils allèrent
avec les serviteurs de Salomon à
Ophir, et ils emporterent de là
quatre cent cinquante talents
d'or, et ils les portèrent au roi
Salomon.
10. Instruisaient, etc.; c'est-à-dire dirigeaient le peuple dans les travaux, ou d'aprés
le texte hébreux, lui commandaient, le gouvernaient.
13. * Aux calendes, au commencement du mois, à la nouvelle lune. — À la solen-
nilé des azymes, Pâques; à La solennité des semaines, Pentecôte.
11 * A Asiongaber et à Ailath, ports sur la mer Rouge, à l'extrémité septentrionale
du golfe Elanitique.
18, * Ophir, probablement Abhira, dans l'Inde. à l'embouchure de l'Indus,
-04. IX.)
CHAPITRE IX.
La reine de Saba vient voir Salomon.
Richesses de ce prince. Description de
son tróne. Mort de Salomon. Roboam
lui succède.
4. La reine de Saba aussi, ayant
appris la renommée de Salomon,
vint à Jérusalem pour l'éprouver
par des énigmes, avec de grandes
richesses, et des chameaux qui
portaient des aromates, et une
grande quantité d'or, et des
pierres précieuses. Et lorsqu'elle
fut venue vers Salomon, elle lui
dit tout ce qui était en son cœur.
2. Et Salomon lui expliqua tout
ce qu'elle avait proposé, et il n'y
eut rien qu'il ne lui éclaircit.
3. Après qu'elle eut vu ces
choses, c'est-à-dire la sagesse de
Salomon et la maison qu'il avait
bâtie,
4. Ainsi que les mets de sa ta-
ble, les logements de ses servi-
teurs, les emplois de ceux qui le
servaient, et leurs vêtements;
de plus, ses échansons, leurs ha-
bits, et les victimes qu'il immo-
lait dans la maison du Seigneur,
son esprit n'était plus en elle, à
cause de son étonnement.
ὃ. Et elle dit au roi : 1] est vé-
ritable, le récit que j'avais oui
dans mon pays, de vos vertus et
de votre sagesse.
6. Je n'ai pas cru à ceux qui
me parlaient, jusqu'à ce que je
sois venue moi-méme, que mes
yeux aient vu, et que j'aie re-
connu que la moitié de votre
PARALIPOMÈNES. זז
829
sagesse ne m'avait pas été racon-
166 : vous avez surpassé la re-
nommée par vos vertus.
1. Heureux vos sujets, et heu-
reux vos serviteurs, qui sont de-
vant vous en tout temps, et qui
écoutent votre sagesse !
8. Béni soit le Seigneur votre
Dieu, qui a voulu vous placer sur
son tróne, roi du Seigneur votre
Dieu. Parce que Dieu aime Israél,
et qu'il veutle conserver à jamais,
c'est pour cela qu'il vous a établi
roi sur lui, pour rendre les ju-
gements et la justice.
9. Or elle donna au roi cent
vingt talents d'or, des aromates
en trés grande quantité, et des
pierres précieuses : il n'y a pas
eu d'aromates tels que ceux que
donna la reine de Saba à Salo-
mon.
10. Mais aussi les serviteurs
d'Hiram avec les serviteurs de
Salomon apportèrent de l'or d'O-
phir, des bois odorants, et des
pierres très précieuses.
11. Le roi fit avec ces bois odo-
rants des degrés dans la maison
du Seigneur et dans la maison
du roi, et aussi des harpes et des
psaltérions pour les chantres :
jamais on n'a vu dans la terre
de Juda de tels bois.
19. Or le roi Salomon donna
à la reine de Saba tout ce qu'elle
voulut et ce qu'elle demanda, et
beaucoup plus qu'elle ne lui avait
apporté ; et la reine, s'en retour-
nant, s'en alla en son pays avec
ses serviteurs.
(ΒΑΡ. IX. 1. III Rois, x, 1; Matt., xit, 42; Luc, xi, 34.
———— ÀÓÀ
4. * Saba. Voir ΠΙ Rois, x, 1.
4. Son esprit, etc ; elle était ravie, hors d'elle-même.
830
13. Or le poids de l'or qu'on
apportait à Salomon chaque an-
née était de six cent soixante-six
talents d’or,
14. Outre la somme que les
députés de diverses nations et
les marchands avaient accoutu-
mé d'apporter, ainsi que tous
les rois d'Arabie, et tous les gou-
verneurs des provinces, qui ap-
portaient de l'or et de l'argent à
Salomon.
15. Le roi Salomon fit donc
deux cents lances d'or, d'une
somme de six cents sicles d'or,
qui étaient dépensés pour chaque
lance ;
16. Et de plus trois cents bou-
cliers d'or de trois cents szc/es d'or
avec lesquels chaque bouclier
était couvert; et le roi les placa
dans l'arsenal, qui était planté
d'un bois.
17. Le roi fit encore un grand
tróne d'ivoire, et le revétit d'un
or trés pur ;
18. Et de plus six degrés par
lesquels on montait au tróne, un
marchepied d'or, deux petits bras
de chaque cóté, et deux lions qui
étaient pres des deux petits bras,
19. Et aussi douze autres petits
lions qui étaient sur les six de-
grés, d'un cóté et de l'autre : il
n'y a pas eu un tel tróne dans
aucun royaume.
II PARALIPOMENES.
[cu. 1x.)
20. Tous les vases de la table
du roi étaient également d'or, et
tous les vases de la maison du
bois du Liban aussi d'un or très
pur; car l'argent, au jour de Sa-
lomon, était réputé comme rien,
21. Attendu que les vaisseaux
du roi allaient en Tharsis avec les
serviteurs d'Hiram une fois tous
les trois ans; et ils apportaient
de là de l'or, de l'argent, de 11-᾿
voire, des singes, et des paons.
22. Le roi Salomon surpassa
donc tous les rois de la terre en
richesse et en gloire.
93. Et tous les rois de la terre
désiraient voir la face de Salo-
mon, pour écouter la sagesse que
Dieu avait mise en son ceur;
24. Et ils lui envoyaient des
présents, des vases d'argent et
d'or, des vétements, des armes,
des aromates, des chevaux et des
mulets, à chaque année.
95. Salomon eut encore qua-
rante mille chevaux dans des
écuries, douze mille chars et au-
tant de cavaliers, et il les placa
dans les villes des quadriges, et
où était le roi, dans Jérusalem.
26. Il exerca aussi sa puissance
sur tous les rois, depuis le fleuve
d'Euphrate jusqu'à la terre des
Philistins et jusqu'aux frontieres
d'Egypte.
27. Et il procura une abon-
43. * Six cent soixante-six talents d'or. Voir III Rois x, 14.
14. * Arabie, le pays qui s'étend à l'est et au sud de la Palestine jusqu'à la mer
Rouge.
16. Avec lesquels, etc., c'est-à-dire qu'on employait trois cents sicles d'or pour cou-
vrir un seul bouclier. — Qui était planté; qui était entouré. Au lieu de dans l'arse-
nal, etc., l'hébreu porte, comme la Vulgate elle-même dans III Rois, vu, 11 : Dans
la maison du bois du Liban. — * Boucliers. Voir III Rois, x, 16-17.
19. Aucun. Comme nous l'avons déjà remarqué, le mot fout signifie en hébreu, au-
cun, pas un, quand il est joint à une négation.
21. * Les vaisseaux du roi allaient en Tharsis. Voir 11] /lois, x, 22.
27. * Des sycomures à figues. Voir Luc, xix, 4.
[cu. x.]
dance d'argent dans Jérusalem
comme celle des pierres, et une
multitude de cèdres, semblable à
celle des sycomores qui sont
produits dans les plaines.
98. Or on lui amenait des che-
vaux d'Egypte et de tous les pays.
29. Mais le reste des actions
de Salomon, des premieres et
des dernieres, est écrit parmi les
paroles de Nathan, le prophete,
dans les livres d'Ahias, le Silo-
nite, et aussi dans la vision
d'Addo, le Voyant, contre Jéro-
boam, fils de Nabath.
30. Or Salomon régna à Jéru-
salem sur tout Israél, pendant
quarante ans.
31. Et il s'endormit avec ses
peres; et on l'ensevelit dans la
cité de David; et Roboam, son
fils, régna à sa place.
CHAPITRE X.
Séparation des tribus. Roboam demeure
roi de Juda et de Benjamin.
1. Or Roboam partit pour Si-
chem; car c'est là que tout Israël
s'était assemblé pourl'établir roi.
2. Ge qu'ayantapprisJéroboam,
fils de Nabath, qui était en Egypte
(car il avait fui là de devant Sa-
lomon), il revint aussitót.
3. On l'appela donc, et il vint
avec tout Israël, et ils parlèrent
à Roboam, disant :
4. Votre père nous a opprimés
sous un joug très dur; mais vous,
commandez-nous avec plus de
douceur que votre père, qui a
Cab. X. 1. 111 Rois, xii, 4.
PARALIPOMÈNES, וז
831
imposé sur nous une lourde ser-
vitude, et allégez quelque chose
de ce fardeau, afin que nous vous
servions.
ὃ. Il leur dit: Après trois jours,
revenez vers moi. Et, lorsque le
peuple s'en fut allé,
6. Il tint conseil avec les an-
ciens qui s'étaient tenus devant
son pere, Salomon, pendant qu'il
vivait encore, disant : Quel con-
seil me donnez-vous, afin que je
réponde au peuple?
7. Ils lui dirent : Si vous plai-
sez à ce peuple, et que vous
lapaisiez par des paroles dou-
ces, ils vous serviront en tout
temps.
8. Mais Roboam abandonna le
conseil des anciens, et commenca
à traiter avec les jeunes gens
qui avaient été nourris avec lui,
et qui étaient toujours à sa
suite.
9. Et il leur dit: Que vous en
semble ? ou que dois-je répondre
à ce peuple, qui m'a dit : Adou-
cissez le joug que nous a imposé
votre pere?
10. Mais ceux-ci lui répondi-
rent comme des jeunes gens qui
avaient été nourris avec lui dans
les délices, et dirent : C'est ainsi
que vous parlerez au peuple qui
vous ἃ dit : Votre père a aggravé
notre joug ; mais vous, allégez-le;
et vous lui répondrez : Mon plus
petit doigt est plus gros que le
dos de mon père.
11. Mon pere vous a imposé un
joug pesant, et moi, j'y ajouterai
1. * Sichem, au centre de la Palestine. Voir Genése, xit, 6.
6. Qui s'étaient tenus, etc.; qui avaient été du conseil de son père.
11. Avec des scorpions. Voy. 111 Rois, xu, 411.
832
un poids plus pesant. Mon pere
vous a déchirés avec des verges,
mais moi, je vous déchirerai avec
des scorpions.
12. Jéroboam vint donc et tout
le peuple, vers Roboam, le troi-
sieme jour, comme il leur avait
ordonné.
13. Etle roi répondit des choses
dures, abandonnant le conseil
des anciens ;
14. Et il leur dit selon le désir
des jeunes gens : Mon pere
vous a imposé un joug pesant,
que je rendrai moi-méme plus
pesant : mon père vous a déchi-
rés avec des verges, mais moi,
je vous déchirerai avec des scor-
pions.
15. Et 11 n'acquiesca pas aux
prieres du peuple; car il était
dans la volonté de Dieu que füt
accomplie sa parole qu'il avait
dite par l'entremise d'Athias, le
Silonite, à Jéroboam, fils de
Nabath.
16. Or tout le peuple, le roi
lui ayant dit des choses si dures,
lui parla ainsi : Nous n'avons
point de part avec David, ni d'hé-
ritage avec le fils d'Isai. Re-
tourne dans tes tabernacles, Is-
raél; mais vous, David, prenez
soin de votre maison. Et Israël
s'en alla dans ses tabernacles.
11. Mais quant aux enfants d'Is-
raél qui habitaient dans les vil-
les de Juda, Roboam régna sur
eux. ;
18. Le roi Roboam envoya en-
II PARALIPOMÉNES.
]68. xi.]
suite Aduram, qui était surin-
tendant des tributs; et les en-
fants d'Israël 16 lapidèrent, et
il mourut. Or le roi Roboam se
hâta de monter sur son char, et
s'enfuit à Jérusalem.
19. Et Israël s'est tenu séparé
dela maison de David jusqu'à ce
jour.
CHAPITRE XI.
Dieu défend à Roboam de faire la guerre
aux dix tribus. Les prétres, les Lévites
ettous ceux qui craignent Dieu viennent
vers Roboam. Enfants de ce prince.
1. Roboam vint donc à Jéru-
salem, et il convoqua toute la
maison de Juda et de Benjamin,
cent quatre-vingt mille hommes,
choisis et guerriers, pour com-
battre contre Israél et ramener à
lui son royaume.
2. Alors la parole du Seigneur
fut adressée à Séméias, homme
de Dieu, disant :
3. Dis à Roboam, fils de Salo-
mon, roi de Juda, et à tout le
peuple d'Israél qui est dans Juda
et Benjamin :
4. Voici ce que dit le Seigneur:
Vous ne monterez pas, vous ne
combattrez pas contre vos frè-
res : que chacun retourne en sa
maison, parce que cela s'est fait
par ma volonté. Ceux-ci, lors-
quils eurent entendu la parole
du Seigneur, s'en retournèrent,
et n'avancerent pas contre Jéro-
boam.
5. Ainsi Roboam habita àJéru-
15. 11] Rois, xr, 29. — .ג XI. 1. III Rois, xir, 21.
16. Nous n'avons point de part, etc. Voy. III Rois, xn, 16.
48. * Aduram, Adoniram. Voir III Ross, 1v, 6.
3. Dans Juda et Benjamin; c'est-à-dire dans les tribus de Juda et de Benjamin.
[cH. x1.].
salem, et bâtit des villes murées
dans Juda.
6. Il construisit done Bethlé-
bem, Etham, Thécué,
7. Et aussi Bethsur,
Odollam ;
8. De plus Geth, Marésa, Ziph,
9. Et même Aduram, Lachis,
et Azéca,
10. Saraa aussi, et Aïalon, et
Hébron, qui étaient dans Juda et
Benjamin, villes très forlifiées.
11. Et quand il les eut fermées
de murs, il y mit des gouver-
neurs et des magasins de vivres,
c'est-à-dire d'huile et de vin.
19. Mais ?/ établit aussi dans
chaque ville un arsenal de bou-
cliers et de lances, et il fortifia
ces villes avec le plus grand soin;
et il régna sur Juda et Benjamin.
13. Orles prétres et les Lévi-
tes qui étaient dans tout Israél,
vinrent auprès de lui, de toutes
leurs demeures,
14. Abandonnant les faubourgs
et leurs possessions, et passant
dans Juda et à Jérusalem, parce
que Jéroboam οἱ ses enfants
les avaient chassés, afin qu'ils
n'exercassent pas les fonctions
du sacerdoce du Seigneur.
15. Jéroboam se constitua lui-
méme des prétres pour les hauts
lieux, pour les démons, et pour
les veaux qu'il avait faits.
16. Mais de plus, dans toutes
les tribus d'Israél, tous ceux qui
avaient mis leur cœur à chercher
le Seigneur Dieu d'Israél, vin-
Socho,
PARALIPOMÉNES. זז
899
rent à Jérusalem pour immoler
leurs victimes devant le Seigneur
Dieu de leurs pères.
17. Et ils fortifièrent le royau-
me de Juda, et ils affermirent
Roboam, fils de Salomon, durant
trois ans; car ils marchèrent
dans les voies de David et de Sa-
lomon, durant trois ans seule-
ment.
18. Or Roboam épousa Maha-
lath, fille de Jérimoth, fils de Da-
vid, et encore Abihail, fille d'E-
liab, fils d'Isai,
19. Laquelle lui enfanta Jéhus,
Somoria et Zoom.
20. Après celle-ci, il prit encore
Maacha, fille d'Absalom, laquelle
lui enfanta Abia, Ethaï, Ziza et
Salomith.
21. Or Roboam aima Maacha,
fille d'Absalom, plus que toutes
ses femmes du premier et du se-
cond rang; car il avait épousé
dix-huitfemmes du premierrang,
et soixante du second ; et il avait
engendré vingt-huit fils et soi-
xante filles.
22. Mais il établit en téte Abia,
fils de Maacha, chef sur tous ses
freres; car c'est lui qu'il pensait
faire roi,
23. Parce qu'il était plus sage
et plus puissant que tous ses frè-
res dans tous les confins de Juda
et de Benjamin et dans toutesles
villes murées ; et il leur donna
des vivres en abondance, et il
leur chercha un grand nombre de
.femmes.
—————————————— M
6. * Bethléhem. Voir note sur Ruth, 1, 4.
1. * Bethsur, ville de Juda, sur une éminence, auprès de la Fontaine de St-Philippe,
dominant la route qui mène à Hébron. Elle joua un grand rôle dans les guerres des
Machabées.
9, * Aduram, ville de Juda. à l'ouest d'Hébron.
ACT
aJ
834 il PARALIPOMÈNES.
CHAPITRE XII.
Invasion de Sésac, roi d'Egypte. Mort de
Roboam. Abia lui succède.
1. Et lorsque le royaume de
Roboam fut fortifié et affermi,
il abandonna 18 loi du Seigneur,
lui et tout Israël avec lui.
2. Mais à la cinquième année
du regne de Roboam, Sésac, roi
d'Egypte, monta à Jérusalem
(parce que les Israélites avaient
péché contre le Seigneur)
3. Avec mille et deux cents cha-
riots et soixante mille cavaliers ;
et le bas peuple qui était venu
d'Egypte avec lui était sans nom-
bre; 11 se composait de Libyens,
de Troglodytes et d'Ethiopiens.
4. Et il prit les villes les plus
fortifiées dans Juda, et il vint jus-
qu'à Jérusalem.
9. Or Séméias, le prophète, vint
trouver 16 roi Roboam et les prin-
ces de Juda, qui s'étaient réunis
à Jérusalem, fuyant Sésac, et il
leur dit : Voici ce que dit le Sei-
gneur : Vous, vous m'avez aban-
donné, et moi, je vous ai aban-
donnés à la main de Sésac.
6. Alors, consternés, les princes
d'Israël et le roi dirent : Il est
Juste, le Seigneur.
7. Et lorsque le Seigneur vit
qu'ils étaient humiliés, la parole
du Seigneur fut adressée à Sé-
Car. XII. 13. ΠῚ Rois, xiv, 21.
XIV,-25.
[cir xir.]
méias, disant : Puisqu'ils se sont
humiliés, je ne les exterminerai
point, je leur donnerai un peu de
secours, et ma fureur ne s'épan-
chera pas sur Jérusalem par la
main de Sésac ;
8. Cependant ils le serviront,
afin qu'ils sachent la différence
de mon service et du service du
royaume des nations.
9. C'est pourquoi Sésac, roi d'E-
gyple, se retira de Jérusalem
après avoir enlevé les trésors de
la maison du Seigneur et de la
maison du roi, et il emporta tout
avec lui, méme les boucliers d'or
qu'avait faits Salomon,
10. A la place desquels le roi en
fit d'airain, et les remit aux chefs
des scutaires qui gardaientle ves-
tibule du palais.
11. Et lorsque le roi entrait dans
la maison du Seigneur, les scu-
taires venaient et les prenaient,
puis ils les reportaient de nou-
veau dans leur arsenal.
19. Ainsi donc, parce qu'ils s'é-
taient humiliés, la colère du Sei-
gneur fut détournée d'eux, et ils
ne furent pas entierement dé-
truits, attendu qu'il se trouva en-
core dans Juda de bonnes œu-
vres.
13. Le roi Roboam se fortifia
done dans Jérusalem, et y régna;
or il avait quarante et un ans
quand il commenca à régner, et
2. * Sésac, fondateur de la xxi dynastie égyptienne. Voir la note sur 11]
3. Troglodytes; mot grec qui signifie ceux qui se cachent, qui demeurent dans des
cavernes.
8. Du royaume: l'hébreu lit des royaumes.
9. * Les boucliers d'or qu'avaient faits Salomon avec l'or que sa flotte lui avait rap-
porté d'Ophir. Voir la note sur 111 Rois, x, 16-17.
13, L'Ammanile; l'hébreu porte l'Ammonite, du pays des Ammonites,
(cu. xur.]
il régna dix-sept ans à Jérusalem,
ville que le Seigneur avait choi-
sie d'entre toutes les tribus d'Is-
raél pour y établir son nom : or
le nom de sa mere était Naama,
l'Ammanite.
14. Mais il fit le mal, et ne pré-
para point son cœur pour cher-
cher le Seigneur.
15. Or les actions de Roboam,
les premieres et les dernieres,
sont écrites dans les livres de Sé-
méias, le prophete, et d'Addo, le
Voyant, et rapportées exacte-
ment : et Roboam et Jéroboam
se firent la guerre durant tous
leurs jours.
16. Et Roboam dormit avec ses
pères, et il fut enseveli dans la
cité de David ; et Abia, son fils,
régna en sa place.
CHAPITRE XIII.
Guerre entre Abia, roi de Juda, et Jéro-
boam, roi d'Israél. Défaite de Jéro-
boam.
1. En la dix-huitieme année du
regne de Jéroboam, Abia régna
sur Juda.
2. Il régna trois ans à Jérusa-
lem, et le nom de sa mère était
Michaia, fille d'Uriel de Gabaa; et
il y eut guerre entre Abia et Jéro-
boam.
3. Et comme Abia préparait le
combat, et qu'il avait des hommes
tres vaillants, et quatre cent mille
guerriers choisis, Jéroboam ran-
ji PARALIPOMÉNES
895
gea vis-à-vis en bataille une ar-
mée de huit cent mille hommes,
qui eux aussi étaient trés forts
aux combats.
4. Abias'arréta donc surla mon-
tagne de Séméron, qui était en
Ephraim, et il dit: Ecoutez, Jéro-
boam, et tout Israël.
5. Est-ce que vous ignorez que
le Seigneur Dieu d'Israël a donné
à David un royaume sur Israël
pour toujours, à lui et à ses fils,
par un pacte de sel?
6. Et Jéroboam, fils de Nabath,
serviteur de Salomon, fils de Da-
vid, s'est levé et s'est révolté
contre son seigneur ;
7. Et se sont réunis à lui des
hommes de néant, fils de Bélial,
et ils ont prévalu contre Roboam,
fils de Salomon : or Roboam était
sans expérience, d'un cœur crain-
üf, eL il ne put leur résister.
8. Maintenant donc, vous dites
que vous pourrez résister au
royaume du Seigneur, qu'il pos-
sede par les fils de David, et que
vous avez une grande multitude
de peuple et des veaux d'or que
Jéroboam vous a fails pour vos
dieux.
9. Et vous avez chassé les pré-
ires du Seigneur, fils d'Aaron, et
les Lévites; et vous vous étes fait
à vous-mémes des prétres comme
tous les peuples de la terre : qui-
conque vient, et consacre sa main
avec un taureau d'entre les
Cuar. XIII. 1. III Rois, xv, 2. — 3. III Rois, xv, 1. — 6. III Rois, xr, 26. — 9. III Rois,
xir, 34.
4. * Sur la montagne de Séméron, probablement la montagne sur laquelle était bâtie
Samaraim (Josué, xvin, 22), dans le voisinage de Béthel.
9. Pacte de sel; aussi incorruptible que le sel, perpétuel.
1. Fils de Bélial. Voy. Il Corinth., νι, 45.
9. Avec un taureau, etc.; c'est-à-dire par l'immolation d'un jeune taureau pris dans
an troupeau de יס |.
856
bœufs, et avec sept béliers, est
fait prétre de ceux qui ne sont
point dieux.
10. Mais notre Seigneur est
Dieu, et nous ne l'abandonnons
pas : des prêtres d'entre les fils
d'Aaron servent le Seigneur, et
les Lévites sont à leur place.
11. On offre aussi des holo-
caustes au Seigneur chaque jour,
le soir et le matin, ainsi qu'un
parfum composé selon les pré-
ceptes de la loi, et l'on expose
des pains sur la table très pure;
nous avons le chandelier d'or et
ses lampes, pour qu'elles soient
loujours allumées le soir : car
nous, nous gardons fidelement
les préceptes du Seigneur notre
Dieu, que vous, vous avez aban-
donné.
42. Ainsi dans notre armée, le
chef, c'est Dieu, et ses prétres qui
sonnentdestrompettes, etlesfont
relentir contre vous. Enfants d'Is-
raél, ne combattez point contre
le Seigneur Dieu de vos peres;
car cela ne vous est point avan-
lageux.
13. Pendant qu'il disait ces cho-
ses, Jéroboam lui tendait par der-
riere des embüches; et, comme
il se tenait en face des ennemis,
il entourait de son armée Juda
qui l'ignorait.
14. Mais Juda, ayant tourné la
têle, vit que la guerre le mena-
çait par devant et par derriere;
et il cria vers le Seigneur, et les
II PARALIPOMÈNES.
(cu. xui.)
prétres commencerent à sonner
des trompettes.
15. Alors tous les hommes de
Juda poussèrent de grands cris;
or voici que, comme ils criaient,
Dieu épouvanta Jéroboam et tout
Israël, qui se trouvait en face
d'Abia et de Juda.
16. Ainsi les enfants d'Israël
s'enfuirent devant Juda, et Dieu
les livra en sa main.
17. Abia les frappa, donc ainsi
que son peuple, d'une grande
plaie, et il tomba, blessés, du
côté d'Israël, cinq cent mille des
hommes forts.
18. Et les enfants d'Israél fu-
rent humiliés en ce temps-là, el
les enfants de Juda reprirent en-
tièrement courage, parce qu'ils
avaient espéré dans le Seigneur
Dieu de leurs peres.
19. Or Abia poursuivit Jéro-
boam fuyant, et il prit de ses
villes : Béthel et ses filles, Jésana
avec ses filles, Ephron aussi et
ses filles.
20. Et Jéroboam ne fut plus
assez fort pour résister dans les
jours d'Abia; Dieu le frappa, et
il mourut.
21. Ainsi Abia, son empire af-
fermi, prit quatorze femmes, et
procréa vingt-deux fils et seize
filles.
22. Le reste des actions, des
voies et des œuvres d'Abia est
écrit très exactement dans le
livre d'Addo, le prophète.
10. Sont à leur place; à leurs fonctions; ils accomplissent leur ministère.
11. * Cinq cent nulle des hommes forts. Le nombre doit avoir été grossi par les
transcripteurs du texte.
19. Ses filles. Voy. 1 Paralip., viz, 28. — * Béthei, au nord de Jérusalem. Jésana et
Ephron étaient dans le voisinage, vers la limite des royaumes de Juda et d'Israél.
fci, xiv.]
CHAPITRE XIV.
Mort d'Abia. Asa lui succède. Zara, roi
d'Ethiopie, vient l'attaquer. Asa rem-
porte sur lui la victoire.
1. Abia dormit ensuite avec
ses peres, et on l'ensevelit dans
la cité de David, et son fils Asa
régna en sa place; et, durant ses
jours, la terre se reposa pendant
dix ans.
2. Or Asa fit ce qui était bon
et agréable en la présence de
son Dieu : il détruisit les autels
du culte étranger et les hauts
lieux;
3. Il brisa aussi les statues,
coupa les bois sacrés ;
4. Etcommanda à Juda de cher-
cher le Seigneur Dieu de leurs
peres, et d'observer la loi et tous
les commandements.
5. Et il enleva de toutes les
villes de Juda les autels et les
temples, et il régna en paix.
6. Il bátit aussi des villes forti-
fiées dans Juda, parce qu'il était
tranquille, et qu'aucune guerre
ne s'était élevée de son temps,
le Seigneur lui accordant la paix.
7. C'est pourquoi il dit à Juda :
Bátisscns ces villes, entourons-
les de murs, et fortifions-les de
tours, de portes et de serrures,
pendant que tout est en repos du
cóté des guerres, parce que nous
avons cherché le Seigneur Dieu
le nos pères, et qu'il nous a
Caar. XIV. 1. III Ros, xv, 8.
PARALIPOMÉNES. זז
837
donné la paix tout autour. [ls bà-
tirent donc, et, pendant la cons-
truction, il n'y eut aucun empé-
chement.
8. Or Asa eut dans son armée
trois cent mille Aomes de Juda.
portant des boucliers et des
piques; mais de Benjamin deux
cent quatre-vingt mille scutaires
et archers : tous ces hommes
étaient tres vaillants.
9. Cependant Zara, l'Ethiopien,
sortit contre eux avec son armée
d'un million d'hommes et trois
cents chariots, et il vint jusqu'à
Marésa.
10. Mais Asa alla au-devant de
lui, et rangea son armée en ba-
taille dans la vallée de Séphata,
qui est pres de Marésa;
11. Et il invoqua le Seigneur
soa Dieu, et dit : Seigneur, il n'y
a pour vous aucune différence
de secourir avec un petit nombre
ou un trés grand nombre: se-
courez-nous, Seigneur notre
Dieu, car c'est en vous et en
votre nom qu'ayant confiance,
nous sommes venus contre cette
multitude. Seigneur, vous étes
notre Dieu; qu'un homme ne
l'emporte pas sur vous.
19. C'est pourquoi le Seigneur
épouvanta les Ethiopiens devant
Asa et Juda; et les Ethiopiens
s'enfuirent.
13. Et Asa les poursuivit, ainsi
que le peuple qui était avec lui,
6, 7. Bátir, comme on l'a déjà remarqué, signifie souvent, dans la Bible, reódtir.
faire des agrandissements, des embellissements.
9. * Zara, l'Ethiopien, est, d’après plusieurs égyptologues, Osorkon Ie", pharaon de
la xxne dynastie égyptienne, qui succéda à Sésac, le vainqueur de Roboam. — Ma-
résa se trouvait entre Hébron et Azot.
10. * Séphata, dans le territoire de la tribu de Juda.
808
jusqu'à Gérare; et les Ethiopiens
périrent jusqu'à une entière ex-
termination, parce qu'ils furent
brisés, le Seigneur les taillant en
pieces, pendant que ‘l'armée
d'Asa combattait. Ainsi Jes /sraé-
lites remporterent beaucoup de
dépouilles,
14. Et ils frappèrent toutes les
villes autour de Gérare; car une
grande terreur avait saisi tout le
monde ; et ils pillerent les villes,
et emporterent un grand butin.
15. Mais détruisant méme les
pares de brebis, ils prirent une
multitude infinie de menu bétail
et de chameaux, et ils revinrent
à Jérusalem.
CHAPITRE XV.
Prédiction du prophète Azarias. Zèle
d'Asa contre l'idolätrie. Renouvelle-
me^it de l'alliance avec le Seigneur. Asa
óte l'autorité à sa mère, qui avait élevé
une idole.
1. Or Azarias, fils d'Oded, l'es-
prit de Dieu étant venu en lui,
9. Sortit à la rencontre d'Asa,
et lui dit : Ecoutez-moi, Asa, et
vous, Juda et Benjamin. Le Sei-
gneur à été avec vous, parce
que vous avez été ayec lui. Si
vous le cherchez, vous le trouve-
rez, mais si vous l'abandonnez,
il vous abandonnera.
ll PARALIPOMÉNES.
[cu. xv.]
3. Il se passera un grand
nombre de jours en Israél, sans
vrai Dieu, sans prêtre enseignant
et sans loi.
4. Et lorsque dans leur an-
goisse ils reviendront au Sei-
gneur Dieu d'Israël, et qu'ils le
chercheront, ils le trouveront.
5. En ce temps-là, il n'y aura
point de paix pour l'entrant et le
sortant, mais des terreurs de
toutes parts sur tous les habi-
tants de la terre;
6. Car une nation combattra
contre une nation, et une ville
contre une ville, parce que le
Seigneur les troublera de toutes
sortes d'angoisses.
7. Vous donc, fortifiez-vous, et
que vos mains ne s'affaiblissent
point; car il y aura une récom-
pense pour votre ceuvre.
8. Lorsqu'Asa eut entendu cela,
c'est-à-dire les paroles et la pro-
phétie d'Azarias, fils d'Oded, le
prophète, il se fortifia, et enleva
les idoles de toute la terre de
Juda et de Benjamin, et des villes
quil avait prises, du mont
Ephraim, etil dédia lautel du
Seigneur qui était devant le por-
tique du Seigneur.
9. Et il assembla tout Juda et
Benjamin, et avec eux les étran-
gers venus d'Ephraim, de Ma-
—— — — M ——— ——— — — »ὲ-»..0ς’ΡῬἉωςα».ο..-.. ᾽-“-ὕ.
44. * Gérare, aujourd'hui Khirbet el-Gerah, au sud de Gaza.
3. Les uns entendent ce qui est dit dans ce verset, du royaume d'Israél, c'est-à-dire
des tribus qui avaient dés lors substitué au culte du vrai Dieu un culte superstitieux
et idolàtrique : d'autres, du temps où les Juifs furent captifs à Babylone ; d'autres enfin,
de l'état présent des Juifs depuis la mort de Jésus-Christ, à cause du rapport frap-
pant qu'il y a entre cette prophétie d'Azarias et celle d'Osée, τι, 4, 5, qui regarde cer-
tainement l'état présent des Juifs.
5. Par l'expression entrer et sortir, les Hébreux entendaient toutes les actions et
toutes les situations de la vie.
8. * Il dédia. Dans le texte original, il renouvela, répara l'autel du Seigneur, l'autel
des hclocaustes qui avait été érigé une soixantaine d'années auparavant et avait sans
doute besoin de réparations.
]68. xvi.]
nassé, et de Siméon; car plu-
sieurs s'étaient réfugiés d'Israél
vers lui, voyant que le Seigneur
son Dieu était avec lui.
10. Et lorsqu'ils furent venus
à Jérusalem le troisieme mois,
l'an quinzième du règne d'Asa,
11. Ils immolèrent au Seigneur
en ce jour-là, parmi les dépouilles
etle butin qu'ils avaientemmené,
sept cents 200015 et sept mille
béliers.
12. Et 16 roi entra selon la cou-
tume pour confirmer l'alliance,
afin qu'ils cherchassent le Sei-
gneur Dieu de leurs péres de
tout leur cœur et de toute leur
áme.
13. Or, si quelqu'un, dit-il, ne
cherche pas le Seigneur Dieu d'Is-
raël, qu'il meure, depuis le plus
petit jusqu'au plus grand, depuis
l'homme jusqu'à la femme.
14. Et ils le jurèrent au Sei-
gneur avec une voix forte au mi-
lieu des cris de joie, au bruit de
la trompette et au son des clai-
rons,
15. Tous ceux qui étaient dans
la Judée, avec exécration; car
c'est en tout leur cœur qu'ils ju-
rèrent, et avec leur entière vo-
lonté qu'ils chercherent le Sei-
gneur; et ils le trouverent, et le
Seigneur leur donna le repos à
l'entour.
16. Asa déposa Maacha, mere
du roi, de l'autorité souveraine,
parce qu'elle avait élevé dans un
bois sacré un simulacre de Priape,
qu'il brisa entierement ; et l'ayant
II PARALIPOMÈNES.
899
mis en pieces, il le brüla dans le
torrent de Cédron.
11. Mais les hauts lieux restè-
rent en Israël; cependant le cœur
d'Asa fut parfait durant tous ses
jours.
18. Et les choses que son pere
avait vouées ainsi que lui-même,
il les porta dans la maison du
Seigneur : del'argent, de l'or et
différentes espèces de vases.
19. Oril n'y eut point de guerre
jusqu'à la trente-cinquieme an-
née du regne d'Asa.
CHAPITRE XVI.
Asa appelle à son secours le roi de Sy-
rie contre Baasa, roi d'Israël, et il en
est repris par le prophéte Hanani.
Maladie et mort d'Asa.
1. Mais à l'année trente-sixième
de son regne, Baasa, roi d'Israël,
monta en Juda, et environna d'un
mur Rama, afin que nul du royau-
me d'Asa ne püt sürement sortir
et entrer.
2. Asa prit donc de l'argent et
de l'or des trésors de la maison du
Seigneur, et des trésors du roi,
etenvoya à Bénadad, roi de Syrie,
qui habitait à Damas, disant :
3. ll y 8 une alliance entre
moi et vous; mon pere aussi et
le vótre ont entretenu la con-
corde; c'est pourquoi je vous ai
envoyé de l'argent et de l'or, afin
que, rompant l'alliance que vous
avez faite avec Baasa, roi d'Israél,
vous l'obligiez à s'éloigner de
moi.
4. Cette nouvelle reçue, Béna-
16. * Un simulacre de Priape. Dans l'hébreu, un pieu d'Aschéra ou Astarté, — 66-
dron, vallée à l'est et au sud-est de Jérusalem.
1. * Rama, aujourd'hui er-Ram, au nord de Jérusalem.
4. * Abelmaim est appelé ailleurs simplement Abéla, 11 Rois, xx, 14. Toutes lcs
810
dad envoya les princes de ses
armées contre les villes d'Is-
raël, lesquels frappèrent Ahion,
et Dan, et Abelmaim, et toutes
les villes de Nephthali murées.
9. Lorsque Baasal'eut appris, il
cessa de bâtir Rama, et inter-
rompit son ouvrage.
6. Or le roi Asa prit tout Juda
avec lui, et ils enlevèrent les
pierres de Rama et les] bois
qu'avaient préparés Baasa pour
bàtir, et il en bâtit Gabaa et
Maspha.
7. En ce temps-là, Hanani, le
prophéte, vint vers Asa, roi de
Juda, et lui dit : Parce que vous
avez eu confiance dans le roi de
Syrie, et non dans le Seigneur
votre Dieu, c'est pourquoi l'armée
du roi de Syrie s'est échappée de
votre main.
8. Est-ce que les Ethiopiens et
les Libyens n'étaient pas beau-
coup plus nombreux en quadri-
ges, en cavaliers et en une mul-
litude considérable? Et comme
vous aviez cru au Seigneur, il les
livra en votre main.
9. Car les yeux du Seigneur
contemplent toute la terrre, et ils
donnent de la force à ceux qui
d'un cœur parfait croient en lui.
Vous avez donc agi follement, et
à cause de cela dès à présent des
guerres s'éleveront contre vous.
10. Mais Asa, irrité contre le
βαρ. XVI. 8. Supra, xiv, 9.
PARALIPOMÉNES. זז
[cu. xvn.]
Voyant, commanda qu'il füt mis
dans les chaines ; car il avait été
très indigné de ses paroles; et
iltua en ce temps-là un grand
nombre de personnes d'entre le
peuple.
11. Or les actions d'Asa, les
premieres et les dernieres, sont
écrites dans le Livre des rois de
Juda et d'Israél.
19. Asa fut aussi malade, la
irente-neuvieme année de son
regne, d'une douleur aux pieds
très violente, et dans son infir-
mité il ne chercha point le Sei-
gneur; mais il se confia davan-
tage en l'art des médecins.
13. Et il dormit avec ses peres;
et il mourut l'an quarante et
unieme de son règne.
14. Et on l'ensevelit dans son
sépulere qu'il s'était creusé dans
la cité de David ; et on le mit sur
son lit rempli d'aromates et d'es-
sences de femme de mauvaise
vie, composées selon l'art des
parfumeurs, et on les brüla sur
lui en trés grand appareil.
CHAPITRE XVII
Josaphat succède à Asa. Sa piété, ses
grands biens. Soin qu'il prend de faire
instruire le peuple. Dénombrement de
ses troupes et de ses officiers.
1. Or Josaphat, son fils, régna
en sa place, et prévalut contre
Israél.
villes mentionnées ici sont au nord de la Palestine, et ce sont les premières que ren-
contra l'armée de Bénadad en envahissant Israël du côté de Dan.
1. * Hanani est probablement le pére de Jéhu, qui annonca à Baasa la chüte de sa
maison, III Rois, xiv, 1.
10. Les chaines; littér. (e nerf, mot qui signifie proprement des liens faits avec des
nerfs, mais qui s'applique aussi aux cordes, aux chaines, aux menottes, et aux col-
liers qu'on mettait aux criminels. —* Le Voyant, 16 prophète Hanani,
14. D'essences de femmes, etc. Compar. Proverb., vn, 11.
[cu. xvu.]
2. Et il établit des légions de
soldats dans toutes les villes de
Juda qui étaient entourées de
murs, et il posta des garnisons
dans la terre de Juda et dans les
villes d'Ephraim qu'avait prises
Asa, son pere.
3. Et le Seigneur fut avec Josa-
phat, parce qu'il marcha dans
les premieres voies de David, son
père, et il n'espéra pas dans les
Baalim,
4. Mais dans le Dieu de son
pére; et il marcha dans ses pré-
ceptes, et non selon les péchés
d'Israél.
5. Et le Seigneur affermit le
royaume en sa main, οἱ tout
Juda donna des présents à Josa-
phat; et 31 lui vint d'immenses
richesses et beaucoup de gloire.
6. Et, son cœur ayant pris de
la hardiesse à cause des voies
du Seigneur, il enleva de Juda
méme les hauts lieux et les bois
sacrés.
7. Or, la troisième année de
son regne, ilenvoya d'entre ses
princes, Benhail, Obdias, Zacha-
rie, Nathanaël et Michée, pour
instruire dans les villes de Juda.
8. Et avec eux les Lévites Sé-
méias, Nathanias et Zabadias,
Asaél, Sémiramoth et Jonathan,
Adonias, Tobias et Thobadonias,
et avec eux Elisama et Joran,
prétres.
9. Et ils instruisaient le peuple
en Juda, ayant le livre de la loi
PARALIPOMENBE. זז
841
du Seigneur; ainsi ils parcou-
raient toutes les villes de Juda,
et ils enseignaient le peuple.
10. C'est pourquoi la crainte du
Seigneur se répandit dans tous
les royaumes des nations qui
étaient aux environs de Juda, et
ils n'osaient pas combattre contre
Josaphat.
11. Mais les Philistins méme
apportaient des présents à Josa-
phat, et un impót d'argent : les
Arabes aussi lui amenaient des
troupeaux, sept mille sept cents
béliers, et autant de boucs.
12. Josaphat devint donc puis-
sant, et s'éleva jusqu'à un tres
haut point de grandeur; et il
bâtit dans Juda des maisons en
forme de tour, et des villes mu-
rées.
13. Et il prépara beaucoup
d'ouvrages dans les villes de Ju-
da; et il y avait aussi dans Jé-
rusalem des hommes de guerre
et vigoureux,
14. Dont voici le nombre, se-
lon les maisons et les familles de
chacun : Dans Juda, les princes
de l'armée étaient, Ednas, le chef,
et avec lui étaient trois cent mille
hommes tres vigoureux.
15. Apres lui était Johanan, le
prince, et avec lui deux cent
quatre-vingt mille ones ;
16. Aprés celui-ci, Amasias,
fils de Zéchri, consacré au Sei-
gneur, et avec lui deux cent mille
hommes braves.
3. Les premières voies, etc.; c'est-à-dire la conduite irréprochable que David avait
tenue avant de commettre les péchés dont il se rendit ensuite coupable; car, quoi-
qu'il les ait expiés par une sincére pénitence, c'est néanmoins ce qui donne lieu de
distinguer particulièrement ses premières voies. — Dans les Baalim. Voy. Juges,
1,41.
9. * Lelivre dela loi du Seigneur, le Pentateuque, qui contient laloi donnée par Dieu
à Moise,
842
17. A sa suite venait Eliada,
vigoureux dans les combats, et
aveclui deux cent mille Aommes,
tenant un arc et un bouclier.
18. Après celui-ci était encore
Jozabad, et avec lui cent quatre-
vingt mille soldats préts à com-
battre,
19. Tous ceux-là étaient sous
18 main du roi, outre les autres
qu'il avait placés dans les villes
murées, 08118 tout Juda.
CHAPITRE XVIII.
Josaphat fait alliance avec Achab. 115 se
liguent ensemble contre les Syriens.
Les faux prophétes promettent la vic-
toire à Achab. Michée prédit la mort
de ce prince. Bataille oà Achab est
blessé et meurt.
4. Josaphat fut donc riche, très
illustre, et allié avec Achab.
9. Et il descendit après quel-
ques années vers lui à Samarie;
et à son arrivée Achab tua un
grand nombre de béliers et de
bœufs, à cause de lui et de tout
le peuple qui était venu avec lui,
et il lui persuada de monter à
Ramoth-Galaad.
3. Achab, roi d'Israël, dit donc
à Josaphat, roi de Juda: Venez
avec moi à Ramoth-Galaad. Celui-
ci lui répondit : Comme je suis,
vous étes vous-méme : comme
est votre peuple, ainsi est mon
peuple ; et nous serons avec vous
dans cette guerre.
4. Et Josaphat dit au roi d'Is-
II PARALIPOMÉNES.
]68. xvi]
raél : Consultez, je vous en con-
jure, des à présent, la parole du
Seigneur.
5. Le roi d'Israël assembla donc
quatre cents hommes, prophètes,
et il leur dit : Devons-nous aller
àRamoth-Galaad pourcombattre,
ou nous tenir en repos? Mais
ceux-ci : Montez, dirent-ils, et le
Seigneur la livrera en la main du
roi.
6. Et Josaphat demanda : N'y
a-t-il point ici uu prophéte du
Seigneur, afin que nous le con-
sultions aussi?
7. Et le roi d'Israël répondit à
Josaphat: 11 y a un homme par
qui nous pouvons consulter la
volonté du Seigneur; mais moi,
je le hais, parce qu'il ne me pro-
phétise point du bien, mais du
mal en tout temps : or c'est Mi-
chée, fils de Jemla. Et Josaphat
dit : O roi, ne parlez pas ainsi.
8. Le roi. d'Israél appela donc
un des eunuques, et lui dit : Ap-
pelle à l'instant Michée, fils de
Jemla.
9. Or le roi d'Israél et Josa-
phat, roi de Juda, étaient assis
chacun surleur tróne, vétus avec
une magnificence royale; et ils
étaient assis dans une aire, pres
dela porte de Samarie, et tous
les prophètes prophétisaient de-
vant eux.
10. Alors Sédécias, fils de Cha-
naana, se fit des cornes de fer,
et dit: Voici ce que dit le Sei-,
Cnar. XVIII. 1. IV Reg., viri, 18; Infra, xxi, 6. |
9. * A Samarie. Voir la note sur III Rois, xvr, 24. — Ramoth-Galaad. Noir Deutéro-
nome, 1v, 43.
3. Comme je suis, etc. Je suis dans les mêmes dispositions que vous, nous ne fai-
sous qu'un; mon neuple est votre peuple.
40. * Près de la porte de Samarie. Noir 111 Rois, xxu, v.
[cH. xvir.]
gneur : Tu agiteras avec ces cor-
nes la Syrie, jusqu'à ce que tu
l'aies détruite.
11. Et tous les prophètes pro-
phétisaient de méme, et disaient:
Montez à Ramoth-Galaad, et vous
prospérerez, et le Seigneur les
livrera à la main du roi.
19. Or le messager qui était
allé pour appeler Michée lui dit :
Voilà que les paroles des prophe-
tes annoncent unanimement de
bonnes choses au roi; je vous
prie donc que votre parole ne
differe point des leurs, et dites
des choses favorables.
13. Michée lui répondit : Le
Seigneur vit! tout ce que m'au-
ra dit mon Dieu, c'est ce que je
dirai. |
14. Il vint donc vers le roi, et
le roi lui dit : Michée, devons-
nous aller à Ramoth-Galaad pour
combattre, ou nous tenir en re-
pos? Michée lui répondit : Mon-
lez, car toutes choses seront pros-
pères, et les ennemis seront li-
vrés en vos mains.
15. Et le roi reprit : Je t'adjure
de nouveau et encore de nou-
veau de ne me dire que ce qui
est vrai, au nom du Seigneur.
16. Alors Michée dit : J'ai vu
tout Israél dispersé dans les mon-
tagnes, comme les brebis sans
pasteur; et le Seigneur a dit:
Ceux-ci n'ont point de maîtres ;
que chacun retourne dans sa
maison en paix.
11. Etle roi d'Israël dit à Josa-
phat: Ne vous ai-je pas dit que
cet homme ne me prophétise rien
de bien, mais des choses qui sont
mauvaises? .
II PARALIPOMÉNES.
843
18. Mais Michée : C'est pour-
quoi, dit-il, écoutez la parole du
Seigneur: J'ai vule Seigneur as-
sis sur son tróne, et toute l'ar-
inée du ciel se tenant près de lui,
à droite et à gauche.
19. Et le Seigneur a dit : Qui
trompera Achab, roi d'Israél, afin
qu'il monte et qu'il succombe à
Ramoth-Galaad? Comme l'un di-
sait d'une maniere, et l'autre
d'une autre,
20. L'esprit malin s'avanca, et
sarréta devant le Seigneur, et
lui dit : C'est moi qui le trompe-
rai. Et le Seigneur : En quoi, lui
dit-il, le tromperas-tu ?
21. Et celui-ci répondit : Je sor-
tirai, et je serai un esprit men-
teur dans la bouche de tous ses
prophètes. Et le Seigneur dit:
Tu le tromperas, et tu prévau-
dras ; sors, et fais ainsi.
22. Maintenant donc voilà que
le Seigneur a mis un esprit de
mensonge dans la bouche de tous
vos prophétes, et le Seigneur a
prononcé contre vous des mal-
heurs.
93. Or Sédécias, fils de Cha-
naana, s'approcha, frappala joue
de Michée et dit : Par quelle voie’
l'Esprit du Seigneur a-t-il passé
de moi en £oi pour te parler?
24. Et Michée répondit : Vous
le verrez vous-méme, le jour que
vous entrerez dans une chambre
au sortir d'une chambre pour
vous cacher.
25. Alors le roi d'Israël or-
donna, disant : Prenez Michée,
et conduisez-le à Amon, prince
de la ville, et à Joas, fils d'Amé-
lech,
24. * Dans une chambre. Voir III Rois, xx, 30.
T —.
844
96. Et vous leur direz : Voici
ce que dit le roi : Envoyez cet
homme dans la prison, et don-
nez-lui un peu de pain et un peu
d'eau, jusqu'à ce que je revienne
en paix.
Et Michée dit : Si vous re- .דפ
venez en paix, le Seigneur n'a
point parlé par moi. Et il ajouta:
Peuples, écoutez tous.
98. Ainsi le roi d'Israél et Jo-
saphat, roi de Juda, montèrent à
Ramoth-Galaad.
99. Et le roi d'Israël dit à Jo-
saphat : Je changerai d'habit, et
cest ainsi que j'irai au combat;
mais, vous, revétez-vous de vos
vétements. Ainsi, son habit chan-
gé, le roi d'Israél vint au com-
bat.
30. Or le roi de Syrie ordonna
aux chefs de sa cavalerie, disant:
Ne combattez point contre le plus
petit ou contre le plus grand,
mais seulement contre le roi d'Is-
raël.
31. C'est pourquoi, lorsque les
chefs de la cavalerie virent Josa-
phat, ils dirent : C'est le roi d'Is-
raël. Et ils l'environnerent en
combattant; mais lui cria vers
le Seigneur, et /e Seigneur le
secourut, el les écarta de lui;
39. Car, comme les chefs de
la cavalerie virent que ce n'était
point le roi d'Israël, ils le laissè-
rent.
88. Or il arriva qu’un homme
du peuple lança une flèche au
hasard, et qu'il frappa le roi d'Is-
raél entre le cou et les épaules;
mais Achab dit au conducteur de
son char : Tourne ta main, et
PARALIPOMENES. זז
xix.) .זו6]
tire-moi de la bataille, parce que
je suis blessé. |
34. Et la guerre fut terminée
en ce jour-là. Or le roi d'Israël se
tint sur son char en face des Sy-
riens, jusqu'au soir, et il mourut
au soleil couchant.
CHAPITRE XIX.
Josaphat est repris d'avoir donné du se-
cours à Achab. Il fait la visite de ses
Etats, et y établit des juges.
1. Mais Josaphat, roi de Juda,
retourna paisiblement en sa mai-
son à Jérusalem.
2. Jéhu, le Voyant, fils d'Hana-
ni, vint à sa rencontre, et lui dit:
Vous donnez du secours à l’impie,
et vous vous liez d'amitié avec
ceux qui haissent le Seigneur ;
et c'est pour cela certainement
que vous méritiez la colère de
Dieu.
3. Mais de bonnes cuvres ont
été trouvées en vous, parce que
vous avez enlevé les bois sacrés
de la terre de Juda, et que vous
avez préparé votre cœur pour
chercher le Seigneur Dieu de vos
pères.
4. Josaphat habita donc à Jé-
rusalem , et il sortit de nouveau
vers le peuple, depuis Bersabée
jusqu'à la montagne d'Ephraim,
et il les rappela au culte du Sei-
gneur, le Dieu de leurs pères.
5. Et il établit des juges pour
le pays danstoutes les villes de
Juda fortifiées, pour chaque lieu
en particulier.
6. Et il ordonna aux juges :
Prenez garde, dit-il, à tout ce que
vous ferez; car ce n’est pas la jus-
&. Il sortit, etc.; il visita son peuple en parcourant le pays. = * Depuis Bersabée,
Voir Genèse, xxi, 14.
xx.] .אס]
lice d'un homme que vous exer-
cez, mais celle du Seigneur, et
tout ce que vous aurez jugé re-
tombera sur vous.
7. Que la crainte du Seigneur
soit avec vous, et faites tout avec
_soin; car il n’y a dans 16 Seigneur
*
' notre Dieu, ni iniquité, ni accep-
lion de personnes, ni désir de
présents.
8. Josaphat établit aussi dans
Jérusalem des Lévites, des pré-
tres, et des princes des familles
d'Israël, afin de juger le jugement
et la cause du Seigneur pour ses
habitants.
9. Et il leur ordonna, disant :
C'est ainsi que vous agirez dans
la crainte du Seigneur, fidè-
lement et avec un cœur par-
fait.
10. Quant à toute cause (qui
vous viendra) de vos frères qui
habitent dans leurs villes, entre
parenté et parenté, partout où il
sera question de loi, de comman-
dement, de cérémonies, d'ordon-
nances, faites-la leur connaître,
afin qu'ils ne pèchent point con-
II PARALIPOMÈNES.
$45
tre le Seigneur, et que sa colere
ne vienne point sur vous et sur
vos frères; agissant donc ainsi,
vous ne pécherez point.
11. Or Amarias, le prétre, vo-
tre pontife, présidera dans les
choses qui regardent Dieu, et Za-
badias, fils d'Ismael, chef dans
la maison de Juda, sera préposé
sur les ouvrages qui appartien-
nent au service du roi. Vous avez
aussi pour maîtres les Lévites
devant vous; fortifiez-vous et
agissez avec soin, et le Seigneur
sera avec vous, vous comblant de
biens.
CHAPITRE XX.
Les Moabites, les Ammonites et leurs
alliés marchent contre Josaphat. Ce
prince a recours à Dieu, et ses enne-
mis se tuent entre eux. 1[ fait alliance
avec Ochozias, et il en est repris.
1. Après cela les enfants de
Moab 6% les enfants d'Ammon,
et avec eux des Ammonites,
s'assemblerent contre Josaphat
pour combattre contre lui.
9. Et des messagers vinrent
Deut., x, 11; Sag., vr, 8; Eccli., xxxv, 15; Actes, x, 34; Rom., r1, 11; .ד XIX. .גח
Gal., 1t, 6; Ephés., vi, 9; Coloss., ir, 25; I Pierre, 1, 11.
8. Afin de juger, etc. L'hébreu porte : Pour le jugement du Seigneur et la plaidoirie,
c'est-à-dire, comme on l'explique assez généralement, tant pour les causes religieuses
qui concernaient les lois de Dieu et son culte que pour les causes purement civiles,
de quelque nature qu'elles fussent.
10. Dans la Vulgate, l'expression vos fréres est au génitif, comme complément de
loute cause; cest pourquoi nous avons mis qui vous viendra entre parenthéses.
1. Des Ammonites. Comme les Ammonites étaient les mémes que les enfants d'Am-
mon, il s'agit peut-étre ici des Iduméens, qui, n'ayant osé déclarer la guerre à Jo-
saphat, dont ils étaient tributaires, prirent le nom d'Ammonites pour satisfaire leur
haine contre les Hébreux. Ce qui donne quelque probabilité à cette explication, c'est
qu'aux versets 10. 22, 23 de ce méme chap. on voit les habitants de Séir, c'est-à-dire
les Iduméens mélés aux enfants d'Ammon et de Moab. * 1[ est plus croyable qu'Az-
moniles est une fausse lecture pour Maonites, habitants d'une partie de l'Idumée.
2. De la mer Morte ou lac Asphaltite. — De la Syrie; c'est-à-dire des contrées des
Moabites et des Ammonites, lesquelles sont aussi appelées Syrie dans le sens large
de ce mot. — * Asason Thamar, qui est Engaddi, dans le désert de Juda, à l'ouest de
la mer Morte.
840
et l'annoncérent à Josaphat, di-
sant : Une grande multitude
vient contre vous des lieux qui
sont au delà de la mer et de la
Syrie, et voilà qu'ils s'arrétent à
Asasonthamar, qui est Engaddi.
3. Or,Josaphat, saisi de crainte,
s'appliqua entièrement à prier le
Seigneur, et publia un jeûne
dans tout Juda.
4. Et Juda s'assembla pour
prier le Seigneur, et méme tous
sorlirent de leurs villes pour
l'implorer.
9. Et lorsque Josaphat se fut
levé au milieu de Juda et de Jé-
rusalem dans la maison du Sei-
gneur, devant le parvis nou-
veau,
6. Il dit: Seigneur Dieu de nos
peres, c'est vous qui étes Dieu
dans le ciel, et qui dominez sur
tous les royaumes des nations :
dans votre main sont la force et
la puissance, et personne ne peut
vous résister.
7. N'est-ce pas vous, notre
Dieu, qui avez tué tous les habi-
tants de cette terre devant votre
peuple Israél, et qui l'avez don-
née à la postérité d'Abraham,
votre ami pour toujours?
8. Et ils y ont habité, et ils y
ont construit un sanctuaire à
votre nom, disant :
9. S'il fond sur nous des maux,
un glaive de jugement, une peste
et une famine, nous nous tien-
drons en votre présence devant
cette maison, dans laquelle a été
invoqué votre nom, et nous crie-
rons vers vous dans nos tribu-
(βαρ. XX. 10. Deut., 11, 1.
PARALIPOMÉNES. ןז
(cH. xx.]
lations, et vous nous exaucerez,
el vous nous sauverez.
10. Maintenant donc, voilà que
les enfants d'Ammon et de Moab,
et les habitants de la montagne
de Séir, au milieu desquels vous
ne permíites pas à Israël de. pas-
ser lorsqu'ils sortaient d'Egypte;
mais ils se détournèrent d'eux,
et ils ne les tuerent pas.
11. Voilà que ces peuples agis-
sent tout autrement, et ils s'ef-
forcent de nous chasser de la
possession que vous nous avez
donnée.
12. Ὁ notre Dieu, ne les juge-
rez-vous pas? Certes, nous n'a-
vons pas une assez grande force
pour que nous puissions résister
à cette multitude qui vient fondre
sur nous. Mais, comme nous
ignorons ce que nous devons
faire, il ne nous reste qu'à diri-
ger nos yeux vers vous.
13. Or tout Juda était debout
devant le Seigneur, avec leurs
petits enfants, leurs femmes et
leurs autres enfants.
14. Là était aussi Jahaziel, fils
de Zacharie, fils de Banaias, fils
de Jéhiel, fils de Mathanias, Lé-
vite de la famille d'Asaph; et
l'Esprit de Dieu descendit sur lui
au milieu de la multitude;
15. Et il dit : Ecoutez, vous
tous, Juda, et vous qui habitez
Jérusalem, et vous aussi, roi Jo-
saphat: Voici ce que vous dit le
Seigneur : Ne craignez point, et
ne redoutez point cette mulli-
tude; car ce n'est pas volre com-
bat, mais celui de Dieu.
10. Les habitants de lu montagne de Séir. Voy. verset 23. — * La montagne de Seir
est le pays d'Edom ou Idumée,
]08. xx.]
16. Demain vous descendrez
contre eux; car ils doivent mon-
ter par le coteau du nom de Sis,
et vous les trouverez à l'extré-
mité du torrent qui est contre le
désert de Jéruel.
17. Ce ne sera pas vous qui
combattrez; mais seulement
soyez résolus, et vous verrez le
secours du Seigneur sur vous, Ô
Juda et Jérusalem : ne craignez
point et ne vous effrayez point;
demain vous marcherez contre
eux, et le Seigneur sera avec
vous.
18. Josaphat donc, et Juda, et
tous les habitants de Jérusalem,
tomberent inclinés vers la terre
devant le Seigneur, et l'ado-
rerent.
19. Et les Lévites d'entre les
enfants de Caath et d'entre les
enfants de Coré louaient le Sei-
gneur Dieu d'Israél avec une voix
forte et élevée.
20. Et lorsqu'au matin ils se
furent levés, ils sortirent par le
désert de Thécué; et, lorsqu'ils
étaient en marche, Josaphat,
debout au milieu d'eux, dit :
Ecoutez-moi, hommes de Juda,
et vous tous, habitants de Jéru-
salem : mettez votre confiance
dans le Seigneur votre Dieu, et
vous serez en sürelé; croyez à
ses prophètes, et toutes choses
seront prosperes.
91. Et il donna ses avis au
peuple, et il établit les chantres
Ps. "oxxxv, 1 ןל
PARALIPOMÉNES. זז
847
du Seigneur pour le louer dans
leurs diverses bandes, marcher
devant larmée, et d'une voix
unanime dire: Rendez gloire au
Seigneur, parce que sa miséri-
corde est éternelle.
22. Et lorsqu'ils eurent com-
mencé à chanter ainsi des louan-
ges, le Seigneur tourna tous les
desseins des ennemis contre eux-
mêmes, c'est-à-dire des enfants
d'Ammon et de Moab, et des ha-
bitants de la montagne de Séir
qui étaient sortis pour combattre
contre Juda; et ils furent battus.
23. Car les fils d'Ammon et de
Moab se leverent contre les ha-
bitants de la montagne de Séir,
pour les massacrer et les exter-
miner; etlorsqu'ils eurentachevé,
s'élant aussi tournés contre eux-
mêmes, ils tombèrent sous leurs
coups mutuels.
24. Or, lorsque Juda fut venu
à léchauguette qui regarde le
désert, il vit de loin tout le pays
dans une grande étendue plein
de cadavres, et qu'il ne restait
personne qui eüt pu échapper à
la mort.
25. Josaphat vint dono, et tout
le peuple avec lui, pour enlever
les dépouilles des morts; et ils
trouvèrent, parmi les cadavres,
des meubles divers, des véte-
ments aussi et des vases très
précieux, et ils les pillèrent; en
sorte qu'ils ne purent tout em-
porter, ni enlever durant trois
16. * Sis, aujourd'hui probablement Chasasah, est un passage qui conduit d'En-
gaddi sur les plateaux élevés du désert de Juda. — Le désert de Jéruel s'étend entre
le désert de Thécué et la mer Morte.
20, * Le désert de Thécué tirait son nom de la ville de Thécué, dans le désert de
Juda, au sud de Jérusalem et de Bethléhem.
21. Les chantres étaient divisés en vingt-quatre bandes ou classes,
848
jours les dépouilles, à cause de
la quantité du butin.
26. Or, le quatrième jour, ils
s'assemblerent dans la vallée de
la Bénédiction; car, parce qu'ils
y avaient béni le Seigneur, ils
appelèrent ce lieu vallée de Bé-
nédiction, jusqu'au présent jour.
27. Ensuite tout homme de
Juda, et tous les habitants de Jé-
rusalem, et Josaphat à leur téte,
retournèrent à Jérusalem dans
une grande allégresse, parce que
le Seigneur leur avait donné de
la joie au sujet de leurs ennemis.
28. Ils entrèrent donc à Jérusa-
lem dans la maison du Seigneur
avec des psaltérions, des harpes
et des trompettes.
29. Mais la terreur du Seigneur
fondit sur tous les royaumes des
pays voisins, lorsqu'ils eurent
appris que le Seigneur avait com-
battu contre les ennemis d'Israel.
30. Et le royaume de Josaphat
se reposa, et Dieu lui donna la
paix alentour.
31. Josaphat régna donc sur
Juda; etil avait trente-cinq ans,
lorsqu'il commença à régner : or
il régna vingt-cinq ans à Jérusa-
lem; et le nom de sa mere était
Azuba, fille de Sélahi.
32. Et il marcha dans les voies
de son père Asa, et il ne s'en dé-
tourna point, faisant ce qui était
agréable devant le Seigneur.
33. Cependant il ne détruisit
pas les hauts lieux, et le peuple
n'avait pas encore dirigé son
II PARALIPOMÈNES.
(cu. xxr.]
ceur vers le Seigneur Dieu de
ses peres.
34. Or le reste des actions de
Josaphat, des premieres et des
dernieres, est écrit dans l'his-
toire que Jéhu, fils d'Hanani, a
insérée dans les Livres des rois
d'Israél.
88. Après cela, Josaphat, roi
de Juda, contracta amitié avec
Ochozias, roi d'Israél, dont les
œuvres furent très impies.
36. Et il contribua à ce qu'ils
fissent des vaisseaux, qui iraient
à Tharsis; ils firent donc une
flotte à Asiongaber.
37. Mais Eliézer, fils de Dodaü
de Marésa, prophétisa à Josaphat,
disant : Parce que vous avez fait
aliance avec Ochozias, le Sei-
gneur Dieu a frappé vos œuvres,
et vos vaisseaux ont été brisés,
et ils n'ont pu aller à Tharsis.
CHAPITRE XXI
Mort de Josaphat. Joram lui succède, et
il imite l'impiété des rois d'Israél. Les
Iduméens se révoltent contre lui. Lettre
qu'il recoit du prophète Elie. Soulève-
ment des Philistins et des Arabes. Mort
de Joram.
1. Or Josaphat dormit avec ses
pères, et il fut enseveli avec eux
dans la cité de David, et son fils
Joram régna en sa place.
2. Joram eut pour freres les
fils de Josaphat, Azarias, Jahiel,
Zacharie, Azarias, Michaél et Sa-
phatia; tous ceux-là furent fils
de Josaphat, roi de Juda.
35. III Rois, xxii, 45. — Cnar. XXI. 1. III Rois, xxr, 51.
26. Ils appelérent... jusqu'au présent jour, Voy. 111 Rois, 1x, 13. — * Vallée de Bénée
diction, en hébreux Beraka, dans le désert de Thécué, non loin d'Engaddi.
36. * Asiongaber, port de la mer Rouge, à l'extrémité septentrionale du golfe Ela-
uitique. — Sur Tharsis, voir III Rois, x, 22,
[cg. χχι.
3. Et leur pere leur donna
beaucoup de présents en argent
et en or, ainsi que des pensions,
et des villes tres fortifiées dans
Juda; mais le royaume, il le re-
mit à Joram, parce qu'il était le
premier-né.
4. Joram se leva donc sur le
royaume de son pére, et, lors-
qu'il se fut affermi, il tua par le
glaive tous ses frères et quel-
ques-uns des princes d'Israël.
9. Joram avait trente-deux ans
lorsqu'il commença à régner, et
il régna huit ans à Jérusalem.
6. Et il marcha dans les voies
des rois d'Israél, comme avait fait
la maison d'Achab: car la fille
d'Achab était sa femme, et il fit
le mal en la présence du Sei-
gneur.
7. Cependant le Seigneur ne
voulut point perdre la maison
de David, à cause de l'alliance
qu'il avait faite avec lui, et parce
quil lui avait promis qu'il lui
donnerait une lampe à lui et à
ses fils en tout temps.
8. En ces jours-là, Edom se ré-
volta pour n'étre pas assujetti à
Juda, et il s'établit un roi.
9. Et lorsque Joram eut passé
en ldumée avec ses principaux
chefs et toute la cavalerie qui
était avec lui, il se leva pendant
la nuit, et il battit Edom qui l'a-
vait environné, et tous les chefs
de sa cavalerie.
10. Cependant Edom s'est ré.
volté jusqu'à ce jour pour n'étre
II PARALIPOMÉNES.
849
pas sous la domination de Juda.
En ce temps-là Lobna aussi se
retira pour n'étre pas sous sa
main; car il avait abandonné le
Seigneur Dieu de ses pères;
11. Et de plus il fit méme des
hauts lieux dans les villes de
Juda, et il fit forniquer tous les
habitants de Jérusalem, et préva-
riquer Juda.
12. Or on lui apporta des lettres
du prophète Elie, dans lesquelles
il était écrit : Voici ce que dit le
Seigneur Dieu de David, votre
père : Parce que tu n'as pas
marché dans les voies de Josa-
phat, ton père, et dans les voies
d'Asa, roi de Juda,
13. Mais que tu es entré dans
le chemin des rois d'Israél, que
tu as fait forniquer Juda et les
habitants de Jérusalem, ayant
imité la fornication de la mai-
son d'Achab, et que de plus tu as
tué tes fréres mémes, la maison
de ton pere, meilleure que toi,
14. Voilà que le Seigneur te
frappera d'une grande plaie, avec
ton peuple, tes fils, tes femmes,
et tout ce qui t'appartient;
15. Mais toi, tu seras malade
d'une très cruelle langueur, jus-
qu'à ce que tes entrailles sortent
peu à peu chaque jour. |
16. Le Seigneur suscita donc
contre Joram l'esprit des Philis-
üns et des Arabes, qui confinent
avec 168 Ethiopiens ;
47. Et ils montèrent dans la
terre de Juda, et ilsla ravagerent,
1. Une lampe; une postérité, brillant comme une lampe, c'est-à-dire illustre.
8. Edom; se prend ici pour l'Idumée et le peuple Iduméen.
10. * Loóna, ville forte de la tribu de Juda.
16. * Des Arabes qui confinent avec les Ethzopiens, c'est-à-dire qui habitent le sud de
l'Arabie.
ATIS
94
850 II PARALIPOMÈNES.
et ils pillerent tout objet qui fut
trouvé dans la maison du roi,
et de plus, ils emmenérent ses
fils et ses femmes; et il ne lui
resta de fils que Joachaz, le plus
jeune de tous.
18. Et par dessus tout cela, le
Seigneur le frappa d'une maladie
d'intestins incurable.
19. Or un jour succédant à
un autre jour, et des espaces de
temps se déroulant, un cours de
deux années fut accompli; alors,
ainsi consumé par un si long dé-
périssement, quil répandait
même ses entrailles, il fut quitte
de la maladie en méme temps
que de la vie. ll mourut donc
de cette infirmité tres cruelle, et
le peuple ne l'ensevelit point se-
lon la coutume, en le brülant,
comme il avait fait à ses ancétres.
20. Il avait trente-deux ans
lorsqu'il commenca à régner, et
il régna huit ans à Jérusalem; et
il ne marcha pas droit. Or on
l'ensevelit dans la cité de David,
mais non pas dans le sépulcre
des rois.
CHAPITRE XXII.
Ochozias succède à Joram; il est tué,
ainsi que Joram, roi d'Israél, par Jéhu.
Athalie fait mourir tous les eníants
d'Ochozias. Joas seul est sauvé de ce
carnage.
1. Orles habitantsde Jérusalem
établirent roi, en sa place, Ocho-
xxm.) .אס]
2188, le plus jeune de ses fils; car
tous les ainés qui étaient avant
lui, les voleurs Arabes quiavaient
fait une irruption dans le camp,
les avaient tués : ainsi régna
Ochozias, fils de Joram, roi de
Juda.
2. Ochozias avait quarante-
deux ans lorsqu'il commença à
régner et il ne régna qu'un an
à Jérusalem; et le nom de sa
mere était Athalie, fille d'Amri.
3. Mais ce prince aussi entra
dans les voies de la maison d'A-
chab; car sa mère le porta à se
conduire d'une maniere impie.
4. Il fit donc le mal en la pré-
sence du Seigneur, comme la
maison d'Achab; car ceux-mémes
qui y appartenaient furent ses
conseillers aprés la mort de son
père, pour sa perte.
ὃ. Et il marcha selon leurs
conseils, et il alla avec Joram, fils
d’Achab, roi d'Israël, à la guerre
contre Hazaël, roi de Syrie, à Ra-
moth-Galaad ; etles Syriens bles-
serent Joram,
6. Qui revint pour se faire gué-
rir àJezrahél; car il avait recu
beaucoup de blessures dans le
susdit combat. Ainsi Ochozias,
fils de Joram, roi de Juda, des-
cendit pour voir Joram, malade
à Jezrahél.
7. Car il fut dans la volonté de
Dieu contre Ochozias, qu'il vint
vers Joram ; et, lorsqu'il fut venu,
Car. XXII. 4. IV Rois, vi, 25. — 2. IV Rois, vii, 26.
19. Et le peuple, etc. Compar. le texte du chap. xvr, 44.
2. Quaran’e-deux. On lit IV Rois, vin, 26 : Vingt-deux; ce qui est la vraie leçon.
5. * Ramoth-Galaad. Noir Deutéronome, 1v, 43.
6. 627660. Voir 111 Rois, xxi, +.
1. Il sortit. C'est ainsi que porte l'hébreu, la Vulgate dit : Et qu’il sortait; ce qui
laisse la phrase inachevée.
(cu. xxu.)
il sortit avec lui contre Jéhu, fils
de Namsi, que le Seigneur avait
oint pour détruire la maison
d'Achab.
8. Comme donc Jéhu s'en allait
pour détruire la maison d'Achab,
il trouva les princes de Juda et
les fils des freres d'Ochosias qui
le servaient, et il les tua.
9. Et cherchant aussi Ochosias
lui-méme, il le surprit caché dans
Samarie; et, aprés qu'on le lui
eut amené, il le tua : or on l'en-
sevelit, parce quil était fils de
Josaphat, qui avait cherché le
Seigneur en tout son cœur ; mais
il n'y avait plus d'espérance qu'il
régnât quelqu'un de la race
d'Ochosias,
10. Attendu qu'Athalie, samere,
voyant que son fils était mort, se
leva, et tua toute la race royale
de la maison de Joram.
11. Mais Josabeth, fille du roi,
prit Joas, fils d'Ochosias, et le dé-
roba du milieu des enfants du roi,
lorsqu'on les massacrait, et elle
le cacha, avec sa nourrice, dans
la chambre des lits : or Josabeth,
qui l'avait caché, était fille de Jo-
ram, femme de Joiada, le pontife,
et sceur d'Ochosias ; et c'est pour
cela qu'Athalie ne fit pas mourir
Joas.
19. Ce prince fut caché avec
eux dans la maison de Dieu, du-
rant les six années que régna
Athalie sur la terre de Juda.
PARALIPOMÉNES 851 זז
CHAPITRE XXIII.
Joiada fait reconnaitre Joas pour roi de
Juda; il fait tuer Athalie; il engage le
peuple à renouveler l'alliance avec le
Seigneur.
1. Or, en la septième année,
Joiada, plein d'un nouveau cou-
rage, prit les centurions; à savoir,
Azarias fils de Jéroham, Ismahél
fils de Johanan, Azarias fils d'O-
bed, Maasias fils d'Adaias, et Eli-
saphat fils de Zéchri, et fit alliance
avec eux;
2. Lesquels, parcourant la Ju-
dée, assemblerent les Lévites de
toutes les villes de Juda et les
princes des familles d'Israél, puis
ils vinrent à Jérusalem.
3. Toute cette multitude fit
donc un traité dans la maison
de Dieu. avec le roi, et Joiada
leur dit : Voilà que le fils du
roi régnera, comme 18 dit le
Seigneur touchant les fils de Da-
vid.
4. Voici donc ce que vous fe-
rez :
ὃ. Une troisième partie de vous,
prêtres, Lévites et portiers, qui
venez pour le jour du sabbat,
sera aux portes; mais une troi-
sième partie auprès du palais du
roi, et une troisieme à la porte
qui est appelée du Fondement;
quant à tout le reste du peuple,
quil soit dans les parvis de la
maison du Seigneur.
10. IV Rois, xi, 1. — βαρ. XXIII. 1. IV Rois, xr, 4.
12. Avec eux; avec Joïada, le pontife, et les prêtres.
1. * Les centurions, ceux qui commandaient à cent hommes.
2. D'Israél; c'est-à-dire de Juda. L'auteur des Paralipomènes, qui écrivait dans un
temps où le royaume d'Israël était détruit et dispersé, et où Juda et ceux qui s'y
étaient joints représentaient tout Israél et toute la race de Jacob, emploie en effet
quelquefois Israël pour Juda, attendu que de son temps il ne pouvait pas y avoir
d'équivoque.
852
6. Que personne n'entre dans
la maison du Seigneur, si ce n'est
les prétres et ceux qui font le ser-
vice d'entre les Lévites : que
ceux-là seulement entrent, parce
qu'ils sont sanctifiés; et que tout
le reste du peuple observe les
veilles du Seigneur.
7. Mais que les Lévites en-
tourent le roi, ayant chacun leurs
armes (et si quelque autre entre
dans le temple, qu'il soit tué), et
qu'ils soient avec le roi, lorsqu'il
entrera, et qu'il sortira.
8. Les Lévites donc et tout Juda
firent selon tout ce que leur avait
ordonné Joiada, le pontife; et ils
prirent chacun les hommes qui
étaient sous eux, et qui venaient,
selon l'ordre du sabbat, avec ceux
qui avaient accompli le sabbat,
et qui devaient sortir; attendu
que Joiada, le pontife, n'avait]pas
laissé aller les bandes qui, à
chaque semaine, avaient cou-
tume de se succéder.
9. Et Joiada, le prétre, donna
aux centurions les lances, les
boucliers et les peltes du roi Da-
vid, qu'il avait consacrés dans la
maison du Seigneur.
10. Et il placa toute la multi-
tude de ceux qui tenaient des
sabres depuis le cóté droit du
temple jusqu'au cóté gauche du
temple, devant l'autel et 6
temple, autour du roi.
PARALIPOMÈNES. זז
[cH. xxur.]
11. Ensuite, ils amenèrent le
fils du roi, et ils mirent sur lui le
diademe et le témoignage; c'est-
à-dire ils mirent en sa main la loi
pour quil la tint, et l'établirent
roi : de plus, Joiada, le pontife,
et ses fils l'oignirent, lui souhai-
terent du bien et dirent : Vive le
roi!
12. Lorsque Athalie eut entendu
cela; savoir, la voix de ceux qui
accouralent et louaient le roi,
elle entra vers le peuple dans le
temple du Seigneur.
13. Et, lorsqu'elle eut vu le
roi qui était sur son estrade,
à l'entrée, les princes, les trou-
pes autour de lui, tout le peu-
ple de la terre se réjouissant,
sonnant des trompettes et fai-
sant retentir des instruments
de divers genre, et qu'elle eut
entendu la voix de ceux qui
louaient le roi, elle déchira ses
vétements, et dit : Trahison! tra-
hison!
14. Or le pontife Joiada, étant
sorti vers les centurions et les
princes de l'armée, leur dit : Em-
menez-la hors de l'enceinte du
temple, et qu'elle soit tuée de-
hors par 16 glaive. Et le prêtre or-
donna qu'elle ne füt pas tuée dans
la maison du Seigneur.
15. Ils mirent donc leurs mains
sur son cou; et lorsqu'elle fut
entrée dans la porte des che-
6. Observe, etc.; c'est-à-dire: qu'il veille dans les parvis du temple à ce que per-
sonne du parti d'Athalie ne vienne pour tuer Joas.
8. Ils prirent, etc.; c'est-à-dire qu'ils prirent à la fois et les hommes qui à leur
tour entraient en semaine et ceux qui en sortaient. — * Les lévites servaient par se-
maine, d'après les règlements faits par David, I Paralip., xxiv-xxvi.
11. C'est-à-dire ils mirent en sa main la loi pour qu'il la tint. Cette phrase ne se
trouvant dans le texte hébreu, ni ici, ni dans le passage parallèle IV Rois, xr, 12,
nous l'avons prise pour un simple explicatif de ils mirent sur lui le témoignage;
d'autant mieux que la conjonction et est quelquefois, dans la Bible, purement ex-
plicative, et que de plus le témoignage signifie trés souvent la loi, le livre de la loi.
[cn. xxiv.]
vaux de la maison du roi, ils la
tuèrent là.
16. Or Joiada fit une alliance
entre lui, tout le peuple et le roi,
afin qu'ils fussent le peuple du
Seigneur.
17. C'est pourquoi tout le
peuple entra dans la maison de
Baal, et ils la détruisirent: ils bri-
serent aussi ses autels et ses si-
mulacres : et Mathan lui-méme,
le prêtre de Baal, ils le tuèrent
devant l'autel.
18. Joiada établit aussi des pré-
posés dans la maison de Seigneur,
sous la main des prêtres et des
Lévites, que David distribua dans
la maison du Seigneur, afin que
l'on offrit des holocaustes au Sei-
gneur, comme il est écrit dans la
loi de Moise, avec joie et avec des
cantiques, selon les prescriptions
de David.
19. Et il établit encore les por-
tiers aux portes de la maison du
Seigneur, afin qu'il n'y entrât
personne d'impur en quoi que ce
füt.
20. Et il prit les centurions, les
hommes les plus braves, les
princes du peuple, et tout le bas
peuple du pays; et ils firent des-
cendre le roi de la maison du
Seigneur, puis entrer par la porte
supérieure dans la maison du roi ;
et ils le placèrent sur le trône
royal.
91. Alors tout le peuple du
pays se réjouit, et la ville se re-
posa : or Athalie fut tuée par le
glaive.
Cuar. XXIV. 4, IV Rois, xi, 21; xr, +.
1. * De Bersabée. Voir Genèse, xxi, 14.
3. Des Baalim. Voy. Juges, τι, 14.
PARALIPOMÉNES., 853 זז
CHAPITRE XXIV
Piété de Joas; il répare la maison du
Seigneur, puis il abandonne le culte
du Seigneur, fait lapider Zacharie, et
est assassiné. Amasias lui succede.
1. Joas avait sept ans quand il
commença à régner, et il régna
quarante ans à Jérusalem; le nom
de sa mère était Sébia de Ber-
sabée.
2. Et il fitce qui est bon devant
16 Seigneur, durant tous les jours
de Joiada, le prétre.
3. Or Jofada lui fit prendre deux
femmes, dont il engendra des fils
et des filles.
4. Aprés quoi, il plut à Joas de
réparer la maison du Seigneur.
9. Et il assembla les prétres et
les Lévites, et il leur dit : Sortez
dans les villes de Juda, et ras-
semblez chaque année, de tout
Israél, de l'argent pour les répa-
rations du temple de votre Dieu,
et faites-le promptement. Mais les
Lévites agirent avec beaucoup de
négligence.
6. Et le roi appela Joiada, le
prince, et lui dit: Pourquoi n'as-
tu pas eu soin d'obliger les Lé-
vites à apporter de Juda et de Jé-
rusalem l'argent qui a été imposé
par Moise, serviteur du Seigneur,
afin que toute la multitude d'Is-
rael l'apportát pour le tabernacle
de témoignage ?
7.Car la très impie Athalieet ses
fils avaient détruit la maison de
Dieu, et de tout ce qui avait été
consacré dans le temple du Sei-
854
gneur ils avaient orné le temple
des Baalim.
8. Etleroileur ordonna de faire
un coffre, et ils le mirent prés de
la porte dela maison du Seigneur,
en dehors.
9. Et on publia, en Juda et à Jé-
rusalem, que chacun apporterait
au Seigneur le prix que Moise,
serviteur de Dieu, avait imposé
sur tout Israél dans le désert.
10. Et tous les princes se ré-
jouirent. ainsi que tout le peuple;
et, étant entrés, ils le portèrent
dans le coffre du Seigneur, et ils
y en jetèrent tellement, qu'il fut
rempli.
11. Et lorsqu'il était temps de
porter le coffre devant le roi par
les mains des Lévites (parce qu'ils
voyaient beaucoup d'argent), en-
traient le scribe du roi et celui que
le premier prétre avait désigné ;
et ils vidaient l'argent qui était
dans le coffre : pour le coffre, ils
le reportaient en son lieu, et c'est
ainsi qu'ils faisaient chaque jour,
et que fut amassé un argent in-
fini,
19. Que donnèrent le roi et
Joiada àceux qui présidaient aux
ouvrages de la maison du Sei-
gneur; mais ceux-ci louaient avec
cet argent des tailleurs de pierre
et des ouvriers pour tous les ou-
vrages, afin qu'ils réparassent la
maison duSeigneur, comme aussi
des artisans qui travaillaient le
fer et l'airain, afin que ce qui avait
commencé de tomber 166 6.
9, Exode, xxx, 12.
PARALIPOMÉNES. זז
[ca. xxiv.)
18. Ainsi ceux qui travaillaient
agirent avec activité ; les crevas-
ses des murailles étaient bou-
chées par leurs mains; et ils ré-
tablirent la maison du Seigneur
en son premier état, et firent
qu'elle se maintint solidement.
14. Et lorsqu'ils eurent achevé
tous les ouvrages, ils porterent
devant le roi et Joïada le reste de
l'argent, dont on fit les vases du
temple pour le service et pour les
holocaustes, comme aussi des
fioles, et tous les autres vases d'or
et d'argent; et l'on offrit des ho-
locaustes dans la maison du Sei-
gneur continuellement durant
tous les jours de Joiada.
15. Or Joïada vieillit plein de
jours, et il mourut lorsqu'il était
âgé de cent trente ans;
16. Et on l'ensevelit avec les
rois dans la cité de David, parce
qu'il avait fait du bien à Israel et
à sa maison.
11. Après que Joïada fut mort,
les princes de Juda vinrent et se
prosternerent devant le roi, qui,
séduit par leurs soumissions, les
écouta.
18. Et ils abandonnèrent le
temple du Seigneur Dieu de leurs
pères, et s'attachèrent au culte
des bois sacrés et des images
taillées au ciseau ; et 18 colere du
Seigneur s'alluma contre Juda et
contre Jérusalem, à cause de ce
péché.
19. Et il leur envoyait des pro-
phètes pour qu'ils revinssent au
16. À Israël; c'est-à-dire à Juda; car il n'avait aucune relation avec les Israéiites,
livrés alors à l'idolátrie. Voy. ch. xxu, 2. — Sa maison; la maison de David, à la-
quelle Joiada fit, en effet, du bien, en mettant Joas sur le tróne.
18. * Des bois sacrés, en hébreu des Ascherim, symboles idolâtriques.
[cn. xxv.]
Seigneur; mais ils ne voulaient
point les écouter.
20. C'est pourquoi l'Esprit de
Dieu remplit Zacharie, le prêtre,
fils de Joïada, et il se tint en pré-
sence du peuple, etleur dit : Voi-
ci ce que dit le Seigneur Dieu :
Pourquoi transgressez-vous le
précepte du Seigneur, ce qui ne
vous servira pas, et avez-vous
abandonné le Seigneur, de ma-
niere qu'il vous abandonnät?
91. Ceux-ci s'assemblèrent
contre lui, et lui jetèrent des
pierres, selon l’ordre du roi, dans
le parvis de la maison du Sei-
gneur.
29. Et Joas ne se souvint point
de la miséricorde que lui avait
faite Joiada, pere de Zacharie;
mais il tua son fils, qui, comme il
mourait, dit : Que le Seigneur
voie et qu'il tire vengeance.
93. Or, lorsque l'année se fut
écoulée, l'armée de Syrie monta
contre lui, et elle vint en Juda et
à Jérusalem; elle tua tous les
princes du peuple, et elle envoya
tout le butin au roi à Damas.
24. Et certes, quoiqu'il ne fût
venu qu'un trés petit nombre de
Syriens, le Seigneur livra en leurs
mainsunemultitudeinfinie, parce |
qu'ils avaient abandonné le Sei-
eneur Dieu de leurs pères ; contre
Joas aussi, ils exercerent d'igno-
minieux chátiments.
95. Et, s'en allant, ils le lais-
serentdans degrandeslangueurs;
ses serviteurs mémes s'éleverent
contre lui pour vengerle sang du
fils de Joiada, le prétre, et ils le
tuèrent dans son lit : on l'ense-
velit dans la cité de David, mais
PARALIPOMÉNES. זז
855
non dans le tombeau des rois.
26. Or ceux qui conspirèrent
contre lui sont Zabad, fils de Sem-
maath, l'Ammanite, et Jozabad,
fils de Sémarith, la Moabite.
27. Ce qui regarde ses fils, la
somme d'argent amassée sous
lui, etlerétablissement de la mai-
son de Dieu, est écrit avec plus de
soin dans le Livre des rois; or
Amasias, son fils, régna en sa
place.
CHAPITRE XXV.
Amasias achéte des troupes du roi d'Is-
raél; il défait les Iduméens, est vaincu
par Joas, roi d'Israël, et est tué par ses
propres sujets.
1. Amasias avait vingt-cinq ans
lorsqu'il commenca à régner, et
il régna vingt-neuf ans à Jéru-
salem : le nom de sa mère était
Joadan de Jérusalem.
2. Et il fit le bien enla présence
du Seigneur, mais non avec un
cœur parfait.
3. Et, lorsqu'il vit son empire
affermi, il fit égorger les servi-
teurs qui avaient tué le roi son
père ;
4. Mais leurs enfants, il ne les
tua point, commeilest écrit dans
le Livre de la loi de Moïse, où le
Seigneur a ordonné, disant : Des
pères [ne seront pas mis à mort
pour des enfants, ni des enfants
pour des pères; mais chacun
mourra pour son péché.
5. Amasias assembla donc Ju-
da, et il les établit par familles,
tribuns et centurions dans tout
Juda et Benjamin; et il les re-
censa depuis vingt ans et au-
dessus, et il trouva trois cent
22, Matt., xxii, 35. — 23. IV Rois, xir, 17. — (παρ. XXV, 1. IV Rois, xiv, 2. — 4. Deut.,
xxiv, 16; IV Rois, xiv, 6; Ezéch., xvii, 20.
856
mille jeunes hommes qui pou-
vaient sortir pour les combats,
et porter une lance et un bou-
clier.
6. 11 engagea aussi cent mille
hommes robustes d'Israël au prix
de cent talents d'argent.
7. Or un homme de Dieu vint
vers lui, et dit : O roi, que l'ar-
mée d'Israél ne sorte pas avec
vous; car Dieu n'est point avec
Israel, ni avec les enfants d'E-
phraim.
8. Que si vous croyez que la
guerre consiste dans la force de
l'armée, Dieu fera que vous serez
vaincu par vos ennemis; car c'est
à Dieu à secourir et à mettre en
fuite.
9. Et Amasias demanda à
l'homme de Dieu : Que sera-t-il
donc fait des cent talents que j'ai
donnés aux soldats d'Israël? Et
l'homme de Dieu lui répondit :
Le Seigneur a de quoi pouvoir
vous donner beaucoup plus que
ces cent talents.
10. C'est pourquoi Amasias sé-
para l'armée qui lui était venue
d'Ephraim, afin qu'elle retournát
ensonlieu ; maisc'est violemment
irritées contre Juda que ces
troupes retournèrent dans leur
contrée.
41. Or Amasias, conduisit son
peuple résolüment ; il alla dans
la vallée des Salines, et il battit
les enfants de Séir au nombre de
dix mille.
PARALIPOMÉNES. זז
[cg. xxv.]
19. Et les enfants de Juda pri-
rent dix autres mille hommes ;
ils les amenèrent sur le pie du
rocher, et les précipitèrent du
haut en bas, et tous furent
brisés.
13. Mais larmée qu'Amasias
avait renvoyée, afin qu'ellen'allàt
pas avec lui au combat, se ré-
pandit dans les villes deJuda, de-
puis Samarie jusqu'à Béthoron,
et, trois mille hommes tués, elle
enleva un grand butin.
14. Or Amasias, aprés avoir
taillé en pieces les Iduméens et
avoir emporté les dieux des en-
fants de Séir, en fit des dieux pour
lui-même ; il les adorait, et leur
brülait de l'encens.
45. C'est pourquoi le Seigneur,
irrité contre Amasias, envoya
vers lui un prophétepourlui dire:
Pourquoi avez-vous adoré les
dieux qui n'ont pas délivré leur
peuple de votre main?
16. Comme le prophète disait
ces choses, Amasias lui répondit :
Est-ce que tu es conseiller du roi?
Tais-toi, de peur que je ne te tue.
Alors le prophete se retirant : Je
sais, dit-il, que Dieu a résolu de
vous tuer, parce que vous avez
fait ce mal, et que de plus vous
n'avez pas voulu acquiescer àmes
conseils. ₪
17. Ainsi Amasias, roi de Juda,
ayant pris une détestable résolu-
tion, envoya vers Joas, fils de
Joachaz, fils de Jéhu, roi d'Israël,
.. — — — M —— € M M ————
1. Un homme de Dieu; un prophète. — Ni avec les enfants d'Ephraim; littér, et non
avec tous les enfants d'Ephraim; ce qui, en vertu d'un hébraisme que nous avons
déjà fait remarquer, signifie, pas un seul, aucun des enfants d'Ephraim. Or sous le
3om d'enfants d'Ephraim l'écrivain sacré comprend les dix tribus d'Israël, entre les-
quelles la tribu d'Ephraim tenait le premier rang.
41. * Dans la vallée des Salines. Voir II Rois, vin, 13,
13, * Béthoron. Voir plus haut, vi, 5,
fen. xxvi.)
disant : Venez, et voyons-nous
mutuellement. ו
18. Mais 1088 renvoya les mes-
sagers, disant : Le chardon qui
est au Liban envoya vers le cedre
du Liban, disant : Donnez votre
fille à mon fils pour femme ; et
voilà que les bétes qui étaient
dans la forét du Liban passè-
rent et foulèrent aux pieds le
chardon.
19. Vous avez dit : J'ai battu
Edom, et c'est pourquoi votre
cœur s'élève jusqu'à lorgueil.
Demeurez en votre maison
pourquoi provoquez-vous un
malheur pour que vous tombiez,
et vous et Juda avec vous?
20. Amasias ne voulut pas l'é-
couter, parce que la volonté du
Seigneur était qu'il fût livré dans
les mains des ennemis, à cause
des dieux d'Edom.
91. 1088, roi d'Israël, monta
donc, et les deux armées se mi-
rent en présence. Or Amasias, roi
de Juda, était campé à Bethsamès
de Juda ;
22. Et Juda tomba devant Is-
raël, et s'enfuit dans ses taber-
nacles.
23. Pour Amasias, roi de Juda,
fils de Joas, fils de Joachaz, Joas,
roi d'Israël, le prit dans Bethsa-
mes, et l'emmena à Jérusalem;
et il détruisit aussi son mur, de-
puis la porte d'Ephraim jusqu'à
la porte de l'angle, espace de
quatre cents coudées.
24. Il emporta encore tout l'or
Cap. XXVI. 1. IV Rois, xiv, 91.
PARALIPOMÈNES. 857 זז
et l'argent et tous les vases qu'il
avait trouvés dans la maison de
Dieu et chez Obédédom, et méme
dans les trésors de la maison
royale; 11 ramena aussi à Samarie
les fils des otages.
25. Or Amasias, fils de Joas, roi
de Juda, vécut quinze ans apres
que fut mort Joas, fils de Joachaz,
roi d'Israél.
26. Mais le reste des actions
d'Amasias, des premieres et des
dernieres, est écrit dans le Livre
des rois de Juda et d'Israél.
27. Aprés qu'Amasias eut aban-
donné le Seigneur, on lui tendit
des embüches dans Jérusalem ;
et, comme il se fut enfui à
Lachis, on envoya, et on le
tua là.
98. Et le rapportant sur lesche-
vaux,onl'ensevelitavecses peres
dans la cité de David.
CHAPITRE XXVI.
Ozias succède à Amasias; sa piété. Guerre
contre les Philistins, les Arabes et les
Ammonites. Nombre des troupes d'O-
zias. Il porte la main à l'encensoir et
est frappé de lépre. Joatham régne à
sa place.
1. Ensuite tout le peuple de
Juda établit son fils Ozias, àgé de
seize ans, roi en la place d'Ama-
sias, son père.
2. C'est lui qui bátit Ailath, et la
rendit à la domination de Juda,
apres que le roi se fut endormi
avec ses peres.
3. Ozias avait seize ans quand
21. * Belhsamés, ville frontière de la tribu de Juda, non loin d'Accaron.
21. * Lachis, ville de la tribu de Juda, aujourd'hui Oum-Lakis.
2. * Ailath, à l'extrémité septentrionale du golfe élanitique.
΄
858
il commenca à régner, et il régna
cinquante-deux ans à Jérusalem ;
le nom de sa mère était Jéchélie
de Jérusalem.
4. Etil fit ce qui était droit aux
yeux du Seigneur, selon tout ce
qu'avail fait Amasias, son père.
5. Et il chercha le Seigneur aux
jours de Zacharie, qui comprenait
et voyait Dieu; et comme il cher-
chait le Seigneur, le Seigneur le
dirigea en toutes choses.
6. Enfin il sortit et combattit
contre les Philistins; 11 détruisit
le mur de Geth, le mur de Jabnie
et le mur d'Azot : il bátit des villes
dans Azot et chez les Philistins.
1. Et Dieu l'aida contre les Phi-
listins et contre les Arabes qui ha-
bitaient dans Gurbaal, et contre
les Ammonites.
8. Orles Ammonites donnaient
des présents à Ozias, et son nom
se répandit jusqu'à l'entrée de
l'Éeypte, à causede sesfréquentes
victoires.
9. Et Ozias bâtit des tours à Jé-
rusalem sur la porte de l'angle et
sur la porte dela vallée, etd'autres
surle méme cóté du mur, et il les
fortifia.
10. Il bátitencore des tours dans
le désert, et il creusa plusieurs ci-
II PARALIPOMÈNES.
[cH. xxvi]
ternes, parce qu'il avait beaucoup
de troupeaux, tant dans la cam-
pagne que dans la vaste étendue
du désert. Il eut aussi des vignes
et des vignerons sur les mon-
tagnes et sur le Carmel ; car c'était
un homme adonné à l'agricul-.
ture.
11. Or l'armée de ses guerriers
qui marchaient aux combats était
sous la main de Jéhiel, le scribe,
Maasias, le docteur, et sous la
main de Hananie, qui était un des
chefs de l'armée du roi.
19. Le nombre complet des
princes dans les familles des
hommes forts était de deux mille
six cents.
13. Et sous eux toute l'armée
était de trois cent sept mille cinq
cents soldats, qui était propres à
la guerre, et qui combattaient
pour le roi contre les ennemis.
14. Or Ozias disposa pour eux,
c'est-à-dire pour toute l'armée,
des boucliers, des lances, des
casques, des cuirasses, des arcs
et des frondes à jeter des pierres.
15. Et il fit dans Jérusalem des
machines de divers genres, qu'il
placa dans les tours et dans tous
les angles des murs, pour lancer
les fleches et les grosses pierres;
5. Zacharie; c'était probablement le fils de celui qui fut lapidé sous Joas (xxiv,
20, 91). — Qui comprenait, etc. L'hébreu porte :
Qui comprenait dans les visions de
Dieu, c'est-à-dire savant dans les prophéties et sachant les expliquer. Compar. Da-
niel, 1, 11.
6. * Geth, ville des Philistins, au pied des montagnes de Juda. — Jabnie, dans la
Séphélah, à l'ouest d'Accaron. — Azot, au sud de Jabnie et au nord d'Ascalon.
1. * Gurbaal, localité inconnue,
9. * La porte de l'angle, probablement la porte nord-ouest. — La porte de la vallée,
sans doute la porte de l'ouest, correspondant à la direction de la porte actuelle de
Jaffa.
40. Ces tours servaient de retraite aux pasteurs et à leurs troupeaux dans les ir-
ruptions des Arabes et des voleurs. — Le Carmel dont il s'agit ici n'est pas le Carmel,
situé sur la Méditerranée près du Cison, dans le royaume d'Israël, mais celui qui se
trouvait dans le pays de Juda. — * Dans le désert de Juda. — Dans la campagne
dans la plaine des Philistins, la Séphélah.
[cn. xxvn.]
et son nom se répandit au loin,
parce que le Seigneur l'aidait et
le fortifiait.
16. Mais, lorsqu'il eut été ainsi
affermi, son cœur s'éleva pour sa
perte, et il négligea le Seigneur
son Dieu ; et, étant entré dans le
temple du Seigneur, il voulut brü-
ler de l'encens sur l'autel du par-
fum.
47. Mais aussitôt entra après lui
Azarias, le prêtre, et avec lui
quatre-vingts prêtres du Sei-
gneur, hommes très forts;
48. Ils s’opposèrent au roi, et
dirent : Il ne vous appartient pas,
Ozias, debrüler del'encens devant
le Seigneur; mais c'est aux
prétres, c'est-à-dire aux enfants
d'Aaron, qui ont été consacrés
pour ce ministere. Sortez du sanc-
tuaire, et ne nous méprisez point,
parce que cette action ne vous
sera pas imputée à gloire par le
Seigneur Dieu.
19. Mais Ozias, irrité, tenant un
encensoir à la main pour brûler
de l'encens, menacait les prétres.
Et aussitôt la lèpre se forma sur
son front, devant les prêtres, dans
la maison du Seigneur, près de
l'autel du parfum.
20. Et lorsque Azarias, le pon-
life, et tous les autres prêtres eu-
rent jeté les yeux surlui, ils virent
la lépre sur son front, et ils le
chassèrent promptement. Mais
lui-même, épouvanté, se háta de
sortir, parce qu'il sentit sur-le-
champ la plaie du Seigneur.
91. Le roi, Ozias, fut donc lé-
PARALIPOMÉNES, זו
859
preux jusqu'au jour de sa mort;
et il habita dans une maison sé-
parée, plein de la lèpre, à cause
de laquelle il avait été chassé de
la maison du Seigneur. Cepen-
dant Joatham, son fils, gouverna
la maison du roi, et il jugeait le
peuple de la terre.
22. Mais le reste des actions
d'Ozias, des premières et des der-
nieres, 15816, le prophète, fils
d'Amos, l'a écrit.
23. Et Ozias dormit avec ses
pères, et on l'ensevelit dans le
champ des sépulcres royaux,
parce qu'il était lépreux; et Joa-
tham, son fils, régna en sa place.
CHAPITRE XXVII.
Piété de Joatham. Sa victoire sur les
Ammonites. Achaz lui succède.
1. Jonatham avait vingt-cinq
ans quand il commença à régner,
et il régna seize ans à Jérusalem;
le nom de sa mère était Jérusa,
fille de Sadoc.
2. Et il fit ce qui était droit de-
vant le Seigneur, selon tout ce
qu'avait fait Ozias, son pere, ex-
cepté qu'il n'entra point dans le
temple du Seigneur; mais le
peuple péchait encore.
3. Ce fut lui qui bátit la grande
porte de la maison du Seigneur,
et sur le mur d'Ophel il fit beau-
coup de constructions.
4. Il bâtit aussi des villes sur les
montagnes de Juda, et, dans les
bois, des cháteaux et des tours.
9. Ce fut lui qui combattit con-
18. Exode, xxx, 7 et suiv. — 21. IV Rois, xv, 5. — (βαρ. XXVII. 1. IV Rois, XOU:
a ὁ esae SIUE UR. à ἀκ וו
16. * 17 négligea, en hébreu : il pécha contre le Seigneur.
3. * Ophel, le versant méridional de la colline sur laquelle était construit 16 Temp.e.
5. Dix mille cors. Voy. III Rois, iv, 22,
860
tre le roi des enfants d'Ammon,
etilles vainquit; et les enfants
d'Ammon lui donnèrent en ce
temps-là cent talents d'argent,
dix mille cors de froment et au-
tant d'orge : c'est là ce que lui
donnèrent les enfants d'Ammon
en l'année seconde et troisième.
6. Et Joatham s'affermit, parce
qu'il avait dirigé ses voies devant
le Seigneur son Dieu.
7. Mais si 10 reste des actions de
Joatham, tous ses combats, et ses
œuvres sont écrits dans le Livre
des rois d'Israël et de Juda.
8. Il avait vingt-cinq ans, lors-
quil commenca à régner, et il
régna seize ans dans Jérusalem.
9. Et Joatham dormit avec ses
peres, et on l'ensevelit dans la
cité de David, et Achaz, son fils,
régna en sa place.
CHAPITRE XXVIII.
Impiété d'Achaz. Les Syriens et les Israé-
lites ravagent le royaume de Juda. Un
prophéte oblige les Israélites à ren-
voyer les captifs de Juda. Les Assyriens
marchent contre Achaz. 1] meurt et
Ezéchias lui succède.
1. Achaz avait vingt ans quand
il commença à régner, et il régna
seize ans à Jérusalem. Il ne fit
point ce qui était droit en la pré-
sence du Seigneur, comme David
son père;
2. Mais il marcha dansles voies
des rois d'Israél; de plus il fon-
dit méme des statues aux Baa-
lim.
8. C'est lui qui brüla de l'en-
cens dans la vallée de Bénennom,
Car. XXVIII. 1. IV Rois, xvi, 2.
II PARALIPOMÉNES.
(ca. xxvii.)
et qui fit passer ses enfants par
le feu, selon les coutumes des
nations que détruisit le Seigneur
àlarrivée des enfants d'Israél.
4. 1] sacrifiait aussi et brülait
du parfum sur les hauts lieux, sur
les collines et sous tout arbre
couvert de feuillage.
ὃ. Et le Seigneur son Dieu le
livra ἃ la main du roi de Syrie, qui
lebattit, etenlevadesonroyaume
un grand butin, et l'emporta à
Damas: ilfutlivréaussiaux mains
du roi d'Israél, et frappé d'une
grande plaie.
6. Car Phacée, fils de Romélie,
tua cent vingt mille hommes de
Judaenunseuljour, toushommes
de guerre, parce qu'ils avaient
abandonné le Seigneur Dieu de
leurs peres.
7. En méme temps, Zéchri,
homme puissant d'Ephraim, tua
Maasias, fils du roi; Ezrica, chef
de la maison du roi, et méme
Elcana, le second après le roi.
8. Et les enfants d'Israél pri-
rent d'entre leurs frères deux
cent mille femmes, jeunes gar-
cons et jeunes filles, et un bu-
lin infini, qu'ils porterent à Sa-
marie.
9. A cette époque il y avait là
un prophète du nom d'Oded,
qui, étant sorti à la rencontre de
larmée qui venait à Samarie,
leur dit : Voilà que le Seigneur
Dieu de vos pères, irrité contre
Juda, l'a livré en vos mains, et
vous les avez tuéscruellement, en
sorte que votre cruauté est par-
venue jusqu au ciel.
3. * Dans (a vallée de Bénennom ou de la Géhenne au sud de Jérusalem.
[cu. xxvur.]
10. De plus, vous voulez vous
assujettir les enfants de Juda et
de Jérusalem comme esclaves et
servantes, ce qu'il ne faut nulle-
ment faire; car vous avez péché
en cela contre le Seigneur votre
Dieu.
11. Mais écoutez mon conseil,
et ramenez les captifs que vous
avez amenés d'entre vos freres;
car une grande fureur du Sei-
gneur est imminente pour vous.
12. C'est pourquoi des hommes
d'entre les princes des enfants
d'Ephraim, Azarias, fils de Joha-
nan, Barachias, fils de Mosolla-
moth, Ezéchias, fils de Sellum, et
Amasa, fils d'Adali, se présente-
rent contre ceux qui venaient du
combat,
13. Et leur dirent : Vous ne
ferez point entrer ici vos captifs,
de peur que nous ne péchions
contre le Seigneur. Pourquoi
voulez-vous ajouter à nos péchés,
et combler nos anciens crimes ?
car c'est un grand péché, et la
colère de la fureur du Seigneur
est suspendue sur Israël.
14. Alors les hommes de guerre
renvoyerent le butin et tout ce
qu'ils avaient pris devant les
princes et toute la multitude.
15. Et les hommes que nous
avons mentionnés ci-dessus se
leverent, et, prenant les captifs
et tous ceux qui étaients nus, ils
les vétirent des dépouilles ; et,
lorsqu'ils les eurent vétus, chaus-
sés, ranimés, en leur donnant à
manger et à boire, oints à cause
II PARALIPOMÈNES. 861
de leur fatigue, et qu'ils en eu-
rent pris soin, ils mirent sur des
chevaux ceux qui ne pouvaient
marcher et qui étaient d'un corps
faible, et ils les amenèrent à Jéri-
cho, la ville des palmes, vers leurs
frères, puis ils retournerent eux-
mémes à Samarie.
16. En ce temps-là, le roi Achaz
envoya vers le roi des Assyriens;
demandant du secours.
11. Et les Iduméens vinrent,
et battirent beaucoup d'hommes
de Juda, et enleverent un grand
butin.
18. Les Philistins se répan-
dirent aussi dans les villes de la
plaine et au midi de Juda, et ils
prirent Bethsamès, Aialon, Gadé-
roth, Socho, Thamnan et Gamzo,
avec leurs bourgades, et ils y
habitérent ;
19. Car le Seigneur avait hu-
milié Juda à cause d'Achaz, roi
de Juda, parce qu'il avait eu le
Seigneur en mépris.
20. Le Seigneur amena aussi
contre lui Thelgathphalnasar, roi
des Assyriens, qui lerenversa, et,
personne ne résistant, le ruina.
21. Achaz donc, ayant dépouillé
la maison du Seigneur etla mai-
son du roi et des princes, donna
des présents au roi des Assyriens,
et cependant cela ne lui servit de
rien.
22. De plus, dansletemps méme
de sesangoisses, il augmenta son
mépris pour le Seigneur : lui-
méme, de son propre mouve-
ment, le roi Achaz
15. Se levérent; hébraisme, pour se préparérent, se disposérent. — * Jéricho, à l'est
de Jérusalem, dans la plaine et non loin du Jourdain.
18. * De la plaine de la Séphélah. Voir la note sur Juges, xv, 5.
20. * Thelguthphalnasar, Téglathphalasar, roi d'Assyrie. Voir IV Rois, xvi, 1.
862
93. Immola des victimes aux
dieux de Damas, à ceux qui l'a-
vaient frappé, et il dit : Les dieux
des rois de Syrie leur donnent du
secours; moi, je les apaiserai par
mes hosties, et ils m'assisteront;
tandis qu'ils m'ont été à ruine, à
moi et à tout Israël.
24. C'est pourquoi, tous les va-
ses de la maison de Dieu pillés et
brisés, Achaz ferma les portes du
temple de Dieu, et il se fit des
autels dans tous les coins de Jéru-
salem.
95. Il construisit aussi des au-
tels dans toutes les villes de Juda
pour y brüler de l'encens, et il
provoqua au courroux le Sei-
gneur Dieu de ses pères.
26. Mais le reste de ses actions
et de toutes ses œuvres, des pre-
mieres et des dernieres, est écrit
dans le Livre des rois de Juda et
d'Israél.
Et Achaz dormit avec ses .דפ
peres, et il fut enseveli dans la
cité de Jérusalem; et on ne le mit
pas dans les sépulcres des rois
d'Israél. Et Ezéchias, son fils,
régna en sa place.
CHAPITRE XXIX.
Ézéchias fait rouvrir et purifier le temple,
et rétablir le culte du Seigneur.
4. Ézéchias commença donc à
régner à l’âge de vingt-cinq ans,
et il en régna vingl-neuf dans
Jérusalem; le nom de sa mère
était Abia, fille de Zacharie.
9. Et il fit ce qui était agréable
Car. XXIX. 1. IV Rois, xvi, 2.
II PARALIPOMÈNES.
]08. xxix.)
en la présence du Seigneur, selon
tout ce qu'avait fait David son
père.
3. C'est lui qui, au premier
mois de la première année deson
règne, ouvrit les battants des
portes de la maison du Seigneur,
et les rétablit;
4. ἘΠῚ fit venir les prêtres et 8
Lévites, et les assembla sur la
place orientale.
9. Et il leur dit: Ecoutez-moi,
Lévites; sanctifiez-vous, purifiez
la maison du Seigneur Dieu de vos
peres, et ótez toute impureté du
sanctuaire.
6. Nos peres ont péché, et ils
ont fait le mal en la présence du
Seigneur notre Dieu, en l'aban-
donnant : ils ont détourné leurs
faces du tabernacle du Seigneur,
et ils ont montré le dos.
7. Ils ont fermé les portes qui
étaient dans le portique, et ont
éteint les lampes; ils n'ont pas
brülé d'encens, et n'ont pas of-
fert d'holocaustes dans le sanc-
tuaire au Dieu d'Israél.
8. C'est pourquoi la fureur du
Seigneur a été excitée contre
Juda et Jérusalem ; il les a livrés
à la commotion, à la mort et au
sifflement, comme vous-mémes
le voyez de vos yeux.
9. Voilà que nos peres sont
tombés sous le glaive, que nos
fils, nos filles et nos femmes ont
été emmenés captifs à cause de
ce crime.
10. 11 me plait donc maintenant
que nous contractions alliance
—————— ווה
23. Achaz dans son aveuglement s'imagina que les dieux de Damas étaient cause
de ses premiers malheurs.
8. Au sifflement; c'est-à-dire à la dérision, au mépris.
Ica. xxix.]
avec le Seigneur Dieu d'Israél, et
il détouruera de nous la fureur
de sa colere.
11. Mes enfants, ne soyez point
négligents : le Seigneur vous a
choisis pour vous tenir devant
lui, le servir, l'adorer et brüler
pour lui de l'encens.
19. Ainsi se leverent les Lé-
vites, Mahath, fils d'Amasai, et
Joël, fils d'Azarias, d'entre les
descendants de Caath; mais
d'entre les descendants de Mé-
rari, Cis, fils d'Abdi, et Azarias,
fils de Jalaléel; et d'entre les
descendants de Gersom, Joah, fils
de Zemma, et Eden, fils de Joah;
13. Mais d'entre les descendants
d'Elisaphan, Samri et Jahiel;
comme aussi les descendants
d'Asaph, Zacharie 61 Mathanie ;
14. Et d'entre les descendants
d'Héman, Jahiel et Séméi; mais
aussi les descendants d'Idithun,
Séméias et Oziel.
15. Et ils assemblèrent leurs
frères, puis ils se sanctifiérent et
entrérent, suivant l'ordre du roi et
le commandement du Seigneur,
pour purifier la maison de Dieu.
16. Les prétres aussi entrerent
dans le temple du Seigneur pour
le sanctifier, et ils óterent toute
impureté qu'ils trouvèrent au
dedans, dans le vestibule de 18
maison du Seigneur, et que les
Lévites enievèrent et emportè-
rent dans le torrent de Cédron.
47. Or ils commencèrent au
premier jour du premier mois à
purifier, et au huitième jour du
même mois ils entrèrent dans le
portique du temple du Seigneur :
I PARALIPOMÈNES.
863
ils purifièrent le temple durant
huit jours; et, au seizième jour
du même mois, ils achevèrent ce
qu'ils avaient commencé.
18. 115 entrérent aussi auprès
du roi Ezéchias, et lui dirent :
Nous avons sanctifié toute la
maison du Seigneur, l'autel de
l'holocauste, etses vases, etméme
la table de proposition avec tous
ses vases,
19. Et tous les meubles du
temple, qu'avait souillés le roi
Achaz, durant son regne, apres
qu il eut prévariqué ; et voilà que
tout a été posé devant l'autel du
Seigneur.
20. Etle roi Ezéchias, se levant
au point du jour, réunit tous les
princes de la ville, et monta à la
maison du Seigneur;
21. Et ils offrirent ensemble
sept taureaux et sept béliers,
sept agneaux el sept boucs, pour
le péché, pour le royaume, pour
le sanctuaire, pour Juda, et il dit
aux prétres descendants d'Aaron
d'offrir ces victimes sur l'autel du
Seigneur.
22. Ils tuërent donc les tau-
reaux, et les prétres prirent le
sang et le répandirent sur l'au-
tel; ils tuèrent aussi les béliers,
et ils en répandirent le sang sur
l'autel; ils immolèrent aussi les
agneaux, et ils répandirent sur
l'autel le sang.
23. Ils firent avancer les boucs
pour le péché, devant le roi et
toute la multitude, etils poserent
leurs mains sur eux ;
24. Et les prétres les immo-
lèrent, et en répandirent le sang
"E —————————— dH——— —!9 ו
16. * Dans le torrent de Cédron, à l'est et au sud-est de Jérusalem.
18. La table de proposition. Voy. Nombres, 1v, 3.
864
devant l'autel pourl'expiation de
tout Israël; car c'est pour tout
Israél que le roi avait commandé
que l'holocauste se fit, et pour le
péché.
25. Il établit aussi les Lévites
dansla maison du Seigneur, avec
des cymbales, des psaltérions et
des harpes, selon les prescrip-
tions du roi David, de Gad, le
Voyant, et de Nathan, le pro-
phéte; attendu que c'était un
ordre du Seigneur par l'entre-
mise de ses prophètes.
96. Ainsi les Lévites s'y trou-
verent, tenant les instruments
de David, et les prétres les trom-
pettes.
27.EtEzéchiascommanda qu'on
offritles holocaustes sur l'autel ;
et, lorsque l'on offrait les holo-
caustes, ils commencèrent à
chanter deslouangesauSeigneur,
à sonner des trompettes, et à
faire retentir divers instruments
que David, roi d'Israél, avait pré-
parés.
98. Or, toute la multitude ado-
rantle Seigneur, les chantres et
ceux qui tenaient les trompettes
étaient à leur devoir, jusqu'à ce
que l'holocauste fût achevé.
29. Et lorsque l'oblation fut fi-
nie, le roi s’inclina, et tous ceux
qui étaient avec lui, et ils ado-
rerent.
30. Et Ezéchias et les princes
ordonnerent aux Lévites de louer
PARALIPOMÈNES. וז
(cH. xxix.|
le Seigneur avec les paroles de
David et d'Asaph, le Voyant; et
ils le louèrent avec une grande
joie, et, le genou courbé, ils ado-
rerent.
31. Mais Ezéchias ajouta en-
core ceci : Vous avez rempli vos
mains pour le Seigneur ; appro-
chez, et offrez des victimes et
des louanges dans la maison du
Seigneur. Toute la multitude of-
frit donc des hosties, des louan-
ges et des holocaustes avec un
cœur dévoué.
39. Quant au nombre des holo- >
caustes qu'offrit la multitude, ce
furentsoixante-dix taureaux, cent
béliers, et deux cents agneaux.
33. Et ils consacrerent au Sei-
gneur six cents bœufs et trois
mille moutons.
34. Or les prétres étaient en
petit nombre, et ils ne pouvaient
suffire à enlever la peau des ho-
locaustes : c'est pourquoi les Lé-
vites, leurs freres, les aidèrent
jusqu'à ce que l'ouvrage tüt
achevé et que les prêtres fussent
sanctifiés; car les Lévites sont
sanctifiés avec un rit plus facile
que les prétres.
35. On offrit donc un trés grand
nombre d'holocaustes, les grais-
ses des hosties pacifiques, et les
libations des holocaustes, et l'on
rétablit entierement le culte de
la maison du Seigneur.
36. Et Ezéchias se livra à l'allé-
26. Les instruments de David, c'est-à-dire que David avait!fait faire.
34. La peau des holocaustes; ellipse, pour, la peau des victimes destinées aux ho-
locaustes.
36. De ce que, etc.; l'hébreu porte simplement : De ce que le Seigneur avait pré-
paré pour le peuple; car la chose avait eu lieu en un instant. Ainsi Ezéchias et le
peuple se réjouirent de ce que le Seigneur avait si promptement rétabli son culte,
et disposé les esprits de maniere à les faire passer tout d'un coup de l'adoration des
idoles à celle du vrai Dieu.
xxx.] .א6]
gresse, ainsi que tout le peuple,
de ce que le service du Seigneur
était entierement rétabli; car il
avait plu que cela se fit soudai-
nement.
CHAPITRE XXX.
Ézéchias invite Israël et Juda à venir à
Jérusalem pour célébrer la Páque. On
la célébre avec beaucoup de solennité.
1. Ezéchias envoya aussi vers
tout Israël et Juda, et il écrivit des
lettres à Ephraim et à Manassé,
afin de les inviterà venir àla mai-
son duSeigneuràJérusalem, pour
faire la Páque du Seigneur, Dieu
d'Israël.
2. Un conseil du roi, des princes
et de toute l'assemblée du peuple
ayant donc été tenu à Jérusalem,
ils décidèrent qu'ils feraient la Pà-
que au second mois;
3. Car ils n'avaient pu la faire
en son temps, parce que les prè-
tres qui pouvaient exercer n'a-
vaient pas été sanctifiés, et que
le peuple ne s'était pas encore as-
semblé à Jérusalem.
4. Lachose plut au roi et àtoute
la multitude.
9. Et ils décidèrent qu'ils en-
verraient des messagers dans tout
Israël, de Bersabée jusqu’à Dan,
pour qu'on vint faire la Pâque du
Seigneur Dieu d'Israél dans Jéru-
salem; car beaucoup ne l'avaient
pas faite, comme il est prescrit.
6. Les messagers partirent donc
avec les lettres par le commande-
ment du roi et des princes, et 8
passèrent dans tout Israël et Juda,
publiant suivant ce quele roiavait
PARALIPOMÈNES. זז
865
commandé : Enfants d'Israël, re-
venez au Seigneur Dieu d'Abra-
ham, d'Isaac et d'Israél, et il re-
viendraauxrestes qui ontéchappé
à la main du roi des Assyriens.
7. Ne soyez pas comme vos
pères et vos frères, qui se sont
retirés du Seigneur Dieu de leurs
peres, qui les a livrés à la mort,
comme vous-mémes le voyez.
8. N'endurcissez pas vos cœurs
comme vos péres; donnez les
mains au Seigneur, et venezà son
sanctuaire qu'il a sanctifié pour
jamais : servez le Seigneur Dieu
de vos péres, et la colere de sa
fureur se détournera de vous.
9. Car, si vous revenez au Sei-
gneur, vos frères et vos fils trou-
veront miséricorde devant les
maitres qui les ont emmenés
captifs, et ils reviendront en cette
terre ; car il est clément et misé-
ricordieux, le Seigneur votre
Dieu, et il ne détournera point
sa face de vous, si vous revenez à
lui.
10. Ainsi les courriers allaient
rapidement de ville en ville dans
toute la terre d'Ephraim et de Ma-
nassé, jusqu'à Zabulon, ces peu-
ples les raillant et les insultant.
11. Cependant quelques hom-
mes d'Azer, de Manassé et de Za-
bulon, acquiesçant au conseil
donné, vinrent à Jérusalem.
19. Quant à Juda, la main du
Seigneur y fut de maniere à leur
donner un seul cœur, pour qu'ils
fissent, selon le commandement
du roi et des princes, la parole du
Seigneur.
1. * 4 Ephraim et à Manassé, c'est-à-dire aux habitants du royaume d'Israel qui
n'avaient pas été emmenés en captivité par le roi d'Assyrie.
5. * De Bersabée jusqu'à Dan. Voiv la note sur Juges, xx. 1.
A. T.
50
866
13. Beaucoup de peuples donc
s’assemblèrent à Jérusalem, pour
faire la solennité des azymes, au
second mois.
14. Et, selevant, ils détruisirent
les autels qui étaient à Jérusalem,
et mettant en pieces toutes les
choses dans lesquelles on brülait
de lencens aux idoles, ils les
jetèrent dans le torrent de Cé-
dron.
15. Ils immolèrent donc la Pä-
que le quatorzième jour du se-
cond mois. De plus les prétres et
les Lévites, enfin sanctifiés, of-
frirent des holocaustes dans la
maison du Seigneur.
16. Etilsse tinrent en leurrang,
selon les prescriptions et la loi de
Moïse, l'homme de Dieu ; mais les
prétres recevaient le sang qui de-
vait étre répandu, des mains des
Lévites,
17. Parce qu'une foule nom-
breuse n'était pas sanctifiée; et
c'est pour cela que les Lévites im-
molèrent la Pâque pour ceux qui
ne s'étaient pas empressés de se
sanctifier au Seigneur.
18. Comme aussi une grande
partie du peuple d'Ephraim, de
Manassé, d'Issachar de Zabulon,
qui n'avait pas été sanctifiée, man-
gea la Páque, non suivant ce qui
est écrit; et Ezéchias pria pour
eux, disant : Le Seigneur, qui est
bon, se montrera propice
19. Atous ceux qui en tout leur
cœur cherchent le Seigneur Dieu
de leurs peres, et il ne leur im-
putera point de n'étre pas sanc-
tifiés.
II PARALIPOMÈNES.
[cu. xxsr..
20. Le Seigneur l'exauca, et s'a-
paisa pour le peuple.
21. Et les enfants d'Israél qui se
trouvèrent à Jérusalem firent la
solennité des azymes durant sept
jours, dans une grande joie,
louant le Seigneur chaque jour
aussi bien que les Lévites et les
prétres, sur les instruments qui
répondaient à leur fonction.
22. Et Ezéchias parla au cœur
de tous les Lévites quiavaientune
intelligence parfaite de ce qui re-
garde le Seigneur; et ils man-
gèrent, durant les sept jours de
la solennité, immolant des vic-
times de sacrifices pacifiques, et
louant le Seigneur Dieu de leurs
pères.
23. Et il plut à toute la multi-
tude de célébrer encore sept
autres, jours, ce qu'ils firent aussi
avec une grande joie;
24. Car Ezéchias, roi de Juda,
avait donné à la multitude mille
taureaux et sept mille brebis : et
les princes avaient donné au
peuple mille taureaux et dix mille
brebis. Ainsi une trés grande
multitude de prétres se purifia.
25. Et tout le peuple de Juda fut
comblé de joie, tant les prétres
et les Lévites, que toute la foule
qui était venue d'Israél, les pro-
sélytes mêmes de la terre d'Israël,
et ceux qui habitaient en Juda.
96. Et il se fit une grande so-
lennité àJérusalem, telle qu'il n'y
en avait pas eu dans cette ville
depuis les jours de Salomon, fils
de David, roi d'Israël.
97. Orles prétres et les Lévites
21. La formule de bénédiction se trouve, Nomórés, vi, 24. Il ne paralt pas par ce
passage que les Lévites eussent le droit de bénir le peuple. Si on les confond ici
avec les prêtres qui bénissaient, c'est, sans doute, parce qu'ils priaient avec eux, ou
[cu. xxxi.]
se leverent pour bénir le peuple;
et leur voix fut exaucée, et leur
priere parvint jusqu'àla demeure
sainte du ciel.
CHAPITRE XXXI.
Les Israélites brisent les idoles et ren-
versent leurs autels. Offrandes des pré-
mices et des dimes. Réglement pour
le ministère des prêtres et des Lévites.
1. Lorsque ces choses eurent
été faites selon les rites, tous ceux
d'Israël qui se trouvèrent dans les
villes deJudasortirentetbriserent
tous les simulacres ; ils coupèrent
les bois sacrés, démolirent les
hauts lieux, et détruisirent les
autels, non seulement dans tout
Juda et Benjamin, mais aussi dans
Ephraim et dans Manassé, jus-
qu'à ce qu'ils eussent tout ren-
versé, et tous les enfants d'Israél
retournerent dans leurs posses-
sions et dans leurs villes.
2. Or Ezéchias établit les classes
sacerdotales et Lévitiques selon
leurs divisions, chacun dans son
office propre, et cela, tant parmi
les prétres que parmi les Lévites,
pour offrir des holocaustes et des
sacrifices pacifiques, afin d'exer-
cer leur ministère, de louer Dieu
et de chanter aux portes du camp
du Seigneur.
3. Quant à la part du roi, c'était
de son propre bien qu'on offrait
toujours l'holocauste le matin et
le soir comme aussi aux jours du
sabbat, aux calendes et à toutes
les autres solennités, ainsi qu'il
PARALIPOMÉNES. 867 זז
est écrit dans la loi de Moise.
4. ll ordonna aussi au peuple
qui habita:t à Jérusalem de don-
ner des parts aux prétres et aux
Lévites, afin qu'ils pussent vequer
à la loi du Seigneur.
9. Ce qui ayant retenti aux
oreilles de la multitude, les en-
fants d'Israél offrirent un tres
grand nombre de prémices en
blé, en vin, en huile et méme en
miel; ils offrirent encore la dime
de tout ce que produit la terre.
6. De méme aussi les enfants
d'Israél et de Juda qui habitaient
dans les villes de Juda offrirent
des dimes de bœufs et de brebis,
et des dimes de choses sanctifiées
qu'ils avaient vouées au Seigneur
leur Dieu; et, portant toutes ces
choses, ils en firent un trés grand
nombre de monceaux.
1. C'est au troisième mois qu'ils
commencèrent à faire ces mon-
ceaux, et au septième mois qu'ils
les achevèrent.
8. Et lorsque le roi et les prin-
ces de sa cour furent entrés, ils
virent les monceaux, et bénirenl
le Seigneur et le peuple d'Israël.
9. Alors Ezéchias demanda aux
prétres et aux Lévites pourquoi
ces monceaux étaient ainsi dépo-
565.
10. Le premier prêtre, Azarias
qui était de la race de Sadoc,
répondit : Depuis que l'on a com-
mencé à offrir ces prémices dans
la maison du Seigneur, nous en
avons mangé, et nous nous en
bien parce qu'ils joignaient à la voix des prétres leurs acclamations ou le son de
leurs instruments.
1. * Ils coupérent les bois sacrés, les symboles de la déesse Astarté.
T. 175 commencèrent, etc.; littér., iis Jelérent les fondements. L'hébreu contient aussi
rette image.
868
sommes rassasiés ; mais il en est
resté beaucoup, parce que le Sei-
gneur a béni son peuple; et cette
abondance que vous voyez sont
les restes.
11. Ezéchias ordonna donc que
lon préparât des greniers dans
la maison du Seigneur. Lorsqu'on
l'eut fait,
12. On y porta fidèlement tant
les prémices que les dimes et
tout ce qu'on avait voué; et Cho-
nénias, le Lévite, y fut préposé,
ainsi que Séméi, son frère, en se-
cond.
13. Après lequel Jahiel, Azarias,
Nahath, Asaël, Jérimoth, Jozabad,
Eliel, Jesmachias, Mahath et Ba-
naïas, furent aussi préposés sous
la main de Chonénias et de Séméi,
son frère, par l’ordre du roi Ezé-
chias, et d'Azarias, le pontife de
la maison de Dieu, auxquels tout
appartenait.
14. Or Coré, le Lévite, fils de
Jemna, portier àla porte orien-
tale, était préposé sur ce qu'on
offraitspontanémentau Seigneur,
et sur les prémices, et les autres
choses consacrées dans le Saint
des saints.
15. Sous sa direction étaient
Eden, Benjamin, Jésué, Séméias,
Amarias aussi et Séchénias, dans
les villes des prêtres, pour distri-
buer fidèlement des parts à leurs
frères, aux petits et aux grands;
16. Et, outre les enfants mâles,
depuis trois ans et au-dessus, à
tous ceux qui entraient dans 16
temple du Seigneur; et tout ce
qui chaque jour était nécessaire
PARALIPOMÈNES. זו
(cu. xxxir.]
dans le ministère et dans les d?-
vers offices, selon leurs divisions;
11. C’est aux prêtres selon leurs
familles, aux Lévites, depuis vingt
ans et au-dessus, par troupes et
selon leurs rangs et leurs classes;
48. Et à toute 18 multitude, tant
aux femmes qu'à leurs enfants
de l'un et de l’autre sexe, qu'on
donnait des vivres sur les choses
qui avaient été consacrées.
19. Et il y avait méme d'entre
les descendants d'Aaron des hom-
mes établis dans la campagne et
dans les faubourgs de chaque
ville, pour distribuer des parts à
tous les mâles de la race des pré-
tres et des Lévites.
20. Ezéchias fit donc tout ce que
nous avons dit dans tout Juda, et
il accomplit ce qui est bon et droit
et vrai devant le Seigneur son
Dieu,
91. Dans tout ce qui concerne
le service de la maison du Sei-
gneur, selon la loi et les cérémo-
nies, voulant chercher son Dieu
de tout son cœur; et il le fit, et il
prospéra.
CHAPITRE XXXII.
Sennachérib s'avance contre Jérusalem.
Ezéchias exhorte son peuple. Blasphé-
mes de Sennachérib. Un ange exter-
mine son armée. Gloire d'Ezéchias et
sa mort. Manassé lui succède.
1. Après ces choses si fidele-
ment exécutées, Sennachérib, roi
des Assyriens, vint et entra dans
Juda; il assiégea les villes forti-
fiées, voulant les prendre.
2. Lorsqu'Ezéchias eut vu cela,
CHar. XXXIL 1. IV Rois, xvi, 13; Eccli., xzvin, 20; Isaie, xxxvi, 1.
1. * Sennachérib, roi d'Assyrie. Voir IV Rois, xvi, 13.
fem. xxxit.] II PARALIPOMÉNES. 869
savoir que Sennachérib était ve- 9. Après que ces choses se fu-
nu, et que tout l'effort de laguerre | rent passées, Sennachérib, roi des
était tourné contre Jérusalem, Assyriens, envoya ses serviteurs
3. ll tint conseil 8166108 princes | à Jérusalem (car lui-même assié-
et les hommes les plus braves, | geait Lachisavectouteson armée)
pour boucher les sources des fon- | vers Ezéchias, roi de Juda, et vers
taines qui étaient hors de 18 ville : | tout le peuple qui était dans la
l'avis de tous l'ayant décidé, ville, disant :
4. Il assembla une très grande 10. Voici ce que dit Sennaché-
sources, et le ruisseau qui coulait | avez-vous confiance, pour de-
multitude, et il boucha toutes les | rib, roi des Assyriens : En qui
au milieu du pays, disant : C'est | meurer ainsi assiégés dans Jéru-
de peur que les rois des Assyriens | salem?
ne viennent, et ne trouvent une 11. Est-ce qu'Ezéchias ne vous
abondance d'eau. trompe pas pour vous livrer à
5. ll bátit aussi avec grand soin | la mort parla faim et la soif, vous
toutle mur qui avait été ruiné, | assurant que le Seigneur votre
et il construisit les tours au des- | Dieu vous délivrera de la main du
sus, et en dehors de l'autre mur; | roi des Assyriens?
il restaura Mello dans la cité de 12. N'est-ce pas cet Ezéchias
David, et il fit des armes de tout | qui a détruit ses hauts lieux et
genre et des boucliers; ses aufels, et qui a ordonné à
6. Et il établit ensuite des chefs | Juda et à Jérusalem, disant : C'est
de combattants dans l’armée; | devant un seul autel que vous
puis il les convoqua sur la place | adorerez, et c'est sur cet autel
de la porte de la cité, et il parla | que vous brülerez de lencens?
à leur cœur, disant : 13. Est-ce que vous ignorez ce
1. Agissez courageusement, et | que j'ai fait, moi et mes peres. à
forüfiez-vous : ne craignez point, | tous les peuples de la terre? Est-
et ne redoutez pointle roi des As- | ce que les dieux des nations et de
syriens, ni toute cette multitude | toute la terre ont été assez forts
qui est avec lui; carily a un plus | pour délivrer leur pays de ma
grand nombre avec nous qu'avec | main?
lui. | 44. Quel est celui de tous les
8. Car avec lui est un bras de | dieux des nations que mes peres
chair; avec nous le Seigneur no- | ont ravagées, qui ait pu délivrer
ire Dieu, qui est notre aide et | son peuple de ma main, pour que
combat pour nous. ₪6 le peuple | méme votre Dieu puisse vous dé-
fut 1011116 par ces paroles d'Ezé- | livrer de ma main?
chias, roi de Juda. | 15. Qu Ezéchias ne vous trompe
4. Que les rois, etc.; c'est-à-dire que si les rois des Assyriens viennent, ils ne
(rouveut pas, eie. — * Il boucha loutes les sources. Voir plus bas, vers. 30.
5. Il bátit. pour εἰ rebátit. Voy. 111 Rois, xit, 25. — * Mello, voir IL Rois, v, 9.
9. * £achis, ville 4e la tribu de uda, sur la route d'Hébron à Gaza. Sennachérib
s'était fait représenter dans uu bas-relief de son palais de Ninive recevant les tri-
buts de Lachis, aprés la prise de cette place.
870
donc point, et que par une vaine
persuasion il ne vous joue point :
ne le croyez pas. Car si aucun
dieu de toutes les nations et de
tous les royaumes n'a pu déli-
vrer son peuple de ma main ni
de celle de mes pères, consé-
quemment méme votre Dieu ne
pourra pas vous délivrer de ma
main.
16. Mais les serviteurs de Sen-
nachérib dirent encore beaucoup
d'autres choses contre le Sei-
gneur Dieu et contre Ezéchias,
son serviteur.
17. Il écrivit aussi des lettres
pleines de blasphemes contre le
Seigneur Dieu d'Israél, et il dit
contre lui : Comme les dieux des
autres nations n'ont pu délivrer
leur peuple de ma main, ainsi
méme le Dieu d'Ezéchias ne
pourra pas délivrer son peuple de
cette main.
18. De plus, d'une voix forte
et en langue judaique, il criait
contre le peuple qui était sur les
murs de Jérusalem, pour l'épou-
vanter et prendre la ville.
19. Ainsi il parla contre le
Dieu de Jérusalem comme con-
tre les dieux des peuples de la
terre, ouvrages des mains des
hommes.
90. Le roi Ezéchias donc, et
Isaie, le prophète, fils d'Amos,
prierent en opposition à ce blas-
pheme, et poussèrent des cris
jusqu'au ciel. ו
91. Et le Seigneur envoya un
ange qui frappa tout homme vi-
PARALIPOMÉNES. זז
[cu. xxxir.]
goureux, guerrier etle prince de
l'armée du roi des Assyriens; et
Sennachérib retourna avec igno-
minie en son pays. Or, lorsqu'il
fut entré dans la maison de son
dieu, ses fils, qui étaient sortis
de ses entrailles, le tuèrent par le
glaive.
22. Le Seigneur sauva ainsi
Ezéchias etles habitants de Jéru-
salem de la main de Senna-
chérib, roi des Assyriens, et de
la main de tous, etil leur donna
le repos alentour.
23. Beaucoup méme portaient
des hosties et des sacrifices au
Seigneur à Jérusalem, et des
présents à Ezéchias, roi de Juda,
qui a été exalté après cela devant
toutes les nations.
24. En ces jours-là, Ezéchias
fut malade jusqu'à la mort, et
il pria 16 Seigneur, et Ze Sei-
gneur l'exauca, 6111 lui en donna
un signe.
25. Mais Ezéchias ne rendit pas
à Dieu selon les biens qu'il avait
reçus, parce que son cœur s'é-
leva, et la colère du Seigneur
salluma contre lui, contre Juda
et contre Jérusalem.
26. Mais ensuite il s' humilia
autant lui-méme que les habi-
tants de Jérusalem, de ce que
son cœur s'était exalté : et c'est
pourquoi la colère du Seigneur
ne vint point sur eux dans les
jours d'Ezéchias.
2/1. Or Ezéchias fut riche et trés
illustre; 11 s'amassa beaucoup de
trésors d'argent, d'or, de pierres
91. Tobie, 1, 24. — 24. IV Rois, xx, 1; Isaie, xxxvii, 1.
23. Des hosties et des sacrifices; pour des hosties de sacrifices, destinées à des sacri-
fices; figure grammaticale usitée dans la Bible.
24. Voir sur la maladie et la guérison miraculeuse d'Ezéchias, III Rois, xx.
[cg. xxxmr.)
précieuses, d'aromates, d'armes
de tout genre, et de vases de
grand prix.
98. Il avait aussi des magasins
de blé, de vin et d'huile, des écu-
ries pour toute sorte de gros bé-
tail, et des parcs pour des trou-
peaux.
29. Et il bátit des villes pour
lui; car il avait des troupeaux de
brebis et de gros bétail innom-
brables, parce que le Seigneur
lui avait donné des biens en très
grande abondance.
30. C'est ce méme Ezéchias qui
boucha la fontaine supérieure des
eaux de Gihon, et les détourna
sousterre versl'occidentdela ville
de David; en toutes ses ceuvres il
fit heureusement ce qu'il voulut.
31. Cependant dansle message
des princes de Babylone qui
avaient été envoyés vers lui pour
s'informer du prodige qui était
arrivé sur la terre, Dieu l'aban-
donna pour le tenter et pourfaire
connaitre tout ce qui était en son
cœur.
32. Mais le reste des actions
d'Ezéchias et de ses miséricordes
est écrit dans la vision d’Isaïe, le
prophète, fils d'Amos, et dans le
Livre des rois de Juda et d'Israël.
33. Ezéchias dormit avec ses
pères, et on l'ensevelit au dessus
du sépulcre des fils de David :
PARALIPOMÈNES. 871 זז
tout Juda célébra ses funérailles,
et tous les habitants de Jéru-
salem; et Manassé son fils régna
en sa place.
CHAPITRE XXXIII.
Impiété de Manassé, sa captivité, son re-
pentir, son retour à Jérusalem, sa mort.
Amon lui succéde. Impiété de ce prince;
ilest mis à mort, et Josias règne à sa
place.
1. Manassé avait douze ans
quand il commenca à régner, et
il régnacinquante-cinqans àJéru-
salem.
2. Or il fit le mal devant le Sei-
gneur, suivant les abominations
des nations que le Seigneur avait
détruites devant les enfants d'Is-
rael.
9. Et il en revint à restaurer les
hauts lieux qu'avait démolis Ezé-
chias, son père ; il construisit des
autels aux Baalim, il fit des bois
sacrés, et il adora toute la milice
du ciel, et la servit.
4. Il bâtit aussi des autels dans
lamaison du Seigneur, delaquelle
le Seigneur avait dit : C'est dans
Jérusalem que sera mon nom
éternellement.
5. Or il les bâtit à toute l’armée
du ciel, dans les deux parvis du
temple du Seigneur.
6. Et il fit passer ses fils par le
feu dans la vallée de Bénennom :
CHAP. XXXIII. 1. IV Rois, xxi, 1. — 4. II Rois, vir, 10.
30. * Qui boucha la fontaine, etc. Ces mots semblent mentionner le percement du
canal souterrain taillé dans le roc qu'on a découvert ces dernières années et qui
conduit les eaux de la Fontaine appelée aujourd'hui de la Vierge, au sud-est de Jé-
rusalem, dans la piscine de Siloé, Voir la note sur Jean, 1x, 11.
31. Du prodige, etc. Voy. IV Rois, xx, 8-11.
3. Baalim. Voy. Juges, u, 11. — * Des bois sacrés, des aschéra, des symboles du
culte de la déesse Astarté.
4. Le nom de Dieu se prend souvent pour la majesté divine, Dieu lui-méme.
6. " Dans la vallée de Bénennom. appelée aussi Géennom, Ghé-ben-Hinnomon, vallée
872
il ohservait les songes, il suivait
les augures, il s'adonnait à l'art
magique, il avait avec lui des ma-
giciens et des enchanteurs, et
il commit de grand maux devant
le Seigneur, jusqu'à l'irriter.
7. ll mit aussi une image taillée
au ciseau et une statue de fonte
dans la maison du Seigneur, de
laquelle Dieu avait dit à David et
à Salomon, son fils : C'est dans
cette maison et dans Jérusalem,
que j'ai choisie d'entre toutes les
tribus d'Israël, que j'établirai mon
nom pour jamais.
8. Et je ne ferai pas mouvoir
le pied d'Israël de la terre que
j'ai livrée à leurs pères, pourvu
seulement qu'ils aient soin d'ac-
complir ce que je leur ai ordonné,
toute la loi, les cérémonies et les
ordonnances, que je leur ai
données par l'entremise de Moise.
9. Manassé séduisit donc Juda
et les habitants de Jérusalem, en
sorte qu'ils firent plus de mal que
toutes les autres nations que le
Seigneur avait exterminées de la
face des enfants d'Israél.
10. Et Dieu lui parla, à lui et à
son peuple, et ils ne voulurent
point faire attention.
11. C'est pourquoi Dieu amena
sur eux les princes de l'armée
du roi des Assyriens; ils prirent
7. III Rois, vir, 18.
II PARALIPOMÈNES.
[cH. xxxur.)
donc Manassé, et apres l'avoir lié
de chaines et lui avoir mis des
entraves, ils l'emmenerent à Ba-
bylone.
19. Lorsque Manassé se trouva
dans cette détresse, il pria le Sei-
gneur son Dieu, et fit beaucoup
pénitence devant le Dieu de ses
peres.
13. Et il l'implora, et le supplia
avec instance; et le Seigneur
exauca sa priere, et le ramena à
Jérusalem dans son royaume; et
Manasséreconnutque le Seigneur
était le vrai Dieu.
14. Après cela, il bâtit un mur
hors de la cité de David, à l'occi-
dent de Gihon, dans la vallée, de-
puis l'entrée de la porte des Pois-
sons, à travers l'enceinte, jusqu'à
Ophel, et il l'éleva tres haut : il
établitaussi des princes del'armée
dans toutes les villes de Juda for-
tifiées ;
15. Etil enleva les dieux étran-
gers et le simulacre dela maison
du Seigneur, comme aussi les
autels qu'il avait faits sur la mon-
tagne de la maison du Seigneur
et dans Jérusalem, et il jeta tout
hors de la ville.
16. De plus il restaura l'autel
du Seigneur, et il immola des-
sus des victimes et des hosties
pacifiques et de louange; et il
des fils d'Hennom, située au sud-ouest et au sud de Jérusalem, laquelle, par sa pro-
fondeur et son escarpement, rend la ville imprenable de ce cóté. Elle sépare le mont
Sion du mont du Mauvais Conseil.
11. * Les princes de l'urmée du roi des Assyriens, le roi de Ninive Assurbanipal, fils
d'Asaraddon et petit-fils de Sennachérib. Il monta sur le tróne en 668 avant J.-C. et
mourut vers l'an 626. Il fit conduire Manassé à Babylone, parce qu'il en était aussi
roi et y avait réprimé la révolte d'un de ses fréres qu'il en avait établi gouverneur.
14. * Gihon, au sud-est de Jérusalem. — La porte des Poissons était à l'extrémité
orientale du mur méridional de la ville.
.16. De louange; c'est-à-dire d'action de grâces. Voy. pour la construction gram-
maticale, ch, xxxi, 23.
[cg. xxxiv.]
ordonna à Juda de servir le Sei-
gneur Dieu d'Israél.
11. Cependant le peuple immo-
lait encore sur les hauts lieux au
Seigneur son Dieu.
48. Mais le reste des faits de
Manassé, sa supplication à son
Dieu, et les paroles des Voyants
qui lui parlaient au nom du Sei-
gneur Dieu d'Israël, sont conte-
nus dans /e Livre des actions des
rois d'Israél ;
19. De plus, sa prière à Dieu, et
la maniere dontilfut exaucé, tous
ses péchés, le mépris de Dieu,
comme aussi les endroits dans
lesquels il bátit des hauts lieux,
et fit des bois sacrés et des statues,
avant qu'il fit pénitence, sont
écrits parmi les paroles d'Hozai.
20. Manassé dormit donc avec
ses peres, et on l'ensevelit dans
sa maison; et son fils Amon ré-
gna en sa place.
21. Amon avait vingt-deux ans
lorsqu'il commença à régner, et
ilrégna deux ans dans Jérusalem.
22. Et il fitle mal en la présence
du Seigneur, comme avait fait
Manassé son père, et il sacrifia à
toutes les idoles que Manassé
avait fabriquées, et il les servit.
23. Et il ne révéra point la face
du Seigneur, comme la révéra
Manassé son père, et il commit
des crimes beaucoup plus grands.
24. Or ses serviteurs, ayant
conspiré contre lui, le tuèrent
dans sa maison.
25. Mais le reste du peuple,
(βαρ. XXXIV. 1. IV Rois, xxi, 1.
PARALIPOMÈNES. זז
873
aprés avoir taillé en pieces ceux
qui avaient tué Amon, établit roi
Josias, son fils, en sa place.
CHAPITRE XXXIV.
Piété de Josias. Il répare le temple, où on
trouve le livre de la loi. Il envoie con-
sulter la prophétesse Olda. Renouvelle-
ment de l'alliance avec le Seigneur.
1. Josias avait huit ans lorsqu'il
commenca à régner, et il régna
trente et un ans à Jérusalem.
2. Et il fit ce qui était droit en
la présence du Seigneur, et il
marcha dans les voies de David,
son pere, et il ne se détourna ni
à droite ni à gauche.
3. Or, la huitième année de son
règne, quoiqu'il fût encore un
enfant, il commença à chercher
le Dieu de son père David; et, la
douzième année après qu'il eut
commencé à régner, il purifia
Juda et Jérusalem des hauts lieux,
des bois sacrés, des simulacres
el des images taillées au ciseau.
4. Et on détruisit devant lui les
autels des Baalim, et quant aux
simulacres qui avaient été posés
dessus, on les démolit; les bois
sacrés aussi, et lesimages taillées
au ciseau, il les coupa, et les mit
en pieces, puis il en dispersa les
débris sur les tombeaux de ceux
qui avaient accoutumé de leur
immoler des victzmes.
5. Outre cela, il brüla les os des
prétres sur les autels des idoles,
et il purifia Juda et Jérusalem.
6. Mais de plus, dans les villes
19. Parmi les paroles, etc.; dans le livre du prophète Hozai. Au lieu d'Hozai, le grec
porte des Voyants; le terme hébreu vient, en effet, du verbe voir et représente dans
ra forme grammaticale le participe présent avec une des terminaisons plurielles.
6. Tout ce qui avait rapport au culte des idoles,
874
de Manassé, d'Ephraim et de Si-
méon, jusqu'à Nephthali, il ren-
versa tout.
7. Et lorsqu'il eut détruit les
autels et les bois sacrés, brisé en
morceaux les images taillées au
ciseau, et démoli touslestemples
dans toute la terre d'Israël, il re-
vint à Jérusalem.
8. Ainsi, l'an dix-huit de son
regne, la terre ayant été déjà pu-
rifiée, et le temple du Seigneur,
il envoya Saphan, fils d'Esélie, et
Maasias, prince dela ville, et Joha,
fils de Joachaz, qui tenait les re-
gistres, pour réparer la maison
du Seigneur son Dieu ;
9. Lesquels vinrent vers Hel-
cias, le grand prétre, et ayant
recu de lui l'argent qui avait été
porté en la maison du Seigneur,
et que les Lévites et les portiers
avaient recueilli de Manassé et
d'Ephraim, de tous les restes
d'Israél, de tout Juda aussi et de
benjamin, et des habitants de Jé-
rusalem,
10. Ils le remirent entre les
mains de ceux qui présidaient aux
ouvriers dans la maison du Sei-
gneur, pour restaurer le temple
et réparer toutes les ruines.
11. Mais ceux-ci le donnèrent
aux ouvriers et aux tailleurs de
pierres, afin qu'ils en achetassent
des pierres des carrieres, et des
bois pour les assemblages de l'é-
difice et pour la charpente des
maisons qu'avaient détruites les
rois de Juda.
12. Et ils faisaient fidèlement
PARALIPOMENES. זז
fcH. xxxiv.]
toutes ces choses. Or étaient pré-
posés à ceux qui travaillaient,
Jahath et Abdias, d'entre les fils
de Mérari ; Zacharie et Mosollam,
d'entre les fils de Caath, qui pres-
saient l'ouvrage; tous Lévites sa-
chant jouer des instruments.
13. Mais au-dessus de ceux qui
portaientles fardeaux pour divers'
usages, étaient des scribes et des
maitres portiers d'entre les Lé-
vites.
14. Or, comme l’on transférait
l'argent qui avait été déposé dans
le temple du Seigneur, Helcias, le
prétre, trouva le livre de la loi du
Seigneur, écrit de la main de
Moise.
15. Et il dit à Saphan, le scribe :
J'ai trouvé le livre de la loi dans
la maison du Seigneur, etil le lui
remit.
16. Et Saphan porta le volume
au roi, et il lui annonça, disant :
Tout ce que vous avez mis en la
main de vos serviteurs, le voilà
qui s'accomplit.
11. Pourl'argent qui a été trou-
vé dans la maison du Seigneur,
ils l'ont fondu ; puis il a été donné
aux préposés des ouvriers et de
ceux qui font les divers ouvrages.
18. Outre cela Helcias, le prétre,
m'a remis ce livre. Lorsqu'il +
lu, le roi présent,
19. Et lorsque le roi eut entendu
les paroles de la loi, il déchira
ses vêtements ;
20. Et 1] ordonna à Helcias, à
Ahicam, fils de Saphan, à Abdon,
fils de Micha, à Saphan, le scribe,
44. Ecrit de la main, etc. Compar. IV Rois, xxir, 8. Selon d’autres :
par la main, etc.
donnée (la loi)
16. Tout ce que vous avez mis, etc.; hébraisme, pour {out ce que vous avez com-
mandé.
[cg. xxxiv.]
et à Asaas, serviteur du roi, di-
sant:
21. Allez, et priez le Seigneur
pour moi et pour les restes d'Is-
raël et de Juda, au sujet de toutes
les paroles de ce livre qui a été
trouvé; carla colere du Seigneur
s’est épanchée sur nous, parce
que nos pères n'ont point écouté
les paroles du Seigneur, afin d'ac-
complir tout ce qui a été écrit
dans ce volume.
99. Helcias donc s'en alla, et en
même temps ceux qui avaient été
envoyés par le roi vers Olda, la
prophétesse, femme de Sellum,
fils de Thécuath, fils de Hasra, le
gardien des vêtements, laquelle
demeurait à Jérusalem, dans la
Seconde; et ils lui dirent les pa-
roles rapportées plus haut.
23. Olda leur répondit : Voici
ce que dit le Seigneur Dieu d'Is-
raél : Dites à l'homme qui vous
a envoyés vers moi :
24. Le Seigneur dit ceci : Voilà
que moi j'aménerai sur ce lieu et
sur ses habitants des maux, et
toutes les malédictions qui sont
écrites dans ce livre qu'on a lu
devant le roi de Juda;
25. Parce qu'ils m'ont abandon-
né, et qu'ils ont sacrifié à des
dieux étrangers, pour me provo-
quer au courroux par toutes les
œuvres de leurs mains, c'est pour-
quoi mon courroux s'épanchera
sur ce lieu, et il ne s'apaisera
point.
26. Quant au roi de Juda qui
vous a envoyés pour implorer le
28. IV Rois, xxi, 1.
PARALIPOMÉNES. זז
875
Seigneur, vous lu: rez : Voici ce
que dit le Seigneur Dieu d'Israél :
Parce que tu as écouté les paroles
de ce volume,
27. Que ton cœur a été attendri,
que tu t'es humilié en la présence
de Dieu, au sujet de ce qui a été
dit contre ce lieu et les habitants
de Jérusalem, que tu as révéré
ma face, déchiré tes vétements,
et pleuré devant moi, moi aussi
je t'ai exaucé, dit le Seigneur.
98. Car bientót je te réunirai à
tes peres, et tu seras porté dans
ta sépulture en paix, et tes yeux
ne verront pas tout le mal que je
vais amener sur cette ville et sur
ses habitants. C'est pourquoi ils
rapporterent au roi toutce qu'elle
avait dit.
29. Or le roi, tous les anciens
de Juda et de Jérusalem convo-
qués,
30. Monta à la maison du Sei-
gneur, et aussi tous les hommes
de Juda et les habitants de Jéru-
salem, les prétres et les Lévites,
et tout le peuple, depuis le plus
petit jusqu'au plus grand; les-
quels écoutant dans la maison du
Seigneur, le roi lut toutes les pa-
roles du volume;
31. Et, setenant debout sur son
tribunal, il fit l'alliance devant le
Seigneur, afin qu'il marchát apres
lui, qu'il gardát ses préceptes, ses
lois et ses ordonnances en tout
son cœur et en toute son âme, et
qu'il fit tout ce qui était écrit dans
ce volume qu'il avait lu.
32. Il adjura aussi à ce sujet
33. Dans la Seconde. Voy. IV Rois, xxn, 44.
31. Son tribunal ; probablement l'estrade que Salomon avait fait mettre dans le
emple, Voy. vi, 13.
870
tous ceux qui s'étaient trouvés
dans Jérusalem et Benjamin; et
les habitants de Jérusalem firent
selon l'alliance du Seigneur Dieu
de leurs pères.
33. Josias enleva donc toutes
les abominations de toutes les
contrées des enfants d'Israël, οἱ il
fit que tous ceux qui restaient
encore en Israël servirent le Sei-
eneur leur Dieu. Ainsi, durant
tous ses jours, ils ne se sépare-
rent point du Seigneur Dieu de
leurs peres.
CHAPITRE XXXV.
Pàque célébrée à Jérusalem sous Josias.
Ce prince attaque 16 roi d'Egypte et est
tué dans le combat.
1. Josias fit ensuite à Jérusalem
la Páque du Seigneur, laquelle
fut immolée le quatorzieme jour
du premier mois;
2. Et il établit les prétres en
leurs fonctions, etles exhorta à
servir dans lamaison duSeigneur.
3. Aux Lévites aussi, par l'en-
seignement desquels tout Israël
était sanctifié au Seigneur, il dit :
Mettez l'arche dans le sanctuaire
du temple qu'a bâti Salomon, fils
de David, roi d'Israél, car vous
ne la porterez plus du tout; mais
maintenant, servez le Seigneur
votre Dieu et son peuple Israél.
4. Préparez-vous donc dans
vos maisons el vos familles, se-
lon la distribution de chacun de
vous, ainsi que l'a ordonné Da-
vid, roi d'Israël, et que l’a écrit
Salomon, son fils.
5. Et servez dans le sanctuaire,
selon les familles et les classes
lévitiques ;
CHAP. XXXV, 1. IV Rois, xxr, 21.
PARALIPOMÈNES. זז
[cH. xxxv.]
0. Et, sanctifiés, immolez la
Páque; et préparez vos freres
aussi, afin qu'ils puissent faire
selon les paroles qu'a dites le
Seigneur par l'entremise de
Moise.
1. Outre cela Josias donna à
tout le peuple qui s'était trouvé
là à la solennité dela Páque, des
agneaux et des chevreaux de ses
troupeaux, trente mille 26/65 du
reste de son bétail, et trois mille
bœufs: c'était du bien entiere-
ment du roi.
8. Ses officiers aussi offrirent
ce quils avaient spontanément
voué, tant au peuple qu'aux
prétres et aux Lévites. Or Hel-
cias, Zacharie et Jahiel, princes
de la maison du Seigneur, don-
nèrent aux prêtres, pour faire la
Pâque, deux mille six cents £é£es
de menu bétail mélé et trois cents
bœufs.
9. Mais Chonénias, Séméias, et
même Nathanaël, ses frères, de
plus Hasabias, Jéhiel et Jozabad,
princes des Lévites, donnèrent
aux autres Lévites, pour célébrer
la Pâque, cinq mille fêtes de
menu bétail et cinq cents bœufs.
10. Le service fut donc pré-
paré, et les prêtres se tinrent à
leurs fonctions, et les Lévites
aussi selon leurs classes, d'apres
l'ordre du roi.
11. Ainsi la Páque fut immo-
lée; les prétres répandirent de
leur propre main le sang, et les
Lévites écorchèrent les holo-
caustes.
19. Et ils les séparèrent pour
les donner dans les maisons et
dans les familles de chacun, et
[cu. xxxv.]
pourlesoffrirauSeigneur,comme
il est écrit dans lelivre de Moise;
des bœufs aussi, ils firent pareil-
lement.
13. Et ils firent rótir la Pâque
sur le feu, d'apres ce qui est
écrit dans la loi; mais les vic-
times pacifiques, ils les firent
cuire dans les chaudieres, dans
les pots et dans les marmites, et
les distribuerent en hâte à tout
le peuple ;
14. Et ils en préparèrent en-
suite pour eux et pour les pré-
tres : car les prétres furent occu-
pés jusqu'à la nuit à l'oblation
des holocaustes et des graisses ;
de là, les Lévites n'en prépa-
rerent pour eux, et pour les pré-
tres, fils d'Aaron, que les derniers.
15. Les chantres, fils d'Asaph,
se tenaient aussi dans leur rang,
d’après le commandement de
David, d'Asaph, d'Héman et d'l-
ditun, prophètes du roi. Les por-
tiers veillaient à chaque porte,
de maniere qu'ils ne s'écartaient
pas un seul moment de leur mi-
nistére; c'est pour cela que les
Lévites. leurs frères, leur prépa-
rerent des aliments.
16. Tout le culte du Seigneur
fut done accompli selon les rites
en ce jour-là, pour faire la Páque,
et pour offrir des holocaustes sur
lautel du Seigneur, d'apres le
commandement du roi Josias.
A7. Et les enfants d'Israél qui
s'étaient trouvés là firent la
20. IV Rois, ,זווצא 29. — 22. Zach., xir, 41.
PARALIPOMÉNES. זז
877
Pâque en ce temps, et la solen-
nité des azymes durant sept
jours.
18. Il n’y eut point de Páque
semblable à celle-ci en Israël,
depuis les jours de Samuel le
prophète; et méme aucun de
tous les rois d'Israël ne fit la
Páque comme Josias pour les
prétres,les Lévites, tout Juda et
Israél qui s'était trouvé là, et pour
tous ceux qui habitaient dans Jé-
rusalem.
19. C'est à la dix-huitieme an-
née du regne de Josias que cette
Pâque fut célébrée.
20. Après que Josias eut res-
tauré le temple, Néchao, roi d'E-
gypte, monta pour combattre à
Charcamis près de l'Euphrate : et
Josias marcha à sa rencontre.
21. Mais celui-ci, lui ayant en-
voyé des messagers, dit : Qu'im-
porte à moi et à vous, roi de
Juda? Ce n’est pas contre vous
que je viens aujourd'hui ; mais je
combats contre une autre mai-
son, vers laquelle Dieu m'a or-
donné de marcher en hâte. Ces-
sez d'agir contre Dieu, qui est
avec moi, de peur qu'il ne vous
tue.
22. Josias ne voulut point re-
tourner; mais il prépara contre
lui un combat, et il n'acquiesca
pas aux paroles de Néchao, sor-
ties dela bouche de Dieu; mais il
s'avanca pour combattre dans le
champ de Mageddo
30. * Néchao. Voir IV Rois, xxin, 99. — Charcamis, sur la rive occidentale de l'Eu-
phrate, aujourd'hui Djérablous, à moitié chemin entre le village de Sadjour et Bi-
redjik. Elle avait été la capitale des Héthéens; tombée au pouvoir des Assyriens, elle
était demeurée l'entrepót général du commerce entre l'Asie occidentale et l'Assyrie.
32. * Dans le champ de Mageddo, dans la plaine d'Esdrelon, pres de la ville de
Mageddo.
878
95. £tlà, blessé par les archers,
il dit à ses serviteurs : Tirez-moi
de la bataille, parce que je suis
grievement blessé.
24. Ils le transporterent de son
char dans un autre char qui le
suivait, selon la coutume des
rois, et ils le portèrent à Jérusa-
lem, et il mourut, et fut enseveli
dans le mausolée de ses pères;
et tout Juda et Jérusalem le pleu-
rèrent ;
95. Jérémie surtout, dont les
chantres et les chanteuses ré-
pètent tous jusqu'au présent
jour les lamentations sur Josias;
et cela a prévalu comme loi en
Israél: voilà qu'onle trouve écrit
dans les lamentations.
26. Mais le reste des actions de
Josias, et ses miséricordes qui
sont ordonnées par la loi du Sei-
gneur,
27. Comme aussi ses œuvres,
les premières et les dernières,
sont écrites dans le Livre des rois
de Juda et d'Israël.
CHAPITRE XXXVI.
Joachaz, successeur de Josias, est mené
en Egypte. Joakim, son successeur, est
transporté à Babylone. Joachin lui suc-
cède, et subit le même sort. Sédécias
règne à la place de Joachin. Nabucho-
donosor renverse Jérusalem. Cyrus per-
met aux Juifs d'y retourner.
1. Le peuple du pays prit donc
PARALIPOMÉNES. וז
[cH. xxxvi.)
Joachaz, fils de Josias, et l'établit
roi en la place de son pere à Jé-
rusalem.
2. Joachaz avait vingt-trois ans
lorsqu'il commenca à régner, et
il régna trois mois à Jérusalem.
3. Mais le roi d'Egypte, étant
venu à Jérusalem, le déposa, et
condamna le pays à cent talents
d'argent et à un talent d'or.
4. Et il établit Eliakim, son
frère, roi en sa place sur Juda
et sur Jérusalem, et il changea
son nom en Joakim ; mais Joa-
chaz lui-méme, il le prit avec
lui et l'emmena en Egypte.
9. Joakim avait vingt-cinq ans
lorsqu'il commença à régner, et
il régna onze ans à Jérusalem ;
mais il fit le mal devant le Sei-
gneur son Dieu.
6. Contre lui monta Nabucho-
donosor, roi des Chaldéens, et il
l'emmena enchainé à Babylone,
7. Dans laquelle il transporta
aussi les vases du Seigneur, et il
les mit dans son temple.
8. Mais le reste des actions de
Joakim, et de ses abominations
qu il fit, et ce qui futdécouvert en
lui, est contenu dans le Livre des
rois de Juda et d'Israël. Joachin
son fils régna en sa place.
9. Joachin avait huit ans lors-
qu'il commenca à régner, et il ré-
gna trois mois et dix jours à Jéru-
Car. XXXVI, 41. IV Rois, xxim, 30. — 4. Matt., 1, 11.
25. Les lamentations sur Josias sont différentes de celles qu'on lit aujourd'hui à la
fin des prophéties, et dans lesquelles il n'y a rien qui se rapporte directement à Jo-
sias. Ainsi les lamentations dont il s'agit ici ne sont pas parvenues jusqu'à nous.
26. Ses miséricordes ; c'est-à-dire sa piété, sa justice, conformes à ce qui est ordonné
par la loi du Seigneur.
3.* Le voi d'Egypte, Néchao.
^. Voy. sur les noms Eliakim et Joakim, IN Rois, xxu, 34.
6. * Nabuchodonosor. Voir 1V Rois, xxiv, 1.
9. Huit uns. On lit au quatrième Livre des Rois (xxiv, 8) dix-huit, c'est aussi ce
]68. xxxvi.]
salem, et il fit le mal en la pré-
sence du Seigneur.
10. Et lorsque le cours de l'an-
née fut révolu, le roi Nabuchodo-
nosor envoya des íroupes qui
lemmenerent à Babylone, em-
portant en méme temps les vases
les plus précieux de la maison
du Seigneur. Or il établit Sédé-
cias, son oncle, roi sur Juda et
sur Jérusalem.
11. Sédécias avait vingt et un
ans lorsqu'il commenca à régner,
et il régna onze ans à Jérusalem.
12. Et il fit le mal en la présence
du Seigneur son Dieu, et il ne
rougit point en face de Jérémie,
le prophète, qui lui parlait par
l'ordre du Seigneur.
13. Π se détacha méme du roi
Nabuchodonosor, qui l'avait ad-
juré par Dieu; il endurcit sa téte
et son cœur pour ne point retour-
ner au Seigneur Dieu d'Israél.
14. Et méme tous les princes
des prétres, et le peuple, préva-
riquèrentiniquement suivant tou-
tes les abominations des nations,
et profanèrent la maison du Sei-
gneur, qu'il avait sanctifiée pour
lui à Jérusalem. "
15. Orle Seigneur Dieu de leurs
peres s'adressait à eux par l'en-
tremise de ses envoyés, se levant
durant la nuit, et les avertissant
chaque jour, parce qu'il ména-
PARALIPOMÈNES. וז
879
geait son peuple et sa demeure.
16. Mais eux se moquaient des
envoyés de Dieu, faisaient peu de
cas de ses paroles, et raillaient
les prophètes, jusqu'à ce que la
fureur du Seigneur montát contre
son peuple, et qu'il n'y eüt aucun
remede.
11. Car il amena contre eux le
roi des Chaldéens, qui tua leurs
jeunes hommes par le glaive dans
la maison de son sanctuaire; et
il n'eut pitié ni de l'adolescent,
ni dela vierge, ni du vieillard,
ni méme de l'homme décrépit:
mais il les livra tous entre ses
mains,
18. Et quant à tous les vases
de la maison du Seigneur, tant
les grands qne les petits, et les
trésors du temple, du roi et des
princes, il les transporta à Baby-
lone.
19. Les ennemis incendierent
la maison de Dieu, détruisirent
le mur de Jérusalem; brülerent
toutes les tours; et tout ce qu'il
y avait de précieux, ils le détrui-
sirent.
20. Si quelqu'un avait échappé
au glaive, conduit à Babylone, il
était esclave du roi et de ses en-
fants, jusqu'à ce que régnât le
roi de Perse,
21. Et que füt accomplie la pa-
role du Seigneur annoncée par la
10. 1V Rois, xxiv, 11; Jér., xxxvir, 1. — 18. IV Rois, xxv, 14, 15.
que portent icile manuscrit grec Alexandrin et les versions syriaque et arabe. Si on
veut conserver la lecon huit, on peut dire que Joachin avait huit ans quand il com-
menca à régner avec son père, mais qu'il en avait dix-huit lorsqu'il commença à ré-
gner seul.
12. L'ordre; littér. ἰα bouche. Voy. III Rois, xur, 24.
13. Se levant, etc. Par cette belle figure l'écrivain sacré compare le Seigneur à un
pére de famille, vigilant et soigneux, qui envoie de grand matin ses serviteurs au
travail; nous montrant ainsi la tendre sollicitude de Dieu qui ne néglige rien pour
ouvrir les yeux à son peuple et le ramener à lui.
880
bouche de Jérémie, et quela terre
célébrát ses sabbats; car pendant
tous les jours de la désolation,
elle fit le sabbat, jusqu'à ce que
fussent accomplis les soixante-dix
ans.
22. Mais en 18 premiere année
de Cyrus, roi des Perses, pour ac-
complir la parole du Seigneur
qu'il avait dite par la bouche de
Jérémie, le Seigneur suscita l'es-
prit de Cyrus, roi des Perses, qui
PARALIPOMENES. זו
[cu. xxxvi.)
commanda de publier dans tout
son royaume wn édit, méme par
écrit, disant :
23. Voici ce que dit Cyrus, roi
des Perses : Le Seigneur Dieu du
ciel m'a donné tous les royaumes
de la terre, et lui-même m'a or-
donné de lui bâtir une maison
dans Jérusalem, qui est dans la
Judée. Qui d'entre vous est de tout
son peuple? Que le Seigneur son
Dieu soit avec lui, et qu'il monte.
22. 1 Esd., 1, 4 et νι, 3; Jérémie, xxv, 12; xxix, 10.
22. Ce verset et le suivant sont les mêmes que ceux qui se trouvent à la tête du pre-
mier livre d'Esdras, où l'on voit la suite de cet édit. — * Cyrus, roi de Perse, vers
560 avant J.-C., s'empara de Babylone en 538 et périt, d’après Hérodote, dans une
bataille en 529.
23. Est de son peunle; littér. est duns (out son peupée,
ron SOS (Geo m
INTRODUCTION
AU
PREMIER LIVRE D'ESDRAS
Les livres que nous appelons premier et second d'Esdras portent, dans la
Bible hébraïque, des noms, tout à fait distincts : le premier seul a le titre
d'Esdvas; le second a celui de Néhémie, comme l'indique, du reste, notre Vul-
gate où nous lisons : JVéhémie ou second d'Esdras. Ce sont les Juifs qui sont
cause qu'on a rangé ces deux histoires tout à fait distinctes sous une méme dé-
nomination, parce qu'ils ne les comptaient que pour une, dans leur canon de
la Sainte Écriture, afin que le nombre des livres ne 06088581 pas celui des lettres
de leur alphabet. Ils se relient d'ailleurs intimement l'un à l'autre : le premier
nous fait connaitre le commencement, et le second la fin de la restauration
d'Israél dans la Terre Promise.
A partir de la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, nous n'avons plus
d'histoire suivie du peuple juif. Nous savons seulement comment finit la capti-
vité par le livre d'Esdras, et nous connaissons quelques-uns des fails qui sui-
virent, par le livre de Néhémie et les deux livres des Machabées. — La pre-
miére année de Cyrus, 536 avant J.-C., un premier groupe de captifs, conduit
| par Zorobabel et le grand-prétre Josué, retourna en Judée. L'année suivante,
535, on commenca à faire les préparatifs pour la reconstruction du temple;
mais, par suite de nombreux obstacies, cet édifice ne put être achevé que la
sixieme année de Darius, fils d'Hystaspe, c'est-à-dire, en 516. Soixante-dix
ans plus tard environ, la septième année d’Artaxercès Longuemain, en 459,
le scribe Esdras ramena en Judée d'autres captifs, avec l'autorisation de pré-
cher la loi, d'instituer des juges;et des chefs du peuple selon les prescriptions
mosaiques, et d'organiser le service du temple. Le premier livre d'Esdras em-
brasse une période d'environ quatre-vingt ans.
Après treize ans écoulés, la vingtiéme année d'Artaxercés, 445 avant J.-C.,
Néhémie obtint de ce prince, dont il était échanson, la permission de se rendre
à Jérusalem et de rebâtir les murs et les portes de la ville. Il réalisa ses pro-
jets, malgré les vives oppositions des peuples voisins, ennemis d'Israél. C'est
ainsi que par la protection des rois perses, Cyrus, Darius et Artaxercés Lon-
guemain, el grâce au patriotisme et à la piété de Zorobabel, de Jésus, fils de
Josédec, d'Esdras et de Néhémie, Juda recouvra sa patrie, sa capitale et le
temple du vrai Dieu.
Le premier livre d'Esdras a toujours été attribué à celui dont il porte le nom.
Esdras parle d'ailleurs à la premiére personne dans plusieurs versets de la se-
conde partie.
AP. 26
882 INTRODUCTION AU PREMIER LIVRE .תק
On objecte contre l'authenticité du livre d'Esdras l'emploi successif de la troi-
sième et de la première personne dans la seconde partie. On convient qu'il est
facile d'expliquer l'emploi de la troisième personne au chap. vii, 1-10, parce
qu'Esdras devait d'abord se faire connaitre; mais on prétend qu'il est impos-
sible de rendre raison de l'emploi de cette troisiéme personne au chap. x, aprés
qu'il a fait usage de la première personne, à partir de vu, 28, jusqu'à 1x. Il suit
de là, assure-t-on, que l'auteur de ce livre n'est pas Esdras, mais un écrivain
plus récent qui a inséré dans son récit un fragment d'Esdras, c'est-à-dire vir,
97-1x. — En réalité, on ne peut rien conclure du passage d'une personne à
l'autre, parce que ce changement était dans les usages des Juifs, comme le
prouvent divers endroits des Livres Saints.
Esdras fut le premier des scribes ou docteurs de la loi, e£ comme le réorga-
nisateur d'Israél, le Moise du retour de la captivité. Ce fut lui, avec Néhémie et
les plus anciens scribes, qui fixa le canon de la Bible hébraique et qui jeta les
fondements définitifs de l'institution des synagogues, en convoquant le peuple
à des réunions publiques, pour lui enseigner la loi. Désormais les scribes con-
tinuent le rôle des prophètes; ils expliquent au peuple la parole de Dieu 6
l'exhortent à la mettre en pratique.
ESDRAS
I D'ESDRAS
CHAPITRE PREMIER.
Cyrus permet aux Juifs de retourner à
Jérusalem et d'y rebátir le temple. Il
leur rend les vases sacrés.
1. En la premiere année de Cy-
rus, roi des Perses, afin que füt
accomplie la parole du Seigneur,
annoncée par la bouche de Jéré-
mie, le Seigneur suscita l'esprit
de Cyrus, roi des Perses, et fit
publier dans tout son royaume
un édit, méme par écrit, disant :
2. Voici ce que dit Cyrus, roi
des Perses : Le Seigneur Dieu du
ciel m'a donné tous les royaumes
de la terre, et lui-même m'a or-
donné de lui bâtir une maison à
Jérusalem, qui est dans la Judée.
3. Quiest parmi vousdetoutson
peuple? Que son Dieu soitaveclui;
qu'il monte à Jérusalem, qui est
en Judée, et qu'il bâtisse la mai-
son du Seigneur Dieu d'Israél;
c'est le Dieu qui est à Jérusalem;
4. Et que tous les autres, dans
tous les lieux oü ils habitent, les
hommes de son lieu, l'aident en
argent, en or, en biens et en trou-
peaux, outre ce qu'ils offrent vo-
lontairement au temple de Dieu
qui est à Jérusalem.
9. Alors se levèrent les princes
des peres de Juda et de Benjamin,
les prétres, les Lévites, et tous
ceux dont Dieu suscita l'esprit,
pour monter afin de bâtir le
temple du Seigneur qui était à
Jérusalem.
6. Et tousceux qui étaient dans
les environs mirent en leurs
mains des vases d'argent et d'or,
les biens, les troupeaux, et les
meubles, outre ce qu'ils avaient
spontanément offert.
7. Le roi Cyrus remit aussi les
vases du temple du Seigneur, que
Nabuchodonosor avait emportés
Cuae. I. 1. II Par., xxxvi, 22; Jér., xxv, 12; xxix, 10,
1. * Cyrus. Voir II Paralip., xxxvi, 22,
3. De son peuple; littér. de tout son peuple.
4. Cyrus permet à tout Juif qui veut retourner à Jérusalem de recevoir de ceux
de l'endroit qu'il habite tous les secours qu'il en pourra tirer pour le rétablissement
du temple. Il n'était pas permis de faire des collectes d'argent, ni d'en emporter dans
des provinces éloignées sans la permission du prince. — Les hommes de son lieu; qui
demeurent dans le méme lieu que lui. D'autres traduisent : /'assistent de leur lieu,
dans le lieu où ils sont; mais le texte original ne permet nullement cette interpré-
tation.
5. Les princes des péres; c'est-à-dire les chefs des familles paternelles.
6. Ils mirent en leurs mains; littér. aidérent leurs mains, 165
884
de Jérusalem, et qu'il avait mis
dans 16 temple de son dieu.
8. Or Cyrus, roi des Perses, les
rendit par l'entremise de Mithri-
date, fils de Gazabar, etles comp-
tà à Sassabasar, prince de Juda.
9. EL en voici le nombre : Trente
fioles d'or, mille fioles d'argent,
vingt-neuf couteaux, trente cou-
pes d'or;
10. Quatre cent dix coupes d'ar-
gentdusecondordre ; milleautres
vases.
11. Tous les vases d'or et d'ar-
gent, cinq mille quatre cents
Sassabasar lesremporta tous avec
les Juifs qui montaient de la trans-
migration de Babylone à Jéru-
salem.
CHAPITRE II.
Dénombrement des enfants d'Israól qui
retournèrent de Babylone en. Judée
avec. Zorobabel.
1. Voici les fils de la province
Cap. II. 1. 11 Esd., vir, 6.
I] D'ESDRAS.
(cu. 11]
qui monterent d'entre les captifs
qu'avait transportés à Babylone,
Nabuchodonosor, roi de Baby-
lone, et qui retournèrent à Jéru-
salem et en Juda, chacun dans sa
ville.
2. Ceux qui vinrent avec Zoro-
babel et Josué sont : Néhémias,
Saraia, Rahélaia, Mardochai, Bel-
san, Mesphar, Béguai, Réhum et
Baana. Nombres des hommes du
peuple d'Israël. :
3. Les fils de Pharos, deux mille
cent soixante-douze ;
4. Les fils de Séphatia, trois
cent soixante-douze ;
9. Les fils d'Aréa, sept cent
soixante-quinze ;
6. Les fils de Phahath-Moab,
des fils deJosué : Joab, deux mille
huit cent douze;
7. Les fils d'Elam, mille deux
cent cinquante-quatre ;
8. Les fils de Zéthua, neuf cent
quarante-cinq ;
8. * Gazabar est probablement un nom commun qui signifie trésorier. — Sassaba-
sar. On croit communément que c'est le nom chaldéen de Zorobabel, qui ramena les
captifs de Babylone en Judée.
10. Du second ordre; de qualité inférieure; ou d'une autre sorte, ou enfin, d'apres
le grec, le syriaque et l'arabe, doubles; c'est-à-dire d'une grandeur double de celle
des coupes d'or.
11. Au lieu de 5,400 vases, on n'en trouve que 2,499 aux versets précédents; c'est,
sans doute, que l'écrivain sacré n'y ἃ énuméré que les principaux.
1. De la province: c'est-à-dire de la Judée, réduite en province de l'empire d'Assyrie
(v, 8); selon d'autres, de la province de Babylone; c'est-à-dire les Juifs nés à Baby-
lone. — * Fils de la province signifie hommes originaires de Judée. De méme dans les
versets suivants, fils veut dire ceux qui sont originaires de Bethléem, de Jéricho, etc,
2. Ce Néhémias est probablement différent de l'auteur du second livre d'Esdras.
3. Dans tout ce chapitre, quand le nom de /i/s est joint à un nom d'homme, comme
depuis ce verset jusqu'au 20e inclusivement, i] signifie les descendants, et lorsqu'il
est joint à un nom de ville, comme depuis le verset 21e jusqu'au 35e inclusivement,
il désigue les habitants de cette ville. Néanmoins d'habiles interprétes veulent que
Phalath-Moab soit un nom de lieu.
6. Josué : Joab. C'est aussi ce que porte ici l'hébreu; mais dans le passage paral-
lèle Hi. Esdr. vit, 11, il lit Josué et Joab; ce. qui montre que ce sont deux personnes
différentes. Dans cette hypothèse, Josué et Joab seraient contemporains et les prin-
cipaux descendants de Phalath-Moab. Cependant, selon d’autres, Josué-Joab était un
seul individu de ja famille de Josué, mais de la branche de 1082, un de ses des-
cendauts. ,
{cs. 11]
9. Les fils de Zachaï, sept cent
soixante ;
10. Les fils de Bani, six cent
quarante-deux ;
11. Les fils de Bébai, six cent
vingt-trois:
19. Les fils d'Azgad, mille deux
cent vingt-deux :
13. Les fils d'Adonicam, six cent
soixante-six ;
14. Les fils de Béguai, deux mille
cinquante-six ;
15. Les fils d'Adin, quatre cent
cinquante-quatre ;
16. Les fils d'Ather, qui étaient
d'Ezéchias, quatre-vingt-dix-huit;
17. Les fils de Bésaiï, trois cent
vingt-trois ;
18. Les
douze;
19. Les fils áà'Hasum, deux cent
vingt-trois ;
20. Les fils de Gebbar, quatre-
vingt-quinze ;
91. Les fils de Bethléhem, cent
vingt-trois ;
29. Les hommes de Nétupha,
cinquante-six ;
23. Les hommes d'Anathoth,
cent ving-huit ;
24. Les fils d'Azmaveth, qua-
rante-deux ;
95. Les fils de Cariathiarim, de
Céphira et de Béroth, sept cent
quarante-trois ;
26. Lesfils deRama et de Gabaa,
Six cent vingt et un ;
97. Les hommes de Machmas,
cent vingt-deux;
98. Les hommes de Béthel et de
Hai, deux cent vingt-trois ;
29. Les fils de Nébo, cinquante-
deux ;
fils de Jora, cent
I D'ESDRAS.
885
30. Les fils de Megbis, cent
cinquante-six ;
31. Les fils d'un autre Elam,
mille deux cent cinquante-quatre;
32. Les fils de Harim, trois cent
vingt ;
33. Les fils de Lod, de Hadid et
d'Ono, sept cent vingt-cinq;
34. Les fils de Jéricho, trois cent
quarante-cinq ;
35. Les fils de Sénaa, trois mille
six cent trente.
96. Les prétres : Les fils de
Jadaia, dans la maison de Josué,
neuf cent soixante-treize ;
31. Les fils d'Emmer, mille
cinquante-deux ;
38. Les fils de Pheshur, mille
deux cent quarante-sept ;
39. Les fils de Harim, mille dix-
sept.
40. Les Lévites : Les fils de Josué
et de Cedmihel, fils d'Odovia,
soixante-quatorze.
41. Les chantres : Les fils d'A-
saph, cent vingt-huit.
49. Les fils des portiers : Les
fils de Sellum, les fils d'Ater, les
fils de Telmon, les fils d'Accub,
les fils de Hatitha, les fils de
Sobai, tous ensemble, cent trente-
neuf.
43. Les Nathinéens : Les fils de
Siha, les fils de Hasupha, les fils
de Tabbaoth,
44. Les fils de Géros, les fils de
Siaa, les fils de Phadon,
49. Les fils de Lébana, les fils
de Hagaba, les fils d'Accub,
46. Les fils de Hagab, les fils de
Semlai, les fils de Hanan,
A1. Les fils de Gaddel, les fils
de Gaher, les fils de Raaïa,
———— היה
31. D'un autre Elam. ll est parlé d'un premier Elam au verset 7.
43. Les Nathinéens. Voy. 1 Paralip., 1x,
836 I D'ESDRAS.
48. Les fils de Rasin, les fils de
Nécoda, les fils de Gazam,
49. Les fils d'Aza, les fils de
Phaséa, les fils de Bésée,
50. Les fils d'Aséna, les fils de
Munim, les fils de Néphusim,
51. Les fils de Bacbuc, les fils
de Hacupha, les fils de Harhur,
59. Les fils de Besluth, les fils
de Mahida, les fils de Harsa,
53. Les fils de Bercos, les fils de
Sisara, les fils de Théma,
54. Les fils de Nasia, les fils de
Hatipha,
55. Les fils des serviteurs de
Salomon, les fils de Sotai, les fils
de Sophéret, les ils de Pharuda,
56. Les fils de Jala, les fils de
Dercon, les fils de Geddel,
57. Les fils de Saphatia, les fils
de Hatil, les fils de Phochéreth,
qui étaient d'Asebaim, les fils
d'Ami;
58. Tous les Nathinéens et les
fils des serviteurs de Salomon,
trois cent quatre-vingt-douze.
59. Et ceux qui monterent de
Thelmala, Thelharsa, Chérub,
Adon et Emer, et qui ne purent
faire connaitre la maison de leurs
63. II Esd., vir, 65.
[cy. 11.]
peres et leur race, s'ils étaient
d'Israël, sont :
60. Les fils de Dalaia, les fi's de
Tobie, lesfils de Nécoda, six cent
cinquante-deux.
61. EL d'entrelesfils des prêtres:
les fils de Hobia, les fils d'Accos,
les fils de Berzellai, qui prit parmi
les filles de Berzellai,le Galaadite,
une femme, et fut appelé de leur
nom;
62. Ceux-ci cherchèrent l'écrit
de leur généalogie et ne le trou-
verent pas, etils furent rejetés du
sacerdoce.
63. Et Athersatha leur dit qu'ils
ne mangeraient point de ce qui
est trés saint, jusqu à ce qu'il
s'élevàt un prétre instruit et par-
fait.
64. Toute la multitude, comme
un seul homme, était du nombre
de quarante-deux mille trois cent
soixante,
65. Outre leurs serviteurs et
servantes, qui étaient sept mille
trois cent trente-sept; et parmi
eux les chantres et les chanteuses
étaient deux cents ;
66. Leurs chevaux sept cent
59. Thelharsa, etc., sont des noms de lieux, selon la plupart des interprétes, et des
noms d'hommes, suivant quelques-uns.
-63. Athersatha; c'est-à-dire Néhémias (Compar. II Esdr., vir, 9; x, A); selon quel-
ques-uns, Zorobabel. Athersatha a toujours été considéré comme. un mot chaldéen,
signifiant échanson; on lit en effet, II Esdr., 1, 14 : Car moi (Néhémias) j'étais l'échan-
son du roi; mais, suivant les partisans de la nouvelle exégèse, c'est un terme persan
signifiant sévére, dur ou qui craint Dieu; ou bien un mot zend dont le sens est com-
mandant, gouverneur. — De ce qui est très saint, c'est-à-dire de ce qui était consacré et
réservé aux prétres; littér. du Saint des saints; locution qui est une des formules du
superlatif en hébreu. Dans le passage parallèle II Esdras, vir, 65, on lit au pluriel,
des choses trés saintes.
64. Le total 42,360 se retrouve aussi dans IT Esdras, vir, 26; mais les sommes par-
tielles des versets précédents étant réunies ne donnent que le nombre 29,818. Cette
différence vient trés probablement de ce que sur les 42,360 personnes prétes à re-
tourner en Judée d'aprés la permission de Cyrus, il s'en trouva beaucoup qui ne
lurent pas comprises dans le dénombrement, parce qu'elles ne purent produire des
preuves authentiques de leur généalogie.
[cn. [.זזז
trente-six; leurs mulets, deux
cent quarante-cinq;
67. Leurs chameaux, quatre
cent tente-cinq; leurs ánes, six
mille sept cent vingt.
68. Et des princes des péres,
étant entrés dans le temple du
Seigneur, qui est à Jérusalem,
firent spontanément les dons
dans la maison de Dieu, pour la
construire en son lieu. |
69. Ils donnèrent, selon leurs
facultés, pour les dépenses de cet
ouvrage, soixante et un mille so-
lides d'or, et cinq mille mines
d'argent, et cent vétements sa-
cerdotaux.
0. Les prétres donc, les Lévites,
ceux du peuple, les chantres, les
portiers et les Nathinéens, habi-
terent dans leurs villes, et tout
Israél dans ses cités.
CHAPITRE III.
On rétablit l'autel des holocaustes. On
célèbre la féte des tabernacles. On jette
les fondements du temple.
1. Et déjà était venu le septieme
mois,etles enfants d'Israél étaient
en leurs cités : le peuple s'assem-
bla donc comme un seul homme
dans Jérusalem.
2. Et Josué, fils de Josédec, se
leva, et ses frères prêtres, Zoro-
babel, fils de Salathiel, et ses fre-
res, et ils bátirent l'autel du Dieu
d'Israél, pour y offrir des holo-
caustes, comme il est écrit dans
I D'ESDRAS.
887
la loi de Moise, homme de Dieu.
3. Or ils placèrent l'autel de
Dieu sur ses bases, les peuples de
la terre cherchant à les effrayer,
et ils offrirent sur cet autel l'holo-
causte au Seigneur matin et soir.
4. Et ils firent 18 solennité des
tabernacles comme il est écrit, et
l'holocauste tous les jours avec
ordre, selon 16 précepte, l'œuvre
du jour en son jour.
ὃ. Et apres cela fut offert l'ho-
locauste perpétuel, tant dans les
calendes que dans toutes les so-
lennités du Seigneur, qui lui é-
taient consacrées, et dans toutes
celles dans lesquelles on offrait
volontairement un présent au
Seigneur.
6. Des le premier jour du sep-
tieme mois, ils commencèrent à
offrir un holocauste au Seigneur;
or le temple de Dieu n'était pas
encore fondé.
1. Ils donnèrent de l'argent aux
tailleurs de pierres etaux macons;
comme aussi à manger et à boire
et de l'huile aux Sidoniens et aux
Tyriens, afin qu'ils portassent
des bois de cedre du Liban à la
mer de Joppé, selon ce que leur
avait ordonné Cyrus, roi de Perse.
8. Or, la seconde année de leur
arrivée au temple de Dieu à Jéru-
salem, le second mois, Zorobabel,
fils de Salathiel, et Josué, fils de
Josédec, et les autres d'entre leurs
frères, les prêtres et les Lévites,
68. En son lieu; dans le lieu οὐ elle était autrefois.
69. Solides. Voy. I Paralip., xxix, 1.
1. * Les Juifs fournissent du blé, du vin et de l'huile aux Sidoniens et aux Tyriens,
comme avait fait Salomon pour le méme motif, 11] Rois, v, 20 et suiv.; II Paral.,
1, ד et suiv., c'est-à-dire pour qu'ils portent les bois de cèdre du Liban, qui étaient
exploités par les Phéniciens, au moyen des navires qu'ils avaient en grand nombre,
tandis que les Juifs n'en avaient point, jusqu'àSoppé, aujourd'hui Jaffa, le port le
plus rapproché de Jérusalem. ᾿
888
et. tous ceux qui élaient venus de
la captivité à Jérusalem, commen-
cerent, et ils établirent des Lévi-
tes depuis vingt ans et au-dessus,
pour presser louvrage du. Sei-
gneur.
9. Et Josué, et. ses fils, et ses
freres, Cedmihel et ses fils, et les
fils de Juda, comme un seul hom-
me, furent. Loujours présents,
pour presser ceux qui faisaient
l'ouvrage dans 16 temple de Dieu :
les fils de Hénadad, leurs. fils et
leurs freres, les Lévites /e furent
aussi.
10. Le temple du Seigneur étant
donc. fondé par les maçons, les
prêtres se présenterent avec leurs
ornements et leurs trompettes,
et. les Lévites, fils d'Asaph, avec
leurs cymbales, afin. de louer Dieu
par l'entremise de David, roi d'Is-
raél.
41. Or ils chantaient des hym-
nes, et ils rendaient gloire au Sei-
gneur : Parce qu'il est bon, parce
que.sa miséricorde esi. éternelle
sur Israël. Tout le. peuple, aussi
poussait de grands cris, en louant
le Seigneur, parce. que le temple
du Seigneur était fondé.
19.. Et le. plus grand, nombre
des; prêtres et. des Lévites, et les
princes, des pères, et les anciens
qui avaient vu le temple aupara-
vant, lorsqu'il fut fondé, et. qui
avaient, ce temple-ci devant les
yeux, pleuraient en. criant; οἱ
beaucoup, poussant des cris de
joie, élevaient la voix.
L D'ESDRAS.
[cu. ]ץז
13. Et personne ne pouvait re-
connaître la voix de la clameur
de ceux qui se réjouissaient, et la
voix du pleur du peuple; car le
peuple poussait confusément de
grands cris, et là voix s'entendait
au loin.
CHAPITRE IV.
Les Samaritains accusent les Juifs devant
Artaxerxes. Ce prince défend de rebáàtir
Jérusalem.
1. Or les ennemis de Juda et de
Benjamin apprirent. que les en-
fants de la captivité bâtissaient
un temple au Seigneur Dieu d'Is-
rael :
2. Et s'approchant de Zorobabel
et des princes des pères, ils leur
dirent : Nous bátirons avec vous,
parce que, comme vous, nous
cherchons votre Dieu : voilà que
nous, nous avons immolé des vic-
times depuisles jours d'Asor-Had-
dan, roi d'Assur, qui nous amena
ici.
3. Zorobabel leur répondit,
ainsi que Josué et tous les autres
princes. des. peres. d'Israël : Ce
n'est pas à vous et à nous de ,bä-
tir ensemble une maison à notre
Dieu ; mais nous seuls nous bâti-
rons au Seigneur . notre, Dieu,
comme nous l'a ordonné Cyrus,
roi des Perses.
4, ll. arriva. done que le peuple
du pays empèchait les mains du
peuple. de Juda, et le troublait
pendant qu'il bátissait.
5. Ensuite on gagna contre eux
i Les princes des pères; c'est-à-dire les chefs des familles.
> Les. princes, des pères. Voy. la note précédente. — * Asor-Haddan est Asaraddon,
roi i Ninive, fils et successeur de Sennachérib. Il régna de l'an 681 avant J. 6 jus-
qu'à l'an; 668. Il avait envoyé des captifs dans la Samarie.
5. * Durant les jours de Cyrus, c'est-à-dire le temps que régna encore Cyrus ou
{cu tv.
des conseillers, pour détruire leur
dessein durantles jours de Cyrus,
roi des Perses, et jusqu'au regne
de Darius, roi des Perses.
6. Or, sous le règne d'Assuérus,
et au commencement de son re-
ene, ils écrivirent une accusation
contre les habitants deJuda et de
Jérusalem;
1. Et aux jours d'Artaxerxés,
Bésélam-Mithridate et Thabéel et
les autres qui étaient dans leur
conseil, écrivirent à Artaxerxes,
roi des Perses : or lalettre d'accu-
sation était écrite en syriaque, et
on la lisait en la langue de Syrie.
8. Réum-Béeltéem et Samsaï, le
scribe, écrivirent une lettre de
Jérusalem au roi Artaxerxes, en
ces termes : |
9. Réum-Béeltéem et Samsaï, le
scribe, etleurs autres conseillers,
Dinéens,Apharsathachéens,Ther-
phaléens, Apharséens, Erchué-
ens, Babyloniens, Susanéchéens,
Diévéens, et Elamites,
l D'ESDRAS.
889
10. Et tous les autres des na-
lions qu'a lransportées Aséna-
phar, le grand et le glorieux, et
qu'il a fait habiter en paix dans
les villes de Samarie et dans les
autres contrées au delà du fleuve.
11, (Voici la copie de la lettre
qu'ils lui envoyèrent) : ἃ Artaxer-
xès roi, vos serviteurs, les hom-
mes qui sonl au delà du fleuve,
disent salnt.
12. Qu'il soit connu du roi que
les Juifs qui sont montés de chez
vous vers nous, sont venus à Jé-
rusalem, ville rebelle et très mé-
chante, qu'ils bâtissent, construi-
sant ses murs et rétablissant les
maisons.
18. Maintenant donc, qu'il soit
connu du roi que si cette ville est
bâtie et ses murs restaurés, ils
ne payeront ni tribut, ni impôt,
nirevenus annuels; et cette perte
retombera jusque sur le roi.
14. Or, nous souvenant du sel
que nous avons mangé dans le
environ 5 ans, jusqu'au règne de Darius Ie', fils d'Hystaspe, en tout environ quatorze
ans.
6. * Assuérus, Xerxes Ier, fils et successeur de Darius I*r, régna de 485 à 465 avant
J.-C. Il épousa Esther.
7. * Artazerzés Ie", surnommé Longuemain, fils et successeur de Xerxes Ier, réena
de 465 à 424 avant J.-C.
9. * Dinéens, probablement les anciens habitants de la ville de Din, au nord de la
Susiane. — Apharsathachéens, les Parétakenes d'Hérodote, 1, 101, sur les confins de
la Perse et de la Médie. — Therphaléens, les Tapoures de Ptolémée, vi, 2, 6, qui ha-
bitaient à l'est de l'Elymaide. — Apharséens, habitants de Hafarti, c’est-à-dire de la
Susiane. — Efchuéens, les gens d'Erech, Genèse, x, 10, aujourd'hui Warka, dans la
Chaldée, sur la rive occidentale du bas Euphrate. — Babyloniens, les gens transportés
de Babylone, l'antique capitale de la Chaldée, sur l'Euphrate, oü les Juifs avaient été
captifs. — Susanéchéens, les habitants de la ville de Suse, capitale de la Susiane,
sur la rivière Ulai ou Choaspe. — Diévéens, dans la lecon primitive de l'hébreu, les
Déens, c'est-à-dire Dæens des Grecs (Hérodote, τ, 125), tribu de montagnards qui ha-
bitaient le nord de la Perse. — Elamiles, habitants du pays d'Elam, au nord du
golfe Persique.
10. * Samarie donne ici son nom à tout le pays dont elle était la capitale. Sur la
ville ellé-même, voir la note sur III Rois, xvi, 24, — Asénaphar est une altération
du nom d'Asaraddon (verset 2), ou du nom d'Assurbanipal, son fils.
^41. * Au delà du fleuve de l'Euphrate.
14. Le sel'se prend ici pour nourriture en général. et méme, selon beaucoup d'inter-
prètes, pour entretien, salaire, parce qu'alors, non seulement la paye des ouvriers,
800
palais, et parce que nous regar-
dons comme un crime les offen-
ses faites au roi, c'est pourquoi
nousavons envoyé, et nous avons
averti le roi,
15. Afin que vous regardiez
dans les livres des histoires de
vos peres; car vous trouverez
écrit dans les annales, et vous
apprendrez que cette ville est
une ville rebelle et funeste aux
rois et aux provinces, et que des
guerres sont fomentées en elle
depuis les jours anciens : c'est
pourquoi la cité elle-méme a été
détruite.
16. Nous annoncons done au
roi que, si cette ville est rebátie
et ses murs restaurés, vous n'au-
rez pas de possession au delà du
fleuve.
17. Le roi envoya une réponse
à Réum-Béeltéem, et à Samsai,
le scribe, aux autres habitants
de Samarie qui étaient dans leur
conseil,et à tous ceux d'au delà
du fleuve, disant salut et paix.
18. L'accusation que vous nous
avez envoyée a été lue claire-
ment devant moi,
19. Et il a été ordonné par
I D'ESDRAS.
[c. 1v.]
moi, et on ἃ examiné, et on a
trouvé que cette ville, depuis les
jours anciens, se révolte contre
les rois, et que les séditions et
les guerres sont formentées en
elle ;
20. Car il y a eu aussi des rois
très puissants à Jérusalem, qui
ont même dominé sur toute la
contrée qui est au delà du fleuve;
ils recevaient un tribut, un im-
pôt et des revenus.
91. Maintenant donc, écoutez
ma décision : Empêchez ces hom-
mes, afin que cette ville ne soit
pas bâtie, jusqu'à ce que cela ait
été commandé par moi.
22. Prenez garde de remplir
cet ordre avec négligence, et que
peu à peu le mal ne s'accroisse
contre les rois.
23. C'est pourquoi la copie de
l’édil du roi Artaxerxes fut lue
devant Réum-Béeltéem et Sam-
sai, le scribe, et leurs conseil-
lers; et ils allèrent en grande
háte à Jérusalem vers les Juifs,
et les repoussèrent avec un bras
fort. |
24. Alors fut interrompu l'ou-
vrage de la maison du Seigneur
des soldats et les gages des serviteurs, mais aussi les honoraires des officiers de la
cour, se payaient en partie avec du sel.
16. * Si Jérusalem est relevée de ses ruines et fortifiée, le roi de Perse perdra toutes
ses possessions à l'ouest de l'Euphrate, parce que les habitants de Jérusalem sont
des séditieux, toujours préts à se révolter et à souffler le feu de la révolte, et lorsque
leur ville sera fortifiée, ils pourront tenir téte au roi de Perse.
23. Avec un bras fort; c'est-à-dire par la violence et la force, littér. par hébraisme
et chaldaisme, avec un bras et force.
24. * Ce verset devrait commencer le chapitre suivant, parce qu'il se rapporte à
ce qui suit et non à ce qui précède. La lettre qui vient d’être rapportée et qui fut
adressée à Artaxerxes Ier (465 à 424) est postérieure aux événements dont parlent
le verset 24 et le chapitre v, qui nous reportent à la seconde année de Darius Ier,
fils d'Hystaspe, c'est-à-dire à l'an 522, puisque ce prince règna de 523 à 485 avant
J.-C. La lettre des Samaritains a été insérée dans le chapitre 1v pour montrer dans
un tableau d'ensemble toutes les difficultés que les ennemis du peuple de Dieu lut
avaient suscitées; au vers. 24, l'historien revient en arrière pour reprendre le fil des
événements. La lettre parle des murailles et des fortifications de Jérusalem; le cha-
pitre v s'occupe de la reconstruction du Temple. =
[cg. v.]
à Jérusalem, et l'on n'y travailla
pas jusqu'à la seconde année du
regne de Darius, roi des Perses.
CHAPITRE V.
Aggée et Zacharie exhortent les Juifs à
continuer la construction du temple.
Les officiers de Darius en informent ce
prince.
1. Or Aggée, le prophète, et
Zacharie, fils d'Addo, prophéti-
serent, prophétisant aux Juifs
qui étaient en Judée et à Jérusa-
lem, au nom du Dieu d'Israël.
9, Alors seleverent Zorobabel,
fils de Salathiel, et Josué, fils de
Josédec, et ils commencèrent à
bâtir le temple de Dieu à Jérusa-
lem, et avec eux les prophètes
de Dieu qui les aidaient.
3. Or, en ce temps-là, vinrent
vers eux Thathanai, qui était chef
audelàdufleuve, et Stharbuzanai,
et leurs conseillers, et c'est ainsi
quils leur dirent : Qui vous a
donné le conseil de bátir cette
maison et de restaurer ses murs?
4. À quoi nous répondimes ez
leur disant quels étaient les noms
des hommes auteurs de cette
construction.
8. Or l'eil de leur Dieu fut
sur les anciens des Juifs, et ils
ne purent les empécher. Et il leur
plut que laffaire füt renvoyée à
Darius, et qualors ils répon-
draient à cette accusation.
I D'ESDRAS. 891
6. Copie delalettre que Tha-
thanai, chef de la contrée au
delà du fleuve, et Stharbuzanai
et ses conseillers Arphasachéens,
qui étaientau delà du fleuve, en-
voyerent à Darius, le roi.
1. La parole qu'ils lui avaient
envoyée était écrite ainsi : A Da-
rius, le roi, toute paix.
8. Qu'il soit connu du roi que
nous sommes allés dans la pro-
vince de Judée, dans la maison
du grand Dieu que l'on bâtit de
pierres non polies et dont on pose
les bois sur les murailles. Or cet
ouvrage s'élève avec diligence
et s’accroît entre leurs mains.
9. Nous avons donc interrogé
les vieillards, et c'est ainsi que
nous leur avons dit : Qui vous a
donné le pouvoir de bâtir cette
maison et de rétablir ces murs?
10. Mais nous leur avons aussi
demandé leurs noms, afin de
vous les indiquer, et nous avons
écrit les noms des hommes qui
sont les princes parmi eux.
41. Or ils nous ont répondu
ces paroles, disant : Nous som-
mes serviteurs du Dieu du ciel et
de la terre; nous bâtissons le
temple qui était construit beau-
coup d'années avant celles-ci, et
que le grand roi d'Israél avait
bâti et construit.
12. Mais après que nos pères
eurent provoqué au courroux le
1. * Aggée, le prophéte et Zacharie, fils d'Addo. Ce sont les auteurs sacrés de ce
nom, qui occupent le dixième et le onzième rang dans la collection des écrits des
petits prophétes.
3. * Thathanaï était le gouverneur perse des possessions du grand roi à l'ouest du
fteuve de l'Euphrate. — Stharbuzanai était probablement son secrétaire, en tous cas
le principal des officiers qui l'avaient accompagné.
5. * Les officiers persans consentirent à ce que le travail fût continué en attendant
la décision de Darius.
6. * Arphasachéens, sans doute les Apharsathachéens mentionnés plus haut, tv, 9.
1. La parole, etc.; la lettre qu'ils lui avaient envoyée était écrite en ces termes.
892 T D'ESDRAS.
Dieu du ciel, il les livra entre les
mains de Nabuchodonosor, roi de
Babylone, Chaldéen ; et 11 détrui-
sit méme cette maison, et trans-
porta son peuple à Babylone.
13. Or, à la premiere année de
Cyrus, roi de Babylone, le roi Cy-
rus publia un édit afin que cette
maison de Dieu füt bátie.
14. Et méme les vases d'or et
d'argent du temple de Dieu, que
Nabuchodonosor avait enlevés du
temple qui était à Jérusalem, et
qu'il avait apportés dans le tem-
ple de Babylone, le roi Cyrus les
tira du temple de Babylone, et
ils furent donnés à un nommé
Sassabasar, qu'il établit méme
prince. ij
15. Et il lui dit : Prends ces
vases, et va, et mets-les dans le
temple qui est à Jérusalem, et
que la maison de Dieu soit bâtie
en son lieu.
16. Alors done ce Sassabasar
vint, et posa les fondements du
temple de Dieu à Jérusalem, et,
depuis ce temps-là jusqu'à pré-
sent, on le bâtit, et il n'est pas
encore achevé.
17. Maintenant donc, s'il sem-
ble bon au roi, qu'il recherche
dans la bibliothèque du roi, qui
[cu. vi.]
est à Babylone, s'il a été ordonné
par le roi Cyrus que la maison de
Dieu serait rebâtie à Jérusalem,
et quil nous envoie la volonté
du roi sur cela.
CHAPITRE VI.
Darius confirme l'ordonnance. de Cyrus
en faveur des Juifs. Le temple est
achevé. On en fait la dédicace et on cé-
lèbre la Pâque.
4. Alors le roi Darius ordonna;
et l'on examina dans la biblio-
thèque des livres qui étaient con-
servés à Babylone ;
9. Et il se trouva à Ecbatane,
qui est un château dans la pro-
vince de Médie, un volume, et
l'édit suivant v était écrit :
3. À la premiere année du roi
Cyrus, le roi Cyrus a ordonné que
la maison de Dieu, qui est ἃ Jéru-
salem, füt bâtie dans un lieu δὰ
l'on püt immoler des hosties, et
que l'on posât des fondements qui
supportentla hauteur de soixante
coudées et la largeur de soixante
coudées,
4. Trois rangs de pierres non
polies, et autant de rangs de bois
nouveaux : or les dépenses se-
ront fournies par la maison du
roi.
13. * La première année de Cyrus, roi de Babylone. 1] s'agit de la première année
du règne de Cyrus en Babylonie, non en Perse, vers 536 avant J.-C.
185. En son lieu. Voy. τι, 68.
41. * Dans la bibliothèque du roi. Les bibliothèques remontaient à la plus haute
antiquité dans la Babylonie et la Chaldée, et on a retrouvé ces derniéres années une
partie des livres qu'elles renfermaient.
9. * I] se trouva à Ecbatane. Le document cherché ne fut pas trouvé à Babylone,
mais on y apprit sans doute qu'il avait été transporté à Ecbatane où on le retrouva
en effet. Ecbatane, située en Médie dans le voisinage de la ville actuelle d'Hamadan,
fut la résidence d'été des rois perses et parthes. Le cháteau devait étre la partie de
la ville qui renfermait le palais royal et était par conséquent le mieux fortifiée.
Ecbatane avait été bâtie par Déjocès, roi des Médes, et elle fut rebâtie et agrandie
par Arphaxad ou Phraorte, qui succéda à Déjocés et regna de 690 à 655 avant J.-C.
3. * Soizante coudées, environ trente mètres. La longueur de l'édifice n'est pas
indiquée,
(cu. vi.]
5. Et que de plus les vases d'or
et d'argent du temple de Dieu,
que Nabuchodonosor avait en-
levés du temple de Jérusalem et
qu'il avait apportés à Babylone,
soient rendus et rapportés dans
le temple à Jérusalem en leur lieu,
et ils ont été mis dans le temple
de Dieu.
6. Maintenant donc, Thathanai,
chef de la contrée qui est au delà
du fleuve, Stharbuzanai, et vos
conseillers Arphasachéens, qui
êtes au delà du fleuve, retirez-
vous loin des Juifs,
7. Et laissez faire ce temple de
Dieu par le chef des Juifs et par
leurs anciens, afin qu'ils bátissent
cette maison de Dieu en son lieu.
8. Et j'ai aussi ordonné ce qui
doit être fait par ces anciens des
Juifs, afin que la maison de Dieu
soit bâtie, savoir que sur le trésor
du roi, c'est-à-dire sur les tributs
qui sont apportés de la contrée
au delà du fleuve, oz prenne le
montant des dépenses, et qu'on
le donne soigneusement à ces
hommes, afin que l'ouvrage ne
soit pas empêché.
9. Que, sil est nécessaire, on
leur donne et des veaux, et des
agneaux, et des chevreaux, pour
holocauste au Dieu du ciel, du fro-
ment, du sel, du vin et de l'huile,
selon le rite des prétres qui
sont à Jérusalem, que cela leur
1 D'ESDRAS.
805
soit donné chaque jour, afin qu'il
n'y ait de plainte de personne,
10. Et qu'ils offrent dés obla-
tions au Dieu du ciel, et qu'ils
prient pour la vie du roi et de ses
fils.
11. Par moi done a été porté ce
décret : Que pour tout homme
quichangera ce commandement,
le bois soit pris de sa maison, et
et qu'il soit élevé et attaché à ce
bois, et que sa maison soit con-
fisquée.
12. Qu'ensuite le Dieu qui 8 fait
habiter là son nom détruise tous
les royaumes et le peuple qui
auraétendu sa main pourrésister,
et pour détruire cette maison de
Dieu qui est à Jérusalem. Moi
Darius j'ai rendu ce décret, et je
veux quil soit soigneusement
exécuté.
13. Ainsi Thathanai, chef de la
contrée au delà du fleuve, Sthar-
buzanai et ses conseillers, exécu-
lerent avec soin ce que Darius, le
roi, avait ordonné.
14. Cependant les anciens des
Juifs bâtissaient, et ils réussis-
saient, selon la prophétie d'Ag-
gée, le prophète, et de Zacharie,
fils d'Addo; ainsi ils. bâtirent et
construisirent, le Dieu d'Israël le
commandant, Cyrus, Darius et
Artaxerxes, rois des Perses, le
commandant aussi.
15. Et ils acheverent cette mai-
9. Qu'on leur donne, est certainement sous-entendu, puisque les mots veauz,
agneaux, etc., sont à l’accusatif dans la Vulgate.
14. * Artaxerzés Ier n'ayant régné qu'aprés Darius et le temple ayant été achevé
la 6* année de Darius, en 516, le nom d'Artaxerxés a dü étre mis ici par Esdras à
cause de l'édit que ce dernier roi publia en faveur du temple de Jérusalem et qui est
mentionné plus loin, vir, 42-26. Voir en particulier 15-17, 19-20.
15. Le mois d’Adar commençait à la nouvelle lune de février. — * Ada était le
douzième mois de l'année hébraïque, et la sixième année du règne de Darius corres-
pond à l'an 516 avaut J.-C.
ἢ
804 I D'ESDRAS.
son de Dieu au troisieme jour du
mois d'Adar, qui est la sixième
année du regne de Darius, le roi.
16. Alors les enfants d'Israél,
les prétres et les Lévites, et tout
le reste des fils de la transmigra-
tion, firent la dédicace de la mai-
son de Dieu dans la joie.
17. Et ils offrirent pour la dé-
dicace de la maison de Dieu cent
' veaux, deux cents béliers, quatre
cents agneaux, et douze boucs de
chèvres pour le péché de tout
Israël, selon le nombre des tribus
d'Israél.
18. Et ils établirent les prétres
en leurs ordres, et les Lévites en
leurs classes, sur les œuvres de
Dieu dans Jérusalem, comme il
est écrit dans le Livre de Moise.
19. Et les enfants d'Israël de la
transmigration firent la Pâque
au quatorzieme jour du premier
mois ;
20. Car les prétres avaient été
purifiés, ainsi que les Lévites,
comme un seul homme; tous fu-
rent purs pour immoler la Páque
pour tous les enfants de la trans-
migration, pour les prétres leurs
freres, et pour eux-mémes.
91. Et les enfants d'Israél qui
étaient retournés de la transmi-
Cnar. VI. 18. Nomb., ui, 6; vr, 9.
fcit. vit.
gration la mangèrent, ainsi que
tous ceux qui s'étaient séparés
de la corruption des nations de
la terre afin de chercher le Sei-
gneur Dieu d'Israël.
29. Etils firent la solennité des
azymes durant sept jours dans la
joie, parce que le Seigneur les
avait réjouis, et avait tourné le
cœur du roi d'Assur vers eux,
afin qu'il aidât leurs mains dans
l’œuvre dela maison du Seigneur
Dieu d'Israél.
CHAPITRE VII.
Esdras est envoyé en Judée par Ar-
taxerxés. Edit de ce prince en faveur
des Juifs.
1. Or, après ces choses, sous
le regne d’Artaxerxès, roi des
Perses, Esdras, fils de Saraias, fils
d'Azarias, fils de Helcias,
2. Fils de Sellum, fils de Sadoc,
fils d'Achitob,
3. Fils d'Amarias, fils d'Azarias,
fils de Maraioth,
4. Fils de Zarahias, fils d'Ozi,
fils de Bocci,
5. Fils d'Abisué, fils de Phinées,
fils d'Eléazar, fils d'Aaron, prêtre
dés le commencement,
6. Esdras lui-méme monta de
Babylone, et il était scribe habile
18. En leurs classes. Voy. 1 Paralip., xxut, 6. — Comme il est écrit, etc. Voy. Nom-
bres, 11, 6; vri, 9-15.
22. * La solennité des azymes, la féte de Páques. — Du roi d'Assur, de Darius, roi
de Perse, qui est appelé roi d'Assyrie, parce qu'il était maitre de ce pays, dont le
nom était si connu en Israél. Il désigne ici la Babylonie, parce que du temps de la
domination perse, la Babylonie, qui formait une des provinces les plus importantes
du royaume du grand roi, s'appelait Assyrie, ainsi que nous l'apprennent Xénophon
et d'autres auteurs grecs.
1. * Arlazerzés I* Longuemain (465-424 avant J.-C.).
6. * Il était scribe. Esdras est le premier qui porte ce titre, dont le sens est : savant
dans la science de la loi mosaique ou dans l'explication des Ecritures, comme l'ex-
plique plus bas le vers. 12.
6, 9. La main; c'est-à-dire la protection visible.
[cu. vir.)
dans la loi de Moise, que le Sei-
gneur Dieu a donnée à Israél; et
le roi lui accorda toute sa de-
mande, à cause que la main du
Seigneurson Dieu était sur lui.
1. Or il monta des enfants d'Is-
raél, des fils des prétres, des fils
des Lévites, des chantres, des
portiers et des Nathinéens, à Jé-
rusalem, la septième année du roi
Artaxerxes.
8. Et ils vinrent à Jérusalem au
cinquième mois ; c'estla septième
année du roi;
9. Parce qu’au premier jour du
premier mois, Esdras commença
à monter de Babylone, et, au
premier jour du cinquième mois,
il vint à Jérusalem, à cause que
la main favorable de son Dieu
était sur lui.
10. Car Esdras disposa son cœur
à rechercher la loi du Seigneur,
et à faire et à enseigner en
Israël les préceptes et les ordon-
nances.
11. Or voici la copie de la let-
tre contenant l'édit que donna le
roi Artaxerxes à Esdras, le prêtre
instruit dans les paroles et les
préceptes du Seigneur et dans
ses cérémonies en Israél :
19. Artaxerxes, roi des rois, à
Esdras, le prétre, scribe de la loi
du Dieu du ciel, trés instruit, sa-
lut.
13. Il ἃ été ordonné par moi que
quiconque dans mon royaume
est du peuple d'Israél, et de ses
prétres et de ses Lévites, et à qui
I D'ESDRAS.
895
il plaira de monter à Jérusalem,
aille avec toi :
14. Car tu es envoyé de la part
du roi et de ses sept conseillers,
afin que tu visites la Judée et Jé-
rusalem , selon la 101 deton Dieu.
qui est en ta main ;
15. Et afin que tu portes l'ar-
gent et l'or que le roi et ses con-
seillers ont spontanément offerts.
au Dieu d'Israël, dont le taber-
nacle est à Jérusalem. |
16. Et tout l'argent et l'or que
tu trouveras dans toute la pro-
vince de Babylone, que le peuple
voudra offrir, et ce que quelques-
uns d'entre les prétres auront
spontanément offert à la maison
de leur Dieu, qui est à Jérusalem,
47. Prends-le librement, et
achète soigneusement avec cet
argent des veaux, des béliers, des
agneaux, des sacrifices et leurs
libations, et offre-les sur l'autel
du temple de votre Dieu, qui est
à Jérusalem.
18. Mais de plus, s'il te plait, à
toi et à tes freres, de faire quel-
que chose avec le reste de l'argent
et de l'or, faites-le selon la vo-
lonté de Dieu.
19. Les vases aussi qui te sont
donnés pour le service de la mai-
son de ton Dieu, mets-les en la
présence de Dieu à Jérusalem ;
20. Mais quant à toutes les au-
tres choses donton a besoin pour
la maison de ton Dieu, quelque
considérable que soit ce qu'il sera
nécessaire que tu dépenses, il te
1. * La seplième année, en 459 avant J.-C.
10. Les préceptes et les ordonnances. C'est ainsi que l'on traduit généralement; mais
le texte hébreu porte au singulier et sans l'article déterminatif, pr écepte et ordonnance.
14. De la part;
littér. de /a face, ou bien, selon le chaldéen qui est ici le texte
original, de devant. — * De ses sept conseillers. Le roi de Perse avait sept conseillers
ou ministres qui étaient les plus grands dignitaires de l'Etat,
800
sera douné du trésor et du fisc du
roi,
91. Etpar moi. Moi, Artaxerxes,
le roi, j'ai établi et j'ai ordonné à
tous les gardes du trésor public
qui sont au delà du fleuve, disant :
Que tout ce que vous demandera
Esdras, le prétre, le scribe de la
loi du Dieu du ciel, vous le don-
niez sans délai,
22. Jusqu'à cent talents d'ar-
gent, et jusqu'à cent cors de fro-
ment, et jusqu'à centbats de vin,
et jusqu'à cent bats d'huile: mais
du sel sans mesure.
93. Que tout ce qui appartient
au culte du Dieu du ciel soit
fourni soigneusement dans la
maison du Dieu du ciel, de peur
qu'il ne s'irrite contre leroyaume
du roi et de ses fils.
94. À vous aussi nous faisons
savoir, par rapport à tous les pré-
tres, Lévites, chantres, portiers,
Nathinéens et ministres de cette
maison de Dieu, que vous n'avez
le pouvoir d'imposer sur eux ni
impóts, ni tribut, ni vivres.
95. Or toi, Esdras, selon la sa-
gesse de ton Dieu laquelle est
en ta main, établis des juges, et
des présidents, afin qu'ils jugent
tout le peuple qui est au delà du
fleuve, c'est-à-dire ceux qui con-
naissent la loi de ton Dieu ; mais
les ignorants, enseigne-les libre-
ment. -
26. Et quiconque n'observera
point la loi de ton Dieu, et la loi
I D'ESDRAS.
(cu. vitr.]
du roi soigneusement, il y aura
contrelui une condamnation, soit
à la mort, soit à l'exil, soit à la
confiscation de ses biens, ou cer-
tainement à la prison.
27. Bénile Seigneur, Dieu de
nos peres, qui a mis dans le coeur
du roi de glorifier la maison du
Seigneur qui est à Jérusalem,
28. Et qui a incliné sa miséri-
corde vers moi devant le roi et
ses conseillers, et devant tous les
puissants princes du roi! Et moi,
fortifié par la main du Seigneur
mon Dieu, laquelle était sur moi,
j'ai asssemblé les princes d'Israël
pour monter avec moi.
CHAPITRE VIII.
Dénombrement de ceux qui revinrent de
Babylone avec Esdras. Esdras envoie
rassembler des Lévites; il arrive à Jé-
rusalem.
1. Voici donc les princes des fa-
milles, et la généalogie de ceux
qui sont montés avec moi sous le
regne d'Artaxerxes, roi de Baby-
lone :
2. D'entre les fils de Phinées,
Gersom; des fils d'Ithamar, Da-
niel; des fils de David, Hattus ;
3. D'entre les fils de Séchénias,
qui étaient fils de Pharos, Zacha-
rias: etavec lui furent dénombrés
cent cinquante hommes ;
4. D'entre les fils de Phahath-
Moab, Elioénai, fils de Zaréhé, et
avec lui deux cents hommes ;
9. D'entre les fils de Séchénias,
21. * Au delà du fleuve de l'Euphrate.
22, Voy. pour cors et bals, 111 Rois, vit, 26; xxiv, 22.
25. En (a main; en ta possossion, que tu possèdes.
2 et suiv. Les fils, c'est-à-dire les descendants.
3. L'auteur remarque que ce Séchénias était de la race de Pharos, pour le dis«.
tinguer d'un autre Séchénias dont il est parlé au vers. 5, th
4, Phahath-Moab. Voy. n, 6.
(cs. νπι.]
le fils d'Ézéchiel, et avec lui trois
cents hommes;
6. D'entre les fils d'Adan, Abed,
fils de Jonathan, et avec lui cin-
quante hommes ;
7. D'entre les fils d'Alam, Isaïe,
fils d'Athalias, et avec lui soi-
xante-dix hommes ;
8. D'entre les fils de Saphatias,
Zébédia, fils de Michael, et avec
lui quatre-vingts hommes;
9. D'entre les fils de Joab, Obé-
dia, fils de Jahiel, et avec lui deux
cent dix-huit hommes ;
10. D'entre les fils de Sélomith,
le fils de Josphia, et avec lui cent
soixante hommes;
11. D'entreles fils de Bébai, Za-
charie, fils de Bébai, et avec lui
vingt-huit hommes;
12. D'entre le fils d'Azgad, Jo-
hanan, fils d'Eccétan, et avec lui
cent dix hommes ;
13. D'entre les fils d'Adonicam.
qui étaient les derniers, et voici
leurs noms : Eliphéleth, Jéhiel,
Samaias, et avec eux soixante
hommes;
14. D'entre les fils de Bégui,
Uthai et Zachur, et avec eux soi-
xante-dix hommes.
15. Or je les assemblai près du
fleuve qui coule vers Ahava, et
nous demeuràmes là trois jours;
et je cherchai parmi le peuple et
les prétres des fils de Lévi, et je
n'en trouvai point là.
16. C'est pourquoi j'envoyai
| D'ESDRAS.
807
Eliézer, Ariel, et Séméias, Elna-
than, Jarib, et un autre Elnathan,
Nathan, Zacharias, et Mosollam,
les princes; Joiarib et Elnathan,
les sages.
11. Et jeles envoyai vers Eddo.
qui est le premier dulieu de Chas-
phia, et je mis en leur bouche les
paroles qu'ils devaient dire à
Eddo, et à ses frères Nathinéens,
dans lelieu de Chasphia, afin qu'ils
nous amenassent les ministres de
la maison de notre Dieu.
18. Et ils nous amenèrent, par
la main favorable de notre Dieu,
laquelle était sur nous, unhomme
tres savant d'entre les fils de Ma-
holi, fils de Lévi, fils d'Israél, et
Sarabia, et ses fils, et ses frères,
au nombre de dix-huit;
19. Et Hasabia, et avec lui [5816
d'entre les fils de Mérari, et ses
freres, et ses fils, au nombre de
vingt;
20. Et d'entre les Nathinéens
que David et les princes avaient
établis pour le service des Lévi-
tes, deux cent vingt Nathinéens :
tous ceux-ci étaient appelés par
leurs noms.
21. Or je publiai là le jeüne
pres du fleuve Ahava, afin de
nous affliger devant le Seigneur
notre Dieu, et afin de lui de-
mander la voie droite pour nous,
pour nos fils, et pour tout ce qui
était à nous ;
22. Car jeus honte de deman-
——— MÀ M € i à
13. * Aha»a est inconnu. C'était probablement un canal dérivé de l'Euphrate, dans
les environs de Babylone. Cest là que se forma la caravane, pour se mettre en route
vers la Palestine.
11. * Chasphia, localité inconnue, mais qui était certainement dans le voisinage
de Babylone. — Les Nathinéens étaient ceux que David et les chefs d'Israël avaient
voués au service du Temple et des Lévites, pour y remplir les bas offices.
20. Etaient appelés par leurs noms ; dans l'hébreu, marqués, tracés par noms, nomi-
nalivement ; probablement dans une liste qu'Eddo (vers. 17), dressa et envoya à Esdras,
Ac.
97
80S
der au roi du secours et des ca-
valiers pour nous défendre de
l'ennemi dans le chemin, parce
que nous avions dit au roi : La
main de notre Dieu est favorable
à tous ceux qui le cherchent sin-
cerement; et son empire, et sa
fureur, sur tous ceux qui l'aban-
donnent.
23. Or nous jeünàmes et nous
priàmes notre Dieu pour cela : et
tout nous advint heureusement.
24. Et je séparai douze des
princes des prétres, Sarabia et
Hasabia, et avec eux dix de leurs
freres;
25. Et je leur pesai l'argent,
lor et les vases consacrés de la
maison de notre Dieu, qu'avaient
offerts le roi, ses conseillers, ses
princes et tous ceux d'Israël qui
avaient été trouvés ;
26. Je pesai aussi en leurs
mains six cent cinquante talents
d'argent, cent vases d'argent, et
cent talents d'or,
97. Et vingt coupes d'or qui
pesaient mille drachmes, et deux
vases d'un airain brillant excel-
lent, beaux comme l'or.
98. Et je leur dis : Vous étes
les saints du Seigneur, et les
vases sont saints, ainsi que l'ar-
gent et l'or qui ont été spontané-
ment offerts au Seigneur Dieu de
nos peres.
99. Veillez, et gardez-les jus-
qu'àce que vous les pesiez de-
vant les princes des prêtres, des
Lévites, et devant les chefs des
1 D'ESDRAS.
(cH. vitt.;
famillesd'IsraélàJérusalem, pour
le trésor de la maison du Sei-
gneur.
30. Or les prétres et les Lé-
vites reçurent le poids de lar-
gent, de l'or et des vases, pour
les porter à Jérusalem dans la
maison de notre Dieu.
31. Nous partimes donc du
fleuve d'Ahava le douzième jour
du premier mois pour aller à Jé-
rusalem ; et la main de notre
Dieu fut sur nous, et nous déli-
vra de la main de l'ennemi, et
de celui qui tendait des piéges
dans le chemin.
32. Et nous vinmes àJérusalem,
et demeuràmes là trois jours.
33. Mais au quatrième jour,
l'argent fut pesé, et l'or et les
vases, dans la maison de notre
Dieu par la main de Mérémoth,
fils d'Urie, le prétre; et avec lui
était Eléazar, fils de Phinéès, et
avec eux Jozabed, fils de Josué,
et Noadaia, fils de Bennoia, fils
de Bennoi, le Lévite,
34. Selon le nombre et le poids
du tout; ainsi tout poids fut écrit
en ce temps-là.
35. Mais les fils de la transmi-
gration qui étaient venus de la
captivité, offrirent des holocaus-
tes au Dieu d'Israël, douze veaux
pour tout le peuple d'Israél, qua-
tre-vingt-seize béliers, soixante-
dix-sept agneaux, douze boucs
pour le péché : le tout en holo-
causte au Seigneur.
36. Or ils donnèrent les édits
22. Favorable; littér. et par hébraisme en bonlé, avec bonté, c'est-à-dire bonne.
Compar. vu, 9; virr, 18; Il Esdr., 11, 8, 48. D'autres font rapporter l'expression de la
Vulgate in bonitate à qui le cherchent et traduisent avec sincérité, sincèrement.
21. * Drachmes. Le texte original porte dariques, mounaie perse qui tirait son nom
de Darius. La valeur de la darique est estimée 25 francs environ.
36, Qui élaient auprès; littér. de la présence,
[eu. 1x.)
du roi aux satrapes qui étaient
auprès du roi, et aux chefs au
delà du fleuve, et ils exalterent
le peuple et la maison de Dieu.
CHAPITRE IX.
Esdras apprend que plusieurs Israélites
ont pris des femmes étrangères. Prière
qu'il adresse au Seigneur en cette oc-
casion.
1. Et, aprés que ces choses fu-
rent accomplies, les princes s'ap-
prochèrent de moi, disant: Le roi
d'Israël, les prêtres et les Lévites,
ne sont pas séparés des peuples
dela terre et de leurs abomina-
tions, c'est-à-dire du Chananéen,
de l'Héthéen, du Phérézéen, du
Jébuséen, de lAmmonite, du
Moabite, de l'Egyptien et de l'A-
morrhéen ;
2. Car ils ont pris de leurs fil-
les pour eux et pour leurs fils, et
ils ont mêlé la race sainte avec
les peuples de la terre; la main
même des princes et des magis-
trats a été la premiere dans cette
transgression.
3. Et quand j'eus oui cette pa-
role, je déchirai mon 1nanteau
et ma tunique, et j'arrachai les
cheveux de ma téte et ma barbe,
et je m'assis, abattu de cha-
grin.
4. Alors s'assemblerent auprès
de moi tous ceux qui craignaient
la parole du Dieu d'Israél, à cause
[ D'ESDRAS.
899
de la transgression de ceux qui
étaient venus de la captivité, et
j'étais assis triste jusqu'au sacri-
fice du soir.
9. Et, au sacrifice du soir, je
me levai de mon affliction; et,
mon manteau et ma tunique dé-
chirés, je courbai mes genoux et
jétendis mes mains vers le Sei-
gneur mon Dieu.
6. Et je dis : Mon Dieu, je suis
confondu, et je rougis de lever
ma face vers vous; parce que
nos iniquités se sont multipliées
sur notre téte, et nos péchés se
sont accrus jusqu'au ciel,
1. Depuis les jours de nos pe-
res; mais aussi nous - mêmes
nous avons péché grievement
jusqu'à ce jour, et à cause de nos
iniquités, nous avons été livrés,
nous, nos rois et nos prétres, à
la main des rois de la terre, au
glaive, et à la captivité, au pil-
lage, à la confusion de notre vi-
sage, comme 0z le voit encore
en ce jour.
8. Mais maintenant notre prière
s'est un peu et pour un mo-
ment élevée vers le Seigneur
notre Dieu, afin qu'un reste nous
füt laissé, qu'un pieu nous fût
donné en son saint lieu, que
notre Dieu éclairát nos yeux, et
qu'il nous donnát un peu de vie
dans notre servitude,
9. Parce que nous sommes es-
——————————————————————
1. * Leurs abominations, les actes de culte idolátrique.
4. * Au sacrifice du soir, au moment oü l'on offrait le soir un sacrifice dans le
Temple.
8. Afin qu'un reste, etc. La plupart des Juifs étaient demeurés captifs et dispersés.
Ceux qui étaient revenus de Babylone ne formaient encore qu'un trés petit nombre;
c'était comme une poiguée de gens rechappés d'un naufrage général. — Un pieu;
c'est-à-dire une demeure fixe et durable. — Un peu de vie plus heureuse; car bien
que les Juifs ne fussent pas en captivité, ils étaient encore à quelques égards en
servitude, puisqu'ils continuaient à vivre sous la dépendance de leurs maitres.
9. Une haie; un enclos, pour un abri sûr. — * Devant le roi des Perses. Le texte ori-
900 1 D'ESDRAS.
claves, et qu'en notre servitude
notre Dieu ne nous a point dé-
laissés ; mais il aincliné sur nous
sa miséricorde devant le roi des
Perses, pour nous donner la vie, |
élever la maison de notre Dieu,
construire ses solitudes, et pour
nous donner une haie dans Juda
et Jérusalem.
10. Et maintenant, notre Dieu,
que dirons-nous après cela? Puis-
que nous avons abandonné les
commandements
11. Que vous nous avez pres-
crits par l'entremise de vos ser-
viteurs les prophètes, disant : La
terre dans laquelle vous entrez
pour la posséder, est une terre
impure, selon l'impureté des peu-
ples et des autres terres, à cause
desabominations de ceux quil'ont
remplie, d'une extrémité jusqu'à
l'autre extrémité, de leur souil-
lure.
12. Maintenant donc ne donnez
point vos filles à leurs fils, et n'ac-
ceptez point leurs filles pour vos
fils, et ne cherchez jamais leur
paix et leur prospérité; afin que
vous soyez forts, et que vous man-
giez les biens de cette terre, et
que vous ayez vos fils pour héri-
tiers à jamais.
13. Et apres tout ce qui est ve-
nu sur nous, à cause de nos œu-
vres très mauvaises et de notre
grand péché, vous, Seigneur
notre Dieu, vous nous avez déli-
vrés de notre iniquité, et vous
βαρ. IX. 12. Deut., vir, 3.
[cu. x.]
nous avez donné le salut comme
on le voit aujourd'hui,
14. Afin que nous ne revinssions
pas à rendre vains vos comman-
dements, et que nous ne nous
unissions point par les mariages
avec les peuples livrés à ces abo-
minations. Etes-vous irrité entiè-
rement contre nous, en sorte que
vous ne laissiez point des restes
de nous pour notre conservation?
15. Seigneur Dieu d'Israél, vous
étes juste, puisque nous avons été
laissés pour étre sauvés, comme
on le voit en ce jour. Voici que
nous sommes devant vous dans
notre péché; car on ne peut pas
subsister devant vous apres cela.
CHAPITRE X.
Repentir des Israélites. Esdras leur or-
donne de renvoyer les femmes étran-
geres. Dénombrement de ceux qui
avaient commis cette prévarication.
1. Ainsi donc Esdras priant,
implorant, pleurant, etétendu de-
vant le temple de Dieu, une très
grande assemblée d'hommes, de
femmes et d'enfants d'Israél se
réunit auprès de lui, et le peuple
pleura d'un grand pleur.
2. Alors Séchénias, fils de Jéhiel,
d'entre les enfants d'Elam, ré-
pondit à Esdras: Nous avons pré-
variqué contre notre Dieu, et nous
avons pris des femmes étrangères
des peuples de la terre; et main-
tenant, si on a du repentir de
cela en Israél,
ginal porte les rois de Perse, au pluriel, parce qu'il ne s'agit pas seulement d'Ar-
taxerxés, mais aussi de Cyrus et de Darius, qui non seulement avaient autorisé la
reconstruction du Temple, mais y avaient contribué par leurs dons.
14. Afin que nous, etc.; littér. afin que nous ne revinssions pas el que nous ne ren-
dissions pas; hébraisme pour, afin que nous ne rendissions pas de nouveau,
‘CH. x.]
3. Faisons alliance avec le Sei-
eneur notre Dieu, en sorte que
nous rejetions toutes les femmes,
ét'eeux qui sont nés d'elles, sui-
vantla volonté du Seigneur et de
ceux qui craignent le précepte du
Seigneur notre Dieu : qu'il soit
fait selon la loi.
4. Leve-toi, c'est à toi d'ordon-
ner, ét nous, nous serons avec
toi; sois fort et agis.
5. Esdras donc se leva, et ad-
jura les princes des prétres et des
Lévites, et tout Israel, afin qu'ils
fissent selon cette parole, et ils
jurèrent.
6. Et Esdras se leva devant la
maison de Dieu, et s'en alla à la
chambre de Johanan, fils d'Eliasib,
et il y entra: 11 ne mangea point
de pain et ne but point d'eau; car
il pleuraitlatransgression deceux
qui étaient venus de la captivité.
7. Alors fut envoyée une voix
en Juda et à Jérusalem, pour que
tous les fils de la transmigration
se rassemblassent à Jérusalem;
8. Et pour que quiconque ne se-
rait point venu dans trois jours,
suivant le conseil des princes et
des anciens, tout son bien lui füt
616, etqu'il fût lui-même rejeté de
l'assemblée de la transmigration.
9. Tous les hommes de Juda et
de Benjamin s’assemblèrent donc
à Jérusalem dans les trois jours;
c'étaitle neuvième mois, au ving-
‘ième jour du mois, et tout le
1 D'ESDRAS. 901
peuple se tint sur 18 placé de la
maison de Dieu, tremblant àcause
de leurs péchés et des pluies.
10. Alors Esdras le prêtre! 6
leva, et leur dit : Vous avez trans-
eressé, et vous avez pris des
femmes étrangeres, pour ajouter
au péché d'Israël.
11. Or maintenant rendez gloire
au Seigneur Dieu de vos peres,
et faites ce qui lui plait : séparez-
vous des peuples de la terre et
des femmes étrangères.
19. Et toute la multitude ré-
pondit, et ditavec une voix forte :
Qu'il soit fait selon la parole que
vous nous avez dite.
13. Cependant, parce. que le
peuple est nombreux, que c'est
un temps de pluie, que nous ne
pouvons rester dehors, et: que
l'ouvrage n'est pas d'un jour ni
de deux (ear nous avons grande-
ment péché en cette chose),
14. Que des princes soient éta-
blis dans toute la multitude, et
que tous ceux qui dans nos villes
ont pris des femmes étrangères,
viennent en des temps marqués,
et avec eux des anciens de chaque
ville et les juges aussi, jusqu'à ce
que soit détournée de nous la co-
lere de notre Dieu provoquée à
cause de ce péché.
15. AinsiJonathan, fils d'Azahel,
et Jaasia, fils de Thécué, furent
présentés pour 6618, et Mésollam
et Sébéthai, Lévites, les aidèrent.
6. L'expression manger d» pain et. boire de l'eau veut dire en hébreu simplement
manger et boire, prendre de la nourriture.
1. Une voir; c'est-à-dire une annonce, un avis.
9. Le neuviéme mois, nommé Casleu, commencait à la nouvelle lune de novembre.
— La saison rendait les pluies plus incommodes; peut-être aussi que ces pluies étant
trés abondantes et orageuses, les Juifs les regardaient comme une marque: de la
‘colère divine. — * Les pluies sont souvent considérables à cette époque de l'année
à Jérusalem et tombent quelquefois à torrente, /
7
902 Í- D'ESDRAS.
16. Et les fils de la transmigra-
tion firent ainsi: Et Esdras; le pré-
tre, etles hommes princes des fa-
milles, s'en àllerent'dans les niai-
sons de leurs peres, et tous selon
leurs noms, et ils s'établirent au
premier jour du dixieme mois
pour s'informer de la chose.
47. Or. 115: n'achevèrent! dé dé-
nomórer les hommes qui avaient
prisdesfemunesétrangeres, qu'au
premier jour ג premier mois.
18. Et il se trouva d'entre les
fils des prêtres! qui avaient pris
des femmes étrangéres : d'entre
les fils deJosué;les fils deJosédec,
et ses frères, Maasia, Eliézer, Ja-
rib et Godolia.
19.115 donnerent leurs mains
pour: chasser leurs femmes, et
pour offrir pour leur péché un
bélier d'entre leurs brebis.
20. Et.d'entre les fils d'Emmer,
Hanani et Zébédia ;
21. Et d'entre les fils de Harim,
Maasia, Elia, Séméia, Jéhiel et
Ozias;
22. Et d'entre les fils de Phe-
shur, Elioénai. Maasia, Ismaël,
Nathanaél, Jozabed et Elasa ;
23. Et d'entre les fils des Lé-
vites, Jozabed, et. Séméi, Célaia
(c'est. le méme que Calita), Pha-
taia, Juda et Eliézer ;
24.Et d'entre les chantres, Elia-
'Sib;et d'entrelesportiers; Sellum,
Télem et Uri;
95! Et d'Israël: d'entre les fils
de Pharos, Réméia, Jézia, Mel-
chia, Miamin, Eliézer, Melchia et
"Banéa;
(ca. x,!
26. Et d'entre les fils. d'Elam,
Mathania, Zacharias, Jéhiel, Abdi,
Jérimoth.et Élia ;
27. Et d'entre les fils de Zéthua,
Elioénai, Eliasib, Mathania, Jéri-
muth, Zabad et. Aziza ;
28. Et d’entre les. fils, de. Bé-
bai, Johanan, Hanania,. Zabbai,
Athalai ;
29. Et d’entre les üls de. Bani,
Mosollam, Melluch, Adaïa; Jasub,
Saal et Ramoth ;
30. ELd'entre Jes fils de 1
Moab, Edna, 6.8181, Banaïas,Maa-
sias, Mathanias, Béséléel, Bennui,
et Manassé ;
91. Et d'entre les fils de Hérem,
Eliézer, Josué, Melchias, Sépia,
Siméon,
92. Benjamin, Maloch, Sama-
rias;
33. Et d'entre les fils d'Hasom,
Mathanai, Mathatha, Zabad, Eli-
phéleth, Jermaï, Manassé, Séméi ;
34. D’entre les fils de. Bani,
Maaddi, Amram, Vel,
35. Banéas,. Badaias, Chéliaü,
30. Vania, Marimuth, Eliasib,
91. Mathanias, Mathanai, Jasi,
38. Et Bani, Bennui, Séméi,
39. Et Salmias, Nathan, Adaias, ‘
40. Et Mechnedebai, Sisai,Saral,
41. Ezrel, Sélémiaü; Séméria,
49. Sellum, Amaria, Joseph ;
43. D'entre les. fils .de..Nébo,
Jéhiel, Mathathias, Zabad, Zabina,
Jeddu, Joel et Banaia.
44. Tous ceux-ci avaient, pris
des femmes étrangères, et il y
eut de ces femmes qui avaient
enfanté des fils:
16. Le dixième mois, appelé Tébéth, commençait à la nouvelle lune de. décembre.
A^. * Qui avaient. enfanté. des fils, c'est-à-dire qu'on renvoya. méme les. femmes
étrangères qui, avaient des enfants, quoique cette circonstance eût pu fournir à leurs
époux un prétexte pour les garder,
- mit ב
INTRODUCTION
AU LIVRE DE NÉHÉMIE
OU SECOND LIVRE D'ESDRAS
Ce livre porte le nom de Néhémie, parce que celui-ci y raconte lui-méme,
à la premiére personne, son voyage à Jérusalem et ce qu'il y a fait. Le titre,
il est vrai, pourrait étre pris daus le sens d'histoire de Néhémie, mais la forme
du récit prouve que Néhémie est l'auteur de sa propre histoire et que c'est une
sorte d'autobiographie. ll ne se propose point d'ailleurs directement de ra-
conter sa vie : il veut surtout faire connaitre la restauration de Jérusalem et
du culte, pour montrer l'accomplissement des promesses de Dieu. Il a, dans
ses priéres, une locution qu. lui est familiére et qui revient souvent : « Mon
Dieu, souvenez-vous de moi en bien » (v, 19; vr, 14; xir, 14, 22, 29, 31).
C'est le dernier mot du livre et comme la signature de l'auteur.
Néhémie, fils d'Helchias, échanson du roi des Perses, Arlaxerxès Longuemain,
ayant appris à Suse dans quel triste état était la ville de Jérusalem, s'adresse
d'abord à Dieu par la priére et par le jeüne, et demande ensuite au roi la
permission d'alier restaurer les portes et les murs de la capitale de la Judée.
Il l'obtient et part en 445 av. J.-C.
Le but de son livre est de faire connaitre ce qu'il a fait pour son peuple,
en partie par lui-méme, en partie avec l'aide de son contemporain, Esdras.
Son récit se rattache ainsi étroitement à celui d'Esdras et complète le premier
livre de ce nom.
Le récit s'ouvre par une introduction qui nous apprend pourquoi et comment
l'auteur fit le voyage de Jérusalem, 1-11, 10. Le corps de l'ouvrage se partage
en trois sections : 1* Reconstruction des murs et des portes de Jérusalem,
n, 44-vi; 2° Mesures prises par Néhémie pour la prospérité de Juda et de sa
capitale, vir-xi1; 3° Nouvelles mesures, dans le méme but, pendant un second
voyage de Néhémie à Jérusalem, xur.
I. Arrivé pour la premiére fois à Jérusalem, il fait l'inspection des lieux et
exhorte ses frères à se mettre aussitôt à l’œuvre. Des obstacles lui sont suscités
par les ennemis des Juifs, par les usuriers et par Sanaballat et ses complices,
qui essaient de le prendre dans un piège et d'attenter à ses jours ; il triomphe
heureusement de toutes les difficultés.
II. Il prend des mesures pourla défense de Jérusalem et pour la prospérité
religieuse et politique de la ville et da peuple. — Des gardes sont placés
aux portes de Jérusalem pour prévenir les surprises. Dans une assemblée du
peuple, au septiéme mois, Néhémie lit la loi aux Juifs pendant la célébration
904 II D'ESDRAS.
de la féte des Tabernacles. Cette lecture est suivie d'un jeüne expiatoire et
de la promesse, par serment, d'observer les prescriptions mosaiques, en par-
ticulier pour tout ce qui regarde le culte. Divers moyens sont employés pour
augmenter la population de Jérusalem. Les murs de la ville sont solen-
nellement consacrés. Les événements racontés dans les deux premiéres sec-
tions du livre de Néhémie remplissent un intervalle de douze ans, de l'an 445 à
433 av. J.-C.
III. Néhémie étant retourné à la cour d'Artaxercés la 32° année du règne de
ce roi, 433 av. J.-C., en revint pour réprimer les abus qui, pendant son
absence, s'étaient introduits par rapport au culte, aux mariages et à l'obser-
vation de la loi. Nous ignorons combien de temps avait duré cette absence ;
nous ignorons également comment se termina sa vie. Josèphe dit qu'il mourut
dans un âge avancé. Le second livre des Machabées, ir, 13, nous apprend qu'il
avait formé une bibliothéque des Livres Saints.
[cu. 1.]
NEHEMIAS, OU II D'ESDRAS
3. Et ils me répondirent : Ceux
qui sont restés et qui ont été
laissés de la captivité là dans la
province, sont dans une grande
affliction et dans l'opprobre ; et
CHAPITRE PREMIER.
Néhémias apprend le triste état de Jé-
rusalem. Priére qu'il adresse au Sei-
gneur.
1. Paroles de Néhémias, fils de
Helchias. Etil arriva au mois de
Casleu, en l'année vingtième, que
j'étais dans le cháteau de Suse.
9. Et Hanani, un de mes freres,
vint, lui et des hommes de Juda;
et je les interrogeai sur ceux des
Juifs, quiétaientrestés dela capti-
vité, et qui vivaient encore, et
sur Jérusalem.
le mur de Jérusalem est tombé,
et ses portes ont été brülées au
feu.
4. Lorsque j'eus oui de telles
paroles, je m'assis, je pleurai, et
je gémis durant plusieurs jours ;
je jeünais, et je priais devant la
face du Dieu du ciel.
5. Et je dis : Je vous prie, Sei-
eneur, Dieu du ciel, fort, grand
Cnar. 1. 5. Dan., 1x, 4.
͵.ς-Ξ3-.----- Ῥ͵ Ἀ σατοποσοοάὦ,;...’--.- -.- ו ו ווה
1. Casleu. Voy. Y Esdr., 1x, 4. — * En l’année vingtième du règne d’Artaxerxès Lon-
guemain, l'an 450 avant J.-C. — Suse, capitale de la Susiane, sur le fleuve Ulai.
3. * Le mur de Jérusalem est tombé. Nous ne savons rien des quatorze années qui
suivirent l'arrivée d'Esdras avant l'arrivée de Néhémie en Palestine. Ce verset sup-
pose ou que dans cet intervalle les ennemis des Juifs avaient renversé les murs de
Jérusalem et brülé ses portes, au moins en partie reconstruites, ou bien, comme
lont dit beaucoup de commentateurs, que Néhémie croyait que la capitale de la
Judée avait été complètement relevée de ses ruines depuis le retour de la captivité,
et qu'il apprend avec douleur qu'elle est encore dans l'état où l'avait mise l'armée
de Nabuchodonosor.
C8. 11.]
et terrible, qui gardez l'alliance
et la miséricorde avec ceux qui
vous aiment et qui gardent vos
commandements,
6. Que vos oreilles deviennent
attentives et vos yeux ouverts
pour entendre la prière de votre
serviteur, que je fais aujourd'hui
devant vous, nuit et jour, pour
les enfants d'Israël, vos servi-
teurs ; et je confesse les péchés
des enfants d'Israël, par lesquels
ils ont péché contre vous : moi
et 18 maison de mon père, nous
avons péché.
7. Nous avons été séduits par
la vanité, et nous n'avons pas
gardé votre commandement, vos
cérémonies, et les ordonnances
que vous avez prescrites à Moise,
votre serviteur.
8. Souvenez-vous de la parole
que vous avez confiée à Moise,
votre serviteur, disant : Lorsque
vous aurez transgressé, moi je
vous disperserai parmi les peu-
ples :
9. Et si vous revenez à moi,
el que vous gardiez mes pré-
ceptes, et que vous les accom-
plissiez, quand méme vous auriez
été emmenés jusqu'aux extré-
mités du ciel, je vonsrassemblerai
delà,etje vous ramèneraiaulieu
que j'ai choisi pour que mon nom
y habite.
II D'ESDRAS.
905
10. Et ceux-ci sont vos servi-
teurs et votre peuple, que vous
avez rachetés par votre grande
force et par votre main puissante.
11. Je vous conjure, Seigneur,
que votre oreille soit attentive à
la priere de votre serviteur, et à
la prière de vos serviteurs, qui
veulent craindre votre nom ; et
dirigez votre serviteur aujour-
d'hui, et donnez-lui miséricorde
devant cet homme :car moi j'étais
l'échanson du roi.
CHAPITRE II.
Néhémias obtient d'Artaxerxés la per-
mission d'aller à Jérusalem et de la
rebâtir. Il va à Jérusalem et exhorte
les Juifs à en relever les murs.
1. Orilarriva au mois de Ni-
san, en la vingtieme année du
rol Artaxerxes, que le vin était
devant lui ; et je pris le vin, et je
le donnai au roi, et j'étais comme
languissant devant sa face.
2. Et le roi me dit : Pourquoi
ton visage est-il triste, quoique
je ne te voie point malade? Ce
n'est pas en vain, mais je ne sais
le mal qui est en ton cœur. Et
je craignis beaucoup et extréme-
ment.
3. Et je dis au roi : Roi, vivez
éternellement. Pourquoi mon vi-
sage ne serait-il pas triste, puis-
que la ville, maison des tombeaux
9. Le nom de Dieu est pris ici, comme quelquefois ailleurs, pour la majesté, l'essence
divine, Dieu lui-méme.
11. L'échanson du roi.— * Néhémie fait connaitre les fonctions qu'il remplissait
auprès d'Artaxerxés pour expliquer comment il ne pouvait quitter Suse sans l'autorisation
royale.
1. * Au mois de Nisan, mars-avril, en la vingtiéme année, 450 avant J.-C. Comme
ce qui est raconté au chapitre Ier s'était passé au mois de Casleu (novembre-dé-
cembre) de la même vingtième année, il en résulte que Néhémie ne fait pas com-
mencer l'année au mois de Nisan, selon l'ancienne coutume hébraique, mais ep au-
tomue, selon un usage répandu en Orient.
906
de mes pères, est déserte, et que
ses portes ont été brülées au feu.
4. Et le roi me dit : Que de-
mandes-tu ? Alors je priai le Dieu
du ciel,
5. Et je répondis au roi : S'il
semble bon au roi, et si votre
serviteur est agréable devant
votre face, que 76 roi m'envoie
en Judée, dans la ville du sé-
pulcre de mon père, et je la rebà-
tirai.
6. Alors le roi me demanda, et
la reine qui était assise auprès
de lui : Jusqu'à quel temps du-
rera ton voyage, et quand re-
viendras-tu? Et il fut agréable
devant la face du roi de m'en-
voyer; et je lui marquai le temps.
7. Puis je dis au roi : S'il sem-
ble bon au roi, qu'il me donne
des lettres pour les chefs de la
contrée au delà du fleuve, afin
qu ils me fassent conduire jusqu'à
ce que je sois arrivé en Judée;
8. Et une lettre pour Asaph,
gardien de la forêt du roi, afin
quil me donne des bois, et que
je puisse couvrir les portes de la
tour de la maison, et les murs
II D'ESDRAS.
]68. 11.)
de la ville, et la maison dans la-
quelle j'entrerai. Et le roi me les
donna, à cause que la main favo-
rable de mon Dieu était avec
moi.
9. Et je vins vers les chefs de
la contrée au delà du fleuve, et
je leur donnai les lettres du roi.
Or le roi avait envoyé avec moi
des princes de la milice, et des
cavaliers.
10. Et Sanaballat, l'Horonite, et
Tobie, le serviteur Ammanite,
lapprirent, et ils furent saisis
d'une grande affliction, parce qu'il
était venu un homme qui cher-
chait la prospérité des enfants
d'Israël.
44. Et je vins à Jérusalem, et je
fus là trois jours.
19. Et je me levai pendant la
nuit, et un petit nombre d'hom-
mes avec moi, et je ne dis à per-
sonne ce que Dieu avait mis en
mon cœur de faire àJérusalem ; et
je n'avais pas de béte avec moi, si
ce n'est l'animal sur lequel j'étais
assis.
13. Or je sortis par la porte de
la vallée pendant la nuit, et de-
6. * La reine ne mangeait pas publiquement avec le roi, mais elle mangeait avec
lui en particulier, comme nous le voyons dans le livre d'Esther et comme nous
l'attestent les monuments anciens. — Je lui marquai le temps, douze ans, ainsi qu'il
résulte de ce qui est dit plus loin, v, 44; xir, 6.
8. * De la forét du roi, dans le texte original; du paradis, c'est-à-dire du pare
royal. Divers commentateurs ont soupconné que ce parc royal était les jardins
d'Etham, arrosés par les étangs appelés Etangs de Salomon, au sud de Jérusalem. —
Les portes de la tour de la maison. Ces mots sont obscurs. Il s'agit ou des portes du
parvis du Temple, ou des portes de la forteresse qui était au nord du Temple et fut
connue du temps des Machabées, qui la reconstruisirent, sous le nom de Báris; ce
nom rappelle celui de Biráh qu'on lit ici dans l'original et qui est traduit Báris, dans
le grec.
10. * Sanaballat était sans doute le chef de la Samarie. Il est appelé l'Horonite,
parce qu'il était originaire d'Horonaim, ville moabite, ou plutót de l'une des deux
Bethoron, la haute ou la basse, qui faisaient partie de la tribu d'Ephraim. — Tobie
est désigné comme le serviteur Ammanile, soit parce qu'il était d'origine ammonite,
soit parce qu'il avait été esclave chez les Ammonites.
13. * La porte de la vallée, qui conduisait à la vallée de Benhinnom, devait être
à l'ouest de la ville de Jérusalem, à peu près à l'endroit où est aujourd'hui la porte
(cu. tin. ]
vant la fontaine du dragon, et à
la porte du fumier ; et je consi-
dérais létmur de Jérusalem abat-
tu, et. ses portes consumées par
le feu.
44. Je passai done à la porte de
la fontaine, et àl'aquedue du roi,
etil n'yavait pas d'endroit pour
que la bête sur laquelle j'étais
assis passát.
15. Et je montai par le torrent
pendant la nuit, et je considérais
16 ;יטג et, revenant, j'arrivai à
la porte de la vallée, et je re-
tournai.
16.0rlesmagistratsnesavaient
où j'étais allé, ni ce que je faisais;
bien plus, aux Juifs mêmes, aux
prètres, aux grands, aux magis-
trats, et à ceux qui faisaient l'ou-
vrage, je n'avais rien révélé jus-
que là.
11. Jeleur dis alors : Vouscon-
naissez lafflietion dans laquelle
nous sommes, puisque Jérusalem
est déserte, et que ses portes ont
été consumées par le feu : venez,
et bâtissons les murs de Jérusa-
lem, et ne soyons plus désormais
un opprobre.
it D'ESDRAS.
907
18. Et je leur montrai que la
main. de mon Dieu était bonne
pour moi, et les paroles du roi,
qu'il m'avait adressées; et je dis :
Levons-nous, et bâtissons. Et
leurs mains furent affermies dans
le bien.
19; Or Sanaballat, l'Horonite, el
Tobie, le serviteur Ammanite, et
Gossem, l’Arabe, lapprirent, et
ils nous raillerent, nous mépri-
serent, el dirent : Qu'est-ce que
vousfaites? Ne vousrévoltez-vous
point contre le roi?
20. Et jeleur rendis réponse
et leur dis: Le Dieu du ciel lui-
méme nous aide, et nous, nous
sommes ses serviteurs : levons-
nous et bátissons; mais pour vous
il n'y a ni part, ni droit, ni souve-
nir en Jérusalem.
CHAPITRE III.
Dénombrement de ceux qui travaillèrent
à rebâtir les murs de Jérusalem.
1. Or Eliasib, le grand prêtre,
se leva, et ses freres, les prétres,
et ils bâtirent la porte du trou-
peau;eux-mêmeslasanctifièrent,
de Jaffa. — Devant la fontaine du dragon. Cette fontaine n'est menlionnée sous ce
nom que dans ce. passage. C'est probablement la fontaine appelée aujourd'hui
le Bir-Eyub, à qui l'on avait donné le nom de fontaine du Dragon, au temps
d'Esdras, à cause de quelque grand serpent qu'on avait trouvé sans doute dans son
voisinage. — La porte du fumier ou Porte Sterquiline était au sud de Jérusalem.
Elle existe encore sous ce nom, mais à une autre place, et conduit à la vallée d'Hin-
nom. On y voit aussi beaucoup de fumier dans les environs. Voir, pour la description
de la topographie de Jérusalem à cette époque, la note 17à la fin du volume.
14.* A ia. porte de la fontaine. C'était probablement une porte située au sud du
mont Sion qui menait à la Fontaine et à l'étang de Siloé. — L'aqueduc du roi est
sans doute l’aqueduc, souterrain creusé dans le roc vif, qui conduit l'eau de la Fon-
laine de la Vierge à la Fontaine et à l'étang de Siloé ou l'aqueduc dit inférieur. —
Il n'y avait pas d'endroit... Le chemin était obstrué par les ruines et les décombres
accumulés.
15. Par le torrent du Cédron,
1. * La porte du troupeau est la porte actuelle de Saint-Etienne ou du moins elle
était dans le voisinage de cette derniére, au nord-est de la ville, au nord du Temple.
C'est par là qu'on amenait au Temple les vietimes qu'on devait y immoler et aujour-
d'hui encore les Bédouins introduisent souvent par cette porte les brebis qu'ils vont
908
en établirent les battants et la
sanctifierent jusqu'à la tour de
cent coudées, jusqu'à la tour Ha-
nanéel.
2. Et pres de lui bâtirent les
hommes de Jéricho; près de lui
aussi bátit Zachur, fils d'Amri.
3. Quant à la porte des Pois-
sons, ce sont les fils d'Asnaa qui
la bátirent; eux-mêmes 18 cou-
vrirent, et en établirent les bat-
tants, les serrures et verrous, et
près d'eux bátirent Marimuth, fils
d'Urie, et les fils de Accus.
4. Pres de lui bâtit Mosollam,
fils de Barachias, fils de Mésézé-
hel; et pres d'eux bâtit Sadoc, fils
de Baana.
5. Et pres d'eux bátirent les Thé-
cuens; mais les grands d'entre
eux ne soumirent pas leurs cœurs
dans l'ouvrage de leur Seigneur.
6. Mais la porte ancienne, ce
sont Joiada, fils de Phaséa, et Mo-
sollam, fils de Bésodia, qui Ja bà-
tirent; eux-méines la couvrirent,
et en établirent les portes, les
serrures et les verrous.
7. Et près d'eux bátirent Mel-
tias le Gabaonite, et Jadon le Mé-
ronathite, hommes de Gabaon et
It D'ESDRAS.
(cu. ur]
de Maspha, pour le chef qui était
dans la contréé au delà du fleuve.
8. Et pres de lui bâtit Eziel, fils
d'Araia, orfévre ; et près de lui
bâtit Ananias, fils du parfumeur;
et ils laisserent Jérusalem jus-
qu'au mur de la rue large.
9. Et pres de lui bâtit Raphaïa,
fils de Hur, prince d'un bourg de
Jérusalem.
10. Et près de lui bâtit Jédaïa,
fils d'Haromaph, contre sa mai-
son; et pres de lui bâtit Hattus,
fils d'Hasébonia.
11. Melchias, fils de Hérem; et
Hasub; fils de Phahath-Moab, bà-
lirent la moitié de la rue et la
tour des fours.
12. Et pres de lui bâtit Sellum,
fils d'Alohés, prince de la moitié
d'un bourg de Jérusalem, lui et
ses filles.
13. Pour la porte de la vallée,
Hanum la bátitavee les habitants
de Zanoé : eux-mémes la bátirent
et en établirent les battants, les
serrures, les verrous, et mille
coudées dans le mur jeu la
porte du fumier.
14. Mais la porte du füiniditi
Melchias, fils de Réchab, prince
vendre dans la ville. — La tour de cent coudées,
en hébreu la tour Hamméah, dont
le nom signifie cent. Elle devait étre située entre la porte du troupeau et l'angle
nord-ouest de la ville. — La tour Hananéel était placée entre l'angle nord-est et
l'angle nord-ouest du mur de Jérusalem.
2. * Les hommes de Jéricho... Ce verset et les suivants énumèrent les noms ou
le lieu d'origine de ceux qui contribuërent à la rééditfication des murailles de la
ville, en commencant par les habitants de Jéricho.
3. ' La porle des Poissons tirait vraisemblablement son nom du voisinage du
marché aux poissons, oü les Tyriens vendaient du poisson de mer, comme il est dit
plus loin, xiu, 16. Cette porte est aussi mentionnée xi, 39; II Paral., xxxum, 14 et
Sophonie, 1, 10. Sa position n'est pas connue avec certitude, mais on peut supposer
qu 'elle était au nord de la ville.
5. Ne soumirent pas, etc.; c'est-à-dire ne voulurent pas se soumettre, s'abaisser
jusqu'à travailler, etc.
6. * La porte ancienne, à l'angle nord-est.
1. Pour le chef; hébr. pour le tróne, ou le siége, le tribunal du gouverneur.
8. Et ils laissérent, etc.; ils ne bâtirent pas la partie de Jérusalem qui s'étendait
jusqu'au mur. ete., parce qu'elle n'avait pas été détruite, ,
(ca. ur]
du boi rg de Bethacharam, la bà-
tit;lui-méme la bátit, et en établit
les baitants, les serrures et les
VeITOLS.
15. Et la porte de la fontaine,
Sellum, fils de Cholhoza, prince
du village de Maspha, la bâtit ;
lui-même la bâtit, la couvrit et en
établit les battants, les serrures et
les verrous, ainsi que les murs de
la piscine de Siloé, jusqu'au jar-
din du roi, et jusqu'aux degrés qui
descendent de la cité de David.
16. Apres lui bâtit Néhémias,
fils d'Azboc, prince de la moitié
du bourg de Bethsur, jusgu'en
face du sépulcre de David, jus-
qu'à la piscine qui a été construite
avec un grand travail, et jusqu'à
la maison des forts.
11. Après lui bâtirent les Lé-
vites, Réhem, fils de Benni;
apres lui bàtit Hasébias, prince de
la moitié du bourg 6₪6 dans
son bourg.
18. Après lui bâtirent leurs
freres, Bavai, fils d'Enadad, prince
de la moitié de Céila.
19. Et prés de lui Azer, fils de
Josué, prince de Maspha, bâtit la
seconde mesure contre la montée
de l'angle le plus fort.
20. Aprés lui, Baruch, fils de
Zachai, bâtit la seconde mesure
sur la montagne, depuis l'angle
jusquà la porte de la maison
d'Eliasib, le grand prétre.
II D'ESDRAS.
909
21. Apres lui Mérimuth, fils
d'Urie, fils de Haccus, 281) la se-
conde mesure depuis la porte
de la maison d'Eliasib, aussi loin
que s'étendait la maison d'É-
liasib.
22. Et apres lui bátirent les
prétres, hommes des plaines du
Jourdain.
23. Après lui bâtit Benjamin,
et Hasub contre sa maison; et
près de lui bâtit Azarias, fils de
Maasias, fils d'Ananias, contre sa
maison.
24. Après lui, Bennui, fils de
Hénadad, bâtit la seconde me-
sure, depuis la maison d'Azarias
jusquau tournant et jusqu'à
l'angle;
95. Phalel, fils d'Ozi, contre le
tournant et la tour qui, élevée,
avance hors dela maison du roi,
c'est-à-dire dans le parvis de la
prison; aprés lui, Phadaia, fils de
Pharos.
26. Mais les Nathinéens habi-
taient à Ophel, jusqu'en face de
la porte des eaux, vers l'orient,
et de la tour qui avancait au
dehors.
27. Après lui, les Thécuens bà-
tirent un second espace vis-à-vis,
depuis la tour grande et haute.
jusqu'au mur du temple.
28. Mais en haut, depuis la
porte des chevaux, les prétres bà-
tirent, chacun contre sa maison ;
15. * Les murs de la piscine de Siloé. Sur la piscine de Siloé, voir la note de
Jean, 1x, 11.
16. * Bethsur. Voir IT Paralipoménes, xi, 1. — La piscine qui a élé construite avec
un grand travail et Jusqu'à la maison des forts. La Vulgate a traduit iciles noms
propres, celui de la piscine qui s'appelait Asouiah, et celui de Beth-Gibborim,
22. Hommes; hébraisme, pour habitants.
26. * Ophel. Voir 11 Paralipoménes, xxvii, 3. — La porte des eaux, à l'est de Jéru-
salem.
28. * Depuis la porte des chevaux, à l'est du côté du Temple,
910
29. Après eux, Sadoc, fils d'Em-
mer, bâtit contre sa maison. Et
apres lui bátit Sémaia, fils de Sé-
chénia, garde de la porte orien-
tale.
30. Apres lui, Hanania, fils de
Sélémia, et Hanun, sixieme fils
de Séleph, bâtirent un second
espace; après lui, Mosollam , fils
de Barachias, bâtit contre sa tré-
sorerie. Apres lui bâtit Melchias,
fils de l'orfévre, jusqu'à la mai-
son des Nathinéens et de ceux
qui vendaient des hardes, contre
la porte des juges, et jusqu'à la
chambre de l'angle.
31. Et entre la chambre de
l'angle, à la porte du troupeau,
bâtirent les orfévres et les mar-
chands.
CHAPITRE IV.
Les ennemis des Juifs veulent les empé-
cher de rebâtir les murs de Jérusalem.
Ordre que Néhémias donna pour se
garantir de leur violence.
1. Or il arriva que lorsque Sa-
naballat eut appris que nous bà-
tissions le mur, il fut tres irrité,
et, extrémement ému, il raillales
Juifs,
9. Et dit devant ses freres et
une grande foule de Samaritains :
Que font ces Juifs imbéciles?
Est-ce que les nations les laisse-
ront faire? Est-ce qu'ils sacri-
fieront et achèveront en un seul
jour? Est-ce qu'ils pourront bátir
en tirant d'entre des monceaux
D'ESDRAS. זו
(cu. 1v.]
de poussière les pierres qui ont
été brülées?
3. Mais méme Tobie, l'Amma-
nite, qui était près de lui, dit :
Qu'ils bátissent; et si un renard
monte, il franchira leur mur de
pierre.
4. Ecoutez, ὃ notre Dieu, parce
que nous sommes devenus un
objet de mépris, détournez l'op-
probre sur leur téte, et livrez-les
au mépris dans une terre de cap-
tivité.
9. Ne couvrez point leur ini-
quité, et que leur crime ne soit
point effacé de devant votre face;
car ils ont raillé ceux qui bâtis-
saient.
6. C'est pourquoi nous bátimes
le mur; et nous unimes le tout
jusqu'à la moitié, et le cœur du
peuple fut excité à travailler.
7. Or il arriva que lorsque Sa-
naballat, Tobie, les Arabes, les
Ammanites, et ceux d'Azot, eu-
rent appris que les crevasses du
mur de Jérusalem étaient bou-
chées, et que les brèches com-
mencaient à étre fermées, ils fu-
rent extrémement irrités ;
8. Et ils s'assemblerent tous à
la fois pour venir et combattre
contre Jérusalem, et nous dresser
des embüches.
9. Et nous priâmes notre Dieu,
et nous mimes des gardes sur le
mur, jour et nuit, contre eux.
10. Or Juda dit : Elle est af-
faiblie, la force de celui qui
30. Sa trésorerie; c'est-à-dire le logement qu'il occupait comme trésorier. — * La
porte des Juges. Les Septante ont traduit la porte Maphekad. Ce n'était pas une porte
de la ville, mais du temple. — La chambre de l'angle était la salle haute d'une tour
située probablement à l'angle sud-est, à l'endroit où se terminait le mur d'Ophel.
31. * À la porte du troupeau. C'est là qu'on avait commencé à bâtir, comme le dit
le premier verset du chapitre. Le mur était donc ainsi complet autour de la ville.
10. De celui qui porte; de ceux qui portent la terre et les pierres.
(cn. 1v.)
porte; il y a trop de terre et
nous ne pourrons pas bâtir le
mur.
11. Et nos ennemis ont dit :
Qu'ils ne sachent pas, mais qu'ils
ignorentle moment oü nous vien-
drons au milieu d'eux, où nous
les tuerons, et oü nous ferons
cesser l'ouvrage.
19. Mais il arriva que les Juifs
qui habitaient pres d'eux étant
venus vers nous et nous l'ayant
dit par dix fois, de tous les lieux
d'oü ils étaient venus vers nous,
13. Je plaçai dans l'endroit,
derriere le mur, tout autour, le
peuple en ordre, avec leurs glai-
ves, leurs lances et leurs arcs.
14. Alors je regardai attentive-
ment, puis je me levai, et je dis
aux grands, aux magistrats et au
reste du peuple: Ne craignez point
devant eux. Souvenez-vous du
Seigneur, le grand et le terrible,
et combattez pour vos frères, vos
fils, vos filles, vos femmes et vos
maisons.
15. Or il arriva que, lorsque
nos ennemis apprirent que nous
avions été avertis, Dieu dissipa
leur 608611 ; et nous retournàmes
tous aux murs, chacun à son ou-
vrage.
16. Et il arriva que, depuis ce
jour-là, la moitié des jeunes hom-
mes faisait l'ouvrage, et l'autre
moitié était préte au combat; et
les lances et les boucliers, et les
arcs etles cuirasses, etles princes,
II D'ESDRAS.
911
étaient derriere eux, dans toute
la maison de Juda;
11. La moitié de ceux qui bà-
tissaient au mur, qui portaientles
fardeaux, et qui les chargeaient,
faisait d'une main l'ouvrage, et
de l'autre tenait le glaive;
18. Car chacun de ceux qui bâ-
tissaient était ceint de son épée
aux reins. lls bátissaient donc, et
ils sonnaient de la trompette au-
pres de moi,
| 19. Et je dis aux grands, aux
magistrats et au reste du peuple:
L'ouvrage estgrand et delongue
étendue, et nous sommes sé-
parés sur le mur, loin l'un de
l'autre ;
20. En quelque lieu que vous
entendiez le son de la trompette,
accourez-y vers nous, notre Dieu
combattra pour nous.
21. Et nous-mémes faisons
l'ouvrage; et que la moitié de
nous tienne la lance, depuis l'as-
cension de l'aurore jusqu'à ce
que sortent les astres.
22. En ce temps-là aussi je dis
au peuple : Que chacun, avec son
serviteur, reste au milieu de Jé-
rusalem; et remplacons - nous
pendant la nuit et le jour pour
travailler.
23. Or, moi, mes freres et mes
serviteurs, et les gardes qui
étaient derriere moi, nous ne
quittions point nos vétements, et
chacun se dépouillait seulement
pour se laver.
11. De ceux qui bátissaient, etc. On ne peut expliquer ces participes mis au génitif
dans la Vulgate qu'en les considérant comme suppléments du mot /a moitié, qui se
trouve dans le verset précédent, et qui est en méme temps sujet des singuliers
faisait, lenait, car, sans cette supposition, ces singuliers deviennent eux-mêmes
inexplicables. '
23. Pour se laver, par un motif de propreté, ou de soumission à la loi, qui imposait
des purilications en certaines circonstances,
912
CHAPITRE V.
Murmures des pauvres contre les riches.
Exhortations de Néhémias aux riches.
Son désintéressement.
1. Alors il se fit une grande
clameur du peuple et de ses
femmes contre leurs freres, les
Juifs.
2. Et il y en avait qui disaient:
Nos fils et nos filles sont en trop
grand nombre; recevons du blé
pour le prix que nous en retire-
rons, mangeons et vivons.
3. Et il y en avait qui disaient :
Engageons nos champs, nos
vignes et nos maisons, et rece-
vons du blé contre la famine.
4. D'autres disaient encore :
Empruntons de l'argent pour les
tributs du roi, et engageons nos
champs et nos vignes.
9. Et pourtant, comme est la
chair de nos freres, ainsi est
notre chair, et comme sont leurs
fils, de méme aussi nos fils.
Voilà que nous, nous réduisons
nos fils et nos filles en servitude;
il y ἃ de nos filles esclaves, et
nous n'avons pas de quoi nous
puissions les racheter; et quant
à nos champs et à nos vignes,
des étrangers les possèdent.
6. Et je fus extrémement irrité
quand j'ouis leur clameur selon
ces paroles :
7. Et mon cœur réfléchit en
moi; je fis des reproches aux
grands et aux magistrats, el je
leur dis : Exigez-vous l’usure de
il D'ESDRAS.
[cu. v.]
vos freres? Et je réunis contre
eux une grande assemblée,
8. Et je leur dis: Nous avons
racheté, comme vous le savez,
les Juifs nos freres, qui avaient
été vendus aux Gentils, selon que
nous lavons pu; et vous, vous
vendrez donc vos freres, et nous
les racheterons? Et ils se turent,
et ils ne trouvèrent rien à ré-
pondre.
9. Et je leur dis : Ce n'est pas
bien ce que vous faites; pour-
quoi ne marchez-vous pas dans
la crainte de notre Dieu, afin
quil ne nous soit point fait de
reproches par les nations qui
nous sont ennemies?
10. Pour moi, et mes freres et
mes serviteurs, nous avons prété
au grand nombre de l'argent et
du blé : soyons unanimes à ne
point le redemander, et concé-
dons l'argent étranger qui nous
est di...
11. Rendez -leur aujourd'hui
leurs champs et leurs vignes,
leurs plants d'oliviers et leurs
maisons : bien plus, mêmx le
centieme de l'argent, du blé, du
vin et de l'huile que vous avez
coutume d'exiger d'eux, donnez-
le pour eux.
19. Et ils répondirent : Nous
les rendrons, et nous ne leur
demanderons rien, et nous fe-
rons ainsi que vous dites. Alors
jappelai les prétres, et les adju-
rai de faire selon ce que j'avais
dit.
|. Contre leurs frères, les Juifs, qui, étant riches, ne leur donnaient aucun secours.
4. Engageons; c'est ce verbe, exprimé au verset précédent qui gouverne les accu-
satifs domus, etc., de la Vulgate.
11. Donnez-le pour eux. En dédommagement des usures que vous exigez d'eux,
payez pour eux le centième de l'argent, etc., qu'ils doivent payer au roi, comme
tribut.
708. VI.]
13. De pius, je secouai mon
vêtement, et je dis : Que Dieu
secoue ainsi, hors de sa maison
et de ses travaux, tout homme
qui n'aura point accompli cette
parole; qu'il soit ainsi secoué et
dénué de tout. Et toute la multi-
tude dit : Amen. Et ils louèrent
Dieu. Le peuple fit donc comme
il avait élé dit.
14. Or depuis le jour oü le roi
m'avait ordonné d'étre chef dans
la terre de Juda, depuis l'an
vingt jusqu'à l'an trente-deux du
roi Artaxerxes, pendant douze
ans, moi et mes freres nous n a-
vons pas mangé les vivres qui
étaient dus aux chefs.
15. Mais les premiers chefs qui
avaient été avec moi surchar-
gerent le peuple, et recurent de
lui, en pain, en vin et en argent,
quarante sicles chaque jour; et
méme leurs serviteurs oppri-
maient le peuple. Mais moi, je
n'ai point fait ainsi, à cause de la
crainte de Dieu;
16. Bien plus, j'ai travaillé à
laréparation du mur, je n'ai pas
acheté de champ, et tous mes
serviteurs étaient assemblés pour
le travail.
17. Les Juifs aussi et les magis-
trats, cent cinquante hommes,
et ceux qui venaient à nous des
nauons qui sont autour de nous,
élaient à ma table.
18. Or on m'apprétait tous les
jours un bœuf, six béliers choi-
sis, sans compter les volailles;
II D'ESDRAS. 913
et tous les dix jours je donnais
des vins divers, et beaucoup
d'autres choses : de plus, je n'ai
pas méme demandé les vivres
dus à ma charge de chef; car le
peuple était fort appauvri.
19. Mon Dieu, souvenez-vous
de moi en bien, selon tout ce que
jài fait à ce peuple.
CHAPITRE VI.
Les ennemis des Juifs s'efforcent inutile-
ment de surprendre et d'intimider Né-
hémias. Il achéve les murs de Jérusa-
lem.
1. Or il arriva que lorsque Sa-
naballat, Tobie, Gossem l'Arabe,
et tous nos autres ennemis, eu-
rent appris que j'avais bâti le
mur, et qu'il n'y restait plus de
brèche (jusqu'à ce temps-là, ce-
pendant, je n'avais pas mis les
battants aux portes),
2. Sanaballat et Gossem en-
voyèrent vers moi, disant: Viens,
et faisons alliance ensemble dans
les petits bourgs, dans la cam-
pagne d'Ono. Mais ils songeaient
à me faire du mal.
3. Je leur envoyai donc des
messagers, disant : Je fais un
grand travail; ainsi je ne puis
descendre, de peur quil ne soit
négligé lorsque j'irai et descen-
drai vers vous.
4. ΟΥ 115 renvoyerent vers moi,
d'après cette parole, par quatre
fois, et je leur répondis selon 8
premiere parole.
9. Alors Sanaballat m'envoya,
13. Mon vétement. Le terme hébreu aussi bien que le mot latin de la Vulgate signi-
fie proprement sein, poitrine, et par extension la partie du vétement qui les couvre.
14. * Depuis lan vingt jusqu'à l’un trente-deur du roi Artaxerxes, de 450 à 438
avant J.-C.
2.* Dans la campagne d'Ono, dans la tribu de Benjamin, au nord de Jérusalem.
A. T.
8
914
pour la cinquieme fois, son ser-
viteur, qui avait en sa main une
lettre écrite en ces termes :
6. PARMI LES NATIONS, On à appris,
et Gossem a dit, que toi et les
Juifs vous songez à vous révolter,
que pour celà tu bátis le mur,
que tu veux t'élever jusqu'à étre
roi sur eux, et que pour ce mo-
tif,
7. Tu as même aposté des pro-
phètes pour t'annoncer dans Jéru-
salem, disant : Il y a un roi en
Judée. Le roi va apprendre ces
choses; e'estpourquoi viens main-
tenant, afin que nous tenions con-
seil ensemble.
8. Et j'envoyai vers eux disant:
I n'a pas été fait selon ces pa-
roles que tu dis; mais c'est dans
ton cœur que tu inventes toi-
méme ces choses.
9. Car tous ces gens nous épou-
vantaient, pensant que nos mains
cesseraient le travail et que nous
nous reposerions. Pour ce motif,
je fortifiai davantage mes mains.
10. J'entrai ensuite secrétement
dans la maison de Sémaia, fils de
Dalaia, fils de Métabéel, et il me
dit : Consultons entre nous dans
la maison de Dieu, au milieu du
temple, et fermons les portes de
la maison, parce qu'ils doivent ve-
nir pour te tuer, et c'est dans la
II D'ESDRAS.
(cu. vi.]
nuit qu'ils doivent venir pour te
détruire.
11. Et je répondis : Est-ce que
quelqu'un semblable à moi fuit?
Et quel homme comme moi en-
trera dans le temple et vivra? Je
n'y entrerai pas.
12. Et je compris que Dieu ne
l'avait pas envoyé, mais qu'il m'a-
vait parlé en feignant d'étre pro-
phète, et que Tobie et Sanaballat
l'avaient gagné;
13. Car il avait reçu un salaire,
afin que j'agisse et, épouvanté,
je péchasse, et qu'ils eussent un
mal à me reprocher.
14. Souvenez-vous de moi, Sei-
gneur, en considérant ces œuvres
de Tobie et de Sanaballat; mais
souvenez-vous aussi de Noadie,
le prophète, et de tous les autres
prophétes qui m'épouvantaient.
15. Or le mur fut achevé le
vingt-cinquième jour du mois
d'Elul, en cinquante-deux jours.
16. Il arriva donc, lorsque tous
nos ennemis l'eurent appris, que
toutes les nations qui étaient au-
tour de nous craignirent et furent
consternées en elles-mémes, et
qu'elles reconnurent que c'était
par Dieu qu'avait été fait cet ou-
vrage.
17. Mais, de plus, en ces jours-
là, beaucoup de lettres des prin-
9. Je forlifiai, etc., c'est-à-dire, je me suis appliqué au travail avec encore plus de
courage et plus d'ardeur. ,
10. Sémaia, était de la race sacerdotale (I Paral., xxiv, 18); mais un faux prophète,
vendu à Sanaballat et aux Samaritains (vers. 12).
11. Semblable à moi; un chef du peuple comme moi. — Et quel homme, étant
laïque, comme moi, pourrait entrer dans le temple, sans être puni de mort pour sa
témérité? Ceux qui prétendent que Néhémias était prétre entendent ainsi ce passage:
Quel homme dans ma position chercherait à se réfugier dans le temple pour sauver
sa vie?
14. En considérant, etc.; littér. : Eu égard à Tobie et à Sanabullat, selon leurs
œuvres lelles.
15. Elu! commençait à la nouvelle lune d'août.
CH. vir.]
cipaux des Juifs étaient envoyées
àTobie,et Tobie leur en adressait,
18. Car il y en avait beaucoup
en Judée qui lui avaient prété ser-
ment, parce qu'il était gendre de
Séchénias, fils d'Aréa, et que Jo-
hanan, son fils, avait épousé la
fille de Mosollam, fils de Bara-
chias,
19. Et ils le louaient méme de-
vant moi, et lui rapportaient mes
paroles; et Tobie envoyait des
lettres pour m'épouvanter.
CHAPITRE VII.
Néhémias établit des gardes dans Jéru-
salem. Recensement des Juifs qui
étaient venus avec Zorobabel. Offrande
faite au temple.
1. Or, après que 16 mur fut cons-
truit , et que j'eus posé les bat-
tants, et que jeus recensé les
portiers, les chantres et les Lé-
vites,
9. J'ordonnai à Hanani, mon
frère, et à Hananias, prince de la
maison de Jérusalem (car lui me
paraissait comme un homme vrai,
et craignant Dieu plus que les
autres),
3. Et je leur dis : Que les portes
de Jérusalem ne soient point ou-
vertes jusqu'à la chaleur du soleil.
Et, comme ils étaient encore pré-
sents, les portes furent fermées
et barrées, et je mis pour gardes
les habitants de Jérusalem, cha-
cun à son tour, et chacun contre
sa maison.
4. Or la cité était trés large et
très grande, etle peuplepeunom-
II D'ESDRAS. 915
breux au milieu d'elle, et il n'y
avait point de maisons báties.
9. Et Dieu mit en mon cœur
d'assembler les grands, les magis-
trats et le peuple, pour les recen-
ser; et je trouvaile livre du re-
censement de ceux qui étaient
montés la premiere fois, et il fut
trouvé écrit en ce livre :
6. Ceux-ci sont les fils de la
province qui monterent de la cap-
üvité des émigrants, quavait
transportés Nabuchodonosor, roi
de Babylone, et qui retournèrent
à Jérusalem et dans la Judée,
chacun dans sa ville.
7. Geux qui vinrent avec Zoro-
babel, sont Josué, Néhémias, Aza-
rias, Raamias, Nahamani, Mardo-
chée, Belsam, Mespharath, Bé-
goai, Nahum, Baana. Nombre des
hommes du peuple d'Israél :
8. Les fils de Pharos, deux mille
cent soixante-douze ;
9. Les fils de Saphatia, trois
cent soixante-douze ;
10. Les fils d'Aréa, six cent cin-
quante-deux ;
11. Les fils de Phahath-Moab,
fils de Josué, et ceux deJoab,deux
mille huit cent dix-huit ;
19. Les fils d'Elam, mille deux
cent cinquante-quatre ;
13. Les fils de Zéthua, huit cent
quarante-cinq ;
14. Les fils de Zachai, sept cent
soixante ;
15. Les fils de Bannui, six cent
quarante-huit ;
16. Les fils de Bébai, six cent
vingt-huit ;
Cuar. VII. 1. Eccli., xxix, 15. --:6. I Esdr., n1, 4,
5. D'assembler; littér. et par hébraisme, e£ j'assemblai.
6. Les fils de lu province, ete. Voy. I Esdr., n, 1.
8. Voy. pour ce verset et les suivants, 1 Esdr., 11, 3.
910 Ii. D'ESDRAS.
47. Les fils d'Azgad, deux mille
lrois cent vingt-deux ;
18. Les fils d'Adonicam, six cent
soixante-sept;
19. Les fils de Béguai, deux
mille soixante-sept ;
20. Les fils d'Adin, six cent cin-
quante-cinq ;
21. Les fils d'Ater, fils d'Hézé-
cias, quatre-vingt dix-huit ;
22. Les fils de Hasem, trois cent
vingt-huit ;
23. Les fils de Bésai, trois cent
vingt-quatre ;
24. Les fils de Hareph, cent
douze ;
25. Les fils de Gabaon, quatre-
vingt-quinze ;
90. Les fils de Bethléhem et
de Nétupha, cent quatre-vingt-
huit;
97. Les hommes d'Anathoth,
cent vingt-huit ;
98. Leshommes de Bethazmoth,
quarante-deux ;
29. Les hommes de Cariathia-
rim, de Céphira et de Béroth, sept
cent quarante-trois ;
30. Les hommes de Rama et de
Géba, six cent vingt et un ;
31. Les hommes de Machmas,
cent vingt-deux ;
32. Les hommes de Béthel et de
Hai, cent vingt-trois ;
39. Les hommes d'un autre
iNébo, cinquante-deux ;
34. Les hommes d'une autre
Elam, mille deux cent cinquante-
quatre ; :
95. Les fils de Harem, trois cent
vingt;
36. Les fils de Jéricho, trois cent
auarante-cinq ;
(cH. vir.]
31. Les fils de Lot, de Hadid et
d'Ono, sept cent vingt et un ;
38. Les fils de Sénaa, trois milie
neuf cent trente.
39. Les prêtres :les fils d'Idaia,
en la maison de Josué, neuf cent
soixante-treize ;
40. Les fils d'Emmer, mille cin-
quante-deux ;
41. Les fils de Phashur, mille
deux cent quarante-sept;
42. Les fils d'Arem, mille dix-
sept. Les Lévites :
48. Les fils de Josué et de Ced-
mihel, fils
44. D'Oduia, soixante-quatorze.
Les chantres :
49. Les fils d'Asaph, cent qua-
rante-huit.
46. Les portiers : les fils de
Sellum, les fils d'Ater, les fils de
Telmon, les fils d'Accub, les fils
de Hatita, les fils de Sobai, cent
trente-huit.
A1. Les Nathinéens : les fils de
Soba, les fils de Hasupha, les fils
de Tebbaoth,
48. Les fils de Céros, les fils de
Siaa, les fils de Phadon, les fils
de Lébana, les fils de Hagaba, les
fils de Selmai,
49. Les fils de Hanan, les fils
de Geddel, les fils de Gaher,
50. Les fils de Raaia, les fils de
Rasin, les fils de Nécoda,
51. Les fils de Gézem, les fils
d'Asa, les fils de Phaséa,
52. Les fils de 20881, les fils de
Munim, les fils de Néphussim,
53. Les fils de Bacbuc, les fils
de Hacupha, les fils de Harhur;
54. Les fils de Besloth, les fils
de Mabida, les fils de Harsa,
33. D'un aulre Nébo; c'est-à-dire différente de l'autre ville de Nébo, mentionnée
dans les Noinbres, xxxu, 3; 19206, xv, 2, etc.
(cg. vu]
55. Lesfils de Bercos, les fils de
Sisara, les fils de Théma,
56. Les fils de Nasia, les fils de
Hatipha,
51. Les fils des serviteurs de Sa-
lomon, les fils de Sothai, les fils
de Sophéreth, les fils de Pharida,
58. Les fils de Jahala, les fils de
Darcon, les fils de Jeddel,
59. Les fils de Saphatia, les fils
de Hatil, les fils de Phochéreth,
qui était né de Sabaim, fils
d'Amon.
60. Tous les Nathinéens et les
fils des serviteurs de Salomon
étaient trois cent quatre-vingt-
douze.
61. Mais ceux qui montèrent de
de Thelmela, Thelharsa, Chérub,
Addon et Emmer, et qui ne
purent faire connaitre la maison
de leurs pères et leur race, s'ils
étaient d'Israël, sont :
62. Les fils de Dalaia, les fils
de Tobie, les fils de Necoda, six
cent quarante-deux.
63. Et d'entre les prétres, les
fils de Habia, les fils d'Accos, les
fils de Berzellai, qui prit une
femme d'entre les filles de Ber-
zellaï, 16 Galadite ; et il fut appelé
de leur nom.
64. Ceux-ci chercherent leur
écrit au recensement et ne le
trouvèrent pas, et ils furent re-
jetés du sacerdoce.
65. Et Athersatha leur dit qu'ils
ne mangeraient point de choses
très saintes, jusqu'à ce qu'il s'éle-
verait un prêtre instruitet éclairé.
II D'ESDRAS. 917
66. Toute la multitude était
comme un seul homme, au nom-
bre de quarante-deux mille trois
cent soixante,
67. Sans leurs serviteurs et
leurs servantes, qui étaient sept
mille trois cent trente-sept; et
parmi eux les chantres et les
chanteuses, deux cent quarante-
cinq;
68. Leurs chevaux, sept cent
trente-six ; leurs mulets, deux
cent quarante-cinq ;
69. Leurs chameaux, quatre
cent trente-cinq; leurs ânes, six
mille sept cent vingt.
Jusqu'ici on a rapporté ce qui était
écrit dans le mémoire du déenombrement ;
dans ce qui suit, c'est l'histoire de Néhé-
mias que l'on fait.
10. 0r quelques-uns des princes
des familles contribuèrent à l'ou-
vrage. Athersatha donna au
trésor mille drachmes d'or, cin-
quante fioles, et cinq cent trente
tuniques sacerdotales,
11. Et des princes des familles
donnèrent au trésor de l’œuvre
vingt mille drachmes d'or et deux
mille deux cents mines d'argent.
12. Et ce que le reste du peuple
donna fut vingt mille drachmes
d'or, deux mille mines d'argent,
et soixante-sept tuniques sacer-
dotales.
13. Et les prêtres, les Lévites,
les portiers, les chantres, le reste
du peuple, les Nathinéens et tout
Israël, habiterent dans leurs
villes.
61. Thelharsa, etc. Voy. I Esdr., n, 59.
64. * Leur écrit, leur inscription.
65. Sur Athersatha, et de choses très saintes. Voy. 1 Esdr., τι, 63.
69. Cette parenthèse ne se trouve ni dans l'hébreu, ni dans aucune autre des an-
ciennes versions. Il y a de bons manuscrits latins qui ne 1» »ortent pas, d'autres
la lisent à la marge. — Jusqu'ici, c'est-à-dire depuis le vers. 6, jusqu'au vers. 69.
918
CHAPITRE VIII.
Esdras lit la loi devant le peuple. Célé-
bration de la féte des tabernacles.
1. Et le septieme mois était ve-
nu, et les enfants d'Israél étaient
dans leurs villes. Or tout le peu-
ple s'assembla comme un seul
homme dans la place qui est de-
vant la porte des eaux; et ils di-
rent à Esdras,le scribe, d'apporter
le livre de la loi de Moise que le
Seigneur avail prescrite à Israél.
2. Esdras, le prêtre, apporta
donc la loi au premier jour du
septième mois devant la multi-
tude des hommes et des femmes,
et devant tous ceux qui pouvaient
la comprendre.
3. Et il lut dans 16 livre claire-
ment, sur la place qui était de-
vant la porte des eaux, depuis le
matin jusqu'au milieu du jour.
en la présence des hommes, des
femmes et des sages; et les
oreilles de tout le peuple étaient
attentives à la lecture du livre.
4. Et Esdras, le scribe, se tint
debout sur une estrade en bois
qu'il avait faite pour parler; et
se tinrent aussi debout près de
lui Mathathias, Séméia, Ania,
Uria,Helcia et Maasia, à sa droite ;
et, à sa gauche, Phadaia, Misaël,
Melchia, Hasum, Hasbadana, Za-
charie et Mosollam.
5. Et Esdras ouvrit le livre de-
vant tout le peuple; car il était
élevé au-dessus de tout le peuple;
et, lorsqu'il l'eut ouvert, tout le
peuple se tint debout.
1] D'ESBRAS.
[cu. vus.)
6. Et Esdras bénitle Seigneur
le Dieu grand; et tout le peuple
répondit, Amen, amen, élevant
ses mains; et ils s'inclinerent et
adorerent Dieu, inclinés vers la
terre.
7. Cependant Josué, Bani, Sé-
rébia, Jamin, Accub, Septhai,
Odia, Maasia, Célita, Azarias, Jo-
zabed,Hanan, Phalaia, les Lévites,
faisaient faire silence au peuple
pour entendre la loi; et le peu-
ple se tenait debout à sa place.
Et ils lurent dans le livre de .ה
la loi de Dieu distinctement et
clairement pour que lon com-
prit; et l'on comprit lorsqu'ils
lisaient.
9. Or Néhémias (c'est Athersa-
tha) dit, ainsi qu'Esdras, prétre
et scribe, et les Lévites qui inter-
prétaient la loi à tout le peuple :
Le jour est sanctifié au Seigneur
notre Dieu; ne vous lamentez
pas, et ne pleurez pas; car tout
le peuple pleurait, pendant qu'il
entendait les paroles de la loi.
10. Et il leur dit : Allez, man-
gez des viandes grasses, et bu-
vez du vin mélé de miel, et en-
voyez des parts à ceux qui ne
s'en sont point préparé, parce que
cest le saint jour du Seigneur;
et ne vous altristez point; car la
joie du Seigneur est notre force.
11. Or, les Lévites faisaient
faire silence parmi tout le peuple,
disant : Soyez en silence, parce
que le jour est saint, et ne vous
affligez point.
12. C'est pourquoi tout le peu-
ple s'en alla pour manger et
1. Le sepliéme mois commençait à la nouvelle lune de septembre. — * La porte des
eaux, à lest de Jérusalem.
9. Athersatha. Voy. Y Esdr., τι, 63.
[cH. 1x.]
pour boire, pour envoyer des
parts et pour faire grande ré-
jouissance, parce qu'ils avaient
compris les paroles qu'il leur
avait enseignées.
13. Et, au second jour, les prin-
ces desfamilles de tout le peuple,
les prétres et les Lévites, s'as-
semblèrent auprès d'Esdras, le
scribe, afin qu'il leur interprétât
les paroles de la loi.
14. 115 trouverent écrit dans la
loi, queleSeigneuravait ordonné,
par l'entremise de Moise, que les
enfants d'Israél habitassent dans
les tabernacles au jour solennel,
au septième mois,
15. Et qu'ils proclamassent et
publiassent une annonce dans
toutes leurs villes et dans Jéru-
salem, disant Sortez sur la
montagne, et apportez des feuil-
les d'olivier, des feuilles du bois
le plus beau, des feuilles de
myrte, des rameaux de palmiers,
et des feuilles des bois touffus,
afin de faire des tabernacles,
comme il est écrit.
16. Ainsi, le peuple sortit, et
ils en apporterent. Et ils se firent
des tabernacles, chacun sur la
lerrasse de sa maison, dans son
vestibule, et dans les parvis de
la maison de Dieu, sur la place
de la porte des eaux et sur la
place de la porte d'Ephraim.
11. Toute l'assemblée de ceux
qui étaient revenus de la capti-
vité fitdonc des tabernacles, et ils
habitèrent dans ces tabernacles :
II D'ESDRAS.
919
or, les enfants d'Israél n'avaient
pas fait cette féte pareillement
depuis les jours de Josué, fils de
Nun, jusqu'à ce jour. Ainsi, il y
eut une allégresse tres grande.
18. Or Esdras lut dans le livre
de la loi de Dieu chaque jour, de-
puis le premier jour jusqu'au
dernier jour, et ils firent une so-
lennité durant sept jours, et une
réunion au huitième jour, sui-
vant le rite.
CHAPITRE IX.
Pénitence du peuple. Priére que les Lé-
vites font à Dieu. Renouvellement de
l'alliance.
1. Or, au vingt-quatrieme jour
de ce mois, les enfants d'Israél
s'assemblerent dans le jeûne,
dans des sacs, et ayant de la terre
sur eux.
2. Et la race des enfants d'Is-
raél fut séparée de tout fils
étranger ; et ils se tinrent debout,
et ils confessaient leurs péchés
et les iniquités de leurs peres.
3. Ainsi ils se leverent pour
se tenir debout, ils lurent dans
le volume de la loi du Seigneur
leur Dieu quatre fois dans le jour,
et quatre fois ils confessaient
leurs péchés et adoraient le Sei-
gneur leur Dieu.
4. Or sur l'estrade des Lévites
se leverent Josué, Bani, Ced-
mihel, Sabania, Bonni, Sarébias,
Bani et Chanani, et ils crierent
avec une voix forte vers le Sei-
gneur leur Dieu.
—————————————————————
1. Dans le jeüne, etc., c'est-à-dire jeünant, revétus de cilices, et ayant de la pous-
eiére sur la tête.
2. De tout fils étranger; hébraisme, pour de tout étranger.
3. Ils confessaient. C'est le vrai sens de la Vulgate aussi bien que de l'hébreu.
Seulement l'expression leurs péchés est sous-entendue ici, tandis qu'elle est exprimée
dans le verset précédent.
920 וז D'ESDRAS.
5. Et les Lévites Josué, Ced-
mihel, Bonni, Hasebnia, Sérébia,
Odaia, Sebnia, Phathahia, dirent:
Levez-vous; bénissezle Seigneur
votre Dieu depuis l'éternité jus-
qu'à léternité; qu'ils bénissent
donc le nom sublime de votre
gloire en toute bénédiction et
louange.
6. C'est vous-méme, Seigneur,
vous seul qui avez fait le ciel, et
le ciel des cieux, et toute leur
milice; la terre, et tout ce qui
est en elle; les mers, et tout ce
qui est en elles; et c'est vous qui
vivifiez toutes choses, et l'armée
du ciel vous adore.
7. C'est vous-même, Seigneur
Dieu, qui avez choisi Abram, qui
l'avez retiré du feu des Chal-
déens, et qui lui avez donné le
nom d'Abraham.
8. Et vous avez trouvé son
cœur fidele devant vous, et vous
avez fait avec lui alliance pour
lui donner la terre du Chana-
néen, de l'Héthéen, de l'Amor-
rhéen, du Phérézéen, du Jébu-
séen et du Gergéséen, pour la
donner à sa postérité; et vous
avez accompli vos paroles, parce
que vous étes juste.
9. Et vous avez vu l'affliction
de nos pères en Egypte, et vous
(βαρ. IX. 7. Genèse, xr, 31.
(CH. Ix.]
avez entendu leur cri sur la mer
Rouge.
10. Et vous avez fait éclater
des signes et des merveilles sur
Pharaon, et sur tous ses servi-
leurs, et sur toutle peuple de
ce pays; car vous avez connu
quils avaient agi insolemment
contre eux, et vous vous étes fait
un nom comme il est encore en
ce jour.
41. Et vous avez divisé la mer
devant eux, et ils ont passé au
milieu de la mer à sec; et ceux
qui les poursuivaient, vous les
avez jetés au fond, comme une
pierre dans de grandes eaux.
12. Et dans une colonne de
nuée, vous avez été leur guide
pendant le jour, et dans une co-
lonne de feu pendant la nuit, afin
que leur apparüt la voie dans la-
quelle ils entraient.
13. Vous étes descendu aussi
sur la montagne de Sinai, et vous
avez parlé avec eux du haut du
ciel; et vous leur avez donné des
ordonnances justes et une loi de
vérité, des cérémonies et des
bons préceptes.
14. Et vous leur avez montré
votre sabbat sanctifié, et vous
leur avez prescrit et des com-
mandements et des cérémonies,
5. Depuis l'éternité, etc.; de siècle en siècle, toujours. — Le nom de votre gloire;
hébraïsme, pour votre nom glorieux.
Du feu. Selon une tradition des Juifs, les Chaldéens voulurent faire brûler .ד
Abraham. Saint Jéróme semble avoir rejeté d'abord cette tradition comme fabuleuse,
mais il l'a adoptée plus tard. Cependant on entend communément ici par le feu des
Chaldéens, la ville Ur ou Our qui en hébreu signifie en effet feu, flamme. — Le nom
d'Abraham. ΝΟΥ. Gen., xvi, 5.
10. * Des signes et des merveilles sur Pharaon par les plaies d'Egypte, racontées
dans l'Exode, et par tous les miracles qui accompagnèrent la sortie d'Egypte et le
séjour dans le désert du Sinai.
14. Vous leur avez montré, etc. Vous leur avez enseigné que le sabbat était con-
sacré à honorer votre saint nom. à
‘CH. [.אז
et une loi, par l'entremise de
Moise, volre serviteur.
15. Vous leur avez donné aussi
un pain du ciel dans leur faim, et
vous avez fait jaillir de l'eau d'une
pierre pour eux, lorsqu'ils avaient
soif; et vous leur avez dit qu'ils
entreraient, pour la posséder,
dans la terre sur laquelle vous
avez levé la main, jurant que
vous la leur donneriez.
16. Mais eux et nos pères ont
agi insolemment; ils ont rendu
leur cou inflexible, et ils n'ont
pas écouté vos commandements.
17. Et ils n'ont pas voulu en-
tendre, et ils ne se sont pas sou-
venus de vos merveilles que vous
aviez faites pour eux; ils ont
méme rendu leur cou inflexible;
et ils ont établi un chef, pour re-
tourner à leur servitude comme
par rébellion. Mais vous, Dieu
propice. clément et miséricor-
dieux, ayant de la longanimité
et une abondante miséricorde,
vous ne les avez point aban-
donnés,
18. Lors méme qu'ils se firent
un veau jeté en fonte, et qu'ils
dirent : C'est là votre Dieu qui
vous a tirés de l'Egypte, et qu'ils
firent de grands blasphèmes.
19. Mais vous, dans vos misé-
ricordes sans nombre, vous ne
les avez point abandonnés dans
le désert; la colonne de nuée ne
se relira point d'eux pendant le
jour pour les conduire dans leur
voie, nila colonne de feu pendant
la nuit pour leur montrer le che-
II D'ESDRAS. 921
min par lequelils devaient mar
cher.
20. Et vous leur avez donné
votre bon esprit pour les ensei-
gner, vous n'avez pas retiré votre
manne de leur bouche, et vous
leur avez donné de leau dans
leur soif. |
21. Pendant quarante ans vous
les avez nourris dans le désert, et
rien ne leur a manqué: leurs véte-
ments ne vieillirent pas, et leurs
pieds ne furent pas déchirés.
22. Et vous leur avez donné des
royaumes et des peuples, et vous
leur avez distribué des lots, et ils
possédèrent la terre de Séhon, et
la terre du roi d'Hésébon, et la
terre d'Og, roi de Basan.
29. Et vous avez multiplié leurs
fils comme les étoiles du ciel, et
vous les avez conduits dans la
terre dont vous aviez dit à leurs
peres qu'ils y entreraient et la
posséderaient.
24. Et les fils sont venus, et ils
ont possédé la terre; et vous avez
humilié devant eux les habitants
de cette terre, les Chananéens, et
vous les avez livrés en leur main,
eux et leurs rois, et les peuples
de cette terre, pour qu'ils leur
fissent comme il leur plairait.
25. C'est pourquoi ils prirent
des villes fortifiées et une terre
fertile, et ils posséderent des mai-
sons pleines de toute sorte de
biens, des citernes faites par
d'autres, des vignes, des plants
d'oliviers, et beaucoup d'arbres
portant des fruits; etils ont man-
———————————————————
16, 11. Inflexible; qui se refuse à supporter le joug; image tirée d'un animal in-
domptable.
18. * Un veau jeté en fonte, 16 vean d'or.
22. * Hésébon. Voir Nombres, xxt, 25. — Basan. Voir Nombres, xxt, 33.
922
gé et ils ont été rassasiés, et ils
se sont engraissés, et ils ont
abondé en délices par votre
grande bonté.
26. Mais ils vous ont provoqué
au courroux; ils se sont retirés
de vous; ils ont rejeté votre loi
derrière eux, tué vos prophètes
qui les conjuraient de revenir à
vous, et ils ont fait de grands
blasphèmes.
97. Et vous les avez livrés à la
main de leurs ennemis, qui les
ont opprimés. Et dans le temps
deleur tribulation,ils ont crié vers
vous, et vous les avez entendus
du ciel; et, selon vos miséricor-
des sans nombre, vous leur avez
donné des sauveurs pour les sau-
ver de la main de leurs ennemis.
98. Et, lorsqu'ils ont été en re-
pos, ils ont de nouveau fait le
mal en votre présence; et vous
les avez délaissés dans la main
de leurs ennemis, qui s'en sont
rendus maitres; ils se sont en-
suite tournés vers vous et ont
crié vers vous, et vous les avez
exaucés du ciel, et vous les avez
délivrés dans vos miséricordes,
en bien des temps divers.
29. De plus, vous les avez pres-
sés de venir à votre loi; mais ils
ont agi insolemment; ils n'ont
pas écouté vos commandements,
et ils ont péché contre vos ordon-
nances dans lesquelles l'homme
qui les pratiquera, trouvera la
vie; mais ils ont tourné l'épaule
en arriere; ils ont rendu leur cou
II D'ESDRAS.
[cH. 1x.]
inflexible, et n'ont pas écouté.
30. Vous les avez attendus pen-
dant bien des années, et vous les
avez pressés par votre esprit, par
l'entremise de vos prophètes;
mais ils n’ont pas écouté, et vous
les avez livrés en la main des
peuples de la terre.
31. Mais, dans vos miséricordes
innombrables, vous ne les avez
point exterminés ni abandonnés,
parce que vous étes un Dieu de
miséricorde et de clémence.
39. Maintenant donc, notre
Dieu, le grand, le fort, le terrible,
qui gardez l'alliance et la misé-
ricorde, ne détournez point de
votre face tout le mal qui nous ἃ
accablés, nous, nos rois, nos
princes, nos prétres, nos pro-
phètes, nos pères, et tout votre
peuple, depuis les jours du roi
d'Assur jusqu'à ce jour.
33. Pour vous, vous étes juste
dans tout ce qui vous est venu
sur nous; car vous avez accompli
la vérité, mais nous, nous avons
agi avec impiété.
34. Nos rois, nos princes, nos
prétres et nos péres n'ont pas
pratiqué votre loi, et n'ont pas
écouté vos commandements et
vos décrets que vous leur avez
intimés.
35. Et méme au milieu de leurs
royaumes, et malgré la grande
bonté que vous leur avez témoi-
gnée, et dans la terre trés étendue
et fertile que vous leur avez li-
vrée, ils ne vous ont pas servi, et
————————————————————————————————————————————————— — tu
Des sauveurs, les juges d'Israël, qui affranchirent le peuple de l'oppression. | * .דפ
Depuis les jours du roi d'Assur, Téglathphalasar et ses successeurs qui em- * .32
menèrent les Israélites en captivité.
33. Vous avez accompli la vérité, en réalisant vos promesses.
35. La grande bonté, etc. D'autres traduisent conformément à l'hébreu : Ies biens
abondants, ou l'abondance des biens.
[cu. x.]
ilis ne sont pas revenus de leurs
inclinations tres mauvaises.
36. Voilà que nous-mémes au-
jourd'hui nous sommes esclaves,
ainsi que la terre que vous aviez
donnée à vos peres, afin qu'ils en
mangeassent le pain et qu'ils
jouissent des biens qui sont en
elles, et nous-mémes, nous som-
mes esclaves dans cette terre.
91. Et ses fruits se multiplient
pour les rois que vous avez placés
sur nous à cause de nos péchés,
et ils dominent sur nos corps et
sur nos bétes, selon leur volonté,
et nous sommes dans une grande
tribulation.
38. À cause donc de toutes ces
choses, nous-mêmes nous faisons
une alliance, nous l'écrivons, et
nos princes, nos Lévites et nos
prêtres la signent.
CHAPITRE X.
Noms des signataires de l'alliance. Divers
règlements touchant l'observation des
lois.
4. Or, lessignataires furent Né-
hémias Athersatha, fils d'Ha-
chélai, et Sédécias,
2. Saraïas, Azarias, Jérémie,
3. Pheshur, Amarias, Melchias,
4. Hattus, Sébénia, Melluch,
5. Harem, Mérimuth, Obdias,
6. Daniel, Genthon, Baruch,
7. Mosollam, Abia, Miamin,
8. Maazia, Belgai, Séméia : ceux-
là furent les prétres.
9. Mais les Lévites : Josué, fils
d'Azanias ; Bennui, des fils de Hé-
nadad, Cedmihel,
10. Et leurs freres, Sébénia,
Odaia, Célita, Phalaia, Hanan,
II D'ESDRAS.
923
11. Micha, Rohob, Hasébia,
19. Zachur, Sérébia, Sabania,
13. Odaia, Bani, Baninu.
14. Les chefs du peuple : Pha-
ros, Phahathmoab, Elam, Zéthu,
Bani,
15. Bonni, Azgad, Bébai,
16. Adonia, Bégoai, Adin,
17. Ater, Hézécia, Azur,
18. Odaia, Hasum, Bésai,
19. Hareph, Anathoth, Nébai,
20. Megphias, Mosollam, Ha-
Zir, |
91. Mésizabel, Sadoc, Jeddua,
22. Pheltia, Hanan, Anaia,
93. Osée, Hanania, Hasub,
24. Alohès, Phaléa, Sobec,
25. Réhum, Hasebna, Maasia,
96. Echaia, Hanan, Anan,
27. Melluch, Haran, Baana.
28. Et le reste du peuple, les
prêtres, les Lévites, les portiers
et les chantres, les Nathinéens, et
tous ceux qui s'étaient séparés
des peuples de la terre pour la
loi de Dieu, leurs femmes, leurs
fils et leurs filles,
29. Tousceux qui pouvaientétre
éclairés, répondant. pour leurs
frères; les grands aussi; enfin
tous ceux qui venaient pour pro-
mettre et jurer qu'ils marche-
raient dans la loi de Dieu, qu'il
avait donnée par lentremise de
Moise, serviteur de Dieu, qu'ils
accompliraient et garderaient
tous les commandements du Sei-
gneur notre Dieu, et ses ordon-
nances et ses cérémonies,
30. Que nous ne donnerions
point nos filles au peuple du pays,
et que nous ne prendrions point
leurs filles pour nos fils.
31. Ils dominent sur nos corps par les corvées qu'ils exigent de nous,
4, Athersatha. Voy. I Esdr., n, 63.
924
31. De plus, quant aux peuples
du pays qui importent des objets
de vente de toute sorte de choses
de consommation, au jour du
Sabbat, pour les vendre, nous ne
les accepterons pas d'eux pendant
le Sabbat, et en un jour sanctifié.
Nous abandonnerons aussi la sep-
tième année et l'exaction de toute
main.
32. Et nous établirons pournous
comme préceptes de donner par
an la troisième partie d'un sicle,
pour l'euvre de la maison de
notre Dieu.
33. Pour les pains de proposi-
lion, et pour le sacrifice perpé-
tuel, pour l'holocauste perpétuel
dans les sabbats, dans les ca-
lendes, dans les solennités, et
dansleschoses sanctifiées et pour
le péché, afin que l'on prie pour
Israél, et pour le service de la
maison de notre Dieu.
34. Nous jetàmes donc les sorts,
pour l'offrande des bois, entreles
prétres, les Lévites et le peuple,
afin qu'ils fussent apportés dans
la maison de notre Dieu, selon les
maisons de nos pères, à des temps
II D'ESDRAS.
(cH. x.]
marqués, depuis les temps d'une
année jusqu à une autre année,
afin qu'ils brülassent sur l'autel
du Seigneur notre Dieu, comme
il est écrit dans la loi de Moïse.
35. Nous promimes aussi et
nous jurâmes, que nous apporte-
rions les prémices de notre terre
et les prémices de tous les fruits
de tout arbre, d'année en année,
dans la maison du Seigneur,
36. Et les premiers-nés de nos
fils et de nos troupeaux, comme
il est écrit dans la loi, et les pré-
mices de nos bœufs et de nos bre-
bis, pour être offerts dans 18 mai-
son de nolre Dieu, aux prétres
qui servent dans la maison de
notre Dieu; ]
31. Les prémices aussi de nos
aliments et de nos libations, et
les fruits de tout arbre, de la vi-
gne aussi bien que de l'olivier.
nous les apporterons aux prétres,
pour le trésor de notre Dieu, et
la dixieme partie de notre terre
aux Lévites. Eux-mémes, les Lé-
vites recevront de toutes les villes
les dimes de nos travaux.
38. Et le prétre, fils d'Aaron,
31. Un jour sanctifié ; consacré à quelque fête religieuse. — Nous abandonnerons, eto.;
c'est-à-dire pendant chaque septiéme année nous ne cultiverons pas la terre, nous
ne sémerons pas, etc. Voy. Lévit., xxv, 4 et suiv. — Nous abandonnerons, ete.; c'est-
à-dire nous n'exigerons d'aucune main, qu'elle paye ce qui nous sera dû. Compar.
Deutér., xv, 2.
33. Les choses sanctifiées; probablement lhuile, l'encens, etc.; selon d'autres, ce
sont les sacrifices pacifiques, ou bien les autres fétes. — * Pour le péché. Le sacrifice
expiatoire du péché.
34. * Pour l'offrande des bois nécessaires aux sacrifices dans le temple. Avant la
captivité, les Gabaonites ou Nathinéens étaient chargés de procurer le bois pour
les besoins du culte, mais maintenant ils n'étaient plus assez nombreux et les Juits
furent obligés de le fournir à tour de róle.
35. Nous promimes et nous jurámes. Ces deux verbes, exprimés au vers. 29, sont
sous-entendus ici. Ils ne sauraient dépendre de nous jelämes le sort (vers. 34), parce
que l'offrande des prémices dont il s'agit ici était expressément ordonnée par la loi.
38. Et le prélre, etc. ; c'est-à-dire qu'il y aura toujours un prêtre chargé d'inspecter
les dimes que les Lévites recevront, afin d'en prendre la dixième partie pour les
prétres, selon ce qui est prescrit par Moïse (Nombr., xvin, 26, 21). — Par le lieu où
on garde le trésor, lieu que souvent on appelle simplement £résor, on entend des
(cn. [.זצ
sera avec les Lévites dans les
dimes des Lévites; et les Lévites
offriront la dixieme partie de
leur dime dans la maison de notre
Dieu, au lieu où on garde le tré-
sor, dans la maison du trésor.
39. Car c’est au lieu où on garde
le trésor que les enfants d'Israël
et les enfants de Lévi apporteront
les prémices du froment, du vin
et del'huile; etlà serontles vases
sanctifiés, les prétres, les chan-
tres, les portiers et les ministres,
et nous n'abandonnerons pas la
maison de notre Dieu.
CHAPITRE XI.
Noms des Juifs qui demeurérent dans
Jérusalem, Villes habitées par les tri-
bus de Juda et de Benjamin.
1. Or les princes du peuple ha-
biterent dans Jérusalem; mais le
reste du peuple jeta le sort, afin
que l'on prit une partie sur dix,
laquelle devait habiter dans Jéru-
salem, la ville sainte, mais les
neuf autres parties dans les autres
villes.
2. Et le peuple bénit tous les
hommes qui s'étaient spontané-
ment offerts pour habiter dans
Jérusalem.
3. Voici donc les princes de la
province qui habiterent dans Jé-
rusalem et dans les villes de Juda.
Or chacun habita dans sa posses-
sion, dans ses villes, Israél, les
prétres, les Lévites, les Nathi-
néens, et les fils des serviteurs
de Salomon.
II D'ESDRAS.
925
4. Ainsi habiterent dans Jéru-
salem des fils de Juda et des fils
de Benjamin. D'entre les fils de
Juda, Athaias, fils d'Aziam, fils de
Zacharie, fils d'Amarias, fils de
Saphatias, fils de Malaléel. D'entre
. les fils de Phares,
5. Maasia, fils de Baruch, fils de
Cholhoza, fils d'Hazia, fils d'Adaia,
fils de Joiarib, fils de Zacharie, fils
du Silonite.
6. Tous ces fils de Phares,
qui- habiterent dans Jérusalem,
étaient quatre cent soixante-huit
hommes vaillants.
1. Or voiciles fils de Benjamin:
Sellum, fils de Mosollam, fils de
Joéd, fils de Phadaia, fils de Colaia,
fils de Masia, fils d'Ethéel, le fils
d'Isaie.
8. Et apres lui Gebbai, Sellai :
neuf cent vingt-huit.
9. Et Joél, fils de Zéchri, leur
préposé, et Juda, fils de Sénua, le
second sur la ville.
10. Et d'entre les prêtres, Idaia,
fils de Joiarib, Jachin,
11. Saraia, fils d'Helcias, fils de
Mosollam, fils de Sadoc, fils de
Méraioth, fils d'Achitob, prince de
la maison de Dieu,
12. Et leurs freres, faisant les
ouvrages du temple : huit cent
vingt-deux. Et Adaïa, fils de 16-
roham, fils de Phélélia, fils d'Amsi,
fils de Zacharie, fils de Pheshur,
fils de Melchias,
13. Et ses freres, les princes des
pères : deux cent quarante-deux.
Et Amassai, fils d'Azréel, fils d'A-
espèces de greniers ou de magasins dans lesquels on rassemblait toutes les choses
saintes et toutes celles qui étaient consacrées au service du temple.
9. Du Silonite. L'article déterminatif qui se trouve dans le texte hébreu ne permet
pas une autre traduction. ll s'agissait sans doute d'un homme de Silo, assez connu
d'ailleurs pour que l'écrivain sacré n'eüt pas besoin de le désigner par son nom propre,
13. Les princes des pères ; c'est-à-dire les princes des familles
990
hazi, fils de Mosollamoth, fils
d'Emmer,
14. Et leurs frères, trés puis-
sants : cent vingt-huit, etleur pré-
posé, Zabdée, fils des puissants.
15. Et d'entre les Lévites, Sé-
méia, fils d'Hasub, fils d'Azaricam,
fils d'Hasabia, fils de Boni,
16. Et Sabathai et Jozabed éta-
blis sur tous les ouvrages qui se
faisaientau dehors àla maison de
Dieu, étant d'entre les princes des
Lévites,
17. Et Mathania, fils de Micha,
fils de Zébédéi, fils d'Asaph, prince
pour louer et glorifierleSeigneur
dans la prière ; et Becbécia, le se-
cond d'entre ses freres, et Abda,
fils de Samua, fils de Galal, (ils
d'Idithun.
18. Tous les Lévites, dans la
ville sainte, furent deux cent
quatre-vingt-quatre.
19. Et les portiers, Accub, Tel-
mon, et leurs freres, qui gardaient
les portes, cent soixante-douze.
90. Et les autres d'Israël, les
prétres et les Lévites, étaient dans
toutes les villes de Juda, chacun
dans sa possession.
21. Et les Nathinéens, qui habi-
taient dans Ophel; et Siaha et
Gaspha étaient d'entre les Nathi-
néens.
| 22. Etle chef des Lévites à Jéru-
י salem était Azzi, fils de Bani, fils
de Hasabia, fils de Mathanias, fils
de Micha. D'entre les fils d'Asaph
étaient les chantres, dans le mi-
21. * Dans Ophel. Voir plus haut, 1v, 26.
II D'ESBRAS,
(en. xr.)
nistere ae la maison de Dieu.
23. Car il y avait le commande-
ment du roi à leur sujet, et un
ordre observé parmi les chantres
tous les jours.
94. Mais Phathahia, fils de Mé-
sézebel, d'entre les fils de Zara,
le fils de Juda, étaient sous la
main du roi, pour toutes les af-
faires du peuple,
25. Et pour les maisons dans
toutes leurs contrées. Des fils de
Juda habiterent à Cariatharbé et
enses filles, àDibon et en ses filles,
à Cabséel et en ses bourgades,
90. À Jésué, à Molada, à Beth-
phaleth,
97. À Hasersual, à Bersabée et
en ses filles,
98. A Sicéleg, à Mochona et en
ses filles,
29. À Remmon, à Saraa, à Jéri-
muth,
30. A Zanoa, à Odollam et dans
leurs villages, à Lachis et en ses
contrées, à Azéca et en ses filles.
Et ils demeurèrent à Bersabée
jusqu'à la vallée d'Ennom ;
31. Mais les fils de Benjamin,
depuis Géba, Mechmas, Hai, Bé-
thel et ses filles,
39. Anathoth, Nob, Anania
99. Asor, Rama, Géthaim,
34. Hadid, Séboim, Neballat,
Lod,
35. Et Ono, la vallée des Ou-
vriers.
36. Et les Lévites avaient des
portions de Juda et de Benjamin.
25. Comme nous l'avons déjà remarqué, Les filles d'une ville sont ordinairement
les bourgs, les villages qui en dépendent.
33. * Asor, prés de Jérusalem, au nord.
35. * La vallée des Ouvriers. Voir la note sur I Paralip., 1v, 14.
36. Des Lévites, etc. Un certain nombre de Lévites avaient leurs possessions dans
les tribus de Juda et de Benjamin.
[cH. xir.)
CHAPITRE XII.
Noms des principaux d'entre les prétres
et les Lévites qui revinrent avec Zoro-
babel. Dédicace des murs de Jérusalem.
1. Or voici les prétres et les
Lévites qui monterent avec Zoro-
babel, fils de Salathiel, et avec
Josué : Saraia, Jérémie, Esdras,
9. Amaria, Melluch, Hattus,
9. Sébénias, Rhéum, Mérimuth,
4. Addo, Genthon, Abia,
5. Miamin, Madia, Belga,
6. Séméia et Joïarib, Idaia, Sel-
«ἘΠῚ, Amoc, Helcias,
7. 10818. Ceux-là furent les prin-
ces des prêtres etleursfrères dans
les jours de Josué.
8. Mais les Lévites étaient Jé-
sua, Bennuï, Cedmihel, Sarébia
Juda, Mathanias, préposés pour
les hymnes, eux et leurs frères ;
9. Et Becbécia, et Hanni, et leurs
freres, chacun dans son office.
10. Or. Josué engendra Joacim,
et Joacim engendra Eliasib, Elia-
sib engendra Joiada,
11. Joiada engendra Jonathan,
et Jonathan engendra Jeddoa.
19. Et, dans lestours deJoacim,
étaient prêtres et princes des fa-
milles : de Saraia, Maraia ; de Jé-
rémie, Hananias ;
13. D'Esdras, Mosollam ; d'Ama-
rias, Johanan ;
14. De Milicho, Jonathan; de
Sébénias, Joseph ;
15. De Haram, Edna; de Ma-
raioth, Helci;
16. D'Adaia, Zacharie; de Gen-
ihon, Mosollam ;
47. D'Abia, Zéchri; de Miamin
et de Moadia, Phelti ;
II D'ESDRAS. 927
18. De Belga, Sammua ; de Sé-
maia, Jonathan;
19. De Joiarib, Mathanai; de
Jodaia, Azzi;
20. De Sellai, Célai; d'Amoc,
Héber;
21. D'Helcias, Hasébia; d'Idaia,
Nathanael.
22. Les Lévites, dans les jours
d'Eliasib, de Joiada, de Johanan
et de Jeddoa, ont été écrits prin-
ces de familles, et les prétres,
sous le regne de Darius, le Perse.
23. Les fils de Lévi, priuces
des familles, ont été écrits dans
le Livre des actions des jours, et
jusqu'aux jours de Jonathan, fils
d'Eliasib.
24. Et les princes des Lévites,
Hasébia, Sérébia, Josué, fils de
Cedmihel, et leurs frères, selon
leur tour, pour louer et glorifier
le Seigneur, suivant le comman-
dement de David, homme de
Dieu, et pour faire également
leur service par ordre.
25. Mathania et Becbécia, Obé-
dia, Mosollam, Telmon, Accub,
étaient gardes des portes, et des
vestibules devant les portes.
26. Ceux-là furent dans .
jours de Joacim, fils de Josué
fils de Josédec, et dans les jours
de Néhémias, le chef, et d'Esdras,
le prétre et le scribe.
27. Mais à la dédicace du mur
de Jérusalem, on rechercha les
Lévites de tous les lieux pour les
amener à Jérusalem, et pour faire
la dédicace et des réjouissances
en action de grâces, au milieu
des cantiques, des cymbales, des
psaltérions et des harpes.
22. * Darius, le Perse, Darius II, surnommé Nothus, qui régna de l'an 424 à l'an 404
avant J.-C
998
98. Or les fils des chantres
s’assemblèrent de la campagne
d'autour de Jérusalem, des vil-
lages de Néthuphati,
29. De la maison de Galgal, et
des contrées de Géba et d'Azma-
veth, parce que les chantres s'é-
taient bâti des villages autour de
Jérusalem.
30. Et les prétres et les Lévites
se purifierent, puis ils purifierent
le peuple, les portes, et le mur.
31. Or je fis monter les princes
de Juda sur le mur, et j'établis
deux grands chœurs de ceux qui
chantaient des louanges. Ils al-
lèrent à droite, sur le mur, vers
la porte du fumier.
32. Et Osaias alla apres eux, et
a moitié des princes de Juda,
33. Et Azarias, Esdras et Mo-
sollam, Juda et Benjamin, et Sé-
néia et Jérémie.
34. Et d'entre les fils des prétres
avec des trompettes : Zacharie,
fils de Jonathan, fils de Séméia,
fils de Mathania, fils de Michaia,
fils de Zéchur, fils d'Asaph ;
35. Et ses freres, Séméiïa et
Azaréel, Malalai, Galalai, Maai,
Nathanael, Judas et Hanani, avec
les instruments de David, homme
de Dieu; et Esdras, le scribe,
était devant eux à la porte de la
fontaine.
36. Or ils montèrent, vis-à-vis
d'eux, sur les degrés de la cité de
David, au montant du mur sur
la maison de David, et jusqu'à
D'ESDRAS. זז
[cn. xm.]
la porte des eaux, vers l'orient.
37. Et le second chœur de ceux
qui rendaient grâces à Dieu allait
à l'opposite, et moi après eux, et
la moitié du peuple sur le mur et
sur la tour des fourneaux, et jus-
qu'au mur le plus large,
38. Puis surla porte d'Ephraim,
sur la porte ancienne et sur la
porte des poissons, et sur la tour
d'Hananéel, et sur la tour d'E-
math, etjusqu'à la porte du trou-
peau; et ils s'arréterent àla porte
dela prison.
39. Or les deux chœurs de
ceux qui chantaient des louanges
s'arréterent dans la maison de
Dieu, et moi, et la moitié des
magistrats avec moi;
40. Et les prêtres, Eliachim,
Maasia, Miamin, Michéa, Elioé-
nai, Zacharie et Hanania, avec
des trompettes;
41. Et Maasia, Séméia, Eléazar,
Azzi, Johanan, Melchia, Elam et
Ezer. Et les chantres chantèrent
avec éclat, et Jézraia leur pré-
posé ;
49. Et ils immolerent en ce
jour-là de grandes victimes, et
ils se livrerent à l'allégresse ; car
Dieu les avait remplis d'une
grande joie; mais leurs femmes
aussi el leurs enfants se réjoui-
rent, et la joie de Jérusalem fut
entendue au loin.
43. De plus, ils choisirent en ce
jour-là des hommes pour les
chambres du trésor, pour les liba-
30. Se purifièrent, etc., selon les prescriptions de la loi. Voy. Nombres, vni, 6, 1
31. * Vers la porle du fumier, au sud de Jérusalem.
35. Ses frères; c'est-à-dire les frères de Zacharie. — * À la porte de (a fontaine,
au sud-est de Jérusalem.
38. * La porte d'Ephraim, au nord de Jérusalem. — La porte ancienne, à l'angle au
nord-est. — La porte des poissons, au nord. — La porte du troupeau, au nord-est. —
La porte de la prison, à l'est.
CH, xu]
tions, pour 168 prémices, et pour
les dimes, afin que par eux les
princes de la cité amenassent,
avec la pompe d'une action de
gráces, les prétres et les Lévites,
parce que Juda était dans l'allé-
gresse à cause des prétres et des
Lévites qui étaient présents.
44. Et ils garderent l'obser-
vance de leur Dieu et l'obser-
vance de l'expiation; de méme
les chantres et les portiers, sui-
vant le commandement de Da-
vid et de Salomon son fils,
45. Parce que dans les jours de
David et d'Asaph, dès le commen-
cement, étaient établis les princes
des chantres qui dans des canti-
ques louaient et gloritiaient Dieu.
46. Et tout Israel, dans les jours
de Néhémias, donnait leurs parts
aux chantres et aux portiers cha-
que jour; ils sanctifiaient aussi
les Lévites, et les Lévites sancti-
fiaient les fils d'Aaron.
CHAPITRE XIII.
Néhémias, qui était allé vers Artaxerxes,
trouve à son retour à Jérusalem plu-
sieurs désordres auxquels il remédie.
1. En ce jour-là, on lut dans le
volume de Moise, le peuple écou-
Cnar. XIII. 1. Deut., xxii, 3.
D'ESDRAS. 999 זו
tant, et on y trouva écrit que les
Ammonites et les Moabites ne
devaient jamais entrer dans l'as-
semblée de Dieu.
2. Parce qu'ils ne vinrent point
à la rencontre des enfants d'Is-
raël avec du pain et de l'eau, et
qu'ils amenerent contre eux Ba-
laam, pour les maudire; et notre
Dieu changea la malédiction en
bénédiction.
3. Or il arriva que, lorsqu'ils
eurent entendu la loi, ils sépa-
rerent tout étranger d'Israél.
4. Et avant cet événement,
Eliasib, le prêtre, avait été pré-
posé sur le trésor de la maison
de notre Dieu, et il était allié de
Tobie.
ὃ. Il lui fit donc un grand tré-
sor; etlàil y en avait qui posaient
devant lui les présents, l'encens,
les vases, etla dime du blé, du vin
et de l'huile, les parts des Lévites,
des chantres et des portiers, etles
prémices sacerdotales.
6. Or pendant tout cela je n'étais
pas à Jérusalem, parce qu'en l'an
trente-deuxieme | d'Artaxerxes,
roi de Babylone, je vins aupres
du roi, et, au bout d'un certain
temps, je priai le roi;
46. Sanclifier signifie proprement en hébreu séparer un objet de l'usage commun
et profane pour l'employer à un usage sacré et divin. Mais, en employant l'hypallage,
l'écrivain sacré attribue ici à la personne un sens qui appartient à la chose. Ainsi,
au lieu de dire que le peuple d'Israél sanctitia les dimes pour les Lévites, il dit qu'il
sanctifia les Lévites, D'où il suit que le sens de ce passage est que le peuple d'Israël
donna aux Lévites ce qui leur était dû des choses saintes d’après la loi (Nombr., xvii),
et que les Lévites à leur tour donnèrent aux prêtres une partie de ce qu'ils rece-
vaient, toujours d'aprés la loi mosaique.
4. Avant; c'est le sens de super, expliqué par l'hébreu.
5. Il lui fit; littér. i4 se fit. L'hébreu peut signifier l'un et l'autre; mais par les
vers. 1 et 8, on voit que c'est Eliasib qui fità Tobie un trésor.
6. Au bout d'un cerlain lemps, littér. à lu fin de jours. L'absence de l'article déter-
minatif dans le texte hébreu ne permet aucune traduction opposée à la nótre. —
Je priai le roi, de me permettre de retourner à Jérusalem.
iM us 09
930
j. Et je vins à Jérusalem, et je
compris le mal qu'avait fait Elia-
sib à Tobie, en lui faisant un tré-
sor dans le vestibule de la maison
de Dieu.
8. Etlemalme paruttrès grand;
et je jetai au loin les vases de la
maison de Tobie hors du trésor;
9. Et j'ordonnai, et l'on purifia
les trésors, et j'y reportai les
vases de la maison de Dieu, le sa-
crifice et l'encens. E
10. Je connus aussi queles part
des Lévites ne leur avaient point
élé données, et que chacun des
Lévites, des chantres et de ceux
qui servaient, avait fui en sa con-
trée ;
11. Et je plaidaila cause contre
les magistrats, et je dis : Pour-
quoiabandonnons-nouslamaison
de Dieu? Je les rassemblai donc,
61 les fis demeurer à leur poste.
12. Et tout Juda apportait la
dime du froment, du vin et de
l'huile, dans les greniers.
13. Et nous établimes sur les
greniers Sélémias, le prétre, et
Sadoc, le scribe, et Phadaias d'en-
tre les Lévites; et, auprès d'eux,
Hanan, fils de Zachur, fils de Ma-
thanias, parce qu'ils furent recon-
nus fideles, et les parts de leurs
freres leur furent confiées.
14. Souvenez-vous de moi mon
Dieu, pour cela, et n'effacez point
mes miséricordes que j'ai faites
dans la maison de mon Dieu et
dans ses cérémonies.
15. En ces jours-là, je vis en
II D'ESDRAS.
a
fcH. XII. |
Juda des hommes foulant des
pressoirs pendant le sabbat, por-
tant les gerbes, chargeant sur les
ânes du vin, des raisins, des figues
et toute sorte de fardeaux, et les
apportant à Jérusalem au jour
du sabbat, et je leur dis expres-
sément de vendre au jour auquel
il est permis de vendre.
16. Les Tyriens aussi demeu-
raient dans la ville, y apportant
des poissons et toute espèce d'ob-
jets de vente, et ils les vendaient
dans les jours du Sabbat aux en-
fants de Juda dans Jérusalem.
17. Alors je fis des reproches
aux grands de Juda, et je leur
dis : Quelle est cette chose mau-
vaise que vous faites? et pour-
quoi profanez-vous le jour du
sabbat?
18. Est-ce que nos peres n'ont
pas fait ces choses, et notre Dieu
n'a-t-il pas fait venir powr cela
tout ce mal sur nous et sur cette
ville? Et vous, vous ajoutez le
courroux sur Israël en violant le
sabbat.
19. Il arriva donc que, lorsque
les portes de Jérusalem furent en
repos au jour du sabbat, je dis,
et on ferma les portes, et j'or-
donnai qu'on ne les ouvrit point
jusqu'apres 16 sabbat; et je placai
de mes serviteurs aux portes, afin
que personne n'apportàt de far-
deau au jour du sabbat.
90. Et les marchands, et ceux
qui vendaient toute espece d'ob-
jets de vente, demeurèrent hors
9. Les trésors. Voy. sur ce mot, x, 38.
44. Mes miséricordes; c'est-à-dire mes actes de bonté, mes bonnes œuvres.
15. * Toutes les œuvres énumérées ici sont interdites le jour du sabbat
19. Au jour du sabbat. Selon l'hébreu et les Septante : avant le sabbat; c'est-à-dire
le soir qui précédait le sahbat.
CH. xni.]
de Jérusalem une et deux fois.
91. Et je leur déclarai, et leur
dis: Pourquoi demeurez-vous en
face du mur? Si vous faites cela
une seconde fois, je mettrai la
main sur vous. C'est pourquoi
depuis ce temps-làils ne revinrent
point pendant le sabbat.
292. Je dis aussi aux Lévites
qu'ils se purifiassent, et qu'ils
vinssent pour garder les portes et
sanctifier le jour du sabbat. Et
pour cela souvenez-vous donc de
moi, mon Dieu, et pardonnez-moi
selon 18 multitude de vos miséri-
cordes.
93. Mais méme en ces jours-là
je vis des Juifs épousant des
femmes Azotéennes, Ammonites
et Moabites.
24. Et leurs enfants parlaient à
demi la langue d'Azot et ne sa-
vaient point parler la langue
juive, et ils parlaient selon la
langue d'un peupleet d'un peuple.
25. Et je leur fis des reproches
et 168 maudis : jefrappai aussi des
hommes d'entre eux, etleurrasai
les cheveux ; et je les adjurai en
Dieu, de ne point donner leurs
filles à leurs fils et de ne point
prendre leurs filles pour leurs fils
ni pour eux-mémes, disant:
26. 111 Bois, ut, 1» זה 1: χα 4.
D'ESDRAS. זו
991
90. N'est-ce point de cette ma-
niere qu'a péché Salomon, roi
d'Israél? Et certes parmi les na-
tions qui sont si nombreuses il
n'y avait point de roi semblable à
lui, et il était chéri de son Dieu,
et Dieul'établitroi sur tout Israél ;
eh bien, c'est lui que les femmes
étrangères entraînèrent dans le
péché.
27. Est-ce que nous aussi, dé-
sobéissant, nous ferons tout ce
mal si grand, que de prévariquer
contre notre Dieu, et d'épouser
des femmes étrangeres?
28. Or entre les fils de Joiada,
le fils d'Eliasib, le grand prétre,
était un gendre de Sanaballat,
l'Horonite, et je le chassai d'au-
pres de moi.
99. Gardez un souvenir, Sei-
gneur mon Dieu, contre ceux qui
souillent le sacerdoce et le droit
sacerdotal et lévitique.
30. Ainsi je les purifiai de tous
les étrangers, et j'établis selon
leurs rangs, les prétres et les
Lévites, chacun dans son minis-
tere,
31. Et pour l'offrande des hois
dans les temps fixés, et pour les
prémices. Mon Dieu, souvenez-
vous de moi en bien. Amen.
24. La langue d'Azot; la langue de leurs mères, dialecte de l'hébreu. — La langue
juive; le pur juif. — * La langue d'Azot devait étre la langue des Philistins, c'est-
à-dire une langue aryenne pour le fonds, puisque les Philistins étaient de race
aryenne, et par conséquent trés différente des langues hébraique et araméenne,
au moins à l'origine. Par la suite des temps, elle avait dû adopter beaucoup de mots
sémitiques.
roO ) ל 9 1x, CO 0-0
INTRODUCTION
AU LIVRE DE TOBIE
Le livre de Tobie a été composé en chaidéen, d'aprés S. Jéróme; il l'a été
en hébreu, d'aprés un certain nombre de critiques; en grec, d'aprés quelques
autres. Cette dernière opinion est fausse. Quant aux deux premières, on
n'apporte aucun argument décisif en faveur de l'une ni de l'autre; les savants
modernes penchent cependant plus communément pour l'original hébreu.
Quoi qu'il en soit, le texte primitif est perdu. Un texte chaldéen, découvert
en 1877, et publié en 1878, n'est certainement pas le texte original. Les an-
ciennes versions de ce livre sont sensiblement différentes les unes des autres ;
les noms propres ne se ressemblent pas toujours entre eux, et la critique ne
peut réussir, en plus d'un cas, à découvrir quelle était la lecon authentique.
La plupart des objections qu'on fait contre cette histoire n'ont pas d'autre
fondement que les altérations provenant de la variété des lecons ou des négli-
gences des copistes.
Le nom de Tobie est en hébreu Tobiyah. Il signifie : « Jéhovah est bon. »
La réalité de son histoire est attestóe par les détails minutieux du récit,
par la généalogie du principal personnage, qui est longuement donnée dans le
texte grec le plus complet, par les renseignements précis sur la géographie, l'his-
toire, la chronologie, etc.
Plusieurs critiques modernes retardent jusqu'au temps d'Adrien, qui régna
de 117 à 138 de notre ère, la composition du livre de Tobie. Ils s'appuient sur
des raisons futiles, tirées de la tendance qu'ils attribuent à l'auteur, celle, par
exemple, de montrer que l'ensevelissement des morts est une ceuvre agréable
à Dieu, comme si l'on avait eu besoin d'attendre l'époque de l'empereur Adrien
pour soupconner que c'était là un acte de charité !
La tradition ἃ toujours attribué à Tobie pére et fils la rédaction de leur
histoire : 1° parce que, dans toutes les versions (celle de S. Jérôme, et en
partie, le nouveau texte chaldéen exceptés), Tobie parle à la première personne,
depuis le chapitre r** jusqu'au commencement de l'histoire de Sara. Le texte
grec, xir, 20, porte que l'ange Raphaél commanda à Tobie d'écrire son histoire,
et l'on ne peut douter qu'il n'ait obéi à cet ordre, comme l'insinue le verset
suivant, xit, 1, dans les éditions grecques. Le livre de Tobie a donc été écrit
trés: probablement dans les premiers temps qui suivirent la déportation des
Israélites du nord en Assyrie, puisque c'est à celte époque que vivait le héros
de cette histoire, et qu'il en est vraisemblablement l'auteur. Les deux derniers
versets, xiv, 16-17, sont d'une main étrangère, — Le concile de Trente a
déclaré contre les protestants le livre de Tobie canonique.
INTRODUCTION AU LIVRE DE TOBIE. 933
Ce livre forme un tout parfaitement coordonné et disposé avec un art admi-
rable. Il est partagé en six sections formant autant de tableaux : Vertus et
épreuves de Tobie; vertus et épreuves de Sara; voyage du jeune Tobie en
Médie; son mariage avec Sara; son retour à Ninive; conclusion : manifestation
de l'ange Raphaél, derniéres annés de Tobie.
L'histoire de Tobie nous offre un parfait modéle de la vie domestique et
renferme les exemples les plus instructifs et les plus touchants de toutes sortes
de vertus.
Son but direct est d'apprendre aux Juifs à honorer Dieu, au milieu méme
des païens, pour leur faire connaitre la vérité, comme le chante Tobie dans
son cantique d'actions de gráce, qui peut étre considéré comme l'épilogue de
son livre, xr, 3-4.
Mais en méme temps que l'auteur poursuit ce but élevé, il en atteint un
autre, presque sans y penser, celui d'édifier ses lecteurs, non pas seulement
ceux qui vivaient, comme lui et avec lui, captifs au milieu des Assyriens, mais
ceux de tous les temps et de tous les lieux, par sa patience, et par des exemples
de toutes les vertus. — « [Le livre de Tobie] nous offre un tableau intime des
vertus, des souffrances et des joies de l'exil de Tobie. Ce n'est pas le froid récit
d'événements fortuitement rapprochés, mais le tableau plein de simplicité et
de grandeur des épreuves d'un homme juste et miséricordieux. Tobie est un
second Job, dont les malheurs et le salut sont liés à des événements qui font
en méme temps de son histoire le manuel des [époux]. L'exemple du jeune
Tobie montre comment doivent se contracter et se célébrer les unions agréables
à Dieu. L'humanité, l'amour paternel, la piété filiale, la douceur et la probité
des deux Tobie sont le développement de la pensée fondamentale du livre ;
la confiance en Dieu ne peut tourner à la confusion du juste. Ainsi ce livre
devient le livre élémentaire des parents qui veulent fonder une famille agréable
à Dieu et marcher courageusement au devant des épreuves de la vie. » (HawE-
BERG.) — Mais il n'est pas seulement le guide des péres et des méres, il ren-
ferme aussi des exemples et des enseignements pour tous; l'aumóne y est
recommandée avec insistance, 1, 16-17; 11, 4-2; tv, 7-12, 17; xit, 8-9; le grand
précepte de la charité y est donné sous forme négative, tv, 16; la prière revient
constamment pour attirer les bénédictions de Dieu sur toutes les affaires
importantes, 1v, 20; m1, 1-6, 11, 13-23; vi, 18 ; vni, 6-10, etc. ; la fuite de tout
péché est recommandée comme celle du seul mal véritable, iv, 23, etc. —
L'intervention d'un ange, envoyé de Dieu, est un des traits principaux du livre
de Tobie, qui nous révéle ainsi, d'une maniére manifeste, la doctrine des anges
gardiens. — Cette histoire est, comme celle de Job, une justification de la
Providence.
« L'histoire de Tobie est un des plus beaux monuments de la littérature
juive. Les caractéres sont trés simples, mais dessinés avec une grande habileté.
Le pieux et infortuné Tobie, sa femme également pieuse, mais impatiente et
un peu acariâtre, sont des personnes réelles. Fort simple, le récit est trés
heureusement disposé. » (NcLDESE.)
TOBIE
CHAPITRE PREMIER.
Origine de Tobie. Sa fidélité à la loi. Nais-
sance de son fils. Il demeure fidèle dans
sa captivité. Situation où il se trouve
sous Salmanasar, sous Sennachérib, et
aprés la mort de ce prince.
1. Tobie, de la tribu et de la
ville de Nephthali (qui est dans la
haute Galilée, au-dessus de Naas-
son, derriere le chemin qui con-
duit à l'occident, ayant à gauche
la ville de Séphet),
2. Lorsqu'il eut été fait captif
dans les jours de Salmanasar, roi
des Assyriens, quoique se trou-
vant en captivité, n'abandonna
pas la voie de la vérité ;
3. En sorte que tout ce qu'il
pouvait avoir, il en faisait part
chaque jour à ses compagnons de
captivité, ses frères, qui étaient
de sa race.
4. Et quoiqu'il füt plus jeune
que tous ceux de la tribu de
Nephthali, il ne fit rien de puéril
dans ses actions.
5. Enfin, lorsque tous allaient
vers les veaux d'or que Jéroboam
avait faits, étant roi d'Israël, lui
seul fuyait la compagnie de tous;
6. Et il se rendait à Jérusalem
au temple du Seigneur, et là il
adorait le Seigneur Dieu d'Israél,
offrant fidèlement toutes ses pré-
mices et ses dimes;
En sorte que dans la troi- .ד
sieme année il donnait toute sa
dime aux prosélytes et aux étran-
gers.
8. Ces choses et autres sem-
blables, selon la loi de Dieu,
jeune enfant, il les observait.
9. Mais, lorsqu'il fut devenu
homme, il prit pour femme Anne
de sa tribu, et il engendra d'elle
un fils auquel il imposason nom;
10. Il lui apprit dès l'enfance à
craindre Dieu et à s'abstenir de
tout péché.
41. Ainsi, lorsque dans sa cap-
tivité, il fut arrivé avec sa femme
et son fils dans 18 ville de Ninive,
0% il se trouva avec toute sa tribu,
Cua». I. 2. 17 Rois, xvit, 3; xvin, 9. — 5. III Rois, xir, 28.
1. * Première section : Vertus et épreuves de Tobie, 1-11, 6. — Tobie signifie en
hébreu > Jéhovah est bon.» —.De la ville de Nephthali. I] faut entendre d'une ville de
la tribu de Nephthali, parce quil n'y avait pas de ville qui portàt ce nom. D'après
plusieurs modernes, Tobie pouvait être originaire de Cadès de Nephthali, ainsi sur-
nommée pour la distinguer de Cadès d'Issachar. — Naasson est inconnue. — Sé-
phet, d'aprés l'opinion commune, est la ville encore aujourd'hui importante de
Safed, où il y a une nombreuse colonie juive, dans un climat trés sain, à cause de
sa situation qui est la plus élevée de la Galilée, à 845 mètres d'altitude.
2. * Dans les jours de Salmanasar, roi des Assyriens, qui régna de 121à 123 ou 122
avant J.-C.
11. Où il se trouva. Ces mots nous paraissent nécessaires pour le vrai sens du
[cn. 1.]
12. (Quoique tous mangeassent
des aliments des Gentils), il veilla
sur son àme, et ne se souilla ja-
mais de leurs aliments.
13. Et parce qu'il se souvint de
Dieu en tout son cœur, Dieu lui
fit trouver gráce en la présence
du roi Salmanasar.
14. Et Je roi lui 4ouna pouvoir
‘aller partout où il voudrait,
ayant la liberté de faire tout ce
qu'il voudrait.
15. Il se rendait donc verstous
ceux qui étaient en captivité,
et leur donnait des avis salu-
taires.
16. Mais, étant revenu à Ra-
ges, ville des Mèdes, comme il
avait de ce dont il avait été ho-
noré par le roi, dix talents d'ar-
gent,
17. Et que parmi la foule nom-
breuse de sa race, il voyait Gabé-
lus, qui était de sa tribu, dans le
besoin,illui donna sous son seing
ledit poids d'argent.
18. Or, aprés beaucoup de
temps, le roi Salmanasar étant
mort, comme Sennachérib, son
TOBIÉ.
935
fils, régnait à sa place, et que les
enfants d'Israël étaient odieux à
ses yeux,
19. Tobie chaque jour allait
parmi toute sa parenté; il les
consolait, et distribuait de ses
biens à chacun, selon qu'il pou-
vait.
20.Ilnourissaitceuxquiavaient |
faim, fournissait des vétements à
ceux qui étaient nus, et, plein de
sollicitude, il donnait la sépulture
à ceux qui étaient morts ou qui
avaient été tués.
21. Enfin, lorsque le roi Senna-
chérib fut revenu, fuyant loin de
la Judée la plaie que Dieu avait
fait: autour de lui, pour son blas-
phème, et qu'irrité, il tuait un
grand nombre d'entre les enfants
d'Israél, Tobie ensevelissait leurs
corps.
22. Or, dès qu'on l'eut annoncé
au roi, il commanda qu'il fût tué,
et il prit tout son bien.
93. Mais Tobie, fuyant avec
son fils et avec sa femme, dé-
nué de tout,fut tenu caché, parce
que beaucoup le chérissaient.
21. IV Rois, xix, 35; Eccli., ,וטא 24; 11 Machab., vin, 19.
texte. D'abord la construction méme de la phrase semble s'opposer à ce qu'on rattache
l'expression avec toute sa tribu aux mots avec sa femme et son fils. En second lieu,
il est certain que la tribu de Nephthali, à laquelle appartenait Tobie, avait été déjà
auparavant transportée en Assyrie par Théglatphalasar, qui en était le roi. Voy.
IV Rois, xv, 29. — * Avec toute sa tribu, peut mieux s'entendre avec tout ce qui restait
de sa tribu en Palestine, car Téglathphalasar n'avait pas déporté absolument tous
les Nephthalites. — Ninive, capitale de l'Assyrie, sur le Tigre.
12. Des aliments des Gentils; c'est-à-dire des viandes défendues par la loi aux
Juifs (Lévit., xt).
16. De ce dont, etc.; des appointements attachés à son emploi. — * Ragès, aujour-
d'hui Rei, s'élevait non loin de l'emplacement actuel de Téhéran. On y voit encore
des restes de fortifications antiques. Elle est mentionnée comme une ville trés an-
cienne dans le Zend Avesta et son nom se lit dans les inscriptions cunéiformes de
Darius, fils d'Hystaspe. Séleucus Nicator la rebâtit et lui donna le nom d'Europos.
Les Mongols la détruisirent presque complètement en 1220.
18. * Sennachérib, roi de Ninive, régna de l'an 705 à l'an 681 avant J.-C. 1] n'était
pas fils de Samanasar, mais de Sargon. Ce nom de Salmanasar a été altéré par les
copistes, comme le prouve le texte grec, qui porte Enémessaros.
21. La plaie, etc.; la destruction miraculeuse de son armée, Voy. IV Rois, xix, 35, 36.
936 TOBIE.
24. Or, après quarante-cinq
jours, le roi fut tué par ses fils,
95. Et Tobie retourna en sa
maison, et tout son bien lui fut
rendu.
CHAPITRE I.
Zèle de Tobie pour ensevelir les morts. Il
devient aveugle. Sa constance au mi-
iieu de son affliction. Reproches que
sa femme lui fait.
1. Or, après cela, comme c'était
le jour de la féte du Seigneur, un
bon repas fut préparé dans la
maison de Tobie,
2. ll ditàsonfils : Va et amène
ici quelques-uns de notre tribu
qui craignent Dieu, afin qu'ils
fassent bonne chère avec nous;
3. Et lorsque son fils s'en fut
allé, et qu'il fut revenu, il lui
annonça qu'un des enfants d'Is-
rael égorgé gisait sur la place.
Et aussitót, s'élancant de son lit
de table et laissant le repas, il
arriva à jeun pres du corps ;
4. Et lenlevant, il le porta
dans sa maison secrètement, afin
que, lorsque le soleil serait cou-
[cu. π.}
ché, il l'ensevelit avec précau-
tion.
5. Etlorsqu'ileutcachéle corps,
il mangea son pain avec douleur
et tremblement,
6. Se rappelant cette parole
qu'avait dite le Seigneur par
Amos, le prophète : Vos jours de
féte se changeront en lamentation
et en pleur.
7. Et lorsque le soleil fut cou-
ché, il alla l'ensevelir.
8. Or tous ses proches le blà-
maient, disant : Déjà à cause de
cela on a commandé de te tuer,
el à peine as-tu échappé à l'arrét
de rsort, et, de nouveau, tu en-
sevais les morts?
9. Mais Tobie, craignant plus
Dieu que le roi, enlevaitles corps
de ceux qui avaient été tués, les
cachait dans sa maison, et les en-
sevelissait au milieu des nuits.
10. Or il arriva un jour que,
s'étantlassé parl'ensevelissement
et venant en sa maison, il se cou-
cha au pied dela muraille, et s'en-
dormit;
11. Puis, pendant qu'il dormait,
94. IV Rois, xix, 37; IL Par., xxxit, 21; [saie, xxxvi, 38, — Cnar. II. 6. Amos, van, 10;
1 Mach., 1, 44. — 9. Supra, 1, 21.
94. * Après quarante-cinq jours. Les différents textes de Tobie donnent un nombre
de jours différents. Ces jours ne s'appliquent pas d'ailleurs au temps qui s'écoula
depuis le retour de Sennachérib dans ses états, après la destruction de son armée
en Palestine, mais au temps qui s'écoula depuis la spoliation de Tobie.
1. Repas; proprement le premier de la journée.
3. De son lit de table. Les anciens Hébreux se mettaient à table couchés sur des
lits. Cependant cet usage n'était pas universel parmi eux.
10. La muraille de sa maison. Tobie, n'ayant pu se purifier de l'impureté légale
qu'il avait contractée en touchant les morts, demeura hors de sa maison.
11, * Un nid d'hirondelles. Ces oiseaux étaient des hirondelles, d'après la traduc-
tion de S. Jérôme, des passereaux, d’après l'ancienne Italique et les textes grecs,
qui ne parlent point non plus de nid. La cécité ne fut pas instantanée, d'aprés les
versions grecques; mais les excréments qui étaient chauds, en tombant sur les
yeux, ouverts, ajoutent le Codex Vaticanus et autres, produisirent dans les yeux une
inflammation et une taie, laquelle, par la maladresse des médecins, dégénéra en
perte compléte de la vue. S. Jéróme a résumé tous les détails fournis par les autres
textes dans les deux mots : 11 devint aveugle.
.11 .מס]
il tomba d'un nid d'hirondelles
de la fiente chaude sur ses yeux,
et il devint aveugle.
19. Or Dieu permit que cette
épreuve lui arrivát précisément,
pour que l'exemple de sa patience
füt offerte à ses descendants,
comme celle du saint homme Job.
13. Car, comme dès son en-
fance, il avait toujours craint
iDieu, et gardé tous ses comman-
dements, il ne s'attrista point, e£
ne murmura point contre Dieu
de ce que cette plaie de cécité
lui était venue;
14. Maisildemeurainébranlable
dans la crainte de Dieu, rendant
gráce à Dieu tous les jours de sa
vie.
15. Car, comme les rois insul-
taient au bienheureux Job, ainsi
ses parents et ses alliés raillaient
sa conduite, disant :
16. Où est ton espérance pour
laquelle tu faisais des aumónes
et des sépultures?
17. Mais Tobie les reprenait, di-
sant : Ne parlez point ainsi;
18. Parce que nous sommes en-
fants des saints, et que nous at-
tendons cette vie que Dieu doit
donner à ceux qui ne détournent
jamais leur fidélité de lui.
19. Or Anne, sa femme, allait
faire de la toile chaque jour, et
le vivre que parle travail de ses
mains elle pouvait gagner, elle
l'apportait.
20. D'où il arriva qu'ayant recu
un chevreau, elle l'apporta à la
maison ;
21. Et lorsque son mari eut en-
TOBIE,
937
tendu le cri du chevreau bélant,
il dit : Prenez garde qu'il n'ait été
dérobé; rendez-le à ses maitres,
parce qu'il ne nous est pas permis
de manger ce qui a été dérobé ou
d'y toucher.
29. A cela sa femme, irritée,
répondit : Ton espérance a été
manifestement vaine; et tes au-
mónes se montrent maintenant.
93. Ainsi c'est par ces discours
et d'autres semblables que sa
femme 16 blámait.
CHAPITRE III.
Prière de Tohie et de Sara fille de Raguel.
Le Seigneur les exauce, et envoie à leur
secours l'ange Raphaël.
1. Alors Tobie gémit, et com-
mença à prier avec larmes,
2. Disant : Vous êtes juste, Sei-
gneur, ettous vos jugements sont
droits, el toutes vos voies sont
miséricorde, vérité et justice.
3. Et maintenant, Seigneur,
souvenez-vous de moi, et ne tirez
point vengeance de mes péchés,
et ne vous rappelez point mes
offenses ou celles de mes pères.
4. Parce que nous n'avons point
obéi. à vos préceptes, c'est pour
cela que nous avons été livrés au
pillage, à la captivité, à la mort,
à la risée età l'insulte chez toutes
les nations parmi lesquelles vous
nous avez dispersés.
5. Et maintenant, Seigneur, vos
jugements sont grands, parce
que nous n'avons point agi selon
vospréceptes, etquenousn'avons
point marché sincerement devant
vous.
22, Job., 11, 9. — Cuar. 111. 4. Deut., xxvii, 15.
== M — M ÀÀ M ÀÀ MÀ M MÀ M MÀ M uM ...--..-.. A M ae 00..0.....ὕ....... e ——À—À—ÀÀÀ
2. Justice; littér. jugement, arrêt juste.
998
6. Et maintenant, Seigneur,
faites-moi selon votre volonté,
et ordonnez que mon âme soit
recue en paix; car il est avanta-
geux pour moi de mourir, plu-
tót que de vivre.
7. Or en ce méme jour il arriva
que Sara, fille de Raguel, qui de-
meurait à Rages, ville des Médes,
entendit elle-méme un reproche
outrageant d'une des servantes
de son père,
8. De ce qu'elle avait été don-
née à sept maris, et que le démon
du nom d'Asmodée les avait tués
aussitót qu'ils s'étaient approchés
d'elle.
9. Comme donc elle reprenait
cette jeune fille pour quelque
faute qu'elle avait faite, elle lui
répondit, disant : Que nous ne
voyious plus de toi fils ou fille sur
la terre, meurtriere de tes maris!
10. Est-ce que tu veux me tuer
aussi, comme tu as déjà tué sept
maris? A cette parole, Sara monta
dans la chambre haute de sa mai-
son, et pendant trois jours et
trois nuits elle ne mangea ni ne
but ;
11. Mais persévérant dans la
TOBIE,
]68. [.זוז
priere, elle priait Dieu avec lar-
mes qu'il la délivrát de cet op-
probre.
19. Or il arriva le troisieme
jour que, tandis qu'elle achevait
sa prière, bénissant le Seigneur,
13. Elle dit : Béni est votre nom,
Dieu de nos peres, qui, apres que
vous étes irrité, faites miséri-
corde, et qui au temps de la tri-
bulation remettez les péchés à
ceux qui vous invoquent.
14. C'est vers vous, Seigneur,
que je tourne ma face, et vers
vous que je dirige mes yeux.
15. Je vous demande, Seigneur,
que vous me détachiez du lien de
cet opprobre, ou que vous me
retiriez de dessus la terre.
16. Vous savez, Seigneur, que
je n'ai jamais désiré un mari, et
que j'ai conservé mon àme pure
de tout mauvais désir.
17. Jamais je ne me suis mêlée
à ceux qui se divertissent, et je
n'ai pas fait société avec ceux
qui marchent imprudemment.
18. Et j'ai consenti à recevoir
mon mari dans votre crainte, et
non pour ma passion,
19. Et ou moi j'ai été indigne
1. Ragés; le grec lit Ecbathane. D'un autre cóté on voit dans la Vulgate (1x, 3, 6)
que Tobie, étant arrivé chez Raguel, envoie Raphaél à Ragés vers Gabélus. Pour
faire disparaître cette espèce de contradiction de la Vulgate, on dit qu'il y avait deux
villes du nom de Ragès. On pourrait dire encore que Raguel et sa fille habitaient
Ragès, quand les sept maris furents tués par le démon; mais qu'après ce fàcheux
événement, ils changèrent d'habitation; ils avaient en effet plus d'une raison de
s'éloigner d'un lieu qui leur rappelait de si tristes souvenirs. — * La leçon du grec
est préférable. Raguel habitait Ecbatane. Ecbatane, aujourd'hui Hamadan, était la
capitale de la Médie. Fondée par Déjocés et entourée de sept murailles, de hauteur
et de couleur différentes, elle servit de résidence d'été aux rois Achéménides et
plus tard aux rois Parthes. Située au milieu de hautes montagnes, le climat en est
trés froid. Son altitude est de prés de 1800 métres. — Au verset 7 commence la
deuxième partie de cette histoire qui, jusqu'au verset 23, nous fait connaitre les
vertus et les épreuves de Sara, fille de Raguel.
8. * Asmodée parait étre le démon de la concupiscence. D'aprés les uns, il vient du
perse azmüden, > tenter », d’après les autres de l'hébreu schámad, « perdre. »
10. * La chambre haute, l'endroit principal de la maison. ; ;
[ci. 1v.)
d'eux, ou peut-étre eux n'étaient-
ils pas dignes de moi, parce que
peut-étre c'est pour un autre
mari que vous m'avez réservée.
| 90. Car vos conseils ne sont
point au pouvoir de l'homme.
21. Mais quiconque vous ho-
nore est assuré que sa vie, si elle
passe par l'épreuve, sera cou-
ronnée; mais, sil est dans la
tribulation, il sera délivré, et
sil éprouve un chátiment, il
pourra parvenir à votre miséri-
corde.
22. Gar vous ne vous plaisez
point à notre perte, puisqu'après
la tempéte vous faites le calme,
et qu après les larmes et les sou-
pirs vous répandez la joie.
23. Que votre nom, Dieu d'Is-
raél, soit béni dans les siecles!
24. En ce temps-là les prières
de tous les deux furent exaucées
en la présence du Dieu souve-
rain;
95. Et le saint ange du Sei-
gneur, Raphaél, fut envoyé pour
les guérir tous deux, eux dont
les prieres avaient été présentées
au Seigneur en méme temps.
CHAPITRE IV.
Instructions de Tobie à son fils. Il l'aver-
tit de la somme qu'il a mise entre les
mains de Gabélus.
1. Ainsi, comme Tobie croyait
que sa priere était exaucée, et
TOBIE.
939
quil pourrait mourir, il appela
vers lui Tobie, son fils,
2. Et lui dit : Ecoute, mon fils,
les paroles de ma bouche, et
pose-les dans ton cœur, comme
un fondement.
3. Lorsque Dieu aura recu mon
àme, ensevelis mon corps; tu
honoreras aussi ta mere tous les
jours de sa vie;
4. Car tu dois te rappeler quels
et. combien grands ont été les
périls qu'elle a essuyés, à cause
de toi, en son sein,
9. Et quand elle aura aussi elle-
méme achevé le temps de sa vie,
ensevelis-la prés de moi.
6. Mais tous les jours de ta vie
aie Dieu dans l'esprit, et garde-
toi de consentir jamais au péché,
et de négliger les préceptes du
Seigneur notre Dieu.
7. Fais 'aumóne de ton bien,
et ne détourne ta face d'aucun
pauvre; car il arrivera aussi que
la face du Seigneur ne se détour-
nera pas non plus de toi.
8. Comme tu le pourras, ainsi
sois miséricordieux.
9. Si tu as beaucoup, donne
abondamment; si tu as peu,
méme de ce peu, aie soin de
donner de bon cœur.
10. Car tu t'amasseras ainsi le
trésor d'une bonne récompense
au jour de la nécessité,
11. Parce que l'aumóne délivre
IV. 3. Exode, xx, 12; Eccli., vir, 29. — 7. Prov., x, 9; Eccli., 1v, 1; xiv, 13; אס
Luc, xiv, 13. — 8. Eccli., xxxv, 12. — 11. Eccli., xxix, 15.
24. * Ici commence la troisiéme section de Tobie, ur, 24-vr, 9, laquelle raconte le
voyage du jeune Tobie en Médie.
25. * Raphaël, > Dieu guérit », prend une forme humaine pour conduire, sous le
nom d'Azarias, le jeune Tobie.
4. A cause de toi, lorsque tu étais dans son sein.
41. Parce que l'aumóne, etc. L'aumóne faite avec de bonnes intentions nous mérite
940
de tout péché et de la mort, et
qu'elle ne laissera point l’âme
aller dans les ténèbres.
19. L'aumóne sera le sujet
d'une grande confiance devant
le Dieu très haut, pour tous ceux
qui la font.
13. Garde-toi, mon fils, de
toute fornication, et, hors ta
femme, ne te permets jamais de
connaitre le crime.
14. Ne laisse jamais lorgueil
dominer dans ton esprit ou dans
ta parole; car c'est par l'orgueil
que toute perdition a pris com-
mencement.
15. Quiconque t'aura fait un
travail, rends-lui aussitót son sa-
laire ; et que le salaire du merce-
naire ne demeure en aucune ma-
niere chez toi.
16. Ce que tu serais fáché qu'un
autre te fit, prends garde de ja-
mais le faire à un autre.
11. Mange ton pain avec les
pauvres et avec les indigents, et
de tes vétements couvre ceux
qui sont nus.
18. Mets ton pain et ton vin sur
le tombeau du juste, et n'en
mange et n'en bois point avec
les pécheurs.
19. Demande toujours conseil
à un sage.
20. Bénis Dieu en tout temps.
et demande-lui qu'il dirige tes
TOBIE.
(cn. v.]
voies, et que tous tes conseils
demeurent en lui persévéram-
ment.
91. Je t'avertis aussi, mon fils,
que, lorsque tu étais encore petit
enfant, jai donné dix talents
d'argent à Gabélus, qui demeure
à Ragès, ville des Medes; et j'ai
son seing chez moi:
29. Et c'est pourquoi cherche
comment tu parviendras jusqu'à
lui, tu recouvreras le susdit poids
d'argent et tu lui rendras son
seing.
23. Ne crains point, mon fils;
nous menons, à la vérité, une vie
pauvre; mais nous aurons beau-
coup de biens, si nous craignons
Dieu, si nous nous retirons de
tout péché, et si nous agissons
bien.
CHAPITRE V.
L'ange Raphaël s'engage à accompagner
le jeune Tobie jusqu'à 8869 ; larmes
de sa mére; confiance de son pére.
1. Alors Tobie répondit à son
pere, et dit: Tout ce que vous
m'avez ordonné, je le ferai, mon
père.
2. Mais comment pourrai - je
retirer cet argent, je l'ignore :
cet homme ne me connait point,
et moi je ne le connais point,
quelle marque lui donnerai-je?
Mais je ne sais pas méme le
13. I Thess., 1v, 3. — 14. Genèse, mr, 5. — 15. Lév., xix, 13; Deut., xxiv, 14. —
16. Matt., vir, 12; Luc, vi, 31. — 17. Luc, xiv, 13. — 23. Rom., viu, 11.
une augmentation dela gráce divine, et nous améne ainsi à la conversion et à la
pénitence, qui nous délivre en effet de tout péché et nous sauve de la mort éternelle.
13. De connaitre le crime; c'est-à-dire de commettre l'adultére.
18. Cette coutume de mettre de la nourriture sur les tombeaux, pratiquée chez les
Hébreux, et méme parmi les chrétiens pendant plusieurs siécles, était une aumóne
que l'on faisait aux vivants, afin de les engager à prier pour les morts.
91, * Voir plus haut, 1, 11.
2. Quelle marque, etc.; pour me faire connaitre à lui.
Ceres
[cn. v.]
chemin par où l'on peut aller là.
3. Alors son pere lui répondit,
et dit: J'ai méme son seing en
mon pouvoir;lorsque tu le lui
montreras, il te rendra aussitót
l'argent.
4. Mais va maintenant, et
cherche-toi quelque homme fi-
dele qui puisse aller avec toi, en
lui assurant sa récompense, afin
que tu recoives cet argent pen-
dant que je vis encore.
5. Alors Tobie, étant sorti,
trouva un jeune homme magni-
fique, debout, ceint, et comme
prét à marcher.
6. Et, ignorant que ce fül un
ange de Dieu, il le salua, et
lui dit : D'où es-tu, bon jeune
homme?
7. Et celui-ci répondit : Je suis
des enfants d'Israél. Alors Tobie
lui demanda : Connais-tu le che-
min qui conduit au pays des Me-
des?
8. Il lui répondit : Je le con-
nais; j'ai parcouru fréquemment
tous ces chemins, et j'ai demeuré
chez Gabélus, notre frère, qui
reste à Ragès, ville des Mèdes,
laquelle est située sur la mon-
tagne d'Ecbatane.
9. Tobie lui dit : Attends-moi,
je te supplie, jusqu'à ce que j'aie
annoncé tout cela à mon père.
10. Alors Tobie, entrant rap-
porta tout cela à son père. Sur
TOBIE.
941
quoi plein d'admiration, son père
demanda qu'il entrát auprès de
lui.
11. Etant donc entré, il salua
Tobie, et dit : Que la joie soit
avec vous toujours.
12. Et Tobie répondit : Quelle
joie auraije, moi qui suis tou-
jours dans les ténèbres, et qui ne
vois point la lumiere du ciel?
13. Le jeune homme lui ré-
pliqua : Ayez bon courage, dans
peu vous serez guéri par Dieu.
14. Et Tobie lui dit : Pourras-
tu conduire mon fils chez Ga-
bélus, à Ragès', ville des Mè-
des? Et lorsque tu seras de re-
tour, je te remettrai ta récom-
pense.
15. Alors l'ange lui dit : Oui, je
le mènerai et le ramènerai vers
vous.
16. Et Tobie répondit : Je te
prie, dis-moi : de quelle maison
ou de quelle tribu es-tu?
17. L'ange Raphaël lui dit: Est-
cela race du mercenaire que vous
cherchez, ou bien le mercenaire
lui-méme qui doit conduire votre
fils?
18. Mais, de peur que jene vous
rende inquiet, je suis Azarias, fils
du grand Ananias.
19. Et Tobie répondit : Tu es
d'une race illustre. Mais je te prie
de ne point te fácher, parce que
jai voulu connaitre ta race.
5. Quand les Orientaux se mettent en route, ils retroussent leurs longs vétements
avec une ceinture.
1. L'ange, ayant pris la forme d'Azarias (voy. vers. 18), et par conséquent le repré-
sentant, et tenant sa place, a pu sans blesser la vérité se qualifier d'enfant d'Israël.
C'est ainsi qu'un autre ange disait à Jacob : Je suis le Dieu de Béthel, parce qu'il re-
présentait le Seigneur et parlait en son nom (Genèse, xxxi, 13).
18. Azarias veue dire Dieu aide, et Ananias, Dieu est propice, miséricordieux. L'ange
pouvait d'autant mieux prendre ces deux noms, qu'ils conviennent parfaitement à
la mission divine qu'il remplissait vis-à-vis de Tobie,
942
90. Alors l'ange Jui dit : Oui, je
mènerai en bonne santé, et je
ramènerai en bonne santé votre
fils.
91. Et, répondant, Tobie dit :
Voyagez heureusement, que Dieu
soit avec vous dans votre che-
min, et que son ange vous accom-
pagne.
22. Alors, tout ce qu'ils devaient
porter en route ayant été préparé,
Tobie dit adieu à son père et à sa
mere, et ils s'en allèrent tous deux
ensemble.
23. Et lorsqu'ils furent partis,
la mère commença à pleurer et à
dire : Tu nous a óté le bâton de
notre vieillesse, et tu l'as éloigné
de nous.
24. S'il n'avait jamais été, cet
argent pour lequel tu l'as en-
voyé !
25. Car notre pauvreté nous suf-
fisait, en sorte que nous pouvions
regarder comme une grande ri-
chesse de voir ziotre fils.
26. Tobie lui répondit : Ne
pleure point; notre fils arrivera
là sauf, etil reviendra sauf vers
nous, et tes yeux le verront;
27. Car je crois qu'un bon
ange de Dieu l'accompagne, et
CnaAP. V. 23. Infra, x, 4.
TOBIE.
(cm. vi.]
qu'il dispose bien tout ce qui se
rapporte à lui, et qu'ainsi il re-
viendra avec joie vers nous.
98. A cette parole, sa mere cessa
de pleurer, et elle se tut.
CHAPITRE VI.
Le jeune Tobie étant en route, un pois-
son veut le dévorer. Tobie le prend
par ordre de l'ange. L'ange lui con-
seille d'épouser Sara, fille de Raguel.
1. Tobie partit donc, et lechien
le suivit; et il s'arrêta à la pre-
miere hótellerie pres du fleuve
du Tigre.
2. Et il alla pour laver ses
pieds, et voilà qu'un poisson
énorme sortit pour le dévorer.
3. Épouvanté de ce poisson,
Tobie cria d'une voix forte, di-
sant : Seigneur, il s'élance sur
moi !
4. Et l’ange lui dit : Saisis-le
par les ouies, et tire-le à toi. Ce
qu'ayant fait, il le tira à terre, et
le poisson commenca à palpiter à
ses pieds.
5. Alors l'ange lui dit : Éventre
ce poisson, et réserve-t'en le
cœur, le fiel et le foie, parce que
ces choses sont nécessaires pour
des remedes utiles.
— — —— a a — M — a MH M —
95. Notre pauvreté, etc. Le peu que nous avons nous suffisait, et nous aurions dû
regarder comme une richesse le bonheur de voir notre fils avec nous.
1. * Le soir de la première journée du voyage, Tobie et son conducteur s'arrétérent
sur les bords du Tigre, soit le fleuve célébre de ce nom, qui traversait l'ancienne
Ninive, ce qui impliquerait que l'Israélite demeurait sur la rive droite, soit le grand
ou le petit Zab, atfluents du Tigre, à l'est, à qui on donnait aussi ce nom.
2. * Un poisson énorme. C'était probablement un brochet. Ce poisson atteint sou-
vent la grosseur d'un homme et peut devenir trés vieux. Il est trés vorace; on a
trouvé quelquefois dans ses entrailles des membres humains. La téte est grosse'
l'ouverture de la bouche large et s'étend presque jusqu'aux yeux. On le rencontre dans
le Tigre; sa chair est excellente; il est assez gros pour servir plusieurs jours de
nourriture à des voyageurs, vi, 6; il a des nageoires et des écailles et remplit ainsi
les conditions prescrites par la loi pour que les Juifs puissent en manger, Lévitique,
xi, 9 -10;il a des ouies, comme le suppose le texte.
cu. νι]
6. Ce qu'ayant fait, il rótit de
seschairs qu'ils emporterentpour
la route ; ils salèrent le reste, qui
leur devaitsuffire jusqu'à ce qu'ils
arrivassent à Ragès, ville des
Mèdes.
7. Alors Tobie interrogea l'an-
ge, etlui dit : Jete conjure, Aza-
rias, mon frere, de me dire à
quels remèdes servira ce que tu
as commandé de conserver de ce
poisson.
8. Et, répondant, l'ange lui dit :
Si tu mets une petite partie du
cœur sur des charbons, la fumée
qui en sort chasse toute sorte de
démons, soit dun homme, soit
d'une femme, en sorte qu'ils ne
s'en approchent plus.
9. Et le fiel est bon pour oin-
dre les yeux où il y a une taie, et
il les guérit.
10. Ensuite Tobie lui dit : Oü
veux-tu que nous logions?
11. Et, répondant, l'ange dit :
Il y a ici, du nom de Raguel, un
homme, ton proche, de ta tribu :
or cet homme a une fille du nom
de Sara, et il n'a pas de garcon ni
aucune autre fille qu'elle.
19. Tout son bien t'est dû;
mais il faut que tu la prennes en
mariage.
TOBIE. 943
18. Demande-la donc à son
pere, el il te la donnera pour
femme.
14. Alors Tobie lui répondit, et
dit : J'entends dire qu'elle a été
donnée à sept maris, et qu'ils sont
tous morts ; et j'ai oui dire aussi
qu'un démon les a tués.
15. Je crains donc que cela ne
m'arrive, et que, comme je suis
fils unique de mes parents, je ne
conduise la vieillesse de mon pere
et de ma mere avec tristesse dans
les enfers.
16. Alors lange Raphaël lui
dit : Ecoute-moi, et je te montre-
rai qui sont ceux sur qui 16 démon
ἃ du pouvoir.
17. Or ceux qui embrassent le
mariage de manière qu'ils ban-
nissent Dieu de leur cœur et de
leur esprit, et qu'ils s'abandon-
nent àleur passion, de méme que
le cheval et le mulet, qui n'ont
pas d'intelligence, le démon a pou-
voir sur eux.
18. Mais toi, apres que tu l'au-
ras épousée, étant entré dans la
chambre à coucher, sois continent
vis-à-vis d ellependant troisjours,
et ne t'occupe avec elle d'aucune
autre chose que de prieres.
19. Et, dans cette nuit méme,
CHAP. VI. 12. Nomb., xxvi, 8; xxxvi, 8.
———————————M———— d — M .
6. * A Ragés. Voir plus haut, mi, 1.
8-9. * L'ange ordonna à Tobie de saisir le poisson par les ouies, et, quand ils en
eurent mangé, il lui recommanda de garder une partie du cœur, pour chasser le
démon, et le fiel, pour guérir la taie des yeux. Les interprètes catholiques sont di-
visés sur la question de savoir s'il s'agit ici de propriétés naturelles ou surnaturelles
de ces orgaues. Il s'agit plus vraisemblablement ici de propriétés miraculeuses que
Dieu leur confère, afin que son ange puisse conserver jusqu'à la fin l'incognito et
remplir néanmoins la mission secourable qui lui a été confiée.
9. Il les guérit. Devant ces mots, il y a évidemment sous-entendu si on les oint
avec ce fiel. Les ellipses de ce genre sont trés communes dans le style de l'Ecri-
ture.
10. * Quatrième section. Mariage du jeune Tobie avec Sara, vr, 10-1x.
15. Dans les enfers. Voy. sur le vrai sens de cette expression, Gen., xxxvi, 88
944 TOBIE.
si le roe du poisson est brûlé, le
démon sera mis en fuite.
20. Et la seconde nuit, tu seras
admis à la société des saints pa-
triarches.
21. Mais la troisième nuit, tu
recevras la bénédiction de Dieu,
afin que soient procréés de vous
des enfants très sains.
22. Or, la troisième nuit passée,
tu recevras cette vierge avec la
crainte du Seigneur et par le dé-
sir d'avoir des enfants, plutôt que
poussé par la passion, afin que
dans la race d'Abraham tu ob-
tiennes une bénédiction en en-
fants.
CHAPITRE VIT.
Mariage du jeune Tobie avec Sara,
fille de Raguel.
1. Ils entrèrent donc chez Ra-
guel, et Raguel les reçut avec
joie.
2. Et Raguel, jetant les yeux
sur Tobie, dit à Anne, sa femme:
Comme ce jeune homme ressem-
ble à mon cousin !
3. Et après qu'il eut dit cela, il
demanda : D'où êtes-vous, mes
jeunes frères? Et eux répondi-
rent : Nous sommes de la tribu
de Nephthali, de la captivité de
Ninive.
4. Et Raguel leur dit : Connais-
sez-vous Tobie, mon frere? ls lui
répondirent : Nous le connais-
sons.
5. Etcomme Raguel disait beau-
coup de bien de Tobie, l'ange lui
dit : Tobie, dont vous vous infor-
| 8. vir.]
mez, est le pere de ce jeune
homme.
6. Et Raguel se précipita, et le
baisa avec larmes, et, pleurant
sur son cou,
7. ll dit : Que la bénédiction
soit sur toi, mon fils; car tu es le
fils d'un bon et excellent homme.
8. Et Anne, sa femme, et Sara,
leur fille, commencèrent à pleu-
rer.
9. Or, après qu'ils eurent parlé,
Raguel ordonna qu'on tuát un bé-
lier et qu'on préparáàt le festin; et,
comme il les engageait à se met-
tre à table,
10. Tobie dit : Moi, je ne man-
gerai point ici d'aujourd'hui, et,
je ne boirai point, si auparavant
vous ne m'accordez ma demande,
et si vous ne promettez de me
donner Sara, votre fille.
11. Cette parole entendue, Ra-
guel fut épouvanté, sachant ce
qui était arrivé aux sept maris
qui s'étaient approchés d'elle, et
il commença à craindre qu'à ce-
lui-ci aussi il n'arrivàt pareille-
ment : et, comme il hésitait, ne
donnant à la demande de Tobie
aucune réponse,
12. L'ange lui dit : Ne craignez
point de donner votre fille à ce
jeune homme, parce que c'est à
lui, qui craint Dieu, qu'est due
votre fille pour épouse; c'est pour
cela qu'un autre n'a pu l'avoir.
13. Alors Raguel dit : Je ne
doute point que Dieu n'ait admis
en sa présence mes prières et mes
larmes.
20-22. Dans la seconde et la troisième nuit, que vous passerez de méme dans la
continence et la prière, tu parliciperas à l'esprit, à la vertu des saints patriarches,
et à la bénédiction qui consiste en une postérité nombreuse d'enfants de la race
d'Abraham.
011. VIII.)
14. Et je crois qu'il a fait que
vous vinssiez vers moi, unique-
ment afin que cette fille se mariât
dans sa parenté, selon la loi de
Moise : ainsi maintenant n'aie au-
cun doute que je ne te la donne.
15. Et, prenant la main droite
de sa fille, il la mit dans la main
droite de Tobie, disant : Que le
Dieu d'Abraham, le 16000 6
^et le Dieu de Jacob soit avec
vous ; que lui-méme vous unisse,
et qu'il accomplisse sa bénédic-
tion en vous.
16. Et, ayant pris du papier, ils
firent l'écrit de mariage.
17. Et après cela ils mangèrent,
bénissant Dieu.
18. Et Raguel appela vers lui
Anne, sa femme, et lui ordonna
de préparer une autre chambre.
ες 49. Elle y introduisit Sara, sa
fille, et celle-ci pleura.
20. Et elle lui dit : Aie bon cou-
rage, ma fille; que le Seigneur du
ciel te donne de la joie, au lieu
de la peine que tu as soufferte.
CHAPITRE VIII.
Tobie et Sara passent la première nuit
de leurs noces en prières. Tobie n'é-
prouve aucun accident fácheux. Raguel
en bénit Dieu, et leur fait célébrer
leurs noces.
1. Or, aprés qu'ils eurent soupé,
TOBIE.
945
ils introduisirentle jeune homme
aupres d'elle.
2. C'est pourquoi Tobie, se sou-
venant des paroles de l'ange, tira
de son havre-sac une partié du
foie du poisson, et la mit sur des
charbons ardents.
3. Alors l'ange Raphaél se sai-
sit du démon, et l'enchaina dans
le désert dela haute Egypte.
4. Alors Tobie exhorta la vier-
ge, et lui dit : Sara, lève-toi, et
prions Dieu aujourd'hui et de-
main, et aprés-demain, parce que
durant ces trois nuits nous som-
mes unis à Dieu: et, la troisieme
nuit passée, nous vivrons dans
notre mariage :
9. Car nous sommes enfants des
saints, et nous ne devons pas
nous marier comme les nations
qui ignorent Dieu.
6. S'étant donc levés en méme
temps, ils priaient Dieu instam-
menttous les deux ensemble pour
quune vie sauve leur füt ac-
cordée.
1. Et Tobie dit:Seigneur Dieu de
nos pères, qu'ils vous bénissent,
les cieux et la terre, la mer, les
fontaines et les fleuves et toutes
les créatures qui s'y trouvent.
8. C'est vous qui avez fait Adam
du limon de la terre, et qui lui
avez donné pour aide, Eve.
Cuap. VII. 14. Nomb., xxxvi, 6. — (Παρ. VIII. 8. Genèse, 11, 7.
14. * Selon la loi de Moise, qui prescrivait que lorsqu'il n'y avait que des filles dans
une famille, elles se mariassent dans leur propre tribu.
16. Du papier, ou un livre, comme porte le grec.
19. Celle-ci pleura. La suite prouve que c'est en effet Sara qui pleura. Remarquons
de plus que, dans les écrivains sacrés comme dans les auteurs arabes, le complément
d'un verbe sert trés souvent de sujet au verbe suivant, quand ce dernier n'en a
aucun autre d'exprimé.
3. L'ange Raphael, usant de la puissance que Dieu lui avait donnée, enleva à As-
modée tout pouvoir de nuire, et le relégua dans un lieu où il lui était impossible
d'exercer sa méchanceté. — * Dans le désert de la haute Egypte, dans la Thébaïde,
4. Nous sommes, etc. Nous devons nous unir à Dieu par la prière.
Av.
60
946 TOBIE.
9. Et maintenant, Seigneur,
vous savez, vous, que ce n'est
point pour cause de passion que
je prends ma sœur pour épouse,
mais par le seul désir d'une pos-
térité dans laquelle soit béni votre
nom dans les siècles des siècles.
10. Sara dit aussi : Ayez pitié
de nous, Seigneur, ayez pilié
de nous, et que nous vieillissions
tous deux ensemble en bonne
santé.
11. Et il arriva, vers le chant
des coqs, que Raguel commanda
qu'on fit venir ses serviteurs ;
et 115 s’en allèrent avec lui en
même temps pour creuser un
sépulcre.
12. Car il disait : Peut-être qu'il
lui sera arrivé comme aux autres
sept hommes qui se sont appro-
chés d'elle.
13. Et, lorsqu'ils eurent préparé
la fosse, Raguel, revenu vers sa
femme, lui dit :
14. Envoie une de tes servantes
et qu'elle voie s'il est mort, afin
que je l'ensevelisse avant que le
jour paraisse.
15. Et celle-ci envoya une de
ses servantes, laquelle, étant
entrée dans la chambre, les
trouva tous deux saufs et très
sains, dormant auprès lun de
l'autre.
16. Et, revenue, elle annonca
cette bonne nouvelle, et ils bé-
nirent le Seigneur, c'est-à-dire
Raguel et Anne, sa femme,
[cm. vi. |
17. Et ils dirent : Nous vous
bénissons, Seigneur Dieu d'Is-
raël, parce qu'il n'est pas arrivé
comme nous pensions.
18. Car vous avez exercé envers
nous votre miséricorde, vous avez
chassé loin de nous l'ennemi qui
nous persécutait;
19. Et vous avez eu pitié de
deux enfants uniques. Faites,
Seigneur, qu'ils vous bénissent
davantage, et qu'ils vous offrent.
un sacrifice pour la louange qui
vous est due et pour leur vie
sauve, afin que toutes les na-
lions sachent que c'est vous qui
étes le seul Dieu dans toute la
terre.
20. Et aussitót Raguel ordonna
à ses serviteurs de remplir la
fosse qu'ils avaient faite, avant
que le jour parüt.
91. Il dit aussi à sa femme
d'appréter un repas, et de pré-
parertout ce qui était nécessaire
pour là nourriture des voya-
geurs.
22. Il fit aussi tuer deux vaches
grasses et quatre béliers, et pré-
parer un festin pour tous ses voi-
sins et tous ses amis.
23. Raguel conjura ensuite
Tobiede demeurer deux semaines
chez lui.
24. Or de tout ce qu'il possé-
dait, Raguel donna la moitié à
Tobie, et il fit un écrit, afin que
la moitié qui resterait apres leur
mort devintla propriété de Tobie.
11. Cogs. Le mot dela Vulgate signifie proprement les petits des animaux. — * Pour
creuser un sépulcre, afin d'enterrer immédiatement Tobie qu'on supposait mort,
parce qu'on n'avait pas coutume de conserver les cadavres.
19. * Qu'ils vous offrent un sacrifice, non pas un sacrifice proprement dit, qu'on ne
pouvait pas offrir hors de la Palestine, mais un sacrifice de louange ou d'actions de
grâces, comme dans le Psaume xuix, 24.
24. Aprés leur mort; c'est-à-dire la mort de Raguel et de sa femme.
[68. x.)
CHAPITRE IX.
L'ange va trouver Gabélus, recoit de lui
l'argent, et l'amène aux noces de To-
bie.
1. Alors Tobie appela vers lui
l'ange, qu'il croyait certainement
étre un homme, et lui dit : Aza-
rias, mon frere, je demande que
tu écoutes mes paroles.
2. Quand je me livrerais à toi
comme esclave, je ne serais pas
dignement reconnaissant de tes
soins.
3. Cependant, je te conjure de
prendre des bétes et des servi-
teurs, et d'aller vers Gabélus, à
Rages, ville des Mèdes, de lui
rendre son écrit, de recevoir de
luil'argent, et de le prier de venir
à mes noces:
4. Car tu sais toi-même que mon
pere compte les jours; or si je
tarde un jour de plus, son âme
sera contristée.
5. Certainement tu vois aussi
de quelle maniere Raguel m'a
conjuré de demeurer ici, et que
je ne puis rejeter ses instances.
6. Alors Raphaél, prenant qua-
tre des serviteurs de Raguel et
deux chameaux, s'en alla à Ra-
ges, ville des Medes; et, trouvant
Gabélus, il lui rendit son écrit et
recut de lui tout l'argent.
1. ll Jui raconta aussi touchant
Tobie tout ce qui s'était passé, et
TOBIE,
947
il le fit venir avec lui aux noces.
8. Or, lorsque Gabélus fut entré
dans la maison de Raguel, 1]
trouva Tobie à table; mais, celui-
ci s'élancant, ils s'embrasserent
l'un l'autre; et Gabélus pleura et
bénit Dieu,
9. Et dit : Que le Dieu d'Israël
te bénisse, parce que tu es le
fils dun homme excellent et
juste, craignant Dieu, et faisant
l'aumóne.
10. Que l'on dise aussi la béné-
diction sur ta femme et sur tes
parents ;
11. Et que vous voyiez vos fils,
les fils de vos fils, jusquà la
troisième et la quatrième géné-
ration, et que votre race soit
bénie du Dieu d'Israël, qui règne
dans les siècles des siècles.
12. Et, tous ayant répondu
Amen, ils s'approcherent pour le
festin ; mais c'est méme avec 8
crainte du Seigneur qu'ils célé-
brerent le festin des noces.
CHAPITRE X.
Inquiétude du père et de la mère du
jeune Tobie. Raguel et le jeune Tobie
se séparent.
1. Mais, comme Tobie différait
de revenir à cause de son ma-
riage, son pere Tobie était inquiet,
disant : Penses-tu pourquoi mon
fils est en retard, ou pourquoi il
est retenu là?
2. Je ne serais pas, etc.; ma personne et mes services d'esclave ne seraient pas
un prix tout à fait digne des services que tu m'as rendus, c'est-à-dire : je ne pourrais
reconnaitre dignement, etc.
3. * A Ragés. Voir plus haut, τ, 16.
8. A table; littér. couché. Voy. u, 3.
10. Que l’on dise, elc. Que l'on prononce des bénédictions sur ta femme, etc.; c'est-
à-dire, que l'o.. proclame heureux ta femme et tes parents.
1. Disant en lui-même, se disant en lui-même. Compar. II Rois, 1x, 1. — * Les cha-
pitres x et xi forment la cinquième section et racontent le retour de Tobie à Ninive.
Q8 TOBIE.
2. Penses-tu que Gabélus soit
mort, et que personne ne pourra
lui rendre l'argent?
3. ll commenca donc à s’at-
trister extrémement, lui-même,
et Anne sa femme avec lui; et
ils commencèrent tous deux à
pleurer ensemble de ce qu’au
jour marqué leur fils ne revenait
point vers eux.
4. Sa mere pleurait donc avec
des larmes qu'elle ne pouvait
retenir, et elle disait : Hélas,
hélas, mon fils! pourquoi t'avons-
nous envoyé en pays étranger,
toi, la lumiere de nos yeux, le
bâton de notre vieillesse, le sou-
lagement de notre vie, l'espé-
rance de notre postérité ?
5. Ayant en toi seul toutes
choses réunies, nous ne devions
pas t'envoyer loin de nous.
6. Tobie lui disait : Tais-toi,
ne te trouble point, notre fils est
en bonne santé ; ilest tres fidèle,
cet homme avec qui nous l'avons
envoyé.
7. Mais cela ne pouvait en au-
cune maniere la consoler; car sor-
tant chaque jour, elle regardait
de tous côtés, et parcourait les
chemins par lesquels il lui sem-
blait qu'il devait revenir pour le
voir venir de loin, si elle pouvait.
8. Cependant Raguel disait à
son gendre : Demeure ici, et moi,
jenverrai des nouvelles de ta
santé à Tobie, ton père.
9. Tobie lui dit : Je sais parfai-
tement que mon père et ma inere
CHAP. X. 4. Supra, v, 23.
[cH. ΣΙ.
comptent maintenant les jours, et
leur esprit est tourmenté en eux.
10. Enfin, comme Raguel priait
Tobie avec beaucoup d'instances,
et que celui-ci ne voulait en au-
cune maniere l'entendre, il lui
remit Sara, et la moitié de tous
ses biens en serviteurs, en ser-
vantes, en troupeaux, en cha-
meaux, en vaches et en une
grande quantité d'argent, et il le
laissa aller plein de santé et se
réjouissant,
11. Disant : Que l'ange saint du
Seigneur soit en votre chemin,
et quil vous conduise exempts
de tout mal; que vous puissiez
trouver tout parfaitement bien
auprès de vos parents, et que mes
yeux voient vos enfants, avant
que je meure.
12. Et les parents, prenant leur
fille, la baisèrent et la laisserent
aller,
13. L'avertissant d'honorer son
beau-père et sa belle-mère, d'ai-
mer son mari, de diriger sa fa-
mille, de gouverner sa maison, et
de se conserver elle-même irré-
prochable.
CHAPITRE XL.
Le jeune Tobie et Raphaël arrivent à Ni-
nive. Tobie recouvre la vue. Sara ar-
rive, on célèbre la noce.
1. Comme ils s'en retournaient,
ils arriverent à Charan, qui est à
moitié chemin, en allant vers Ni-
nive, le onzieme jour,
9. Et l'ange dit : Tobie, mon
1. * Charan ne désigne pas ici la ville de ce nom située en Mésopotamie, mais une
autre ville à l'est de Ninive et d'ailleurs inconnue, située peut-être sur la frontière
de la Médie et de l'Assyrie.
2, * Tobie n'avait pu quitter sa jeune femme et prendre les devants, tant qu'on était
CH. [זא
frère, tu sais comment nous avons
laissé ton père.
3. C'est pourquoi, s'il te plait,
allons en avant, et que tes do-
mestiques nous suivent à pas
lents, avec ta femme et avec les
animaux.
4. Et comme il leur plut d'aller
ainsi, Raphaël dit à Tobie : Prends
avec toi du fiel du poisson; car il
te sera nécessaire. Tobie prit donc
de ce fiel, et ils s'en allèrent.
ὃ. Or Anne était assise tous les
jours prés du chemin, sur le som-
met de la montagne, d’où elle
pouvait regarder de loin;
6. Et, tandis que delà elle guet-
tait son arrivée, elle le vit de loin.
et aussitót elle reconnut son fils
qui venait; et, courant, elle l'an-
nonca à son mari, disant : Voilà
ton fils qui vient.
1. Et Raphaël dit à Tobie : Or,
dès que tu seras entré dans ta mai-
son, aussitót adore le Seigneur
ton Dieu; et, lui rendant grâces,
approche de ton père, baise-le,
8. Et aussitót frotte les yeux de
ton pere avec ce fiel de poisson
que tu portes avec toi; car sache
qu'àlinstant les yeux de ton pere
s'ouvriront, et que ton pere verra
la lumière du ciel, et qu'à ton as-
pect il se réjouira.
9. Alors courut devant eux le
chien qui avait été avec eux pen-
dant le chemin; et, comme un
messager qui arrive, il témoignait
sa joie encaressant avec sa queue.
10. Et, se levant, le père de
TOBIE.
949
Tobie, aveugle, se mit à courir,
heurtant de ses pieds; et, don-
nant la main à un serviteur, il
alla au-devant de son fils;
11. Et, le recevant, ille baisa et
sa mère le baisa avec lui; et ils
commencerent tous deux à pleu-
rer de joie.
12. Puis, ayantadoré Dieu, et lui
ayant rendu gráces, ils s'assirent.
13. Alors Tobie, prenant du fiel
du poisson, en frotta les yeux de
son père.
14. Et il attendit environ une
demi-heure, et la taie commenca
à sortir de l’œil comme la men-
brane d’un œuf :
15. Tobie,lasaisissant,l'arracha
de ses yeux, et recouvra aussitôt
la vue.
16. Et ils glorifiaient Dieu, c'est-
à-dire lui-méme, et sa femme et
tous ceux qui le connaissaient.
17. Et Tobie disait : Je vous bé-
nis, Seigneur Dieu d'Israél, parce
que c'est vous qui m'avez châtié,
et vous quim'avez sauvé; et voilà
que moi, je vois Tobie, mon fils.
18. Et, après sept jours, Sara
aussi, la femme de son fils, entra,
ettoute 18 famille en bonne santé,
avec les troupeaux, leschameaux,
et la dot considérable de l'épouse,
et de plus avec l'argent qu'il avait
reçu de Gabélus.
19. Et Tobie raconta à ses pa-
rents tous les bienfaits dont Dieu
l'avait comblé par l'entremise de
l'homme qui l'avait conduit.
20. Ensuite vinrent Achior et
en Médie, probablement parce que ce pays, mal soumis aux Assyriens, était mal
disposé à l'égard de gens qui se rendaient à Ninive. Il avait donc fallu que l'ange
Raphaël et Tobie restassert avec Sara pour la protéger, elle et ses biens. Arrivés
sur le sol assyrien, ils pouvaient sans inconvénient hâter leur marche, en la laissant
suivre à petites journées.
15. Tobie: le fils, selon la Vulgate; le grec ne détermine ni 16 père, ni le fils.
950
Nabath, cousins de Tobie, se ré-
jouissant auprès de Tobie, et le
félicitant de tous les biens dont
Dieu l’avait comblé ostensible-
ment.
91. Et, durant sept jours, fai-
sant des festins, tous se réjouirent
d'une grande joie.
CHAPITRE XII.
Tobie veut récompenser Raphaël. Celui-
ci découvre qui il est, et disparaît de
devant eux.
1. Alors Tobie appela vers lui
son fils, et lui dit: Que pouvons-
nous donner à cet homme saint
qui est venu avec toi?
2. Tobie, répondant, dit à son
pere : Mon père, quelle récom-
pense lui donnerons-nous? ou
qu'est-ce qui pourra être digne
de ses bienfaits ?
3. ll m'a mené et ramené en
bonne santé; c'est lui-même qui
a reçu l'argent de Gabélus; lui
qui m'a fait avoir ma femme, et
qui a écarté d'elle le démon; il a
causé de la joie à ses parents, il
m'a arraché à un poisson dévo-
rant, il vous a fait voir à vous-
méme lalumière du ciel, et par lui
nous avons été remplis de toute
sorte de biens. Que pourrons-nous
lui donner de convenable pour
cela?
4. Mais je vous prie, mon pere,
de lui demander si, par hasard, il
juge digne de prendre pour lui
la moitié de tout ce qui a été ap-
porté.
TOBIE.
[cu. xrm.]
5. Et l'appelant, c'est-à-dire le
père et le fils, ils le prirent à part,
et se mirent àle prier de daigner
accepter la moitié de tout ce qu'ils
avaient apporté.
6. Alors il leur dit en secret :
Bénissez le Dieu du ciel, et ren-
dez-lui gloire devant tous les vi-
vants, parce qu'il a exercé envers
vous sa miséricorde.
7. Car il est bon de cacher le
secret d'un roi; mais révél et
publier les ceuvres de Dieu, c'est
une chose honorable.
8. La prière est bonne avec le
jeûne, et l'aumóne vaut mieux
que de tenir cachés des trésors
d'or,
9. Parce que l'aumóne sauve de
la mort, et c'est elle qui lave les
péchés et fait trouver la miséri-
corde et la vie éternelle.
10. Mais ceux qui commettent
le péché et liniquité sont les
ennemis de leur âme.
11. Je vous manifeste donc la
vérité, et je ne vous cacherai
point une chose qui est secrète.
12. Quand tu priais avec larmes,
que tu ensevelissais les morts,
que tu laissais ton repas, que tu
cachais les morts durant le jour
en ta maison, et que, durant la
nuit, tu les ensevelissais, c'est
moi qui ai présenté ta prière au
Seigneur. |
13. Et parce que tu étais agréa-
ble au Seigneur, il a été néces-
saire que la tentation t'éprouvát.
14. Et maintenant le Seigneur
1. * Sixième section et conclusion de l'histoire, x-xiv; manifestation de l'ange
Raphaël et dernières années de Tobie.
9. De la mort; éternelle. Voy. 1v, 2.
11. Une chose; littér. une parole. Comme nous l'avons déjà remarqué, dans l'Ecri-
ture le mot parole se prend très souvent dans le sens de chose, fait, événement.
12. Ton repas. Voy. u, 1.
[cu. xur.]
m'a envoyé pour te guérir, et
pour sauver Sara, la femme de
ton fils, du démon.
15. Car je suis l'ange Raphaël,
l'un des sept qui nous tenons
devant le Seigneur.
16. Et, losqu'ls eurent en-
tendu ces paroles, ils furent trou-
blés, et, tremblants, ils tombèrent
à terre sur leur face.
17. Et l'ange leur dit : Paix à
vous ! ne craignez point.
18. Car lorsque j'étais avec
vous, c'est par la volonté de
Dieu que j'y étais : bénissez-le et
chantez-le.
19. Je paraissais, il est vrai,
manger avec vous et boire; mais
moi, c'est d'une nourriture invi-
sible et d'une boisson qui ne peut
être vue par les hommes que je
fais usage.
20. Il est donc temps que je
retourne vers celui qui m'a en-
voyé; mais, vous, bénissez Dieu,
et racontez toutes ses merveilles.
91. Et, lorsqu'il eut dit ces
choses, il fut enlevé de leur pré-
sence, etils ne purent plus le voir.
99. Alors, prosternés pendant
trois heures sur leur face, ils bé-
nirent Dieu, et, s'étant levés, ils
racontèrenttoutes ses merveilles.
CHAPITRE XIII.
Cantique de Tobie.
1. Alors, ouvrant la bouche,
TOBIE. 951
Tobie, le vieux, bénit le Seigneur,
et dit : Vous êtes grand, Seigneur,
dans l'éternité, et dans tous les
siecles est votre regne ;
2. Parce que vous frappez et
vous guérissez; vous amenez aux
enfers, et vous en ramenez, et il
n'v a personne qui puisse fuir
votre main.
3. Rendez gloire au Seigneur,
enfants d'Israél, et, en la présence
des nations, louez-le,
4. Parce qu'il vous a dispersés
parmi les nations qui l'ignorent,
uniquementafin que vous-mémes
leur racontiez ses merveilles, et
que vous leur fassiez savoir qu'il
n'y a aucun autre Dieu tout-
puissant, hors lui.
9. C'est lui qui nous a châtiés
à cause de nos iniquités, et c'est
lui qui nous sauvera à cause de
sa miséricorde.
6. Considérez done ce qu'il
nous a fait, et avec crainte et
tremblement rendez-lui gloire;
et exaltez le roi des siècles dans
vos œuvres.
7. Et moi, dans la terre de ma
captivité, je lui rendrai gloire,
parce qu'il a manifesté sa majesté
sur une nation pécheresse.
8. Convertissez-vous donc à
lui, pécheurs; pratiquez la jus-
tice devant Dieu, croyant qu'il
exercera envers vous sa miséri-
corde.
9. Pour moi, et mon àme, c'est
Cuar. XIII. 2. Deut., xxx1r, 39; I Rois, 1, 6; Sag., xvi, 13.
15. Raphaël; mot hébreu qui signifie Dieu a guéri.
1 et suiv. Ce cantique est en méme temps une véritable prophétie, dans laquelle
Tobie annonce la délivrance des Israélites, et le rétablissement de Jérusalem, ou
plutót l'établissement de l'Eglise et la conversion future du peuple juif.
2. Aux enfers. Voy., sur le sens de cette expression, Genèse, xxxvi, 35
9. Moi el mon âme; c'est-à-dire tout mon être,
952 TOBIE.
en lui que nous nous livrerons à
l'allégresse.
10. Bénissez le Seigneur, vous
tous ses élus; célébrez des jours
de réjouissance, et rendez-lui
gloire. / י
11. Jérusalem, cité de Dieu, le
Seigneur t'a chátiée à cause des
œuvres de tes mains.
12. Rends gloire au Seigneur
pour les biens qu'il t'a faits, et
bénis le Dieu des siècles, afin
qu'il rebátisse en toi son taber-
nacle, qu'il rappelle à toi tous les
caplifs, et que tu te réjouisses
dans tous les siècles des siècles.
13. Tu brilleras d’une lumière
éclatante, et tous les peuples de
la terre t'adoreront.
14. Les nations viendront de
loin vers toi, et, t'apportant des
présents, elles adoreront en toi le
Seigneur, et elles tiendront ta
terre pour sainte;
15. Car elles invoqueront le
grand nom en toi.
16. Maudits seront ceux qui
t'auront méprisée, et condamnés
seront ceux qui t'auront blas-
phémée; mais bénis seront ceux
qui t’auront bâtie.
17. Pour toi tu te réjouiras en
tes enfants, parce que tous se-
ront bénis, et qu'ils seront réunis
au Seigneur.
18. Heureux tous ceux qui
t'aiment, et qui se réjouissent de
ta paix :
19. Mon àme, bénis le Seigneur,
14. Isaie, Lx, 9. — 21. Apoc., xxr. 19
(cg. xiv.]
parce qu'il ἃ délivré Jérusalem,
sa cité, de toutes ses tribula-
tions, lui, le Seigneur notre Dieu.
20. Je serai heureux, s'il y a des
restes de ma race pour voir la
splendeur de Jérusalem.
91. Les portes de Jérusalem
seront báties de saphirs et d'é-
meraudes, et toute l'enceinte de
ses murs, de pierres précieuses.
22, Toutes ses places publiques
seront pavées de pierres blanches
et pures, et l'on chantera dans ses
rues Alleluia.
23. Béni le Seigneur, qui l'a
exaltée! et que son règne soit
dans 108 siècles dessiècles. Amen.
CHAPITRE XIV.
Dernières paroles de Tobie. Il prédit la
ruine de Ninive et le rétablissement de
Jérusalem. Le jeune Tobie sort de Ni-
nive. Sa mort.
1. Ainsi furent achevées les
paroles de Tobie. Et, après qu'il
eut recouvré la vue, Tobie vécut
quarante-deux ans, et il vit les
fils de ses petits-fils.
2. Et, ayant accompli cent
deux ans, il fut enseveli honora-
blement dans Ninive.
3. Car.à cinquante-six ans il
perdit la lumiere des yeux, et
il la recouvra étant sexagénaire.
4. Mais tout le reste de sa vie
se passa dans la joie; et moyen-
nant un grand progrès dans la
crainte de Dieu, il mourut en
paix.
11. Jérusalem ne fut détruite que plus de 70 ans apres la mort de Tobie, qui,
comme prophète, emploie le prétérit pour le futur,
19. Son tabernacle; c'est-à-dire son temple.
14. Pour sainte; littér. et par hébraisme pour sanctification, suintelé.
15, Le grand nom; c'est-à-dire le grand Dieu. Voy. 1] Esdras, 1, 5,
]68. xiv.]
5. Or, à heure de sa mort, il
appela vers lui Tobie, son fils, et
sept jeunes hommes, ses petits-
fils, et il leur dit :
6. Dans peu arrivera la ruine
de Ninive; car la parole de Dieu
n'est pas sans effet; et nos freres
qui ont été dispersés hors de la
terre d'Israël y reviendront.
7. Et toute la terre déserte
d'Israél sera repeuplée, et la
maison de Dieu, qui y a été
brûlée, sera rebâtie de nouveau;
et là reviendront tous ceux qui
craignent Dieu,
8. Et les nations abandonne-
ront leurs idoles, elles viendront
à Jérusalem, et elles y habiteront.
9. Et tous les rois de la terre
se réjouiront en elle, adorant le
roi d'Israël.
10. Ecoutez donc, mes enfants,
votre père : Servez le Seigneur
dans la vérité, et cherchez à faire
ce qui lui est agréable.
11. Quant à vos enfants, re-
commandez-leur de faire des
œuvres de justice et des aumó-
nes, de se souvenir de Dieu, et
de le bénir en tout temps dans
la vérité et de toutes leurs forces.
12. Maintenant donc, mes en-
fants, écoutez-moi, et ne demeu-
Car. XIV. 6. 1 Esd., rir, 8.
TOBIE.
953
rez point ici; mais au jour quel-
conque oü vous aurez enseveli
votre mère auprès de moi dans
un seul sépulcre, dès ce moment,
dirigez vos pas en sorte que
vous sortiez d'ici;
19. Car je vois que l'iniquité
de cette ville lui amenera sa fin.
14. Ainsi il arriva qu'apres la
mort de sa mere, Tobie sortit de
Ninive avec sa femme, ses fils, et
les fils de ses fils, et il retourna
chez son beau-père et sa belle-
mere;
15. Et il les trouva en parfaite
santé, dans une heureuse vieil-
lesse, et il eut soin d'eux, et
ferma lui-même leurs yeux: il
recueillit tout l'héritage de la mai-
son de Raguel, et il vit jusqu'à
la cinquième génération les fils
de ses fils.
16. Et, ayant accompli quatre-
vingt-dix-neuf ans, il mourut
dans la crainte du Seigneur, et
ses fils l'ensevelirent avec joie.
11. Touie sa parenté et toute
sagénération persévérerent dans
la bonne vie et dans une con-
duite sainte, de telle maniere
qu'ils furent aimés de Dieu et
des hommes, et de tous ceux qui
habitaient dans le pays.
5. Ses petits- fils; littér. fils de lui; c'est-à-dire du jeune Tobie.
6. * Dans peu arrivera la ruine de Ninive. Elle eut lieu en 606. La capitale de l'As-
syrie fut prise et dévastée par Nabopolassar, roi de Babylone, pére de Nabuchodo-
nosor, et par Cyaxare Ier, roi des Médes.
INTRODUCTION
AU LIVRE DE JUDITH
Le livre de Judith ἃ été écrit primitivement en hébreu ou en chaldéen, mais
le texte original est perdu. Il est historique, et non un mélange de réalité et
de fiction. C'est ce que prouvent l'ensemble et les détails du récit qui
nous fournissent des renseignements précis sur l'histoire, la géographie,
la chronologie, la généalogie de Judith. — Les anciennes prières juives pour
le premier et le second sabbat de la féte de la Dédicace contiennent un résumé
du livre de Judith, ce qui montre aussi que les Israélites croyaient à la réalité des
faits qui y étaient racontés, car ils n'auraient pu remercier Dieu d'une déli-
vrance imaginaire. Judith, xvr, 31, mentionne d'ailleurs une féte instituée
en mémoire de la victoire de cette héroine. La tradition universelle a adinis
le caractère strictement historique du livre de Judith. Personne, jusqu'à Luther,
ne l'a révoqué en doute. Il est impossible, du reste, de décider quel est le véri-
table auteur de Judith. Quant à sa date, les uns le font remonter jusqu'à
l'an 784 avant J.-C., les autres le font descendre jusqu'à l'an 117 ou 118 de
notre ère. Cependant, comme les découvertes assyriologiques permettent
d'assurer avec une trés grande vraisemblance que les faits racontés dans
ce livre se sont passés sous le règne d'Assurbanipal, fils d'Assaraddon, petit-
fils de Sennachérib, roi d'Assyrie, pendant la captivité de Manassé à Babylone,
il y a tout lieu de penser que la narration a été écrite peu aprés les événe-
ments, parce qu'au bout d'un certain temps écoulé il eüt été impossible d'avoir
conservé la mémoire d'événements aussi détaillés, aussi compliqués et aussi
précis. |
Le livre de Judith peut se partager en sept sections.
I7? section : Causes qui amenèrent l'expédition d'Holopherne contre l'Asie oc-
cidentale, 1. — Le récit, s'ouvre par la mention d'une victoire de Nabuchodo-
nosor, roi de Ninive, sur Arphaxad, roi des Médes. Arphaxad est probablement
le nom, altéré par les copistes, de Phraorte ou Aphraarte, successeur de Déjo-
cés, roi des Mèdes, qu'on fait communément régner de 690 à 655 avant J.-C.
Nabuchodonosor, roi de Ninive, est vraisemblablement Assurbanipal. Aucun roi
d'Assyrie n'a porté le nom de Nabuchodonosor (c'est-à-dire, que le dieu Nébo
protège la couronne !), parce que le dieu Nébo n'était pas adoré dans ce pays,
mais seulement en Babylonie. Cependant, comme Assurbanipal régnait sur ce
dernier pays de méme que sur le premier, on peut admettre qu'il avait adopté,
comme roi de Babylone, un nom qui rendait hommage au dieu de la contrée.
Assurbanipal raconte, dans ses inscriptions, qu'il a vaincu les Médes. Aprés
cette victoire, il voulut rétablir son pouvoir sur l'Asie occidentale qui s'était
INTRODUCTION AU LIVRE DE JUDITH. 955
révoltée, depuis la Lydie, où règnait Gygés, jusqu'à Memphis, en Egypte,
oü régnait Psammétique, fils de Néchao.
II? section : Les trois premières campagnes d'Holopherne contre l'Asie occi-
dentale, 11-111. Assurbanipal placa sous le commandement d'Holopherne l'armée
chargée de remettre sous le joug assyrien les anciens. tributaires de l'Asie
occidentale, 11, 1-11. — 1° Dans une première campagne, elle opéra une sorte
de razzia dans la Cappadoce et une partie de l'Asie-Mineure, 11, 12-13. —
2° Holopherne fit ensuite une seconde campagne, à l'est de l'Euphrate, 11, 44.
‘La révolte des habitants de Babylone et du Bas-Euphrate, qui ne sont pas
mentionnés parmi les rebelles du ch. 1, l'avait obligé à moditier ses plans.
Une insurrection avait éclaté au sud de l'Assyrie, et la nécessité de la réprimer
contraignit Assurbanipal à rappeler Holopherne pour combattre les insurgés
de la Chaldée. Le général assyrien porta donc ses armes depuis le fleuve
Chaboras jusqu'au golfe Persique et prit ainsi part à la défaite de Babylone et
de ses alliés, défaite racontée longuement dans l'histoire d'Assurbanipal. —
3° Les Arabes s'étaient unis à Samassumukin, vice-roi de Babylone, frère
d'Assurbanipal, dans sa révolte contre son suzerain. Holopherne fit contre eux
sa troisième campagne, ,זז 15-17. Toute la ligne des pays parcourus par Holo-
pherne était occupée, en dehors des villes, par des Arabes. Les Madianites
dont il est question ici sont certainement des Bédouins nomades, c'est-à-dire
les Arabes des,documents ninivites. Le texte grec mentionne dans les termes
suivants le traitement infligé aux vaincus : « Il enveloppa tous les fils de Madian,
et il brüla toutes leurs tentes, et il pilla tous les parcs où ils avaient leur
bétail. » — Voici maintenant comment Assurbanipal raconte qu'il chátia la
révolte des Arabes :
2. Les hommes d'Arabie, tous ceux qui étaient venus avec lui [leur roi],
3. je fis périr par l'épée et lui, de la face
4. des vaillants soldats d'Assyrie s'enfuit et il s'en alla
5. au loin. Les tentes, les pares,
6. leurs detneures, on y mit 16 feu et on les brüla dans les flammes.
Tous les rapprochements que nous venons de faire ne sont pas certains, mais
il est impossible de ne pas les trouver trés frappants.
La vigueur avec laquelle Holopherne mena cette campagne contre les no-
mades, qui habitent la lisiére des pays cultivés de l'Asie occidentale, remplit
de terreur leurs voisins, et ils s'empressérent de rompre la ligue qu'ils avaient
formée contre l'Assyrie pour courber de nouveau le front sous le joug, ce qui
n'empécha pas cependant le général ennemi de les traiter avec dureté, mr. Il
ne rencontra de résistance que devant Béthulie, contre laquelle il fit sa
quatriéme et derniére campagne.
IIIe section : Terreur d'Israél, qui s'appréte néanmoins à la résistance, rv. —
Holopherne était maitre de la Syrie et de la Phénicie; il menacait maintenant
les Israélites. Ceux-ci, abandonnés de tous leurs alliés, privés de leur roi
Manassé, qui était alors, croyons-nous, prisonnier à Babylone, ne voulurent
point cependant se rendre sans combat. Ils occupérent fortement les défilés
qui conduisent de la plaine de Jezraél dans l'intérieur du pays, et en particulier
la ville de Béthulie. Béthulie n'est nommée que dans le livre de Judith ; de là,
la difficulté de l'identifier. Il est certain qu'elle était voisine de Jezraél et de
956 INTRODUCTION AU LIVRE DE JUDITH.
Dothaïn, 1v, 5; vir, 3; sur une montagne, au pied de laquelle il y avait une
source, vi, 13-16; l'aire dans laquelle on doit rechercher ses ruines est par
conséquent assez circonscrite; on croit assez communément que c'est le Sanour
d'aujourd'hui. En méme temps qu'ils prenaient ces mesures dé précaution,
les enfants d'Israël priaient et jeünaient afin d'obtenir la protection de Dieu
contre leurs ennemis.
175 section : Histoire d'Achior, v-vi. — Holopherne, surpris de la résistance
des Israélites, demande au chef des Ammonites, Achior, leur voisin, dont il
avait incorporé les forces dans son armée, 11, 8, quels sont ces téméraires qui
osent ainsi s'opposer à sa marche. On a souvent trouvé invraisemblable
qu'Holopherne ignorât ce qu'était Israël; rien n'est cependant plus naturel;
avant le Christianisme, Israél n'occupait qu'une place imperceptible, aux yeux
des étrangers, dans l'histoire du monde. L'Assyrie avait vaincu Samarie, il est
vrai, et fait la guerre à Juda, mais d'aprés les inscriptions cunéiformes, ce
pays était insignifiant, la 22° partie seulement des royaumes de l'Asie occi-
dentale. De plus, Holopherne était, comme l'indique son nom, d'origine
aryenne et non sémitique, et, par c nséquent, encore moins au courant que
le reste des Assyriens de ce qui touchait aux Israélites. Achior lui fit un
résumé de leur histoire et lui déclara qu'il ne pourrait les vaincre que si Dieu
était irrité contre eux par leurs iniquités. Un tel langage remplit d'indignation
le général assyrien, qui fit conduire Achior à Béthulie, afin de le châtier aprés
la prise de cette place.
Ve section : Dieu suscite Judith pour délivrer Béthulie, vir-virr. — Holopherne
assiège Béthulie, coupe toutes les conduites d'eau et réduit la ville à l'extré-
mité. Les habitants, mourant de soif, veulent se rendre. Une pieuse veuve,
nommée Judith, d'une vertu et d'un courage extraordinaires, suscitée de Dieu
pour faire lever le siége, ranime la confiance de ses compatriotes et concoit
le projet d'aller dans le camp ennemi tuer elle-méme le général assyrien.
VIe section : Judith réalise son projet et tue Holopherne, ix-xir, 10. — Judith,
aprés s'étre préparée par la priére à l'exécution de son projet, se rend au camp
des Assyriens, accompagnée d'une servante. Là, elle gagne les bonnes grâces
d'Holopherne, et, aprés un grand festin, dans lequel il s'enivre, elle lui coupe
la téte.
L'Ecriture Sainte loue l'héroisme de Judith, malgré la maniére dont elle
trompa Holopherne. S. Thomas fait observer à ce sujet qu'elle « n'est, point
louée à cause de son mensonge, mais à cause du dévouement qu'elle eut pour
son peuple, en faveur duquel elle s'exposa au danger. » Quant au meurtre du
général assyrien, les peuples de l'antiquité ont toujours considéré la mort d'un
ennemi comme licite.
VIIe section : Victoire d'Israël sur les Assyriens, à la suite de la mort d'Holo-
pherne, xim, 414-xvr. — Judith s'empressa de porter à Béthulie la téte de son
ennemi, qui fut reconnue par Achior. Le peuple éclata en aclions de grâces
et sa joie n'eut d'égale que l'abattement des Assyriens, quand ils connurent 18,
mort de leur général; lorsque ces derniers furent attaqués par les assiégés,
ils ne songèrent qu’à s'enfuir, laissant derrière eux un riche butin. L'héroine
célébra sa victoire par un cantique, et tout le peuple remercia Dieu par des
sacrifices solennels à Jérusalem; elle mourut pleine de jours dans la ville
qu'elle avait sauvée.
JUDITH"
CHAPITRE PREMIER.
Puissance d'Arphaxad. Il est vaincu par
Nabuchodonosor, qui veut ensuite se
faire rendre hommage par les autres
peuples voisins.
1. Arphaxad donc, roi des Mé-
des, avait subjugué un grand
nombre denations à son empire,
et lui-même bâtit une ville tres
puissante, qu'il appela Ecbatane,
2. En pierres carrées et tail-
lées : il fit ses murs de soixante-
dix coudées de largeur et de
trente coudées de hauteur, et il
mit ses tours àla hauteur de cent
coudées.
9. Or chacun de leurs cótés .
s'étendait en carré dans un es-
pace de vingt pieds; et il mit ses
portes àla hauteur des tours.
4. Et il se glorifiait comme
puissant par la puissance de son
armée, et par la magnificence de
ses chars.
5. Ainsi, en la douzieme année
de son régne, Nabuchodonosor,
roi des Assyriens, qui régnait
dans Ninive, la grande ville,
combattit contre Arphaxad, et le
vainquit
6. Dans la grande plaine qui
est appelée Ragaü, pres de l'Eu-
phrate, du Tigre et de Jadason,
dans la plaine d'Erioch, roi des
Eliciens.
7. Alors le royaume de Nabu-
chodonosor fut exalté, et son
cœur s'éleva; et il envoya vers
tous ceux qui habitaient dans la
Cilicie, à Damas, sur le Liban,
8. Εἰ vers les nations qui sont
dans le Carmel et en Cédar, et
vers les habitants de Galilée,
dans la grande plaine d'Esdré-
lon,
9. Et vers tous ceux qui étaient
en Samarie et au delà du fleuve
du Jourdain jusqu'à Jérusalem,
et dans toute la terre de Jessé
jusqu'à ce qu'on arrive aux con-
fins de l'Ethiopie.
(a) Le livre de Judith est encore un de ceux que les Juifs et les protestants rangent
ἃ tort parmi les apocryphes.
1. Donc. Cette particule, qui manque d'ailleurs dans le grec, supposant quelque
chose qui précéde, on croit avec assez de probabilité que cette histoire est tirée des
anciennes annales des Hébreux. — * Ecóatane. Voir la note sur 1 Esdras, v, 2. —
Sur Arphazad, voir VIntroduction. — Bátit; c'est-à-dire rebâtit, fit des agrandisse-
ments, des embellissements à Ecbatane, que Déjocès son père avait bâtie.
2. L'édition donnée à Rome en 1861 par P. C. Vercellone porte : Soixante-dix coudées
Ve hauteur, et trente coudées de largeur; lecon qui, à tous égards, doit étre préférée,
3. S'étendait en carré, c'est-à-dire que les tours étaient carrées.
5. * Nabuchodonosor. Sur ce nom, voir l'Introduction.
8. * Vers le Carmel. Voir l'Introduction à Josué. — Cédar. Voir Psaume cix, 5,
958
10. Nabuchodonosor, roi des
Assyriens, leur envoya à tous des
messagers ;
11. Et tous protestèrent unani-
mement, et les renvoyèrent les
mains vides, et les chassèrent
sans honneur.
12. Alors le roi Nabuchodono-
sor, indigné contre toute cette
terre, jura par son trône et son
royaume qu'il se vengerait de
toutes ces contrées.
CHAPITRE II.
Nabuchodonosor envoie Holoferne avec
une puissante armée pour s'assujettir
tous les peuples voisins. Premiers ex-
ploits d'Holoferne. Il s'avance jusqu'à
Damas.
1. A la treizieme année du roi
Nabuchodonosor, le vingt-deu-
xieme jour du premier mois, dans
la maison de Nabuchodonosor,
roi des Assyriens, déclaration fut
faite qu'il se vengerait.
9. Il appela donc tous les an-
ciens, et tous les chefs, et ses
guerriers, et il tint avec eux son
conseil secret ;
3. Et il dit que sa pensée était
uniquement de subjuguer toute
la terre à son empire.
4. Comme cette parole plut à
tous, le roi Nabuchodonosor fit
venir Holoferne, le prince de sa
milice,
| 9. Et lui dit : Sors contre le
JUDITH.
(cu. 11]
royaume d'occident, et contre
ceux principalement qui ont mé-
prisé mon commandement.
6. Ton cil n'épargnera aucun
royaume, et tu me subjugueras
toute ville fortifiée.
7. Alors Holoferne appela les
chefs et les officiers des troupes
des Assyriens, et compta les hom-
mes pour l’expédition, comme
lui ordonna le roi, cent vingt mille
combattants à pied et douze mille
archers à cheval.
8. Et il fit marcher devant lui
tout son bagage avec une multi-
tude d'innombrables chameaux,
et avec tout ce quisuffisait abon-
damment aux corps d'armée,
comme aussi des troupeaux de
bœufs, et des troupeaux de brebis
qui étaient sans nombre.
9. Il décida qu'à son passage on
préparerait du blé pris de toute
la Syrie.
10. Quant à l'or et à l'argent, il
en prit énormément de la maison
du roi.
11. Et il partit, lui et toutelar-
mée, avecles quadriges, les cava-
liers et les archers, qui cou vrirent
la face dela terre comme des sau-
terelles.
12. Lorsqu'il eut dépassé les
confins de l'Assyrie, il vint aux
grandes montagnes d'Angé, qui
sont à gauche de la Cilicie; il
monta dans tous les cháteaux, et
10. A tous ces peuples. Quelques-uns de ces peuples lui étaient déjà assujettis; mais
il voulait se faire rendre par tous les honneurs divins.
11. Les mains vides. C'est le sens qu'a partout ailleurs le terme de la Vulgate, et
son correspondant en hébreu et en grec. Il signifie probablement ici : Sans apporter
les présents, signe de leur soumission à Nabuchodonosor.
6. Ton œil m'épargnera, etc.; hébraisme, pour, /u frapperas à yeux clos; c'est-à-
dire sans considération, ni distinction aucune.
12. * Montagnes d'Angé, Argée des auteurs grecs, pic principal des montagnes du
centce de la Cappadoce.
[cu. ur]
s'empara de toutes les fortifica-
lions.
13. Et il forca la ville très célè-
bre de Mélothi, et il enleva tous
les enfants de Tharse et les en-
fants d'Ismaél, qui étaient en face
du désert et au milieu de la terre
de Cellon.
14. Ensuite il passa l'Euphrate,
et vint dans la Mésopotamie, et
forca toutes les villes hautes qui
étaient là, depuisle torrent de
Mambré jusqu'à ce qu'on arrive à
la mer;
15. Ensuite il s'empara de ses
frontieres, depuis la Cilicie jus-
qu'aux confins de Japheth, qui
sont au midi.
16. Et il emmena tous les en-
fants de Madian, pilla toutes leurs
richesses, et tua par le tranchant
du glaive tous ceux qui lui résis-
taient.
A7. Et après cela il descendit
dans les champs de Damas, aux
jours de la moisson, brüla toutes
les récoltes, et fit couper tous les
arbres et les vignes.
18. Etla crainte quil inspirait
tomba sur tous les habitants de la
terre.
CHAPITRE III.
Divers peuples envoient vers Holoferne
pour lui promettre obéissance. Il des-
cend des montagnes vers eux, détruit
leurs villes, et coupe leurs bois sacrés,
afin que Nabuchodonosor soit seul
adoré.
1. Alors les rois et les princes
de toutes les villes et de toutes les
JUDITH. 959
provinces, de la Syrie, ceux de
la Mésopotamie, et de la Syrie de
Sobal, de la Libye et de la Cilicie,
envoyerent leurs députés, les-
quels, venant vers Holoferne, di-
rent :
2. Que ton indignation contre
nous cesse; car il vaut mieux
qu'en vivant,nous servions Nabu-
chodonosor le grand roi, et te
soyons soumis, que si en mourant
nous souffrions avec notre ruine
les maux de la servitude.
9. Toutes nos villes, toutes nos
possessions, toutesles montagnes
et les collines, les champs, les
troupeaux de bœufs, et les trou-
peaux de brebis, de chevres, de
chevaux et de chameaux, et
toutes nos richesses et nos fa-
milles, sont en ta présence;
4. Que tout ce qui est à nous
soit sous ta 101 ;
9. Nous et nos enfants sommes
tes esclaves.
6. Viens à nous comme un mai-
tre pacifique, et use de notre ser-
vice comme il te plaira.
7. Alors il descendit des mon-
tagnes avec les cavaliers et de
grandes forces, et il s'empara de
toutes les villes et de tous ceux
qui habitaient le pays.
8. Et de toutes les villes il prit
pour lui comme auxiliaires des
hommes braves et choisis pour la
guerre.
9. Or une si grande terreur se
répandit sur toutes les provinces,
que les habitants principaux de
13. * Mélothi, Mélitène, ville de Cappadoce. — Tharse, Tarse, ville de Cilicie. Voir
note sur Actes, 1x, 30.
14. * Le torrent de Mambré, le Chaboras. Voir l'Introduction, p. 201.
2. Que si en mourant, etc.; c'est-à-dire que si nous mourions après avoir souffert
les maux altachés à la servitude.
960
toutes les villes et les hommes
honorables sortaient avec les
peuples au-devant de lui, lors-
qu'il arrivait,
10. Le recevant avec des cou-
10nnes et des torches, et formant
desdansesaumilieu destambours
et des flûtes.
11. Cependant en faisant ces
choses ils ne purent adoucir la
férocité de son cœur;
12. Car il détruisit leurs villes
et il coupa leurs bois sacrés,
18. Parce que le roi Nabucho-
donosor lui avait ordonné d'ex-
terminer tous les dieux de la
terre, afin que lui seul füt appelé
dieu par toutes les nations qui
auraient pu étre subjuguées par
la puissance d'Holoferne.
14. Traversant ensuite la Sy-
rie de Sobal, toute l'Apamée et
toute la Mésopotamie, il vint chez
les Iduméens, dans la terre de
Gabaa ;
15. Et il prit leurs villes, et
s'établit là trente jours, durant
iesquels il ordonna que toutes
les troupes de son armée fussent
réunies.
CHAPITRE IV.
Terreur des Israélites à l'approche d'Ho-
loferne. Le grand-prétre Eliachim donne
les ordres nécessaires, et exhorte le
peuple à implorer le secours du Sei-
gneur.
1. Alors les enfants d'Israël,
qui habitaient dans la terre de
Juda, apprenant cela, redoutè-
rent extrémement sa présence.
9. L'effroi et l'horreur saisi-
rent leurs esprits; ils craigni-
rent qu'il ne fit à Jérusalem et au
JUDITH.
[cu. rv.
temple du Seigneur ce qu'il avait
fail aux autres villes et à leurs
temples.
3. Et ils envoyèrent dans toute
la Samarie, aux alentours, et jus-
qu'à Jéricho, 61 ils occupèrent les
premiers tous les sommets des
montagnes.
4. Et ils entourerent leurs
bourgs de murs, et amassèrent
des blés pour se préparer au
combat.
ὃ. Le prétre Eliachim aussi
écrivit à tous ceux qui étaient
contre Esdrélon, qui est en face
de la grande plaine pres de Do-
thain, et à tous ceux par qui le
passage de la voie pouvait être
gardé,
6. Qu'ils se saisissent des mon-
tées des coteaux, par lesquelles
on pouvait aller à Jérusalem, et
qu'ils fissentle guet là où le pas-
sage était resserré entreles mon-
tagnes.
7. Et les enfants d'Israël firent
selon ce que leur avait com-
mandé le prétre du Seigneur,
Eliachim.
8. Et toutle peuple cria vers le
Seigneur avec une grande ins-
tance, et ils humilierent leurs
àmes dans les jeünes et les prie-
res, eux et leurs femmes.
9. Les prétres se vétirent de
cilices, et les enfants se proster-
nèrent en face du temple du Sei-
gneur, et couvrirent l’autel du
Seigneur d'un 611100 ;
10. Et ils crierent vers le Sei-
gneur, le Dieu d'Israël, unani-
mement, afin que leurs enfants
ne fussent pas livrés en proie,
leurs femmes à la dispersion,
10, Par choses saintes on entend communément le sanctuaire,
(cu. v.]
leurs villes à lextermination,
leurs choses saintes à la profa-
nation, et qu'ils ne devinssent
pas eux-mémes l'opprobre des
nations.
41. Alors Eliachim, le grand
prétre du Seigneur, parcourut
tout Israël, etleur parla,
19. Disant : Sachez que le Sei-
gneur exaucera vos prières, si
vous persévérez toujours dans
les jeünes et les prieres en la
présence du Seigneur.
13. Souvenez-vous de Moise,
serviteur du Seigneur, qui ren-
versa Amalec se confiant en sa
force, en sa puissance, en son
armée, en ses boucliers, en ses
chars et en ses cavaliers, non
pas en combattant par le fer,
mais en priant avec de saintes
prières.
14. Ainsi en sera-t-il de tous
les ennemis d'Israël, si vous per-
sévérez dans cette œuvre que
vous avez commencée.
15. D’après cette exhortation,
les enfants d'Israël priant le Sei-
gneur persévéraient en la pré-
sence du Seigneur.
16. En sorte que ceux-mémes
qui offraient au Seigneur les ho-
locaustes, offraient les sacrifices
au Seigneur, étant revétus de
cilices, etla cendre était sur leurs
tétes.
11. Et tous priaient Dieu de
toutleur cœur, afin qu'il visität
son peuple Israél.
ΒΔ». IV. 13. Exode, xvii, 12.
JUDITH. 961
CHAPITRE V.
Holoferne, averti que les enfants d'Israel
vont lui résister, demande qui ils sont.
Achior les lui fait connaitre, et lui dé-
clare, que s'ils n'ont point offensé leur
Dieu, ils seront invincibles. Ce discours
irrite son armée.
1. Or on annonca à Holoferne,
prince de la milice des Assyriens;
que les enfants d'Israél se pré-
paraient à résister, et qu'ils
avaient fermé les chemins des
montagnes ;
2. Et il s'enflamma d'une fu-
reur excessive dans son grand
courroux; alors il appela tous
les princes de Moab et les chefs
d'Ammon,
ὃ. Et leur dit : Dites-moi qui
est ce peuple qui occupe les mon-
tagnes, ou quelles sont, et ce que
sont, et combien grandes sont
leurs villes; quelle est aussi leur
force, ouquelleestleurmultitude,
ou qui est le roi de leur milice;
4. Et pourquoi, entre tous ceux
qui habitent en orient, ceux-ci
nous ont-ils méprisés, et ne sont-
ils pas sortis au-devant de nous
pour nous recevoir en paix?
5. Alors Achior, le chef de tous
les enfants d'Ammon, répon-
dant, dit:Situ daignes m'écouter,
mon seigneur, je dirai la vérité
en ta présence sur ce peuple qui
habite dans les montagnes, et il
ne sortira pas une parole fausse
de ma bouche.
12. Si vous persévérez toujours; littér. et par hébraisme, si persévérant vous persé-
vérez.
13. * Amalec. Voir la note sur Exod., xvu, 8.
3. Le roi; c'est-à-dire le chef; c'est en effet le sens qu'ont souvent en grec et en
Lébreu les termes auxquels correspond le latin rex de la Vulgate.
A. T.
61
962
6. Ce peuple est de la race des
Chaldéens.
7. Il habita d'abord en Méso-
potamie, parce qu'ils ne voulu-
rent pas suivre 108 dieux de leurs
pères, qui étaient dans la terre
des Chaldéens.
8. C'est pourquoi, abandon-
nant les cérémonies de leurs pe-
res, lesquelles consistaient dans
le culte d'une multitude de dieux,
9. Ils servirent le seul Dieu
du ciel, quileur ordonna de sortir
de là, etd'habiter à Charan. Mais,
lorsquune famine eut couvert
tout le pays, ils descendirent en
Egypte, et là, durant quatre cents
ans, ils se multiplierent, en sorte
que leur armée ne pouvait se
compter.
10. Or, comme le roi d'Égypte
les opprimait, et les soumettait
à bâtir ses villes avec de la bri-
que et du mortier, ils crièrent
vers leur Seigneur, qui frappa
toute la terre d'Égypte de plaies
diverses.
11. Et lorsque les Égyptiens
les eurent chassés de chez eux,
que la plaie fut détournée d'eux,
et quils voulurent de nouveau
les prendre et les rappeler à leur
service,
19. Le Dieu du cielleur ouvrit
la mer pendant qu'ils fuyaient ;
de maniere que d'un cóté et de
lautre les eaux étaient solides
comme un mur, et eux passerent
à pied sec, en marchant au fond
de la mer.
JUDITH.
(cu. v.]
13. Tandis que dans ce lieu l'in-
nombrable armée des Egyptiens
les poursuivait, elle fut tellement
couverte par les eaux, qu'il n'en
resta pas un seul pour annoncer
l'événement àleurs descendants.
14. Or, étant sortis de la mer
Rouge, ils occupèrent les déserts
de la montagne de Sina, dans
lesquels jamais homme n'a pu
habiter, et où le fils d'un homme
n'a point reposé.
15. Là, les fontaines amères
devinrent pour eux douces à boi-
re, et durant quarante ans ils ob-
tinrent une nourriture du ciel.
16. Partout où ils sont entrés
sans arc, sans flèches, sans bou-
clier, sans glaive, leur Dieu ἃ
combattu pour eux, et 8 vaincu.
11. Et il n'y a eu personne qui
insultát àce peuple, si ce n'est
quand il s'est retiré du culte du
Seigneur son Dieu.
18. Mais toutes les fois qu'outre
leur propre Dieu ils en ont adoré
un autre, ils ont été livrés en
proie au glaive et à l'opprobre;
19. Toutes les fois aussi qu'ils
se sont repenlis de s'étre retirés
du service de leur Dieu, le Dieu
du ciel leur a donné la force de
résister.
20. Enfin ils ont renversé les
rois Chananéen, Jébuséen, Phé-
rézéen, Héthéen, Hévéen, et A-
morrhéen, et tous les puissants
en Hésébon; et leurs terres et
leurs villes, ce sont eux qui les
ont possédées.
Cnuar. V. 7. Genèse, xi, 31. — 9. Genèse, xir, 1; xLvi, 6. — 11. Exode, xir, 33. —
12. Exode, xiv, 29. — 14. Jérémie, 11, 6.
9. Les Israclites demeurèrent seulement deux cents et quelques années en Égypte;
mais on pourrait trouver ces quatre cents ans en y comprenant le séjour qu'ils
Grent dans la terre de Chanaan depuis qu'Abrahaus s'y fut retiré, d
(cg. vi.]
91. Tant qu'ils ne péchaient pas
en la présence de leur Dieu, les
biens étaient avec eux, car leur
Dieu hait l'iniquité.
992, En effet, avant ces dernières
années, s'étant retirés de la voie
que Dieu leur avait donnée pour
qu'ils y marchassent, ils ont été
exterminés dans des combats par
beaucoup de nations, et le plus
grand nombre d'entre eux a été
emmené captif dans une terre
non sienne.
23. Mais depuis peu, revenus
au Seigneur leur Dieu, ils se sont
réunis apres la dispersion par la-
quelle ils avaient été dispersés,
et ils sont montés sur toutes ces
montagnes, et ils possedent de
nouveau Jérusalem, oü sont leurs
choses saintes.
94. Maintenant donc, mon sei-
gneur, informe-toi s'il y a en eux
quelque iniquité en présence de
leur Dieu; e£ alorgmontons vers
eux, parce que leur Dieu te les
livrera, et ils seront soumis au
joug de ta puissance.
25. Mais, s'il n'y a pas d'offense
de la part de ce peuple devant
son Dieu, nous ne pourrons leur
résister, parce que leur Dieu les
défendra, et nous serons en op-
probre à toute la terre.
26. Or il arriva que, lorsqu'A-
chior eut cessé de dire ces pa-
zoles, tousles grands d'Holoferne
furent irrités, et pensaient à le
tuer, se disantles uns aux autres:
27. Qui est celui-ci qui ose dire
JUDITH.
963
que les enfants d'Israël peuvent
résister au roi Nabuchodonosor
et à ses armées, des hommes sans
armes, sans force, et sans con-
naissance de l'art du combat?
28. Afin done qu'Achior recon-
naisse quil nous trompe, mon-
tons sur les montagnes; et quand
les forts d'entre eux seront pris,
alors il sera transpercé avec eux
par le glaive,
29. Afin que toute nation sache
que Nabuchodonosor est le dieu
dela terre, et qu'excepté lui, il
n'en est pas d'autre.
CHAPITRE VI.
Holoferne fait de terribles menaces à
Achior. Il ordonne qu'on le conduise
vers Béthulie et qu'on le livre aux en-
fants d'Israél. Achior leur est livré, et
leur raconte ce qui lui est arrivé.
1. Or il arriva que, lorsqu'ils
eurentcessé de parler, Holoferne,
extrémement indigné, dit à A-
chior :
2. Parce que tu nous as pro-
phétisé, disant que la nation d'Is-
raél est défendue par son Dieu,
afin que je te montre qu'il n'est
pas de Dieu si ce n'est Nabucho-
donosor,
3. Lorsque nous les aurons tous
frappés comme un seul homme,
alors et toi aussi avec eux tu pé-
riras par le glaive des Assyriens,
et tout Israël périra entierement
avec toi;
4. Et tu reconnaitras ainsi que
Nabuchodonosor est le maitre de
21. Les biens, etc., étaient uvec eux; ils avaient du bonheur, ils étaient heureux.
22. Avant ces derniéres, etc. Les dix tribus avaient été peu de temps auparavant
emmenées par Salmanasar captives en Assyrie, et Manassé n'avait dû être conduit
que depuis peu à Babylone (IV Rois, xvu, 3, 6; II Paralip., xxxuir, 11).
23. Leurs choses saintes. Voy. iv, 10.
3. Périra entièrement; littér. et par hébraisme périra par la perte.
064
toute la terre; et alors le glaive
de ma milice passera à travers
tes flancs, et, percé, tu tomberas
parmi les blessés d'Israél, et tu
ne respireras plus que pour étre
exterminé avec eux.
9. Mais cependant, si tu crois
que ta prophétie soit vraie, que
ton visage ne s'abatte point; et
que la páleur qui couvre ta face
s'éloigne de toi, si tu penses que
mes paroles ne puissent s'accom-
plir.
6. Or, afin que tu saches que tu
éprouveras avec eux ce que je te
dis, voici que des cette heure tu
seras associé à ce peuple, afin
que lorsqu'ils recevront les jus-
tes chátiments de mon glaive,
toi-méme aussi tu sois soumis à
ma vengeance.
7. Alors Holoferne commanda
à ses serviteurs de prendre A-
chior, de le mener vers Béthulie,
et de le livrer aux mains des en-
fants d'Israél.
8. Et le prenant, les sérviteurs
d'Holoferne s'en allèrent à tra-
vers les plaines; mais, lorsqu'ils
se furent approchés des monta-
gnes, les frondeurs sortirent con-
tre eux:
9. Mais eux, se détournant du
cóté de la montagne, lierent A-
chior à un arbre par les mains et
par les pieds, et le laissèrent
ainsiattaché avec des cordes, puis
Cnap. VI. 14. Supra, v, 6.
JUDITH.
[cu. vr.]
ils revinrent vers leur maítre.
10. Or les enfants d'Israél, des-
cendant de Béthulie, vinrent à
lui; et l'ayant délié, ils le condui-
sirent à Béthulie; alors, le met-
tant au milieu du peuple, ils lui
demandèrent quelle était la cause
pour laquelle les Assyriens l'a-
vaient laissé lié.
11. Ences jours-là, étaient prin-
ces à Béthulie Ozias, fils de Micha,
de la tribu de Siméon, et Charmi,
qui s'appelait aussi Gothoniel.
12. C'est pourquoi au milieu des
plus anciens, et en la présence
de tous, Achior raconta ce qu'il
avait dit lui-même, interrogé par
Holoferne, et comment le peuple
d'Holoferne l'avait voulu tuer à
cause de cette parole ;
13. Et de quelle maniere Holo-
ferne lui-méme, irrité, avait or-
donné que pour ce molif on le li-
vrât aux Israélites, afin que lors-
quil aurait wrancu les enfants
d'Israël, alors il fit périr aussi
Achior lui-méme par divers sup-
plices, à cause de ceci qu'il avait
dit : Le Dieu du ciel est leur dé-
fenseur.
14. Lorsqu'Achior eut exposé
toutes ces choses, tout le peuple
tomba sur sa face, adorant le Sei-
gneur, et unanimes dans une la-
mentation commune et un pleur
universel, ils répandirent leurs
prieres devant le Seigneur,
1. * Vers Béthulie. « Feu Schulz, consul de Prusse à Jérusalem, avait proposé [en
1841] de reconnaitre Bethulia dans le village de Beit-Ilfa, placé à mi-chemin sur la
route de Zerayn (Jezrahel), à Beysan (Scythopolis). Cette identification ne me parait
pas satisfaisante, et j'aime mieux voir Bethulia dansle bourg fortifié de Sanour, qui
est réellement une des clés de la Judée et qui est à une heure et demie seulement
&u sud de Tell-Dothan, οὐ sont les ruines de Dothain. A petite distance à l'est de
Sanour sont une vallée et un khan, nommés Meitheloun, et qui pourraient bien avoir
zonservé un reflet du nom de Bethulia. » (DE SAULCY.)
(cg. vu.]
45. Disant : Seigneur, Dieu du
ciel et de la terre, regardez leur
orgueil, et voyez notre humilia-
tion; consiüérez la face de vos
saints, et montrez que vous n'a-
bandonnez pas ceux qui présu-
ment de vous, et que vous humi-
liez ceux qui présument d'eux-
mêmes et quise glorifient de leur
force.
16. C'est pourquoi le pleur fini,
etla prière des peuples, qui avait
duré tout le jour, achevée, ils
consolerent Achior,
47. Disant : Le Dieu de nos pè-
res dont tu as proclamé la puis-
sance, te donnera lui-méme cette
chance, que ce sera plutót toi qui
verras leur ruine.
18. Et, lorsque le Seigneur no-
ire Dieu aura donné cette liberté
à ses serviteurs, que Dieu soit
aussi avec toi, au milieu de nous,
afin que, comme ilte plaira, ainsi
tu vives, toi et ves tiens avec
nous.
19. Alors Ozias, le conseil fini,
recut Achior en sa maison, et lui
donna un grand souper.
20. Puis tous les prétres ayant
été appelés, et le jeüne étant
achevé, ils mangerent ensemble.
21. Apres cela toutle peuple fut
convoqué, et durant toute la nuit
ils prierent dans le lieu de l'as-
semblée, demandant secours au
Dieu d'Israél.
JUDITH.
900
CHAPITRE VII.
Holoferne assiege Béthulie; les Israé-
lites en sont effrayés. Holoferne s'em-
pare de toutes les fontaines. Les habi-
tants de Béthulie, pressés par la soif,
veulent se rendre. Ozias promet de
rendre la ville dans cinq jours.
1. Holoferne donc, le jour sui-
vant, ordonna à ses armées de
monter contre Béthulie.
2. Or il y avait cent vingt mille
combattants à pied, et vingt-deux
mille cavaliers, outre les hommes
armés que la captivité avait at-
teints, et toute la jeunesse qui
avait été amenée des provinces et
des villes.
3. Tous se préparerent égale-
ment au combat contreles enfants
d'Israél, et vinrent par le bas de
la montagne jusqu'à la cime qui
regarde sur Dothain, depuis le
lieu qui est appelé Belma, jusqu'à
Chelmon, qui est contre Esdrélon.
4. Or les enfants d'Israël, dès
quils virent leur multitude, se
prosternerent sur la terre, met-
tant de la cendre sur leurs tétes,
priant unanimement pour que le
Dieu d'Israél montrát sa miséri-
corde sur son peuple.
ὃ. Et, prenant leurs armes guer-
rieres, ils s'établirent dans les
lieux qui mènent au passage du
chemin étroit entre les monta-
gnes, et i!s les gardaient pen-
11. Ce sera plutôt toi, etc. Par ces paroles les Israélites font allusion à celles tout
opposées qu'avait dites Holoferne (3-6).
21. Le lieu de l'assemblée, c'est-à-dire de la priére. Les Juifs des villes éloignées
de Jérusalem avaient des lieux où ils se réunissaient pour prier ensemble.
2. Outre les hommes armés; littér. Outre les préparations ou les armements des
hommes; car, dans le langage de l'Ecriture, ces deux mots se confondent quand il
s'agit de guerres, de batailles. — Que la captivilé avait atteints; qui avaient été faits
captifs par Holoferne. — Toute la jeunesse est dans la Vulgate au génitif, comme
complément du mot préparations ou armements; ainsi le véritable sens est : e£ outre
toute la jeunesse armée. POP RT
966
JUDITH.
[cn. [.זזט
dant tout le jour et toute la nuit. ! les rassasier méme un seul jour,
6. Or Holoferne, tandis qu'il
tournait tout autour, trouva que
la fontaine qui coulait dans /a
ville, y dirigeait son cours par
leur aqueduc, du cóté du midi,
hors dela ville: etilordonna qu'on
coupât leur aqueduc.
7. lly avait cependant, non loin
des murs, des fontaines aux-
quelles on les envoyait furtive-
ment puiser de l'eau, pour se ra-
fraichir plutót que pour boire.
8. Mais les fils d'Ammon et de
Moab s’approchèrent d Holoferne,
disant : Les enfants d'Israél n'ont
pas de confiance dans la lance ni
dans la fleche; mais les monta-
gnes les défendent, et les collines
situées sur un précipice les for-
tifient.
9. Afin donc que vous les puis-
siez vaincre sans livrer de com-
bat, mettez des gardes aux fon-
taines, pour qu'ils n'y puisent
point d'eau, et vous les tuerez
sans le glaive, ou certainement
découragés, ils livreront leur
ville, qu'ils pensent ne pouvoir
étre prise, parce qu'elle est pla-
cée dans les montagnes.
10. Ces paroles plurent à Holo-
ferne et à ses gardes, et il établit
descenturions autour de chaque
fontaine.
11. Et lorsque cette garde eut
été faite pendant vingt jours, les
citernes et les réservoirs d'eau
manquerent à tous ceux qui ha-
bitaient Béthulie, en sorte qu'il
n'y avait pas dans la ville de quoi
ὕπαρ. VII. 13. Exode, v, 21.
parce que c'était par mesure que
l'eau était donnée au peuple cha-
que jour.
12. Alors tous les hommes, les
femmes, les jeunes gens et les
petits enfants se rassemblerent
près d'Ozias, et tous ensemble
d'une seule voix,
13. Dirent : Que Dieu juge entre
nous et vous, parce que vousavez
attiré ces maux sur nous, n'ayant
pas voulu parler pacifiquement
aux Assyriens; et c'est à cause de
cela que Dieu nous a livrés en
leurs mains.
14. Pour cela aussi il n'est per-
sonne qui nous secoure, lorsque
nous sommes abattus devant
leurs yeux par la soif, et par une
grande ruine.
15. Maintenant done assemblez
tous ceux qui sont dans la ville,
afin que spontanément nous nous
livrions au pgrple d'Holoferne;
16. Car il vaut mieux que cap-
tifs nous bénissions le Seigneur
en vivant, que si nous mourions
et si nous étions l'opprobre de
toute chair, lorsque nous verrons
nos femmes et nos enfants mou-
rir devant nos yeux.
11. Nousinvoquonsaujourd'hui
le ciel et la terre, et le Dieu de
nos peres, qui se venge de nous
selon nos péchés, pour que vous
livriez la ville àla main de la mi-
liced'Holoferne, et quel'onabrege
parle tranchant du glaive notre
fin, quidevienttrop longue parles
ardeurs de la soif.
7. Pour se rafraichir, etc.; c'est-à-dire pour soulager leur soif, plutôt que pour
l'étancher; car le peu d'eau qu'ils pouvaient prendre ne suffisait pas pour les désal-
térer.
[cm. vin.]
18. Or, lorsqu'ils eurent dit ces
choses, il se fit un pleur et de
grands cris déchirants dans l'as-
semblée parmi tout le monde,
et pendant bien des heures ils
crierent d'une seule voix vers le
Seigneur, disant :
19. Nous avons péché avec nos
peres, nous avons agi injuste-
ment, nous avons commis l'ini-
quité.
20. Vous, parce que vous êtes
bon, ayez pitié de nous, ou par
vos chátiments, vengez nos ini-
quités, et ne livrez point ceux
qui vous glorifient à un peuple
qui vous ignore,
91. Afin qn'on ne dise pas par-
mi les nations : Où est leur Dieu?
92. Et lorsque, fatigués par ces
cris et lassés de ces pleurs, ils se
turent,
93. Ozias, se levant, couvert
de larmes, dit : Ayez l'esprit
calme, mes frères, et pendant ces
cinq jours attendons du Seigneur
miséricorde.
24. Car peut-être réprimera-t-il
son indignation, et donnera-t-il
la gloire à son nom.
25. Mais si, ces cinq jours passés,
il ne vient point de secours, nous
19. Ps. cv, 6.
JUDITH.
967
accomplironsles paroles que vous
avez dites.
CHAPITRE VIII.
Origine et vertus de Judith. Elle apprend
ce qu'Ozias dit, mande les anciens, et
leur en fait des reproches. Elle ranime
leur courage. Ils lui disent de prier.
Elle annonce qu'elle va sortir pour exé-
cuter un dessein qu'elle médite.
1. Et il arriva que Judith apprit
ces paroles, Judith, veuve, fille
de Mérari, fils d'Idox, fils de Jo-
seph, fils d'Ozias, fils d'Elai, fils de
Jamnor, fils de Gédéon, fils de
Raphaim, fils d'Achitob, fils de
Melchias , fils d'Enan, fils de Na-
thanias, fils de Salathiel, fils de
Siméon, fils de Ruben ;
2. Et son mari fut Manasses,
qui mourut dans les jours de la
moisson d'orge :
3. Car il surveillait ceux qui
liaient les gerbes dans la cam-
pagne, et la grande chaleur vint
sur sa téte, et il mourut à Bé-
thulie, sa ville, et fut enseveli là
avec ses pères.
4. Ainsi Judith était restée
veuve depuis déjà trois ans et
six mois.
5. Et dans le haut de sa mai-
23. Ozias était sans doute persuadé que le peuple pourrait souffrir la soif pendant
cinq jours, et il espérait en méme temps que dans cet intervalle le grand prétre lui
enverrait quelque secours pour se défendre.
24. Donnera-t-il, etc., c'est-à-dire glorifiera-t-il son nom, fera-t-il éclater la gloire
de son nom?
1. Il arriva que Judith apprit; littér. que Judith ayant appris; ce qui laisse la
phrase suspendue 65 inachevée. Le grec.dit simplement : Et Judith apprit. — Au lieu
de Ruben, le grec et le syriaque lisent Israël. Ruben, en effet, était fils d'Israél ou
Jacob. De plus, Judith nomme expressement comme patriarche de sa tribu ce Siméon
qui était fils de Jacob (rx, 2). Enfin on ne lit le nom de Siméon parmi les fils de
Ruben, dans aucune des diverses listes généalogiques des patriarches.
3.* La grande chaleur vint sur sa tête; 11 fut frappé d'insolation, accident commun
en Palestine.
9. * Une chambre secréte, en grec, une tente. Elle avait disposé sur la terrasse de sa
maison, qui en formait le toit, une espèce de tente, où elle vivait retirée,
968
son elle s'était fait une-chambre
secrète, dans laquelle elle de-
meurait enfermée avec ses ser-
vantes;
6. Et, ayant sur ses reins un
cilice, elle jeünait tous les jours
de sa vie, excepté les sabbats, les
néoménies et les fétes dela mai-
son d'Israél.
7. Or elle était d'une grande
beauté, et son mari lui avait
laissé de grandes richesses, une
famille nombreuse, et des pos-
sessions pleines de troupeaux de
bœufs et de troupeaux de brebis.
8. Et elle était très renommée
parmi toutle monde, parce qu'elle
craignait beaucoup le Seigneur;
et il n'y avait personne qui dit
d'elle une parole mauvaise.
9. C'est pourquoi, lorsqu'elle
eut appris qu'Ozias avait promis
que, passé le cinquième jour, il
livrerait la ville, elle envoya vers
les anciens Chabri et Charmi,
10. Qui vinrent vers elle, et
elle leur dit : Quelle est cette
parole par laquelle Ozias a con-
senti de livrer la ville aux Assy-
riens, si dans cinq jours il ne vous
vient du secours?
11. Et qui êtes-vous, vous qui
tentez le Seigneur ?
19. Ce n'est pas là une parole
qui appelle la miséricorde, mais
plutót elle excite la colere et
allume la fureur.
13. Vous avez fixé un temps à
la miséricorde du Seigneur, et,
selon votre volonté, vous lui avez
marqué un jour.
JUDITH.
[cH. vur.]
14. Mais, puisque le Seigneur
est patient, par cela méme fai-
sons pénitence, et réclamons son
indulgence en répandant des
larmes ;
15. Car ce n'est point comme
un homme que Dieu menacera,
ni comme le fils d'un homme
qu'il s'enflammera de son cour-
roux.
16. Cest pourquoi humilions
devant lui nos àmes, et le ser-
vant, établis dans un esprit hu-
milié,
11. Disons en pleurant au Sei-
gneur que, selon sa volonté, il
nous accorde sa miséricorde, afin
que de méme que notre cœur
est troublé par l'orgueil de nos
ennemis, de méme aussi nous
nous glorifiions de notre humi-
liation,
18. Parce que nous n'avons
point suivi les péchés de nos
peres, qui ont abandonné leur
Dieu et ont adoré des dieux
étrangers :
19. Pour lequel crime, ils ont
été livrés au glaive, au pillage,
et à la confusion parmi leurs
ennemis; mais nous, nous ne
connaissons point d'autre Dieu,
hors lui.
90. Attendons humblement sa
consolation, et il vengera notre
sang des afflictions que 8
causent nos ennemis; il humi-
liera aussi toutes les nations
quelconques qui s'élèvent contre
nous, et le Seigneur notre Dieu
les livrera au déshonneur.
«ΠΌΘΕΝ 55. 907 UBERIUS IL, calidi ti Ὁ 5 9 5 5555
6. * Les néoménies, les jours de la nouvelle lune, qui marquaient le commencement
d'un mois.
1. Par famille nombreuse on entend généralement un grand nombre de domestiques.
10. Quelle est, etc. Autrement : Quel est le motif pour lequel,
12. Une parole; ou bien une chose. |
[cu. 1x.]
91. Or maintenant, mes freres,
puisque vous êtes les anciens
parmi le peuple de Dieu, et que
de vous dépend leuràme, relevez
leur cœur par vos paroles, afin
quils se souviennent que nos
péresontété tentéspouréprouver
sils honoraient véritablement
leur Dieu.
29. lls doivent se souvenir
comment Abraham notre pere
fut tenté, et comment, éprouvé
par beaucoup de tribulations, il
devint l'ami de Dieu.
93. Ainsi Isaac, ainsi Jacob,
ainsi Moise, et tous ceux qui ont
plu à Dieu, ont passé par beau-
coup de tribulations en restant
fideles.
24. Mais ceux qui n'ont point
recu 108 tentations avec la crainte
du Seigneur, et qui ont témoigné
leur impatience, leur reproche et
leur murmure contre le Seigneur,
95. Ont été exterminés par l'ex-
terminateur, et ont péri par les
serpents.
26. Et nous donc, ne nous ven-
geons point pour ce que nous
souffrons;
27. Mais, considérant que ces
châtiments mêmes sont moindres
que nos péchés, croyons que les
fléaux du Seigneur par lesquels
nous sommes punis, comme ser-
viteurs, nous sont venus pour
notre amendement, et non pour
noire perte.
28. Alors Ozias etles anciens
JUDITH.
969
lui dirent : Tout ce que vous avez
dit est vrai, et dans vos paroles
il n’y a rien à reprendre.
29. Maintenant done, priez pour
nous, parce que vous êtes une
femme sainte et craignant Dieu.
30. Et Judith leur dit : Comme
vous reconnaissez que ce que j'ai
pu dire vient de Dieu,
31. De même examinez si ce
que j'ai résolu vient de Dieu, et
priez, afin que Dieu affermisse
ma résolution.
32. Vous vous tiendrez à la
porte cette nuit, et moi je sortirai
avec ma servante; et priez, com-
me vous avez dit, que dans cinq
jours le Seigneur regarde son
peuple d'Israél.
33. Mais je ne veux pas que
vous recherchiez ce que je dois
faire, et jusqu'à ce que je vous
lannonce, qu'on ne fasse rien
autre chose qu'une priere pour
moi au Seigneur notre Dieu.
34. Et Ozias, prince de Juda,
lui répondit : Allez en paix, et que
le Seigneur soit avec vous pour
tirer vengeance de nos ennemis.
Et, retournant, ils s'en allèrent.
CHAPITRE IX.
Judith adresse à Dieu sa prière, et im-
plore son secours pour l'exécution du
dessein qu'elle médite.
1. Ceux-ci s'étant retirés, Ju-
dith entra dans son oratoire; et,
se revêlant d'un cilice, elle mit de
la cendre sur sa téte, et, se pros-
Cuar. VIII. 22. Genèse, xxur, 1. — 25. I Cor., x, 9.
21. Leur áme; hébraisme, pour leur vie.
24. Qui ont témoigné, etc. Voy. Nombres, xi, 1; xiv, 42; xx, 4-6.
26. Ne nous vengeons point par impatience; ne nous irritons point.
32. * Avec ma servante, en latin abra mea. Il ne s'agit pas d'une servante ordinaire,
mais d'une femme de confiance, sans doute celle de ses servantes qui était placée à
la téte de toutes les autres.
970
ternant devant le Seigneur, elle
criait vers le Seigneur, disant :
2. Seigneur, Dieu de mon pere
Siméon, qui lui avez donné un
glaive pour se venger des étran-
gers qui commirent une violence
dans leur profanation, et décou-
vrirent la nudité d'une vierge
pour sa confusion;
9. Qui avez livré leurs femmes
en proie, et leurs filles en ‘capti-
vité, et toutes leurs dépouilles en
partage à vos serviteurs qui ont
brülé de zèle pour vous, venez,
je vous prie, Seigneur mon Dieu,
au secours de moi, veuve :
4. Car c'est vous qui avez fait
les choses antérieures, et vous
avez concu celles-ci apres celles-
là; et il n'a été fait que ce que
vous-méme avez voulu.
5. Car toutes vos voies sont
préparées; et vos jugements,
c'est dans votre providence que
vous les avez établis.
6. Regardez maintenantle camp
des Assyriens, comme alors vous
daignátes voirle camp des Egyp-
tiens, quand armés ils couraient
apres vos serviteurs, se confiant
en leurs quadriges et leur cava-
lerie, et dansla multitude de leurs
combattants.
JUDITH.
[cH. ix.]
7. Mais vous jetátes un regard
sur leur camp, et des ténèbres
les fatiguèrent.
8. L'abime retint leurs pieds,
et les eaux les couvrirent.
9. Seigneur, qu’il en soit fait
de méme de ceux-ci aussi qui se
confient en leur multitude, en
leurs chariots eten leurs épieux,
en leurs boucliers, en leurs flè-
ches, et qui se glorifient en ieurs
lances,
10. Et qui ne savent pas que
c'est vous-même qui êtes notre
Dieu, vous qui rompezles guerres
depuis le commencement, et que
votre nom est le Seigneur.
11. Elevez votre bras comme
au commencement, brisez leur
force par votre force; qu'elle
tombe devant votre courroux, la
force de ceux qui promettent de
violer vos choses saintes, de souil-
ler le tabernacle de votre nom, et
d'abattre de leur glaive la corne
de votre autel.
19. Faites, Seigneur, que par
son propre glaive, son orgueil
soit tranché :
13. Qu'il soit pris par le piége
de ses yeux en me regardant, et
vous le frapperez par mes paroles
gracieuses.
Cap. IX. 2. Genèse, xxxiv, 26. — 0. Exode, xiv, 9.
2. Judith loue ici le zéle que Siméon avait mis à venger la gloire de Dieu et l'ou-
trage fait par les Sichémites à sa sœur; mais nullement la manière inhumaine dont
il avait exercé cette vengeance. Voy. Genèse, xxxiv, 30; xuix, 5-7.
3. Qui ont brälé; etc., littér. et par hébraisme, qui ont zélé le zèle, ou ont été zélé
de zèle.
1. Les fatiguérent. Au passage de la mer Rouge, les Egyptiens furent dans l'in-
quiétude; ils ne pouvaient pas avancer à cause des ténèbres qui les enveloppaient.
Voy. Nombres, xiv, 19, 24.
10. Vous rompez ; vous faites cesser, vous arrétez.
11. Vos choses saintes. Voy. 1v, 10. — La corne de votre autel. 11 y avait aux quatre
coins de l'autel des holocaustes quatre éminences en forme de cornes.
13. Par mes paroles gracieuses; littér. par les lèvres de ma grâce, Compar.
(Ps. xuiv, 3) l'expression la grâce est répandue sur vos lèvres. 101, comme souvent
ailleurs, saint Jérôme a donné à un mot latin, dérivé du grec, le sens qu'il a dans
Gi. γεν]
14. Mettez-moi dans le cœur de
la constance, afin que je le mé-
prise; et de la force, afin que je
le renverse.
15. Ge sera assurément un sou-
venir de votre nom, que la main
d'une femme l'ait abattu.
16. Car ce n'est point dans la
multitude qu'est votre puissance,
Seigneur, ni dans les forces des
chevaux qu'est votre plaisir, et
les superbes dés le commence-
ment ne vous ont pas plu; mais
la priere des hommes humbles et
doux vous a toujours plu.
11. Dieu des cieux, créateur
des eaux, et seigneur de toute
créature, exaucez-moi, pauvre
suppliante, et qui présume de
volre miséricorde.
18. Souvenez-vous, Seigneur,
de votre alliance, et mettez la pa-
role dans ma bouche, et fortifiez
en mon cœur ma résolution, afin
que votre maison vous demeure
toujours consacrée;
19. Et que toutes les nations
reconnaissent que c'est vous qui
êtes Dieu, et qu'il n'y en a point
d'autre hors vous.
CHAPITRE X.
Judith se pare et se rend avec sa ser-
vante au camp des Assyriens. Elle y
est arrétée et conduite à Holoferne, qui
est épris de sa beauté.
1. Oril arriva que quand Judith
15. Juges, 1v, 21; v, 26.
JUDITH. 971
eut cessé de crier vers le Sei-
geneur, elle se leva du lieu dans
lequel elle était étendue, proster-
née devant le Seigneur;
2. Et elle appela sa servante,
el, descendant dans sa maison,
elle óta son cilice, et se dépouilla
des vétements de son veuvage ;
3. Puis elle lava son corps,
s'oignit dun parfum excellent,
sépara les cheveux de sa tête,
mit une mitre sur sa téte, se
revêtit des habits de sa joie,
et mit des sandales à ses pieds;
elle prit aussi des petits orne-
ments de la main droite, des lis,
ainsi que des pendants d'oreilles
ev des anneaux, et se para de
tous ses ornements.
4. Le Seigneur aussi lui donna
de l'éclat, parce que toute cette
parure ne venait pas d'un mau-
vais désir, mais de sa vertu : et
cest pour cela que le Seigneur
lui augmenta sa beauté, afin
qu'elle parüt aux yeux de tous
dans une parure incomparable.
9. Elle donna à sa servante une
outre de vin, un vase d'huile, des
grains rótis, des figues sèches,
des pains et du fromage, et elle
partit.
6. Or, lorsqu'elles furent arri-
vées à la porte de la ville, elles
trouvèrent Ozias, qui l'attendait,
et les anciens de la ville.
7. Lorsque ceux-ci la virent,
——— M M M € —— D,
cette dernière langue. — * Judith se proposait d'user de sa beauté pour perdre Holo-
ferne, mais son but unique était de sauver son peuple en faisant périr le chef de
l'armée ennemie. C'est son intention qui fait le mérite de son action. Elle exposait sa
propre vie pour le salut d'Israël. Elle avait d'ailleurs le droit de faire périr Holoferne,
soit par ruse, soit par violence, puisque le général assyrien faisait la guerre aux
habitants de Béthulie.
3. * Une mitre, coiffure haute. — De petits ornements de la main droite, des bra-
201608. — Des lis, un collier ou autre ornement avec des fleurs en forme de lis.
972
étonnés, ils admirerent beaucoup
sa beauté.
8. Cependant, sans rien lui de-
mander, ils la laisserent passer,
disant : Que le Dieu. de nos
pères vous donne sa grâce, et
qu'il fortifie la résolution de votre
cœur par sa force, afin que Jéru-
salem se glorifie en vous, et que
votre nom soit au nombre des
saints et des justes.
| 9. Etceux qui étaient là dirent
d'une seule voix : Ainsi soit! ainsi
soit!
10. EtJudith, priantleSeigneur,
passa parles portes, elle et sa ser-
vante.
11. Or il arriva que, lorsqu'elle
descendait de la montagne, vers le
commencement du jour, les gar-
des avancés des Assyriens la ren-
contrerent, etl'arréterent, disant:
D'où venez-vous, οἱ οἱ allez-vous?
12. Elle répondit : Je suis fille
des Hébreux ; c'est pourquoi j'ai
fui de leur face, parce que j'ai
reconnu qu'il arrivera qu'ils vous
seront livrés en proie, parce que,
vous méprisant, ils n'ont pas
voulu se rendre d'eux-mémes,
afin de trouver miséricorde en
votre présence.
13. Par ce motif, j'ai pensé en
moi-méme, disant : J'irai devant
laface du prince Holoferne, afin
que je lui indique leurs secrets,
et que je lui montre par quelle
JUDITH.
(cn. &.]
entrée il pourra s'emparer d'eux,
en sorte qu'il ne tombe pas un
seul homme de son armée.
14. Et lorsque ces hommes
eurent entendu ses paroles, ils
regardaient sa face, et l'étonne-
ment était dans leurs yeux, parce
qu'ils admiraient beaucoup sa
beauté.
15. Et ilslui dirent : Vous avez
conservé votre âme, parce que
vous avez pris cette résolution de
descendre vers notre maitre.
16. Sachez done que, lorsque
vous serez en sa présence, il
vous traitera bien, et vous serez
tres agréable à son cœur. Et ils
la conduisirent au tabernacle
d'Holoferne, en l'annoncant.
17. Et lorsqu'elle fut entrée de-
vant lui, soudain Holoferne fut
pris par ses yeux.
18. Et ses gardes lui dirent : Qui
mépriserait le peuple desHébreux
qui ont de si belles femmes? Est-
ce que pour elles nous ne devons
pas avec raison combattre contre
eux?
19. Or Judith, voyant Holoferne
assis dans uu pavillon, qui était
de pourpre, d'or et d'éméraudes,
et entremélé de pierres pré-
cieuses,
90. Et l'ayant regardé, elle s'in-
clina profondément devant lui,
se prosternant sur la terre; et
les serviteurs d'Holoferne la re-
(oo
12 et suiv. Sans approuver les mensonges que fait Judith, on peut dire avec saint
Thomas que, par une erreur invincible, elle se figura qu'ils étaient permis, à cause
des circonstances où elle se trouvait. On peut dire de même du reste de sa conduite.
15. Vous avez, etc.; hébraisme pour, vous avez sauvé votre vie.
19. * Dans un pavillon, sans doute un moustiquaire, trés orné comme il convenait
au général d'une grande armée. Le moustiquaire est un tissu qui empéche les mous-
tiques, nombreux en Orient, de pénétrer et préserve ainsi de leurs piqüres et de leur
sifflement. Ce pavillon est traduit plus loin, xut, 10, par rideau.
20. Elle s'inclina, etc.; comme c'était l'usage, quand on se présentait devant les
grands.
]68. xi.] mi:
leverent, leur maître l'ayant com-
mandé.
CHAPITRE XI.
Holoferne demande à Judith pourquoi
elle ἃ quitté son peuple pour venir
vers lui. Elle lui répond en flattant ses
espérances, et il lui fait de grandes
promesses.
4. Alors Holoferne lui dit : Ayez
l'esprit calme, et ne craignez pas
en votre cœur, parce que je n'ai
jamais nui à un homme qui a
voulu servir le roi Nabuchodono-
ΒΟΥ.
2. Et si votre peuple ne m'avait
point méprisé, je n'aurais pas levé
ma lance sur lui.
3. Mais maintenant, dites-moi
par quel motif vous étes-vous re-
tirée d'eux, et vous a-t-il plu de
venir vers nous?
4. Et Judith lui répondit : Ac-
cueillez les paroles de votre ser-
vante, parce que si vous suivez
les paroles de votre servante, le
Seigneur achèvera l'affaire avec
vous;
5. Car Nabuchodonosor, le roi
de la terre, vit, etsa vertu, qui est
en vous, vit pour le châtiment
de toutes les âmes qui s'égarent;
puisque non seulement les hom-
mes le servent par vous, mais
méme les bêtes des champs lui
obéissent.
6. Et l'habileté de votre esprit
est proclamée dans toutes les
nations, et on fait connaître au
CnaP. XI. 7. Supra, v, 5.
jUDITH. 973
monde entier que vous seul étes
bon et.puissant dans tout son
royaume, et votre habileté est
louée dans toutes les provinces.
1. Ce n'est pas non plus un se-
cret, ce qu'a dit Achior, et on
n'ignore pas ce que vous avez
commandé qu'il lui arrive.
8. Car, il est manifeste que no-
tre Dieu est tellement offensé
par les péchés, qu'il ἃ annoncé
par ses prophétes à son peuple
qu'il le livrera à cause de ses pé-
chés.
9. Et parce que les enfants d'Is-
raél savent qu'ils ont offensé leur
Dieu, votre terreur est sur eux.
10. De plus, la famine aussi est
tombée sur eux, et à cause du
manque d'eau, ils sont déjà
comptés parmi les morts.
11. Enfin ils s'apprêtent méme
à tuer leurs bestiaux, et à en
boire le sang.
12. Et quant aux choses saintes
du Seigneur leur Dieu, que Dieu
a ordonné de ne pas toucher, en
fait de blé, de vin et d'huile, ils
songent à employer et veulent
consommer ce qu'ils ne devraient
pasméme toucher deleurs mains ;
ainsi, puisqu'ils font cela, il est
certain qu'ils seront livrés à la
ruine.
13. Ce que moi, votre servante,
connaissant, j'ai fui loin d'eux, et
le Seigneur m'a envoyée pour
vous annoncer ces choses mé-
mes;
= - — —— ^ E dà
4. Achévera, etc.; vous donnera un succès complet.
10. Le manque d'eau; littér. la sécheresse de l'eau; ellipse pour, la sécheresse pro-
duite par le manque d'eau.
12. Les choses saintes, etc. Les choses consacrées au Seigneur, telles que les pré-
mices du blé, etc. ὁ
974
14. Car moi, votre servante,
jadore Dieu, méme maintenant
auprès de vous; et votre ser-
vante sortira, et elle priera Dieu,
15. Et il me dira quand il les
punira de leurs péchés; et ve-
nant, je vous l'annoncerai, et je
vous conduirai au milieu de Jéru-
salem, et vous aurez tout le peu-
ple d'Israël, comme des brebis
qui n'ont point de pasteur, et pas
méme un chien n'aboiera contre
vous.
16. Parce que ces choses m'ont
été dites par la providence de
Dieu,
17. Et parce que Dieu est ir-
rité contre eux, j'ai été envoyée
pour vous annoncer ces choses
mémes.
18. Or toutes ces paroles plu-
rent à Holoferne et à ses servi-
teurs, et ils admiraient sa sa-
gesse, et se disaient l'un à l'au-
ire:
19. Il n'est pas une telle femme
sur la terre, pour l'aspect, pour
la beauté et pour le sens des pa-
roles.
90. Et Holoferne lui dit : Il a
bien fait le Dieu qui vous a en-
voyée devant le peuple, afin que
vous le livriez vous-mémes en
nos mains;
21. Et parce que votre promesse
est bonne, si votre Dieu fait cela
pour moi, il sera aussi mon Dieu,
et vous, vous serez grande dans
la maison de Nabuchodonosor,
et votre nom sera nommé dans
toute la terre.
JUDITH
[cH. xir.]
CHAPITRE XII.
Judith refuse les mets de la table d'Ho-
loferne, et lui assure que les provisions
qu'elle a apportées lui suffiront. Elle
sort du camp pendant les nuits pour
prier. Holoferne donne un festin oü il
fait venir Judith et oü il s'enivre.
1. Oril commanda qu'on la fit
entrer où étaient déposés ses tré-
sors; et il commanda de plus
qu'elle y demeurát, et il régla ce
qui lui serait donné de sa table.
2. Judith lui répondit et dit :
Je ne pourrai pas manger main-
tenant des choses que vous or-
donnez qu'on me donne, pour
ne pas que le scandale vienne
sur mol; mais c'est de ce que
j'ai apporté pour moi que je man-
geral.
3. Holoferne lui repartit : Si ce
que vous avez apporté avec vous
vient à manquer, que ferons-nous
pour vous?
4. Et Judith répliqua : Mon âme
vit, mon seigneur! votre ser-
vante n'aura pas consommé tout
cela avant que Dieu fasse par ma
main ce que j'ai pensé. Et les ser-
viteurs d'Holoferne lintroduisi-
rent dans le tabernacle qu'il avait
ordonné de /ui préparer.
5. Et elle demanda, comme elle
y entrait, qu'on lui donnát la li-
berté de sortir dehors, durant la
nuit et avant le jour, pour la
priere, et d'implorer le Seigneur.
6. Et Holoferne ordonna aux
officiers de sa chambre que,
comme il lui plairait, elle sortit
19. Pour le sens des paroles; c'est-à-dire pour la sagesse qu'il y a dans ses
paroles.
2. Que le scandale, etc.; que je donne du scandale, en faisaut usage de viandes
impures. Campar. Tobie, 1, 12,
fen. χαπ.}
et elle entrát pour adorer son
Dieu, durant trois jours.
7. Elle sortait donc durant les
nuits dans la vallée de Béthulie,
et elle se lavait dans une source
d'eau.
8. Et, comme elle montait, elle
priait le Seigneur Dieu d'Israél
de diriger sa voie pour la déli-
vrance de son peuple.
9. Puis, entrant, elle demeurait
pure dans son tabernacle, jusqu'à
ce qu'elle prit sa nourriture sur
le soir.
10. Or il arriva qu'au quatrième
jour Holoferne fit un festin à ses
serviteurs, et dit à Vagao, son
eunuque : Va, et persuade à cette
Juive qu'elle consente spontané-
ment à habiter avec moi ;
11. Carilest honteux chez les
Assyriens qu'une femme se mo-
que d'un homme en agissant de
manière à s'éloigner pure de lui.
12. Alors Vagao entra vers Ju-
dith, et dit: Que la bonne fille ne
craigne pas d'entrer auprès de
mon seigneur, d'être honorée de-
vant lui, de manger avec lui, et
de boire du vin avec gaieté.
13. Judith lui répondit : Qui
suis-je pour contredire mon sei-
gneur?
14. Tout ce qui sera bon et ex-
cellent devant ses yeux, je le fe-
rai; et tout ce qui lui plaira me
sera aussi la meilleure chose tous
les jours de ma vie.
15. Elle se leva done, etse para
de son vétement; puis étant en-
trée, elle se présenta devant lui.
JUDITH.
075
16. Or le cœur d'Holoferne fut
ébranlé, car il était brülant de
passion pour elle.
17. Et Holoferne lui dit : Buvez
maintenant : et prenez place à
table avec gaieté, parce que vous
avez trouvé gráce devant moi.
18. Et Judith répondit : Je boi-
rai, seigneur; parce que mon
âme est aujourd'hui magnifiée
plus qu'en tous mes jours.
19. Et elle prit, mangea et but
devant lui tout ce que lui avait
préparé sa servante.
20. Et Holoferne devint joyeux
aupres d'elle, et il but excessive-
ment de vin, autant que jamais
il n'en avait bu en sa vie.
CHAPITRE XIII,
Judith, étant restée seule auprès d'Holo-
ferne, lui tranche la tête, et sort avec
la fille qui la servait. Elle arrive à Bé-
thulie, où elle est reçue avec un grand
étonnement et beaucoup d'applaudis-
sements. On fait venir Achior qui re-
connait la téte d'Holoferne.
1. Or, dés que le soir fut venu,
ses serviteurs se hâtèrent de ren-
trer en leurs logis, et Vagao fer-
ma les portes de la chambre, et
s’en alla.
2. Et tous étaient appesantis par
le vin;
3. Mais Judith était seule dans
la chambre.
4. Or Holoferne était couché sur
son lit, assoupi dans une tres
grande ivresse.
5. Alors Judith dità sa servante
de se tenir dehors devant la
chambre, et d'observer.
7. Chez les Juifs, comme chez plusieurs autres peuples de l'Orient, on se lavait
avant la prière.
10. * Qu'elle consente, etc. Judith aurait pu épouser Holoferne sans violer la loi,
18. Plus qu'en tous mes jours; ellipse pour, plus qu'elle ne l’a dit en, etc.
970
6. Et Judith se tint devant le lit,
priant avec larmes, et par un
mouvement des lèvres en silence,
7. Disant : Fortifiez-moi, Sei-
gneur Dieu d'Israël, et regardez
en cette heure les œuvres de
mes mains, afin que, comme
vous avez promis, vous releviez
Jérusalem, votre cité, et que ce
que j'ai pensé pouvoir être fait
par vous, je l’achève.
8. Et, lorsqu'elle eut dit cela,
elle s'approcha de la colonne,
qui était au chevet de son lit, et
détacha son poignard qui y était
lié et suspendu ;
9. Et, lorsqu'elle l'eut tiré du
fourreau, elle saisit la chevelure
de sa téte, et dit : Fortifiez-moi,
Seigneur Dieu, en cette heure.
10. Et elle frappa deux fois sur
son cou, trancha sa téte, tira son
rideau hors des colonnes, et roula
son corps (le tronc) en bas du lit.
11. Et, un peu après, elle sortit,
remit la téte d'Holoferne à sa ser-
vante, et lui commanda de la
mettre dans sa besace.
19. Et elles sortirent toutes
deux, selonleur coutume, comme
pour la prière, elles traverserent
le camp, et, tournant le long de
la vallée, elles vinrent à la porte
de la ville;
43. Et Judith cria de loin aux
gardes des murs : Ouvrez les
portes, parce que Dieu est avec
JUDITH.
(cu. [,חזצ
nous; il a exercé sa puissance en
Israël.
14. Et il arriva que, lorsque
ces hommes entendirent sa voix,
ils appelèrent les anciens de la
ville.
15. Et ils coururent tous vers
elle, depuis le plus petit jusqu'au
plus grand; parce qu'ils s'atten-
daient à ce qu'elle ne reviendrait
plus.
16. Et, allumant des flambeaux,
ils tournèrent tous autour d'elle :
mais elle, montant sur un lieu
plus élevé, commanda qu'on fit
silence. Et, lorsque tous se fu-
rent tus,
11. Judith dit : Louez le Sei-
gneur notre Dieu, qui n'a point
délaissé ceux qui ont espéré en
Jui ; \
18. Et c'est par moi, sa ser-
vante, qu'il a accompli sa miséri-
corde qu'il a promise à la maison
d'Israël; et il a tué par ma main
l'ennemi de son peuple cette
nuit.
19. Et tirant hors de la besace
la tête d'Holoferne, elle la leur
montra, disant : Voici la tête
d'Holoferne, prince de la milice
des Assyriens ; et voici le rideau
du pavillon dans lequel il était
couché dans son ivresse, et oü
par la main d'une femme le Sei-
gneur notre Dieu l’a frappé.
20. Mais le Seigneur lui-méme
.
9. Il faut bien remarquer que, chez les peuples de l'antiquité, le meurtre d'un
ennemi fut toujours licite. Ainsi Judith, du consentement des chefs de Béthulie, ayant
pris sur elle la délivrance de cette ville, a pu légitimement donner la mort à l'injuste
aggresseur de sa patrie.
10. * Rideau. Le rideau qui servait de moustiquaire. Voir plus haut, x, 19.
18. Dieu a promis en effet qu'il protégerait les Israélites contre leurs ennemis, tant
qu'ils 16 serviraient fidèlement et qu'ils observeraient sa loi. Voy. Lévitique, xxvi, 8,
TI 8:
20. Le Seigneur lui-même vit! Formule de serment, qui équivaut à : Je jure par le
Seigneur lui-méme que. HE LE 2
fca. xiv.]
vit! son ange m'a gardée, et
lorsque je suis sortie d'ici, et
tant que j'ai demeuré là, et lors-
que je suis revenue ici; et le Sei-
gneur n'a pas permis que moi, sa
servante, je fusse souillée : mais
il m'a rappelée vers vous sans
tache de péché, me réjouissant de
sa victoire, de mon salut et de
votre délivrance.
21. Vous tous, rendez-lui gloire,
parce qu'il est bon, parce que sa
miséricorde.est éternelle.
22. Alors tous, adorant le Sei-
gneur, lui dirent : Le Seigneur
vous a bénie en sa puissance,
puisque par vous il a réduit à
néant nos ennemis.
98. Or Ozias, prince du peuple
d'Israël, lui dit : Vous êtes bénie,
vous, ma fille, par le Seigneur
Dieu très-haut, plus que toutes
les femmes sur la terre.
24. bénile Seigneur, qui a créé
le ciel etla terre, et qui vous ἃ
dirigée pour frapper la téte du
prince de nos ennemis!
25. Parce qu'aujourd'hui il ἃ
tellement magnifié votre nom,
que votre louange ne sortira pas
de la bouche des hommes qui se
souviendront éternellement de
la puissance du Seigneur, pour
l'amour desquels vous n'avez pas
épargné votre àme, à cause des
angoisses et des tribulations de
votre race, vous avez subvenu à
sa ruine en la présence de notre
Dieu.
26. Et tout le peuple dit : Ainsi
soit! ainsi soit!
21. Ensuite Achior, appelé, vint,
Cuar. XII. 21. Ps. cv, 1; cvi, 4.
JUDITH.
377
et Judith lui dit : Le Dieu d'Israël,
auquel vous avez vous-méme
rendu le témoignage qu'il se
venge de ses ennemis, a coupé la
téte de tous les infideles, cette
nuit, par ma main;
28. Et afin que vous éprouviez
sil en est ainsi, voici la téte
d'Holoferne, qui, dans le mépris
de son orgueil, a méprisé le Dieu
d'Israél, et vous menacait de la
mort, disant : Lorsque le peuple
d'Israël sera pris, j'ordonnerai
que tes flancs soient percés par le
glaive.
29. Or Achior, voyant la téte
d'Holoferne, fut saisi d'effroi; il
tomba sur sa face contre terre, et
son âme fut troublée.
30. Mais, apres que, ses esprits
repris, il se fut rassuré, il se jeta
aux pieds de Judith, s'inclina
profondément devant elle, et dit :
91. Vous étes bénie de votre
Dieu, dans tous les tabernacles
de Jacob, parce qu'en toute na-
tion qui entendra votre nom,
le Dieu d'Israël sera magnifié en
vous.
CHAPITRE XIV.
Judith conseille aux Israélites de s'avan-
cer vers les Assyriens. Achior embrasse
la religion des Juifs. Les Israélites s'a-
vancent vers les Assyriens qui, s'aper-
cevant de la mort d'Holoferne, sont
saisis de trouble.
1. Alors Judith dit à tout le
peuple : Écoutez-moi, mes fre-
res; suspendez cette téte sur nos
murs ;
2. Et lorsque le soleil sera levé,
que chacun prenne ses armes,
25. Pour l'amour desquels. Selon quelques interprètes, parce que. — Votre âme;
bébraisme, pour votre vie.
D.
62
978 /
et sortez avec impétuosité; non
point pour que vous descendiez
au bas de la montagne, mais
comme faisant une atlaque.
3. Alors il sera nécessaire que
les gardes avancées s'en aillent
éveiller leur prince pourle com-
bat ;
4. Et, lorsque leurs chefs au-
ront couru au tabernacle d'Holo-
ferne, et qu'ils l'auront trouvé un
corps sans téte, qui a roulé dans
son sang, la crainte tombera sur
eux.
9. Et, lorsque vous les verrez
fuir, allez aprés eux avec assu-
rance, parce que le Seigneur les
foulera sous vos pieds.
6. Alors Achior, voyant la puis-
sance qu'avait exercée le Dieu
d'Israél, abandonna le culte de
la gentilité, crut à Dieu, cir-
concit sa chair, et fut incorporé
au peuple d'Israël, lui et toute la
suite de sà race jusqu'au jour
d'aujourd'hui.
7. Aussitôt donc que le jour
commenca, on suspendit au haut
des murs la téte d'Holoferne, et
chaque homme prit ses armes;
et ils sortirent au milieu d'un
grand bruit et de cris déchirants.
8. Ce que voyant les gardes
avancées, elles coururent au ta-
bernacle d'Holoferne.
9. Or ceux qui étaient dans le
tabernacle étant venus, et faisant
du bruit à l'entrée de sa chambre
pour l'éveiller, excitaient à des-
sein le tumulte, afin qu'Holoferne
JUDITH.
]08. xiv.]
füt réveillé, non point par ceux
qui l'éveillaient ordinairement,
mais par ceux qui faisaient ce
bruit.
10. Car nul n'osait, en frappant
ou en entrant, ouvrir la porte du
général des Assyriens.
11. Maislorsqueles chefsfurent
venus, et les tribuns, et tous les
principaux de l'armée du roi des
Assyriens, ils dirent aux officiers
de sa chambre :
12. Entrez et éveillez-le; parce
que les rats, sortis de leurs trous,
ont osé nous provoquer au com-
bat.
13. Alors Vagao, étant entré
dans sa chambre, se tint devant
le rideau, et frappa des mains;
car il supposait qu'il dormait avec
Judith.
14. Mais, comme prétant l'o-
reille, il n'entendait aucun mou-
vement de quelqu'un qui dort,
il s'approcha plus près du rideau,
et, le soulevant, et voyant que le
cadavre d'Holoferne sans téte,
tout dégouttant de sang, gisait
sur la terre, il cria d'une voix
forte en pleurant, et il déchira
ses vétements.
15. Puis, étant entré dans le ta-
bernacle de Judith, il ne la trou-
va point, il sortit dehors vers le
peuple,
16. Et dit: Une seule femme
juive a mis la confusion dans la
maison du roi Nabuchodonosor;
car voici Holoferne qui git sur la
terre, et sa tête n'est pas sur lui.
10. Du général; littér. De la puissance; elipse pour, du chef de la puissance, c'est-
ü-dire du chef de l'armée. Compar. vers. 17.
13. * Devant le rideau, probablement une tenture qui isolait la partie de la tente
ou était le lit.
14. Prélant Üloreilze; littér. par le sens des oreilles.
[cu. xv.]
17. Ce qu'ayant entendu les
princes de l'armée des Assyriens,
ils déchirèrent tous leurs véte-
ments; une érainte intolérable et
la frayeur tomberent sur eux, et
leurs esprits furent très troublés.
18. Et il se fit un cri incompa-
rable au milieu de leur camp.
CHAPITRE XV.
La frayeur se répand dans le camp des
Assyriens; ils prennent la fuite. Les
Israélites se jettent sur eux, les pour-
suivent, s'emparent de leurs dépouilles,
et donnent à Judith celles d'Holoferne.
1. Et lorsque toute l'armée eut
appris qu Holoferne avait été dé-
capité, l'esprit etle conseil s'en-
fuirent loin d'eux, et poussés seu-
lement par la frayeur et l'inquié-
tade, ils cherchèrent un secours
dans la fuite;
2. En sorte que nul ne parlait
à son compagnon; mais, bais-
sant la téte et abandonnant tout,
ils se hâtaient d'échapper aux
Hébreux, qu'ils entendaient ve-
nir armés sur eux, et ils fuyaient
cà et là par les chemins des cam-
pagnes et les sentiers des col-
lines.
9. C'est pourquoi les enfants
d'Israél,les voyant fuir, les sui-
virent. Ils descendirent donc des
montagnes, sonnant des trom-
pettes et poussant de grands cris
aprés eux.
4. Et comme les Assyriens, n'é-
tant pas réunis, allaient dans leur
fuite en se précipitant, les en-
fants d'Israël, au contraire, les
poursuivant en formant un seul
JUDITH.
979
corps, battaient tous ceux qu'ils
pouvaient atteindre.
5. C'est pourquoi Ozias envoya
des messagers dans toutes les
villes et les contrées d'Israël.
6. C'est pourquoi aussi chaque
province et chaque ville envoye- .
rent une jeunesse choisie et ar-
mée après les Assyriens ; et ils les
poursuivirent avec le tranchant
du glaive, jusqu'à ce qu'ils furent
arrivés à l'extrémité deleurs con-
fins.
1. Gependant les autres qui é-
taient à Béthulie entrerent dans
le camp des Assyriens, et enle-
verentle butin que les Assyriens,
qui s'enfuyaient, avaient laissé,
etilseneurentunegrandecharge.
8. Mais ceux qui, victorieux,
rentrerent à Béthulie, apporte-
rent avec eux tout ce qui était
aux Assyriens; or lestroupeaux,
les bestiaux ettousleurs meubles
étaient sans nombre; en sorte
que depuis le plus petit jusqu'au
plus grand, tous s'enrichirent de
leurs dépouilles.
9. Or Joacim, le grand-prétre,
vint de Jérusalem ἃ Béthulie,
avec tous ses prétres, pour voir
Judith.
10. Et lorsqu'elle fut sortie vers
lui, ils la bénirent tous d'une seule '
voix, disant : Vous étes la gloire '
de Jérusalem, vous étes la joie
d'Israél, vous étes l'honneur de
notre peuple :
11. Car vous avez agi virile-
ment, et votre cœur a été affer-
mi, parce que vous avez aimé la
chasteté, et qu'après votre mari
.. וו
17. De l’armée ; littér. de la puissance. Compar. vers. 10.
9. Ses prétres; ou bien les anciens du peuple. Le grec porte : Le sénat ou les an-
ciens des enfants d'Israël qui habitaient dans Jérusalem.
980
vous n'en avez pas connu d'autre;
c'est pour cela que la main du
Seigneur vous a fortifiée, et c'est
pourcela que vous serez bénie
éternellement.
12. Et tout le peuple dit : Ainsi
soit! ainsi soit!
13. Oràpeine si en trente jours
les dépouilles des Assyriens fu-
rent recueillies parle peuple d'Is-
raél.
14. Et tout ce qui fut reconnu
avoir appartenu en propre à Ho-
loferne, en or, en argent, et en
vétements, en pierres précieuses,
et en toute sorte de meubles, on
le donna à Judith, et il lui fut tout
remis par le peuple.
15. Et tous les peuples se ré-
jouissaient avec les femmes, les
vierges et les jeunes hommes,
avec des instruments à vent et
des harpes.
4
CHAPITRE XVI.
Cantique de Judith. Elle va à Jérusalem
avec le peuple célébrer sa victoire. Elle
revient à Béthulie où elle meurt cou-
verte de gloire et fort âgée.
1. Alors Judith chanta ce can-
tique au Seigneur, disant :
2. Commencez à chanter le Sei-
gneur avec des tambours, chantez
le Seigneur avec des cymbales,
entonnez un psaume nouveau,
exaltez et invoquez son nom.
3. Le Seigneur rompt les guer-
res, le Seigneur est son nom.
4. ll a mis son camp au milieu
JUDITH.
(cH. xvi.]
de son peuple, afin de nous déli-
vrer dela main de tous nos enne-
mis.
9. Assur est venu des monta-
gnes du cóté de l'aquilon avec sa
multitude forte; et sa multitude
a rempli les torrents, et ses che-
vaux ont couvert les vallées.
6. Il ἃ dit qu'il brülerait mes
confins, et qu'il tuerait mes jeu-
nes hommes par le glaive, qu'il
donnerait mes enfants en proie,
et les vierges en captivité.
7. Mais le Seigneur tout-puis-
sant lui a été funeste, et il l'a li-
vré aux mains d'une femme, et
elle l'a percé ;
8. Car leur fort n'est pas tombé
devant des jeunes hommes, des
fils de Titan ne l'ont point frappé,
des géants ne sont point opposés
à lui; mais c'est Judith, la fille de
Mérari, qui par la beauté de son
visage, l'a détruit.
9. Car elle s'est dépouillée du
vétement de son veuvage, et elle
s'est revétue d'un vétement de
joie pour le triomphe des enfants
d'Israél; :
10. Elle a oint son visage avec
des essences, elle a 116 ensemble
ses cheveux avec un bandeau,
elle a pris une robe neuve pour
le séduire.
11. Ses sandales ont ravi ses
yeux, sa beauté arendu son àme
captive, et elle lui a tranché le cou
avec son propre sabre.
12. Les Perses ont frissonné de
A5. Tous les peuples; c'est-à-dire toute la multitude des hommes.
3. Rompt les guerres. Voy. 1x, 10.
5. Sa multitude forte; littér. et par hébraisme /a multitude de sa force.
8. * Des fils de Titan,...
des géants. Ces mots traduisent probablement les mots
Raphaim et Enacim qui devaient se trouver dans le texte original.
12, * Les Perses.
l'armée d'Holoferne.
et les Mèdes faisaient partie sans doute comme auxiliaires de
[τΗ. xvI.]
sa constance, er les Mèdes, de
son audace.
13. Alors tout le camp des As-
syriens a poussé des hurlements,
quand ont paru les miens, faibles
et desséchés par la soif.
14. Les fils des jeunes femmes
les ont blessés et les ont tués
comme des enfants qui fuient;
ils ont péri dans le combat à la
face du Seigneur mon Dieu.
15. Chantons un hymne au Sei-
gneur, chantons un hymne nou-
veau à notre Dieu.
16. Adonai Seigneur, vous étes
grand, vous, et magnifique dans
votre puissance, et personne ne
peut s'élever au-dessus de vous.
17. Que toute créature vous
obéisse; parce que vous avez
parlé, etles choses ont été faites ;
vous avez envoyé votre esprit.
et elles ont été créées, etil ny a
personne qui résiste à votre voix.
.. 48.Lesmontagnes seront ébran-
lées jusqu'aux fondements avec
les eaux, et les pierres se fon-
dront comme la cire devant votre
face.
. 19. Mais ceux qui vous crai-
gnent seront grands devant vous
en toutes choses.
20. Malheur à la nation qui s'é-
leve contre mon peuple! car le
Seigneur tout-puissant se ven-
gera d'eux, et les visitera au jour
du jugement.
91. Et il répandra du feu et des
(βαρ. XVI. 11. Genèse, 1; Ps. xxxi, 9
JUDITH.
981
vers dans leur chair, afin qu'ils
brülent et qu'ils le sentent éter-
nellement.
22. Or il arriva, après cela, que
tout le peuple après la victoire
vint à Jérusalem adorer le Sei-
gneur; et aussitót qu'ils furent
purifiés, ils offrirent tous leurs
holocaustes, leurs vœux et leurs
promesses.
93. Quant à Judith, ce sont tous
les instruments de guerre d'Holo-
ferne, que le peuple lui avait
donnés, etle rideau qu'elle-méme
avait enlevé de son lit,'qu'elle of-
frit, en anathéme d'oubli.
24. Or tout le peuple était
joyeux, à la vue des choses sain-
tes, et pendant trois mois la joie
de cette victoire fut célébrée avec
Judith.
£5. Ev apres ces jours, chacun
retourna en sa maison, et Judith
devint grande dans Béthulie, et
elle était la plus illustre dans
toute la terre d'Israël.
26. Car la chasteté était jointe
à sa vertu; en sorte qu'elle n'a
pas connu d'homme durant tous
les jours de sa vie, depuis qu'est
mort Manassé, son mari.
27. Oraux jours de féte elle pa-
raissait avec une grande gloire.
28. Et elle demeura dans la
maison de son mari cent cinq ans;
elle renvoya libre sa servante, et
elle mourut, et fut ensevelie avec
son mari dans Béthulie;
16. Adonai signifie en hébreu, maitre, seigneur.
23. En anathéme d'oubli; c'est-à-dire, selon les uns, comme un monument consacré
à Dieu, et qui devait empécher à jamais les Israélites d'oublier la victoire signalée
que le Seigneur venait de leur accorder; ou bien, selon les autres, un monument con-
sacré à Dieu, et destiné à leur faire oublier leurs maux passés.
24. Des choses saintes. Voy. iv, 10.
989 JUDITH. [cu. xvr.]
99. Et tout le peuple la pleura 91. Etle jour de féte de sa vic-
pendant sept jours. toire est mis par les Hébreux
30. Or dans tout l'espace de sa | au nombre des jours saints, et
vie, et bien des années après sa | il est honoré par les Juifs, de-
mort, 11 n'y eut personne qui | puis ce temps-là jusqu'au présent
troublàt Israël. jour. E
INTRODUCTION
AU LIVRE D'ESTHER
-
L'auteur du livre d'Esther est inconnu. Le Talmud l'attribue à la grande
Synagogue ; Clément d'Alexandrie, Aben Esra, etc., à Mardochée. Le ch. 1x, 20,
semble appuyer cette dernière opinion, mais le .א 31 du méme chapitre prouve
que la fin, du moins, n'est pas de lui. On peut cependant admettre que la plus
grande partie de cette histoire a été rédigée par Mardochée.
Ce qui est certain, c'est que la forme méme du récit suppose que l'empire
perse est encore debout, car le narrateur en connait parfaitement les coutumes,
ainsi que les habitudes et la cour; il en appelle de plus aux annales des Médes
et des Perses, x, 2. Il écrivait donc en Perse, à Suse méme; ce qui est confirmé,
en outre, par l'absence d'allusions à Juda et à Jérusalem; on ne peut méme
douter qu'il n'ait vécu à la cour, à cause des détails circonstanciés qu'il donne
sur le grand banquet d'Assuérus, de la connaissance qu’il a des noms des
grands officiers et des eunuques, de la femme et des enfants d'Aman, etc.
Le style, dans le texte original, est simple et généralement pur, mélangé
seulement de quelques mots perses et de quelques expressions araméennes,
comme on en trouve dans Esdras et dans certaines parties des Paralipomènes,
Le nom de Dieu ne se trouve pas une seule fois dans la partie protocanonique
du livre d'Esther, peut-étre parce qu'elle fut écrite à Suse, au milieu des
paiens; mais s'il n'y est pas nommé, il parait partout : c'est sa Providence qui
dispose tous les événements et qui fait triompher les Juifs des piéges de leurs
ennemis.
A la fin du livre d'Esther, S. Jérôme a placé un certain nombre de fragments
dont nous ne possédons plus le lexte original; ils se lisent dans la Bible
grecque, et ils avaient été traduits, de cette derniére source, dans l'ancienne
Italique. Ces fragments sont rejetés par les protestants comme apocryphes. Ils
forment la partie deutérocanonique du livre d'Esther et on y lit plusieurs fois
le nom de Dieu. L'Église les range parmi les récits inspirés, de méme que les
autres parties de la Sainte Ecriture.
La scène se passe à la cour d'Assuérus (hébreu Akhaschvérosch). Assuérus
est Xerxés 195, fils de Darius I*r, fils d'Hystaspe, qui régna de l'an 485 à l'an 465
avant J.-C. La forme hébraique Akhaschvérosch correspond à la forme perse
Kschayarscha, en la faisant précéder de l'aleph prosthétique. Ce qui est dit
de l'étendue de l'empire perse, des usages de la cour et enfin de l'humeur
capricieuse d'Assuérus, convient parfaitement à Xerxés. Les auteurs grecs et
latins, en citant d'autres traits de son caractére, nous le présentent sous le
méme jour que l'écrivain hébreu : sensuel, vindicatif, cruel, extravagant.
984 INTRODUCTION AU LIVRE D'ESTHER.
Assuérus régnait depuis l'Inde jusqu'à l'Ethiopie, sur 127 provinces, qu'il ne
faut pas confondre avec les 20 satrapies que Darius, fils d'Hystaspe, avait
établies dans ses États. Les provinces étaient les subdivisions géographiques
et ethnographiques de l'empire; les satrapies étaient une division adminis-
trative plus générale, faite en vue du prélévement des tributs.
Au moment oü commence le récit, Assuérus est à Suse, capitale de la pro-
vince de Susiane, ville forte, oü le roi des Perses passait plusieurs mois de
l'année. La troisiéme année de son régne, 482 avant J.-C., il donna un splendide
festin à tous les grands de son royaume, pendant cent quatre-vingt jours,
ce qu'il faut entendre en ce sens qu'ils vinrent les uns aprés les autres et que
des premiers aux derniers invités, il s'écoula un espace de cent quatre-vingtjours.
La reine Vasthi, en ancien perse, Vahista, excellente, donna aussi un banquet
à ses femmes. La reine prenait d'ordinaire ses repas avec le roi, mais non
dans les festins publies. Assuérus lui ordonna de venir montrer sa beauté à
ses convives, elle refusa, non sans raison, de paraitre devant des gens ivres.
Le message lui avait été apporté par les sept eunuques, dont le nombre corres-
pond à celui des sept Amschaspands. Le roi, irrité de sa désobéissance, la
répudia.
Par une permission particulière de la Providence, une Juive, nommée Edissa,
myrle, qui prit le nom perse d'Esther ou Astre, remplaca comme reine la fiére
Vasthi, en 479 ou 478. C'était la nièce de Mardochée. Dieu préparait ainsi [ἃ
délivrance des Juifs, comme on va le voir dans [6 récit sacré.
ESTHER
CHAPITRE PREMIER.
Festin donné par Assuérus. La reine
Vasthi refuse d'y venir. Assuérus la
répudie.
4. Dans les jours d'Assuérus,
qui régna depuis l'Inde jusqu'à
l'Ethiopie sur cent vingt-sept pro-
vinces,
9. Quand il s'assit sur le tróne
de son royaume, Suse était la
premiere ville de son royaume.
3. Or, à la troisieme année de
son regne, il fit un grand festin à
tous les princes de sa cour et à
ses serviteurs, aux plus braves
des Perses, aux illustres des
Mèdes, et aux gouverneurs des
provinces, en sa présence,
4. Pour montrer les richesses
de la gloire de son empire, et la
grandeur et le faste de sa puis-
sance, pendant longtemps, c'est-
à-dire cent quatre-vingts jours.
9. Et lorsque les jours du festin
furent accomplis, il invita tout
| le peuple quise trouva dans Suse,
depuis le plus grand jusqu'au
plus petit, et il commanda que
pendant sept jours on préparàt
un festin dans le vestibule de son
jardin et du bois qui avait été
planté par la magnificence et la
main des rois.
6. Et de tous cótés étaient sus-
pendues des tentures bleu cé-
leste, d'un lin tres fin couleur
d'hyacinthe, soutenues par des
cordons de fin lin et de pourpre,
qui étaient passés dans des an-
neaux d'ivoire, et attachés à des
colonnes de marbre. De plus, des
lits d'or et d'argent étaient ran-
gés sur un pavé d'émeraude et de
marbre de Paros ; ce qu'une pein-
ture d'une admirable variété em-
bellissait.
7. Or ceux qui avaient été in-
vités buvaient dans des coupes
d'or, et les mets étaient présen-
tés dans des plats toujours dif-
férents. Le vin aussi était servi
1.* Assuérus. Xerxès Ier. Voir l'Introduction, p. 229.
2. * Suse, capitale de la Susiane, sur l'Eulæus, une des résidences des rois de Perse,
4. Le roi voulut que pendant cent quatre-vingts jours son palais fût ouvert à tous
les seigneurs de son vaste empire qui venaient le complimenter sur son avénement
au tróne et que pendant ce temps ils y fussent magnifiquement traités à mesure
qu'ils arrivaient.
5. Remarquons bien que le texte ne dit pas que tous les habitants de Suse se
trouvèrent en méme temps réunis dans le vestibule du jardin. On peut donc légiti-
mement supposer que le peuple fut distribué en sept bandes différentes dont cha-
cune avait son jour, pour éviter la confusion, et qu'on partagea ensuite les convives
de chaque bande en plusieurs repas, dans le méme jour.
6. * Un pavé d'émeraude et de marbre de Paros en mosaique. De Paros est un mot
‘ajouté par la Vulgate.
986
comme il convenait à la magni-
ficence royale, abondant et ex-
quis.
8. Et il n'y avait personne qui
contraignit à boire ceux quinele
voulaient pas; mais il en fut
comme 16 roi l'avait établi, en
préposant à chaque table un des
grands de sa cour, afin que cha-
cun prit ce qu'il voudrait.
9. La reine Vasthi aussi fit un
festin de femmes, dans le palais
où le roi Assuérus avait coutume
de demeurer.
10. Ainsi au septieme jour,
lorsque le roi était plus gai, et
qu'apres avoir bu avec excès, il
se fut échauffé par le vin, il or-
donna à Maümam, Bazatha, Har-
bona, Bagatha, Abgatha, Zéthar
el Charchas, les sept eunuques
qui servaient en sa présence,
11. D'introduire devant le roi
la reine Vasthi, le diadéme posé
sur sa tête, pour montrer au peu-
ple et aux grands de la cour sa
beauté; car elle était tres belle.
19. Vasthi refusa, et dédaigna
de venir à l'ordre que le roi lui
avait intimé par les eunuques.
De là le roi irrité et enflammé
d'une extréme fureur
13. Demanda aux sages qui,
selon l'usage des rois, étaient
toujours pres de lui, et par le
conseil desquels il faisait toutes
ESTHER.
[cuoi]
choses, parce qu'ils savaient les
lois etle droit des anciens, i;
14. (Or les premiers et les plus
proches étaient Charséna, Séthar,
Admatha, Tharsis, Mares, Mar-
sana 61 Mamuchan, les sept chefs
des Perses et des Mèdes, qui
voyaient la face du roi, et avaient
coutume de s'asseoir les premiers
apres lui.)
15. Quelle sentence méritait la
reine Vasthi, qui n'avait pas voulu
exécuter l'ordre que le roi Assué-
rus lui avait intimé par les eunu-
ques.
16. Et Mamuchan répondit, le
roi l'entendant, et les grands de
la cour : Ce n'est pas seulement
le roi qu'a offensé la reine Vasthi,
mais encore tous les peuples et
tous les grands qui sont dans tou-
tes les provinces du roi Assuérus;
17. Car la parole de la reine
parviendra à toutes les femmes,
de maniere qu'elles mépriseront
leurs maris, et qu'elles diront:
Le roi Assuérus a commandé que
la reine Vasthi entrât auprès de
lui ; et elle n'a pas voulu.
18. Et d’après cet exemple
toutes les femmes des princes
des Perses et des Mèdes feront
peu de cas des ordres de leurs
maris; c'est pourquoi l'indigna-
tion du roi est juste.
19. S'il vous plait ainsi, qu'un
8. Que chacun prit ce qu'il voudrait. Assuérus voulut bien en cette circonstance
déroger à la coutume des Perses en vertu de laquelle les convives devaient boire
autant que le roi du festin l'ordonnait.
9. * Vasthi. Voir l'Introduction, p. 230.
12. Vasthi refusa; tondée sur la loi qui ne permettait pas aux femmes en dignité
de se montrer dans les festins.
14. Qui voyaient, etc.; qui avaient l'honneur de voir le roi, ou qui étaient toujours
près de lui. Compar. 1 Esdras, vir, 14.
15. Quelle sentence, etc., est le complément direct de : 1] demanda. qui se trouve
&u vers. 13.
19. De vous; littér. et par hébraisme de votre fuce.
CH. 11.]
édit émane de vous, et qu'il soit
écrit, selon la loi des Perses et
des Mèdes, qu'il n'est jamais
permis d'enfreindre, que Vasthi
n'entrera jamais plus auprès du
roi; que quant à sa dignité de
reine, une autre plus digne
qu’elle la recevra.
20. Et que cet édit soit publié
dans toutesles provinces de votre
empire (qui est très étendu), afin
que toutes les femmes, tant des
grands que des petits, rendent
honneur à leurs maris.
21. Le conseil de Mamuchan
plut au roi et aux grands de la
cour; et le roi agit d'apres ce
conseil,
22. Et il envoya des lettres à
toutes les provinces de sonroyau-
me, de maniere que chaque
nation pouvait entendre et lire,
en diverses langues et en divers
caracteres, que les maris étaient
les chefs et les maitres dans leurs
maisons, et que cela était publié
parmi tous les peuples.
CHAPITRE II.
Esther devient l'épouse d'Assuérus. Mar-
lochée découvre la conspiration de
leux eunuques.
1. Ges choses s'étant ainsi pas-
sées, après que l'indignation du
roi Assuérus se fut calmée, il se
souvint de Vasthi, et de ce qu'elle
| ESTHER. 987
avait fait, et de ce qu'elle avait
souffert.
2. Alors les serviteurs du roi
et ses ministres dirent : Qu'on
cherche pourle roi de jeunes filles
vierges et belles,
3. Et qu'on envoie des gens
qui considèrent dans toutes les
provincesles jeunes filles vierges
et belles, et qu'ils les amènent à
la ville de Suse, et les mettent
dans la maison des femmes, sous
la main d'Egée, l'eunuque, qui
est le préposé etle gardien des
femmes du roi, et qu'elles pren-
nent une parure de femme, et
toutes les autres choses néces-
saires à leur usage.
4. Et celle qui entre toutes plai-
ra aux yeux du roi, celle-là ré-
gnera à la place de Vasthi. Ce
discours plut au roi, et il ordonna
qu'on fit comme ils avaient con-
seillé.
ὃ. Π y avait dans la ville de
Suse un homme juif, du nom de
Mardochée, fils de Jair, fils de Sé-
méi, fils de Cis, de la race de Jé-
mini,
6. Lequel avait été transféré de
Jérusalem dans le temps que Na-
buchodonosor, roi de Babylone,
y avait transféré Jéchonias, roi
de Juda.
Ilélevait la fille de son frère, .ד
Edissa, qui s'appelait d'un autre
Cnar. 11. 5. Infra, xr, 2. — 6. IV Rois, xxiv, 15; Infra, ,זא 4.
20. Toutes les provinces de votre empire; littér. et par hypallage, fout l'empire de
vos provinces.
9. * Mardochée, à l'époque oà commence notre histoire, était déjà trés ágé, selon
plusieurs interprétes, qui entendent n, 5-6, en ce sens qu'il avait été transporté de
Jérusalem du temps de Jéchonias, c'est-à-dire en 599; il aurait eu ainsi alors plus
de 120 ans. Mais il estplus nature] de rapporter le Y. 6, lequel avait été transféré, à Cis,
son arrière grand-père. Son nom de Mardochée, qui est babylouien et non palestinien,
pos indiquer qu'il était né en Babylonie.
* Esther. Sur le nom d'Esther, voir l'Introduction, p. 230.
988
nom Esther; et elle avait perdu
son père et sa mère; elle était
très belle etd'un visage gracieux.
Son pere et sa mère morts, Mar-
dochée l'adopta pour sa fille.
8. Lors donc que l'ordre du roi
eut été répandu, et que, selon
son commandement, beaucoup
de vierges belles étaient amenées
à Suse et confiées à Egée l'eunu-
que, Esther aussi lui fut confiée
entre toutes les autres, pour
qu'elle füt conservée au nombre
des femmes.
9. Elle lui plut, et elle trouva
gráce en sa présence, et il com-
manda à un autre eunuque de
préparer aussitót une parure de
femme, delui donner ses portions
et sept filles tres belles de la mai-
son du roi, de la parer et de l'em-
bellir, tant elle-même que ses
suivantes.
10. Esther ne voulut pas lui
indiquer son peuple et sa patrie,
parce que Mardochée lui avait or-
donné de garder entierement le
silence sur cela.
41. Et il se promenait tous les
jours devant le vestibule de la
maison dans laquelle les vierges
choisies étaient gardées, s'inquié-
tant du salut d'Esther, et voulant
savoir ce qui lui arriverait.
19. Or, lorsqu'était venu le
temps de chacune des filles d'en-
trer selon son rang auprès du
roi, et que tout ce qui concernait
la parure était achevé, le dou-
zieme mois avait fait sa révolu-
tion : en sorte que pendant six
ESTHER.
[cu. m.]
mois elles s'oignaient d'huile de
myrrhe, et pendant six autres
mois, elles faisaient usage de par-
fums et d'aromates.
13. Etlorsqu'elles devaient en-
trer aupres du roi, tout ce qu'elles
demandaient concernant la pa-
rure, ellesle recevaient, et parées
à leur gré, elles passaient de la
salle à manger des femmes dans
la chambre du roi.
14. Or celle qui était entrée te
soir sortait le matin, et de là elle
était conduite dans un autre ap-
partement qui était sous la main
de Susagazi, eunuque, lequel
avait la garde des femmes du se-
cond rang; et elle n'avait pas
le pouvoir de revenir encore au-
prés du roi, à moins que le roi
ne le voulût, et n'eüt commandé
qu'elle vint, en l'appelant par son
nom.
15. Or, quelque temps s'étant
écoulé, le jour approchait oü, se-
lon son rang, Esther, fille d'Abi-
hail, frere de Mardochée, que Mar-
dochée avait adoptée pour sa
fille, devait entrer auprès du roi.
Elle ne demanda pas d'ornement
extraordinaire de femme; mais
Egée, leunuque, gardien des
vierges, lui donna tout ce qu'il
voulut pour sa parure : car elle
était trés bien faite, et d'une in-
croyable beauté; et elle parais-
saitgracieuse etaimableaux yeux
de tous.
16. Elle fut donc amenée dans
la chambre du roi Assuérus, au
dixieme mois, qui est appelé Té-
ἐς... 5.7.77 95כגתקס ו
9. Ses portions; c'est-à-dire tout ce qui concernait sa nourriture, sa table, ou bien,
selon d'autres interprétes, tout ce qu'il était convenable de lui donner selon sou
rang.
16. Le dixième mois commençait à la nouvelle lune de septembre,
]111 .אס]
beth, la sepueme année de son
règne.
17. Or le roi l'aima plus que
toutes les autres femmes, et elle
trouva grâce et bienveillance de-
vant lui au-dessus de toutes les
femmes, etil mitle diadème royal
sur sa téte, etla fit régner à la
place de Vasthi.
18. Et il commanda qu'on pré-
parát un festin trés magnifique à
tous les princes et à tous ses ser-
viteurs pour le mariage et les no-
ces d'Esther. Il donna aussi du re-
pos aux peuples de ses provinces,
et il fit des largesses avec la ma-
gnificence d'un prince.
19. Et lorsque, pour la seconde
fois, on cherchait des vierges, et
qu'on les rassemblait, Mardochée
demeurait à la porte du roi.
20. Esther n'avait point fait en-
core connaitre sa patrie et son
peuple, selon l'ordre de Mardo-
chée; car tout ce qu'il comman-
dait, Esther l'observait, et elle
faisait toutes choses comme elle
avait coutume lorsqu'il l'élevait
petite enfant.
ESTHER.
989
21. Dans le temps donc que
Mardochée demeurait à la porte
du roi, Bagathan et Thares, deux
eunuques du roi qui étaient por-
tiers, et gardaient la première
entrée du palais, furent irrités, et
voulurent s'insurger contre le roi
et le tuer.
22. Cela ne fut pas ignoré de
Mardochée, qui l'annonca aussi-
tót à la reine Esther, et celle-ci
au roi, au nom de Mardochée, qui
lui avait déféré la chose.
23. On chercha et on découvrit
le complot, et l'un et l’autre
furent pendus à une potence. Or
cela fut écrit dans les histoires et
inséré dans les annales devant
le roi.
CHAPITRE IIT.
Elévation d'Aman. Sa haine contre Mar-
dochée. Il obtient un édit du roi pour
faire mourir tous les Juifs, sujets d'As-
suérus.
1. Apres cela, le roi Assuérus
éleva Aman, fils d'Amadath, qui
était de la race d'Agag; et il
mit son tróne au-dessus de tous
11. Et la fit régner, etc. On objecte que suivant Hérodote, après la mort du mage
Smerdis, il fut arrété solennellement que le roi ne pourrait prendre de femme que
dans la maison des sept prétendants au tróne. On objecte encore qu'il n'est nulle-
ment probable qu'Assuérus ait voulu choisir pour reine une femme juive. Mais d'a-
bord est-il bien sür que l'obligation de n'épouser qu'une femme appartenant à la
maison des sept prétendants ne regardait pas uniquement le successeur de Smerdis?
Il n'est pas plus sûr que, lors méme que la convention eût été générale et sans res-
triction, les princes qui vinrent après lui la crurent obligatoire pour eux et consen-
tirent à s'y soumettre. Enfin on sait que les souverains d'Asie, entièrement plongés
dans la volupté, ne consultaient que leurs passions et que, par conséquent, ils ne
pouvaient étre qu'indifférents sur leur famille et leur religion. Cette considération
explique encore comment Assuérus a pu épouser une Juive, d'autant plus qu'Esther
cherchait elle-méme à cacher son extraction, ainsi que le lui avait prescrit Mardo-
chée, son oncle (vers. 20).
1. * Aman. Quelque temps aprés l'élévation d'Esther à la dignité de reine et le
service rendu au roi par Mardoché, Assuérus choisit pour premier ministre un Mède
nommé Aman, originaire de la province d'Agag. « On a longtemps cru que Haman,
fils d'Hamadátha, dont le uom a recu une si triste célébrité, était Amalékite, car l’un
des rois d'Amalec s'appelait Agag. Et puisque déjà dans l'antiquité les noms d'Esaü,
d'Amalec, étaient pris comme les désignations des paiens d'Europe, les Septante tra-
990
les princes qu'il avait auprès de
lui.
9. Et tous les serviteurs du roi
qui étaient à là porte du palais,
fléchissaient les genoux et ado-
raient Aman ; ainsi, en effet, leur
avait ordonné le souverain. Le
seul Mardochée ne fléchissait
point le genou devant lui et ne
l'adorait point.
3. Les serviteurs du roi qui
gardaient la porte du palais, lui
dirent : Pourquoi n'observes-tu
pas comme les autres l'ordre du
roi?
4. Et comme ils le lui disaient
très souvent, et que lui ne les
écoutait pas, ils en avertirent
Aman, désirant savoir s'il persis-
terait dans sa résolution, car il
leur avait dit qu'il était Juif.
5. Lorsqu'Aman l'eut appris, et
que, par expérience, il eut recon-
nu que Mardochée ne fléchissait
point le genou devant lui et ne
l'adorait point, il fut tres irrité.
6. Et il compta pour rien de
porter ses mains sur le seul Mar-
ESTHER.
[cH. 111.
dochée; car il avait appris qu'il
était de la nation juive, et il aima
mieux perdre toute la nation des
Juifs qui étaient dans le royaume
d'Assuérus.
7. Au premier mois (dont le
nom est Nisan), la douzième an-
née du regne d'Assuérus, le sort
qui en hébreu se dit phur, fut
jeté dans l'urne devant Aman,
auquel jour et auquel mois la
nation des Juifs devait étre exter-
minée; et le douzieme mois, qui
est appelé Adar, sortit.
8.EtAman ditauroi Assuérus:ll
yaunpeuple dispersé dans toutes
165 provinces de votre royaume,
divisé lui-méme, ayant des lois
et des cérémonies nouvelles, et
de plus méprisant les décrets du
roi. Or vous savez très bien qu'il
importe à votre royaume quil ne
devienne pas plus insolent parla
licence.
9. S'il vous plait ainsi, décrétez
qu'il périsse, et je peserai dix
mille talents aux trésoriers de
votre épargne.
duisent l'hébreu Agagi par Μαχεδῶν, le Macédonien. Néanmoins, le nom de Haman,
ainsi que celui de son père, trahit une origine médo-perse. Nous savons maintenant,
par les inscriptions de Khorsabad, que le pays d'Agag composait réellement une
partie de la Médie. Or, voilà done une nouvelle circonstance qui montre, jusque
dans ses moindres détails, la valeur historique du livre d'Esther. » (Ορρ ΒΒ 1.) — On
voit par là que l'objection faite contre Esth., xvi, 10, et tirée de ce que, dans ce
passage, Aman est qualifié de Macédonien, est sans valeur. Ce passage ne contredit
pas, comme on le prétendait, riu, 1, 10; vir, 3; 1x, 6, 24. Le mot de Macédonien, dans
le ch. xvr, vient de ce que les traducteurs grecs, d’après lesquels a été faite la version
de ce ch. xvi, ont rendu à tort, ici comme 1x, 23 (24), le mot Agagite par Macédonien.
2. * Le seul Mardochée ne fléchissait point le genou, sans doute parce qu'il consi-
dérait cette prostration comme un acte d'idolàtrie. Les Spartiates refusèrent de
rendre à Xerxés un hommage semblable.
1. Le mois de Nisan commencait à la nouvelle lune de mars, et le mois d'Adar, à
la nouvelle lune de février. — PAur; mot persan qui a été adopté par les Hébreux.
Compar., 1x, 24. — On tirait douze sorts, pour les douze mois de l'année.
9. Je péserai; c'est-à-dire je donnerai le poids, je payerai. — Dix mille talents. Si
c'étaient les talents d'argent des Hébreux, ils feraient environ 44,145,000 fr.; mais
s'il s'agissait des talents babyloniens, les dix mille donneraient tout au plus
21,000,000. Quoi qu'il en soit, Aman espérait recueillir de la confiscation des Juifg
mis à mort la somme qu'il promettait.
fen. 1v.]
10. Le roi tira donc de sa main
l'anneau dont il se servait, et le
donna à Aman, fils d'Amaaath, de
la race d'Agag, ennemi des Juifs,
41. Et lui dit : Que l'argent que
tu promets soit pour toi; fais de
ce peuple ce qui te plaira.
12. Et les scribes du roi furent
appelés en Nisan, premier mois,
le treizieme jour du méme mois,
et l'on écrivit, au nom du roi As-
suérus,comme l'avait commandé
Aman, à tous les satrapes du roi,
aux juges des provinces et des
diverses nations, avec une va-
riété de langage telle que chaque
nation pouvait lire et entendre;
et les lettres, scellées de l'anneau
du roi,
19. Furent envoyées par les
courriers du roi à toutes les prc-
vinces, afin qu'on tuât et qu'on
exterminát tous les Juifs, depuis
l'enfant jusqu'au vieillard, les
petits enfants et les femmes, en
un seul jour, c'est-à-dire le trei-
zième jour du douzième mois
qui est appelé Adar, et que leurs
biens fussent pillés.
14. Or la substance des lettres
était que toutes les provinces
sussent son intention, et se pré-
parassent pour le susdit jour.
15. Les courriers qui avaient
été envoyés se hätaient de rem-
plir l'ordre du roi. Et aussitót
l'édit fut affiché dans Suse, le roi
et Aman célébrant un festin, et
ESTHER. 991
tous les Juifs qui étaient dans la
ville pleurant.
CHAPITRE IV.
Consternation des Juifs. Mardochée ins-
truit Esther de ce qui se passait. Elle
se dispose à aller trouver le roi.
1. Lorsque Mardochée eut ap-
pris cela, il déchira ses véte-
ments, et se revétit d'un sac,
répandant de la cendre sur 88
tête ; et sur la place du milieu de
la ville il criait d'une voix forte,
témoignant l'amertume de son
áme,
2. Et au milieu de ces lamenta-
tions, s'avancant jusqu'à la porte
du palais : car il n'était pas permis
d'entrer revétu d'un sac dans le
palais du roi.
ὃ. Dans toutes les provinces
aussi, dans les villes et dans les
lieux dans lesquels l'édit cruel
du roi était parvenu, il y avait
parmi les Juifs un grand deuil, un
jeüne, des cris déchirants, beau-
coup se servant de sac et de
cendre au lieu de lit.
4. Or les jeunes filles d'Esther
et les eunuques entrèrent, et le
lui annonçèrent. En l'apprenant,
elle fut consternée, et elle en-
voya un habit à Mardochée, afin
qu'on lui 0641 son sac et qu'on le
revétit de cet habit; il ne voulut
point le recevoir.
9. Alors, ayant fait venir
Athach, l'eunuque que le roi lui
10. * L'anneau. 11 lui donnait ainsi tout pouvoir.
13. * Le treizième jour du douzième mois. Onze mois devaient donc s'écouler entre la
date du décret et son exécution. On a trouvé ce délai invraisemblable, mais l'expli-
cation nous en est fournie par le texte lui-méme. Les Perses consultaient le sort dans
les affaires graves; le sort, en cette circonstance, ayant indiqué le douziéme mois,
appelé Adar, il était nécessaire d'attendre cette date. — Aman fait porter l'ordre par
des courriers dans tout le royaume. Ces courriers avaient été institués par Cyrus. ἡ
&. Les jeunes filles; les filles attachées au service.
902
avait donné pour serviteur, elle
lui ordonna d'aller vers Mardo-
chée et d'apprendre de lui pour-
quoi il faisait cela.
6. Or Athach, étant sorti, alla
vers Mardochée, qui se tenait sur
la place de 18 ville, devant la porte
du palais.
7. Mardochée lui apprit tout ce
qui était arrivé, de quelle ma-
niere Aman avait promis de por-
ler de l'argent dans les trésors
du roi par le moyen du massacre
des Juifs.
8. Il lui donna aussi un exem-
plaire de l'édit qui était affiché
dans Suse, afin qu'il le montrát à
la reine, et qu'il l'avertit d'entrer
chez le roi et de le prier pour
son peuple.
9. Etant revenu, Athach an-
nonca à Esther tout ce que Mar-
dochée lui avait dit.
10. Esther lui répondit, et lui
commanda de dire à Mardo-
chée :
11. Tous les serviteurs du roi
et toutes les provinces qui sont
sous sa domination, savent que
si un homme ou une femme, qui
n'a pas été appelé, entre dans le
vestibule intérieur du roi, il est
sansaucun délai tué sur-le-champ,
à moins que le roi ne tende son
sceptre d'or vers lui en signe de
clémence, et qu'ainsi il puisse
ESTHER,
(cu. 1v.
vivre. Comment donc moi pour-
rai-je entrer vers le roi, moi qui,
depuis déjà trente jours, n'ai pas
été appelée aupres de lui?
12. Gequ'ayantentendu, Mardo-
chée
13. Manda de nouveau à Es-
ther, disant : Ne pensez pas, par-
ce que vous êtes dans la maison
du roi, que vous sauverez seule
votre vie, plutót que tous les au-
tres Juifs ;
14. Car, si maintenant vous
gardez le silence, les Juifs seront
délivrés par un autre moyen, et
vous, etla maison de votre père,
vous périrez. Et qui sait si vous
n'êtes point parvenue à la di-
enité royale uniquement afin que
vous fussiez préparée pour un
pareil temps?
15. Et Esther manda de nou-
veau à Mardochée ces mots :
16. Allez et assemblez tous les
Juifs que vous trouverez dans
Suse, et priez pour moi. Ne man-
gez et ne buvez point durant trois
jours et trois nuits; et moi, je
jeünerai également avec mes fil-
les, et alors j'entrerai auprès du
roi, agissant contre la loi, n'ayant
pas été appelée, et m'abandon-
nant àla mort et au péril.
11. C'est pourquoi Mardochée
alla, et fit tout ce qu'Esther lui
avait ordonné.
11. Le vestibule, etc.; c'est-à-dire le vestibule qui précédait immédiatement la
£hambre où était le roi.
13. Plutôt que tous les autres Juifs; c'est-à-dire à l'exclusion de tous les autres
Juifs, si tous les Juifs périssent.
16. Trois jours et trois nuits. Cela doit s'entendre d'une partie de deux nuits et
d'un jour entier; puisqu'Esther mangea avec le roi, avant méme que le troisième
our fût passé (v, 1). Compar. Matth. xit, 40. — À la mort et au péril; hébraisme,
pour au péril de la mort.
feg. v.)
CHAPITRE V.
Esther se présente devant Assuérus, et
le prie de venir au festin qu'elle lui a
préparé. Aman prend la résolution de
faire pendre Mardocnée.
1. Or, le troisième jour, Esther
se revétit de vêtements royaux
et se présenta dans le vestibule
de la maison du roi, lequel était
intérieur, contre la chambre du
roi :orilétait assis sur son trône,
dans la chambre du conseil du
palais, contre la porte de la mai-
son.
9. Et lorsqu'il vit la reine Es-
ther devant lui, elle plut à ses
yeux, et il étendit vers elle le
sceptre d'or qu'il avait à la main.
Esther, s'approchant, baisa le
bout de son sceptre.
3. Et le roilui dit : Que voulez-
vous, reine Esther? Quelle est
votre demande? Quand vous me
demanderiez la moitió de mon
royaume, elle vous serait donnée.
4. Mais elle répondit : S'il plait
au roi, je vous conjure de venir,
et Aman avec vous, au festin que
jai préparé.
9. Et aussitót le roi : Appelez
vile Aman, dit-il, afin qu'il obéis-
se à la volonté d'Esther. C'est
pourquoile roi et Aman vinrent
au festin que la reine leur avait
préparé.
6. Or le roi lui dit, après iqu'il
eut bu abondamment : Que dé-
sirez-vous que je vous donne, et
que demandez-vous? Quand vous
me demanderiez la moitié de mon
royaume, vous l'obtiendriez.
ESTHER.
993
7. Esther lui répondit : Voici
ma demande et mes prières :
8. Si j'ai trouvé grâce en pré-
sence du roi, et s'il plait au roi de
me donner ce que je demande,
et de remplir mon désir, que le
roi vienne et Aman au festin que
je leur ai préparé, et demain je
découvrirai ma volonté au roi.
9. Aman sortit donc, ce jour-là,
joyeux et dispos. Mais, lorsqu'il
eut vu Mardochée assis devant la
porte du palais, etque non seule-
ment il ne s'était pas levé pour
lui, mais qu'il ne s'était pas méme
remué de la place où il était assis,
il fut fort indigné ;
10. Et dissimulant sa colere, il
retourna à sa maison, et réunit
auprès de lui ses amis et Zarès, sa
femme.
11. Or il leur exposa la gran-
deur de ses richesses, le grand
nombre deses enfants, et à quelle
grande gloire le roi l'avait élevé
au-dessus de tous les grands de
la cour et de ses serviteurs.
12. Et après cela il dit : Lareine
Esther aussi n'a appelé nul autre
au festin avec le roi, hors moi :
et c'est chez elle qu'encore de-
main je dois diner avec le roi.
18. Et quoique j'aie tous ces
avantages, je crois que je n'ai
rien, tant queje verrai Mardochée,
le Juif, assis devant la porte du
roi.
14. Or Zarès, sa femme, et tous
les autres, ses amis, lui dirent :
Commande qu'on prépare une
potence fort élevée, ayant cin-
quante coudées de hauteur, et dis
4. Le vestibule, eic. Voy. 1v, 11.
14. Une croix. Le texte hébreu porte, /a croiz, avec l'article déterminatif, parce que
le mot croix est virtuellement renfermé dans le terme générique potence qui précède,
A . JE
05
904
dès le matin au roi qu'on y sus-
pende Mardochée, et c'est ainsi
que, joyeux, tu iras avec le roi
au festin. Ce conseil lui plut, et
il commanda qu'on préparát une
croix fort élevée.
CHAPITRE VI.
Honneurs rendus à Mardochée. Confu-
sion d'Aman.
1. Le roi passa cette nuit sans
dormir, et il commanda qu'on lui
apportât les histoires et les an-
nales des temps antérieurs. Et
comme on les lisait, lui présent,
2. On vint à cet endroit où était
écrit de quelle maniere Mardo-
chée avait dénoncé les embüches
de Bagathan et de Tharès, eunu-
ques qui avaient voulu égorger le
roi Assuérus.
3. Cequele roiayantentendu,il
demanda : Quel honneur et quelle
récompense Mardochée a-t-il ob-
tenus pour cette fidélité? Ses ser-
vileurs et ses ministres répon-
dirent : ll n'a recu absolument
aucune récompense.
4. Et aussitôt le roi : Qui est,
dit-il, dans le vestibule? Or Aman
était entré dans le veslibule inté-
rieur de la maison du roi, pour
lui conseiller de commander que
Mardochée fûtattaché à la potence
qui lui avait été préparée.
5. Les serviteurs répondirent :
C'est Aman qui est dans le vesli-
bule. Le roi reprit : Qu'il entre.
6. Et lorsqu'il fut entré, le roi
lui demanda : Que doit-on faire
« l'homme que le roi désire ho-
norer? Or Aman, pensant en son
cœur et s'imaginant que le roi ne
ESTHER.
(cu. vt.
voulait point honorer un autre
que lui,
7. Répondit : Un homme que
le roi désire honorer
8. Doit étre revétu des véte-
ments royaux, et étre placé sur
un cheval que le roi monte, et
recevoir un diademe royal sur sa
téte,
9. Et que 16 premier des princes
royaux des grands de la cour
tienne son cheval, et que, mar-
chant par la place de la ville, il
crie et dise : Ainsi sera honoré
celui que le roi voudra honorer.
10. Or le roi lui dit : Háte-toi,
prends la robe et le cheval, et fais
comme tu as dit à Mardochée,
le Juif qui est assis devant la
porte du palais. Prends bien gar-
de de ne rien omettre de ce que
tu as dit.
11. C'est pourquoi Aman prit
la robe et le cheval, et, en ayant
revétu Mardochée dans la place
de la ville, et l'ayant mis à cheval,
il le précédait οἱ criait : Il est. di-
gne de cet honneur, celui que le
roi veut honorer.
19. Et Mardochée revint à la
porte du palais ; et Aman se hâta
d'aller en sa maison, triste, et la
téte couverte.
13. Or il raconta à Zarès, sa
femme, et à ses amis tout ce qui
était arrivé. Les sages dont il pre-
nait conseil, et sa femme, lui ré-
pondirent : Si c'est dela race des
Juifs qu'est Mardochée devant le-
quel tu as commencé à déchoir,
tu ne pourras lui résister, mais
tu tomberas devant lui.
14. Ceux-ci parlant encore, les
eunuques du roi vinrent et le for-
8. Que le roi monte; littér., qui est de la selle du roi,
(cu. vi.
cerent à se rendre aussitót au
festin que la reine avait préparé.
CHAPITRE VII.
Esther découvre au roi l'entreprise d'A-
man. Aman est pendu à la potence
qu'il avait fait dresser pour Mardochée.
4. Le roi entra donc, et Aman,
pour boire avec la reine.
2. Et le roi dit encore ce second
jour, aprés qu'il eut été échauffé
par le vin : Quelle est votre de-
mande, Esther, afin qu'elle vous
soit accordée? et que voulez-vous
que l'on fasse? Quand vous me
demanderiez la moitié de mon
royaume, vous l'obtiendriez.
ὃ. Esther lui répondit : Si j'ai
trouvé grâce à vos yeux, Ô roi,
et s'il vous plait, accordez-moi
ma propre vie pour laquelle je
vous prie, et mon peuple pour
lequel je vous implore.
4. Car nous avons été livrés,
moi et mon peuple, pour que nous
soyons foulés aux pieds, égorgés,
et que nous périssions. Et plüt à
Dieu qu'on nous vendit comme
servileurs et servantes ; ce serait
un mal supportable, οἱ, gémis-
sant, je me lairais; mais mainte-
nant, nous avons un ennemi dont
la eruauté retombe sur le roi.
9. Or le roi Assuérus, répon-
dant, dit : Qui est celui-ià? et quel
est son pouvoir, pour quil ose
faire ces choses?
6. Alors Esther dit : Notre en-
nemi οἱ notre adversaire est ce
tres méchant Aman. Ce que celui-
ESTHER. 995
ci entendant, il restasurle champ
tout interdit, ne supportant pas
les regards du roi et de la reine.
7. Or le roi, irrité, se leva, et,
sortant du lieu du festin, il entra
dans un lieu planté d'arbres. A-
man aussi se leva, afin de prier
la reine Esther pour sa vie, parce
quil avait compris que le mal-
heur lui était préparé par le roi.
8. Lorsqu'Assuérus fut revenu
du jardin planté d'arbres et qu'il
fut entré dans 16 lieu du festin, il
trouva qu'Aman s'était jeté sur
le lit oü était Esther, et il dit :
Méme à la reine il ose faire vio-
lence, moi présent, dans ma mai-
son? Cette parole n'était pas en-
core sortie de la bouche du roi,
qu'on couvrit aussitót le visage
d'Aman.
9. Alors Harbona, l'un des eu-
nuques qui étaient au service du
roi, dit : Voilà que le bois quil
avait préparé à Mardochée, qui a
parlé dans l'intérêt du roi, est
dans la maison d'Aman ; il a de
hauteur cinquante coudées. Le
roi lui dit : Pendez-le à ce bois.
10. Aman fut donc pendu à la
potence qu'il avait préparée à
Mardochée, et la colère du roi s'a-
paisa.
CHAPITRE VIII.
Elévation de Mardochée. Edit en faveur
des Juifs.
1. Ence jour-là, le roi Assuérus
donna à la reine Esther la maison
d'Aman, lennemi des Juifs, et
1. Boire, signifie ici, comme souvent ailleurs, prendre un repas, faire un festin.
8. On couvrit, etc. Comme c'était une coutume assez générale dans l'antiquité de
couvrir la téte de ceux qu'on menait ou qu'on destinait au supplice, bien des inter-
prètes pensent que le visage d'Aman, ainsi couvert, était un signe du châtiment qui
lui était réservé; mais d'autres prétendent qu'on voila le visage d'Aman. parce
qu'ayant offeusé et irrité le roi, il s'était rendu indigne de le voir.
996
Mardochée entra devant la face
du roi; car Esther lui avait avoué
qu'il était son oncle.
2. Et le roi prit l'anneau quil
avait commandé d'óter à Aman,
et il le remit à Mardochée. Or Es-
ther établit Mardochée sur sa mai-
son.
3. Et non contente de cela, elle
se jeta aux pieds du roi, pleura,
et, lui parlant, ellele pria de com-
mander que la malice d'Aman,
lAgagite, et ses machinations
très mauvaises qu'il avait imagi-
nées contre les Juifs, devinssent
impuissantes.
4. Or le roi, selon la coutume,
lui tendit de la main son sceptre
d'or, par où se manifestait un
signe de clémence ; et la reine, se
levant, se tint devant lui,
5. Et dit : S'il plait au roi, οἱ si
j'ai trouvé grâce à ses yeux, et
que ma priere ne lui paraisse pas
importune, je demande avec ins-
tance que par de nouvelles lettres
les anciennes lettres d'Aman, l'in-
sidieux, et l'ennemi des Juifs,
par lesquelles il avait ordonné
qu'ils périraient daus toutes les
provinces du roi, soient révo-
quées.
6. Car comment pourrai-je sou-
tenirla mort et le massacre de
mon peuple?
7. Et le roi Assuérus répondit
à la reine Esther, et à Mardochée
le Juif : J'ai donné à Esther la
maison d'Aman, et j'ai comman-
dé que lui fût attaché à la croix,
ESTHER.
] .זו vur.}
parce qu'il a osé porter la main
sur les Juifs.
8. Ecrivez donc aux Juifs com-
me il vous plait, au nom du roi,
scellant les lettres de mon an-
neau. Car c'était la coutume que
nul n'osait s'opposer aux lettres
qui étaient envoyées au nom du
roi et scellées de son anneau.
9. Lesscribes doncetlescopistes
duroi ayant été mandés (or c'était
le temps du troisieme mois, qui
est appelé Siban), le vingt-troi-
sieme jour de ce méme mois,
les leltres furent écrites, comme
Mardochée le voulait, aux Juifs,
aux grands, aux gouverneurs el
aux juges qui commandaient aux
cent viugl-sept provinces du
royaume, depuis 1106 jusqu'à
l'Ethiopie, à une province οἱ à
une province, à un peuple et à un
peuple, suivant leurs langues et
les caracteres deleur écriture, et
aux Juifs, selon qu'ils pouvaient
les lire et les comprendre.
10. Ainsi ces lettres, qui élaient
envoyées au nom du roi, furent
scellées de son anneau, et portées
parles courriers, qui courant de
différents cótés dans toutes les
provinces, prévinrent les an-
ciennes lettres par ces nouveaux
messages.
11. Le roi leur comanda d'al-
ler trouver les Juifs en chaque
ville, et de leur ordonner de s'as-
sembler tous, de défendre leur
vie, de tuer et de détruire tous
leurs ennemis avecleurs femmes,
3. * Agagite, du pays d'Agag. Voir plus haut sur la note ri, 4.
9. Le troisième mois, Siban ou Sivan, commencait à la nouvelle lune de mai. ==
À une province el à une province, hébraisme, pour ἃ chaque province.
12. De défendre, etc.; lillér. et par hébraisme, de se tenir debout pour leurs
ámes.
[cu. 1x.)
leurs enfants, ettoutes leurs mai-
sons, et d'enlever leurs dé-
pouilles.
12. Et on fixa dans toutes les
provinces un jour de vengeance,
c'estletreizième jour du douzième
mois, Adar.
13. La substance de la lettre
était que dans toutes lescontrées,
et à tous les peuples qui étaient
soumis à l'empire du roi Assué-
rus, il füt notifié que les Juifs
étaient prèts à tirer vengeance
deleurs ennemis.
14. Les courriers partirent donc
en grande hâte, portant la nou-
velle, et l'édit du roi fut affiché
dans Suse.
15. Or Mardochée, sortant du
palais et de la présence du roi,
parut dans un grand éclat avec
des vêtements rovaux, qui étaient
de couleur d'hyacinthe et de bleu
céleste, portant une couronne
d'or sur la téte, et couvert d'un
manteau de soie et de pourpre.
Et toute la ville fut transportée
de joie et se livra à l'allégresse.
16. Quant aux Juifs, il sembla
se lever pour eux une nouvelle
lumière, la joie, l'honneur et l'al-
légresse.
17. Parmi tous les peuples, les
villes et les provinces, partout où
les ordres du roi arrivaient,
c'étaient des transports de joie,
des banquets, des festins et un
jour de féte; tellement que beau-
coup de gens d'une autre nation et
d'uneautre religion embrasserent
leur religion etleurs cérémonies;
car une grande crainte di nom
juif avait saisi tous les esprits.
ESTHER.
997
CHAPITRE IX.
Les Juifs, suivant l'ordre du roi, tuent
tous ceux qui avaient conspiré leur
perte. Ils établissent une fête en mé-
moire de leur délivrance.
1. Ainsi le treizième jour du
douzième mois que nous avons
déjà dit s'appeler Adar, quand le
massacre des Juifs était préparé,
et que leurs ennemis respiraient
le sang, les Juifs, au contraire,
commencèrent à être les plus
forts et à se venger de leurs ad-
versaires,
2. Et ils s'assemblerent dans
toutes les villes, les bourgs, et
d'autres lieux, pour étendre la
maincontreleursennemis et leurs
persécuteurs ; et nul n'osa résis-
ter, parce que la crainte de leur
puissance avait saisi tous les peu-
ples.
3. Caretles juges desprovinces,
et les chefs, et les gouverneurs
et tout dignitaire qui était pré-
posé à chaque lieu et à chaque
ouvrage, élevaient les Juifs parla
crainte de Mardochée,
4. Qu'on savait étre prince du
palais, et pouvoir beaucoup : la
renommée de son nom aussi
croissait tous les jours, et vo-
lait dans 105 bouches de tout le
monde.
9. C'est pourquoi les Juifs frap-
perent leurs ennemis d'une
grande plaie, etles tuerent, leur
rendant ce qu'ils s'étaient pré-
parés à leur faire à eux-mêmes;
6. Tellement que même dans
Suse, ils tuèrent cinq cents hom-
mes, outre ies dix fils d'Aman,
——————M € —— M — € € — € —
12. Du douxième mois, Adar. Voy. mi, 1.
6. L'Agagite. Voy. vir, 3.
098 ESTHER.
l'Agagite, ennemi des Juifs, dont
voici les nom :
7. Pharsandatha, Delphon, Es-
phata,
8. Phoratha, Adalia, Aridatha,
9. Phermestha, Arisai, Aridai
et Jézatha.
10. Lorsqu'ils les eurent tués,
ils ne voulurent pas toucher à
leurs biens.
11. Et aussitót le nombre de
ceux qui avaient été tués dans
Suse fut rapporté au roi,
19. Qui dit à la reine : Dans la
ville de Suse, les Juifs ont tué
cinq cents hommes, et de plus
lesdix fils d'Aman:combien grand
pensez-vous qu'est le carnage
dans toutes les provinces? Que
demandez-vous de plus, et que
voulez-vous que je commande
de faire?
13. Esther lui répondit : 1
plait au roi que le pouvoir soit
donnéaux Juifs defaire encore de-
main dans Suse ce qu'ils ont fait
aujourd'hui, et que les dix fils
d'Aman soient pendus aux po-
tences.
14. Et le roi ordonna qu'il füt
fait ainsi. Et aussitôt lédit fut
(cu. 1x.]
affiché dans Suse, et les dix fils
d'Aman furent pendus.
15. Les Juifs s'étant assemblés
le quatorzième jour du mois d'A-
dar, tuèrent trois cents hommes
dans Suse, mais ils n’enlevèrent
pas leur bien.
16. Et dans toutes les provin-
ces qui étaient sous la domina-
tion du roi, les Juifs défendirent
leur vie, et tuèrentleurs ennemis
et leurs persécuteurs ; tellement
quil y en eut jusqu'à soixante-
quinze mille de tués ; mais nul
Juif ne toucha à rien de leurs
biens.
li. Or le treizieme jour du
mois d'Adar fut pour tous le pre-
mier du massacre, et au quator-
zieme jour ils cessèrent de tuer.
Ils établirent que ce jour était so-
lennel, en sorte qu'ils passeraient
tout ce temps-là à l'avenir dans
les banquets, dans la joie et dans
les festins.
18. Mais ceux qui dans la ville
de Suse avaient exercé le car-
nage étaient encore pendant le
treizieme et le quatorzieme jour
du méme mois occupés au car-
nage; mais au quinzième jour
13. Esther pouvait avoir un motif suffisant de faire cette demande :
elle pouvait
2roire en effet que soixante-quinze mille personnes devaient être sacrifiées à la con-
servation de trois ou quatre millions de Juifs répandus dans tout l'empire, et que
sette mesure était nécessaire à la süreté de son peuple, qui s'était trouvé à la veille
d'une extinction totale, et qui pouvait encore y être exposé.
16. Défendirent leur vie. Voy. vi, 11. — * Soixante-quinze mille de tués. Ce
nombre n'a rien d'incroyable, réparti sur l'étendue de l'empire perse. Mithridate, roi
de Pont, fit massacrer, en un seul jour, dans son royaume, 80,000 Romains. On a
reproché aux Juifs de s'étre laissé entrainer en cette circonstance par la cruauté et
la vengeance; on a, en particulier, blàmé Esther d'avoir demandé pour eux, à son
époux, la permission de continuer à Suse le massacre, pendant un autre jour, ix, 13.
Mais on oublie que les coreligionnaires de Mardochée, dans la capitale comme
ailleurs, ne faisaient que se défendre : la reine sollicite l'autorisation de faire le len-
demain ce qui a été fait le jour même, 1x, 13; c'est-à-dire de défendre leur vie, vm, 41;
sa prière suppose que les habitants de Suse voulaient le lendemain renouveler leurs
allaques contre ceux qu'ils haissaient, non seulement sans doute à cause de leur
nalioualité, mais aussi à cause de leur religion =
]68. 1x.)
ils cessèrent de frapper. Et c'est
pour cela qu'ils établirent ce
méme jour comme solennel pour
des banquets et des réjouis-
sances.
19. Quant aux Juifs qui demeu-
raient dans les villes non murées
et dans les villages, ils détermi-
nèrent le quatorzième jour du
mois d'Adar pour un jour de
festin et de joie, en sorte qu'ils se
réjouissent en ce jour, et s'en-
voient mutuellement une partie
des mets et des aliments.
20. C'est pourquoi Mardochée
écrivit toutes ces choses, et, les
ayant renfermées dans des let-
tres, il les envoya aux Juifs qui
demeuraient dans toutes les pro-
vinces du roi, tant celles qui
étaient situées dans le voisinage
que celles qui étaient au loin,
21. Afin qu'ils adoptassent le
quatorzième etle quinzième jour
du mois d'Adar comme des fêtes,
et qu'au retour de chaque année
ils les célébrassent par des hon-
neurs solennels,
22. Parce que c'est en ces jours
mémes que les Juifs se venge-
rent de leurs ennemis, et que
ESTHER.
969
le deuil et la tristesse furent
changés en gaieté et en joie; et
afin que ce fussent des jours de
banquets et de réjouissances, et
qu'ils s'envoyassent les uns aux
autres une partie des mets, et
qu'ils donnassentaux pauvres de
petits présents.
23. Les Juifs adopterent donc
comme rite solenneltoutce qu'en
ce temps-làils avaient commencé
à faire, et ce que Mardochée dans
ses lettres leur avait mandé de
faire.
24. Car Aman, fils d'Amadath,
de la race d'Agag, ennemi et ad-
versaire des Juifs, avait médité le
mal contre eux pour les perdre
et les exterminer, et il avait jeté
phur, ce qui en notre langue se
traduit par le sort.
95. Mais aprés cela Esther en-
tra auprès du roi, demandant
avec instances que, par une
nouvelle lettre du roi, ses efforts
devinssentimpuissants, et que le
mal qu'il avaitimaginé contre les
Juifs retournát sur sa téte. En
effet, on les attacha, et lui et ses
fils, à la croix.
26. Et depuis ce temps-là ces
24, 26. Phur. Voy. m, 7. — Phurim; plur. hébreu de Phur. — Dans le rouleau, etc.
Les lettres et les livres qui sont souvent exprimés en hébreu par le méme mot, s'é-
crivaient sur des feuilles de papyrus, de parchemin, etc. On les roulait autour d'un
báton (de là le mot rouleau ou volume), et quand elles étaient ainsi roulées, on les
arrétait avec un petit cordon; ce qui faisait qu'on pouvait facilement y apposer un
sceau.
26. * Ces jours ont été appelés Phurim, c'est-à-dire la fête des Phurim. La fête des
Phurim est encore célébrée dans les synagogues. Le 13 adar, veille de la fête, est un
jour de jeûne. Le soir de ce jour, la fête commence, et le livre d'Esther est lu en
entier. Le lecteur prononce trés rapidement le passage 1x, 1-9, dans lequel on trouve
les noms d'Aman et de ses fils, et, autant que possible, sans reprendre haleine,
pour signifier qu'ils furent pendus tous à la fois. Pendant ce temps les assistants
font du bruit. Cette lecture est répétée de la méme manière le matin du 14 adar. La
soirée se passe dans de grandes réjouissances. — Les manuscrits hébreux repro.
duisent les vers. 1, 8, 9. du ch. ix sous forme de trois colonnes perpendiculaires,
comme pour représenter les dix fils d'Aman. nendus à trois cordes parallèles, au
nombre de 3, 3 et 4.
1000
jours ont été appelés phurim,
c'est-à-dire jour des sorts, parce
que 16 phur, c'est-à-dire le sort,
avait été jeté dans l'urne. Et tout
ce qui s'est passé est contenu
dans le rouleau de cette lettre,
c'est-à-dire du livre de Mardo-
chée ;
27. Tout ce qu'ils souffrirent,
et les changements qui survin-
rent. Les Juifs prirent pour eux,
pour leur race, et pour tous ceux
qui voulurent s'associer à leur
religion, l'engagement qu'il ne
serait permis à personne de pas-
ser sans solennilé ces deux jours,
que cet écrit indique, et qui de-
mandent des temps déterminés,
les années se succédant sans in-
terruption.
28. Ce sont ces jours qu'aucun
oubli n'effacera jamais, et qu'à
chaque génération toutes les pro-
vinces célébreront dans l'univers
entier; et il n'est aucune ville en
laquelle les jours des phurim,
c'est-à-dire les jours des sorts, ne
soient observés par les Juifs, et
parleur race, qui est liée par ces
cérémonies.
99. Et la reine Esther, fille
d'Abihail, et Mardochée, le Juif,
écrivirent encore une seconde
lettre, afin que ce jour füt ratifié
avec tout le zèle possible dans
l'avenir.
30. Et ils envoyèrent à tous les
ESTHER.
Dorn. sai
Juifs qui demeuraient dans les
cent vingt-sept provinces du roi
Assuérus, afin qu'ils eussent la
paix et recussent la vérité,
31. Observant les jours des
sorts, et les célébrant en leur
temps avec joie, comme l'avaient
établi Mardochée et Esther, et
comme ils avaient pris l'engage-
ment d'observer, eux et leur race,
les jeünes, les cris, les jours des
sorts,
39. Et tout ce qui est contenu
dans l'histoire de ce livre, qui est
appelé Esther.
CHAPITRE X.
Grandeur d'Assuérus. Puissance de Mar-
dochée. Explication d'un songe qu'il
avait eu.
1. Or le roi Assuérus rendit
toute 18 terre et toutes les îles de
la mer tributaires.
2. Sa force, et son empire, et la
dignité et la grandeur à laquelle
il éleva Mardochée, sont écrits
dans les livres des Mèdes et des
Perses;
3. Et comme Mardochée, de la
race judaique, devint le second
apres le roi Assuérus, grand
parmi les Juifs, et agréable à la
foule de ses freres, cherchant le
bien pour son peuple, et ne di-
sant que ce qui intéressait la paix
de sa race.
21. Cel écrit; la lettre de Mardochée. — Et qui demandent, etc.; c'est-à-dire, que
ces jours de fête devront se renouveler tous les ans, sans jamais y manquer, à l'é-
poque fixée, qui est le quatorze et le quinze du mois d'Adar.
30. Dans le langage ordinaire de l'Écriture, les mots paix et vérité signifient, l'un
toute sorte de prospérité, et l'autre, la fidélité à s'acquitter de ses promesses.
31. Les cris vers le Seigneur; c'est-à-dire les prières faites à haute voix. La fête des
sorts se célèbre encore aujourd’hui chez les Juifs avec la plus grande solennité.
3. La paix. Voy. sur ce mot, 1x, 90,
[cu. x1.]
J'ai traduit avec une entiere fidélité ce
qui se trouve dans l'hébreu. Mais ce qui
suit, je l'ai trouvé écrit dans l'édition
Vulgate, où il est contenu en langue
grecque et en caractères grecs. Cepen-
dant, à la fin du livre, se trouvait placé
ce petit chapitre, que, selon notre cou-
tume, nous avons marqué d'un obèle,
c'est-à-dire d'une petite broche.
4. Et Mardochée dit : C'est par
Dieu qu'ont été faites ces choses.
5. Je me souviens d'un songe
que j'ài vu, et qui marquait ces
mémes choses, et rien de ces cho-
ses n'a été vain.
6. La petite source qui devint
grande comme un fleuve, puis
se changea en lumiere et en so-
leil, et se répandit en eaux tres
abondantes, c'est Esther, que le
roi a prise pour femme, et il a
voulu qu'elle füt reine.
7. Mais les deux dragons, moi et
Aman.
8. Les nations qui s'étaient as-
semblées, ce sont ceux qui ont
tàché d'effacer le nom des Juifs.
9. Ma nalion est Israél, laquelle
cria vers le Seigneur, et le Sei-
gneur sauva son peuple, et il
nous a délivrés de tous les maux,
et il a fait de grands miracles et
des prodiges parmi les nations.
10. Et il ordonna quil y eût
deux sorts, l'un du peuple de
ESTHER.
1001
Dieu, et l'autre de toutes les na-
lions.
11. Et l'un et l'autre sort vin-
rent au jour marqué des ce
temps-là devant Dieu pour toutes
les nations.
19. Et le Seigneur se souvint
de son peuple, et eut pitié de son
héritage.
13. Et ces jours seront observés
au mois d'Adar, le quatorzieme
et le quinzieme jour du méme
mois, avec tout le zèle et toute
la joie du peuple réuni en une
seule asssemb!ée, et cela dans
toutes les générations à venir du
peuple d'Israél.
CHAPITRE XI.
Autre songe de Mardochée.
1. En la quatrième année du
regne de Ptolémée et de Cléo-
pàtre, Dosithée, qui se disait pré-
tre, et de la race lévitique, et
Ptolémée son fils, apportèrent
cette épitre des phurim, qu'ils
dirent avoir été interprétée par
Lysimaque, fils de Ptolémée, à
Jérusalem.
Ce commencement aussi était daus
l'édition Vulgate; mais il ne se trouve
ni dans lhébreu ni dans aucun inter-
préte.
Cab. XI. 4. IV Rois, xxiv, 15; Supra, τι, 6.
J'ai traduit, ete. Cette observation ainsi que les autres de méme nature qu'on lit
dans ce chapitre et les suivants sont de saint Jérôme. Quant à l'édition Vulgate dont
il parle, c'est l’ancienne version italique qui était la plus commune de son temps.
— Mais ce qui suit; Cest-à-dire depuis le vers. 3 de ce chap. x jusqu'à צ 1. C'est en
effet à ce vers. 4 que commence la partie deutérocanonique, qui se compose de
sept fragments, et que les protestants rangent à tort parmi les livres apocryphes.
4. Ce commencement; c'est-à-dire depuis le vers. 2. de ce chap. xz, jusqu'à ,זוא 6. —
* Ce verset forme le titre du livre d'Esther dans la version grecque, où il est placé
en 1616. Le Ptolémée mentionné ici est Ptolémée VI Philométor qui régna de 181 à
146 avant J.-C. C’est sous le règne de ce prince qu'on porta en Egypte la traduction
grecque du livre d'Esther, mais le livre lui-même existait en hébreu depuis longtemps.
1002
2. A la seconde année du règne
d'Artaxerxes très grand, le pre-
mier jour du mois de Nisan, Mar-
dochée, fils de Jair, fils de Séméi,
fils de Cis, dela tribu de Benja-
min, vit un songe :
3. C'était un Juif qui demeurait
dans la ville de Suse, homme
puissant, et entre les premiers de
la cour du roi.
4. Or il était du nombre des
captifs que Nabuchodonosor, roi
de Babylone, avait transférés de
Jérusalem avec Jéchonias, roi de
Juda.
5. Et voici quel fut son songe :
Des voix se firent entendre, ainsi
qu'un tumulte et des tonnerres;
et il y eut un tremblement de
terre, et un trouble sur la terre :
6. Et voilà deux dragons grands,
el préts à combattre l'un contre
l'autre.
7. À leur cri, toutes les nations
s'émurent pour combattre con-
tre la nation des justes.
8. Et ce jour fut un jour de té-
nebres, de péril, de tribulation,
d'angoisse, et une grande épou-
vante sur la terre.
9. La nation des justes, qui
craignaient pour leurs propres
maux, se troubla et se prépara à
la mort.
10. Et ils crierent vers Dieu, et,
pendant qu'ils poussaient des cla-
(βαρ. XII. 1. Supra, τι, 21 ; vi, 2.
ESTHER.
[cm. xu.]
meurs, une petite source devint
un trés grand fleuve, et se répan-
dit en eaux très abondantes.
11. La lumiere et le soleil pa-
rurent; et ceux qui étaient dans
l'humiliation furent exaltés, et ils
dévorerent ceux qui était dans
l'éclat.
12. Lorsque Mardochée eut vu
ce songe, et qu'il se fut levé de
son lit, il pensait en lui-même ce
que Dieu voulait faire; et il avait
le songe fixé en son esprit, dési-
rant savoir ce qu'il signifiait.
CHAPITRE XII.
Mardochée découvre une conspiration
que deux eunuques d'Assuérus avaient
formée contre lui.
1. Oril demeurait en ce temps-
là à la cour du roi avec Bagatha
et Thara, eunuques du roi, qui
étaient les portiers du palais.
2. Et ayant compris leurs pen-
sées, el ayant vu plus exacte-
ment leur dessein, il apprit qu'ils
avaient entrepris de porter leurs
mains sur le roi Artaxerxes, et il
en donna avis au roi.
3. Le roi, apres qu'ils eurent
été mis l'un et l'autre à la ques-
tion, et qu'ils eurent confessé
leur crime, commanda qu’ils fus-
sent conduits à la mort.
4. Or le roi écrivit dans des mé-
moires ce qui s'était passé, et
2. * Artazerzés très grand. Le nom d'Artaxerxés, qui se lit ici et dans tous les
Appendices, vient des Septante; il est certain qu'il répond là, comme dans les cha-
pitres précédents, à Xerxés. La version grecque a traduit à tort Akhaschvérosch par
Artaxerxés, dans tout le cours de ce livre, et comme cette partie de notre traduction
latine est faite sur les Septante, elle porte le nom d'Artaxerxés au lieu de celui
d'Assuérus que nous lisons dans les chapitres précédents traduits directement par
saint Jéróme sur l'original hébreu.
3. Qu'ils eurent été mis... à la question; ou simplement qu'on eut fait, qu'on eut
instruit leur procés,
[cn. xur.]
Mardochée en transmit le souve-
nir dans sa lettre.
5. Le roi lui ordonna de de-
meurer en son palais, en lui don-
nant des présents pour sa déla-
tion.
^ 6. Mais Aman, fils d'Amadath,
Bugée, était en grand honneur
auprès du roi, et il voulut nuire
à Mardochée et à son peuple, à
cause des deux eunuques du roi
qui avaient été tués.
Jusqu'ici est l'avant-propos. Ce qui
suit était mis à l'endroit du volume oü
est écrit : Et ils enlevèrent leurs biens
ou leurs richesses.
Ce que nous avons trouvé dans la
seule édition Vulgate.
Or voici quelle était la copie de la
lettre.
CHAPITRE XIII.
Édit contre les Juifs. Prière de Mardochée.
1.Le roi tres grand Artaxerxes,
qui règne depuis l'Inde jusqu'à
l'Ethiopie sur cent vingt-sept
provinces, aux princes et aux
chefs qui sont soumis à son em-
pire, salut.
2. Quoique je commandasse à
un irés grand nombre de na-
lions, et que j 60886 soumis tout
l'univers à ma domination, je
n'ai voulu en aucune maniere |
abuser dela grandeur de ma puis-
sance; mais jai gouverné mes
sujets avec clémence et avec dou-
ceur, afin que, passant leur vie
ESTHER.
1003
en silence et sans aucune crainte,
ils jouissent de la paix souhaitée
de tous les mortels.
3. Etcomme je demandai à mes
conseillers de quelle maniere cela
pourrait être accompli, l'un d'en-
tre eux, nommé Aman, qui par
sa sagesse et par sa fidélité l'em-
portait sur tous les autres, et était
le second apres le roi,
4. Ν᾿ ἃ fait connaitre qu'il y a
un peuple dispersé dans toute la
terre, ayant de nouvelles lois, et
qui, agissant contre la coutume
de toutes les nations, méprise les
commandements des rois, et dé-
truit par son dissentiment la con-
corde de tous les peuples.
5. Ce qu'ayant appris, et voyant
qu'une seule nation rebelle à
tout le genre humain, a des lois
perverses, va contre nos ordon-
nances, et trouble la paix et la
concorde des provinces qui nous
sont soumises,
6. Nous avons ordonné que
tous ceux qu'Aman (qui est pré-
posé sur toutes les provinces,
qui est le second apres le roi, et
que nous honorons comme notre
pere) aura fait connaitre, comme
étant de ce peuple, soient détruits
par leurs ennemis, avec leurs
femmes et leurs enfants, le qua-
torzieme jour d'Adar, douzieme
mois de l'année présente, et que
nul n'en ait pitié,
1. Afin que ces hommes cri-
5. En lui donnant des présents. 11 est dit plus haut (vr, 3) que Mardochée ne recut
pas de récompense. Le roi, sans aucun doute, donna l'ordre de récompenser digne-
ment le service que Mardochée lui avait rendu; mais il est trés vraisemblable qu'A-
man, qui en voulait à Mardochée, parce qu'il avait dévoilé la conspiration des deux
eunuques, fit en sorte que la bonne volonté du roi füt sans effet. D'autres disent que
les présents faits à Mardochée furent si peu de chose, que les historiens ne crurent
pas devoir en faire mention dans les annales du roi.
1. Et allant, etc. Ces paroles se trouvent dans la Vulgate, ch. 1v, 1T.
1004
minels, descendant tous en un
méme jour dans les enfers, ren-
dent à notre empire la paix qu'ils
avaient troublée.
Jusqu'ici est la copie de la lettre. Ce
qui suit, je l'ai trouvé écrit aprés l'en-
droit oü on lit :
Et, alant, Mardochée fit tout
ce que lui avait mandé Esther.
Mais cependant il ne se trouve pas
dans l'hébreu, et il n'est entièrement
rapporté dans aucun des interpretes.
8. Or Mardochée pria le Sei-
gueur, sesouvenant de toutes ses
œuvres,
9. Et il dit : Seigneur, Sei-
gneur, roi tout-puissant, car lou-
tes choses sont soumises à votre
pouvoir, et il n'y a personne qui
puisse résister à votre volonté,
si vous avez résolu de sauver
Israél.
10. C'est vous qui avez fait le
ciel et la terre, et tout ce qui
est renfermé dans l'enceinte du
ciel.
11. Vous étes le Seigneur de
toutes choses, et il n'y a per-
sonne qui puisse résister à votre
majesté.
12. Vous connaissez toutes cho-
ses, et vous savez que ce n'est ni
pàr orgueil, ni par insulte, ni par
quelque désir de gloire, que j'ai
fait en sorte de ne pas adorer
Aman, le trés superbe.
13. (Car volontiers, pour le sa-
ut d'Israél, j'aurais été prét à
paiser les traces de ses pieds):
14. Mais j'ai craint de trans-
porter l'honneur de mon Dieu à
ESTHER,
(ἐπ, xiv 2
unhomme, et d'adorerquelqu'un,
excepté mon Dieu.
15. Et maintenant, Seigneur
roi, Dieu d'Abraham, ayez pitié
de votre peuple, parce que nos
ennemis veulent nous perdre, et
détruire votre héritage.
16. Ne méprisez pas votre por-
tion que vous vous étes rachetée
de l'Egypte.
17. Exaucez ma prière, et soyez
propice à votre lot et à votre par-
tage, et changez notre deuil en
joie, afin que, vivant, nous célé-
brions votre nom, Seigneur, etne
fermez pas la bouche de ceux qui
vous chantent.
18. Tout Israël aussi, dans le
méme esprit, et avec les mémes
supplications, cria vers le Sei-
gneur, parce qu'une mort cer-
taine les menacait.
CHAPITRE XIV.
Pénitence d'Esther; sa prière avant d'al-
ler trouver le roi Assuérus.
1. La reine Esther aussi eut
recours au Seigneur, effrayée du
péril qui était imminent.
2. Et, quittant ses habits de
reine, elle prit des vétements
conformes aux pleurs etau deuil,
et au lieu de ses diverses essen-
ces, elle couvritsa téte de cendre
et de boue : elle affligea son corps
par les jeünes; et tous les lieux
où auparavant elle avait accou-
Lumé de se réjouir, elle les rem-
plit de ses cheveux qu'elle s'ar-
rachait.
16. Votre portion; le peuple hébreu que vous avez choisi pour être spécialement
votre peuple.
11. A votre lof, etc. Même figure qu'au verset précédent. — Votre partage; littér,
otre corde. Comme nous l'avons déjà remarqué, on se servait de cordes pour la
livisiou et 10 partage des terres.
(cu. xiv.]
3. Et elle priait le Seigneur
Dieu d'Israël, disant : Mon Sei-
gneur, qui seul étes notre roi,
secourez-moi dans mon abandon,
puisque hors de vous il n'est
aucun autre aide.
4. Mon péril est en mes mains.
5. J'ai oui de mon pere que
vous, Seigneur, aviez pris Israël
d'entre toutes les nations, et, en
remontant, nos peres d'entre tous
leurs ancétres, pour que vous
possédiez un héritage éternel; et
vous avez fait pour eux comme
vous avez dit.
6. Nous avons péché en votre
présence, et c'est pour cela que
vous nous avez livrés aux mains
de nos ennemis;
7. Car nous avons adoré leurs
dieux. Vous étes juste, Seigneur.
8. Et, maintenant, il ne leur
suffit pas de nous opprimer par
la plus dure servitude; mais, at-
tribuant la force de leurs bras au
pouvoir des idoles,
9. 115 veulent changer vos pro-
messes, délruire votre héritage,
fermer les bouches de ceux qui
vous louent, et éteindre la gloire
du temple et de votre autel,
10. Afin d'ouvrir la bouche des
nalions, de louer la puissance des
idoles, et de célébrer un roi de
chair à jamais.
11. Ne livrez pas, Seigneur,
volre sceptre à ceux qui ne sont
Cuar. XIV. 5. Deutér., 1v, 20, 34; xxxii, 9.
ESTHER.
1005
pas, de peur qu'ils ne rient de
notre ruine; mais tournez leurs
conseils sur eux, et perdez celui
qui à commencé à sévir contre
nous.
19. Souvenez-vous de nous,
Seigneur, montrez-vous à nous
dans le temps de notre tribula-
tion, et donnez-moi l'assurance,
Seigneur, roi des dieux et de
toute puissance.
13. Mettez des paroles conve-
nables dans ma bouche en pré-
sence du lion, et transférez son
cœur à la haine de notre ennemi,
afin quil périsse lui-même et
tous les autres qui conspirent
avec lui.
14. Mais nous, délivrez-nous
par votre main, et secourez-moi ;
car je n'ai d'autre secours que
vous, Seigneur, quiavezlascience
de toutes choses,
15. Et qui savez que je hais la
gloire des hommes iniques, et que
je déteste lelit des incirconcis et
de tout étranger.
16. Oui, vous savez ma situa-
tion pénible, et que j'ai en abo-
mination le signe de mon or-
gueil et de ma gloire qui est
sur ma téte dans les jours de ma
splendeur, et que je le déteste
comme un linge souillé, et que je
ne le porte pas dans les jours de
mon silence;
17. Que je n'ài pas mangé à la
4. Est en mes mains; c'est-à-dire est imminent.
11. Votre sceptre; votre pouvoir, ou votre peuple. Le peuple d'Israél, en effet, est
quelquefois désigné sous ce nom. — Ceux qui ne sont pas, c'est-à-dire qui ne sonl
"en; les méchants, ou plus probablement les idoles, qui sont appelées ailleurs va-
nilés, choses vaines.
12 Dec dieux: c'est-à-dire des rois, des grands de la terre.
11. * Du vin des libalions offertes aux faux dieux.
1006
table d'Aman, que le festin du
roi ne m'a point plu, et que je
n'ai pas bu du vin des libations;
18. Et que jamais votre ser-
vante ne s'est réjouie, depuis que
j'ai été transportée ici jusqu'au
présent jour, sinon en vous, Sei-
gneur Dieu d'Abraham.
19. Dieu fort, au-dessus de
lous, exaucez la voix de ceux
qui n'ont aucuneautre espérance,
délivrez - nous de la main des
hommes iniques, et arrachez-moi
à ma crainte.
CHAPITRE XV.
Avis de Mardochée à Esther aprés l'édit
qu'Aman fit porter contre les Juifs. Ce
qui se passa lorsqu'Esther parut devant
Assuérus.
Ceci aussi, je l'ai trouvé ajouté dans
l'édition Vulgate.
1. Et il manda à Esther (point
de doute que ce ne füt Mardo-
chée) d'entrer auprès du roi, et
de le prier pour son peuple et
pour sa patrie.
2. Souvenez-vous (dit-il) des
jours de votre humiliation, com-
ment vous avez été nourrie par
ma main, parce qu'Aman, le se-
cond apres le roi, a parlé contre
nous de mort ;
3. Et vous, invoquez le Sei-
gneur, et parlez au roi pour nous,
et délivrez-nous de la mort.
J'y ai trouvé aussi ce qui suit.
4. Or, le troisieme jour, Es-
ther quitta les vétements de sa
parure, et s'environna de sa
gloire;
ESTHER.
fcu xv.]
5. Et, brillant dans ce costume
de reine, lorsqu'elle eut invoqué
celui qui régit toutes choses, et
le Dieu Sauveur, elle prit ses
deux servantes;
6. Et elle s'appuyait sur l'une
d'elles, comme ne pouvant sou-
tenir son corps, à cause de son
attitude nonchalante et de son
extréme délicatesse.
7. Et l'autre servante suivait sa
maîtresse, portant ses vétements
qui trainaient à terre.
8. Elle cependant, avec une
couleur de rose répandue sur le
visage et des yeux gracieux et
brillants, cachait un cœur triste
et serré d’une excessive crainte.
9. Etant donc entrée successi-
vement par toutes les portes,
elle se présenta devant le roi,
où celui-ci était assis sur son
trône, couvert des vêtements
royaux, brillant d'or et de pier-
res précieuses ; et il était terri-
ble à voir.
10. Et lorsqu'il eut levé sa
face, et qu'avec des yeux ardents
il eut montré la fureur de son
cœur, la reine tomba, et, sa cou-
leur se changeant en páleur, elle
pencha sa tête lassée sur la jeune
servante.
11. Mais Dieu changea en dou-
ceur l'esprit du roi qui, se hà-
tant et effrayé, s'élanca de son
tróne, et, soutenant Esther dans
ses bras, jusqu'à ce qu'elle re-
vint à elle, il la caressait en ces
termes :
19. Qu'avez-vous, Esther? Je
suis votre frère, ne craignez
point.
4. De sa parure; qui était en ce moment une parure de deuil. Compar. xiv, 2. —
De sa gloire; de sa dignité, c'est-à-dire de ses habits du reine,
(cn. xvi.)
13. Vous ne mourrez point;
car cette loi n’a pas été établie
pour vous, mais pour tous /es
autres.
14. Approchez-vous donc, et
touchez mon sceptre.
15. Et comme Esther gardait
le silence, il prit son sceptre
d'or, le posant sur son cou, il lui
donna un baiser, et dit: Pour-
quoi ne me parlez-vous pas?
16. Elle répondit: Je vous ai
vu, seigneur, comme un ange
de Dieu, et mon cœur a été trou-
blé par la crainte de votre gloire:
17. Car, seigneur, vous étes
admirable, et votre face est
pleine de gráces.
18. Et, comme elle parlait, elle
tomba de nouveau, et elle était
pres de s'évanouir.
19. Or le roi était troublé, et
tous ses ministres la consolaient.
CHAPITRE XVI.
Edit en faveur des Juifs.
Copie de la lettre que le roi Artaxerxes
envoya en faveur des Juifs dans toutes
les provinces de son royaume, laquelle
ne se trouve pas non plus dans le volume
hébreu.
1. Le grand roi Artaxerxes, qui
règne depuis l'Inde jusqu'à l'E-
thiopie, aux chefs et aux gouver-
neurs des cent vingt-sept pro-
vinces qui sont soumises à notre
commandement, dit salut.
2. Beaucoup ont abusé de la
bonté des princes et de l'honneur
qui leur a été conféré, jusqu'à
l'insolence;
ESTHER.
1007
3. Et non seulementils tâchent
d'opprimer les sujets des rois,
mais, ne pouvant supporter la
gloire qui leura été donnée, ils
tendent des pièges à ceux mé-
mes qui la leur ont donnée.
4. Ils ne se contentent pas de
ne point rendre gráces pour les
bienfaits, et de violer en eux-
mémes les droits de l'humanité;
mais ils s'imaginent aussi qu'ils
pourront échapper à la sentence
de Dieu, qui voit tout.
9. Et ils sont tombés dans un
tel degré de folie, que ceux qui
remplissent fidèlement les char-
ges à eux confiées et qui font
toutes choses de maniere à étre
dignes des louanges de tous, ils
s'efforcent de les perdre par les
artifices du mensonge,
6. Tandis que par une fraude
astucieuse, 115 trompent [68
oreilles des princes, lesquelles
sont simples et estiment les au-
tres hommes par leur propre na-
ture.
1. Ce qui est prouvé et par les
anciennes histoires, et par ce qui
se passe chaque jour, c'est com-
ment par les mauvaises sugges-
tions de quelques-uns les inten-
tions des rois sont perverties.
8. C'est pourquoi il faut pour-
voir à la paix de toutes les pro-
- vinces.
9. Et vous ne devez pas pen-
ser, si nous ordonnons deschoses
différentes, que cela vienne de la
légèreté de notre esprit, mais
juger que c'est selon la nature et
—————————— — H——— MÀ
13, Cette loi; la loi qui défendait de paraître devant le roi sans avoir été appelé.
I VOY Sy 11.
6. En vertu d'une hypallage dont on a déjà vu plusieurs exemples, l'écrivain sacré
attribue aux oreilles des princes ce qui appartient aux princes eux-mêmes,
1008
la nécessité des temps, comme
l'utilité de l'Etat l'exige.
10. Et, afin que vous compre-
niez plus manifestement ce que
nous disons, Aman, fils d'Ama-
dath, Macédonien de cœur et d'o-
rigine, n'étant point du sang des
Perses, déshonorant notre clé-
mence par sa cruauté, a été ac-
cueilli par nous, comme étran-
ger.
11. Et, après avoir recu des
marques de bonté telles, qu'il
était appelé notre pere, et adoré
par tous, comme le second apres
le roi,
12. Il s'est élevé à un si grand
excès d'arrogance, qu'il tàchait
de nous priver du royaume et de
la vie.
18. Car, par des manœuvres
nouvelles et inouïes, il a vive-
ment désiré envoyer à la mort
Mardochée, par la fidélité et les
bons offices duquel nous vivons,
et Esther, la compagne de notre
royauté, avec toute sa nation,
14. Pensant qu'eux une fois
tués, il surprendrait notre vigi-
lance, et transférerait le royaume
des Perses aux Macédoniens.
15. Mais nous, nous n'avons
trouvé coupables d'aucune faute
que ce soit les Juifs, destinés à
la mort par le plus méchant des
mortels; mais au contraire se
conformant à de justes lois,
Car. XVI. 10. Supra, ui, 1.
ESTHER.
len. xvi.]
16. Et enfants du Dieu très
haut, trés grand et toujours vi-
vant, par le bienfait de qui ce
royaume a été donné et à 8
peres et à nous, et par qui il a
été conservé jusqu'à aujourd'hui.
17. C'est pourquoi sachez que
ces lettres, qu'il vous avait adres-
sées sous mon nom, sont annu-
lées.
18. Pour lequel crime, et lui
qui l'a machiné, et toute sa pa-
renté, sont pendus devant les
portes de cette ville, c'est-à-dire
de Suse, Dieu, et non pas nous,
lui ayant rendu ce qu'il a mérité.
19. Que cet édit donc que nous
envoyons maintenant, soit ex-
posé à la vue dans toutes les
villes, afin qu'il soit permis aux
Juifs de garder leurs lois.
20. Et vous devez leur étre en
aide, afin qu'ils puissent tuer le
treizième jour du douzième mois,
qui est appelé Adar, ceux qui
s'étaient préparés à les faire
mourir;
91. Car ce jour d’affliction et
de deuil, le Dieu tout-puissant l'a
changé pour eux en joie.
92. C'est pourquoi vous aussi,
ayez ce jour parmi tous les au-
tres jours de féte, et célébrez-le
avec toute sorte de réjouissan-
ces, afin que dans l'avenir aussi
on sache
23. Que tous ceux qui obéis-
10. On dit iei qu'Aman était Macédonien d'origine, ce qui n'est pas en contradiction
avec ce qui est dit, chap. nr, 1, qu'il était de la race d'Agag, roi des Amalécites,
parce que le mot Macédonien est un terme générique, employé, comme on le voit en
plusieurs endroits des Machabées, pour signifier un étranger. D'ailleurs il peut très
bien se faire qu'un homme de la postérité d'Agag se soit établi en Macédoine, et
qu'Aman soit descendu de lui, et né dans cette contrée, — * Voir ce qui a été dit
plus haut, ni, 1.
14. * Aux Macédoniens. Voir plus baut, ui, 1,
(cii. &vi.]
sent fidèlemént aux Perses recoi-
vent une récompense pour leur
fidélité, mais que ceux qui tra-
ment une trahison contre leur
royaume périssent pour leur
crime.
24. Or que toute province ou
toute ville qui ne voudra pas
ESTHER.
1009
participer à cette solennité, pé-
risse par le glaive et par le feu,
et soit tellement détruite, qu'elle
devienne inaccessible à jamais,
non-seulement aux hommes,
mais méme aux bétes, comme un
exemple de mépris et de déso-
béissance.
24. Qu'elle devienne inaccessible, etc. Les prophètes emploient souvent cette expres-
sion pour marquer une destruction totale, et qui ne laisse aucun espoir de rétablis-
sement. — Comme un exemple, etc. Pour étre un exemple du chátiment réservé à
ceux qui désobéissent aux rois et méprisent leurs commandements.
64
INTRODUCTION
AU LIVRE DE JOB
L'existence 166116 de Job ne fait aucun doute pour les Juifs et les chrétiens.
Elle est attestée par les écrivains sacrés. Du reste, « on peut croire avec le plus
grand nombre des interprétes, dit M. Le Hir, que Job et ses amis n'ont pro-
noncé que le fond des discours qu'on leur met à la bouche, et que la diction
appartient à l'auteur sacré. »
Le patriarche Job est postérieur à Abraham et à Ésaü, puisque deux de ses
amis, Eliphaz et Baldad, descendent d'Abraham, le premier par Théman, fils
d'Ésaü, le second par Suah, fils d'Abraham et de Cétura. Il y a lieu de croire
qu'il est, au contraire, antérieur à Moise, parce que dans son histoire, il n'est
fait aucune allusion aux faits qui se sont passés pendant ou aprés 6
tandis qu'on y trouve des allusions à tous les grands événements précédents,
à la création, à la chute de l'homme, aux géants, au déluge, à la ruine de
Sodome.
Job vivait dans la terre de Hus. D'aprés S. Jérôme et la plupart des modernes,
la terre de Hus se trouvait dans la parue septentrionale du désert d'Arabie,
parce que la Genése en fait une terre araméenne et que Job est appelé Ben-
Qédem, mot qui désigne proprement les Arabes. La tradition syrienne et la
tradition musulmane placent, avec raison, ce semble, Hus dans le Hauran,
non loin de Damas, dans le pays fertile appelé Él-Bethenijé, où se trouve le
monastère de Deir Ejjub, élevé en l'honneur du saint patriarche.
La question la plus difficile concernant le livre de Job est celle qui regarde
la date de sa composition et son auteur. On l'a souvent attribué à Moise ou
au moins à l'époque de Moise, mais à cause de la langue et du style, on le
reporte aujourd'hui, communément, au temps de Salomon ou à l'intervalle
qui s'est écoulé de ce roi à Ézéchias.
Le but du livre de Job est la justification de la Providence, la solution du
probléme du mal dans le monde. L'occasion des malheurs de Job, leur cause et
leur but, la manière dont il les endure et dont ses amis les apprécient, la
raison que Dieu en donne, voilà tout le livre.
Tous les critiques sont unanimes à regarder le livre de Job comme un chef-
d'euvre de littérature; on le regarde généralement aujourd'hui comme un
drame, dans un sens large: le prologue en est l'exposition et ressemble beau-
coup à la plupart des expositions des tragédies d'Euripide, qui sont aussi une
sorte d'introduction épique à la pièce. Dès que le nœud de l'intrigue a été
noué dans ce récit préliminaire, il se resserre de plus en plus dans les trois
discussions ou les trois 46108 qui suivent, sous la forme de dialogues entre Job
INTRODUCTION AU LIVRE DE JOB. 1011
et ses amis. Dans les discours d'Éliu qui viennent ensuite, l'intrigue commence
à se dénouer; ils préparent l'intervention de Dieu qui amène d'une manière
admirable le dénouement, complété dans l'épilogue. La préparation, le déve-
loppement et la conclusion de l’action ne laissent rien à désirer au point de
vue de l'art. Le poète procède avec tant d'habileté qu'il détache insensiblement
le lecteur des amis de Job, pour le porter de plus en plus vers son héros, et
l'intérét va grandissant jusqu'à la fin.
S. Grégoire le Grand remarque, dans sa Préface sur Job, que ce saint pa-
triarche a été la figure de Notre-Seigneur, non seulement par ses paroles,
mais aussi et plus encore par ses souffrances. Quoiqu'il soit innocent, il est
accablé de maux, par la permission de Dieu, comme devait l'étre le Sauveur,
le juste par excellence; comme lui, il est abandonné des siens et comme lui
enfin, il recoit la récompense de sa patience et de sa résignation.
Le livre de Job se divise en cinq parties : 1? Prologue, 1-1; 2° discussion 6
Job et de ses trois amis, n-xxxt; 3° discours d'Éliu, xxxi-xxxvir; 49 apparition
et discours de Dieu, xxxviu-xLu, 6; 59 épilogue, xri, 7-16.
JOD
CHAPITRE PREMIER.
Origine de Job. Sa vertu, ses richesses.
Dieu permet au démon de le tenter.
Job perd ses biens et ses enfants.
1. Ill y avait un homme dans
la terre de Hus du nom de Job;
et cet homme était simple, droit,
craignant Dieu et s'éloignant du
mal.
2. Il lui naquit sept fils et trois
filles.
3. Et sa possession fut sept
mille brebis, trois mille cha-
meaux, et aussi cinq cent paires
de bœufs, cinq cents 808868 et
un trés grand nombre de domes-
tiques; et cet homme était grand
parmi les Orientaux.
4. Et ses fils allaient et faisaient
un festin dans leurs maisons,
chacun à son jour. De plus ils
envoyaient appeler leurs trois
sœurs, pour qu'elles mangeassent
et bussent avec eux.
5. Et lorsque les jours du fes-
lin étaient successivement pas-
sés, Job envoyait chez ses en-
fants, et il les sanctifiait; puis, se
levant au point du jour, il offrait
des holocaustes pour chacun
d'eux; car il disait : Peut-étre
que mes enfants ont péché et
maudit Dieu en leur cœur. Ainsi
faisait Job tous les jours.
6. Or un certain jour, comme
les fils de Dieu étaient venus
pour assister devant le Seigneur,
1. * Dans la terre de Hus. Voir l'Introduction, p. 256.
1-5. * Le prologue nous fait connaitre le principal personnage et les circonstances
qui amènent la discussion sur le probléme de l'existence du mal, problème dont la
solution fait le fond du poème. — 1^ Piété de Job au milieu de la plus grande pros-
périté : sa grandeur morale est égale à celle de sa fortune, r, 1-5.
3. * Parmi les Orientauz, les Arabes.
4. 4 son jour; au jour qui lui était marqué; suivant quelques-uns, au jour de leur
naissance. Compar. Genèse xr, 20; Matth. xiv, 6.
5. Il les sanctifiait; c'est-à-dire les préparait au sacrifice par les moyens de purifi-
cations qui étaient en usage. — Muudit; littér. et par antiphrase, béni. Le grec
porte : Mes fils ont pensé de mauvaises choses. Compar. ΠῚ Rois, xxx, 10.
6-12. * 2o Résolution que Dieu prend d'éprouver la fidélité de son serviteur, 1, 6-12.
Nous sommes transportés de la terre au ciel, οὐ tout ce qui se passe ici-bas a sa ra-
cine et sa raison derniére. Satan, « l'adversaire, » l'ennemi des hommes, apparait
au milieu des bons anges pour calomnier le juste; mais c'est pour concourir finale-
ment, malgré sa malice, aux desseins de Dieu et travailler malgré lui à l'accomplis-
sement du plan de la Providence.
6. Les fils de Dieu sont les anges. — Dans ce prologue qui s'étend jusqu'à la fin du
1° chapitre, l'écrivain sacré nous montre : 19 les efforts du démon contre les servi-
teurs de Dieu; 29 que cet esprit malin ne peut rieu sans la permission divine; 39 que
Dieu ne lui permet pas de tenter ces serviteurs au delà de leurs forces, mais qu'il
les assiste de sa grâce, de manière que les efforts impuissants de leur ennemi ne
servent qu’à faire éclater leur vertu et à augmenter leur mérite.
[cu. 1.]
Satan aussi se trouva au milieu
d'eux.
7. Le Seigneur lui demanda :
D'oü viens-tu? Satan, répondant,
dit : J'ai fait le tour de la terre,
el je l'ai traversée.
8. Le Seigneur lui demanda
encore : Est-ce que tu n'as point
considéré mon serviteur Job? Il
n'y en a pas de semblable à lui
sur la terre; homme simple,
droit, craignant Dieu, et s'éloi-
gnant du mal.
9. Satan, répondant, dit : Est-
ce en vain que Job craint le Sei-
gneur?
10. N'avez-vous pas mis un
rempart autour de lui, de sa mai-
son et de tous ses biens? N'avez-
vous pas béni les œuvres de ses
mains, et ses possessions ne se
sont-elles pas augmentées sur la
terre?
11. Mais étendez un peu votre
main, et touchez tout ce quil
possede, et vous verrez sil ne
vous maudira pas en face.
19. Le Seigneur répondit donc
JOB.
1013
à Satan : Voilà que tout ce qu'il
a est en ta main; seulement n'é-
tends pas sur lui ta main. Et Sa-
tan sortit de la présence du Sei-
gneur.
13. Or, comme un certain jour,
les fils et les filles de Job man-
geaient et buvaient du vin dans
la maison de leur frere, le pre-
mier-né,
14. Un messager vint vers Job,
pour dire : Les beeufs labouraient
et les ânesses paissaient auprès
d’eux,
15. Et les Sabéens ont fait une
incursion, et ont tout enlevé : et
ils ont frappé du glaive les ser-
viteurs; et je me suis échappé,
moi seul, pour vous l’annoncer.
16. Et comme celui-là parlait
encore, il en vint un autre, et il
dit : Un feu de Dieu est tombé du
ciel, et ayantatteint les brebis et
les serviteurs, il les a consumés;
et je me suis échappé, moi seul
pour vous l'annoncer.
17. Mais celui-là parlant en-
core, il en vint un troisieme, et
1. J'ai fait le tour, etc. Compar. I Pierre, v, 8.
11. S'il ne vous maudira pas. Voy. vers. 5.
13. * 39 Job subit sept épreuves successives : les quatre premières l'atteignent
dans ses biens et dans ses enfants, la cinquième dans son corps; la sixième et la
septiéme sont des épreuves morales. Les quatre premiéres ne se passent pas sous
ses yeux, il en recoit la nouvelle par quatre messagers de malheur : 1» les Sabéens,
dans une razzia, lui enlévent tous ses troupeaux de bœuf et d'ánes, 1, 13-15; — 3018
foudre fait périr ses brebis, 1, 16 ; — 89168 Chaldéens, dans une razzia, lui enlévent ses
chameaux, sa plus grande richesse, 1, 11; — 40 un vent violent renverse la maison où
tous ses enfants étaient réunis pour prendre part au festin que leur offrait leur frère
ainé, et les écrase tous, 1, 18-19. —- Job a écouté en silence le récit des trois premiers
malheurs, mais, au quatrième, lorsqu'il apprend la mort de ses fils, il ne peut plus
contenir sa douleur; toutefois elle ne sert qu'à faire ressortir davantage la solidité
de sa vertu, car elle ne lui arrache que ces paroles admirables, qui sont l'expression
méme de la résignation et qui feront à jamais l'admiration des hommes : « Nu je
suis sorti du sein de ma mère, nu j'y retournerai; Dieu m'a donné, Dieu m'a ôté;
que le nom du Seigneur soit béni! »
15. Les serviteurs; c'est-à-dire les gardiens.
16. Un feu de Dieu; c'est-à-dire un feu trés grand, ou, envoyé de Dieu. — * La
foudre, d'aprés le plus grand nombre; le simoun, vent brülant qui peut tuer les
hommes et les animaux, d'après d'autres commentateurs.
1014
il dit : Les Chaldéens ont fait
trois bandes, puis ils se sont
jetés sur les chameaux et les
ont enlevés ; ils ont aussi frappé
les serviteurs du glaive; et j'ai
fui, moi seul, pour vousl'annon-
cer.
18. Celui-là parlait encore, et
voilà qu'un autre entra et dit :
Vos fils et vos filles mangeant et
buvant du vin dans la maison de
leur frère, le premier-né,
19. Soudain un vent violent
s'est élevé du cóté du désert, et
il ἃ ébranlé les quatre angles de
la maison, qui, s'écroulant, a ac-
cablé vos enfants, et ils sont
morts; et j'ai fui, moi seul, pour
vous l'annoncer.
90. Alors Job se leva, déchira
ses vétements, et ayant rasé sa
tête, il se jeta par terre, adora
21. Et dit : Nu je suis sorti du
sein de ma mère, et nu j'y retour-
nerai; Dieu m'a donné, Dieu m'a
616 : comme il 8 pluau Seigneur,
ainsi il a été fait; que le nom du
Seigneur soit béni!
99. En toutes ces choses, Job
ne pécha point par ses lèvres,
et il ne dit rien d'insensé contre
Dieu.
I. 21. Eccl., v, 14; I Tim , vi, 1. .ג
JOB.
(ca. u.]
CHAPITRE I.
Job est frappé d'une plaie horrible. Sa
femme lui insulte. Trois amis, venus
pour le cousoler, restent auprès de lui
sans lui parler.
1. Or il arriva, lorsqu'un cer-
tain jour les fils de Dieu étaient
venus et se tenaient devant le
Seigneur, et que Satan aussi était
venu parmi eux, et se tenait en
sa présence,
2. Le Seigneur demanda à Sa-
tan : D'où viens-tu? Satan, ré-
pondant, dit : J'ai fait le tour de
la terre, et jel'ai traversée.
3. Le Seigneur demanda encore
à Satan : Est-ce que tu n'as point
considéré mon serviteur Job? Il
n'y en a pas de semblable à lui
sur la terre; homme simple,
droit, craignant Dieu, s'éloignant
du mal, et conservant son inno-
cence. Cependant toi, tu m'as ex-
cité contre lui pour l'affliger en
vain.
4. Satan lui répondant, dit :
L'homme donnera peau pour
peau et tout ce qu'il a pour sa
vie;
5. Mais envoyez votre main;
touchez à ses os et à sa chair, el
É ו
1. * Job n'était pas au terme de ses malheurs : 59 Satan revient à la charge contre
lui, au bout d'un temps indéterminé, et demande à le frapper dans sa personne aprés
l'avoir frappé dans ses biens. Dieu le lui permet, et le saint patriarche est atteint
d'une des plus terribles maladies de peau qui désolent l'Orient, l'éléphantiasis. De-
venu ainsi la proie de la lèpre, Job doit se retirer hors du village qu'il habite, rr, 1-8. -
3. En vain; c'est-à-dire, c'est en vain que tu l'as fait éprouver; cette épreuve n'a
pas ébranlé sa fidélité. D'autres traduisent, sans motif, à tort, sans qu'il l'ait mérilé.
4. L'homme donnera peau pour peau, etc.; c'est-à-dire qu'il donnera volontiers la
peau des autres pour conserver la sienne ; il donnera ses enfants méme, ses bestiaux
et tout ce qu'il posséde pour sauver sa propre vie. Ainsi Job a perdu ses biens, ses
enfants; mais il espere en avoir d'autres. S'il était frappé en son propre corps, s'il
venait à perdre sa santé, il ne soutiendrait pas cette épreuve; sa fidélité serait
ébranlée. 8 '
5. Qu'il vous maudira. Voy. 1, 5.
[cn. u.]
alors vous verrez qu'il vous mau-
dira en face.
6. Le Seigneur dit done à Sa-
tan : Voilà qu'il est en ta main;
cependant conserve sa vie.
7. Satan donc sortit de la pré-
sence du Seigneur et frappa Job
d'une plaie horrible, depuis la
yante du pied jusqu'à la téte.
8. Et Job avec un tesson raclait
la sanie, assis sur le fumier.
9. Sa femme alors lui dit : Tu
demeures encore dans ta simpli-
cité! Bénis Dieu, et meurs.
10. Job lui répondit : Tu as
parlé comme une des femmes in-
sensées. Si nous avons recu les
biens de la main de Dieu, pour-
JOB,
1613
niaux?En toutes ces choses, Job
ne pécha point par ses lèvres.
11. Cependant trois amis de
Job, apprenant tout le mal qui lui
était arrivé, vinrenthchacun de
leur pays : Eliphaz, le Thémanite,
Baldad, le Suhite, et Sophar, le
Naamathite. Car ils étaient con-
venus de venir ensemble le vi-
siter et le consoler.
12. Mais lorsqu'ils eurent élevé
de loin leurs yeux; ils ne le recon-
nurent pas; et, jetant un grand
eri, ils pleurerent ; puis, leurs vé-
tements déchirés, ils répandirent
de la poussière en l'air sur leur
téte.
13. Ils s'assirent avec lui sur la
quoi n'en recevrions-nous pasles | terre durant sept jours et sept
1. δ Satan... frappa Job d'une plaie horrible. D'après tous les caractères de la :ma-
ladie de Job disséminés dans le cours du livre, J. D. Michaelis a prouxé que la ma-
ladie dont Job fut frappé est l'éléphantiasis. Elle commence par l'éruption de pus-
tules; qui ont comme la forme de nœuds, d'où son nom latin de lepra nodosa ; elle
couvre ensuite comme un chancre toute la surface du corps et 16 rongedetelle facon
que tous les membres.semblent s'en détacher. Les pieds et Jes jambes s'enflent et se
couvrent de croütes au point d'étre pareils à ceux de l'éléphant, d’où le nom d'élé-
phantiasis. Le visage est boursouflé et luisant, comme si on l'avait oint avec du suif,
le regard est fixe et hagard, la voix faible; le malade finit quelquefois par tomber
dans-un-mutisme complet. En proie à d'atroces douleurs, objet de dégoût pour lui-
méme et pour les autres, éprouvant une faim insatiable, accablé de tristesse, ne
pouvant dormir ou bien tourmenté par d'affreux cauchemars, il ne trouve aucun
rmeéde au mal qui le ronge. Ce cruel état peut durer vingt ans et plus, Il meurt
quelquefois subitement, aprés une faible fièvre ou étouffé par la maladie.
8. * Assis sur le fumier. Voir la note 18 818 fin du volume.
9. *.Dieu ménage à Job une nouvelle épreuve : les reproches de sa femme. C'est
là sa sixième épreuve. Au lieu de l'encourager à la patience, elle voudrait le pousser
au désespoir, mais il lui fait cette réponse admirable : Si nous avons recu les biens
de la main de Dieu, pourquoi n'en recevrions-nous pas aussi les maux?
11. * La septième épreuve de Job fut la visite de ses amis. C'est d'abord une visite
muette. Elle prépare la discussion ou le combat qui va être l'objet de Ia majeure
partie du poème. La suite nous montrera que cette épreuve fut la plus difficile par
laquelle Job eut à passer. Ils viennent pour le consoler, mais au lieu d'adoucir ses
peines, ils ne font que les aggraver par les accusations injustes dont ils le chargent,
11 68% probable que quelque temps s'était écouié entre le moment où Job fut frappé
ei l'arrivée de ses amis.
43. 06 deuil durait sept jours; mais il ne faut pas croire que les amis de Job ne
l'aient pas. quitté un seul instaat, pendaut tout ce temps, et qu'ils ne lui aient pas
adressé une seule parole. Ce sont là des expressions hyperboliques que l'on trouve
assez souvent dans la Bible, et eu général daus les écrivains orientaux. — * I/s s'as-
sirent avec lui: Quand ils le voient, ils le saluent à distance, avec ces marques extraor-
dinaires de douleur qui sont en usage en Orient, et ils passent sept jours et sept
nuits sans proférer une parole. Ce silence εἰ prelongé prouve qu'à la vue de taut
64
1010
nuits: et personne ne lui disait
une parole; car ils voyaient que
sa douleur était violente.
CHAPITRE III.
Job maudit le jour de sa naissance,
et déplore sa misére.
1. Aprés cela Job ouvritla bou-
che, et maudit le jour de sa nais-
sance.
2. Et il parla.
3. Périsse le jour auquel je
suis né, etla nuit dans laquelle il
fut dit : Un homme a été concu!
4. Que ce jour soit changé
en ténèbres; que Dieu ne s'en
enquiere pas d'eu haut, et qu'il
ne soit point éclairé de 1a 1u-
miere.
5. Que des ténèbres et une
ombre de mort l'obscurcissent;
qu'une obscurité s'en empare,
el qu'il soit enveloppé d'amer-
tume.
6. Cette nuit, qu'un tourbillon
Cap. Uf. 5. Jérémie, xx, 14.
JOB.
(ca. ur.]
ténébreux en prenne possession,
qu'elle ne soit pas comptée dans
les jours de l'année, ni mise au
nombre des mois.
7. Que cette nuit soil solitaire,
et qu'elle ne mérite pas! de lou-
anges.
8. Qu'ils la maudissent, ceux
qui maudissent le jour, qui sont
préts à susciter Léviathan.
9. Que les étoiles soient cou-
vertes des ténèbres de son obscu-
rité; qu'elle attende une lumiere,
et ne la voie point, ni la naissance
de l'aurore qui se lève;
10. Parce qu'elle n'a pas fermé
le sein qui m a formé, et. qu'elle
n'a pas óté les maux de devant
mes yeux.
11. Pourquoi ne suis-je pas
mort dans le sein de ma mère?
pourquoi, sorti de son sein, n'ai-
je pas aussitót péri?
12. Pourquoi ai-je été regu sur
des genoux ? pourquoi allaité par
des mamelles?
de maux, ils ne se sentent pas la force de le consoler. Il faut que Job ouvre le pre-
mier la bouche, et ne recevant d'eux aucun mot d'encouragement, il ne peut
qu'exhaler ses plaintes.
1-26. Les malédictions et les imprécations suivantes ne sont que des expressions
emphatiques trés usitées en Orient pour peindre une vive douleur. —* Ici commence
la deuxième partie, contenant la discussion de Job et de ses trois amis, mr-xxxi.
Première discussion, ni-xiv. 19 Monologue de Job, nr. Il renferme trois idées princi-
pales : 1e Job maudit le jour de sa. naissance, 3- 10; — 20 il regrette de n'être point
mort, 11-19; — 30 il se demande pourquoi la vie a été donnée au misérable, 20-26. —
Sa douleur longtemps comprimée éclate avec véhémence : il se plaint tout d'abord
avec une amére éloquence de ce qu'il souffre et, aprés avoir épanché ses sentiments,
il donne la raison de ses. plaintes. Job n'est pas un stoicien, un Titan ou un Pro-
méthée révolté, comme on l'a prétendu, c'est un homme qui souffre : les aiguillons
de la maladie lui font pousser des cris d'angoisse; mais comme c'est aussi un juste,
au fond de sa conscience il demeure ferme, comptant sur la justice de Dieu; Tel
nous le verrons dans tout le cours du livre, sentant vivement la souffrance, mais fort
de son innocence et animé d'une confiance inébranlable dans le jugement de Dieu.
8. Ceux qui maudissent le jour ; les enchanteurs qui ont des formules de bénédie-
tion et de malédiction pour les jours, qui prédisent des jours heureux ou. malheu-
reux, et exercent leur pouvoir sur les animaux les plus terribles. Compar. xr, 20;
xui, 1. — On entend généralement par Léviathan le crocodile.
12, Ai-je été regu sur des genoux? Voy. Genèse, xxx, 3.
[cu. 1v.]
43. Car maintenant, dormant,
je serais en silence, el je repose-
rais dans mon sommeil,
44. Avec les rois et les consuls
de la terre, qui se bâtissent de
vastes solitudes;
15. Avec les princes qui possè-
dent de l'or, et remplissent leurs
maisons d'argent.
16. Ou bien je n'existerais pas,
comme un avorton caché dans le
sein de sa mère, ou comme ceux
qui, conçus, n'ont pas vu la lu-
miere.
11. C'est là que des impies ont
cessé leur tumulte, et là que se
reposent ceux qui ont perdu leur
force.
18. Et ceux qui autrefois étaient
enchainés ensemble sont sans in-
quiétude; ils n'entendent pas la
voix d'un exacteur.
19. Des grands et des petits
sont là, et un esclave est délivré
de son maitre.
20. Pourquoi la lumière a-t-elle
été donnée aux malheureux, et la
vie à ceux qui sont dans l'amer-
tume de l'àme,
JOB.
1017
91. Qui attendent la mort (et
elle ne vient pas), comme s'ils
déterraient un trésor,
. 92. Et qui se réjouissent extré-
mement, lorsqu'ils ont trouvé un
sépulcre ;
23. À un homme dont la voie
est cachée, et que Dieu entoure
de ténèbres?
24. Avant que je mange, je
soupire; et comme les eaux qui
débordent, ainsi sont mes rugis-
sementls,
25. Parce que la frayeur que je
redoutais m'est venue, et ce que
jappréhendais est arrivé.
26. N'ai-je pas dissimulé? n'ai-
je pas gardé le silence? ne suis-je
pas resté dans le repos? Cepen-
dant lindignation de Dieu est
venue sur moi.
CHAPITRE Iv.
Eliphaz accuse Job d'impatience. Il sou-
tient que l'homme ne peut étre affligé
que pour ses péchés, et que Job ne doit
pas se croire innocent devant Dieu.
1. Or, répondant, Eliphaz, le
Thémanite, dit :
13. La mort est souvent appelée dans l'Ecriture un sommeil, pour nous rappeler le
souvenir de la résurrection future.
14. Les consuls; les conseillers des rois, les grands. — Bátissent de vastes soliludes ;
c'est-à-dire de superbes mausolées, où ils sont ensevelis seuls, ou bien ils bátissent
de magnifiques palais dans de vastes solitudes.
18. Enchainés ensemble. On enchainait deux ensemble les esclaves fugitifs et indo-
ciles. — Job ne nie point ici les jugements que Dieu doit exercer contre les méchants
aprés leur mort; mais il parle un langage humain et conforme à la maniére ordi-
naire de regarder la mort, c'est-à-dire comme la fin de tous les maux de la vie.
91. Qui attendent la mort, et la recherchent avec autant d'ardeur que s'ils creu-
saient la terre pour trouver un trésor.
23. À un homme; c'est le complément de pourquoi lu lumière ou la vie a-t-elle été
donnée, du verset 20. — Dont la voie est cachée. Le sentier dans lequel il doit mar-
cher est tellement couvert, qu'il ne sait où poser le pied.
1. * Après le monologue de Job, ses trois amis vont paraître successivement en
scène. Ils défendront tous la même thèse : que l'on n'est malheureux que par sa
faute et en punition de ses péchés. 19 Eliphaz, vrai scheik patriarcal, grave, digne,
plus calme et plus réfléchi que ses deux amis, est nommé le premier et prend lc
premier la parole, parce qu'il est le plus âgé de tous, xv, 10, et peut-être aussi
parce qu'il est de Théman, dont la sagesse est célèbre, Jér., xux, 7; Αδα., 8; Ba-
1018
2. Si nous commençons à te
parler, peut-étre le supporteras-
tu avec peine; mais qui pourrait
retenirles parolesqu'ilaconeues?
3. Voilà que tu as instruit un
grand nombre de personnes et
fortifié des mains affaiblies.
4. Tes discours ont affermiceux
qui vacillaient, et tu as fortifié
les genoux tremblants.
9. Mais maintenant 18 plaie est
venue sur toi, et tu as perdu cou-
rage; elle t'a touché, et tu es
troublé.
6. Où donc est ta crainte de
Dieu, ta force, ta patience, la
perfection de tes voies?
Cherche dans ton souvenir, .ד
je t'en conjure ; qui a jamais péri
innocent? ou quand des justes
ont-ils été exterminés ?
8. Mais plutôt j'ai vu que ceux
qui opèrent l'iniquité, sement des
JOB.
[cu. 1v.]
9. Ont péri au souffle de Dieu,
et que par le vent de sa colère ils
ont été consumés.
10. Le rugissement du lion, e
la voix de la lionne et les dents
des petits lions ont été brisés.
|t. Le tigre ἃ péri, parce qu'il
n'avait pas de proie, et les petits
du lion ont été dissipés.
12. Gependant une parole se-
crete m'a été dite, et mon oreille
a saisi comme furtivement la
suite de sa susurration.
13. Dans l'horreur d'une vi-
sion nocturne, quand le sommeil
a coutume de s'emparer des
hommes,
14. L'effroi me saisit, et un
tremblement; et tous mes os fu-
rent glacés d'épouvante.
15. Et comme un esprit passait,
moi présent, lespoils de ma chair
se hérisserent.
douleurs et les moissonnent, 16. Il s'arrêta quelqu'un dont
ruch, 11, 22-23. Il témoigne d'abord à Job, dans son premier discours, plus d'affec-
tion et de sympathie que ses deux compagnons, mais, trompé par une foi aveugle
à une opinion qu'il n'a jamais entendu contester, savoir que l'on ne souffre jamais
que parce qu'on l'a mérité, il ne croit pas à l'innocence de celui qu'il est venu con-
soler, et ne tarde pas à se montrer dur et injuste à son égard. La vérité qu'il s'at-
tache le plus à faire ressortir dans son langage, c'est la majesté et la pureté de
Dieu, 1v, 12-24; xv, 12-16. — Eliphaz ouvre la discussion avec la confiance qu'inspire
l'expérience et sur le ton d'un prophéte. C'est dans son premier discours qu'il parle
avec le plus d'assurance. Le fond de son langage est vrai d'ailleurs; il n'est faux que
dans l'application exagérée qu il en fait au cas présent Tout se lie trés bien dans ce
que dit Éliphaz; au point de vue de la disposition oratoive et de l'arrangement des
parties, ce discours est le plus parfait du poème. La révélation et l'expérience, les
habitants du ciel et ceux de la terre lui ont appris à quoi s'en tenir sur le probléme
de la souffrance : 4° Job ne doit pas oublier qu'il a consolé autrefois des malheureux
en leur disant que ce ne sont que les méchants, non les justes, qui périssent, 1v,
9-11, — 9» Une vision nocturne lui a appris à lui-même que personne n'est juste devant
Dieu, rv, 12-21. — 3» Le chagrin qui empêche Job de recourir à l'intercession des anges
est la cause de la ruine des insensés, v, 1-7. — 49 Il doit se tourner vers Dieu, le juge
équitable du juste et de l'impie, v, 8-16. — 5» Heureux celui que Dieu chátie! Dieu, par
ce châtiment, veut lui préparer un grand bonheur, v, 17-27. Chacune de ces cinq
pensées est tout à la fois une thése et un reproche contre Job.
1. Qui a jamais péri, etc. On peut être innocent et périr en cette vie; on peut être
éprouvé par des malheurs et cependant étre juste et innocent. Plusieurs prophétes
et les martyrs en offrent un exemple sensible. ἢ
12. La suite; littér. les veines. 1| paraît certain que saint Jérôme a donné ici au
mot latin vena le sens qu'on lui trouve dans le moyen âge, celui de, série, ordre,
ordo, series.
]68. v.]
je ne connaissais pas le visage,
un spectre devant mes yeux, et
j'entendis sa voix comme un léger
souffle :
17. Est-ce qu'un mortel, com-
paré à Dieu, sera trouvé juste,
ou un homme sera-t-il plus juste
que son créateur?
18. Voilà que ceux qui le ser-
vent ne sont pas stables, et mé-
me dans ses anges il a trouvé de
la dépravation.
19. Combien plus ceux qui ha-
bitent des maisons de boue, qui
ont un fondement de terre, se-
ront comme rongés de vers!
90, Du matin au soir, ils se-
ront moissonnés ; parce que nul
n'a lintelligence, ils périront
éternellement.
21. Ceux mémes qui sont res-
tés d'entre eux seront emportés;
ils mourront, mais non dans la
sagesse.
CHAPITRE V.
Eliphaz soutient que la prospérité des
impies est toujours promptement dis-
sipée. Il exhorte Job à recourir à Dieu
par la pénitence.
1. Appelle donc, s’il y ἃ quel-
qu'un qui te réponde, et tourne-
toi vers quelqu'un des saints.
9. Certes, 16 courroux tue l'in-
JOB.
1013
sensé, et l'envie fait mourir le
jeune enfant.
3. Moi, jai vu linsensé avec
une forte racine, et j'ai maudit
sa beauté aussitót.
4. Ses fils se trouveront loin
du salut, et ils seront brisés à la
porte, et il n'y aura personne qui
les délivre.
8. Le famélique mangera sa
moisson : 120000226 armé le ra-
vira lui-méme, et ceux qui ont
soif boiront ses richesses.
6. Rien sur la terre ne se fait
sans cause, et ce n'est pas du sol
que provient la douleur.
7. L'homme naît pour le tra-
vail, et l'oiseau pour voler.
8. Cest pourquoi je prierai le
Seigneur, et c'est à Dieu que j'a-
dresserai ma parole,
9. Lui qui fait des choses gran-
des, impénétrables et admira-
bles, sans nombre ;
10. Qui donne de la pluie sur
la face de la terre, et arrose
d'eaux tous les lieux ;
11. Qui élève les humbles, ra-
nime ceux qui sont abattus en
les protégeant ;
12, Qui dissipe les pensées des
méchants, afin que leurs mains
ne puissent accomplir ce qu'elles
avalenl commencé ;
ὕπαρ. IV. 11. Infra, xxv, 4. — 18. Infra, xv, 15; 11 Pierre, it, 4; Jude, 6.
18. Ceux qui le servent, etc.; c'est-à-dire les anges ne sont point par eux-mêmes
et sans un secours divin capables de se maintenir dans le bien. — Dans ses anges;
déchas, qui quoique si purs et si parfaits, sont cependant tombés dans l'orgueil et
l'infidélité.
21. Non dans la sagesse; dans leur folie, en insensés.
1. Appelle donc, etc. Des adversaires du catholicisme ont prétendu prouver par ce
passage que nous ne devions pas invoquer les saints, attendu qu'ils ne pouvaient
connaitre nos prières. D'abord les discours des amis de Job ne sont pas des dogmes
reconnus pour tels par l'Eglise. Ensuite le but d'Eliphaz ici est tout simplemeut de
prouver à Job que, puisqu'aucun saint n'a été traité de Dieu comme lui, il faut né-
cessairement que la cause de ses misères et de ses souffrauces soit ses propres
péchés.
1090
13. Qui surprend les sages dans
leur finesse, et dissipe le conseil
des pervers.
14. Dans le jour ils rencontre-
ront des ténèbres, et comme
dans la nuit, ainsi ils tâtonne-
ront à midi.
15. Mais Dieu sauvera l'indi-
gent du glaive de leur bouche,
et le pauvre de la main du vio-
lent.
16. Et il y aura de l'espérance
pour lindigent, mais l'iniquité
contractera sa bouche.
11. Heureux l'homme qui est
corrigé par Dieu! ne repousse
donc pas le châtiment du Sei-
gneur,
18. Parce que lui-même blesse,
et il donne le remède ; il frappe,
et ses mains guériront.
19. Dans six tribulations il te
délivrera, et, à la septième, le
mal ne te toucherapas.
20. Dans la famine, il te sau-
vera de la mort, et à la guerre,
de la main du glaive.
91. Tu seras mis à couvert du
fouet de la langue, et tu ne crain-
Cap. V. 13. I Cor., ur, 19.
JOB.
[cu. vi.]
dras pas la calamité lorsqu'elie
viendra.
22. Dans la désolation et la
faim tu riras, et tu ne redoute-
ras pas les bétes de la terre.
23. Il y aura méme un accord
entre toi et les pierres des
champs; et les bétes de la terre
seront pacifiques pour toi.
24. Et tu verras que ton taber-
nacle aura la paix ; et, visitant ta
beauté, tu ne pécheras pas.
25. Tu verras aussi que ta race
se multipliera, et ta postérité
croitra comme l'herbe de la terre.
26. Tu entreras dans labon-
dance au sépulcre, comme un
monceau de blé qui est rentré en
son temps.
27. Vois, ceci est comme nous
l'avons observé : ce que tu as
entendu, repasse-le en ton esprit.
CHAPITRE VI.
Job justifie ses plaintes. Il souhaite de
mourir, de peur de perdre la patience.
Il reproche à ses amis l'injustice de
leurs accusations.
1. Or, répondant, Job dit :
16. Contractera sa bouche ; c'est-à-dire la fermera; il restera muet.
, ,
19. Dans six tribulations, etc. C'est une expression poétique, qui paraît signifier que
Dieu empéchera toujours que les malheurs dans lesquels l'homme peut tomber ne
lui nuisent en aucune sorte, pourvu qu'il s'humilie et se soumette à ses ordres.
99. Les béles de la terre; c'est-à-dire des bêtes sauvages.
23. ll y aura méme, etc. Tu ne te heurteras pas contre les pierres; elles ne blesse-
ront pas tes pieds. Anciennement on marchait nu-pieds. C'est linterprétation la
plus simple; elle est justifiée d'ailleurs par un assez grand nombre d'expressions
analogues. — Ta beauté, c'est-à-dire {a femme, selon quelques-uns; mais l'hébreu,
les Septante, la paraphrase chaldaïque, 16 syriaque et l'arabe portent {a demeure, ta
maison. — Tu ne pécheras pas; ou bien selon d'autres d’après un des sens de l'hé-.
breu, £u ne feras pas de faux pas, lu ne manqueras pas ton but.
96. Tu entreras, etc.; tu mourras riche.
1. * Ile discours de Job; Ire réponse à Éliphaz, vr-vit. Le discours d'Éliphaz a sur-,
ris et affligé Job qui trouve, au lieu d'un consolateur, un accusateur : 19 Il justifie”
marrer: de ses plaintes par la grandeur de ses maux; ils sont tels qu’en face de
la mort qui approche, il n'a d'autre consolation que de n'avoir point renié Dieu, vr,
2-10. — 2» Reproches indirects à ses amis qui ne l'ont point consolé et ont trahi ses
"שג
[cu. vi.]
2. Plût à Dieu que mes péchés,
par lesquels j'ai mérité sa colère
et les maux que je souffre, fus-
sent pesés dans une balance!
3. Ceux-ci paraitraient plus
lourds que le sable de la mer :
c'est pourquoi aussi mes paroles
sont pleines de douleur.
4. Car les flèches du Seigneur
sont en moi; et leur indignation
a épuisé mes esprits, et les ter-
reurs du Seigneur combattent
contre moi.
ὃ. Est-ce qu’un onagre rugira,
lorsqu'il aura de l'herbe? ou est-
ce qu'un bœuf mugira, lorsqu'il
sera devant une crèche pleine?
6. Ou pourra-t-on manger un
mets insipide qui n'est pas assai-
sonné de sel? ou quelqu'un peut-
il goüter ce qui donne la mort
quand on l'a goüté?
7. Ce qu'auparavant mon âme
ne voulait pas toucher est main-
tenant, daus ma détresse, ma
nourriture.
8. Qui me donnera que ma
demande soit accomplie, que ce
que j'attends, Dieu me l'octroie?
9. Que celui qui a commencé
me brise lui-méme, et qu'il m'ex-
tirpe; qu'il donne libre cours à sa
main?
10. Et que j'aie cette consola-
tion, que, tandis que m'affligeant
JOB.
1021
par la douleur, il ne m'épargne
point, je ne contredise pas les
paroles du Saint?
11. Car quelle est ma force,
pour que je tienne ferme? ou
quelle est ma fin, pour que j'a-
gisse patiemment?
19. Ce n'est pas une force de
pierres, que ma force, et ma chair
n'est pas d'airain.
13. Voici que je n'ai pas de se-
cours en moi, et mes amis méme
se sont retirés de moi.
14. Celui qui retire à son ami la
miséricorde abandonne la crainte
du Seigneur.
15. Mes freres ont passé devant
moi comme un torrent qui tra-
verse rapidement les vallées.
16. Ceux qui craignent la gelée,
la neige tombera sur eux.
11. Dans le temps oü ils com-
menceront à se répandre, ils péri-
ront; et, des que la chaleur vien-
dra, ils disparaitrontde leur place.
18. Les sentiers oü ils dirigent
leurs pas sont cachés; ils mar-
cheront surle vide, etils périront.
19. Considérez les sentiers de
Théma, les chemins de Saba, et
attendez un peu.
20. Ils sont confus, parce que
j'ai espéré; ils sont méme venus
jusqu'à moi, etils ont été couverts
de confusion.
espérances, vi, 11-20. — 3» Reproches directs : ils ne lui ont donné que de vaines pa-
roles, vi, 21-30. — 40 Misère de l'homme en général et de Job en particulier :
tableau
destiné à les apitoyer sur son sort, vir, 1-10. — 59 Prière à Dieu : Pourquoile frappe-t-il
81 cruellement? Pourquoi, s'il ἃ péché, ne lui pardonne-t-il pas? vir, 11-21.
5. * Un onagre, àne sauvage.
1. Mon âme, hébraisme pour ma personne, moi.
10. Saint; par excellence, Dieu.
.. M. Quelle est ma fin? c'est-à-dire quelle sera la fin de ma vie, pour que je puisse
conserver ma patience jusque-là ?
16. En me fuyant, mes amis croient éviter un mal; mais, par une juste punition
de leur inhumanité, ils tomberont dans un autre bien plus grand.
18. Sont cachés (compar. π|, 23); selon d'autres, délournés, tortueuz,
1022
91. C'est maintenant que vous
étes venus, et c'est à l'instant
méme que, voyant ma plaie, vous
craignez.
99. Est-ce que j'ai dit : Secou-
rez-moi, et donnez-moi de votre
bien?
93. Ou: Délivrez-moi de la main
d'un ennemi, et arrachez-moi à
la main des forts?
24. Enseignez-moi, et moi je me
tairai; et si par hasard j'ai ignoré
quelque chose, instruisez-moi.
98. Pourquoi avez-vous dé-
primé des paroles de vérité,
puisque nul d'entre vous ne peut
me convaincre?
26. C'est seulement pour adres-
ser des reproches que vous ajus-
tez des mots, et c'est au vent que
vous lancez des paroles.
27. C'est sur un orphelin que
vous vous ruez, et vous 146102 de
renverser votre ami.
98. Cependant, ce que vous avez
commencé, achevez-le; prétez
l'oreille, et voyez si je mens.
20. Répondez, je vous en con-
jure; et, disant ce qui est juste,
jugez.
30. Et vous ne trouverez pas
d'iniquité sur ma langue ; dans
ma bouche la folie ne retentira
pas.
CHAPITRE VII.
Maux communs à tous les hommes. Job
représente a" Seigneur sa misère et sa
faiblesse, et 15 supplie de lui pardonner
son péché.
1. C'est une milice que la vie
77-ה
JOB.
[cu. νπ.]
de l'homme sur la terre ; et ses
jours sont comme les jours d'un
mercenaire.
9. Comme un esclave désire
lombre, et comme un merce-
naire attend la fin de son ou-
vrage,
3. Ainsi moi aussi j'ai eu des
mois vides, et j'ai compté des
nuits laborieuses.
4. Si je m'endors, je dis :
Quand me lèverai-je? et de nou-
veau j'attends le soir, et je suis
rempli de douleur jusqu'aux té-
nèbres.
5. Ma chair est revêtue de
pourriture et d'une sale pous-
siere; ma peau s'est desséchée et
contractée.
6. Mes jours ont passé plus
promptement que la trame n'est
coupée par un tisserand; et ils
ont été consumés sans aucune
espérance.
1. Souvenez-vous que ma vie
est un souffle, et que mon oeil
ne reviendra pas pour voir le
bonheur.
8. Le regard de l'homme ne
m'apercevra pas; vos yeux se
porleront sur moi, mais je ne
serai plus.
9. Comme un nuage se dissipe
et passe, ainsi celui qui descend
dans les enfers ne montera pas.
10. Il ne reviendra plus dans sa
maison, et son lieu ne le con-
naitra plus.
11. C'est pourquoi moi-même
je ne retiendrai pas ma bouche;
3. Des mois vides de repos et de consolations.
4. Jusqu'auz ténèbres; c'est-à-dire jusqu à la nuit.
5. D'une sale poussière; littér. et par hébraisme, de saletés de poussière.
9. Les enfers. Voyez pour la vraie signification de ce mot, Genèse, xxxvir, 35.
10, Son lieu; c'est-à-dire le lieu où il était auparavant, son habitation, sa demeure,
(cu. vur.]
je parlerai dans la tribulation de
mon esprit; je m'entretiendrai
avec l'amertume de mon àme.
19. Est-ce que je suis une mer,
ou un monstre marin, pour que
vous m'ayez enfermé dans une
prison?
13. Si je dis: Mon lit me con-
solera, et je serai soulagé en me
parlant sur ma couche,
14. Vous m'épouvanterez par
des songes, et par des visions
vous m'agiterez d'horreur.
15. C'est pour ce motif que mon
âme a choisi une destruction vio-
lente, et mes os, la mort.
16. J'ai perdu toute espérance;
je ne saurais vivre davantage :
épargnez-moi; car mes jours ne
sont rien.
17. Qu'est-ce qu'un homme,
pour que vous fassiez un si grand
cas de lui? ou pourquoi mettez-
vous sur lui votre cœur?
48. Vous le visitez au point du
jour, et aussitôt vous l'éprouvez,
JOB.
1023
19. Jusques à quand ne m'é-
pargnerez-vous point, et ne me
laisserez-vous pas avaler ma sa-
live?
20. J'ai péché, que ferai-je pour
vous, ὃ gardien des hommes?
Pourquoi m'avez-vous mis en
opposition avec vous, et suis-je
à charge à moi-méme?
21. Pourquoi n'ótez-vous point
mon péché, et pourquoi n'enle-
vez-vous pas mon iniquité? Voilà
que maintenant je dormirai dans
la poussière, et, si vous me cher-
chez dés le matin, je ne serai
plus.
CHAPITRE VIII.
Baldad soutient que les malheurs de Job
sont la peine de ses péchés. Il traite
d'hypocrisie la vertu de Job, et l'exhorte
à recourir à Dieu.
1. Mais, répondant, Baldad, le
Suhite, dit :
2. Jusques à quand diras-tu de
telles choses, et les paroles de ta
15. Mon âme a choisi; c'est-à-dire je préférerais (Compar. vi, 7). — Une destruction
violente; littér. l'action de se pendre; hébr. l'étranglement. Le sens du verset est donc :
Tout mon étre préférerait une mort violente et cruelle aux maux que je souffre.
11. Pour que vous fassiez un si grand cas de lui; en l'examinant, l'éprouvant et
laffligeant. — Metlez-vous, etc., c'est-à-dire songez-vous à lui, vous occupez-vous de
lui?
20. En parlant ainsi Job ne murmurait nullement contre Dieu, mais il déplorait
seulement les suites funestes du péché originel.
1. * Baldad, dont le nom signifie > fils de contention », n'a ni une grande originalité
ni une grande indépendance de caractère ; il s'appuie en partie sur les maximes des
sages anciens, en partie sur l'autorité de son ami plus àgé, Éliphaz. Son tempéra-
ment est plus violent que celui de ce dernier; il a moins d'arguments et plus d'in-
vectives; son langage est aussi moins riche; il est abrupt, sans tendresse.
9. Qui souffle de tout côté; littér. mulliplié. Le terme hébreu correspondant a aussi
cette signification. Cependant on le traduit assez généralement par grand, fort, im-
pétueux. — * 19) discours de Baldad, vir. Baldad voit dans la réponse de Job à Eli-
phaz une accusation d'injustice portée contre Dieu; il lui répète done à sa manière
le discours de son vieil ami. Dieu n'est pas injuste : ses enfants avaient donc mérité
la mort par leurs péchés et lui-méme expie actuellement ses propres fautes. Son
bonheur d'autrefois prouve seulement que Dieu avait différé à le punir. La pensée
dominante, c'est que si Job ne veut pas en croire ses amis, il croie du moins les
anciens sages dont Baldad rapporte les pensées, quand il annonce que le bonheur
des méchants n'est pas durable et que Dieu punit ceux qui l'ont mérité. La suite de
1024
bouche seront-elles comme un
vent qui souffle de tout côté?
3. Est-ce que Dieu pervertit le
jugement, ou le Tout-Puissant
subvertit-il la justice?
4. Quand méme tes enfanls
auraient péché contre lui, et
qu'il les aurait abandonnés à la
main de leur iniquité,
5. Si toi cependant tu te leves
au point du jour pour aller vers
Dieu, et que tu pries le Tout-
Puissant;
6. Si tu marches pur et droit,
aussitôt 11 s'éveillera pour toi, et
il donnera la paix à la demeure
de ta justice;
7. Tellement que, si tes pre-
miers biens ont été peu de cho-
se, tes derniers seront extrème-
ment augmentés.
8. Interroge, en effet, la géné-
ration passée, et consulte avec
soin la mémoire des pères ;
9. (Car nous sommes d'hier,
et nous ignorons que nos jours
sur la terre sont comme une
ombre.)
10. Et eux-mêmes t'instruiront;
Cap. VIII. 9. Infra, xiv, 2; Ps. cxuui, 4.
JOB.
feu. νιπ.]
ils te parleront, et c'est de leur
cœur qu'ils tireront leurs paroles
11. Est-ce que le jonc peut ver-
dir sans humidité, ou le carex
croitre sans eau?
19. Lorsqu'il est encore en
fleur, et qu'il n'a pas été cueilli
par une main, il seche avant
toutes les herbes.
13. Ainsi sont les voies de tous
ceux qui oublient Dieu, et ainsi
périra l'espoir de l'impie.
14. Sa folie ne lui plaira pas, et
sa confiance est comme la mai-
son de l'araignée.
15. Il s'appuiera sur sa maison,
etelle ne tiendra pas debout; il
létayera, et elle ne subsistera
pas.
16. Il parait humide avant
que vienne le soleil, et à son
lever, son germe sortira de terre.
17. Ses racines se multiplieront
sur un tas de pierres, et il s'ar-
rétera parmi des cailloux.
18. Si on l'arrache de sa place,
elle le reniera et dira : Je ne te
connais pas.
19. C'est là, en effet, la joie de
ses idées est celle-ci : 19 Avis et reproches à Job qui a parlé à Dieu sans respect, 2-7.
— 9» Appel aux anciens sages qui attestent queles impies sont voués à la perdition,
8-19. — 39 Horizon de bonheur pour Job, s'il se convertit, 20-22.
6. La paix ; c'est-à-dire toute sorte de prospérités. — La demeure de ta justice ; la
demeure qui t'appartiendra, à toi homme juste, dans laquelle tu te conduiras selon
la justice.
8. Des péres; selon l'hébreu, de leurs pères, c'est-à-dire des pères de la génération
passée. Le singulier génération, étant un nom collectif, peut concorder avec un
pluriel.
11. * Carez, espèce de jone.:
19. Lorsqu'il est; c'est-à-dire, le carex.
14. Sa folie, etc. 11 condamnera lui-même sa folle espérance. — La maison de l'a-
raignée est sa toile.
11. Il s'arrétera; il pullulera méme au milieu des cailloux. Sa prospérité paraîtra
d'abord ferme et inébranlable.
18. Lorsque l'impie tombe dans l'infortune, mème ceux qui l'approchaient de plus
prés le renient comme un inconnu.
19. La joie de sa voie; c'est-à-dire le bonheur de son état, de sa situation. Le sens
de ce verset est donc : C'est à quoi se réduit la prospérité du méchant sur la terre;
(cn. 1x.]
sa voie, que d'autres germent
ensuite de la terre.
90. Dieu ne rejette pas un
homme simple, et il ne tendra
pas la main à des méchants,
91. Jusqu'à ce qu'un sourire
remplisse ta bouche et un cri de
joie tes lèvres.
22. Ceux qui te haïssent seront
couverts de confusion, et le ta-
bernacle des impies ne subsistera
pas.
CHAPITRE IX.
Job reconnaît que Dieu est infiniment
juste dans ses jugements. Il relève la
sagesse et la puissance du Seigneur. Il
s'abaisse et se confond devant lui. Il le
supplie de lui donner quelque relàche.
4. Et, répondant, Job dit :
2. Assurément, je vois qu'il en
est ainsi, et qu un homme com-
paré à Dieu n'est pas trouvé
juste.
3. S'il veut disputer avec lui,
il ne pourra répondre une chose
sur mille.
JOB.
1025
4. Dieu est sage de cœur et
puissant en force : qui lui a ré-
sisté, et a eu la paix?
9. C'est lui qui ἃ transporté
des montagnes, et ceux quil a
renversés dans sa fureur ne s'en
sont pas apercus.
6. C'est lui qui remue la terre
de sa place, et /0// que ses co-
lonnes sontrenversées.
7. C'est lui qui commande au
soleil, et le soleil ne se lève pas;
et qui renferme les étoiles comme
sous un sceau.
8. C'est lui qui seul étend les
cieux, et qui marche sur les flots
de la mer.
9. C'est lui qui a fait Arcturus,
Orion, les Hyades et les astres
cachés du midi.
10. C'est lui qui fait des choses
grandes, incompréhensibles et
admirables qui sont sans nombre.
11. S'il vient à moi, je ne le
verrai pas: s'il s'en va, je ne m'en
apercevrai pas.
il se séche sur la terre, afin que d'autres croissent comme la plante et se développent
en prenant sa place.
20. Simple: c'est-à-dire innocent, juste, parfait.
20-22. Le Seigneur ne tabandonuera pas, si tu vis dans la justice; il te rétablira
dans ton premier état, et te rendra la joie et le bonheur dont tu jouissais aupara-
vant, et, de plus, tes ennemis seront couverts de confusion.
1. * IIIe discours de Job; sa l'e réponse à Baldad, 1x-x. Comme Job n'a point dit
que Dieu est injuste, toute l'argumentation de Baldad porte à faux, mais elle est
blessante pour le juste malheureux à qui l'on affirme que ses souffrances sont mé-
ritées. 19 Job répète donc à son tour qu'il sait que Dieu est juste et puissant, 1x, 2-12. —
20 Mais il n'en proteste pas moins de son innocence, ΙΧ, 13-24. — 30 Il n'aceuse pourtant
pas Dieu d'injustice, parce qu'il est peut-étre coupable de quelques fautes, mais il
voudrait pouvoir lui répondre, s'il l'accuse, pour se justifier, 1x, 25-35. — 40 Comment
Dieu peut-il en effet l'afflger si sévèrement, lui qui connait son innocence? x, 1-12.
— 5° Qu'il daigne donc adoucir ses maux avant sa mort, x, 13-22.
3. Les luthériens se servent de ce passage pour établir que nul homme n'a vérita-
lement la justice intérieure devant Dieu. Mais c'est un abus évident qu'ils en font;
car ce passage signifie seulement ou que l'homme qui voudra se comparer à Dieu ne
pourra étre justifié, parce que cette comparaison méme est l'effet d'un grand orgueil,
ct le fait déchoir dela justice qu'il pouvait avoir; ou que toute la justice de l'homme,
étant comparée à celle de Dieu, n'est rien.
6. * Qui remue la terre, par les tremblements de terre.
9, * Arcturus, la constellation de la grande Ourse.
A. T.
^ o—
1090
lui répondra? ou qui peut dire :
Pourquoi faites-vous ainsi?
13. C'est Dieu à la colere du-
quel personne ne peut résister,
et sous qui se courbent ceux qui
portent l'univers.
14. Combien grand suis-je donc
moi, pour que je lui réponde et
que je lui parle avec mes propres
paroles?
15. Quand j'aurais en moi quel
que justice, je ne répondrais rien,
mais j'implorerais mon juge.
16. Lors méme qu'il m'aurait
exaucé, quand je l'invoquais, je
ne croirais pas qu'il eüt entendu
ma voix.
11. Car il me brisera dans un
tourbillon, et il multipliera mes
plaies méme sans raison.
18. Il ne permet pas que mon
esprit se repose, et il me remplit
d'amertumes.
19. Si j'ai recours à la force,
il est très puissant ; si à l'équité
d'un jugement, personne n'ose
rendre témoignage pour moi.
408.
19. S'il interroge soudain, qui !
(eu. 1x.]
20. Si je veux me justifier, ma
propre bouche me condamuera;
si je me montre innocent, il
prouvera que je suis pervers.
21. Quand je serais juste, mon
âme lignorerait méme, et j'au-
rais du dégoût pour ma vie.
22. Je n'ai dit qu'une seule
chose, c'est que Dieu détruit et
l'innocent et l'impie.
23. S'il frappe, qu'il tue tout
d'un coup, et qu'il ne se rie pas
des peines des innocents.
24. La terre a été livrée aux
mains de l’impie ; il voile le vi-
sage de ses juges ; que si ce n'est
pas lui, qui est-ce donc?
25. Mes jours ont été plus ra-
pides qu'un coureur: ils ont fui
et n'ont pas vu de bonheur.
26. lls ont passé comme des
vaisseaux qui portent des fruits,
comme un aigle qui vole vers sa
טוא
27. Lorsque je dis:Je neparlerai
plus ainsi, je change de visage, et
je suis tourmenté par la douleur.
28. Je redoutais toutes mes
13. Ceux qui portent l'univers sont les anges que le Créateur a établis pour gou-
verner et comme pour soutenir le monde par la sagesse de leur conduite, et par la
puissance que Dieu a mise pour cet effet entre leurs mains.
16. Je ne croirais pas, etc., tant je me sens indigne de l'attention d'un Dieu si saint
et si élevé, et je ne serais pas assuré que je n'ai plus rien à craindre de sa colére.
11. Sans raison, connue de moi; car il ne me fait pas connaitre la cause pour
laquelle il m'ehvoie tant de maux.
20. Ma propre bouche, etc. Par cela méme que je présume de ma justice, et que je
me dis innocent, je me rends coupable; car je manque ainsi au respect dü à sa sou-
veraine majesté.
23. S'il frappe, etc. Dans son langage oriental et hyperbolique, Job veut dire sim-
plement que les coups de la main de Dieu sont si terribles, et que le danger de
tomber dans limpatience et le murmure est si grand, que tout juste doit plutót
souhaiter la mort, que d'être exposé à une tentation à laquelle il pourrait succomber.
Il veut dire encore qu'il traite ses plus fidèles amis avec une rigueur qui semblerait
prouver qu'il est indifférent à ce qu'ils souffrent. Il fait comme le chirurgien qui,
dans une opération, continue à couper et à trancher les chairs du malade, en
paraissant sourd et iusensible à ses cris.
26. Comme, etc., c'est-à-dire avec la rapidité des vaisseaux qui portent des fruits.
Ces vaisseaux sont trés rapides, soit parce qu'on les charge peu, soit parce qu'on
abrége le temps de leur traversée le plus possible, alin que les fruits ne se corrompent
point.
(cu. x.]
œuvres, sachant que vous ne me
pardonneriez pas, si je péchais.
99. Et si aprés cela je suis
impie, pourquoi ai-je travaillé
en vain?
30. Si j'avais été lavé comme
dans de l'eau de neige, et si mes
mains hrillaient comme étant
très nettes,
31. Vous me plongeriez néan-
moins dans la fange, et mes vé-
tements auraient horreur de mol.
32. Car je ne répondrai pas à
un homme qui est semblable à
moi, et qui peut étre entendu en
jugement avec moi et à l'égzal de
moi.
33. Il n'y a personne qui puisse
nous reprendre l'un et l'autre, et
met!re sa main entre les deux.
34. Qu'il retire de moi sa verge,
et que sa terreur ne m'épouvante
point.
35. Je parlerai et ne le crain-
drai pas; car, effrayé, je ne puis
répondre.
CHAPITRE X.
Job adresse ses plaintes à Dieu. Il s'hu-
milie devant lui, et le supplie de lui
accorder quelque relàche avant la mort.
1. Mon àme a du dégoüt pour
ma vie, je 1620281 ma propre
parole contre moi, je parlerai
dans l'amertume de mon àme.
2. Je dirai à Dieu : Ne me
condamnez pas; indiquez-moi
joB.
1027
pourquoi vous me jugez ainsi.
3. Est-ce qu'il vous semble bon
de m'accuser en justice, de m'op-
primer, moi louvrage de vos
mains, et d'aider au conseil des
impies ?
4. Est-ce que vous avez des
yeux de chair, ou verrez-vous,
vous aussj, comme voit un
homme ?
9. Est-ce que vos jours sont
comme les jours d'un homme,
et vos années comme des années
humaines,
6. Pour que vous recherchiez
mon iniquité, et que vous scru-
[162 mon péché ;
7. Et que vous sachiez que
je n'ai rien fait d'impie, puisqu'il
n'y ἃ personne qui puisse m'ar-
racher de votre main?
8. Ce sont vos mains qui m'ont
fait et m'ont faconné tout entier
dans mes contours; et c'est
ainsi que soudain vous me pré-
cipitez dans un abime.
9. Souvenez-vous, je vous prie,
que vous m'avez fait comme un
vase d'argile, et que vous me ré-'
duirez en poussière.
10. Ne m'avez-vous pas trait
comme le lait et coagulé comme
le fromage?
11. Vous m'avez revétu de
peau et de chairs, et avec des os
et des nerfs vous avez fait un
tout de moi.
29. Pourquoi ai-je travaillé en vain, en prenant tant de soin d'éviter les moindres
péchés, et en me purifiant de ceux dans lesquels je craignais d'étre tombé?
30. Comme. Ni l'hébreu ni le grec ne portent cette particule.
1. Je lâcherai ma propre parole, etc. Compar. vn, 11.
1. Et que vous sachiez au moyen d'informations, d'examen et de recherches.
10. Les anciens croyaient que le fétus se formait dans le sein maternel à la ma-
nière du lait qui se caille et s'épaissit. Job pouvait d'autant mieux conformer son
:augage à cette opinion, qu 'aujourd' hui méme la génération e: l'homme est un mys-
lere incompréhensible.
1098
12. Vous m'avez donné vie et
miséricorde, et vos soins ont
conservé mon souffle vital.
13. Quoique vous cachiez ces
choses dans votre cœur, je sais
cependant que vous vous souve-
nez de toutes choses.
14. Si jai péché, et si sur
l'heure vous m'avez épargné,
pourquoi ne souffrez-vous pas
que je sois purifié de mon ini-
quité?
15. Si j'ai été impie, malheur
est à moi, et si juste, je ne lèverai
pas la téte, saturé d'affliction et
de misere.
16. À cause de mon orgueil,
vous me prendrez comme la
lionne, et vous me tourmenterez
de nouveau prodigieusement.
11. Vous produisez vos témoins
contre moi, vous augmentez aussi
votre colere contre moi, et vos
châtiments combattent contre
moi.
18. Pourquoi m'avez-vous tiré
du sein de ma mere? 2106 à Dieu
JOB.
[cu. xi.
que j'eusse été consumé ! aucun
œil ne m'aurait vu.
19. J'aurais élé comme n'étant
point, trausporté d'un sein au
tombeau.
20. Est-ce que le petit nombre
de mes jours ne finira pas bien-
tôt? Laissez-moi donc que je
pleure un peu ma douleur,
91. Avant que j'aille d'où je ne
reviendrai pas. dans une terre
ténébreuse et couverte d'une obs-
curité de mort;
29. Terre de misère et de té-
nèbres, où r'égne l'ombre de la
mort, et où z/ n’y 6 aucun ordre,
mais où habite une éternelle
horreur.
CHAPITRE XL.
Sophar accuse Job de présomption et
d'orgueil, et l'exhorte à se convertir au
Seigneur.
1. Or, répondant, Sophar, le
Naamathite, dit :
2. Est-ce que celui qui dit beau-
coup de choses n'écoutera pas
13. Quoique vous cachiez, etc.; c'est-à-dire quoique par la manière dont vous me
traitez aujourd'hui, vous sembliez avoir oublié que je suis votre ouvrage, votre créa-
ture, comblée autrefois de vos bontés, je suis certain que vous n'étes pas changé, et
que vous ne m'avez pas rejeté.
44. Pourquoi voulez-vous aujourd’hui rappeler le souvenir de mes fautes passées ?
15, Si j'ai été impie, etc. Injuste ou juste, je n'ai pas lieu de me plaindre, ni de
vous accuser d'injustice. J'adore la profondeur de vos desseins. Compar. ax, 15, 47,
21, 30, 31.
16. Comme la lionne; c'est-à-dire comme on prend 18 lionne à la chasse. — Vous
me lourmenterez de nouveau; littér. et par hébraïsme : revenus, vous me tourmenlerez.
1. * Sophar diffère de ses deux amis, Éliphaz et Baldad; c'est un jeune homme à la
parole vive, quelquefois injurieuse et blessante, surtout dans son second discours, xx ;
c'est le type des esprits étroits et à préjugés de son époque.
2. * Je discours de Sophar contre Job, xr. Toute la réponse de Job à Baldad se
résume en ceci : Dieu n'est pas injuste, mais il le punit sévèrement pour des fautes
légères dont il n'a pas méme conscience. Le fougueux Sophar veut à son tour le
réfuter : 19 1] reproche à Job d'oser parler avec présomption contre la divine
sagesse, 2-6, — 20 Cette sagesse est impénétrable et insondable. Si Dieu venait discuter
avec lui, il lui aurait bientôt prouvé que son sort n'est pas trop dur, 7-12. Cette
réflexion sur lintervention de Dieu, dés le début, prépare, avec un art achevé, le
dénouement, xxxvin-xur. — 39 Exhortation à Job : qu'il se tourne vers Dieu avec com-
ponction et il sera consolé, sinon, comme l'impie, il n'aura pas d'espérance, 15-20,
ἴσῃ. x1.]
aussi? Ou bien un homme ver-
beux sera-t-il absous?
3. Est-ce pour toi seul que les
hommes se tairont? Et lorsque
tu auras raillé tous les autres,
ne seras-tu réfuté par personne?
4. Car tu as dit : Ma parole est
pure, et je suis sans tache, ὁ Dieu,
en votre présence.
5. Et plüt au ciel que Dieu par-
làt avec toi, et qu'il t'ouvrit ses
lèvres,
6. Pour te découvrir les secrets
desa sagesse, et combien 5810] est
multiple! Alors tu comprendrais
qu'il exige beaucoup moins de toi
que ne mérite ton iniquité.
7. Découvriras-tu par hasard
les traces de Dieu, et atteindras-
iu parfaitement jusqu'au Tout-
Puissant?
8. ll est plus élevé que le ciel ;
que feras-tu donc? Il est plus
profond que l'enfer; comment
donc le connaîtras-tu ?
9. Sa mesure est plus longue
que la terre et plus large que la
mer.
10. S'il renverse toutes choses,
ou s'il les confond ensemble, qui
le contredira?
41. Car c'est lui qui connait la
vanité des hommes; or, voyant
JOB.
1029
l'iniquité, est-ce qu'il ne 18 con-
sidere point?
19. Un homme vain s'éleve
jusqu'à l'orgueil, et il se croit
libre comme le petit d'un onagre.
13. Pour toi, tu as endurci ton
cœur, cependant tu as tendu tes
mains vers Dieu.
14. Si tu ótes de toi l'iniquité
qui est en ta main, et que l'injus-
tice ne demeure pas dans ton ta-
bernacle,
15. Alors, étant sans tache, tu
pourras lever ta face; tu seras
stable, et tu ne craindras pas;
16. Tu oublieras méme ta mi-
sere, et tu t'en souviendras com-
me des eaux qui se sont écoulées.
11. Et il s'élévera pour toi vers
le soir comme une lumière écla-
tante du midi, et lorsque tu te
crois consumé, tu te leveras com-
me Lucifer.
18. Et tu auras confiance par
l'espérance qui te sera proposée;
et méme enterré, tu dormiras
tranquille.
19. Ainsi tu jouiras du repos,
et il n'y aura personne qui t'ef-
frayera; le plus grand nombre
méme implorera ta face.
20. Mais les yeux des impies
défailliront; il n'y aura pas de
CuaP. XI. 19. Lév., xxvi, 6. — 20 Lév. xxvi, 16.
6. La loi, soit naturelle, soit mosaïque, contenait beaucoup de préceptes. --
exige, etc.; littér. que tu es exigé (chátié) par lui selon beaucoup moins de choses.
1. Les traces; c'est-à-dire les voies. — Parfaitement, ou bien : Le parfait Tout-
Puissant, ce qui revient au sens de l'hébreu qui porte :
Puissant.
La perfeclion du Toul-
11. Est-ce qu’il ne la considère point, pour la punir un jour?
13. Vers Dieu; littér. vers lui. Le pronom /ui représente évidemment le mot Dieu,
exprimé au vers. 1.
18. Tranquille; sans craindre que ton sépulcre ne soit violé; ou, sûr d'une meil-
leure condition aprés cette vie.
19. Implorera ta face; c'est-à-dire recherchera ta faveur.
20. Leur espérance, etc. Les choses dans lesquelles ils avaient mis leur espérance,
comme les honneurs et les richesses, seront pour eux des objets d'abomination.
10950
refuge pour eux, et leur espé-
rance deviendra l'abomination de
leur àme.
CHAPITRE XII.
Job reproche à ses amis la fausse con-
fiance qu'ils ont dans leurs lumières. Il
relève la souveraine puissance de Dieu.
1. Et Job, répondant, dit :
9. Ainsi vous, vous étes les
seuls hommes, et avec vous
mourra la sagesse?
3. Jai cependant un cœur
comme vous, etje ne voussuispas
inférieur; qui, en effet, ignore ce
que vous savez?
4. Celui qui est raillé par son
ami comme moi invoquera Dieu,
et Dieu l'exaucera ; car la simpli-
cité du juste est tournée en déri-
sion.
5. C'est une lampe méprisée
dans les pensées des riches, mais
préparée pour un temps marqué.
JOB.
(Cu. xi.]
6. Les tentes des voleurs sont
dans labondance, et ils provo-
quentaudacieusement Dieu, quoi-
que ce soit lui qui ait mis toutes
choses en leurs mains.
7. Certes, interroge les bêtes,
et elles te lenseigneront; et les
volatiles du ciel, et ils te /'indi-
queront.
8. Parle à la terre, et elle te ré-
pondra; et les poissons de la mer
te /e raconteront.
9. Qui ignore que la main du
Seigneur ἃ fait toutes ces choses?
10. C'est dans sa main qu'est
l'àme de tout vivant, et l'esprit
de toute chair d'homme.
11. Est-ce que l'oreille ne dis-
cerne pas les paroles, et le palais
de celui qui mange la saveur des
aliments?
19. Dans les vieillards est !a sa-
cesse, et dans une longue vie
la prudence.
Caap. XII. 3. Infra, xx, 2. — 4. Prov., xiv, 2. — 11. Infra, xxxiv, 3.
1. * IVe discours de Job: sa Ire réponse 8 Sophar, xri-xiv. Les menaces de Sophar
blessent le juste innocent. Il réfute d'abord ses amis, xir-xiri, 12; puis il se plaint à
Dieu lui-même, .טזצ-18 זוא — I. Réfutation de ses amis : 19 Il nie la thèse que le
châtiment suive toujours le crime ici-bas et que l'affliction soit une preuve de culpa-
bilité de l'affligé: «Les tentes des voleurs sont dans l'abondance, etils provoquentauda-
cieusement Dieu », xir, 6. Ses amis n'ont pas le privilège exclusif de la connaissance
de Dieu, il le connait comme eux par la nature et par la tradition, xn, 2-13. -- Il
connaît, lui aussi, la puissance et la sagesse de son Maitre, et il la décrit en termes
magnifiques, ainsi que la Providence générale et particulière, xir, 14-25. — 39 Il ne veut
pas avoir à faire à eux, puisqu'ils sont aveuglés par leurs préjugés, mais à Dieu, xu,
4-12. — II. Plainte à Dieu, ,זוזא 13-x1V. — 49 Sa sincérité l'encourage à s'adresser à Dieu
méme, pourvu qu'il veuille bien ne pas l'accabler par l'éclat de sa majesté, xiu, 13-
99. — 50 Alors méme que ses péchés seraient aussi grands que ses souffrances, la vie
est déjà bien assez amére pour que Dieu ne punisse pas si sévérement les fautes qui
peuvent lui avoir échappé dans sa jeunesse, xr, 23-xiv, 3. — 6° L'origine de l'homme
est trop basse, sa vie trop triste, pour que Dieu soit sans pitié envers lui, xiv, 4-12.
— Ἴο Si l'homme devait retourner sur la terre, Dieu pourrait le maltraiter une pre-
mière fois, mais il n'y revient jamais, xiv, 13-22.
2. 3. Ce n'est nullement l'orgueil qui inspire à Job ce langage. On a vu, au con-
traire, combien il s'était humilié devant Dieu, en comparant sa propre justice à 86
de ce souverain juge de tous les hommes. D'ailleurs la jactance de ses amis qui
appliquaient faussement des sentences vraies, jusqu'à un certain point, en elles-
mémes, le forcait à rabaisser leur orgueil; et c'est uniquement dans ce dessein qu'il
al'air de se glorifier, en montrant leur infériorité.
12. Dans une longue vie; littér. dans beaucoup de temps.
(cu. xur.]
13. En Dieu sont la sagesse et
la force; c'est lui qui possede le
conseil et la prudence.
14. Sil détruit, il n'y a per-
sonne pour édifier; s'il enferme
un homme, nul ne pourra lui ou-
vrir. |
15. S'il retient les eaux, tout se
desséchera: et, s'il les lâche, elles
ravageront la terre.
16. En lui sont la force et la
sagesse : il connait et celui qui
trompe et celui qui est trompé.
17. ll amène les conseillers à
une fin insensée, et les juges à
l'étourdissement.
48. Il délie le baudrier des rois,
et ceint leurs reins d'une corde.
19. Il fait que les prêtres vont
sans gloire, et il renverse les
grands;
20. Changea.:i le langage des
hommes véric ques, et enlevant
la science des vieillards.
21. Il verse le mépris sur les
princes, en relevant ceux qui
avaient été opprimés.
92. C'est lui qui découvre les
profondeurs des ténèbres, et pro-
duit à la lumière l'ombre de la
mort.
23. C'est lui qui multiplie les
nations et les perd, et qui, apres
les avoir renversées, les rétablit
entierement.
24. C'est lui qui change le cœur
14. 15310, xxit, 22; Apoc., ,זוז 7.
JOB.
1051
des princes du peuple de la
terre; qui les trompe, afin qu'ils
marchent par où il n’y a point de
voie.
25. Ils tátonneront comme
dans les ténebres, et 7/s ne mar-
cheront pas à la lumiere, et il les
fera chanceler comme des hom-
mes ivres.
CHAPITRE XII.
Job continue de se défendre contre les
reproches de ses amis. Il témoigne sa
confiance en Dieu, et il lui adresse ses
plaintes.
1. Voilà que mon cil a vu tou-
tes ces choses, et que mon oreille
les a ouies, et que je les ai com-
prises une à une.
2. Et je sais, moi aussi, selon
votre science, et je ne suis point
inférieur à vous.
3. Maiscependant c'est au Tout-
Puissant que je parlerai, et c'est
avec Dieu que je désire m'entre-
tenir,
4. En montrant auparavant
que vous étes des fabricateurs de
mensonge et des défenseurs de
maximes perverses.
5. Et plût à Dieu que vous
gardiez le silence! Vous pourriez
passer pour sages.
6. Ecoutez donc ma répri-
mande, et soyez attentifs au ju-
gement de mes levres.
13. En Dieu; littér. En lui. Job désigne ordinairement Dieu parle pronom /ui.
11. Il amène, etc. Calvin a abusé de ce passage. et d'autres semblables, pour éta-
blir que Dieu est auteur du péché. Mais. de telles expressions dans les auteurs
sacrés signifient seulement que Dieu permet qu'on tombe, parce que, par un juge-
ment, il s'éloigne de ceux qui méprisent sa lumiére, et qui, voulant suivre leur
propre sagesse, tombent en des écarts qui les conduisent jusqu'à la mort.
18. Il délie le baudrier, etc.; il dépouille les rois de leur autorité. — 2] ceint, etc.;
c'ést-à-dire, il les réduit à la condition des esclaves. .
6. Au jugement de mes lèvres; c'est à-dire aux preuves qui sortiront de ma bouche.
1032
7. Est-ce que Dieu a besoin de
votre mensonge, de maniere que
vous parliez pour lui un langage
artificieux ?
8. Est-ce que vous faites accep-
tion de sa personne, et que vous
vous efforcez de juger en faveur
de Dieu?
9. Ou cela lui plaira-t-il, lui à
qui rien ne peut étre caché? Ou
hien sera-t-il trompé comme un
homme par vos artifices?
10. Lui-méme vous blàmera,
parce qu'en secret vous faites ac-
ception de sa personne.
11. Aussilót qu'il s'émouvra, i!
vous troublera, et sa terreur fon-
dra sur vous.
19. Votre mémoire sera sem-
blable à la cendre, et vos tétes
superbes seront réduites en boue.
13. Gardez un peu de temps le
silence, afin que je dise tout ce
que mon esprit me suggérera.
14. Pourquoi déchiré-jema chair
avec mes dents? Et pourquoi por-
té-je mon àme entre mes mains?
15. Quand il me tuerait, c'est en
lui que j'espérerais; j'exposerai
donc mes voies en sa présence.
16. Et lui-méme sera mon sau-
veur; car aucun hypocrite ne
viendra en sa présence.
JOB.
]68. xmr.]
11. Ecoutez mon discours, pré-
tez l'oreille à des énigmes.
18. Si j'étais jugé, je sais que
je serais trouvé innocent.
19. Qui est celui qui veut en-
trer en jugement avec moi? Qu'il
vienne : pourquoi me consume-
rais-je en me taisant?
20. Seulement, ὁ Diew, ne me
faites pas deux choses, et je ne me
cacherai pas devant votre face :
21. Eloignez votre main de
moi, et que votre crainte ne m'é-
pouvante pas.
22. Appelez-moi, et moi je vous
répondrai; ou bien je parlerai,
et vous, répondez-moi.
22. Combien ai-je d'iniquités et
de péchés? Montrez-moi mes
crimes et mes offenses.
24. Pourquoi me cachez-vous
votre face, οἱ me croyez-vous
votre ennemi?
25. C'est contre la feuille qui
est emportée par le vent que
vous montrez votre puissance,
et c'est la paille desséchée que
vous poursuivez;
26. Car vous écrivez contre moi
des sentences trés rigoureuses,
et vous voulez me consumer pour
les péchés de ma jeunesse.
27. Vous avez mis mes pieds
8-10. Faire acception de la personne ou de lu face de quelqu'un, c'est, selon le
langage de l'Ecriture, avoir égard à sa puissance, à sa dignité, en ur mot, à sa posi-
tion plutót qu'à son vrai mérite personnel; ce que font ordinairement les juges peu
consciencieux.
12. Vos téles superbes; littér. vos cous (cervices vestra).
14. Porté-je, etc., c'est-à-dire, exposé-je ma vie au danger, à la mort?
16. Aprés et lui-même sera mon sauveur, il y a ellipse de parce que je ne suis pas
hypocrite.
17. Des énigmes; des vérités cachées, que vous semblez ne pas vouloir comprendre.
20. Seulement, ne me failes pas deux choses. Ainsi lisent l’hébreu et la Vulgate ;
mais les Septante ne portent pas la négation, ce qui s'accorde beaucoup mieux avec
la suite du discours.
27. Les chaines ; littér. le nerf, mot qui signifie proprement des liens faits avec des
nerfs, mais qui s'applique aussi aux cordes, aux chaines, aux menottes, et méme
aux colliers qu'on mettait aux criminels.
[cur. x1v.]
dans les chaines, vous avez ob-
servé tous mes sentiers, et vous
avez considéré les traces de mes
pieds;
28. Moi qui dois étre consumé
comme un objet putréfié, et
comme un vétement qui estrongé
parles vers.
CHAPITRE XIV.
Job expose la brièveté de la vie et les
miséres de l'homme sur 18 terre, et il
se console par l'espérance de la résur-
rection.
1. L'homme né d'une femme,
vivant peu de temps, est rempli
de beaucoup de miseres.
9. Comme une fleur, il s'éleve,
et il est brisé. et il fuit comme
l'ombre, et jamais il ne demeure
dans un meme éiat.
3. EL vous croyez, ὁ Dieu, qu'il
soit digne de vous, d'ouvrir les
yeux sur un tel étre, et de l'ap-
peler avec vous en jugement?
4. Qui peut rendre pur celui
qui a été concu d'un sang impur?
N'est-ce pas vous qui seul êtes
pur?
JOB. 1033
5. Les jours de l'homme sont
courts; le nombre de ses mois
est en vos mains; vous avez mar-
qué son terme, lequel ne pourra
étre dépassé.
6. Retirez-vous un peu de lui,
afin qu'il se repose, jusqu'à ce
que vienne, comme un merce-
naire, son jour désiré.
7. Un arbre a de l'espoir : si on
le coupe, il reverdit, et ses ra-
meaux poussent.
8. Quand sa racine aurait vieilli
dans la terre, quand son tronc
serait mort dans la poussiere,
9. A l'odeur de l'eau, il ger-
mera, et portera des feuilles
comme auparavant, lorsqu'il fut
planté.
10. Mais un homme, lorsqu'il
est mort et dépouillé et consumé,
où est-il, je vous prie?
11. De méme que si des eaux
se retirent de la mer, elles n’y
reviennent plus, et que si un
fleuve tari se desseche, 7/ ne coule
pas de nouveau,
12. Ainsi, un homme, lorsqu'il
s'est endormi, ne ressuscitera
03%. XIV. 2. Supra, vin, 9; Ps. cxum, 4, — 4. Ps. L, 4.
4. Celui qui a élé conçu, etc. Job fait évidemment allusion au péché originel ; aussi
les Péres de l'Eglise, grecs et latins, se sont-ils servis de ce passage pour établir le
dogme de la tache originelle, source de tous les maux et surtout de la concupis-
cence.
5, 6. Il faut évidemment faire violence à ce passage, pour y trouver, comme l'ont
fait plusieurs hérétiques, de quoi établir une certaine fatalité ou destinée, qui im-
pose une espèce de nécessité inévitable à tous les hommes, soit pour leur mort, soit
même pour toutes les actions de leur vie.
8. Si un tronc était entièrement mort, on ne pourrait, en aucune manière, lui faire
pousser des rejetons; mais il arrive souvent qu’un tronc qui paraît mort conserve
encore, dans l'intérieur, quelque fibre vivante que l'humidité met en action.
10. * Où est-il, je vous prie? Les vivants ne peuvent plus le trouver, le voir et lui
parler.
11. Elles n'y reviennent plus... il ne coule pas de nouveau. Ges mots ou autres sem-
blables sont évidemment sous-entendus. Au reste les ellipses de ce genre se ren-
contrent souvent dans l'Ecriture.
12. Lorsqu'il s'est endormi; lorsqu'il est mort. Ce qui est dit dans ce verset s'ap-
plique trés vraisemblablement à la résurrection qui aura lieu à la fin du monde.
1034
point jusqu'à ce que le ciel soit
détruit; il ne s'éveillera point, et
il ne se lèvera pas de son som-
meil.
13. Qui me donnera que vous
me protégiez dans l'enfer, et que
vous me cachiez jusqu'à ce que
votre fureur soit passée, et que
vous me marquiez un temps où
vous vous souviendrez de moi?
14. Penses-tu qu'une fois mort
un homme revive? Pendant tous
les jours, oü maintenant je com-
bats, j'attends que mon change-
ment vienne.
15. Vous m'appellerez, et moi
je vous répondrai; vous tendrez
votre droite à l'ouvrage de vos
mains.
16. Vous avez, à la vérité,
compté mes pas; mais pardon-
nez mes péchés.
11. Vous avez scellé comme
dans un sac mes offenses; mais
vous avez guéri mon iniquité.
18. Une montagne qui tombe
JOB.
[ca xv.]
disparait, et un rocher est trans-
porté de sa place.
> 19. Les eaux cavent des pier-
res, et une terre est à peu pres
consumée par une inondation :
c'est donc ainsi que vous perdrez
un homme.
20. Vous l'avez affermi pour un
peu de temps, afin qu'il dispa-
rüt pour toujours; vous change-
rez sa face, et vous l'enverrez au
loin. εἶ
91. Que ses enfants soient dans
la gloire, ou qu'ils soient dans
l'ignominie, il ne le saura pas.
29. Toutefois sa chair, tandis
quil vivra, souffrira, et son âme
pleurera sur lui.
CHAPITRE XV.
Eliphaz accuse Job d'imiter les blasphé-
mateurs, et soutient que les méchants
sont sans cesse tourmentés dans cette
vie. |
1. Alors, répondant, Eliphaz,
le Thémanite, dit :
16. Infra, xxxi, 4; xxxiv, 21; Prov., v, 21.
14. La suite du discours prouve que sous la forme d'une interrogation, Job
exprime sa conviction intime. — J'attends que mon changement vienne. Ces paroles
et celles du verset suivant expriment encore clairement le dogme de la résurrection.
11. Vous avez scellé, etc. Vous avez mis comme en réserve mes offenses dans les
trésors de votre justice; mais la pénitence que j'en ai faite, et les maux dont vous
m'avez accablé, me font espérer que mon iniquité m'est pardonnée.
20. Vous changerez sa face; par la vieillesse. — Vous l’enverrez au loin; c'est-à-
dire vous le ferez sortir de ce monde par la mort.
1.* Deuxième discussion, xv-xxi. — Caractère de la seconde discussion. Ce qui
distingue la seconde discussion de la première, c'est que dans celle-ci les amis de Job
nel'ont pas pris directement à partie; ils ont défendu Dieu lui-méme, et ce n'est
que par voie de conséquence et sans l'exprimer d'ordinaire formellement qu'ils ont
déclaré Job coupable. Désormais, il n'en sera plus de méme, ils n'useront plus de ré-
ticence. Les discours de Job les forcent en quelque sorte à se démasquer. Par sa
dernière réponse, il les a mis dans l'impossibilité de continuer leur tactique, en leur
montrant qu'il possédait aussi bien qu'eux la sagesse, et en répétant à Dieu ses
plaintes, qui avaient été le point de départ de leurs attaques. — Ile discours d'Eli-
phaz, xv. Éliphaz rentre le premier en lice. Il essaie d'abord de réfuter Job, 2-19;
puis il l'attaque, 20-35. — I. Réfutation de Job. 1» S'il était vraiment sage, il ne
répondrait pas avec tant de passion et n'oublierait pas le respect dû à Dieu, 2-6. —
2» Sur quoi s'appuient donc ses prétentions à une si haute sagesse? 7-11. — 30 Et com-
ment un homme pécheur peut-il oser discuter contre Dieu qui trouve des taches dans
(cn. χν.
2. Un sage répondra t-il comme
parlant en l'air, et remplira-t-il
son cœur d'une chaleur ardente?
3. Tu reprends celui qui n'est
pas égal à toi, et tu dis ce qui
n’est pas avantageux.
| 4.Autant qu'il est en toi tu as
anéanti la crainte de Dieu, et tu
as détruit les prieres devant
Dieu.
5. Car ton iniquité a instruit
ta bouche, et tu imites le lan-
gage des blasphémateurs.
6. Ta bouche te condamnera,
et non pas moi, et tes levres te
répondront.
7.Estce toi qui es né le pre-
mier homme, et qui as été formé
avant les collines?
8. Esl-ce que tu as oui le con-
seil de Dieu, et sa sagesse sera-t-
elle inférieure à toi?
9. Que sais-tu que nous igno-
rions? Que comprends-tu que
nous ne sachions?
10. Il est des vieillards et des
anciens parmi nous, beaucoup
plus vieux que tes pères.
11. Est-ce une chose considé-
rable que Dieu te console? Mais
tes paroles perverses len em-
péchent.
JOB.
1035
12. Pourquoi ton cœur t'éle-
ve-t-il, et as-tu les yeux fixes,
comme si tu pensais de grandes
choses?
13. Pourquoi ton esprit s'en-
fle-t-il contre Dieu, pour que tu
proferes de ta bouche de tels dis-
cours?
14. Qu'est-ce qu’un homme,
pour quil soit sans tache et pa-
raisse juste, étant né d'une fem-
me?
15. Voilà que parmi ses saints
personne n'est immuable, et les
cieux ne sont pas purs en sa pré-
sence.
16. Combien plus abominable
et inutile est un homme qui boit
l'iniquité comme l'eau.
17. Je te le montrerai, écoute-
moi : je te raconterai ce que j'ai
vu.
18. Des sages le publient, et ils
ne dissimulent pas ce qu'ils ont
appris de leurs peres,
19. A qui seuls a été donnée
cette terre, et aucun étranger n'a
passé au milieu d'eux.
20. Durant tous ses jours, l'im-
pie s'enorgueillit, et le nombre
des années de sa tyrannie est in-
certain.
CHAP. XV. 10. Eccli., xvin, 8. — 15. Supra, tv, 18.
ses anges? 12-16. — 4 Transition. Qu'il écoute donc ce qu'il va lui dire d’après la
révélation et la tradition, 17-19. — II. Attaques contre Job. — 5^ L'impie n'a pas de
repos; il doit craindre à tout moment la plus terrible ruine, 20-24, — 6° parce qu'il a
été présomptueux dans la prospérité; voilà pourquoi elle a un terme et finit d'une
manière terrible, 25-30. — 7° Les mensonges sur lesquels il se confie ne le protégeront
pas, mais lui seront un piège, 31-35.
2. Remplira-t-il, etc.; c'est-à-dire s'échauffera-t-il par des discours pleins d'une
ardeur violente? |
3. Qui n’est pas égal à toi; qui est infiniment au-dessus de toi. — Tu dis ce qui, etc.,
puisque tu soutiens que Dieu afflige également et le juste et le coupable.
4. Tu as anéanli, etc., en enseignant que ni le bien ni le mal ne reçoivent leur
récompense en cette vie (1x, 22). — Εὲ tu as détruit les prières que l'on doit faire
devant Dieu, puisque tu refuses toi-même de t'adresser à Dieu pour le prier.
14. Qu'il soit sans tache; c'est-à-dire qu'il se croie sans tache.
1036
21. Le bruit de la terreur est
toujours à ses oreilles; et quoi-
qu'il y ait la paix, lui soupçonne
toujours des embüches.
22. 11 ne croit pas qu'il puisse
revenir des ténèbres àla lumière,
il voit de tous cótés autour de lui
un glaive.
23. Quand il se remue pour
chercher son pain, il sent que le
jour des ténèbres est prêt en sa
main.
24. La tribulation l'épouvan-
tera, et l'angoisse l'environnera
comme un roi qui se prépare au
combat. ᾿
25. Car il a étendu contre Dieu
sa main, et il s'est roidi contre le
Tout-Puissant.
96. Il a couru contre lui, la téte
levée, et il s’est armé d'un cou
inflexible.
97. La graisse à couvert sa face,
et l'embonpoint pend de ses có-
tés.
98. Il ἃ habité dans des villes
désolées, dans des maisons dé-
sertes, qui ont été réduites en
monceaux de ruines.
29. Il ne s'enrichira point, et
son bien ne subsistera pas, et il
35. Ps. vir, 15; 18810, ,אז1 4.
JOB.
[cg. xvi.]
ne jettera pas ses racines dans la
terre.
30. Il ne sortira pas des ténè-
bres; une flamme desséchera ses
rameaux, et il sera emporté par
le soufíle de sa bouche.
31. Trompé par une vaine er-
reur, il ne croira pas qu'il puisse
étre racheté à aucun prix.
32. Avant que ses jours soient
accomplis, il périra; et ses mains
se sécheront.
33. Sa grappe sera frappée
comme la vigne, qui l’est dans sa
premiere fleur, et comme l'olivier
qui laisse tomber sa fleur.
34. Car tout ce qu'amasse un
hypocrite est sans fruit, et un
feu dévorera les tabernacles de
ceux qui recoivent volontiers des
présents.
35. Il a concu la douleur et il a
enfanté l’iniquité, et son cœur
prépare des fourberies.
CHAPITRE XVI.
Job se plaint de la dureté de ses amis.
Il expose ses maux et met sa confiance
en Dieu, qui est témoin de son inno-
cence.
1. Mais, répondant, Job dit :
M €
23. Son pain; littér. en hébreu Je pain; mais comme nous l'avons déjà remarqué,
l'article déterminatif se met souvent en hébreu pour le pronom possessif, — Est prêt
en sa main, ou à son côlé; hébraisme, pour est proche.
26. Cou inflexible; littér. gras, épais. Compar. Deutéron., ΧΧΧΙ, 21; xxxi, 15.
28. Des villes désolées, des maisons désertes ; l'hébreu porte : Des villes qui seront
désolées, des maisons qui seront désertes.
30. De sa bouche; c'est-à-dire de la bouche de Dieu, nommé au vers. 25. On a pu
remarquer que dans plusieurs passages Job sous-entend le mot Dieu.
33. Sa grappe; sa postérité. Compar. 1, 18, 19.
35. Son cœur; littér. et selon l'hébreu, son ventre, son intérieur.
1.* Ve discours de Job : 115 réponse à Éliphaz, xvr-xvrr. — Éliphaz n'a fait que répéter
son premier discours. — 1° Job réfute ces vaines paroles qui ne sont que des répé-
titions, xvr, 2-5. — 20 Parler ou se taire lui est également inutile, il est vrai, mais
il ne peut retenir ses plaintes, en voyant que Dieu et ses amis lui sont si hostiles,
xv1, 6-11. — 3° Son sort est d'autant plus dur qu'il a été frappé en pleine prospérité, à
ἴσῃ. xvi.)
9. J'ai souvent entendu de telles
choses; vous étes tous des con-
solateurs importuns.
3. Est-ce que ces discours en
l'air n'auront point de fin? Où y
a-t-il eu dans mes paroles quel-
que chose d'offensant pour toi,
puisque tu parles ainsi?
4. Je pourrais, moi aussi, par-
ler comme vous ; et plüt à Dieu
que votre àme füt à la place de
mon àme!
5. Je vous consolerais, moi
aussi, par des paroles, et par les
mouvements de téte que je ferais
sur vous.
6. Je vous fortifierais par ma
bouche, et mes levres se mou-
vraient, comme si je vous ména-
geais.
7. Or que ferai-je? Si je parle,
ma douleur ne s'apaisera pas ; et,
si je me tais, elle ne s'éloignera
pas de moi.
8. Mais maintenant ma douleur
m'accable; et tous mes membres
sont réduits à rien.
9. Mes rides rendent témoi-
gnage contre moi; et un faux rai-
sonneur est suscité devant ma
face, me contredisant.
JOB.
10. Il a recueilli sa fureur con-
tre moi, et, me menacant, il a
grincé des dents contre moi; mon
ennemi m'a regardé avec des
yeux terribles.
11.Ils ont ouvert leurs bouches
contre moi, et m'outrageant, ils
ont frappé ma joue; et ils se sont
rassasiés de mes peines.
19. Dieu m'a tenu captif sous
la puissance d'un méchant; et il
m'a livré aux mains d'hommes
impies.
13. Moi, autrefois puissant, j'ai
5té soudain réduit en poudre; il
m'a saisi parle cou, m'a brisé, et
m'a posé devant lui comme un
but.
14. I m'a environné de ses
lances, il a couvert mes reins de
blessures, il ne m'a pas épargné,
et il a répandu sur la terre mes
entrailles.
15. Il m'a déchiré, en me fai-
sant blessure sur blessure; 1]
s'est élancé sur moi comme un
géant.
16. J'ai cousu un sac sur ma
peau, et j'ai couvert ma chair de
cendre.
17. Mon visage s'est enflé par
limproviste, sans avoir conscience d'aucune faute, xvi, 12-17. — 4» Mais son innocence
lui cause en màme temps un sentiment de joie, parce qu'alors méme qu'il mourrait,
son droit se fera jour et Dieu sera son témoin contre ses amis, xvi, 18-xvir, 2. — 59 Il
invoque donc Dieu avec confiance, xvir, 3-9, et — 69 il repousse les consolations de
ses amis, xvi, 10-46.
4-6. Et plüt à Dieu, etc.; c'est-à-dire si vous étiez à ma place, je saurais trouver
autre chose pour vous consoler : mes gestes et les mouvements de ma téte indique-
raient combien je serais touché de vos afflictions; je tácherais de vous encourager
par des paroles pleines d'amitié et de compassion. — Mouvoir, ou secouer la fête sur
quelqu'un signifie, tantôt se moquer, tantôt avoir compassion de lui. Voy. Job, xvuu, 11;
Nahum, 11, 1. Or c'est dans le dernier sens que cette expression doit se prendre ici.
11. Ils ont frappé ma joue. Job, animé de l'esprit de prophétie, parle souvent au
nom de Jésus-Christ qu'i! représentait. C'est ainsi qu'à une autre époque Isaie, mar-
quant cette méme circonstance (L, 6), parlait en apparence de lui-méme, quoiqu'en
2681166 il parlát au nom de Jésus-Christ.
13. Il m'a saisi par le cou; métaphore tirée de l'usage où sont les lutteurs de sai-
sir ordinairement leur adversaire par le cou, en s'efforcant de le renverser, —
vomme un but à ses traits,
ΞΕ Ὁ
1098
mes pleurs, et mes paupières se
sont obscurcies
48. Jai souffert ces choses,
sans qu'il y eût d'iniquité dans
ma main, lorsque j'offrais à Dieu
des prieres pures.
19. Terre, ne couvre pas mon
sang, et que mon cri ne trouve
pas en toi un lieu oü il soit
étouffé.
20. Car voilà que dans le ciel
est mon témoin, et que celui qui a
une connaissance intime de moi
habite au plus haut des cieux.
21. Mes amis sont verbeux;
cest devant Dieu que mon ceil
fond en lariues.
22. Et plütau ciel qu'un homme
püt entrer en jugement avec
Dieu, comme le fils d'un homme
entre en jugement avec son
semblable !
93. Car voilà que mes années,
qui sont de peu de durée, pas-
sent, et que je marche dans un
senlier par lequel je ne re-
viendrai pas.
CHAPITRE XVII.
Job se plaint des insultes de ses amis, et
les exhorte à rentrer en eux-mêmes.
1. Mon esprit s'affaiblira, mes
JOB.
(cu. xvn.)
jours seront abrégés, etil ne me
reste qu'un sépulcre.
2. Je n'ai pas péché, et mon œil
vit au milieu des amertumes.
3. Délivrez-moi, Seigneur, et
placez-moi auprès de vous; après
cela, que la main de qui que ce
soit combatte contre moi.
4. Vous avez éloigné leur coeur
de la science; c'est pourquoi ils
ne seront pas exaltés.
ὃ. Il promet du butin à ses
compagnons, et les yeux de ses
enfants s'éteindront.
6. Il m'a rendu comme le bro-
card du peuple, et je suis un
exemple devant eux.
7. Mon Ͼil s'est 02800201 par
l'indignation, et mes membres
ont été réduits comme à rien.
8. Des justes seront dans la
stupeur, et un innocent sera sus-
cité contre un hypocrite.
9. Mais un juste garde sa voie,
et celui qui a les mains pures
augmentera sa force.
10. Ainsi, vous tous, convertis-
sez-vous; venez, et je ne trouve-
rai parmi vous aucun sage.
11. Mes jours sont passés, mes
pensées se sont dissipées en
tourmentant mon cœur.
12. Elles ont changé la nuit en
24. Mes amis, etc.; c'est-à-dire tandis que mes amis m'attaquent par des discours
diffus et importuns, je n'ai recours qu'à Dieu seul, et je ne trouve de consolation que
dans les larmes que je répands devant lui.
1. Mon esprit; c'est-à-dire ma force vitale.
2. Mon œil vit, etc. Mon œil nage dans les larmes les plus amères, ou bien, ne
voit que les outrages les plus amers.
5. IL promet, lui Eliphaz. — Les yeux de ses enfants s'éleindront, c'est-à-dire ses
enfants seront malheureux.
6. Exemple; selon le grec, visée, sujet de risée; selon l'hébreu, l'action de tympa-
niser, raillerie; mais beaucoup d'hébraisants modernes, expliquant le terme hébreu
par le chaldéen et l'arabe, le rendent par crachal, et au figuré par abomination.
10. Convertissez-vous; c'est-à-dire changez de sentiment; ne me condamnez plus,
comme impie, par cela seul que je suis malheureux. — Et je ne trouverai, etc. Et je
vous montrerai qu'aucun de vous ne possède la véritable sagesse.
fcu. χν
jour, et encore, apres les ténè-
bres, j'espere la lumiere.
18. Si j'attends avec patience,
lenfer sera ma maison, et c'est
dans les ténèbres que j'ai préparé
mon lit.
14. J'ai dit à la pourriture : Tu
es mon père; et aux vers : Ma
mere et ma sœur.
15. Où est donc maintenant
mon attente? Et ma patience, qui
la considère ?
10. Tout ce qui est en moi des-
cendra dans le plus profond de
l'enfer : penses-tu qu'au moins là
il y aura repos pour moi?
CHAPITRE XVIII.
Baldad accuse Job de désespoir, et exa-
gere les malheurs et la mauvaise fin
des méchants.
1. Alors, répondant, Baldad, le
Suhite, dit :
2. Jusques à quand enfin lan-
cerez-vous des paroles? Com-
prenez auparavant, el ensuite
nous parlerons.
JOB. 165
3. Pourquoi sommes-nous con-
sidérés comme des animaux stu-
pides, et paraissons-nous mépri-
sables à vos yeux?
4. O toi, qui perds ton âme
. dans ta fureur, est-ce qu'à cause
de toi la terre sera abandonnée,
et les rochers seront transportés
hors de leur place?
5. La lumière d'un impie ne
s'éteindra-t-elle pas, etla flamme
de son feu ne sera-t-elle pas sans
éclat?
6. La iumiere se couvrira de
ténèbres dans son tabernacle, et
la lampe, qui est au-dessus de
lui, s'éteindra.
1. Ses pas fermes seront res-
serrés ; et ses conseils le jetteront
daris un précipice.
8. Car il a engagé ses pieds
dans un rets, et il marche dans
ses mailles.
9. Son pied sera retenu dans
un filet, et une soif ardente le
tourmentera.
10. Le piége qu'on lui a tendu
est caché dans la terre, et les
13, 16. Comme nous l'avons déjà remarqué, par le mot enfer (hébreu scAeól), il faut
entendre, non le sépulcre, le tombeau (hébr. Kéber), mais ce lieu souterrain que les
liébreux regardaient comme le séjour des âmes aprés la mort. Ainsi ce mot fournit
une preuve sans réplique de la survivance des àmes aux corps.
1. "119 discours de Baldad, xvrr. Il reproche à Job d'être dur à l'égard de ses amis
et de se plaindre injustement au sujet de ses souffrances. — 1» Combien de temps,
méprisant ses amis, attaquera-t-il la Providence qui gouverne le monde et qui punit
toujours à la fin les méchants? 2-11. — 2» Oui, le méchant périt avec toute sa race,
sa mémoire s'évanouit et il ne reste plus de lui que le souvenir confus de la catas-
trophe qui l'a englouti, 42-21.
2. Lancerez-vous... Comprenez, etc. Baldad emploie ici le pluriel, probablement
parce quil s'adresseà Job et à tous ceux qui pensent comme lui. Ce pluriel est aussi
dans l'hébreu; mais les Septante ont le singulier.
5. La lumière chez les Hébreux était le symboie de la prospérité.
6. La lampe, etc.; allusion à l'usage de tenir dans les maisons des lampes suspen-
dues au-dessus de la téte.
1. Ses pas fermes et rapides; littér. les pas de sa force. — Seront re;serrés. Compar.
Proverb., 1v, 12. Les pas sont resserrés, lorsque le chemin est trés étroit ou embar-
rassé; car dans ce cas on ne peut ni faire de grands pas, ni marcher vite, Les Arabes
disent aussi grands pas, pas resserrés, pour grande fortune, prospérité, et adversilé,
état de misère. .
1040
lacs qu'on lui a préparés sont sur
le sentier.
11. De toutes parts les frayeurs
lépouvanteront, et elles enve-
lopperont ses pieds.
19. Que sa force soit amoindrie
par la faim, et que la disette at-
taque ses flancs.
13. Que la mort la plus cruelle
dévore la beauté de sa peau, et
qu'elle consume /a force de ses
bras,
14. Qu'on arrache de son taber-
nacle les objets de sa confiance,
et que le trépas, comme un roi,
le foule aux pieds.
15. Qu'ils habitent dans son ta-
bernacle, les compagnons de ce-
lui qui n'est plus, et que dans son
tabernacle soitrépandu du soufre.
16. Que sous la terre ses ra-
cines se dessechent, et qu'au-des-
sus soit détruite sa moisson.
XVIII. 17. Prov., 11, 22. .ג
JOB.
[cu. xix.]
11. Que sa mémoire disparaisse
de la terre, et que son nom ne
soit point célébré dans les places
publiques.
18. Il le chassera de la lumière
dans les ténèbres, et il le trans-
portera hors de l'univers.
19. I] n'aura ni postérité, ni fa-
mille dans son peuple, ni aucun
reste de lui dans ses propres con-
trées.
20. Les derniers s'étonneront
de son jour fatal, et quant aux
premiers, l'horreur les saisira.
21. Tels sont les tabernacles
d'un méchant, et telle terme de
celui qui ignore Dieu.
CHAPITRE XIX.
Job se plaint de la dureté de ses amis.
Il expose ses peines, et se console par
l'espérance de la résurrection.
1. Or, répondant, Job dit :
11. Les frayeurs, etc.; métaphore empruntée de la chasse, où l'on effraye la bête
pour qu'elle aille se jeter dans le piége qu'on lui a tendu. Compar. Isaïe, xxiv, 11;
Jérémie, XLvin, 43, 44.
13. La mort la plus cruelle; littér. et par hébraisme /a mort la premiére-née. Le
texte hébreu porte /e premier-né de la mort, c'est-à-dire la maladie la plus mortelle.
— * La beauté de sa peau. Allusion à lalépre qui dévore Job et qui s'attaque d'abord
à la peau.
15. Soit répandu du soufre, et du feu tombant du ciel, comme à Sodome et à Go-
morrhe (Genèse, xix, 24). Peut-être que Baldad fait allusion au feu céleste qui con-
suma les brebis et les serviteurs de Job (nr, 16). Ou bien qu’on répande du soufre
dans son tabernacle pour le purifier, parce qu'il a été souillé par la présence de son
cadavre.
18. I] le chassera. C'est probablement Dieu que représente ici le pronom ;/. Nous
avons déjà remarqué que Job sous-entend souventle mot Dieu. D'autres traduisent :
On le chassera.
20. Son jour fatal; le jour de sa mort. — Les derniers; ceux qui viendront aprés
lui. — Les premiers; c'est-à-dire ses contemporains.
1. * VIe discours de Job : Ile réponse à Baldad, xix. C'est le discours le plus im-
portant de Job, et, à certains égards, du livre. Comme il ne peut plus compter sur
ses amis, Job cherche à se consoler sans leur secours et se tourne plus que jamais
vers Dieu. — 19 Reproches à ses amis, 2-5. — 20 Ils doivent songer que c'est Dieu lui-
même qui le tourmente d'une manière si terrible, 6-12. — 39 C'est pourquoi il lui a
retiré l'appui de tous ceux quil'avaient autrefois soutenu, 13-20. — 40 Ils n'en devraient
avoir que plus de compassion pour lui, car son droit demeure inébranlable; aussi,
il en est certain, il sera vengé dans une autre vie et le dernier jugement lui rendra
justice, 21-29. C'est 18 le point culminant de la discussion. La vue de son Rédemp-
[cH. xix.]
2. Jusques à quand affligerez-
vous mon àme, et me briserez-
vous par vos discours?
3. Voilà déjà dix fois que vous
cherchez à me confondre, et que
vous ne rougissez pas de m'acca-
bler.
4. Car si je suis dans ligno-
rance, c'est sur moique monigno-
rance retombera.
5. Mais vous, vous vous élevez
contre moi, et vous m'accusez à
cause de mes opprobres.
6. Comprenez au moins main-
tenant que ce n'est pas par un
jugement de justice, que Dieu
m'a affligé et qu'il m'a environné
de ses chátiments.
7. Voici que je crierai, en souf-
frant violence, et nul ne m'ecou-
tera; je pousserai des eris per-
cants, et il n'y auri personne qui
me fasse justice.
8. 11 a posé une haie tout au-
tour de mon sentier, et je ne puis
passer; et dans m»: chemin, il a
mis des ténèbres.
9. Il m'a dépouillé de ma gloire,
et il a enlevé la couronne de ma
téte.
JOB.
1041
10. Il m'a détruit de tous côtés,
et je péris, et il m'a óté l'espé-
rance comme à un arbre arraché.
11. Sa fureur s'est irritée contre
moi; il m'a traité comme son en-
nemi.
12. Ses soldats sont venus tous
ensemble; ils se sont fait un che-
min au travers de moi, et ils ont
assiégé mon tabernacle tout au-
tour.
13. Il ἃ éloigné mes frères de
moi, et mes amis, comme des
étrangers, se sont retirés de moi.
14. Mes proches m'ont aban-
donné, et ceux qui me connais-
saient m'ont oublié.
15. Ceux qui demeuraient dans
ma maison, et mes servantes
m'ont regardé comme un étran-
ger, et j'ai été comme un hôte
passager à leurs yeux.
16. J'ai appelé mon serviteur,
et il ne m'a pas répondu ; cepen-
dant je le priais de ma propre
bouche.
11. Ma femme ἃ eu horreur de
mon haleine, et j'usais de prière
envers les enfants qui sont sortis
de moi.
—
teur attendrit le saint patriarche ; désormais sa fougue est tombée; il n’a plus la
méme impétuosité et ne se plaint qu'avec calme; mettant toute sa confiance en
Dieu, il cherche moins à se défendre lui-même et se préoccupe plutôt de réfuter la
thése de ses adversaires.
3. Vous m'accusez, etc. Vous prétendez que je suis coupable, parce que je souffre
des opprobres. ;
6. Ce n'est point en vertu d'un jugement de cette justice qui punit le crime et
récompense la vertu que Dieu m'a affligé ; car je ne suis nullement coupable, comme
vous l'entendez; mais c'est en sa qualité de créateur tout-puissant et infiniment
sage, qui traite ses créatures selon les desseins impénétrables de son infinie sagesse,
et par conséquent sans qu'elles puissent comprendre ses desseins.
12. Is se sont fait un chemin au travers de moi ; c'est le sens littéral de la Vulgate
qu'on explique généralement par i/s m'ont foulé aux pieds, en disant que tel est le
sens de l'hébreu et du grec; mais on semble oublier que la préposition hébraique et
grecque qu'on traduit par sur, au-dessus de, signifie également contre, et que ce der-
nier sens convient beaucoup mieux ici. Ainsi le sens de la phrase qui parait le pius
uaturel est : Ils se sont frayé un chemin contre moi.
11. Les enfants, etc. La plupart des interprétes pensent, d'aprés les Septante, qu'il
s'agit ici des enfants que Job avait eus de ses femmes du second rang.
66 .ה
1042 JOB. (CH. 318.
18. Des insensés méme me mé- | une lame de plomb, ou qu'elles
prisaient, et lorsque je les avais | soient gravées au burin sur la
quittés, ils médisaient de moi. pierre?
19. Mes conseillers d'autrefois 25. Car je sais que mon Ré-
m'ont en abomination, et celui | dempteur est vivant, et qu'au
que j'aimais le plus s'est tourné | dernier jour je ressusciterai de
contre moi. la terre ;
20. À ma peau, aprés que ma 26. Et que de nouveau je se-
chaira 616 consumée, se sont col- | rai environné de ma peau, et
lés mes os, et il n'est resté seule- | que dans ma chair je verrai mon
ment que les lèvres autour de | Dieu.
mes dents. 27.Je dois le voir moi-méme,
21. Ayez pitié de moi, ayez pilié | et non un aulre, et mes yeux
de moi, vous du moins, mes amis, | doivent le contempler : c'est là
parce que la main du Seigneur | mon espérance; elle repose dans
m'a touché. mon sein.
22. Pourquoi me persécutez- 28. Pourquoi donc maintenant
vous comme Dieu, et vous rassa- | dites-vous : Poursuivons-le, et
siez-vous de ma chair? trouvons une parole fondamen-
23. Qui m'accordera que mes | tale contre lui?
paroles soient écrites? Qui me 29. Fuyez donc à ia face du
donnera qu'elles soient tracées | glaive, parce qu'il y a un glaive
dans un livre, vengeur des iniquités; et sachez
24. Avec un style de fer et sur | qu'il y a un jugement.
21. Saint Grégoire dit que Job appelle encore ses amis ceux qui l'accablent par
leurs injures, soit afin de les obliger par ce terme de tendresse à user d'une meil-
leure conduite à son égard; soit pour s'exciter lui-même à regarder ieurs injures
comme utiles à son salut (Greg., Moral., LxIV, e. 23).
29.* Pourquoi... vous rassasiez-vous de ma chair? Pourquoi me calomniez-vous ou
dites-vous du mal de moi? Cette image se retrouve, sous des formes plus ou moins
différentes, dans toutes les langues, quoique nous ne soyons pas habitués à la forme
hébraique. Un passage d'une lettre de Machiavel à Julien de Médicis permet de se
rendre bien compte de cette figure de langage. « Je vous envoie, Julien, quelques
grives... Si vous avez autour de vous quelqu'un qui se plaise à me mordre, vous
pourrez lui en jeter une aux dents : en mangeant cet oiseau, il oubliera de déchirer
son prochain... De ma pauvre chair, mes ennemis firent de bonnes bouchées. »
23. Un livre. C'est ainsi que porte la version grecque. ἃ la vérité l'hébreu lit Le
livre dans ce passage; mais dans des endroits parallèles, comme 13046, xxx, 8;
Jérém., xxx, 2, il n'a pas l'article déterminatif.
24. * On gravait des inscriptions sur le métal et sur la pierre dés une haute anti-
quité dans le pays que Job habitait.
25. Mon Rédempteur. Ce Rédempteur est, selon le sentiment commun des Pères et -
des interprétes, le Fils de Dieu, qui doit juger tous les hommes à la fin du monde.
25-21. * Presque tous les Pères ont reconnu dans ces paroles de Job une profession
de foi très claire à la résurrection des corps, et dans les premiers siècles de l'Eglise,
après les persécutions, de pieux chrétiens ont fait graver sur leurs tombeaux cet
äcte de foi comme une expression de leur propre croyance.
28. Une parole fondamentale; littér., une racine, un fondement de parole, une pa-
role radicate,
fou. xx.]
CHAPITRE XX.
Sophar continue de décrire les cháti-
ments dont Dieu punit les impies.
1. Alors, répondant, Sophar,le
Naamathite, dit :
9. C'est pour cela que mes dif-
férentes pensées se succèdent,
et que mon esprit est entrainé
dans des sentiments divers.
3. J'écouterai la doctrine en
vertu de laqrelle tu m'accuses,
et l'esprit de mon intelligence
répondra pour moi.
4. Ce que je sais être dès le
principe, depuis que l'homme a
616 placé sur la terre,
ὃ. C'est que la gloire des impies
a été courte et la joie de l'hypo-
crite comme un moment.
6. Si son orgueil s'élève jus-
qu'au ciel, et que sa téte touche
les nues,
7. ll périra à la fin comme un
fumier, et ceux qui l'avaient vu
diront : θὰ est-il?
8. Comme un songe qui s'en-
vole, on ne le verra plus; il
passera comme une vision de
nuit.
JOB.
1043
9. L'œil qui l'avait vu nele verra
pas; et son lieu ne le regardera
plus.
10. Ses enfants dépériront par
l'indigence, et ses mains lui ren-
dront la douleur qu'il a faite aux
autres.
11. Ses os seront remplis des
vices de sa jeunesse, et ces vices
dormiront avec lui dans la pous-
sière.
12. Car, comme le mal est doux
à sa bouche, il le cachera sous sa
langue.
13. Il le ménagera, et il ne le
laissera pas, mais il le tiendra
caché dans sa gorge.
14. Son pain dans ses entrailles,
au dedans de lui, se changera en
fiel d'aspic.
15. Il vomira les richesses qu'il
a dévorées, et Dieu les arrachera
de ses entrailles.
16. Il sucera la téte des aspics,
et la langue d'une vipère le tuera.
17. (Qu'il ne voie point couler
les ruisseaux d’un fleuve, et les
torrents de miel et de beurre).
18. ll expiera tout ce qu'il a
fait, et cependant il ne sera pas
consumé ; c'est selon les riches-
1. * Ile discours de Sophar, xx. Ce discours est en quelque sorte l'u/timatum de
Sophar; dans la troisième discussion, il ne prendra plus la parole; aussi sa vio-
lence est-elle maintenant trés grande. — 19 Les menaces de Job, qui les compare à des
persécuteurs, obligentSophar d'insister encore surla thése que ses amis etlui ont soute-
nue jusqu'à présent, 2-5. — 99 Le coupable périt, malgré sa puissance ; il est dépouillé
de ses biens injustement acquis, malgré son avidité, 6-17. — 39 Un juste châtiment
vient ainsi le punir de ses rapines et de son insatiabilité ; il n'échappera pas, 18-29.
2. C’est pour cela; c'est-à-dire c'est parce qu'il y a un jugement. Voy. xix, 29. —
* En d'autres termes, un sujet d'accusation contre Job.
9. Son lieu. Voy. plus haut vir, 10.
11. Ses os seront, etc. Les dérèglements de sa jeunesse pénétreront jusque dans
808 OS.
43. Il le ménagera; c'est-à-dire il le savourera.
14. * F'iel d'aspic, venin de ce serpent qui est trés dangereux.
16. * La téte des aspics, leur venin.
11. * Les torrents... de beurre. Dans les pays chauds de l'Orient, le beurre est à l'état
liquide et on la verse comme du lait des vases qui le contiennent.
18, Ses richesses acquises; le grec porte le mot richesses ; l'hébreu lit travail, qui
e"
1044
ses qu'il a acquises qu'il aura à
souffrir,
19. Parce qu'en les brisant, il
a dépouillé les pauvres; il a-
ravi une maison quil n'a pas
bâtie.
20. Son ventre n'a pas été ras-
88816 ; et lorsqu'il aura eu ce qu'il
avait convoité, il ne pourra pas
le posséder.
91. Il n'est rien resté de ses vi-
vres; età cause de cela rien ne
lui demeurera de ses biens.
292. Lorsqu'il se sera rassasié, il
sera oppressé et étouffé de cha-
leur, et toute sorte de douleurs
fondront sur lui.
93. Puisse son ventre être rem-
pli, en sorte que Dieu envoie
contre lui la colere de sa fureur,
et qu'il fasse pleuvoir sur lui ses
foudres!
24. Il échappera àdes armes de
fer, maisil sera transpercé par un
arc d'airain.
25. Un glaive tiré et sortant de
son fourreau étincellera dans son
βάρ. XX. 20. Eccl., v, 9.
JOB.
[cu. xxr.]
amercume; d'horribles spectres
iront et viendront sur lui.
96. Toutes sortes de ténèbres
sont fermées à ses caches ; un feu
qui ne s'allume point le 66707018 ;
il sera affligé, se trouvant délaissé
dans son tabernacle.
97. Les cieux révéleront son
iniquité, et la terre s'élévera con-
tre lui.
28. Les rejetons de sa maison
seront exposés à la violence; ils
seront enlevés au jour de la fu-
reur de Dieu.
29. Voilà la part dun homme
impie, faite par Dieu, et l'héritage
réservé àses paroles par le Sei-
gneur.
CHAPITRE XXI.
Job soutient que les impies jouissent sou-
vent d'une longue prospérité, et que
c'est aprés leur mort que Dieu exerce
contre eux ses vengeances.
1. Mais, répondant, Job dit :
2. Ecoutez, je vous prie, mes
paroles, et faites pénitence.
signifie encore trés souvent Je fruit du travail, les richesses; ce doit être aussi le
sens d'inventionum suarum de la Vulgate.
23. Ses foudres; littér. sa querre.
25. Dans son amertume ; c'est-à-dire pour porter son amertume, ou une mort amère,
cruelle. — Au lieu de l’horribiles de la Vulgate, l'hébreu porte ferreurs.
26. Toutes sorles, etc. C'est en vain qu'il cherchera à se cacher dans les ténébres, il
ne trouvera pas de cache, où les ténèbres puissent pénétrer.
28. Les rejelons de sa maison sont ses enfants, sa progéniture.
1. * VII* discours de Job; Ile réponse à Sophar, xxi. Job s'est principalement atta-
ché, dans ses discours précédents, à convaincre ses amis de son innocence ; ne pou-
vant y réussir, il se tourne maintenant contre eux, et, abandonnant le terrain de la
justification personnelle pour se jeter sur celui des principes, il attaque leur thèse
en elle-même; i! ne se borne plus à leur dire qu'ils la proposent d'une manière trop
générale et qu'ils lui en font une fausse application, il la nie. — 19 Il va leur donner
une réponse décisive; ils cesseront ainsi de le railler, 2-4, — 29 C'est le contraire de
ce qu'ils affirment qui est la vérité : beaucoup d'impies sont heureux sur la terre,
5-15. — 30 Toute leur argumentation contre ce fait d'expérience est sans force; ce serait
orgueil de leur part que de le nier et de vouloir tracer à Dieu la voie qu'il doit
suivre, 16-26. — 40 Il sent bien les applications malignes que renferment leurs dis-
cours, mais leurs affirmations sont démenties par l'expérience, 27-34.
4. l'aites pénilence ; c'est-à-dire, changez de sentiment,
[cn. xxi.]
3. Supportez-moi, et mot je
parlerai; et apres, si bon vous
semble, riez de mes paroles.
4. Est-ce contre un homme
qu'est ma dispute, pour que je
ne doive pas étre justement con-
tristé ?
ὃ. Regardez-moi, et soyez dans
l'étonnement, et mettez un doigt
sur votre bouche :
6. Et moi, quand je recueille
mes souvenirs, je suis épouvan-
té, et le tremblement agite ma
chair.
7. Pourquoi donc les impies
vivent-ils, sont-ils élevés et affer-
mis dans les richesses?
8. Leur race se perpétue devant
eux, une troupe deleurs proches
et de leurs petits enfants est en
leur présence.
9. Leurs maisons sont süres et
paisibles, et la verge de Dieu
n'est pas sur eux. |
10. Leur génisse a concu et n'a
pas avorté ; leur vache a mis bas,
et elle n'a pas été privée de son
fruit.
11. Leurs petits enfants, sortent
JOB.
1045
comme les troupeaux, et leurs
enfants sautent de joie au milieu
de leurs jeux.
19. Ils tiennent en main un
tambour et une harpe, et ils se
réjouissent au son d'un orgue.
13. Ils passent leurs jours dans
le bonheur, et en un moment ils
descendent dans les enfers.
14. Ils ont dit à Dieu : Retire-
toi de nous ; nous ne voulons pas
connaitre tes voies.
15. Qui est le Tout-Puissant,
pour que nous le servions? et
que nous revient-il, si nous le
prions?
16. Mais cependant, puisque
leurs biens ne sont pas en leur
main, que le conseil des impies
soit loin de moi.
11. Combien de fois la lampe
des impies s'éteindra, un déluge
de mauz leur surviendra, et Dieu
leur distribuera les douleurs de
sa fureur?
18. Ils seront comme des pailles
à la face du vent, et comme dela
cendre brülante qu'un tourbillon
disperse.
Cap. XXI. 7. Jérémie, xi, 1; Habac., 1, 3, 13. — 15. Mal., ri, 14.
4. N'ai-je pas un juste sujet d'étre contristé, quand je n'ai pas affaire à un homme,
mais à Dieu, qui par les maux dont il m'accable semble autoriser les accusations de
mes ennemis?
5. * Soyez dans l'étonnement. La chose étonnante dont va parler Job, c'est, selon
la plupart des commentateurs modernes, la prospérité des méchants sur la terre.
Saint Jéróme pense, et avec plus de raison, ce semble, qu'il s'agit du bonheur que
Dieu accorde indistinctement aux méchants et aux bons, sans mettre entre eux
aucune différence sensible et apparente.
12. Orgue; instrument qui, chez les anciens Hébreux, était un composé de plusieurs
tuyaux de flüte collés ensemble, et dont on jouait en faisant passer successivement
ces divers tuyaux le long de la lèvre d'en bas. On considère assez généralement ici
le mot Organum de la Vulgate comme un collectif et on le traduit par des instruments
de musique. — * Une harpe, en hébreu, kinnor, instrument à cordes, sorte de harpe.
13. * En un moment ils descendent dans les enfers. lls sont heureux jusqu'à la fin
de leur vie, mais la mort met brusquement un terme à leur félicité et les remplit
d'épouvante en les précipitant dans 15
16. En leur mun; c'est-à-dire en leur puissance. — * J'avoue que les méchants
sont souvent heureux, mais leur bonheur n'est pas sür, aussi à Dieu ne plaise que
j'aie leurs sentiments.
1046
19. Dieu gardera à ses fils la
douleur du pere; et lorsqu'il lui
aura rendu selon son mérite,
alors il comprendra.
90. Ses yeux verront sa ruine,
et il boira de la fureur du Tout-
Puissant.
21. Car que lui importe sa mai-
son apres lui, lors méme que le
nombre de ses mois serait dimi-
nué de moitié?
22. Est-ce que quelqu'un ensei-
gnera la science à Dieu, qui juge
ceux qui sont élevés?
93. Celui-ci meurt robuste et
sain, riche et heureux.
94. Ses entrailles sont pleines
de graisse, et ses os sont arrosés
de moelle.
95. Mais un autre meurt dans
l'amertume del'àme, sans aucune
richesse.
26. Et cependant ils dormiront
ensemble dans la poussiere, et
des vers les couvriront.
JOB.
(cg. xxr.]
27. Certes, je connais vos pen-
sées et vos jugements iniques
contre moi.
98. Car vous dites : Oü est la
maison d'un prince? et oü sont
les tabernacles des impies?
29. Interrogez le premier venu
des passants, et vous reconnai-
trez qu'il comprend ces mêmes
choses ; à savoir :
30. Que le méchant est réservé
pour le jour de perdition, et qu'il
sera conduit jusqu'au jour de la
fureur.
31. Qui le reprendra en face de
sa voie? et quilui rendra ce qu'il
a fait?
32. Il sera conduit aux sépul-
cres, et il veillera au milieu du,
monceau des morts.
33. IL a été agréable au gravier
du Cocyte, et il entrainera tout
homme après lui, et il y a devant
lui une multitude innombrable.
94. Comment donc me donnez-
19. Alors il comprendra qu'il y a une souveraine justice qui rendra à chacun selon
ses mérites.
20. Ses yeux, etc. Il verra de ses propres yeux sa ruine entière ; littér. son meurtre.
21. Lors méme, ou bien ef si, c'est-à-dire que lui importe encore, si le nombre, etc.
Le verset est susceptible de cette double analyse.
92. Ceux qui sont élevés; les grands de la terre, selon les uns, les habitants du
ciel, selon les autres. Le terme hébreu est, comme celui dela Vulgate, susceptible de
ces deux sens. Les Septante ont traduit pAonous, c'est-à-dire meurtres; mais il y a
des exemplaires qui portent sophous ou sages.
98. Oàt est la maison, etc. La maison d'un mauvais prince et les tabernacles des
impies ne subsistent plus, parce que c'étaient des méchants que Dieu a fait périr.
Ainsi, c'est parce que tu es méchant que Dieu t'a traité comme eux.
30. * Ce verset renferme la réponse des passants, c'est-à-dire des voyageurs
étrangers.
32. Il veillera; il vivra encore en quelque sorte à la faveur d'un mausolée fastueux
qui conservera sa mémoire parmiles hommes; ou bien il vivra en enfer parmi les
morts.
33. Il a été agréable au gravier du Cocyte, tant par la magnificence du tombeau
qu'il s'y est fait élever que par la majesté de la pompe funébre qui l'y a accompagné.
— Le Cocyte, fleuve fabuleux, qui selon les poètes paiens arrose l'enfer. Saint 16-
róme a donc pu employer ce mot pour désigner le lieu où l'impie est précipité à sa
mort, comme il a employé aprés saint Pierre le terme Taríare pour exprimer la
méme idée. Compar. IL Pierre, n, 4. — * Le texte original porte : « Les pierres de la
vallée (où il est enseveli) lui sont légères, et tous les hommes y vont à sa suite,
comme de nombreuses générations l'y ont précédé. »
(cu. xxir.]
vous une vaine consolation, puis-
quil a été démontré que votre
réponse répugne à la vérité.
CHAPITRE XXII.
Eliphaz reproche à Job les crimes dont
il le suppose coupable, et il l'exhorte à
se convertir au Seigneur.
1. Alors, répondant, Eliphaz, le
Thémanite, dit :
2. Est-ce qu'un homme peut
être comparé à Dieu, quand il se-
rait d'une science parfaite?
3. Que sert à Dieu que tu sois
juste? ou quel bien lui fais-tu si
ta voie est sans tache?
4. Est-ce en craignant qu'il t'ac-
cusera, et qu'il viendra avec toi
en jugement,
5. Et non pas àcause de ta ma-
lice trés grande et de tes infinies
iniquités?
6. Car tu as retenu le gage de
tes frères sans raison, et tu as
dépouillé de leurs vétements
ceux qui étaient nus.
JOB.
1047
7. Tu n'as pas donné de l'eau à
celui qui était épuisé de lassitude,
et à celui qui avait faim tu as
soustrait du pain.
8. Par la force de ton bras tu
possédais ta terre, et, étant le
plus puissant, tu la conservais.
9. Tu as renvoyé les veuves
les mains vides, et tu as brisé les
bras des orphelins.
10. C'est pour cela que tu es
environné de piéges, et qu'une
frayeur soudaine te trouble.
11. Et tu pensais que tu ne ver-
rais point de ténèbres, et que tu
ne serais pas accablé par un im-
pétueux débordement d'eaux.
12. Ne songes-tu pas que Dieu
est plus élevé que le ciel, et qu'il
est au-dessus du sommet des
étoiles?
13. Et tu dis : Mais que con-
nait Dieu? car c'est comme à
travers d'une profonde obscurité
qu'il juge.
14. Des nuées ie cachent ; il ne
1. * Troisième discussion, xxr-xxxr. — Ille discours d'Éliphaz, xxrt. — La troisième
discussion est la plus courte par le nombre et l'étendue des discours. C'est encore
Eliphaz qui l'ouvre. A la suite de ce que vient de dire Job, ses amis ne peuvent lui
répondre logiquement que de deux maniéres, ou en niant le bonheur des méchants
qu'il vient d'affirmer, ou en soutenant que ce bonheur ne prouve rien en sa faveur.
Éliphaz ne fait directement ni l'un ni l'autre : il considère le discours de Job comme
non avenu; il déplace la question et prétend toujours avec la méme assurance que
les souffrances de son ami sont la punition de ses péchés. Devenant de plus en plus
agressif, 4° il accuse Job d'un grand nombre de crimes, 2-11; — 29 il l'avertit de ne pas
s'attirer par son obstination et son impénitence un jugement sévére comme celui que
Dieu porte contre les impies, 12-20; — 30 il lui promet, s'il s'amende, un retour de
bonheur et une prospérité plus grande qu'autrefois, 21-30.
4. Est-ce en craignant, etc. Est-ce parce qu'il a à craindre de toi?
6. Nus; c'est-à-dire ceux qui n'avaient que l'habit de dessous. Compar. I Rois, xix,
24; Isaie, xx, 2.
1. Tu n'as pas donné, etc. On verra plus bas (xxix, 15 et suiv.; xxxi, 16 et suiv.),
combien Job était éloigné de cette inhumanité. Eliphaz lui remet devant les yeux
tous les excès où un homme de son rang avait pu tomber, lui reprochant facilement
qu'il devait en avoir commis quelques-uns; car il est difficile de se persuader qu'Éli-
phaz ait cru Job coupable de tous ces défauts.
8. Ta. terre, littér. en hébreu /a terre; mais dans cette langue, aussi bien que dans
les autres langues sémitiques, l’article déterminatif se met quelquefois pour le pro-
nom possessif, ce qui a évidemment lieu ici.
9. Tu as brisé les bras; c'est-à-dire détruit l'appui.
1048
considere pas ce qui est de nous,
et il parcourt les pôles du ciel.
15. Est-ce que tu désires sui-
vre le sentier des siècles, qu’ont
foulé des hommes iniques,
16. Qui ont été enlevés avant
leur temps, et dont un fleuve a
renversé le fondement?
17. Qui disaient à Dieu : Re-
tire-toi de nous; et qui estimaient
que le fout-Puissant ne pouvait
rien faire ;
18. Quoique ce fût lui qui eût
rempli leurs maisons de biens.
Que leur sentiment soit loin
de moi!
19. Les justes les verront et
ils se réjouiront, et l'innocent se
moquera d'eux.
20. Est-ce que ieur élévation
n'a pas été entierement détruite?
et leurs restes, un feu ne les a-t-
il pas dévorés?
91. Soumets-toi donc à Dieu,
et tu auras la paix; et par là tu
auras des fruits excellents.
29. Recois de sa bouche sa loi,
et mets ses discours dans ton
cœur.
93. Si tu reviens au Tout-
Puissant, tu seras rétabli, et tu
JOB.
[cu. [,זונאצ
éloigneras r'iniquité de ton taber-
nacle.
24. Il te donnera au lieu de
terre, un rocher, et au lieu d'un
rocher, des torrents d'or.
95. Et le Tout-Puissant sera
contre tes ennemis, 65
sera mis en monceaux pour toi.
26. Alors tu abonderas en dé-
lices dans le Tout-Puissant, et
iu élèveras ta face vers Dieu.
27. Tu le prieras, et il t'exau-
cera, et tu acquitteras tes vœux.
98. Tu décideras une chose, et
elle se réalisera pour toi, et sur
tes voies brillera la lumiere.
29. Car celui qui aura été hu-
milié sera dans la gloire; et ce-
lui qui aura baissé les yeux, ce-
lui-là méme sera sauvé,
30. L'innocent sera sauvé, mais
il sera sauvé à cause de la pu-
reté de ses mains.
CHAPITRE XXII.
Job souhaite de pouvoir se présenter au
tribunal de Dieu, ct d'y paraître sou-
tenu par le Médiateur en qui il espère.
Il est touché de confiance, de crainte
et de reconnaissance.
1. Mais, répondant, Job dit :
CHAP. XXII. 19. Ps. avi, 42. — 29. Prov., xxix, 23.
15-16. * Allusion aux impies célèbres des temps antiques, probablement aux géants
qui furent punis par le déluge.
16. Un fleuve; le déluge.
24. * Un rocher. Dans le texte original betser, tranches ou morceaux de métal, soit
ot ou argent, qu'on coupait pour s'en servir dans les achats et les transactions, avant
qu'on eüt inventé la monnaie proprement dite.
1. * VIII discours de Job : Ile réponse à Eliphaz, xxur-xxiv. — Malgré la vivacité
des attaques d'Éliphaz, Job reste maintenant calme. — 191] réitère d'abord son souhait
de se justifier devant Dieu. Ses plaintes sont regardées comme une révolte contre
lui; cependant il lui permettrait, lui, de s'exprimer librement en sa présence. Mais
Job voit bien qu'ii n'obtiendra pas la faveur d’être admis devant lui, xxi, 2-9.
— 2 Quoi qu'il en soit, il est certain d'avoir observé les commandements de Dieu.
Pourquoi donc Dieu le chátie-t-il? Il l'ignore, xin, 10-17. — 3e Mais qui peut comprendre
pourquoi tant d'innocents souffrent dans le monde, xxiv, 1-12, et — 4° pourquoi, au
contraire, les méchants ne sont pas punis comme ils le méritent et vivent heureux
jusqu'à leur mort? xxiv, 13-25.
[cu. xximi.)
2, Maintenant encore mes pa-
roles sont pleines d'amertume,
et la violence de ma plaie s'est
plus aggravée que mes gémisse-
ments.
| 8. Qui m'accordera que je sa-
'che trouver Dieu, et arriver jus-
qu’à son trône?
4. J'exposerai ma cause devant
lui, et je remplirai ma bouche de
récriminations,
5. Afin que je sache les paro-
les qu'il me répondra, et que je
comprenne ce qu'il me dira.
6.Je ne veux pas quil lutte
contre moi avec beaucoup de
force, ni qu'il m'accable par le
poids de sa grandeur.
1. Qu'il mette en avant contre
moi l'équité, et ma cause obtien-
dra la victoire.
8. Si je vais à l'orient, il ne pa-
rait pas; si à l'occident, je ne l'a-
percois point.
9. Si c'est à gauche; que ferai-
je? je ne latteindrai pas; si je
me tourne à droite, je ne le ver-
rai pas.
JOB.
1049
10. Mais pour lui, il connait ma
voie, et il m'a éprouvé comme
l'or qui passe par le feu.
11. Mon pied a suivi ses tra-
ces; jai gardé sa voie, et je ne
m'en suis pas détourné,
12. Je ne me suis pas écarté
des commandements sortis de
ses lèvres, et j'ai caché dans mon
sein les paroles de sa bouche.
13. Car lui est seul Tout-Puis-
sant, et personne ne peut dé-
tourner sa pensée; et tout ce que
son àme a voulu, elle l'a fait.
14. Quand il aura accompli en
moi sa volonté, il aura encore un
grand nembre de moyens sem-
blables à sa disposition.
18. Et c'est pour cela qu'à sa
face je suis troublé, et que, le
considérant, je suis agité par la
crainte.
16. Dieu a amolli mon cœur, el,
le Tout-Puissant m'a épouvanté.
11. Car je n'ai pas péri à cause
des ténèbres qui me pressent, et
une obscurité n'a pas couvert
ma face.
9. D'amertume ; c'est-à-dire de tristesse, de douleur. — La violence; littér. la main,
c'est-à-dire la force, la puissance,
3. Que je suche trouver Dieu; littér. et par hébraisme : Que je sache et que je
lrouve.
4. Je remplirai, etc., pour repousser les fausses accusations dirigées contre moi.
1. L'équité; c'est-à-dire la justice ordinaire qui punit le crime et récompense la
vertu. Compar. xix, 6. — Et ma cause obtiendra; littér. et par hébraisme
cause obtienne.
: Et que ma
8, 9. Ces deux versets sont la réponse à ce qui a été dit au 3* : Qui m'accor-
dera, etc.
9.* À gauche..., à droite. La gauche, c'est le nord; la droite, c'est le sud, parce
que les Orientaux déterminaient les quatre points cardinaux en regardant l'est en
face.
13. Son âme, Nous avons déjà remarqué qu'en hébreu comme en arabe le mot 86
se prend souvent pour personne, individu.
14. Un grand nombre de moyens semblables de m'affliger, sans que rien puisse s'y
opposer.
16. A amolli mon cœur; lui a óté toute sa force.
11. Car je n'ai pas péri, quoique j'aie été éprouvé par beaucoup de maux. Les
ténèbres signifient souvent dans l'Ecriture, les maux, les calamités. — L'obscurité n'a
pas couvert mu face, au point que je ne voie pas tous les malheurs qui m'acablent,
1050
CHAPITRE XXIV.
Job soutient que le crime est souvent im-
puni en ce monde, parce que Dieu en
réserve ordinairement la vengeance
après cette vie.
1. Les temps ne sont pas ca-
chés au Tout-Puissant ; mais ceux
qui le connaissent ignorent ses
jours.
2. Les uns ont transporté des
hornes, ravi des troupeaux, et
Jes ont fait paître.
3. Ils ont chassé l'âne des pu-
pilles, et ils ont enlevé pour gage
le bœuf de la veuve.
4. 115 ont détruit la voie du
pauvre, et ils ont pareillement
opprimé les hommes doux de la
terre;
5. Les autres, comme les ona-
gres dans le désert, sortent pour
leur ouvrage; veillant à leur
proie, ils préparent du pain à
leurs enfants.
6. Ils moissonnent le champ
qui n'est pas à eux ; ils vendan-
gent la vigne de celui qu'ils ont
opprimé par la force.
7. Ils renvoient des hommes
tout nus, enlevant les vêtements
à ceux qui n'ont pas de quoi se
couvrir pendant le froid,
8. Que les pluies des monta-
gnes inondent, et qui n'ayant pas
de vêtement, se réfugient dans
des rochers.
JOB.
[cH. xxiv.]
9. Ils ont usé de violence, pil-
lant des orphelins; et le pauvre
peuple, ils l'ont dépouillé.
10. À ceux qui étaient nus et
qui allaient sans vêtements, et
à ceux qui avaient faim, ils ont
pris des épis.
11. Ils ont fait la méridienne
au milieu des tas de fruits de
ceux qui, après avoir foulé des
pressoirs, avaient soif.
19. Dans les villes, ils ont fait
gémir les hommes, et l’âme des
blessés a crié, et Dieu ne souf-
fre pas que ce mal passe impuni.
18. Ils ont été rebelles à la lu-
mière; ils n'ont pas connu les
voies de Dieu, et ils ne sont pas
revenus par ses sentiers,
14. L'homicide se lève dès le
grand matin, il tue l'indigent et
le pauvre; et pendant la nuit, il
sera comme un voleur.
15. L'eil d'un adultère épie
l'obscurité, disant : Aucun cil ne
me verra ; etilcouvrirason visage.
16. Hl perce des maisons dans
les ténébres, comme ils en étaient
convenus pendant le jour; et ils
n'ont pas connu la lumiere.
17. Si tout d'un coup apparait
l'aurore, ils croient que c’est
l'ombre de la mort; et ainsi dans
les ténebres, ils marchent comme
à la lumiere.
18. Il est plus léger que la
face de l'eau; maudite soit sa
1. Ceux qui le connaissent; ses fidèles serviteurs eux-mêmes ignorent ses jours;
c'est-à-dire les jours où il doit rendre à chacun selon ses œuvres.
2. Transporter les bornes était chez les anciens un trés grand crime. Ils regardaient
les limites comme des choses sacrées etinviolables. — Les ont fait paitre dans leurs
propres pàturages, comme s'ils avaient 616 maîtres des troupeaux.
8. Pour leur ouvrage, qui est de piller et de voler.
11. Si tout. d'un coup, etc. Si l'aurore les surprend au milieu de leurs vols, ils en
sont effrayés, comme on est effrayé naturellement, quand on se trouve subitement
enveloppé d'une obscurité profonde.
18. Il est plus léger, etc. Il est mis pour chacun d'eux. Cette sorte de changement
]68. xxv.]
part sur la terre, et qu'il ne mar-
che point par le chemin des vi-
gnes.
19. Qu'il passe des eaux des
neiges à une excessive chaleur,
et que jusques aux enfers son
péché /e conduise.
90. Que la miséricorde l'oublie;
que les vers soient ses délices;
qu'il ne soit point dans le souve-
nir des hommes; mais qu’il soit
brisé comme un arbre infruc-
tueux.
21. Car il a nourri la femme
stérile, qui n'enfante pas, etil n'a
pas fait de bien à la veuve.
22. ll a abattu des hommes
forts par sa puissance; et lors-
qu'il sera ferme, il ne croira pas
en sa vie.
23. Dieu lui a donné lieu de
faire pénitence, et lui en abuse
pour s'enorgueillir; mais les
yeux de Dieu sont sur ses voies.
24. Ils se sont élevés pour un
Cap. XXIV. 23. Apoc., 11, 21.
JOB.
1051
moment, et ils ne subsisteront
pas; ils seront humiliés comme
toutes choses, puis ils seront em-
portés, et briséscomme des som-
milés d'épis.
95. Que s'il n'en est pas ainsi,
qui peut me convaincre d'avoir
menti, et mettre devant Dieu mes
paroles ?
CHAPITRE XXV.
Baldad soutient que l'homme ne peut,
sans présomption, prétendre se justi-
fier devant Dieu.
1. Or, répondant, Baldad, le
Suhite, dit :
2.La puissance et la terreur
sont en celui qui établit la con-
corde dans ses lieux élevés.
3. Est-ce qu'on peut compter
le nombre de ses soldats? et sur
qui sa lumiere ne se lèvera-t-elle
pas?
4. Est-ce quun homme peut
êlre justifié, étant comparé à
de nombre a lieu trés souvent en hébreu. Ainsi, dés que l'aurore parait, il
plus rapidement que l'eau qui s'écoule;
s'enfuit
ou bien, selon d'autres, si rapidement
quil semble qu'il pourrait marcher sur la surface de l'eau. — Par le chemin des
vignes. Les vignes sont ordinairement plantées dans les lieux d'un bel aspect.
20. * Que la miséricorde l'oublie. Le texte original porte :
l'oublie.
21. Il a nourri, etc. L'hébreu peut signifier :
la version chaldaique. Les Septante ont rendu par:
que le sein qui l'a porté
Il a brisé; sens qui a été donné dans
Il n’a pas fait de bien à la stérile.
22. Il ne croira pas, etc. 11 ne se tiendra pas assuré de sa vie, il craindra conti-
nuellement pour ses jours.
24. Ils se sont. Job reprend le nombre pluriel qu'il avait abandonné depuis le
vers. 18.
25. Mettre, etc., c'est-à-dire les accuser, pour les faire condamner.
1. * III* discours de Baldad, xxv. — Au lieu de répondre à Job, il parle comme s'il
n'avait rien entendu et ajoute seulement au discours d'Éliphaz quelques mots courts
et solennels sur l'incompréhensible majesté de Dieu et le néant de l'homme. Devant
Dieu, les créatures les plus saintes ne sont point pures. Il veut faire entendre par là
₪ Job qu'il ne peut être pur lui-même devant Dieu, 2-6. C'est le dernier mot de ses
amis. Sophar n'intervient plus.
2. Qui élablit; qui entretient eette harmonie et cet ordre admirable qui parait
dans ses lieux élevés, dans les cieux qui lui appartiennent.
3. Ses soldats; c'est-à-dire tous les corps célestes, ou, selon d'autres, les anges.
4, 5. Tout ce quil y a de plus saint, de plus beau dans le ciel, et de plus parfait
sur la terre, n'est qu'imperfection, "ל faiblesse devant Dieu,
1002
Dieu, ou celui qui est né d'une
femme paraitre pur?
5. Voilà que la lune méme ne
brille point et que les étoiles ne
sont pas pures en sa présence;
6. Combien plus es£ impur un
homme qui est pourriture, un fils
de l'homme qui est un ver!
CHAPITRE XXVI.
Job reléve la grandeur et la puissance
de Dieu.
1. Alors, répondant, Job dit :
2. De qui es-tu l'aide? est-ce d'un
homme faible? et soutiens-tu le
bras de celui qui n'est pas fort?
3. À qui as-tu donné conseil?
sans doute à celui qui n'a pas de
sagesse, et tu as montré ta pru-
dence très grande.
4. Qui as-tu voulu enseigner?
n'est-ce pas celui qui a créé le
souffle de /a vie?
5. Voilà que gémissent sous les
eaux les géants et ceux qui ha-
bitent avec eux.
JOB.
(cu. xxvi.]
6. L'enfer est nu devant lui, et
l'abime n'a aucun voile.
7. C'est lui qui étend l'aquilon
sur le vide, et suspend la terre
sur le néant.
8. C'est lui qui lie les eaux dans
ses nuées, afin qu'elles ne tom-
bent pas toutes ensemble en bas.
9. C'est lui qui tient cachée la
face de son tróne, et qui étend
sur lui son nuage.
10. Il a posé des limites autour
des eaux pour les retenir jusqu'à
ce que finissent la lumiere et les
ténèbres.
11. Les colonnes des cieux fré-
missent, et elles tremblent à son
clin d'œil.
19. Par sa puissance, soudain
les mers se sont rassemblées, et
sa prudence a frappé le superbe.
13. Son esprit a orné les cieux,
et, sa main agissant, un serpent
tortueux a été produit.
14. Voilà ce qui a été dit d'une
parüe de ses voies; et si c'est
avec peine que nous avons en-
1. * IXe discours de Job : IIIe réponse 8 Baldad, xxvi. — Job répond brièvement au
dernier discours de Baldad. — 19 Il lui reproche ironiquement l'inutilité de ce qu'il
vient de dire, 2-4, et il lui montre ensuite qu'il peut peindre, aussi bien que lui, la
puissance de Dieu, ce qu'il fait en effet d'une manière supérieure. — 2 Il décrit la puis-
sance divine dans l'enfer (le scheól), 5-7; — 39 dans les airs, 8-10; — 4° dans le ciel
et sur les mers, 11-14.
8. Les géants gémissent sous les eaux; c'est-à-dire dans l'enfer; car c'est sous la
mer que les anciens le plaçaient. Compar. Genèse, vi, 4, vi, 21; Sagesse, xiv, 6;
1 Pierre, ur. Quelques interprètes entendent par géants les monstres marins; mais
cette opinion ne parait nullement fondée.
6. L'abime; littér. la perdition, le lieu de perdition; c'est encore l'enfer sous un
autre nom.
1. * Ces paroles sont des images et ne doivent pas étre prises à la lettre, comme
l'a fait observer saint Thomas.
9. La face; c'est-à-dire le devant. Il tient son tróne inacessible à nos regards.
13. Sa prudence, etc. La Vulgate ne supporte pas d'autre sens. Cependant beaucoup
d'interprétes font de superbum un mot neutre synonyme de superbia, ferocia, qu'ils
appliquent à maria qui précède. Le texte hébreu porte : Dans son intelligence, il a
frappé l'orgueil, et le grec : Par sa science il a renversé le monstre marin.
13. Sa main agissant; littér. obstetricante; c'est-à-dire que sa main a formé un:
serpent tortueux; le dragon, constellation de l'hémisphére boréal.
14. De ses voies; de sa manière d'agir, de ses œuvres. — Un petit mot; littér, une
petite goutte. La parole est souvent comparée dans l'Ecriture à la pluie ou à la rosée,
[cg. xxvi]
tendu un petit mot de sa parole,
qui pourra contempler l'éclat des
tonnerres de sa grandeur?
CHAPITRE XXVII.
Job persiste à soutenir son innocence. Il
expose les malheurs qui menacent l'hy-
pocrite et l'impie.
1. Job, prenant encore de nou-
veau sa parabole, dit :
2. Vive Dieu, qui a écarté mon
jugement, et le Tout-Puissant,
qui a plongé mon àme dans l'a-
mertume!
3. Tant qu'il y aura haleine en
moi, et un souffle de Dieu dans
mes narines,
4. Mes lèvres ne prononceront |
pas d'iniquité, el ma langue ne
JOB.
1053
murmurera pas de mensonge.
9. Loin de moi que je juge que
vous étes justes; jusqu'à ce que
je défaille, je ne me désisterai
pas de mon innocence.
6. Je n'abandonnerai pas ma
justification que j'ai commencé
à faire; car mon cœur ne me re-
proche rien dans toute ma vie.
1. Que mon ennemi soit comme
un impie, et mon adversaire
comme un injuste.
8. Car quel est l'espoir d'un
| hypocrite, s'il ravit par avarice,
| et que Dieu ne délivre point son
| âme?
| 9. Est-ce que Dieu entendra
son cri, lorsque viendra sur lui
| l'angoisse?
9.
Voy. Deulérom. xxxu, 2; Isaie, tv, 10, 11. — De sa parole; c'est-à-dire de la parole
qui le concerne, dite à son sujet. — 1760/00. Ou ce mot est sous-entendu, ou l'anté-
cédent du génitit de sa parole est une goutte (parvam stillam), qui précède ; car il
faut nécessairement au verbe contempler (intueri) un aecusatif pour complément,
Job, ce nous semble, veut dire ici : Je ne vous ai rapporté qu'une bien faible partie
des œuvres de la puissance de Dieu. Si donc vous n'avez entendu qu'avec
peine le peu de paroles que j'ai dites de lui, comment me supporterez-vous, si
je vous fais entendre la voix terrible de son tonnerre, et si je mets sous vos yeux
les merveilles de sa grandeur infinie ?
1. Job, prenant, etc.; littér. et par hébraisme, Job ajouta, reprenant. -- Sa parabole;
c'est-à-dire l'oracle sacré que Dieu lui inspirait; car tei est le sens qu'a ce mot dans
le texte sacré. — * Xe discours de Job, xxvr-xxvri. — Les amis de Job ne lui répondant
plus, il reste comme maitre du champ de bataille. Il en profite pour compléter sa
victoire dans deux discours. Dans ie premier, en pensant à ses amis, dans le
second, en ne songeant plus à eux, il ouvre toute son âme, 11 développe ses idées et
ses croyances. il exprime ses craintes par rapport à son propre sortet fait connaitre
ses vues sur la Providence. Au commencement du premier discours, — 19 il atteste à
ses amis que sa vie tout entière dément leur accusation; il ne peut s'avouer cou-
pable, car il ne l'est pas : s'il le faisait, il trahirait la verité et mériterait ainsi ses
souffrances, xxvir, 2-19, — 2° I] reconnait d'ailleurs que la Providence punit souvent
le pécheur, méme en ce monde, mais cette loi souffre des exceptions, xxvri, 13-23.
— 3° Les voies de Dieu sont cachées; l'homme peut bien sonder les profondeurs de
la terre, xxvn, 4-11; — 4? mais non les profondeurs de Dieu; l'enfer ou 16 scAeól lui-
méme ne le peut, xxvur, 12-22. — 5° Seul, Dieu connait ses propres secrets; à l'homme
d'avoir la crainte de Dieu, xxvrr, 23-28.
2. Vive Dieu! littér. Dieu vit! formule de serment qui équivaut à : Je jure que. —
Qui a écarté mon jugement; qui ne m'a pas permis de justifier mon innocence.
3. Un souffle de Dieu; c'est-à-dire un souffle accordé par Dieu.
7. C'est mon ennemi et mon adversaire qui doivent étre regardés comme impies
et injustes, puisque n'admettant pas que quelquefois Dieu punit les justes pour les
éprouver, et qu'il laisse souvent les pécheurs impunis dans cette vie, ils accusent par
là méme Dieu de ne pas toujours observer les régles de la justice; ce qui est une
yéritable impiété.
105^
10. Ou bien pourra-t-il mettre
ses délices dans le Tout-Puissant,
et invoquer Dieu en tout temps?
11. Je vous enseignerai avec le
secours de Dieu, ce que fait le
Tout-Puissant, et je ne le cache-
rai pas.
19. Mais vous tous, vous le sa-
vez; et pourquoi dites-vous sans
raison des choses vaines?
13. Voici la part d'un homme
impie devant Dieu, et l'héritage
que les violents recevront du
Tout-Puissant.
14. Si ses enfants se multi-
plient, ils appartiendront au
glaive; et ses descendants ne se
rassasieront pas de pain.
15. Ceux qui resteront de lui,
seront ensevelis dans leur ruine,
et ses veuves ne pleureront pas.
16. S'il accumule l'argent com-
me dela poussière, et s'il amasse
des vêtements comme © ferait
de la boue,
11. Il les préparera, il est vrai,
mais un juste s'en revétira; et
son argent, un innocent le parta-
gera.
(παρ. XXVII. 19. Ps. xLvrir, 18.
108.
(cn. kxvur.|
18. Il ἃ bâti, comme les vers,
sa maison, et, comme le gardien,
il s’est fait un abri.
19. Un riche, lorsqu'il s'endor-
mira, n'emportera rien avec lui ;
il ouvrira ses yeux, et il ne trou-
vera rien.
90. L'indigence le surpren-
dra comme l'eau, qui déborde;
pendant la nuit, une tempéte
l'accablera.
91. Un vent brülant le saisira
et lemportera; et comme un
tourbillon l’enlèvera de sa place.
99. Et Dieu enverra sur lui /n-
fortune, et ne l'épargnera pas;
lui fera tous ses efforts pour s'en-
fuir de sa main.
23. Celui qui regardera son
lieu frappera sur lui des mains,
et sifflera sur lui.
CHAPITRE XXVIII.
Job recherche l'origine, le principe
et la source de la sagesse.
1. L'argent a des sources de
ses veines, et il y a pour l'or un
lieu oü il est mis en fusion.
—— ——— — ——
41. Avec le secours; littér. et par hébraisme, par la main, par le moyen. — Ce que
fait le Tout-Puissant; c'est-à-dire la manière d'agir à l'égard des hommes. C'est un des
sens dont le texte hébreu est susceptible, et qui est parfaitement conforme au texte.
14. Ils appartiendront au glaive; ils périront parle glaive.
45. Ils seront ensevelis, etc.; c'est-à-dire selon l'opinion assez commune, qu'ils
mourront privés de la sépulture.
18. Par ces comparaisons Job veut faire ressortir le peu de consistance de la mai-
son de l'impie.
19. * IL ouvrira ses yeux et il ne trouvera rien. Dans l'hébreu : 71 ouvrira ses yeux
et il ne sera plus, c'est-à-dire sa mort sera si prompte qu'elle lui laissera à peine le
temps d'ouvrir les yeux avant qu'il expire.
92. Fera tous ses efforts, etc ; littér. : sS'enfuyant, il s'enfuira; c'est un hébraisme.
23. Frappera des mains; littér. serrera ses mains, c'est-à-dire applaudira. — Son
lieu; le lieu de sa félicité, dont il est déchu. — * EË sifflera sur lui, se moquera de
lui.
4. L'argent a des sources de ses veines daus la terre. --* Les exégétes modernes croient
que Job nous a conservé dans ce chapitre le souvenir des travaux des Egyptiens dans
les miues de la péninsule du Sinaï. D'après eux, l'auteur du livre de Job avait, selon
(ca. xxviu.] JOB. 1055
2. Le fer est tiré de la terre, et 3. Il a posé un temps déterminé
une pierre dissoute par la cha- | aux ténèbres, et 11 considere lui-
leur est changée en airain. méme la fin de toutes choses,
M — — יווצ יוו
toutes les vraisemblances, visité le Sinai comme l'Egypte, et il nous fait ici la descrip-
tion del'exploitation des mines sinaitiques. Le texte original dit dans le premier verset:
«Il y a pour l'argent [une mine] d'où il sort, pour l'or, un lieu où on le purifie. » Diodore
de Sicile décrit ainsi la manière dont les Egyptiens purifiaient l'or : « A l'extrémité
de l'Egypte, sur les confins de l'Arabie et de l'Ethiopie, est une contrée abondante
en mines d'or, d'où l'on retire ce métal à grands frais et par un pénible travail. La
terre, de couleur noire, y est remplie de protubérances et de veines de marbre d'une
blancheur remarquable... C'est dans cette terre que les préposés aux travaux des
mines font recueillir l'or par un grand nombre d'ouvriers... Voici quels sontles pro-
cédés employés pour traiter la mine. On expose à un feu violent la partie la plus
dure de la terre qui contient l'or, on la fait ainsi éclater, et on la travaille ensuite
avecles mains... Les plus robustes sont occupés à fendre avec des masses de fer le
marbre qu'on trouve dans la mine... Comme les travailleurs, au milieu des détours
que forment les galeries, se trouvent dans l'obscurité, ils portent, attachées au front,
des lanternes allumées... Les enfants ramassent... les fragments de pierre détachés
et les portent en plein air, à l'ouverture extérieure dela galerie. D'autres ouvriers...
prennent une certaine mesure de ces fragments et les broient dans des mortiers de
pierre avec des pilons de fer, jusqu'à ce qu ils soient réduits à la grosseur d'une len-
tille. Auprès d'eux sont les femmes et les vieillards, qui reçoivent ces petites pierres,
les jettent sous des meules rangées plusieurs de suite, et deux ou trois d'en're eux,
se placant à la manivelle de chaque meule, la font tourner jusqu'à ce qu'ils aient, par
cette sorte de mouture, converti la mesure de pierres qui leur a été livrée, en une
poussiére aussi fine que la farine... Enfin, des hommes instruits dans l'art de traiter
les métaux s'emparent des pierres réduites au degré de finesse que nous avons in-
diqué, et mettent la derniére main au travail. Ils commencent par étendre sur une
planche large et un peu en pente cette poussiére de marbre, et la remuent ensuite,
en versant de l'eau dessus. La partie terreuse, détrempée par l'eau, coule le long de
la planche inclinée, et l'or plus pesant y reste. Ils répètent plusieurs fois cette opéra-
tion, d'abord en frottant légèrement la matière entre les mains; puis, en la pressant
mollement avec des éponges très fines, ils enlévent peu à peu la terre inutile, jusqu'à
ce que la paillette d'or demeure seule et pure sur la planche. D'autres recoivent une
certaine mesure de ces paillettes qui leur sont livrées au poids, et les jettent dansdes
vases d'argile cuite, en les mélangeant avec un lingot de plomb, d'un poids propor-
tionné à la quantité de paillettes que contient le vase, quelques grains de sel, une
trés petite quantité d'étain, et du son de farine d'orge. Aprés quoi ils ferment ces
vases d'un couvercle parfaitement ajusté, enduit avec soin d'argile délayée, et les
rangent dans un four oü ils les font chauffer, pendant cinq jours et cinq nuits, sans dis-
continuation. Ils les retirent ensuite du feu, les laissent refroidir, et n'y trouvent
plus, aprés les avoir ouverts, que l'or devenu parfaitement pur et qui a trés peu
perdu de son poids : toutes les autres matières ont disparu. »
2. * Dans l'original : « Le fer est extrait de la poussière [de la terre], et la pierre
fondue [donne] l'airain. » Cette description s'applique à l'extraction du cuivre, non à
celle de l'or, de l'argent ou du fer. Les Egyptiens exploitaient le cuivre dans les
mines du Sinai. lls en extrayaient aussi la turquoise ou la malachite qui est un
cuivre carbonaté vert.
3. Il a posé, etc. Les uns donnent pour sujet à ce verbe Dieu, sous-eutendu, les
autres le mot Lomme, qui se trouve exprimé au vers. 13; ce que l'ensemble du récit
semble insinuer. — Pierre peut siguifier ici gravier métallifére. — L'ombre est gram-
maticalement complément du verbe i/ considére; mais on le traduit généralement
comme si ce mot était régime de cachée dans. — * Dans l'original: « [L'homme] met
une fin aux ténèbres, jusqu'aux plus plus grandes profondeurs il explore la pierre
[cachée dans] l'obscurité et dans l'ombre de la mort. » L'homme pénétre dans les
sombres profondeurs de la terre pour en extraire le minerai et il y triomphe des
ténèbres
1056
aussi bien qu'une pierre cachée
dans l'obscurité, et que l'ombre
de la mort.
4. Un torrent sépare d'un peu-
ple étranger ceux que le pied de
l'homme indigent a oubliés, et
qui sont inaccessibles.
ὃ, Une terre d’où naissait du
pain, a été bouleversée en son
lieu par le feu.
6. Ses pierres sont le lieu du
saphir, et ses glèbes sont de l'or.
L'oiseau en a ignoré le sen- .ד
lier, et l’œil d'un vautour ne l'a
pas regardé.
8. Les fils des marchands ne
l'ont pas foulé, et la lionne ne l'a
pas traversé.
9. Hl a étendu sa main contre
des rochers, il a renversé des
montagnes jusqu'à leurs racines.
10. Il ἃ creusé des ruisseaux
dans les pierres, et son œil a
XXVIII. 15. Sag., vit, 9. .א
JOB.
]68. xvvur.]
vu tout ce qu'il y a de précieux.
11. Il a scruté aussi les profon-
deurs des fleuves, et il a produit
à la lumière des choses cachées.
12. Mais la sagesse, oü se trou-
ve-t-elle? Et quel est le lieu de
l'intelligence?
13. L'homme n'en connait pas
le prix, el elle ne se trouve pas
dans la terre de ceux qui vivent
dans les délices.
14. L'abime dit: Elle n'est pas
en moi; la mer dit aussi : Elle
n'est pas avec moi.
15. On ne la donnera pas pour
l'or le plus affiné, et on ne l'é-
changera pas contre de l'argent
au poids.
16. On nela comparera point
aux tissus colorés de l'Inde, ni à
la sardoine la plus précieuse ou
au saphir.
17. On ne lui égalera point l'or
4. Tous les interprétes conviennent que ce verset présente de grandes difficultés,
tant dans l'hébreu et les Septante que dans la Vulgate. On ne peut donc avoir que
de simples conjectures sur le sens. — Un peuple étranger ; c'est-à-dire éloigné et chez
lequel se trouvent des mines d'or et d'argent. — Ceux que le pied, etc. Comme les
mineurs sont éloignés, l'homme indigent ne saurait faire les dépenses nécessaires
pour arriver jusqu'à eux; d'autant plus qu'il n'y a pas de chemin frayé qui y con-
duise. — * Hébreu : « ll creuse un puits [de mine], loin des voyageurs, {là, sont les
ouvriers], oubliés sous les pieds [des passants]; suspendus [à des cordes], loin [du
regard] des hommes, ils se balancent. »
5. Pain se prend souvent dans l'Ecriture pour nourriture, aliment en général. Le
sens du verset est donc : Une terre auparavant cultivée et fertile, depuis que les
mineurs l'ont découverte, a été bouleversée à l'intérieurà cause des fourneaux qu'il
afallu y établir, pour faire fondre les métaux. — * Hébreu : « Et la terre, d'ou sort
le pain, [l'homme] bouleverse ses entrailles comme le feu. »
6. * Hébreu : « Ses pierres recèlent le lapis-lazuli, [elles contiennent] des paillettes
d'or. »
1-8. * Hébreu : > Le sentier [qui y conduit], l'oiseau de proie ne le connait pas,
l'eil du vautour ne l'a point vu; les animaux féroces ne l'ont point foulé, le lion
rugissant n'y a pas marché. »
9-11. * Hébreu : « [L'homme] a porté sa main sur le granit, il ébranle les mon-
tagnes [jusque dans leur racine]; il creuse des canaux dans le roc, alors son œil voit
tout ce qui est précieux; il ferme [les fissures des rochers pour empêcher) les eaux
de filtrer, et il produit à la lumière [du jour) ce qui était caché. »
16. * Aux tissus colorés de l'Inde; en hébreu : à l’or d'Ophir.
11. Comme à l'époque reculée à laquelle vivait Job, le verre était trés rare, il a pu
le compter parmi les choses les plus précieuses.
(cu. sxix.]
ou le verre, et on neléchangera
point contre des vases d'or.
18. Ce qu'il y a de plus grand
et de plus élevé ne sera pas
méme nommé aupres d'elle, mais
la sagesse a une origine secrete.
19. On ne lui égalera pas la to-
paze de l'Ethiopie, et on ne la
comparera pas aux teintures les
plus éclatantes.
90. D'ou vient donc la sagesse,
et quel estlelieu de l'intelligence?
21. Elle est cachée aux yeux de
tous les vivants, elle estinconnue
aux oiseaux mêmes du ciel.
22. La perdition et la mort ont
dit: Nous avons oui son nom de
nos oreilles.
93. C'est Dieu qui comprend sa
voie, et c'est lui qui connait son
lieu.
24. Car c’est lui qui observe les
extrémités du monde, et qui con-
sidère tout ce qui est sous le ciel.
JOB.
1057
25. C'est lui qui a fait un poids
aux vents, et qui a pesé les eaux
avec une mesure.
26. Quand ilimposait aux pluies
une 101, et une voix aux tempêtes
tonnantes,
27. C'est alors qu'il l’a vue,
quil l'a proclamée, et qu'il l'a
scrutée.
28. Et il a dit à l'homme
Voici; la crainte du Seigneur,
c'est la sagesse, et s'éloigner du
mal, l'intelligence.
CHAPITRE XXIX
Job fait la description de son premier
état.
1. Job prenant encore de nou-
veau sa parabole, dit :
2. Qui m'accordera que je sois
comme dans les anciens mois,
comme aux jours dans lesquels
Dieu me gardait ;
18. La sagesse, etc. Selon l'hébreu :
coraux rouges, ou que des perles.
La possession de la sagesse est plus que les
25. Qui a fait un poids, etc., c'est-à-dire qui a pesé les vents et mesuré les eaux,
de maniére à les contenir les uns et les autres dans de certaines limites.
4. 108 prenant encore, etc. Voy. xxvir, 1. — * XIe discours de Job, xxix-xxxi. — En
décrivant d'une maniére si éloquente l'impénétrabilité de la sagesse divine, Job a
montré à ses amis combien il était téméraire de leur part de vouloir assigner les
raisons pour lesquelles Dieu le faisait souffrir. Comme ils ne lui répondent rien, Job
commence un long discours, divisé en trois parties : — I. il décrit sa félicité passée, qu'il
ne peut se rappeler sans douleur dans son état présent ; — IL. il décrit ensuite ses dou-
leurs actuelles; — 111. enfin il dit combien elles sont pour lui inexplicables, parce qu'il
n'a pas conscience de les avoir méritées par ses péchés. Ce discours est moins une
continuation de la discussion qu'une récapitulation méthodique et complète de ce qu'il
avait avancé déjà: — 15 qu'il n'a point mérité son malheur et — 2» qu'il en ignore la
cause. — 1r* partie : Félicité passée, xxix. — 1° Souvenirs mélancoliques du
bonheur, des honneurs et de la considération dont il a autrefois joui, 2-11. —- 29 [a
considération dont il jouissait était méritée par son zéle à défendre les droits de
l'opprimé; c'est pourquoi il croyait pouvoir compter sur la stabilité de son bonheur,
12-20. — 3° Il inspirait à tous confiance, et cette confiance était fondée sur la peine
qu'il prenait pour l'intérêt du prochain, 11-25.
2. Job, voyant que ses amis ne répondaient pas à ses raisons, continue à parler
dans ce chapitre et les deux suivants. C'est ici un discours nouveau, mais qui tend
au méme but que les précédents. ll] y fait d'abord son apologie en réponse aux
reproches injustes que lui avait faits Eliphaz (xxir, 5, 6, 7 et suiv.). Il termine par
une peinture de ses maux, et soutient qu'ils ne sont pas la punition de ses crimes
passés (xxiX-XXxI).
A. T. 07
1058 |
3. Quand sa lampe 101881] sur
ma 1616, et qu'à sa lumière je
marchais dans les ténèbres;
4. Comme je fus aux jours de
ma jeunesse, quand en secret
Dieu était dans mon tabernacle;
5. Quand le Tout-Puissant était
avec moi, et qu'autour de moi
étaient mes serviteurs;
6. Quand je lavais mes pieds
dans le beurre, et qu’une pierre
répandait pour moi des ruis-
seaux d'huile;
1. Quand je m'avancais vers la
porte de la ville, et que sur la
place publique on me préparait
un siége?
8. Les jeunes hommes me
voyaient, et se retiraient à l'é-
cart; et les vieillards, se levant,
se tenaient debout.
9. Les princes cessaient de
parler, et mettaient un doigt sur
leur bouche.
10. Les grands retenaient leur
voix, et leur langue s'attachait à
leur palais.
11. L'oreille qui m'entendait me
proclamait bienheureux, et l'oeil
qui me voyait me rendait témoi-
gnage;
12. Parce que j'avais délivré le
pauvre qui criait, et l'orphelin qui
n'avait pas de soutien.
13. La bénédiction de celui
qui allait périr venait sur moi,
JOB.
[cu. xxix.]
et je consolais le cœur de la
veuve.
14. Je me suis revétu de la jus-
tice, etl'équité de mes jugements
m'a servi comme de vétement et
de diadème.
15. J'ai été un œil pour l'aveu-
gle, et un pied pour le boiteux.
16. J'étais le père des pauvres;
et l'affaire que je ne connaissais
pas, je l’étudiais avec le plus
grand soin.
17. Je brisais les mâchoires de
l'injuste, etj'arrachais la proie de
ses dents.
18. Et je disais : C'est dans mon
petit nid quejemourrai, etcomme
le palmier, je multiplierai mes
jours.
19. Ma racine s'étend le long
des eaux, et la rosée se reposera
sur ma moisson.
20. Ma gloire se renouvellera
tous les jours et mon arc se for-
tifiera dans ma main.
91. Ceux qui m'écoutaient at-
tendaient mon sentiment, et, at-
tentifs, ils se tenaient en silence
pour recevoir mon avis.
22. [ls n'osaient rien ajouter à
mes paroles, et mon discours cou-
lait sur eux goutte à goutte.
93. Ils me souhaitaient comme
l'eau du ciel, et ils ouvraient leur
bouche, comme /« terre s'ouvre
à la pluie de l'arriere-saison.
3. Sa lampe, etc. Dans un grand nombre de passages de la Bible,
la lumiére
marque la prospérité, et les ténèbres l'adversité.
6. Je lavais mes pieds, etc. Ces expressions hyperboliques indiquent une grande
abondance. — * Le beurre est ordinairement à l'état liquide en Orient.
14. L'équité de mes jugements. La Vulgate dit simplement mon jugement; mais le
terme hébreu signifie aussi quelquefois jugement équitable. Or le contexte exige
qu'on lui donne ici ce sens.
18. * Comme le palmier. En hébreu : comme le sable. Quelques modernes traduisent
à tort : comme le phénix.
23. Dans ces contrées orientales, il ne pieut guère qu'en deux saisons de l'année,
au printemps et en automne. Comme les pluies de l'automne succédent aux grandes
feu. xxx.]
24. 51 quelquefois je leur sou-
riais, ils ne le croyaient pas, etla
lumière de mon visage ne tom-
bait pas à terre.
95. Si je voulais aller parmi
eux, j'avais la première place; et
lorsque j'étais assis comme un
roi entouré de son armée, j'étais
cependant le consolateur des af-
fligés.
CHAPITRE XXX.
Job décrit l'état où il est tombé.
1. Mais maintenant je suis tour-
né en ridicule par des Aomunes
plus jeunes que moi, dont «utre-
fois je n'aurais pas daigné mettre
les pères avec les chiens de mon
troupeau;
job.
1059
2. Dont je comptais pour rien ia
force de la main, et qui me parais-
saient méme indignes de la vie;
3. Qui desséchés parla détresse
et la faim, rongeaient dans un
désert ce qu'ils pouvaient y trou-
ver, défigurés par le malheur et
la misere ;
4. Qui mangeaient des herbes et
des écorces d'arbres, et dont la
racine des genévriers était la
nourriture;
9. Qui allaient les enlever dans
les vallées, et qui, en ayant trouvé
quelqu'une, y accouraient en
criant ;
6. Qui habitaient dans des dé-
serts auprès des torrents, dans
les cavernes de la terre, ou sur le
gravier;
chaleurs de l'été, et lorsque la terre était toute desséchée, et comme altérée, les
auteurs sacrés empruntent de là des images, pour marquer une grande avidité, un
ardent désir.
24. La lumière de mon visage; c'est-à-dire un regard gracieux de ma part. — Ne
tombait pas à terre; n'était pas négligé, était au contraire très bien accueilli.
1. * II* partie du XIe discours de Job : Malheurs présents, xxx. — Ils sont décrits en
trois tableaux qui commencent tous par 16 mot maintenant.— 19 Maintenant les hommes
les plus méprisables s'élèvent contre lui, 1-8; — 29 maintenant il est pour eux un objet
de moquerie; ils l'attaquent de toutes leurs forces, 9-15; — 3e maintenant il a cepen-
dant assez à souffrir, sans cette peine de surcroit, dela part de ses propres maux et
de la part de Dieu, 16-23. — 40 Combien moins ses amis devraient-ils se tourner contre
lui, puisque sa félicité passée s'est changée en une douleur si cruelle! 24-31.
2. Dont je complais pour rien, etc.; la force de leur bras m'était entièrement inu-
tile; je n'avais nullement besoin de leur secours.
3. Ce qu'ils pouvaient y trouver. Ces mots ou autres semblables sont sous-entendus ;
à moins qu'on ne considère comme complément du verbe actif rongeaient (rodebant),
les mots herbes (herbas) et écorces d'arbres (arborum cortices); genre de construction
qui n'est pas rare dans la Vulgate.
4. * Des herbes, en hébreu, malouakh, kali des Arabes, espèce d'arroche, d'une
saveur salée, dont les pauvres mangent les bourgeons et les feuilles jeunes. Quelques
philosophes pythagoriciens s'en nourrissaient aussi, au rapport d'Athénée. — La ra-
cine des genévriers. Le mot original, róthem, a été rendu par genévrier dans les an-
ciennes versions, mais on s'accorde généralement aujourd'hui à le traduire par
genét. L'abondance du genét dans une partie du désert du Sinai fit donner son nom,
Iithmah, à un des campements des Israélites dans 18 péninsule, Nombres, xxxur, 18.
La racine de cette plante est trés amère.
6. * Dans les cavernes. 1[ est question ici d'une espèce de Troglodytes ou d'un
peuple semblable à celui que mentionnent la Genése, xiv, 6, et le Deutéronome, τι, 12,
les Chorréens ou Horrhéens. Ces derniers étaient les habitants aborigènes du mont
Séir. probablement les alliés des Emim et des Réphaim. Ils en furent chassés par les
enfants d'Esaü, On voit encore par centaines leurs habitations, taillées dans le gres,
4060
7. Qui au milieu de choses sem-
blables se livraient à la joie, et
mellaient leurs délices à être
sous des ronces.
ὃ. Fils de peres insensés et vils,
et qui ne paraissent nullement
sur la terre.
9. Maintenant je suis devenu
le sujet de leurs chansons, et
je suis passé parmi eux en pro-
verbe.
10. 115 m'ont en horreur, et
ils fuient loin de moi, et ils n'ont
pas honte de cracher sur ma
face.
11. Car Dieu a ouvert son car-
quois, et il m'a abattu, et il a mis
un frein à ma bouche.
408.
(cii. xxx.1
19. A ma droite, quand j'ai
commencé à paraitre, mes maux
se sont soudain élevés; ils ont
renversé mes pieds, et m'ont
foulé dans leurs sentiers comme
sous des flots.
13. Ils ont détruit mes chemins,
ils m'ont dressé des piéges et ils
ont prévalu, et il n'y a eu per-
sonne qui me portàât secours.
14. Comme par la brèche d'un
mur et par une porte ouverte ils
ont fondu sur moi, et ils ont ac-
couru pour m'accabler dans ma
misere.
15. J'ai été réduit au néant;
comme le vent, vous avez em-
porté l'objet de mes désirs, et
dans les montagnes d'Edom et surtout à Pétra. Les Troglodytes dont parle Job
habitaient le Haurau, dont le nom signifie peut-être « terre des cavernes, » parce que
les cavernes y abondent. Elles sont encore aujourd'hui en partie habitées. M. Drake
en a fait la description suivante, qui nous fait connaître en même temps la vie mi-
sérable des Troglodytes, semblable à celle des contemporains de Job. « Ils habitent
les antiques cavernes, en commun avec leurs vaches, les brebis et les boues. L'entrée
est généralement un passage taillé daus le roc, d'environ un mètre de large, ouvert
au-dessus, et descendant soit par un plan incliné, soit par de petites marches à la
porte de la caverne, qui est d'un peu plus d'un mètre sur 0,15 centim. Les parois
de la caverne sont rarement polies. Elle est de forme circulaire ou ovale et ἃ rarement
deux mètres de hauteur. Le milieu est occupé par le bétail; la partie réservée pour
la portion humaine des habitants est marquée et délimitée par une ligne de pierres.
On porte chaque matin le fumier au dehors... Lorsqu'une pluie abondante améne
dans la caverne quelques centimètres d'eau, cette eau, jointe à l'humidité des murs,
aux moustiques, à la vermine, à la mauvaise odeur qu'exhalent hommes et bétes,
fait de cette habitation la plus affreuse des étables. Et cependant les hommes indo-
lents, bien constitués, qui possèdent cette écurie, sont trop paresseux pour se cons-
truire une hutte. Ils préfèrent demeurer dans ces cavernes que leur ont léguées
leurs ancétres et ils errent sur les collines avec leurs troupeaux, ou bien enveloppés
dans leurs haillons, ils sommeillent dans quelque coin abrité, sans autre désir que
de remplir leur estomac d'herbes sauvages qu'ils mangent crues. Ces herbes sau-
vages, du pain de millet et le lait diversement préparé forment leur nourriture ordi-
naire. »
1. * Sous des ronces. Hébreu : Jes ronces, ou plutôt les orties leur servent de couche.
8. Qui ne paraissent, etc.; c'est-à-dire qui n'osent point paraitre, se montrer dans
leur patrie, parmi leurs concitoyens. — * Hébreu : race insensée, gens sans aveu, ils
sont le rebut de la terre. La région que décrit Job a été de tout temps habitée par
des pillards, vivant en partie de brigandage. La population actuelle de la Trachonitide
orientale, qui porte aujourd'hui le nom arabe fort significatif de Ledjah, c'est-à-dire
refuge, parce que c'est la en effet que se réfugient comme dans un repaire inacces-
sible les aventuriers et les bandits, rappelle particulièrement ce trait de la descrip-
tion de Job.
41. * JL m'a mis un frein à lu bouche. Les bas-reliefs assyriens représentent des
homines à qui l'on a mis réellement un frein à la bouche.
12. * Ils ont renversé mes pieds, clfct de la maladie de Job.
[cu. xxx.]
comme un nuage, ἃ passé mon
bonheur.
16. Aussi maintenant mon àme
se flétrit en moi-méme, et des
jours d'affliction ont pris posses-
sion de moi.
11. Pendant la nuit mes os sont
transpercés de douleurs; et ceux
qui me dévorent ne dorment pas.
18. Leur multitude consume
mon vétement, et ils m'ont cou-
vert comme d'un capuchon de tu-
nique.
19. Je suis devenu comme la
boue, et je suis semblable à la
braise et à la cendre.
90. Je crie vers vous, et vous
ne m'exaucez pas; je me tiens de-
vant vous, et vous ne me regar-
dez pas.
91. Vous étes changé et devenu
cruel envers moi; et c'est avec la
dureté de votre main que vous me
combattez.
29. Vous m'avez élevé, et me
JOB.
1061
posant comme sur le vent, vous
m'avez brisé entierement.
23. Je sais que vous me livrerez
à la mort, où est marquée la mai-
son de tous les vivants.
24. Cependantce n'est pas pour
leur ruine que vous étendez votre
main ; car s'ils tombent, vous les
sauvez.
25. Je pleurais autrefois sur
celui qui était affligé, et mon âme
était compatissante pour le pau-
vre.
96. F'attendais des biens, et il
m'est venu des maux ; j'espérais
lalumiere, et des ténebres se sont
répandues autour de moi.
27. Un feu ardent n'a cessé de
brüler dans mes entrailles; des
jours d'affliction m'ont prévenu.
28. Je marchais triste, sans fu-
reur; me levant, je poussais des
cris au milieu de la foule.
29. J'ai été frere des dragons et
compagnon des autruches.
17. Ceux qui, etc., peut s'entendre de ses ennemis, ou mieux peut-être, des vers
qui le rongeaient.
18. Comme d'un capuchon de tunique. C'est le sens qui nous a paru le mieux con-
corder avec : ils m'ont couvert, liltér. entouré (succinterunt). Ainsi cette phrase
signifie, comme le remarque Ménochius, que les vers qui rampaient au-dessus du
cou de Job formaient comme un capuchon qui entourait et couvrait sa téte.
19. *Je suis devenu comme la boue. Détails pathologiques, exprimés métaphorique-
ment, sur l'éléphantiasis dont souffre Job. Dans cette maladie, la peau se colore
d'abord fortement en rouge; elle devient ensuite noire et écailleuse et a l'apparence
d'une croûte terreuse et sale. 5
22. Me posant comme sur le vent, etc. Me tenant comme suspendu en l'air, c'est-à-
dire après m'avoir élevé, vous m'avez laissé tomber, etc.
23-24. Tous les hommes vont à la mort; mais vous ne voulez point leur perte en-
tiére; vous les conservez dans cette vie. S'ils font quelques faux pas, vous les relevez.
Voilà, Seigneur, la conduite que vous tenez envers le commun des hommes; mais
pour moi, il semble que vous vouliez en tenir une autre.
21. N'a cessé de brüler; c'est le vrai sens de l'hébreu, qui porte à la lettre : Elles
(mes entrailles) ont brülé et n'ont point cessé. C'est aussi celui de la Vulgate, car l'ex-
pression aósque ulla requie, qu'on traduit par sans aucun repos, et qui signifie sans
aucune interruption, sans jamais cesser, se rapporte à entrailles, et non point à Job.
29. * J'ai été frère des dragons (en hébreu : des chacals) et compagnon des autruches,
c'est-à-dire jeleur suis devenu semblable par les cris que m'arrache la douleur. Le
glapissement du chacal fatigue tous ceux qui l'entendent, et le cri strident de l'au-
truche a quelque chose de plaintif et de lugubre qui remplit d'effroi. « Lorsque les
autruches, raconte un voyageur, se préparent à la course ou au combat, elles font
1002
30. Ma peau est devenue noire
sur moi, et mes os se sont dessé-
chés dans une ardeur brülante.
31. Ma harpe s'est changée en
plainte lugubre, et mon orgue en
voix de pleureurs.
CHAPITRE XXXI.
Job se justifie devant ses amis en leur
exposant le détail de la conduite qu'il a
tenue dans le temps de sa prospérité.
1. J'ai fait un pacte avec mes
yeux pour ne pas méme penser
àune vierge.
2. Car autrement quelle part
d'en haut aurait Dieu pour moi,
el quel héritage des cieux, le
Tout-Puissant?
3. Est-ce que la ruine n'est pas
pour le méchant, et l'aliénation
des héritages pour ceux qui ope-
rent l'injustice ?
4. Dieu ne considère-t-il pas
mes voies, et tous mes pas, ne
les compte-t-il point?
9. Si j'ai marché dans 18 vanité;
JOB.
[cu. xxxr.]
si mon pied s'est háté dans la
11180 ;
6. Que Dieu me pèse dans une
balance juste, et qu'il connaisse
ma simplicité.
7. Que si mon pas s'est détour-
né de la voie, et si mon cœur a
suivi mes yeux, et si à mes mains
s'est attachée quelque souillure ;
8. Que je sème et qu'un autre
mange, et que ma race soit arra-
chée jusqu'à la racine.
9. Si mon cœur a été séduit au
sujet d'une femme, et si à la porte
de mon ami j'ai dressé des em-
büches ;
10. Que ma femme soit la pros-
tituée d'un autre, et que d'autres
la déshonorent.
11. Car l'adullere est un crime
énorme, et une iniquité tres
grande.
12. C'est un feu qui dévore jus-
qu'à la perdition, et qui extirpe
toutes les productions.
13. Si j'ai dédaigné d'aller en
sortir de leur grand cou tendu et de leur long bec béant un bruit sauvage, terrible,
semblable à un sifflement. Dansle silence de la nuit, elles poussent des gémissements
plaintifs et horribles qui ressemblent parfois de loin au rugissement du lion, mais
plus souvent au beuglement enroué du taureau. Je les ai entendues souvent gémir,
comme si elles étaient en proie aux plus affreuses tortures. » (SHAW.)
31. Orgue. Voy. pour le sens de ce mot Job, xxr, 12.
1. * Ille partie du XIe discours de Job : Conscience de son innocence, אאא — Du
moins sa conscience est-elle pour lui. — 19 1[ ne s'est jamais abandonné à ses passions,
1-12; — 2° il ne s'est jamais servi de sa force pour traiter injustement les faibles,
13-23; — 3° il n'a jamais été arrogaut, comme on le lui a reproché, ni envers Dieu ni
envers les hommes, 24-40.
6. Ma simplicité; c'est-à-dire ma droiture, mon innocence.
7. La voie droite, juste.
11. L'adultére; littér. Cela (hoc), ce dont Job vient de parler. Or c'est l'aduliere
quil a désigné dans les deux versets précédents.
12. Jusqu'à la perdilion. Le terme hébreu abaddón, signifie aussi 76 lieu de perdi-
Lion, l'enfer. Compar. Job, xxvi, 6. — L'adultére est effectivement une vraie flamme
qui dévore et les richesses, et la réputation, et les qualités les plus excellentes du
corps et de l'àme. L'adultére extirpe encore toutes les productions, c'est-à-dire toute
la race ou les enfants légitimes.
13. Ici commence une suite de phrases conditionnelles entrecoupées de paren-
thèses que nous avons cru devoir marquer du signe ordiuaire, comme on l’a fait
dans le latin, au vers. 18, pour faciliter l'intelligence du texte. C'est au vers. 22 que
se trouve la conclusion de ces phrases. — Si j'ai dédaigné, etc. Les esclaves régu-
[cu. ΧΧΧΙ.ἢ
jugement avec mon serviteur et
ma servante, lorsqu'ils dispu-
taient contre moi.
14. (Car que ferai-je, lorsque.
Dieu se lèvera pour me juger?
et lorsqu'il m'interrogera, que lui
répondrai-je ?
15. N'est-ce pas celui qui m'a
fait dans le sein de ma mére, qui
la fait lui aussi, et le méme qui
m'a formé en elle?)
16. Si j'ai refusé aux pauvres
ce qu'ils voulaient, et si j'ai fait
attendre les yeux de la veuve;
11. Si jai mangé seul ma bou-
chée de pain, et sile pupille n'en
a pas mangé aussi :
(Car des mon enfance la
compassion a עס avec moi, et
du sein de ma mere elle est sor-
tie avec mol.)
19. Si j'ai détourné mes yeux
de celui qui mourait, parce qu'il
n'avait pas de quoi se couvrir,
et du pauvre qui était sans véte-
ment;
20. Si ses flancs ne m'ont pas
béni, et s'il n'a pas été réchauffé
par les toisons de mes brebis:
91. Si j'ai levé ma main contre
un orphelin, méme lorsque je me
voyais supérieur à la porte de /a
ville :
JOB.
1063
29. Que mon épaule tombe sé-
parée de sa jointure, et que mon
bras avec {ous mes os soit entie-
rement brisé :
98. Car j'ai toujours craint Dieu
comme des flots soulevés au-des-
sus de moi, et je n'ai pu supporter
le poids de sa majesté.
24. Si jai pris l'or pour ma
force, et si j'ai dit àl'or affiné:
Tu es ma confiance :
25. Si je me suis livré à l'allé-
gresse à cause de mes abondantes
richesses, et parce que ma main
a trouvé des biens en tres grand
nombre;
26. Si j'ai vu le soleil, lorsqu'il
brillait de son vif éclat, et la lune
marchant dans son clair,
97. Et si mon cœur s'est livré
à la joie en secret, et si j'ai baisé
ma main de ma bouche ;
98. Ce qui est une iniquité très
grande, et nier 16 Dieu très haut :
29. Si je me suis réjoui de la
ruine de celui qui me haïssait, et
si j'ai bondi de joie de ce que le
malheur l'avait atteint :
30. (Car je n'ai pas permis à ma
bouche de pécher en cherchant à
maudire son àme.)
31. Si les hommes de ma tente
n'ont pas dit : Qui 2ows donnera
liérement n'avaient pas d'action contre leur maitre, en public devant les juges; le
maitre avait sur eux un droit absolu; mais en particulier, les esclaves: pouvaient se
plaindre; et il était de l'équité de leur maitre d'écouter leurs humbles remontrances
et de leur faire justice.
21. A la porte de la ville; c'était là qu'étaient placés les tribunaux et que se tenaient
les assemblées du peuple. |
23. Ce verset et les suivants sont encore des phrases conditionnelles entremélées
de parenthéses, dont le sens est suspendu, jusqu au:vers. 35, qui leur sert de con-
clusion.
21. Les peuples anciens qui ו les astres, étendaient ordinairement la main
vers eux et la portaient ensuite à leur bouche pour la baiser.
31: Qui nous donnera... 06 sa chair? Les- uns l'entendent de la chair de feniemi
86:10 , les autres de la propre chair de Job, ou supposant que ses serviteurs étant
très mécontents de lui, parce qu'il rendait leur service trop pénible et trop fatigant
en pratiquant l'hospitalité, envers, tout. 16 monde et eu tenant.dans sa. maison une
1064
de nous rassasier de sa chair?
39. (L'étranger en effet n'est
pas resté dehors; ma porte a £ou-
jours été ouverte au voyageur.)
33. Si comme homme, j'ai tenu
mon péché secret, et si j'ai caché
dans mon sein mon iniquité ;
34. Si jai été saisi d'effroi à
cause de la grande multitude, et
si lemépris de mes reproches m'a
épouvanté, etsi je ne me suis pas
plutót tenu dans le silence, sans
sortir de ma porte :
35. Qui me donnera quelqu'un
qui m'entende, afin que le Tout-
Puissant écoute mon désir, et que
celui qui juge, écrive lui-méme
un livre,
36. Afin que sur mon épaule je
porte ce livre, et que je le mette
comme une couronne autour de
ma téte?
JOB.
[cu. xxxm.]
97. À chacun de mes pas j'en
prononcerai les paroles, et je le
présenterai comme à un prince.
38. Si la terre qui m'appartient
crie contre moi, et que ses sillons
pleurent avec elle ;
39. Si j'ai mangé ses fruits sans
argent, et si j'ai affligé l'àme de
ses cultivateurs :
40. Qu'au lieu de blé il me naisse
des ronces, et au lieu d'orge, des
épines.
Les paroles de Job sont fiuies.
CHAPITRE XXXIT.
Eliu accuse ses amis de manquer de sa-
gesse, et reléve sa propre suffisance.
1. Alorsces trois hommes ces-
serent de répondre à Job, parce
qu'il se croyait toujours juste.
9. Mais Eliu, fils de Barachel,
discipline trop sévère, exprimaient ainsi leur mécontentement, ou ne voyant dans
ces mots que l'expression d'un sentiment si tendre et d'un si vif attachement pour
leur maitre, qu'ils auraient, pour ainsi dire, souhaité de le manger; expression ana-
logue à dévorer des yeux, manger de caresses, etc. Quoi qu'il en soit de ces diverses
interprétations, Job a voulu dire que, lorsqu'il était excité à la vengeance méme par
les gens de sa maison, il n'a pas cédé à ce sentiment.
33. Comme homme, est le texte méme de la Vulgate : Quas; homo. Ou prend géné-
ralement le mot homme pour un nom collectif, et on traduit : Comme le font ordi-
nairement les hommes. L'hébreu pouvant signifier Comme Adam, le chaldéen ayant
traduit ainsi, plusieurs habiles interprètes, soit catholiques, soit protestants, ont
adopté ce sens, qui parait d'ailleurs parfaitement conforme au contexte. :
35-36. Un livre, contenant sa sentence. — Celui qui juge; le juge par excellence,
le juge supréme, Dieu. Aprés avoir exposé son innocence, Job demande à son sou-
verain juge qu'il daigne prononcer et écrire sa sentence, parce que, loin de craindre
qu'elle ne lui soit défavorable, il la portera au contraire comme un trophée et s'en
parera comme d'un ornement précieux.
36. Sur mon épaule. Chez les Hébreux, comme chez plusieurs autres peuples de
l'antiquité, les princes et les grands portaient sur leurs épaules les marques de leur
dignité. Voy. Isaie, 1x, 6; xxr, 22.
31. Comme à un prince; comme un présent digne d'un prince; selon d'autres;
comme à mon prince; ce qui est s'écarter du texte. L'hébreu porte littér. Comme un
prince je le présenlerai ; ce que l'on explique ainsi : Je donnerai ce livre à lire à qui
voudra, avec la méme assurance, la méme hardiesse qu'un prince qui présente les
titres de sa qualité, qui prononce une sentence ou qui donne ses ordres.
39. Sans argent, sans les payer.
40. Les paroles de Job sont finies; c'est-à-dire ses paroles à ses amis; il ne leur
parle plus, en effet, dans la suite, il répond seulement à Dieu, qui intervient pour
terminer le différend.
2. * ]Ie partie : Intervention d'Eliu, xxxi-xxxvit. — La conclusion de Job, c'est
[cu. xxxir.]
le Buzite, de la famille de Ram,
s'irrita et s'indigna; or il s'irrita
contre Job, de ce qu'il disait qu'il
était juste devant Dieu.
3. Puis il s'indigna contre ses
amis, de ce qu'ils n'avaient pas
trouvé de réponse raisonnable
contre Job, mais que seulement
ils l'avaient condamné.
4. Ainsi Eliu attendit tant que
Job parla, parce que ceux qui
parlerent étaient plus âgés que
lui.
5. Mais lorsqu'il eut vu que les
trois n'avaient pu répondre, il fut
vivement irrité.
JOB.
1065
6. Répondant donc, Eliu, fils de
Barachel, 16 Buzite, dit : Je suis le
plus jeune, et vous, vous étes
plus âgés, c'est pourquoi, la tête
baissée, je n'ai pas osé manifes-
ter mon sentiment.
7. Car j'espérais qu'un âge aussi
avancé parlerait, et qu'une mul-
titude d'années enseignerait la
sagesse.
8. Mais, comme je le vois, l'Es-
prit est dans les hommes et l'ins-
piration du Tout-Puissant donne
l'intelligence.
9. Ce ne sont pas ceux qui ont
vécu longtemps qui sont sages,
qu'étant innocent il ne sait pas pourquoi Dieu l'afflige. Éliu intervient et veut lui
apprendre la raison de ses souffrances. C'est un jeune homme, issu probablement
d'une branche collatérale de la famille d'Abrabam, xxxi, 2, 6; cf. Genèse, xxir, 21. ll ἃ
écouté en silence, comme il convenait à sa jeunesse, mais non saus indignation, des
hommes plus âgés que lui, xxxir, 6-7, qui lui paraissent avoir avancé beaucoup d'er-
reurs. Poussé par une inspiration divine, il s'adresse maintenant aux deux partis.
lls se sont tous trompés, puisqu'ils n'ont vu ni les uns ni les autres un des princi-
paux buts de la souffrance : c'est que Dieu parle à l'homme par la voix de la dou-
leur et lui enseigne toutes les vertus. Tont en faisant ressortir ce caractère médicinal,
préventif et didactique de la souffrance, Eliu redresse accessoirement ce qui lui a
paru faux à un degré quelconque dans les paroles de Job et de ses amis. Ses dis-
cours sont au nombre de quatre. Les Péres les ont sévérement jugés. Eliu est en
effet présomptueux et avide de faire étalage de sa science, mais il n'en fait pas
moins ressortir une vérité nouvelle, qui n'avait pas encore été présentée, celle de
l'utilité de la souffrance pour purifier l'homme et l'instruire; ce qui montre que le
juste lui-mème peut être affligé. 11 prépare ainsi la manifestation de Dieu, en faisant
cesser les plaintes de Job; Dieu n'a plus, en paraissant, qu'à faire confesser à Job
qu'il a eu tort de se plaindre.
6. * Ier discours d'Eliu : L'homme n'est point sans tache aux yeux de Dieu, xxxir-
xxx. — Après l'introduction historique, en prose, xxxir, 1-6*, dans laquelle sont
mentionnées l'indignation de Job contre ses amis, 1-3, et les raisons qu'a eues Éliu
de se taire d'abord et de parler maintenant, — 1» Eliu commence en disant qu'il a
laissé parler les amis plus âgés de Job, dans l'espérance qu'ils le réfuteraient, mais
puisqu'il s'est trompé, il prend la parole, xxxir, 65 - 14. — 20 Quand ils ont eu fini leurs
discours, il s'est tu quelque temps encore; l'esprit le pousse maintenant à exposer
sans partialité ce qu'il pense, xxxn, 15-22. — 3» Que Job l'écoute, car il sera sincère et
clair; Job n'a pas d'ailleurs à craindre devant lui comme devant Dieu, puisqu'il est
son semblable, וזצאא 1-7. — 49 Quand il a fini ce long exorde, il entre dans le cœur
de son sujet. Job s'est déclaré innocent à l'encontre de Dieu, mais il est faux que Dieu
ne manifeste pas à l'homme sa volonté, il la lui manifeste de plusieurs maniéres,
d'abord par des visions de nuit, xxxmr, 8-18; — 55 ensuite par la souffrance et par la
maladie, qui est un des langages de Dieu. Ces coups ne doivent point décourager
l'homme, mais plutôt, au moyen de l'intercession des saints, lui faire reconnaitre
ses péchés, xxxu1, 19-30. — 6» Péroraison : Job peut continuer à l'écouter tranquille-
ment ou lui répondre, xxxii, 31-33.
1. Qu'un âge aussi avancé... qu'une multitude d'années, est dit par métonymie,
pour des hommes d'un dge aussi avancé ;... des hommes qui ont une mullitude d'années,
1066
et ce ne sont pas les vieillards qui
comprennent la justice.
10. C'est pourquoi je parlerai :
Ecoutez-moi, je vous montrerai,
moi aussi, ma sagesse.
11. Car jai attendu vos dis-
cours ; j'ai écouté pour voir quelle
élait votre prudence, tant que
vous avez fait assaut de discours.
12. Et tant que je pensais que
vous diriez quelque chose, j'étais
attentif; mais, comme je le vois,
il n'y a personne de vous qui
puisse convaincre Job et répondre
à ses discours.
13. N'allez pas dire : Nousavons
trouvé la sagesse; Dieu l'a rejeté
et non un homme.
14. Il ne m'a rien dit, et pour
moi, ce ne sera pas selon vos dis-
cours que je lui répondrai.
15. Ils ont été épouvantés, ils
n'ont plus répondu, ils se sont
Ôté à eux-mêmes la parole.
16. Puisque donc j'ai attendu,
et qu'ils n'ont point parlé; qu'ils
se sontarrétés, et qu'ils n'ont plus
répondu,
17. Je parlerai moi aussi pour
ma part, et je montrerai ma
science.
18. Car je suis plein de discours,
et une force me presse au dedans
de moi.
JOB.
[cH. xxx111.]
19. Voilà que mon estomac est
comme un vin nouveau qui, sans
air, rompt les outres neuves.
20. Je parlerai et je respirerai
un peu; j'ouvrirai mes lèvres.
21. Je ne ferai acception de
personne, et je n'égalerai pas
Dieu à un homme.
22. Car je ne sais combien de
temps je subsisterai, et si dans
peu mon Créateur ne m'enlevera
point.
CHAPITRE XXXIII.
Eliu accuse Job de s'étre élevé contre
Dieu, et d'abuser des différentes voies
dont Dieu se sert pour reprendre les
hommes.
1. Ecoute donc, Job, mes pa-
roles, et sois attentif à tous mes
discours.
2. Voilà que j'ai ouvert ma
bouche, que ma langue parle
dans ma gorge.
3. C'est d'un cœur simple que
sortiront mes discours, et c'est
un sentiment pur que mes lèvres
exprimeront.
4. L'Esprit de Dieu m'a fait, le
souffle du Tout-Puissant m'a don-
né la vie.
5. Si tu peux, réponds-moi, et
tiens ferme en ma présence.
6. Vois, Dieu m'a fait comme
13. N’allez pas dire, etc. 1[ ne suffit pas de dire que Dieu lui-même l'a rejeté, que
ce qu'il souffre est une preuve plus manifeste de son péché, que tout ce que nous
pourrions dire; il faut le convaincre, et venger la justice de Dieu offensée par ses
discours insolents. 3
19. Sans air; littér. sans soupirail, expression qui se rapporte en réalité à outres
neuves, mais que par une métonymie trés familiére aux écrivains sacrés le texte
rapporte à vin nouveau.
2. Que ma langue parle dans ma gorge. Les Hébreux, dans les récits, exprimaient
souvent l'action matérielle et physique. C'est ainsi qu'on lit dans le Ier livre des Rois
(x, 9) : Lorsqu'il eut détourné son épaule, pour s'en aller. Ces sorles d'expressions
sont de vrais archaismes, qui n'ont pas été compris par tous les hébraisants, mais
que nous avons dü conserver dans notre Traduction, sans nous inquiéter des sar-
casmes de quelques Voltairiens iguorants.
[cu. xxxu.)
il t'a fait, et cest de la méme
boue que j'ai été formé.
7. Cependant, que ce qu'il y a
de merveilleux en moi ne t'épou-
vante point, et que mon élo-
quence ne soit pas accablante
pour toi.
8. Tu as donc dit à mes oreilles,
et j'ai entendu la voix de tes pa-
roles :
9. Je suis pur et sans péché ;
sans tache, et il n'y a point d'ini-
quité en moi.
10. C'est parce que Dieu a trou-
vé des sujets de plaintes contre
moi, qu'il a pensé que j'étais son
ennemi.
11. IL ἃ mis mes pieds dans les
chaines, et il a gardé toutes mes
voies.
19. C'est donc en cela que tu
n'as pas été justifié; car je 16 ré-
pondrai que Dieu est plus grand
que l'homme.
13. Disputes-tu contre lui, parce
qu'il ne t'a pas répondu sur toutes
tes paroles ?
14. Dieu ne parle qu'une fois, et
il ne répète pas ce qu'il a dit.
15. Pendant un songe, dans une
vision nocturne, quand un pro-
fond sommeil s'empare des hom-
mesetqu'ils dorment dansleur lit:
16. C'est alors qu'il ouvre les
oreilles des hommes, et que, les
instruisant, il leur enseigne la
science,
17. Pour détourner ainsi un
JOB.
1067
homme des choses qu'il fait, et
le délivrer de l'orgueil ;
18. Retirant son âme de la cor-
ruption, et empêchant que sa vie
ne tombe sous le glaive.
19. Il le châtie encore par la
douleur dans son lit, et il fait
sécher tous ses os.
20. Durant sa vie, le pain lui de-
vient un objet d'aversion, ainsi
que 76 devient pour son âme une
nourriture auparavant très re-
cherchée.
21. Toute sa chair se consu-
mera, et ses os, qui étaient cou-
verts, seront mis à nu.
92. Son àme a été proche de la
corruption, et sa vie de tout ce
qui pouvait lui donner la mort.
93. Si un ange, un d'entre mille,
parle pour lui, et qu'il annonce
l’équité de cet homme,
94. Dieu aura compassion de
lui, et il dira : Délivre-le, afin
qu'il ne descende pas dans la cor-
ruption ; j'ai trouvé ce en quoi je
peux lui étre propice.
95. Sa chair est consumée par
les supplices; qu'il retourne aux
jours de sa jeunesse.
26. Il priera Dieu, et Dieu se
laissera apaiser en sa faveur; il
verra sa face avec jubilation, et
il rendra à cet homme sa jus-
lice.
Il regardera les hommes et .דפ
il dira : J'ai péché, je me suis vrai-
ment rendu coupable, et je n'ai
9. Je suis pur, etc. Job soutenait son innocence contre les calomnies de ses amis;
mais il ne prétendait pas être absolument pur de toute faute aux yeux de Dieu; car
il dit le contraire en plusieurs endroits, notamment vir, 20, 21; 1x, 2, 3; xiu, 23, 26;
XIV, 10. 41.
11. Les chaines; littér. le nerf, mot qui signifie proprement des liens faits avec
des nerfs, mais qui s'applique aussi aux cordes, aux chaines, aux menottes et aux
colliers qu'on mettait aux criminels. Voy. 11 Paral., xvi, 10.
20. Durant sa vie de malade; dans l'état où il est.
1008
pas recu Ie chátiment dont j'étais
digne.
28. Il a délivré son âme, afin
qu'elle n'allát pas à la mort, mais
que, vivant, elle vit la lumiere.
29. Remarque bien, Dieu fait
trois fois ces choses en chaque
homme,
30. Afin de rappeler leurs âmes
de la corruption, et de les illumi-
ner de la lumiere des vivants.
31. Préte attention, Job, écoute-
moi; garde le silence, pendant
que je parle.
32. Mais si tu as quelque chose
à dire, réponds-moi; car je veux
que tu paraisses juste.
39. Que si tu n'as rien, écoute-
moi; garde le silence, et je t'en-
seignerai la sagesse.
CHAPITRE XXXIV.
Eliu accuse Job de blasphéme. Il relève
la justice infinie de Dieu, sa puissance
et ses lumières.
1. C'est pourquoi continuant
son discours, Eliu dit encore ceci:
Car. XXXIV. 3. Supra, xir, 11.
JOB.
[cu. xxxiv.]
2. Sages, écoutez mes paroles,
el vous, savants, prétez-moi at-
tention ;
3. Car l'oreille discerne les pa-
roles comme le palais juge des
mets par le goüt.
4. Formons-nous un jugement,
el voyons entre nous ce quil y a
de mieux.
9. Job a dit : Je suis juste, et
Dieu détruit mon bon droit.
6. Car dans le jugement porté
contre moi, il y a fausseté : une
fleche ardente m'a percé sans
quil y ait en moi aucun pé-
ché.
7. Quel est l'homme comme est
Job, qui boit la dérision comme
l'eau ;
8. Qui marche avec ceux qui
operent liniquité, et chemine
avec les hommes impies ?
9. Car il a dit : L'homme ne
plaira pas à Dieu, quand méme
il aurait couru avec lui.
10. C'est pourquoi, hommes
sensés, écoutez-moi : Loin de
1. * Ie discours d'Éliu : Apologie de la justice divine, xxxiv. — Job ne lui répond
rien. Eliu a consacré en partie son premier discours à montrer que Dieu n'est pas
injuste envers l'homme; il consacre le second tout entier à développer cette idée et
à établir que Dieu gouverne le monde avec équité. — 191] prie les assistants de l'écouter
et de prononcer. Job accuse Dieu de ne point le traiter avec justice, 2-9: — 29 mais
comment Dieu pourrait-il étre injuste, puisqu'il crée et gouverne le moude librement,
10-18? — 30 la justice de Dieu envers ses créatures éclate de toutes parts : sa toute-
puissance et sa science infinie lui permettent de juger avec pleine justice, 19-28. —
49 Comment pourrait-on calomnier les voies de Dieu, puisqu'il se propose comme
but le bien des hommes? On doit plutót s'humilier devant lui, et c'est parce que Job
ne le fait pas qu'il mérite le châtiment divin, 29-37.
4. Formons-nous, etc.; c'est-à-dire disculons, examinons ensemble, en commun,
toute cette dispute, et voyons ce qui s'y trouve de plus vrai, de plus juste. .
5. Mon bon droit; littér. Mon jugement. Le mot jugement (judicium) dela Vulgate,
comme le terme hébreu dont il est la traduction, signifie aussi juste jugement,
cause jusle, justice, etc. Job veut donc dire ici que Dieu, en l'affligeant, fait que sa
juste cause parait injuste.
6. * Une flèche ardente, la maladie qui l'a blessé et couvert de plaies, comme s'il
avait été frappé par une fléche qui produit des douleurs cuisantes.
9. Il aurait couru avec lui, dans ses voies; hébraisme, pour, se conformer à ses
désirs, ne faire que sa volonté.
fon. χχχιν.
Dieu l'impiété, et 702% du Tout-
Puissant l'iniquité!
11. Car il rendra à l'homme
selon ses œuvres, et il traitera
chacun selon ses voies.
12. Certainement Dieu ne con-
damnera pas sans sujet, et le
Tout-Puissant ne détruira pas le
bon droit.
13. Quel autre que lui 1
constitué sur la terre? ou qui a-
t-il établi sur l'univers, qu'il a
formé?
14. S'il dirigeait vers lui son
cœur, il attirerait à soi son es-
prit etson souffle.
15. Toute chair périrait en
méme temps, et l'homme retour-
nerait en cendre.
16. Si donc tu as l'intelligence,
écoute ce que l'on dit, et sois at-
tentif à mes paroles.
11. Est-ce que celui qui n'aime
pas la justice, peut étre guéri? et
comment toi condamnes-tu si
hautement celui qui est juste?
18. Celui qui dit à un roi
Apostat; qui appelle les grands
impies;
19. Qui ne fait point acception
de la personne des princes, qui
n'a pas connu un tyran, lorsqu'il
disputait contre un pauvre, parce
que tous les hommes sont l'ou-
vrage de ses mains.
JOB.
1069
20. Ils mourront tout à coup,
et au milieu de la nuit les peu-
ples se troubleront, ils passeront
et le violent sera emporté sans
la main de l'homme.
21. Car les yeux de Dieu sont
sur les voies des hommes, et il
considère tous leurs pas.
22. Il n'y a pas de ténèbres, et
il n'y a pas d'ombre de mort, oü
puissent se cacher ceux qui
opèrent l'iniquité.
23. Car il n'est plus au pouvoir
de l'homme de venir devant Dieu
en jugement.
24. Il en brisera une multitude
innombrable, et il en établira
d'autres à leur place.
25. Car il connait leurs œuvres,
et c'est pourquoi il fera venir la
nuit, et ils seront brisés.
26. Il les a frappés comme im-
pies, dans un lieu oü on les
voyait.
27. Eux qui, de propos déli-
béré, se sont retirés de lui, et
n'ont pas voulu comprendre iou-
tes ses voies;
28. En sorte qu'ils ont fait par-
venir jusqu'à lui le cri de l'indi-
gent, et qu'il a entendu la voix
des pauvres.
29. Car, lui accordant la paix,
qui est celui qui condamnera?
et s'il cache son visage aux na-
19. Deutér., x, 17; II Par., xix, 1; Sag., vr, 8; Eccli., xxxv, 15; Actes, x, 34; Rom.,
,ד 11; Gal., rz, 6: Ephés., vr, 9; Col., ur, 25; 1 Pierre, 1, 11.
12. Le bon droit. Voy. vers. 5.
11. Celui qui est juste par excellence, Dieu.
18. Apostat; ellipse, pour : Tu es un apostat. -- * Le mot traduit par aposlat est
en hébreu Béliat, homme de rien, homme sans valeur, inutile.
20. Sans la main de l’homme; sans que la main d'un homme le frappe, parce que
Dieu lui-même l'enléve par la maladie, etc.
27. Toutes ses voies. C'est ainsi qu'on traduit généralement; selon nous, il serait
plus exact de dire :
Nulle, aucune de ses voies; parce que, comme nous en avous déjà
fait la remarque, le mot /out en hébreu, étant joint à une négation, signifie nu/,
aucun.
1070
tions et à tous les hommes, qui |
est-ce qui pourra le contem-
pler?
30. C'est lui qui fait régner un
homme hypocrite, à cause des
péchés du peuple.
31. Puis donc que j'ai parlé à
Dieu, je ne t'empécherai pas de
parler aussi.
32. Si j'ai erré, instruis-moi;
si j'ai parlé iniquité, je n'ajoute-
rai plus rien.
33. N'est-ce pas à toi que Dieu
demande compte de cette ini-
quité qui t'a déplu? car c'est toi
qui as commencé à parler, et non
pas moi; si tu sais quelque chose
de meilleur, parle.
34. Que des hommes intelli-
gents me parlent,et qu'unhomme
sage m'écoute.
35. Pour Job,il a parlé folle-
ment, et ses paroles n'annoncent
pas la science.
80. Mon pere, que Job soit
éprouvé jusqu'à la fin; ne cessez
JOB.
(cu. xxxv.]
point de frapper un homme d'i-
niquité.
37. Parce qu'il ajoute à ses pé-
chés le blasphème, qu'il soit,
malgré cela, pressé par nos rai-
sons; et qu'alors il appelle Dieu
en jugement par ses discours.
CHAPITRE XXXV.
Eliu continue de calomnier Job. Il sou-
tient que c'est pour l'avantage même
des hommes que Dieu est attentif à ré-
compenser le bien et à punir le mal. 1]
exhorte Job à prévenir la sévérité de la
justice de Dieu.
1. Ainsi Eliu dit encore ceci :
2. Est-ce qu'il te semble que ta
pensée était équitable, quand tu
as dit: Je suis plus juste que Dieu?
3. Car tu as dit: Ce qui est
juste ne vous plait pas: ou quel
avantage relirez-vous, sije peche?
4. C'est pourquoi je répondrai
à tes discours et à tes amis avec
toi.
5. Regarde en haut le ciel, et
31. J'ai parlé à Dieu; c'est ainsi que porte la Vulgate, et le texte hébreu; ma'8
comme la particule hébraïque, traduite dans le Vulgate par ad ou à, signifie quel-
quefois de, au sujet de, surtout quand elle est jointe aux verbes parler, dire, la plu-
part des traducteurs lui ont donné ce dernier sens. Dans son discours, en effet,
Eliu a parlé de Dieu, dont il a entrepris la défense contre les prétendus blasphèmes
de Job, mais sans s'adresser directement à lui.
33. N'est-ce pas à toi, etc.; selon d'autres : Est-ce à toi, etc.; mais ce qui suit immé-
diatement : Car c'est toi qui as commencé, etc., s'oppose évidemment, selon nous, à
celte dernière interprétation.
36. Mon père, c'est-à-dire, mon Dieu, selon la version chaldaïque et plusieurs inter-
prètes. Sanchez pense qu'Eliu appelle ainsi Eliphaz à cause de son grand âge et du
respect dont il était environné. Cette explication semble mieux s’accorder avec ce
qui suit.
31. Ses, omis dans la Vulgate, est exprimé dans l'hébreu.
1. * Ille discours d'Éliu : réfutation de la seconde affirmation de Job sur l'inutilité
de la confiance en Dieu, xxxv. — ll développe dans ce discours l'idée qu'il avait déjà
exprimée contre Job, xxxiv, 9, et il affirme que, parla piété ou l'impiété, l'homme
se rend utile ou nuisible à lui-même. — 4° Quand Job dit que la piété est inutile à
l'homme, eroit-il par là que l'homme puisse donner ou enlever quelque chose à Dieu,
2-8? — 2» Ceux-là se plaignent en vain qui négligent, par présomption, de recourir
à Dieu; que Job prenne garde de leur devenir semblable, 9-16!
2. Je suis plus jusle que Dieu. Job n'avait pas proféré un pareil blasphéme ; mais il
avait soutenu son innocence en des termes si forts, qu'il semblait en quelques en-
droits accuser Dieu d'injustice à son égard.
re
(cu. xxxvi.]
vois: et contemple combien la
région de l'air est plus haute que
toi.
6. Si tu pèches, en quoi lui
nuiras-tu? et si tes iniquités se
multiplient, que feras-tu en cela
contre lui?
1. Mais si tu as agi justement,
que lui donneras-tu, ou que rece-
vra-t-il de ta main?
8. C'està un homme semblable
| ₪ toi que nuira ton impiété, et
c'est au fils d'un homme que ta
justice servira.
9. A cause de la multitude des
calomniateurs, ils crieront; et ils
se lamenteront à cause de la vio-
lence du bras des tyrans.
10. Et aucun d'eux n'a dit : Où
est Dieu, qui m'a fait, qui inspire
des cantiques pendant la nuit,
11. Qui nous doune plus d'ins-
truction qu'aux bétes dela terre,
el plus d'intelligence qu'aux oi-
seaux du ciel?
joB.
1071
12. Alors ils crieront, et il ne
les exaucera pas, à cause de l'or-
gueil des méchants.
13. Ge n’est donc pas en vain
que Dieu écoutera leurs cris ; et 6
Tout-Puissant considérera avec
attention la cause de chacun.
14. Mème lorsque tu as dit : Il
ne considère point; juge-toi toi-
même en sa présence, et attends-
le:
15. Car ce n’est pas maintenant
qu'il exerce sa fureur, et qu'il tire
une grande vengeance du crime.
16. C'est done en vain que Job
ouvre sa bouche, et que, sans
science, il multiplie des paroles.
CHAPITRE XXXVI.
Eliu continue à défendre l'équité des ju-
gements de Dieu. Il exhorte Job à pro-
fiter des peines dont Dieu l'a châtié, et
reléve la puissanee du Seigneur
1. Continuant de nouveau, Eliu
dit ceci :
6. Lui représente Dieu, qui est exprimé au vers. 2.
8. Fils d'un homme; expression poétique, synonyme du mot homme.
9. Calomnialeurs. Ce mot et calomnie siguifient souvent dans la Vulgate, oppres-
seurs injusles, injuste oppression. — Ils crieront ; c'est-à-dire les méchants opprimés
par d'autres méchants erieront, mais ils ne seront pas exaucés, parce qu'ils ne crie-
ront pas à Dieu, comme il est dit au vers. 2.
10. Aucun d'eux, est sous-entendu ; c'est le sujet du verbe sing. a dit (dixit). Dans
les récits de cette nature, les écrivains sacrés mettent trés souvent le verbe au sing.
en sous-entendant chacun ou nul, aucun, suivant que la phrase est aífirmative ou
négative.
14. Même lorsque, etc. Il y a dans ce verset une ellipse qui le rend tout à fait
inintelligible. Or en insérant entre : // ne considére point et juge-toi toi-méme, ces
mots : Ta pensée était-elle équitable? mots qu'on lit au vers. 2, dans une phrase
semblable, on a un sens parfaitement clair et suivi.
15. Maintenant ; c'est-à-dire dans ce monde.
1. * IVe discours d'Éliu : Dieu afflige l'homme pour le garder du péché et l'exciter
au repentir, xxxvi-xxxvir. — Dans son dernier discours, Eliu expose encore plus
complétement les motifs pour lesquels Dieu permet que le juste soit affligé : c'est
pour le tenir en garde contre le péché, ou, s'il a péché, pour l'exciter au repentir.
— 19 Son exorde annonce des raisons décisives en faveur de sa thése, xxxvr, 2-4. —
29 Dieu est tout-puissant, mais il ne dédaigne personne, et c'est ce qu'il montre en
éprouvant ceux qu'il aime, xxxvi, 5-12. — 39 C'est pour le plus grand bien de Job
que Dieu l'afflige; il doit done veiller à ne pas perdre par sa faute la bénédiction
que Dieu veut répandre sur lui, xxxvi, 13-22. — 4» L'homme doit louer humblement
ce maitre incomparable qui manifeste sa puissance et sa sagesse par ses œuvres mer-
1073
2. Ecoute-moi un peu, et je te
convaincrai ; ear j'ai encore à par-
ler en faveur de Dieu.
3. Je reprendrai mes preuves
dés le commencement, et je te
montrerai que mon créateur est
juste.
4. Vraiment, en effet, mes dis-
cours sont exempts de mensonge,
et ma parfaite science te sera
prouvée.
9. Dieunerejette pointles puis-
sants, puisqu'il estlui-méme puis-
sant.
6. Mais il ne sauve point les
impies, et il fait justice aux pau-
vres.
7. Il ne détournera pas ses
yeux du juste; et il place des rois
sur le trône pour toujours, et ces
rois sont ainsi élevés.
8. Et s'ils sont dans les chaînes,
et 5115 se trouvent resserrés par
les liens de là pauvreté,
9. Il leur montrera leurs œu-
vres et leurs crimes, parce qu'ils
ont été violents.
10. Il découvrira leur oreille
pour les reprendre ; et il parlera,
afin qu'ilsreviennent del'iniquité.
41. S'ils écoutent et obéissent,
JOB.
(cu. xxxvi.]
ils accompliront leurs jours dans
le bonheur et leurs années dans
la gloire.
12. Mais s'ils n'écoutent point,
ils passeront par le glaive, et ils
périront dans /eu folie.
13. Les dissimulés et les astu-
cieux provoquent la colere de
Dieu, et ils ne crieront point,
lorsqu'ils seront enchainés.
14. Leur âme mourra dans la
tempéte, et leur vie parmiles ef-
féminés.
15. Dieu tirera le pauvre de son
angoisse, et il découvrira son
oreille dans la tribulation.
16. Il te sauvera donc d'un
abime étroit et qui n'a pas de
fondement sous lui, et £e mettra
très au large; et la table où tu
prends du repos sera pleine de
viandes grasses.
11. Ta cause a été jugée comme
celle d'un impie; tu recevras se-
lon la cause et le jugement.
18. Que la colere donc ne te
surmonte point en sorte que tu
opprimes quelqu'un; et que la
multitude des dons ne t'incline
point vers l'injustice.
19. Abaisse ta grandeur sans
veilleuses et par les phénomènes atmosphériques, xxxvr, 23-33. — 5» Eliu décrit en
détail l'orage, sa magnilicence et ses suites, xxxvir, 1-43. — 60 En face de pareils
spectacles, {ob peut bien reconnaitre sa faiblesse et son ignorance, comme Eliu
reconuait la sienne, xxxvir, 14-24. C'est la conclusion naturelle des discours d'Eliu et
la préparation de l'apparition de Dieu qui se manifeste maintenant au sein d'une de
ces tempétes que l'orateur vient de décrire.
2. Ecoute-moi; littér. souffre-moi, supporte-moi.
10. 11 découvrira leur oreille; c'est-à-dire il ouvrira. Compar. ch. xxxurz, 16. Le mot
découvrir est aussi dans le texte hébreu; il signifie proprement, écarter les cheveux
ou toute autre chose qui couvre les oreilles.
14. Leur dme. On a dü déjà remarquer que les Hébreux, comme les Arabes,
prennent souvent l'âme pour la personne, l'individu. — Dans la tempéte d'une mort
- subite et violente.
15. Il découvrira, etc. Compar. le vers. 10.
16. La table... sera pleine de viandes grasses; littér. et par Aypallage, figure gram-
maticale très familière aux écrivains sacrés : Le repas de ta table sera plein, etc.
11. Tu recevras, etc. Comme ta cause est trés mauvaise, le jugement que tu subi-
ras, sera proportionné à cette cause; il sera trés mauvais pour toi, trés défavorable,
(eu. xxxvir.]
que la tribulauon £y oblige;
abaisse aussi les forts et les puis-
sants.
90. N'allonge point la nuit, afin
que les peuples, au lieu d'eux,
puissent monter jusqu'à toi.
91. Prends garde de ne point te
porter à l'iniquité; car tu as com-
mencé à la suivre, après la misere
qui t'a atteint.
29. Vois donc! Dieu est élevé
dans sa puissance, et nul ne lui est
semblable parmi les législateurs.
23. Qui pourrascruter ses voies?
ou qui peut lui dire : Vous avez
commis une iniquité?
94. Souviens-toi que tu ignores
son œuvre, que les hommes ont
chantée.
95. Tous les hommes le voient,
chacun le considere de loin.
96. Vois donc! Dieu est grand,
il surpasse notre science, et le
nombre de ses années est incal-
culable.
97. C'est lui qui enlève les
gouttes de la pluie, et répand
JOB. 1075
les ondées comme des torrents
98. Qui fondent des nues, les-
quelles voilent toutes les régions
d'en haut.
29. S'il veut étendre les nuées
comme sa tente,
30. Et lancer d'en haut des
éclairs par sa lumiere, il couvrira
les extrémités méme de la mer.
31. Car c'est par ces moyens
quil juge les peuples, et qu'il
donne la nourriture à un grand
nombre de mortels.
39. Dans ses mains il cache la
lumiere, et il lui ordonne de pa-
raitre de nouveau.
33. llannonceà celui qu'il aime,
qu'elle est son partage, et qu'il
peut monter jusqu'à elle.
CHAPITRE XXXVII.
Eliu continue de décrire les effets de la
puissance et de la sagesse de Dieu.
V. Cest pour cela que mon cœur
a été saisi d'effroi, et qu'il est
sorti de sa place.
90. N'allonge point, etc. Ne prolonge pas le temps de ton sommeil; léve-toi au con-
traire de bon matin, afin que les tribus de pasteurs puissent se présenter devant toi
pour que tu leur rendes la justice, au lieu de ces dominateurs insolents (vers. 19)
dont tu aimes à t'environner.
94. Son œuvre; c'est-à-dire l’œuvre de la création, ou bieu ses ouvrages en général,
en supposant que l'opus de la Vulgate soit un nom collectif. — Que les hommes ont
chantée. Les anciens ne conservaient guère la mémoire des grands événements que
par des cantiques composés exprès,
95. Tous les hommes le voient dans ses œuvres. — Chacun le considère de loin, et
par conséquent d'une manière imparfaite, confuse et avec une certaine obscurité.
Compar. 1 Corinth., xu, 12.
29. S'il veut étendre les nuées pour s'en servir comme d'une lente. On supposait que
Dieu habitait dans une tente ou pavillon composé de nuées qui l'environnaient de
toutes parts et en dérobaient la vue aux hommes.
1. C'est pour cela; cest à cause des merveilles dont je viens de parler, et surtout
du tonnerre dont les effets sont si terribles et dont la cause est si inconnue. —
*« Dans le xxxvi? chapitre,... on sent que les accidents météorologiques qui se
produisent dans la région des nuages, les vapeurs qui se condensent ou se dissipent,
suivant la direction des vents, les jeux bizarres de la lumiére, la formation de la
gréle et du tonnerre, avaient été observés avant d'étre décrits. Plusieurs questions
aussi sont posées, que la physique moderne peut ramener sans doute à des formules
plus scientifiques, mais pour lesquelles elle n'a pas trouvé encore de solution sa*is-
d Vh GS
1074
9. Ecoutez tres attentivement
sa voix terrible, et les sons qui
sortent de sa bouche.
3. Lui-méme porte ses regards
au-dessous de tous les cieux, et
sa lumiere se répand sur les con-
fins de la terre.
4. Aprés lui un bruit éclatera
comme un rugissement ; il ton-
nera par la voix de sa grandeur,
etlorsqu'on aura entendu sa voix,
on ne pourra la comprendre.
9. Dieu tonnera merveilleuse-
ment par sa voix, lui qui fait
des choses grandes et impéné-
trables;
6. Qui ordonne de descendre
Sur la terre à la neige et aux
pluies de l'hiver, et à ses fortes
ondées;
JOB.
]68. xxxvir.]
". Qui met un sceau sur la
main de tous les hommes, afin
qu'ils reconnaissent chacun leurs
œuvres.
&. La bête entrera dans sa ta-
nière, et elle demeurera dans son
antre.
9. Des lieux intérieurs sortira
la tempête, et d'Arcturus le froid.
10. Au souffle de Dieu, la glace
se durcit, et de nouveau les eaux
les plus abondantes se répan-
dent.
11. Le blé désire les nuées, et
les nuées répandentleurlumière.
12. Elles parcourent tous les
lieux où les conduit la volonté de
celui qui les gouverne, et selon
ce qu'il leur a ordonné sur la face
du globe de la terre,
faisante. On tient généralement le livre de Job pour l’œuvre la plus achevée de la
poésie hébraïque. 11 y a autant de charme pittoresque dans la peinture de chaque phé-
nomène que d'art dans la composition didactique de l'ensemble. Chez tous les peuples
qui possèdent une traduction du livre de Job, ces tableaux de la nature orientale ont
produit une impression profonde :« Le Seigneur marche sur les sommets de la mer,
» sur le dos des vagues soulevées par la tempéte. — L'aurore embrasse les contours
» dela terre et faconne diversement les nuages, comme la main de l'homme pétrit
» l'argile docile. » Nous y voyons « lair pur, quand viennent à souffler les vents
» dévorants du sud, étendu comme un métal en fusion sur les déserts altérés. »
(Alex. de HumBoLpr.)
9. Le tonnerre est souvent appelé dans l'Ecriture la voix de Dieu.
3. Il considère tout ce qui se passe sous le ciel. — Sa lumière; c'est-à-dire les
éclairs qui accompagnent le tonnerre.
4. Après lui. Partout où il va, des bruits effrayants annoncent sa présence. Selon
d'autres : Après l'éclair, qui est représenté dans le vers. précédent par le mot lumen;
mais ce mot étant du genre neutre, eum qui est du masculin ne saurait s'y rap-
porter. — On ne pourra la comprendre; on ne pourra rien dire de certain et d'in-
contestable sur la cause, sur le lieu et sur les circonstances du tonnerre.
6. Ses fortes ondées; littér. Les ondées de sa force; ce genre de construction est
assez usité dans le style biblique.
1. Qui met un sceau, etc. Nous sommes tous comme les esclaves de Dieu, qui ἃ
gravé, pour ainsi dire, dans la main de chaque homme son emploi, sa qualité, son
rang, son engagement. Cette coutume d'imprimer des marques aux esclaves, est
connue dans toute l'antiquité, et on la pratique encore aujourd'hui dans l'Orient.
Compar. Isaïe, xuiv, 5; Ezéch., 1x, 6; Apocal., vii, 3; xut, 6. Chez les Romains, on im-
primait avec un fer chaud une certaine marque aux soldats qu'on enrólait. Voy.
Veget., liv. 1, chap. viu; liv. II, chap. v. Eliu peut donc faire ici allusion à cet ancien
usage, pour montrer notre dépendance du Seigneur. Cependant d'autres expliquent
ce passage dans le sens que Dieu, pendant les orages, ferme la main des hommes et
la scelle, en quelque sorte, pour les empêcher de travailler à la terre, et qu'ils
reconnaissent que toutes leurs ceuvres ne se font que par l'ordre du Seigneur.
4. * D'Arcturus, la constellation dela grande Ourse,
(cu. χχχνπι.]
13. Soit dans une tribu, soit
dans sa terre, soit en quelque lieu
de sa miséricorde que ce soit, oü
il leur aura commandé de se
trouver.
44. Job, écoute ceci attentive-
ment; arréte-toi, et considere les
merveilles de Dieu.
15. Est-ce que tu sais quand
Dieu a ordonné aux pluies de faire
paraitre la lumiere des nuées ?
16. Est-ce que tu connais les
grands sentiers des nuées et les
sciences parfaites ?
17. Tes vêtements ne sont-ils
pas échauffés, lorsque le vent du
midi souffle sur la terre?
18. Tu as peut-étre formé avec
lui les cieux qui sont tres solides,
comme s'ils avaient été coulés en
bronze.
19. Montre-nous ce que nous
pourrons lui dire ; car nous, nous
sommes enveloppés de ténèbres.
20. Qui lui racontera ce que je
JOB.
1075
dis? Que si un homme en parle,
il sera absorbé.
21. Mais maintenant ils ne
voient pas la lumiere : soudain
l'air s'épaissira en nuées, et le
vent, passant, les dissipera.
99. C'est du côté de l'aquilon
que l'or vic nt, et lalouange qu’on
donne à Dieu doit étre accom-
pagnée de crainte.
23. Nous ne pouvons l« com-
prendre dignement : il est grand
en puissance, en jugement et en
justice, et il ne peut étre l'objet
d'un récit.
24. C'est pourquoi les hommes
le craindront, et aucun de ceux
qui croient étre sages n'osera le
contempler.
CHAPITRE XXXVIIT.
Le Seigneur montre à Job la distance
quil y a entre la créature et le Créa-
teur.
1. Or, répondant à Job du mi-
13. Dans une tribu étrangère, où Dieu est inconnu. — Dans sa terre, dans une
terre qui est à lui, où il a ses adorateurs. Compar. Ps. טא 10. — Lieu de sa mi-
séricorde ; c'est-à-dire lieu où il veut répandre sa miséricorde.
16. Les sciences parfailes, qui sont nécessaires pour comprendre les phénomènes
relatifs aux nuées.
18. * Comme s'ils avaient été coulés en bronze, c'est-à-dire comme des miroirs de
bronze, car c'est le sens de l'original. Les miroirs ne sont mentionnés dans l'Ecri-
ture que dans ce passage et Exode, xxxvur, 8. Tous les miroirs des anciens étaient en
métal; c'est ce qui explique la comparaison renfermée dans ce verset. On a trouvé
en Egypte un grand nombre de miroirs antiques. Ils sont fabriqués avec un métal
composé principalement de cuivre. L'habileté des Egyptiens à mélanger les métaux
élait telle qu'on a pu rendre leur pouvoir réflecteur à quelques-uns de ceux qui ont
été découverts à Thèbes, quoiqu'ils fussent ensevelis dans la terre depuis des siècles.
20. Absorbé; accablé par la grandeur du sujet et le poids dela majesté de Dieu.
22. Du temps de Job, de Moise, de Salomon, et encore longtemps depuis, l'or
venait du cóté dela Colchide, de l'Arménie, du pays d'Ophir, qui sont tous au sep-
tentrion de la Judée et de l'IHumée, et qui sont ordinairement désignés dans l'Ecri-
ture sous le nom de pays du nord.
1. * IVe partie : Apparition et discours de Dieu, xxxviri-xur. — Ce que Job avait si
ardemment souhaité, xir, 22, arrive enfin : Dieu apparait. Le mystère de la souffrance
n'a pas encore été complètement éclairci. Il est démontré que 18 thèse des trois pre-
miers adversaires de Job est insoutenable; il est établi que les idées de Job ne sont
pas non plus toutes également justes; cependant Eliu lui-méme n'a pas dit le der-
nier mot. Les souffrances du saint patriarche ont eu pour but de manifester la sin-
cérité de sa vertu et de démontrer que la fidélité au devoir peut subsister dans la
1076
lieu d'un tourbillon, le Seigneur
dit :
2. Quel est celui qui mêle des
senlences à des discours mala-
droits ?
3. Ceins tes reins comme un
homme de cœur; je tinterro-
gerai, et réponds-moi.
4. Où étais-tu, quand je posais
les fondements de la terre? Dis-
le-moi, si tu as de lintelli-
gence.
9. Qui a établi ses mesures, le
sais-tu? ou qui a tendu sur elle
le cordeau ?
6. Sur quoi ses bases ont-elles
été affermies? ou qui a posé sa
pierre angulaire,
7. Lorsque les astres du matin
me louaient tous ensemble, et
JOB.
(cg. xxx vit. |
que tous les fils de Dieu étaient
transportés de joie?
8. Qui a renfermé la mer dans
des digues, quand elle s’élançait
comme sortant d'un sein,
9. Lorsque je lui mettais un
nuage pour vêtement, et que je
l'enveloppais d'obscurité comme
des langes de l'enfance?
10. Je l'ai environnée de mes
limites, j'y ài mis un verrou et
une porte à deux battants;
11. Et jai dit : Tu viendras
jusque-là, et tu n'iras pas plus
loin; et ici tu briseras tes flots
orgueilleux.
12. Est-ce que depuis ta nais-
sance tu as commandé à l'étoile
du matin, et tu as montré à l'au-
rore son lieu?
mauvaise comme dans la bonne fortune, mais aucun des interlocuteurs ne l'a soup-
conné, et, à vrai dire, ce but ne pouvait étre connu que par une révélation. A Dieu
seul il appartient de trancher le différend; lui seul peut distribuer à chacun le blàme
et l'éloge, déclarer Job innocent, tout en lui reprochant les excès de parole dans
lesquels il s'est laissé entrainer; faire sentir à ses trois amis leur dureté et leur
opiniàtreté. Il semble que Dieu ne saurait intervenir sans s'abaisser, et cependant
comme il apparait en maitre souverain! Ill ne se justifie pas, il ne dit pas un seul
mot pour expliquer sa conduite, il dédaigne de parler des questions spéculatives
qui ont été l'objet du débat; il a fait résoudre le probléme en téte du livre par
l'écrivain inspiré, qui nous a découvert le secret divin dans le prologue. Maintenant
les choses se passent tout autrement que Job ne l'avait imaginé, quand il réclamait
la présence de Dieu. Surpris, accablé par les questions que son Seigneur lui adresse,
il comprend quelle a été sa présomption et son imprudence, il s'humilie et se tait.
Dieu veut nous rappeler notre ignorance, nous apprendre à nous abaisser devant lui
et à reconnaitre que la véritable sagesse consiste à ne pas tenter de pénétrer ce qui
est impénétrable. Comment pourrions-nous sonder les plans du Seigneur et scruter
ses desseins, puisqu'il est si grand et que nous sommes si petits?
2. * Discours de Dieu, xxxvin-xLr. — Il se divise en trois parties. La première ren-
ferme la description des phénomènes de l'ordre physique, la seconde la description
du règne animal, la troisième celle de deux animaux particulièrement remarquables,
lhippopotame et le crocodile. La première et la seconde partie sont à peu près
60816 longueur, xxxvur, 1-38; xxxvir, 39-xxxix, 30; la troisième a près du double
de longueur, xL-xLI. — Ire Partie, xxxvirr, 1-38. — 19 Dieu interroge Job. Lui qui
veut disputer avec le Tout-Puissant, a-t-il assisté à la création, à l'emprisonnement
de l'océan et à l'asservissement de la lumiére, 2-15? — 29 A-t-il découvert le secret
des mystères de la nature, 16-30, et — 3°, en particulier, des lois qui régissent les
astres, 31-38?
3. Ceins, etc. Ceindre ses reins se disait chez les anciens Hébreux d'un homme qui
entreprend un voyage, ou qui va au combat. — Et tu me répondras; liltér. et par
hébraisme : Et réponds-moi.
1. Les fils de Dieu; c'est-à-dire les anges. Compar. Jeb, 1, 6.
12, Son lieu; le lieu où clle doit naitre.
[cu. xxxvir.] JOB. 1077
13. Et as-tu tenu, en les ébran- 22. Est-ce que tu es entré dans
lant, les extrémités de la terre, | les trésors de la neige, ou as-tu
et en as-tu chassé les impies? apercu les trésors de la gréle,
14. Eile sera rétablie comme 23. Que j'ai préparées pour le
une terre molle de cachet, etelie | temps de l'ennemi, pour le jour
demeurera comme un vêtement. | de 18 guerre et du combat?
15. La lumiere des impies leur 24. Sais-tù par quelle voie se
sera Óté, et leur bras élevé sera | répand 18 lumiere, et se distribue
brisé. la chaleur sur la terre?
16. Est-ce que tu es entré dans 98. Qui a donné cours àl'ondée
les profondeurs de la mer, et as- | la plus impétueuse, et une voie
iu marché dans les extrémités de | au tonnerre éclatant,
l'abime? 96. Pour faire pleuvoir sur une
11. Est-ce que les portes de la | terre sans homme dans un désert,
mort ont été ouvertes pour toi? | où aucun des mortels ne de-
etles portes ténébreuses,lesas-tu | meure,
vues ? 27. Pour inonder une terre inac-
18. Est-ce que tu as considéré | cessible et désolée, et y produire
l'étendue de la terre? Enseigne- | des herbes vertes?
moi, si tu les connais, toutes ces 28. Qui est le père de la pluie?
choses : ou qui a engendré les gouttes de
19. En quelle voie la lumière | la rosée?
habite, et quel est le lieu des té- 29. Du sein de qui est sortie la
nèbres ; glace? et la gelée du ciel, qui l'a
20. En sorte que tu conduises | engendrée?
chacune d'elles à son terme, et 30. À la manière de la pierre
que tu connaisses les sentiers de | les eaux se durcissent, et la sur-
leur demeure. face de l’abime devient solide.
91. Car savais-tu alors que tu 31. Est-ce que tu seras capable
devais nailre? et le nombre de | de joindre ensemble les brillantes
tes jours, l'avais-tu connu? étoiles des Pléiades, ou pourras-
13. * As-tu tenu, en les ébranlant, les extrémités de la terre, comme on saisit les
deux bords d'un manteau ou d'un tapis pour le secouer.
14. Elle; c'est-à-dire la terre. Cette explication, donnée par beaucoup d'interprétes,
parait la plus simple, la plus naturelle et la mieux liée à ce qui précéde; mais alors
il faut supposer que, dans la Vulgate, le substantif signaculum est mis pour l'adjectif
signatorium, sorte d'hébraisme qu'elle imite d'ailleurs assez souvent. Le sens de ce
passage expliqué grammaticalement de cette manière sera donc que la terre, après
que les méchants en auront disparu, reprendra son ancienne forme, comme une
terre molle reprend la sienne, aprés qu'on y a appliqué un cachet, parce qu'elle n'a
pas assez de consistance pour couserver l'empreinte du cachet. — Un vélement ma-
gnifique, splendide; c'est le sens de l'hébreu. — * Une terre molle de cachet. Les
Orientaux se servent encore aujourd'hui, en guise de cire à sceller, d'une argile parti-
culitre.
21. Alors; quand j'ai créé toutes ces choses,
22, 23. Dieu tient la foudre, la neige, la grèle, les vents, la tempête, comme des
armes toutes prêtes à agir contre ses ennemis. Compar. Ps. xxxi, 7; cxxxiv, 1;
Jérém., x, 43 ; L, 25.
4078
tu interrompre le cours d'Arctu-
rus?
32. Est-ce que tu produis Lucifer
en son temps, et que tu fais lever
l'étoile du soir sur les fils de la
terre ?
33. Est-ce que tu connais l'or-
dre du ciel, et en rendras-tu rai-
son sur la terre?
34. Est-ce que tu élèveras ta
voix dans les nuages, et que l'im-
pétuosité des eaux te couvrira?
35. Est-ce que tu enverras les
foudres, et elles iront; et, reve-
nant, te diront-elles : Nous voici?
36. Qui a mis au dedans de
l'homme 18 sagesse? ou qui ἃ
donné au coq l'intelligence?
37. Qui expliquera la conduite
des cieux, et qui fera cesser le
concert du ciel?
38. Quand la poussière se ré-
pandait-elle sur la terre, et les
glebes se durcissaient-elles?
39. Est-ce que tu prendras la
proie pour la lionne, et empliras-
tu l'àme de ses petits,
40. Quand ils sont couchés dans
Car. XXXVIII. 41. Ps. axLvi, 9.
JOB.
[cu xxxix.!
leurs anres, et qu'ils épient dans
leurs cavernes?
41. Qui prépare au corbeau sa
nourriture, quandses petits crient
à Dieu, errant ca et là, parce qu'ils
n ont rien à manger?
CHAPITRE XXXIX.
Le Seigneur continue de montrer à Job
la distance qu'il y a de la créature au
Créateur. Job reconnait sa bassesse et
se condamne au silence.
1. Est-ce que tu connaisle temps
de l'enfantement des chèvres sau-
vages dans les rochers? ou as-tu
observé des biches lorsqu'elles
enfantaient?
9. As-tu compté les mois de
leur conception, et sais-tu le
temps de leur enfantement?
3. Elles se courbent pour mel-
tre bas leur faon, et elles enfan-
tent, et elles poussent des hurle-
lements.
4. Leurs petits se séparent et
vont au pâturage; ils sortent et
ne reviennent pas vers elles.
9. Qui a laissé aller l'onagre
39. Empliras-tu l'âme; c'est-à-dire rassasieras-tu la faim. — * 115 Partie du discours
de Dieu, xxxvii, 39-xxxix, 35. Description du règne animal. — 19 Nourriture du lion
et du corbeau, enfantement de la biche, xxxvrm, 39-xxxix, 4. — 20 Comparaison des
animaux domestiques avec les animaux sauvages, du buffle avec le bœuf, de l'onagre
avec l'àne, xxxix, 5-12. — 30 Description de l'autruche, 13-18; — 49 du cheval, 19-
25; — 59 de l'aigle, 26-30. — Aprés ce tableau de sa puissance, Dieu demande à Job
s'il va lui répondre. Job confesse qu'il a parlé avec légèreté et qu'il aurait dû se
taire, xxxix, 31-35.
1. * Dans l'original, le premier animal est nommé littéralement grimpeur de
rochers, c'est-à-dire chévre sauvage, bouquetin, sorte de chamois sembiable à celui
de la Suisse et des Alpes Tyroliennes, qui habite les endroits les plus escarpés.
2. Les mois de leur conception; c'est-à-dire les mois qui se sont écoulés depuis le
moment oü elles ont concu leur fruit.
5. * L'onagre. Cet animal est très célèbre en Orient à cause de la rapidité de sa
course, et c'est de cette qualité qu'il parait tirer son nom oriental. On assure qu'au-
cun cavalier ne peut latteindre. Les poètes orientaux comparent à un troupeau
d'onagres un escadron de cavaliers qui passent avec la rapidité de l'éclair. C'est un
animal trés sauvage, d'un roux cendré, à longues oreilles, qui vit en troupes dans les
déserts.
[cH. xxxix.]
libre, qui a rompu ses liens?
6. Je lui ai donné dans la soli-
tude une maison, et ses lieux de
retraite dans une terre de sel.
1. I méprise la multitude d'une
ville, et il n'entend pas le cri d'un
exacteur.
8. Il regarde de tous cótés les
montagnes, lieux de son pâtu-
rage, et il cherche tous les her-
bages verts.
9. Est-ce qu'un rhinocéros vou-
dra te servir, ou demeurera-t-il à
à ton étable?
10. Est-ce que tu lieras un rhi-
nocéros à tes traits, pour qu'il la-
boure? ou rompra-t-il les glèbes
des vallons aprés toi?
11. Est-ce que tu auras con-
fiance en sa grande force, et lui
laisseras-tu tes travaux ?
12. Est-ce que tu croiras qu'il
JOB..
1079
te rendra tes semailles et qu'il
remplira ton aire?
13. L'aile de l'autruche est sem-
blable aux ailes du héron et de
l'épervier.
14. Quand elle abandonne ses
ceufs sur la terre, sera-ce toi, par
hasard, qui les réchaufferas dans
la poussière ?
15. Elle oublie qu'un pied les
foulera, ou que la bête des champs
les écrasera.
16. Elle est dure pour ses petits,
comme 5115 n'étaient pas les
siens, elle a rendu son travail
inutile, en les abandonnant, au-
cune crainte ne l'y obligeant.
17. Car Dieu l'a privée de sa-
gesse, et ne lui a pas donné l'in-
telligence.
18. Dans l'occasion, elle élève
en haut ses ailes; elle se rit
6. Une terre de sel; c'est un terrain rempli de nitre, inculte, stérile.
9. * Un rhinocéros. Dans l'original reem. Le nom de cet animal est diversement tra-
duit. Les Septante l'ont rendu par licorne ; Aquila et la Vulgate par rhinocéros ; d'autres
par oryx, espéce d'antilope; Schultens, Gesenius, par buffle. Les questions qui se
rapportent au reem, 9-12, et l'opposition qui est établie entre cet animal et le bœuf
domestique prouvent qu'il s'agit du bœuf sauvage ou du buffle.
10. À £es traits; aux traits de ta charrue. — Après toi; en labourant, les animaux
vont devant le laboureur, et en hersant. — Vallons; c'est-à-dire 87/7008, comme ont
traduit les Septante.
13. * Littéralement dans l'original : L'aile de l'autruche bat avec allégresse; est-ce
l'aile pieuse (de la cigogne qu'on appelle pieuse à cause de sa tendresse pour ses
petits)? Non ; est-ce l'aile prenant l'essor (ou l'aile de l'épervier)? Non, car elle ne
vole pas.
14. * Les naturalistes et les voyageurs rapportent sur ce point des choses contra-
dictoires. Si l'autruche ne néglige pas entièrement ses œufs, il parait du moins cer-
tain qu'elle en prend peu de soin, surtout dans les jours qui suivent la ponte, et
qu'elle les abandonne toujours quand elle est poursuivie par les chasseurs.
15. * L'autruche fait son nid dans un trou qu'elle creuse dans le sable. Les ceufs
mal enterrés ou dispersés sont souvent la proie des chacals et des hyènes.
16. L'autruche travaille en vain, en pondant des ceufs, en les placant dans un nid,
en les couvant méme pour un temps, puisqu'aprés cela elle les abandonne sans y
étre forcée par aucun motif de crainte. Si quelquefois les autres oiseaux quittent
leur nid, c'est ou parce que leurs ceufs ont été refroidis, ou qu'on a dérangé leur
nid, ou qu'on les en a chassés et qu'on les a effarouchés. Mais l'autruche abandonne
ses œufs, sans y être obligée par aucune de ces raisons.
11. On sait que l'autruche est un animal oublieux et stupide. C'est ainsi que la
dépeignent tous les naturalistes. — * Plus sot qu'une autruche, dit un proverbe
arabe.
18. Elle se rit; ete. Pline dit (liv. x, chap. r) que, lorsque l'autruche est poursuivie
1080
du cheval et de celui qui le
monte.
19. Est-ce que tu donneras au
cheval de la force, ou environ-
neras-tu son cou de hennisse-
ments ?
20. Est-ce que tu le feras bon-
dir comme les sauterelles? La
gloire de ses naseaux est la ter-
reur.
91. Il creuse de son sabot la
terre, il s'élance avec audace ; il
court au-devant des hommes ar-
més;
22. ΠῚ méprise la peur, il ne cede
pas au glaive.
93. Sur lui retentira le bruit du
carquois, la lance étincellera ainsi
que le bouclier.
JOB.
[cur. xxxix]
il dévore la terre, et ne tient au-
cun compte du bruit de la trom-
pette, lorsqu'elle sonne /e retour.
95. Dès qu'il entend le clairon,
il dit: Oh! il sent de loin une
guerre, l'exhortation des chefs,
et les cris confus d'une armée.
96. Est-ce par ta sagesse que
lépervier se couvre de ses plu-
mes, étendant ses ailes vers le
midi?
27. Est-ce à ton ordre que l'aigle
s'élevera, et placera son nid dans
les lieux les plus élevés?
98. C'est dans des pierres qu'il
demeure, et c'est sur des rocs
escarpés et des rochers inacces-
sibles qu'il fait son séjour.
29. De là il contemple sa proie,
24. Bouillonnant et frémissant | et ses yeux voient de loin.
par les chasseurs, elle étend ses ailes dont elle s'aide, comme de voiles, pour courir,
et qu'elle court ainsi avec une vitesse qui approche du volle plus rapide. Diodore
de Sicile ajoute (liv. II) qu'en courant, elle lance des pierres avec ses pieds par der-
rière si violemment que souvent elle tue les chasseurs. — * Les naturalistes mo-
dernes confirment ces détails. « La course des autruches est trés rapide, dit l'un
d'eux. Les lévriers les plus agiles ne peuvent les atteindre. L'Arabe lui-même, monté
sur son cheval, est obligé de recourir à la ruse pour les prendre, en leur jetant
adroitement un bâton dans les jambes. Dans leur fuite, elles lancent derrière elles
des cailloux comme des traits contre ceux qui les poursuivent. »
19. Environneras-tu, etc.; c'est-à-dire peux-tu donner au cheval le hennissement
quil fait retentir autour de son cou? — * Rollin dit de la description du cheval :
« Chaque mot demanderait d'étre développé, pour en faire sentir la beauté... Les
armées sont longtemps à se mettre en ordre de bataille... Tous les mouvements sont
marqués par des signaux particuliers... Cette lenteur importune le cheval. Comme il
est prét au premier son de trompette, il porte avec impatience qu'il faille avertir tant
de fois l'armée. Il murmure en secret contre tous ces délais, et ne pouvant demeurer
eu place, ni aussi désobéir, il bat continuellement du pied et se plaint en sa ma-
niére qu'on perde inutilement le temps à se regarder sans rien faire. Dans son im-
patience, il compte pour rien tous les signaux qui ne sont point décisifs et qui ne
font que marquer quelque détail dont il n'est point occupé. Mais quand cest tout
de bon, et que le dernier coup de la trompette annonce la bataille, alors toute la
contenance du cheval change. On dirait qu'il distingue, comme par l'odorat, que le
combat va se donner, et qu'il-a entendu distinctement l'ordre du général, et il ré-
pond aux crix confus de l'armée par un frissonnement qui marque son allégresse et
son courage. Qu'on compare les admirables descriptions qu'Homére et Virgile ont
faites du cheval, on verra combien celle-ci est supérieure. »
20. La gloire de ses naseaux, etc. Le souffle si fier de ses narines répand la terreur.
Un cheval, animé et échauffé, montre une certaine audace par le souffle de ses na-
rines, qui inspire de la crainte à ceux qui le voient.
26. * Elendant ses ailes vers le midi. Ce mot fait allusion à l'habitude qu'a d'émigrer
l'oiseau dont il est question, le net. Le sens de ce mot n'est pas certain, mais il
désigre incontestablement un oiseau de passage.
[cu. xr.]
30. Ses petits lécheront le sang,
et partout où est un cadavre,
soudain il est présent.
31. Et le Seigneur continua à
parler à Job :
32. Est-ce que celui qui dispute
avec Dieu se réduit si facilement
au silence? Certainement celui
qui reprend Dieu doit lui ré-
pondre.
33. Répondant alors au Sei-
gneur, Job dit :
34. Moi qui a parlé légèrement,
que peux-je répondre? Je mettrai
ma main sur ma bouche.
35. J'ai dit une chose (plàt à
Dieu que je ne l'eusse pas dite!)
et une autre ; je n'y ajouterai rien
de plus.
CHAPITRE XL.
Le Seigneur continue de montrer à Job
la distance qu'il y a de la créature au
Créateur. Description de Béhémoth et
de Léviathan.
1. Or, répondant à Job du mi-
lieu d'un tourbillon, le Seigneur
dit :
JOB.
1081
2. Ceins tes reins comme un
homme de cœur; je tinterro-
gerai, et réponds-moi.
3. Est-ce que tu rendras vain
mon jugement; et me condam-
neras-tu, pour que toi, tu sois
justifié? =
4. Etas-tu un bras comme Dieu,
et tonnes-tu d'une voix sembla-
ble?
ὃ. Environne-toi de majesté,
et élève-toi dans les airs, et sois
glorieux, et revéts-toi de splen-
dides vétements.
6. Dissipe les superbes dans ta
fureur, et d'un regard humilie
tout arrogant.
7. Regarde tous les superbes
et confonds-les; et brise les im-
pies en leur lieu.
8. Cache-les dans la poussiere
lous ensemble, et plonge leurs
faces dans la fosse.
9. Et moi, je confesserai que ta
droite peut te sauver.
10. Vois, Béhémoth que j'ai fait
avec 101 mangera du foin comme
le beeuf.
30. * Partout où est un cadavre. L'aigle ordinaire ne se nourrit pas de cadavres,
mais il en existe une espéce qui les dévore volontiers. De plus, tous les aipies
mangent les corps morts, avant qu'ils aient commencé à se corrompre.
1. * Ie Partie, x-x;r. — Pour lui faire reconnaitre encore davantage son néant,
Dieu continue : — 1° Que Job montre sa sagesse en maîtrisant ce qu'il y a de plus
indomptable au monde. Mais il n'est pas méme en état de dompter Béhémoth, c'est-à-
dire l'hippopotame, qu'on rencontre dans les eaux du Nil, en Egypte, où on l'appelait
péhémouth, nom devenu, en hébreu, Béhémolh, c'est-à-dire « les bêtes ou le grand
auimal », xL, 2-19, — 20 I] ne peut dompter non plus Léviathan, mot qui désigne le
crocodile; combien moins peut-il donc lutter contre Dieu, xu, 20-xur, 3. — 3» Puis-
sance redoutable et beauté de Léviathan, xx, 4-13. — 40 Tableau de sa supériorité et
de sa souveraineté incontestée dans son royaume, תא 14-26. — Les ch. xxxvur
et xxxix avaient parlé des animaux de la terre et des animaux de l'air; la descrip-
lion se termine ainsi parles animaux aquatiques ou amphibies, par les deux animaux
les plus singuliers de l'Egypte.
2. Ceins tes reins. Voy. Job, xxxvi, 3.
4. Semblable à celle de Dieu.
10. Béhémoth; à la lettre, 26008 d'une énorme grosseur, est ici un pluriel d'excel-
lence. Quant à l'animal particulier que ce mot désigne, c'est la baleine, selon les
anciens interprètes ; l'éléphant, selon quelques modernes; mais Bochart semble avoir
p’ouvé qu'on doit l'entendre de l’hippopotame. Les Pères de l'Eglise appliquent au
1082
41. Sa force est dans ses reins,
et sa vertu dans le nombril de son
venire.
12. Il serre sa queue qui est
semblable à un cèdre; les nerfs
de ses cuisses sont entrelacés.
18. Ses os sont des tuyaux d'ai-
rain, ses cartilages comme des
James de fer.
14. Cest lui qui est le com-
mencement des voies de Dieu;
celui qui l'a fait appliquera son
glaive.
15. C'est pour lui que les mon-
tagnes portent des herbes; tou-
tes les bêtes de la campagne
viendront se jouer là.
JOB.
[c. xr.]
16. Il dort sous l'ombre, dans
le secret des roseaux et dans des
lieux humides.
17. Des ombres couvrent son
ombre, et les saules du torrent
l'environneront.
18. Voici qu'il absorbera un
fleuve, et il ne s'en étonnera
point;il a mémela confiance que
le Jourdain viendra couler dans
sa bouche.
19. On le prendra par les yeux
comme à l'hamecon, et, avec des
harpons, on percera ses narines.
20. Pourras-tu enlever Lévia-
than à l'hamecon, et avec une
corde lier salangue?
démon ou aux méchants animés de son esprit ce qui est dit ici de Béhémoth. —
* Le nom de Béhémoth est hébreu, mais il a été vraisemblablement choisi à cause
de sa ressemblance avec le mot égyptien Pehemouth, l'hippopotame, littéralement le
bœuf d'eau, composé de p, article, ehe bœuf, et out eau. Il se nourrit d'herbe
comme le bœuf. Ce trait est relevé parce qu'il est surprenant dans un animal qui vit
dans l'eau. C'est parce qu'il est herbivore que cet animal est malfaisant. Il ravage
pendant la nuit les récoltes sur les bords du Nil.
11. * Plusieurs commentateurs ont cru reconnaitre l'éléphant dans Béhémoth. Le
trait que nous avons ici : sa vertu dans le nombril de son ventre convient parfaite-
ment à l'hippopotame, mais non point à l'éléphant dont la peau du ventre est assez
tendre.I Mac., vi, 46, Eléazar tue un éléphant en lui percant le ventre.
12. * La queue de l'hippopotame est petite, mais forte.
13. * Les os de l'hippopotame sont d'une extrême dureté, quoiqu'ils soient minces
comme doivent l'étre ceux d'une béte destinée à nager dans l'eau.
14. Le commencement, etc.; un chef-d'œuvre de la puissance de Dieu. — Celui qui
lu fait, etc.; c'est-à-dire Dieu seul qui l'a fait est capable de l'ttaquer, de le
vaincre et de le tuer; ou selon d'autres (qui traduisent par le passé le futur du texte
hébreu et de la Vulgate) : Dieu son créateur lui a donné son glaive, c'est-à-dire des
dents tranchantes. L'hippopotame a des dents de la forme d'un sabre recourbé,
harpé; et l'éléphant, outre ses dents, a une trompe pour défense. — * Tous les com-
mentateurs reconnaissent aujourd'hui dans ce glaive les dents de l'hippopotame.
« Avec ses dents, dit Wood, l'hippopotame peut couper "herbe aussi réguliérement
qu'avec une faux. » Ces dents, dit l'abbé Prévot, dans son Histoire des voyages,
« sont plus dures et plus blanches que l'ivoire. » Aussi les emploie-t-on volontiers
comme dents artificielles.
15. Là; prés de lui, autour de lui. — * L'hippopotame va paitre sur les collines
qui bordent le Nil dans l'Egypte supérieure. Tousles animaux des champs se jouent
autour de lui. Comme il est herbivore et non carnivore, les autres animaux n'ont
point à le redouter. \
18. * Allusion aux crues du Nil. Le Jourdain désigne ici, non le Jourdain de Pa-
lestine, mais le Nil.
19. On prendra, on percera, littér. et par hébraisme, i prendra, il percera. On
emploie souvent en hébreu un verbe actif d'une manière impersonnelle.
20. Léviathan; c'est le crocodile, selon l'opinion commune. Voy. Job, rir, 8. Les Pères
expliquent allégoriquement du démon ce qui est dit daus ce récit de Léviathan. —
* Léviathan est moins un nom spécial qu'un nom générique. Etymologiquement, il
[cn xut.)
21. Est-ce que tu mettras un
cercle dans ses narines, ou avec
un anneau perceras-tu sa mâ-
choire?
22. Est-ce qu'il t'adressera de
nombreuses prieres, ou te dira-t-
il de douces paroles?
29, Est-ce quil fera avec toi
un pacte, etle recevras-tu comme
un esclave éternel?
24. Est-ce que tu te joueras de
lui comme d'un oiseau, ou le lie-
ras-tu pour tes servantes?
25. Des amis le découperont-
ils, ou des marchands le partage-
ront-ils ?
26. Est-ce que tu rempliras de
JOB.
1083
sa peau aes filets, et un réservoir
de poissons de sa téte?
27. Mets sur lui ta main : sou-
viens-toi de la guerre, et ne con-
tinue pas à parler.
28. Voilà que son espoir le
trompera, et à la vue de tous il
se précipitera
CHAPITRE XLI.
Suite de la description de Léviathan.
1.16 ne suis pas assez cruel
pour le susciter : car qui peut
résister à mon visage;
2. Qui m'a donné le premier,
afin que je lui rende? Tout ce
signifie une chose qui se replie en guirlande, un serpent. Ici il est appliqué au 670-
codile.
21. * Un passage du Voyage à la recherche des sources du Nil, de J. Bruce, nous
donne un excellent commentaire de ce verset. Ce voyageur raconte que les pécheurs
des bords du Nil, quand ils prennent un poisson, le tirent à terre, lui passent un
anneau de fer dansles branchies etle rejettent dans le fleuve, aprés avoir fait passer
dans l'anneau une corde qui est solidement attachée au rivage. « Ceux qui désirent
du poisson l'achétent ainsi vivant. Nous en achetàmes deux et le pêcheur nous en
montra dix ou douze autres qui étaient ainsi prisonniers dans l'eau. »
24. Pour tes servantes; c'est-à-dire pour amuser tes servantes. — * Dans l'Egypte
supérieure, au rapport d'Hasselquist, les crocodiles dévorent trés souvent les femmes
qui viennent puiser de l'eau dans le Nil, et les enfants qui jouent sur le bord du
fleuve.
25. Des amis, etc. Tes amis découperont-ils le Léviathan sur ta table, ou des mar-
chands en feront-ils trafic? — * Ou plutót, les associés, les pécheurs qui s'unissent
ensemble pour la péche. — Quoique le crocodile fût sacré dans quelques parties de
l'Egypte, à Eléphantine et à Apollinopolis, on le salait et on le vendait par morceaux,
mais on ne pouvait le faire souvent, parce que comme l'indique le verset 26, il était
trés difficile de le prendre. — Des marchands, en hébreu; les Chananéens ou Phé-
niciens qui étaient des marchands si fameux que leur nom étaient devenu synonyme
de marchands.
26. * Dans le texte original : Transperceras-tu sa peau avec des dards, et lui enfon-
ceras-tu le harpon dans la téte? Harponnait-on déjà le crocodile au temps de Job?
Ce verset semble prouver le contraire, ou au moins l'inefficacité du procédé. D'ail-
leurs encore aujourd'hui le harpon est généralement sans résultat, à moins qu'il ne
frappe l'animal juste entre le cou et la téte ou dans le ventre. Les balles glissent
sur ses écailles sans les entamer.
21. Mets sur lui, etc. Si tu l'attaques, tu te souviendras du combat par les nom-
breuses et sanglantes blessures que tu y auras recues et tu n'oseras pas en parler.
28. Son espoir le trompera; c'est-à-dire l'espoir de celui qui voudra le prendre sera
bc Léviathan, furieux, se précipitera au fond de la mer, à la vue de tout le
monde.
1. Je ne suis, etc. Pour moi (c'est toujours Dieu qui parle) qui connais la force
extraordinaire de Léviathan, je ne le susciterai pas contre les hommes par un esprit
de cruauté. Je le pourrais, si je voulais; car qui oserait résister à mon simple regard?
1084
qui est sous le ciel est à moi.
3.Jenel'épargnerai pas, malgré
ses discours arrogants et ses pa-
roles suppliantes.
4. Qui découvrira la face de
son vétement? Et qui entrera
dans le milieu de sa gueule?
9. Les portes de son visage,
qui les ouvrira? autour de ses
dents habite la terreur.
6. Son corps est comme des
boucliers jetés en fonte et cou-
vert d'écailles épaisses et serrées.
7. L'une est jointe à l'autre, et
pas méme l'air ne passe entre
elles.
8. L'une s'attache à l'autre, et
se tenant, jamais elles ne se sé-
pareront.
9. Son éternument, c'est l'éclat
JOB.
[ca. xur.]
10. De sa gueule sortent des
lampes, comme des torches allu-
mées.
11. De ses narines sort une fu-
mée comme celle d'un pot mis au
feu et bouillant.
19. Son souffle fait brüler des
charbons, et une flamme sort de
sa bouche.
13. Dans son cou résidera sa
force, et devant sa face marche
la famine.
14. Les parties de ses chairs
adherent entre elles : Dieu lan-
cera des foudres contre lui, et
elles ne se porteront vers aucun
autre lieu.
15. Son cœur se durcira comme
une pierre, el il se resserrera
comme une enclume de marte-
leur.
16. Lorsqu'il s'élévera, des an-
du feu, et ses yeux sont comme
les paupieres de l'aurore.
3. Si cependant quelqu'un me résiste, je ne l'épargnerai pas, malgré, etc.
4. Qui découvrira, etc. Dieu reprend la description de Léviathan.
5. Les portes de son visage sont l'entrée de ses máchoires. La gueule du crocodile
est si vaste, qu'il dévore et avale aisément un homme. — * DeMa Valle raconte
qu'un crocodile qui n'avait cependant que 25 palmes de long, coupa en deux une
pelle de fer qu'on lui mit dans la mâchoire.
9. * Ses yeux sont comme les paupières de l'aurore. Les yeux du crocodile sont en
égyptien le signe hiéroglyphique qui désigne l'aurore.
10-11. * Lorsque le crocodile, aprés un long séjour dans l'eau, reparatt à la surface,
il semble vomir de la fumée et du feu. Bartram raconte dans ses Voyages (Travels
through Nord and Soulh Carolina, Philadelphie, 1191, p. 116), que pendant qu'il
remontait l'Alatamaha dans la Floride occidentale, cherchant un soir à terre un
endroit commode pour prendre son repas, il apercut un crocodile qui sortait avec
bruit du milieu des roseaux pour se jeter dans un petit lac. «Il enfla son corps
monstrueux et agita sa queue dans les airs. Une épaisse fumée s'élanca de ses na-
seaux largement ouverts avec un bruit qui fit presque trembler la terre. » Et plus
loin : « D'abord il nage avec la rapidité de l'éclair, mais il ralentit peu à peu sa
marche, jusqu'à ce qu'il atteigne le milieu du fleuve. Là il s'arrête, et aspirant tout
à la fois l'air et l'eau par sa large gueule, son corps devient énorme et pendant un
moment on entend un grand bruit dans son gosier. Puis, tout d'un coup, il fait re-
jaillir avec fracas de sa bouche et de son nez une vapeur qui produit comme un
nuage de fumée. »
14. Et elles ne se porleront, etc. Les foudres que Dieu lancera sur lui ne manque-
ront pas de l'atteindre. Tout fort, tout robuste, tout terrihle qu'il est, le crocodile ne
saurait résister à la main toute-puissante de Dieu.
16. Des anges; ou plutôt, des forts, comme porte le texte hébreu; c'est-à-dire des
grands, des hommes puissants. Ainsi, lorsque le crocodile paraitra bors de l'eau, les
hommes les plus puissants, les plus considérables du pays, seront saisis de frayeur
et d'épouvante. — 115 se purifieront de leurs péchés, en faisant pénitence.
‘cH. χει.
ges craindront, et, épouvantés,
ils se purifieront.
11. Lorsque le glaive l'attein-
dra, ni lance, ni cuirasse ne
pourra subsister.
18. Car il regardera le fer
comme de la paille, et l'airain
comme un bois pourri.
19. L'archer ne le mettra pas
en fuite, les pierres de la fronde
sont devenues pour lui une paille
légère.
20. Il estimera le marteau
comme une paille légère, et il se
rira de celui qui brandira la
lance.
21. Sous lui seront les rayons
108.
1085
du soleil, et il fera son lit sur l'or
comme sur la boue.
22. Il fera bouillir comme un
pot la profonde mer, et il la ren-
dra comme des essences lors-
qu'elles sont en ébullition.
23. Derriere lui un sentier ré-
pandra la lumière, et l'abime pa- |
raitra comme un vieillard aux
blancs cheveux.
24. 11 n'est pas sur la terre de
puissance qui puisse étre com-
parée à lui, qui a été fait pour ne
craindre personne.
95. Il voit tout ce qu'il y ad'élevé
au-dessous de lui; c’est lui qui est
le roi de tous les fils de l'orgueil.
17. Lorsque le glaive, etc.; c'est-à-dire, si on veut le percer du glaive, 16 glaive, la
lance, la cuirasse, ne pourront rien contre lui.
17-20. * > La uature a pourvu à la sûreté des crocodiles en les révétant d'une armure
presque impénétrable; tout leur corps est couvert d'écailles, excepté le sommet de
la tête, où la peau est collée immédiatement sur l'os... Ces Ccailles carrées ont une
très grande dureté et une flexibilité qui les empêche d'être eassantes; le milieu de
ces lames présente un sorte de crête dure qui ajoute à leur solidité. » (LACÉPÈDE.)
Thévenot, compare le dos du crocodile, à cause de ces pointes, à une porte qui serait
toute garnie de clous de fer et si dure qu'aucune lance ne pourrait la percer. « Les
écailles du crocodile sont à l'epreuve de la balle, à moins que le coup ne soit tiré de
très près ou le fusil trés chargé. Les nègres s'en font des bonnets, ou plutôt des
casques, qui résistent à la hache. » (LaBar.)
21. Sous lui, etc. Il s'élèvera si fort au-dessus des eaux que les rayons du soleil
seront au-dessous de lui. — Il fera son lit; c'est le seul sens que puisse comporter
la Vulgate, et méme le texte hébreu, qu'elle a rendu avec une rigoureuse fidélité. —
Sur l'or comme sur la boue. Le corps du crocodile étant couvert d'écailles carrées ou
de boucliers osseux, cet animal peut se coucher sur un dur métal comme sur une
terre molle.
22. La profonde mer. Le crocodile se tient ordinairement dans les eaux douces;
mais il ne faut pas oublier que le Nil est appelé dans l'Eeriture mer, à cause de sa
grandeur et de ses inondations réglées, et qui durent si longtemps, et que dans le
style des Hébreux tous les grands amas d'eaux, les lacs, les étangs, portent le nom
de mers. --- * Plusieurs voyageurs affirment que le crocodile communique aux eaux
qu'il habite une forte odeur de muse, et quelques commentateurs pensent que c'est
pour ce motif que le fleuve dans lequel il nage est comparé ici à un vase de parfums
en ébullition. > Le crocodile, dit Rüppell, a quatre glandes à muse. Elles communiquent
à sa chair une odeur désagréable qui a empéché beaucoup d'Européens qui l'ont
goütée d'en manger. Les Berbéres se servent de ce musc comme pommade pour les
cheveux. »
23. Derrière lui, etc. La rapidité et le mouvement du crocodile dans l'eau sont tels,
qu'il laisse des traces de son passage par un long sillon d'écume et par la blancheur
de l'eau semblable aux cheveux blancs d'un vieillard. — Paraitra; sera estimé, regardé ;
littér. et par hébraisme, es&mera, regardera. Voy. sur cet hébraisme; chap. xL,
Vers. 19,
29. Les fils de l'orgucil; hébraisme, pour les orgueilleux, les superbes,
4086
CHAPITRE ΧΗ.
108.
: adressé ces paroles à Job, il dit à
(cn. Χαμ.
Eliphaz, le Thémanite : Ma fureur
Job s'humilie devant le Seigneur, qui re- | 8 081 1771160 contre toi et contretes
prend ses trois amis. Job prie pour eux.
Rétablissement de Job. Sa mort.
1. Alors, répondant au Sei-
gneur, Job dit :
2. Je sais que vous pouvez
toutes choses, et qu'aucune pen-
| Sée ne vous est cachée.
3. Quel est celui qui, dans son
manque d'intelligence, prétend
cacher ses desseins ὦ Dieu? C'est
pourquoi j'ai parlé d'une manière
insensée, et /'a? dit des choses
qui surpassaient outre mesure
ma science.
4. Ecoutez, et moi je parlerai,
je vous interrogerai, et répondez-
mol.
9. Je vous avais entendu au
moyen de mon oreille ; mais main-
tenantc'estmon œil qui vous voit.
6. C'est pourquoi je m'accuse
moi-méme et je fais pénitence
dans la poussière et la cendre.
7. Or après que le Seigneur eut
deux amis, parce que vous n'avez
pas parlé devant moi avec droi-
ture, comme mon serviteur Job.
8. Prenez donc avec vous sept
taureaux et sept béliers, et allez
vers mon serviteur Job, et offrez
un holocauste pour vous. Or Job,
mon serviteur, priera pour vous,
j'accueillerai sa face, afin que
votre imprudence ne vous soit
point imputée; car vous ne
m'avez pas parlé avec droiture,
comme mon serviteur Job.
9. Eliphaz,le Thémanite, et Bal-
dab, le Suhite, et Sophar, le Naa-
mathite, s'en allèrent done, et
firent comme leur avait dit le Sei-
gneur, et le Seigneur accueillit
la face de Job.
10. Le Seigneur aussi fut fléchi
par la pénitence de Job, lorsqu'il
priait pour ses amis. Et le Sei-
gneur ajouta le double à tout ce
qui avait appartenu à Job.
1. * Réponse de Job, xui, 1-6. — La seconde réponse de Job à Dieu est courte, mais
complète, xum, 1-6. Il savait que Dieu était grand et que sa conduite est incompré-
hensible, mais il ne le sentait pas assez; il confesse qu'il a eu tort de vouloir se me-
surer présomptueusement avec Dieu et il le prie de lui pardonner. La discussion se
lermine donc comme cela devait étre, par la vietoire compléte de Dieu, victoire
avouée et acceptée de l'homme qui ne peut en remporter lui-méme d'autre que celle-
là : reconnaitre son néant en présence de son créateur.
1. * Ve partie : Epilogue, xum, 7-16. — L'épreuve de Job est maintenant finie. 11 a
déjoué, sans le savoir, le plan de Satan : — 1° Dieu proclame son innocence devant
ses amis, et leur injustice n'est pardonnée que par son intercession, 7-9. — 29 Job
lui-même est récompensé : il saura que l'épreuve bien supportée devient une source
de bonheur; il reçoit le double des biens qu'il avait perdus, 10-15. — 39 Il en jouit
140 ans et meurt plein de jours, 16.
8. Ce passage condamne formellement les hérétiques, qui s'élévent contre l'inter-
cession des saints reconnue par l'Eglise catholique, et qui prétendent qu'elle déroge
à l'unique médiateur qui est Jésus-Christ. Car on voit ici Job établi de Dieu méme,
intercesseur, et en quelque sorte médiateur entre ses amis et Dieu irrité contre eux.
On ne concoit pas comment l'invocation ou l'intercession des saints, que l'Eglise ca-
tholique nous enseigne, déroge davantage à la médiation de Jésus-Christ. — J'accueil-
lerai sa face; hébraisme pour : Je l'accueillerai, je l'écouterai favorablement.
10-12. Job, en priant pour ses amis, selon l’ordre que lieu lui en avait donné,
s'humilie lui-même en sa présence, et son humiliation, jointe à cette charité qui le
portait à intercéder pour ceux qui l'avaient outragé, lui fit mériter pour récompense
feti. xri]
11. Alors vinrent vers lui tous
ses frères et toutes ses sœurs et
tous ceux qui l'avaient connu au-
paravant, et ils mangèrent avec
lui du pain dans sa maison, el ils
secouërent 18 tête sur lui,etilsle
consolèrent de tout le mal que
lui avait envoyé le Seigneur, et
ils lui donnèrent chacun une bre-
bis et un pendant d'oreilie d'or.
12. Mais le Seigneur bénit Job
dans les derniers jours plus que
dans ses premiers. Et il eut qua-
torze mille brebis, six mille cha-
meaux, mille paires de bœufs et
mille ânesses.
JOB.
1087
13. ll eut aussi sept fils et trois
filles.
14. Et il appela le nom de l’une,
Jour, le nom de la seconde, Cassie,
et le nom de la troisième Cornus-
tibie.
15. Or il ne se trouva pas sur
toute la terre des femmes belles
comme les filles de Job; et leur
père leur donna un héritage
parmi leurs frères.
16. Or Job vécut après cela cent
quarante ans; et il vit ses fils et
les fils de ses fils jusqu'à la qua-
trième génération, et il mourut
vieux et plein de jours.
une grande augmentation dans tous ses biens. Mais, comme le remarque saint Au-
gustin (Epist. cxx, chap. x), c'eüt été peu de chose pour Job que de recevoir tempo-
rellement le double de ce qu'il avait possédé auparavant, pour récompense de cette
admirable fermeté avec laquelle il avait souffert une si terrible épreuve de sa vertu.
C'est donc principalement la béatitude de l'autre vie quele Saint-Esprit a voulu nous
figurer par cette prospérité beaucoup plus grande que la premiére dont le Seigneur
récompensa sa fidélité.
11. Le mot pain, dans la langue des Hébreux, se prend très souvent pour nourri-
ture, aliment en général, et l'expression manger du pain, ou manger le pain, signifie
simplement manger, prendre de la nourriture, faire un repas. — Secouèr ent là téle
sur lui. Voy. pour le vrai sens de cette locution, Job, xvi, 5.
15. Et leur père leur donna, etc.; c'est-à-dire que Job donna à ses filles leur part
dans son héritage comme à ses ἔπ L'auteur du livre Job, qui était Hébreu, fait cetle
remarque, parce que dans sa nation les filles n'héritaient pas, quand elles avaient
des frères (Nomór., xxvin 8). L'usage contraire était établi dans l'Arabie, nous le
voyons confirmé par Mahomet dans le Coran. On voit la méme chose parmi !es
Romains, dans leslois des douze Tables et dans leurs lois civiles.
INTRODUCTION
AU LIVRE DES PSAUMES
On ignore par quel nom les anciens Hébreux désignaient la collection des
Psaumes. Aujourd'hui on lui donne, dans la Bible hébraïque, le titre de The-
hillim, louanges. Les Septante intitulèrent leur traduction des thehillim, « Psal-
moi, » d'où notre mot de Psaumes. Psallein, dans les auteurs grecs, signifie
toucher un instrument à cordes, et psalmos, le poème ou l'air qui est ainsi joué
avec ou sans accompagnement de la voix.
Le nombre des Psaumes, selon le témoignage constant de tous les anciens
auteurs, est de cent cinquante. Il existe d’ailleurs, dans le classement, quel-
ques différences qui proviennent de ce que les divisions n'étaient pas primitive-
ment marquées dans les manuscrits. La version grecque, reproduite par notre
Vulgate, joint ensemble les Ps. ix et x, cxiv et cxv de l'hébreu; elle partage le
Ps. cxvir dont elle fait les Ps. cxiv et cxv. Ces variations, qui ne portent que
sur la coupure, pour ainsi dire, des poèmes, sont du reste sans importance
sérieuse ; elles n'atteignent pas le fond des choses.
La tradition juive, constatée par le texte méme de l'Écriture et par la tradi-
tion des Pères, partageait les Psaumes, comme le Pentateuque, en cinq livres.
La fia des quatre premiers est indiquée, dans le texte, par une doxologie
placée Ps. xr, 14; rxxr, 19; Lxxxvur, 53 et cv, 48. Les versets que nous venons
d'indiquer n'ont, la plupart, aucune liaison avec les Psaumes auxquels ils sont
attachés; ils marquent simplement la fin d'un recueil.
L'Église recut certainement le Psautier des mains des Juifs, non seulement
comme une partie de la Bible, mais aussi comme un livre liturgique, dont la
synagogue se servait réguliérement dans les assemblées religieuses. Tout le
monde en admet l'authenticité, entendue dans ce sens.
Tous les Psaumes, à l'exception de trente-quatre en hébreu (vingt dans la
Vulgate), ont un titre qui nous fait connaitre soit leur auteur, soit leur nature
etla maniére dont ils devaient étre chantés, soit la circonstance historique
dans laquelle ils ont été composés, soit toutes ces choses à la fois. Ce titre n'est
pas toujours absolument semblable dans le texte hébreu et dans les Septante
ou la Vulgate.
L'autorité des inscriptions placées en téte des Psaumes n'est pas acceptée
par tous les critiques. L'absence de titre dans plusieurs psaumes est au moins
une présomption en faveur de la valeur des titres qu'on lit en téte des autres,
car il faut qu'on ait eu des motifs sérieux d'en donner aux uns, sans en
donner à tous.
Quelques Péres ont attribué tous les Psaumes à David, mais le style, le con-
INTRODUCTION AU LIVRE DES PSAUMES. 1089
tenu et les titres mémes de ces chants sacrés nous apprennent qu'ils sont
d'auteurs et d'époques diverses, comme le reconnait expressément le Talmud.
David est le principal et le plus grand poéte lyrique d'Israél. Ses chants se
distinguent par la douceur, la tendresse, la grâce et la profondeur du senti-
ment. Sa note est ordinairement plaintive : plusieurs de ses chants commencent
par une sombre peinture de sa désolation et de ses souffrances, mais ils se -
terminent par d'admirables élans de confiance en Dieu. Son amour pour Dieu
et pour le tabernacle oü il réside éclate en transports qui s'élévent parfois jus-
qu'au sublime, comme daus le Ps. xvrr. Il ἃ composé la moitié des Psaumes
que nous possédons et il mérite bien le nom de Psalmiste qui lui est donné
par excellence.
Les titres des Psaumes en attribuent douze à Asaph. Quelques-uns d'entre
eux sont d'excellents poémes didactiques. Asaph était un des principaux musi-
ciens de David. Tous les Psaumes qui portent son nom ne sont pas de lui,
mais de l'un de ses descendants ou bien d'un autre Psalmiste qui s'appelait
comme lui.
Onze des plus beaux psaumes sont attribués aux enfants de Coré. L'auteur
n'est pas désigné individuellement, excepté dans le Ps. Lxxxvir, œuvre d'Héman
l’Ezrahte.
Le Ps. nxxxvur ἃ pour auteur Éthan l'Ezrahite, un des chantres de David,
comme Héman.
Divers autres auteurs ont également composé des Psaumes.
Le plus ancien des Psaumes, le rxxxix*, est de Moïse; les plus récents sont
du temps d'Esdras. La plupart, ayant David pour auteur, datent du xi* siècle
avant notre ére. Quelques-uns de ceux qui portent le nom d'Asaph et des en-
fants de Coré, à plus forte raison les anonymes, sont d'époque incertaine, La
plus grande partie des Psaumes graduels, cxix-cxxxim, sont postérieurs à la
captivité. Les Ps. exLvi-c ont été probablement composés pour la fête de la
restauration des murs de Jérusalem, du temps de Néhémie. Rien ne prouve
qu'aucun de nos Psaumes ait été composé après cette date et qu'il en existe du
temps des Machabées.
Le premier des cinq livres des Psaumes, qui est exclusivement davidique, a
616 probablement formé par le saint roi lui-même. Le second, en partie davi-
dique, en partie lévitique, a été compilé, d'aprés plusieurs critiques, du temps
d'Ézéchias. Nous ne pouvons dire à quelle époque ont été faites les collections
des chants renfermés dans les livres ΠῚ et IV, mais c'est certainement avant
350/88. C'est Esdras lui-même qui a vraisemblablement recueilli les Psaumes
"éunis dans le livre V.
Le sujet ordinaire des Psaumes est Dieu et l'homme en face de Dieu : Dieu
dans sa grandeur, sa bonté, sa miséricorde, ses bienfaits, sa justice; l'homme
dans sa faiblesse, sa petitesse, sa misère, ses infidélités et le besoin qu'il a du
secours de son Créateur.
Le premier mouvement du Psalmiste le porte toujours vers Dieu. Non seule-
ment Dieu occupe la plus large place dans ces chants; mais sur cent cinquante
qui composent la collection, il n'y en a que dix-sept oü il ne soit pas nommé
dès le premier verset. L'union habituelle et la plus intime avec Dieu, tel est le
caractére le plus saillant des Psaumes.
Aprés Dieu, c'est de l'homme surtout qu'il est question dans la poésie lyrique
A. T. 69
1090 INTRODUCTION AU LIVRE DES PSAUMES.
des Hébreux, non pas de l'individu en particulier, mais de l'homme en général,
David ne parle pas seulement en son nom ; il parle au nom de l'humanité en-
tiere, et lorsque l'univers chrétien chante les vers du poète hébreu, comme
exprimant ses propres sentiments et ses propres pensées, il ne fait que s'appro-
prier ce qui a été fait pour lui. Quoique l'auteur ail souvent composé ses can-
tiques à l'occasion d'événements particuliers, il n'en a pas moins franchi les
bornes étroites de l'horizon de la Palestine : jusque dans les Psaumes les plus
personnels, il a parlé au nom de tous. Quand il célébre sa victoire sur Goliath,
Ps. cxLui, il ne dit point à Dieu:
Que suis-je, 6 Seigneur, pour que tu penses à moi?
Mais s'élevant bien au-dessus de sa personnalité, il s'écrie :
O Seigneur! qu'est-ce que l'homme pour que tu penses à lui,
Le fils de l'homme, pour que tu t'occupes de lui?
L'homme, qui est semblable à un souffle,
Dont les jours sont comme l'ombre qui passe. YY. 3-4.
Cette largeur de conception et de vues est d'autant plus frappante, que la
langue dont il se sert est plus rebelle aux généralisations. Les idées générales
et abstraites semblent ne pas exister pour la langue hébraique, mais le génie
du Psalmiste sait lui donner ce qui lui manque; il oppose sans cesse dans ses
chants la petitesse et la misère de l'homme à la grandeur et à la perfection de
Dieu :
Quand je regarde ton ciel, l'eeuvre de tes doigts,
La lune et les étoiles que tu as faites,
Qu'est-ce que l'homme pour que tu te souviennes de lui,
Le fils de l'homme, pour que tu prennes soin de lui? Ps., vit, 4, 5.
Ces admirables vers, que nous lisons dans le Ps. vir, l'un des poèmes les
plus achevés et les plus parfaits qui existent dans aucune litiérature ancienne
ou moderne, nous les retrouvons sous une autre forme dans plusieurs autres
passages de nos chants sacrés, où la créature est mise également en contraste
avec son Créateur.
Mais le Psalmiste ne se contente pas de parler ainsi de l'homme en général,
il étend plus loin ses généralisations. Quand 1] demande à Dieu de juger et de
punir ses ennemis, sa pensée, d'un vol hardi, enveloppe dans sa prière tous
les peuples qui font la guerre au Seigneur. Il veut se venger des Philistins, et 1}
réclame de Dieu l’abaissement, non pas seulement des habitants de Geth, mais
de tous les Gentils :
Echapperont-ils [au châtiment] de leurs crimes?
Dans ta colère, ὁ Dieu, terrasse les Gentils. Ps. LV, 8.
Dans les chants de David, le juste et le pécheur, le bon et le méchant, le
grand et le petit, le riche et le pauvre deviennent ainsi des caractères généraux,
et c'est de la sorte qu'il développe et agrandit le champ de la poésie gnomique
qui devait prendre un si grand élan sous son fils Salomon.
Un autre caractère des Psaumes, trés important à noter, c’est que l'homme
qui est placé en face de Dieu dans ces chants sacrés est trés souvent le Dieu-
INTRODUCTION. AU LIVRE DES PSAUMES. 1091
Homme, le Messie, représentant de l'humanité auprès de son Père; leur auteur
parle presque toujours au nom de Jésus-Christ, ou au moins en termes qu'on
peut; lui appliquer. Dieu, en faisant du Psalmiste l'interpréte des sentiments de
l'humanité, l'a fait par là méme l'interpréte des sentiments de son Fils, qui est
le second Adam, l'homme par excellence; c'est ainsi que le cri de David. s'est
trouvé tout à !« fois le cri par excellence du Messie et de la nature humaine,
> Celui qui 5316 combien il y a de flots dans la mer et combien de larmes
dans l'œil de l'homme; celui qui voit les soupirs du cœur quand ils ne sont, pas
encore, et qui les entend encore, quand ils ne sont plus ; celui-là seul pourrait
dire combien de pieux mouvements, combien de vibrations célestes a produit
et produira dans les àmes le retentissement de ces merveilleux accords, de ces
cantiques prédestinés, lus, médités, chantés à toutes les heures du jour et de
la nuit, sur tous les points de la vallée des larmes. Ces psaumes de David sont
comme une harpe mystique suspendue aux murs de la vraie Sion. Sous le souffle
de l'esprit de Dieu, elle rend des gémissements infinis qui, roulant d'écho en
écho, d'àme en àme, réveillant dans chacune d'elles un son qui s'unit au chant
sacré, se répandent, se prolongent et s'élévent comme l'universelle voix du re-
pentir. » (Mgr GERBET.)
« [David] est le premier des poétes du sentiment, dit Lamartine; c'est le roi.
des lyriques. Jamais la fibre humaine n'a résonné d'accords si intimes, si péné-
trants et si graves! jamais la pensée du poète ne s'est adressée si haut et n'a
crié si juste ! jamais l'àme de l'homme ne s'est répandue devant l'homme et
devant Dieu en expressions et en sentiments si tendres, si sympathiques et si
déchirants ! Tous les gémissements les plus secrets du cœur humain ont trouvé
leurs voix et leurs notes sur les lévres et sur la harpe de cet homme! et si l'on
remonte à l'époque reculée où de tels chants retentissaient sur la terre ; si l'on
pense qu'alors la poésie lyrique des nations les plus cultivées ne chantait que
le vin, l'amour, le sang, et les victoires des Muses et des coursiers dans les
jeux de l'Elide, on est saisi d'un profond étonnement aux accents mystiques du
roi-prophéte, qui parle au Dieu créateur comme un ami à son ami, qui com-
prend et loue ses merveilles, qui admire ses justices, qui implore ses miséri-
cordes, et semble un écho anticipé de la poésie évangélique, répétant les douces
paroles du Christ avant de les avoir entendues. [Personne ne peut] refuser au
poéte-roi une inspiration qui ne fut donnée à aucun autre homme! Lisez de
l'Horace ou de Pindare aprés un psaume! Pour moi, je ne le peux plus! »
« David est le prince de la priére et le théologien de l'Ancien Testament, dit
Lacordaire. C'est avec ses Psaumes que prie l'Eglise universelle, et elle trouve
dans celte prière, outre la tendresse du cœur et la magnificence de la poésie,
les enseignements d'une foi qui a tout su du Dieu de la création, et tout prévu
du Dieu de la rédemption. Le Psautier était le manuel de la piété de nos pères;
on le voyait sur la table du pauvre comme sur le prie-Dieu des rois. Il est en-
core aujourd'hui, dans la main du prêtre, le trésor où il puise les aspirations
qui le conduisent à l'autel, l'arche qui l'accompagne aux périls du monde,
comme au désert de la méditation.
« Nul autre que David n'a mieux prié; nul autre, préparé par plus de malheurs
et plus de gloire, par plus de vicissitudes et plus de paix, n'a mieux chanté la
foi de tous les âges, et mieux pleuré les fautes de tous les hommes. Il est le
père de l'harmonie s^7naturelle, le musicien de l'éternité dans les tristesses du
69
1092 INTRODUCTION AU LIVRE DES PSAUMES.
lemps, et sa voix se prête à qui la veut pour gémir, pour invoquer, pour intercé-
der, pour louer, pour adorer... Empruntez cette voix dont l'Eglise a fait la sienne,
et qui, depuis trois mille ans, porte aux anges les soupirs et la joie des saints...
Il n'y a pas dans la vie de l'homme un péril, une joie, une amertume, un abalte-
ment, une ardeur, pas un nuage et pas un soleil qui ne soient en David, et que
sa harpe n'émeuve pour en faire un don de Dieu et un souffle d'immortalité(1).»
(1) Sur le caractère de la poésie hébraïque, voir la note 19àla fin du volume,
LES PSAUMES
^ OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES
Ces observations ont pour but de nous faire éviter, dans les notes explica-
lives du texte sacré, une foule de redites qui, sans elles, seraient absolument
inévitables, et qui ne pourraient manquer de fatiguer le lecteur.
1. Quand le Psalmiste lance des malédictions et des imprécations contre ses
ennemis, quand il demande à Dieu de les punir et de les faire périr avec toute
leur postérité, il n'est nullement animé de l'esprit de vengeance; car: 1° S'il
eüt été, comme on le suppose, un homme haineux, emporté et vindicatif,
aurait-il épargné Saül, qui machinait sa perle? aurait-il vengé et pleuré
amérement sa mort? aurait-il vengé aussi celle d'Isboseth, et recherché
dans tout Israél quelqu'un de la famille de ce prince, son ennemi déclaré, pour
le combler de bienfaits? Aurait-il pardonné si généreusement à Séméi, qui
l'avait outragé de la maniere la plus atroce? Ainsi on a toute raison de penser
que ces imprécations ne procédaient pas d'un sentiment de vengeance, mais
d'un grand zèle pour la gloire de Dieu que ses ennemis outrageaient. Fallût-il une
nouvelle preuve de notre assertion, nous la trouverions dans ces deux passages
des Psaumes mémes : « Est-ce que je ne haissais pas, Seigneur, ceux qui vous
haissent, et à la vue de vos ennemis, ne séchais-je point de douleur? Je les
haissais d'une haine entière (Ps. cxxxvur, 21, 22)... Si j'ai rendu le mal à ceux
qui m'en avaient fait, que je tombe sans défense devant mes ennemis, je l'ai
mérité. Que l'ennemi poursuive mon àme, qu'il l'atteigne, qu'il me foule vivant
contre terre et qu'il ensevelisse ma gloire dans la poussiére. » (Ps. vir, 5, 6.)
2° Saint Chrysostome et saint Augustin, suivis de plusieurs interprètes, pen-
sent que ces imprécations ne sont pas réelles, mais qu'elles n'expriment que
de simples prophéties énoncées dans la forme imprécatoire. Il est certain que
quelques-unes au moins peuvent trés bien s'expliquer de cette manière. Un
cœur si bon, une âme aussi généreuse, ne peut avoir formé ces désirs de ven-
geance ; c'est une prédiction que lui suggére l'Esprit-Saint dont il est animé; le
méme Dieu qui l'associera un jour à son jugement veut bien avancer à son
égard l'exercice de ce pouvoir, en le chargeant d'annoncer de sa part les arréts
de sa justice contre les méchants.
3° Plusieurs de ces imprécations ne sont que conditionnelles, et ne renferment
le souhait d'un mal qu'autant que le coupable ne se corrigera pas, mais qu'il
persévérera dans son iniquité.
4? Les maux que parait souhaiter le Psalmiste n'ont pas pour objet la ruine
1094 LES PSAUMES.
personnelle du pécheur, mais se rapportent quelquefois à sa propre correction:
« Remplissez leurs faces d'ignominie, et ils chercheront votre nom, Seigneur. »
(Ps. ,זוצאאז 17.) D'autres fois ils se rapportent au bien général de la religion
et de la société. Le prophète, brûlant de zèle pour la gloire de Dieu, craignait
que si la prospérité et les persécutions des méchants persévéraient, les justes
ne fussent découragés, l'honneur de Dieu ne füt compromis et la religion ne
souffrit un notable dommage ; ce qui paraîtra évident à quiconque jettera un
simple coup d’œil sur les prophéties de Malachie. Le Psalmiste demande donc
à Dieu que par sa puissance il veuille bien réprimer les efforts des méchants.
Or, c'est ce que demande l'Eglise chrétienne elle-méme, quand elle prie contre
ses persécuteurs et quand elle ordonne des priéres contre les ennemis de
l'Etat. Il faut encore bien remarquer que les ennemis de David ne s'attaquaient
pas à lui personnellement, mais à Dieu qui l'avait établi dans sa théocratie,
et dont il était le vice-gérant, et à tout le peuple hébreu dont il était le chef.
Ainsi, sans faire attention à ses injures particulières, qu'il était disposé à par-
donner, il considérait dans ses persécutions l'homme de Dieu, dont il tenait la
place, et le bien de l'Etat dont il était le roi. Ainsi, ce n'était pas par le senti-
ment d'une vengeance particulière, mais par le zèle de la gloire de Dieu qu'il
désirait l'humiliation et l'extermination de ses ennemis.
5° Le prophéte ne parle pas en son nom propre, mais au nom de Dieu qui
l'inspire et dont il est l'organe. Or répugne-t-il aux attributs de Dieu qu'il sou-
haite de tirer vengeance de tout homme qui refuse opiniâtrément de se soumettre
à sa volonté? Ce désir n'est-il pas lié avec l'amour de l'ordre et de la justice
dont il ne saurait se départir? Mais, si ces sentiments peuvent se supposer en
Dieu, pourquoi paraitraient-ils choquants dans celui qui n'est que son inter-
préte, qui ne fait que déclarer au dehors ce qu'il lui révèle au dedans? N'ou-
blions pas que les saints prophétes eurent aussi les sentiments de Dieu méme.
Plus ils sont remplis de son amour, plus ils haissent et détestent tous les crimes
qui attaquent sa sainteté infinie; et Dieu leur découvrant par sa lumière divine
lendurcissement et l'impénitence des méchants, et la résolution infiniment
juste oü il est de les punir, ils entrent dans les sentiments de sa justice venge-
resse, ils les approuvent et désirent la punilior des coupables, mais ils la désirert
comme Dieu lui-même, c'est-à-dire sans passion, sans mouvement de haine, sans
emportement de colére, par le seul amour de l'ordre et de la justice éternelle.
6° Enfin, il faut se rappeler que ces imprécations sont exprimées dans un
style poétique, style beaucoup plus véhément et plus hyperbolique chez les
Orientaux qu'il ne l'est parmi nous, dont l'imagination infiniment plus froide
st plus calme ne se permet pas toutes ces exagérations.
II. L'Ecriture, comme l'a remarqué saint Augustin, a une langue particulière,
et ceux qui n'en ont pas appris les régles, ne pouvant l'entendre qu'avec beau-
coup de peine, se trouvent embarrassés quand ils veulent l'expliquer : Seriptura
nostra quomodo loquitur, sic intelligenda est : habet linguam suam; quicumque
hanc linguam nescit, turbatur (Tract. x in Joan., c. πὴ. En effet, les écrivains
sacrés étant originairement hébreux ou hellénistes, c'est-à-dire Grecs hébrai-
sants, nous ont transmis les Livres saints avec toutes les locutions et toutes
les expressions propres à ja langue hébraique. D'un autre cóté, ceux qui les
ont traduits de l'hébreu en grec, ou du grec en latin, n'ont presque rien
changé à ces idiotismes. De là ces hébraismes et ces hellénismes sans nombre,
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 1095
qui arrêtent presque à chaque pas le lecteur étranger à la connaissance dé la
langue sainte. La Vulgate latine surtout, qui assez ordinairement imite avec
fidélité la concision du texte original, devient souvent par là méme inintelli-
gible, principalement dans le livre des Psaumes. Aussi est-ce pour faire mieux
comprendre le sens de cette version à ceux de nos lecteurs qui n'ont aucune
connaissance de la langue hébraique, que nous signalons ici les hébraismes
principaux, les mémes que saint Augustin regardait comme si nécessaires pour
bien entendre l'Ecriture, qu'il exhortait tous ceux qui l'étudiaient, à les
apprendre et à se les rendre familiers (De Doct. Christ., lib. III). Par ce moyen
d'ailleurs, nous serons dispensé de les expliquer dans les nombreux passages
oü ils se rencontrent. Or parmi ces idiotismes de la langue sacrée, les uns re-
gardent plus particuliérement les noms, soit substantifs, soit adjectifs, soit
pronoms, les autres les verbes, d'autres enfin les particules, c'est-à-dire l'ad-
verbe, la préposition, la conjonction et l'interjection.
19 Les Hébreux, n'ayant point dans leur langue de genre neutre, le remplacent
le plus ordinairement par le féminin. Or l’auteur de la Vulgate se conforme
quelquefois à cet hébraisme. — Les noms abstraits se mettent trés souvent pour
les concrets. — La répétition d'un méme substantif au méme cas avec ou sans
la conjonction ef, indique ordinairement ou l'universalité, ou un grand nombre,
une multitude, ou une différence, une diversité dans l'espéce, ou enfin la viva-
cité du sentiment de celui qui parle. L'ensemble du discours fait distinguer
facilement, dans chaque phrase, quel est celui de ces divers sens qui lui est
propre. Mais, quand le substantif répété est mis la seconde fois au génitif, il
tient lieu de superlatif, comme on va le voir un peu plus bas. — Les adjectifs
sont souvent remplacés par un substantif précédé d'une préposition. — Les
adjectifs qui indiquent une possession, une manière d’être, une habitude, et qui
dans nos langues modernes sont pour la plupart dérivés du substantif dont ils
indiquent la possession, se trouvent quelquefois remplacés par les mots fils,
homme (filius, vir). — Le positif se met souvent pour le comparatif; mais alors
ce positif est suivi de la particule quàm. — Le comparatif s'exprime en hébreu
par le positif suivi de la particule min, qui signifie plus que (prz) ; mais, comme
cette particule signifie aussi de (ab, ez), la Vulgate la rend quelquefois dans ce
dernier sens, lors méme qu'il s'agit d'un comparatif. — Le superiatif s'exprime
ou par les particules beaucoup, excessivement, extrémement, ajoutées à l'adjectif,
ou par un substantif répété et mis, la seconde fois, au génitif, ou enfin par le
mot Dieu qu'on joint au substantif; mais dans ce dernier cas, c'est le superlatif
porté à sa plus haute puissance et qui doit se rendre en francais par le plus, le
plus possible. — Quant aux nombres, le singulier se met souvent pour le pluriel.
— Les cas se mettent également l'un pour l'autre, sans égard pour la concor-
dance latine. — Le nominatif se met souvent d'une manière absolue, c'est-à-
dire comme détaché de la proposition, quoique son usage propre soit d'en
caractériser le sujet. Cet hébraisme n'est point un pur pléonasme, comme
plusieurs l'ont prétendu ; il a pour but d'attirer l'attention principalement sur
l'idée exprimée par le nominatif absolu, d'en faire l'objet dominant de la
pensée de l'écrivain sacré. Le génitif marque assez souvent ou la fin qu'on se
propose, ou l'effet qui est produit, ou le sujet dans lequel ou bien auquel on
attribue quelque chose ou entin la ressemblance. Le datif se met quelquefois
pour la préposition contre (adversus, contra), et quelquefois aussi pour de,
1096 LES PSAUMES. — OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.
touchant, au sujet de (de). L'accusatif se prend souvent d'une manière adverbiale ;
souvent aussi il est remplacé par la préposition dans (in) avec l'ablatif, genre
d'hébraisme qui a pour but de donner à l'idée renfermée dans le verbe plus de
force et d'énergie. Le vocatif et l'ablatif n'offrani que des idiotismes faciles à
comprendre, nous les passons sous silence. — Tout pronom exprimé, quoiqu'il
soit implicitement renfermé dans le verbe, doit être autant que possible rendu
dans une traduction, parce qu'il donne au discours une force et une énergie qui
disparaitrait entiérement si on n'en tenait pas compte. Le pronom possessif, qui
a le plus ordinairement une signification active, se prend fréquemment dans le
sens passif. m
2» Lorsqu'un verbe actif, au lieu de régir l’accusatif, se joint à son complé-
ment par l'intermédiaire d'une préposition, il donne à l'action quil exprime
une nouvelle force et plus d'énergie. — Plusieurs verbes qui indiquent une
chose comme positive, ne signifient réellement que dire, déclarer, publier cette
chose. Quand deux verbes de méme temps ou de méme mode sont joints en-
semble par la conjonction et, le second exprime quelquefois le complément du
premier et représente l'infinitif. D'autres fois le premier tient lieu d'un adverbe,
ce qui arrive principalement quand ce premier verbe est ajouter (addere, adji-
cere) ou d'autres qui ont une signification analogue. Quand un méme verbe est
répété plusieurs fois ou qu'il est joint à un nom ayant le méme sens que lui,
l'action qu'il exprime devient plus forte et plus énergique, et le nom lui-même
répond alors à l'idée de tout à fait, entièrement, absolument, etc. Le parfail
s'emploie assez souvent pour le présent dans les choses qui ont coutume de se
faire, c'est-à-dire dans les propositions générales dont la vérité ne dépend
d'aucune circonstance de temps; pour le futur, soit dans les prédictions et les
promesses prophétiques, oü les choses prédites et promises sont envisagées par
l'écrivain sacré comme déjà accomplies, ou bien se passant sous ses yeux, soit
quand il se trouve dans une proposition dépendante d'une premiére. — Le
futur s'emploie comme le prétérit pour le présent dansles propositions générales
dont la vérité est indépendante de toute circonstance de temps; pour l'impar-
fait, et lorsque le verbe renferme implicitement les idées de devoir et de coutume.
— Quand un verbe se trouve construit avec un complément qui ne lui convient
pas, ce genre de construction indique qu'un autre verbe auquel appartient le
complément est sous-entendu et que celui qui est exprimé réunit la significa-
lion de ce verbe sous-entendu à la sienne propre. La nature de la proposition,
aussi bien que la construction elle-méme, suggérent facilement à l'esprit la
signification du verbe sous-entendu.
3° Les particules avant que, jusqu'à, jusqu'à ce que, ne signifient pas Loujours
que l'action du verbe qui les précéde, finit, se termine au moment oü com-
mence celle du verbe qui les suit. La négative non jointe à tout (omnis), signifie
pas un, aucun (nullus). La préposition de (ab, ez) a quelquefois le sens de plus
que, en comparaison de (plusquàm, prz). Voy. ce que nous en avons dit au n° 4°,
au sujet du comparatif. J.-B. GLAIRE.
[rs. n.]
PSAUME PREMIER.
Ce Psaume contient comme un précis de
toute la doctrine du psautier et un
abrégé de toute la morale. Le psalmiste
y représente que le bonheur de l'homme
en cette vie consiste à s'éloigner des
maximes et des mœurs des impies, et
à s'attacher constamment à la loi de
Dieu.
1. Heureux l'homme qui n'est
pas allé au conseil des impies,
qui ne s'est pas arrété dans la
voie des pécheurs, qui ne s'est
pas assis dans la chaire de pesti-
lence ;
2. Mais dont la volonté est dans
la loi du Seigneur, et qui médite
LES PSAUMES.
1097
Et sa feuille ne tombera point ;
et tout ce qu'il fera prospérera.
4. 1] n'en est pas ainsi des im-
pies; non, il n'en est pas ainsi,
mais ils sont comme la poussiere
que le vent emporte de la face de
la terre.
. Cest pourquoi les impies ne
ressusciteront pas au jugement,
ni les pécheurs dans l'assemblée
des justes.
6. Parce que le Seigneur con-
nait la voie des justes, et la voie
des impies périra.
PSAUME II.
En vain les rois et les peuples de la terre
s'opposent à l'établissement du règne
de Jésus-Christ. David les exhorte à se
soumettre à lui.
cette loi le jour et la nuit.
3. ll sera comme l'arbre planté
près des courants des eaux, qui
donnera son fruit en son temps; 1. Pourquoilesnations ont-elles
Ps. I. 2. Jos., 1, 8. — 3. Jérémie, xvir, 8. — Ps. II. 4. Actes, 1v, 25.
1. Ce premier psaume n'a de titre, ni dans l'hébreu, ni dansles Septante ; mais les
Pères grecs et latins, de méme que les rabbins, l'attr'buent communément à David.
1] parait cependant que le nom de David se lisait dans quelques anciens exemplaires
des Septante, puisqu'il se trouve dans l'édition d'Aleala et dans celle des Alde.
— * Le psaumeÏI sert d'introduction générale à toute la collection des chants inspirés.
1-3. * Bonheur du juste, qui évite le mal et observe la loi, c'est-à-dire pratique le
bien.
1, 5, 6. Dans le stye des Hébreux les imptes sont ce que nous appelons les méchants
en général; de là vient que chez eux les justes et les impies sont ce que nous nom-
mons les bons et les méchants.
4-6. * Malheur du pécheur.
6. David ne dit pas qu'il n'y a point de résurrection pour les méchants, comme
l'ont prétendu quelques inerédules; il dit simplement qu'ils ne ressusciteront pas
pour être admis dans l'assemblée des justes ; il faut faire violence au texte pour lui
donner un autre sens. — Au jugement dernier. C'est ainsi que l'ont entendu la plu-
part des docteurs juifs aprés le paraphraste chaldéen. D'ailleurs, comme l'a juste-
ment remarqué le savant Aben-Ezra, la présence de l'article déterminatif enlève
toute espèce de doute à cet égard. 1
1-13. Ce psaume n'a, comme le premier, aucun titre dans l'hébreu, dans la Vul-
gate et dans la plupart des exemplaires des Septante ; quelques-uns seulement, soit
grecs, soit latins, portent en tête : Psaume de David; inscription dont la vérité se
trouve confirmée par le témoignage formel des Apótres mémes. D'un autre cóté, les
Apôtres dans le Nouveau Testament, les anciens Pères grecs et latins, les anciens
rabbins, les interprètes chrétiens, tous s'accordentà dire que ce psaume se rapporte
au Messie. — * Ce Psaume est trés souvent cité dans le Nouveau Testament. Les
Actes, 1v, 25-28, indiquent l'accomplissement de 1-2 dans la coalition des Juifs et des
Gentils contre Jésus-Christ. Hebr., τ, 5 et v, 5, cite 1 comme preuve de la génération
éternelle du Verbe. Cf. Ac/., xiu, 33 et Rom., 1, 4. Le nom de Messie ou Christ et
celui de Fils de Dieu, Jean., 1, 49 et Matth., xxvi, 63, qui étaient les noms par les-
1098
frémi, et les peuples médité des
choses vaines?
2. Les rois de la terre se sont
levés, etles princes se sont ligués
contre le Seigneur et contre son
Christ.
3. Rompons leurs liens, ont-ils
dit, et rejetons loin de nous leur
joug.
4. Celui qui habite dans les
cieux se rira d'eux, etle Seigneur
se moquera d'eux.
5. Alors il leur parlera dans sa
colère, et dans sa fureur il les con-
fondra.
6. Pour moi, j'ai été établi roi
par lui sur Sion, sa montagne
sainte, annonçant ses préceptes.
7. Le Seigneur m'a dit : Vous
êtes mon Fils, c’est moi qui au-
jourd'hui vous ai engendré.
LES PSAUMES.
(Ps. [.ז1
8. Demandez-moi, et je vous
donnerai les nations en héritage,
et en possession les extrémités
de la terre.
9. Vous les gouvernerez avec
une verge de fer, et vous les bri-
serez Comme un vase de potier.
10. Et maintenant, ὃ rois, com
prenez; instruisez-vous, vous qui
jugez la terre.
11. Servez le Seigneur dans la
crainte, et réjouissez-vous en lui
avec tremblement.
12. Embrassez la doctrine, de
peur que quelque jour le Seigneur
ne sirrite, et que vous ne péris-
siez hors de la voie de la jus-
tice.
13. Lorsque sa colère s'enflam-
mera en un instant, heureux tous
ceux qui se confient en lui.
7. Actes, xir, 33; Hébr., 1, 5; v, 5. — 9. Apoc., ir, 27; xix, 15
mm mm
quels on désignait ordinairement chez les Juifs, du temps de Notre-Seigneur, le
grand roi qu'ils attendaient, viennent de ce Ps. et de Dan., 1x, 25. L'Apocalypse, xix,
15; xir, 5;1,5, nous montre Jésus-Christ gouvernant les nations avec une verge de fer.
1-3. * Les Gentils veulent en vain se révolter contre Dieu.
1. * Cette brusque interrogation, Pourquoi, indique que les complots des rois dela
terre sont sans raison et seront sans succès. A quoi bon?
2-3. * Ces deux vers expriment le résultat des délibérations des rois conjurés.
4-6. * Dieu se rit des vains efforts de ses ennemis.
4. * Celui qui habite dans les cieux est opposé aux vois de la terre, vers. 2; à leur
agitation, à leur tumulte, est opposée sa sérénité; ils se remuent, ils se déménent; lui
sourit, comme pourrait faire un homme qui verrait des fourmis se révolter contre lui.
6. Ses préceptes, ou bien son décret, par lequel il m'a établi roi.
1-9. * Discours du Messie; il déclare que Dieu l'a engendré de toute éternité et
qu'il luia donné en héritage toutes les nations de la terre.
1. Je vous ai engendré. Cela peut s'entendre ou de la génération éternelle du Verhe
(Hébr., 1, 5), ou de sa naissance temporelle; mais particuliérement de sa Résurrec-
tion, par laquelle il est devenu /e premier-né d'entre les morts (Actes, xur, 32, 33;
Coloss., 1,18; Apocal., τ, 5).
8. Je vous donnerai, etc. C'est dans le Messie seul qu'ont été accomplies ces ma-
gnifiques promesses.
9. Ce texte est appliqué plusieurs fois à Jésus-Christ, et Jésus-Christ se l'applique
à lui-même. Voy. Apocal., n, 26-28; xu, 5; xix, 15.
10-13. * Conclusion du Psalmiste : il faut obéir au roi-Messie.
19. La doctrine de Jésus-Christ, sa loi. y
13. * « Il est facile de sentir le mérite de la marche lyrique de ce Psaume. Entrant
hardiment en matiére par une question, il déroule en peu de mots le tableau du
bruit des réunions dans lesquelles les rois forment leurs vains projets. Un regard
tombé du haut du ciel, un sourire. du roi de ce ciel, anéantissent leurs combinaisons;
car, dans les vues du poète, ce terrible sourire devient le tonnerre tout puissant, il
PS, IV.]
PSAUME III.
David se soutient contre la crainte qu'on
veut lui donner de ses ennemis, par le
souvenir des secours qu'il a recus de
Dieu, et par l'espérance qu'il a d'en
recevoir de nouveaux de sa bonté.
1. Psaume de David, lorsqu'il fuyait
devant Absalom son fils.
2. Seigneur, pourquoi se sont-
ils multipliés, ceux qui me persé-
cutent? Ils sont bien nombreux,
ceux qui s'élévent contre moi.
3. Beaucoup disent àmon àme:
Il n'y a point de salut pour elle en
son Dieu.
4. Mais vous, Seigneur, vous
LES PSAUMES.
1099
suis levé, parce que le Seigneur
m'a pris sous sa protection.
1. Je ne craindrai point les mil-
liers d'hommes du peuple qui
m'environne : levez-vous, Sei-
gneur. sauvez-moi, mon Dieu.
8. Parce que c'est vous qui avez
frappé tous ceux qui me combat-
taient sans raison ; vous avez brisé
les dents des pécheurs.
9. Au Seigneur appartient le
salut; et c'est sur votre peuple
que se répand votre bénédiction.
PSAUME IV.
David, plein de reconnaissance de ce que
Dieu a écouté sa prière, l'invoque de
nouveau. ll exhorte ses ennemis à ne
pas mettre leur confiance dans les biens
de cemonde, maisàne chercher, comme
lui, leur repos qu'en Dieu seul.
étes mon soutien, ma gloire, et
vous élevez ma téte.
5. De ma voix, j'ai crié vers le
Seigneur, et il m'a exaucé de sa
montagne sainte.
6. Pour moi, je me suis en-
dormi, j'ai sommeillé; et je me
1. Pour la fim, dans les cantiques,
psaume de David.
2. Lorsque je l'invoquais, il m'a
comprend ce langage, il s'en fait l'interpréte. Ce langage est concis et majestueux
comme doit l'être celui du roi du ciel; mais le roi sur la terre donne des ordres
plus détaillés, 11 donne méme des avis, des conseils; cependant le répit qu'il donne
à ses ennemis pour les suivre est court, et l'ode se termine par une sentence sur les
fidèles. Chaque trait de ce tableau est juste et sa gradation est admirable. » (HERDER.)
1. Lorsqu'il fuyait, etc. Cette fuite de David est racontée dans le IIe livre des Rois,
xv, 14 et suiv.
2-3. * Multitude des ennemis de David.
3. A mon âme. Ce qui suit exigerait : De mon âme, au lieu de : À mon dme. Il est
certain que la particule hébraique que les Septante ont rendue par le datif, son sens
ordinaire, signifie quelquefois de, au sujet de, quand elle est jointe aux verbes dire,
ordonner, etc.
4-5. * David n'est pas effrayé du nombre de ses ennemis, parce qu'il compte sur
le secours de Dieu.
5. Sa montagne sainte; c'est-à-dire Sion. Compar. Ps. n, 1.
6-7a (c'est-à-dire première moitié du y. 1). * Le Psalmiste se lève, il se couche, ce
qui veut dire qu'il vit en paix et tranquille, parce que Dieu est son protecteur.
jb -9. * Prière à Dieu, pour qu'il délivre David de tous ses ennemis et qu'il bénisse
son peuple.
1. Pour la fin, etc. L'explication des titres de ce genre qui se lisent dans les
psaumes exigeant des développements d'une certaine étendue, nous renvoyons le
lecteur aux interprétes qui en traitent dans leurs commentaires. — * Le texte hébreu
porte : « Au chef de chœur, sur les neginóth, c'est-à-dire avec accompagnement
d'iustruments à corde. » Pour l'explication des titres des Psaumes, voir la note 4 à
la fin du volume. |
2. Le Dieu de ma justice; c'est-à-direle Dieu auteur et défenseur de ma justice. —
1100
exaucé, le Dieu de ma justice;
dans la tribulation, vous m'avez
mis au large. Ayez pitié de moi,
et exaucez ma prière.
3. Fils des hommes, jusqu'à
quand aurez-vous le cœur appe-
santi? pourquoi aimez-vous la
vanité, et cherchez-vous le men-
songe?
4. Sachez donc que le Seigneur
a glorifié son saint : le Seigneur
m'exaucera, lorsque je crierai
vers lui.
9. Irritez- vous et ne péchez
pas; et ce que vous dites en vos
cœurs, repassez-le sur vos lits
avec componction.
6. Offrez un sacrifice de jus-
tice, et espérez dans le Seigneur.
Beaucoup disent: Qui nous mon-
trerales biens qu’on nous promet?
1. La lumière de votre visage
Ps. IV. 5. Ephése, iv, 26.
LES PSAUMES.
(Ps. v.]
à été marquée sur nous, Sei-
gneur; vous avez donué la joie
à mon cœur.
8. Ils ont eu en abondance le
fruit de leur froment, de leur vin
et de leur huile.
9. Dans 18 paix je m'endormirai
et je reposerai tout à la fois,
10. Parce que vous, Seigneur,
vous seul m'avez établi dans l'es-
pérance.
PSAUME V.
Belle prière du psalmiste. Il y représente
ce que les méchants doivent craindre
dela justice de Dieu, et ce que les justes
doivent attendre de sa bonté.
1. Pour la fin, pour celle qui obtient
l'héritage, psaume de David.
2. Prétez l'oreille à mes paroles,
Seigneur, entendez mon cri.
3. Soyez attentif à la voix de
——À C τ. 0 στ τὼ τσ T M
* Pour bien suivre la pensée du Psalmiste, il faut mettre les verbes au présent et
non au passé. Dans ce vers. 2, David demande à Dieu de l'exaucer dans son angoisse,
au moment oü tous l'abandonnent pour suivre Absalom.
3-4. * Le Psalmiste s'adresse à ses calomniateurs : qu'ils cessent leurs outrages,
car Dieu va exaucer sa prière.
4. Son saint. David avait été sanctifié de Dieu par l’onction sainte qu'il avait reçue
à son sacre.
5-62, * Que ses ennemis rentrent en eux-mêmes et qu'ils se confient en Dieu, au
lieu de se laisser aller à la présomption.
5. Irritez-vous, etc., ou bien, selon le texte hébreu : Frémissez, tremblez; ce qui
donne un sens mieux suivi.
65 -8.* Parmi ceux qui ont suivi David, beaucoup disent : Qui nous fera retrouver
la paix et le bonheur? — Dieu, répond-il, en faisant briller sur nous son visage, c'est-
à-dire en nous accordant sa faveur.
6. Qui nous montrera? c'est-à-dire qui nous donnera? Qui nous récompensera pour
le sacrifice que nous faisons, en suivant un roi détróné et malheureux, en nous ex-
posant par là méme à la merci de nos ennemis, et en manquant des choses les plus
nécessaires? David répond à ceux qui font cette question que Dieu les a favorisés de
sa divine lumière, qu'il leur a accordé une joie intérieure et le témoignage d'une
bonne conscience.
1-8. * On lit en hébreu : Tu as mis plus de joie dans mon cœur, qu'au temps de la
moisson et de la vendange.
9-10. * Tranquillité ct paix de David, à cause de sa confiance sans bornes en Dieu.
1. * Le titre hébreu porte : « Au chef de chœur, » ’el-han-nekhilôth (probablement
indication d'un instrument de musique, la flüte). Sujet : Priére du matin, avant
d'aller à la maison de Dicu.
2-58 .* David invoque Dieu dès le matin et demande à être exaucé,
[h3; vi.]
ma priere, mon roi et mon Dieu.
4. Parce que c'est vous que je
prierai; Seigneur, des lé matin
vous entendrez ma voix.
5. Des le matin je me présen-
terai devant vous,et je verrai
que vous n'êtes pas un Dieu qui
veut l'iniquité.
6. Le méchant n'habitera pas
pres de vous; et les hommes in-
justes ne subsisteront pas devant
08 yeux.
7. Vous haïssez tous ceux qui
operent l'iniquité ; vous perdrez
tous ceux qui proferent le men-
songe. Le Seigneur aura en abo-
mination un homme de sang et
un fourbe.
8. Mais moi, gráce à la multi-
tude de vos miséricordes, j entre-
rai dans votre maison; jado-
rerai en approchant de votre saint
temple, pénétré de votre crainte.
9. Seigneur, conduisez - moi
dans volre justice; à cause de
mes ennemis dirigez ma voie en
volre présence.
10. Parce que la vérité n'est
pas dans leur bouche : leur cœur
est vain.
Ps: V. 41. Infra, xir, 3; Rom,, 111, 13.
LES PSAUMES.
1
41. C'estun sépulereouvert que
leur gosier; avec leurs langues
ils agissaient astucieusement
jugez-les, ὃ Dieu.
Qu'ils soient décus de leurs
pensées; à cause de la multitude
de leurs impiétés, chassez-les,
parce qu'ils vous ont irrité, Sei-
gneur.
19. Mais qu'ils se réjouissent,
tous ceux qui esperent en vous;
éternellement ils tressailliront
d'allégresse, et vous habiterez en
eux.
Et ils se glorifieront en vous,
tous ceux qui aiment votre nom;
13. Parce que vous, vous béni-
rez le juste.
Seigneur, vous nous avez cou-
ronnés de votre bonne volonté
comme d'un bouclier.
PSAUME VI.
David, pénétré de douleur de ses péchés
et accablé des maux qui en étaient la
peine, implore la miséricorde de Dieu.
Il est si sûr d’être exaucé, qu'il reproche
à ses ennemis d’avoir en vain espéré
sa perte.
1. Pour la fin, dans les cantiques,
psaume de David, pour l'octave,
4. Dès le matin vous entendrez ma voix. Les Hébreux priaient trois fois par jour:
le matin, à midi et le soir. Il est dit du prophète Daniel qu'il était fidèle observateur
de cette sainte pratique. Voy. Daniel, vi, 10, 12.
5b -T. * David fonde sa prière et sa confiance sur la sainteté de Dieu.
7. Homme de sang; littér. homme de sangs (vir sanguinum); c'est-à-dire meurtrier,
Les Hébreux employaient le mot sang au pluriel principalement lorsqu'il s'agissait
du sang versé, répandu par le meurtre.
8-112 . * Le Psalmiste invoque Dieu avec confiance contre ses ennemis, parce qu'ils
sont méchants.
8. J'adorerai en approchant de votre saint lemple; littér. J'adorerai vers votre, etc.
9. Dans votre justice; dans la voie de votre justice.
11^ -13. * Que Dieu punisse les méchants, et les justes se réjouiront,
M. * C'est un sépulcre ouvert que leur gosier, parce qu'avec les mensonges qu'ils
proférent, ils préparent à tout instant la mort et la ruine.
1. * Le mot traduit pour la fin signifie toujours dans les titres des Psaumes que le
poème sacré est adressé au chef de chœur. L'hébreu porte : « Au chef de chœur sur
les neginóth, scheminith. » Neginôlh veut dire avec accompagnement d'instruments à
1102
9. Seigneur, ne. me reprenez
pas dans votre fureur, et ne me
châtiez pas dans votre colère.
3. Ayez pitié de moi, Seigneur,
parce que je suis infirme ; guéris-
sez-moi, Seigneur, parce que mes
os sont ébranlés.
4. Kt. mon âme est troublée à
l'excés ; mais vous, Seigneur, jus-
qu'à quand?...
5. Revenez, Seigneur, et déli-
vrez mon âme; sauvez-moi à
cause de votre miséricorde.
6. Parce que nul dans la mort
ne se souvient de vous : et dans
l'enfer qui vous glorifiera ?
7. Je me suis fatigué dans mon
gémissement; je laverai chaque
nuit mon lit de mes pleurs; j'arro-
LES PSAUMES.
[Ps. vir.]
milieu. de tous :mes ennemis.
9. Retirez-vous de. moi, vous
tous qui opérez l'iniquité ; parce
que le Seigneur a exaucé la voix
de mon pleur.
10. Le Seigneur a:.exaucé ma
supplication, le Seigneur ἃ ac-
cueilli ma prière. 1
11. Qu'ils rougissent et qu'ils
soient remplis de trouble, tous
mes ennemis; qu'ils s'en retour-
nent trés promptement. et. qu'ils
rougissent. |
PSAUME VII.
David, persécuté par Saül, invoque le se-
cours du Seigneur. 11 16 prend à témoin
de son innocence, et il prédit que le
mal que son ennemi veut lui faire re-
tombera sur lui.
serai ma couche de mes larmes.
8. Mon œil ἃ été troublé
par l'indignation; j'ai vieilli au
1. Psaume de David qu'il chanta au
Seigneur, à cause des varoles de Chus,
fils de Jémini .
Ps. VI. 9. Matt., vir, 23; xxv, 41; Luc, ἘΠῚ 21.
cordes. Scheminith, à l'octave, avec des voix de basse. Pour l'explication de tous ces
termes techniques, voir la note 4 à là fin du volume. — Le sujet du psaume vt est
une prière à Dieu pour désarmer sa colère C'est le premier des sept Psaumes péni-
tentiaux. On ne peut rien imaginer de plus tendre, de plus touchant et de plus pro-
fondément triste. Il faut cependant remarquer que, quoique il puisse trés bien être
mis dans la bouche d'un pécheur repentant, il n'a pas été composé par un. pécheur,
mais par un infortuné, sous le poids de l'oppression. Il ne renferme aucune allusion
à des péchés commis.
2-4. * Appel de David à la miséricorde de Dieu pour qu'il ne le chátie pas dans sa
colère, car il tremble devant lui.
4. Jusqu'à quand serez-vous en colère, ou me laisserez-vous dans mon. triste! état?
5-8. * Motifs pour lesquels Dieu doit secourir David.
6. Nul dans la mort, etc. Les morts dans un silence absolu et dans l'enfer ne pro-
fèrent que des paroles de désespoir et de blasphème. C'est à tort que quelques inter-
prètes catholiques traduisent le mot infernus ou enfer de la Vulgate par tomóbeau,
le mot hébreu correspondant scheôl n'a nullement cette signification; les hébraisants
méme rationalistes en conviennent. Il y ἃ d'ailleurs un autre. mot en hébreu pour
signifier (ombeau, sépulcve.
9-11. * Chant de triomphe : Dieu a exaucé le Psalmiste; il le fait triompher de tous
ses ennemis,
4. Voir au 115 livre des Rois, chap. xvt et xvtr. — * Le texte hébreu porte : « Schig-
gayón (terme inconnu, qui semble correspondre à peu prés à dithyrambe et désigner
un poème dans lequel le poète, entraîné par son enthousiasme, met peu de liaison
dans ses idées et point d'uniformité dans son rythme, cantio erratica, comme on l'a
appelé), de David, qu'il chanta au Seigneur à cause des paroles de Ghusi 16 Benja-
mite. » Chusi est le méme nom qu'Ethiopien. Le personnage de la tribu de Benjamin
qu'il désigne ici est inconnu : ce n'est pas Séméi; ce devait être un des 26168 parti+
(rs. vit.]
9, Seigneur, mon Dieu, c'est en
vous que j'ai espéré; sauvez-moi
de tous ceux qui me persécutent
et délivrez-moi.
3. De peur qu'enfin, comme un
lion, ilneravisse mon âme, tandis
qu'il n'y a personne qui me déli-
vre et me sauve.
4. Seigneur mon Dieu, si j'ai
fait cela, si l'iniquité est dans mes
mains ;
5. Si j'ai rendu le mal à ceux
qui m'en avaient fait, que je
tombe devant mes ennemis sans
défense; je l'ai mérité.
6. Quel'ennemi poursuive mon
âme, qu'illasaisisse, et qu'il foule
ma vie contre la terre, et qu'il en-
sevelisse ma gloire dans la pous-
siere.
1. Levez-vous, Seigneur, dans
votre colere, et paraissez dans
votre grandeur au milieu de mes
ennemis.
Levez-vous, Seigneur mon
Dieu, selon le précepte que vous
avez établi.
LES PSAUMES.
1108
8. Et l'assemblée des peuples
vous environnera.
Et à cause d'elle retournez en
haut.
9. Le Seigneur juge les peu-
ples.
Jugez-moi, Seigneur, selon ma
justice, et selon l'innocence qui
est en moi.
10. La méchanceté des pécheurs
sera anéantie, et vous dirigerez
le juste, ó Dieu qui sondez les
cœurs et les reins.
11. Un juste secours me viendra
du Seigueur, qui sauve les hom-
mes droits de cœur.
12. Dieu est un juge équitable,
fort et patient; est-ce qu'il s'irrite
tous les jours?
13. Si vous ne vous conver-
tissez, il fera vibrer son glaive;
il a tendu son arc, et il l'a pré-
paré.
14. ll y a adapté des instru-
ments de mort, il a préparé ses
flèches contre les ardentis persé-
cuteurs.
Ps. VII. 10. I Par., xxvi, 9; Jérémie, xr, 20; נצא 10; xx, 12.
sans de Saül, un de 668 rapporteurs qui, comme Doég et les Ziphéens, calomniaient
David fugitif auprés de Saül et excitaient la colére du roi contre lui. Quoique les
livres historiques ne mentionnent point Chusi, les détails donnés I Rois, xxiv-xxv1,
éclaircissent trés bien plusieurs passages de ce psaume.
2-3. * Invocation à Dieu pour qu'il arrache David à ses ennemis.
3, 6, etc. Mon dme; c'est-à-dire moi. Nous avons déjà remarqué plus d'une fois qu'en
hébreu, comme en arabe, le mot dme était souvent synonyme de personne, individu.
4-6. * Protestation, sous forme d'imprécation contre lui-méme, que le Psalmiste n'a
pas fait ce que Chusi lui impute.
6. Qu'il foule ma vie, etc.; qu'il me foule tout vivant. — Qu'il ensevelisse; c'est le
sens du grec et de l'hébreu, qui portent à la lettre : Qu'il fasse habiter.
1-11. * Invocation à Dieu pour qu'il rende justice à l'innocent et qu'il mette fin à
l'iniquité.
1. Selon le précepte, etc. Selon le commandement que vous avez fait vous-même
de protéger et de secourir les innocents opprimés.
8. Et l'assemblée des peuples qui désirent ardemment que vous me rendiez justice,
vous environnera pour entendre le jugement que vous porterez en ma faveur, et vous
en rendre gloire. — Relournez en haut sur votre tribunal, d’où il semble que vous
étes descendu pour me laisser en proie à mes ennemis.
12-14. * Dieu est juste et il punit le pécheur; ilest impossible d'échapper à ses
fléches, c'est-à-dire à ses jugements, / : /
1104
15. Voilà qu'il a enfanté l'injus-
tice : il a concu la douleur et a
mis au monde l'iniquité.
16. Il ἃ ouvert un abime, et il
l'a creusé ; et il est tombé dans
la fosse qu'il avait faite.
11. La douleur qu'il voulait me
causer retournera sur satéte; et
son iniquité descendra sur lui.
18. Jelouerai le Seigneur selon
sa justice ; je chanterai le nom
du Dieu très-haut.
PSAUME VIII.
Le psalmiste admire la grandeur de Dieu
peinte dans ses ouvrages, et l'excés de
sa bonté dans le soin qu'il prend de
l'homme et dans la puissance qu'il lui
a donnée sur toutes les créatures. Ce
psaume regarde particulièrement Jé-
sus-Christ.
1. Pour la fin, pour les pressoirs, psaume
de David.
LES PSAUMES.
(es. vur.]
9. Seigneur, notre Seigneur.
que votre nom est admirable dans
toute la terre!
Puisque votre magnificence est
élevée au-dessus des cieux.
3. De la bouche des enfants et
de ceux qui sont à la mamelle,
vous avez tiré une louange par-
faite pour anéantir l'ennemi et
son vengeur.
4. Je considérerai vos cieux, les
œuvres de vos doigts; la lune et
les étoiles que vous avez affer-
mies.
9. Qu'est-ce quun homme, pour
que vous vous souveniez de lui,
et le fils d'un homme, pour que
vous le visitiez?
6. Vous l'avez abaissé un peu
au-dessous des anges, vous l'a-
vez couronné de gloire et d'hon-
neur,
15. Job, xv, 35; Isaie, rix, 4. — Ps. VIII. 6. Héb., 11, 7.
15-18. * Le pécheur recoit le traitement qu'il avait mérité; il tombe dans la fosse
quil avait creusée. Que Dicu soit loué!
16. Dans ce verset, David fait allusion à un ancien stratagème See à la chasse et
àla guerre, de creuser des fosses, qu'on couvrait ensuite de branches et d'un peu
de terre, afin que les hommes ou les bétes y tombassent.
1.* En hébreu : > Au chef de chœur. Sur le gitthith (instrument, cithare de
Geth). » — Hymne au créateur des astres et de l'homme. « Ce petit poème, sans
aucune prétention à quelque artifice de forme, n'a besoin d'aueun commentaire. 1l
est sublime par sa simplicité même. La grandeur de Dieu révélée par l'univers,
œuvre de ses mains, révélée au besoin par la bouche de ses plus faibles créatures,
dont la voix est toujours assez puissante pour imposer silence à celle de l'impiété,
est mise en regard de la petitesse de l'homme. Et pourtant l'homme est le roi de la
création; ses prérogatives sont telles qu'il est comme un Dieu au milieu de son en-
tourage visible. Il n’y a pas d’être sur la terre dont il ne se sente le maitre, avec les
moyens qui lui sont octroyés. א (Ed. REuss.) C'est le premier psaume du recueil où
le poète ne parle pas en son nom seul, mais au nom de tous : notre Seigneur. Il est
plusieurs fois cité dans le Nouveau Testament et appliqué au Messie, l'homme-Dieu,
l'homme par excellence, Héb., 11,6-8; I Cor., xv, 26; cf. Eph., 1, 22; Matlh., xxi, 16.
22, * Refrain du Psaume : Que Dieu est grand dans la création.
95-3. * Grandeur de Dieu attestée méme par les enfants et méme par ses
ennemis.
3. Vengeur, c'est-à-dire défenseur (defensorem), comme disaient autrefois quelques
exemplaires. D'ailleurs, comme on le sait, dans la basse latinité, on a dit defensor
pour ultor.
4-5. * Grandeur de Dieu dans la création du ciel, des étoiles et de l'homme.
5. Qu'est-ce qu'un homme, etc. Voy. notre note sur l'Epitre aur Hébreux, w, 6.
6. Vous l'avez abaissé, ete. Saint Paul nous apprend que ce texte regarde princ i-
frs. 1
7. Et vous l'avez établi sur les
œuvres de vos mains.
8. Vous avez mis toutes choses
sous ses pieds, brebis et bœufs, et
de plus les animaux des champs;
9. Les oiseaux du ciel, et les
poissons de la mer qui parcourent
les sentiers de la mer.
10. Seigneur notre Seigneur,
que votre nom est admirable dans
toute la terre!
PSAUME IX.
David loue le Seigneur de l'avoir rendu
victorieux deses ennemis. [l assure que
Dieu protégera de méme tous ceux qui
auront recours à lui.
1. Pour la fin, pour les mystères du Fils,
psaume de David.
2. Je vous louerai, Seigneur, en
tout mon cœur; je raconterai
toutes vos merveilles.
LES PSAUMES.
1105
3. Je me réjouirai et je tres-
saillirai d'allégresse en vous;
je chanterai votre nom, ὃ Tres-
Haut.
4. Quand vous aurez mis mon
ennemi en fuite, ils seront sans
force, et ils périront devant votre
face.
ὃ. Puisque vous m'avez fail
justice et pris en main ma cause :
vous vous étes assis sur votre
tróne, vous qui jugez selon la
justice.
0. Vous avez gourmandé les
nations, et l'impie a péri; vous
avez effacé leur nom pour l'éter-
nité, et pour les siècles des siè-
cles.
7. Les armes de l'ennemi ont
perdu leur force pour toujours,
et vous avez détruit leurs vilies.
Leurmémoire ἃ péri avec bruit:
8. Genèse, 1, 28; I Cor., xv, 26.
palement Jésus-Christ, homme-Dieu, qui, aprés avoir été rendu inférieur aux anges
dans son Inearnation, a été couronné de gloire et d'honneur à sa Résurrection.
6-9. * Bonté de Dieu envers l'homme auquel il a soumis les étres créés.
10. * Répétition du refrain initial. — > I1 y ἃ dans le livre des Psaumes, des chants
où la notion de l'immensité de Dieu, de l'insignifianee de l'homme devant sa toute-
puissance et de la grande place qu'elle lui assigne néanmoins dans la création,
s'exprime sous une forme si belle, si simple, si élevée, qu'elle est restée classique.
Rieu de plus naturel que ce psaume vii, qui ressemble au chant d'un pâtre contem-
plant pendant la nuit les splendeurs d'un ciel d'Orient... Ou tout nous trompe, ou
voilà un jet admirablement pur du sentiment religieux le plus authentique. C'est
dans des pièces de ce genre que le monothéisme juif révèle son immense supériorité
sur les meilleurs épanchements des religions de la nature. Cet accent d'humilité
devant Dieu tout à la fois et de fierté vis-à-vis de tout ce qui n'est pas l'homme;
celte admiration émue, mais contenue, de la nature visible, cette joie de vivre en
maitre, sur la terre, par délégation divine, tout dans ce petit poème, respire la reli-
gion virile et saine. » (A. RÉVILLE.)
1. * En hébreu : > Au chef de chœur, sur l'air de Mouth labbén (mort du fils?). » —
Hymne d'actions de gráces à Dieu qui a fait triompher son peuple de ses ennemis.
Le Targum y voit un cantique à l'occasion de la victoire sur Goliath. Ce psaume est
alphabétique, et le commencement de chaque vers est indiqué par la répétition de
la mémelettre de l'alphabet ; l'aleph, 2-3; le beth, 4-5; 16 zain, 12-13; 16 kheth, 14-169;
le teth, 165-17; le yod, 18-19; le qoph, 20-21, quatre fois chacun; le ghimel, 6, et le
hé, 7, deux fois; le vav, 8b-11, huit fois. La lettre daleth manque. Du yod, le poète
passe au qoph et termine son chant.
2-5. * Louange à Dieu (2-3), parce qu'il a accordé la victoire à David (4-5).
6-1. * Description de la fuite des ennemis de Dieu.
1. Les armes; littér. les épées à deux tranchants (framez).
Ac! 0
1106
8. Etle Seigneur demeure éter-
nellement.
Il a préparé son tróne pour le
jugement :
9. Et lui-méme jugera 16
. globe de la terre avec équité,
il jugera les peuples avec jus-
lice.
10. Et le Seigneur s'est fait le
refuge du pauvre, son aide au
temps du besoin, dans la tribula-
tion.
11. Qu'ils espèrent donc en
vous ceux qui connaissent votre
nom, puisque vous n'avez pas
délaissé ceux qui vous cherchent,
Seigneur.
12. Chantez le Seigneur, qui
habite dans Sion; annoncez ses
desseins parmi les nations.
13. Puisquil s'est souvenu
d'eux, en demandant compte du
sang, et qu'il n'a pasoublié le eri
du pauvre.
14. Ayez pitié de moi, Seigneur,
voyez l'abaissement où m'ont ré-
duit mes ennemis.
15. Vous qui me relevez des
portes de la mort, afin que je
LES PSAUMES. (Ps. 1x.]
L
publie toutes vos louanges aux
portes de la fille de Sion.
16. Je tressaillirai de joie dans
votre salut. Les nations ont été
englouties dansle gouffre qu'elles
avaient préparé ;
Leur pied a été pris dans le
méme lacet qu'elles avaient ca-
ché.
17. Ainsi on reconnaitra que le
Seigneur rend justice; le pécheur
a été pris dans les œuvres de ses
mains.
18. Que de méme les pécheurs
soient précipités dans l'enfer, et
toutes les nations qui oublient
Dieu.
19. Car le pauvre ne sera pas
pourtoujours enoubli ;lapatience
des pauvres ne sera pas toujours
vaine.
20. Levez-vous, Seigneur, que
l'homme ne seforlifie point : que
les nations soient jugées en votre
présence. |
21. Etablissez, Seigneur, un lé-
gislateur sur eux, afin que les
peuples sachent qu'ils ne sont que
des hommes.
ι
8-9. * Grandeur et justice de Dieu vainqueur.
10-11. * Dieu est le refuge de tous les opprimés et de tous ceux qui se confient en
lui.
12-13. * Exhortation à remercier Dieu qui a vengé son peuple.
13. D’eux. Ce mot se rapporte à ceux qui vous cherchent, Seigneur, du vers. 10.
14-16^. * Prière que David avait faite à Dieu pour être délivré de ses ennemis.
15. La fille de Sion, signifie le peuple ou la ville de Sion.
165-17. * Fruit de cette prière : les nations ont été prises dans les pièges qu'elles
avaient tendus.
16. Dans votre salut; c'est-à-dire à cause du salut que vous m'avez procuré. — Dans
le méme lacet, etc. Voy. Ps. vir, 16.
18-19. * Coup d'œil sur l'avenir : punition du méchant, délivrance de l'opprimé.
48. Que les pécheurs, etc. David exprime ici une prophétie plutót qu'un souhait.
Voy. p. 339, 20. — * Dans l'enfer, dans le scheôl ou séjour des morts, porte letexte ori-
ginal, mais c'est évidemment pour y étre punis des péchés commis, de sorte que
dans ce passage, comme dans plusieurs autres, le mot scheôl désigne réellement
l'enfer.
20. Que l’homme ne se glorifie point dans la malice par son impunité,
[Ρ5. 1x.]
PSAUME X
(SELON LES H&BREUX ).
1. Pourquoi, Seigneur, vous
étes-vous retiré au loin, et avez-
vous détourné de moi vos regards
au temps du besoin, dans la tri-
buiation?
2. Pendant que l'impie s'enor-
gueillit, le pauvre est persécuté
avec ardeur; ils sont pris dans
les projets qu'ils forment.
3. Parce que le pécheur est loué
dans les désirs de son àme, et
que le méchant est béni.
4. Le pécheur a irrité le Sei-
gneur; il ne se mettra pas en
peine de la grandeur de sa co-
lere.
9. Dieu n'est point devant ses
yeux; ses voles sont souillées en
lout temps.
Vos jugements sont 0168 de de-
vant sa vue; 11 dominera tous ses
ennemis.
Ps. IX. 1. Infra, xir, 3; Rom., 111, 14.
LES PSAUMES,
1107
6. Car il a dit dans son cœur :
Je ne serai point ébranlé; de gé-
nération en génération je serai
sans aucun mal.
1. Sa bouche est pleine de ma-
lédiction, d'amertume et de
fraude : sous sa langue sont le
travail et la douleur.
8. 11 651 85818 enembuscade avec
les riches, dans des lieux cachés,
afin de tuer l'innocent.
9. Ses yeux observent le pau-
vre : il lui dresse des embüches
dans le secret, comme un lion
dans sa caverne. Il dresse des em-
büches pour prendre le pauvre;
pour prendre le pauvre, tandis
qu'il l'attre.
10. Quand il l'aura dans son
filet, illerenversera,ils'inclinera,
et tombera, lorsqu'il se sera rendu
maitre des pauvres.
41. Car il a dit dans son cœur :
Dieu a perdu le souvenir, il a dé-
tourné sa face pour ne rien voir
à jamais.
1-2. Pourquoi, etc. Ce verset exprime une simple question adressée à Dieu dans
l'excès de l'affliction, mais non un vrai murmure. Jésus-Christ en a adressé une sem-
blable à son Père, du haut de sa croix. —* Les Septante et notre Vulgate font de ce
Psaume, qui a de trés grandes analogies avec le précédent, la suite du Ps. 1x ; l'hé-
breu en fait au contraire le Ps. x, et c'est ici que commence la diversité dans la nu-
mérotation des Psaumes entre l'hébreu et la Vulgate. Nos éditions, tout en unissant
ce chant au précédent, recommencent cependant la division par versets comme
dans l'hébreu.
1-2. * Appel à Dieu qui se tient loin, pendant que le pauvre est pris dans les
pièges des méchants.
2. Le pauvre est perséculé avec ardeur; litté. est brûlé. Voy. Ps. vu, 14. — Iis
sont pris; c'est-à-dire les impies; le singulier précédant impie est ici un nom col-
lectif.
3-5. * L'impie s'applaudit de ses succés; il triomphe pendant que le jugement est
loin.
4. Sa colére; c'est-à-dire la colére du Seigneur.
6-1. * L'impie croit à la durée de son bonheur.
8-9. * L'impie tend des embüches à l'innocent et au pauvre.
9. Le second prendre est à l'infinitif (rapere) dans la Vulgate, par hébraisme, pour
ut rapiat.
10-11. * Le malheureux tombe dans les piéges de l'impie et celui-ci croit que Dieu
ne songe pas à le punir.
1108
que votre main s'élève : n'oubliez
pas les pauvres.
13. Pourquoi l'impie a-t-il irrité
Dieu? C'est qu'il a dit dans son
cœur : Il n'en recherchera pas la
vengeance.
14. Vous le voyez; car vous
considérezle travail etla douleur,
afin delivrerles oppresseursentre
vos mains.
Le pauvre vous est abandonné;
c'est vous qui serez le protecteur
de l'orphelin.
15. Brisez le bras du pécheur
et du méchant; lon cherchera
son péché, ei on ne le trouvera
pas.
16. Le Seigneur régnera éter-
nellement et dans les siecles des
siecles : nalions, vous serez exter-
minées de la terre.
A7. Le Seigneur ἃ exaucé le
désir des pauvres : votre oreillea
entendu la préparation de leur
cœur :
18. Afin de rendre justice àl'or-
phelin et au faible, afin que
l'homme cesse de s'élever d'or-
gueil sur la terre.
Ps. X. 5. Habacuc, ir, 20.
LES PSAUMES.
12. Levez-vous, Seigneur Dieu, À
[PS. +.[
PSAUME X
(HÉBR., XI).
David se fortifie contre la crainte qu'on
voulait lui donner de ses ennemis, par
la vue de la justice de Dieu, et de son
attention à punir les impies et à pro-
téger les innocents.
1. Pour la fin, psaume de David
2. JemeconfiedansleSeigneur:
comment dites-vous à mon âme :
Emigre sur la montagne comme
un passereau?
3. Parce que voilà que les pé-
cheurs ont tendu un arc; ils ont
préparé leurs flèches dans un car-
quois, pour percer dans les ténè-
bres les hommes droits de cœur.
4. Parce que, ce que vous avez
établi, ils l'ont détruit; mais le
juste, qu’a-t-il fait ?
ὃ. Le Seigneur est dans son
saint temple; le Seigneur, son
tróne est dans le ciel.
Ses yeux observent le pauvre :
ses paupieres interrogent les en-
fants des hommes.
6. Le Seigneurinterroge le juste
et l'impie; mais celui qui aime
l'iniquité hait son âme.
7. ll fera pleuvoir sur les pé-
2 τοιύὕύ -ς..--.---..-.----.--ς----.---
19-13. * Appel à Dieu pour qu'il n'oublie pas le pauvre et ne tolère pas les blas-
phémes du méchant.
14. * Rien n'est plus facile à Dieu que de secourir l'affligé.
15-16. * Que Dieu châtie le pécheur et les Gentils disparaitroni
11-18. * La priére du Psalmiste est exaucée.
* Hébreu :
« Au chef dé cheeur. » David refuse de s'enfuir malgré le danger qui
menace sa vie, parce qu'il met en Dieu toute sa confiance.
9. * Quomodo dicilis animae meæ, pour de anima mea, c'est-à-dire de moi. Le tra-
ducteur latin a gardé le datif qu'il trouvait en grec.
5-4. * Discours des amis pusillanimes de David qui lui conseillent de fuir le danger
qui le menace.
3-8. * Celui dont la conscience est en paix est à l'abri de la peur; il se confie en
ΓΕ qui punira le pécheur dans sa justice.
. Il fera pleuvoir, etc. C'est une expression métaphorique pour marquer une ven-
phe terrible de la part de Dieu. — Calice se prend souvent dons l'Ecriture pour
le sort; ainsi {4 part de leur calice veut dire ici :
leur part échue par le sort,
[ps. x11.]
cheurs des piéges ; le feu, le soufre
et le vent des tempêtes sont la
part de leur calice.
8. Car le Seigneur est juste et
il aime la justice : son visage a vu
l'équité.
PSAUME XI
(Hésr., XII).
David représente à Dieu qu'il n'y a plus
de bonne foi parmi les hommes, et il
le prie de le sauver des artifices et des
calomnies de ses ennemis.
4. Pour la fin, pour l'octave, psaume
de David.
9, Sauvez-moi, Seigneur, car il
n'y a plus de saint : les vérités
ont diminué parmi les fils des
hommes.
3. 118 ont dit des choses vaines,
chacun à son prochain : leurs
lèvres sont trompeuses; ils ont
parlé avec un cœur et un cœur.
4. Que Dieu perde entièrement
toutes les lévres trompeuses, et
la langue qui profère des discours
superbes.
5. Ils ont dit : Nous ferons écla-
ter la puissance de notre langue;
nos lèvres sont à nous, qui est
notre maître?
Ps; XI. 7. Prov., xxx, 5.
LES PSAUMES.
1109
6. À cause dela misère de ceux
qui sont sans secours, et du gé-
missement des pauvres, mainte-
nantje meleverai, ditleSeigneur.
Je les établirai dans le salut :
j'agirai en cela avec une entière
liberté.
7. Les paroles du Seigneur sont
des paroles pures, un argent
éprouvé par le feu, purifié dansla
terre, raffiné jusqu'à sept fois. ,
8. C'est vous, Seigneur, vous -
qui nous sauverez, et qui nous
préserverez de cette génération
éternellement.
9. Lesimpies ródent autour de
nous; cest dans la profondeur
de vos desseins que vous avez
multiplié les fils des hommes. '
PSAUME XII
(Hégr., XIII).
David prie le Seigneur de ne pas le lais-
ser tomber dans la mort que son en-
nemi veut lui donner, et il fait cette
priére avec une ferveur et une con-
fiance qui peuvent servir de modéle à
tous ceux qui veulent recourir à Dieu.
1. Pour la fin, psaume de David.
Jusques à quand, Seigneur,
m'oublierez-vous pour toujours?
8. Son visage, etc. Il a regardé favorablement l'homme en qui régne l'équité.
1. * Hébreu : « Au chef de chœur. Sur le scheminith » (voir Ps. vi). Prière de
David pour obtenir de Dieu qu'il le protége au milieu des méchants qui l'entourent.
2-3. * Appel de David à Dieu, au milieu des trompeurs dont il est environné.
ו
3. Un cœur et un cœur; un cœur double, plein 66 6.
4-5. * Que Dieu détruise les trompeurs qui se vantent de pouvoir tout par leur
langue.
6. * Réponse de Dieu qui promet de sauver les affligés.
1. Purifié dans la (erre; c'est-à-dire dans le creuset de terre. — * Le Psalmiste
reprend les paroles du Seigneur dont il fait l'éloge.
8-9. * Nouvel appel à Dieu pour qu'il conserve les siens au milieu des méchants.
1. Pour toujours. 11 faut nécessairement suppléer devant ces mots :
sera-ce, ou
bien les traduire par entierement, absolument; sens dont ils sont susceptibles en
hébreu.
1-3. * Plainte à Dieu qui abandonne le Psalmiste,
1110
Jusques à quand détournerez-
vous de moi votre visage?
2. Jusques à quand formerai-je
des projets dans mon àme, et
donnerai-je du tourment à mon
cœur pendant le jour?
3.Jusques à quand mon ennemi
s'élevera-t-il au-dessus de moi?
4. Regardez et exaucez-moi,
Seigneur mon Dieu.
Eclairez mes yeux, que jamais
je ne m'endorme dans la mort :
5. De peur qu'un jour mon en-
nemi ne dise : J'ai prévalu contre
lui.
Ceux qui me tourmentent tres-
sailliront dejoie, sije suis ébranlé ;
6. Mais moi, j'ai espéré dans
votre miséricorde.
Mon cœur tressaillira d'allé-
eresse dans votre salut; je chan-
terai le Seigneur qui m'a comblé
de biens; je chanterai le nom du
Dieu Tres-Haut.
PSAUME XIII Ἢ
(HéBr., XIV). 2
David décrit d'une maniére trés vive la
corruption générale des hommes. Il
prédit la délivrance du peuple de Dieu
et la joie dont elle sera suivie.
1. Pour la fin, psaume de David.
L'insensé a dit dans son cœur :
Il n'y a point de Dieu.
LES PSAUMES.
[Ps. xum.]
Ils se sont corrompus, et ils
sont devenus abominables dans
leurs affections ; il n'y en a point
qui fasse le bien, il n'y en a pas
méme un seul.
2. Le Seigneur, du haut du
ciel, a jeté un regard sur les fils
des hommes, pour voir s'il en est
un qui ait de l'intelligence, et qui
cherche Dieu.
3. Tous se sont détournés; tous
ensemble sont devenus inutiles ;
il n'en est pas qui fasse le bien,
il n'en est pas méme un seul.
Leur gosier est un sépulcre
ouvert, ils trompaient avec leurs
langues; le venin de l'aspic est
sous leurs lèvres.
Leur bouche est pleine de ma-
lédiction et d'amertume; leurs
pieds courent avec rapidité pour
verser le sang.
La désolation et le malheur
sont sur leurs voies ; mais la voie
de la paix, ils ne l'ont pas con-
nue; la crainte de Dieu n'est pas
devant leurs yeux.
4. Est-ce qu'ils ne connaitront
point tous ceux qui opèrent l'ini-
quité, qui dévorent mon peuple
comme un morceau de pain?
5. Ils n'ont pas invoqué le Sei-
gneur, ils ont tremblé de frayeur
là oü n'était pas la crainte.
τ M—— — — — ——Ó—————————————————— ΄- τγοὦουῃῸ7ΣὗΣ'αὸΨ.- ὗ ה
4-5. * Priére pour implorer le secours divin.
6. Votre salut; c'est-à-dire le salut dont vous êtes l'auteur, le salut qui vient de
vous. — * Espoir que la prière du Psalmiste sera exaucée.
1. * L'impie nie Dieu et ses actes sont abominables.
2-3. * Du haut du ciel, Dieu regarde qui le cherche et il ne voit partout que cor-
ruption.
3. * La longueur de ce verset provient de ce que : Leur gosier et ce qui suit n'est
pas dans le texte original.
4. David parle ici au nom de Dieu. Est-ce qu'ils ne connaitront point, etc. Ce verbe
n'a pas plus de complément dans l'hébreu et dans le grec que dans la Vulgate; mais
on suppose tout naturellement que ce complément est a Justice, ou tout autre mot
semblable sous-entendu.
4-6, * Annonce du chàtiment réservé aux coupables.
Ps. xv.]
6. Parce que le Seigneur est
avec la génération des justes,
vous avez confondu les desseins
du pauvre, parce que le Seigneur
est son espérance.
7. Qui fera sortir de Sion le
salut. d'Israël? Lorsque le Sei-
gneur aura mis fin à la captivité
de son. peuple, Jacob tressaillira
LES PSAUMES.
1111
Qui n'a pas fait. de mal à son
prochain, et qui n'a pas accueilli
l'injure contre ses freres.
4. En présence de qui le mé-
chant est regardé comme un
néant, mais qui glorifie ceux
qui eraignent Dieu.
Geluiquiayantfaitunsermentà
son prochain, ne le trompe point.
9. Celui qui n'a point donné
de joie et Israël sera dans l'allé-
son argent à usure, et n'a point
gresse.
reçu de présents contre l'inno-
PSAUME XIV cent : celui qui fait ces choses ne
(Hénn., XV). sera jamais ébranlé.
David représente 15 sainteté que doivent
avoir ceux. qui aspirent à demeurer
dens les taberaacles éternels de la Jé-
rusalem céleste.
PSAUME XV
(Hésr., XVI).
David implore le secours de Dieu parmi
les nations étrangères. où il se trou-
vait. 11 déclare qu'il ne veut prendre
aucune part à leurs sacrifices et à leur
idolátrie, et qu'il. met tout son bon-
heur dans le culte du Seigneur. ll
rend grâces à Dieu pour la protection
qu'il lui a accordée, il espère tout de
sa bonté. Enfin il prédit la résurrec-
tion du Sauveur.
1. Psaume de David.
Seigneur, qui. habitera dans
votre tabernacle, et qui reposera
sur votre montagne sainte?
2. Celui qui marche sans tache,
et qui pratique la justice.
3. Celui qui ditla vérité qui est
dans son eceur; quin'a pas trompé
1, Inscription de titre par: David lui-
avec sa langue;
même.
6. Est avec la génération des justes (littér. {a génération juste); c'est-à-dire pro-
tège, favorise la génération des justes. — Vous avez confondu; c'est-à-dire déconcerté,
humilié,
1. Dieu avait choisi la montagne de Sion pour sa demeure. Le psalmiste semble
prédire le retour de Juda et d'Israël, et la réunion des dix tribus avec celle de Juda,
dont les prophétes ont si souvent parlé, et qui s'exécuta réellement aprés le retour
de là captivité. Les Pères de l'Eglise ont expliqué ce passage de la rédemption du
genre humain, accompli par Jésus-Christ, sorti de Sion. Or c'est cette délivrance
admirable qui a comblé Jacob et Israël d'allégresse. Elle a répandu la joie également
parmi les gentils et parmi les juifs qui se sont convertis.
2. Qui marche sans tache; hébraisme, pour : qui se conduit d'une maniere irrépro-
chable. Compar. Genèse, v, 22, 94; vi, 9.
9. Contre l'innocent; c'est-à-dire au détriment de l'innocent. C'est une allusion à
un juge équitable, qui n'accepte point de présents pour condamner un innocent, mais
qui, selon l'expression d'Isaie, secoue ses mains de toute sorte de présents : Manus
suas excutit ab omni munere (xxxur, 15).
1. Par; c'est le vrai sens de l'hébreu et des Septante. — * Hébreu : « Miktham, »
Voir l'explication de ce mot à la note20 à la fin du volume. — 1l faut se confier en
Dieu, notre plus sûr asile dans tous nos périls. Cette prière a été composée par
David pendant son séjour à Siceleg, I Rois, xxx, ou au moins pendant qu'il était
chez les Philistins. — Parmi les commentateurs catholiques, les uns regardent ce
psaume comme messiauique daus le sens littéral, les autres dans le sens figuré.
+70
4112
Conservez-moi,Seigneur, parce
que j'ai espéré en vous.
9. J'ai dit au Seigneur : Vous
étes mon Dieu, vous n'avez pas
besoin de mes biens.
3. Aux saints qui sont sur la
terre, ilamanifesté d'une maniere
admirablemes volontéspour eux.
4. Leurs infirmités se sont mul-
tipliées, ensuite, ils ont accéléré
leur course.
Je ne réunirai point leurs as-
semblées pour offrir des victimes
sanglantes, je nme rappellerai
méme pas leurs noms sur mes
lèvres.
5. Le Seigneur est la part de
mon héritage et de mon calice;
c'est vous qui me rendrez mon
héritage.
6. Un lot m'est échu dans des
LES PSAUMES.
(Ps. xv.)
lieux excellents; car mon héri-
tage est excellent pour moi.
7. Je bénirai le Seigneur de ce
qu'il m'a donné l'intelligence, et
de ce que jusque dans la nuit
méme mes reins m'ont repris.
8. Je voyais toujours le Sei-
gneur en ma présence, parce
qu'il est à ma droite, afin que je
ne sois pas ébranlé.
9. C'est pourquoi mon cœur
s'est réjoui et ma langue a tres-
sailli, et méme ma chair reposera
dans l'espérance.
10. Car vous ne laisserez point
mon âme dans l'enfer, et vous
ne permettrez point que. votre
saint voie la corruption.
11. Vous m'avez fait connaitre
les voies de la vie, vous me rém-
plirez de joie par votre visage;
Ps. XV. 8. Actes, 11, 29. — 10. Actes, ir, 31; xir, 30,
Plusieurs traits de ce psaume sont certainement messianiques. S. Pierre, Act., 11,
25, 31, dans son discours de la Pentecôte, se sert des vers. 8, 10, comme d'une pro-
phétie de. David, annonçant la résurrection de Jésus-Christ. S. Paul, Ac£., xiu, 35-31,
dans son discours à Antioche de Pisidie, dit aussi que le vers. 105 a été accompli
par la résurrection de Notre-Seigneur.
1-3. * David demande à Dieu de le garder lui-méme, parce que, en dehors du Sei-
gneur, il n'y: à aucun. bien pour lui ni pour les saints.
4. Les. saints, les serviteurs de Dieu, dont il est parlé au verset précédent, ont été
accablés de maux et de persécutions, mais cela n'a fait qu'augmenter leur sainte
ardeur. Compar. Actes, v, 41.
4-5. * Ceux qui s'éloignent du Seigneur sont malheureux ; il ne faut donc pas s'unir
&ux méchants, mais. prendre Dieu pour son partage.
5..La part....de mon calice; c'est-à-dire ma part échue par le sort. Compar. Ps. x
(Hébr. x1), 7.
6. Un Lot; littér. des cordes. Les Hébreux, aussi bien que les Egyptiens, se servaient
de cordes pour mesurer les terres. Compar. Deuwlér., xxxu, 9; Josué, xvm, ὃ; ΠῚ Rois;
vir, 2; Esther, xur, 11, etc. '
6-8. E Celui qui a Dieu pour partage a le plus excellent héritage et il doit en re-
mercier le Seigneur.
7. Dans l'Ecriture le mot reins se prend pour l'esprit et les affections les plus
intimes.
8. Je voyais, etc. L'apótre saint Pierre nous apprend que David avait en. vue Jésus-
Christ, par ces paroles. (Voy. Actes, τι, 25 et suiv.). D'un autre côté, les Pères de
l'Eglise lui en font aussi l'application, en disant que le Sauveur, dans tous les mo-
ments de sa vie et de sa Passion, n’a jamais perdu de vue Dieu son Père. Le reste de
ce verset et les versets suivants s'appliquent à Jésus-Christ. Voy. encore Actes, xin, 35.
9-11, * Joie du Psalmiste à cause des bienfaits qu'il à recus et qu'il recevra de Dieu.
10. L'enfer, c'est-à-dire les limbes. — Voie la corruplion; hébraisme pour éprouve
la corruption.
{es xvt.]
des délices. sont à votre droite
pour toujours.
PSAUME XVI
)]1688., XVII).
Le psalmiste implore le secours de Dieu
contre ses ennemis. ll représente à
Dieu 88 propre innocence, et décrit la
malice et la violence de ceux qui le
persécutent.
1. Prière de David.
Exaucez, Seigneur, ma justice.
Soyez attentif à ma supplication.
Prêtez l'oreille, à ma prière,
elle ne vient pas de lèvres trom-
peuses.
2. Que de vous émane mon ju-
gement; que vos yeux voient
l'équité.
3. Vous avez éprouvé mon
cœur; et vous l'avez visité pen-
dant la nuit; vous m'avez exaucé
en me faisant passer par le feu,
et il ne s'est pas trouvé en moi
d'iniquité.
4. Afin que ma bouche ne parle
pas méme des œuvres des hom-
mes, [ aigardé, àcause des paroles
de vos levres, des voies dures.
LES PSAUMES.
1113
ὃ. Affermissez mes pas dans
vos sentiers, afin que mes pieds
ne soient point ébranlés.
6. Moi, j'ai crié, parce que vous
m'avez exaucé, mon Dieu; incli-
nez votre oreile vers moi, et
exaucez mes paroles.
7. Faites éclater vos miséri-
cordes, vous qui sauvez ceux qui
esperent en vous.
8. Gontre ceux qui résistent à
votre droite, gardez-moi comme
18 prunelle de l'œil. Sous l'ombre
de vos ailes, protégez-moi,
9. Contre la face desimpies qui
m'ont tourmenté.
Mes ennemis ont environné
mon àme,
10. llsontfermé leurs entrailles,
leur bouche à parlé orgueil,
11. Après m'avoirrejeté, main-
tenant ils m'environnent, ils ont
résolu d'incliner leurs yeux vers
la terre.
12. Ils m'ont saisi comme un
lion préparé pour la proie, et
comme le petit d'un lion qui ha-
bite dans des lieux cachés.
1. * Priére de David au moment de la persécution, probablement pendant que, du
temps de la persécution de Saül, il se cachait dans le désert de Maon.
1-2. * Appel à la justice de Dieu pour qu'il fasse triompher la cause du Psalmiste.
2. De vous; littér. et par hébraisme de voíre visage. Compar. Esther, τ, 19, oà on
trouve une locution semblable.
3. La nuit dans le style biblique signifie comme ici le malheur, l'infortune, les
tribulations, etc.
3-4. * Protestation d'innocence du Psalmiste.
4. Ne parle pas méme. Compar. Ephés., v, 3. — Des œuvres des hommes, mauvaises,
perverses, comme elles sont pour la plupart. — Des paroles de vos lévres; c'est-à-dire
de vos préceptes, de vos commandements.
5-92, * Prière à Dieu. :
8.« À qui des hommes, ὃ mon Dieu, oserais-je parler de la sorte, dit Rollin, et à
qui pourrais-je dire que je lui suis précieux comme la. prunelle de ses yeux? Mais
c'est vous-méme qui m'inspirez et me commandez cette confiance. Rien n'est plus
faible et plus délicat que la prunelle : en. cela elle est mon image. Qu'elle le soit
aussi, 6 mon Dieu, dans tout le reste, et multipliez les secours à mon égard comme
vous avez multiplié les précautions par rapport à elle, en l'environnant de paupières
et de défenses | Custodi me ut pupillam oculi. »
95-12. * Tableau représentant les ennemis du Psalmiste prêts à le dévorer.
ΟἹ, D’incliner leurs yeux vers la terre; pour observer les traces de mes pas et me
dresser des piéges. C'est l'explication qui nous a paru la plus conforme au contexte.
1114
43. Levez-vous, Seigneur, pré-
venez-le et renversez-le, arra-
chez mon àme à limpie, votre
épée à double tranchant
14. Aux ennemis de votre main.
Seigneur, séparez-les pendant
leur vie du petit nombre de ceux
qui sont à vous sur la terre; leur
sein est rempli de vos biens ca-
chés.
Ils sont rassasiés d'enfants, et
ils laissent le reste de leurs biens
à leurs petits-enfants.
15. Mais moi, dans 2216 justice,
japparaitrai en votre présence;
je serai rassasié lorsque votre
gloire m'aura apparu.
PSAUME XVII
(Hésr., XVIII),
Cantique d'actions de grâces de David,
ou description des périls auxquels il a
été exposé, des victoires qu'il a rem-
portées, et des grâces qu'il a reçues
du Seigneur.
4. Pour la fin, par le serviteur du Sei-
Ps. XVII. 3. Hébr., i, 13.
LES PSAUMES.
[Ps. xvir.]
gneur, David, qui a prononce à la gloire
du Seigneur les paroles de ce cantique,
au jour où le Seigneur l'arracha à la
main de. ses ennemis, et ἃ la muin de
Saül, et a dit:
2. Je vous aimerai, Seigneur,
ma force :
3. Le Seigneur est mon ferme
appui, et mon refuge, et mon li-
bérateur.
Mon Dieu est mon aide, et j'es-
pérerai en lui.
lI est mon protecteur, la corne
de mon salut et mon soutien.
4. En le louant, j'invoquerai le
Seigneur, et je serai sauvé de
mes ennemis.
5.Les douleurs dela mort m'ont
environné ; les torrents de l'ini-
quité m'ont troublé.
6. Les douleurs del'enfer m'ont
environné ; les lacs de la mort
m'ont prévenu.
7. Dans ma tribulation j'ai in-
voqué le Seigneur, et j'ai crié
vers mon Dieu;
13. Le sing. 76 (eum) représente le mot zmpie qui suit immédiatement. L'ordre
naturel de la phrase est : prévenez l'impie, renversez-le, arrachez-lui, etc. Ce genre
d'hyperbate n'est pas rare parmi les écrivains sacrés, surtout lorsqu'ils sont, comme
David l'est ici, dominés par un sentiment vif et animé, — Epée (framea). Voy. Ps. 1x, 1.
13-15. * Prière à Dieu.
14. Aux ennemis de votre main; ce sont les mêmes que ceux qui résistent à votre
droite, du vers. 8.
14. Ces biens cachés du Seigneur, dont parle David, sont 7 biens de la terre que
Dieu a créés, et qu'il tient comme cachés dans un trésor pour les répandre chaque
année sur la terre. — 108 sont rassasiés d'enfants; c'est-à-dire que le grand nombre
d'enfants qu'ils ont comble leurs désirs.
1. Ce psaume se trouve encore dans le second livre des Rois (xxrr) avec quelques
différences, qui viennent sans doute des copistes, mais qui n'altérent nullement le
fond et la substance du texte sacré. — Par. Voy. le titre du Ps. xv (Hébr. xvi). —
* C'est le plus long de tous les psaumes appartenant à la catégorie des hymnes ou
chants en l'honneur de Dieu. Il se divise en deux parties trés distinctes, 2-31, 32-51;
les louanges à Dieu recommencent avec le vers. 32.
2-4. * David aime Dieu parce qu'il est sa force et le délivre de ses ennemis.
3. La corne de mon salut; c'est-à-dire mon puissant Sauveur. Chez les Hébreux la
corne était un symbole de la force et de la puissance.
5-1. * Tableau des maux dont le Psalmiste a été délivré aprés avoir invoqué Dieu.
6. Les douleurs de l'enfer, ou, selon l’hébreu, et selon la Vulgate elle-même,
II Rois, xxi, 6, les liens de l'enfer. Saint Pierre, dans les Actes des - Apôtres (n, 24),
fait à Jésus-Christ ressuscité l'application de ces paroles.
[ps. xvin.)
Et de son temple saint il a exau-
cé ma voix ; et mon cri poussé en
sa présence est parvenu à ses
oreilles.
8. Laterre s'est émue et a trem-
blé; les fondements des monta-
ones ont été bouleversés et ébran-
lés, parce qu'il s'est irrité contre
eux.
9. La fumée a monté dans sa
colere, et un feu ardent ἃ jailli
de sa face; des charbons en ont
été embrasés.
10. Il a incliné les cieux, et il
est descendu; et un nuage obscur
est sous ses pieds.
41. Et il est monté sur des ché-
rubins et il s'est envolé; il s'est
envolé sur les ailes des vents.
19. Et il a fait des ténèbres son
lieu de retraite; autour de lui est
sa tente, une eau ténébreuse est
dans les nuées de l'air.
13. A l'éclat qui jaillit de sa
présence, les nuées se sont dis-
LES PSAUMES.
1115
810608 ; i/ en est sorti de la grêle
et des charbons de feu.
14. Et le Seigneur a tonné du
ciel, et le Très-Haut a fait enten-
dre sa voix; 2] est tombé de la
grèle et des charbons de feu.
15. Et il a lancé ses fleches, et
il les a dissipés; il a multiplié ses
éclairs, et il les a troublés.
16. Alors ont paru les sources
des eaux, et les fondements du
globe de la terre ont été mis à
nu
À votre menace, Seigneur, au
souffle du vent de votre colere.
17. Il a envoyé d'en haut, et il
m'a pris, et il m'a retiré d'un
gouffre d'eaux.
18. Il m’a arraché à mes enne-
mis trés puissants, et à ceux qui
me haissaient, parce qu'ils étaient
devenus plus forts que moi.
19. Ils m'ont prévenu au jour
de mon affliction, et le Seigneur
s'est fait mon prctecteur.
8-16. * Tableau de la puissance de Dieu descendant pour secourir David.
10. * IL a incliné les cieux et il est descendu. « Le poète trace en trois mots la plus
imposante image que jamais l'imagination ait conçue. » (La Harpe.)
19. Autour de lui est sa iente. D'autres considèrent l'expression sa fente (tcberna-
culum ejus), comme un second complément de ἐέ a fait (posuit) en le supposant à
l'aceusatif; mais le nominatif suivant lenebrosa aqua, nous a paru décisif en faveur
de notre traduction. Il faut pourtant reconnaiire que le texte hébreu semble favoriser
l'autre construction.
13. Il en est sorti. Ces mots ou autres semblables sont absolument nécessaires pour
rendre intelligible la pensée de l'écrivain sacré; car sans cela, dans les trois textes
hébreu, grec et latin, les mots de /a gréle et des charbons de feu ne sauraient étre
grammaticalement que des sujets du verbe précédent se sont dissipées (transierunt).
14. Il est tombé. Ces mots, que nous avons ajoutés au texte, donnant lieu à une
observation tout à fait semblable à celle que nous avons faite dans la note précé-
dente, on peut consulter cette note. Nous ajouterons seulement que les mots gréle
et charbons de feu ne se lisent ni dans le texte grec, ni dans saint Augustin, ni dans
les Pères grecs, ni dans les anciens Psautiers latins, mais qu'ils se trouvent dans
l'hébreu.
15. Les; c'est-à-dire mes ennemis.
1. Il a envoyé d'en haut (Misit de summo). On suppose généralement que le com-
plément sous-entendu de ce verbe est sa ;nain (manum suam). L'expression e£ il m'a
pris (accepit me), qui suit immédiatement, favorise cetée interprétation, outre que la
locution envoyer, lancer, et si l'on veut, élendre La main, sa main est très usitée parmi
les écrivains sacrés.
11-20. * Tableau de la délivrance de David.
1116
90. Et il m'a mis au large : il
m'a sauvé, parce qu'il m'aimait.
21. EtleSeigneur me rétribuera
selon ma justice, et il me rétri-
buera selon la pureté de mes
mains,
22. Parce que j'ai gardé les
voies du Seigneur, et que je n'ai
pas agi avec impiété en m'éloi-
gnant de mon Dieu.
23. Puisque tous ses jugements
sont devant mes yeux, et que je
n'ai point éloigné de moi ses jus-
lices.
24. Et je serai sans tache avec
lui, et je me donnerai de garde
de mon iniquité.
98. Et le Seigneur me rétri-
buera selon ma justice et selon
la pureté de mes mains, présente
à ses yeux.
96. Avec un saint, vous serez
saint, et avec un homme inno-
cent, vous serez innocent;
97. Et avec un homme excel-
lent, vous serez excellent, et avec
un pervers, vous agirez selon sa
perversité.
LES PSAUMES.
[Ps. xvir.]
98. Parce que c'est vous qui
sauverez un peuple humble, et
qui humilierez les yeux des su-
perbes.
29. Parce que c'est vous, Sei-
gneur, qui faites luire ma lampe;
mon Dieu, illuminez mes ténè-
bres.
30. Parce qu'avec vous je serai
délivré de la tentation, et avec
mon Dieu je franchirai un mur.
31. Mon Dieu, sa voie est sans
souillure ; les paroles du Seigneur
sont éprouvées par le feu; il est
le protecteur de tous ceux qui
esperent en lui.
32. Car qui est Dieu, excepté le
Seigneur, ou qui est Dieu, excepté
notre Dieu?
33. Le Dieu qui m'a ceint de la
force, et qui a fait ma voie sans
tache.
34. Qui a disposé mes pieds
comme les pieds des cerfs, et m'a
établi sur les lieux élevés :
35. Quiainstruit mes mains au
combat; et vous avez rendu mes
bras comme un arc d'airain.
34. II Rois, xxri, 84. — 35. II Rois, xxir, 35
20. Parce qu'il m'aimait; littér. selon le grec et la Vulgate, parce qu'il m'a voulu
(quoniam voluit me); selon l'hébreu, parce qu'il s'est complu en moi.
21-24. * La délivrance de David est la récompense de sa piété.
23. Ses justices; c'est-à-dire, selon l'hébreu, ses commandements, ses préceptes, ses
lois, pleins de justice.
24. Mon iniquité; le fond d'iniquité, qui est en moi, ou mon penchant à l'ini-
quité.
25-28. * Dieu traite l'homme selon ses mérites.
26-27. * Avec un saint, vous serez saint, ctc. « Dieu est bon, c'est-à-dire miséricor-
dieux envers ceux qui sont bons, et mauvais, c’est-à-dire sévère envers ceux qui
sont mauvais, punissant les uns et faisant miséricorde aux autres. כ (S. François
DE SALES.)
27. Voy. pour l'explication de ce verset, 11 Rois, xxu, 27.
29. * Qui failes luire ma lampe, le flambeau qui éclaire la maison ou la tente,
image de la vie heureuse et prospère. Dieu lui-même est la source de ce bonheur.
29-31. * Le Seigneur est la force de David.
31. Mon Dieu, sa voie est. etc. Voy. sur le genre et le but de cette construction, les
observations préliminaires, à la page 341, 1o, 76 nominatif, etc.
32-35. * Le Seigneur est le seul Dieu et nous lui devons tout.
‘PS. XVII]
36. Et vous m'avez donné la
protection de votre salut; et votre
droite m'a soutenu;
Et votre discipline m'a corrigé
jusqu'à la fin, et votre discipline
elle-même m'instruira encore.
31. Vous avez agrandi mes pas
sous moi, et mes pieds n’ont pas
été affaiblis.
38. Je poursuivrai mes enne-
mis, et je les attendrai, et je ne
reviendrai point jusqu'à ce qu'ils
soient entierement défaits.
39. Je les briserai, et ils ne
pourront se soutenir; ils tombe-
ront sous mes pieds.
40. Et vous m'avez ceint de
force pour la guerre; et ceux qui
sinsurgeaient contre moi, vous
les avez renversés sous moi.
41. Et vous m'avez livré mes
ennemis par derrière, et ceux
qui me haissaient vous les avez
exterminés.
42. Ils ont crié, et il n'y avait
personne qui les sauvât; /s ont
49. II Rois, xxi, 49.
LES PSAUMES.
1117
crié vers le Seigneur, et il ne les
ἃ pas exaucés.
43. Et jeles broierai comme de
la poussière à la face du vent; et
je les ferai disparaitre comme la
boue des rues.
44. Vous me délivrerez des con-
tradictions du peuple, et vous
m'établirez chef de nations.
45. Un peuple que je ne con-
naissais pas m'a servi; en écou-
tant de ses oreilles, il m'a obéi.
46. Des fils étrangers m'ont
menti, des fils étrangers ont
vieilli, et ils ont chancelé ez sor-
tant de leurs voies.
47. Le Seigneur vit! et béni
mon Dieu ! et que le Dieu de mon
salut soit exalté !
48. Vous,le Dieu qui me donnez
des vengeances et qui me sou-
mettez des peuples, qui me dé-
livrez de mes ennemis furieux.
49. Et vous m'élèverez au-des-
sus deceux qui s'insurgent; vous
m'arracherez à l'homme inique.
36. La protection de volre salut; c'est-à-dire votre protection pour me sauver. —
Votre discipline; votre loi.
36-43. * Dieu est la force de David et le fait triompher de tous ses ennemis.
31. Mes pieds, littér. mes vestiges, les vestiges de mes pieds.
41. Et vous m'avez livré, etc.; c'est-à-dire je les ai pris lorsqu'ils fuyaient, dans leur
fuite.
43. * Comme de la poussière à la face du vent. Quand le vent est fort et que la terre
est brülée par la chaleur, comme cela arrive si souvent en Orient, son souffle
détache des grains de terre, les emporte et les pulvérise en les roulant, de méme
que la boue desséchée dans les rues.
44. Vous me délivrerez, etc. Jusqu'ici David a parlé de lui-même ἃ la lettre et selon
le sens historique, et de Jésus-Christ, suivant le sens spirituel et figuré. Ce qui suit
regarde plus directement le Sauveur du monde, quoiqu'il convienne aussi à David
d'une maniére moins parfaite.
44-46. * Dieu a élevé David à la royauté et l'a couvert de gloire.
45. Que je ne connaissais pas; qui n'était pas de ma nation, qui n'était pas Hébreu.
46. Ils ont vieilli; dans leur perversité. — [/s ont chancelé; littér. ils ont boité. —
En soríant. Cette expression ou toute autre semblable est nécessairement sous-en-
tendue. Voy. sur cette sorte de construction, Observat. prélimin., p. 342,20, — * Ce
verset marque le triomphe de David sur les peuples étrangers.
41-91. * Remerciements à Dieu pour ses bienfaits.
41. Le Seigneur vit! acclamation qui équivaut à vive le Seigneur!
48. Des vengeances ; c'est-à-dire des moyens de vengeance,
1118
50. A cause de cela, ie vous
confesserai parmi les nations,
Seigneur, et je dirai un psaume
à la gloire de votre nom,
51. Qui exalte les victoires de
son roi, et qui fait miséricorde à
son christ, David, et à sa posté-
rité pour toujours.
PSAUME XVIII
(HÉBR., XIX).
David admire la puissance, la sagesse et
la bonté de Dieu manifestées aux
hommes par ses ouvrages exposés à
leurs yeux, par la loi donnée aux
Juifs et par le Rédempteur envoyé au
monde.
1. Pour la fin, psaume de David.
2. Les cieux racontent la gloire
de Dieu, et le firmament annonce
les œuvres de ses mains.
3. Le jour en fait le récit au
LES PSAUMES.
[Ps. xvim.]
jour, et la nuit en donne con-
naissance à la nuit.
4. Ce ne sont point des paroles,
ni des discours, dont on n'en-
tende point les voix.
5. Leur bruit s'est répandu dans
toute la terre, et leurs paroles
jusques aux confins du globe de
la terre.
6. Il a placé sa tente dans le
soleil; et cet astre, comme un
époux qui sort de son lit nuptial,
S'est élancé comme un géant
pour parcourir sa carriere :
1. À l'extrémité du ciel est sa
sortie;
Et le terme de sa course à /'au-
tre extrémité ; etil n'y a personne
qui se cache à sa chaleur.
8. La loi du Seigneur est sans
tache, elle convertit les âmes; le
témoignage du Seigneur est fi-
50. II Rois, xxir, 50; Rom., xv, 9. — Ps. XVIII. 5. Rom., x, 18. — 6. Luc, xxiv, 46.
50. Votre nom. Voy. IL Rois, xxi, 50.
51. Les victoires. Voy. 11 Rois, xxu, 51.
4. * Gloire de Dieu, qui se manifeste 19 par l'éclat de ses œuvres dans la nature et
20 par la beauté de sa loi dans l'ordre moral. « Kant se souvenait-il de ce psaume
lorsqu'il disait : 17 y a deux choses qui excitent en moi une continuelle admiralion :
le ciel étoilé au-dessus de ma téle et la loi morale dans mon cœur? » (DE La 10018.( Plu-
sieurs traits de ce psaume s'appliquent à la prédication des Apótres, dans le sens
spirituel, xvi, 5 et Rom., x, 18.
2-3. * Les cieux racontent la gloire de Dieu.
2. Les cieux. Fondés sur le témoignage de saint Paul (Rom., x, 18), les Péres de
l'Eglise entendent ici sous le nom de cieux, les Apôtres et les ministres de l'Evangile.
Depuis le lever du soleil, les cieux publient la gloire de celui dont le firmament
avait annoncé les œuvres avant que le soleil parüt. Depuis que Jésus-Christ est venu,
les apótres et les ministres de l'Evangile publient la gloire de celui dont les
patriarches et les prophètes avaient annoncé les œuvres avant que Jésus-Christ
parüt.
4-6*. * Le son de la parole des cieux n'est pas articulé, mais elle ne s'en fait pas
moins entendre jusqu'aux extrémités de la terre, là où Dieu a établi la tente du
soleil.
4. Ce ne sont point, etc. D'autres traduisent : Il n'y a point de langue ni de lan-
gage par qui leurs voix ne soient entendues; mais ni l'hébreu, ni les Septante, ni la
Vulgate, n'autorisent ce sens; à moins qu'on ne le considére comme un simple
commentaire du texte.
65-7. * Le soleil lui-même s'élance d'un bout du monde à l'autre et rien n'échappe
à son ardeur.
8-11, * Quant à la loi de Dieu, elle est parfaite, réjouissant le cœur, lumineuse,
durable, vraie, précieuse,
Ps. xIx.)
dèle ; il denne la sagesse aux plus
petits.
9. Les justices du Seigneur sont
droites, elles réjouissent les
cœurs; le précepte du Seigneur
est plein de lumière, il éclaire les
yeux.
10. La crainte du Seigneur est
sainte, elle subsiste dans les siè-
cles des siècles ; les jugements du
Seigneur sont vrais, ils se justi-
fient par eux-mêmes.
11. Ils sont désirables au-des-
sus de lor et de nombreuses
pierres de prix, et plus doux que
le miel et un rayon de miel.
19. Aussi votre serviteur les
garde, et en les gardant, {/{rouve
une grande récompense.
13. Qui comprend ses fautes?
Purifiez-moi des miennes qui sont
cachées en moi :
14. Et préservez votre servi-
teur de la corruption des étran-
gers.
S'ils ne me dominent point, je
serai alors sans tache, et purifié
d'un très grand péché.
LES PSAUMES.
1119
15. Alors les paroles de ma
bouche pourront vous plaire aussi
bien que la méditation de mon
cœur que je ferai toujours en
votre présence,
Seigneur, mon aide et mon ré-
dempteur,
PSAUME XIX
(HÉBn., XX).
Priére que David met dans la bouche de
son peuple pour demander à Dieu
l'heureux succès de ses armes.
1. Pour la fin, psaume ce David.
2. Que le Seigneur vous exauce
au jour de la tribulation; que le
nom du Dieu de Jacob vous pro-
tége.
3. Qu'il vous envoie du secours
du lieu saint; et que de Sion il
vous défende.
4. Qu'il se souvienne de tous
vos sacrifices, et que votre holo-
causte lui soit agréable.
5. Qu'il vous rende selon votre
cœur, et qu'il confirme tous vos
desseins.
6. Nous nous réjouirons de
9. Les justices; selon l'hébreu, les commandements, les préceptes. Ces divers mots
désignent la loi mosaïque.
12-15. * Retour du Psalmiste sur lui-même,
12. Les garde. Le mot Les (ea) se rapporte à jugements (judicia) du vers. 10.
13. * Qui sont cachées, les fautes oubliées ou dont on n'a méme pas eu connaissance.
14. Des étrangers, au peuple hébreu, des Gentils. Selon d'autres : Des fautes
d'autrui; c'est-à-dire des fautes auxquelles on coopére, soit en les commandant, soit
en les conseillant, soit en y consentant, etc. A la vérité les Septante et la Vulgate,
qui sont amphibologiques, peuventse préter à ce sens, mais il n'en est pas de méme
du texte hébreu.
2-5. * Priére à Dieu pour qu'il accorde sa protection au roi en temps de guerre.
3. Du lieu saint; littér. du saint; c'est-à-dire comme on l'entend généralement, du
sanctuaire. — * Le saint est le mont Sion, parce que c'est là que résidait l'arche du
temps de David.
4. Agréable; littér. gras. Plus les victimes étaient grasses, et plus on les croyait
agréables à Dieu.
6-1. * On célébrera avec joie la victoire; que Dieu daigne l'accorder.
6. Votre salut; du salut que vous recevrez; c'est-à-dire de l'heureux succès de vos
armes. Nous l'avons déjà remarqué, les Hébreux employaient le mot sa/ut pour
exprimer la victoire. Voy. sur la signification du pronom votre, les Observat. préli=
min., pag. 342, 1e,
1190
votre salut; et dans le nom de
notre Dieunousnousglorifierons.
7. Quele Seigneur accomplisse
toutes vos demandes ; maintenant
j'ai reconnu que le Seigneur a
sauvé son Christ.
Il l'exaucera du ciel, son sanc-
tuaire : le salut de sa droite est
puissant.
8. Ceux-ci se confient dans des
chariots, et ceux-là dans des che-
vaux; mais nous, c'estle nom du
Seigneur que nous invoquerons.
9. Ils ont été pris dans des lacs,
et ils sont tombés; mais nous,
nous nous sommes relevés et
nous sommes restés debout.
10. Seigneur, sauvez le roi, et
exaucez-nous au jour oü nous
vous invoquerons.
PSAUME XX
(HÉBR., XXI).
Ce psaume est une suite du précédent.
Dans celui-là David demandait à Dieu
la victoire sur ses ennemis. Dans
celui-ci il le remercie de la lui avoir
accordée. 1[ convient parfaitement à
Jésus-Christ triomphant du démon et
demandant la móme gràce pour ses
membres.
1. Pour la fin, psaume de David.
2. Seigneur, dans votre force
LES PSAUMES.
(ps. xx.)
le roi se réjouira, et à cause de
votre salut, il tressaillira de la
plus vive allégresse.
3. Vous lui avez accordé le dé-
sir de son cœur; et vous n'avez
pas trompé le vœu de ses lèvres;
4. Puisque vous l'avez prévenu
des bénédictions les plus douces ;
vous avez mis sur sa téte une
couronne de pierres précieuses.
5. Il vous a demandé la vie; et
vous lui avez accordé une lon-
gueur de jours jusqu'à un siècle,
et jusqu'à un siecle de siecles.
6. Grande est sa gloire par votre
salut; vous lavez couvert de
gloire et de beauté.
7. Car vous en ferez un objet
de bénédiction pourles siecles des
siecles : vous le remplirez de joie
par la vue de votre visage.
8. Parce que le roi espere dans
le Seigneur et dans la miséri-
corde du Tres-Haut, il sera iné-
branlable.
9. Que votre main se trouve sur
tous vos ennemis; que votre
droite trouve tous ceux qui vous
haissent.
10. Vous les rendrez comme
une fournaise ardente, au temps
de votre visage :le Seigneur dans
1. Son sanctuaire. Compar. le vers. 2. — Est puissant; littér. dans les puissances.
En hébreu, comme en arabe, les adjectifs sont souvent remplacés par un substantif
précédé d'une préposition. Voy. les Observat. prélimin., p. 341, 1o,
8-9. * Ceux qui se confient dans leurs chevaux sont renversés, tandis que le peuple
de Dieu est inébranlable,
10. * Conclusion et prière finale,
2-3. * Le roi se réjouit de-sa victoire,
2. Votre salut; le salut que vous lui avez procuré. Compar. Ps. xix, 6.
3. Le vœu de ses lèvres; le désir ardent exprimé par ses lèvres.
4-1. * Dieu a couronné le roi de gloire, il l'a comblé de jours, de joie et de béné-
dictions.
4. Les bénédictions les plus douces; littér. et par hébraisme, des bénédictions de
douceurs.
8-13. * Parce que le roi a mis en Dieu sa confiance, Dieu exterminera tous ses
ennemis.
10, Vous les rendrez, etc.; c'est-à-dire, lorsque vous montrerez votre visage eti",
PS. xx1.] LES PSAUMES. 1191
sa colere les jettera dans le trou- | nous célébrerons par des hymnes
ble, et un feu les dévorera. les merveilles de votre puissance.
11. Vous ferez disparaitre son
fruit de la terre, et sa semence PSAUME XXI
d'entre les fils des hommes. (Hépn., XXiI).
12. Parce qu'ils ont voulu faire | Tout ce qui est dit dans ce psaume con-
tomber des maux sur vous ; ils ont vient si parfaitement à Jésus-Christ,
: "n ] qu'il parait moins une prophétie qu'une
prs τ desseins db 8 πδηΐ pt histoire de ses humiliations, de ses
exécuter. souffrances, et de la gloire dont elles
13. Parce que vous leur ferez ont été suivies. Le divin Sauveur en
prononca les premiéres paroles lors-
tourner le dos : quand à ceux que prid:
quil était sur la croix.
vous laisserez survivre, vous dis-
poserez leur visage à recevoir vos 1: Pour la fin, pour le secours du ma-
traits tin, psaume de David.
14. Elevez-vous, Seigneur, dans 2. Dieu, mon Dieu, regardez-
votre force, nous chanterons et | moi : pourquoi m'avez-vous dé-
Ps. XXI. 2. Matt., xxvii, 46; Marc, xv, 34.
flammé, ils seront embrasés et brülés comme une fournaise ardente. Des prophétes
empioient quelquefois l'expression embrasé comme une fournaise, pour dire être dans
la cousternation, dans la douleur, être saisi de frayeur, être exténué de la faim. Voy.
Isaïe, xut, 85 Jérém. Lamentat., v, 10. —* Au temps de votre visage,lorsque vous vous
manifesterez, dés que vous apparaitrez comme un roi qui se montre à ses sujets à
la téte de son armée.
11. Fruit et semence sont pris ici métaphoriquement pour enfants et postérité.
13. Quant à ceux, etc. C'est, ce nous semble, le vrai sens de la Vulgate et de la
version grecque ; l'une et l'autre portent à la lettre : Dans vos restes vous préparerez
leur visuge. Mais le mot hébreu rendu par vestes signifie aussi cordes d'arc. De plus,
au lieu de ler visage, 16 texte original lit : contre leur visage; d'où il suit que le vé-
ritable sens de ce passage est : Vous ajusterez aux cordes de votre arc (vos flèches que
vous lancerez) contre leurs visages. Le mot flèche, qui est évidemment sous-entendu
ici, se trouve exprimé dans une phrase parallèle, Ps. x (Héb. xt), 2.
14. * Reconnaissance à Dieu pour ses bienfaits.
4. * Hébreu : « Au chef de chœur. Sur [l'air de] 'ayyéleth asch-schakhar, ou la biche
de l'aurore. » Psaume prophétique, annonçant les souffrances du Messie. ll est
comme un miracle permanent, tant la Passion y est prédite d'une manière claire :
UL non lam prophetia quam historia videatur, dit Cassiodore. On ne peut trouver dans
tout l'Ancien Testament un seul personnage à qui il s'applique. Les premiers mots
ont été prononcés par Notre-Seigneur sur la croix, Matth., xxviz, 46; Marc, ,טא
— Le Sitio, que le Sauveur fit entendre à ses derniers moments, avait pour but
d'accomplir la prophétie du vers. 16; Jean, xix, 28. Tous les autres traits annoncés
ont été également accomplis en la personne de Jésus-Christ. Non seulement le pre-
mier verset est tout à la fois parole des Psaumes et parole d'Evangile, mais aussi les
blasphèmes et les branlements de tête, vers. 8 et Matth., xxvu, 39; l'insulte pour
avoir placé mal à propos en Dieu sa confiance, vers. 9 et Matth., xxvii, 43; 16 partage des
vétements et le tirage au sort de la robe, vers. 19 et Jean, xix. 23 etsuiv. Impossible
de mieux peindre que 15-18 les tortures de la crucifixion : distension des membres
du corps nu, douleurs des mains et des pieds, soif brûlante. Cf. aussi Héb., ו
41 etsuiv ; Mat(h., xxvi, 10; Jean, xx, 17 et Ps. xxr, 23. Aussi l'Eglise, au 1v? con-
cile général de Constantinople, coll. 4, a-t-elle condamné Théodore de Mopsueste,
qui entendait ce psaume dans un sens purement historique, non prophétique.
2-12. * Plaintes du Messie délaissé de son Père sur la croix et abandonné de tous.
2, Les paroles de mes péchés, etc.; le cri de mes péchés s'oppose à mon salut et à
zen 7i
1199
laissé? Les paroles de mes péchés
sont loin de mon salut.
3. Mon Dieu, je crierai pendant
le jour, et vous ne m'exaucerez
pas : et pendant la nuit, et ce
n'est point à moi une folie.
4. Mais vous, vous habitez dans
un sanctuaire, vous la louange
d'Israël.
5. C'est en vous qu'ont espéré
nos pères : ils ont espéré, et vous
les avez délivrés.
6. Vers vous ils ont crié et ils
ont 616 sauvés : en vous ils ont
espéré, et ils n'ont point'été con-
fondus.
7. Pour moi je suis un ver et
non pas un homme; l'opprobre
des hommes et l’abjection du
peuple.
8. Toutceux qui m'ont vu m'ont
tourné en dérision : ils ont parlé
duboutdeslevres, etilsontsecoué
la téte.
9. Il ἃ espéré dans le Seigneur,
qu'il le délivre; qu'il le sauve,
puisqu'il l'aime.
10. Cependant c'est vous qui
m'avez tiré du sein de ma mere :
LES PSAUMES.
[Ps. xxi.]
vous étes mon espérance depuis
que je sucaisles mamelles de ma
mere.
11. C'est sur vous que j'ai été
posé, eu sortant de son sein;
depuis que j'étais dans les en-
trailles de ma mère, vous êtes
mon Dieu.
12. Ne vouséloignez pas demoi :
Parce que la tribulation est
proche, parce qu'il n’y a per-
sonne qui me porte secours.
13. De jeunestaureaux en grand
nombre m'ont environné; des
taureaux gras m'ont assiégé.
14. Ils ont ouvert sur moi leur
eueule comme un lion ravissant
et rugissant.
15. Je me suis épanché comme
de l'eau, et tous mes os se sont
déboités.
Mon cœur est devenu au dedans
de moi comme une cire qui se
fond.
16. Ma force s'est desséchée
comme un tét, et malangue s'est
attachée à mon palais; et vous
m'avez conduit à la poussière de
la mort.
8. Matt., xxvir, 39; Marc, xv, 29. — 9. Matt., xxvi, 49,
ma délivrance. Ces paroles conviennent assez à David, poursuivi par Absalom, son
fils. Il reconnaissait que tous les malheurs dont sa famille avait été affligée, et 6
quil éprouvait lui-même, n'étaient que la juste peine de son adultère et de son
homicide. Si on applique ces mémes paroles à Jésus-Christ, les mots mes péchés ne
sauraient s'entendre de ses propres péchés, puisqu'il n'en commit jamais, et qu'il
n'en pouvait commettre, mais des péchés des hommes dont il s'était chargé pour les
expier. « Il a fait nos péchés ses péchés, dit saint Augustin, afin de faire sa justice
notre justice (Delicta nostra, sua delicta fecit, ut justitiam suam, nostram justitiam
faceret). » Voy. Jean, τ, 29; 11 Corinth., v, 21; Galal., xx, 13; I Pierre, τι, 22.
8. Ils ont parlé du bout des lèvres; c'est-à-dire ils ont murmuré.
11. C'est sur vous, etc. Allusion à l'ancienne coutume de mettre les enfants au
sortir du sein de leur mére sur les genoux de leur pére. Voy. Genése, xxx, 3; Job,
nr, 12. Cet usage existait aussi chez les Grecs; Homére en rapporte des exemples
dans l’Iliade et l'Odyssée.
3-22. * Description des tourments de la Passion.
16. * Comme un (él; il n'y a rien de plus sec qu'un morceau de poterie que ni l'eau
ni l'humidité ne peuvent pénétrer. — La poussière de la mort, les corps morts se
décomposent et sont réduits en poussière,
(ps. xxi.]
17. Parce que des chiens nom-
breux m'ont environné ; un con-
seil de méchants m'a assiégé :
Ils ont percé mes mains et mes
pieds :
18. Ils ont compté tous mes os.
Ils m'ont eux-mémes considéré
et regardé attentivement.
19. Ils se sont partagé mes vé-
tements, et sur ma robe ils ont
jeté le sort.
90. Mais vous, Seigneur, n'éloi-
gnez pas votre secours de moi :
voyez à ma défense.
91. Arrachez mon âme à l'épée
à double tranchant;etmonunique
de la main du chien.
22. Sauvez-moi de la gueule du
lion; et ma faiblesse des cornes
des licornes.
23. Je raconterai votre nom à
mes frères; je vous louerai au
milieu de l'assemblée.
94. Vous qui craignez le Sei-
gneur, louez-le; race entière de
Jacob, glorifiez-le :
95. Que toute la race d'Israël le
craigne, parce qu'il n'a pas mé-
prisé ni dédaigné la supplication
du pauvre;
LES PSAUMES.
1123
Et qu'il n'a point détourné sa
face de moi, et que lorsque je
criais vers lui, il m'a exaucé.
26. Devant vous sera ma lou-
ange dans une grandeassemblée :
je rendrai mes vceux en présence
de ceux qui le craignent.
27. Les pauvres mangeront et
seront rassasiés; et ils loueront
le Seigneur, ceux qui le recher-
chent; leurs cœurs vivront dans
les siecles des siecles.
28. Tous les confins de la terre
se souviendront du Seigneur et
se convertiront à lui :
Et toutes les familles des na-
lions adoreront en sa présence.
29. Parce qu'au Seigneur ap-
partient le règne; et que c'est
lui qui dominera sur les na-
tions.
30. Tous les riches de la terre
ont mangé et ont adoré : en sa
présence tomberont tous ceux
qui descendent dans la terre.
31. Et mon àme vivra pour lui;
et ma postérité le servira.
32. La génération qui doit venir
sera annoncée au Seigneur; et
les cieux annonceront sa justice
19. Matt., xxvir, 35; Jean, xix, 23, 24. — 23. Héb., ,זז 42.
A1. Ils ont percé mes mains et mes pieds. ll faut renoncer à toutes les lois de la
critique ei de l'herméneutique, pour traduire avec les Juifs, comme un lion, mes mains
et mes pieds, et avec les hébraisants rationalistes, i/s ont lié, ou souillé mes mains
el mes pieds.
21. Unique; qualificatif du mot âme, exprimé dans la phrase, mais qui la désigne
en tant que seule, isolée, abandonnée.
22. * Des cornes des licornes, du reém ou bœuf sauvage (décrit dans Job, xxxix, 9-12),
comme le porte le texte oxiginal. La Vulgate a traduit le mot reëm, tantôt par
licorne, tantôt par rhinocéros, mais reém signifie toujours le buffle ou bœuf sauvage.
23-32. * Gloire de la résurrection. Reconnaissance du Messie envers son Père ; le
louera dans l'Eglise et le fera louer par elle dans toute la terre jusqu’à la fin des
temps.
30. Les riches ; les opulents; littér. les gras (pingues).
32. La génération qui doit venir sera annoncée au Seigneur; c'est-à-dire, comme on
l'explique ordinairement, sera déclarée appartenir au Seigneur. Selon l'hébreu : 1.
sera raconté touchant le Seigneur à la génération future; c'est-à-dire le Seigneursera
annoncé, publié dans les siècles futurs.
1124
au peuple qui naitra, et qu'a fait
le Seigneur.
PSAUME XXII
(Hénn., XXIII).
David exprime dans ce psaume les sen-
timents d'une àne que Dieu conduit
lui-même et qu'il nourrit de sa grâce,
de sa parole et de ses instructions.
1. Psaume de David.
Le Seigneur me conduit, et
rien ne me manquera ;
2. C'est dans un lieu de pâture
qu'il m'a placé.
C'est auprès d'une eau forti-
fiante qu'il m'a élevé.
LES PSAUMES.
(Ps. xXui.]
parce que vous êtes avec moi.
Votre verge et votre bâton
m'ont consolé.
9. Vous avez préparé en ma
présence une table, en face de
ceux qui me tourmentent.
Vous avez oint ma tête d'huile;
et mon calice enivrant, combien
il est magnifique!
6. Et votre miséricorde me sui-
vra tous les jours de ma vie,
7. Afin que j'habite dans la mai-
son du Seigneur durant de longs
jours.
PSAUME XXIII
(Hébn., XXIV).
3. ll a fait revenir mon âme.
Il m'a conduit dans les sentiers
de la justice, à cause de son nom.
4. Car quand je marcherais au
milieu de l'ombre de la mort, je
ne craindrais point les maux,
David nous représente dans ce psaume
l'entrée triomphante de Jésus-Christ
dans le ciel, et la sainteté que doivent
avoir sur la terre tous ceux qui dé-
sirent demeurer avec lui.
1. Le premier de la semaine, psaume
de David.
Ps. XXII. 1. 15916, xr, 11; Jérémie, xxii, 4; Ezéch., xxxiv, 11, 23; I Pierre, 11, 25; v, 4.
1. * « C'est une ode qui, pour la beauté du sentiment, n'a d'égale dans aucune litté-
rature. Depuis trois mille ans ou plus, ce psaume a profondément remué des
milliers de cœurs, il a réjoui des demeures abandonnées et malheureuses, il a fait
entendre des paroles d'espérance et de joie, au milieu des larmes, à l'àme solitaire
et sans secours, dont l'unique refuge est dans le ciel. Ces douze vers ont inspiré au-
delà de tout calcul la résignation dans la souffrance, la force dans la faiblesse; ils
ont empêché de s'éteindre la flamme vacillante du sentiment religieux dans des cœurs
près de se laisser aller au désespoir. » (J. TAvLOn.)
2-1. * Hymne à Dieu, le bon pasteur. Le Psalmiste exprime le bonheur et la paix
de celui qui vit sous la garde de Dieu, sous l'image d'un troupeau conduit par un
berger fidèle.
2-5. * Dieu le bon pasteur.
2. * Le Seigneur me conduit. La traduction littérale de l'hébreu est : Je Seigneur est
mon berger.
4. lla fait revenir mon âme; il m'a ramené au bercail. Le mot dme se met conti-
nuellement en hébreu et en arabe pour personne, individu.
5. La verge et la houlette des pasteurs sont la consolalion des troupeaux, puisqu'elles
les défendent contre les bétes féroces ou contre les voleurs.
6. De la figure d'un pasteur qui conduisait et protégeait son troupeau, David passe
à celle d'un hôte ou d'un ami, qui accorde sa protection à son ami contre ses per-
sécuteurs, et qui lui dresse une table, lui prépare un festin pour le refaire de ses
fatigues et le nourrir dans sa défaillance. Cette table, ce festin figuraient, selon les
Pères, le sacrement du Corps et du Sang de Jésus-Christ, que nous recevons dans
l'Eglise, à la table sainte, et les divines Ecritures, qui sont le soutien et la nourriture
de nos âmes. — * Vous avez oint ma lêle d'huile, c'est-à-dire de parfums, parce que
souvent on se parfumait la téte, quand on prenait part à un festin.
1-10. * Les Septante etla Vulgate ajoutent pour le premier jour de [a semaine, comma
[Ps. xxur.]
Au Seigneur est laterreet toute
sa pénitude; le globe du monde
el tous ceux qui l'habitent.
2. Parce que c'est lui-même qui
l'a fondé au-dessus des mers, et
qui l'a disposé au-dessus des fleu-
ves.
3. Qui montera sur la montagne
du Seigneur? Ou qui se tiendra
dans son lieu saint?
4. Celui dontles mains sont in-
nocentes et le cœur pur; qui n'a
pas recu en vain son àme, qui n'a
LES PSAUMES.
1195
pas fait de serment trompeur à
son prochain.
9. Celui-là recevra la bénédic-
tion duSeigneur, etla miséricorde
de Dieu, son salut.
6. Telle est la génération de
ceux qui lecherchent, de ceux qui
cherchent 18 face du Dieu deJacob.
1. Elevez vos portes, ὃ princes;
et vous, élevez-vous, portes éter-
nelles, et le roi de gloire en-
trera.
8. Quel est ce roi de gloire ל Le
Ps. .ןוא 17 Ps; xrix, 12; T Cor., x, 26.
si ce Psaume était destiné à célébrer la création et le jour où elle a commencé. Com-
posé pour la translation de l'arche sur le mont Sion, 11 Rois, νι, 17, ou bien apres
une campaene victorieuse oü l'arche avait été portée, quand elle fut reconduite sur le
mont Sion, ce psaume devint comme le chant Je l'entrée du Messie dans le temple,
Malac., uz, 1. Les Pères l'ont appliqué à l'Ascension; l'Eglise à l'entrée de Notre-Sei-
gneur à Jérusalem, le dimanche des Rameaux. — On peut supposer avec vraisem-
blance qu'il était chanté partie par le chœur et partie par des soli. — Ire partie. Pendant
la montée, en se rendaut au mont Sion, au bas de la montagne, 1-6; — Ile partie.
Devant la porte dela citadelle de Sion, 7-10. > Tout le monde fait partie de la proces-
sion. Les lévites et les chantres, partagés en divers groupes, sont placés à la tête,
Aprés l'introduction au Psaume, daus les deux premiers versets, quand la procession
commence à monter sur la montagne sainte, [une voix] pose la question : Qui montera
sur la montagne du Seigneur? etc. La réponse est faite par [une autre voix] avec
la plus grande dignité : Celui qui a les mains pures et un cœur pur, etc. Quand la
procession approche des portes [de Sion], le chœur, avec tous ses instruments, s'unit
pour pousser ce eri : Levez vos léles, 6 portes, etc. Un [solo] intervient et demande
comme à demi-voix : Qui est le roi de gloire? [Aprés une seconde demande], au
moment oü larche est introduite dans le Tabernacle, la réponse est faite par le
chœur tout entier : Le Seigneur, fort, etc. —Je saisis l'occasion de cet exemple d'autant
plus volontiers qu'il sert à faire voir combien la grâce 61 la magnificence des poèmes
sacrés, comme d'ailleurs de tous les poémes, dépend en partie de la connaissance
des circonstances particulières dans lesquelles ils furent composés. » (Brarn.)
1*-2. * Le chœur proclame que tout ce qui existe appartient au Dieu créateur.
1. Du monde; littér. des terres.
3. * Une voix demande qui est digne de se présenter devant Dieu sur le mont Sion.
4. Qui m'a pas reçu en vain son dme; saint Jérôme, saint Augustin, Théodoret,
Cassiodore, etc., expliquant ce passage, disent que celui-là a recu son âme en vain
qui la souille par le péché, qui ne fait pas de bonnes ceuvres, et qui met son affection
en des choses vaines, périssables, méprisables. — * Une autre voix répond que le
juste est digne de monter sur la montagne sainte.
5-6. * C'est le cheeur qui reprend la parole.
6. Telle est la génération, la race; c'est-à-dire tels sont ceux.
1. Les Pères de l'Eglise ont tous vu dans ce verset une prophétie de l'Ascension de
Jésus-Christ. — * On est arrivé devant la porte de Sion et le chœur chante : Elevez
vos porles. Les portes des villes, surmontées de tours, étaient souvent fixées dans
des rainures, de sorte qu'on levait les portes en les tirant en haut pour les ouvrir
et qu'on les baissait, en les faisant descendre et glisser dans les rainures, pour les
fermer. — Porles éternelles, vieilles et solides.
8-9. * Une voix demande de l'intérieur de Sion : Quel est ce roi de gloire? et c'est
15 chœur aui lui répond et répète : Elevez vos portes.
1196
7. Des fautes de ma jeunesse,
Seigneur, fort et puissant : le Sei-
gneur, puissant au combat.
9. Elevez vos portes, ὃ princes ;
et vous, élevez-vous, portes éter-
nelles, et le roi de gloire entrera.
10. Quel est ce roi de gloire?
Le Seigneur des armées; c'est
lui qui est le roi de gloire.
PSAUME XXIV
(H£BR., XXV).
David montre ici les sentiments de con-
fiance, d'humilité et de pénitence avec
lesquels on doit recourir à Dieu dans
toutes les adversités.
1. Pour la fin, psaume de David.
Vers vous, Seigneur, j'ai élevé
mon âme :
9. Mon Dieu, en vous je me
LES PSAUMES.
[PS. xxiv.
confie, je n'en rougirai pas :
3. Que je ne sois point un sujet
de dérision pour mes ennemis;
car tous ceux qui vous attendent
avec constance ne seront pas con-
fondus.
4. Qu'ils soient confondus,
tous ceux qui commettent des
iniquités gratuitement.
Seigneur, montrez-moi vos
voies, et enseignez-moi vos sen-
tiers.
5. Dirigez-moi dans votre vé-
rité, et instruisez-moi; parce que
c'est vous qui êtes mon Sauveur,
et que je vous ai attendu avec
constance durant tout le jour.
6. Souvenez-vous de vos bontés,
Seigneur, et de vos miséricordes
des temps les plus anciens.
10. Le Seigneur des armées; littér. des vertus (virtutum). La Vulgate porte ailleurs
(Jérém., xi, 20; Rom., 1x, 29; Jacq., v, 14) : Le Seigneur Sabaoth. Or, ce dernier mot,
qui est hébreu et que l'on traduit ordinairement par armée, signifie primitivement,
ce que le ciel et la terre renferment. Compar. Genèse, τι, 1. — * La méme voix re-
demande de l'intérieur : Quel est ce roi de gloire? et le chœur répond de nouveau:
Le Seigneur des armées. — « Tout le monde sentira, dit Herder, qu'il y a dans ce
psaume des changements de voix et il est tout aussi facile de voir qu'il y en a éga-
lement dans la marche des idées si riches en action. Le début, qui proclame [le Sei-
gneur] propriétaire de la terre tout entière, est magnifique, mais comme il doit habiter
la petite montagne de Sion, on commence par élargir cette terre devant lui. La ma-
nière dont le chant passe à cette petite montagne est également trés belle. Sion de-
vient sacrée, parce que [Dieu] va l'habiter; elle sera sacrée dans le sens politique
comme dans 16 sens moral, car ainsi que rien d'impur ne peut être offert en sacrilice
à Dieu, de méme aucun adorateur impur ne pourra s'approcher de la montagne. —
Toujours plein d'action, le psaume solennel poursuit sa route. Une foule est là, devant
la porte; elle frappe, elle demande à voir le monarque, et ce monarque, c'est [Dieu]
]ui-méme ! Il siége sur l'arche de sa loi, lui qui, jadis, remporta tant de victoires, ce
roi glorieux, si riche en force. C'est ainsi que le proclame la réponse du chœur, c'est
ainsi que sur cette montagne [de Sion] nouvellement conquise, il habitera prés de
la demeure d'un roi héroique [de David, le vainqueur de Jérusalem]. Pour donner
au chant de la rondeur et de la majesté, on passe sous silence tous les détails du
cérémonial. »
1. * Prière pour la rémission des péchés et le secours dans l'affliction. C'est le se-
cond des Psaumes alphabétiques. Il renferme à peu prés autant de distiques qu'il y
a de lettres dans l'alphabet hébreu. Chacun de ces distiques est assez facile à com-
prendre, mais, comme en général dans les poèmes de ce genre, il n’y a pas une suite
rigoureuse dans les idées.
3. Qui vous atlendent; c'est-à-dire qui espèrent en vous, qui mettent leur espérance
en vous. |
5. Je vous ai attndu avec constance. Voy. vers. 3.
1. * Des faules de ma jeunesse, que la légèreté de l'àge semble rendre plus excu-
[Ps. xxiv.]
et de mes ignorances, ne vous
en souvenez pas.
Selon votre miséricorde, sou-
venez-vous de moi, à cause de
votre bonté, Seigneur.
8. Il est doux et droit, le Sei-
gneur; c'est pour cela qu'il don-
nera à ceux qui pèchent la loi ὦ
suivre dans la voie.
9. Il conduira les hommes do-
ciles dans la justice; il ensei-
gnera ses voies à ceux qui sont
doux.
10. Toutesles voies du Seigneur
sont miséricorde et vérité pour
ceux qui rechercnent son testa-
ment et ses térioignages.
11. A cause de votre nom, Sei-
gneur, vous pardonnerez mon pé-
ché, car il est grand.
19. Quel est l'homme qui craint
le Seigneur? Dieu a établi pour
lui une loi dans la voie qu'il a
choisie.
13. Son àme demeurera au mi-
lieu des biens, et sa race aura en
héritage la terre.
14. C'est un ferme appui que le
Seigneur pour ceux qui le crai-
Ps. XXIV. 19. Jean, xv, 25.
LES PSAUMES.
1127
gnent, et son testament doit leur
être manifesté.
15. Mes yeux sont toujours éle-
vés vers le Seigneur, parce que
c’est lui qui dégagera mes pieds
du lacs qu'on m'aura tendu.
16. Regardez-moi, et ayez pitié
de moi, parce que je suis seul et
pauvre.
17. Les tribulations de mon
cœur se sont multipliées; arra-
chez-moi à mes nécessités pres-
santes.
18. Voyez mon humiliation et
ma peine; et remettez-moi toutes
mes fautes.
19. Regardez mes ennemis,
parce qu'ils se sont multipliés, et
quils me haissent d'une haine
inique.
20. Gardez mon âme, et délivrez-
moi; que je ne rougisse point,
parce que j'ai espéré en vous.
21. Les hommes innocents et
droits se sont attachés à moi,
parce que je vous ai attendu avec
constance.
22. Délivrez Israël, ὃ Dieu, de
toutes ses tribulations.
sables, mais qui sont néanmoins coupables. — Mes ignorances désigne probablement
les péchés d'un áge plus avancé. Le mot hébreu signifie prévarications.
8. La loi à suivre, etc.; la conduite qu'ils devront tenir dans la voie qu'il leur in-
diquera.
9. La justice; littér. le jugement. Le mot hébreu a les deux significations.
10. Son testament et ses témoignages ; c'est-à-dire son alliance et ses préceptes. Lors-
que le Seigneur fit alliance avec son peuple, il les prit à témoin eux-mêmes, ainsi
que le ciel et la terre, contre les transgresseurs; il les conjura, par tout ce qui pouvait
les toucher, d'être fidèles à ses préceptes; il leur annonça des peines, leur fit des
menaces, en leur donnant des gages de ses promesses. C'est ce qui a fait donner aux
lois de Dieu le nom de témoignages, d'attestations : Testimonia, testificationes.
12. Dieu a établi, etc. Dieu lui a indiqué la conduite qu'il doit tenir, etc. L'hébreu
et le grec portent le futur au lieu du parfait.
13. Son âme, etc. Compar. Ps. ,וזא 36, 37, où on lit une promesse semblable.
20. Gardez mon âme, afin qu'elle ne pèche point; ou Gardez ma vie, ou moi, ma
personne. Il est certain qu'en hébreu le mot dme a ces différentes significations.
21, Je vous ai attendu avec constance. Voy. le vers. 3.
PSAUME XXV
(Hésr., XXVI).
David prend Dieu à témoin de son inno-
zence, et le conjure de ne pas le perdre
avec les impies.
1. Pour la fin, psaume de David.
Jugez-moi, Seigneur, parce
que moi j'ai marché dans mon
innocence; et espérant dans le
Seigneur, je ne serai pas affai-
bli.
2. Eprouvez-moi, Seigneur, et
sondez-moi; brülez mes reins et
mon cœur.
ὃ. Parce que votre miséri-
corde est devant mes yeux; et
je me suis complu dans votre vé-
rité.
4. Je n'ai pas siégé dans un
conseil de vanité; et je ne m'in-
gérerai pas parmi ceux qui com-
mettent des iniquités.
5. Je hais l'assemblée des mé-
chants; et je ne siégerai pas avec
des impies.
0. Je laverai mes mains parmi
des innocents, et je me tiendrai
autour de votre autel, ὃ Sei-
gneur ;
7. Afin que j'entende la vois de
M —— — —————
LES PSAUMES.
[es. xxvr.]
votre louange, et que je raconte
toutes vos merveilles.
8. Seigneur, j'ai aimé la beauté
de votre maison, et le lieu oü
habite votre gloive.
9. Ne perdez pas, ó Dieu, mon
âme avec des impies, ni ma vie
avec des hommes de sang ;
10. Dans les mains desquels
sont des iniquités, dont la droite
est remplie de présents.
11. Mais moi, j'ai marché dans
mon innocence; rachetez-moi et
ayez pilié de moi.
12. Mon pied est demeuré ferme
dans la droite voie: dans les as-
semblées, je vous bénirai, Sei-
gneur.
PSAUME XXVI
(H&pn., XXVII).
David nous apprend dans ce psaume que
ceux qui ont mis, comme lui, toute
leur espérance dans le Seigneur et tout
leur bonheur à demeurer dans sa mai-
son, n'ont rien à craindre de la part
des hommes, qui ne sauraient leur ra-
vir les biens du ciel, seuls dignes de
leurs désirs.
1. Psaume de David, avant qu'il füt
oint.
Le Seigneur est ma lumière et
1. * David innocent, éloigné de Sion, demande à Dieu de pouvoir le louer dans
sa maison sainte. Composé probablement pendant la révolte d'Absalom. Cf. II tois,
xv, 6-25. David regrette de ne pouvoir plus louer Dieu dans son Tabernacle : c'est là
le sentiment principal de ce psaume.
2. Brülez, etc.; passez par le feu mes reins et mon cœur, comme on y passe les
métaux pourles épurer; vous n'y trouverez rien de faux. Ou bien, comme les reins
et le cœur marquent les affections et les pensées : Exposez-moi au feu des afflictions,
et purifiez-moi des souillures et des affections terrestres.
5. * Je hais, etc. Je fuis les mauvaises compagnies.
10. Remplie de présents, qu'ils ont reçus pour prix et récompense de leur injustice
et de leur violence, ou qu'ils destinent aux juges pour les corrompre.
44. Rachetez-moi; c'est-à-dire délivrez-moi des injustices de mes ennemis.
12. * Dans les assemblées, quand le peuple se réunira devant 16 tabernacle, je vous
bénirai, je chanterai vos louanges.
1-6. * Chant de la confiance triomphante.
A. * Avant qu'il {ἀξ oint. Ces mots sont ajoutés par la Vulgate qui nous apprend,
IPs. XXVI.]
mon salut : qui craindrai-je ?
Le Seigneur est le protecteur
de ma vie; par qui serai-je inti-
midé ?
2. Tandis que des malfaiteurs
s'apprêtent à fondre sur moi,
pour manger mes chairs,
Mes ennemis qui me tourmen-
tent, ont été eux-mêmes affaiblis,
et sont tombés.
3. Si des camps s'établissent
contre moi, mon Cœur ne Crain-
dra pas.
Si un combat est livré con-
tre moi, jy mettrai mon espé-
rance.
4. J'ai demandé une seule chose
au Seigneur, je la rechercherai ;
c'est d'habiter dans la maison du
Seigneur tous les jours de ma
vie,
C'est de contempler les délices
du Seigneur et de visiter son
temple.
9. Car il m'a caché dans son
tabernacle; au jour des malheurs
il m'a protégé en me cachant dans
son tabernacle.
LES PSAUMES.
1129
6. Il m'a élevé sur un rocher;
et maintenant il a élevé ma téte
au-dessus de mes ennemis.
J'ai tourné autour de son autel,
el j'ai immolé dans son taberna-
cle une hostie au milieu des cris
de joie : je chanterai et je dirai
un psaume au Seigneur.
7. Exaucez, Seigneur, ma voix
par laquelle j'ai crié vers vous:
ayez pitié de moi, et exaucez-
mol.
8. Mon cœur vous a parlé,
ma face vous a recherché : je
rechercherai, Seigneur, votre
face.
9. Ne détournez pas votre face
de moi; ne vous retirez point,
dans votre colere, de votre ser-
viteur.
Soyez mon aide; ne m'aban-
donnez pas, ne me méprisez pas,
ὃ Dieu, mon Sauveur.
10. Parce que mon père et ma
mere m'ont abandonné; mais le
Seigneur m'a recueilli.
11. Prescrivez-moi, Seigneur,
une loi à suivre dans votre voie;
ainsi que ce psaume fut composé avant qu'Israél se fût encore soumis à David, —
Qui craindrai-je? David est sans peur, parce que Dieu le protége.
2. * Quand ses ennemis l'ont attaqué, ils sont tombés.
3. * Aussi est-il plein de confiance, serait-il attaqué par une armée entière.
4-6. * David ne demande qu'une chose, c'est de demeurer auprés de l'arche.
4.* Son temple ne désigne pas icile temple proprement dit, qui ne fut bâti que
par Salomon, mais l'arche, 6 maison du Seigneur, la demeure où Dieu habite. David
désire y habiter tous les jours de sa vie, c'est-à-dire vivre toujours pres de l'arche,
qu'il fit transporter dans son palais.
5. Selon la lettre, on peut entendre cela des secours que David avait recus du Sei-
gneur, particulièrement lorsqu'il se réfugia à Nobé auprès du grand-prétre Achimé-
lech. Voy. 1 Rois, xxi, 1 et suivant.
6. Il m'a élevé, etc. Dans le style biblique, élever sur un rocher, signifie : mettre
hors de la portée des traits et de l'attaque des ennemis. Dieu prend souvent le nom
de Rocher d'Israél.
1-14. * Chant de la confiance suppliante.
1-12. * Que Dieu écoute donc la prière du Psalmiste et ne le livre pas à ses
ennemis.
10. Mon père et ma mére, etc. Si ces paroles s'entendent de David, elles peuvent
se rapporter aux premiéres années de sa vie, oü il était presque oublié dans sa
famille, étant le plus jeune d'entre ses fréres. Voy. I Rois, xvi, 5 et suivant.
1180 LES PSAUMES.
et conduisez-moi dans une voie
droite à cause de mes enne-
mis.
12. Ne me livrez pas aux âmes
de ceux qui m'affligent; parce
que se sont élevés contre moi
des témoins iniques, et que
l'iniquité a menti contre elle-
méme.
13. Je crois que je verrai les
biens du Seigneur dans la terre
des vivants.
14. Attends le Seigneur, agis
avec courage; et que ton cœur
se fortifie, et attends avec cons-
tance le Seigneur.
PSAUME XXVII
(HéBr., XXVIII).
Le Psalmiste implore le secours de Dieu
contre ses ennemis; il le loue par
avance de la protection quil lui doit
donner, et que sa foi lui rend pré-
sente. Les Péres rapportent ce psaume
à Jésus-Christ qui, dans sa passion,
adresse ses prières à Dieu, son Père.
Psawme par David lui-méme* .
[Ps. xxvit.]
1. Vers vous, Seigneur, je
crierai : Mon Dieu, ne gardez
pas le silence, en vous éloignant
de moi, de peur que si vous
vous taisez, en vous éloignant
de moi, je ne devienne semblable
à ceux qui descendent dans la
fosse.
2. Exaucez, Seigneur, la voix
de ma supplication, lorsque je
vous prie, lorsque j'éléve mes
mains vers votre temple saint.
3. Ne m'entrainez pas avec des
pécheurs, et ne me perdez pas
avec des hommes qui opèrent l'i-
niquité :
Qui parlent paix avec leur pro-
chain, et qui ont le mal dans leurs
cœurs.
4. Donnez-leur selon leurs œu-
vres et selon la méchanceté de
leurs inventions :
Accordez-leur, selon leurs œu-
vres de leurs mains; rendez-leur
leur salaire.
ὃ. Parce qu'ils n'ont pas appli-
12. Aux âmes; hébraisme, pour aux personnes, à ceux.
13-14. * David ne met sa confiance qu'en Dieu mais elle ne lui fera pas défaut.
13. Par la lerre des vivants, la plupart des interprètes entendent ici, comme en
plusieurs autres passages de l'Ecriture, la terre d'Israél, patrie de David ; mais les
Péres de l'Eglise expliquent cette expression dans un sens plus relevé, de l'éternité
bienheureuse oü les saints vivent d'une vie immuable et exempte d'inquiétudes, de
dangers et de besoins.
14. Attends, etc. David, dans ce vers., se parle à lui-même. — Attends avec cons-
tance. Voy. Ps. xxiv, 3.
* Par. Voy. 16 titre du Ps. xv (Hébr. xvi). — * Prière à Dieu pour invoquer son
secours, probablement pendant la persécution d'Absalom.
1. La fosse; c'est le sens littéral de l'hébreu; c'est aussi celui du grec et de la Vul-
gate. Or la fosse signifie ici le {ombeau.
2. * Votre lemple saint, l'arche où Dieu réside.
3. Le mal ; c'est-à-dire la perversité. Les Septante et la Vulgate mettent le pluriel,
qui, dans le langage biblique, donne plus de force et plus d'énergie, en sorte que
d'aprés ces deux versions, le vrai sens est un grand mal, un mal considérable.
4. Leurs inventions; c'est-à-dire selon l'hébreu, leurs œuvres.
5. Conformément au texte hébreu et à celui des Septante, nous supposons sous-
entendue devant opera Domini de la Vulgate, la particule in ou dans, à, laquelle est
exprimée dans le membre paralléle de phrase suivant : in opera Domini. Or, dans
cette hypothèse, le sens du verbe latin intellexerunt n'est pas seulement ont compris,
mais comme en hébreu et en grec, s'appliquer à, appliquer son esprit à, s'étudier ἃ.
[ps. xxvm.]
qué leur esprit aux œuvres du
Seigneur, et aux œuvres de ses
mains, vous les détruirez, et vous
ne les rétablirez pas.
6. Béni le Seigneur! parce qu'il
a exaucé la voix de ma supplica-
tion.
7. Le Seigneur est mon aide
et mon protecteur : en lui a
espéré mon cœur, et j'ai été se-
couru :
Et ma chair ἃ refleuri; aussi
de £oute mon àme je le glori-
fierai.
8. Le Seigneur est la force de
son peuple; le protecteur et le
sauveur de son Christ.
9. Sauvez votre peuple, Sei-
gneur, et bénissez votre héri-
tage; dirigez-les, et élevez-les
LES PSAUMES.
1131
PSAUME XXVIII
(Hésr., XXIX).
Le Psalmiste convie tous les justes à ve-
nir louer Dieu dans son temple. Il re-
présente les effets merveilleux de la
voix du Seigneur qui éclate dans son
tonnerre ; mais qui selon les Pères de
l'Eglise fait sentir plus heureusement
sa force dans la conversion des âmes
par la prédication de l'Evangile.
Psaume de David.
1. Pour la consommation du taber-
nacle.
Apportez au Seigneur. enfants
de Dieu, apportez au Seigneur
des petits de béliers.
2. Apportez au Seigneur gloire
et honneur, apportez au Sei-
gneur de la gloire pour son nom :
adorez le Seigneur dans son saint
jusque dans l'éternité. parvis.
1. Ma chair a refleui; a pris une nouvelle vigueur. — De toute mon âme; littér. De
ma volonté (ex voluntate mea), c'est-à-dire, librement spontanément. Le terme du
texte hébreu /éb ou cœur se prend souvent dans le même sens.
8. Le protecteur et le sauveur de son Christ; à la lettre : Le protecteur des saluts
(protector salvationum), etc. Compar. pour le sens de cette fin du verset, II Rois,
XXII, 91.
9. Votre héritage, ou propriété, possession; c'est un explicatif de votre peuple qui
précéde immédiatement. Voy. Deutéron., 1x, 29.
1-11. Tableau de la grandeur de Dieu manifestée dans l'orage, au moment de la
translation de l'arehe. — Ce psaume est un des plus beaux poèmes descriptifs de toute
la collection. À l'aide de quelques traits bien choisis, David dépeint d'une manière
parfaite tout ce qu'il y a à la fois de magnifique et de terrible dans les éléments
déchainés. Dans le texte original, l'harmonie imitative du style fait entendre en
quelque sorte les roulements prolongés du tonnerre, dans cette voix du Seigneur ou
la foudre, sept fois répété. — Dans cette description, il y a deux scènes qui forment
entre elles un admirable contraste, l'une sur la terre, l'autre dans le ciel. L'orage
éclate avec fureur au nord de la Palestine, sur 16 Liban. Les cèdres qui font sa gloire
volent en éclats, et leurs débris bondissent sur les flancs de la montagne comme un
jeune taureau. La montagne elle-méme tremble, ébranlée dans ses fondements. La
tempéte traverse la terre d'Israél en lancant ses éclairs. Elle atteint au sud le désert
de 68068, où les biches mettent bas d'épouvante. L'homme a fui l'ouragan. Il ne pa-
rait pas dans ce tableau; il a été rendu muet par la terreur. Et, pendant que le monde
est ainsi ébranlé et vaeillant, que fait Dieu? Il est assis en paix sur son tróne. Que
Dieu fortifie donc son peuple! — Le tableau est encadré dans une exhortation à
honorer Dieu et une invocation au Seigneur pour qu'il donne la paix à Israél.
1. Apportez, etc. Compar. Ps. xcv, 1-9.
2. Avant la construction du temple, le parvis du Seigneur était une espèce de cour,
au-devant du tabernacle; ce parvis était environné de colonnes d'espace en espace
et de rideaux tendus d'une colonne à l'autre. Compar. Exode, xxvu, 9-18. — Nomór.,
11 20; 91; 1v; 26, 32, etc.
1132
3. La voix du Seigneur a re-
tenti surles eaux, le Dieu de ma-
jesté a tonné; le Seigneur s'est
fait entendre sur des eaux abon-
dantes.
4. La voix du Seigneur est
pleine de force : la voix du Sei-
gneur est pleine de magnificence.
ὃ. La voix du Seigneur brise
des cedres ; et le Seigneur brisera
les cédres du Liban,
6. Et les mettra en pièces
comme 77 y mettrait un jeune
taureau du Liban : et le bien-
aimé sera comme un petit de li-
LES PSAUMES.
(Ps. xxv.]
7. La voix du Seigneur fend
une flamme de feu ;
8. La voix du Seigneur ébranle
le désert; et le Seigneur agitera
le désert de Cadès.
9. La voix du Seigneur pré-
pare des cerfs; et elle décou-
vrira des lieux sombres et épais:
et, dans son temple, tous diront :
Gloire!
10. Le Seigneur fait habiter le
déluge sur la terre; et le Sei-
gneur roi siégera éternellement.
41. Le Seigneur donnera de la
force à son peuple : le Seigneur
corne, bénira son peuple en paix.
3. La voir du Seigneur; c'est-à-dire le tonnerre. Dans une infinité d'endroits de
l'Ecriture, cette expression a le même sens. — Sur des eaux abondantes ; celles de la
mer ou les nuages, que Moïse nomme ailleurs (Genèse, 1, 1) les eaux supérieures au
firmament. Le Psalmiste semble vouloir désigner ici, d'une manière allégorique, les
peuples nombreux et les armées puissantes que les Israélites ont eu à combattre.
Compar. Ps. cxunur, 7.
4. Pleine de force, pleine de magnificence ; littér. dans ou avec la force, la magnifi-
cence; hébraisme, pour forte, magnifique.
5. Brise. Ce verbe, dans les Septante et la Vulgate, semble avoir pour sujet le mot
Seigneur, avec lequel il concorde grammaticalement (Domini confringentis); mais il
est réellement et logiquement attribut de voix (vor), qui représente le nominatif.
Toutes les grammaires hébraiques donnent l'explication de cette construction
hébraique, qu'on retrouve d'ailleurs dans les vers. suiv. 7 et 8. — * Les cédres du
Liban, c'est-à-dire l'arbre le plus majestueux etle plus fort.
6. Et le bien-aimé, etc. Cest la seule traduction dont soit susceptible la Vulgate
expliquée par la version grecque. Or, /e bien-aimé est un nom symbolique qui s'ap-
plique au peuple d'Israel (voy. Deutéron., xxxi, 15); de sorte que le sens est : Le
peuple d'Israël, semblable au rhinocéros, renversera tout ce qui voudra lui faire
résistance. — * Au lieu de bien-aimé, le texte hébreu porte Sirion, un des noms du
mont Hermon, prolongement méridional de l'Anti-Liban qui fait face au Liban et se
termine à Césarée de Palestine, là où se trouve une des trois sources du Jourdain. Le
sens de l'original est celui-ci : Dieu met les cèdres en pièces comme un jeune tau-
reau, il fait trembler le Liban et l'Hermon sous les coups de son tonnerre comme le
petit du bœuf sauvage (au lieu de licorne. Voir la note sur Ps. xxt, 22). !
1. Fend, etc. ; locution poétique pour dire que le tonnerre chasse des nues la foudre
et les éclairs, et les partage en divers traits ou en plusieurs flammes qui se dispersent
dans les airs. — * La flamme du feu est l'éclair.
8. Le désert de Cadés; célèbre dans lEcriture. Voy. Genèse, xx, 1; Nombres, xut,
91, etc. — * Voir la note de Nombres, xx, 1.
9. Prépare; fait avorter. — Les cerfs; c'est-à-dire les biches. En bébreu, les noms
d'animaux sont généralement épicéniques, c'est-à-dire communs au mâle et à la fe-
melle. — Elle découvrira, ete. Le tonnerre, en renversaut les arbres ou en les dé-
pouillant de leurs feuilles, découvre les bois les plus épais et les foréts les plus
noires.
11. En paix. Le mot paix signifie le plus ordinairement dans l'Ecriture prospérité
parfaite,
(es. xxix.]
PSAUME XXIX
(Hésr., XXX).
On peut voir dans les interprétes les opi-
nions diverses sur le motif et l'occasion
de la composition de ce psaume. Quant
à nous, il nous semble qu'on peut le
considérer comme un cantique d'ac-
tions de gráces que David rend à Dieu
pour la santé qu'il lui a redonnée par
un effet de sa divine bonté. Dans le
sens spirituel, il convient parfaitement
à Jésus-Christ ressuscité et à toutes les
âmes qui ont été guéries des faiblesses
οὐ leur orgueil les avait fait tomber.
Psaume pour servir de cantique,
1. À la dédicace de la maison de
David.
9. Je vous exalterai, Seigneur,
parce que vous m'avez relevé, et
que vous n'avez pas réjoui mes
ennemis à mon sujet.
3. Seigneur mon Dieu, j'ai crié
vers vous, 66 vous m'avez guéri.
4. Seigneur, vous avez retiré
de l'enfer mon âme, et vous m'a-
vez sauvé, en me séparant de
ceux qui descendent dans la
fosse.
5. Chantez des hymnes au Sei-
gneur, vous, ses saints; glorifiez
la mémoire de sa sainteté.
LES PSAUMES.
1133
6. Parce que le châtiment est
dans son indignation, et la vie
dans sa bonne volonté.
Au soir sera réservé le pleur,
et au matin la joie.
7. Pour moi j'ai dit dans mon
abondance : Je ne décherrai ja-
mais. |
8. Seigneur, par votre bonne
volonté, vous avez affermi mon
état florissant.
Vous avez détourné votre face
de moi, et je suis tombé dans
le trouble.
9. Vers vous, Seigneur, je crie-
rai, et à mon Dieu j'adresserai
ma supplication.
10. De quelle utilité vous sera
mon sang, lorsque je descendrai
dans la corruption?
Est-ce que la poussiere vous
glorifiera; ou bien annoncera-t-
elle votre vérité?
11. Le Seigneur a entendu, il a
eu pitié de moi : le Seigneur est
devenu mon aide.
19. Vous avez converti mes la-
mentations en joie : vous avez
déchiré mon sac, et vous m'avez
environné d'allégresse.
1. * Psaume de David, quand il fit la dédicace de sa maison, peut-être après 18 ré-:
volte d'Absalom et à la suite d'une maladie.
2-4, * Délivrance du Psalmiste.
4. Vous avez reliré, etc.; c'est-à-dire vous n'avez pas permis que mon âme tombât
dans l'enfer. — La fosse. Voy. Ps. xxvit, 1. — * C'est-à-dire, vous m'avez rappelé des
portes de la mort, sauvé d'une maladie grave.
5-6*. * Invitation à louer Dieu.
5. La mémoire de sa saintelé; hébraisme, pour sa mémoire sainte.
6. Ce verset est diversement expliqué. Notre interprétation nous a paru la plus
simple et la plus naturelle; elle revient à celle-ci :
Π nous fait ressentir les effets de
sa colère dans son indignation, et il nous comble de grâces dans sa faveur. !| ne
faut pas l'oublier, le mot colère (ira) se prend dans l'Eceriture pour l'effet de la colère
ou châtiment, punilion, et celui de volonté pour bienveillance.
6%-8. * Histoire de la maladie; confiance du malade en Dieu.
9-10. * Prière faite pour obtenir la guérison.
10. * Voir la note sur Ps. cxm bis, 17.
11-13. * Cette prière a été exaucée.
12. Mon sac. Voy. 11 Rois, ur, 31. — * Vous avez déchiré mon sac, qui est le signe
du deuil et de la tristesse, et vous m'avez rendu la vie, la santé et la ioie,
4134
13. Afin que ma gloire vous
chante, et que je ne sois plus
tourmenté : Seigneur, mon Dieu,
je vous rendrai gloire à jamais.
PSAUME XXX
(Hépn., XXXI).
Cest une priére pleine de ferveur, de
confiance et d'humilité que le Psalmiste
adresse à Dieu pour implorer son se-
cours. Jésus-Christ, en s'en servant sur
la croix, nous a montré que les souf-
frances de David étaient la figure des
siennes.
|. Pour la fin, psaume de David, pour
l'extase.
2. C'est en vous, Seigneur, que
j'ai espéré, je ne serai pas con-
fondu à jamais; dans votre jus-
tice, délivrez-moi.
3. Inclinez vers moi votre
oreille, hâtez-vous de m'arracher
à mes mauwuz.
Soyez-moi un Dieu protecteur,
el une maison de refuge, afin
que vous me sauviez.
4. Parce que ma force et mon
refuge, c'est vous; et à cause de
votre nom vous me conduirez et
me nourrirez.
9. Vous me tirerez 66 06
qu'ils m'ont tendu en secret,
jarce que c'est vous qui êtes mon
Ρ
, protecteur.
6. En vos mains, je remets
mon esprit; c'est vous qui m'avez
Ps. XXX. 6. Luc, xxi, 46.
——
LES PSAUMES.
[ps. xxx.]
racheté, Seigneur, Dieu de vérité.
7. Vous haissez ceux qui se
confient dans les choses vaines,
sans aucun fruit.
Pour moi, c'est dans le Sei-
gneur que j'ai espéré.
8. J'exulterai, je me réjouirai
dans votre miséricorde, |
Parce que vous avez regardé |
mon humiliation; vous avez sauvé
mon âme de ses nécessités pres-
santes.
9. Vous ne m'avez pas ren-
fermé dans les mains d'un en-
nemi; vous avez mis mes pieds
dans un lieu spacieux.
10. Ayez pitié de moi, Seigneur,
parce que je suis dans la tribula-
tion : mon œil, mon âme et mes
entrailles ont été troublés par la
colere.
11. Parce que ma vie a défailli
dans la douleur, et mes années
dans les gémissements.
Ma force s'est affaiblie par la
pauvreté, et mes os ont été
ébranlés :
12. À cause de tous mes enne-,
mis je suis devenu le sujet d'un
très grand opprobre pour mes
veisins, et la frayeur de ceux
qui me connaissent.
Ceux qui m'ont vu ont fui loin
de moi :
13. * Ma gloire, mon âme, moi-même, comme Ps. vit, 6; xv, 9.
X. * David persécuté s'abandonne entre les mains de Dieu. — Probablement du temps
de la persécution de Saül. — Les Septante et la Vulgate ajoutent au titre les mots
pour l'exlase, se rapportant aux mots dans le transport de mon esprit, du vers. 23,
et sans doute aussi à I Rois, xxur, 26.
2-19. * Prière pour demander la délivrance et la fin de la persécution.
4. Vous me nourrirez; c'est-à-dire vous prendrez soin de moi.
6. Vous m'avez racheté; vous m'avez déjà délivré plusieurs fois.
1. Des choses vaines ; littér. des vanités. C'est ainsi que l'Ecriture appelle les idoles.
8. Mon âme; c'est-à-dire moi. Nous l'avons déjà remarqué plusieurs fois, chez les
Hébreux comme chez les Arabes, l'ime se prend souvent pour la personne elle-même,
et souvent aussi pour la vie, l'existence, comme au vers. 14 de ce méme chapitre.
[ps. x xx.]
13. J'ai été mis en oubli comme
un mort e/facé du eceur.
Je suis devenu comme
chose perdue :
14. Parce que j'ai entendu le
blàme d'un grand nombre qui
séjourne autour de 707.
Pendant qu'ils se rassemblaient
contre moi, ils ont tenu conseil
pour prendre mon âme.
15. Mais moi, j'ai espéré en
vous, Seigneur; j'ai dit : Vous
étes mon Dieu :
16. En vos mains sont mes
destinées.
Arrachez-moi à la main de mes
ennemis, et à ceux qui me persé-
cutent.
17. Faites luire votre face sur
votre serviteur, et sauvez-moi
dans votre miséricorde.
18. Seigneur, que je ne sois
point confondu, parce que je
vous ai invoqué.
Que les impies rougissent, ei
qu'ils soient précipités dans l'en-
Ier.
19. Qu'elles deviennent muet-
tes les lèvres trompeuses
Qui proferent l'iniquité contre
le juste, avec orgueil et mépris.
une
LES PSAUMES.
1155
90. Qu'elle est grande, Sei-
gneur, l'abondance de votre dou-
ceur que vous avez réservée en
secret à ceux qui vous craignent!
Vous en comblez ceux qui es-
perent en vous, en présence des
enfants des hommes.
21. Vous les cacherez dans le
secret de votre face, contre la
persécution des hommes.
Vous les abriterez dans votre
tabernacle, contre les attaques
des langues.
22. Béni le Seigneur! parce
qu'il a signalé sur moi sa misé-
ricorde dans une ville fortifiée.
23. Pour moi, j'ai dit dans le
transport de mon esprit : J'ai été
rejeté loin de vos yeux.
C'estpourquoi vous avezécouté
la voix de ma prière, quand je
criais vers vous.
24. Aimez le Seigneur, vous
tous ses saints, parce que le Sei-
gneur recherchera la vérité, et
quil rendra largement aux su-
perbes, selon leur mérite.
95. Agissez avec courage, et
que votre cœur se forlifie, vous
tous qui espérez dans le Sei-
gneur.
13. Comme une chose perdue; abandonnée, oubliée. Le mot hébreu keli, que la
Vulgate a rendu d'aprés les Septante par vase (vas), se prend pour toute sorte de
choses. La traduction vase brisé est absolument fausse, au moins quant au mot brise,
puisqu'il n'est autorisé ni par le texte, ni par les versions grecque et latine, qui por-
tent expressément perdu.
14. Prendre mon âme; c'est-à-dire m'ôter la vie. Voy. vers. 8.
19. Mépris; c’est le sens de l'hébreu et des Septante, et c'est ainsi que lisent saint
Augustin et les anciens psautiers; mais la Vulgate porte abus (abusione).
20-25. * Ces derniers versets considérent comme déjà obtenu le secours demandé
dans les versets précédents.
21. * Dans le secret de votre face, celui qui est devant l'arche de Dieu est protégé
dans cet asile secret, où il est devant Dieu, contre tous ses persécuteurs.
22. Dans une ville fortifiée; peut-être Céila, que David avait sauvée des Philistins
et d'où Dieu le fit sortir, afin qu'il ne fût pas livré à Saül (I Rois, xxui, 5 et suiv.);
ou bien Siceleg, qui fut cédée à David par Achis, roi de Geth, pour qu'il y fit sa de-
meure, lorsqu'il était poursuivi par Saül (I Rois, xxvn, 6 et suiv.).
23. * Dans le transport de mon esprit, dans mon effroi, dans mon angoisse,
1136
PSAUME XXXI
(HéBr., XXXII).
David reléve le bonheur de ceux dont les
péchés sont effacés. Il décrit sa résis-
tanee et son retour à Dien, et il apprend
aux pécheurs à éviter par une prompte
conversion les chátiments dont ils sont
menacés.
Par David lui-même, intelligence s.
|. Bienheureux ceux dont les
iniquités ont été remises et dont
les péchés ont été couverts.
2. Bienheureux l'homme à qui
le Seigneur n'a pas imputé de
péché, et dans l'esprit duquel il
n'y a point de fraude.
3. Parce que je me suis tu, mes
os ont vieilli, tandis que je criais
LES PSAUMES.
[P5. xxxr.
votre maii: s'est appesantie sut
moi : je me suis retourné dans
mon tourment, pendant qu'une
épine était enfoncée dans mon
cœur.
ὃ. Je vous ai fait connaître mon
péché, et je ne vous ai point ca-
ché mon injustice.
J'ai dit : Je confesserai contre
moi mon injustice au Seigneur,
et vous m'avez remis l'impiété de
mon péché.
6. A cause de cette impiété,
tout saint vous adressera des
prieres en un temps favorable.
Et méme, dans leur déluge, de
grandes eaux n'approcheront pas
de lui.
1. C'est vous qui êtes mon re-
tout le jour.
4. Parce que jour et nuit
fuge contre la tribulation qui m'a
environné. O vous, mon exulta-
Ps. XXXI. 1. Rom., 1v, 7. — 5. Isaie, rxv, 24.
* Par. Voy.le titre du Ps. xv (Hébr., xvi). — * Intelligence, en hébreu, maskil, c'est-
à-dire poème didactique. — C'est le second des sept psaumes de la pénitence. ll fut
composé par David quand ses péchés lui eurent été remis. Le pardon qu'il réclame
dans le Ps. 1, est obtenu dans celui-ci.
1-2. * Bonheur de l'homme dont les péchés sont pardonnés.
1. Couverts; c'est-à-dire qui ne paraissent plus, parce qu'ils n'existent plus, ayant
été détruits par la justice et l'innocence obtenues par la foi. Saint Paul rappelle ce
verset et le suivant dans son Epitre aux Romains, 1v, 1-8.
9. N'a pas imputé; c'est-à-dire a pardonné.
3-4. * Etat moral du pécheur avant d'avoir obtenu le pardon.
3. Je me suis tu, en ne confessant pus mon péché. — Je criais tout le jour, en pu-
bliant mes mérites. Cette explication de saint Augustin, qui est trés simple et trés
naturelle, fait disparaitre la contradiction apparente des deux membres de ce verset.
Aiusi, c'est par ce dangereux silence et par ce cri présomptueux que David s'est
attiré le malheur dont il parle.
4. Une épine; c'est-à-dire un remords de conscience.
5. * Résolution que prend le pécheur de mettre tin à ses remords en confessant ses
fautes.
6-8. * Joie qu'éprouve le pécheur réconcilié avec Dieu.
6. A cause de cette impiélé, que le Seigneur lui a remise; ou à cause du pardon de
son impiété. Tel est le vrai sens littéral de la Vulgate (pro ea) et des Septante; l'hé-
breu à cause de cela revient au même. — Tout saint; c'est-à-dire tout Israélite. Tous
les Israélites, en effet, étaient appelés saints (Exod., xix, 6), comme les chrétiens
l'ont été depuis (Actes, 1x, 13, 32; Romains, 1, 1). — Le temps favorable est, selon saint
Jéróme, Théodoret, etc., la vie présente pendant laquelle nous pouvons faire péni-
tence, et nous relever de nos fautes, d’après le prophète Isaie, Lv, 6, et l'auteur de
l'Ecclésiasle, 1x, 10. — Le déluge, l'inondation des grandes eaux, signifient ordinaire-
ment, dans le style de l'Ecriture, des calamités, des guerres, des malheurs sybits et
imprévus.
[rs. χχχπ.]
tion, arrachez-moi à ceux qui
m'environnent.
8. Je te donnerai l'intelligence,
je t'enseignerai la voie par la-
quelle tu dois marcher : j'arré-
terai sur toi mes yeux.
9. Ne devenez point comme un
cheval et un mulet, qui n'ont
point d'intelligence.
Resserre avecle morsetle frein
la bouche de ceux qui ne s'appro-
chent pas de toi.
10. De nombreux chátiments
sont réservés au pécheur : mais
celui qui espere dans le Seigneur,
la miséricorde l'environnera.
11. Réjouissez-vous dans le Sei-
gneur 61 exultez, justes, glorifiez-
vous, vous tous, droits de cœur.
PSAUME XXXII
(Hépn., XXXIII).
Le Psalmiste exhorte les justes à louer
Dieu, à le craindre et à mettre en iui
toute leur confiance.
Psaume de David ἃ.
1. Justes, exultez dans le Sei-
gneur, aux cœurs droits convient
sa louange.
2. Louez le Seigneur sur la
harpe : jouez pour lui du psalté-
| rion à dix cordes.
Ps. XXXII. 9. Judith, xvi, 11.
LES PSAUMES,
1137
3. Chantez-lui un cantique nou-
veau : par un heureux concert,
jouez pour lui du psaltérion, au
milieu des acclamations.
4. Parce que la parole du Sei-
gneur est droite, et que toutes
ses œuvres sont conformes à la
fidélité dans les promesses.
ὃ. 11 aime 18 miséricorde et la
justice : la terre est remplie de sa
miséricorde.
6. La parole du Seigneur a af-
fermi les cieux : et du souffle de
sa bouche, vient toute leur vertu.
7. 1128886216 comme dans une
outre les eaux de la mer : i! ren-
ferme comme dans des trésors les
abimes.
8. Que toute la terre craigne le
Seigneur : qu'à sa présence aussi
soient émus tous ceux qui habi-
tent l'univers.
9. Car il a dit, et les choses ont
été faites : il a commandé, et elles
ont été créées.
10. Le Seigneur dissipe les con-
seils des nations; il réprouve
aussi les pensées des peuples,
et il réprouve les conseils des
princes.
11. Mais le conseil du Seigneur
demeure éternellement : les pen-
—— לדה 7 = )
9-11. * Exhortation à ne pas résister à la grâce, afin de participer à l'allégresse des
justes.
9. Ne s'approchent pas de loi; ne t'obéissent pas.
+ * Hymne au Seigneur, créateur de l'univers et protecteur de son peuple. Sans
titre dans l'hébreu. — Ce psaume a été composé à l'occasion de la délivrance d'Israel
d'un joug étranger, opérée sans combat, par la Providence divine.
2.* Sur la harpe, hébreu : kinnor, psaltérion, nebel.
3. Au milieu des acclamations. C'est le vrai sens du grec et de la Vulgate.
4. Sont conformes, etc.; littér. sont dans ou avec la fidélité (in fide); or, le terme
hébreu, fidèlement représenté par 16 latin fides, veut dire, en elfet, fidélité dans les
promesses, accomplissement exact de ce qu'on a promis.
11. Dans toutes les générations; littér. dans une génération et une génération. Voy.
sur ce genre de répétition, et sur l'aecusatif generalionem de la Vulgate, au lieu de
l'ablatif qu'il faudrait régulièrement, p. 341, 40.
A T
7
τῷ
1158
sées de son cœur dans toutes les
générations.
19. Bienheureusela nation dont
le Seigneur est le Dieu! Bien-
heureux le peuple qu'il a choisi
pour son héritage !
13. Du haut du ciel, le Seigneur
a regardé : il ἃ vu tous les enfants
des hommes.
14. De la demeure ‘qu'il s'est
préparée, il a porté ses regards
sur tous ceux qui habitent la
terre.
15. C'est lui a formé un à un
leurs cœurs; lui connait toutes
leurs œuvres.
16. Un roi ne se sauve point par
sa grande puissance, et un géant
ne se sauvera point par la gran-
deur de sa force.
Ai. Lechevalest un espoir trom-
peur de salut : toute sa force ne
le sauvera point.
18. Voilà que les yeux du Sei-
eneur sont sur ceux qui le crai-
gnent, et sur ceux qui espèrent
en sa miséricorde,
19. Afin de délivrer leurs âmes
de la mort, et deles nourrir dans
la famine.
90. Notre âme attend avec cons-
tance le Seigneur, parce quil
est notre aide et notre protec-
teur;
91. Parce que c'est en lui que
se réjouira notre cœur, et que
c'est en son saint nom que nous
avons espéré.
LES PSAUMES.
(rs. xxxur.j
99. Que votre miséricorde, Sei-
gneur, soit sur nous, selon que
nous ayons espéré en vous
)SAUME XXXIII
(HéBR., XXXIV).
1, ἔνια rend grâces à Dieu du salut qu'il
lui a procuré. 1[ exhorte tous les hom-
mes à vivre dans la justice et à mettre
leur confiance dans le Seigneur.
1. Psaume par David, lorsqu'il changea
son visage devant Achimélech, qui le ren-
voya, et quil s'en alla ἃ.
2. Je béniraile Seigneur en tout
temps : toujours sa louange sera
dans ma bouche.
3. Mon âme se glorifiera dans
le Seigneur : que les hommes
doux m'entendent et qu'ils soient
comblés de joie.
4. Glorifiez le Seigneur avec
moi : et exaltons tous pareille-
ment son nom.
5. J'ai recherché le Seigneur,
et il m'a exaucé, et il m'a retiré
de toutes mes tribulations.
6. Approchez de lui, et vous
serez éclairés, et vos faces n'é-
prouveront pas la confusion.
1. Ce pauvre a crié, et le Sei-
gneur l'a exaucé, et il l'a sauvé
de toutes ses tribulations.
8. Un ange du Seigneur se pla-
cera autour de ceux qui le crai-
gnent, et il les délivrera.
9. Goütez et voyez combien le
Seigneur est doux heureux
l'homme qui espere en lui.
mm —— — —M————
44. * De la demeure qu'il s'est préparée, sur le mont Sion.
* Par. Voy. le titre du Ps. xv (Hébr., xvi). — Lorsqu'il changea, etc. Compar.
I Rois, xxi. — * Psaume didactique : chant d'action de grâces et éloge du juste; bon-
heur qu'on goûte au service de Dieu. — C'est un psaume alphabétique, composé de
22 distiques, selon le nombre des lettres de l'alphabet hébreu :
seuiement la lettre
vav y manque et la lettre pAé y est répétée deux fois, 11 et 23.
6. Et vous serez éclairés; littér. Et soyez éclairés; pur hébraisme, dont la traduction
littérale formerait un faux sens.
[es. xxxiv.]
10. Craignez le Seigneur, vous
tous ses saints, parce qu'il n'y a
pas d'indigence pour ceux qui le
craignent.
11. Des riches ont été dans le
besoin, et ont eu faim; mais ceux
quicherchentleSeigneurn'éprou-
veront l'amoindrissement d'au-
cun bien.
19. Venez, mes enfants, écou-
tez-moi : je vous enseignerai la
crainte du Seigneur.
13. Quel est l'homme qui veut
une vie heureuse, qui aime à voir
des jours de bonheur?
14. Préserve ta langue du mal;
et que tes lèvres ne profèrent
point de discours artificieux.
45. Détourne-toi du mal et fais
le bien; cherche la paix, pour-
suis-la.
16. Les yeux du Seigneur sont
sur les justes, et ses oreilles à
leurs prières.
47. Mais le visage du Seigneur
est sur ceux qui font le mal, afin
d'effacer delaterre leur mémoire.
18. Les justes ont crié, et le
Seigneur les a exaucés : et il les
a délivrés de toutes leurs tribula-
tions.
19. Le Seigneur est près de
ceux qui ont le cœur affligé ; et il
sauvera les humbles d'esprit.
20. Nombreuses sont les tribu-
LES PSAUMES,
1139
lations des justes; mais Dieu les
délivrera de toutes ces peines.
21. Le Seigneur garde tous
leurs os : et pas un seul ne sera
brisé.
22. La mort des pécheurs esttrès
funeste; et ceux qui haïssent le
juste seront traités comme cou- '
pables. :
23. Le Seigneur rachètera l'àme
de ses serviteurs; et nul de ceux
qui espèrent en lui ne sera traité
comme coupable.
PSAUME XXXIV
(HéBr., XXXV).
Le Psalmiste invoque le secours de Dieu
contre ses ennemis. La plupart rap-
portent ce psaume à la persécution de
Saül; d'autres au temps de la révolte
d'Absalom. Les Péres y trouvent Jésus-
Christ poursuivi par ses ennemis ef
accusé faussement par eux devant Pi-
late.
1. Par David lui-méme.
Jugez, Seigneur, ceux qui me
font des iniquités : combattez
ceux qui m'attaquent.
2. Prenez des armes et un bou-
clier; etlevez-vous pour me venir
en aide.
3. Tirez votre épée à deux tran-
chants et fermezle passage à ceux
qui me poursuivent; dites à mon
àme : Ton salut, c'est moi qui le
suis.
Ps. XXXIII. 11. Luc, 1, 53. — 13. I Pierre, uz, 10. — 16. Eccli., xv, 20; Héb., iv, 4
10. Vous tous ses saints. Voy. Ps. xxxi, 6.
13. Vie heureuse. Le seul mot vie signifiait souvent chez les Hébreux une ezistence
heureuse, prospére. Le contexte prouve évidemment que c'est en ce sens qu'on doit
le prendre ici.
11. Le visage irrité, enflammé du Seigneur, ou simplement la colère du Seigneur;
car en hébreu la face, le visage se mettent souvent pour la colère.
21. Pas un seul (des os des justes) ne sera brisé. Cette parole a eu son accomplis-
sement littéral en la personne de Jésus-Christ, le juste par excellence, comme le
dit l'évangéliste saint Jean (xix, 33, 36).
1. Par. Voy. le titre du Ps. xv (lIébr., xvi).
1110
4. Qu'ils soient confondus, et
qu'ils soient couverts de honte,
ceux qui cherchent mon âme.
Qu'ils retournent en arrière et
qu'ils soient confondus, ceux qui
forment contre moi de mauvais
desseins.
8. Qu'ils deviennent comme la
poussière devant la face du vent;
et quun ange du Seigneur les
serre de près.
6. Queleur voie devienne tres
ténébreuse et glissante, et qu'un
ange du Seigneur les poursuive.
7. Parce que, sans motif, ils ont
caché pour moi la mort dans leur
piège; que gratuitement ils ont
outragé mon àme.
8. Qu'il lui vienne un piège
qu'il ignore; et que le rets qu'il
a caché le saisisse; qu'il tombe
dans ses propres filets.
9. Mais mon àme exultera dans
le Seigneur, elle se réjouira du
salut qu'il lui aura procuré.
10. Tous mes os diront : Sei-
gneur, qui est semblable à vous?
Qui arrachez un homme sans
ressource aux mains des plus
Ps. XXXIV. 4. Infra, xxxix, 15.
LES PSAUMES.
(Ps. xxxiv.]
forts que lui, et l'indigent et le
pauvre à ceux qui les dépouil-
laient.
11. Des témoins iniques s'étant
levés m'interrogeaient sur des
choses que j'ignorais.
12. Ils me rendaient des maux
pour des biens : Z/s ont causé la
stérilité à mon àme.
13. Et moi, pendant qu'ils me
tourmentaient, j'étais revétu d'un
cilice.
Jhumiliais mon àme par le
jeûne, et ma prière revenait dans
mon sein.
14. Comme pour un de nos
proches, et comme pour notre
frère, ainsi pour chacun d'eux
j'avais de la complaisance.
Comme un homme en deuil et
contristé, ainsi j'étais humilié.
15. Et contre moi ils se sont
réjouis et rassemblés : des fléaux
se sont accumulés et j'ai ignoré
pourquoi.
16. Mes ennemis ont été dissipés
et n'ont point été touchés de
componction ; ils m'ont éprouvé,
ils m'ont chargé d'insultes : ils
4. Cherchent mon âme; hébraisme, pour cherchent à m'óter la vie.
6. Trés ténèbreuse; littér. ténèbres. Les Hébreux remplaçaient souvent par le subs-
tantif l'adjectif, qui devait être au superlatif.
8. Lui; hébraisme, pour à chacun d'eux.
12. La stérililé à mon áme. Le mot stérilité est à l'accusatif (sterilitatem) dans la
Vulgate comme régime direct de 15 rendaient; et si nous avons ajouté, dans la tra-
duction, 7/2 ont causé, c'est à cause des exigences de notre langue. — Au lieu de
stérilité, 'hébreu et le grec portent le manque, la privation d'enfants; d’où le sens de
la phrase entière est probablement : Ils m'ont causé une douleur semblable à celle
d'une mére qui a perdu ses enfants.
13. Mon áme; c'est-à-dire moi. On a déjà vu que chezles Hébreux le mot àme s'em-
ployait souvent pour personne, individu. — Ma prière revenait souvent dans mon sein.
C'est une coutume assez répandue chez les Orientaux, en particulier chez les Arabes,
que, quand ils veulent prier trés modestement, ils se courbent de manière que leur
téte descend jusqu'aux genoux et que, par conséquent, leur bouche se trouve vis-
à-vis de ieur poitrine.
16. lis mont chargé d'insultes; littér. ils m'ont insullé par insulle. Dans le style
biblique, l'addition d'un terme à un autre terme de méme significalion se fait pour
donner plus de force et d'énergie à l'expression.
PS. xxxv.]
ont grincé des dents contre moi.
41. Seigneur, quand jetterez-
vous un regard? Arrachez mon
áme à leur malignité, mon unique
à des lions.
18. Je vous confesserai dans
une grande assemblée; je vous
louerai au milieu d'un peuple
nombreux.
19. Qu'ils nese réjouissent point
à mon sujet ceux qui s'opposent
à moi injustement; qui me hais-
sent sans motif et clignent les
yeux. ;
20. Car à la vérité, ils me par-
laient pacifiquement ; mais, dans
leur colère ardente, parlant à la
terre, ils pensaient à des fourbe-
ries.
21. Et ils ont ouvert contre moi
leurbouche ;ilsont dit: Triomphe!
triomphe! nos yeux ont vu sa
ruine.
92. Vous l'avez vu, Seigneur;
ne gardez pas le silence: Seigneur
ne vous éloignez pas de moi.
93. Levez-vous, et procédez à
mon jugement : mon Seigneur et
mon Dieu, prenez en main ma
cause,
24. Jugez-moi selon votre jus-
lice, Seigneur, mon Dieu, qu'ils
19. Jean, xv, 25.
LES PSAUMES.
1141
ne se réjouissent point à mon
sujet.
98. Qu'ils ne disent point dans
leurscceeurs: Triomphe!triomphel
pour notre àme; qu'ils ne disent
point non plus : Nous l'avons dé-
voré. .
26. Qu'ils rougissent et qu'ils
tremblent de frayeur, ceux qui se
réjouissent de mes maux.
Qu'ils soient revétus de confu-
sion et de frayeur, ceux qui par-
lent avec hauteur contre moi.
27. Qu'ils exultent et qu'ils tres-
saillent d'allégresse, ceux qui
veulent ma justice; et qu'ils di-
sent sans cesse : Que le Seigneur
soit glorifié, ceux qui veulent la
paix de son serviteur.
28. Et ma langue s'exercera 0
chanter votre justice, e£ tout le
jour votre louange.
PSAUME XXXV
(Hésn., XXXVI).
David représente dans ce psaume la ma-
lice du pécheur, la bonté de Dieu qui
le souffre avec patience, et le bonheur
dont il comblera les justes.
4. Pour la fin, au serviteur du Sei-
gneur, par David lui-même.
2. L'impie a dit en lui-méme
11. Mon unique. Voy. Ps. xx1, 21.
19. L'expression cligner les yeux ou l’œil (annuere oculis ou oculo) se prend ordi-
nairement en mauvaise part dans l'Ecriture. Compar. Proverbes, vi, 13; x, 10; Ecclé-
siastique, xxvi, 25.
20. Parlant à la terre; c'est-à-dire portant leurs regards vers la terre, baissant les
yeux en parlant, pour mieux déguiser leurs vrais sentiments; ce qui s'accorde trés
bien avec le mot is clignent les yeux du verset précédent.
21. Qui veulent ma justice; qui désirent que ma justice soit reconnue ; que Dieu me
rende justice en me vengeant de mes ennemis.
98. S'exercera ; c'est le sens de l'hébreu et du grec; et c'est aussi évidemment celui
de la traduction meditabitur de la Vulgate.
1. Par. Voy. Ps. xv (Bébr., xvi). — * Dans le texte hébreu : « Au chef de chœur. Du
serviteur de Jéhovah, de David. »
2-5. * Portrait de l'impie.
1142
qu'il pécherait : la crainte de Dieu
n'est pas devant ses yeux.
3. Parce qu'il a agi astucieuse-
ment en sa présence, en sorte que
son iniquité est trouvée digne de
haine.
4. Les paroles de sa bouche sont
injustice et astuce : il n'a pas
voulu s'instruire pour faire le
bien.
5. 11 a médité l'iniquité sur son
lit : il s'est arrété dans toute voie
qui n'était pas bonne : et la ma-
lice, i! ne l'a point haie.
6. Seigneur, dans le ciel est
votre miséricorde ; et votre vérité
s'éléve jusqu'aux nues.
7. Votre justice est comme les
montagnes de Dieu, vos juge-
ments sont un abime profond.
Vous sauverez, Seigneur, les
hommes et les animaux,
8. Puisque vous avez, ὃ Dieu,
multiplié votre miséricorde.
Mais les enfants des hommes
espéreront à l'abri de vos ailes.
9. Ils seront enivrés de l'abon-
dance de votre maison : et vous
les abreuverez du torrent de vos
délices.
Ps. XXXV. 3. Supra, xri, 3.
LES PSAUMES.
[Ps. xxx vr.
10. Parce qu'en vous est une
source de vie, et que dans votre
lumiere nous verrons la lumiere.
11. Etendez votre miséricorde
à ceux qui vous connaissent, et
votre justice à ceux qui ont le
cœur droit.
19. Qu'un pied de superbe ne
vienne pas jusqu'à moi ; et qu'une
main de pécheur ne m'ébranle
point.
13. Là sont tombés ceux qui
opèrent l'iniquité; ils ont été
chassés et n’ont pu se soutenir.
PSAUME XXXVI
(Hésn., XXXVII).
David fortifie les fidèles contre le scan-
dale que leur cause la prospérité des
méchants. ll montre la vanité de la
grandeur des impies et la solidité du
bonheur des justes.
1. Psaume par David lui-même.
Ne rivalise pas avec les mé-
chants, et ne sois pas zélé pour
ceux qui commettent l'iniquité.
2. Parce que, comme le foin, ils
sécheront en un instant, et com-
me les herbes légumineuses, ils
tomberont promptement.
i —— M — MÀ M MH ש.
6-10. * Le Psalmiste exalte la bonté de Dieu.
7. Montagnes de Dieu ; hébraisme, pour montagnes les plus élevées.
11-13. * Priére pour obtenir la gráce d'étre fidéle au service du Seigneur et d'é-
viter ainsi le malheur du méchant.
11. Etendez... votre juslice à ceux qui ont le cœur droit; en punissant leurs ennemis
qui les maltraitent injustement.
12. Un pied de superbe, d'orgueilleux ; littér. d'orgueil (superbie). Nous rappelle-
rons que les Hébreux mettaient souvent un substantif au lieu d'un adjectif.
13. Là; c'est-à-dire dans l'orgueil, dont il est parlé au verset précédent. L'orgueil
a été de tout temps une pierre d'achoppement pour les pécheurs, selon la remarque
de saint Augustin et de saint Jéróme. C'est par orgueil que les mauvais anges sont
tombés et ont été chassés du ciel; c'est par l'orgueil que nos premiers parents ont
péché et ont été bannis du paradis terrestre; c'est par l'orgueil enfin que la plupart
des méchants s'écartent tous les jours de la voie du salut.
1. Par. Voy. Ps. xv (Hébr. xvi). — * Psaume alphabétique. Tertullien appelle ce
saume : « Miroir de la Providence » et saint Isidore de Séville : « Reméde contre
qe ΤΥ »
[Ρ5. ΧΧΧΥΙ.]
3. Espere uans le Seigneur, et
fais le bien : et tu habiteras la
terre, et tu seras rassasié de ses
richesses.
4. Mets tes délices dans le Sei-
gneur, et il t'accordera ce que
ton cœur demande.
5. Révèle au Seigneur ta voie,
espere en lui, et lui fera selon
tes désirs.
6. Il fera éclater ta justice
comme une lumière, et ton droit
comme /es splendeurs du midi.
7. Sois soumis au Seigneur, et
prie-le.
Ne rivalise pas avec celui qui
prospere dans sa voie, avec
l'homme qui commet des injus-
(1065.
8. Renonce ἃ la colère et laisse
la fureur : ne rivalise pas avec
les méchants pour faire le mal.
9. Parce que ceux qui font le
mal seront exterminés; mais
ceux qui attendent avecconstance
le Seigneur, ceux-là méme héri-
teront de la terre.
10. Encore un peu de temps,
et le pécheur ne sera plus : et tu
chercheras son lieu, et tu ne le
trouveras pas.
11. Mais les hommes doux hé-
riteront de la terre, et ils joui-
ront d'une abondance de paix.
19. Le pécheur observera le
Ps. XXXVI. 11. Matt., v, 4.
LES PSAUMES.
1143
juste, et il grincera des dents
contre lui.
13. Mais le Seigneur se rira de
lui, parce qu'il voit que viendra
son jour.
14. Les pécheurs ont tiré le
glaive: ils ont tendu leur arc,
Afin de renverser un pauvre et
un homme sans ressource, afin de
tuer les hommes droits de cœur.
15. Que leur glaive entre dans
leur cœur à eux-mêmes, et que
leur arc soit brisé.
16. Mieux vaut au juste un
bien modique, que de grandes
richesses de méchants.
17. Parce que les bras des im-
pies se sont rompus; mais le Sei-
eneur affermit les justes.
18. Le Seigneur connait les
jours des hommes sans tache:
leur héritage sera éternel.
19. Ils ne seront point confon-
dus dans un temps mauvais, et
dans des jours de famine, ils se-
ront rassasiés,
20. Parce que les pécheurs pé-
riront.
Mais les ennemis de Dieu, ho-
norés et exaltés un moment
comme une fumée, s'évanouiront
entierement.
21. Le pécheur empruntera et
ne payera pas; mais le juste est
compatissant, et il donnera.
3. Et tu habiteras la terre; littér. Et habite; hébraisme. Voy. Ps. xxx, 6. Cette
promesse d'Aabiter la terre est souvent répétée dans ce סו אפ ; et c'est ce qui a
déterminé D. Calmet à dire que ces promesses regardaient le peuple juif captif à
Babylone, pour qui rien n'était alors plus consolant que l'espérance de retourner
dans la terre de ses pères. Mais dans le sens figuré, les Pères de l'Eglise l'expliquent
du séjour des bienheureux au 6161. Compar. Ps. xxvi, 13.
13. Son jour dernier, le jour de sa mort, où il lui rendra selon ses œuvres.
18. Connait les jours; c'est-à-dire connait la vie, la conduite et l'approuve. — Sans
tache; irréprochables, justes.
, 20. S'évanouiront entiérement; littér. s'évanouissant, s'évanouiront, hébraisme, que
nous avons déjà fait remarquer.
1144
92. Gar ceux qui bénissent le
Seigneur hériteront de la terve,
mais ceux qui le maudissent pé-
riront sans ressource.
23. C'est par le Seigneur que les
pas del'homme seront dirigés : et
c'est lui qui favorisera ses voies.
24. Lorsqu'il tombera, il ne sera
point brisé : parce que le Sei-
gneur met sa main sous /ui.
95. J'ai été jeune et j'ai vieilli;
et je n'ai point vu le juste aban-
donné, ni sa race cherchant du
pain.
26. Tout le jour il a pitié et il
préte; sa race sera en bénédic-
tion.
97. Détourne-toi du mal et fais
le bien, et tu auras une demeure
dans les siècles des siècles.
98. Car le Seigneur aime la
justice, et il ne délaissera pas ses
saints : ils seront conservés éter-
neliement.
Les injustes seront punis, et
la race des impies périra.
29. Mais les justes hériteront
de la terre; et ils y habiteront
dans les siecles des siecles.
30. La bouche du juste s'exer-
cera ἃ célébrer la sagesse; et sa
langue publiera la justice.
31. La loi de Dieu est dans son
cœur, ses pas ne chancelleront
pas.
39. Le pécheur considere le
juste; et il cherche à le faire
mourir.
30. Prov., xxxi, 26. — 31. Isaie, L1, T.
LES PSAUMES.
[ps. xxxvit.]
33. Mais le Seigneur ne le lais-
sera pas dans ses mains; et il ne
le condamnera pas quand on le
jugera.
34. Attends le Seigneur, et
garde sa voie; et il t'exaltera,
afin que tu prennes la terre en
héritage : lorsque les pécheurs
auront péri, tu /e verras.
35. Jai vu limpie exalté et
élevé comme les cèdres du Liban.
36. J'ai passé, et voilà qu'il n'é-
tait plus : je l'ai cherché, et son
lieu n'a pas été trouvé.
37. Garde linnocence, et aie
les yeux sur l'équité : parce que
une postérité est réservée à
l'homme pacifique.
38. Mais les injustes périront
entierement tous ensemble; et
la postérité des impies mourra.
39. Mais le salut des justes
vient du Seigneur; etil reste leur
protecteur dans un temps de tri-
bulation.
40. Et le Seigneur les aidera et
les délivrera : il les arrachera
aux pécheurs, et il les sauvera,
parce qu'ils ont espéré en lui.
>SAUME XXXVII
(Hésr., XXXVIII).
David représente à Dieu l'extréme mi-
sére où ses péchés l'ont plongé. Il im-
plore sa miséricorde avec une parfaite
coufiance et une profonde humilité.
1. Psaume de David, en souvenir tou-
chant le sabbat.
€ MM M -.0..
98. Les saints; ses serviteurs, son peuple.
30. S'exercera, etc. Voy. Ps. xxxiv, 28.
34. Tu le verras; c'est-à-dire tu verras la vérité de ce que je viens de te dire.
37-38. Postérité; littér. restes (reliquis), mot qui, en hébreu, signifie souvent, en
effet, ceux qu'un homme laisse aprés lui.
1. * Prière d'un pécheur pour obtenir le pardon de ses fautes. C'est le troisième
des sent vsaumes de la pénitence. David y demande le pardon de ses péchés et la
(rs. xxxvir.]
9. Seigneur, ne me reprenez
pas dans votre fureur, et dans
votre colère ne me châtiez pas.
3. Parce que j'ai été percé de
vos flèches; et que vous avez
appesanti sur moi votre main.
4. Il n'y a rien de sain dans ma
chair en présence de votre fu-
reur : il n'y a pas de paix dans
mes os en présence de mes pé-
chés.
5. Parce que mes iniquités se
sont élevées au-dessus de ma
téte; et comme un fardeau pe-
sant, elles se sont appesanties
sur mol.
6. Mes plaies se sont putréfiées
et corrompues en présence de
ma folie.
1.4e suis devenu malheureux,
et jesuis entierement courbé : et
tout le jour je marchais con-
tristé.
8. Parce que mes reins ont été
remplis d'illusions, et qu'il n'y a
rien de sain dans ma chair.
9. J'ai été affiigé et j'ai été hu-
milié à l'excès; je rugissais dans
le frémissement de mon cœur.
10. Seigneur, devant vous est
tout mon désir, mon gémisse-
ment ne vous est pas caché.
11. Mon cœur a été troublé,
Ps. XXXVII. 2. Supra, vi, 2.
LES PSAUMES.
1145
ma force m'a abandonné, et la
lumière de mes yeux, elle-même
n'est plus avec moi.
12. Mes amis et mes proches se
sont approchés vis-à-vis de moi,
et ils se sont arrètés.
Et ceux qui étaient près de
moi s'en sont tenus éloignés :
13. Et ceux qui cherchaient mon
âme usaient de violence envers
mor.
Et ceux qui me désiraient des
maux ont dit des choses vaines :
et tout le jour ils méditaient des
fourheries.
14. Mais moi, comme un sourd,
je n'entendais pas; et j'étais
comme un muet qui n'ouvre pas
la bouche.
15. Je suis donc devenu comme
un homme qui n'entend point, et
qui n'a pas dans sa bouche de
répliques.
16. Parce que c'est vous, Sei-
gneur, en quijai espéré : c'est
vous qui m'exaucerez, Seigneur
mon Dieu.
11. Parce que j'ai dit : Que mes
ennemis ne se réjouissent jamais
à mon sujet : et tandis que mes
pieds étaient chancelants, ils ont
parlé à mon sujel avec orgueil.
18. Parce que moi je suis prét
délivrance de ses ennemis, ce qui indique qu'il a été composé dans la dernière partie
de sa vie, pendant ou aprés la révolte d'Absalom.
2-9. * Mal que le péché fait à l'àme : il la couvre de plaies hideuses.
4. Il m'y a rien, etc.; je suis méme pour mon corps dans le plus triste état. — En
présence; littér. à la face; hébraisme, pour à cause.
8. Mes reins, etc. Les Pères et la plupart des interprètes expliquent ces paroles
des mouvements déréglés que David éprouvait, et qu'il regardait comme une suite
et une punition de son péché. Les Hébreux aussi bien que les Grecs placaient dans
les reins le siége des passions voluptueuses.
10-15. * Suite du tableau du mal que fait le péché.
13. Ceux qui cherchent mon âme. Voy. Ps. xxxiv, 4.
16-23. * Le Psalmiste, ne pouvant se guérir lui-méme, appelle Dieu à son secours.
18. Prét à des chátiments; c'est-à-dire prêt à souffrir des chátiments.
1146
à des chátiments, et que ma dou-
leur est toujours en ma présence.
19. Parce que je publierai mon
iniquité ; et que je penserai à
mon péché.
20. Mais mes ennemis vivent et
se sont fortifiés contre moi; et
ils se sont multipliés ceux qui
me haissent injustement.
21. Ceux qui me rendent des
maux pour des biens me déchi-
raient, parce que je m'attachais
au bien.
22. Ne m'abandonnez pas, Sei-
gneur mon Dieu; ne vous éloi-
gnez pas de moi.
23. Songez à me secourir, Sei-
gneur, Dieu de mon salut.
PSAUME XXXVIII
(HéBr., XXXIX).
David apprend à tous les hommes, par
son exemple, à veiller sur leur langue,
à ne pas s'attacher aux biens de cette
vie qui dure si peu, à recevoir avec pa-
tience tous les maux qui leur viennent
de la part de Dieu.
1. Pour la fin, à Idilhun lui-même,
cantique de David.
9. Jai dit : Je garderai mes
LES PSAUMES.
[Ps. xxx vur.]
voies, afin que je ne peche point
par ma langue.
Jai mis àma bouche une garde,
lorsquelepécheurs'élevaitcontre
mol.
3. Je me suis tu, et je me suis
humilié, et j'ai passé sous silence
des bonnes choses; et ma douleur
a été renouvelée.
4. Mon cœur s'est échauffé au
dedans de moi : et dans ma mé-
ditation un feu s'est embrasé.
9. J'ai dit par ma langue : Sei-
gneur, faites-moi connaitre ma
fin,
Etle nombre de mes jours, quel
il est ; afin que je sache ce qui me
manque.
6. Voilà que vous avez fait mes
jours mesurables : mon étre est
comme rien devant vous.
En vérité, tout homme vivant
est une vanité universelle.
7. En vérité, comme une ombre
passe un homme; et c'est bien en
vain qu'il se trouble.
Il thésaurise, et il ignore pour
qui il aura amassé ses trésors.
8. Et maintenant quelle est mon
attente ? N'est-ce pasle Seigneur?
| 1. Idithun; maitre de chœur, selon le titre hébreu, est probablement le même
qu'Idithun du Ie livre des Paralip. (xvi, 44) et du Ile (v, 12), et qui est nommé
Ethan au ler des Parulip.
(vi, 44). — * Composé probablement aprés la révolte
d'Absalom. Tout ce psaume est empreint d'un sentiment profond du néant de
la vie.
2-4. * David, attristé par l'adversité et aspirant en vain au repos, se laisse accabler
par la tristesse.
9. * Une garde, un frein à ma bouche, pour l’ empécher de parler.
3. Des bonnes choses; des choses favorables, qui auraient pu prouver la justice de
ma cause, contre les attaques de mes ennemis.
5-8, * Plaintes du Psalmiste.
5. J'ai dit par ma langue, etc. Mon cœur, échauffé par le feu qui s'y était embrasé
(vers. 4), m'a fait rompre mon silence; c'est pourquoi j'ai dit de vive voix, etc. Ce qui
me munque, pour que j'arrive au dernier de ces jours; ce qui me reste encore de
jours à vivre.
6. Mesurables; c'est-à-dire faciles à mesurer, restreints, peu nombreux. — Tout
homme vivant, etc.; tout homme qui vit sur la terre, de quelque condition, de
quelque àge, de quelque état qu'il soit, n'a jamais d'existence solide, sur laquelle il
puisse entièrement compter.
{ps. xxxix.]
Oui, mon Dieu, tout mon bien est
en vous.
9. Arrachez-moi à toutes mes
iniquités : vous m'avez rendu un
objet d'opprobre pour l'insensé.
10. Je suisresté muet, et je n'ai
pas ouvert ma bouche : parce que
c'est vous qui /avez fait.
11.Détournez de moi vos coups.
19. Par la force de votre main,
moi j'ai défaili au milieu de
vos réprimandes : à cause de
son iniquité, vous avez puni un
homme.
Et vous avez fait dessécher son
âme comme une araignée : en
vérité, c'est vainement que tout
homme se trouble.
13. Exaucez ma prière, Sei-
gneur, et ma supplication : prétez
l'oreille à mes larmes.
Ne gardez pas le silence, parce
que je suis auprès de vous un
étranger et un voyageur comme
tous mes peres.
14. Donnez-moi quelque relà-
che, afin que je reprenne des for-
ces, avant que je m'en aille et
que je ne sois plus.
LES PSAUMES.
1147
PSAUME XXXIX
(Hépn., XL).
Le Psalmiste rend gráces à Dieu des se-
cours qu'il lui a donnés. Il lui en de-
mande de nouveaux, et il espère les
recevoir de sa bonté. Une partie de
cette belle priére ne trouve son appli-
cation parfaite que dans le Messie,
comme saint Paul nous l'apprend dans
son Epitre aux Hébreux (x, 5-8), et
comme nous le montre d'ailleurs une
simple lecture attentive du psaume lui-
méme.
1. Pour la fin, psaume par David lui-
meme.
2. Attendant, j'ai attendu le
Seigneur, et il a fait attention à
moi.
3. Et il a exaucé mes prieres :
etil m'a retiré d'un lac de misere,
et d'un bourbier de fange.
Et il a établi mes pieds sur une
pierre, et il a dirigé mes pas.
4. Et il a mis dans ma bouche
uu cantique nouveau, un hymne
delouange en l'honneur de notre
Dieu.
Beaucoup /e verront, et crain-
dront; et ils espéreront dans le
Seigneur.
9-14. * La confiance reprend le dessus; David prie, il demande le pardon de ses
péchés et la cessation de la colére divine, à cause du néant de l'homme et de la
brièveté de la vie.
10. C'est vous qui l'avez fuil; c'est vous qui avez permis, en punition de mes péchés,
que je devinsse l'opprobre de l'insensé.
13. Prétez l'oreille à mes larmes; c'est-à-dire voyez, regardez, etc. Les Hébreux
mettaient assez souvent l'un pour l'autre les verbes qui expriment une action des
sens.
13b. Parce que je suis, etc. Voy. I Parap., xxix, 15.
14. Et que je ne sois plus; littér. et je ne serai plus; ce qui est un pur hébraisme.
1. Par. Voy. le titre du Ps. xv (Hebr. xvi). — * Psaume prophétique : S. Paul,
Heb., x, 5-10, place dans la bouche de Notre-Seigneur venant dans le monde les
vers. 7-9. David le composa peut-étre dans les derniers temps de la persécution de
Saül. Ce psaume est construit trés irrégulièrement, et il a plutôt le caractère d'une
simple prière que celui d'un poème lyrique.
2-4. * Chant d'actions de grâces envers Dieu qui a retiré David du bourbier, c'est-
à-dire du danger.
2. Altendant, j'ai attendu; c'est-à-dire j'ai attendu avec la plus grande anxiété. En
hébreu, comme en bien d'autres langues, cette sorte de répétition donne de l'inten-
516 à l'idée exprimée par le verbe.
1118
9. Bienheureux l'homme dont
le nom du Seigneur est l'espé-
rance, et qui n'a point porté ses
regards sur des vanités et des fo-
lies mensongeres.
6. Vous avez fait, vous, Sei-
gneur mon Dieu, beaucoup de
choses merveilleuses ; et, dans
vos pensées, il n'y a personne
qui soit semblable à vous.
LES PSAUMES.
[ps. xxxix.]
7. Vous n'avez pas voulu de sa-
crifice et d'offrande; mais vous
m'avez parfaitement disposé les
oreilles.
Vous n'avez pas demandé d'ho-
locauste et de sacrifice pour le
péché.
8. Alors, j'ai dit : Me voici, je
viens.
En téte d'un livre, il a été écrit
Jai annoncé et j'ai parlé :
elles ont été multipliées sans
nombre.
Ps. XXXIX. .ד Héb., x, 5
de moi, |
9. Que j'accomplisse votre vo-
lonté (mon Dieu, je l'ai voulu), et
5-6. * Heureux l'homme qui se confie en Dieu, dont les merveilles sont sans
nombre!
6. Et dans vos pensées, etc. Personne n'a des pensées aussi profondes et aussi
élevées que les vótres. Or, le mot pensées comprend aussi les desseins et les juge-
ments. — J'ai annoncé, etc.; c'est-à-dire, suivant l'explication de Symmaque et de
saint Jéróme, lorsque j'ai voulu annoncer ces pensées et en parler, elles se sont
trouvées en trop grand nombre pour pouvoir être racontées. — Elles ont été mulli-
pliées (vos pensées); le verbe en latin est au masculin : multiplicati, parce que l'auteur
de la Vulgate l'a fait concorder, non pas avec le latin cogitationes, qui est du fémi-
nin. mais avec le grec dialogismoi, qui est du masculin, et dont cogitationes est la
traduction. Ce genre d'anomalie se trouve encore dans le livre de la Sagesse (1, 1),
où le neutre Aoc quod concorde, non avec le latin spirilus, qui est du masculin, mais
avec le grec pneuma, qui signifie aussi esprit, mais qui est du genre neutre.
1-9. * Comment remercier Dieu de ses bienfaits? Par des sacrifices? Non, par
l'obéissance.
1. Vous m'avez parfaitement disposé les oreilles. Le texte hébreu porte : Vous m'avez
percé les oreilles; ce qui, selon bien des interprètes, serait une allusion à la coutume
des anciens hébreux, chez lesquels on percait une oreille à l'esclave qui ne voulait
pas quitter son maître à l'année sabbatique (voy. Exode, xxt, 5-6; Deutér., xv, 11).
Ce percement de l'oreille était un signe symbolique d'acquiescement et d'obéissance.
On peut remarquer que la lecon de la Vulgate n'est pas opposée à celle du texte pri-
mitif, bien qu'elle ne soit pas aussi explicite. Les éditions des Septante, la plupart
des Péres grecs ou latins et saint Paul lui-méme, appliquant ce texte à Jésus-Christ
(Hebr., x, 5), porte : Vous m'avez préparé, adapté un corps; ce qui caractérise plus
expressément le sacrifice de Jésus-Christ.
8. En téle d'un livre. C'est ainsi qu'on lit dans la Vulgate et les Septante; l'hébreu
porte dans un rouleau de livre; sens que quelques-uns donnent aussi à la traduction
des Septante. D'autres, se fondant principalement sur ce que Jésus-Christ dit dans
saint Luc (xxiv, 25-27, 44) et dans saint Jean (v, 39; vir, 38), expliquent le mot fée
de la Vulgate et des Septante par somme, totalité des Ecritures. Le Sauveur dit for-
mellement, en effet, dans saint Jean (v, 39) : « Scrutez les Ecritures..., car ce sont
elles qui rendent témoignage de moi »; et dans saint Luc (xxiv, 4%) : « 11 fallait que .
füt accompli tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moise, daus les prophétes et
dans les psaumes. »
9. Votre loi étant à l'accusatif dans le grec et dans le lafin, est nécessairement un
complément du verbe j'accomplirais (facerem), aussi bieu que voire volonté (votun-
lalem tuam) qui précède. — Qui est ne présente nullement une addition arbitraire;
c'est une expression qui se sous-entend dans les auteurs sacrés. Ainsi, la traduction
ordinaire, qui fait des mots votre volonté le sujet d'une phrase nominale, forme un
vrai contre-sens,
[rs. xL.]
votre loi qui est au milieu de mon
cœur.
10. J'ai annoncé votre justice
dans une grande assemblée; voi-
là que je ne contiendrai pas mes
lèvres, Seigneur, vous /e savez.
11. Je n'ai pas caché votre jus-
tice dans mon cœur; j'ai dit votre
vérité et votre salut.
Je n'ai pas caché votre miséri-
corde et votre vérité à un conseil
nombreux.
19. Mais vous, Seigneur, n'é-
loignez pas de moi vos bontés :
votre miséricorde et votre vérité
m'ont toujours soutenu.
13. Parce que des maux sans
nombre m'ont environné; mes
iniquités m'ont investi, et je n'ai
pu en soutenir la vue.
Elles se sont multipliées plus
que les cheveux de ma tête; et
mon cœur m'a abandonné.
14. Qu'il vous plaise, Seigneur,
de me délivrer : Seigneur, voyez
à me secourir.
15. Qu'ils sont confondus et
qu'ils soient couverts de honte
tous ensemble, ceux qui cher-
chent mon âme, pour me la ravir.
Qu'ils soient rejetés en arrière
et qu'ils soient couverts de honte,
14, Infra, Lxix, 2. — 15. Supra, xxxiv, 4.
LES PSAUMES.
1149
ceux qui me veulent des maux.
16. Qu'ils portent promptement
leur confusion, ceux qui me disent
par insulte: Triomphe!triomphe!
17. Qu'ils exultent et tressail-
lent à votre sujet, tous ceux qui
vous cherchent; et qu'ils disent
sans cesse : Que le Seigneur soit
glorifié! ceux qui aiment votre
salut.
18. Pour moi, je suis mendiant
et pauvre :znaisleSeigneurprend
soin de moi.
C'est vous qui étes mon aide et
mon protecteur : mon Dieu ne
tardez pas.
PSAUME XL
(Hésr., XLI).
David représente le bonheur de celui qui
a soin des pauvres. 1] décrit les bontés
divines à son égard et les perfidies de
ses ennemis. Il marque clairement la
trahison de Judas, et montre par là que
ce psaume regarde Jésus-Christ.
4. Pour la fin, psaume de David.
2. Bienheureux celui qui porte
ses soins sur l'indigent et le pau-
vre; au jour mauvais, le Seigneur
le délivrera.
3. Quele Seigneurle conserve;
qu'il lui donne vie et le fasse heu-
10-18. * Le Psalmiste a manifesté à tous les bontés du Seigneur (vers. 10-11), mais
il a besoin de nouvelles grâces (vers. 12) et il demande : 19 le pardon de ses péchés
(vers. 13), 2» le triomphe sur ses ennemis (vers. 14-16) et 3» la joie et le salut pour
lui et pour les justes (vers. 17-18).
11. Votre vérité; c'est-à-dire votre fidélité à exécuter vos promesses. — Votre salut;
le salut que vous accordez, qui vient de vous. — À un conseil nombreuz (a consilio
multe); les Septante lisent rassemblement, réunion, qui a la méme signification que
conseil; et l'hébreu, assemblée, comme au vers. 10.
15. Ceux qui cherchent mon âme. Voy. Ps. xxxiv, 4.
1. * Psaume prophétique, composé pendant la révolte d'Absalom. Le raux ami du
vers. 10 est Achitophel, 1] Rois, xvi, 23, figure de Judas Iscariote, Jean, xui, 18; xvi,
19; Act., 1, 16.
2-4. * Heureux celui qui est compatissant! Dieu ne l'abandonne pas.
3. À l'âme de ses ennemis; c'est-à-dire à la fureur de ses ennemis. Le mot dme, qui
1150
reux sur la terre; et qu'il ne le
livre point à l'àme de ses enne-
mis.
4. Quele Seigneur lui porte se-
cours sur le lit de sa douleur;
vous avez retourné toute sa cou-
che dans son infirmité.
9. Moi j'ai dit : Seigneur, ayez
pitié de moi, guérissez mon àme,
parce que j'ai péché contre vous.
6. Mes ennemis m'ont dit de
mauvaises choses : Quand mour-
ra-t-il, et quand périra son nom?
7. Et si quelqu'un d'eux entrait
pour me voir, il tenait de vains
discours : son cœur s'est amassé
de l’iniquité.
Il sortait dehors, et il parlait
8. De même.
Contre moi murmuraient tous
mes ennemis: contre moi ils for-
maient de mauvais desseins.
9. Ils ont élevé une parole ini-
que contre moi : N'est-ce pas que
celui qui dort ne se relèvera ja-
mais ?
10. Car l'homme de ma paix,
Ps. XL. 10. Actes, 1, 16.
LES PSAUMES.
[Ps. xLre)
en qui j'ai espéré, qui mangeait
mes pains, ἃ fait éclater sur moi
sa trahison.
11. Mais vous, Seigneur, ayez
pitié de moi et ressuscitez-moi,
je leur rendrai ce qu'ils méritent.
12. J'ai connu que vous m'avez
aimé, en ce que mon ennemi ne
se réjouira pas à mon sujet.
13. Pour moi, à cause de mon
innocence, vous m'avez pris sous
votre protection, et vous m'avez
affermi en votre présence pour
toujours.
14. Déni le Seigneur Dieu d'is-
raël, d'un siècle jusqu'à un autre
siecle ! Ainsi soit-il, ainsi soit-il.
PSAUME XLI
(Hénn., XLII).
David, éloigné de la maison de Dieu par
les persécutions de ses ennemis, se con-
sole dans son exil, et par le souvenir
des miséricordes du Seigneur, et par
l'espérance de revoir un jour le lieu
de sa demeure.
1. Pour la fin, intelligence aux fils de
Cora.
se lit aussi dans le texte hébreu, signifie, en effet, fureur, colére, en un mot, toutes
les mauvaises passions, aussi bien que les bons sentiments, comme étant le siège des
unes et des autres. Au lieu de : À l’üme, les Septante portent aux mains.
5-13. * Les ennemis de David souhaitent sa mort; ses amis mémes le trahissent
(vers. 5-10) ; prière à Dieu pour qu'il le sauve (vers. 11-13).
6. Mont dit; pour ont dit de moi. Voy. Ps. ur, 2.
9. Ce verset, trés obscur, est diversement interprété. Pour nous, le sens le plus
simple et le plus naturel est que David, ayant eu connaissance du projet inique de
ses ennemis, qui était d'en finir entièrement avec lui en le faisant mourir, rapporte
leurs propres paroles, qui expriment nettement, en effet, le motif de leur projet
homicide. — Dormir dans le langage de l'Ecriture signifie souvent ctre mort,
10. L'homme de ma paix ; avec qui j'étais en paix, mon ami. — Qui mangeait mes
vains; hébraisme, pour qui mangeail avec moi, à ma table.
14. * €e verset est une doxologie, qui ne fait pas partie du psaume, mais indique
la fin du premier livre de la collection des Psaumes.
1. Aux fils de Coré ; c'est-à-dire psaume donné aux fils de Coré pour être chanté
par eux dans le temple, ou bien, psaume composé par les descendants de Coré,
menés en captivité à Babylone. Il y a un certain nombre de psaumes sous leur nom
dans la suite. — * Les psaumes χα 61 זוא n'en font qu'un, l'un des plus beaux de la
collection.
[ps. xux.]
2. Comme 1e cerf soupire après
les sources des eaux, ainsi mon
âme soupire apres vous, ὦ mon
Dieu.
3. Mon àme ἃ eu soif du Dieu
fort, vivant : quand viendrai-je,
et paraitrai-je devant la face de
Dieu?
4. Mes larmes m'ont servi de
pains le jour et la nuit : pendant
qu'on me dit tous les jours : Oü
est ton Dieu ?
5. Je me suis souvenu de ces
choses, et j'ai répandu en moi
mon àme; parce que je passerai
dans le lieu du tabernacle ad-
mirable, jusqu'à la maison de
Dieu;
Au milieu d'un chant d'exulta-
LES PSAUMES.
1151
lion et de louange, e£ des cris de
joie de celui qui assiste à un fes-
tin.
6. Pourquoi es-tu triste, mon
âme? Et pourquoi me troubles-
tu ?
Espère en Dieu, parce que je le
louerai encore : il est le salut de
mon visage, |
7. Et mon Dieu.
Mon âme a été toute troublée
en moi-même; c'est pourquoi je
me souviendrai de vous dans la
terre du Jourdain, dans les monts
Hermon, et sur une petite mon-
tagne. |
8. Un abime appelle un autre
abime, à la voix de vos cata-
ractes.
2-5. * L'exilé soupire après la maison de Dieu comme le cerf altéré après une source
d'eau vive.
5. J'ai répandu en moi mon âme; j'ai comme rendu l'àme, je suis tombé en défail-
lance par l'excés de ma douleur. — Parce que je passerai, ete. Avant ces mots, il y a
évidemment une ellipse, dont le sens doit être : Mais j'ai repris mes forces, dés que
j'ai pensé que 7e passerai, etc. — Des cris de joie; littér. du bruit, du son, en latin
soni au génitif, comme un des compléments grammaticaux de voce qui précède. Les
Septante portent aussile génitif; les anciens psautiers latins et saint Augustin ont
lu également soni. Ce qui autorise à croire que le mot sonus de la Vulgate est lui-
méme au génitif; car il ne faut pas oublier que les Latins ont employé sonus à la
quatrième déclinaison. — Qui assiste à un festin. On faisait, dans les solennités reli-
gieuses, des festins; la loi méme en commandait quelques-uns. Voy. Deuléron.,
RO MU M2 48 χνϊ, 4A Tete.
6, 12. Le salut de mon visage; c'est-à-dire de ma personne, mon salut. Le mot hé-
breu, traduit dans les Septante et dans la Vulgate par visage, signifie aussi personne,
"ndividu.
6. * Refrain.
1-11. * Plainte à Dieu.
T. Les monts Hermon. On dit dans la Vulgate Hermoniim, mot hébreu, dont la forme
grammaticale représente un pluriel masculin, qui signifie à la lettre, les Hermon;
c'est-à-dire les montagnes d'Hermon. — Une petite montagne. On ne sait pas quelle
est cette petite montagne. — * Cette description locale montre que celui des enfants
de Coré qui a composé ce psaume était alors exilé au delà du Jourdain; elle peut
convenir à un des compagnons d'exil de David, fuyant devant Absalom à l'est du
fleuve. — La terre du Jourdain désigne les bords du Jourdain et plus précisément le
pays à l'est du Jourdain (Celui qui écrit ce petit poème n'était donc pas exilé à Ba-
bylone). David s'était réfugié avec sa suite à Mahanaim (les camps), II Rois, טא 24.
De là, on apercoit la chaine de l'Hermon. — Une petile montagne, en hébreu Misar.
C'est probablement le nom propre de la montagne, mais il est impossible aujourd'hui
de l'identifier.
— 8. A la voiz; au bruit. — De vos cataractes; des cataractes du ciel, que vous ouvrez
pour faire tomber sur nous un déluge de maux, comme vous les ouvrites pour inonder
la terre comme au temps de Noé (Voy. Genèse, viu, 11). Dans le style de l'Ecriture,
1102
Tout ce que vous envoyez d'en
haut, et vos flots ont passé sur
moi.
9. Pendant le jour, le Seigneur
a commandé à sa miséricorde de
m'environner. Et pendant la nuit,
un cantique à sa louange « été
dans ma bouche.
Je ferai une prière au Dieu de
ma vie.
10. Je dirai à Dieu : Vous êtes
mon soutien.
Pourquoi m'avez-vous oublié ?
et pourquoi faut-il que je marche
tout contristé, tandis qu'un en-
nemi m'afflige ?
11. Tandis qu'on brise mes
os, mes ennemis, qui me tour-
mentent, m'aecablent de repro-
ches,
En me disant tous les jours:
Oü est ton Dieu?
12. Pourquoi es-tu triste, mon
âme? Et pourquoi me troubles-
tu ?
Espere en Dieu, parce que
je le louerai encore : il est le
salut de mon visage, et mon
Dieu.
LES PSAUMES
[rs. xnar.]
PSAUME XLII
(Hésr., XLIII).
Dans le psaume précédent, David de-
mande au Seigneur la gráce de revoir
son tabernacle. Dans celui-ci, il le re-
mercie d'en avoir approché. Il s'excite
à espérer en Dieu et à le louer.
4. Psaume de David.
Jugez-moi, Seigneur, et distin-
guez ma cause de celle d'une na-
tion non sainte; arrachez-moi à
un homme inique et trompeur.
2. Parce que vous étes, ó Dieu,
ma force : pourquoi m'avez-vous
repoussé?
3. Envoyez votre lumière et
votre vérité : elles m'ont con-
duit et m'ont amené à votre mon-
tagne sainte et dans vos taber-
nacles.
4. Et je viendrai jusqu à l'autel
de Dieu; jusqu'au Dieu qui réjouit
ma jeunesse.
Je vous louerai sur la harpe,
Dieu, mon Dieu.
9. Pourquoi es-tu triste, mon
âme? etpourquoi me troubles-tu?
Espère en Dieu, parce que je le
les grandes eaux signifient ordinairement de grandes calamités. — Tout ce que vous
envoyez d'en haul; littér. Toutes vos choses élevées (omnia excelsa tua); ce sont les
pluies, les tempétes, les foudres.
9. Pendant le jour, etc. Cette phrase étant inachevée dans l'hébreu et le grec, aussi
bien que dans la Vulgate, nous avons cru devoir la compléter par les propres paroles
du Psalmiste (Ps. xxxr, 10). — Et la nuit, son cantique. Ces mots, qui terminent le
verset dans la Vulgate, sont suivis, dans l'hébreu et dans les Septante, de avec moi,
dans moi. Quant à notre addition complémentaire 6 élé dans ma bouche, elle est
empruntée du psaume xxxix, 4. — Dieu de ma vie; c'est-à-dire protecteur de ma vie.
Voy. Ps. xxvi, 4.
12. * Refrain.
1-5.* Le psaume χα est récité tous les jours au pied de l'autel par le prêtre qui va
offrir le saint sacrifice. Par les hésitations qu'il exprime, avec ses alternatives de
trouble et de confiance, il est admirablement propre à exprimer les sentiments qui
remplissent le cœur du ministre de Dieu à ce moment solennel.
1-4. * Prière pour que Dieu délivre le Psalmiste de ses ennemis et lui fasse voir la
demeure du Seigneur.
3. Votre vérité; l'exécution fidèle de vos promesses.
9. Le salut de mon visage. Voy. Ps. xut, 6. — * Refrain.
fes. xrur.]
louerai encore : il est le salut de
mon visage, et mon Dieu.
PSAUME XLIII
(HéBn., XLIV).
Le Psalmiste expose d'abord les grandes
merveilles que Dieu fit autrefois en fa-
veur de son peuple; il se plaint ensuite
des maux oü il est réduit. Il espére une
meilleure condition et demande ins-
tamment sa délivrance.
1. Pour la fin, aux fils de Coré pour
l'intelligence.
2. 0 Dieu, nous avons entendu
de nos oreilles; nos peres nous
ont annoncé
L'euvre que vous avez opéré
dans leurs jours et dans des jours
anciens.
3. Votre main a détruit entiere-
ment des nations et établi nos
pères; vous avez affligé des
peuples et vous les avez chassés.
4. Car ce n'est point par leur
glaive qu'ils se sont mis en pos-
session d'une terre, et ce n'est
point leur bras qui les a sauvés :
Mais votre droite, et votre bras,
et la lumiere de votre visage,
parce que vous vous étes complu
en eux.
LES PSAUMES.
1153
9. C'est vous qui étes mon roi
et mon Dieu : c'est vous qui dé-
crétez les victoires de Jacob.
6. Avec vous, nous dissipe-
rons nos ennemis par la force;
et en votre nom, nous mépri-
serons ceux qui s'élèvent contre
nous.
1. Car ce n'est pas en mou arc
que j'espérerai : et mon glaive
ne me sauvera pas.
8. Car vous nous avez sauvés
de ceux qui nous affligeaient, et
vousavezconfondu ceux qui nous
haissaient.
9. C'est en Dieu que nous nous
glorifierons tout le jour; et c’est
votre nom que nous célébrerons
à jamais.
10. Mais maintenant vous nous
avez repoussés, et confondus ; et
vous ne sortirez pas à la téte de
nos armées.
11. Vous nous avez fait tourner
le dos à nos ennemis, et ceux qui
nous haissent arrachaient nos
dépouilles.
12. Vous nous avez livrés com-
me des brebis que l'on mange, et
vous nous avez dispersés parmi
les nations.
וו
1. Aux fils de 0076. Voy. le titre du Ps. xu (Hébr., xu). — * Ce psaume parait
avoir été composé pendant la guerre contre les Syriens et les Ammonites, II Rois,
virr, 13; cf. 111 Rois, xr, 15.
2-9. * 19 Dieu, vous nous avez aidés dans la personne de nos péres (vers. 2-4);
2° vous devez nous aider nous-mêmes (vers. 5-9).
2. L'euvre, etc.; c'est-à-dire les prodiges opérés en Egypte, à la mer Rouge et dans
le désert.
3. Des nations; entre autres, les Chananéens, qui, chassés de leur pays, ont été
remplacés par les Hébreux.
4. Ce n'est point par leur glaive que les Hébreux ont conquis la terre de Chanaan, etc.
Voyez, en effet, Josué, 11, 9; xxiv, 19,
9. Les victoires; littér. les saluts, les délivrances, mot qui, en hébreu, se prend pour
les victoires remportées par un secours extraordinaire de Dieu.
10-26. * 1» Quoique Dieu doive aider son peuple, il ne l'a point secouru
(vers. 10-
11) 2° quoique aucune faute ne le rende indigne de sa protection (vers. 48-22);
3? qu'il vienne donc le sauver (vers. 23-26).
10. Armées; littér. vertus. Voy. Ps. xxu, 10,
AUT
79
41155
13. Vous avez vendu votre
peuple pour rien; et il n'y a pas
eu une multitude d'acheteurs à
leurs ventes.
14. Vous nous avez rendu un
sujet d'opprobre à nos voisins,
un objet d'insulte et de dérision
à ceux qui sont autour de nous.
15. Vous nous avez fait la fable
des nations et le secouement de
téte des peuples.
16. Tout le jour ma honte est
devant moi, etla confusion de ma
face m'a couvert entierement,
11. A la voix de celui qui m'a-
dresse des reproches et qui m'in-
vective, à la face de mon ennemi
et de celui qui me persécute.
18. Tous ces maux sont venus
surnousetnousne vous avons pas
oublié, et nous n'avons pas ini-
quementagi contre votre alliance.
19. Et notre cœur ne s'est pas
retiré en arriere; et vous avez dé-
tourné nos sentiers de votre voie.
20. Parce que vous nous avez
humiliés dans un lieu d'affliction,
l'ombre de la mort nous a enve-
loppés.
91. Si nous avons oublié le nom
de notre Dieu, et si nous avons
Ps. XLIII. 22. Rom., vri, 36.
LES PSAUMES.
[ps. χταν.
étendu nos mains vers un Dieu
étranger;
22. Est-ce que Dieu ne s'en en-
querra pas? Caril connait, lui, les
choses cachées du cœur.
Puisque, à cause de vous, nous
sommes mis à mort tout le jour;
nous sommes regardés comme
des brebis de tuerie.
23. Levez-vous, pourquoi dor-
mez-vous, Seigneur? Levez-vous,
et ne nous rejetez pas pour tou-
jours.
24. Pourquoi détournez-vous
votre face, oubliez-vous notre
misere et notre tribulation ?
95. Car notre âme est humiliée
dans la poussière, et notre ventre
est collé à la terre.
26. Levez-vous, Seigneur, se-
courez-nous, ef racheiez-nous à
cause de votre nom.
PSAUME XLIV
(Hésn., XLV).
Ce psaume est comme l'épithalame du
mariage de Jésus-Christ et de l'Eglise.
Le Psalmiste chante leurs louanges et
reléve leur bonheur.
1. Pour la fin, pour ceux qui seront
changés, aux fiis de Coré, pour l'intelli-
gence, Cantique pour le bien-aïmé.
13. Vous avez vendu, etc. Vous vous étes défait de nous, comme de vils et d'inutiles
esclaves, à Ja première mise, sans attendre qu'on enchérit.
19. Et vous avez détourné, etc. La plupart des interprètes, entre autres Symmaque
et saint Jéróme, répétent dans cette seconde partie du verset la négative qui est dans
la premiére; de sorte que le sens est: Vous n'avez pas permis que nous suivions des
sentiers opposés à la voie que vous nous aviez tracée. [1] est certain que ce genre
d'ellipse n'est pas rare dans les écrivains sacrés.
22. Puisque à cause de vous, etc. Saint Paul, dans son Epitre aux Romains (vin, 36),
fait l'application de ce passage aux persécutious auxquelles les premiers chrétiens
étaient en butte.
1. * Le titre hébreu porte : « Au chef de chœur. Sur (l'air) des lis ou (suc un ins-
trument en forme de lis). Des enfants de Coré. Poème didactique; (chant) d'amour »
— Ce psaume est appliqué par beaucoup de commentateurs au mariage de Salomon
avec la fille du pharaon. On peut le regarder pius justement come un chant pure-
ment prophétique, qui, comme le Cantique des cantiques, célèbre l'union de Notre
fes. xuv.]
9. Mon cœur a produit une
bonne parole; c'est moi qui
adresse mes ouvrages au roi.
Ma langue est une plume d'é-
crivain qui écrit rapidement.
3. Vous étes plus brillant de
beauté que les enfants des hom-
mes, la grâce est répandue sur
vos lèvres ; c'est pourquoi le Sei-
gneur vous a béni pour l'éternité.
4. Geignez votre glaive sur
votre cuisse, 70? très puissant.
5. Dans votre dignité et votre
beauté, tendez votre arc, marchez
avec succès et régnez
Pour la vérité, la douceur et la
justice; et votre droite vous con-
LES PSAUMES.
1155
6. Vos flèches sont acérées,
des peuples tomberont à vos
pieds; e//es pénétreront dans les
cœurs des ennemis du roi.
7. Votretróne,óDieu, swbsistera
dans les siecles des siecles; c'est
un sceptre d'équité que le sceptre
de votre regne.
8. Vous avez aimé la justice et
hai l'iniquité : c'est pour cela que
Dieu, votre Dieu, vous a plus ex-
cellemment oint d'une huile de
joie que ceux qui participent à
l'onction avec vous.
9. La myrrhe, l'aloes et la can-
nelle s'exhalent de vos vétements
et de vos maisons d'ivoire ; dont
duira admirablement.
Ps. XLIV. .ד Hébr., 1, 8.
vous ont fait présent
Seigneur avec son Église. Il est certainement messianique. Hebr.,1, 8-9 et Ps. xuiv, 1;
Is., 1x, 6-7 et Ps. בוזא 5, 12, Le Targumiste paraphrase ainsi le vers. 3 : « Ta beauté,
ὃ roi Messie, est supérieure à celle des enfants des hommes. »
2-3. * Exorde : enthousiasme du prophète produit par l'excellence du sujet qui l'ins-
pire : la beauté du roi Messie.
3. La grâce est répandue, etc. Saint Luc dit dans son Evangile (rv, 22) que tous ad-
miraient les paroles de gràce qui sortaient de la bouche de Jésus-Christ. — C'est
pourquoi le Seigneur vous a béni, etc. Jésus-Christ dans son humanité a été comblé
de bénédictions et de grâces; et la première qu'il a reçue, qui est celle de sa prédes-
tination à la gloire d'étre uni hypostatiquement à la divinité, il l'a recue gratuite-
ment, c'est-à-dire indépendamment de tout mérite de sa part et par la pure faveur
de Dieu; mais il ἃ recu les autres gràces, et la gloire infinie dont il jouit dans le
ciel, en considération de ses mérites personnels, et pour récompense de ses humilia-
tions, de son obéissance, de sa passion et de sa mort.
4-5. * Le roi Messie, prodige de beauté, est aussi un héros, un prodige de force.
Le Psalmiste le dépeint comme l'ayant sous les yeux.
6-8. * Ce héros est Dieu, un dominateur divin.
7. Saint Paul (Hébreux, 1, 8) applique ce verset à Jésus-Christ, à qui, seul, en effet,
il est applicable.
8. Qui participent, etc.; c'est-à-dire les autres rois. L'onction que Jésus-Christ a
recue est bien supérieure à celle de tous les rois ordinaires, puisque c'est Dieu qui
l'a oint de l'Esprit Saint et de sa vertu, selon le témoignage de lapótre saint Pierre
(Actes, x, 38) et celui du Sauveur lui-même, qui s'est appliqué (Luc, iv, 18), ces
paroles du prophète Isaie : « L'esprit du Seigneur est sur moi; c'est pourquoi il m'a
consacré par son onction (Lxt, 1). »
9-10. * Aprés avoir dépeint le Messie, époux de l'Eglise, le Psalmiste nous dépeint
l'Eglise, épouse du Messie : elle est brillante de l'or d'Ophir, etc.
9. Maison d'ivoire. Ce sont, selon les uns, de petits coffres d'ivoire, faits en forme
de maisons, et dans lesquels on conservait les habits avec des odeurs et des herbes
odoriférantes; selon les autres, des palais incrustés ou couverts d'ivoire, comme
porte 16 chaldéen, et comme était apparemment celui d'Achab, roi d'Israél, lequel
est nommé dans l'Ecriture (III. Rois, xxit, 39) maison d'ivoire. L'hébreu lit, en effet,
palais d'ivoire; les Septante, bareis, mot d'origine égyptienne, et propre à la Pales-
1156
10. Des filles de rois, pour vous
honorer.
La reine s'est tenue debout à
votre droite, dans un vêtement
d'or, couverte de vétements va-
riés.
11. Ecoutez, ma fille, voyez et
inclinez votre oreille : oubliez
votre peuple, et la maison de vo-
ire pere.
19. Et le roi sera épris de sa
beauté; parce qu'il est le Sei-
gneur votre Dieu, et on l'ado-
rera.
13. Et les filles de Tyr viendront
avec des présents : tous les riches
du peuple imploreront votre vi-
sage.
14. Toute la gloire de la fille du
roi est au dedans, avec des fran-
ges d'or
15. Elle est toute couverte d'or-
LES PSAUMES.
(rs. xLv.]
roi apres elle : ses plus proches
vous seront présentées.
16. Elles seront présentées au
milieu de l'allégresse et de l'exul-
tation, elles seront conduites
dans le temple du roi.
17. Au lieu de vos pères, des
fils vous sont nés : vous les éta-
blirez princes sur toute la terre.
18. Ils se souviendront de votre
nom dans toute la suite des gé-
nérations.
C'est pour cela que des peuples
vous loueront éternellement, et
dans les siècles des siècles.
PSAUME XLV
(Hisr., XLVI).
Le Psalmiste loue Dieu des avantages
qu'il a fait remporter à son peuple. Il
représente ensuite le bonheur qu'il a
d'étre sous sa sainte protection.
nements variés.
Σ \ 1. Pour la fin, aux fils de Coré, pour
Des vierges seront amenées au
les secrets, psaume.
tine pour exprimer des tours ou des maisons bâties en forme de tours et fermées de
tous côtés. — Dont vous ont fait présent; littér. dont vous ont délecté, etc., s'accorde
mieux avec la première interprétation de maisons d'ivoire. — * « La myrrhe est la
résine du Balsamodendron myrrha, qui croit principalement en Arabie et en Abyssi-
nie; elle ne sert dans la parfumerie moderne qu'à la composition des dentifrices. »
(E. RiuuEL.) — L'aloës. > 11 ne faut pas confondre l'aloós employé en médecine avec
celui dont parle la Bible. Ce dernier est l'Aloexylum agallochum, arbuste fort abon-
dant dans tout l'Orient, et dont le bois trés aromatique forme le principal ingrédient
des bâtons odorants que les Chinois et les Indiens brülent dans leurs temples. » (Ip.)
11-13. * Discours à la reine, afin qu'elle se donne tout entière au Messie.
13. Votre visage. Voy. Ps. xui, 6. — * Tyr, capitale de la Phénicie, célèbre par son
commerce et ses richesses.
14-16. * Description de la beauté de la reine ou de l'Eglise.
16. Le temple du voi; c'est-à-dire son palais.
11-18. * Propagation et gloire de l'Eglise.
17. Au vers. 11, les amies de l'épouse l'ont exhortée à oublier son peuple et son
pére; ici elles lui disent que pour un pére et une mére qu'elle quittait, elle se ver-
rait bientôt mère de fils qui seraient des princes régnant sur toute la terre. — Vous
sont nés. Ainsi portent les Septante et la Vulgate; mais l'hébreu met le futur, ce qui
est plus conforme au contexte.
18. Dans toute la suite; littér. Dans toute génération et génération. Voy. sur ce genre
de répétition et sur l'accusatif generationem de la Vulgate au lieu de l'ablatif, p. 342.
1. * Le titre hébreu porte : « Au chef de chœur, Des enfants de Coré. 41
(avec voix de soprano, d'aprés un grand nombre). » Ce psaume a été probablement
composé à l’occasion de la guerre des Moabites, des Ammonites et des Iduméens,
du temps de Josaphat, II Par., xx.
[Ps. xLvi.|
9. Dieu est notre refuge et notre
force , notre aide dans les tribula-
tions qui nous ont assaillis trés
violemment.
3. C'est pour cela que nous ne
craindrons pas, tandis quela terre
serabouleversée, et que des mon-
tagnes seront transportées au
cœur des mers.
4. Leurs flots ont mugi et ont
été agités : les montagnes ont été
ébranlées par la puissance de
Dieu.
5. Le cours d'un fleuve abon-
dant réjouit la cité de Dieu; le
Très-Haut y a sanctifié son taber-
nacle.
6. Dieu est au milieu de cette
cité, elle ne sera pas ébranlée :
Dieu la protégera dès le matin,
au lever de l'aurore.
1. Des nations ont été troublées
et des royaumes ont chancelé :
il a fait entendre sa voix, et la
terre a été ébranlée.
8. Le Seigneur des armées est
LES PSAUMES.
1157
avec nous : le Dieu de Jacob est
notre soutien.
9. Venez, et voyez les œuvres
du Seigneur, vrais prodiges qu'il
a opérés sur la terre,
10. En faisant cesser les guerres
jusqu'à l'extrémité de la terre.
Il brisera l'arc, mettrales armes
en pièces; et les boucliers, il les
brülera dans le feu.
11. Tenez-vous en repos, et
voyez que c'est inoi qui suis Dieu;
je serai exalté parmi les nations;
et je serai exalté par toute laterre.
12. Le Seigneur des armées est
avec nous : notre soutien est le
Dieu de Jacob.
PSAUME XLVI
(Hésr., XLVII).
Ce psaume convient à Jésus-Christ mon-
tant au ciel et régnant dans son Eglise.
Le Psalmiste exhorte toutes les nations
à le louer à la vue de sa grandeur et
de sa puissance.
1. Pour (a fin, pour les fils de Coré,
psaume.
2-4. * Dieu est notre secours, au milieu des tempétes et des dangers.
3. Mers; pluriel qui se trouve dans l'hébreu et les Septante, et que la Vulgate
elle-même suppose, quoiqu'elle mette le singulier (maris), puisqu'elle porte au verset
suivant leurs flots au lieu de ses flots.
4. La, puissance de Dieu; littér. Sa puissance. Si ce pronom sa est amphibologique
dans la Vulgate, qui, au vers. précédent, met le mot mer au singulier, il ne l'est nul-
lement dans l'hébreu et le grec, où il ne peut se rapporter qu'à Dieu, exprimé au
4er vers.
5-1. * Jérusalem est inébranlable, parce que Dieu la protège.
5. Le cours d'un fleuve abondant. Le Psalmiste fait probablement allusion à la fon-
taine de Siloé. L'historien Josèphe, qui en parle souvent, dit entre autres choses
(De Bello Jud., 1. V, c. xxvi), que lorsque Nabuchodonosor assiégea Jérusalem, les
eaux de cette fontaine augmentérent considérablement; et que la méme chose arriva
pendant que Tite fit le siège de cette ville; de telle sorte que durant le siège elle en
fournissait à l'armée romaine et qu'il en restait encore pour arroser les jardins,
tandis qu'auparavant on en pouvait avoir à peine, méme avec de l'argent. — La
cilé de Dieu; Jérusalem. — Y a sanctifié; c'est-à-dire érigé et consacré.
8. * Refrain.
9-11. * Dieu détruit tous les ennemis de Jérusalem.
12. * Refrain.
1. * Plusieurs critiques voient dans ce psaume un chant de triomphe, entonné
après une victoire, au moment où l'on ramène l'arche sur le mont Sion; la tradition
chrétienne l'applique généralement à l'Ascension de Notre-Seigneur.
1158
9. Nations, battez toutes des
mains : poussez des cris de joie
vers Dieu, avec une voix d'exul-
tation,
3. Parce que le Seigneur est
ires élevé et terrible : c'est un
grand roi sur toute la terre.
4. ll nous a assujetti des peu-
ples, et ὦ mis des nations sous
nos pieds.
5. Il a choisi en nous son héri-
tage, la beauté de Jacob qu'il a
aimée.
, 6. Dieu est monté au milieu des
acclamations de joie, et le Sei-
gneur au son dela trompette.
7. Chantez notre Dieu, chantez :
chantez notre Roi, chantez.
8. Parce que le roi de toute la
terre est Dieu : chantez avec sa-
gesse.
9. Dieu régnera sur les nations :
Dieu est assis sur son trône saint.
Ps. XLVI. 6. II Rois, vi, 15.
LES PSAUMES.
[Ps. xLvn.]
10. Des princes de peuples se
sont réunis au Dieu d'Abraham;
parce que les dieux puissants de
la terre ont été extraordinaire-
ment élevés.
PSAUME XLVII
(Hésr., XLVIII).
Le sujet principal de ce psaume est l'E-
glise figurée par Jérusalem. Le Psal-
miste y décrit la vanité des efforts que
ses ennemis ont faits contre elle, et le
bonheur qu'elle a d'étre toujours la de-
meure de Dieu.
1. Psaume du cantique aux fils de Coré
pour le second jour de la semaine.
2. Le Seigneur est grand et
tres digne de louange, dans la
cité de notre Dieu, et sur sa mon-
tagne sainte.
3. La montagne de Sion est
fondée à l'exultation de toute la
terre ; du cóté de l'aquilon est la
cité du grand Roi.
2-5. * Acclamation à Dieu (vers. 2-3),
parce qu'il donne les peuples à Jacob
= 4-5).
. Il a choisi en nous, etc.; c'est-à-dire il nous à choisis parmi toutes les nations
bes étre son peuple. — La beauté ou la gloire de Jacob, désigne dans plus d'un
endroit de l'Ecriture le temple du Seigneur. Ainsi, cette seconde partie du verset
veut dire : Le Seigneur a choisi aussi pour sa demeure le temple, dont Jacob, c'est-à-
dire le peuple d'Israël, a droit de se glorifier; et 7 l’a aimé, puisqu'il l'a préféré à
toutes les autres demeures.
6-10. * Dieu s'élève. Qu'on chante sa gloire (vers. 6-7), parce qu'il est le roi de
toute la terre (vers. 8-10).
6. Dans la première partie de ce vers.,les Pères reconnaissent l'Ascension de Jésus-
Christ. Quant à la seconde, elle est applicable à son dernier avénement, selon ce
que dit saint Paul, que Jésus-Christ descendra du ciel au son de la trompette de
Dieu (I Thessalon., 1v, 15).
10. * Les dieux puissants de la terre, les princes de ce monde. Le texte hébreu
porte : À Dieu (appartiennent) Les puissants de la. terre; il (Dieu) est eztraordinaire-
ment élevé.
1. * Chant de victoire à vens de la délivrance de Jérusalem. Composé proba-
blement à l'occasion de la délivrance de Jérusalem, assiégée par Phacée, roi d'Israel,
et Rasin, roi de Syrie, Is., vu, 1; IV Rois, xvi, 4.
2-3. * Gloire au Seigneur, à cause de la beauté de sa cité sainte!
2, * La cité de notre Dieu, Jérusalem. — Sa montagne sainte, Sion.
3.* Le texte hébreu doit se traduire : « La montagne de Sion est belle par son
élévation; elle est la joie de toute laterre. » — Du côté de l'aquilon, c'est-à- dire sur le
mont Moria, au nord-est du mont Sion, est la cité du grand roi; c'est là que fut bâti
le temple du vrai Dieu.
(rs. xL vii. ]
4. Dieu sera connu dans ses
maisons, quand il en prendra la
défense.
5. Car voilà que les rois de la
terre se sont réunis et sont venus
ensemble.
6. L'ayant vu eux-mêmes, ils
ont été étonnés, ils ont été trou-
blés, ils ont été fort émus :
7. Un tremblement les a saisis.
Là ils ont. ressenti comme les
douleurs d'une femme qui en-
fante :
8. Aznsi par un vent impétueux,
vous briserez les vaisseaux de
Tharsis.
9. Ce que nous avions appris,
nous l'avons vu dans la cité du
Seigneur des armées, dans la cité
de notre Dieu : Dieu l'a fondée
pour l'éternité.
10. Nous avons recu, ὁ Dieu,
votre miséricorde, au milieu de
votre temple.
11. Comme votre nom, ὃ Dieu,
ainsi votre louange s'étend jus-
qu'aux extrémités de la terre :
votre droite est pleine de justice.
LES PSAUMES.
1159
19. Que la montagne de Sion se
réjouisse, et que les filles de Juda
tressaillent d'allégresse, à cause
de vos jugements, Seigneur.
13. Environnez Sion et em-
brassez-la : racontez éoutes ces
choses dans ses tours.
14. Portez votre attention sur
sa force : faites le dénombrement
de ses maisons, afin que vous le
racontiez à une autre génération.
15. Parce que c'est lui qui est
Dieu, notre Dieu pour l'éternité
et pour les siecles des siecles :
lui-même qui nous gouvernera
dans les siecles.
PSAUME XLVIII
(H&pn., XLIX).
Le Psalmiste prouve linutilité des ri-
chesses, en montrant qu'elles ne peu-
vent ni conserver la vie à celui qui les
possède, ni les donner à un autre. Il
fait voir ensuite que la mort est iné-
vitable, qu'elle rend tous les hommes
égaux, et que les méchants se rendent
semblables aux bétes.
1. Pour la fin, aux fils de Coré,
psaume.
4-8. * Tableau de la défaite de l'armée ennemie, dispersée soudain comme une
flotte par la tempête.
4. Quand il prendra la défense; c'est-à-dire la défense de Sion, nommée dans le
vers. précédent.
1. Là ; en présense de Sion.
8. Les vaisseaux de Tharsis; expression'qui signifie des vaisseaux de long cours en
général, de fort grands vaisseaux.
9-10. E Comparaison des événements récents avec les miracles anciens.
9. Ce que nous avions appris, etc. Nous avons vu par expérience la vérité de ce
que nos pères nous avaient dit tant de fois, que le temple du Seigneur subsisterait
toujours, et qu'ille rendrait inébranlable et imprenable par la vertu de sa présence.
— Le Seigneur des armées. Voyez Ps. xxu, 10.
11-12. * Action de gráces.
12. Les filles de Juda, peuvent désigner Les villes de Juda; parce que les Hébreux
avaient coutume d'appeler filles du pays les villes dépendantes de la capitale.
13-15. * Description de la force de Jérusalem dont Dieu est le vrai Dieu.
13. Environnez Sion, etc.;
suivant l'hébreu : Faites le tour de Sion, et visitez-la de
toutes parts; comptez ses tours. C'est une apostrophe par laquelle le Psai:niste dit au
peuple assemblé pour la solennité de la dédicace du temple
: Comparez l’état présent
de Sion à celui des temps antérieurs. Faites le tour du temple, etc.
1. * Ce psaume commence par une sorte de préambule vers. 2-5, et comprend
160
9. Ecoutez ces choses, vous
toutes, nations : prétez l'oreille,
vous qui habitez l'univers;
| 9. Vous tous, fils de la terre,
'et fils des hommes, ensemble
et de concert, riche et pauvre.
4. Ma bouche pariera sagesse,
et la méditation de mon cœur,
prudence.
: 5. J'inclinerai mon oreille à une
parabole, et je révélerai sur le
psaltérion mon sujet.
6. Pourquoi craindrai-je au
jour mauvais? Je craindrai si Yi-
niquité de ma voie m'environne.
7. Qu'ils craignent ceux qui se
confient dans leur puissance, et
se glorifient dans l'abondance de
leurs richesses.
8. Un frère ne rachète pas son
frère : un homme éfranger le ra-
chetera-t-il? i1 ne donnera pas à
Dieu de quoi l'apaiser pour lui-
méme,
9. Ni le prix du rachat de son
LES PSAUMES.
[Ps. xLvir.]
âme : et il travaillera éternelle-
ment.
10. Et il vivra encore jusqu'à
la fin.
11. Il ne verra pas la mort, lors-
quil aura vu les sages mourir :
l'insensé etle fou périront égale-
ment. .
Et ils laisseront à des étran-
cers leurs richesses.
12. Et leurs sépuleres seront
leurs maisons pour toujours.
Et leurs tabernacles dans cha-
que génération; quoiqu'ils aient
donné leurs noms à leurs terres.
13. Et l'homme, lorsqu'il était
était en honneur, ne l'a pas com-
pris: il a été comparé aux ani-
maux sans raison, et il est devenu
semblable à eux.
14. Gette voie qu'ils suivent est
une pierre d'achoppement pour
eux-mémes, et néanmoins dans
la suite ils se complairont dans
leurs discours.
Ps. XLVIII. 5. Ps. Lxxvu, 2; Matt., xi, 35.
deux strophes égales, 6-12, et 14-20, terminées chacune par un refrain, 13, 21. —
C'est un de ceux qui contiennent des passages explicites sur la croyance à une autre
vie. 11 rappelle les Proverbes, surtout dans son introduction.
3. Vous tous. Devant ces mots, est sous-entendu Ecoutez ces choses, du vers. pré-
cédent. — Fils de la lerre, etc.; c'est-à-dire nés dans une basse ou noble condition.
5. J'inclinerai, etc. Je serai attentif à ce que l'Esprit divin me suggérera, et je ferai
connaitre, au son d'un psaltérion, le sujet de mon chant, lequel m'aura été inspiré.
6. Je craindrai, nous a paru le complément le plus simple et le plus naturel de
l'ellipse qui se trouve dans l'hébreu et les Septante, aussi bien que dans la Vulgate.
— L'iniquilé de ma voie; littér. de mon talon; c'est-à-dire de mes pas, de ma marche ;
au figuré, de ma conduite. Ainsi, le sens est : Je n'aurai à craindre que si je marche
dans une mauvaise voie.
1. Qu ils craignent. Voy. la note précédente.
9-11. Ges versets, en partie si obscurs et par là même si diversement interprétés,
s'expliqueraient assez bien, ce-semble, si on supposait simplement une iuterrogation
dans le texte, de cette maniére : L'homme, pendant sa vie, sera toujours livré au.
travail et à la peine; mais vivra-t-il éternellement? Ne verra-t-il pas la mort pour
lui-même, quand il verra les sages mourir?
19. Pour toujours (in æternum); c'est-à-dire jusqu'à la fin du monde. — Taber-
nacles; demeures, habitations. — Chaque génération; littér. génération et génération.
Voy. p. 341. — Quoiqu'ils aient donné, etc.; pour se rendre célèbres, immortels.
14. Leurs discours; littér. leur bouche. Par un genre de métonymie trés usité en
hébreu, le mot bouche signifie aussi parole, discours, qui sort de la bouche.
fps. xuix.]
15. Comme des brebis, ils ont
été parqués dans l'enfer : c'est la
mort qui les paitra.
Et les justes domineront sur
eux dés le matin : et leur appui
seradétruit dans l'enferaprés leur
gloire.
16. Mais cependant Dieu rachè-
tera mon àme de la main de l'en-
fer, quand il m'aura pris sous sa
protection.
17. Ne craignez pas lorsqu'un
homme sera devenu riche, et que
la gloire de sa maison se sera
accrue.
18. Parce que, lorsqu'il sera
mort, il n'emportera pas tous ses
biens ; et que sa gloire ne descen-
dra pas avec lui.
19. Car son àme, pendant sa vie,
sera bénie : il vouslouera, lorsque
vous lui aurez fait du bien.
20. Il ira rejoindre les généra-
tions de ses peres, et durant l'é-
ternité, il ne verra pas la lu-
miere.
21. L'homme, lorsqu'il était en
honneur, ne l’a pas compris : il a
été comparé aux animaux sans
raison, et il est devenu semblable
à eux.
LES PSAUMES.
1161
PSAUME XLIX
(Hénn., L).
Le souverain juge cite devant son tribu-
nal tout son peuple, ses prétres et ses
juges. 11 leur reproche leur vaine con-
fiance dans leurs sacrifices, leur hypo-
crisie, leur injustice, leur liaison avec
les méchants; il les menace de sa co-
lére et de ses plus terribles chátiments.
La plupart des interprètes voient dans
ce psaume le jugement dernier ou gé-
néral, le second avénement du Fils de
Dieu, qui est, en effet, assez bien mar-
qué au vers. 1-4, 22
1. Psaume d'Asaph.
Le Dieu des dieux, Ie Seigneur
a parlé, et il a appelé la terre,
Depuis le lever du soleil jus-
qu'à son coucher.
2. C'est de Sion que vient l'éclat
de sa splendeur.
3. Dieu viendra manifestement:
notre Dieu viendra, et il ne gar-
dera pas le silence.
Un feu s'allumera en sa pré-
sence ; et, autour de lui, s'é/évera
une tempéte violente.
4. D'en haut il appellera le ciel
et la terre pour juger son peuple.
5. Rassemblez-lui ses saints,
qui exécutent son alliance sur
les sacrifices.
15. Les pailra; sera leur pasteur. C'est le sens de l'hébreu et des Septante; il est
d'ailleurs trés conforme au contexte. — Dès le matin; sans délai, promptement. —
Aprés leur gloire; aprés qu'ils auront été dépouillés de leur gloire.
1. Psaume d'Asaph ou par Asaph ; c'est-à-dire composé par Asaph, ou par quelqu'un
de ses descendants, selon les uns; ou bien, selon les autres, donné à Asaph, chef
d'une bande de musiciens, pour étre chanté dans le temple. Il y a douze psaumes
sous le nom d'Asaph. — Le Dieu des dieux ; c'est-à-dire le Dieu des juges de la terre,
le souverain juge. Dans l'Ecriture, on donne le nom de dieux aux juges, aux magis-
trats. — Le lever et le coucher du soleil, sont mis ici pour l'orient et l'occident. —
* Discours de Dieu sur le culte qu'il faut lui rendre. — Psaume didactique, d'une
grande clarté, destiné à inculquer l'inutilité d'un culte purement extérieur.
1-6. * Description de la théophanie ou del'apparition de Dieu qui va parler.
3. Dieu viendra, etc. Compar. la II* Epitre de saint Pierre, m1, 10-12. — * Un feu,
l'éclair.
9. Ses saints; c'est-à-dire ou les Israélites en général, qui, comme nous l'avons
déjà remarqué plusieurs fois, sont nommés dans l'Ecriture les saints du Seigneur,
ou, selon Théodoret, Moise, Aaron, Eléazar et tous ceux qui, aprés eux, ont exercó
1102
6. Et les cieux annonceront sa
justice, parce que c'est Dieu lui-
méme qui est juge.
7. Ecoute, mon peuple, et je
parlerai; Israël, écoute; car je te
prendrai à témoiu : Dieu, ton
Dieu, c'est moi qui le suis.
8. Je ne te reprendrai pas pour
tes sacrifices; car tes holocaustes
sont toujours en ma présence.
9. Je ne prendrai pas des veaux
de ta maison, ni des boucs de tes
troupeaux.
10. Parce qu'à moi sont toutes
les bêtes des forêts, les animaux
qui paissent sur les montagnes et
les beeufs.
11. Je connais tous les volatiles
du ciel, et la beauté des champs
est en mon pouvoir.
12. Si j'ai faim, je ne te le dirai
pas : car à moi est le globe de la
terre, et sa plénitude.
13. Est-ce que je mangerai des
chairs de taureaux? ou boirai-je
du sang des boucs?
14. Immole à Dieu un sacrifice
LES PSAUMES.
[Ps. xLix.]
de louange, et rends au Très-
Haut tes vœux.
15. Et invoque-moi, au jour
de la tribulation : je te délivre-
rai, et tu m'honoreras.
16. Mais au pécheur Dieu a dit.
Pourquoi racontes-tu mes jus-
tices, et pourquoi ta bouche an-
nonce-t-elle mon alliance? ἡ
17. Pour toi, tu hais la disci-
pline, et tu as rejeté ma parole
derrière toi.
18. Si tu voyais un voleur, tu
courais avec lui, et c'est avec les
adultères que tu mettais ta part.
19. Ta bouche a abondé en ma-
lice, et ta langue ajustait des
fourberies.
20. Assis, tu parlais contre ton
frère et contre le fils de ta mère, tu
posais une pierre d'achoppement.
21. Tu as fait ces choses, et je
me suis tu. 3
Tu as pensé, homme inique,
que je te serai semblable: je te
reprendrai sévérement, et je te
poserai devant ta propre face.
le saint ministère dans le temple. — Qui exéculent son alliance sur les sacrifices ; c'est-
à-dire qui sont chargés d'exécuter l'alliance ou la ἴοι divine, en ce qui concerne les
sacrifices; ce qui rentre dans l'explication de Théodoret, aussi bien que dans le texte
hébreu où nous lisons : Qui ont fait alliance avec mot touchant les sacrifices.
7-15. * Discours de Dieu aux Juifs fidèles : ce qu'il désire d'eux, ce ne sont point
des boucs et des taureaux, mais un sacrifice de louange, c'est-à-dire l'adoration du
cœur.
9. Je ne prendrai pas; je n'ai pas besoin de prendre.
11. La beauté des champs; c'est, suivant Théodoret, les différentes sortes de fruits
de la terre.
46-23. * Discours aux Juifs pécheurs : qu'ils n'espérent point pouvoir pécher à
leur gré et obtenir le pardon de leurs fautes par l'oblation de victimes : Dieu ne
pardonne qu'à ceux qui se repentent et se corrigent.
16. * Pourquoi, etc. Le vers. 17 montre que ce que Dieu reproche au pécheur, c'est
d'avoir toujours la loi divine à la bouche et de ne pas y conformer sa conduite.
18. Tu metlais la part; tu partageais avec eux; tu vivais avec eux en ami et en
frére.
21. Je te poserai, etc.; je t'exposerai à tes propres yeux, afin que tu te voies bien
tel que tu es.
23. Je lui montrerai; hébraisme, pour je lui ferai éprouver, goüter. — Le salut de
Dieu; le salut que Dieu accorde, qui vient de Dieu. — * « Jamais nulle ode grecque
ou latine, dit Fénelon, n'a pu atteindre à la hauteur des Psaumes. Par exemple,
PS. L.]
22. Compreuez ces choses, vous
qui oubliez Dieu; de peur qu'un
jour il ne vous enlève, et qu'il
n'y ait personne qui vous délivre.
23. C'est un sacrifice de louange
qui m'bonorera; et c'est là le
chemin par lequel je lui montre-
LES PSAUMES.
1163
9. Lorsque ve prophète Nathan vint le
trouver, aprés quil eut péché avec Beth-
saoee.
3. Ayez pitié de moi, Sei-
gneur, selon votre grande misé-
ricorde ;
Et selon la multitude de vos
rai lesalut de Dieu. = bontés, effacez mon iniquité.
4. Lavez-moi encore plus de
mon iniquité, et purifiez-moi de
mon péché.
ὃ. Parce que moi aussi, je con-
nais mon iniquité, et mon péché
est toujours devant moi.
6. J'ai péché contre vous seul,
et j'ai fait le mal devant vous :
je fais cet aveu, afin que vous
soyez reconnu juste dans vos pa-
roles, et que vous soyez victorieux
quand on vous juge.
PSAUME L
(Hésr., LI).
Ce psaume contient la prière ardente
d'une âme affligée et pénitente. Le titre
annonce clairement que ce sont les sen-
timents dans lesquels David entra
lorsque le prophéte Nathan lui eut re-
proché son crime avec Bethsabée,
femme d'Urie. Le Ile Livre des Rois,
d'oü le titre est tiré, ajoute que le pro-
phéte reprocha en méme temps à David
le meurtre d'Urie (II Rois, xi1).
1. Pour la fin, psaume de David.
Ps. L. 6. Rom., ri, 4.
celui qui commence ainsi : Le Dieu des Dieux, le Seigneur a parlé, et il a appelé la
Lerre, surpasse toute imagination humaine. »
1-2. * Ce psaume est le plus beau de tous les actes de contrition. Jamais pécheur
n'a senti plus vivement et exprimé plus fortement le besoin d'obtenir la rémission
de ses péchés. Il renferme quatre strophes. Chacune d'elles commence par une invo-
cation à Dieu, unique dispensateur de la grâce. La {re strophe (vers. 3-6) contient la
confession du crime, la 2e (vers. 7-10) demande que la souillure soit lavée, la 3e (vers.
11-15) que l'àme soit renouvelée et créée, la 4e (vers. 16-19) promet la reconnaissance
et un sacrifice de louanges. Il y a peu de pages de la Bible qui renferment autant de
vérités dogmatiques en si peu de lignes. Le péché souille l'âme, c'est une offense directe
faite à Dieu. Seul, Dieu, l'unique dispensateur de la grâce, peut l'effacer. L'hysope,
plante dont la tige servait d'aspersoir, n'est mentionnée qu'à ce titre poétique. Le
pardon est obtenu seulement par la contrition. « La volupté avait séduit David,
mais il en attaque le principe par le remède que Dieu a spécialement préparé pour
ce désordre. ll devient le type de la mortification, il mange un pain qui est pour lui
comme de la cendre... L'orgueil l'avait subjugué, mais il brise son joug par l'aveu
de son crime. Et quel aveu! Ce n'est pas une confession particulière, c'est une con-
fession à tout son peuple, aux générations futures, à tous les lieux, à tous les siécles.
Il ne la murmure pas à voix basse, il ne la parle pas, il la chante pour la faire retentir
plus loin dans la mémoire des hommes. Quelle admirable énergie de langage ! quelle
puissance et quelle vérité de sentiments I... Comme sa voix, après avoir vugi les gé-
missements de son cœwr, soupire une douleur plus calme; puis se relève, se dilate !...
Ce sublime testament de pénitence, il l'avait légué à toutes les àmes qui passent sur
cette terre, aux pécheurs repentants pour leur inspirer la confiance, aux criminels
endurcis pour les attendrir, aux justes pour les édifier. Les âmes ont répondu à son
appel. » (Mgr GrnBET.) — Le psaume 1, est le quatrième des psaumes pénitentiaux.
4, Encore plus; le sens de l'hébreu est un grand nombre de fois, beaucoup.
6. J'ai péché contre vous seul. Plusieurs l'expliquent ainsi: Vous étes le seul témoin
de mon crime; ce qui n'est pas exact. Nathan, à la vérité, dit à David : Tu as agi
secrètement; mais il ajoute : Cependant, parce que tu as fait blasphémer les ennemis
1164
7. Voilà, en effet, que j'ai été
concu dans des iniquités, et que
ma mere m'a concu dans des pé-
chés.
8. Voilà, en effet, Seigneur, que
vous aimez la vérité; que vous
m'avez manifesté les choses obs-
cures et cachées de votre sa-
gesse.
9. Vous m'aspergerez avec de
l'hysope et je serai purifié; vous
me laverez, et je deviendrai plus
blane que la neige.
10. Vous me ferez entendre
une parole de joie et d’allégresse,
et mes os humiliés exulteront.
11. Détournez votre face de
mes péchés; οἱ effacez toutes
mes iniquités.
12. Créez un cœur pur en moi,
ó mon Dieu! et renouvelez un
esprit droit dans mes entrailles.
13. Ne me rejetez pas de devant
votre face, et ne me retirez pas
votre esprit saint de moi.
14. Rendez-moi la joie de votre
salut, et par votre esprit souve-
rain fortifiez-moi.
9. Lév., xiv; Nomb., xix. Eius
LES PSAUMES.
(es. L.]
15. J'enseignerai אנוה 65
iniques vos voies, et les impies
se convertiront à vous.
16. Délivrez-moi d'un sang
versé, ὃ Dieu, Dieu de mon salut:
et ma langue publiera avec joie
votre justice.
17. Seigneur, vous ouvrirez
mes lèvres, et ma bouche annon-
cera votre louange.
18. Parce que si vous aviez
voulu un sacrifice, je vous l'au-
rais offert certainement; mais
des holocaustes ne vous seront
point agréables.
19. Le sacrifice que Dieu dé-
sire est un esprit brisé de dou-
leur : vous ne dédaignerez pas,
ὃ Dieu, un cœur contrit et hu-
milié.
20. Dans votre bonne volonté,
Seigneur, traitez bénignement
Sion; et que les murs de Jérusa-
lem soient bâtis.
21. Alors vous agréerez un sa-
crifice de justice, des oblations et
des holocaustes; alors on mettra
sur votre autel des veaux.
du Seigneur, etc. (M Rois, xit, 12, 14). Or, ces dernières paroles du prophète prouvent
clairement que non seulement les Israélites étaient informés du crime de David,
mais que les étrangers eux-mêmes en avaient eu connaissance. Il vaut mieux dire
avec les Pères de l'Eglise et beaucoup de commentateurs que David, en quahté de
roi, ne reconnaissait aucune autorité supérieure à la sienne, et qu'ainsi 1] n'éfait
responsable qu'à Dieu seul de sa conduite.
1. Iniquités, péchés ; l'hébreu porte le singulier, iniquité, péché; c'est-à-dire le péché
originel.
9. * Avec de l’hysope. Voir la note sur Exode, xit, 23.
10. Humiliés; brisés par la douleur.
14. La joie de votre salut; la joie que procure le salut qui vient de vous. C'est
comme si David disait : Rendez-moi 18 joie en me sauvaut. — Votre esprit souverain.
V'est aussi le sens des Septante; l'hébreu dit esprit spontané, généreux.
16. D'un sang versé; littér. de sungs. Voy. Ps. v, 1.
20-21. * Ces deux derniers versets ont été ajoutés aprés coup, peut-étre du temps
l'Esdras. Ils sont placés, non plus dans la bouche de David, mais dans celle du
peuple.
(rs. Li.]
PSAUME LI
(Hésr., Lll).
Tout en reprochant à Doég, l'Iduméen,
d'avoir irrité Saül contre David, et d'a-
voir été cause de la mort des prêtres
du Seigneur qui étaient à Nobé (I Rois,
,זוא 9, et suiv.), 16 Psalmiste représente
la malignité des médisants, les cháti-
ments qui leur sont préparés, la vanité
de la confiance qu'ils ont en leurs ri-
chesses, et le bonheur des justes qui
mettent, comme lui, toute leur espé-
rance en Dieu.
1. Pour la fin. Intelligence à David,
2. Lorsque Doég l'Iduméen vint annon-
cer à Saül que David était venu dans la
maison d'Achimélech.
3. Pourquoi te glorifies-tu en
ta malice, toi qui es puissant en
iniquité?
4. Tout le jour, talangue a mé-
0116 l'injustice: comme un rasoir
aiguisé, tu as trompé.
5. Tu as aimé la malice plus
que la bonté; et un langage d'ini-
quité plutót que d'équité.
6. Tu as aimé toutes les pa-
LES PSAUMES.
1165
roles de perdition, ὃ langue trom-
peuse!
7. C'est pour cela que Dieu te
détruira pour toujours, et t'enlè-
vera et t'exilera, /0 de ton ta-
bernacle, et £a racine de la terre
des vivants.
8. Les justes le verront, et ils
craindront; et ils riront de lui, et
diront:
9. Voilà un homme qui n'a pas
pris Dieu pour son aide,
Mais qui a espéré dans la mul-
litude de ses richesses, et qui
s'est prévalu de sa vanité.
10. Pour moi, je suis comme
un olivier qui porte du fruit dans
la maison de Dieu; j'ai espéré
dans la miséricorde de Dieu pour
l'éternité, et pour les siecles des
siecles.
11. Je vous louerai pour tou-
jours de ce que vous avez fait, et
jattendrai votre nom, parce qu'il
est bon, en présence de vos
saints.
4. Intelligence à David ; ou, selon d'autres, de David; c'est-à-dire psaume didactique
composé par David.
4. Comme un rasoir, etc. Tu as trompé par ta langue, comme fait un rasoir aiguisé,
qui, au lieu de retrancher simplement les poils supertlus de la barbe, coupe la chair
ct fait des plaies profondes.
6. Perdilion; littér. précipitation, chute; l'hébreu dit absorplion, engloutissement;
les Septante, l'action de jeter dans la mer.
1. Tabernacle. Les anciens Hébreux appelaient leur demeure /abernacle ou tente.
— Ta racine; c'est-à-dire tes enfants; afin que ta famille soit entièrement et à jamais
éteinte. Le pronom /a, qui manque dans la Vulgate, se trouve dans l'hébreu et les
Septante.
11. De ce que vous avez fait relativement à moi et à Doëg. La Vulgate, comme l'hé-
preu et le grec, porte simplement : Parce que vous avez fail. Le verbe faire se met
quelquefois, surtout dans les psaumes, d'une maniére absolue et sans complément
ou régime. C'est le contexte qui détermine le sens dans lequel on doit le prendre. —
Votre nom. Le nom de Dieu se prend souvent dans l'Ecriture pour Dieu lui-méme ou
pour son secours, son appui, sa protection. — Bon; favorable, bienfaisant. — En
présence de vos saints; c'est-à-dire pour vos fidèles serviteurs. Voy. pour le mot saints,
Ps. XXXI. 6.
1166
PSAUME LII
(Héer., LIII).
Le Psalmiste déplore la corruption géné-
rale des hommes. Il décrit la confusion
où tombent ceux qui persécutent le
peuple du Seigneur, et il prédit la dé-
livrance de ce peuple et la joie dont
elle sera suivie.
1. Pour la fin, pour Maheleth. Intelli-
gence à David.
L'insensé a dit dans son cœur :
Il n'y a point de Dieu.
2. Ils se sont corrompus, et
sont devenus abominables dans
leurs iniquités; il n'en est pas
qui fasse le bien.
3. Dieu, du haut du ciel, a jeté
un regard sur les fils des hom-
mes, afin de voir s'il en est un
intelligent ou cherchant Dieu.
4. Tous se sont détournés, tous
ensemble sont devenus inutiles ;
il n'en est pas qui fassent le bien;
il n'en est pas méme un seul.
5. Est-ce qu'ils ne connaitront
point, tous ceux qui opérent l'ini-
quité, qui dévorent mon peuple
comme un morceau de pain?
LES PSAUMES.
[PS. Lir. |
6. Ils n'ont pas invoqué le Sei-
gneur, ils ont tremblé de frayeur
là où n'était pas la crainte.
Parce que Dieu a dispersé les
os de ceux qui plaisent aux hom-
mes ; ils ont été confondus, parce
que le Seigneur les ἃ méprisés.
7. Qui fera sortir de Sion le sa-
lut d'Israël? Lorsque Dieu aura
ramené la captivité de son peu-
ple, Jacob exultera : Israël sera
dans l'allégresse.
PSAUME LIII
(Hésr., LIV).
David, pressé par ses ennemis, invoque
le secours du Seigneur avec un cœur
plein de confiance en sa bonté.
1. Pour la fin dans les cantiques, in-
telligence à David.
2. Lorsque les habitants de Ziph furent
venus et eurent dit a Saül : Est-ce que
David n'est pas chez nous?
3. Dieu, sauvez-moi par votre
nom, et jugez-moi par votre
puissance.
4. Dieu, exaucez ma priere,
prétez l'oreille aux paroles de ma
bouche.
Ps. LII. 1. Ps. xri, 1. — 3. Ps. xri, 2. — 4. Rom., ur, 12,
1. Ce psaume, à quelques légères différences près, n'est que le XIIIe, avec lequel
on peut le comparer. — Intelligence à David. Voy. le titre du Ps. τι (Hébr., Lu).
1. L'insensé se met souvent dans la Bible pour l'impie.
5. Est-ce qu'ils ne connaitront point, etc. Voy. Ps. xut, 4.
6. Dieu a dispersé les os; a détruit, anéanti les forces. — Qui plaisent; qui cher-
chent à plaire.
7. Qui fera sortir de Sion, etc. Voy. Ps. xut, 7.
1. Intelligence de David. Voy. le titre du Ps. τι (Hébr., Lu). — * Le titre hébreu
porte : > Au chef de chœur. Avec accompagnement d'instruments à cordes (NeginótA).
Poème didactique (Maskil). »
2. Ce fait avec tout ce qui s'y rattache est raconté au premier livre des Rois (xx,
49 et suiv.; xxvi, 1 et suiv.).
3-5. * Plaintes du Psalmiste.
3. Votre nom. Voy. pour la vraie signification de ces mots, Ps. v1, 11. — Jugez-moi;
etc. Usez de votre puissance pour juger entre Saül et moi; et punissez les Ziphéens,
qui, le plus injustement du monde, m'ont trahi et découvert à mon adversaire. Re-
marquons, en passant, que le verbe hébreu, qui signifie prinutivement juger, ex-
prime aussi quelquefois les effets du jugement, punir, chátier.
[Ps. τιν.
5. Parce que des étrangers se
sont élevés contre moi, et des
ennemis puissants ont cherché
mon âme; ils n'ont pas mis Dieu
devant leurs yeux.
6. Mais voilà que Dieu vient à
mon aide; et le Seigneur est le
soutien de mon àme.
7. Tournez les maux du côté de
mes ennemis; et par votre fidé-
lité dans les promesses, extermi-
nez-les.
8.Je vous offrirai, volontaire-
ment, un sacrifice; je louerai
votre nom, parce qu'il est bon.
9. Parce que vous m avez retiré
de toute tribulation, et que sur
mes ennemis, mon œil a jeté un
regard de mépris.
PSAUME LIV
(Hésr., LV).
David, exposé à un grand danger, de-
mande les ailes dela colombe pour se
sauver. 1] décrit la fourberie de ses
ennemis. Il mettoute sa confiance dans
le Seigneur, et prédit la perte de ceux
quile persécutent. Les Péres font l'ap-
plication de ce psaume à Jésus-Christ,
irahi par Judas et livré aux Romains
par les Juifs, et à l'Eglise chrétienne,
LES PSAUMES.
1167
persécutée au dehors par les païens et
trahie par les hérétiques.
1. Pour la fin, dans les cantiques, in-
telligence à David.
2. Exaucez, ὃ Dieu, ma prière, et
ne méprisez pas ma supplication.
3. Portez votre attention sur
moi, et exaucez-moi.
J'ai été contristé dans ma mé-
ditation : et j'ai été troublé
4. À la voix d'un ennemi et à
cause de l'oppression du pécheur.
Parce qu'ils ont détourné sur
moi des iniquités; et par colère
ils me tourmentaient.
ὃ. Mon cœur ἃ été troublé au
dedans de moi; et la frayeur de
la mort est tombée sur moi.
6. Une crainte et un tremble-
ment sont venus sur moi; et des
ténèbres m'ont couvert.
1. Et j'ai dit: Qui me donnera
des ailes comme les ailes d'une
colombe, et je m'envolerai, et je
me reposerai?
8. Voilà que je me suis éloigné
en fuyant : et j'ai demeuré dans
le désert.
9. J'attendais celui qui m'a
5. Des étrangers. Quoique de la tribu de Juda, comme David lui-même, les Ziphéens
méritaient le titre d’éérangers ou ennemis, selon l'ancien langage biblique. à cause
de leur infidélité envers lui. Cette explication n'est pas opposée à celle des inter-
prètes qui prétendent qu'il y avait beaucoup d'étrangers à la nation israélite, dans
l'armée de Saül. — Ont cherché mon âme. Voy. Ps. xxxiv, 4.
6-9. * Confiance dans la protection divine.
1. Tournez les maux, etc. Ce ne sont ici ni des imprécations, ni des invectives,
mais bien une sorte de prophétie de ce qui doit arriver aux méchants, ou des arréts
prononcés eontre eux par l'esprit de Dieu méme. Voy. pag. 339,340, ce que nous avons
dit sur ces sortes d'expressions répandues dans les psaumes.
1. * On lit dans l'hébreu : > Au chef de cbeeur. Avec accompagnement d'instruments
à cordes (Neginôth). Psaume didactique (Maskil). » — Ce psaume est, comme le Ps. xr,
du temps de la révolte d'Absalom. L'ami qui l'a trahi est Achitophel, figure de Judas
Iscariote.
1. D'une colombe. Le mot columbz de la Vulgate est au génitif, comme le prouve
le texte des Septante; et par conséquent la traduction, comme à (a colombe, est fondée
sur une fausse analyse.
8. Dans le désert. Lorsque David fuyait devant son fils Absalom, révolté contre lui,
il se retira dans le désert au delà du Jourdain. Voy. lI Hois, xv et suiv. :
1108
sauvé d'un abattement d'esprit
et d'une tempéte.
10. Précipitez - les, Seigneur,
divisez leurs langues ; parce que
jai vu liniquité et la discorde
dans la cité.
41. Jour et nuit l'iniquité l'en-
vironnera sur ses murs : le tra-
vail est au milieu d'elle,
12. Ainsi que l'injustice.
L'usure n'a pas fait défaut
dans ses places publiques, ni la
fraude.
13. Car si 060) été mon en-
nemi qui m'eüt maudit, je l'au-
rais supporté certainement.
Etsi celui qui me haissait avait
parlé contre moi avec hauteur, je
me serais, sans doute, caché de
lui.
14. Mais c'est toi, homme qui
vivais avec mol dans un méme
esprit, mon guide et mon fami-
lier,
15. Qui partageais avec moi
les doux mets de ma table; nous
avons marché dans la maison du
Seigneur avec un parfait accord.
16. Vienne la mort sur eux ; et
uES PSAUMES.
FLY. Ln]
(PS. LiV.]
qu'ils descendent dans l'enfer
tout vivants :
Parce que la méchanceté est
dans leurs demeures, au milieu
d'eux.
17. Mais moi, j'ai crié vers
Dieu, et le Seigneur me sauvera.
18. Le soir, et le matin, et à
midi, je raconterai et j'annonce-
rai ses miséricordes, etil exaucera
ma voix.
19. 1] rachétera en paix mon
âme de ceux qui s'approchaient
de moi; car ils étaient en grand
nombre avec mol.
20. Dieu »vexaucera, et les hu-
miliera, lui qui est avant les
siecles.
Car il n'y a pas de changement
en eux, et ils n'ont pas craint Dieu.
21. Il a étendu sa main en leur
rendant selon leurs mérites.
Ils ont souillé son alliance,
22. Ils ont été dissipés par la
colere de son visage; et son cœur
s'est approché contre eux.
Ses discours sont plus doux
que l'huile; mais ils sont en
méme temps des javelots.
10. Précipitez-les, ete. Voy. les Observat'ons préliminaires, p. 339, 340; et Compar.
II Rois, xv,3! et suiv.— La cité; peut-être la ville d'Hébron, où la révolte d'Absalom
commença; peut-être encore Jérusalem, où David n'ignorait pas qu'Absalom avait
un trés grand nombre de partisans.
14. * Mon guide, mon conseiller. Il s'agit d'Achitophel.
15. * Avec un parfait accord. Daus l'original : avec (a multitude qui allait à la mai-
son du Seigneur. David veut dire qu'Achitophel était comme un autre lui-même, dont
il ne se séóparait jamais, ni à table, ni dans les actes de culte qu'il rendait à Dieu,
16. Vienne la mort, etc. Voy. les Observations préliminaires, p. 339, 340.
18. Le soir, ete. Le jour chez les Hébreux commencait le soir; et ils priaient trois
fois le jour; régle qu'observait exactement le prophéte Daniel, méme pendant la
captivité. Voy. Daniel, vr, 10.
19. JL rachèlera, ete.; phrase elliptique, ou comme on dit en termes de grammaire
hébraïque, construction prégnaute dont le sens complet est : En me donnant la paix,
il ine délivrera de ceux qui s'approchaient dans des vues hostiles. — Avec moi; contre
moi. Dans le style de l'Ecriture, la particule avec signifie souvent en opposihon, contre.
22. Ses discours. Ce sont, selon les uns, les discours de Dieu, nommé au vers. 20,
et selon les autres, les paroles flatteuses qu'Absalom adressait tous les matins à la
porte du palais, aux Israélites, pour gagner leurs cœurs, et se frayer ainsi un chemin
à la royauté,
Les. Lv.]
93. Déposez vos soins dans le
sein du Seigneur, et lui-méme
vous nourrira; il ne laissera pas
éternellement le juste dans l'a-
gitalion.
24. Mais vous, ὃ Dieu, vous les
conduirez dans un puits de des-
truction.
Les hommes de sang et trom-
peurs n'arriveront pas à la moitié
de leurs jours : mais moi, j'espé-
rerai en vous, Seigneur.
PSAUME LV
(HÉnn., LVI).
David expose à Dieu les maux qu'il
souffre de la part de ses ennemis. Il
espère dans le secours du Seigneur, et
lui rend gráces de l'avoir exaucé et
délivré.
Pour la fin.
1. Pour le peuple qui a été éloigné des
saints (ou des choses saintes); par Da-
vid, pour une inscription de titre, lorsque
les Allophylles (étrangers) le retinrent
dans Geth.
LES PSAUMES.
1169
9. Avez piuë de moi, ὃ Dieu,
parce qu'un homme m'a foulé
aux pieds : tout le jour m'atta-
quant, il m'a tourmenté.
3. Mes ennemis m'ont foulé aux
pieds tout le jour; parce qu'ils
sont nombreux, ceux qui com-
battent contre moi.
4. Des la hauteur du jour, je
viendrai; mais j'espérerai en
vous.
ὃ. En Dieu je louerai mes dis-
cours, en Dieu j'ai espéré; je ne
craindrai pas ce que pourra me
faire la chair.
6. Tout le jour ils exécraient
mes paroles: c'est contre moi
que toutes leurs pensées s'ezer-
caient au mal.
Ils habiteront prés de moi et .ד
ils se cacheront; en méme temps,
ils observeront mes pas.
Comme ils ont attendu avec
constance mon àme pour la per-
dre,
Ps. LIV. 93, Matt., νι, 25; Luc, ,זוא 22; I Pierre, v, 1.
94. Un puits de destruction; c'est le tombeau. — De sang; littér. de sangs. Voy.
PEN
1. Par David. Voy. le Ps. xv (Hébr., xvi). — Ce fait avec tout ce qui s'y rattache
est raconté au premier livre des Rois, xxt, xxii et .טנטפ — * Le titre en hébreu signifie:
« Au chef de chœur, (sur l'air de] la colombe muette (ou des térébinthes) du loin-
tain (?) (premières paroles d'un chant connu). De David. Mikthäm. Quand les Philis-
tins (les Allophyles) le tenaient dans Geth. »
2. Un homme; selon les uns, Saül; selon les autres, Achis, roi de Geth, chez qui
David s'était réfugié, pour se soustraire aux persécutions de Saül; mais par qui il
fut chassé comme épileptique, parce qu'il avait contrefait l'insensé, dés qu'il eut su
qu'on l'avait dénoncé à ce prince comme étant le plus grand ennemi des Philistins.
Voy. 1 Rois, xxt.
4. Dés la hauteur du jour; c'est-à-dire en plein jour, lorsque mes ennemis pourront
me découvrir et m'attaquer plus facilement. C'est l'explication la plus simple et la
plus naturelle.
9. Mes discours, comme portent les Septante et la Vulgate, signifient les discours
qui m'ont été adressés, que Dieu m'a fait entendre. Le texte hébreu lit sa parole.
Saint Jérôme et saint Augustin expliquent cette expression par : Les promesses lou-
chant ma délivrance. — La chair; littér. une chair; c'est-à-dire, selon le style de
lEcriture, un mortel, un homme. Compar. les vers. 2 et 11. — * Ce verset forme un
refrain.
1. Près de moi. C'est le vrai sens des Septante et de la Vulgate; ils se posteront,
is se tiendront; ce qui suit autorise parfaitement cette interprétation. — Mes pas;
littér. mon talon. Voy. Ps. xvvur, 6.
AUOT 4
1170
8. Vous ne les sauverez à au-
cun prix : dans votre colere,
vous briserez des peuples.
0 Dieu!
9. Je vous ai exposé ma vie;
vousavezmis meslarmes en votre
présence,
Comme aussi dans votre pro-
messe.
10. Alors mes ennemis seront
rejetés en arriere.
En quelque jour que je vous
aie invoqué, j'ai connu que vous
étes mon Dieu.
11. En Dieu, je louerai une pa-
role; dans le Seigneur, jelouerai
un discours : en Dieu j'ai espéré,
je ne craindrai pas ce que pourra
me faire un homme.
19. Je vous dois, ó Dieu, des
veux que jacquilterai, e£ des
louanges en votre honneur.
13. Parce que vous avez ar-
raché mon àme à la mort, et
mes pieds à la chute, afin que
je me rende agréable devant
Dieu, dans la lumiere des vi-
vants.
LES PSAUMES.
[Ps. Lvi.]
PSAUME LVI
(Hénn., LVII).
David implore le secours du Seigneur
au fort de son affliction. Il lui rend
grâces de l'avoir délivré, et il lui pro-
met de publier ses louanges parmi les
nations. bon
Pour la fin.
1. Ne perdes pas entièrement; par Da-
vid, pour une inscription de titre, lors-
quil s'enfuit de devant la face de Saül
dans la caverne.
2. Ayez pitié de moi, ὁ Dieu,
ayez pitié de moi, parce que mon
âme s'est confiée en vous.
Et à l'ombre de vos ailes, j'es-
pérerai jusqu'à ce que l'iniquité
soit passée.
3. Je crierai au Dieu tres haut,
au Dieu qui m'a fait du bien.
4. Ill a envoyé du ciel, et il m'a
délivré : il a donné en opprobre
ceux qui me foulaient aux pieds.
Dieu ἃ envoyé sa miséricorde
et sa vérité,
ὃ. Et il a arraché mon âme du
milieu des petits des lions : j'ai
dormi tout troublé.
8. Vous briserez des peuples. Le mot peuples n'étant affecté de l'article déterminatif,
ni dans l'hébreu, dans le grec, ne saurait étre légitimement rapporté aux ennemis
partieuliers de David. La phrase exprime une sentence générale.
9. Le sens de ce verset parait étre :
Je vous ai exposé tous mes maux; vous avez
vu mes larmes, et vous en avez été touché, comme vous me l'aviez promis.
41. En Dieu, etc.; c'est-à-dire une parole que Dieu me fera entendre, un discours
qu'il m'adressera selon l'objet de mes louanges. Ceci est une espèce de refrain, Com-
par. le vers. 5.
19. Je vous dois ; littér., selon l'hébreu, sur mot sont; c'est-à-dire sont à ma
charge; c'est aussi le vrai sens de la traduction en moi sont du grec et de la
Vulgate.
13. La lumière des vivants; c'est-à-dire cette vie. Plusieurs Pères l'entendent de
Jésus-Christ, la lumière du monde; d'autres, du bonheur du ciel, opposé aux ténèbres
de cette vie.
1. Dans la caverne ou d'Odollam (I Rois, xx, 1), טס d'Engaddi (Ibid., xxiv, 1-4). —
* En hébreu : « Au chef de chœur. [Sur l'air de] '01 thaschkheth (ne perds pas). De
David. Miklhâäm. »
2. L'iniquité ; c'est-à-dire les efforts et les tentatives des hommes iniques contre
moi.
4. Il a envoyé du ciel; sa main ou son secours. Compar. Ps. xvu, 17. — Sa vérilé;
c'est-à-dire la fidélité dans ses promesses,
[ps. rvn.]
Les fils des hommes, leurs
dents sont des armes et des flè-
ches, et leur langue un glaive
acéré.
6. Elevez-vous au-dessus des
cieux, ὃ Dieu, et que sur toute
la terre éclate votre gloire.
7. Ils ont préparé un lacs pour
mes pieds, et ils ont courbé mon
áme.
Ils ont creusé devant ma face
une fosse, et ils y sont tombés.
8. Mon cœur est prêt, ὁ Dieu,
mon cœur est prêt: je chanterai
et je dirai un psaume.
9. Lève-toi, ὃ ma gloire, lève-
toi, psaltérion, et foi, harpe : je
me lèverai au point du jour.
10. Je vous louerai parmi les
peuples, Seigneur, et je dirai un
psaume en votre honneur parmi
les nations.
11. Parce que votre miséri-
corde s'est élevée jusqu'aux
cieux, et votre vérité jusqu'aux
nues.
12. Soyez exalté au-dessus des
cieux, ὃ Dieu, et que sur toute la
terre éclate votre gloire.
LES PSAUMES,
117
PSAUME LVII
(Hésr., LVIIT).
David s'élève contre les mauvais conseil-
lers qui irritaient Saül contre lui.
Prières et prédictions contre eux. Ils
périront, et tout le monde connaîtra la
justice et la providence du Seigneur.
Pour la fin.
1. Ne perdes pas entièrement; par Da-
vid, pour une inscription de titre.
2. Si c'est bien avec vérité que
vous parlez justice, jugez selon
l'équité, ὃ fils des hommes.
3. Car dans votre cœur vous
opérez des iniquités : sur la terre
vos mains travaillent avec art
des injustices.
4. Les pécheurs se sont égarés
dés leur naissance; ils ont erré
dès le sein de leur mère : ils ont
dit des choses fausses.
9. Leur fureur est semblable à
celle d'un serpent, à celle d'un
aspic sourd qui bouche ses oreil-
les,
6. Qui n'écoutera pas la voix
des enchanteurs, et d'un magi-
cien qui charme habilement.
6. Elevez-vous, etc. Ceci, selon la remarque des Pères, s'explique très bien de l'As-
cension de Jésus-Christ. — * Ce verset forme refrain.
1. Ils ont courbé mon âme; c'est-à-dire ils l'ont fait fléchir sous le poids des maux
qu'ils lui ont causés.
9. Ma gloire signifie probablement mon âme; seloëd'autres, mes instruments ; sui-
vant saint Athanase, mon esprit de prophétie.
12. * Refrain final.
1. * En hébreu : > Au chef de chœur. [Sur l'air de] 'a/ thaschkhelh (ne perds pas).
De David. Mikthám. » — Composé probablement pendant la révolte d'Absalom. -—
Le langage est vif, les images fortes et relativement plus multipliées que dans aucun
autre psaume, quelquefois à peine indiquées, d’où une certaine obscurité.
2-3. * Apostrophe aux juges qui violent la justice.
4-6. * Tableau des méchants qui sont incorrigibles.
5-6. D'un aspic sourd, etc. Le Palmiste veut dire simplement que les enchantements
ne font pas plus d'effet sur l'aspie que s'il était réellement sans oreilles ou qu'il les
bouchát. 11 est incontestable par toute l'antiquité que les magiciens possédaient l'art
d'enchanter les serpents, et par ce moyen de les empécher de piquer. C'est pourquoi
lorsque l'Ecriture veut parler de serpents redoutables, elle les appelle des serpents
qui ne se laissent point enchanter, ou qui sont sourds à la voix des enchanteurs,
Compar. Ecclésiaste, x, 11; Jérém., viu, 11.
7. Dieu brisera leurs dents
dans leur bouche; 11 mettra en
poudre les molaires des lions.
8. Ils seront réduits à rien
comme une eau qui passe: il a
tendu son arc jusqu'à ce qu'ils
iombent sans force.
9. Comme la cire qui fond, ils
seront détruits : un feu est tombé
d'en haut sur eux, et ils n'ont
pas vu le soleil.
10. Avant que vos épines sen-
tent le buisson, Dieu, dans sa
colère, les engloutira comme
tout vivants.
11. Le juste se réjouira, lors-
qu'il aura vu la vengeance : il la-
vera ses mains dans le sang du
pécheur.
12. Et l'homme dira : S'il est
réellement un avantage pour le
juste, il est réellement un Dieu
qui juge les hommes sur la terre.
LES PSAUMES.
[Ps. Lvur.]
PSAUME LVIII
(Βέβε., LIX).
David représente à Dieu l'injustice et la
violence de ses persécuteurs. ll en pré-
dit le châtiment, et il annonce les
louanges qu'il rendra au Seigneur pour
les secours qu'il espère récevoir de sa
bonté. On remarque aisément dans ce
psaume des prophéties trés claires de
la vocation des Gentils, de la dispersion
et de la réprobation des Juifs, et, en-
fin, de leur retour à l'Eglise chrétienne.
Pour la fin.
1. Ne perdes pas entièrement; par Da-
vid, pour une inscription de titre, quand
Saül envoya des gens et fit garder sa
maison afin de le tuer )1 Rois, אנא 11).
2. Arrachez-moi à mes ennemis,
ó mon Dieu; et délivrez-moi de
ceux qui s'insurgent contre moi.
3. Délivrez-moi de ceux qui
opèrent l'iniquité; et sauvez-moi
des hommes de sang.
4. Car voilà qu'ils ont pris
1-12. * Prière à Dieu pour qu'il anéantisse les méchants comme des bêtes mal-
faisantes (vers. 7-10) et pour que le juste triomphe de leur ruine (vers. 11-12).
7l. Les molaires des lions, selon la Vulgate et les Septante; mais 11 est plus probable
qu'il faut l'entendre des dents canines; d'abord, dans les lions et les autres carni-
vores, ce ne sont point les dents molaires qui sont le plus à craindre; en second
lieu, la paraphrase chaldaique, la version syriaque et une des versions arabes portent
dents de devant. — Les termes molaires et lions, n'étant point déterminés par l’article,
dans le texte hébreu, comme ils le sont dans la version grecque, la phrase exprime
une sentence générale. Compar. Ps. Lv, T.
10. Avant que vos épines sentent le buisson ; hébraisme, pour avant que vos épines
parviennent à l'état de buisson; c'est-à-dire d'arbrisseau; avant qu'elles aient atteint
leur développement; ce qui signifie, que Dieu fera disparaitre en peu de temps les
ennemis de David.
11. Le juste, etc. Voy. Observations préliminaires, p. 339, 340.
1. * Titre hébreu : > Au chef de chœur. [Sur l'air de] 'al thaschkheth (ne perds pas).
Mikthám. » Saül, avant de donner l'ordre de garder la maison de David et de le tuer
le matin, cherchait à s'en débarasser secrétement. Les valets de la cour, race vénale
et malveillante pour le vainqueur de Goliath, étaient préts à seconder les desseins
du roi. David avait remarqué dans Gabaa une certaine agitation, le va-et-vient qui
en était résulté le soir, quand ces scélérats parcouraient la ville pour le rencontrer
et le frapper. De là les angoisses de David, la répétition dela description des versets
7 et 15, sa joie quand arrive le matin et sa reconnaissance envers Dieu. Le psaume
est composé avec beaucoup d'art. Il renferme deux parties, vers. 2-10; 11-18. La
το partie peint le trouble et l'inquiétude de David, la 2e ses angoisses calmées, 88
colère et ses espérances.
3. De sang; littér. de sangs. Voy. Ps. v, 1.
4. Mon ame; c'est-à-dire moi. Voy. Ps. vit, 2,
[Ρ5. Lvm.]
mon âme; des forts ont fondu
sur moi.
5. Ni mon iniquité ni mon pé-
ché, Seigneur, n'en ont été cause;
cest sans iniquité que j'ai couru
et que j'ai dirigé mes voies.
6. Levez-vous au-devant de
moi, et voyez, Seigneur Dieu des
armées, Dieu d'Israél.
Songez à visiter toutes les na-
tions ; ne faites miséricorde à au-
cun de ceux qui opèrent l'ini-
LES PSAUMES.
1173
vous rirez d'eux; vous réduirez
au néant toutes les nations.
10. Je garderai pour vous ma
force; parce que, ὃ Dieu, vous
étes mon soutien.
11. Mon Dieu! sa miséricorde
me préviendra.
19. Dieu me montrera le sort
de mes ennemis : ne les tuez
point, de peur que mon peuple
n'oublie Jeux châtiment.
Dispersez-les par votre puis-
sance et faites-les déchoir, ὃ mon
protecteur, ὃ Seigneur!
13. A cause du crime de leur
bouche et du discours de leurs
lèvres; et qu'ils soient pris dans
leur orgueil.
Et ils seront. dénoncés publi-
quement pour leurs malédictions
et leurs mensonges,
14. À leur consommation, à la
quité.
7. Ils reviendront vers le soir,
et ils seront affamés comme des
chiens, et ils tourneront autour
de la ville.
8. Voici qu'ils parleront dans
leur bouche; et un glaive est sur
leurs lèvres, en disant : Qui nous
a entendus?
9. Mais vous, Seigneur, vous
7. * Refrain. — I/s reviendront vers le soir, et ils seront affamés comme des chiens et
ils tourneront autour de la ville. Tous ces traits sont topiques et trés caractéristiques.
« Dans toutes les villes de la Palestine et de la Syrie, on rencontre les chiens par
bandes, par petits groupes, en famille. Ce sont des chiens-loups, au poil jaune, au
museau de renard, à l'air rusé, mais faux et méchant. Le jour ils sont muets, étendus,
au repos et dorment dans les rues [qui leur servent de domicile, car ils n'ont point
de maîtres]. Mais aprés le coucher du soleil, ils s'éveillent [affamés] et se mettent
en campagne. Alors ce sont, toute la nuit, des jappements, des hurlements épouvan-
tables, des cris sauvages de rage, de fureur; ils parcourent les rues, se jettent sur
tout ce qui peut étre pour eux un aliment, et se disputent avec férocité les moindres
détritus. » (E. Guisour, Jérusalem, 1889, p. 188.)
8. Ils parleront dans leur bouche; ils murmureront. — En disant; c'est le vrai sens
de la particule hébraïque, rendue dans la Vulgate par puisque (quoniam).
10. Pour vous ; c'est-à-dire pour vous louer, pour vous célébrer. — * Refrain terminant
la première partie du psaume.
14. Sa miséricorde; est pour votre miséricorde. Aprés une interpellation, les Hé-
breux employaient assez souvent la troisième personne au lieu de la seconde.
12. Ce verset est très diversement expliqué; nous avons choisi l'interprétation qui
nous ἃ paru la plus conforme au contexte. Ainsi, le Psalmiste veut dire : Ne les
frappez point d'une mort prompte; mais faites-leur porter longtemps le poids de
votre colère, afin que mon peuple n'oublie jamais les effets de votre vengeance, et
qu'il apprenne à vous craindre et à mettre en vous son espérance.
13. A cause. La plupart des commentateurs supposent que cette particule, exprimée
d'ailleurs dans le chaldéen, est sous-entendue dans les Septante et dans la Vulgate,
et qu'elle régit les mots crime et discours, qui sont à l'accusatif dans ces deux der-
nières versions; mais quelques-uns font dépendre l'aecusatif du verbe précédent :
sentiment qui peut étre fondé.
14. A leur consommation; c'est-à-dire au jour de leur ruine. — A /a colére de leur
consommation; au jour de la colère divine qui les consumera. |
1174
colère de leur consommation, et
ils ne seront plus.
Et ils sauront que Dieu domi-
nera dans Jacob, et jusqu'aux
extrémités de la terre.
15. Ils reviendront vers le soir,
et ils seront affamés comme des
chiens; et ils tourneront autour
de la ville.
16. lls se disperseront pour
manger : mais s'ils ne sont pas
rassasiés, ils murmureront.
11. Pour moi, je chanterai votre
force; et je célébrerai dans des
transports de joie, dés le matin,
votre miséricorde,
Parce que vous étes devenu
mon soutien et mon refuge au
jour de ma tribulation.
18. O mon aide, je vous célé-
brerai, parce que vous étes mon
Dieu, mon soutien; mon Dieu,
ma miséricorde.
PSAUME LIX
(Hésr., LX).
David se plaint à Dieu de ce qu'il a livré
son peuple à ses ennemis. 1] espére
LES PSAUMES.
[Ps. rix.]
qu'après l'avoir ainsi châtié, il voudra
bien de nouveau le protéger.
Pour la fin,
1. Pour ceux qui seront changés, pour
une inscription de titre par David lui-
méme, pour la doctrine,
2. Lorsqu'il brüla la Mésopotamie de
Syrie et Sobal, et que Joab, étant revenu,
frappa l'Idumée dans la vallée des Sa-
lines, par la défaile de douxe mille
hommes.
3. O Dieu, vous nous avez
rejetés, et vous nous avez dé-
truits; vous avez été irrité; et
ensuite vous avez eu pitié de
nous.
4. Vous avez ébranlé la terre,
et vous l'avez bouleversée; répa-
rez ses brisures, parce qu'elle a
été ébranlée.
5. Vous avez montré à votre
peuple des chátiments rigoureux;
vous nous avez fait boire du vin
de componction.
6. Vous avez donné à ceux qui
vous craignent un signal, afin
qu'ils fuient à la face de l'arc :
Afin que vos bien-aimés soient
délivrés.
45. * Refrain. Voir vers. T.
46. Ils murmureront; littér. et ils murmureront. Le mot et indique ici uniquement
le commencement de l'apodose; s'il devait se rendre en francais, ce serait par alors,
dans ce sens, cela supposé.
18. * Méme refrain que vers. 10.
4. Par. Voy. le Ps. xv (Hébr., xvi).
1-9. * Titre hébreu : « Au chef de chœur. Sur [l'air de] schouschan 'édouth (le lis du
témoignage). Mikthám. De David. Pour étre enseigné (comme l'élégie sur la mort de
Saül et de Jonathas, 11 Rois, τ, 18). » Les paroles : Lorsqu'il brála, etc., indiquent
d'une manière générale l'époque de la composition du psaume. Il fut fait avant la
victoire de la vallée des Salines, à un moment où la Palestine du sud était maltraitée
parles Iduméens à qui le roi n'avait pas de troupes suffisantes à opposer. — Le
psaume cvn, 7-14, est la reproduction de 1x, 1-15.
2, Les faits historiques mentionnés dans ce titre, et qu’on lit en grande partie dans
II Rois, vim, 13; x, 16, 19; III Rois, xr, 15, 16; I Paral., xvii, 12; xix, 19, offrent plu-
sieurs difficultés ; on peut les voir exposées et expliquées dans les commentateurs.
3-1. * Plaintes et prière d'Israél opprimé par les Iduméens.
3. Vous avez montré. Voy. Ps. xix, 23. — Du vin de componction; c'est-à-dire du
vin de douleur qui nous a fait ressentir de vifs remords de vous avoir offensé.
6. Un signal, pour se sauver et pour se mettre à couvert des fléches de leurs enne-
mis.Le Psalmiste semble faire allusion à ce qui se pratiquait en temps de guerre
{Ps. 1% .[
7. Sauvez-moi par votre droite,
et exaucez-moi.
8. Dieu a parlé dans son sanc-
tuaire : Je me réjouirai, et je
partagerai Sichem, et je mesure-
rai la vallée des tabernacles.
9. A moi est Galaad, et à moi
est Manassé, et Ephraim est la
force de ma téte.
Juda est mon roi ;
10. Moab est le vase de mon
espérance.
Jusque dansl'Idumée j'étendrai
LES PSAUMES.
1175
qui nous avez rejetés? et ne sor-
lirez-vous point, 6 Dieu, à la tête
de nos armées?
13. Donnez-nous du secours,
pour nous tirer de la tribulation,
parce que vain est le salut de
l'homme.
44. En Dieu nous ferons preuve
de valeur; et lui-méme réduira
au néant ceux qui nous tourmen-
tent.
PSAUME LX
(Hésn., LXI).
mes pas; des étrangers me sont
devenus amis.
11. Qui me conduira dans une
ville fortifiée? qui me conduira
jusque dans l'Idumée?
12. Ne sera-ce pas vous, ó Dieu,
David invoque le secours du Seigneur
avec cette ferme confiance que lui ins-
pire la puissante protection dont il l'a
toujours honoré.
Pour la fin,
1. Dans les hymnes de David.
chez les Hébreux. On dressait sur les montagnes des espéces de máts; et en cas d'a-
larme et d'irruption des ennemis, on élevait un signal au haut de ce bois, afin que
16 peuple püt se sauver dans les montagnes et dans les autres lieux de sûreté.
Compar. Isaie, v, 26; xi, 12; xvm, 3; xxx, 17; xxxur, 23.
8-10. * Discours de Dieu annoncant la défaite de tous les ennemis de son peuple.
8. Dans son sanctuaire; selon d'autres dans son saint ou par son saint; c'est-à-dire
David lui-méme ou Jésus-Christ. — Je partagerai, etc. Partager et mesurer un terrain,
signifient s'en rendre maitre. — * Sichem. Voir la note sur Genèse, xi, 6.
9. Galaad, désigne le pays situé au delà du Jourdain. — Manassé et Ephraim sont
mis pour toutes les autres tribus qui furent si longtemps séparées de Juda. —
Ephraim est la force de ma téte; en ce qu'elle me fournit l'élite de mes troupes, les
capitaines les plus vaillants et les plus expérimentés. — * Juda est mon voi. La tribu
de Juda domine partout.
10. Moab, etc. Quelquefois, dit D. Calmet, on jetait les sorts au fond d'un vase
plein d'eau. Le sort qui venait le dernier était le meilleur. Moab est le bon lot qui
m'est venu, et qui a été tiré du fond du vase. Selon d'autres interprétes, le Psalmiste
qualifie ainsi Moab, parce que c'était une province fertile et abondante. Le texte
hébreu porte : Moab est le vase oit je me lave; ce qui marque l'assujettissement et
l'avilissement des Moabites. Mais les Septante et Symmaque ont lu comme la Vul-
gate. — Mes pas; littér. ma chaussure. — Des étrangers; c'est-à-dire les Philistins
qui avaient émigré dans la Palestine, et dont le pays est expressément nommé ici
dans le texte hébreu. —* Moab, designe le pays à l'est de la mer Morte, habité par
les descendants de Loth. — 1/10/0060, au sud de la Palestine, était très forte, à cause
deses montagnes.
11-14. * Priére pour obtenir la victoire contre les Iduméens.
11. Une ville fortifiée; Bosra, vilie forte dz ‘’Idumée, selon la plupart, et dont il est
parlé, Isaïe, Lx, 1. — * La ville fortifiée est plutôt Pétra, la capitale de l'Idumée.
Voir la note sur IV Rois, xiv, 7.
13. Pour nous lirer. Ces mots sont évidemment sous-entendus ; l'expression de La
tribulation, qui, d'ailleurs, ne saurait dépendre de donnez-nous du secours, en est le
complément. Voyez ce que nous dit sur ce genre de construction dans les Observ.
préliminaires, p. 342.
1.* Prière de David éloigné de Jérusalem pendant la révolte d'Absalom. Titre
1170
9. Exaucez, ὁ Dieu, ma suppli-
caliori ; soyez attentif à ma prière.
3. Des extrémités de la terre
jai crié vers vous : tandis que
mon cœur était dans l'anxiété,
vous m'avez élevé sur une pierre.
Vous m'avez conduit,
4. Parce que vous étes devenu
mon espérance; une tour forte à
la face de l'ennemi.
5. J'habiterai dans votre taber-
nacle durant des siècles : je serai
abrité et à couvert sous vos ailes.
6. Parce que vous, mon Dieu,
vous avez exaucé ma priere :
vous avez donné un héritage à
ceux qui craignent votre nom.
1. Vous ajouterez des jours aux
jours du roi; vous lui donnerez
des années jusqu'au jour d'une
génération et d'une génération.
8. Il demeurera éternellement
en la présence de Dieu; qui re-
LES PSAUMES.
[Ps. Lxi.]
cherchera la miséricorde et la vé-
rité de Dieu?
9. Ainsi je dirai un psaume à
la gloire de votre nom dans les
siecles des siecles; afin de m'ac-
quitter de mes vœux de jour en
jour.
PSAUME LXI
(Hésr., LXII).
David s'excite lui-méme, et tous ceux
qui suivent son parti, à mettre toute
sa confiance en Dieu, et à se soumettre
entièrement à lui.
Pour la fin.
1. Pour Idithun, psaume de David.
9. Est-ce que mon âme ne sera
pas soumise à Dieu? car c'est de
lui-méme que vient mon salut.
3. Car lui-même est mon Dieu
et mon sauveur, mon soutien, je
ne serai plus ébranlé.
4. Jusques à quand fondrez-
vous sur un homme? chercherez-
hébreu :
« Au chef de chœur. Avec accompagnement d'instruments à cordes
(Neginóth). De David. » — Composé par David fugitif, pendant la révolte d'Absalom,
à Mahanaim (Vulgate : Castra), 11 Rois, xvii, 24, ou en quelque autre endroit du pays
de Galaad.
2-4. * Prière de David fugitif pour que Dieu le soutienne et le conduise.
3. Une pierre; un rocher haut et inaccessible.
4. Une tour forte; littér. et par hébraisme, une tour de force. En hébreu, en effet,
un adjectif est souvent remplacé par un substantif mis au génitif.
5-6. * Dieu est la force de David; il désire habiter toujours prés du Tabernacle,
prés de celui qui lui a donné son héritage.
1. D'une génération et d'une génération, hébraisme, pour plusieurs, un grand
nombre de générations. Suivant la paraphrase chaldaique et les anciens rabbins, les
expressions du texte ne peuvent étre exactement vérifiées que dans la personne du
Messie.
1-9. * Que Dieu donne de longs jours au roi, qu'il le garde, et il le remerciera par
ses chants.
8. Recherchera, sondera, approfondira.
1. Idithun. Voy. le titre du Ps. xxxvii. — * Composé pendant la révolte d'Absalom.
2-3. * Acte de confiance en Dieu.
2. Est-ce que mon âme, etc. David, sentant s'élever dans son cœur des sentiments
de vengeance contre ses ennemis, cherche à les réprimer par ces paroles.
4-5. * Projets des ennemis de David contre sa personne.
4. Chercherez-vous à détruire? littér. et par hébraisme, {uez-vous, détruisez-vous? —
A une muraille et à un mur, sont au datif dans la Vulgate et dans les Septante, sans
doute pour in parielem, in maceriam, comme complément du verbe irruitis précé-
dent, dont le premier régime est in ^ominem. Il y a dans la Bible plus d'un exemple
de ce genre de construction, / ὃ
[Ps. rxir.]
vous tous ensemble àle détruire,
comme vous feriez à une muraille
qui penche, et à un mur sec qui
s'écroule?
5. Car ils ont songé à me dé-
pouiller de ma dignité : j'ai couru
dans ma soif. De leur bouche ils
me bénissaient, et de leur cœur
ils me maudissaient.
6. Cependant, sois soumise à
Dieu, ὃ mon àme, puisque de lui
vient ma patience.
7. Parce que lui-même est mon
Dieu et mon sauveur : mon aide,
je n'émigrerai pas.
8. En Dieu est mon salut et ma
gloire : il est le Dieu de mon se-
cours, et mon espérance est en
Dieu.
9. Espérez en lui, vous tous qui
composez l'assemblée de son peu-
ple; répandez devant lui vos
cœurs : Dieu est notre aide pour
l'éternité.
10. Mais les fils des hommes
sont vains ; les fils des hommes
LES PSAUMES.
1177
sont faux dans /eurs balances;
afin de tromper ensemble par
vanité.
11. Gardez-vous bien d'espérer
dans liniquité, et gardez-vous
bien de désirer des rapines : si
les richesses vous affluent, gar-
dez-vous bien d'y attacher votre
cœur.
12. Dieu a parlé une fois, j'ai
entendu ces deux choses : que la
puissance est à Dieu,
43. Et à vous, Seigneur, la mi-
séricorde : que vous rendrez à
chacun selon ses œuvres.
PSAUME LXIl
(Hésr., LXIII).
David représente vivement dans ce
psaume la soif ardente qu'il avait pour
Dieu, le désir de revoir son taber-
nacle, et la confiance en sa puissante
protection.
Psaume de David.
1. Lorsquil était dans le désert de l'Idu-
mée (I Rois, xxu, 5)
2. Dieu, mon Dieu, je veille et
Ps. EXE. 13. Matt., xvr, 21; Rour., 15 6; 1 Cor.; ur, 8; Gal, vr, 5.
6-8. * Nouvel acte de confiance en Dieu.
9-11.* Discours au peuple pour qu'il mette son espoir en Dieu, évite le mal et
fasse le bien.
10. Fauz dans leurs balances; c'est-à-dire se servent de faux poids; ce qui peut
s'entendre des jugements faux et trompeurs que l'on porte, des injustices diverses
que l'on commet, des préjugés injustes que l'on concoit contre son prochain. Com-
par. le livre des Proverb., xr, 1; xx, 10.
12-13. * Dieu mettra ordre à tout : il a la puissance et la justice et il rendra à
chacun selon ses œuvres. — Dieu a parlé une fois à son peuple, en lui donnant la
loi sur le mont Sinai; mais il lui découvrit alors deux grandes vérités que David
avait bien retenues; savoir que Dieu est également puissant et miséricordieux, et
qu'il rend à chacun selon ses œuvres. Compar. Ezod., xx, 5-6.
1. * Prière de David dans le désert de Juda, pendant la persécution de Saül. Les
éditions ordinaires des Septante et la Vulgate portent Idumée au lieu de Juda, mais
cest cette derniére lecon, qu'on lit dans plusieurs manuscrits et dans Euthymius,
qui est la vraie. — Ce psaume est une prière que David adresse à Dieu le matin, et
c'est pour ce motif que l'Eglise le/fait réciter à Laudes, qu'on chante le matin. Il a été
déjà employé par la primitive Eglise comme priére du matin. — Obligé de se réfugier
dans un désert aride pour échapper à la colére de son ennemi, le Psalmiste réclame
pou lui la protection de Dieu, et pour ceux qui le persécutent le châtiment qui leur
est dû.
2. La lumière du jour, ou l'aurore, comme porte le texte hébreu. — Mon âme, etc.
1178
j'aspire vers vous des la lumiere.
Mon âme ἃ eu soif de vous : en
combien de manières ma chair est
pour vous!
3. Dans une terre déserte et
sans chemin, et sans eau, je
me suis présenté devant vous,
comme 6 0818 16 sanctuaire, afin de
voir votre vertu et votre gloire.
4. Parce que votre miséricorde
est meilleure que la vie; mes
lèvres vous loueront.
9. Ainsi je vous bénirai pen-
dant ma vie : et en votre nom je
lèverai mes mains.
6. Que mon àme soit remplie
comme d'une graisse abondante;
et avec des levres d'exultation,
ma bouche vous louera.
7. Si je me suis souvenu de
vous sur ma couche ; [6 méditerai
les matins sur vous,
8. Parce que vous avez été mon
aide.
Et à couvert sous vos ailes, je
serai transporté de joie.
9. Mon àme s'est attachée à
LES PSAUMES.
[Ps. rxur.]
vous ; volre droite m'a soutenu.
10. Pour eux, en vain ils ont
cherché mon âme; ils entreront
dans les parties inférieures de la
terre.
11. Ils seront livrés aux mains
du glaive, ils seront la part des
renards.
19. Mais le roi se réjouira en
Dieu; on louera tous ceux qui
jureront par lui; parce qu'a été
fermée la bouche de ceux qui
disaient des choses iniques.
% " PSAUME LXIIT
(Hésr., LXIV).
David invoque le secours de Dieu contre
ses ennemis. Ille remercie de la pro-
tection qu'il lui a donnée. Il lui repré-
sente la malice de ses persécuteurs, et
il prédit que leurs calomnies retombe-
ront sur eux.
1. Pour la fin, psaume de David.
2. Exaucez, ὃ Dieu, ma prière,
lorsque je vows supplie : de la
crainte d'un ennemi délivrez mon
âme. —
Tout mon étre, mon áme aussi bien que mon corps, ne soupire qu'aprés vous, ne
respire que vous, est entiérement à vous.
3. Dans la lerre déserte, etc., où je me trouve exilé, je vous adore et vous prie
comme si j'étais à Jérusalem dans votre sanctuaire, devant l'arche et le tabernacle.
4. La vie; littér. et par hébraisme, les vies.
5. Je léverai mes mains vers le ciel; c'est-à-dire je prierai. Dans leurs prières, les
Hébreux étendaient ordinairement les mains et les tenaient élevées vers le ciel.
6. D'une graisse abondante; littér. d'une graisse et d'une graisse.
41. Sous le nom de renards (vulpium), la Vulgate désigne ici les chacals, qui
abondent dans la Palestine et qui déterrent les cadavres et les dévorent. Compar.
Juges, Xv, 4. :
42. Qui jureront par lui. L'usage de jurer par la vie du roi était trés commun parmi
les Hébreux. Voy. entre autres passages de l'Ecriture qui le prouvent, 1 Rois, 1, 26;
xx,3; II Rois, xv, 21. — Plusieurs critiques, à cause de ce mot de roi, prétendent
que ce psaume ne peut pas étre du temps de la persécution de Saül, mais de l'époque
de la révolte d'Absalom, etc. Il n'est cependant nullement impossible que David, qui.
avait été sacré par Samuel, prít dès lors le titre de roi, et que ceux qui le suivaient
lui donnassent ce titre et jurassent par lui.
1. * Composé probablement du temps de la persécution de Saül, contre les cour-
tisans qui entouraient ce prince et nuisaient à David par leurs calomnies et leurs
rapports venimeux.
2-6*, * Que Dieu garde David contre les traits 665 1
[Ps. Lxiv.]
3. Vous m avez protégé contre
lassemblée des méchants, et
contre la multitude de ceux qui
operent l'iniquité.
4. Parce qu'ils ont aiguisé leurs
langues comme un glaive : ils
ont tendu /eur arc, chose amère,
5. Afin de lancer des fleches
dans les ténèbres, contre un inno-
cent.
6. Ils les lanceront soudaine-
ment contre lui, et ils ne crain-
dront point : ils se sont affermis
dans un discours pervers.
Ils ont concerté de cacher des
pièges, ils ont dit : Qui les verra?
7. Ils ont cherché avec soin des
iniquités contre 2007 ; ceux qui les
cherchaient ont défailli dans ces
recherches. :
L'homme descendra dans la
profondeur de son cœur;
8. Mais Dieu sera exalté.
Les plaies qu'ils ont faites sont
devenues des flèches de petits
enfants.
9. Et leurs langues ont perdu
leur force, en se tournant contre
eux-mêmes.
LES PSAUMES.
1179
Tous ceux qui les voyaient ont
été troublés,
10. Et tout homme a été saisi
de crainte.
Et ils ont annoncé les œuvres
de Dieu, et ils ont compris les
choses qu'il a faites.
11. Le juste se réjouira dans le
Seigneur, et il espérera en lui, et
tous les hommes droits de cœur
seront loués.
PSAUME LXIV
(HéBR., LXV).
Le Psalmiste prie Dieu de ramener son
peuple captif dans la terre dont il a
été enlevé. Il décrit la fertilité de cette
terre, et il prédit les biens dont il com-
blera son peuple lorsqu'il y sera re-
tourné.
Pour la fin, psaume de David.
1. Cantique* de Jérémie et d'Exéchiel,
pour le peuple émigré, lorsqu'il commen-
cait à sortir.
2. A vous, 6 Dieu, convient un
hymne en Sion; et à vous sera
rendu un vœu dans Jérusalem.
3. Exaucez ma prière : vers
vous, toute chair viendra.
4. Des paroles d'hommes ini-
4. Chose amére (ce sont les propres termes des Septante et de la Vulgate); c'est-à-
dire chose funeste, pernicieuse; le mot hébreu signifie aussi parole; cest le méme
que les Septante et la Vulgate ont rendu par discours au vers. 6.
55-1. * Tableau des coups et des intrigues des caiomniateurs !
1. Ils ont cherché, etc. Pour couvrir leur injustice d'un prétexte d'équité, ils ont
voulu me faire passer pour un homme criminel, mais leurs accusations sont tombées
d'elles-mémes. — L'homme méchant descendra dans la profondeur de son cœur, pour
y chercher les moyens de perdre le juste.
8-11. * Chátiment que Dieu réserve aux calomniateurs.
* Cantique. Ce mot et les suivants jusqu'à la fin du titre ne se lisent ni dans
l'hébreu, ni dans le chaldéen, ni dans le syriaque. On ne les lisait pas non plus dans
les anciens exemplaires des Septante, qui étaient dans les Héxaples d'Origéne; ils
offrent, en effet, des difficultés, touchant lesquelles on peut voir les commentateurs.
1. * De Jérémie et d'Ezéchiel. Cette addition faite par la Vulgate signifie sans doute
que Jérémie et Ezéchiel firent chanter ce psaume de David à leurs fréres. Ce psaume
est un chant de victoire, mais il est impossible de déterminer exactement à quelle
occasion il fut composé. — Il est remarquable par son mouvement lyrique et par la
vivacité des couleurs; quoique quelques-unes de ses tournures soient hardies, il est
généralement clair.
2-6*, * Gloire à Dieu! Heureux celui qui visite son temple!
1180
ques ont prévalu sur nous; mais
vous, vous pardonnerez nos ini-
quités.
9. Bienheureux celui que vous
avez choisi et pris ὦ votre service:
il habitera dans vos parvis.
Nous serons remplis des biens
de votre maison: votre temple
est saint,
6. Admirable par l'équité qui y
regne.
Exaucez-nous, ὃ Dieu, notre
salut, l'espérance de toutes les
extrémités de la terre, et sur la
mer, au loin. |
7. Vous qui disposez les mon-
tagnes par votre force, armé de
puissance ;
8. Qui troublez le profond de
la mer, le bruit de ses flots.
Les nations seront troublées,
9. Et ceux qui habitent les li-
mites de la terre craindront à la
vue de vos miracles: vous réjoui-
rez le matin naissant et le soir.
10. Vous avez visité la terre,
et vous l'avez enivrée : vous
avez multiplié ses richesses.
Le fleuve de Dieu a été rempli
d'eaux, vous avez par là préparé
LES PSAUMES.
[Ps. Lxv.]
la nourriture des hommes; car
c'est ainsi qu'est la préparation
de la terre.
11. Enivrez ses ruisseaux, mul-
tipliez ses productions : dans les
pluies douces elle se réjouira en
produisant.
19. Vous bénirez la couronne
de l'année, objet de votre bonté;
et vos champs seront remplis par
l'abondance des fruits.
13. Les lieux riants du désert
seront engraissés ; et les collines
seront ceintes d'exultation.
14. Les béliers des brebis ont
été revétus d'une riche toison, et
les vallées abonderont en fro-
ment : elles crieront, et elles di-
ront un hymne.
PSAUME LXV
(Hésr., LXVI).
Le Psalmiste invite tous les peuples de
la terre à louer Dieu à la vue des mer-
veilles de sa puissance. Il promet de
s'acquitter des vœux qu'il lui a faits,
et de purifier son cœur de toute attache
au péché.
Pour la fin.
1. Cantique d'un psaume de résurrec-
lion.
65-9. * Puissance de Dieu.
6. De toutes les extrémités, etc.; c'est-à-dire de toutes les nations jusqu'aux extré-
mités les plus lointaines de la terre et de la mer.
9. Le matin naissant; littér. et poétiq. les sorties du matin, lorsque le matin sort.
10-14. * Dieu féconde la terre et nous nourrit.
10. Vous l'avez enivrée; c'est-à-dire arrosée de pluies abondantes. — Le fleuve de
Dieu, ou le fleuve par excellence, le Jourdain, selon les uns; ou les grands fleuves
en général, selon les autres ; le singulier, dans le style biblique, se mettant souvent
pour le pluriel. — Des hommes; littér. d'éuz (illorum), c'est-à-dire des habitants de
la terre, nommés au vers. précédent. — La préparation de la terre; littér. sa prépa-
ration (præparalio ejus); or, le pronom représente certainement ici le mot ferre,
exprimé au vers. précédent. Le sens de cette dernière phrase est donc : Car c'est
ainsi que vous préparez la terre pour la nourriture de ses habitants.
41. Dans les pluies, etc. Le sens est que la terre se réjouira de se voir arrosée par
des pluies bienfaisantes quilui feront produire des fruits en abondance.
14. Les béliers des brebis; c'est-à-dire les béliers qui marchent à la téte des brebis,
comme chefs des troupeaux. — Elles; ce pronom se rapporte à collines du vers. pré-
cédent, aussi bien qu'au mot vallées.
4, Le Psalmiste remercie Dieu d'une délivrance nationale dans la première partie,
PS. LXV.)
Poussez des cris de joie vers
Dieu, ὃ terre tout entière ;
2. Dites un psaume à /’honneur
de son nom : rendez gloire à sa
louange.
3. Dites à Dieu : Que vos œu-
vres sont redoutables, Seigneur!
àla vue de la grandeur de votre
puissance, vos ennemis vous
mentiront.
4. Que toutela terre vous adore
et vous chante; qu'elle dise un
psaume à /a glo?re de votre nom.
5. Venez et voyez les œuvres
de Dieu : il est terrible dans ses
desseins sur les fils des hommes.
6. C'est lui qui a changé la mer
en une terre aride : ils passeront
dans un fleuve à pied sec, là nous
nous réjouirons.
7. C'est lui qui domine éter-
nellement par sa puissance : ses
yeux regardent les nations : que
ceux qui lirritent ne s'élèvent
pas en eux-mémes.
8. Bénissez, ὃ nations, noire
Dieu, faites entendre la voix de
sa louange.
9. C'est lui qui a rendu mon
âme à la vie, et qui n'a pas per-
mis que mes pieds aient chancelé.
LES PSAUMES.
1181
10. Parce que vous nous avez
éprouvés, ó Dieu, vous nous avez
épurés par le feu, comme lar-
gent est épuré.
11. Vous nous avez conduits
dans le lacs, vous avez mis des
tribulations sur nos épaules :
12. Vous avezimposé des hom-
mes sur nos têtes.
Nous avons passé par le feu et
par l’eau ; et vous nous avez con-
duits au lieu de rafraichissement.
13. l'entrerai dans votre mai-
son avec des holocaustes; je
vous rendrai mes vœux,
14. Qu'ont proférés mes lèvres,
Et qu'a exprimés ma bouche
dans ma tribulation.
15. Je vous offrirai des holo-
caustes gras, avec la fumée des
béliers: je vous offrirai des bœufs
avec des boues.
16. Venez et écoutez, vous
tous qui craignez le Dieu Sei-
gneur, et je raconterai quelles
grandes choses il a faites pour
mon àme.
11. C'est vers lui que j'ai crié
de ma bouche, et c’est lui que
j'ai exalté par ma langue.
18. Si jai regardé l'iniquité
1-12, et d'une délivrance personnelle dans la seconde, 13-20, mais on ne sait à quels
faits particuliers il fait allusion.
1-4. * Que tous les peuples de la terre louent Dieu de ses œuvres merveilleuses.
2. Dites; ce pluriel se rapporte à terre, du vers. précédent, laquelle est un nom
collectif, qui se prend pour ses habitants.
3. Vous mentiront; en se soumettant extérieurement à vous, mais cette soumission
sera feinte et trompeuse.
5-1. * Tableau des merveilles que Dieu a opérées.
6. 178 passeront, etc.; allusion au passage de la mer Rouge par les Israélites, sous
]a conduite de Moise.
8-12. * Gloire à Dieu, parce qu'après avoir éprouvé son peuple, il le laisse respirer.
10. Vous nous avez épurés par le feu. Compar. Deulér., 1v, 20, et Daniel, 11, 21.
13-15. * Le vers. 13 commence la seconde partie, qui est personnelle. Le Psalmiste
exécutera le vœu qu'il a fait pendant qu'il était dans l'angoisse.
15. La fumée des béliers; c'est-à-dire de la fumée des chairs brûlées des héliers.
16-20. * Récit fait au peuple du bienfait recu et de la reconnaissance du Psalmiste.
18. Si j'ai regardé, etc.; s'il y a dans mon cœur quelque mauvais dessein, de l'hy-
pocrisie, etc.
4182
dans mon cœur, le Seigneur ne
m'exaucera pas.
19. C'est pour cela que le Sei-
.gneur m'a exaucé, et qu'il a été
attentif à la voix de ma suppli-
' cation.
- 90. Béni le Dieu qui n'a pas
écarté ma priere, ni sa miséri-
corde de moi!
PSAUME LXVI
(HéBr., LXVII).
David prie Dieu de répandre toutes ses
miséricordes et sa lumière sur son
peuple, et de remplir de joie toutes les
nations en envoyant le Sauveur, qu'il
doit leur donner.
Pour la fin.
1. Dans les hymnes, psaume d'un can-
tique de David.
2. Que Dieu ait pitié de nous,
et qu'il nous bénisse; qu'il fasse
briller la lumiere de son visage
sur nous, et quil ait pitié de
nous.
3. Afin que nous connaissions
sur la terre votre voie, e£ votre
salut dans toutes les nations.
4. Que les peuples vous glori-
fient, ὃ Dieu, que tous les peuples
vous glorifient.
5. Que les nations se réjouis-
sent et exultent, parce que vous
jugez les peuples avec équité, et
LES PSAUMES.
[Ps. Lxvir.]
que vous dirigez les nations sur
la terre.
6. Que les peuples vous glori-
fient, ὃ Dieu, que tous les peuples
vous glorifient.
7. La terre a donné son fruit.
Qu'il nous bénisse, Dieu, notre
Dieu,
8. Qu'il nous bénisse, Dieu; et
que toutes les extrémités de la
terre le redoutent.
PSAUME LXVII
(HéBr., LXVIII)
Le Psalmiste demande au Seigneur qu'il
paraisse devant son peuple, et qu'il
dissipe ses ennemis par sa présence.
Il décrit la pompe de sa marche et les
merveilles qu'il opéra dans le désert.
Il excite tout le peuple à louer ce sou-
verain Seigneur. Ce psaume, comme en
conviennent tous les commentateurs,
est le plus difficile à entendre; de là le
grand nombre des interprétations di-
verses. Pour nous, il nous semble que
c'est un cantique de triomphe, com-
posé par David dans la cérémonie du
transport de l'Arche Sainte de Caria-
thiarim à Jérusalem ou de la maison
d'Obédédom dans le tabernacle dressé
à Sion. La plupart des Péres grecs et
latins l'appliquent, dans le sens spiri-
tuel,à la venue, à la Résurrection, à
l'Ascension de Jésus-Christ, à la pré-
dication des Apótres et à la conversion
des Gentils; saint Paul lui-méme en a
rapporté un passage à l'Ascension du
Sauveur, comme on le verra dans les
notes.
Pour la fin.
1. * Hymne d'action de grâces après la récolte. Le titre hébreu porte : « Au chef
de chœur avec neginóth. » La Vulgate ajoute, > de David. »
2-3. * Que Dieu nous bénisse et que toute la terre connaisse ses voies!
2. Qu'il fasse briller, etc. Cette expression se trouve souvent employée daus l'Eeri-
ture pour marquer les regards favorables et la bienveillance en général,
3. Votre salut, etc.;le salut que vous procurez à toutes les nations.
4. * Refrain.
5-6. * Que tous les peuples se réjouissent parce que Dieu est juste.
6. * Refrain.
1-8. * La terre a porté ses fruits : Que Dieu nous bénisse!
1. La terre a donné son fruit. Aprés une grande sécheresse et une affreuse stérilité,
vous avez donné la fécondité à nos champs. Dans le sens spirituel, ce fruit est Jésus-
Christ et la terre la sainte Vierge.
[ps: x vu.] LES PSAUMES. 1183
1. Psaume d'un cantique de David lui- | monte sur le couchant : le Sei-
meme. gneur est son nom.
2. Que Dieu se leve, et que ses Exultez en sa présence : les pé-
ennemis soient dissipés; et que | cheurs seront troublés devant sa
ceux qui le haissent fuient de- | face,
vant sa face. 6. Lui. le pere des orphelins, et
3. Comme s'évanouit la fumée, | le juge des veuves.
quils s'évanouissent : comme Dieu est dans son lieu saint;
qu'aiasi périssent les pécheurs à | maison ceux qui sont d'un méme
la face de Dieu. esprit :
4. Mais que les justes fassent Qui fait sortir par sa puissance
des festins, et qu'ils exultent en | ceux qui sont dans les liens, et
la présence de Dieu ; et qu'ils se | pareillement ceux qui l'irritent,
plaisent dans la joie. qui habitent dans des sépulcres.
ὃ. Chantez Dieu, dites un 8. 0 Dieu, lorsque vous sortiez
psaume à /a gloire de son nom : | en présence de votre peuple, lors-
la cire fond à la face du feu, 7. Dieu qui fait habiter dans sa
faites un chemin à celui qui | que vous passiez dans le désert,
1. * Ce psaume, le plus difficile à comprendre de toute la collection, a été composé
à l’occasion d'une guerre de David, peut-être la guerre contre les Syriens et les
Ammonites, 11 Rois, x-xu; 1 Par., xix-xx, 3. Cf. II. Rois, vir, 3-14 et I Par., xvii,
3-13. Le vers. 2, par lequel s'ouvre le psaume, est la reproduction des paroles de
Moise, Nombres, x, 35, et indique que l'arche avait été portée à l'armée, ce qui eut
lieu dans la guerre contre les Syriens et les Ammonites, II Rois, xr, 11. David chante
sa victoire. Le psaume se divise en deux parties et en neuf strophes. La 1r* partie
qui sert d'introduction, 2-19, est un tableau du passé ; la 2e, 20-36, chante le triomphe
présent et remercie Dieu du succès qu'il a donné à son peuple.
2-4. * Quand Dieu, c'est-à-dire l'arche de Dieu, se lève, ses ennemis se dissipent
comme la fumée, les méchants périssent, les justes se réjouissent.
2. Que Dieu se léve. Compar. Nombr., x, 35. — Et que ses ennemis; c'est-à-dire les
Philistins et les autres peuples ennemis du Dieu des Hébreux.
4. Mais que les justes, 610. Compar. 1 Paral., xv, xvi.
5-1. * Chantez en l'honneur de Dieu, préparez-lui le chemin quand il passe (dans
son arche), dans son lieu saint, car il est le père de l'orphelin et le défenseur de la
veuve, le libérateur du captif ; il laisse seulement les rebelles dans 16 tombeau ou dans
le désert aride, comme porte l'hébreu.
5. Faites un chemin. C'est une apostrophe aux habitants des lieux où devait passer
l'Arche sainte. — Sur le couchant; c'est-à-dire sur le mont de Sion vers le couchant.
7. Ceux qui sont d'un méme esprit (unius moris); le peuple israélite. — Qui fai
sortir, etc.; qui a délivré nos pères de l'esclavage de l'Egypte par sa force toute-
puissante. — Ceuz qui l'irritent, etc. On explique, dans le sens spirituel, cette fin du
verset, des Gentils que Jésus-Christ a délivrés de la mort du péché et du tombeau de
l'ignorance oü ils étaient ensevelis, quoiqu'ils l'offensassent continuellement.
8-11. * Les vers. 6-7 rappellent l'Exode et ce que Dieu a fait pour son peuple dans
le désert; les versets 8-11 continuent à parler des merveilles de cette époque; ils
rappellent la promulgetion de la loi sur le Sinai et l'occupation de la Terre Pro-
mise. Vos animaux désignent Israel considéré comme un troupeau dout Dieu est le
pasteur.
8. Le Psalmiste commence à décrire les merveilles que le Seigneur opéra dans le
désert aprés la sortie d'Egypte. Débora dans son cantique (Juges, v, 4, 5) et Habacuc
dans sa prophétie (ur, 6, 10) font une description semblable de 18 pompe du Seigneur
marchant dans le désert et descendant à Sinai.
1184
9. La terre fut éóbranlée; car les
cieux se fondirent en eaux à la
face du Dieu du Sinai, àla face du
Dieu d'Israël.
10. Vous réserverez, ὃ Dieu,
une pluie volontaire pour votre
héritage; il ἃ été affaibli, mais
vous, vous l'avez fortifié.
11. Vos animaux y habiteront ;
vous avez, ὃ Dieu, préparé par
un effet de votre douceur une
nourriture au pauvre.
LES PSAUMES.
[Ps. Lx vis.)
12. Le Seigneur donnera la pa-
role à ceux qui annonceront la
bonne nouvelle, avec une grande
force.
13. Le roi des armées sera
soumis au bien-aimé, au bien-
aimé; et ce sera à la beauté de
la maison de partager les dé-
pouilles.
14. Si vous dormez au milieu
de vos héritages, vous serez
comme des ailes argentées d'une
10. Une pluie volontaire; une pluie de faveur. Cette pluie est, selon les uns, une
pluie réelle, qui rafraichit les Hébreux dans l'accablement et la lassitude où ils étaient
réduits, et. selon les autres, la manne dont ils furent nourris dans le désert. Les
Pères expliquent cette pluie, dans le sens spirituel, de la doctrine évangélique, et
dans le sens littéral de la manne.
12-15. * Le texte original peut se traduire ainsi :
Adonai (le Seigneur) donne le signal;
Les messagéres de la victoire sont une armée nombreuse,
Les rois des armées s'enfuient, s'enfuient,
Et la maitresse de la maison ramasse le butin.
Puis, quand vous vous reposez [en paix] au milieu des abreuvoirs,
[Vous étes comme] les ailes de la colombe aux reflets d'argent,
Au plumage étincelant d'or.
Quand le Tout-Puissant dissipe les rois,
La neige blanchit le Selmon.
Le sens dés quatre premiers vers est suffisamment clair; celui des cinq derniers
parait d'une obscurité impénétrable. La strophe entière peint la conquête de la Terre
Promise. Dieu donne le signal du combat, et la victoire est gagnée; de nombreuses
jeunes filles chantent le triomphe, Ex., xv, 20; Jud., xri, 34. Les rois qui s'enfuient
sont les ennemis du peuple de Dieu vaincus; leurs dépouilles sont rapportées à la
maison et données aux femmes, Jud., v, 30. Alors les Israélites peuvent vivre en paix
au milieu de leurs troupeaux; ils sont enrichis et parés des riches bijoux conquis;
les ennemis s'enfuient du cóté du Selmon et le font briller comme s'il était couvert
de neige.
12. Le Seigneur donnera, etc. Compar. Matth., x, 19, 20; Luc, xxx, 15. — Avec une
grande force; littér. vertu (virtute). Le terme hébreu traduit dans la Vulgate par
virlus, signifiant armée, mullitude, bien des interprètes traduisent cette fin de verset :
En grand nombre. Compar. le vers. suivant.
13. Le roi des armées; !e roi le plus puissant des rois nos ennemis; littér. des ver-
tus (vitulum). Voy. Ps. xx, 10. — Au bien-aimé, au bien-aimé; cette répétition
donne une nouvelle force à l'expression, qui représente déjà par elle-méme un super-
latif. Cette expression peut s'appliquer au peuple d'Israél, qui assujettit les rois puis-
sants du pays de Chanaan, mais elle convient bien mieux à Jésus-Christ, le bien-
aimé du Père, l'objet de toutes ses complaisances (Ma/th., uz, 11). — La beauté de la
maison; c'est-à-dire la femme, qui, selon la coutume de l'Orient, demeure presque
toujours renfermée dans sa maison. De partager les dépouilles. Le Psalmiste fait allu-
sion à Débora et à Jahel, femme d'Haber le Cinéen (Juges, 1v, v, 19, 20). C'était, en
effet, l'ancien usage de la guerre de partager les dépouilles des vaincus.
14. Dans son Comment. littéral sur ce verset, D. Calmet dit : « Les interprétes se
tourmentent inutilement ici, pour donner un sens distinct à ce texte, qui est d'une
obscurité presque impénétrable. » Cependant le savant auteur essaie de donner une
explication tout en avouaut qu'il ne sera « peut-être pas plus heureux qu'ils ne l'ont
été, » Quant à nous, nous chercherons simplement à éclaircir par quelques mots
ps. Lxvir.]
colombe dont les extrémités du
dos ont une pâleur d'or.
45. Tandis que le roi du ciel
disperse des rois sur elle, ils de-
viendront blancs par la neige qui
est sur Selmon.
16. La montagne de Dieu est
une montagne grasse :
Montagne fertile, montagne
grasse.
17. Pourquoi regardez-vous
avec envie des montagnes fer-
tiles?
LES PSAUMES.
1185
La montagne sur laquelle il a
plu à Dieu d'habiter; car le Sei-
gneur y habitera jusqu'à la fin.
18. Le char de Dieu est entouré
de plus de dix mille; ce sont des
milliers de saints qui se livrent
à la joie; le Seigneur est au mi-
lieu d'eux, à Sinai dans son sanc-
tuaire.
19. Vous étes monté en haut,
vousavez pris une captivité : vous
avez recu des dons parmi les
hommes;
Ps. LXVII. 19. Ephés., 1v, 8.
notre traduction, reproduction littérale de la Vulgate et des Septante. Voici donc
comment nous entendons ce verset : Quand, dans la terre promise, vous posséderez
les lots ou héritages qui vous seront échus par le sort, vous deviendrez riches et
opulents, vous brillerez par l'argent et l'or comme les colombes dont le plumage
refléte l'argent et l'or.
15. Sur elle (super eam); sur la terre exprimée au vers. 9, ou mieux, peut-étre, sur
l'Aéritage (hzreditas) du vers. 10, lequel est féminin en latin. — I/s deviendront blancs
par la neige abondante du mont Selmon, sous laquelle ils seront ensevelis ; selon
d'autres : Les lieux deviendront blancs comme la neige, parles ossements des cadavres
qui les couvriront. C'est ainsi qu'on lit dans Virgile (Enéid., v, 865) : Des rochers
blancs d'ossemenís ; et (xii, 36) : Les champs sont blancs par les ossements; et dans
Ovide (Fast., 1. 1) : La terre est blanche d'ossements humains. La première interpréta-
tion nous semble plus simple et plus naturelle.
16-19. * Traduction du texte original :
Montagnes de Dieu, montagnes de Basan!
Montagnes aux cimes élevées, montagnes de Basan!
Pourquoi étes-vous jalouses, hautes cimes,
De la montagne que Dieu a choisie pour y habiter?
Jéhovah y habitera à jamais.
Le char de Dieu, des milliers,
Une multitude innombrable,
Dieu lui-méme, le Sinai [viennent] dans ce sanctuaire,
Tu montes sur le sommet [de Sion], tu aménes tes prisonniers,
Tu recois les présents des hommes, des ennemis eux-mémes,
Et tu y demeures, Jéhovah, Dieu!
Cette strophe nous représente Dieu choisissant le mont Sion pour sa demeure.
David met en présence les hautes montagnes de Basan (la Vu!gate a pris ce nom
pour un substantif commun et le traduit par gras), et les collines de Jérusalem.
c'est-à-dire le mont Sion. Par une figure hardie, il suppose les montagnes de Basan
jalouses de Sion. Dieu descend sur ce dernier, avec son innombrable cour, et là il
recoit l'hommage de tous.
16. Fertile; littér. coagulée, caillée (coagulatus).
18. A Sinaï; c'est-à-dire comme autrefois sur le mont Sinai.
19. Vous étes, etc. Monter s'élever en haut, se dit souvent, en parlant de Dieu, lors-
qu'il fait éclater sa gloire, qu'il s'élève en quelque sorte au-dessus de la terre, pour
manifester sa puissance et sa majesté. Voy. Ps. xLvi, 6; Lvr, 6, 12; cvir, 0; cxi, 4. —
Vous avez pris, assujetti, emmené; une captivité; un grand nombre de captifs. —
Ceux qui ne croyaient pas; est régi par le verbe vous avez pris, qui précéde. Saint
Paul, dans son Epitre aux Ephésiens (1v, 8), applique ce verset à l'Ascension de
Jésus-Christ.
ἃς ἢ 75
1186 LES PSAUMES.
Car vous avez pris ceux qui ne
croyaient pas que le Seigneur
Dieu habitât au milieu de son
peuple.
20. Béni soit le Seigneur un
jour, chaque jour : il nous fera un
chemin prospere, le Dieu de nos
victoires.
21. Notre Dieu est le Dieu qui
sauve; et au Seigneur, au Sei-
gneur appartient de retirer de la
mort.
22. Mais Dieu brisera les tétes
de ses ennemis; le sommet che-
velu de ceux qui marchent dans
leurs péchés.
23. Le Seigneur a dit : De Bazan
je /es amènerai, je /es amenerai
dans le profond de la mer;
24. En sorte que ton pied soit
teint dans du sang, que la langue
de tes chiens le soit du sang de
tes ennemis.
25. Ils ont vu vos marches, ὃ
Dieu, les marches de mon Dieu,
de mon roi qui est dans le sanc-
tuaire.
LPS. Lx vin.]
26. Des princes joints à des
joueurs de psaltérion ont précédé,
au milieu de jeunes filles battant
du tambour.
27. Dans des assemblées bé-
nissez Dieu, le Seigneur, vous
sortis des sources d'Israél.
28. Là était le jeune Benjamin,
dans l'extase de son esprit. Les
princes de Juda, leurs chefs; les
princes de Zabulon, les princes de
Nephthali.
29. Gommandez, ó Dieu, à votre
puissance; affermissez, Ó Dieu,
ce que vous avez opéré parmi
nous.
30. Du milieu de votre temple
qui est dans Jérusalem, des rois
vous offriront des présents.
31. Réprimez les bétes du ro-
seau, assemblée de taureaux au
milieu des vaches des peuples,
afin de chasser ceux qui ont été
éprouvés par l'argent.
Dissipez desnations qui veulent
les guerres.
32. Des ambassadeurs vien-
20-36. * IIe Partie: Tableau du présent : Aprés avoir rappelé tout ce que Dieu ἃ
fait pour son peuple et pour Jérusalem où il vient demeurer, David loue le Seigneur
de la victoire qu'il vient de lui faire remporter.
20-24. * Tableau de la victoire. Une partie de la guerre avait eu pour théâtre le
pays de Basan.
20. Victoires; littér. saluts, délivrances. Voy. sur ce mot, Ps. xuui, 5.
23. Basan. Voir la note sur Nombres, xxi, 33.
25-28. * Tableau du triomphe au retour de l'armée victorieuse.
28. * Dans l’extase de sen esprit, dans la surprise, dans l'abattement. Le sens de
l'hébreu est : Benjamin, le jeune ou le petit, domine, est à la tête de ses frères,
parce que c'est de cette tribu qu'est sorti Saül, le premier roi. Puis viennent Les princes
de Juda, etc.
29-31. * Priére pour que Dieu continue à protéger Jérusalem.
31. Les 00008 du roseau; c'est-à-dire les bêtes sauvages. — Assemblée de taureaux
(congregatio taurorum). 11 faudrait régulièrement l'accusatif (congregationem); mais,
comme nous l'avons déjà fait observer (p. 341), la Vulgate met ces cas l'un pour l'autre,
sans égard pour la concordance latine. Cette méme anomalie se trouve dans la ver-
sion grecque. — Au milieu, etc.; c'est-à-dire des troupeaux de vaches. — Ces divers
animaux désignent les ennemis d'Israél : les Philistins, les Chananéens, les Egyptiens.
— Qui ont été éprouvés par l'argent; c'est-à-dire comme l'argent; ce qui s'applique
aux Israélites. — * Les bêles du roseau symbolisent l'Egypte où les roseaux abondent.
32-36, * Invitation à tous les peuples de la terre à louer le vrai Dieu,
(Ps. Lxvur.)
dront d'Egypte; l'Ethiopie ten-
dra la première ses mains vers
Dieu.
33. Royaumes de la terre, chan-
tez Dieu; jouez du psaltérion en
l'honneur de Dieu,
LES PSAUMES.
1157
PSAUME LXVIII
(H£nn., LXIX).
David implore de Dieu le secours contre
ses ennemis qui l'opprimaient injuste-
ment. ll prend Dieu à témoin de son
innocence; il l'intéresse à le secourir,
par intérét pour sa propre gloire. Il
prédit le. malheur de ses persécuteurs,
le retour de son peuple, le rétablisse-
ment de Jérusalem et des villes de
Juda. Les Péres et les commentateurs
reconnaissent unanimement que ce
psaume regarde le Messie. Les preuves
en sont trop claires, pour que nous
ayons à les faire remarquer dans les
notes.
34. Qui est monté sur le ciel du
ciel, vers l'Orient.
Voici qu'il donnera à sa voix
une voix de puissance :
35. Donnez gloire à Dieu, au
sujet d'Israël; sa magnificence et
sa puissance éclatent dans les
nues.
36. Dieu est admirable dans ses
saints, le Dieu d'Israël lui-même
donnera puissance et force à son
peuple : béni soit Dieu.
1. Pour la fin, pour ceux qui seront
changés, par David.
2. Sauvez-moi, ὁ Dieu, parce
34. Le ciel du ciel; hébraisme, pour {ous les cieux. — Vers lorient. Jésus-Christ
&'éleva au ciel de la montagne des Oliviers, qui est à l'orient de Jérusalem. — Une
voix de puissance; hébraisme, pour une voix trés puissante.
35. Au sujet d'Israël; pour les prodiges qu'il a opérés en faveur d'Israél.
36. * Dans ses saints. Le texte original doit se traduire : dans ses sancíuaires,
dans les lieux sanctifiés par le séjour et la présence de l'arche, le Sinai, Silo, le mont
Sion.
1. * Prophétie des souffrances de Notre-Seigneur dans sa Passion. Le titre hébreu
porte : « Au chef de chœur. Sur les schoschannim. » Voir ce mot dans la note 4 à la
lin du volume. Ce psaume a été composé peut-étre pendant la persécution de Saül,
mais il se rapporte si exclusivement et si parfaitement à Jésus-Christ, à part peut-
ètre un petit nombre de traits accessoires, qu'il est impossible de trouver dans la
vie de David aucune circonstance à laquelle il s'applique pleinement; il prédit les
:ouffrances de Notre-Seigneur dans sa passion et est le pendant en même temps que
.6 complément du Ps. xxr; aussi est-il, avec ce dernier, celui qui est le plus fré-
quemment cité dans le Nouveau Testament :-- 19 Les ennemis du Sauveur le haissent
sans cause, Jean, xv, 25 et Ps. Lxvir, 5 (aussi xxiv, 19). — 20 Jésus est dévoré du zèle
de la maison de Dieu, Ps. Lxvin, 103 et Jean, 1, 17. — 3° 11 supporte volontairement les
opprobres, Ps. Lxvin, 105 et Rom., xv, 3. — 4? La malédiction du Ps. rxvit, 265, s'ac-
complit dans la personne de Judas Iscariote, Ac£., 1, 20. — 59 La réprobation d'Israel
est indiquée Ps. rxviu, 23-24; Rom., xi, 9. — 6? Le vinaigre donné à Jésus-Christ sur
la croix est prophétisé, Ps. Lxvur, 22; Jean, xix, 28; Matthieu, xxvi, 48. Aussi tous les
Pères sont-ils unanimes à voir dans ce psaume une prophétie littérale de la passion
et de la résurrection de Notre-Seigneur. — Il se divise en trois parties : 1? souf-
frances du Messie, 2-19; — 29 causées par ses ennemis qui doiveat en être punis,
20-29; — 39 tandis que lui sera sauvé et que les Gentils convertis le loueront avec
lui, 30-31. — La suite des pensées est celle-ci : — Ire partie. 1o le Messie souffre, 2-4;
ὃ; — 20 pour Dieu, 6-7; 8-10; 11-13; — 30 par conséquent Dieu doit le sauver, 14;
15-16; 11-19. — Ile partie. Puisque c'est par la malice de ses ennemis qu'il souffre,
20-22; Dieu doit les chátier, 23-26; 27-29. — III* partie. Mais lui, Dieu le sauvera et il
l'en remerciera, 30-32. La conversion des Gentils sera sa récompense et ils loueront
Dieu avec lui, 33-34; 35-31.
2. Des eauz, etc. Les eaux, l'inondation, aussi bien que la tempéte marquent, dans
le style de l'Ecriture, de grandes calamités.
1185
que des eaux sont entrées dans
mon âme.
3. Je suis enfoncé dans une
boue profonde et sans consis-
tance.
Je suis venu dansla profondeur
de la mer, et une tempéte m'a
submergé.
4. Je me suis fatigué en criant,
ma gorge est devenue enrouée :
mes yeux défaillent, pendant que
j'espère en mon Dieu.
5. Ils se sont multipliés plus
que les cheveux de ma tête, ceux
qui me haïssent sans sujet.
Ils se sontfortifiés, ceux qui me
persécutent injustement; ce que
je n'avais pas pris, je l'ai pour-
tant payé.
6. O Dieu, c’est vous qui savez
ma folie; et mes péchés ne vous
sont point cachés.
7. Qu'ils ne rougissent pas à
Ps. LXVIII. 10. Jean, ,זנ 17; Rom., xv, 3.
LES PSAUMES.
(Ps. Lx vi.]
cause de moi, ceux qui vous at-
tendent, Seigneur, Seigneur des
armées.
Qu'ils ne soient pas confondus
à mon sujet, ceux qui vous cher-
chent, ó Dieu d'Israél.
8. Puisque c'est à cause de vous
que j'ai souffert l'opprobre, et que
la confusion a couvert ma face.
9. Je suis devenu étranger à
mes frères, un inconnu aux fils de
ma mère.
10. Parce que le zèle de votre
maison m'a dévoré, et que les
outrages de ceux qui vous insul-
taient sont tombés sur moi.
11. J'ai couvert mon àme dans
le jeüne, et on m'en a fait un su-
jet d'opprobre.
12. Et j'ai pris pour mon véte-
ment un cilice, et je suis devenu
pour eux un proverbe.
13. Ceux qui étaient assis à la
4. Une boue profonde; littér. de profondeur, d'abime (limo profundi). — Dans la
profondeur. Le mot latin altitudinem de la Vulgate signifie également hauteur, éléva-
tion; mais il ne saurait avoir ici ce sens; le texte hébreu et la version grecque ne
laissent aucun doute à cet égard.
5. Ce que je n'avais pas pris, etc. C'est une espéce de proverbe.
6. Folie signifie ici, comme dans une foule d'autres endroits de la Bible, erreur,
égarement, faute.
1. Des armées; littér. des vertus. Voy. Ps. xxi, 10.
41. J'ai couvert, etc. Il y a probablement ici une ellipse ; et le sens de la phrase est :
J'aa couvert mon âme d'une cilice pendant mon jeûne; c'est-à-dire je me suis revêtu
d'un cilice. Nous avons déjà fait observer plus d'une fois qu'en hébreu, comme en
arabe, le mot âme s'employait souvent pour personne, individu. Quant à l'ellipse du
mot cilice, elle paraîtra toute naturelle si on rapproche ces paroles du Ps. xxxiv, 13 :
> Et moi, pendant qu'ils me tourmentaient, j'étais revêtu d'un cilice. J'humiliais
mon âme par le jeüne; » et si l'on considère qu'on revétait le cilice dans la pénitence
aussi bien que dans le deuil et dans une extréme pauvreté. Enfin, le vers. 12 sui-
vant semble ne laisser aucun doute à cet égard. Les Septante portent à la lettre :
J'ai courbé dans le jeûne mon âme; et l'hébreu : J'ai pleuré dans le jeûne mon âme. Si
l'on traduisait le verbe operui de la Vulgate par J'ai accablé, écrasé, sens qu'il a in-
contestablement dans les auteurs latins, on entrerait dans l’idée des traducteurs
grecs : mais nous préférons notre interprétation, d'autant mieux que les Septante
de l'édition de Complute, et la plupart des exemplaires grecs et latins, portent ex-
pressément : J'ai couvert.
12. Un proverbe de mépris, un sujet de raillerie. — * Un cilice, un sac, vétement
étroit, marque de deuil et de tristesse.
h 13. OLA les lieux d'assemblées et les places publiques étaient à la porte
es villes,
στα
[Ps. rxvur.]
porte de /a ville parlaient contre
moi, et ceux qui buvaient du vin
me chantaient en dérision.
14. Pour moi, je vous adresse
ma priere, Seigneur; c'est le
temps de votre bienveillance, ὃ
Dieu.
Exaucez-moi selon la grandeur
de votre miséricorde, et selon la
vérité de votre salut.
15. Retirez-moi de la fange, afin
que je n'y demeure pas enfoncé ;
délivrez-moi de ceux qui me hais-
sent, et du fond des eaux.
16. Qu'une tempéte d'eau ne me
submerge pas, qu'un abime ne
m'engloutisse pas; qu'un puitsne
referme pas sa bouche sur moi.
11. Exaucez-moi, Seigneur,
parce que votre miséricorde est
bienfaisante; selon la multitude
de vos bontés, jetez un regard
sur moi.
18. Et ne détournez pas votre
face de votre serviteur; parce que
je suis tourmenté, exaucez-moi
promptement.
19. Soyez attentif à mon âme
et délivrez-la à cause de mes en-
nemis : sauvez-moi.
20. C'est vous qui connaissez
mon opprobre, ma confusion et
ma retenue.
21. Ils sont en votre présence,
tous ceux qui me tourmentent :
LES PSAUMES. : 1189
mon cœur a attendu l'opprobre
et la misere.
Et j'ai attendu avec constance
quelqu'un qui prit part à ma tris-
tesse, et nul ne l'a fait : et quel-
qu'un qui me consolât, et je n'ai
trouvé personne.
22. Ils m'ont donné pour nour-
riture du fiel, et dans ma soif ils
m'ont abreuvé de vinaigre.
23. Que leur table devienne de-
vant eux un filet, et la punition
quils méritent, une pierre d'a-
choppement.
24. Que leur yeux s'obscurcis-
sent, afin qu'ils ne voient point :
et tenez leur dos toujours courbé.
25. Répandez sur eux votre co-
lere, et que la fureur de votre 00-
lere les saisisse.
26. Que leur habitation de-
vienne déserte, et que dans leurs
tabernacles il n'y ait personne qui
habite.
27. Parce qu'ils ont persécuté
celui que vous-méme vous avez
frappé, et qu'ils ont ajouté à la
douleur de mes plaies.
28. Mettez iniquité sur leur ini-
quité, et qu'ils n'entrent point
dans votre justice.
29. Qu'ils soient effacés du livre
des vivants, et qu'avec les justes
ils ne soient point écrits.
30. Pour moi, je suis pauvre et
22. Matt., xxvir, 48. — 23. Rom., xi, 9. — 26. Actes, 1, 20.
14. La vérité de votre salut. Voy., pour le sens de cette expression, Ps. xxxix, 11.
15. Du fond des eaux; c'est-à-dire de l'enfer. Compar. Job, xxvi, 5.
16. Qu'une tempête d'eau. Compar. le vers. 4er.
23. Que leur table, ete. Voy. sur le vrai sens de cette imprécation et toutes les
autres contenues dans ce psaume, les Observat. préliminaires, pag. 339, 340.
24. Tenez leur dos, etc.; c'est-à-dire qu'ils soient accablés de fardeaux.
26. Que leur habitation, ete. La ruine de Jérusalem a été l'accomplissement de cette
prophétie.
28. Mettez iniquité; c'est-à-dire selon le style des écrivains sacrés, laissez les
mettre, etc. — Dans votre justice; dans les voies de votre justice, de vos bonnes
gráces.
1190
souffrant; votre secours, ὃ mon
Dieu, m'a soutenu.
91. Je louerai le nom du Sei-
gneur par un Cantique, jele glori-
fierai par ma louange.
32. Et cela sera plus agréable à
à Dieu quun jeune veau qui
pousse ses cornes et ses ongles.
33. Que les pauvres voient et se
réjouissent : cherchez Dieu et
votre àme vivra;
94. Parce que le Seigneur à
exaucé les pauvres, il n'a pas mé-
prisé ceux qui sont dans les liens.
35. Que les cieux le louent,
ainsi que la terre, la mer et tous
les reptiles qu'ils contiennent.
36. Parce que Dieu sauvera
Sion, et que les cités de Juda se-
ront rebâties.
Ses citoyens y habiteront, et
l'acquerront en héritage.
37. Et la race des serviteurs de
Dieu la possédera; et ceux qui
aiment son nom y habiteront.
PSAUME LXIX
(Hésr., LXX).
David demande à Dieu une prompte as-
sistance contre la malice et les insultes
de ses ennemis.
Pour la fin, psaume de David.
1. En mémoire de ce que le Seigneur
l'avait sauvé.
9. Ὁ Dieu, songez à me secou-
rir; Seigneur, hátez-vous de me
venir en aide.
LES PSAUMES.
[rs. Lxx.]
3. Qu'ils soient confondus, et
qu'ils soient couverts de honte,
ceux qui cherchent mon àme.
4. Qu'ils retournent en arriere
et qu'ils rougissent, ceux qui me
veulent des maux.
Qu'ils s'en retournent aussitôt
en rougissant, ceux qui me di-
sent : Triomphe, triomphe!
9. Mais qu'ils se livrent à des
transports de joie et qu'ils exul-
tent d'allégresse, tous ceux qui
vous cherchent, et qu'ils disent
sans cesse : Que le Seigneur soit
glorifié, ceux qui aiment votre sa-
lut.
6. Pour moi je suis indigent et
pauvre; Dieu, aidez-moi.
Yest vous qui étes mon aide et
mon libérateur; Seigneur, ne tar-
dez pas.
PSAUME LXX
)11688., LXXI).
Le Psalmiste implore le secours de Dieu
avec confiance. Il promet de publier
ses merveilles, et d'en faire passer la
mémoire jusqu'aux races futures. La
plupart des anciens et des modernes
rapportent ce psaume, quant au sens
littéral, à David, chassé de Jérusalem
par son fils Absalom, et abandonné par
plusieurs de ceux qui avaient toujours
passé pour ses amis.
Psaume de David.
1. Des fils de Jonadab et des premiers
captifs.
C'est en vous, Seigneur, que
j'ai mis mon espérance; que je
39. Qu'un jeune veau; que le sacrifice d'un jeune veau.
36. Cette prophétie s'explique littéralement du rétablissement de la Judée aprés la
captivité de Babylone. Or, ce rétablissement était une figure de l'établissement de
l'Eglise.
1. * Pour le Ps. ,אנא voir le Ps. xxxix, dont il est un fragment (Ps. xxxix, 14-18),
3. Qui cherchent mon âme. Voy. Ps. xxxiv, 4.
5. Votre salut; c'est-à-dire, le salut que vous accordez, qui vient de vous.
1." Sans titre en hébreu. Le titre de la Vulgate signifie probablement que ce
psaume était souvent chanté par les Réchabites (Jér., xxxv) et par les premiers captifs,
[Ps. Lxx.]
ne sois pas confondu éternelle-
ment.
2. Délivrez-moi dans votre jus-
tice, et arrachez-moi à la persé-
cution.
Inclinez vers moi votre oreille,
et sauvez-mol.
3. Soyez-moi un Dieu protec-
teur, et un lieu fortifié ; afin que
vous me sauviez;
Parce que c'est vous qui étes
mon ferme appui et mon refuge.
4. Mon Dieu, arrachez-moi de
lamain d'un pécheur, d'un 4omme
agissant contre la loi et inique;
5. Parce que c'est vous qui étes
ma patience, Seigneur; Seigneur,
mon espérance depuis ma jeu-
nesse.
6. Sur vous j'ai été appuyé à
ma naissance : dès le sein de ma
mere vous avez été mon protec-
teur.
Vous avez toujours été l'objet
de mes chants.
7. 16 suis devenu comme un
prodigepourlaplupart; mais vous
étes mon aide puissant.
8. Que ma bouche soit remplie
de louange, afin que je chante
LES PSAUMES.
1191
votre gloire; tout le jour, votre
grandeur.
9. Ne me rejetez pas au temps
de ma vieillesse; lorsque ma
force m'a manqué, ne m'aban-
donnez pas.
10. Parce que mes ennemis ont
parlé de moi, et ceux qui obser-
vaient mon âme ont tenu conseil
ensemble,
11. Disant : Dieu l'a délaissé,
poursuivez-le, saisissez-le : parce
qu il n'est personne qui /e délivre.
12. Dieu, ne vous éloignez pas
de moi; mon Dieu, voyez à me
secourir.
13. Qu'ils soient confondus, et
qu'ils périssent, ceux qui disent
du mal de mon àme : qu'ils soient
couverts de confusion et de honte,
ceux qui me cherchent des maux.
14. Pour moi, toujours j'espé-
rerai : j'ajouterai à toutes vos
louanges.
15. Ma bouche annoncera votre
justice, tout le jour, et votre sa-
lut.
Parce que jen'ai pas connu une
science vane,
16. J'entrerai dans les puis-
Cet appel à la protection divine était alors tout à fait de circonstance. — Ce chant
contient beaucoup de réminiscences d'autres psaumes.
5. Parce que c'est vous qui éles ma patience; c'est-à-dire que c'est de vous que
vient ma patience. Compar. Ps. ,זא 6.
6. Sur vous j'ai été appuyé, etc. Voy. sur 16 sens de ce passage, Ps. xxr, 41.
10. Ont parlé de moi; littér. Ont dit à moi, m'ont dit (dixerunt mihi). Nous avons déjà
fait observer que la particule hébraïque, rendue dans les Septante et la Vulgate par le
datif, outre son sens ordinaire, signifiait quelquefois de, aid sujet de, quand elle est
jointe aux verbes dire, ordonner, etc.; ce qui est incontestablement vrai dans ce pas-
sage-ci. Ajoutons que le verbe ont dit se trouvant séparé de son complément, Dieu
l'a délaissé (vers. 14), par plusieurs propositions, les exigences de notre langue nous
ont obligé de substituer le neutre parler à l'actif dire. Quant à la traduction contre
moi, nous la regardons comme fausse. — Qui observaient mon âme; c'est-à-dire qui
m'épiaient pour me perdre.
15. Votre salut; le salut qui me vient de vous. — Science vaine; ou fausse sagesse,
astuce, dont était rempli Achitophel, conseiller de David, qui se jeta dans le parti
d'Absalom.
16. J'entrerai, etc.; c'est-à-dire je me renfermerai dans la considération de la puis-
sance infinie du Seigneur.
1192
sances du Seigneur : Seigneur, je
me souviendrai de votre justice
seule.
17. O Dieu, vous m'avez ins-
truit dès ma jeunesse, et je pu-
blierai vos merveilles opérées jus-
qu'à ce jour,
18. Et dans ma vieillesse et ma
décrépitude, ὃ Dieu; ne me dé-
laissez pas, jusqu'à ce que j'an-
nonce votre bras à toute la géné-
ration qui doit venir;
Votre puissance,
19. Et votre justice, ó Dieu, qui
s'élevent jusqu'aux cieux, e£ les
grandes choses que vous avez
faites : ὃ Dieu, qui est semblable
à vous?
90. Que vous m'avez montré
de tribulations nombreuses et
pénibles! mais revenant, vous
m'avez rendu la vie, et vous
m'avez ramené des abimes de la
terre.
91. Vous avez multiplié votre
magnificence; et revenant, vous
m'avez consolé.
99. Aussi moi je glorifierai en
vous, sur des instruments de
psaume, votre vérité : ὁ Dieu, je
vous chanterai sur la harpe, vous
qui étes le saint d'Israél.
LES PSAUMES.
[Ps. Lxxr.)
93. Mes lèvres exulteront, lors-
que je vous chanterai, ainsi que
mon âme que vous avez rache-
tée;
24. Et ma langue aussi s'exer-
cera tout le jour à chanter votre
justice, alors que seront confon-
dus et couverts de honte ceux qui
me cherchent des maux.
PSAUME LXXI
(Hésr., LXXII).
David prie le Seigneur de combler de ses
lumières et de ses grâces Salomon, qui
venait de monter sur le tróne. Il pré-
dit la grandeur et la félicité de son
regne, et sous la figure du régne de
Salomon, il décrit celui de Jésus-Christ.
1. Psaume pour Salomon.
2. Dieu, donnez votre jugement
au roi; et votre justice au fils du
roi,
Pour qu'il juge votre peuple
dans la justice, et vos pauvres
dans l’équité.
3. Que les montagnes reçoivent
la paix pour le peuple, et les col-
lines la justice.
4. Il jugera les pauvres du
peuple; il sauvera les fils des
pauvres, et il humiliera le calom-
niateur.
———— Há— ——————— ——————— ——————
18-19. Votre puissance et votre justice qui s'élèvent jusqu'aux cieux. Compar. Ps.
xxxv, 6; Lvi, 14. Le mot allissima de la Vulgate (littér. lieux très élevés), que nous
avons rendu par cieux, est la traduction d'un terme hébreu qui signifie hauteur, élé-
valion, ce qui est élevé, et en particulier, le ciel.
18. Votre bras ; la force de votre bras.
20. Vous m'avez montré; hébraisme, pour vous m'avez fait sentir, éprouver.
22. Des instruments de psaume; c'est-à-dire des instruments sur lesquels on chan-
tait les psaumes.
24. S'exercera; littér. méditera (meditabitur). Voy. Ps. xxxiv, 28.
4. * S'applique particulièrement au Messie: « O Dieu, dit le Targum, donne ta jus-
tice au roi Messie. »
2-4. * Que Dieu accorde au roi la vertu de justice.
2. Dans l'équilé; littér. dans le jugement. Le terme hébreu, rendu dans la Vulgate
par judicium signifie aussi jugement, juste, justice, équité.
3. * Que les montagnes et les collines, pour tout le pays. Que la paix et la justice
régnent dans toute la Terre Sainte.
PS. LXXI.]
5. Il subsistera avec le soleil et
devant la lune, dans toutes les gé-
nérations.
6. Il descendra comme la pluie
sur une toison; et comme des
eaux qui tombent goutte à goutte
sur la terre.
7. Dans ses jours s’élèvera la
justice, etuneabondance de paix:
jusqu'à ce que la lune disparaisse
entierement.
8. Et il dominera depuis une
mer jusqu'à une autre mer, et
depuisun fleuvejusqu'aux limites
de la terre.
9. Devant lui se prosterneront
les Ethiopiens; et ses ennemis
lécheront la poussière.
10. Les rois de Tharsis et les
iles lui offriront des présents; des
rois d'Arabie et de Saba lui appor-
teront des dons;
11. Et tous les rois de la terre
l'adoreront : toutes les nations le
serviront;
12. Parce qu'il délivrera le pau-
LES PSAUMES.
1193
vre du puissant; et le pauvre qui
n'avait point d'aide.
13. Il traiteraavec ménagement
le pauvre et l'homme sans res-
source ; et il sauverales âmes des
pauvres.
14. Des usures et de l'iniquité
il rachetera leurs âmes; et ho-
norable sera leur nom devant
lui.
15. Et il vivra, et on lui don-
nera de l'or del'Arabie, et on ado-
rera toujours à son sujet : tout le
jour on le bénira.
16. Et il y aura du froment sur
la terre, sur dessommets de mon-
tagnes ; au-dessus du Liban s’élè-
vera son fruit : et /es habitants de
la cité fleuriront comme l'herbe
de la terre.
47. Que son nom soit béni dans
les siècles ; avant le soleil subsiste
son nom.
Et seront bénies en lui toutes
les tribus de la terre, toutes les
nations le glorifieront.
5-7. * Que Dieu accorde au roi la paix et la prospérité.
5. Dans toutes les généralions; littér. dans une génération et une génération. Voy.,
sur ce genre de répétition et sur l'accusatif generationem de la Vulgate, au lieu du
génitif, p. 341, 10.
8-11. * Que Dieu accorde au roi la domination sur ses ennemis.
10. * Tharsis, Tartessus, en Espague, oü les Phéniciens allaient chercher l'or et
largent. — Les iles, ile de Chypre et les iles de la Méditerranée, et par extension
l'Europe. — Saba était un royaume d'Arabie, particulièrement célèbre par ses
parfums.
12-15. * Que Dieu accorde au roi la compassion pour les malheureux
15. Et on adorera, etc. Plusieurs interprètes traduisent : Et on l'adorera; comme
si les mots de la Vulgate de ipso étaient synonymes de ipsum. Si lon prend ici le
verbe adorer, pour l'action simple de s’incliner, de se prosterner, sens qu'il a souvent
dans l'Ecriture, on peut l'appliquer à Salomon; mais si on l'entend de l'adoration
proprement dite, c'est-à-dire du culte souverain qu'on ne doit rendre qu'à la divinité,
il ne peut convenir ici qu'à Jésus-Christ. Les Septante lisent : On priera à cause de
lui, à son sujet ou pour lui. — * Arabie, pays qui s'étend au sud-est de la Palestine
jusqu'à la mer Rouge.
16-11. * Que Dieu accorde au roi l'abondance des récoltes et la gloire.
16. Il y aura du froment. C'est le sens de l'hébreu, et celui que réclame le contexte.
La Vulgate, d'aprés le grec, porte appui, soutien (firmamentum); traduction qui ne
s'éloigne pas du texte primitif, puisque chez les Hébreux le froment était appelé la
force, l'appui (firmamentum, robur) ou le báton du pain (baculus panis). Voy., en effet,
Isaie, x:, 1; Ezech., 1v, 9, 16; xiv, 13; Ps. civ, 16.
1194
LES PSAUMES.
[Ps. Lxx11.]
18. BénileSeigneur, le Dieu d'Is- | chancelé, et mes pas ont presque
raël, qui fait des merveilles seul;
49. Et béni le nom de sa ma-
jesté éternellement : et toute la
terre en sera remplie : ainsi soit, :
ainsi soit.
20. Sont finies les louanges de
David, fils de Jessé.
PSAUME LXXII
(Hésn., LXXIII).
Le Psalmiste fortifie les justes contre le
scandale que leur cause la prospérité
des méchants, en montrant l’incons-
tance et le revers de cette prospérité.
1. Psaume d'Asaph.
Que Dieu est bon à Israel, à
ceux qui ont le cœur droit!
2. Mais mes pieds ont presque
dévié.
3. Parce que j'ai porté envie
aux hommes iniques, voyant la
paix des pécheurs.
4. Parce qu'ils ne pensent pas
à leur mort, et que leur plaie n'a
pas de consistance.
5. Ils ne seront pas sujets à la
fatigue des hommes, et avec les
autres hommes ils ne seront pas
frappés;
6. C'est pour cela que l'orgueil
s'est emparé d'eux, qu'ils se sont
couverts deleuriniquité et deleur
impiété.
7. Leur iniquité est sortie
comme de leur graisse; ils ont
suivi le sentiment de leur cœur.
18-19. * Les versets 18-19 sont une doxologie indépendante du psaume, pour mar-
quer la fin du 2e livre des Psaumes, qu'indique plus explicitement encore le vers. 20.
20. Sont finies, etc. ; c'est-à-dire que c'est le dernier psaume que David composa avant
sa mort. Personne ne sait d'une manière certaine pourquoi ont été mises ici ces pa-
roles, qui seraient plus naturellement placées à la fin du psautier. On peut voir dans
les commentateurs ce qui a été dità ce sujet.
1. *Justification de la Providence, qui permet que les justes souffrent et que les mé-
chants prospérent. — Le sujet de ce psaume est analogue à celui du Ps. xxxvr. « Prêt
à confesser quelques doutes qui s'étaient élevés jadis dans son âme, le [psalmiste]...
se croit obligé de les condamner d'avance en débutant par un élan d'amour; il s'é-
crie : Que notre Dieu est bon pour tous les hommes qui ont le cœur droit! Aprés ce
beau mouvement, il pourra avouer sans peine d'anciennes inquiétudes : J'étais scan-
dalisé et je sentais presque ma foi s'ébranler, lorsque je contemplais la tranquillité des
méchants... C'est ce qu'on appelle... des tentations; et il se háte de nous dire que la
vérité ne tarda pas à leur imposer silence. Mais je l'ai compris enfin, ce mustère,
lorsque je suis entré dans le sancluaire du Seigneur; lorsque j'ai vu la fin qu’il a pré-
parée aux coupables... Ayant ainsi abjuré tous les sophismes de l'esprit, il ne sait plus
qu'aimer. Il s'écrie: Que puis-je désirer dans le ciel! Que puis-je aimer sur la lerre,
excepté vous seul! Ma chair et mon sang se consument d'amour. » (DE MarsrnE.) — Ce
psaume se divise en deux parties, 1-14; 15-28. — Ire partie : Le bonheur du méchant.
1-14. — 1-2 : Malgré la bonté de Dieu pour Israél, mes pieds ont chancelé, j'ai failli
tomber, — 3-6 : parce que j'ai porté envie au bonheur du méchant; — tableau de ce
bonheur : 1-12; — découragement que ce bonheur cause au juste, 13-14. — 115 par-
tie : Explication du bonheur des méchants et consolation des justes, 15-28. — 15-18 :
L'explication du bonheur des méchants est dans leur destinée finale. — 19-23*: Ils
périssent inopinément ; quand la vue de leur prospérité nous aigrit, c'est parce que
nous sommes comme la brute sans intelligence. — 235-26 : Le juste doit donc se
tenir toujours uni à Dieu et n'avoir point d'autre partage. — 27-28 : car s'écarter
de lui, c'est périr; vivre avec lui, c'est le bonheur. — D'Asaph. Voy. le titre du Ps.
xux (Hébr., 1). — A Israël. Quelques exemplaires des Septante lisent au génitif,
d'Israél ; mais la plupart portent, conformément à l'hébreu, à Israél.
3. Paix. Par ce mot, les Hébreux désignaient souvent une vie tranquille et pros-
père.
[»s. Lxxu.]
8. Ils ont pensé et ils ont parlé
méchanceté ; ils ont parlé haute-
ment iniquité.
9. Ils ont posé leur bouche con-
tre le ciel, et leur langue a passé
sur la terre.
10. C'est pour cela que mon
peuple en reviendra là : et /es
impies trouveront en eux des
jours pleins.
41. Et ils ont dit : Comment
Dieu le sait-il? et le Très-Haut en
a-t-il connaissance?
19. Voilà que ces pécheurs eux-
mémes, vivant dans l'abondance,
ont obtenu des richesses.
13. Et j'ai dit : C'est donc sans
cause que j'ai purifié mon cœur,
et quej'ai lavé mes mains parmi
des innocents.
14. Car j'ai été affligé tout le
jour, et mon châtiment a eu lieu
les matins.
15. 1ם je disais : Je parlerai ainsi,
voilà que je réprouvais la race de
vos enfants.
16. Je pensais à connaitre ce
mystère : un pénible travail s'est
trouvé devant moi.
11. Jusqu'à ce que j'entre dans
le sanctuaire de Dieu, et que je
comprenne leurs fins dernieres.
18. Mais cependant à cause de
LES PSAUMES.
1195
leurs tromperies vous leur avez
envoyé des maux; vous les avez
renversés, tandis qu'ils s'éle-
vaient.
19. Comment sont-ils tombés
dansla désolation? Soudainils ont
défailli : ils ont péri à cause de
leur iniquité.
20. Comme un songe de ceux
qui s'éveillent, Seigneur, vous
réduirez au néant leur image dans
votre cité.
21. Parce que mon cœur a été
enflammé, et que mes reins ont
été bouleversés;
22. Et que moi j'ai été réduit au
néant, et que je n'ai pas su pour-
quoi.
93.Quejesuisdevenucommeun
animal stupide devant vous, mais
que toujours jai été avec vous.
24. Vous avez soutenu ma main
droite : selon votre volonté vous
m'avez dirigé, et vous m'avez re-
cu avec gloire.
25. Car qu'y a-t-il pour moi
dans le ciel, et hors de vous qu'ai-
je voulu sur la terre?
26. Ma chair a défailli, ainsi que
mon cœur; ὃ le Dieu de mon
cœur, et le Dieu mon partage
pour l'éternité!
27. Parce que voilà que ceux
9. Ils ont posé, etc. Ils ont attaqué Dieu dans le ciel par leurs blasphémes, et les
hommes sur la terre par leurs médisances et leurs calomnies.
10. Mon peuple; c'est-à-dire le peuple de Dieu. — En reviendra là; à cette plainte.
— Des jours pleins; c'est-à-dire une vie longue et heureuse.
11. Comment Dieu, etc. Compar. Job, xxu, 13; Ps. 1x (Hébr., x), 11.
11. Leurs; c'est-à-dire des pécheurs, qui sont nommés aux vers. 3 et 12.
18. A cause, etc. C'est la traduction qui parait la mieux fondée, surtout si l'on
considere que plusieurs exemplaires des Septante et la plupart des anciens psautiers
portent expressément leurs et maux; et qu'elle se lie mieux au contexte.
21-24. Nous avons adopté, pour ces versets, la ponctuation suivie par Martini dans
sa traduction italienne, comme étant la seule qui permette la véritable explication
de ce passage.
24, Avec gloire; en me comblant de gloire.
21. En s'éloignant. Cette expression est véritablement sous-entendue, Voy. Observat.
prélimin., p. 342, 29,
1196
qui s'éloignent de vous périront:
vous avez perdu tous ceux qui
forniquent, en s'éloignant de vous.
| 28. Pour moi, mon bien est de
m'attacher à Dieu, de mettre dans
le Seigneur Dieu mon espérance;
Afin que j'annonce toutes vos
louanges aux portes de la ville de
Sion.
PSAUME LXXIII
(Hésn., LXXIV).
LES PSAUMES.
[Ps. rxxur.]
Pourquoi, ὃ Dieu, nous avez-
vous rejetés pour toujours, et
pourquoi votre fureur s'est-elle
irritée contre les brebis de votre
pâturage?
2. Souvenez-vous de votre as-
semblée, que vous avez possédée
dès le commencement.
Vous avez racheté la verge de
votre héritage : Sion est le mont
sur lequel vous avez habité.
x .
3. Levez vos mains à jamais
Plainte et prière à Dieu au sujet de son
peuple qui a été livré à ses ennemis,
et du temple brülé et souillé par ces
mémes ennemis. Le Psalmiste fait le
récit des anciennes merveilles opérées
par le Seigneur en faveur de son
peuple; il termine en demandant à
Dieu de se souvenir de l'orgueil de ses
ennemis et de les humilier.
contre leur orgueil : combien de
méchancetés a commises Y ennemi
dans votre sanctuaire !
4. Geux qui vous haissent ont
signalé leur orgueil au milieu de
votre solennité.
Ils ont posé leurs étendards en
1. Intelligence d'Asaph. grand nombre ;
28. Vos louanges; c'est le vrai sens du latin prædicationes, qui est, en effet, rem-
placé par laudationes au Ps. 1x, 15. — La fille de Sion; signifie Le peuple ou la ville
de Sion. — * « Que ce psaume est beau! dit Herder. Le poéte commence par une
sentence, résultat des nombreuses observations qui font sa conclusion. Passant avec
rapidité et d'une maniére inapercue à des situations pénibles, il dépeint comment
il s'est trompé; et lorsqu'il a fait arriver ce tableau à son apogée, il en détourne son
chant. Introduit enfin dans le conseil [46 la Providence], il reconnait que son premier
jugement était [faux]. Des vœux nouveaux, mais toujours en harmonie avec ses
hésitations, le rattachent à Dieu et l'élévent au plus haut degré des sentiments cha-
leureux. [Le sentiment d'une ferme confiance en Dieu] termine le tout. Ce psaume
didactique est aussi remarquable par son contenu que par son arrangement. Asaph
voit d'abord le bonheur des méchants, puis il reconnait que ce bonheur disparait
comme une ombre, tandis que celui des bons est inébranlable. »
1-8. * Priére à Dieu pour qu'il n'abandonne pas toujours Jérusalem et son sanctuaire
dévastés.
1. Intelligence d'Asaph ou psaume didactique composé par Asaph. Compar. le titre
du Ps. אזזא (Hébr., 1). — * Ce psaume est rapporté par un grand nombre de cri-
tiques contemporains à l'époque des Machabées, 1 Mac., τιν, 38, 46; 1x, 27; xiv, 41;
Il Mac., 1, 85; vu, 1-4, 33; cf. Ps. vxxur, 3, 4b, 7, 85, 95. Mais comme le Ps. rxxvrr, il
peut avoir été composé aprés la prise de Jérusalem et la ruine du temple de Salo-
mon par Nabuchodonosor, IV Rois, xxiv; 11 Par., xxxvi; Jér., 111.
2. Votre assemblée; c'est-à-dire votre peuple. — La verge de votre héritage; c'est-
à-dire simplement votre héritage. Plusieurs savants interprètes prétendent que les
Hébreux se servaient de verges ou perches, aussi bien que de cordes, pour mesurer
leurs terres.
4-9. * Peinture des dévastations commises dans le temple par les ennemis des Juifs
qui sont les ennemis de Dieu (vers. 4-6); ils ont fait cesser tout culte et il n'y a plus
de miracles, plus de prophètes pour consoler Israël (vers. 7-9).
4. Leurs étendards en grand nombre; littér. leurs signes ou élendards, signes (signa
eorum, signa). Nous avons déjà fait observer que la répétition d'un substantif au
méme cas indiquait souvent un grand nombre, une multitude; la traduction ordi-
,naire nous a paru défectueuse.
[γ5. Σχχπι.
5. (Et ils n'ont pas compris
ce qu'ils faisaient), au haut du
temple, comme à la sortie d'une
ville.
Comme dans une forét d'arbres,
avec des cognées,
6. Ils ont abattu de concert ses
portes: avecla cognée etla hache
à double tranchant, ils l'ont ren-
versée.
7. Ils ont brülé parle feu votre
sanctuaire : ils ont souillé sur la
terre le tabernacle de votre nom.
8. Ils ont dit dans leur cœur,
eux et tousleurs alliés ensemble :
Faisons cesser de dessus la terre
tous les jours de fétes de Dieu.
9. Nous ne voyons plus nos si-
LES PSAUMES.
: 1197
gnes; il n'y a point de prophètes,
et Dieu ne nous connaitra plus.
10. Jusques à quand, ὁ Dieu,
l'ennemiselivrera-t-ilàl'outrage?
notre adversaire irritera-t-il tou-
jours voire nom?
11. Pourquoi détournez-vous
votre main, et votre droite de
votre sein pour toujours?
19. Mais Dieu, notre roi depuis
des siècles, a opéré le salut au
milieu de la terre.
13. C'est vous qui, par votre
puissance, avez affermi la mer,
brisé les tétes des dragons dans
les eaux.
14. C'est vous qui avez écrasé la
téte du dragon: vous l'avez donné
Ps. LXXIII. 7. IV Rois, xxv, 9. — 12. Luc, 1, 68.
5. Ce qu'ils faisaient, ou la sainteté du l'eu. Il est évident que le verbe comprendre
(cognoverunt) exige un complément semblable. — Comme à la sortie; c'est-à-dire
comme aux portes, aussi bien que sur les portes. Les Chaldéens, aprés avoir pris la
ville de Jérusalem, placèrent leurs étendards sur les portes comme des trophées de
leurs victoires; ils en firent autant sur les portes du temple. Pendant les quelques
jours de pillage de la ville et du temple, et avant que Nabuzardan y eüt fait mettre
le feu, les soldats commirent les insolences, les profanations et les brutalités qui
leur sont reprochées ici. Voy. IV Rois, xxv, 1 et suiv.; Jérém., vu, 12 et suiv.
6. Ses portes. Le pronom ejus, amphibologique dans la Vulgate, étant au féminin
dans les Septante, ne peut se rapporter qu'au mot Jerusalem sous-entendu. — Iis
lont renversée (dejecerunt eam); méme observation à faire.
1. Ils ont souillé sur la terre; c'est-à-dire en le renversant par terre.
9. Nos signes; les prodiges qui nous ont été promis dans la loi et dont une partie
a été opérée en faveur de nos pères. — Il n'y a point de prophète. C'est la plainte
des Juifs captifs à Babylone, dans leur désespoir; plainte au fond exagérée, puisque
Daniel était à Babylone. Il est vrai qu'il y prophétisa peu, et que ses principales
prophéties lui furent révélées à Suse (Dan., vu-xi). Quant aux signes ou prodiges,
sils ne virent pas à Babylone ces grands coups d'éclat, comme on en avait vu an-
ciennement en Egypte et dans le désert, ils furent cependant témoins de la déli-
vrance miraculeuse de Daniel et de ses compagnons, de la fournaise ardente (ri, 20
et suiv.); et de celle de Daniel, de la fosse aux lions (xiv, 30 et suiv.); de la justi-
fication miraculeuse de la chaste Susanne (xir, 45 et suiv.); de la métamorphose de
Nabuchodonosor (ιν, 13 et suiv.); enfin des derniers moments de Balthasar, roi des
Chaldéens (v, 22 et suiv.).
10-11. * Jusqu'à quand durera cet abandon du Seigneur?
12-14. * Ce n'est pas la puissance qui manque à Dieu; il a séparé la mer de la terre
ferme, il brise la téte du crocodile.
12. Mais Dieu, etc. Les Péres l'entendent ordinairement dela rédemption du genre
humain, opérée par Jésus-Christ, notre Dieu et notre roi, au milieu de la Judée.
13. * Les tétes des dragons, les grands animaux qui habitent les eaux du Nil et
figurent le peuple et l'armée d'Egypte.
14. * La téte du dragon, de Léviathan, le crocodile, embléme du roi d'Egypte. — Le
roi d'Egypte est devenu la proie de l'Ethiopie.
1198
pour nourriture aux peuples de
l'Ethiopie.
15. C'est vous qui avez fait jail-
lir de la pierre des sources et des
torrents; vous avez desséché les
fleuves d'Ethan.
|. 16. A vous est le jour, et à vous
est la nuit : c’est vous qui avez
formé l'aurore et le soleil.
A7. C'est vous qui avez fait
toutes les limites de la terre : l'été
etle printemps, c'est vous qui les
avez créés.
18. Souvenez-vous de ceci :
l'ennemi a outragé le Seigneur,
et un peuple insensé a provoqué
votre nom.
19. Ne livrez pas aux bétes fé-
roces des àmes qui vous louent;
et les âmes de vos pauvres, ne les
oubliez pas à jamais.
20. Jetez les yeux sur votre al-
liance; parce que ceux qui sont
avilis sur la terre ont été comblés
de maisons d'iniquités.
21. Que celui qui est dans l'hu-
LES PSAUMES.
[Ps. Lxxiv.]
miliation ne soit pas renvoyé cou-
vert de confusion ; le pauvre et
l'homme sans ressource loueront
votre nom.
22. Levez-vous, 6 Dieu, jugez
votre cause : souvenez-vous des
outrages que vous recevez, de
ceux qui vous sont faits par un
insensé tout le jour.
23. N'oubliez pas les clameurs
de vos ennemis :l'orgueil de ceux
qui vous haissent monte toujours.
PSAUME LXXIV
(H£BR., LXXV).
Le Psalmiste exhorte les méchants à se
corriger et à s'humilier devant Dieu. Il
prédit l'élévation et la gloire des justes.
1. Pour la fin. Ne corrompez pas.
Psaume d'un cantique d'Asaph.
9. Nous vous louerons, à Dieu,
nous louerons, et nous invoque-
rons votre nom.
Nous raconterons vos mer-
veilles.
3. Lorsque j'aurai pris mon
15-11. * Dieu est le créateur des riviéres, du jour, des astres, des saisons.
15. Jaillir de la pierre. Compar. Exod., xvit, 6; Nombr., xx, 8 et suiv. — Ethan,
signifie, suivant les anciens hébraisants, force ou antiquité, et, suivant les modernes,
flux, écoulement perpétuel. Les Septante et la Vulgate en ont fait un nom propre de
lieu. I] est certain qu'Ethan ou Etham, (car on lit i'un et l'autre) était un lieu où les
Israélites firent leur troisiéme station aprés leur sortie d'Egypte, et qui était situé à
l'extrémité du désert. Voy. Exod., xur, 20; Nomór., xxxii, 6.
11. Toutes les limites; c'est-à-dire toute l'étendue.
18-23. * Que Dieu ne laisse done plus insulter son nom! qu'il ait pitié de son
peuple, avec qui il a fait alliance ! (vers. 18-20); vers. 21-23 : Répétition de la même
pensée en d'autres termes.
20. Ces hommes avilis sur la terre, dont parle ici le Psalmiste, sont probablement
les Chaldéens ou les Iduméens etles Samaritains. — Ont été comblés; etc.; c'est-à-dire
se sont emparés injustement des maisons des Hébreux pendant leur captivité.
1. D'Asaph ou par Asaph. Voy. 16 titre dn Ps. xuix (Hébr., 1). — * Le titre hébreu
porte : > Au chef de chœur. [Sur l'air] “αὐ thaschkhélh : me corrompez pas. » —
Théodoret avait trouvé dans quelques manuscrits des Septante l'addition suivante
dans le titre : Contre l’Assyrien. On peut en effet rapporter ce psaume au temps
d'Ezéchias et y voir un chant prophétique annonçant que Juda sera délivré de l'in-
vasion de Sennachérib, IV Rois, xix ; 11 Par., xxxi; [S., XXXVII.
2. * Refrain.
3-4, * Discours de Dieu : 1] rend la justice, quand le moment est venu; il soutient
la terre, quand elle semble ébranlée dans ses fondements.
3. de jugerai les justices; hébraïsme, pour avec la plus grande justice.
[Ps. Lxxv.]
temps, c'est moi qui jugerai les
justices.
4. La terre s'est fondue, et tous
ceux qui y habitent. C'est moi
qui ai affermi ses colonnes.
5. J'ai dit aux hommes iniques :
N'agissez pas iniquement; et à
ceux qui pechent : N'élevez pas
votre corne.
6. N'élevez pas en haut votre
corne : ne dites pas contre Dieu
d'iniquité ;
7. Parce que ni de l'Orient, ni
de l'Occident, ni des montagnes
désertes, 4 ne vous viendra des
Secours,
8. Car c'est Dieu qui est juge.
Il humilie celui-ci et il exalte
celui-là ;
9. Parce qu'un calice de vin pur
est dans la main du Seigneur, ca-
lice plein d'un mélange.
Et il l'a penché d'un cóté et
d'un autre ; cependant, lalie n'en
a pas été épuisée; tous les pé-
cheurs de la terre en boiront.
LES PSAUMES.
1199
10. Pour moi, j'annoncerai à
jamais, je chanterai le Dieu de
Jacob.
41. Et je briserai les cornes des
pécheurs; et les cornes des justes
seront élevées.
PSAUME LXXV
(Hésr., LXXVI).
Plusieurs rapportent ce psaume à la dé-
faite de l'armée de Sennachérib par un
ange. Selon cette hypothèse, le Psal-
miste loue Dieu de la protection que
Dieu a montrée à son peuple dans
cette occasion,
1. Pour la fin, dans les louanges,
psaume d'Asaph à l'occasion des Assy-
Tiens.
2. Dieu estconnu dans la Judée,
dans Israël son nom est grand.
3. C'est dans la paix qu'a été
fait son lieu : et son habitation
dans Sion.
4. Là il a briséla puissance des
arcs, le bouclier, le glaive et la
guerre.
5. Vous avez fait briller une lu-
5-9, Le Psalmiste déclare en conséquence au méchant qu'il ne lévera plus la tóte
(5-6); parce que ce n'est pas un monarque de l'orient ou de l'occident, c'est-à-dire
un monarque terrestre, qui gouverne, c'est Dieu (1-92).
5, 6, 41. Voy., pour le mot corne, Ps. xvir, 3.
9b-11. * Dieu tient à la main une coupe remplie d'un breuvage amer, et il la fera
boire au méchant jusqu'à la lie; et Israél glorifiera son Dieu et célébrera la ruine de
l'impie.
9. Un calice, etc. Le calice, dans le style des prophétes, marque ordinairement la
vengeance et la colére. Les Septante, la Vulgate, les versions syriaque et arabe,
semblent reconnaître ici deux calices; aussi plusieurs interprètes expliquent-ils ainsi
ce passage : L'un de ces calices est plein d'un vin pur, net, sans lie; l'autre l'est
d'un vin épais, trouble et avec sa lie. Dieu mêle l'un avec l'autre, et tempére le vin
pur par un mélange de vin amer et trouble, suivant la nature des fautes des cou-
pables. — Et il l'a penché; pour faire boire.
1. * Ce psaume se rattache étroitement au précédent : Le Ps. טואא nous annonçait
la délivrance de Juda, menacé par Sennachérib; le Ps. Lxxv nous la montre accom-
plie et en remercie le Seigneur.
2-4. * Dieu a fait proclamer la grandeur de son nom en Juda, en brisant les armes
de guerre des ennemis.
3. Dans la paix; c’est-à-dire dans Jérusalem, dont l'ancien nom était Salem, eu
hébreu Schälém (Genèse, xiv, 18), quiexprime l'idée de pair. — Son lieu; sa demeure,
4. Là, etc.; c'est-à-dire dans la Judée.
5-1. * La gloire de Dieu brille éclatante; il a terrassé soldats et cavaliers.
5. Une lumiére. La lumiere de Dieu marque ici, comme dans bien d'autres endroits
1900
miere d'une manière admirable
du haut des montagnes éter-
nelles.
6. Ils ont été troublés, tous les
insensés de cœur.
Ils ont dormi leur sommeil, et
tous les hommes de richesses
n'ont rien trouvé dans leurs
mains.
7. À votre réprimande, Dieu de
Jacob, se sont endormis ceux qui
montaient les chevaux.
8. Vous, vous étes terrible, et
qui vous résistera, des lors qw'é-
clatera votre colere?
9. Du haut du ciel, vous avez
fait entendre un jugement : la
terre a tremblé et s'est tenue en
silence,
10. Lorsque Dieu s'estlevé pour
le jugement, afin de sauver tous
les hommes doux de la terre.
11. Aussi dans sa pensée,
l'homme vous louera, et par suite
de cette pensée, il célébrera un
LES PSAUMES.
[Ps. Lxxvi.]
jour de féte en votre honneur.
12. Faites des vœux au Seigneur
votre Dieu, et accomplissez-les,
vous tous qui, étant autour de lui,
apportez des présents, à lui le
terrible,
13. Et à lui qui enlève le souffle
vital des princes, qui est terrible
aux rois de la terre.
PSAUME LXXVI
(Hésr., LXXVII).
Le Psalmiste affligé se console par le sou-
venir des merveilles que Dieu a opé-
rées en faveur de son peuple. Elles lui
font tout espérer de sa puissance et de
sa bonté.
1. Pour la fin, pour Idithun, psaume
d'Asaph.
2. De ma voix j'ai crié au Sei-
gneur; de ma voix 7᾽ αἱ crié à Dieu,
et il m'a prété attention.
3. Au jour de ma tribulation
j'ai recherché Dieu : mes mains
durant la nuit, on£ été étendues
de l'Ecriture, le secours, la faveur, la puissance divine. — Eternelles; épithète que
les écrivains sacrés donnent assez souvent aux montagnes à cause de leur antiquité.
6. Ils ont dormi, etc. La maniere prompte et miraculeuse dont l'armée de Senna-
chérib fut exterminée soutient trés bien cette idée de sommeil.
8-10. * Qu'il est terrible, le Seigneur! A peine s'est-il levé pour juger, que la terre
est tranquille.
10. Les hommes doux de la terre; ce sont les. Israélites qui ne cherchaient qu'à
vivre en paix, lorsque Sennachérib vint les attaquer. Ezéchias avait méme acheté la
paix, moyennant une trés forte somme d'argent, aprés que l'ennemi eut commencé
à exercer des hostilités. Voy. IV Rois, xvi, 13-16.
11-13. * Remercions Dieu qui met fin à l'orgueil des rois.
11. Dans sa pensée ; littér. : La pensée de l’homme vous louera; el les restes de pensée
vous feront un jour de féte.
12, 13. Compar. II Paral., xxxuir, 21-23.
1. Idithun. Voy. le titre du Ps. xxxvin (Hébr., xxxix). — D'Asaph. Voy. le titre du
Ps. xuix (Hébr., 1). — * Il est impossible de déterminer en quelle circonstance ce
psaume fut composé. On peut supposer cependant que c'est vers l'époque de la ruine
du royaume des dix tribus. — « Les deux premières strophes forment l'exorde et
expriment un sentiment de tristesse et d'angoisse au sujet des malheurs présents de
la nation (vers. 2-7). Les trois strophes suivantes (vers. 8-16) cherchent la consola-
tion et le secours auprés de Dieu, qui a été jadis le libérateur d'Israél. Enfin une
brillante description du passage de la mer Rouge (vers. 17-21), rattachée à cette idée
d'une consolation à puiser dans l'histoire, termine 16 poème. » (Ed. Russ.)
3. Mon áme a refusé, etc. Au milieu de ma captivité, accablé de douleur, je n'ui pu
trouver 6מטטנופ eousolalion hors de Dieu.
fps. א א VI.]
vers lui; et mon espérance n'a
point été déçue.
Mon âme a refusé d'être con-
solée,
4. Je me suis souvenu de Dieu,
et j'ai été ravi de joie; je me suis
exercé d méditer, et mon esprit a
défailli.
5. Mes yeux ont anticipé les
veilles de la nuit; j'ai été troublé,
et je n'ai point parlé.
6. J'ai pensé aux jours anciens;
et j'ai eu les années éternelles
dans l'esprit.
7. Et j'ai médité la nuit avec
mon cœur, je m'exercais ὦ prier
et je sondais mon esprit.
8. Est-ce que Dieu nous rejet-
tera éternellement? ou ne sera-t-
il pas de nouveau plus favorable
encore?
9. Ou retranchera-t-il sans fin
sa miséricorde, de génération en
génération?
10. Ou Dieu oubliera-t-il d'avoir
pitié? ou contiendra-t-il, dans sa
colere, ses miséricordes?
41. Et j'ai dit : C'est maintenant
סגו [6 commence ; ce changement
est l'œuvre de la droite du Tres-
Haut.
12. Je me suissouvenu des œu-
LES PSAUMES.
4991
vres du Seigneur, je me souvien-
drai aussi de vos merveilles de-
puis le commencement,
13. Je méditerai sur toutes vos
œuvres, et je m'exercerai dans
vos desseins.
14. O Dieu, votre voie est
sainte : quel Dieu est grand com-
me notre Dieu?
15. Vous étes le Dieu qui faites
des merveilles.
Vous avez fait connaitre parmi
les peuples votre puissance;
16. Vous avez racheté par votre
bras votre peuple, les fils de
Jacob et de Joseph.
17. Les eaux vous ont vu, ὃ
Dieu, les eaux vous ont vu ; et
elles ont craint, et les abimesont
été troublés.
18. 11 y a eu un grand bruit des
eaux : les nuées ont fait entendre
leur voix.
Car vos flèches traversaient /es
airs;
19. La voix de votre tonnerre
a éclaté sur la roue.
Vos éclairs ont brillé sur le
globe de la terre : la terre s'est
émue, et a tremblé.
20. Dans la mer a été votre
route, et vos sentiers ont été de
8. Ne sera-t-il pas de nouveau, etc.; littér. et par hébraisme : N'agou£era-t-il. pas
d'étre, etc, Voy. Observ. préliminaires, p. 342, 2o.
11. Et j'ai dit; après avoir ainsi déchargé mon cœur devant Dieu. — Je commence
à espérer.
13. Je m'ezercerai dans vos desseins; c'est-à-dire à réfléchir sur, etc. —. Vos des-
seins; littér. vos inventions; l'hébreu porte: vos actions, vos œuvres.
14. Votre voie est sainte; littér. est dans la sainteté. Nous avons déjà fait remarquer
qu'en hébreu les adjectifs sont souvent remplacés par un substantif précédé d'une
préposition.
18. Vos flèches. Les flèches de Dieu signifient assez ordinairement, dans l'Eeriture,
les foudres et les éclairs.
19. La roue ou les roues; c'est-à-dire les chariots; car la partie est prise iei pour
le tout. Il s'agit des chariots des Egyptiens, lesquels furent brisés dans la mer Rouge.
20. Dans la mer, etc.; c'est-à-dire vous avez marché dans les eaux de la mer, à la
téte de votre peuple, comme sur la terre ferme; et ensuite vous avez refermé cette
per, sans qu'on ait pu découvrir les traces de votre passage.
Ax.
76
14202 LES PSAUMES. [Ps. Lxxvir.)
grandes eaux : et vos traces ne | Seigneur, ses œuvres puissantes,
seront pas connues. et ses merveilles qu'il ἃ faites;
21. Vous avez conduit, comme 9. Et a suscité un témoignage
des brebis, votre peuple par les | dans Jacob; et a établi une loi
mains de Moise et d'Aaron. dans Israél :
Combien de grandes choses ila
PSAUME LXXVII commandé à nos peres de faire
(Héer., LXXVIII). connaitre à leurs fils,
Le Psalmiste fait le récit des effets de la 6. Afin qu'une autre génération
bonté de Dieu envers son peuple de- | les connaisse.
puis la sortie d'Egypte jusqu'au régne Les fils qui naitront et s'éleve-
de David. Dieu choisit la tribu de Juda t p ΕΝ um
préférablement à celle d'Ephraim. Les ront apres eux les raconteront à
Péres prennent ce psaume, dans le sens leurs fils,
moral, pour une instruction de Jésus- 7. Afin qu'ils mettent en Dieu
Christ à son Eglise ou de Dieu le père let espérance qu'ils d'odblrent
à la synagogue. ,
pas ses œuvres, et qu'ils recher-
1. Intelligence d'Asaph. chent ses commandements.
Appliquez-vous à ma loi, ómon 8. De peur qu'ils ne deviennent
peuple, inclinez votre oreille aux | comme leurs pères une généra-
paroles de ma bouche. tion perverse etexaspérant Dieu :
2. J'ouvrirai ma bouche en pa- Une génération qui n'a point
raboles : je dirai des choses ca- | dirigé son cœur, et dont l'esprit
chées dès le commencement ; ne s'est point confié en Dieu.
3. Combien de grandes choses: 9. Les fils d'Ephraim, habiles
nousavonsentenduesetconnues, | à tendre l'arc et à en tirer, ont
et que nos peres nous ont racon- | tourné le dos au jour du com-
tées. bat.
4. Elles n'ont pas été cachées 10. Ils n'ont pas gardél'alliance
à leurs fils dans une autre géné- | de Dieu, et ils n'ont pas voulu
ration. marcher dans sa loi.
Ils ont raconté les louanges du 41. Ils ont oublié ses bienfaits
Ps. LXXVI. 21. Exode, xiv, 29.
1-12. * Résumé de l'histoire du peuple de Dieu, pour servir d'enseignement à Israél
et l'exciter à la fidélité au Seigneur.
1. Ma loi; c'est-à-dire ma doctrine, mes instructions; car le terme hébreu corres-
pondant est un dérivé du verbe enseigner, anstruire.
2. Des choses cachées, etc. C'est le sens de l'hébreu et des Septante et celui que
Jésus-Christ a donné lui-même (Matth., xur, 35). Or ces choses cachées, etc., sont les
mystères de l'Evangile, la connaissance des vérités du salut, qui n'ont été révélées
que depuis la venue de Jésus-Christ, comme le dit saint Paul (Rom., xvi, 25-26;
1 Corinth., n, 1; Coloss., 1, 6-27).
3. Combien de grandes choses, etc.; c'est un des compléments du verbe précédent
je dirai.
9. Témoignage, 16 mot hébreu rendu dans les Septante et la Vulgate par témoignage
signifie préceple, ordonnance, décret, loi; c'est probablement ce dernier sens qu'il a
ici. — Combien de grandes choses, etc. Voy. la note du vers, 8,
9. * On ignore à quel fait le Psalmiste fait allusion.
1M. Qu'il leur a montrées; qu'il a opérées devant eux,
Ps. LXXVII.]
et les merveilles qu'il leur a mon-
trées.
19. Devant leurs pères il a
fait des merveilles, dans la terre
d'Ezypte, dans la plaine de Ta-
nis.
13. Il divisa la mer, et il les fit
passer : et il fixa les eaux comme
dans une outre.
14. Il les conduisit, le jour, au
moyen d'une nuée, et toute la
nuit à la clarté d'un feu.
15. Il fendit une pierre dans le
désert, et les fit boirecomme à un
abime abondant.
16. Car il fit sortir de l'eau de
la pierre, 6111 enfitsortir des eaux
comme des fleuves.
17. Mais ils péchèrent encore
de nouveau contre lui, ils exci-
tèrent à la colère le Très-Haut
dans un lieu sans eau.
18. Et ils tentèrent Dieu dans
leurs cœurs, au point qu'ils de-
mandèrent une nourriture pour
leurs âmes.
19. Etils parlèrent mal de Dieu,
ils dirent : Est-ce que Dieu pourra
préparer une table dans le dé-
sert?
LES PSAUMES.
1208
20. Parce qu'il a frappé une
pierre, et que des eaux ont coulé;
et que des torrents ont débordé.
Est-ce qu'il pourra aussi donner
du pain et préparer une table pour
son peuple?
91. C'est pour cela que le Sei-
gneur entendit et différa; mais
un feu s'alluma contre Jacob, et
sa colere monta contre Israël ;
22. Parce qu'ils ne crurent pas
en Dieu, et qu'ils n'espérerent pas
en son salut ;
23. Et il commanda aux nuées
d'en haut, et il ouvrit les portes
du ciel.
24. Et il leur fit pleuvoir de la
manne pour manger, et il leur
donna du pain du ciel.
25. L'homme mangea le pain
des anges, Dieu leur envoya une
nourriture en abondance.
20. Il fit disparaitre du ciel le
vent du midi, et il amena par sa
puissance le vent d'Afrique.
27. Il fit pleuvoir sur eux des
viandes comme la poussiere, et
des oiseaux comme le sable de la
mer.
28. Et ils tomberent au milieu
Ps. LXXVII. 13. Exode, xiv, 22. — 15. Exode, נטא 6; Ps. civ, 41. — 21. Nomb.,
xr, 1. — 24. Exode, xvi, 4; Nomb., xr, 1. — 25. Jean, vi, 31; 1 Cor., x, 3. — 26. Nomb.,
XI; 31.
12. * Des merveilles, les plaies d'Egypte. — Dans la plaine de Tanis. Tanis, située
dans le Delta, était au moment de l'exode la résidence du pharaon. Voir la note sur
Nombres, xut, 23.
13. * La mer Rouge. Voir pour les allusions de ce verset et des versets suivants
les passages de l'Exode et des Nombres auxquels renvoient les références.
15. Comme un abime abondant; c'est-à-dire comme s’il y avait eu en ce lieu de
grands amas d'eaux potables; expression hyperbolique pour marquer la quantité
des eaux qui sortirent du rocher. Compar. I Corinth., x, 4.
17. Mais ils pécherent de nouveau; littér. et par hébraisme : 1/5 ajoutèrent à pécher.
Voy. Observat. préliminaires, p. 342, 9o.
18. Ils tenlèrent Dieu dans leurs cœurs; en ce qu'au lieu de s'adresser à lui, ils se
livrérent aux murmures, — Pour leurs âmes; pour leurs personnes, pour eux.
20. Pain; c'est-à-dire nourriture en général.
21. Et différa l'accomplissement de sa promesse, de les faire entrer dans la terre
promise.
120^
de leur camp, autour de leurs ta-
bernacles.
29. Ils mangerent et ils furent
rassasiés à l'exces, et Dieu leur
aecorda selon leur désir;
30. Ils ne furent point frustrés
dans leur désir.
Leurs viandes étaient encore
dans leur bouche,
31. Quand la colere de Dieu
tomba sur eux.
Et il tua les gras d'entre eux,
et rejeta l'élite d'Israél.
32. Au milieu de tous ces pro-
diges ils péchèrent encore, et ne
crurent pas à ses merveilles.
33. Et leurs jours se termine-
rent vainement, et leurs années
avec rapidité.
34. Lorsquil les tuait, ils le
cherchaient, et ils revenaient, et,
des le point du jour, ils venaient
àlui.
39. Et ils se souvinrent que
Dieu était leur aide, et que le
Dieu tres haut était leur rédemp-
teur.
90. Maisilsl'aimerent de bouche
seulement, et ils lui mentirent
par leur langue;
31. Car leur cœur n'était pas
droit avec lui, et ils ne furent pas
trouvés fidèles à son alliance.
38. Mais lui est miséricordieux,
LES PSAUMES.
[Ps. Lxxvir.]
il pardonnera leurs péchés, et ne
les perdra pas entierement.
Et souvent il détourna sa co-
lere, et il n'alluma pas toute sa
colere.
39. Il se rappela qu'ils étaient
chair, un souffle qui va et qui ne
revient pas.
40. Combien de fois l'ont-ils ir-
rité dans le désert, et l'ont-ils ex-
cité à la colère dans un lieu sans
eau?
41. Et de nouveau ils tentèrent
Dieu, et ils ont aigri le saint d'Is-
raël.
42. Ils nese sont pas rappelé sa
main, au jour où il les retira de
la main d'un oppresseur,
43. Comment il fit en Égypte
ses miracles, et ses prodiges dans
la plaine de Tanis.
44. Et il changea en sang leurs
fleuves et leurs pluies, pour qu'ils
ne bussent point.
45. Il envoya contre eux une
multitude de mouches qui les dé-
vorerent, et la grenouille qui les
ravagea.
46. Et il donna à la rouille leurs
fruits, et leurs travaux à la sau-
terelle.
41. EL il fit périr par la gréle
leurs vignes. et leurs müriers par
la gelée.
30. Nomb., xr, 33. — 44. Exode, vir, 20. — 45. Exode, viu, 6, 24. — 46. Exode, x, 45.
— 4T. Exode, 1x, 25.
31. Rejela littér., empécha d'entrer dans la terre promise, selon l'hébreu, 11 abattit,
i fit tomber.
38. Souvent il délourna; littér. ct par hébraisme : 17 abonda pour délourner. Com-
par. la note du vers. 17.
39. * Un souffle, le vent. La vie est comme un souffle, une ombre.
41. Et de nouveau ils tenlérent; littér. : Et ils retournérenl, et ils tentérent; mème
hébraisme qu'au vers. précédent.
44. Leurs fleuves; c'est-à-dire les fleuves des Egyptiens.
45. * Une mullilude de mouches. Voir la note sur Ps. civ, 31.
41. * Leurs müriers, leurs sycomores à figues, l'un des arbres les plus précieux du
pays. Voir Luc, xix, 4.
[ps. Lxxvir.]
48. Et il livra à la gréle leurs
bétes, et leurs possessions au feu.
49. Il envoya contre eux la co-
lere de son indignation : l'indi-
gnation, et la colere, et la tribu-
lation envoyées par des anges
mauvais.
50. Il fit une voie au sentier de
sa colere, et il n'épargna pas la
mort à leurs àmes ; etleurs bétes,
il les renferma dans la mort.
51. Et il frappa tout premier-né
d'Egypte, les prémices de tout
travail dans les tabernacles de
Cham.
52. Et il en retira, comme des
brebis, son peuple; et 11 les con-
duisit comme un troupeau dans
le désert.
53. Et il les fit sortir p/ezns d'es-
pérance, et ils ne craignirent
point; quant à leurs ennemis, la
mer les couvrit.
54. Et il les amena sur la mon-
tagne de sa sanclification; mon-
tagne qu'a acquise sa droite.
Et il chassa de leur face des
nations; et il leur divisa au sort
une terre avec un cordeau de
partage.
95. Et il fit habiter dans leurs
tabernacles les tribus d'Israël,
LES PSAUMES.
1205
56. Mais ils tentèrent et aigri-
rent le Dieu tres haut; et ne gar-
derent pas ses témoignages.
91. Et ils se détournerent de lui
et n'observérent pas l'alliance; de
la méme maniere queleurs pères,
ils devinrent comme un arc qui
porte à faux.
58. Ils l'ont excité à la colere
sur leurs collines; et par leurs
images taillées au ciseau, ils l'ont
provoqué à la jalousie.
59. Dieu entendit, etil méprisa,
etilréduisitentierementau néant
Israél.
60. Et il repoussa le tabernacle
de Silo, son tabernacle oü il avait
habité parmi les hommes.
61. 11 livra à la captivité l'arche,
leur force; et leur beauté entre
les mains de l'ennemi.
62. Ill renferma son peuple entre
les glaives; et son héritage, il le
méprisa.
63. Un feu dévora leurs jeunes
hommes; et leurs vierges ne fu-
rent pas pleurées.
64. Leurs prêtres tomberent
sous le glaive, et on ne pleurait
pas leurs veuves.
65. Mais le Seigneur se réveilla
comme un omme endormi,
51. Exode, xir, 29. — 53. Exode, xiv, 27. — 54. Jos. , ,וזא 7. — 60. I Rois, 1v, 4; Jér ,
VIT AT
48. Au feu du ciel ; l'hébreu dit à la foudre.
50. I] fit, etc.; c'est-à-dire il ouvrit un chemin large et spacieux ; il donna un libre
essor à sa colère. — A leurs âmes ; à leurs personnes, à eux-mêmes. Compar. vers. 18.
— Il les renferma dans la mort ; i les livra à la mort.
54. La montagne de sa sanclification ; c'est-à-dire de sa consécration, qu'il s'était con-
sacrée par la destination qu'il en avait faite dès le commencement, et qui était d'établir
le siege de sa religion. Il est certain que le mot hébreu signifie non seulement saintele,
mais encore chose sainte, consacrée, sancluaire, temple. — Avec un cordeau. Voy. Ps. xv,6.
56. Ses témoignages; c'est-à-dire ses préceptes, ses ordonnances. Voy. le vers. 5.
58. Leurs images, etc.; leurs idoles.
60. * Silo. Voir la note sur Josué, xvii, 1.
61. Beaulé ; c'est-à-dire gloire. La force et la gloire des Israélites était l'arche d'al-
liance. Voy. I Rois, tv, 2122; II Paral., vi, 41; Ps. cxxxi, 8.
1206
comme un héros qui a été ivre de
vin.
66. Il frappa ses ennemis par
derriere; il leur infligea un op-
probre éternel.
67. Et il repoussa le tabernacle
de Joseph, et ne choisit point la
tribu d'Éphraim ;
68. Mais il choisit la tribu de
Juda, la montagne de Sion qu'il
a aimée.
69. Et il bátit comme wne corne
de licornes son sanctuaire, dans
la terre qu'il a fondée pour les
siecles.
70. Il choisit David son servi-
teur, et il le tira du milieu des
troupeaux de brebis : ille prit à
la suite de celles qui étaient
pleines,
71. Pour être le pasteur de Ja-
cob son serviteur, et d'Israël son
héritage.
72. Et David les fit paitre dans
l'innocence de son cœur, et avec
ses mains habiles, il les con-
duisit.
LES PSAUMES.
[Ps. Lxx virt. ]
PSAUME LXXVIII
(Hésr., LXXIX).
Le Psalmiste se plaint de la cruauté des
ennemis de Dieu qui ont ruiné la ville
et le temple de Jérusalem, et adresse
des priéres au Seigneur pour le peuple
en captivité.
1. Psaume d'Asaph *.
O Dieu, des nations sont venues
dans votre héritage, elles ont
souillé votre saint temple ; elles
ont fait de Jérusalem une cabane
à garder les fruits.
2. Elles ont donné les corps
morts de vos serviteurs en páture
aux volatiles du ciel ; etles chairs
de vos saints, aux bétesde laterre.
3. Elles ont répandu leur sang
comme l'eau autour de Jérusa-
lem; et il n'y avait personne qui
les ensevelit.
4. Nous sommes devenus l'op-
probre de nos voisins, la moque-
rie et le jouet de ceux qui sont
autour de nous.
5. Jusques à quand, Seigneur,
69. Le sanctuaire dans la terre de Juda était unique comme la corne d'une licorne
est unique sur le front de cet animal. D'un autre cóté, la corne, en général, est le
symbole de la gloire, de la force, de l'empire et del'élévation : toutes choses qui con-
viennent parfaitement au temple de Jérusalem. — * De licornes. Voir Ps. xxi, 22.
12. Avec ses mains habiles; littér. avec les intelligences de ses mains. Le Psalmiste,
dans les trois derniers versets, reléve la droiture, la prudence etla sagesse de David,
mort depuis quelque temps, pour convaincre de plus en plus Ephraim de son ingra-
titude, d'avoir abandonné la maison de ce prince si juste, si sage, si religieux, et si
manifestement choisi de Dieu.
a * Ce psaume est de la méme époque que le Ps. Lxxm et se rapporte à la prise
de Jérusalem par Nabuchodonosor.
1-4. * Tableau lamentable de Jérusalem dévastée.
1. * Une cabane à garder des fruits. En Palestine, il y a dans les champs et il y
avait surtout autrefois des cabanes ou des constructions grossières en pierres, pour
servir de lieu de garde contre les voleurs. Ces tours de garde étaientle plus souvent
inhabitées et presque toujours en mauvais état.
2. Vos saints; ce sont les Israélites fidèles, religieux, nommés dans le méme verset
vos serviteurs, c'est-à-dire les serviteurs de Dieu.
5-1. * Que Dieu ait pitié de son peuple honni et méprisé et qu'il châtie ses ennemis.
5. Entièrement; littér., dans les Septante et la Vulgate, pour la fin (in finem), et
dans l'hébreu, entièrement, tout à fait; expression qui est ici probablement synonyme
de sans interruption, sans cesse.
[Ps. [.צזצאע
serez-vous entierement irrité?
jusques à quand votre zele s'allu-
mera-t-il comme un feu?
6. Répandez votre colere sur
des nations qui ne vous connais-
sent point, et sur des royaumes
qui n'invoquent pas votre nom;
1. Parce qu'ils ont dévoré Jacob
et désolé son lieu.
8. Ne vous souvenez pas de nos
iniquités anciennes ; que promp-
tement nous préviennent vos mi-
séricordes; parce que nous som-
mes devenus pauvres à l'excès.
9. Aidez-nous, ὃ Dieu notre
Sauveur, et pour la gloire de
votre nom, Seigneur, délivrez-
nous, et pardonnez nos péchés à
cause de votre nom ;
10. De peur que, par hasard,
l'on ne dise parmi les peuples :
Oü est leur Dieu? Faites donc
connaitre parmi les nations, de-
vant nos yeux,
La vengeance du sang de vos
serviteurs qui a été répandu ;
11. Qu'il vienne en votre pré-
sence, le gémissement de ceux
qui sont dans les fers.
LES PSAUMES.
1207
Selon la grandeur de votre bras,
possédez les fils de ceux qui ont
été mis à mort.
19. Rendez à nos voisins, e£
versez dans leur sein 16 septuple :
rendez-leur lopprobre dont ils
ont prétendu vous couvrir, ὃ Sei-
gneur.
13. Pour nous, votre peuple, et
les brebis de votre páturage, nous
vous louerons pour toujours;
Dans toutes les générations
nous annoncerons votre louange.
PSAUME LXXIX
(Hénn., LXXX).
Ce psaume contient une priére des cap-
tifs pour leur liberté, une comparaison
du peuple juif à une vigne que Dieu a
livrée aux ennemis, et une supplica-
tion de la regarder avec compassion,
et d'envoyer l'homme de sa droite,
c'est-à-dire le Messie.
1. Pour la fin, pour ceux qui seront
changés, témoignage d'Asaph, psaume.
2. Vous qui gouvernez Israël,
soyez attentif : vous qui condui-
sez, comme une brebis, Joseph.
Vous qui étes assis sur les Ché-
rubins, manifestez-vous
Ps. LXXVIII. 6. Jér., x, 25. — 8. Isaie, rxiv, 9.
1. Son lieu; c'est-à-dire sa demeure.
8-10. * Que Dieu pardonne ses péchés à son peuple et manifeste par sa vengeance
sa divinité aux paiens.
11-13. * Que Dieu ait pitié d'Israël! qu'il rende à leurs voisins le septuple du mal
qu'ils ont fait à ses serviteurs, et ceux-ci 16
11. Selon la grandeur; par la force, la puissance.
12. Le septuple, des maux qu'ils nous ont faits. — L'opprobre; c'est un second com-
plément direct du verbe rendez. —* Dans leur sein, parce que c'est là que les Orien-
taux ont coutume de placer les objets qu'ils portent.
13. Dans toutes les générations; littér. et par hébraisme : Dans une génération et
“πὸ génération. V. p. 341, 10.
1.* Le titre hébreu porte : « Au chef de chœur. “Εἰ Schoschannim. ‘Édouth.
Maskil. » Voir l'explication de ces mots dans la note 4 à la fin du volume. Les Sep-
ante ajoutent : « sur l'Assyrien. » — Le royaume d'Israël (ou d'Ephraim, descendant
le Joseph), demande dans un magnifique langage la protection de Dieu contre les
Assyriens qui l'oppriment.
2-4. * Que le berger d'Israël secoure Ephraim et Manassé!
2. Israél et Joseph marquent ici toutes les tribus, tout le peuple d'Israél; mais le
1208
3. Devant Ephraim, Benjamin
et Manassé.
Excitez votre puissance, 61 ve-
nez, afin que vous nous sauviez.
4. O Dieu, convertissez-nous,
et montrez votre face, et nous
serons sauvés. |
5. Seigneur, Dieu des armées,
jusques à quand serez-vous irrité
au sujet de la prière de votre ser-
viteur?
6. Jusques à quand nous nour-
rirez- vous d'un pain de larmes,
el nous donnerez-vous à boire des
larmes dans une mesure?
7. Vous nous avez posés comme
un objet de contradiction à nos
voisins ; et nos ennemis nous ont
insultés.
8. Dieu des armées, conver-
tissez-nous, et montrez votreface,
et nous serons sauvés.
9. Vous avez transporté de
l'Egypte une vigne, vous avez
chassé des nations, et vous l'avez
plantée.
LES PSAUMES.
[Ps. Lxxix.]
10. Vous avez été un guide de
route devant elle : vous avez
planté ses racines, et elle arempli
la terre.
11. Son ombre ἃ couvert les
montagnes, et ses rameaux les
cèdres de Dieu.
12. Elle a étendu ses branches
jusqu'à la mer, et ses rameaux
jusqu au fleuve.
13. Pourquoi donc avez-vous
détruit son mur de clôture, et
pourquoi la vendangent-ils, tous
ceux qui passent dans le chemin?
14. Un sanglier de forêt l'a en-
tierement dévastée; et une béte
sauvage l'a broutée.
15. Dieu des armées, revenez,
regardez du haut du ciel et voyez,
et visitez cette vigne.
16. Faites-la prospérer, celle
que votre droite à plantée, et
portez vos regards sur le fils de
l'homme que vous avez établi fer-
mement pour vous.
17. Elle a été brûlée par le feu
e a € —— ——— ————
Psalmiste ne rappelle probablement que ces deux noms, parce qu'ils étaient princi-
palement chéris de Dieu. — * Qui éles assis sur les Chérubins, placés au-dessus de
l'arche d'alliance.
4. * Refrain.
5-8. * Israél est abreuvé de pleurs et ses ennemis se moquent de lui.
5. Au sujet de la prière (super orationem); c'est-à-dire sans vouloir écouter la
prière.
6. Dans une mesure; avec abondance, abondamment.
8. * Refrain, qui ne diffère de celui du vers. 4 que par l'addition du mot des armées
à Dieu. ,
9-12, * Dieu avait transplanté Israël comme un cep de vigne dans les montagnes
d'Ephraim oü il avait prospéré.
11. Cèdres de Dieu; hébraisme, pour cédres extrémement hauts.
12. La mer Méditerranée, à l'occident. — Jusqu'au fleuve, l'Euphrate, à l'orient.
13-16. * Pourquoi Dieu laisse-t-il ravager sa plantation?
44. * Un sanglier. Le sanglier est assez commun en Palestine et y fait quelquefois
beaucoup de dégâts. Il figure ici l'Iduméen, d'après les commentateurs Juifs, et la
bête sauvage figure l'Arabe nomade. Ce qui est certain c'est que ce sont là des em-
blémes des ennemis du peuple de Dieu.
46. Sur le fils de l'homme, ne peut étre qu'un complément du verbe regardez
(respice), exprimé au verset précédent. — Le fils de l'homme; c'est Jésus-Christ, qui
s'est comparé dans l'Evangile à une vigne (Jean, xv, 1, 4, 5).
17-20. * Puisse Dieu protéger encore Israël! à l'avenir il lui sera fidèle et invoquera
son nom.
{Ps. ὡχχχ.]
.et déchaussée; parla réprimande
de votre visage ils périront.
18. Que votre main repose sur
l'homme de votre droite, et sur
le fils de l'homme que vous avez
établi fermement pour vous.
19. Et nous ne nous éloigne-
rons plus de vous; vous nous
rendrez la vie, et nous invoque-
rons votre nom.
20, Seigneur, Dieu des armées,
convertissez-nous; et montrez
votre face, et nous serons sauvés.
PSAUME LXXX
(Hése., LXXXI).
LES PSAUMES.
1209
1. Pour les pressoirs, psaume d'Asaph
lui-méme.
2. Exultez en Dieu qui est notre
aide; poussez des cris de joie vers
le Dieu de Jacob.
3. Entonnez un psaume, et faites
entendre un tambour, un psalté-
rion harmonieux avec une harpe.
4. Sonnez de la trompette à la
néoménie, au jour insigne de
votre solennité;
5. Parce que c'est un précepte
dans Israël, une ordonnance en
l'honneur du Dieu de Jacob.
6. Il l'établit comme un monu-
ment pour Joseph, lorsqu'il sortit
de la terre d'Egypte, e£ qu'il en-
tendit une langue qu'il ne con-
naissait pas.
7. ll détourna son dos des far-
deaux, e£ ses mains qui servaient
à porter les corbeilles.
8. Dans la tribulation, tu m'as
Le Psalmiste invite le peuple à célébrer
avec joie la fête des trompettes. Il rap-
porte l'origine et la cause de l'établis-
sement de cette solennité, et expose
l'ingratitude des Israélites et les pro-
messes du Seigneur.
Pour la fin.
Ps. LXXX. 6. Genèse, xui, 29. — 8. Exode, xvii, 5.
11. Par la réprimande de votre visage; par votre regard sévère et menaçant. — Ils
périront; les ennemis, selon les uns, les Israélites, selon les autres.
90. * Refrain, comme aux vers. 4 et 8, avec l'addition du mot Seigneur.
1. * Titre en hébreu : > Au chef de chœur. Sur la gittith. » Voir sur la giltith, la
note 4 à la fin du volume. — Ce psaume a pour objet de célébrer la fête de Pâques,
et c'est pour ce motif qu'il parle de la sortie d'Egypte. — Le Psalmiste rappelle à
celui qui observera fidélement les commandements de Dieu quelle est la récompense
qui lui est destinée. Les vers. 2-5 exhortent à célébrer Pâques avec allégresse. Dans
les vers. 6-17, c'est Dieu qui parle. (Les verbes des vers. 6 et 7 sont à la première
personne en hébreu). Il demande à son peuple la fidélité, en lui rappelant comment
ila puni dans le désert ceux qui lui ont été rebelles et en assurant qu'il accordera
tous les biens à ceux qui écouteront sa voix.
4. * Néoménie, nouvelle lune. — Au jour insigne de votre solennité, la fête de Pâques.
D'aprés quelques commentateurs, la féte des Tabernacles.
5. Une ordonnance ; statut, loi; c'est le sens qu'a ici, comme en bien d'autres en-
droits, le terme hébreu rendu dans les Septante et la Vulgate par jugement. — En
l'honneur de Dieu; littér. au Dieu (Deo); ce datif qui se trouve également en grec,
et méme en hébreu, ne permet pas d'autre traduction.
6. Joseph est mis iei pour tout Israël (Compar. Ps. rxxix, 1), parce que la fête des
tabernacles fut instituée en mémoire du voyage des Hébreux au sortir de l'Egypte,
où Joseph avait été comme leur second père et leur nourricier. — 17 entendit, etc.
Selon la plupart des Péres et des interprétes, le Psalmiste veut dire que les Israé-
lites, aprés leur sortie de l'Egypte, entendirent la voix du Seigneur qui leur parlait
du haut du Sinai par l'entremise de Morse, et qui leur donna une loi et leur com-
muniqua des vérités jusqu'alors inconnues pour eux.
8. Du fond de la tempéte (i abscondito tempestalis) ; c'est-à-dire lorsqu'en Egypte,
1210
invoqué, et je t'ai délivré; je t'ai
exaucé du fond de la tempéte, je
t'ai éprouvé auprès de l'eau de
contradiction.
9. Ecoute, mon peuple, car je
te prendrai à témoin : Israël, si tu
m'écoutes,
10. Il n'y aura pas au milieu de
toi de dieu nouveau, et tu n'ado-
reras pas de dieu étranger.
11. Car c'est moi qui suis le
Seigneur ton Dieu, qui t'ai tiré de
la terre d'Egypte; élargis la bou-
che, je la remplirai.
12. Mais mon peuple n'a pas
écouté ma voix, et Israél ne m'a
pas prété attention.
13. Et je les ai abandonnés
aux désirs de leur cœur; ils iront
dans des voies de leur inven-
tion.
44. Si mon peuple m'avait
écouté; si Israël avait marché
dans mes voies,
15. En un moment j'aurais hu-
milié ses ennemis, et sur ceux
LES PSAUMES.
[Ps. Exxxr. |
qui les tourmentaient, j'aurais
lancé ma main.
16. Les ennemis du Seigneur
lui ont menti, et leur temps du-
rera des siècles.
17. Cependantillesa nourris de
moelle de froment, et il les a ras-
sasiés de miel sorti d'une pierre.
PSAUME LXXXI
(Hésr., LXXXID.
Le Psalmiste exhorte les juges de la terre
à exercer la justice sans acception des
personnes et dans la crainte du juge-
ment du Seigneur.
1. Psaume d'Asaph.
Dieu a assisté à une assemblée
de dieux, mais au milieu d'eux,
il juge des dieux.
2. Jusquesàquandjugerez-vous
selon l’iniquité, et ferez-vous ac-
ception de la personne des pé-
cheurs?
3. Jugez pour lindigent et le
pupille : faites justice à l'humble
et au pauvre.
10. Exode, xx, 3. — 13. Actes, xiv, 15. — 14. Baruch, rir, 13.
je t'ai mis à couvert des foudres, de la gréle, des tempétes, des bruits effroyables,
dont j'ai épouvanté les Egyptiens, ou bien, lorsque je descendis sur le Sinai au mi-
lieu des tonnerres et des éclairs, et que tu me prias de ne pas te parler moi-méme,
mais de te faire connaitre mes ordres par Moise.
13. Dans des voies, etc. (in adinventionibus suis) le grec dit habitudes, goûts, caprices,
et l'hébreu, conseils, desseins.
15. En un moment ou aisément. La Vulgate ajoute peut-élre (forsitan). Ce mot ne
se lit pas dans le texte hébreu, et il répond dans les Septante à une particule
grecque qui n'exprime nullement le doute.
16. Les ennemis du Seigneur sont ici les Israélites infidéles à leur Dieu et qui lui
ont manqué de parole. — Leur temps; c'est-à-dire le temps de leur chátiment, de
leurs peines.
1-8. * Le Psalmiste invoque le secours de Dieu contre des juges iniques, cf.
Ps. zvir. Notre-Seigneur a cité ce psaume, Jean, x, 34-36. On en place assez généra-
lement la composition au temps de Josaphat, vers 890 av. J.-C. — Le langage est
plein de force et d'énergie. — Deux discours de Dieu forment le fond du poème ;
dans le premier (vers. 1-5), il intime aux juges l'ordre d'étre justes; dansle deuxiéme
(6-8), il les menace de ses chátiments.
1. Dieux; c'est le nom qu'on donne assez souvent aux juges, aux magistrats, dans
Ecriture, parce qu'ils rendent la justice au nom et à la place de Dieu. Compar.
Ezxod., xxi, 6; xxu, 8, 28.
2. Et ferez-vous acception, etc. Voy. pour cette locution Job, xur, 8-10.
(ps. ΠΥΧΧΠ.]
4. Délivrezlepauvre, etarrachez
l'indigent de la main du pécheur.
5. Ils n'ont pas su, et ils n'ont
pas compris; ils marchent dans
les ténèbres ; tous les fondements
de la terre seront ébranlés.
6. Moi j'ai dit : Vous êtes des
dieux, et fils du Très-Haut, tous.
7. Mais vous mourrez comme
des hommes; et comme l'un des
princes, vous tomberez.
8. Levez-vous, à Dieu, jugez la
terre; parce que vous hériterez
parmi toutes les nations.
PSAUME LXXXII
(Hésr., LXXXIII).
Le Psalmiste implore le secours de Dieu
contre une multitude d'ennemis qui
s'étaient élevés contre son peuple. Il
prédit le trouble dont ils seront sai-
sis, et la confusion dont ils seront cou-
verts,
1. Cantique du psaume d'Asaph.
LES PSAUMES.
1211
2. O Dieu, qui sera semblable à
vous? Ne vous taisez pas, et ne
soyez pas retenu, ὃ Dieu,
3. Parce que voilà que vos en-
nemis se sont assemblés en tu-
multe, ont fait un grand bruit, et
que ceux qui vous haissent ont
levé la téte.
4. Contre votre peuple ils ont
formé un dessein plein de malice,
et ils ont conspiré contre vos
saints.
5. Ils ont dit: Venez, et per-
dons-les entierement, en sorte
quils ne soient plus un peuple,
qu'on ne sesouvienne pas du nom
d'Israél, dans la suite.
6. Parce qu'ils ont conspiré
unanimement, qu'ensemble con-
tre vous ils ont fait alliance,
7. Les tabernacles des Idu-
méens et les Ismaélites : Moab, et
les Agaréniens,
Ps. LXXXI. 4. Prov., xxiv, 11. — 6. Jean, x, 34.
5. Aprés avoir repris les juges de leur mauvaise foi et de leur injustice, le Psal-
miste les accuse d'ignorance.
5. Vous êtes des dieux. Jésus-Christ applique ce passage à tous les hommes (Jean,
x, 34), comme ayant tous été créés à l'image de Dieu; mais il n'y a de fils de Dieu
proprement dit que Jésus-Christ, qui, pour cela méme, est appelé le Fi/s unique de
Dieu (Jean, 1, 14, 18; ,זז 16).
7. Comme l’un des princes; c'est-à-dire Lucifer, le prince des anges rebelles.
8. Levez-vous, etc. C'est une prière dans laquelle le Psalmiste demande la venue
du Messie, qui devait avoir les nations en héritage. Compar. Ps. 1, 8.
1. * Les Iduméens, les Arabes, les Moabites et les autres peuples voisins se sont
unis pour attaquer ensemble le royaume de Juda. C'est probablement la ligue dont
il est parlé II Par., xx, 1, du temps de Josaphat, vers 895 av. J.-C. Le Psalmiste
demande à Dieu de défendre son peuple contre tous ces ennemis. — La suite des
pensées est facile à saisir. Il faut remarquer seulement que dans les deux premiers
vers de l'original, le parallélisme est synonymique, et qu'au lieu de : Dieu, qui sera
semblable à vous? il porte :
Ne vous taisez point, ne restez pas inactif, ὁ Dieu,
O Dieu, ne gardez point le silence!
9. Ne vous taisez pas, etc.; ne demeurez pas en repos; ne retenez pas votre juste
courroux contre vos ennemis.
1-9. * Enumération des peuples et des tribus confédérés contre Israël.
7. Les Iduméens, les Ismaélites et les autres peuples nommés dans le vers. sui-
vant, n'habitaient pour la plupart que dans les tabernacles ou tentes, et n'avaient
pas de demeures fixes. — * Les Ismaélites sont les Arabes, particulièrement nomades.
— Les Agaréniens habitaient à l'est du pays de Galaad.
1212
des étrangers avec les habitants
de Tyr.
|. 9. Et aussi Assur est venu avec
‘eux : ils ont prêté secours aux
fils de Lot.
10. Faites-leur comme à Madian
et à Sisara; comme à Jabin au
torrent de Cisson.
11. Ils périrent entierement à
Endor : ils devinrent comme un
fumier pour la terre.
12. Traitezleurs princes comme
Oreb, et Zeb, et Zébée, et Sal-
mana :
Tous leurs princes,
13. Qui ont dit : Possédons en
héritage le sanctuaire de Dieu.
44. Mon Dieu ,rendez-lescomme
une roue, et comme une paille
devant la face du vent.
15. Comme un feu qui brûle en-
tièrement une forêt, et comme
une flamme brülant entièrement
des montagnes;
LES PSAUMES.
8. Gébal et Ammon et Amalec: |
[Ps. rx xxur.]
16. Ainsi vous les poursuivrez
par votre tempéte, et dans votre
colere vous les troublerez.
17. Remplissez leurs faces
d'ignominie, et ils chercheront
votre nom, ὃ Seigneur.
18. Qu'ils rougissent, et qu'ils
soient troublés dans les siècles
des siècles : qu'ils soient confon-
dus et qu'ils périssent.
19. Et qu'ils sachent que votre
nom est le Seigneur, que vous
seul êtes 16 Très-Haut sur toute la
terre.
PSAUME LXXXIII
(Hépn., LXXXIV).
Le Psalmiste soupire aprés le tabernacle
du Seigneur dont il se trouve éloigné
par la persécution de ses ennemis, et
il peint le bonheur de ceux qui passent
leur vie dans ses parvis. Il apprend
ainsi aux chrétiens à désirer avec ar-
deur les tabernacles du ciel.
Pour la fin.
1. Pour les pressoirs, aux fils de Coré,
psaume.
Ps. LXXXII. 10. Juges, vit, 22; 1v, 15; 1v, 24. — 12. Juges, vri, 25; vin, 21.
————— M M ——— ——— M ——— —————áá—
8. Des étrangers; c'est-à-dire les Philistins. Voy. sur ce mot Ps. nix, 10. — * Gébal
serait ici, d’après quelques-uns, la ville et le port de la Phénicie, appelés parles Grecs
Byblos, au nord de Tyr et de Beyrouth; mais on ne peut guère douter que Gébal
désigne ici le pays montagneux qui s'étend de la mer Morte jusqu'à Pétra, capi-
tale de l'Idumée. Ce pays est encore aujourd'hui appelé Djébal, mot qui signitie
montagne. Ses habitants se seraient unis aux Ammonites, qui habitaient à l'est de la
mer Morte; aux Amalécites, tribu nomade de la péninsule du Sinai voisine de l'Idu-
mée, etc., contre le royaume de Juda, voir le vers. 1. — Les Philistins et les Tyriens
ne sont pas nommés, non plus que quelques autres mentionnés par le Psalmiste,
dans II Paralipomènes, xx, mais l'énumération est ici plus complète. Il est pro-
bable d'ailleurs que les Tyriens n'ont pas combattu directement le royaume de
Juda, mais ont seulement soutenu les confédérés.
9. Assur; les Assyriens. La plupart des faits indiqués dans les versets suivants sont
racontés dans les Juges, 1v-vur. — * Aux fils de Lot, les Moabites et les Ammonites.
11. Pour la terre ou à la terre, comme portent l'hébreu et les Septante, ce qui óte
l'amphibologie du mot /errz de la Vulgate. Ainsi, selon nous, le vrai sens est que
leurs cadavres, dont la terre fut couverte, devinrent pour elle comme un fumier,
qui l'engraissa. Cependant on traduit généralement par
: Ils furent abandonnés sans
sépulture comme du fumier sur la terre, ou bien par : Ils furent foulés comme du
fumier sous les pieds des vainqueurs.
13. * Le sanctuaire de Dieu, la Terre Sainte.
14. Comme une roue; c'est-à-dire sans consistance, sans fixité, mais dans une agi-
tation et dans un bouleversement continuels.
. * Le titre hébreu porte : > Au chef de musique. Sur le gitthith. » Voir l'expli-
(Ps. Lexxr.]
9. Qu'ils sont aimables, vos ta-
bernacles, Seigneur des armées!
3. Mon àme désire avec ardeur,
et languit apres les parvis du Sei-
gneur.
Mon cœur et ma chair
exulté pour le Dieu vivant.
4. Car un passereau trouve
pour lui une maison; une tour-
terelle, un nid oü elle dépose ses
petits.
Vos autels, Seigneur des ar-
mées, mon roi et mon Dieu.
ὃ. Bienheureux ceux qui habi-
tent dans votre maison, Seigneur;
dans les siècles des siècles ils vous
loueront.
6. Bienheureux l'homme dont
le secours vient de vous; il a dis-
posé dans son cœur des degrés
pour s'élever,
ont
LES PSAUMES.
1913
7. Dans la vallée de larmes,
dans le lieu qu'il a fixé.
8. Car le législateur donnera sa
bénédiction; ils iront de vertu
en vertu; il sera vu le Dieu des
dieux dans Sion.
9. Seigneur, Dieu des armées,
exaucezmapriére, prétezl'oreille,
Dieu de Jacob.
10. Dieu notre protecteur, re-
gardez, jetez les yeux sur la face
de votre Christ ;
11. Parce que mieux vaut un
jour passé dans vos parvis, que
des milliers dans d'autres.
J'ai choisi d’être abject dans la
maison de mon Dieu, plutót que
d'habiter dans les tabernacles des
pécheurs.
12. Parce que Dieu aime la mi-
séricorde et la vérité, le Seigneur
cation de gitthith. (pour les pressoirs) dans la note 4 à la fin du volume. — Ce psaume
fait le pendant du Ps. xuu-xuur. ll ἃ été composé peut-étre par quelqu'un de ceux
qui avaient accompagné David dans sa fuite, à l'époque de la révolte d'Absalom.
L'auteur manifeste le plus vif amour pour la maison de Dieu, et exprime ce senti-
ment d'une manière touchante. — Au fils de Coré. Voy. le titre du Ps. זוא (Hebr., xuu).
2-5. * Sentiments du Psalmiste à l'égard de la maison de Dieu.
4. Vos autels. Aprés ces mots, qui forment un sujet sans attribut, il faut probable-
ment sous-entendre, sont le lieu où je désirerais faire ma demeure. — * « Quelquefois,
dit le comte de Maistre dans les Soirées de Saint-Pétersbourg, le sentiment l'oppresse
ile Psalmiste]. Un verbe qui s'avancait pour exprimer la pensée du prophète s'arréte
sur ses lèvres et retombe sur son cœur ; mais la piété le comprend lorsqu'il s'écrie :
Tes aulels, 6 Dieu des esprils!... »
5. Dans les siècles des siècles ; hébraisme, pour dans tous les siècles.
6-9. * Heureux l'homme droit. ll peut visiter Dieu dans Sion. Prière pour le roi
(pour David qui a été obligé de s'enfuir devant Absalon).
6-1. Ces deux versets, que la Vulgate a traduits très fidèlement sur les Septante,
sont aussi obscurs dans le texte hébreu que dans ces deux versions. Voici l'explica-
tion qui nous a paru ב[ plus simple et la plus naturelle : Bienheureux l'homme qui
attend son secours de vous, ó mon Dieu, et qui, dans cette vallée de larmes, lieu, où
il s'est placé lui-même par son péché, a résolu en son cœur les moyens de s'élever
jusqu'à vous (ascensiones in corde suo disposuit).
7. * La vallée de larmes est généralement regardée aujourd'hui comme une vallée
qui portait le nom de Bákà ou des larmes (de baume), vallée où croissait le baumier.
8.* Le législateur donnera sa bénédiction. Le texte original doit se traduire : La
pluie d'automne, une pluie abondante et salutaire, donnera la bénédiction, rendra
fertile la Vallée de larmes. — 1/5 iront, les serviteurs de Dieu. — ]/ sera vu. En hé-
breu : le serviteur de Dieu se présentera au Seigneur sur la montagne de Sion.
10-13. * Bonheur qu'on goüte à demeurer auprés de Dieu, parce qu'il est la source
de la grâce et de la gloire.
10. Votre Christ; c'est-à-dire le Messie, selon les uns. David, ou Zorobabel, ou Je
peuple juif, suivant les autres,
1214
donnera la gráce et la gloire.
13. Il ne privera pas de biens
ceux qui marchent dans l'inno-
cence. Seigneur des armées,
bienheureux l'homme qui espere
en vous.
PSAUME LXXXIV
(HéBn., LXXXV).
Le Psalmiste loue Dieu d'avoir délivré
son peuple de la captivité, et il le prie
de l'établir dans une paix solide et une
parfaite tranquillité. Il y a dans ce
psaume plusieurs passages qui peuvent
s'appliquer au peuple chrétien racheté
du péché et de la mort par Jésus-
Christ.
1. Pour la fin, aux fils de Coré, psaume.
2. Vous avez béni, Seigneur,
votre terre; vous avez détourné
la captivité de Jacob.
ὃ. Vous avez remis l'iniquité de
votre peuple, vous avez couvert
tous leurs péchés.
4. Vous avez apaisé votre co-
lere, vous avez détourné votre
peuple de la colère de votre indi-
gnation.
5. Converlissez-nous, ὃ Dieu
notre Sauveur; etdétournez votre
colere de nous.
6. Est-ce que vous serez éter-
LES PSAUMES.
[Ps. txxsiv.]
nellementen colère ; ou étendrez-
vous votre colere de génération
en génération ?
1. O Dieu, revenez 0 nous, vous
nous donnerez la vie, et votre
peuple se réjouira en vous.
8. Montrez-nous, Seigneur, vo-
tre miséricorde; et donnez-nous
votre salut.
9. J'écouterai ce que dira au de-
dans de moi le Seigneur Dieu,
parce qu'il parlera paix pour son
peuple,
Et pour ses saints, et pour ceux
qui se tournent vers leur cœur.
10. Assurément, près de ceux
qui le craignent est son salut, afin
que la gloire habite dans notre
terre.
11. La miséricorde et la vérité
se sont rencontrées ; la justice et
la paix se sont donné un baiser.
19. La vérité est sortie de la
terre, et la justice a regardé du
haut du ciel.
13. Le Seigneur accordera sa
bonté, et notre terre donnera son
fruit.
14. La justice marchera devant
lui, et 11 mettra ses pas dans la
voie.
1. * Ce psaume paraît avoir été composé aprés le retour de la captivité. Cf. 4gg.,
1, 9-11; 11, 16-20. — Le Psalmiste demande à Dieu de se montrer comme autrefois
miséricordieux envers son peuple et de le rétablir dans son état de prospérité.
2-4. * Rappel de la miséricorde que Dieu a témoignée autrefois à son peuple.
5-8. * Prière pour que Dieu redevienne miséricordieux envers son peuple.
8. Montrez-nous. Voy. Ps. Lxx, 20. — Votre salut; votre assistance salutaire, votre
gecours; ou bien votre Christ, notre Sauveur.
9-11. * Espoir que cette demande sera exaucée.
9. Il parlera paix; c'est-à-dire il annoncera la paix. — Pour son peuple en général.
— Pour ses saints. Voy. Ps. yxxvitt, 2. — Qui se tournent vers leur cœur; qui entrent
en eux-mêmes, ou qui tournent leur cœur vers Dieu, comme portent les Septante.
10. Assurément; c'est le sens qu'exige le contexte, et c'est aussi celui du mot
hébreu rendu dans les Septante et la Vulgate par mais cependant.
11. On peut voir dans les interprétes la belle et juste application qui a été faite à
Jésus-Christ et à son Eglise, de ce qui est dit dans ce verset et dans les suivants.
12-14. * Tableau de la prospérité future que le Psalmiste vient d'obtenir.
14. Il mettra ; c'est-à-dire 11 précédera la justice comme son avant-coureur.
PS. LXXxV.]
PSAUME LXXXV
(Hésr., LXXXVI).
Ce psaume contient la priére d'un juste
affligé; il montre de plus que Dieu
seul est vraiment grand et qu'il fait
des prodiges et que toutes les nations
-econnaitront sa grandeur.
Prière de David lui-même.
1. Inclinez, Seigneur, votre
oreille, et exaucez-moi, parce que
je suis sans ressource et pauvre.
2. Gardez mon âme, parce que
je suis saint : sauvez, mon Dieu,
votre serviteur qui espère en
vous.
3. Ayez pitié de moi, Seigneur,
parce que vers vous j'ai crié tout
le jour.
4. Réjouissez l’âme de votre
serviteur, parce que vers vous,
Seigneur, j'ai élevé mon âme.
ὃ. Parce que vous, Seigneur,
vous êtes bienveillant et doux, et
d'une grande miséricorde pour
tous ceux qui vous invoquent.
6. Prétez l'oreille, Seigneur, à
ma priere, et soyez attentif à la
voix de ma supplication.
Ps. LXXXV. 5. Joël, 11, 13.
LES PSAUMES.
1215
7. Au jour de ma tribulation,
jaicrié vers vous, parce que vous
m'avez exaucé.
8. Il n'est point de semblable à
vous parmi les dieux, Seigneur;
et il n'est rien de comparable à
vos œuvres.
9. Toutes les nalions que vous
avez faites viendront, et adore-
ront devant vous, Seigneur, et
glorifieront votre nom.
10. Parce que vous êtes grand,
vous, et que vous faites des mer-
veilles, et que vous êtes seul Dieu.
11. Conduisez-moi, Seigneur,
dans votre voie, et que je marche
dans votre vérité : que mon cœur
se réjouisse, afin qu'il craigne
votre nom.
12. Je vous louerai, Seigneur
mon Dieu, en tout mon cœur, et
je glorifierai votre nom éternel-
lement;
13. Parce que votre miséricorde
est grande envers moi, et que
vous avez arraché mon âme de
l'enfer le plus profond.
14. 0 Dieu, des hommes iniques
se sont insurgés contre moi, et
1. * David, dans l'adversité, peut-être pendant la révolte d'Absalom, demande à
Dieu de le secourir. Plusieurs commentateurs pensent cependant que cette prière n'a
été composée que du temps d'Ezéchias et de Zorobabel, et que le nom de David, dans !
le titre, signifie simplement que l'auteur a écrit ce psaume à l'aide de fragments qu'il |
a empruntés à David. — Le nom d'Adonai se lit sept fois dans l'original, probable- '
ment avec intention. — Voici la suite des idées: Appel à Dieu; 5-7 : parce qu'il est
uiséricordieux et que celui qui l'invoque est dans la détresse; — 8-10: parce qu'il est
grand et qu'il opère des merveilles. — 11-13. Demande de 18 lumière et de la grâce
divines. — 14-17. Invocation contre les ennemis du serviteur de Dieu.
2. Gardez mon âme ; hébraisme, pour gardez-moi ; c'est-à-dire conservez-moi la vie.
— Je suis saint; ou, selon l'hébreu, pieux, voué à votre culte; suivant d'autres, inno-
cent des crimes qu'on m'impute.
8. IL n'est rien, etc.; littér. il n'est pas selon vos œuvres; ce qui signifie évidemment,
il n'est pas d'œuvre sembable ou comparable à vos œuvres.
13. Vous avez arraché, etc. Dans les Livres saints et surtout dans les Psaumes et
dans les Prophétes, ces expressions sont souvent employées pour désigner la déli-
vrance d'un grand danger. Dans un sens plus élevé, elles s'appliquent à Jésus-Christ
descendu aux enfers et ressuscité d'entre les morts.
44. A cherché mon dme. Voy. Ps. xxxiv, 4.
1210 LES PSAUMES. (ps. Lxx vi.
nne assemblée de puissantsa cher- | vous, Seigneur, qui m'avez aidé
ché mon âme; el ils ne vous ont | et consolé.
pas eu présent devant leurs yeux.
15. EL vous, Seigneur, vous le PSAUME LXXXVI
Dieu compatissant et miséricor- (Héer,, LXXXVID.
dieux, palient, d’une grande mi- 4
PY TNAM Le Psalmiste, en relevant la gloire de Jé-
séricorde, et véridique, ; j
rusalem sous le nom de Cité de Dieu,
16. Jelez les yeux sur moi, et décrit celle de l'Eglise de Jésus-Christ, |
ayez pitié de moi; donnez votre où tous les peuples du monde se sont
puissance à volre servileur, el rassemblés dans une méme foi.
sauvez le fils de votre servante. 1. Aux fils de Coréa psaume de can-
17. Failes pour moi un signe | ique.
favorable, afin qu'ils le voient, Ses fondements sont sur les
ceux qui me haissent, et qu'ils | montagnes saintes;
soienl confondus, parce que c'est 2. Le Seigneur aime les portes
e ——————————————————————————————————————————————————————————————————
13. Véridique; en parlant de Dieu, signifie le plus ordinairement fidéle à tenir ses
promesses. )
16. Le fils, etc. Le fils d'une servante, né dans la maison, était esclave à perpétuité
chez son maitre.
41. Faites, etc.; opérez en ma faveur un prodige éclatant, afin que nos ennemis ne
croient pas que vous m'avez entièrement abandonné. Littér. Ffuiles avec ou envers moi
un signe pour bon; construction purement hébraique.
: Au fils de Coré. Voy. le titre du Ps. xur (Hébr. xum). :
1-7. * Eusèbe dit avec raison que ce psaume est trés obscur. Plusieurs critiques
pensent qu'il fut composé à la suite de la ruine de l'armée de Sennachérib. Cf. Ps. xtv ;
xLvi et xxv. — L'auteur y annonce la conversion des Gentils. — En voici la tra-
duction sur l'hébreu où il est plus clair :
Elle est fondée sur les saintes montagnes (où est le temple)!
Le Seigneur aime les portes de Sion
Plus que toutes les tentes de Jacob.
On dit sur toi des choses glorieuses, cité de Dieu :
« Je compterai l'Egypte et Babylone parmi ceux qui me connaissent,
» Voici les Philistins (des étrangers), Tyr avec l'Ethiopie ;
» Ils sont nés là (à Jérusalem). »
Et l'on dit à Sion :
« Une multltude d'hommes y est née,
» C'est le Très-Haut qui l'a fondée, »
Le Seigneur compte et inscrit les peuples :
Ils sont nés là,
Et chantres et musiciens [s'écrient] :
« Tu es la source de toutes (nos joies). »
41. Ses (dans l'hébreu et les Septante de lui) se rapporte selon les uns à Sion, ex-
primé dans le verset suivant, selon les autres, à Seigneur, qui se lit dans le méme
verset; selon d'autres, à Jérusalem, mot sous-entendu; enfin suivant quelques-uns,
à lemple, également sous-entendu. La seconde explication, les fondements du Sei-
gneur, c'est-à-dire posés par le Seigneur, ou, comme dit l'hébreu, /a fondation du
Seigneur, faite par le Seigneur, parait la mieux établie. Compar., en effet, le vers. 3.
— Les montagnes siinles sont principalement Sion et Moria, sur lesquelles fut bâti le
temple de Jérusalem. bh. ur
2. Les portes de Sion, par une figure tres usitée dans le style biblique, sont mises pour
toute la ville de Sion. —* « La montagne de Sion, ce siège de l'empire à jamais flovissant
de ce grand roi (David), ne pouvait manquer de passer avec lui à la postérité. Quoique
cette montagne füt petite et aride, elle n'en devait pas moins devenir la tête des nations,
le point de départ d où découleraient tous les fleuves vivifiants, c’est-à-dire la loi et l'en-
fps, Lxxxvt.]
de Sion plus que lous les taber-
nacles de Jacob.
3. Des choses glorieuses ont été
dites de toi, cité de Dieu.
4. Je me souviendrai de Rahab
el de Babylone qui me connais-
LES PSAUMES.
31717
Sion : Un homme et un homme
est né dans elle, el lui-meme, le
Tres-Haut, l'a fondée?
6. Le Seigneur /e racontera dans
les écrilures des peuples et des
princes, de ceux qui furent dans
elle.
Voilà que des étrangers et Tyr, 1. Ceux qui habitent en toi ont
el un peuple d'Ethiopiens ont été | /a jo?e de tous ceux qui se livrent
là. à l'allégresse.
9. Est-ce qu'on ne dira pas de
sent.
seignement qui assurent la félicité des peuples. Cet honneur lui était prédestiné, parce
que son roi devait donner à laterre la paix et la joie, et y répandre la lunnére et la pros-
périté. Elle est fondée sur des montagnes saintes, etc. Qu'elle est belle, la lyrique cou-
ronne de louanges dont 16 poète pare la ville royale! Qu'on se souvienne de tous les
chants où Jérusalem est représentée comme la ville de Dieu ct d'un royaume éternel,
comme la tête de tous les peuples de la terre, et l'on se fera une idée des riches déve-
loppements que les prophètes donnent à ces images. » (HERDER.)
4. Rahab ; ce mot nébreu, qui signifie proprement orgueil, fierté, désigne trés pro-
bablement et poétiquement l'Egypte, ici aussi bien que dans le Ps. xxxvii, 11, et
dans [saie, xxv, 11; 11, 9; passages où la Vulgate elle-même a rendu le méme terme
hébreu par orgueil, superbe. — Des étrangers; c'est-à-dire les Philislins, Voy. sur ce
mot, Ps. rix, 10.
5. Est-ce qu'on ne dira pas; littér. ne dira-t-il pas; ce qui revient au méme; car,
dans les phrases semblables, le mot quelqu'un, ou le participe du verbe, formant le
sujet, se sous-entend trés souvent; en sorte que le sens rigoureu:ement gramma-
tical est : Est-ce que quelqu'un, ou un disant ne dira pas? L'hébreu porte : 44. sera
dit ; ce qui est encore la même chose. Quant aux Septante, où on lit aujourd'hui :
Une mére Sion dira, saint Jéróme, dans son Commentaire sur ce passage, soutient
que les anciens exemplaires portaient, comme il traduit lui-méme : Numquid Sion
dicet? — De Sion. c'est ce qu'exigent évidemment les mots suivants, dans elle. Ainsi,
la traduction, à Sion, est un vrai contre-sens. A la vérité, la particule hébraique,
mise devant Sion, marque ordinairement le datif, mais elle signifie aussi quelque-
fois de, au sujet de, quand elle est jointe aux verbes dire, ordonner, et qu'elle n'est
pas suivie d'un verbe à la seconde personne, comme nous avons eu déjà occasion de
le faire observer. — Un homme el un homme; c'est-à-dire un grand nombre, 6
multitude d'hommes,
6. Le Seigneur le racontera; c'est le Seigneur qui dira quels sont les hommes nés
dans Sion. Ce verset est une réponse à la question faite dans le précédent. — Dans
des écritures de peuples, etc.; c'est-à-dire dans des rôles, des listes ou des dénom-
brements. Les Septante lisent dans une écriture de peuples, et l'hébreu, en inscrivant
des peuples.
7. Ceux qui habitent en toi; littér. l'habitation en toi; c'est un hébraisme en vertu
duquel le substantif se met très souvent au lieu de l'adjectif. — * L'Eglise applique
ce psaume à la trés Sainte Vierge. M. Olier, dans ses Mémoires inédits, donne un
bel exemple des applieations que l'on peut faire des chants sacrés aux offices litur-
giques, par la manière dont il commente le Fundamenta ejus, entendu de la Mère
de Dieu. « Les fondements, ou autrement les premiers sentiments et les prémices de
la vie dela trés Sainte Vierge sont élevés par dessus les plus hautes montagnes de
l'Eglise, c'est-à-dire par dessus les âmes les plus parfaites et les plus éminentes de
l'Eglise..., d'où vient que Dieu aime plus ces entrées ou autrement ces portes, que les
tabernacles de Jacob. Les entrées de la très Sainte Vierge sont deux, l'une cachée et
inconnue, qui est sa sainte Conception; l'autre est plus évidente, et c'est sa Nativité...
Gloriosa dicta sunt de Le, civitas Dei. O Sainte Vierge, vraie demeure de Dieu..., on
ne peut exprimer la gloire et la grandeur de votre âme... Memor ero Rahab el Baby.
S 77
1218
PSAUME LXXXVII
(Hésn., LXXXVIII).
Le Psalmiste représente à Dieu qu'il est
dans l'affliction, abandonné de ses
amis et de ses proches; mais, en expo-
sant ses souffrances, il peint Jésus-
Christ dans sa Passion et dans l'aban-
donnement oü ses Apótres devaient le
laisser. Ce psaume a beaucoup de rap-
port avec le xxiv. Quelques anciens,
suivis de plusieurs modernes, l'ont en-
tendu de la captivité de Babylone;
d'autres, de David persécuté par Absa-
lom; d'autres, enfin, de Jérémie jeté
dans un cachot et abandonné des siens.
Cantique de psaume.
|. Des fils de Coré, pour la fin, pour
Maheleth, pour répondre, intelligence
d'Eman l'Exrahite.
2. Seigneur, Dieu de mon salut,
j'ai crié devant vous, le jour etla
nuit.
3. Que ma prière pénètre en
votre présence; inclinez votre
oreille à ma supplication ;
4. Parce que mon àme est rem-
LES PSAUMES.
[Ps. א א אע vir.]
plie de maux, et que ma vie s'est
approchée de l'enfer.
5. J'ai été regardé comme ceux
qui descendent dans une fosse :
je suis devenu comme un homme
Sans secours,
6. Libre entre des morts,
Comme des blessés mortelle-
ment, qui dorment dans des sé-
pulcres, dont vous ne vous sou-
venez plus, et qui ont été repous-
sés de votre main.
7. 118 m'ont mis dans une fosse
profonde, dans des lieux téné-
breux, et dansl' ombre de la mort.
8. Sur moi s'est fortifiée votre
fureur, et vous avez fait passer
tous vos flots sur moi.
9. Vous avez éloigné de moi
ceux qui me sont connus; ils
m'ont posé comme un objet d'a-
bomination pour eux.
J'ai été livré, et je ne sortais
pas;
lonis scientium me. Ecce alienigenæ et Tyrus et populus Æthiopum, hi fuerunt illic. A
ce moment de ma Conception et de ma naissance, j'offrais toute l'Eglise à Dieu; je
présentais avec moi toute l'étendue des nations qui devaient servir à son honneur et
à sa gloire. Et sa bonté a exaucé mes vœux et mon offrande... Numquid Sion dicet :
Homo et homo natus est in ea, et ipse fundavit eam Altissimus? A voir cette magnifi-
cence et sainteté dans l'àme de Marie, est-il pas bien aisé de voir que Dieu l'a pré-
parée pour naitre d'elle son Fils unique Jésus-Christ, qui est le fils de l'homme, et
avec lui aussi toute l'étendue de son Eglise? Homo et homo matus est in ea... Dieu
remplira le cœur de tous les hommes d'honneurs et de ressentiments pour sa per-
sonne... C'est une joie commune et universelle de tous les fidèles chrétiens. » Oraison
sur la Nalivilé de la Sainte Vierge, 8 septembre 1644.
1. Intelligence à Eman l'Ezrahile, ou, selon d'autres, d'Eman; c'est-à-dire psaume
didaclique, composé par Eman. On connait Eman ou Héman, un des principaux
maîtres de la musique du temple, et chef des chantres, de la famille de Coré du
temps de David. — * Le titre porte : Au maitre de musique. Pour une makhaleth.
Pour répondre (c'est-à-dire, vraisemblablement pour étre chanté alternativement par
deux chœurs). Maskil. D'Héman l'Ezrahite. » Héman l'Ezrahite était probablement de
la race de Coré. — Prière d'une tristesse touchante, adressée à Dieu pour obtenir
du soulagement dans l'affliction, peut-étre la guérison de la lépre, vers. 9. Elle rap-
pelle les discours de Job. — Le sens du psaume est clair.
4. Ma vie, etc.; c'est-à-dire j'ai couru grand risque de mourir.
5. Fosse signifie ici lombeau.
1. Ils m'ont mis, etc. Toutes ces expressions désignent le tombeau, et, dans un sens
figuré, la servitude, l'esclavage.
9. J'ai élé livré; l'hébreu porte enfermé.— Je ne sorlais pas, je ne pouvais pas
sortir. ᾿
‘PS. LXXXVIII.)
10. Mes yeux ont lähgui à cause
de ma détresse.
J'ai crié vers vous, Seigneur,
tout le jour j'ai étendu vers vous
mes mains.
11. Est-ce que, pour des morts,
vous ferez des merveilles, ou des
médecins /es ressusciteront-ils,
afin qu'ils vous louent?
12. Est-ce que quelqu'un racon-
tera votre miséricorde dans un
sépulcre, et votre vérité dans le
lieu de la destruction?
13. Est-ce que vos merveilles
serontconnues dans les ténèbres,
et votre justice dans la terre de
l'oubli ?
14. Et moi, vers vous, Seigneur,
jai crié, et, dès le matin, ma
prière vous préviendra.
15. Pourquoi, Seigneur, repous-
sez-vous ma priere, détournez-
vous votre face de moi ?
16. Je suis un pauvre, moi, et
dans les travaux depuis ma jeu-
nesse ; et aprés avoir été exalté,
jai été humilié et troublé.
17. Sur moi ont passé les flots
de votre colere, et vos terreurs
m'ont troublé.
18. Elles m'ont environné,
LES PSAUMES.
1219
comme une eàu, tout le jour,
elles m'ont environné toutes en-
semble.
19. Vous avez éloigné de moi
un ami et un proche, et ceux qui
m'étaient connus, à cause de ma
misère.
PSAUME LXXXVIII
(Hésn., LXXXIX).
Le Psalmiste représente la miséricorde
de Dieu envers la maison de David, et
les promesses qu'il lui a faites; il exalte
sa vérité et sa fidélité à exécuter ses
paroles; mais il se plaint ensuite de
ce que, malgré tant de promesses et
de bontés, le royaume de Juda ait été
renversé et la famille royale désolée;
enfin, il conjure le Seigneur de se sou-
venir de ses promesses, et de les exé-
cuter. La plupart des Péres rapportent
ce psaume à la génération et au régne
de Jésus-Christ.
4. Intelligence d'Ethan l'Exrahite.
9. Je chanterai éternellement
les miséricordes du Seigneur.
Dans toutes les générations
jannoncerai votre vérité par ma
bouche.
3. Parce que vous avez dit :
Eternellement la miséricorde sera
fondée dans les cieux ; votre vé-
rité y sera affermie.
11-13. * Les morts, avant la venue de Jésus-Christ, ne glorifiaient point Dieu, parce
que les mérites du Rédempteur n'avaient pas encore ouvert aux justes les portes du
ciel.
1. Intelligence à Ethan l'Ezrahite. Compar. le titre du psanme précédent, et III Rois,
IV, 31. — * La date de ce psaume est incertaine. On l'a rapporté à l'époque de la
révolte d'Absalom, au temps de l'invasion de Sennachérib et aux régnes de Joakim,
de Jéchonias ou de Sédécias. On peut 16 placer avec plus de vraisemblance au mo-
ment de l'invasion de Sésac, pharaon d'Egypte, sous Roboam, III Rois, xiv; Il Par., |
xm. — La poésie est élevée, vive, colorée. — Trois parties bien distinctes : 1°, 2-19 : |
le Psalmiste célèbre les bienfaits de Dieu envers la maison de David pour exciter sa.
confiance en lui; 2, 20-38, il rappelle les promesses divines à la famille royale, afin ;
de préparer la prière finale; 3e, 39-52, il fait un tableau saisissant de l'état de déso-
lation dans lequel est le royaume et implore le salut. — Le vers. 53 est la doxologie Ὁ
qui termine le livre 1115 de la collection des Psaumes.
2, 9. Toutes les générations; littér. et par hébraisme, génération et génération
3. Sera affermie; solidement établie; littér. sera préparée. L'hébreu a les deux si-
gnifications; mais c'est évidemment la première qui convient ici et au vers. 5; elle
—
1990 LES PSAUMES.
4. J'ai établi une alliance avec
mes élus; j'ai juré à David mon
serviteur :
ὃ. J'affermirai ta race, en sorte
qu'elle dure éternellement,
Et je fonderai ton tróne pour
toutes les générations.
6. Les cieux publieront vos mer-
veilles, Seigneur, comme aussi
votre vérité dans l'assemblée des
saints.
7. Car qui, dans les nues, sera
égal au Seigneur; et qui sera
semblable à Dieu parmi les fils
de Dieu?
8. Le Dieu qui est glorifié dans
l'assemblée des saints, il est
grand et terrible au-dessus de
tous ceux qui sont autour de lui.
9. Seigneur, Dieu des armées,
qui est semblable à vous; vous
étes puissant, Seigneur, et la vé-
rité est autour de vous.
10. C'est vous qui dominez sur
la puissance de la mer, etle mou-
vement de ses flots, c'est. vous
qui l'apaisez.
41. C'est vous qui avez humilié
un superbe, comme un blessé
mortellement : par la force de
[Ps. txxxvur.]
votre bras vous avez dispersé vos
ennemis.
12. Α vous sont les cieux, et à
vous est la terre : le globe de la
lerre et sa plénitude, c'est vous
qui les avez fondés;
13. L'aquilon et la mer, c'est
vous qui les avez créés.
Le Thabor et l'Hermon bondi-
ront de joie en votre nom;
14. Votre bras est puissant.
Que votre main s'affermisse, et
que votre droite soit exaltée;
15. La justice et le jugement
sont la base de votre tróne. La
miséricorde et la vérité précéde-
ront votre face ;
16. Bienheureux le peuple qui
sait se réjouir ez vous.
Seigneur, c'est à la lumiere de
votre visage qu'ils marcheront,
11. Et en votre nom qu'ils tres-
sailliront de joie toutle jour, et
cest par votre justice qu'ils se-
ront exaltés.
18. Puisque la gloire de leur
puissazce, c'est vous; et que par
votre bienveillance notre corne
sera exaltée.
19. Parce que c’est le Seigneur
Ps. LXXXVIHI. 4. II Rois, vir, 12. — 12. Genèse, 1, 1
est exigée par le parallélisme, qui fait loi pour l'explication des livres poétiques de
la Bible.
3, 6. Votre vérité; c'est-à-dire votre fidélité à tenir vos promesses.
7. Les fils de Dieu, dans le style de l'Ecriture, se dit ordinairement des anges, sur-
tout lorsqu'on parle des cieux.
41. Un superbe. Voy. Ps. LXXXVI, 4.
13. * Le Thabor. Voir Juges, 1v, 6. — L'Hermon, chaine de montagnes, au nord de
la Palestine.
14. Puissant; littér. et par hébraisme, avec puissance. Voy. p. 341, 1o.
15. La base; littér. 76 préparation. Compar. le vers. 2.
18. Corne; c'est-à-dire force. Voy, Ps. xvit, 3.
19. Sous sa protection. Ces mots, qui ne se lisent ni dans la Vulgate, ni dans les
Septante, sont indiqués suffisamment par le texte hébreu, qui porte à la lettre:
Parce que Jéhova est notre bouclier, et le saint d'Israél, notre roi. Or, en hébreu
bouclier se prend trés souvent pour Dieu protecteur, protection divine. — Quant aux
mots le saint d'Israël (c'est-à-dire Dieu), notre roi; ils forment un second sujet gram-
watical du verbe à a pris, Toute autre analyse serait évidemment contraire à la
[Ρ5. Lxxxvuri.]
qui nous a pris sous sa protection,
et le saint d'Israël, notre roi.
20. Alors vous parlátes dans
une vision à vos saints et vous
dites : J'ai mis mon secours dans
un homme puissant; et j'ai exalté
un élu du milieu de mon peuple.
91. J'ai trouvé David mon ser-
viteur, je l'ai oint de mon huile
sainte.
99. Car ma main le secourra, et
mon bras le fortifiera.
93. Un ennemi ne pourra rien
contre lui, et un fils d'iniquité ne
pourra plus lui nuire.
24. Et je taillerai en pièces à
sa face ses ennemis, et ceux
qui le haissent, je les mettrai en
fuite.
95. Et ma vérité et ma miséri-
corde seront avec lui, et en mon
nom sera exaltée sa corne.
26. Et je poserai sa main sur la
mer, et sa droite sur les fleuves.
97. Lui-méme m'invoquera, di-
sant : C'est vous qui étes mon
pere, mon Dieu, et le garant de
mon salut;
28. Et moi, je l'établirai mon
21. I Rois, xvi, 1, 12; Actes, xir, 22.
LES PSAUMES.
1221
premier-né, et plus élevé que
tous les rois de la terre.
29. Eternellement je lui conser-
verai ma miséricorde, et mon
alliance lui sera fidele.
30. Et j'établirai sa race dans
les siècles des siècles, et son
trône comme les jours du ciel.
31. Mais si ses fils abandonnent
ma loi, 5115 ne marchent pas dans
mes jugements,
32. S'ils profanent mes justes
ordonnances, et ne gardent point
mes commandements,
33. Je visiterai avec une verge
leurs iniquités, et avec des fléaux
leurs péchés.
34. Mais je ne retirerai pas ma
miséricorde de lui, et je ne man-
querai pas à ma vérité;
359. Et je ne profanerai point
mon alliance, et les paroles qui
sortent de ma bouche, je ne les
rendrai pas vaines.
36. J'ai juré une fois par ma
sainteté, que je ne mentirai pas
à David :
31. Sa race demeurera éternel-
lement.
——— M — M M ÀÀ—— MÀ À———— À
Vulgate, aux Septante et à la version latine qui se trouve dans les œuvres de saint
Jéróme, ear le savant Pére y dit expressément : « C'est du Seigneur et du saint
d'Israël que vient notre protection : Quia a Domino est protectio nostra, et a sancto
Israel rege nostro. »
20. Alors; c'est-à-dire au temps de la promesse mentionnée aux vers. 3-4, promesse
sur laquelle le Psalmiste revient aprés une longue digression, et qu'il présente avec
plus de détail. — A vos saints prophétes, Samuel, Nathan et Gad.
21. J'ai trouvé, etc. Voy. I Rois, xvi, 11-13.
25. Corne; c'est-à-dire force. Voy. Ps. xvii, 3.
28. Premier-né signifie ici, comme en plusieurs autres passages de l'Ecriture, un
fils bien-aimé, préféré par le pére à ses autres enfants ou distingué par quelque
glorieuse prérogative. Compar. Exod., 1v, 22; Ecclésiastique, xxxvi, 14.
29. Et mon alliance, etc.; j'observerai fidèlement l'alliance que j'ai faite avec lui.
30. Et j'établirai... son trône, de manière qu'il dure autant que le ciel. Ces paroles
ne conviennent qu'au règne de Jésus-Christ.
35. Je ne profanerai point, par une violation.
36. Une fois pour toutes; c'est-à-dire irrévocablement. — Par ma sainteté; pat mon
saint nom.
1222
38. Et son trône sera comme le
soleil en ma présence, et comme
la pleine lune, éternellement, et
comme le témoin fidèle dans le
ciel.
39. Et vous cependant, vous
avez rejeté et méprisé : vous avez
éloigné votre Christ.
40. Vous avez renversé l’al-
liance faite avec votre serviteur ;
vous avez profané surla terre son
sanctuaire.
41. Vous avez détruit toutes
ses haies; vous avez répandu
dans ses forteresses la frayeur.
49. Tous ceux qui passaient
dans le chemin l'ont pillé : il est
devenu l'opprobre de ses voisins.
43. Vous avez exalté la droite
de ceux qui l'opprimaient; vous
avez réjoui tous ses ennemis.
44. Vous avez détourné l'aide
de son glaive, et vous ne l'avez
pas secouru dans la guere.
45. Vous lavez dépouillé de
son éclat, et son tróne, vous
l'avez brisé contre la terre.
46. Vous abrégé les jours de sa
durée : vous l’avezcouvertd'igno-
minie.
47. Jusques à quand, Seigneur,
détournerez- vous entierement
votre face? Jusques ἃ quand
LES PSAUMES.
[Ps. nxxxix.]
s'embrasera votre colère comme
un feu?
48. Souvenez-vous de ce qu'est
mon étre : car est-ce en vaiu que
vous avez créé tous les fils des
hommes?
49. Quel est l’homme qui vivra,
et qui ne verra pas la mort? qui
retirera son âme de la main de
l'enfer?
50. Où sont vos miséricordes
anciennes, Seigneur, telles que
vous les avez jarées à David dans
votre vérité?
91. Souvenez-vous, Seigneur,
delopprobre (que j'ai gardé dans
mon sein), que vos serviteurs ont
souffert de la part d'un grand
nombre de nations;
52. Souvenez-vous de ce que
vos ennemis ont reproché, Sei-
gneur, de ce qu'ils ont reproché
le changement de votre Christ.
53. Béni le Seigneur éternelle-
ment! ainsi soit, ainsi soit.
su, PSAUME LXXXIX
da (Hésr., XC).
Le Psalmiste décrit la grandeur de Dieu
et la faiblesse de l’homme, dont la vie,
déjà très courte, est encore abrégée
par ses iniquités. Il prie le Seigneur de
visiter et de consoler le peuple d'Israël.
Prière de Moïse, l'homme de Dieu. .ג
38. II Rois, vit, 16. — 50. II Rois, vir, 11.
38. Et son trône, etc. Voy. II Rois, vu, 16. — Et comme le témoin fidèle dans le ciel.
Ce témoin fidèle est probablement l'arc-en-ciel, qui est un signe de l'alliance de Dieu
avec les hommes. Compar. Genése, 1x, 9-16.
39. Plusieurs expliquent ce verset de Sédécias, dernier roi de Juda, conduit en cap-
tivité, et mort à Babylone; -mais d'autres l'entendent du Messie, qui devait délivrer
la nation juive.
40. Vous avez profané, etc. Compar. Ps. LxxIm, T.
4^. Vous avez délourné l'aide de son glaive; c'est-à-dire vous avez rendu ses armes
impuissantes et inutiles.
48. Les fils des hommes; hébraisme, pour les hommes.
49. Ne verra pas; hébraisme, pour n'éprouvera pas.
52. Le changement de votre Christ; e changement de vos dispositions envers votre
Christ, en ne lui accordant point le règne éternel que vous lui aviez promis.
1-11. * Ce psaume, le plus ancien de la collection, a dü étre chanté par le peuple
[ps. LxxxIx.]
Seigneur, vous étes devenu un
refuge pour nous, de génération
en génération.
2. Avant que les montagnes fus-
sent failes, ou que la terre füt
formée et l'univers, d'un siecle
jusqu'à un autre siecle, vous étes
Dieu.
3. Ne détournez pas un homme
vers labjection; car vous avez
dit : Tournez-vous vers moi, fils
des hommes.
4. Puisque mille ans devant vos
yeux, sont comme le jour d'hier
qui est passé ;
Et comme une veille nocturne,
59. Qui ne compte pour rien :
ainsi seront leurs années.
6. Quele matin, comme l'herbe,
Ps. LXXXIX. 10, Eccli., xvi, 8.
LES PSAUMES.
1223
l'homme passe; que le matin il
fleurisse et passe : que le soir il
tombe, il durcisse et se desseche.
7. Parce que par votre colère
nous avons défailli, et par votre
fureur nous avons été troublés.
8. Vous avez mis nos iniquités
en votre présence, et le temps de
notre vie à la lumiere de votre
visage.
9. C'est pourquoi tous nos jours
ont défailli, et par votre colère
nous avons défailli.
Nos années s'exercent comme
l'araignée:
10. Les jours de nos années sont
en elles-mémes de soixante-dix
ans.
Mais dansdes hommoesrobustes,
d'Israél depuis l'Exode et ainsi conservé de mémoire. Plusieurs des traits qu'il con-
tient rappellent la manière de Moïse. Cf. Deut., xxxn et χχχιπ. C'est à cause de son
antiquité qu'il est placé en téte du IVe livre. — Il fut composé sans doute à la suite de
la condamnation portée contre les Israélites par le Seigneur qui, pour les punir de
leurs continuelles révoltes, leur annonca que tous ceux qui avaient atteint l'àge de
20 ans, au moment de la sortie d'Egypte, périraient dans le désert.
1-6. * Contraste entre la briéveté de la vie de l'homme et l'éternité de Dieu.
4. Priére, etc. Voy. pour ce titre les interprétes.
2. Avant que, etc. Le Psalmiste fait ressortir ici l'éternité et l'immutabilité de Dieu,
pour l'opposer à la faiblesse et à la brièveté de la vie humaine dont il va parler.
3. Ne délournez pas, etc.; c'est-à-dire ne permettez pas qu'un homme se tourne, etc.
L'Ecriture dit souvent que Dieu fait ce qu'il permet seulement. — Fils des hommes;
hébraisme, pour hommes.
4. Veille nocturne; littér. veille dans la nuit. Nous avons eu déjà occasion de re-
marquer qu'en hébreu les adjectifs sont souvent remplacés par un substantif pré-
cédé d'une préposition. Or l'expression veille nocturne désigne ici un espace de temps
trés court, puisque les Hébreux divisaient la nuit en trois veilles.
5. Leurs années; c'est-à-dire les années des fils des hommes, nommés au verset 3.
6. Que le matin, etc. C'est le sens exact de la Vulgate et des Septante. Les traduc-
teurs rendent généralement les verbes de ce verset par le présent ou le futur de
l'indicatif; le texte hébreu est susceptible de ces deux temps; mais, selon nous, le
contexte favorise plutôt le premier; car le Psalmiste, voulant montrer la brièveté et
la fragilité de la vie humaine, doit tout naturellement invoquer, en preuve, un fait
existant, et dont l'expérience a été déjà faite.
1-M. * Ce sont les péchés de l'homme (d'Israél rebelle dans le désert), qui abré-
gent ses jours en attirant la colère de Dieu sur lui.
9. Nos années, etc. Nos années sont semblables à l'araignée qui travaille et s'épuise
à faire une toile si fragile, que le moindre attouchement peut la détruire. — S'ezer-
cent. Compar. Ps. xxxiv, 28.
10. En elles-mêmes; ordinairement; si aucune maladie ou tout autre accident
extraordinaire ne vient en abréger le cours. — Mais survient, etc.; c'est-à-dire notre
1224
elles vont à quatre-vingts ans, et
leur surplus est peine et douleur.
Parce que survient votre man-
suétude, et nous sommes empor-
tés.
11. Qui connaît la puissance de
votre colère, et peut, à cause de
la crainte qu'il a de vous, les «f-
fets de votre colère
LES PSAUMES.
[Ps. xc.]
avez humiliés, pour les années
auxquelles nous avons vu des
maux.
16. Jetez les yeux sur vos ser-
viteurs et sur vos œuvres, et di-
rigez leurs fils.
17. Et soit la splendeur du Sei-
gneur notre Dieu sur nous, et di-
rigez les œuvres de nos mains
19. Enumérer? pour nous, et dirigez l’œuvre de
Faites ainsi connaître votre | nos mains.
droite, et ceux qui sont instruits
de cœur dans la sagesse. PSAUME XC
(Hésr., XCI).
Le Psalmiste représente le bonheur de
ceux qui sont sous la protection de
Dieu, et qui mettent en lui leur con-
fiance.
13. Revenez, vers nous, Sei-
gneur, jusqu'à quand?... et soyez
exorable aux vœux de vos servi-
teurs.
14. Nous avons été remplis des
le matin, de votre miséricorde,
nous avons tressailli d'allégresse;
etnousavons passé tousnos jours
dans les délices.
15. Nous nous sommes réjouis
pourles jours auxquels vous nous
1. Louange dé cantique à David.
Celui qui habite dans le se-
cours du Très-Haut demeurera
sous la protection du Dieu du
ciel.
2. Il dira au Seigneur : Vous
———————————————————————————————
vie ne va pas ordinairement au delà de quatre-vingts ans, parce que votre douce
miséricorde vient, en nous enlevant de ce monde, nous délivrer des infirmités
et des autres misères, qui, dans un âge plus avancé, font de la vie une mort con-
tinuelle.
19-17. * Prière à Dieu, pour qu'il ait pitié de ses serviteurs et leur accorde ses
gráces.
19. * Ce verset commence, pour le sens, à Faites, etc. Enumérer est la conclusion de
la phrase du verset précédent.
13. Jusqu'à quand ?... Voy. Ps. vt, 4.
44, 15. On pourrait traduire ces deux versets conformément à l'hébreu, de cette
manière : Remplissez-nous de votre miséricorde dés le matin (c'est-à-dire au plus tôt,
sans tarder), e£ nous tressaillirons, etc., et nous passerons, etc., el nous nous réjoui-
rons, etc.
15. Nous avons vu. Voy. Ps. ,טאאא
1-16. Il y a dans ce psaume un changement de personnes, plus fréquent que dans
aucun autre. Or ce changement s'expliquerait sans peine, si, avec J.-D. Michaelis, on
supposait deux chœurs chantänt alternativement : l'un les vers. 1-2, puis le premier
hémistiche du vers. 9, et les vers. suivants, jusqu'au vers. 14, où Dieu lui-méme
intervient et parle jusqu'à la fin. — 4 David; selon d'autres, de David, par David. —
“Are voix, 1; 2e voix, 2; 1re voix, 3-8; 2e voix, 94; 1τὸ voix, 95-13; discours de Dieu,
14-16. Composé probablement au temps de la peste, par laquelle Dieu punit le dé-
nombrement d'Israél fait par David, 11 Rois, xxtv, 19-17; cf. Ps. xc, 3, 6-7. — Ce beau
psaume se distingue par l'élévation dela pensée, la vivacité des sentiments, l'ardeur
de la foi, la simplicité de la confiance, la vivacité des couleurs et la limpidité du
langage.
2. * L'hébreu porte : je dis, et non pas: ?/ dira,
(rs. xc.]
6168 mon soutien et mon refuge;
il est mon Dieu, j'espérerai en lui.
3. Parce que c'est lui-méme
qui m'a délivré d'un filet de chas-
seurs et d'une parole meurtriere.
4. ll te mettra à l'ombre sous
ses épaules, et sous ses ailes tu
espéreras.
5. Sa vérité t'environnera de
son bouclier, et tu n'auras pas à
craindre d'une terreur nocturne,
6. D'une flèche volant dans le
jour, d'une affaire qui marche
dans des ténèbres, et de l'attaque
d'un démon du midi.
1. Mille tomberont à ton cóté,
et dix mille à ta droite; mais nul
n'approchera de toi.
8. Et méme tu considéreras de
tes propres yeux, et tu verras la
punition méritée des pécheurs.
Ps. XC. 11. Matt., 1v, 6; Luc, 1v, 10.
LES PSAUMES. 1225
9. Parce que vu as dit : Seigneur,
vous étes mon espérance, et que
tu as choisi le Très-Haut pour ton
refuge.
10. Le mal ne viendra pas jus-
qu'àtoi, et aucun fléau n'appro-
chera de ton tabernacle.
11. Parce qu'il a commandé à
ses anges à ton sujet, de te gar-
der dans toutes tes voies.
12. Ils te porteront dans leurs
mains, de peur que ton pied ne
heurte contre une pierre.
13. Tu marcheras sur l'aspic et
le basilic, et tu fouleras aux pieds
le lion et le dragon.
14. Parce qu'il a espéré en moi,
je le délivrerai : je le protégerai,
parce qu'il a connu mon nom.
15. Il criera vers moi, et je
l'exaucerai : avec lui, je serai dans
3. D'un filet, etc.; c'est-à-dire des piéges des méchants et de leurs calomnies. —
* D'une parole meurtriére, en hébreu; de la peste qui ravage.
4. Dans ce verset et les suivants, la parole est adressée au personnage qui parle
en son nom dans les précédents. — 11 76 mettra, etc. Il te couvrira, en quelque sorte,
de son corps, comme les soldats du premier rang dans une armée couvrent ceux qui
sont derriere eux, et il te mettra à couvert sous ses ailes, comme une poule qui
couve ses petits, pour les conserver, lorsqu'elle les croit exposés à quelque danger.
5. Sa vérilé; c'est-à-dire sa fidélité à garder ses promesses. — Terreur nocturne;
c'est tout ce qui peut effrayer pendant la nuit, comme les spectres, les voleurs, les
assassins, etc. Le lit de Salomon était gardé par soixante braves des plus vaillants
d'Israël à cause des craintes de la nuit (Cantiq., ru, 1-8).
6. D'une fièche, etc. Cette flèche volante signifie probablement une sorte de maladie
contagieuse. Les Arabes et les Turcs donnent à la peste le nom de fleche de Dieu, de
trait du Tout-Puissant, qu'il est impossible de décliner. — D'une affaire, etc.; d'un
complot tramé secrètement, dans l'ombre. — D'un démon du midi. Les orientaux se
représentent la peste sous limage d'un mauvais esprit, qui exerce ses ravages, non
seulement pendant la nuit, mais encore à l'heure du midi, à laquelle, dans ces pays
chauds, tout le monde fait la méridienne. Or on suppose que c'est pendant ce temps
de silence et de repos, que le démon, auteur de la peste, fait ses ravages. Nous re-
trouvons ces mémes idées chez les anciens, Grecs et Latins. Plusieurs auteurs pré-
tendent qu'elles avaient prévalu aussi chez les Juifs; ce qui a donné lieu à cette ex-
pression des Septante et de la Vulgate. A la vérité, le texte hébreu ne parle que de
peste et de contagion; mais la Paraphrase chaldaique, Aquila, Symmaque et la version
syriaque, font une mention expresse de démons du midi.
1. Mille ennemis. — N'approchera de toi; c'est-à-dire ne te touchera, ne te bles-
sera; tu seras en süreté au milieu de tes plus cruels ennemis.
13. Ainsi protége de Dieu, les bétes les plus féroces et les plus dangereuses ne
sauraient te nuire; au contraire, tu les écraserais sans peine. — * Au lieu de l'aspic,
l'hébreu porte un des noms du lion. — Le basilic, un serpent trés venimeux,
1926
la tribulation, je le sauverai et le
glorifierai.
16.Jele comblerai d'unelongue
suite de jours, et jelui montrerai
mon salut.
PSAUME XClI
(Hésn., XCII).
Le Psalmiste loue le Seigneur à la vue de
ses ouvrages. Il représente le bonheur
des justes et le malheur des pécheurs.
Psaume de cantique,
1. Au jour du sabbat.
2. Il est bon de louer le Sei-
gneur, et de chanter votre nom,
6 Tres-Haut,
3. Pourannoncerle matin votre
miséricorde, et votre vérité pen-
dant la nuit ;
.4. Surle psaltérion à dix cordes,
avec un cantique sur la harpe.
9.Parceque vousm'avezréjoui,
Seigneur, parce que vous avez
fait, et à la vue des œuvres de vos
mains je tressaillirai.
6. Que vos œuvres sont magni-
fiques, Seigneur! Vos pensées
sont infiniment profondes.
7. Un homme insensé ne les
connaitra pas, et un fou ne les
comprendra pas.
LES PSAUMES.
[Ps. xcr.]
8. Lorsque les pécheurs se se-
ront produits au dehors comme
le foin, et qu'auront apparu tous
ceux qui opèrent l'iniquité,
Pour périr dans les siecles des
siècles ;
9. Vous, au contraire, vous êtes
éternellement le Très-Haut, ὃ Sei-
gneur.
10. Parce que voici que vos
ennemis périront, Seigneur,
parce que voici que vos enne-
mis périront, et que seront dis-
persés tous ceux qui operent
l'iniquité. |
11. Et ma corne sera élevée
comme la corne d'une licorne,
ma vieillesse comblée d'une mi-
séricorde abondante.
19. Mon œil a regardé d'en haut
mes ennemis, et mon oreille en-
tendraaveccomplaisance /a ruine
des méchants qui s'insurgentcon-
tre moi.
13. Le juste, comme un pal-
mier, fleurira; comme un cedre
du Liban, il se multipliera.
14. Plantés dans la maison du
Seigneur, dans les parvis de la
maison de notre Dieu, ils fleuri-
ront.
16. Je lui montrerai. Voy. Ps. Lxx, 20.
1. * Ce psaume est encore chanté aujourd'hui par les Juifs au jour du sabbat. —
C'est une sorte de théodicée abrégée dans laquelle le Psalmiste résume nos devoirs
de louange et de reconnaissance envers Dieu et sa Providence. — Le nom de Jéhovah
(le Seigneur) est répété sept fois dans cette hymne, en l'honneur sans doute des sept
jours de la création. — Voici la suite des pensées : 1re str., 2-4 : 1[ faut louer Dieu; —
2e str., 5-7 : à cause de la grandeur de ses œuvres et de la profondeur de ses des-
seins; — 88 str., 8-10 : parce qu'il triomphe de tous ses ennemis; — 4e? et 5e str.,
41-16 : et qu'il comble le juste de ses bénédictions.
4. Votre vérité; c'est-à-dire votre fidélité à tenir vos promesses.
8. Dans les siècles des siècles; hébraisme, pour dans tous les siècles. Voy. p. 341, 19,
11. Ma corne. Voy. Ps. xvu, 3. — * D'une licorne. Voir Ps. xx1, 22.
12. D'en haut; avec mépris. — Avec complaisance ; expression adverbiale, nullement
arbitraire et superflue, mais exigée par la construction du verbe actif entendra, qui,
dans la Vulgate, aussi bien que dans les Septante et le texte hébreu, se trouve joint
à son complément par l'intermédiaire de la préposition dans (in malignantibus), au
lieu de l'étre immédiatement par le nom mis à l'accusatif.
[Ps. xcm.]
15. Ils se multiplieront encore
dans une heureuse vieillesse; et
ils montreront une patience per-
sévérante,
16. Pourannoncer
Que le Seigneur notre Dieu est
droit, el qu'il n'y a point d'ini-
quité en lui.
PSAUME XCII
(Hépn., XCIII).
LES PSAUMES.
1227
1. Le Seigneur a établi son re-
ene, il a été revétu de force, et il
s'est ceint.
Car il a affermi le globe de
la terre, lequel ne sera point
ébranlé.
2. Votre trône était établi dès
lors : vous étes, vous, avant les
siecles.
9. Les fleuves ont élevé, Sei-
gneur, les fleuves ont élevé leur
voix.
Les fleuves ont élevé leurs flots,
4. À cause des mugissements
des eaux abondantes.
Admirables sont les soulève-
ments de la mer; admirable est
le Seigneur dans les cieux.
5. Vos témoignages sont infini-
ment dignes de créance : la sain-
teté, Seigneur, convient à votre
maison, dans la longue durée des
jours.
Le Psalmiste reléve la grandeur et la
puissance de Dieu. Il déclare que la
sainteté doit étre le principal ornement
de sa maison. Les Pères et la plupart
des rabbins croient que ce psaume re-
garde le temps du Messie; mais les
premiers l'expliquent comme étant déjà
accompli dans la personne de Jésus-
Christ et dans son règne, et les derniers
le considèrent comme une prophétie
du Messie à venir.
Louange de cantique à David lui-mémes,
au jour avant le sabbat, quand la terre
fut fondée.
—Ó— ==
* 4 David lui-même. Voy. le titre du Ps. Lt (Hébr., vi).
1-5. * Sans titre en hébreu. La Vulgate porte : « Cantique de louange de David,
pour la veille du sabbat, quand la terre fut fondée, » c'est-à-dire destiné à être chanté
le vendredi, au sacrifice du matin, au jour de la création de l'homme. — Ce psaume,
composé probablement par David après une victoire, fut appliqué plus tard au ser-
vice liturgique. Il est court. mais plein de force, de majesté et d'élan lyrique.
1. Il s'est ceint; c’est-à-dire il s'est préparé pour une grande œuvre. —* « Au com-
mencement, Dieu créa le ciel et la terre. Quel homme, ayant à parler de si grandes
choses, eüt commencé comme Moise? demande Rollin. Quelle majesté et en méme
temps quelle simplicité !... La sagesse éternelle, qui s'est jouée en faisant le monde,
en fait le récit sans s'émouvoir. Les prophètes, dont le but est de nous faire admirer
les merveilles de la création, en parlent d'un ton bien différent : Le Seigneur prend
possession de son empire; il s'est revétu de gloire. Le Seigneur s'est revétu de sa force,
il s'est armé de son pouvoir. Le saint roi, transporté en esprit à la première origine
du monde, dépeint en termes magnifiques comment Dieu, qui jusque-là était demeuré
inconnu, invisible et caché dans le secret impénétrable de son étre, s'est tout d'un
coup manifesté par une foule de merveilles incompréhensibles. Le Seigneur, dit-il,
sort enfin de sa solitude. Il ne veut plus être seul heureux, seul juste, seul saint. ll
veut régner par sa bonté et par ses largesses. Mais de quelle gloire ce Roi immortel
est-il revétu ? Queiles richesses vient-il étaler à nos yeux? De quelles sources partent
tant de lumières et tant de beautés? Où étaient cachés ces trésors et cette riche
pompe qui sortent du sein des ténebres? Quelle est 18 majesté méme du Créateur,
si celle qui l'environne imprime un tel respect ? Que doit-il étre, puisque ses ou-
vrages sont si magnifiques? »
4. Dans les cieux; littér. dans les lieux élevés.
2 9. * Le sens de ce verset, c'est que la plus belle œuvre de Dieu, c'est sa loi. Cf.
$. XVIII.
PSAUME XCIII
(Hésr., XCIV).
Le Psalmiste représente Dieu connaissant
les crimes des méchants, et les punis-
sant avec sévérité.
Psaume à David: lui-même, au qua-
trième du sabbat ».
1. Le Seigneur est le Dieu des
vengeances : le Dieu des ven-
geances a agi avec liberté.
2. Levez-vous, vous qui jugez
la terre : rendez leur salaire aux
superbes.
3. Jusqu'à quand les pécheurs,
ὃ Seigneur, jusqu'à quand les pé-
cheurs se glorifieront-ils ?
4. Jusqu'à quand se répan-
dront-ils en discours et parleront-
ils iniquité? jusqu'à quand parle-
rontils, tousceux qui commettent
l'injustice?
5. Ils ont, Seigneur, humilié
votre peuple; et votre héritage,
ils l'ont ravagé.
6. Ils ont massacré la veuve et
l'étranger, et ils ont tué l'orphe-
lin.
7. Et ils ont dit : Le Sei-
gneur ne /e verra pas, et le
LES PSAUMES.
[Ps. xcur.]
Dieu de Jacob ne le saura pas.
8. Comprenez, insensés du peu-
ple; et vous, fous, devenez enfin
sages.
9. Celui qui a fait l'oreille n'en-
tendra-t-il pas ? Celui qui a formé
l'œil ne voit-il pas ?
10. Celui qui reprend des na-
tions ne convaincra-t-il pas,
lui qui enseigne à l'homme 1a
science?
41. Le Seigneur sait que les
pensées des hommes sont vaines.
19. Bienheureux l'homme que
vous aurez vous-méme instruit,
Seigneur, et à qui vous aurez en-
seigné votre loi,
13. Afin que vous lui accordiez
quelque douceur dans des jours
mauvais, jusqu'à ce qu'au pé-
cheur soit creusée une fosse.
14. Parce que le Seigneur ne
rejettera pas son peuple; et son
héritage, il ne labandonnera
pas.
15. Jusqu'à ce que la justice
se convertisse en jugement, et
qu'aupres d'elle soient tous ceux
qui ont le cœur droit.
16. Qui se lévera pour moi
% À David; ou De David, par David.
= Au quatrième du sabbat; c'est-à-dire au quatrième jour de la semaine. — * Sans
titre en hébreu. Vulgate : > Psaume de David pour le quatrième jour aprés le sabbat, »
c'est-à-dire le mercredi, où la synagogue le.récite encore aujourd'hui. Composé peut-
étre pendant la révolte d'Absalom.
1-3. * Invocation contre les méchants.
1. Le Seigneur est le Dieu des vengeances. Compar. Deutéron., xxxi, 35 ; Rom., xn. 19.
9. Levez-vous; montez sur votre tribunal.
4-1. * Tableau de la tyrannie des méchants.
8-11. * Discours aux méchants. Dieu connait leurs desseins et les fera échouer.
9. Qui a. fait ou établi ; littér. dans l'hébreu, le grec et la Vulgate, qui a planté.
12-15. * Le peuple sera défendu par son Dieu.
45. Se converlisse en jugement; c'est-à-dire rende ses arrêts. — Et qu'auprés
d'elle, etc. Le premier qui dela Vulgate, qui ne se trouve d'ailleurs ni dans le grec,
ni dans l'hébreu, échappe à toute analyse grammaticale. Les Septante porteni à la
lettre : Et soient attachés à elle, tous les droits par le cœur, etc.; ce qui revient par-
faitement à notre traduction.
16-19. * Au milieu des adversités,le Psalmiste a été soutenu par la gráce et par sa
confiance en Dieu.
[Ps. Χαιν.]
contre des méchants? ou qui se
tiendra pres de moi contre des
ouvriers d'iniquité ?
11. Si ce n'était que 16 Seigneur
m'a secouru, peu s'en serait fallu
que dans l'enfer n'eüt habité mon
áme.
18. Si je disais : Mon pied a
chancelé, votre miséricorde, Sei-
gneur, me venait en aide.
19. Selon la multitude de mes
douleurs qui étaient dans mon
cœur, vos consolations ont réjoui
mon àme.
20. Est-ce qu'un tribunal d'ini-
quité s'allie avec vous, qui faites
d'un précepte un travail péni-
ble ?
91. Ils tendront des pièges à
l'âme d'un juste, et condamne-
ront un sang innocent.
99. Mais le Seigneur est de-
venu pour moi un refuge; et
mon Dieu, l'aide de mon espé-
rance.
93. Et il leur rendra leur ini-
quité, il les perdra entierement
par leur malice; il les perdra
entierement, le Seigneur notre
Dieu.
LES PSAUMES.
PSAUME XCIV
{Hésr., XCV).
Le Psalmiste exhorte son peuple à louer
Dieu, et à lui obéir dans la vue de sa
grandeur et de sa patience, de sa bonté
et de sa justice.
Louange de cantique à David lui-
meme ἃ.
1. Venez, réjouissons-nous au
Seigneur; poussons des cris d'allé-
gresse vers Dieu notre salut.
2. Prévenons sa présence par
notre louange, et dans des psau-
mes poussons descris d'aliégresse
vers lui.
3. Parce que le Seigneur est le
grand Dieu, le grand roiau-dessus
de tous les dieux.
4. Parce que dans sa main sont
tous les confins de la terre, et
que les cimes des montagnes sont
à lui.
5. Parce qu'à lui est la mer, et
que c'est lui-méme qui l'a faite,
et que ses mains ont formé le
continent.
6. Venez, adorons, et proster-
nons-nous, et pleurons devant le
Seigneur qui nous a faits.
19. Selon la multitude, etc. Saint Paul exprime la même pensée dans I Corinth.,
x, 18; 11 Corinth., y, 5; zv, 17; var, 4.
20-23.* Dieu fera retomber sur les méchants leur iniquité.
20. Le sens de ce verset parait être : Ainsi, y a-t-il en vous, ὁ mon Dieu,
la moindre injustice, lorsque vous faites des commandements dont l'observation
est pénible, comme par exemple, de souffrir avec patience les persécutions de nos
ennemis? La réponse à cette question se trouve, comme on le voit, au verset pré-
cédent.
* 4 David ; ou de David, par David. — * C'est un hymne liturgique, composé peut-
étre pour étre chanté le jour du sabbat. Le sens est trés clair. — Voici la suite des
pensées: — 1-2 : Exhortation à louer Dieu; — 3-4 : parce qu'il est le créateur de la
terre; — 5-6 : de la mer (Le vers. 6 est comme un retrain et la répétition du vers. 1);
— 1-8*: et del'homme; nous sommes son troupeau, si nous écoutous sa voix. — 85-11 :
Discours de Dieu exhortant son peuple à l'obéissance, en rappelant comment il a
puni dans le désert les Israélites rebelles.
2. Présence; littér. face, mot qui, en hébreu, se met souvent pour personne. D'oü
le sens est : Hàtons-nous, sans nous laisser prévenir, de nous présenter devant lui
pour eélébrer ses louanges.
1990
7. Parce que lui-même est le
Seigneur notre Dieu, et que nous
sommes le peuple de son pàátu-
rage, et les brebis de sa main.
8. Aujourd'huisi vous entendez
sa voix, n'endurcissez pas vos
cœurs,
9. Comme dans l'irritation, au
jour dela tentation dans le désert,
où vos peres me tentèrent, m'é-
prouverent, et virent mes œu-
vres.
10. Pendant quarante ans, j'ai
été courroucé contre cette géné-
ration, et j'ai dit : Toujours ils
errent de cœur.
41. Et eux, ils n'ont point connu
mes voies ; ainsi j'ai juré dans ma
colere : S'ils entreront dans mon
LES PSAUMES.
(Ps. xcv.]
Dieu, et une invitation aux peuples
gentils de venir adorer cette souveraine
majesté, et de se soumettre à son em-
pire. Les Péres l'ont expliqué de la ve-
nue du Messie et de l'établissement de
l'Eglise chrétienne.
Cantique à David lui-méme.
1. Lorsqu'on bâtissait la maison, aprés
la captivité.
Chantez au Seigneur un can-
tique nouveau : chantez au Sei-
gneur, habitants de toute la terre.
2. Chantez au Seigneur, et bé-
nissez son nom : annoncez de
jour en jour son salut.
3. Annoncez parmi les nations
sa gloire, au milieu de tous les
peuples ses merveilles.
4. Parce que le Seigneur est
grand, et infiniment louable; il
est terrible au-dessus de tous les
dieux.
5. Parce que tousles dieux des
nations sont des démons : mais
le Seigneur a fait les cieux.
repos.
PSAUME XCV
(Hésr., XCVI).
Ce psaume contient des louanges et des
actions de grâces pour les bienfaits de
Ps. XCIV. 8. Hébr., ur, 7; 1v, 7. — 10. Nomb., xiv, 34. — 11. Hébr., 1v, 3.
9. Dans irritation; c'est-à-dire dans le lieu de l'rritation, Raphidim, où les
Israélites murmurèrent, du temps de Moïse, parce qu'il manquaient d'eau (Exode,
xvn, 1 et suiv.); ou bien, selon d'autres, l'endroit du désert de Pharan, où ils se
révoltèrent, quand on leur annonça ce qu'étaient les Chananéens et le pays de Cha-
naan (Nombr., xiv, 2 et suiv.); ou bien encore Cadès, où le manque d'eau excita une
nouvelle sédition parmi eux (Nombr., xxt, 1 et suiv.). Voy. sur ce verset et les sui-
vants l'Epitre aux Hébreux (ur, 1-19 ; 1v, 1-11).
41. S’üls entreront; pour 7/8 m'entreront pas. Dans les formules du serment, les
Hébreux employaient la particule si, quand ils juraient qu'ils ne feraient pas une
chose, et ils y ajoutaient la négation. lorsqu'ils juraient qu'ils la feraient. Cette ma-
niere de s'exprimer vient de ce qu'ils omettaient, par euphémisme, l'imprécation qui
suit les jurements; par exemple : Je veux qu'il m'arrive tel mal, tel malheur, si, etc.
— Dans mon repos; c'est-à-dire dans le pays, où je devais leur donner la paix et le
repos, la terre promise.
* A David; ou de David, par David. — * Ce psaume se retrouve avec des variantes,
I Par., xvi, 8-36, et l'auteur sacré nous apprend qu'il fut chanté pour la fête de la
translation de l'arche, du temps de David. Il était naturel, par conséquent, qu'on
le chantát de nouveau lors de la reconstruction du second temple, de 534 à 515
avant J.-C.
1-6. * Exhortation à louer Dieu, (vers. 1-3), à cause de sa grandeur et de sa puis-
sance (vers. 4-6).
1. La maison; c'est-à-dire le temple.
5. * Tous les dieux des nalions sont des démons, des choses vaines, dit le texte hé-
breu. Les démons, en faisant adorer les idoles, qui étaient des choses vaines, se fai-
saient adorer eux-mêmes. Voir I Corinthiens, x, 20.
(rs. xcvr.]
6. La louange et la beauté sont
en sa présence : la sainteté et la
magnificence dans le lieu de sa
sanctification.
7. Apportez au Seigneur, ὃ fa-
milles des nations, apportez au
Seigneur gloire et honneur ;
8. Apportez au Seigneur la
gloire due à son nom.
Prenez des hosties, et entrez
dans ses parvis;
9. Adorez le Seigneur dans son
saint parvis.
Que toute la terre soit ébranlée
devant sa face;
10. Dites parmi les nations que
le Seigneur a établi son règne.
Car il a affermi le globe de la
terre, qui ne sera pas ébranlé : il
jugera les peuples avec équité.
11. Que les cieux se livrent à la
joie, que la terre exulte, que la
mer soit agitée, et sa plénitude ;
19. Les champs se réjouiront,
et tout ce qui est en eux.
Alors exulteronttous les arbres
des foréts,
LES PSAUMES.
1931
13. A la face du Seigneur, parce
qu'il vient; parce qu'il vient juger
la terre.
ll jugera le globe de la terre
avec équité, etles peuples selonsa
vérité.
PSAUME XCVI
(H£sn., XCVII).
Ce psaume représente le règne du Sei-
gnéur, la confusion des méchants et la
joie des justes. Les uns croient qu'il
fut composé par David, lorsqu'aprés la
mort de Saül il se vit paisiblement
établi dans son pays, et en possession
du royaume que le Seigneur lui avait
promis. D'autres pensent qu'il contient
les actions de gràces des Juifs, délivrés
de la captivité de Babylone, et la des-
cription de la vengeance exercée par le
Seigneur contre les Babyloniens. Les
Pères l'expliquent du premier et du
second avénement de Jésus-Christ, de
son règne dans l'Eglise et de la voca-
tion des Gentils.
1. A David.
Quand sa terre fut restituée *.
Le Seigneur a établi son regne,
que la terre exulte : que des iles
en quantité se livrent à la joie.
2. Une nuée et une obscurité
6. Sont en sa présence ; c'est-à-dire lui appartiennent. — Sa sanctification (sancti-
ficatione); c'est-à-dire son sanctuaire, son temple; proprement le lieu qu'il s'est con-
sacré. Compar. Ps. rxxvr, 54.
1-13. * Il faut offrir à Dieu ses présents et son adoration (vers. 1-9), et proclamer
devant tous les peuples sa royauté, qui est reconnue par toutes les créatures
(vers. 10-13).
7. Familles. C'est le sens de l'hébreu et des Septante ; la Vulgate porte patriæ, c'est-
à-dire pays, régions, contrées.
11. La mer et sa plénitude; pour toute la plénitude de la mer, la mer tout entière ;
figure grammaticale, dont la Bible fournit un certain nombre d'exemples.
13. Selon sa vérité; c'est-à-dire selon les règles infaillibles de sa vérité, ou selon f
sa fidélité à remplir ses promesses. 4
* A David, etc., ou de David, par David, lorsqu'il fut rétabli dans son pays. — -
* Cee mots indiquent sans doute l'époque où David fut reconnu roi par toutes les
tribus.
1-6, * Tableau de la puissance de Dieu dans la nature.
1. Iles. Le mot hébreu, traduit dans les Septante et dans la Vulgate par 0/6, signifie
proprement région lointaine, contrée très éloignée; sens qui convient parfaitement à
ce passage.
2. Base; appui, soutien; c’est le sens du terme hébreu que les Septante ont rendu
ici par redressement, amélioration, et ailleurs par préparation, disposition. Compar.
Ps. ,דשא גא 2, 44, PE EN
1933
profonde sont autour de lui : la
justice et l'équité sont la base de
son tróne.
9. Un feu marchera devant lui,
et embrasera tout autour ses en-
nemis.
4. Ses éclairs ont illuminé le
globe de la terre : elle ἃ vu, et
elle a été ébranlée, laterre,
5. Les montagnes, comme la
cire, sesont fondues à la face du
Seigneur : à la face du Seigneur
toute la terre s'est fondue.
6. Les cieux ont annoncé sa
justice, et tous les peuples ont vu
sa gloire.
7. Qu'ils soient confondus, tous
ceux qui adorent des images tail-
lées au ciseau, et qui se glorifient
dans leurs simulacres.
Adorez-le, 00708 tous ses anges;
8. Sion a entendu et s'est ré-
jouie ;
Et les filles de Juda ont exulté,
à cause de vos jugements, Sei-
gneur ;
9. Parce que vous, Seigneur,
étesle Tres-Hautsurtoutelaterre;
LES PSAUMES.
[Ps. xcvir.]
infiniment élevé au-dessus detous
les dieux.
10. Vous qui aimez le Seigneur,
haissezle mal : le Seigneur garde
les àmes de sessaints ; dela main
du pécheur, il les délivrera.
11. Une lumière s’estlevée pour
le juste, et une joie pour les
hommes droits de cœur.
12. Réjouissez-vous, justes,
dans le Seigneur, et célébrez la
mémoire de sa sanctification.
PSAUME XCVII
(Hésr., XCVIII).
Le Psalmiste invite toutes les créatures
à s'unir à lui pour louer Dieu des
merveilles qu'il avait faites en faveur
de son peuple et du salut qu'il lui avait
procuré. Les Juifs expliquent ce psaume
de l'avénement du Messie qu'ils atten-
dent; les Pères et les interprètes chré-
tiens, du premier ou du second avéne-
ment de Jésus-Christ ou de tous les
deux.
1. Psaume à David (de David) lui-
méme ".
Chantez au Seigneur un canti-
que nouveau, parce quil a fait
des merveilles.
Ps. XCVI. 7. Exode, xx, 4; Lév., xxvi, 1; Deut., v, 8; Hébr., 1, 6. — 10. Amos,
N73 1658. ΠΟΙ καρ Ὁ;
1-9. * Puissance de Dieu sur les idoles; joie qu'elle cause à Sion.
1. Adorez-le, vous tous ses anges. Saint Paul, dans son Epitre aux Hébreux (x, 6), cite
ces paroles, en parlant du Verbe de Dieu fait homme.
10-13. * Exhortation à servir Dieu.
12. Sa sanclification (sanctificationis ejus); c'est-à-dire son sanctuaire, son temple.
Voy. Ps. zxxvir, 57; Ps. xcv, 6.
* Ce psaume a beaucoup de ressemblance avec le xcv*, c'est le méme sujet et la
méme forme, mais avec des couleurs propres et une étendue moindre. — La version
syriaque dit qu'il traite « de la délivrance du peuple de la servitude d'Egypte. » —
Ce psaume, comme les deux précédents, prédit les merveilles que doit opérer le
Messie en venant sur la terre. — Le commencement et la fin sont à peu près les
mémes que dans le Ps. xcv. — Les vers. 4-6 invitent tous les peuples à louer Dieu
au son des instruments de musique.
1. L'ont sauvé lui-même; littér. et par hébraisme /'ont sauvé à lui-méme (Compar.
Isaie, Lix, 16; LxII, 5); comparaison prise d'un guerrier qui a combattu, vaincu,
terrassé, tué de sa propre main son ennemi, et qui ne doit sa victoire qu'à lui-même.
Ce passage s'explique parfaitement de Jésus-Christ, qui, en ressuscitant, a vaincu
l'enfer, le péché et la mort par sa propre vertu, AS
(Ps. χανπι.}
Sa droite et son brassaintl'ont
sauvé lui-méme.
2. Le Seigneur a fait connaitre
son salut : en présence des na-
tions, il a révélé sa justice.
3. Il s'est souvenu de sa misé-
ricorde et de sa vérité en faveur
de la maison d'Israél.
Toutes les extrémités de la
terre ont vu le salut de notre
Dieu.
4. Poussez des cris de joie vers
Dieu, 6 terre toute entiere, chan-
tez, et exultez, et jouez du psalté-
rion.
9. Chantez le Seigneur sur une
harpe; sur une harpe, en y mêlant
un chant de psaume ;
6. Sur des trompettes battues
au marteau, et au son d'une trom-
pette de corne.
Poussez des cris de joie en pré-
sence du roi, le Seigneur;
1. Que la mer soit agitée et sa
plénitude, de méme que le globe
des terres et ceux qui y habitent.
8. Les fleuves applaudiront de
la main, comme aussi les monta-
gnes exulteront
9. A la présence du Seigneur,
parce qu'il vient juger la terre.
Ps. XCVII. 3. Isaie, Lir, 10; Luc, ,זז 6.
LES PSAUMES.
4 57
1933
Il jugera le globe de la terre
selon la justice, et les peuples se-
lon l'équité.
PSAUME XCVIII
(Hésr., XCIX).
Le Psalmiste exhorte tous les peuples de
la terre à rendre à Dieu la gloire qui
lui est due, à craindre sa justice, à
garder sa loi et à invoquer en tout
temps sa miséricorde. Les Pères expli-
quent ce psaume du régne et de la ve-
nue de Jésus-Christ; les Juifs l'entendent
de leur Messie.
1. Psaume à David (de David) lui-
même 3.
Le Seigneur a établi son regne,
que des peuples frémissent de
colere; il est assis sur des chéru-
bins, que la terre soit ébranlée.
2. Le Seigneur est grand dans
Sion; il est élevé au-dessus de
tous les peuples.
3. Qu'ils rendent gloire à votre
grand nom, parce qu'il est terrible
et saint,
4. Et que l'honneur d'un roi
aime le jugement.
Vous avez préparé des voies
droites : jugement et justice dans
Jacob, c'est vous qui les avez
exercés.
רהה —————— ———
3. Sa vérité; c'est-à-dire sa fidélité à tenir ses promesses.
6. Sur des trompettes, etc. Ce sont probablement des trompettes semblables à eelles
que Moïse fit faire dans le désert (Nombr., x, 2 et suiv.).
* * Composé probablement pour la cérémonie de la translation de l'arche à Jéru-
salem. C'est le 35 des psaumes qui commencent par Dominus regnavit. Le 4er, xcir,
chante la gloire de Dieu; le 2e, xcvi, les bénédictions qu'il répand sur la terre, et le
3e, xcvi, les faveurs qu'il accorde à ceux qui 16 prient.
1-5. * La royauté de Dieu fait trembler les Gentils et la terre elle-même; il faut le
louer, parce qu'il est grand et saint (vers. 1-3), et (vers. 4-5) parce qu'il gouverne
Israél avec équité.
1. * Que des peuples frémissent de colére, hébreu : qu'ils tremblent devant la puis-
sance de Dieu. — IL est assis sur des chérubins, les chérubins de l'arche d'alliance,
qui est comme le tróne de Dieu.
4. Aime; c'est-à-dire veut, exige. — Jugement signifie, de méme qu'en hébreu, ce
qui est juste, légitime, conforme au droit. — Des voies droiles; des lois et des préceptes
conformes à la droiture.
AT.
78
1234
5. Exaltez le Seigneur notre
Dieu, et adorez l'escabeau de ses
pieds, parce qu'il est saint.
6. Moise et Aaron parmi ses
prétres, et Samuel entre ceux qui
invoquent son nom,
Invoquaient le Seigneur, et le
Seigneur les exaucait;
7. C'est du milieu d'une co-
lonne de nuée qu'il leur parlait.
lls gardaient ses témoignages
et le précepte qu'il leur avait
donné.
8. Seigneur notre Dieu, vous les
exauciez : ὃ Dieu, vous leur avez
élé propice, mais en vous ven-
geant de toutes leurs inventions.
9. Exaltez le Seigneur notre
Dieu, adorez-le sur sa montagne
sainte; parce quil est saint, le
Seigneur notre Dieu.
PSAUME XCIX
(Hégr., C).
Le Psalmiste exhorte tous les peuples
à venir louer Dieu dans son temple et
à publier sa douceur, sa miséricorde
et sa vérité.
1. Psaume de louange (ou d'action de
grüces).
LES PSAUMES.
(Ps. xcix.]
9. Poussez des cris d'allégresse
vers Dieu, ὃ terre tout en-
tière : servez le Seigneur avec
joie.
Entrez en sa présence avec
exultation.
3. Sachez que le Seigneur est
Dieu : c’est lui-même qui nous a
faits, et non pas nous-mêmes;
Vous son peuple et les brebis
de son pâturage,
4. Entrez par ses portes en le
louant : dans ses parvis en chan-
tant des hymnes; publiez ses lou-
anges.
Louez son nom;
5. Car il est bienveillant, le Sei-
gneur : sa miséricorde est éter-
nelle, et jusqu’à toutes les géné-
rations s'étend sa vérité.
PSAUME C
(H£Bn., CI).
Le Psalmiste, en représentant à Dieu
l'innocence avec laquelle il a gouverné
son peuple, apprend à tous les princes
la conduite qu'ils doivent tenir dans
la conduite de leurs Etats, dans le choix
de leurs ministres et dans l'usage de
leur puissance.
ת/חח][][][][]-.-.-.-...... ——————
5. * Refrain
6-8. * Dieu a exaucé les saints des premiers temps (vers. 6-7); il faut l'adorer
à leur exemple, sur Sion, la montagne sainte (vers. 8).
1. C'est du milieu, etc. Cela ne doit s'entendre que de Moïse et d'Aaron, auxquels
Dieu manifestait ordinairement sa présence par une nuée qui paraissait sur la tente
où était gardée l'arche d'alliance. — Les témoignages; les ordonnances, les décrets.
8. Mais en vous vengeant; lors méme que vous les punissiez. — Inventions; c'est-
à-dire, comme porte le texte hébreu, actions ; mot qui se prend toujours en mauvaise
part, dans l'Ecriture, quand il s'agit des actions, des œuvres des hommes
9. * Refrain, comme vers. 5, sauf quelques légères modifications.
1. * Composé sans doute par un pieux Lévite, aprés la captivité, à l'époque de la
dédicace du second temple.
2-3. * Invitation à louer Dieu avec joie dans son temple, parce qu'il est notre
créateur et que nous sommes son troupeau. f
4-5. * Il faut entrer dans les sacrés parvis en le louant et en le remerciant, parce
qu'il est bon et que sa miséricorde est sans bornes.
4. Ses portes; c'est-à-dire les portes de son tabernacle, de son temple.
5. Jusqu'à toutes les genéralions; littér. jusqu'à une génération et une génération,
Voy. sur ce genre de répétition, p. 341, 40.
jrs. 61,[
1. Psaume à David (ou de David lui-
même).
Je vous chanterai la miséri-
corde et la justice, à Seigneur :
JeZeschanterai surlepsaltérion,
2. Et je m'appliquerai à com-
prendre une voie sans tache,
quand vous viendrez vers moi.
Je marchais dans linnocence
de mon cœur, dans l'intérieur de
ma maison.
3. Je ne me proposais point
devantles yeux de chose injuste :
ceux qui commeltaient des pré-
varications, je les ai hais.
Il ne s'est pas attaché à moi
4. De cœur pervers : je ne con-
naissais pas le méchant qui s'éloi-
gnait de moi.
5. Celui qui en secret disait du
mal de son prochain, je le pour-
suivals.
L'homme à l'œil superbe, et au
cœur insatiable, je ne mangeais
pas avec lui.
6. Mes yeux étaient sur les
fidèles de la terre, afin qu'ils fus-
LES PSAUMES.
1935
sent assis prés de moi : celui qui
marchait dans une voie sans
tache était celui qui me servait.
7. Il n'habitera pas dans l'inté-
rieur de ma maison, celui qui
agit avec orgueil; celui qui dit
des choses iniques n'a pas dirigé
sa voie devant mes yeux.
8. Dés le matin, je tuais tous
les pécheurs de la terre, afin d'ex-
terminer de la cité de Dieu tous
ceux qui opèrent l'iniquité.
PSAUME CI
(Hésr., CIL).
Ce psaume est un des sept de la péni-
tence. Le Psalmiste y implore le se-
cours de Dieu avec les sentiments de
la plus vive componction et de la plus
profonde humilité. Quelques Péres y
voient une priére de Jésus-Christ à son
Père, prière dans laquelle il lui recom-
mande son Eglise.
1. Oraison du pauvre.
Lorsqu'il est dans l'anxiété, et qu’en
présence du Seigneur il répand sa prière.
2. Seigneur, exaucez ma prière,
et que mon cri vienne jusqu à
8.
1-8. * Devoirs d'un roi exprimés sous forme de promesses, — Psaume composé pro-
bablement au moment oü le saint roi concut le projet de transporter l'arche de la
maison d'Obédédom à Jérusalem, 11 Rois, vi, 11, sq. — Ce psaume est simplement
composé de distiques.
1. La justice; littér. le jugement. Voy. Ps. xcvi, 4.
2. Je m'appliquerai, etc. En vertu d'un hébraisme, le verbe 7e comprendrai (intel-
ligam) prend la signification de 76 m'appliquerai à comprendre, parce qu'au lieu de
gouverner l'aceusatif, comme il le devrait, en sa qualité de verbe actif, il se joint
à son complément voie par l'intermédiaire de la préposition dans (in). Ainsi le sens
est : Je m'appliquerai à vivre dans la pureté et dans l'innocence. — Quand vous vien-
drez vers moi, pour m'éclairer et m'aider de votre gráce.
6. Mes yeux, ete.; c'est-à-dire je mettais tous mes soins à n'avoir auprès de moi
pour officiers et pour ministres que des hommes d'une fidélité et d'une intégrité
reconnues.
7. N'a pas dirigé, etc.; n'a pas cherché à être agréable à mes yeux.
8. Des le matin. Les rois rendaient la justice dès le matin. Voy. Jérémie, xxr, 12
1-29. * Ce pauvre n'est pas un individu, c'est le peuple d'Israél affligé, probablement
en captivité. — Voici la suite des idées: 2-3 : Invocation à Dieu; 4-12: pour qu'il ait
pitié de l'afflietion de son peuple; tableau de cette affliction. — 13-23 : Raisons qu'a
Dieu de le secourir. — 24-29 : Contraste entre l'éternité de Dieu et la brièveté de la
vie de l'homme, motif pour obtenir la prolongation de nos jours. — Ce psaume est
le 5e des Psaumes de la pénitence.
1980
3. Ne détournez pas votre face
de moi; en quelque jour que je
sois dans la tribulation, inclinez
vers moi votre oreille.
En quelque jour que je vous
invoque, exaucez-moi prompte-
ment;
4. Parce que mes jours, comme
la fumée, se sont évanouis, et
mes os, comme une broutille, se
sont desséchés.
9. J'ai été frappé comme une
herbe, et mon cœur s'est flétri,
parce que j'ai oublié de manger
mon pain.
6. Ala voix de mon gémisse-
ment, mes os se sont collés à ma
peau.
1. Je suis devenu semblable au
pélican du désert; je suis de-
venu comme le hibou dans sa
demeure.
8. J'ai veillé, et je suis devenu
comme un passereau solitaire sur
un toit.
9. Durant tout le jour mes
ennemis m'outrageaient, et ceux
qui me louaient auparavant fai-
saient des imprécations contre
moi.
10. Parce que je mangeais de
LES PSAUMES.
[rs. 1
la cendre comme du pain, et que
je mélais mon breuvage avec mes
pleurs,
11. A l'aspect de votre colère
et de votre indignation, parce
qu'en m'élevant vous m'avez
brisé.
12. Mes jours, comme l'ombre,
ont décliné : moi, j'ai séché com-
me l'herbe.
13. Mais vous, Seigneur, vous
subsislez éternellement; et votre
souvenir se éransmet à toutes les
générations.
14. Vous, vous levant, vous
aurez pitié de Sion ; parce que le
temps est venu, le temps d'avoir
pitié d'elle.
15. Parce que ses pierres ont
été agréables à vos serviteurs,
et qu'à la vue de sa terre, ils se-
ront attendris.
16. Et les nations révéreront
votre nom, Seigneur, et tous les
rois de la terre votre gloire.
17. Parce que le Seigneur a
bâti Sion, et il sera vu dans sa
gloire.
18. Il ἃ jeté un regard sur la
prière des humbles, et il n'a point
méprisé leur demande.
6. A la voix de mon gémissement; c'est-à-dire à cause de mon gémissement, à force
de gémir. — Peau; littér. chair, mot qui ne convient nullement ici; car il n'y a rien
d'étonnant à ce que les os tiennent à la chair. D'un autre cóté, le terme arabe cor-
respondant à l'hébreu s'emploie pour exprimer peau, épiderme, cuir, pellicule, écorce.
Ainsi, le Psalmiste veut dire que, dans son extréme affliction, sa chair s'est tellement
consumée, que ses os n'ont pu adhérer qu'à sa peau.
7. Par ces comparaisons et les suivantes, 16 Psalmiste veut dépeindre la tristesse.
— * Le pélican, se nourrissant de poissons, vit au bord de la mer ou des fleuves,
loin de la demeure des hommes. — Le hibou dans sa demeure, en hébreu, Le hibou
des ruines, qui habite les ruines. Ces deux oiseaux étaient dans la loi mosaique des
animaux impurs. Lévilique, ,זא 11, 18.
13. Toutes les générations. Voy. Ps. LxXXVIR, 2.
15. Parce que ses pierres, etc. Les ruines de Sion ont été agréables aux serviteurs
de Dieu, Zorobabel, Esdras et Néhémie. Les Juifs, dit Bossuet, aimaient jusqu'aux
ruines de leur patrie et du temple et en chérissaient la poussiére, oü ils venaient
offrir ieurs dons. ἢ
16. Et les nations, etc. C'est dans l'Eglise de Jésus-Christ que ces paroles ont eu
leur parfait accomplissement,
[Ps. 61.
19. Que ces choses soient écri-
les pour une autre génération, et
le peuple qui naitra louera le Sei-
gneur,
20. Parce que le Seigneur a
jeté un regard de son lieu saint :
le Seigneur a regardé du ciel sur
la terre,
91. Afin d'entendre les gémis-
sements des détenus dans les fers,
et de délivrerles fils de ceux qu'on
a mis à mort,
22. Afin qu'ils annoncent dans
Sion le nom du Seigneur, et sa
louange dans Jérusalem,
23. Lorsque des peuples et des
rois s'assembleront pour servir
le Seigneur.
24. I] lui a dit dans le temps
de sa force : Faites- moi con-
naitre le petit nombre de mes
jours.
25. Ne me rappelez pas au mi-
lieu de mes jours : à toutes les
générations s'étendent vos an-
nées.
26. Au commencement, vous,
LES PSAUMES.
1237
Seigneur, vous avez fondé la
terre, et les cieux sont les ou-
vrages de vos mains.
27. Pour eux, ils périront, mais
vous, vous subsistez toujours ; et
tous, comme un vêtement, ils
vieilliront.
Et vous les changerez comme
un habit dont on se couvre, et ils
seront changés ;
28. Mais vous, vous étes tou-
jours le méme, et vos années ne
passeront pas.
29. Les fils de vos serviteurs
auront une habitation, et leur
postérité sera dirigée à jamais.
PSAUME CII
(Hésr., CIIT).
Le Psalmiste s'invite lui-même à louer le
Seigneur de ses bienfaits. Ill convie
tous les anges et toutes les œuvres de
Dieu à le bénir avec lui.
1. De David lui-méme.
Bénis, mon âme, le Seigneur;
et que tout ce qui est au-dedans
de moi bénisse son saint nom.
23. Lorsque des peuples, etc. C'est après la venue de Jésus-Christ que ces prophéties
ont été accomplies. Compar. le vers. 15. — * Le Psalmiste demande dans ces versets
-que tous les peuples chantent la gloire de son Dieu : « Il est exaucé, dit le comte
de Maistre, aprés avoir rappelé cette priére; parce qu'il n'a chanté que l'Eternel, ses
chants participent de l'éternité; les aceents enflammés confiés aux cordes de sa lyre
divine retentissent encore, après trente siècles, dans toutes les parties de l'univers.
La synagogue conserva les Psaumes; l'Eglise se hàta de les adopter; la poésie de
toutes les nations chrétiennes s'en est emparée, et depuis plus de trois siécles le
soleil ne cesse d'éclairer quelques temples dont les voütes retentissent de ces hymnes
sacrées. On les chante à Rome, à Genéve, à Madrid, à Londres, à Québec, à Quito,
à Moscou, à Pékin, à Botany-Bay; on les murmure au Japon. »
24. Il a dit. C'est ici le vrai sens du verbe hébreu que la Vulgate a rendu, d'aprés
les Septante, par ii a répondu (respondit). Quant au sujet de ce verbe, c'est proba-
blement le pauvre (pauper) mentionné dans le titre du psaume. — Lui; c'est-à-dire
au Seigneur, nommé au vers. précédent. — Dans le temps de sa force; littér. dans
la voie de sa force; lorsqu'il était dans la vigueur, à la fleur de l’âge.
21-28. Saint Paul, dans son Epitre aux Hébreux (1, 10-12), applique les paroles de
ces trois versets au Fils de Dieu.
29. Sera dirigée; selon l'hébreu, sera fermement établie.
1-22. * « Ce psaume, l'un des plus beaux de David, est le cantique des miséricordes
du Seigneur. Elles n'ont jamais été célébrées d'un ton plus sublime, et jamais le
sublime n'a été plus touchant. » (La Harpe.) — La suite des pensées est la suivante :
1238
2. Bénis, men âme, le Seigneur,
et n'oublie point ses bienfaits.
3. C'est lui qui pardonne toutes
tes iniquités ; lui qui guérit toutes
tes infirmités.
4. C'est lui qui rachète de la
mort ta vie; qui te couronne de
miséricorde et de bontés.
5. C'est lui qui remplit de biens
ton désir : ta jeunesse sera re-
nouvelée comme celle de l'aigle.
6. Le Seigneur fait miséricorde
et justice à tous ceux qui souf-
frent une injustice.
7. Il a fait connaitre ses voies
à Moïse, aux enfants d'Israël ses
volontés.
8. Compatissant et miséricor-
dieux est le Seigneur; lent à pu-
nir et bien miséricordieux.
9. Il ne sera pas perpétuelle-
ment irrité; et éternellement il
ne menacera pas.
10. Ce n'est pas selon nos pé-
chés qu'il nous a traités ; ni selon
nos iniquités qu'il nous a rétri-
hués.
41. Puisque, selon la hauteur
des cieux au-dessus de la terre,
il a corroboré sa miséricorde sur
ceux qui le craignent.
LES PSAUMES.
[Ps. cir.]
19. Autant est distant l'orient
de l'occident, autant il a éloigné
de nous nos iniquités.
13. De méme qu'un pere s'at-
tendrit sur ses enfants, de méme
le Seigneur a eu pitié de ceux qui
le craignent ;
14. Parce que lui-méme sait de
quoi nous sommes formés.
Il s'est souvenu que nous som-
mes poussière ;
15. Un homme, ses jours sont
comme une herbe : comme une
fleur des champs, ainsi il fleu-
rira.
16. Parce qu'un souffle passera
sur elle, et elle ne subsistera pas :
et on ne connaitra plus son lieu.
17. Mais la miséricorde du Sei-
gneur est de l'éternité et jusqu'à
l'éternité sur ceux qui le crai-
gnent.
Et sa justice s'étend sur les fils
des fils,
18. Pour ceux qui gardent son
alliance,
Et se souviennent de ses com-
mandements, pour les accomplir.
19. Le Seigneur dans le ciel a
préparé son iróne; et son em-
pire dominera sur toutes choses.
Ps, CII. 8. Exode, xxxiv, 6; Nomb., xiv, 18.
— 1-5 : Exhortation à louer et remercier Dieu à cause des bienfaits personnels que
nous en avons reçus; — 6-9 : à cause du soin qu'il prend des opprimés comme il l'a
fait pour les Hébreux au temps de Moise; — 10-14 : à cause du pardon qu'il
accorde aux pécheurs; — 15-18 : à cause de sa bonté qui s'étend d'âge en âge et
n'est pas passagère comme notre vie. — 19-22 : Que le ciel et la terre louent donc le
Seigneur! :
5. Ta jeunesse, etc. L'aigle, comme les autres oiseaux, rajeunit, en quittant tous
les ans ses plumes pendantla mue, et en en reprenant ensuite de nouvelles. Et si le
Psalmiste a choisi l'aigle, pour en faire l'objet de sa comparaison, c'est, sans doute,
à cause de sa force, de sa grandeur et de sa vivacité, qui en font le roi des oiseaux.
11. Selon la hauteur, etc.; c'est-à-dire autant le ciel est élevé au-dessus de la terre,
autant Dieu, etc.
15. Ses jours, etc. Compar. Ps. Lxxxix, 6. Job, xiv, 2.
16. On ne reconnaîtra, etc.; littér. et par hébraisme ἐξ ne reconnaitra. Dans le style
hébraïque, en effet, la troisième personne singulière de la voix active tient lieu de la
forme impersonnelle. — Son lieu; c'est-à-dire le lieu qu'elle occupait.
[ps. cur.]
20. Bénissez le Seigneur, vous
tous ses anges, puissants en force,
accomplissant sa parole, pour
obéir à la voix de Ses ordres.
91. Bénissez le Seigneur, vous
toutes ses armées célestes; vous
ses ministres, qui faites sa vo-
lonté.
92. Bénissez le Seigneur, vous
tous ses ouvrages, dans tous les
lieux de sa domination : bénis,
mon àme, le Seigneur.
LES PSAUMES.
1239
PSAUME CIII
(Hégr., CIV).
Le Psalmiste loue le Seigneur à la vue
de sa grandeur, de sa sagesse et de
sa puissance qui éclate dans ses ou-
vrages.
1. De David lui-même s.
Bénis, mon àme, le Seigneur :
Seigneur mon Dieu, votre magni-
ficence a paru avec un grand
éclat.
99. Dans ce verset, nous avons cru devoir nous conformer à la ponctuation du
texte hébreu et des Septante, parce qu'elle présente un sens plus conforme au con-
texte que celle de la Vulgate.
a * Ce psaume contient, des œuvres du Créateur, une magnifique description qui
rappelle le premier chapitre de la Genése, et une exhortation à louer l'auteur de ces
merveilles. — « Qu'il nous soit permis d'indiquer dans les hymnes que [renferme] le
livre des Psaumes, une de celles que nous regardons comme les modéles parfaits de
ces sortes de compositions : c'est le Ps. cir, que l'on pourrait appeler l'hymne de la
eréation. Qu'on le lise; qu'on lise ensuite tout ce qui a été écrit de plus estimé sur
cette matiére si souvent traitée, en prose et en vers, depuis Hésiode jusqu'à Ovide,
depuis Cicéron et Pline jusqu'à Buffon, et nous ne craignons pas qu'on puisse ensuite
en citer qui soit du ton et de la hauteur de ce psaume. » (GATIEN ARNOULT.) -- Les
tableaux répandus dans la Bible, dit Chàteaubriand, peuvent servir à prouver dou-
blement que la poésie descriptive est née, parmi nous, du Christianisme. Job, les
Prophétes, l'Ecclésiaste, et surtout les Psaumes, sont remplis de descriptions ma-
gnifiques. Le ps. Benedic, anima mea, est un chef-d'œuvre dans ce genre... Horace
et Pindare sont restés bien loin de cette poésie. » — « On peut dire, écrit Alexandre
de Humboldt, que le 1035 psaume est à lui seul une esquisse du monde. « Le Sei-
» gneur, revétu de lumiére, a étendu le ciel comme un tapis. Il a fondé la terre sur
» sa propre solidité, en sorte qu'elle ne vacillât pas dans toute la durée des siècles.
» Les eaux coulent du haut des montagnes dans les vallons, aux lieux qui leur ont
» été assignés, alin que jamais elles ne passent les bornes prescrites, mais qu'elles
» abreuvent tous les animaux des champs. Les oiseaux du ciel chantent sous le
» feuillage. Les arbres de l'Eternel, les cèdres, que Dieu lui-même a plantés, se
» dressent pleins de sève. Les oiseaux y font leur nid, et l'autour bâtit son habita-
» tion sur les sapins. » Dans le même psaume est décrite la mer « où s’agite la vie
» d'êtres sans nombre. Là passent les vaisseaux etse meuvent les monstres que tu as
» créés, ὃ Dieu, pour qu'ils s'y jouent librement. » L'ensemencement des champs, la
culture de la vigne qui réjouit le cœur de l'homme, celle de l'olivier, y ont aussi
trouvé place. Les corps célestes complètent ce tableau de la nature. « Le Seigneur a
» créé la lune pour mesurer le temps, et le soleil connait le terme de sa course. Il
» fait nuit :les animaux se répandent sur la terre, les lionceaux rugissent aprés leur
» proie et demandent leur nourriture à Dieu. Le soleil parait : ils se rassemblent et se
» réfugient dans leurs cavernes, tandis que l'homme se rend à son travail et fait sa
» journée jusqu'au soir. » On est surpris, dans un poème lyrique aussi court, de voir
le monde entier, la terre et 16 ciel, peints en si grands traits : à la vie confuse des
éléments est opposée l'existence calme et laborieuse de l'homme, depuis le lever du
soleil jusqu'au moment oü le soir met fin à ses travaux. Ce contraste, ces vues géné-
rales sur l'action réciproque des phénoménes, ce retour à la puissance invisible et
présente qui peut rajeunir la terre ou la réduire en poudre, tout est empreint d'un
caractére sublime. »
1-4. * Eloge de l’œuvre du premier et du second jours de la création.
1940
Vous avez revétu lalouange et
l'honneur ;
2. Couvert de lumiere comme
d'un vétement ;
Etendant le ciel comme une
tente;
3. Vous qui couvrez d'eaux sa
partie la plus élevée,
Qui montez sur un nuage, qui
marchez sur les ailes des vents ;
4. Qui faites de vos anges des
vents, et de vos ministres un feu
brülant ;
ὃ. Qui avez fondé la terre sur
sa base : elle ne sera pas ébranlée
dans les siecles des siecles.
6. L'abime, comme un véte-
ment, l'enveloppe; des eaux
s'éleveront au-dessus des mon-
tagnes.
7. À votre réprimande elles
senfuiront; à la voix de votre
tonnerre, elles seront saisies
d'une forte crainte.
8. Des montagnes s'élèvent,
et des champs s'abaissent dans
Ps. CIII. 4. Hébr., r, 7.
LES PSAUMES.
(Ps. cur.]
le lieu que vous leur avez fixé.
9. C'est vous qui avez posé aux
eaur un terme qu'elles ne dé-
passeront pas; et elles ne revien-
dront pas couvrir la terre.
10. Vous lâchez des fontaines
dans les vallons : au milieu des
montagnes traverseront les eaux.
11. Toutes les bétes de la cam-
pagne s'abreuveront; les ona-
gres soupireront apres elles dans
leur soif.
19. Au-dessus les oiseaux duciel
habiteront: du milieu des rochers
ils feront entendre /eurs voix.
13. Vous arrosez les monta-
gnes avec les eaux supérieures
du ciel : du fruit de vos ouvrages
la terre sera rassasiée ;
14. Vous produisez du foin pour
les bêtes, et de l'herbe à l'usage
des hommes,
Afin que vous fassiez sortir du
pain de la terre,
15. Et que le vin réjouisse le
cœur de l'homme :
1. Louange; c'est ici le vrai sens du mot confessionem de la Vulgate, ainsi que du
terme correspondant des Septante : l'hébreu porte majesté.
2. Couvert de lumiere. Voy. 1 Timoth., vi, 16. — Tente; littér. peau. Chez les Hé-
breux, la tente ne se composait, dans l'origine, que de peaux de bétes que l'on éten-
dait sur des perches fortement fixées en terre, pour que la tente püt résister à la
violence du vent.
3. Sa partie; c'est-à-dire la partie du ciel, exprimée dans le vers. précédent. Le
Psalmiste fait ici allusion à ce qui est dit, Genèse, 1, 1.
4. Qui failes, etc.; qui donnez à vos anges la rapidité des vents et à vos ministres
l'ardeur des flammes.
5-9. * Formation de la terre.
6. * L'abime, la mer. Description de l'état de la terre avant que les eaux et l'aride
ou la terre ferme fussent séparées.
10-442. Production des sources, des animaux et des plantes.
11. L'onagre, demeurant dans les déserts les plus reculés, et par conséquent plus
exposé à souffrir la soif qu'aucun autre animal moins sauvage.
13. Avec les eaux supérieures du ciel; littér. avec ses eaux supérieures; or le pronom
ses (suis) se rapporte à ciel, qui est exprimé au verset précédent. Compar. le vers. 3.
145-18. * Les trois principales productions nourricières (céréales, vin et huile); les
pluies qui fécondent la terre et les animaux qui habitent les montagnes.
14. De l'herbe (herbam), Vhébreu signifie /égume, plante nourrissante.
15. Avec l'huile. Les anciens croyaient que les onctions d'huile faites sur le corps
étaient presque aussi nécessaires que la nourriture.
[Ps. cu]
Afin qu'il égaie son visage avec
l'huile, et que le pain fortifie le
cœur de 10
16. Ils seront abondamment
nourris, les arbres de la campa-
gne et les cèdres du Liban qu'il a
plantés;
17. Là des passereaux niche-
ront.
Le nid du héron est le premier
de tous;
18. De hautes montagnes ser-
vent de retraite aux cerfs ; un ro-
cher, de refuge aux hérissons.
19. I1 a fait la lune pour mar-
quer les temps; le soleil a connu
son coucher.
20. Vous avez établi des téne-
bres, et la nuit a été faite : c'est
durant la nuit que feront leurs
courses toutes les bétes de la fo-
ret.
21. Les petits des lions rugiront,
cherchant une proie, et deman-
dant à Dieu leur páture.
22. Le soleil s’est levé, et ils se
sont rassemblés ; et ils se retire-
ront dans leurs tanières.
23. Alors l'homme sortira pour
son ouvrage, et pour son travail
jusqu'au soir.
LES PSAUMES.
1241
24. Combien magnifiques sont
vos œuvres, Seigneur! Vous avez
fait toutes choses avec sagesse :
la terre est remplie de vos biens.
95. Cette mer est grande et spa-
cieuse des deux côtés; là sont
des reptiles sans nombre ;
Des animaux petits avec des
grands;
26. Là des navires traverse-
ront.
Là est ce dragon, que vous avez
formé pour s'y jouer :
21. Tous attendent de vous que
vous leur donniez la nourriture
au temps voulu.
28. Vous leur donnant, ils re-
cueilleront : vous ouvrant votre
main, tous seront remplis de vos
biens.
29. Mais, vous détournant votre
face, ils seront troublés : vous
leur óterez le souffle, et ils péri-
ront et retourneront dans leur
poussière.
30. Vous enverrez votre esprit,
etils seront créés ; et vous renou-
vellerez la face de la terre.
31. Soit la gloire du Seigneur à
jamais célébrée : le Seigneur se
réjouira dans ses œuvres,
11. Le nid; littér. la maison. — Et le premier de tous. Le héron niche plus tôt que
tous les autres oiseaux; et il fait son nid sur les plus hauts arbres. — * L'hébreu
porte au lieu de : /e nid du héron est le premier de tous, « les cyprès sont la maison
(ou la demeure) de la cigogne. »
19-23. * Les astres.
19. Il a fait la lune, etc. Ce sont, en effet. les différentes phases de la lune qui ont
fourni aux premiers hommes l'occasion de déterminer les mois et les années. Compar.
Ecclésiaslique, xvm, 6.
24-26. * Les habitants des mers.
25. Des deux cólés; c'est-à-dire par sa longueur et sa largeur. Le terme hébreu que
la Vulgate a rendu par mains (manibus) signifie aussi côtés; et comme il est ici au
duel, il ne peut avoir d'autre sens que celui que nous lui avons donné dans notre
traduction. — Reptiles ; c'est-à-dire poissons. Compar. Genèse, 1, 20.
26. * Ce dragon, en hébreu, Léviathan, mot qui désigne ordinairement le crocodile,
mais qui signifie ici un grand cétacé.
21-30. * Dieu donne la nourriture et la vie.
31-352, * Gloire à Dieu pour toutes ses merveilles.
1242
32. Lui qui regarde la terre et
la fait trembler; qui touche les
montagnes, et elles fument.
33. Je chanterai le Seigneur
pendant ma vie : je jouerai du
psaltérion en l'honneur de mon
Dieu, tant que j'existerai.
34. Qu'agréable lui soit ma pa-
role : pour moi, je mettrai mes
délices dans le Seigneur.
35. Que les pécheurs disparais-
sent de la terre, ainsi que les
hommes iniques, en sorte qu'ils
LES PSAUMES.
[Ps. cv.]
quez son nom : annoncez, parmi
les nations, ses œuvres.
2. Chantez-le, et jouez du psal-
térion en son honneur : racontez
toutes ses merveilles.
3. Glorifiez-vous en son nom
saint : qu'il se réjouisse, le cœur
de ceux qui cherchent le Sei-
gneur.
4. Cherchez e Seigneur et soyez
fortifiés : cherchez sa face sans
cesse.
5. Souvenez-vous de ses mer-
ne soient plus : bénis, mon àme,
veilles qu'il a faites; de ses pro-
le Seigneur.
diges, et des jugements de sa
bouche,
6. Postérité d'Abraham, ses ser-
viteurs, enfants de Jacob, ses
élus.
7. Lui-méme est le Seigneur
notre Dieu : sur toute la terre
s'exercent ses jugements.
8. Il s'est toujours souvenu de
son alliance; de la parole qu'il a
prescrite pour mille générations,
83. Infra, cxrv, 2. — Ps. CIV. 1. I Par., xvi, 8; Isaie, xir, 4.
PSAUME CIV
(HÉnBn., CV).
Ce psaume contient des actions de gráces
pour tous les bienfaits du Seigneur en-
vers son peuple, et le récit de ses bien-
faits depuis la vocation d'Abraham jus-
quàl'entrée des Hébreux dans la terre
promise.
Alleluia.
1. Louez le Seigneur, et invo-
32. Qui touche les montagnes, etc. Compar. Exode, xix, 18.
35. * Bénis, mon âme, le Seigneur. Ces paroles sont la répétition du refrain initial.
vers. 1.
1. * Ce psaume, composé par David. fut chanté à la féte de la translation de l'arche
à Jérusalem, I Par., xvi, 7. Ce chapitre des Paralipomènes reproduit les quinze pre-
miers versets, I Par., xvi, 8-22; il les fait suivre sans interruption du Ps. xcvr, 1, et
cvi, 41-48. Le Ps. crv résume l'histoire d'Israél et fait ressortir la Providence de Dieu
sur son peuple. Cf. Ps. Lxxvir et cv. — La versification est régulière, mais ce psaume
est sans grande élévation poétique.
4. Et soyez fortifiés; hébraisme, pour ef vous serez fortifiés.
5. Prodiges et jugements sont des compléments du verbe souvenez-vous. quoiqu'ila
ne soient pas au génitif, comme ils y sont dans le passage parallèle (I Paralip., xvt,
12), parce que, comme nous l'avons déjà fait observer, dans la Vulgate, les cas se
mettent l'un pour l'autre, sans égard pour la concordance latine. La méme anomalie
se trouve ici dans les Septante. — Les jugements de sa bouche; c'est-à-dire exécutés
par ses ordres, ou prédits auparavant. Compar. Genèse, xv, 14; Exod., ur, 20.
6. Ses servileurs; c'est-à-dire les serviteurs du Seigneur. Ainsi portent les Sep-
tante, en entendant par servileurs les descendants d'Abraham ; l'hébreu lit son servi-
leur, en faisant de ce mot un qualificatif d'Abraham. Dans le passage parallèle
(I Paralip., xvr, 13), les Septante mettent ses enfants (les enfants du Seigneur), mais
l'hébreu met, son serviteur. — Ses élus; c'est-à-dire les élus du Seigneur, selon l'hébreu
et les Septante, ici et dans l'endroit parallèle des Paralipomènes. Quant à la Vulgate,
elle est partout amphibologique, les mots servi et electi pouvant étre au génitif sin-
gulier aussi bien qu'au nominatif vocatif pluriel.
[ps. civ.]
9. Qu'il à donnée à Abraham ;
de son serment à Isaac ;
10. Et ila établi ce serment avec
Jacob en précepte, et avec Israél
en alliance éternelle,
11. Disant : Je te donnerai la
terre de Chanaan pour cordeau de
votre héritage.
19. Lorsqu'ils étaient un petit
nombre, tres peu nombreux, et
étrangers dans celte terre;
13. Et ils passerent de nation
en nation, et d'un pri à un
autre peuple;
14. Il ne permit pas qu'aucun
homme leur fit du mal, il châtia
méme les rois à cause d'eux.
15. Netouchez pasàmes oints, et
ne maltraitez pas mes prophètes.
16. Et il appela la famine sur la
terre, et il brisa tout soutien de
pain.
Il envoya devant eux un
homme : Joseph qui fut vendu
comme esclave.
18. On humilia ses pieds dans
des entraves; un fer transperca
son áme,
9. Genése, xxir, 16. — 15. II Rois, r, 14; I Par.,
LES PSAUMES.
1243
19. Jusqu'à ce que s'accomplit
sa parole.
La parole du Seigneur len-
flamma;
20. Le roi envoya et le délia :
le prince des peuples envoya, et
le mit en liberté.
91. Il l'établit maitre de sa mai-
son, et prince de toutes ses pos-
sessions;
22. Afin qu'il instruisit ses
princes comme lui-méme, et qu'il
enseignát la sagesse à ses vieil-
lards.
93. Et Israël entra en Egypte,
et Jacob habita comme étranger
dans la terre de Cham.
94. Et Dieu y multiplia son
peuple prodigieusement, et le
rendit plus puissant que ses en-
nemis.
25. Il changea leur cœur, afin
qu ilshaissent son peuple, et qu'ils
employassent 18 fraude contre ses
serviteurs.
26. 1 envoya Moïse son ser-
viteur, et Aaron quil choisit
aussi.
ΧΥ͂Ι, 22. — 17. Genése, xxxvir, 36. —
18. Genèse, xxxix, 20. — 20. Genèse, xut, 14. — 23. Genèse, xLvi, 6. — 24. Exode, 1, 7;
Actes, vir, 17. — 26. Exode, rni, 10; rv, 29.
9. * Pour l'explication des allusions historiques contenues dans ce psaume, voir les
passages auxquels renvoient les notes indiquant les références du texte sacré.
11. Pour cordeau. Voy. Ps. vxxvu, 54.
16. Il brisa, etc. Briser le soutien ou le báton du pain, signifiait chez les Hébreux
óter tout moyen de subsistance. Voy.,
sur cette locution, Lévii.,
XXVI, 26.
18. Un fer, etc. Compar. Luc, u, 35. — Vint; s'accomplit. — Sa parole, la prédic-
tion qu'il avait faite à l'échanson et au panetier de Pharaon (Genèse, xr,
22-23). Cette
prédiction, en faisant connaitre Joseph pour vrai prophète, fut la cause de sa mise
en liberté et de son élévation.
19. La parole du Seigneur l'enflamma ; il reçut alors l'esprit de prophétie. La parole
de Dieu est souvent comparée dans l'Ecriture à un feu ardent.
22. Ses princes, ses vieillards; c'est-à-dire les princes et les anciens ou sages de sa
cour, ses conseillers.
23. La terre de Cham; c'est l'Egypte, ainsi nommée, parce que Cham, fils de Noé,
y demeura, et que Mesraim, second fils de Cham, la peupla. — * Un des noms donnés
par les anciens Egyptiens à leur pays est Chemi.
25. Il changea, etc. Voy. pour 16 vrai sens de ce verset, Exode, 1v, 21,
1244
27. Il leur donna l’ordre de
faire des signes et des prodiges
dans la terre de Cham.
28. Il envoya des ténèbres, et
répandit l'obscurité ; et il ne ré-
tracta pas ses paroles.
29. ll changea leurs eaux en
sang, et fit mourir leurs poissons.
30. Leur terre produisit des gre-
nouilles, qui pénétrérent dans les
appartements de leurs rois.
31. Il dit, etil vint des myriades
de mouches, et des moucherons
dans tout leur pays.
32. Il changea leurs pluies en
gréle, et e2voya un feu qui brülait
dans leur terre.
33. Et il frappa leurs vignes et
LÉS PSAUMES.
[Ps. ctv.]
leurs figuiers, et brisa les ar-
bres de leur pays.
34. Il dit, et vint la sauterelle, et
la chenille qui était sans nombre;
35. Etelle mangea toute l'herbe
dans leur terre, et elle mangea
tout le fruit de leur terre.
36. Et il frappa tout premier-
né dans leur terre, et les pré-
mices de tout leur travail.
31. Et il les fit sortir avec de l'or
et de l'argent : et il n'y avait pas
dans leurs tribus un seu/ malade.
38. L'Egypte se réjouit à leur
départ, parce que la crainte
qu'elle avait d'eux fondit sur elle.
39. Il étendit une nuée pour
les couvrir, et un feu pour
27. Exode, vir, 10. — 28. Exode, x, 21. — 29. Exode, vr, 20. — 30. Exode, vri, 6.
— 31, Exode, vir, 16, 24, — 34. Exode, x, 12. — 36, Exode, xii, 29. — 37. Exode,
ΧΙ, 90, — 99, Exode, xiu, 21; Ps. Lxxvir, 14; I Cor., x, 1. à
91. L'ordre. Le terme hébreu rendu dans la Vulgate par paroles, et dans les Sep-
tante par discours, signifie souvent commandement, ordre. — Signes; c'est-à-dire mi-
racles. Le grec répéte le pronom ses devant le mot prodiges. — La terre de Cham.
Voy. le vers. 23.
98. Et il ne rétracta pas; littér. à n'irrita pas, il n'aigrit pas. Le sens le plus simple
et le plus naturel de cette seconde partie du verset, tel qu'il se lit dans la Vulgate,
est, selon nous, que Dieu accomplit exactement tout ce qu'il avait dit à Moise au
sujet des plaies dont il devait frapper Pharaon et l'Egypte.
31. * IL vint des myriades de mouches et des moucherons. Parmi ces insectes, il faut
ranger surtout les moustiques. Ceux-là seuls qui ont habité l'Orient, l'Egypte et la
Palestine peuvent se faire une idée de cette plaie. Un médecin en fait la description
suivante : « Le moustique est un animal bien petit, mais bien rusé et bien avide de
votre sang... Il bourdonne et vous pique; il vous enfonce son aiguillon, et s'il y a
plusieurs moustiques à la fois qui vous perforent, vous étes en feu et votre corps
est criblé de milliers de boutons, sièges brülants de démangeaisons intolérables...
Les moustiques sont des insectes plus dangereux et plus répandus qu'on ne le croit
généralement. Le chancelier du consul général de France à Jérusalem, qui avait
résidé à Zanzibar, nous a dit qu'une des régions de cette cóte torride est absolument
inhabitable par le fait des moustiques; les ouvriers, pour travailler, sont obligés
d'avoir tout le corps enduit d'une épaisse couche de mortier, qu'ils doivent renou-
veler plusieurs fois par jour; quant aux chevaux, ánes et mulets, ils endurent de
telles souffrances, qu'ils en perdent l'appétit et le sommeil; ils ne peuvent ni manger
ni dormir, ils maigrissent et meurent de consomption, au bout d'un mois de séjour
sur cette côte inhospitalière. » E. Guisour, Jérusalem, Le Caire, Damas, 1889, p. 186.
34-35. Qui était sans nombre... Elle mangea. Ces verbes qui, étant au singulier, ne
concordent grammaticalement qu'avec le dernier substantif chenille, ont cependant
aussi pour sujet le nom précédent saulerelle. Ce genre de construction n'est pas
étranger au style de la Bible.
31. Il les fit sortir. Le pronom /es tient la place du mot Hébreuz ou Israélites, dé-
signés au vers. 24-25 sous le nom de son peuple. — Avec de l'or et de l'argent. Com-
par. 22000, xi, 2; xit, 35-36.
(Ps. cv.]
les éciairer pendant la nuit.
40. Ils demandèrent, et la caille
vint; et du pain du ciel il les ras-
sasia.
41. Il fendit un rocher, et des
eaux coulerent : et dans un lieu
sec se répandirent des fleuves;
42. Parce qu'il se souvint de sa
parole sainte qu'il a donnée à
Abraham, son serviteur.
43. Et il fit sortir son peuple
dans l'exultation, et ses élus dans
l'allégresse.
44. ἘΠῚ leur donna les contrées
des nations, et ils possédèrentles
travaux des peuples;
45. Afin qu'ils gardent ses or-
donnances, et qu'ils recherchent
sa loi.
PSAUME CV
(Hésr., CVI).
Le Psalmiste fait voir la patience avec
laquelle Dieu ἃ souffert les infidélités
de son peuple et les divers chátiments
dont il s'est servi pour le ramener à lui.
Alleluia.
1. Louezle Seigneur, parce qu'il
LES PSAUMES.
1245
est bon, parce que pour jamais
est sa miséricorde.
2. Qui dira les puissances du
Seigneur, et fera entendre toutes
ses louanges?
3. Bienheureux ceux qui gar-
dent l'équité, et qui pratiquent la
justice en tout temps.
4. Souvenez-vous de nous, Sei-
gneur, dans votre bienveillance
pour votre peuple; visitez-nous
pour nous sauver ;
9. Pour que nous voyions avec
joie les biens de vos élus, que
nous ncus réjouissions dans la
jole de votre nation, afin que
vous soyez loué avec votre héri-
tage.
6. Nous avons péché avec nos
peres; nous avons injustement
agi, nous avons commis lini-
quité.
7. Nos pères en Egypte ne
comprirent point vos merveilles,
ils ne se souvinrent pas de la
grandeur de votre miséricorde.
Et ils vous irriterent, lorsqu'ils
40. Exode, xvi, 13. — 41. Nomb., xx, 11. — 42. Genèse, xvir, 7. — Ps. CV. 1. Judith,
xn, 21. — 2. Ecclésiastique, ,זז זא 35. — 6. Judith, vir, 19.
——————————————
1-48. * Abrégé de l'histoire du peuple de Dieu dans le désert du Sinai. — Ce psaume
commence la série de ceux qui portent en tête le mot alleluia en hébreu. Dans la
Vulgate, on lit déjà ce mot (allelou-yah, louez Yah ou Jéhovah), Ps. civ, 4, où il est
bien placé, puisque ce dernier psaume est aussi consacré à louer Dieu et que le
Ps. cv ne fait que reprendre une partie du résumé historique, exposé dans le précé-
dent, pour développer les faits qui s'étaient passés à l'époque de l'Exode et pendant
le séjour de quarante ans dans le désert. Le ton, du reste, n'est pas le méme dans
les deux chants : c’est celui de la pénitence, Ps. cv; celui de l'hymne, Ps. civ; comme
c'est celui d'un simple poème didactique, Ps. Lxxvir. — Ce psaume est du temps de
la captivité, vers. 47, ce qui nous explique pourquoi il demande pardon à Dieu; le
premier Confitemini, Ps. civ, est de l'époque qui l'a précédée, et le troisième, Ps. cv,
de celle qui a suivi. La loi du parallélisme est observée dans le Ps. cv, mais on n'y
voit pas de trace d'une division symétrique par strophes. On peut grouper les pen-
sées de la manière suivante : introduction, exhortation à louer Dieu, 1-3; prière, 4-6;
faits historiques, 1-12; 13-23; 24-33; 34-42; 43-46; 4T. Le vers. 48 est la doxologie
qui marque la fin du IVe livre des Psaumes. — Pour jamais est, etc.; c'est-à-dire
éternelle est sa miséricorde.
9. Avec joie. Ces mots ou autres semblables sont nécessaires pour rendre fidéle-
ment le sens de la locution hébraïque, voir dans les biens, au lieu de voir les biens,
Compar. ce que nous avons dit, sur ce genre de construction, pag. 342, 20,
1946
montaient vers la mer, la mer
Rouge.
8. Mais il les sauva à cause de
son nom, afin de faire connaitre
sa puissance.
9. IL réprimanda la mer Rouge,
et elle fut desséchée, et il les con-
duisit dans des abimes, comme
dans un désert.
10. Il les sauva de la main de
ceux qui les haissaient, et il les
racheta de la main d'un ennemi.
11. Et l'eau couvrit ceux qui
les tourmentaient, et il ne resta
pas un seul d'entre eux.
12. Alors ils crurent à ses pa-
roles, et chantèrent ses louanges.
13. Bientót ils oublierent ses
œuvres, et n'attendirent pas
laccomplissement de ses des-
seins.
14, Mais ils concurent un désir
violent dans le désert, et ils ten-
terent Dieu dans un lieu sans
eau.
15. Il leur accorda leur de-
mande, il leur envoya le rassa-
siement de leurs âmes.
16. Et ils irriterent, dans le
camp, Moise et Aaron, le saintdu
Seigneur.
47. La terre s'ouvrit et engloutit
LES PSAUMES.
[ps. cv.]
Dathan ; et elle couvrit la troupe
d'Abiron.
18. Un feu s'alluma au milieu
de leur assemblée : une flamme
brüla entierement ces pécheurs.
19. Et ils firent un veau à Horeb,
et adorèrent une image taillée au
ciseau.
20. Ils changerent ainsi leur
gloire contre la ressemblance
d'un veau qui mange de l'herbe.
21. Ils oublierent le Dieu qui
les avait sauvés, qui avait fait de
grandes choses en Egypte,
22. Des choses merveilleuses
dans laterre de Cham ; des choses
terribles dans la mer Rouge.
23. Et il avait dit qu'il les per-
drait entierement, si Moise son
élu ne se fût tenu sur la brèche en
sa présence,
Afin de détourner sa colère,
pour qu'il ne les perdit pas en-
tierement ;
24. Et ils compterent pour rien
une terre si désirable;
Ils ne crurent point à sa pa-
role,
95. Mais ils murmurerent dans
leurs tabernacles; ils n'écou-
terent point la voix du Seigneur.
26. Alors il leva sa main sur
9. Exode, xiv, 21. — 11. Exode, xiv, 27. — 14. Exode, xvi, 2. — 15. Nomb., xi, 31.
— 17. Nomb., xvi, 32. — 19. Exode, xxxi, 4. — 23. Exode, xxxir, 10. — 26. Nomb.,
xiv, 32.
9. * Voir pour les faits indiqués dans ce verset et les suivants les passages aux-
quels renvoient les références du texte sacré.
12. Alors ils erurent, etc. Voy. Exode, xiv, 31; xv, 1 et suiv.
13. Bientôt ils oublièrent; littér. et par hébraisme, bientôt ils firent, et ils oublièrent.
14. Ils congurent un désir violent; littér. dans la Vulgate, l'hébreu et les Septante,
ils désirérent un désir. Une des manières de donner, en hébreu, plus d'énergie à un
verbe, c'est d'y joindre un substantif de méme signitication.
16. Ils irritérent. Voy. Nombr., xvi. — Le saint du Seigneur; son sacrificateur, son
grand-prétre.
22. * Dans la terre de Cham. Voir plus haut Ps. civ, 23.
23. Avant SZ Moise, il faut, pour compléter le sens, ajouter les mots sous-entendus :
Et il l'aurait fait; genre d'ellipse qui n'est pas rare dans l'Ecriture.
[Ρ8. cv.]
eux, afin de les terrasser dans le
désert,
97. Et afin d'abaisser leur race
au milieu des nations, pour les
disperser dans diverses contrées.
28. Ils se consacrèrent à Béel-
phégor, et ils mangerent des sa-
crifices des morts.
29. [ls irrilérentle Seigneur par
leurs inventions, et la ruine se
multiplia parmi eux.
30. Mais Phinéès se présenta et
apaisa /e Seigneur, et le désastre
cessa.
31. Et ce lui fut imputé à jus-
tice, dans toutes les générations
à jamais.
32. Ils irriterent encore le Sei-
gneur aux eaux de contradic-
tion, et Moïse fut puni à cause
d'eux,
33. Parce qu'ils contristeren
son esprit,
Et que la défiance fut sur ses
lèvres;
34. Ils ne détruisirent point les
nations que Dieu leur avait dé-
signées.
35. Mais ils se mélerent parmi
les nations, ils apprirent leurs
œuvres;
36. Et ils servirentleurs images
taillées au ciseau, et ce devint
pour eux une occasion de scan-
dale.
LES PSAUMES.
1247
31. Ils immolèrent leurs fils-et
leurs filles au démon.
38. Ils répandirent un sang
innocent, le sang de leurs fils et
de leurs filles qu'ils sacrifierent
aux images taillées au ciseau de
Chanaan.
Et la terre fut infectée de
sang,
39. Et elle fut souillée parleurs
ceuvres : et ils forniquerent avec
leurs inventions.
40. Aussi le Seigneur fut irrité
de fureur contre son peuple, et
il eut en abomination son héri-
tage.
44. Etil les livra entre les mains
des nations, et ceux qui les haïs-
saient les dominèrent.
42. Et leurs ennemis les tour-
mentèrent, et ils furent humiliés
. ous leurs mains;
43. Souvent il les délivra.
Mais eux l'aigrirent par leurs
sentiments, etils furent humiliés
à cause de leurs iniquités.
44. Et il vit qu'ils étaient tour-
mentés, et il écouta leur prière.
45. Π se souvint de son alliance,
et ilse repentit selon la grandeur
de sa miséricorde.
46. ll les livra donc à ses misé-
ricordes, en présence de tous
ceux qui les avaient menés en
captivité.
30. Nomb., xxv, 7. — 32. Nomb., xx, 10. — 45. Deut., xxx, 1.
28. * Béelphégor, dieu au culte impur.
29. Leurs inventions; selon l'hébreu, leurs œuvres. — La ruine; c'est-à-dire la mort.
38. De sang; littér. de sangs. Voy. Ps. v, 1. — Ils forniquérent avec leurs inven-
lions; ils adorérent des idoles qui étaient leur propre ouvrage. L'Ecriture désigne
ordinairement l'idolâtrie sous le nom de fornication.
45. Il se repentit; expression purement métaphorique employée par les écrivains
sacrés, afin de s'accommoder et de se proportionner à la faiblesse de notre intel-
ligence.
46. IL les livra, etc.; il fut d'une grande miséricorde à leur égard; ou bien, selon
d'autres, il les abandonna à la miséricorde de ceux qui les avaient menés en capti-
vité, il leur fit trouver grâce aux yeux de ceux qui, etc,
1248
1.Sauvez-nous, Seigneurnotre
Dieu, et rassemblez-nous, e£ 06-
livrez-nous des nations,
Afin que nous louions votre
nom saint, et que nous nous glo-
rifiions dans votre louange.
48. Béni le Seigneur Dieu d'Is-
raél d'un siecle jusqu'à un autre
siècle! et tout le peuple dira :
Ainsi soit, ainsi soit.
: PSAUME CVI
(Hésr., CVII).
Ce psaume contient des actions de grâces
à Dieu, de ce qu'il a délivré les hommes
de différents dangers, tel que l'égare-
ment dans un désir stérile, une prison,
une maladie dangereuse, une tempéte
sur mer. Tout cela convient assez aux
Juifs, qui, aprés la captivité de Baby-
lone, durent naturellement remercier
Dieu de les avoir délivrés de ces mal-
heurs.
Alleluia.
1. Louez le Seigneur, parce
qu'il est bon, parce que pour ja-
mais est sa miséricorde.
2. Qu'ils le disent, ceux qui ont
été rachetés par leSeigneur, qu'il
a rachetés de la main d'un en-
LES PSAUMES.
(Ps. cvi.]
nemi, qu'il a rassemblés en 8
retirant des contrées,
3. De l'orient et du couchant,
de l'aquilon et de 18 mer.
4. Ils ont erré dans la solitude,
dans un lieu sans eau ; ils n'ont
pas trouvé de voie vers une cité
habitée ;
5. Affamés et altérés, leur âme
a 06181111 en eux-mêmes.
6. Ils ont crié vers le Seigneur,
lorsqu'ils étaient dans la tribula-
tion, et il les a arrachés à leurs
nécessilés pressantes.
7. Et il les a conduits dans une
voie droite, afin qu'ils allassent
dans une cité habitable.
8. Qu'elles louent le Seigneur,
ses miséricordes et ses mer-
veilles en faveur des fils des
hommes.
9. Parce qu'il a rassasié l'âme
vide, et qu'il a rassasié de biens
l'àme affamée;
10. Geux qui étaient assis dans
des ténebres et dans l'ombre de
la mort, enchainés dans lindi-
gence et les fers ;
11. Parce qu'ils aigrirent les
m —M M — M — — ——————————À
41. Et délivrez-nous. Ces mots se trouvent dans le passage parallèle, I Paralip.,
xvi, 35; et le complément des nations, qui suit immédiatement, le suppose sous-
entendu. Voy. ce qui est dit sur ce genre de construction, pag. 342, 20.
1-43. * Le Psalmiste, aprés une exhortation à louer Dieu, 1-3, a peint en six tableaux,
d'une grande beauté, la manière dont Dieu punit le pécheur et le ramène à lui.
1» Dieu nourrit ceux qui ont faim, 4-9; 2» il délivre les captifs, 10-16; 3e il guérit
les malades, 17-22; 40 il sauve les naufragés, 23-32; 59 il nourrit tous les hommes,
33-38; 69 il protège les faibles, 39-42. Le vers. 43 forme la conclusion. Double refrain,
dont l'un est inséré dans le corps méme de la strophe, vers. 6, 13, 19, 28, et vers. 8,
15, 21 et 31. — Ce psaume est un cantique d'actions de grâces, probablement com-
posé pour la célébration de la féte des Tabernacles, aprés le retour de la captivité,
I Esd., nt, 4-5. — Pour jamais, etc. Voy. Ps. cv, 1.
3. De la mer, du midi, de l'Océan ou de la mer Rouge, qui est au midi de la Pa-
lestine.
1. Habitable; c'est-à-dire pour y habiter; littér. et par hébraisme, d'habitation.
10. Ceux qui étaient assis (sedentes), et enchainés (vinclos), étant à l'accusatif dans
les Septante aussi bien que dans la Vulgate, ne peuvent étre que les compléments
de il a rassasié (satiavit) du vers. précédent.
41. Ils aigrirent, etc.; ils aigrirent Dieu, en violant ses préceptes et provoquérent
la colére du Trés-Haut, en méprisant son conseil, sa volonté.
{es. cv1.]
paroles de Dieu, et qu'ils irri-
terent le conseil du Très-Haut.
19. Aussi leur cœur a été hu-
milié dans les travaux, ils ont été
affaiblis, et il n'y eut personne
qui les secourüt.
13. Ilsontcrié versle Seigneur,
lorsqu'ils étaient dans la tribula-
tion, et il les a délivrés de leurs
nécessités pressantes.
14. Et il les a tirés des ténèbres
et de l’ombre de la mort, et il a
rompu leurs liens.
15. Qu'elles louent le Seigneur,
sesmiséricordes et ses merveilles
en faveur des fils des hommes.
16. Parce qu'il a brisé des portes
d’airain, et rompu des verroux
de fer.
47. Il les a recueillis ez Les
tirant de la voie deleuriniquité;
car à cause de leurs injuslices,
ils avaient été humiliés.
18. Leur àme avait eu horreur
de toute nourriture; aussi ils
approcherent jusqu'aux portes de
la mort.
19. Ils ont crié vers le Seigneur,
lorsqu'ils étaient dans la tribula-
tion, et il les a délivrés de leurs
nécessités pressantes.
20. Il a envoyé sa parole, et il
les a guéris, et il les a arrachés à
leur destruction.
21. Qu'elles louent le Seigneur,
sesmiséricordeset ses merveilles
en faveur des fils des hommes;
22. Qu'ils sacrifient un sacrifice
de louange, et qu'ils annoncent
ses œuvres dans l'exultation.
LES PSAUMES.
1249
93. Ceux qui descendent sur la
mer dans des navires, et qui
font 18 manœuvre sur les grandes
eaux.
24. Ceux-là méme ont vu les
ceuvres du Seigneur, et ses mer-
veilles dans le profond de /a-
bime.
25. Il a dit, et un vent de tem-
pête s'est levé, et les flots de la
mer se sont soulevés.
20. [15 montentjusqu'auxcieux,
et ils descendent jusqu'aux abi-
mes ; leur âme dans les maux se
consumait.
27. Ils ont été troublés, ils ont
chancelé comme un homme ivre,
et toute leur sagesse a été ab-
sorbée.
28. Ils ont crié versle Seigneur,
lorsqu'ils étaient dans la tribula-
tion, et il les a délivrés de leurs
nécessités pressantes.
29. Il a changé 18 tempête en
une brise légere, et les flots de
la mer se sont tenus en silence.
90. Et ils se sont réjouis de ce
que /es flots setenaienten silence,
etil lesaconduits au port de leur
désir.
31. Qu'elleslouent le Seigneur,
ses miséricordeset ses merveilles
en faveur des fils des hommes.
32. Et qu'on l'exalte dans l'as-
semblée du peuple, et que dans
la chaire des anciens, on le loue.
33. Π a changé des fleuves en
désert, et des cours d'eau en un
sol aride,
34. Une terre fertile en un
33. * Ceuz qui descendent sur la mer. Idiotisme hébreu: la mer est plus basse que
je rivage et l'on y descend, mais on est sur la mer, parce que le vaisseau flolte à sa
surface. — La manœuvre. Plusieurs traduisent : négoce, commerce, parce que c'était
le but de la navigation des Phéniciens.
32. Duns la chaire, etc.; dans le lieu où siègent les juges et les magistrats qui
étaient tous des anciens, c'est-à-dire des vieillards.
AST,
79
4250
champ de sel, à cause de la ma-
lice de ceux qui y habitaient.
35. Mais ensuite il a changé un
désert en un étang plein d'eau,
etune terre sans eau en des cours
d'eaux.
36. Il a placé 18 ceux qui étaient
affamés, et ils ont élevé une cité
habitable.
37. Ils ont ensemencé des
champs, et ont planté des vignes:
et elles ont fait naître du fruit.
38. Et il les a bénis, ils se sont
multipliés, et il n'a pas diminué
leurs bestiaux.
39. Mais ils sont devenus en
petit nombre, et tourmentés par
la tribulation des maux et par la
douleur.
40. Le mépris s'est répandu sur
leurs princes, et le Seigneur les
a fait errer dans un lieu sans
chemin frayé, et non dans une
voie.
41. Et il a aidé le pauvre en le
délivrant de son indigence, et il
a fait ses familles nombreuses
comme des brebis.
42. Les justes verront et se ré-
jouiront, et toute iniquité fermera
sa bouche.
43. Qui est sage et gardera ces
choses, et comprendra les misé-
ricordes du Seigneur?
Ps. CVI. 42. Job, xxr, 19.
LES PSAUMES.
(Ps. cvir.j
PSAUME CVII
(Hésr., CVIII).
Le Psalmiste s'excite lui-méme à louer le
Seigneur; il le conjure de délivrer son
peuple de l'oppression; il se promet de
rentrer bientót dans les limites de ses
anciennes possessions. Les Péres ex-
pliquent ce psaume de la venue ou de
la Rédemption de Jésus-Christ, et de
la vocation des Gentils.
1. Cantique de psaume, de David lui-
même.
2. Mon cœur est prêt, 6 Dieu,
mon cœur est prêt, je chanterai,
je jouerai du psaltérion au milieu
de ma gloire.
3. Lève-toi, ὃ ma gloire, lève-
toi, psaltérion, et foi, harpe : je
me lèverai au point du jour.
4. Je vous louerai parmi les
peuples, Seigneur, et je dirai un
psaume en votre honneur parmi
les nalions.
9. Parce que votre miséricorde
est grande au-dessus des cieux,
et que votre vérité s'élève jus-
qu'aux nues.
6. Soyez exalté au-dessus des
cieux, ὃ Dieu, et que sur toute la
terre éclate votre gloire,
7. Afin que vos bien-aimés
soient délivrés.
Sauvez-moi par votre droite, et
exaucez-moi ;
36. Habitable. Voy. le vers. 1.
31. Et elles ont fait, etc.; littér. e£ elles ont fait du fruit de naissance.
40. Leurs; se lit dans les Septante, mais l'hébreu porte simplement comme la Vul-
gate, des princes.
1. À quelques différences prés, les six premiers versets de ce psaume se trouvent
dans le Lvie, et les autres dans le rixe. — * Il se compose de deux parties. La pre-
mière moitié, 2-6, est la reproduction de Lvr, 8-12, et la seconde, 7-14, la reproduction
de rix, 1-14. Voir ces deux psaumes.
3. Ma gloire. Voy. Ps. vi, 9.
4. Je dirai un psaume en votre honneur. C'est certainement le sens du latin psallam
tibi, puisque dans l'endroit parallèle (Ps. vi, 10), on lit : Psalmum dicam.
[ps. ἀντι. :
8. Dieu a parlé dans son sanc-
tuaire :
Je tressaillirai d'allégresse, et
je partagerai Sichem, et je mesu-
rerai la vallée des tabernacles.
9. A moi est Galaad, et à moi
est Manassé; Ephraim est l'ap-
pui de ma téte.
Juda est mon roi,
10. Moab est le vase de mon es-
pérance.
Jusque dans l’Idumée j'éten-
drai mes pas : des étrangers me
sont devenus amis.
11. Qui me conduira dans une
ville fortifiée? qui me conduira
jusque dans l'Idumée?
12. Ne sera-ce pas vous, Ô Dieu,
qui nous avez rejetés ? et ne sor-
tirez-vous point, ὃ Dieu, à la téte
de nos armées?
13. Donnez-nous du secours,
pour nous tirer de la tribulation,
parce que vain est le salut de
l'homme.
14. En Dieu nous ferons preuve
LES PSAUMES. 1251
PSAUME CVIII
(HÉBn., CIX).
Le Psalmiste implore le secours du Sei-
gneur contre ses ennemis, qui l'ou-
tragent de mille manieres. Les Péres
ont regardé ce psaume comme une pro-
phétie du malheur qui devait arriver
au traitre Judas et aux Juifs meurtriers
de Jésus-Christ, dont les souffrances
sont aussi parfaitement représentées
dans la personne de David.
1. Pour la fin, psaume de David.
9. Dieu, ne taisez pas ma lou-
ange, parce que la bouche d'un
pécheur et la bouche d'un trom-
peur est ouverte contre moi.
3. Ils ont parlé contre moi avec
une langue trompeuse, et de dis-
cours de haine ils m'ont envi-
ronné, et ils m'ont attaqué gra
tuitement.
4. Au lieu de m'aimer, ils di-
saient du mal de moi; mais moi
je priais.
9. 118 m'ont rendu des maux
pour des hiens, et de la haine
de valeur, et lui-méme réduira
au néant nos ennemis.
pour mon amour.
6. Etablissez sur lui un pécheur,
8. Dans son sanctuaire. — Je partagerai. Voy. Ps. uix, 8.
9. Galaad. — Manassé et Ephraim. — Ephraim est l'appui de ma tête. Voy. Ps. vix, 9.
10. Moab. — Mes pas. — Des étrangers. Voy. Ps. 11x, 10.
11. Une ville fortifiée. Voy. Ps. 1x, 11.
13. Pour nous tirer. Voy. Ps. uix, 13.
1. * Ce psaume, comme le rxvir*, demande à Dieu de chátier sévèrement les enne-
mis de David, ou de Jésus-Christ dont David est la figure. Celui contre qui s'élève
icile Psalmiste est sans doute Doég, la figure de Judas Iscariote, Cf. Acé., 1, 20;
Jean, xvi, 12. — Dans les versets 2-5 et 26-31, l'auteur parle de ses ennemis au plu-
riel, dans les autres au singulier, parce qu'il appelle les vengeances de Dieu contre
tous les ennemis de son peuple. en méme temps que contre son ennemi personnel.
— 2-5 : Mal qu'ont fait au Psalmiste les méchants, en retour de ses bienfaits. — 6-10 :
Que Dieu donc accable le traitre de maux dans sa famille; — 11-15 : dans sa fortune,
sa postérité et sa mémoire; — 16-20 : à cause de ses iniquité. — 21-25 : Que le Sei-
gneur au contraire ait pitié du Psalmiste affigé et malade; — 26-31 : qu'il le délivre
de ses ennemis, et il recevra ses remerciements.
6. Sur lui. Ce singulier que le Psalmiste emploie dans ce verset et dans les sui-
vants, jusqu'au 19* inclusivement, signifie chacun d'eux, c'est-à-dire chacun de ses
ennemis, qu'il met dans tout le reste du psaume au pluriel. Ce changement de
nombre, dans des récits semblables, n'est pas sans exemple chez les écrivains sacrés.
Cependant, selon d'habiles interprétes, David désigne spécialement par ce singulier
1299
et que le diable se tienne à sa
droite.
7. Lorsqu'on le jugera, qu'il
sorte condamné, et que sa prière
même se tourne en péché.
8. Que ses jours soient réduits
à un petit nombre, et qu'un autre
reçoive son épiscopat.
9. Que ses fils deviennent or-
phelins, et sa femme, veuve.
10. Que ses fils ballottés soient
transférésd'unlieu dansun autre,
et qu'ils mendient, et qu'ils soient
chassés de leurs habitations.
41. Qu'un usurier scrute tout ce
quil possède, et que des étran-
gers ravissent /e fruit de ses tra-
vaux.
19. Qu'il n'y ait personne qui
l'assiste, et qu'il n'y ait personne
qui prenne pitié de ses orphelins.
13. Que ses enfants soient dé-
voués à la mort, qu'en une seule
génération son nom s'efface.
14. Qu'en mémoire revienne
liniquité de ses peres, devant le
Seigneur; et que le péché de sa
mere ne soit point effacé.
15. Que ces péchés soient tou-
jours devant le Seigneur, et que
leur mémoire périsseentièrement
de la terre;
LES PSAUMES.
.
(Ps. cvin.]
16. Parce quil ne s'est point
souvenu de faire miséricorde.
11. Et quil ἃ persécuté un
homme sans ressource, mendiant
et brisé de douleur.
18. 1] ἃ aimé la malédiction, et
elle viendra à lui : iln’a pas voulu
la bénédiction, et elle s'éloignera
de lui.
Il s'est revétu de la malédiction
comme d'un vétement, et elle est
entrée comme de l'eau dans ses
entrailles, et comme de l'huile
dans ses os.
19. Qu'elle lui soit comme le
vétement dont il se couvre, et
comme la ceinture dont il est tou-
jours ceint.
20. Telle est, auprès du Sei-
eneur, l'œuvre de ceux qui par-
lent mal de moi, de ceux qui
blasphèment contre moi.
91. Et vous, Seigneur, Seigneur,
agissez avec moi à cause de votre
nom, parce que douce est votre
miséricorde.
Délivrez-moi,
22. Parce que moi, je suis indi-
gent et pauvre, et que mon cœur
s'est troublé au dedans de moi.
23. Comme l'ombre, lorsqu'elle
décline, j'ai été enlevé, et j'ai
le principal de ses adversaires, que les uns prétendent être Doég, l'Iduméen, qui était
à la cour de Saül (I Rois, xxi, 1), et les autres, Achitophel, le Gilonite, un des con-
seillers de David, lequel prit part à la conjuration d'Asalom (IL Rois, xv, 12, 31). —
Quant au malédictions et aux imprécations qui suivent, voy. plus haut nos Observ.
prélim., pag. 339.
1. Que sa prière méme, etc.; c'est-à-dire que sa défense même, et les prières qu'il
pourra adresser à ses juges, ne servent qu'à les irriter davantage contre lui, et ne le
rendent que plus coupable à leurs yeux, parce qu'elles manqueront des qualités qui
pourraient les rendre efficaces et méritoires.
8. * Qu'un autre reçoive son épiscopat. S. Pierre cite ses paroles dans 1065 1, 20,
et les applique à Judas Iscariote. Le mot grec épiscopat, conservé ici, signifie, comme
le mot hébreu original, surveillance, charge, fonction. Doég, dont parle le Psalmiste,
était chargé de la garde des troupeaux de Saül. Il est la figure de Judas, qui trahit
son maitre, comme Doég trahit David.
20. Telle est, etc.; telle sera auprès du Seigneur la récompense de ceux qui, etc,
23. Chassé; liltér. agilé, secoué.
[ps. cix.]
été chassé comme les sauterelles.
94. Mes genoux ont été affaiblis
par le jeüne, et ma chair a été
changée à cause de l'huile gw m'a
manqué.
95. Je suis devenu un opprobre
pour eux; ils m'ont vu et ils ont
secoué la téte.
96. Aidez-moi, Seigneur mon
Dieu : sauvez-moi selon votre mi-
séricorde.
97. Qu'ils sachent que votre
LES PSAUMES.
1253
leur confusion comme d'un man-
teau.
30. Je glorifierai le Seigneur de
toute la puissance de ma voix, je
chanterai ses louanges au milieu
d'une multitude.
31. Parce qu'il s’est tenu à la
droite du pauvre, afin de sauver
mon âme de ceux qui la persécu-
taient.
PSAUME CIX
(H£nn., CX).
main est là, et que c'est vous, Sei-
gneur, qui avez fait cela.
98. Ils me maudiront eux, et
vous, vous me bénirez : que ceux
qui s'insurgent contre moi soient
confondus; mais votre serviteur
sera dans l'allégresse.
29. Qu'ils soient revétus de
honte, ceux qui disent du mal de Le Seigneur a dit à mon Sei-
moi : quils soient couverts de | gneur : Asseyez-vous à ma droite,
Ps. CIX. 1. Matt., ,תוא 44; I Cor., xv, 25; Héb., r, 13; x, 13.
L'histoire ne présente aucun prince à qui
on puisse faire l'application littérale de
ce psaume; mais il convient parfaite-
ment à Jésus-Christ, car on y voit exac-
tement retracés sa génération éternelle,
son sacerdoce, selon l'ordre de Melchi-
sédech, ses souffrances, son règne sur
toutes les nations, etc.
1. Psaume de David 5.
94. A élé changée; desséchée ; c'est-à-dire j'ai beaucoup maigri. — Qui m'a manqué.
Ces mots sont évidemment sous-entendus; le contexte le démontre. D'un autre cóté,
la particule hébraique, traduite dans les Septante et dans la Vulgate par ἃ cause,
signifie entre autres choses, faute de, à défaut de. Comme nous l'avons déjà remar-
qué, les anciens croyaient que les onctions d'huile faites sur le corps étaient presque
aussi nécessaires que la nourriture.
21. Cela (eam). Les Hébreux, n'ayant pas le genre neutre, et le remplacant par le
féminin, mettent aussi quelquefois le féminin pour le neutre.
a * Notre-Seigneur s'est appliqué expressément ce psaume, Matth, xxi, 41-46;
Marc, xir, 35-31; Luc, xx, 41-44. — Le vers. 1 annonce que Jésus-Christ sera élevé à
la droite du Père, aprés sa victoire décisive sur ses ennemis, Acé., 11, 34 sq.; I Cor.,
xv, 25; Hébr., 1, 13; x, 13. Le vers. 4 prophétise l'abrogation du sacerdoce d'Aaron,
et son remplacement par le sacerdoce de Jésus-Christ, selon l'ordre de Melchisédech,
Hébr., v, 6; vn, 17, 21. Le sens des autres versets, qui ne sont pas cités dans le
Nouveau Testament, n'est pas moins certain. Le vers. 2 prédit que le régne du
Messie, qui commencera à Jérusalem, s'étendra de là sur toute la terre. Le vers. 3
nous le montre, quoique d'une maniére obscure, engendré du sein de Dieu. Les ver-
sets 5 et 6 nous le représentent triomphant, du haut du ciel, de ses ennemis. Enfin,
le vers. 1 nous fait entrevoir les souffrances par lesquelles il s'est acquis sa gloire.
— Les versets 1-2, contiennent un oracle de Dieu qui fournit le théme développé
dansle reste du psaume. Le Seigneur promet au Messie la puissance et la domina-
tion universelle. Dans les versets 3-4, le Psalmiste lui rappelle son origine et les
promesses que le Seigneur lui a faites. Dans les versets 5-1, il dépeint le Messie ter-
rassant ses ennemis, aprés avoir conquis son royaume en buvant de l'eau du torrent,
c'est-à-dire par ses souffrances.
1. Mon Seigneur. David n'a pu donner ce titre à aucun simple mortel, paree qu'il
n'en reconnaissait aucun au-dessus de lui. Ce n'est donc qu'au Messie, c'est-à-dire à
l'Homme-Dieu qu'il le donne; Jésus-Christ l'a prouvé aux Juifs de son teinps, et saint
1954
Jusqu'à ce que je fasse de vos
ennemis l'escabeau de vos pieds.
2. Le Seigneur fera sortir de
Sion la verge de votre puissance;
dominez au milieu de vos enne-
mis.
9. Avec vous est le principe au
LES PSAUMES.
[Ps. cx.]
6. Il exercera ses jugements
parmi les nations, qu'il rem-
plira de ruines, il écrasera sur
la terre les tétes d'un grand
nombre.
7. ll boira du torrent dans le
chemin : c'est pour cela qu'il le-
jour de votre puissance, dans les | vera la tête.
splendeurs des saints : c'est de
mon sein qu'avant que lucifer
existät je vous ai engendré.
4. Le Seigneur a juré et il ne
s'en repentira point : Vous étes
prétre pour l'éternité, selon l'or-
dre de Melchisédech.
9. LeSeigneurest à votre droite:
ila brisé des rois au jour de sa
colere.
PSAUME CX
(H&sn., CXI).
Le Psalmiste loue Dieu des merveilles
qu'il a faites en faveur de son ancien
peuple. La plupart des Péres regardent
ce psaume comme une action de gráces
de Jésus-Christ et de l'Eglise chrétienne,
pour les faveurs que Dieu a faites à ses
saints, et en particulier pour l'établis-
sement de l'Eucharistie et pour la con-
version des Gentils.
4. Jean, xit, 34; Hébr., v, 6; vir, 1T.
Paul fait aussi au Sauveur l'application de ce passage du Psalmiste. Voy. Matth.,
xxm, 42-45; I Corinth., xv, 25; Hébr., 1, 13; x, 13. — Asseyez-vous. etc. Comme Dieu,
le Sauveur a toujours été à la droite de son Pére; comme homme, il n'a commencé
à y étre qu'aprés son Ascension. Comme homme, Dieu lui dit de s'asseoir à sa place,
comme Dieu et Fils de Dieu, égal au Père, il prend place à sa droite : Audit quasi
homo, sed quasi Filius, dit saint Ambroise. C'est la coutume en Orient que les mo-
narques fassent asseoir à leur droite ceux à qui ils contient le gouvernement de leur
empire. — Jusqu'à ce que. Voy. sur le vrai sens de cette expression, Matth., 1, 25. —
* D'escabeau de vos pieds. Les vainqueurs en Orient, pour humilier les vaincus, les
foulaient sous leurs pieds et s'en servaient comme d'un escabeau, ainsi qu'on le voit
sur des bas-reliefs assyriens.
2. Sion désigne souvent, dans les prophétes, Jérusalem dont l'enceinte renfermait
trois montagnes ou coteaux, Sion, Acra et Moria. — La verge (virgam) est, selon
plusieurs Péres, le sceptre de Jésus-Christ, c'est-à-dire sa croix, selon d'autres, la
parole de son Evangile, qui assujettit les nations à la foi; ou bien, suivant d'autres,
la sévérité de son juzement, qui briserales méchants avec une verge de fer (Ps. ir, 9).
L'empire du Sauveur a commencé dans Sion, ou Jérusalem (Isae, n, 3; Michée, 1v, 2;
Luc, xxiv, 41).
3. Principe; c'est-à-dire, suivant la plupart des Pères, domination, empire, prin-
cipauté. — Au jour de volre puissance; c'est-à-dire de toute éternité, puisque la
génération et le règne de Jésus-Christ, comme Dieu, sont éternels. Cependant saint
Chrysostome, Théodoret, saint Augustin et saint Athanase entendent par cette
expression le jour du jugement, auquel Jésus-Christ exercera son empire, sa sévérité
et sa justice, en paraissant au milieu de ses anges et de ses saints (im splendoribus
sanctorum). — * Ce passage est trés difficile. Le texte hébreu actuel est aussi trés
obscur, surtout pour les 3* et 4e vers. On peut le traduire ainsi :
Ton peuple [t'offre] spontanément [ses dons au jour de ta puissance
Dans la magnificence du lieu saint;
Du sein de l'aurore
[Coule] la rosée de ta jeunesse.
*
4. * « Le passage dans lequel le roi célébré ici nous est représenté en même temps
comme prêtre, fournit une des preuves les plus fortes du caractère messianique de
ce psaume, כ (KoeniG.) — Le Seigneur a juré et il ne s'en repentira point. > Il n'y aura
(Ps. cx1.]
Alleluia *.
1.16 vous louerai, Seigneur, en
tout mon cœur; en conseil des
justes et en assemblée.
2. Grandes sont les œuvres du
Seigneur; parfaitement confor-
mes à toutes ses volontés.
3. Louange et magnificence esl
sonouvrage, etsajustice demeure
dans 168 siecles des siècles.
4. Il a consacré la mémoire de
ses merveilles, le Seigneur misé-
ricordieux et compatissant;
5. Il a donné une nourriture à
ceux qui le craignent.
Il se souviendra à jamais de son
alliance,
6. Il annoncera la puissance de
ses ceuvres à son peuple,
7. Afin de leur donner l’héri-
tage des nations : les œuvres de
ses mains sont vérité et justice.
LES PSAUMES.
1255
8. Tous ses commandements
sont fideles, confirmés dans les
siecles des siecles, faits selon 1a
vérité et l'équité.
9. Π a envoyé la rédemption à
son peuple: il a établi pour l'éter-
nité son alliance.
Saint et terrible est son nom ;
10. Le commencement de la sa-
gesse est lacrainte du Seigneur.
La bonne intelligence est à tous
ceux qui agissent conformément
à cette crainte. Sa louange de-
meure dans les siècles des siècles.
PSAUME CXI
(Hésn., CXII).
Le Psalmiste décrit le bonheur de celui
qui craint le Seigneur et qui est fidéle
à observer sa loi.
Alleluia, du retour d'Aggée et 'de Za-
charie à,
ΞΕ ΖΘ:
Ps. CX. 10. Prov., 1, 7; 1x, 10; Eccli., r, 16.
point de changement à cette promesse. » (Bossuer.) — Vous étes prétre pour l'éternité,
selon l'ordre de Melchisédech.« Vous n'avez ni commencement ni fin : ce n'est point un
sacerdoce qui vienne de vos ancétres, ni qui doive passer à vos descendants. Votre
sacerdoce ne passe point en d'autres mains : il y aura sous vous des sacrificateurs et
des prêtres; mais qui seront vos vicaires, et non point vos successeurs. » (Bossuer.)
a * Ce psaume et les deux suivants dans l'hébreu, les huit suivants dans la Vulgate,
commencent par Alleluia. Le Ps. cx et le Ps. οχι se font pendant pour le fond et pour
la forme. L'un et l'autre sont alphabétiques, et composés de 22 vers, commencant
chacun par une lettre de 1 alphabet hébreu dans l'original. Le premier loue Dieu des
bienfaits qu'il a accordés à Israél, à diverses époques de son histoire; le second pro-
clame le bonheur de celui qui craint Dieu, c'est-à-dire, est fidèle à pratiquer ses
commandements ; tous les deux affirment la justice divine, qui a toujours le dernier
mot. La poésie des psaumes cx et cxi ressemble à celle de plusieurs parties des Pro-
verbes.
1. En conseil des justes; c'est-à-dire leur société particuliére. — En assemblée;
dans des réunions publiques.
2. Parfaitement conformes, etc.; littér. recherchées (exquisita) par le Seigneur pour
toutes ses volontés.
3. Louange et magnificence ; hébraisme, pour louable et magnifique; comme au vers. 7,
vérité et justice pour vraies et justes.
5. Une nourriture; la manne donnée aux Israélites dans le désert; mais dans le
sens spirituel, le Verbe fait chair, l'Eucharistie, la parole de Dieu.
9. La rédemption faite par Moise en faveur des anciens Hébreux, et celle de Cyrus
en faveur du peuple juif, captif à Babylone, n'étaient que les figures, et comme les
promesses de la Rédemption de Jésus-Christ en faveur de tout le genre humain.
5 * Saint Chrysostome regarde ce psaume comme une suite du précédent; il est
certain qu'il a été composé dans le méme goût et sur le méme dessein. — Voir le
1256
1. Bienheureux lhomme qui
craintle Seigneur, il mettratoutes
ses volontés dans ses commande-
ments.
2. Sa postérité sera puissante
sur la terre : la génération des
justes sera bénie.
3. Gloire et richesses sont dans
sa maison; et sa justice demeure
dans les siècles des siècles.
4. Il s'est élevé dans les ténè-
bres une lumière pour les hommes
droits : le Seigneur est miséricor-
dieux, compatissant et juste.
5. Agréable est l'homme qui a
de la pitié et qui prête, il règlera
ses discours avec jugement ;
6. Parce qu'il ne sera jamais
ébranlé.
1. Lejustejouirad'une mémoire
éternelle : il ne craindra pas d'en-
iendre mal parler de lui. Son
cœur est prêt à espérer dans le
Seigneur;
8. Son cœur est affermi, il ne
sera pas ébranlé, jusqu'à ce qu'il
méprise ses ennemis.
9. Il a répandu, donné de ses
biens aux pauvres : sa justice de-
Ps. CXII. 3. Malac., 1, 11.
LES PSAUMES.
[Ps. cxir.]
meure dans les siècles des siècles,
sa corne sera exaltée avec gloire.
10. Le pécheur verra, et il sera
irrité : 1] grincera des dents, et
se consumera; le désir des pé-
cheurs périra.
PSAUME CXII
(H&sR., CXII).
Le Psalmiste exhorte les serviteurs du
Seigneur à le louer pour sa grandeur,
sa puissance et sa bonté.
Alleluia a.
1. Louez le Seigneur, enfants,
louez le nom du Seigneur.
2. Soitle nom du Seigneur béni,
des ce moment et jusqu'à jamais.
3. Dulever du soleil jusqu'à son
coucher, louable est le nom du
Seigneur.
4. Hl est élevé au-dessus de
toutes les nations, le Seigneur,
et au-dessus des cieux est sa
gloire.
5. Qui est comme le Seigneur
notre Dieu, qui habite dans les
lieux les plus élevés,
6. Et regarde les choses basses
dans le ciel et sur la terre?
psaume cx. — Ce psaume sans titre en hébreu, porte dans la Vulgate celui de Refour
d'Aggée et de Zacharie, ce qui signifie sans doute qu'il fut chanté aprés le retour de
la captivité, du temps des prophètes 48266 et Zacharie, et par leur conseil.
1. 14 mettra, etc.; il recherchera avant tout d'accomplir ses commandements.
8. Jusqu'à ce que. Voy. sur le vrai sens de cette expression Matth., 1, 25.
a* Ce psaume qui a, pour le fond, des analogies avec 16 cantique d'Anne, 1 fois, n,
et avec le Magnificat, est un hymne de louange à Dieu. — Il commence 16 Hallel que
les Juifs récitent aux trois grandes fêtes de l'année, à la fête de la Dédicace et aux
Néoménies. Les autres Psaumes du Hallel sont cxii-cxvir, et cxxxv, lequel est appelé
spécialement le grand Hallel. — Le Ps. cxm est trés régulier, il renferme trois
strophes, 1-3; 4-6; 1-9; et est trés facile à comprendre. La 1re strophe est une invi-
tation à louer Dieu; la 2e exalte la grandeur du Trés-Haut; la 3e, établissant un
contraste entre cette élévation et la bonté divine, loue le Seigneur de ce qu'il s'a-
baisse jusqu'aux petits et aux faibles pour les soutenir et les consoler.
4. Enfants (pueri); c'est aussi le sens des Septante; mais l'hébreu, le chaldéen, le
syriaque et les anciens interprétes grecs, Aquila, Symmaque, Théodotion, lisent ser-
vileurs; et c'est aussi serviteurs que portent la Vulgate et les Septante dans un en-
droit parallèle, Ps. cxxxiv, 4.
(Ps. cxur.]
7. Qui tire de la terre l'homme
sans ressource, et qui relève du
fumier le pauvre;
8. Afin de le placer avec des
princes, avec les princes de son
peuple.
9. Qui fait habiter la femme
stérile dans une maison où il lui
donne la joie d'être mère de plu-
LES PSAUMES.
1257
du milieu d'un peuple barbare,
2. La Judée devint sa sanctifi-
cation, et Israél son empire.
3. La mer le vit, et s'enfuit, le
Jourdain retourna en arriere.
4. Les montagnes bondirent
comme des béliers, et les col-
lines comme des agneaux de
brebis.
sieurs enfants. 5. Qu'as-tu, ὃ mer, que tu aies
fui? et toi, Jourdain, que tu sois
retourné en arriere?
6. Montagnes, pourquoi avez-
vous bondi comme des béliers, et
vous, collines, comme des
agneaux de brebis?
7. La terre a été ébranlée à la
face du Seigneur, àla face du Dieu
de Jacob.
8. Qui convertit la pierre en
étangs d'eaux, et le rocher en
fontaines d'eaux. |
PSAUME CXIII
(Hésr., CXIV).
Le Psalmiste représente les merveilles que
le Seigneur opéra à la sortie d'Egypte,
au passage de la mer Rouge et du Jour-
dain, fait ressortir la vanité des idoles,
et rapporte la bénédiction du Seigneur
sur Israël.
Alleluia.
1. Lorsque qu'Israél sortit de
l'Egypte, et la maison de Jacob
Ps. CXIII. 1. Exode, xir, 3.
1-18. * Psaume historique. Il résume en quelques traits, avec des images fortes et
hardies, les miracles opérés par le Seigneur pour délivrer son peuple de l'armée du
Pharaon, qui le poursuivait à la sortie d'Egypte. Les Egyptiens y sont appelés un
peuple barbare, dans le sens primitif du mot, ancien indien barbaras, analogue à
balbus, celui qui bégaie, c'est-à-dire, ici, celui qui parle une langue étrangére, qu'on
ne comprend pas. — La Harpe dit, au sujet de ce psaume : «Si ce n'est pas là de la
poésie lyrique et du premier ordre, il n'y en eut jamais; et si je voulais donner un
modèle de la manière dont l'ode doit procéder dans les grands sujets, je n'en choisi-
rais pas un autre : il n'y en ἃ pas de plus accompli. Le début est un exposé simple,
rapide et imposant. Le poéte raconte des merveilles inouies comme il raconterait des
faits ordinaires : pas un accent de surprise ni d'admiration, comme n'y aurait pas
manqué tout autre poéte. Le Psalmiste ne veut pas parler lui-méme de l'idée qu'il
faut avoir des merveilles qu'il trace. Il veut que ce soit toute la nature qui rende
témoignage au Maitre auquel elle obéit. Il l'interroge donc tout de suite, et de quel
ton! Mer, pourquoi as-tu fui? Jourdain, etc. Je cherche quelque chose de comparable
à cette brusque et frappante apostrophe, et je ne trouve rien qui en approche. Ilin-
terpelle la mer, le fleuve, les montagnes, les collines, et avec quelle sublime brié-
veté! Et dans l'instant vous entendez la mer, le fleuve, les montagnes, les collines
qni répondent ensemble : Eh! ne voyez-vous pas que la terre s'est émue à la face du
Seigneur? El comment ne serait-elle pas émue à la face de Celui qui change la pierre
en fonlaine et la roche en source d'eau vive? Car ce sont là les liaisons supprimées
dans cette poésie rapide. Le poète aurait pu aussi mettre en récit ce miracle, comme
il a fait des autres ; mais il préfère de le mettre dans la bouche des êtres inanimés;
est-ce là un art vulgaire? »
2. Sa sanclification; sa consécration; c'est-à-dire que Juda est devenu le peuple
consacré au Seigneur, la nalion sainte, comme il est dit expressément dans l'Exode
(xix, 6). — Son empire; le peuple de sa domination, dont il voulait bien étre le roi,
1258
1. אסא PAS A NOUS, SEIGNEUR, NON
PAS A NOUS, Mais à votre nom don-
nez gloire.
2. A cause de votre miséricorde
et de votre vérité, de peur qu'un
jour les nations ne disent : Où est |
leur Dieu?
3. Mais notre Dieu est dans le
ciel : toutes choses quelconques
qu'il a voulues, il les a faites.
4. Les simulacres des nations
sont de l'or et de l'argent; des
ouvrages de mains d'hommes.
9. Ils ont une bouche, et ils ne
parleront pas : ils ont des yeux,
et ils ne verront pas.
6. Ils ont des oreilles, etils n'en-
tendront pas; ils ont des narines,
et ils ne sentiront pas.
7. 18 ont des mains, et ils ne
toucheront pas; ils ont des pieds,
et ils ne marcheront pas; et ils ne
crieront pas avec leur gosier.
4, Infra, cxxxiv, 15. — 5. Sag., xv, 15.
LES PSAUMES.
[PS. cxur.]
8. Quiils leur deviennent sem-
blables ceux qui les font, et tous
ceux qui se confient en elles.
9. La maison d'Israël a espéré
dans le Seigneur ; il est leur aide
et leur protecteur.
10. La maison d'Aaron a espéré
dans le Seigneur; il est leur aide
et leur protecteur.
11. Ceux qui craignent le Sei-
gneur ont espéré dans le Sei-
eneur; il est leur aide et leur pro-
tecteur.
12. Le Seigneur s’est souvenu
de nous, et il nous a bénis.
Il a béni 18 maison d'Israël ; il ἃ
béni la maison d'Aaron.
13. IL a béni tous ceux qui crai-
gnent le Seigneur, les plus petits
avec les plus grands.
14. Que le Seigneur vous ac-
corde de nouveaux biens, à vous
et à vos fils.
1. * Ce psaume, qui est le cxve selon l'hébreu, quoique il ait une numérotation
particulière, pour les versets, dans notre Vulgate, ne compte que pour un avec le
précédent, non seulement dans les Septante, nos éditions latines et la liturgie, mais
aussi dans les versions syriaque, éthiopienne et arabe. Le beau sentiment qu'exprime
e : Non pas à nous, Seigneur, etc., à la suite des merveilles de la sortie d'Egypte,
semble, en effet, relier ce psaume au précédent : le chantre sacré, comme ébloui et
accablé à la vue de tant de miracles, et tout pénétré du sentiment de l'infirmité de
l'homme, pouvait s’écrier naturellement : Non pas à nous. Mais la différence de sujet
et de rythme parait donner raison au partage du Ps. In exitu, dans la Bible
hébraique. — C'est une prière d'Israël adressée à Dieu pour obtenir son secours dans
une guerre contre les ennemis idolátres. On le chantait peut-étre Hugo au
moment de marcher contre l'ennemi.
1-3. * Que Dieu glorifie son nom en accordant la victoire aux siens contre les ido-
látres.
4-8. * Les dieux des paiens ne sont rien.
1. Avec leur gosier; c'est-à-dire quoiqu'ils aient un gosier.
9-11. * Que les guerriers d'Israél soient donc pleins de confiance, car c'est le vrai
Dieu qui est leur soutien. Comme cette derniere idée est celle que le Psalmiste veut
inculquer le plus profondément dans le cœur des soldats, elle est répétée trois fois
dans cette strophe, à la 3* personne. Les versets 14-15, sont à la 29 personne; ce
changement provient, sans doute, de ce que le refrain était chanté par le chœur de
ceux qui ne partaient point pour la guerre, tandis que les guerriers chantaient eux-
mêmes 16 reste du psaume, d’où l'emploi de la 1'5 personne : 1, 3, 12, 18.
12-18. * Promesse que Dieu bénira son peuple, 12-14. — 15-18 : Méme pensée ex-
ἄν πὰ en d'autres termes : Dieu conservera à Israél la terre qu'il lui a donnée, et
es Israélites le loueront, avant de descendre dans la tombe.
[rs. cxiv.]
15. Soyez bénis du Seigneur,
qui a fait le ciel et la terre.
16. Le ciel du ciel est au Sei-
gneur ; mais la terre, il l'a donnée
aux fils des hommes.
11. Ce ne sont point les morts
qui vous loueront, Seigneur, ni
aucun de ceux qui descendent
dans l'enfer.
18: Mais nous qui vivons, nous
bénissons le Seigneur, dès ce mo-
ment et jusqu'à jamais.
PSAUME CXIV
(Hésr., CXVI).
Le Psalmiste délivré par le secours du
Seigneur de la mort dont il était me-
nacé, lui témoigne sa gratitude, son
amour et sa confiance.
Alleluia.
1. J'ai aimé, parce que le Sei-
gneur exaucera la voix de ma
priere.
2. Parce quil a incliné son
17. Baruch, 11, 47.
LES PSAUMES.
1259
oreille vers moi, pendant tous
mes jours je l'invoquerai.
3. Les douleurs de la mort
m'ont environné, et les périls de
l'enfer m'ont atteint.
J'ai trouvé l'affliction etla dou-
leur,
4. Et j'ai invoqué le nom du Sei-
gneur.
O Seigneur, délivrez mon àme;
5. Le Seigneur est miséricor-
dieux et juste, et notre Dieua de
la pitié.
6. Le Seigneur garde les pe-
tits : j'ai été humilié, et il m'a
délivré.
7. Rentre, ὃ mon àme, en ton
repos, parce que 16 Seigneur a été
bon pour toi.
8. Parce qu'il a arraché mon
áme à la mort, mes yeux aux
larmes, mes pieds àla chute.
9. Je plairai au Seigneur dans la
région des vivants.
16. Le ciel du ciel; hébraisme, pour /e ciel le plus élevé. Voy. plus haut, p. 341, 10.
11. Ni aucun; littér. ni tous. En hébreu les mots fout, tous, toute, toutes, joints à
une négation, signifient aucun, nul, aucune, nulle. — * Ce ne sont point les morts qui
vous loueront. Les damnés ne louent point Dieu. Les justes mémes, dans les limbes,
avant la venue du Messie, ne pouvaient glorifier Dieu comme les saints qui jouissent
de la béatitude céleste dans le ciel.
1. * Les deux psaumes cxiv et cxv n'en forment qu'un seul en hébreu. La Vulgate
ne les compte aussi que pour un dans la numérotation des versets. Quoique on puisse
trés bien les couper en deux, ils paraissent cependant étroitement unis et forment
quatre strophes, 1-4; 5-9; 10-14; 15-19, lesquelles se correspondent exactement. Les
deux premiéres racontent à quel péril de mort a échappé le Psalmiste ; les deux der-
nières remercient Dieu de cette délivrance.
2. Pendant (in) est précédé de et; mais cette particule, qui se trouve aussi dans
l'hébreu et les Septante, est ici purement pléonastique, ou ne sert qu'à marquer
l'apodose; cest-à-dire une proposition qui est subordonnée à la précédente. Bien
qu'elle ne puisse s'exprimer 101 en francais, elle a le sens de alors, dans ce cas, cela
supposé.
3. Les douleurs de la mort, etc. Compar. Ps. xvir, 5, 6.
9. Dans la région des vivants; parmiles vivants, dans ce monde: mais les Pères l'en-
tendent dans le sens spirituel de la félicité du ciel qui est la vraie région des vivants,
dont tous les habitants sont pour toujours agréables au Seigneur, sans craindre de
déchoir jamais de cet état si heureux.
1200
PSAUME CXV*
(Hégr., CXVI).
Le Psalmiste, au milieu des maux dont
il est accablé, se soutient par sa fci et
par sa confiance dans les promesses du
Seigneur.
Alleluia.
10. J'ai cru, c'est pourquoi j'ai
parlé; mais j'ai été humilié jus-
qu'à l'exces.
|. 11. J'ai dit dans mon transport:
Tout homme est menteur.
12. Que rendrai-je au Seigneur
pour tousles biens qu'il m'a faits?
13. Je prendrai le calice du
salut, et j'invoquerai le nom du
Seigneur.
14. Je rendrai mes vœux au
Seigneur devant tout son peuple;
15. Précieuse est, en présence
du Seigneur, 18 mort de ses saints.
16.0 Seigneur, parce que je suis
LES PSAUMES.
[Ps. exvr.]
viteur, et fils de votre servante.
Vous avez rompu mes liens;
11. C'est à vous que je sacri-
fierai une hostie de louange, et
jinvoquerai le nom du Seigneur.
18. Je rendrai mes vœux au
Seigneur en présence de tout son
peuple,
19. Dansles parvis dela maison
du Seigneur, au milieu de toi,
Jérusalem.
PSAUME CXVI
(Hésr., CXVII).
Le Psalmiste invite toutes les nations à
louer le Seigneur de sa miséricorde ef
de sa fidélité à exécuter ses promesses.
Alleluia.
1. Nations, louez toutes le Sei-
gneur; peuples, louez-le tous;
2. Parce que s'est affermie sur
nous sa miséricorde, et que la
vérité du Seigneur demeure éter-
votre serviteur, je suis votre ser- | nellement.
Ps. CXV. 10. II Cor., iv, 13. — 11. Rom., r1, 4. — Ps. CXVI. 1. Rom, xv, 11. —
2. Jean, xir, 34.
a* Ce psaume, dans les Bibles hébraiques, est la continuation du précédent; voilà
pourquoi, méme dans les éditions latines, les versets commencent par le 40e.
10. J'ai cru, etc. Saint Paul (Il. Corinth., 1v, 13) cite ce passage pour montrer que
ceux qui ont le don de la foi la publient hardiment et sans aucune crainte de la part
des hommes.
11. Dans mon transport; expression qui se trouve déjà Ps. xxx, 23.
13. Le calice du salut; allusion au vin que l'on répandait sur les victimes d'actions
de grâces, selon la loi mosaïque )22006, xxix, 40; Nombr., xv, 5; xxvur, 7, 14), ou,
suivant les Pères, au calice de la Passion de Jésus-Christ. — * Le calice du salut,
figure du calice eucharistique, désigne la coupe qu'on offrait à Dieu pour le remercier
de ses bienfaits, et qu'on buvait ensuite. La troisième des quatre coupes que buvaient
les Juifs, dans la célébration de la fête de Pâques, était appelée la coupe de béné-
diction ou d'actions de grâces. Cf. I Cor., x, 16; Matth., xxvi, 21; Luc, xxn, 11;
Jér., xvi, 7; II. Rois, n, 35; Prov., xxxi, 6.
15. * Ce verset rappelle la -mort dont le Psalmiste 8 parlé, Ps. cxiv, et à laquelle
il a échappé. En disant que la mort du juste est précieuse aux yeux de Dieu, il af-
firme par là méme l'existence de l'autre vie.
16. Le fils de votre servante. Voy. Ps. Lxxxv, 16.
19. * Dans les parvis. Les simples fidèles ne pouvaient pénétrer que dans les parvis
de la maison du Seigneur, et c'est là qu'ils offraient à Dieu leurs offrandes et ce
qu'ils lui avaient voué.
1. Nations, etc. Saint Paul voit dans ce psaume la vocation des gentils au chris-
tianisme (Rom., xv, 11). C'est aussi dans ce sens que les Pères et la plupart des inter-
prétes l'expliquent,
[ps. cxvir.]
PSAUME CXVII
(H&sn., CXVIII).
Le Psalmiste exhorte à louer le Seigneur
à cause de sa grande miséricorde. Il
décrit les dangers auxquels il a été ex-
posé, et marque la maniere dont il en
est sorti.
Alleluia *.
1. Louez le Seigneur, parce
quil est bon, parce que pour
jamais est sa miséricorde.
2. Dise maintenant Israél, qu'il
est bon, que pour jamais est sa
miséricorde.
3. Dise maintenant la maison
d'Aaron, que pour jamais est sa
miséricorde.
4. Disent maintenant ceux qui
craignent le Seigneur, que pour
jamais est sa miséricorde.
5. Du milieu de la tribulation,
jai invoqué le Seigneur; et le
Seigneur m'a exaucé, en 7ne znet-
tant au large.
6. Le Seigneur m'est un aide :
LES PSAUMES.
1261
je ne craindrai pas ce que peut
me faire un homme;
7. Le Seigneur m'est un aide,
etmoije mépriserai mesennemis.
8. 11 est bon de se confier dans
le Seigneur, plutót que de se con-
fier dans un homme,
9. Il est bon d'espérer daus le
Seigneur, plutót que d'espérer
dans des princes.
10. Toutes les nations m'ont
environné : et c'est au nom du
Seigneur que je me suis vengé
d'elles.
11. Environnant elles m'ont en-
vironné : et c'est au nom du Sei-
gneurquejeme suis vengé d'elles.
12. Elles m'ont environné com-
me des abeilles, et elles se sont
embrasées comme un feu dans
des épines, et c'estau nom du Sei-
gneurqueje mesuis vengé d'elles.
13. Violemment heurté, j'ai été
ébranlé et prés de tomber, mais
le Seigneur m'a soutenu.
14. Ma force et ma louange,
Ps. CXVII. 7. Hébr., xir, 6. — 14. Exode, xv, 2.
a * Ce psaume dont la forme méme, — la quadruple invitation de 1-4, le refrain
répété aprés chaque vers : 1-4, etc., — indique qu'il avait été composé pour une
cérémonie publique, fut probablement chanté à la Dédicace du second temple, I Esd.,
vi, 15-16. On n'y distingue pas de strophes réguliéres, mais il se divise en divers
groupes, destinés à étre chantés à des moments différents. Au commencement de
la cérémonie, quand la procession se met en marche, elle loue la bonté de Dieu, 1-4;
pendant la marche, elle rappelle comment Dieu a délivré Israél de la captivité, et
elle l'en remercie, 5-18; à l'entrée du temple, elle demande que les portes du temple
lui soient ouvertes, pour y glorifier Dieu, 19. — Ceux qui recoivent la procession
répondent que c'est la porte de Dieu, et que les justes seuls y entrent, 20; ils re-
mercient Dieu de l'érection du nouveau temple, et de la joie qu'il leur donne en cette
féte, 21-23; ils accueillent enfin ceux qui arrivent, et ordonnent de conduire les
victimes du sacrifice à l'autel, 24-27. — La procession répond en glorifiant Dieu, 28.
— Enfin tous ensemble, ceux qui arrivent et ceux qui attendaient, répètent les deux
premiers vers qui résument tout le psaume.
1, 29. Pour jamais, etc. Voy. Ps. cv, 4.
9. En mettant au large. Voy. plus haut, p. 342, 20.
10. D'eiles ; littér. d'eux, c'est-à-dire des habitants des nations.
M. Environnant, etc., hébraisme, pour elles m'ont environné de toutes parts. Com par.
DEUX XXIX ἃ,
14, 21, 28. Il est devenu mon salut; littér. et par hébraisme, i/ est devenu pour moi
en salut,
1262
c'est le Seigneur, il est devenu
mon salut.
15. Une voix d'exultation et de
salut a retenti dans les taberna-
cles des justes.
| 16. La droite du Seigneur a
exercé sa puissance, la droite du
Seigneur m'a exalté, la droite du
Seigneur ἃ exercé sa puissance.
17. Je ne mourrai pas, mais je
vivrai, et je raconterai les ceuvres
du Seigneur.
18. Me châtiant, il m'a chátié,
le Seigneur, mais il ne m'a pas
livré à la mort.
19. Ouvrez-moi les portes de la
justice; y étant entré, je louerai
le Seigneur;
20. Voici la porte du Seigneur,
les justes y entreront.
91. Je vous louerai, parce que
vous m'avez exaucé, et que vous
étes devenu mon salut.
29. La pierre qu'ont rejetée
ceux qui bátissaient est devenue
un sommet d'angle.
93. C'est par le Seigneur qu'a
élé fait cela, et c'est admirable à
nos yeux.
24. Voici le jour qu'a fait le Sei-
gneur; réjouissons-nous et tres-
saillons d'allégresse en ce jour.
LES PSAUMES.
(es. exvirr.]
95. 0 Seigneur, sauvez-moi, ὃ
Seigneur, faites-mot bien pros-
pérer;
26. Béni celui qui vient au nom
du Seigneur!
Nous vous avons béni de la
maison du Seigneur;
27. Le Seigneur est Dieu, et il
a fait luire sa lumiere sur nous.
Instituez un jour solennel, au
milieu de feuillages touffus, qu
s'étendent jusqu'à la corne de
l'autel.
28. C'est vous quiétes mon Dieu,
et je vous louerai; c’est vous qui
êtes mon Dieu, etje vous exalterai.
Je vous louerai, parce que vous
m'avez exaucé, et que vous étes
devenu mon salut.
29. Louez le Seigneur, parce
qu'il est bon, parce que pour ja-
mais est sa miséricorde.
PSAUME CXVIII
(HÉBR., CXIX).
L'auteur emploie tout ce long psaume à
témoigner par différentes expressions,
son amour pour la loi de Dieu et son
aversion pour le péché.
Alleluia.
ALEPH
1. Bienheureux ceux qui sont
22. 5816} ΧΧΥΙΠ 465 Matt XX1,942. Du6 Χχ, 17; ACLOSS ἵν, 11. ΠΌΠ ἘΣ τ;
I Pierre, 11, 7.
18. Me chátiant, il m'a chátié; pour il m'a chátié sévèrement. Compar. Ps. xxxix, 1.
22. La pierre, etc. C'est une figure de Jésus-Christ, qui, rejeté par les Juifs, mis
à mort par la malice de ses ennemis, est cependant devenu la pierre angulaire de
l'édifice de l'Eglise, le lien des deux peuples, juif et gentil, réunis dans la religion et
dans la foi chrétienne. C'est en ce sens que Jésus-Christ lui-méme et les apótres ont
expliqué ce passage. Compar. Matth., xx1, 42; Marc, xu, 10; Luc, xx, 11; Ephes., τι, 20;
1 Pierre, 11, 6, 1.
1 21 Feuillages touffus. A la fête des Tabernacles, les Juifs faisaient des tentes de
branches de verdure dans les parvis du temple, dans toute l'étendue de la montagne
sainte, dans les cours de la ville. — La corne; lhébreu et les Septante lisent les
cornes. ll y avait quatre cornes à l'autel des holocaustes. Voy. Exode, xxvm, 2;
;42 וצה
1. Ce psaume est acrostiche ou alphabétique, mais de telle sorte que chacune des
vingt-deux lettres dont se compose l'alphabet hébrau comprend huit versets. Selon
[Ps. cx vuir.] LES PSAUMES. 1263
sans tache dans 1a voie, qui mar- | dient ses témoignages; ils le re-
chent dans le Seigneur. cherchent de tout leur cœur.
2. Bienheureux ceux qui étu- 3. Car ceux qui opèrent lini
sajnt Ambroise, le Psalmiste a suivi l'ordre alphabétique, comme pour nous faire
comprendre que ce psaume est l'alphabet des chrétiens, et que nous y trouvons les
éléments et les principes de tous nos devoirs. La loi de Dieu se trouve exprimée dans
tous les versets (excepté dans le 1229), mais sous plusieurs noms différents, noms
qui en montrent les qualités et l'excellence. Et bien que ces noms ne signifient pas
tous étymologiquement la méme chose, on ne laisse pas de les prendre pour syno-
nymes dans ce psaume. Or, pour éviter dans les Notes explicatives une foule de re-
dites, nous donnerons ici l'explication de ces divers noms. Ainsi la loi, ex, terme
générique qui comprend tout ce que Dieu a ordonné par lui-méme, par ses légis-
lateurs et ses prophétes, et qu'on explique principalement de la loi écrite, donnée
par Moise, est nommée ici : 19 Voie (via), parce que la loi indique à chacun la voie
ou la conduite qu'il doit tenir, en suivant les lois de Dieu; — 2° Témoignage (testi-
monium), soit parce que Dieu témoigne à son peuple par sa loi ce qu'il veut de lui;
soit parce que sa loi est quelquefois accompagnée de certains rites, qui servent de
monument ou de témoignage à quelque événement mémorable, comme la Pàque,
qui est un témoignage de la sortie d'Egypte, soit parce que, suivant saint Hilaire et
Théodoret, Dieu, en donnant ses lois à son peuple, attesta le ciel et la terre; —
30 Commandement (mandatum), ou bien encore, précepte, ordonnance, statut, décret;
parce que la loi contient des ordres, où Dieu se donne comme maitre et comme
monarque absolu, et des prescriptions qui regardent particuliérement le culte et
l'amour de Dieu et du prochain; — 49 Parole (verbwm, el?quium), parce que les pro-
messes, les menaces, les instructions et les ordres de Dieu, dont il est parlé si sou-
vent dans la loi, s'expriment par des paroles; — 5° Jugement (judicium), parce que
dans les lois divines se trouvent des jugements rendus, des sentences prononcées,
et les effets de ces jugements et de ces sentences, lesquels sont, d'un cóté, l'acquitte-
ment des justes, et de l'autre, la punition des méchants; — 69 Justice (juslitia), parce
que dans toutes les lois du Seigneur règne l'équité la plus parfaite, équité qui parait
surtout dans la conduite qu'il tient envers les hommes, eu rendant à chacun selon
ses œuvres; — ἴο Juslificalion (juslificatio), parce que c'est l'observation de la loi
qui nous justifie et nous fait croître en justice et en sainteté; — 8° Enfin la loi divine
est nommée vérité (veritas), soit parce qu'elle ne contient rien de faux, soit parce
que les promesses et les menaces qu'elle fait doivent être très fidèlement accom-
plies.
* La pensée principale développée dans ce psaume est que notre devoir capital con-
siste dans l'observation de la loi de Dieu. L'Eglise le fait réciter tous les jours à ses
prêtres, dans les petites heures du Bréviaire, pour leur rappeler que leur vie entière
ne doit être que l’accomplissement de la volonté de Dieu.
On a reproché à ce psaume de manquer de plan et de logique, d'être rempli de
répétitions oiseuses et monotones, etc. Voici ce qu'on peut répondre à ces objections:
« Le verset 9 nous montre que l'auteur est « un jeune homme, » ce qui est confirmé
par les versets 99-100 [et 141]. Ce jeune homme se trouve dans un état qui est claire-
ment décrit : il est traité avec mépris, maltraité, persécuté par les ennemis de la
parole de Dieu, puisque la défection l'entoure, par un. gouvernement hostile à la
vraie religion, 23, 46, 161; il est dans les fers, 61, 83, il atténd la mort, 109; il re-
connait dans ses souffrances une humiliation salutaire qui lui vient de Dieu: la
parole de Dieu est donc sa consolation, sa sagesse; il attend le secours divin et l'im-
plore; — le psaume tout entier est une prière pour obtenir la persévérance au milieu
d'une société impie et dégénérée, la consolation au milieu d'une affliction profonde,
augmentée par l'infidélité de ceux qui l'environnent; c'est une priére pour obtenir
le salut : elle devient de plus en plus pressante et fait entendre, dans la strophe
caph, le quand me consolerez-vous? 82. — Lorsqu'on s'est bien pénétré de ce carac-
tère du psaume, il est impossible de ne pas apercevoir le développement de la pensée.
Aprés avoir loué la parole de Dieu (strophe aleph) et proclamé combien grande est
sa vertu, puisqu'elle rend pieux le jeune homme qui l'étudie avec soin (5e/A), le
1264
quité n'ont pas marché dans ses
voles.
4. Vous avez ordonné que vos
commandements soient gardés
très exactement.
9. Plüt à Dieu que toutes mes
voles soient dirigées pour garder
vos justifications !
6. Alors je ne serai point con-
fondu, quand je fixerai mes yeux
sur vos commandements.
7. Je vous louerai dans la droi-
ture de mon cœur, parce que j'ai
appris les jugements de votre jus-
tice.
8. Je garderai vos justifica-
LES PSAUMES.
LPS, Cx vtu.]
BETH.
9. Comment un jeune homme
corrigera-t-il sa voie? en gardant
vos paroles.
10. Je vous ai recherché de
tout mon cœur, ne me re-
poussez pas de vos commande-
ments.
11. C'est dans mon cœur que
jai caché vos paroles, afin que
je ne peche point contre vous.
19. Vous étes béni, Seigneur,
enseignez-moi vos justifications.
13. J'ai prononcé de mes lè-
vres tous les jugements de votre
bouche.
14. Dans la voie de vos témoi-
tions : ne m'abandonnez pas en-
tièrement.
poète demande, au milieu des ennemis railleurs qui le persécutent, la grâce de l'illu.
mination (ghimel), de la fermeté (duleth), de la persévérance (hé), et de la force de
confesser sa foi avec force et avec joie (vau); la parole de Dieu est l'objet de son
affection (za2n); il se range parmi ceux qui craignent Dieu (kheth), il reconnait que
son humiliation est salutaire (/e/^), mais il a besoin de consolation (yod), et il de-
mande en soupirant : Quand serai-je délivré (capA)? Sans la parole puissante, ferme,
éternelle de Dieu qui le soutient, il perdrait courage (/amed); elle lui donne la sa-
gesse et la prudence (mem); il lui a juré fidélité et il garde son serment, malgré la
la persécution (nun); il abhorre et méprise les apostats (samech). 11 est opprimé,
mais Dieu ne le laissera pas périr ('a?n), il ne permettra pas que les efforts des impies,
qui lui arrachent des larmes, l'emportent (phé) sur lui, qui est petit (encore jeune)
et méprisé, mais que consume le zèle contre ceux qui oublient Dieu (£sadé). Puisse
le Seigneur entendre les cris par lesquels il l'appelle, et le jour et la nuit (go/), le
consoler bientôt par sa miséricordieuse bonté (resch), lui qui, persécuté par les
princes, s'attache fermement à Dieu (schin), et enfin le sauver, lui, pauvre brebis
errante et en grand danger (/hau)! — Toutes les pensées principales des diverses
strophes ne sont pas épuisées par cette analyse,... mais elle montre du moins que
ce psaume ne manque point de suite et de mouvement dans la pensée, qu'il n'est
point un simple poéme abstrait, mais que, fondé sur des événements particuliers,
il est l'expression d'une situation personnelle, d'où est sorti, comme un fruit de la
piété (de l'auteur), cet éloge intarissable de la loi de Dieu... Il est possible que la
composition d'un psaume aussi long, qui manifeste dans sa forme artificielle, depuis
le commencement jusqu'à la fin, la tranquillité d'àme d'un confesseur de la foi, soit
l'euvre d'un prisonnier qui abrégeait les heures de sa captivité en exprimant ainsi,
en strophes alphabétiques, ses plaintes et ses espérances. » (F. DrLrrzscn.)
> Ill nous parait, dit M. Le Hir, que l'on pourrait tirer de la seule lecture ou ex-
position de ce psaume une preuve frappante de la divinité d'une religion qui inspire
de tels sentiments d'amour, d'amour tendre, vif et désintéressé pour la loi de Dieu.
Le Psalmiste va jusqu'à verser des larmes et à se consumer de douleur et d'indigna-
tion, par zèle pour cette loi qu'il voit transgressée, méprisée par les méchants.
L'homme cherche en vain de tels sentiments en lui-même, il faut que la grâce les
y forme, Aussi ne trouve-t-on rien d'analogue dans toutes les littératures ni dans
toutes les philosophies profanes. »
10. Ne me repoussez, etc.; c'est-à-dire ne permettez pas que je m'éloigne, etc.
[»5. cx vm.)
gnages, je me suis plu comme
dans toutes les richesses.
15. Je m'exercerai dans vos
commandements, et je considé-
reral vOS voies.
16. Je méditerai sur vos justifi-
cations, je n'oublierai pas vos
paroles.
GHIMEL.
17. Donnez son salaire à votre
serviteur, rendez-moi la vie, et je
garderai vos paroles.
18. Dévoilez mes yeux, et je
considérerai les merveilles de
votre loi.
19. Moi je suis étranger sur la
terre; ne me cachez point vos
commandements.
20. Mon âme a désiré ardem-
ment vos justificalions, en tout
temps.
21. Vous avez réprimandé des
superbes, maudit ceux qui s'écar-
tent de vos commandements.
22. Otez de moi l’opprobre et le
mépris, parce que j'ai recherché
vos témoignages.
23. Car des princes se sont
assis, et contre moi ils parlaient ;
mais votre serviteur s'exercait
sur vos justices.
24. Car vos témoignages sont
ma méditation, et mon conseil,
vos justifications.
DALETH.
95. Mon àme s'est collée à la
terre : vivifiez-moi selon votre
parole.
26. Je vous ai dénoncé mes
voies, et vous m'avez exaucé;
enseignez-moi vos justifications.
97. Instruisez-moi de la voie
de vos commandements, et je
m'exercerai dans vos merveilles.
A. T
LES PSAUMES.
1265
98. Mon àme s'est assoupie
d'ennui; fortifiez-moi par vos pa-
roles.
29. Écartez de moi la voie de
l'iniquité, et en vertu de votre loi,
ayez pitié de moi.
80. J'ai choisi la voie dela vé-
rité : je n'ai pas oublié vos juge-
ments.
91. Je me suis attaché à vos
témoignages, Seigneur, ne me
confondez point.
32. J'ai couru dans la voie de
vos commandements, lorsque
vous avez dilaté mon cour.
HE.
33. Imposez-moi une loi, Sei-
gneur, la voie de vos justifica-
tions, et je la rechercherai tou-
jours.
34. Donnez-moi l'intelligence,
et j'étudierai votre loi, et je la
garderai dans tout mon cœur.
35. Conduisez-moi dans le sen-
tier de vos commandements,
parce que c'est ce que j'ai voulu.
36. Inclinez mon cœur vers vos
témoignages, et non vers l'ava-
rice.
37. Détournez mes yeux, afin
qu'ils ne voient pas la vanité :
faites-moi vivre dans vos sentiers.
38. Établissez votre parole dans
votre serviteur, par votre crainte.
39. Détruisez mon opprobre
que j'ai appréhendé : vos juge-
ments sont doux.
40. Voilà que j'ai désiré vos
commandements : par votre jus-
tice, vivifiez-moi.
VAV.
M. Et vienne sur moi votre
miséricorde, Seigneur, ef volre
salut selon votre parole.
0
1266
49. Et je répondrai à ceux qui
m'oulragent, un mot : c'est que
j'ai espéré dans vos jugements.
43. Et n'ótez pas entierement
de ma bouche la parole de vérité,
parce qu'en vos jugements j'ai
beaucoup espéré.
44. Et je garderai votre loi tou-
jours, dans les siecles et dans les
siecles des siecles.
45. Je marchais au large, parce
que j'ai recherché vos comman-
dements.
46. Et je parlais de vos témoi-
gnages en présence des rois, et
je n'étais pas confondu.
41. Et je méditais sur vos com-
mandements, que [1 58
aimés.
48. Et j'ai levé mes mains vers
vos commandements, que j'ai
toujours aimés, et je m'exercais
dans vos justifications.
ZAIN.
49. Souvenez-vous de votre pa-
role à votre serviteur, par la-
quelle vous m'avez donné de
l'espérance.
50. Ce qui m'a consolé dans
mon humiliation, c’est que voire
parole m’a donné la vie.
51. Des superbes agissaient
avec une extréme iniquité, mais
de votre loi je ne me suis pas
écarté.
59. Je me suis souvenu, Sei-
gneur, de vos jugements, qu? sont
des avant les siecles, et j'ai été
consolé.
53. La défaillance s'est emparée
LES PSAUMES.
[Ps. cxviir.]
de moi, à cause des pécheurs
qui abandonnent votre loi.
54. L'objet de mes chants était
vos justifications, dans le lieu de
mon pelerinage.
55. Je me suis souvenu durant
la nuit de votre nom, Seigneur,
et j'ai gardé votre loi.
56. Cela m'est arrivé, parce que
jai recherché vos justifications.
HETH.
57. Ma part, Seigneur, je l'ai
dit, c'est de garder votre loi.
58. J'ai imploré votre face en:
tout mon cœur : ayez pitié de moi
selon votre parole.
59. J'ai songé à mes voies, et
jai tourné mes pieds vers vos
témoignages.
60. Je suis prét, et je ne suis
pas troublé ; en sorte que je gar-
derai vos commandements.
61. Lesliens des pécheurs m'ont
enveloppé ; mais je n'ai point ou-
blié votre loi.
62. Au milieu de la nuit, je me
levais pour vous louer sur les
jugements de votre justification.
63. Je suis aussi en société
avectousceux qui vous craignent,
el qui gardent vos commande-
ments.
64. De votre miséricorde, Sei-
gneur, la terre est pleine. Ensei-
gnez-moi vos justifications.
TETH.
65. Vous avez usé de bonté en-
vers votre serviteur, ὃ Seigneur,
selon votre parole.
a € M — HÀ M i M Ó—À
80. Ce qui (hc). Nous avons déjà fait remarquer que les Hébreux n'ayant pas dans
leur Jangue le genre neutre, le remplaçaient par le féminin, et que les Septante aussi
bien que la Vulgate se conformaient souvent à cet idiotisme.
96. Cela (hzc). Voy. la note précédente.
[Ps. cxvim.]
66. Enseignez-moi la bonté, et
la discipline, et la science, parce
que j'ai cru à vos commande-
ments.
67. Avant que je fusse humilié,
j'ai péché; c'est pour cela que j'ai
gardé votre parole.
68. Vous étes bon, vous, et dans
votre bonté enseignez-moi vos
justifications.
69. Elle s’est multipliée contre
moi, liniquité des superbes;
mais moi en tout mon cœur j'étu-
dierai vos commandements.
70. Leur cœur s'est coagulé
comme du lait; mais moi j'ai mé-
dité votre loi.
14. Il m'estbonque vous m'ayez
humilié, afin de m'apprendre vos
justifications.
12. La loi de votre bouche est
bonne pour moi au dessus des
milliers d'or et d'argent.
JOD..
73. Vos mains m'ont fait et
m'ont formé ; donnez-moi l'intel-
ligence, afin que j'apprenne vos
commandements.
74. Ceux qui vous craignent me
verront, et se réjouiront, parce
qu'en vos paroles j'ai espéré.
75. J'ai reconnu, Seigneur, que
vos jugements sont équité, et que
c'est dans votre vérité que vous
m'avez humilié.
70. Qu'elle se montre, votre
miséricorde, afin qu'elle me con-
sole, selon votre parole à votre
serviteur.
717. Viennentsurmoi vos bontés,
et je vivrai, parce que votre loi
est ma méditation.
LES PSAUMES.
1267
78. Qu'ils soient confondus,
les superbes, parce qu'injuste-
ment ils ont commis l'iniquité
contre moi : pour moi, je m'exer-
cerai dans vos commandements.
19. Quils se tournent vers
moi, ceux qui vous craignent
et qui connaissent vos témoi-
gnages.
80. Devienne mon cœur sans
tache dans vos justifications, afin
que je ne sois pas confondu.
CAPH.
81. Mon àme a défailli dans
lattente de votre salut, et en
votre parole j'ai beaucoup es-
péré.
82. Mes yeux ont défailli dans
l'attente de votre parole, disant :
Quand me consolerez-vous?
83. Parce que je suis devenu
comme une outre dans la gelée :
je n'ai pas oublié vos justifica-
lions.
84. Quel est le nombre de jours
de votre serviteur? quand ferez-
vous justice de ceux qui me per-
sécutent?
85. Des hommes iniques m'ont
raconté des choses fabuleuses,
mais ce n'est pas comme votre
loi.
86. Tous vos commandements
sont vérité : iniquement ils m'ont
persécuté, venez à mon aide.
87. Ils m'ont presque anéanti
sur la terre; mais moi je n'ai
pas abandonné vos commande-
ments.
88. Selon votre miséricorde,
rendez-moi la vie, et je garderai
les témoignages de votre bouche.
66. La discipline; c'est-à-dire la prudence, la sagease, par laquelle je puisse éviter
le mal et m'attacher au bien.
1268
LAMED.
89. Eternellement, Seigneur,
votre parole demeure dans le
ciel.
90. A toutes les générations
passe votre vérité : vous avez
fondé la terre, et elle demeure
stable.
91. Par votre ordre persévere
le jour, parce que toutes choses
vous sont assujetties.
92. Si ce n'était que votre loi
est ma méditation, j'aurais peut-
étre péri dans mon humiliation.
93. Eternellement je n'oublierai
pas vos justifications, parce que
c'est par elles-mêmes que vous
m'avez rendu la vie.
94. C'est à vous que j'appar-
liens, sauvez-moi; parce que j'ai
recherché vos justifications.
95. Des pécheurs m'ontattendu,
afin de me perdre; mais jai
compris vos témoignages.
96. J'ai vu la fin de toute per-
fection : votre commandement
est étendu infiniment.
MEM.
97. Comme j'ai toujours aimé
votre loi, Seigneur, tout le jour
elle est ma méditation.
98. Vous m'avez rendu plus
prudent que mes ennemis par
votrecommandement, parce qu'il
est pour jamais avec moi.
LES PSAUMES.
[Ps. cxvurr.]
99. J'ai été plus intelligent que
tous ceux qui m'instruisaient,
parce que vos témoignages sont
ma méditation.
100. J'ai été plus intelligent que
les vieillards, parce que j'ai re-
cherché vos commandements.
101. De toute mauvaise voie
jai détourné mes pieds, afin que
je garde votre parole.
102. De vos jugements je ne
me suis point écarté, parce que
c'est vous qui m'avez prescrit une
loi.
103. Que vos paroles sont
douces à ma gorge, plus douces
que le miel à ma bouche!
104. Par vos commandements
j'ai acquis de l'intelligence : c'est
pour cela que j'ai hai toute voie
d'iniquité.
NUN.
105. C'est une lampe à mes
pieds que votre parole, et une
lumiere dans mes sentiers.
106. J'ai juré, et j'ai résolu de
garder les jugements de votre
justice.
107. J'ai été extrémement hu-
milié, Seigneur, rendez-moi la
vie selon votre parole.
108. Ayez pour agréables les
hommages volontaires de ma
bouche, Seigneur, et enseignez-
moi vos jugements.
109. Mon àme est toujours en
oo
105. C'est une lampe, etc.; votre parole, c'est-à-dire votre loi, est un flambeau qui
éclaire mes pas et une lumière qui éclaire la voie où je dois marcher. Compar. Pro-
verb., νι, 93; II Pierre, 1, 19.
106. Les jugements de votre juslice; hébraisme, pour vos jugements qui sont justes.
Voy. p. 341, 10.
108. Les hommages, ou les louanges, ou les vœux, que ma bouche prononce.
109. Mon âme, etc.; c'est-à-dire je suis dans un danger continuel de perdre la vie.
On trouve des expressions semblables et employées dans le méme sens : Juges,
xi, 35 1 Rois, xix, ὃ; xxvi, 21; Esther, xiv, 4; Job, xut, 14.
PS. CXVIII.]
mes mains, et je n’ai pas oublié
votre loi.
110. Des pécheurs m'ont tendu
un piege, et je n'ai point erré loin
de vos commandements.
111. C'est en héritage que j'ai
acquis pour jamais vos témoi-
gnages, parce qu'ils sont l'exulta-
tion de mon cœur.
112. J'ai incliné mon cour à
accomplir pour jamais vos justi-
fications, à cause de la récom-
pense.
SAMECH.
113. J'aàeuen haineles hommes
iniques, et j'ai aimé votre loi.
114. Mon aide et mon soutien,
c'est vous, et en votre parole j'ai
beaucoup espéré.
115. Eloignez-vous de moi, mé-
chants, et j'étudierailes comman-
dements de mon Dieu.
116. Soutenez-moi selon votre
parole, et je vivrai, et ne me con-
fondez pas dans mon attente.
117 Aidez-moi, et je serai
sauvé; et je méditerai toujours
sur vos justifications.
118. Vous avez méprisé tous
ceux qui s'éloignent de vos juge-
ments, parce que leur pensée est
injuste.
119. J'ai regardé comme pré-
variquant tous les pécheurs de
la terre : c'est pourquoi j'ai aimé
vos témoignages.
190. Transpercez mes chairs de
votre crainte; à la vue de vos
jugements j'ai craint.
LES PSAUMES.
1269
AIN.
191. J'ai fait jugement et jus-
tice; ne me livrez pas à ceux qui
me caloninient.
192. Protégez votre serviteur
pour le bien, que les superbes ne
me calomnient point.
193. Mes yeux ont défailli dans
l'attente de votre salut, et dans
attente de la parole de votre
justice.
194. Agissez avec votre servi-
teur selon votre miséricorde, et
enseignez-moi vos justifications.
195. Je suis votre serviteur,
moi, donnez-moi lintelligence,
afin que je connaisse vos témoi-
gnages.
196. Il est temps d'agir, Sei-
gneur, ils ont dissipé votre loi.
127. C'est pour cela que j'ai
aimé votre loi au-dessus de l'or
et dela topaze.
128. C'est pour cela que je me
dirigeais vers tous vos comman-
dements, et que j'ai eu toute voie
inique en haine.
PHÉ.
129. Admirables sont vos témoi-
gnages; c'est pour cela que mon
âme les a étudiés.
130. La manifestation de vos
paroles illumine, elle donne l'in-
telligence aux petits.
131. J'ai ouvert ma bouche, et
j'ai attiré l'air, parce que je dési-
rais vos commandements.
132. Jetez un regard sur moi,
121. J'ai fait, etc.; dans les jugements que j'ai rendus, j'ai pratiqué la justice,
l'équité.
123. La parole de votre justice. Compar. vers. 106.
121. * De la topaze. L'hébreu porte : de l’or épuré.
132. Selon votre équité; littér. jugement (judicium), qui se prend souvent dans le
style biblique pour Justice.
1270
ot ayez pitié de moi, selon votre
équité à l'égard de ceux qui ai-
inent votre nom.
133. Dirigez mes pas selon
votre parole, qu'aucune injustice
ne me domine.
134. Délivrez-moi descalomnies
des hommes, afin que je garde
vos justifications.
135. Faites briller la lumiere
de votre face sur votre serviteur,
et enseignez-moi vos justifica-
lions.
136. Mes yeux ont fait couler
des cours d'eaux, parce qu'ils
ont violé votre loi.
TSADÉ.
131. Vous étes juste, Seigneur,
et droit est votre jugement.
138. Vous avez établi la justice,
vos témoignages et votre vérité
très solidement.
139. Mon zèle m'a fait sécher,
parce que mes ennemis ont ou-
blié vos paroles.
140. Votre parole a été très
éprouvée par le feu, et votre ser-
viteur l’a aimée.
141. Je suis jeune et méprisé,
mais je n'ai pas oublié vos justi-
fications.
142. Votre justice est justice
éternellement, et votre loi vé-
rité.
143. La tribulation et l'angoisse
m'ont atteint, vos commande-
ments, c'est ma méditation.
LES PSAUMES.
[Ps. cxvur.]
144. Vos témoignages sont
équités éternellement : donnez-
moi l'intelligence et je vivrai.
COPH.
145. J'ai crié en tout mon cœur,
exaucez-moi, Seigneur, je recher-
cherai vos justifications.
146. J'ai crié vers vous, sauvez-
moi, afin que je garde vos com-
mandements.
147. Je me suis hâté de bonne
heure, et [81 crié, parce qu'en
vos paroles j'ai beaucoup espéré.
148. Mesyeux vous ont prévenu
des le point du jour, afin que je
méditasse vos paroles.
149. Ecoutez ma voix selon
votre miséricorde, Seigneur, et
selon votre jugement donnez-
moi la vie.
150. Ils se sont approchés de
l’iniquité, ceux qui me persécu-
tent, et ils se sont éloignés de
votre loi. |
151. Vous êtes proche, vous,
Seigneur, et toutes vos voies sont
vérité.
152. Dès le commencement j'ai
reconnu touchant vos témoigna-
ges, que vous les avez fondés
pour l'éternité.
RES.
153. Voyez mon humiliation,
et délivrez-moi, parce que je n'ai
pas oublié votre loi.
154. Jugez mon jugement et
135. Faites briller. Compar. Ps. Lxvr, 2.
136. Des cours d'eaux, pour des torrents, des ruisseaux de larmes.
140. À été très éprouvée par le feu; comme un métal qu'on a épuré dans le creuset;
elle est donc pure, sincère, véritable. Compar. Ps. xi, 1.
142. Est justice éternellement ; c'est-à-dire une justice immuable, qui ne se démen-
tira jamais.
144. Sont équité éternellement. Voy. la note précédente.
194, Mon jugement ; c'est-à-dire ma cause.
. [Ps. cxix.]
rachetez-moi : a cause de votre
parole, donnez-moi la vie. :
185. Loin des pécheurs est le
salut, parce qu'ils n'ont pas re-
cherché vos justifications.
156. Vosmiséricordes sontnom-
breuses, Seigneur : selon votre
jugement donnez-moi la vie.
157. Nombreux sont ceux qui
me persécutent et qui me tour-
mentent; mas je ne me suis point
détourné de vos témoignages.
158. J'ai vu des prévariquants et
j'ai séché, parce qu'ils n'ont pas
gardé vos paroles.
159. Voyez que j'ai aimé vos
commandements, Seigneur : dans
votre miséricorde donnez-moi la
vie.
160. Le principe de vos paroles
est vérité : éternels sont tous les
jugements de votre justice.
SIN.
161. Des princes m'ont persé-
cuté gratuitement, et mon cœur
ἃ redouté vos paroles.
162. Pour moi, je me réjouirai
dans vosparoles, comme celui qui
a trouvé de grandes dépouilles.
163. J'ai eu l'iniquité en haine
et en abominalion; mais j'ai ai-
mé votre loi.
164. Sept fois le jour, je vous
ai adressé une louange, sur les
jugements de votre justice.
165. Paix abondante pour ceux
qui aiment votre loi ; il n'y a pas
pour eux de scandale.
166. J'attendais votre salut,
Seigneur, et j'ai aimé vos com-
mandements.
167. Mon àme a gardé vos té-
LES PSAUMES.
1971
moignages, et elle les a aimés ar-
demment.
168. J'ai observé vos comman-
dements et vos témoignages,
parce que toutes mes voies sont
en votre présence.
TAU.
169. Que ma supplication ap-
proche de votre présence, Sei-
gneur; selon votre parole don-
nez-moi l'intelligence.
170. Que ma demande pénètre
en votre présence, selon votre
parole délivrez-moi.
111. Mes lèvres feront retentir
un hymne, lorsque vous m'aurez
enseigné vos justifications.
112. Ma langue publiera votre
parole, parce que tous vos com-
mandements sont équité.
173. Que votre main soit sur
moi pour me sauver, parce que
jai fait choix de vos commande-
ments.
114. J'ai désiré votre salut, Sei-
gneur, et votre loi est ma médi-
tation.
175. Mon âme vivra, et vous
louera, et vos jugements me vien-
dront en aide.
176. J'ai erré comme une brebis
qui s’est perdue : cherchez votre
serviteur, parce que je n'ai pas
oublié vos commandements.
PSAUME CXIX
(Hésr., CXX).
Le Psalmiste, plein de reconnaissance
des secours qu'il a reçus du Seigneur,
le prie de le délivrer de la langue et
des mains de ses ennemis.
1. Cantique des degrés *.
* Ce psaume et les 14 suivants sont nommés Cantiques des degrés ou des montées,
Psaumes graduels, sans qu'on ait jamais su, d'une manière certaine, ce qui a pu
1272
J'ai crié vers le Seigneur, lors-
que j'étais dans la tribulation, et
il m'a exaucé.
2. Seigneur, délivrez mon âme
des lèvres iniques, et d’une lan-
gue trompeuse.
3. Que te sera-t-il donné, ou
que te reviendra-t-il pour ta lan-
gue trompeuse?
4. Lesflèches aiguës d’un archer
vigoureux, avec descharbonsdes-
tructeurs.
5. Malheur àmoi, parce que mon
séjour dans une terre étrangère
a été prolongé. J'ai habité avec
les habitants de Gédar;
6.Monâmea beaucoup séjourné
dans une terre étrangere.
". Avec ceux qui haissent la
paix, j'étais pacifique ; lorsque je
leur parlais, ils m'attaquaient gra-
tuitement.
Ps. CXX, 4. Il Par., xx, 17.
LES PSAUMES.
[Ps. cxx.*
PSAUME CXX
(Hinpn., CXXI).
Le Psalmiste, abandonné des hommes,
met toute sa confiance dans le Sei-
gneur. Ce psaume est en forme de dia-
logue.
Cantique des degrés.
1. Jai levé les yeux vers les
montagnes, d'oü me viendra le
secours.
2. Mon secours vient du Sei-
gneur, qui a fait le ciel et la terre.
3. Qu'il ne permette pas que
ton pied soit ébranlé, et qu'il ne
s'assoupisse pas, celui qui te
garde.
4. Vois, il ne s'assoupira, ni ne
dormira, celui qui garde Israél.
5. CestleSeigneur quite garde,
cest le Seigneur qui est tà pro-
tection ; il est sur ta main droite.
donner lieu à cette dénomination. On peut voir dans les interprétes les diverses ex-
plications qui ont été données de ce titre. — * Voir la note 4 à la fin du volume, au
mot ma‘alôth. — L'auteur vit dans un temps de trouble, peut-être du temps d'Es-
dras, aprés la captivité; il est entouré d'ennemis, comme une brebis au milieu des
loups, et il implore le secours de Dieu.
1-2. * Invocation à Dieu contre les fourbes.
3-4. * Apostrophe aux fourbes, qui ne retireront aucun profit de leur tromperie.
.3. Que te sera-t-il donné, etc. Le Psalmiste s'adresse à quelqu'un de ses calom-
niateurs en particulier ou bien à tous, en employant le nombre singulier, ce qui a
lieu assez souvent dans le style biblique.
4. D'un vigoureuz; du puissant; selon les Septante, c'est-à-dire de Dieu, ou selon
lhébreu, d’un fort, vigoureux, robuste archer. — Des charbons destructeurs (desola-
toriis); l'hébreu porte des charbons de genévriers, ou plutôt de genéts, qui croissent
dans les déserts de l'Arabie. Le grec lit les charbons du désert, c'est-à-dire provenant
de végétaux du désert. Remarquons que le terme hébreu, que la Vulgate traduit ici
par desolatoriis, est le même que celui qu'elle a rendu par genièvre, ou genévrier dans
III Rois, xix, 4, ὃ; Job, xxx, 4. 7
5-1. * Plainte du Psalmiste sur son sort.
5. Cédar, région qui tire son nom de Cédar, fils d'Ismaél (Genése, xxv, 13), et qui
fut connu depuis sous le nom de pays des Sarrasins.
1. * Ce psaume est écrit avec simplicité, élégance; il respire une grande sérénité
d'âme. Les pensées du poète sont exclusivement tournées vers les choses saintes. Il
est en route pour Jérusalem, où il est sûr de trouver le protecteur qui le garde de
tout mal.
5. Il est sur ta main droile; il la couvre, la met à l'abri; c'est-à-dire il t'assure la
victoire. Comme on se sert surtout de la main droite pour combattre, si Dieu la
protège dans le combat, on est sûr du succès.
[ps. cxxi.] LES PSAUMES. 1273
6. Pendant le jour, le soleil ne Je me suis réjoui des paroles
te brülera pas, ni la lune pendant | qui m'ont été dites : Nous irons
la nuit. dans la maison du Seigneur.
7. Le Seigneur te garde de tout 2. Nos pieds se tenaient dans
mal; que le Seigneur garde ton | tes parvis, ó Jérusalem.
áme. 3. Jérusalem, que l'on bátit
8. Que le Seigneur garde ton | comme une cité dont les parties
entrée etta sortie, 688 606 moment | sont unies ensemble.
et jusqu'à jamais. 4. Car, là sont montées les tri-
bus, les tribus du Seigneur; té-
PSAUME CXXI moignage d'Israël, pour y louer
(Héer., CXXII). le nom du Seigneur.
L'auteur exprime dans ce psaume la joie 5. Parce que là ont été établis
que ressentirent les Juifs captifs à Ba- | des tribunaux pour le jugement,
bylone, lorsqu'il leur fut permis de | des trónes pour la maison de
retourner à Jérusalem, David
1. Cantique des degrés. 6. Demandez ce qui importe à
6. Ni la lune pendant la nuit. Les Orientaux ont toujours attribué le froid de la
nuit à la lune, comme ils ont donné le nom de brûlure à l'effet du froid sur les corps,
aussi bien qu'à celui de la chaleur, parce que le froid et la chaleur desséchent éga-
lement les plantes et les font mourir, fanent les feuilles et les fleurs, et laissent sur
les corps vivants à peu près les mêmes marques et les mêmes impressions. Les au-
teurs grecs et latins ont aussi attribué au froid la vertu de brüler comme au chaud.
8. Entrée et sortie; ces mots, comme nous l'avons déjà remarqué plusieurs fois,
signifiaient ordinairement chez les Hébreux l'ensemble de la conduite, toutes les
actions de la vie.
1. L'hébreu, le chaldéen, le syriaque et plusieurs autres interprétes ont lu le nom
de David en tête de ce psaume, il n'en est pas de méme des Septante, de la Vulgate
et des Pères. — * Composé peut-être pendant la révolte d'Absalom. — Ce psaume
suppose très clairement l'existence des pèlerinages à Jérusalem, vers. 4-6, comme règle.
1-3. * Joie au départ pour Jérusalem; arrivée à la ville bien bâtie.
2. Nos pieds, etc. Avant la captivité nous avons demeuré dans, etc.
3. Dont les parties, etc.; littér. dont la participation est pour une méme chose. Or
le terme hébreu rendu dans les Septante et la Vulgate par le mot parlicipation si-
gnifie jonction, liaison, union. Ainsi le sens de cette dernière partie du verset est que
Jérusalem, dont les pierres et les édifices furent dispersés ou détruits pendant long-
temps, ont été de nouveau rétablis et rassemblés, de manière à constituer une ville
bien habitée et bien peuplée. Compar. Jérém., xxxi, 23, 24. — Quant à l'expression
de lui (ejus), qui forme un pléonasme, après dont (pléonasme qui se trouve aussi
dans les Septante), elle est inutile en grec et en latin, mais elle est nécessaire en
hébreu où le pronom appelé relatif sert simplement à exprimer la relation qui est
entre une proposition conjonctive et le nom qui est qualifié par cette proposition,
sans toutefois remplir, comme dans plusieurs autres langues, la fonction de sujet
ou de complément dans la proposition conjonctive elle-méme. On voit par là un
nouvel exemple de la fidélité avec laquelle la Vulgate reproduit le texte original.
4-5. * Les tribus d'Israël vont là en pèlerinage, selon la prescription (£émoignage)
faite à Israél, pour y louer le Seigneur et y étre jugés par la maison de David.
4. Les tribus, les tribus du Seigneur; c'est-à-dire toutes les tribus du Seigneur.
Voy. p. 341, 1o.
9. Des tribunaux, des trónes. La Vulgate, le grec et l'hébreu n'ont employé qu'un
seul terme, mais ce terme a, entre autres significations, celles de tribunaux et de
irónes, qui conviennent, d'ailleurs, parfaitement ici,
6-9. * Vœux pour la félicité de Jérusalem.
4274
la paix de Jérusalem : et que
l'abondance soit à ceux qui t'ai-
ment, ó cité sainte.
7. Que la paix regne dans ta
force, et l'abondance dans tes
tours.
8. A cause de mes freres et de
mes proches, je parlais paix à ton
sujet ;
9. A cause de la maison du Sei-
gneur notre Dieu, j'ai cherché des
biens pour toi.
LES PSAUMES.
[Ps. cxxir.]
1.J'ailevé mes yeux vers vous,
qui habitez dans les cieux.
2. Voyez, comme les yeux des
esclaves sont fixés sur les mains
: de leurs maitres,
Comme les yeux d'une ser-
vante /e sont sur les mains de sa
maîtresse; ainsi nos yeux sont
fixés sur le Seigneur notre Dieu,
jusquà ce quil ait pitié de
nous.
3. Ayez pitié de nous, Seigneur,
ayez pitié de nous; parce que
nous avons été entierement rem-
plis de dédain :
4. Parce que notre âme en a été
entièrement remplie : nous som-
mes un opprobre pour ceux qui
sont dans l'abondance, et un dé-
dain pour les superbes.
PSAUME CXXII
(HéBR., CXXIII).
Ce psaume contient une priére, qu'Ori-
gene, saint Jean Chrysostome, Théo-
dore d'Héraclée, Théodoret, Bède, etc.,
mettent dans la bouche des captifs ac-
cablés sous le joug des Babyloniens.
Cantique des degrés.
1. Force. Le terme hébreu rendu ici dans les Septante et la Vulgate par force,
puissance (virtute), est traduit ailleurs dans les mêmes versions par forteresse ou
rempart, forlificalion avancée, avant-mur, armée, troupes, sens qu'il a aussi en divers
endroits, et que le contexte lui-méme autorise certainement dans ce verset.
8. Ce verset et le suivant contiennent la réponse des Israélites que l'on a exhortés,
dans les précédents, à donner des bénédictions à Jérusalem. — Mes frères et mes
proches; qui me sont unis par la religion et qui demeurent dans ton enceinte. —
Je parlais, etc.; c'est-à-dire je te souhaitais la paix.
9. A cause de la maison, etc.; en considération du temple du Seigneur et de l'arche
d'alliance que tu as le bonheur de posséder. — J'ai cherché à te procurer toutes
sortes de biens. — * La Jérusalem terrestre est la figure de la Jérusalem céleste,
aussi les sentiments exprimés dans ce psaume conviennent-ils parfaitement au
chrétien qui aspire au ciel. « Je me suis réjoui, etc., vers. 1. Il est donc vrai que
nous irons à la maison du Seigneur... Que les enfants du siecle se livrent à la fureur
de leurs passions. Pour nous, enfants de lumiére, hommes de désirs, nous demeu-
rerons immobiles sur le seuil de la porte du Temple de Jérusalem; nous n'aurons
de conversation et de commerce que dans le ciel; notre cœur sera tout entier là où est
notre véritable trésor... Car là sont montées les tribus, les tribus du Seigneur. Que
leur sort est désirable ! Nous sommes au vestibule, et ils ont pénétré jusqu'au Saint
des Saints; nous craignons et ils sont dans l'assurance; nous combattons et ils
triomphent; nous souffrons et ils sont enivrés d'un torrent de voluptés; nous croyons
st ils voient; nous espérons et ils possèdent; nous gémissons et ils louent; nous
prions et ils louent. Pour y louer le nom du Seigneur. Voilà la seule ambition qui
nous soit permise. Tout ce qui n'est pas la céleste Jérusalem est indigne de nous;
ne souhaitons, ne demandons que les biens et la paix qu'elle renferme. Demandez
ce qui importe à la paix de Jérusalem. Ne songeons qu'au ciel, ne cherchons que le
ciel, n'amassons que pour le ciel; ne vivons que dans le ciel. À cause de la maison
du Seigneur notre Dieu, j'ai cherché des biens pour toi. » (L'abbé PoUuLLE.)
1. * Le pieux Israélite lève ses yeux avec confiance vers Dieu 1? pour connaitre sa
volonté, 1-2; 29 pour recevoir sa grâce au moment de l'affliction, 3-4, /
rs cxxiv.]
PSAUME CXXIII
(Hérr., CXXIV).
Ce psaume contient les actions de gráces
des captifs délivrés de leurs ennemis.
ils reconnaissent que, sans une protec-
tion particulière de Dieu, ils étaient
perdus sans ressource.
1. Cantique des degrés.
Si le Seigneur n’eût été au
milieu de nous, dise maintenant
Israél;
9. Sile Seigneur n'eüt été au
milieu de nous,
Lorsque les hommes s'insur-
geaient contre nous,
3. Peut-étre nous auraient-ils
dévorés tout vivants :
Lorsque leur fureur s'irritait
contre nous,
4. Peut-étre que l'eau nous au-
rait engloutis.
5. Notre àme a traversé un tor-
rent : peut-étre notre àme aurait
passé dans une eau sans fond.
6. Béni 16 Seigneur, qui ne nous
ἃ pas donnés en proie à leurs
dents.
LES PSAUMES.
1275
7. Notre âme, comme un passe-
reau, a élé arrachée du filet des
chasseurs : le filet a été rompu,
et nous, nous avons été déli-
vrés.
8. Notre secours est dans le
nom du Seigneur qui a fait le ciel
et la terre.
PSAUME CXXIV
(Hégn., CXXV).
Le Psalmiste représente le bonheur de
ceux qui se confient en Dieu. Il ne lais-
sera pas longtemps les justes sous la
verge des pécheurs.
1. Cantique des degrés ".
Ceux qui se confient dans le
Seigneur sont comme la mon-
tagne de Sion : il ne sera jamais
ébranlé, celui qui habite
2. Dans Jérusalem.
Des montagnes sont autour
d'elle, et le Seigneur autour de
son peuple, dés ce moment et
jusqu'à jamais.
3. Parce que le Seigneur ne
laissera pas la verge des pécheurs
sur l'héritage des justes, afin que
1. * Ce beau psaume peint les efforts qu'ont fait les ennemis du peuple de Dieu
pour le dévorer, mais Dieu les a arrachés à leur rage. Cette même pensée est exprimée
sous des images diverses : des flots qui menacaient de les engloutir, des réts qu'on
leur tendait pour les prendre. — Les aramaismes du texte original indiquent que
la composition est relativement récente. Elle est faite avec un art raffiné.
5. Sans fond; sans fondement, selon les Septante; la Vulgate porte intolerabilem,
qui ne supporte pas, qui n'offre pas d'appui, de soutien, sur laquelle on ne peut
fixer le pied; ce qui revient au sens donné par les Septante.
6. À leurs dents; aux dents des hommes, nommés au vers. 2.
a * Composé sans doute pendant la captivité, vers. 3. — Ce psaume développe la
pensée que Dieu protége ceux qui lui demeurent fidéles au milieu des épreuves de
la captivité.
1-2. * Qui se confie en Dieu est inébranlable comme Jérusalem sur ses montagnes.
Les montagnes, dans l'Ecriture, sont l'image de la sécurité, parce que c'est là que
les Hébreux se mettaient à l'abri de leurs ennemis.
2. * Voir la note 15 sur Jérusalem à la fin du t. Ier, p. 769.
3. La verge des pécheurs; c'est leur domination, leurs injustes violences. — Afin
que les justes ne succombent pas à la violence de la tentation; qu'ils ne se laissent
pas aller au découragement et au désespoir, et qu'ils n'imitent point les pécheurs
auxquels ils seraient assujettis. — * La pensée exprimée dans ce verset est que la
captivité prendra fin. |
1276
les justes n'étendent point leurs
mains vers l'iniquité.
4. Faites du bien, Seigneur,
aux bons, et aux droits de cœur.
9. Mais ceux qui se détournent
dans les voies tortueuses, le Sei-
gneur les amènera avec ceux qui
opèrent l'iniquité : paix sur Israël.
PSAUME CXXV
(Hésr., CXXVI).
Les Juifs revenus de la captivité de Ba-
bylone louent le Seigneur, et le prient
de faire revenir leurs frères qui sont
encore dans le lieu d'exil.
LES PSAUMES.
[Ps. cxxv.]
2. Alors notre bouche fut rem-
plie de chants de joie, et notre
langue de cris d'exultation.
Alors on dira parmi les na-
lions : Le Seigneur a magnifique-
ment agi avec eux.
3. Le Seigneur a magnifique-
ment agi avec nous : nous som-
mes devenus pleins de joie.
4. Faites revenir, Seigneur,
notre captivité, comme le torrent
au midi.
5. Ceux qui sement dansleslar-
mes moissonneront dans l'exulta-
tion.
6. Allant, ils allaient et pleu-
raient, jetant leurs semences :
Mais, venant, ils venaient avec
exultation, portant leurs gerbes.
1. Cantique des degrés *.
Quandle Seigneur afaitrevenir
la captivité de Sion, nous fûmes
comme des consolés.
4-5. * Que Dieu traite le bon avec bonté; le méchant, qu'il le punisse, et qu'il donne
sa paix à Israél.
5. Les voies tortueuses; c'est le sens de l'hébreu et du grec; la Vulgate porte obli-
galiones, mot que quelques-uns pensent être une faute de copiste, et avoir été mis
pour obliquationes, obliquités. D'autres croient que l'auteur de la Vulgate a réelle-
ment traduit par obligationes, mais en prenant ce mot dans le sens d'entortillement,
ce qui revient à l'expression de l'hébreu et du grec. — Les aménera, etc.; c'est-à-dire
permettra qu'ils se joignent à ceux qui, etc.
3* Les versets 1-3 s'occupent du passé, les versets 4-6, de l'avenir. Dans le passé,
le Psalmiste rappelle la joie du retour de lacaptivité; des difficultés sont survenues
depuis; les peuples qui entourent Juda lui suscitent toutes sortes d'obstacles pour
entraver la reconstruction du temple; tous les captifs ne sont pas revenus, mais que
personne ne se laisse abattre : on séme dans les larmes, on récoltera dans l'allé-
gresse.
1. Comme des consolés; comme des gens qui passent d'une grande affliction à la
consolation la plus vive en apprenant une nouvelle heureuse et inattendue.
4. Le torrent au midi. Le mot torrent étant précédé de l'article déterminatif dans
les Septante, il est question ici non d'un torrent en général, mais d'un torrent par-
ticulier et connu. Or, c'est probablement le Nil, fleuve de l'Egypte, qui était au midi
de la Palestine. Ainsile sens du verset serait : Faites revenir, Seigneur, nos captifs,
comme vous faites revenir le Nil pour arroser et fertiliser le pays, aprés qu'il l'a
laissé dans la sécheresse pendant l'été. Cette interprétation, il est vrai, demanderait
torrent à l'accusatif ({orrentem); mais, comme nous l'avons déjà remarqué plus d'une
fois, dans 1» style biblique, les cas se mettent l'un pour l'autre, sans égard pour la
concordazce latine. A la vérité, le texte hébreu porte: Comme des torrents dans le
midi; mais c'est toujours la méme idée; car ce que nous venons de dire du Nil en
particulier est applicable aux divers torrents du sud de la Judée, de l'Idumée et de
l'Arabie Pétrée.
6. * Allant, ils allaient. Le participe du verbe, placé devant le verbe, correspond
à un idiotisme hébraique qui a pour objet de donner plus de force à l'expression;
7 est une forme intensitive,
[Ps. σχχυπ.
PSAUME CXXVI
(Hésr., CXXVII).
Le Psalmiste exhorte les Juifs qui avaient
entrepris de rebátir la ville de Jérusa-
lem et le temple du Seigueur, à n'at-
tendre que de lui le succès de cette en-
treprise.
1. Cantique des degrés de Salomon 5.
Si le Seigneur ne bâtit une
maison, en vain travaillent ceux
qui la bâtissent.
Si le Seigneur ne garde une
cité, inutilement veille celui qui
la garde.
2. C'est chose vaine à vous de
vous lever avant le jour : levez-
vous aprés que vous aurez pris
du repos, vous qui mangez un
pain de douleur.
Lorsqu'laura donné ἃ 565 bien-
aimés le sommeil,
3. Voici l'héritage du Seigneur,
LES PSAUMES. 1271
4. Comme des flèches aans la
main d'un archer vigoureux, ainsi
sont les fils des exilés.
9. Bienheureux lhomme qui
par eux a rempli son désir; il ne
sera pas confondu, lorsqu'il par-
lera à ses ennemis à la porte de
la ville.
PSAUME CXXVII
(Hésr., CXXVIII).
Le Psalmiste représente le bonheur de
ceux qui craignent le Seigneur et qui
marchent dans ses voies.
1. Cantique des degrés.
Bienheureux tous ceux qui
craignent le Seigneur, et qui
marchent dans ses voies.
2. Parce que tu mangeras /e
fruit de tes travaux, tu es bien
heureux, et bien te sera encore.
3. Ta femme sera comme une
vigne féconde dans l'intérieur de
ta maison :
Tes enfants, comme de jeunes
des fils; la récompense, le fruit
des entrailles.
* * De Salomon. — Le nom de Salomon manque dans la plupart des exemplaires
des Septante, et Théodoret observe que le 1er verset semble indiquer qu'il s'agit non
du premier temple, mais du second, dont la construction fut entravée par les
peuples voisins, vers. 2, et fort difficile à cause du petit nombre de Juifs qui étaient
revenus de captivité avec Zorobabel, vers. 4. Il faut remarquer d'ailleurs que ce
psaume imite les écrits de Salomon. — Voici le développement des pensées conte-
nues dans ce psaume. — 1: Tous nos efforts sont vains, sans le secours de Dieu; —
2 : Vain le lever matinal, vaine la veille prolongée, sans travail, tandis que à celui qu'il
aime, pendant qu'il dort, Dieu donne son pain. — 3-5 : Comme bénédiction spéciale de
la Providence, le Psalmiste énumere les enfants:ils sont la force de la famille, comme
des flèches dans un carquois, les défenseurs naturels des parents devenus infirmes.
1, 3. Voyez, pour le sens général de ces trois versets, II Esd»., 1v-vr.
3. Voici l'héritage, etc.; c'est-à-dire que les ^ bien-aimés (vers. 2) recevront du
Seigneur pour héritage des fils, et pour récompense, le fruit des entrailles, expres-
sion synonyme d'enfants.
4. Exilés; littér. secoués, ébranlés; et par extension, bannis, chassés de leur pays.
5. Qui par eux; par leur nombre; c'est-à-dire qui aura eu autant de fils qu'il en
désirait. — Lorsqu'il parlera ; s’il lui survient une dispute, un procès, une querelle
contre quelqu'un de ses concitoyens. — À la porte de la ville; c'était là que, chez les
Hébreux, se trouvaient des tribunaux et que se rendait la justice.
1. * Le Psalmiste chante le bonheur du juste dans sa famille, et termine par des
souhaits en faveur de Jérusalem. — Heureux qui garde la loi, il jouira du fruit de
ses mains (vers. 1-2), et aura une nombreuse famille (vers. 3). Ainsi il sera béni et
verra Jérusalem prospère (vers. 4-6).
3. Dans les coins (in lateribus); l'hébreu dit dans l'intérieur,
1278
plants d'oliviers, autour de ta
table.
4. Ainsi sera béni l'homme qui
craint le Seigneur.
5. Que le Seigneur te bénisse
de Sion, et que tu voies les biens
de Jérusalem, tous les jours de
ta vie.
6. Et que tu voies les fils de tes
fils, la paix sur Israël.
PSAUME CXXVIII
(Hésr., CXXIX).
Le Psalmiste exhorte les enfants d'Israél
à louer le Seigneur de la protection
qu'il leur a accordée.
1. Cantique des degrés.
Souvent ils m'ont attaqué de-
puis ma jeunesse, qu Israël le dise
maintenant.
2. Souvent ils m'ont attaqué de-
puis ma jeunesse, mais ils n'ont
rien pu contre moi.
3. Sur mon dos ont travaillé les
pécheurs; ils ont prolongé leur
iniquité.
LES PSAUMES.
.
[Ps. cxxix.]
4. Le Seigneur, qui est juste, a
abattu la tête des pécheurs ;
6. Qu'ils soientconfondus, qu'ils
retournent en arriere tous ceux
qui haissent Sion.
6. Qu'ils deviennent comme
l'herbe des toits, qui, avant qu'on
l'arrache, est desséchée ;
7. Dont ne remplit pas sa
main celui qui moissonne, ni
son sein celui qui recueille les
gerbes.
8. Et ils n'ont pas dit, ceux
qui passaient : La bénédiction
du Seigneur soit sur vous, nous
vous bénissons au nom du Sei-
gneur.
PSAUME CXXIX
(HÉsR., CXXX).
Dans ce psaume, qui est un des sept pé-
nitentiaux, l'auteur, du fond de l'abime
où ses péchés l'ont plongé, envisage la
miséricorde du Sauveur et espère en
sa bonté.
1, Cantique des degrés.
5. De Sion. Sion était considérée comme la demeure particulière de Dieu, à cause
du tabernacle qui s'y trouvait. — Que tu voies. Le verbe hébreu, que les Septante et
la Vulgate ont rendu par voir, signifie aussi éprouver, goûter, jouir de; c'est certai-
nement le sens qu'il a ici.
1-8. * Deux strophes : 1-4 : Dieu a mis fin aux malheurs d'Israél; — 5-8 : Puisse
ce triomphe étre durable !
1. Souvent, etc. Les uns appliquentles paroles dece verset et des suivants à David,
persécuté dés sa jeunesse, et toujours supérieur à ses ennemis; les autres aux Juifs,
qui ayant essuyé pendant un long temps tout ce que la malice et l'envie de leurs
ennemis purent inventer contre eux, se trouvèrent enfin tranquilles dans Jérusalem
après la captivité, virent le temple du Seigneur rétabli et les murs de la ville réparés.
3. Sur mon dos, etc. L'hébreu porte : Sur mon dos, des laboureurs ont labouré ; ils
y ont tracé de longs sillons; ce qui était, sans doute, une manière de parler prover-
biale, pour dire, ils m'ont battu de verges et m'ont fait de profondes blessures.
6. L'herbe des toits, etc. Les toits de la Palestine étaient en plateforme, et l'herbe
y croissait souvent; mais comme le pays était très chaud et que cette herbe manquait
de nourriture, elle se flétrissait et se desséchait bientót.
7. * Nison sein. Les Orientaux mettent dans leur sein les petits objets qu'ils ra-
massent.
1-8. * Ce psaume, [6 65 des pénitentiaux, est, dans les prières de l'Eglise, le gémis-
sement des âmes du purgatoire. C'est. une invocation touchante du pécheur qui
demande à Dieu de le traiter avec miséricorde. « Ce chant extraordinaire, que chacun
de nous a répété sur sa propre douleur, [fut] d'abord l'explosion d'un déchirement
[ps. cxxx.]
Des profondeurs de /'abime j'ai
crié vers vous, Seigneur ;
2. Seigneur, écoutez ma voix.
Que vos oreilles deviennent at-
tentives àla voix de ma suppli-
calion.
3. Si vous observez les iniqui-
tés, Seigneur, Seigneur, qui ré-
sistera ὦ votre jugement 7
4. Mais en vous est la propitia-
tion, et à cause de votre loi, je
vous ai attendu avec patience,
Seigneur.
Mon àme s'est soutenue par sa
parole;
5. Mon âme a espéré dans le Sei-
gneur.
6. Depuis la veille du matin
jusqu'à la nuit, qu'Israél espere
dans le Seigneur.
1. Parce que dans le Sei-
gneur est la miséricorde, et
en lui une abondante rédemp-
tion.
8. Et lui-même rachètera Israël
de toutes ses iniquités.
LES PSAUMES.
PSAUME CXXX
(Hésr., CXXXI).
Le Psalmiste prend le Seigneur à témoin
que son cœur a été très éloigné des
sentiments d'orgueil et d'ambition que
ses ennemis lui supposaient injuste-
men +.
1. Cantique des degrés de David.
Seigneur, mon cœur ne s'est
pas exalté, et mes yeux ne se sont
pas élevés.
Je n'ai pas non plus marché
dans les grandeurs, ni dans les
choses merveilleuses au-dessus
de moi.
2. 51 je n'avais pas d'humbles
sentiments, si au contraire j'ai
exalté mon àme,
Que comme l'enfant qui a été
sevré sur sa mere, ainsi soit
traitée mon àme.
8. Qu'Israél espere dans le Sei-
gneur, dès ce moment et jusqu'à
jamais.
individuel, explosion d'un pathétique tellement expressif que, n'ayant ni auparavant
ni depuis rien entendu de comparable, l'Eglise en a fait la lamentation liturgique
des adieux suprémes. » (E. OLLivier.) — Quatre strophes : 1-2 : Appel à la miséri-
corde de Dieu; — 3-4* : parce que, s'il traite tout le monde avec une justice rigou-
reuse, personne ne pourra le soutenir. — 4b-6 : Motif de confiance : Le Psalmiste
espère, — 1-8 : parce que Dieu est plein de miséricorde.
1. Des profondeurs de l'abime; c'est-à-dire de mon malheur, de ma misére, de mon
infortune; ou selon saint Chrysostome, Théodoret et quelques autres auteurs grecs,
au fond de mon cœur.
4. A cause de votre loi, à cause des promesses de votre loi. Voy. Lévit., xxv1; Deutér.,
XXVIII.
6. La veille du matin; c'est-à-dire l'espace de temps compris entre 16 chant du coq
et le lever du soleil. Compar. Exod., xiv, 24.
1.* Ce psaume rend bien les sentiments de David, toujours parfaitement soumis
à la volonté de Dieu dans toutes les circonstances de sa vie. — Trois strophes :
4 : Le Psalmiste n'aspire pas à ce qui est au-dessus de lui. — 2 : Il a fait taire son
âme, comme un enfant sevré. — 2-3: Qu'Israél espère en Dieu.
2. Si je n'avais, etc. C'était la formule ordinaire des vœux ou serments des Hébreux.
Voy. Ps. xav, 11. — Que comme l'enfant, etc.; c'est l'imprécation jointe au vœu, et
dont le sens est : Je veux que Dieu me traite comme on traite un enfant qui, lors-
qu'on le sèvre, gémit entre les bras de sa mère. Voy., sur les formules de serments,
Ps. xciv, 11.
4280
PSAUME CXXXI
(Hisn., CXXXII).
Le Psalmiste prie le Seigneur de se sou-
venir de David, et d'accomplir en sa
considération les promesses qu'il lui a
faites.
1. Cantique des degrés.
Souvenez-vous, Seigneur, de
David, et de toute sa douceur ;
2. Comme il a juré au Seigneur,
et voué ce vœu au Dieu de Jacob :
3. Si j'entre dans l'intérieur de
ma maison, si je monte sur le lit
de mon repos;
4. Si jaccorde à mes yeux le
sommeil, et à mes paupieres l'as-
soupissement ;
ὃ. Et le repos à mes tempes,
jusqu'à ce que je trouve un lieu
LES PSAUMES.
(es. cxxx1.]
pour le Seigneur, un tabernacle
pour le Dieu deJacob.
6. Voilà que nous avons appris
qu il était à Ephrata, nous l'avons
trouvé dans les champs de la fo-
ret.
1. Nous entrerons dans son ta-
bernacle, nous adorerons dans le
lieu où se sont arrêtés ses pieds.
8. Levez-vous, Seigneur, e£ en-
(rez dans votre repos, vous et
l'arche de votre sanctification.
9. Que vos prétres soient revé-
tus de justice et que vos saints
exultent.
10. A cause de David votre ser-
viteur, ne détournez pas la face
de votre christ.
11. Dieu a juré la vérité à Da-
vid, et il nel'éludera pas : Je met-
Ps. CXXXI. 3. II Rois, vii, 2. — 8. II Par., vi, 41. — 11. II Rois, vir, 12; Luc, 1, 55;
Actes, 11, 30.
1.* Ce psaume demande la protection divine pour la famille de David et annonce
le règne du Messie. Il fut probablement composé par Salomon pour la Dédicace du
temple, II Par., νι, 41. — Les versets 1-10, rappellent à Dieu ce que David a fait pour
lui : Projet de lui élever un temple (vers. 1-5); transport de l'arche à Jérusalem
(vers. 6-10), — et lui demandent d'en récompenser sa postérité. Les versets 11-18,
reproduisent les promesses que D:eu avait faites à David.
3-5. Ces trois versets expriment l'objet du vœu ou serment du Psalmiste, mais
l'imprécation qui suit le jurement est sous-entendue. Voyez Ps. xciv, 11. Compar.
II Rois, vit, 2; ΠῚ Paral., vt, 4.
6. Nous avons appris, etc. Ces paroles et celles des deux versets suivants sont attri-
buées par les uns à David et par les autres au peuple juif captif. — Qu'il ; c'est-à-dire
le tabernacle ({abernaculum) du vers. précédent; la Vulgate et les Septante disent
elle (eam). Voy. sur cette anomalie Ps. cxvir, 50. — Ephrata désigne probablement
ici la tribu d'Ephraim, dans laquelle était située Silo, ville qui possédait l'arche et le
tabernacle. Or, il est certain que l'arche demeura dans cette tribu depuis Josué jus-
qu'à Samuel, et que de là elle fut transportée à Cariathiarim, σὰ elle demeura jus-
qu'au commencement du règne de David sur tout Israël. Compar. Ps. rxxvir, 60, 67.
— Les champs de la forét; le mot hébreu Cariathiarim signifie, en effet, ville des bois.
— *' Le texte original porte :
Nous entendimes dire qu'elle [l'arche] était à Ephrata,
Et nous la: trouvàmes dans les champs de Yahar,
Yahar siguifie forét et a été traduit par sylva dans la Vulgate. C'était un endroit près
de Cariathiarim. Cariathiarim était une ville de Juda, sur la route de Jérusalem ἃ
Jaffa, dans les montagnes.
8. L'arche de votre sanctification. Voy. Ps. Lxxvir, 54; Ps. xcv, 6. — Levez-vous,
Seigneur. Compar. II Parul., νι, 41.
10. De votre christ; c'est-à-dire de votre oint. Salomon fut oint ou sacré roi par le
prétre Sadoc (III Rois, τ, 39).
41. Dieu a juré, etc. Ces promesses se rapportent, selon la lettre, à Salomon; mais
(rs. cxxxit.]
trai wn fils du fruit de tes en-
trailles sur ton trône.
19. Si tes fils gardent mon al-
liance et mes témoignages que
je leur enseignerai,
Et si leurs fils 165 gardent aussi,
jusquà jamais ils s'asseoiront
sur ton tróne.
13. Puisque le Seigneur a choisi
Sion, il l'a choisi pour son habita-
tion.
14. C’est là pour toujours le lieu
de mon repos, j'y habiterai, puis-
que je l'ai choisie.
45. Bénissant, je bénirai sa
veuve : ses pauvres, je les rassa-
sierai de pain.
16. Je revétirai ses prétres du
salut, et ses saints exulteront
d'exultation.
11. Là je produirai la corne de
LES PSAUMES.
1984
18. Je couvrirai ses ennemis de
confusion, mais sur lui fleurira
ma sanctification.
PSAUME CXXXII
(Héer., CXXXIII).
Bonheur des Juifs rassemblés à Jérusalem
aprés la captivité.
1. Cantique des degrés de David.
Voyez qu'il est bon et qu'il est
agréable que des frères habitent
ensemble !
2. C'est comme un parfum sur
une téte, lequel descend sur une
barbe, la barbe d'Aaron,
Lequel descend sur le bord de
son vétement ;
3. C'est comme la rosée d'Her-
mon, e£ celle qui descend sur la
montagne de Sion.
Puisque c’est là que le Seigneur
a établi la bénédiction, et la vie
jusqu'à jamais.
David : j'ai préparé une lampe à
mon christ.
17. Malac., τπ|, 1; Luc, 1, 69.
dans un sens plus élevé, elles conviennent parfaitement à Jésus-Christ, descendu de
David selon la chair, et roi éternel, non seulement des tribus d'Israël, mais de toutes
les nations de la terre. Compar. 11 Rois, virt, 12; Luc, τ, 55; Actes, 11, 30.
15. Bénissant je bénirai; hébraisme, pour je multiplierai les bénédictions.
17. La corne (cornu); c'est-à-dire la force, la puissance. — Une lampe; un fils, un
successeur glorieux, illustre. Les auteurs sacrés emploient souvent cette figure ; on
la trouve méme quelquefois dans les écrivains profanes.
18. Mais sur lui, etc.; je me le consacrerai d'une manière éclatante, splendide.
1. * Le Psalmiste chante l'union fraternelle des Israélites, quand ils se réunissent
pour les grandes cérémonies religieuses. Le grand-prétre, fils d'Aaron, qui leur appa-
rait alors, avec ses ornements éclatants et tout couvert de parfums, les ravit d'ad-
miration; la rosée qui tombe sur l'Hermon les charme; non moins admirable, nou
moins charmante, est la réunion des frères.
2. Un parfum, une 1610 une barbe. Ces mots n'étant pas précédés de l'article déter-
minatif dans le grec, version sur laquelle a été traduite notre Vulgate, et donnant
d'ailleurs un meilleur sens, nous avons dû y conformer notre traduction.
3. Et celle; mots évidemment sous-entendus; car le Psalmiste ne pouvait nullement
ignorer que la rosée qui descendait du mont Hermon, situé au delà du Jourdain, ne
pouvait tomber sur le montagne de Sion, située en decà de ce fleuve, et à plus de
cinquante lieues d'Hermon. D'ailleurs ce genre d'ellipse n'est pas rare dans les éeri-
vains sacrés. — * « Cet hymne national, destiné à être chanté pendant les réjouis-
sances publiques, ainsi que le prouventles deux derniers vers, s'arrondit avec une
grâce parfaite, dit Herder. De l'image de l'huile précieuse qui coule de la tête du
grand prétre sur toute sa personne, le poéte passe à celle de la rosée qui descend de
la plus haute des montagnes, puis il s'arréte sur le tableau de la prospérité de Sion.
N'est-ce pas là la véritable marche de l'ode? Le grand prêtre Aaron lui-même n'est-il
us T. -- el
PSAUME CXXXIII
(Hésr., CXXXIV).
Le Psalmiste exhorte les prétres et les
Lévites à louer le Seigneur et à l'invo-
quer pour son peuple.
1. Cantique des degrés a.
Vous maintenant, bénissez le
Seigneur, vous tous serviteurs du
Seigneur;
Qui demeurez dans la maison
du Seigneur, dans les parvis de
la maison de notre Dieu,
2. Durant les nuits, élevez vos
mains vers les choses saintes, et
bénissez le Seigneur.
3. Que le Seigneur te bénisse
de Sion, lui qui ἃ fait le ciel
et la terre.
PSAUME CXXXIV
(Hésr., CXXXV).
Le Psalmiste exhorte les ministres du
Seigneur à le louer des bontés qu'il a
Ps. CXXXIV. 7. Jérémie, x, 13.
LES PSAUMES.
[Ps. [.טנצאצ6
eues pour Jacob, et des faveurs dont il
ἃ comblé sa postérité.
1. Alleluia.
Louez le nom du Seigneur,
louez le Seigneur, vous ses servi-
teurs,
9. Qui demeurez dans la maison
du Seigneur, dans les parvis de
la maison de notre Dieu.
3. Louez le Seigneur, parce que
le Seigneur est bon : chantez son
nom, parce que son nom est doux,
4. Parce que le Seigneur s'est
choisi Jacob et Israél pour sa
possession.
5. Car moi j'ai connu que le
Seigneur est grand, et que notre
Dieu est au-dessus de tous les
dieux.
6. Tout ce qu'il a voulu, le Sei-
gneur l'a fait dans le ciel, sur la
terre, dans la mer et dans tous
les abimes.
+ 7. Amenant des nuages de l'ex-
pas l'image d'un frère gracieux et paisible, que son frère oint de tout l'éclat d'Israël
avec la bienveillance de Dieu? »
a * Ce psaume est le dernier des psaumes graduels. Il se compose de deux courtes
strophes : 1-2; 3.— La 1reest une invitation, faite pendant la nuit, à louer le Seigneur.
— La seconde est la réponse à cette invitation.
1. * Qui demeurez. Dans le texte original : qui vous tenez pour servir dans la mai-
son de Dieu, qui remplissez les fonctions des prétres ou des lévites.
2. Vers les choses saintes (in sancta); ce qui peut s'entendre de l'arche et du propi-
tiatoire ou bien du sanctuaire. — * Durant les nuits. En hébreu, ces mots sont la fin
dela phrase précédente.
3. Que le Seigneur te bénisse. C'est, suivant les uns, une apostrophe des prétres et
,des Lévites au peuple qui s'en retourne aprés la dédicace du temple, et, selon les
autres, une continuation de l'exhortation faite, dans les versets précédents, aux
prétres et aux Lévites de bénir le Seigneur; ce qui est plus vraisemblable, parce que
dans l'exhortation il n'est nullement: fait mention de bénir le peuple, ou de prier
pour lui. Quant au singulier fe, il ne saurait être un obstacle; car, comme nous
l'avons déjà fait remarquer plusieurs fois, cet énallage de nombre n'est pas rare
dans le style biblique.
1. * Voici la suite des pensées exprimées dans ce psaume : — 1-4 : Exhortation
à louer Dieu; — 5-7 : parce qu'il est le Maitre de la nature; — 8-12 : qu'il a délivré
son peuple de la servitude d'Egypte, et lui a donné la terre de Chanaan ; — 13-44 :
qu'il est plein de gloire, et sauve son peuple; — 15-18 : tandis que les dieux des
paiens ne sont rien, — 19-21 : Que tout Israél loue donc le Seigneur.
2. * Qui demeurez dans la maison du Seigneur. Voir. Ps. cxxxut, 4,
ls. CXXXV.]
trémité de la terre, il 8 changé
des éclairs en pluie.
C'est lui qui tire les vents de
ses trésors ;
8. Cest lui qui a frappé les
premiers-nés d'Egypte, depuis
l'homme jusqu’à la bête.
9. Et il a envoyé des signes et
des prodiges au milieu de toi, ὃ
Egypte, contre Pharaon et contre
tous ses serviteurs.
10. C'est lui qui a frappé des
nations nombreuses, et a tué des
rois puissants,
11. Séhon, roi des Amorrhéens,
et Og, roi de Basan, et tous les
royaumes de Chanaan.
19. Et il a donné leur terre en
héritage, en héritage à Israél son
peuple.
13. Seigneur, votre nom' sub-
sistera éternellement, et votre
souvenir dans toutes les généra-
tions.
14. Parce que le Seigneur ju-
gera son peuple, etil seraimploré
par ses serviteurs.
15. Les simulacres des nations
sont de largent et de l'or; des
ouvrages de main d'hommes.
16. Ils ont une bouche, et ils ne
LES PSAUMES.
1288
parleront pas; ils ont des yeux,
et ne verront pas.
17. Ils ont des oreilles, et ils
n'entendront pas, car il n'y a pas
de souffle dans leur bouche.
18. Qu'ils leur deviennent sem-
blables, ceux qui les font, et tous
ceux qui se confient en elles.
19. Maison d'Israël, bénissez le
Seigneur; maison d'Aaron, bé-:
nissez le Seigneur. :
20. Maison de Lévi, bénissez le ,
Seigneur; vous qui craignez le!
Seigneur, bénissez le Seigneur. |
21. Béni soit le Seigneur du
haut de Sion, lui qui habite dans
Jérusalem.
PSAUME CXXXV
(Hégr., CXXXVI).
Le Psalmiste exalte la miséricorde du
Seigneur par le récit des principales
merveilles qu'il a opérées en faveur du
peuple d'Israël.
1. Alleluia.
GlorifiezleSeigneur, parce qu'il
est bon, parce qu'éternelle est sa
miséricorde.
2. Glorifiez le Dieu des dieux,
parce qu'éternelle est sa miséri-
corde.
8. Exode, xu, 29. — 10. Jos., xit, 1, 7. — 11. Nomb., xxi, 24, 35. — 15. Supra, exui, 4.
— 16. Sag., xv, 15.
.ו
11. * Basan. Voir Nombres, xx1, 33.
13. Toutes lés générations; littér. et par hébraisme, génération et génération. Voy.
p. 341, 15.
11. De souffle; de vie.
j
1. * 1» Le Psalmiste exhorte le peuple à louer Dieu, 1-3; — 20 à cause des mer-.
veilles qu'il à opérées pendant les six jours de la création, 4-9 ; — 3» de la délivrance!
d'Israel de l'Egypte, 10-15; — 4» du don de la Terre Promise, 16-22; — ὅο des dons,
qu'il accorde à chacun, 23-26. — Ce psaume a cela de particulier, que le refrain est |
intercalé entre chaque vers (26 fois) : parce qu'éternelle est sa miséricorde. — Un solo;
chantait, sans doute, chaque vers, et le chœur reprenait aussitôt le refrain, qui^
était comme le répons de nos litanies. |
2-3. Dieu des dieux; Seigneur des seigneurs; par ces expressions, le Psalmiste a
voulu dire que Dieu est supérieur à toute puissance, de quelque nature qu'elle soit,
dans le ciel, surla terre ou méme dans les enfers. Quant au mot dieux en particulier,
on le donne assez souvent aux juges, aux magistrats. Voy. Ps. אצאצ 1.
4984
3. Glorifiez le Seigneur des sei-
gneurs, parce qu'éternelle est sa
miséricorde ;
4. Qui seulfait de grandes mer-
veilles, parce qu'éternelle est sa
miséricorde ; |
ὃ. Qui a fait les cieux avec in-
telligence, parce qu'éternelle est
sa miséricorde ;
6. Qui a affermi la terre sur les
eaux, parce qu'éternelle est sa
miséricorde ;
1. Qui a fait de grands lumi-
naires, parce qu'éternelle est sa
miséricorde ;
8. Le soleil pour dominer sur
le jour, parce qu'éternelle est sa
miséricorde ;
9. La lune et les étoiles, pour
dominer sur la nuit, parce qu'éter-
nelle est sa miséricorde ;
10. Qui a frappé l'Egypte avec
leurs premiers-nés, parce qu'éter-
nelle est sa miséricorde;
11. Qui a fait sortir Israël du
milieu d'eux, parce qu'éternelle
est sa miséricorde ;
12. Avec une main puissante
et un bras étendu, parce qu éter-
nelle est sà miséricorde ;
13. Qui a divisé en deux la mer
Rouge, parce qu'éternelle est sa
miséricorde ;
14. Et a fait passer Israél au
milieu d'elle, parce qu'éternelle
est sa miséricorde ;
15. Et a renversé Pharaon et
LES PSAUMES.
[Ps. cxxxv.]
son armée dans la mer Rouge,
parce qu'éternelle est sa miséri-
corde ;
16. Qui a conduit son peuple à
travers le désert, parce qu'éter-
nelle est sa miséricorde ;
17. Qui a frappé de grands rois,
parce qu'éternelle est sa miséri-
corde.
18. Et a tué des rois puissants,
parce qu'éternelle est sa miséri-
corde ;
19. Séhon, roi des Amorrhéens,
parce qu'éternelle est sa. miséri-
corde ;
20. Et Og, roi de Basan, See
qu'éternelle est sa miséricorde :
21. Et il a donné leur terre en
héritage, parce qu'éternelle est
sa miséricorde ;
29. En héritage à Israël son
serviteur, parce qu'éternelle est
sa miséricorde ;
23. Parce que dans notre hu-
miliation il s'est souvenu de nous,
parce qu'éternelle est sa miséri-
corde ;
24. Etil nous ἃ rachetés de nos
ennemis, parce qu'éternelle est
sa miséricorde ;
25. Qui donne la nourriture à
toute chair, parce qu'éternelle est
sa miséricorde ;
96. Glorifiez le Dieu du ciel,
parce qu'éternelle est sa miséri-
corde.
Glorifiez le Seigneur des sei-
Ps. CXXXV. 5. Genèse, 1, 1. — 10. Exode, xir, 29. — 11. Exode, χα, 17. — 15. Exode,
xiv. 28. — 18. Nomb., xxr, 24. — 20. Nomb., xxi, 33. — 21. Jos., xur, 7.
10. Leurs premiers-nés; au lieu de ses premiers. Le mot leurs est au pluriel, parce
qu'Egypte, nom auquel il se rapporte, ne doit pas s'entendre ici de la terre, du sol,
mais des habitants.
11. D'euz; des Egyptiens. Compar. le verset précédent.
13. A divisé en deux; littér. a divisé en divisions. Compar. Exode, xiv, 21, 22,
20. * Basan.
Voir la note sur Nombres, xxt, 33.
24. Il nous a rachelés, etc.; il nous a délivrés des injustices de nos ennemis,
[Ps. cxxxvI.]
gneurs, parce qu'éternelle est sa
miséricorde.
PSAUME CXXXVI
(Hégr., CXXXVII).
Le Psalmiste représente les Juifs captifs
à Babylone comme n'ayant d'autre joie
et d'autre consolation que celles que
leur donnent le souvenir de Jérusalem
et l'espérance d'y retourner.
Psaume de David à Jérémie ἃ.
1. Sur les fleuves de Babylone,
là nous nous sommes assis, et
nous avons pleuré, comme nous
nous souvenions de Sion.
9. Aux saules, au milieu d'elle,
nous avons suspendu nos instru-
LES PSAUMES.
1985
demanderent les paroles de nos
chants ;
Et ceux qui nous avaient enle-
vés nous disaient : Chantez-nous
un hymne des cantiques de Sion.
4. Gomment chanterons-nous
un cantique du Seigneur dans
une terre étrangere?
5. Si je t'oublie, Jérusalem, que
ma main droite soit livrée à
l'oubli.
6. Que ma langue s'attache à
mon gosier, si je ne me souviens
pas de toi,
Si je ne me propose Jérusalem
comme principe de ma joie.
-
1. Souvenez-vous, Seigneur,
ments.
3. Parce que là ceux qui nous
avaient emmenés captifs, nous
des fils d'Edom au jour de Jéru-
salem,
Disant : Réduisez à néant, ré-
a A Jérémie; ou de Jérémie, pour Jérémie. Cette inscription n'est pas dans l'hébreu,
ni dans le chaldéen. — * Ce titre est difficile à expliquer; il est formellement rejeté
par Théodoret.
1-9. * Ce psaume, l'un des plus beaux et des plus touchants, nous représente les
Juifs captifs à Babylone, ne pouvant goüter aucune joie loin de leur patrie. Le pa-
iriotisme et 18 religion ne peuvent pas s'élever plus haut. « La poésie touchante de
ce psaume, son sentiment si profond, si vrai, si mélancolique et si naturel, est passé
dans l'âme des masses et l'a rendu populaire. Il répond à toutes les notes plaintives
du cœur humain, à toutes les amertumes et à tous les regrets, à toutes les aspira-
tions et à tous les mécomptes, à toutes les douleurs, à tous les gémissements... des
espérances déçues pour les individus comme pour les nations. » (F. CLAUDE.) — Voici
la suite des pensées: 1-2: Les Juifs captifs à Babylone ont suspendu leurs lyres aux
saules pleureurs des bords de l'Euphrate, et ils versent des larmes au souvenir de
Sion. — 3: Chantez-nous un cantique de Sion, leur disent leurs maitres. — 4-6 : Com-
ment chanter les louanges du Seigneur sur la terre étrangère ? Plutôt m'oublier moi-
méme qu'oublier Jérusalem! — 7 : Prière à Dieu contre l'Idumée, qui, à l'époque
de la ruine de Jérusalem, s'était rangée parmi les ennemis de la Judée. — 8-9: Sou-
haits contre Babylone, qui à opprimé Juda.
1. * Sur les fleuves de Babylone. Babylone était arrosée par l'Euphrate et par de
nombreux et grands canaux qui portaient le nom de nahar, en babylonien comme
en hébreu, et c'est ce mot qui est traduit par fleuves.
2. * Aux saules. Le saule est si abondant sur les rives de l'Euphrate qu'on appelle
cet arbre saliz babylonica.
5. * « Combien cette apostrophe à Jérusalem rend-elle tendre et touchant le dis-
cours de ce Juif exilé! 1] croit la voir, l'entretenir, lui protester avec serment qu'il
consent à perdre la voix et l'usage de la langue, aussi bien que de ses instruments,
plutót que de l'oublier en prenant part aux fausses joies de Babylone. » (Rorurw.)
1. Les fils d'Edom; c'est-à-dire les Iduméens qui, s'étant joint aux soldats de
l'armée de Nabuchodonosor, les animèrent contre les Juifs, leurs propres frères, et les
aidèrent à détruire Jérusalem jusqu'aux fondements. Compar. Jérém., xi, 6; xxv, 14;
xux; Lament., 1v, 42, 21; Ezéch., xxv, 12; Abdias. — * Au jour de Jérusalem, au jour
où elle fut châtiée et vaincue,
4286
duisez à néant en elle jusqu'aux
fondements.
8. Fille malheureuse de Baby-
lone, bienheureux celui qui te
rendra la rétribution de ce que
tu nous a fait!
9. Bienheureux celui qui saisira
et brisera tes petits enfants con-
tre la pierre!
PSAUME CXXXVII
(Hésr., CXXXVIII).
Le Psalmiste loue le Seigneur de ce qu'il
l'a exaucé, et il invite tous les rois de
la terre et à l'en louer avec lui.
1. A David. (ou de David lui-même).
Je vous glorifierai, Seigneur, en
tout mon cœur, parce que vous
avez écouté les paroles de ma
bouche.
En présence des anges je vous
chanterai des hymnes :
9, J'adorerai en me tournant
vers votre saint temple, et je glo-
rifierai votre nom,
A cause de votre miséricorde
et de votre vérité : parce que vous
avez élevé par-dessus tout la
grandeur de votre nom saint.
ὃ. En quelque jour gue je vous
LES PSAUMES.
(rs. cxxxvi.]
invoque, exaucez-moi ; vous aug-
menterez en mon âme la force.
4. Qu'ils vous glorifient, Sei-
gneur, tous les rois de la terre,
parce qu'ils ont entendu toutes
les paroles de votre bouche;
5. Et qu'ils chantent dans les
voies du Seigneur, parce que
grande est la gloire du Seigneur.
6. Car le Seigneur est élevé, et
il regarde les choses basses; et
les choses hautes, c'est de loin
qu'il les connait.
7. Si je marche au milieu de la
tribulation, vous me donnerez la
vie; et sur la colere de mes en-
nemis vous avez étendu votre
main, et votre droite m'a sauvé.
8. Le Seigneur rétribuera pour
moi : Seigneur, votre miséricorde
est pour jamais, ne méprisez pas
les ouvrages de vos mains.
30 PSAUME CXXXVIII
SOS (Hésr., CXXXIX).
David implore le secours de Dieu contre
' ses ennemis, et il prédit que le mal
qu'ils lui veulent faire retombera sur
eux.
1. Pour la fin, psaume de David.
m € ——— M ———————TT ἙῸ ἕ 7m
8. Fille de Babylone ; hébraisme, pour Aabitants de Babylone.
9. Bienheureux, etc. Cette prophétie se trouve aussi dans Isaïe, xni, 16.
1. * David remercie Dieu de la promesse qu'il lui a faite de faire sortir le Messie
de sa race, et de rendre son trône éternel, 11 Rois, vu; 1 Par., xvi. — 1-3: Le Psal-
miste remercie Dieu de la promesse qu'il lui a faite. — 4-6: Tous les rois glorifieront
Dieu, quand ils la verront se réaliser. — 1-8: Pour lui sa confiance envers le Seigneur
est sans bornes.
3. En me tournant, sous-entendu. Voy. plus haut, p. 342, 20, — * Au lieu de super
omne nomen sanctum tuum, l'hébreu porte super omne nomen, verbum tuwm ce: qui est
plus explicite. Ce verbum, c'est la promesse de la perpétuité de la race de David dans
la personne du Messie.
5. Dans les voies du Seigneur ; c'est-à-dire le long des chemins qui ménent au temple,
selon les uns ; ou bien, selon les autres : Chantez les actions, la conduite du Seigneur.
6. Le Seigneur, etc.; c'est-à-dire, quoique le Seigneur soit trés élevé, il voit égale-
ment les choses les plus grandes et les plus petites, les plus hautes et les plus basses.
Ni leur éloignement ni leur petitesse ne peuvent les dérober à sa vue.
8. Rétribuera pour moi; prendra ma défense contre mes ennemis.
1-24. * Ce beau psaume est un des plus riches en enseignements théologiques sur.
[es. exxxvr.]
Seigneur,vousm'avezéprouvé,
et vous m'avez connu ;
2. C'est vous qui avez connu
mon coucher et mon lever.
3. Vous avez compris de loin
mes pensées; vous avez observé
mes sentiers et le cours de ma
vie.
4. Et toutes mes voies, vous les
avez prévues ; car il n'y a point
de parole sur ma langue.
5. Voilà que vous, Seigneur,
vous avezconnu toutes les choses
nouvelleset anciennes: c’est vous
qui m'avez formé, et qui avez mis
sur moi votre main.
6. Votre science est devenue
admirable pour moi : elle est af-
fermie, et je ne pourrai pas y at-
teindre.
7. Oü irai-je pour me dérober
à votre esprit? oü fuirai-je devant
votre face?
LES PSAUMES,
1287
8. Si je monte au ciel, vous y
étes; si je descends dans l'enfer,
vous y étes présent.
9. Si je prends mes ailes au
point du jour, et que j'habite aux
extrémités de la mer,
10. Là encore votre main me
conduira, et votre droite me re-
tiendra.
11. Et j'ai dit : Peut-étre que
les ténèbres me couvriront ; et la
nuit est une lumiere autour de
moi dans mes plaisirs,
12. Parce que les ténèbres ne
| seront pas obscures pour vous, et
la nuit sera éclairée comme le
jour : comme sont les ténèbres
de celle-là, de même aussi est la
lumière de celui-ci.
13. Parce que c'est vous qui
étes en possession de mes reins,
vous m'avez recu des le sein de
ma mere.
Ps. CXXXVIIT. 8. Amos, 1x, 2.
la nature de Dieu. Dans une premiére partie, 1-12, David dépeint la science infinie
et l'immensité divine, à qui rien ne peut échapper; dans la seconde, 13-18, il loue
le Seigneur qui donne la vie ἃ l'homme, et à qui méme les phases primitives de
notre existence ne sont pas cachées, non plus que notre destinée future, tandis que
nous, nous ne savons rien de toutes ces choses; enfin, dans une troisième, 19-24, il
s'élève contre les ennemis du Créateur, et demande à être lui-même éprouvé et
purifié. Dieu connaît tout, il connaît donc aussi la différence qui existe entre David,
son serviteur fidèle, et le méchant.
A. Seigneur, vous m'avez éprouvé, etc. Dans tout ce psaume, l’auteur s'attache à
montrer que le Seigneur l’a éprouvé, examiné, pénétré et connu parfaitement dans
son être, ses pensées, ses sentiments, ses actions, en un mot, tout ce qui le concerne.
2. Mon coucher; littér. mon reposer, mon repos de la nuit. C’est le vrai sens du
sessionem de la Vulgate, expliqué par le texte original; car le terme hébreu corres-
pondant signifie non seulement s'asseoir, s'établir, mais aussi prendre du repos, se
reposer; et au Ps. cxxxi, 3, il a incontestablement le sens de se reposer la nuit; sens
que le contexte exige d'ailleurs ici. — * Mon coucher et mon lever signifie toutes mes
actions.
6. Votre science, etc., pour moi, c'est-à-dire à mes yeux; ou bien : La connaissance
que vous avez de moi est admirable ; ou bien encore : Votre science s'est élevée admi-
raüblement au-dessus de moi.
12. Comme sont, etc. Vous y voyez la nuit comme le jour.
13. C'est vous, etc. (Tu possedisti); Septante, vous avez acquis; ce qui est un des
sens de l'hébreu, qui signifie aussi faire, former; signification que nous croyons être
la véritable dans ce passage-ci. — Reins, mot par lequelles Hébreux désignaient
aussi ce qu'il y a de plus intime dans l'homme, /e fond de l'âme. — Vous m'avez
recu, etc. Voy. Ps. xxt, 11. χὰ "
1288
14. Je vous glorifierai, parce
que vous avez montré d'une ma-
niereterrible votre magnificence:
admirables sont vos ceuvres, mon
âme le reconnait parfaitement.
15. Mes os n'ont pas été cachés
pour vous qui les avez faits dans
le secret ; ni ma substance formée
dans les parties inférieures de la
terne:
16. Vos yeux ont vu 2207) corps
encore informe, et tous les hom-
mes seront écrits dans votrelivre :
il se formera des jours, dans les-
quels 77 n'y aura personne.
17. Mais pour moi, 6 Dieu, vos
amis sont devenus extróémement
honorables ; leur empire s'est ex-
trémement fortifié.
18. Je les compterai, et ils se
trouveront plus nombreux que le
sable : je me suis réveillé, et je
suis encore avec vous.
19. Si vous tuez les pécheurs,
6 Dieu, hommes de sang, détour-
nez-vous de moi ;
90. Parce que vous dites dans
votre pensée : Ils recevront en
vain vos cités.
21. Est-ce que je n'ai pas hai,
LES PSAUMES.
[Ps. cxxxix.]
Seigneur, ceux qui vous hais-
saient ; et au sujet de vos enne-
mis, ne séchais-je pas?
99. Je les haïssais d'une haine
parfaite ; et ils sont devenus des
ennemis pour moi.
93. Eprouvez-moi, ὃ Dieu, et
comprenezmoncœur:interrogez-
moi et connaissez mes sentiers.
93. Et voyez si une voie d'ini-
quité est en moi, et conduisez-
moi dans la voie éternelle.
PSAUME CXXXIX
(Hénn., CXL).
David implore le secours de Dieu contre
ses ennemis, et il prédit que le mal
qu'ils lui veulent faire retombera sur
eux. La plupart des Péres rapportent
ce psaume à Jésus-Christ et aux fidèles
exposés à la persécution des méchants.
1. Pour la fin, psaume de David.
2. Arrachez-moi, Seigneur, à
l'homme méchant : à l'homme
inique arrachez-moi.
3. Ceux qui ont pensé des ini-
quités dans leur cœur, durant
toutle jour préparaient des com-
bats. *
4. Ils ont aigui^é leur langue
Ps. CXXXIX. 4. Supra, v, 11; Rom., r1, 13.
M M M —— — — —— —— M t וו"
15. Mes os; littér. mon os; c'est-à-dire chacun de mes os. Ici, comme en bien
d'autres endroits de l'Ecriture, la partie se met pour le tout. — Dans le secret; littér.
dans le caché; dans le sein de ma mère. — Les parties inférieures de la lerre dési-
gnent le tombeau ou même l'enfer, c'est-à-dire les limbes. Compar. Ephés., 1v, 9.
16. Encore informe, à l'état d'embryon. — 11 se formera, etc.; viendront des jours
où il n'existera plus personne.
18. Je les compterai, etc.; hébraisme, pour si je les comple, je les trouverai, etc.
— Je me suis réveillé, etc.; quand je me réveille, je suis aussitót occupé de vous, je
pense à vous. 1
19. De sang; littér. de sangs. Voy. Ps. v, T.
20. Parce que vous dites en vous-mêmes au Seigneur : C'est en vain que vous don-
nerez vos cités aux Israélites, nous saurons bienles en chasser malgré vous.
1. * Psaume composé pendant la persécution d'Absalom, et analogue aux Ps. Lvit
et Lx; la conclusion de tous les trois est semblable. — 2-6 : Que Dieu garde le
Psalmiste du méchant; — 7-9: parce qu'il met sa confiance en Dieu (prière qu'il lui
adresse). — 40-11 : Que l'iniquité des impies retombe sur eux. — 12-14 : Oui, le pé-
cheur périra, le juste triomphera et bénira le Seigneur.
[Ps. cxL.]
comme celle d'un serpent : le ve-
nin d'un aspic est sous leurs
lèvres.
5. Gardez-moi, Seigneur, de la
main d'un pécheur, et arrachez-
moi à des hommes iniques.
Ils ont pensé à ébranler mes
pas;
6. Des hommes superbes ont
caché un lacs devant moi :
Et ils ont tendu des cordes en
Jacs, lelong du chemin ilsont posé
une pierre d'achoppement devant
mol.
7. J'ai dit au Seigneur : C'est
vous qui êtes mon Dieu ; exaucez,
Seigneur, la voix de ma supplica-
tion.
8. Seigneur, Seigneur, la force
de mon salut, vous avez couvert
ma téte de votre ombre au jour
du combat;
9. Ne me livrez pas, Seigneur,
à un pécheur contre mon désir :
ils ont conspiré contre moi, ne
me délaissez pas, de peur qu'ils
ne triomphent.
10. La tête de leur circuit, le
travail de leurs lèvres les cou-
vrira eux-mêmes.
LES PSAUMES.
1289
11. Descharbons tomberontsur
eux, vous les précipiterez dans le
feu : dans leurs misères, ils ne
subsisteront pas.
12. Un homme à la langue mé-
chante ne sera pas dirigé sur la
terre les maux saisiront un
homme injuste à la mort.
13. Je sais que le Seigneur se
chargera de la cause del'homme
sans secours, et de la vengeance
des pauvres.
14. Cependant les justes glori-
fieront votre nom ; etles hommes
droits vivront avec vous.
PSAUME CXL
(H&sn., CXLI).
Le Psalmiste prie Dieu d'exaucer sa prière,
de le garder de l'impatience, de le pré-
server de l'amitié et de la compagnie
des mécréants. Il se plaint des persé-
cutions qu'il souffre.
1. Psaume de David.
Seigneur, j'ai crié vers vous,
exaucez-moi : soyez attentif à
ma voix, lorsque je crierai vers
vous.
2. Que ma prière soit dirigée
comme un encens en votre pré-
8. Vous avez, etc. On explique ordinairement ce verset de David, vainqueur de
Goliath; mais on peut aussi l'entendre de la protection que le roi prophète avait
recue de Dieu dans ses différentes persécutions.
10. La téte de leur circuit. Ces paroles, qui se lisent dans les Septante aussi bien
que dans la Vulgate, s'expliquent trés bien par l'hébreu, qui porte : La téte ou le
chef de ceux qui m'environnent, qui me persécutent; c'est-à-dire Doég ou Saül lui-
méme. — Le travail de leurs lèvres ; c'est-à-dire leurs calomnies contre moi. — Les
couvrira; les accablera en tournant contre eux-mêmes.
14. Avec vous; littér. avec votre visage. Voy. Ps. xut, 6.
1. * Ce psaume est difficile à expliquer. Il parait avoir été composé aprés la mort
de Saül, quand David, en l'apprenant, fait tuer celui qui lui en apporte la nouvelle,
et lorsqu'il est encore lui-même environné de dangers. — 4-2: Invocation à Dieu. —
3-4: Prière pour obtenir la grâce d'éviter le péché. — 5-7: ll accepte comme un bien
les coups dont le frappent les méchants, mais il demande néanmoins à en étre dé-
. livré. — 8-10 : Prière à Dieu pour obtenir d'être délivré de ses ennemis. — Ce psaume
était usité dans la primitive église comme prière du soir, de méme que le Ps. Lxu
servait de priere du matin.
2. L'élévation de vos mains, Voy. Ps. vxu, 5.
1290
sence : que l'élévation de mes
mains soit un sacrifice du soir.
3. Mettez, Seigneur, une garde
à ma bouche, et une porte autour
‘de mes lèvres.
4. N'inclinez pas mon cœur à
des paroles de malice, pour pré-
texter des excuses à mes pé-
chés,
Avec des hommes qui opèrent
l'iniquité : et je n'aurai point de
part à ce qu'ils recherchent le
plus.
ὃ. Le juste me reprendra dans
sa bonté, etil me corrigera; mais
l'huile d'un pécheur ne parfumera
pas ma téte.
Parce que j'opposerai encore
méme ma prière contre les
choses dans lesquelles ils se plai-
sent ;
6. Attachés à une pierre, leurs
juges ont été précipités.
Ils écouteront mes paroles,
parce qu'elles sont puissantes ;
7. Comme une terre compacte,
Ps. CXLI. 2. Supra, xxvi, 6.
LES PSAUMES.
[Ps. cxrr.]
rompue par le soc, se répand sur
la terre,
Nos os ont été dispersés auprès
de l'enfer, à;
8. Parce que vers vous, Sei-
gneur, Seigneur, se sont élevés
mes yeux ; qu'en vous j'ai espéré,
ne m'ótez pas mon âme.
9. Gardez-moi du lacs qu'ils
m'ont dressé, et des pierres d'a-
choppement de ceux qui opèrent
l'iniquité.
10. Les pécheurs tomberont
dans son filet : pour moi, je suis
seul, jusqu'à ce que je passe.
PSAUME CXLI
(Hésr., CXLII).
David, dans la caverne d'Engaddi, prie
le Seigneur de le délivrer du danger
pressant oü l'exposent la malice et la
fureur de ses ennemis.
1. Intelligence de David, lorsqu'il était
dans la caverne, prière.
2. De ma voix vers le Sei-
gneur j'ai crié : de ma voix au
4. N'inclinez pas mon cœur; c'est-à-dire ne permettez pas que mon cœur se laisse
aller. — A ce qu'ils recherchent le plus; littér. aux choses de leur choix (cum electi
eorum); selon l'hébreu, à leurs mets délicats, suaves, exquis.
5. Un juste, etc. J'aime mieux les réprimandes sévères d'un juste que les paroles
douces et flatteuses d'un méchant. Compar. Proverb., xxvi, 6. — J'opposerai, ete.;
littér. ma priére contre les choses dans lesquelles ils plaisent (oratio mea in beneplacitis
eorum). Plusieurs interprètes disent avec raison que la préposition 2n, aussi bien que
la particule hébraique qu'elle représente, signifie ici, comme en bien d'autres endroits,
en opposition à, contre. — Les choses dans lesquelles, etc., c'est-à-dire leurs mauvais
desseins, leurs complots perfides, leurs actions criminelles.
6. Attachés à une pierre; à un rocher. — Leurs juges. Le mot juge se prend dans
la Bible pour prince, chef; d'autant plus que, chez les Hébreux, l'autorité souveraine
fut pendant trés longtemps entre les mains des Juges. Dans ce verset, David semble
faire allusion à l'histoire racontée I Rois, xxiv, 3 et suiv. Dans cette hypothèse, leurs
juges signifierait Saül, ses principaux officiers et les chefs de son armée.
1. Terre compacte; c'est-à-dire motte, glébe; littér. et par hébraisme, compacité de
terre.
10. Son filet; le filet de Dieu.
1. * Composé par David, pendant qu'il était caché pour fuir Saül, dans la caverne
d'Odollam ou dans celle d'Engaddi, plus probablement dans la première, 1 Rois, xxu;
xxiv. — 2-4 : David recourt à Dieu au milieu des pièges qu'on lui tend. — 5-6 : Eu
lui seul est son espoir. — 7-8 : Qu'il duigne donc l'exaucer et le délivrer.
[rs. cxrm.]
Seigneur j'ai adressé ma suppli-
cation;
3. Je répands, en sa présence,
ma prière; et ma tribulation,
c'est devant lui-même que je l'ex-
pose.
4. Pendant que mon esprit se
retire de moi, et c'est vous qui
avez connu mes sentiers.
Dans cette voie dans laquelle
je marchais, ils ont caché un lacs
devant moi.
5. Je considérais à ma droite,
et je regardais; et il n'y avait
personne qui me connût.
Point de fuite pour moi; et il
n'y a personne qui s'enquiere de
mon àme.
6. J'ai crié vers vous, Seigneur,
j'ai dit : C'est vous qui êtes mon
espérance, ma part dans la terre
des vivants.
7. Soyez attentif à ma supplica-
lion, parce que j'ai.été humilié à
l'excès.
Délivrez-moi de ceux qui me
persécutent, parce qu'ils sont de-
venus plus forts que moi.
8. Retirez de la prison mon
âme, pour qu'elle glorifie votre
nom : des justes m'attendent,
jusqu'à ce que vous me rendiez
justice.
LES PSAUMES.
1291
PSAUME CXLII
(Hésr., CXLIII).
Ce psaume est un de ceux de la péni-
tence. David, chassé de Jérusalem par
Absalom, implore 16 Seigneur; il le con-
jure de lui faire connaître ses voies, et
prédit la perte de ses ennemis. Les
Pères en fontl’application à Jésus-Christ
persécuté par les Juifs et trahi par Ju-
das dont. Absalom est la figure.
4. Psaume de David, quand Absalom
son fils le poursuivait ἃ.
Seigneur, exaucez ma prière,
prêtez l'oreille à mon instante
supplication dans votre vérité ;
exaucez-moi dans votre justice.
2. Et n'entrez pas en jugement
avec votre serviteur;car, en votre
présence, nul homme vivant ne
sera justifié.
3. Parce que l'ennemi a pour-
suivi mon àme ; il a humilié jus-
qu'à terre ma vie;
Il m'a plongé dans des lieux
obscurs, comme les morts d'un
siecle ;
4. Et mon esprit a été dans
l'anxiété sur mon sort; au dedans
de moi mon cœur s'est troublé.
5. Je me suis souvenu des jours
anciens, j'ai médité sur toutes vos
œuvres, sur les ouvrages de vos
mains je méditais.
4. Pendant que mon esprit, etc., pendant que je suis prés de mourir
5, 8. Mon âme, ma personne, moi.
1-19. * Ce psaume développe les pensées suivantes :
1-9 : Que Dieu écoute ma
priére; — 3-4 : parce qne mon ennemi me poursuit. — 5-6 : Les bontés passées du
Seigneur m'inspirent confiance. — 7-8* :
meurs ; — 108-ל :
mon ennemi; — 105-12 :
dernier psaume de la pénitence.
Qu'il se hâte de me secourir, car je me
qu'il m'apprenne le chemin que je dois suivre pour échapper à
qu'il me sauve et anéantisse mes ennemis. C'est le Te et
1. Quand Absalom, etc. Cette histoire est racontée dans le Ile livre des Rois, xvi.
— Votre vérité, votre fidélité à remplir vos promesses.
2. Nul homme (non omnis); en hébreu le mot {out joint à une négation signifie pas
un, nul.
3. Ce verset se rattache au premier, parce que le second forme comme une paren-
thèse. — Jusqu'à terre; c'est-à-dire profondément; ou bien, en me forçant de cher-
cher un refuge dans les antres de la terre.
1292
6. J'ai étendu mes mains vers
‘vous : mon âme est pour vous
comme une terre sans eau;
7. Exaucez-moi promptement,
Seigneur, mon esprit ἃ défailli.
Ne détournez pas votre face de
moi, autrementje serai semblable
à ceux qui descendent dans la
fosse.
8. Faites-moi entendre dés le
matin la voix de votre miséri-
corde, parce que c'est en vous que
jai espéré.
Faites-moi connaitre la voie
dans laquelle je dois marcher,
parce que c'est vers vous que j'ai
élevé mon âme.
9. Arrachez-moi à mes ennemis,
Seigneur, c'est vers vous que je
me suis réfugié ;
10. Enseignez-moi à faire votre
volonté, parce que mon Dieu,
c'est vous.
Votre esprit, qui est bon, me
conduira dans une terre droite;
41. À cause de votre nom, Sei-
gneur, vous me rendrez la vie
dans votre équité.
Vous retirerez de la tribulation
mon áme,
12. Et dans votre miséricorde
vous perdrez entierement mes
ennemis.
Et vous perdrez tous ceux qui
Ps. CXLIII. 4. Job, vir, 9; xiv, 2.
LES PSAUMES.
[Ps. cxrur.]
tourmentent mon âme, parce que
moi je suis votre serviteur:
PSAUME CXLIII
(Hisr., CXLIV).
David remercie Dieu des avantages qu'il
lui a fait remporter sur ses ennemis.
Il le conjure de le délivrer de. leurs
mains.
Psaume de David.
4. Contre Goliath.
Béni le Seigneur mon Dieu,
quiinstruit mes mains au combat,
et mes doigts à la guerre?
2. ll est ma miséricorde et mon
refuge; mon soutien et mon li-
bérateur;
Mon protecteur; aussi est-ce
en luiméme que j'ai espéré :
c'est lui qui m'assujettit mon
peuple.
3. Seigneur, qu'est-ce que
l'homme, pour que vous vous
soyez fait connaitre à lui? ou le
fils de l'homme pour que vous en
teniez compte?
4. L'homme ressemble à la va-
nité ; ses jours comme une ombre
passent. |
5. Seigneur, inclinez vos cieux,
et descendez; touchez les mon-!
tagnes, et elles fumeront.
6. Faites briller vos éclairs, et
vous les dissiperez : lancez vos
םויו ווה
6. J'ai étendu, etc.; c'est-à-dire je vous ai prié. Voy. Ps. ,זוא 5. — Mon âme est, ete.;
je suis pour vous ce qu'est une terre aride pour la pluie qu'elle attend; je suis dans
une vive attente de votre secours.
7. La fosse. Voy. Ps. xxvir, À.
1. * Voir I Rois, xvit. — Ce psaume est de forme irrégulière et renferme plusieurs
passages qui se lisent déjà, Ps. xvn; vr; xxxvi; זזאז ; ct; cii; xxxi. Les versets 12-
14, sont d'un rythme différent dans l'original et ne se lient pas à ce qui précède. —
En voici l'analyse : 1-2 : Actions de gráces à Dieu pour 18 victoire. — 3-4 : Qu'il est
juste de remercier Dieu, lui si grand, qui s'occupe de nous, si petits! — 5-8 : Que
Dieu continue sa protection au vainqueur; — 9-11 : et David le louera. Oui, qu'il le
sauve! — 12-15 : Souhaits de bonheur et de paix pour le peuple élu, "
9. Elles fumeront. Compar. Exod., xix, 18; Ps. cur. 32.
[Ps. cxLiv.]
flèches, et vous les jetterez dans
le trouble.
7. Envoyez votre main d'en
haut; délivrez-moi, sauvez-moi
des grandes eaux, de la main des
fils de l'étranger ;
8. Dont la bouche a parlé va-
nité, et dont la droite est une
droite d'iniquité.
9. Ὁ Dieu, je vous chanterai un
canlique nouveau : je jouerai
du psaltérion à dix cordes pour
vous.
10. O vous, qui procurez le
salut des rois, qui avez racheté
David votre serviteur d'un glaive
meurtrier,
11. Délivrez-moi.
Et arrachez-moi à la main des
fils de l'étranger, dont la bouche
à parlé vanité, et dont la droite
est une droite d'iniquité :
19. Dont les fils sont comme
de nouvelles plantes dans leur
jeunesse.
Leurs filles sont parées, entie-
rement ornées, ressemblant ainsi
à un temple.
13. Leurs greniers sont pleins,
débordant de l'un dans l'autre.
Leurs brebis fécondes sont en
grande quantité, à leursortie des
étables ;
14. Leurs vaches sont grasses.
LES PSAUMES.
Il n'y a pas de brèche à leur
mur de clóture, ni d'entrées, ni
de clameur dans leurs rues.
15. On a dit bienheureux le
peuple à qui sont ces avantages ;
maisplutótbienheureuxlepeuple
dont le Seigneur est le Dieu.
PSAUME CXLIV
(Hésn., CXLV).
Le Psalmiste reléve la bonté et la gran-
deur du Seigneur. Il invite toutes les
créatures à se joindre à lui pour bénir
son saint nom.
1. Louange à David (ou de David lui-
méme).
Je vous exalterai, ὃ mon Dieu,
roi: je bénirai votre nom dans
les siecles, et dans les siecles des
siècles.
2. À chaque jour je vous béni-
rai, et je louerai votre nom dans
les siècles, et dans les siècles des
siecles.
3. Grand estle Seigneur, et in-
finiment louable, et à sa gran-
deur il n'y a pas de fin.
4. Toutes les générations loue-
ront vos œuvres, et elles publie-
ront votre puissance.
5. Elles publieront 18 magnifi-
cence de la gloire de votre sain-
teté, et elles raconteront vos mer-
veilles.
1. Les grandes eaux figurent les grandes catastrophes, les grandes calamités.
44. Leurs rues ou leurs places publiques ; car platea et le mot hébreu dont il est la
traduction ont ces deux significations.
1-21. * Ce psaume est alphabétique; il se compose dans le texte original de 21 dis-
tiques (au lieu de 22, comme les autres psaumes alphabétiques du méme genre,
xxiv, etc., parce que la lettre nux est omise). Les deux vers qui manquent dans
l'hébreu sont conservés dans la Vulgate, 1366 ; mais ils sont semblables, deux mots
exceptés, au vers. 17. Une partie des prières du Benedicite, avant le repas, est tirée
de ce psaume, 15-16. La primitive Eglise appliquait à la sainte Eucharistie les paroles
du vers. 15 : Les yeux de tous en vous espèrent, etc.
1. O mon Dieu, roi; c'est-à-dire qui êtes roi; selon l'hébreu, mon Dieu, le roi; sui-
vant les Septante, mon Dieu, mon roi.
4, 43. Toutes les générations; littér. génération et génération. Voy. Ps. xxxn, 44,
1294
6. Et elles diront la vertu de vos
terribles prodiges, et elles racon-
teront votre grandeur.
1. Elles proclameront le souve-
nir de 1820108266 de votre dou-
ceur, et à cause de votre justice
elles tressailliront de joie.
8. Le Seigneur estcompatissant
et miséricordieux; patient, et
beaucoup miséricordieux.
9. Le Seigneur est doux pour
tous, et ses commisérations s'é-
tendent sur toutes ses œuvres.
10. Qu'elles vous glorifient, Sei-
gneur, toutes vos œuvres; et que
vos saints vous bénissent.
11. Ils diront la gloire de votre
regne, et ils publieront votre
puissance,
12. Afin qu'ils fassent connaitre
aux fils des hommes votre puis-
sance, et la gloire de la magnifi-
cence de votre regne.
13. Votre regne est le regne de
tous les siecles, et votre domina-
tion s'étend à toutes les généra-
tions.
Le Seigneur est fidèle dans
toutes ses paroles, et saint dans
loutes ses ceuvres.
14. Le Seigneur soutient tous
ceux qui sont prés de tomber, et
il relève tous ceux qui ont été
renversés.
15. Les yeux de tous en vous
esperent, Seigneur, et vous don-
Ps. CXLV. 2. Supra, cxLiv, 2.
LES PSAUMES.
|Ps. cxrv.)
nerez dà tous leur nourriture en
temps opportun.
16. Vous ouvrez, vous, votre
main, et vous comblez tout ani-
mal de bénédictiop.
11. Le Seigneur est juste dans
toutes ses voies, et saint dans
toutes ses œuvres.
18. Le Seigneur est pres de tous
ceux qui linvoquent; de tous
ceux qui l'invoquent dans la vé-
rité.
19. Il fera la volonté de ceux
qui craignent, et il exaucera leur
supplication, et il les sauvera.
20. Le Seigneur garde tous ceux
qui l'aiment ; mais tous les pé-
cheurs, il les perdra entière-
ment.
21. Ma bouche publiera les lou-
anges du Seigneur ; et que toute
chair bénisse son nom saint dans
les siècles, et dans les siècles des
siècles.
PSAUME CXLV
(HéBr., CXLVI).
Le Psalmiste représente le bonheur de
ceux qui mettent toute leur espérance
dans le Seigneur.
1. Alleluia, d'Aggée et de Zacharie.
9. Loue le Seigneur, ὃ mon
âme, je louerai le Seigneur, pen-
dant ma vie, je jouerai du psalté-
rion en l'honneur de mon Dieu,
tant que je serai.
19. IL fera la volonté, etc. On l'a vu dans Moise, dans Josué et dans une multitude
d'autres saints, au désir desquels Dieu, en effet, obéit, pour ainsi dire, en leur don-
nant le pouvoir de faire des miracles.
1. * Ce psaume et les suivants, jusqu'à la fin du psautier, commencent par a//eluia.
Ils sont tous consacrés à louer Dieu. La Vulgate donne pour titre à celui-ci : « D'Aggée
et de Zacharie, » soit que ces prophétes en soient les auteurs, soit qu'ils aient in-
troduit l'usage de le chanter dans le second temple — Trois strophes : 1-4 : il faut
louer Dieu et ne pas compter sur les hommes. — 5-7: : Heureux qui observe la loi
du Seigneur! — 75-10 : Dieu, le protecteur desjustes, 16 protégera. |
(Ps. cxLvi.]
Ne vous contiez pas dans les
princes,
3. Ni dans les fils des hommes,
dans lesquels il n'y a pas de sa-
lut.
4. Son esprit sortira de son
corps, et il retournera dans sa
terre ; en ce jour périront toutes
leurs pensées.
5. Bienheureux celui dont le
Dieu de Jacob est le porte-se-
cours ; son espérance est dans le
Seigneur son Dieu,
6. Qui a fait le ciel et la terre,
la iner et tout ce qui existe en
eux.
1. Qui garde la vérité à jamais,
fait justice à ceux qui souffrent
injure, donne lanourriture à ceux
quiontfaim. |
Le Seigneur délie les détenus
dans les fers ;
8. Le Seigneur donne lalumière
aux aveugles.
LES PSAUMES.
1295
Le Seigneur relève ceux qui ont
été renversés; le Seigneur aime
les justes.
9. Le Seigneur garde les étran-
gers; il prendra sous sa protec-
tion l'orphelin et la veuve ; et les
voles des pécheurs, il les perdra
entierement.
10. Le Seigneur regnera dans
les siècles; ton. Dieu, à Sion,
dans toutes les générations.
PSAUME CXLVI
(Hégr., CXLVII).
Le Psalmiste reléve la bonté, la sagesse
et la puissance de Dieu, qui éclatent
dans toutes ses œuvres, et dans le soin
quil prend de ses créatures,
1. Alleluia.
Louez le Seigneur, parce qu'il
est bon de lui chanter un psaume :
quà notre Dieu louange soit
agréable et digne de lui.
2. Bátissant Jérusalem, le Sei-
6. Actes, xiv, 14; Apoc., xiv, 1.
3. Les fils des hommes; c'est-à-dire les autres hommes, les hommes qui ne sont pas
princes. — Dans lesquels, etc. Les princes, pas plus que les simples mortels, ne
peuvent ni se sauver eux-mémes, ni sauver les autres de la mort et de mille dangers
qui les environnent.
4. Il retournera; l'homme ou le prince, et non l'esprit; le latin etle grec sont am-
phibologiques; mais cette amphibologie n'existe pas dans l'hébreu, où le verbe
relournera est au masculin, tandis que sortira est au féminin, parce que dans cette
langue esprit est au féminin. — Sa terre; la terre d'où il est sorti. Quant au singu-
lier son, sa, il retournera; ils sont mis pour chacun d'eux, de chacun d'euz, énallage
de nombre assez commun dans les récits bibliques de ce genre.
1-11. * Action de grâces à Dieu pour le rétablissement des murs de Jérusalem. — Ce
psaume et les suivants, jusqu'au Ps. cz, sont de Néhémie ou au moins de son époque.
115 ont tous pour sujet la restauration de Jérusalem. Le Ps. cxLvi (avec ,אס qui
n'en est qu'une partie) remercie Dieu du rétablissement des murs et des portes de
la capitale de la Judée ; le Ps. cx,vrr, du rétablissement de la nationalité juive, et
le Ps. cxux, des triomphes remportés par les Juifs sur les peuples voisins. — Nous
avons ici trois séries de pensées, 1-6; 1-11; 12-20 (en y comprenant le Ps. cxLvi),
commençant chacune par une exhortation à louer Dieu, cxLvi, 1, 7, et cxLvir, 12, et
exposant toutes les grandeurs de Dieu révélées doublement dans la nature et dans
la protection spéciale accordée à Israél. Dans la premiére partie, le Psalmiste loue
particulièrement Dieu d'avoir réédifié Jérusalem et créé les astres; dans la deuxième,
d'être la Providence des animaux; dans la troisième, d'avoir rebâti les murs et les
portes de Jérusalem, de lui donner l'abondance et surtout de lui avoir donné sa loi.
4. Parce qu'ilest bon, etc.; littér. parce que bon estun psaume à chanter en son honneur.
2, Bátissant, etc. Le Seigneur a réellement 262841 Jérusalem en faisant révoquer
1996
gneurrassemblera 168 dispersions
d'Israél.
3. C'est lui qui guérit ceux qui
ont le cœur brisé, et qui bande
leurs plaies.
4. Qui compte la multitude des
étoiles, et à elles toutes donne
des noms.
5. Grand est notre Dieu, et
grande est sa force; et à sa sa-
gesse il n'y a point de borne.
6. Le Seigneur prend sous sa
protection les hommes doux;
mais il humilie les pécheurs jus-
qu'à terre.
7. Entonnez au Seigneur une
louange : chantez notre Dieu sur
la harpe.
8. C'estlui qui couvre le ciel de
nuages, et prépare à la terre de
la pluie.
Qui produit sur les montagnes
du foin, et de l'herbe à l'usage des
hommes.
9. Qui donne aux bétes leur
nourriture, et aux petits des cor-
beaux qui l'invoquent.
10. Ce n'est pas dans la force
du cheval qu'il mettra son désir,
LES PSAUMES.
(Ps. exrvir.]
ni dans les jambes de l'homme
qu'il se complaira.
41. Le Seigneur a mis sa com-
plaisance dans ceux qui le crai-
gnent, et dans ceux qui espèrent
en sa miséricorde.
PSAUME CXLVII.
Le Psalmiste exhorte Jérusalem à louer
le Seigneur de son rétablissement et de
tous les biens dont il l'a comblée.
Alleluia ἃ.
12. Jérusalem, loueleSeigneur:
loue ton Dieu, ὃ Sion.
13. Parce quil a affermi les
serrures detes portes: ilabéni tes
fils au milieu de toi.
14. C'est lui qui a établi sur tes
confins la paix, et qui te rassasie
de moelle de froment.
15. C'est lui qui envoie sa pa-
role àla terre : avec vitesse court
sa parole.
16. C'est lui qui donne de la
neige comme de la laine, répand
le brouillard comme de la cendre.
17. ll envoie sa glace comme
des petits morceaux de pain : à
la face de son froid qui tiendra?
l'ordre qui défendait aux Juifs de la rebàtir. — Les dispersions d’Israël; hébraisme,
pour Israël dispersé.
5. De borne; littér. de nombre; ce qui revient au méme sens ; à savoir que /a sa-
gesse est infinie.
6. Jusqu'à terre; c'est-à-dire profondément.
10. Ce n'est pas, etc. Ce n'est ni la force du cheval, ni la vitesse des jambes d'un
homme qui attirent la miséricorde du Seigneur et qui sauvent du danger. Compar.
Ps. xxxi, 16-11.
* Dans l'hébreu ce psaume est joint au précédent; voilà pourquoi on n'y lit point
le mot Alleluia, comme dans les Septante et la Vulgate.
12-90. * Ce psaume, qui est uni au précédent dans la Bible hébraïque, ne fait qu'un
en effet avec lui. Voir la troisième partie du Ps. .טא — La numérotation des ver-
sets, dans la Vulgate, commence par le verset 12, comme en hébreu.
14. Qui a élabli, etc.; littér. qui a établi tes confins paix; hébraisme qui donne
beaucoup d'énergie à la pensée; le véritable sens est : Qui a établi tes confins dans
la paix la plus complète. — * De moelle de froment, du meilleur froment.
16. De la laine; c'est-à-dire des flocons de laine. — Brouillard (nebulam); ou plu-
tôt gelée blanche, selon le mot hébreu, que la Vulgate elle-même a traduit par gelée
^gelu) dans Job, xxxvinr, 29, et par gelée blanche (pruina) dans Exod., xvi, 14.
11, Petits morceaux de pain (buccellas); €'est aussi le sens du grec et de l'hébreu.
fes. cxrLvirr.]
18. Il enverra sa parole, et il
les fera fondre : son vent souf-
flera, et les eaux couleront.
19. C'est lui qui annonce 88 pa-
role à Jacob; ses justices el ses
jugements à Israél.
20. I] n'a pas fait ainsi pour
loute nation : et ses jugements,
il ne les leur a pas manifestés.
Alleluia.
PSAUME CXLVIII.
Le Psalmiste invite toutes les créatures à
louer le Sejgneur.
1. Alleluia.
Louez le Seigneur du haut des
cieux ; louez-le dans les lieux les
plus élevés.
9. Louez-le, vous tous, ses an-
ges; louez-le, vous toutes, ses
puissances.
3. Louez-le, soleil et lune;
louez-le, vous toutes, éloiles de
la nuit, et lumiere du jour.
4. Louez-le, cieux des cieux, el
Ps. CXLVIII, 4. Daniel, 111, 59, 60.
LES PSAUMES.
1297
que toutes les eaux qui sont au-
dessus des cieux
9. Louent le nom du Seigneur.
Car lui-même a dit, et les cho-
ses ont été faites : lui-même a
commandé, et elles ont été créées.
6. 11165 a établies à jamais, et
pour les siècles des siècles : il
leur a donné une loi, et elle ne
sera pas détruite.
1. Louez le Seigneur, habitants
de la terre; vous, dragons, et
vous tous, abimes.
8. Feu, gréle, neige, glace,
vents de tempêtes, qui accom-
plissez sa parole :
9. Montagnes et vous toutes,
collines, arbres fruiliers, et vous
tous, cèdres ;
10. Bêles sauvages, et vous
tous, troupeaux; serpents, oi-
seaux du ciel;
11. Rois de la terre, et vous
tous, peuples; princes, et vous
tous, juges de la terre.
12. Que les jeunes hommes et
— À la face, etc.; c'est-à-dire qui pourra soutenir la rigueur de son froid, s'il veut
lui donner une grande intensité.
18. Il les fera, etc. Le pronom les, qui est au pluriel neutre dans la Vulgate (ea),
se rapporte aux mots neige, brouillards, glace, exprimés dans les versets précédents.
20. Leur (eis) serapporte à nation, nom collectif.
1.* Le Psalmiste, heureux à la vue de la nationalité juive rétablie, s'adresse a
toutes les créatures pour qu'elles en remercient Dieu avec lui. C'est la méme pensée
qui se manifeste dans le cantique des trois enfants dans la fournaise, et dans
l'hymne au soleil de S. François d'Assise. Il y a dans cette manière d'envisager
la nature non seulement beaucoup de poésie, mais aussi quelque chose d'élevé et de
touchant qui transfigure l'univers, en nous montrant le créateur, d'une facon en
quelque sorte sensible, dans toutes ses ceuvres. Ce ne sont pas les créatures inani-
mées qui parlent, mais c'est l'homme qui leur préte sa voix, et de cette maniére
rend grâces au Seigneur pour les œuvres dont il lui a donné l'usage ou la jouissance.
Tous les êtres louent d'ailleurs à leur manière celui qui les a faits, en observant
les lois qu'il leur a imposées et en concourant ainsi à l'accomplissement de ses des-
seins. — Le psaume descend graduellement du ciel àla terre pour s'arréter à l'homme
et se terminer par une exhortation générale, 13-14.
1. * Dracones, en hébreu, les grands poissons de la mer. — Abimes de la mer.
8. * Feu, éclair et foudre.
10. Serpents; sous ce nom, on entend généralement tous les reptiles, les vermis-
seaux et méme les poissons. Compar. Genése, 1, 20; Ps. cur, 25.
2. dq. 82
7
1298 LES PSAUMES. [Ps. cr.]
les vierges, les vieillards et ceux 3. Qu'ils louent son nom en
qui sont plus jeunes, louent le | chœur : qu'ils le célèbrent sur le
nom du Seigneur, tambour et sur le psaltérion;
13. Parce qu'il est le seul dont 4. Parce que le Seigneur se
le nom a élé exalté. complait dans son peuple, et
14. Sa louange est au-dessus | quil exaltera les hommes doux
du ciel et dela terre, et il a exalté | et les sauvera.
la corne de son peuple. 9. Les saints tressailliront d'al-
Qu'un hymne soit chanté par | légresse dans la gloire; ils se ré-
lous ses sainls, par les fils d'Is- , jouiront sur leurs lits.
raél, par le peuple qui l'approche. 6. Les louanges de Dieu seront
Alleluia. dans leur bouche, et des glaives à
deux tranchanis dans leurs mains,
PSAUME CXLIX. 1. Pour tirer vengeance des na-
Le Psalmiste exhorte les Israélites à louer | lions, pour chátier les peuples.
le Seigneur qui doit les combler de 8. Pour mettre aux pieds de
gloire et de bonheur, humilier leurs leurs rois des Chaines 0] sux
ennemis et les mettre sous leurs pieds. ,
mains de leurs princes, des fers,
1. Alleluia. 9. Afin d'exercer sur eux 16 ju-
Chanlez au Seigneur un càn- | gement prescrit : cette gloire est
lique nouveau : que sa louange | réservé? à tous ses saints. Alle-
relentisse dans lassemblée des | .ו
saints. PSAUME CL.
2. Qu'Israél se réjouisse en ce-
Le Psalmiste invite à louer le Seigneur
lui qui l'a fait; que les fils de sur divers instruments, à cause de sa
Sion tressaillent d'allégresse en | Srandeur et de sa puissance infinie.
leur roi. 1. Alleluia.
14. Sa louange, etc.; c'est-à-dire qu'il mérite plus de louanges qu'on ne lui en rend
dans le ciel et sur la terre ; ou bien, selon d'autres, qu'il reçoit les louanges de toutes
les créatures qui sont dans le ciel et sur la terre. — La corne; c'est-à-dire la puissance.
Compar. Ps. xvir, ὃ. — Ses sainls ; les Israélites, qui sont souvent appelés dans l'Ecri-
ture du nom de saints, — Qui l'approche. Deutéron., 1v, 1.
1. * Le Psalmiste chante les victoires du peuple juif, revenu de la captivité, sur
les tribus voisines qui leur avaient suscité toute sorte d'obstacles pour empécher la
reconstruction du temple. — Les cinq premiers versets invitent à louer Dieu de ses
bontés, et les quatre derniers proclament que ces louanges lui sont dues, parce qu'il
a tiré vengeance des peuples ennemis d'Israël.
4. Il exaltera et sauvera; littér. il exaltera pour le salut.
5. Sur leurs lits; dans les douceurs du repos; ou bien dans leurs demeures.
8. Pour metíre, etc.; littér. pour lier leurs rois dans des entraves, et leurs nobles
dans des menottes de fer. — * Les bas-reliefs assyriens représentent les rois vaincus
attachés avec des chaines aux pieds et aux mains.
9. Le jugement prescrit; la vengeance déterminée dans l'ordre de Dieu et prédite
daus les prophètes. — Cefte gloire; c'est-à-dire les avantages mentionnés dans les
versets précédents, comme la gloire, le repos, la paix, la victoire, la supériorité sur
les ennemis.
1-6. * Le dernier des psaumes n'est qu'une magnifique doxologie dans laquelle le
Psalmiste invite treize fois, en comprenant dans ce nombre l’alleluia initial et final,
à louer Dieu dans le temple, — 1:àcause de sa grandeur, — 2 : avectoute sorte d'instru-
fps. cL.]
Louez le Seigneur dans son
sanctuaire, louez-le dans le fir-
mament de sa puissance.
9. Louez-le dans les œuvres de
sa puissance; louez-le selon la
multitude de ses grandeurs.
3. Louez-le au son de la trom-
pette; louez-le sur le psaltérion
et sur la harpe.
LES PSAUMES. 1999
4. Louez-le sur le tambour
et en chœur; louez-le sur les
instruments à corde et sur l'or-
gue. .
8. Louez-le sur les cymbales
sonores; louez-le sur les cymba-
les de jubilation ;
6. Que tout esprit loue le Sei-
gneur. Alleluia.
ments de musique, 3-5. La synagogue compte, d'apres Ezode, xxxiv, 6-7, treize attri-
buts de Dieu. Kimchi dit que les treize louanges du Ps. cz correspondent à ces treize
attributs.
1. Dans son sanctuaire; littér., selon les Septante et la Vulgate, dans ses saints
lieux; ce qu'on traduit ordinairement par sancluaire; le mot hébreu correspondant
signifie, entre autres choses, sainteté, lieu saint, sanctuaire, Lemple. D'un autre côté,
le ciel est appelé quelquefois le lieu saint de Dieu. Compar. Ps. xix, 1; cur, 2, 19, —
Le firmament de sa puissance; e'est-à-dire le firmament, où il fait surtout éclater sa
puissance. Or, le firmament est synonyme de ciel, puisqu'on lit dans Genèse, 1, 8:
« Dieu nomma le firmament, ciel. »
6. * Le psautier tout entier se termine par ce trait admirable qui le résume si bien :
« Que tout être qui respire loue le Seigneur! A/Veluia! » — Esprit; ce qui a vie, ce
qui respire.
ΟΦ. © SE ma
INTRODUCTION
AU LIVRE DES PROVERBES
L'auteur du livre des Proverbes est Salomon, comme l'attestent les inscrip-
tions. Les deux derniers chapitres du livre, xxx-xxxi, qui portent un autre
nom, peuvent seuls lui étre refusés. Tout le monde admet que les chapitres
זוצצ-א sont de lui, au moins dans leur majeure partie. L'opinion de Grotius,
qui prétendait que Salomon n'était que le compilateur des maximes publiées
sous son nom, est universellement abandonnée; elle est inconciliable avec les
inscriptions, 1, 1; x, 1, et avec III Rois, iv, 32. L'origine salomonienne de tous
les proverbes est encore confirmée par l'uniformité du style qui est partout
essentiellement le méme, et par l'emploi de certains mots favoris qu'on retrouve
dans les xxix premiers chapitres.
La question de la date du livre dans sa forme actuelle est différente de celle
de l'auteur. L'inscription du second recueil de proverbes, xxv, 1, prouve que
cette partie ne fut recueillie que du temps d'Ézéchias, entre 725 et 696 avant
Jésus-Christ, mais nous ne savons si elle fut empruntée à la tradition orale ou
tirée de livres antérieurs. Quoi qu'il en soit, on peut affirmer avec M. Reusch
que, « dans sa forme présente, le livre des Proverbes est du temps d'Ézéchias.
L'appendice, xxx-xxxi, peut aussi avoir été ajouté à cette époque. Selon toute
apparence, les hommes d'Ezéchias avaient déjà trouvé les deux premières parties,
1-XXIV Où au moins r-xxir, 15, réunies par Salomon lui-même, ou sous son règne,
ou peu après lui. »
Les moyens de lire avec fruit le livre des Proverbes sont les suivants :
« 1? Pour les bien entendre, en réduire la doctrine à certaines vérités capi-
tales d’où les autres dépendent. — 2° Comparer les instructions de ce livre avec
celles de l'Évangile et des Apôtres, ainsi que de la loi, des prophètes et des
autres livres de l'Ancien Testament. — 3° Chercher dans les histoires de l'Écri-
ture des hommes tels, en bien et en mal, que les dépeint le livre des Pro-
verbes. — 4° Profiter des ouvertures que donnent les Pères de l'Église sur
certains endroits de ce livre, pour entendre non seulement ces endroits, mais
encore tout le reste du livre. — 5? Lire et méditer ce divin livre dans le méme
esprit dans lequel il a été composé. » (ANONYuE.) :
Voici un exemple, tiré de S. Augustin, qui montre quel fruit on peut retirer
de la lecture et de la méditation des Proverbes dans les applications morales.
Saint-Marc Girardin, aprés avoir rapporté le passage des Proverbes, vr, 6-8, qui
vante la prévoyance de la fourmi, continue : « Ne croyez pas que les docteurs
chrétiens, surtout les Péres de l'Église, n'aient expliqué la prévoyance que
Salomon loue dans la fourmi, que par le soin d'amasser des richesses malé«
INTRODUCTION AU LIVRE DES PROVERBES, 1301
rielles pour nos vieux jours. C’est la richesse morale qu'il faut acquérir quand
on est jeune, pour en jouir quand on est vieux. Enrichissez votre àme, afin.
qu'elle ait de quoi se soutenir dans les mauvais jours. « Voyez, dit S. Augustin,
כ la fourmi de Dieu : elle se lève tous les jours de grand matin, court à l'église,
» prie, entend la lecture de la parole sainte, chante les hymnes, repasse dans
» son esprit ce qu'elle a entendu, y réfléchit longtemps et amasse le grain
» qu'elle a recueilli dans l'aire... Vient l'épreuve de la tribulation, l'hiver de la
» vie, l'orage de la crainte, le froid de la tristesse, la perte des biens, le risque
» de la vie, la mort des siens, la disgráce et l'humiliation... Alors les hommes:
» regardent cette âme fidèle avec une grande compassion : Quel malheur!
» disent-ils ; le moyen de vivre aprés cela? Comment cette personne n'est-elle
» point accablée par tant de maux? — Ils ne savent pas les provisions qu'a
» faites la fourmi et qui la nourrissent à ce moment; ils ne voient pas quels
» grains précieux elle a amassés, et comment, renfermée dans son abri, loin
» de tous les yeux, elle se soutient pendant l'hiver à l'aide des travaux de
» l'été. » Voilà comment S. Augustin explique l'éloge que Salomon fait de la
prévoyance de la fourmi, prévoyance d'autant plus louable qu'elle s'applique
à des biens plus élevés et plus solides que ceux que recherchent ordinairement
les hommes, biens qu'on ne possède et dont on ne jouit dans la vieillesse qu'à
la condition de les avoir acquis dans la jeunesse. Ne nous y trompons pas,
en effet, notre jeunesse fait et prépare notre vieillesse [et méme notre vie éter-
nelle], et nous ne retrouvons dans nos greniers que ce que nous avons semé et
cultivé dans nos champs pendant le printemps. »
Les Proverbes sont le premier des livres appelés sapientiaux, dans le sens
strict, parce qu'ils nous enseignent la véritable sagesse, celle qui nous apprend
à pratiquer la vertu, à devenir meilleurs et à faire, comme nous le disons au-
jourd'hui dans la langue chrétienne, notre salut. La sagesse est, par conséquent,
la méme chose que la vertu; elle consiste à connaitre et à faire le bien pour
plaire à Dieu, ur, 4; à fuir le mal pour ne point lui déplaire, πὶ, 7; cf. vut, 13:
à agir, en un mot, d'une manière surnaturelle. Le sentier des justes est lumière:
la voie des méchants, ténèbres, 1v, 18-19. Cf. xxvii, 18; 1v, 27. Salomon veut
précher ainsi la sagesse à ceux qui ne la connaissent pas encore, et en donner
une connaissance plus parfaite à ceux qui savent déjà ce qu'elle est. A cause
du but qu'il se propose, il s'adresse à l'homme en général; l'individu s'efface
devant l'humanité ou se confond avec elle. Le Juif ne se montre pas ici; le
côté étroit et national qui dépare les productions rabbiniques est tout à fait
absent des livres sapientiaux; l'Esprit Saint instruit tous les hommes, parce
qu'il les appelle tous au salut. La sagesse à laquelle il les convie, qu'il veut
leur faire aimer, n'est pas du reste une abstraction; c'est une personne divine.
L'auteur sacré nous la représente, dans le ch. viu, 14, revétue des attributs
qu'Isaie donne au Messie, σι, 2, le conseil, l'intelligence, la force; il nous parle
d'elle, 15-16, comme de Dieu : toute puissance vient d'elle sur la terre; elle
aime ceux qui l'aiment; elle est la source de tous les biens, 16-21. La Sagesse
est le Verbe, la seconde personne de la Sainte Trinité, engendrée de toute éter-
nité par le Pére, 22-23. Elle est désignée comme le Verbe dans l'Apocalypse,
m, 14; comme Jésus-Christ dans S. Paul, Col., 1, 15; elle a pris part à la
création du monde, 24-30, comme nous l'explique S. Jean au commencement
de son Évangile, 1, 3; elle n'est pas seulement spectatrice de la création, elle y
1302 INTRODUCTION AU LIVRE DES PROVERBES.
prend une part active, Prov., vir, 30; Jean, 1, 3. L'idée de la médiation du
Verbe, entre son Pére et les hommes, apparait aussi dans l'ensemble de ce pas-
sage des Proverbes, qui se termine par ce mot si tendre et si touchant : Mes
délices sont d'être avec les fils des hommes, vni, 31. Ce que nous recommande
Salomon dans son livre, c'est donc l'imitation de la Sagesse incréée, la partici-
pation à sa vie et à ses attributs. En nous révélant ces grandes vérités, il nous
montre en Dieu méme le principe de la loi morale et la source de la vertu.
Le moyen d'acquérir la sagesse, c'est d'avoir la crainte de Dieu. L'introduc-
tion générale, r-ix, nous apprend quel est le motif qui a poussé Salomon à re-
cueillir ses Proverbes : c'est de démontrer que la crainte de Dieu est 16 premier de
tous los biens, 1, 7: La crainte du Seigneur est le principe de la sagesse, parce que
c'est elle qui nous méne à la sagesse. Cette parole est le véritable commen-
cement du livre, après la préface, 1, 1-6; elle est répétée aussi à la fin, presque
en dernier lieu, comme conclusion, 1x, 10, parce que c'est la vérité que l'auteur
se propose principalement d'inculquer, le résumé de toute sa doctrine. Cf. τ, 22;
vi, 5; 1x, € ; Job, xxvur, 28; Ps. cx, 10; Eccli., 1, 16.
La craiite de Dieu à laquelle Salomon ou plutót l'Esprit Saint attache tant
d'importance, c'est la pratique de la religion, ou, en d'autres termes, le respect
et le culte dus à Dieu, l'observation de ses commandements, ce que nous devons
appeler maintenant une conduite chrétienne. Avoir la crainte de Dieu ou étre
fidèle à tous ses devoirs, c'est donc le moyen d'arriver à la sagesse. Le sage
pose ainsi la religion comme base de la morale et de la sainteté ; en dehors de
Dieu, il n'y a point de vraie morale ni de science compléte, xvi, 20; xxix, 25;
nr, 11-12, et surtout nr, 5-6.
Depuis Julien l'Apostat, on a souvent répété que la sagesse des Proverbes
n'était qu'une sagesse humaine. Il est vrai que, gráce à la révélation contenue
dans l'Ancien Testament, et surtout dans le Nouveau, les idées exprimées dans
les livres sapientiaux nous sont devenues familiéres et appartiennent en quelque
sorte au patrimoine commun du genre humain, mais elles n'en sont pas moins
élevées et dignes de celui qui les a inspirées. Pour en comprendre le prix, il
faut les comparer aux maximes des sages paiens. Or, depuis Phocylide jusqu'à
Marc-Auréle, quoique celui-ci et ses contemporains aient déjà vécu dans une
atmosphére imprégnée de Christianisme, on ne trouve aucun philosophe qui
égale le fils de David. Aucun d'entre eux n'a eu le regard assez pénétrant pour
découvrir le vrai principe de la vertu et poser comme base de la sagesse le
premier verset de notre livre : La crainte du Seigneur est le principe de la sagesse ;
aucun d'entre eux n'a pu complétement éviter toute erreur : s'ils ont vu que le
bien est le juste milieu entre deux excés, ils n'ont pas su se tenir dans le droit
chemin; de tous il faut retrancher des points répréhensibles en dogme et en
morale; Salomon seul n'erre jamais, parce que c'est Dieu qui parle par sa
bouche. Epictéte, le plus grand cependant des moralistes paiens, n'avait trouvé
qu'une morale négative, dépourvue de tout principe d'action: Souffre, abstiens-
toi. Les autres philosophes stoiciens n'avaient su non plus enseigner qu'une
résignation au-dessus des forces humaines, consistant à se faire illusion sur la
nature de la souffrance, ou bien une vague reconnaissance pour les bontés du
ciel; ils n'avaient jamais pensé à nous inviter, comme l'Esprit Saint par la
bouche de Salomon, à faire de la pensée de Dieu une douce occupation du
cœur, une sorte de refuge et de lieu derepos. Si les Proverbes ne font pas
INTRODUCTION AU LIVRE DES PROVERBES. 1308
encore briller le plein jour de l'Évangile, ils en sont du moins l'aurore : Dieu
nous y apparait comme un père, jusque dans ses chátiments, rit, 12.
Un poète, qui s'est inspiré des Proverbes, dans ses Paroles de Salomon, Joseph:
Autran, dit des maximes du Sage: « J'avais passé, je l'avoue, plusieurs années
sans les revoir. Je ne redirai pas les sentiments que fil naître en moi cette
lecture; ils seront compris du petit nombre de ceux qui ne dédaignent pas
d'ouvrir de temps en temps ces livres incomparables. Quel poéte et quel sage
que ce roi Salomon! Il a tout vu, tout senti, tout essayé, tout approfondi.
L'expérience universelle des choses est résumée dans ces maximes, tour à tour
sublimes et familiéres, qui s'adressent à tous les hommes et à tous les temps,
dans ces courtes et substantielles sentences qui gardent aprés trois mille ans
leur immortel à-propos. Que dire aussi de cette beauté de langage, de cette
richesse d'images et de couleurs qui n'ont d'égales nulle part? Telle en est la
puissance qu'elles font oublier nos miséres et nos petitesses des jours présents. »
Le livre des Proverbes se divise de la manière suivante. 1? Il s'ouvre par une
sorte de préface générale, r, 1-6, qui renferme le titre du livre et le nom de
l'auteur, et nous fait connaitre le caractére général et le but des Proverbes. —
2° Le corps du livre se partage en trois parties : 1? une introduction générale,
I, 7-1x ; 2? et 3? deux recueils distincts des Proverbes de Salomon, x-xxiv ; xxv-xxix.
— 3° Enfin l'ouvrage se termine par trois appendices, savoir deux petites collec-
tions de proverbes qui portent le nom d'Agur (dans la Vulgate, « celui qui as-
semble ») et du roi Lamuel, et l'éloge alphabétique ou acrostiche de la femme
forte, xxx; xxx!:, 1-9; xxxi, 10-31.
LES PROVERBES"
DE SALOMON
CHAPITRE PREMIER.
Exhortation à l'étude de la sagesse. Mal-
heur de ceux qui la méprisent, et qui
cherchent à séduire les simples.
1. Paraboles de Salomon, fils
de David e£ roi d'Israël,
2. Utiles pour connaitre la sa-
cesse et la discipline,
3. Pour comprendre les paroles
justice, 6116 jugement et 6
4. Afin que soit donnée aux
tout petits la finesse, à l'adoles-
cent la science et l'intelligence.
ὃ. Le sage, en écoutant, sera
plus sage, et l'intelligent possé-
dera les moyens de gouverner.
6. Il découvrira le proverbe et
l'interprétation, les paroles des
sages et leurs énigmes.
1. La crainte du Seigneur est le
principe de la sagesse. La sagesse
de la prudence, pour recevoir
linstruction de la doctrine, la
(RAP MPS ex MD ECC Re;
* Le mot Proverbes se prend ici dans le sens de sentences, maximes, leçons courtes
et instructives, écrites d'un style concis et sentencieux. Les Grecs lui ont donné le
nom de Paraboles (Paroimiai); nom qui convient d'autant mieux que la plupart des
sentences de ce recueil sont écrites d'un style parabolique et figuré. Les anciens Péres
ont appelé ce livre Panaretos, d'un mot grec qui signifie trésor de toute vertu, ou
recueil de toutes sortes d'instructions qui conduisent à la vertu.
1-6. * Préface des livres des Proverbes. Salomon a un double but : celui d'ap-
prendre la sagesse à ceux qui ne la connaissent pas encore et celui d'en donner une
connaissance plus parfaite à ceux quila connaissent déjà.
2. La discipline. Ce mot, qui est souvent répété dans les Proverbes, signifie princi-
palement les connaissances spéculatives, les instructions propres à former l'esprit et
le cœur de la jeunesse, la correction des défauts. Le contexte seul suffit souvent
pour faire saisir dans chaque passage la nuance de la signification.
4. Aux tout petits (parvulis); c'est-à-dire selon l'hébreu, aux simples, qui se laissent
facilement persuader et séduire; qui manquent d'expérience, et, par là méme, de pru-
dence. — La finesse se prend ici, en bonne part, pour la sagesse, la prudence, la
discrétion.
7 et .טנטפ * La première partie des Proverbes de Salomon comprend les chapitres
I, T-1x. Elle diffère des deux autres parties de la collection en ce qu'elle ne se com-
pose pas seulement de pensées détachées, roulant sur des objets divers : le sujet est.
unique; l'auteur fait l'éloge de la sagesse et exhorte les jeunes gens à travailler à
l'acquérir. On peut considérer, à certains égards, les chapitres 1, 1-1x, comme une
introduction aux proverbes proprement dits, destinée à en faire sentir l'utilité et
l'importance. La connexion entre les divers chapitres n'est pas d'ailleurs trés rigou-
reuse. Plusieurs, 11; v; vii; viii; 1x, forment un tout régulier; quelquefois, il n'y a
de véritable suite que pendant quelques versets : ur, 1-10; 13-26 ; 1v, 14-19; vr, 1-5,
6-11, d'où la difficulté de marquer les subdivisions de cette première section avec
‘CH. 1.]
et la doctrine, les insensés les
méprisent.
8. Écoute, mon fils, la discipline
de ton pere, et ne rejette pas la
loi de ta mere,
9. Afin que soit ajouté un agré-
ment à ta téte, et un collier à ton
cou.
| 10. Mon fils, si des pécheurs
veulent t'attirer, n'y acquiesce
|pas.
' 4. S'ils disent : Viens avec
nous, dressons des embüches au
sang, cachons des pieges à l'inno-
cent qui nel'a pas mérité;
19. Comme l'enfer, engloutis-
sons-le vivant et entier, comme
celui qui descend dans la fosse.
LES PROVERBES.
1305
18. Nous trouverons toutes
sortes de biens précieux : nous
remplirons nos maisons de dé-
pouilles.
14. Mets ta part avec nous,
qu'une seule bourse soit pour
nous tous.
15. Mon fils, ne marche pas avec
eux, écarte ton pied de leurs sen-
tiers.
16. Car leurs pieds courent au
mai, etils se hâtent afin de verser
le sang.
17. Mais en vain l'on jette le
filet devant les yeux des oi-
seaux.
18. Eux aussi à leur propre
sang dressent des embüches, et
10: IAE, Dix, 7.
certitude. On peut y distinguer, néanmoins, trois parties différant par le contenu:
1, 8-11; 1v-v1, 19; vr, 20-1x. Le style des Proverbes est en général le style poétique le
plus simple, mais il n'est pas partout le méme. C'est surtout entre le premier et le
second recueil que la différence de composition est sensible. Dans les chapitres 1-1x,
malgré un peu de diffusion, quelques répétitions et l'absence, en certains endroits,
d'un développement régulier, le langage est plus noble, le ton plus élevé; ils
abondent en images vivantes et en prosopopées hardies; les deux derniers chapitres,
vi-ix, comptent parmi les pages les plus sublimes de la Bible. Quant à la forme
proprement dite, la structure des morceaux est peu régulière. Une pensée est quel-
quefois développée en deux ou trois versets, 1, 8-9 ; rii, 11-12; vr, 1-5; 6-11; 19-15; 16-
19; d'autres fois elle embrasse une longue suite de versets ou méme un chapitre
tout entier, 11, 1-22; v, 1-20; vr, 20-35; vir; vii; ΙΧ.
1. Les insensés (stulli); sous ce nom, l'Ecriture désigne assez souvent les méchants,
les impies. — * La crainte du Seigneur est le principe de la sagesse. « Dans cette
parole d'or, dit Umbreit, la philosophie de l'Orient se sépare nettement de l'Occident.
Le sage [juif] parvient par la religion à la sagesse, tandis que le sage de l'Occident
cherche à arriver par la sagesse à la religion. On peut expäquer aiusi ces paroles :
L'homme religieux peut seul devenir véritablement sage. »
8. * Ici commence une subdivision qui embrasse la fin de ce chapitre et les cha-
pitres πὶ et πὶ entiers, Elle contient une exhortation générale à s'adonnerà la pour-
suite de la sagesse, et elle se termine par des détails divers, Cette première subdivi-
sion, comme les suivantes, est indiquée par les mots, Ecoute, mon fils, ou expressions
analogues, 1v, 1; vi, 20.
9. Un agrément (gratia); un ornement, une couronne. — * Les Orientaux com-
parent souvent les paroles des sages à des perles et à des ornements de prix, parce
qu'elles ornent l'homme moral comme une parure.
11. Au sang ; c'est-à-dire pour verser le sang. Compar. le vers. 16.
12. Dans la fosse; dans le tombeau. — * Comme l'enfer, le scheól, le lieu où étaient
les âmes des morts.
17, 18. De méme que l'oiseleur tend inutilement son filet sousles yeux des oiseaux,
parce que, lorsque les oiseaux le voient tendre, ils l'évitent, de méme aussi les
pécheurs manqueront leur but; bien plus, ils tomberont eux-mémes dans les pièges
qu'ils tendent aux autres. אי
1306
machinent des fraudes contre
leurs propres àmes.
19. Ainsi sont les sentiers de
tout avare, ils ravissent l'àme de
tous ceux qui possèdent.
90. La sagesse préche dehors ;
dans les places publiques elle
élève sa voix;
21. A la tête des foules elle crie,
aux portes de la ville elle profère
ses paroles disant :
22. Jusques à quand, tout pe-
tits enfants, aimerez-vous l'en-
fance, et les insensés désireront-
ils ce qui leur est pernicieux,
et les imprudents hairont-ils la
science?
93. Convertissez-vous à mes
remontrances : voici que je vous
révélerai mon esprit, et que je
vous ferai comprendre mes pa-
roles.
24. Parce que j'ai appelé, et que
vous avez refusé de m'entendre ;
que j'ai tendu ma main, et qu'il
n'y a eu personne qui m'ait re-
gardé ;
95. Que vous avez méprisé tous
mes conseils, et négligé mes ré-
primandes :
LES PROVERBES.
[cH. 1.]
26. Moi aussi, à votre mort, je
rirai et je me moquerai, lorsque
ce que vous craigniez vous sera
arrivé.
27. Lorsqu'une calamité arri-
vera tout d'un coup, et que la
mort, comme une tempéte, fon-
dra violemment sur vous ; quand
viendront sur vous la tribulation
et l'angoisse :
28. Alors ils m'invoqueront, et
je ne les exaucerai pas; des le
matin ils seleveront, etils ne me
trouveront pas ;
29. Parce qu'ils ont hai la disci-
pline, et qu'ils n'ont pas recu la
crainte du Seigneur,
30. Qu'ils n'ont pas acquiescé à
mes conseils, qu'ils ont déprécié
toutes mes remontrances.
31. Aussi ils mangeront les
fruits de leurs voies, et ils seront
rassasiés de leurs conseils.
32. L'égarement des tout petits
les tuera ; etla prospérité des in-
sensés les perdra.
33. Mais celui qui m'écoute re-
posera sans terreur et jouira de
l'abondance, la crainte des maux
ayant été enlevée.
24. Is., Lxv, 12; Lxvi, 4; Jérém., vir, 13.
90. * Dans les places publiques. On peut voir ici une allusion à la coutume orien-
tale de mettre les préceptes de morale en vers, que des chanteurs ou des orateurs
chantent ou déclament dans les rues et sur les places publiques.
92. Trés pelits. Voy. 16 vers. 4. — Les insensés. Voy. le vers. 7. — * Salomon énu-
mère trois classes de gens qui repoussent la sagesse : les enfants ou les simples, les
insensés ou les esprits légers et frivoles et les imprudents ou les sots. Voir la para-
bole de la semence, Matth., xui, 3 et suiv.
31. Ils seront rassasiés, etc.; c'est-à-dire ils recevront la récompense pleine et en-
tiére de leurs desseins, de leurs projets.
32. L'égarement; littér. l'éloignement (aversio) de la droite voie, de la sagesse, de
la vertu. C'est le méme sens en hébreu. Jérémie se sert plusieurs fois de ce mot pour
exprimer l'éloignement de Dieu (Jérém., it, 12; 111, 22; v, 65; xiv, 1). — Tout petits,
Voy. le vers. 4.
33. La crainte, etc.; sans avoir à craindre aucun mal,
cu. π.}
CHAPITRE IL.
Avantages que l'on trouve dans !a pos-
session de la sagesse. Maux que la sa-
gesse fait éviter à ceux qui l'aiment et
qui la possèdent.
1. Mon fils, si tu recois mes pa-
roles, et si tu caches mes com-
mandements en toi,
2. Ensorte queton oreille écoute
la sagesse : incline ton cœur pour
connaitre la prudence.
3. Car situ invoques la sagesse,
et que tu inclines ton cœur vers
la prudence ;
4. Si tu la recherches comme
l'argent, et que tu creuses pour
la trouver, comme les trésors:
5. Alors tu comprendras la
crainte du Seigneur, et tu trou-
veras la science de Dieu.
6. Parce que c'est le Seigneur
qui donne la sagesse, et que de
sa bouche sortent la prudence et
la science.
7. Il veillera au salut des
hommes droits, et protégera ceux
qui marchent dans la simplicité,
8. Conservant les sentiers de la
justice, et gardant les voies des
saints.
9. C'est alors que tu compren-
dras la justice et le jugement, et
160116 et tout bon sentier.
10. Sila sagesse entre dans ton
LES PROVERBES.
1507
cœur, et que la science à ton âme
plaise,
11. Le conseil te gardera, et la
prudence te sauvera,
12. Afin que tu sois arraché à
une voie mauvaise, et à l'homme
qui tient des discours pervers;
13. À ceux qui abandonnent le
droit chemin, et qui marchent
par des voies ténébreuses,
14. Qui se réjouissent lorsqu'ils
ont mal fait, qui tressaillent de
joie dansles choses les plus mau-
valises,
15. Dont les voies son perver-
ses, et dont les démarches sont
infâmes.
16. Afin que tu sois arraché à
la femme d'autrui, et à l'étran-
gere, qui amollit ses paroles ;
17. Qui abandonne le guide de
sa jeunesse,
18. Et qui a oublié l'alliance de
son Dieu : sa maison penche vers
la mort, et ses sentiers vers les
enfers;
19. Tous ceux qui entrent chez
elle ne reviendront pas, et ne
prendront pas les sentiers de la
vie.
20. Afin que tu marches dans
une voie bonne, et que tu gardes
les sentiers des justes.
21. Car les hommes qui sont
droits habiteront sur la terre, et
1. Si tu caches, etc.; c'est-à-dire si tu les tiens renfermés dans ton cœur, comme on
tient un trésor à l'abri de toute atteinte.
4. * Situ la recherches, etc. L'image de cette recherche diligente est empruntée au
travail des mines, décrit plus longuement, Job, xxvur, 1-11.
17. Le guide de sa jeunesse; littér. de sa puberté; c'est-à-dire celui qu'elle avait
épousé étant à l'âge de puberté, étant encore vierge. Compar. Jérém., m, 4.
18. * Qui a oublié l'alliance de son Dieu, la loi de Dieu qu'elle viole. — Vers les en-
fers, en hébreu, vers les rephaim ou habitants du scheól. Voir plus loin, ix, 48.
19. * Ne reviendront pus au monde supérieur, à la vie tranquille, heureuse et pure.
21. Les hommes qui sont droits; selon l'hébreu, les intégres, les parfaits. — Sur la
terre (in terrá): c'est-à-dire dans leur patrie, jouissant d'une sécurité et d'une pros-
périté durables, comme Moise l'a promis à ceux qui observeraient les préceptes divins
1308
les simples y demeureront cons-
tamment.
22. Mais les impies seront ex-
terminés de la terre; et les mé-
chants en seront enlevés.
CHAPITRE III.
La sagesse donne une longue vie. Avoir
confiance en Dieu. N'étre pas sage à ses
propres yeux. Honorer le Seigneur par
des présents; souffrir ses corrections
et ses épreuves. Prix inestimable de la
sagesse. Le Seigneur a fondé la terre
par la sagesse. Paix de ceux qui pos-
sèdent la sagesse. Faire du bien à son
prochain. Bonheur des justes.
1. Mon fils, n'oublie pas ma
loi, et que ton cœur garde mes
préceptes,
2. Car ils t'apporteront la lon-
gueur des jours, des années de
vie, et la paix.
3. Que la miséricorde et la vé-
rité ne t'abandonnent pas: mets-
les autour de ton cou, grave-les
sur les tables de ton cœur :
4. Et tu trouveras grâce etune
bonne discipline devant Dieu et
les hommes.
5. Aie confiance dans le Sei-
gneur de tout ton cœur, et ne
LES PROVERBES.
]08. 111.)
l'appuie pas sur ta prudence.
6. Dans toutes tes voies, pense
à lui, et lui-même dirigera tes
pas.
7. Ne sois pas sage à tes pro-
pres yeux: crains Dieu, et éloigne-
toi du mal;
8. Car ce sera la santé pour
ton corps et une irrigation pour
tes os.
9. Honore le Seigneur de ton
bien, et donne-lui des prémices
de tous tes fruits;
10. Et tes greniers seront rem-
plis d'abondance, et tes pressoirs
regorgeront de vin.
11. Ne rejette pas, mon fils, la
discipline du Seigneur : et ne te
décourage pas, lorsque par lui tu
es châtié ;
19. Car le Seigneur chátie
celui qu'il aime, et il se complait
en lui comme un pére en son
fils.
13. Bienheureux l'homme qui
a trouvé la sagesse, et qui est
riche en prudence :
14. L'acquisition de la sagesse
vaut mieux que le commerce de
l'argent, et ses fruits sont préfé-
Caae. II. 22. Job, xvii, 17. — (παρ. III. 7. Rom., xii, 16. — 9. Tobie, 1v, 7; Luc,
xiv, 18. — 11. Hébr., xir, 5; Apoc., rir, 19.
(Exod., xx, 12; Lévit., xxv, 18; xxvi, 5, etc.), et Jésus-Christ à ceux qui sont doux
(Matth., v, 4).
Mais de cette premiére idée d'une félicité temporelle et d'une vie
paisible dans le monde, l'Ecriture nous éléve à une autre terre et à une autre vie,
qui ne finira pas, à la terre des vivants, à la félicité éternelle, au ciel.
22, * La sagesse promet ici à ses sectateurs un des biens qui étaient le plus désirés
des Hébreux, le bonheur de vivre et de mourir en paix dans sa patrie.
2, Ils 'apporteront, etc. Compar. Exod., xx, 22; Deulér., v, 10; xxu, 7.
3. Mets-les autour, etc. Compar. Exod., xui, 9; Deutér., νι, 8. — Grave, etc.; allusion
aux Tables de la loi. Voy. Exod., xxiv, 12.
4. Discipline. Voy. Proverb., 1, 3.
6. * Lui-méme dirigera tes pas, aplanira tes sentiers, rendra ta vie heureuse et
sainte. Voir Ps. xxvi, 12.
10. * Tes pressoirs. Le mot hébreu ainsi traduit désigne une sorte d'auge creusée
dans la terre ou taillée dans le roc à cóté du pressoir proprement dit et dans laquelle
se déverse le vin qui coule du pressoir. Voir 18006, v, 2.
14-15. * Toutes les richesses, En hébreu, les perles. Il y a une gradation ascendante;
(cu. π|.]
ב
rables à
plus pur;
15. Elle est plus précieuse que
toutes les richesses; et tout ce
qu'on désire ne peut lui étre
comparé.
16. La longueur des jours est
dans sa droite ; et dans sa gauche
sont les richesses et la gloire.
17. Ses voies sont des voies
belles, et tous ses sentiers sont
pacifiques.
18. Elle est un arbre de vie pour
ceux qui la saisissent, et celui qui
la tient est bienheureux.
19. Le Seigneur, par la sagesse,
a fondé la terre : il a affermi les
cieux par la prudence.
20. Parsa sagesse ont paru tout
à coup des abimes, et les nuées
se chargent de rosée.
21. Mon fils, que ces choses ne
s'éloignent pas detes yeux; garde
la loi et le conseil;
92. Et ce sera la vie pour ton
âme, et un ornement à ton cou;
23. Alors tu marcheras avec
assurance dans ta voie, et ton
pied ne se heurtera pas;
lor le meilleur et le
ὉΠ ΒΒ. ΣΧ ΥΙ; 4.
LES PROVERBES.
1309
94. Si tu dors, tu ne craindras
pas : tu reposeras, et doux sera
ton sommeil ;
25. Ne redoute pas une terreur
soudaine, ni les puissances des
impies fondant sur toi.
26. Car le Seigneur sera à ton
côté, et 11 gardera ton pied, afin
que tu ne sois point pris.
27. N'empéche point de bien
faire celui qui le peut : situ es en
état, fais toi-même bien.
98. Ne dis pas à ton ami : Va
et reviens; demain je te don-
nerai, lorsqu'à l'instant tu peux
donner.
29. Ne machine pas de mal
contre ton ami, puisque lui en
toi a confiance.
30. Ne dispute pas avec un
homme sans sujet, lorsque lui-
méme ne t'a rien fait de mal.
91. Ne porte pas envie à un
homme injuste, et n'imite pas ses
voies,
32. Parce que c'est l'abomina-
tionduSeigneur, qu'un moqueur;
et quec'est avec les simples qu'est
sa conversation.
huno "——— nnn 0————————————————
d'abord l'argent, puis l'or, plus précieux que l'argent, et enfin les perles plus rares
encore et de plus grand prix. Voir vir, 11 et Job, xxvur, 18.
16. La longueur, etc.; c'est-à-dire que la sagesse donne, d'un cóté, une longue et
heureuse vie; et de l'autre, des biens et des honneurs. — * L'excellence de la sagesse
a été montrée jusqu'ici par des comparaisons. Dans ce verset, elle nous apparait
comme une reine dontles mains sont remplies des présents que les Hébreux consi-
dérent comme les plus désirables, et elle les offre à ceux qui obéissent à ses lois.
Les dons qu'offre ici la sagesse sont ceux que Dieu promit à Salomon quand il lui
apparut à Gabaon, 111 Rois, ur, 11-14.
11.* Pacifiques. La sagesse donne la paix de l'àme que tous les hommes désirent
et que les impies, qui ne recherchent point la sagesse, ne trouvent point.
18. * Un arbre de vie. Allusion à l'arbre de vie du paradis terrestre, Genèse, τι, 9;
ni, 22.
20. Des nuées se chargent de rosée (nubes rore concrescunt); selon l'hébreu : Des
nuées distillent la rosée. — * Les abimes, les eaux des mers. Ce verset, comme les
deux précédents, rappelle les premiers chapitres de la Genèse.
21-35. * Exhortation à la charité fraternelle.
32. Moqueur (illusor); selon l'hébreu, pervers, dépravé
1310
33. La détresse viendra du Sei-
gneur dans la maison de l'impie ;
mais les habitations des justes
seront bénies.
34. Il se jouera lui-même des
moqueurs ; et aux hommes doux
il donnera sa grâce.
35. Les sages posséderont la
gloire : l'élévation des insensés
sera l'ig nominie.
CHAPITRE IV.
Salomon donne aux autres les instruc-
tions qu'il a recues lui-méme pendant
sa jeunesse. Exhortation à étudier la
sagesse, Inquiétudes des méchants.
Garder son cœur avec soin. Veiller sur
sa langue et sur ses démarches.
1. Écoutez, mes fils, la disci-
pline d'un père, et soyez atten-
ifs, afin que vous connaissiez la
prudence.
2. Je vous ferai un don excel-
lent; n'abandonnez pas ma loi.
3. Car moi aussi j'ai été un fils
chéri de mon père, et comme un
fils unique devant ma mère;
4. Et il m'instruisait, et me
disait : Que ton cœur recoive
LES PROVERBES.
[cu. 1v.]
mes paroles, garde mes pré-
ceptes et tu vivras.
5. Possede la sagesse, possede
la prudence : n'oublie pas les pa-
roles de ma bouche et ne t'en
écarte pas.
6. Ne rejette pas la sagesse, et
elle te gardera : aime-la, et elle te
conservera.
7. Un principe de ‘sagesse es :
Mets-toi en possession de la sa-
gesse; et par tout ce que tu pos-
sédes, acquiers la prudence;
8. Saisis-la, et elle t’exaltera ;
tu seras glorifié par elle, lorsque
tu l'auras embrassée;
9. Elle mettra sur ta tête des
accroissements de grâces, et elle
te couvrira d'une glorieuse cou-
ronne.
10. Écoute mon fils, et recois
mes paroles, afin que se multi-
plient pour toi des années de
vie.
11. Je te montrerai la voie de
la sagesse : je te conduirai par
les sentiers de l'équité;
19. Lorsque tu y seras entré,
tes pas ne seront pas resserrés;
1 et suiv. * Ecoutez, mes fils. Commencement de la seconde subdivision de la pre-
mière partie. Elle comprend les chapitres iv et v jusqu'à vr, 19 et revient sur des
points particuliers de l'exhortation contenue dans la première subdivision. — Salomon
reproduit ici les instructions qu'il avait reçues dans sa jeunesse de David, son père.
Il rappelle souvent qu'il ne donne pas ses enseignements comme les siens propres,
mais comme ceux de l'expérience des vieillards et de ses aieux.
1. La discipline. Voy. Proverb., 1, 2.
3. Chéri (tenellus); le grec porte obéissant, docile. — Comme; particule qui se sous-
entend trés souvent dans le style biblique, et qui est évidemment sous-entendue ici,
puisque Salomon eut trois frères (I Paral., nr, 5); à moins qu'on ne prenne fils
| unique dans le sens de fils chéri,-le bien-aimé, comme l'ont fait les Septante. On sait,
“d’ailleurs, queles écrivains grecs et latins désignaient quelquefois par bien-aimés les
fils uniques ou premiers-nés.
1. Un principe de sagesse, etc.; c'est-à-dire c'est déjà étre sage, que de chercher la
sagesse, que de travailler pour l'obtenir. — Par tout ce que tu possèdes; c'est-à-dire
emploie, si c'est nécessaire, tout ce que tu possédes pour acquérir la prudence.
19. * La vie de l'homme est souvent comparée dans l'Ecriture à une marche ou à
un voyage, parce que nous n'avons pas ici de demeure permanente et que notre vé-
ritable patrie est ailleurs. Genèse, xLvir, 9; Ps. xxxix, 14-15. Les pas resserrés
indiquent les embarras qui surviennent à l'homme dans le cours de la vie. La course
[cn. v.]
et, courant, tu ne trouveras pas
de pierre d'achoppement.
18. Retiens la discipline, ne la
rejette pas : garde-la, parce que
c'est elle qui est ta vie.
14. Ne prends pas plaisir
aux senliers des impies, que la
voie des méchants ne t'agrée
point.
13. Fuis-la, n'y passe pas : dé-
tourne-toi etabandonne-la ;
16. Car ils ne dorment point,
s'ils n'ont mal fait ; et le sommeil
leur est ravi, s'ils n'ont supplanté
quelqu'un;
11. Ils mangent du pain d'im-
piété, et c'est du vin d'iniquité
qu'ils boivent.
18. Mais le sentier des justes,
comme une lumiere éclatante,
s'avance et croit jusqu'au jour
parfait.
19. La voie des impies est té-
nébreuse; ils ne savent oü ils se
précipitent.
20. Mon fils, écoute mes dis-
cours, et à mes paroles incline
ton oreille;
21. Qu'elles ne s'éloignent pas
de tes yeux, garde-les au milieu
de ton cœur;
22. Car elles sont la vie pour
LES PROVERBES,
1511
ceux qui les trouvent, et la santé
pour toute chair :
23. Garde ton cœur en toute
vigilance, parce que c'est de lui
que la vie procede.
94. Écarte de toi la bouche per-
verse; et que des levres médi-
santes soient loin de toi.
95. Que tes yeux voient ce qui
est droit, et que tes paupières
précèdent tes pas.
26. Dresse un sentier pour tes
pieds; et toutes tes voies seront
affermies,
N'incline ni à droite ni à
gauche : détourne ton pied du
mal; car les voies qui sont à
droite, le Seigneur les connait:
mais perverses sontcelles quisont
à gauche. Or lui-méme rendra
droites tes marches, et fera que
tes chemins seront en paix.
CHAPITRE V.
Etre attentif à la sagesse. Veiller sur ses
pensées et sur ses paroles. S'attacher
à sa femme. Fuir les femmes de mau-
vaise vie. Eviter les femmes étrangères.
Suites funestes de l'adultére.
1. Mon fils, sois attentif à ma
sagesse, et à ma prudence incline
ton oreille,
est la prompte exécution de ce que nous avons à faire pour remplir le but de la vie;
la pierre d'achoppement ou la chute est l'issue malheureuse d'une affaire, l'échec d'un
plan ou d'une entreprise. Celui qui possède la sagesse n'a point de difficultés dans
l'exécution de ses plans, il peut les mener promptement à bonne fin, sans courir
aucun danger de manquer son but.
16. Le sommeil, etc.;les méchants ne prennent pas de sommeil, ils ne se livrent
pas àu sommeil.
18. * S'avance et croit en éclat jusqu'au plein midi. Notre-Seigneur a souvent come,
ἫΝ Pi la vie du juste à la lumière et celle du pécheur aux ténèbres, Jean, xt, 9,
etc
22. Toute chair, dans le langage de l'Ecriture, signifie fous les hommes.
25. Que tes yeux, etc.; c'est-à-dire regarde droit devant toi, sans porter inconsidé-
rément tes yeux de cóté et d'autre. — "Que tes paupières, etc.; c'est la méme pensée
que la précédente, mais exprimée en des termes différents.
21. * Ici finit l'exhortation du père à ses fils,
1. * Tout le chapitre v est une exhortation à la chasteté,
1312
2. Afin que tu veilles sur tes
pensées, et que tes lèvres conser-
vent la discipline. Prends garde
à l'artifice fallacieux de la femme;
3. Car c’est un rayon distillant
le miel, que leslèvres d'une pros-
tituée, et plus brillant que l'huile
est son gosier ;
4, Mais ses derniers moments
sont amers comme l'absinthe, et
percants comme un glaive à deux
tranchants.
9. Ses pieds descendent à la
mort, et jusqu'aux enfers ses pas
pénètrent.
6. Ils ne marchent point par le
sentier de la vie: ses pas sont in-
certains, et on ne peut les décou-
vrir.
7. Maintenant donc, mon fils,
écoute-moi, et ne L'écarte pas des
paroles de ma bouche.
8. Eloigne d'elle ta voie, et ne
t'approche pas de la porte de sa
maison.
9. Ne donne pas à des étran-
gers ton honneur, et tes années
à un cruel vengeur,
LES PROVERBES.
v.] .אס]
10. Depeur que desétrangersne
soient comblés de tes biens, et
que tes travaux n'aillent dans la
maison d'un autre,
11. Et que tu ne gémisses à la
fin, quand tu auras consumé tes
chairs et ton corps; et que tv
ne dises : +
12. D'où vient que j'ai déteste
la discipline, et qu'aux remon-
trances n'a pas acquiescé mon
cœur,
13. Et que je n'ai pas écouté la
voix de ceux qui m'instruisaient,
et qu'à mes maitres je n'ai pasin-
cliné mon oreille?
14. J'ai été presque dans toute
sorte de maux au milieu de l'as-
semblée et de la réunion.
15. Bois de l'eau de ta citerne,
et del'eau vive de ton puits :
10. Que /es cours de tes fon-
taines soient dirigés au dehors;
et dans les rues partage tes
eaux.
41. Possede-les seul, et que
des étrangers n'y aient point de
part avec toi.
2. Disciptine. Voy. pour le sens de ce mot, qui est reproduit dans ce chapitre,
Proverb., 1, 2.
3. * Le miel est trés commun en Palestine, c'est la terre où coule le miel, comme
le dit l'Ecriture, Exod., im, 8. Les abeilles y sont trés nombreuses, méme dans les
parties désertes, où elles déposent leur miel dans les fentes des rochers et dans le
creux des arbres. De là la fréquence de la comparaison du miel.
4. * Comme l'absinthe; V'amertume proverbiale de cette plante est opposée au miel
du vers. 3. L'absinthe est commune en Palestine, on la trouve en particulier en
abondance dans les environs de Bethléem. Elle a environ un mètre de hauteur, est
vivace et pousse sans culture dans les terrains secset un peu chauds. Les Orientaux
en faisaient grand usage, malgré son amertume et quoiqu'ils semblent l'avoir consi-
dérée comme un poison. '
9. A un cruel (crudeli). Le mot כ ₪61 étant au masculin en hébreu, et ne pouvant
par là même se rapporter à la femme adultère, nous avons supposé qu'il désignait
le mari, ou un frère, ou un parent quelconque, naturellement intéressé à venger le
déshonneur fait à sa famille. C'est ainsi que Siméon et Lévi vengèrent, par un mas-
sacre, le viol commis par Sichem sur la personne de Dina, leur sceur (Genése, xxxiv).
10. De tes biens; littér. de tes forces (viribus); mais outre quele mot hébreu rendu
dans la Vulgate par forces, signifie également les biens de (a fortune, le parallélisme
exige ce sens.
14. Au milieu, etc.; c'est-à-dire devant tout le peuple.
vr.] .זו6]
18. Que ta source soit bénie ; et
réjouis-toi avec la femme de ta
jeunesse;
19. Qw'elle te soit une biche
très chere, untres agréable faon ;
que ses charmes t'enivrent en
tout temps ; et que dans son
amour soit toujours ta joie.
20. Pourquoi, mon fils, seras-
tu séduit par une étrangere, et
reposeras-tu dans le sein d'une
autre?
21. Le Seigneur regarde les
voies de l'homme, etil considere
tous ses pas.
22. Ses iniquités saisissent l'im-
pie, et par les liens de ses propres
péchés, il est enchainé.
23. Il mourra, parce quil n'a
pas eu de discipline, et c'est par
l'excès de sa folie quil sera
trompé.
CHAPITRE VI.
Ne se rendre pas légèrement caution
pour un autre. Imiter la diligence de
LES PROVERBES.
1313
la fourmi. Peinture de l'homme apos-
tat. Exhortation à l'étude de la loi et
de la sagesse. Eviter la rencontre et la
compagnie d'une femme corrompue.
Enormité de l'adultére. Difficulté d'ob-
tenir le pardon de ce crime.
1. Mon fils, si tu t'es rendu ga-
rant pour ton ami, et que tu aies
engagé à un étranger ta main,
2. Tu tes enlacé par les pa-
roles de ta bouche, et tu as été
pris par tes propres discours.
3. Fais donc ce que je dis, mon
fils, délivre-toi toi-méme, parce
que tu es tombé dans la main de
ton prochain. Cours de tous cótés,
hâte-toi, réveille ton ami;
4. N'accorde point de sommeil
à tes yeux, et que tes paupières
ne s'assoupissent point.
ὃ. Dégage-loi, comme un petit
daim qui échappe de la main, et
comme un oiseau qui fuit de la
main d'un oiseleur.
6. Va à la fourmi, ὃ paresseux,
et considère ses voies, et ap-
prends la sagesse;
Cnap. V. 21. Job, xiv, 16; xxxi, 4; xxxiv, 21.
18. Ta source; c'est le sens de l'hébreu et du grec, Vulgate; littér. veine (vena). —
La femme de (a jeunesse; que tu as épousée dans ta jeunesse. Compar. Proverb.,
Id
19. * Une biche ou une gazelle. « Dans tout l'Orient, la gazelle, à cause de sa timi-
dité, de la douceur de son regard et de l'élégance de ses mouvements et de ses formes,
est le symbole de ia beauté. » (Mgr Misc.)
23. Il n'a pas eu de disciple. Voy. Proverb., 1, 2.
1-5. * Il ne faut pas engager témérairement sa parole en se portant caution.
1. Et que tu aies, etc. C'est une trés ancienne coutume parmi les Orientaux de con-
firmer leurs promesses et leurs engagements, en se donnant mutuellement la main.
On en voit beaucoup d'exemples dans la Bible (Prov., וטא 18; xxir, 26; 120760, ותא
8, etc.). Xénophon parle de cette pratique comme trés commune parmi les Perses
(Anabase, 1. 1t, πι, et alibi passim).
5. * De la main. Toutes les versions anciennes autres que la Vulgate traduisent :
des filets, au lieu de la main.
6-8. * Ce que le Sage dit de la fourmi, vi, 6-8, et xxx, 25, a donné lieu à des objec-
tions. D'aprés les Proverbes, les fourmis font des provisions au temps de la moisson.
C'est ce qu'on a cru, en effet, partout jusqu'au siècle dernier, et ce que nous lisons
dans les fables de La Fontaine; mais, dit-on, en réalité, la fourmi est carnivore; elle
vit d'insectes et de pucerons, qu'elle élève pour les traire et se nourrir de leur lait;
en fait de matières non animales, clle n'aime que celles qui sont sucrées. Pendant
l'hiver, en Occident, elle ne mange pas; elle s'engourdit, et se réveille au mème
ἄ 83
1914
7. La fourmi, quoiqu'elle n'ait
ni chef, ni maitre, ni prince,
8. Prépare dans l'été sa nourri-
ture, et rassemble durantla mois-
son ce qu'elle doit manger.
9. Jusqu'à quand, paresseux,
dormiras-tu? quand sortiras-tu
de ton sommeil?
10. Tu dormiras un peu, tu
sommeilleras un peu, tu mettras
un peu les mains lune dans
l'autre, afin que tu dormes :
11. Et viendra à toi, comme un
coureur de chemin, la détresse;
etla pauvreté comme un homme
armé. Mais si tu es actif, viendra
ta moisson comme une source
LES PROVERBES.
(en. vr.]
19. Un homme apostat, homme
inutile, va tenant des discours
pervers,
13. Fait signe des yeux, frappe
du pied, parle avec un doigt,
14. Avec un cœur dépravé il
machine le mal, et en tout temps
il seme des querelles ;
45. En un moment lui vien-
dra sa perte, et soudain il sera
brisé, et il n'aura plus de re-
mède.
16. Il y a six choses que haït le
Seigneur, etla septième, son âme
la déteste :
17. Des yeux alliers, une langue
menteuse, des mains versant un
abondante, et la détresse fuira
loin de toi.
Cap. VI. 10. Infra, xxiv, 33.
sang innocent,
18. Un cœur formant des pen-
degré de température que les pucerons dont elle se nourrit. — De tout cela, on ne
peut rien conclure contre l'inspiration de l'auteur sacré. Salomon propose surtout,
et à bon droit, les fourmis comme un modèle d'activité. « On a célébré avec raison,
dit Latreille, la prévoyance de ces insectes et leur amour insatiable pour leur tra-
vail. » Quant à leurs approvisionnements, un savant naturaliste anglais, sir John
Lubbock, l'un des derniers qui aient étudié leurs mœurs, dit à leur sujet: « Nos
fourmis anglaises ne font point de provisions pour l'hiver; leur genre de nourriture
ne le permet pas; mais quelques espèces des pays méridionaux font des amas de
grain, quelquefois en quantité considérable. » Le Dr Lortet dit expressément que
les fourmis de Syrie ramassent daus leurs greniers « une quantité de blé souvent
très considérable. » — Et il ajoute : « Des milliers de travailleurs sont activement
occupés à chercher des grains de blé tombés sur le sol et à les rentrer dans leurs
vastes greniers souterrains. Les greniers de ces fourmiliéres, trés vastes, très
profonds, forment plusieurs étages réunis par des galeries superposées les unes
aux autres... Lorsque la moisson n'est pas abondante, les fellahs ont toujours la pré-
caution d'aller reprendre à ces laborieux insectes les provisions qu'ils ont faites pour
la saison d'hiver. »
6-11. * Gontre la paresse.
10. Tu dormiras, etc. C'est une imitation des gestes d'un paresseux, ou une conces-
sion, en sorte que le sens soit: Dors donc, etc.; ou bien enfin, c'est une prosopopée
du paresseux qui dit, lorsqu'on l'éveille : Laissez-moi dormir encore un peu, etc. —
* Ce tableau de la paresse du dormeur est complet dans sa briéveté : il y a une
gradation bien marquée : au sommeil succède l'assoupissement; puis, avant de se
décider à se lever, le paresseux étire encore longtemps les bras.
11. Un coureur de chemin (viator), qui tombe inopinément sur les passants. Com-
par. Prov., xxxiv, 34. — Un homme armé; auquel on ne peut résister.
12-15. * Contre la fourberie.
19. Va tenant, etc.; littér. marche avec une bouche perverse. — * L'homme apostat,
d'apres l'original signifie le méchant.
13. Fait signe, etc.; peinture exacte d'un homme inconstant et fourbe. — * Le
fourbe se sert de signes, des yeux, des pieds et des mains pour dissimuler et tromper.
16-19. * Les sept vices que Dieu déteste. )
(cm. νπ.
sées tres mauvaises, des pieds
prompts à courir au mal,
19. Un témoin fallacieux profé-
rant des mensonges, et celui qui,
entre des freres, seme des dis-
cordes.
90. Conserve, mon fils, les pré-
ceptes de ton pere, et ne rejette
pas la loi de ta mere.
21. Lie-les dans ton cœur con-
tinuellement, et mets-les autour
de ton cou.
22. Lorsque tu vas et viens,
qu'ils marchent avec toi : lorsque
tu dors, qu'ils te gardent, et te
réveillant, parle avec eux;
23. Parce qu'un commande-
ment est un flambeau, et 18 1
une lumière, et que c’est la voie
dela vie qu'une remontrance de
discipline;
24. Afin quils te préservent
d'une femme corrompue et de
la langue flatteuse d'une étran-
gere.
25. Que ton cœur ne se pas-
sionne point pour sa beauté ; et
ne sois point pris par les signes
de ses yeux ;
26. Car le prix d'une prostituée
est à peine d'un pain seul; mais
une femme ravit l'àme précieuse
d'un homme.
27. Est-ce qu'un homme peut
cacher du feu dans son sein, sans
que ses vétements s'embrasent?
28. Ou marcher sur des char-
LES PROVERBES.
1315
bons ardents, sans que soient
brülées les plantes de ses pieds?
29. Ainsi celui qui s'approche
de la femme de son prochain ne
sera pas pur lorsqu'il l'aura tou-
chée.
30. Ce n'est pas une grande
faute, lorsque quelqu'un dérobe
afin de remplir son àme affamée;
91. Pris, il rendra méme le sep-
tuple, et il livrera tout ce qu'ila
dans sa maison.
32. Mais celui qui est adultère,
à cause de son manque de cœur,
perdra son àme;
33. Il rassemble sur lui la tur-
pitude et l'ignominie, et son op-
probre ne sera pas effacé;
34. Parce que la jalousie et la
fureur du mari ne pardonneront
pas au jour de la vengeance,
39. Et il n'acquiescera aux
prières de personne, et il ne re-
cevra pas pour satisfaction les
dons les plus nombreux.
CHAPITRE VII.
Exhortation à la sagesse. Description
d'une femme déréglée et de ses arti-
fices. Malheur à ceux qui s'y laissent
prendre.
1. Mon fils, garde mes paroles;
et mes préceptes, mets-les en ré-
serve pour toi. Mon fils,
2. Observe mes commande-
ments et tu vivras; et garde ma
loi comme la pupille de ton ceil :
20. * Conserve, mon fils. Commencement de la troisième subdivision de la première
partie qui s'étend jusqu'au chapitre 1x inclusivement. Le discours du Sage crott
graduellement en force et en grandeur, et il s'éléve jusqu'à la plus haute poésie pour
faire l'éloge de la sagesse incréée,
21. Lie-les; allusion à ce que dit Moïse dans le Deutéron., vi, 6-8. Compar. Prov.,
vil, 3.
24-33. * Sur la chasteté. Après une exhortation générale à suivre ses avis paternels
(20-23), le Sage exhorte à fuir l'impureté (24-35)
1-21. * Contre l'impurcté,
1916
3 Lie-la à tes doigts, écris-la
sur ies tables de ton cœur.
4. Dis à la sagesse : Ma sœur; et
la prudence, appelle-la ton amie :
5. Afin qu'ellete préserve d'une
femme du dehors, et d'une étran-
gere, qui rend ses paroles douces.
6. Car de la fenêtre de ma
maison par les barreaux, j'ai re-
gardé,
1. Et je vois les petits enfants,
je considere un jeune homme
sans Cœur,
8. Qui passe dans une rue au
coin, et s'avance vers la maison
de cette femme,
9. A la brume, sur le soir, dans
les ténèbres de la nuit et une
obscurité profonde.
10. Et voilà qu'au-devant de lui
va une femme d'une parure de
courlisane, préte à ravir des
âmes ; causeuse et vagabonde,
11. Inquiète, ne pouvant dans
sa maison se tenir sur ses pieds,
19. Tantót dehors, tantót dans
les places publiques, tantót aux
coins des rues, tendant ses pieges.
13. Et prenant le jeune homme,
elle lui donne un baiser, et, d'un
LES PROVERBES.
[cu. vir.]
visage effronté, elle le flatte, di-
sant :
14. J'avais voué des victimes
pour £on salut; aujourd'hui j'ai
acquitté mes vœux;
15. C'est pour cela que je suis
sortie au-devant de toi, désirant
te voir, et je t'ai rencontré.
16. J'ai entrelacé mon lit de
sangles, j'y ai étendu des couver-
tures brodées d'Egypte;
11. J'ai parfumé ma couche de
myrrhe, d'aloés et de cinnamome.
18. Viens, enivrons-nous de
délices, jouissons de ce que nous
avons désiré, jusqu'à ce que le
jour paraisse ;
19. Mon mari n'est pas à sa
maison : il est parti pour un
voyage tres long;
20. 11 a pris avec lui le sac où
est l'argent; c'est à la pleinelune
qu'il doit revenir à sa maison.
21. Elle l'a enlacé par la multi-
tude de ses paroles; et par les
flatteries de ses levres, elle l'a
entrainé.
92. Aussitôt, il la suit comme
un bœuf conduit pour servir de
victime, et comme un agneau
3. Lie-la, etc. Compar. Exod., xut, 26; Deutéron., vi, 8.
5. D'une femme, etc. Par les vers. 19 et 20, on voit qu'il est question ici d'une
femme mariée, mais déréglée dans ses mœurs.
6. Par les barreaux. Dans la Palestine, il n'y avait pas de vitres aux fenêtres, à
cause de la grande chaleur; on les fermait par des jalousies et des rideaux.
1. Sans cœur (vecors), ou sans intelligence; c'est-à-dire insensé; car le terme hé-
breu, qui signifie proprement cœur, se prend souvent pour intelligence, sagesse.
14. J'avais voué, etc. Elle engage hypocritement le jeune homme à manger avec
elle la partie des victimes qui, d’après la loi mosaïque (Lévit., viz, 15 et suiv.; XXIX,
6; xxi, 29, 30), lui revenait de son sacrifice.
16. J'ai entrelacé, etc.; hypallage, pour 7'ai entrelacé des sangles sous mon lit; au
lieu de le placer sur des planches dures. — * Des couvertures brodées d'Egypte ou
des tapis. Les tapis fabriqués en Egypte étaient renommés dans l'antiquité. Ezé-
chiel, xxvu, 1.
11. * Enumération des parfums avec lesquels on parfumait les appartements et
les lits.
20. * A la pleine lune, dans une quinzaine environ, car d'aprés le vers. 9, l'obscu-
rité est profonde; on est donc au dernier quartier de la lune ou à la nouvelle lune.
22, Conduit pour servir de victime (ad victimam); ou plutôt selon l'hébreu et le
CH. VIII. ]
bondissant et 1gnorant, l'insensé,
qu'on l'entraine pour le lier,
23. Jusqu'à ce qu'une fleche
ait percé son foie; comme un
oiseau và précipitamment dans
un filet, ignorant quil s'agit du
danger de son âme.
94. Maintenant donc, mon fils,
écoute-moi, et sois attentif aux
paroles de ma bouche.
25. Que ton esprit ne soit point
entrainé dans les voies de cette
femme; ne t'égare pas dans ses
sentiers;
26. Car elle a renversé beau-
coup de blessés qu'elle avait faits,
et les plus forts, quels qu'ils fus-
sent, ont été tués par elle.
271. Ce sont des voies de l'enfer
que sa maison; voies pénétrant
jusque dans les profondeurs de
la mort.
CHAPITRE VIII.
Eloge de la sagesse, par l'éminence et la
justice de ses maximes, par ses œuvres
admirables et par les récompenses
qu'elle accorde à ceux qui la cherchent s.
1. Est-ce que la sagesse ne crie
LES PROVERBES.
1317
pas, et que la prudence ne fait
pas entendre sa voix?
2. Sur les plus hauts et les
plus élevés sommets, au-dessus
de la voie, se tenant au milieu
des sentiers,
3. Près des portes de la cité, à
lentrée méme de la ville, elle
parle, disant :
4. 0 hommes, c'est à vous que
je crie, et ma voix s'adresse aux
fils des hommes.
5. Apprenez, ὃ tout petits, la
finesse, et vous, insensés, faites
attention.
6. Ecoutez, car je vais parler
de grandes choses, et mes lèvres
s'ouvriront pour proclamer la
droiture.
7. Ma bouche s'exercera à la
vérité, et mes lèvres détesteront
ce qui est impie.
8. Tous mes discours sont
justes, il n'y a rien de dépravé ni
de pervers.
9. Ils sont droits pour ceux qui
ont de l'intelligence, et équi-
tables pour ceux qui trouvent la
science.
grec: Conduit à la tuerie; sans aucune mention de sacrifice, ce qui est le contraire
du vers. 14, où les termes du texte original et de la version des Septante signifient
de véritables victimes de sacrifice.
21. Ce sont des voies, etc. Compar. Prov., τι, 18; v, 5.
* On peut considérer ce chapitre comme une suite du précédent, où le Sage a re-
présenté les attraits dangereux de la volupté dans les discours impudents d'une
femme débauchée; tandis qu'ici il dépeint la sagesse, nous invitant à l'aimer par des
paroles nobles, grandes, élevées et par de magnifiques promesses de nous combler
des biens les plus solides.
1-36. * Ce chapitre est une prosopopée. La Sagesse y parle conime une reine. Il y
à trois séries de pensées: 19 richesse des dons que prodigue la Sagesse, 1-21; 29 son
origine divine et éternelle, 22-31; 89 bienfaits qu'elle répand sur ceux qui la possè-
dent. Ce chapitre développe ainsi deux idées déjà indiquées dans les chapitres
précédents : la description de la sagesse 19 comme préchant aux hommes, 1, 20-30;
20 comme médiateur et instrument divin dans la création du monde, 111, 19-96.
1. La sagesse. La plupart des Péres entendent ici par ce mot la sagesse divine et
éternelle, en tant que seconde personne de la trés sainte Trinité; en sorte, néanmoins,
qu'une partie des attributs de cette divine sagesse s'applique à la divinité, et une
autre partie à l'humanité du Fils de Dieu
Ὁ. O tout petits. Voy. Prov., 1, 4.
1918
10. Recevez ma discipline. et
non de l'argent : choisissez la
doctrine plutót que l'or.
11. Car mieux vaut la sagesse
que toutes les choses les plus pré:
cieuses; et tout ce qu'il y a de dé-
sirable ne peut lui étre comparé.
12. Moi, sagesse, j'habite dans
le conseil, et je suis présente aux
savantes pensées.
| 18. La crainte du Seigneur
hait le mal : l'arrogance et l'or-
gueil, une voie dépravée, et une
langue double, je les déteste.
14. À moi est le conseil et
l'équité : à moi est la prudence,
à moi est la force.
15. Par moi les rois regnent, et
les législateurs décretent des
choses justes;
16. Par moi les princes com-
mandent, etles puissants rendent
la justice.
11. Moi, j'aime ceux qui m'ai-
ment, et ceux qui dés le matin
veillent pour me chercher me
trouveront.
18. Avec moi sont les richesses
et la gloire, des biens superbes,
et la justice.
19. Car mieux vaut mon fruit
que l'or et les pierres précieuses,
et mieux valent mes produits
que l’argent le meilleur.
LES PROVERBES.
[cur. vis]
20. Je marche dans les voies de
la justice, au milieu des sentiers
du jugement,
21. Afin d'enrichir ceux qui
m'aiment, et de remplir leurs tré-
SOrs.
22. Le Seigneur m'a possédée
au commencement de ses voies,
avant qu'il fit quelque chose des
le principe.
23. Dès l'éternité j'ai été éta-
blie, des les temps anciens, avant
que la terre füt faite.
24. Les abimes n'étaient pas
encore, et moi déjà j'avais été
concue ; les sources des eaux n'a-
vaient pas encore jailli :
25. Les montagnes à la pesante
masse n'étaient pas encore affer-
mies, et moi, avant les collines,
j étais engendrée :
26. 11 n'avait pas encore fait la
terre et les fleuves, et les póles
du globe de la terre.
21. Quandil préparait les cieux,
j'étais présente : quand par une
loiinviolable il entourait d'un cer-
cle les abimes :
98. Quand il affermissait en
haut la voûte éthérée, et qu'il
mettait en équilibre les sources
des eaux :
29. Quand il mettait autour de
la mer ses limites, et qu'il impo-
19. L'argent le meilleur ; excellent: littér. choisi (electo).
20. Du jugement; c'est-à-dire du droit, de ce qui est juste et légitime. Cette expli-
cation, conforme d'ailleurs au parallélisme et au texte hébreu, nous a paru préfé-
rable à celle des interprètes, qui traduisent le judicium de la Vulgate par prudence
ou sagesse. Les Septante ont rendu par justice, ce qui revient à notre explication.
32-26. * Origine divine de la Sagesse.
92. * Le Seigneur m'a possédée. Ce verset est célèbre dans l'histoire des discussions
dogmatiques, parce que les Ariens en faussaient le sens et prétendaient en conclure
que le Verbe n'était pas incréé, mais ce passage signifie que la Sagesse ou le Verbe
est coéternel et consubstantiel au Pére.
24. * Les abimes; les mers.
21-31. * Coopération de la sagesse divine à la création du monde.
27. * D'un cercle, de la voûte céleste qui, à l'horizon, a l'apparence d'un cercle. —
Les ubimes; les eaux de la mer.
(cu. 1x.]
sait une loi aux eaux, afin qu'elles
n'allassent point au delà de leurs
bornes ; quand il pesait les fon-
dements de la terre :
90. J'étais avec lui, "disposant
toutes choses; et je me réjouis-
sais chaque jour, me jouant, en
tout temps, devant lui :
31. Me jouant dans le globe de
laterre; et mes délices sont d'étre
avec les fils des hommes.
32. Maintenant donc, mes fils,
écoutez-moi : Bienheureux ceux
gardent mes voies.
LES PROVERBES.
1319
vera la vie, 61 puiserale salut dane
le Seigneur :
36. Maiscelui qui pécheracontre
moi blessera son áme. Tous ceux
qui me haissent aiment la mort.
CHAPITRE IX.
Maison de la sagesse; son festin auquel
elle invite les simples. La femme in-
sensée invite à son banquet. Malheur
de ceux qui s'y rendent.
1. La sagesse s'est bátie une
maison, ellea taillé sept colonnes.
2. Elle a immolé ses victimes,
mélé le vin et dressé sa table.
3. Ellea envoyé ses servantes
pour appeler ses conviés, àla for-
teresse et aux murs de la cité:
4. Si quelqu'un est tout petit,
quil vienne à moi. Et à des in-
sensés elle a dit :
9. Venez, mangez mon pain, et
buvez le vin que je vous ai mélé.
33. Ecoutez la discipline, et
soyez sages, et n'allez pas la re-
jeter.
34. Bienheureux l'homme qui
m'écoute, et qui veille tous les
jours à l'entrée de ma demeure,
et se tient en observation auprès
de ma porte.
39. Celui qui me trouvera trou-
33. La discipline. Voy., sur le sens de ce mot, Prov., 1, 2.
34. Auprès de ma porte; littér. aux poteaux, aux jambages de ma porte
1-18. * Peinture de la vocation des hommes à la possession et à la jouissance de
la vraie sagesse, sous la figure d'une invitation à un double banquet, celui de la
sagesse, 1-12, et celui de la folie, 13-18. Il faut se rendre au premier et fuir le second.
1. La sagesse, etc. C'est la suite de la parabole commencée au chapitre précédent,
oü l'auteur a représenté la sagesse comme une femme vénérable, dont il oppose les
beautés réelles et les solides promesses aux faux attraits de la volupté dépeinte au
chap. xir, sous l'image d'une femme débauchée et impudente. — La maison de la sa-
gesse est, selon les Péres, l'humanité sainte de Jésus-Christ et l'Eglise chrétienne,
qui réunissent, mais d'une maniére plus excellente, les avantages décrits par Sa-
lomon. — Sept colonnes. Le nombre sept a toujours été considéré, non seulement
chez les Hébreux, mais encore chez les Arabes et les peuples de la Perse, comme le
nombre parfait et, en conséquence, mystérieux et sacré. Dans la religion chrétienne,
les sept colonnes figurent les sept sacrements et les sept dons du Saint-Esprit. —
* Tailler des colonnes indique la magnificence des constructions.
2. Elle a immolé ses victimes; ou selon lhébreu, elle a tué, égorgé ses animaux,
qu'elle avait engraissés pour un festin, en dehors de tout sacrifice. Voyez ce que
nous avons dit à ce sujet, Prov., עץ 22. — Mélé le vin; c'est-à-dire préparé. Dans
les contrées de l'Orient, les vins étant épais et forts, on les tempère toujours, en y
mélant de l'eau, à proportion de leur force, et quelquefois des aromates.
3. Ses servantes. Les servantes de la sagesse représentent les Apótres, les docteurs
de l'Eglise et, en général, les prédicateurs, qui vont partout annoncer l'Evangile,
publier la foi chrétienne. — * Ces servantes envoyées pour chercher les convives corres-
pondent aux serviteurs de l'Evangile qui vont appeler les convives au festin de noces,
Matth., xxu, 1 et suiv.; Luc, xi, 16 et suiv.
4, 16. Tout pelit (parvulus). Voy. Prov., 1, 4.
9. Le vin que je vous ai mélé. Voy. le vers. 2. — * Mon pain, dans le sens d'aliments
1329
6. Quittez l'enfance, et vivez, et
marchez par les voies de la pru-
dence.
7. Celui qui instruit un railleur
se fait injure à lui-même ; et ce-
lui qui reprend un impie se crée
une tache.
8. Ne reprends pas un railleur,
de peur qu’il ne te haïsse. Re-
prends un sage, et il t'aimera.
9. Donne à un sage une occa-
sion, et il recevra un surcroit de
sagesse. Enseigne un juste, et il
se hátera de recevoir l’instruc-
(on.
10. Le principe de la sagesse
est la crainte du Seigneur; et la
science des saints estlaprudence.
11. Car par moi seront multi-
pliés tes jours, et te seront don-
nées des années de vie.
19. Si tu essage, c'est pour toi-
LES PROVERBES.
(ca. 1x.]
méme que tv le seras ; mais si tu
es moqueur, seul, tu en porteras
le mal.
13. Une femme insensée, criar-
de, pleine d'attraits et ne sachant
absolumentrien,
14. S'est assise à la porte de sa
maison, sur un siege, en un lieu
élevé de la ville,
15. Afin d'appeler ceux qui pas-
sent par la voie, el qui poursui-
vent leur chemin :
16. Que celui qui est tout petit
se détourne et vienne vers moi.
Et elle a dit à un Jeune homme
sans CŒUr :
17. Des eaux dérobées sont
plus douces, et un pain caché
est plus suave.
18. Et il ignore que là sont des
géants, et que dans les profon-
deurs de l'enfer sont ses convives.
IX; 10. Ps. cx; 10; Supra, r, 7; Eccli., 1, 16. שא
de toute espéce, mais ce mot n'est ici qu'une expression figurée, indiquant la doc-
trine de la sagesse, de méme que /e vin.
1, 8, 12. Railleur; selon l'hébreu, qui méprise ce qu'il y a de plus saint et de plus
sacré, impie.
10. * La science des saints est celle qui est propre aux saints et qui rend saints.
Les saints sont ceux qui se distinguent entre les hommes par leur piété.
13-18. * La folie est maintenant personnifiée pour être mise en opposition avec la
Sagesse vivante.
14. * Elle s'est assise à la porte de sa maison pour attirer 168 imprudents. — Elle va
aussi cà et là, en un lieu élevé de la ville, pour chercher des victimes.
15. * Afin d'appeler elle-méme. La Folie est toujours inférieure à la Sagesse. Celle-
ci faisait inviter à son banquet par ses servantes, 1x, 3; la Folie doit faire les invi-
tations elle-même.
16. A un jeune homme sans cœur (vecordi). Voy. Prov., vu, 7. — * Ce verset est la
répétition du vers. 4, mais la Folie le répéte dans un sens ironique, appelant petit
ou simple celui qui'suit les voies de la Sagesse.
11. Un pain caché; c'est-à-dire un pain pris en cachette, ou qu'on est obligé de
manger en se cachant. — * La Folie invite à un banquet qui n'est pas somptueux,
mais qui a l'attrait du fruit défendu.
18. Là; chez la femme insensée du vers. 13; c'est-à-dire que la maison de cette
femme est pour le jeune homme qui se laisse séduire un vrai sépulere; c'est le lieu
où sont les anciens géants morts depuis des siècles. Job, en effet (xxvi, 5), Isaïe
(xiv, 9) et Ezéchiel (xxxu, 21, 27, 29), nous dépeignent l'enfer comme un lieu téné-
breux, où demeurent les anciens géants, et où ils gémissent sous les eaux. Compar.
de plus Prov., πι, 18, 19; v, 5. — * Le mot traduit par géants, en hébreu rephaim, dé-
signe proprement les âmes des morts, qui sont dans le scAéo/ et doit être distingué
du mot semblable, Rephaïm, qui est le nom d'une race de géants. Plus haut, π, 48,
S. Jérôme a traduit le mot Rephaim par enfer, qui, d'ailleurs comme ici, rend
‘cn. x.] LES PROVERBES. 1321
PARABOLES DE SALOMON ₪
mais un fils insensé est la tristesse
CHAPITRE X. de sa mère.
Du fils sage et de l'insensé. De l'homme 2. Des trésors d'impiété ne
juste et de l'impie. Du diligent et du | serviront de rien, mais la justice
paresseux. De la charité et de la haine. | dálivrera de la mort.
del raise langue. n à Ξ
De la bonne et de la mauvaise lang 3. Le Seigneur n'affligera pas
1. Un fils sage réjouit son père, | par la famine l'âme du juste, et
CHAP. X. 2. Infra, xt, 4.
l'expression hébraïque schéol. — Ce verset est la conclusion brève, mais forte de
Salomon. Quel terrible banquet! La maison de la Folie est comme uu soupirail de
l'enfer et ses convives se voient tout d'un coup plongés au milieu méme de l'enfer,
avec les habitants de l'abime.
* Ce titre ne se lit ni dans les éditions des Septante, ni dans celle de la Vulgate
par Sixte V; mais il est dans le texte hébreu, dans la Paraphrase chaldaique et dans
les exemplaires imprimés et manuscrits de la Version de saint Jérôme. C'est ici que
commence proprement 16 corps de l'ouvrage; les chapitres précédents ne sont qu'une
sorte de préface ou d'introduction.
1. * Seconde partie des Proverbes, x-xxtv. Les proverbes proprement dits ou sen-
tences de Salomon qui commencent au chapitre x, sont divisés en deux recueils
particuliers, dont le premier n'a pas d'autre titre que celui qu'on lit ici, mais dont
le second, xxv, 1, a un titre qui lui est propre et indique que la collection est de
date postérieure à celle qui forme la seconde partie du livre. La section x-xxiv se
subdivise elle-même de la manière suivante : 19 x-xxir, 16. C'est un assemblage de
pensées détachées, composées ordinairement d'un seul distique, sans autre lien de
rapprochement entre elles que le sujet genéral, qui est la morale et la prudence. —
20 xxu, 1T-xxiv, 22. Au vers. 17 du chapitre xxi, commence une série de préceptes,
sur la justice et la prudence, qui ne sont plus exprimés seulement en deux vers,
mais avec que!ques développements. Ils sont nommés paroles des sages, xxi, 17, et
peut-être est-ce là les maximes des sages annoncées, r 6. — 39 xxiv, 23-34. Les
douze derniers versets de la seconde partie forment un petit groupe à part, qui porte
l'inscription, xx1v, 23: « ce sont encore les paroles des sages, » ou, d’après quelques-
uns, « proverbes pour les sages. » On doit rejeter cette dernière interprétation
comme peu vraisemblable, parce que ce ne sont point les sages qui ont besoin de
conseils de ce genre. Ces sentences paraissent former un supplément au premier
recueil. Suivant quelques critiques, elles ne sont pas de Salomon, à cause du titre
qu'elles portent ; suivant d'autres, elles sont de sa composition. L'opinion la plus
vraisemblable est qu'elles ont pour auteurs d'anciens Sages, mais qu'elles ont été
adoptées par Salomon lui-méme qui les a fait insérer dans le recueil de ses propres
maximes.
La seconde partie du livre, contenant le premier recueil des Proverbes et formant
véritablement le corps de l'ouvrage, offre une régularité de structure frappante, dans
toute la première subdivision, x-xxu, 16. Chaque proverbe est généralement expri-
mé en deux vers ou deux membres paralléliques, indépendants l'un de l'autre, sans
liaison nécessaire avec ce qui précède et avec ce qui suit. Le parallélisme dans les
premiers chapitres est d'ordinaire antithélique, le second vers exprimant le contraire
du premier, comme xiv, 30. Aprés le milieu du chapitre xv, ce trait caractéristique
s'elface peu à peu et disparait complétement dans les derniers chapitres. Partout
l'élocution est simple, élégante. La maxime est exprimée avec briéveté ; elle est aussi
fréquemment enveioppée comme d'un voile transparent. C'est un des caractères de
1322
il renversera les pieges dressés
par les impies.
4. La main relàchée a opéré la
détresse; mais la main du fort
acquiert des richesses.
Celui qui s'appuie sur des men-
songes se repaitde vents; etcelui-
là méme poursuit des oiseaux qui
volent.
5. Celui qui amasse pendant la
moisson est un fils sage; mais
celui qui ronfle pendant l'été, un
fils de confusion.
6. La bénédiction du Seigneur
est sur la tête du juste; mais l'ini-
quitécouvrelabouche des impies.
7. La mémoire du juste sera
accompagnée de louanges; mais
le nom des impies pourrira.
8. Le sage de cœur accueille
les préceptes, linsensé est dé-
chiré par les lèvres.
LES PROVERBES.
[cu. x.,
9. Celui qui marche simple-
ment marche sürement; mais
celui qui déprave ses voles sera
découvert.
10. Celui qui fait signe de l'œil
causera dela douleur; et l'insensé
de lèvres sera frappé.
11. C'est une source de vie
que la bouche du juste; mais la
bouche des impies couvre de
l'iniquité.
12. La haine suscite des que-
relles ; et 18 charité couvre toutes
les fautes.
13. Sur les lévres du sage se
trouve la sagesse; et une verge
sur le dos de celui qui manque
de cœur.
14.Les sages cachent la science;
mais la bouche de l'insensé est
proche de la confusion.
15. Le bien du riche est sa ville
10. Eccli., xxvir, 25. — 12. I Cor., xri, 4; I Pierre, tv, 8.
——————————————————————————————————————
la poésie gnomique de ne pas appeler toujours les choses par leur nom, afin d'ai-
guiser l'esprit en l'aiguillonnant et de le rendre pénétrant en le provoquant à la
recherche et à la réflexion. Voir xxv, 16; xx, 12, 15; etc. Dans la seconde subdivision,
xxi, 1T-xx1v, 22, ainsi que dans la troisième, xxrv, 23-24, le style est moins soigné.
Les préceptes moraux sont plus longs que ceux qui sont donnés x-xxr, et moins
longs que r-ix.
1-32. * Comparaison générale entre le bon et le méchant. C'est le sujet principal
des chapitres x-xv.
4. Celui qui s'appuie,... qui volent. Ce passage n'est ni dans l'hébreu, πὶ dans le
grec, ni dans un grand nombre de manuscrits latins.
6. L'iniquité; probablement pour la peine, le châtiment de liniquité; sens qu'a ce
mot ici comme en plusieurs autres endroits. — Couvre la bouche; c'est-à-dire ferme
la bouche; en sorte que les impies ne peuvent rien dire pour leur justification. Quel-
ques-uns lisent, comme on lit au vers. 11 : La bouche des impies couvre (cache) de
l'iniquité.
8-10. * Trois sentences pour expliquer la différence entre le sage et l'insensé.
8. L'insensé, etc. ; c'est la traduction littérale de la Vulgate : Stultus cædilur labiis;
l'hébreu porte : Un insensé de lèvres tombera précipitamment. Or un insensé de lévres
est un homme qui parle d'une maniére inconsidérée et imprudente. Ajoutons qu'au
vers. 10, la Vulgate a rendu la méme phrase hébraïque par : Un insensé de lèvres ou
par lévres, sera. frappé (stultus labiis verberabitur).
10. Qui fait signe, etc. Voy. Prov., vi, 13. — Un insensé, etc. Voy. le vers. 8.
11-14. * Différence entre le bon et le méchant, entre la sagesse et la folie.
A1. Une source (vena). Voy. Prov., v, 48. — Couvre; c'est-à-dire cache.
13. Qui manque de cœur. Voy. Prov., vu, T.
15-21. * Sept sentences se rapportant presque toutes aux biens de la terre, ri-
chesse, honneurs, réputation, à leur valeur et aux moyens de les acquérir.
45. Ville forte; littér. et par hébraisme, ville de force.
[cn. xr.]
forte : la crainte des pauvres,
c'est leur détresse.
16. L'œuvre du juste conduit à
la vie; mais le fruit de l'impie,
au péché.
11. La voie de la vie est à celui
qui garde la discipline ; mais celui
qui néglige les réprimandes s'é-
gare.
18. Les lèvres menteuses ca-
chent de la haine : celui qui pro-
fere un outrage est un insensé.
19. Dans une multitude de pa-
roles il n'y aura pas manque de
péché; mais celui qui modere ses
lèvres est très prudent.
20. C'est un argent excellent
que les lèvres du juste, mais le
cœur des impies est de nul prix.
91. Les lèvres du juste instrui-
sent un grand nombre d'hommes ;
mais ceux qui ne sont pas ins-
truits, mourront par un manque
de cœur.
22. La bénédiction du Seigneur
fait les riches, et l'affliction ne
s'alliera pas à eux.
93. C'est comme en se jouant
qu'un insensé commet le crime;
mais la sagesse est pour l'homme
la prudence.
24. Ceque craintl'impie viendra
sur lui : l'objet deleur désir sera
accordé aux justes.
98. Comme une tempête qui
passe, l'impie ne sera plus; mais
LES PROVERBES.
1323
le juste est comme un fondement
éternel.
26. Comme est le vinaigre aux
dents, et la fumée aux yeux, ainsi
est le paresseux à ceux qui l’ont
envoyé.
27. La crainte du Seigneur
ajoutera des jours ὦ la vie; et
les années des impies seront
abrégées.
28. L'attente des justes, c'est
la joie: mais l'espérance des
impies périra.
29. C'est la force du simple
que la voix du Seigneur; mais
aussi l'effroi de ceux qui opèrent
le mal.
30. Le juste jamais ne sera
ébranlé ; mais des impies n'habi-
teront pas sur la terre.
31. La bouche du juste enfan-
tera la sagesse, la langue des dé-
pravés périra.
32. Les lèvres du juste considè-
rent les choses qui plaisent, et la
bouche des impies, les choses
perverses.
CHAPITRE XI.
Avantages des justes et des sages, oppo-
sés aux malheurs des méchants et des
insensés. Vraies et fausses richesses.
1. La balance trompeuse est
une abomination auprès du Sei-
gneur ; le poids juste est se/on sa
volonté.
11. La discipline. Voy. Prov., τ, 2.
20. L'argent excellent; le meilleur; littér. choisi (electum).
21. Par un manque de cœur; c'est-à-dire par un manque d'intelligence, de sagesse.
Compar. Prov., vit, 1.
22-25. * Sort différent du juste et du pécheur. Le vers. 23 en donne en quelque
sorte la raison.
23. C'est comme, etc. L'insensé qui ne connait pas l'énormité du péché le commet
comme en riant; tandis que la sagesse rend l'homme attentif, prudent, circonspect.
1-11. * Onze sentences sur la récompense de la bonne conduite envers le prochain
et sur la punition de l'injuste.
1. La balance trompeuse, etc. Voy. Lév., xix, 36.
192^
2. Où sera l'orgueil, là aussi
sera l'outrage ; mais où est l'hu-
milité, là aussi est la sagesse.
3. La simplicité des justes les
dirigera ; et {a trahison des per-
vers les ruinera.
4. Les richesses ne serviront
pas, au jour de la vengeance ;
mais la justice délivrera de la
mort.
5. La justice du simple dirigera
sa voie; et dans son impiété suc-
combera l'impie.
6. La justice des hommes droits
les délivrera; et dans leurs pro-
pres embüches seront pris les
iniques.
7. Un homme impie mort, il
n'y aura plus aucune espérance ;
et l'attente des ambitieux pé-
rira.
8. Le juste a été délivré de l'an-
goisse, et l'impie sera livré pour
lui.
9. Un dissimulé trompe par sa
bouche son ami ; mais les justes
seront délivrés par la science.
10. Au bonheur des justes exul-
tera une cité, et à la ruine des
impies il y aura louange.
11. Parlabénédiction desjustes,
sera exaltée une cité; et par la
bouche des impies elle sera ren-
versée.
19. Celui qui méprise son ami
(παρ. XI. 4. Supra, x, 2.
LES PROVERBES.
(cu. [.זצ
manque de cœur; mais unhomme
prudent se taira.
18. Celui qui marche fraudu-
leusementrévèleles secrets ; mais
celui qui est fidèle d'esprit tient
cachée la confidence de son ami.
14. Où il n'y a point de gouver-
nement, le peuple croulera; mais
le salut est la où il y a beaucoup
de conseils.
15. Il sera affligé parle malheur,
celui qui répond pour un étran-
ger; mais celui qui se garde du
lacs sera en süreté.
16. La femme gracieuse trou-
vera la gloire ; et les forts auront
des richesses.
17. Il fait du bien à son âme,
l'homme miséricordieux; mais
celui qui est cruel rejette même
ses proches.
18. L'impie fait une œuvre qui
n’est pas stable ; mais pour celui
qui seme la justice, 77 y a une ré-
compense assurée.
19. La clémence prépare la vie,
et la recherche du mal, la mort.
90. Abominable estau Seigneur
un cœur dépravé, et sa bienveil-
lance est pour ceux qui marchent
avec simplicité.
21. Lors méme qu'une main
serait dans une main, le méchant
ne sera pas innocent ; maisla race
des justes sera sauvée.
M ——— M —
4. Les richesses, etc. Compar. Proverb., x, 2.
10. Il y aura louange à Dieu; on louera la justice et la providence de Dieu.
12. Manque de cœur. Voy. Prov., vit, T.
13. Fidèle d'esprit; c'est-à-dire sincèrement fidèle.
91. Lors méme, etc.; littér. une main dans une main; expression évidemment ellip-
tique, pour : quand méme une main serait dans une main (etiam si manus ad manum
fuerit), comme on lit au chap. xvi, vers. 5; ce qui signifie : Quand il aurait une main
dans l'autre; c'est-à-dire quand il ne ferait rien, quand il serait dans un repos com-
plet de ses mains, comme il a toujours le cœur au mal, Dieu ne le traitera pas
comme un innocent.
[.זוצ .68]
99. C'est un anneau d'or aux
naseaux d'une truie, qu'une
femme belle et insensée.
93. Le désir des justes est toute
espece de bien : l'attente des im-
pies est la fureur.
24. Les uns partagent leurs
propres biens et deviennent plus
riches; les autres ravissent ce
qui n'est pas à eux, et toujours ils
sont dans la détresse.
95. L'àme qui bénit sera en-
graissée; et celui qui enivre, lui-
méme aussi sera enivré.
26. Celui qui cache le blé sera
maudit des peuples; mais la bé-
nédiction viendra sur la tête de
ceux qui le vendent.
97. C'est avec raison que se
lève au point du jour celui qui
cherche les biens ; mais celui qui
recherche les maux en sera ac-
cablé.
98. Celui qui se confie dans ses
richesses tombera précipitam-
ment ; mais les justes comme la
feuille verdoyante germeront.
29. Celui qui trouble sa maison
possédera les vents, et celui qui
est insensé servira le sage.
30. Le fruit du juste est un ar-
31. I Pierre, 1v, 18.
LES PROVERBES. 1325
bre de vie ; et celui qui prend soin
des âmes est sage.
31. Si le juste sur 18 terre recoit
sa punition, combien plus l'impie
et le pécheur?
CHAPITRE XII.
Aimer lacorrection. Cultiver la piété. La
femme vigilante. Sort différent des
bons et des méchants. Pauvre qui se
suffit ἃ lui-méme. Du fainéant et de
l'ivrogne. De l'insensé et du sage. Des
biens et des maux causés par la langue.
1. Celui qui aime 18 discipline
aime la science : mais celui qui
hait les réprimandes est insensé.
2. Celui qui est bon puisera la
gráce dans le Seigneur ; mais ce-
lui qui se confie dans ses pensées
agit en impie.
3. L'hommene s'affermira point
par l'impiété : et la racine des
justes ne sera pas ébranlée.
4. Une femme diligente est une
couronne pour son mari : et c'est
la carie dans les os du sien qu'une
femme qui fait des choses dignes
de confusion.
9. Les pensées des justes sont
des jugements; les conseils des
impies sont frauduleux.
22. * Un anneau d'or aux naseaur. « C'est l'usage dans presque tout l'Orient, dit
Hammer, que les femmes portent des anneaux au nez, à la narine gauche, qui est
percée au milieu. Ces anneaux consistent en un fil d'or où il y a souvent une perle. »
25. L'âme; par hébraisme, 16 personne. — Qui bénit; autre hébraisme, pour qui fait
du bien, qui est bienfaisante.
27-31. * Cinq proverbes sur le contraste entre le bon et le méchant et leur récom-
pense.
29. Celui qui trouble sa maison; c'est-à-dire qui dissipe ses biens, qui se ruine par
son inconduite, ou qui séme dans sa maison la division et la discorde. — Possédera
des vents; rien que du vent; il se verra bientót dans la pauvreté. — Servira; sera
esclave; c'est le vrai sens de la Vulgate aussi bien que du texte hébreu.
30. Est un arbre de vie. Compar. Genèse, n, 9; im, 22.
1-3. * Trois sentences sur l'opposition qui existe entre le bien et le mal en général.
4-11. * Huit proverbes sur les bénédictions et les malédictions dela vie domestique
et leurs causes.
5. Les pensées des jusles, etc.; c'est-à-dire que les justes ne cherchent que la justice.
1520
6. Les paroles des impies dres-
sent des embüches au sang; la
bouche des justes les délivrera.
1. Renversez les impies, ils ne
seront plus; mais la maison du
juste demeurera à jamais.
8. C'est par sa doctrine que
sera connu un homme; mais ce-
lui qui est vain et sans cœur sera
ouvert au mépris.
9. Mieux vaut un pauvre se
suffisant à lui-méme, qu'un glo-
rieux qui manque de pain.
10. Le juste connait les âmes
de ses bétes; mais les entrailles
des impies sont cruelles.
11. Celui qui travaille sa terre
sera rassasié de pain; mais celui
qui cherche l'oisiveté est très in-
sensé.
Celui à qui il est doux de pas-
ser le temps à boire du vin laisse
dans ses forlifications du déshon-
neur.
12. Le désir d'un impie est
l'appui des plus méchants; mais
la racine des justes prospérera.
13. À cause du péché de ses
levres, la ruine s'approche du
LES PROVERBES.
(cu. xit.]
méchant; mais 16 juste échappera
à l'angoisse.
14. En vertu du fruit de sa
bouche, chacun sera rempli de
biens, et selon les ceuvres de ses
mains il lui sera rendu.
15. La voie d'un insensé est
droite à ses yeux; mais celui qui
est sage écoute les conseils.
16. L'insensé découvre soudain
sa colére; mais celui qui dissi-
mule une injure est habile.
17. Celui qui dit ce quil sait
rend un témoignage juste; mais
celui qui ment est un témoin
frauduleux.
18. 11 est ze/ qui promet et qui
ensuite est percé comme du glaive
de sa conscience; mais la langue
des sages est la santé.
19. La levre véridique sera
ferme à perpétuité; mais celui
qui est témoin précipité se fait
une langue de mensonge.
20. La fraude est dans le cœur
de ceux qui pensent des choses
mauvaises; mais ceux qui entrent
dans des conseils de paix, la joie
les suit.
παρ. XII. 9. Eccli., x, 30. — 11. Eccli., xx, 30.
6. Au sang ; pour verser le sang.
8. Sans cœur (excors);ale méme sens que vecors. Voy. Prov., vu, 7. — Ouvert; en-
tiérement exposé.
10. Connaíit ; c'est-à-dire a soin; c'est le sens de l'hébreu. — Des dmes; de la vie. —
* Le juste a de la sollicitude même pour les animaux qui le servent. Celui qui est cruel
envers les animaux le devient facilement envers ses semblables, tandis que celui qui
est humain à l'égard des bétes l'est à plus forte raison à l'égard des hommes.
| 11. Celui à qui, etc. Ce passage, qui n'existe pas dans l'hébreu et qui est pris des
Septante, signifie que le soldat qui, chargé de la garde des fortifications, s'occupe à
boire du vin, les laisse exposées à l'ennemi; ce qui est un déshonneur.
12-22. * Onze proverbes sur les vertus et les défauts dans la vie civile, et spéciale-
ment des péchés de la langue.
12. Est l'uppui de plus méchants ; est de trouver un appui dans les plus méchants.
de s'en faire un rempart (munimen), afin que, joint à eux, il n'en devienne que plus
formidable.
44. En vertu du fruit, etc.; c'est-à-dire en vertu des sages discours sortis de sa
bouche, chacun sera comblé de biens.
19. Sera ferme à perpéluilé; ne se démentira jamais.
(cu. xur.]
91. Rien ne contristera le juste,
quoi qu'il lui arrive: mais les im-
pies seront remplis de maux.
99. C'est uneabomination pour
le Seigneur, que des lèvres men-
teuses; mais ceux qui sincére-
ment agissent lui plaisent.
93. Un homme habile cache sa
science; et le cœur des insensés
publie Zeur folie.
94. La main des forts dominera;
mais celle qui est relâchée sera
soumise aux tributs.
25. La tristesse dans le cœur
d'un homme l'humiliera; et par
une bonne parole il sera réjoui.
26. Celui qui néglige un dom-
mage à cause d'un ami est juste;
mais le chemin des impies les
trompera.
97. Le frauduleux ne trouvera
pas de gain; et la richesse d'un
homme juste sera d'un prix d'or.
98. Dans le sentier de la justice
est la vie; mais le chemin dé-
tourné conduit à la mort.
CHAPITRE XIII.
Du fils sage et del'insensé. Retenue dans
les paroles. Courte durée de l'éclat des
impies. Biens acquis trop prompte-
ment. Du délai de ce qu'on espère. Chà-
tier ses enfants. Insatiabilité des impies.
1. Un fils sage gardela doc-
trine de son père: mais un mo-
queur n'écoute pas quand on le
reprend.
LES PROVERBES.
1397
2. En vertu du fruit de sa
bouche, l'homme sera rassasié de
biens; mais l'àme des prévarica-
teurs est inique.
3. Celui qui garde sa bouche,
garde son àme ; mais celui qui est
inconsidéré dans ses paroles sen-
tira le mal.
4. Le paresseux veut et ne veut
pas; mais l'àme de ceux qui tra-
vaillent s'engraissera.
9. La parole mensongere, le
juste la détestera; mais limpie
confond et il sera confondu.
6. La justice garde la voie de
linnocent; mais limpiété sup-
plante 1 pécheur.
7. Il est £e? qui parait riche,
quoiqu'il n'ait rien; etil est ze/qui
parait pauvre, quoiqu'il jouisse
de beaucoup de richesses.
8. La rancon de l’âme d'un
homme, ce sont ses richesses :
mais celui qui est pauvre ne sou-
tient pas un reproche.
9. La lumiere des justes ré-
jouit : mais la lampe des impies
s'éteindra.
10. Entre les superbes, il y à
toujours des querelles; mais ceux
qui font tout avec conseil sont
conduits parla sagesse.
11. Le bien amassé à la hâte
sera diminué; mais celui qui est
recueilli peu à peu, à la main,
sera multiplié.
19. L'espérance différée afflige
23-28. * Six sentences mettent sous les yeux l'opposition qui existe entre le sage
et l'insensé, l'homme actif et le paresseux.
24. * Sera soumise aux tributs, à la corvée, à des travaux imposés.
27. Sera d'un prix d'or; vaudra de l'or, sera précieuse comme l'or.
1. Garde ou reproduit, représente; littér. est, — Moqueur. Voy. Prov., 1x, 1.
2. En vertu, etc. Voy. Prov., xit, 14.
4-19. * Neuf maximes se rapportant la plupart au bon emploi des biens temporels.
12. * Un arbre de vie; allusion à l'arbre de vie du paradis terrestre, Genése, 1 9;
11 22.
1328
l’âme ; c'estun arbre de viequ'un
désir qui s'accomplit.
13. Celui qui parle avec mépris
de quelque chose s'engage lui-
méme pour l'avenir : mais celui
qui craint le précepte demeurera
en paix.
Les àmes trompeuses s'égarent
dans les péchés, mais les justes
sont miséricordieux et compatis-
sants.
14. La loi du sage est une source
de vie, pour éviter la ruine de la
mort.
15. La bonne doctrine donne la
grâce : sur le chemin des con-
tempteurs est un précipice.
16. L'homme avisé fait tout avec
conseil ; mais celui qui estinsensé
laisse voir de la folie.
17. Le messager d'un impie
tombera dans le mal; mais un
envoyé fidèle est la santé.
18. Détresse et ignominie à
celui qui abandonne la disci-
pline. Mais celui qui acquiesce
à celui qui réprimande sera glo-
rifié.
19. Un désir, s'il. s'accomplit,
réjouit l’âme ; les insensés détes-
lent ceux qui fuient les choses
mauvaises.
LES PROVERBES.
(cu. xiv.]
20. Celui qui marche avec les
sages sera sage; lami des in-
sensésleur deviendra semblable.
21. Le mal poursuit les pé-
cheurs; et aux justes seront
donnés des biens en récom-
pense.
22. L'homme vertueux laisse
héritiers des fils et des petits-fils ;
et est réservé pour le juste le
bien du pécheur.
23. Il y a beaucoup de fruits
dans les novales des peres; et
c'est pour d'autres qu'ils sont
amassés sans jugement.
24. Celui qui épargne la verge
hait son fils ; mais celui qui l'aime
le corrige fortement.
95. Le juste mange et remplit
son áàme; mais le ventre des
impies est insatiable.
CHAPITRE XIV.
Différents caractères des sages et des in-
sensés. Sort différent des justes et des
méchants. Du travail. De la crainte du
Seigneur. De la patience. De la com-
passion envers les pauvres.
1. Une femme sage édifie sa
maison; linsensée détruira de
ses propres mains celle méme
qui était construite.
13-17. * Avantage de la bonne doctrine.
13. Les âmes trompeuses... Compalissants. Ce passage ne se trouve ni dans l'hébreu,
ni dans plusieurs éditions latines, ni dans quelques exemplaires grecs. Dans ceux des
Grecs et des Latins qui le lisent, il est placé après les versets 9 ou 11.
17. Est la santé; une source de santé et de prospérité, tant pour lui-même que pour
celui qui l'envoie.
18-25. * Récompenses qui sont le fruit de la sagesse.
93. De fruits; littér. d'aliments, de nourriture. — Pour d'autres; pour des étrangers.
— Qu'ils sont amassés sans jugement; c'est-à-dire que ceux qui en cultivant les
champs de leurs péres manquent de jugement et d'esprit de conduite perdront tous
les fruits de leur travail, qui iront à des étrangers. — * Dans les novales, terres nou-
vellement défrichées et profondément défoncées.
1-1. * De la sagesse et de la folie en général.
1. Edifie sa maison. Dans le langage de l'Ecriture, édifier ou bâtir sa maison,
lorsqu'on parle d'une femme, signifie proprement avoir des enfants, et les bien
élever,
[cH. xrv.]
9. Celui qui marche par un
droit chemin, et qui craint le
Seigneur, est méprisé par celui
qui marche dans une voie infâme.
3. Dans la bouche d'un insensé
est la verge de l'orgueil; mais
les lèvres des sages les gardent.
4. Où il n'y a point de bœufs,
la crèche est vide; mais où abon-
dent les moissons, là est mani-
feste la force du bœuf.
5. Un témoin fidèle ne ment
pas, mais un témoin trompeur
profere le mensonge.
6. Le railleur cherche la sa-
gesse, et ne la trouve pas : la
doctrine des prudents est facile.
7. Va contre l'homme insensé,
et qui ne connaît pas les lèvres
de la prudence.
8. La sagesse d'un homme ha-
bile est de comprendre sa voie;
et l'imprudence des insensés est
errante.
9. L'insensése jouera du péché;
et c'est parmi les justes que de-
meurera la grâce.
Cap. XIV. 2. Job, xir, 4.
LES PROVERBES.
1329
10. Quant au cœur qui connait
lamertume de son âme, un
étranger ne se mélera pas dans 58
joie.
11. La maison des impies sera
détruite ; maisles tabernacles des
justes seront florissants.
19. IL est une voie qui parait
droite à l'homme ; mais ses issues
conduisent à la mort.
13. Le rire de douleur sera
mélé, etle deuil occupe les extré-
mités de la joie.
14. L'insensé sera rempli de ses
voies ; mais au-dessus de lui sera
l'homme vertueux.
15. L'innocent croit à toute pa-
role : l’homme avisé considère
ses pas.
Pour un fils trompeur il n'y.
aura rien de bon : mais à un ser-
viteur sage ses actes seront pros-
pères, et sa voie sera dirigée.
16. Lesage craint etse détourne
du mal : l'insensé passe outre et
a confiance.
17. L'impatient commettra des
3. Dans la bouche, etc.; c'est-à-dire la langue d'un insensé est comme une verge
d'orgueil et d'iusolence, qui frappe, meurtrit les autres, en le blessant lui-même. Au
contraire, les lévres des sages ne blessent personne, et elles les conservent eux-
mémes dans une parfaite tranquillité, en ne donnant pas prise à la critique et à la
malignité.
4. Où il n'y a point, etc. L'auteur semble vouloir dire en général que, quand on ne
travaille pas, on n'a rien à attendre.
6. Railleur. Voy. Prov., 1x, 1. — La doctrine, etc.; c'est-à-dire que les hommes
prudents s'instruiront sans peine; comme ils cherchent la sagesse sérieusement et
véritablement, elle vient au-devant d'eux (Sagesse, vt, 14).
1. Va contre; résiste, oppose-toi à lui.
8-19. * Comparaison du sage et del'insensé, par rapport surtout à leurs destinées
diverses.
14. L'insensé, etc. L'insensé est entièrement satisfait de sa propre conduite, il s'y
plait, il y trouve son contentement et sa joie. — Au-dessus de lui sera l'homme ver-
tueuz; c'est-à-dire l'homme vertueux le dominera; ou bien, l'homme vertueux sera
encore plus rempli de ses voies que l'insensé; il s’y plaira davantage, parce qu'elles
sont meilleures.
15. Pour un fils trompeur... sera dirigée. Ce passage ne se trouve ni dans l'hébreu,
ni dans le chaldéen, ni dans les Septante de Complute et de Rome, ni dans les ma-
nuscrits latins, ni dans quelques éditions de la Vulgate.
AGUL, 84
1990
actions de folie; l'homme artifi-
cieux est odieux.
18. Les tout petits posséderont
la folie; et les hommes avisés
attendront la science.
19. Les méchants seront cou-
chés par terre devant les bons;
et les impies devant les portes
des justes.
20. Même à son prochain, le
pauvre est odieux; mais les amis
des riches sont nombreux.
21. Celui qui méprise son pro-
chain pèche; mais celui qui a
pitié du pauvre sera bienheureux.
Celui qui croit au. Seigneur
aime la miséricorde.
22. Ils s'égarent, ceux. qui
operent le mal : la miséricorde
et la vérité préparent des biens.
23. Dans tout travail seral'abon-
dance : mais où il y a beaucoup
de paroles, là fréquemment est la
détresse.
94. La couronne des sages, ce
sont leurs richesses; la sottise
des insensés, l'imprudence.
91. Infra, xvir, 5.
LES PROVERBES.
[cu. xiv.]
95. Un témoin fidele délivre des
âmes : et celui qui est double
profere des mensonges.
26. Dans la crainte du Seigneur
est une confiance ferme; et à
ses enfants sera l'espérance.
27. La crainte du Seigneur est
une source de vie, afin qu'on
évite la ruine de la mort.
28. Dans la multitude du peu-
ple est la gloire d'un roi; et dans
le petit nombre des sujets l'igno-
minie d'un prince.
29. Celui qui est patient se gou-
verneavecune grande prudence ;
mais celui qui est impalient si-
gnale sa folie.
30. La vie des chairs, c'est la
santé du cœur : la carie des os,
l'envie.
31. Celui qui opprime un indi-
gent, outrage le créateur de cet
indigent; mais celui-là l'honore,
qui a pitié d'un pauvre.
39. À cause de sa malice, l'im-
pie sera rejeté ; mais le juste es-
père dans sa mort méme.
18. Les tout pelits (parvuli). Voy. Prov., 1, 4. — Atlendront la science; comme un
héritage quileur est dü.
19. * Couchés par terre. Image tirée des vaincus, prosternés et étendus par terre
devant leur vainqueur, comme nous les représentent les bas-reliefs antiques de l'As-
syrie.
20-21. * De la richesse et de la pauvreté dans leurs rapports avec la sagesse et
avec la folie.
91. Celui qui croit... miséricorde. Ce passage n'est ni dans l'hébreu, ni dans le grec,
ni dans les anciens manuscrits latins.
22. Préparent; c'est-à-dire nous acquièrent. 0
25. Des âmes; littér. et par hébraisme, pour des personnes, des individus.
26. Dans la crainte, etc. Quand on a la crainte du Seigneur, on est dans une con-
fiance ferme; littér. et par hébraisme, une confiance de force.
98-35. * Paralléle entre le sage et l'insensé, le riche et le pauvre, le prince et le
sujet.
30. La vie, etc. Un cœur sain donne la santé à tout le reste des chairs, c'est-à-dire
du corps.
31. Qui opprime; outrage, traite injustement et avec violence. Tel est le sens
qu'a partout le verbe hébreu que la Vulgate rend par calomnier (calumniari).
C'est ainsi que calumnia signifie le olus ordinairement oppression, violence, injustice
ti'iante.,
[δ xv.]
33. Dans le cœur de l'homme
prudent repose la sagesse; et
elle instruira tous les ignorants.
34. La justice élève une nation;
mais le péché fait les peuples
malheureux.
35. Un ministre intelligent est
bien accueilli du roi; celui qui
est inutile endurera son cour-
roux.
CHAPITRE XV.
Douceur dans les paroles. Docilité aux
corrections. Victime des impies. Tout
est connu de Dieu. Ruine des superbes.
Paresseux, insensé, impie, opposés au
juste, au sage, au diligent.
1. Une douce réponse brise la
colere : une parole dure excite la
fureur.
2. La langue des sages embellit
Ja science ; la bouche des insensés
fait jaillir la folie.
3. En tout lieu, les yeux du
Seigneur observent les bons et
les méchants.
4. La langue pacifique est un
arbre de vie; mais celle qui est
immodérée brisera l'esprit.
ὃ. L'insensé se moque dela dis-
cipline de son pére; mais celui
LES PROVERBES.
1331
qui est docile aux réprimandes
deviendra plus sage.
Dans une abondante justice est
une très grande vertu; mais les
pensées des méchants seront dé-
racinées.
6. La maison du juste est une
grande force; et dans les fruits
de l'impie il n’y a que trouble.
7. Les lèvres des sages répan-
dront la science : le cœur des in-
sensés sera tout à fait différent.
8. Les victimes des impies sont
abominables au Seigneur, les
veux des justes lui sont agréa-
bles.
9. C'est une abomination pour
le Seigneur, que la voie de l'im-
pie : celui qui suit la justice est
aimé de lui.
10. La doctrine est odieuse à
celui qui abandonne la voie de la
vie ; celui qui haitles réprimandes
mourra.
11. L'enfer et la perdition sont
à nu devant le Seigneur; com-
bien plus les cœurs des fils des
hommes?
12. L'homme pernicieux n'ai-
me pas celui qui le reprend, et ne
va pas vers les sages.
Cnar. XV. 1. Infra, xxv, 15. — 8. Infra, xxt, 27; Eccli., xxxiv, 21.
33. Elle; c'est-à-dire la sagesse. Si le latin erudiet est amphibologique, l'hébreu
ne l'est nullement, le verbe y étant au féminin, et ne pouvant avoir pour sujet que
le mot sagesse, nom du genre féminin.
1-1. * Contre les différentes espéces de péchés de la langue.
4. * Un arbre de vie, comme celui du paradis terrestre. Voir xir, 12.
5, 32, 35. Discipline. Voy. Prov., 1, 2. — Dans une... déracinées. Ce passage n'est ni
dans l'hébreu, ni dans le chaldéen, ni dans divers exemplaires grecs et latins.
6. La maison, etc. La maison du juste est un grand amas de toutes sortes de biens
et de provisions; tandis que les revenus de l'impie ne lui donnent que du trouble,
à cause des maux de différentes sortes dont Dieu le frappe en punition de son im-
piété.
8-15. * Horreur de Dieu pour l'impie.
11. L'enfer; veut dire 101 le séjour de toutes les âmes après la mort, méme de
celles des justes qui attendaient le Rédempteur; et /a perdilion, le lieu particulier où
sont renfermées et tourmentées les âmes des méchants.
1332
19. Un cœur joyeux rassérène
le visage; par latristessedel’âme,
l'esprit est abattu.
14. Le cœur du sage cherche la
doctrine ; et la bouche des insen-
sés se repaît d'ignorance.
15. Tous les jours du pauvre
sont mauvais ; l'àme tranquille
est comme un continuel fes-
tin.
16. Mieux vaut peu avec la
crainte du Seigneur que des tré-
sors grands et inépuisables.
17. Mieux vaut être convié à un
repas d'herbes oüregnelacharité,
qu'à manger avec de la haine un
veau engraissé.
18. L'homme colère excite des
querelles ; celui qui est patient
apaise celles qui étaient déjà sus-
citées.
19. Le chemin des paresseux
est comme une haie d'épines ; la
voie des justes est sans pierre
d'achoppement.
90. Un fils sage réjouit son
père; et un homme insensé mé-
prise sa mere.
21. La folie est joie pour l'in-
sensé : etl'homme prudent dirige
ses pas.
22. Les pensées se dissipent là
oü il n'y a point de conseil; mais
13. Infra, xvii, 22. — 27. Infra, xvi, 6.
LES PROVERBES.
(cu. xv.]
où il y a plusieurs conseillers,
elles s'affermissent.
93. L'homme se réjouit de la
sentence sortie de sa bouche ; et
la parole opportune est excel-
lente.
24. Le sentier de la vie est au-
dessus de l'homme instruit, afin
quil se détourne de l'enfer le
plus profond.
95. Le Seigneur démolira la
maison des superbes; et il affer-
mira les bornes du champ de la
veuve.
26. C'est l'abomination du Sei-
gneur que les pensées mauvai-
ses; mais la parole pure, trés
belle, sera affermie par lui.
97. Celui-là trouble sa maison,
qui court aprés lavarice ; mais
celui qui hait les présents vivra.
Par la miséricorde et par la foi
se purifient les péchés ; mais c'est
par la crainte du Seigneur que
chacun se détourne du mal.
28. L'esprit du juste médite
l'obéissance : la bouche des im-
pies déborde en mauvais dis-
cours.
99. Le Seigneur est loin des
impies ; et 11 exaucera les prières
des justes.
30. La lumière des yeux réjouit
16-23. * De différentes espèces de vertus et de vices.
16. Mieux vaut, etc. Il semble que c'est de ce passage que saint Paul 8 emprunté
le sentence : C'est un grand gàin que la pitié avec ce qui suffit (1 Timoth.. vi, 6).
11. Un veau engraissé. On engraissait des veaux pour les solennités où on devait
offrir des sacrifices et où on devait faire quelque fête, quelques noces, quelque festin
de famille (I Rois, xvi, 29; Jérém., xxvi, 21; Luc, xv, 23).
24-33. * De diverses vertus, en particulier de la vie pieuse.
94. Le sentier, etc.; ou mieux, selon l'hébreu : Le sentier de la vie est pour l’homme
inlelligent en haut; c'est-à-dire au ciel.
21. Par la miséricorde... du mal. Ce passage, que les Septante ont mis ici, ne se
trouve dans l'hébreu qu'au chap. xvi, 6, où la Vulgate le répète, et où les Septante
ne l'ont pas mis.
30, Engraisse les os; contribue à la santé du corps par le plaisir qu'elle cause.
[cn. xvi.]
l'âme; la bonne réputation en-
graisse les os.
34. L'oreille qui écoute les ré-
primandes de vie demeurera au
milieu des sages.
32. Celui qui rejette la disci-
pline méprise son âme; mais
celui qui acquiesce aux répri-
mandes ἃ du cœur.
33. La crainte du Seigneur est
une discipline de sagesse; et
l'humilité précède la gloire.
CHAPITRE XVI.
Dieu dispose de la langue et des pas de
l'homme. Colère et clémence du roi.
Maux que cause l'orgueil. Voie funeste
qui paraît bonne. Dieu règle et conduit
le sort.
1. C'est à l'homme de préparer
son âme, et au Seigneur de
gouverner la langue.
2. Toutes les voies de l'homme
sont ouvertes à ses yeux : le Sei-
gneur pése les esprits.
3. Expose tes œuvres au Sei-
gneur, et tes pensées seront di-
rigées.
LES PROVERBES.
1333
4. Le Seigneur a opéré toutes
choses pour lui-même, limpie
même pour le jour mauvais.
5. C'est l'abomination du Sei-
gneur que tout homme arrogant ;
lors méme qu'une main serait
dans une main, il n'est point in-
nocent.
Le commencement de la bonne
voie est de faire la justice : or
elle est agréable à Dieu plus que
l'immolation des hosties.
6. Par la miséricorde et la vé-
rité se rachète l'iniquité; et c'est
par la crainte du Seigneur qu'on
se détourne du mal.
7. Lorsque plairont au Sei-
gneur les voies de l'homme, il
convertira ses ennemis méme à
la paix.
8. Mieux vaut peu avec la jus-
tice que beaucoup de fruits avec
l'iniquité.
9. Le cœur de l'homme dispose
sa voie; mais c'est au Seigneur
de diriger ses pas.
10. La divination est sur les
levres du roi; dans les juge-
XVI. 2. Infra, xx, 24; xxi, 2. — 6. Supra, xv, 21. .תגאס
31. De vie; qui donnent la vie, en nous garantissant du péché, et, par conséquent,
de la mort de l'âme.
1-3. * Les chapitres xvi-xxu, 16, sont principalement une exhortation à la crainte
de Dieu et à l'obéissance, Le chap. xvi exhorte à la confiance en Dieu, parce qu'il
est l'ordonnateur et le régulateur du monde. Les trois premiers versets nous montrent
Dieu comme le maitre de toutes choses en général.
4. De préparer son âme; en l'élevant à Dieu, afin qu'il en règle tousles mouvements
et tous les désirs. Compar. Ps. xxxvrr, 1.
4-9. * Sagesse de la Providence divine dans la récompense donnée aux bons et
dans les punitions infligées aux méchants.
5. Lors méme qu'une main serait dans une main. Voy. Prov., xi, 21. — Le commen-
cement... hosties. Ce passage manque ici dans l'hébreu et dans toutes les Bibles
grecques, excepté celle du Vatican.
8. Mieux vaut, etc. Voy. Prov., xv, 16. — Beaucoup de fruits; c'est-à-dire beaucoup
de revenus, de biens, de richesses.
40-15. * Les rois considérés comme médiateurs ou instruments de la Provi-
dence.
10. Divinalion; n'est pas pris ici en mauvaise part; il signifie oracle divinement
inspiré; car le roi était le représentant de Dieu.
199 LES PROVERBES.
ments n'errera pas sa bouche.
11. Poids et balance sont les
jugements du Seigneur; et ses
œuvres sont toutes les pierres du
sachet.
19. Abominables au roi sont
ceux qui agissent en impies;
parce que c'est par la justice que
s'affermit un tróne.
13. Les rois veulent des lèvres
justes : celui qui parle avec droi-
ture sera aimé d'euz.
14. L'indignation du roi est un
messager de mort; et l'homme
sage l'apaisera.
15. Dans l'hilarité du visage du
roi est la vie; et sa clémence
est comme la pluie de l’arrière-
saison. ὁ
16. Possede la sagesse, parce
qu'elle est meilleure que l'or;
et acquiers la prudence, parce
qu'elle est plus précieuse que
l'argent.
47.Le sentier des justes s'écarte
des maux; celui qui garde son
áme conserve sa voie.
18. L'orgueil précede l'abatte-
24. Supra, xv, 13; Infra,xvir, 22.
[cu. xvi.]
ment; et avant la ruine l'esprit
s'exalte.
19. Il vaut mieux être humilié
avec des hommes doux que de
partager des dépouilles avec des
superbes.
20. Un homme habile dans la
parole trouvera des biens; et
celui qui espère dans le Seigneur
est bien heureux.
21. Celui qui est sage de cœur
sera appelé prudent : et celui
qui est doux dans la parole re-
cevra de plus grands dons.
22. C'est une source de vie que
l'instruction, pour celui qui la
possede ; la doctrine desinsensés,
c'est la folie.
23. Le cœur du sage instruit sa
bouche; et à ses lèvres il ajoutera
de là gráce.
24. C'est un rayon de miel que
des paroles disposées avec art;
c'est la douceur de l'àme et la
santé des os.
25. Il est une voie qui parait à
l'homme droite, et ses issues
conduisent à la mort.
//(3('39 /OXZGÓAGLLAsALb-dbAAGOÁÁLCUOCOCCOICCECLÁULELÁÓCEEELULÁLSOCECÉELLGIICEELLCEEAUDUIRKOCÁRORCÉELCOEOEÓERTCELLLCEUCOCCIÉÓGEECTITIIECCFCCLILLETCÓCETÉÉCELTTIICTTETE[EIÉOTTSLI ELIISITICLELIELILTILTLIIE]CCOZCLCSSLEZEOIAE
41. Poids et balance, etc.; c'est-à-dire infiniment justes, infiniment équitables. —
Toutes les pierres du sachet; c'est la méme idée exprimée en d'autres termes. Les
anciens Hébreux, n'ayant point d'argent monnayé pour leur commerce, divisaient
l'or et l'argent en lingots, plus ou moints forts, qu'ils mettaient dans une balance,
et qu'ils pesaient avec des pierres renfermées dans un sachet. Le vendeur et l'ache-
teur portaient toujours à leur ceinture une balance et un sachet. — * Les pierres
étaient choisies de préférence comme poids, parce qu'on peut difficilement les altérer
et qu'elles échappent à la rouille.
13. Des lèvres justes; un langage vrai, sincère.
44. L'indignation, etc. Un prince colére et emporté inspire la crainte de la mort à
tous ceux qui le voient irrité contre eux.
15. Comme la pluie, etc. Voy. Job, xxix, 23.
20. Un homme habile dans la parole. C'est le sens exact et rigoureux dela Vulgate;
mais, comme le terme hébreu rendu dans cette version par parole (verbo), signifie
aussi chose, affaire, et qu'il a été traduit dans les Septante par choses, affaires, bien
des traducteurs lui ont donné ce dernier sens.
24. La santé des os; du corps; figure grammaticale, par laquelle la partie se prend
pour le tout. — * C'est un rayon de miel, etc. Allusion à la nature et à l'emploi du
miel, trés usité en médecine et qui tenait autrefois lieu de sucre.
[cu. xvu.]
26. L'àme de celui qui travaille,
travaille pour soi, parce que sa
bouche l'y a contraint.
27. L'homme impie creuse le
mal, et sur seslevres un feu brûle.
28. L'homme pervers suscite
des proces etle verbeux divise
les princes.
29. L'homme injuste attire son
ami, et le conduit par une voie
non bonne.
30. Celui qui, les yeux immo-
biles, forme des desseins pervers,
se mordant les levres, exécute le
mal.
31. C'est une couronne de
dignité, que la vieillesse qui se
trouvera dans les voies de la
justice.
32. Vaut mieux un Aomme pa-
tient qu'un homme fort; et celui
qui domine son esprit vaut mieux
que celui qui prend des villes
d'assaut.
33. Les sorts se jettent dans le
pan de la robe; mais c'est par le
Seigneur qu'ils sont dirigés.
CHAPITRE XVII.
Le serviteur sage. Dieu éprouvelesccaurs.
Ne pas mépriser le pauvre. Jugements
injustes et abominables aux yeux du
Seigneur. L'ami aime en tout temps.
L'insensé passe pour sage, lorsqu'il se
tait.
LES PROVERBES,
1535
1. Vaut mieux une bouchée de
pain sec avec la joie, qu'une mai-
son pleine de, victimes avec la
dispute.
2. Le serviteur sage dominera
les fils insensés; et il partagera
l'héritage entre les freres.
3. Comme par le feu est éprouvé
l'argent, et l'or dans le creuset;
ainsi le Seigneur éprouve les
cœurs.
4. Le méchant obéit à une
langue inique, et le trompeur
obtempère à une lèvre menson-
gère.
ὃ. Celui qui méprise le pauvre
outrage celui qui l'a fait, et celui
qui se réjouit de la ruine d'un
autre ne sera pas impuni.
6. La couronne des vieillards
sont les fils des fils; et la gloire
des fils sont leurs pères.
7. Les paroles graves ne con-
viennent pas à un insensé; ni à
un prince une lèvre menteuse.
8. C'est une pierre précieuse
très agréable, que l'attente de ce-
lui qui espère; de quelque côté
qu'il se tourne, il agit avec intel-
ligence et prudence.
9. Celui qui cache une faute
recherche l'amitié : celui qui la
rappelle une seconde fois sépare
ceux qui étaient unis.
(παρ. XVII. 2. Eccli., x, 28. — 5. Supra, xiv, 31.
26. Sa bouche; la nécessité de manger.
33. Les sorts; c'est-à-dire les billets du sort. — Mais c'est, etc. C'est uniquement le
Seigneur qui dispose de ces billets en faisant que le premier tombe à telle personne,
le second à telle autre, et ainsi de suite. — * Ce chapitre se termine par la grande
peusée par laquelle il avait commencé : Dieu gouverne toutes choses, et rien n'arrive
sur la terre que par sa volonté.
6. Les fils des fils; ses petits-neveux; une belle et nombreuse postérité.
8. * Une pierre précieuse est un cadeau très agréable pour celui qui la reçoit; aussi
partout où ce cadeau se dirige, il fait réussir les desseins du donateur.
9. Celui qui cache, etc.; qui garde le silence sur une faute commise contre Tai,
recherche et gagne par là méme l'amitié de celui qui l'a commise; tandis que s'il la
1886
10. Plus profite une réprimande
à un homme prudent que cent
coups à un insensé.
11. Toujours le méchant cher-
che des querelles : mais un
ange cruel sera envoyé contre
lui.
19. Il est plus avantageux de
rencontrer une ourse à qui l'on
à enlevé ses petits qu'un insensé
se confiant dans sa folie.
13. Celui qui rend le mal pour
le bien, 16 malheur ne s'éloignera
pas de sa maison.
14. Celui quilâche l’eau entame
un procès; mais, avant quil
souffre un affront, il abandonne
le jugement.
15. Celui qui justifie l'impie et
celui qui condamne le juste sont
tous deux en abomination auprès
de Dieu.
16. Que sert à l'insensé d'avoir
des richesses, puisqu'il ne peut
acheter la sagesse?
Celui qui élève sa maison bien
haut en cherche la ruine; et ce-
13. Rom., זא 17; I Thess.,
LES PROVERBES.
[cH. xvim.]
lui qui évite d'apprendre tombera
dans des maux.
17. ll aime en tout temps, celui
qui est ami; et c'est dans les an-
goisses qu'un frère se fait con-
naitre.
18. Un homme insensé battra
des mains, lorsqu'il aura répondu
pour son ami.
19. Celui qui médite des dis-
cordes aime les rixes; et celui qui
élève sa porte cherche sa ruine.
20. Celui qui a un cœur per-
vers ne trouvera pas le bien; et
celui qui tourne la langue tom-
bera dans le malheur.
21. L'insensé est né pour son
ignominie; et un père dans un
fils stupide ne mettra pas sa joie.
99. Un cœur joyeux rend la
santé florissante ; une âme triste
desseche les os.
23. L'impie reçoit ei secret des
présents, afin qu'il pervertisse
les sentiers de la justice.
24. Sur 18 face de l'homme pru-
dent brille la sagesse; les yeux
v, 15; I Pierre, nur, 9. — 15. 1s., v, 23. — 22. Supra,
xv, 18; xvi, 24. — 24. Ecclés., 11, 14; viri, 1.
rappelle deux fois seulement (allero sermone repetit), 11 met la division entre l'offen-
seur et lui. On peut aussi étendre cette maxime à tous ceux qui par leurs rapports
inconsidérés sément la division parmi leurs semblables.
19. * L'ours était autrefois commun en Syrie, jusqu'à l'époque des croisades.
14. Celui qui láche, etc. Dans la Palestine les eaux, n'étant pas fort communes,
donnaient par là méme des occasions de dispute. Lâcher, par exemple, celles de son
voisin ou de tout autre, était un cas de procès, dont l'issue ne pouvait qu'étre défa-
vorable à l'auteur du délit. Il était donc tout naturel que celui-ci se désistàt, avant
la sentence du juge, pour éviter un affront. Au lieu de i/ abandonne (deserit), l'hébreu
porte l'impératif laisse. Compar. Matth., v, 25, 40.
16. Celui qui élève sa maison... maux. Ce passage n'est pas dans l'hébreu, mais il
se trouve dans les Septante, ainsi que dans la Vulgate. On lit au vers. 19 quelque
chose de semblable dans l'hébreu et dans la Vulgate, mais non dans le grec.
18. Battra des mains, etc. Voy. Prov., vt, 1.
20. Qui tourne la langue; c'est-à-dire selon l'hébreu, qui a la langue tournée ; c'est-
à-dire artificieuse, fourbe.
23. En secret; littér. du sein. Les Hébreux portaient dans le sein ce qu'ils avaient
de plus précieux.
24. Sont à l'extrémité du monde; c'est-à-dire trés éloignés d'eux; et, par congé-
quent, ne pouvant pas les éclairer suffisamment.
[cu. xvnr.]
des insensés sont à lextrémité
du monde.
95, Un fils insensé est la colère
de son pere, et la douleur de la
mere qui l'a enfanté.
96. Il n'est pas bon de causer
du dommage au juste, ni de frap-
per le prince qui juge selon la
justice.
97. Celui qui modère ses pa-
roles est docte et prudent; et
l'homme savant est d'un esprit
précieux.
98. L'insensé méme, s'il se tait,
sera réputé pour sage, et, s'il com-
prime ses lévres, pourintelligent.
CHAPITRE XVIII.
De l'ami infidèle. De la confiance du juste
et de celle du riche. Orgueil et humi-
liation. Fruits de la langue. Bonne et
mauvaise femme. De l'homme sociable.
1. Celui qui veut rompre avec
son ami en cherche les occasions;
mais il sera couvert d'opprobre
en tout temps.
2. L'insensé ne recoit pas les
paroles de la prudence, à moins
que tu ne lui dises les choses qui
se trouvent dans son cœur.
3. L'impie, lorsqu'il est venu
au fond des péchés, méprise;
mais l'ignominie le suit ainsi que
l'opprobre.
4. C'est une eau profonde que
les paroles qui sortent de la bou-
che de l'homme, et un torrent
débordé que la source de la sa-
gesse.
LES PROVERBES.
1337
ὃ. Faire acceplion de la per-
sonne d'un impie n'est pas une
bonne chose, pour que tu t'é-
cartes dela vérité dans le juge-
ment.
6. Les lèvres de linsensé se
mélent dans des rixes, et sa bou-
che provoque des querelles.
La bouche delinsensé est sa .ד
destruction; et ses lèvres sont la
ruine de son àme.
8. Les paroles d'un homme à
double langue paraissent sim-
ples; et elles pénètrent jusqu'au
fond des entrailles.
La crainte abat le paresseux;
mais les âmes des efféminés au-
ront faim.
9. Celui qui est mou et lâche
dans son ouvrage est frère de ce-
lui qui détruit les ouvrages.
10. C'est une tour très forte que
le nom du Seigneur;le juste y
court, et il sera exalté.
11. Le bien du riche est sa ville
forte, et comme une muraille so-
lide qui l'environne.
12. Avant quil soit brisé, le
cœur de l'homme est exallé; et
avant d'étre élevé en gloire, il
est humilié.
13. Celui qui répond avant
d'écouter se montre insensé et
digne de confusion.
14. L'espritde l'homme soutient
sa faiblesse; mais un esprit facile
à se mettre en colère, qui pourra
lesoutenir?
15. Le cœur prudent possédera
21. Jac., 1, 19. — 0. XVIII, 4. Infra, xx, 5. — 13. Eccli., xt, 8.
Ὁ. Dans le jugement; littér. du jugement. — * Faire acception, etc. Il ne faut pas
être partial envers le méchant, en faisant perdre son procès au juste.
8. La crainte... faim. Ce passage manque dans l’hébreu; mais il se trouve dans les
Septante, qui, d'ailleurs, ne contiennent pas la partie précédente de ce vers. 8.
11. Sa ville forte; littér. et par nébraisme, /a ville de su force.
1338
la science; et l'oreille des sages
cherche la doctrine.
16. Le présent d'un homme
élargit sa voie, et devant les prin-
,ces lui fait faire place.
| 17. Le juste est le premier ac-
.cusateur de lui-même; vient son
ami, et il l'examinera.
18. Le sortapaise les différends;
et entre les puissants mêmes, il
sert d'arbitre.
19. Un frere qui est aidé par son
frère est comme une cité forte;
et leurs jugements sont comme
les verrous des portes des villes.
20. Le ventre de l'homme sera
rempli du fruit de sa bouche; et
les produits de ses lèvres le rassa-
sieront.
21. La mort et la vie sont au
pouvoir de la langue; ceux qui
l'aiment mangeront ses fruits.
99. Celui qui a trouvé une
femme vertueuse a trouvé un
bien; et il puisera la joie dans le
Seigneur.
Celui qui chasse une femme
vertueuse rejette un bien; mais
celui qui retient une adultere est
insensé et impie.
23. C'est avec des supplications
Cap. XIX. 5. Dan., xii, 1
LES PROVERBES.
[cH. xix.]
que parlera le pauvre; mais le
riche s'énoncera séverement.
94. L'homme aimable à la so-
ciété sera plus ami qu'un frere.
CHAPITRE XIX.
Du pauvre et du riche. Du faux témoin.
De la colère et de la bienveillance du
roi. La femme prudente est un don
du Seigneur. Correction des enfants.
Crainte du Seigneur. Châtiments réser-
vés aux méchants.
1. Mieux vaut un pauvre qui
marche en sa simplicité qu'un
riche qui tord ses lèvres et qui
est insensé.
2. Où n'est point la science de
l'àme, il n'y a pas de bien: et
celui qui háte ses pieds tombera.
3. Lafolie de l'homme renverse
ses pas; et contre Dieu il brüle
de colère en son cœur.
4. Les richesses donnent beau-
coup de nouveaux amis; mais
ceux mêmes qu'avait le pauvre
se séparent de lui.
ὃ, Un témoin faux ne sera pas
impuni, et celui qui dit des men-
songes n'échappera pas. |
6. Beaucoup honorent la per-
sonne d'un homme puissant, et
16. Le présent, etc. Dans l'Orient, on ne parait devant les rois et les princes qu'a-
vec des présents; c'est une marque de respect et de dépendance de la part de celui
qui vient faire sa cour. Compar. I Rois, ,או 1.
11-21. * Contre l'amour de la dispute et 16 mauvais usage de la langue. |
11. Le juste, etc. Lorsque le juste a commis une faute, il est le premier 8 l'avouer
et à reconnaître son tort. Si son ami vient, il sonde avec lui le fond de son cœur.
90. Le ventre, etc. Voy. Prov., xu, 14.
91. Au pouvoir; littér. et par hébraisme, dans la main. Le sens de ce verset - que
zeux qui aiment à beaucoup parler recevront pour fruits la vie ou la mort, suivant
l'usage qu'ils auront fait de leur langue.
22. Celui qui chasse...
impie. Ce passage, qui se trouve dans les Septante et dans
l'arabe, manque dans l'hébreu, dans le chaldéen, dans divers manuscrits latins et
dans plusieurs éditions latines, comme celles de Complute, de Sixte V, etc.
1-99. * Exhortation à l'humilité, à la douceur et à la longanimité.
1. Qui tord ses lèvres ; c'est-à-dire, selon l'hébreu, dont les discours sont trompeurse.
[cH. [.אזא
sont amis de celui qui donne des
présents.
7. Les frères d'un homme
pauvre le haissent : en outre ses
amis mémes se retirent loin de
lui. Celui qui court seulement
apres les paroles n'aura rien.
8. Mais celui qui possede de
l'intelligence aime son âme, et
celui qui garde la prudence trou-
vera des biens.
9. Un faux témoin ne sera pas
impuni, et celui qui dit des men-
songes périra.
10. A l'insensé ne conviennent
pas les délices, ni à l'esclave la
domination sur les princes.
11. La doctrine d'un homme se
connait à sa patience, et sa gloire
est de laisser de cóté les choses
iniques.
12. Comme est le rugissement
du lion, ainsi est la colere du roi;
et comme la rosée qui tombe sur
l'herbe, ainsi son hilarité.
13. La douleur d'un pere est un
fils insensé; et ce sont des
toits continuellement dégouttants
qu'une femme querelleuse.
14. La maison et les richesses
sont données par les peres ; mais
c'est par le Seigneur proprement
quest donnée une femme pru-
dente.
24. Infra, xxvi, 15.
LES PROVERBES.
1339
15. La paresse envoie l'assou-
pissement; et l’âme indolente
aura faim.
16. Celui qui garde le comman-
dement garde son âme; mais ce-
lui qui néglige sa voie trouvera
la mort.
17. Celui-là prête à intérêt au
Seigneur, qui 8 pitié du pauvre;
et il lui rendra son bienfait.
18. Corrige ton fils, n'en déses-
pere pas; mais àle tuer ne dis-
pose pas ton àme.
19. Celui qui est impatient en
souffrira du dommage; et s'il
prend quelque chose avec vio-
lence, il prendra encore autre
chose.
20. Ecoute le conseil.et re-
cois la discipline, afin que tu
sois sage dans tes derniers mo-
ments.
21. ll y a beaucoup de pensées
dans le cœur de l’homme; mais
la volonté du Seigneur demeurera
à jamais.
22. L'homme indigent est misé-
ricordieux; et mieux vaut le
pauvre que l'homme menteur.
93. La crainte du Seigneur
conduit à la vie : elle reposera
dans l'abondance sans être visitée
par le mal.
24. Le paresseux cache sa main
9. Un faux lémoin. Compar. le vers. 5.
13. Ce sont des toits, etc. Comme on ne peut demeurer dans une maison dont les
toits dégouttent continuellement, c'est-à-dire sont mal couverts, ainsi on ne peut
vivre avec une femme querelleuse. Compar. Prov., xxi, 9; xxvi, 15.
15. Envoie; produit.
16. Le commandement; nom collectif qui signifie les commandements, c'est-à-dire
la loi divine.
19. Qui est impatient; c'est-à-dire qui ne sait pas se contenir, qui n'est pas maitre
de lui-même. — 11 prendra encore; littér. il ajoutera; sous-entendu, à prendre; ou il
prendra encore, de nouveau. C'estle vrai sens de la Vulgate, expliquée par l'hébreu,
sens que réclame, d'ailleurs, le commencement du verset.
23. Sans étre, etc.; littér. sans une visite trés mauvaise.
1340
sous son aisselle ; et il ne la porte
pas à sa bouche.
25. L'homme pernicieux ayant
été flagellé, l'insensé deviendra
plus sage : mais, si tu reprends
le sage, il comprendra la disci-
pline.
26. Celui qui afflige son pere et
met en fuite sa mère est ignomi-
nieux et malheureux.
27. Ne cesse pas mon fils,
d'écouter la doctrine; n'ignore
pas les paroles de la science.
28. Un témoin inique se raille
du jugement; et la bouche des
impies dévore l'iniquité.
29. Les jugements sont pré-
parés pour les railleurs; et les
marteaux pour frapper les corps
des insensés.
CHAPITRE XX.
Vin, source de luxure. De l'homme pares-
seux. Double poids et double mesure,
choses abominables. Danger d'étre cau-
tion. Honorer ses parents. Ne pas rendre
le mal. Les grands maux demandent de
grands remédes.
1. C'est une chose luxurieuse
que le vin; et livresse est tu-
multueuse : quiconque y met son
plaisir ne sera pas sage.
2. Gomme le rugissement du
lion, ainsi est la terreur du roi :
LES PROVERBES.
(cu. xx.]
celui quileprovoque peche contre
son áme.
3. C'est un honneur pour
l'homme, de se séparer des con-
testations ; mais tous les insensés
s’immiscent dans des affaires
ignominieuses. |
4. À cause du froid, le pares-
seux n'a pas voulu labourer ; il
mendiera donc pendant l'été, et
il ne lui sera rien donné.
9. Comme une eau profonde,
ainsi est le conseil dans le cœur
de l'homme ; mais l'homme sage
l'épuisera.
6. Beaucoup d'hommes sont
appelés miséricordieux; mais un
homme fidéle, qui le trouvera?
7. Le juste qui marche dans sa
simplicité laissera apres lui des
enfants bienheureux.
8. Le roi qui est assis sur le
tróne de la justice dissipe tout le
mal par son regard.
9. Qui peut dire : Mon cœur est
pur, je suis pur de péché?
10. Un poids et un poids, une
mesure et une mesure, l'un et
l'autre sont abominables auprès
de Dieu.
11. Par ses inclinalions un
enfant est connu : si ses œuvres
sont pures et droites.
12. L'oreille qui entend et 11
25. Infra, xx1, 11. — (παρ. XX. 9. III Rois, vii, 46; II Par., vi, 36; Ecclés., vu, 21;
1 Jean, r, 8. — 10, Supra, x1, 1.
95. La discipline. Voy. Prov., 1, 2.
98. Du jugement; c'est-à-dire de la justice.
99. Les railleurs. Voy. Prov., 1x, 1.
4. A cause du froid, etc. Dans la Palestine, les semailles se font en novembre et
en décembre, mois pendant lesquels soufflent ordinairement les vents du nord.
5. Comme une eau, etc. Le cœur de l'homme dans ses desseins est aussi impéné-
trable qu'une eau profonde; mais le sage qui a la connaissance des hommes lit
jusqu'au fond du cœur humain, en sonde les abimes et en découvre ce qu'il a de
plus secret.
10. Un poids et un poids, etc.; c'est-à-dire divers poids et diverses mesures. Dieu
défend dans sa loi d'avoir divers poids et diverses mesures. Voy. Deutér., xxv, 13-16.
[cH. xx.]
qui voit, le Seigneur a fait l’un et
l'autre.
13. N'aime pas le sommeil, de
peur que la détresse ne + 80068010 ;
ouvre les yeux et rassasie-toi de
pain.
14. C'est mauvais, c'est mau-
vais, dit tout acheteur ; et après
qu'il se sera retiré, alors il se
glorifiera.
15. Il y a de l'or et une multi-
tude de pierreries ; mais c'est un
vase précieux que les lèvres sa-
vantes.
16. Prends le vétement de celui
qui s'est fait caution pour un
étranger; et parce qu'il a ré-
pondu pour des étrangers, em-
porte un gage de lui.
17. Un pain de mensonge est
doux à l’homme; mais, ensuite,
sa bouche sera remplie de gra-
vier.
18. Les pensées s'affermissent
par les conseils, et c'est par de
sages directions que doivent étre
conduites les guerres.
19. Quant à celui qui révele les
LES PROVERBES.
1344
secrets, qui marche frauduleuse-
ment, et qui dilate ses lèvres, ne
te lie pas avec lui.
20. Celui qui maudit son pere
et sa mère, sa lampe s'éteindra au
milieu des ténèbres.
21. L'héritage vers lequel on
se précipite des le premier ins-
tant sera à la fin privé de béné-
diction.
22. Ne dis point : Je rendrai le
mal; attends le Seigneur, et ilte
délivrera.
23. C'est une abomination au-
prés du Seigneur, qu'un poids et
un poids : la balance trompeuse
n'est pas bonne.
24. Par le Seigneur sont di-
rigés les pas de l'homme ; mais
qui des hommes peutcomprendre
sa voie?
25. C'est une ruine pour
l'homme de dévorer les saints, et
après des vœux, de se rétracter.
26. Un roi sage dissipe les
impies, et courbe sur eux un arc
de triomphe.
27. Le souffle de l'homme est
16. Infra, xxvii, 13. — 20. Exode, xxr, 17; Lévit,, xx, 9; Matt., xv, 4. — 22, Rom.,
xi 17; I Thess., v, 15; I Pierre, nir, 9.
15. Savantes; littér. et par hébraisme, de la science.
17. Un pain de mensonge; un faux pain, un pain qui paraît bon, mais qui est réel»
lement mauvais.
21. L'héritage, etc. Le sage veut dire qu'il est moralement impossible qu'on ace
quiere légitimement de grands biens en un moment. Compar. Prov., xin, 41.
23. C'est une abomination, etc. Voy. vers. 10.
25. Dévorer les saints; les attaquer, les persécuter. Dieu prend la défense des saints,
ses amis persécutés, en faisant périr leurs persécuteurs : témoin Pharaon, Antiochus
Epiphane, etc.
26. Courbe sur eux un arc de triomphe; c'est la traduction littérale de la Vulgate :
Incurvat super eos fornicem; texte que l'on explique ainsi : ll les fait passer sous
l'arc de son triomphe. L'hébreu dit : Et il ramena sur eux une roue; et les Septante :
Et il jeltera (ou passera sur eux une roue. Aprés avoir vaincu les Ammonites, David
fit passer sur eux des chariots armés de fer (11 Rois, xu, 31). L'Ecriture fait assez
souvent allusion à ce genre de supplice. On faisait passer sur le corps des condamnés
des chariots avec des roues armées de fer, roues trés basses et trés lourdes, et quien
faisaient des espéces de traineaux propres à battre le grain.
21. Le souffle; c'est-à-dire l'esprit. — Une lampe du Seigneur; allumée par le Sei-
gneur lui-même, — Découvre, etc. Nul, selon saint Paul, ne sait ce qui est au dedans
1342
une lampe du Seigneur, laquelle
découvre les parties intimes du
corps.
28. La miséricorde et la vérité
gardent le roi, et par la clémence ἡ
est affermi son trône.
29. La joie des jeunes hommes,
c'est leur force; et la dignité des
vieillards, les cheveux blancs.
30. La lividité d'une blessure
fera disparaitre le mal; et les
plaies dans les parties les plus
intimes du corps 06 feront dispa-
raitre aussi.
CHAPITRE XXI.
Cour du roi dans la main de Dieu. Pa-
resse, source de miséres. Malheur de
ceux qui ont le cœur dur pour les pau-
vres. Avantages de la justice et de la
sagesse. Le salut est un don du Sei-
gneur.
1. Comme sont les courants
des eaux, ainsi est le cceur du roi
‘dans la main du Seigneur : de
quelque cóté qu'il veut, il le fera
tourner.
9. Toute voie de l'homme lui
parait droite; mais le Seigneur
pèse les cœurs.
LES PROVERBES.
(cm. xxr.)
3. Faire miséricorde et justice
phit plus au Seigneur que des
victimes.
4. L'exaltation des yeux vient
de la dilatation du cœur : la lampe
des impies est péché.
5. Les pensées d'unhomme fort
amènent toujours l'abondance;
mais tout paresseux est toujours
dans la détresse.
6. Celui qui amasse des trésors
avec une langue de mensonge
est vain et sans cœur, et il s'en-
gagera dans les lacs de la mort.
7. Les rapines des impies les
entraineront à leur ruine, parce
quils n'ont pas voulu faire jus-
tice.
8. La voie perverse d'un hom-
me est une voie étrangère, mais
celui qui est pur, son œuvre est
droite.
9. Mieux vaut demeurer sur
langle d'un toit qu'avec une
femme querelleuse et dans une
maison commune.
10. L'àme de l'impie désire le
mal; il n'aura pas pitié de son
prochain.
11. L'homme contagieux étant
CAAP. XXI. 2. Supra, xvi, 2. — 9. Infra, xxv, 24.
de l'homme, que l'esprit de l'homme qui est en lui (I Corinth., τι, 41). — Corps;
littér. ventre; c'est la partie pour le tout: figure de rhétorique assez usitée dans le
style biblique.
30. La lividité, etc. Le sens de ce passage est que les méchants ne se guérissent
ou ne se corrigent que par des chátiments corporels qui se font sentir. — Corps;
littér. ventre. Voy. vers. 21.
1. Comme sont, etc. De méme qu'un jardinier réunit les divers courants des eaux
j pour les faire couler où il veut, dans les jardins, de méme le Seigneur conduit le
cœur du roi et en dispose selon sa volonté.
4. L'exaltation des yeuz; c'est-à-dire le regard altier, l'air hautain. — La dilata-
tion ; l'enflure, l'orgueil.
6. Sans cœur (excors). Voy. Prov., vit, 1.
9. D'un toit (domatis). Le toit des maisons chez les Hébreux était en plate-forme.
Le sens du verset est qu'il vaut mieux demeurer sur le haut de la maison, exposé
aux injures de l'air, que de vivre avec une femme querelleuse, et habiter dans la
méme maison. Compar. Prov., xix, 13; xxvrt, 15.
11. Le simple (parvulus). Voy., pour l'explication de ce mot, Prov., 1, 4.
[ἐπ. xxt.]
puni, le simple sera plus sage ; et
s’il s'attache à un sage, il acquerra
de la science.
12. Le juste réfléchit à la mai-
son de limpie, pour retirer les
impies du mal.
13. Celui qui ferme son oreille
au cri du pauvre criera lui-méme
et ne sera pas exaucé.
14. Un présent secret éteint les
coleres; et un don glissé dans le
sein, l'indignation la plus grande.
15. C'est une joie pour le juste
que de fairejustice; mais c'est l'ef-
froi de ceux qui operentl'iniquité.
16. L'homme qui s'égare de la
voie de la doctrine demeurera
dans l'assemblée des géants.
17. Celui qui aime les festins
sera dans la détresse : celui qui
aime le vin et la bonne chère ne
s'enrichira pas.
18. Pour le juste est livré l'im-
pie, et pour les hommes droits
l'Aomme inique.
19. Mieux vaut habiter dans
LES PROVERBES.
1343
une terre déserte qu'avec une
femme querelleuse et colere.
20. ΠῪ aun trésor précieux et
de l'huile dans la demeure du
juste ; mais l'homme imprudent
les dissipera.
21. Celui qui recherche la jus-
tice et la miséricorde trouvera la
vie, la justice et la gloire.
22. Le sage a escaladé la cité
des forts, et a détruit la force oü
elle mettait sa confiance.
23. Celui qui garde sa bouche
et sa langue garde son âme des
angoisses.
24. L'homme superbe et arro-
gant est appelé ignorant, parce
que dans la colère il agit avec
orgueil.
25. Les désirs tuent le pares-
seux ; car ses mains n'ont voulu
rien faire.
26. Tout le jouril souhaite etil
désire ; mais le juste donnera et
il ne cessera de donner.
27. Les hosties des impies sont
19. Eccli., xxv, 23. — 27. Supra, xv, 8; Eccli., xxxiv, 21.
14. Glissé dans le sein. Voy. Prov., xvi, 23.
16. Dans l'assemblée, etc. ; c'est-à-dire dans l'enfer avec ces anciens géants, qui se
sont rendus si fameux par leurs violences et leurs crimes. Voy. Prov., 1x, 18, où
nous avons cité plusieurs autres écrivains sacrés, qui ont parlé de la méme maniére
de ces géants.
20. Trésor; ce mot ne désigne, pour l'ordinaire, chez les Hébreux, que des amas
de provisions et des fruits de la terre. — Mais l’homme, etc. Tandis que le juste
administre ses biens avec une sage économie, l'imprudent prodigue les siens. — Les
dissipera ; littér. le (illud) au neutre. En hébreu, le pronom, qui se rapporte à plu-
sieurs noms antécédents, peut ne concorder qu'avec le dernier; ce qui a lieu ici.
C'est pour cela que la Vulgate, qui se conforme assez ordinairement aux idiotismes
de la langue sainte, a mis le singulier, qui est dans le texte original. Seulement,
comme le dernier antécédent, huile (oleum), est en latin du neutre (genre qui manque
en hébreu), elle a employé i//ud au lieu du pluriel Jes (illa), qui représenterait gram-
maticalement les deux antécédents £résor et huile.
24. Est appelé; c'est-à-dire est regardé, considéré, ou simplement, en vertu d'un
hébraisme, est.
26. 1l souhaite et il désire; dans le style biblique, la réunion de synonymes a pour
but de donner de l'énergie ἃ l'expression. Ainsi le sens est : souhaiter avec la plus
grande ardeur.
21. Elles sont offertes, etc.; c'est-à-dire que ces hosties sont des choses injustement
acquises, le fruit des rapines des impies qui les offrent en sacrifice
1344
abominables, parce qn'elles sont
offertes comme fruit de leur
crime.
28. Le témoin menteur périra;
l'homme obéissant parlera vic-
toire.
29. L'homme impie affermit ef-
frontément son visage ; mais ce-
lui qui est droit corrige sa voie.
30. 11 n'y a pas de sagesse, il
n'y a pas de prudence, il n'y
a pas de conseil contre le Sei-
gneur.
31. Le cheval est préparé pour
le jour du combat; mais c'est le
Seigneur qui donne la victoire.
CHAPITRE XXII.
Prix de la bonne réputation. Avantage
de la pureté de cœur. Exhortation à la
sagesse. Ne point opprimer le pauvre.
Ne point toucher aux bornes anciennes.
1. Mieux vaux une bonne re-
nommée que beaucoup de ri-
chesses : au-dessus de l'argent
et de l'or est la bonne amitié.
2. Le riche et le pauvre se sont
rencontrés. Le créateur de l'un
et de l'autre, c'est le Seigneur.
3. L'homme habile a vu le mal
et s'est caché : le simple a passé
outre et il a souffert du dom-
mage.
4. La fin de la modestie est la
LES PROVERBES.
[cH. xxm.]
crainte du Seigneur,les richesses,
la gloire et la vie.
5. Des armes et des glaives se
trouvent sur la voie du pervers;
mais celui qui garde son âme
s'en retire bien loin.
6. C'est un proverbe : Le jeune
homme suit sa voie; lors méme
qu'il sera vieux, il ne s'en écar-
tera pas.
7. Le riche commande aux
pauvres; et celui qui emprunte
est l'esclave de celui qui préte.
8. Celui qui sème liniquité
moissonnera des maux, et par la
verge de sa colere il sera détruit.
9. Celui qui est porté à la misé-
ricorde sera béni : il a donné de
son pain au pauvre.
Il obtiendra la vietoire et l'hon- .
neur, celui qui fait des présents ;
mais il ravit l'àme de ceux qui
les recoivent.
10. Chasse le railleur, et s'en
ira avec lui la querelle, et cesse-
ront les plaintes et les outrages.
41. Gelui qui aime la pureté du
cœur, à cause de la grâce de ses
lèvres, aura pour ami le roi.
12. Les yeux du Seigneur gar-
dent la science; mais les paroles
de l’homme inique sont confon-
dues.
13. Le paresseux dit: Le lion
Car. XXII. 1. Eccli., vir, 2. — 2. Infra, xxix, 43. — 9. Eccli., ,אאא 28.
98. L'homme obéissant; à Dieu, à la loi, à sa raison, etc. — Parlera victoire; c'est-
à-dire victorieusement, sera victorieux dans ses paroles.
34. Le cheval, etc. Les Hébreux et les Orientaux en général ne se servaient du
cheval que pour la guerre. Le bœuf était destiné à labourer et à conduire les cha-
riots ordinaires; l’âne et le chameau portaient les charges et les fardeaux; on sen
servait méme pour la monture dans les voyages. — Victoire; littér. salut, délivrance;
mot qui, en hébreu, se prend pour une vicloire remportée par un secours extraor-
dinaire de Dieu.
5. Ame; ce mot, comme on l'a souvent remarqué, se prend en hébreu, comme en
arabe, pour la personne elle-même, pour l'individu.
9. Il obtiendra... reçoivent. Ce passage, qui manque dans l'hébreu et méme dans
quelques éditions latines, est dans les Septante.
CH. xxim.]
est dehors, au milieu des rues
je dois étre tué.
14. C'est une fosse profonde
que 18 bouche de l'étrangere ; ce-
lui contre qui le Seigneur est ir-
rité y tombera.
15. La folie est liée au cœur de
l'enfant, et la verge de la disci-
pline la fera fuir.
16. Celui qui opprime le pauvre
pour augmenter ses richesses
donnera lui-même ἃ un plus
riche et sera dans la détresse.
11. Incline ton oreille, et écoute
les paroles des sages; applique
ton cœur à ma doctrine.
18. Elle sera belle pour toi,
lorsque tu la garderas au fond
de ton cœur, et elle se répandra
sur tes lèvres;
19. Afin que ta confiance soit
dans le Seigneur : c'est pour cela
que je 16 l'ai montréeaujourd'hui.
90. Voilà que je te l'ai décrite
triplement, avec réflexion et
science ;
21. Afin de te montrer la certi-
tude et les paroles de la vérité,
pour répondre à ceux qui t'ont
envoyé.
22. Ne fais point violence au
pauvre, parce qu'il est pauvre : et
ne brise pas l'indigent à la porte;
LES PROVERBES.
1945
23. Parce que le Seigneur ju-
gera sa cause, et il percera ceux
qui ont percé son áme.
24. Ne sois pas ami d'un homme
colère, et ne marche pas avec
un homme furieux ;
25. De peur que tu n'apprennes
ses voles, et que tu n'en retires
un scandale pour ton àme.
26. Ne sois point avec ceux qui
engagent leurs mains, et qui se
rendent caution des dettes ;
297. Car si tu n'as pas de quoi
rendre, quel motif y a-t-il pour
quil emporte la couverture de
ton lit?
98. Ne dépasse pas lesanciennes
bornes qu'ont posées tes peres.
29. As-tu vu un homme prompt
dans son œuvre? il se tiendra de-
vant les rois, et il ne sera pas de-
vantles hommes obscurs.
CHAPITRE. XXIII.
Sobriété à la table des grands. Ne point
rechercher les richesses. Ne point op-
primer les pupilles. Demeurer ferme
dans la crainte du Seigneur. Fuir les
femmes de mauvaise vie et l'ivrognerie.
1. Quand tu seras assis pour
manger avec le prince, consi-
dere attentivement ce qui est
servi devant toi;
14. Fosse profonde; abime. Le mot fosse se prend aussi dans l'Ecriture pour piéges,
embüches.
15. La folie; c'est-à-dire l'ignorauce, la faiblesse, le penchant au mal.
16. Qui opprime. Voy. Prov., xiv, 81.
11. * Ici commencent les paroles des sages, contenues dans xxu, 11-xxiv, 22. C'est
une série de préceptes sur la justice et la prudence.
20. Triplement ; ou trois fois; c'est-à-dire diverses fois, souvent.
21. La certitude ct les paroles; hébraisme, pour La cerlitude des paroles.
22. A la porte de la ville; c'est-à-dire en jugement. Chez les Hébreux, les tribunaux
siégeaient aux portes de la ville.
26. Engagent leurs mains. Voy. Prov., vi, 1.
29. Il se tiendra, etc. Un homme diligent et actif s'insinuera à la cour des rois, et
ne s'attachera pas à des gens vils et obscurs.
1, 2. Il y a deux grands défauts à éviter à la table des grands : le premier, de trop
parler; le second, de trop manger. Salomon engage son disciple à éviter l'un e&
ACT
85
1946
2. Mets un couteau à ta gorge,
si cependant tu es maitre de ton
âme.
3. Ne désire pas des aliments
de celui chez qui est un pain de
mensonge.
4. Ne travaille pas à t'enrichir ;
mais à ta prudence mets des
bornes.
9. Ne lève pas tes yeux vers
des richesses que tu ne peux
avoir; parce qu'elles se feront des
ailes comme celles d'un aigle, et
s'envoleront au ciel.
6. Ne mange pas avec un
homme envieux, et ne désire pas
de ses mets; :
7. Parce que, semblable à un
devin et & an augure, il juge de
ce qu'il ignore. Mange et bois, te
dira-t-il, et son cœur n'est pas
avec toi.
8. Les aliments que tu avais
mangés, tu les rejetteras ; et tu
perdras tes sages discours.
9. Ne parle pas à l'oreille des
insensés, parce qu'ils mépriseront
la doctrine que tu leur auras en-
seignée par tes paroles.
10. Ne touche pas aux bornes
des petits ; et n'entre pas dans le
champ des orphelins;
LES PROVERBES.
[cH. xxtir.]
11. Carleur proche est puissant ;
et lui-même jugera contre toi
leur cause.
12. Que ton cœur s'avance vers
la doctrine, et tes oreilles vers les
paroles de la science.
18. Ne soustrais pas à l'enfant
la discipline; car si tu le frappes
de la verge, il ne mourra pas.
14. Tu le frapperas donc de la
verge ; et de l'enfer tu délivreras
son àme.
15. Mon fils, si ton esprit est
sage, mon Cœur se réjouira avec
toi ;
16. Et mes reins exulteront,
lorsque tes lèvres parleront droi-
ture.
17. Que ton cœur ne porte pas
envie aux pécheurs; mais dansla
crainte du Seigneur sois tout le
jour;
18. Parce que tu auras l'espé-
rance à ton dernier moment,
et que ton attente ne sera pas
frustrée.
19. Ecoute, mon fils, et sois
sage; et dirige ton esprit dans la
bonne voie.
20. Ne te trouve pas dans les
festins des buveurs, ni dans les
orgies de ceux qui apportent des
ὕπαρ. XXIII. 13. Supra, xim, 24; Eccli., xxx, 1. — 47. Infra, xxiv, 1.
l'autre, en lui disant de mettre un couteau à s& gorge, si toutefois il est assez
maitre de lui-même, pour modérer son appétit et sa sensualité. Par la table du
prince, saint Augustin entend le banquet eucharistique, et, selon saint Jéróme, l'ex-
pression mets un couteau à ta gorge signifie, qu'en faisant la sainte communion, nous
devons égorger en nous tout ce qui est contraire à la foi et à la charité, et détruire
le vieil homme par le glaive de l'esprit, afin que le nouveau vive seul en nous.
3. Un pain de mensonge; une nourriture trompeuse, qui flatte le goüt, mais qui est
malsaine, ou qui ne soutient pas, qui n'est pas substantielle, Nous l'avons déjà re-
marqué, lé mot hébreu, rendu dans la Vulgate par pain (panis), se prend souvent
pour nourriture, aliment, en général, et quelquefois pour chair, viande, en particulier,
ce que signifie aussi le terme arabe correspondant.
11. Leur proche; c'est-à-dire, suivant le terme de l'original hébreu, celui qui a
droit de rachat sur un champ aliéné de sa famille.
19. Bonne; ce mot est renfermé dans le terme hébreu, rendu simplement par
dirige (dirige) dans la Vulgate.
fcu. xxiv.]
viandes pour manger eusemble.
21. Car ceux qui passent le
temps à boire et qui payent
leur écot, se ruineront, et l'as-
soupissement sera vétu de hail-
lons.
.92, Ecoute ton pere qui t'a en-
gendré; et ne méprise pas ta
mere, lorsqu'elle aura vieilli.
93. Achète la vérité, et ne vends
pas la sagesse, la doctrine et
l'intelligence.
24. Le pere du juste exulte;
celui qui a engendré le sage se
réjouira en lui.
25. Que ton père et ta mere se
réjouissent; et qu'elle exulte,
celle qui t'a enfanté.
96. Donne-moi ton cœur, mon
fils; et que tes yeux gardent mes
voies.
21.Car c'est une fosse profonde,
qu'une prostituée; et un puits
étroit, qu'une étrangère.
28. Elle dresse des embüches
sur la voie comme un voleur; et
ceux qu'elle verra n'étre pas sur
leurs gardes, elle les tuera.
.. 99. Α qui malheur? au pere de
qui malheur? à qui les querelles?
à qui les fosses ? à qui les. bles-
sures sans motifs ? à qui le trou-
ble des yeux ?
30. N'est-ce pas à ceux qui
s'arrêtent à boire le vin, et qui
prennent goüt à vider des coupes
pleines?
31. Ne regarde pas le vin,
Car. XXIV. 1. Supra, xxur, 17.
LES PROVERBES.
1547
quand il jaunit, lorsque sa cou-
leur brille dans le verre : il entre
doucement ;
32. Mais à la fin, il mordra
comme une couleuvre : etcomme
le basilic, il répandra son venin.
33. Tes yeux verront les étran-
geres, et ton cœur dira des choses
perverses.
34. Et tu seras comme un
homme dormant au milieu de
la mer, et comme un pilote as-
soupi, le gouvernail ayant été
perdu;
35. Et tu diras : Ils m'ont frappé,
mais je n'en ai pas souffert; ils
m ont trainé, et moi je ne l'ai pas
senti : quand me réveillerai-je,
et trouverai-je encore du vin?
CHAPITRE XXIV.
Ne pas envier la prospérité des méchants.
N'estimer que la sagesse. Se soutenir
dans l'afllietion. Ne pas se réjouir da
la ruine de ses ennemis. Craindre Dieu
et le roi. Eviter la paresse.
1. Ne porte pas envie aux hom-
mes méchants, et ne désire pas
d'étre avec eux ;
2. Parce que leur âme médite
des rapines, et que leurs lèvres
parlent fraudes.
3. C'est par la sagesse que se
bâtira une maison, et par la pru-
dence qu'elle s'affermira.
4. Par la science, les celliers se
rempliront de toute sorte de biens
précieux et trés beaux.
21. L'assoupissement; c'est-à-dire le paresseux qui est toujours assoupi.
21, 29. Fosse, fosses. Compar. Prov., xxi, 14.
31-35. * La peinture de l'ivrognerie, contenue dans ces cinq versets, est d'une beauté
remarquable.
31. Quand il jaunit (flavescil); prend une couleur d'or; mais on assure assez géné-
ralement qu'il n'y avait que du vin rouge dans la Palestine; il est certain que le
texte hébreu porte quand il est rouge.
1318
9. L'homme sage est puissant,
et l'homme instruit est robuste
et vigoureux.
6. Parce que c'est avec ré-
flexion que s'entreprend une
guerre ; et que le salut sera où
il y a beaucoup de conseils.
7. Bien élevée est pour l'in-
sensé la sagesse à la porte de
la ville, il n'ouvrira pas la bouche.
8. Celui qui pense à faire le
mal sera appelé insensé.
9. La pensée de l’insensé est
péché; et c'est l'abomination des
hommes, que le médisant.
10. Si, fatigué au jour de l'an-
goisse, tu désespères, ta force
sera diminuée.
11. Arrache au péril ceux qui
sont conduits à la mort, et, ceux
que l'on traine à la destruction,
ne cesse pas de les délivrer.
19. Si tu dis : Les forces me
manquent; celui qui observe le
cœur le discerne lui-même, rien
ne trompe le conservateur de ton
âme; et il rendra à l'homme se-
lon ses ceuvres.
13. Mange, mon fils, 16 miel,
parce qu'il est bon, et le rayon
doux àton gosier.
14. Telle est la doctrine de la
LES PROVERBES.
(CH. xxtv.]
sagesse à lon àme : quand tu
l’auras trouvée, tu auras à tes
derniers moments l'espérance et
ton espérance ne périra pas.
15. Ne dresse pas d'embüches,
et ne cherche pas l'impiété dans
la maison du juste, et ne détruis
pas son repos.
16. Car le juste tombera sept
fois el se relevera; mais les im-
pies seront abattus dans le mal-
heur.
17. Lorsque ton ennemi sera
tombé, ne te réjouis pas : et qu'à
sa ruine ton cœur n'exulte pas;
18. De peur que le Seigneur ne
le voie, et que cela ne lui déplaise ;
et qu'il ne retire de lui sa colere.
19. Ne dispute pas avec les
hommes tres méchants; et ne
porte pas envie aux impies ;
20. Parce qu'ils n'ont pas l'es-
pérance des choses futures, les
méchants, et que la lampe des
impies s'éteindra.
21. Crains, mon fils, le Sei-
gneur et le roi, et ne te lie pas
avec les médisants ;
22. Parce que tout à coup s'é-
lèvera leur perte, et la ruine de
l'un et de l'autre, qui la connait?
23. Voici aussi pour les sages :
11. Ps. Lxxxr, 4. — 23. Lév., xix, 15; Deut., 1, 17; xvi, 19; Eccli., xui, 1.
T. A la porte de la ville; au lieu des assemblées publiques; c'est-à-dire que l'in-
sensé sera réduit au silence dans toutes les délibérations, et qu'il sera méme inca-
pable de se défendre contre ses accusateurs, d'accuser ses ennemis, d'instruire ses
juges de son bon droit, etc.
8. Sera appelé insensé; c'est-à-dire sera insensé. Voy. Prov., xxr, 24.
12. Le discerne lui-méme ; sait parfaitement discerner si cette excuse alléguée : Les
forces me manquent, est réellement fondée ou non.
16. Tombera ; non dans le péché, comme plusieurs l'entendent; mais dans le mal-
heur, la disgráce, les épreuves, les afflictions. C'est le sens le plus conforme au cons
texte.
23-34. * Ces versets, qui terminent la seconde partie, semblent étre un supplément
du premier recueil des Proverbes.
23. Voici, ete.; ce que je vais dire ou ce qui suit est aussi pour les sages, — Faire
acceplion, ete. Compar. Lévit., xix, 15; Deulér., 2, 17; xvi, 19; Ecclésiastique, xvi, 1,
]08. xxv.]
Faire acception de la personne
dans le jugement n'est pas bon.
94. Quant à ceux qui disent
àlimpie: Tu es juste; les peuples
les maudiront et les tribus les dé-
testeront.
25. Ceux qui le reprennent se-
ront loués; et sur eux viendra la
bénédiction.
26. Il baisera les lèvres, celui
qui répond des paroles droites.
27. Prépare au dehors ton
œuvre, et avec soin cultive ton
champ; afin qu'ensuite tu bà-
tisses ta maison.
98. Ne sois pas témoin sans
raison contre ton prochain; et ne
séduis personne par tes lèvres.
29. Ne dis pas : Comme il m'a
fait, ainsi je lui ferai: je rendrai
à chacun selon son œuvre.
30. J'ai passé dans le champ du
paresseux, et par la vigne de
l'insensé :
31. Et vcilà que tout était rem-
LES PROVERBES.
1349
pli d'orties; et que les épines
en avaient couvert la surface, el
que la muraille de pierres était
détruite.
32. Ce qu'ayant vu, je l'ai mis
dans mon cœur, et par cet exem-
ple je me suis instruit.
33. Tu dormiras un peu, dis-je,
tu sommeilleras modérément, tu
mettras faiblement les mains
l'une dans l'autre, afin que tu
reposes :
94. Et viendra à toi, comme un
coureur, la détresse; et la men-
dicité, comme un homme armé.
CHAPITRE XXV.
Cœur des rois impénétrable. Ne point
s'élever soi- méme. Parole dite à propos.
Promesse sans effet. Tristesse du cœur.
Faire du bien à ses ennemis. Mettre des
bornes à sa curiosité.
1. Voici encore des paraboles
de Salomon, qu'ont recueillies les
hommes d'Ezéchias, roi de Juda,
29. Supra, xx, 22.
26. Il baisera, etc. Répondre avec droiture à quelqu'un, c'est lui donner un baiser,
c'est-à-dire lui prouver une grande et tendre amitié.
33, 34. Tu dormiras un peu, etc. Au chap. vr, vers. 10, 11, l'auteur sacré met dans
la bouche du paresseux des paroles semblables à celles qu'il lui adresse lui-méme.
— Dis-je; ces mots ne se trouvent ni dans le texte hébreu, ni dans les Septante.
1 et suiv. * Troisiéme partie des Proverbes, xxv-xxix. Le premier recueil des Pro-
verbes est suivi d'un second dont le titre se lit au vers. 1. Cette inscription prouve
que cette seconde collection a été faite vers 125 av. J.-C., pour servir de supplément
à une autre déjà existante. Elle se compose, comme celle de x-xxu, de pensées em-
brassant un certain nombre de sujets divers, la plupart moraux. Pourla caractériser,
on lui a donné le nom de livre du peuple, tandis qu'on a appeléla précédente, x-xx1v,
livre de la jeunesse. — Ce second recueil est généralement semblable à celui de
x-xxi, à part quelques légéres différences : le parallélisme antithétique y est assez
rare ; la forme allégorique revient assez souvent, xxv, 11, etc.; les deux membres de
la comparaison sont parfois simplement juxtaposés, sans étre unis, xxv, 12, ou liés
seulement par e£ ou ainsi, de méme, xxvi, 1, 2, 18-19 ; xxvri, 8, etc. Nous ne rencon-
trons plus ici au méme degré la concision sentencieuse du premier recueil ; la cons-
truction est plus lâche; il y a des séries de proverbes reliés entre eux, xxvr, 23-25;
xxvi, 15-16 ; 23-21; plusieurs ont un mot dominant qui en est comme 18 clef et est
répété plusieurs fois, xxv, 8-10; xxvi, 3-12; 13-16. Ces observations s'appliquent
surtout aux chapitres xxv-xxvir, 5.
1. Les hommes d'Ezéchias; ce sont sans doute les personnages du temps de ce roi,
les plus distingués par leur sagesse et leur savoir, tels qu'Isaie, Eliacin, Joahé, Sobna.
1900:
2. La gloire de Dieu est de ca-
cher la parole, la gloire des rois,
de scruter le discours.
3. Le ciel en haut et la terre en
bas, et le cœur des rois est impé-
nétrable.
4. Ote la rouille de l'argent, et
il en sortira un vase très pur.
ὃ. Ote l'impiété de devant le
roi, et par la justice s'affermira
son trône.
6. Ne parais pas chercher la
gloire devant le roi, et ne te tiens
pas parmi les grands.
7. Car il vaut mieux qu'on te
dise : Monte ici, que d'étre humi-
lié devant le prince.
8. Ce que tes yeux ont vu, ne
le publie pas aussitót dans une
querelle; de peur que dans la
suite, tu ne puisses réparer ton
tort, lorsque tu auras déshonoré
ton ami.
9. Traite ton affaire avec ton
ami, et ne révèle pas un secret
à un étranger;
10. De peur qu'il ne t'insulte,
lorsqu'il t'aura appris, et qu'il ne
cesse de te le reprocher.
La faveur et l'amitié délivrent;
Cuar. XXV. 15. Supra, xv, 1.
LES PROVERBES.
(cu. Xxv.]
conserve-les, afin que tu ne de-
viennes pas répréhensible.
41. Comme sont les pommes
d'or, sur des lits d'argent, ainsi
est celui qui dit une parole en
son temps.
19. C'est un pendant d'oreille
d'or, et une perle brillante que
celui qui reprend un sage et une
oreille obéissante.
13. Comme la fraicheur de la
neige, au jour de la moisson,
ainsi est un messager fidele pour
celui quil'a envoyé ;il fait reposer
son âme.
14. Des nuages, du vent et
point de pluie à la suite, £e/ est
l'homme qui se vante et ne rem-
plit pas ses promesses.
15. Par la patience, un prince
se laissera fléchir, et une langue
douce brisera la dureté.
16. Tuas trouvé du miel: mange
ce qui te suffit de peur que, ras-
sasié, tu ne le vomisses.
11. Éloigne ton pied de la mai-
son de ton prochain; de peur
qu'un jour, rassasié de £oi, il ne
te haïsse.
18. Un trait, un glaive, une
2. La parole; c'est-à-dire sa parole, qu'il est de sa gloire de nous cacher sous des
voiles mystérieux, tandis qu'il est de la gloire des rois d'étudier cette méme parole
divine (investigare sermonem), et de chercher à la bien connaitre, pour en faire la
règle de leur conduite.
10. La faveur...
répréhensible. Ce passage, qui manque dans l'hébreu, se trouve
dans les Septante, mais avec quelques différences.
A1. Des pommes d'or, etc. Ces pommes, fixées sur les colonnes du lit, ou suspen-
dues, ou attachées au lit méme, étaient un ornement aussi beau que précieux.
12. C'est un pendant d'oreille, etc.; comparaison analogue à la précédente, et que
l'on retrouve fréquemment dans les auteurs arabes.
13. La fraicheur de la neige. À l'époque de la moisson, c'est-à-dire vers le mois de
juin et de juillet, les chaleurs étant trés grandes dans la Judée, les Hébreux se ser-
vaient de neige pour rafraichir les boissons. Le Liban leur en fournissait ?n abon-
dance. Le méme usage existait chez les Grecs etles Latins.
15. La dureté; hébraisme, pour ce qu’il y a de plus dur.
11. Eloigne, etc.; ne fréquente pas trop la maison. — De lon prochain; suivant
l'hébreu et les Septante, de lon ami.
(cu. xxv.,
flèche acérée, {el est l'homme qui,
contre son prochain, dit un faux
témoignage.
19. Une dent cariée, un pied
lassé, ‘el est celui qui espère
en un infidèle au jour de -מ8]
goisse,
20. Et qui perd son manteau
au jour du froid.
1] met du vinaigre dans du
nitre, celui qui chante des can-
liques à un cœur très mauvais.
Comme 18 teigne au vêtement
et le ver au bois, ainsi la tris-
tesse de l'homme nuit à son
cœur.
91. Si ton ennemi a faim,
donne-lui à manger : s'il a soif,
donne-lui de l'eau à boire;
29. Car tu amasseras des char-
bons ardents sur sa téte; et le
Seigneur te /e rendra.
93. Le vent d'aquilon dissipe
LES PROVERBES.
1351
les pluies, et le visage triste, la
langue médisante.
24. Mieux vaut demeurer sur
l'angle d'un toit qu'avec une
femme querelleuse, et dans une
maison commune.
25. C'est de l'eau fraiche à
une âme altérée, qu'une bonne
nouvelle venant d'une terre éloi-
gnée.
26. Une fontaine troublée avec
le pied, et une source corrompue,
tel est le juste qui tombe devant
l'impie.
27. Comme manger beaucoup
demieln'estpasunebonne chose;
ainsi celui qui scrute la majesté
sera accablé par la gloire.
28. Comme est une ville ou-
verte, et sans enceinte de mu-
railles ; ainsi est l'homme qui ne
peut, en parlant, retenir son
esprit.
21. Rom., xir, 20. — 24. Supra, xxr, 9. — 27. Eccli., ,זז 22.
20. Il met du vinaigre dans, etc.; littér. : Du vinaigre dans, etc. — A un cœur trés
mauvais (cordi pessimo); le terme hébreu signifie aussi malade affligé; et c'est dans
ce sens que les Septante l'ont rendu. Quantàl'ensemble du verset, les uns l'expliquent
aiusi : De méme que le vinaigre mélé avec le nitre dissout le sel et augmente sa force
détersive, en ótant davantage les taches du visage, etc., de même aussi le chant des
cantiques dissipe le chagrin et la mélancolie d'un cœur triste; les autres, au con-
traire, l'interprétent de cette manière : De méme que le vinaigre, quand on le mêle
avec le nitre, altere sa vertu d'enlever les taches, de même aussi le chant des can-
tiques, loin de calmer les douleurs d'un cœur affligé, ne fait que l'aigrir et l'aug-
menter. Les comparaisons précédentes, dont celle-ci parait étre une suite, donnent
beaucoup de poids à cette dernière interprétation. — Comme la leigne... cœur. Ce
passage est dans les Septante, mais non point dans l'hébreu. — * Dans le nitre. Le
nitre servait de savon aux anciens. « On lave les vétements, dit Aristote, avec de
l'eau et du nitre. Mais si l'on verse du vinaigre sur le nitre, il se fond et est perdu. »
1] exhale de plus une mauvaise odeur.
22. Car tu amasseras, etc. Voy., sur le sens de ce verset, cité par saint Paul, Rom.,
xir, 20.
24. Mieux vaut, etc. Voy. Prov., xxi, 9.
26. Une source; littér. veine (vena). Compar. Prov., v, 18.
21. Comme manger, etc. Le miel est agréable au goût, mais celui qui en mange
trop s'en trouve mal. Pareillement, il est trés agréable de se livrer à l'étude des
choses divines, mais 1] n'est pas permis à notre intelligence bornée de vouloir, par
curiosité et par présomption, scruter la majesté du Trés-Haut. Si nous avons la
témérité de le faire, nous serons éblouis par l'éclat méme de cette majesté, accablés
du poids de sa gloire, et nous nous perdrons dans la profondeur de ses secrets.
1352 LES PROVERBES.
CHAPITRE XXVI.
De l'insensé. De celui qui se croit sage.
Du paresseux. Du faux ami. De la mau-
vaise langue. De celui qui cache sa
haine.
1. De méme que la neige vient
mal en été, et les pluies pen-
dant la moisson, de méme la
gloire ne convient pas à un in-
sensé.
2. Comme l'oiseau qui passe
en volant dans différents lieux, et
le passereau qui va oü il lui plait ;
ainsi une malédiction prononcée
sans sujet par quelqu'un revien-
dra sur lui.
3. Le fouet est pour le che-
val, le mors pour làne, et la
verge pour le dos des impru-
dents.
4. Ne réponds pas à un fou
selon sa folie, de peur que tu ne
lui deviennes semblable.
5. Réponds à un fou selon sa
folie, de peur qu'il ne lui semble
qu'il est sage.
6. Celui-là est boiteux et boit
l'iniquité, qui envoie ses paroles
par un messager insensé.
7. De méme qu'en vain un
boiteux a de belles jambes ; de
[cn. xxvi.]
méme une parabole sied mal dans
la bouche des insensés.
8. Comme celui qui jette une
pierre dans le monceau de Mer-
cure; ainsi est celui qui rend
honneur à un insensé.
9. De méme que serait une
épine qui naitrait dans la main
d'un homme ivre; de méme est
une parabole dans la bouche des
insensés.
10. Le jugement termine les
causes; et celui qui impose si-
lence à linsensé apaise les co-
lères.
11. Comme le chien qui re-
tourne à son vomissement, ainsi
est limprudent qui réitère sa
folie.
12. As-tu vu un homme qui se
croit sage? Il y a plus à espérer
d'un insensé que de lui.
13. Le paresseux dit : Un lion
est dans la voie, et une lionne
dans les chemins;
14. Comme une porte tourne
sur son gond, ainsi fait le pares-
seux dans son lit.
15. Le paresseux cache sa main
sous son aisselle, et il est fatigué,
s'il la porte à sa bouche.
16. Le paresseux se croit plus
Cuap. XXVI. 11. 1] Pierre, 11, 22. — 15. Supra, xix, 24.
1..* Saint Jérôme remarque dans son commentaire sur Amos, tv, 7, qu'il ne tombe
jamais de neige en Palestine, en été, et qu'il n'a jamais vu de pluie à la fin de juin
ni en juillet. Dans les années ordinaires, depuis la cessation des pluies du printemps
jusqu'en octobre ou en novembre, le ciel de la Terre Sainte est toujours serein.
1, 9. Une parabole; une sentence grave, une maxime de sagesse.
8. Comme celui, etc.; c'est-à-dire rendre honneur à un insensé est une chose aussi
inutile et aussi peu raisonnable que de jeter une pierre, comme faisaient les paiens,
par superstition, dans le monceau qui était au pied de la statue de Mercure. — * Dans
ce verset, saint Jérôme emploie une expression figurée, usitée chez les Latins. Le
texte hébreu porte : « C'est lier une pierre à la fronde que rendre hommage à un
insensé, » parce que la pierre liée à la fronde ne peut être lancée ni atteindre le but,
9. De méme, etc. L'homme ivre qui a une épine dans la main ne la sent pas, son
ivresse lui ayant fait perdre tout sentiment. De méme l'insensé qui prononce des
maximes de sagesse n'en comprend ni le sens ni la valeur.
16. Sept se met pour plusieurs, un certain nombre, beaucoup. — Qui prononcent des
[cu. xxvir.]
sage que sept hommes qui pro-
noncent des sentences.
17. Comme celui qui saisit un
chien par les oreilles, ainsi est
celui qui, passant, s'irrite et se
méle à la rixe d'un autre.
18. Comme est coupable celui
qui lance des flèches et des dards
pour donner a mort;
19. Ainsi l’est un homme qui
frauduleusement nuit à son ami;
‘et qui, lorsqu'il est surpris, dit :
C'est en jouant que je l'ai fait.
|. 90. Lorsque le bois manquera,
le feu s'éteindra; de méme, les
délateurssupprimés, les querelles
s'apaiseront.
91. Comme les charbons don-
nent de la braise et le bois du
feu, ainsi l'homme colere suscite
des rixes.
99. Les paroles d'un délateur
paraissent simples; mais elles
parviennent jusqu'au fond des
entrailles.
23. De méme que seraitun vase
de terre, si tu voulais l'orner d'un
argent impur, de méme sont des
lèvres enflées, jointes à un cœur
corrompu.
24. A ses propres lèvres on
connait un ennemi, lorsque dans
son cœur il s'occupe de trom-
peries.
95. Quand il abaisse sa voix,
LES PROVERBES.
1353
ne le crois pas, parce que sept
malices sont dans son cœur.
26. Quant à celui qui couvre sa
haine frauduleusement, sa malice
sera révélée dans une assemblée
publique.
27. Celui qui creuse une fosse
tombera dedans; et celui qui
roule une pierre la verra retour-
ner sur lui.
28. Une langue trompeuse
n'aime pasla vérité; etune bouche
flatteuse opere des ruines.
CHAPITRE XXVII
Ne point compter sur l'avenir. Des bons
conseils. Travailler à acquérir la sa-
gesse. Du serviteur fidéle. Les louanges
sont l'épreuve du cœur. Devoir des pas-
teurs.
1. Ne te glorifie pas pour le
lendemain, ignorant ce que pro-
duira le jour qui doit venir.
9. Qu'un autre te loue, et non
ta bouche : un étranger, et non
tes lèvres.
3. Lourde est la pierre, et pe-
sant le sable; mais la colere de
linsensé est plus pesante que
l'une et l'autre.
4. La colere n'a point de misé-
ricorde, ni la fureur qui éclate ; et
le choc impétueux d'un emporté,
qui pourra le soutenir.
ὃ. Mieux vaut une correction
21. Supra, xv, 18. — Cap. XXVII. 3. Eccli., xxu, 18.
sentences; c'est-à-dire des sages. Anciennement, le langage ordinaire des sages était
les paraboles, les proverbes, les discours sentencieux.
11. Comme celui, etc. Prendre un chien par les oreilles, c'est s'exposer à être
mordu; s'immiscer imprudemment dans une querelle qui ne regarde pas, c'est ris-
quer d’être maltraité.
92. Les paroles, etc. Voy. la méme sentence, Prov., xvni, 8.
93. Un argent impur ne va pas moins bien avec un vase de terre, que des lèvres en-
nées, c'est-à-dire superbes, orgueilleuses, avec un très mauvais cœur.
25. Sept. Voy. le vers. 16.
5. Mieux vaut, elc. Une correction que l'on reçoit est utile; on peut en tirer
1854
manifeste qu'un amour caché.
6. Les blessures que fait celui
qui aime valent mieux que les
baisers trompeurs de celui qui
hait.
7. Une âme rassasiée foulera
aux pieds un rayon de miel: et
une àme quiafaim trouvera doux
méme ce qui est amer.
8. Comme l'oiseau qui émigre
de son nid, ainsi est 'homme qui
abandonne son propre lieu.
9. Dans le parfum et les odeurs
variées, le cœur trouve du plaisir;
et dans les bons conseils d'un
ami, l'àme trouve des douceurs.
10. Ton ami et l'ami de ton
père, ne les abandonne pas; et
dans la maison de ton frere n'en-
tre pas au jour de ton affliction.
Vaut mieux un voisin qui est
pres, qu'un frère qui est loin.
11. Applique-toi à la sagesse,
mon fils, et réjouis mon cœur,
LÉS PROVERBES.
(cn. xxvir.]
afin de pouvoir répondre à celui
qui te fera des reproches.
19. L'homme habile, voyant ie
mal, s'est caché ; les simples en
passant ont souffert des dom-
mages.
13. Ote le vétement de celui
qui a répondu pour un étranger;
et parce qu'il a répondu pour des
étrangers, prends-lui un gage.
14. Celui qui bénit son prochain
d'une voix élevée, se levant dés
la nuit pour cela, sera semblable
àcelui qui le maudit.
15. Des toits dégouttant en un
jour de froid et une femme que-
relleuse sont semblables ;
16. Celui qui veut la retenir est
comme celui qui veut arréter le
vent, et appelerl'huile qus'écou/ec
de sa droite.
17. Le fer est aiguisé par le
fer; et l'homme aiguise la face de
son ami.
7. Job, vi, 7. — 13. Supra, xx, 16. — 15. Supra, xix, 13.
quelque avantage, tandis qu'une amitié cachée et secrète nc sert de rien à celui qui
en est l'objet.
8. En quittant son lieu, c'est-à-dire sa patrie, sa demeure. un homme est comme
un oiseau qui abandonne son nid, exposé à mille dangers ct à mille traverses. Les
anciens Hébreux étaient trés attachés à leur patrie, et n'aimaient pas à voyager; ils
y étaient retenus, d'abord par le motif de leur religion, dont l'exercice parfait était
concentré dans la Palestine; en second lieu, par le danger de l'idolàtrie, qui était
répandue dans l'univers entier; et enfin par la nature méme de leur sol, qui était un
des meilleurs du monde.
10. Dans la maison, etc. Tu trouveras plus de consolation auprès d'un ami sincère
qu'auprés de ton propre frère. Compar. Prov., xvur, 24. — Vaut mieux... moins. Ce
passage, qui manque dans l'hébreu, se trouve dans les Septante.
49. L'homme habile, etc. Voy. Prov., xxu, 3.
13. Prends lui (aufer ei). Au lieu de ei, 18 Vulgate porte ab eo, un peu plus haut
(xx, 16), où se litla méme sentence.
14. Celui qui, etc. C'est la peinture fidéle d'un faux ami, qui comble à contre-temps
de louanges outrées et excessives.
45. Des toits, etc. Voy. l'explication de ce verset, xix, 13.
16. Qui veut la retenir; littér. qui la retient (qui velinet eam). Le verbe retinet et les
suivants, {eneat, vocabit, sont ce qu'on appelle en termes de grammaire hébraïque
des verbes de désir et d'effort; c'est-à-dire des verbes qui, au lieu d'exprimer une
action, n'expriment que le simple désir de la faire, ou que les efforts que l'on fait
pour la réaliser. On trouve de ces verbes, non seulement dans l'Ancien Testament,
mais encore dans le Nouveau.
17. Face. Ce mot signifiant en hébreu colère ct personne, les uns traduisent :
(cu. xx vu]
18. Celui qui conserve unfiguier
en mangera les fruits; et celui
qui est gardien de son maitre sera
élevé en gloire.
19. De méme que dans les eaux
reluisent les visages de ceux qui
s'yregardent; de méme, les cœurs
des hommes sont manifestes aux
prudents.
20. L'enfer et la perdition ne
sont jamais rassasiés : semblable-
ment aussiles yeux de l'homme
sont insatiables.
91. De méme que l'argent est
éprouvé dans un creuset, et l'or
dans une fournaise ; de méme est
éprouvé l'homme par la bouche
de celui qui le loue.
Le cœur de l’Aomme inique re-
cherche les choses mauvaises ;
mais 16 cœur droit recherche la
science.
22. Si tu broies linsensé dans
un mortier comme des orges, en
frappant dessus avec un pilon, sa
folie ne lui sera pas enlevée.
93. Connais soigneusement ton
bétail, etconsidere testroupeaux ;
LES PROVERBES.
1355
24. Car tu n'auras pas toujours
la puissance ; mais une couronne
te sera donnée pour toutes les
générations.
95. Les prés sont ouverts, et
les herbes vertes ont paru, et
les foins des montagnes ont été
recueillis.
26. Les agneaux sont pour ton
vétement, et les chevreaux pour
le prix du champ.
27. Que le lait des chevres te
suffise pour ta nourriture et pour
le nécessaire de ta maison; qu’il
suffise aussi pour leur vivre, à
tes servantes.
CHAPITRE XXVIIT.
Timidité de l'impie. Confiance du juste.
Simplicité du pauvre. De la crainte du
Seigneur. De l'oisiveté. De celui qui
juge injustement. De celui qui s'enfle
d'orgueil. Du règne des impies.
1. L'impie fuit, personne ne le
poursuivant; maislejuste comme
un lion plein de confiance, sera
sans crainte.
2. A cause des péchés d'un
20. Eccli., xiv, 9. — 21. Supra, xvir, 3. — 26. 1 Tim., vi, 8.
L'homme excile la colère de son ami; et les autres : L'homme instruit la personne de
son ami; cette seconde traduction, nous semble plus simple et plus naturelle. Quant
au mot hébreu réAé, rendu dans la Vulgate par ami, il se prend souvent pour com-
pagnon, semblable.
20. L'enfer et la perdition. Voy., pour ces deux mots, xv, 11.
24. Les louanges sont la pierre de touche des sentiments. Si l'homme qui les reçoit
en concoit de la vanité, de l'orgueil, de la présomption, elles prouvent que c'est un
insensé; si, au contraire, il les souffre avec peine ct n'en devient pas plus fier, elles
montrent sa sagesse. — Le cœur... science. Ce passage se lit dans les Septante, mais
non dans l'hébreu.
33. Connais, etc. Une des qualités du bon pasteur, c'est de bien connaître ses bre-
bis. Compar. Jean, x, 1%. — Bétail; dans la Vulgate, pecus, mot dont le correspon-
dant hébreu 7808 signifie le plus ordinairement le menu bétail, c'est-à-dire les brebis
et les chèvres.
A tes servantes (ancillis fuis), est au datif comme second complément du verbe .דל
euffise (sufficiat) exprimé au commencement du verset. — * Le lait de chévre est à
peu prés le seul et en tout cas le meilleur qu'on ait en Palestine en été.
2. À cause, etc. Les prétendants à la souveraine autorité étant nombreux dans un
pays, chacun d'eux, pour y arriver, n'épargne ordinairement ni les concussions, ni
1556
pays, ses princes sont en grand
nombre; mais à cause de la sa-
gesse dun homme et de sa
connaissance des choses qui se
disent, la vie du chef sera plus
longue.
3. Un homme pauvre qui op-
prime les pauvres est semblable
à une pluie violente qui prépare
la famine.
4. Ceux qui abandonnent la loi
louent l'impie; ceux qui la gar-
dent s'enflamment contre lui.
8. Les hommes méchants ne
pensent pas à ce qui est juste;
mais ceux qui recherchent le Sei-
gneur remarquent tout.
6. Vaut mieux un pauvre qui
marche dans sa simplicité qu'un
riche qui va dans des chemins
lortus.
1. Celui qui garde la loi est un
fils sage; mais celui qui nourrit
des hommes de bonne chere
couvre son pere de confusion.
8. Celui qui accumule des ri-
chesses par des usures et des in-
téréts les amasse pour un homme
libéral envers les pauvres.
9. Celui qui détournesesoreilles
pour ne pas écouter la loi, sa
priere sera exécrable.
10. Celui qui trompe les justes
(βαρ. XXVIII. 6. Supra, xix, 1.
LES PROVERBES.
[cu. xxvur.]
dans une voie mauvaise succom-
bera à sa propre destruction;
et les simples posséderont ses
biens.
11. Le riche se croit sage;
mais le pauvre prudent le péné-
trera.
12. Dans l'exultation des justes
est une grande gloire ; mais, les
impies régnant, c'est la ruine des
hommes.
13. Celui qui cache ses crimes
ne sera pas dirigé; mais celui
qui les confesse et les abandonne
obtiendra miséricorde.
14. Bienheureux l'homme qui
est toujours craintif; mais celui
qui est d'un cœur dur tombera
dans le mal.
15. Un lion rugissant, un ours
affamé, 707 estun princeimpie sur
un peuple pauvre.
16. Un chef manquant de pru-
dence opprimera un grand nom-
bre de personnes par violence;
mais celui qui hait l'avarice pro-
longera ses jours.
17. L'homme qui fait violence
au sang d'une àme, s'il s'enfuit
dans une fosse, personne ne le
retient.
18. Celui qui marche simple-
ment sera sauvé; celui qui s'a-
—— M —————————————— ———
les violences, ni méme les meurtres. De plus, ils se succédent rapidement les uns |
aux autres, ce qui est une source perpétuelle de troubles et de maux pour le pays,
qui subit ainsi la peine de ses péchés. Il en est autrement quand il n'y a qu'un seul
chef, homme sage, parfaitement éclairé : Dieu prolonge ses jours.
3. Qui opprime; littér. calomniant. Voy. xiv, 1
10. Dans une voie mauvaise; c'est-à-dire en les poussant dans, etc.
16. Par violence. Voy.le verset suivant.
11. Qui fait violence ; littér. qui calomnie. Voy. xiv, 31. — Sang; mot qui se prend
souvent dans l'Ecriture pour le principe vital, la vie. — Ame; c'est-à-dire personne,
individu. D'où il suit que le sens de cette première partie du verset est : celui qui
porte injustement et violemment atteinte à la vie de quelqu'un.
18. Tout d'un coup; c'est le vrai sens du semel de la Vulgate et du beéhdth (littér.
en une) du texte hébreu.
(cu. xxix.)
vance dans des voies perverses
tombera tout d'un coup.
19. Celui qui travaille sa terre
sera rassasié de pain : mais
celui qui aspire à l'oisiveté se
trouvera dans une détresse com-
plète.
20. Un homme fidèle sera beau-
coup loué; mais celui qui se
hâte de s'enrichir ne sera pas
innocent.
91. Gelui qui dans le jugement
a égard à la personne ne fait pas
bien : celui-là; méme pour une
bouchée de pain, abandonne la
vérité.
22. Un homme qui se hâte de
s'enrichir, et qui porte envie aux
autres, ignore que la détresse lui
surviendra.
93. Celui qui reprend un hom-
me trouvera grâce ensuite au-
pres de lui, plus que celui qui
le trompe par une langue flat-
teuse.
24. Celui qui soustrait quelque
chose à son père et à sa mère, et
qui dit que ce n’est pas un péché,
est participant au crime d'un ho-
micide.
25. Celui qui se vante et s'enfle
d'orgueil excite des querelles :
mais celui qui espere dans le Sei-
gneur sera guéri.
96. Celui qui se confie en son
cœur est un insensé ; mais celui
qui marche sagement, celui-là
sera sauvé.
27. Celui qui donne au pauvre
ne manquera pas ; celui qui mé-
LES PROVERBES.
1357
prise un suppliant souffrira la pé-
nurie.
28. Lorsque surgiront les im-
pies, les hommes se cacheront,
et, lorsqu'ils périront, les justes
se multiplieront.
CHAPITRE XXIX.
De celui qui méprise les réprimandes.
De la ruine des méchants. De la cor-
rection des enfants. Des instructions
des prophétes. De l'homme superbe.
De la crainte des hommes.
1. A l'homme qui avec un cou
roide méprisecelui quilereprend,
surviendra une mort soudaine;
et la guérison ne le suivra pas.
9. Alamultiplication des justes
tout le monde se réjouira ; lors-
que les impies prendront le gou-
vernement, le peuple gémira.
3. L'homme qui aime la sagesse
réjouit son père; mais celui qui
nourrit des proslituées perdra
son bien.
4. Un roi juste élève un pays;
un homme avare le détruira.
9. L'homme qui parle à son ami
en des termes flatteurs et dégui-
sés tend un filet à ses pieds.
6. L'homme inique qui peche,
un lacs l'enveloppera ; etle juste
louera le Seigneur et se réjouira.
1. Le juste connait la cause äes
pauvres ;l'impieignorelasciernce.
8. Les hommes pernicieux dé-
truisent une cité ; mais les sages
détournent la fureur.
9. Un homme sage, s'il dispute
avec un insensé, soit qu'il s'irrite,
19. Supra, xi, 11; Eccli., xx, 80, — 20. Supra, xii, 11; xx, 21. — Cnr. XXIX. 3. Luc,
xv, 13.
25. Guéri; hébr., engraissé; c'est-à-dire comblé de biens.
1. Cou roide; inflexible, qui ne peut supporter le joug, indomptable. Ainsi, mépriser
avec un cou roide, veut dire mépriser en se révollant.
1958
soit qu'il rie, ne trouvera pas de
repos.
10. Les hommes de sang hais-
sent le simple; mais les justes
cherchent son âme.
11. L'insensé met fout de suite
en avant son esprit; mais le sage
diffère et réserve pour l'avenir.
12. Le prince qui écoute volon-
tiers des paroles de mensonge a
tous ses ministres impies.
13. Le pauvre et le créancier se
sont rencontrés ; celui qui éclaire
l'un et l'autre, c'est le Seigneur.
14. Le roi qui juge selon la vé-
rité les pauvres, son tróne sera à
jamais affermi.
15. La verge et la correction
donnent la sagesse ; maisl' enfant,
abandonné à sa volonté, couvre
de confusion sa mere.
16. Par la multiplication des
implies se multiplieront les éri-
mes; et les justes verront leur
ruine.
17. Forme ton fils, et il te con-
solera, etilfera les délices de ton
âme.
18. Lorsque la prophétie ces-
sera, le peuple sera dissipé ; mais
celui qui garde la loi est bienheu-
reux.
19. L'esclave, par des paroles,
ne peut être formé; parce qu'il
13. Supra, xxi, 2. — 23. Job, xxr, 29.
LES PROVERBES.
fca. xxix.]
comprend ce que tu dis. et il dé-
daigne de répondre.
20. As-tu vu un homme prompt
à parler? Il faut en attendre de
la folie plutót que son amende-
ment.
21. Celui qui, des l'enfance,
nourrit délicatement son esclave
le trouvera dans la suite rebelle.
22. L'homme colère provoque
des rixes ; et celui qui est facile à
s'indigner sera plus enclin à pé-
cher.
23. L'humiliation suit le. su-
perbe; et la gloire accueillera
l'humble d'esprit.
24. Celui qui avec un voleur
s'associe hait sa propre âme; il
entend celui qui l'adjure, et il ne
décèle pas le voleur.
25. Celui qui craint l'homme
tombera promptement; celui qui
espère dans le Seigneur sera
élevé.
26. Beaucoup recherchent la
face du prince ; mais c'est du Sei-
gneur que procède le jugement
de chacun.
27. Les justes abominent
l'homme impie ; etles impies abo-
minent ceux qui sont dans la
droite voie.
Le fils qui garde /z parole sera
hors de perdition.
10. Hommes de sang; littér. de sangs (sanguinum). Voy. Ps. v, 6. — Cherchant son
âme. L'expression chercher l'àme de quelqu'un signifie, le plus ordinairement, en vou-
loir à la vie de quelqu'un, chercher à tuer quelqu'un; mais ici, comme dans le Ps. זצס
4, elle veut dire, au contraire, chercher à conserver (a. vie.
23. L'humiliation, etc.; sentence souvent répétée, tant dans l'Ancien que dans le
Nouveau Testament.
24. Hait son âme; c'est-à-dire sa vie, puisqu'il s'expose à la perdre. Suivant la loi
mosaique, le complice d'un voleur était conduit devant le juge, qui l'adjurait par le
Dieu vivant de déclarer l'auteur du vol; s'il ne le faisait pas, il méritait, par cela
méme, la peine de mort. Compar. Lévit., v, A.
27. Le fils... perdition. Ce passage, qui manque ici dans le grec et dans l'hébreu,
se trouve apres le verset 22 du chapitre xxiv, où il est conçu en ces termes : Fils
[CH. xxx.]
CHAPITRE XXX.
La sagesse est un don de Dieu. Danger
des richesses et de la pauvreté. Races
exécrables. Filles de la sangsue. Choses
insatiables. Choses inconnues. Choses
insupportables. Choses très sages.
Choses qui marchent bien.
4.Paroles de celui quiassemble,
du fils de celui qui répand /es vé-
rités.
Vision qu'a racontée l'homme
avec qui est Dieu, et qui, fortifié
par Dieu demeurantaveclui, a dit:
2. Je suis le plus insensé des
hommes, et la sagesse des hom-
mes n’est pas avec moi.
3. Je n'ai pas appris la sagesse ;
et je ne connais pas la science
des saints.
4. Qui est monté au ciel et en
est descendu? qui a retenu le
vent dans ses mains ? qui a lié les
LES PROVERBES.
1359
eaux comme dans un vêtement?
qui ἃ établi toutes les bornes de
la terre? quel est son nom et quel
est le nom de son fils, si tu le sais?
ὃ. Toute parole de Dieu est de
feu; il est un bouclier pour tous
ceux qui espèrent en lui;
6. N'ajoute rien à ses paroles,
pour que tu ne sois pas repris et
trouvé menteur.
7. Je vous ai demandé deux
choses, ne me les refusez pas
avant que je meure.
8. Éloignez de moi la vanité
et les paroles mensongères.
Ne me donnez ni la mendicité
ni les richesses; accordez-moi
seulement les choses nécessaires
à ma vie ;
9. De peur que, rassasié, je ne
sois tenté de vous renier, et que
je ne dise : Qui est le Seigneur ?
ou que, poussé par la détressse,
5. XXX. 5. Ps. xr, 7. — 6. Deut., 1v, 2; xir, 32.
conservant parole ou discours (logon), hors de perdition sera. Or, par le mot parole, les
uns entendent les promesses du fils, et les autres, la loi, les ordonnances du Seigneur.
1-33. * Le livre des Proverbes se termine par trois appendices (xxx-xxxi), contenant
les proverbes d'Agur, de Lamuel et l'éloge de la femme forte. Les paroles d'Agur
sont une collection de sentences, en partie exprimées simplement, en partie envelop-
pées sous une forme énigmatique. D'après saint Jérôme et la plupart des commen-
tateurs juifs et catholiques, Agur est un nom symbolique, signitiant collectionneur et
pris par Salomon comme celui de QoAéleth ou Ecclésiaste, Eccl., 1, 1. D'après un
grand nombre de critiques modernes, Agur était un sage hébreu, de Massa, qui
avait pour éléves Ithiel et Ukal, à qui il s'adresse, xxx, 1-6. Le texte du vers. 1 du
chapitre xxx est traduit par la Vulgate, en rendant les noms propres par des noms
communs. L'hébreu porte : > Paroles d'Agur (celui qui assemble), fils de Yaqé (de
celui qui répand /es vérités); poème que cet homme (Agur) adressa à Ithiel et à Ukal. »
Ce passage est, du reste, obscur et diversement interprété. Plusieurs prennent pour
un nom de lieu le mot massáh, que saint Jérôme traduit par vision. Dans le reste du
chapitre, 7-33, Agur parle à tout le monde en général.
1. De Celui qui assemble (Congregantis), du fils de Celui qui répand les vérités (Vo-
mentis). La plupart des Péres et des commentateurs catholiques pensent que les mots
hébreux Agour et 1056 ou Yágé, parfaitement rendus dans la Vulgate par Congregans
et Vomens, conviennent trés bien : le premier, à Salomon, qui dans le titre de l'Ecelé-
siaste s'appelle lui-même QóAeleth ou Ecclésiaste, c'est-à-dire le maitre de l'assemblée
ou celui qui y préside et qui harangue; et le second, à David, qui a été rempli de
l'Esprit de Dieu et ἃ répandu de sa bouche un grand nombre de vérités dans ses
saints cantiques.
2. Je suis, etc.; par moi-même, abandonné à mes seules lumières, indépendam-
nent de Dieu.
1900
je ne dérobe et ne parjure le nom
de mon Dieu.
10. N'accusepas l’esclaveauprès
de son maître, de peur qu'il ne te
maudisse, et que tu ne suc-
combes.
11. ll est une race qui maudit
son pere, et qui ne bénit pas sa
mère.
12. Ill est une race qui se croit
pure, et qui cependant n'a pas été
lavée de ses souillures.
13. 11 est une race dontles yeux
sont altiers, et les paupieres re-
levées.
14. Il est une race qui au lieu
de dents a des glaives, et qui mâ-
che avec ses molaires, afin de
dévorer ceux qui sont sans res-
sources sur la terre, et les pau-
vres d'entre les hommes.
15. Alasangsue sont deux filles
qui disent : Apporte, apporte.
Il y a trois choses insatiables,
et une quatrieme qui jamais ne
dit : C'est assez.
16. L'enfer, limpudique, la
terre qui ne se rassasie pas d'eau,
et le feu qui jamais ne dit : C'est
assez.
17. 1/0911 qui insulte son père,
et qui méprise l'enfantement de
sa mère, que les corbeaux des
LES PROVERBES.
(cu. xxx.]
torrents le percent, et que les fils
del'aiglele dévorent.
18. Trois choses sont difficiles
pour moi, et la quatrième, je l'i-
gnore entierement :
19. La voie de l’aigle dans le
ciel, la voie du serpent sur un ro-
cher, la voie du vaisseau au mi-
lieu de la mer, et la voie de
l'homme dans son adolescence.
90. Et telle est aussi la voie de
la femme adultère, qui mange,
essuie sa bouche, et dit : Je n'ai
pas fait le mal.
21. Par trois choses est troublée
la terre, et la quatrième elle ne
peut la supporter :
29. Par un esclave, lorsqu'il
regne; par un insensé, lorsqu'il
est rassasié de nourriture ;
23. Par une femme odieuse,
lorsqu'elle a été prise en mariage ;
et par une servante, lorsqu'elle
est devenue héritiere de sa mai-
tresse.
94. Quatre choses sont les plus
petites de la terre, et ces mêmes
choses sont plus sages que les
sages :
25. Les fourmis, peuple faible
qui prépare, dans la moisson, sa
nourriture ;
26. Lelevraut, peuplesansforce,
MM ——— ————— —— —— — —————
11-14. * Les quatre races perverses.
15-16. * Les quatre choses insatiables.
18-20. * Les quatre choses inscrutables, qui ne laissent point de trace de leur pas-
sage.
19. La voie de l'homme, etc.; c'est-à-dire la voie par laquelle il est arrivé à l'âge
viril : comment de faible, de muet, de stupide, d'ignorani, de simple, il est devenu
fort, parlant, prudent, habile, entreprenant, altaché à ses plaisirs et à ses intéréts.
21-23. * Les quatre choses insupportables.
24-98. * Les quatre choses petites et cependant sages.
25. Les fourmis, etc. Voy. Prov., vi, 6.
26. * Le levraut, en hébreu, schaphan. On admet généralement aujourd'hui que
l'animal ici désigné est le daman de Syrie. Il ressemble au lapin, avec lequel les an-
tiennes versions l'ont communément confondu. Les damans vivent en troupes, dans
les trous des rochers, en Palestine. Ils sont timides, la faiblesse de leurs pattes en
fait un peuple sans force, mais ils sont sages, s'éloignant peu de leurs rochers, ne
[cu. xxxr.]
qui établit dans un rocher son lit;
27. Les sauterelles qui n'ont
pas de roi et sortent toutes par
bandes ;
98. Le lézard qui s'appuie sur
ses mains, et demeure dans le
palais des rois.
29. Il y a trois choses qui mar-
chent bien, et une quatrième qui
s'avance avec succes :
30. Le lion, le plus fort desani-
maux, qui n'a peur de la ren-
LES PROVERBES.
1561
blime ; car s'il avait eu de l'intel-
ligence, il aurait mis la main sur
sa bouche.
33. Celui qui presse fort les ma-
melles pour en tirer le laiten fait
sortir du beurre ; et celui qui se
mouche trop fort tire du sang : et
celui qui provoque les coleres
produit des discordes.
CHAPITRE XXXI.
Instructions que Salomon a recues de sa
contre de personne ;
31. Le coq qui a les reins ceints;
le bélier, et le roi à qui nul ne
résiste.
32. Tel a paru insensé après
qu'il a été élevé à un rang su-
mère. Fuir la débauche et les femmes.
Ne pas boire de vin avec excès. Portrait
de la femme forte : son économie, sa
sagesse, sa vigilance, son assiduité au
travail. Fragilité de la beauté du corps.
1. Paroles de Lamuel roi. Vi-
marchant qu'avec précaution et s'enfuyaut dès qu'ils apercoivent un des oiseaux de
proie qui leur font la chasse.
91. * Les sauterelles... sortent par bandes souvent innombrables, et l'on sait
qu'elles dévorent quelquefois complétement les récoltes.
28. * Le lézard abonde en Palestine. « Dans les gorges qui descendent vers la mer
Morte, des voyageurs ont trouvé des lézards [trés grands], notamment une espèce
propre à l'Egypte. Une autre espèce appelée dhab, a été trouvée dans la vallée du
Jourdain, prés de la montagne de la Quarantaine; les Arabes la mangent et se ser-
vent de sa peau pour en faire des fourreaux de sabre, des sacs à tabac et aussi des
sacs pour y conserver le beurre. = (Mgr Misuis.) La 101 mosaïque range 16 lézard parmi
les animaux impurs, Lévilique, xr, 20. Il habite dans les murs des maisons comme
dans les rochers, et « peut étre pris avec la main », comme le dit le texte hébreu.
29-31. * Les quatre créatures fières.
31. Qui a les reins ceints. Comme nous l'avons déjà remarqué (Job, xxxvii, 3), chez
les anciens Hébreux, ceindre ses reins se disait d'un homme qui entreprenait un voyage
ou qui allait au combat. Or on sait que le coq est un animal toujours prét à se
battre. — Et le roi, etc. Nous avons suivi dans cette phrase l'édition latine de Sixte V,
qui porte: Et rex, nec est qui resistat ei; littér. e£ le roi, et il m'est pas qui lui résiste;
lecon qui est plus conforme à l'hébreu et au contexte que celle de notre Vulgate
commune : Et il n'est roi qui lui résiste (nec est rex qui resistat ei) : ce qui signifierait
qu'il n'y a pas de roi qui résiste au bélier. Ajoutons que le mot rien, qu'on lit dans
plusieurs traductions francaises, forme un vrai contre-sens.
33. Du beurre (butyrum); c'est le mot de la Vulgate; mais nous devons faire obser-
ver qu'il s'agit tout au plus de créme faite avec du lait de vache; car le beurre
proprement dit n'était employé chez les anciens Hébreux, de méme encore aujour-
d'hui chez les Orientaux, que comme médicament. Ajoutons que le terme hébreu
traduit par beurre signifie généralement du lait de vache, c'est-à-dire du lait moins
gras que celui de brebis et de chévre, et qu'ici il désigne du lait clairet, petit lait ;
en sorte que le sens de ce verset, selon le texte original, est : La pression du lait
épais fait sortir un lait clair; c'est-à-dire en pressant un lait gras, épais, on n'en fait
couler que du lait clairet, du petit lait. On peut voir les preuves de cette interpré-
tation dans notre Penlateuque avec une traduction française, etc., t. τ, Genèse,
p. 94 et 323,
1-9, * Le second appendice, xxxr, 4-9, porte pour inscription : « Paroles du roi La-
AH 86
1362
81011 par laquelle l'a instruit sa
mere.
2. Que £e dirai-je, mon bien
aimé, que £e dirai-je, bien aimé
de mon sein, que £e dirai-je, bien-
aimé de mes veux?
3. Ne donne pas aux femmes
ton bien, et tes richesses pour
perdre des rois.
4. Non aux rois, 0 Lamuel, non
aux rois, ne donne pas de vin,
parce qu'il n'est nul secret où
regne l'ivresse :
ὃ. Et de peur qu'ils ne boivent
et qu'ils n'oublient les jugements,
et qu'ils ne changentla cause des
fils du pauvre.
LES PROVERBES.
(cti. xxxt.]
6. Donnez de la cervoise àceux
qui sont affligés, et du vin à ceux
qui ont le cœur dans l'amertume ;
7. Qu'ils boivent et qu'ils ou-
blient leur détresse, et que de
leur douleur ils ne se souviennent
plus.
8. Ouvre ta bouche pour le
muet, et pour les causes de tous
les fils qui passent;
9. Ouvre ta bouche, décrète ce
qui est juste, et juge l'homme qui
est sans ressources, et le pauvre.
10. Une femme forte, qui la
trouvera? au-dessus de ce qui
vient de loin et des derniers con-
fins du monde est son prix.
muel. » Ce court morceau est écrit en vers d'un parallélisme synonymique et très
régulier.
1. Lamuel, roi. La plupart des interprètes conviennent que ce Lamuel, dont le nom
en hébreu signifie qui est à Dieu, ou qui a Dieu avec lui, ou consacré à Dieu, ou
enfin consacré de Dieu, n'est autre que Salomon, d'autant plus qu'il n'y ἃ jamais
eu de roi d'Israël ou de Juda qui ait porté ce nom, et que jamais on n'aurait inséré
dans le canon des Ecritures sacrées l'ouvrage d'un prince paien.
2. Bien-aimé de mes vœux; c'est-à-dire que j'ai souhaité par tant de vœux les plus
ardents.
9. Les jugements; la justice, l'équité dans les jugements, ou bien les lois, les or-
donnances. — Qu'ils ne changent, etc.; qu'ils ne donnent de fausses décisions dans
la cause des pauvres.
8. De tous les fils, etc.; de tous les mortels dont la vie n'est qu'un voyage et un
passage; ou bien de tous les étrangers qui ne font que passer dans les pays et qui
n'ont d'autre protection que la justice des princes et des juges.
10-31. * Le livre des Proverbes se termine par une pièce alphabétique, composée
d'autant de versets ou de distiques qu'il existe de lettres dans l'alphabet hébreu,
c'est-à-dire de 22, chacun d'eux commencant par une de ces lettres, placée selon
l'ordre ordinaire. C'est l’éloge de la femme forte, un portrait idéal tel que le
concoit le sage, inspiré par l'Esprit-Saint. « Salomon ne prend pas la femme forte
sur un iróne, ni dans un somptueux palais, ni dans les conseils des rois, ni au
milieu des assemblées humaines; il va plutót la chercher dans la condition com-
mune et ordinaire où Dieu a voulu placer la femme, c'est-à-dire dans son rôle
d'épouse, de mère, de maîtresse de maison, de femme méme des champs, car ce
n'est que dans ce róle simple et modeste que la femme est appelée à se montrer forte,
ce qui veut dire intelligente, active, soigneuse, prévoyante, ordonnée en toutes
choses, uniquement occupée de ses devoirs et accomplie dans la vertu. Le portrait
que Salomon a fait de cette femme est admirable; il montre, suivant la pensée de
Herder, « l'hommage qu'on rendait chez les Juifs à une femme laborieuse, et sachant
» rester dans le cercle domestique et champétre oü la renfermait la constitution du
» pays, qui, elle aussi, était toute domestique et toute champétre. » Les nations
paiennes, qui avaient assigné à l'épouse un rang subalterne et un róle presque effacé
dans 18 maison de l'époux, n'ont jamais eu pour elle des éloges semblables; il appar-
tenait à la religion de Moïse et finalement au Christianisme de relever la temme
avilie. » (H. LAURENS.)
10. Une femme forte. Les Pères ont considéré cette /emme forte comme la figure
fcn. XXX1./
11. Le cœur de son mari se
confie en elle; et il ne manquera
pas de dépouilles.
19. Elle lui rendra le bien et non
le mal, tous les jours de sa vie.
13. Elle a cherché la laine et le
lin. el elle a travaillé par le con-
seil d» ses mains.
14. Elle est devenue comme lc
vaisseau d'un marchand, portant
de loin son pain.
15. Et de nuit elle s'est levée,
et elle a donné de la nourriture
aux personnes de sa maison, et
des vivres à ses servantes.
16. Elle a considéré un champ
et l'a acheté : du fruit de ses
mains, elle a planté une vigne.
11. Elle ἃ ceint de force ses
reins, et elle a affermi son bras.
18. Elle a goüté et ellea vu que
son commerce est bon : pendant
la nuit, sa lampe ne s'éteindra
pas.
19. Elle a mis sa main à des
choses fortes; et ses doigts ont
pris le fuseau.
20. Elle a ouvert sa main à
l'homme sans ressources, et ses
paumes, elles les a étendues vers
le pauvre.
21. Elle ne craindra pas pour sa
maison le froid de la neige, car
LES PROVERBES.
1563
toutes les personnes de sa maison
ont un double vétement.
22. Elle s'est fait une couver-
ture : le fin lin et la pourpre
forment son vétement.
23. [lustre sera son mari aux
portes de la ville, quand 11 8
avec les sénateurs de la terre.
24. Elle a fait un fin tissu, et
elle l'a vendu ; et elle a livré une
ceinture au Chananéen.
95. La force et la beauté sont
son vétement, et elle rira au jour
dernier.
26. Elle a ouvert sa bouche à la
sagesse, et la loi de la clémence
est sur sa langue.
97. Elle a considéré les sentiers
de sa maison, et elle n'a pas
mangé de pain dans l'oisiveté.
28. Ses fils se sont levés etl'ont
proclamée très heureuse; son
mari s’est levé, et l'a louée.
29. Beaucoup de filles ont
amassé des richesses : mais toi,
tu les as toutes surpassées.
30. Trompeuse est la grâce, et
vaine est la beauté : la femme qui
craint le Seigneur est celle qui
sera louée.
31. Donnez-lui le fruit de ses
mains, et que ses ceuvres la louent
aux portes de /a ville.
de la sainte Vierge et de l'Eglise de Jésus-Christ. Ils ont expliqué en ce sens tout
le reste de ce chapitre.
13. Elle a travaillé, etc.; elle n'a pas acheté les toiles et les étoffes toutes faites,
mais elle les a travaillées elle-méme de ses propres mains.
14. Son pain. Nous avons déjà remarqué que le terme hébreu, rendu dans la Vul-
gate par pain, s'applique à toutes sortes d'aliments.
19. A des choses forles; à des travaux pénibles.
23. * Aux portes de la ville, là où l'on se rassemble et où se rend la justice. — Les
sénaleurs, en hébreu, les vieillards, les chefs du peuple.
24. Au Chananéen. Les Chanauéens étaient célébres dans l'antiquité par leur com-
merce. Cest pour cela que Chananéen est devenu synonyme de marchand, commer-
gant.
INTRODUCTION
AU
LIVRE DE L'ECCLÉSIASTE
L'Ecclésiaste occupe le second rang dans nos Bibles parmi les livres sapien-
tiaux.
Le titre qu'il porte est tiré du nom qu'y prend l'auteur, Kohéleth, traduit en
grec par Ecclésiastés. La version latine a conservé le nom grec ; il signifie « celui
qui parle à l'assemblée. » Il faut donc rejeter le sens de collectionneur qu'on a
voulu donner aussi au mot Kohéleth : l'Ecclésiaste n'est pas un recueil, une
collection de sentences comme les Proverbes, mais forme un tout suivi,
Le nom hébreu de Kohéleth est un titre de dignité, appliqué à la personne qui
en est revétue. Il est employé ici symboliquement (comme /s., xxix, 1, 25 Jér.,
xxv, 26) pour exprimer la fonction que remplit Salomon dans ce livre en ins-
truisant l'assemblée. Il en est qui pensent cependant que Salomon a pu réunir
le peuple, à la fin de sa vie, comme il l'avait fait lors de la Dédicace du temple,
III Rois, vin, 55-61, et lui adresser le discours contenu dans ce livre.
Le nom de Salomon ne se lit pas en toutes lettres dans celivre ; mais celui qui
prend le nom symbolique d'Ecclésiaste se dit fils de David et déclare qu'il est roi
de Jérusalem, ce qui ne peut convenir qu'à Salomon. Tous les commentateurs
juifs et chrétiens ont été unanimes à attribuer à ce prince la composition
de l'Ecclésiaste, jusqu'au xvii? siècle, où Grotius, le premier, en 1644, a pré-
tendu qu'il n'était pas de lui (1). Aucune raison concluante n'oblige d'abandon-
ner la croyance traditionnelle, et de refuser à Salomon la composition de
l'Ecclésiaste. L'origine salomonienne de ce livre n'est pas de foi, mais elle a en
sa faveur le seul argument véritablement décisif en pareille matière : l'auto-
rité du témoignage, 1° du titre du livre, r, 1; 2° de toute la tradition juive et
chétienne qui est unanime, comme tout le monde le reconnait. Les objections
qu'on a faites contre la croyance traditionnelle sont loin d’être irréfutables.
On croit généralement, avec la tradition juive, que Salomon composa l'Ecclé-
siaste dans sa vieillesse, comme il avait écrit le Cantique des cantiques dans sa
jeunesse et les Proverbes dans l’âge mür. Cette tradition est confirmée par
plusieurs passages du livre qui constatent que l'auteur avait fait l'expérience
personnelle des choses dont il parle. D'aprés le Talmud, le texte de l'Ecclésiaste
(1) Depuis le commencement de ce siècle, la plupart des auteurs protestants et
méme quelques catholiques, comme Jahn, Herbst, Movers, ont adopté l'opinion de
Grotius. Ils font le livre moins ancien que Salomon, mais sont trés divisés sur sa
date, | OA. ,
INTRODUCTION AU LIVRE DE L'ECCLÉSIASTE. 1365
fut définitivement fixé du temps d'Ézéchias parles savants dont parlent les Pro-
verbes, xxv, 1.
La canonicité et par conséquent l'inspiration de l'Ecclésiaste est de foi, Théo-
dore de Mopsueste, qui en contestait l'inspiration, fut condamné à ce sujet par
le v* concile cecuménique. Les Juifs l'avaient placé dans leur canon. On parle
de discussions qui auraient eu lieu à ce sujet dans la synagogue, entre l'école de
Hillel et l'école de Schammai. Celle-ci, qui avait des tendances hétérodoxes,
l'attaquait surtout à cause de son obscurité. Le synode de Jabné (Jamnia) se
prononca en 90 contre l'école de Schammai. Mais il était déjà à cette époque
dans le canon recu par les Juifs. On le lit encore officiellement tous les ans dans
les synagogues israélites. Il a toujours fait partie du canon de toutes les Églises
chrétiennes.
Quand à la forme littéraire de l'Ecclésiaste, elle est poétique, au moins en
partie, et on le range généralement parmi les poémes didactiques. Cependant
la plupart des passages sont écrits en prose, et l'on n'y remarque point la sy-
métrie du parallélisme hébreu. Dans quelques endroits, la forme poétique est
trés sensible. Le parallélisme est trés bien réussi, v, 5; vi, 8; 1x, 41. Nous
lisons, vir, 7, 9; 1x, 8, des maximes qui ressemblent, pour la forme comme pour
le fond, à celles des Proverbes. Quand Salomon parle de son expérience person-
nelle et communique à l'assemblée à laquelle il s'adresse ses propres réflexions,
il s'exprime en prose, mais en une prose oratoire, jusqu'à un certain point me-
surée et cadencée ; quand il fait des exhortations, son style devient tout à fait
poétique et conforme à toutesles lois dela poésie hébraique, surtout à la fin
du livre, dans le ch. xi
Il y a, d'ailleurs, de l'art dans l'Ecclésiaste, malgré quelques négligences et
un peu de diffusion. Les répétitions et pléonasmes, vin, 14; 1x, 9, sont certaine-
ment voulus et cherchés, et ils produisent leur effet. « L'Ecclésiaste se mani-
feste comme un maitre de la parole quand, 1, 4-11, et χι!, 2-7, il représente, là,
l'éternel va-et-vient du cours des choses, et quand il peint, ici, la vie humaine
qui touche à son terme et enfin se brise » (F. DELtiTzscH.)
L'absence d'uniformité dans la forme et dans la marche de la pensée, l'absence
méme d'un enchainement rigoureux dans les idées, ne sert qu'à mieux faire
ressortir la vérité qu'il veut faire pénétrer dans l'esprit de l'homme : le néant
de la vie en dehors de Dieu. Il a tout essayé, rien n'a pu le satisfaire ; il passe
d'un sujet à un autre, parce que rien n'est capable de le fixer et de le retenir.
Son style est en parfait accord avec sa manière de voir les choses. Il tient ferme
à la craiute de Dieu et au jugement final, mais il n'en sent pas moins doulou-
reusement le dégoût de la vie et ses déceptions améres, et il exprime ses sen-
timents d'une maniére si saisissante qu'il nous les fait partager. Avec quelle
force éclate sa douleur dans la première partie de son livre : Vanitas vanitatum,
dixit Ecclesiastes, vanilas vanitatum et omnia vanitas! On ne saurait imaginer
une entrée en matiére plus brusque ni plus énergique. Salomon a longtemps
contenu au fond de son cœur le chagrin qui le ronge, mais enfin il éclate sou-
dainement, il répéte sa pensée, et ses pléonasmes mémes sont éloquents. C'est
un coup de tonnerre qui retentit, et que l'écho répercute sourdement et longue-
ment comme pour le rendre plus terrible. Jamais écrivain n'a trouvé une for-
mule plus concise et plus forte pour exprimer sa pensée. Qui a pu jamais ou-
blier le vanitas vanitatum, aprés l'avoir une fois entendu?
1966 INTRODUCTION AU LIVRE DE L'ECCLÉSIASTE.
L'Ecclésiaste est d'ailleurs un discours qui n'a pas toute la rigueur et toute
la suite d'une dissertation ; mais il est impossible d'y méconnaitre un ordre et
un plan. Il se compose d'un prologue, 1, 2-11, de quatre sections ou parties,
1, מוצ-19 7, et d'un épilogue, xri, 8-14.
La suite des pensées n'est pas toujours rigoureuse, la liaison des idées sur-
tout n'est pas partout apparente, et l'enchainement n'est pas trés méthodique ;
il y a des oscillations dans l'exposition, quelques répétitions et quelques paren-
thèses, mais néanmoins l’idée dominante de chacune des parties se dégage
clairement : 19 la vanité des plaisirs de ce monde dans la première section,
1, 12-115; 2° l'impuissance de l'homme contre la volonté de la Providence dans
la seconde, ni-v ; 3° la vanité des richesses et dela réputation dans la troisième,
זנט-נט 15; 4° le résumé de tout ce qui précède dans la quatrième, vu, ,זוצ-16
7, et enfin la conclusion que le but de la vie doit étre, non de chercher un bon-
heur parfait, qu'il est impossible d'atteindre, mais de s'assurer une sentence
favorable au tribunal de Dieu.
L'ECCLÉSIASTE
CHAPITRE PREMIER.
Tout ce qui est ici-bas n'est que vanité.
Rien de nouveau sous le soleil. La sa-
gesse méme et la science sont des
sources de peines et d'afflictions.
1. Paroles de l'Ecclésiaste, fils
de David, roi de Jérusalem.
9. Vanité des vanités, a dit
l'Ecclésiaste : vanité des vanités,
et tout est vanité.
3. Quel avantage a l'homme de
tout son travail auquel il travaille
sous le soleil?
4. Une génération passe, et
une génération vient; mais la
terre pour toujours reste de-
bout.
5. Le soleil se lève et se couche,
et il revient à son lieu : et là re-
naissant,
6. Il tourne vers le midi, et se
dirige vers l'aquilon. Parcourant
toutes choses en tournant, le vent
avance et revient vers ses cir-
cuits. €
1. Tous les fleuves entrent dans .
la mer, etla mer ne déborde pas : |
vers le lieu d’où ils sortent, 108
fieuves retournent pour de nou- |
veau couler.
8. Toutes choses sont difficiles;
l'homme ne peut les expliquer
parle discours. 1/0011 ne se ras-
sasie pas de voir, ni l'oreille d'en-
tendre.
9. Qu'est-ce qui a été? Cela
méme qui doit étre à l'avenir.
Qu'est-ce qui ἃ été fait? cela
méme qui doit étre fait à l'avenir.
10. Rien sous le soleil de nou-
veau, et nul ne peut dire : Vois,
ceci est récent; car il a déjà
existé dans les siecles qui ont été
avant nous.
11. Il n'est pas mémoire des
1. * Le prologue, 1, 2-11, expose le sujet du livre. Il commence par une sentence
qui le résume tout entier: Vanilé des vanilés et tout est vanité, 1, 2. Cette sentence
est répétée au commencement de l'épilogue. Une sentence termine aussi le prologue :
Il n’est pas mémoire des choses antérieures, 1, 14, de méme que l'épilogue : Quant à
toutes les choses qui se font, Dieu les appellera en jugement, xu, 14; mais elle est
fort différente dans les deux cas, parce que la conclusion nous fait connaitre la sanc-
tion divine de la vie, tandis que le prologue ne nous fait connaitre que la vanité de
la vie considérée en elle-méme, indépendamment de Dieu. Tout en elle est change-
ment et oubli. C'est cette peinture des misères de la vie qui donne au livre de l'Ec-
clésiaste un charme douloureux auquel personne ne peut se soustraire.
4. Pour toujours (in eternum) ne signifie pas éternellement. L'auteur veut dire sim-
plement que tout dans ce monde parait, passe et disparait, tandis que la terre est
stable, et, par sa stabilité, plus à l'abri que les autres étres de perpétuelles révolu-
tions. Ainsi il est évident que l'auteur n'enseigne pas l'éternité du monde, comme
l'ont prétendu des incrédules.
8. Il ny a pas de scepticisme dans ce verset; nous y apprenons seulement que
l'homme ne peut prétendre à approfondir et à expliquer entièrement les choses de
ce monde, à cause des bornes trop étroites de son esprit
1368
choses antérieures; et quanl à
celles qui dans la suite doivent
arriver, il n'en sera pas souvenir
chez ceux qui viendront en der-
nier lieu.
12. Moi l'Ecclésiaste, j'ai été roi
d'Israél dans Jérusalem,
13. Et j'ai mis en mon esprit de
chercher et d'examiner sage-
ment tout ce qui se passe sous
le soleil. Cette occupation très
pénible, Dieu 18 donnée aux fils
des hommes, afin qu'ils s’y li-
vrassent.
14. J'ai vu toutes les choses qui
se font sous le soleil, et voilà
qu'elles sont toutes vanité et
affliction d'esprit.
15. Les pervers difficilement se
corrigent, et des insensés infini
est le nombre.
16. Jai parlé en mon cœur,
disant : Voilà que jai été fait
grand, et que j'ai surpassé en sa-
gesse tous ceux qui ont été avant
moi dans Jérusalem : et mon es-
prit a contemplé beaucoup de
choses sagement, et j'ai beaucoup
appris.
17. Et j'ai appliqué mon cœur
pour connaître la sagesse et la
doctrine, et les erreurs et la folie,
L'ECCLÉSIASTE.
(cm. π.]
et j'ai reconnu qu'en cela aussi
était un travail et une affliction
d'esprit ;
18. Parce que dans une grande
sagesse est une grande indigna-
tion, et celui qui augmente sa
science augmente aussi sa peine.
CHAPITRE II.
Vanité des plaisirs, des richesses, des
bátiments. Avantages de la sagesse.
Vanité d'amasser des richesses pour un
héritier inconnu.
1. J'ai dit, moi en mon cœur :
J'irai et je nagerai dans les dé-
lices, et je jouirai des biens. Et
jai vu que cela aussi était va-
nité.
2. Le rire, je lai regardé
comme une erreur; et à la joie,
jài dit : Pourquoi te séduis-tu
inutilement?
3. J'ai pensé dans mon cœur
à détourner ma chair du vin,
afin de porter mon esprit à la
sagesse, et d'éviter la folie, jus-
qu'à ce que je visse ce qui est
utile aux fils des hommes, et ce
qu'ils doivent faire sous le soleil
pendant le nombre des jours de
leur vie.
4. J'ai fait des choses magni-
"à
19. * Avec ce verset commence la 1re section, 1, 12-n. Elle montre quelle est la
vanité de la vie, en tracant le tableau de la vanité de la sagesse humaine, 1, 12-18,
et celui de la jouissance des plaisirs et des biens terrestres, m, 1-11, alors même
qu'on cherche à n'en jouir qu'avec modération, n, 12-26. Ainsi la sagesse, la science
et le plaisir, qui paraissent les plus grands biens de l'homme sur la terre, ne sont
que vanité. Cette 1re section a généralement la forme d'une confession de Salomon;
il raconte les expériences qu'il à faites pour trouver le bonheur sans tenir compte
de Dieu.
13. Les fils de l'homme ou des hommes, se met souvent dans la Bible pour 8
hommes mêmes, les humains.
41. La doctrine; c'est-à-dire la science, les connaissances.
18. Dans une grande sagesse, etc. Plus quelqu'un acquiert de sagesse, dit saint Jé-
róme en expliquant ce passage, et plus il s'indigne de se voir exposé aux vices et
éloigné des vertus qu'elle demande.
3. Ma chair; hébraisme, pour mon corps; c'est-à-dire moi, ma personne; c'est la
partie pour le tout, figure trés usitée dans:le style biblique.
[cu. 11.}
fiques : je me suis báti des mai-
sons, et j'ai planté des vignes;
9. J'ai fait des jardins et des
vergers, et j'y ai réuni des arbres
de toute espèce;
6. Je me suis construit des ré-
servoirs d'eaux pour arroser la
forêt des arbres qui étaient en
pleine végétation ;
7. J'ai possédé des serviteurs
et des servantes et une nom-
breuse famille, ainsi que du gros
bétail et de grands troupeaux
de brebis, au delà de tous ceux
qui ont été avant moi à Jérusa-
lem ;
8. J'ai entassé pour moi l'ar-
gent et l'or, les richesses des rois
et des provinces ; j'ai eu des chan-
teurs et des chanteuses et tout ce
qui fait les délices des fils des
hommes, des coupes et des vases
de service pour verser les vins ;
9. Et j'ai surpassé en richesses
tous ceux qui ont été avant moi
dans Jérusalem ; la sagesse aussi
a persévéré avec moi.
10. Ettout ce qu'ont désiré mes
yeux, je ne /e leur ai pas refusé ;
et je n'ai pas défendu à mon
cœur de goûter toutes sortes de
voluptés, et de trouver son plai-
sir dans ce que j'avais préparé;
et j'ai cru que ma part était de
jouir de mon travail.
Cuab. II. 14. Prov., xvir, 24; Infra, vii, 1.
L'ECCLÉSIASTE
1369
11. Etlorsque je me suis tourné
vers les divers ouvrages qu'a-
valent faits mes mains, et vers les
travaux danslesquelsinutilement
javais sué, j'ai vu dans toutes
ces choses vanité et affliction
d'esprit, et que rien n'est stable
sous le soleil.
12. J'ai passé à contempler la
sagesse, les erreurs et la folie,
(qu'est-ce que l'homme, ai-je dit,
pour pouvoir suivre le roi son
créateur?)
13. Et jai vu que la sagesse
surpasse autant la folie, que la
lumiere diffère des ténèbres.
14. Les yeux du sage sont à sa
téte, l'insensé marche dans les
ténèbres ; et j'ai appris que le
trépas est pour l'un et pour l'au-
ire:
15. Et j'ai dit dans mon cœur :
Si la mort est pour l'insensé et
pour moi, que me sert d'avoir
donné un plus grand soin à la sa-
gesse? Et ayant ainsi parlé avec
mon esprit, je me suis apercu
que cela aussi est vanité.
16. Car la mémoire du sage,
aussi bien que celle de l'insensé,
ne sera pas pour toujours; et
les temps futurs couvriront pa-
reillement de l'oubli toutes cho-
ses : le savant meurt de méme
que l'ignorant.
5. * Le Jardin fermé. D'aprés la tradition, le Jardin fermé se trouvait au sud de
Bethléhem, au fond d'une vallée étroite et profonde appelée Ouadi Ourtas. « La cha-
leur concentrée et l'abondance des eaux rendent ce terrain si prodigieusement fertile
qu'on peut y avoir cinq récoltes de pommes de terre par an. » (Lriéviw.)
6. * Des réservoirs d'eaux. Une tradition, dont il est d'ailleurs impossible de vérifier
l'exactitude, attribue à l'auteur de l'Ecclésiaste les trois grands réservoirs situés au-
dessous du Jardin fermé et qu'on appelle Etangs ou Vasques de Salomon.
1. Des servileurs et des servantes; c'est-à-dire des esclaves hommes et femmes. —
Une nombreuse famille; dans l'hébreu, des fils de maison; ce qui signifie les fils des
esclayes, nés dans la maison du maitre.
*
1370
17. Et c'est pour cela que je me
suis ennuyé de ma vie, voyant
tous les maux qui sont sous le
soleil, et que toutes choses sont
vanité et affliction d'esprit.
18. De nouveau, j'ai détesté
mon application avec laquelle
sous le soleil j'ai travaillé très ar-
demment, devant avoir un héri-
tier aprés moi.
19. J'ignore s'il doit être sage
ou insensé : et il sera maitre de
mes travaux, fruit de mes sueurs
et de ma sollicitude, et y a-t-il
rien d'aussi vain?
20. De là j'ai cessé, et mon
cœur ἃ renoncé à travailler da-
vantage sous le soleil.
91. Car, lorsque quelqu'un tra-
vaile avec sagesse, science et
sollicitude, il laisseses recherches
à un homme oisif; et cela donc
est vanité et un grand mal.
22. Car quel profit reviendra-t-il
à l'homme de tout son travail et
de l'affliction d'esprit avec la-
quelle il s'est tourmenté sous le
soleil?
93. Tous ses jours sont pleins
de douleurs et de chagrins, et
méme, pendant la nuit, il ne se
L'ECCLÉSIASTE.
ur.] .ז6]
repose pas en son âme ; et cela,
n'est-ce pas vanité?
94. Est-ce qu'il ne vaut pas
mieux manger et boire, et faire
du bien à son àme, des fruits de
ses travaux? et cela vient de la
main de Dieu. |
95. Qui se rassasiera, et na-
gera dans les délices autant que
moi?
96. A l’homme bon en sa pré-
sence, Dieu a donné la sagesse,
et la science et la joie: mais au
pécheur il a donné l'affliction, et
les soins superflus, afin qu'il
ajoute ὦ ses biens, qu'il amasse,
et livre à celui qui a plu à Dieu;
mais méme cela est vanité et une
inutile sollicitude d'esprit.
CHAPITRE III.
Toutes choses ont leur temps. Tout est
dans une vicissitude continuelle. In-
quiétude partout. L'homme et les bêtes
meurent également.
1. Toutes choses ontleurtemps,
et dans leurslimites elles passent
toutes sous le ciel.
2. ll est un temps de naître et
un temps de mourir;
Un temps de planter, et un
24. Est-ce qu'il, etc. Le but de l'auteur dans ce verset est de nous prémunir contre
une avarice sordide et la passion de rechercher les richesses, en disant qu'il vaut
mieux passer sa vie à jouir avec modération des fruits de ses travaux, comme d'au-
tant de dons du Créateur, que de s'en priver pour se consumer dans des soucis im-
modérés et dans une vaine poursuite des faux biens de ce monde. Ainsi rien ne.
prouve que cet auteur se montre épicurien, comme le veulent quelques incrédules.
4. * Avec ce chapitre commence la 2e section, .ץ-זוד Elle établit que l'homme n'est
pas le maitre de son sort, mais qu'il est tout entier entre les mains de Dieu et sous
la dépendance de sa Providence. Tous les événements de la vie sont fixés et réglés.
L'homme doit donc s'y soumettre et tácher de tirer le meilleur parti possible de la
vie présente. Quels que soient les maux et les injustices qui régnent sur la terre, si
l'homme a la crainte de Dieu, s'il remplit ses devoirs, s'il se confie en la Providence,
s'il estime à leur juste valeur les biens de ce monde, s'il se contente de jouir des
biens qui lui sont donnés, il aura agi sagement. Cette 2e section nous montre donc
l'impuissance des efforts humains pourtutteindre le bonheur, parce que nous ne
pouvons pas lutter contre les événements et contre la Providence. La conclusion est
qu'il faut se résigner à supporter les maux qu'on ne peut éviter et à jouir des biens
que Dieu nous donne,
[cii u1.]
temps d'arracher ce qui a été
planté ;
3. Un temps de tuer, et un
temps de guérir;
Un temps d'abattre, et un temps
de bâtir;
4. Un temps de pleurer, et un
temps de rire ;
Un temps de gémir, etun temps
de sauter de joie ;
5. Un temps de disperser les
pierres, et un temps de les ras-
sembler ;
Un temps d'embrasser, et un
temps de s'éloigner des embras-
sements ;
6. Un temps d'acquérir, et un
temps de perdre ;
Untempsde garder, et untemps
de rejeter ;
7. Un temps de déchirer, et un
temps de coudre ;
Un temps de se taire, et un
temps de parler ;
8. Un temps d'amour, et un
temps de haine;
Un temps de guerre, et un
temps de paix ;
9. Quel avantage a l'homme de
son travail?
10. Jai vu laffliction qu'a
donnée Dieu aux fils des hommes,
pour qu'ils en soient tourmentés.
11. 1 afait toutes chosesbonnes
en leur temps, et il a livré le
L'ECCLÉSIASTE.
1571
monde à leurs disputes ; en sorte
que l'homme ne découvre pas
l'œuvre que Dieu a opérée depuis
le commencement jusqu'à la fin.
19. Et jai reconnu quil ny
avait rien de mieux que de se ré-
jouir et de faire le bien pendant
sa vie.
13. Car tout homme qui mange,
boit et voitle bien de son travail,
c'est un don de Dieu.
14. J'ai appris que les œuvres
que Dieu a faites persévèrent à
perpétuité ; nous ne pouvons rien
ajouter ni rien retrancher aux
choses que Dieu a faites afin qu'il
soit craint.
15. Ce qui a été fait demeure;
les choses qui doivent étre ont
déjà été; et Dieu rétablit ce qui
est passé.
16. J'ai vu sous le soleil, dans
le lieu du jugement, l'impiété ;
et, dans le lieu de 18 justice, 11-
niquilé.
17. Et j'ai dit dans mon cœur :
Dieu jugera le juste et l'impie, et
ce sera alors le temps de toute
chose.
18. Fai dit en mon cœur tou-
chant les fils des hommes : Que
Dieules éprouve, et montre qu'ils
sont semblables à des bétes.
19. C'est pour cela que le tré-
pàs est pour l'homme et pour les
12. Rien de mieux que de se réjouir; que d'étre joyeux, mais d'une joie sage et
modérée, opposée aux soucis immodérés dont il est question dans la note précédente.
13. Voit le bien; hébraisme, pour éprouver le bien, jouir du bien. C'est encore faus-
sement que quelques incrédules prétendent trouver la morale d'Epicure dans ce
verset, dont le sens tout naturel est que celui-là agit sagement qui, aprés avoir
amassé quelques biens par son travail, en jouit modérément, comme d'autant de
présents du ciel. Or, il n'y a rien là qui ressemble le moins du monde à l'épicuréisme.
Compar. Prov., τι, 24.
18-20. C'est à tort que les incrédules ont prétendu trouver du matérialisme dans
ces passages. L'auteur ne veut parler que du corps, qui est matériel, et de la décom-
position que la mort fait subir aux parties qui le composent, puisqu'au chap. xii,
vers. 7, il déclare formellement que l'àme survit au corps.
1372
bétes, et qu'égale est leur condi-
tion : comme l'homme meurt,
ainsi elles meurent; de la méme
maniere elles respirent toutes,
et l'homme n'a rien de plus que
la béte : toutes choses sont sou-
mises à la vanité :
20. Toutes choses vont vers un
seul lieu : elles ont été faites de
la terre, et elles retournent pa-
reillement à la terre.
91. Qui sait si l'esprit des fils
d'Adam monte en haut, et si l'es-
prit des bétes descend en bas?
99. Et j'ai trouvé que rien n'est
meilleur pour l'homme que de
se réjouir en son ceuvre, et que
c'est là sa part : car qui l'amenera
à connaître les choses qui doivent
arriver après lui?
CHAPITRE IV
Violence et jalousie des hommes. Oisi-
veté des insensés. Folie des avares.
Avantage de la société. Vanité de la
souveraine puissance. Obéissance pré-
férable aux sacrifices.
1. Je me suis tourné vers
d'autres choses, et j'ai vu les op-
pressions qui se font sous le so-
leil, et les larmes des innocents
que personne ne console : j'ai vu
qu'ils ne peuvent résister à la
violence des oppresseurs, étant
destitués du secours de tous.
L'ECCLESIASTE.
- [en. tv]
2. Et j'ai loué les morts plus
que les vivants;
3. El j'ai jugé plus heureux que
les uns et les autres, celui qui
n'est pas encore né, et qui na
pas vu les maux qui se font sous
le soleil.
4. De nouveau j'ai contemplé
tous les travaux des hommes; et
j'ai vu que l'industrie est exposée
à l'envie du prochain : et en cela
donc est vanité et soin superflu.
8. L'insensé met ses mains
l'une dans l'autre, et mange ses
chairs, disant :
6. Mieux vautune poignée avec
le repos, que les deux mains
pleines avec le travail et l'afflic-
tion d'esprit.
7. Considérant, j'ai trouvé en-
core une autre vanité sous le
soleil :
8. Tel est seul et n’a pas un se-
cond, ni fils, ni frère, et cepen-
dant il ne cesse de travailler, et
ses yeux ne se rassasient pas de
richesses; et il ne réfléchit pas,
et il ne dit pas : Pour qui est-ce
que je travaille ? pour qui est-ce
que je prive mon âme des biens?
En cela aussi est vanité, et une
affliction très malheureuse.
9. Mieux vaut donc être deux
ensemble, que d’être seul; car
ils ont l’avantage de leur société ;
à
21. Qui sait, etc. Il n'y a pas plus de matérialisme dans ce verset que dans les
précédents. Salomon y dit seulement, ce qui est incontestable, que la raison humaine
ne saurait voir clairement, par ses seules forces, quel peut étre le sort réservé à
l'homme aprés sa mort.
1. Les oppressions; littér. les calomnies. Vov. Prov., xiv, 31. — Des oppresseurs;
littér. d'eux (eorum), c'est-à-dire de ceux qui sont les auteurs des oppressions et des
larmes dont il vient d'étre fait mention.
9. Et j'ai loué, etc,; c'est-à-dire j'ai trouvé l'état des morts préférable à celui des
vivants. Saint Jéróme remarque que le sage ne considére dans cette expression que
la souffrance dans l'état des vivants, et que le repos dans celui des morts. C'est ainsi
que plusieurs saints personnages ont trouvé, dans certaines circonstances, la mort
préférable à la vie. Voy. 111 Rois, xix, 4; Tobie, ut, 1; 1 Machab., vu, 50.
T
(cn. v.]
10. Si l'un tombe, il sera sou-
tenu par l'autre. Malheur à celui
qui est seul! Parce que, lorsqu'il
tombe, il n'a pas qui le relève.
11. Et s'ils dorment deux, ils
s'échaufferont mutuellement : un
seul, comment s'échauffera-t-il?
19. Et si quelquun prévaut
contre un seul, deux lui résistent:
un cordon triple est difficilement
rompu.
13. Vaut mieux un enfant
pauvre et sage, qu'un roi vieux
et insensé qui ne sait pas prévoir
pour l'avenir.
14. Parce que quelquefois, tel
sort de la prison et des chaines
pour régner: tel autre, né dans
la royauté, se consume dans une
extréme pauvreté.
15. J'ai vu tous les vivants qui
marchent sous le soleil avec
le second jeune homme qui se le-
vera à sa place.
16. Il est infini, le nombre du
peuple de tous ceux qui ont été
avant lui; et ceux qui doivent
venir aprés ne se réjouiront pas
en lui ; mais cela aussi est vanité
et affliction d'esprit.
17. Garde ton pied en entrant
dans la maison de Dieu, et ap-
proche afin d'écouter. Car l'obéis-
L'ECCLÉSIASTE.
1375
sance vaut beaucoup mieux que
les victimes des insensés qui ne
savent pas ce qu'ils font de mal.
CHAPITRE V.
Etre circonspect dans ses paroles. S'ac-
quitter de ses vœux. Ne point se scan-
daliser du renversement de la justice.
L'avare est insatiable. Riche malheu-
reux au milieu de ses richesses.
1. Ne dis rien témérairement,
et que ton cœur ne se hâte pas
de proférer une parole devant
Dieu. Car Dieu est dans le ciel, et
toi sur la terre: à cause de cela,
que tes paroles soient en petit
nombre.
2. Les réves suivent les soins
multipliés; et c'est dans les dis-
cours multipliés que se trouvera
lafolie.
3. Si tuas voué quelque chose
à Dieu, ne tarde pas à l'effec-
tuer; car la promesse infidèle et
insensée lui déplait; mais tout ce
que tu auras voué, effectue-le;
4. Parce qu'il vaut beaucoup
mieux ne pas vouer, qu'apres un
vœu ne pas effectuer ses pro-
messes.
ὃ. Ne permets pas que ta bou-
che fasse pécher ta chair, et ne
dis pas devant l'ange : ll ny ἃ
(ΠΑΡ. IV. 17. I Rois, xv, 22; Osée, vi, 6.
15. Le second ; 'héritier d'un roi, lequel doit régner en sa place, a souvent beaucoup
plus de partisans que le roi régnant lui-même; tout le peuple porte sur lui ses es- |
pérances. — Pro eo. Le pronom eo tient lieu de primo ou rege, sous-entendu, et que
suppose évidemment l'adjectif secundo. Plusieurs pensent que l'auteur fait ici allusion
au roi vieuz et insensé, et à l'enfant pauvre et sage du vers. 13.
16. Du peuple; c'est-à-dire de la multitude.
11. Garde, etc. Considére où tu mets le pied, quand tu entres dans le temple;
c’est-à-dire songe à la conduite que tu dois y tenir; et approche-toi de ceux qui an-
noncent sa parole, pour écouter et pratiquer les vérités qu'ils t'enseigneront. Cette
docilité te rendra agréable au Seigneur. — Car /'obéissance, etc. Voy. 1 Rois, xv, 22;
Osée, vi, 6.
5. Ne permets pas que ta bouche fasse péche» ta chair Cette phrase est susceptible
de plusieurs sens; le plus simple et le plus naturel, comme se liant parfaitement à
1574
point de providence; de peur que
Dieu, irrité contre tes paroles, ne
détruise toutes les œuvres de tes
mains.
6. Où il y a beaucoup de rêves,
il y a beaucoup de vanités et des
paroles sans nombre; mais toi,
crains Dieu.
7. Si tu vois les oppressions
des indigents et les jugements
pleins de violence, et que la jus-
tice est renversée dans une pro-
vince, ne t'en étonne pas; parce
que celui qui est élevé en a un
autre plus élevé que lui, et qu'au-
dessus d'eux il y en a d'autres
encore plus élevés,
8. Et de plus, il y a un roi qui
commande à la terre entière qui
lui est assujettie.
9. L'avare ne sera point ras-
sasié d'argent, et celui qui aime
lesrichesses n'enrecueillera point
de fruit, et cela done est vanité.
10. Θὰ il y a beaucoup de biens,
il y a aussi beaucoup de gens
qui 168 mangent. Et de quoi
sert-il au possesseur, si ce n'est
quil voit des richesses de ses
yeux?
11. I] est doux, le sommeil, à
celui qui travaille, qu'il ait mangé
peu ou beaucoup ; mais la satiété
du riche ne lui permet pas de
dormir.
19. Il est aussi une maladie,
L'ECCLÉSIASTE.
[cH. v.]
très malheureuse, que [81 vue
sous le soleil : des richesses con-
servées pour le malheur de leur
maitre.
13. Il les voit périr avec une
affliction trés grande : il a en-
gendré un fils qui sera dans une
extréme détresse.
14. Comme il est sorti nu du
sein de sa mere, ainsi il s'en re-
tournera, et il n'emportera rien
avec lui de son travail.
15. Maladie tout à fait miséra-
ble : comme elle est venue, ainsi
elle s'en retournera. Que lui sert
done d'avoir travaillé pour le
vent?
16. Tous les jours de sa vie, il
a mangé dans les ténebres, dans
des soins multipliés, dans le cha-
erin et dans la tristesse.
11. Ainsi donc il m'a paru bon
quun homme mange et boive,
et qu'il goüte la joie du travail
dans lequel il s'est fatigué lui-
méme sous le soleil, durant le
nombre des jours de sa vie que
lui a donnés Dieu; car c'est là sa
part.
18. Et pour tout homme à qui
Dieu a donné des richesses et du
bien, et à qui il a accordé le pou-
voir d'en manger, et de jouir, de
prendre sa part et de se réjouir
de son travail, cela est un don de
Dieu.
Cuap. V. 12. Job, xx, 20. — 14. Job, 1, 21; 1 Tim., vi, 7.
ce qui précède, nous a paru être : Ne te permets pas de prononcer aucun vœu témé-
rairement; parce que, en ne l'acquittant pas, tu te rendras coupable de péché. —
Ta chair, pour te, toi. Voy. τι, 3. — L'ange; probablement le prêtre à qui il appar-
tenait de prononcer sur les vœux (Lévit., v, 4-8), et de la bouche duquel on recueil-
lait l'explication de la loi, car le prophète Malachie (n, 7) l'appelle formellement
l'ange du Seigneur. Saint Jean désigne aussi sous le nom d'anges les évêques (Apo-
cal., 1, 20, etc.).
15. Pour le vent. Les Hébreux employaient le mot vent pour exprimer ce qu'il y a
de plus léger, de plus vain.
(cu. vi.]
19. Car il ne se souviendra pas
beaucoup des jours de sa vie,
parce que Dieu occupe son cœur
de délices.
CHAPITRE VI.
Malheureuse condition de l'avare. Il a du
bien, et il n'ose pas en jouir.
1. Il y a encore un autre mal
que j'ai vu sous le soleil, et qui
est méme fréquent parmi les
hommes :
2. Un homme à qui Dieu ἃ
donné des richesses, des biens et
de l'honneur, en sorte que rien ne
manque à son àme de tout ce
qu'il désire; et Dieu ne lui a pas
accordé de jouir de ces biens,
mais un homme étranger les dé-
vorera : cela est vanité et une
grande misere.
3. Quand un homme aurait en-
gendré cent enfants, qu'il aurait
vécu beaucoup d'années, et qu'il
serait d'un grand âge, si son
àme n'use pas des avantages
de son bien, qu'il soit méme
privé de la sépulture, de cet
homme, moi je dis hardiment
L'ECCLÉSIASTE.
1375
qu'un avorton vaut mieux que lui.
4. Car en vain il est venu, et
il sen va dans les ténèbres, et
par l'oubli sera effacé son nom.
ὃ. 11 n'a pas vu le soleil, il n'a
pas connu la distance du bien et
du mal,
6. Quand il aurait vécu deux
mille ans, sil n'a pas joui des
biens; toutes choses ne se hâtent-
elles pas vers un seul lieu ?
7. Tout le travail de l'homme
est pour sa bouche; mais son
âme ne sera pas remplie.
8. Qua le sage de plus que
l'insensé? et qu'ale pauvre, sinon
qu'il va là où est la vie?
9. Mieux vaut voir ce que tu
désires que désirer ce que tu
ignores; mais cela aussi est va-
nité et présomption d'esprit.
10. Celui qui doit étre, son
nom déjà a été nommé, et l'on
sait que c'est un homme, et qu'il
ne peut, contre celui qui est plus
fort que lui, disputer en juge-
ment.
11. On dit beaucoup de paroles,
et, dans la dispute, elles sont
d'une grande inanité.
19. Pas beaucoup; c'est le sens donné par les Septante; c'est aussi celui du non
salis ou pas assez de la Vulgate, expliqué par l'hébreu. Ainsi l'auteur veut dire qu'en
usant avec modération du fruit de ses travaux, l'homme dont il est question au
verset précédent trouvera sa vie courte, parce que Dieu remplit son cœur de délices
qui la lui font passer agréablement.
1.*La 3e section embrasse les chapitres vi-vin, 15. Elle montre que le bonheur
n'est pas dans la recherche des richesses ni de la réputation. La sagesse pratique
consiste à prendre les choses comme Dieu les envoie, à étre patient, à ne pas se livrer
aux récriminations, à obéir aux supérieurs.
2. A son âme; hébraisme, pour ἃ sa personne, à lui.
10. Celui qui doit étre, ete. Les hommes ont toujours été hommes, naissant tou-
jours de la méme maniére, faibles, malheureux, etc. Ainsi celui qui doit naitre un
jour à venir est déjà connu; son nom d'homme, connu par avance, indique déjà ce
qu'il scra.
1376
CHAPITRE VII.
Vaiue curiosité. Bonne réputation. Uti-
lité des corrections. Avantage de la
sagesse. Point de juste qui ne péche.
Négliger les discours des hommes. La
femme dangereuse.
1. Qu'est-il nécessaire à l'hom-
me de rechercher ce qui est au-
dessus de lui, lorsqu'ii ignore ce
qui lui est avantageux dans sa
vie, durantle nombre des jours
de son pelerinage, et dans le
temps qui comme l'ombre passe?
ou qui pourra lui indiquer ce qui
apres lui doit arriver sous le so-
leil?
9. Mieux vaut une bonne répu-
tation que les parfums précieux ;
et le jour de la mort que le jour
de la naissance.
3. Mieux vaut aller dans une
maison de deuil que dans une
maison de festin ; car dans celle-
là on est averti de la fin de tous
les hommes, et le vivant pense à
ce qui doit arriver.
4. Mieux vaut la colère que le
rire, parce que parla tristesse du
visage est corrigé le cœur de ce-
lui qui peche.
5. Le cœur des sages est où est
la tristesse ; et le cœur des insen-
sés où est la joie.
6. Mieux vaut étre repris par
un sage que d'étre trompé par les
flatteries des insensés ;
7. Parce que, comme est le pé-
tillement des épines qui brülent
Cuar. VII. 2. Prov., xxii, +.
L'ECCLÉSIASTE.
Ι sous une marmite, ainsi est le
(cu. vir.!
rire dclinsensé ; mais cela méme
est vanité.
8. L'oppression trouble le sage,
et elle détruira la force de son
cœur.
9. Mieux vaut la fin d'un dis-
cours que le commencement.
Mieux vaut un homme patient
qu'un arrogant.
10. Ne sois pas prompt àte met-
tre en colère ; parce que la colere
repose dans le sein de l'insensé.
11. Ne dis pas : Quelle est la
cause, penses-tu, que les temps
anciens furent meilleurs qu'ils
ne sont maintenant? car in-
sensée est une question de ce
genre.
12. La sagesse est plus utile
avec les richesses, et elle sert da-
vantage à ceux qui voient le so-
leil.
13. Car comme la sagesse pro-
tege, l'argent protege aussi ; mais
l'instruction a cela de plus, ainsi
que la sagesse, qu'elles donnent
la vie à leur possesseur.
14. Considere les œuvres de
Dieu : personne ne peut corriger
celui qu'il méprise.
15. Au jour heureux, jouis des
biens, et précautionne-toi contre
le mauvais jour; carcomme l'un,
ainsi il ἃ fait l’autre, sans que
l'homme trouve contre lui de
justes plaintes.
16. J'ai encore vu ceci dans les
jours de ma vanité : le juste périt
—M—————————————————————————————————————————0—7À
4. Mieux vaut la colère; c'est-à-dire le ton sévère, d'un homme juste, par exemple,
que le rire ou l'approbation du méchant, parce qu'en effet le regard sévère du pre-
mier et la tristesse de son visage peuvent faire sur 16 pécheur une impression salu-
taire, et le porter à se corriger.
8. L'oppression (calumnia). Voy. Prov., xiv, 31.
(cu. vis]
dans sa justice, et limpie vit
longtemps dans sa malice.
17. Ne sois point juste à l'excès,
ni plus sage qu'il n'est nécessaire,
pour que tu ne devieunes pas in-
sensible.
18. N'agis pas en impie à l'ex-
ces; et ne sois pas insensé, afin
que tu ne meures pas dans un
temps qui n'est pas le tien.
19. Il est bon que tu soutiennes
le juste; mais méme ne retire
pas de celui-là ta main, parce
que celui qui craint Dieu ne né-
glige rien.
20. La sagesse a rendu le sage
plus fort que dix princes d'une
cité.
91. Car il n'est pas d'homme
juste sur la terre qui fasse le bien
et ne peche point.
92. Mais surtout, à toutes les
paroles qui se disent, ne préte
pas ton cœur; de peur que tu
n'entendes ton serviteur te mau-
dire ;
23. Car ta conscience sait que
toi-même tu as fréquemment
maudit les autres.
24. J'ai tout tenté avec la sa-
cesse. J'ai dit : Je deviendrai sage,
L'ECCLÉSIASTE.
1377
etla sagesse s'est retirée bien
loin de moi
25. Beaucoup plus loin qu'elle
n'était, et: grande est sa profon-
deur; quila trouvera?
26. J'ai parcouru toutes choses
avec mon esprit, afin de savoir,
de considérer, et de chercher la
sagesse et la raison des choses,
et de connaitre l'impiété de l'in-
sensé et l'erreur des imprudents :
27. Et j'ai trouvé la femme plus
amere que la mort; elle est un
lacs de chasseur, son cceur est un
filet, ses mains sont des chaines.
Celui qui plait à Dieu lui échap-
pera; mais celui qui est pécheur
sera pris par elle.
28. Voilà ce que j'ai trouvé, dit
l'Ecclésiaste, une chose et une
autre, afin de trouver une rai-
son,
29. Que cherche encore mon
áme, et que je n'ai pas trouvée.
J'aitrouvé un hoinme entre mille ;
une femme entre toutes, je ne
l'ai pas trouvée.
30. J'ai trouvé cela seulement,
que Dieu a fait l'homme droit, et
que celui-ci s'est embarrassé lui-
méme dans des questions infinies.
21. III Rois, vir, 46; II Par., vi, 36; Prov., xx, 9; I Jean, 1, 8.
11. À l'excès; c'est le sens qu'a ici, comme dans bien d'autres passages, le multum
de la Vulgate. D'ailleurs le contexte, dans ce verset, suffirait seul pour le justifier.
18. N'agis pas, etc. Si le sage conseille, comme on vient de le voir, de ne pas ex-
céder dans la justice et la sagesse, à plus forte raison fera-t-il la même recomman-
dation, quand il s'agira du mal et de l'impiété. Ainsi, en défendant d'étre trop impie,
il ne permet pas pour cela de l'étre un peu; il veut dire seulement que puisque la
vie de l'homme ne peut étre sans défaut et sans péché, il faut au moins éviter les
grands désordres, les chutes trop fréquentes, les mauvaises habitudes. — Qui n'est
pas le tien; prématuré, avant ton temps.
19. De celui-là; c'est-à-dire de limpie, nommé au vers. 16. — Ne néglige rien;
aucune occasion de faire le bien.
30. Qui est tel que le sage? qui est semblable au sage? — Qui connait, etc.; qui est
assez éclairé pour comprendre ce qui vient d’être dit, et pouvoir donner la solution
compléte des grandes questions relatives à la condition présente des hommes, au
penchant qui les entraine au mal, à leur aveuglement et à leur état de misère? —
Dans le texte hébreu, les mots : Qui est... parole, forment le commencement du
A יז : 97
. o -
1378
Qui est tel que le sage? et qui
connait la solution de la parole?
CHAPITRE VIII.
Ne point s'éloigner des commandements
de Dieu. Patience de Dieu. Affliction
des justes. Prospérité des méchants.
1. La sagesse de l'homme tuit
sur son visage, et le tout-puis-
sant changera sa face.
2. Pour moi j'observe la bou-
che du roi, et les préceptes du
serment de Dieu.
3. Ne te hàte pas de te retirer
de devantsa face, et ne persévere
pas dans une œuvre mauvaise;
parce que tout ce qu'il voudra, il
le fera;
4. Et sa parole est pleine de
puissance; et nul ne peut lui
dire: Pourquoi faites-vous ainsi?
9. Celui qui garde le précepte
n'éprouvera rien de mal.Letemps
et la réponse, le cœur du sage les
comprend.
6. A toute chose est son temps
et son opportunité, et grande est
l'affliction de l'homme,
7. Parce qu'il ignore les choses
passées, et que les futures, il
ne peut les savoir par aucun mes-
sager.
8. Il n’est pas au pouvoir de
CnaP. VIII. 1. Supra, n, 14.
L'ECCLÉSIASTE
[cn. vrw.]
l'homme de retenir le souffle dela
vie; et il n'a pas de pouvoir au
jour de la mort; il ne lui est pas
permis de se reposer, la guerre
éclatant: et l'impiété ne sauvera
pas l'impie.
9. J'ai considéré toutes ces cho-
ses, et j'ai appliqué mon cœur à
toutes les œuvres qui se font sous
16 soleil Quelquefois l'homme do:
mine un homme pour son propre
malheur.
10. J'ai vu des impies ense-
velis, qui, lors méme qu'ils vi-
vaient, étaient dans le lieu saint
et étaient loués dans la cité,
comme si leurs ceuvres eussent
été justes; mais cela aussi est
vanité.
11. Car, parce que la sentence
n'est pas portée promptement
contre les méchants, les fils des
hommes, sans aucune crainte,
commettent le mal.
12. Et cependant, parce que le
pécheur, cent fois, fait le mal et
qu'avec patience il est supporté,
jai connu, moi, que le bien sera
pour ceux qui craignent Dieu, qui
révèrent sa face.
. 18. Que le bien ne soit pas
pour l'impie; que ses jours ne
soient pas prolongés ; mais que,
comme l'ombre, ils passent, ceux
chap. vin, et le sens de ce texte parait être : Qui sait l'explication des choses? D'au-
tant que l'hébreu dábár signifie chose aussi bien que parole (la Vulgate elle-même
l'a rendu, vni, 3, par opus), et qu'il s'emploie souvent pour le pluriel.
1. La sagesse luit, se fait remarquer sur le visage du sage, et le Tout-Puissant
change son visage, selon les circonstances; par exemple, il lui donnera un air triste
ou joyeux, selon que le sage se trouvera avec des gens qui seront dans la tristesse
ou dans la joie.
2. La 6ouche; c'est-à-dire ce qui sort de la bouche, les paroles, les ordres. On a déjà
remarqué que cette sorte de métonymie étail très usitée dans la Bible. — Les pré-
ceptes, etc., pour des préceples que Dieu a donnés avec serment.
10. Comme si leurs œuvres oussent élé justes; littér. comme de justes œuvres (quasi
fustorum operum); ce génitif est gouverné par le mot Ao»unes (viri) sous-entendu.
(cu. 1x.]
qui ne craignent pas la face du
Seigneur.
14. Hl. est une autre vanité
qui a lieu sur la terre; il y à
des justes à qui les maux arri-
vent, comme s'ils avaient fait
les œuvres des impies, et il y
a des impies qui vivent dans la
sécurité, comme s'ils avaient
pour eux les actions des justes;
mais cela aussi je le juge tres
vain.
15. J'ai donc loué la joie,
parce qu'il n'était, pour l'homme,
de bien sous le soleil que de
manger, de boire et de se ré-
jouir; et que c'était cela seul
qu'il emportait avec lui de son
travail durant les jours de sa
vie, que lui a donnés Dieu, sous
le soleil.
16. Et j'ai appliqué mon cœur
à connaitre la sagesse, et à com-
prendre la tension d'esprit qui
regne sur la terre. Il est tel
homme qui, les jours et les
L'ECCLÉSIASTE.
1579
nuits, ne prend pas de sommeil
pour ses yeux.
11. Et j'ai compris que l'homme
ne peut trouver aucune raison
de toutes les ceuvres de Dieu, qui
se font sous le soleil, et que plus
il travaille pour chercher, moins
il trouve. Quand méme le sage
dirait qu'il sait, il ne pourra rien
irouver.
CHAPITRE IX.
Nul ne sait s'il est digne d'amour ou de
haine. Egale condition des bons et des
méchants en ce monde. Faire le bien
tandis qu'on le peut. Sagesse du
pauvre méprisée.
1. J'ai agité toutes ces choses
dans mon cœur, afin de tácher
de les comprendre. Il y a des
justes et des sages, et leurs
œuvres sont dans la main de
Dieu : et cependant l'homme ne
sait s'il est digne d'amour ou de
haine ;
2. Mais toutes choses sont ré-
15. Le but de l'auteur dans ce verset n'est nullement de recommander une vie
molle et voluptueuse. Voy. 11, 24.
16. * La 4e et dernière section du livre de l'Ecclésiaste commence ici au verset 16
et elle s'étend jusqu'au chapitre xir, 7. Elle donne le résumé des recherches et des ex-
périences des trois sections précédentes et la conclusion finale. Il est impossible à la
sagesse humaine d'approfondir l’œuvre de Dieu, vur, 16-17; les bons, comme les
méchants, sont soumis à la Providence dont la volonté est inscrutable, 1x, 1-2; ils
doivent mourir et étre oubliés, ix, 2-6; nous devons donc jouir de la vie en attendant ,
la mort, ix, 1-10; le succes ne récompense pas toujours les efforts de l'habile et du
sage, 1x, 11-12; la sagesse, quoique avantageuse en bien des cas, est souvent un objet
de mépris pour la folie, ix, 13-x, 3. Nous devons étre patients et obéir à ceux qui
gouvernent, méme quand ils sont injustes, parce que la résistance ne ferait qu'ac-
croitre nos maux, x, 4-11: la prudence dans les choses de la vie vaut mieux que la
folie, x, 12-20. Il faut être charitable, dussions-nous faire des ingrats, car ceux à
qui nous faisons du bien peuvent après tout nous en être reconnaissants, xr, 1-2.
Nous devons toujours travailler, puisque nous ignorons lesquels de nos efforts seront
couronnés de succès, et rendre par ce travail la vieagréable, xr, 3-8. Néanmoins, comme
tout cela ne satisfait point l'àme, l'Ecclésiaste conclut en définitive que la pensée du
jugement dernier doit étre la régle de notre vie, xr, 9-10, et que nous devons vivre
depuis notre jeunesse jusqu'à la vieillesse dans la crainte de Dieu et du jugement
final, dans lequel tout sera expliqué, xu, 1-1.
1. Afin de lâcher de les comprendre; littér. afin de les comprendre avec soin, uvec
empressement de savoir (curiose).
1380
servées pour l’avenir, étant in-
certaines dans le présent, parce
que tout arrive également au
juste et à l'impie, au bon et au
méchant, au pur et à l'impur, à
celui qui immole des victimes et
à celui qui méprise les sacrifices ;
comme est le bon, ainsi est le
pécheur; comme est le parjure,
ainsi est celui-là méme qui jure
la vérité.
3. Ce qu'il y a de plus fâcheux
parmi toutes les choses qui se
passent sous le soleil, c'est que
les mémes choses arrivent à
tous : de là aussi les cœurs des
fils des hommes sont remplis de
malice et de mépris durant leur
vie, et aprés cela ils seront con-
duits aux enfers.
4. Il n'est personne qui vive
toujours et qui en ait méme l'es-
pérance : mieux vaut un chien
vivant qu'un lion mort.
5. Car les vivants savent qu'ils
doivent mourir; mais les morts
ne connaissent plus rien, et ils
n'ont plus de récompense, parce
qu'à l'oubli a été livrée leur mé-
moire.
6. L'amour aussi et la haine et
l'envie ont péri avec eux, et ils
n'ont point de part en ce siecle,
ni dans l'eeuvre qui se fait sousle
soleil.
1. Va donc et mange ton pain
dans l'allégresse, et bois ton vin
dans la joie; parce qu'à Dieu plai-
sent tes ceuvres. |
8. Qu'en tout temps tes véte-
ments soient blancs, et que l'huile
ne cesse pas de parfumer ta tête.
L'ECCLÉSIASTE.
[cH. 1x.]
9. Jouis complètement de la
vie avec l'épouse que tu aimes
tous les jours de ta vie fugitive,
jours qui t'ont été donnés sous
le ciel, durant tout le temps de ta
vanité : car c'est là ta part dans la
vie et dans ton travail auquel tu
travailles sous le soleil.
10. Tout ce que peut faire ta
main, fais-le promptement, parce
que ni œuvre, ni raison, ni sa-
gesse, ni science ne seront aux
enfers, oü tu cours.
11. Je me suis tourné vers
une autre chose, et j'ai vu sous le
soleil que la course n'est pas pour
les prompts, ni la guerre pour
les vaillants, ni le pain pour les
sages, ni les richesses pour les
savants, ni la faveur pourles ou-
vriers habiles, mais le temps et le
hasard font toutes choses.
19. L'homme ne connait pas
sa fin : et comme les poissons
sont pris à l'hamecon, et comme
les oiseaux sont retenus par le
lacs, ainsi sont pris les hommes
par un temps mauvais, lorsque
tout d'un coup il leur survient.
13. J'ai aussi vu sous le soleil
cette sagesse, et je l'ai estimée
ires grande :
14. Une petite cité, et peu
d'hommes en elle : il vint contre
elle un grand roi, il l'investit, bà-
tit des forts autour, et le siege
fut complet.
15. Or, il s'y trouva un homme
pauvre et sage, et il délivra la
ville par sa sagese ; et nul dans la
suite ne se ressouvint de cet
homme pauvre.
5. Ils n'ont plus de récompense; c'est-à-dire ils n'ont plus aucun moyen de mériter
la récompense qui leur était promise, et qu'ils ont négligée.
1. Va donc, etc. Voy., pour le vrai sens de ces paroles, 11, 24,
(cu. x.]
16. Et je disais, moi, que la sa-
cesse vaut mieux que la force.
Comment donc la sagesse du
pauvre a-t-elle été méprisée, et
ses paroles n'ont-elles pas été
écoutées?
17. Les paroles des sages sont
écoutées en silence, plus que les
cris du prince parmi les insensés.
18. Vaut mieux la sagesse que
les armes guerrieres : et celui
qui peche en un seul point perdra
de grands biens.
CHAPITRE X.
Suites funestes de l'imprudence. Impru-
dents et esclaves élevés en dignité.
Caractère du médisant. Roi enfant.
Prince débauché. Ne point médire du
roi.
1. Les mouches mourant gátent
la suavité d'un parfum. Une folie
légère et de courte durée prévaut
sur la sagesse et la gloire.
2. L.. cœur du sage est dans sa
droite, et le cœur de l'insensé
dans sa gauche.
3. Mais méme Flinsensé qui
marche dans sa voie, comme il
est lui-méme dépourvu de sa-
gesse, il estime tous les hommes
insensés.
L'ECCLÉSIASTE.
1381
4. Si l'esprit de ceiui qui a le
pouvoir s'élève contre toi, ne
quitte pas ta place, parce que le
remède fera cesser les plusgrands
péchés.
5. Il est un mal que j'ai vu sous
le soleil, sortant comme par er-
reur de la face du prince :
6. L'insensé élevé à une haute
dignité, et des riches assis en
bas.
7. J'ai vu des esclaves sur des
chevaux, et des princes mar-'
chant sur la terre comme des es-
claves.
8. Celui qui creuse une fosse y
tombera, et celui qui détruit une
haie, un serpent le mordra.
9. Celui qui transporte des
pierres en sera meurtri ; et celui
qui fend du bois en sera blessé.
10. Si le fer a perdu son tran-
chant, et qu'il ne soit pas comme
auparavant, mais qu'il soitémous-
sé, c'est avec beaucoup de travail
qu'on l'aiguisera : ainsi apresl'ap-
plication viendra la sagesse.
11. Si un serpent mord dans le
silence, celui qui médit en ca-
chette n’a rien de moins que ce
serpent.
19. Les paroles de la bouche du
Car. X. 8. Prov.. xxvi, 27; Ecclós., xxvir, 29.
1. Les mouches qui meurent dans un parfum en font perdre la bonne odeur. — Une
folie, etc. Il y a une certaine folie qui l'emporte sur la sagesse et la gloire. Pour
étre véritablement sage, il faut devenir insensé aux yeux du monde. Or, cette folie,
suivant saint Paul, vaut mieux que toute la prétendue sagesse humaine, qui, en effet,
selon le même apótre, n'est que folie devant Dieu. Voy. I Corinth., 1, 25; 11, 18.
4. Si l'esprit, etc. Le sens le plus naturel de ce verset est : Si un grand, un homme
puissant est irrité contre toi, ne quitte pas ta place; c'est-à-dire ne te décourage pas,
mais sois modéré et doux; car, par ce moyen, tu éviteras et tu feras éviter les plus
grandes fautes. Remarquons que le terme hébreu rendu dans la Vulgate par remede
(curatio) signifie aussi modération, douceur, soit dans les paroles, soit dans la manière
d'agir; signification qui convient parfaitement dans ce passage.
9. Sortant, etc.; c'est-à-dire qu'on ne peut considérer que comme une faute d'igno-
rance du prince, comme un manque de sagesse ou d'attention de sa part.
11. N'a rien de moins, etc.; le médisant ne diffère en rien du serpent; il n'est pas
moins dangereux,
1982
lèvres de l’insensé le précipite-
ront;
13. Le commencement de ses
paroles est la folie, et la dernière
de sa bouche une erreur tres fu-
nesle.
14. L'insensé multiplie les pa-
roles. L'homme ignore ce qui à
été avant lui; et ce qui doit êlre
apres lui, qui pourra le lui indi-
quer?
15. Le travail des insensés les
affligera, eux qui ne savent pas
aller à la ville.
16. Malheur à toi, terre dont le :
roi est un enfant, et dont les
princes mangent des le matin.
17. Bienheureuse la terre dont
leroi estnoble, et dont les princes
mangent en leur temps, pour se
refaire et non pour la sensua-
lité.
18. Parla paresse s'affaissera la
charpente ; et par la faiblesse des
mains dégouttera la maison.
19. Les vivants emploient le
pain en divertissement, et le vin
pour leurs festins ; et à l'argent
toutes choses obéissent.
20. Dans ta pensée ne médis
pas du roi, et dans le secret de
ta chambre ne maudis pas le ri-
che, parce que méme les oiseaux
du ciel porteront ta voix, et celui
qui a des ailes publiera {on sen-
timent.
L'ECCLÉSIASTE.
sage sont pleines de grâce ; ct les |
(CH. xi.]
CHAPITRE XI.
Faire l'aumóne. OEuvres de Dieu incon-
nues. Avoir sans cesse devant les yeux
le jugement de Dieu. Vanité de la
jeunesse.
1. Répandston pain surles caux
qui passent; parce qu'après beau-
coup de temps tu le trouveras.
9. Donnes-en une part àsept οἱ
méme à huit : parce que tu igno-
res ce qui doit arriver de mal sur
la terre.
3. Si les nuées sont pieines,
elles répandront la pluie sur la
terre. Si l'arbretombe au midi ou
à laquilon, en quelque lieu qu'il
tombe, il y sera.
4. Celui qui observe le vent ne
seme pas; et celui qui cousidère
les nuées jamais ne moissounera.
5. Comme tu ignores quelle est
la voie de l'àme, et de quelle ma-
niere sont liés les os dans le sein
d'une femme enceinte; ainsi ₪
ne sais pas les œuvres de Dieu, qui
est 16 créateur de toutes choses.
0. Desle matin, sème ton grain,
et que, le soir, 18 main ne cesse
pas; parce que tu ne sais pas le-
quel lèvera plutôt, celui-ci ou ce-
lui-là : et 51} πῃ et l'autre /évent
ensemble. ce sera mieux.
7. Douce est 18 lumiere : et il
est délectable aux veux de voir
le soleil.
8. Si un homme ἃ vécu un
45. Le travail, etc. L'insensé est si paresseux, que tout travail le lasse et t'accable;
il est en méme temps si ignorant et si stupide, qu'il ignorc jusqu'au chemin de la
ville.
1. Répands ton pain, etc. Le vrai sens de ce verset parait être : Jette ton pain dans
l'eau qui passe, comme si tu n'espérais pas de lc revoir; c’est-à-dire fais du bien
méme aux ingrats ou aux malheureux, de qui tu n'as rien à attendre, parce que,
plus tard, tu en recevras la récompense. Cette interprétation semble étre autorisée
par un passage de l'Evangile de saint Luc (xiv, 12-14).
3. Il y sera; c'est-à-dire il y restera
[cg. xu.]
grand nombre d'années, et qu'en
tout il se soit réjoui, il doit se
souvenir des temps de ténèbres
et de ces jours nombreux, qui,
lorsqu'ils seront venus, convain-
cront de vanité tout le passé.
9. Réjouis-toi donc jeune hom-
me, en ton adolescence; et
qu'heureux soit ton cœur dans
les jours de tà jeunesse ; marche
dans les voies de ton cœur et
danslesregards detes yeux ; mais
sache que pour toutes ces choses
Dieu t'appellera en jugement.
10. Bannis la colere de ton
cœur, et écarte la malice de ta
chair. Car l'adolescence et la vo-
lupté sont choses vaines.
CHAPITRE XII.
L'ECCLÉSIASTE.
1533
1. Souviens-toi de ton Créateur
dans les jours de ta jeunesse
avant que vienne le temps dt
l'afffiction, et qu'approchent les
années dont tu diras : Elles ne
me plaisent pas ;
2. Avant que le soleil s'obscur.
cisse, ainsi que 18 lumiere, la lune
et les étoiles, et que retournent
les nuées après la pluie :
3. Lorsque les gardes de la mai-
son seront ébranlés, et que chan-
celleront les hommes les plus
forts; que celles qui ont accou-
tumé de moudre seront oisives et
en petit nombre, et que seront
couverts de ténèbres ceux qui
regardaient par les trous ;
4. Et qu'on fermera les portes
sur la rue, àlafaible voix de celle
qui moud ; et qu'on se lèvera à la
voix de l'oiseau, et que devien-
dront sourdes toutes les filles du
chant.
Ne pas attendre la vieillesse pour servir
le Seigneur. Enigme de la vieillesse.
Vanité des choses du monde. Craindre
Dieu et observer ses commandements.
9. Qu'heureuz soit; littér. et par hébraisme, dans le bien, le bonheur soit.
10. Ta chair; hébraisme, pour {on corps, ta personne, toi.
4. Avant que vienne, etc. Cette phrase et les suivantes, jusqu'à la fin du vers. 4,
sont sous la dépendance de la proposition Souviens-toi de lon Créateur, dont elles
forment l'apodose. — Le temps de l'affliction ; c'est-à-dire de la vieillesse.
2. Le soleil, la lumière et les étoiles; c'est-à-dire l'entendement, la mémoire, le rai-
sonnement; en un mot, les différentes facultés de l'esprit humain. — Avant que les
nuées, etc.; ces paroles marquent une suite de maux qui se succèdent les uns aux
autres.
3. Les gardes de la maison, etc. Le corps de l'homme est comparé ici à une maison,
de méme que dans Job, 1v, 19, et dans saint Paul (II Corinth., v, 1). Or, les gardes
sont les bras et les mains. — Celles qui, etc.; signifient les dents qui, chez les vieil-
lards, sont ordinairement en petit nombre, et ne peuvent plus mâcher, ni mordre les
aliments, et sont, par conséquent, oisives. — Ceux qui regardaient ; c'est-à-dire les
yeux. L'hébreu et les Septante portent celles qui regardaient; ce qui se conçoit d'au-
tant plus aisément que, dans la langue hébraïque, le mot yeux est féminin. — Par
les trous; par les orbites, les cavités du crâne où les yeux sont placés.
4. Et qu'on fermera, etc: Ces portes sont apparemment les lèvres que les vieillards
ferment en mangeant, étant obligés de serrer leurs máchoires et leurs gencives, pour
mácher avec elles, à défaut de leurs dents. — La rue ou la place publique (platea)
désigne vraisemblablement ici le creux de la bouche. — 4 /a faible voix; littér. et
par hébraisme, à la faiblesse de la voix. — Celle qui moud, peut s'entendre de la
bouche elle-méme, ou d'une des dents molaires. Compar. verset précédent. — Qw'on
se lèvera, etc. Le sommeil des vieillards est court et souvent interrompu; le moindre
chant d'un petit oiseau les réveille. — Les filles du chant, sont proprement les organes
de la voix, tels que les poumons, l'épiglotte, les dents, les lévres, etc., comme aussi
1984
$. On craindra aussi les lieux
élevés, et on s'épouvantera dans
la voie. L'amandier fleurira, la
sauterelle engraissera, le cáprier
se dissipera; parce que l'homme
‘s’en ira dans la maison de son
éternité, et les pleureurs parcour-
ront la place publique.
6. Souviens-toi de ton Créateur,
avant que le cordon d'argent se
L'ECCLÉSIASTE.
]01. χπ.]
rompe, et que 18 bandelette d'or
se retire, et que 18 cruche se brise
sur la fontaine, et que la roue se
rompe sur la citerne;
7. Et que la poussière retourne
dans 18 terre d'où elle était sor£ze,
et que l'esprit revienne à Dieu
qui l'a donné.
8. Vanité des vanités, dit 186 -
clésiaste, et tout est vanité.
les oreilles, qui, dans la vieillesse, n'entendent plus et, par conséquent, sont entière-
ment insensibles à toute espèce de chant et d'harmonie. L'Ecriture nous en offre un
exemple dans la personne du vieillard octogénaire Berzellaï (II Rois, xix. 35). Nous
ferons observer, à cette occasion, qu'en hébreu l'expression fils ou fille d'une chose
se donne à tout ce qui dépend de cette chose, à tout ce qui lui appartient, à tout ce
qui a un rapport avec elle. — * L'image tirée de la faible voix de celle qui moud est
trés naturelle en Palestine. Le bruit dela meule qui écrase le grain caractérise les
lieux habités en Orient, comme le bruit des voitures caractérise les grandes villes de
l'Occident. On l'entend. encore aujourd'hui quand on passe dans les rues des villes et
des villages et prés des campements arabes. — Les figures et les métaphores em-
ployées dans cette description de.la vieillesse peuvent nous paraître bien recherchées,
mais elles sont. tout à fait dans le goût des Orientaux. A la fin d'un manuscrit
syriaque de la Sainte Ecriture, le copiste a écrit cette prière : > Daigue, Seigneur,
ne pas nous priver de la récompense des cinq sœurs jumelles qui 56 sont fatiguées
à travailler, et des autres sceurs qui leur ont prété le secours du regard pour semer,
avec la vertu de 1 Esprit Saint et les ailes d'un oiseau, leur semence dans un champ
paisible. » Les ciuq sœurs jumelles sont les cinq doigts de la main qui a écrit; les
deux autres sœurs jumelles sont les deux yeux qui ont In le manuscrit copié; les
ailes del'oiseau ont fourni les plumes pour écrire, le champ est le papier ou le par-
chemin et la semence, ce sont les pensées.
5. On craindra aussi, etc. Les vicillards craindront de monter, parce que leurs
jambes ne sont plus flexibles, ni leur poitrine et leur respiration libres et dégagées ;
et dans le chemin méme, ils marcheront avec peine, et toujours dans l'appréhension
de trébucher, de rencontrer un sentier raboteux et inégal. — L'amandier fleurira;
c'est-à-dire que les cheveux des vieillards paraitront comme la fleur de l'amandier,
qui fleurit blanc. — La sauterelle engraisseru; c'est-à-dire, comme porte l'hébreu,
deviendra lourde et pesante; en sorte qu'elle ne pourra plus ni voler, ni sauter;
autre image de l'homme parvenu à la vieillesse. — Le cáprier se dissipera. Cet abris-
seau, s'entr'ouvrant, produit une fleur blanche qu: tombe bientôt, et qui découvre
une espèce de gland oblong. Or, celle Îeur représente assez naturellement les che-
veux blanes qui tombent de la téte des vieillards, et qui la leur laissent toute peléo
et toute chauve. — La maison de son élernilé ; c'est-à-dire le tomibeau, οὐ il demeu-
rera jusqu'à la fin du monde.
6. Souviens-tor de ton Créateur. Ces mots du 1% verset sont évidemment sous-
entendus; sans eux, le sens des versets 6 et 7 resterait suspendu et serait incomplet,
— Le cordon d'argent, et la bandelette d'or figurent probablement les liens qui
altachent à la vie. — La cruche qui se brise sur la fontaine peut signifier le cœur qui
se brise à la source de la vie, et a roue qui se rompt sur la cilerne, les poumons qui
n'aspirent plus l'air.
7. Ce verset suffit pour venger l'auteur de l'Ecclésiaste du reproche de matérialisme ;
il est impossible de s'exprimer d'une maniére plus claire sur le dogme de la survi-
vance de l'àme au corps.
8. * L'épilogue xu, 8-14, contient la solution du probléme énoncé dans le prologue.
Tous les efforts de l’homme pour obtenir la félicité complète sur la terre sont vains,
xn, 8; l'expérience de. Salomon, le plus sage des hommes, qui a essayé de tout, en
[cu. xn.]
9 Et comme l'Ecelésiaste étai:
très sage, il enseigna le peuple,
et raconta ce qu'il avait fait; el
dans ses recherches, il composa
un grand nombre de paraboles.
10. H chercha des paroles utiles,
et écrivit des discours tres justes
et pleins de vérité.
11. Les paroles des sages sont
comme desaiguillons, comme des
clous profondément enfoncés,
lesquelles, avec le conseil des
maîtres, ont été données par un
seul pasteur.
L'ECCLÉSIASTE, 1385
12. Ne recherche rien de plus,
mon fils. Il n'y a point de fin à
multiplier les livres : et une fré-
quente méditation est l'affliclion
de la chair.
13. Ecoutons tous pareillement
la fin de ce discours. Crains Dieu,
et observe ses commandements:
car c'est là tout l'homme;
14. Quant à toutes les choses
qui se font, Dieu les appellera en
jugement, pour tout ce qui aura
été commis par erreur, que ce soit
bien ou mal.
est la preuve, xi, 9-10. Les livres sacrés, qui nous apprennent la vraie sagesse, con-
duisent à la vraie félicité, xir, 11-12 : ils nous apprennent qu'il y a un juge équitable
qui, au grand jour du jugement, nous rendra selon nos œuvres. La règle de la vie,
c'est donc de le craindre et de garder ses commandements, c'est-à-dire de pratiquer
fidèlement la religion, xit, 13-14. C'est par conséquent Dieu, la pensée de Dieu, qui
résout le probléme de la destinée de l'àne que s'est posé l'Ecclésiaste. Si Dieu n'in-
tervient pas personnellement dans ce livre, comme dans celui de Job, avec lequel il
a tant de ressemblance par le sujet, c'est lui du moins qui donne la solution comme
dans Job. Dieu est toujours présent à Salomon; il ne le nomme pas moins de
31 fois dans douze chapitres; c'est bien le crains Dieu qui est le devoir de l'homme,
v, 6; xir 13, d'où dépend sa félicité, viir, 12, et son sort définitif, vir, 18 (Vulg., 19);
xi, 9; xii, 14. Telle est la pensée dominante de l'Ecclésiaste et l'explication du livre.
CANTIQUE DES CANTIQUES.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES
1. L'expression Cantique des cantiques est un idiotisme hébreu qui signifie :
' le plus beau, le plus excellent des cantiques. Ce cantique, vrai chant d'amour, ex-
prime les sentiments tout à la fois les plus ardents et les plus tendres, et respire
toutes les douceurs de cette affection. C'est l'entretien d'un époux et d'une
épouse qui s'expriment leur amour. L'un parait tour à tour sous les titres de
berger, de roi, et sous le nom de Salomon, et l'autre alternativement sous ceux
d'une bergère, d'une épouse, et elle porte le nom de Sulamite, quiest trés vrai-
semblablement le féminin de Salomon. L'auteur introduit de jeunes vierges qui
accompagnent l'épouse, et qui prennent plusieurs fois la parole, et de jeunes
amis de l'époux; mais ceux-ci ne sont que des personnages muets.
9. Nous regardons comme plus probable que ce cantique est purement allé-
gorique, et qu'il doit étre entendu uniquement de l'amour mutuel de Dieu et
de son Église. C'est le sentiment de Théodoret, qui cite comme le partageant,
non seulement Eusébe, Origéne, saint Cyprien et les Péres qui touchaient aux
temps apostoliques, mais encore ceux qui sont venus aprés ces trois illustres
docteurs. On a prétendu, il est vrai, que Salomon avait décrit d'une maniére
obscene les parties du corps de l'épouse; mais, pour se convaincre du contraire,
il suffit de remarquer : 1? que la simplicité du langage est toujours en propor-
tion avec la simplicité des mœurs, et que, par conséquent, un peuple simple
parle simplement et sans détour. Or, le peuple hébreu, qui était incontestable-
ment dans cet état de simplicité naturelle, ne s'offensait nullement de certaines
descriptions qui frappent et blessent nécessairement notre imagination cor-
rompue ; 2? que dans l'Orient les hommes, ne vivant pas avec les femmes, s'ex-
priment très librement entre eux, et ne connaissent pas cette réserve que
nécessite, chez les Occidentaux, le mélange des deux sexes. Cette observation est
aussi applicable aux femmes, qui, de leur cóté, ne sont pas moins libres entre
elles. De méme que dans ces climats la nudité presque entiére ne choque pas
les yeux, de méme aussi la plus grande liberté dans les expressions n'offense
nullement les oreilles; 3° que les descriptions qui nous paraissent trop libres ne
sont pas mises dans la bouche des personnes étrangéres, mais dans celle de
l'époux et de l'épouse ou de ses compagnes, ce qui fait que le decorum est ob-
servé ; 4? que la plupart des peuples de l'Orient dépeignent l'amour mutuel de
Dieu et de ses plus fidéles adorateurs sous des images empruntées de l'amour
sensuel ; 5? enfin que, comme les personnages réels du Cantique sont Dieu et son
CANTIQUE DES CANTIQUES. — OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 1387
Église, cette description des parties du corps devenait nécessaire pour exprimer
les qualités ineffables de ces divins époux. Au reste les Juifs ne permettent la
lecture de ce livre qu'aux gens mariés el âgés au moins de trente ans; et, si
chez les chrétiens la méme défense n'existe pas expressément, les directeurs des
àmes ont soin de l'interdire aux personnes pour lesquelles elle pourrait étre une
pierre d'achoppement, se conformant en cela au sentiment de saint Bernard,
qui veut que le Cantique ne soit confié qu'à des esprits et à des oreilles
chastes. Voyez au surplus notre /ntroduction, t. 1v, ou notre Abrégé d'Introduc-
tion où nous avons réfuté les diverses attaques dont ce livre divin a été l'objet
de la part surtout des exégétes modernes.
3. Quant aux comparaisons qu'on rencontre dans le cours de ce livre, et qui
peuvent nous paraitre d'une exagération poussée quelquefois jusqu'au ridi-
cule, il faut se rappeler qu'elles sont tout à fait dans le goüt du génie oriental,
et que souvent, si elles nous choquent, c'est uniquement parce que, malgré
tous les efforts des plus habiles interprétes, nous n'avons que des notions
fort imparfaites de la plupart des objets qui font la matière de ces compa-
raisons. (J.-B. GLAIRE.)
* 4. Le titre hébreu du Cantique l'attribue à Salomon, cf. ΠῚ Rois, 1v, 32, et
la tradition à peu prés universelle, juive et chrétienne, l'a toujours considéré
comme l’œuvre du fils de David. Un certain nombre de critiques modernes pré-
tendent, au contraire, que ce poème est de date plus récente ; quelques-uns ne
le font pas remonter au delà de l'époque d'Esdras et de Néhémie. Ils s'appuient
principalement, pour soutenir leur opinion, sur les aramaismes ou expressions
chaldéennes qu'on rencontre dans l'original. Mais cette raison n'est pas fondée.
Les meilleurs connaisseurs rapportent le Cantique à l'âge d'or de la littérature
hébraique, et les quelques mots étrangers qu'on y rencontre s'expliquent trés
bien parles goüts exotiques de Salomon, ou par de légers changements intro-
duits aprés la captivité par les copistes. Le langage est d'ailleurs, dans son en-
semble, conforme à celui qu'on s'attend à trouver dans la bouche du célèbre
monarque, les images qu'il emploie sont celles de son époque, 1, 5, 9 ; ur, 7-10 ;
Iv, 4 ; viu, 11, etc. ; il aime à mentionner les animaux et les plantes, la tourte-
relle, la biche, le troéne, etc., cf. ΠῚ Rois, 1v, 33, les objets précieux, l'ivoire, le
marbre, 16 saphir, etc. ; son style, par les mots et par les tournures, se rapproche
de celui des Proverbes autant que le comporte la nature différente du genre et
du sujet.
CHAPITRE PREMIER.
Désirs ardents de l'Epouse. Affection
mutuelle des Epoux.
1. L'Epouse. Qu'il me baise d'un
baiser de sa bouche ; car tes ma-
melles sont meilleures que le vin,
2. Odorantes comme les par-
fums les plus précieux. C'est une
huile répandue que ton nom :
cest pour cela que les jeunes
filles t'ont chéri.
3. Entraine-moi; après toi
nous courrons à l'odeur de tes
parfums. Le roi m'a introduite
dans ses celliers; nous exulte-
rons et nous tressaillirons d'al-
légresse en toi, nous souve-
nant de tes mamelles supérieures
au vin : les cœurs droits te chré-
rissent.
4. Je suis noire, mais je suis
belle, ὃ filles de Jérusalem,
comme les tabernacles de Cé-
dar, comme les pavillons ‘de Sa-
lomon.
CANTIQUE DES CANTIQUES.
].1 .אס]
ὃ. Ne considérez pas que je
suis hâlée, parce que le soleil
m'a décolorée : les fils de ma
mere se sont élevés contre moi,
ils m'ont placée à la garde des
vignes, je n'ai pas gardé ma pro-
pre vigne.
6. Indique-moi, ὃ toi que ché-
rit mon àme, oü tu fais paitre,
oü tu te reposes à midi, afin que
je ne m'expose pas à m'égarer à
la suite des troupeaux de tes
compagnons.
7. L'Eroux. Si tu ne te connais
pas, ó la plus belle d'entre les
femmes, sors et va sur les traces
des troupeaux, et pais tes che-
vreaux pres des tabernacles des
pasteurs.
8. A mes coursiers attelés aux
chars de Pharaon, je t'ai compa-
rée, mon amie,
9. Tes joues sont helles comme
le plumage de la tourterelle ; ton
cou est comme des colliers.
10. Nous vous ferons des chai-
nes d'or, marquetées d'argent.
1. Le changement subit de personne est un des idiotismes de la langue biblique.
— Des mamelles sont données à l'époux, parce que Dieu aime son peuple comme
une mère (Isaïe, Lxvi, 13) et qu'il le porte sur son sein (Isaie, xLvi, 3), ou parce que la
doctrine divine est appelée un lait spirituel dont les enfants de Dieu se nourrissent
(I Pierre, τι, 1).
3. Dans ses celliers. Chez les anciens le cellier n'était pas une cave obscure, mais
un lieu élevé de la maison où l'on mettait non seulement le vin, mais encore d'autres
provisions et tout ce qu'on avait de plus précieux;ce lieu était voisin de la chambre
nuptiale. Homère nous apprend, en effet, que dans le palais d'Ulysse on conservait
le vin et l'huile dans de grandes cruches rangées le long de la muraille dans un
appartement d'en haut, où était aussi beaucoup d'or, d'argent et d'habits, outre le lit
nuptial. Ainsi il n'est pas étonnant que l'Epouse dise plus d'une fois dans ce livre
qu'elle a été introduite dans le cellier de l'Epoux.
4. Les tabernacles ou tentes de Cédar ; c'est-à-dire des Arabes cédaréniens ou Scé-
nites, étaient de poils de chévres, lesquelles sont presque toutes noires en ce pays.
— Les pavillons ou tentes; littér. les peaux; parce que cette sorte d'habitations était
anciennement faite avec des peaux ; mais disons que les voyageurs qui nous dépeignent
les tentes des rois d'Orient, et celles de leurs vizirs et de leurs généraux, ne parlent
qu'avec admiration de leur beauté, de leur richesse et de leur magnificence.
6. * Où tu te reposes à midi. Les bergers se retirent à l'ombre ou sous un abri pen-
dantles heures les plus chaudes du milieu du jour.
8. A mes coursiers, etc. C'était sans doute l'attelage dont Pharaon, roi d'Egypte, son
beau-père, lui avait fait présent.
[cn. n.)
41. L'Epouse. Tandis que le roi
était sur son lit de table, mon
nard a répandu son odeur.
19. Mon bien-aimé est pour moi
un paquet de myrrhe; il demeu-
rera entre mes mamelles.
13. Mon bien-aimé est pour
moi comme une grappe de rai-
sin de cypre dans les vignes d'En-
gaddi.
14. L'Eroux. Vois que tu es
belle, mon amie ; vois que tu es
belle; tes yeux sont ceux des co-
lombes. .
15. L'Epouse. Voisque lu esbeau,
mon bien-aimé, et plein de grâce.
Notre lit est couvert de fleurs;
16. Les poutres de nos maisons
sont de cedres, nos lambris de
cyprès.
CHAPITRE 1.
L'Epoux et l'Épouse continuent à faire
mutuellement leur éloge. Leur ravis-
sement et leur fidélité.
1. L'Eroux. Je suis la fleur des
CANTIQUE DES CANTIQUES. 1589
champs et le lis des vallées.
9. Comme 16 118 entre les épi-
nes, ainsi est mon amie entre les
filles.
3. L'Epouse. Comme 16 pommier
est entre les arbres des forêts;
ainsi mon bien-aimé est entre les
fils des hommes. & l'ombre de
celui que j'avais désiré, je me suis
assise; et son fruit est doux à ma
bouche.
4. Il m'a introduite dans son
cellier à vin : il a ordonné, en
moi, la charité.
5. Soutenez-moi avec des fleurs,
fortifiez-moi avec des fruits, parce
que je languis d'amour.
6. Sa main gauche sera sous
ma téte, et sa main droite m'em-
brassera.
7. L'Eroux. Je vous conjure,
filles de Jérusalem, par 165 che-
vreuils et les cerfs des campa-
gnes, ne dérangez pas et ne ré-
veillez pasla bien-aimée, jusqu'à
ce qu'elle-méme le veuille.
41. * Mon nard. Voir la note sur Marc, xiv, 3.
12. * Les femmes dans l'Orient portaient sur elles des bouquets de myrrhe. Voir la
note sur Exode, xxx, 23.
13. Cypre; c'est le nom d'un arbrisseau, ayant la feuille semblable à celle de l'oli-
vier, la fleur blanche et odoraute, et les fruits pendants en grappes d'une odeur fort
agréable. On en cueillait à Engaddi, ville située non loin de Jéricho, et devenue
célébre par l'abondance de ses palmiers, de ses vignes et deses bananiers. — * « Le
eypre ou chypre, en hébreu cophér, est l'arbuste nommé par les Arabes Lhe»na ou
henné (Lawsonia inermis) dont les feuilles étaient employées par les Egyptiennes
pour se teindre les mains et les pieds et parfois les cheveux. Les Juives adoptérent
cette mode qui se répandit ensuite dans tout l'Orient. Cet arbuste porte de char-
mantes fleurs d'un jaune d'or rassemblées en grappe sur des tiges dont le vif incar-
nat contraste agréablement avec la fraiche verdure des feuilles. Ces fleurs étaient
fort estimées, pour leur suave odeur, par les femmes israélites; elles en faisaient des
bouquets qu'elles portaient dans leur sein et des couronnes dont elles ornaient leur
tête. » (E. RiwuEL.)
1. La plupart des Pères attribuent les paroles contenues dans le verset à l'Epoux
et non à | 'Epouse; le verset suivant, qui se lie parfaitement à celui-ci, nous a semblé
démontrer que ce sentiment est le véritable.
4. Dans son cellier. Noy.1, ὃ. — Il a réglé (ordinavil) en moi la charilé; c'est-à-dire,
comme l'exprime saint Thomas d'Aquin, il a mis en moi un amour bien régié, en
torte que je ne m'aimasse moi-même, et que je n'aimasse le prochain que pour Dieu,
et que j'aimasse Dieu lui-même par-dessus toutes choses.
1. Je vous conjure, etc. L'Epoux, sortant de grand matin de la chambre de son
1390
8. L'Erouse. Voix de mor bien-
aimé ! le voici qui vient, sautant
sur les montagnes, franchissant
les collines;
9. Mon bien-aimé est semblable
au chevreuil et au faon des bi-
ches : le voici qui se tient der-
riere notre muraille, regardant
par les fenêtres, observant au
travers des barreaux.
10. Voilà mon bien-aimé qui
parle : Lève-toi, hâte-toi, mon
amie, ma colombe, ma toute belle,
et viens.
11. Car déjà l'hiver est passé, la
pluie est partie, elle s’est retirée.
12. Les fleurs ont paru sur
notre terre, le temps de tailler
la vigne est venu : la voix de la
tourterelle a été entendue dans
notre terre;
13. Le figuier a poussé ses fi-
gues vertes ; les vignes en fleurs
ont répandu leur odeur. Léve-
toi, mon amie, mon éclatante
beauté, et viens;
CANTIQUE DES CANTIQUES.
[cu. ur.]
^4. Ma colombe cachée dans les
trous de 18 pierre, dans le creux
du mur d'enclos, montre-moi ta
face, que ta voix retenlisse à mes
oreilles; car ta voix est douce et
ta face gracieuse.
15. Prenez-nous les petits re-
nards qui ravagent les vignes :
car notre vigne a fleuri.
16. Mon bien-aimé est à moi et
moi à lui, (qui se repait parmi les
lis)
17. Jusqu'à ce que le jour pa-
raisse et que les ombres s'en-
fuient. Retourne, sois semblable,
mon bien-aimé, au chevreuil et
au faon des biches sur lex mon-
tagnes de Béther. i;
CHAPITRE IT.
L'Epouse cherche son bien-aimé et le
trouve. L'Epoux dans les bras duquel
elle s'endort est comparé à Salomon,
et l'Epouse au lit et à la litiere de ce
monarque.
|. L’Erouse. Sur ma couche,
épouse, la laisse endormie, et conjure qu'on ne l'éveille pas. — * Par les chevreuils et
les cerfs. Ces animaux sont l'image de tout ce qui est beau et gracieux.
9.* Au travers des barreaux. Voir note sur Prov., vir, 6.
11, * L'hiver est passé, la pluie est partie. Les pluies cessent ordinairement en mars
en Palestine et leur cessation marque la fin de l'hiver.
12.* Les fleurs ont paru sur notre terre. En mars, la Palestine est un tapis de fleurs,
— La voix de la tourterelle a élé entendue dans notre terre. Les tourterelles sont
dans la Terre Sainte des oiseaux de passage qui y reviennent au printemps : leur
voix annonce le retour de cette saison agréable entre toutes, car elles arrivent les
premières parmi les oiseaux de passage et se font entendre partout et sans cesse.
13. * Ses figues vertes, les premières figues. Le figuier en Palestine produit deux ou
méme trois récoltes, en juin, en aoüt et à l'entrée de l'hiver. Dés que l'hiver finit, les
premiéres figues commencent à pousser sur l'arbre.
15. * Les petits renards, proprement les chacals. Ces animaux font de grands ra-
vages dans les vignes.
16. Qui se repait parmi les lis; qui répand une odeur aussi agréable que s'il était
nourri de lis, et que s'il avait passé la nuit parmi les fleurs les plus odorantes. Ce
menbre de phrase est détaché de ce qui précède et de ce qui suit; voilà pourquoi
nous l'avons mis entre deux parentheses.
11. Les montagnes de Béther; selon les Septante, montagnes de cavités. On ne sait
au juste quelles étaient ces montagnes; mais on peut supposer qu'elles étaient très
agréables et remplies de gibier, puisque l'Epouse compare son bien-aimé aux che-
vreuils et aux faons de biches qui les habitaient. — * D'apres Eusébe, la montagne
de Béther était à deux milles de Jérusalem.
pea. .ץז CANTIQUE DES CANTIQUES 1391
pendant les nuits, j'ai cherché 7. Voici la couche de Salomon :
celui que chérit mon âme; je | soixante vaillants guerriers des
l'ai cherché et ne l'ai pas trouvé. | plus vaillants d'Israël l'environ-
9. Je me lèverai, et je ferai | nent,
le tour de la cité : dans les bourgs 8. Tous portant des glaives et
et les places publiques, je cher- | très habiles dans les combats;
cherai celui que chérit mon âme; | chacun a son glaive sur sa cuisse,
je lai cherché et ne l'ai pas | à cause des craintes de la nuit.
trouvé. 9. Le roi Salomon s'est fait une
3. Elles m'ont rencontrée, les | litiere de bois du Liban ;
senlinelles qui gardent la cité : 10. Il en a fait les colonnes d'ar-
Celui que chérit mon âme, est-ce | gent, le dossier d'or, le siège de
que vous ne l'avez pas vu? pourpre : le milieu, il l'a couvert
4. Lorsque je les ai eu un peu | de ce qu'il y a de plus précieux à
dépassées, j'ai rencontré celui | cause des filles de Jérusalem.
que chérit mon àme : je l'ai saisi 41. Sortez et voyez, filles de
et je ne le laisserai pas aller, jus- | Sion, le roi Salomon avec le dia-
qu'à ce que jel'introduise dansla | deme dont 16 couronna sa mère
maison de ma mère, et dans la | au jour de ses noces, et au jour
chambre de celle qui m'a donné | de la joie de son cœur.
le jour.
5. L'Erovx. Je vous conjure, CHAPITRE IV.
filles de Jérusalem, par les che-
vreuils et les cerfs des campa-
gnes, ne dérangez pas, et ne ré-
veillez pas la bien-aimée, jusqu'à 1. L'Eroux. Que tu es belle,
ce qu'elle-méme le veuille. mon amie, que tu es belle! Tes
6. Les ritLLES DE JÉnUsALEM. | yeux sont les yeux de lacolombe,
Quelle est celle-ci, qui monte par | sans ce qui, au dedans, est caché.
le désert comme une colonne de | Tes cheveux sont comme des
fumée d'aromates de myrrhe, | troupeaux de chèvres qui sont
d'encens, et de toutes sortes de | montées de la montagne de Ga-
poudres de parfums? laad.
Deseription de tout ce qui constitue la
beauté de l'Epouse.
5. Je vous conjure, etc. Voy. 11, 7.
6. Colonne; c'est le sens de l'hébreu, rendu dans la Vulgate par virgula.
8. A cause des craintes, etc.; c'est-à-dire à cause des surprises qu'on peut craindre
pendant la nuit. La coutume de mettre ainsi des gardes pour le lit du roi existait
aussi chéz les Romains. [
10. Le milieu, etc. Le media de la Vulgate est un pluriel neutre, qui signifie littér.
les choses du milieu. — De ce qu'il y a de plus précieux; littér. de cherlé (charitate);
hébraisme, pour de cher; daps la langue sacrée, en effet, les substantifs se mettent
souvent pour les adjectifs. — A cause; en faveur, pour être agréable.
11. Sorlez, etc. Les filles de la noce invitent les autres filles de Jérusalem à venir
voir Salomon orné du diadéme.
4. Qui sont montées; c'est-à-dire qui sont venues. Les Hébreux disaient monter et
descendre pour aller et venir, suivant la situation réciproque des lieux. — Ga/aad,
pays fécond en troupeaux, en pâturages et particulièrement en belles chèvres. — * La
1392
9. Tes dents sont comme des
troupeaux de 026078 tondues, qui
sont montées. du lavoir; toutes
portent un double fruit; et de
stérile, il n'en est point parmi
elles.
3. Tes lévres sont comme une
bandelette d'écarlate ; et ton par-
ler est doux. Comme est un quar-
lier de grenade, ainsi sont tes
joues, sans ce qui, au dedans, est
caché.
4. Ton cou est comme la tour
de David, qui a été bâtie avec des
créneaux : mille boucliers y sont
suspendus, e£ toute l'armure des
vaillants guerriers.
5. Tes deux mamelles sont
comme deux faons jumeaux de
chevreuil qui paissent parmi les
lis.
6. Jusqu'à ce que le jour pa-
raisse et que les ombres s'en-
fuient, j'irai à la montagne de la
myrrhe et àla colline de l'encens.
CANTIQUE DES CANTIQUES.
]68. iv.]
7. Tu es toute belle, mon amie,
et aucune tache n'est en toi.
8. Viens du Liban, mon épouse,
viens du Liban, viens : tu seras
couronnée du sommet d'Amana,
de la cime de Sanir et d Hermon,
des antres des lions, et des mon-
tagnes des léopards.
9. Tu as blessé mon cœur, ma
sceur, mon épouse, tu as blessé
mon cœur par l'un de tes yeux et
par un cheveu de ton cou.
10. Combien belles sonttes ma-
melles, ma sœur, épouse! tes
seins sont plus beaux que le vin?
et l'odeur de tes parfums est au-
dessus de tous les aromates.
11. Tes lèvres, mon épouse,
sont un rayon qui distille le miel;
le miel et le lait sont sous ta lan-
gue, et l'odeur de tes vétements
est comme l'odeur de l'encens.
19. C'est un jardin fermé que
ma sœur, épouse, un jardin fer-
mé, une fontaine scellée.
montagne de Galaad est trés fertile et riche en pâturages etles chèvres y sont nom-
breuses.
3. * Comme un quartier de grenade. La grenade ouverte montre les graines dont
elle est pleine et qui sont d'un beau rouge incarnat.
4. * Mille boucliers y sont suspendus. Les perles et les joyaux qui ornent le cou de
l'Epouse.
8.* Amana, montagne de la chaine de l'Anti-Liban. — Sanir, nom amorrhéen de
l'Hermon. — Hermon, partie méridionale de la chaine de l'Anti-Liban. — Les lions
et les autres animaux féroces étaient autrefois nombreux dans ces montagnes; on
n'y trouve plus que la panthère. Le sens de ce verset est fort controversé. Plusieurs
zommentateurs l'entendent dans ce sens : Quitte les montagnes sauvages, repaire
des bétes fauves, et viens habiter avec moi.
12. * Un jardin fermé. Voir la note sur Ecclésiaste, 1t, 5. — La Fontaine scellée est,
pense-t-on, le Ras el-Ain actuel, au sud de Bethléhem, à une centaine de mètres de
la forteresse de Kalaàh el-Bourak. « Un escalier de vingt-six marches méne dans une
première chambre taillée dans le roc et voütée en plein cintre, ayant le haut percé
d'une ouverture circulaire. Le milieu de cette chambre, qui mesure douze à treize
métres en long sur quatre à cinq de large, est occupé par un petit bassin rectan-
gulaire. C'est là que l’eau vient se rassembler d'abord. De là elle est conduite par
un aquedue au château d'eau [des Bassins ou Vasques de Salomon, prés de Kalaàh
el-Bourak]. Cet aqueduc, taillé en grande partie dans la roche et voüté au commen-
cement en forme de dos d'àne, est ouvert dans la paroi est. Par une porte qui s'ouvre
dans la paroi ouest, on entre dans une deuxième chambre, également taillée dans
le rocher et voütée en plein cintre. Là on voit une abside pratiquée dans la paroi sud
et une autre dans celle de l'ouest. Cette paroi est revétue de briques, mais qui ne
sont pas trés anciennes. C'est au bas de cette derniére abside que sort du rocher
[cu. v.]
13. Tes rejetons sont un jardin
de délices avec toutes sortes de
fruits. Là sont les cypres avec le
nard ;
14. Le nard et le safran, la
canne etle cinnamome, avec tous
les arbres odoriférants du Liban,
la myrrhe, 181088 et tous les
premiers parfums ;
15. Tu esunefontaine de jardins,
un puits d'eaux vives qui coulent
avec impétuosité du Liban.
16. L'Erouss. Lève-toi, aquilon,
el viens, vent du midi; souffle
sans cesse dans mon jardin, et
que ses parfums coulent.
CHAPITRE V.
L'Epouse invite l'Epoux à venir dans son
jardin. Elle s'endort et cherche son
Epoux. Beauté de l'Epoux.
1. L'Epouse. Qu'il vienne, mon
bien-aimé, dans son jardin, et
qu'il mange lefruit de ses arbres.
— L'Eroux. Je suis venu dans mon
jardin, ma sceur, épouse, j'ai re-
cueilli ma myrrhe avec mes aro-
mates ; j'ai mangé le rayon avec
le miel, j'ai bu mon vin avec mon
lait : mangez, mes amis, et bu-
vez;enivrez-vous, mes bienchers.
CANTIQUE DES CANTIQUES.
1398
2. L'Epouse. Je dors, mais mon
cœur veille; c'est la voix de mon
bien-aimé qui frappe. — L'Eroux.
Ouvre-moi, ma sceur, mon amie,
ma colombe, mon immaculée ;
parce que ma téte est chargée de
rosée, et les boucles de mes che-
veux, des gouttes qui tombent
pendant les nuits.
3. L’Epouse. Je me suis dépouil-
lée de ma tunique; comment
m'en revétirai-je? j'ai lavé mes
pieds, comment les salirai-je ?
4. Mon bien-aimé a passé sa
main par le trou de la porte, et
mes entrailles ont été émues au
bruit qu'il a fait.
5. Je me suis levée, pourouvrir
à mon bien-aimé ; mes mains dis-
tillaient la myrrhe, mes doigts
étaient pleins de la myrrhe la
plus pure.
6. J'ai 016 la barre et ouvert à
mon bien-aimé ; mais lui s'était
détourné et avait passé outre.
Mon âme se fondit dès qu'il parla ;
je le cherchai, et ne le trouvai
point : je l'appelai, etil ne me ré-
pondit pas.
7. Les gardes qui parcourent
la vile m'ont rencontrée; ils
la plus grande partie de ces eaux lesquelles, pures et limpides comme du cristal,
vont se jeter par un étroit canal dans un petit réservoir d'oü elles sortent aussitót
pour aller se déverser dans celui de la première chambre. » (LiÉvix.)
14. Les premiers; c'est-à-dire les meilleurs, les plus excellents. — * « Le safran se
compose des stigmates desséchés [de la plante qui porte ce nom], du crocus sativus.
C'était un des aromates les plus appréciés des anciens; mais il n'est guére employé
maintenant que pour la teinture ou comme condiment dans la cuisine méridionale. »
(E. RiuuEL.) Pour les autres parfums, voir les notes sur l'Exode, xxx, 23-24.
1. Enivrez-vous (inebriamini). Dans ce passage, comme dans plusieurs autres, le
verbe inebriare ne signifie pas boire au point de troubler le cerveau, il veut dire seu-
lement boire autant que la soif et la nécessité le demandent, ou bien encore faire
grande chère, se réjouir.
3. * J'ai lavé mes pieds. Comme les Orientaux portent ordinairement des sandales,
ils se lavent souvent ies pieds pour en enlever la poussière.
4. * Par le trou de la porte, pour l'ouvrir.
1. * Mon manteau. Le manteau des femmes orientales, qui leur sert en mème temps
de voile, les couvre complètement.
A. T. 88
4394 CANTIQUZ DES CANTIQUES ]68. vr.]
m'ont frappée et m'ont blessée | nes de marbre qui sont posées
Les gardes des murs m'ontenlevé | sur des bases d'or. Son aspect est
mon manteau. comme celui du Liban; il est dis-
8. Je vous conjure, filles deJé- | tingué comme les cèdres.
rusalem, si vous trouvez mon 16. Son gosier est plein de dou-
bien-aimé, annoncez-lui que je | ceur, et lui est tout aimable: tel
Janguis d'amour. est mon bien-aimé, et c'est mon
9.LEsriLLEs DE JÉRUSALEM. Qu'est- | ami, filles de Jérusalem.
ce qui distingue ton bien-aimé de 17. LES FILLES DE JÉRUSALEM.
tout autre bien-aimé, ὃ la plus | Où est allé ton bien-aimé, ὃ la
belle des femmes? qu'est-ce qui | plus belle des femmes? où s'est
distingue ton bien-aimé de éout | retiré ton bien-aimé, et nous le
autre bien-aimé, pour que tu | chercherons avec toi?
nous aies ainsi conjurées?
10. L'EPousr. Mon bien-aimé est
blanc et vermeil, choisi entre
mille.
11. Sa ἰδία est un or excellent;
ses cheveux sont comme les
jeunes pousses des palmiers,
noirs comme le corbeau.
19. Ses yeux sont comme des
colombes qu'on voit sur des pe- : cueillir des lis.
tits ruisseaux d'eaux, qui ont été 2. Moi, je suisà mon bien-aimé,
lavées dans le lait, et qui se tien- | et mon bien-aimé est à moi, lui
nent le long des fleuves les plus | qui se repait parmi les lis.
abondants. 9. L'Erovx. Tu es belle, mon
13. Ses joues sont comme des | amie, douce et gracieuse comme
parterres d'aromates plantés par | Jérusalem : terrible comme une
des parfumeurs. Ses lévres sont | armée rangée en bataille.
des lis qui distillent la premiere 4. Détourne les yeux de moi,
myrrhe. parce que ce sont eux qui m'ont
14. Ses mains, faites au tour, | fait partir promptement. Tes che-
sont d'or, e? remplies d'hyacin- | veux sont comme un troupeau
thes. Sa poitrine d'ivoire est par- | de chévres, qui ont apparu ve-
semée de saphirs. nant de Galaad.
15. Ses jambes sont des colon- 9. Tes dents sont comme une
CHAPITRE VI.
L'Epoux est retrouvé. Eloge de l'Epoux.
Trouble de l'Epoux ou de l'Epouse.
1. L'Érouse. Mon bien-aimé est
descendu dans son jardin, dans
le parterre des aromates, afin de
se repaltre dans 108 jardins, et de
——MÀM— — — — — ו
9. Qu'est-ce, etc.; littér. : Quel est ton bien-aimé en dehors d'un bien-aimé? A quel
signe pourrons-nous le reconnaitre pour ton bien-aimé particulier ?
44. * Comme les jeunes pousses de palmiers, qui sont toutes au haut de l'arbre et
y forment une couronne.
13. La première myrrhe; c'est-à-dire la meilleure, la plus pure.
15. Distingué comme les cédres; parmi tous les autres arbres.
16. Son gosier; c'est-à-dire, le son de sa voix, sa parole.
4. Tes cheveux, etc. Compar. 1v, 1
9. Tes dents, etc. Compar. 1v, 2.
CH. vir.)
troupeau de brebis qui sont mon-
tées du lavoir; toutes portent un
double fruit ; et de stérile, il n'en
est point parmi elles.
6. Comme est l'écorce d'une
grenade, ainsi sont tes joues,
sans ce qui est caché en toi.
7. Il y 8 soixante reines et
quatre-vingts femmes du second
rang, et les jeunes filles sont sans
nombre.
8. Une seule est ma colombe,
ma parfaite; elle est unique pour
sa mere, préférée de celle qui lui
a donné le jour. Les jeunes filles
lont vue, et l'ont proclamée la
plus heureuse; les reines et les
femmes du second rang l'ont vue,
et l'ont louée.
9. Quelle est celle-ci qui s'a-
vance comme l'aurore se levant,
belle comme la lune, pure comme
le soleil, terrible comme une ar-
mée rangée en bataille?
10.Je suis descendu dans le
jardin des noyers, afin de voir les
fruits des vallées, et afin de re-
CANTIQUE DES CANTIQUES.
1395
earder si la vigne avait fleuri et
si les grenades avait germé.
11. Je ne l'ai pas su : mon àme
m'a jeté dans le trouble à cause
des quadriges d'Aminadab.
19. LES FILLES DE JéRUsaLEM.
Reviens, reviens, Sulamite ; re-
viens, reviens, afin que nous te
contemplions.
CHAPITRE VII.
Eloge de l'Epouse, sa fidélité, ses désira
ardents.
1. Que verras-tu dans la Sula-
mite, sinonles chœurs des camps?
Que tes pas sont beaux dans les
chaussures, fille de prince! Les
jointures de tes jambes sont
comme ces colliers qui ont été
faits par la main d'un habile
ouvrier.
2. Ton nombril est une coupe
faite au tour oü il ne manque ja-
mais de liqueur. Ton sein est
comme un monceau de blé en-
touré de lis.
10, 11. Si c’est l'Epoux qui parle dans ces deux versets, nous pensons qu'ils doivent
s'expliquer ainsi : Bien que je sois descendu dans le jardin des noyers, afin de voir
les fruits des vallées, c'est-à-dire si la vigne avait fleuri et si les grenades avaient
germé, je n'ai pu m'en assurer, parce que j'ai été tout troublé par la rapidité avec
laquelle m'entrainaient les quadriges du cocher Aminadab. Si c'est l'Epouse qui parle,
rien ne s'oppose à cette méme explieation. Enfin, si on ne met que les paroles du
verset 10 dans la bouche de l'Epouse, et qu'on attribue à l'Epoux celles du verset 41,
le nescivi ou je n'ai pas su siguifiera: Je ne me suis pas aperçu que tu fusses des-
cendue dans le jardin, parce que j'ai été troublé par la rapidité, ete. — Aminadab;
au lieu de ce mot qui se lit dans la Vulgate et les Septante, l'hébreu porte Aammi
nádi, c'est-à-dire mon peuple, spontané ou prompt, noble, généreux, chef, prince, qui
pourrait bien être un nom propre synonyme de Hamminädäb, qui se trouve lui-
méme comme nom propre dans plusieurs endroits du texte sacré. Cependant quel-
ques anciennes versions grecques portent peuple, conducteur, chef.
12. * Sulamite, la pacifique, nom correspondant à Salomon, qui signifie le paci-
fique.
1. Que verras-tu. Suivant les uns, ce sont les paroles de l'Epoux qu'il s'adresse à
lui-méme ou qu'il adresse aux filles de Jérusalem, d'autant que l'hébreu et les Sep-
tante portent le pluriel que verrez-vous; suivant les autres, c'est l'Epouse elle-méme
qui parle; suivant d'autres enfin, ce sont les filles de Jérusalem. — Les chœurs des
camps ; c'est-à-dire, probablement, les assemblées, les réunions dans les camps, l'ar-
mée. L'Epouse a été déjà comparée (vr, 9) à une armée raugée en bataille.
1596
3. Tes deux mamelles, comme
deux faons jumeaux d'un che-
vreuil.
4. Ton cou, comme une tour
d'ivoire. Tes yeux comme les
piscines en Hésébon, qui sont à
la porte de la fille de la multi-
tude. Ton nez est comme la tour
du Liban, qui regarde contre Da-
mas.
ὃ. Ta téte est comme le Car-
mel; et les cheveux de ta téte,
comme la pourpre d'un roi, liée
et £einte dans des canaux de
teinturiers.
6. Que tu es belle, et que tu es
gracieuse, Ô ma très chère,
pleine de délices!
Ta stature est semblable à .ד
un palmier, ettes mamelles à des
grappes de raisin.
8. J'ai dit : Je monterai sur un
palmier, etj'en prendrai lesfruits;
et tes mamelles seront comme
CANTIQUE DES CANTIQUES.
(cn. vit.]
les grappes dela vigne, et l'odeur
de ta bouche comme celle des
pommes.
9. Ton gosier est comme un vin
excellent, digne d'étre bu par
mon bien-aimé, etlongtemps sa-
vouré entre ses lèvres el ses
dents.
10. L'Epousx. je suis à mon bien-
aimé, et son retour est vers moi.
11. Viens, mon bien-aimé, sor-
tons dans la campagne; demeu-
rons dans les villages.
12. Dès le matin, levons-nous
pour aller dansles vignes, voyons
si la vigne a fleuri, si les fleurs
produisent des fruits, si les gre-
nadiers ont fleuri : là je t'offrirai
mes mamelles.
13. Les mandragores ont ré-
pandu leur parfum. ἃ nos portes
sont toutes sortes de fruits ; nou-
veaux etanciens, mon bien-aimé,
je les ai gardés pour toi.
4. Tes yeux, etc. Les Hébreux donnaient aux fontaines le nom d'yeux ; c'est ce qui
fait ici une des beautés de la comparaison. — Hésébon, ville ancienne et célèbre au
delà du Jourdain. — La fille; c'est-à-dire, suivant le style des Hébreux, la ville. — De
la multitude; du peuple. Ainsi, (a fille de la multitude signifie la ville où réside le
peuple. — * Les piscines d'Hésébon sont mentionnées dans 11 Machaóées, xir, 16, qui
nous apprend qu'elles étaient trés grandes. — À /a porte de la fille de la multitude,
en hébreu, à la porte de Bath-Rabim.
5. L'auteur compare les rubans, les frisures et les autres ornements de la tête de
l'Epouse au Carmel, montagne magnifique, fertile, chargée de vignes, d'arbres frui-
liers, etc. — Sicut purpura, etc. Anciennement on liait les tresses des cheveux avec
des rubans de pourpre.
8. * Je monterai sur un palmier, et j'en prendrai les fruits. 1l y a des palmiers máles
et des palmiers femelles. Le fruit de ces derniers n'est bon qu'autant qu'il a été fé-
condé par le palmier mâle. « Le 21 mars, raconte Hasselquist dans son Voyage en
Palestine, les fleurs d'un palmier femelle s'étaient ouvertes pendant la nuit. J'allai
les voir le matin, pendant que la rosée tombait encore. Je trouvai le jardinier qui
était monté sur ce palmier, aussi grand que nos plus grands sapins. Il avait pris
uvec lui un bouquet du palmier mâle et s'en servit pour en imprégner les fleurs
écloses, s'assurant ainsi de bons fruits pour la récolte. »
9. Digne d'étre bu, etc.; littéral. digne de mon bien-aimé pour boire, el pour sa-
vourer, etc. : ce qui est une construction purement hébraïque.
13. Le terme hébreu, traduit dans la Vulgate par mandragores, ἃ été vendu de bien
de manières différentes par les interprètes. Celle de mandragores, qu'on lui donne
assez généralement, ne nous parait pas être la vraie, d'autant que la mandragore
appartient à la famille des so/anées, laquelle comprend les plantes qui ont une odeur
désagréable, un aspect sombre, De plus, la mandragore est justement classée parmi
[cu. vu.)
CHAPITRE VIII.
L'Epouse continue à exprimer ses désirs.
Union des Epoux.
1. Qui me donnera de l'avoir
pour frere, sucant les mamelles
de ma mere, afin que je te trouve
dehors, que je te donne un bai-
ser, et que désormais personne
ne me méprise?
2. Je te prendrai, et je te con-
duirai dans la maison de ma mère:
18 tu m'instruiras, et je te pré-
senterai une coupe de vin aroma-
tique, et le suc nouveau de mes
grenades.
3. Sa main gauche serasous ma
téte, et sa main droite m'embras-
sera.
4. L'Eroux. Je vous conjure,
filles de Jérusalem, ne dérangez
pas et ne réveillez pas la bien-
aimée, jusqu'à ce qu’elle-même
le veuille.
5. LES FILLES DE JÉRUSALEM. Quelle
est celle-ci qui monte du désert.
comblée de délices, appuyee
sur son bien-aimé? Sous le pom-
mier je t'ai réveillée; là a été cor-
rompue ta mère; là a été violée
celle qui t'a donné le jour.
0. Mets-moi comme un sceau
CANTIQUE DES CANTIQUES.
1397
sur ton cœur, comme un sceau
sur ton bras; parce que l'amour
est fort comme la mort; le zèle
de l’amour, inflexible commel'en-
fer ; ses lampes sont des lampes
de feu et de flammes.
De grandes eaux n'ont pu .ד
éteindre la charité, des fleuves
ne la submergeront pas : quand
un homme aurait donné toutes
les richesses de sa maison pour
l'amour, 11 165 mépriseraitcomme
un rien.
8. LES FRÈRES DE L'Epoux. Notre
sœur est petite, elle n'a pas de
mamelles : que ferons-nous à
notre sœur au jour où il faudra
lui parler?
9. L'Epoux. Si c'est un mur, bá-
tissons des forts d'argent; si c'est
une porte, appliquons dessus des
ais de cedre.
10. L'Erouse. Je suis un mur, et
mes mamelles sont comme une
tour, depuis que j'ai paru devant
lui. comme ayant trouvé en lui
18 paix.
11. Le pacifique a eu une vigne
dans celle où il y a des peuples ;
ill'a donnée à des gardiens ; cha-
cun apporte pour son fruit mille
pieces d'argent.
les végétaux vénéneux. Le mot hébreu signifie, d'aprés sa racine, fleur d'amour;
mais on ne sait quelle est cette espèce de fleur.
5. Sous le pommier, etc. D'après la version latine, on ne peut savoir si c'est l'Epoux
ou l'Epouse qui dit ces paroles et les suivantes; mais le texte hébreu les attribue
formellement à l'Epouse.
6. * Comme un sceau sur lon bras. Allusion sans doute à une coutume semblable à
celle des Assyro-Chaldéens, qui avaient pour sceau une pierre précieuse gravée, en
forme de cylindre; ils la portaient attachée à leur bras.
8. Quand il faudra lui parler ; c'est-à-dire la demander en mariage. Compar. Ge-
nése, XXXIV, 4 et suiv.
11. Le pacifique; c'est-à-dire Salomon, dont le nom hébreu a cette signification. —
Dans celle où il y a des peuples; selon l'hébreu, dans Bahal Hámón, nom propre qui
signifie maitre, possesseur de multitude; et suivant les Septante, dans Béclumón, ville
que plusieurs croyent être Balamón, mentionné dans le texte grec de Judith (ναι, 3),
et nommée Béfhulie dans la Vulgate. — Chacun; c'est le vrai sens du mot hébreu
traduit dans la Vulgate par homme (vir).
1398 CANTIQUE DES CANTIQUES. (cu. vu]
19. Ma vigne est devant moi. | écoutent : fais-moi entendre ta
Les mille sont pour toi, pacifique, | voix.
et deux cents pour ceux qui en 14. L'Erousr. Fuis, mon bien-
gardent les fruits. aimé, et sois semblable au che-
13. L’Epoux. O toi qui ha- | vreuil et au faon des biches sur
bites dans les jardins, des amis | les montagnes des aromates.
19. Ma vigne est devant moi; pour moi, au contraire, je n'ai loué ma vigne à per-
sonne : je la garde et la cultive moi-même. — Les mille, pièces d'argent. — Sont
pour toi, pacifique ; littér. de loi pacifique (tui pacifici), appartiennent. L'Epouse veut
dire que sa propre vigne, soignée et cultivée par elle-méme, rapportera bien plus
que celle que l'Epoux a confiée à des gardiens étrangers.
44. * Les montagnes des aromates, les montagnes sans doute où poussent des
plantes aromatiques, comme 1v, 6, {a colline de lencens
LA SAGESSE
OBSERVATIONS PRELIMINAIRES
1. Ce livre est nommé Sagesse, parce que la sagesse, c'est-à-dire la piété, la
crainte de Dieu, la justice, y sont recommandées par des lecons et par des
exemples. Voyez, soit dans notre /ntroduclion historique et critique, etc., t. IV,
soit dans notre Dictionnaire universel des sciences ecclésiastiques, les preuves qui
militent en faveur de la divinité de ce livre, divinité que ne reconnaissent ni les
Juifs ni les Protestants.
2. La traduction latine de la Sagesse n'appartient pas à saint Jérôme; c'est
l'ancienne Vulgate, dite /talique, usitée dans l'Église avant ce Père, et faite par
un auteur inconnu, sur le grec dont elle s'écarte assez souvent, mais, il faut bien
le reconnaitre, dans des points de peu d'importance. Nous devons ajouter
qu'elle est parfois d'une certaine obscurité, qui vient de ce que son auteur ne se
conforme pas toujours au latin classique, soit pour la signification des mots,
soit pour la syntaxe : deux sortes d'anomalies dont nous avons dà nécessaire-
ment tenir compte dans notre traduction, rendue d'ailleurs fort difficile par les
exigences si rigoureuses de la langue francaise.
3. Il y a surtout dans les passages où est rapportée la plaie des ténèbres dont
Dieu frappa l'Égypte, plusieurs circonstances qu'on ne trouve pas dans les livres
de Moise ; mais ce serait une injustice d'accuser l'auteur de les avoir inventées ;
il avait pu les apprendre par le canal sür d'une tradition reconnue pour cons-
tante par les Juifs de son temps, sous les yeux desquels il écrivait, et qui n'au-
raient pas manqué de s'élever contre lui et contre son ouvrage, s'il y avait eu
lieu de l’accuser de faux. Si Moïse 8 passé sous silence ces circonstances si
dignes cependant d'étre remarquées, c'est que d'ailleurs il en avait assez dit
pour faire connaitre la force et la puissance de Dieu. Il écrivait dans un temps
où l'on ne pouvait ignorer aucune des merveilles que Dieu avait operées en
Égypte; il en a rapporté quelques-unes, et il a laissé les autres pour étre trans-
mises par les péres à leurs enfants de génération en génération. Par cette voie
méme, elles ont pu parvenir à la connaissance de l'auteur de ce livre qui s'en
est servi dans le dessein de faire voir avec quelle bonté la sagesse protège les
justes qui la recherchent et s'attachent à elle, et avec quelle sévérité elle punit
ceux qui la méprisent, et qui s'opiniàtrent à la rejeter. D'ailleurs, pourrait-on
prouver qu'il est impossible que l'Esprit-Saint ait révélé à l'auteur de ce livre
certaines circonstances que la tradition n'avait point transmises? (J.-B. GLAIRE.)
* 4. Le livre de la Sagesse a été écrit en grec, d’après l'opinion universelle des
1400 LA SAGESSE.
critiques modernes, suivant en cela S. Jéróme. C'est de tous les écrits que con-
tient la Bible grecque celui dont le langage est le plus pur et le plus remar-
quable au point de vue littéraire. Comme il est l’œuvre d'un Israélite, on y ren-
contre quelques hébraismes et le parallélisme de la poésie des Livres Saints,
mais on y reconnait en méme temps un écrivain versé dans la langue grecque :
il fait un usage fréquent des mots composés et des adjectifs, qui sont si rares
dans les œuvres des autres Juifs hellénistes ; il se sert d'expressions qui n'ont
point de termes correspondants en hébreu ; il emprunte certaines locutions à la
philosophie platonicienne et stoicienne. Ce sont là tout autant de traits qui
montrent que le texte grec est le texte original.
Le style n'est pas toujours égal : trés élevé et sublime dans quelques parties,
comme dans le portrait de l'épicurien, ;זז dans le tableau du jugement dernier,
v, 15-24; dans la descriplion de la sagesse, vir, 26-vrr, 1; 610. ; incisif et mor-
dant dans la peinture des idoles, xiu, 11-19; il est diffus et surchargé d'épi-
thètes, contrairement au génie des Hébreux, dans d'autres passages, vir, 22-23.
* 5. Dans les Bibles grecques, ce livre porte le titre de « Sagesse de Salomon. »
Le nom de ce roi ne se lit pas dans la Vulgate, et avec raison, car ce livre est
l'euvre d'un inconnu, non du fils de David. Il a été attribué à Salomon, parce
que celui qui l'a composé, usant de fiction, s'exprime comme s'il était le fils
de David, vu-ix. De là l'inscription qu'on lit en tête des Septante et l'erreur d'un
cerlain nombre de Péres qui ont pris ce langage au pied de la lettre, mais
S. Jéróme et S. Augustin ont observé avec raison qu'il n'avait pas été écrit par
l'auteur des Proverbes et qu'il était bien moins ancien. C'est ce que prouvent :
1° la langue originale, qui est le grec alexandrin ; 2 les connaissances de l'écri-
vain, qui a vécu hors de la Palestine et fait des allusions aux sectes grecques
ainsi qu'aux mœurs et aux habitudes helléniques ; 3° les citations des Septante
qu'on y rencontre; 4° les allusions historiques à une époque autre que celle de
Salomon, comme le portrait des épicuriens, 115,1-6, 8; la peinture des arts,
xv, ^, etc.
Du temps de 5. Jérôme, plusieurs attribuaient le livre de la Sagesse à Philon,
mais c'est à tort, car la doctrine du livre inspiré est sur plusieurs points en con-
tradiction formelle avec les opinions contenues dans les écrits certains du phi-
losophe juif. Quelques critiques ont attribué notre livre à Zorobabel, qu'ils re-
gardaient comme le second Salomon, et ont voulu expliquer ainsi pourquoi les
Septante lui ont donné le titre de Sagesse de Salomon ; mais leur sentiment est
insoutenable, parce que Zorobabel n'a pu écrire en grec. Les savants modernes
reconnaissent universellement que toutes les tentatives pour découvrir l'auteur
inconnu de la Sagesse ont été infructueuses.
* 6. Cependant, si l'on ignore le nom de l'auteur, on peut du moins savoir
en quel lieu il a écrit. C'est en Égypte, et trés probablement à Alexandrie; de
là ses allusions à la religion égyptienne, xiu, 24; xv, 18-19, etc.; ses connais-
sances en philosophie grecque, etc.; il était trés certainement Juif et écrivait
pour les Juifs, car son œuvre est remplie d'allusions bibliques qui ne pouvaient
être comprises que par les enfants d'Abraham : il parle de Noé, x, 4, de Lot,
x, 6, etc., sans les nommer; il loue sa nation et connait la loi mosaique comme
pouvait le faire seulement un Juif, 11, 8; xu, 7, etc.
* 7. On ne saurait dire avec la méme certitude à quelle époque a vécu l'au-
teur de la Sagesse. Les opinions sont trés partagées à ce sujet. Ce qu'il est per-
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 1401
mis d'avancer avec le plus de vraisemblance, c'est qu'il a écrit de 150 à 130 en-
viron av. J.-C. Il est postérieur aux Septante, puisqu'il cile leur traduction du
Pentateuque et d'Isaie; il est probablement antérieur à Philon; les épreuves
des Juifs auxquelles il fait allusion, vi, 5; xir, 2; xv, 14, se rapportent peut-être
aux maux que leur fit endurer Ptolémée VII Physcon (145-117 av. J.-C.).
* 8. On peut diviser le livre de la Sagesse de plusieurs manières. La division
la plus simple est la suivante : il renferme deux parties, l'une purement théo-
rique, 1-1x, et l'autre historique, x-xix. Dans la première, l'auteur considère la
sagesse au point de vue intellectuel et moral; dans la seconde, il l'étudie dans
l'histoire. La marche générale de la pensée est facile à suivre, cependant les
subdivisions ne sont pas rigoureusement tracées. C'est ce qui a porté des cri-
tiques à nier, les uns, l'unité de livre, les autres, son intégrité; mais la liai-
son qui existe entre les divers chapitres, leur harmonie substantielle, l'unifor-
mité générale du ton et de la maniére de penser, l'identité du langage, malgré
quelques différences de style, qu'explique le changement de sujet, tout cela
prouve que la Sagesse est l'œuvre complète d'un seul auteur.
I'* partie : La sagesse au point de vue spirituel et moral, r-ix. La première
partie du livre de la Sagesse nous montre en elle : 19 la source du bonheur et
de l'immortalité, צ-1 ; 2? le guide de la vie, vr-ix.
I. La sagesse, source du bonheur et de l'immortalité, 1-v. — 1° Ce qu'est la
sagesse : elle consiste dans la rectitude du cœur, r, 1-5 ; et dans larectitude du
langage, 6-11. — 2? Origine de la mort, 1, 12-π, 25 : elle est entrée de fait,
dans le monde, par le mauvais usage que l'homme a fait de son libre arbitre,
1, 12-16, l'épicurien ne cherchant qu'à jouir de la vie présente, τι, 1-9, et per-
sécutant le juste, 10-20 ; mais le premier auteur de la mort est la jalousie du
démon, 21-25. — 3» Les bons et les méchants dans la vie présente, ur-1v. Le
juste est en sécurité, malgré des apparences trompeuses, ri, 1-9; le méchant
est malheureux, 10-12; le contraste est complet entre l'un et l’autre; tout
tourne définitivement à bien pour le juste et à mal pour l'impie, ur, 13-1v. —
4° C'est surtout aprés la mort que le contraste est grand entre eux, v. La con-
science condamne déjà le pécheur : v, 1-15. Dieu récompense le juste, 16-17; il
chàtie le coupable, 18-24. — Dans cette section, le passage ,זז 12-90 est célèbre.
Il peint, en traits frappants, la passion du Sauveur, le vrai juste, π, 12, le Fils
de Dieu, 18, condamné à une mort honteuse, 20, par les enfants du monde;
aussi tous les Péres l'ont-ils entendu de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
II. La sagesse, guide de la vie, vr-ix, — 1° Puisque tel est le résultat de la vie
du sage et de l'insensé, il faut faire de la sagesse le guide de notre vie. L'au-
teur s'adresse spécialement aux rois, et leur dit que la sagesse doit diriger leur
conduite, vr, 1-23. — 2° La sagesse est d'ailleurs accessible à tous, vr, 24-vit, 7;
elle est la source de tous les biens, vir, 8-vir, 1, elle doit dominer et régler
toute notre vie, viu, 2-16. — 3° Elle est un don de Dieu, vin, 17-21; de là la
prière du ch. 1x pour l'obtenir de lui.
II* partie : La sagesse considérée au point de vue historique, x-xix. Après
avoir montré l'excellence et la nature de la sagesse, ainsi que l'usage que nous
devons en faire comme régle de notre vie, l'auteur confirme tout ce qu'il a dit
par une sorle de revue historique de l'histoire du peuple de Dieu : il nous
montre les bons récompensés et les méchants punis. — 1? x-xi. La sagesse est
une puissance qui sauve et qui châtie, comme nous le voyons dans l’histoire
1402 LA SAGESSE.
primitive, d'Adam à Moïse, x-x1, ^, et dans les châtiments qu'elle attire soit sur
les Égyptiens, x1, 5-27, soit sur les Chananéens, xit, 1-18; par cette justice, elle
nous apprend qu'il faut être juste et humain, 19-27. — 2e xrr1-xiv. Comme le
crime principal des Chananéens était l’idolâtrie, l'auteur en décrit l'origine et
les progrès, et montre combien elle est en opposition avec la sagesse. Il parle
successivement de l'adoration des forces de la nature, xim, 1-9 ; des idoles, œu-
vres de la main des hommes, xim, 10-x1v, 43, et enfin des hommes divinisés,
xiv, 14-21 ; il termine ce tableau en décrivant les effets déplorables du poly-
théisme, xiv, 22-31. — 3? xv-xix. Il revient alors de nouveau aux plaies de l'É-
gypte et s'en sert pour faire ressortir le contraste qui existe entre les adorateurs
du vrai Dieu et les paiens : c'est par là que cette derniére subdivision se rat-
tache à ce qui précéde. Il signale en premier lieu le contraste en général,
xv, 1-17, et puis specialement le contraste quise manifeste, d'une maniére si
éclatante, entre les fidéles serviteurs de la sagesse et les Égyptiens adonnés à
l'idolàtrie, lorsque Dieu afflige ces derniers par toute sorte de plaies, tandis
que les premiers en sont affranchis. Le Seigneur emploie contre les adorateurs
des animaux et de la nature l'action des bêtes, xv, 18-xvr, 13, et celle des
forces de la nature, l'eau et le feu avec les ténèbres, מחטצ-14 טא 4; enfin la
mort, xvii, 5-xix, 5. Dans sa conclusion, l'auteur montre les Hébreux fidèles
sauvés, et ceux d'entre eux qui désobéissent à Dieu punis, xix, 6-20.
]68. 1.]
apparait à ceux qui ont foi en
CHAPITRE PREMIER.
Aimer la justice. Chercher le Seigneur
avec droiture. Le Seigneur connaittout,
et rien n'échappe à sa vengeance. La
mort ne vient pas de Dieu; mais elle
est la suite du péché.
1. Aimez la justice, vous qui
jugez la terre. Ayez du Seigneur
de bons sentiments, et cher-
chez-le dans la simplicité de
cœur ;
2. Parce que ceux-là le trou-
vent, qui ne le tentent pas; et il
lui;
3. Carles pensées perverses sé-
parent de Dieu ; mais sa puissance
éprouvée corrige les insensés ;
4. Parce que dans une âme
malveillante n'entrera pas la sa-
gesse, et qu'elle n'habitera pas
dans un corps assujetti aux pé-
chés.
5. Car l'esprit saint qui inspire
la science fuira le déguisement,
et 1] 56 retirera des pensées qui
sont sans intelligence, et il sera
Cnar. I. 1. III Rois, rr, 9; Is., טע 1. — 2. II Par., xv, 2.
1- Ayez,reic:
littér. Sentez touchant le Seigneur en bonté; hébraisme introduit dans
le grec et le latin. En hébreu, en effet, un substantif précédé de la préposition dans
ou avec équivaut à l'adjectif correspondant. Ainsi sentite in bonitate est mis ici pour
senlite bonum.
3. Puissance; c'est le sens du texte grec, que la version latine a rendu par virtus.
-- Corrige; selon le grec, convainc.
5. Il sera emporté, ctc. L'Esprit-Saint, qui est entré dans l'àme d'uu hou en
sortira lorsque cet homme se livrera à l'iniquité.
[cn. [.זז
emporté par liniquité qui sur-
viendra.
6. Car bienfaisant est l'esprit de
sagesse, mais il ne sauvera pas
16 médisant à cause de ses levres,
parce que Dieu est témoin de
ses reins, qu'il est scrutateur vé-
ritable de son cœur, et qu'il en-
tend sa langue.
7. Parce que l'esprit du Sei-
gneur a rempli le globe de la
terre, et que lui, qui contient
tout, a la connaissance de la
voix.
8. C'est pourquoi celui qui dit
des choses iniques ne peut se ca-
cher, et le jugement qui punit ne
le négligera pas.
9. Car limpie sera interrogé
sur ses pensées; et le bruit de
ses discours ira jusqu'à Dieu, pour
le châtiment de ses iniquités.
10. Parce que l'oreille du zèle
entend toutes choses, et le tu-
multe des murmures ne /u sera
pas caché.
41. Gardez-vous donc du mur-
mure qui ne sert à rien, et pré-
servez votre langue de la dé-
traction, parce qu'une parole
secréte ne passera pas en vain;
et qu'une bouche qui ment tue
l'àme.
12. Ne recherchez pas si ardem-
LA SAGESSE. 1405
ment la mort dans les égare-
ments de votre vie, et n'acquérez
pas la perdition par les œuvres
de vos mains;
18. Parce que Dieu n'a pas fait
la mort, et qu'il ne seréjouit pas
de la perdition des vivants.
14. Car il a créé, afin que toutes
choses existassent ; et il a fait
toutes les nations du globe de
la terre guérissables, et il n'y
a pas en elles de venin de mort;
et le règne des enfers n'est pas
sur la terre.
15. Car la justice est perpétuelle
et immortelle ;
16. Mais les impies, par les
mains et par les paroles, ont ap-
pelé la mort : et l'estimant amie,
ils ont disparu; et ils ont fait
alliance avec elle, parce qu'ils
sont dignes d'étre de son parti.
CHAPITRE II.
Faux raisonnement des impies qui nient
l'immortalité de l'àme, et qui mettent
le souverain bien dans la jouissance
des plaisirs sensibles. Leur haine contre
le juste. Le démon auteur de la mort.
1. Ils ont dit, en effet, pen-
sant faussement en eux-mémes :
ll est court et plein d'ennui le
temps de notre vie, et il n'est
pas de jouissance à la fin de
6. Gal., v, 22; Jér., xvi, 10. — 7. Is., vi, 3. — 13. Ezéch., xvir, 32; xxxi, 14.
— Crae. II. 1. Job, vi, 1; xiv, 1.
6. Est témoin; voit, connait. — Reins; se prend souvent dans l'Ecriture pour l'in-
térieur du corps, et par extension, pour les pensées les plus secrètes.
7. L'esprit du Seigneur répandu dans l'univers entier et, par conséquent, se trou-
vant présent dans tous les lieux, entend et connait toutes les paroles, mêmes les
plus secrétes.
14. Il a fait toutes les nations guérissables; par Jésus-Christ qui est venu leur ap-
porter le reméde propre à les guérir de toutes leurs maladies.
16. Par les mains; c'est-à-dire les œuvres : l'Ecriture emploie souvent le premier
mot pour signifier ce dernier. — La mort, qui est exprimée au verset 13, est repré-
sentée ici par le pronom elle (illam).
1. Jouissance ; repos; littér. rafraichissement; le grec porte guérison.
1104
l'homme, et il n'est personne
qu'on sache étre revenu des en-
fers ;
2. Parce que nous sommes nés
de rien, et qu'après cela nous se-
rons comme si nous n'avions pas
été; parce que le souffle de nos
narines est une fumée, et la pa-
role une étincelle pour agiter
notre cœur ;
9. Cette étincelle éteinte, notre
corps sera cendre, et l'esprit se
dissipera comme un air subtil,
et notre vie passera comme la
trace d'un nuage, et s'évanouira
comme un brouillard qui est
chassé par les rayons du soleil et
qui tombe, appesanti par sa cha-
leur;
4. Et notre nom subira l'ou-
bli par le temps, et personne
ne se souviendra de nos œu-
vres.
5. Car c'est le passage d'une
ombre que notre temps, et il n'y
a pas de retour après notre fin,
parce que le sceau est posé, et que
personne ne revient.
6. Venez donc, et jouissons des
biens qui sont, et usons prompte-
ment des créatures, de méme que
dans la jeunesse.
7. Enivrons-nous des vins ex-
LA SAGESSE.
leg. :1.]
quis, et parfumons-nous ; et que
la fleur de la saison ne nous
échappe point.
8. Couronnons-nous de roses,
avant qu'elles se flétrissent ;
quil n'y ait aucune prairie par
laquelle ne passent nos plaisirs.
9. Que personne de nous ne
soitexclu de nos plaisirs :laissons
partout des marques de réjouis-
sance, parce que c'est là notre
partage et notre sort.
10. Opprimons le juste pau-
vre, et n'épargnons pas la veuve,
et ne respectons pasles cheveux
blancs du vieillard d'un long
âge.
11. Mais que notre force soit
la loi de la justice : car ce qui
est faible est regardé comme
inutile.
19. Circonvenons donc le juste,
parce qu'il nous est inutile, qu'il
est contraire à nos ceuvres, qu'il
nous reproche les péchés contre
la loi, et qu'il nous déshonore en
décriant les fautes de notre con-
duite.
13. Il se vante d’avoir la science
de Dieu, et il se nomme le fils de
Dieu.
14. Il est devenu pour nous le
censeur de nos pensées.
5. I Par., xxix, 15. — 6. Is., xxir, 13; tvi, 12; I Cor., xv, 32. — 13. Matt., xxvur, 43.
— 14. Jean, vir, 7.
puummmm—————————ÁO A A MODO SO SESSRAMUESAEMMEELLL!LLLLILLO,OUOOL)SXoe,T!DE S CE DDDIEONIÓGUIILOCOLE.LELLOESRBLCLCLCLQAUIQUÁC|
9. Aprés cela; c'est-à-dire aprés la mort.
5. Notre temps; le temps, la durée de notre vie. — Le sceau est posé; c'est une al-
lusion à une ancienne coutume qui était de placer les corps dans des cavernes, dont
on fermait exactement l'entrée en y mettant un sceau.
1. La fleur de la saison (temporis); probablement du printemps.
11. Est regardé comme (invenitur), selon le grec, est convaincu.
19. Circonvenons, etc. Tout ce qui est dit dans ce verset et les suivants, jusqu'à la
fin du chapitre, exprime les sentiments des impies contre les justes en général; mais
représente si parfaitement la fureur des Juifs contre Jésus-Christ, que 165 Péres l'ont
regardé comme une prophétie de sa Passion.
1^. Le censeur; littér. en censure; selon le grec, en accusation, en bláme. Le sub-
stantif précédé d'une préposition, et mis ainsi pour un adjectif, est pur hébraisme,
[cH. ur.]
15. Sa vue nous est méme à
charge, parce que sa vie est
dissemblable de la vie desautres
et que ses voies ont été chan-
gées.
16. Nous sommes estimés par
lui frivoles ; il sabstient de nos
voies comme de souillures : il
préfere les derniers moments des
justes, et il se glorifie d'avoir pour
père Dieu.
11. Voyons dono si ses paroles
sont véritables; éprouvons ce
qui lui arrivera, et nous saurons
quels seront ses derniers mo-
ments.
48. Car s'il est vrai fils de Dieu,
Dieu prendra sa défense, et il le
délivrera des mains de ses en-
nemis.
19. Interrogeons-le par l'ou-
trage et les tourments, afin que
nous connaissions sa résignation,
et que nous éprouvions sa pa-
lience.
90. Condamnons-le à la mort
la plus honteuse; car on aura
égard à lui d’après ses paroles.
91. Voici ce qu'ils ont pensé, et
ils ont erré; car leur malice les a
aveuglés.
29. Ils n'ont pas su les secrets
de Dieu; ils n'ont pas espéré la
récompense de la justice, et ils
LA SAGESSE.
1405
n'ont pas jugé justement Yhon-
neur des âmes saintes.
98. Car Dieu a créé l'homme
inexterminable, et c'est à l'image
de sa ressemblance qu'il l'a fait.
24. Mais, par l'envie du diable,
la mort est entrée dans le globe
de la terre.
95. Or ceux-là limitent, qui
sont de son parti.
CHAPITRE II.
Bonheur des justes et malheur des mé-
chants aprés la mort. Récompense de la
chasteté. Suites funestes de l’adultère.
1. Mais les àmes des justes sont
dans la main de Dieu, et le tour-
ment de la mort ne les touchera
pas.
2. Ils ont paru mourir aux yeux
des insensés; et leur sortie du
monde a été estimée affliction ;
3. Et leur séparation d'avec
nous, une exterminalion; mais
eux sont en paix.
4. Et si devant les hommes ils
ont souffert des tourments, leur
espérance est pleine d'immorta-
lité.
5. Apres quelques tribulations,
ils seront placés au milieu d'une
multitude de biens, parce que
Dieu les a éprouvés, et les a trou-
vés dignes de lui.
18. Ps. xxr, 9. — 20. Jér., xi, 19. — 23. Genèse, 1, 27; 1 7; v, 1; Eccli., xvur, 1. —
94. Genèse, rrr, 1. — Caar. III. 1. Deut., xxxii, 3; Infra, v, 4.
15. Ont été changées. Le latin immutalæ sunt étant amphibologique (puisqu'il est
susceptible des deux significations opposées, ont été changées et n’ont pas été changées,
sont immuables), nous avons dü l'expliquer par le texte grec, qui veut dire seulement
ont élé changées, déplacées ou sont différentes des autres.
20. On aura égard, etc. Si ses paroles sont véritables, Dieu prendra soin de lui.
Compar. Matth., xxvir, 43.
3. Sont en paix: c'est-à-dire jouissent d'un bonheur complet, d'une félicité parfaite.
C'est pourquoi l'Ecriture désigne ordinairement l'état des âmes saintes aprés leur
mort par le mot pair. Compar. IV Rois, xxir, 20; Ecclésiaslique, ,טנא 14, etc.
5. Aprés quelques tribulations, etc. Compar. Rom., viu, 18; 11 Corinth., 1v, 17,
1100
6. Il les a éprouvés comme l'or
dans la fournaise; il les a reçus
comme une hostie d'holocauste,
et dans le temps ils auront un re-
gard favorable.
7. Les justes brilleront, et
.comme des étincelles dans un
lieu planté de roseaux ils se ré-
pandront de différents cótés.
8. Ils jugeront les nations, et
ils domineront les peuples, et
leur Seigneur régnera à jamais.
9. Ceux qui se confient en lui
comprendront la vérité; et ceux
qui sont fidèles dans so» amour
lui demeureront attachés, parce
que le don et la paix sont pour
ses élus.
10. Mais les impies, selon qu'ils
ont pensé, recevront un châti-
ment; eux qui ont négligé ce qui
est juste, et se sont retirés du
Seigneur.
11. Car celui qui rejette la sa-
cesse et l'instruction est malheu-
reux, et vaine est leur espérance,
leurs travaux sont sans fruit et
leurs œuvres inutiles.
19. Leurs femmes sont insen-
LA SAGESSE.
(cu. ur]
sées et très mauvais leurs fils.
13. Maudite est leur créature,
parce qu'heureuse est la femme
stérile et sans souillure, qui n'a
pas connu de lit nuptial criminel;
elle recevra une récompense, à
la visite des âmes saintes ;
14. Et heureux l'eunuque qui
n'a pas opéré par ses mains l'ini-
quité, qui n'a pas pensé contre
Dieu des choses mauvaises; car
il lui sera aecordé un don choisi
de fidélité, et un sort trés agréa-
ble dans la maison du Seigneur.
15. Carle fruit des bonstravaux
est glorieux, et la racine de la sa-
cesse ne sèche point.
16. Mais les fils des adultères
seront consumés, et la race pro-
venant d'un lit nuptial inique sera
exterminée.
17. Et s'ils viennent à être d'une
longue vie, ils seront comptés
pour rien, et sans honneur sera
leur vieillesse la plus avancée.
18. Et 8118 meurent prématu-
rément, ils seront sans espé-
rance; et au jour du jugement,
sans parole de consolation.
7. Matt., xir, 43. — 8. I Cor., vi, 2. — 14. Is., 11, 4.
6. Dans le temps; c'est-à-dire quand leur temps sera venu. — Ils auront, etc.; de
la part de Dieu nommé au verset précédent.
10. Ce qui est juste; la justice, ou bien 76 juste, l’homme juste; car le texte grec
est aussi amphibologique que le latin.
19. Insensées; c'est-à-dire débauchées, déréglées. Dans l'Ecriture, les insensés sont
souvent mis pour les méchants. — Une récompense; littér. du fruit. — A la visite, etc.;
lorsque Dieu visitera les àmes saintes, au jour de la mort et du jugement.
13. Leur créature; leur postérité.
15. Le mot qux de la Vulgate, échappant à toute analyse et ne se lisant pas dans
le grec, nous l'avons supprimé dans notre traduction.
18. Jour du jugement; littér. de la reconnaissance; c'est-à-dire, où tout sera connu;
selon le grec, du discernement, de l’examen; expressions qui désignent évidemment
le jugement de Dieu après la mort. Il faut remarquer que tout ce qui est dit ici des
enfants des adultéres ne doit s'entendre que de ceux qui imitent les désordres de
leurs parents, et qui vivent, comme eux, dans le crime; car, sans cela, le crime de
leurs parents ne leur est pas imputé au jugement de Dieu; et il peut fort bien ar-
river que celui qui est né d'une union criminelle soit sauvé, et que des enfants de
saints soient réprouvés.
[cn. 1v.]
19. Car la fin d'une nation
inique est cruelle.
CHAPITRE IV.
Avantages de la chasteté. Suites malheu-
reuses de l'adultére. Mort des justes
heureuse, quoique précipitée. Justes
retirés du monde par miséricorde.
Malheur des méchants à la mort.
1. 0 combien belle est une gé-
nération chaste et glorieuse! car
sa mémoire est immortelle, et
elle est connue de Dieu et des
hommes.
2. Lorsqu'elle est présente, on
limite, et on la regrette lors-
qu'elle s'est retirée; couronnée
pour jamais, elle triomphe, après
avoir remporté le prix de la vic-
toire dans les combats inconta-
minés.
3. Mais la multitude variée des
impies ne sera pas utile, et les re-
jetons bátards ne donneront pas
des racines profondes, et n'éta-
bliront pas une tige durable.
4. Et si des rameaux germent
dans leur temps, peu solidement
plantés, ils seront agités par le
vent et déracinés par la violence
des vents.
9. Car les rameaux seront bri-
868 avant de s'étre développés ;
leurs fruits seront inutiles, amers
au goüt, et bons à rien.
6. Car les enfants qui naissent
LA SAGESSE
1407
d'une umon inique son. des té-
moins de la perversité des pa-
rents, lorsqu'on les interroge.
1. Mais le juste, s'il est prévenu
parla mort, sera dans le repos.
8. Carla vieillesse est vénéra-
ble, non parce qu'elle dure long-
temps, et qu'elle se compte par
le nombre des années; mais les
cheveux blancs, c'est la prudence
de l'homme,
9. Et l’âge de la vieillesse, une
vie sans tache.
10. Plaisant à Dieu, il est de-
venu son bien-aimé, et vivant
parmi les pécheurs, il en a été
lransféré ;
11. IL a été enlevé, afin que la
malice ne changeât point son es-
prit, ou que l'illusion ne décüt son
âme.
12. Car la fascination de la fri-
volité obscurcit le bien, et l'in-
constance de la concupiscence
renverse le sens qui est sans ma-
lice.
13. Consommé en peu detemps,
il a rempli un grand nombre de
jours ;
14. Car son âme était agréable
à Dieu; à cause de cela il s'est
hâté de le retirer du milieu des
iniquités ; mais les peuples voient
et ne comprennent pas, et ils ne
mettent pas dans leur cœur des
choses semblables, savoir :
Cap. IV. 4. Jérém., xvi, 6; Matt., vir, 27. — 10. Hébr., xi, 5.
3. Combats incontaminés; c'est-à-dire combats soutenus sans la moindre souillure,
9. Au goût; littér. à manger.
6. D'une union inique; ou illégitime ; littér. de songes iniques.
1. Dans le repos; la jouissance; littér. dans le rafraichissement; le grec dit repos,
délassement. Compar. rt, 4.
10. Plaisant à Dieu; il s'agit du juste nommé au vers. 1, les vers. 8-9 formant une
parenthèse.
12. Obscurcit le bien; littér. les bonnes choses; c'est-à-dire nous aveugle, en sorte
que nous ne connaissons qu'obscurément ou point du tout ce qui est bon et juste,
13. Consommé. Voy. le vers. 10, — De Jours; littér. de iemps.
1108
15. Que la gráce de Dieu et sa
miséricorde sont pour ses saints,
et son regard favorable pour ses
élus.
16. Mais le juste mort con-
damne les impies vivants, et une
jeunesse plus promptement con-
sommée, la longue vie del'Aomme
injuste.
17. Carils verront la fin du sage,
etils ne comprendront pas ce que
Dieu a pensé sur lui, et pourquoi
le Seigneur l'a mis en süreté.
18. Ils verront et ils le méprise-
ront, mais le Seigneur se rira
d'eux.
19. Et ils seront apres cela mou-
rant sans honneur, en opprobre
entre les morts à jamais; parce
qu'il les brisera dans leur orgueil
et les réduira au silence, il les
détruira jusqu aux fondements,
ils seront réduits à la derniere
désolation ; ils seront gémissants,
et leur mémoire périra.
20. Ils viendront eflrayés par la
pensée de leurs péchés, et leurs
iniquités, se £enant vis-à-vis, les
accuseront.
CHAPITRE V.
Triomphe des justes. Regrets inutiles des
méchants. Félicité éternelle des justes.
Vengeance du Seigneur contre les
méchants.
1. Alors les justes s’élèveront
avec une grande fermeté contre
LA SAGESSE.
[cu. v.]
ceux qui les ont tourmentés, et
qui leur ont ravi Ze fruit de leurs
travaux.
9. Ceux-ci le voyant seront
troublés par une crainte horrible,
et ils s'étonneront de ce salut
soudain,
3. Disant en eux-mémes, se re-
pentant et gémissant dans l'an-
goisse de leur esprit : Voici ceux
que nous avons eus autrefois en
dérision, en proverbes outra-
geants.
4. Nous insensés, nous esti-
mions leur vie une folie, et leur
fin sans honneur :
9. Et voilà qu'ils sont comptés
parmi les fils de Dieu, et que
leur sort est au milieu des saints.
6. Nous avons donc erré hors
dela voie de la vérité, et la lu-
mière de la justice n’a pas lui
pour nous, et le soleil de l'intel-
ligence ne s'est pas levé pour
NOUS. 4.
Nous nous sommes lassés .ד
dans la voie de l'iniquité et de la
perdition, et nous avons marché
dans des voies difficiles ; mais la
voie du Seigneur, nous l'avons
ignorée.
8. A quoi nous a servi l’orgueil?
ou que nous a rapporté l'ostenta-
tion des richesses ?
9. Toutes ces choses ont passé
comme une ombre, etcomme un
messager rapide ;
Cap. V. 4. Supra, ΠΙ, 2. — 9. 1 Par., xxix, 15; Supra, 1, 5.
16. Une jeunesse, etc.; c'est-à-dire que le juste enlevé à la flenr de son âge est la
condamnation du méchant qui, dans une longue vie, n'est pas parvenu à la perfec-
tion d'un jeune homme.
11. Ce que Dieu, etc.; le dessein de Dieu sur lui.
20. Les accuseront ; c'est le sens du grec; le latin traducent illos peut signiliev Jes
traduiront en jugement; ce qui revient au méme sens.
1. Alors; c'est-à-dire lors du jugement des impies, dont il est parlé au chapitre.
précédent.
(cn. v.]
10, Comme un navire qui fend
leau agitée ; lorsqu'il est passé,
on ne peut trouver sa trace, ni
le sentier de sa carene dans les
flots ;
11. Ou comme un oiseau qui
traverse l'air au vol; on ne dis-
tingueaucune marque desaroute,
mais seulement le bruit des ailes,
qui frappe la brise légère, et fend
l'air avec effort ; ses ailes agitées,
il a achevé son vol, et apres cela -
on ne découvre aucune trace de
sa route ;
12. Ou comme une flèche lan-
cée vers un but ; l'air qu'elle sé-
pare se réunit aussitót, en sorte
qu'on ignore son passage :
13. Ainsi nous sommes nés, et
aussitót nous avons cessé d'étre,
et nous n'avons certainement pu
montrer aucun signe de vertu :
mais c'est par notre méchanceté
que nous avons été consumés.
14. Tellessontles choses qu'ont
dites dans l'enfer ceux qui ont
péché ;
15. Parce que l'espérance de
l'impie est comme la laine qui est
emportée par le vent; comme
l'écume légère qui est dispersée
par la tempéte ; comme la fumée
LA SAGESSE.
1409
qui est dissipée par 16 vent, et
comme le souvenir d'un hóte qui
passe e£ ne s'arréte qu'un seu]
jour.
16. Mais les justes vivront éter-
nellement; aupres du Seigneur
est leur récompense, et les soins
en leur faveur dans le Très-Haut.
11. C'est pour cela qu'ils rece-
vront le royaume d'honneur et le
diadème d'éclat de la main du
Seigneur, parce que de sa droite
il les protégera, et de son bras
saint il les défendra.
18. Son zèle prendra son ar-
mure, et il armera la créature
pour se venger de ses ennemis.
19. Il revétira, pour cuirasse,
la justice, et pour casque, son
jugement infaillible ;
20. 11 prendra pour bouclier
inexpugnable l'équité :
21. Mais il aiguisera son in-
flexible colère comme une lance,
et 16 globe de la terre combattra
avec lui contre les insensés.
22. Les foudres lancées iront
tout droit, et elles seront déco-
chées des nuées, comme d'un arc
bien tendu, et elles atteindront
rapidement le but.
23. Et parla colère de Dieu sem-
10. Prov., xxx, 19. — 15. Ps. 1, 4; Prov., x, 28; x1, 7. — 18. Ps. xvu, 40; Eph., vr, 13.
16. Les soins en leur faveur; littér. lu pensée ou le soin d'euz (cogitatio illorum). Ici,
comme en bien d'autres passages de l'Ecriture, le pronom possessif a le sens passif.
Compar. pag. 342. Le grec porte La sollicitude, le soin; ce qui confirme notre assertion
par rapport au pronom possessif.
22. Les foudres lancées; littér. les émissions des foudres. L'auteur, ainsi que les autres
écrivains sacrés, envisage les foudres comme les flèches d'un arc. — Elles seront
décochées; c'est-à-dire renvoyées, retirées; car le latin erterminabuntur signifie pro-
prement seront renvoyées, chassées de leur lieu. — Des nuées. Le génitif latin nubium
pourrait à la rigueur être considéré comme régime du mot arc (arcu); mais il nous a
paru plus naturel de le faire dépendre du verbe. Il est vrai que dans cette hypothèse,
il devrait être à l'ablatif; mais il est constant que pour les cas comme pour les
genres, la Vulgate se conforme souvent, non point au latin, mais à l'idiome du texte
original. Ainsile génitif est mis ici, comme dans le grec, pour l'ablatif que réclame
la langue latine.
23. Semblable à une baliste, comme porte le texte grec; la Vulgate dit pierreuse,
A. T. 99
4410
blable à une baliste, d'abondantes
gréles seront envoyées, et l'eau
de la mer sera courroucée contre
eux, et les fleuves se déborderont
avec furie.
24. Contre eux s'élevera un
vent violent, et comme un tour-
billon, il les dissipera; leur ini-
quité réduira toute la terre en un
désert, et leur méchanceté ren-
versera les trônes des puissants.
CHAPITRE VI.
Rois et juges de la terre exhortés à ac-
quérir la sagesse. Supplices rigoureux
préparés à ceux qui gouvernent injus-
tement. La sagesse se présente à ceux
qui l'aiment et la cherchent. Combien
il est avantageux de la posséder.
1. Mieux vaut la sagesse que
les forces, et l'homme prudent
que le courageux.
2. Ecoutez donc, rois, et com-
prenez : instruisez-vous, juges
des confins de la terre.
3. Prétez l'oreille, vous qui
gouvernez des multitudes, et qui
vous complaisez dans des troupes
de nations ;
4. Parce que la puissance vous
a été donnée par le Seigneur, et
la force par le Très-Haut, qui in-
terrogera vos œuvres et scrutera
vos pensées :
9. Parce qu'étant les ministres
LA SAGESSE.
[cH. Vi."
de son royaume, vous n'avez pas
jugé équitablement, vous n'avez
pas gardé la loi de la justice, et
vous n'avez pas marché selon la
volonté de Dieu.
6. Il vous apparaitra d'une ma-
niere effroyable et promptement,
parce qu'un jugement très rigou-
reux est réservé à ceux qui com-
mandent.
7. Car la miséricorde est accor-
dée aux petits; mais les puis-
sants seront puissamment tour-
mentés.
8. Car Dieu n'exceptera per-
sonne, il ne respectera la gran-
deur de personne, parce que lui-
méme a fait les grauds et les
petits, et qu'il a également soin
de tous.
9. Mais aux plus forts est des-
tiné un plus fort supplice.
10. Pour vous donc, à rois, sont
ces miennes paroles, afin que
vous appreniez la sagesse, et que
vous ne tombiez pas.
11. Car ceux qui garderont jus-
tement les choses justes seront
justifiés, et ceux qui auront ap-
pris ceci trouveront de quoi ré-
pondre.
19. Désirez done ces miennes
paroles, aimez-les, et vous 7 au-
rez une instruction.
13. Elle est claire, et telle que
Cab. VI. 1. Eccl., 1x, 18. — 4. Rom., xui, 1. — 8. Deut., x, 17; 11 Par., xix, 7; Eccli.,
xxxv, 15; Actes, x, 34; Rom., it, 11; Gal., 1 6; Ephés., vr, 9; Col., nr, 25; I Pierre,
TIU
Or la baliste ou calapulte était une machine dont on se servait anciennement dans
les siéges pour lancer ies pierres. Le sens est donc que la colére de Dieu sera comme
une baliste, qui fera tomber sur les impies une quantité Je gréles aussi dures que
des pierres.
2. Des confins de la terre; c'est-à-dire de la terre entière.
3. Qui vous complaisez, etc.; qui vous glorifiez de commander à une foule de nations. '
11. Ceux qui garderont, etc.; ceux qui dans toutes leurs actions observeront fidé-
lement la justice seront traités comme justes. — Ceci (ista); ce que j'enseigne. — De'
quoi répondre; de quoi se défendre, se jusülier devant le souverain juge.
]68. νι.
jamais elle ne se flétrit, la sa-
gesse : elle est facilement aper-
cue par ceux qui l'aiment, et trou-
vée par ceux qui la cherchent.
14. Elle prévient ceux qui la
désirent ardemment, afin de se
montrer à eux la premiere.
15. Celui qui, dès la lumière du
jour, veillera pour elle, n'aura
pas de peine, car il la trouvera
assise à sa porte.
16. Penser donc à elle est une
prudence consommée; et celui
qui veillera à cause d'elle sera
exempt de soucis.
17. Parce qu'elle tourne elle-
méme de tous côtés, cherchant
ceux qui sont dignes d'elle; dans
les chemins elle se montre à eux
avec un visage riant, et elle va
au-devant d'eux avec tout le soin
de sa providence.
18. Car le commencement de
la sagesse est le désir très sincere
de l'instruction.
19. Le soin donc de l'instruc-
lion est l'amour, et l'amour est
l'observation de ses lois : or l'at-
tention à observer ses lois est la
consommation de l'incorruption :
20. Et l'incorruption approche
l'homme de Dieu.
21. C'est pourquoi le désir de la
sagesse conduit au royaume éter-
nel.
22. Si donc vous vous complai-
sez dans les trónes et les sceptres,
6 rois des peuples, aimez la sa-
(βαρ. VII. 2. Job, x, 10.
LA SAGESSE.
1411
gesse, afin que vous régniez éter-
nellement ;
23. Aimez la lumière de la sa-
gesse, vous tous qui étes à la téte
des peuples.
24. Mais qu'est-ce que la sa-
gesse, et de quelle maniere a-
t-elle été faite, je le raconterai,
et je ne vous cacherai pas les se-
crets de Dieu; mais je la recher-
cherai dés le commencement de
sa naissance, et je mettrai en
lumiere sa science, et je ne tairai
pas la vérité ;
25. Je ne cheminerai pas avec
celui qui dessèche d'envie, parce
qu'un tel homme ne participera
pas à la sagesse.
26. La multitude des sages est
le salut du globe de la terre; et
un roi sage est le soutien de son
peuple.
27. Recevez donc l'instruction
par mes paroles, et cela vous sera
utile.
CHAPITRE VII.
Tous entrent dans cette vie et en sortent
de la méme maniére. La sagesse est
préférable à tous les autres biens.
Avantages qu'on en retire. Louanges
de la sagesse.
1. Je suis assurément, moi
aussi homme mortel, semblable
à tous, et de la race de cet homme
de terre qui le premier fut fait,
et dans le sein de ma mère j'ai
été formé chair;
2. Dans l'espace de dix mois
19, 20. L'incorruption (incorruptio); c'est-à-dire l'exemption de toute souillure, la
pureté parfaite de l'àme.
1. J'ai été formé chair; c'est-à-dire corps; mon corps a été formé,
2. * Dans l'espace de dix mois. L'année chez les Hébreux se composait de mois de
29 et 30 jours. La naissance de l'enfant arrivait ordinairement vers le milieu du
dixième mois, et l'on comptait le mois commencé, dans le calcul que nous avons
441
jai été fait d'un sang épaissi et
de la substance de l'homme, et
le plaisir du sommeil y concou-
rant.
3. Et moi né, j'ai recu l'air
commun; je suis tombé sur la
méme terre, et j'ai élevé une voix
semblable à toutes es autres en
pleurant.
4. J'ai été nourri dans leslanges
et avec de grands soins.
9. Car aucun des rois n'a eu un
autre commencement de nais-
sance.
6. II n'y a donc pour tous qu'une
même entrée dans la vie et une
semblable sortie.
7. À cause de cela j'ai désiré, et
le sens m'a été donné : j'ai invo-
qué, et est venu en moi l'esprit
de sagesse :
8. Et je 181 mise avant les
royaumes et les trónes, et j'ai
jugé que les richesses n'étaient
rien en comparaison d'elle;
9. Jene lui ai point comparé de
pierre précieuse, parce que tout,
en comparaison d'elle, est un peu
de sable, et que l'argent sera es-
timé comme de la boue devant
elle.
10. Je l'ai aimée au-dessus de
la santé et de la beauté, je me
suis proposé de l'avoir pour ma
lumiere, parce que sa clarté est
inextinguible.
LA SAGESSE.
[cH. vi.;
11. Or, me sont venus ensem-
ble tous les biens avec elle, et des
richesses innombrables par ses
mains,
19. Et je me suis réjoui en
toutes choses, parce que marchait
devant moi cette sagesse, et j'i-
gnorais qu'elle était la mere de
tous ces biens.
13. Je l'ai apprise sans dégui-
sement, et sans envie je la com-
munique, et je ne cache pas ses
richesses.
14. Car elle est un trésor infini
pour les hommes, et ceux qui
en ont usé sont devenus partici-
pants de l'amitié de Dieu, re-
commandables par les dons de la
science.
15. Pour moi, Dieu m'a donné
de dire ce que je sens, et d'avoir
des pensées dignes des faveurs
qui me sont accordées, parce
quil est lui-méme le guide de
la sagesse et le réformateur des
sages;
16. Car nous sommes dans sa
main, et nous et nos paroles, et
toute la sagesse, et la science
d'agir, et l'instruction.
11. Car c’est lui-même qui m'a
donné de ce qui est la vraie
science, afin que je connaisse la
disposition du globe de la terre,
et les vertus des éléments,
18. Le commencement et la
6. Job, 1, 21 ; I Tim., vi, 7. — 9. Job, xxvi, 15; Prov., vni, 11. — 11. HI Rois, πι, 13;
Matt., vr, 33.
ici, selon un usage assez commun en Orient, C'est ainsi qu'il est dit que Jésus-Christ
resta trois jours dans le tombeau, quoiqu'il n'y ait été mis que le vendredi soir et
qu'il soit ressuscité le dimanche matin.
8. J'ai reçu, etc.; j'ai respiré l'air commun à tous les autres hommes,
1. J'ai désiré, etc. Compar. 111 Rois, ur, 9-11.
8. Et je l'ai mise, etc. Compar. Prov., vir, 10, 11, 45, 16.
41. Richesses; c'est le sens du grec, et méme du latin de la Vulgate 20008708, non
seulement ici, mais dans tout le livre.
[cH. vur.]
fin, et le milieu des temps, les
permutations des choses qui se
succedent et les changements des
saisons,
19. Les révolutions des années,
et les dispositions des étoiles,
90. Les natures des animaux,
et les colères des bêtes; la force
des vents et les pensées des
hommes; les différences des plan-
tes, et les vertus des racines;
21. Et toutes les choses ca-
chées et imprévues, je les ai ap-
prises, parce que l'artisan de
toutes choses, la sagesse, m'a
instruit.
22. Car en elle est un esprit
d'intelligence, saint, unique, mul-
tiple, subtil, disert, prompt, sans
tache, certain, doux, aimant le
bien, pénétrant, que rien ne peut
empécher d'agir, bienfaisant;
23. Humain, bienveillant, sta-
ble, sûr, calme, ayant toute puis-
sance, voyant tout, contenant
tous les esprits, intelligible, pur,
subtil ;
24. Car la sagesse est plus
prompte que tout ce qu'il y a de
prompt, et elle atteint partout à
cause de sa pureté.
25. Elle est la vapeur de la
vertu de Dieu, et une certaine
émanation de la gloire du Tout-
Puissant : et c'est pour cela que
26. Hébr., 1, 3.
LA SAGESSE.
1413
rien de souillé n'entre en elle:
26. Car elle est l'éclat de la lu-
miere éternelle, le miroir sans
tache de la majesté de Dieu, et
l'image de sa bonté :
27. Etquoiqu'ellenesoit qu'une,
elle peut tout; et immuable en
soi, elle renouvelle touteschoses;
elle se répand parmi les nations
dans les âmes saintes, et elle
forme les amis de Dieu etles pro-
phètes.
28. Car Dieu n'aime personne,
si ce n'est celui qui habite avec
la sagesse.
29. Car elle est plus belle que
le soleil, et au-dessus de toute
disposition des étoiles; comparée
àla lumiere, elle se trouve la
premiere.
30. Car àla lumiere succede la
nuit; mais la malice ne triomphe
pas de la sagesse.
CHAPITRE VIII.
Excellence de la sagesse. Avantages que
lon trouve dans la possession de la
sagesse. C'est de Dieu qu'on la re-
coit.
1. La sagesse, au contraire,
atteint avec force d'une extré-
mité à une autre extrémité, et
dispose toutes choses avec dou-
ceur.
2. Je l'ai aimée, je l'ai recher-
20. * Les coléres des bétes. Le sens du grec est plus général, il exprime tous les
instincts des animaux. — Les différences des plantes, la science de la botanique. —
Les vertus des racines, la connaissance des remédes.
22. * La sagesse dont il est question dans ce verset et les suivants est la Sagesse
incréée, comme l'enseignent les théologiens, et comme le prouve la comparaison du
langage de notre livre avec celui de l'Ecclésiastique, xxiv, 4 et suiv., et avec l'Epitre
aux Hébreux, 1, 3.
25. La vapeur; comme une odeur qui s'exhale de la vertu divine.
29. Au-dessus de toute disposition des étoiles; c'est-à-dire supérieure par sa beauté
à la disposition déjà si belle des étoiles du firmament. La traduction : Elle est plus
élevée que toutes les étoiles, est aussi peu conforme à la Vulgate qu'au texte grec.
1414
chée des ma jeunesse, et j'ai de-
mandé à l'avoir pour épouse, et
je suis devenu amateur de sa
beauté.
3. Elle glorifie la noblesse de
son origine, comme jouissant de
lunion étroite de Dieu; et aussi
parce que le Seigneur de toutes
choses l'a aimée;
4. Car c'est elle qui enseigne
la science de Dieu, et qui choisit
ses œuvres.
5. Et si on convoite les ri-
chesses dans la vie, quoi de plus
riche que la sagesse qui opere
toutes choses?
6. Mais si c'est l'intelligence de
l'homme qui produit, qui plus
qu'elle est l'artisan de ces choses
qui existent?
7. Et si quelqu'un aime la jus-
1100, ses travaux ont pour objet
les grandes vertus; car elle en-
seigne la sobriété et la prudence,
la justice et la force d'âme, choses
qui sont les plus utiles à l'homme
dans la vie.
8. Et si quelqu'un désire une
grande science, elle saitleschoses
passées et juge des futures; elle
sait les artifices du discours et
la solution des arguments; elle
sait les signes et les prodiges
avant qu'ils se produisent, et les
événements des temps et des
siècles.
9. Je me suis donc proposé de
lamener à vivre avec moi, sa-
LA SAGESSE.
[cH. vir.)
chant qu'elle me communiquera
ses biens, et qu'elle sera la con-
solation de ma pensée et de mon
ennui.
10. A cause d'elle j'aequerrai
de la gloire auprès de la multi-
tude, et de l'honneur auprès des
vieillards, quoique jeune ;
11. Je serai trouvé pénétrant
dans les jugements, et en pré-
sence des puissants je serai ad-
mirable; et la face des princes
me regardera avec étonnement;
12. Quand je me tairai, ils at-
tendront patiemment, et quand
je parlerai, ils me regarderont,
et quand je discourrai sur plu-
sieurs sujets, ils mettront la main
sur la bouche.
13. Outre cela, j'aurai par elle
l'immortalité, et laisserai une
mémoire éternelle à ceux qui
doivent venir aprés mol.
14. Je gouvernerai des peuples,
et des nations me seront sou-
mises.
15. Les rois les plus redoutables
me craindront, lorsqu'ils m'en-
tendront : au milieu de la multi-
tude je me montrerai bon, et
dans la guerre, vaillant.
16. Entrant dans ma maison, je
reposerai avec elle; car sa con-
versation n'a pas d'amertume, ni
sa société d'ennui, mais de l'allé-
gresse et de la joie.
17. Pesant ces choses en moi,
et remettant en mémoire à mon
i M —————
6. Mais si c'est, etc. Si c'est l'intelligence (humaine), qui fait tant d'excellents ou-
vrages, pour faire tout ce qui existe, n'a-t-il pas fallu une intelligence bien supé-
rieure? Compar. vir, 12-21; Prov., vni, 22.
8. La solution des arguments; ou selon le grec: La solution des énigmes.
12. Ils attendront patiemment; que je parle. — Ils me regarderont; comme ravis
d'admiration par la sagesse de mes discours. — 118 mettront la main, etc. Compar.
Job, xxix, 9-10.
15. Lorsqu'ils m’entendront; ou Lorsqu'ils entendront parler de moi.
[cH. [.אז
cœur, que l'immortalité est alliée
de la sagesse,
18. Et que dans son amitié est
un plaisir honnète; dans les œu-
vres de ses mains, des richesses
inépuisables ; dans ses discus-
sions, la sagesse, et une grande
gloire dans la communication de
ses discours, je tournais de tous
côtés la cherchant, afin de la
prendre pour moi.
19. Or, j'étais un enfant ingé-
nieux, et j'avais recu en partage
une âme bonne.
90. Et comme je devenais bon
de plus en plus, je suis parvenu
à conserver un corps sans souil-
lure.
91. Et comme j'ai su que je ne
pouvais étre continent si Dieu ne
me donnait de l'être (et c'était
déjà un effet de la sagesse, de
savoir de qui était ce don), je re-
courus au Seigneur, et le sup-
Cab. IX. 1. I Rois, nir, 9.
LA SAGESSE.
1415
pliai, et je lui dis de tout mon
COPUT :
CHAPITRE IX
Prière de Salomon au Seigneur pour
obtenir la sagesse. La sagesse est né-
cessaire pour gouverner les autres et
pour se conduire soi-même.
1. Dieu de mes peres, et Sei-
gneur de miséricorde, qui avez
fait toutes choses par votre pa-
role,
2. Et par votre sagesse avez
formé l'homme, afin qu'il domi-
nât sur la créature que vous avez
faite,
3. Afin qu'il dirige le globe de
la terre dans l'équité et la justice,
et qu'il rende les jugements dans
la droiture de cœur :
4. Donnez-moi la sagesse as-
sistante à votre tróne, et ne me
rejetez pas du nombre de vos en-
fants;
18. Des richesses (honestas). Voy., sur ce mot, vir, 11.
19. Un enfant ingénieux (ingeniosus). — J'ai recu en partage; littér. par le sort;
c'est-à-dire par un pur effet de la bonté de Dieu.
20. Ce verset mal entendu a fait croire à plusieurs que l'auteur favorisait la pré-
existence des âmes, système condamné par le Ve concile général tenu à Constanti-
nople. Quand le Sage dit qu'il est venu dans un corps sans souillure, il n'entend
nullement parler du moment de la création, lorsque son âme a été jointe à son corps ;
il veut dire seulement qu'ayant recu de Dieu une àme pleine de dispositions favo-
rables pour le bien (vers. 19), il les a cultivées avec soin, en sorte que son corps a
été exempt des souillures qui sont un obstacle à l'étude de la sagesse, qu'il reconnait
lui-méme (vers. 21) étre un don particulier de Dieu.
21. Etre continent (esse continens); posséder la continence; sens que favorise le ver-
set précédent; cependant d'autres traduisent par posséder, relenir, conserver la
sagesse, fondés principalement sur ce que : 1? le grec signifie obtenir ce qu'on désire,
posséder, aussi bien qu'étre continent, chaste; 2» la Vulgate elle-méme emploie dans
l'Ecclésiastique (νι, 28; xv, 1) le mot continens dans le sens de possesseur de la sagesse
(sapientie) et possesseur de la justice (justitiz); 3° que dans la prière qui suit immé-
diatement, c'est la sagesse qui en fait l'objet.
1. Dieu de mes pères, etc. C'est la prière dont il est parlé au chapitre précédent;
elle continue dans tout le reste du livre. On peut la considérer comme une para-
phrase de celle qu'on lit III Rois, x, 6 et .טנטפ L'auteur étend ici la pensée de Salo-
mon et y ajoute plusieurs choses qui reviennent à son dessein, qui est d'instruire
les rois, de leur inspirer l'amour de la sagesse, de la vertu, de la justice, et de les
éloigner de la violence, de l'injustice et du déréglement.
1416
5. Parce que je suis votre ser-
viteur, moi, et le fils de votre ser-
vante, un homme infirme et de
peu de temps, et peu capable de
comprendre les jugements et les
lois.
| 6. Car encore que quelqu'un
soit consommé en. savoir parmi
les fils des hommes, si votre sa-
gesse n'est pas en lui, il sera
compté pour rien.
7. C'est vous qui m'avez choisi
pour roi de votre peuple, et
pour juge de vos fils et de vos
filles ;
8. Et vous m'avez dit de bâtir
un temple sur votre montagne
sainte, et dans la cité de votre
habitation, un autel, représenta-
lion de votre tabernacle saint que
vousavez préparé des le commen-
cement ;
9. Et avec vous est votre sa-
gesse, qui connait vos ouvrages,
qui fut présente lorsque vous
formiez le globe de la terre,
et qui savait ce qui était agréable
à vos yeux,et ce qu'il y avait de
droiture dans vos préceptes.
10. Envoyez-la de vos cieux
saints, et du trône de votre
grandeur, afin qu'elle soit avec
moi, et qu'avec moi elle agisse,
afin que je sache ce qui est
favorablement accueilli par vous:
11. Car elle sait toutes choses,
et elle les comprend; elle me
conduira dans mes œuvres avec
LA SAGESSE
[cu. 1x.]
circonspection, et me gardera
par sa puissance.
19. Et mes œuvres seront fa-
vorablement accueillies, etje diri-
gerai votre peuple justement, et
je serai digne du tróne de mon
père.
13. Car qui d’entre les hommes
pourra savoir le conseil de Dieu ?
ou qui pourra penser ce que veut
Dieu?
14. Car les pensées des mortels
sont timides, et nos prévoyances
incertaines.
15. Car le corps, qui se cor-
rompt, appesantit l'àme ; et cette
habitation terrestre abat l'esprit
qui pense beaucoup de choses.
16. Et difficilement nous ap-
précions les choses qui sont
sur la terre, et celles qui sont
sous nos yeux, nous les trou-
vons avec peine. Mais celles qui
sont dans les cieux, qui les dé-
couvrira?
17. Or votre sentiment, Sei-
gneur, qui le connaîtra, si vous
ne donnez vous-méme la sagesse,
et si vous n'envoyez votre esprit
saint du plus haut des cieux;
18. Et qu'ainsi soient redres-
sées les voies de ceux qui sont
sur la terre, et que les hommes
apprennent ce qui vous plait ?
19. Car c'est par la sagesse
qu'ont été guéris tous ceux qui
vous ont plu, Seigneur, dés le
commencement.
5. Ps. oxv, 16. — 7. I Par., xxvirr, 4, 5; II Par., 1, 9, — 9. Prov., vi, 22, 21; Jean,
1, 1. — 18. 15., xr, 13; Rom., xt, 34; I Cor., ur, 16.
M M ————
8. Représentation ; copie; littér. similitude. Le temple de Salomon fut construit sur
e plan du tabernacle que Moïse érigea dans ₪ désert. Compar. III Rois, vi, avec
Exode, xXv-XXX.
[cu. x.]
CHAPITRE X.
Merveilles opérées par la sagesse depuis
le commencement du monde, en la
personne d'Adam, de Noé, d'Abraham,
de Jacob, de Joseph, de Moise, et en
faveur des Israélites.
1. C'est elle qui conserva celui
qui fut formé le premier par
Dieu, pour étre le pere du globe
de la terre, ayant d'abord été créé
seul;
2. Et elle le tira de son péché, et
lui donna la force de gouverner
toutes choses.
3. Dès qu'un injuste, dans sa
colere, se sépara d'elle, il périt
par la colère quile porta au meur-
LA SAGESSE.
1417
4. Lorsqu'à cause de lui, l'eau
inonda la terre, la sagesse sauva
de nouveau /6 monde, en gou-
vernant le juste par un bois mé-
prisable.
ὃ. C'est elle aussi qui, lorsque
les nations, d'un commun accord,
s'abandonneérent au mal, dis-
cerna le juste, le rendit irrépro-
chable devant Dieu, et le con-
serva fort contre sa tendresse
pour son fils.
6. C'estelle qui délivra un juste,
fuyant du milieu des impies, qui
périrent par un feu descendu sur
la Pentapole :
7. En témoignage de leur
méchanceté, cette terre déserte
ire de son frere. est toujours fumante; les ar-
(ΠΑΡ. X. 1. Gen., 1, 27. — 2. Gen., n, 7. — 3. Gen., 1v, 8. — 4. Gen.; vir, 21. —
הס De 0, Gen x1x, 41,22.
1. * Celui qui fut formé le premier par Dieu, Adam.
3. Un injuste; c'est-à-dire Cain. — * Au meurtre de son frére, Abel.
4. À cause de lui; à cause de ses péchés que ses descendants imitérent. — Un bois
méprisable. L'arche de Noé, désigné ici sous le nom de juste, parut, en effet, mé-
prisable aux yeux de ses contemporains impies.
5. Le juste; probablement Abraham, qui se conserva pur au milieu des peuples
idolâtres, et même au milieu de la famille de son père, qui adorait les idoles. — Et
le conserva fort, etc. Ceci convient parfaitement à Abraham, qui, comme le re-
marque saint Ambroise, se montra sage en croyant à Dieu, qui lui parlait, et en ne
préférant pas son amour pour sou fils aux ordres de son Dieu ; juste, en rendant au
créateur ce qu'il tenait de sa libéralité ; enfin, fort et généreux, en réprimant les sen-
timents de la nature, et en offrant à Dieu un sacrifice entier de tout ce qu'il avait
de plus cher au monde, et de tout ce qu'il ressentait de plus vif et de plus tendre.
6. Un juste; c'est Lot. — La Pentapole; c'est-à-dire les cinq villes : Sodome, Go-
morrhe, Adama, Séboim et Ségor; cette derniere fut préservée par les priéres de Lot.
Ce qui est dit dans ce verset et le suivant sur la Pentapole se trouve confirmé par
les relations des voyageurs.
7. Des fruits hors de saison (incerto tempore); qui ne mürissent pas. C'est l'opposé
des fruits qui viennent dans leur temps (tempore suo), comme dit le Psalmiste (Ps. 1,
3), et qui par là même arrivent à une parfaite maturité. — Une statue de sel, etc.
Voy. Genèse, xix, 24-26. — * Il y a toujours une évaporation trés forte sur la mer
Morte; elle suffit pour compenser l'apport que lui fait le Jourdain, apport que
Tobler évalue à six millions quatre-vingt-dix mille tonnes par jour. C'est peut-étre
à ce phénomène que fait allusion l'auteur de la Sagesse; mais il faut remarquer
de plus que sur la rive orientale, il y a plusieurs sources qui se jettent dans l'ouadi
Zerka, et dont l'eau presque bouillante remplit la vallée de vapeur fumante. — Por-
tant des fruits hors de saison, les célèbres pommes de Sodome. Josèphe dit que la
terre de Sodome produit des fruits qui paraissent bons à manger, mais qui se ré-
duisent en poussière dès qu'on les touche. On croit communément que c'est le fruit
de l'asclépiade géante, Vochar des Arabes. Il est jaune et ressemble à une pomme.
On trouve sur la cóte occidentale de la mer Morte et principalement à Engaddi un
1418
bres portant des fruits hors de
saison, et une statue de sel de-
bout, souvenir d'une àme incré-
dule.
8. Ceux qui ont négligé la sa-
gesse, non seulement sont tom-
bés par là méme dans ligno-
rance du bien ; mais ils ont encore
laissé aux hommes un souvenir
de leur folie, en sorte que leurs
fautes n'auralent pu demeurer
cachées.
9. Mais la sagesse a délivré des
douleurs ceux qui l'observent.
10. C'est elle qui a conduit par
des voies droites un juste qui
fuyait la colere de son frere, qui
lui a montré le royaume de Dieu,
qui lui a donné la science des
saints, qui l'a enrichi dans ses
travaux, et a rendu prospères ses
travaux.
11. Elle l'a secouru contre la
LA SAGESSE.
[cu Στ
fraude de ceux qui le circonve-
naient, et elle l'a rendu riche.
19. Elle l'a gardé contre ses
ennemis , défendu contre ses sé-
ducteurs, et l'a engagé dans un
rude combat, afin qu'il vainquit
et qu'il süt que la sagesse est plus
puissante que toutes choses.
13. C'est elle qui n’a pas dé-
laissé un juste, lorsqu'ilfut vendu ;
mais elle l'a délivré des mains des
pécheurs, elle est descendue avec .
lui dans une fosse;
14. Dans les liens méme elle
ne la pas quitté, jusqu'à ce
qu'elle lui eüt remis le sceptre
du royaume, etla puissance con-
tre ceux qui l'opprimaient ; elle
à convaincu de mensonge ceux
qui l'ont déshonoré, et elle lui a
donné une gloire éternelle.
15. C'est elle qui a délivré un
peuple juste et une race irré-
10. Gen., xxvi, 5, 10. — 13. Gen., xxxvir, 28. — 14. Gen., זא 49; Actes, vri, 10.
— 15. Exode, 1, 11.
fruit qu'on appelle « pomme de Sodome. Il a neuf centimètres de la queue à l'extré-
mité et onze centimètres de circonférence. ll n’a point de chair et n'est vraiment
qu'une peau verte ressemblant à celle d'une figue, contenant des graines semblables
aux pépins des pommes ordinaires. Chacun de ces pépins porte une grosse barbe
d'environ trois centimètres de long, plus douce que la soie. Cette barbe se file plus
facilement que le coton, mais elle n'a pas beaucoup de résistance. La plante qui le
produit est vivace et semi-ligneuse; elle ne dépasse guère la hauteur de trois mètres,
et ses feuilles ressemblent assez à une petite feuille de chou cabu, excepté cependant
qu'elles ne sont pas bombées. Ne serait-ce pas là le fruit dont parle le livre de la
Sagesse ? » (LiÉviw.)
10. Un juste; Jacob, frère d'Esaü. — L'a enrichi (honestavit). Voy. vr, 11. Pour les
autres détails concernant Jacob, et compris dans les versets 11 et 12, on peut com-
parer Genèse, XXXI-XXXIII.
13. Ce verset et le suivant tracent les principaux traits de l'histoire de Joseph, fils
du patriarche Jacob. :
14. Le sceptre du royaume. Moïse dit que Pharaon établit Joseph sur toute sa mai-
son, et qu'il lui donna une autorité absolue sur toute l'Egypte; cela suffit pour jus-
tifier l'expression scepíre du royaume, surtout si on considère que dans le pays de
Chanaan on donnait le nom de rois à tous ceux qui gouvernaient une ville ou qui
étaient élevés à de grands honneurs, et qu'Abraham et Moise sont appelés rois par
Justin, Nicolas de Damas et l'historien Josèphe. — Qui lonl déshonoré ; c'est-à-dire
qui ont cherché à le déshonorer par de fausses accusations, comme la femme de
Putiphar.
15. Un peuple, etc. Les Israélites pouvaient étre appelés justes et irrépréhensibles,
par rapport aux Egyptiens qu'ils n'avaient jamais offensés et qui les avaient réduits
[ex. x1.]
préhensible des nations qui l'op-
primaient.
16. Elle est entrée dans l'àme
d'un serviteur de Dieu et s'est
élevée par des prodiges et des
signes contre des rois redou-
tables.
11. Elle a rendu à des justes la
récompense de leurs travaux, et
les a conduits par une voie admi-
rable :. et elle a été pour eux
l'ombre pendant le jour, et la lu-
miere des étoiles pendant la nuit;
18. Elle les a conduits par la
mer Rouge, et les a fait passer
à travers des eaux immenses.
19. Mais elle a enseveli leurs
ennemis dans la mer, et 6116 165 8
retirés eux-mémes du fond des
abimes. C'est pour cela que les
justes ont emporté des dépouil-
les des impies,
LA SAGESSE.
1419
20. Et qu'ils ont chanté, Sei-
gneur, votre nom saint, et qu'ils
ontlouétous ensemble votre main
victorieuse,
21. Parce que la sagesse a ou-
vert la bouche des muets, et
qu'elle a rendu les langues des
petits enfants éloquentes.
CHAPITRE XI.
La sagesse a conduit les Israélites dans
le désert. Miracle de l'eau tirée du ro-
cher par Moise. Sagesse de Dieu mar-
quée dans les plaies dont il frappa
l'Egypte. Bonté de Dieu pour ses créa-
tures.
1. Elle a dirigé leurs œuvres
parles mains d'un saint prophete.
2. Ils ont fait route par des dé-
serts ; et c'est dans des lieux dé-
sertsqu'ils ont planté leurs tentes.
3. Ils ont tenu ferme contre
18. Exode, xiv, 22; Ps. Lxvir, 12. — 19. Exode, ,זא 90. — 20. Exode, xv, 1. —
.שג XI. 1. Exode, xvi, 1. — 3. Exode, ,טא
à la plus cruelle servitude, et móme un peuple saint, avec le texte grec, puisque ce
peuple était choisi de Dieu pour lui étre consacré, et que dés lors il servait et ado-
rait le Dieu que ses péres avaient servi et adoré, et que, de plus, les prémices en
étaient consacrées à Dieu dans la personne des anciens patriarches et des autres
justes qui leur avaient succédé dans ce méme peuple. C'est ainsi que saint Paul, dans
le temps méme de la réprobation d'une partie du peuple juif, dit en parlant de cette
nation : Que si les prémices sont saintes, la masse l’est aussi; et si la racine est sainte,
les rameaux aussi (Rom., xt, 16).
16. D'un serviteur de Dieu; de Moïse. — Des rois redoutables. Moïse ne parut que
devant Pharaon; mais, comme on l'a vu au verset 14, on donnait dans ces temps-là
le nom de roi aux grands et aux princes.
19. Elle les a retirés eux-mêmes; c'est-à-dire les Israélites appelés justes dans les
versets précédents. La plupart des interprètes expliquent ainsi le texte; mais quel-
ques-uns appliquent le pronom /es (iKos) aux Egyptiens, nommés dans le méme
verset les ennemis des Israélites (inimicos illorum). Ces derniers se fondent: 19 sur
ce que Moise dit expressément qu'aprés avoir traversé la mer à pied sec, les enfants
d'Israél virent les Egyptiens morts sur le rivage (Exode, xiv, 29); 29 sur ce que l'auteur
de la Sagesse ajoute immédiatement : C’est pour cela que les justes ont emporté les
dépouilles des impies (des Egyptiens); arguments, il faut en convenir, plus spécieux
que solides.
1. D'un saint prophète; c'est-à-dire de Moïse, appelé en effet prophèle dans plu-
sieurs passages de l'Ecriture. Voy. Nombr., xix, 6-1; Deutéron., xviu, 15; xxxiv, 10.
2. * Par des déserts, dans le Sinai.
3. Contre leurs ennemis; les Amalécites (Ezode, xvi), les Chananéens (Nombr., xx1),
les Madianites (Nomór., xxv-xxvi), Og, roi de Basan, et Séhon, roi des Amorrhéens
(Nombr., וצא ; Deulér., 111, xxix).
1420
leurs ennemis, et ils se sont ven-
gés de ceux qui leur étaient op-
posés.
4. Ils ont eu soif, et ils vous ont
invoqué, et il leur a été donné de
l'eau d'un rocher tres élevé, et
l'apaisement de leur soif est venu
d'une pierre dure.
9. Car, lorsque leurs ennemis
furent punis par le manque de
leurs eaux, tandis que les fils
d'Israél se réjouirent d'en avoir
en abondance;
6. Eux-mémes, lorsquils en
manquerent, furent bien traités.
7. En effet, au lieu de la source
d'un fleuve qui coulait toujours,
vous donnâtes du sang aux hom-
mes injustes.
8. Et lorsqu'ils étaient diminués
pour avoir livré les enfants à la
mort, vous donnátes aux [sraéli-
Les une eau abondante, d'une ma-
niere inespérée,
9. Montrant par cette soif qui
arriva alors, de quelle maniere
vous releviez les vótres, et com-
4. Nomb., xx, 11.
LA SAGESSE.
[cx. xr.]
ment vous faisiez mourir leurs
ennemis.
10. Car, lorsque vos enfants eu-
rent été éprouvés, mais, à la vé-
rité, en recevant un chátiment
mélé de miséricorde, ils compri-
rent de quelle manière, jugés
dans votre colère, les impies souf-
fraient des tourments.
11. A la vérité, vous avez
éprouvé les uns comme un pere
qui avertit ; mais les autres, vous
les avez condamnés comme un
roi sévère qui interroge.
12. Car absents et présents, ils
étaient également tourmentés :
13. Car un double ennui s'était
emparé d'eux, etun gémissement
au souvenir du passé.
14. Car, lorsqu'ils apprirent que
ce qui avait fait leur tourment
était devenu un bien pour les
autres, ils se souvinrent du Sei-
gneur, en admirant la fin de l'é-
vénement.
15. Car celui qu'ils tournerent
d'abord en dérision, dans l'expo-
4. Et il leur a été donné, etc. Compar. Exode, xxvii; Nomór., xx.
5. Dans la Vulgate le sens de ce verset n'est achevé que dans le suivant. Les exi-
gences de notre langue s'opposant à une traduction littérale, nous avons táché ce-
pendant de nous écarter le moins possible de la lettre du texte sacré. L'auteur rap-
pelle ici que les Egyptiens furent tourmentés par la soif, parce que toutes les eaux
de leur pays furent changées en sang par Moïse et Aaron (Exode, vir, 19-20), tandis
que les Israélites se réjouirent d'en avoir en abondance de potable. — L'expression
duns elles (in eis) est 16 complément ou régime du verbe ils se réjouirent (lætali sunt);
et le pronom elles (eis), en particulier, remplace le mot eaux (aquis) représenté dans
le verset méme par boisson (potus).
6. Eur-mémes; les Israélites. — Furent bien trailés; puisque le Seigneur leur donna
de l'eau toutes les fois qu'ils en manquèrent.
7. D'un fleuve; du Nil. — Qui coulait toujours; cela est dit par opposition aux
torrents et aux lacs qui tarissent et ne durent que peu.
8. Les Egyptiens diminuèrent en nombre, parce qu'il en mourait beaucoup par la
soif.
19. Absents, etc. Ils furent tourmentés, non seulement par les plaies dont Dieu les
frappa, lorsque les Israélites étaient encore parmi eux, mais aussi par la douleur
qu'ils continuérent à éprouver, méme aprés leur départ, à cause des grandes pertes
qu'ils avaient faites.
19. Leur soif n'étant pas semblable à celle des justes; celle des Egyptiens, dans leur
[cn. [.זצ
sition cruelle à laquelle il avait
été abandonné, ils l'admirerent à
la fin de l'événement, leur soif
n'étant pas semblable à celle des
justes.
16. Et quant aux pensées in-
sensées de leur iniquité, parce
que quelques - uns, dans leur
égarement, adoraient des ser-
pents muets et des bétes inu-
tiles, vous avez envoyé contre
eux une multitude d'animaux
muets en signe de vengeance ;
11. Afin qu'ils sussent que par
où quelqu'un a péché, c'est par là
qu'il est tourmenté.
18. Car il n'était pas impos-
sible à votre main toute -puis-
sante, qui ἃ créé le globe de la
terre d'une matière informe,
d'envoyer contre eux une multi-
tude d'ours et des lions pleins
d'audace,
19. Ou des ,bêtes inconnues
d'une nouvelle espèce, pleines
de colère, respirant une vapeur
de feu, ou répandant une odeur
de fumée, ou lançant par les
yeux d'horribles étincelles ;
20. Bétes dont non seulement
la morsure pouvait les exter-
miner, mais l'aspect méme les
tuer.
91. Mais même sans elles, ils
pouvaient d'un seul souffle être
LA SAGESSE.
1421
tués, poursuivis parleurs propres
œuvres, et dispersés parle souffle
de votre puissance; mais vous
avez disposé toutes choses avec
mesure et nombre et poids.
22. Car la souveraine puissance
esl à vous seul à jamais : et qui
résistera à la force de votre bras?
23. Parce que le globe de la
terre est devant vous comme ce
qui fait pencher une balance, et
comme une goulte de la rosée
d'avant le jour, laquelle descend
sur la terre.
24. Mais vous avez pitié de
tous, parce que vous pouvez tout,
et vous disssimulez les péchés
des hommes à cause du repen-
tir.
25. Car vous aimez tout ce qui
est. et vous ne haïssez rien de
tout ce que vous avez fait; car
ce n'est pas inspiré par la haine
que vous avez établi quelque
chose, ou que vous l'avez fait.
26. Mais comment quelque
chose pourrait-il subsister, si
vous ne l'aviez pas voulu? ou
comment ce qui n'aurait pas été
ordonné par vous se conserve-
rait-il?
97. Mais vous êtes indulgent
envers tous, parce que tout est à
vous, Seigneur, qui aimez les
ámes.
16. Infra, xir, 24. — 18. Lév., xxvi, 22; Infra, xvi, 1; Jér., vin, 17.
propre pays, dura longtemps et les décima; celle des Hébreux cessa dans le désert,
dés qu'ils demandérent de l'eau au Seigneur. — * Celui qu'ils tournerent en dérision
est Moise.
16. * Adoraient des serpents muets et des béles inutiles (supervacuas); le grec porte
de peu de valeur, viles. On sait que les Egyptiens rendaient un culte à toutes sortes
d'animaux qu'ils entretenaient dans leurs temples, bœufs, chats, crocodiles, etc,
18. Informe; c'estle sens du grec; la Vulgate porte qui ne se voit pas (invisa).
23. Ce qui fait pencher une balance: le moindre poids, un grain léger.
1422
CHAPITRE XII.
Dieu chátie avec patience ceux qui l'ont
2116286, pour leur donner lieu de faire
pénitence. Il instruit ses enfants par
les chàtiments qu'il exerce sur ses en-
nemis.
1. Qu'il est bon et doux, Sei-
gneur, votre esprit en toutes cho-
ses!
9. Et c'est pour cela que vous
chátiez par parties ceux qui s'é-
garent; au sujet de leurs fautes,
vous les reprenez et les exhor-
tez, afin qu'abandonnant le mal,
ils croient en vous, Seigneur.
3. Car ces anciens habitants
de votre terre sainte que vous
avez eus en horreur,
4. Parce qu'ils faisaient des
œuvres odieuses à vos yeux par
des enchantements, et des sacri-
fices injustes ;
5. Qu'ils tuaient sans pitié leurs
propres enfants; quils man-
LA SAGESSE.
[cn. [.זזצ
gealentles entrailles des hommes
et dévoraient leur sang, au mi-
lieu de votre terre sacrée,
6. Et étaient tout ensemble les
pères et 168 meurtriers des âmes
non secourues, vous les avez
voulu perdre par les mains de
nos pères,
1. Afin qu'elle recát, la colonie
des enfants de Dieu, cette terre
qui vous est la plus chere de
toutes.
8. Et cependant vous les avez
épargnés, comme étant hommes,
et vous avez envoyé, comme des
avant-coureurs de votre armée,
des guépes, afin qu'elles les ex-
terminassent peu à peu.
9. Non que vous fussiez im-
puissant à assujettir par la guerre
les impies aux justes, ou à les
faire périr soudain par des bétes
cruelles ou par votre parole sé-
vere;
10. Mais les châtiant par par-
Cap. XII. 3. Deut., 1x, 2, 12, 29; xviii, 12, — 10. Exode, xxii, 30; Deut., vu, 22.
2. Par parties (parlibus); partiellement ou graduellement, peu à peu et non tout
d'un coup, comme ceux qui craignent que leurs ennemis ne leur échappent.
3. Ces anciens habitants, etc.; c'est-à-dire les Chananéens.
4. Des sacrifices injusles; dans lesquels ils immolaient leurs enfants à l'idole de
Moloch. Compar. le verset suivant et Lévitique, xvur, 21.
4-5. On ne saurait taxer de faux l'auteur dela Sagesse dans les détails qu'il donne
ici des crimes des Chananéens, et dont les anciennes Ecritures ne chargent point ce:
peuple. On sait que plusieurs peuples de Chananéens immolaient leurs propres en- |
fants aux fausses divinités. On sait encore que dans la plupart des sacrifices la cou-
tume était de manger quelque partie de la victime offerte; il est done trés vraisem-
blable que ceux qui immolaient des victimes humaines aient porté l'excés jusqu'à
manger quelque partie de ces victimes. Ainsi, quoique dans les autres endroits de
I Ecriture, où il est parlé des Chananéens, il ne soit rien dit de cette coutume abo-
minable de manger les entrailles des hommes et de dévorer leur sang, ce n'est pas
une raison suffisante pour rejeter le témoignage de l'auteur de ce livre, lorsqu'il
assure positivement cette abomination et cette horreur.
5. Au milieu de votre lerre sacrée (a medio sacramento suo). C'est l'explication des
anciens interprétes et celle qui nous semble la meilleure. La Palestine était, en effet,
une terre consacrée à Dieu, depuis qu'il avait promis par serment (sacramento) de la
donner aux descendants d'Abraham, et d'y établir le siège de la vraie religion. C'est
de là qu'elle est encore appelée terre sainte (vers. 3), et terre la plus chère de toutes
à Dieu (vers. 1).
8. Et vous avez envoyé, 616. Compar. Exode, xxiu, 28, 50; Deuléron., viu, 20.
10. Chátiant; littér. jugeant (judicans). Nous avons déjà fait observer que dans
]68. xir.]
ties, vous donniez lieu au repen-
lir, n'ignorant pas que leur na-
tion était méchante, leur malice
naturelle, et que leur pensée ne
pourrait étre changée à jamais.
41. Car leur race était maudite
des le commencement : et, ne
craignant personne, vous don-
niez pardon à leurs péchés.
19. Car qui vous dira : Qu'a-
vez-vous fait? ou וט 8
contre votre jugement? ou qui
viendra devant vous comme ven-
geur des hommes iniques? ou
qui vous imputera à blâme, si ont
péri des nations que vous-méme
avez faites
13. Car il n'est pas d'autre
Dieu que vous, à qui est le soin
de toutes choses, pour que vous
ayez à montrer que ce n'est pas
injustement que vous prononcez
vos jugements.
14. Ni roi ni prince, en votre
présence, ne s'enquerront de
ceux que vous avez détruits.
18. Puisque done vous êtes
juste, c'est justement que vous
disposez toutes choses ; aussi con-
damner celui qui ne doit pas étre
puni, vous regardez cela comme
en dehors de votre puissance.
16. Car votre puissance est le
principe de la justice, et par cela
méme que vous étes le Seigneur
de tous, vous vous faites indul-
gent envers tous.
17. Car vous montrez votre
puissance, lorsqu'on ne vous
13. I Pierre, v, 7.
LA SAGESSE.
1123
croit pas souverain en puissance,
et vous confondez laudace de
ceux qui ne vous connaissent
pas.
18. Mais vous, dominateur de
la puissance, c'est avec tranquil-
lité que vous jugez, et avec une
grande réserve que vous nous
gouvernez; car il dépend de
vous, lorsque vous voulez, de
pouvoir.
19. Or, vous avez appris à
votre peuple par de telles œu-
vres, qu'il faut étre juste et hu-
main; et vous avez donné à vos
enfants une bonne espérance,
puisqu'en /es jugeant, vous lais-
sez au milieu de /eurs néchés
place au repentir.
20. Car, si vous avez puni avec
tant de précaution les ennemis
de vos serviteurs et ceux qui
étaient dus à la mort, leur don-
nant le temps et le lieu de pou-
voir se convertir de leur malice,
91. Avec combien de circons-
pection avez-vous jugé vos en-
fants, aux pères desquels vous
avez fait de bonnes promesses
par serment et par convention?
92. Lors donc que vous nous
corrigez, vous frappez nos en-
nemis de coups multipliés, afin
que nous considérions attenti-
vement votre bonté, et que,
lorsque nous sommes en juge-
ment, nous espérions votre misé-
ricorde.
23. De là vient qu'à ceux qui
le style biblique, juger signifiait aussi les suites du jugement, comme condamner,
punir, chátier. — Par parties; par degrés, peu à peu. Compar. le vers. 2.
13. De toules choses; ou de tous les hommes; l'expression est amphibologique, dans
le grec aussi bien que dans la Vulgate.
18. De pouvoir; c'est-à-dire d'exercer votre pouvoir, d'user de votre puissance.
93. Par les choses mémes qu'ils adoraient. Les Egyptiens adoraient les serpents;
1424
ont vécu en insensés et injuste-
ment, vous avez fait souffrir les
plus grands tourments par les
choses mêmes qu'ils adoraient.
24. Car, très longtemps ils s'é-
garèrent dans la voie de l'er-
reur, estimant dieux ceux des
animaux qui sont inutiles, et vi-
vant à la manière des enfants in-
sensés.
95. À cause de cela, comme à
des enfants insensés, vous leur
avez d'abord infligé un châtiment
en dérision.
26. Mais ceux qui n'ont pas été
corrigés par les railleries et par
les réprimandes ont éprouvé en-
suite un châtiment digne de
Dieu.
27. Car au milieu des maux
qu'ils souffraient, voyant avec
indignation qu'ils étaient exter-
minés par les choses mémes
quils prenaient pour des dieux,
ils reconnurent le Dieu véritable
qu'ils disaient autrefois ne pas re-
connaitre, et à cause de cela la
derniere condamnation vint sur
eux.
LA SAGESSE.
[cu. xim.]
CHAPITRE XIII.
Vanité des hommes qui, au lieu de re-
connaitre Dieu dans ses créatures, les
ont prises elles-mémes pour des dieux.
Folie et aveuglement de ceux qui ont
donné le nom de dieux aux ouvrages
de la main des hommes.
1. Ainsi, vains sont tous les
hommes en qui n'est paslascience
de Dieu, et qui par les biens vi-
sibles n'ont pu comprendre Celui
qui est, et n'ont pas, en considé-
rant les ceuvres, connu quel était
l'ouvrier ;
2. Mais ou le feu, ou le vent,
ou l'air subtil, ou la sphere des
étoiles, ou l'immensité des eaux,
ou le soleil et la lune, voilà ce
quils ont cru étre des dieux qui
gouvernaient le globe de la
lerre.
3. Si, ravis de leur beauté, ils
les ont crus des dieux, qu'ils sa-
chent combien est plus beau leur
dominateur; car c'est l’auteur
de la beauté qui a établi toutes
ces choses.
4. Ou s'ils en ont admiré la
24. Supra, xi, 16; Rom., 1, 23. — (παρ. XIII. 1. Rom., 1, 18. — 2. Deut., 1v, 19;
XVII, ὃ.
les Philistins et vraisemblablement aussi les Chananéens adoraient Beelzébuth, le
dieu-mouche ou des mouches, dont il est souvent parlé dans l'Ecriture. Ainsi, pour
les punir par les choses mémes qu'ils adoraient, Dieu envoya contre eux une armée
de mouches pour les chasser et les tourmenter.
24. Inutiles (supervacua). Voy. xt, 16.
25, 26. Chátiment; littér. jugement (judicium). Compar. le vers. 10.
21. Ils reconnurent le Dieu véritable; mais ils s'en tinrent là; ils furent du nombre
de ces paiens, dont parle saint Paul, lesquels, ayant connu Dieu, ne lont pas glorifié
comme Dieu (Rom., 1, 21). — Et à cause de cela, etc.; c'est ce qui attira enfin sur eux
les derniers malheurs; ils furent exterminés.
1. Celui qui est; par lui-même, l'Etre nécessaire. Compar. Exode, 111, 14.
2. * Enumération des créatures qui ont été divinisées et adorées par les idolátres.
Les Perses adoraient /e feu, ainsi que les vents; les Chananéens, le soleil, la lune et
les astres; les Egyptiens adoraient aussi le soleil sous le nom de Ra, le Nil, etc. Les
Grecs rendaient également un culte à toutes les créatures que nomme ici l'auteur de
la Sagesse.
3. Qui a établi (constituit); qui a créé, selon le grec.
[cu. xur.]
puissance et les œuvres, qu'ils
comprennent par là que celui qui
les a faites est plus puissant
qu'elles.
5. Car par la grandeur de la
beauté et de la créature, le créa-
teur de ces choses pourra étre vu
de maniere à étre reconnu;
6. Mais cependant en ceux-ci le
sujet de plaintes est moindre.
Car eux aussi s'égarent sans
doute, en cherchant Dieu et en
voulant le trouver.
7. Car, comme ils vivent au mi-
lieu de ses œuvres, ils le cher-
chent, et ils sont persuadés que
les choses qui se voient sont
bonnes.
8. D'un autre cóté, on ne doit
pas leur pardonner.
9. Car s'ils ont eu assez de sa-
voir pour apprécier le monde,
comment n'ont-ils pas trouvé plus
facilement le Seigneur ?
10. Mais ils sont malheureux,
el leur espérance est parmi les
morts, ceux qui ont appelé dieux
les ouvrages des mains des hom-
mes, l'or, l'argent, les inventions
LA SAGESSE.
de l'art, des figures d'animaux,
une pierre inutile, ouvrage d'une
main antique.
11. Ainsi c'est un grand mal-
heur, si un habile ouvrier coupe
dans la forét un arbre bien droit,
qu'avec adresse il en enlève toute
l'écorce, et que se servant de son
art il fasse un meuble utile pour
l'usage de la vie;
12. Qu'il emploie 168 débris de ce
bois pour préparer sa nourriture;
15. Et que le reste qui n’est
d'aucun usage, bois tortu et plein
de nœuds, il le taille avec soin
dans son loisir ; que par la science
de son artil lui donne une figure,
et le fasse semblable à l'image
d'un homme,
14. Ou qu'il lui donne la forme
de quelqu'un des animaux, le frot-
tant avec du vermillon, et le pei-
gnant en rouge avec du fard, et
enlevant en frottant toute tache
qui est en lui ;
15. Qu'ensuite il lui fasse une
habitation convenable, le placant
dans la muraille et l'affermissant
avec du fer,
none, ΕἸ. — 11, I5, xLtY, 12; Jér.! x, 9.
5. De la beauté et de la créature; c'est-à-dire de la beauté de la créature; figure
grammaticale dont la Bible fournit plusieurs exemples. — De manière à étre reconnu
(cognoscibiliter); dans le grec, par analogie.
10-xiv, 13. * Description d'une grande beauté littéraire de la folie de l'idolátrie.
10. Mais ils sont malheureux. L'écrivain sacré distingue deux sortes d'idolàtres :
les uns qui cherchent Dieu dans la nature et adorent les choses de la nature au lieu
de Dieu; les autres qui se font eux-mêmes des idoles pour les adorer. Les premiers,
mentionnés dans les versets précédents, sont, à la vérité, dignes de blâme, puisqu'ils
auraient pu facilement s'élever de la beauté des créatures au Créateur; mais les
derniers, dont il s'agit depuis ce vers. 10 jusqu'à la fin du chapitre, sont plus 5/á-
mables encore.
11. Ainsi c'est un grand malheur. Ces mots ou autres semblables sont évidemment
sous-entendus ; car autrement ce qui suit n'aurait aucune liaison avec ce qui pré-
cede; et cependant on comprend aisément qu'il en faut nécessairement une. Remar-
quons, de plus, que la phrase qui commence ici, et qui est interrompue par de
nombreuses parenthèses, ne se trouve complète qu'au vers. 11.
14. Avec du vermillon. Les anciens estimaient extraordinairement le vermillon, et
n'en usaient que comme d'une chose très précieuse.
A. T 90
1425
16. De peur qu'il ne tombe,
pourvoyant ans? à sa sûreté,
sachant qu'il ne peut s'aider
lui-même; car c'est une simple
image, et il a besoin d'un secours
étranger.
17. Et lui faisant un vœu, il le
consulte sur ses biens, sur ses
enfants, sur un mariage. Il ne
rougit pas de parler à un bois qui
est sans âme :
18. Pour sa santé, il sollicite un
infirme; pour la vie, il prie un
mort, et pour le secourir, il invo-
que celui qui n'est d'aucune uti-
lité ;
19. Pour un voyage, il s'adresse
à celui qui ne peut marcher; pour
acquérir et entreprendre, et pour
le succès de toutes choses, il s'a-
dresse à celui qui en toutes choses
est inutile.
CHAPITRE XIV.
Folie de celui qui en s'embarquant in-
voque une idole. Prophétie de la ruine
de l'idolátrie. Origine 666 86.
Maux dont elle est la source.
1. Un autre encore, pensant à
naviguer, et commençant à faire
route à travers les flots impé-
LA SAGESSE.
[cH. xiv.)
tueux, invoque un bois plus fra-
gile que celui qui le porte.
2. Carle désir d'acquérir l'a in-
venté, et un ouvrier l'a fabriqué
par son adresse.
3. Mais c'est votre providence,
ὃ Roi, qui le gouverne; parce que
c'est vous qui avez tracé sur la
mer une voie, et au milieu des
flots un sentier tres assuré ;
4. Montrant azns? que vous pou-
vez sauver de tous /es périls, lors
méme que quelqu'un, sans le se-
cours de l'art, vasur la mer.
9. Mais afin que les ouvrages
de votre sagesse ne fussent pas
inutiles, les hommes confient
leurs âmes méme à un faible bois ;
et, traversant la mer, ils ont été
sauvés avec un vaisseau.
6. Mais aussi dès le commen-
cement, lorsque périrent les
géants superbes, l'espoir du globe
de la terre se réfugiant dans un
vaisseau qui était conduit par
votre main, conserva au monde
un germe de renaissance.
1. Car béni estle bois par lequel
est faite la justice.
8. Mais l'idole qui est faite par
les mains est maudite, elle-méme
(παρ. XIV. 3. Exode, xiv, 22. — 6. Genèse, vi, 4; vir, 7. — 8. Ps. cxi, 4; Baruch,
vI, 3.
2-1. Ces versets forment une parenthèse, dans laquelle l'auteur montre comment,
avec la permission de Dieu, la navigation a été inventée par les hommes, afin de
faire éclater sa toute-puissance, et comment Dieu s'en est servi dans le déluge pour
répandre ses bénédictions sur le genre humain.
3. Quelques-uns croient que le Sage fait ici allusion au passage de la mer Rouge;
mais la plupart l'entendent de l'art de la navigation.
5. Iis ont été sauvés (liberati sunt). Le grec met également le verbe au passé;
peut-étre que l'écrivain sacré fait allusion à quelque fait antérieur connu des Hé-
breux, mais dont l'histoire ne parle point.
6. Un germe de renaissance; Noé et sa famille, qui ont donné naissance au nouveau
monde. Compar. Genèse, vr, 4; vir, 7.
1. Béni est le bois, etc.; expression mystérieuse dans laquelle les Pères découvrent
le bois dela croix du Sauveur, laquelle, contribuant à son sacrifice, a procuré au
monde le don de la justice qu'il nous a méritée par son sang. Ce bois sacré est fi-
guré par le bois méme de l'Arche qui sauva Noé et sa famille,
[cu. xiv.]
et celui qui l'a.faite : l'un, parce
qu'il l'a faite, et l'autre, parce
que, quoiqu'elle fütquelque chose
de fragile, elle a été surnommée
dieu.
9. Or Dieu a également en haine
l'impie etson impiété.
10. Et aussi ce qui a été fait
avec celui qui l'a fait, souffrira
des tourments.
11. 4 cause de cela, pour les
idoles des nations, il n'y aura
pas d'égard ; parce que les créa-
tures de Dieu lui sont devenues
un objet de haine, une tenta-
tion pour les âmes des hommes,
et un piège pour les pas des in-
sensés.
19. Car le commencement de
la fornication est la recherche
des idoles, et leur découverte, la
corruplion de la vie hwma?ne;
13. Car elles n'étaient pas au
LA SAGESSE.
1427
commencément, eí elles ne se-
ront pas pour toujours.
14. Car la vanité des hommes
est venue sur le globe de la terre;
et c'est pour cela que leur fin s'est
trouvée prompte.
15. Gémissant en effet dans
un deuil amer, un pere fitl'image
de son fils qui lui avait été sou-
dainement ravi; et il commenca
à adorer comme dieu celui qui,
comme homme, venaitde mourir,
et il établit pour lui parmi ses ser-
viteurs un culte et des sacri-
fices.
16. Ensuite, le temps interve-
nant, l'inique coutume prévalut;
l'erreur fut observée comme une
loi, et par le commandement des
princes, des idoles étaient ado-
rées.
11. Et quant à ceux que les
hommes ne pouvaient honorer
11. Pour les idoles des nations, ete.; c'est-à-dire qu'elles ne seront pas épargnées,
mais renversées et détruites. C'est ce que les prophètes avaient prédit. Voy. Isaïe,
Tt, 20; Jérém., x, 5; Ezéch., xxx, 13; Zachar., xiu, 2. Compar. le vers. 13.
12. La recherche des idoles; c'est le premier essai qui a été fait pour en fabriquer.
Or ce premier essai a été suivi de la fornication, qui est devenue une partie du culte
des idoles. Par fornication, quelques interprètes entendent l'idolàtrie elle-même, qui
est souvent appelée de ce nom. — Leur découverte, etc. Une fois trouvé et établi, le
culte des idoles ἃ introduit la corruption, c'est-à-dire, outre la fornication, toute
sorte d'affreux déréglements parmi les hommes.
13. Car elles n'étaient pas au commencement. Les idoles n'existaient pas, en effet,
lorsque fut créé le premier homme, qui ne connut et n'adora qu'un Dieu, son créa-
teur. Par conséquent, l'idolàtrie, qui ne fut introduite que dans des temps posté-
rieurs par des hommes pervers, loin d'étre conforme à la nature de l'homme, y est
entièrement opposée. — Elles ne seront pas pour toujours. Les prophètes l'avaient
prédit (voyez vers. 11), et la prédication de l'Evangile a confirmé leur prédiction;
car depuis la venue du Messie, qui lui a porté un coup mortel, l'idolátrie n'a cessé
de diminuer.
14. S'est trouvée prompte (est inventus). Le verbe étant au passé dans le grec
comme dans la Vulgate, l'auteur sacré fait sans doute allusion à la destruction du
monde par le déluge, ou à quelque autre événement antérieur à son époque, mais
dont l'histoire ne nous a laissé aucune mention.
15. " Une des causes de l'idolátrie fut le regret excessif causé par la perte des
parents et des amis. Voir II Machabées, xt, 23. — Il établit pour lui parmi ses servi-
teurs un culle et des sacrifices. C'est ce qui avait lieu en particulier en Egypte.
16. Et par le commandement, etc. Voy. Daniel, 1, 1-22.
11. * On avait divinisé les rois dans divers pays. En Egypte, les Lagides payaient
régulièrement des sommes destinées à rendre les honneurs divins à leurs prédé-
cesseurs.
΄
1498
en face, parce qu'ils étaient
éloignés, après avoir fait appor-
ter de loin leurs portraits, ils
exposerent aux yeux l'image du
roi qu'ils voulaient honorer, afin
d'adorer dans leur zèle, comme
présent, celui qui élait absent.
18. Mais ce qui augmenta leur
culte, etles adorateurs ignorants,
ce fut le zèle extraordinaire de
l'artiste.
19. Car, voulant plaire à celui
qui l'employait, il épuisa tout son
art pour faire une image plus par-
faite.
20. Orlamultitude des hommes,
séduite par la beauté de lou-
vrage, eslima dieu celui qui un
peuauparavant avait été honoré
comme un homme.
91. Et telle fut la déception
de la vie humaine, parce que des
hommes, soit disposés ὦ cela per-
sonnellement, soit trop complai-
sants pour les rois, donnérent à
des pierres et à du bois le nom in-
communicable.
22. Et il ne leur a pas suffi
d'errer touchant la science de
23. Deut., xvin, 10; Jér., vir, 6.
LA SAGESSE.
[cu. xiv.]
Dieu; mais vivant dans une
grande lutte causée par ligno-
rance, ils appellent paix tant et
de si grands maux.
93. Car, ou immolant leurs
propres enfants, ou faisant des
sacrifices clandestins, ou célé-
brant des veilles pleines d'une
brutalité furieuse,
24. Ils ne gardent ni l'honnéteté
dans leur vie, ni la chasteté dans
leur mariage; mais l'un tue l'au-
ire par envie, ou l’outrage par
l'adultere;
95. Et tout est confondu; le
sang, l'homicide, le vol, la four-
berie, la corruption, l’infidélité,
le tumulte, le parjure, la vexa-
lion des bons,
26. L'oubli de Dieu, la souil-
lure des àmes, le changement
de la naissance, l'nconstance
des mariages, et les dissolutions
de l’adultère et de l'impudicité ;
97. Car le culte des infâmes
idoles est la cause, le principe
et la fin de tout le mal.
98. Car ou lorsqu'ils se ré-
jouissent, ils s'abandonnent à la
18. Et les adorateurs ignorants; littér. et ceux qui ignoraient (et hos qui ignorabant).
Cet accusatif hos de la Vulgate peut être le régime de la préposition ad, exposant du
premier complément culturam du verbe provexit, ou second complément de ce même
verbe; car ees deux sortes de constructions sont également usitées, au moins en
hébreu.
21. Le nom incommunicable, le nom de Dieu, Jehovah, qui ne se communique pas
aux créatures, comme quelques autres, par exemple E/óhim, Adônäi. Les Juifs, par
respect, ne le prononcent jamais; ils y substituent Adónd?, que les Septante et la
Vulgate ont constamment traduit par le Seigneur. Voy. notre Dictionn. universel des
sciences ecclés., art. JEROVAH.
23. * En immolant leurs propres enfants. Noir plus haut, note sur xir, 4-5. Cet usage
barbare subsistait encore à Carthage, quand écrivait l'auteur de la Sagesse. — Ou
faisant des sacrifices clandestins, allusion aux mystères, tels que ceux d'Eleusis, etc.
— Célébrant des veilles pleines d'une brutalité furieuse, dans les orgies du culte de
Bacchus, Il Machabées, vi, 4; Romains, xin, 13; Baruch, vi, 43.
26. Le changement de naissance; la confusion dans la naissance des enfants, dont
la vraie origine ne saurait étre assurée au milieu d'une si affreuse corruption des
niariages, à
[cu. xv.]
fureur, ou ils annoncent comme
certaines des choses fausses, ou
ils vivent dans l'injustice, ou ils
se parjurent sans hésitation.
99. Car, se confiant en des
idoles qui sont sans àme, ils
esperent que, tout en jurant
faussement, ils ne se nuisent pas.
30. Ces deux choses donc leur
viendront en punition bien mé-
ritée, parce qu'ils ont mal pensé
de Dieu en s'attachant aux idoles,
et qu'ils ont juré injustement,
méprisant la justice par leur four-
berie.
31. Car ce n'est pasla puissance
de ceux par qui on a juré, mais
la peine due aux pécheurs, qui
marche toujours contre les Aom-
mes injustes.
CHAPITRE XV.
Le Sage, au nom des fidéles Israélites,
loue le Seigneur de les avoir préservés
de l’idolâtrie. Aveuglement de ceux qui
fabriquent des idoles et de ceux qui
les adorent. Culte impie des animaux.
1. Mais vous, notre Dieu, vous
étes doux et véritable, patient, et
avec miséricorde disposant toutes
choses.
2. Car, si nous péchions, nous
sommes à vous, connaissant
votre grandeur, et si nous ne
péchions pas, nous savons que
vous tenez compte de nous.
3. Vous connaitre, en effet,
c'est une justice consommée; et
Cnap. XV. 7. Rom., 1x, 21.
LA SAGESSE.
1429
comprendre votre justiceet votre
force, c'est la racine de l'immor-
talité.
4. Aussi, elles ne nous ont pas
induits en erreur, les inven-
tions de l'art funeste des hom-
mes, ni une ombre de la pein-
ture, travail sans fruit, n? une
figure sculptée de diverses cou-
leurs,
9. Dont l'aspect donne à un in-
sensé de la passion, en sorte qu'il
aimelaressemblanced'uneimage
sans âme.
6. Les amateurs des mauvaises
choses sont dignes de mettre leur
espérance en de tels dieux, aussi
bien ceux qui les font, et ceux
qui les aiment, et ceux qui les
adorent.
7. Et méme un potier qui
presse la terre molle, en forme
par son travail pour notre usage
un vase quelconque, et de la
méme boue il forme ceux qui
sont destinés à des usages hon-
nétes, et également à ceux qui
ne le sont pas : or, quel doit être
l'usage de ces vases, le juge est
le potier.
8. Et, par un vain travail, il
fait un dieu de la méme boue,
lui qui a été formé de la terre
un peu auparavant, et qui peu
apres doit retourner là d'oü il
a été pris, lorsqu'on lui récla-
mera la dette de làme qu'il
avait.
31. Parmi les paiens, il s'en trouvait qui croyaient que les dieux punissaient quel-
quefois les parjures; le Sage leur montre ici que, si cela arrive, ce n'est pas à ces
fausses divinités qu'il faut l'attribuer, mais au souverain Seigneur.
8. Lorsqu'on lui réclamera, etc.; lorsque Dieu lui redemandera l'âme qu'il ne lui
avait donnée que pour un temps, et dont, par conséquent, le fabricateur d'idoles lui
est redevable comme d'une véritable dette.
1450
9. Et il ἃ souci, non parce
qu'il doit travailler, ni parce
que la vie est courte pour lui;
mais parce qu'il est combattu
par les ouvriers en or et en ar-
gent, et qu'il imite ceux qui tra-
vaillent en airain, et il met. en
avant lagloire de faire des choses
inutiles.
10. C'est dela cendre que son
cœur, et de la terre inutile que
son espérance ; et sa vie est plus
vile que la boue;
11. Parce qu'il a ignoré qui l'a
formé, qui lui a inspiré cette àme
qui agit, et qui lui a insufflé l'es-
prit vital.
19. Mais ils ont estimé que
notre vie est un jeu, et que
l'occupation de la vie a pour but
le lucre, et qu'il faut, par tous les
moyens, méme par le mal, en
acquérir.
13. Gelui-là, en effet, sait qu'il
peche plus que tous les autres,
qui forme d'une matiere de terre
des vases fragiles, et des images
taillées au ciseau.
15. Ps. cxi, 5; cxxxiv, 16.
LA SAGESSE.
[cH. xv.]
14. Mais ils sont tous insensés
et malheureux, excessivement
superbes d'esprit, les ennemis de
votre peuple, et ceux qui le do-
minent ;
15. Parce qu'ils estiment dieux
toutes les idoles des nations,
qui n'ont ni l'usage des yeux
pour voir, ni des narines pour
respirer, ni des oreilles pour en-
tendre, nidesdoigts de mains pour
toucher; mais méme leurs pieds
sont paresseux pour la marche :
16. Car c'est un homme qui a
fait ces dieux, et celui qui a recu
en prét lesprit de vie, celui-là
méme les a formés. Personne en
effet ne pourra faire un dieu sem-
blable à lui-méme.
47. Car, puisqu'il est mortel,
cest un mort qu'il forme avec
des mains iniques. Il vaut mieux
en effet lui-même que ceux qu'il
adore, parce qu'il ἃ vécu au
moins quelque temps, quoiqu'il
füt mortel; mais eux, jamais.
18. Et ils adorent jusqu'aux
animaux les plus misérables;
12. Ils ont estimé; pluriel qui se rapporte à les amateurs de mauvaises choses du
verset 6.
43. Des images taillées au ciseau; c'est-à-dire des idoles.
14. Excessivement (supra modum); cet adverbe, par la place qu'il occupe, pourrait
rigoureusement se rapporter à malheureux, qui précède; cependant nous croyons
quil est plus nature! de le rattacher à l'expression suivante : superbes d'esprit. —
* Les ennemis de volre peuple, les Egyptiens, qui adorent les dieux mentionnés au
vers. 18. C'est, d'après les uns, une allusion à Ptolémée IV Philopator (322-204), qui,
aprés avoir été repoussé de Jérusalem, vers 211, traita les Juifs d'Egypte avec beau-
coup de cruauté. D'après d'autres, dont l'opinion est plus probable, l'auteur sacré
veut parier ici des mauvais traitements que fit endurer aux Juifs, comme le rapporte
Josèphe, Ptolémée VII Physcon (170-117).
15. * Les Grecs d'Alexandrie identifiaient leurs dieux avec ceux des autres peuples
et honoraient les idoles étrangères comme les leurs propres. Rome, sous l'empire, fit
de même.
16. Celui qui a reçu en prêt (mutuatus est). Voy. le vers. 8. — Semblable à lui-
méme; c'est-à-dire vivant, intelligent comme il l'est lui-même. ,
18. Les animaux, etc.; ce sont les serpents, les chiens, les crocodiles, etc., adorés,
var les Egvptiens en particulier.
[cu. xvr.]
lesquels, en effet, comparés à
d'autres, privés de raison, leur
sont inférieurs.
19. Méme quant à leur aspect,
personne ne peut voir dans ces
animaux rien de beau. Ils ont
aussi échappé à la louange de
Dieu et à sa bénédiction.
CHAPITRE XVI.
La manière dont Dieu traite ses amis et
ses ennemis. Plaies dont il frappe les
Egyptiens; bienfaits qu'il répand sur
les Hébreux.
1. À cause de ces animaux et
d'autres semblables, ils ont souf-
fert des tourments mérités et ont
été exterminés par une multitude
de bétes.
9. Au lieu de tourments, vous
avez bien traité votre peuple,
auquel vous avez accordé l'objet
de son désir et de sa délectation,
lui préparant des cailles, aliment
d'un nouveau goût;
3. En sorte que ceux-là, quoi-
qu'avides de nourriture, à cause
cependant des animaux qui leur
avaient été montrés et envoyés,
LA SAGESSE.
1431
renoncaient à satisfaire un désir
nécessaire. Mais ceux-ci, devenus
pour peu de temps privés de res-
sources, goüterent une nourri-
ture nouvelle.
4. Car il fallait qu'une ruine
inévitable survint à ceux qui
exercaient une tyrannie sur votre
peuple; et que vous montriezseu-
lement à ceux-ci de quelle ma-
niere vos ennemis étaient exter-
minés.
9. Et, en effet, lorsqu'à ceux
là survint la terrible colère des
bétes, par les morsures des astu-
cieux serpents, ils étaient exter-
minés.
6. Mais votre colère ne dura
pas toujours; car ils ne furent
qu'un peu de temps troublés,
pour avertissement, ayant eu
un signe de salut, en souvenir
des commandements de votre
loi.
1. Celui qui en effet se tournait
vers ce signe était guéri, non par
ce qu'il voyait, mais par vous, le
sauveur de tous;
8. Or, en cela vous avez montré
Gnap, XVI. .ל Nomb., xr, 31. — 5. Nomb., xxi, 6.
19. Rien de beau; littér. de bonnes choses; mais il faut remarquer que dans le style
biblique le mot bon, surtout iorsqu'il est joint à un verbe qui marque l'action des
yeux, exprime plus souvent ia beauté que la bonté. — lis ont échappé, etc. lls n'ont
pas été l'objet des louanges et des bénédictions de Dieu comme les premiers ani-
maux le fureat aprés leur création (Genése, 1, 91, 22); ils ont été plutót maudits,
comme le serpent dont le démon s'était servi pour tenter Eve (Genèse, nt, 14).
1. À cause de ces animaux, etc. Compar. xu, 25, et Exod., vri, 2, 3,16, 21; x, 4-6,
12-15. — 1/8; les Egyptiens. — * Par une multitude de bêtes, grenouilles, mouches,
sauterelles des plaies d'Egypte.
2. Des cailles. Compar. Exod., xvi, 13; Nombr., xn, 31.
3. Ceux-là ; les Egyptiens. — A cause, etc. À cause des animaux impurs et dégoü-
tants que Dieu leur avait envoyés (Exod., vu, 3), les Egyptiens avaient en aversion
méme les viandes les plus nécessaires. — Ceux-ci: les Hébreux.
5. Astucieux (perversorum), rusés (Genèse, ur, 1); ou bien tortueux, ce qui est la
signification propre du grec skotión employé ici par les Septante. — * Ils étaient ez-
terminés, les Israélites, par les serpents brülants, Nombr., xxi, 6.
6, 1. Un signe de salut; c'est-à-dire le serpent d'airain, figure de Jésus-Christ notre
Sauveur en croix. Voy. Nombr., xxt, 8, 9; Jean, ur, 14, 15.
1492
192 LA SAGESSE.
a nos ennenus que c'est vous qui
délivrez de tout mal.
9. Car pour eux la morsure
des sauterelles et des mouches
les a tués, et 11 na pas été
trouvé de remède pour leur
âme, parce qu'ils étaient dignes
d'étre exterminés de cette ma-
niere.
10. Mais vos enfants, les dents
méme des dragons venimeux ne
les ont pas vaincus, parce que
votre miséricorde, survenant, les
guérissait.
11. Car en souvenir de vos pré-
ceptes, ils étaient éprouvés, et ils
étaient promptement guéris, de
peur que, tombant dans un pro-
fond oubli de ces préceptes, is ne
pussent se servir de votre se-
'COUFS.
19. Aussi n'est-ce ni une herbe,
ni un émollient qui les a guéris,
mais votre parole, Seigneur, qui
guérit toutes choses.
13. Car c'est vous, Seigneur,
[cH. xvr.]
qui avez la puissance de la vie et
de la mort, et qui menez jus-
qu'aux portes de la mort, et en
ramenez;
14. Or, un homme tue par ma-
lice; mais, lorsque l'esprit sera
sorti du corps, il n'y reviendra
pas; et ce n'est pas «un homme
qui rappellera l'àme qui s'est re-
tirée;
15. Mais d'échapper à votre
main, c'est impossible.
16. Car les impies qui disaient
ne pas vous connaitre ont été
frappés par la force de votre
bras; tourmentés par de nou-
velles eaux, et par des gréles,
et par des pluies, et consumés
par le feu.
17. Et ce qui était admirable,
cest que dans leau qui éteint
tout, le feu avait plus de force :
parce que l'univers estle vengeur
des justes.
18. Quelquefois, le feu tempé-
rait son ardeur, afin que ne fus-
9. Exode, vin, 24; x, 4; Apoc., 1x, 7. — 13. Deut., xxxi, 39; I Rois, π, 6; Tobie,
' xiu, 2. — 16. Exode, 1x; 23.
9. Leur âme; hébraisme conservé aussi par les Septante pour leur vie. — * Les
.sauterelles ravagèrent toute l'Egypte pour punir ses habitants qui ne voulaient point
laisser partir les Hébreux. Exod., x, 5-15. Sur la plaie des mouches, voir note sur
Ps. civ, 34.
10. * Des dragons ; des serpents brülants. Tandis queles Egyptiens périrent, vers. 9,
par des animaux qui généralement ne tuent pas, les Israélites sont sauvés méme des
serpents venimeux. Pharaon appellela plaie des sauterelles « cette mort », Exod., x,
11; cependant Moise ne dit point expressément que ni les mouches ni les sauterelles
aient fait mourir des Egyptiens. Il est certain d'ailleurs qu'il y a des mouches dont
la piqüre est mortelle.
41. Ils étaient éprouvés (examinabantur); selon le grec, ils étaient piqués.
14. Et ce n'est pas un homme, C'est, en effet, le mot homme, exprimé au commen-
cement du verset, qui est le nominatif du verbe rappellera (revocabit). — Qui s'est
retiré; ou qui a élé reçu dans l'autre vie.
16. * De nouvelles eaux; des pluies, des orages inaccoutumés : allusion à la septième
plaie. Exod., 1x, 22-25. Il ne pleut presque jamais en Egypte.
11. * Dans l'eau le feu avait plus de force; les éclairs et les tonnerres étaient plus
terribles au milieu de la pluie d'orage, ce qui remplissait d'étonnement les Egyptiens,
qui voient si rarement des orages.
18. *Ce verset se rapporte à des faits qui ne sont pas consignés dans l'Exode.
Cornelius a Lapide et d'autres commentateurs croient que /e feu dont parle ici l'au-
]68. xvi-]
sent pas brülés les animaux qui
avaient été envoyés contre les
impies; et aussi afin qu'eux-
mémes, voyant cette merveille,
reconnussent que c'était par un
jugement de Dieu qu'ils souf-
fraient ces maux.
19. Mais quelquefois c'était
dans leau que, surpassant sa
propre vertu, ce feu s'enflam-
mait de tous cótés, afin d'ex-
terminer la nation d'une terre
inique.
20. Au lieu de cela, vous avez
nourri votre peuple de la nour-
riture des anges; vous leur avez
donné un pain venant du ciel,
préparé sans travail, renfermant
en soi tout ce qui plait, et ce
qui est agréable à tous les goüts.
21. Car cette nourriture qui
venait de vous montrait votre
douceur que vous avez pour vos
enfants ; et, s'accommodant à la
volonté de chacun, elle se chan-
geait en ce que chacun voulait.
22. Mais la neige et la glace
soutenaient la violence du feu,
et ne se fondaient pas; afin que
l'on süt qu'un feu, brülant dans
LA SAGESSE.
1433
la gréle et étincelant au milieu de
la pluie, consumait les fruits des
ennemis.
23. Or cefeu, afin que les justes
fussent nourris, oublia encore
méme sa propre force.
24. Car la créature, qui vous
obéit comme à son Créateur,
s'enflamme pour tourmenter les
hommes injustes, et devient plus
douce pour faire du bien à ceux
qui se confient en vous.
95. A cause de cela, alors aussi
transformée de toutes manières,
elle obéissait à votre gráce, la
nourrice de tous, s'accommodant
àla volonté de ceux qui désiraient
quelque chose de vous; |
26. Afin quils sussent, Sei-
gneur, les fils que vous aimez,
que ce ne sont pas les fruits nés
de la terre qui nourrissent les
hommes, mais que cest votre
parole qui conserve ceux qui
croient en vous.
27. Car ce qui ne pouvait étre
consumé parle feu se fondait aus-
sitót, étant échauffé par un léger
rayon du soleil;
28. Afin qu'il fût connu de tous
20. Exode, xvi, 14; Nomb., xr, 7; Ps. Lxxvur, 25; Jean, vi, 31. — 22. Exode, 1x, 24.
— 26. Deut., vir, 3; Matt., 1v, 4.
teur saeré désigne des feux qu'allumaient, mais en vain, les Egyptiens pour se déli-
vrer des insectes envoyés contre eux pour les punir.
20. Un pain venant du ciel (panem de calo). Le mot pain, nous l'avons déjà remar-
qué, se prend trés souvent dans l'Ecriture pour nourriture en général. Il s'applique
ici, dans le sens propre, à la manne et aux cailles que Dieu envoya aux Israélites
dans le désert; et, dans le sens spirituel, il est la figure de la sainte Eucharistie. Com-
par. Exod., xvi, 14 et suiv.; Nombr.. xx, 1 et suiv.; Ps. Lxxvir, 23 et suiv.; Jean, vi, 31
et suiv.
21. Cette nourriture qui venait de vous; littér. votre substance (substantia tua);
c'est-à-dire {a manne et les cailles. Voy. le vers. précédent.
22. * La neige et la glace; nom donné à la manne, à cause de sa ressemblance avec
la gelée blanche, Exod., xvi, 14.
21. Ce quine pouvait, etc. Le feu cuisait la manne et la durcissait de manière qu'on
en faisait de petites miches qu'on mangeait comme du pain ; mais le moindre rayon
de soleil la faisait fondre. Voy. Nombr., xt, 8; Exod., xvi, 21.
28. Pour vous benir; c'est-à-dire pour vous rendre grâces; c'est le sens du grec;
4434
qu'il faut prévenir le soleil pour
vous bénir, et vous adorer au
lever de la lumiere.
29. Car l'espérance de l'ingrat,
comme la glace de lhiver, se
fondra; et elle périra entierement
comme une eau inutile.
CHAPITRE XVII (ὦ),
Jugements de Dieu. Ténèbres de l'Egypte
et frayeur des Egyptiens, tandis que le
reste du monde jouissait de la lumière
et vaquait librement à ses travaux.
4. Grands sont vos jugements,
Seigneur, et inexprimables vos
paroles : à cause de cela les âmes
sans science se sont égarées.
2. Tandis que les impies se
sont persuadés qu'ils pouvaient
dominer la nation sainte, en-
chainés par les liens des ténèbres
et d'une longue nuit; enfermés
sous leurs toits; fuyant l'éter-
(παρ. XVII. 2. Ex., x, 23.
LA SAGESSE.
[cu. xvir.]
nelle Providence, ils ont été
abattus.
3. Et tandis qu'ils pensaient
étre cachés dans leurs péchés
secrets, ils ont été dispersés
sous le voile ténébreux de l'ou :
bli, saisis d'un horrible effroi, el
frappés du plus grand étonne-
ment.
4. Car la caverne qui les ren-
fermait ne les défendait pas.
contre la crainte, parce qu'un
bruit descendant les troublait et
que des spectres lugubres, leur
apparaissant, les jetaient dans
l'épouvante.
5. Et méme aucun feu ardent
ne pouvait leur donner la lu-
miere, et la flamme pure des
astres ne pouvait éclaircir cette
horrible nuit.
6. Mais il leur apparaissait un
feu subit, qui les remplissait de
om
littér. pour votre bénédiction (in benedictionem), que d’autres interprètent par : Pour
recevoir votre bénédiction ; les Israélites, en effet, recueillirent la manne, bénédiction
ou bienfait de Dieu.
5 [1 ya dans ce chapitre plusieurs faits qui concernent les Egyptiens; il faut, pour
les mieux comprendre, les comparer avec le livre de l'Exode.
4. Inexprimables (inenarrabilia); ou difficiles à exposer, à expliquer, comme porte
le texte grec. — Les âmes sans science; littér. indisciplinées (indisciplinatz); mais il
faut se rappeler que dans l'Ecriture, et surtout dans les Livres sapientiauz, le mot
disciplina s'emploie fréquemment pour science; aussi le grec porte-t-il ici sans ins-
truclion, sans éducation. Or ces âmes sans science, de méme que les impies, mention-
nés dans le verset suivant, désignent les Egyptiens.
2. Fuyant (fugitivi), etc.; allusion aux esclaves fugitifs, que leurs maîtres chargent
de chaines et enferment dans un sombre cachot. — * Description de la neuvième
plaie d'Egypte, celle des ténèbres (xvir, 1-xvm, 4). Elle fut produite par le vent
appelé kAamsin, qui obscurcit l'air et le remplit d'une poussière impalpable qui
pénétre partout. Les Egyptiens fuient la tempéte en s'enfermant sous leurs toits.
3. * Saisis d'un horrible effroi: Les tempêtes de khamsin, surtout quand elles sont
portées à un degré extraordinaire, comme dans le miracle de la neuvième plaie, pro-
duisent un grand malaise et par conséquent une grande terreur.
4. * Des spectres lugubres apparaissent aux Egyptiens enfiévrés par la tempéte.
5.* Aucun feu ardent ne pouvait leur donner la lumière du soleil, complètement
voilé par le sable impalpable qui remplit l'atmosphére dans les tempêtes de khamsin.
6. Un feu subit, etc. Ce feu subit qui passait comme un éclair, leur permettait
d'entrevoirles obiets, mais non deles remarquer à loisir et distinctement. C'est cette
vue subite et interrompue qui au lieu de les rassurer augmentait leur terreur, et
par là méme leur faisait juger les choses plus affreuses et plus terribles qu'elles ne
ἴση. xvir.]
crainte, et frappés de la crainte
de ce fantóme, qu'ils ne voyaient
pas distinctement, ils estimaient
pires les choses qu'ils voyaient
clairement ;
7. À cela s'ajouterent les dé-
risions de l'art magique; et la
vanterie de sagesse devint un
blâme avec affront.
8. Ceux en effet qui promet-
taient de bannir le trouble et la
crainte d’une âme languissante,
languissaient eux-mêmes dans la
dérision, et pleins de crainte.
9. Car lors même que rien du
côté des spectres ne les trou-
blait, fortement émus par le pas-
sage des animaux et par le siffle-
ment des serpents, ils mouraient
tout tremblants; et l'air, que nul
en aucune maniere ne peut évi-
ter, ils refusaient de le voir.
10. Comme en effet 18 méchan-
ceté est timide, elle donne un
témoignage de condamnation
contre elle, car toujours elle se
7. Exode, vir, 22; viri, 7.
LA SAGESSE.
1435
représente d'avance les choses
terribles, étant troublée par la
conscience.
11. La crainte en effet n'est
rien que l'abandon des secours
de la pensée.
19. Et tandis qu'elle attend
moins de secoursau dedans d’elle-
méme, elle grossit la cause in-
connue, de laquelle vient le tour-
ment.
13. Mais ceux qui pendant cette
nuit vraiment impuissante, et
survenue des bas et des plus
profonds enfers, dormaient le
méme sommeil,
14. Tantót étaient fort agités
par 18 crainte des spectres, et tan-
tót défaillaient par l'abandon de
leur àme ; car une crainte subite
et inattendue leur était surve-
nue.
15. Puis, si quelqu'un d'entre
eux était tombé, i1 demeurait re-
clus sans chaines dans cette pri-
son de ténébres.
l'étaient réellement. — * I/ leur apparaissait un feu subit. Au lieu de feu subit, le
texte original porte : « un bücher qui s'allume de lui-même, » expression qui ex-
prime très bien l'état de l'atinosphere embrasée par le kAamsin. Elle est rougeátre
comme les lueurs d'un incendie.
9. * L'air..., ils refusaient de le voir. C'est en effet dans l'air qu'est le fléau.
10. Troublée (turbata); se rapporte à méchanceté qui précède. — Par la conscience
(conscientia). C'est le sens formel des Septante. La Vulgate étant amphibologique,
nous avons cru devoir l'interpréter par le texte grec, contrairement à Bible catholique
anglaise, à celie de Scio (eu espagriol;, à celle d'Allioli et à celle de Loch et Reischl
(en allemand.
11. L'abandon, etc.; le raanque, la privation des secours que la pensée peut offrir.
12. La cause inconnue; littér. l'ignorance de [a cause.
13. Impuissünte. Cette nuit est ainsi appelée, soit parce qu'elle mettait les
Egyptiens daus l'impuissance d'agir, soit parce qu'elle ne pouvait être ni évitée, ni
éclairée.
14. Par l'abandon de leur âme; dans le grec, par la trahison de l'âme; c'est-à-dire
que leur âme effrayée elle-même 1695
15. Sans chaines autres qui les retinssent que l'obscurité méme qui les
environnait de toutes parts. Compar. le vers. 17. — * Quand le khamsin est dé-
:hainé avec violence, l'indigéne se couche dans son manteau et ne bouge plus,
pour échapper autant que possible à la poussière impalpable et brülante qui pénètre
partout.
1436
16. 8i en effet c'était un cam-
pagnard ou un berger ou un cul-
tivateur, qui fût ainsi surpris,
il avait à supporter une nécessité
inévitable ;
17. Car, d'une méme chaine de
ténèbres, tous étaient liés. Ou un
vent qui soufflait, ou la voix
douce des oiseaux au milieu des
rameaux épais des arbres, ou le
violent murmure de l’eau s'écou-
lant avec une rapidité excessive,
18. Ou le grand bruit des
pierres tombant d'en haut, la
course des animaux se jouant
ensemble sans être aperçus, ou la
voix puissante des 26168 mugis-
santes, ou l'écho résonnant des
plus hautes montagnes, les ren-
daient défaillants de crainte.
19. Car tout le globe de la terre
était éclairé d'une lumière pure,
et s'occupait sans obstacle à ses
travaux ;
20. Mais sur eux seuls s'éten-
dait une profonde nuit, image
des ténèbres qui devaient leur
survenir. Ils étaient donc plus à
charge à eux-mémes que les té-
nèbres.
LA SAGESSE.
[cu. xvui.]
CHAPITRE XVIII.
Les Egyptiens sont dans les ténébres,
tandis que les Israélites jouissent de
la lumière. Ces derniers sont ensuite
guidés par une colonne de feu. Les
premiers-nés de l'Egypte sont exter-
minés sans réserve; la plaie de la mort
qui frappe les Hébreux dans le désert
est bientôt arrétée.
|. Mais, Seigneur, il y avait
pour vos saints une grande lu-
mière,etilsentendaientleur voix,
mais ne voyaient pas leur visage.
Et parce qu'ils ne souffraient pas
les mêmes choses, ils vous glori-
fiaient :
2. Et eux qui auparavant
avaient été maltraités, parce
qu'ils ne l'étaient plus, ils vous
rendaient gráces, et ils deman-
daient la faveur que cette diffé-
rence existàt £ouwjours.
3. C'est pourquoi ils ont eu une
colonne ardente de feu pour guide
dans une voie inconnue; et vous
leur avez donné ans? un soleil,
sans préjudice de votre bonne
hospitalité.
4. Ceux-là étaient assurément
dignes d’être privés de la lumière,
Car. XVIII. 1. Exode, x, 23. — 8. Exode, xiv, 24; Ps. rxxvu, 14; civ, 39.
16. Une nécesité inévitable; celle de ne pouvoir quitter le lieu où il avait été sur-
pris par les ténébres et la frayeur.
18. Sans étre aperçus. Ils entendaient le hurlement des animaux, mais ils ne les
voyaient pas.
90. Image, etc. L'écrivain sacré fait allusion au malheur éternel qui attendait les
Egyptiens aprés leur mort, sous l'image d'une nuit profonde. C'est ainsi que l'enfer
et la damnation nous sont représentés dans l'Evangile et dans les écrits des Apótres.
Voy. Matth., vim, 12; xir, 13; 11 Pierre, τι, 17; Jude, vers. 13, etc.
1. Ils entendaient, etc. Cela est dit des Hébreux, suivant les uns, et des Egyptiens,
selon les autres. Ces derniers se fondent principalement sur quelques exemplaires
qui ajoutent le mot inimici ou ennemis.
3. Vous leur avez donné, etc. La colonne de feu leur servait de soleil. — De votre
bonne hospitalité (boni hospitii); c'est-à-dire le désert, où le Seigneur traita si bien
les Israélites, en leur donnant, outre les colonnes de feu et de nuée, la manne, les
cailles, etc.
4. * Une prison de ténèbres; la plaie des ténèbres tenant les Egyptiens comme pri-
sonniers dans les lieux où elle les avait surpris. Voir plus haut, xvir, 16-47.
(cg. xvin.]
et de souffrir une prison de ténè-
bres, puisqu'ils tenaient renfer-
més vos enfants parqui la lumiere
incorruptible de votre loi com-
mencait à étre donnée au monde.
9. Lorsqu'ils pensèrent à tuer
les petits enfants des justes, et
qu'un seul de ces enfants eüt été
exposé et sauvé, pour leur puni-
tion vous avez enlevé une multi-
iude de Zeurs propres enfants,
comme aussi vous les avez perdus
eux-mêmes dans une eau puis-
sante.
6. Cette nuit, en effet, futconnue
auparavant par nos peres, afin
que sachant bien à quels serments
ils avaient cru, ils fussent plus
rassurés.
7. Ainsi votre peuple apprit, à
la vérité, le salut des justes, mais
aussi l’extermination des mé-
chants.
8. Car comme vous avez puni
nos ennemis, ainsi en nous appe-
lant à vous, vous nous avez glo-
rifiés.
9. Cependant les justes, en-
fants des bons, sacrifiaient en se-
cret; et ils établirent d'un com-
mun accord cette loi de justice,
que les justes devaient recevoir
également les biens et les maux;
LA SAGESSE.
1437
et ils chantaient déjà les cantiques
de louanges qu'ils avaient recus
de leurs peres.
10. Mais en même temps reten-
tissait la voix confuse des enne-
mis, et on entendaitle cri lamen-
table de ceux qui pleuraient des
enfants.
11. Or, d'une semblable peine
fut 81166 l'esclave avec 16 maitre;
et l'homme du peuple souffrit des
maur semblables à ceux du roi.
12.Tousdoncégalementavaient
des morts sans nombre et frappés
d'un seul genre de mort. Car les
vivants ne suffisaient pas à en-
sevelir, parce qu'en un moment
leur plas illustre race fut exter-
minée.
13. N'ayant cru, en effet, à au-
cun prodige précédent, àcause des
enchantements magiques; mais
pour la première fois, alors qu'eut
lieul'extermination des premiers-
nés, ils confessèrent que c'était le
peuple de Dieu.
14. Car lorsqu'un paisible si-
lence régnait sur toutes choses
et que la nuit était au milieu de
sa course,
15. Votreparoletoute-puissante
venant du ciel, du tróne royal,
vainqueur impitoyable, fondit au
5. Exode, 1, 16; ir, 3; xiv, 27. — 11. Exode, זא 29.
5-22. * Dixième plaie :l'ange exterminateur fait mourir les premiers-nés des
Egyptiens.
5. Une eau puissante (aqua valida); ia mer Rouge.
6. Cette nuit, etc. Moïse avait prédit aux Israélites ce qui leur arriverait la nuit de
leur sortie d'Ezypte, et pendant laquelle les premiers-nés de l'Egypte furent tués
par l'ange exterminateur. Compar. Exod., xi, xu. — A quels serments, etc. Dieu avait
promis par serment aux anciens Hébreux qu'il les retirerait de l'Ezypte, et qu'illeur
donnerait en possession la terre de Chanaan.
12. Genre; sorte, manière; littér. nom (nomine), qui, méme dans les écrivains pro-
fanes, réunit ces diverses significations.
13. Aucun. Comme nous l'avons déjà remarqué, le mot fout, avec une négation,
signifie en hébreu nul, pas un; hébraisme qui est passé dans les Septante et la Vul-
ftate. — Que c'élait, etc.; que les Hébreux étaient le peuple de Dieu,
1438
milieu de cette terre d'extermi-
nation ;
16. Glaive aigu portant votre
arrét fatal, et se tenant ferme,
elle remplit tout de mort, et se
tenant sur la terre, elle atteignait
jusqu’au ciel.
17. Alors aussitôt des visions
mauvaises de songes les trou-
blèrent, et des craintes inatten-
dues survinrent.
18. Et, jetés cà et là à moitié
morts, ils déciaraient la cause de
leur mort.
19. Car, les visions qui les trou-
blèrent les avertissaient d'a-
vance, afin qu'ils ne périssent
pas. sans savoir pourquoi ils souf-
fraient des maux.
20. À la vérité l'épreuve de la
mort atteignit aussi les justes, et
la multitude fut frappée dans le
désert; mais votre colère ne dura
pas longtemps.
91.Carun homme sansreproche
se hâtant d'intercéder pour le
LA SAGESSE.
(cu. xvur.]
peuple ; présentant le bouclier de
son ministère, offrant la prière,
et, par l’encens, la supplication,
résista à la colère et mit fin à la
calamité, montrant quil était
votre serviteur.
22. Or, il apaisa les troubles,
non par la force du corps, ni
pàr la puissance desarmes ; mais
par la parole il fléchit celui qui le
faisait souffrir, en rappelant les
serments faits à nos peres, et l'al-
liance jurée avec eux.
23. Car, lorsque déjà les morts
étaient tombés par monceaux les
uns sur les autres, il s'entremit,
et arréta la vengeance, et lui
coupale chemin qui menait aux
vivants.
24. Car dans la longue robe
qu'il portait, tout le globe de la
terre était représenté; elles gran-
deurs desancétres étaientgravées
sur les quatre rangs de pierres ;
el votre magnificence sur le dia-
deme de sa téte était gravée.
21. Nomb., xvi, 46. — 24. Exode, xxvii, 6.
16. Fatal; littér. non dissimulé, non feint (insimuiatum). — Se tenant ferme; ou
dans l'attitude d'un combattant, vraie signification du latin stans.
18. Jetés ca el là; littér. un autre jeté là; ce qui est mis par abréviation pour:
Un jeté ici, un autre là.
29. L'auteur fait ici allusion à ce qui arriva aux Israélites dans le désert, après la
révolte de Coré, de Dathan et d'Abiron. Voy. Nombr., xvr, 46 et .טנטפ
21, Un homme; Aaron, le grand-prétre. — Sans reproche (sine querela); dans la
circoustance actuelle. Voy. le vers. 20. L'auteur ne rappelle pas la faute d'Aaron,
lorsqu'il permit au peuple d'adorer le veau d'or, parce que cette ancienne faute
avait été effacée longtemps auparavant.
21. Celui qui le faisait souffrir; l'ange exterminateur (vers. 25). Aaron a dû, en
61166, beaucoup souffrir en voyant exterminer son peuple. — Les serments faits à nos
pères; c'est le vrai sens du latin juramenta patrui, par hébraisme.
93. Lui coupa le chemin; littér. divisa, partagea le chemin; en se posant entre le
feu, qui avait déjà dévoré beaucoup d'Israélites, et ceux qui vivaient encore.
94. Dans la iongue robe, etc. Cette robe du grand-prétre était de fin lin, bleu de
ciel, et au bord de laquelle pendaient des sonnettes d'or entremélées de grenades
couleur de pourpre. Or la couleur bleue représentait le ciel et l'air; la toile de lin, la
terre; l'or, le feu et les grenades, la mer. — Les grandeurs; les Septante disent Zes
gloires; ce sont les noms des douze patriarches, fils de Jacob (Exod., xxviu, 41 et
suiv.). — Votre magnificence, etc. Le grand-prétre portait écrit sur une lame d'or qui
ceignait son front : > La sainteté est au Seigneur » (1bid., 36.38).
[cg. xix.] LA SAGESSE. 1439
95. Or, à ces choses céda celui | suivirent comme des fugitifs.
qui exterminait, et il en futépou- 4. A cette fin, en effet, les
vanté; car la seule épreuve de | conduisait une juste nécessité ;
votre colere était suffisante. et ils perdaient le souvenir de
ce qui était arrivé, afin qu'une
CHAPITRE XIX. nouvelle punition complétàt ce
qui manquait à leurs tourments,
Les Egyptiens engloutis dans la mer en ; À
poursuivant les Hébreux, qui y trou- 5. Et qu'en a temps voire
vent un passage libre. Parallèle des ju- peuple traversät miraculeuse-
gements de Dieu sur Sodome et sur | ment, mais qu'eux trouvassent
l'Egypte. Les éléments employés à
l'exécution des jugements du Seigneur. une nouvelle mort.
6. Car toute créature, selon son
1. Mais aux impies, jusqu'au | genre, prenaitcommeñucommen-
dernier moment, sans miséri- | cement une nouvelle forme, ac-
corde. survint la colere du Se?- | complissant vos préceptes, afin
gneur; car il savait d'avanceleur | que vos enfants fussent conservés
avenir; sains et saufs.
2. Parce qu'ayant eux-mémes 1. Une nuée, en effet, couvrait
permis aux [sraélites de se re- | leur camp de son ombre, et là où
tirer, et les ayant renvoyés avec | l'eau était auparavant, apparut
un grand empressement, ils cou- | une terre aride; et au milieu de
raient apres eux, poussés par le | la mer Rouge une voie libre, et
repentir. un champ en pleine végétation
3. Car, lorsqu'ils avaient encore | est sorti du plus profond de l'a-
le deuil au milieu d'eux, et qu'ils | ὀΐἧηιε :
pleuraient sur les tombeaux des 8. Champ par lequel est passée
morts, ils prirent une résolution | toute la nation, qui était protégée
de démence : ceux-là mémes | par votre main, voyant vos mer-
qu'ils avaient renvoyés, en les | veilles et vos prodiges.
priant de se retirer, ils les pour- 9. Aussi, comme des chevaux
———
Cuar. XIX. 3. Exode, xiv, 5.
*
1. Aux impies; c'est-à-dire aux Egyptiens.
3. Au milieu d'eux; littér. entre les mains; c'est-à-dire que leur deuil était tout
récent. Compar. Exode, xiv, 5.
9. Eux ; c'est-à-dire les Egyptiens. — Nouvelle; d'un genre tout nouveau, extra-
ordinaire, ou, selon le grec, étrange, inouie. C'est la submersion des Egyptiens dans
la mer Rouge.
6. Toute créature, etc. On aurait cru voir une nouvelle création, tant les éléments
paraissalent nouveaux et extraordinaires dans leurs effets. Le feu ne brülait plus,
ou brülait dans l'eau, l'eau devenait solide, la mer s'ouvrait, etc.
1. Un champ, etc. Quelques-uns regardaient comme une hyperbole sans réalité ce
qui est dit ici; mais d'autres croient, avec plus de probabilité, que ces expressions
sont exactement vraies et justifiées par la nature même du fond de la mer Rouge,
qui, selon le témoignage du P. Sicard, qui a visité ces lieux, comme nous l'avons
déjà fait remarquer ailleurs, est un terrain sablonneux, parsemé d'herbes, et ne
différant en rien du terrain des déserts d'alentour. Voy. /a Sainte Bible en latin et
en français, etc., t. 1, p. 268. Paris, 1834.
9. Comme des chevaux. C'est une allusion à la joie qu'éprouvèrent les Israélites,
1440
au pacage, ils ont recueilli une
nourriture abondante, et comme
des agneaux, ils ont bondi, vous
glorifiant, Seigneur, vous qui les
aviez délivrés.
10. Car ils se souvenaient en-
core de ce qui était arrivé dans
leur habitation en pays étranger;
comment au lieu d’un peuple
d'animaux, la terre avait produit
des mouches, et comment au
lieu de poissons, le fleuve avait
jeté une myltitude de grenouilles.
11. Mais en dernier lieu, ils vi-
rent une nouvelle race d'oiseaux,
lorsque, cédant à la convoitise,
LA SAGESSE.
[cu. xix.]
auparavant par la violence des
tonnerres ; parce que c'est juste-
ment qu'ils souffraient selonleurs
méchancetés.
43. Car ils ont exercé une in-
hospitalité plus détestable : les
uns ne recevaient point des étran-
gers inconnus ; mais les autres
réduisaient en servitude des hôtes
bienfaisants.
14. Et non seulement cela,
mais il y avait encore une autre
considération ὦ faire à l'égard
de ceux-là, c'est qu'ils recevaient
à contre-cœur des étrangers.
15. Mais ceux-ci firent souffrir
ils demandèrent à Dieu une nour-
riture excellente.
19. Car en satisfaction de leur
désir, il monta pour eux dela mer
des cailles : et les tourments sur-
vinrent aux pécheurs, non sans
des indices qui avaient été donnés
les tourments les plus cruels à
ceux qu'ils avaient d’abord reçus
avec allégresse et qui vivaient
sous les mêmes lois.
16. Aussi ont-ils été frappés
d'aveuglement, comme ceux-là
à la porte du juste, lorsqu'ayant
11. Exode, xvi, 13; Nomb., ,זא 31 ; Supra, xvi, 2. — 16. Genèse, xix, 11.
.--.... ὃ ὃϑΘϑΘὉΔἙ Ὁεο τ. ——— M —— M —— M ——— --- «ὁ
lorsque Dieu leur envoya la manne dans le désert. — Vous glorifiant, etc.; autre
allusion au cantique d'action de gráces chanté par les Hébreux aprés le passage de
ia mer Rouge. Exode, xv.
41. Mais en dernier lieu, etc. Compar. pour l'ensemble de ce verset Sagesse, XVI, 2;
Exode, xvi, 43; Nombr., xi, 31. — Une nourriture excellente; littér. une nourriture
d'épulon (epulonis), mot désignant chez les Latins le prétre qui présidait aux festins
des sacrifices, et signifiant aussi convive. Le texte grec porte des aliments de délices.
— * Une nouvelle race d'oiseaux, les cailles. :
19. Non sans des indices. Dieu, par les foudres et le feu du ciel tombés sur Sodome,
avait longtemps auparavant fait connaitre aux Egyptiens les malheurs qui les me-
nacaient, puisqu'ils imitaient et méme surpassaient les habitants de Sodome par leur
inhumanité envers les étrangers, comme le prouvent les versets suivants.
13. 188 ont exercé; c'est-à-dire les Egyptiens. — Les uns, etc.; les habitants de
Sodome refusaient l'hospitalité à des inconnus, tels que les anges envoyés à Lot
(Genèse, xax). — Les autres, etc.; les Egyptiens opprimaient injustement les Hébreux
qui ne leur avaient fait que du bien (bonos hospites).
14. Et non seulement, etc. Les habitants de Sodome, en donnant l'hospitalité à des
inconnus, ne les recurent qu'à contre-cœur, malgré eux (inviti), ou, suivant le texte
grec, en ennemis (apechthós).
18. Reçus avec allégresse. Compar. Genèse, xLv, 18-90. — * Ceux-ci, les Egyptiens.
16. Ils ont été frappés d'aveuglement. Le Sage veut parler des ténèbres de l'Egypte
qui durèrent trois jours, dont il a déjà fait mention (xvu), et qu'il rappelle ici dans
ce verset méme. — Comme ceux-là; les Sodomites. — A la porte du juste; de Lot. —
Lorsqu’ayant été, etc. Toute cette dernière partie du verset se rapporte aux Egyp-
tiens dont l'aveuglement ou l'impuissance de voir venait des ténébres rópandues sur
l'Egypte, tandis que celui des Sodomites avaient une autre cause, que l'Ecriture ne
(cu. xix.]
été couverts de subites ténèbres,
chacun cherchait l'entrée de sa
porte.
17. Car lorsque les éléments
changent de fonctions entre eux,
il en est comme dans un psalté-
rion, dont les accords varient,
mais dont chaque corde retient
son propre son; ainsi qu'on peut
s'en convaincre sürement par la
vue mème de ce qui est arrivé.
18. Car les animaux terrestres
étaient changés en aquatiques, et
tous ceux qui nageaient passaient
sur la terre.
19. Le feu dans leau surpas-
LA SAGESSE.
1441
sait sa propre vertu, et l'eau
oubliait sa nature qui est de
l'éteindre.
20. Les flammes, au contraire,
n'attaquèrent pas les chairs des
animaux sujets à la corruption,
lesquelscheminaientensemble,et
elles ne faisaient pas fondre cette
bonne nourriture, qui d'ailleurs
se fondait facilement comme la
glace. Car en toutes choses, vous
avez glorifié votre peuple, Sei-
gneur; vous l'avez honoré, et ne
l'avez pas dédaigné, en tout temps
et en tout lieu vous tenant prés
de lui.
nous fait pas connaitre (Genèse, xix, 14); de sorte que nous ignorons en quoi consis-
tait précisément cet aveuglement. Beaucoup d'interprétes pensent que c'était une
sorte de vertige ou d'éblouissement.
11. Ce verset dans la Vulgate échappe à toute analyse. Ce qui a fait dire à Bossuet
qu'il y a des choses qui manquent ou qui ne sont pas à leur place. Le savant inter-
préte trouve aussi que le grec lui-méme présente des difficultés. Pour nous, nous
avons cherché à donner le sens le plus simple et le plus naturel, en combinant les
deux textes. — Lorsque les éléments, etc. Les éléments ont réellement changé de
fonctions ou de propriétés entre eux, quand, par exemple, l'eau n'a pas éteint le
feu; quand le feu lui-méme n'a détruit ni la neige, ni la gréle; quand l'eau s'est ar-
rétée et est devenue solide comme un mur. Or tout cela s'est fait sans que les
lois générales de la nature aient été troublées dans leur harmonie générale.
18. Les animaux, etc. Les troupeaux des Hébreux passèrent à travers la mer Rouge,
tandis que les grenouilles couvrirent l'Egypte comme des troupeaux, se répandant
sur toute la terre séche et jusque dans les maisons.
19. Le feu surpassait, etc. Compar. xvi, 11-19.
20. Les flammes, etc. Compar. xvi, 18. — Elles ne faisaient pas fondre, etc. Compar.
xvi, 21. — Vous tenant, etc.; l'assistant, le protégeant
----- ἘΣΘ tr tne m
91
L'ECCLÉSIASTIQUE
OBSERVATIONS PRÉLIMINATRES ‘ :
4. Le nom d’Ecclésiastique que les Latins ont donné à ce livre est un mot
grec qui signifie livre en usage dans l'assemblée ou dans l'Église; c'est-à-dire,
livre qui sert à instruire l'assemblée. Nous avons prouvé dans notre /ntroduc-
tion historique el critique, tome IV, que ce livre est véritablement divin, c'est-
à-dire qu'il a été composé sous l'inspiration du Saint-Esprit; vérité que nient
les Juifs et les Protestants.
2. Ce livre a été incontestablement composé en hébreu; mais le texte pri-
milif, dû à Jésus, fils de Sirach, a été perdu. La version la plus ancienne est
la version grecque faite par le petit-fils de l'auteur, comme on le voit par le
Prologue suivant. La traduction latine qui se trouve dans la Vulgate, et dont
l’auteur est inconnu, remonte assez haut, puisqu'elle est citée par tous les
anciens Pères; et nous l'avons aujourd'hui telle qu'elle était dans le principe;
car saint Jéróme n'y a pas touché. Le style en est dur et souvent d'une grande
obscurité, comme dans le livre de la Sagesse, parce que le traducteur ne se
conforme pas plus que celui de la Sagesse au latin classique, soit pour la
signification des mots, soit pour la syntaxe. Comparez ce que nous avons dit à
ce sujet, page 645.
3. Outre celte version latine, il y en a une seconde composée sur le grec de
l'édition romaine, et autorisée par le pape Sixte V; ce qui l'a fait appeler
version siztine. Le livre de l'Ecclésiastique a été traduit aussi en syriaque et en
arabe. Il faut bien remarquer que, quelque nombreuses que soient les dif-
férences qui existent entre ces différentes versions, elles ne nuisent en rien à
l'intégrité substantielle du texte. Nous dirons de méme des additions et des
gloses qu'on a pu y intercaler; comme elles ne sont que de nouvelles traduc-
tions ou de simples explications de ce méme texte, elles laissent encore intacts
le fond et la substance du nvre.
4. Quant au Prologue, quelques-uns le tiennent pour canonique, comme fai-
sant partie de l'ouvrage, quoiqu'il n'émane pas de l'auteur du livre, mais du
simple traducteur; pour nous, nous pensons avec Corneille de Lapierre, dom
Calmet et autres, que cette canonicité est d'autant plus contestable, que le
Prologue n'est nullement l'ouvrage d'un écrivain reconnu pour divinement ins-
piré. (J.-B. GLAIRE.)
* 5. L'époque où a vécu l'auteur de l'Ecclésiastique est incertaine. Son livre
nous fournit un moyen de résoudre la question en nous indiquant le nom du
L'ECCLÉSIASTIQUE. — OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 1443
grand prêtre juif, Simon, fils d'Onias, r, 1-21, sous lequel il a vécu, et qu'il
avait vu officier dans le temple; mais comme le méme nom a été porté par
deux pontifes différents, tous deux fils d'Onias: Simon I, dit le Juste, qui vivait
du temps de Ptolémée, fils de Lagus, vers 290 av. J.-C., et Simon II, qui était
grand prétre quand Ptolémée IV Philopator voulut entrer de vive force dans le
temple de Jérusalem, les critiques se partagent: les uns font Jésus contem-
porain du Simon le plus ancien, les autres du plus récent. Le prologue du
traducteur fournit une autre donnée chronologique : il nous dit qu'il alla lui-
méme en Égypte sous le règne de Ptolémée Évergète. Par malheur, il y a aussi
deux rois qui ont porté ce surnom; l'un, Ptolémée III, fils et successeur de
Ptolémée II Philadelphe, 247-222; lautre, Ptolémée VII, dit aussi Physcon,
frére de Ptolémée Philométor, 170-117 ; de sorte qu'il est également difficile de
décider quel est le roi d'Egypte dont parle le petit-fils de l'auteur de l'Ecclé-
siastique. — L'opinion la plus communément recue place la composition de
l'ouvrage vers 280, la traduction vers 230 (1); elle fait vivre Jésus ben Sirach
du temps de Simon I, et son petit-fils sous Ptolémée III Évergéte I. Quoique
elle ne soit pas à l'abri de toute difficulté, elle est cependant la plus vraisem-
blable. — 1° L'éloge du chapitre L ne peut se rapporter qu'à Simon I, dit le
Juste; le contemporain de l'auteur est représenté, en effet, comme un pontife
trés remarquable, ce qui ne saurait convenir à Simon II, dont l'histoire ne dit
aucun bien. — 2? Le grand prétre de l'Ecclésiastique est qualifié de libérateur
de son peuple, L, 4, ce qui peut s'appliquer à Simon I, mais non à Simon II,
sous le pontificat duquel ni le peuple ni le temple n'avaient besoin de protec-
Leur spécial. — 3» Du temps de Simon 11, les idées paiennes, contre lesquelles
s'élevérent les Machabées, avaient déjà fait de grands progrés; elles étaient
propagées par les fils de Tobie; comme elles étaient en horreur aux Juifs
fidèles, on ne s'expliquerait point que, si l'auteur de l'Ecclésiastique avait écrit
à celte époque, il ne les eüt point condamnées ; on s'expliquerait moins encore
qu'il eût loué Simon 11, qui avait pris parti pour les fils de Tobie. — Il s'élève
contre les Samaritains, L, 38; à plus forte raison aurait-il condamné les faux
frères qui imitaient les mœurs des Hellènes. — 4° Ajoutons enfin que le Ptolé-
mée Évergéte ou le Bienfaisant, dont parle le prologue de l'Ecclésiastique, ne
peut guére étre que le premier qui a porté ce nom. Les monuments ne donnent
pas le surnom d'Évergéte à Physcon, mais seulement au successeur de Phila-
delphe. ;
* 6. Quant au style de l'Ecclésiastique, nous ne pouvons le juger qu'impar-
faitement, puisque nous nele connaissons que par une traduction. Il est en
général simple, naturel, peu orné. L'auteur avait écrit d'aprés les régles du
parallélisme qui régissent la poésie hébraique et avait imité la forme comme
le fond des Proverbes de Salomon. La traduction grecque a conservé le plus
exactement possible le moule de l'original.
* 7. Le livre de l'Ecelésiastique a toujours été regardé comme 16 plus utile
des livres Sapientiaux, l'une des parties de l'Écriture Sainte qu'on doit le plus
lire et méditer. « Outre l'abondance admirable d'enseignements trés purs et
très saints, adaptés à tous les états 61 à toutes les conditions, qui est contenue
(4) L'opinion opposee assigne à la composition de l'Ecclésiastiqué la date de
l'an 180 envirou et à la traduction celle de l'an 130,
1414 L'ECCLÉSIASTIQUE.
dans ce hvre, dit Martini, le célébre traducteur de la Bible en langue italienne,
nous y rencontrons une multitude de choses qui peuvent servir à nourrir l'esprit
de religion et à nous donner de notre foi la plus haute idée. Je souhaiterais
donc de tout mon cœur que ce livre, avec celui des Proverbes et de la Sagesse,
füt comme le premier lait dont on nourrisse l'àme de la jeunesse, parce que
ces écrits sont les plus utiles pour former non seulement son esprit, mais aussi
son cœur, lui donner de hautes pensées. la fortifier contre la séduction des
passions, lui imprimer les vrais et solids principes qui doivent diriger l'homme
dans la vie présente et le rendre digne de la vie éternelle. »
* 8. Division générale de l'Ecclésiastique. — Le livre de l'Ecclésiastique forme
un tout, mais sans une suite rigoureuse; il est écrit sans plan d'ensemble
et avec la liberté d'allures qui est commune aux écrivains orientaux, surtout
dans les ouvrages de ce genre : les pensées, ainsi qu'il arrive dans les recueils
de sentences, ne sont pas reliées entre elles; les digressions abondent : de là la
difficulté ou plutót l'impossibilité d'en faire une analyse méthodique. On peut
y distinguer cependant deux parties bien marquées, d'inégale longueur,
la premiére contenant toutes sortes de préceptes pour la conduite de la vie,
1-XLii, 44; la seconde faisant l'éloge du Créateur de l'univers et des saints de
l'Ancien Testament, xri, 15-Lt.
La premiére partie de l'Ecclésiasüque n'a d'autre unité que l'unité générale
du sujet, qui est de recommander la pratique de la vertu. Elle « a beaucoup
d'analogie avec les Proverbes de Salomon ; elle renferme, sous une forme géné-
ralement sentencieuse et proverbiale, une foule de régles de conduite et de
maximes morales pour tous les états et pour toutes les conditions; elle énu-
mère la série des vertus, en relève l'importance, exhorte à leur pratique,
expose de méme la série des passions et des péchés dominant parmi les
hommes, et cherche à en éloigner en en montrant les conséquences. Elle abonde
aussi en avis relatifs à la conduite des affaires domestiques et civiles, exhorte
à la sérénité d'esprit, au contentement habituel de son sort, donne des régles
de prudence à suivre dans le commerce des supérieurs et des grands. Elle
vante surtout les avantages de la sagesse, invite à sa recherche, montre son
origine, dit qu'elle est née de la bouche du Trés-Haut, qu'elle remplit l'étendue
des cieux et la profondeur de l'abime, qu'elle habite parmi les nations et ré-
pand ses enseignements au loin comme les rayons de l'aurore. Voir xv et xxiv. »
(WELTE.)
La 119 partie a pour objet l'éloge de Dieu créateur et des Saints de l'Ancien
Testament, xrir, 15-Li. — Après avoir donné toutes sortes de règles de conduite
dans sa premiére partie, le fils de Sirach, dans sa seconde, 1? rend gloire à
Dieu, créateur du ciel et dela terre, xuu, 15-xrur ; 2° il nous propose l'exemple
des saints de l'Ancien Testament, qui ont pratiqué les vertus dont les 41 pre-
miers chapitres nous donnent les préceptes, xLiv-u, et 3° enfin il adresse à Dieu
une prière d'adoration et d'action de grâces pour la sagesse qu'il a reçue de
lui, LI.
1* L'hymne à Dieu créateur est comme un abrégé de théodicée dans lequel
l'auteur nous fait connaitre les attributs divins en décrivant les merveilles du
monde visible. Il termine par une allusion aux merveilles du monde invisible,
xLur, 36-37. Ce trait final rappelle le Ps. xvin, dans lequel 16 Psalmiste, après
avoir montré la grandeur de Dieu éclatant dans le gouvernement des corps
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 1445
célestes, nous la montre plus sensible encore dans la loi qu'il ἃ donnée à son
neuple.
2 De l'éloge de Dieu, l'Ecclésiastique passe à celui de ses saints, dans le
morceau que le texte grec intitule : Hymne des pères, c'est-à-dire en l'honneur
des patriarches et des saints de l’Ancicu Testament, xriv-r.
3° Unc prière finale, L1, remercie Dieu de tous les bienfaits que l'auteur en
ἃ recus, et spécialement du don de la sagesse. Quelques critiques ont pensé
que cette prière était l’œuvre du traducteur grec, comme le prologue, et c'est
probablement là-dessus que s'est appuyée la Synopsis Scripture Sacre, pour
avancer que le traducteur, comme l'auteur de l'Ecclésiastique, s'appelait Jésus,
fils de Sirach, mais on n'a aucune raison de refuser à l'auteur primitif la com-
position de ce morceau (1).
(4) Le texte hébreu de l'Ecclésiastique, qui était perdu quand M. Glaire a publié s
traduction, vient d'étre en grande partie retrouvé.
PROLOGUE
La sagesse de beaucoup et de grandes choses nous a été démontrée par la
loi, par les prophètes et par ceux qui les ont suivis ; choses qui rendent Israël
digne de louange pour sa doctrine et pour sa sagesse; puisque non seulement
les auteurs de ces discours ont dü étre trés instruits, mais que les étrangers
mémes peuvent devenir, par leur moyen, trés habiles à parler et à écrire. C'est
ainsi que mon aieul Jésus (1), aprés s'étre appliqué soigneusement à la lecture
de la loi et des prophétes, et des autres livres qui nous ont été laissés par nos
péres, a voulu aussi lui-méme écrire ce qui regarde la doctrine et la sagesse,
afin que ceux qui désirent apprendre, s'étant instruits par ce livre, s'appliquent
de plus en plus à réfléchir, et s'affermissent dans une vie conforme à la loi.
C'est pourquoi je vous exhorte à venir lire ce livre de bonne volonté et avec une
attention toute parliculiére, et à nous pardonner, si dans les endroits dans
lesquels nous traçons l'image de la sagesse, nous semblons nous tromper sur
le choix des termes. Car les mots hébreux perdent de leur force, lorsqu'ils sont
traduits dans une autre langue. Or cela n'arrive pas seulement dans ce livre-ci,
mais et la loi elle-méme, et les prophétes et les autres livres, présentent une
grande différence, quand on les lit dans leur propre langue. En la trente-hui-
tième année, sous le règne de Ptolémée Évergète (2), étant venu en Égypte et y
ayant demeuré longtemps, j'y a’ !rouvé des livres qui avaient été laissés, et
qui contenaient une grande et estimable doctrine. C'est pourquoi j'ai pensé
qu'il était bon et méme nécessaire d'employer mes soins et mon labeur à tra-
duire celui-ci. J'ai donc consacré beaucoup de veilles et mon savoir dans tout
cet espace de temps, pour mener ce livre à bonne fin et pour le mettre au jour
en faveur de ceux qui veulent s'instruire, et apprendre de quelle manière ils
doivent régler leurs mœurs, quand ils ont résolu de mener une vie conforme à
la loi du Seigneur.
(4) Ce Jésus, appelé fils de Sirach (L. 29), nous est absolument inconnu d'ailleurs.
Quant à l'époque à laquelle il florissait, elle est incertaine. On peut voir à ce sujet
les interprétes.
(2) Ptolémée Evergèle; ler selon les uns, 115 selon les autres. Voy. les commenta-
teurs.
(CH. 1.]
CHAPITRE PREMIER.
Jrigine de la sagesse. Son excellence.
Dieu la donne à ceux qui l'aiment.
Eloge dela crainte du Seigneur. Bon-
heur de ceux qui la possèdent. Elle est
le commencement de la sagesse. Gar-
der les préceptes du Seigneur. Fuir
l'hypocrisie.
1. Toute sagesse vient du Sei-
gneur Dieu; et avec lui elle a tou-
jours été; et elle est avant les
siècles.
9. Le sable de la mer, et les
gouttes de pluie, et les jours du
monde, qui les a comptés? La
hauteur du ciel, et l'étendue de la
terre, et le profond de l'abime,
qui les a mesurés?
3. La sagesse de Dieu, laquelle
précède toutes choses, qui l'a pé-
nétrée?
4. Avant toutes choses a été
créée la sagesse, et l'intelligence
de la prudence est dèsles siècles,
5. La source de la sagesse est
le Verbe de Dieu dans les cieux,
et ses voies sont les commande-
ments éternels.
6. La racine de la sagesse, à qui
a-t-elle été révélée, et son habi-
leté, qui l'a connue?
CuaP. I. 1. 111 Rois, mi, 9; 1v, 29.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1447
1. La conduite de la sagesse, à
qui a-t-elle été révélée et mani-
festée? et la multiplicité de ses
voies, qui l'a comprise ?
8. ΠΗ a quele Très-Haut Créa-
teur tout-puissant, et roi puissant
et infiniment redoutable, assis
sur son tróne, le Dieu domina-
teur.
9. Lui-méme l’a créée dans
l'Esprit-Saint, l'a vue, l'anombrée
et mesurée.
10. Et il l'a répandue sur toutes
ses œuvres et sur toute chair, se-
lon le don qu’il en a fait ; or, il
l'a donnée à ceux qui l'aiment.
11. La crainte du Seigneur est
une gloire, unsujet deseglorifier,
une joie et une couronne d'exul-
tation.
12. La crainte du Seigneur ré-
jouira le cœur ; elle donnera l'al-
légresse, le contentement et la
longueur des jours.
13. A celui qui craint le Sei-
gneur, bien sera dans ses der-
niers moments; et au jour de
son décès il sera béni.
14. L'amour de Dieu est la sa-
gesse digne d’être honorée.
15. Ceux à qui elle apparaît en
1. Toute sagesse, etc. Compar. 11] 006, πι, 9; 1v, 29; Proverb., nz, 19; virt, 22 et
suiv. Sagesse, vii, 25; vri, 3; IX, 3.
4. L'intelligence de la prudence; par cette expression qui se trouve également dans
le grec, et qui équivaut à l'intelligence prudente, si on suppose un de ces hébraismes
dont ce livre est rempli; par cette expression, disons-nous, l'auteur a voulu désigner
la sagesse, qu'il représente sous des formules variées. — Dés les siècles (ab ævo).
Compar. Prov., vir, 22.
6. Son habileté; littér. ses artifices, ses ruses (astutias). Dans le grec, ainsi que dans
ie latin, ce mot est employé en bonne part ici, comme dans plusieurs autres passages.
8. Son trône; c'est-à-dire le trône de Dieu, comme porte le grec, et non celui de la
sagesse; ce que donne à entendre le pronom i//ius, que le traducteur latin met sou-
vent pour suus.
9. L’a nombrée et mesurée. Compar. Sagesse, x1, 21.
10. I! la donnée, etc. 11 n'y a en effet que ceux qui aiment Dieu, que ses servi-
teurs, qui recoivent de lui le don de la sagesse.
12. Longueur des jours, hébraisme, pour longs jours; c'est-à-dire longue vie.
1448
se montrant l'aiment par la vue
et la connaissance de ses grandes
choses.
16. Le commencement de la
sagesse est la crainte du Sei-
gneur; avec les fidèles elle est
créée dès le sein de leur mère;
elle marche avec les femmes
choisies et on la reconnait dans
les justes et les fidèles.
11. La crainte du Seigneur est
la religion de la science.
18. La religion gardera et jus-
tifiera le cœur, elle lui donnera
de l'agrément et de la joie.
19. A celui qui craint le Sei-
eneur bien sera, et dans les jours
de sa consommation il sera béni.
20. La plénitude de la sagesse
et la plénitude de ses fruits, c'est
craindre Dieu.
91. Elle rempliratouteleurmai-
son de ses produits, et leurs cel-
liers de ses trésors.
99. La couronne de la sagesse
est la crainte du Seigneur, com-
plétant la paix et le fruit du sa-
lut;
93. Et elle l'a vue et elle l'a
énumérée : or l'un et l'autre sont
des dons de Dieu.
94. La sagesse partagera la
science et la lumière de la pru-
dence ; et elle exalte la gloire de
ceux qui la conservent.
25. La racine de la sagesse est
16. Ps. cx, 10; Prov., 1, 7; 1x, 10.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
(cn. «.]
craindre le Seigneur : et ses ra-
meaux sont de longue durée.
96. Dans les trésors de la sa-
gesse est l'intelligence, et la re-
ligion de la science; mais c'est
un objet d'exécralion pour les
pécheurs que la sagesse.
27. La crainte du Seigneur chas-
se le péché;
98. Carcelui qui est sans crainte
ne pourra étre justifié; car l'em-
portement de son animosité est
sa ruine.
99. Jusqu'à un certain temps
souffriral'homme patient, etapres
cela la joie lui sera rendue.
30. L'homme de bon sens ren-
fermera en lui ses paroles jusqu'à
un certain temps, et les lèvres
dun grand nombre raconteront
sa prudence.
31. Dans les trésors de la sa-
gesse est l'expression de la
science;
39. Mais c'est un objet d'exé-
cration pour le pécheur que le
culte de Dieu.
33. Mon fils, désirant ardem-
ment la sagesse, conserve la jus-
tice, et Dieu te la donnera.
34. Car la sagesse et la science
sont la crainte du Seigneur ; et ce
qui lui est agréable,
35. C'est la foi et la douceur, et
il remplira les trésors de celui qu
les possède.
...רו וו וו
11. La religion de la science; pour La science religieuse. Sans la crainte de Dieu, la
science n'a rien que de profane, de froid et de stérile.
20. La plénitude de la sagesse; c'est-à-dire la sagesse parfaite, consommée, et ses
fruits parfaits. L'expression a fructibus tient lieu du génitif fructuum.
32. Complétant, etc.; donnant pleinement, avec une grande abondance.
30. L'homme de bon sens; littér. le bon de sens; genre de construction qui n'est pas
rare en hébreu.
32. Mais c'est un objet d'exécration, etc. Compar. vers. 26.
33. Te la donnera; c'est à-dire la sagesse.
[cu. 11.[
36. Ne sois pas incrédule à la
crainte du Seigneur, et ne t'ap-
proche pas de lui avec un cœur
double.
37. Ne sois pas hypocrite devant
les hommes, et que tes lèvres ne
te soient pas un sujet de scan-
dale.
38. Veille sur elles, de peur que
tu ne tombes et que tu n'attires
sur ton âme le déshonneur ;
39. Et que Dieu ne révèle les
choses cachées en toi, et qu'au
milieu de lassemblée il ne te
brise;
40. Parce que tu t'es approché
méchamment du Seigneur, et que
ton cœur est plein d'artifice et de
tromperie.
CHAPITRE II.
Exhortation à la patience dans les ten-
tations et les épreuves. Avantage des
afflictions et des souffrances. Celui qui
espére dans le Seigneur ne sera pas
confondu. Malheur à celui qui perd la
patience. S'humilier sous la main du
Seigneur; espérer en sa miséricorde.
1. Mon fils, entrant au service
de Dieu, sois ferme dans la jus-
lice et dans la crainte, et prépare
ton âme à la tentation.
2. Humilie ton cœur et attends
patiemment : incline ton oreille
etrecoisles paroles d'intelligence;
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1449
et ne te hâte point au temps de
l'obscurcissement.
3. Supporte les délais de Dieu,
unis-toi à Dieu, et attends patiem-
ment, afin que ta vie s'accroisse
au dernier moment.
4. Tout ce qui t'arrivera de fá-
cheux, accepte-le; et dans la
douleur, supporte; et dans ton
humiliation, aie patience;
9. Car par le feu s’'éprouvent l'or
et l'argent ; mais les hommes doi-
vent passer par le fourneau de
l'humiliation.
6. Crois en Dieu et il te recevra;
dirige bien ta voie, et espère en
lui. Conserve sa crainte, et y
vieillis.
7. Vous qui craignez le Sei
gneur, attendez patiemment sa
miséricorde, et ne vous détournez
pas de lui, de peur que vous ne
tombiez.
8. VousquicraignezleSeigneur,
croyez en lui, et votre récom-
pense ne sera pas anéantie.
9. Vous qui craignez le Sei-
gneur, espérez en lui, et sa misé-
ricorde vous viendra en joie.
10. Vous qui craignez le Sei-
gneur, aimez-le, et vos cœurs se-
ront illuminés.
11. Considérez, mes enfants,
les générations des hommes, et
sachez que nul n'a espéré dans
CnaP. 11. 1. Matt., 1v, 1; II Tim., ,זוז 12. — 5. Sag., ui, 6.
36. Cœur double; c'est-à-dire duplicité de cœur.
31. Un sujet de scandale; par des discours indiscrets et inconsidérés.
2. De l'obscurcissemenl; ou de l'obscurité. Les anciens Hébreux exprimaient par ces
mots les disgráces, les calamités, l'adversité, en général les maux que Dieu envoie
aux hommes. C'est aussi le sens qu'a dans un certain nombre de passages bibliques
le mot grec épagógé, qui correspond au latin oóductio, et qui signifie proprement
l'action d'amener, d'apporter, de faire venir.
4. T'arrivera de fâcheux. C'est le sens de (ibi applicitum fuerit, expliqué par le
texte grec.
9. Par le feu, etc. Compar. Sagesse, 11 6.
1450
le Seigneur, et n'a été confondu.
19. Car, qui a persévéré dans
ses commandements, et a été
abandonné? ou qui l'a invoqué,
et a été par lui méprisé?
13. Parce que Dieu est compa-
tissant et miséricordieux, et qu'il
remettra les péchés au jour de la
tribulation, et qu'il est le protec-
teur de tous ceux qui le recher-
chent dans la vérité.
14. Malheur à l’omme double
de cœur, aux lèvres perverses,
aux mains criminelles et au pé-
cheur qui marche sur la terre par
deux voies.
15. Malheur à ceux qui, man-
quant de cœur, ne croient pas
en Dieu; et c'est pour cela
qu'ils ne seront pas protégés par
lui.
16. Malheur à ceux qui ont per-
du la. patience, et qui ont aban-
donné les voies droites, etse sont
détournés dans des voies mau-
vaises.
11. Et que feront-ils, lorsque le
Seigneur commencera à exami-
ner £outes choses?
18. Ceux qui craignent le Sei-
gneur ne seront pas incrédules à
sa parole; et ceux qui l'aiment
garderont sa voie.
19. Ceux qui craignent le Sei-
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cn. ur.]
gneur rechercheront ce qui lui
est agréable, et ceux qui l'aiment
seront remplis de sa loi.
90. Ceux qui craignent le Sei-
gneur prépareront leur cœur, et
en sa présence ils sanctifieront
leurs àmes.
21. Ceux qui craignent le Sei-
gneur gardent ses commande-
ments, et ils auront patience jus-
qu'à ce qu'il les regarde,
22. Disant : Si nous ne faisons
pénitence, nous tomberons dans
les mains du Seigneur, et non
dans les mains des hommes.
23. Car, selon qu'est sa gran-
deur, de méme est aussi en lui sa
miséricorde.
CHAPITRE III.
Devoirs des enfants envers leurs péres
et mères. Exhortation à la douceur et
à lhumilité. Réprimer sa curiosité.
Malheur du cœur dur, superbe et indo-
cile. Vertu de laumóne; sa récom-
pense.
1. Les fils de la sagesse sont
l'assemblée des justes; et leur
nation est obéissance et amour.
2. Fils, écoutez le jugement de
votre pere, et observez-le de telle
sorte que vous soyez sauvés.
3. Car Dieu a honoré le père
dans les fils, et cherchant avec
12. Ps. xxx, 1. — 14. III Rois, xvii, 21. — 18. Jean, xtv, 29.
--...-.......... A MM BÀ ἧ ἧ. ἮΉα ———— --ῖ---
14. Double de cœur ; c'est-à-dire qui a de la duplicité dans son cœur. Compar. 1, 36.
18. Ceux qui craignent, etc. Compar. Jean, xiv, 23.
21. Jusqu'à ce qu'il les regarde d'un œil de bonté et de faveur; littér. jusqu'à son
inspection; c'est-à-dire, selon quelques-uns, jusqu'au jugement.
23. Selon qu'est, etc.; c'est-à-dire que sa miséricorde n'est pas inférieure à son in-
finie grandeur.
1. Leur nation (natio illorum); c'est-à-dire la nation que ces fils de la sagesse com-
posent.
2, 3. Le jugement; les préceptes, les avis, les conseils.
3. A honoré le père dans les fils; en voulant que les fils rendent à leur père l'hon-
neur, le respect, l'obéissance, etc., qui lui sont dus. — Cherchant avec soin (exqui-
(cu. ur.]
soin le jugement de la mère, il
l'a affermi sur les fils.
4. Celui qui aime Dieu, l'invo-
quera pour ses péchés, s'en pré-
servera ὦ l'avenir. et dans sa
prière de chaque jour, il sera
exaucé.
5. Et comme est celui qui thé-
saurise, ainsi est celui qui honore
samere.
6. Celui qui honore son pere
trouvera la joie dans ses fils, et au
jour de sa priere, il sera exaucé.
7. Celui qui honore son pere
vivra d'une longue vie; et celui
qui obéit à son pere fera la conso-
lation de sa mere.
8. Celui qui craint le Seigneur
honore son pere et sa mere, et il
servira comme ses maitres ceux
qui lui ont donné le jour.
9. En ceuvres, en paroles et en
toute patience, honore ton pere,
10. Afin que vienne de lui sur
toi la bénédiction, et que sa bé-
nédiction y demeure jusqu'au der-
nier jour.
11. La bénédiction du père
affermit les maisons des fils; et
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1451
la malédiction de la mere les
renverse jusqu'aux fondements.
19. Ne te glorifie pas de l'igno-
minie de ton père; car ce n'est
pas pour toi une gloire que sa
confusion ;
13. Car la gloire dun homme
vient de l'honneur de son pere;
et c'est le déshonneur d'un fils
qu'un père sans honneur.
14. Mon fils, soutiens 18 vieil-
lesse de ton père, et ne le con-
triste pas durant sa vie ;
15. Et si son esprit lui fait dé-
faut, supporte-le et ne le méprise
pas dans ta force; car ta charité
envers ton pere ne sera pas en
oubli.
16. Car pour avoir supporté les
défauts de ta mère, il te sera
donné une récompense,
11. Et dans la justice te sera
bâtie une maison, et au jour de
la tribulation on se souviendra
de toi, et, comme la glace en un
jour serein, tes péchés se fon-
dront.
18. Quelle mauvaise réputation
a celui qui abandonne son pere!
(παρ, 11. 9. Exode, xx, 12; Deut., v, 16; Matt., xv, 4; Marc, vir, 10; Ephés., vi, ₪
— 41. Genèse, xxvit, 27; XLIX, 2.
rens); ce participe, en vertu d'un hébraisme, dont nous avons parlé plus haut
(pag. 342), devient un adverbe qualificatif du verbe suivant i/ a affermi, en sorte que
le sens est: Dieu a affermi le plus soigneusement le jugement de la mére. Ainsi Dieu
aecorde aussi à la mére l'autorité, la puissance de commander, de réprimer et de
punir. D'où il suit que les parents le représentent sur la terre à l'égard des enfants,
et qu'ils sont les dépositaires de son autorité supérieure sur eux.
11. * La bénédiction du père affermit la maison, etc. « Curieuse différence entre le
pére et la mére! Comme la tendresse maternelle est toujours préte à bénir l'enfant,
quel qu'il soit, Dieu n'a pas voulu attacher la prospérité à toutes les bénédictions de
la mére : il l'a réservée aux priéres du pére, dont l'amour est plus juste et plus
éclairé; mais il n'a pas craint d'attacher la ruine à la malédiction maternelle, bien
sûr que l'enfant qui force sa mère à le maudire mérite de périr misérablement. »
(SAINT-MarG GIRARDIN.)
11. Dans la justice; selon d’autres, à cause de ta justice. — Il te sera báli une
maison. Dans le style de l’Ecriture, bátir une maison à quelqu'un, signifie proprement
lui donner des enfants, une famille nombreuse. Compar. Exod., 1, 21; Deutér., xxv, 9;
Ruth, 1v, 11; 1 Rois, rt, 35. — On se souviendra de toi; c'est-à-dire Dieu se souviendra.
1452
οἱ il est maudit de Dieu, celui qui
exaspère sa mere.
19. Mon fils, accomplis tes œu-
vres avec douceur, et tu seras en-
core plus aimé que glorifié par
les hommes.
20. Plus tu es grand, plus hu-
milie-toi en toutes choses, et de-
vant Dieu tu trouveras gráce :
21. Parce que la grande puis-
sance appartient à Dieu seul; et
c'est par les humbles qu'il est
honoré.
99. Les choses qui sont au-
dessus de toi, ne lescherche pas,
et celles qui sont au-dessus de
tes forces, neles scrute pas ; mais
celles que Dieu t'a commandées,
penses-y toujours; et dans plu-
sieurs de ses ouvrages ne sois pas
curieux.
93. Car il ne t'est pas néces-
saire de voir de tes yeux ce qui
est caché.
24. Dans les choses inutiles,
garde-toi de scruter nombre de
fois; et dans plusieurs de ses
ouvrages tu ne seras pas cu-
rieux.
95. Car un tres grand nombre
de choses au-dessus du sens des
hommes ont été découvertes pour
toi.
26. Leurs conjectures aussi en
ont séduit beaucoup, et leur sens
les a retenus dans la vanité.
97. Le cœur dur sera malheu-
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cH. 1v.]
reux à la fin; et celui qui aime le
péril y périra.
98. Le cœur qui marche dans
deux voies n'aura pas de succès:
et le pervers de cœur y trouvera
une pierre d'achoppement.
29. Le cœur méchant sera acca-
blé dedouleurs, et le pécheurre-
commencera à pécher.
90. L'assemblée des superbes
sera sans guérison ; carla tige du
péché s'enracinera en eux ; et ils
ne s'en apercevront pas.
31. Le cœur du sage se fait
comprendre par sa sagesse, et
l'oreille bonne écoutera la sa-.
gesse avec la plus vive ardeur.
32. Le cœur sage et intelligent
s'abstiendra du péché, et dans les
œuvres de justice il aura des
succes.
33. L'eau éteint un feu ardent;
et l'aumóne résiste au péché;
34. Car Dieu considère celui
qui fait du bien ; il s'en souvient
dans la suite, et au temps de sa
chute, celui-ci trouvera un appui.
CHAPITRE IV.
Exhortation à l'aumóne, à la douceur et
à la compassion envers les pauvres.
Avantages de la sagesse : elle éprouve
les hommes par l'affliction; comble de
biens ceux qui lui demeurent fidèles.
Bonne et mauvaise honte.
1. Mon fils, ne frustre pas le
pauvre de son aumóne, et ne dé-
20. Phil., ,זג 3. — 22. Prov., xxv, 27. — 33. Daniel, iv, 24. — Car. IV. 1. Tobie, tv; 7.
19. Tu seras encore, etc.; littér. au-dessus de la gloire des hommes tu seras aimé;
tu t'attireras l'estime des hommes, mais surtout leur amour.
94, De ses; c'est-à-dire de Dieu, nommé au vers. 22.
29. Recommencera à pécher; ou bien péchera encore, de nouveau. Compar. ce qui 8
été dit (pag. 342) sur les verbes mis pour des adverbes.
31. L'oreille bonne: pour l'oreille de l’homme de bien.
1. Son aumóne; expression qui prouve que l'aumóne est véritablement un bien dû
aux pauvres; et que par conséquent nous commettons une espèce de vol, lorsque nous
(ca. 1v.]
tourne pas tes yeux du pauvre.
9. Ne méprise pas une âme qui
a faim : et n'exaspere pas un pau-
vre dans son indigence.
3. N'afflige point le cœur de ce-
lui qui manque de secours, et ne
differe pas de donner à celui qui
est dans la détresse.
4. Nerejette pas la demande de
l'affligé; et ne détourne pas ta
face de l'indigent.
5. Ne détourne pas tes yeux de
celui qui manque de secours, à
cause de sa colere; et nelaisse pas
ceux qui demandent te maudire
en arrière ;
6. Car l'imprécation de celui qui
te maudit dansl'ameitume de son
âme sera exaucée; or, celui qui
l'a créé l'exaucera.
7. Rends-toi affable à l'assem-
blée des pauvres : devant un an-
cien humilie ton âme, et devant
un grand humilie ta téte.
8. Incline sans tristesse ton
oreille vers le pauvre ; acquitte ta
dette et réponds-lui des paroles
de paix avec douceur.
9. Délivre celui qui souffre une
injure de la main du superbe ; et
nele fais pas avec répugnance en
ton âme.
10. En jugeant, sois pour les
orphelins miséricordieux, comme
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1153
un pere, et comme un mari pour
leur mere ;
11. Et tu seras, toi, comme un
fils obéissant du Très-Haut, et il
aura compassion de toi plus
qu'une mère.
12. La sagesse à ses fils inspire
la vie: eile prend sous sa protec-
üon ceux qui la cherchent, et
elle ira devant eux dans la voie
de la justice;
13. Et celui qui l'aime aime la
vie, et ceux qui veillent pour
elle jouiront de sa paix.
14. Ceux qui la possèdent au-
ront la vie pour héritage; et le
lieu où elle entrera, Dieu le bé-
nira.
15. Ceux qui la servent obéi-
ront au Saint, etceux qui l'aiment,
Dieu les aime.
16. Celui qui l'écoute jugera
les nations ; et celui qui la consi-
dère demeurera en assurance.
47. S'il croit en elle, il l'aura
pour héritage, et ses descendants
y seront affermis;
18. Parce que dans la tentation,
elle marche avec lui et elle le
choisit entre les premiers.
19. Elle amènera la crainte, la
frayeur et l'épreuve sur lui: et
elle le tourmentera par la tribu-
lation de sa doctrine, jusqu'à ce
leur refusons ce dont ils ont besoin, et qui nous est superflu. Les Péres de l'Eglise
n'ont jamais donné à ce texte d'autre signification.
9. A cause de sa colére; de peur qu'irrité, il ne prononce contre toi des malédic-
tions qui ne seront pas sans effet. Les paroles suivantes et celles du vers. 6 confir-
ment ce sens; cependant d'autres traduisent les paroles propter iram, par dans ta
colère, par irritation, en les rapportant à mon fils (fiii) du 1er verset; d'autres, enfin,
les entendent de la colère de Dieu.
1. Humilie ton âme; hébraisme, pour humitie ta personne, toi.
15. Au saint ; c'est-à-dire à Dieu méme, qui est le saint des saints.
16. Jugera; c'est-à-dire pourra juger.
18, 21. La sagesse conduit d'abord son disciple par la voie des tentations, des
souffrances et des tribulations; elle lui fait sentir l'austérité de sa doctrine; mais,
quand elle l'a ainsi éprouvé et qu'elle a reconnu la constance de son âme, elle le
zonduit par la voie des consolations, et lui dévoile ses mystères.
145^
qu'elle l'éprouve dans ses pen-
sées et qu'elle ait confiance en
son àme.
90. Et elle l'affermira, elle
frayera un chemin droit vers lui
et le rendra joyeux,
21. Et elle lui découvrira ses
secrets, et mettra en lui un trésor
de science et d'intelligence de la
justice.
99. Mais, s'il s'égare, elle la-
bandonnera et le livrera aux
mains de son ennemi.
23. Mon fils, ménage le temps
et évite le mal.
24. Pour ton âme, ne rougis
pas de dire la vérité.
25. Caril y a une confusion qui
amene le péché, et il y a une
confusion qui amene la gloire et
la gráce.
20. Ne fais pas acception de
personne contre ta propre per-
sonne, ni de mensonge contre
ton âme.
27. Ne respecte pas ton prochain
dans sa chute,
98. Et ne retiens pas la parole
en un temps de salut. Ne cache
pas ta sagesse dans sa beauté.
29. Car c'est par la langue que
la sagesse se fait connaitre ; et le
sens, la science etla doctrine par
L'ECCLESIASTIQUE.
(cn. v.]
la parole de /'homme sensé, et sa
fermeté par les ceuvres de justice.
90. Ne contredis la parole de
vérité en aucune maniere, et
rougis d'un mensonge échappé
à ton ignorance.
31. Ne rougis point de confes-
ser tes péchés, et ne te soumets
pas à tout homme pour le péché.
32. Ne résiste pas à la face d'un
puissant, et ne lutte point contre
le cours d'un fleuve.
33, Combats pour la justice,
pour ton âme; et jusqu'à la mort
combats pour la justice, et Dieu
vaincra pour toi tes ennemis.
34. Ne sois point prompt par la
langue, et lâche et négligent
dans tes œuvres.
98. Ne sois pas comme un lion
dans ta maison, tourmentant tes
serviteurs, et opprimant ceux
qui te sont soumis.
36. Que ta main ne soit point
ouverte pour recevoir et fermée
pour donner.
CHAPITRE V:
Ne pas compter sur des richesses mal
acquises. Ne pas abuser de la bonté de
Dieu. S'attacher constamment à la jus-
tice. Etre circonspect dans ses paroles.
1. Ne compte pas sur des pos-
24, Pour ton âme; pour sauver ton âme, lorsqu'il s'agit du salut de ton âme.
26. Ne fais pas acception, etc.; n'aie point d'égard, de préférence pour certaines
personnes plutôt que pour d'autres. Littér., n'accepte pas, n'accueille pas la face, —
Ni de mensonge; c'est-à-dire n'accepte pas, ne commets pas de mensonge. Le mot
face se met souvent en hébreu et méme dans la Vulgate pour personne, individu. —
Conlre (a propre personne, ou face; c'est-à-dire à ton propre détriment. — Contre
ton âme. Le mot âme s'emploie également pour personne.
21. Ne respecte pas, etc.; qu'un faux respect pour ton prochain ne t'empéche pas
de le reprendre, quand il tombe dans quelque faute.
28. La parole; c'est-à-dire tes avis, tes conseils. — Dans un temps de salut ; lorsque
cette parole pourrait étre salutaire à ton prochain. Compar. le verset précédent. —
Dans sa beauté; quand il est beau et glorieux pour elle de la faire connaitre,
36. Que ta main, etc. Compar. Actes, xx. 35.
4, 10. L'obscurcissement. Voy. τι, 2.
CH. vt.]
sessions iniques, et ne dis pas :
J'ai suffisamment pour vivre; car
cela ne servira de rien au temps
de la vengeance et de l'obscurcis-
sement.
2. Ne suis pas dans ta force les
désirs de ton cœur;
3. Et ne dis pas : Comme je
suis puissant! ou : Qui me fera
rendre compte de mes actions?
car Dieu en tirera une grande
vengeance.
4. Et ne dis pas: J'ai péché,
et que m'est-il arrivé de triste?
car le Très-Haut, quoique patient,
rend selon le mérite.
ὃ. Sur un péché pardonné ne
sois pas sans crainte, et n'ajoute
pas péché sur péché.
6. Et ne dis pas : La miséri-
corde du Seigneur est grande; de
la multitude de mes péchés il
aura pitié.
7. Car la miséricorde et la co-
lere qui viennent de lui s'appro-
chent rapidement, et sa colere
regarde attentivement les pé-
cheurs.
8. Ne tarde pas à te convertir
au Seigneur, et ne diffère pas de
jour en jour;
9. Car subitement viendra sa
colere, et au temps de la ven-
geance il te perdra entierement.
10. Ne sois pas inquiet sur les
richesses injustes; car elles ne
te serviront point au jour de
l'obscureissement et de la ven-
geance.
11. Ne tourne pas à tout vent,
et ne va pas en toute sorte de
voie; car c’est ainsi que tout pé-
UECCLÉSIASTIQUE.
1455
cheur se fait connaitre par une
double langue.
12. Sois ferme dans la voie du
Seigneur, dans la vérité de tes
sentiments et dans la science; et
que la parole de paix et de jus-
tice te suive toujours.
13. Sois doux pour écouter la
parole, afin que tu comprennes
et que tu rendes avec sagesse une
réponse véritable.
14. Si tu as l'intelligence, ré-
ponds à ton prochain ; mais sinon
soit là main sur ta bouche, de
peur que tu ne sois surpris dans
une parole indiscrete, et que tu
ne sois confondu.
15. L'honneur et la gloire sont
dans le discours de l’homme
sensé ; mais lalangue de l'impru-
dent est sa ruine, à lui-même.
16. Ne sois pas appelé délateur,
et ne sois pas pris par ta langue,
et ne sois pas confondu.
17. Car au voleur s'attachent
la confusion et le repentir; à ce-
lui qui a deux langues, la plus
mauvaise note ; mais au délateur,
la haine, l'inimitié, etl'ignominie.
18. Fais également justice au
petit et au grand.
CHAPITRE VI.
Etre simple, humble, doux et affable.
Choisir pour conseil un ami longtemps
éprouvé. Avantages et caractères de
l'amitié. Travailler à acquérir la sa-
gesse. Avantages qui l'accompagnent.
1. Ne deviens pas au lieu d'ami,
l'ennemi de ton prochain; car le
méchant héritera de l'opprobre
et delignominie, ainsi que tout
Cuap. V. 7. Prov., x, 6. — 10. Prov., xt, 4, 28.
16. Ne sois pas appelé délateur; c'est-à-dire fais en sorte, par ta discrétion, de ne
pas être appeié délaleur,
1456
pécheur envieux et qui ἃ deux
langues.
2. Ne t'éléve pas dans la pensée
de ton cœur, comme un taureau,
de peur que ta force ne soit brisée
par la folie,
3. Et que /a folie ne consume
tes feuilles, et ne perde tes fruits,
et que tu ne sois abandonné com-
me un bois aride dans le désert ;
4. Car une âme méchante per-
dra entierement celui qui la pos-
sede; elle le donnera en joie à
ses ennemis, et le conduira au
sort des impies.
9. La parole douce multiplie les
amis et adoucitles ennemis ; etla
langue gracieuse produit dans
l'homme de bien des fruits abon-
dants.
6. Que beaucoup soient en paix
avec Loi; mais aie un seul con-
seiller entre mille.
7. Si tu as un ami, possede-le
en l'éprouvant; et ne te fie pas
facilement à lui.
8. Car il est £e/ ami qui l'est
selon son temps; mais il ne per-
sévérera pas au jour de la tribu-
lation.
9. Et il est £e/ ami, quise tourne
vers l'inimitié, et 11 est £e/ ami qui
mettra au jour la haine, les rixes
et les insultes.
10. Mais il est £e/ ami compa-
gnon de /a table, et qui ne persé-
vérera pas au jour dela détresse.
11. Si ton ami demeure cons-
tant, il sera comme ton égal, et
CuaP. VI. 2. Rom., xu, 16; Phil., ,זז 3.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
(cn. vi.]
parmi ceux de ta maison il agira
librement;
12. S'il s'huinilie devant toi et
qu'il secache de ta face, tu jouiras
d'accord avec lui d'une bonne
amitié.
13. Sépare-toi de tes ennemis,
et veille sur tes amis.
14. Un ami fidèle est une pro-
tection puissante ; et celui qui l'a
trouvé a trouvé un trésor.
15. Un ami fidèle ne souffre
aucune comparaison ; l'or et l'ar-
gent ne méritent pas d'étre mis
en balance avec la sincérité de sa
foi.
16. Un ami fidèle est un remède
de vie et d'immortalité ; et ceux
qui craignent le Seigneur trouve-
ront cet ami.
11. Celui qui craint le Seigneur
jouira également d'une bonne
amitié, parce que son ami lui sera
semblable.
18. Mon fils, dés ta jeunesse,
recois la doctrine, et jusqu'aux
cheveux blancs tu trouveras la
sagesse.
19. Comme celui qui laboure
et seme, approche-toi de la sa-
gesse, et attends avec patience
ses bons fruits ;
20. Pour la cultiver tu travail-
leras un peu ; et bientót tu man-
geras de ses productions.
21. Que la sagesse est extréme-
ment amére aux hommes igno-
rants! celui qui est sans cœur ne
demeurera point avec elle.
8. Selon son lemps; selon le temps qui lui convient, tant qu'il y trouve son avantage.
12. Qu'il se cache, etc.; que par respect il se retire de devant toi.
18. Jusqu'aux cheveux blancs, etc.; c'est-à-dire tu acquerras une sagesse que tu
conserveras jusque dans la vieillesse.:
21. Celui qui est sans cœur, en latin excors, qui a le mème sens que vecors. Voy.
Prov., vi, .ד
feu. vi.]
22. Ils s y essayeront comme à
la pesanteur d'une pierre, et ils
ne tarderont pas à la rejeter.
23. Car la sagesse qui instruit
estselon son nom, et elle n'est pas
manifeste pour un grand nombre ;
mais, dansceux à qui elle est con-
nue, elle demeure jusqu'àla pré-
sence de Dieu.
24. Ecoute, mon fils, et recois
le conseil de l'intelligence, et ne
rejette pas mon conseil.
95. Mets ton pied dans ses fers
et ton cou dans ses chaines;
26. Baisse ton épaule et porte-
la, et ne souffre pas impatiem-
ment ses liens.
27. De tout ton cœur, appro-
che-toi d'elle, et de toutes tes
forces garde ses voies.
28. Recherche-la et elle te sera
manifestée, et l'ayant embrassée,
ne la quitte point;
99. Car, à la fin, tu trouveras
du repos en elle ; et elle se chan-
gera pour toi en sujet de joie.
90. Et ses fers seront pour toi
une forte protection, et un ferme
appui, et ses chaines une robe de
gloire;
35. Infra, viu, 9. — 37. Ps. 1, 2.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1457
31. Car l'honneur de la vie est
enelle, etses liens un bandage sa-
lutaire.
22. Tu te revêtiras d'elle comme
d'une robe de gloire, et comme
une couronne de joie, tu la met-
tras sur toi.
99. Mon fils, si tu m'es attentif,
tu t'instruiras ; et si tu appliques
ton esprit, tu seras sage.
34. Si tu prêtes l'oreille, tu re-
cevras la doctrine ; et si tu aimes
à écouter, tu seras sage.
30. Tiens-toi au milieu de la
multitude des vieillards prudents,
etàleur sagesse unis-toi de cœur;
afin que tu puisses écouter tout
leur récit sur Dieu, et que les pa-
raboles de louange ne t'échappent
point.
90. Et si tu vois un homme
sensé, va de grand matin vers
lui et que ton pied use le seuil de
sa porte.
31. Aie ta pensée dans les pré-
ceptes de Dieu, et à méditer ses
commandements sois très as-
sidu; et lui-même te donnera un
cœur ; et un désir ardent de la sa-
gesse le sera donné.
: Mà:
22. Ils s'y essayeront comme, etc.; c'est-à-dire qu'ils feront l'essai de la sagesse, '
comme on fait celui d'une grosse pierre; on cherche à la soulever, mais dés qu'on en
sent le poids, on la jette par terre. Il y avait autrefois dans les villes de la Palestine
de ces grosses pierres sur lesquelles les jeunes hommes éprouvaient leur force. Voy.
Zacharie, xxx, 3. 1
23. La sagesse... est selon son nom; conforme à son nom, c'est-à-dire cachée comme
l'expliquent les mots qui suivent immédiatement : Elle n’est pas manifeste pour un
grand nombre. ll est incontestable d'ailleurs en étymologie que l'on peut dériver
soit le latin sapientia, soit le grec sophia, de l'hébreu tsephound, qui signifie cachée.
Ajoutons que sophia peut dériver aussi de zopAos, autre mot grec, dont le sens est
obscurilé. — Jusqu'à la présence de Dieu; c'est-à-dire jusqu'à ce qu'ils paraissent de-
vant Dieu, jusqu'à l'éternité.
30 Un ferme appui; littér. des bases de force; hébraisme pour des bases forles.
35. Paraboles de louange; hébraisme pour pardboles louubles, dignes de louange.
36. Va de grand matin; expression commune dans l'Ecriture, et qui marque une
dilizence et un empressement extraordinaires.
Ap. 92
CHAPITRE VII.
S'abstenir dn mai. Ne point rechercher
les dignités. Fuir tout mensonge. S'ap-
pliquer au travail, Etre fidèle à ses
amis, attaché à sa femme, doux envers
ses serviteurs. Instruire ses enfants.
Honorer ses parents. Rendre aux pré-
tres ce qui leur est dü. Se souvenir de
ses fins derniéres.
1. Ne fais pas de mauvaises
choses, et elles ne s'empareront
pas de toi.
2. Retire-toi de l'injuste, et les
maux s'éloigneront de toi.
3. Mon fils, ne seme pas les
maux dans les sillons de l'injus-
lice, et tu n'en moissonneras pas
sept fois autant.
4. Ne demande point au Sei-
gneur le gouvernement, ni au roi
une chaire d'honneur.
9. Ne te justifie pas devant Dieu,
parce que c'est lui qui connait le
cœur; et devant le roi n'affecte
pas de paraitre sage.
6. Ne cherche point à devenir
juge, si lu n'as pas assez de force
pour briser les iniquités ; de peur
que tu ne redoutes la face d'un
puissant, et que tu ne poses une
pierre d'achoppement dans ton
équité.
7. N'offense pas la multitude
d'une cité, et ne te lance pas au
milieu du peuple,
L'ECCLÉSIASTIQUE.
(cu. νπ.]
8. Et n'ajoute pas péché à pé-
ché; car méme pour un seul tu ne
seras pas impuni.
9. Ne sois pas pusillanime en
ton cœur;
10. Ne néglige point de prier et
de faire 'aumóne.
11. Ne dis pas : Sur la multi-
tude de mes dons, Dieu portera
ses regards; et lorsque j'offrirai
mes présents au Dieu très-haut,
il les recevra.
19. Ne ris point d'un homme
qui est dansl'amertume del'àme;
car il y a quelqu'un qui humilie
et qui élève, c'est Dieu qui voit
iouis
13. Ne sème point le men-
songe contre ton frère; et ne
le fais pas non plus contre ton
ami.
14. Garde-toi absolument de
commettre aucun mensonge ; car
l'habitude de mentir n'est pas
bonne.
15. Ne sois point verbeux au
milieu de la multitude des vieil-
lards, et ne réitere pointla parole
dans ta priere.
16. Naie point de répugnance
pour les ouvrages pénibles, ni
pour l'agriculture créée par le
Très-Haut.
17. Ne t'unis pas à la multitude
des indisciplinés. |
(βαρ. VII. 5. Job, 1x, 2, 20; Ps. σχιμι, 2; Eccl, vi, 17; Luc, xvii, 11. — 8. Infra,
xit, 1. — 12. I Rois, 11, 7.
1. Elles ne s'empareront pas de toi; tu n'en seras pas coupable, et, par conséquent,
tu échapperas aux peines qui y sont inévitablement attachées.
4. Le gouvernement; la charge de conduire les autres, de leur commander.
7. Du peuple; lorsqu'il est dans le trouble et l'irritation.
8. N'ajoute pas, ete.; littér. : Ne lie pas des doubles péchés.
13. Ne sème point; ou ne machine, ne fabrique point; littér. ne laboure point.
14. Garde-loi absolument; littér. mentir un mensonge. Voy. pour ce genre de loca-
tion, pag. 342, 29. — Aucun; littér. non (out. Voy. pag. 342, 3.
15. Et ne réilère; nc multiplie point. 1! semble que Jésus-Christ fait allusion à ce
passage dans saint Matthieu (vi, 1).
[en. vir.]
48. Souviens-toi de la colère,
parce qu'elle ne tardera pas.
19. Humilie profondément ton
esprit, parce que le châtiment de
la chair de l'impie sera le feu et
le ver.
20. Ne prévarique pas contre
un ami qui diffère 4 £e donner de
l'argent, et ne méprise pas un
frere très chéri pour de l'or.
91. Nete sépare pas de la femme
sensée et bonne que tu as recue
dans la crainte du Seigneur; car
la gráce de sa modestie est au-
dessus de l'or.
99. Ne maltraite pas le ser-
viteur qui travaille avec fidélité,
ni le mercenaire qui donne son
âme.
93. Que le serviteur sensé te
soit cher comme ton âme ; ne le
frustre pas de la liberté, et ne le
laisse pas privé de secours.
24. As-tu des troupeaux? veille
sur eux, et s'ils sont utiles,
qu'us demeurent toujours chez
Loi.
95. As-tu des fils? instruis-les,
et plie-les àla soumission dés leur
enfance.
26. As-tu des filles? conserve 0
L'ECCLÉSIASTIQUÉ. 1459
pureté de leur corps, et ne leur
montre pas un visage trop riant.
27. Marie ta fille, et tu auras fait
une grande œuvre; et donne-la
à un homme sensé.
28. Si tu as une femme selon
ton cœur, ne la quitte point; etne
te confie point à une haissable. En
tout ton cœur
29. Honore ton père, et les gé-
missements de ta mère, ne les
oublie pas;
30. Souviens-toi que sans eux
tu ne serais pas né, et fais pour
eux comme 7.5 ont fait eux-
mémes pour toi.
31. En toute ton âme crains le
Seigneur, et ses prêtres, vénère-
les.
92. De toutes tes forces aime
celui qui t'a fait; et ses ministres,
ne les abandonne pas.
33. Honore Dieu de toute ton
âme, et révère les prêtres, et pu-
rifie-toi avec des bras.
34. Donne-leur, comme il t'a
été ordonné, une part des pré-
mices et des hosties d'expiation,
et de ta négligence, purifie-toi
avec un petit nombre.
39. Le don de tes bras et le sa-
22. Lévit., xix, 13. — 29. Tobie, 1v, 3. — 33. Deut., xii, 18. — 34. Lév., τι, 3; Nomb.,
XVII, 15.
18. La colère; c'est-à-dire la vengeance, le châtiment du péché.
19. Le feu et le ver. Compar. Marc, 1x, 42, 41.
22,23. Ame; mot qui signifie ici, comme en bien d'autres passages, personne,
individu. :
32. Ses ministres, etc. Le Seigneur recommande souvent dans la loi de secourir les
prétres et les Lévites qui n'avaient pas eu de part dans la distribution du pays de
Chanaan.
33. Avec des bras; c'est-à-dire avec les épaules des victimes, qui appartiennent aux
prêtres. Voy. Exod., xxix, 22, 21; Lévit., vui, 32, 34; Nombr., xvii, 18.
34. Hosties d'expiation ; c'étlaient les victimes immolées pour le péché et le délit, la
loi étant la méme pour l'une et l'autre hosties. Voy. Lévit., vi, 1-1. — Votre négli-
gence ; c'est-à-dire vos péchés d'ignorance et d'inadvertance. — Avec un petit nombre
de victimes; c'est-à-dire offrez de moindres dons, quand vous ne pouvez en faire
de plus considérables.
35. Le don de tes bras; loffrande des épaules des hosties. Compar. le vers 33, —
1460
crifice de sanctification, tu les of-
friras au Seigneur, ainsi que les
prémices des choses saintes ;
36. Et au pauvre tends la main,
afin que soit parfaite ta propitia-
tion, ainsi que ta bénédiction.
37. Que la reconnaissance d'un
bienfait soit à la vue de tout vi-
-vant; et méme à un mort ne re-
fuse pas la reconnaissance.
38. Ne manque pas de conso-
ler ceux qui pleurent; et marche
avec ceux qui sont dans le deuil.
39. Ne sois point paresseux à
visiter un malade; car c'est par
là que tu t'atfermiras dans la cha-
rité.
40. Dans toutes tes œuvres,
rappelle-toi tes fins dernieres, et
jamais tu ne pécheras.
CHAPITRE VIII.
Ne pas avoir de démélés avec un homme
puissant. Ne pas faire de reproches à
celui qui se corrige. Ecouter les sages
et les vieillards. Ne pas irriter les pas-
sions des méchants. Ne pas découvrir
son secret à un étranger.
1. N'aie point de démélés avec
38. Rom., xri, 15. — 39. Matt., xxv, 36
L'EGCLÉSIASTIQUE.
(en. viit.
un puissant, de peur que tu ne
tombes entre ses mains.
2. Ne dispute pas avec un hom-
me riche, de peur qu'il ne suscite
contre toi un proces ;
3. Car l'or et l'argent ont perdu
bien des gens, et leur pouvoir
s'étend jusqu'au cœur des rois
pour le changer.
4. N'aie point de démélés avec
un homme à la langue bien affi-
lée, et tu n'entasseras pas du bois
dans son feu.
5. Ne fréquente pas un homme
ignorant, de peur qu'il ne parle
mal de ta race.
6. Ne méprise pas un homme
qui se détourne du péché, et ne
lui fais pas de reproches : sou-
viens-toi que nous sommes tous
dignes de répréhension ;
7. Ne méprise pas un homme
dans sa vieillesse; car 77 y en a
d'entre nous qui vieillissent.
8. Ne te réjouis pas sur ton
ennemi mort, sachant que tous
nous mourrons, et que nous ne
voulons pas devenir un sujet de
joie.
. — Cnar. VIII. 2. Matt., xxv, 29. — 3. Infra,
xxx, 6. — 6. II Cor., 11, 6; Gal., vi, 1. — 7. Lév., xix, 32.
Le sacrifice de sanclification; vraisemblablement le sacrifice qu'offraient les Nazaréens
pour leur sanctification. Voy. Nombr., vi. — Les prémices des choses saintes (initia
sanctorum); expression qui doit probablement s'entendre de la dime des dimes, que
les Lévites devaient donner aux prétres; car c'étaient les Lévites qui recevaient im-
médiatement du peuple toutes les dimes, dont ils donnaient à leur tour aux prétres
la dixième partie. Voy. Nombr., xviu, 26-28.
36. Propitiation; c'était le même sacrifice que l'expiation. Voy. Lévit., xxur, 21-29.
— Bénédiclion; mot qui se prend souvent dans l'Ecriture pour don, largesse, libéra-
lité; ici il a en particulier le sens de don sacré, offrande sainte.
31. Que la reconnaissance, etc.; c'est-à-dire si tu as recu un bienfait, montre ouver-
tement, devant tout le monde, ta reconnaissance; et s'il est mort maintenant celui
qui a été ton bienfaiteur, méme envers lui sois reconnaissant, en lui rendant les
derniers devoirs. Voy. xxx, 18; Tobie, 1v, 18; Baruch, vi, 26. Des différentes explica-
tions qui ont été données de ce verset, celle-ci nous a paru la plus simple et la plus
naturelle, outre qu'elle est littéralement conforme au texte grec,
2. Ne dispute pas, etc. Compar. Matth., xxv, 23.
3. L'or et l'argent, etc. Compar. xxxi, 6.
(cu. 1x.)
9. Ne méprise point le récit des
sages vieillards, mais entretiens-
toi de leurs paraboles ;
10. Car c'est d'eux-mémes que
tu apprendras la sagesse, et la
doctrine de lintelligence, et à
servir les grands sans reproche.
11. Que le récit des vieillards
ne t'échappe point; car eux-mé-
mes l'ont appris deleurs peres;
12. Parce quec'estd'eux-mémes
que tu apprendras l'intelligence et
à donner une réponse en temps
nécessaire.
18. N'allume pas les charbons
des pécheurs en les reprenant, et
ne sois pas allumé par la flamme
du feu de leurs péchés.
14. Ne résiste pas en face à un
insolent, de peur qu'il ne setienne
en embuscade contre ta bouche.
15. Ne préte point d'argent à un
plus puissant que toi; que si tu
lui en as prété, tiens-le comme
perdu.
10. Ne réponds point pour un
autre au-dessus de tes forces ; que
si tu as répondu, pense comme
devant le restituer.
11. Ne juge pas contre un juge,
parce qu'il juge selon ce qui est
juste.
18. Avec un audacieux, ne và
pas dans la voie, de peur qu'il ne
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1461
fasse peser ses maux sur toi; car
il va selon son désir, et en méme
temps que lui tu périras par sa
folie.
19. Avec un homme colère,
n'aie point de querelles; et avec
un audacieux ne va pas dans le
désert, parce que le sang est
comme rien devant lui; et là où
il n'y ἃ pas de secours, il te bri-
sera.
20. Avec les fous, ne tiens pas
conseil, car ils ne pourront aimer
que ce qui leur plaît.
21. Devantun étranger, netiens
pas conseil; car tu ne sais pas ce
qu'il enfantera.
22. Ne découvre pas à tout
homme ton cœur, de peur qu'il
ne te témoigne une amitié fausse,
et qu'ensuite il ne t'injurie.
CHAPITRE IX.
Ne pas étre jaloux de sa femme. Fuir la
compagnie des femmes étrangères.
Conserver ses anciens amis. Ne pas
envier la gloire des méchants. S'éloi-
gner des grands. Se lier avec les sages.
S'occuper de Dieu.
1. Ne sois pas jaloux de la
femme de ton sein, de peur
qu'elle ne montre contre toi la
malice d'une instruction funeste.
2. Ne donne pas à la femme le
9. Supra, vi, 35. — 15. Infra, xxix, 4. — 18. Genèse, 1v, 8. — 19. Prov., xxr, 24.
13. En les reprenant avec dureté, ou lorsque tu prévois que la correction leur
sera inutile et méme nuisible. — Et ne sois pas allumé; hébraisme, pour, δέ tu ne
seras pas allumé.
14. De peur quil ne se lienne, etc.; c'est-à-dire qu'il ne dresse des pièges à tes
paroles.
11. Parce qu’il juge, ete.; il a en sa faveur la présomption d'avoir jugé selon
r'équité,
19, Avec un homme colère, etc. Compar. Prov., xxi, 24.
1. La femme de ton sein; ou la femme qui repose sur ton sein; expression familière
aux Hébreux pour signifier une épouse. — De peur qu'elle, etc. La jalousie d'un mari
et ses soupçons injustes sont une instruction funeste, en ce qu'ils fout uaitre souvent
dans sa femme l'idée et l'envie de devenir ce dont il la soupconne.
1462
pouvoir sur ton âme, de peur
qu'elle ne s'ingere dans ton au-
torité, et que tu ne sois pas con-
fondu.
3. Ne regarde pas une femme
aux mille volontés, de peu que
tu ne tombes dans ses lacs.
4. Ne sois pas assidu pres d'une
danseuse; ne l'écoute point, de
peur que tu ne périsses par sa
puissance efficace.
ὃ. N'arréte pas ta vue sur une
vierge, de peur que tu ne trouves
une pierre d'achoppement dans
sa beauté.
6. Ne donne ton àme à des pros-
tituées en aucune maniere; de
peur que tu ne te perdes, toi et
ton héritage.
7. Ne jette point les yeux de
tous cótés dans les rues dela cité,
et n'erre pas sur les places pu-
bliques.
8. Détourne ta face d'une fem-
me parée, et ne considere pas
une beauté étrangère ;
9. A cause de la beauté d'une
femme beaucoup ont péri ; et c'est
par là que la concupiscence com-
me un feu s'embrase.
10. Toute femme qui se pros-
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cH. 1x.
voie publique, sera foulée aux
pieds.
11. Beaucoup, ayant admiré la
beauté d'une femme étrangère,
ont été réprouvés ; car son entre-
tien comme un feu s'enflamme.
12. Net'assieds jamais avec une
femme étrangere, et ne t'appuie
point avec elle sur le coude ;
13. Et ne dispute pas avec elle
dans le vin, de peur que ton cœur
ne s'incline vers elle, et que par
ton sang tu ne tombes dans la
perdition.
14. Ne quitte pas un ancien
ami; car un nouveau ne sera pas
semblable à lui.
15. C'est un vin nouveau qu'un
ami nouveau ; il vieillira, et c'est
avec plaisir que tu le boiras.
16. N'envie point la gloire et
les richesses du pécheur; car tu
ne sais pas quelle sera sa ruine.
17. Que la violence desinjustes
ne te soit pas agréable, sachant
que jusqu'aux enfers l'impie ne
sera pas agréable ὦ Dieu.
18. Tiens-toi loin de l'homme
qui a le pouvoir de tuer, et tu ne
soupconneras pas méme la crainte
de la mort ;
19. Et si tuapproches de lui, ne
titue, comme la boue dans la
Cuae. IX. 5. Genèse, vr, 2. — 6. Prov., v, 2. — 8. Genèse, xxxiv, 2; II Rois, xt, 4;
xin, 1; Matt., v, 28. — 16. Juges, 1x, 4; II Rois, xv, 10.
12. Ne lassieds, etc. Cette première partie du verset a son explication dans la se-
conde : Ne lappuie point, etc.; ce qui est une allusion à la manière dont on était à
table, couché sur des lits, et appuyé sur le coude; et comme on était placé les uns
au-dessous des autres, le second convive avait la téte sur la poitrine du preniier, le
troisiéme sur la poitrine du second, et ainsi de suite. Il était donc de la derniére in-
décence qu'un homme se placát à table auprès d'une femme étrangère.
13. Ne dispute pas, etc.; c'est-à-dire ne fais pas des défis de boire. — Que par ton
sang ; par ta mort, si tu commets l'adultére àla suite des débauches de la table. On
sait que chez les Hébreux l'adultére était puni de mort. Voy. Lévit., xx, 10.
11. Enfers; signifie dans l'hébreu et dans le texte grec, aussi bien que dans la
Vulgate, non tombeau, sépulcre, mais ce lieu souterrain que les Hébreux regardaient
comme le séjour des âmes après la mort. Ainsi, comme nous l'avons déjà remarqué
(Genèse, xxxvi, 35, et ailleurs), ce mot fournit une preuve sans réplique de la sur-.
vivance des àmes aux Corps. |
fen. x.]
commets aucune faute, de peur
qu'il ne t'óte la vie.
90. Sache que la mort commu-
nique avec toi, parce que tu t'a-
vanceras au milieu des pieges, et
que tu marcheras au travers des
armes d'ennemis irrités.
21. Selon ton pouvoir, défie-toi
de celui qui t'approche, et traite
avec les sages et les prudents.
92. Que les hommes justes
soient tes convives, et que dans
la crainte de Dieu soit pour toi
un sujet de gloire,
23. Et que dans ton esprit soit
la pensée de Dieu, et tous tes en-
tretiens dans les préceptes du
Très-Haut.
24. C'est pour la main des arti-
tisans que leurs ouvrages seront
loués ; et le prince du peuple /e
sera pour la sagesse de ses dis-
cours; mais la parole des vieil-
lards, pour le sens.
95. Terrible est un grand par-
leur dans sa cité, et le téméraire
dans sa parole sera odieux.
CHAPITRE X.
Avantages d'un bon gouvernement. Hor-
reur qu'on doit avoir de l'avarice.
Suites funestes de l'orgueil. Louange
de ceux qui craignent Dieu. Paralléle
dela gloire du riche et du pauvre,
1. Un juge sage rendra la jus-
lice à son peuple, et le gouverne-
ment d'un homme sensé sera sta-
ble.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1463
2. De méme qu'est le juge du
peuple, de méme aussi sont ses
ministres; et tel qu'est le prince
d'une cité, tels sont aussi ses ha-
bitants.
3. Un roi insensé perdra son
peuple, et les cités auront des
habitants par l'intelligence des
puissants.
4. Dans la main de Dieu est le
pouvoir de la terre ; et il susci-
tera en son temps un gouverneur
utile. |
ὃ. Dans la main de Dieu est
la prospérité de l'homme; et sur
la face du scribe il mettra sa:
eloire.
6. Ne te souviens d'aucune in-
justice de ton prochain, et ne fais
rien par les voies de l'injustice.
7. Odieux est l'orgueil devant
Dieu et devant les hommes, et
exécrable toute iniquité des na-
tions.
8. Un royaume est transféré
d’une nation à une autre nation,
à cause des injustices, et des vio-
lences, et des outrages, et des dif-
férentes tromperies.
9. Rien n'est plus criminel que
lavare. Pourquoi s'enorgueillis-
sent la terre et la cendre?
10. Rien n'est plus inique que
d'aimer l'argent; car celui-ci a
une âme vénale, parce que durant
sa vieil a jeté au loin ses propres
entrailles.
11. La vie de toute puissance
Cuar. X. 2. Prov., xxix, 12. — 3. III Rois, xu, 13, — 6. Lév., xix, 13. — 8. Dan.,
1v, 14.
24. C'est pour la main, etc.; c'est par l'adresse de leurs mains que les artisans
attireront les louanges sur leurs ouvrages.
9. Scribe. Ce mot est pris iei dans son acception la plus ordinaire, qui est docteur
de la loi, dont le ministère consistait à copier et à expliquer les Livres saints. Ces
docteurs étaient fort estimés; ils tenaient le méme rang que les prêtres et les sacri-
ficateurs, quoique leurs fonctions fussent différentes.
1464
est courte. Une maladie trop lon-
gue fatigue le médecin.
19. Le médecin coupe par la
racine une courte maladie ; ainsi
méme le roi est aujourd'hui, et
demain il mourra.
13. Car lorsque l'homme mour-
ra, il aura pour héritage les ser-
pents, les bétes et les vers.
14. Le commencement de l'or-
gueil de l'homme est d'apostasier
Dieu ;
15. Parce que son cœur s’est
retiré de celui qui l'a fait; parce
que le commencement de tout
péché est l'orgueil; celui qui s'y
tiendra attaché sera chargé de
malédictions, et l'orgueil le ren-
versera à jamais.
16. C'est pour cela que le Sei-
gneuradéshonoréles assemblées
des méchants, et il les a détruits
à jamais.
17. Dieu a renversé les trónes
des chefs superbes, et il a fait
asseoir les hommes doux à leur
place.
18. Dieu a fait sécher les racines
des nations superbes, etila planté
les humbles d'entre ces nations
mémes.
19. Le Seigneur a détruit les
terres des nations, et illes a per-
dues jusqu'au fondement.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[ca. x.]
20. 11 a fait sécher quelques-unes
d'entre elles, etilles a perdues en-
tièrement, et il a effacé leur mé-
moire de la terre.
91.Dieua perdu la mémoire des
superbes, et il alaisséla mémoire
des humbles d'esprit.
22. L'orgueil n'a point été créé
avec les hommes, ni le courroux
avec la race des femmes.
23. La race d'hommes qui sera
honorée est celle qui craint Dieu;
mais la race qui sera déshonorée
est celle qui néglige les comman-
dements du Seigneur.
24. Au milieu de ses frères,
celui quilesdirige esten honneur;
el ceux qui craignent le Seigneur
seront devant ses yeux.
25. La gloire des riches, des per-
sonnes élevées aux honneurs, et
des pauvres, c’est la crainte de
Dieu.
20. Ne méprise pas l'homme
juste et pauvre, et ne fais pas
grand eas de l'homme pécheur,
quoique riche.
27. Le grand et le juste et le
puissant sort en honneur; mais il
n'est pas de plus grand que celui
qui craint Dieu.
28. A l'esclave sensé seront as-
sujettis les hommes libres; et
l'homme prudent et bien instruit
15. Prov., xvni, 12. — 28. Prov., xvi, 2; 11 Rois, xu, 13.
13. Il aura pour héritage, etc. L'auteur montre assez clairement, dans plusieurs
passages, qu'il admettait la survivance des âmes aux corps. Ainsiil ne veut parler ici
que de la partie matérielle de l'homme, c'est-à-dire de son corps, qui, à la mort, de-
vient, en effet, la páture des bêtes et des vers. — * Les serpents, les bêtes qui rampent.
Les corps qui ne sont pas ensevelis deviennent la proie des bétes; ceux qui sont
enterrés sont dévorés par les vers.
18. Dieu a fait sécher, etc. Ceci s'explique tout naturellement des Chananéens, que
Dieu extermina, et dont il ne conserva que ceux qui s'étaient rendus à ses ordres et
soumis aux Hébreux, son peuple.
19. Le Seigneur a détruit, etc. L'auteur parle de Sodome, de Gomorrhe, etc.
20. Quelques-unes d'entre elles; probablement les Chananéens, les Amalécites, etc.
28. À l'esclave sensé, etc. Compar. Prov., xvu, 2,
[cu. xi.]
ne murmurera pas, lorsqu'il sera
repris, et l'ignorant ne sera pas
honoré.
29. Ne t'éleve pas en faisant
ton œuvre, et ne temporise pas
avec paresse aux temps de l'an-
goisse.
30. Mieux vaut celui qui tra-
vaile et qui abonde en toutes
choses, que celui qui se glorifie et
manque de pain.
31. Mon fils, dans la douceur
conserve ton âme, et rends-lui
honneur selon son mérite.
32. Celui qui peche contre son
àme, qui le justifiera? et qui ho-
norera celui qui déshonore son
âme?
33. Le pauvre est glorieux par
sa science et sa crainte de Dieu ;
et il est £e/ homme qui est ho-
noré à cause de sa richesse.
34. Mais celui qui est glorifié
dans la pauvreté, combien plus
le serait-il dans la richesse? mais
que celui qui est glorifié dans la
richesse redoute la pauvreté.
CHAPITRE XI.
Ne pas juger les hommes par leur exté-
rieur. Vanité des grandeurs humaines.
C'est de Dieu que viennent les biens et
es maux. Vanité des richesses. Mettre
en Dieu sa confiance. Ne pas se fier à
tout le monde.
1.Lasagesse de l’homme d'hum-
ble condition relevera sa téte, et
au milieu des grands, elle le fera
asseoir.
2. Ne loue pas un homme d'a-
près son apparence, et ne mé-
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1465
prise pas un homme à son aspect.
3. Petite est l'abeille entre tous
les volatiles, et son fruit possede
la source de la douceur.
4.De ton vétementne te glorifie
jamais, et au jour detes honneurs
ne t'éléve point; parce qu'admi-
rables sont les ceuvres du Trés-
Haut seul, et que glorieuses et
cachées et invisibles sont ses œu-
vres.
5. Beaucoup de tyrans ont siégé
surle tróne, et celui qu'on ne pou-
vait soupconner a porté le dia-
deme.
6. Beaucoup de puissants ont
été opprimés fortement; et ceux
qui étaient dans la gloire ont été
livrés aux mains des autres.
7. Avant d'interroger, ne blàme
personne; et lorsque tu auras in-
terrogé, reprends justement.
8. Avant que tu aies entendu,
ne réponds mot; et au milieu
des discours ne tingére pas de
parler.
9. D'une chose qui ne t'incom-
mode pas, ne dispute point; et
dans le jugement de ceux qui pè-
chent, ne te place point.
10. Mon fils, ne méle pas tes
actions à beaucoup de choses;
et si tu es riche, tu ne seras pas
exempt de faute; car si tu suis
toutes tes affaires, tu n'en em-
brasseras aucune; et tu ne t'en
tireras pas, si tu vas au-devant.
11. ll est £e homme impie qui
travaille, et se háte, et gémit, et
il sera d'autant moins dans la-
bondance.
30. Prov., xir, 9. — (παρ. XI. 1. Genèse, ,זא 40; Dan., vi, 3; Jean, vir, 18. — 4. Actes.
xir, 21, 22, — 6. I Rois, xv, 28; Esth., vi, 7. — 8. Prov., xvrr, 13. — 10. I Tim., vi, 9.
— 11. Eccl., 1v, 8.
4, La sagesse, etc. Compar. Genèse, Xut, 40; Daniel, νι, 3; Jean, vr, 18.
1466
19. Il est fe! homme énervé
ayant besoin de se fortifier, man-
quant encore plus de force et
abondant en pauvreté;
13. Et l'eeil de Dieu l'a regardé
en bien, et il l'a relevé de son hu-
miliation, et il a élevé sa téte; et
beaucoup s'en sont étonnés, et
ont honoré Dieu.
14. Les biens et les maux, la
vie et la mort, la pauvreté et les
richesses viennent de Dieu.
15. La sagesse, et la discipline,
etlascience de la loi sont en Dieu.
L'amour et les voies des bons sont
en lui.
16. L'erreur et les ténebres ont
été créées avecles pécheurs ; mais
ceux qui exultent dans les choses
mauvaises vieillissent dans le
mal.
17. Le don de Dieu demeure
ferme dans les justes, et son pro-
grès aura des succès pour l'éter-
nité.
18. Il est Ze/ qui s'enrichit en
agissantavec parcimonie, ettoute
la part de sa récompense est
19. En ce qu'il dit : J'ai trouvé le
repos pour moi; et maintenant je
mangerai de mes biens tout seul;
20. Et il ne sait pas que le temps
passera, etquela morts'approche,
et qu'il laisse tout à d'autres, et
qu'il mourra.
91. Tiens-toi ferme dans ton
alliance avec Dieu, et entretiens-
toi avec elle, et vieillis dans l'ac-
L'ECCLÉSIASTIQUE.
(eu. xr.]
complissement des commande-
ments.
22. Ne t'arréte pas dans les œu-
vres des pécheurs ; confie-toi en
Dieu et demeure à ta place.
23. Car il est facile aux yeux de
Dieu d'enrichir tout d'un coup le
pauvre.
24. La bénédiction de Dieu se
háte pourla récompense du juste ;
el en un instant rapide il fait fruc-
fier ses progrès.
25. Ne dis pas : De quoi ai-je
besoin, et quels biens m'arrive-
ront désormais?
26. Ne dis pas : Je me suffis à
moi-même ; et quel mal désormais
m'adviendra-t-il ?
27. Au jour des biens ne perds
pas le souvenir des maux, et au
jour des maux ne perds pas le
souvenir des biens;
28. Parce qu'il est facile devant
Dieu, au jour de la mort, de ren-
dre à chacun selon ses voies.
29. Le mal d'un moment fait
oublier de grands plaisirs ; et à
la fin de l'homme larévélation de
ses œuvres.
90. Avant sa mort, ne loue au-
cun homme ; parce que dans ses
enfants on connait un homme.
31. N'introduis pas tout homme
dans ta maison, car nombreux
sont les pièges du trompeur.
32. Car comme l'estomac de
ceux qui sentent mauvais jette
une odeur fétide, et comme la
43. Job, xri, 10. — 14. Job, 1, 21; 11, 10. — 19. Luc, xir, 19. — 27. Infra, xviu, 25.
13. En bien (in bono); c'est-à-dire favorablement.
45. Sont en Dieu; comme dans leur source.
16. Ont été créées avec les pécheurs; c'est-à-dire sont une suite du péché originel et
des facultés naturellement limitées de l'homme.
23. D'enrichir (honesiare). Voy. Sagesse, vu, 11.
32. Le sens de ce verset est que les hommes au cœur superbe ne produisent au
dehors rien que de mauvais, et qu'ils attirent les hommes dans la perdition, comme
[cu. xir.] L'ECCLÉSIASTIQUE. 1467
perdrix est conduite dans une | qui tu le fais, et il y aura une
cage, etlechevreuil dans unlacs: | grande reconnaissance pour tes
ainsi aussi est le cœur des super- | bienfaits.
bes, et ainsi celui qui examinant 2. Fais du bien au juste, et tu
voit la chute de son prochain. trouverasune granderétribution;
33. Carconvertissantlesbonnes | et sinon de lui, certainement du
choses en mauvaises, il dresse | Seigneur.
des embüches, et il imprimera 3. Car il n'y a point de bien pour
une tache sur les élus. celui qui est assidu dans les mau-
34. Par une seule étincelle s'ac- | vaises choses, et qui ne donne
croit lefeu, et par un seul trom- | point des aumónes; parce que
peur s’accroîtle sang : mais l'hom- | méme 16 Très-Haut a les pécheurs
me pécheur au sang tend des | en haine, et qu'il a pitié des péni-
pieges. tents.
35. Garde-toi du corrupteur (car 4. Donne au miséricordieux, et
il trame de mauvaises choses), | ne recueille point le pécheur; car
de peur qu'il n'attire surtoila dé- | sur les impies et les pécheurs il
rision pour toujours. exercera sa vengeance, les gar-
36. Admets chez toi un étran- | dant pour le jour de la ven-
ger, et il te renversera au milieu | geance.
du désordre et il t'éloignera de 5. Donne à celui qui est bon, et
tes propres biens. n'accueille point le pécheur.
6. Fais du bien à l'humble, et
CHAPITRE XII. ne donne pas à l'impie; empéche
Faire le bien avec discernement. On ne | dU ON De lui donne du pour de
connaitles vrais amis que dans l'ad- | peur qu'il n'en soit plus puissant
versité. Se donner de garde d'un en- que toi;
dT LUE. :
מ i. Car tu trouveras un double
1. Si tu fais du bien, sache à | mal dans tout le bien que tu lui
ὕπαρ. XII, 4. Gal., vi, 10.
les appeaux appellent et attirent les autres oiseaux. — * Le chasseur se sert d'une
perdrix captive pour attirer d'autres perdrix et les prendre.
33. Il imprimera une tache; par ses calomnies. — Sur les élus; ou sur les chose
d'élite, les choses les meilleures; le grec est aussi amphibologique que le latin.
34. Le sang ; c'est-à-dire l'effusion du sang, le meurtre. — Au sang; à la vie.
35. De peur, etc.; se rapportant à garde-toi du corrupleur, nous avons dû insérer
entre parenthèses la phrase, car il trame de mauvaises choses, pour éviter l'amphi-
bologie.
4, 5. Saint Augustin, saint Thomas et plusieurs autres Péres remarquent que le
mot pécheur est mis ici au lieu de péché; en sorte quele sens est : N'encourage point
par tes aumónes les péchés d'autrui. On peut aussi entendre les expressions donne au
miséricordieux, donne à celui qui est bon, non de l'aumóne, mais d'un simple bienfait.
Or, dans ce cas, il vaut mieux donner aux gens de bien qu'aux méchants, surtout
quand on présume que ces derniers abuseront du bien qu'on pourra leur faire et s'en
serviront pour le mal, ce qui se trouve assez clairement exprimé dans les versets
suivants. Ainsi disparait la contradiction que l'on croit apercevoir au premier
abord entre les maximes de l'auteur et celles de l'Evangile, qui nous ordonne de
donner à quiconque nous demande, et de faire du bien, méme à nos ennemis.
4468
feras, parce que méme le Tres-
Hautales prévaricateurs enhaine,
et que sur les impiesil exercera sa
vengeance.
8. L'ami ne se connaîtra pas au
milieu des biens; et l'ennemi ne
secacherapas au milieu des maux.
9.Aumilieu des biensd'un hom-
me ses ennemis sont dans la tris-
tesse, et dans son malheur, on ἃ
connu son ami.
10. Ne te fie jamais à ton enne-
mi; car comme l'airain qui prend
la rouille, ainsi est sa méchan-
ceté ;
11. Quoique humilié il aille fout
courbé, applique ton esprit et
garde-toi de lui.
19. Ne l'établis pas pres de toi ;
el qu'il ne s'asseye pas à ta droite,
de peur que se tournant vers ta
place, il ne recherche ton siege;
et qu’à la fin tu ne reconnaisses /a
vérité de mes paroles, et que par
mes discours tu ne sois stimulé.
13. Qui aura pitié d'un enchan-
teur blessé par un serpent, et de
tous ceux qui s'approchent des
bétes sauvages? Or ainsi il en est
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cu. xur.]
de celui qui s'associe à l'homme
inique et qui est enveloppé dans
ses péchés.
14. Une heureavec toi il demeu-
rera; mais si tu te détournes, il
ne persévérera pas.
15. C'est sur ses lèvres que {on
ennemi a la douceur, et dans son
cœur il dresse des embüches pour
te renverser dans la fosse.
16. Ton ennemi a les larmes à
ses yeux, et s'il trouvel'occasion,
il sera insatiable de ton sang ;
17. Et siles maux fondent sur
toi, tu l'y trouveras le premier.
18. Ton ennemi a les larmes à
ses yeux, et comme pour le se-
courir, il te sapera par les pieds.
19. Il secouera sa téte et battra
des mains, et, murmurant bien
des choses, il changera son vi-
sage.
CHAPITRE XIII.
Danger de la société avec les superbes
et les puissants. Conduite qu'on doit
tenir à l'égard des grands. S'attacher
à Dieu. S'unir à ses semblables. Paral-
lèle du pauvre et du riche.
1. Celui qui touche de la poix en
15. Jérém., תא 6. — Cnar. XIII. 1. Supra, vir, 2.
8. L'ami, etc. Dans la prospérité le véritable ami se distingue difficilement du faux,
parce que l'un et l'autre se conduisent extérieurement de la méme manière; tandis
que dans l'adversité le faux ami ne se déguise plus; il se retire, et souvent méme joint
l'insulte à l'abandon.
10. Dans ce verset et les deux suivants, l'auteur ne veut pas nous dire de ne point
pardonner à notre ennemi ou de ne nous point réconcilier avec lui; mais il nous aver-
tit seulement de nous donner de garde d'un homme qui ne déguise sa haine que pour
nous tromper, et qui ne se sert de l'union qui existe entre lui et nous, et de notre
déférence envers lui, que pour s'élever au-dessus de nous, et nous faire tomber
dans le piège. — Ainsi est sa méchanceté. Elle revient toujours comme la rouille sur
l'airain.
11. Quoique humilié, ete.; quand il viendrait à toi en s'humiliant et rampant. —
Applique ton esprit; sois attentif et vigilant.
13. Le sens de ce verset paraît être : Aprés l'avertissement’ que tu as reçu de 6
garder d'un faux ami, si tu t'approches néanmoins volontairement de lui qui est un
vrai serpent, et si tu t'exposes à ses morsures, tu ne seras plaint de personne. —
ἘΠῚ y a toujours eu des charmeurs de serpents en Orient.
15. * Dans la fosse. Image tirée de la fosse qu'on creuse pour y prendre les ani-
maux sauvages.
(em. xin.)
sera souillé ; et celui qui commu-
nique avec le superbe se revétira
d'orgueil.
2. Celui-là lévera un poids
sur lui, qui se lie avec un plus
grand que 507. Et d'un plus riche
que toi, ne sois pas le compa-
gnon.
3. Comment s'associera la chau-
diere avec la marmite? car quand
elles se heurteront, l’une d'elles
sera brisée.
4. Le riche a agi injustemeni,
et il murmurera; mais le pauvre
offensé se taira.
5. Si tu lui donnes, il t'accueil-
lera; etsi tu n'as rien, il t'aban-
donnera.
6. Si tu as quelque chose, il
vivra avec toi et il t'épuisera,
et ne se mettra pas en peine de
toi.
7. Si tu lui es nécessaire, il te
supplantera, et, souriant, il te
donnera des espérances, te ra-
contant de bonnes choses, et il
dira : De quoi as-tu besoin?
8. Et i! te confondra par ses re-
pas, jusqu'à ce qu'il t'épuise en
deux ou trois fois; et àla fin, il se
rira de toi; et puis, Ze voyant, il
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1469
UVabandonnera, et 11 secouera la
téte sur toi.
9. Humilie-toi devant Dieu, et
attends ses mains.
10. Prends garde que, séduit
jusqu à la folie, tu ne sois humilié.
11. Ne t'humilie pas dans ta sa-
gesse, de peur qu'humilié tu ne
sois séduit jusqu'à la folie.
12. Appelé par un puissant, re-
tire-Loi; car par ce moyen il t'ap
pellera beaucoup plus.
13. Ne sois pas importun, de
peur que tu n'échoues ; et ne t'en
éloigne pas £rop, de peur qu'il ne
t'oublie.
14. Ne tavise pas de parler
d'égal à égal avec lui, et ne te fie
pas à ses nombreuses paroles;
car par de longs entretiens il te
tentera, et, souriant, il t'interro-
gera sur tes secrets.
15. Son esprit impitoyable con-
servera tes paroles; et il n'épar-
gnera pasles mauvaistraitements
et la prison.
16. Prends garde à toi, et sois
bien attentif à ce que tu enten-
dras, parce que tu marches sur ta
ruine.
17. Mais entendant ces choses,
2. Plus riche; littér. plus honnéte. Dans l'Ecclésiastique, comme dans la Sagesse,
honestas, honestus, signifient richesse, riche.
3. L'une d'elles sera brisée. Ces mots sont absolument nécessaires pour compléter
le sens du verbe sera brisé (confringetur). Ils sont d'ailleurs parfaitement conformes
au texte grec. — * La chaudiére avec la marmite. L'une est de métal, l'autre de terre,
et le pot de terre se brise contre le. pot de fer. Nous avons là l'idée de la fable du
pot de terre et du pot de fer racontée par Esope et par La Fontaine.
8. Et il le confondra, etc. Le sens de cette première partie du verset parait être :
Il t'invitera à des festins si magnifiques et si somptueux, que tu en seras confondu;
et que, l'invitant à ton tour, et voulant le traiter de la méme manière, tu épuiseras
tes ressources en deux ou trois fois. — Ou. Ainsi lit le texte grec, et c'est trés pro-
bablement le sens du mot ef de la Vulgate; surtout si l'on considère qu'en hébreu la
particule correspondante à e£ signifie aussi ou, ou bien.
9. Ses mains; pour te secourir, ou som secours; signification qu'a quelquefois le
terme hébreu main.
10, 11. Jusqu'à la folie; expression qui peut se rapporter également au verbe
humilier, ou au participe séduit.
11. Enlendant, etc.; c'est-à-dire quand tu entendras de sa part des paroles bles-
1470
vois-les comme dans des songes,
et tu veilleras.
18. Toute ta vie, aime Dieu, et
invoque-le pour ton salut.
19. Tout animal aime son
semblable : de méme aussi tout
homme aime ce qui lui est
proche.
20. Toute chair s'unira à celle
qui lui est semblable, et tout
homme s'associera à son sem-
blable.
21. Sileloup s'allie un jour avec
l'agneau, ainsi il en sera du pé-
cheur et du juste.
22. Quelle communication a un
saint homme avec un chien? ou
quelle part ἃ un riche avec un
pauvre?
23. La chasse du lion dans le
désert est lonagre; de méme
aussi la pâture des riches sont les
pauvres.
24. Et comme c'est une abomi-
nation pour le superbe que l'hu-
milité, demémeaussil'exécration
du riche est le pauvre.
25. Le riche ébranlé est raffer-
22. II Cor., νι, 14.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cu. xui.)
mi par ses amis; mais l'humble,
lorsqu'il tombera, sera repoussé
méme par ses familiers.
26. Pour le riche trompé il y a
beaucoup de récupérateurs : 8
parlé avec hauteur et on l'a jus-
tifié.
27. L'humble a été trompé, et
on l'accuse encore; il a parlé sen-
sément, et 11 ne lui en a pas été
tenu compte.
28. Le riche a parlé, et tous se
sont tus, et tous éléveront sa pa-
role jusqu'aux nues.
20, Le pauvre a parlé, et ils
disent : Qui est celui-ci? et s'il
fait un faux pas, ils le renverse-
ront.
30. Les richesses sont bonnes à
celui qui n'a pas de péché dans la
conscience ; et tres mauvaises est
la pauvreté dans la bouche de
l'impie.
31. Le cœur de l'homme change
sa face, soit en bien, soit en mal.
32. La marque d'un bon cœur et
une bonne face, tu la trouveras
difficilement et avec peine.
santes, regarde-les comme ayant été dites en songe, et prends garde de ne point le
contredire.
22. Avec un chien. Le chien était un animal impur chez les Hébreux (Lévit., xt, 26;
Deutéron., xxurz, 18). Tout Israélite, fidèle observateur de la loi, évitait soigneusement
de toucher cet animal. Le chien se prend aussi dans l'Ecriture pour un homme im-
pur, un cynique. Compar. Matth., vi, 6; xv, 26; Apocal., xxir, 15.
23. * L'onagre, âne sauvage. Voir Job, xxxix, 5-8.
25, 21. L'humble (humilis); c'est aussi le sens du texte grec; mais on peut entendre
ce terme d'un homme qui est dans une humble, une basse position; quelques-uns le
rendent par pauvre. Remarquons que le mot humble, comme nous venons de l'expli-
quer, n'exclut pas l'idée de pauvreté. Compar. Prov., xix, 4, 1; Jacques, τι, 6.
26. Récupérateurs (recuperalores) ; c'est-à-dire, selon 16 texte grec, aides, auxiliaires,
défenseurs. :
30. Les richesses, etc. L'écrivain sacré prouve par ce verset qu'il ne condamne pas
généralement toutes les richesses, et qu'il n'approuve pas non plus universellement
ceux qui sont pauvres; puisqu'il y ἃ des riches qui sont des gens de bien, et des
pauvres méchants, dont la pauvreté n'est ni louable ni méritoire, parce qu'elle est
forcée et en méme temps accompagnée d'impatiences et de murmures.
(cu. xiv.]
CHAPITRE XIV.
Bonheur de celui qui ne péche pas par
la langue. Malheur de l'avare. Se sou-
venir de la mort. Faire un bon usage
de ses biens. Fragilité de la vie.
Bonheur de celui qui s'applique à re-
chercher la sagesse.
4. Bienheureux l'homme qui
n'est pas tombé par les paroles
de sa bouche, et qui n'est pas
tourmenté par le remords du
péché!
2. Heureux celui qui na pas
éprouvé la tristesse de son àme,
et qui n'est pas déchu de son es-
pérance !
3. À l'homme cupide et tenace
inutile est la richesse ; età l'hom-
me envieux que sert l'or?
4. Celui qui amasseinjustement
des richesses au préjudice de son
âme, lesrassemble pour d'autres;
et avec ses biens un autre se li-
vrera à la débauche.
9. Celui qui est mauvais à lui-
méme, à quel autre sera-t-il bon?
et il n'aura pas d'agrément dans
ses biens.
6. Celui qui s'envie lui-méme,
rien n'est pire que lui, et c'est là
la peine de sa malice ;
1. Et s'il fait du bien, c'est par
L'ECCLÉSIASTIQUE. 1471
| ignorance et ne le voulant pas,
qu'il le fait; et àla finil manifeste
sa malice.
8. L'envieux a l'eil méchant ;
il détourne sa face et méprise son
âme.
9. Insatiable est l’œil du cupide
en fait d'iniquité; et il ne sera
pas satisfait, tant qu'il n'aura pas
desséché et consumé son âme.
10. L'eil mauvais {end aux
choses mauvaises; et il ne se
rassasiera pas de pain; mais il
sera affamé et dans la tristesse à
sa propre table.
11. Mon fils, si tu as quelque
chose, fais-Ven du bienàtoi-méme,
et à Dieu offre de dignes obla-
tions.
12. Souviens-toi que la mort ne
tarde point, et que le testament
des enfers t'a été montré ; car le
testament de ce monde est qu'il
mourra de mort.
18. Avant la mort, fais du bien
à ton ami, et, selon tes facultés,
tendant la main, donne au pau-
vre.
14. Ne te prive pas d'un jour
avantageux, et que la snple par-
celle d'un précieux don ne t'é-
chappe point.
15. N'est-ce pas à d'autres que
CnaP. XIV. 1. Infra, xix, 11. — 18. Tobic, 1v, 7; Supra, 1v, 1; Luc, xvi, 9.
6. Qui s'envie lui- méme; qui se porte envie à lui-même, en se refusant le néces-
saire. — C'est là la peine, etc.; c'est-à-dire cette disposition méme est la peine, etc.
10. L'ail mauvais ; œil de l'avare. — Aux mauvaises choses; telles que les usures
et les autres acquisitions injustes.
12. Le testament des enfers; c'est-à-dire l'arrét touchant l'autre vie, l'autre monde.
— Le testament de ce monde, etc.; l'arrét porté contre le monde présent est qu'il
mourra sans rémission, inévitablement; car tel est le sens de l'hébraisme, 11 mourra
de mort, conservé dans la Vulgate.
14. D'un jour avantageux (a die bono); expression qui, d'après ce qui précède et
ce qui suit, semble signifier le jour oü l'on a les moyens et l'occasion de faire du
bien au prochain; comme ces autres mots précieux don, peuvent naturellement s'en-
tendre des moyens mémes et de l'occasion de faire du bien.
15. Dans le partage du sort; c'est-à-dire qu'ils partageront entre eux par le sort,
AATR
tu laisseras /e fruit de tes peines
et de tes travaux, dans le partage
du sort?
16. Donne et reçois, et justifie
ton âme.
17. Avant ta mort pratique la
justice ; car ce n'est pas aux en-
fers que tu trouveras la nourri-
ture.
18. Toute chair comme l'herbe
vieillira, et comme la feuille qui
croit sur un arbre vert.
19. Les unes naissent et les au-
tres sont renversées ; ainsi sont
les générations de chair et de
sang ; l'une finit et l'autre nait.
90. Toute œuvre corruptible à
la fin disparaîtra ; et celui qui l'a
faite ira avec elle.
91. Et toute œuvre excellente
sera justifiée; et celui qui l’a faite
sera honoré par elle.
22. Bienheureux l'homme qui
demeurera dans la sagesse, et qui
méditera sur sa justice, et en soz
esprit pensera au regard exami-
nateur de Dieu;
93. Qui recherche ses voies en
son propre cœur, et qui pénètre
dans ses secrets, allant après elle
comme un investigateur, et s'ar-
rétant dans ses voies;
24. Quiregarde par ses fenêtres,
et à sa porte écoute;
95. Qui se repose auprès de sa
maison, et qui dans ses murailles
enfoncant un pieu établira sa ca-
bane à ses 601068 ; et ses biens se
conserveront dans sa cabane à
jamais;
L'ECCLÉSIASTIQUE.
(cu. xv.]
26. Il établira ses fils sous son
couvert, et demeurera sous ses
branches;
97. ll sera protégé sous son
couvert contre la chaleur, et il se
reposera dans sa gloire.
CHAPITRE XV.
Celui qui recherche la sagesse la trouvera.
Dieu n'est pas auteur du péché. Il a
laissé à l'homme le choix du bien et du
mal.
1. Celui qui craint Dieu fera le
bien, et celui qui garde la justice
possédera la sagesse ;
2. Et elle viendra au-devant de
lui comme une mere 100160 ; et
comme une épouse vierge, elle le
recevra.
3. Elle le nourrira du pain de
vie et d'intelligence, et elle l'a-
breuvera de leau de la sagesse
qui donne le salut; et elle s'af-
fermira en lui, et il ne fléchira
pas;
4. Et elle le maintiendra, et il
ne sera pas confondu ; et elle l'é-
lèvera parmi ses proches;
5. Et au milieu de l'assemblée
elle ouvrira sa bouche, et elle le
remplira de l'esprit de sagesse et
d'intelligence, et elle le couvrira
d'une robe de gloire.
6. Elle amassera un trésor de
joie et d'exultation sur lui, et
elle le fera héritier d'un nom
éternel.
7. Les hommes insensés ne la
saisiront pas, et les hommes sen-
sés iront à sa rencontre; les
18. Is., x, 6; Jac., 1, 10; I Pierre, 1, 24. — 22. Ps. τ, 2. — (παρ, XV. 3. Jean, 1v, 10.
M — M —— וו ה
22. Méditera; ou s'exercera à pratiquer. Compar. Ps. xxxiv, 28.
9. Epouse vierge ; littér. épouse de virginité (mulier a virginitate, ou, selon le texte
grec, virginilalis). — Elle le recevra, comme une épouse vierge reçoit son époux.
[cn. xvr.]
hommes insensés ne la verront
pas, car elle est loin de l'orgueil
et de la tromperie.
8. Les hommes menteurs ne
se souviendront pas d'elle; mais
les hommes véridiques se trou-
veront avec elle, et marcheront
heureusement jusqu'à la vue de
Dieu.
9. La louange n'est pas belle
dans la bouche du pécheur;
10. Parce que de Dieu vient la
sagesse; car lalouange de Dieu
accompagnera la sagesse, et dans
une bouche fidele elle abondera,
et le dominateur la lui donnera.
41. Ne dis pas : C'est par Dieu
qu'elle est loin de moi, car ne fais
pas ce qu'il hait.
19. Ne dis pas : C'est lui qui
m'a trompé; car les hommes
impies ne lui sont pas néces-
saires.
13. Le Seigneur hait toute er-
reur exécrable, et elle ne sera
pas aimable à ceux qui le crai-
gnent.
14. Dieu, deslecommencement,
a créé l'homme, et il l'a laissé
dans la main de son propre con-
seil.
15. Il /ui a donné de plus ses
commandements et ses pré-
ceptes.
16. Si tu veux garder les com-
mandements de Dieu et mettre
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1473
toujours en pratique la foi qui
lui est agréable, ils te conserve-
ront.
11. ll ἃ mis devant toi l'eau et
le feu : étends vers ce quetu vou-
dras la main.
18. Devant l'homme sont la vie
et la mort, le bien et le mal : ce
qui lui plairalui sera donné;
19. Parce que grande est la sa-
gesse de Dieu; et il est fort en
puissance, et il voit tous les 407-
mes sans cesse.
20. Les yeux du Seigneur sont
sur ceux qui le craignent, et lui-
méme connnait toute ceuvre de
l'homme.
21. A personne il n'acommandé
d'agir d'une maniere injuste, et à
personne il n'a donné la permis-
sion de pécher ;
22. Car il ne désire pas une
multitude de fils infideles et inu-
tiles.
CHAPITRE XVI.
Ne pas se réjouir d'avoir beaucoup d'en-
fants, s'ils sont impies. Dieu extermine
les méchants. Il récompense les bons.
Il voit le fond des cœurs. Ses voies
sont impénétrables, ses jugements ter-
ribles, sa puissance infinie.
1. Ne te réjouis pas en des
fils impies, s'ils se mutiplient; et
ne mets pas ton bonheur en eux,
s'ils n'ont pas la crainte de Dieu.
2. Ne te confie pas en leur vie,
16. Matt., xix, 17. — 18. Jérém., xxi, 8. — 20. Ps. xxxur, 16; Hébr., ιν, 13.
9. La louange n'est pas, etc. Compar. Ps. xuix, 16, 17.
11. Ne dis pas, etc. Si la sagesse est loin de l'insensé, la faute n'en est pas à Dieu,
mais à l'insensé lui-méme qui, en faisant ce que Dieu hait, la tient éloignée de lui.
12. Ne dis pas : C'est lui qui m'a trompé; ce qui serait un horrible blasphème; car
quel motif aurait pu l'obliger à tromper? A-t-il besoin des hommes impies? Quel
profit, quelle gloire, quelle satisfaction peut-il en tirer?
43. Erreur exécrable; littér. et par hébraisme, exécration d'erreur.
21. A personne, etc. Compar. les vers. 11, 12.
2. Ne te confie, etc.; c'est-à-dire ne compte ni sur leur vie, ni sur le fruit de leurs
A. T.
V3
1474
et sur leurs travaux ne porte pas
tes regards.
3. Car vaut mieux un seul en-
fant craignant Dieu que mille fils
impies.
4. Et 11 est plus utile de mourir
sans fils que de laisser des fils
impies.
ὃ. Un seul homme sensé fera
habiter la patrie entière, et une
tribu d'impies deviendra déserte.
6. Mon œil a vu beaucoup de
choses semblables, et mon oreille
en à entendu de plus fortes en-
core.
7. Dans l'assemblée des mé-
chants s'allumera un feu, et dans
une nation incrédule s'enflam-
mera la colere.
8. Ils n'ont pas prié instamment
pour leurs péchés, les anciens
géants qui ont été détruits, se
confiant en leur force ;
9. Et Dieu n'a pas épargné le
lieu où Lot habitait comme étran-
x
ger, et il les a exécrés à cause
L'ECCLÉSIASTIQUE
(cu. xvr.]
de la fierté de leurs discours.
10. Il n'a pas eu pitié d'eux,
perdant une nation entiere qui
s'élevait d'orgueil dans ses pé-
chés.
11. Et il fut ainsi des six cent
mille hommes de pied qui se ras-
semblèrent dans la dureté deleur
ceur;et s'il n'y avait eu qu'un
seul rebelle, il serait étonnant
qu'il eüt été exempt de punition;
19. Car la miséricorde et la
colère sont avec lui ; il peut être
fléchi, mais il répand aussi sa co-
lere.
43. Comme sa miséricorde,
ainsi sont ses chátiments; il juge
l'homme selon ses œuvres.
14. Le pécheur n'échappera pas
dans ses rapines, et l'attente de
celui qui fait miséricorde ne sera
pas différée ;
15. Toute miséricorde fera une
place à chacun selon le mérite de
ses œuvres, et selon l'intelligence
de son pèlerinage.
XVI. 7. Infra, xxr, 10. — 8. Genèse, vi, 4. — 11. Nomb., xiv, 23, 24; xxvi, 51. .פאז
— 15. Rom., 11, 6.
travaux pour y trouver un soulagement dans ta vieillesse; car quelque jeunes,
quelque robustes qu'ils soient, une mort imprévue et soudaine peut les frapper à
chaque instant.
9. Un seul homme sensé. Voy., comme exemple de ce qui est dit dans ce verset et
les suiv., Genèse, xut, 16; Juges, 1x, 5; IV Rois, x, 1.
1. * Un feu. Ce feu doit désigner la guerre et tous les maux que produit la dis-
corde. Il peut y avoir aussi dans ce verset une allusion au feu qui consuma les com-
plices de Coré, Dathan et Abiron, Nombres, xvi, 35.
8. Les anciens géants, etc. Voy. Genèse, νι, 4 et suiv.
9. Dieu n'a pas épargné, etc. Voy. Genèse, xix, 24. — A cause de la fierté, etc.; à
cause de leur insolence. On le voit en effet par le verset suivant, oü il est dit que les
habitants de Sodome se faisaient une gloire de leurs crimes.
10. * Une nation entiére; tous les habitauts de Sodome et des quatre autres villes
de la Pentapole.
11. Ces six cent mille hommes de pied sont les Israélites qui, du temps de Moïse,
irritérent Dieu dans le désert, et y furent exterminés. Voy. Nombr.,1, 46. — S'il n'y
avait eu, etc.; c'est-à-dire si Dieu n'a pas épargné une si grande multitude, il par-
donnerait bien moins un seul individu qui se rendrait coupable de la méme rébellion.
14. Qui fait miséricorde; signifie, dans le langage de l'Ecriture, qui assiste les
malheureux, qui fait du bien aux pauvres.
13. Selon l'intelligence de son pélerinage; c'est-à-dire, selon la Sagesse, avec laquelle
il aura vécu comme étranger sur Ja terre.
[cH. xvi.]
46. Ne dis pas : Je me cacherai
à Dieu ; et du haut du ciel qui se
souviendra de moi?
11. Au milieu d'un grand peu-
ple, je ne serai pas reconnu ; car
qu'est mon àme dans une telle
immensité de créatures ?
18. Voilà que le ciel etles cieux
des cieux, labime et toute la
terre, et ce qui esten eux s'ébran-
leront à sa présence;
19. En un méme temps, les
montagnes, et les collines, et les
fondements de la terre, lorsque
Dieu les regardera, s'agiteront
dans l'effroi.
90. Et, parmi toutes ces choses,
le cœur de l’homme est insensé ;
et cependant tout cœur est com-
pris par lui.
21. Et ses voies, qui les com-
prend, ainsi que la tempéte, que
l'œil de l'homme ne verra pas?
99. Car le plus grand nombre
de ses œuvres sont cachées; et
les ceuvres de sa justice, qui les
racontera, ou qui les soutiendra?
Car le testament est loin de quel-
ques-uns, et linterrogatoire de
tous est pour la consommation
des jours.
23. Celui dont le cœur est
amoindri pense à des choses vai-
nes; et l'homme imprudent et
égaré pense à des folies.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1475
24. Ecoute-moi, mon fils, et
apprends la discipline de l'esprit,
et à mes paroles sois attentif en
ton cœur;
25. Et je te dirai avec équité la
discipline; et je chercherai à t'ex-
pliquer la sagesse; et à mes pa-
roles sos attentif en ton cœur,
car je dis dans l'équité de mon
esprit les miracles que Dieu a
faits dans ses ouvrages des le
commencement, et c'est dans la
vérité que j'énonce la science de
Dieu.
26. C'est par un jugement de
Dieu queses ouvrages ezistent des
le commencement, et des leur
création il en a distingué les par-
ties et les principes dans leurs
généralions.
27. Il a réglé pour toujours
leurs fenctions, et ils n'ont pas
éprouvé de privation, et ils ne se
sont pas fatigués et n'ont pas cessé
d'agir.
28. L'un d'eux ne pressera ja-
mais un autre.
29. Ne sois pas incrédule à sa
parole.
30. Aprés cela, Dieu a porté ses
regards sur la terre, et l'a remplie
de ses biens.
31. L'àme de tout ce qui a vie
sur sa face l'a montré, et c'est
vers elle que sera leur retour.
11. Dans une telle, etc.; ou dans une si immense créalion; car dans la Vulgate le
mot créature se prend quelquefois pour création. Au reste ces deux sens reviennent
au méme,
21. Ne verra pas parfaitement, il n'en comprendra pas la cause.
22. Le testament signifie ici, ou la loi de Dieu, ou l'arrét, la sentence que Dieu
doit prononcer contre nous. — La consommation des jours; le moment de la mort.
24, 25. La discipline; l'instruction, la science. Voy. Prov., 1, 2.
25. Avec équité; expression synonyme de dans la vérité, qu'on lit dans ce même
verset.
31. Leur retour (reversio illorum). Le pronom se rapportant à l'antécédant tou/ ce
qui a vie, qui est un collectif, l'auteur dela Vulgate a pu le mettre au piuriel; ce qu'a
fait d'ailleurs celui du texte grec.
1476
CHAPITRE XVII.
Création de l'homme; prérogatives que
Dieu lui a données. Faveurs que Dieu
a faites aux Israélites. Bontés de Dieu
envers les pécheurs pénitents. Exhor-
tation à la pénitence.
1. Dieu a créé de la terre l'hom-
me; et c'est à son image qu'il l'a
fait.
2. Et il l'a fait retourner dans
la terre, et il l'a revêtu de force
selon sa nature.
3. Il lui a donné un nombre de
jours et un temps, et il lui a donné
l'empire de ce qui est surla terre.
4. ll a mis sa crainte en toute
chair, et il a établi sa domination
sur les bétes sauvages et les vo-
latiles.
5. ll a créé de sa substance un
aide semblable à lui ; et il leur a
donné le conseil, et une langue,
et des yeux et des oreilles, et il
leur a donné un cœur pour pen-
ser; et il les a remplis du savoir
de l'intelligence.
6. Il a créé en eux la science de
l'esprit; il a rempli leur cœur de
sens, et il leur a montré les biens
et les maux.
7. ll a posé son œil sur leurs
Cuar. XVII. 1. Genèse, 1, 27; v, 1. — 5. Genèse, rr, 18. — 14. Rom.,
L'ECCLÉSIASTIQUE.
(cu. x vir.]
cours, pour leur montrer les
grandeurs de ses ceuvres ;
8. Afin qu'ilslouassent son nom
saint pour le glorifier dans ses
merveilles, afin de raconter les
grandeurs de ses œuvres.
9. Et il leur a donné encore la
science et il les a fait hériter
d'une loi de vie.
10. 11 a établi avec eux une al-
liance éternelle, et il leur a appris
sa justice et ses jugements.
11. Et leur œil a vu les gran-
deurs de sa gloire, et leurs oreil-
les ont entendu la majesté de sa
voix, et il leur a dit : Gardez-vous
de toute iniquité.
19. Et il a ordonné à chacun
d'eux de veiller sur son prochain.
13. Leurs voies sont devant lui
toujours, elles ne sont point ca-
chées à ses yeux.
14. Sur chaque nation il à pré-
posé un chef,
18. Et le partage de Dieu, Is-
raël l'est devenu manifestement.
16. Et toutes leurs œuvres sont
comme le soleil en présence de
Dieu, et ses yeux sans cesse con-
sidèrent leurs voies.
17. Ses alliances n'ont pas été
cachées par leur iniquité ; et tou-
xm de
2. Et il l'a vevétu, etc. Ces paroles trouvent leur explication dans les versets sui-
vants.
1. Pour leur montrer ; ou afin de leur montrer; le texte dit simplement: Leur mon-
trer (ostendere illis); c'est un hébraisme qui a passé dans la Vulgate aussi bien que
dans les Septante.
8. Nom saint; littér. nom de sanclification ou de sainteté, qui est la signification
première du terme hébreu, que représente probablement ici Sunctification: — Pour
se glorifier (littér. se glorifier. Voy. sur cet infinitif la note précédente), etc. Les
hommes, comme le remarque judicieusement Ménochius, peuvent se glorifier vis-
à-vis des fidèles et des infidèles à cause des bienfaits divins qu'ils ont reçus. Compar,
vers. 8.
14, 15. L'auteur fait visiblement allusion à un passage du Deuléronome (xxxi, 8, 9),
où il est parlé de la division des peuples, et des Israélites en particulier, comme
ayant été choisis de Dieu 5 être la part de son héritage.
11, Ses alliances, etc.; c'est-à-dire que les promesses que Dieu à faites aux Israé-
[cH. xvu.]
tes leurs iniquités ont été en pré-
sence de Dieu.
18. L'aumóne de l'homme est
comme un sceau pour lui, et le
bienfait de l'homme, il le con-
servera comme la prunelle de
l'œil;
19. Et enfin il s'élèvera et il
leur rendra rétribution à chacun
sursa téte, et il les fera retour-
ner dans les parties intérieures de
la terre.
20. Mais aux pénitents il a ou-
vert la voie de la justice, et il a
fermement soutenu les défail-
lants, etil leur a destiné la vérité
en partage.
91. Convertis-toi au Seigneur,
et quitte tes péchés ;
22. Prie devant la face du Sei-
gneur, et diminue les pierres
d'achoppement.
L'ECCLÉSIASTIQUE. 1477
23. Reviens au Seigneur, et
détourne-toi de l'injustice, et hais
extrémement lexécration de
Dieu;
24. Et connais la justice et les
jugements de Dieu; et tiens-toi
ferme dans le sort de £a destina-
üon, et en état de prier le Tres-
Haut.
25. Entre en partage du siecle
saint avec ceux qui vivent et qui
rendent gloire à Dieu.
26. Ne demeure pas dans l'er-
reur des impies, avant la mort
loue Dieu. Lorsqu'elle vient d'un
mort qui est comme rien, la
louange est perdue.
27. Tu glorifieras Dieu pendant
que tu vivras ; vivant et en santé
tu le glorifieras, et tu loueras Dieu,
et tu te glorifieras dans ses misé-
ricordes.
18. Infra, xxix, 16. — 19. Matt., xxv, 35. — 25. Ps. vi, 6; Is., xxxvii, 19.
lites n'ont pas été annulées par leurs iniquités : quoiqu'il les ait parfaitement con-
nues, il a maintenu fidèlement son alliance avec eux. Compar. Rom., 1n, 3, 4.
18. Comme un sceau pour lui. Le sceau à toujours été considéré chez les Hébreux
comme une chose précieuse et chère. Compar. Deutér., xxxu, 34; Cant., vmm, 6. On
sait d'ailleurs que les Orientaux veillent avec le plus grand soin sur leurs sceaux, à
cause de l'abus qu'on pourrait en faire, s'ils venaient à tomber en des mains étran-
gères.
18. Ce verset, selon que le dit le traducteur espagnol Scio, doit être considéré
comme une parenthèse ; autrement, en effet, le précédent parait incomplet, et le sui-
vant devient inexplicable.
19. Il s'élévera, rendra, fera. Le sujet de ces verbes est Dieu, nommé au vers. 17.
— Il leur rendra rétribution; littér. Il lui rélribuera rétribution; c'est-à-dire qu'il
leur donnera avec une exactitude rigoureuse ce qu'ils ont mérité, Voy. sur cet hé-
braisme, pag. 342, 2e. — Leurs, les; pronoms qui se rapportent aux hommes iniques
mentionnés au vers. 11. — Les parties inférieures de la terre; expression qui désigne
trés probablement les enfers.
20. Il a ouvert; littér. id a donné ou posé, mis, établi, vraie signification du terme
hébreu que la Vulgate traduit ordinairement par donner. — Il a fermement soutenu;
littér. : Il a affermi de soutenir. Voy. sur cet hébraisme, pag. 342, 20.
24. De prier le Trés-Haut; littér. de la prière du Trés-Haut; génitif qui, dans la
version latine, est, comme le précédent destination (propositionis), régi par le mot
sort.
26. Lorsqu'elle vient, etc.; c'est-à-dire que l'homme mort, étant comme s'il n'était
pas, ne peut plus louer Dieu d'une maniere méritoire et utile; et personne ne pourra
le louer dans la vie future, à moins qu'il pe l'ait fait, pendant sa vie, dans celle-ci.
Compar. Ps. vr, 5; Isaie, xxxvii, 18, 19; Baruch, 11, 11.
21. Et lu te glorifieras dans ses miséricordes. Voy. vers, 8.
1178
98. Combien grande est la mi-
séricorde du Seigneur, et sa pro-
pitialion pour ceux qui se conver-
tissent à lui!
29. Car toutes choses ne peu-
vent étre dansles hommes, parce
que le fils de l'homme n'est pas
immortel, et qu'ils se sont complu
dans la vanité de la malice.
30. Quoi de plus lumineux que
le soleil? cependant lui-méme
défaudra. Ou quoi de plus mau-
vais que cequ'ontimaginé la chair
et le sang? mais cela sera con-
damné.
31. Lui-méme contemple l'ar-
mée du ciel élevé ; mais tous les
hommes sont terre et cendre.
CHAPITRE XVIII.
Grandeur de Dieu. Faiblesse de l'homme.
Patience et miséricorde de Dieu. Faire
laumóne avec joie. Prévenir les maux.
Résister à ses passions.
1. Celui qui vit éternellement
a créé toutes choses ensemble ;
Dieu seul sera justifié ; et, roi in-
vincible, il subsiste à jamais.
2. Qui peut suffire à raconter
ses œuvres ?
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cg. xvur.)
3. Car qui sondera ses mer-
veilles ?
4. Et la puissance de sa gran-
deur, qui l'énoncera? ou qui en-
treprendra d'expliquer sa miséri-
corde ?
5. ll n'y a pas à diminuer ni à
ajouter, ni à découvrir aux mer-
veilles de Dieu.
6. Lorsque l'homme aura fini,
c'est alors qu'il commencera ; et
lorsqu'il se sera arrêté, il se trou-
vera dans la perplexité.
7. Qu'est-ce qu'un homme et
qu'est sa faveur? et quel bien ou
quel mal vient de lui?
8. Le nombre des jours des
hommes, au plus, est de cent
ans : comme une goutte d'eau de
la mer ils ont été estimés; et
comme est un grain de sable,
ainsi sera ce peu d'années au jour
de l'éternité.
9. A cause de cela le Seigneur
est patient envers les hommes,
et il répand sur eux sa miséri-
corde.
10. Il a vu que la présomption
de leur cœur est mauvaise, et ila
connu que leur fin est mauvaise.
XVIII. 1. Genèse, r, 1. — 8. Ps. rxxxix, 10. .פאס
29. Le fils de l'homme ; hébraisme pour l'homme. — La vanité de la malice ; c'est-
à-dire une vaine malice.
30. Ce qu'a imaginé, etc.; c'est-à-dire les pensées, les inventions de la chair et du
sang.
31. Lui-méme; le soleil. — L'armée du ciel élevé : ce sont les divers astres; littér.
la vertu de la hauteur du ciel. Comme nous l'avons déjà remarqué, le mot armée,
dans l'Ecriture, s'exprime souvent par vertu (virtus).
1. Ensemble; c'est-à-dire généralement, sans aucune exception, ou, selon d'autres,
en méme temps, dans le méme moment; mais la première explication nous parait
plus probable. Le simul de la Vulgate a ici le méme sens que dans le Ps. xut, 3;
הנוא 2, 10. — Sera justifié; sera trouvé juste, reconnu pour juste.
6. Aura fini de chercher à découvrir les merveilles (vers. 5). — I/ commencera; ce
sera comme s'il ne faisait que de commencer. — Se sera arrêté dans ses recherches,
7. L'auteur veut dire ici que l'homme ne peut étre ni utile ni nuisible à Dieu.
10. Que leur fin est mauvaise. Le mot subversio de la Vulgate signifiant ordinaire-
ment renversement, ruine, destruction, nous avons cru devoir le rendre par fin, c'est-
à-dire mort; d'autant plus que les Septante présentent le méme sens.
[cu. [.זזוטצ
11. Pour cela il a accompli sa
propitiation en eux, et il leur a
montré la voie de l'équité.
19. La commisération d'un
homme est pour son prochain,
mais la miséricorde de Dieu est
sur toute chair.
13. Dieu qui ἃ de la miséri-
corde enseigne et corrige les
hommes, comme un pasteur son
troupeau.
14. Il a pitié de celui qui recoit
l'instruction de sa miséricorde, et
qui se hâte de se soumettre à ses
jugements.
15. Mon fils, dans les bienfaits
ne mets pas de reproche, et dans
aucun don ne mets la tristesse
d'une parole mauvaise.
16. N'est-ce pas que la rosée
refroidira une chaleur brülante?
ainsi une parole est meilleure
qu'un don.
17. N'est-ce pas, par exemple,
qu'une parole est au-dessus d'un
don avantageux? mais l'une et
l'autre se trouvent dans un hom-
me reconnu pour juste.
18. Uninsensé avec aigreur fera
des reproches ; et le don d'un in-
discret dessèche les yeux.
19. Avant de juger, acquiers
la justice; et avant de parler, ap-
prends.
20. Avant la maladie, emploie
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1479
le remède; et avant le juge-
ment, interroge-toi toi-méme, et
devant Dieu tu trouveras propi-
tiation.
91. Avant la maladie, humilie-
toi, et au temps de l’infirmité
montre ta conduite.
22. Que rien ne t'empéche de
prier toujours; et ne crains pas
de devenir, jusqu'à la mort, de
plus en plus juste, parce que la
récompense de Dieu demeure
éternellement.
23. Avant la prière, prépare ton
âme, et ne sois pas comme un
homme qui tente Dieu.
24. Souviens-toi de : colère au
jour de la consommation, et du
temps de la rétribution, lorsqu'il
détournera sa face.
25. Souviens-toi de la pauvreté
au jour de l’abondance, et des
nécessités de la pauvreté au jour
des richesses.
26. Du matin au soir le temps
sera changé, et toutes ces choses
sont rapides aux yeux de Dieu.
27. Un homme sage craindra
en toutes choses, et dans les
jours des péchés il se gardera de
l'inertie.
28. Tout /iomme habile recon-
nait la sagesse, et il rendra hom-
mage à celui qui l'a trouvée.
29. Les hommes sensés en pa-
20. I Cor., ΧΙ, 28. — 22. Luc, xvi, 1; 1 Thess., v, 17. — 24. Supra, vir, 18. — 25. Supra,
XI, 21.
15. Ne mets la tristesse. Nous rappellerons que la Vulgate traduit souvent par
donner (dare), le verbe hébreu qui signifie proprement poser, mettre. — Mauvaise;
c'est-à-dire dure, affligeante.
18. Desséche les yeuz; fait de la peine.
24. Du jour de la consommation ; c'est-à-dire du jour dernier. — Du temps; second
complément du verbe souviens-toi (memento). 1] devrait être regulièrement au génitif
comme le premier de la colère (irz); mais il est à l'accusatif (lempus) dans la Vulgate
et dans les Septante. La Bible, comme nous l'avons déjà remarqué, fournit plus d'un
exemple de ce genre d'anomalie. — Lorsqu'il détournera sa face des impies. C'est
le vrai sens de in conversatione faciei expliqué par le grec.
1480
roles ont aussi agi avec sagesse,
et ils ont compris la vérité et la
justice; etils ont répandu, comme
une pluie, des paraboles et des
sentences.
30. Ne va pas à la suite de tes
désirs, et détourne-toi de ta vo-
lonté.
31. Si tu accordes à ton âme ses
désirs, elle te rendra la joie de
tes ennemis.
32. Ne te plais point dans les
foules, pas méme dans les moins
nombreuses; car les conflits y
sont continuels.
33. Ne t'appauvris point par
l'usure pour ta cote dans les fes-
tins, quand tu n'as rien dans £a
bourse; car tu seras qns? en-
vieux de ta propre vie.
CHAPITRE XIX.
Maux que causent le vin et les femmes.
Taire les défauts d'autrui. Avertir son
ami du mal qu'on dit de lui. Vraie et
fausse sagesse.
1. L'ouvrier adonné au vin ne |
. S'enrichira pas ; et celui qui mé-
prise les petites choses tombera
peu à peu.
9. Le vin et les femmes font
apostasier des sages, et accuse-
ront des homes sensés ;
8. Celui qui se joint aux prosli-
tuées sera un méchant : la pour-
L'ECCLESIASTIQUE.
[ca XXX a]
riture et les vers l'hériteront, et
il deviendra un grand exemple,
et son àme sera retranchée du
nombre des vivants.
4. Celui qui croit promptement
est léger de cœur, et il en sera
amoindri; et celui qui peche con-
ire son âme sera vu avec mépris.
9. Celui qui se réjouit de l'ini-
quité sera noté d'infamie ; et celui
qui hait la réprimande en vivra
moins, et celui qui hait la loqua-
cité éteint le mal.
6. Celui qui peche contre son
âme s'en repentira, et celui qui
met sa joie dans la malice sera
noté d'infamie.
1. Ne rapporte point une parole
méchante et dure, et tu ne seras
pas amoindri.
8. A ton ami et à ton ennemi,
ne raconte pas tes pensées; et
s’il y a péché en toi, ne le dé-
couvre point;
9. Car il t'écoutera, et il ''obser-
vera; et feignant d'excuser ton
péché, il te haira, et sera toujours
auprès de toi.
10. As-tu entendu une parole
contre ton prochain? qu'elle meu-
re en toi, bien sür qu'elle ne te
déchirera pas. |
11. Pour une parole 00/00 11η-
sensé éprouve les douleurs de
l'enfantement, comme gémit une
30. Rom., vr, 12; xir, 13, 14. — (ΒΑΡ. XIX. 2. Genèse, xix, 33; 111 Rois, xi, 1.
n"—"-—-————————————————
32. Les conflits; telle est la signification première et ordinaire du latin commissio,
et c'est le sens du texte grec; plusieurs cependant l'entendent de l'action de com-
mettre des péchés.
33. Par l'usure; c'est-à-dire en empruntant à usure. — Pour ta cote; pour lutter
avec les autres (in contentione), au sujet de la cote à payer. — Tu seras envieux, etc.;
c’est-à-dire tu t'óteras à toi-même le moyen de vivre.
9. Auprès de loi pour te nuire.
41. Pour une parole; ou à cause d'une parole; littér. et par hébraisme, à /a face
d'une parole. — L'insensé, etc. Le sens de cette phrase, extrémement concise dans la
Vulgate, est que l'insensé à qui on a confié une parole n'a pas de repos jusqu'à ce
[cu xix.)
femme pour mettre au monde un
enfant.
19. Comme une fleche enfoncée
dans une cuisse charnue, ainsi est
une parole dans le cœur de l'in-
sensé.
13. Reprends {on ami, de peur
qu'il n'ait pas compris, et qu'il ne
dise : Je ne /'ai pas fait; טס 1
78 fait, afin que de nouveau il ne
recommence pas à /e faire.
14. Reprends £o» prochain, de
peur qu'il ne /ait pas dit; et
sil /a dit, afin qu'il ne réitère
point.
15. Reprends £o» ami, car sou-
vent il s'élève un conflit.
16. Et ne crois pas à toute pa-
role : il est ἐθ qui peche par la
langue, mais non point par le
cœur.
17. Car quel est celui qui ne
pèche point par la langue? Re-
prends {on prochain avant de le
menacer,
18. Et donne une place à la
crainte du Très-Haut; car toute
sagesse, c'est la crainte de Dieu;
et dans la Sagesse est craindre
Dieu, et dans toute sagesse est
la disposition de la loi.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1481
19. Et ce n'est pas la sagesse
que la discipline de la méchan-
ceté ; et ce n'est pas le penser
des pécheurs que la prudence.
20. Il est selle méchanceté qui
porte en elle l'exécration; et il
est £el insensé qui n'est privé que
d'un peu de sagesse.
21. Mieux vaut un homme qui
n'est privé que d'un peu de
sagesse, et qui manque de sens,
sila la crainte de Dieu, que ce-:
lui qui à un grand sens, et
qui transgresse la loi du Très-
Haut.
99. Il est une habileté sûre,
mais elle est inique.
23. Et il est £e/ qui lance une
parole süre, disant la vérité. ll
est ze/ qui s'humilie mécham-
ment, et son intérieur est plein
de tromperie ;
24. Et il est £e/ qui s'abaisse
jusqu'à l'excés par une grande
humilité ; et il est 267 qui incline
sa face, et feint de ne pas voir
ce qui a été ignoré ;
25. Mais si c'est par manque de
forces qu'il est empéché de pé-
cher, s'il trouve l'occasion de mal
faire, il fera le mal.
13. Lévit., xix, 17; Matt., ,זזוטא 15; Luc, xvir, 9. — 17. Jac., mi, 8.
qu'il l'ait dévoilée, comme la femme en travail n'en a que lorsqu'elle a mis un enfant
au jour.
13. Qu'il n'ait pas compris ce dont on l'accusait. Compar. Lévit., xix, 11; Mallh.,
xvin, 15; Luc, xvi, 3.
14. Qu'il ne l'ait pas dit; c'est-à-dire qu'il n'ait point tenu le propos qu'on lui pré-
tait; méme concision de style que dans le verset précédent.
15. Un conflit (commissio) ; selon d'autres, conformément au texte grec, fausse accu-
sation, délation, calomnie. Voy. xvm, 32.
17. Quel est, etc. Compar. Jacques, 11, 8. — Reprends, etc. Compar. Galat.,
VILE.
18. Donne une place. Dans le style de l'auteur, donner, faire une place, signifie avoir
de l'estime et du respect. — La disposition; ou, selon le grec, l'exécutton, l'accom-
plissement.
24. Ce qui a été ignoré; c'est-à-dire ce qui n'a pas été aperçu par d'autres ou que
d'autres ont voulu tenir secret; feinte qui a uniquement pour but d'empécher qu'on
ne se méfie de lui.
1182
26. A la vue on connait un
homme, et àla rencontre du vi-
sage on connait une personne
sensée.
27. Le vétement du corps, le
rire des dents, et la démarche
d'un homme le font connaitre.
28. Il est une fausse répri-
mande dans la colère d'un inso-
lent; et il est un jugement qui
n'est pas prouvé étre juste; et
il est Ze/ qui se tait, et celui-là
est prudent.
CHAPITRE XX.
Vices et vertus de la langue; succes
funestes; maux heureux. Présents in-
téressés. Mauvaise honte. Le mensonge
déshonore. Mauvais effets des présents.
De celui qui cache sa sagesse.
1. Combien il vaut mieux re-
prendre, et ne pas empécher de
parler celui qui confesse son tort,
que de se mettre en colere !
2. La passion d'un eunuque ou-
tragera une jeune vierge.
3. Ainsi en est-il de celui qui
par violence rend un jugement
inique.
4. Qu'il est bon, lorsqu'on est
repris, de manifester du repentir !
car tu éviteras ainsi le péché vo-
lontaire.
ὃ. Tel se tait qui est trouvé
CnaP. XX. 2. Infra, xxx, 21.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cu? xx
sage, et {el est odieux qui parle
effrontément.
6. Tel se lait, n'ayant pas le
sens du langage ; et £e/ se tait sa-
chant le temps convenable.
7. L'homme sage se taira jus-
qu'à un certain temps ; mais le
léger et l'imprudent n'observe-
ront point le temps.
8. Celui qui emploie beaucoup
de paroles blessera son âme; et
celui qui s'empare d'un pouvoir
injustement sera hai.
9. Il y a réussite dans le mal
pour l'homme sans retenue; et il
est {elle chose trouvée qui tourne
à détriment.
10. Il est un don qui n'est pas
utile, et il est un don qui recoit
une double récompense.
11. Il y a à cause de la gloire -
un abaissement, et il est £e/ qui
par son humiliation lèvera la tête.
19. Il est £e/ qui rachète beau-
coup de choses pour un prix mo-
dique, et qui les restituera au
septuple.
13. Le sage par ses paroles se
rend aimable, mais les gráces des
insensés s'évanouiront.
14. Le don d'un insensé ne te
sera pas utile; caril a sept yeux.
15. Il donnera peu, et il repro-
chera beaucoup; et quand il ou-
26. A la rencontre du visage (ab occursu faciei); le grec porte ainsi. Tout en para-
phrasant un peu le texte, la version anglaise catholique semble en avoir bien rendu
le sens par: et un homme sage, quand tu le rencontres, est connu à sa mine. |
1. IL vaut mieux; littér. il est bon, plus que; hébraisme qui a été aussi conservé dans
les Septante. Voy., sur le comparatif hébreu, pag. 341, 1». — Reprendre; avec bonté,
douceur.
11. Il y a à cause, etc.; c'est-à-dire qu'il y a une sorte de gloire qui abaisse et
avilit, comme il y a une certaine humiliation qui éléve et honore.
14, Il y a sept yeux; avec lesquels il te regarde pour tirer de toi sept fois autant
qu'il t'a donné.
15. Quand il ouvre la bouche pour raconter, vanter ses bienfaits.
[cu. xx.]
vre la bouche, c'est une flamme
qui se répand.
16. Aujourd'hui tel préte, et
demain il redemande ; odieux est
un tel homme.
17. L'insensé n'aura pas d'ami,
el ses bienfaits ne seront pas
agréés ;
18. Car ceux qui mangent son
pain ont la langue trompeuse.
Combien de fois, et combien de
gens se riront de lui?
19. Ce n’est pas avec un sens
droit qu'il distribue ce qu'il de-
vait garder, de méme aussi que
‘ce qu'il ne devait pas garder.
90. La chute d'une langue men-
songere estcomme celui qui tom-
be sur le pavé, ainsi la chute des
méchants viendra tout d'un coup.
91. L'homme disgracieux, com-
me une vaine fable, sera conti-
nuellement dans la bouche des
ignorants.
29. Sortie de la bouche d'un
insensé, une parabole sera ré-
prouvée; car il ne la dit pas en
son temps.
93. Il est 207 qui s'abstient de
pécher par indigence, et qui dans
son repos y sera vivement ex-
cité.
31. Exode, xxii, 8; Deut., xvi, 19.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1483
24. Il est /6/ qui perdra son âme
par une mauvaise honte; et c’est
à cause d'une personne impru-
dente qu'il l'a perdue : or c'est en
faisant acception des personnes
qu'il se perdra.
25. ll est /67 qui, par honte,
promet à son ami, et il l'a gagné
comme ennemi gratuitement.
26. C'est un opprobre honteux
dans unhomme que le mensonge,
et dans la bouche des hommes
sans discipline, il sera continuel-
lement.
27. Un voleur est préférable à
un homme menteur d'habitude;
mais ils auront tous les deux la
perdition en héritage.
28. Les mœurs des hommes
menteurs sont sans honneur; et
leur confusion sera avec eux sans
intermission.
29. Le sage se produira par ses
paroles, etl'homme prudent plaira
aux grands.
30. Celui qui cultive sa terre
élévera un monceau de fruits; et
celui qui pratique la justice sera
exalté ; mais celui qui plait aux
grands fuira l'iniquité.
31. Les présents et les dons
aveuglent les yeux des juges,
21. Disgracieur; désagréable; c'est le sens du mot acharis, qui vient du grec.
22. Une parabole; c'est-à-dire une maxime grave, juste, sage. — Sera réprouvée.
Compar. Prov., xxvi, T.
23. Qui s'abslient, etc. Tant qu'un homme est dans l'indigence et qu'il a besoin de
travailler, il échappe à bien des tentations, auxquelles il est vivement excité, lors-
qu'il est dans le repos que lui procurent les richesses.
24. Son dme; hébraisme, pour se, soi-méme.
Un voleur, etc. Le voleur est, en effet, moins dangereux et moins nuisible que .רפ
menteur. Car celui-là vole l'argent, mais celui-ci fait perdre la réputation, qui est 16
plus précieuse que les richesses. D'ailleurs l'habitude du mensonge fait que le men-
teur n'épargne personne, et qu'on ne peut jamais se fier à lui.
30. Fuira liniquité; échappera à l'injustice de ses ennemis par la protection des
grands auxquels il plait.
31. Et sont comme, etc. Pour suppléer au laconisme de cette phrase de la Vulgate,
143^
et sont comme un mors dans la
bouche, qui, enlesrendant muets,
détourne leurs corrections.
32. Une sagesse cachée, et un
irésor qu'on ne voit pas, quelle
utilité dans l'une et dans l'autre?
| 88. Vaut mieux celui qui cele
son peu de sens, que l'homme qui
cache sa sagesse.
CHAPITRE XXI.
Fuir le péché; expier ses fautes. Maux
que cause l'orgueil. Fin malheureuse
des méchants. Différents effets de la
parole sage. Caractère de l'insensé. Le
délateur se rend odieux.
1. Mon fils, as-tu péché? ne
recommence pas de nouveau;
mais prie pour ées fautes an-
ciennes, afin qu'elles te soient
remises.
2. Comme à l'aspect d'un ser-
pent fuis les péchés; car si tu en
approches, ils te saisiront.
3. Ce sont des dents de lions que
ses dents, tuant les âmes des
hommes.
4. Comme une épée à deux
tranchants est toute iniquité, et
pour sa plaie il n'y à pas de gué-
rison.
5. L'outrage et les violences
L'ECCLESIASTIQUE.
[cu. xx1.]
anéantiront les richesses; et la
maison quiest extrémement riche
sera anéantie par l'orgueil; ainsi
le bien du superbe sera détruit
jusqu'à la racine.
6. La supplication du pauvre,
de la bouche jusqu'à ses oreilles,
parviendra, et le jugement en
toute háte viendra à lui.
7. Celui qui hait la correction
suit la trace du pécheur; et celui
qui craint Dieu rentrera en son
cœur.
8. Il est connu de loin, le puis-
sant à la langue audacieuse; et
l'homme sensé sait lui échapper.
9. Celui qui bátit sa maison aux
dépens d'autrui est comme ce-
lui qui rassemble ses pierres en
hiver.
10. C'est un amas d'étoupes
que lassemblée des pécheurs;
leur fin sera une flamme de feu.
11. La voie des pécheurs est
pavée de pierres; mais à leur fin,
sont les enfers, et les ténèbres, et
les tourments.
12. Celui qui garde la justice
comprendra le sens.
13. La perfection de la crainte
de Dieu est la sagesse et l'intelli-
gence.
32. Infra, ,זזה 17, — 03. XXI. 10. Supra, xvi, 7.
et la rendre intelligible dans notre langue, j'ai cru devoir recourir au texte grec et à
la Version Sixline.
6. Jusqu'à ses oreilles; c'est-à-dire aux oreilles de Dieu, mot sous-entendu ou bien
du superbe, nommé au vers. précédent. — Le jugement (judicium); la justice de
Dieu en faveur du pauvre; ou bien la condamnation du superbe. — Viendra à lui;
au pauvre; ou bien au superbe. Au lieu de, le jugement viendra à lui, le grec et la
Version Sixtine portent à la lettre, 76 jugement de lui vient; ce qui laisse subsister
l'amphibologie de la Vulgate. Cependant la plupart des interprètes sont pour la pre-
mière explication.
1. Suit la trace; ou est dans la trace; littér. est la trace.
9. Qui rassemble ses pierres; qui bâtit. — En hiver; c'est-à-dire à une époque de
l'année où la bâtisse n'offre aucune solidité. Ainsi celui qui bâtit aux dépens d'autrui
s'expose à se voir bientót enlever sa maison par ceux dont l'argent a servi à la
bátir.
[cu. xxi.]
14. Il ne deviendra jamais ha-
bile, celui qui n'est pas sage dans
le bien.
15. Or il est une sagesse qui
abonde dans le mal; et il n'y a
pas d'intelligence là oü estl'amer-
tume.
16. La science du sage débor-
dera comme une inondation; et
son conseil est permanentcomme
une sorte de vie.
17. Le cœur de linsensé est
comme un vase rompu; et il ne
retiendra aucune sagesse.
18. Quelque parole sage qu'en-
tende l’homme habile, il la louera
et se l'appliquera; le voluptueux
l'a entendue, et elle lui déplaira,
et illa rejettera derriere lui.
19. La conversation de l'insensé
est comme un fardeau dans une
vole; car c'est sur les lèvres du
sage que se trouvera la grâce.
90. La bouche du sage est re-
cherchée dans une assemblée, et
ils penseront à ses paroles dans
leur cœur.
91. Comme est une maison
ruinée, ainsi est טטסס 6
la sagesse; etla science de l'in-
sensé sont des paroles inexpri-
mables.
99. Les fers aux pieds, c'est
comme la doctrine pour un in-
sensé; et comme des liens à la
main droite.
/
L'ECCLESIASTIQUE. 1485
93. L'insensé dans le rire élève
sa voix; mais l'homme sage rira
à peine tout bas.
24. C'est un ornement d'or pour
l’homme prudent que la doctrine,
et comme un bracelet à son bras
droit.
25. Le pied de l'insensé entre
aisément dans la maison de son
prochain; mais l’homme habile
sera troublé par la personne d'un
puissant.
26. L'insensé regardera par la
fenétre dans une maison ; mais
l'homme instruit se tiendra de-
hors.
27. La folie dun homme est
d'écouter à la porte ; et l’homme
prudent supportera avec peine
cette ignominie.
28. Les lèvres des imprudents
raconterontdeschoses insensées;
mais les paroles des hommes pru-
dents seront pesées dans la ba-
lance.
29. Dans la bouche des insen-
sés est leur cœur ; et dans le cœur
des sages est leur bouche.
30. Lorsque l'impie maudit le
démon, il maudit lui-méme son
áme.
31. Le délateur souillera son
âme, et en toutes choses il sera
hai; et celui qui demeure avec
lui sera odieux; mais l’Aomme si-
lencieux et sensé sera honoré
20. lis; c'est-à-dire les membres composant l'assemblée.
21. Comme est une maison ruinée, etc. La sagesse ne sert pas plus à un insensé,
que ne sert une maison ruinée dont on ne fait aucun usage. — Inexprimables; con-
fuses, sans aucun ordre, ni aucune suite.
22. Les fers, etc. La doctrine est pour l'insensé une géne et un embarras qui l'em-
péchent de suivre ses inclinations et de se livrer à ses plaisirs, comme s'il avait les
fers aux pieds et aux mains.
31. En toutes choses (in omnibus); גוס" en lous lieux, partout; ou par tous, par tout
le monde.
CHAPITRE XXII.
Homme paresseux. Enfants mal élevés.
Femme effrontée. C'est perdre son
temps que d'instruire un insensé. Pleu-
rer l'insensé plus qu'un mort; éviter
sa compagnie. De ce qui rompt l'amitié.
Garder la fidélité à son ami.
, 4. Cest avec une pierre cou-
verte de boue qu'a été lapidé le
paresseux; et tous parleront de
lui avec mépris.
9. C'est avec de la fiente de
bœuf qu'a été lapidé le pares-
seux ; et quiconque le touchera
secouera les mains.
3. La confusion d'un père vient
d'un fils indiscipliné ; mais une
fille tombera dans l'humiliation.
4. La fille prudente est un hé-
ritage pour son mari; mais celle
qui fait rougir devient le déshon-
neur de son pere.
5. Lafemme audacieuse couvre
de confusion son père et son
mari ; et, si elle ne déchoit pas aux
yeux des impies, elle sera méses-
timée par l'un etl'autre.
6. C'est une musique pendant
le deuil, qu'un récit inopportun ;
leschátiments etl'instruction sont
en tout temps sagesse.
7. Celui qui enseigne un in-
sensé est comme celui qui veut
rejoindre les fragments d'un vase
brisé.
8. Celui qui parle à qui ne 16-
coute point, est comme celui qui
L'ECCLÉSIASTIQUE.
(c8. xx11.]
réveille quelqu'un dormant d'un
profond sommeil.
9. Il parle avec un homme qui
s'endort, celui qui explique à un
insensé la sagesse ; et à la fin du
discours il a dit : Qui est celui-ci?
10. Pleure sur un mort, car sa
lumiere a manqué ; et pleure sur
un insensé, car le sens lui man-
que.
11. Pleure peu sur un mort,
car il est entré dans le repos.
19. La vie criminelle du mé-
chant est pire que la mort de l'in-
sensé.
13. Le deuil pour un mort est
de sept jours; mais pour un in-
sensé et un impie, il est de tous
les jours de leur vie.
14. Avecunimprudent, ne parle
pas beaucoup, et ne va pas avec
un insensé.
15. Garde-toi de lui, afin que
tu n'aies pas de désagrément, et
tu ne seras pas souillé par son
péché.
16. Détourne-toi de lui, et tu
trouveras le repos, et tu ne seras
pas chagriné de sa folie.
11. Qu'est-ce qui sera plus pe-
sant que le plomb? et quel autre
nom lui convient que celui d'in- |
sensé ? '
18. Il est plus facile de porter
du sable, et du sel, et une masse
de fer, qu'un homme imprudent,
et un insensé, et un impie.
19. Un assemblage en bois at-
ὕπαρ, XXII. 10. Infra, xxxvii, 16. — 13. Genèse, L, 10. — 18. Prov., xxvi, 3.
A טיוו —— Á
3. Une fille; indisciplinée. Le contexte semble indiquer que ce mot est sous-
eutendu.
13. Le deuil, etc. L'auteur parle du deuil ordinaire pour les simples particuliers,
qui était, en effet, de sept jours; celui des princes et des grands durait ordinaire-
ment quarante jours. Au reste, l'Ecriture nous fournit plusieurs exemples de deuil
d'une durée fort inégale.
! Cg. xxi.)
taché dans le fondement d'un
édifice ne se désunit point : il en
est de méme d'un cœur fortifié
par l'inspiration d'un conseil.
20. La résolution d'un homme
sensé ne sera dans aucun temps
affaiblie par la crainte.
21. Comme des poteaux sur des
lieux élevés, et des moellons po-
sés sans appareil en face du vent,
ne se soutiendront pas;
29, Ainsi le cœur 66 6
timide dans sa pensée, à la vio-
lence de la crainte ne résistera
pas.
93. Comme le cœur de l'in-
sensé, peu sûr dans sa pensée,
ne craindra dans aucun temps; il
en est de méme de celui qui dans
les préceptes de Dieu demeure
toujours.
24. Celui qui pique un ΟἹ]
en tire des larmes; et celui qui
pique un cœur produit un sen-
timent.
25. Celui qui lance une pierre
contre des oiseaux les fera tom-
ber : de même aussi celui qui in-
sulte son ami rompt l'amitié.
26. Quand tu aurais tiré le
glaive contre un ami, ne déses-
père pas ; car il y a du retour con-
tre un ami.
27. Si tu lui as ouvert une bou-
33. Ps. ,]אס 4.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1487
che sévère, ne crains pas; car il
yalieu à la réconciliation ; ex-
cepté quand il s'agit d'invective,
de reproche, de procédés hau-
tains, de révélation de secret, et
de blessure faite en trahison : en
toutes ces choses un ami t'échap-
pera.
28. Garde la fidélité à un ami
dans sa pauvreté, afin qu'avec lui
tu te réjouisses dans son bon-
heur.
29. Dans le temps de sa tribu-
lation, demeure-lui toujours fi-
dele, afin que dans son héritage
Lu sois son cohéritier.
30. Devant le feu, la vapeur
de la fournaise et la fumée du
feu s'élevent; de méme aussi
avant le sang s’élévent les mau-
vaises paroles, les outrages et les
menaces.
31. De saluer un ami, je ne
rougirai pas; et de sa face je ne
me cacherai pas, et si des maux
m'arrivent par lui, je /es suppor-
Lerai.
32. Quiconque /'apprendra, se
gardera de lui.
99. Qui mettra à ma bouche
une garde et sur mes levres un
sceau bien sür, afin que je ne
tombe pas par elles, et que ma
langue ne me perde pas?
lu-——] ————M——— —— «t . ς--.-΄...τὔὖο΄ ὔἜ - --.. --.ςς-.ς.--ς----ςςς-ς-.-
20, 28. Dans aucun temps; c'est-à-dire dans nul temps, dans pas un seul temps:
littér. en latin, en tout temps (in omni tempore); ce qui est un pur hébraisme. Nous
avons déjà fait remarquer, qu'en hébreu, le mot fout joint à une négation signifie
nul, pas un seul.
27. Excepté, etc. Les cinq choses indiquées ici sont, en effet, de celles qu'on ne
pardonne guére en amitié, parce qu'elles sont directement opposées à ses lois, la
malice, la réflexion, le mauvais cœur y ayant plus de part que la passion ou le tem-
pérament.
30. Le sang versé; c'est-à-dire le meurtre.
33. Bien sür; bien appliqué, qu'on ne puisse enlever.
1488
CHAPITRE XXIII.
Priére contre le mauvais usage de la
langue, l'orgueil, la gourmandise et
l'impureté. Ne pas jurer, ni dire des
paroles indiscrétes. Adultére odieux à
Dieu et aux hommes.
1. Seigneur, père et maître de
ma vie, ne m'abandonnez pas à
leur conseil; et ne permettez pas
que je tombe par elles.
2. Qui mettra dans ma pensée
des remords, et dans mon cœur
la doetrine de la sagesse, afin
qu'ils ne m'épargnent pas dans
leurs péchés d'ignorance, que
leurs fautes ne paraissent pas;
3. Que mes ignorances ne s'ac-
croissent pas, et que mes fautes
ne soient pas multipliées; que
mes péchés n'abondent point,
que je ne tombe pas en présence
de mes adversaires, et que mon
ennemi ne se réjouisse point
sur moi?
4. Seigneur, pere et Dieu de ma
vie, ne m'abandonnez pas à leur
pensée.
9. Ne me donnez point des yeux
altiers, et détournez tout désir
mauvais de moi.
6. Eloignez de moi l'intempé-
L'ECCLÉSIASTIQUE.
feit. xxrim.]
rance ; que la passion de l'impu-
reté ne s'empare pas de moi, et
ne me livrez pas à une âme sans
honte et sans retenue.
7. Ecoutez, mes enfants, la doc-
trine de ma bouche; celui qui la
gardera ne périra point par ses
lèvres; et il ne trouvera pas une
pierre d'achoppement dans des
actions criminelles. |
8. Le pécheur est pris dans sa
vanité, le superbe et le médisant
y trouveront une pierre d'achop-
pement.
9. Qu'au jurement ne s'accou-
tume pas ta bouche ; car beaucoup
de chutes se font par lui.
10. Or, que le nom de Dieu ne
soit pas continuellement dans ta
bouche, et ne te méle pas aux
noms des saints, parce que tu
ne seras pas exempt de faute en
cela.
11. Car comme un esclave qui
est à la question continuellement
ne diminue pas de lividité, ainsi
quiconque jure, et nomme Dieu,
ne sera pas entierement pur de
péché.
19. L'homme qui jure souvent
sera rempli d'iniquité, et la plaie
ne s'écartera pas de sa maison.
(βαρ. XXIII. 9. Exode, xx, 7; Matt., v, 33.
4. Leur... elles. Ces pronoms se rapportent aux noms bouche et lévres, exprimés
au dernier verset du chapitre précédent.
2. Qu'ils; c'est-à-dire 168 remords et la doctrine de la sagesse. — Leurs; se rap-
porte à ma pensée et à mon cœur. — Ne paraissent pas; n'éclatent pas au dehors, ne
deviennent pas publiques.
4. Pensée; mauvais dessein.
9. Qu'au jurement, etc. Compar. Ezode, xx, 1; Malth., v, 33.
10. Que le nom de Dieu, etc. Il est presque impossible de prononcer toujours le
nom de Dieu avec le respect qui lui est dà, quand on l'a continuellement dans la
bouche, pour confirmer tout ce que l'on dit. — Ne te méle pas, etc.; c'est-à-dire ne
mêle pas légèrement dans tes discours les noms des saints, ou des choses saintes.
11. Comme un esclave, etc. Anciennement c'était par la question, ou torture, qu'on
tirait la vérité de la bouche des esclaves. Or un pareil traitement rendait leur corps
livide.
[cu. xxur.]
13. Et s’il n'exécute pas son
serment, sa faute sera sur lui; et
sil dissimule, 11 peche double-
ment;
14. Et si c'est en vain quil
jure, il ne sera pas justifié, et sa
maison sera remplie de sa rétri-
bution.
15. ll est auss une autre parole
en face dela mort : qu'elie ne
se trouve pas dans l'héritage de
Jacob.
16. Cartoutes ces choses seront
éloignées des miséricordieux, et
ils ne se plongeront pas dans ces
crimes.
11. Qu'à un langage indiscret
ta bouche ne s'accoutume point;
car il y a en lui une parole de
péché.
18. Souviens-toi de ton pere et
de ta mere; car tu te trouves au
milieu des grands;
19. De peur que Dieu ne t'ou-
blie en leur présence, et, qu'in-
fatué de ta familiarité avec eux,tu
n'aies à souffrir un affront; qu'a-
lors tu n'aimes mieux n'étre point
né, et que tu ne maudisses le jour
de {a naissance.
20. L'homme accoutumé aux
paroles outrageantes, à aucun
jour de sa vie ne se corrigera.
21. Deux sortes de personnes
abondent en péchés, et la troi-
sieme attire la colere et la perdi-
tion.
22. L'àme brülante comme un
feu ardent ne s'éteindra pas jus-
qu'à ce qu'elle ait dévoré quelque
chose;
20. II Rois, xvi, 7. — 25. Is., xxix, 15.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1489
23. Et l'homme qui abuse de
son propre corps ne s'arrétera
pas jusqu'à ce qu'il ait allumé un
feu.
24. 4 un homme fornicateur,
tout pain est doux, et il ne ces-
sera pas de pécher jusqu'à la fin.
25. Tout homme qui profane
son lit conjugal, méprise son
àme, et dit: Qui me voit?
26. Les ténèbres m'environ-
nent, et les murailles me cou-
vrent, et personne ne regarde
autour de moi ; qui craindrai-je?
16 Très-Hautne se souviendra pas
de mes fautes.
27. Et il ne comprend pas que
son cil voit toutes choses, ef
qu'une telle crainte de l'homme
bannit de lui la crainte de Dieu;
ce que font aussi les yeux des
hommes, lesquels ze craignent
que l'homme.
28. Et il n'a pas su que les yeux
du Seigneur sont beaucoup plus
lumineux que le soleil, explorant
du regard toutes les voies des
hommes et le profond de l'abime,
et examinant les cœurs des hom-
mes jusque dans les parties les
plus cachées.
29. Car du Seigneur Dieu, avant
qu'elles fussent créées, toutes les
choses étaient connues, de même
qu'après leur achèvement il les
considère toutes.
30. Celui-là sera puni sur les
places publiques de la cité; et il
sera mis en fuite comme le pou-
lain d'une cavale ; et là où il ne
s'attendait pas, il sera pris.
RE
14. Rempüe de sa rétribution; c'est-à-dire des maux qui seront le salaire de celui
qui jure en vain. Compar. le vers. 12.
21. Son cil; l'œil du Très-Haut, nommé au verset précédent.
Nope
94
1490
31. Et il sera un objet de dés-
honneur aux yeux de tous, parce
qu'il n'aura pas compris la crainte
du Seigneur.
32. Ainsi en sera-t-il encore de
toute femme qui laisse son mari,
et qui lui donne pour héritier le
fils d'un étranger;
33. Car premierement, elle n'a
pas cru à la loi du Très-Haut;
secondement, elle a manqué à
son mari; troisiemement, elle
a commis un adultere, et elle
s'est donné des fils d'un autre
homme.
34. Cette femme sera amenée
dans l'assemblée, et l'état de ses
enfants sera examiné.
35. Ses enfants n'étendront pas
leurs racines, et ses branches ne
porteront point de fruits.
36. Elle laissera sa mémoire en
malédiction, et son déshonneur
ne s'effacera pas.
81. Et ceux quiresteront recon-
naitront que rien n'est meilleur
que la crainte de Dieu, et que rien
n'est plus doux que d'avoir égard
aux commandements du Sei-
gneur.
38. C'est une grande gloire de
suivre le Seigneur; c'est de lui
qu'on recevra la longueur des
jours.
32. Lév., xx, 10; Deut., xxi, 22.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cB. xx1v.]
CHAPITRE XXIV ὦ,
Eloge de la sagesse; son origine, sa puis-
sance, son éternité. Israël est devenu
le lieu de sa demeure. Progrés qu'elle
ἃ faits dans le monde. Biens dont elle
est la source. Sa profondeur. Merveilles
qu'elle opére dans le monde.
1. La sagesse louera son àme
et, en Dieu, elle s'honorera, et au
milieu de son peuple, elle se glo-
rifiera,
2. Et dans les assemblées du
Très-Haut, elle ouvrira la bouche,
et en présence de sa puissance,
elle se glorifiera,
3. Etau milieu deson peuple elle
sera exaltée, et dans l'assemblée
entiere sainte, elle sera admirée,
4. Et au milieu de 18 multitude
des élus, elle recevra des louan-
ges, et parmi les bénis elle sera
bénie disant :
5. C'est moi qui dela bouche du
Très-Haut suis sortie engendrée
la première avant toute créature,
6. C'est moi qui, dans les cieux,
ai fait naitre une lumiere à jamais
durable, et qui, comme un nuage,
ai couvert toute la terre ;
7. C'est moi qui ai habité dans
les lieux les plus élevés, et mon
tróne est dans une colonne de
nuée.
38. La longueur des jours; une longue vie.
? Dans ce chapitre l'écrivain sacré représente la sagesse comme une personne qui
fait son propre éloge, de méme que dans les Proverbes (vin, 1x); et par la sagesse,
il entend quelquefois la sagesse incréée et personnelle en Dieu, quelquefois la sagesse
créée, qui est communiquée aux hommes.
1. Son áme; c'est-à-dire soi, elle-même.
2. Les assemblées du Trés-Haul; les assemblées, les réunions des fidèles. — De sa
puissance (virtutis illius); de sa majesté; ou, selon d'autres, de son armée céleste. Le
mot virlus s'emploie souvent, en effet, dans l'Ecriture pour armée.
3. L'assemblée entiére sainle; l'assemblée de tous les saints; littér. 7606 86,
l'intégrite sainte.
(cn. [.צוצא
8. J'ai fait seule tout le tour du
ciel, j'ai pénétré le profond de
l'abime ; j'ai marché sur les flots
de la mer,
9. Et j'ai posé le pied sur toute
la terre ; et chez tous les peuples,
10. Et chez toutes les nations,
jai eu le premier rang ;
11. Et les cœurs des grands et
des petits, par ma puissance, je
les ai foulés aux pieds; et en
toutes ces choses j'ai cherché du
repos, et c'est dans l'héritage du
Seigneur que je demeurerai.
19. Alors a ordonné et m'a
parlé le Créateur de l'univers; et
celui qui m'a créée a reposé dans
mon tabernacle,
13. Et il m'a dit : Habite dans
Jacob, et, en Israél, place ton hé-
ritage; et au milieu de mes élus
tends tes racines.
14. Des le commencement et
avant les siècles, j'ai été créée, et
jusqu'au siecle futur je ne cesserai
pas d'étre, et dans lhabitation
sainte, j'ai exercé devantlui mon
ministère.
15. Et aussi dans Sion, j'ai été
affermie, et dans la cité sainte je
Cap. XXIV. 14. Prov., viu, 22.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1491
me suis aussi reposée ; et dans
Jérusalem est ma puissance.
16. Et j'ai pris racine dans le
peuple que le Seigneur a honoré,
et dans la part de Dieu, laquelle
est son héritage, et dans l'assem-
blée entière des saints est ma de-
meure.
17. Comme un cèdre, je me suis
élevée sur le Liban, et comme
un cyprès sur la montagne de
Sion ;
18. Comme un palmier, je me
suis élevée à Cadès, et comme
des rosiers à Jéricho ;
19. Je me suis élevée comme
un bel olivier dans les champs,
et comme un platane sur le bord
de l’eau, dansles places publiques.
20. Comme le cinnamome et le
baume aromatique j'ai répandu
une odeur; comme la myrrhe
de choix jai exhalé une odeur
suave;
91. Et comme le storax, le gal-
banum, l'onyx, le stacté, et com-
me le Liban qui sort sans incision,
j'ai rempli de vapeur mon habita-
tion, et comme un baume non
mélangé, est mon odeur
14. Dans l'habitation sainte, etc. La sagesse éternelle présidait au ministère sacré
au milieu d'Israél; et dans la plénitude des temps, s'étant incarnée, elle a exercé son
ministére au milieu de ce méme peuple.
16. Dans le peuple, etc. Voy. xvit, 14, 15.
18. * A Cadès. Voir la note sur Nombres, xx, 1. Plusieurs textes grecs portent En-
gaddi, ville située à l'ouest de la mer Morte, dans le désert de Juda, et c'est proba-
blement le nom que portait le texte original. — Des rosiers à Jéricho. Il n'est pas
question de la plante connue sous le nom de rose de Jéricho et qui se rouvre,
quand on la plonge dans l'eau. Il s'agit d'une plante dont on ne saurait déterminer la
nature, car le rosier proprement dit n'est pas nommé dans l'Ancien Testament.
19. * Le platane atteint en Orient des proportions colossales.
20. * Le cinnamome; la cannelle. — Le baume jouissait d'une réputation extraordi-
naire. Celui de Judée était le plus célébre. L'arbre qui le produisait en a compléte-
ment disparu. :
21. Le stacté; ainsi porte le texte grec; littér. goutte (gulta) c'est-à-dire larme;
se dit du suc qui ccule de plusieurs plantes, soit naturellement, soit quand on y
fait une incision. — Le Liban; c'est-à-dire l'oliban.
1492
29. Moi, comme un térébinthe,
j'ai étendu mes rameaux ; et mes
rameaux sont des rameaux d'hon-
neur et de grâce.
23. Moi, comme une vigne, j'ai
produit des fruits d'une odeur
suave; et mes fleurs sont des
fruits d'honneur et de richesse.
24. Moi, je suis la mère du pur
amour, et de la crainte, et de la
science, et de la sainte espérance.
95. En moi est toute la grâce
de la voie et de la vérité ; en moi
toute l'espérance de la vie et de la
vertu.
96. Venez à moi, vous tous
qui me désirez avec ardeur, et
remplissez-vous de mes produc-
tions ;
27. Car mon esprit est plus
doux que le miel, et mon héri-
tage l'emporte sur le miel et le
rayon.
98. Ma mémoire vivra dans 1685
générations des siècles.
29. Ceux qui me mangent au-
ront encore faim, et ceux qui me
boivent auront encore soif.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cH. xxiv.]
30. Celui qui m'écoute ne
sera pas confondu; et ceux qui
agissent par moi ne pécheront
pas.
31. Ceux qui m 'éclaircissent au-
ront la vie éternelle.
39. Toutes ces choses sont le
livre de vie, l'alhance du Très-
Haut et la connaissance de la vé-
rité.
33. Moïse a donné la loi avec
des préceptes de justice, et l'hé-
ritage pour la maison de Jacob,
et les promesses faites à Israél.
34. Dieu a promis à David son
serviteur, de faire sortir delui un
roi trés puissant et qui doit étre
assis sur un tróne d'honneur éter-
nellement;
39. Qui répand la sagesse,
comme le Phison 765 eaux, et
comme le Tigre, aux jours des
nouveaux fruits;
36. Qui répand l'intelligence,
comme l'Euphrate, et qui s'aceroit
comme le Jourdain au temps de
la moisson ;
37. Qui fait jaillir la science
29. Jean, vr, 35. — 35. Gen., τι, 11. — 36. Jos., πι, 15.
29.* Comme un térébinthe. Le térébinthe est un des arbres les plus grands et les
plus beaux de Palestine.
23. De richesse; ou d'abondance.
21. Le miel et le rayon; pour le rayon de miel; figure grammaticale dont la Bible
fournit un certain nombre d'exemples.
29. Ceux qui me mangent, etc. La sagesse, considérée comme nourriture, quelque
succulente, quelque solide qu'elle soit, loin de fatiguer l'estomae, laisse toujours un
goüt et un appétit nouveaux.
31. Qui m'éclaircissent; qui me font connaitre, qui m'enseignent aux autres.
Compar. Daniel, xu, 3.
34. Un roi très puissant; Salomon; mais, dans un sens plus relevé, Jésus-Christ,
dont Salomon était la figure. Jésus-Christ, né de David selon la chair, dont le régne
est éternel et la sagesse infinie.
35-36. * Le Phison, le Tigre, l'Euphrate, fleuves du paradis terrestre. Le Tigre arro-
sait Ninive, l'Euphrate Babylone. Ces deux derniers fleuves grossissent considérable-
ment aux jours des nouveaux fruits, c'est-à-dire au mois de mars.
36. * Le Jourdain grossit aussi au temps de la moisson, Josué, nr, 15, parce que
c'est alors que les neiges de l'Hermon fondent en plus grande abondance.
31. * Comme la lumière. Le texte original devait porter Yehor, mot par lequel la
langue hébraïque désignait le Nil. Le contexte réclame ici un nom de fleuve, L'inon-
[cn. xxv.]
comme la lumiere, et qui fournit
ses eaux,comme le Géhonau jour
de la vendange.
38. C'est lui qui le premier l'a
parfaitement connue, et l’Aomme
plus faible ne la pénétrera point.
39. Car sa pensée est plus abon-
dante que la mer, et son conseil
esl plus profond que le grand
abime.
40. Moi, la sagesse, j'ai répandu
des fleuves.
41. Moi, comme le courant de
l'eauimmensed' unfleuve,comme
le canal d'un fleuve et comme un
aqueduc, je suis sortie du Pa-
radis.
49. J'ai dit : J'arroserai mon
jardin de plantations, et j'enivre-
rai le fruit de ma prairie.
49. Et voilà que mon courant
est devenu abondant, et mon
fleuve a approché d'une mer;
44. Parce que je fais briller la
doctrine pour tous, comme 18 10-
mière du matin, et je l'expliquerai
jusqu'au loin.
45. Je pénétrerai dans toutes
les parties inférieures dela terre,
je porterai mes regards sur tous
ceux qui dorment, et j'éclairerai
47. Infra, xxxii, 18.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1403
tous ceux qui espèrent dans le
Seigneur.
46. Je répandrai encore ma
doctrine comme une prophétie,
et je la laisserai à ceux qui cher-
chent la sagesse, et je ne ces-
serai pas de les instruire dans
leurs générations jusqu'au siècle
saint.
41. Voyez que je n'ai pas tra-
vaillé pour moi seul, mais pour
tous ceux qui recherchent la vé-
rité.
CHAPITRE XXV.
Trois choses agréables et trois détes-
tables. Acquérir de bonne heure la sa-
gesse. Neuf choses qui paraissent heu-
reuses. Avantages de la crainte de Dieu.
La malice de la femme est le plus in-
supportable des maux.
1. Mon esprit se plait en trois
choses qui sort approuvées de-
vant Dieu et devant les hommes:
2. L'union des freres; l'amour
des proches; un mari et une
femme qui s'accordent bien en-
semble.
3.Il y a trois sortes de personnes
quehait monàme, etj'aibeaucoup
de peine à supporter leur àme;
4. Un pauvre superbe, un riche
' dation du Nil se produit au jour de la vendange, en septembre et octobre. — Le Géhon
est le quatriéme fleuve du paradis terrestre.
38. L'a parfailement connue (c'est-à-dire (a sagesse), littér. a perfectionné de la con-
naitre. Voy., sur cet hébraisme, pag. 342, 20.
39. Plus que. C'est par un hébraisme encore que l'a ab de la Vulgate, et l'apo des
Septante signifie p/us que, ici, comme en bien d'autres passages.
41. " Allusion aux quatre fleuves du paradis terrestre. — Un aqueduc amenait à
Jérusalem les eaux provenant de la Fontaine Scellée. Voir Cantique, 1v, 12.
44. Jusqu'au loin (usque ad longinquum); expression qui, comme dans le texte
grec, peut s'entendre des temps et des lieux.
41. Pour moi seul. C'est l'auteur qui parle ici comme plus bas, זואאא 18; dans les
deux endroits, le texte grec porte seul au masculin.
3. Leur dme; dans le grec leur vie. Nous avons déjà remarqué, plus d'une fois,
que l'àme, étant le principe vital et la portion la plus noble de notre étre, les Hébreux
l'employaient pour exprimer. tantôt la vie et tantôt la personne, l'individu.
1494
menteur, un vieillard hébété et
insensé.
9. Ce que dans ta jeunesse tu
n'as pas recueilli, comment, dans
ta vieillesse, le trouveras-tu ?
6. Qu'il est beau à la vieillesse
de bien juger, et aux vieillards de
savoir conseiller!
7. Qu'elle est belle, la sagesse
dans les Aommes d'un âge avan-
cé, et l'intelligence et le conseil
dans ceux qui sont élevés en
gloire!
8. La couronne des vieillards
est une grande expérience, et
leur gloire la crainte de Dieu.
9. J'ai concu beaucoup d'estime
pour neuf choses que le cœur ne
saurait soupconner, etla dixième,
je la dirai de vive voix aux hom-
mes :
10. Un homme qui met sa joie
en ses fils, vivant et voyant la
subversion de ses ennemis.
11. Heureux celui qui habite
avec une femme sensée, qui n'est
pas tombé par salangue, et qui n'a
pas servi des hommes indignes de
lui.
19. Bienheureux celui qui a
irouvé un ami vrai, et qui parle
de la justice à une oreille qui l'é-
coute!
13. Qu'il est grand, celui qui a
trouvé la sagesse et la science!
mais il n'est pas au-dessus de ce-
lui qui craint le Seigneur.
14. La crainte de Dieu s'éleve
au-dessus de toutes choses.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cH. xxv.]
15. Bienheureux l'homme à qui
il a été donné d'avoir la crainte
de Dieu! celui qui la possede, à
qui sera-t-il comparé ?
16. La crainte de Dieu est le
commencement de son amour;
et le commencement de la foi
doit y être joint inséparable-
ment.
17. Toute plaie est une tristesse
de cœur, et toute malice est la
méchanceté de la femme.
18. Et l’homme verra patiem-
ment toute plaie, mais non la
plaie du cœur;
19. Et toute méchanceté, mais
non la malice de la femme ;
90. Et toute affliction, mais non
l'affiction causée par ceux qui
nous haissent ;
91. Et toute vengeance, mais
non la vengeance des ennemis.
22. Il n'y a point de tête plus
méchante que la téte d'un ser-
pent;
93. Et il n'y a point de colère
au-dessus de la colère d'une fem-
me. Habiter avec un lion et un
dragon sera plus agréable que
d'habiter avec une femme mé-
chante.
24. La méchanceté de la femme
change sa face, obscurcit son vi-
sage comme celui d'un ours, et
le fait paraitre comme un sac.
95. Àu milieu de ses proches a'
gémi son mari, et, entendant les
bruits sur sa femme, il soupire
tout doucement.
Car, XXV. 11. Infra, xxvi, 1; Supra, xiv, 1; xix, 16; Jac., 11, 2. — 23. Prov., xxt, 19.
9. De vive voix; littér. par /a langue; un des organes vocaux.
24. Elle obscurcit, etc.; c'est-à-dire qu'elle prend, comme un ours, un regard
sombre et farouche. — Comme un sac. Le sac ou cilice qu'on ne portait que dans le
deuil, la pénitence et une extréme pauvreté, était fait de poils de chameau ou de
chévre, mais toujours de couleur noire ou brune.
[cu. xxvi.)
96. Toute malice est légère au-
pres de la malice d'une femme;
que le sort des pécheurs tombe
sur elle.
97. Comme est une montée sa-
blonneuse pour les pieds d'un
vieillard, ainsi est une femme à la
langue bien affilée pour un hom-
me paisible.
98. Ne considère point la beauté
d’une femme, et ne désire point
une femme pour la beauté.
29. La colère d'une femme, son
audace, et sa confusion, sont
grandes.
30. La femme, si elle a l'au-
torité, elle est contraire à son
mari.
31. Cœur bas, visage triste, et
plaie de cœur, voila la femme
méchante.
39. Mains débiles et genoux
faibles, voila la femme qui ne
rend pas son mari heureux.
33. C'est par la femme qu'a eu
lieu le commencement du péché,
etc'est par elle que nous mourons
tous.
34. Ne donne pas à ton eau une
ouverture méme petite, ni à une
méchante femme la liberté de se
proauire.
95. Si elle ne marche au signe
de ta main, elle te confondra en
présence de tes ennemis.
80. Sépare-toi de corps d'avec
elle, de peur qu'elle n'abuse tou-
jours de toi.
28. Infra, xri, 6. — 33. Genèse, 111, 6.
L'ECCLESIASTIQUÉ.
1495
CHAPITRE XXVI.
Bonheur de l'homme qui a une temme
de bien; malheur de celui qui en a une
vicieuse. De la fille effrontée. De la
femme vertueuse. Trois choses affli-
geantes.
1. Bienheureux le mari d'une
femme de bien, car le nombre de
ses années est doublé.
2. Lafemme forte faitla joie de
son mari, et les années de sa vie,
elle les remplira de paix.
3. C'est un bon partage qu'une
femme de bien ; dans le partage
de ceux qui craignent Dieu, elle.
sera donnée à un homme pour
ses bonnes actions.
4. Or, du riche et du pauvre le
cœur sera content, et en tout
temps leur visage sera gai.
9. Mon cœur a redouté trois cho-
ses, et à la quatrième, ma face à
pâli de frayeur :
6. La délation d'une cité, le ras-
semblement d'un peuple;
7. La calomnie mensongère ;
toutes choses plus redoutables
que la mort;
8. C'est une douleur de cœur
et un deuil qu'une femme ja-
louse.
9. Dans une femme jalouse, la
langue est un fléau qui se commu-
nique à tous.
10. Comme un joug de bœufs
vacillant, ainsi est une femme
méchante ; celui qui la possède
2. La femme forie. Compar. Prov., xxxi, 10 et suiv.
6. La délation d'une cité; lorsqu'une cité tout entière accuse calomnieusement quel-
qu'un devant les juges. — Le rassemblement séditieux.
10. Un joug, etc. Les anciens n'attachaient pas le joug sur la téte ou aux cornes
des bœufs, mais sur leur cou; lorsqu'il n'était pas bien attaché, il remuait, vacillait.
— * Un scorpion. Le scorpion a l'extrémité de sa queue armée d'un dard dont la pi-
qüre envenimée est mortelle en Orient.
1496
est comme celui qui saisit un
scorpion.
11. La femme qui s'enivre est
le sujet d'une grande colère; son
affront et sa turpitude ne seront
pas cachés.
12. La fornication d'une femme
se reconnaitra à ses yeux altiers,
el à ses paupières.
13. Sur la jeune fille qui ne dé-
tourne pas sa vue des hommes,
veille avec un soin constant, de
peur que, l’occasion se trouvant,
elle ne se perde elle-même.
14. Défie-toi de toute immo-
destie de ses yeux, et ne t'étonne
pas si elle te néglige;
15. Comme le voyageur altéré,
pres d'une fontaine, ouvre sa
bouche, elle boira de toule eau
voisine, et contre tout poteau elle
s'asseyera, et à toute fleche elle
ouvrira son carquois, jusqu'à ce
qu'elle défaille.
16. La grâce d'une femme soi-
gneuse réjouira son mari et en-
graissera ses os.
17. Sa bonne conduite est un
don de Dieu.
18. Quant à la femme sensée
el silencieuse, il n'y a pas d'é-
change possible contre son âme
instruite.
19. Grâce sur grâce est la fem-
me sainte et pudique.
Cuap. XXVI. 13. Infra, ,הצא
L'ECCLESIASTIQUE.
[cH. xxvi.]
20. Mais il n'est aucun poids
qui contre-balance une âme con-
linente.
21. Comme est le soleil levant
pour le monde au plus haut des
cieux, habitation de Dieu, ainsi
est la beauté d'une femme de
bien pour l'ornement de sa mai-
son.
22. Lalampe brille sur le chan-
delier saint, et la beauté du vi-
sage dans l'áge florissant.
23. Des colonnes d'or sont sur
des bases d'argent, et des pieds
fermes sur la plante d'une femme
solide.
24. Des fondements éternels
sont sur une pierre ferme, et les
commandements de Dieu dans le
cœur d'une femme sainte.
25. Par deux choses a été con-
tristé mon cœur, et par la troi-
sieme le courroux m'est venu.
26. Un homme de guerre péris-
sant par l'indigence, etun homme
sensé méprisé; |
97. Et celui qui passe de la
justice au péché, Dieu l'a réservé
pour l'épée à deux tranchants.
98. Deux choses m'ont paru
difficiles et dangereuses; diffici-
lement le négociant est exempt
de négligence, et l'aubergiste ne
sera pas juslifié des péchés des
lèvres.
19. La fornication, etc. Voy. Isaïe, m, 16; IL Pierre, τι, 14.
15. Poteau; ou pieu. On doit entendre par là les pieux auxquels on attachait les
tentes.
18. Quant à; est nécessairement sous-entendu, parce que l'expression la femme
sensée et silencieuse est un véritable nominatif absolu. Voy. ce qui en a été dit,
pag. 341, 19. Faute d'avoir compris ou rappelé cet hébraisme, les traducteurs francais
ont faussé le sens du verset.
22. * Le chandelier saint; le candélabre à sept branches du temple.
23. Le sens est que la femme vertueuse demeure ferme et inébranlable comme des
colonnes d'or sur des bases d'argent.
28. Des péchés des lévres; c'est-à-dire des mensonges.
[cu. xx vir.]
CHAPITRE XXVII.
le désir des richesses, source de péché.
Les paroles de l'homme découvrent son
cœur. Avantage de la justice. Entre-
tiens des pécheurs insupportables. Ré-
véler ies secrets, c'est éteindre entière-
ment l'amitié. Le fourbe hai de Dieu et
des hommes.
1. A cause de l’indigence, beau-
coup ont péché; et celui qui
cherche à s'enrichir détourne son
œil.
2. Comme au milieu d’une join-
ture de pierres, un pieu est en-
foncé, ainsi aussi entre la vente
et l'achat, le péché sera resserré.
3. Avec le pécheur sera brisé le
péché.
4. Si dans la crainte du Sei-
gneur tu ne te tiens fortement,
bientôt sera renversée La maison.
5. Comme par l'agitation du
crible, la poussière seule restera,
ainsi la perplexité de l'homme
restera dans sa pensée.
6. La fournaise éprouve les
vases du potier, et l'atteinte de
la tribulation,les hommes justes.
7. Comme la culture de l'arbre
en montre le fruit, ainsi en est-il
dela parole qui vient dela pensée
du cœur de l'homme.
8. Avant son discours ne loue
pas un homme; car c'est là l'é-
preuve des humains.
9. Si tu suis la justice, tu l'at-
teindras; et tu t'en revétiras
L'ECCLESIASTIQUE.
1197
comme d'une robe d'honneur, et
tu habiteras avec elle, et elle te
protégera à jamais, et au jour de
la reconnaissance tu trouveras un
appui.
10. Les volatiles viennent vers
leurs semblables, et la vérité re-
tourne à ceux qui la pratiquent.
11. Le lion guette toujours le
gibier dans une embuscade; ainsi
les péchés guettent ceux qui opè-
rent des iniquilés.
12. L'homme saint demeure
dans la sagesse, comme le soleil;
mais l'insensé est changeant com-
me la lune.
13. Au milieu des insensés,
garde tes paroles pour un autre
temps; mais au milieu des hommes
qui pensent sois assidu.
14. Le discours des pécheurs
est odieux, et leur contentement
est dans les délices du péché.
15. Un langage plein de jure-
ments fera dresser les cheveux
sur la tête, etson irrévérence fera
boucher les oreilles.
16. L'effusion du sang suit la
querelle des superbes, et leurs
malédictions sont pénibles à en-
tendre.
11. Celui qui dévoile les secrets
d'un ami perd sa confiance, et il
ne trouvera pas d'ami selon son
cœur.
18. Aime ton prochain, et sois
uni à lui avec fidélité.
1. Délourne son œil, son regard de la loi de Dieu, de la vertu, de ses devoirs.
5. La poussière; dans le grec, l’ordure.
7. La culture, etc.; c'est-à-dire que le soin qu'on prend d'un arbre parait dans son
fruit; on connait si un arbre a été bien ou mal cultivé par le fruit qu'il produit. —
Ainsi en est-il, etc.; ainsi la parole, fruit de la pensée du cœur de l'homme, fait con-
naitre ce qu'elle est.
8. Car c'est là, etc.; c'est par leurs discours qu'on éprouve, qu'on connait les
hommes.
9. Au jour de la reconnaissance (in die agnitionis); c'est-à-dire au jour où Dieu
connaitra des bonnes et des mauvaises actions des hommes, au jour du jugemeut.
1498
19. Que 51 tu dévoiles les choses
qu'il tient cachées, tu ne courras
pas apres lui.
20. Car comme est un homme
qui détruit son ami, ainsi aussi
est celui qui détruit l'amitié de
son prochain.
9|. Et comme celui qui laisse
aller un oiseau de sa main, ainsi
tu as abandonné ton prochain, et
tu ne le prendras plus.
29. Ne le suis pas, parce qu'il
estloin; car il a fui comme une
chevre échappée du filet, parce
que son àme a été blessée.
93. Tu ne pourras plus le ban-
der. Méme apres la malédiction
il y a lieu àla concorde;
24. Mais dévoiler les secrets
d'un ami, c'est le désespoir dune
àme malheureuse.
95. Celui qui cligne les yeux
machine des choses iniques, et
personne ne se défendra de lui;
96. En présence de tes yeux, il
maitrisera sa bouche, et 11 admi-
rera tes discours; mais à la fin il
retournera sa bouche, et devant
tes paroles il mettra une pierre
d'achoppement.
97.Je hais bien des choses, mais
non à l'égal de lui, etle Seigneur
le haira.
98.Si quelqu'un jette une pierre
L'ECCLÉSIASTIQUE.
xxvr.] .אס]
en haut, c'est sur sa téte qu'elle
retombera ; et une plaie faite par
trahison partagera les blessures
du traitre.
29. Et celui qui creuse une
fosse y tombera, et celui qui met
une pierre devant son prochain
s'y heurtera ; et celui qui tend un
piège à un autre y périra.
30. Celui qui forme un projet
criminel le verra retourner contre
lui, et il ne reconnaitra pas d'oü
il lui vient.
31. La raillerie et l'affront sont
le propre des superbes, mais la
vengeance comme un lionles sur-
prendra.
32. Dans un lacs ils périront,
ceux qui se réjouissent de la
chute des justes; mais la dou-
leur les consumera avant qu'ils
meurent.
33. La colere et la fureur sont
lune et l’autre exécrables; et
l'homme pécheur les conservera
en lui.
CHAPITRE XXVIII.
Ne point se venger. Eviter les querelles.
Maux que cause la langue. Ne pas écou-
ter les médisants. Veiller sur ses pa-
roles.
1. Gelui qui veut se venger
rencontrera la vengeance venant
(βαρ. XXVIII. 1. Deut., xxxi, 35; Matt., vi, 14; Marc, xr, 25; Rom., xri, 19,
———————————————M————————————————————————————————————
19. Tu ne courras pas aprés lui; c'est en vain que tu chercherais à recouvrer son
amitié.
24. C'est le désespoir, etc. Lorsqu'une personne a été assez malheureuse pour dé-
voiler les secrets d'un ami, il ne lui reste aucun espoir de retour.
35. Qui cligne les yeux; en signe d'approbation et de flatterie.
26. En présence, etc.; devant toi, il n'aura d'abord à la bouche que des paroles
mielleuses. — 17 retournera sa bouche; 11 changera de langage.
21. Non à l'égal de lui; littér. je n'ai égalé à lui; c'est-à-dire je ne hais rien au
monde autant que lui.
28. Parlagera les blessures; parce que le traître, en blessant celui qu'il frappe par
trahison, se blesse aussi lui-méme.
4. Réservant, véservera; pour réservera avec le plus grand soin, entièrement. Voy.
p , ,
[cu. χχνπι.
du Seigneur, et 16 Seigneur ré-
servant, réservera ses péchés.
2. Pardonne à ton prochain qui
te nuit, et lorsque tu prieras, tes
péchés seront effacés.
3. Un homme réserve sa colere
pour un homme, et il demande à
Dieu sa guérison?
4. Pour un homme semblable
à lui, il n'a pas de compassion, et
pour ses propres péchés, il prie
avec instance?
5. Lui, qui est chair. garde sa
colere, et il demande à Dieu de
lui étre propice? qui priera pour
ses péchés?
6. Souviens-toi de tes fins der-
nieres, et cesse tes inimitiés :
7. Car le dépérissement et la
mort sont une menace dans ses
commandements.
8. Souviens-toi dela crainte de
Dieu, et ne te mets pas en colere
contre ton prochain.
9. Souviens-toi de l'alliance du
Tres-Haut, et ne considère pas
l'ignorance de ton frere.
10. Evite la dispute, et tu dimi-
nueras les péchés ;
41. Car l'hemme colere allume
la dispute, etle pécheur troublera
les amis, et au milieu de ceux
qui vivent en paix illancera l'ini-
mitié.
12. Selon le bois de la forét,
ainsi le feu s'embrase; et selon
la puissance de l'homme, ainsi
sera son courroux; et selon sa
richesse, il exaltera sa colere.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1499
13. Une lutte précipitée allume
le feu ; une dispute précipitée ré-
pand le sang; et la langue qui
rend un témoignage amène la
mort.
14. Si tu souffles sur une étin-
celle, comme un feu elle s'em-
brasera ; etsi tu craches sur elle,
elle s'éteindra; l'un et l’autre
viennent de la bouche.
15. Le délateur et l'homme à
deux langues, est maudit ; car il
troubiera beaucoup de personnes
qui vivent en paix.
16. La langue d'un tiers a sou-
levé beaucoup d'hommes, 6165 a
dispersés de nation en nation.
11. Elle a détruit les cités mu-
rées, pleines des riches, et les a
renversées par les fondements.
18. Elle a taillé en pieces les
armées des peuples, et elle a dé-
fait des nations puissantes.
19. La langue d'un tiers a fait
répudier des femmes fortes, et
les a privées du fruit de leurs tra-
vaux.
20. Celui qui y a égard n'aura
pas de tranquillité ; il n'aura pas
non plus d'ami en qui il se repose.
21. Le coup du fouet fait une
meurtrissure; mais un coup de
langue brisera les os.
22. Beaucoup sont tombés par
le tranchant du glaive ; mais non
pas en aussi grand nombre que
ceux qui ont péri par leur propre
langue.
23. Bienheureux celui qui est à
sur cet hébraisme, pag. 342, 29; et sur l'ensemble du verset, Deulér., xxxu, 35;
Matth., vx, 44; Marc, xr, 25; Rom., xu, 19.
71. Sont une inenace dans les commandements; contre ceux qui n'observent pas ces
commandements.
13. Un témoignage faux.
19. Des femmes fortes; c'est-à-dire ayant toutes les qualités qui font une femme
vertueuse, accomplie.
1500
couvert d'une langue méchante,
qui n’a pas passé par son cour-
roux, qui sur 807 n'a pas attiré son
joug, et dans ses chaiues n'a pas
été lié ;
24. Car son joug est un joug
de fer; et ses fers, des chaines
d'airain.
25. La mort qu'elle donne est
une mort détestable, et l'enfer est
plutót avantageux qu'elle.
26. Sa durée ne se prolongera
pas toujours ; mais elle possédera
les voies des injustes, et avec sa
flamme elle ne brülera pas les
justes.
27. Ceux qui abandonnent Dieu
tomberont en son pouvoir ; elle
brülera en eux, et ne s'éteindra
pas ; elle sera lancée contre eux,
comme un lion, et comme un
léopard elle les déchirera.
28. Entoure tes oreilles d'une
haie d'épines, et n'écoute pas la
langue méchante; et à ta bou-
che mels des portes et des ser-
rures.
29. Fonds ton or et ton argent,
et pour tes paroles, fais une ba-
lance et un frein qui à ta bouche
s'ajuste bien;
30. Et sois attentif de peur que
tu ne failles par la langue, que
tu ne tombes en présence de tes
ennemis qui t'épient, et que ta
chute ne soit incurable jusqu'à
la mort.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cu. xxix.]
CHAPITRE XXIX.
Préter à son prochain. Ingratitude de ceux
qui empruntent. Faire l'aumóne. Ré-
pondre pour son prochain. Danger
d'étre caution. Choses nécessaires à la
vie. Hótes ingrats.
1. Gelui qui fait miséricorde
préte à intérét à son prochain ;
et celui qui prévaut par la main
garde les commandements.
2. Prête à ton prochain au |
temps de sa nécessité ; mais aussi
rends au prochain en son temps. ;
3. Maintiens ta parole et agis'
fidèlement avec lui; et en tout
temps tu trouveras ce qui t'est
nécessaire.
4.Beaucoupont regardé comme
chose trouvée ce qu'ils emprun-
taient ; et ils ont fait de la peine
à ceux qui les avaient secourus.
ὃ. Jusqu'à ce qu'ils recoivent,
ils baisent les mains de celui qui
donne; et dans leurs promesses
ils humilient leur voix ;
6. Et au temps de la reddition,
il demandera du temps, et il dira
des paroles d'ennui et de mur-
mure, et le temps sera allégué
comme cause ;
1. Mais, s'il peut rendre, il s'en
défendra, puis il rendra à peine
la moitié de la totalité et il con--
sidérera cela comme une chose
trouvée :
8. Sinon, il le privera fraudu-
25. L'enfer (infernus) proprement dit, et nullement le tombeau. Voy. א 11.
1. Préte à intérét (fœneratur); parce que Dieu le lui rend avec usure. Compar.
Prov., xix, 17. — Prévaut par la main (praevalet manu); c'est-à-dire donne à pleines
mains, largement. — Garde les commandements. La charité est en effet le premier des
préceptes qui regardent le prochain.
6. Il. Ce singulier, qui se répéte dans les versets suivants, est mis pour chacun
d'euz, hébraisme, que nous avons déjà fait remarquer.
1. Comme une chose trouvée; c'est-à-dire comme lui étant acquise, comme lui ap-
partenant.
[c. xxix.]
leusement de son argent, et il en
fera son ennemi gratuitement;
9. Et il lui rendra des injures
et des malédietions; et pour l'hon-
neur etle bien qu'il en a reçus, il
lui rendra l'outrage.
10. Beaucoup, non pour un
mauvais motif, n'ont pas prêté,
mais ils ont craint d’être trompés
gratuitement.
11. Cependant, envers le misé-
rable, sois plus généreux, et pour
ton aumóne, ne le traine pas en
longueur.
19. A cause ducommandement,
prends soin du pauvre; à cause
de son indigence, ne le renvoie
pas les mains vides.
13. Perds ton argent pour ton
frere et ton ami; et ne le cache
pas sous une pierre pour étre
perdu.
14. Mets ton trésor dans les pré-
ceptes du Très-Haut, et il te sera
plus utile que l'or.
15. Renferme l'aumóne dans le
cœur du pauvre, et cette aumóne
priera pour toi, e£ te préservera de
tout mal.
16.17. 18. Mieux que le bouclier
d'un guerrier puissant, et mieux
que la lance, contre ton ennemi
elle combattra.
19. L'homme de bien répond
pour son prochain, et celui qui a
L'ECCLESIASTIQUE.
1501
perdu £oute honte l'abandonne à
lui-méme.
20. N'oublie pas la faveur de ce-
lui qui répond pour toi, car il a
exposé pour toi son àme.
21. Le pécheur etl'impur fuient
leur répondant.
22. Le pécheur s'attribue le
bien de son répondant, et ingrat
de cœur, 11 abandonnera son libé-
rateur.
23. Un homme répond pour son
prochain, et celui-ci manquant
d'égards, l'abandonnera.
24. Une caution mauvaise a
perdu beaucoup de gens qui diri-
geaient bien leurs affaires, et les
ἃ agités comme un flot de la mer.
25. Ellea fait émigrertouràtour
des hommes puissants, et ils ont
erré parmiles nations étrangères.
26. Le pécheur qui transgresse
le commandement du Seigneur,
s'engageradans une caution mau-
valise; et celui qui s'efforce de
faire beaucoup de choses, tom-
bera dans les jugements.
27. Aide le prochain selon ton
pouvoir, et prends garde à toi, de
peur que tu ne tombes.
28. Le commencement de la vie
de l'homme est l'eau, le pain, le
vétement, et une maison qui cou-
vre sa nudité.
29. Mieux vaut la nourriture du
Cuap. XXIX. 15. Tobie, 1v, 11; Supra, xvii, 18. — 28. Infra, xxxix, 3l.
15, Et te préservera; ces mots sont incontestablement sous-entendus, car de tout
mal (ab omni malo) ne saurait être le complément du verbe priera (exorabil). Voy.,
pag. 342, 20, ce quia été dit sur ce genre de construction appelé, en termes de gram-
maire hébraïque, construction prégnante.
20. Son âme; c'est-à-dire sa vie. Il y a des cautionnements pour de l'argent et une
dette, mais il y en a aussi qui regardent la personne, et où il y va de la vie. C'est
de ce dernier cautionnement qu'il s'agit ici. Compar. III Rois, xx, 39
23. L'abandonnera; en le laissant payer pour lui.
26. Les jugements; les procès.
28. Le commencement; le principal. Compar., xxxix, 34.
1502
pauvre sous un toit d'ais, qu'un
festin magnifique dans une mai-
son étrangere pour celui qui est
sans domicile.
30. Qu'un trés petit bien au
lieu d'un grand te contente, et
tu n'entendras pas le reproche
d'étre un étranger.
31. C'est une vie misérable
d'aller comme un hóte, de mai-
son en maison; parlout oü un
homme sera comme hóte, il n'a-
gira point avec confiance, et il
n'ouvrira pas la bouche.
32. Il y sera comme hôte, et il
donnera à manger et à boire à des
ingrals ; et outre cela, il entendra
des paroles amères.
33. Passe là, hóte, dresse la
table, et ce que tu as à la main,
donne-le à manger aux autres.
34. Retire-toi à cause de l'hon-
neur que je dois faire à mes amis;
jai besoin de ma maison ; mon
frère est devenu mon hôte.
35. Voici des choses pénibles à
un homme qui a du sentiment : le
reproche dela maison, et l'insulte
d'un créancier.
CHAPITRE XXX.
Chátier ses enfants; utilité de la bonne
éducation qu'on leur donne. Avantages
de la santé. Maux qui sont les suites
de la tristesse.
1. Celui qui aime son fils le
68116 fréquemment, afin qu'il
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cu. xxx.]
s'en réjouisse dans son dernier
temps, et qu'il ne frappe pas à la
porte de ses voisins.
2. Celui qui instruit son fils sera
loué à cause de lui, et au milieu
de ses proches il se glorifiera en
lui.
3. Celui qui instruit son fils
jette son ennemi dans la jalousie;
et, au milieu de ses amis, il se
glorifiera en lui. |
4. Son père meurt, et il ne
semble pas mort; car il a laissé
apres lui un semblable à lui-
méme.
5. Durant sa vie, il l'a vu, et il
s'est réjoui en lui; à sa mort il n'a
pas été contristé, et il n'a pas été
confondu devant ses ennemis.
6. Car il a laissé un défenseur
de sa maison contre ses ennemis,
el quelqu'un qui montrera de la
reconnaissance envers ses amis.
7. Pour les àmes de ses fils il
bandera ses propres plaies; et à
chaque parole ses entrailles se-
ront émues.
8. Un cheval indompté devjent
intraitable, et l'enfant abandonné
à lui-méme devient téméraire.
9. Délicate ton fils, et il te rem-
plira d'effroi; joue avec lui, et il
te contristera.
10. Ne ris pas avec lui, de peur
que tu n'en aies de la douleur, et
qu'àla fin tes dents ne deviennent
immobiles.
| Cap. XXX. 1. Prov., xii, 24; xxii, 19. — 3. Deut., vi, 7.
t € i MM —— ————————
30. Qu'un trés pelit, etc.; c'est-à-dire si pour vivre tu te contentes de trés peu, tu
ne seras pas obligé d'aller chercher ton existence dans une maison étrangère, et par
conséquent de t'y entendre traiter d'étranger.
33. Donne-le, etc.; sers les autres à table.
4. Dans son dernier lemps; c'est-à-dire dans la dernière partie de sa vie, plus tard,
Compar. Prov., xir, 24; xxur, 13-14.
10. Ne deviennent immobiles ou insensibles: selon le grec, ne claquent. Par hé-
braisme, le futur de la Vulgate obslupescent est mis pour 16 subjonctif obstupescant,
[ca. xxxr.]
11. Nelui donne pas de pouvoir
dans sa jeunesse, et ne néglige
pas ses pensées.
12. Courbe sa téte dans sa jeu-
nesse, et frappe ses cótes de
verges, tandis qu'il est enfant, de
peur qu'il ne s'endurcisse et qu'il
ne croie pas en toi; et la douleur
sera dans ton àme.
13. Instruis ton fils, et agis sur
Jui, de peur que tu ne te heurtes
contre sa turpitude.
14. Vaut mieux un pauvre plein
de forces, qu'un riche languissant
et tourmenté, affligé par la ma-
ladie.
15. La santé de l'àme est dans
la sainteté de la justice, elle vaut
mieux que tout l'or et l'argent;
et un corps robuste mieux qu'une
richesse immense.
16.11 n'estpoint de richesses au-
dessus de la richesse de la santé
du corps; et il n'est point de plai-
sir au-dessus de la joie du cœur.
47. Vaut mieux la mort qu'une
vie amére, et le repos éternel
qu'une langueur persévérante.
18. Des biens cachés dans une
bouche fermée, sont comme les
appréts d'un festin fait autour
d'un sépulcre.
19. Que servira une oblalion à
une idole? car elle ne pourra en
manger, ni en respirer l'odeur;
20. Ainsi est celui qui est
chassé par le Seigneur, portant le
prix de son iniquité ;
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1508
21. Voyant de ses yeux et gé-
missant comme un eunuque em-
brassant une vierge et soupirant.
22. Ne donne pas de tristesse à
ton àme, et ne t'afflige pas toi-
méme en tes pensées.
23. La joie du cœur, c'est la vie
de l'homme et un trésor inépui-
sable de sainteté; et l'exultation
de l'homme est sa longévité.
24. Aie pitié de ton âme, en
plaisant à Dieu, et contiens-toi ;
réunis ton cœur dans la sainteté
de Dieu, et chasse la tristesse loin
de toi.
25. Car la tristesse a tué beau-
coup de gens, et il n'y a pas d'a-
vantage en elle.
26. L'envie et 16 courroux abré-
gent les jours, et la pensée ame-
nera la vieillesse avant le temps.
27. Un cœur serein et bon est
dans les festins continuels; car
ses festins se préparent avec soin.
CHAPITRE XXXI.
Fatigues des avares. Heureux le riche qui
est demeuré dans linnocence. Garder
la modestie et la tempérance dans les
festins. User de vin avec sobriété.
1. Veiller pour la richesse des-
sèche la chair, et y penser enlève
le sommeil ;
2. La pensée de l'avenir ren-
verse le sens, et une maladie
grave rend l'àme sobre.
3. Le riche a travaillé pour
amasser son bien, et dans son
12. Supra, vir, 25. — 19. Dan., xiv, 6. — 22. Prov., xu, 25; xv, 13; xvii, 22. —
25. II Cor., vir, 10.
18. Les appréts, etc.; allusion à l'ancienne coutume de mettre des viandes sur 1698
tombeaux. Compar., vir, 37.
23. L'exultation, etc.; une grande joie rend la vie d'un homme plus longue,
271. Bon; c'est-à-dire gai, joyeux, content.
1. La richesse (honestatis). Voy. xui, 2.
1504
repos il sera rassasié de ses ri-
chesses.
4. Le pauvre atravaillé en épar-
gnant sursa propre vie, et à la fin,
il devient privé de tout secours.
5. Celui qui aime l'or ne sera
pas justifié; et celui qui cherche
Ja corruption en sera rempli.
| 6. Beaucoup ont fait des chutes
,à cause de l'or, et leur perte est
' venue de sa beauté.
- 7. C'est un bois d'achoppement
que l'or, pour ceux qui lui sacri-
fient; malheur à ceux qui le re-
cherchent avec ardeur; et tout
insensé périra par lui.
8. Bienheureux le riche qui a
été trouvé sans tache, et qui n'a
point couru après l'or et qui n'a
pas espéré dans l’argent et les
L'ECCLESIASTIQUE.
[cu. xxxr.]
9. Qui est celui-là, et nous le
louerons ? car il a fait des mer-
veilles durant sa vie.
10. Celui qui a été éprouvé par
l'or, et trouvé parfait, à celui-là
sera une gloire éternelle; à lui
qui a pu transgresser et n'a pas
transgressé ; faire 16 malet ne l'a
pas fait;
11. Pour cela ses biens ont été
affermis dans le Seigneur, et ses
aumónes, toute l'assemblée des
saints les racontera.
19. Es-tu assis à une grande
table? n'ouvre pas le premier ta
bouche.
13. Ne dis pas ainsi : Il y a bien
des choses qui sont sur cette
table ; |
14. Souviens-toi qu'un eil mau-
trésors. | vais est funeste.
CnapP. XXXI. 6. Supra, vilt, 3.
5. Celui qui aime l'or, etc. Compar. Prov., xxviu, 20; 1 Timoth., vx, 9, 10.
6. Beaucoup, ete. Compar., vint, 3.
1. C'est un bois d'achoppement jeté malicieusement dans un chemin pour faire
tomber les passants. La méme idée est exprimée plus bas, xxxv, 10, 11, et une sem-
blable dans Jérémie, Lamentations, v, 13, où la Vulgate a parfaitement rendu le verbe
hébreu cáschálou par corruerunt. D'autres l'entendent de /'arbre de la science du
bien et du mal, lequel était dans le paradis terrestre, et qui est devenu, par la faute
de nos premiers parents, un arbre de chute; d'autres des idoles, qui souvent étaient
faites de bois (Isaie, xuiv, 15); car l'avarice est une vraie idolâtrie (EpAés., v, 5; Co-
loss., ur, 5). D'autres, enfin, prétendent simplement que, comme il y a des pierres
qui se trouvent tout naturellement sur le chemin, et qui font tomber lorsqu'on s'y
heurte, il y a de méme sur la voie des bois qui font tomber de la même manière.
Cette dernière interprétation parait plus rigoureusement conforme à la simple ex-
pression du texte, bois d'achoppement; mais la suivante, ceux qui sacrifient, rend la
troisiéme explication assez probable.
11. * L'assemblée des saints, des Israélites fidèles.
14, 15. L'eil mauvais; c'est l'œil d'un homme avare et avide, qui pleure, lorsqu'il
voit manger les autres plus qu'il ne voudrait, regardant cela comme une dépense
superflue. C'est dans ce méme esprit d'avarice que Judas se plaignit si amérement
de ce que Marie, sœur de Lazare, oignaitles pieds de Jésus avec un parfum de grand
prix. — Lorsqu'il verra; selon le grec : Là où il regardera; ct suivant la version
Sixtine : Partout où il regardera. Dans l'un et dans l'autre textes, ces mots font partie
du verset suivant; dans l'édition latine de Turin, que nous suivons et qui a été ap-
prouvée par le Saint-Siège, ils sont rangés dans le 15e, mais la ponctuation les rat-
tache au 16e; de maniére que le sens parait étre : Sur les mets sur lesquels il fixera
ses yeux, ne porte pas la main le premier, de peur que par des maniéres ou des
paroles insinuantes, inspirées par l'envie, il ne te fasse passer pour un indiscret et
un gourmand, ce qui te flétrirait aux yeux des convives, et te couvrirait de con-
fusion,
(cit. xxx1.]
15. Qu'a-Lil été créé de plus
mauvais que l'ail? c'est pour cela
qu'il pleurera de toute sa force :
lorsqu'il verra,
16. N'étends pas ta main le pre-
mier, de peur que flétri par l'en-
vie, tu n'aies à rougir.
17. Ne t’empresse pas dans un
festin.
18. Juge les choses qui regar-
dent ton prochain d’après toi-
même ;
19. Use comme un homme tem-
pérant de ce qui t'est servi, de
peur que mangeant beaucoup tu
ne te rendes odieux.
20. Cesse le premier par bien-
séance ; et évite l'excès, pour ne
pas choquer.
91. Et si tu t'es assis au milieu
de beaucoup de personnes, n'é-
tends pas le premier ta main sur
la table; ne demande pas le pre-
mier à boire.
22. Combien est suffisant un
peu de vin à un homme bien
élevé? et en dormant tu n'en
seras pas fatigué, et tu ne senti-
ras pas de douleur.
93. L'insomnie, lamaladie noire
et les tranchées à l'homme in-
tempérant ;
24. Un sommeil salutaire à
l'homme sobre. Il dormira jus-
qu'au matin, et son àme en lui s
réjouira. |
30. Judith, xr, 4.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1505
25. Et si tu as été contraint
de manger beaucoup, lève-toi
du milieu des convives, vomis;
et cela te soulagera, et tu n'at-
tireras pas à ton corps une ma-
ladie.
26. Ecoute-moi, mon fils, et ne
me méprise point, et à la fin tu
trouveras mes paroles vraies.
27. Dans toutes tes œuvres sois
diligent, et aucune infirmité ne
tombera sur toi.
28. Les levres de la multitude
béniront celui qui est splendide
dans les repas qu'il donne; et le
témoignage en faveur de sa vé-
rité sera fidèle.
29. Contre le sordide dans les
repas qu'il donne, toute la ville
murmurera; et le témoignage
contre sa sordidité sera fidèle.
30. Ne provoque pas à boire
ceux qui aiment le vin; car le vin
en a perdu beaucoup.
31. Le feu éprouve le fer le pius
dur, de méme le vin bu jusqu'à
l'ivresse fera connaître les cœurs
des superbes.
32. C'est une vie favorable aux
hommes que le vin ów avec so-
briété ; si tu en bois modérément,
tu seras sobre.
33. Quelle est la vie pour celui
qui manque de vin?
34. Qu'est-ce qui nous prive de
la vie? La mort.
20. Cesse le premier de manger.
25.* Conseil médical, qui n'a d'ailleurs rien de commun avec la pratique des Ro-
mains dégénérés, interrompant de cette manière leurs festins par intempérance.
28. De sa vérité; ou de sa justice, de son équité (veritatis illius), ou mieux, selon le
grec et la version Sixtine, selon sa bonté; ce qui est en effet plus conforme au con-
texte.
33. Oui manque de vin; cest le sens de qui minuitur vino, expliqué par le texte
grec, et par les vers. 35-31 de la Vulgate elle-méme. Compar. aussi en faveur de ce
sens. Ps. cur, 15; Prov., xxxt, 6, 7; I Timoth., v, 23.
ὅλο ig
90
1506
35. Le vin a été créé dès le
commencement pour la joie et
non pour l'ivresse.
36. C'est l'exultation de l’âme
et du cœur, que le vin bu modé-
rément.
37. C'est la santé pour l'àme et
pour le corps, que de boire sobre-
ment.
38. Le vin bu en grande quan-
tité produit l'irritation, et la co-
lere, et beaucoup de ruines.
39. C'est l'amertume de l'àme
que le vin bu en grande quantité.
40. L'ardeur de l'ivresse est une
pierre d'achoppement pour l'im-
prudent; elle diminue la force et
fait des blessures.
41. Dans un repas oü on boit du
vin, ne reprends pas ton pro-
chain, et ne le méprise pas dans
sa joie;
42. Ne lui dis pas des paroles de
reproche, et ne le presse pas en
redemandant {on du.
CHAPITRE XXXII.
Comment doivent se conduire dans les
repas, celui qui en a le soin, et les
vieillards et les jeunes gens qui y sont
conviés. Avantages de lacrainte de Dieu.
Ne rien faire sans conseil.
1. Les convives t'ont-ils établi
chef? ne t'élève pas; sois parmi
eux comme l'un d'entre eux.
35. Ps. crm, 15. — 38. Prov., xxxi, 4.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
(cu. xxxir.]
9. Aie soin d'eux, et apres cela
assieds-toi ; tout ton office exercé,
mets-toi à table ;
3. Afin que tu te réjouisses à
cause d'eux, et que tu recoives la
couronne, comme un ornement
de grâce, et que tu obtiennes la
considération de la réunion des
conviés.
4. Parle, toi, plus âgé; car à toi
convient
ὃ. La première parole, dite avec
une exacte sagesse, et n'empéche
pas la musique.
6. Où l'on n'écoute point, ne te
répands pas en discours, et ne
Uéleve point d'une maniere im-
portante dans ta sagesse.
7. Telle la petite gemme, l’es-
carboucle dans un ornement d'or,
tel aussi un concert dans un repas
oü l'on boit du vin.
8. Comme est un cachet d'éme-
raude dans un travail d'or, ainsi
est une troupe de musiciens dans
un repas ott le vin est pris joyeu-
sement et modérément.
9. Ecoute en silence, et pour
ta réserve te viendra la bonne
gráce.
10. Jeune homme, parle à peine
dans ta propre cause.
11. Si tu esinterrogé deux fois,
que ta réponse contienne le prin-
cipal.
1. Les convives, etc. L'auteur sacré de ce livre, qui vivait en Egypte, fait probable-
ment allusion à la coutume, trés ancienne parmi les Grecs, et en vertu de laquelle
‘es convives des festins établissaient un chef ou un roi qui avait soin de tout ce qui
concernait le repas.
| 8. La couronne; on la donnait comme ornement à celui qui était déclaré chef du
4 repas.
4. Parle, etc. Ceci ne regarde plus le chef du festin, ce sont des préceptes généraux
qui regardent tous les convives,
5. N'empéche pas, etc. Le sage ne veut pas que les vieillards troublent par leurs
discours la musique qui s'exécutait pendant les repas.
(cn. χχχι.
19. En peaucoup de choses,
sois comme ignorant, et écoute
en silence et aussi en interro-
geant.
13. Au milieu des grands ne
présume pas de toi-méme; et oü
il y a des vieillards, ne parle pas
beaucoup.
14. La gréle sera précédée de
l'éclair; et la modestie sera pré-
cédée de la onne grâce; et pour
la réserve te viendra la bonne
grâce.
15. Et à l'heure de se lever ne
t'embarrasse point ; mais cours le
premier à ta maison, et là diver-
tis-toi, etlà amuse-toi,
16. Et suis tes conceptions,
mais sans péchés, et sans parole
superbe.
11. Et, dans toutes ces choses,
bénis le Seigneur qui t'a fait, et
t'a enivré de tous ses biens.
18. Celui qui craint le Sei-
gneur recevra sa doctrine; et
ceux qui auront veillé pour le
chercher irouveront sa bénédic-
aon.
19. Celui qui cherche la loi de
Dieu en sera rempli, et celui
qui agit insidieusement, trouvera
une pierre d'achoppement en
elle.
20. Ceux qui craignent le Sei-
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1507
gneur trouveront un jugement
juste, et ils allumeront leurs jus-
lices comme une lumiere.
21. L'homme pécheur évitera
la réprimande, et selon son dé-
sir il trouvera un sujet de compa-
raison ;
22. L'homme de conseil ne dé-
truira pas l'intelligence; l'étran-
ger et le superbe n'aura aucune
crainte,
23. Même aprés qu'il aura agi
par lui seul, sans conseil ; et par
ses propres projels, il sera con-
damné.
24. Mon fils, sans conseil ne
fais rien, et après l'action tu ne te
repentiras pas.
25. Ne va pas dans une voie de
ruine, et tu ne te heurteras pas
contre les pierres; et ne t'engage
pas dans une voie pénible, de
peur de mettre devant ton àme
une pierre d'achoppement.
26. Et garde-toi de tes fils, et
fais attention aux personnes de ta
maison. |
27. Dans toutes tes œuvres,
écoute fidèlement ton âme ; car
c'est garder les commandements.
28. Celui qui croit en Dieu, est
attentif aux commandements ; et
celui qui se confie en lui ne sera
point affaibli.
20. Trouveront, etc.; c'est-à-dire ils obtiendront du Seigneur. — Ils allumeront, etc.
Comme la loi du Seigneur est une lumière qui éclaire leurs pas (Ps. cxvnr, 105), i/s
allumeront, c'est-à-dire ils feront luire, briller leurs œuvres de justice, leurs bonnes
œuvres, devant les hommes, pour leur édification (Matth., v, 16).
21. Il trouvera pour se justifier. — Un sujet de comparaison dans les exemples et la
conduite de ses semblables. Compar. xxi, 1.
22. L'étranger au conseil, celui qui est privé de conseil. Le mot alienus de la Vul-
gate est probablement pour alienus a consilio, par opposition à vir consilii. — N'aura
aucune crainte; littér., et par hébraisme, ne craindra pas la crainte.
23. Par lui seul; littér. avec lui. Le latin cum eo, est ici par un idiotisme commun
surtout à l'Ecclésiastique et à la Sagesse pour secum. D'autres cependant rapportent
le pronom eo à /imorem du verset précédent; en sorte que le sens serait : Méme uprèe
qu'il aura agi avec crainte,
1508
CHAPITRE XXXIII.
Avantage de la crainte de Dieu. Dieu par
son juste jugement reléve les uns et
abaisse les autres. Fin que l'auteur s'est
proposée en écrivant cet ouvrage. Se
conserver l'autorité dans sa famille.
Maniére dont il faut traiter les esclaves.
1. A la rencontre de celui qui
craint le Seigneur, ne viendront
pas les maux ; mais dans la ten-
tation, Dieu le conservera et le
délivrera des maux.
2. Le sage ne hait ni les com-
mandements ni les justices, et il
ne sera pas brisé comme un vais-
seau dans la tempéte.
3. L'homme sensé croit à la loi
de Dieu, et la loi lui est fidèle.
4. Celui qui éclaircit une ques-
tion préparera son discours; et
ayant ainsi prié, il sera exaucé,
il conservera la discipline, et alors
il répondra.
5. Le cœur de linsensé est
comme la roue d'un chariot, et
comme un essieu mobile est sa
pensée.
6. Comme est un étalon, ainsi esé
aussi un ami railleur; sous tous
ceux qui le montent il hennit.
7. Pourquoi un jour l'emporte-
t-il sur un jour, une lumière sur
une lumière, et une année sur
une année, venant tous du soleil?
8. Par la science du Seigneur
L'ECCLÉSIASTIQUE.
(cir. xxxim.]
ils ont été sépares, le soleil ayant
été fait, et conservant le précepte
qu'il a recu.
9. Et il a distingué les temps et
leurs jours de fète, et c'est dans
ces temps qu'on a célébré les
jours de fête, jusqu'à l'heure »2a7-
quee.
10. Parmi eux, Dieu en a élevé
et consacré, et il en a mis dans le
nombre des jours ordinaires. Et
tous les hommes onf été tirés du
sol et de la terre dont Adama été
formé.
11. Dans la grandeur de sa sa-
gesse, Dieu a établi des différen-
ces entre eux, et il a diversifié
leurs voies.
19. Parmi eux il e» a béni et
exalté ; et parmi eux il ez a sanc-
tifié et attaché 8101 ; et parmi eux
il en a maudit et humilié, et il les
a chassés du pays oü ils s'étaient
retirés.
13. Comme l'argile du potier
est dans sa main, pour quil la
faconne et l'arrange ;
14. Toutes les formes qu'elle
prend, sont selon qu'illa dispose ;
ainsi l'homme est dans la main
de celui qui l'a fait, et qui lui ren-
dra selon son 7uste jugement.
15. Contre le mal est le bien, et
contre la mort, la vie; ainsi aussi
contre l'homme juste est le pé-
cheur. Et considère ainsi toutes
(παρ. XXXIII. 5, Supra, xxr, 17. — 10. Genèse, 11, 7. — 13. Rom., 1x, 21.
(go —————————————D
2, Les juslices; c'est-à-dire les préceptes du Seigneur. Compar. Ps. xviii, 8.
8. Séparés; distingués, uniquement par la volonté de Dieu.
10. Du sol et de la terre; hébraisme pour du sol de la terre, du bas fond dela terre.
11. Entre eux; c'est-à-dire entre les hommes, nommés au verset précédent.
412. Du pays où ils s'étaient retirés; c'est le sens de la Vulgate expliquée par les
Septante et la version Sixtine. L'auteur fait probablement allusion aux Chananéens,
chassés par les Israélites, qui s'emparérent de leur pays. Compar. Genèse, x, 18;
Lxod., 111, 8; Deultér., 1, 1, 8.
43, Elles sont deux à deux, etc. Dans la nature, en effet, chaque chose est comme
(en. [.זווצאא
les œuvres du Très-Haut. Elles
sont deux à deux, et l’une contre
l'autre.
16. Et moi, le dernier, je me
suis réveillé, et /e suis comme ce-
lui qui recueille les grains de rai-
sin aprésles vendangeurs.
11. En la bénédiction de Dieu,
moi-méme aussi j'ai espéré, et
comme celui qui vendange, j'ai
rempli le pressoir.
18. Considérez que pour moi
seul je n'ai pas travaillé, mais
pour tous ceux qui recherchent
la science.
19. Ecoutez-moi, grands, et
vous tous, peuples; et vous, chefs
de l'assemblée, prétez l'oreille.
90. A ton fils, et à £a femme, à
ton frere et à {on ami ne donne
pas pouvoir sur toi durant ta vie:
ne donne pas à un autre tes
biens, de peur que tu ne te re-
pentes et que forcé tu ne lui en
demandes avec prière.
21. Tandis que tu vis ei que tu
respires, qu'aucune chair ne te
fasse changer.
299. Car il veut mieux que tes
filste prient, que de regarder dans
les mains de tes fils.
93. Dans toutes tes ceuvres, sois
le principal.
2%. Ne fais pas de tache à ta
gloire. Au jour de la consomma-
18. Supra, xxiv, 47. — 31. Supra, vir, 23.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1509
tion des jours de ta vie, et au
temps de ta mort, distribue ton
héritage.
95. Le fourrage et la verge etle
fardeau à l’âne ; le pain et la cor
rection et le travail à l'esclave.
26. Il travaillera avec la correc-
tion, et il cherche à se reposer;
lâche-lui la main, et il cherche la
liberté ;
27. Le joug et la courroie fon:
courber un cou dur; et les tra.
vaux assidus assouplissent un es.
clave.
98. A l'esclave malveillant, la
torture et les fers aux pieds; en-
voie-le à l'ouvrage, de peur qu'il
ne soit oisif;
29. Car l’oisiveté a enseigné
beaucoup de malice.
30. Assujettis-le à l'ouvrage ; cat
c'est ce qui lui convient. Que
s’il n'obéit pas, dompte-le par des
chaines aux pieds; mais ne com-
mets point d'excés envers aucune
chair; or, sans réflexion, ne fais
rien de grave.
31. Si tu as un esclave fidele,
quil te soit comme ton àme;
traite-le comme un frère, parce
que c'est avec le sang de ton âme
que tu l’a acquis. \
32. Situ le blesses injustement, -
il prendra la fuite.
33. Et si se dérobant il s’en va,
composée de deux, dont l'une est l'opposé de l'autre; ainsi la nuit et le jour, le mal
et le bien, la mort et la vie, le pécheur et le juste, etc.
16. Et moi, etc. Jésus, fils de Sirach, se donne ici comme le dernier des écrivains
sacrés, qui n'a fait que glaner après tous les autres. Cependant son ouvrage est ori-
ginal et nouveau.
21. Chair ; signifie ici, comme en bien d'autres endroits de l'Ecriture, homme, per-
sonne. — Ne te fasse changer sur ce point.
22, Que de regarder, etc.; pour en attendre quelques secours.
30. Chair. Voy. vers. 21.
31. Ton dme; ta vie ou toi-même, ta personne. — C'est avec le sang, etc. Il s'agit
ici d'un esclave qu'un vainqueur a pris à la guerre au péril de sa vie.
4510
tu ne sauras à qui tu dois le de-
mander, nisur quelle voie tu dois
le chercher.
CHAPITRE XXXIV.
Vanité des songes. Avantage de l'expé-
rience. Bonheur de celui qui craint le
Seigneur. Dieu a en horreur les obla-
tions des méchants. Fausse pénitence.
1. La vaine espérance et le
mensonge à l'homme insensé ;
et les songes élèvent les impru-
dents.
2. Comme celui qui saisit l'om-
bre et poursuit le vent; ainsi est
celui qui s'attache à des visions
mensongères.
3. Ceci d'après ceci, éelle est la
vision des songes : devant la face
d'un homme est la UE
d'un homme.
4. Par ce qui est impur qu'est-
ce qui sera purifié? et par un
menteur qu'est-ce qui sera dit de
vrai?
ὃ. Les divinations de l'erreur,
et les augures mensongers, et les
songes de ceux qui font le mal,
c'est vanité.
6. Comme /e cœur des femmes
L'ECCLÉSIA STIQUE.
[cH. xxxiv.)
qui sont en mal d'enfant, ton
cœur est en proie à des visions
imaginaires; à moins que par le
Tres-Haut ne £e soit envoyée
une vision, n'y applique pas ton
cœur;
7. Car les songes ont fait errer
beaucoup de gens, et 115 sont
tombés, parce qu'ils y avaient mis
leur espérance.
8. Sincerement sera accomplie
la parole de la loi, et la sagesse
dans la bouche d'un fidèle de-
viendra claire.
9. Celui qui n'a point été tenté,
que sait-il? Un homme expéri-
menté en beaucoup de choses en
pensera beaucoup, et celui qui ἃ
beaucoup appris parlera avec in-
telligence.
10. Gelui qui n'est pas expéri-
menté connait peu de choses;
mais celui qui s'est trouvé dans
beaucoup d'affaires multiplie la
malice.
11. Celui qui n'a point été
tenté, quelles choses sait-il? mais
celui qui a 616 trompé abondera
en méchanceté.
12. J'ai vu beaucoup de choses
1. Elévent des imprudents en l'air, les font voler, comme portent le grec et la
version Sixtine; c'est-à-dire qu'ils les séduisent en leur donnant de vaines espé-
rances.
3. Ceci d'aprés ceci; qu'on lit également dans le grec et la version Sixtine, est
l'expression la plus juste et la plus exacte pour dire que les objets vus en songe ne
sont que la simple image, l'ombre pure de la chose qu'ils représentent, et que, par
conséquent, elles n'ont pas plus de réalité en soi, et ne constituent pas plus un objet
réel à part, que le visage d'un homme dans un miroir. Voilà pourquoi dans sa pré-
cision, le texte porte : Ceci d'après ceci, et non : Ceci d’après cela, comme s'il s'agis-
sait de deux choses réellement distinctes.
6. A moins que par le Très-Haut, etc. Dieu se révélait quedo dans des songes.
Voy. Genèse, xxxvi, 5 et suiv.; xr, 10 et suiv.; Daniel, 1, 4; 1v, 2; Matth., 1, 20.
10. D'affaires; ou de lieux, selon le grec et la version Sixtine, qui ont rendu par :
Qui a élé errant, vagabond; c'est-à-dire qui a voyagé. Compar. le vers. 12. — Malice
(malitia); ou, selon d'autres, habileté, sagacilé, prudence; sens dont sont susceptibles
les deux textes que nous venons d'alléguer.
11. Méchanceté. Mème observation que pour le mot malice du verset 10.
12. En voyageant. On concoit aisément l'importance que les anciens attachaient aux
voyages, quand on considére que ce n'est qu'en voyageant qu'on pouvait acquérir
ΧΧΧιν.] .8ס]
en voyageant, et un trés grand
nombre de manieres de parler.
13. Quelquefois j'ai été en dan-
ger de mort, à cause de cela, et
jai été délivré par la grâce de
Dieu.
14. L'esprit de ceux qui crai-
gnent Dieu est l'objet de ses
soins, et par son regard il sera
béni.
15. Car leur espérance est en
celui qui les sauve, et les yeux
de Dieu sont sur ceux qui l'ai-
ment.
16. Celui qui craint le Seigneur
ne s'alarmera de rien, etil n'aura
pas peur, parce que le Seigneur
lui-méme est son espérance.
17. De celui qui craint le Sei-
gneur bienheureuse est l'âme.
18. Sur qui porte-t-il ses re-
gards, et qui est sa force?
19. Les yeux du Seigneur sont
sur ceux qui le craignent; il est
le protecteur de la puissance,
l'affermissement de la force, un
abri contre la chaleur, et un om-
brage contre le soleil du midi;
20. Il détourne le choc, et sou-
tient dans la chute; il exalte
làme et illumine les yeux; il
donne la santé, la vie et la béné-
diction.
21. L'oblation de celui qui sa-
crifie d'un bien d'iniquité est
L'ECCLÉSTASTIQUE.
1511
souillée, et les insultes des in-
justes ne sont point agréables ὦ
Dieu.
22. Le Seigneur est seulement
à ceux qui se soutiennent dans la
voie de la vérité et de la justice.
23. Le Très-Haut n'approuve
pas les dons des Aomzes iniques;
il ne regarde pas les oblations
des hommes iniques, et, malgré
la multitude de leurs sacrifices,
il ne sera pas propice à leurs
péchés.
24. Celui qui offre un sacrifice
de la substance des pauvres est
comme celui qui égorge un fils
en présence de son pere.
25. Le pain des indigents est la
vie des pauvres ; celui qui le leur
óte est un homme de sang.
26. Celui qui arrache 0 un hom-
me le pain de sa sueur est comme
celui qui tue son prochain.
27. Celui qui répand le sang, et
celui qui use de fraude envers un
mercenaire sont frères.
98. L'un bâtit et l’autre détruit ;
que leur revient-il, si ce n'est de
la fatigue ?
29. L'un prie et l'autre maudit ;
de qui Dieu exaucera-t-il la voix?
30. A celui qui se lave ₪ 06
de l'attouchement d'un mort, et
qui le touche de nouveau, que
sert de s'étre lavé?
08. XXXIV. 19, Ps. xxxii, 16, — 21, Prov,, xxi, 27, — 23. Prov., xv, 8. — 27. Deut.,
xxiv, 14; Supra, vit, 22,
de grandes connaissances. Car, sans parler d'Ulysse, qui, par ses voyages, a mérité
la réputation d'un des plus sages princes et des plus expérimentés du monde, Py-
thagore et Platon ont acquis de cette manière la science qui les a rendus si célèbres.
Voy. ce que dit à ce sujet saint Jérôme, dans sa lettre à saint Paulin de Nole. —
Manières de parler (verborum consuetudines); des langages, des idiomes; mais, comme
en hébreu parole signifie aussi chose, d'autres traduisent par coutumes différentes.
30. A celui qui se lave, etc. Selon la loi mosaique, tout Israélite qui avait teuché
un mort ou assisté à des funérailles était impur jusqu'à ce qu'au septième jour il se
fût lavé, qu'il eüt lavé ses vêtements, et qu'il se fût arrosé de l'eau destinée aux:
purifications. Voy. Nombr., xix, 11 et suivants.
1512
91. Ainsi, à l'homme qui jeûne
à cause de ses péchés, et qui
les commet de nouveau, que sert
de s'être humilié? qui exaucera
sa prière?
CHAPITRE XXXV.
Observation des commandements, sacri-
fice agréable à Dieu. Offrir ses dons au
Seigneur avec joie. Dieu ne fait accep-
tion de personne. Il exauce les prières
des pauvres, et il perdra ceux qui les
oppriment.
1. Celui qui observe la loi mul-
tiplie l'oblation.
9. C'est un sacrifice salutaire
que d'étre attentif aux comman-
dements et de se retirer de toute
iniquité.
3. Et c'est offrir un sacrifice de
propitiation pour les injustices, et
prier pour 16 pardon des péchés,
que de s'éloigner de l'injustice.
4. [| rend grâce à Dieu, celui
qui offre la fleur de la farine; et
celui qui fait miséricorde offre un
sacrifice.
5. C'est chose agréable au Sei-
gneur que de s'éloigner de l'ini-
quité ; et c'est prier pour le par-
L'ECCLÉSIASTIQUE.
(cu. xxxv.]
don des péchés que de s'éloigner
de l'injustice.
6. Tu ne paraitras pas devant
le Seigneur les mains vides.
7. Car toutes ces choses se font
pour obéir aux commandements
de Dieu.
8. L'oblation du juste engraisse
l'autel, et c'est une odeur de sua-
vité en présence du Très-Haut.
9. Le sacrifice d'un juste est
agréable au Seigneur, et le Sei-
gneur n'en perdra pas le souve-
nir.
10. De bon cœur, rends gloire
à Dieu, et ne retranche rien des
prémices de tes mains.
11. Dans tout don montre un
visage gai, et dans l'exultation
sanctifie tes dimes.
12. Donne au Tres-Haut selon
ses dons, et d'un bon cil fais /of-
frande de lacquisition de tes
mains.
13. Car le Seigneur donne ex
retour, et il te rendra sept fois
autant.
14. N'offre pas des dons défec-
tueux, parce qu'il ne les recevra
pas.
31. II Pierre, rr, 21. — παρ. XXXV. 2. I Rois, xv, 22. — 5. Jér., vit, 3; xxvi, 13. —
6. Exode, xxr, 15; xxxiv, 20; Deut., xvi, 16. — 11. II Cor., 1x, 7. — 12. Tobie, 1v, 9.
— 14. Lév., xxm, 21; Deut., xv, 21.
1. Multiplie loblation; c'est-à-dire a autant de mérite aux yeux de Dieu que s'il
faisait un grand nombre d'oblations.
2. Sacrifice salutaire; c'est le sacrifice eucharistique, appelé aussi pacifique, et
qu'on offrait, soit pour remercier le Seigneur des gráces qu'on avait obtenues de lui,
soit pour lui en demander de-nouvelles. Compar. Lévitique, nr et vit.
4. * Offre la fleur de la farine, offrande légale, Lévilique, τι, 1.
6. Tu ne paraîlras pas, etc. Voy. Exod., xxur, 15; xxxiv, 20; Deutér., xvr, 16.
11. Dans l'exullation, etc.; avec joie. Compar. Rom., xi, 8; II Corinth., 1x, 1. —
Sanclifie; c'est-à-dire, selon le style des Hébreux, sépare, prépare, destine pour un
usage saint.
12. De l'acquisition; littér. de l'invention; de ce que tu as trouvé, acquis par tes
mains.
13. Sept fois autant que tu lui donneras.
14. Des dons défectueux; qui ne sont pas selon la loi. Compar. Lévif., xxu, 21-25;
Deutér., xv, 21; Malachie, 1, 1, 8.
xxxvr.] .חס]
15. Et ne regarde pas à un sa-
crifice injuste, parce que le Sei-
gneur est juge, et que devant lui
la gloire de la personne n'est
rien.
16. Le Seigneur ne fera pas ac-
ception de personne contre le
pauvre, et il exaucera la prière
de l'offensé.
11. Il ne méprisera pas les
prieres de l'orphelin, nila veuve,
si elle épanche le langage du gé-
missement.
18. Est-ce que les larmes de la
veuve ne descendent pas sur la
joue, et son eri sur celui qui les
fait couler?
19. Car dela joue elles montent
jusqu'au ciel, et le Seigneur qui
l'exauce ne se plaira pas dans ses
larmes.
20. Gelui qui adore Dieu avec
joie sera recu, et sa prière jus-
qu'aux nues s'approchera.
21. La priere de celui qui s'hu-
milie pénétrera les nues, et jus-
qu'à ce qu'elle en approche, il ne
se consolera point ; et il ne se re-
tirera pas jusqu'à ce que le Très-
Haut la regarde.
22. Et le Seigneur ne s'éloigne-
ra pas ; mais il jugera les justes,
et il fera justice ; et le Tres-Fort
n'aura pas pour eux de patience,
afin de briser leur dos;
93. Et des nations il tirera ven-
geance, jusqu à ce qu'il fasse dis-
L'ECCLÉSIASTIQUE.
4513
paraitre toute l'assemblée des su-
perbes, et qu'il brise les sceptres
des hommes iniques ;
24. Jusqu'à ce qu'il rende aux
hommes selon leurs actions et
selon les œuvres d'Adam, et selon
sa présomption ;
25. Jusqu'à ce qu'il rende jus-
tice à son peuple, et qu'il 16-'
jouisse les justes par sa miséri-
corde.
26. Belle est la miséricorde de
Dieu au temps de la tribulation,
comme la nuée de la pluie au
temps de la sécheresse.
CHAPITRE XXXVI.
Prière de l'auteur de ce livre pour atti-
rer la miséricorde de Dieu sur Israel.
Du cœur éclairé et du cœur corrompu.
Avantage de celui qui a une femme
vertueuse,
1. Ayez pitié de nous, Dieu de
toutes choses, et regardez-nous,
et montrez-nous la lumière de
vos miséricordes ;
2. Et envoyez votre terreur sur
les nations qui ne vous ont point
recherché, afin qu'elles sachent
qu'il n'y a point de Dieu, si ce
n'est vous, et qu'elles racontent
vos merveilles.
3. Levez votre main sur les na-
tions étrangères, afin qu'elles
voient votre puissance ;
4. Car comme en leur présence
vous avez été sanctifié parmi
15. Deut., x, 17; II Par., xix, 7; Job, xxxiv, 19; Sagesse, vr, 8; Actes, x, 34; Rom.,
11, 11; Gal., 11, 6; Col., ui, 25; 1 Pierre, 1, 17.
15. Ne regarde pas à; ne compte pas sur. Compar. Deutér., x, 11; II Paralip., xix, 1;
Job, xxxiv, 19 ; Sagesse, vi, 8; Actes, x, 34; Rom., τι, 11; Galat., n, 6; Coloss., uu, 25;
1 Pierre c1.
14. D'Adam ; selon le grec et la version Sixtine des hommes, en général.
4. Comme en leur présence, etc. De méme qu'ils ont vu de leurs propres yeux que
vous avez montré votre sainteté parmi nous, en nous punissant, de méme aussi
vous montrerez à nos yeux votre grandeur en les châtiant,
1514
nous, ainsi en notre présence
vous serez glorifié parmi elles;
9. Afin qu'elles vous connais-
sent, comme nous aussi avons
connu quil n'y a point de Dieu
hors vous, Seigneur.
6. Renouvelez les miracles et
produisez d'autres merveilles.
1. Glorifiez votre main et votre
bras droit.
8. Excitez votre fureur et ré-
pandez votre colere.
9. Détruisez l'adversaire, et af-
fligez l'ennemi.
10. Pressez le temps et souve-
nez-vous de la fin, afin qu'on ra-
conte vos merveilles.
11. Que par la colere de la
flamme soit dévoré celui qui s'est
sauvé de tout autre péril, et que
ceux qui maltraitent votre peuple
trouvent la perdition.
12. Brisez la téte des princes
ennemis qui disent : 11 n'y a point
d'autre Seigneur que nous.
13. Rassemblez toutes les tri-
bus de Jacob, afin qu'elles con-
naissent qu'il n'y a point de Dieu,
si ce n'est vous, et qu'elles ra-
content vos merveilles; et vous
les prendrez pour votre héritage
comme au commencement.
14. Ayez pitié de votre peuple
sur qui a été invoqué votre nom,
et d'Istaël que vous avez traité
comme votre premier-né.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cn. xxxvr.]
15. Ayez pitié de la cité que
vous avez sanctifiée, de Jérusa-
lem, la cité de votre repos.
16. Remplissez Sion de vos iné-
narrables paroles, et votre peuple
de votre gloire.
11. Rendez témoignage à ceux
qui dés le commencement sont
vos créatures, et faites revivre
les prédictions qu'ont prononcées
en votre nom les prophètes anté-
rieurs.
18. Récompensez ceux qui vous
ont attendu patiemment, afin que
vos prophètes soient trouvés fi-
deles; et exaucez les prières de
vos serviteurs,
19. Selon les bénédictions d'Aa-
ron sur votre peuple, et dirigez-
nous dans la voie de la justice, et
qu'ils sachent, tous ceux qui ha-
bitent la terre, que c'est vous qui
étes le Dieu qui voit dans les
siecles.
20. Le ventre dévorera toute
nourriture; mais il est un aliment
meilleur qu'un autre aliment.
21. Le palais discerne la venai-
son, et 16 cœur sensé les paroles
mensongères.
22. Un cœur pervers causera de
la tristesse, et l'homme habile lui
résistera.
23. Une femme peut épouser
tout homme; mais il est une fille
meilleure qu'une autre fille.
(βαρ. XXXVI. 14. Exode, 1v, 22. — 19. Nomb., νι, 24.
10. Souvenez-vous de la fin que vous devez mettre à nos maux; le terme n’en est-il
pas encore venu?
13. Rassemblez, etc. Aprés la captivité de Babylone, tous les Juifs ne revinrent pas
dans la Judée; une grande partie demeura dispersée parmi les nations.
14. Sur qui, etc.; ou qui a été appelé de votre nom, qui porte votre nom. Compar.
Deutér., xxvin, 10. — Que vous avez traité, etc. Voy. Exod., iv, 22.
15. Votre repos ; c'est-à-dire votre demeure.
19. Les bénédictions d'Aaron. ΝΟΥ. Nombr., νι, 23 et suiv.
21. Le palais discerne; littér. touche. Dans une phrase semblable de Job (xu, 11),
la Vulgate, conformément au texte hébreu, porte juge en discernant (dijudicat).
[cg. xxxvit.]
94. La beauté d'une femme
égaie la face de son mari, et elle
lui inspire un désir qui surpasse
toute convoitise de l'homme.
95. Si sa langue guérit 8
maux, elle a aussi de la douceur
et de la honté ; son mari n'est pas
comme les fils des hommes.
26. Celui qui possede une fem-
me vertueuse a le commence-
ment d'une possession : c'est un
aide semblable à lui, et un ferme
appui oü il se repose.
97. Où il n'y a point de haie,
la possession sera pillée; et oü il
n'y a point de femme, l'indigent
gémit.
98. Qui se confie à celui qui
n'a point de gite, et qui va de-
meurer partout oü la nuit le
surprend, comme un voleur tout
prét ὦ fuir, errant de cité en cité?
CHAPITRE XXXVII.
Du vrai et du faux ami. Choisir son con-
seil avec soin. Consulter le Seigneur.
Science vraie et fausse, utile et dange-
reuse. Suites funestes de l’intempé-
rance.
1. Ton ami dira : Moi aussi j'ai
lié amitié; mais il est un ami, de
nom seulement ami. N'y a-t-il pas
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1515
là un sujet de tristesse jusqu'à la
mort?
2. En outre un compagnon et
un ami tourneront à linimitié.
8. Ὁ présomption criminelle,
d'où as-tu été créée, pour couvrir
la terre de sa malice et de sa per-
fidie?
4. L'ami se réjouit avec son ami
dans les divertissements, et au
temps de la tribulation, il devien-
dra son adversaire.
5. L'ami s'afflige avec son ami
pour son ventre, contre l'ennemi
il prendra le bouclier.
6. N'oublie pas ton ami dans
ton esprit, etne perds pas son sou-
venir au milieu de tes richesses.
7. Ne consulte pas avec celui
qui te tend un piege; et à ceux
qui te portent envie, cache tes
desseins.
8. Tout conseiller donne son
avis; mais tel conseiller l'est pour
lui-méme.
9. Contre un conseiller tiens en
garde ton àme; sache d'abord
quels sont ses besoins; car c'est
à lui qu'il pensera.
10. Crains quil ne plante un
pieu dans la terre, et qu'il ne te
dise :
35. Son mari n'est pas, etc.; son mari n'est pas semblable au commun des hommes;
il ἃ en cela un avantage qui n'est pas commun parmi eux. — Les fils des hommes;
hébraisme, pour les hommes mêmes, les humains.
26. A le commencement, etc.; le fondement de sa maison, de sa fortune. — C'est un
aide, etc.; allusion au passage de la Genése, τι, 18. — Un ferme, etc.; littér. une co-
lonne comme repos (columna ut requies).
28. Tout prêt; littér. qui a retroussé sa robe et la serre par la ceinture (succinctus) ;
ce qui l'a rendu plus dégagé et plus libre de ses mouvements.
3. De sa (illius). Ce pronom se rapporte au faux ami dont il vient d'étre parlé.
8. Pour son ventre qu'il ne peut plus satisfaire à la table de son ami devenu mal-
heureux.
9. Car c'est à lui quil pensera; c'est-à-dire à son intérét personnel; littér. à son
esprit; en supposant (ce qui nous parait trés probable) que les mots animo suo soient
au datif, et signifient à sa personne, à lui, comme anima suz.
10. Qu'il ne plante, etc. On mettait du bois ou une pierre dans le chemin pour
faire trébucher les passants. Compar. xxx, 7.
1516
11. Ta voie est bonne ; et qu'il
se tienne en face, pour voir ce
qui t'arrivera.
19. Avecun homme irréligieux,
traite de choses saintes; avec
un injuste, de justice; avec une
femme, de celle qui la jalouse;
avec un Aommetimide, de guerre ;
avec un marchand, de transport
des marchandises ; avec un ache-
teur, de chose à vendre ; avec un
homme envieux, de gráces àren-
dre ;
13. Avec un impie, de piété ;
avec un homme déshonnéte, de
l'honneur ; avec un laboureur, de
toute espèce de travail de labou-
rage;
14. Avec un ouvrier à l'année,
de l'achevement de l'année ; avec
un serviteur paresseux, d'un
grand ouvrage ; etne te fie à eux
dans aucun conseil.
15. Mais sois assidu aupres d'un
homme saint, lorsque tu en auras
connu quelqu'un qui garde la
crainte de Dieu;
16. Dont l'àme est selon ton
àme, et qui, lorsque tu chancel-
leras dans les ténèbres, prendra
part à ta douleur.
47. Etablis en toi un cœur de
bon conseil; car aucune autre
chose ne vaut davantage pour toi.
18. L'àme d'un homme saint
fait connaitre quelquefois les cho-
ses vraies, Mieux que sept senti-
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cH. xxxvir.]
nelles assises sur un lieu élevé
pour observer.
19. Mais en toutes choses prie
le Tres-Haut pour qu'il dirige ta
voie dans la vérité.
20. Qu'une parole véridique pré-
cede toutes tes œuvres, et un
conseil immuable, toutes tes ac-
tions.
91. Une parole mauvaise chan-
gera 16 cœur, d’où naissent qua-
tre choses : le bien et le mal, la
vie et la mort; et la langue exerce
sur elles un pouvoir continuel.
Il est £e/ homme habile qui en
instruit beaucoup, et qui, à son
àme, est inutile.
22. Tel homme expérimenté en
a instruit beaucoup, et à son âme
il a été doux.
23. Celui qui parle en sophiste
est haissable; de toute chose il
sera dépourvu.
24. La grâce ne lui a pas été
donnée par le Seigneur ; car de
toute sagesse il est dépourvu.
25. Il est un sage, sage pour
son àme, et le fruit de sa sagesse
est digne de louange.
26. L'homme sage instruit son
peuple, etles fruits de sa sagesse
sont durables.
27. L'homme sage sera rempli
de bénédictions, et ceux qui le
verront le loueront.
28. La vie de l'homme consiste
dans un nombre de jours; mais
——— ——— — HÀ ——— M M ——— ———
12. Avec un homme irréligieux, ete. Depuis ce verset jusqu'au 14e, où se trouve
l'apodose, c'est une ironie ou une concession continuée.
14. De l'achévement de l'année (de consummatione anni); c'est-à-dire de tout le
travail qui doit étre fait pendant un an.
18. Mieux; mot implicitement contenu dans l'adverbe quam, qui, par hébraisme,
est mis pour plus que (plus quam). Compar., pag. 342, 10.
20. Qu'une parole, etc.; littér. avant toutes tes œuvres, qu'une parole véridique te
précède.
29, A son âme il a élé doux; ila trouvé de la douceur pour son âme en instruisant
les autres.
(cu. xxxvur.]
les jours d'Israél sont innombra-
bles.
29. Le sage héritera de l'hon-
neur au milieu du peuple ; et son
nom sera vivant éternellement.
30. Mon fils, dans ta vie, éprou-
ve ton âme, et si elle est mau-
vaise, ne lui donne pas la puis-
sance ;
31. Car toutes les choses ne
sont pas avantageuses à tous, et
à toute âme toute espèce de chose
ne plaît pas.
* 82. Ne sois avide dans aucun
festin, et ne te jette pas sur tous
les mets ;
33. Car dans le grand nombre
de mets se trouvera l'infirmité ;
et l'avidité approchera jusqu'à la
maladie noire.
34. À cause de l'intempérance
beaucoup sont morts; mais celui
qui est sobre prolongera sa vie.
CHAPITRE XXXVIII.
Honorer les médecins ; se servir de leurs
remèdes. Prier le Seigneur; se purifier
de ses péchés. Pleurer la mort de ses
amis avec modération, se souvenir
qu'on doit aussi mourir. Repos néces-
saire pour acquérir lasagesse. La prière
sanctifie le travail.
1. Honore le médecin, à cause
de la nécessité ; car le Tres-Haut
l'a créé.
2. Car toute médecine vient de
L'ECCLÉSIA STIQUE.
1517
Dieu, et recevra du roi des pré-
sents.
3. La science du médecin élè-
vera sa téte, et en présence des
grands il sera loué.
4. Le Tres-Haut a créé de la
terre les médicaments, et l'hom-
me prudent ne les abhorrera pas.
ὃ. N'est-ce point par 16 bois qu'a
été adoucie une eau amère?
6. A la connaissance des hom-
mes en est parvenue la vertu, et le
Très-Haut leur a donné la science
pour étre honoré dans ses mer-
veilles.
1. Par eux, il apaiserala dou-
leur, et le parfumeur en fera des
parfums de suavité, et il en com-
posera des essences utiles à la
santé, et ses ouvrages n'auront
pas de fin.
8. Car la paix de Dieu est sur la
face de la terre.
9. Mon fils, dans ton infirmité,
ne te méprise pas toi-méme, mais
prie le Seigneur, et lui-méme te
guérira.
10. Détourne-toi du péché, regle
tes mains, et de toute faute pu-
rifie ton cœur.
11. Offre un parfum de suavité
et un souvenir de fleur de farine,
et engraisse l'oblation, et alors
donne place au médecin ;
12. Car le Seigneur l'a créé et
Car. XXXVIII. 5. Exode, xv, 25. — 9. Is., xxxvi, 3.
——À
5. N'est-ce point, etc. L'auteur fait probablement allusion au miracle qui eut lieu
à Mara. Voy. Exod., xv, 25.
6. En est parvenue la vertu (virtus illorum); la vertu des médicaments, dont il est
parlé au vers. 4; c'est-à-dire que Dieu a fait connaitre aux hommes la vertu des mé-
dicaments.
7. Par eux; par des médicaments. Voy. la note précédente. — Et ses ouvrages, etc.
Comme il y a toujours de nouvelles maladies, les médecins ont toujours des médi-
caments à employer.
11. Un souvenir de fleur de farine. Voy. Lévit., 11, 2, 16. — Engraisse l'oblation; que
ta victime soit grasse, parfaite,
4018
qu'il ne s'éloigne pas de toi, parce
que ses ceuvres te sont néces-
saires.
13. Car il est un temps oü tu
tomberas entre leurs mains ;
14. Or, eux-mémes prieront le
Seigneur qu'il dirige le soulage-
ment et la santé qu'ils veulent te
procurer, en vertu de leur profes-
sion.
15. Celui qui peche en présence
de celui qui l'a fait, tombera dans
les mains du médecin.
16. Mon fils, verse des larmes
sur un mort, et comme celui qui
a souffert de cruels traitements,
commence à pleurer, et, selon la
coutume, couvre son corps, et ne
néglige pas sa sépulture;
11. Mais à cause de la délation,
porte son deuil amerement du-
rant un jour; mais console-toi
dans ta tristesse.
18. Et fais ce deuil, selon son
mérite, un jour ou deux, à cause
de la médisance.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
(cu. xxxvirt.]
19. Car la tristesse hâte la
mort, et elle accable la force, et la
tristesse du cœur courbe le cou.
20. Dans la solitude s'entretient
la tristesse, et la vie du pauvre
est selon son cœur.
91. Ne livre pas ton cœur à 8
tristesse; mais éloigne-la de toi,
et souviens-toi de ta fin derniere.
22. Ne l'oublie point; caril n'est
pas de retour; tu ne lui serviras
en rien, et tu te feras le plus grand
mal à toi-méme.
23. Souviens-toi de mon juge-
ment,carletien viendra de méme
aussi : à moi hier, et à toi aujour-
d'hui.
94. Dans le repos d'un mort,
laisse reposer sa mémoire, et
console-le à la sortie de son es-
prit.
25. La sagesse du scribe lui
viendra dans le temps de loisir;
et celui qui agit peu acquerra la
sagesse; de quelle sagesse sera
rempli
19. Prov., xv, 13; xvir, 22. — 24. II Rois, xir, 21.
16. Commence à pleurer. Le grec signifie proprement ces lamentations solennelles
qu'on faisait en mémoire du mort et dans lesquelles on récitait ses louanges et ses
bienfaits. — La coutume; c'est le sens qu'a ici comme en plusieurs autres endroits }
le mot judicium de la Vulgate. — Couvre son corps. L'usage des Juifs était d'enve-
lopper le corps des morts avec des bandelettes et des suaires, comme on le voit dans?»
l'Evangile (Luc, xxiv, 12; Jean, xt, 44; xix, 40).
A1. A cause de la délation; c'est-à-dire des murmures et du scandale qui auraient ;
lieu, si tu ne donnais pas des marques de ta douleur. — Mais console-toi, etc. L'au-
teur condamne ici deux excès : le premier, de ne pas pleurer; le second, de pleurer
inconsolablement et sans fin.
19. La tristesse, etc. Compar. Prov., xv, 13; xvi, 23.
20. La vie; telle est ici la signification du mot substantia, expliqué par le texte
grec et la version Sixtine. — Selon son cœur; c'est-à-dire que si le cœur du pauvre
est livré à la douleur, au découragement, sa vie ne pourra étre que trés malheureuse;
si, au contraire, son cœur est dans la pauvreté, patient et tranquille, sa vie sera
bien moins dure et bien moins tourmentée.
92. Il n'est pas de retour de la mort à la vie.
23. Souviens-toi, etc. Le sage, pour faire plus d'impression sur son disciple, fait
parler un mort. — De mon jugement; du jugement que Dieu vient d'exercer sur moi,
en me retirant de ce monde.
24. Dans le repos, etc.; c'est-à-dire ne te tourmente pas au sujet d'un mort; il est
en repos, et console-le au moment où son esprit sort de son corps.
(cu. xxviii]
96. Celui qui conduit une
charrue, qui met sa gloire à tenir
le licou, qui avec l'aiguillon fait
marcher des bœufs, vit au mi-
lieu de leurs travaux et s'enire-
tient uniquement des petits des
taureaux ?
97.1] applique son cœur à tracer
des sillons, et ses veilles à en-
graisser des génisses.
98. Ainsi tout ouvrier en bois
et l'architecte qui passe la nuit
comme le jour; ainsi celui qui
grave les cachets de ciselure et
par un travail assidu varie la
figure; il applique son cœur à la
représentation de la peinture, et
par ses veilles il achèvera son
œuvre.
29. Ainsi l'ouvrier en fer assis
près de l'enclume et considérant
l'ouvrage defer; la vapeur du feu
desséchera ses chairs, et contre la
chaleur de la fournaise il aura à
combattre ;
30. Le bruit du marteau se re-
nouvelle à son oreille, et son ceil
L'ECCLESIASTIQUE.
1549
est sur l'objet qu’il veut repré-
senter.
31. Il appliquera son cœur à
l'achèvement de son ouvrage, et
par ses veilles il l'embellira jus-
qu'àla perfection.
32. Ainsi le potier assis pres de
son ouvrage; tournant avec ses.
pieds la roue, il est toujours dans
la sollicitude à cause de son ou-
vrage, et toutes ses ceuvres sont
en nombre. |
99. Par son bras il faconnera
largile, et devant ses pieds il
courbera sa force.
34. Il appliquera son cœur à
mettre le dernier vernis, et par
sa vigilance il purifiera son four-
neau.
39. Tous ces artisans ont espéré
en leurs mains, et chacun dans
son art est sage.
36. Sans eux tous, il ne se bâtit
pas de cité.
37. Mais ils n'habiteront pas
au cœur de la ville, et ils ne
s'y promeneront pas, et ils n'en-
28. Ouvrier en bois. Le terme latin faber veut dire celui qui travaille les corps durs
en général. la pierre, le bois, les métaux; mais, dans ce passage, il parait signifier
ouvrier en bois, comme le charpentier, le menuisier, etc., parce qu'il est mis en oppo
sition avec ouvrier en fer (faber ferrarius) du verset suivant.
29. Assis prés de l'enclume. Anciennement les maréchaux travaillaient assis d'une ma
nière très pénible autour de leur forge ou de leur enclume, et maniaient ainsi leur souf-
flet, qui n'était pas attaché au foyer de la forge :ce qui, suivant les relations des voya-
geurs, se pratique encore aujourd'hui en Orient, où les orfèvres eux-mêmes travaillen'
assis devant leurs creusets, placés au milieu de leur boutique, parterreetsans cheminée.
30. Se renouvelle à son oreille; littér., et par une figure assez usitée dans le style
biblique, renouvelle sont oreille. — L'objet, etc.; littér. (a représentation d'un vase. Ce
dernier mot a en latin un sens trés étendu, ainsi, il se prend pour meuble, instru-
ment, outil, vase, bagage, etc.
32. * Avec ses pieds. Une des manières les plus communes de fabriquer la poterie
consistait à tourner avec le pied la roue sur laquelle était placée la terre et que le
potier assis modelait avee ses mains. Les potiers en Orient travaillent encore aujour-
d'hui de cette maniére.
33. Devant ses pieds, etc.; c'est-à-dire il se courbera en avant péniblement.
31. Au cœur de la ville; mots qui nous ont paru sous-entendus, comme à Corneille
de La Pierre, à Ménochius, etc. — I/s n'habiteront pas, etc. ; à cause du bruit que
les ouvriers et les artisans devaient nécessairement faire avec leurs machines et
leurs instruments de travail. — I/s ne s'y proméneront pas, comme les gens qui n'ont
1520
treront pas dans l'assemblée.
38. Ils ne s'assiéront pas sur
les siéges des juges; ils ne com-
prendront pas les dispositions
judiciaires; ils ne publieront pas
la discipline, ni la justice, et on
ne les trouvera pas occupés aux
paraboles ;
39. Mais ils affermiront la créa-
ture du temps, et leur prière aura
lieu au milieu des travaux d'art;
ils y appliqueront leur àme, et
rechercheront ensemblela loi du
Très-Haut.
CHAPITRE XXXIX.
Occupation du sage; gloire qui l'accom-
pagne. Les Israélites exhortés à bénir
le Seigneur dans ses ouvrages. Dieu
récompense les bons et punit les mé-
chants. Toutes les créatures exécutent
ses ordres.
1. Le sage recherchera la sa-
gesse de tous les anciens, et il va-
quera à l'étude des prophètes.
9. Il conservera les récits des
hommes célèbres, et il entrera en
méme temps dans les mysteres
des paraboles.
3. Il pénétrera les secrets des
proverbes, et il vivra avec ce qu'il
y a de caché dans les paraboles.
4. Au milieu des grands, il exer-
L'ECCLESIASTIQUE.
[cH. xxxix.]
cera son ministere, et en pré-
sence du gouverneur, il paraitra.
ὃ. Il sera dans les terres des
nations étrangeres; car il fera
l'épreuve des biens et des maux
parmi les hommes.
6. 11 appliquera son cœur à veil-
ler des le point du jour pour le
Seigneur qui l'a fait, et il priera
en présence du Trés-Haut avec
instance.
7. ll ouvrira sa bouche pour le
prier, et pour ses péchés il priera
avec instance.
8. Car, sile Seigneur souverain
le veut, de l'esprit d'intelligence
il le remplira ;
9. Et lui, comme la pluie, ré-
pandra les paroles de sa sagesse,
et dans la priere il louera le Sei-
gneur;
10. Et le Seigneur dirigera ses
conseils et ses instructions ; lui
méditera sur les secrets du Sei-
gneur.
41. Il publiera lui-même la dis-
cipline de sa doctrine, et dans la
loi de l'alliance du Seigneur il
mettra sa gloire.
12. Beaucoup loueront, de con-
cert, sa sagesse, et jamais elle ne
sera effacée.
13. Sa mémoire ne disparaitra
pas d'occupations. — L'assemblée des grands, tels que les magistrats, les docteurs,
les prétres, etc.
38. Occupés aux paraboles; soit pour en chercher le sens, soit pour les expliquer
aux autres.
39. Ils affer miront, etc.; c'est-à-dire qu'ils maintiendront les choses de ce monde,
en réparant celles qui se détériorent, et en remplaçant, par de nouvelles, celles
qu'un long usage détruit; mais en travaillant ainsi aux ouvrages de leur art, ils
prieront Dieu, etc.
9. Les mystéres; littér. les sublilités (versutias). La science la plus en vogue parmi
les sages, chez les Hébreux, était de savoir parler en sentences, de proposer des
énigmes et de les résoudre; mais les artisans et les personnes peu instruites ne s'en
occupaient pas. Voy. xx, 22; xxxvii, 38; Prov., xxvi, T.
11. La discipline de sa doctrine; les instructions qu'il a apprises.
13. Ne disparaitra pas; littér. ne se velirera pas, ne s'éloignera pas de l'esprit.
₪. xxxis.]
pas, et son nom sera répété de
génération en génération.
14. Les nations raconteront sa
sagesse, et l'assemblée publiera
sa louange.
15. S'il demeure longtemps ez
vie, il laissera un nom plus que
mille autres, et s'il se repose, il
sera heureux.
16. Je me consulterai encore,
afin de publier mes inspirations ;
car je suis rempli d'une sante fu-
reur.
17. De vive voix elle dit : Écou-
tez-moi, germes divins ; fructifiez
comme une rose plantée pres du
courant des eaux.
18. Comme le Liban ayez une
odeur de suavité.
19. Portez des fleurs comme le
lis; donnez de l'odeur et couvrez-
vous d'un feuillage gracieux ;
louez de concert en chantant un
cantique, et bénissez le Seigneur
dans ses œuvres.
20. Rendez gloire à son nom, et
glorifiez-le par la voix de vos le-
vres, par les cantiques de vos lè-
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1521
vres et par vos harpes; et ainsi
vous direz en le glorifiant :
21. Les œuvres du Seigneur
sont toutes excellentes.
22. A sa parole, l'eau s'est ar-
rétée comme un monceau, et au
discours de sa bouche, comme un
réservoir d'eaux ;
23. Car à son commandement
se fait le calme, et il n'est pas d'a-
moindrissement dans le salut
qu'il accorde.
24. Les œuvres de toute chair
sont devant lui, et rien n'est caché
à ses yeux.
25. D'un siecle jusqu'à un autre
siecle, il porte ses regards; et
rien n'est merveilleux en sa pré-
sence.
26. Il ne faut pas dire : Qu'est
ceci ou qu'est cela? car toutes
choses en leur temps seront exa-
minées.
27. Sa bénédiction comme un
fleuve a débordé ;
28. De méme que le déluge a
inondé la terre, de méme sa co-
lere aura pour héritage les na-
XXXIX. 21. Gen., 1, 31; Marc, vr, 37. — 22. Gen., vur, 3. — 28. Gen. .ג
VI 21.
15. S'il se repose; c'est-à-dire s'il meurt jeune; car l'expression δὲ requieverit, de la
Vulgate, est en opposition avec la précédente si permanserit. — Il sera heureux;
dans l'espérance d'une vie meilleure que celle-ci.
11. Elle. Ce pronom se rapporte à fureur, du verset précédent. — Germes divins;
fils de Dieu; ce sont les Israélites.
18. Comme le Liban, etc. Les voyageurs louent encore aujourd'hui l'odeur agréable
et fortifiante qu'on respire sur le Liban. — * D'après le grec, le Liban signifie ici
l'encens.
19. Feuillage gracieux ; agréable; littér. et par hébraisme, pour la grâce, l'agré-
ment. — En chantant; expression évidemment sous-entendue; car le mot cantique
(canticum) ne saurait être grammaticalement le régime de louez de concert (collau-
d^4le) qui précède. Voy., sur ce genre de construction, pag. 342, 2.
21. Les œuvres, etc. Compar. Genèse, 1, 31; Marc, vir, 31.
22. A sa parole, ete. Compar. Genèse, vit, 18; Exode, xiv, 21; Josué, ri, 6.
24. Toute chair; hébraisme, pour £ous les hommes.
26. Seront examinées; littér. cherchées, interrogées, questionnées (quærentur); et c'est
alors qu'on verra pourquoi est ceci, pourquoi est cela. Ce sens revient à celui du
texte grec et de la version Sixtine, qui portent : Toutes choses ont été créées pour
leurs usages.
as
96
tions qui ue l'ont pas cherché.
29. De méme quil a converti
les eaux en un lieu sec, et que la
terre a été desséchée et que ses
voles furent dirigées pour leurs
voles ; de méme pourles pécheurs
elles sont des sujets de chute dans
sa colère.
90. Les biens pour les bons ont
été créés dès le commencement ;
de même pour les méchants les
biens et les maux.
31. Le commencement du né-
cessaire pour la vie de l'homme,
c'est l'eau, le feu et le fer, le sel,
le lait etle pain de fleur de farine,
le miel et la grappe de raisin,
l'huile et le vétement.
32. Toutes ces choses sont des
biens pour les saints, de méme
que pour les impies et les pé-
cheurs elles seront converties en
maux.
33. ΠῪ a des esprits qui, pour
la vengeance, ont été créés, et
par leur fureur ils ont augmenté
leurs tourments.
34. Au temps dela consomma-
tionils déploierontleurpuissance,
et ils apaiseront la fureur de celui
qui les a faits.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
lcu. xxxix.]
35. Le feu, la gréle, la faim et
la mort, Loutes ces choses pour la
vengeance ont été créées;
36. Ainsi que les dents des
bétes sauvages, et les scorpions,
et les serpents, et l'épée à deux
tranchants qui punit jusqu'à ex-
termination les impies.
37. Dans ses commandements
ils se réjouiront comme en un
festin, et sur la terre ils seront
préts à servir au besoin, et en
leur temps ils n'oublieront pas sa
parole.
38. À cause de cela, dès le
commencement je me suis af-
fermi, et j'ai tenu conseil, et
jai réfléchi, et j'ai laissé des
écrits.
39. Toutes les ceuvres du Sei-
gneur sont bonnes, et il mettra
chaque œuvre en son temps en
usage.
40. Il ne faut pas dire : Ceci est
plus mal que cela; car toutes cho-
ses en leurtemps seront trouvées
bonnes.
41. Et maintenant, de tout
cœur et de bouche, louez de con-
cert et bénissez le nom du Sei-
gneur.
29. Exode, xiv, 21. — 31. Supra, xxix, 28. — 39. Gen., 1, 31; Marc, vu, 37.
29. Il a converti, etc.; lorsque les Israélites traversèrent la mer Rouge à pied sec
(Exode, xiv, 21, 22). — Ses voies, etc. Dieu dirigea ses voies de manière à favoriser
les voies des Hébreux, en leur faisant trouver un passage libre au fond de la mer,
et en y noyant les Egyptiens qui les poursuivaient. — E//es; c'est-à-dire les voies de
Dieu, dont on vient de parler.
32. Sont des biens; littér. et par hébraisme, sont en ou pour des biens.
33. Leurs tourments; les tourments qu'ils font souffrir aux impies et aux pécheurs.
Compar. le verset précédent.
34. De la consommation ; de la dernière vengeance, de l'extermination des méchants,
Compar. Ps. Lvur, 14; Jérém., ,אאא etc.
36. * Les scorpions. Voir plus haut, xxvr, 10.
31. Ses et sa; pronoms, qui remplacent l'expression du Seigneur,
i
[cu. xr.]
CHAPITRE XL.
Miséres communes à tous les hommes.
Sort funeste des richesses injustes.
Avantage de la crainte du Seigneur.
Ne pas mener une vie de mendiant.
1. Une grande occupation a été
créée pour tous les hommes, et
un joug pesant est sur les fils
d'Adam, depuis le jour de la sortie
du sein de leur mère jusqu'au
jour de la sépulture, dans la mere
de tous.
2, Leurs pensées et les crain-
tes du cœur, les imaginations de
l'espérance, et le jour dela mort;
8. Depuis celui qui est assis sur
un tróne de gloire, jusqu'à celui
qui est couché sur la terre et la
cendre ;
4. Depuis celui qui est vêtu
d'hyacinthe et qui porte la cou-
ronne, jusqu'à celui qui n'est
couvert que d'une toile crue, la
fureur, la jalousie, le trouble,
l'agitation etla crainte de la mort,
la colere persévérante et les que-
relles,
9. Au temps méme du repos,
sur la couche, le sommeil de la
nuit, {out cela change les idées
de l'homme.
6. Il est peu, presque point en
L'ECCLÉSIASTIQUE. 1523
repos, et méme dans son som-
meil, de lui s'échappe comme
pendant le jour un regard jeté en
arriere.
1. Il a été troublé par les vi-
sions de son cœur, comme celui
qui s'est sauvé au jour du com-
bat. Au momentoü il était en sü-
reté, il s'est levé, et s'est étonné
de ce qu'il n'y avait aucun sujet
de crainte.
8. Avec toute chair, depuis
l'homme jusqu'à la béte, #7 en est
ainsi, et avec les pécheurs c’est le
septuple.
9. De plus, la mort, le sang, les
querelles et l'épée à deux tran-
chants, l'oppression, la faim et la
ruine et les fléaux ;
10. Contre les iniques ont été
eréées toutes ces choses, et à
cause d'eux est arrivé le déluge.
11. Tout ce qui est de la terre,
dans la terre retournera; et tou-
tes les eaux reviendront dans la
mer.
19. Tout présent et foute ini-
quité périra, mais la bonne foi
éternellement subsistera.
18. Les biens des injustes,
comme un fleuve, sécheront, et
comme un grand tonnerre pen-
dant la pluie, ils retentiront.
XL. 9. Supra, xxxix, 35, 36. — 10. Gen., vi, 10. — 11. Infra, xut, 13; Eccl., 1, 7. .גאח
1. La mére de tous; la terre.
9. Trouble (immutat) ; verbe au singulier, qui a pour sujet /a fureur, la jalousie, ete.,
du vers. 4; voilà pourquoi nous avons ajouté tout cela. — De l'homme, qui est assez
clairement indiqué dans ce qui précède; littér. de Lui (ejus).
1. Son cœur; pour son esprit. Les Hébreux donnaient le nom de cœur à l'intelli-
gence, à l'esprit, à l'àme, aussi bien qu'à la volonté, à la vie, etc. — Au moment, etc.
Au moment où, dans son rêve, il croyait avoir échappé à tout danger, il s'est réveillé,
tout surpris d'avoir eu des frayeurs sans aucun fondement.
12. Tout présent injuste; c'est-à-dire recu par des juges injustes. — Toute. Dans
le style biblique l'adjectif tout, toute, exprimé dans le premier membre d'une phrase,
est sous-entendu dans le second. Le contexte autorise à croire que cet idiotisme est
applicable iei.
13, Comme un grand tonnerre, etc.; c'est-à-dire que les biens des hommes injustes
1594
14. En ouvrant ses mains il
se réjouira; de méme les pré-
varicateurs, à la fin ils péri-
ront.
15. Les petits-fils des impies
ne multiplieront point leurs ra-
meaux; et les racines impures
sur le sommet d'un rocher font
du bruit.
| 16. La verdure qui croit sur
loute eau et sur le bord d'un
fleuve, avant toute sorte de foin
sera arrachée.
17. La bienfaisance est comme
un paradis béni; etla miséricorde
éternellement durera.
18. La vie d'un ouvrier qui se
suffit à lui-méme sera remplie de
douceur, etdans cette vie tu trou-
veras un trésor.
19. Les fils etla fondation d'une
cité assureront un nom; mais au-
dessus de ces biens sera estimée
une femme sans tache.
20. Le vin et la musique ré-
jouissentle cœur; mais au-dessus
del'un et del'autre estl'amour de
la sagesse.
21. Les flütes et le psaltérion
font une douce mélodie ; mais au-
dessus de l'un et de l'autre est
une langue douce.
22. Ton «il désirera la gráce
et la beauté, mais au-dessus de
L'ECCLÉSIASTIQUE.
]08. xr.]
ces choses, des semailles ver-
doyantes.
93. Un ami et un ami, dans
l'occasion, se viendront en 8106 ;
mais plus que l’un et l’autre,
une femme /e fera avec son
mari.
24. Les frères sont un secours
au temps de 18 tribulation ; mais
plus qu'eux la miséricorde sau-
vera.
25. L'or et l'argent sont la con-
sistance des pieds; mais au-des-
sus de l’un et de l’autre estun bon
conseil.
26. Les richesses et les forces
exaltent le cœur; mais au-des-
sus de ces choses est la crainte
du Seigneur.
27. Il n'y a pas dans la crainte
du Seigneur de détriment, et il
n'est pas besoin, dans cette crain-
te, de chercher du secours.
28. La crainte du Seigneur est
comme un paradis de bénédic-
tion, et il a été couvert d'une
gloire au-dessus de toute gloire.
29. Mon fils, durant le temps
de ta vie, ne mendie point; car
il vaut mieux mourir que men-
dier.
30. L'homme qui porte ses re-
gards sur la table d'autrui, n'em-
ploie pas sa vie à songer à son
feront un grand bruit comme le tonnerre, mais, comme le bruit du tonnerre, pas-
seront rapidement. Compar. Ps. xxxvi, 35, 36; Prov., x, 25.
14. En ouvrant ses mains pour recevoir des présents.
15. Impures; mauvaises, desséchées. — Font du bruit; quand on les rompt, pré-
cisément parce qu'elles sont desséchées, et par là méme très dures.
17. Déni; littér. dans ou avec des bénédictions. Les adjectifs sont souvent remplacés,
en hébreu, comme en arabe, par un substantif précédé d'une préposition.
24. Sont un secours; littér. et par hébraisme, en un secours.
25. La consistance des pieds (constitutio pedum); c'est-à-dire un puissant appui.
21. Il n'y a pas dans la crainte, etc. Quand on a la crainte du Seigneur, on ne
souffre aucun dommage, rien ne manque.
28. Il a été couvert; le paradis.
29. Ne mendie point. L'auteur parle ici de la mendicité exercée par paresse ou par
6% ,
[cg. [.זזא
existence : car il se nourrit des |
vivres d'autrui.
31. Mais l'homme réglé et bien
instruit se gardera de ces choses.
32. Dans la bouche d'un impru-
dent sera douce l'indigence, et
dans ses entrailles un feu brülera.
CHAPITRE XLI.
Souvenir de la mort doux ou amer. L'op-
probre et la malédiction sont le par-
tage des méchants. Bonne réputation
préférable aux richesses. Diverses cho-
ses dont on doit rougir.
1. 0 mort, que ton souvenir est
amer à l'homme qui jouit de la
paix au milieu de ses biens ;
2. AT homme tranquille et dont
les voles ont été dirigées en
toutes choses, et qui peut encore
goûter la nourriture !
3. O mort, bon est ton juge-
ment pour l'homme indigent, et
dont les forces diminuent ;
4. Qui est dans la défaillance
de l'áge, à qui tout est souci, qui
n'a point de confiance, qui perd
la patience !
5. Ne redoute pas le jugement
de la mort. Souviens-toi des cho-
ses qui ont été avant toi οἱ de
celles qui te surviendront; ce ju-
gement estcelui du Seigneur pour
toute chair.
6. Or, que te surviendra-t-il par
la volonté du Très-Haut? ou dix
ou cent ou mille ans.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1525
7. Caril n'y a pas dans l'enfer
de plainte sur /a durée de la vie.
8. Les fils des pécheurs devien-
nent des fils d'abominations, ainsi
que ceux qui fréquententles mai-
sons des impies.
9. Des fils des pécheurs périra
l'héritage, et à leur race s'atta-
chera un opprobre perpétuel.
10. D'un pereimpie se plaignent
ses fils, parce qu'à cause de lui
ils sont en opprobre,
11. Malheur à vous, hommes
impies, qui avez abandonné la loi
du Dieu très haut!
12. Si vous naissez , c'est dans
la malédiction que vous naitrez,
et si vous mourez, dans la malé-
diclion sera votre partage.
13. Tout ce qui est de la terre,
dans la terre retournera; ainsi
lesimpies, de la malédiction zron£
dans la perdition.
14. Le deuil des hommes se fait
autour de leur corps; mais le
nom des impies sera effacé.
15. Aie soin d'une bonne re-
nommée ; car ce bien sera plus
durable pour toi que mille trésors
les plus précieux et les plus
grands ;
16. La bonne vie n’a qu’un nom-
bre de jours; mais la bonne re-
nommée demeurera pour tou-
jours.
17. Gardez en paix la doctrine,
ὁ mes fils, car une sagesse cachée
Cnar. XLI. 13. Supra, xr, 11. — 17. Supra, xx, 32.
32. Un feu produit par l'avidité de manger.
1. La paiz. Par ce mot les Hébreux désignaient une prospérité compléte, toute
sorte de biens.
3. Jugement; c'est-à-dire sentence, arrét.
1. Car il wy a pas, etc. On ne se plaint pas en enfer, c'est-à-dire parmi les morts,
dans l'autre vie, d'avoir vécu peu ou longtemps, mais d'avoir mal vécu.
J2. Si vous naissez, etc.; c'est-à-dire votre naissance et votre mort sont maudites,
à cause des impiétés que vous commettez volontairement pendant votre vie.
1526
et un trésor inconnu, quel avan-
tage y a-t-il dans l'une et dans
l'autre?
18. Vaut mieux un homme qui
cache sa folie qu'un homme qui
cache sa sagesse.
19. Ainsi done ayez de la défé-
rence pour les paroles qui sor-
tent de ma bouche.
20. Caril n'est pas bon d'avoir
toute espèce de déférence; et
toutes choses ne plaisent pas à
tous en bonne foi.
91. Rougissez devant vofre pere
et votre mere de la fornication ;
et devant celui qui gouverne, et
devant celui qui est puissant, du
mensonge ;
22, Devant le prince et devant
le juge, d'une faute ; devant l'as-
sembléeetle peuple, deliniquité ;
93. Rougis devant ton compa-
gnon et ton ami, de l'injustice ; et
du lieu dans lequel tu habites,
94. Du larcin, de la vérité de
Dieu et de son alliance ; de te cou-
cher au milieu des pains, et d'user
de tromperie dans ce que tu don-
nes et ce que tu recois ;
25. De ne pas répondre à ceux
qui te saluent, de jeter les yeux
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cH. xLu.]
sur une femme prostituée, et de
détourner {on visage d'un de £es
proches.
96. Ne détourne pas 4a face de
ton prochain, et garde-toi d'enle-
ver sa part et de ne pas /a lui
rendre.
27. Ne regarde pas la femme
d'un autre homme, et ne sonde
pas sa servante, et ne te tiens pas
auprès de son lit.
98. Rougis devant {es amis de
dire des paroles offensantes; et
lorsque tuas donné queique chose,
ne /e reproche pas.
CHAPITRE XLII.
Plusieurs choses dont il ne faut point
rougir. Attention qu'un père doit avoir
pour ses filles. Fuir la compagnie des
femmes. Louanges des œuvres du Sei-
gneur. :
|. Ne répète pas les paroles
que tu as entendues, pour ré-
véler ce qui est secret, et tu seras
vraiment sans confusion, et tu
trouveras gráce aux yeux de tous
les hommes; ne rougis pas de
toutes ces choses que je vais te
dire ; et ne fais acception de per-
sonne pour pécher.
27. Matt., v, 28. — Cauar. XLII 1. Lév., xix, 15; Deut., 1, 17; xvi, 19; Prov., xxiv, 23;
Jac
18. Qui cache sa sagesse; qui n'en fait point d'usage pour se perfectionner lui-
méme, ou pour travailler à la perfection des autres.
20. Toules choses, etc. Le sens est: Tous ne sont pas de bonne foi, quand ils disent
ce qui leur plait ou leur déplait.
24. De la vérité, etc. Rougis de ce que tu violes la vérité de Dieu par le mensonge,
et son alliance par les autres péchés qui sont défendus dans sa loi. — De te coucher
au milieu des pains (de discubitu in panibus); c'est-à-dire de mettre ton coude sur
la table et de t'y appuyer; ce qui était regardé comme une grande impolitesse.
1. Ne répète pas, etc. C'est la continuation du discours sur les choses dont on doit
avoir honte. — Pour pécher; jusqu'à commettre le péché. — Acceplion de per-
sonne; c'est-à-dire l'injuste préférence que l'on donne à une personne au préjudice
d'une autre est un péché grave, sévèrement condamné dans l'Ancien comme dans
le Nouveau Testament. Compar. Lévil., xix, 15; Deutér., 1, 11; xvi, 19; Prov., xxiv, 23;
Jacques, τι, 1.
(cg. xru.]
9. Ne rougis pas de la loi du
Très-Haut et de son alliance,
ni d'un jugement pour justifier
l'impie;
3. Ni d'une affaire entre fes
amis et des voyageurs, ni de la
donation d'un héritage en faveur
de tes amis;
4. Ni de la justesse de la balance
et des poids; de l'acquisition de
beaucoup ou de peu de choses;
5. Ni de la corruption de la
vente et des marchands, ni d'une
grande instruction pour tes fils;
ni d'ensanglanter les flancs à un
tres méchant esclave.
0. Sur une femme méchante il
est bon de mettre un sceau.
1. Oü il y a beaucoup de mains,
enferme, et tout ce que tu livre-
ras, compte et peése-/e; mais ce
que tu donneras et recevras,
écris-/e tout.
8. Ne rougis point de la correc-
tion de linsensé et de l'impru-
dent, ni des vieillards qui sont ju-
gés par de jeunesgens,ettu seras
bien instruit en toutes choses, et
approuvé en présence de tous les
hommes.
9. La fille cachée chez son père
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1521
est un sujet de vigilance, et la
sollicitude qu'elle lui donne /wi
enlève le sommeil ; dans la crainte
que, sans être mariée, elle ne de-
vienne adulte, et que demeurant
avec son mari, elle ne ἐμὲ de-
vienne odieuse;
10. Qu'un jour elle ne soit
souillée dans sa virginité, et que
dans la maison paternelle elle ne
soit trouvée enceinte; que de-
meurant avec son mari, elle ne
transgresse la loi, ou que certai-
nementelle ne soitrenduestérile.
41. Sur une fille luxurieuse,
exerce une surveillance sévère,
de peur qu'elle ne te fasse devenir
un sujet d'opprobre devant tes
ennemis, à cause de la médisance
de la cité, de l'accusation du peu-
ple, et qu'elle ne te couvre de con-
fusion au milieu de la multitude
du peuple.
42. Ne fais altention à per-
sonne à cause de sa beauté, et
ne demeure pas au milieu des
femmes;
13. Car des vétements provient
la teigne, et de la femme lini-
quité de l'homme.
14. Car vaut mieux liniquité
2. Ni d'un jugement, etc.; c'est-à-dire ne rougis pas de condamner un jugement où
l'on voudrait absoudre un impie.
3. D'une affaire; littér. d'une parole (de verbo). Dans le texte hébreu, ainsi que
dans les Septante et la Vulgate, le mot parole signifie aussi chose, affaire. — Des
voyageurs; des étrangers qui passent. Compar. Deulér., 1, 16.
5. De la corruption, etc.; d'empêcher la corruption, l'injustice qui se commet
entre les vendeurs et les acheteurs.
6. Sur une femme, etc.; il est bon de tenir enfermée une femme légère dans ses
mœurs.
8. Ni des vieillards; c'est-à-dire ni de soutenir des vieillards.
9. La fille cachée chez son pére, qui n'est pas encore sortie de la maison paternelle,
qui n'est pas encore mariée. Chez les Hébreux les jeunes filles demeuraient toujours
cachées et éloignées du commerce et de la vue des hommes jusqu'au moment où
elles étaient conduites dans la maison de leur mari. — Sans étre mariée; littér. dans
son adolescence; c'est-à-dire dans son état de simple adolescente, de simple fille;
ce qui était un déshonneur méme pour le père. Compar. I Corinth., vit, 36.
14. Vaut mieux, etc.; il vaut mieux avoir à souffrir l'injustice d'un honnue que de
1528
d'un homme, qu'une femme qui
fait du bien et qu'une femme qui,
en couvrant de confusion, attire
l'opprobre.
15. Je me souviendrai donc des
œuvres du Seigneur, etles choses
que j'ai vues, je les annoncerai ;
dans les paroles du Seigneur sont
ses ouvrages.
16. Le soleil en éclairant porte
en tous lieux ses regards, et la
gloire du Seigneur, remplit ses
œuvres.
17. Est-ce que le Seigneur n’a
pas fait que les saints ontraconté
toutes ses merveilles, qu'il a con-
firmées, /wi, le Seigneur tout-
puissant, pour qu'elles soient sta-
bles dans sa gloire? .
18. Il a sondé l'abime et l'àme
des hommes, et a pénétré par sa
pensée dans leur finesse.
19. Car le Seigneur connait
toute science et voit dans les
signes des temps, annoncant les
choses qui sont passées et celles
qui doivent survenir, décou-
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cg. x]
vrant les traces des choses ca-
chées.
90. Aucune pensée ne lui
échappe, et aucune parole ne se
dérobe à sa vue.
91. Il a rehaussé les grandeurs
de sa sagesse, lui qui est avant
le siècle passé et jusqu'au siècle
futur, rien ne lui a été ajouté,
22. Et il n'éprouve pas de dimi-
nution, et il n'a besoin du conseil
de personne.
23. Combien désirables sont
ses œuvres ! et c'est comme une
étincelle, ce qu'on peut en consi-
dérer.
94. Toutes ces œuvres vivent
et demeurent pour jamais, et en
loute circonstance nécessaire,
toutes lui obéissent.
25. Toutes choses sont doubles,
l'une est opposée à l'autre, mais
il n'a rien fait de défectueux.
26. Il a affermi ce que cha-
cune de ces choses a de bon. Et
qui se rassasiera en voyant sa
gloire?
recevoir des bienfaits d'une femme, qui pourrait les faire payer bien cher. — Ef
qu'une femme, etc. La plupart des traducteurs et des interprètes regardent cette der-
niére phrase comme un simple explicatif; de sorte qu'il ne s'agirait que d'une seule
et méme femme; la teneur du texte, qui est la méme dans le grec et dans la version
Sixtine, nous semble s'y opposer.
15. Dans les paroles du Seigneur; c'est-à-dire dans les divines Ecritures sont ra-
contées ses œuvres; ou selon d'autres, par la parole du Seigneur sont produites,
conservées et gouvernées ses œuvres; mais nous pensons avec Bossuet que la pre-
mière interprétation est plus conforme à ce qui suit.
16. Le soleil répand partout sa lumière; la gloire du Seigneur se répand dans tous
ses ouvrages. Compar. Ps. xvrr, 5, 6; Habacuc, nr, 3.
47. Les saints; probablement les prophètes et les autres écrivains divinement ins-
pirés. (
91. Qui est avant, etc.; qui est avant tous les siècles, et qui sera dans tous les
siècles.
25. Sont doubles; comme composées de deux. Voy. pour ces mots et les suivants,
xxxur, 15. — Ii n'a rien fait de défectueux; au contraire cette diversité et cette oppo-
sition dans les choses de la nature, entretient entre elles un ordre et une harmonie
admirables, qui prouvent la puissance et la sagesse de Dieu.
26. Il a affermi, etc. Dieu a donné à chaque être des qualités prédominantes qui
le conservent contre eux qui lui sont opposés. Dans l'un, domine l'humide pour
résister au sec; dans lautre, le feu pour résister à l'eau, et ainsi de tous les con-
traires.
CH XLII [
CHAPITRE XLIII.
Grandeur de Dieu marquée dans ses ou-
vrages. Le ciel, le soleil, la lune, les
étoiles, l'arc-en-ciel, les éclairs, le ton-
nerre, la neige, la grêle, la glace, la
mer et les poissons qu'elle renferme,
montrent la puissance du Seigneur.Le
Seigneurestau-dessus detoutelouange.
1. Le firmament élevé est sa
beauté; l'aspect du ciel fait voir
sa gloire.
2. Le soleil paraissant à sa sortie
annonce /e7our,instrumentadmi-
rable, ceuvre du Tres-Haut.
3. En son midi, il brüle la terre,
et en présence de son ardeur qui
pourra résister? Il conserve une
fournaise dans tous les effets de
son ardeur ;
4. Triplement le soleil brüle les
montagnes ; il souffle des rayons
de feu, et resplendissant par ses
rayons, il éblouit les yeux.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1529
fait ; et à sa parole il a hâté son
cours,
6. Et la lune, dans toutes ses
phases, dans sa période est la
marque du temps et le signe de
l’âge.
7. De la lune vient le signe du
jour de 1610 ; c'est un luminaire
qui diminue à son plein.
8. Le mois est appelé selon son
nom, et elle croît admirablement
jusqu'à son plein.
9. L'appareil d'un camp dans
les lieux les plus élevés, dans le
firmament du ciel resplendit glo-
rieusement.
10. C'est la beauté du ciel que
l'éclat des étoiles; le Seigneur
illumine le monde aux lieux les
plus élevés.
11. A la parole du saint, elles
se tiendront prétes pour le juge-
ment, et elles ne défaudront pas
5. Grand est le Seigneur qui 18 | dans leurs veilles.
1. Ce verset paraît être la continuation du précédent. Le firmament élevé; littér.,
et par hébraisme, le firmament de l'élévation, de la hauteur. — Sa beauté (pulchritudo
ejus);le pronom représente le mot Seigneur, comme dans l'expression sa gloire
(gloriam ejus) du verset précédent. — L'aspect, etc.; littér. l'aspect du ciel est dans la
vision de la gloire, est mis par hypallage pour /a vision de la gloire est dans l'aspect
du ciel.
2-5. * Description du soleil. « Que de beautés renfermées et comme voilées dans ce
petit nombre de paroles! dit Rollin. Peut-on concevoir avec quelle pompe et quelle
profusion le soleil commence sa course, de quelles couleurs il embellit la nature, et
de quelle magnificence il est lui-même revêtu en s'élevant sur l'horizon ? Il allie avec
la majesté et les grâces d'un époux (Ps. xvi, 6) la course rapide d'un géant, qui
songe moins à plaire qu'à porter partout la nouvelle du prince qui l'envoie et qui est
moins occupé de sa parure que de son devoir... Sa lumiére est encore aussi vive et
aussi abondante qu'au premier jour, sans que ce déluge continuel de feu, qui se ré-
pand de toutes parts, ait affaibli la source incompréhensible d'une profusion si pleine
et si précipitée. Le prophéte a bien raison de s'écrier: Grand est le Seigneur qui l'a
fait! Quelle est la majesté du créateur et qui doit-il être lui-même, puisque ses ou-
vrages sont si magnifiques] »
4. Triplement; d'un triple feu, d'un feu trés ardent.
1. De la lune, etc.; c'est la lune qui fixe les jours de fête. — À son plein (in con-
summalione) ; selon d'autres, jusqu'à son déclin entier, sa disparition complète. A la
vérité le consummatio de la Vulgate et le suntéléia du texte grec signifient l'un et
l'autre; mais la construction de la phrase favorise le premier sens.
8. Le mois est appelé, etc.; ce qui, selon les uns, est une allusion d'étymologie,
parce qu'en effet dans le grec mén, c'est-à-dire mois, vient de méné, lune, et, selon
les autres, signifie simplement et sans égard à l'étymologie, que la lune donne le
nom au mois; la premiére lune au premier mois, la seconde au second, etc.
4590
19. Vois l'arc-en-ciel, et bénis
celui qui 18 fait; il est très-beau
dans son éclat.
13. Il a fait le tour du ciel dans
le cercle de sa gloire; les mains
du Tres-Haut l'ont étendu.
14. Par son ordre, Je Très-Haut
a accéléré la neige, et il se hâte
de lancer les éclairs de son juge-
ment.
15. C'est pour cela qu'ont été
ouverts ses trésors, et les nuages
ont volé comme des oiseaux.
16. Dans sa grandeur il a posé
les nuées, et des pierres de gréle
se sont brisées.
17. En sa présence, les monta-
gnes seront ébranlées, et par sa
volonté soufflera le vent du midi.
18. La voix de son tonnerre
ainsi que la tempéte de l'aquilon
et le tourbillon du vent frappera
la terre ;
19. Etil répand la neige comme
l'oiseau qui s'abat pour se repo-
ser, et comme la sauterelle qui
précipile sa descente.
20. L’œil admirera l'éclat de sa
blancheur, etle cœur sera épou-
vanté de l’eau qu’elle renferme.
21. Comme du sel, il répandra
la gelée sur la terre, et tandis que
la gelée se glacera, elle deviendra
comme des pointes de chardons.
99.Le ventfroid, l'aquilon asouf
flé, et l'eau s'est congelée en cris-
tal; la gelée se reposera sur tout
amas d'eaux, et elle se revétira
des eaux comme d'une cuirasse.
93. Elle dévorera les monta-
Cnar. XLIIT. 12. Gen., 1x, 13.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cu. xLur.]
genes, elle brülera le désert et elle
desséchera comme par le feu ce
qui est vert.
24. Le remède à tous ces maux,
c'est l'apparition prompte d'une
nuée; et une rosée provenant
d'unechaleur qui arrive, affaiblira
l'eau congelée.
25. A sa parole, le vent s'est tu,
et parsapenséeilaapaisé l'abime,
et le Seigneur y a fondé des iles.
26. Que ceux qui naviguent sur
la mer en racontent les périls, et,
en les écoutant de nos oreilles,
nous serons ravis d'admiration.
27. Là sont de brillantes œuvres
et des merveilles, les différents
genres des bêtes et de tous les
animaux domestiques et des créa-
tures monstrueuses.
28. Par lui la fin du chemin de
chaque chose a été solidement
établie, et par sa parole elles ont
été disposées toutes.
29. Nous dirons beaucoup de
choses et les paroles nous man-
queront ; mais la conclusion des
discours est que Dieu est en tou-
tes choses.
30. Pour le glorifier, que pour-
rons-nous dre? car lui Tout-Puis-
sant est au-dessus de toutes ses
œuvres.
31. Terrible est le Seigneur,
grand souverainement, et mer-
veilleuse est sa puissance.
32. Glorifiez le Seigneur autant
que vous pourrez; car sa gloire
l'emportera encore, et admirable
est sa magnificence.
14. Les éclairs de son jugement; pour l'exécution de ses jugements.
16. Se sont brisées ; sont sorties avec impétuosité des nuées.
24. L'eau congelée ; littér. lui (eum); ce pronom représente le nom cristal (crystallus)
du vers. 22, nom que l'auteur ἃ donné à l'eau congelée.
χταν.7 .זו ו
88. En bénissant le Seigneur,
exaltez-le autant que vous pou-
vez; car il est au-dessus de toute
louange.
34. En l'exaltant, recueillez
toutes vos forces, ne vous lassez
point; car vous ne parviendrez
pas ὦ l'exalter dignement.
35. Qui le verra etleracontera?
Qui le louera selon ce qu'il est
des le commencement?
36. Beaucoup de choses cachées
sont plus grandes que celles que
nous voyons; car nous avons vu
peu de ses œuvres.
37. Mais le Seigneur a fait tou-
tes choses, et à ceux qui agis-
sent pieusement il a donné la sa-
gesse.
CHAPITRE XLIV.
Eloge des patriarches et des grands
hommes de la nation des Hébreux, et
particulièrement d'Hénoch, de Noé,
d'Abraham, d'Isaac, de Jacob et de Jo-
seph.
1. Louons deshommes glorieux
dans leur génération, et qui sont
nos peres.
9. Le Seigneur leur ἃ donné
99, ER eV; 2.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1531
beaucoup de gloire dans sa ma-
gnificence dès le commencement
du monde.
8. Ils ont dominé dans leurs
royaumes, ces hommes grands
en puissance, et pourvus de leur
prudence, ils ont montré parmi
les prophètes la dignité de pro-
phètes.
4. Et ils ont commandé au
peuple de leur temps, et en
vertu de /eur prudence donné
aux peuples de trés saintes pa-
roles.
5. Dans leur habileté ils ont re-
cherché les modes de la musique,
et ils ont publié les cantiques des
Ecritures.
6. Hommes riches en puissance,
ayant du goût pour la beauté,
vivant en paix dans leurs mai-
sons.
7. Tous ceux-là au milieu des
générations de leur nation ont
acquis la gloire, et comme en leurs
jours ils sont encore l'objet des
louanges.
8. Ceux qui sont nés d'eux ont
laissé un nom qui raconte leurs
louanges;
1 15. * Invitation générale à louer les patriarches.
1. Louons, etc. La méme pensée est reproduite au vers. 15, et en plusieurs autres
endroits. Grotius, savant interpréte protestant, dit que c'était la coutume parmi les
Juifs de faire mémoire de ces grands hommes dans le temple de Jérusalem, et même
dans les synagogues des autres villes, et que l'auteur donne ici des formules de la
maniére dont on pouvait, dans ces assemblées solennelles, faire leur éloge. Les
hérétiques ne devraient donc pas trouver étonnant que l'Eglise de Jésus-Christ, dans
la célébration des saints mystères, fasse mémoire des Apôtres, des martyrs et même
de quelques justes de l'Ancien Testament. — Dans leur génération; dans leur siècle,
à leur époque. ὃ
3. Dans leurs royaumes ; littér. dans leurs puissances; suivant le grec et la version
Sixtine, dans leurs royaumes. Parmi les grands hommes de sa nation, que le sage
loue dans ce verset et les trois suivants, se trouvent des chefs de peuple, de puis-
sants rois, de grands politiques, des prophètes, des sages, des savants, d'habiles
musiciens, des poètes sacrés, des princes riches, pacifiques et heureux. — J/s ont
montré... la dignité de prophètes; ils ont montré qu'ils étaient prophètes. En effet,
Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, etc. ont montré qu'ils avaient l'esprit de prophétie.
1532
9. Et il en est d'autres dont il
n'y 8 pas de souvenir; ils ont
péri comme s'ils n'avaient pas
été; et ils sont nés, eux et leurs
fils avec eux, comme s'ils n'é-
laient pas nés.
10. Mais ces autres sont des
hommes de miséricorde, et les
œuvres de leur piété n'ont pas
manqué;
11. Avec leur postérité demeu-
rent toujours leurs biens;
19. C'est un héritage saint
que leurs neveux; et leur pos-
lérité s'est maintenue dans les
alliances ;
13. Et leurs fils à cause d'eux
demeurent jusqu'à jamais ; etleur
postérité ainsi que leur gloire ne
sera pas abandonnée.
14. Leurscorps ont été ensevelis
en paix, et leur nom vit dans tou-
tes les générations.
15. Que les peuples racontent
leur sagesse, et que l'assemblée
publie leur louange.
16. Hénoch a plu à Dieu, et il
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[ca. xuv.]
a été transporté dans le paradis,
pour annoncer aux nations la pé-
nitence.
17. Noé a été trouvé juste,
parfait, et au temps de la colere
il est devenu la réconciliation.
18. C'est pour cela qu'un reste
fut laissé sur la terre, lorsqu'ar-
riva le déluge.
19. Des alliances faites avec le
monde il a été le dépositaire, afin
que toute chair ne püt être exter-
minée par le déluge.
20. Abraham fut l'illustre pere
d'une multitude de nations, et il
ne s'est pas trouvé de semblable
àlui en gloire; il a conservé la
loi du Tres-Haut, et il a fait al-
liance avec lui.
21. C'est dans sa chair que /e
Seigneur a imprimé son alliance,
et dans la tentationil a été trouvé
fidele.
22. C'est pour cela que par ser-
ment il lui a donné de la gloire
dans sa race, et de croitre comme
un amas de terre;
Gen., 1x, 9. — 19. Gen., vi, 14; .17 — .5 ,זא XLIV, 16, Gen., v, 24; Hébr., .פאס
Gen., xvur, 10; Gal., πὶ, 6; .21 — .4 טא ;5 vit, 1; Hóbr., xi, 7, — 20. Gen., xii, 2; xv,
Gen., xxi, 1,
10. Ces autres (illi); c'est-à-dire les premiers dont il est question aux versets 8 et 7.
12. Dans les alliances du Seigneur.
14. Dans loutes les générations; littér. et par hébraisme, génération et génération.
16. Dans le paradis terrestre, selon les uns; dans le ciel, selon les autres. Quoi
qu'il en soit, la tradition des chrétiens et des juifs est que Hénoch est encore vivant,
et qu'il doit venir avant le jugement dernier pour combattre l'Antechrist. Compar.
Genèse, v, 22, 24; Hébreux, x1, 5; Apocal., x1, 3.
11. Noé a élé trouvé, etc. Voy. Genèse, vi, 8; vr, 1. — La réconciliation des
hommes; car c'est en lui que la race en a été conservée.
18. Un veste; un petit nombre d'hommes, quelques-uns.
19. Des alliances, etc. Compar. Genèse, 1x, 14; Hébreux, xx, 1.
20. Abraham fut, etc. Compar. Genèse, xn, 2; xv, 1; xvi, 4, 10. — * Père d'une mul-
titude, c'est la signification du nom d'Abraham.
21. C'est dans sa chair; par la circoncision. — Dans la tentation; dans l'épreuve à
laquelle Dieu soumit sa foi et sa tendresse paternelle, en lui commandant d'immoler
son fils Isaac. Voy. Genèse, xxi.
22. Un amas de terre (terre cumulum); le grec peut signifier {a poussière de la terre ;
le texte de la Genèse (x, 16), auquel le sage fait ici allusion, porte également /a
poussière de la terre.
(cu. xLv.]
93. Et comme les étoiles, d'é-
lever sa postérité, d'étendre son
héritage depuis une mer jusqu'à
une autre mer, et depuisun fleuve
jusqu'aux limites de la terre.
94. Et pour Isaac il a fait de
méme, à cause d'Abraham son
père.
95. Le Seigneur lui a donné la
bénédiction de toutes les nations ;
et il a confirmé son alliance sur
la téte de Jacob ;
26. Et il l'a reconnu par ses bé-
nédictions ; et il lui a donné l'hé-
ritage, et il a divisé sa part en
douze tribus.
297. Et il lui a conservé des
hommes de miséricorde, qui ont
trouvé grâce aux yeux de toute
chair.
CHAPITRE XLV.
Eloge de Moïse, d'Aaron, de Phinéès. Sa-
cerdoce d'Aaron. Punition de Coré, de
Dathan et d'Abiron.
1. Chéri de Dieu et des hommes
fut Moise, dont la mémoire est
en bénédiction.
2. Le Seigneur Ya fait sembla-
ble aux saints par la gloire, et il
l'a exalté par la crainte de ses
ennemis, et par ses paroles il
a lui-même apaisé des monstres.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1533
3. I1 l'a glorifié en présence des
rois, et il lui a prescrit ses ordres
devant son peuple, et il lui a
montré sa gloire.
4. Par sa foi et sa douceur il l'a
fait saint, et il l'a choisi d'entre
toute chair.
5. Car il l'a écouté et a entendu
sa voix, et il l'a fait entrer dans
la nuée.
6. Et il lui a donné devant son
peuple ses préceptes, et la loi de
vie et de science, pour apprendre
à Jacob son alliance, et ses juge-
ments à Israél.
7. ll a élevé Aaron son frere,
qui, comme lui, était de la tribu
de Lévi ;
8. Il a fait avec lui une alliance
éternelle, il lui a donné le sacer-
doce de son peuple, et il l'arendu
heureux par la gloire ;
9. Et il l'a ceint d'une ceinture
de gloire, et il l'a revétu d'une
robe de gloire, et l'a environné
d'ornements précieux.
10. Il lui a donné la robe qui
descend jusqu'aux pieds, les cale-
cons et l'éphod, et il l'a entouré
d'un grand nombre de sonnettes
d'or tout autour ;
41. Pour faire du bruit dans sa
marche, et faire entendre ce bruit
Cnar. XLV. 1. Exode, xi, 3. -- 3. Exode, vi, 7, 8. — 4. Nomb., xir, 3, 7; Hébr., ri, 2, 5.
— 11. Exode, ]אא 35.
23. Depuis une mer, etc. Ces paroles, qu'on lit expressément dans le Ps. Lxxt, 7,
sont équivalentes à celles que le Seigneur adressa à Abraham, aprés qu'il fut séparé
de Loth (Gen., xur, 44, 15). — Un fleuve; l'Euphrate.
25. Lui; à Isaac. — La bénédiction de toutes les nations ; c'est-à-dire pour toutes les
nations, par le Messie qui devait naitre de sa race. — Il a confirmé, etc.; c'est-à-dire
que les promesses faites à Abraham et transmises à Isaac sont passées de ce dernier
à Jacob.
26. Il l'a reconnu pour 16 véritable héritier d'Abraham
21. De toute chair; hébraisme pour de tous les hommes
4. Toute chair; hébraisme pour tous les hommes.
; 9. Il l'a ceint, etc. Voy. sur les vêtements du grand prêtre, Exod., 28. — Précieur ;
littér, de vertu (virtutis); de qualité, de mérile, d'un grand prix.
1531
dans le temple, comme un aver-
tissement pour les fils de son
peuple;
19. Il lui a donné la robe sainte,
ouvrage tissu d'or, d'hyacinthe et
de pourpre, par un homme sage
,doué de jugement et de vérité;
13. Ouvrage d'un ouvrier ha-
bile, en fil retors d'écarlate ; avec
des pierres précieuses enchassées
dans l'or, et gravées parle travail
d'un lapidaire, en mémoire des
douzes tribus d'Israél.
14. Une couronne d'or surmon-
tait sa mitre, marquée du signe
de la saintelé et de la gloire de
l'honneur, ouvrage précieux, et
objet de désir pour les yeux par
sa beauté.
15. D'aussi beaux vétements, il
n'y en ἃ pas eu de pareils jusqu'à
l'origine.
16. Aucun étranger n'en a été
revêtu; mais seulement ses fils
et les fils de ses fils, dans tous
les temps.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cu. xrv.]
17. Les sacrifices ont été con-
sumés par le feu chaque jour.
18. Moïse lui a rempli les mains,
et l'aoint de l'huile sainte.
19. Dieu à fait avec lui et avec
sa race une alliance éternelle, et
qui durera comme les jours du
ciel, pour exercer le sacerdoce et
chanter leslouanges du Seigneur,
et bénir solennellement son peu-
ple en son nom.
20. Il l'a choisi entre tous les
vivants, pour offrir à Dieu le sa-
crifice, l'encens etla bonneodeur,
en souvenir, pour lapaiser en
faveur de son peuple ;
91. Et il lui a donné pouvoir
sur ses préceptes, sur les disposi-
tions de ses jugements pour ap-
prendre à Jacob ses témoignages,
et pour donner la lumiere de sa
loi à Israél.
22. Contre lui se sont levés des
étrangers, et par envie l'ont en-
vironné, dansle désert, des hom-
mes qui étaient avec Dathan et
18. Lév., vir, 12. — 22. Nomb., xvi, 1, 3.
13. * Description du rational, sur lequel étaient gravés les noms des douze tribus,
14. Marquée, etc.; sur laquelle était gravé le mot sainteté (Exod., xxvii, 36). — La
gloire de l'honneur; c'est-à-dire une très grande gloire. En hébreu deux mots de
méme signification étant réunis forment un superlatif. Voy. pag 341, 10 — Précieux ;
littér. de vertu. Voy. le vers. 9. — Objet, etc.; littér. désirs ornés des yeux.
15. Jusqu'à l'origine; c'est-à-dire en remontant jusqu'à l'origine, depuis l'origine
du monde.
16. N'en; c'est-à-dire des vétements dont il vient d'étre parlé. Le mot i//a de la
Vulgate représente, non l'ablatif singul. fémin., mais l'accus. plur. neutre; ce qui
devient évident par la confrontation du texte grec.
18. Lui a rempli, etc.; en lui mettant dans les mains les instruments de son minis-
tere, et les parties des victimes qui lui appartenaient; ce qui était une partie de la
cérémonie usitée pour la consécration des prétres. De là vient que la Vulgate, à
l'exemple des Septante, met ailleurs consacrer les mains, au lieu de remplir les mains,
qui se trouve constamment dans l'hébreu.
19. Bénir solennellement; vrai sens de glorificare dans ce passage. Le grec et la
version Sixtine portent également bénir.
20. La bonne odeur; les parfums.
21. Pouvoir sur, etc.; le pouvoir, l'autorité d'interpréter et d'enseigner, etc. — Ses
témoignages; ses commandements, sa loi. Voy. sur le sens de témoignage, pag. 909.
Ps. cxvnr, 1. — La lumière; l'intelligence.
39, Ainsi que la troupe, etc.; est un des sujets ou nominatifs de ont environné,
«cH. χυντ
Abiron, ainsi que la troupe fu-
rieuse de Coré.
23. Le Seigneur Dieu vit ce/a,
et cela ne lui plut pas, et ils fu-
rent consumés par l'impétuosité
de son courroux.
24. Il fit contre eux des pro-
diges extraordinaires, il les con-
suma dans une flamme de feu.
95. Et il augmenta la gloire
d'Aaron, et il lui donna un héri-
tage, et lui distribua les prémices
des fruits de la terre.
26. Il leur prépara en premier
lieu une nourriture jusqu'à sa-
tiété; car ils doivent manger
aussi des sacrifices du Seigneur,
qui les lui a donnés ainsi qu'à sa
postérité.
27. Du reste, il ne doit point
hériter de la terre des nations ; il
n'a point de part au milieu de son
peuple; car /e Seigneur est lui-
méme sa part et son héritage.
98. Phinées, fils d'Eléazar, est
le troisieme en gloire en imitant
Aaron dans la crainte du Sei-
gneur,
29. Et en demeurant ferme lors-
28. Nomb., xxv, 7; 1 Mac., ,זז 26, 54.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1535
que le peuple révérait des faux
dieux ; par sa bonté et le zèle ar-
dent de son âme, il réconcilia Dieu
avec Israël.
30. C'est pour cela que Dieu
a fait avec lui une alliance de
paix; 77 lui a donné l'empire des
choses saintes et de sa nation,
afin qu'à lui et à sa postérité soit
à jamais la dignité du sacerdoce.
31. Et l'alliance avec David roi,
fils de Jessé, de la tribu de Juda,
c'est l'héritage du royaume pour
lui et pour sa postérité, afin de
répandre la sagesse dans nos
cœurs, pour juger son peuple
dans la justice, afin que leurs
biens ne fussent pas anéantis ; et
il a rendu pour leur nation leur
gloire éternelle.
CHAPITRE XLVI.
Eloge de Josué et de Caleb; des juges en
général, et en particulier de Samuel.
1. Jésus Navé, vaillant dans la
guerre et successeur de Moise
parmi les prophétes ; il fut grand
selon son nom,
26. Leur; c'est-à-dire aux enfants d'Aeron. — En premier lieu (in primis); avant
tout, principalement; selon d'autres, dans les prémices;
mais le grec et la version
Sixtine lisent comme la Vulgate, et non point dans /es prémices (in primitiis), comme
au verset précédent. — Jusqu'à saliélé; c'est-à-dire très abondamment.
29. En demeurant; littér. demeurer (stare). Cet infinitif, qui se trouve également
dans les Septante est un hébraisme; car en hébreu l'infinitif remplace assez souvent
les autres modes du verbe. — Révérait (in reverentia); selon le grec, se délournait
du Seigneur pour se livrer à l'idolàtrie et au libertinage. Voy. Nombr., xxv, 1-3.
30. Dieu a fait alliance, etc.; allusion aux paroles que Dieu fit adresser à
Phinéès
pour sa conduite courageuse (Nombr., xxv, 12).
31. Pour juger. L'infinitif judicare est mis ici, comme dans les Septante, par hé-
braisme, au lieu de Judicandum. Compar. le verset 29. Remarquons que ce membre
de phrase, pour juger, etc., est sous la dépendance du précédent, afin de répandre, etc.,
comme un effet l'est de sa cause.
1. Jésus Navé ; c'est-à-dire Jésus, fils de Navé. Les Grecs nomment ainsi Josué, fils
de Nun. — Grand selon son nom. Le mot Jésus signifie en hébreu salut; mais Josué,
selon les différentes formes qu'il ₪ dans cette langue, peut se traduire par sauveur,
salut, sauveur donné de Dieu, dont Dieu est le second,
1590
2. Trés grand pour sauver les
élus de Dieu, pour renverser les
ennemis qui s'élevaient, afin de
conquérir l'héritage d'Israël.
3. Quelle gloire n'a-t-il pas ac-
quise en élevant ses mains, eten
tirant contre des cités des épées à
deux tranchants ?
4. Qui avant lui ἃ ainsi ré-
sisté? Car lui-même le Seigneur
a amené ses ennemis ὦ ses pieds.
ὃ. Est-ce que dans son courroux
n'a pas été arrêté le soleil, et
qu'un seul jour n'est pas devenu
comme deux ?
6. ll invoqua le Très-Haut
puissant, en attaquant les enne-
mis de toutes parts; et le Dieu
grand et saint l'écouta; 6 Dieu
quis'est montré très puissant, par
les pierres d'une grosse gréle.
1. Il fit une attaque contre un
peuple hostile, et à la descente,
il détruisit les ennemis,
8. Afin que les nations connus-
sent la puissance du Seigneur;
car contre Dieu il n'est pas facile
de combattre. Et il suivit la con-
duite du puissant;
9. Et dans les jours de Moise
il fit une action de miséricorde,
lui, ainsi que Caleb, fils de Jé-
phoné, en demeurant ferme
contre l'ennemi, en détournant
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cH. xLvi.]
le peuple du péché, et en com-
primant le murmure de la ma-
lice.
10. Et tous deux établis par le
Seigneur furent délivrés du péril,
du nombre des six cent mille
hommes de pied, pour introduire
le peuple dans son héritage, dans
cette terre où coulent le lait et le
miel.
11. Et le Seigneur donna la
force à Caleb, et jusque dans sa
vieillesse lui demeura sa vi-
gueur, afin qu'il montât dans le
lieu le plus élevé de cette terre,
et sa postérité l'a obtenu en héri-
tage ;
19. Afin que tous les enfants
d'Israél reconnussent qu'ilest bon
d'obéir au Dieu saint.
13. Puis sont venus les juges,
désignés chacun par son nom,
dont le cœur ne s'est point per-
verli, et qui ne se sont pas dé-
tournés du Seigneur ;
14. Afin que leur mémoire soit
en bénédiction, et que leurs os
refleurissent en sortant de leur
lieu ;
15. Et que leur nom demeure
éternellement; la gloire des hom-
mes saints demeure surleurs fils.
16. Chéri du Seigneur son Dieu,
Samuel, le prophète du Seigneur,
Cap. XLVI. 5. Jos., x, 14. — 9. Nomb., xiv, 6.
6. Par les pierres d'une grosse gréle, qu'il fit tomber sur ses ennemis.
1. La descente de Béthoron. Compar. Josué, x, 11.
8. De prés; littér. par derrière (a tergo).
9. Et dans les jours, etc. Voy. Nomór., xiv, 6 et suiv. — En demeurant ferme, en dé-
tournant, en comprimanl; littér. demeurer ferme (stare), détourner (prohibere), com-
primer (perfringere). Voy., sur ces infinitifs, xLv, 29.
14. En sortant; ou bien et qu'ils sortent. Une de ces deux expressions est évidem-
ment sous-entendue, et a pour complément les mots de leur lieu(de loco suo); c’est-
à-dire de leur tombeau. Voy., sur ce genre de construction notre observation,
pag. 342, 20. Quant à la figure des os qui doivent refleurir, compar. Isaie, Lxvr, 14;
Ezéch., xxxvi, 3 et suiv.
1€. À renouvelé, etc.; c’est-à-dire a donné une nouvelle forme à l'empire des Hé-
[cg. xtv]
a renouvelé l'empire et il a oint
des princes dans sa nation.
11. Selon la loi du Seigneur, il
a jugé lassemblée d'Israël, et
Dieu a vu Jacob, et par sa fidélité
il a été reconnu prophète;
18. Et il a été trouvé fidèle en
ses paroles, parce quil a vu le
Dieu de lumiere ;
19. Et il a invoqué le Seigneur
tout-puissant par l'oblation d'un
agneau sans tache, en combat-
tant les ennemis qui l'environ-
naient de tous cótés.
20. Et le Seigneur tonna du
ciel, et avec un grand bruit fit en-
tendre sa voix,
91. Et il brisa les princes de
Tyr et tous les chefs des Philis-
lins ;
22. Et avant le temps de la fin
de sa vie dans le monde, il pro-
testa en présence du Seigneur et
de son Christ, qu'il n'avait recu
de l'argent d'aucune personne,
pas méme une chaussure ; et pas
un homme ne l'accusa.
23. Et apres cela il s'endormit,
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1537
et il fit connaitre au roi, et il lui
montra la fin de sa vie, et il éleva
sa voix de la terre pour prophé-
tiser 18 destruction delimpiété du
peupie.
CHAPITRE XLVII.
Eloge de Nathan, de David et de Salo-
mon. Chute de ce prince. Mauvaise
conduite de Roboam. Impiété de Jéro-
boam. Infidélité des Israélites.
1. Aprés ces choses se leva Na-
than, le prophète, aux jours de
David.
2. Et comme la graisse a été
séparée de la chair, ainsi David
des enfants d'Israël.
3. Avec les lions, il s'est joué
comme avec des agneaux, et avec
les ours il agit de la méme ma-
niere qu'avec les petits des bre-
bis dans sa jeunesse.
4. N'est-ce pas lui qui tua le
géant, et qui enleva l'opprobre de
la nation?
9. En levant la main, par la
pierre de sa fronde, il terrassa
l'orgueil de Goliath ;
19. I Rois, vir, 9. — 22. I Rois, xit, 3. — ΒΑΡ. XLVII. 1. II Rois, xir, 1. — 3. I Rois,
I Rois, xvir, 49. .4 — .94 נטא
breux, en sacrant, par l'ordre de Dieu, Saül, et aprés lui David, rois du peuple d'Israël,
qui, auparavant, était gouverné par des juges, dont Samuél fut lui-même le dernier.
21. * Au lieu des princes de Tyr, le texte original devait porter : Jes princes des
ennemis. Le mot signifiant Tyr et ennemi est le méme en hébreu.
92. De sa vie dans le monde; ou dans le temps; littér. de sa vie οἱ du monde ou du
temps; ce qui est un pur hébraisme; car, en hébreu, lorsque deux substantifs sont
liés par la particule ef, le second sert quelquefois d'adjectif et en a la signification.
Ainsi le sens de ce passage est, de sa vie qui appartient au monde, de sa vie tem-
porelle. — De son Christ; de son oint ou sacré; c'est-à-dire, Saül. Compar. I Rois,
XII, ὦ,
23. Il s'endormit; il mourut. — Pas méme une chaussure. Compar. Genèse, x1v, 23.
— Et il fit connaitre, etc. Aprés sa mort, Samuel apparut à Saül, et lui annonca qu'il
mourrait le lendemain. Compar. 1 Rois, xxvii, 18 et suiv.
2. Et comme la graisse, etc. Comme la graisse, qui était la meilleure partie de la
chair des victimes, s'en séparait pour étre offerte au Seigneur, ainsi David fut tiré
du milieu des enfants d'Israél, comme étant ce qu'il y avait de meilleur parmi eux,
et chéri particulierement de Dieu.
4. * Le géant Goliath.
A. T. Me 97
1538
6. Car il invoqua le Seigneur
tout-puissant, et /e Seigneur lui
donna de renverser par sa droite
un homme fort dans la guerre,
et de relever la corne de sa na-
tion.
1. Aussi elle lui donna l'hon-
neur d'en avoir vaincu dix mille,
et elle le loua du milieu des
bénédictions du Seigneur, en lui
offrant une couronne de gloire;
8. Car il brisa les ennemis
de toutes parts; il extirpa les
Philistins, ennemis jusqu'à ce
jour; il brisa leur corne pour ja-
mais.
9. En toutes ses œuvres il a
rendu gloire au Saint et au Très-
Haut, par des paroles de lou-
ange.
10. De tout son cœur il a loué
le Seigneur, et il ἃ aimé Dieu
qui l'a fait, et qui lui a donné la
puissance contre les ennemis ;
41. Et il a établi des chantres
devant l'autel, etil a accompagné
leurs chants de modulation plei-
nes de douceur.
19. Et il à donné de la pompe
à la célébration des fétes, et il
a orné les temps sacrés jusqu'à la
consommation de sa vie, afin
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cH. xLvit.|
qu'on louát le nom saint du Sei-
gneur, et qu'on rehaussàt dès le
matin la sainteté de Dieu.
13. Le Seigneur l'a purifié de
ses péchés, et ἃ exalté pour ja-
mais sa corne; et il lui a assuré
par une alliance le royaume et un
tróne de gloire dans Israél.
14. Après lui s'éleva son fils
doué de sagesse, et à cause de lui
le Seigneur renversa toute la
puissance des ennemis.
15. Salomon régna en des
jours de paix, et Dieu lui soumit
tous les ennemis, afin qu'il bàtit
une maison en son nom, et qu'il
lui préparât un sanctuaire pour
toujours. Comme vous avez été
instruit dans votre jeunesse,
16. Vous avez été rempli de sa-
cesse comme un fleuve, et votre
àme a découvert la terre.
11. Et vous avez renfermé des
énigmes dans des paraboles ;
jusquaux iles lointaines a été
publié votre nom, et vous avez
été aimé dans votre régne de
paix.
18. Dans vos cantiques, vos pro-
verbes,vos paraboles et vos inter-
prétations, toute la terre a trouvé
un sujet d'admiration,
1. I Rois, xvni, 7. — 13. II Rois, xir, 13. — 15. 111 Rois, ur, 4. — 16. 111 Rois, 1v, 31.
6, 8. La corne; la force, la puissance, dont la corne était le symbole chez les Hé-
breux.
8. Jusqu'à ce jour. David défit les Philistins dans plusieurs combats, et abattit
tellement leur puissance qu'ils ne purent de trés longtemps se relever.
19. Afin qu'on louát, qu'on rehaussál; littér. qu'ils louassent, qu'ils rehaussassent ;
le sujet de ces verbes pluriels, ce sont les ministres du temple. Ces mots et les sui-
vants, jusqu'à la fin du verset, sont l'explication de la première partie.
15. Une maison en son nom; un temple au nom du Seigneur.
16. A découvert la terre; les mystères, les secrets de la terre. C'est probablement
une allusion aux recherches de Salomon sur les plantes, les métaux, les animaux, etc.
Compar. 111 Rois, 1v, 29 et suiv.
18. Vos interprétations; celles entre autres des énigmes qui lui furent proposées
par la reine de Saba (II Rois, x, 1 et suiv.), et par Hiram, roi de Tyr (Josèphe,
Anliq., liv. VIII, ch. πὴ).
]68. xzvur.] L'ECCLÉSIASTIQUE. 1539
19. Ainsi que dans le nom du | cobetàDavid,deleurproprerace.
Seigneur Dieu, dont le surnom 26. Et Salomon a pris fin avec
est Dieu d'Israël. ses peres.
20. Vous avez amassé l'or com- 27. Et il a laissé de sa race après
me d'autres Yairain, et accu- | lui, la folie de sa nation,
mulé l'argent comme d'autres le 28. Et un homme dénué de pru-
plomb; dence, Roboam, qui détourna de
91. Et vous avez abandonné | /ui la nation par son conseil ;
votre personne auxfemmes ; vous 29. Et Jéroboam fils de Nabat
avez asservi votre corps; qui fit pécher Israël, et fraya la
29. Vous avez imprimé une | voie de pécher à Ephraim, et
tache dans votre gloire; vous | leurs péchés très nombreux ont
avez profané votre race, de ma- ; débordé.
nière à attirer le courroux du 30. Ils les ont beaucoup éloignés
Seigneur sur vos enfants, et à | de leur terre.
exciter votre folie, 91. Et eux ont recherché toute
23. En formant un empire di- | sorte de mal, jusqu'à ce que la
visé en deux parties, et en faisant | vengeance soit venue sur eux,
sortir d'Ephraim une domination | et qu'elleait mis fin àtoutes leurs
dure. iniquités.
24. Mais Dieu n'oubliera pas sa
miséricorde, il ne détruira et n'a- CHAPITRE XLVIII.
néantira pas ses ouvrages; il ne Eloge d'Elie, d'Elisée, d'Ezéchias et
retranchera pas par la racine la QUE
postérité de son élu, et la race de 4. Et Elie, prophète, se leva
celui qui aime le Seigneur, il ne | comme un feu, et sa parole brü-
la détruira pas. lait comme une torche ardente.
95. Mais il a laissé un reste à Ja- 9. Il fit venir sur eux la fa-
20. III Rois, x, 27. — 23. III Rois, xir, 16. — 29. III Rois, xir, 28. — .ג
1. III Rois, xvir, 1.
22, 23. Sur les infinitifs inducere, incitari, imperare, voy. xtv, 29.
25. Il a. laissé, etc.; c'est-à-dire que Dieu a donné à Jacob un prince dans la per-
sonne de Jéroboam, roi des dix tribus, et à David un rejeton pour régner dans Juda.
26. A pris fin, etc.; est mort comme ses péres.
21, 28. La folie; c'est-à-dire le plus fou, le plus insensé. En hébreu on exprime
souvent le superlatif en mettant le nom abstrait au lieu du concret. On dit aussi
en francais : C'est la vertu, le vice méme, pour trés vertueux, très vicieux. Voy. sur
Roboam, III Rois, xit.
29. Ephraim; est mis ici pour le royaume d'Israél dont il formait la principale
partie.
30. Ils les ont, etc. Ce sont ces péchés, en effet, qui ont été la cause de la capti-
vité d'Assyrie (IV Rois, xvit, 6, 1).
31. La vengeance; c'est le vrai sens du mot defensio, expliqué par le texte grec, et
par plusieurs passages de la Vulgate elle-même. D'ailleurs, comme nous l'avons déjà
remarqué, dans la basse latinité on a dit defensor pour ultor.
1. * Pour les allusions contenues dans ce chapitre, voir les passages auxquels ren-
voient les références bibliques.
2. Sur eux; sur les Israélites.
1510
mine; et ils l'irritèrent par leur
envie, et ils furent réduits à un
petit nombre; car ils ne pouvaient
supporter les préceptes du Sei-
gneur.
3. Par la parole du Seigneur, il
contint le ciel, et il fit tomber du
cielle feu trois fois.
4. Ainsi fut gratifié Elie par ses
merveilles. Et qui peut se glo-
rifier de la méme manière que
vous?
5. Qui, du domaine de la mort,
par la parole du Seigneur Dieu,
avez enlevé un mort des enfers;
0. Qui avez précipité des rois
dans la ruine; brisé sans peine
leur puissance et les avez abattus
de leur lit au milieu de leur
gloire ;
7. Qui écoutez sur le Sinaï le
jugement du Seigneur, et sur
l'Horeb les jugements de sa ven-
geance ;
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cu. xevur.]
8. Qui oignez des rois pour la
pénitence, et qui établissez des
prophètes pour être vos succes-
5615;
9. Qui avez été recu dans un
tourbillon de feu, dans un char
conduit par des chevaux de feu ;
10. Qui avez été inscrit dans les
décrets des temps pour adoucir
le courroux du Seigneur, unir le
cœur du père au fils et rétablir
les tribus de Jacob.
11. Bienheureux sont ceux qui
vous ont vu et qui ont été hono-
rés de votre amitié ;
19. Car pour nous, nous vivons
dans cette vie seulement; mais
apres la mort, notre nom ne sera
pas de méme.
13. Elie, à la vérité, a été en-
veloppé dans un tourbillon, et
dans Elisée est resté son esprit
tout entier; en ses jours, Elisée
n'a redouté aucun prince, et per-
3. III Rois, xvu, 1; 1% Rois, 1, 10, 12. — 5. III Rois, xvir, 22. — 9. IV Rois, m, 11. —
10. Malac., 1v, 6. — 13. IV Rois, m, 11.
3. Il contint le ciel; en lui ordonnant, au nom du Seigneur, de ne pas donner de
pluie. Compar. III Rois, xvi, 1. — Il fit tomber, etc. )111 Rois, xvur, 38; IV Rois, τ, 0
et suiv.).
5. Un mort; le fils de la veuve de Sarepta (III Rois, xvii, 22). — Des enfers; c'est-
à-dire du lieu où les âmes des saints de l'Ancien Testament étaient réunies en atten-
dant la venue de Jésus-Christ.
1. Vengeance; littér. défense. Compar. xLvn, 31.
8. Qui oignez, etc. Elie reçut l'ordre de Dieu d'aller sacrer Hazaél, roi de Syrie, et
Jéhu, roi d'Israél (III Ro?s, xix, 15, 16); mais il parait que c'est le prophète Elisée,
disciple d'Elie, qui fut chargé de l'exécution de cet ordre (IV Rois, ץ 13; ix, 1-12).
— Pour la pénitence; pour amener le peuple prévaricateur à faire pénitence, Dieu
s'est, en effet, servi de ces rois pour châtier le peuple qui s'était rendu coupable
d'idolátrie.
9. Qui avez été reçu, etc. Voy. IV Rois, τι, 2.
10. Inscrit; désigné, marqué, destiné. — Les décrets des temps; ce sont probable-
ment les décrets de Dieu relatifs aux temps ou aux choses qui doivent arriver dans
les temps, et surtout dans les derniers temps, lorsque, selon la prophétie de Mala-
chie (rv, 6), Elie convertira le cœur des pères aux fils et le cœur des fils aux pères,
pour que le Seigneur ne frappe point la terre d'anathéme. C'est d'ailleurs la tradition
constante de la synagogue et de l'Eglise chrétienne, que ce prophéte viendra avant
la fin du monde, pour combattre l'Antechrist, et pour ramener les Juifs dans l'Eglise
de Jésus-Christ.
12. Ne sera pas de méme (non erit fale); c'est-à-dire ne vivra pas,
13, Ne l'a vaincu; n'a pu le faire fléchir, le subjuguer.
(cu. xuix.]
sonne par sa puissance ne l'a
vaincu ;
14. Aucune parole n'a prévalu
sur lui, et même mort, son corps
a prophétisé.
15. Pendant sa vie, il a fait des
prodiges extraordinaires, et à sa
mort des choses merveilleuses.
16. Au milieu de toutes ces
choses, le peuple n'a pas fait
pénitence, et ils ne se sont pas
détournés de leurs péchés, jus-
qu'à ce qu'ils ont été chassés de
leur pays et disperséssur toute la
terre;
11. Et il n'est resté qu'une pe-
tite partie du peuple et un prince
de la maison de David.
18. Quelques-uns d'entre eux
ont fait ce qui plaisait à Dieu dans
leur vie; maisles autres ont com-
mis beaucoup de péchés.
19. Ezéchias a fortifié sa ville;
il y a conduit de l'eau au milieu,
et il a creusé le roc avec le fer, et
il a bâti un puits pour conserver
l'eau.
20. Dans ses jours monta Sen-
nachérib, et il envoya Rabsaces,
et il leva la main contre eux, et
étendit sa main contre Sion, et il
devint superbe de sa puissance.
91. Alors leurs cœurs et leurs
mains défaillirent, et furent en
proie à la douleur, comme des
femmes en travail.
22. Et ils invoquèrent le Sei-
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1541
gneur miséricordieux, et, éten-
dant leurs mains, ils les éleverent
vers le ciel, et le saint Seigneur
Dieu écouta aussitót leurs voix.
29. Il ne se souvint point de
leurs péchés, et il ne leslivra pas
àleurs ennemis; mais il les pu-
rifia par la main d'Isaie, le saint
prophète.
24. ll renversa le camp des
Assyriens, et l'ange du Seigneur
les écrasa ;
25. Car Ezéchias fit ce qui était
agréable à Dieu, et courageuse-
ment il marcha dans la voie de
David, son pere, que lui avait re-
commandée 15816, grand pro-
phète, et fidèle aux yeux du Sei-
gneur.
26. Dans ses jours, le soleil re-
tourna en arrière, et il prolongea
la vie au roi.
21. Eclairé par un grand es-
prit, 11 vit la fin des temps, et il
consola ceux qui pleuraient en
Sion.
28. ll montra l'avenir jusqu'à
la fin des temps, etles choses ca-
chées avant qu'elles arrivassent.
CHAPITRE XLIX.
Eloge de Josias, de Jérémie, d'Ezéchiel,
des douze petits prophétes, de Zoroba-
bel, du grand-prétre Jésus, de Néhé-
mie, d'Hénoch, de Seth, de Sem, d'A-
dam.
1. La mémoire de Josias est de-
14. IV Rois, xur, 21. — 20. IV Hois, xvin, 18, — 24. IV Rois, xix, 35; Tobie, 11791:
Isaie, ,טאאא 36; 1 Mac., vir, M; II, vir, 19. — 26. IV Rois, xx, 11; Isaie, xxxvi, 8,
— (βαρ, XLIX. 1. IV Rois, xxii, 1.
16. Ils ne se sont, etc. Le mot peuple étant un nom collectif, l'auteur a pu mettre
au pluriel les verbes dont il est le sujet.
30. Dans ses jours, etc. Cette histoire est racontée au long dans IV Rois, xvmr, xix ;
I| Paralip., xxxu ; Isaïe, XXXVI. — Contre eux; contre les Juifs dont il est parlé au
vers. 18.
1. La mémoire, etc. Voy. sur l'histoire de Josias, IV Rois, xxu, xxu.
41542
venue une composition d'odeur,
une œuvre de parfumeur.
9. A toute bouche, sa mémoire
sera douce comme le miel et
comme une musique dans un fes-
tin où on boit du vin.
3. C'estlui qui a été divinement
dirigé pour la pénitence de la na-
tion, et il a fait disparaitre les
abominations de l'impiété.
4. Et il a tourné son cœur vers
le Seigneur, et dans les jours des
péchés, il a affermi la piété.
5. Excepté David, Ezéchias et
Josias, tous ont commis le péché ;
6. Car ils ont abandonné la loi
du Très-Haut, les rois de Juda,
et ils ont méprisé la crainte de
Dieu.
7. Ils ont donné leur royaume
à d'autres, et leur gloire à une
nation étrangère.
8. Ils ont brülé la ville choisie
et sainte, et ils ont rendu ses
voies désertes, par l'entremise de
Jérémie.
9. Car ils ont maltraité celui
qui, dès le sein de sa mère, fut
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cH. xLIx.]
consacré prophète pour renver-
ser, détruire et perdre, et de nou-
veau édifier et renouveler.
10. C'est Ezéchiel qui a vu la
vision degloire quele Seigneurlui
montra sur un char de chérubins;
44. Car il a fait mention des en-
nemis par une pluie; 7 « fait
mention aussi des biens réservés
àceux qui ont montré les droites
voies.
19. Et que les os des douze pro-
phétes refleurissent en sortant de
leur lieu ; car ils ont fortifié Ja-
cob, et ils se sont rachetés de la
servitude par une foi courageuse.
13. Comment grandirons-nous
Zorobabel? car il a été comme un
anneau à la main droite ;
14. Et aussi Jésus, fils de José-
dec, qui, en leurs jours, ont re-
bàti la maison et relevé le temple
saint du Seigneur, préparé pour
une gloire éternelle ?
15. Et Néhémias juivra dans la
mémoire pendant un long temps,
lui qui a relevé nos murs abattus,
qui a rétabli nos portes et nos
8. IV Rois, xxv, 9. — 10. Ezéch., 1, 4. — 13. I Esdr., πὶ, 2; Agg.,
xxiI, 24, — 14, Zach., זז 4.
M — — — M t — וו
I5 4; XIV2IO IIS
9. Comme une musique, etc. Compar. xr, 20.
3. Pour la pénitence de la nation. Compar. xui, 8.
5. Ont commis le péché d'idolàtrie, ou en y tombant, ou du moins en 16 tolérant.
8. Par l'entremise; le ministère; tel est le sens ici, comme en bien d'autres pas-
sages, de l'expression par la main (in manu) dela Vulgate et des Septante. Ces deux
versions ont fidélement reproduit ce qui a dà étre dans le texte hébreu.
10. C'est Ezéchiel, etc.; allusion aux célèbres visions décrites dans Ezéch., vir, x, etc.
41. Il a fait mention, οἷοι; il ἃ marqué par une pluie ce qui devait arriver aux
ennemis du Seigneur. Dans le style des prophétes, la pluie, la tempéte, les tourbil-
lons, signifient ordinairement des maux, des calamités. — Des biens réservés ἃ
ceux, etc.; littér. faire du bien à ceux (benefacere illis) ; cet infinitif, qui se trouve
également dans le grec et dans la version Sixtine, et qui est un second complément
du verbe à à fait mention (commemoratus est), représente évidemment un nom subs-
tantif.
12. Refleurissent, etc. Voy. אנא 14.
13. Anneau; ou ‘cachet (signum). Comme l'anneau qu'on mettait à la main droite
était ordinairement d'une matière précieuse et d'un trés beau travail, on ne pouvait
mieux marquer son estime pour une personne qu'en la comparant à cette sorte de
bijou.
[eu. L.]
serrures, et qui a relevé nos mai-
sons.
16. Personne n'est né sur la
terre tel qu'Hénoch; car il a été
enlevé de la terre ;
17. Ni comme Joseph, homme
qui est né prince de ses freres, le
soutien de sa famille, le gouver-
neur de ses freres et l'appui de
son peuple;
18. Et ses os ont été visités, et,
après sa mort, ils ont prophétisé.
19. Seth et Sem ont acquis de
la gloire parmi les hommes; et
au-dessus de toute âme est par
l'origine Adam.
CHAPITRE L.
Eloge du grand prétre Simon, fils d'Onias.
Les Israélites exhortés à implorer le
secours du Seigneur. Trois peuples
dignes de haine. Auteur de ce livre.
Heureux ceux qui profiteront de ses
instructions.
1. Simon, fils d'Onias, grand
prétre, qui, dans sa vie, a soute-
nu la maison du Seigneur, et, en
ses jours, a fortifié le temple.
9. C'est par lui aussi qu'a été
faitle fondement profond du tem-
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1543
ple, le double bátiment et les
hautes murailles du temple.
3. En ses jours ont coulé des
puits d'eaux, et comme une mer,
ils ont été remplis outre mesure.
4. ll a eu soin de sa nation et
l'a délivrée de la perdition.
5. Il a été assez puissant pour
agrandir la cité ; 11 a acquis de la
gloire en vivant au milieu de la
nation, et il a agrandi l'entrée de
la maison du Seigneur et du par-
vis.
6. Comme luitl'étoile du matin
au milieu d'un nuage et comme
la lune dans les jours de son
plein;
1. Et comme le soleil resplen-
dissant, ainsi lui a resplendi dans
le temple de Dieu.
8. Comme 160
dans des nuées de gloire, comme
la fleur des roses aux jours du
printemps, comme les lis qui sont
presd'uncourantd'eau, etcomme
l'encens quirépand son odeur aux
jours de l'été ;
9. Comme le feu qui étincelle,
et comme l'encens qui s'évapore
au feu;
11. Gen., xL1, 40; ,זנזא 8; xLv, 5; L, 20. — 19, Gen., 1v, 25; v, 31. — (βαρ, L. 1. Mac.,
xn, 7: Il, ,ד 4.
18. Ont été visités; c'est-à-dire traités avec soin, avec égard ; c'est, en effet, le sens
qu'a quelquefois en hébreu le verbe visiter. — Ont prophélisé aprés sa mori; car
Joseph, avant de mourir, ayant prédit la sortie des Israélites de l'Egypte et leur
entrée dans la terre de Chanaan, et ayant ordonné qu'on transportàt ses ossements
en Chanaan (Genèse, v, 23, 24; Exod., xui, 19), ces ossements confirmaient, par leur
transport méme, l'aecomplissement des premières paroles de Joseph, et garantissaient
la réalisation des dernières; ce qui peut s'appeler prophétiser.
19. Seth et Sem, etc. De Seth sortit la race des justes d'avant le déluge; de Sem
vint la race des justes d'aprés le déluge.
1. Simon, etc. Il y a eu deux grand prétres du nom de Simon, et qui eurent pour
péres des hommes appelés Onias. Le sentiment le plus suivi est qu'il s'agit ici de
Simon II, qui signala son zéle et sa piété contre Ptolémée Philopator, roi d'Egypte,
qui voulait entrer dans le sanctuaire; résistance que Dieu honora d'un miracle
(ΠῚ Machab., τι, Josèphe, Antiq., liv. XII, ch. 1v). — * Voir l'Introduction, p. 689,
8. De gloire (gloriz) ; d'éclat, lumineuses.
1544
10. Comme un vase d'or massif
orné de toute sorte de pierres
précieuses ;
11. Comme un olivier poussant
ses rejetons, et comme un cyprès
qui s’élève en haut; ainsi il a
paru, lorsqu'il a pris sa robe de
gloire, et qu'il s'est revétu de
tous les ornements de sa dignité.
12. En montant au saint autel,
il a honoré les vétements de sain-
teté.
13. Or, en recevant des parties
de la victime des mains des pré-
tres, il se tenait lui-méme debout
àlautel, et autour de lui étaient
ses fréres, comme une couronne,
comme une plantation de cèdres
sur le mont Liban;
14. Ainsi, autour de lui se te-
naient debout, comme des bran-
ches de palmier, tous les fils
d'Aaron dans leur gloire.
15. Or l'oblation du Seigneur
était présentée par leurs mains
devant toute l'assemblée d'Israël,
et, achevant le sacrifice à l'autel
pour rehausser l'oblation du roi
Tres-Haut,
16. Il a étendu sa main pour la
libation, et il a répandu le sang
du raisin.
17. ll a répandu au pied de
l'autel une odeur divine en l'hon-
neur du prince Très-Haut.
L'ECCLÉSIASTIQUE.
[cH. L.'
18. Alors les fils d'Aaron ont
fait des exclamations et ont sonné
des trompettes battues au mar-
teau, et ils ont fait entendre une
grande voix po&r rappeler leur
mémoire devant Dieu.
19. Alors tout le peuple en-
semble s'est empressé, et ils sont
tombés la face contre terre pour
adorer le Seigneur leur Dieu, et
pour adresser des prieres au
Tout-Puissant, le Dieu tres haut.
20. Et les chantres ont élevé
leurs voix, et dans la grande mai-
son s'est accru un bruit plein de
suavité. ,
21. Et le peuple a prié le Sei-
gneur, le Très-Haut, jusqu'à ce
que l'honneur du Seigneur lui ait
été completement rendu et qu'ils
aient achevé leurs fonctions.
22. Alors, descendant de 1
le grand prêtre éleva ses mains
sur toute l'assemblée des fils
d'Israél pour rendre gloire à Dieu
par ses lévres et en son nom se
glorifier ;
93. Et il réitéra sa prière, vou-
lant montrerla puissance de Dieu.
24. Et maintenant, priez le Dieu
de toutes choses, qui a fait de
grandes choses sur toute la terre,
qui a multiplié nos jours depuis
le sein de notre mère, et qui a agi
avec nous selon sa miséricorde ;
11. Lorsqu'il s'est revétu, etc. C'est ainsi qu'on entend généralement 16 latin, vestiri
eum in consummalionem virtutis; et le texte grec favorise ce sens. — Vestiri; sur
l'emploi de cet infinitif et de plusieurs autres qui se trouvent dans ce chapitre, voy.
XLV, 9.
14. Dans leur gloire; dans leurs beaux ornements.
11. Une odeur divine; celle du vin et du sang des victimes.
24-31. * Les versets 24-31 forment la conclusion de tout le livre : l'auteur fait des
souhaits en faveur de son peuple, 24-25; l'exhorte à la confiance en Dieu, 26; pro-
teste qu'il n'a rien de commun avec les Iduméens, les Philistins et les Samaritains,
ces trois grands ennemis d'Israél, 21-28; appose comme sa signature à son livre, 29;
et termine par une dernière recommandation à mettre en pratique les conseils de
sagesse qu'il a donnés, 30-31.
[ca. 1.1.
95. Qu'il nous donne la joie du
cœur et que la paix se fasse dans
nos jours en Israél et pendant des
jours éternels ;
26. Pour qu Israél croie qu'avec
nous est la miséricorde de Dieu,
afinqu'il nous délivreenses jours.
27.Mon âme hait deux peuples;
mais le troisi&me que je hais n'est
pas un peuple.
98. Ceux qui demeurent sur le
mont Séir, et les Philistins, et le
peuple insensé qui habite dans
Sichem.
99. Jésus, fils de Sirach, de
Jérusalem, a écrit la doctrine de
sagesse et de science dans ce
livre, et il a renouvelé la sagesse
de son cœur.
30. Bienheureux celui qui s'ap-
plique à ces bonnes choses; celui
qui les met dans son cœur sera
toujours sage;
31. Car s'il les accomplit, il
sera capable de toutes choses,
parce que la lumiere de Dieu est
sa trace.
CHAPITRE LI.
Actions de grâces de l’auteur. Comment
il a acquis la sagesse. Exhortation à la
recherche de la sagesse.
1. Priere de Jésus, fils de Si-
rach:Jevous glorifierai, Seigneur
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1545
roi, et je vous louerai, vous qui
êtes mon Dieu, mon sauveur,
2. Je glorifierai votre nom,
parce que vous m'êles devenu un
aide et un protecteur.
3. Et vous avez délivré mon
corps de la perdition, du piège de
la langue inique et des lèvres de
ceux qui commettent le menson-
ge, et en présence de ceux qui se
tenaient deboutprés de moi, vous
m'êtes devenu un aide.
4. Et vous m'avez délivré, selon
la multitude des miséricordes de
votre nom, des lions rugissants
prêts à me dévorer;
9. Des mains de ceux qui re-
cherchaient mon âme, et des
portes des tribulations qui m'ont
environné;
6. De la violence de la flamme
qui m'a environné, et au milieu
du feu, je n'en ai pas senti la cha-
leur ;
7. De la profondeur des en-
trailles de l'enfer, et dela langue
souillée, et de la parole de men-
songe; d'un roi inique et de la
langue injuste
8. Jusqu'à la mort, mon âme
louera le Seigneur ;
9. Car ma vie s'approchait de
l'enfer, en bas.
10. Ils m'ont environné de tous
28. Ceux qui demeurent, etc.; ce sont les Iduméens (Genèse, xiv, 6; xxxvi, 3, 20. —
Le peuple insensé; qui ne mérite pas le nom de peuple (voy. le verset précédent);
c'est-à-dire les Samaritains, qui étaient un assemblage de plusieurs nations (IV Rois,
xvu1, 24). Sichem fut réputée leur capitale depuis la ruine de Samarie; le canton con-
serva le nom de Samarie.
31. Sa trace; la trace qu'il doit suivre; c'est-à-dire que la lumière de Dieu éclairera
sa marche, dirigera ses pas.
3. Le piège de la langue; les accusations, les médisances, les calomnies. Compar.
Ps. xc, 3; cxix, 2. — En présence de, etc.; allusion à ce qui se passait dans les juge-
ments, où l'accusateur se tenait prés et à la droite de l'accusé. Compar. Ps. cvi, 5,6;
Zachar., πι, 1.
4. Votre nom. Le nom de Dieu se prend souvent dans l'Ecriture pour l'essence
divine, l'étre divin, Dieu lui-méme.
1. 9. L'enfer. Vov. וצצ 5.
1546
côtés, et il n'y avait personne
qui me secourüt. Je tournais mes
regards vers le secours des hom-
mes, et il n'en était point.
11. Je me suis souvenu, Sei-
gneur, de votre miséricorde et de
votre œuvre, qui sont dès le com-
mencement du monde ;
12. Parce que vous délivrez,
Seigneur, ceux qui vous atten-
dent avec patience et vous les
sauvez des mains des nations.
13. Vous avez élevé sur laterre
mon habitation; et à cause de la
mort qui découlait sur moi, j'ai
fait des supplications.
14. J'ai invoqué le Seigneur,
pere de mon Seigneur, afin qu'il
ne me laisse point sans secours au
jour de ma tribulation etau temps
des superbes.
15. Je louerai votre nom sans
cesse et je le glorifierai dans mes
louanges, car ma priere a été
exaucée.
16. Et vous m'avez délivré de la
perdition, et vous m'avez arraché
au temps de l'iniquité.
11. C'est pourquoi je vous glo-
rifierai, et je vous dirai une lou-
ange, et je bénirai le nom du Sei-
gneur.
18. Lorsque j'étais encore jeu-
ne, avant que je voyageasse, j'ai
L'ECCLESIASTIQUE.
(cm. ur.]
recherché ouvertementlasagesse
dans ma priere.
19. Devant le temple, je priais
pour l'obtenir, et jusqu'au dernier
moment, je la rechercherai ; et
elle a fleuri comme un raisin pré-
coce.
20. Mon cœur s'est réjoui en
elle, mon pied a marché dans un
chemin droit; dés ma jeunesse,
je la recherchais avec soin.
21. J'ai incliné un peu mon
oreille, et je l'ai recue.
22. J'ai trouvé beaucoup de sa-
gesse en moi, et j'y ai fait un
grand progres.
23. À celui qui m'a donné la sa-
gesse, je rendrai gloire;
24. Car j'ai résolu de la prati-
quer; j'ai été zélé pour le bien, et
je ne serai pas confondu.
25. Mon âme a lutté pour l'at-
teindre, et, en la pratiquant, je
me suis affermi.
26. J'aiélevé mes mains en haut,
et j'ai déploré son égarement.
27. J'ai dirigé mon âme vers
elle, et dans la connaissance de
moi-même je Vai trouvée.
28. J'ai possédé avec elle mon
cœur dès le commencement; à
. eause de cela je ne serai pas dé-
laissé.
99. Mesentrailles ont été émues
13. Qui découlait sur moi (defluente) ; qui s'approchait de moi, qui me menacait.
14. Le Seigneur, pére de mon Seigneur; paroles qui marquent distinctement les
deux personnes de la sainte Trinité, le Père et le Fils. Voy. ce que nous avons dit sur
une expression semblable dans Ps. cix, 1. — Au temps des superbes; lorsque les
superbes dominent, exercent leurs violences.
18-38. * Ces versets formaient dans l'original hébreu un poème alphabétique.
18. Avant que je voyageasse. Voy. xxxiv, 12.
19. Devant le temple; dans le parvis du temple. — Elle a fleuri en moi. — Comme
un raisin précoce; c'est-à-dire de trés bonne heure.
20. Les pronoms elle, la, désignent la sagesse dans ce verset, comme dans les 23,
27, 98 et 29.
26. Son; se rapporte au mot dme, exprimé au vers, 25.
29. Je posséderai, etc.; c'est-à-dire je posséderai un trés grand bien.
fcn. Lt.]
en la cherchant; à cause de cela
je posséderai une bonne posses-
sion.
30. Le Seigneur m'a donné pour
récompense une langue, et c'est
avec elle que je le louerai.
31. Approchez-vous de moi,
ignorants; assemblez-vous dans
la maison de la discipline.
32. Pourquoi tardez-vous en-
core? et que dites-vous à ceci?
Vos àmes ont une très grande
soif.
33. J'ai ouvert ma bouche, et
jai parlé : Procurez-vous /a sa-
gesse sans argent,
34. Et soumettez votre cou au
L'ECCLÉSIASTIQUE.
1517
joug, et que votre âme embrasse
la discipline, car il est facile de la
trouver.
35. Voyez de vos yeux que j'ai
peu travaillé, et que je me suis
acquis un grand repos.
36. Recevez l'instruction com-
me une grande quantité d'argent,
et possédez en elle un or abon-
dant.
31. Que votre àme se réjouisse
dans sa miséricorde, et vous ne
serez pas confondus dans sa lou-
ange.
38. Faites votre ceuvre avant le
temps, et il vous donnera votre
récompense en son temps.
81. Assemblez-vous, etc. Venez tous ensemble écouter mes préceptes, et profiter de
mes lecons.
34. Il est facile; littér. il est proche (in proximo est).
36. Et possédez ; hébraisme, pour ef vous posséderez.
31. Sa; représente le mot Seigneur, exprimé au vers. 30. — En sa louange; c'est-
à-dire en publiant ses louanges.
38. Avant le temps: avant que le temps de la récompense arrive, passe. — Il; c'est-
&-dire le Seigneur.
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LES PROPHETES
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES
I. Les prophètes, dont les écrits forment une des parties les plus importantes
de la Bible, étaient dans l'Ancien Testament des messagers extraordinaires de
Dieu, qui s'appliquaient entiérement à diriger le peuple, sous le rapport reli-
gieux. Ainsi leurs prophéties, qui se rapportent principalement aux Juifs, ou aux
nations étrangéres, ou enfin au Messie, avaient pour but de faire croire à la ré-
vélation par laquelle Dieu voulait conduire les hommes au salut, de perpétuer
parmi les Juifs la connaissance du vrai Dieu, de prédire le Messie, et d'annon-
cer la religion qu'il venait établir; de maintenir l'observation exacte des lois
de Moïse, et de conserver les mœurs parmi ce peuple si enclin à l'idolâtrie et
aux désordres monstrueux qui en sont la suile inévitable. Les quatre premiers
sont appelés grands, parce que leurs prophéties sont plus étendues; et les
douze autres sont nommés pelits, parce qu'ils ont moins écrit que les premiers.
II. Dieu se révélait à ses prophétes médiatement, c'est-à-dire en se servant
du ministére des anges, ou immédiatement, et dans ce dernier cas, la révéla-
tion était extérieure ou intérieure. Dans la révélation extérieure, Dieu faisait
entendre une voix qui apprenait au prophète soit ce qu'il avait à dire ou à faire,
soit ce qui devait arriver; ou bien il le lui retracait par des signes symboliques.
La révélation intérieure avait lieu pendant que le prophéte était livré au som-
meil, ou ravi en extase, ou agité d'une émotion extraordinaire, qui le mettait
comme hors de lui-même, ou bien lorsqu'il était éveillé, et qu'il jouissait pai-
siblement de l'usage de ses sens. Or, durant le sommeil, les révélations divines
se faisaient aussi de plusieurs maniéres ; car c'était tantót par des représenta-
tions énigmatiques et symboliques, tantót par des manifestations claires et
intelligibles en elles-mêmes; tantôt enfin le prophète voyait et entendail
en songe un ange, un homme, ou Dieu méme qui lui parlait. Dans l'extase, le
prophéte voyait également et entendait des choses dont il conservait le souvenir,
et qu'il manifestait ensuite lui-même. Quand il se trouvait sous l'empire de
l'émotion extraordinaire dont nous venons de parler, il se sentait violemment
agité, et son imagination s'échauffait tellement alors, qu'il n'était plus le maitre
de ses pensées, ni de ses paroles, mais qu'il ne pouvait que préter sa langue ou
sa plume à l'Esprit-Saint qui l'animait et qui lui faisait prononcer ses oracles
avec une force extraordinaire et une sorte d'emportement, C'est cette espèce de
1550 LES PROPHÈTES. — OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.
révélation qu'il faut entendre, lorsque l'Ecriture dit en parlant d'un prophéte
que l'Esprit du Seigneur l'a envahi, l'a saisi : /rruit super eum Spiritus Domini ;
et lorsque Jérémie s'écrie : « Mon cœur a été brisé au milieu de moi ; tous mes
os ont tremblé ; je suis devenu comme un homme de condition ivre, et comme
un homme du peuple rempli de vin, à cause du Seigneur et à cause des paroles
saintes » (xxur, 9. Compar. xx, 7, 8). Enfin Dieu se révélait intérieurement à
ses prophètes réveillés et jouissant du plein et libre usage de leur raison, en
éclairant leur entendement d'une vive lumiére, et en excitant fortement leur
volonté à manifester les vérités qu'il leur communiquait. Ainsi l'état des pro-
phétes, quand ils recevaient les révélations divines, quoique différent de leur
état naturel, n'avait cependant rien de commun avec l'extase, ou plutót la dé-
mence et la fureur délirante des devins du paganisme, qui était purement arti-
ficielle, produite par des excitants naturels טס par l'opération du démon. D'oü
il suit que l'extase des prophétes hébreux était un état surnaturel, et celle des
paiens un état contre nature.
III. Il y a ordinairement dans les prophéties deux sortes d'événements : les
uns prochains et les autres éloignés; mais le prophéte les décrit indistincte-
ment, selon qu'ils se présentent à son regard prophétique. Il passe de l'un à
l'autre sans en avertir ; il s'arréte même quelquefois davantage sur les événe-
ments les plus éloignés, quand ils sont plus importants; et pour l'ordinaire, il
les représente obscurément, tandis qu'il montre plus clairement et plus distinc-
tement les événements prochains. Ajoutons qu'il lui arrive aussi de représenter
comme déjà accomplis des faits qui ne doivent l'étre que dans un temps à ve-
nir. De là vient le passage rapide d'un temps du verbe à un temps différent, et
quelquefois dans la méme phrase. Ainsi on voit fréquemment un parfait ou
un plus-que-parfait à côté d'un futur ou d'un présent. Nous avons cru devoir
dans notre traduction nous conformer le plus possible à ces variations; on en
comprend aisément le motif.
La Vulgate reproduit trés souvent les idiotismes de l'hébreu, au lieu de se
conformer au génie de la langue latine, et cela non seulement pour la signifi-
cation et la construction des mots; mais encore pour l'emploi des différents
temps des verbes. Elle méle le sens littéral et le sens métaphorique, et elle at-
tribue à l'un ce qui appartient à l'autre. Nous ferons encore remarquer qu'on
rencontre dans beaucoup de phrases, au lieu d'un nom de personne ou de chose
précédemment exprimé, le pronom qui le représente. Or, pour éviter la confu-
sion et méme des faux sens dans notre langue, nous avons dû quelquefois subs-
tituer le nom lui-méme au pronom qui le représente.
J.-B. GLAIRIs.
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ISAIE
* INTRODUCTION
Isaie, en hébreu, Yescha'yahu (Jéhova sawve), était fils d'Araos, et d'aprés une
tradition rabbinique, neveu, par son père, du roi Amasias. Il était originaire de
Juda et habitait Jérusalem. Il passa sa vie dans la capitale, au centre méme de
la vie politique et religieuse de Juda, et non dans un village perdu, comme
son contemporain Michée, ni errant cà et là, dans toute la Palestine, comme Élie
et Élisée, ou prenant soin de ses troupeaux, comme Amos, le berger de Thécué.
C'est le premier prophéte vivant dans la cité sainte, dont les écrits nous soient
restés. ll prophétisa sous les rois Ozias, Joathan, Achaz et Ézéchias. Sa pre-
miére vision eut lieu l'année de la mort d'Ozias (758); la dernière prophétie de
lui, dont nous connaissions la date, est de la quatorziéme année d'Ezéchias
(712), Is., xxxvi-xxxix.. On croit qu'il vécut jusque sous le règne de Manassé,
qui le fit mourir par le supplice de la scie. Outre ses prophéties, il avait écrit
les Annales du roi Ozias, aujourd'hui perdues.
Pendant les seize ans du régne de Joathan (758-742), Isaie parut rarement
sur la scène ; aucune prophétie n'est datée de cette époque ; sous Achaz (742-727),
il intervint dans une circonstance importante, au moment où Razin, roi de
Syrie, et Phacée, roi d'Israël, menacaient Jérusalem; il contribua sans doute
efficacement à faire échouer le projet des ennemis; ce fut surtout du temps
d'Ézéchias (727-698) qu'il exerca avec le plus de succès et d'éclat son ministère
prophétique. On a soutenu, mais sans preuve, qu'il avait élevé ce saint roi,
comme Nathan avait élevé Salomon. Ce qui est certain, c’est qu'il fut son ami
et son conseiller. Il ranima son courage pendant une grave maladie, et il releva
sa confiance en Dieu, ainsi que celle de son peuple, au moment de l'invasion
de Sennachérib. Il sut aussi faire entendre au fils d'Achaz des paroles sévères
de la part de Dieu, lorsque ce prince, cédant à un mouvement de vaine com-
plaisance, étala ses trésors aux ambassadeurs du roi de Babylone. A partir de
ces grands événements, nous ne voyons plus apparaitre Isaie sur la scène poli-
tique. La tradition placait son tombeau à Panéas, dans le pays de Basan; c'est
de là que ses reliques furent transportées à Constantinople, en 442, sous le
règne de l'empereur Théodose 1].
Isaie occupe dans la Bible la première place parmi les prophètes. Ce rang
Jhonneur lui appartient, non par droit d'ancienneté, — Joël, Jonas, Amos,
1552 ISAIE.
Osée, ont vécu avant lui, — mais par droit de mérite, comme au plus grand de
tous, par l'étendue et l'importance de ses révélations, aussi bien que par l'éclat
incomparable de son style. Aucun autre prophéte n'a embrassé un aussi vaste
horizon ni touché à tant de sujets ; aucun autre n'a vu avec autant de clarté et
de précision autour de lui et dans le lointain des âges. Il est le grand prophète,
comme 5. Paul est le grand apótre. Placé à égale distance, dans le temps, de
Moïse et de Jésus-Christ, vivant à une des époques les plus critiques de l'histoire
du peuple de Dieu, au moment oü la race de Jacob était menacée d'étre écrasée
entre les deux puissances rivales qui se disputaient alors l'empire du monde,
l'Égypte et l'Assyrie, il fut le continuateur de l'oeuvre de Moise, la force et le
soutien de son roi et de ses fréres, comme le boulevard de leur nationalité.
C'est le témoignage que lui rend le Saint-Esprit lui-même dans l'Ecclésiastique.
Il prépara en outre, plus qu'aucun autre prophéte, l'avénement du Messie. Il a
décrit d'une manière si exacte les principales circonstances de la vie de Notre-
Seigneur, que S. Jérôme a dit de lui avec raison qu'on devrait l'appeler plutôt
un évangéliste qu'un prophète.
Le style d'Isaïe est digne de ses prophéties. « Jamais peut-être aucun homme
n'a parlé un plus beau langage, » a dit Seinecke. Comme tous les génies, il
unit la grandeur à la simplicité : rien de plus sublime et en méme temps rien
de plus naturel, de plus clair et de plus limpide. Son éloquence est pleine de
mouvement et de poésie, sans aucun trait forcé ou exagéré ; elle coule à pleins
bords, calme et majestueuse, comme un large fleuve, mais sans sortir de ses
rives. 15816 n'a point des élans de passion comme Joël et Nahum, ses transports
ne sont pas impétueux et saccadés comme ceux d'Osée ou d'Amos, et il produit
néanmoins une impression plus profonde, parce qu'il sait varier son langage à
l'infini et prendre toujours le ton qui convient à son sujet; tour à tour tendre
et sévère ; persuasif et irrésistible, comme une mère, dans ses exhortations ;
foudroyant et terrible, comme un juge dans ses menaces.
Son style est coulant, rapide, vif, énergique, coloré. Ses transitions, comme
en général chez les Orientaux, ne sont pas ménagées ; elles entraveraient sa
marche ; il va droit à son but, et les énumérations sont chez lui fort rares. Ce
qui le caractérise, c'est la noblesse, l'éclat, la sublimité, mais il réunit à lui
seul les diverses qualités que les autres se partagent. David est un poéte lyrique
dans les Psaames, Jérémie un poète élégiaque dans ses Lamentations, Ézéchiel
un poéte descriptif dans ses grandes visions; Isaie est tout à la fois un poéte
lyrique, élégiaque et descriptif. Il excelle dans tous les genres, et quoiqu'on ne
puisse l'apprécier comme il le mérite que dans l'original, ses beautés sont telles
qu'elles sont encore visibles et saisissantes jusqu'à travers nos. traductions dé-
colorées en langues occidentales. Quel tableau plus achevé que celui de la vi-
sion du ch. vi: «En l'année à laquelle est mort le roi Ozias, je vis le Seigneur
assis sur un tróne haut et élevé, et ce qui était sous lui remplissait le temple.
Des Séraphins étaient au-dessus du tróne; l'un avait six ailes et l'autre six
ailes ; avec deux ils voilaient leur face, et avec deux ils voilaient les pieds, et
avec deux ils volaient. Et ils se criaient l'un à l'autre : Saint, saint, saint est le
Seigneur Dieu des armées, toute la terre est pleine de sa gloire. Et les linteaux
des gonds furent ébranlés par la voix des anges qui criaient, et la maison fut
remplie de fumée. » Le prophéte inspiré de Dieu a fait, en quelques coups de
pinceau, un chef-d'œuvre où rien ne manque.
INTRODUCTION. 1553
Aucun poéte élégiaque n'a trouvé de traits plus touchants, qu'Isaie, dépei-
gnant dans 16 ch. v l'ingratitude d'Israël envers son Dieu :
Habitants de Jérusalem, hommes de Juda,
Jugez vous-mémes entre moi et ma vigne.
Qu'ai-je pu faire à ma vigne que je n'aie point fait? etc.
L'Ecclésiaste lui-même n'a pas trouvé de termes plus expressifs et d'une mé:
lancolie plus touchante pour décrire la vanité de la vie :
Une voix me dit : Crie.
Et j'ai répondu : Que crierai-je?
— Toute chair est de l'herbe
Et sa beauté est comme la fleur des champs.
L'herbe sèche, la fleur tombe,
Quand souffle le vent du Seigneur.
Oui, ce peuple n'est que de l'herbe.
L'herbe sèche, la fleur tombe,
Mais la parole de notre Dieu subsiste à jamais.
Toute la seconde partie, xr-Lxvi, est pleine d'un lyrisme divin. Jamais l'en-
thousiasme ne s'est élevé plus haut; Isaie fait entendre des accents jusque-là
inconnus, il exprime ses idées avec un éclat incomparable; il a des élans su-
perbes ; la richesse de son imagination est inépuisable; sa palette est chargée
des couleurs les plus vives, mais dans ses tableaux, tout est bien fondu, rien ne
heurte et ne choque.
Lève-toi, illumine-toi (Jérusalem), ta lumière s'avance
Et la gloire du Seigneur se lève sur toi.
Les ténèbres couvrent la terre, et l'obscurité, les nations,
Mais le Seigneur parait et sa gloire t'illumine...
Léve les yeux, regarde de tous cótés :
(Les peuples) s'assemblent, ils viennent à toi...
Les dromadaires de Madian et d'Epha,
Ceux de Saba accourent;
Ils apportent l'or et l'encens, etc. Is., Lx, 1-6.
Le livre d'Isaïe est une collection de prophéties faites en différents temps et
dans des circonstances diverses. Il ne forme donc pas un tout suivi, une com-
position rigoureusement enchainée, comme le livre de Job, par exemple; c'est
un recueil, non une œuvre d'un seul jet. Il y a cependant un ordre et un plan
dans ce recueil.
On distingue deux parties bien marquées dans Isaie. La premiére embrasse
les trente-neuf premiers chapitres; elle comprend des oracles composés à des
époques diverses et sur des sujets variés, sous les régnes d'Ozias, de Joathan,
d'Achaz et d'Ezéchias, La seconde est contenue dans les ch. xL-Lxvi; elle
s'occupe, d'une maniére suivie, de l'avénement du Rédempteur d'Israél, elle
forme un ensemble complet et coordonné et se rattache étroitement à la pre-
mière. La première elle-même, quoiqu'elle renferme des morceaux d'époques
differentes, ne manque pas d'ordre et d’enchainement. Les prophéties qu'elle
nous a conservées sont classées chronologiquement, non pas toutefois d'une ma-
niére rigoureuse et absolue, parce que le prophéte a aussi tenu compte de la na-
ture des sujets dans la classification qu'il a adoptée.
Rr | 5 98
4554 ISAIE. [cu. 1.]
La lecture des prophéties d'Isaie et une de celles qui ont toujours été le plus
recommandées dans l'Eglise, parce qu'elle est trés propre à instruire et à
édifier en développant dans les cœurs les sentiments de la foi et de la piété.
Quand S. Augustin, au moment de sa conversion, demanda à S. Ambroise quel
livre il devait lire : Isaie, lui répondit-il.
On peut y puiser un grand nombre d'instructions; nous allons en indiquer
seulement quelques-unes.
Toutes les exhortations, tous les conseils d'Isaie n'ont qu'un but, c'est de faire
servir Dieu avec fidélité. Celui qui ne se confie pas en Dieu, mais dans les
idoles, celui, pouvons-nous dire, qui viole la loi de Dieu pour satisfaire ses pas-
sions, sera un jour confondu. Dieu seul est digne de nos hommages. — Le culte
que Dieu demande est le culte intérieur et non pas seulement l'extérieur. Isaie,
après avoir entendu les Séraphins chanter dans le ciel le trisagion, nous recom-
mande d'honorer la sainteté de Dieu. Nous devons mettre notre confiance en
: Dieu, dans nos nécessités corporelles aussi bien que dans nos nécessités spiri-
- tuelles.
Le livre d'Isaie est plein d'enseignements moraux. A cause de l'état de dépra-
vation dans lequel des rois idolâtres avaient fait tomber le peuple, 1, 5-6, il
condamne le vice plus souvent qu'il ne recommande la vertu, mais la censure
qu'il inflige au mal est l'éloge du bien. Il préche souvent la conversion aux pé-
cheurs, il leur reproche leur ingratitude envers Dieu, le peu de profit qu'ils re-
tirent des avertissements qu'il leur fait donner par ses prophètes, leur luxe ef-
fréné, leurs injustices, leur avarice et leur cupidité, leur intempérance, leur
orgueil et leur présomption. Il est facile à chacun, en lisant Isaie, de recueillir et
de coordonner une multitude de passages semblables, également utiles pour
l'édification personnelle et pour l'instruction des autres.
Nous devons d'ailleurs chercher toujours dans ce prophéte, méme dans les
parties historiques et dans les oracles contre les nations étrangères, Jésus-Christ,
son Église et leur triomphe sur leurs ennemis.
Ξ ταὶ
CHAPITRE PREMIER. 1. Vision d'Isaie, fils d'Amos,
Ingratitude des Israélites. Menace des qu'il a vue touchantJuda et Jéru-
vengeances du Seigneur contre eux. | salem, dans les jours d'Ozias, de
lis sont exhortés à la pénitence. Re- Joathan, d'Achaz et d'Ezéchias,
proches et menaces contre Jérusalem. i
Rétablissement de cette ville. rois de Juda.
1-3 et suiv. * Première partie d'Isaie, 1-xxxix. — Elle contient les prophéties du temps
a'Ozias, de Joathan et d'Achaz, et les oracles contre les nations étrangères. Elle se
subdivise en quatre groupes. — Le premier, r-vi, renferme les oracles relatifs au
peuple de Dieu, datant du temps d'Ozias et de Joathan. — Le second groupe com-
prend les prophéties du temps d'Achaz, vr-xir. Leur sujet principal est la venue du
Messie, désigné sous le nom d'Emmanuel, d'où le nom de livre d Emmanuel donné
aux chapitres תוא-עץ — Le troisième groupe, xmm-xxvu, est un recueil de prophéties
contre les nations étrangères. — Le quatrième groupe, xxvir-xxxix, embrasse les
prophéties faites sous Ezéchias, jusqu'à l'époque de la destruction de l'armée de Sen-
nachérib. Elles ont trait, pour la plupart, à l'invasion assyrienne. — 1. Le premier
(cn. 1.]
2. Ecoutez, cieux, et préte l'o-
reille, terre, parce que le Sei-
gneur a parlé. J'ai nourri des fils
et je les ai élevés, mais eux m'ont
méprisé.
3. Un beeuf connait son posses-
seur, un àne l'étable de son mai-
ג ₪ ; maisIsraél ne m'a pas connu,
el mon peuple n'a pas eu d'intel-
ligence.
ISAIE.
1555
4. Malheur à la nation péche-
resse, au peuplechargé d'iniquité,
àla race perverse, aux enfants
scélérats ; ils ont abandonné le
Seigneur, ils ont blasphémé le
saint d'Israél, ils sont retournés
en arriere.
9. Où vous frapperai-je en-
core, vous qui ajoutez à la pré-
varication? toute téte est lan-
groupe contient quatre prophéties détachées. — 10 I] s'ouvre par une sorte de pro-
logue, 1, qui est comme la préface de la collection entière. — 29 Les ch. 1r-1v renfer-
ment un oracle sur Juda, dont ils nous font connaitre la mission, l'infidélité, le chà-
timent et enfin le triomphe par lavénement du Messie. — 39 Le chapitre v nous
représente le royaume de Juda comme la vigne du Seigneur. — 4° Le ch. vrraconte
la vocation d'Isaie au ministère prophétique. — Les règnes d'Ozias (809-758), et de
Joathan (158-142), sous lesquels Isaie écrivit d'abord, furent prospéres et florissants,
mais la paix et le bien-étre amenérent le luxe et la corruption. C'est là ce qu'attaque
principalement le prophéte à cette époque de sa vie.
1. Vision; c’est-à-dire révélation; chose vue, non par les yeux du corps, mais par
ceux de l'esprit. C'est pourquoi, dans le principe, les prophètes s'appelaient, chez les
Hébreux, voyants (I Rois, 1x, 9). — Au temps d'Ozias, etc. L'histoire de ces rois est
rapportée dans IV Rois, xv, xvi, XVII, xix, xx. — * 1° Prologue des prophéties d'I-
saie, 1. — En tête du premier chapitre d'Isaie, 1, 1, nous lisons le titre, le sujet, et
la date de tout le recueil. Cf. 11 Par., xxx, 32. Le recueil est appelé vision, c'est-
à-dire révélation, dans le sens collectif, pour indiquer que les oracles qu'il contient
sont une collection de visions intellectuelles ou révélations surnaturelles. L'objet en
est Juda et Jérusalem, car quoique le prophéte parle d'Israél et de toutes les autres
nations connues de son temps, c'est toujours relativement aux Juifs. — D'après la
chronologie la plus généralement recue, Ozias mourut en 158, et c'est pendant la
dernière année de ce roi qu'Isaie, vr, 1, commença à prophétiser; Joatham régna de
158 à (42; Achaz de 742 à 121; Ezéchias de 121 à 698.
2-31. * Les versets 2-31 sont comme la préface de tout le livre. L'époque où cette
préface a été composée est incertaine. Les vers. 7-8 indiquent une époque pendant
laquelle le royaume de Juda était ravagé par une armée étrangére. Il eut à subir
trois invasions, du temps d'Isaie, la première à la fin du règne de Joathan, et la
seconde sous Achaz, l'une et l'autre de la part des Israélites et des Syriens, IV Hois,
xv, 37; xvi, 9; cf. Is., vi, 1, la troisième sous Ezéchias, de la part des Assyriens,
IV Rois, xvur, 13; Is., xxxvi. La plupart des commentateurs pensent avec vraisem-
blance que le ch. 1 date dela première invasion. — Le peuple n'a été sensible ni aux
bienfaits que Dieu lui a accordés pendant les règnes d'Ozias et de Joathan (2-3), ni
aux calamités qui viennent de fondre sur lui (4-9); il ne reste donc au Seigneur qu'à
livrer son peuple au chátiment qu'il mérite et à le purifier par le feu de la tribula-
tion, pour se faire ensuite du petit reste qui survivra un peuple selon son cœur (10-31).
Les versets 24-31 se rapportent spécialement au Messie.
2. Ecoutez, etc. Dieu avait en vue, dans ces prophéties, non seulement les juifs,
mais les chrétiens eux-mêmes, puisque saint Paul dit que loutes ces choses ont été
écrites pour nous élre un avertissement, à nous, pour qui est venue la fin des temps
(L Corinth., x, 11), et encore que tout ce qui a été écrit, a été écrit pour notre instruc-
tion (Rom., 1v, 4). — * Le vers. 1 est le titre général du livre et de la collection des
prophéties d'Isaie. La première prophétie commence au vers. 2.
4. * Le Saint d'Israël; Dieu. L'idée de la sainteté de Dieu revient souvent dans les
prophéties d'Isaie. Voir vi, 3. La sainteté est le contraire du péché. Le saint est le
juste et le pur, qui est au-dessus des autres par ses perfections. Dieu est le saint
par excellence.
4556
guissante, et tout cœur abattu.
6. De la plante des pieds jus-
qu'au sommet de la téte, rien en
lui de sain ; c'est blessure, meur-
trissure, plaie enflammée, qui
n’a été ni bandée, ni pansée, ni
adoucie par l'huile.
7. Votre terre est déserte, vos
cités brülées par le feu; votre
pays, devant vous, des étrangers
le dévorent, et il sera désolé
comme dans une dévastation de
l'ennemi.
8. Et la fille deSion sera laissée
comme un berceau dans une.
vigne, comme une cabane dans un
champ de concombres, comme
une cité qui est livrée au pillage.
9. Si le Seigneur des armées ne
nous avait réservé un rejeton,
nous aurions été comme Sodome.
nous serions devenus semblables
à Gomorrhe.
10. Ecoutez la parole du Sei-
gneur, princes de Sodome ; pré-
tez l'oreille à la loi de notre Dieu,
peuple de Gomorrhe.
11. Qu'ai-je à faire de la mul-
titude de vos victimes? ditle Sei-
gneur. Je suis rassasié ; les holo-
caustes des béliers, et la graisse
des animaux gras, et le sang des
ISAÏE,
(cu. 1.]
veauxetdesagneaux et desboucs,
je n'en veux point.
19. Lorsque vous étes venus en
ma présence, qui a demandé ces
choses de vos mains, afin que
vous vous promeniez dans mes
parvis?
13. Ne m'offrez plus de sacrifice
en vain; l’encens m'est en abo-
mination. Ma néoménie, le sabbat
et les autres fêtes, je ne les souf-
frirai point; vos assemblées sont
iniques. 1
14. Vos 6816008, et vos solen-
nités, mon âme les hait: elles me
sont devenues à charge; j'ai peine
à les souffrir.
15. Et lorsque vous étendrez
vos mains, je détournerai mes
yeux de vous ; lorsque vous mul-
tiplierez la priere, je n'exaucerai
pas; car vos mains sont pleines de
sang.
16. Lavez-vous, purifiez-vous,
6162 le mal de vos pensées de de-
vant mes yeux ; cessez d'agir avec
perversité ;
17. Apprenez à bien faire, cher-
chez la justice, venez au secours
de l’opprimé, jugez l'orphelin, dé-
fendez la veuve.
18. Et venez, et accusez-moi,
Cuap. I. 7. Infra, v, 6. — 9. Rom., ix, 29; Genèse, xix, 24. — 11. Jérém., vi, 20;
Amos, v, 22. — 15. Infra, rix, 3. — 16. I Pierre, ur, 11.
RÀ MÀ —À M —À
6. * Ni adoutie par l'huile. L'huile était 16 remède employé ordinairement pour
guérir les plaies. Voir Luc, x, 34.
1. * Des étrangers; des ennemis, probablement les Syriens, les Philistins et les Idu-
méens unis aux dix tribus schismatiques. IV Rois, xvi, 5.
8. La fille de Sicn ; c'est-à-dire Jérusalem. Les Orientaux appellent fi/les les capi-
lales et les villes d'un pays.
9. Si le Seigneur, etc. Saint Paul rappelle ce texte en parlant des restes fidèles
d'entre les Juifs que Dieu réserva par gráce au temps de l'Evangile, tandis que la
multitude demeura dans l'incrédulité, et attira sur elle la colère du Seigneur (Rom.,
1x, 29). — * Comme Sodome. Voir la note sur Genèse, xiu, 10.
14. * Vos calendes, le sacrifice du commencement du mois.
15. * Lorsque vous étendrez vos mains. On étendait les mains pour prier.
18. * Les llébreux considéraient le rouge foucé, ainsi que le noir et la nuit, comme
(cn, 1.)
dit le Seigneur : 81 vos péchés
sont comme l'écarlate, comme
la neige. ils deviendront blancs,
οἱ 5 118 sont rouges comme le ver:
millon, comme la laine ils seront
blanes.
19. Si vous voulez, et que vous
.m'écoutiez, vous, mangerez les
biens de la terre.
20. Que si vous ne voulez pas,
el que. vous me provoquiez au
courroux, le. glaive vous dévo-
rera, parce que la bouche du Sei-
gneur a parlé.
91. Comment est devenue une
prostituée la cité fidèle et pleine
de, jugement? 18 justice a habité
en elle, mais maintenant ce sont
des meurtriers.
29. Ton argent s'est converti
en scorie; ton vin a été mélé
d'eau.
93. Tes princes sont infideles,
compagnons de voleurs; tous
aiment les présents et poursui-
vent les récompenses. Ils ne ren-
dent pas justice à l'orphelin, et la
cause de la veuve n'a pas d'acces
auprès d'eux.
24. À cause de cela, dit le Sei-
gneur Dieu des armées, le fort
d'Israël : Ah! je me consolerai
sur mes ennemis, je me venge-
23. Jérém., v, 28.
ISATE.
1557
rai de ceux qui me sont oppo-
sés.
25. Et je tournerai ma main
vers toi, et j'épurerai par le feu
tes scories, et j'enleverail'alliage
qui est en toi.
26. Et je rétablirai tes juges
comme ils furent d'abord, et tes
conseillers comme ancienne-
ment; apres cela tu seras appelée
laicité du juste, ville fidele.
27. Sion, par le jugement, sera
rachetée, et on là ramènera par
la justice ;
28. Et Ze Seigneur brisera les
scélérats et les pécheurs tous en-
semble; et ceux qui ont aban-
donné le Seigneur seront con-
sumés.
29. Carilsseront confondus par
les idoles auxquelles ils ont sa-
crifié; et vous rougirez des jar-
dins que vous aviez choisis,
30. Lorsque vous serez comme
un chéne dont les feuilles tom-
bent et comme un jardin saus
eau.
31. Et votre force sera comme
la cendre chaude de l'étoupe, et
votre œuvre comme une étin-
celle; et ils s'embraserontl'unet
l'autre ensemble, et il. n'y aura
personne quiléteigne.
le symbole du mal et du péché, tandis que le blanc, le jour et la lumière étaient les
emblémes du bien et du beau.
25. * Tes scories, les scories de l'argent, dont il est parlé au vers. 22, image des
péchés d'Israél. — Le texte original dit que l'épuration sera faite avec du kali ou de
la potasse. Voir Proverbes, xxv, 20.
26. Et je vétablirai, ctc. Ce rétablissement peut regarder, selon la lettre, le renou-
vellement de Jérusalem sous le règne d'Ezéchias; mais ce renouvellement n'était que
la figure de ce qui devait arriver sous Jésus-Christ et dans son Eglise, qui est la
vraie cité du juste, la ville vraiment fidéle.
29. Des jardins, etc. Compar. Lxv, 3, où il est parlé de ces jardins dans lesquels se
commettaient les actions les plus honteuses,
.98
1558
CHAPITRE IL.
Gloire de Jérusalem, où les nations
viennent adorer, le Seigneur. Maison
de Jacob rejetée. Superbes huiniliés,
Dieu seul est exalté.
1. Parole qu'a vue 18816, 8
d'Amos, touchant Juda et Jérusa-
lem.
2. Et il arrivera. dans les der-
niers jours que la montagne pré-
parée pour. la. demeure du Sei-
gneur sera établie sur le sommet
des montagnes, et elle sera éle-
vée. au-dessus des collines, et
tous les peuples y afflueront.
3. Et beaucoup de peuples iront
et diront : Venez, et montons à
la montagne du Seigneur, et. à la
maison du Dieu de Jacob, et il
nousenseignera ses voies, et nous
marcherons dans ses. sentiers ;
parce que de Sion sortira la loi,
ISAIE.
| ples;
[cui u.]
etla parole du Seigneur de Jéru-
salem.
4. Et il jugera les nations, et
il. convaincra beaucoup de peu-
et de leurs glaives ils for-
geront des socs de charrue; et de
leurs lances des faux ; une nation
ne lèvera pas le glaive contre
une autre nation, elles ne s'exer-
ceront plus au combat.
ὃ. Maison de Jacob, venez, et
marchons à’la lumiere dü Sei-
gneur.
6. Car vous avez rejeté votre
peuple, la maison deJacob ; parce
qu'ils ont été remplis comme au-
trefois, qu'ils ont eu des augures
comme les Philistins, et qu'ils se
sont attachés à des enfants étran-
gers.
. Sa terre ‘est remplie d'ar-
Mam et d'or; et il n'y a pas de
bornes à ses trésors ;
IL 2. Mich., αν; 1. .אס
1-22. —* 20 Prophétie sur Juda, i1v. — Les ch. n-1v forment un tout suivi; avec un
titre particulier. La fin du ch. 1v correspond. au commencement du:ch. n. Le prophète,
après avoir exhorté, accusé, menacé, encouragé, arrive à la fin à la promesse qui lui
avait servi de point de départ, la félicité de Sion et la prospérité messianique, Cette
prophétie ;se. distingue: par là de toutes les autres : elle est là seule qui commence
par une promesse, vers. 5 ü TI
1. Parole, ou chose; car le terme hébreu auquel correspond le latin verbum, si-
güifie l'une et l'autre. D'un autre côté, comme chez les Hébreux les verbes qui
expriment l'action des: sens, s'employaient les uns pour les autres, verbum peut
réellement signifier ici parole, et le verbe 21 a vu (vidit), être mis pour 4 a entendu
(audivit).
2. Dans les derniers jours; expression qui le plus ordinairement signifie le temps
de-la-venue du Messie, et qui ne saurait avoir d'autre sens ici, d'autant que, depuis
Isaie jusqu'à Jésus- Christ, il n'y a eu aucune époque oü la prédiction contenue dans
ce verset ait eu son áecomplissement.
2-4. Ces trois versets se retrouvent dans Michée, 1v, 1-3.
&. Au combat; l'une contre l'autre.
6. Car vous avez, etc. Le prophète s'adresse à Dieu. — La maison de Jacob ; dans
le sens littéral comprend les deux maisons d'Israél et. de Juda; mais, dans le sens
mystérieux des prophétes, elle peut, selon saint Jéróme, représenter 18 gentilité
chrétienne. Dans l'un et l'autre sens, lés reproches et les menaces ne tombent que
sur les prévaricateurs. — Remplis d'iniquités. — A des enfants d'étrangers; par des
alliances défendues par la 101. Compar. Exod:, xxxiv, 15, 16; Deultér., vit, 3; 1 Esdras,
ix, 2. — * Des augures; des devins qui devinent par les nuages, d’après le sens pro-
bable de l'hébreu. — Les Philistins avaient des devins célèbres, I Rois, vr, 2, et il y
avait un oracle fameux à Accaron, IV Rois, 1, 2.
{cu. 11.]
8. Et sa terre est remplie de
chevaux, et ses quadriges sont
innombrables. Et sa terre est
remplie d'idoles; ils ont adoré
l'ouvrage de leurs mains, /ou-
vrage qu'ont fait leurs doigts.
9. Et l'homme du peuple s'est
courbé, et l'homme de condition
est humilié; ne leur pardonnez
donc point.
10. Entre dans 18 pierre, et ca-
che-toi dans les creux de la terre,
par la crainte du Seigneur et de
la gloire de sa majesté.
11. Les yeux alliers de l'homme
du peuple ont été humiliés, et la
fierté des hommes de condition
sera abaissée; mais le Seigneur
seul sera exalté en ce jour-là.
12. Parce que le jour du Sei-
gneur des armées éc/atera sur
tout esprit superbe et hautain et
sur tout arrogant; et ils seront
humiliés ;
13. Et sur tous les cèdres du Li-
ban, grands et élevés, et sur tous
les chénes de Basan;
ISAIE.
1559
14. Et sur toutes les montagnes
les plus hautes, et sur toutes les
collines les plus élevées;
15. Et sur toute tour la plus
élevée et sur toute muraille for-
tifiée ;
16. Et sur tous les vaisseaux de
Tharsis, et sur tout ce qui est
beau à voir.
17. Etl'orgueil des hommes du
peuple sera abaissé, etla hauteur
des hommes de condition sera
humiliée, et le Seigneur seul sera
élevé en ce jour-là ;
18. Et les idoles seront entière-
ment brisées;
19. Et ils entreront dans les
creux des rochers, dans les antres
de la terre, par la frayeur du Sei-
gneur, et à cause de la gloire de
sa majesté, lorsqu'il se lèvera
pour frapper la terre.
90. En ce jour-là l'homme re-
jettera ses idoles d'argent et ses
simulacres d'or, qu'il s'était faits
pour les adorer, les taupes et les
chauves-souris.
19. Osée, x, 8; Luc, xxii, 30; Apoc., vi, 16.
9. S'est courbé, s’est humilié; devant les idoles.
10. * Entre dans la pierre, dans les cavernes qui abondent dans les montagnes
calcaires de la Palestine et où les Hébreux se réfugiaient en temps de guerre pour
échapper à leurs ennemis.
12. Le jour du Seigneur; c'est-à-dire le jour du jugement du Seigneur. Compar.
xri, 6, 9.
13. Ce verset et les suivants contiennent des expressions figurées qui peuvent
toutes se rapporter à la ruine du royaume d'Israël, et à la désolation méme du
royaume de Juda au temps de Sennachérib et de Nabuchodonosor. — * Basan. Voir
la note sur Nombres, xxr, 33.
16. Les vaisseaux de Tharsis; ce sont des vaisseaux de long cours. Quant à Tharsis,
on sait par l'Ecriture (III Rois, x, 22; II Paralip., 1x, 21; xx, 36) que c'était un lieu
de commerce maritime, où Salomon envoyait ses flottes; mais on ignore en quel
pays il se trouvait. — * On admet communément aujourd'hui que Tharsis est Tar-
tessus en Espagne, dans la Bétique, d’où les Phéniciens tiraient l'argent. Tartessus
était aussi le nom du Guadalquivir, qui portait le nom de Bétis du temps de Strabon.
La ville de Tartessus ou Tharsis était située entre les deux bras de la rivière, prés
de son embouchure, et elle donnait son nom au pays environnant.
19. Ils entreront ; c'est-à-dire les hommes nommés au verset 17. Compar. Osée, x, 8;
Luc, xxii, 30; Apocalyp., νι, 15, 16.
20. Ses idoles d'argent, ses simulacres d'or; littér. et par hébraisme, les idoles de
1560
91. Et il entrera dans les fentes
des pierres, et dans les cavernes
des roches par la frayeur du Sei-
gneur, et à cause de la gloire de
samajesté, lorsqu'il selévera pour
frapper la terre.
22. Laissez donc l'homme dont
le souffle est dans ses narines,
parce qu'il a été réputé pour le
Très-Haut.
CHAPITRE III.
Désolation de Juda et de Jérusalem. Re-
proches du Seigneur contre les princes
de son peuple. Il condamne l'orgueil
et le luxe des filles de Sion.
1. Car voici que le dominateur,
Seigneur des armées, enlèvera de
Jérusalem le robuste et le fort,
tout soutien de pain, et tout sou-
tien d'eau ;
9. Lefort et l'homme de guerre,
le juge et le prophète, le devin et
le vieillard;
3. Le chef de cinquante et le vé-
nérable de visage, et le conseiller,
ISAIE.
[cu. m.]
et l'habile d'entre les architectes,
etcelui qui a l'intelligence du lan-
gage mystique.
4. Etjeleurdonnerai des enfants
pour princes, et des efféminés les
domineront.
ὃ. Et le peuple se précipitera,
l'homme sur l'homme, et chacun
sur son prochain; l'enfant se sou-
lèvera contre]le vieillard, et le plé-
béien contre le noble.
6. L'homme prendra son frere
né dans la maison de son pere,
disant : Tu as un vétement, sois
notre prince; et que cette ruine
soit sous ta main.
7. Il répondra en ce jour-là,
disant : Je ne suis pas médecin,
et dans ma maison il n'y a ni pain,
ni vêtement; ne m'établissez pas
prince du peuple.
8. Car Jérusalem s’est écroulée
et Juda est renversé; parce que
leur langue et leurs inventions
sont contre le Seigneur, afin d'ir-
riter les yeux de sa majesté.
son argent, les simulacres de son or. — * Les taupes et les chauves-souris n'étaient
point adorées comme dieux. Le texte original porte : « l'homme laissera ses idoles...
aux taupes et aux chauves-souris, » supposé toutefois que les taupes soient ici dési-
gnées, car le sens du mot hébreu est très douteux. En tout cas, 18816 veut dire que
les idoles seront délaissées.
22. Laissez donc, etc. C'est un avis aux Juifs de ne pas persécuter Jésus-Christ. —
Dont le souffle, etc.; dont la vie apparente n'est qu'un souffle; qui ne vous parait
fase simple mortel, mais qui est en réalité le Très-Haut.
. Le devin (ariolum) peut se prendre en bonne part pour un homme prudent, qui,
par sa sagacité et le soin qu'il met à observer le passé, forme des conjectures sur
l'avenir et parvient à y pénétrer. Compar. Proverb., xvi, 10.
3. Le chef de cinquante hommes. Il y avait dans. l'armée des Hébreux des bandes
ou pelotons de cinquante soldats. Compar. Exod., xvur, 21; IV Rois, 1x, 14. — Celui
qui a, etc.; c'est, selon saint Jéróme, celui qui, étant bien exercé à l'étude de la loi
et àla parole divine, est capable de calmer les troubles de l'esprit par sa parole et
ses entretiens spirituels. — * Au lieu d'architectes, le texte hébreu parle de tous les
artisans habiles en général, et celui qui a l'intelligence du langage mystique est, dans
l'original, l'enchanteur qui, pour produire ses enchantements, se sert d'un langage
mystérieux et de formules magiques.
6. Tu as un vétement; c'est-à-dire tu n'es pas réduit, comme nous, à la dernière
misère.
8-10. Inventions; selon l'hébreu, actions, œuvres. Compar. Deutéron., xxviu, 20;
Juges, 1 19; Ps. xxvir, 4, etc.
[cu. ui]
9. La vue de leur visage leur a
répondu, et comme Sodome, ils
ont publié leur péché et ne l'ont
pas caché ; malheur à leur âme,
parce que les maux qu’ils avaient
faits leur ont été rendus.
10. Dites au juste qu'il est heu-
reux, parce qu'il goütera le fruit
de ses inventions.
11. Malheur à l'impie livré au
mal; car il recevra le salaire des
œuvres de ses mains.
12. Mon peuple a été dépouillé
par ses exacteurs, et des femmes
les ont dominés. Mon peuple, ceux
qui te disent heureux, ceux-là
méme te trompent; ils détruisent
la voie de tes pas.
13. Le Seigneur est debout pour
juger, et il est debout pour juger
les peuples.
14. Le Seigneur entrera en ju-
gementavec lesancienset princes
de son peuple; car c'est vous qui
avez ravagé ma vigne; et la dé-
ISAIE.
1561
pouille du pauvre est dans votre
maison.
15. Pourquoi foulez-vous aux
pieds mon peuple, et meurtrissez-
vous la face des pauvres, dit le
Seigneur Dieu des armées?
16. Et le Seigneur dit : Parce
que les filles de Sion se sont
élevées, et qu'elles ont marché
le cou tendu, et qu'elles allaient
en faisant des signes des yeux,
et qu'elles faisaient du bruit
avec leurs pieds, en marchant,
et qu'elles s'avancaient d'un pas
mesuré :
17. Le Seigneur rendra chauve
la tète des filles de Sion, et le
Seigneur les dépouillera de leur
chevelure.
18. En ce jour-là, le Seigneur
leur ôtera l'ornement des chaus-
sures, et les croissants,
19. Et les colliers, et les carcans,
et les bracelets, et les mitres,
20. Les aiguilles de téte, et les
9. La vue de leur visage; ou ce qu'on voit de leur visage; littér. la connaissance,
ou ce qu'on connait (agnitio). La paraphrase chaldaique donne ce sens, et c'est très
vraisemblablement celui du texte hébreu. — Leur a répondu; a répondu, a témoigné
contre eux. — * Comme Sodome. Voir la note sur Genèse, xum, 10.
12. Des femmes; c'est-à-dire probablement des hommes efféminés, tels qu'étaient
les derniers rois de Juda, qui, à une affreuse tyrannie, joignaient la lâcheté, la fai-
blesse, l'incapacité de gouverner. Ils étaient de plus énervés par le plaisir et la dé-
bauche. Compar. Jérém., xxi, xxi; Ezéch., 1x. — Les ont dominés. Le pronom pluriel
les (eis) peut trés bien se rapporter au mot singulier peuple, qui est un nom collectif.
16-24. * Ici commence un nouveau discours de Dieu contre le luxe et la vanité des
filles de Sion. Nous y trouvons l'énumération de vingt et un articles de toilette, dont
quelques-uns sont encore portés par les femmes syriennes. Plusieurs d'entre eux
sont d'origine étrangère (SopAonie, 1, 8), car le luxe a toujours fait des emprunts
au dehors.
16. Qu'elles faisaient du bruit, etc. Cette fin du verset se refusant à toute analyse
grammaticale, nous l'avons traduite en nous rapprochant le plus possible du texte
latin. Tous les voyageurs s'accordent à dire que dans certaines contrées de l'Orient
les femmes portent au bas des jambes des grelots ou de petites sonnettes, et aussi
de petites chaines pour que leurs pas soient petits et toujours égaux.
18. * Les croissants, bijoux en forme de croissant, qu'on portait suspendus au cou.
19. Et les colliers, etc. Une partie de ces ornements sont mentionnés dans Nombres,
xxxi, 50. — * Les colliers; leurs pendants d'oreille, d'après la traduction la plus com-
mune du texte original. — Les carcans, ornement du cou.
20. * Les aiguilles de téte, dans l'hébreu : Les diadémes. — Les périscélides, les chai-
nettes qui rattachaient l'anneau des pieds auquel fait allusion le vers. 16. — Les
|
Ϊ
1562
périscélides, et les petits colliers,
et les boites de parfum, et les
pendants d'oreilles,
21. Et les bagues, et les pierres
précieuses, qui pendent sur leur
front,
92. Et les vêtements de re-
change, et les écharpes, et les
linges précieux, et les aiguilles,
23. Et les miroirs, et les fins
lissus, et les bandeaux, et les vé-
tements d'été.
94. Et ce sera, au lieu d'une
suave odeur, la puanteur, et au
lieu d'une ceinture, une corde, et
au lieu d'une chevelure frisée, la
calvitie, et au lieu de la bande-
lette qui soutient leur gorge, un
cilice.
25. Tes hommes aussi les plus
beaux tomberont sous le glaive,
et tes forts dans le combat.
26. Et tes portes seront dans
la tristesse et dans les larmes,
et désolée, elle s'assiéra sur la
lerre.
pelits colliers; traduction plus commune :
ISAIE,
(ca. iv.]
CHAPITRE IV.
Suite de la désolation de Juda. Germe
du Seigneur en gloire. Restes d'Israël
sauvés.
1. Et sept femmes prendront un
seul homme en ce jour-là, disant :
Nous mangerons notre pain, et
nous serons couvertes de nos
vétements ; seulement que votre
nom soit invoqué sur nous, en-
levez notre opprobre.
2. En ce jour-là, le germe du
Seigneur sera dans la magnifi-
cence et la gloire; et 16 fruit de la
terre s'élevera, et l'exultation
sera pour ceux d'Israël qui auront
été sauvés.
3. Et voici ce qui arrivera : Qui-
conque aura été laissé dans Sion,
et sera resté dans Jérusalem, sera
appelé saint; quiconque aura été
écrit comme vivant dans Jéru-
salem ;
4. Quand le Seigneur aura pu-
ceintures. Voir Jérémie, n, 32. — Et les
boiles de parfums, très répandues dans ;out l'Orient. — Et les pendants d'oreilles; en
hébreu, amulettes, qui avaient la forme d'ornements et qu'on portait à cause de la
vertu superstitieuse qu'on leur attribuait.
21. * Les pierres précieuses qui pendent sur leur front. Dans l'original, les anneaux
de nez, auxquels est ordinairement attachée une pierre précieuse.
23. * Les miroirs; miroirs de main, en métal poli. Voir Exod., xxvi, 8; Job, xxxvi, 18.
1. Sept; c'est-à-dire plusieurs. Les Hébreux mettaient quelquefois ce mot pour un
nombre indéterminé. — Que votre nom, etc.; ou bien, que nous portions votre nom.
Le texte hébreu, comme nous l'avons déjà remarqué, est susceptible de ces deux
sens. — * Enlevez notre opprobre de n'avoir point d'enfants. Genèse, xxx, 23. La mi-
sere et la désolation sont telles que les hommes ne peuvent pas trouver un chef,
n, 6-7, et les femmes ne peuvent pas trouver de mari, méme aux conditions les
plus dures. :
2. Le germe du Seigneur; c'est-à-dire Ezéchias, selon les uns, ou Zorobabel, selon
les autres; mais c'est plutót Jésus-Christ figuré dans la personne d'Ezéchias et de
Zorobabel. — Le fruit de la terre; c'est encore le Sauveur, dont il est dit plus bas
(χων, 8) : 6 Que la terre s'ouvre et qu'elle germe le Sauveur. »
3. Quiconque, etc. Dieu est représenté comme un prince qui tient un compte exact
de ses sujets; il les efface de son registre à mesure qu'ils meurent. — Comme vivant ;
littér. et par hébraisme, avec /a vie.
4. Par un esprit, etc.; c'est-à-dire en livrant son peuple au glaive, et ses villes aux
flammes; ce que les Péres expliquent du baptéme de l'eau, et du baptéme du feu
ou du Saint-Esprit.
(ct. [.צ
rifié les souillures des filles de
Sion, et qu'il aura lavé le sang de
Jérusalem, lequel est au milieu
d'elle, par un esprit de justice et
par un esprit d'ardeur.
008.06 le Seigneur créera sur
toute la montagne de Sion, et
sur le lieu oü il aura été invo-
qué; un nuage et une fumée pen-
dant le jour, et l'éclat d'un feu
flamboyant pendant la nuit; car
sur toute gloire sera sa protec-
tion.
6. Et il y aura un tabernacle
pourombrage dans le jour contre
la chaleur, et pour mettre en sû-
reté et à couvert de la tempéte et
₪ 1569
CHAPITRE V.
Ingratitude des enfants d'Israél. Le Sei-
gneur prend la maison de Juda pour
juge entre lui et la maison d'Israel.
Maux dont les Israélites seront acca-
blés;ennemis que Dieu suscitera contre
eux.
*
1. Je chanterai à mon bien-
aimé le cantique de mon proche
parent à sa vigne. Une vigne a
été acquise à mon bien-aimé, sur
un sommet de montagne abon-
dant en huile. |
9. Et il 28 environnée d'une
haie, et il en a 616 les pierres, il
y a mis un plart choisi, et il y ἃ
de la pluie. báti une tour au milieu, et il y a
Cuap.,V. 1. Jérém,, 11, 21; Matt,, xx1, 33.
1-30. — * 39 La parabole de la vigne, v. — La troisième prophétie 6 15816 est contenue
dans le ch. v. Elle commence par une belle parabole, qui nous décrit sous l'image
très juste d'une vigne, plantée et cultivée par Dieu avec le plas grand soin, l'histoire
même du peuple de Dieu. L'ingratitude et les crimes d'Israël arrachent au. prophèle
des paroles indignées; il menace les coupables et leur montre, en terminant, les
vengeurs de leur maitre outragé, sous la forme emblématique de chevaux, de lions,
des mugissements de la mer et des ténèbres. Notre-Seigneur devait se servir plus
iard de la méme parabole pour reprocher aux Juifs leur infidélité. Ma/(h,, xxr, 33-48;
Marc, xit, 1-10; Luc, xx, 9-16. Voir Jérémie, rn, 21.
1. À mon bien-aimé; c'est-à-dire, comme le montre la suite, Jésus-Christ, Je bien-
aimé de Dieu et des hommes. — Une vigne; la maison d'Israël (vers. 1). — Jésus-
Christ emploie une parabole semblable en parlant des Juifs incrédules (Malth., xxt,
33 et suiv.). — Un sommet de montagne; littér. et par hébraisme, une corne, cest-
à-dire 18 partie d'une montagne la plus élevée, comme la corne est la partie la plus
élevée de certains animaux. Les Arabes eux-mêmes emploient cette locution. —
Abondant en huile; littér. fils de l'huile (filio olei). En hébreu, le mot fi/s signitie aussi
doué, possesseur de, et le terme Auile s'applique à tous les corps gras, aux oliviers,
aux figuiers, etc. Or, on sait que les meilleurs plants de vigne, dans la Palestine,
sont sur des montagnes chargées d'oliviers et de figuiers.
2. Une tour. Sous ce nom les Péres et les interprétes entendent le temple, et sous
le terme de pressoir, l'autel des holocaustes. — * Une tour. « De nombreux enclos
délimités par de petits murs en pierres sèches [dans les environs de Bethléhem et
dans la plus grande partie de la Palestine] renferment presque tous à leur centre,
soit debout, soit renversée, une de ces petites tours qui servaient autrefois, comme
quelques-unes d'entre elles servent encore aujourd'hui, à protéger ces enclos à l'é-
poque de la récolte. » — 11 l’a environné d'une haie et il en a ôlé les pierres. « Par
cette haie, il faut entendre ici un petit mur de séparation, construit avec les pierres
retirées de l'enclos pour laisser place à la vigne, et hérissé en outre la plupart du
temps de plantes épineuses. » — 1 y a construit un pressoir. On trouve en Palestine
des pressoirs taillés dans le roc. « Dans les environs de Bethléhem, [on voit] trois ou
quatre de ces pressoirs antiques, creusés dans le roc, et divisés soit en deux, soit
en trois compartiments. » (V. (.א81א30)
4564
construit un pressoir ; et il a es-
péré qu'elle produirait des raisins
et elle a produit des grappes sau-
vages.
3. Maintenant done, habitants
deJérusalem,ethommesde Juda ;
soyez juges entre moi et ma
vigne.
4. Qu'est-ce que j'ai dà faire de
plus à ma vigne, que je ne lui ai
_pas fait? n'ai-je pas espéré qu'elle
produirait des raisins, et. elle 8
produit des grappes sauvages?
5. Et maintenant je vous mon-
trerai ce que moi je ferai à ma
vigne; j'enleverai sa haie, et elle
sera au pillage; je détruirai sa
muraille, et elle 8028 foulée aux
pieds.
6. Je la rendrai déserte; elle ne
sera pas taillée, et elle ne sera pas
labourée; les ronces et les épines
s'éleveront, et je commanderai
aux nuées de ne pas répandre sur
elle de pluie.
7. Car la vigne du Seigneur
des armées 68118 maison d'Israël,
et l'homme de Juda son germe
délectable; et j'ai espéré quil
rendrait un jugement, et voilà
liniquité; qu'il rendrait la jus-
ISAIÏE.
(cir. v.)
tice, et voilà le cri de l'opprimé.
8. Malheur ὦ vous qui joignez
maison à maison, et qui ajoutez
un champ à un champ jusqu'à ce
que 16 lieu vous manque; est-ce
que vous seuls vous habiterez au
milieu de la terre?
9. Voiei ce qui a été révélé à
mes oreilles. Le Seigneur des ar-
mées dit : J'ai juré si des maisons
nombreuses, élevées et belles ne
seront pas désertes, sans habi-
tant.
10. Car dix arpents de Signes
rapporteront une seule petite bou-
leille, et trente mesures de se-
mence produiront trois mesures.
11. Malheur à vous qui vous
levez des le malin pour vous
abandonner à l'ivresse, et pour
boire jusqu'à la nuit, afin que
par le vin vous vous échauffiez.
19. La harpe, et la lyre, et le
tambour, et la flüte, et le vin se
trouvent dans vos festins ; et l'eeu-
vre du Seigneur, vous n'y avez
pas égard, et les ouvrages de ses
mains, vous ne les considérerez
pas.
13. C’est pour cela que mon
peuple a été emmené captif,
5, 6. Les menaces faites dans ces versets furent accomplies à la lettre, lors de la
désolation d'Israél par les Assyriens; mais elles ont recu un second accomplissement
sur les Juifs incrédules, depuis la mort de Jésus-Christ.
9. Révélé; mot très probablement sous-entendu ici, et exprimé dans un passage
parallèle (xxi, 14). — Mes oreilles; c'est-à-dire les oreilles du prophète (compar. le
méme passage). C'est le sens de l'hébreu, comme l'a justement remarqué saint Jérôme
dans son Commentaire ; c'est. aussi celui de la paraphrase chaldaique, contrairement
à la version des Septante. — Si des maisons... ne seront pas; c'est-à-dire. qu'elles
seront. (Voy. sur les formules du serment, Ps. xcxiv, 11).
10. * Dans l'hébreu: > Dix journées de travail de vigne, (l'étendue ce vigne qu'on
peut travailler en dix jours) produira un bath (de vin) et un Aomer de semence pro-
duira un épha de récolte. L'épha était la dixième partie d'un homer. Voir à la fin
du volume, note 21, les mesures hébraiques.
11. * Le vin dont il est question ici est un vin artificiel, fait avec des dattes, des
pommes, des grenades, du miel, de l'orge, et souvent inélangé d'aromates.
13. C'est pour cela, etc. Cette prophétie, qui se rapporte à la lettre à la captivité
de Babylone, est un symbole de la dispersion des Juifs incrédules depuis la: "—
de Jésus-Christ; et c'est à ceux-ci que saint Jérôme l'applique,
(on. v.]
parce qu'il n'a pas d'intelligence;
et que les nobles d'Israél ont péri
de faim, et que la multitude de
son peuple a séché par la soif.
14. C'est pour cela que l'enfer
a dilaté son àme, et qu'il a ouvert
sa bouche d'une maniere illimi-
tée; et ses puissants, et son bas
peuple, et ses grands, et ses
hommes glorieux y descendront.
18. Et l'homme du peuple s'in-
clinera, et l'homme de condition
sera humilié, et les yeux des su-
perbes s'abaisseront.
16. Et le Dieu des armées sera
exalté à cause de son jugement:
et le Dieu saint sera sanclifié à
cause de sa justice.
11. Εἰ les agneaux paîtront à
leur ordinaire, et dansles déserts
devenus fertiles, des élrangers
trouveront leur nourriture.
48. Malheur à vous qui tirez
l'iniquité avec les cordes de la
vanité, et le péché comme les
traits d'un chariot;
19. Qui dites : Qu'il se háte, et
que son œuvre vienne bientôt,
afin que nous /a voyions; et qu'il
s'approche et qu'il vienne, le dé-
cret du saint d'Israél, et nous le
connaitrons!
20. Malheur & vous qui appelez
le mal bien, et le bien mal; qui
donnez les ténèbres pour la lu-
miere, et la lumiere pour les té-
21. Prov., uti, 7; Rom., xir, 16.
ISATE.
1565
nebres; qui donnez l'amer pour
le doux etle doux pour l'amer!
91. Malheur à vous qui êtes
sages à vos yeux, et qui êtes pru-
dents vis-à-vis de vous-mémes!
22. Malheur 4 vous qui étes
puissants à boirele vin, et des
hommes vaillants à méler des
boissons enivrantes;
23. Qui justifiez l'impie pour
des présents, et ravissez au juste
sa propre justice!
24. À cause de cela, comme une
langue de feu dévore la paille, et
comme la chaleur de la flamme
la brüle entierement, ainsi leur
racine sera comme de la cendre
embrasée, et leur germe s'élevera
comme de la poussiere. Car ils
ont rejeté la loi du Seigneur des
armées, et ils ont blasphémé la
parole du saint d'Israël.
95. C'est pour cela qu'a été ir-
ritée la fureur du Seigneur contre
son peuple; et qu'il a étendu sa
main sur lui, et qu'il l'a frappé;
que les montagnes ont été ébran-
lées, et que leurs cadavres sont
devenus comme la boue sur les
places publiques. Au milieu de
tous ces maux, sa colere ne s'est
point détournée, mais sa main a
été encore étendue.
26. Et il élèvera son étendard
au loin parmi les nations; et il
sifflera pour l'appeler des confins
14. Son âme; hébraisme, pour lui-même. — * L'enfer; en hébreu : le scheól, la de-
meure des morts.
16. Sera sanclifié ; reconnu pour saint, loué comme saint,
19. Qu'il; c'est-à-dire Dieu, dont il s’agit dans tout ce verset. — Son œuvre; ce qu'il
prétend faire, ce dont il nous menace depuis longtemps. On trouve dans plusieurs
autres prophètes de pareilles insolences dites par les Juifs.
22. * Méler des boissons enivrantes. Voir plus haut, vers. 11.
24. Langue de feu; signifie flamme. Compar. Actes des Apótres, τι, 3.
26. I sifflera, etc.; littér. i/ sifflera vers lui (sibilabit ad eum). Le pronom lui peut
se rapporter à ennemi (hostem), ou à armée (exercitum), ou bien encore à peuple
4506 ISAIE. (em. vi.
de la terre; et voici qu'en grande | sonne qui puisse /a lui arracher.
hâte il viendra promptement. 30. Et un bruit se fera entendre
27. Ill n'y a dans lui ni de défail- | sur lui en ce jour-là, comme le
lant ni de fatigué; il ne som- | bruit de la mer; nous regarde-
meillera ni ne dormira; la cein- | rons sur la terre, et voilà les té-
ture de ses reins ne se déliera | nèbres de la tribulation ; et la lu-
pas, ni la courroie de sa chaus- | mière a été couverte de ténèbres
sure ne se rompra. par sa profonde obscurité
28. Ses flèches sont aiguës, et
tous ses arcs bandés. La corne de . CHAPITRE VI (2.
leurs chevaux est comme un Lao 20H90 PUR EO Mc
. 4 ,. 2 sale voit la gloire du seigneur. Le ₪61-
caillou; et ses roues comme l'im gneur l'envoie porter sa parole aux
pétuosité de la tempéte. enfants d'Israël et de Juda; il lui an-
29. Son rugissement est comme nonce leur endurcissement, et les dif-
celui du lion; il rugira comme ἜΚ Ε ἢ révolulious πον
les petits des lions; et il fré-
mira; et il saisira sa proie et |. En l’année où est mort le
il l'étreindra, et il n'y aura per- | roi Ozias, je vis le Seigneur assis
(populum) sous-entendu. L'hébreu offre la méme amphibologie; mais le grec porte
à elles, c'est-à-dire aux nations; ce qui fait disparaitre toute difficulté. Plusieurs
Péres prétendent que ce sifflement est une allusion aux gardes des mouches à miel
qui les font venir de leurs ruches dans la campagne au son du sifflet, et les ramè-
nent de la même manière, lorsque la nuit approche. Cette explication semble con-
firmée par ce que dit Isaie lui-même un peu plus bas (vir, 18). Le sujet des verbes
il élèvera, il sifflera est le Seigneur, nommé au verset précédent; mais celui de /
viendra, est l'ennemi, ou l'armée, ou le peuple appelé par 16 sifllement du Seigneur.
21. La ceinture, etc.; c'est celle qu'on portait dans les voyages. — * Ne pas délier
la ceinture, c'est donc étre toujours en marche.
98. Ses roues; les roues de ses chariots. — * La corne de leurs chevaux est comme
un caillou. Les anciens ne ferraient pas les chevaux. Ceux de ces animaux qui avaient
un sabot trés dur, qui avaient « des pieds d'airain », comme dit Homére, étaient par
là méme particuliérement estimés.
30. Sa profonde obscurité. Le pronom sa se rapporte au mot íribulation, qui,
comme l'affliction, la misère, la calamité, est ordinairement représentée dans l'Eeri-
| ture sous l'emblème d'une nuit sombre et ténébreuse.
' s L'inauguration du prophète Isaie (vers. 1-9) a été traitée par certains critiques
de pure invention, Isaie voulant par ce récit prévenir la haine du peuple, que ses
menaces ne pouvaient manquer d'exciter contre lui.
1-13. — * 40 Vocation d'Isaie au ministère prophétique, vr. — Le ch. v1 nous raconte
les détails de la vocation du prophéte à sa mission prophétique. « La tradition place
cette prophétie aprés la mort d'Ozias et à la première année de Joathan... Les mo-
dernes se sont écartés de cet arrangement : 1° parce que le sujet de ce chapitre doit
le faire considérer comme 16 premier dans l'ordre des temps; 29 parce que le titre:
En l'année où est mort le roi Ozias (158), se rapporte non au temps qui a suivi, mais
à celui qui a précédé la mort de ce roi de Juda... Ces raisons, quoique plausibles,
ne vont pas au delà de simples vraisemblances... Les interprétes ont examiné:
49 quel a été l'objet de cette vision prophétique; 2° quelle en est la scène; 3° quelle
en est la nature. — 19 Selon quelques-uns, l'objet de la vision a été le Père, selon
d'autres Dieu le Fils, et selon d'autres la Sainte Trinité. Ce dernier sentiment est
plus probable, attendu que l'Eglise, dés les premiers siécles, a reconnu une allusion
aux trois personnes divines dans les mots : Saint, saint, saint, et dons eette inter-
rogation : Qui envervai-je (unité de substance), et qui ira pour nous (pluralité des
(ou. νι]
sur un tróne haut et élevé; et
ce qui était sous lui remplissait
le temple,
9. Des séraphins étaient au-
dessus du tróne : l'un avait six
ailes, et l'autre six ailes; avec
deux, ils voilaient leur face, et
avec deux ils voilaient leurs
pieds, et avec deux ils volaient.
3. Etils secriaientl'un àl'autre,
et ils disaient : Saint, saint saint
est le Seigneur Dieu des armées,
toute la terre est pleine de sa
gloire.
4. Et les linteaux des gonds
furent ébranlés par la voix des
anges qui criaient, et la maison fut
remplie de fumée.
5. Et je dis : Malheur à moi,
ISAIE.
1567
parce que je mé suis tu, parce
que moi je suis un homme souillé
par mes lèvres, et que j'habite au
milieu d'un peuple qui a les le-
vres souillées, et que j'ai vu le
roi Seigneur des armées de mes
yeux!
6. Et vers moi voilà un des sé-
raphins, et dans sa main était un
caillou qu'avec des pincettes 1]
avait enlevé de l’autel.
7. Et il en toucha ma bouche et
dit : Cela a touché tes levres, et
ton iniquité sera effacée, et ton
péché sera purifié.
8. Et j'enlendis la voix du Sei-
gneur disant : Qui enverrai-je et
qui ira pour nous? Et je dis : Me
voici; envoyez-moi.
VI. 3. Apoc., 1v, 8. ,ג
personnes)? — 20 La scène s'est passée, selon les uns, dans le temple de Salomon;
selon d'autres, dans le ciel montré à l'imagination du prophéte sous des formes
semblables à celles du temple... — 3» On peut admettre une apparition réelle, comme
celles dont furent honorés tant d'autres avaut Isaie. Cependant Cornélius a Lapide,
après S. Augustin, soutient que tout s'est passé dans l'imagination du prophète, et
ce sentiment parait bien plus probable. » (Lr Hin.)
1. Le Seigneur; c'est-à-dire, selon saint Jean (xir, 40, 41), 16 Fiis de Dieu. -- ce
qui était au-dessous de lui; les tapis sur lesquels le tróne était placé; ou plutót, selon
le texte original, le bas, le bord, l'extrémité de sa robe; car c'est le sens qu'a le
terme hébreu dans Exode, xxvim, 33, 34. — * Le temple; en hébreu Aékal, mot qui
signifie palais des rois et temple de Dieu. C'est la demeure extra-terrestre, le ciel où
Dieu réside.
2. Leur face; littér. et par hébraisme, sa face; parce que le pluriel ils voilaient
(velabant) est pour chacun d'eux voilait. — * Des séraphins, mot qui signifie brülants,
enflammés, et qui désigne un des chœurs des anges. Ce passage est le seul endroit,
soit de l'Ancien, soit du Nouveau Testament où nous lisions leur nom,
3. Saint, saint, saint. Cette tripie glorification d'un seul Dieu désigne, d'après les
Pères, le mystère de la trinité des personnes divines dans l'unité de la divine essence.
5. Malheur, ete. Saint Jérôme, saint Cyrille, Théodoret, et plusieurs interprètes
aprés eux, pensent qu'Isaie se reproche ici d'avoir offensé Dieu par le silence qu'il
garda envers Ozias lorsqu'il s'empara du sacerdoce (11 Paralip., xxvr, 17, 18). D'autres
veulent que le prophète se reproche de n'avoir pas mêlé ses louanges à celles des
séraphius. D. Calmet croit qu'Isaie fait ici la même confession ou la méme excuse
au Seigneur que Moïse aprés l'apparition de Dieu dans le buisson ardent. Compar.
Exode, ιν, 10; vr, 12, 30. — Et que j'ai vu, ete. Les Hébreux croyaient qu'on ne pou-
vait voir Dieu ou un ange sans mourir (Genèse, xvi, 13; Exode, xxxrr, 20).
6. Caillou (calculus); dans l'hébreu, pierre rougie au feu; dans le grec, charbon.
—* De l'aulel. Isaïe voit dans le ciel un autel analogue à celui du temple de Jéru-
salem, sur lequel brüle le feu. Le feu est l'embléme de la purification.
8. Qui enverrai-je? Ce singulier marque l'unité d'essence. — Pour nous; exprime
Ja distinction des personnes dans l'essence divine,
1508
9. Et il dit : Va, et tu diras àce
peuple : Ecoutant, écoutez, et ne
comprenez pas ; etvoyezla vision,
et ne /a discernez pas;
10. Aveugle le cceur de ce peu-
ple, et rends ses oreilles sourdes,
etfermeses yeux ; de peur qu'il ne
01606 808 yeux, et qu'il n'entende
de ses oreilles, et que de son
cœur il necomprenne, et qu'il ne
se convertisse et que je ne le gué-
risse.
11. Et j'ai dit : Jusques à quand,
Seigneur? et il a dit : Jusqu'à ce
que les cités soient désolées, et
sans un habitant, et que les mai-
sons soient sans un homme ; la
terre sera laissée déserte.
12. Et le Seigneur éloignera les
ISATE.
(en. זז |
hommes, et elle se multipliera,
celle qui avait été délaissée au
milieu de la terre.
13. Et elle sera encore décimée,
et elle se convertira, et elle se
montrera comme le térébinthe et
comme le chéne qui étend ses ra-
meaux; ce sera une race sainte,
ce qui restera en elle.
CHAPITRE VII.
Le roi de Syrie et le roi d'Israél se
liguent contre Jérusalem. Ils ne pré-
vaudront point. La vierge enfantera un
fils nommé Emmanuel. Maux qui
doivent fondre sur Juda.
1. Et il arriva dans les jours
d'Achaz, fils de Joathan, fils
d'Ozias, roi de Juda, que Rasin,
9. Matt., xir, 14; Marc, 1v, 12; Luc, vin, 10; Jean, xit, 40; Actes, xxvii, 26; Rom.,
xi, 8. - (ἜΑΡ VII. 1. IV Rois, xvi, 5.
9. Ecoutant écoutez ; hébraisme, pour écoutez bien.
10. Aveugle, etc. Saint Jean, saint Paul et Jésus-Christ méme ont appliqué ce pas-
sage à l'endurcissement des Juifs au temps de l'Evangile. Voy. Matth., xiu, 14; Luc,
vii, 10; Jean, xit, 40; Acles, xxvin, 26; Romains, xi, 8. — * Le cœur; l'intelligence.
19. Eloignera; bannira les Juifs loin de leur pays. — Elle se multipliera, ete.; la
nation des Juifs.
13. Elle sera encore décimée. Cette décimation que quelques interprétes ont prise à
tort en bonne part, pourrait s'expliquer du carnage qui fut fait des Juifs sous Adrien;
carnage si horrible, qu'à peine la dixième partie put s'y soustraire.
1. * Ile groupe : Prophéties du temps d'Achaz ou la prophétie d'Emmanuel, vri-xi1.
— La seconde période du ministère prophétique d'Isaie comprend les oracles pro-
noncés sous le règne d'Achaz. Achaz régna 16 ans (742-721). Trois circonstances de
son histoire doivent étre principalement notées pour l'intelligence des prophéties
d'Isaie à cette époque. — 19 Achaz, au lieu de maintenir le culte de Dieu, comme
Ozias et Joathan, favorisa ouvertement l'idolátrie. — 29 Phacée d'Israél et Rasin de
Damas continuèrent contre lui les hostilités qu'ils avaient commencées contre Joa-
than, IV Rois, xv, 31. Les détails de la guerre contre Achaz sont donnés dans IV Rois,
xvi, 5-9, et II Paralip., xxvi, 5-21. Plusieurs pensent que la guerre fut courte, mais
cette opinion est peu vraisemblable. Les confédérés ne purent exécuter qu'en plu-
sieurs campagnes tout ce qui est raconté dans les Rois et les Paralipoménes. Dans
une première campagne, résumée par 15810, vir, 1, ils assiégèrent sans succès Jéru-
salem, IV Rois, xvi, 5. C'est alors qu'Isaie fitla prophétie du ch. vu, 1-9. — 39 Comme
Phacée et Rasin continuèrent, probablement chacun de leur côté, à ravager le
royaume de Juda, Rasin poussant jusqu'à la mer Rouge, IV Rois, xvi, 6, et emportant
un grand butin, 1] Paralip., xxvur, 9; Phacée ravageant aussi Juda, faisant périr cent
vingt mille hommes, emmenant deux cent mille captifs, 1] Paralip., xxvui, 5, 6, 8,
Achaz manqua de confiance en Dieu; et ne se sentant pas de force à lutter contre ces
deux ennemis que soutenaient encore les Iduméens et les Philistins, IV Rois, xvi, 6;
Il Paralip., xxvii, 11-18, il appela à son aide Téglathphalasar, roi d'Assyrie. Isaie fit
les prophéties vir, 10-xir, à la suite de cet appel à l'étranger. — C'est au moment où le
ἔμ. |.זנץ
roi de Syrie, et Phacée, fils de
Romélie, roi d'Israël, monterent
à Jérusalem pour lui livrer ba-
taille; et ils ne purent la réduire.
2. Et on /'annonca à la maison
de David, en disant : La Syrie a
trouvé un appui dans Ephraim;
et le cœur d’Achaz fut agité ainsi
que le cœur du peuple, comme
sont agités les arbres des forêts à
la face du vent.
3. Et le Seigneur dit à Isaïe :
Sors au-devant d'Achaz, toi et
Jasub ton fils qui Fest resté, e£ va
à l'extrémité du canal de la pis-
cine supérieure, sur la voie du
champ du foulon.
4. Et tului diras : Voyez à vous
tenir en repos; ne craignez point,
et que votre cœur ne tremble
ISAIE.
1569
point à cause de ces deux bouts
de tisons fumants, devant la co-
lere de Rasin, roi de Syrie, et du
fils de Romélie;
9. Parce que la Syrie, Ephraim
et le fils de Romélie ont formé
de mauvais desseins contre vous,
disant :
6. Montons contre Juda, et
mettons-le en mouvement, fai-
sons-le venir à nous, et établis-
sons-y pour roi le fils de Tabéei.
1. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Cela ne subsistera pas et ne
sera méme pas.
8. Mais la capitale de la Syrie
est Damas, et le chef de Damas
est Rasin ; etencore soixante-cinq
ans, et Ephraim cessera d'étre un
peuple.
bruit de la marche des Israélites et des Syriens vient d'arriver dans la capitale, et la
remplit de terreur, גו 15816 commence les prophéties contenues dans les ch. vir-xir.
Elles forment ce qu'on a appelé le livre d'Emmanuel, parce qu'Emmanuel ou 1e
Messie en est le sujet principal. Elles ont cela de commun, qu'elles ont toutes été
faites à l'occasion de la guerre de Phacée et de Rasin contre Juda.
Les prophéties du temps d'Achaz sont au nombre de quatre : 19 vir, 1-9 ; 2o vrr, 10-
95; 39 vir, 1-4; 49 viu, תצצ-5 Le commencement de chacune d'elles est indiqué par
une formule qui en marque la division, vu, 1; vir, 10; var, 4, et virr, 5. La première
prépare la prophétie d'Emmanuel; la seconde annonce sa naissance miraculeuse; la
troisième donne un signe prochain de la délivrance de Juda, et la quatrième montre
dans le triomphe du peuple de Dieu le symbole d'un triomphe plus grand encore au
temps du Messie. — [9 Prophéties contre Samarie et contre Damas, vir, 1-9. — Au
moment où Rasin et Phacée vont faire le siège de Jérusalem, Isaie console Achaz et
son peuple, en prédisant que les attaques de leurs ennemis seront vaines, et que,
dans 65 ans, Ephraim cessera d'être un peuple. C'était probablement la première
année du règne d'Achaz (142). Ses ennemis durent profiter du changement du trône:
pour combattre Juda.
3. Jasub; signifie en hébreu un resle reviendra ; nom mystérieux, et que Dieu, au-.
tant qu'on. peut en juger, avait fait donner à cet enfant, comme preuve que Juda
serait délivré de l'oppression de ce régne, et que les restes du peuple se con-
vertiraient sous le régne d'Ezéchias. Compar. x, 21, 22. — La piscine supérieure; elle
était au pied des murs de Jérusalem, à l'orient. — * La situation de la piscine supé-
rieure est controversée, mais on la place aujourd'hui le plus communément à l'ouest
de la ville, et on l'identifie avec le Birket-Mamilla.
6. * Le fils de Tabéel. On lit dans une inscription du roi d'Assyrie Téglathphalasar
le nom d'un personnage qui s'appelle Itibil ou Tibil et qui peut être le Tabéel d'Isaie;
mais l'inscription est ו si mutilée que nous ne savons pas ce qu'é-
tait ce personnage.
8. * Ce vers. 8, dans lequel est annoncée la ruine compléte d'Ephraim, c'est-à-dire
du royaume des dix tribus, au bout de 65 aus, offre plusieurs difficultés. — 1» On
soutient qu'il est une interpolation ou bien qu'il est une prophétie faite aprés coup,
comme s'il était plus dificile à Dieu de révéler une date en particulier que l'avenir
A, T. 99
4570
9. Et la capitale d'Ephraim est
Samarie, et le chef de Samarie
le fils de Romélie. Si vous ne
croyez pas, vous ne persévérerez
pas.
10. Le Seigneur parla encore à
Achaz, disant :
11. Demande pour toi un mi-
racle au Seigneur ton Dieu, au
fond de l'enfer, ou au plus haut
ISAIE.
]68. var.]
manderai pas, et je ne tenterai
pas le Seigneur.
13. Et /e prophète dit : Ecoutez
done, maison de David : Est-ce
peu pour vous d'étre fácheux aux
hommes, puisque vous étes fà-
cheux méme à mon Dieu?
14. À cause de cela le Seigneur
lui-méme vous donnera un signe.
Voilà que la vierge concevra et
des cieux.
19. Et Achaz dit : Je n'en de-
14. Matt- 1, 235 Iu CETERO Is
enfantera un fils, et son nom sera
appelé Emmanuel.
en général! On aflirme, il est vrai, mais à tort, que les prédictions de l'Ancien Tes-
tament ne sont jamais aussi précises. Cet exemple n'est pas isolé, nous en rencon-
trons beaucoup d'autres. — 20 On a prétendu aussi que ce chiffre de 65 est faux. ἢ
n'en est rien. Il serait inexact, s'il s'agissait de la prise de Samarie par Salmanasar
et Sargon, laquelle eut lieu, en effet, peu d'années après, mais Isaie ne parle pas de
lépoque où Ephraim cessa d'être un royaume, il parle du temps où il cessa d’être
un peuple, ce qui, d'aprés des calculs fort probables, eut lieu du temps d'Assaraddon,
la 6* année dn règne de ce roi d'Assyrie, la 20e de celui de Manassé de Juda. Le
monarque ninivite fit transporter en divers pays les derniers restes d'Israél, comme
nous pouvons le conclure de 1 Esd., rv, 2. Or, de la 1re année d'Achaz, date de la
prophétie d'Isaïe, à la 20e année de Manassé, il y a juste 65 ans : 16 années d'Achaz
29 d'Ezéchias + 20 de Manassé = 65.
9. * Samarie. Voir la note sur III Rois, xvi, 24.
10-25. * Il» Prédiction de la naissance d'Emmanuel, vir, 10-25. — Cette seconde
prophétie date probablement de la méme année que la précédente (142), et ne lui est
postérieure que de peu de temps. Elle est une des plus importantes de l'Ancien Tes-
tament, parce qu'elle annonce la naissance miraculeuse du fils de la Vierge, Emma-
nuel, c'est-à-dire « Dieu avec nous ». Elle se divise en quatre parties : 40 vir, 10-13.
Isaie fait connaitre les circonstances de la prophétie. Au moment, semble-t-il, où
Achaz songe à appeler Téglathphalasar à son secours, le prophéte, pour lui prouver
que Juda peut se reposer sur Dieu de sa défense, dit au roi qu'il peut demander
comme gage de cette protection un signe ou miracle. Le prince le refuse. -- 25 6
n'en donne pas moins ce signe; la naissance du fils de la Vierge, vir, 14-17. Ce signe
est accompagné de l'assurance qu'en deux ou trois ans Juda sera délivré de la Syrie
et d'Israël, mais il sera punilui-méme d'avoir appelé l'Assyrien. — 39 Un événement
prochain , l'invasion de la Palestine par les armées égyptienne et ninivite, confir-
mera la vérité de l'oracle divin, vir, 18-20. — 40 Tableau de la désolation produite
par cette invasion, vir, 21-25.
10. Parla encore; littér. ajouta à parler. Voy., sur cet hébraisme, t. 11, p. 342, 20.
14. La vierge. C'est ainsi que portent l'hébreu et les Septante. En vain les ratio-
nalistes allemands se sont-ils efforcés de prouver que l'article ici n'avait aucun
sens déterminatif; tous les- exemples qu'ils allèguent sont faussement appliqués.
Leurs efforts ne sont pas moins vains quand ils veulent établir que le terme hébreu
traduit par vierge (virgo) ne signifie qu'une fille nubile. L'argument qu'ils tirent de
l'arabe, en l'appliquant encore faussement, ne prouve rien. Tout conspire done ici
en faveur du sens de {a Vierge, l'étymologie, le contexte et la tradition. Saint
Matthieu (r, 22, 23) nous fait remarquer l'accomplissement de cette prophétie, en
expliquant le nom d'Emmanuel. Compar. Isaie, vin, 8. — * La mère d'Emmanuel est
la Trés Sainte Vierge, et Emmanuel est Jésus-Christ, d'après l'attestation formelle
de saint Matthieu (Mutth., 1, 22-23). Voir aussi Luc, 1, 31, qui contient une allusion
évidente à /s., vit, 14, Le texte grec de saint Luc reproduit à peu près littéralement,
lcu. vu.]
15. Il mangera du beurre et du
miel, en sorte qu'il sache réprou-
ver le mal et choisir le bien.
16. Parce qu'avant que l'enfant
sache réprouver le mal et choisir
le bien, la terre que tu détestes
sera abandonnée de ses deux rois.
17. Le Seigneur amenera, avec
le roi des Assyriens, sur toi, sur
ton peuple et sur la maison de
ton père, des jours qui ne sont
pas venus depuis la séparation
d'Ephraim d'avec Juda.
ISAIE.
1571
18. Il arrivera en ce jour que
Dieu sifflera pour appeler la mou-
che qui est à l'extrémité des fleu-
ves de l'Egypte, et l'abeille qui est
dans la terre d'Assur;
19. Et elles viendrontet elles se
reposeront toutes dans les tor-
rents des vallées, et dans les ca-
vernes des pierres, et sur tous
les arbrisseaux et dans tous les
trous.
20. En ce jour-là, le Seigneur
rasera avec un rasoir emprunté
sauf les modifications nécessaires, le texte grec de la traduction de ce verset d'Isaie
dans les Septante. Cette explication authentique de la prophétie d'Isaie est décisive,
aussi a-t-elle été soutenue par tous les Pères et les docteurs. — 39 Emmanuel n'est
pas un fils d'Achaz, comme on l'a faussement soutenu. Plusieurs critiques ont ima-
giné que l'enfant annoncé par le prophète était Ezéchias. Mais Ezéchias avait déjà
neuf ans, au moins, à l'époque de cette prophétie, par conséquent Isaie ne pouvait
prédire sa naissance, comme l'a observé saint Jérôme. — Le fils de la Vierge est
appelé Emmanuel, c'est-à-dire « Dieu avec nous, » nom significatif, comme tous les
noms hébreux, et qui nous fait connaitre la nature du Messie : cest Dieu lui-méme,
venant vivre au milieu de nous. Ce nom est d'ailleurs plutôt un nom symbolique
qu'un nom propre, comme les noms qui lui sont donnés, 1x, 5.
43. * Du beurre et du miel. C'est la nourriture des habitants du désert, et c'était
aussi, chez les anciens, la nourriture ordinaire des enfants. — Dans la suite du verset
en sorle que, ne peut signifier quil se nourrira de lait et de miel, afin de savoir
choisir entre le mal et le bien, ce qui n'aurait aucun sens, mais Jusqu'à ce que il ait
atteint l’âge de discrétion, c'est-à-dire qu'il soit sorti de l'enfance. C'est ainsi que
l'ont compris la paraphrase chaldaique, les Septante et généralement les commen-
tateurs.
16. * L'explication de ce verset offre des difficultés et on l'a trés diversement inter-
prété. Tout le monde convient que le vers. 15 s'applique à Emmanuel : il se nourrira
de la méme nourriture que ceux de son âge. Mais comment Emmanuel peut-il
désigner le Messie, puisque, d’après le verset 16, avant que celui qui est promis
comme signe soit sorti de l'enfance, c'est-à-dire, avant deux ou trois ans, les royaumes
de Syrie et d'Israël, ennemis de Juda, auront été dépeuplés par Téglathphalasar, roi
d'Assyrie? — L'explication la plus simple consiste à supposer qu'Isaie veut indiquer
simplement une date et que le sens est : Avant que se soit écoulé le temps qu'il
faudrait à Emmanuel, sil naissait de nos jours, pour sortir de l'enfance, Israël et
la Syrie seront désolés. — Il est à remarquer que, contrairement aux usages des pro-
phètes, aprés que la naissance d'Enmanuel, qui doit servir de signe, a été annoncée,
15816 ne nous dit nulle part qu Emmanuel soit né réellement de son temps, Pourquoi,
si ce n'est parce qu'il ne devait naitre réellement que plus de 700 ans aprés? — On
peut se demander, il est vrai, pourquoi Dieu choisit une marque si éloignée de sa
protection, au milieu des dangers présents, mais, 19 nous voyons, par toutes les
prophéties, qu'il console souvent son peuple par les espérances messianiques qu'il
fait briller à leurs yeux; 2° c'est parce que l'accomplissement de ce prodige ne doit
avoir lieu que plus tard qu'il donne un signe prochain dans la naissance du fils
d'Isaie, laquelle fait le sujet de la troisième prophétie.
18. * La mouche. Sur les mouches d'Egypte, voir la note sur Ps. civ, 31. Les Egyp-
tiens sont comparés aux mouches, parce qu'elles infectent la vallée du Nil, et les
Assyriens aux abeilles, qui sont nombreuses dans leur pays.
20. * Au delà du fleuve de l'Euphrate. Le rasoir estle roi des Assyriens, qui rasera,
1572
sur ceux qui sont au delà du
fleuve et sur le roi des Assyriens
la téte, et le poil des pieds et toute
la barbe.
21. Et il arrivera en ce temps-
la qu'un homme nourrira une
vache et deux brebis,
22. Et à cause de l'abondance
du lait il mangera du beurre; car
il mangera du beurre et du lait,
quiconque aura été laissé au mi-
lieu de la terre.
23. Et il arrivera en ce jour-là,
qu'en toutlieu où il y aura eu mille
pieds de vigne, à mille pièces d’ar-
gent, ces pieds de vigne seront
changés en épines et en ronces.
24. On y entrera avec les fle-
ches et l'arc; carles ronces et les
épines seront sur toute la terre.
98. Quant à toutes les monta-
gnes qui seront bien sarclées, la
crainte des épines et des ronces
ne les atteindra pas, mais elles
serviront de pâturage au bœuf,
et le menu bétail les foulera aux
pieds.
ISAIE.
(cu. vur.]
CHAPITRE VIII.
Fils qui doit naître à Isaie. Désolation
prochaine des deux royaumes d'Israël
et de Syrie. Désolation de Juda. Vains
efforts des ennemis de Juda. Le Sei-
gneur devient une pierre de scandale
pour les deux maisons d'Israël et de
Juda. Désolation du royaume des dix
tribus.
1. EtleSeigneur me dit: Prends
un grand livre et écris-y en style
d'homme : Enlève promptement
les dépouilles, prends vite le bu-
lin.
2. Et je pris des témoins fideles,
Urie le prétre et Zacharie fils de
Barachie ;
3. Et je m'approchai de la pro-
phétesse, et elle concut et enfanta
un fils. Et le Seigneur me dit :
Appelle son nom : Hâte-toi d'en-
lever les dépouilles : Empresse-
toi de prendre le butin.
4. Parce qu'avant que l'enfant
sache nommer son père et sa
mere, la puissance de Damas sera
enlevée, ainsi que les dépouilles
c'est-à-dire ravagera tout le royaume de Juda; raser toute la barbe à un homme était
un cruel outrage.
21. Vache; littér. vache de beufs (vaccam boum); les Septante lisent: génisse de bœufs,
et l'hébreu : génisse de bœuf.
24. * Avec les flèches, à cause des bêtes sauvages.
1-4. * IIIe prophétie : Signe prochain de la délivrance de Juda dans la promesse
du fils d'Isaie. — Dieu commande à Isaie de donner un nom prophétique au fils qui
va lui naître : Mahér-schálal-khasch-baz, c'est-à-dire, comme l'a traduit saint Jérôme,
Háte-toi d'enlever les dépouilles, vers. 3. Avant qu'il sache parler, c'est-à-dire dans
un an, Damas sera vaincue et le royaume d'Israél pillé par le roi d'Assyrie, vers. 4.
En effet, dans l'intervalle de temps marqué par le prophète, le roide Damas, Rasin,
fut battu et tué par Téglathphalasar, IV Rois, xvt, 9, et le royaume de Phacée ravagé
par le méme prince, qui emmena captifs une partie des habitants de la Palestine du
nord, IV Rois, xv, 29. Tous ces faits, racontés par la Bible, sont confirmés par les
fragments des annales assyriennes du roi de Ninive, retrouvés dans ces dernières
années.
1. En style d'homme; c'est-à-dire dans une écriture que tout homme puisse facile-
ment lire. La paraphrase chaldaique dit écriture claire. Le prophète Habacuc a ex-
primé (ir, 2) la méme pensée qu'Isaie, quoique en des termes différents.
2. * Urie est trés probablement le grand prétre dont il est question IV Rois, xvi,
10-11. Zacharie est sans doute un lévite, mais il n'est pas autrement connu.
3. La prophétesse; c'est la femme d'Isaie.
[cH. vir.]
de Samarie devant le roi des Assy-
riens.
9. Et le Seigneur me parla en-
core, disant :
6. Parce que ce peuple a rejeté
les eaux de Siloé, qui coulent en
silence, et qu'il apris plutót Rasin,
et le fils de Romélie ;
7. À cause de cela, voici que le
Seigneur fera venir sur eux les
eaux violentes et abondantes du
fleuve, le roi des Assyriens et
toute sa gloire ; et il s'élevera au-
dessus de toutes ses rives, et il
coulera par dessus tousses bords;
8. Etil ira à traversJuda, l'inon-
dant et/etraversant jusqu'au cou.
ISAIE.
1513
Et il étendra ses ailes, remplis-
sant l'étendue de ta terre, ὃ Em-
manuel.
9. Rassemblez-vous, peuples,
et soyez vaincus; etécoutez, vous
toutes, terres lointaines, fortifiez-
vous et soyez vaincues, ceignez-
vous pour le combat, soyez vain-
cues;
10. Formez des desseins, et ils
seront dissipés; dites une parole,
et elle ne sera pas exécutée, parce
qu'avec nous est Dieu.
11. Car voici ce que m'a dit le
Seigneur, quand, ze tenant par
une main puissante, il m'a ins-
iruit, afin que je n'allasse point
5-12. * IVe prophétie : Le triomphe du peuple de Dieu sur ses ennemis du temps
d'Achaz est le symbole de son triomphe au temps du Messie, vir, 5-xu. — Le
triomphe du peuple de Dieu annoncé par la troisiéme prophétie et accompli depuis,
n'est que le symbole d'un triomphe plus grand encore au temps du Messie. Dieu parle
de nouveau à Isaïe, viu, 5. — 19 Israël et Juda seront punis pour avoir placé leur
confiance dans des secours étrangers, mais Emmanuel viendra les consoler un jour
au milieu des ténèbres dans lesquelles ils seront plongés; un petit enfant naitra, ce
sera l'enfant-Dieu et 11 consolidera 16 trône de David, à jamais, vri, 5-1ix, 1. — 2o Il
ne paraitra cependant sur la terre que lorsque les enfants de Jacob et en particulier
Ephraim auront été châtiés, ix, 8-x, 4. — 39 Alors Dieu brisera Assur, la verge dont
il s'est servi et la figure de tous les ennemis de son peuple; le reste d'Israél se con-
vertira; la tige de Jessé changera la face du monde, et Sion chantera un cantique
d'action de grâces en l'honneur de son Dieu, x, זא-5 Le chapitre vir montre les
Messie naissant, le chapitre ix nous le fait voir déjà né, et le chapitre xr, régnant glo-
rieusement.
5. Paria encore. Compar. vu, 10.
6. Les eaux, etc.; c'est-à-dire la maison de David représentée par 705 eaux de Siloë,
qui étaient au pied de la montagne de Sion, et dont le nom signifie envoyé (Jean,
IX, 1). Les prophètes représentent assez ordinairement par les noms des fleuves les
lieux adjacents. Ainsi ils parlent de l'Egypte sous le nom du Nil, et de Babylone
sous celui de l'Euphrate, etc. Dans ce verset, Isaie veut dire que le peuple de Juda,
ayant jugé trop faibles pour le défendre les princes de la maison de David, a eu
recours à des rois étrangers. — * Les eaux de Siloë qui coulent en silence. La fontaine
de Siloé est intermittente et peu abondante. Voir la note sur Jean, 1x, 11.
1. * Les eaux violentes. La figure est tirée de l'inondation annuelle de l'Euphrate.
8. O Emmanuel; le prophéte s'adresse ici au Messie qui devait naitr» dans la Judée
et posséder le tróne de David (Luc, τ, 32).
9. Soyez vaincus; hébraisme, pour : ef vous serez vaincus.
11. Quand. Ce mot, qui n'est représenté par aucun terme dans le texte hébreu,
nous a semblé la traduction la plus fidèle du sicut de la Vulgate, d'autant plus que
les auteurs latins eux-mémes lui ont donné ce sens. — Disant (dicens), et dans l'hé-
breu en disant (dicendo), n'est pas un pur pléonasme, ou, comme on dit, un pléo-
nasme vicieux, parce que les mots voici ce que m'a dit le Seigneur ayant pour com-
plément ou régime les versets suivants, dont ils sout trop éloignés, on les en a
rapprochés par la répétition du verbe dire Cet idiotisme de la langue hébraique a
pour but d'écarter le plus possible toute obscurité dans le langage.
1574
dans la voie de ce peuple disant :
12. Ne dites pas : Conjuration;
car tout ce que dit ce peuple est
conjuration; ne craignez pas ce
quil craint et ne vous effrayez
point.
13. Sanctifiez le Seigneur des
armées; qu'Z/ soit lui-même vo-
tre frayeur, et lui-même votre
terreur.
14. Et il vous sera en sanctifi-
cation. Mais il sera en pierre
d'achoppement et en pierre de
scandale aux deux maisons d'Is-
raél; en lacs et en ruine aux ha-
bitants de Jérusalem.
15. Et le plus grand nombre
d'entre eux se heurteront, et
tomberont, et seront brisés, et ils
sembarrasseront dans des filets
et ils seront pris.
16. Lie le témoignage, scelle la
loi pour mes disciples,
17. Et j'attendrai le Seigneur
qui cache sa face à la maison de
Jacob, et je l'attendrai.
18. Me voici, moi et les enfants
que le Seigneur m'a donnés pour
étre un signe et un présage dans
ISAIE.
[cH. vu]
Israël, par l’ordre du Seigneur
des armées qui habite sur la mon-
tagne de Sion.
19. Et lorsqu'on vous dira :
Consultez les pythoniens et les
devins qui bruissent dans leurs
enchantements, répondez : Est-ce
qu'un peuple ne consultera pas
son Dieu? Consulte-t-onles morts
pour les vivants?
20. Recourez plutôt à la loi, et
au témoignage. Que s'ils ne par-
lent pas conformément à cette
parole, la lumiere du matin ne
sera pas pour eux.
21. Et ils passeront au milieu
d'elle, et ils tomberont, et ils souf-
friront la faim ; et lorsqu'ils souf-
friront la faim, ils se mettront en
colere, et ils maudiront leur roi
et leur Dieu, et ils regarderont en
haut.
22. Et ils porteront leurs re-
gards vers la terre, et voilà la
tribulation et les ténèbres, l'abat-
tement et l'angoisse, une nuit
sombre qui les poursuivra, et ils
ne pourront échapper à leur an-
goisse.
CnaP. VIII. 14. Luc, ,זז 34; Rom., ΙΧ, 33; I Pierre, ,זז 7.
14. Il sera, etc. Jésus lui-même est devenu une pierre d'achoppement et de scan-
dale (Rom., 1x, 35; 1 Pierre, 11, 8). — * S. Paul et S. Pierre ont appliqué ces paroles
à Notre-Seigneur, parce que les Juifs n'ayant pas cru en lui, il devint pour eux une
cause de réprobation.
16. Lie, etc. Quand les Hébreux écrivaient sur des tablettes quelque chose qu'ils
voulaient tenir secret, ils les enveloppaient de lin, et y appliquaient le sceau par
dessus. — Le témoignage et la loi; c'est-à-dire les prédictions que le Seigneur a fait
prononcer par le prophète.
18. Me voici, etc. Compar. Hébreux, τι, 13.
19. Pythoniens; ou magiciens; ils sont désignés aussi sous le nom de ayant un
esprit de python. -- * Moïse avait condamné la nécromancie comme une > abomina-
tion, » mais cette superstition, fondée sur la réalité d'une autre vie, était si enra-
cinée dans le peuple, que nous voyons Isaie l'attaquer, et peut-étre avec peu de
succès. La persistance de ces consultations superstitieuses, parmi les Israélites, à
toutes les époques de leur histoire, est une preuve incontestable de leur foi à une
autre vie.
21. D'elle (eam); de la terre de Juda
[ca. 1x.)
CHAPITRE IX.
Premiers coups portés sur la maison
d'Israél. Délivrance de la maison de
Juda. Règne du Messie. Maux qui
doivent tomber sur Israél.
1. Dans le premier temps a été
allégée la terre de Zabulon, ainsi
que la terre de Nephthali ; et dans
le dernier, a été aggravée la voie
de la mer, au delà du Jourdain,
la voie de la Galilée des na-
tions.
2. Le peuple qui marchait dans
les ténebres a vu une grande lu-
miere; pour ceux qui habitaient
daus la région de l'ombre de la
mort, une lumiere s'est levée.
3. Vousavezaugmentélanation
et vous n'avez pas agrandi sa
joie. 11586 réjouiront devant vous.
comme ceux qui se réjouissent
dans la moisson ; et comme exul-
tent les vainqueurs apres le bu-
ISAIE.
---
1575
tin pris, quand ils partagent les
dépouilles.
4. Car le joug de son fardeau,
la verge de son épaule, et le
sceptre de son exacteur, vous en
avez triomphé, comme à la jour-
née de Madian.
9. Parce que tout pillage fait
dans le tumulte, et fout vètement
souillé de sang sera en combus-
tion et la pâture du feu.
6. Car UN ENFANT 0118 EST NÉ, et
un fils nous a été donné; et sa
principauté est sur son épaule,
et son nom sera appelé Admi-
rable, Conseiller, Dieu, Fort, Pere
du siecle à venir, Prince de la
paix.
7. Son empire s'accroitra et la
"paix n'aura pas de fin; sur le
trône de David et sur son royau-
me il s'assiéra pour l'affermir et
16 fortifier dans 16 jugement et la
justice, dès maintenant à tout ja-
Cap. IX. 1. Matt., iv, 15. — 4. Juges, vir, 12.
1. Dans le premier, etc. Théglathphalasar ou Thelgathphalnasar, roi d'Assyrie, qui
commenca de subjuguer les Israélites, fit beaucoup moins souffrir Zabulon et Neph-
tali que les autres tribus. — * La terre de Zabulon;... de Nephthali; ce qu'on appelait
du temps de Notre-Seigneur la haute et basse Galilée. — 4 été aggravée; la main de
Dieu s'est appesantie sur /a voie de la mer, le pays à l'ouest de la mer ou du lac de
Tibériade. La grande route d'Acre à Damas était encore appelée du temps des croi-
sades la voie de la mer. — Au delà du Jourdain; à l'est. — Ce que la Vulgate appelle
Galilée des nations, nommé dans le texte original cercle des nations, désigne les parties
de la Galilée les plus rapprochées de la Phénicie.
2. Le peuple, etc. Saint Matthieu nous montre l'accomplissement de cette prophétie
en la personne de Jésus-Christ, qui porta dans ces régions la lumière de l'Evangile
et y commença ses prédications (Matth., tv, 13 et suiv.).
4. Le joug de son fardeau; c'est-à-dire le joug qui accablait la nation (genter),
nommée au verset précédent. — La verge de son épaule; la verge qui frappait son
épaule. — À la journée de Madian. Compar. Juges, vir.
6. Sur son épaule. Voy. Job, ,אאא 36. Les Pères expliquent ce texte de la croix que
le Sauveur a portée sur ses épaules, comme la marque de sa royauté. Au reste, tout
ce qui se dit dans ce verset et le suivant se rapporte nécessairement à Jésus-Christ.
— ᾿ Cette prophétie nous fait connaitre la nature du Messie : ce sera un Dieu, non
un homme. Saint Jéróme compte ici six noms particuliers et caractéristiques, donnés
au Messie. Tous ces titres nous apprennent quels biens Jésus-Christ apportera aux
hommes, en méme temps qu'ils nous révèlent sa nature. — La locution : sa princi-
pauté est sur son épaule, s'explique par l'idée d'après laquelle le gouvernement est
considéré comme un fardeau, une charge. Visir, titre oriental de celui qui est revêtu
d'une haute charge, signifie celui qui porte un fardeau.
1576
mais. Le zele du Seigneur des
armées fera cela.
8. Le Seigneur a envoyé une
parole dans Jacob, et elle est
tombée dans Israël.
9. Et tout le peuple d'Ephraim
le saura de méme que ceux qui
habitent Samarie, qui disent dans
l'orgueil et l'enflure du cœur :
10. Les briques sont tombées;
mais nous bâtirons avec des
pierres de taille; on a coupé nos
sycomores, nous y substituerons
des cèdres.
11. Et le Seigneur élèvera les
ennemis de Rasin sur lui, et il
fera venir tous ses ennemis en
foule :
19. La Syrie de l'Orient, les
Philistins de lOccident; et ils
dévoreront Israël de toute leur
bouche. Avec toutes ces choses
sa fureur n’a pas été détournée,
mais sa main est encore étendue;
13. Et le peuple n'est pas re-
venu vers celui qui le frappait, et
ils n'ont pas recherché le Seigneur
des armées.
14. Et le Seigneur retranchera
d'Israél, dans un méme jour, la
téte et la queue, celui qui plie et
celui qui réfrène.
11. IV Rois, xvi, 9.
ISAIE.
1x] .ז]
Le vieillard et l'homme en .15
dignité, c'estlatéte; etleprophète
qui enseigne le mensonge, c'est
la queue.
16. Et ceux qui appellent ce
peuple heureux seront des séduc-
teurs; et ceux qui sont appelés
heureux seront précipités.
17. A cause de cela le Seigneur
ne mettera pas sa joie dans ses
jeunes hommes ; et de ses orphe-
lins, et de ses veuves, il n'aura
pas pitié; parce que tous sont
hypocrites et méchants, et que
toute bouche ἃ parlé folie. Avec
toutes ces choses sa fureur n'a
pas été détournée, mais sa main
est encore étendue.
18. Car comme un feu, l'impiété
s'est allumée, et elle dévorera la
ronce et l'épine ; et 6116 s'embra-
seracomme dansl'épaisseur d'une
forêt ; et une fumée formera des
tourbillons en s'élevant.
19. Par la colere du Seigneur
des armées, la terre a été boule-
versée, et le peuple sera comme
la páture du feu ; l'homme n'épar-
gnera pas son frere.
20. Et il se tournera à droite
61 il aura faim; et il mangera ez
allant à gauche, et il ne sera pas
10. Nos sycomores. On se servait ordinairement de bois de sycomore pour couvrir
les maisons. — * Voir Luc., xix, 4. — Les briques séchées au soleil étaient probable-
ment les matériaux qui servaient à la construction des maisons ordinaires.
11. Sur lui; sur le peuple d'Israël.
14. * Celui qui plie et celui qui réfréne; dans l'original : la branche de palmier et le
roseau.
11. Ses jeunes hommes; du peuple d'Israél. — Folie; ce mot ici, comme dans plu-
sieurs autres endroits de l'Ecriture, signifie impiété, irréligion.
18. Une fumée, etc.; littér. l'élévation (superbia) d'une fumée sera roulée autour (con-
volvetur).
19. L'homme, etc. Le prophéte Michée qui vivait du temps d'Isaie se sert d'une
expression semblable pour peindre la dernière désolation de Juda (Mich., vm, 2, 6).
On sait d'ailleurs que la ruine du royaume de Samarie fut précédée de guerres et de
divisions intestines (IV Rois, xv).
[cu. x.]
rassasié; chacun dévorera la
chair de son bras : Manassé dévo-
rera Ephraim, et Ephraim Manas-
sé; et eux ensemble seront con-
tre Juda.
91. Avec toutes ces choses sa
fureur n'a pasété détournée, mais
sa main est encore étendue.
CHAPITRE X.
Suite des menaces contre Israël. Assur
sera exterminé. Les restes d'Israël se
convertiront au Seigneur. Marche
d'Assur ; sa défaite.
1. Malheur à ceux qui éta-
blissent des lois iniques, et qui
écrivant, ont écrit l'injustice;
2. Afin d'opprimer le pauvre
dans le jugement, et de faire
violence à la cause des faibles
de mon peuple; afin que les
veuves soient leur proie, et qu'ils
pillent les orphelins!
3. Que ferez-vous au jour de
la visite et dela calamité, venant
de loin? De qui solliciterez-vous
le secours, et où abandonnerez-
vous votre gloire,
4. Pour n'étre point courbés
sous lachaine, et ne point tomber
avec les tués? Après toutes ces
ISAIE.
1577
choses sa fureur n'a pas été dé-
tournée, mais sa main est encore
étendue.
ὃ. Malheur à Assur! la verge et
le bâton de ma fureur, c'est lui;
dans sa mainest mon indignation.
6. Je l'enverrai vers une nation
trompeuse, je lui donnerai des
ordres contre le peuple de ma
fureur, afin qu'il emporte des dé-|
pouilles, et qu'il enlève du butin,’
et qu'il le foule aux pieds comme'
la boue des places publiques.
1. Mais lui-méme ne pensera
pas ainsi, et son cœur n'aura pas
un pareil sentiment; mais son
cœur sera porté à la destruction
et à la ruine totale d'un grand
nombre de nations.
8. Car il dira :
9. Est-ce que mes princes ne
sont pas autant de rois? Est-ce
que Calano n'est pas comme
Charcamis ; et Emath comme Ar-
phad? est-ce que Samarie n'est
pas comme Damas?
10. De méme que ma main à
atteint les royaumes des idoles,
de méme aussi J'atteindrai les
simulacres de Jérusalem et de
Samarie.
3. De loin; de l'Assyrie, qui est désignée plus bas sous le nom d'Assur, nom qui
est aussi donné au roi d'Assyrie et aux Assyriens eux-mémes.
9. Sa, main ; littér. leur main; parce qu'Assur, étant un nom collectif, équivaut à un
pluriel. — Est mon indignalion; c'est-à-dire qu'Assur est l'instrument de ma colère.
6. Une nation trompeuse; les Israélites, qui se disaient le peuple de Dieu, et qui
violaient ses lois, et rendaient une partie de leur culte aux idoles.
9. Mes princes; les princes que j'ai vaincus. — Est-ce que Calano, etc. N'ai-je pas
pris les villes les plus importantes, Calano aussi bien que Charcamis, etc.? --* Calano,
ville de Babylonie, la méme que Chalamis, sur le Tigre, une des nécropoles de la
Chaldée, aujourd'hui Zerghul, prise par les Assyriens en 138. — Charcamis, aujour-
d'hui Djérablous, sur la rive droite de l'Euphrate, ville capitale des Héthéens, prise par
les Assyriens en 717. — Emath, aujourd'hui Hamah, dans la Coelésyrie. — Arbhad, au-
jourd'hui Tell-Er/ád, au nord d'Alep, à une vingtaine de kilomètres environ de cette ville,
Arphad est toujours nommée avec Emath et fut sans doute prise avec celle-ci en 720.
10.* Les royaumes des idoles. Les rois d'Assyrie emportaient comme trophées les
idoles des peuples vaincus. Sargon emporta ainsi les idoles de la ville d'Azot; Asa-
raddon prit les dieux des Arabes, fit écrire sur leurs statues l'éloge de son dieu
Assur et les renvoya ensuite à ses adversaires,
1578
11. Est-ce que comme j'ai fait à
Samarie et à ses idoles, je ne
ferai pas à Jérusalem et à ses
simulacres ?
12. Et 1] arrivera que, lorsque
le Seigneur aura accompli toutes
ses œuvres sur la montagne de
Sion et dans Jérusalem, je visi-
lerai le fruit du cœur arrogant
du roi d'Assur, et la fierté de ses
yeux altiers.
13. Car il a dit : Par la force
de ma main j'ai fait, par ma sa-
gesse j'ai compris ; et j'ai arraché
les limites des peuples, et j'ai
spolié les princes, et comme
puissant j'ai fait descendre ceux
qui étaient assis sur un (íróne
élevé.
14. Et ma main a atteintcomme
un nid la puissance des nations;
et de méme qu'on recueille des
œufs qui ont été abandonnés, de
méme moi jai réuni toute la
terre; et il ne s'est trouvé per-
sonne qui remuât 18116 et ou-
vrit la bouche, et fit entendre
le moindre cri.
15. Est-ce que la hache se glo-
rifiera contre celui qui s'en sert
pour fendre? ou la scie s'élévera-
t-elle contre celui par qui elle est
mise en mouvement? C'est com-
me si la verge s'élevait contre
celui qui la léve; et comme si le
ISAIE.
(cu. x.
bâton se glorifiait, lui qui est
absolument du bois.
16. À cause de cela le domina-
teur, Seigneur des armées, enver-
rala maigreur au milieu de ses
gras: et au-dessous de sa gloire
s'allumera et s'enflammera com-
me un brasier ardent.
17. Et la lumiere d'Israël sera
le feu, et son Saint la flamme ; et
les épines et les ronces d'Assur
s'embraseront et seront dévorées
dans un seul jour.
18. Et la gloire de sa forét et de
son Carmel, depuis làme jus-
qu'à la chair, sera jconsumée; et
Assur de frayeur s'enfuira.
19. Etles restesdes arbres de sa
forét, à cause de leur petit nom-
bre, se compteront aisément, et
un enfant pourra les enregistrer.
20. Et il arrivera en ce jour-
là que le reste d'Israél et ceux
qui auront échappé de la maison
de Jacob, ne s'appuieront plus sur
celui qui les frappe, mais ils
s'appuieront avec sincérité sur le
Seigneur, le saint d'Israél.
91. Les restes se convertiront
(les restes de Jacob, dis-je) au
Dieu fort.
22. Car lors-méme que ton peu-
ple, ὃ Israël, serait comme le
sable de la mer, les restes seule-
ment se convertiront ; ces restes,
CuaP. X. 12. IV Rois, xix, 35; Infra, xxxvir, 36. — 22. Infra, xr, 11; Rom., 1x, 27.
19. Le fruit du cœur; c'est-à-dire les ceuvres.
16. Il enverra, etc., c'est-à-dire il exténuera les soldats les plus forts et les plus
robustes de l'armée assyrienne.
11. Le feu,la flamme; littér. et par hébraisme, dans le feu (in igne), dans la flamme
(in flamma), ou plutôt comme la flamme. Nous disons nous-mêmes, en francais agir
en homme ou comme un homme.
18. * Carmel désigne ici un lieu planté d'arbres fruitiers choisis, vignes et oliviers.
32. Lors méme, etc. Ce qui est dit dans ce verset arriva sous Ezéchias. Saint Paul
applique ce passage aux Juifs du temps de Jésus-Christ, en suivant le texte des
Septante (Rom., 1x, 21, 28).
x.] .א6]
réduits à un petit nombre, abon-
deront en justice.
23. Car le Seigneur Dieu des
armées fera une destruction et
un retranchement au milieu de
toute la terre.
94. À cause de cela, voici ce
que dit le Seigneur Dieu des
armées : Mon peuple, habitant
de Sion, ne crains pas Assur;
avec la verge il te frappera, et il
levera sou bâton sur toi, dans la
voie de l'Egypte,
95. Car encore un peu, et un
moment, et mon indignation et
ma fureur seront à leur comble à
cause de leur crime.
26. Et le Seigneur des armées
lèvera sur lui le fouet, comme il
frappa Madian à la pierre d'Oreb,
et sa verge sur la mer, et il la
26. Infra, xxxvit, 36; Juges, vir, 25.
ISAIE. 157
lèvera dans la voie de l'Egypte.
27. Et il arrivera en ce jour-là,
que 16 fardeau d'Assur sera óté
de ton épaule, et son joug de ton
cou; et le joug pourrira à cause
de l'huile.
28. Il viendra à Aiath, il passera
par Magron; à Machmas il dépo-
sera ses bagages.
29. Ils ont passé en courant
Gaba, notre campement; Rama
a élé frappé de stupeur, Gabaath
de Saül a pris la fuite.
30. Fais retentir ta voix, fille de
Gallim : sois attentive, Laisa e£ £0
aussi, pauvre Anathoth.
31. Médéména a émigré: habi-
tants de Gabim, rassurez-vous.
32. Il est encore jour pour s'ar-
réter à Nobé; il agitera sa main
contre la montagne de la fille de
94. Dans la voie de l'Egypte; comme firent autrefois les Egyptiens, quand vous
sortites de l'Egypte. — * Ou plutôt, sans doute, comme nous l'apprennent les docu-
ments assyriens, Assur te frappera en se rendant en Egypte pour faire la guerre à
ce pays.
26. A la pierre d'Oreb. Voy. Juges, vit 25. — * Dans la voie de l'Egypte. Sennachérib
allait faire la guerre contre i'Egypte, en méme temps qu'il faisait assiéger Jérusalem,
comme nous l'apprennent ses inscriplions, et c'est alors que son armée fut frappée
par l'ange exterminateur.
27. Le fardeau d'Assur, etc. Dans un sens plus élevé cela s'entend de Jésus-Christ.
qui a remporté la victoire sur le démon, et qui nous a délivrés du joug dont nous
étions accablés. — A cause de l'huile; c'est-à-dire selon l'interprétation la plus natu-
relle, à cause du manque d'huile.
28-32 * Ces versets décrivent la marche d'un des corps d'armée de Sennachérib,
lorsqu'il envahit le royaume de Juda. Comparez IV Rois, xvi, 14.
28 * Aïalh, Hai, la première ville de Juda que rencontrent les Assyriens, était
située, d'après Scheeg, à six heures au nord de Jérusalem, sur une colline isolée
d’où l'on jouit d'une vue très étendue, à l'endroit appelé actuellement Tell-Jiba, où il
y ἃ beaucoup de ruines. — Migron, aujourd'hui E/-Migroun, à quelques minutes de
Beitin, l'antique Béthel. — Machmas, au nord-est de Jérusalem, aujourd'hui
Moukmas.
29. Gabaath de Saül; Gabaath, patrie de Saül (I Rois, xr, 4); c'est la méme que
Gaba, qui a dà ajouter en hébreu une finale ou terminaison, parce qu'elle est suivie
d'un complément. Or, la Vulgate ἃ transcrit à la lettre ce mot ainsi composé, —
* Gaba, voir note sur I Rois, xi, 4. — Rama, ler-Ram actuel, au nord de Jérusalem.
— Gabaath de Saül, voir note sur I Rois, xt, 4.
30. * Anathoth, ville sacerdotale, dans la tribu de Benjamin, près de Jérusalem, au
nord-est de cette ville. — Gullim, et Laisa, n'ont pas été retrouvés.
31 * Médéména, Gabim, sites inconnus.
32. Il est encore jour (adhuc dies est). L'article déterminatif qui se trouve en hébreu
1580
Sion, e/ la colline de Jérusalem.
33. Voici que le dominateur,
Seigneur des armées, brisera la
petite bouteille par la terreur ; et
les plus élevés par la taille seront
coupés par le bas, et les grands
seront humiliés.
34. Et les parties épaisses de la
forét seront abattues, et le Liban
avec ses hauts cédres tombera.
CHAPITRE XI.
Rejeton dela tige de Jessé. Les nations
viennent à lui. Restes d'Israél et de
Juda rassemblés et réunis.
1. Et il sortira un rejeton de la
racine de Jessé, et une fleur s'éle-
vera de sa racine,
ISAIE.
[cn. xr.]
sera sur lui; l'esprit de sagesse
et d'intelligence, l'esprit de con-
seil et de force, l'esprit de science
et de piété.
3. L'esprit de crainte du Sei-
gneurleremplira. Il ne jugera pas
d’après ce qu'auront vu les yeux,
et il ne condamnera pas d’après
ce qu'auront oui les oreilles.
4. Mais il jugera les pauvres
dans la justice, et il se pronon-
cera avec équité pour les homes
paisibles de la terre; et il frap-
pera la terre de la verge de sa
bouche, et du souffle de ses lèvres
il tuera l'impie.
5. Et la justice sera la ceinture
de ses reins, et la fidélité le cein-
2. Et l'esprit du Seigneur repo- | turon de ses flancs
(παρ. XI. 1. Actes, xir, 23. — 4. II Thess., 11, 8.
devant le mot our ne permet; aucune autre traduction. — * Nobé, Nob, voir la note
sur 1 Rois, xxt, 1.
33. * Prédiction du désastre de l'armée de Sennachérib. La métaphore est bien
suivie dans l'hébreu. Au lieu de la petite bouteille, il porte les rameaux des arbres.
1-16. * Tout le chapitre x1 est consacré à dépeindre le Messie et les biens qu'il
apportera à la terre : 10 Il sortira de la race de Jessé, ancêtre de David. — 29 Ce
rejeton de la tige de Jessé sera rempli des dons du Saint-Esprit, 2-3. — 3° Le Messie
apportera avec lui dans le monde 16 règne de la justice, 4-5. Voir IL Thess., 11, 8, 40.
Isaie dépeint son règne sous les images les plus riantes, vers. 6-9; il annonce enfin la
conversion des Gentils, 11-16.
1. Et il sortira, etc, Sous ces expressions, le prophète annonce la naissance du
Messie, même selon la paraphrase chaldaique et la plupart des rabbins. — 11 faut
avouer que ce qui suit s'y rapporte également. — * L'opposition entre les cédres du
Liban du verset précédent, x, 34, avec ce rejeton de la racine (en hébreu, du tronc
coupé) de Jessé est frappante. Le cédre ne pousse point de rejetons, ce qui explique
la disparition presque compléte de cet arbre du mont Liban, mais l'arbre qui figure
Jessé a des rejetons qui perpétueront à jamais sa postérité.
2.3 * 15816 énumére sept dons du Saint-Esprit pour indiquer la plénitude de sa
grâce. Le texte hébreu ne mentionne que six dons, parce que ce que la Vulgate traduit
par piété et crainte du Seigneur, est exprimé deux fois par 16 méme mot dans le texte
original. Ces dons sont énumérés deux par deux : la sagesse, c'est la sagesse théo-
rique ; l'intelligence, c'est 16 discernement, la prudence; le conseil, c'est la sagesse
pratique qui, en toute circonstance, et surtout dans les cas difficiles, voit avec sûreté
ce qui doit être fait; la force, c'est la force de la volonté qui exécute ce que con-
seille la sagesse ; la science, c'est la connaissance de la loi de Dieu; la piéte, c'est la
religion. Quoique, en hébreu, le septième don soit exprimé par les mêmes mots que
le sixième, nous pouvons l'entendre, comme l'a fait la Vulgate, dans le sens même
des termes : la crainte de Dieu proprement dite, en attribuant le sens de piété au
sixième don, comme nous l'avons fait.
4. Il tuera, etc. Saint Paul se sert des mêmes expressions pour marquer la défaite
de l'antechrist par le Seigneur Jésus )11 Thessal., 11, 8).
[cu. Σι.]
6. Le loup habitera avec la-
gneau, et le léopard se couchera
près du chevreau; le jeune tau-
reau, et le lion, et la brebis
demeureront ensemble, et un
petit enfant les conduira.
7. Le veau et l'ours iront aux
mêmes pâturages; leurs petits se
"reposeront ensemble; le lion
comme le bœuf mangera la paille.
8. Et l'enfant à la mamelle se
jouera sur le trou de l'aspie; et
celui qui viendra d'étre sevré
portera sa main dans la caverne
du basilic.
9. Ils ne nuiront pas, et ils ne
tueront pas sur toute ma monta-
gne sainte; parce que la terre est
remplie de la connaissance du
Seigneur, comme les eaux qui
couvrent la mer.
10. En ce jour-là viendra la ra-
cine de Jessé qui est comme l'é-
tendard des peuples; c'est à lui
6. Infra, xv, 25. — 10. Rom., xv, 12.
ÍSAIE.
1581
que les nations adresseront leurs
prieres, et son sépulcre sera glo-
rieux.
11. Et il arrivera en ce jour-là
que le Seigneur étendra une se
conde fois sa main pour posséder
le reste de son peuple, qui auro
échappé aux Assyriens, et à l'E
gypte, età Phétros, et àl'Ethiopie,
et à Elam et à Sennaar, et à
Emath, et aux iles de la mer.
19. Et il élèvera son étendard
parmi les nations, il réunira les
fugitifs d'Israél, et les dispersés
de Juda, il les rassemblera des
quatre coins de la terre.
13. Et la jalousie d'Ephraim sera
détruite, et les ennemis de Juda
périront; Ephraim n'enviera pas
Juda, et Juda ne combattra pas
contre Ephraim.
14. Etils voleront sur les épau-
les des Philistins par la mer; ils
pileront ensemble les fils de
6-9. Les peintures symboliques qu'on lit dans ces versets représentent les effets de
la grâce de Jésus-Christ qui a changé des peuples aussi farouches que des loups, des
lions et des léopards, en leur donnant la douceur de l'agneau. En effet, des peuples
auparavant intraitables se sont soumis aux pasteurs de l'Eglise avec une docilité
étonnante ; à ce point que les apótres et les évéques leurs successeurs commandaient
avec autorité aux grands, aux empereurs mêmes, et à des nations entières, n'étant
armés que du seul nom de Jésus.
8. * Aspic, basilic, serpents trés venimeux.
10. La racine de Jessé, Voy. le verset 4. — L'étendard des peuples; c'est la croix du
Sauveur, qui fut comme un signal autour duquel tous les peuples du monde se sont
rassemblés. — Son sépulcre, etc. Le sépulere de Jésus-Christ a été glorieux, tant
parce que ce divin Sauveur en est sorti aprés avoir vaincu la mort, et qu'il s'y est
opéré depuis bien des miracles, que parce que le tombeau lui-mème est depuis tant
de siècles l'objet de la vénération des chrétiens.
11. Une seconde fois. Le Seigneur avait autrefois étendu sa main pour délivrer son
peuple de la puissance des Egyptiens, et il devait l'étendre encore daus la suite pour
le ramener de la captivité de Babylone. — * L'Egyple désigne ici la basse Egypte;
Phétros, la Haute-Egypte; l'Ethiopie commandait alors par ses rois à toute l'Egypte.
— Elam, la Susiane. — Sennaar, la Babylonie. — Emath, voir plus haut, x, 9.
13. * Ephraim, le royaume d'lsraél.
14. La première capture; vrai sens du latin preceptum; car, comme le remarquent
judicieusement Martini et Scio, ce mot représente ici le participe du verbe præcipio,
dont la signification primitive est prendre, obtenir le premier (primus capio, occupo).
— * Les épaules où plutôt l'épaule (kateph) des Philistins est le nom propre de la
cóle du pays des Philistins le long de la Méditerranée (Josué, xv, 11) qu'on comparait
1582
l'Orient. L'Idumée et Moab seront
la premiere capture de leur main,
et 168 fils d'Ammou leur obéiront.
15. Et le Seigneur mettra à sec
la langue de la mer d'Egypte, et
il lévera sa main sur 16 fleuve, 71
l'agitera par la force de son souf-
fle, et il le frappera dans ses sept
ruisseaux, en sorte qu'on le pas-
sera tout chaussé.
16. Et il y aura une voie pour
le reste de mon peuple qui aura
échappé aux Assyriens, comme
il y en eut une pour Israél, au
jour auquel il monta de la terre
d'Egypte.
CHAPITRE XII.
Cantique d'actions de grâces sur la déli-
vrance des deux maisons d'Israël et de
Juda.
1. Et tu diras en ce jour-là : Je
vous glorifierai, Seigneur, parce
que vous avez été irrité contre
moi ; mais votre fureur s'est tour-
née, et vous m'avez consolé.
ISAIE.
(cu. &ui.]
2. Voilà que Dieu est mon sau-
veur, j'agirai avec confiance, et
je ne craindrai pas, parce que ma
force et ma louange, c'est le Sei-
gneur, et qu'il est devenu mon
salut.
3. Vous puiserez avec joie des
eaux des fontaines du Sauveur;
4. Et vous direz en ce jour-là :
Glorifiez le Seigneur, et invoquez
son nom; faites connaitre parmi
les nationsses œuvres; souvenez-
vous que sublime est son nom.
5. Chantez le Seigneur, il a agi
avec magnificence; annoncez cela
dans toute la terre.
6. Exulte et loue, habitation de
Sion, parce que grand est au
milieu de toi le saint d'Israël.
CHAPITRE XIII.
Ruine de Babylone par les Mèdes et les
Perses.
1. Malheur accablant de Baby-
lone qu'a vu Isaie, fils d'Amos.
Cuar. XII. 2. Exode, xv, 2; Ps. cxvur, 14.
à une épaule (voir Nombres, xxxiv, 11). — Les fils de l'Orient sont les Arabes, surtout
nomades, à l'est et au nord-est de la Palestine.
15. Mettra à sec; littér. désolera (desolabit). — Le fleuve; c'est-à-dire l'Euphrate,
selon les uns, et le Nil, selon les autres. — Le; est au masculin, dans la Vulgale,
bien qu'il se rapporte à ffumen, nom neutre. Cette anomalie vient de ce que la ver-
sion conserve souvent le genre qui est dans le texte hébreu, — Sept ruisseaux; les
sept branches du Nil; ou bien quelques ruisseaux de l'Euphrate. Voy. sur le mot
sepl, 1v, 1. Au reste, ces expressions peuvent être considérées comme figurées, et
comme annonçant que le Seigneur lèvera tous les obstacles qui pourraient s'opposer
&u retour de son peuple. Compar. cette prophétie avec celle de Zacharie (x, 10 et
suiv.). — * La langue, le golfe d'Akaba, de la mer d'Egypte, de la mer Rouge.
1. En ce jour-là; c'est-à-dire lorsque vous reviendrez de l'Egypte et de l'Assyrie.
Voy. xi, 15, 16. — Parce que; aprés vous être irrité contre moi à cause de mes infi-
délités, votre colère s'est détournée par votre miséricorde.
2. Voilà que Dieu, etc.; allusion à Exod., xv, 2. L'Eglise, dans l'usage qu'elle fait de
ce cantique, reconnait ici Jósus méme dont le nom signifie Sauveur.
4. Ses œuvres ; c'est le vrai sens de l'expression latine adinvenliones, expliquée par
l'hébreu, comme nous l'avons déjà remarqué.
6. Habitation ou maison de Sion; c'est l'assemblée des fidèles, l'Eglise de Jésus-
Christ.
1 et .טנטפ *III* groupe : Collection des prophéties contre les nations étrangères,
Xin-xvi. — Les oracles contre les nations étrangères sont groupés ensemble dans
(en. &uri.] ISATE. 1585
9. Sur une montagne couverte | mes sanctifiés, et j'ai dans ma co-
de nuages, levez un étendard, | lére appelé mes forts qui exul-
haussez la voix, levez la main, et | tent dans ma gloire.
que dans ses portes entrent les 4. La voix d'une multitude sur
ihefs. les montagnes est commme ce//e
3. Moi, j'ai donné mes ordres à | de peuples nombreux; voix reten-
——————————————————————————————M————
Isaïe, xim-xvir, comme dans Jérémie, xrvi-Lt, et dans Ezéchiel, xxv-xxxir. Seulement,
dans Jérémie, ils forment, séparés de leur introduction, xxv, la conclusion du livre,
et dans Ezéchiel, ils remplissent l'intervalle compris entre les visions qu'il eut sur les
bords du Chaboras et celles qui regardent Jérusalem, tandis que dans Isaïe, ils
forment comme le complément de la prophétie d'Emmanuel, en nous prédisant la
ruine de tous les ennemis du peuple de Dieu, et sont probablement, la plupart du
moins, de la méme époque que les chapitres vrr-xir. — Le commencement d'une
nouvelle section nous est indiqué, xir, 1, par les mots : Malheur accablant, etc. Les
prophéties contre les nations étrangères, contenues dans les chapitres xin-xxvit,
forment donc le troisième groupe des prophéties de la première partie d'Isaie.
Elles portent un nom particulier, celui de massäh, en hébreu, onus en latin, traduit
ici par malheur accablant. Ce mot peut signifier simplement prophétie; mais
dans Isaie, il est toujours pris en mauvaise part, dans le sens de prédiction
menacante. -- Les prophéties contre les nations étrangères embrassent à peu
prés tous les peuples connus des Hébreux, et sont au nombre de quatorze :
19 Contre les Chaldéens, héritiers des Assyriens, x r-xiv, 23. — 29 Contre les
Assyriens, xiv, 24-21. — 39 Contre les Philistins, xiv, 28-32. — 49 Contre les
Moabites, xv-xvr. — 59 Contre Damas et Israël, xvi. — 6° Sur l'Ethiopie, mai-
tresse de l'Egypte du temps d'Isaie, xvi. — 79 Contre l'Egypte, xix-xx (deux pro-
phéties d'époques différentes). — 8° Contre Babylone, xxr, 1-10. — 9» Contre Duma
(Gen. xxv, 14; I Par., 1, 30) xxt, 11-12. — 109 Contre l'Arabie, xxi, 13-11.— 110 Contre
Jérusalem, xxr, 1-14. — 12e Contre Sobna, préposé du temple, xxi, 15-25. —
30 Contre et en faveur de Tyr, xxii. — 149 A ses prophéties contre les paiens,
Isaie a joint ses oracles eschatologiques, c'est-à-dire les prophéties concernant la fin
du monde, xxiv-xxvit. — Le cycle de ces prophéties s'ouvre par Babylone, qui de-
vait être l'héritiere de la puissance de Ninive et l'ennewi le plus redoutable de Juda,
,טזצ-ווזצ 21; viennent ensuite les plus proches voisins des Juifs, les Philistins à l'ouest
xiv, 28-32 ; les Moabites à l'est, xv-xvr; le royaume schismalique d'Israël au nord,
avec son confédéré, le royaume syrien de Damas, xvir; delà, Isaïe passe aux peuples
plus éloignés, à l'Egypte et à l'Ethiopie, au sud-ouest, צצ-זונצא ; à Babylone, siège de
l'idolàtrie, à l'est, xxr, 1-10; il se rapproche alors de nouveau de Jérusalem et, pas-
sant par l'Idumée, xxr, 11-12, et l'Arabie, xxr, 13-17, arrive jusqu'à cette capitale,
xxit, 1-14; là, il poursuit de ses menaces prophétiques Sobna, préposé du temple, et
lui annonce qu'il aura pour suecesseur Eliacim, xxir, 15-25; enfin ses regards s'ar-
rétent sur Tyr, la ville insulaire de la Méditerranée, xx, pour tout clore par la
prophétie sur la fin des temps, xxiv-xxvir. — Toutes les prophéties concernant les
peuples paiens ont été littéralement accomplies. Leur sort est la figure de celui qui
attend les ennemis du peuple de Dieu, sort qui nous est révélé dans la conclusion
de cette section des prophéties d'Isaie.
1. Malheur accablant; littér. charge, fardeau (onus); c'est selon la remarque de saint
Jéróme, le mot dont se servent les prophétes, lorsqu'ils annoncent des malheurs, des
calamités. Ainsi le sens de ce mot est ici prophélie de malheur (Isaie, xv, τ; xvi, 4;
xix, 1. Ezéch., xu, 10; Habacuc, τ, 1; Zacharie, ix, 1). — Babylone, dans le langage
figuré des prophétes, représente le monde idolàtre, le monde ennemi de Jésus-
Christ. De là vient que saint Pierre, dans sa [re Epitre (v, 13), et saint Jean dans
l'Apocalypse (xvir, 5) désignent Rome paienne sous le nom de Babylone.
3. Mes sanclifiés; ceux que j'ai consacrés, destinés à la destruction de Babylone;
c'est-à-dire les Mèdes et les Perses. — Mes forts, etc.; mes guerriers, qui travaillaient
avec joie pour ma gloire.
4, Sur les montagnes. Les montagnes les plus rapprochées de Babylone sont celles
\
1584
lissante de rois, de nations réu-
nies; le Seigneur des armées a
commandé à la milice de guerre,
ὃ. À ceux qui venaient d'une
terre lointaine, de l'extrémité du
ciel; le Seigneur et les instru-
ments de sa fureur s'avancent
pour perdre entierement toute la
terre:
6. Poussez des hurlements,
parce qu'est proche le jour du
Seigneur; il viendra du Seigneur
comme une dévastation.
7. À cause de cela toutes les
mains seront affaiblies, et tout
cœur d'homme se desséchera,
8. Et sera brisé. Des tourments
et des douleurs les tiendront; ils
souffriront comme une femme
en travail; chacun regardera son
voisin avec stupeur; leurs visages
seront comme des faces brülées
par le feu.
9. Voici quele jour du Seigneur
viendra cruel et plein d'indigna-
lion, et de colere et de fureur,
pour réduire la terre en solitude,
et en exterminer ses pécheurs.
10. Parce que les étoiles du ciel
et leur splendeur ne répandront
ISAIE.
(cur. xur.]
pas leur lumiere; le soleil s'est
couvert de ténebres à son lever;
et la lune ne luira pas dans sa
lumiere;
11. Et je visiterai les crimes de
l'univers, ainsi que l'iniquité des
impies, et je ferai cesser l'orgueil
des infideles, et l'arrogance des
forts, je l'humilierai.
12. L'homme de haute condi-
lion sera plus précieux que l'or,
et l'homme de basse condition
plus précieux que lor le plus
pur.
13. De plus, j'ébranlerai le ciel,
et la terre sortira de son lieu,
à cause de l'indignation du Sei-
eneur des armées, et à cause du
jour de la colère de sa fureur.
14. Et elle sera comme une dai-
ne fuyant, et comme une brebis,
et il n'y aura personne qui la
réunisse ; chacun retournera vers
son peuple, et les uns apres les
autres dans leur pays s'enfui-
ront.
15. Quiconque sera lrouvé sera
lué, et quiconque se présentera,
tombera sous le glaive.
16. Leurs enfants seront écra-
XIII. 10. Ezéch., xxxn, 7; Joël, 11, 10; 11, 15; Matt,, xxiv, 29; Marc, xri, 24; .שג
Luc, xxi, 25. — 16. Ps. cxxxvi, 9.
du Schahon ou Zagros, au nord-est. C'est par là que devaient arriver les Iraniens, les
Perses, pour s'emparer de Babylone.
5. De l'extrémité du ciel; de l'extrémité de l'horizon.
10. Des signes semblables doivent précéder le dernier avénement de Jésus-Christ
qui viendra frapper d'anathéme les réprouvés représentés par cette Babylone impie.
Compar. Matth., xxiv, 29; Marc, ,זוא 24, 25.
11. * L'univers désigne ici particulièrement l'empire babylonien.
19. Plus précieux; c'est-à-dire plus rare.
13. La colère de sa fureur; hébraisme, pour sa colère trés grande, très violente.
14. Elle; l'armée des Chaldéens, ou Babylone; ce qui revient au méme. — Chacun,
etc. Isaïe parle des soldats étrangers qui s'étaient joints aux Babyloniens, comme
troupes auxiliaires. — * La daine et la gazelle sont timides et fuient avec une grande
rapidité.
15. Quiconque sera trouvé dans Babylone. — Quiconque se présentera; c'est-à-dire
se joindra aux Dabyloniens.
16. * Leurs enfants seront écrasés. Les inscriptions assyriennes mentionnent expres-
(cu. חנצ .[
séssousleurs yeux, leurs maisons
seront pillées, et leurs femmes
seront violées.
17. Et voilà que moi je suscite-
rai contre eux les Mèdes, qui ne
chercheront pas d'argent et qui
ne voudront pas d'or.
18. Mais de leurs flèches ils
tueront les petits enfants, et ils
n'auront pas pilié des seins qui
allaitent, et les fils, leur œil ne
les épargnera pas.
19. Et cette Babylone, glorieuse
ISAIE.
1585
gueil des Chaldéens, sera renver-
sée, comme le Seigneur renversa
Sodome et Gomorrhe.
20. Elle ne sera jamais habitée ;
et elle ne sera pas rétablie dans
la suite des générations, et l'Ara-
be n'y dressera pas ses tentes,
et les pasteurs n'y reposeront
point.
21. Mais les bétes sauvages s'y
reposeront; et ses maisons seront
remplies de dragons; et les au-
truches y habiteront, les boucs
parmi les royaumes, illustre or- | y bondiront.
19. Genése, xix, 24.
sément ce traitement barbare, infligé aux enfants des vaincus. Babylone sera punie
de sa cruauté par un traitement semblable.
47 * Les Médes. Les Mèdes étaient déjà en guerre avec les rois d'Assyrie avant cette
époque. Un roi de Ninive les mentionne vers l'an 810 avant J.-C. Leur nom ne dé-
signe pas seulement ici les Médes proprement dits, mais aussi les Perses. En Egypte
les Perses recurent aussi le nom de Médes. Les Perses sont nommés pour la pre-
miére fois dans l'Ancien Testament par Ezéchiel et par Daniel. Cyrus, dans les ins-
criptions qu'on a retrouvées de lui, ne prend pas lui-méme le titre de Perse. Ce roi,
dans la Cyropédie, v, 3, de Xénophon, en s'adressant à ses soldats, ne nomme aussi
expressément que les Médes. — Dans un autre passage de la Cyropédie, x, 1, 20,
Cyrus demande aux Médes « qui n'ont pas besoin de richesses » d'aller avec lui.
20. L'Arabe, n'ayant pas de demeure fixe, allait d'un endroit dans un autre dresser
ses tentes, partout où il trouvait des pâturages pour ses bestiaux. — * Elle ne sera
jamais habitée. Cette prédiction ne s’accomplit que quelques siècles aprés, mais elle
se réalisa pleinement. Cyrus s'empara de Babylone, mais il n'en renversa pas les mu-
railles. Darius, fils d Hystaspe, qui reprit Babylone pour la seconde fois, en 518, ré-
duisit ses remparts à 50 coudées de hauteur. Xerxés ruina le fameux temple de Bel,
l'orgueil dela cité. Quand Alexandre voulut faire de Babylone la capitale de son vaste
empire, dix mille ouvriers furent occupés pendant deux mois à déblayer les fonde-
ments du temple. Toutefois Babylone ne devait plus voir revivre sa gloire. Le conqué-
rant macédonien mouru£ sans avoir pu réaliser son projet, et l'un de ses généraux,
Séleucus Nicator, en 312, ruina pour toujours la ville de Nabuchodonosor. Il construi-
sit avec ses débris la ville de Séleucie, qui lui enleva méme quelque temps son nom,
dit Etienne de Byzance, et dont le voisinage, comme le dit Pline, la réduisit en solitude.
Strabon, né vers l'an 60 avant notre ère, lui appliqua le mot d'un poète : « La grande
ville est devenue un grand désert » (xvi, 15). La malédiction divine dure encore. Une
ville, Hillah, s'est élevée non loin d'elle; l'Arabe nomade dresse ses tentes à ses côtés,
mais ses ruines sont toujours désertes et habitées seulement par les animaux
sauvages.
21-22. * Le vrai sens des noms des animaux énumérés dans le texte hébreu est
encore incertain dans plusieurs cas. La plupart des interprétes croient y retrouverles
chaeals et les loups.
21. Les boucs (pilosi); selon les Septante, 768 démons. On se représentait, eneffet, les
démons sous la forme de boues vivant dans les déserts, parce qu'on les honorait
sous cette forme. — * Un voyageur allemand, Joseph Wolff, raconte qu'il vit une
nuit, au milieu des ruines de Babylone, des pèlerins de la secte des Jézidis ou adora-
teurs du diable, se livrant aux exercices diaboliques de leur culte, et exécutant au
zlair de lune les danses les plus étranges.
AU, 100
1586
22. Et les hibous y répondront
dans ses édifices, et les sirènes
dans ses palais voluptueux.
CHAPITRE XIV.
Délivrance des enfants de Jacob. Ruine
du roi de Babylone. Défaite des Assy-
riens. Menaces contre les Philistins.
Promesses en faveur de Juda.
1. Près de venir est son temps,
eL ses jours ne seront pas différés.
Car le Seigneur aura pitié de Ja-
* cob, il fera encore choix d'fsraël,
et il les fera reposer dansleur ter-
re;l'étranger sejoindra àeux, et il
s'attachera à la maison de Jacob.
|
[
2. Et les peuples les prendront
et les rameneront en leur lieu;
et la maison d'Israél les possé-
dera dans la terre du Seigneur
comme serviteurs et comme ser-
vantes; etils prendront a2ns ceux
qui lesavaient pris; etilssoumet-
iront leurs exacteurs.
3. Et il arrivera en ce jour-là,
que lorsque le Seigneur t'aura
ISAIE.
[cn. xiv.]
donné du repos apres ton travail,
et aprés ton oppression, et apres
la dure servitude à laquelle tuas
été auparavant assujetti;
4. Tu emploieras cette para-
bole contre le roi de Babylone,
et tu diras : Comment a cessé
lexacteur, e£ ἃ discontinué le
tribut?
5. Le Seigneur a brisé le báton
des impies, la verge des domi-
nateurs,
6. Qui, dans son indignation,
frappait des peuples d'une plaie
incurable, qui, dans sa fureur,
assujettissait des nations, qui les
persécutait cruellement.
7. Toute la terre se repose et
est en silence, elle est dans la
joie et dans l'exultation ;
8. Les sapins méme et les cé-
dres du Liban se sont réjouis à
ton sujet, disant : Depuis que tu
dors, il ne monte personne qui
nous abatte.
9. L'enfer au-dessous a été tout
22. Répondront; feront entendre leur cri alternativement. Compar., pour la fin de
ce chapitre, Isaïe, xxxiv, 13-15, où on trouve une description semblable.
1. Son temps; 16 temps de la ruine de Babylone. — Ne seront pas différés; c'est le
sens du latin e/ongabuntur, expliqué par le texte hébreu. Compar. Ezéchiel, xi, 25,
28. — Les; c'est-à-dire les Israélites. — L'étranger, etc. Au retour de la captivité de
Babylone, beaucoup de gentils embrassèrent la religion des Juifs. Voy. 11 Esdras, x.
2. Les peuples, etc. Les livres d'Esdras contiennent le récit de l'accomplissement
ce cette prophétie.
4. * Celte parabole, en hébreu maschal, nom qui désigne une espéce de poéme, Les
versets 45-21 contiennent en effet une ode ou un chant poétique sur la chute du roi
de Babylone. Ce chant peut se partager en cinq strophes : 45-8; 9-11; 12-15; 16-19 et
20-21. Les versets 22 et 23 peuvent être considérés comme un épilogue du poème. On
regarde avec raison ce maschal comme un chef-d'œuvre littéraire. « Que de beautés!
Si l'auteur n'était qu'un poète, je dirais que c'est son chef-d'œuvre. Vous trouverez
dans quelques autres chapitres autant et peut-étre plus de richesses; mais il n'en est
aucun, ce me semble, où la grandeur de l'ordonnance réponde mieux à la majesté
des détails. Ce n'est pas un simple morceau détaché; ce n'est pas méme une ode;
c'est un poème. Plus vous l'étudierez, plus vous verrez que rien n'y manque.» (Paroles
mises par Bungener dans Ja bouche de Bossuet.)
8. Tu dors; c'est-à-dire tu es mort. — Personne qui nous abatte. Les vainqueurs signa-
laient ordinairement leur domination sur les provinces conquises en abattant les
foréts. Compar, xxxvn, 24. — * Les arbres du Liban interviennent, parce que le roi
de Babylone les avait fait.couper pour construire son palais.
9. * L'enfer, le scheól, par une figure trés hardie, est personnifié, — Les géants sont
(eu. xiv.]
troublé au moment de ton ar-
rivée, il t'a suscité les géants.
Tous les princes de la terre se
sont levés de leurs trónes, ainsi
que tous les princes des na-
tions.
10. Tous éleveront la voix, et
te diront : Toi aussi tu as recu
des blessures comme nous, tu
es devenu semblable à nous.
11. Ton orgueil ἃ été préci-
pité dans les enfers, ton cadavre
est tombé par terre; au-dessous
de toi la teigne formera ta cou-
che, et ta couverture seront les
vers.
* 49. Comment es-tu tombé du
ciel, lucifer qui dés le matin te
levais? Comment as-tu été ren-
versé sur la terre, toi qui faisais
des blessures aux nations?
13. Qui disais dans ton cœur :
Je monterai au ciel, sur les
astres de Dieu j'éléverai mon
trône; je m'assiérai sur la mon-
ÍSAIE.
1587
tagne du Testament, aux cótés de
l'aquilon.
14. Je monterai sur la hauteur
des nues, je serai semblable au
Très-Haut.
15. Mais cependant tu seras
traîné dans l'enfer, au profond de
la fosse ;
16. Ceux qui te verront se pen-
cheront vers toi, et ils te consi-
déreront e£ £e diront : Estce là
cet homme qui a troublé la terre,
qui a ébranlé les royaumes;
17. Qui a fait de l'univers un
désert, et a détruit ses villes, et
à ses captifs n'a pas ouvert la
prison?
18. Tous les rois des nations,
tous se seront endormis dans la
gloire, chacun dans sa maison.
19. Mais toi, tu as été jeté loin
de ton sépulcre, comme un tronc
inutile, e£ souillé, et enveloppé
avec ceux qui ont été tués par le
glaive et qui sont descendus au
la traduction de rephaim qui, dans l'original, désigne les morts qui habitent dans
le scheól. Une race de géants est appelée aussi dans l'Ancien Testament rephaim ; mais
ici ce mot est appliqué aux trépassés, pour exprimer des êtres faibles et sans force,
de la racine ráfáh, > défaillir. » Les Rephaïm sont privés d'une partie de la force
vitale; ils ne sont pas cependant privés de toute force ni de tout sentiment.
10. Elèveront la voix; vrai sens du respondebunt de la Vulgate expliqué par l'hébreu.
11 * Ta couverture. Les tapis de Babylone étaient particuliérement renommés dans
l'antiquité.
12. Lucifer; Nabuchodonosor, d'aprés les uns, Balthasar, suivant les autres, et Sen-
nachérib, selon d'autres; mais le plus grand nombre des Pères l'entend du démon,
qui a voulu devenir semblable au Trés-Haut. Jésus-Christ semble faire allusion à ce
passage dans Luc, x, 18. Compar. Apocalypse, xu, 9. — * Comment es-tu tombé «du
ciel, Lucifer. Nous n'avons pas seulement ici une poésie d'un éclat incomparable;
nous avons encore des allusions aux croyances et aux coutumes babyloniennes. Le
nom de Lucifer correspond à mustilil, le nom assyrien de l'étoile du matin. On sait
que les Babyloniens adoraient les astres et étaient trés adonnés à l'astronomie et à
l'astrologie.
13. La montagne du testament ; ou de l'alliance, c'est la montagne oü était bàti le
temple, dépositaire des tables de l'alliance que l'on conservait dans l'arche, au milieu
du sanctuaire, — Aux côtés de l'aquiton. Compar. Ps. לזא 3. — * Selon une autre
interprétation : Je m'assiérai sur (a montagne de l'assemblée des dieux aux extrémités
du nord, surle mont Rowandiz, au nord-est de Babylone. Les Babyloniens considé-
raient celte montagne comme le séjour des dieux, le ciel. Les Sabéens de Harrap se
lournaient vers le nord pour prier.
15-19, De lu fosse (luci); c'est-à-dire du tombeau. Compar. Ps. xxvu, 1.
1588
fond de la fosse comme un ca-
davre putréfié.
20. Tu n'auras pas méme part
avec eux à la sépulture, parce
que cest toi qui as détruit en-
lierement ta terre, toi qui as
tué ton peuple; la race des mé-
chants n'existera pas éternelle-
ment.
| 91. Préparezses enfants au mas-
sacre, à cause de l'iniquité deleurs
pères ils ne s'éleveront pas, ils
n'hériteront pas de la terre, et ils
nerempliront pas la face du globe
de cités.
22. Et je m'éleverai contre eux,
dit le Seigneur des armées, et je
perdrai le nom de Babylone, et
les restes, et le germe, et la race,
dit le Seigneur.
23. Et j'en ferai la possession
du hérisson ; j'en ferai des marais
d'eaux, et jela balayerai avec un
balai en la raclant, dit le Seigneur
des armées. :
94. Le Seigneur des armées ἃ
₪
(ci. xiv.]
juré, disant : Certainement, com-
me j'ai pensé, de méme il en sera,
et comme j'ai arrété dans mon
esprit,
95. Ainsi il arrivera; afin que
je brise l'Assyrien dans ma terre,
el que sur mes montagnes je
le foule aux pieds, que son joug
soit emporté loin d'eux, et que
son fardeau soit enlevé de leur
épaule.
26. C'est là le dessein que j'ai
formé sur toute la terre, et c'est
là la main étendue sur toutes les
nalions.
97. Car le Seigneur des armées
la décrété; qui pourra infirmer
son décret? el sa main est éten-
due, qui la détournera?
98. En l’année, à laquelle est
mort 16 roi Achaz, a été faite cette
prophétie accablante :
29. Ne te réjouis pas, toi terre
entiere de Palestine, de ce qu'a
été brisée la verge de celui qui te
frappait; car de la race du ser-
20. N'existera pas; littér., et par hébraisme, ne sera pas appelé; son nom ne sera
pas prononcé.
22-93. * Le chant est fini. Ces deux versets étendent à toute la Babylonie le cháti-
ment du roi de Babylone.
23. * Du hérisson, qui est commun à l'embouchure de l'Euphrate. Quelques mo-
dernes croient cependant qu'il s'agit ici, non du hérisson, mais du butor, qui abonde
dans les marais pleins de jones de l'Euphrate et dont le cri sourd a quelque chose
de sinistre et de lugubre.
24-21. * Prophétie contre les Assyriens.
25. Ainsi il arrivera, etc. Voy., pour l'accomplissement de cette prophétie, IV Rois,
xix. — Ma terre; la Palestine. — D'eux; des Israélites.
28-32. * Prophétie contre les Philistins. Vaincus sous Ozias, II Paral., xxvii, 5, ils
étaient redevenus indépendants sous Achaz.
28. Prophélie accablante (onus). Voy. xut, 1. — * En l’année à laquelle est mort le
roi Achaz; en 798 avant J.-C.
29. De la race du serpent, etc. Selon la plupart des Péres et des commentateurs,
ce serpent est Achaz, et ce basilic, Ezéchias; mais Dom Calmet pense que le serpent
marque Sennachérib, et le basilic, Assaraddon, parce que ces deux rois d'Assyrie
firent la guerre aux Philistins, au temps d'Isaie; que le prophéte, au vers. 31, nous
fait entendre que le mal qu'il prédit viendra fondre sur les Philistins du cóté de
l'aquilon, ce qui signifie ordinairement la Chaldée ou l'Assyrie, et que la comparaison
d'Ezéchias à un basilic ne lui parait pas du style d'Isaie. — * Terre entière de Pales-
Line. Le mot Palestine désigne ici le pays des Philistins.— Terre entière; indique qu'il
s'agit des cinq principautés que renfermat la Philistie.
tH. xv.]
pent sortira un basilic, et ce qui
en naitra dévorera l'oiseau.
30. Et les plus indigents seront
nourris, et les pauvres repose-
ront avec confiance; et je ferai
mourir ta racine, et tes restes, je
les tuerai.
31. Pousse des hurlements, por-
te; crie, cité; toute la Palestine
a été renversée; car c'est de l'a-
quilon que la fumée viendra; et
il n'est personne qui fuira son
armée.
32. Et que répondra-t-on aux
messagers de la nation? Que c'est
le Seigneur qui a fondé Sion, et
qu'en lui espéreront les pauvres
de son peuple.
Jérém., xzvut, 87 ; Ezéch., ,ל XV. .ג
ISAIE,
CHAPITRE XV.
Vengeance que le Seigneur exercera
contre les Moabites. Désolation et
ruine de leur pays.
1. Malheur accablant de Moab.
Parce que pendant la nuit Ar a
été dévastée, Moab s'est tu; parce
que pendant la nuit a été détruit
le mur, Moab s'est tu.
2. La maison et Dibon sont
montées sur les hauts lieux pour
pleurer sur Nabo et sur Médaba;
Moab a poussé des hurlements;
sur toutes les tétesseralacalvitie,
et toute barbe sera rasée.
3. Dans ses rues ils ont été
vêtus de sacs; sur ses toits tout
vit, 18.
30. Les plus indigents; littér. les premiers-nés des pauvres. Compar., sur cet hé-
braisme, Job, xix, 13. Les Philistins furent frappés successivement par Sennachérib,
Nabuchodonosor, Alexandre, et enfin par les Juifs au temps des Machabées, depuis
lesquels leur nom disparut.
31. Porte, cilé; c'est-à-dire grands, magistrats qui siégez à la porte de la ville, et
vous, habitants de la cité. — L'aquilon ou le septentrion désigne ordinairement
l'Assyrie ou la Chaldée, situées au nord de la Palestine. — La fumée et le feu dé-
signent, en plusieurs endroits de l'Ecriture, la guerre ou une armée. — Qui fuira
son armée; qui ne voudra pas se joindre à son armée. C'est l'interprétation la plus
simple et la plus conforme au texte hébreu.
32. Aux messagers de la nation (gentis); ou bien des nations, en supposant, ce qui
a lieu souvent surtout dans les noms collectifs, que le singulier est mis ici pour le
pluriel; et en supposant aussi qu'il est fait allusion à la coutume d'envoyer des
messagers aux rois, pour les complimenter quand il leur arrivait quelque chose d'a-
vantageux ou de fácheux. — Que c'est le Seigneur, etc. C'est la réponse que les en-
voyés de Sennachérib recurent de Juda. Voy. IV Rois, xiv.
1-xvr, 14. * Prophétie contre Moab. La stèle du roi de Moab, Mésa, trouvée près de
Dibon en 1869 et conservée actuellement au musée du Louvre, nomme parmi les villes
moabites six de celles dont on lit ici les noms : Dibon, Nabo, Jasa, Médaba, Oro-
naim, Sabama.
1. Malheur accablant. Voy. xiu, 1. — Ar;
la rive gauche de l'Arnon, vis-à-vis d "'Aroér.
2. La maison; le palais et la famille royale, selon saint Jéróme. — Dibon; ville de
Moab, prés d'Ar. — Nabo; autre ville, prés d'une montagne du même nom. — Mé-
daba; ville prés de la montagne de Phasga. L'usage de monter sur les hauteurs pour
pleurer dans les disgráces publiques et particulières est connu dans l'Ecriture. —
Sur toutes les téles, etc. S'arracher les cheveux et se couper la barbe étaient égale-
ment des signes de deuil.
3. De sacs; ce n'étaient pas des sacs proprement dits, mais des habits rudes et
grossiers, qu'on portait dans le deuil. — Sur ses foits. Les toits étaient en plate-forme,
et l'on y montait pour pleurer dans les moments d'affliction. — Est descendu dans
leur pleur; hébraisme, pour s'est mêlé aux larmes, s'est confondu avec les larmes,
ville capitale de Moab. — * Ar était sur
1500
hurlement est descendu dans le
pleur.
4. Hésébon et Eléalé crieront;
jusqu'à Jasa leur voix a été en-
tendue; à cause de cela les vail-
lant de Moab hurleront; et son
âme hurlera pour elle-même.
ὃ. Mon cœur pour Moab criera ;
ses verrous se feront entendre
jusqu'à Ségor, génisse de trois
ans; car par la montée de Luith
ils monteront en pleurant, et
dans la voix d'Oronaim ils éle-
veront le cri d'une douleur dé-
chirante.
6. Car les eaux de Nemrim
deviendront un désert, parce
que l'herbe s'est desséchée, que
le bourgeon a manqué et que
Loute verdure a péri.
7. Selon la grandeur de leurs
œuvres, tel sera leur châtiment ;
au torrent des saules on les
conduira.
8. Parce que le cri parcourra
la frontière de Moab; jusqu'à
ISAIE.
fcn. xvi.]
Gallim שיק son hurlement, jus-
qu'au Puits d'Elim son cri.
9. Parce que les eaux de Dibon
ont été remplies de sang; car
jenverrai sur Dibon un surcroit
de chátiment; à ceux qui fui-
ront de Moab et aux restes de
cette terre, un lion.
CHAPITRE XVI.
Agneau envoyé de Moab. Ressource
offerte aux Moabites. Défaite de Senna-
chérib. Nouvel éclat du régne d'Ezé-
chias. Endurcissement des Moabites ;
leur prochaine désolation.
1. Envoyez, Seigneur, l'agneau
dominateur delaterre, dela Pierre
du désert à la montagne de la
fille de Sion.
2. Et il arrivera que, comme
un oiseau qui fuit, et des petits
qui s'envolent du nid, ainsi seront
les filles de Moab au passage de
l'Arnon.
3. Prendsconseil, convoqueune
assemblée; fais comme une nuit
4. Hésébon, Eléalé; deux villes, dont la première était située au pied du mont
Phasga, et la seconde au nord, et à trois lieues environ de Hésébon. — Jasa; autre
ville à l'extrémité méridionale de Moab. — Son âme; l'âme de chacun; ou chacun
gémira non seulement sur le malheur public, mais sur sa propre infortune.
5. Ses verrous; ses appuis, ses soutiens. — Ségor; à l'extrémité méridionale de la
mer Morte. — Génisse de trois ans; c'est-à-dire forte, vigoureuse, ou indocile, in-
domptée. — Luith; ville située entre Ar et Ségor. — Oronaim; ville de Moab, dans
le voisinage de Ségor, ou à l'extrémité opposée de cette dernière, selon que l'on en-
tend ces paroles de Jérémie, זוא 34: « Ils ont fait entendre leur voix de Ségor à
Oronaim. »
6. Nemrim; ville au septentrion de Ségor et sur la mer Morte.
1. Leurs œuvres; leurs crimes. — Au torrent, etc. Babylone était située sur l'Euphrate
dont les bords étaient couverts de saules. Compar. Ps. cxxxvi, 2.
8. Gallim, et Puits d'Elim; deux villes situées sur les confins de Moab.
9. Un lion; Nabuchodonosor, envoyé contre Moab, aprés Salmanasar.
1. L'agneau dominateur de la terre; c'est-à-dire, selon saint Jéróme, suivi de plu-
sieurs interprétes modernes, Jésus-Christ, véritable agneau qui óte les péchés du
monde, envoyé de Moab, puisqu'il est né de la race de Ruth, Moabite et aieule de
David. — La Pierre du désert; ville capitale de l'Arabie Pétrée, alors au pouvoir des
Moabites. — La fille de Sion; Jérusalem. Voy. 1, 8. — * L'agneau dominateur; ren-
ferme une allusion à ce qui est raconté IV Rois, ur, 4.
2. L'Arnon; fleuve qui bordait le pays de Moab à l'occident, — * Les filles de Moab;
les habitants de Moab.
[cu. xvi.]
de ton ombre en plein midi;
cache ceux qui fuient; et les
errants, ne les trahis pas.
4. Mes fugitifs habiteront chez
toi; Moab, sois leurretraite contre
le dévastateur; carla poussiere a
trouvé sa fin, le misérable a été
consumé ; il a défailli, celui qui
foulait aux pieds la terre.
ὃ. Et dans la miséricorde sera
préparé un tróne, et il s'y assié-
ra dans la vérité, dans le taber-
nacle de David, un ro jugeant,
et recherchant ce qui est juste, et
rendant une prompte justice.
6. Nous avons appris l'orgueil
de Moab; ce peuple est très or-
gueilleux; et son orgueil, et son
arrogance, et sa fureur, sont plus
grands que sa puissance.
7. C'est pour cela que Moab
hurlera à Moab; tous hurleront ;
à ceux qui se réjouissent sur
leurs murailles de briques cuites
au feu, annoncez leurs plaies.
8. Parce que les faubourgs
d'Hésébon sont déserts, et que
037. XVI, 6. Jérém., xzvirr, 29.
ISAIE.
1594
les maitres des nations ont cou-
péla vigne 66 Sabama ; ses jeunes
branches sont parvenues jusqu'à
Jazer; elles se sont répandues cà
et là dans le désert; ses rejetons
ont été laissés, ils ont passé au
delà de la mer.
9. A cause de cela, je pleure-
rai du pleur de Jazer, la vigne
de Sabama, je vous enivrerai de
mes larmes, Hésébon et Eléalé,
parce que sur votre vendange et
sur votre moisson est tombée la
voix de ceux qui /es ont foulées
aux pieds.
10. Et la joie et l'exultation se-
ront enlevées du Carmel, et dans
les vignes on n'exultera ni on ne
jubilera; il ne foulera pas le vin
dans le pressoir, celui qui avait
coutume de /e fouler; j'ai óté la
voix de ceux qui foulaient.
11. A cause de cela, le fond de
mon cœur retentira sur Moab,
comme la harpe, et mes entrail-
les sur le mur de briques cuites
au feu.
4. La poussière, etc.; le roi de Babylone.
5. Un roi jugeant, etc.; Ezéchias; mais, selon plusieurs Pères, le Messie auquel
en effet tout ce qui est dit ici convient beaucoup plus parfaitement qu'à ce prince.
— Le tabernacle de David; c'est-à-dire la maison de David. C'est de la maison de David
qu'est sorti le Messie.
1. Moab, etc. Les Moabites d'une ville feront entendre leurs cris jusqu'aux Moa-
bites d'une autre ville; ou bien, les Moabites vivants se désoleront au sujet de ceux
qui seront morts; la particule hébraïque rendue dans la Vulgate par ad, signifiant :
aussi au sujet de, touchant, sur (de). — Qui se réjouissent; se croyant en sûreté sur
leurs fortifications. — Leurs plaies; les plaies dont ils seront frappés. — * Leurs mu
railles de briques cuites, en hébreu : Kir-Haréseth, c'est-à-dire Kir-Moab, la capitale de
Moab, aujourd'hui Kérak.
8. Hésébon et Sabama ; deux villes de Moab célébres par leurs vignes. — Jazer; ville
située vers la source du torrent du méme nom, au nord de Moab. — La mer ; probable-
ment le lac de Jazer, auquel Jérémie (xrvir, 32) donne ce nom. — * Sur Jazer, voir
aussi Nombres, xxi, 32.
9. Je pleurerai, etc.; je mélerai mes pleurs à ceux de Jazer, pour pleurer, etc. —
Eléalé ; ville voisine d'Hésébon.
10. Carmel ; montagne de la Palestine, célèbre par sa fertilité, ct dont le nom a été
employé pour signifier en général un lieu d'une fertilité extraordinaire.
11. Sur le mur de briques; c'est-a- dire Kir-Moab, comme au verset T.
n
1592
19. Εἰ il arrivera que, lorsque
. Moab aura vu qu'il s'est fatigué
sur ses hauts lieux, il entrera
dans son sanctuaire afin de prier
instamment, et qu'il ne pourra
rien.
13. C'est la parole qu'a dite
le Seigneur à Moab ancienne-
ment;
14. Et maintenant le Seigneur
a parlé, disant : Dans trois ans,
comptés comme les années d'un
mercenaire, la gloire de Moab
sera enlevée avec tout son peuple
nombreux; et il sera laissé petit
et faible, et nullement nom-
breux.
CHAPITRE XVII.
Ruine de Damas. Désolation de Samarie.
Restes d'Israél convertis au Seigneur.
Défaite de Sennachérib.
1. Malheur accablant de Damas.
Voilà que Damas cessera d'étre
une cité, et elle sera un monceau
de pierres en ruines.
9. Les cités d'Aroér seront aban-
données aux troupeaux, el ils s'y
reposeront, etil n'y aura personne
qui les effrayera.
3. Et le soutien manquera à
ISAIE.
[cu. xvir.]
Ephraim et le regne à Damas;
et les restes de la Syrie seront
comme la gloire des fils d'Israël,
dit le Seigneur des armées.
4. Et il arrivera en ce jour-là
que la gloire de Jacob sera atté-
nuée, et que la graisse de sa
chair se desséchera.
5. Et il sera comme celui qui
ramasse dans la moisson ce qui
est resté, et son bras recueillera
des épis; et il sera comme celui
qui cherche des épis dans la val-
lée de Raphaim.
6. Et il y sera laissé seulement
comme une grappe de raisin, et
comme, lorsqu'on secoue un oli-
vier, son fruit restant sera de
deux ou trois olives au sommet
d'une branche, ou bien de quatre
ou de cinq à ses cimes, dit le Sei-
gneur Dieu d'Israél.
7. En ce jour-là l'homme s'in-
clinera vers son Créateur, et ses
yeux regarderont du cóté du
saint d'Israël.
8. Et il ne s'inclinera pas du
cóté des autels qu'ont faits ses
mains; et 06 qu'ont façonné ses
doigls, les bois sacrés et les tem-
ples, il ne les regardera pas.
—— M —— — M À——— M ———
14. Dans trois ans. Ces trois ans se prennent de l'année de la mort d'Achaz (xtv, 28)
et du commencement du règne d'Ezéchias, et finissent à la troisième année de ce
prince. — Comptés, etc.; c'est-à-dire bien exactement, bien rigoureusement. Voy. la
même expression, xxi, 16.
1-11. * Prophétie contre Damas et la Syrie, et en même temps contre le royaume
d'Israël avec qui la Syrie était alliée.
1. Malheur accablant. Voy. זוא 4. — Damas. Voy. vit, 8.
2. Aroér; celle qui appartenait à la Syrie; car il y avait plusieurs villes de ce nom.
— * Les cilés d'Aroér désignent probablement Aroér sur l'Arnon et Aroér de Gad, à
l'est de Rabbath-Ammon.
5. La vallée de Raphaim, au midi de Jérusalem, était très fertile.
6. * On faisait la récolte des olives en secouant ou en battant les branches de l'oli-
vier. Deuléron., xxiv, 20.
8. * Les bois sacrés et les temples. En hébreu : les Aschérahs, c'est-à-dire les symboles
de la déesse Aschérah, qui était figurée sous la forme d'un pieu, et les images du
soleil, c'est-à-dire les représentations du dieu soleil, Baal-Khamman, qu'on plaçait sur
les autels de Baal. IL Paral., ΧΧΧΙν, 4.
]68. xvur.]
9. En ce jour-là, ses cités les
plus fortes seront abandonnées
comme les charrues et les mois-
sons qui furent abandonnées à la
vue des fils d'Israël; et tu seras
déserte.
10. Parce que tu as oublié le
Dieu ton sauveur, et que de ton
puissant secours tu ne t'es pas
souvenue ; c’est pour cela que tu
planteras du bon plant, et que tu
semeras une semence élrangere.
11. Au jour de ta plantation
c'était une vigne sauvage, et des
le matin ta semence fleurira; la
la moisson a été enlevée au jour
de l'héritage, et tu en éprouveras
une douleur grave.
19. Malheur à la multitude de
peuples nombreux; e//eest comme
la multitude des flots d'une mer
mugissante; et le tumulte des
troupes, comme le bruit des gran-
des eaux.
ISAIE.
1593
13. Des peuples feront un bruit,
comme le bruit des eaux qui dé-
bordent, et il le menacera, et il
fuira au loin; et il sera emporté
comme la poussiere des mon-
tagnes à la face du vent, et
comme un iourbillon devant la
tempéte.
14. 1] sera au temps du soir,
el voici 16 trouble, au £emps du
malin, et ii n'existera plus, voilà
la part de ceux qui nous ont dé-
vastés, et le sort de ceux qui nous
ont pillés.
CHAPITRE XVIII.
Malheur à l'Ethiopie, qui croit le Seigneur
trop faible pour défendre la maison de
Juda. Le peuple de Juda, délivré,viendra
offrir des présents au Seigneur.
1. Malheur à la terre qui reten-
tit par la cymbale de ses ailes,
qui est au delà des fleuves d'E-
thiopie,
9. Les cités les plus fortes; littér. Les cités de sa force; ce qui est un pur hébraisme.
— Qui furent abandonnées par les Chananéens, à l'arrivée des Israélites. Compar.
Josué, 11, 9; v, 1, 11, 12. — Tu seras déserte, à Samarie.
11. De l'héritage; c'est-à-dire de la récolte.
12-14. * Prophétie contre les Assyriens, annoncant la destruction de l'armée de
Sennachérib. 1
12. * La multitude de peuples nombreux. Les Assyriens enrólaient dans leurs armées
des soldats tirés de tous les peuples qui étaient leurs tributaires.
13. Il le menacera (increpabit eum); le pronom /e (eum) se rapporte au mot bruit
(sonitus) qui précéde, selon les uns; mais plus probablement, selon les autres, à
peuples (populi); car, outre que la suite autorise cette interprétation, on a pu re-
marquer plus d'une fois que, daus les récits bibliques, le pronom qui devrait étre au
pluriel se met au singulier, et signifie dans ce cas chacun.
14. Il sera, 610. Chacun d'eux répandra le soir le trouble et 18 terreur, et 16 len-
demain matin il n'existera plus. Compar. IV Rois, xix, 35, 36. — * La part; le sort,
le jugement porté contre les Assyriens.
1-1. * Prophétie sur l'Ethiopie. Le prophète se montre plein de sympathie pour ce
pays qui est en guerre avec l'Assyrie, l'ennemi commun.
1. Malheur, etc. Voy. xur, 1. On convient assez communément que cette prophétie
regarde la terre de Chus ou d'Ethiopie, dont le roi Tharaca entreprit de secourir Jé-
rusalem menacée par Sennachérib. — Par la cymbale (cymbalo); le terme hébreu
signifie sistre, instrument fort commun chez les Egyptiens. — Ailes; c'est-à-dire
armées, que les Hébreux et méme les Latins désignaient quelquefois par ce mot.
Les Septante et le chaldéen l'ont entendu des ailes ou voiles des vaisseaux. — * Le
mot traduit par cymbale est en hébreu : £selatsal, tintement, bruit, cymbale, sistre.
Plusieurs commentateurs modernes y voient une allusion au ísaifsal, mouche trés
commune en Ethiopie et trés dangereuse ainsi appelée chez les Gallas, et qui, chez
1994
2. Qui envoie des ambassadeurs
sur la mer et sur des vaisseaux de
papyrus. Allez, anges rapides,
vers une nation arrachée et déchi-
rée, vers un peuple terrible, apres
lequel il n'en est pas d'autre
aussi terrible; vers une nation
qui attend et qui est foulée aux
pieds, dont les fleuves ont rava-
gé la terre.
3. Vous tous habitants de l'uni-
vers, qui demeurez sur la terre,
lorsque l'étendard sera élevé sur
les montagnes, vous /e verrez,
et vous entendrez le bruit écla-
tant de la trompette;
4. Parce que voici ce que le
Seigneur me dit : Je me tiendrai
en repos, et je considérerai en
ISAIE.
(cu. xvui.]
mon lieu comme la lumière de
midi qui est claire, et comme un
nuage de rosée au jour de la mois-
son.
5. Car avant la moisson il a
fleuri tout entier, et son germe
le plus avancé ne mürira pas, et
ses petites branches seront cou-
pées avec les faux, et ce qui aura
été laissé sera retranché ou
rejeté.
6. Il sera en même temps
abandonné aux oiseaux des mon-
tagnes et aux bêtes de la terre ;
et pendant tout l'été y seront les
Oiseaux, et toutes les bétes de
la terre y passeront l'hiver.
7. En ce temps-là sera offert
un présent au Seigneur des ar-
d'autres peuplades, porte le nom de ésetsé. — Au delà des fleuves d'Ethiopie; non
seulement l'Ethiopie proprement dite ou le royaume de Méroé, qui s'étendait depuis
la frontiére méridionale de l'Egypte jusqu'à la jonction du Nil blanc et du Nil bleu,
mais le pays au delà de ces fleuves.
2, Papyrus; sorte de roseau ou de jonc dont étaient faites les barques des Egyp-
tiens. — Anges (angeli); envoyés, messagers. — * Les barques de papyrus étaient
particulièrement appropriées à la navigation du haut Nil. On pouvait les porter à
dos d'homme grâce à leur légèreté, quand c'était nécessaire, comme pour franchir
les cataractes, et on les regardait comme une des choses caractéristiques du pays. —
Sur la mer; désigne le Nil (comme xix, 5). Ce fleuve est appelé encore aujourd'hui
el-Bhar, la mer, de méme qu'en sanscrit l'Indus est nommé aussi Sindhu ou la mer.
— Le roi d'Ethiopie, averti de la marche des Assyriens, envoie des messagers porter
rapidement ses ordres et rassembler des troupes. — Vers un peuple terrible; allu-
sion aux grandes victoires remportées par le chef du peuple éthiopien, Sabacon. —
Dont les fleuves ont ravagé la terre. La Nubie, qui est un pays montagneux, est cou-
verte de rivières et de torrents.
4. Je me tiendrai, etc. Au milieu de tous les mouvements des ennemis, je consi-
dérerai tranquillement leurs efforts, et je serai pour mon peuple comme est la lu-
miére brillante en plein midi, et comme est un nuage, etc. — * Comme un nuage de
rosée. En hébreu, tal. Ce mot, en hébreu comme en arabe, désigne « un brouillard
considérable qui répand une petite pluie invisible; il se léve vers le milieu de la
nuit, pendant la saison chaude, lorsque souffle le vent d'ouest ou de nord-ouest, et
il apporte un grand rafraîchissement à tous les êtres organiques. » (NriL, Palestine
explored, p. 136.) — Au jour de la moisson. Il ne s'agit pas, au moins dans le verset
suivant, de la récolte des blés, mais de celle des raisins, de la vendange, comme le
prouve le texte hébreu. La vendange se fait en aoüt ou septembre.
9. Car avant la moisson, etc. Ce qui est dit dans ce verset et le suivant s'explique
trés bien de Sennachérib et de son armée. Lorsque les froments et la vigne étaient
hors de fleurs et prés de mürir, on est venu couper les grains et faire la vendange
sans leur donner le temps de parvenir à maturité. C'est ainsi que le roi d'Assyrie.
était sur le point de se rendre maitre de la Judée, lorsque le Seigneur a tranché
tout d'un coup ses espérances.
T, En ce lemps-là ; peut s'entendre aussi du temps de Jésus-Christ, dans lequel le
(cu, xix.]
mées, par un peuple arraché et
déchiré, par un peuple terrible,
apres lequel il n'en fut pas
d'autre aussi terrible; par une
nalion qui attend, qui attend , et
qui est foulée aux pieds, dont les
fleuves ont ravagé la terre; of-
fert dans le lieu du nom du Sei-
gneur des armées, la montagne
de Sion.
ἢ
CHAPITRE XIX.
Maux dont leSeigneur accablera l'Egypte.
ISAIE.
1595
et le cœur de l'Egypte se fondra
au milieu d'elle.
2. Et je ferai courir des Egyp-
tiens contre des Egyptiens; et un
homme combattra contre son frè-
re, et un homme contre un ami,
une cité contre une cité, un
royaume contre un royaume.
3. Et l'esprit de l'Egypte sera
déchiré dans ses entrailles, et je
détruirai son conseil; et ils in-
terrogeront leurs simulacres, et
leurs devins, et les pythoniens
et les magiciens.
Autel dédié au Seigneur dans ce pays.
L'Egypte menacée et délivrée. Les
Egyptiens et les Assyriens unis dans
le culte du Seigneur. Les Israélites se
joignent à eux.
1. Malheur accablant de l'E-
gypte. Voici que le Seigneur
montera sur un nuage léger,
et qu'il entrera dans l'Egypte,
et que seront ébranlés les simu-
lacres de l'Egypte devant sa face,
4. Et je livrerai l'Egypte à la
main de maîtres cruels, et un
roi puissant les dominera, dit le
Seigneur Dieu des armées.
9. Et l'eau disparaîtra de la
mer, et le fleuve sera détruit et
desséché.
6. Et les rivières tariront, et
les ruisseaux, retenus par des
digues, diminueront et seront
prophéte se transporte si souvent en esprit. — Par un peuple, etc.; les Egyptiens,
désignés au vers. 2 par les mémes termes, et qui en effet envoyérent au temple de
Jérusalem des offrandes, persuadés que c'était par l'effet de la puissance du Dieu
d'Israél que l'armée de Sennachérib avait été détruite en une seule nuit. Compar.
xix, 18 et suiv.; II Paralip., xxxu, 23, 24. — Le lieu du nom; «c'est-à-dire le lieu où
est invoqué ]e nom.
1-25. * Prophétie contre l'Egypte. Elle se divise en deux parties : 19 tableau du
chátiment qui menace l'Egypte; 29 résultats de ce chátiment, conversion de l'Egypte.
1. Malheur, etc. Voy. xii, 1. Plusieurs anciens ont expliqué toute cette prophétie
du temps de Jésus-Christ; et cette explication se soutient assez bien, méme à la
lettre; mais la plupart des nouveaux interprétes l'entendent des guerres des Assy-
riens ou des Chaldéens contre l'Egypte. — * Les simulacres ; les idoles étaient extré-
mement nombreuses en Egypte.
2. Un royaume; selon les Septante, un nome; nom qu'on donnait aux cantons ou
aux provinces dont se composait l'Egypte. — * L'Egypte était alors trés divisée et
morcelée en une vingtaine de petits états, comme nous l'apprend l'inscription égyp-
tienne de Piankhi, de sorte que, comme le dit Isaie, c'était partout la guerre civile.
3. L'esprit de sagesse, que l'Egypte prétend avoir, s'anéantira en elle. — * « Les
Egyptiens, dit Hérodote, passent pour les plus sages des hommes. »
4. * Un roi puissant; le roi d'Assyrie qui conquit l'Egypte, probablement Assaradon,
qui s'en empara en 672 et la divisa en vingt petits royaumes tributaires.
5-6. * L'eau disparaîtra de la mer; du Nil. Voir xvii, 2. La disparition des eaux du
Nil est la mort de la végétation et la ruine de l'Egypte. Un des effets des guerres
civiles, c'était de négliger l'entretien des digues et des canaux du Nil, ce qui empé-
chait d'arroser convenablement les terres. Or toute terre qui, en Egypte, n'est pas
arrosée, est stérile,
1596
desséchés. Le roseau et le jonc
se flétriront;
7. Le lit du ruisseau sera mis
à nu à sa source même, et l'eau
dont on arrosait toute semence
desséchera, deviendra aride, et
ne sera plus.
8. Et les pécheurs s'affligeront,
et tous ceux qui jettent l'hame-
con dans le fleuve pleureront, et
ceux qui tendent le filet sur la
surface des eaux dépériront.
9. Ils seront confondus, ceux
qui travaillaient 16 lin, qui 6 car-
daient et en faisaient de fins
lissus.
10. Et ses lieux arrosés d'eau
se dessécheront, de même tous
ceux qui faisaient des fosses pour
prendre des poissons.
11. 115 sont atteints de folie,
les princes de Tanis, les sages
conseillers de Pharaon ont don-
né un conseil insensé. Comment
direz-vous à Pharaon : Je suis
ISAIE.
[cu. xix.]
fils des sages, fils des anciens
rois?
19. Oü sont maintenant tes
sages? Qu'ils t'annoncent, qu'ils
apprennent ce qu'a résolu le Sei-
gneur des armées, touchant l'E-
gypte.
13. 115 sont devenus fous, les
princes de Tanis; ils se sont
amoindris, les princes de Mem-
phis, ils ont séduit l'Egypte, sou-
tien de ses peuples.
14. Le Seigneur ἃ répandu au
milieu d'elle un esprit de ver-
tige, et ils ont fait errer l'Egypte
dans toutes ses œuvres, comme
erre l’homme ivre et qui vomit.
15. Et il n'y aura pour l'Egypte
rien à faire à la téte et àla queue,
à celui qui plie et à celui qui re-
frene.
16. Et ce jour-là, les Egyptiens
seront comme des femmes, et
ils s'étonneront, et ils craindront
à la vue de la commotion que la
8. * Le poisson abonde dans le Nil, et les anciens Egyptiens péchaient beaucoup
avec l'hamegon et avec Le filet.
9. * Le lin était une des principales cultures de l'Egypte, où l'on en faisait une
grande consommation. Les prétres égyptiens ne se revétaient que de lin, et l'on en-
veloppait les momies dans des étoffes de lin.
11-15. * Folie des princes de l'Egypte qui accélére les maux qui les menacent.
11. * Tanis; aujourd'hui San, dans le Delta, sur un des bras du Nil auquel elle
donnait son nom, l'une des villes les plus importantes de la Basse-Egypte et l'une
des résidences royales.
13. Soulien ; littér. angle (angulum). C'est à l'angle que se trouve la première pierre
fondamentale d'un bátiment. — * Memphis, capitale de l'Egypte, était située au
nord du Caire, prés du désert, non loin des pyramides de Saqqarah.
15. Il n'y aura; littér, il ne sera pas à l'Egypte d'ouvrage qu'elle fasse : téle et
queue, etc.; c'est-à-dire que l'Egypte n'aura aucun pouvoir, aucune autorité ni sur
les grands ni sur les petits, etc. — La téte, la queue, celui qui plie et celui quirefrène.
Ces mots, qu'on a déjà vus (1x, 14), sont ici à l'accusatif par hébraisme, comme étant
des expressions adverbiales.
16-25. * L'Egypte, aprés avoir subi la vengeance divine, se convertira au Seigneur
et jouira, comme l'Assyrie, de privilèges égaux à ceux d'Israël. Cette partie de la
prophétie se divise en cinq alinéas commençant tous par ces mols : En ce jour-là,
16, 18, 19, 23 et 24.
16. Les Egypliens; littér. l'Egypte, qui se prend aussi pour les habitauts dans
ce méme sens, puisque ces verbes sont au pluriel. — Sur eux; littér. sur elle; le
pronom se rapportant grammaticalement au nom Egypte ) Ægyplus), féminin sin-
gulier.
(ci. xix.]
main du Seigneur des armées
lui-méme produira sur eux.
11. Et la terre de Juda sera à
l'Egypte en effroi ; quiconque s'en
souviendra sera effrayé à la vue
du dessein que le Seigneur des
armées lui-méme a formé contre
elle.
18. En ce jour-là, il y aura cinq
cités dans la terre d'Egypte qui
parleront la langue de Chanaan,
et qui jureront par le Seigneur
des armées; l'une sera appelée
la cité du soleil.
19. En ce jour-là, il y aura un
autel du Seigneur au milieu de
la terre d'Egypte, et un monu-
ment au Seigneur près de sa
frontiere.
90. Ce sera en signe et en té-
moignage au Seigneur des ar-
mées dans la terre d'Egypte. Car
ils crieront vers le Seigneur à la
vue de l'oppresseur, 6111 leur en-
verra un sauveur et un défenseur,
qui les délivrera.
ISAÏE.
1597
91. Et le Seigneur sera connu
de l'Egypte, et les Egyptiens en
ce jour-là connaitront le Sei-
gneur; et ils l'honoreront par des
hosties et par des offrandes; et
ils voueront des vœux et ils les
acquitteront.
22. Et le Seigneur frappera l'E-
gypte d'une plaie, et il la guérira;
et il s'apaisera pour eux et il les
guérira.
23. En ce jour-là, il y aura une
voie de l'Egypte chez les As-
syriens, et l'Assyrien entrera
dans l'Egypte, et l'Egyptien chez
les Assyriens, et les Egyptiens
serviront Assur.
24. En ce jour-là, Israël sera
réuni comme troisième à l'Egyp-
tien et à l'Assyrien; la bénédic-
tion sera au milieu de la terre,
25. Qu'a bénie le Seigneur des
armées, disant : Béni soit mon
peuple d'Egypte, et l'ouvrage de
mes mains se fera par l'Assyrien,
mais mon héritage est Israél.
11. Contre elle; contre l'Egvpte.
18. La langue de Chanaan; c'est la langue hébraïque. — La cité du soleil ; ou Ilé-
liopolis, était située entre le Nil et la mer Rouge, mais plus prés du Nil. — *Onias IV,
vers 160, éleva un temple semblable à celuide Jérusalem à Léontopolis, dans le nome
d'Héliopolis, à l'endroit appelé aujourd'hui Tell el-Yahoudi, non loin de Zagazig et
il s'appuya sur le verset d'Isaie pour justifier son entreprise. Ce temple fut fermé
par Vespasien en 72 de notre ére. — Les cing cités peuvent étre Héliopolis, Memphis,
Bubaste, Tanis et Alexandrie, où il y eut beaucoup de chrétiens.
19. * Un monumení; une sorte d'obélisque, une colonne analogue aux deux colonnes
que Salomon avait placées devant le temple de Jérusalem. — Près de sa frontière.
Tell el-Yahoudi n'est pas loin du désert.
21. * Les Egypliens connaitront le Seigneur. Le christianisme fut trés florissant en
Egypte pendant les premiers siécles. Alexandrie joua un róle important dans la
défense et la propagation de la religion chrétienne; la vie monaeale fleurit avec le
plus grand éclat dans la Haute-Egypte.
23. * Ce verset annonce la conversion de l'Egypte et de l'Assyrie à la vraie foi. —
ll y aura une voie qui servira pour les rapports commerciaux, ce qui indique des
relations pacifiques qui uniront les deux peuples, au lieu de l'état de guerre qui exis-
tait du temps d'Isaie. Cette voie passera par la terre de Chanaan.
24. * Israël sera troisième ; fera partie de l'alliance entre l'Egypte et l'Assyrie comme
confédéré, et les trois peuples serviront le vrai Dieu.
25. Et l'ouvrage, etc.; c'est-à-dire je me servirai du peuple assyrien comme d'un
instrument pour agir, pour accomplir mes desseins. C'est la seule traduction compa-
tible avec la Vulgate; le commun des versions porte : L'Assyrien est l'ouvrage de mes
1598
CHAPITRE XX.
Captivité des Egyptiens et des Ethiopiens.
1. En lannée que Tharthan
entra dans Azot, lorsque Sargon
roi des Assyriens l'eut envoyé,
et qu'il eut combattu Azot, et l'eut
prise;
ISAIE.
(eut. xx.
2. En ce temps-là, le Seigneur
parla par la main d'Isaie, fils
d'Amos, disant : Va, óte ton sac
de tes reins, óte ta chaussure de
tes pieds. Et il fit ainsi, allant nu
et déchaussé.
3. Et le Seigneur dit : Comme
a marché mon serviteur Isaie, nu
et déchaussé, et comme il sera
mains, el Israël mon partage. Plusieurs considèrent l’Assyrien et Israël comme sujets
de l'attribut béni soit; mais 16 latin Assyrio, n'étant pas au nominatif, s'oppose for-
mellement à cette interprétation aussi bien qu'à la précédente. De plus, l'expression
mais mon héritage, Israël (hereditas autem Israel) forme une nouvelle difficulté. Tou-
tefois, il faut le reconnaitre, l'hébreu est susceptible de ces deux explications; la
derniére est la seule conforme aux Septante.
1-6. * Seconde prophétie contre l'Egypte. Isaie, sous les habits d'un captif, c'est-à-
dire déchaussé et sans son vétement de dessus, prédit le sort réservé aux Egyptiens
et aux Ethiopiens. Nous avons donc ici une prophétie symbolique. L'Egypte et l'Ethio-
pie sont unies ensemble dans cet oracle, parce que c'était une dynastie d'origine
éthiopienne qui régnait alors en Egypte. Les rois d'Assyrie accomplirent ces oracles.
Asaraddon, dans l'expédition qu'il fit en Egypte en 614, s'empara de Memphis et de
Thébes, de la femme du Pharaon Tharaka, d'un grand nombre de ses parents et de
ses officiers. Le fils d'Asaraddon, Assurbanipal, entreprit plusieurs campagues contre
l'Egypte, en personne ou par ses généraux. Pendant la guerre qu'il fit contre le roi
d'Ethiopie, Urdaman, qui était devenu maitre de la vallée du Nil, le roi de Ninive
livra la ville de Thébes au pillage et y fit captifs une multitude d'Egyptiens, hommes
et femmes.
1. Tharthan. Voy. IV Rois, xvi, 17. — 420/; une des cinq principales villes des
Philistins. — * Tharthan n'est pas un nom propre, mais un titre de dignité équivalant
à général ou chef d'armée. — Sargon, voi des Assyriens, fut le fondateur de la der-
nière dynastie qui régna à Ninive. Il succéda à Salmanasar en 722 ou 121 et acheva
le siège de Samarie, dont la chute entraîna la ‘ruine complète du royaume d'Israël.
En 120, il avait battu le roi d'Egypte et d'Ethiopie, Schabak, qui arrivait trop tard au
secours des Israélites, mais qui voulait du moins sauver Hannon, roi de Gaza, son
allié. L'armée assyrienne déüt les armées égyptienne et philistine à Raphia, à
l'entrée du désert. Schabak fut probablement obligé de se reconnaitre tributaire de
Sargon. A sa mort, en 112, il eut pour successeur sur le trône d'Egypte son fils
Schabatok, et sur celui d'Ethiopie, Tahrakya, qui parait avoir été son neveu. C'est en
111 qu'eut lieu la campagne contre Azot, mentionnée par Isaie. Les Philistins avaient
secoué le joug de l'Assyrie. Sargon, aprés la bataille de Raphia, avait déposé le roi
d'Azot, Azuri, et mis à sa place le frére de ce dernier, Akhimit. Mais quand le roi de
Ninive se fut éloigné, le parti égyptien, qui était le plus fort, renversa Akhimit et
donna le pouvoir à Yavan. Les autres peuples voisins de la Palestine et Juda lui-
méme avaient pris part à ces mouvements, comme nous l'apprennent les inscriptions
de Sargon. La campagne dont parle 15816 avait pour but de châtier cette rébellion,
faite vraisemblablement avec l'appui de l'Egypte. Aprés la prise d'Azot, Schabatok
s'empressa d'envoyer une ambassade aux Assyriens pour reconnaitre leur suprématie.
Sargon mourut six ans aprés, en 105, laissant le royaume d'Assyrie à son fils Senna-
chérib.
2. Par la main; hébraisme, pour par le moyen, par l'intermédiaire. — Nu; non
point d'une nudité compléte, mais comme le dit formellement le texte, seulement
dépouillé du sac (vêtement de dessus) que l'on portait dans le deuil, et de sa chaus-
sure. Chez les Grecs et les Latins eux-mêmes, le mot nu signifiait souvent vétu à la
légère, ou n'ayant pas de manteau.
3. De trois années de malheurs qui pèserout sur l'Egypte ct l'Ethiopie.
CH. ix.
un signe de trois années et un
présage pour l'Egypte et pour
l'Ethiopie ;
4. Ainsi le roi des Assyriens
emmenera la captivité de l'E-
gypte, et la transmigration de
lEthiopie, composées de jeunes
hommes et de vieillards, nus et
déchaussés, ce qui doit étre caché
dans le corps ayant été découvert
pour l'ignominie de l'Egypte.
ὃ. Et ils craindront, et ils seront
confondus par l'Ethiopie dansleur
espoir, et par l'Egypte dans leur
gloire.
6. Et il dira, l'habitant de cette
ile en ce jour-là : Voilà, c'était
ISAÏE.
1599
desquels nous avons cherché du
secours, afin qu'ils nous délivras-
sent de la face du roi des As-
syriens; et comment pourrons-
nous échapper, nous?
CHAPITRE XXI
Ruine de Babylone. Nuit qui menace
l'Idumée. Malheurs qui doivent tomber
sur l'Arabie.
1. Malheur accablant du désert
de la mer. Comme des tourbil-
lons viennent de l'Africus, il vient
du désert, d'une terre affreuse.
2. Une vision pénible m'a été
annoncée ; celui qui est incrédule
agit infidèlement; et celui qui
notre espérance, ceux auprès | dépeuple, dévaste. Monte, Elam;
4. Nus et déchaussés; littér. nue et déchaussée (nudam et discalceatam), au singu-
lier, quoique se rapportant à caplivilé aussi bien qu'à h'ansmigration. C'est encore un
hébraisme en vertu duquel, lorsqu'un attribut a deux sujets partiels, il peut con-
corder avec le plus voisin. — * Les troupes de Sargon purent emmener des captifs
égyptiens en Assyrie, mais Asaraddon surtout, son petit-fils, et Assurbanipal, son
arrière petit-fils, emmenérent en captivité un grand nombre de jeunes hommes et de
vieillards pris en Egypte.
5. Ils seront confondus, etc.; c'est-à-dire frustrés du secours qu'ils attendaient de
l'Ethiopie, et de la gloire qu'ils espéraient recueillir par leur alliance avec l'Egypte.
6. Ile; le terme hébreu signifie proprement contrée éloignée, lointaine, et aussi voi-
sine de la mer. Ainsi i! s'agit ici des habitants des contrées maritimes dela Palestine.
1-10. * Prophétie contre Babylone. Elle porte un titre un peu énigmatique, dans
lequel Babylone est appelée désert de la mer. Babylone fut assiégée trois fois pendant
la vie d'Isaie, en 710 par Sargon, en 103 et en 691 par son fils Sennachérib. Mais le
siège de Babylone qu'annonce la prophétie, et la dévastation qui en est la suite, sont
postérieurs, car au temps de Sargon et de Sennachérib, ce ne furent point les Ela-
mites et les Perses qui s'emparerent de la ville; la prédiction ne s'accomplit que
longtemps aprés la mort d'Isaie, quand Cyrus se rendit maitre de cette fameuse cité,
Les détails que nous ont transmis les auteurs anciens sur la prise de Babylone par
ce prince sont en parfait accord avec ce que nous lisons ici.
1. Malheur accablant. Voy. x, 1. — Désert de la mer; c'est-à-dire Babylone, ainsi
appelée, soit à cause de sa position sur l'Euphrate, et des lacs qui étaient dans son
désert ou sa campagne, soit, comme dit saint Jéróme, à cause de l'état οὐ elle devait
être réduite un jour. Compar. xui, 4, et Jérémie, τα, 36, 41. — 11 vient; c'est-à-dire
l'ennemi. — D'une terre affreuse; la Médie et la Perse, pays affreux, en effet, en com-
paraison de Babylone. — * Comme des lourbillons viennent de l'Africus, en hébreu,
du Négeb, au sud de Juda, ainsi appelé à cause de son aridité et de sa sécheresse.
Les tempétes sont terribles en Babylonie et en Susiane : « On peut les voir, dit
Layard, quand elles viennent du désert, portant avec elles des nuages de sable et de
poussière. L'obscurité devient presque complète. » Les tempêtes du sud de la Pales-
tine sont du méme genre. Voir Zacharie, ix, 14; Osée, xiu, 15; Jérémie, 1v, 11; xui,
2^; Job, τ, 19; xxxvii, 9.
2. Elam; la Perse, représente ici Cyrus, qui en était; elle est ainsi nommée, parce
qu'elle fut habitée par les descendants d'Elam, fils de Sem. — Méde; Darius, roi des
1600
Mède, assiége; j'ai fait cesser tous
ses gémissements.
3. A cause de cela mes reins
sont remplis de douleur; lan-
goisse s'est emparée de moi
comme langoisse d'une femme
en travail; je suis tombé, lorsque
j'ai entendu, j'ai été tout troublé,
lorsque j'ai vu.
4. Mon cœur s'est flétri; des
ténebres m'ont frappé de stu-
peur; Babylone que je chérissais
m'est devenue un sujet d'éton-
nement.
5. Dresse la table; contemple
dans une guérite ceux qui man-
gent et qui boivent : levez-vous,
princes, saisissez le bouclier.
6. Car voici ce que m'a dit le
Seigneur : Va, et place une sen-
tinelle; et tout ce qu'elle aura
vu, qu'elle l'annonce.
7. Et elle vit un chariot conduit
par deux cavaliers. 7702 qui mon-
tait un àne, et /'autre qui montait
₪
(cu. xxr.]
un chameau; et elle considéra
soigneusement d'un œil tres at-
tentif. |
8. Et elle cria comme un lion :
Je suis dans la guérite du Sei-
gneur, m'y tenant continuelle-
ment pendant le jour, et je fais
ma garde, »v/y tenant les nuits
entières.
9. Voici que vientcethomme qui
monte le chariot aux deux mon-
tures des cavaliers ; et il répondit
et dit : Elle est tombée, elle est
tombée, Babylone, et toutes les
images de ses dieux, taillées au
ciseau, ont été brisées contre
terre.
10. Mon battage, et vous, fils
de mon aire. ce que j'ai oui du
Seigneur des armées, Dieu d'Is-
raël, je vous l'ai annoncé.
11. Malheur accablant de Duma.
Il me crie de Séir : Garde, qu’an-
nonces-tu de la nuit? garde,
qu'annonces-tu de la nuit?
Cuap. XXI. 8. Habacuc, 11, 1. — 9. Jérém., Lr, 8; Apoc., xiv, 8.
————————————M— ——a
Médes. — Ses gémissements; les gémissements de Babylone; hébraisme, pour /es
gémissements qu'elle faisait faire, dont elle était la cause. En hébreu, les pronoms
possessifs se prennent en effet indifféremment dans un sens actif et passif; ainsi, par
exemple, ma blessure peut signifier ou /a blessure que j'ai faite à quelqu'un, ou la
blessure qu'on m'a faite.
3. A cause de cela, etc. Le prophéte, dans tout ce chapitre, se montre ému de com-
passion pour Babylone; d'autant que dans le temps oü il parlait, elle était amie et
alliée d'Ezéchias, et qu'elle n'avait pas encore opprimé les Hébreux. Mais il prédit
tout à la fois et ses crimes et le châtiment qui les suivra.
5. Dresse la table. C'est probablement une allusion au festin de Baltassar. Voy.
Daniel, v.
1. Par deux cavaliers, etc. Ces deux cavaliers représentaient les Médes et les Perses.
Ces derniers se servaient trés avantageusement des chameaux dans les combats; ils
ont aussi quelquefois employé les ànes, qui étaient exclusivement en usage chez les
Caramaniens, peuple assujetti aux Perses.
9. Cet homme, etc.; un des deux cavaliers dont il est question au vers. 7. — Il
répondit ; le méme homme; ce qui suppose une interrogation sous-entendue; ou bien,
ce que nous préférons, i/ éleva la voix, il paria, comme porte le verbe hébreu que la
Vulgate elle-même a rendu ailleurs (Deutéron., xxvi, 5) par parler (loqueris). Compar.
Jsaie, xiv, 10. — * Les images des dieux étaient innombrables à Babylone.
10. Fils de mon aire; hébraisme, pour grains que l'on bat dans mon aire.
11-12. * Prophétie contre Duma. C'est la réponse à une question que font au pro-
phète les habitants de Duma, effrayés par les invasions assyriennes. On ne connait
pas de ville de Duma en Idumée. Les géographes arabes nomment plusieurs villes
(cn. xxn.]
12. Le garde dit : Le matin est
venu, et la nuit; si vous cherchez,
cherchez; convertissez-vous, ve-
nez.
13. Malheur accablant dans
lArabie. Dans le bois, le soir,
vous dormirez, dans les sentiers
de Dédanim.
14. Venant au-devant de celui
qui a soif, portez de l'eau, vous
qui habitez la terre du midi, avec
des pains venez au-devant de
celui qui fuit.
15. Car à la face des glaives ils
ont fui, à la face du glaive sus-
pendu, à la face de l'arc bandé, à
la face d'un grave combat :
ISAIE.
1601
16. Parce que voici ce que me
dit le Seigneur : Encore une an-
née comptée comme l'année d'un
mercenaire, et toute gloire de
Cédar sera enlevée.
11. Et le reste du nombre des
forts archers de Cédar seront
diminués; car le Seigneur Dieu
d'Israël ἃ parlé.
CHAPITRE XXII.
Siège de Jérusalem par les Assyriens.
Sobna destitué de son office, et rem-
placé par Eliacim.,
1. Malheur accablant de la val-
lée de Vision. Qu'as-tu donc, toi
de ce nom, mais aucune n'est iduméenne. Duma est peut-étre ici un nom mystérieux
qui rappelle simplement celui d'Edom et qui est choisi par le prophète, parce qu'il
siznifie silence et annonce ainsi en quelque sorte la désolation qui est réservée à
l'Idumée. Du temps de Seunachérib, les Iduméens furent tributaires de l'Assyrie.
11. Malheur accablant. Voy. xut, 4. * Qv'annonces-tu de la nuit? Quelle heure est-
ce de la nuit? La première, la seconde ou la troisième veille?
12. * Le malin est venu, etc. Réponse obscure et énigmatique, dans le style sans
doute des sages de l’Idumée. Elle signifie probablement : Le malin est venu, mais
la nuit, le malheur, viendra aussi; le jour, la paix, ne durera pas toujours; si vous
cherchez donc ce que vous devez faire, convertissez-vous pour prévenir ces cala-
mités.
13-16. * Prophétie contre l'Arabie. La guerre avait déjà porté ses ravages dans la
puissante tribu des Dédanim, qui faisait un commerce considérable, Ezéchiel, xxvi,
15, 20. Isaie annonce que, dans un an, les autres tribus arabes seront également
ravagées. Sargon raconte, dans ses inscriptions, que Samsiéh, reine des Arabes,
s'assujettit à lui payer tribut. Sennachérib se glorifie aussi d'avoir soumis les tribus
arabes.
13. Dans l'Arabie. Les montagnes d'Arabie confinaient 8 l’Idumée. — Dédanim était
une région de l'Idumée, et la même que Dédan dont parle Jérémie (xurx, 8). — * Dans
les sentiers de Dédanim. Le texte original : vous, caravanes des Dédanim, qui vous
livrez au commerce, vous dormirez dans le bois, oü, quittant les routes battues,
vous avez été obligées de vous réfugier pour échapper aux ennemis.
14. La terre du midi; l'Idumée, située au midi de l'Arabie. — * Au lieu de /a terre
du midi, l'hébreu porte Théma. Voir Job, vi, 19; Jérémie, xxv, 3. Cette tribu habitait
à l'est du Hauran. Il y a encore aujourd'hui, sur la route de Palmyre à Pétra, une
station appelée Taima.
16. Comptée comme l'année d'un mercenaire. Voy. xvi, 44. — Cédar; pays situé
dans l'Arabie-Pétrée.
1-14. * Prophétie contre Jérusalem, qui est appelée vallée, comme dans Jérémie, xxi,
13, parce qu'elle a autour d'elle des montagnes plus élevées et parce qu'une partie
importante de la Jérusalem d'alors était bâtie sur les flancs du mont Sion, dans la vallée ἡ
de Ben-Hinnom. C'est la vallée de Vision, parce que c'est là que Dieu favorise ses
prophétes de visions. — Cette prophétie date probablement du temps de Sargon,
lorsque le peuple, sachant que le pharaon d'Egypte venait combattre le roi d'Assyrie,
se laissait aller à une folle confiance. Le ton de l'oracle est tout à fait sombre, il n'y
^ ena 101
1602
aussi, que tu es montée tout en-
tiere sur les toits?
9. Pleine de clameur, ville
nombreuse, cité exultante, ceux
qui t'ont été tués ne sont pas des
tués par 16 glaive, ni des morts à
la guerre.
3. Tous les princes ont fui en-
semble, et ont été durement at-
tachés; tousceux qui ontété trou-
vés, ont été garrottés pareille-
ment; cependant ils ont fui bien
loin.
4. À cause de cela j'ai dit : Re-
tirez-vous de moi, je pleurerai
amerement; ne cherchez pas à
me consoler sur la dévastation
de la fille de mon peuple.
5. Car c'est un jour de tuerie,
de foulement aux pieds et de
pleurs, jour venant du Seigneur
Dieu des armées dans la vallée
de Vision, examinant le mur, et
fier sur la montagne.
6. Et Elam ἃ pris un carquois,
le chariot du cavalier, le bouclier
a laissé la muraille nue.
7. Et les meilleures vallées se-
ISAIE.
(en. xxu.)
ront remplies de quadriges, et
les cavaliers mettront le siege
devant les portes.
8. Et ce qui couvrait Juda sera
ôté, et tu verras en ce jour-
là l'arsenal de la maison de la
forét.
9. Et vous verrez que les bre-
ches de la cité de David ont été
multipliées, et vous avez rassem-
blé les eaux de la piscine infé-
rieure,
10. Et vous avez fait le dénom-
brement des maisons de Jérusa-
lem, et vous avez détruit les
maisons pour fortifier le mur.
11. Et vous avez 1811 un réservoir
entre les deux murs, près de l’eau
de la piscine ancienne, et vous
n'avez pas levé les yeux vers celui
qui l'avait faite, et vous n'avez
pas vu méme de loin celui qui l'a
construite.
19. Et le Seigneur Dieu des ar-
mées vous appellera en ce jour-là
au pleur, au gémissement, à raser
vos cheveux, et à vous ceindre
d'un sac;
brille pas un seul rayon d'espérance; c'est le contraire de ce qui se passa lors de
l'invasion de Sennachérib.
1. Malheur accablant. ΝΟΥ. xui, 1. — Tu es montée, etc. On montait sur les plate-
formes des maisons pour y pleurer dans les calamités publiques
3. Qui ont été trouvés: atteints par l'ennemi.
4. La fille de mon peuple; Jérusalem. Voy. r, 8.
5. Examinant, fier; grammaticalement, et par une sorte de figure, ces mots se rat-
tachent à Jour, dont ils sont des attributs; cependant il est plus naturel de les rap-
porter au mot ennemi sous-entendu dans ce passage comme dans bien d'autres; où
ἢ] s'agit de pareils récits.
6. Elam; la Perse. Voy. xxi, 2. — À laissé la muraille nue (parietem nudavit); c'est-
à-dire il en a été détaché. ᾿
8. Ce qui couvrait Juda; son avant-mur, ses fortifications. — L’arsenal, etc. Salo-
mon bátit dans son palais un arsenal surnommé /a maison de la forét du Liban, ou
simplement /a maison du Liban. Compar. 111 Rois, vir.
9. Et vous avez rassemblé, etc. Voy. 11 Paralip.. xxxi, 4. — * La piscine inférieure;
probablement la piscine de Siloé. Voir note sur Jean, 1x, 11.
11. Et vous avez fail, etc. Voir IV Rois, xx, 20; IL Paralip., xxxi, 30. — * Entre les
deux murs; celui d'Ophel à l'est, et celui de la haute tour à l'ouest, où la vallée du
l'yropæon est très étroite. — La piscine ancienne. Près de la piscine inférieure, vers. 9,
γὰ furent amences les eaux de Siloé; il y avait sans doute là un ancien réservoir,
à
f
‘cu. xxit.
13. Et voici la joie et l'allé-
gresse; tuer des veaux, égorger
des béliers, manger des viandes,
et boire du vin. Mangeons et
buvons; car demain nous mour-
rons.
14. Ets'estrévéléeà mes oreilles
la voix du Seigneur des armées :
Non,elle ne vous sera pas remise,
cette iniquité, jusqu'àce que vous
mouriez, dit le Seigneur Dieu des
armées.
15. Voici ce que ditle Seigneur
Dieu des armées : Va, entre au-
pres de celui qui habite dans le
tabernacle, aupres de Sobna, le
préposé du temple, et tu lui di-
ras :
16. Que /a?s-tu ici, ou à quel
Litre es-tu ici? que tu t'es taillé ici
un sépulcre, que sur un lieu élevé
tu t'es taillé dans la pierre un
monument, un tabernacle.
11. Voici que le Seigneur te fera
transporter comme est trans-
ISATE.
1603
porté un coq, et comme un man-
teau, ainsi il t'enleévera.
18. Te couronnant, il te cou-
ronnera de tribulation, il te lan-
cera comme une balle dans une
terre large et spacieuse; là tu
mourras, et là sera le char de ta
gloire, l'ignominie de la maison
de ton Seigneur.
19.Je techasseraideton rang, et
de ton ministère je te déposerai.
20. Et il arrivera en ce jour-là
que jappellerai mon serviteur
Eliacim, fils d'Helcias,
21. Et je le revétirai de ta tuni-
que, je lui attacherai fortement
ta ceinture, et ta puissance, je la
mettrai en sa main; et il sera
comme un pere pourles habitants
de Jérusalem et pour la maison
de Juda.
22. Et je mettrai la clef de la
maison de David sur son épaule,
et il ouvrira, et il n'y aura per-
sonne qui ferme; et il fermera,
(παρ. XXII. 13. Sag., 11, 6; Infra, Lvr, 12; I Cor., xv, 32. — 22. Apoc., ur, 7; Job,
xit, 14.
13. Mangeons, etc. Compar. Sagesse, τι, 6; I Corinth., xv, 32.
15-25. * Prophéties contre Sobna et en faveur d'Eliacim. C'est le seul oracle d'Isaie
contre une personne déterminée. — Sobna est qualifié par la Vulgate de préposé du
temple, mais son titre indique généralement le préposé du palais royai et désigne le
premier ministre de la maison du roi (voir vers. 22). Isaïe :ai reproche son orgueil,
vers. 16, son luxe, vers. 18, et sa tyrannie (par l'opposition qu'il met entre sa con-
duite et celle d'Eliacim, vers. 21). Cet oracle fut prononcé avant l'invasion de Senna-
chérib. Le châtiment de Sobna consistera à être déposé de sa charge. Lors de l'inva-
sion de Sennachérib, la prédiction était déjà accomplie. Nous voyons (Isaie, xxxvi, 3;
xxxvi, 2; IV Rois, xix, 2) qu'il n'avait plus alors que la charge inférieure de secré-
taire. Eliacim le remplaca, comme l'avait annoncé Isaie, et sa conduite fut digne de
ce qu'en avait dit le prophète, IV Rois, xvni, 35; xix, 1-5; Isaie, XXXVI, 3; XXXVII, 2.
— Le père de Sobna n'étant pas nommé et son nom ayant une terminaison araméenne,
il est probable qu'il était syrien d'origine et vraisemblablement partisan de l'alliance
égyptienne.
16. Un tabernacle; c'est-à-dire une habitation, une demeure. — * Que fais-tu ici?
allusion sans doute à son titre d'étranger. — Tu t'es taillé un sépulcre. Les riches se
faisaient tailler pendant leur vie un magnifique tombeau dans le roc. On voit beau-
. coup de tombeaux de ce genre dans tous les environs de Jérusaiem.
22. La clef, etc. Les clefs étaient chez les anciens le symbole de la puissance. —
Sur son épaule. Voy. Job, xxxi, 6. — * Ce verset montre que les fenêtres de Sobna
regardaieut le palais royal, appelé ici ia maison de David, et non le temple.
4604
elil n y aura personne qui ouvre.
95. Et je le ficherai comme un
pieu dans un lieu sûr, et il sera
comme un tróne de gloire pour
la maison de son pere.
24. On y suspendra toute la
gloire de la maison de son pere,
les divers genres de vases, tout
vase le plus petit, depuis les vases
cratères jusqu'à tout instrument
de musique.
95. En ce jour-là, dit le Sei-
gneur des armées, sera enlevé
le pieu qui avait été fiché dans un
lieu sûr; et sera brisé et tombera
el périra tout ce qui y avait été
suspendu, parce que le Seigneur
a parlé.
ISAIE.
(cu. xxur.]
CHAPITRE XXIII.
Bumiliation et transmigration de Tyr.
Son rétablissement. Elle consacrera au
Seigneur le fruit de son commerce.
|. Malheur accablant de Tyr.
Hurlez, vaisseaux de la mer,
parce qu'a été dévastée la maison
d'où les navires avaient accou-
tumé de venir; c'est de la terre
de Céthim que cela leur a été
révélé.
2. Gardez le silence, vous qui
habitez dans l'ile; les marchands
de Sidon, traversant la mer, t'ont
remplie.
3. Au milieu de grandes eaux
la semence du Nil, la moisson du
25. * Le pieu, Sobna.
1-18. * Prophétie €ontre Tyr. Ce morceau est, au point de vue littéraire, l'un des plus
beaux d'Isaie : c'est une élégie d'une rare perfection poétique. On peut la partager
en quatre strophes : 1-5, 6-9, 10-14, 15-18. — A l'époque d'Isaie, Tyr était dans sa
plus grande puissance; son commerce était trés florissant et ses flottes portaient
partout les produits de son art et de son industrie. Pour étre à l'abri des surprises
et pour être en état de se défendre plus facilement, les Tyriens avaient placé le siège
de leur puissance et enfermé leurs richesses dans une petite ile, située à environ
douze cents pas de la terre ferme; ce fut la nouvelle Tyr. On sait qu'Alexandre
le Grand, pour s'en emparer, la réunit à la terre ferme par une jetée. — On pense
communément que la prophétie contre Tyr fut réalisée par Nabuchodonosor, roi de
Babylone, en s'appuyant sur le vers. 13, mais ce verset qui annonce en réalité que
lAssyrie domine sur la Chaldée, montre qu'il s'agit d'un temps antérieur à Nabu-
chodonosor, sous lequel le royaume d'Assyrie n'existait plus. Ce verset est proba-
blement une allusion à la prise de Babylone par Sargon. Voir plus haut, xxr, 1-10.
La prophétie faite iei par Isaie dut s'accomplir sous le régne de Sennachérib. Les
monuments de ce prince nous apprennent que Luli, roi de Sidon et maître de la
Phénicie et par conséquent de Tyr, s'enfuit à l'approche de Sennachérib et se réfugia
dans l'ile de Chypre. L'oracle ne fut d'ailleurs complètement accompli que sous 6
règne d'Alexandre le Grand. — Voir, de plus, sur la chute de Tyr, la note sur Ezé-
chiel, xxvi, 2.
1. Malheur accablant. Voy. xur, 1. — La maison; le lieu, le port. — La terre de
Célhim; la Macédoine. — * Ou plutôt ici, 1116 de Chypre, que Céthim désigne plus
particulièrement, parce que les vaisseaux de la mer (en hébreu : de Tharsis), qui re-
viennent des colonies occidentales de la Phénicie, et retournent à ia maison, c'est-
à-dire à Tyr qui est la patrie des marins qui les montent, apprendront à Chypre
même les malheurs qui ont fondu sur leurs pays.
2. Dans lile. L'ancienne Tyr, qui fut prise par Nabuchodonosor, était sur la terre
ferme; la nouvelle, prise par Alexandre, était dans l'ile.
3. * La semence du Nil; les richesses de l'Egypte devenaient le gain des Phéniciens
au milieu des grandes eauz, c'est-à-dire, sur la mer, parce que les Egyptiens n'avaient
point de bois de construction pour les grands vaisseaux, ni de marine, et c'étaient
les Phéniciens qui leur servaient d'intermédiaires pour le commerce; la Phénicie était
véritablement le marché des nations du monde ancien.
[cH. xxim.]
fleuve étaient ses fruits; et elle
est devenue le marché des na-
tions.
4. Rougis, Sidon, car la mer
parle, la force de la mer, disant :
Je n'ai pas été en travail, et je
n'ai pas enfanté, et je n'ai pas
nourri de jeunes hommes, et je
n'ai pas élevé de jeunes vierges.
8. Lorsque le bruit sera par-
venu en Egypte, on sera dans la
douleur en apprenant la ruine de
Tyr.
6. Passez les mers, hurlez, vous
qui habitez dans lile :
7. N'est-elle pas la vôtre cette
ville, qui des les anciens jours
se glorifiait de son antiquité? Ses
pieds la conduiront dans une
terre étrangère pour demeurer.
8. Qui a formé ce dessein
contre Tyr, autrefois couronnée,
dont les marchands étaient des
princes, et les trafiquants des
personnages illustres de la terre?
9. C'est le Seigneur des armées
qui a formé ce dessein, afin d'en-
ISAIE.
1605
lever l'orgueil de toute gloire et
de conduire à lignominie tous
les illustres de la terre
10. Traverse ta terre comme un
fleuve, fille de la mer; il n'y a
plus de ceinture pour toi.
11. Le Seigneur a étendu sa
main sur la mer, 11 a ébranlé des
royaumes, il a donné ses ordres
contre Chanaan, afin de briser
ses vaillants guerriers.
12. Et il a dit : Tu ne te glori-
fieras plus, souffrant violence,
apres ton ignominie, vierge, fille
de Sidon; lève-toi, passe à Céthim,
là aussi il n'a pas de repos pour
toi.
13. Voilà la terre des Chal-
déens, il n'y eut point un tel
peuple, Assur l'a fondée; cepen-
dant on a emmené en captivité
ses hommes robustes, on a démoli
ses maisons, et on en a fait des
ruines.
14. Hurlez, vaisseaux de la
mer, parce que votre force est
détruite.
4. * Je n'ai pas enft té. Tyr est considérée comme la mère de Sidon, parce qu'elle
en était la métropole Il y a des monnaies de Tyr qui portent plus tard comme lé-
gende: « De Tyr, mére des Sidoniens. » — La force de la mer est Tyr, qui, dans son
ile, paraissait à l'abri de toutes atteintes.
6. * Passez les mers ; réfugiez-vous dans vos colonies. Quand Alexandre assiégea Tyr,
les assiégés envoyérent les vieillards, les femmes et les enfants dans la ville phéni-
cienne de Carthage.
10. Fille de la mer; c'est-à-dire ville maritime. — 17 n'y a plus, etc. Tu seras nue,
sans méme conserver ta ceinture. Compar. xx, 4. — * La plupart des commentateurs
modernes expliquent ainsi ce verset, d'aprés l'hébreu, en l'appliquant aux colonies
de Tyr qui deviennent indépendantes par suite de la ruine de la métropole : Répands-
loi sur la terre comme le Nil, qui déborde comme il lui plait; 6 fille de Tharsis, il
n'y a plus de ceinture pour toi, de barrière qui t'arréte.
12. Tu ne te, etc.; littér. tu n'ajouteras plus pour le glorifier. Voy., sur cet hébraisme,
t. IT, pag. 342, 20. — * Passe à Céthim, en Chypre. C'était l’île la plus proche où pussent
se réfugier les Phéniciens et nous avons vu en effet plus haut que c'était là que Luli,
roi de Phénicie, avait cherché un asile en fuyant devant Sennachérib.
13. * Isaie rappelle ici les victoires de Sargon sur le roi des Chaldéens ou Kasdim,
Mérodach-Baladan, qui s'était emparé de Babylone, et qui était primitivement maitre
seulement du Bas-Euphrate, où il commandait à la tribu proprement dite des Kaldi
ou Chaldéens. Le texte original de ce verset doit être traduit de la manière sui-
vante : « Vois la terre des Chaldéens: ce peuple n'est plus; Assur l'a livré aux bêtes
sauvages, il a renversé ses tours, détruit ses palais; il en a fait une ruine. »
1606
15. Et il arrivera en ce jour-là
que tu seras dans l'oubli, ὃ Tyr,
soixante-dix ans, comme sont
les jours d'un seul roi; mais
apres soixante-dix ans, Tyr chan-
tera comme une prostituée.
16. Prends ta harpe, et parcours
la ville, prostituée livrée à l'oubli;
chante bien, réitere souvent ton
chant, afin qu'il y ait souvenir de
toi. :
17. Et il arrivera aprés soixan-
te-dix ans, que le Seigneur visi-
tera Tyr, et qu'il la ramenera à
son commerce, et que de nou-
veau elle forniquera avec tous les
royaumes de la terre, sur la face
de la terre.
18. Et ses affaires et ses profits
seront consacrés au Seigneur; ils
ISAIE.
(cn. xxiv.]
ne seront pas renfermés, ni mis
en réserve, parce que c'est pour
ceux qui habitent devant le Sei-
gneur, que sera leur commerce,
afin qu'ils mangent à satiété, et
qu'ils soient revêtus jusqu'à la
vieillesse.
CHAPITRE XXIV.
Maux qui doivent tomber sur la Judée.
Punition de ses ennemis. Rétablisse-
ment de Jérusalem 2.
1. Voici que le Seigneur dévas-
tera la terre, et il la mettra à nu,
et il affligera sa face, et il disper
sera ses habitants.
2. Et comme sera le peuple,
ainsi sera le prêtre; et comme
l'esclave, 81881 50 maître; comme
la servante, ainsi sa maitresse;
Car. XXIV. 2. Osée, 1v, 9.
15. Comme sont, etc.; comme est la durée ordinaire de la vie. — Tyr chantera, etc.;
pour dire qu’elle invitera à venir dans ses ports les marchands qui y venaient au-
trefois. Encore aujourd'hui les femmes de mauvaise vie en Orient parcourent les
rues en chantant. — * Aprés soixante-dix ans. Le sens précis de ce nombre et le fait
qu'il annonce ne peuvent être déterminés avec certitude.
16. * Ce verset renferme un fragment de la chanson à laquelle fait allusion le verset
précédent.
41. Elle forniquera, etc.; c'est-à-dire elle adorera les idoles de tous les royaumes, etc.
18. Qui habitent, etc.; qui servent le Seigneur, ses ministres.
a Ce chapitre contient une prophétie de la désolation de la Judée soit par Sennaché-
rib, soit par Nabuchodonosor, soit par les Romains; mais on explique aussi cette
prophétie du jugement dernier. Et il faut convenir que les expressions du prophete
conduisent naturellement à cette explication. — * Les chapitres xxrv-xxvir renferment
des oracles relatifs à la fin des temps. Ce dernier cycle de prophéties correspond à
celui de Zacharie, ix-xiv, qui traite le méme sujet. Il se rattache étroitement aux
chapitres qui précèdent, il en forme en quelque sorte la conclusion et le point culmi-
nant, d'où l'absence de titres, xxiv, 1; il se relie à xin-xxmr comme XI-XII à VII-X.
« Les jugements particuliers que Dieu porte contre chaque peuple dans les oracles
contre les Gentils aboutissent ici au jugement final, comme les fleuves divers qui se
jettent dans le méme océan, et le salut dont on vient de voir poindre l'aurore brille
maintenant dans tout l'éclat de son midi. » (Franz Deurrzsox.) Tout ce morceau est du
lyrisme le plus élevé et d'une harmonie musicale merveilleuse dans le texte original.
Il se subdivise ainsi : — 19 Jugement et catastrophe de la terre, xxiv; — 2° Chant
de triomphe : a. sur la ruine de la cité qui opprimait le monde, xxv, 1-8; ὁ. sur la
ruine de Moab, xxv, 9-12; c. sur la restauration d'Israël, xxvi; d. fertilité de la vigne
bénie de Jéhovah, xxvir, 2-6; — 30 Dieu punit et sauve Israël, xxvi, 1-13.
1. La terre. Saint Jéróme remarque qu'il est ordinaire dans l'Ecriture de désigner
la Judée sous le nom général de /a terre, ou méme de toute la terre. — Il affligera
sa face (affliget faciem ejus); c'est-à-dire il lui fera changer de face en la ruinant en-
tièrement.
[.טזצא .חס]
comme 180110181, ainsi celui qui
vend; comme le préteur, ainsi
celui qui emprunte ; comme celui
qui redemande, ainsi celui qui
doit.
3. Par la dévastation sera dé-
vastée la terre, et par le pillage
elle sera pillée; car le Seigneur
a prononcé cette parole.
4. La terre a pleuré, et elle s'est
dissoute, et elle s'est affaiblie;
l'univers s'est dissous et la hau-
teur du peuple de la terre a été
abaissée.
5. Et la terre a été infectée par
ses habitants, parce qu'ils ont
transgressé les lois, changé le
droit, rompu l'alliance éternelle.
6. À cause de cela, la malédic-
tion dévorera la terre, et ses
habitants pécheront; et à cause
de cela ceux qui la cultivent de-
viendront insensés, et peu d'hom-
mes seront laissés.
7. La vendange a pleuré, la
vigne a langui, tous ceux qui se
réjouissaient de cœur ont gémi.
8. La joie des tambours a cessé,
le bruit de ceux qui se livraient à
l'allégresse s'est calmé, le doux
son de la harpe est devenu muet.
9. On ne boira pas le vin au
ISAIE.
1607
milieu des chants; amère sera
toute liqueur pour ceux qui la
boiront.
10. Elle a été brisée, la cité de
vanité; toute maison a été fer-
mée, personne n'y entrant.
11. Il y aura une clameur sur
les places publiques, au sujet du
vin. Toute allégresse a été aban-
donnée; la joie de la terre a été
transférée.
12. Il n’est resté dans la ville
qu'une solitude, et la calamité
pèsera sur les portes.
13. Car ce qui restera au mi-
lieu de la terre, au milieu des
peuples, sera comme quelques
olives, qu'on abat de l'olivier,
quand elles y sont demeurées, et
comme des grappes de raisin, lors-
que la vendange est finie.
14. Ceux-ci élèveront leur voix,
et entonneront des louanges;
lorsque le Seigneur aura été glo-
rifié, ils feront entendre des cris
de la mer.
15. A cause de cela glorifiez le
Seigneur par de bonnes doctrines ;
dans les iles de la mer, glorifiez
le nom du Seigneur Dieu d'Israël.
16. Des extrémités de la terre
nous avons entendu des louan-
3. Par la dévastation dévastée, par le pillage pillée; pour enliérement dévastée, en-
tiérement pillée. Ce genre de répétition, en hébreu comme en bien d'autres langues,
à pour but de donner de l'intensité à l'idée exprimée par le verbe.
11. Au sujet du vin qui manquera, parce que les vignes auront été ravagées par
l'ennemi.
12. Il n’est resté, etc.; c'est-à-dire la ville a été réduite en un désert. — La calamité
pèsera sur les portes (calamitas opprimet portas); sur le lieu où se tiennent les assem-
blées du peuple et où se rend la justice. D'autres traduisent : Toutes les portes seront
détruites.
15. Par de bonnes doctrines. C'est le sens qui nous a paru le plus conforme à l'ex-
pression de la Vulgate, in doctrinis. — * Le mot hébreu rendu par doctrines signifie
proprement {umière. Comme dans le second membre du verset, dans les iles de la mer
signifie les pays de l'Occident, plusieurs commentateurs pensent que dans le premier
membre il doit étre question des pays de l'Orient.
16. Prévariquant ils ont prévarique. Voy., pour ce genre de répétition qui se repro-
duit aux versets 19, 20, le vers. 3,
1608
ges, la gloire du juste. Et j'ai dit:
Mon secret est pour moi, mon
secret est pour moi, malheur à
moi; prévariquantils ont prévari-
qué, et de la prévarication des
transgresseurs ils ont prévariqué.
17. L'effroi et la fosse et le lacs
pour toi, qui es habitant de la
terre.
18. Et il arrivera que celui qui
aura fui àla voix de l'effroi tombe-
radanslafosse;et que celui qui se
sera dégagé de la fosse sera retenu
par le lacs; parce que les cata-
ractes des cieux se sont ouvertes,
et que les fondements de la terre
seront ébranlés.
19. Par le déchirement sera
déchirée la terre, par le brise-
ment sera brisée la terre, par
l'ébranlement sera ébranlée la
terre ;
20. Par le chancellement chan-
cellera la terre comme un homme
ivre; et elle sera enlevée comme
une tente dressée pour une seule
nuit; et son iniquité l'accablera,
et elle tombera, et elle ne se re-
lèvera plus.
21. Et il arrivera qu'en ce jour-
là le Seigneur visitera la milice
du ciel en haut, et les rois de la
lerre sur la terre.
22. 115 seront assemblés dans
la fosse, comme un seul faisceau,
etils y seront renfermés en pri-
18. Jérémie, xLvIN, 44.
ISAIE.
[cir. xxv.]
son; et, aprés bien des jours, ils
seront visités.
23. Et la lune rougira, et le so-
leil sera confondu, lorsque le
Seigneur des armées règnera sur
la montagne de Sion et dans Jé-
rusalem, et qu'en présence de ses
anciens il sera glorifié.
CHAPITRE XXV.
Cantique d'actions de grâces sur la déli-
vrance du peuple de Juda. Punition
des Moabites.
1. Seigneur, vous étes mon
Dieu, je vous exalterai, je loue-
rai votre nom, parce que vous
avez fait des merveilles, que vous
avez fidèlement accompli vos des-
seins anciens. Amen.
2. Vous avez réduit une cité en
un monceau de pierres, une ville
puissante en une ruine ; vous avez
fait que la maison des étrangers
ne soit pas une cité, et que jamais
elle ne soit rebátie.
3. C'est pour cela qu'un peuple
puissant vous louera, qu'une cité
de nationsredoutables vous crain-
dra.
4. Parce que vous étes devenu
une force pour le pauvre, une
force pour l'indigent dans sa tri-
bulation, un espoir contrela tem-
péte, unombrage contrelagrande
chaleur; car l'esprit des violents
20. Elle ne se relèvera plus; littér. elle n'ajoutera pas pour se relever. Voy., sur cet
hébraisme, t. II, p. 342, 20.
21. La milice du ciel en haut; les anges apostats, qui seront jugés au jugement
dernier. Compar. I Corinth., vt, 3; Apocal., xx, 9.
23. La lune, etc. Compar. Matth., xxiv, 29. — Ses anciens; les anciens des chefs de
son peuple, c'est-à-dire les patriarches, les apótres, etc.
2. Une cité; Babylone, dont la destruction est décrite au chap. xxi, ou, selon
d'autres, Jérusalem, ruinée par les Chaldéens (Jérém., xxvi, 18; Michée, yu, 12), ou
bien Ninive, suivant plusieurs (Isaie, xxxi, 19).
[cu. xxvi.]
est de méme qu'un tourbillon qui
fond sur une muraille.
5. Comme une grande chaleur
dans la soif, vous humilierez l'in-
solence tumultueuse des étran-
gers; et comme par la chaleur
brülante du soleil sous un nuage,
vous ferez sécher la race des puis-
sants.
6. Et le Seigneur des armées
fera à tous les peuples sur cette
montagne un festin de viandes
grasses, un festin de vin, de
viandes moelleuses, d'un vin pur
de toute lie.
1. Il jettera sur cette montagne
la chaine méme qui liait tous les
peuples, et la toile qu'il avait
ourdie pour envelopper toutes les
nations.
8. Il précipitera la mort pour
jamais; etil enlèvera, le Seigneur
Dieu, les larmes de toute face, et
il enlèvera l'opprobre de son peu-
ple de la terre entière; parce que
le Seigneur a parlé.
9. Et son peuple dira en ce jour-
là : Voici, c’est notre Dieu, celui-
ci; nous lavons attendu et il
nous sauvera ; c'est le Seigneur,
nous l'avons attendu patiem-
ment, nous exulterons, et nous
CuaP. XXV. 8. Apoc., vir, 17; xxi, 4.
ISAIE.
1609
nous réjouirons dans son salut.
10. Parce que la main du Sei-
gneur se reposera sur cette mon-
tagne, et Moab sera brisé sous
lui, comme sont brisées des pail-
les par un chariot.
11. Etil étendrases mains sous
lui, comme les étend celui qui
nage pour nager; et il humiliera
sa gloire, en brisant ses mains.
19. Les remparts de tes hautes
montagnes s'écrouleront, et ils
seront abattus et renversés par
terre jusque dans la poussière.
CHAPITRE XXVI.
Cantique sur la délivrance du peuple
de Juda.
1. En ce jour-là sera chanté ce
cantique dans la terre de Juda :
Notre ville forte est Sion ; le
sauveur sera mis comme mur et
avant-mur.
9. Ouvrez les portes, et qu'il y
entre une nation juste et obser-
vant la vérité.
3. L'ancienne erreur a disparu ;
vous nous conserverez la paix,
la paix, parce que nous avons es-
péré en vous.
4. Vous avez espéré dans le
6. Celte montagne; cest-à-dire la montagne de Sion. — Un festin; figure du
royaume de Jésus-Christ sur la terre et dans le ciel. Le Sauveur lui-méme fait sou-
vent allusion à ce passage. Compar. Maí(h., xxu, 2; xv, 10; Marc, i, 19; Apocal.,
xix, 7. On entend aussi ce festin de la sainte Eucharistie.
9. Son salut; le salut qu'il nous donne.
10, Par un chariot; machine à roues ferrées en usage dans l'Orient pour briser et
couper les pailles qu'on donnait à manger aux animaux.
41. Et il étendra, etc. Moab étendra ses mains, c'est-à-dire fera tous ses efforts
pour se sauver, mais inutilement; le Seigneur lui brisera ces mémes mains, sur les-
quelles il comptait pour échapper au danger.
1. Notre ville forle; littér., et par hébraisme, la ville de notre force. Sion représente
ici l'Eglise dont Jésus-Christ est le mur et l'avant-mur, par la protection puissante
dont il la couvre.
ἄς Vous avez, etc. Le prophéte s'adresse maintenant au peuple de Juda. — Durant
les siècles élernels; dans tous les temps, et au milieu de tous les événements de la vie,
1610
Seigneur durant les siècles éter-
nels, dans le Seigneur Dieu puis-
sant à jamais.
9. Parce qu'il abaissera ceux
qui habitent dans les hauteurs,
il humiliera la cité élevée.
Il l'humiliera jusqu'à terre et
il la renversera jusque dans la
poussière.
6. Le pied la foulera, les
pieds du pauvre, le pas de l'indi-
gent.
1. Le sentier du juste est droit,
droit est le chemin oü le juste
doit marcher.
8. Et dans le sentier de vos ju-
gements, Seigneur, nous vous
avons attendu patiemment; vo-
tre nom et votre souvenir sont
dans 16 désir de l'àme.
9. Mon àme vous ἃ désiré
pendant la nuit; mais et par
mon esprit e£ dans mon cœur,
des le matin je veillerai pour
vous.
Lorsque vous aurez exercé vos
jugements sur la terre, les habi-
tants du globe apprendrontla jus-
tice.
10. Ayons pitié de l'impie, et il
n'apprendra pas la justice ; dans
la terre des saints il a fait des
choses iniques, et il ne verra pas
la gloire du Seigneur.
11. Seigneur, que votre main
s'élève, et qu'ils ne voient pas;
qu'ils voient et qu'ils soient con-
fondus, ceux qui sont jaloux de
ISAIE.
[cH. xxvi.]
votre peuple et qu'un feu dévore
vos ennemis.
19. Seigneur, vous nous don-
nerez la paix ; car vous avez opéré
toutes nos œuvres pour nous.
13. Seigneur notre Dieu, des
maîtres étrangers nous ont pos-
sédés sans vous, que seulement
par vous nous nous souvenions
de votre nom.
14. Queles morts ne revivent
point, que les géants ne ressus-
citent point; à cause de cela
vous les avez visités et brisés, et
vous avez anéanii toute leur mé-
moire.
15. Vous avez été indulgent
envers cette nation, Seigneur,
vous avez été indulgent envers
cette nation ; est-ce que vous n'a-
vez pas été glorifié? Vous avez
reculé les frontières de sa terre.
16. Seigneur, dans l'angoisse
ils vous ont recherché, dans la
tribulation du murmure votre
enseignement éfait avec eux.
47. Comme celle qui a conçu,
lorsqu'elle approche de l’enfante-
ment, souffre et crie dans ses
douleurs; ainsi nous sommes de-
venus à votre face, Seigneur.
18. Nous avons concu, nous
avons été comme en travail, nous
avons enfanté du vent; nous n'a-
vons pas fait des œuvres de salut
sur la terre; c'est pour cela que
ne sont pas tombés les habitants
de la terre.
9. La cité élevée, orgueilleuse, superbe, Babylone, suivant l'opinion commune.
Quoi qu'il en soit, cette cité élevée représente le monde ennemi de Dieu.
14. Que les morts, etc. C'est une imprécation et en méme temps une prédiction du
malheur des Chaldéens, de ces maîtres étrangers (compar. le verset précédent), qui
ont opprimé le peuple du Seigneur.
18. Nous n'avons pas fait, etc. Les Juifs n'ont pas mérité, par de bonnes actions,
que Dieu exterminât les habitants des pays voisins de la Judée. ll a conservé ces
peuples pour éprouver et châtier Juda.
[cu. xxvir.]
19. Ils vivront, vos morts; ceux
qui m'ont été tués ressusciteront ;
réveillez-vous, et chantez des
louanges, vous qui habitez dans
la poussiere; parce que votre
rosée, Seigneur, est une rosée
de lumiere, et que vous réduirez
la terre des géants en ruine.
20. Va, mon peuple, entre dans
tes chambres; ferme les portes
sur toi; cache-toi un peu pour un
momentjusqu'àce que soitpassée
l'indignation.
91. Car voici que le Seigneur
sorlira de son lieu, afin de visiter
l'iniquité del'habitant de laterre;
et la terre révéleralesang qu'elle
a recu, et elle ne couvrira plus
ceux qui avaient été tués sur
elle.
CHAPITRE XXVII.
Punition du prince oppresseur des Israé-
lites. Délivrance de ce peuple.
1. En ce jour-là Dieu visitera
avec son glaive dur et grand et
fort, Léviathan, serpent levier,
Léviathan, serpent tortueux, et
Cab. XXVI. 21. Mich., 1, 3.
ISAIE,
1611
il tuera le grand poisson qui est
dans la mer.
2. En ce jour-là la vigne du vin
pur le chantera.
3. Moi, le Seigneur qui la gar-
de, je l’arroserai soudain; de peur
qu'elle ne soit endommagée, nuit
et jour je la garde.
4. Je n'ai pas d'indignation ;
qui me donnera une épine ou
une ronce dans le combat? je
marcherai dessus, et j'y mettrai
aussi le feu?
9. Ou plutót retiendra-t-il ma
puissance, fera-t-il la paix avec
moi, fera-t-il la paix avec moi?
6. Ceux qui entrent impétueu-
sement dans Jacob, Israel fleu-
rira et germera pour eux, et ils
rempliront la face du globe de se-
mence.
1. Est-ce que /e Seigneur ἃ
frappé Israël d’une plaie sembla-
ble à: celle dont l'a frappé l'enne-
mi?ou /sraël a-t-ilété tué, comme
le Seigneur a tué ceux qu'ila tués
à l'ennemi?
8. C'est avec mesure contre
19. Vos morts; les morts du Seigneur, ceux qui ont été pris parmi le peuple du
Seigneur, et, dans un sens plus général, ceux qui meurent dans le Seigneur. Compar.
Apocal., xiv, 13. Cette prophétie et celle du verset 21 n'auront leur entier accomplis-
sement qu'à la résurrection future, lorsque Jésus-Christ descendra des cieux pour
juger tous les hommes. — * Une rosée de lumière, qui vivifie.
1. Son glaive; son jugement, l'arrét de sa justice. — Levier (vectem) ou barre; c'est-
à-dire semblable à une barre par sa longueur et sa grosseur. Le mot hébreux corres-
pondant signifie proprement fuyard, fugitif ; la Vulgate l'a rendu par tortueuz (tor-
tuosus). — Le grand poisson; la baleine, comme on l'entend communément. Sous ces
termes énigmatiques, on peut voir les différents ennemis d'Israél; mais aussi les
méchants en général, dont le démon est le chef.
2. La vigne représente l'Eglise. — * La vigne du vin pur; la vigne qui produit un
vin excellent.
4. Je n'ai pas d'indignation; c'est-à-dire je n'ai que des sentiments de bonté et de
tendresse pour ma vigne. — Qui me donnera. L'accusatif latin (me) de la Vulgate est
mis par hébraisme pour le datif (mihi). — * Si quelqu'un me pique comme une épine
ou comme une ronce, je 16 foulerai aux pieds.
6. Ceux qui entrent, etc.; les gentils qui s'empressent de se réunir aux Juifs.
8. C'est avec mesure, etc.; c'est en opposant la mesure de la culpabilité à la mesure
1619
mesure que lorsqu'elle sera re-
jetée, vous la jugerez; le Seigneur
a médité en son esprit sévère
pour le jour d'une chaleur ex-
iréme.
9. C'est pourquoi de cette ma-
nière sera remise son iniquité à
la maison de Jacob; et tout le
fruit de ce chátiment, c'est que
son péché soit expié, lorsqu'/s-
raél aura brisé toutes les pierres
de l'autel comme des pierres de
chaux, et que ne seront plus de-
bout les bois sacrés et les tem-
ples.
10. Car la cité fortifiée sera dé-
solée, la belle ville sera délaissée
et abandonnée comme un désert;
là paitra le veau, et là il se repo-
sera, et mangera les sommités de
ses rameaux.
ISAIE.
[cH. xxvnr.]
pas un peuple sage; à cause de
cela, il n'aura pas pitié de lui,
celui qui l'a fait; et celui qui l'a
formé ne l'épargnera pas.
12. Et il arrivera en ce jour-là
que le Seigneur frappera depuis
lelit du fleuve jusqu'au torrent
de l'Egypte; et vous, vous serez
rassemblés un à un, fils d'Israël.
13. Et il arrivera en ce jour-là
qu'on sonnerad'une grande trom-
pette, et ils viendront de la terre
des Assyriens, ceux qui y étaient
perdus, et ceux qui avaient été
jetés sur la terre d'Egypte, et ils
adoreront 16 Seigneur sur la mon-
tagne sainte, à Jérusalem.
CHAPITRE XXVIII.
Ruine du royaume d'Ephraim. Désolation
: P e du royaume de Juda.]
11. Ses moissons, desséchées,
seront broyées ; des femmes vien-
dront et l'instruiront; car ce n'est
1. Malheur à la couronne d'or-
gueil, aux hommes ivres d'E-
du châtiment; c'est avec une parfaite équité. — Elle; c'est-à-dire la vigne, nommée
au vers. 2.
10. La cité, etc.; Jérusalem, selon les uns, ou Babylone, suivant les autres.
11. Des femmes, etc. C'est ainsi que la prophétesse Holda, au temps de Josias, fut
suscitée de Dieu pour annoncer les maux qui allaient fondre sur Jérusalem (IV Rois,
xxit, 14 et suiv.).
12. Du fleuve; de l'Euphrate. — Le torrent de l'Egypte; le bras le plus oriental du
Nil. — * Ou plutót. selon le sens ordinaire de cette expression dans l'Ancien Testa-
ment, l'ouadi el-Arisch, qui marquait la frontiére occidentale de la Palestine.
1-29. * IVe groupe : Prophéties du temps d'Ezéchias, relatives au peuple de Dieu,
xxvII-XxxIx. Voici la division et le contenu de ce quatrième groupe. Il renferme
diverses prophéties relatives aux Juifs, et datant de l'époque d'Ezéchias. 1] se par-
tage en deux parties bien distinctes : l'une se composant exclusivement d'oracles
concernant le royaume de Juda et Jérusalem, xxvir-xxxv ; l'autre contenant des épi-
sodes dela vie d'Ezéchias dans lesquels Isaie était intervenu au nom de Dieu pour
faire connaitre l'avenir au descendant de David, xxxvi-xxxix. Ces deux parties se
relient entre elles de la manière suivante. Comme l'invasion de la Judée par Senna-
chérib fut le grand événement du régne d'Ezéchias, les prophéties de cette période
roulent à peu près uniquement sur ce sujet. Les ch. xxvI-xxxv annoncent les maux
que le roi d'Assyrie causera à Jérusalem, l'inutilité du secours de l'Egypte, sur
laquelle Juda avait compté, et la délivrance glorieuse de la cité, qui sera l'oeuvre de
Dieu seul. Les ch. xxxvrxxxvi sont la conclusion de ces prophéties, ils nous
montrent comment s'accomplit ce qu'Isaie avait prédit dans les chapitres précédents,
comment, pendant la crise méme, il réitéra les promesses de triomphe et comment
enfin Sennachérib, abattu par la main du Seigneur, dut se retirer sans avoir pu
exécuter ses menaces, aprés avoir miraculeusement perdu son armée. Par analogie
]68. xxvim.]
phraim, à la fleur qui tombe, à la
gloire de sou exultation, à ceux
qui étaient au haut de la vallée
très grasse, chancelant par le vin.
2. Voici que le Seigneur fort
et puissant sera comme l'impé-
tuosité de la gréle, comme un
tourbillon qui brise, comme l'im-
pétuosité des grandes eaux inon-
dantes, et 1860668 sur une terre
spacieuse.
3. Aux pieds sera foulée la cou-
ronne d'orgueil des hommes ivres
d'Ephraim.
4. Et elle tombera, la fleur de
la gloire e? de l'exultation de
celui qui est au haut des vallées
grasses, comme /e fruit venant
à temps avant lautomne; des
que quelqu'un le voyant 1 81118 re-
gardé et pris de sa main,il le dé-
vorera.
ISAÍE.
1613
5. En ce jour-là, le Seigneur
desarmées sera une couronne de
gloire, et un bouquet d'exulta-
tion pour le reste de son peuple;
6. Et un esprit de jugement
pour celui qui sera assis sur le
tribunal du jugement, et une
force pour ceux qui retourneront
dela guerre à la porte de /a ville.
1. Mais ceux-ci méme ont man-
qué de connaissance par le vin,
et par l'ivresse ils ont chancelé ;
le prêtre et le prophète ont man-
qué de connaissance parl'ivresse;
absorbés par le vin, ils ont chan-
celé dans l'ivresse, ils n'ont pas
connu le voyant, ils ont ignoré la
justice.
8. Car toutes les tables ont été
remplies de vomissement et d'or-
dures, en sorte qu'il n’y avait plus
un lieu sans souillure.
avec ces événements, Isaie joint à ce récit celui des prophéties qu'il fit à Ezéchias à
l'occasion de sa maladie, xxxvii, et à l’occasion de l'ambassade de Mérodach Baladan,
xxxix; c'est là que se termine la premiere partie de son livre. — Pour l'intelligence
des oracles de cette époque, il faut se rappeler qu'Ezéchias, bien différent d'Achaz
son pére, rétablit le culte du vrai Dieu, quoique le peuple ne se convertit pas sin-
cèrement. Ses sujets furent punis de leur idolâtrie et de leur révolte, et le roi ré-
compensé de sa foi et de sa piété : l'invasion assyrienne châtia les coupables, la
destruction de l'armée de Sennachérib fut un témoignage éclatant de la protection
divine vis-à-vis d'Ezéchias, qui suivait les conseils des prophétes de Dieu, soutiens
de l'Etat. 11 Paralip., xxxi, 20; IV Rois, xvin, 7. — La première subdivision du qua-
trième groupe contient : — 19 cinq discours qui forment dans nos Bibles six chapitres;
ils commencent tous les cinq de la méme manière : Malheur; chacun d'eux forme un
tout complet, xxvim, xxIx, xxx, xxxi-Xxxri, xxxiii, mais le sujet en est cependant sem-
blable : c'est l'invasion de Sennachérib, considérée comme chátiment divin; la con-
damnation des moyens humains auxquels on recourt pour vaincre l'ennemi; 8
promesse du triomphe dans le présent et surtout dans l'avenir par le règne messia-
nique. — 2^ Cette dernière pensée est principalement développée dans les ch, xxxiv-
xxxv, qui forment comme la conclusion, dans laquelle le prophéte nous montre le
Seigneur jugeant tous les peuples et en particulier l'IdHumée, symbole des ennemis
de l'Eglise : Sion, par le Christ, régne sur toutes les nations. Les ch. xxxiv-xxxv
sont, par rapport aux ch. xxviu-xxxmr, ce que sont, dans le groupe précédent, les
ch. xxiv-xxvu relativement aux ch. .זודצצ-זזא
1. La couronne d'orgueil; Samarie, capitale du royaume d'Israël. — Ephraïëm ; tribu
qui tenait le premier rang dans le royaume d'Israël. — 4 ceux qui étaient, etc.;
c'est-à-dire aux habitants de Samarie, située sur une colline qui s'élevait au milieu
d'une vallée trés fertile.
1. lis n'ont pas connu le voyant; c'est-à-dire le prophète, le vrai prophète, ou la
vision, la prophétie, comme on traduit généralement l'hébreu, qui porte d'ailleurs :
ils ont erré dans, au lieu de : ils n'ont pas su.
1614
9. A quieriseignera-t-il la scien-
ce? à qui fera-t-il comprendre ce
qui aura été entendu? à des en-
fants qu'on vient de sevrer, d'ar-
racher aux mamelles.
10. Parce qu'ils disent : Com-
mande, commande encore, com-
mande, commande encore, at-
lends, attends encore, attends,
attends encore, un peu là, un
peu là.
11. Car dans un autre langage
de lévres et une autre langue, il
parlera à ce peuple,
12. Auquel il avait dit : Voici
mon repos, soulagez celui qui est
fatigué, et voici mon rafraichisse-
ment; et ils n'ont pas voulu en-
tendre.
13. Et celle sera la parole que
le Seigneur leur adressera : Com-
mande, commande encore, com-
mande, commande encore, at-
lends, attends encore, attends,
attends encore, un peu là, un
peu là; afin qu'ils aillent, et qu'ils
tombent en arrière, et qu'ils
soient brisés, qu'ils donnent dans
Cuar. XXVIII. 11. I Cor.,
Rom., 1x, 33; I Pierre, 11, 6.
ISATE.
xiv, 21. — 16. Ps. cxvir, 22; Matt., xxr, 42;
(et. xx vr. ]
le piège et qu'ils y soient pris.
14. A cause de cela, écoutez la
parole du Seigneur, hommes rail-
leurs qui dominez sur mon peuple
qui est à Jérusalem.
15. Car vous avez dit : Nous
avons contracté une alliance avec
la mort, etavecl'enfer nous avons
fait un pacte. Le fléau débordant,
lorsqu'il passera, ne viendra pas
surnous; parce que nous avons
établi le mensonge notre espé-
rance, et que par le mensonge
nous avons été protégés.
16. C'est pourquoi le Seigneur
Dieu dit ceci: Voici que moi je
poserai dans les fondements de
Sion une pierre, une pierre éprou-
vée, angulaire, précieuse, enfon-
cée dans le fondement; que celui
qui croit, ne se háte pas.
17. Et j'établirai avec un poids
le jugement, et la justice avec
mesure; etla gréle détruira l'es-
pérance du mensonge; et la pro-
tection, les eaux l'inonderont.
18. Et votre allianceavecla mort
sera détruite, votre pacte avec
Actes, 1v, 1;
9. A qui enseignera. Le sujet de ce verbe est le Seigneur, suivant les uns, et le pro-
phéte, selon les autres. — La science;
la loi divine, comme on l'entend assez géné-
ralement. — Ce qui aura été entendu; la parole, l'instruction, qui se percoit par l'ouie.
— A des enfants, etc. Saint Paul semble faire allusion à ce passage dans I Corinth.,
nI, 2, et Hébreux, v, 13.
10. Commande, etc.; allusion à la manière railleuse dont les Juifs impies insultaient
les prophéles, qui disaient souvent dans leurs oracles : Le Seigneur commande, et
Atlendez un peu, et vous verrez, etc.
11. Car dans un autre, etc, Puisqu'ils se sont moqués du langage des prophétes
qui les exhortaient à la pénitence, Dieu leur parlera une autre langue, mais qu'ils ne
comprendront pas. Le Seigneur a déjà menacé les Juifs de ce chátiment (vi, 9, 10).
Compar. I Corinth., xiv, 21.
16. Une pierre angulaire, etc. Voy., pour le sens de cette expression, Ps. cxvn, 22.
— * Les Assyro-Chaldéens plaçaient aux quatre angles de leurs édifices dans un en-
droit choisi, dans les fondements, des tablettes d'argile et de métaux précieux où
était racontée l'histoire de l'érection de l'édifice. Nous avons peut-étre ici une allu-
sion à une coutume de ce genre. La pierre angulaire, importante par elle-même,
le devenait encore davantage par les objets précieux qu ‘elle conservait. — Cette pierre
précieuse désigne ici le Messie.
ἀπ. xx virr.]
l'enfer ne subsistera pas; quant
au fléau débordant, lorsqu'il pas-
sera, vous en serez accablés.
19. Toutesles fois qu'il passera,
il vous emportera; puisque dés
le matin à l'aube, il passera pen-
dant 16 jour et pendantla nuit; et
il n'y aura seulement que le tour-
ment qui donnera l'intelligence à
l'ouie.
90. Car la couche a été resser-
rée, de manière que s? deux s'y
placent, Yun tombera; et la cou-
verture étroite ne peutles couvrir
l'un et l'autre.
91. Car comme sur la montagne
des divisions, le Seigneur se lè-
vera; comme dans la vallée qui
est en Gabaon, il se mettra en co-
lere ; afin de faire son œuvre, son
œuvre étrangère; afin d'opérer
son œuvre, son œuvre qui lui est
est étrangère.
ISAIE.
1615
22. Et maintenant ne vous jouez
point, de peur que vos liens ne
se resserrent; car j'ai appris du
Seigneur Dieu des armées la des-
truction et le retranchement qu'il
va faire sur la terre tout entiere.
93. Prétez l'oreille, et écoutez
ma voix ; soyez attentifs, et écou-
tez ma parole.
24. Est-ce que pendant tout le
jour, le laboureur labourera afin
de semer ; fendra-t-il les mottes,
et sarclera-t-il sa terre?
25. Est-ce que, lorsqu'il en aura
égalisé la surface, il ne sèmera
pas de la nigelle etil ne répandra
pas du cumin, et il ne mettra pas
du blé par rangée, et de l'orge, et
du millet, et de la vesce dans ses
confins ?
26. Et son Dieu lui donnera le
discernement; son Dieu lins-
truira.
21. II Rois, v, 20; I Par., xiv, 11; Jos., x, 10.
19. I m'y aura, 616. Le malheur seul vous fera comprendre ce qu'on vous dit.
20. Car la couche, etc.; image des extrémités oü les ennemis réduiront les Juifs.
— * Ce verset reproduit vraisemblablement un proverbe ou dicton populaire.
21. La montagne des divisions; ou des dispersions. Voy. IL Rois, v, 20 et suiv. —
La vallée, etc. Voy. Josué, x, 10.
25, 21. * La nigelle, mentionnée seulement dans ce chapitre d'Isaie, produit une
graine aromatique, de couleur noire, qu'on emploie comme assaisonnement en Orient,
ce qui fait que cette plante y est toujours cultivée. Elle fait partie de la famille des
renonculacées. Les diverses espèces de nigelle sont herbacées. Le fruit se compose
de cinq à six capsules dont il est facile de faire tomber les graines, quand elles sont
müres, en battant les tiges avec un bâton. — Le cumin était cultivé en Palestine
pour la méme raison que la nigelle. C'est une plante annuelle de la famille des om-
bellifères, assez semblable au fenouil. Elle a de quinze à: dix-huit centimètres de
hauteur. Ses fleurs sont petites, blanches ou rouges. Les graines, de forme ovale, ont
un goüt piquant, amer et une odeur aromatique prononcée; on s'en servait en Pa-
lestine comme de condiment. La récolte qu'on en faisait était assez considérable pour
que les docteurs de la loi, du temps de Notre Seigneur, imposassent l'obligation d'en
payer la dime. Voir Matthieu, xxu, 23. On cultive encore aujourd'hui le cumin à
Malte et on le bat de la manière que le dit Isaie. — La vesce. Ce mot rend l'hébreu
koussemeth, dont le sens est trés discuté. La vesce sert d'aliment en Palestine; on
la donne aussi comme fourrage aux animaux. En Europe, on en donne les graines
surtout aux pigeons. — Dans ses confins. On semait la vesce autour des champs où
l'on cultivait le blé et l'orge, atin que cette bordure les garantit contre ies dépréda-
tions des passants.
25. Dans ses confins (in finibus suis); c'est-à-dire dans son champ. Cette traduction
nous a paru la plus conforme à la Vulgate et la mieux autorisée par l'hébreu,
i
1616
27. Car la nigelle ne sera pas
triturée avec des traineaux à
pointes de fer, ni la roue du
chariot ne circulera surle cumin;
mais avec une verge on battra
la nigelle, et le cumin avec un
fléau.
98. Mais le pain sera brisé;
cependant ce ne sera pas à per-
pétuité que celui qui le triture
le triturera, et que la roue du
chariot le pressera, et qu'avec ses
ongles il le brisera.
29. Ceci est venu du Seigneur
Dieu des armées, pour faire ad-
mirer ses conseils et signaler sa
justice.
CHAPITRE XXIX.
Désolation de Jérusalem et de la Judée.
Défaite des ennemis. Rétablissement
des enfants de Juda.
1. Malheur à Ariel, Ariel, cité
qu'a prise d'assaut David; une
année s'est jointe à une année;
des solennités se sont écoulées.
2. Et j'environnerai Ariel de
tranchées; et elle sera triste, af-
fligée, et elle sera pour moi com-
me Ariel.
3. Et je ferai comme un cercle
[SATE.
(cu. xxix.]
tout autour de toi, et je poserai
un rempart contre toi; et je pla-
cerai des fortifications pour ton
siege.
4. Tu seras humiliée, c'est du
sein de la terre que tu parleras,
et de la poussière que sera en-
tendue ta parole ; et sortant dela
terre, ta voix sera comme celle
d'un python, et de la poussière
ta parole ne rendra qu'un faible
son.
5. Et sera comme la poudre
menue la multitude de ceux qui
Uont agitée, et comme la cendre
brülante qui se dissipe, la multi-
tude de ceux qui contre toi ont
prévalu ;
0. Et ce sera soudain, sur-le-
champ. Et par le Seigneur des
armées elle sera visitée au milieu
d'un tonnerre, et d'un tremble-
ment de terre, et de la grande
voix d'un tourbillon, et d'une
tempête, et de la flamme d'un feu
dévorant.
7. Et seracommele songe d'une
vision nocturne la multitude de
toutes les nations qui ont com-
battu contre Ariel, et 77 en sera
ainsi de Vous ceux qui lui ont fait
98. Le pain; c'est-à-dire le grain dont on faitle pain. — Ses ongles; les pointes de
fer et les pierres aigués du chariot.
À, Ariel ; en hébreu signifie lion de Dieu; Ezéchiel (xum, 15, 16) donne ce méme nom
à l'autel des holocaustes. Toute la suite de la prophétie montre qu'il faut l'entendre
ici de Jérusalem. — * Isaie donne ici à Jérusalem un nom symbolique, de méme qu'il
l'a appelée plus haut vallée de vision, xxii, 1; mais d’où vient ce nom symbolique?
Les uns y ont vu une allusion à la tribu de Juda, dont cette ville était comme la
capitale, parce que Juda est comparé à un lion, Genèse, xux, 9; d'autres ont cru
que le prophète faisait une allusion à la forme de la capitale de la Judée, qui, avec
ses deux montagnes du Moriah et de Sion, ressemble à un gigantesque lion au repos.
3. Je ferai, etc. Le siège de Jérusalem par Nabuchodonosor est annoncé de même
dans Ezéchiel, 1v, 2, et Jésus-Christ annonce aussi en des termes semblables le der-
nier siège de Jérusalem par les Romains (Luc, xix, 43, 44).
4. D'un python; c'est-à-dire d'un magicien, d'un devin. — * Ta voix sortant de la
lerve. Les pythons ou magiciens paraissent avoir été quelquefois des ventriloques qui
parlaient comme si leur voix sortait de terre,
7. Ariel. Nov. le verset 1,
[em xxix.]
la guerre, et l'ont assiégée, et ont
prévalu contre elle.
8. Et comme celui qui a faim
songe qu'il mange, mais lorsqu'il
est réveillé, son àme se trouve
vide; et comme celui qui a soif
songe qu'il boit, mais apres qu'il
est réveillé, 7/ est las e£ a encore
soif, et son àme est vide ; ainsi
sera la multitude de toutes ces
nations qui ont combattu contre
la montagne de Sion.
9. Soyez frappés de stupeur et
admirez, soyez flottants et vacil-
lants ; enivrez-vous, mais non de
vin; chancelez, mais non parl'i-
vresse.
10. Parce que le Seigneur a ré-
pandu sur vous un esprit d'assou-
pissement, il fermera vos yeux ;
vos prophetes et vos princes qui
volent des visions, il mettra sur
eux un voile.
11. Et la vision d'eux tous sera
pour vous comme le livre scellé;
lorsqu'on le donnera à un Lomme
qui sait lire, on dit : Lis celivre;
et il répondra : Je ne puis, car il
est scellé.
ISAIE.
1617
12. Et on donnera le livre à un
homme qui ne sait pas lire, et on
lui dira : Lis ; et il répondra : Je
ne sais pas lire.
13. Et a dit le Seigneur : Parce
que ce peuple s'approche de moi
par sa bouche, et me glorifie par
ses lèvres, mais que son cœur
est loin de moi, et qu'ils m'ont
craint par le commandement et
les enseignements des hommes :
44. C'est pour cela, voici que
moi j'exciterai encore l'admira-
tion de ce peuple par un miracle
grand et étonnant ; carla sagesse
périradu milieu des sages, et l'in-
telligence des prudents sera obs-
curcie.
15. Malheur à vous qui êtes im-
pénétrables de cœur, afin que
vous cachiez au Seigneur un des-
sein ; leurs œuvres sont dans les
ténèbres, et ils disent : Qui nous
voit, et qui nous connaît ?
16. Elle est perverse, cette pen-
sée que vous avez; comme si l'ar-
gile se révoltait contre le potier,
et lui disait : Tu ne m'as pas fait;
et comme si l'œuvre disait à celui
ὕπαρ. XXIX. 13. Matt., xv, 8; Marc, vir, 6. — 14. I Cor., 1, 19; Abd., 1, 8. — 15. Eccli.,
xxii, 26.
8. Songe qu'il mange; littér. et par hébraisme, songe et il mange. — Ame; mot qui,
comme nous l'avons déjà remarqué, signifie en hébreu, aussi bien qu'en arabe, la
personne, l'individu lui-méme.
10. Le Seigneur a répandu, etc. Saint Paul fait allusion à ce passage dans Rom., x1, 8.
11.* Le livre scellé. Leslivres avaient la forme de rouleaux; on les pliait et, si l'on ne
voulait point qu'ils fussent ouverts, on plaçait un sceau sur le rouleau de manière qu'on
ne pütledérouler sans romprele sceau.lls n'étaient ordinairement écrits qu'à l'intérieur.
43. Ce peuple, etc. Jésus-Christ déclare aux Juifs incrédules que c'était d'eux qu'Isaie
prophétisait dans ce passage (Matth., xv, 8, 9; Marc, vir, 6, 1). — Ils m'ont craint, etc.;
c'est-à-dire ils m'ont adoré, ils m'ont rendu un culte fondé, non sur ma loi et sur
mes préceptes, mais sur des traditions purement humaines. Le plur. i/s représente
le mot peuple, qui est un nom collectif.
14. Car la sagesse, etc. Saint Paul applique ceci à la fausse sagesse des hommes,
confondue par la prédication de la croix, qui est un scandale aux yeux des Juifs, et
une folie aux yeux des gentils (I Corinth., 1, 18, 19).
15. Malheur à vous qui, etc. Ces paroles s'adressent aux impies dont il est question
plus haut (xxvur, 15). — Un dessein; probablement celui de recourir, en cas de be-
soin, au secours de l'Egypte. Compar. ce qui est dit, xxx, 1 et suiv.
A. T.
102
1018
quil'afaconnée: Tunecomprends
pas.
7. Encore un peu de temps, et
le Liban ne sera-t-il pas bientót
converti en Carmel, et le Carmel
ne sera-t-il pas réputé pour la fo-
rêt ?
18. Et en ce jour-là, les sourds
entendront les paroles d'un livre,
et, affranchis des ténebres et de
l'obscurité, les yeux des aveugles
verront.
19. Etles hommes doux ajoute-
ront à leur joie dansle Seigneur,
les hommes pauvres exulteront
dans le saint d'Israél;
20. Parce qu'il a disparu, celui
qui prévalait, et qu'il a été détruit
le railleur, et qu'ils ont été re-
tranchés, ceux qui veillaient pour
l'iniquité ;
91. Qui faisaient pécher les
hommes par leur parole, qui àla
porte tendaient des pieges à celui
qui 765 réfutait, et sans motif s'é-
loignaient du juste.
99. À cause de cela, voici ce
que dit, àla maison de Jacob, le
Seigneur, qui a racheté Abraham :
Jacob ne sera plus confondu, et
son visage ne rougira plus;
93. Mais lorsqu'il verra ses fils,
ouvrages de mes mains, sancti-
ISAIE.
]64 xxx.]
fiant au milieu de lui mon nom,
ils sanctifieront ensemble le saint
de Jacob, et annonceront le Dieu
d'Israél,
24. Et ceux qui étaient égarés
d'esprit recevront l'intelligence,
et les murmurateurs apprendront
la loi.
CHAPITRE XXX.
Vaine confiance de la Judée dans le se-
cours de l'Egypte. Rétablissement de
Juda. Défaite de ses ennemis.
1. Malheur 4 vous, fils déser-
leurs, dit le Seigneur, de ce que
vous formez des desseins, et non
par moi, et que vous ourdissez
une trame, et non par mon es-
prit, afin d'ajouter péché à pé-
ché ;
2. Vous qui marchez pour des-
cendre en Egypte, et n'avez
pas interrogé ma bouche, espé-
rant du secours de la force de Pha-
raon, et ayant confiance dans
l'ombre de l'Egypte.
3. Et la force de Pharaon vous
sera à confusion, et la confiance
dans l'ombre de l'Egypte, à igno-
minie.
4. Car tes princes étaient à
Tanis, et tes messagers sont par-
venus jusqu'à Hanes.
11. Liban; montagne dont une partie est très stérile. — Carmel; autre montagne,
mais dont la fertilité est passée en proverbe. — La forét; comme litle texte hébreu,
et non une forét en général. Or cette forêt particulière est probablement celle du
Liban, comme l'insinue le contexte.
21. A la porte de la ville, où se tenaient les assemblées et où se rendaient les
jugements.
22. Qui a racheté Abraham; en le tirant de son pays, adonné à l’idolâtrie.
23. Ils sanctifieront; selon la Vulgate, e£ sanctificabunt; il est évident qu'ici la par-
ticule e£ n'a pas la signification conjonctive, mais que, comme en bien d'autres endroits,
elle ne fait simplement que marquer l'apodose; sans cela, le sens du verset resterait
inachevé.
9. Ma bouche; les ordres, les oracles sortis de ma bouche.
3. L'ombre: c'est-à-dire la protection.
4. Tanis; ville d'Egypte, c'est la Mansoura d'aujourd'hui. Compar. Nombr., xur, 23;
Ps, LxxVu, 43, — Hanès; ville d'Eevote: saint Jérôme croit qu'elle était à l'extrémité
]68. xxx.)
5. Tous ont été confondus à la
vue d'un peuple qui ne pouvait
leur être utile ; ils ne leur ont pas
été à secours et à quelque utilité,
mais à confusion et à opprobre.
6. Malheur accablant des bêtes
du Midi. Elles vont dans une
terre de tribulation et d'angoisse,
d’où sortent la lionne et le lion,
la vipere et le basilic volant;
ils portent sur les épaules des
ânes leurs richesses, et sur la
bosse des chamaux leurs trésors,
à un peuple qui ne pourra pas
leur être utile.
7. Car inutilement etvainement
l'Egypte les secourra; voilà pour-
quoi j'ai crié à ce sujet : C'est de
lorgueil seulement, reste en
repos.
8. Maintenant donc entre, écris
cela pour lui sur le buis, et dans
un livre grave-le soigneusement,
et il sera au dernier jour un té-
moignage à jamais;
9. Car c'est un peuple provo-
quant au courroux, et ce sont
des fils menteurs, des fils qui ne
ISAIE.
1619
veulent pas entendre la loi de
Dieu;
10. Quidisentàceux qui voient:
Ne voyez pas; et à ceux qui re-
gardent : Ne regardez pas pour
nous des choses qui sont justes;
dites-nous des choses qui nous
plaisent, voyez pour nous des
erreurs.
11. Eloignez de moi certe voie,
détournez de moi ce sentier; qu'il
disparaisse de notre face, le saint
d'Israël.
12. À cause de cela, voici ce que
dit le saint d'Israël : Parce que
vous avez rejeté cette parole, et
que-vous avez espéré dans la ca-
lomnie et dans le tumulte, et
que vous y avez mis votre appul,
13. A cause de cela, cette ini-
quité sera pour vous comme une
brèche qui menaceruine, et quiest
recherchée dans un mur élevé,
parce que tout à coup, tandis
qu'on ne s'y attend pas, vient son
écroulement.
14. Et elle sera mise en pieces,
comme on brise d'un brisemenb
méridionale de l'Egypte, vers les frontières de l'Ethiopie. — * Sur Tanis, voir plus
haut, xix, 11. — J/anés, en égyptien Chenensu, Heracleopolis magna, dans l'Egypte
moyenne, était alors, comme Tapis et plusieurs autres villes de la vallée du Nil, la
capitale d'un petit royaume.
9. Ils; c'est-à-dire le peuple, qui, étant un collectif, représente le nombre pluriel.
6. Malheur accablant. Voy. xur, 1. — D'où; littér., selon l'hébreu et la Vulgate,
d'eux (ex eis); le pronom se rapporte à £errz, qui s'entend quelquefois dans l'Ecri-
ture, non du so/, mais des habitants. — * Des 06008 du Midi. En hébreu, bahamoth,
peut-être le &éhémoth ou hippopotame du livre de Job, xr, 15, qui peut être très
exactement considéré comme le symbole de l'Egypte, laquelle avait grande confiance
en sa puissance, mais était lente à se mettre en mouvement et était arrivée trop tard
pour secourir Samarie assiégée par les Assyriens. — La vipére. Asaraddon, dans le
récit de sa campagne contre l'Arabie, dit que ce pays était plein de vipères et de
scorpions. — Le basilic volant. Cette qualification de volant provient sans doute de
ce que les serpents peuvent monter sur les arbres comme les oiseaux qui volent.
8. Entre, etc. C'est le Seigneur qui parle au prophète.
10. Ceux qui voient, ceux qui regardent; c'est-à-dire les voyants, ceux qui ont des
visions prophétiques, les prophétes.
13. Qui est recherchée (requisita); par l'ennemi, à qui, en effet, elle offre un moyen
d'entrer dans la ville (Job, xxx, 14).
14. Comme on brise d'un lrisement ; genre de répétition qu'on a déjà vu souvent, et
qui a pour but de donner de l'énergie à l'idée exprimée par le verbe.
1690
tres fort un vase de potier; et on
ne trouvera pas parmi ses frag-
ments un tét dans lequel on puis-
se porter un peu de feu pris d'une
incendie, ou puiser un peu d'eau
à une fosse.
15. Parce que voici ce que dit
leSeigneur Dieu, le saint d'Israél:
Si vous revenez, et vous vous
lenez en repos, vous serez sau-
vés ; dans le silence et dans l'es-
pérance sera votre force. Et vous
n'avez pas voulu;
16. Et vous avez dit : Pas du
tout; mais nous fuirons vers des
chevaux ; c'est pour cela que vous
fuirez. Et nous monterons sur
de rapides coursiers; c'est pour
cela que plus rapides seront ceux
qui vous poursuivront.
17. Vous fuirez au nombre de
mille hommes par la terreurd'un
seul, et {ous par la terreur de cinq,
jusqu'à ce que vous soyez laissés
comme un mát de vaisseau sur
une cime de montagne, et comme
un étendard sur une colline.
18. A cause de cela, le Seigneur
attend, afin d'avoir pitié de vous;
et pour cela il sera exalté en vous
épargnant; car c'est un Dieu de
justice que le Seigneur; bienheu-
reux tous ceux qui l'attendent.
19. Car le peuple de Sion habi-
tera dans Jérusalem; pleurant tu
ne pleureras pas du tout; ayant
₪.
[cu. xxx.]
pitié il aura pitié de toi ; à la voix
de ton cri, des qu'il entendra, il te
répondra.
20. Et le Seigneur vous donne-
ra un pain restreint et une eau
peu abondante; et il ne fera pas
que celui qui t'instruit s'en aille
loin de toi; et tes yeux verront
ton maitre.
21. Et tes oreilles entendront
la voix de celui qui, derrière foi,
f'avertira : Voici la voie, mar-
chez-y ; et ne vous détournez ni à
droite ni à gauche,
22. Et tu regarderas comme
choses souillées les lames d'ar-
gent de tes images taillées au
ciseau, et le vétement de ta statue
d'or jetée en fonte, el tu les rejet-
teras comme un linge souillé.
Sors, lui diras-tu;
23. Et la pluie sera accordée à
ta semence, partout où tu auras
semé sur la terre, et le pain pro-
duit des grains de la terre sera
très abondant et gras; dans ta
possession, en ce jour-là, l'agneau
paitra spacieusement.
24. Et les taureaux et les petits
des ànes qui labourent la terre,
mangeront les grains mêlés en-
semble, comme dans l'aire ils
auront été vannés.
25. Et il y aura sur toute haute
montagne et sur toute colline
élevée, des ruisseaux d'eaux cou-
16. Vers des chevarx; la cavalerie des Egyptiens. Compar. xxxi, 1.
17. Par la terreur d'un seul; littér. à la face d'un seul; c'est-à-dire un seul homme
de l'ennemi en épouvantera mille d'entre vous.
20. Celui qui Üinstruit (doctorem tuum), ton maître (præceptorem tuum). L'Eglise,
daus l'office de l'Avent, fait l'application de ces paroles à Jésus-Christ, qui est, en
effet, notre docteur et notre maitre par excellence.
299. Les lames, etc.; c'est-à-dire les lames d'argent dont sont couvertes, etc. —
Images taillées au ciseau. L'Ecriture emploie ordinairement cette expression pour dé-
siener les idoles. — De tes images d'argent, de ta statue d'or; littér. de ton argent,
de ton or, En vertu d'un hébraisme trés conunun, le pronom possessif ne se joint pas
immédiatement au nom qu'il représente, mais au compiément de ce nom.
[cu. xxx1.]
rantes, au jour où beaucoup
auront été tués, et lorsque seront
tombées les tours.
26. Et sera la lumiere dela lune
comme la lumiere du soleil, et la
lumière du soleil sera septuplée,
égale à la lumiere de sept jours,
au jour oü le Seigneur aura lié
la blessure de son peuple et guéri
le coup de sa plaie.
27. Voici que le nom du Sei-
gneur vient de loin; ardente est
sa fureur, et lourde à porter; ses
lèvres sont pleines d'indignation,
sa langue est comme un feu
dévorant.
28. Son souffle est un torrent
débordé, qui atteint jusqu'au
milieu du cou, pour réduire des
nations au néant, et briser le frein
d'erreur qui était aux máchoires
des peuples.
29. Vouschanterez comme dans
la nuit d'une sainte solennité, et
la joie de votre cœur sera comme
la joie de celui qui va avec la
flüte, afin de se présenter sur la
montagne du Seigneur, au fort
d'Israél.
ISAIE.
1691
30. Et le Seigneur fera entendre
la majesté de sa voix, et il mon-
trera la terreur de son bras dans
une menace de fureur, et dans la
flamme d'un feu dévorant; il
brisera par un tourbillon et par
des pierres de gréle.
31. Car à la voix du Seigneur
Assur tremblera d'effroi, frappé
de sa verge.
32. Et le passage de la verge
sera affermi; le Seigneur la fera
reposer sur lui au milieu des
tambours et des harpes, et dans
des guerres considérables il les
vaincra.
88. Car Topheth est préparée
depuis hier, par le roi préparée,
profonde et étendue. Ses aliments
sont du feu et beaucoup de bois;
le souffle du Seigneur comme un
torrent de soufre l'embrase.
CHAPITRE XXXI.
Vaine confiance de la Judée dans le se-
cours de l'Egypte. Délivrance de Jéru-
salem. Défaite de ses ennemis.
1. Malheur à ceux qui descen-
dront en Egypte pour y chercher
26. La lumière, etc. Saint Jérôme voit ici la gloire du monde futur, c'est-à-dire de
ces nouveaux cieux dont parlent saint Pierre (II Pier., πὶ, 18) οὐ saint Jean (Apoc., xxr, 1).
21. Le nom du Seigneur; sa majesté, le Seigneur lui-méme. Compar. v, 11; vir, 17;
virt, À, 8, etc. — De loin; aprés un long intervalle de temps.
29. Comme dans la nuit; littér. comme la nuit; genre de figure qui n'est pas étran-
gère au style biblique. Les fêtes des Hébreux commencçaient la veille au soir. Aux
trois plus solennelles, qui étaient celles de Páques, de la Pentecóte et des Tabernacles,
on se rendait à Jérusalem de toute la Judée, et méme des provinces étrangéres
.Deuléron., טא 16; Ps. cxxi, 4). Il est trés probable qu'on chantait des cantiques de
joie pendant toute la solennité.
30. Sa voir; c'est-à-dire le tonnerre. Au verset suivant, comme dans une infinité
,'autres passages de l'Ecriture, /a voix du Seigneur a ce sens. Compar. Ps. xxvur, 3
et suiv.
32. Sur lui; sur Assur. — Au milieu des tambours, etc. des Israélites, qui loueront
le Seigneur. — 11 les vaincra; les Assyriens.
33. Topheth; lieu situé daus une vallée voisine de Jérusalem, où les Israélites brü-
laient leurs enfants en l'honneur de Moloch, idole des Ammonites. Compar. Josué,
xv, 8; III Rois, xr, 7; Il Paralip., xxvut, 3; Jérém., vi, 31, etc. — * Dans l'hébreu :
Topheth, c'est-à-dire le bücher est préparé pour le roi d'Assyrie, Sennachérib. C'est
la prédiction de l'extermination de l'armée assyrienne racontée plus loin, xxxvi, 36.
1622 ISAIE.
du secours, qui esperent dans des
chevaux, et qui ont confiance
dans des quadriges, parce qu'ils
sont nombreux, et dans des cava-
liers, parce qu'ils sont très forts,
et qui ne se sont pas confiés au
saint d'Israël, et n'ont pas recher-
ché le Seigneur.
2. Mais lui-méme sage a amené
le malheur, et n'a pas retiré ses
paroles; et il s'élévera contre la
maison des méchants, et contre
le secours de ceux qui opèrent
l'iniquité.
3. L'Egyple est un homme et
non un Dieu; et leurs chevaux
sont chair, et non esprit; et le
Seigneur inclinera sa main, et
l'auxiliaire sera renversé à terre,
etiltombera, celui à qui est donné
secours, et tous ensemble seront
détruits.
4. Parce que voici ce que dit le
Seigneur : Comme si un lion et le
petit d'un lion rugissent e» se
jetant sur leur proie, et que coure
contre eux une multitude de pas-
teurs, ils ne s'effrayeront pas de
leur voix, et ne s'épouvanteront
pas de leur multitude; ainsi des-
cendra le Seigneur des armées,
afin de combattre surla montagne
de Sion et sur sa colline.
[cu. xxxr.]
5. Comme desoiseaux qui volent
au secours de leurs petits, ainsi le
Seigneur des armées protégera
Jérusalem; /a protégeant et /a
délivrant, passant et /a sauvant.
6. Revenez, selon que vous vous
étiez profondément éloignés, fils
d'Israél.
7. Car en ce jour-là, chacun
rejettera ses idoles d'argent et
ses idoles d'or, que vos mains
vous ont faites pour le péché.
8. Et Assur tombera, par le
glaive non d'un homme, et le
glaive non d'un homme le dévo-
rera, et il fuira, non à la face du
glaive, et ses jeunes hommes se-
ront tributaires ;
9. Et sa force disparaitra par la
terreur, et ses princes fuyant se-
ront épouvantés, aditleSeigneur,
dont le feu est dans Sion, et le
foyer dans Jérusalem.
CHAPITRE XXXII.
Règne de Justice promis à Juda. Déso-
lation de la Judée. Son rétablissement,
Ruine de ses ennemis,
1. Voici que dans la justice ré-
gnera un roi, et que des princes
gouverneront selon le droit.
2. Et chacun sera comme celui
qui est à l'abri du vent, qui se
2. N'a pas retiré ses paroles; n'a pas manqué d'accomplir ce qu'il avait dit par ses
prophétes. :
4. * Comme si un lion, etc, Ce passage a tout à fait le ton et l'accent homé-
rique.
1. En ce jour-là; au jour de la délivrance. — Chacun; c'est le vrai sens du latin
vir, expliqué par lhébreu. — Ses idoles d'argent; littér. les idoles de son argent.
Voy. xxx, 22.
8. Par le glaive non d'un homme. Compar. xxx, 30; xxxvi, 36; IV Rois, xix, 35;
Il Paralip., xxxu, 21.
9. Lé feu, le foyer; c'est-à-dire l'autel des holocaustes et le temple.
4. Un roi, etc. Ceci s'entend du règne d'Ezéchias, mais mieux encore du règne de
Jésus-Christ dont Ezéchias était la figure. — Des princes; ces princes représentent
les apótres.
2. Chacun, Voy. אאא 1,
[cH. xxxu.]
cache à la tempéte, comme des
ruisseaux d'eaux dans la soif,
comme l'ombre d'une pierre avan-
cée dans une terre déserte.
3. Ils ne seront pas obscurcis,
les yeux de ceux qui verront; et
lesoreilles de ceux qui entendront
écouteront attentivement.
4. Et 16 cœur desinsensés com-
prendra la science, et la langue
des begues parlera vite et nette-
ment.
5. Il ne portera plus le nom de
prince, celui qui manque de sa-
gesse, et le frauduieux ne sera pas
appelé grand;
6. Car linsensé dira des pa-
roles extravagantes, et son cœur
commettra l'iniquité, afin de par-
faire la simulation, et de parler
à Dieu frauduleusement, et de
rendre vide l'àme de celui qui a
faim, et óter le boire à celui qui
ἃ soif.
7. Les armes du frauduleux
sont tres cruelles; car c'est lui
qui ἃ combiné des pensées, pour
perdre des hommes doux par un
discours menteur, lorsque le pau-
vre parlait justice.
8. Mais un prince pensera des
ISATE.
1623
choses quisont dignes d'un prince,
etilse tiendralui-méme ferme au-
dessus des chefs.
9. Femmes opulentes, levez-
vous, et entendez ma voix ; filles
confiantes, prétez l'oreille à mes
paroles.
10. Car après des jours et un an,
vous serez troublées, vous con-
fiantes; carla vendange est ache-
vée; et larécolte ne viendra plus.
11. Soyez dans la stupeur, fem-
mes opulentes, soyez troublées,
filles confiantes ; dépouillez-vous,
et soyez couvertes de confusion,
et ceignez vos reins.
12. Pleurez sur des enfants à
la mamelle, sur une contrée dé-
licieuse, sur une vigne fertile.
13. Sur le sol de mon peuple
monteront des épines et des ron-
ces; combien plus sur toutes les
maisons joyeuses d'une cité exul-
tante?
14.Lamaisona été abandonnée,
la multitude de la ville a été dé-
laissée; des ténèbres palpables se
sont formées sur des cavernes
pour jamais. La joie des onagres,
ce sont les páturages des trou-
peaux,
9. Ceux qui verront ; c'est-à-dire les voyants (videntium), ou prophétes.
5. IL ne portera plus, etc. Isaie oppose le règne d'Ezéchias ou de Josias, princes
magnifiques, bienfaisants, au régne d'Achaz, qui avait opprimé ses peuples et les
avait épuisés par ses exactions.
1. * Les armes traduit ici vases, de l'original et de la Vulgate, et signifie les machi-
nations, les sourdes manœuvres du trompeur frauduleux.
8. Il se tiendra, etc.; il exercera son autorité d'une main ferme sur les ministres
qu'il choisira pour diriger son peuple.
9-20. * Le prophéte s'adresse spécialement aux femmes riches qui semblent se
tenir à l'écart et se livrer à leurs plaisirs, en se montrant indifférentes à ce qui se
passe.
10. Aprés, etc.; c'est-à-dire aprés un an et des jours; ou mieux, aprés un an et
un an (compar. xxix, À), aprés deux ans. D'autant que le mot hébreu 7oux signifie
Souvent une année quand il est mis au pluriel.
41. Dépouillez-vous de vos beaux ornements. — Ceignez vos reins; prenez des
vétements de deuil et de pénitence.
44, La maison; est probablement mis pour le pluriel les maisons; l’hébreu porte
un palais, — * La joie des onagres. Sur l'onagre, voir Job, xxiv, 9; xxxix, 5-8.
1624
15. Jusqu'à ce que soit répandu
sur nous l'esprit du haut du ciel,
et un désert sera converti en Car-
mel; et le Carmel pour la forét
sera réputé;
16. Et le droit habitera dans la
solitude, et la justice dans le Car-
mel siégera;
17. Et la paix sera l'ouvrage de
la justice, et l'observation de la
justice, le silence et la sécurité à
jamais.
18. Mon peuple se reposera dans
la beauté de la paix, dans des
tabernacles de confiance, et dans
un repos opulent.
19. Mais la gréle descendra sur
la forét, et d'humiliation sera hu-
miliée la cité.
90. Bienheureux, vous qui se-
mez sur toutes les eaux, y en-
voyant le pied du bœuf et de
l'àne.
CHAPITRE XXXIII.
Ruine des ennemis de Juda. Délivrance
du peuple. Gloire de Jérusalem.
1. Malheur à toi qui pilles;
est-ce que toi-méme tu ne seras
pas aussi pillé? et toi qui mé-
prises, est-ce que toi-méme tu ne
ISAIE.
xxxrr.] .זס]
seras pas méprisé? Lorsque tu
auras consommé le pillage, tu
seras pillé; lorsque fatigué, tu
cesseras de mépriser, tu seras
méprisé.
2. Seigneur, ayez pitié de nous,
car c'est vous que nous avons
attendu ; soyez notre bras dès le
matin, et noire salut au temps de
la tribulation.
3. A la voix de lange, des peu-
ples ont fui, et à cause de votre
grandeur, des nations ont été dis-
persées.
4. Et on amassera vos dé-
pouilles, comme on amasse la
sauterelle, comme lorsqu'on en
remplit des fosses.
5. Le Seigneur a été magnifié,
parce qu'il habite dans un lieu
élevé; il a rempli Sion de juge-
ment et de justice.
6. Et la fidélité existera en tes
jours ; la sagesse et la science se-
ront des richesses de salut; et la
crainte du Seigneur est son tré-
sor.
7. Voilà que voyant ils erieront
au dehors; des anges de paix
pleureront amèrement.
8. Les voies ont été détruites,
15. Un désert, etc. Compar. xxix, 17.
19. Descendra ; littér. dans l'action de descendre; c'est le vrai sens de l'hébreu que
la Vulgate a parfaitement rendu par in descensione. — D'humiliation sera humiliée ;
hébraisme, pour : sera profondément, ou entièrement humiliée. — La cité; probable-
ment Ninive, prise par Nabuchodonosor et Astyage, sous le régne de Josias.
20. Sur toutes les eaux; sur tous les terrains bien arrosés. — Y envoyant, etc.; en
y envoyant le beeuf et l'àne paitre ou fouler le grain.
1. Malheur, etc.; ces menaces s'adressent à Sennachérib, qui était la figure des
ennemis de l'Eglise.
4. Vos dépouilles; ὃ Assyriens. — La sauterelle sans ailes (bruchus).
5. Dans un lieu élevé; d'où il voit tout.
6. En tes jours, etc. Cela se rapporte au règne du roi Ezéchias, mais dans un sens
plus relevé à la domination du Messie.
1. Voilà, etc. Les Juifs de la campagne, voyant leur pays ravagé, crieront au de-
hors de Jérusalem. — Des anges de paix; des députés pour demander la paix. Com-
par. IV Rois, xvi, 14.
8. Il a rejeté, etc. Tout ceci est dit de Sennachérib.
ἴση. χσσπι.
le passant a cessé d'aller par le
sentier, l'alliance est devenue
sans effet; il a rejeté des cités,
ila compté pour rien les hommes.
9. La terre a pleuré, et elle a
langui ; le Liban a été couvert de
confusion et avili ; etle Saron est
devenu comme un désert ; et Ba-
san a été ébranlé ainsi que le Car-
mel.
10. Maintenant je me lèverai,
dit le Seigneur; maintenant je
serai exalté, maintenant je serai
élevé.
11. Vous concevrez de la flam-
me, et vous enfanterez de la
paille; votre esprit comme un feu
vous dévorera.
12. Les peuples seront comme
la cendre après un incendie ; com-
me des épines rassemblées, ils
seront brülés par le feu.
13. Ecoutez, vous qui êtes au
loin, ce que j'ai fait, et connais-
sez, vous qui êtes proches, ma
puissance.
14. Les pécheursontétéatterrés
dans Sion; la terreur a saisi les
hypocrites; qui de vous pourra
habiter avec un feu dévorant?
qui de vous habitera avec des
flammes éternelles ?
15. Gelui qui marche dans la
ISAIE.
1625
justice, etparle vérité; qui rejette
un gain fruit de la calomnie, et
secoue ses mains de toutprésent;
qui bouche ses oreilles, afin de ne
pas entendre des paroles de sang,
et ferme ses yeux afin de ne pas
voir le mal;
16. Celui-là habitera dans des
hauts lieux ; des roches fortifiées
seront sa demeure élevée; le
pain lui a été donné, et ses eaux
sont fidèles.
11. Ses yeux verront un roi
dans son éclat; ils apercevront
une terre de loin.
18. Ton cœur méditera la crain-
te : Oü est le savant? oü est celui
qui pèse les paroles dela loi? où
est le maitre des petits enfants?
19. Tu pe verras pas un peuple
impudent, un peuple au discours
profond; de manière que tu ne
puisses comprendre son langage
disert; un peuple dans lequel il
n'est aucune sagesse.
20. Regarde, Sion, la ville de
nos solennités ; tes yeux verront
Jérusalem, habitation opulente,
tabernacle qui en aucune maniere
ne pourra étre transporté ; et ses
clous ne seront jamais enlevés,
et aucun de ses cordages ne sera
rompu ;
Car. XXXIII. 15. Ps. xiv, 2. — 18. I Cor., r, 20.
9. * Saron ; plaine sur les bords de la Méditerranée, au nord de 18 Séphéla, et au
sud du Carmel. — Basan. Voir Nombres, xxi, 33.
11. Vous concevrez, etc. Le prophéte parle aux Assyriens.
15. Un gain; c'est le sens de l'hébreu; la Vulgate porte l’avarice (avaritiam). —
De la calomnie ; selon l'hébreu, d'oppressions. — De tout présent; c'est-à-dire, selon le
texte original, pour ne pas prendre, ne pas recevoir de présent.
16. Des roches fortifiées; littér. des fortifications de roches. — Sont fidéles; c'est-
à-dire coulent en tout temps, ne font jamais défaut.
11. Un roi, etc.; Ezéchias, environné de gloire, aprés la défaite de ses ennemis. —
Une terre; leur patrie.
19. * Un peuple au discours profond ; les Assyriens, dont les Hébreux ne compre-
naient pas le langage.
20. Ses clous (clavi ejus); ou plutót ses pieuz suivant le terme hébreu, que la Vul-
1026
91. Parce que c'est laseulement
que notre Seigneur est magnifi-
que ; lelieu occupé parles fleuves
offrira des canaux très larges et
trés spacieux ; il n'y passera pas
de vaisseau à rames, et la grande
trireme ne le traversera pas.
29. Car le Seigneur est notre
juge, le Seigneur est notre légis-
Jateur ; le Seigneur est notre roi;
c est lui qui nous sauvera.
| 23. Tes cordages se sont relà-
chés, et ils n'auront plus de force ;
tel sera ton mát, que tu ne pour-
ras pas étendre ton signal. Alors
on partagera les dépouilles et le
grand butin; des boiteux méme
enlèveront du butin.
24. Et un voisin ne dira pas :
Je suis las; quant au peuple qui
y habitera, l'iniquité lui sera ôtée.
CHAPITRE XXXIV.
Vengeance du Seigneur contreles nations,
et en particulier contre l'Idumée.
1. Approchez, nations, et écou-
ISAIE.
[cit. xxxiv]
tez ; peuples, soyez attentifs : que
la terre écoute, ainsi que sa plé-
nitude, le globe et tout ce qu'il
produit.
2. Parce que l’indignation du
Seigneur est sur toutes les na-
tions, et sa fureur sur leur milice
entière ; 1[ 168 atués et les alivrés
au carnage.
3. Ceux qui leur ont été tués
seront jetés dehors, et de leurs
cadavres s'élévera une odeur fé-
lide, et des montagnes seliquéfie-
ront par leur sang.
4. Et toute la milice des cieux
se liquéfiera ; et les cieux serou-
leront comme un livre; et toute
leur milicetomberacommetombe
une feuille d'une vigne et d'un fi-
guier.
5. Parce que mon glaive s'est
enivré de sang dans le ciel ; voici
qu'il descendra sur l'Idumée, et
sur un peuple que j'ai voué à la
mort, pour /e juger.
6. Le glaive du Seigneur est
plein de sang, il est couvert de
gate elle-même a rendu presque partout ailleurs par pieu. — Sion et Jérusalem; re-
présentent ici l'Eglise à qui seule appartient l'entier accomplissement de ces pro-
messes magnifiques.
21. Le lieu, etc. Les fleuves seront si larges et si rapides, que les plus grands vais-
seaux de l'ennemi ne pourront les traverser pour venir nous attaquer.
93. Ils n'auront plus de force; soit pour résister à la violence du vent, soit pour
maintenir le mát, soit pour soutenir les voiles. — Les dépouilles et le grand butin ;
littér., et par hébraisme, Jes dépouilles du grand butin.
24. L'iniquité; c'est-à-dire la peine de l'iniquité, tout mal, toute misère qui est la
punition de l'iniquité. On a déjà vu souvent que dans le style biblique, le pécAé, l'ini-
quilé signifient aussi la peine due au péché, à l'iniquité.
2. Leur (eorum), et les (eos). Ces pronoms masculins se rapportent au nom ennemis
sous-entendu. :
3. Et des montagnes, etc. La quantité du sang répandu sera si grande, que la terre
des montagnes se fondera et s'écoulera, en quelque sorte, comme il arrive dans un
débordement extraordinaire des eaux. C'est une expression hyperbolique.
4. Toute la milice, etc.; autre expression hyperbolique, pour dire que les astres
eux-mémes participeront à la commotion générale. — Se rouleront, etc. Chez les
anciens, les livres étaient formés de rouleaux d'écorce d'arbres. Ce qui est dit ici et
dans 16 verset suivant se rapporte aussi à la fin du monde. Compar. Matth., xxtv, 29;;
II Pierre, ur, 12; Apocal., vi, 12-14.
6. Bosra; une des principales villes de l'IGumée. — La terre d'Edom; l'Idumée, —
Sur Bosra, voir Genése, xxxvi, 33.
CH. xxxiv.]
graisse, du sang des agneaux et
des boucs, du sang des béliers
les plus gras; car il y a une vic-
time du Seigneur à Bosra, et un
grand carnage dans la terre d'E-
dom.
Et des licornes descendront .ד
avec eux, et des taureaux avec les
puissants d'entre eux : leur terre
sera enivrée de saug, et leur sol
de la graisse des gras;
8. Parce que c'est le jour de la
vengeance du Seigneur, l'année
des rétributions dans le jugement
de Sion.
9. Et ses torrents seront con-
vertis en poix, et son sol en sou-
fre, et sa terre deviendra une poix
brülante.
10. Ni nuit ni jour 16 feu ne
s'éteindra, à jamais s'élévera sa
fumée; de génération en géné-
ration elle sera désolée; dans les
siecles des siecles personne n'y
passera.
11. Etl'onocrotale etle hérisson
la posséderont ; l'ibis etle corbeau
y habiteront; et le cordeau sera
étendu sur elle, afin qu'elle soit
ISATE.
1627
réduiteaunéant, etle niveau pour
sa ruine.
12. Ses nobles ne seront paslà ;
ils invoqueront un roi, ettous ses
princes seront anéantis.
13. Et les épines et les orties
croitront dans ses maisons, et le
paliure dans ses forteresses; et
elle sera le repaire des dragons
et le páturage des autruches.
14. Les démons y rencontreront
lesonocentaures, etlebouccriera,
l'un à l'autre; là s'est couchée la
lamie, et elle ψ a trouvé son repos.
15. Le hérisson à eu une ta-
nière, et a nourri ses petits, et il
a creusé tout autour, et il les a
réchauffés sous son ombre; là se
sont assemblés les milans, l'un
près de l'autre.
16. Recherchez dans le livre du
Seigneur, et lisez; une seule de
ces choses n'a pas manqué; l'un
n'a pas cherché l'autre; parce que
ce qui procede de ma bouche, c'est
lui qui l'a commandé, et que son
esprit lui-méme a rassemblé ces
choses.
17. Et lui-même ἃ jeté pour eux
1. * Des licornes ; en hébreu, des bœufs sauvages.
8. L'année, etc.; c'est-à-dire l’année où dans un jugement le Seigneur fera justice
à Sion, en lui rendant ce que ses ennemis lui avaient enlevé.
9. * Poix, soufre. Ces comparaisons rappellent les volcans de l'Idumée et les dé-
sastres de Sodome et de Gomorrhe.
11, 44, 15. * Voir plus haut, ,זא
14. Le bouc. Voy., sur le sens de ce mot, xin, 21. — * La lamie, hébreu : /ilith, la
nocturne, sorte de démon qui fait ses ravages la nuit. D'aprés les fables rabbiniques,
Lilith avait été la première femme d'Adam. Elle l'abandonna et fut changée en démon.
Elle aimait, comme la Lamie des Romains, à faire périr les enfants.
15. Sous son ombre (in umbra ejus); c'est-à-dire sous le hérisson; ou, selon plu-
sieurs, à l'ombre de la fosse, ou bien, selon d'autres, à l'ombre d'Edom en ruines.
Le premier sens nous a paru le plus probable et le plus conforme à l'hébreu.
16. Une seule de ces choses (unum ex eis); que je dis. Les prophètes, sûrs de la
vérité de leurs prédictions, les dataient ordinairement; et, aprés les avoir prononcées
devant le peuple, ils les écrivaient, afin qu'on püt s'assurer après coup de la certi-
tude de ce qui avait été prédit. Voy. xxx, 8. — L'un (unus), et l'autre (aller); ces mots
ne peuvent se rapporter qu'aux milans (milvi), nom masculin; d'ailleurs ce qui suit
n'autorise aucun autre sens.
11. Lui-méme; le Seigneur. — Tout ce qui est dit dans cette prophétie contre l'I-
1628
le sort, et sa main a divisé leur
part au cordeau ; jusqu'à l'éternité
ils la posséderont, et dans toutes
les générations ils y habiteront.
CHAPITRE XXXV.
Rétablissement de la Judée. Biens promis
aux fils de Juda.
1. Elle se réjouira, la terre dé-
serte et sans chemin, ef elle exul-
tera,lasolitude, et fleurira comme
le lis.
9, Germant, elle germera, et
elle exultera toute joyeuse et
chantant des louanges; la gloire
du Liban lui a été donnée, la
beauté du Carmel et du Saron;
eux-mémes verront la gloire du
Seigneur, et la majesté de notre
Dieu.
3. Fortifiez les mains languis-
santes, et affermissez les genoux
débiles.
4. Dites aux pusillanimes : Pre-
nez courage, et ne craignez point;
car voici que votre Dieu amènera
la vengeance de rétribution; Dieu
lui-méme viendra, et il vous sau-
vera.
5. Alors les yeux des aveugles
s'ouvriront, et les oreilles des
sourds entendront.
ISAIE.
[cu. xxxv.]
6. Alors le boiteux bondira
comme le cerf, et la langue des
muets sera déliée ; parce que des
eaux se sont répandues dans le
désert, et des torrents dans la so-
litude.
1. Et /a terre qui étaitaride sera
comme un étang, et celle qui
avait soif, comme des fontaines
d'eaux. Dans les repaires dans les-
quels auparavant habitaient des
dragons, croitra la verdure du ro-
seau et du jonc.
8. Et là sera un sentier et
une voie, et elle sera appelée
la voie sainte; l'impur n'y pas-
sera pas, et ce sera pour vous
une vole droite, en sorte que
les ignorants ne s'y égareront
pas.
9. וז n'y aura pas 18 de lion, et
une mauvaise béte n'y montera
pas, et ne s'y trouvera pas; mais
ils y marcheront, ceux qui auront
été délivrés.
10. Et les rachetés par le Sei-
gneur retourneront et viendront
à Sion avec des chants de lou-
ange; et une allégresse éternelle
sera sur leur téte; ils obtiendront
la joie et l'allégresse, et la dou-
leur fuira ainsi que le gémisse-
ment.
— — M —— — M — ———————
dumée a recu son parfait accomplissement; cette petite contrée est encore aujourd'hui
un désert abandonné aux bétes sauvages, et elle n'est traversée que par les Arabes
nomades.
1. La plupart des interprétes mettent l'accomplissement de cette prophétie au
temps de Jésus-Christ. — Germant, elle germera; hébraisme, pour elle germera
beaucoup.
4. La vengeance de rétribution; c'est-à-dire la vengeance dans laquelle on rend à
chacun selon son mérite.
6. Le boiteux, etc. Les prodiges dont il est ici question désignent non seulement
les miracles que Jésus-Christ a opérés sur les corps (Matth., xi, 5), mais encore ceux
qu'il a opérés par sa gráce, dont les eaux ici mentionnées sont le symbole.
T. * Des dragons; hébreu: des chacals,
(cn. xxxvi.]
CHAPITRE XXXVI 3.
Sennachérib marche contre la Judée. Dé-
putation de Rabsacés vers Ezéchias.
Discours insolent de cet envoyé.
4. Et il arriva enla quatorzieme
année du regne du roi Ezéchias,
que Sennachérib, roi d'Assyrie,
monta contre toutes les villes for-
tifiées de Juda, et les prit.
9. Et le roi des Assyriens en-
voya Rabsacès, de Lachis à Jéru-
salem, vers le roi Ezéchias, avec
une armée considérable; et il
s'arréta à l'aqueduc de la piscine
supérieure, dans la voie du Champ
du foulon.
3. Et sortit vers lui Eliacim, fils
d'Helcias, qui était intendant de
la maison, ainsi que Sobna, le
scribe, et Joahé, fils d'Asaph, qui
tenait les registres.
4. Et Rabsaces leur dit : Dites à
Ezéchias : Voici ce qu'a dit le
grand roi, roi des Assyriens
Quelle est cette confiance dont
vous étes animés?
9. Ou par quel conseil ou avec
quelle force prétendez-vous vous
révolter? en qui avez-vous con-
fiance, pour que vous vous soyez
relirés de moi ?
6. Voici que vous vous appuyez
sur ce báton de roseau cassé,
l'Egypte ; ód£on qui, si un homme
s'appuie dessus, entrera dans sa
ISAIE.
1699
main et la percera ; ainsi est Pha-
raon, roi d'Egypte, pour tous ceux
qui se confient en lui.
7. Que si vous me répondez :
C'est dans le Seigneur notre Dieu
que nous nous confions, n'est-ce
pas celui dont Ezéchias a détruit
les hauts lieux et les autels, et a
dit à Juda et à Jérusalem : C'est
devant cet autel que vous ado-
rerez?
8. Et maintenant livrez-vous à
mon maitre, 16 roi des Assyriens,
et je vous donnerai deux mille
chevaux, et vous ne pourrez four-
nir par vous-mémes des cavaliers
pour eux.
9. Et comment soutiendrez-
vous la face du juge d'un seul
lieu, d'entreles moindres officiers
de mon maitre? Que si vous vous
confiez dans l'Egypte, dans ses
quadriges et dans ses cavaliers,
10. Est-ce donc maintenantsans
le Seigneur que je suis monté
dans cette terre pour la perdre
entierement? Le Seigneur ma
dit : Monte sur cette terre, et
perds-la entierement.
11. Et dit Eliacim, ainsi que
Sobna et Joahé, à Rabsacès : Par-
lez à vos serviteurs en langue sy-
riaque ; car nous /a comprenons;
ne nous parlez pas en langue
juive aux oreilles du peuple qui
est sur le mur.
Car. XXXVI. 1. IV Rois, xvii, 13; II Par., xxx. 1; Eccli., ,זזנטזא 20.
* Ce chapitre et les trois suivants contiennent le récit des choses que le prophéte
avait prédites dans les précédents. Ajoutons que ce récit se retrouve au livre IVe des
Rois, depuis le chap. xvnx, vers. 13, mais avec des variantes qu'il est bon de consulter,
4. * Sennachérib. Voir 1V Rois, xvur, 13.
2. * Lachis. Voir IV Rois, ננטא 14. — Rabsacès. Voir IV Rois, xvui, 7. — Dans la
voie du Champ du foulon. Voir ibid.
3. * Eliacim, Sobna. Voir plus haut, xxir, 15-25.
6. * Pharaon, Tharaka. Voir IV Rois, xvii, 91.
3. N'est-ce pas celui, etc. Rabsacès, étant paien, parle ici comme un paien.
1630
19. Et Rabsaces leur dit : Est-ce
donc vers ton maître et vers toi
que m'aenvoyé mon maitre, pour
dire toutes ces paroles, et non
pas plutót vers les hommes qui
sont sur le mur, pour qu'ils man-
gent leurs excréments et boivent
leur urine avec vous ?
13. Et Rabsaces se tint debout
et cria d'une voixforte en hébreu:
Ecoutez les paroles du grand roi,
du roi des Assyriens.
14. Voici ce que dit le roi : Qu'E-
zéchias ne vous séduise point;
parce qu'il ne pourra vous arra-
cher à ma main.
15. Et qu Ezéchias ne vous
donne point de confiance dans le
Seigneur, disant : Le Seigneur
nous délivrera certainement ; cet-
te cité ne sera pas livrée à la main
du roi des Assyriens.
16. N'écoutez point Ezéchias;
car voici ce que dit le roi des As-
syriens : Faites la paix avec moi,
etsortez vers moi, et vous man-
gerez chacun de votre vigne et
chacun de votre figuier, vous boi-
rez chacun de l'eau de votre ci-
lerne,
17. Jusqu'à ce que je vienne et
que je vous transporte dans une
terre qui est comme votre terre,
une terre de blé et de vin, une
terre de pains et de vignes.
XXXVII. 1. IV Rois, xix, 1. .גא
ISAIE.
(cn. xxxvir.]
18. Qu'Ezéchias ne vous décon-
certe pas, disant : Le Seigneur
nous délivrera. Est-ce que les
dieux des nations ont délivré
chacun sa terre de la main du roi
des Assyriens?
19. Où est le Dieu d'Emath et
d'Arphad? oü est le Dieu de Sé-
pharvaim ? est-ce qu'ils ont déli-
vré Samarie de ma main ?
20. Quel est celui de tous les
dieux de ces terres qui a arraché
sa terre à ma main, pour que le.
Seigneur arrache Jérusalem de
ma main ?
21. Et ils garderent le silence,
et ils ne lui répondirent pas un
mot. Le roi en effet l'avait com-
mandé, disant : Ne lui répondez
pas.
299. Et Eliacim, fils d'Heleias,
qui était intendant de la maison,
et Sobna, le scribe, et Joahé, fils
d'Asaph, qui tenait les registres,
entrerentaupres d'Ezéchias, leurs
vétements déchirés, et ils lui rap-
porterentles paroles de Rabsaces.
CHAPITRE XXXVII.
Consternation d'Ezéchias.Isaie le rassure.
Blasphèmes de Sennachérib. Prière
d'Ezéchias. Isaie lui promet le secours
du Seigneur. L'ange du Seigneur ex-
termine l'armée de Sennachérib.
1. Etil arriva que lorsque le roi
- וו À—
12. Leur dit; en s'adressant au principal d'entre eux.
44. A ma main. Ces mots sont exprimés dans l'endroit parallèle, IV Rois, xvni, 21.
15. Délivrera certainement; littér., et par hébraisme, délivrant, il délivrera.
16. La paix. C'est ainsi que porte la version chaldaïque, et c'est ainsi que les plus
habiles hébraisants entendent le terme hébreu, rendu dans la Vulgate par bénédiction,
qui est, en effet, la signification la plus ordinaire du texte original. Cependant, si
on considère que le mot bénédiction se prend pour le souhait d'une chose bonne et
heureuse, et que la formule de salutation était paix à toi, paix à vous, on concevra
aisément qu'on ait donné par métonymie le sens de paix à bénédiction.
19. * Emath, Arphad. Voir plus haut, x, 9. — Sépharvai;. Voir IV Rois, xvir, 24.
21 Ils gardérent, etc.; c'est-à-dire Eliacim, Sobna et Joahé. Voy. vers. 3.
(cH, xxxvi.)
Ezéchias /es eut entendues, il dé-
chira ses vétements, et se couvrit
d'un sac, et entra dansla maison
du Seigneur.
2. Et ilenvoya Eliacim qui était
intendant dans la maison, et Sob-
na, le scribe, et les plus anciens
d'entre les prétres, couverts de
sacs, vers Isaie, le prophète, fils
d'Amos,
3. Et ilslui dirent : Voici ce qu'a
dit Ezéchias :Jour de tribulation,
de reproche et de blaspheme, est
ce jour-ci, parce que des enfants
sont venus jusqu'àl'enfantement,
et la force manque d la mère pour
enfanter.
4. Peut-étre que le Seigneur
ton Dieu entendra les paroles de
Rabsacès qu'a envoyé le roi des
Assyriens son maitre pour blas-
phémer le Dieu vivant, et pour
l'insulter par les paroles qu'a en-
tendues le Seigneur ton Dieu;
fais donc monter une priere pour
les restes qui ont été retrouvés.
9. Et les serviteurs du roi Ezé-
chias vinrent vers Isaïe,
6. Et Isaïe leur dit : Vous direz
ceci à votre maître : Voici ce que
dit le Seigneur : Ne crains point
à cause des paroles que tu as en-
tendues, par lesquelles m'ont
blasphémé les serviteurs du roi
des Assyriens.
7. Voilà que moi je lui enverrai
un esprit de frayeur ; il apprendra
ISAIE.
1631
unenouvelle, etil retournera dans
sa terre, et je le ferai tomber par
le glaive dans sa terre.
8. Or Rabsacès s'en retourna,
et trouva le roi des Assyriens for-
mant le siege de Lobna. Car il
avait appris qu'il était parti de
Lachis,
9. Et Sennachérib entendit, au
sujet de Tharaca, roi d'Ethiopie,
des gens disant : Il est sorti
pour combattre contre vous. Ce
qu'ayant entendu, il envoya des
messagers à Ezéchias, en disant :
10. Vous direz ceci à Ezéchias,
roi de Juda : Qu'il ne vous trompe
pas, votre Dieu, en qui vous vous
confiez, disant: Jérusalem ne sera
pas livrée à la main du roi des
Assyriens.
11. Voilà que vous-méme vous
avez appris tout ce qu'ont fait les
rois des Assyriens à tous les pays
qu'ils ont détruits ; et vous, vous
pourrez échapper?
19. Est-ce que les dieux des
nations ont délivré ceux qu'ont
détruits mes pères, c’est-à-dire
Gozam, et Haram, et Réseph, et
les fils d'Eden qui étaient en Tha-
lassar ?
13. Où est le roi d'Emath, et
le roi d'Arphad, et le roi de la
ville de Sépharvaim, d'Ana et
d'Ava?
14. Et Ezéchias recut les livres
de 18 main des messagers, et les
8. IV Rois, xix, 8. — 13. IV Rois, xvinr, 34; xix, 13.
8. * Formant le siége de Lobna, non loin de Lachis, mais au nord, de sorte que
Sennachérib avait reculé, au lieu de continuer sa marche en avant contre l'Egypte.
C'était la nouvelle de l'arrivée de Tharaca, à la tête de l'armée égyptienne, qui avait
déterminé ce mouvement du roi de Ninive.
12. * Gozam. Voir IV Rois, תוצא 6. — Haram, Réseph, Eden, Thalassar. Voir IV Rois,
XIX 19.
13. * Emath, Arphad, Sépharvaim, Ana, Ava. Voir IV Rois, xvin, 34.
14. Les livres (libros); ou la lettre, comme on lit dans l'endroit parallèle (IV Rois,
1632
lut, et il monta à la maison du
Seigneur, et Ezéchias les étendit
devant le Seigneur.
15. Et Ezéchias pria le Seigneur,
disant :
16. Seigneur des armées, Dieu
d'Israël, qui êtes assis sur les ché-
rubins, c'est vous qui étes seul
Dieu de tous les royaumes de la
terre, c'est vous qui avez fait le
ciel et la terre.
17. Inclinez, Seigneur, votre
oreille, et écoutez; ouvrez, Sei-
gneur, vos yeux, et voyez, etl
écoutez toutes les paroles de
Sennachérib, qu’il a envoyées
pour blasphémer le Dieu vivant.
18. Car il est vrai, Seigneur, les
rois des Assyriens ont rendu dé-
serisles pays et leurs contrées.
19. Ils ont jeté leurs dieux au
feu; car ce n'étaient pas des
dieux, mais des ouvrages de
mains d'hommes, du bois et de
la pierre; et ils les ont mis en
pieces.
20. Et maintenant, Seigneur
notre Dieu, sauvez-nous de sa
main ; et qu'ils sachent, tous les
royaumes de la terre, que c'est
vous qui étes le seul Seigneur.
91. Et Isaie, fils d'Amos, envoya
vers Ezéchias, disant : Voici ce
que dit le Seigneur Dieu d'Israël :
A l'égard de ce que tu m'as de-
mandé touchant Sennachérib, roi
d'Assyrie,
22. Voici la parole que le Sei-
gneur a dite à son sujet : Elle t'a
ISAIE.
(cg. xxxvit..
méprisé, et elle t'a raillé, la vier-
ge, fille de Sion; derriere toi elle
a secoué la tête, la fille de Jéru-
salem.
23. Qui as-tu insulté, qui as-tu
blasphémé, et contre qui as-tu
élevé la voix, et porté en haut tes
yeux? Contre le saint d'Israél.
24. Par l'entremise de tes ser-
viteurs tu as insulté le Seigneur,
et tu as dit : Avec la multitude
de mes quadriges, moi je suis
monté sur la hauteur des mon-
tagnes, les chaines du Liban; je
couperai les cimes de ses cedres,
et ses plus beaux sapins, et je pé-
nétrerai jusqu'à la pointe de son
sommet, jusqu'à la forêt de son
Carmel.
95. C'est moi qui ai creusé des
sources, et j'ai bu de l'eau, et j'ai
séché par la trace de mon pied
toutes les rivières retenues par
des digues.
26. N'as-tu donc pas oui dire les
choses qu'autrefois j'y ai faites?
dès les temps anciens, c'est moi
qui ai disposé cela; et maintenant
je l'ai amené et accompli en dé-
truisant les collines qui s'entre-
choquent et les cités fortifiées.
97. Leurs habitants, à la main
raccourcie, ont tremblé et ont été
confondus; ils sont devenus com-
me le foin d'un champ et le gazon
d'un pâturage, et l'herbe des
toits, qui a séché avant qu'elle füt
mûre.
98. Ton habitation, et ta sortie,
xix, 14). Ajoutons que le terme hébreu qui signifie un écrit (scriptum), en général,
se prend aussi dans le sens particulier de lettre (epistola), aussi bien que dans celui
de livre (Liber).
24. Par l'entremise; littér. par la main (in manu). Le mot main se prend souvent
en effet dans la Bible pour moyen, instrument, intermédiaire.
21. A la main raccourcie (breviata manu); qui ont les mains faibles, qui sont im-
puissants.
[cu xxx vui]
et ton entrée. je les ai connues,
ainsi que ta fureur extravagante
contre moi.
29... Lorsque tu. étais; furieux
contre moi, ton orgueil est monté
àmesoreilles; je mettrai done un
cercle.à tes narines, et un mors à
ta bouche, et. [6 te ramènerai par
la voie par laquelle tu es venu.
90. Mais pourtoi, Ezéchias, voici
un signe : Mange cette année de
ce. qui.naitra de soi-méme, et en
la seconde année nourris-toi- de
fruits; mais en la troisieme ànnée,
semez et moissonnez, et. plantez
des vignes, et mangez-en le fruit.
91.. Et ce qui sera sauvé de Ja
maison de Juda, et ce qui est
resté, jettera racine en bas, et fera
du fruit en haut ;
32. Parce que de Jérusalem sor-
tiront, des restes, et ce qui :séra
sauvé 06.18 montagne de Sion; le
zèle du Seigneur des armées fera
cela...
93. À cause de icis voici ce.que
dit.le Seigneur du roi des. Assy-
riens : Il.n'entrera. pas dans cette
cité, il ny lancera pas de fleche, et
pas. un bouclier.ne loceupera, et
il n'élévera pas de terrasse autour
d'elle.
_86. Supra, xxxi, 8;-IV Rois, xix,-85: Tobie, r, 24; Eccli:,
I. IV Rois, xx, 1; II Par., xxxi, 24.
II Mach., vin, 19. — 68. XXXVIII,
ISAIE. 1633
34. Il retournera parla voie
par laquelle il:est venu; il n'en-
trera pas dans cette 6 dit le
Seigneur;
35. Et je protégerai cette dité,
afin que je là sauve à cause: de
moi et à cause de 80, mon
serviteur:
36. Or un ange du Seiguiad
sortit et frappa dans le camp des
Assyriens cent quatre-vingt-cinq
inilleAommes.On 86 168 16 matin,
etvoici que tous étaient des corps
de morts.
91. Etil partit, et il s'en alla, et
il retourna, Sennachérib, roi des
Assyriens, et il habita à Ninive.
38. Et iL arriva que, comme il
adoraitdans 16 temple de Nesroch,
son dieu; Adramélech et Sarasar
ses fils 16 frapperent du glaive et
s'enfuirent 0818 18 terre d'Ararat;
et Asarhaddon son fils régna en sa
place.
CAPITRE XXX VIII.
Maladie d'Ezéchias. 6 guérison miracu-
leuse.. Rétrogradation du soleil: Can:
tique d'Ezéchias.
1. En ces jours-là, Ezéchias fut
malade jusqu'à 18 mort, et entra
auprès de lui Isaie,. le. prophète,
xrvrr, 24; T Mach, vit, 41;
29. * Un mors à tes Lèvres: Voir IV Rois, xix, 28.
36. On se leva; littér. ils se levérent (surrezerunt);
probablement les gens du roi.
Suivant la Vulgate, dans IV Rois, xix, 35, ce fut Sennacbérib qui; s'étant levé, vit
tous ses soldats morts; mais là, comme ici, l'hébreu, le chaldéen et les Septante
portent le pluriel. .
91. " Voir, pour ce verset, IV Rois, xix, 36.
38. Nesroch; est le complément du mot £emple et nullement du verbe adorait; 1
le latin de 18 Vulgate est amphibologique, le texte hébreu ne l'est pas. C'est ce qu'ont
parfaitement compris les vieilles traductions françaises, et la version anglaise catho-
lique. — La terre d' Ararat; c'est-à-dire d'Arménie. Compar. IV Rois, xix, 31. — * Ara-
rat; aujourd'hui. Erivan, l'ancienne Arménie. — Sur Asarhaddon, voir IV Rois, xix, 81.
— Le dieu Nesroch n'a pas été encore retrouvé dàns 1ἃ viythólogié assyrienme, Les
documents assyriens rappellent d'ailleurs les faits racontés ici,
As; T. :103
1634
fils.d'Amos, et lui dit : Voici ce
que dit le Seigneur : Mets ordre
àtamaison,parce que tu mourras,
toi, et tu ne vivras pas.
2. Et Ezéchias tourna sa face
vers la muraille et pria le Sei-
gneur,
3. Et il dit : Je vous conjure,
Seigneur, souvenez-vous, je vous
prie, comment j'ai marché devant
vous dans la vérité et avec un
cœur parfait, et comment j'ai fait
ce qui est bon à vos yeux. Et Ezé-
chias pleura d'un grand pleur.
4, Et la parole du Seigneur fut
adressée à Isaie, disant :
5. Va, et dis à Ezéchias : Voici
ce que dit le Seigneur Dieu de
David, votre pere: J'ai entendu ta
priere, et j'ài vu tes larmes ; et
voici que j'ajouterai à tes jours
quinze années;
6. Et je t'arracherai à la main du
roi des Assyriens, toi et cette cité,
et je la protégerai.
1. Or, voici lesigne que tu auras
du Seigneur, que le Seigneur ac-
complira cette parole qu'il a dite:
8. Voici que moi je ferai que
l'ombre des lignes par lesquelles
elle était descendue sur l'horloge
8. Eccli., xzvinr, 26.
ISAIE.
[cit: וצצ
d'Achaz au soleil, retournera en
arriere de dix lignes. Et le soleil
retourna de dix lignes par les
degrés par lesquels il était des-
cendu.
9. Écrit d'Ezéchias, roi de td,
lorsqu'il eut été malade et qu'il
eut été rétabli de sa maladie.
10. Moi j'ai dit : Au milieu de
mes jours j'irai aux portes de
l'enfer.
J'ai cherché le reste de mes an-
nées.
11. J'ai dit : Je ne verrai pas le
Seigneur Dieu dans la terre des
vivants.
Je n'apercevrai plus d'homme,
et d'habitant du repos.
12. Ma génération m'a été en-
levée, pliée comme un tabernacle
de pasteurs.
Ma vie a été coupée comme
par un tisserand; lorsque j'our-
dissais encore, il m'a tranché;
d'un matin à un soir vous m ache-
verez.
13. J'espérais jusqu'au malin ;
mais, comme un lion, ainsi il a
brisé tous mes os;
D'un matin à un soir vous m'a-
chèverez;
8. Je ferai, etc. Voy., sur ce fait miraculeux, IV Rois, xx, 11. — * Voir la note 22
à la fin du volume.
9. Ecrit (ser iplura); c'est aussi le sens de l'hébreu; le grec porte prière. — D'Ezé-
chias. 11 n'y a aucune raison suffisante de lui refuser la composition de ce beau can-
tique.
10-20. * Elégie empreinte d'une profonde mélancolie, d'une grande beauté littéraire.
Elle est divisée. en quatre strophes : 10-12; 43-14; 15-17; 18- 20. Les deux premières
dépeignent le triste état du malade avant la promesse de sa guérison; les deux der-
niéres expriment la confiance que Dieu le rétablira et il s'engage à étre reccnnais-
sant envers lui: c'est son action de grâces.
10. Au milieu de mes jours, etc. Les Hébreux regardaient comme une espéce de
malédiction et de punition de Dieu de mourir au milieu de leur carrière, et avant
d'avoir achevé les jours d'une vie ordinaire. Compar. Ps. Liv, 23; Ps. cr, 24; Jérém;,
xvii, 11. — * Aux portes de l'enfer, hébreu : scheól, séjour des justes comme des pé-
cheurs aprés la mort, avant la venue de Jésus-Christ.
12. Généralion; c'est-à-dire postérité, descendance. — 125, Comme la trame,
[ca. xxxix.]
ISAIE.
1635
14. Comme 16 petit d'une hiron- | lui qui vous glorifiera, comme
delle, ainsi je crierai, je méditerai
comme la colombe;
Mes yeux se sont lassés, regar-
dant en haut;
Seigneur, je souffre violence,
répondez pour moi.
15. Que dirai-je, ou que me ré-
pondra-til, puisque lui-même a
fait cela ?
Jerepasseraidevant vous toutes
mes années dans l'amertume de
mon àme.
16. Seigneur, si c'est ainsi que
l'on vit, et si c'est dans de telles
choses qu'estla vie de mon esprit,
vous me chátierez et vous me ren-
drez la vie.
17. Voici qu'avec la paix se
trouve mon amertume la plus
amère ;
Or, c'est vous qui avez délivré
mon âme afin qu'ellene périt pas,
vous avez jeté derrière vous tous
mes péchés.
18. Parce que l'enfer ne vous
glorifiera pas, ni la mort ne vous
louera; ceux qui descendent dans
lafosse n'attendront pas votre vé-
rité.
19. Le vivant,le vivant, c'est
(βαρ. XXXIX. 1. IV Rois, xx, 12.
moi-méme aujourd'hui; le pere
fera connaitre à ses fils votre vé-
rité.
20. Seigneur, sauvez-moi, et
nous chanterons nos psaumes
tous les jours de notre vie, dans
la maison du Seigneur.
21. Et Isaie ordonna que l'on
prit une panerée de figues, et
qu'on en mit un cataplasme sur
la blessure du roi, afin qu'il fût
guéri.
22. Et Ezéchias dit : Quel sera le
signe que je monterai à la maison
du Seigneur ?
CHAPITRE XXXIX.
Ezéchias montre ses trésors aux députés
du roi de Babylone. Il en est repris
par Isaïe.
1. En ce temps-là Mérodach Ba-
ladan, fils de Baladan, roi de Ba-
bylone, envoya des livres et des
présents à Ezéchias; car il avait
appris qu'il avait été malade, et
qu'il était guéri.
2. Ezéchias se réjouit à Z’arrivée
des députés, etleur montra le lieu
où étaient conservés les aroma-
tes, l'argent et l'or, les parfums,
———————— —— M M M MM ———— À ——— Ἀ .ὕ..
14. Je méditerai (meditabor); ou bien 7e gémirai, sens qu'a le verbe hébreu, aussi
bien que celui de méditer.
15. A fait cela; m'a envoyé la maladie dont je suis atteint.
11. Voici qu'avec la paiz, etc.; mais maintenant je jouis de la paix au milieu de ma
plus cruelle amertume.
18. La fosse (lacum); le tombeau. Compar. xiv, 15. — Votre vérité, Dans le langage
de l'Ecriture, la vérité de Dieu, c'est la fidélité à garder sa parole, à exécuter ses pro-
messes. — * L'enfer ne vous glorifiera pas. Voir Ps. νι, 6; xxix, 10; rxxxvir, 12.
21. Et Isaie, etc. Ceci avant qu'Ezéchias eüt composé son cantique.
22. Quel sera, etc.; la réponse à cette question se trouve un peu plus haut au vers. 8.
1. Des livres; ou une lettre, des lettres (litteras), comme on lit dans l'endroit
paralléle (IV Rois, xx, 12), et ici dans les Septante. Voy. aussi, sur la signification
de ce mot, Isaze, xxxvit, 14. — * Mérodach Baladan. Voir IV Rois, xx, 12.
2. Se réjouit à l'arrivée des députés; littér. se réjouit sur eux. Le texte de IV Rois, xx,
13, porte se réjouit à leur arrivée. 1[ est vrai qu'il ne nomme pas plus les députés que
ne le fait Isaie lui-méme; mais ce mot est évidemment sous-entendu et suffisamment
.103
1656
et les essences les meilleures,
tous les endroits où étaient les
meubles, et tout ce qui se trouva
dans ses trésors. Il n'y eut chose
que ne leur montrát Ezéchias de
ce qui était en sa maison et toute
sa puissance.
3. Or Isaie, le prophète, entra
auprès du roi Ezéchias, et lui dit :
Qu'ont dit ces hommes, et d'oü
sont-ils venus vers vous? Et dit
Ezéchias : C'est d'une terre loin-
taine qu'ils sont venus vers moi,
de Babylone.
4. Et le prophète dit : Qu'ont-ils
vu dans votre maison? Et Ezéchias
dit : Tout ce qu'il y a dans ma
maison, ils l'ont vu ; il n'est cho-
se que je ne leur aie montrée
dans mes trésors.
ὃ. Et Isaie dit à Ezéchias
Ecoute la parole du Seigneur
des armées.
6. Voilà que des jours vien-
dront, et que sera emporté à Da-
bylone tout ce qui est dans ta
maison, et ce qu'ont amassé tes
ISAIE.
(cn. xt.]
pères jusqu'à ce jour; rien ne
sera laissé, dit le Seigneur;
7. Et on prendra de tes fils qui
sortiront de toi, et que tu auras
engendrés, et 118 seronteunuques
dans le palais du roi de Babylone.
8. Et Ezéchias dit à Isaie : Bonne
est la parole du Seigneur que tu
as dite. Puis il dit : Qu'il y ait paix
seulement et vérité durant mes
jours.
CHAPITRE XL 2.
Délivrance d'Israël. Voix qui se fait en-
tendre dans le désert. Manifestation
du Seigneur, sa grandeur, sa puissance.
Bonheur de ceux qui persévérent dans
l'attente du Seigneur.
1. Consolez-vous, mon peuple,
consolez-vous, dit votre Dieu.
2. Parlez au cœur de Jérusa-
lem et appelez-la; parce que sa
malice est arrivée au terme, son
iniquité a été pardonnée; elle a
recu de la main du Seigneur
une double peine pour tous ses
péchés.
3. Voici la voix de quelqu'un
CuaP. XL. 3. Matt., rr, 3; Marc, 1, 3; Luc, iri, 4; Jean, 1, 23.
représenté parle pronom dans tout le verset. — Chose; littér. parole; mais comme
nous l'avons déjà remarqué, le terme hébreu correspondant signifie les deux choses.
* L'authenticité de ce chapitre et des suivants jusqu'à la fin a été combattue par
les exégétes rationalistes d'Allemagne de ces derniers temps.
1. * Ici commence la seconde partie d'Isaie, qui comprend les chapitres xr-Lxvir.
Elle se partage en trois séries de discours, subdivisés en groupes de neuf: xr-xrvit;
XLIX-LVI; LVII-LXVI. Pour plus de détails sur les caractères généraux de la seconde
partie, voir la note 23à la fin du volume. — La première section, xL-xLvIn, fait ressortir
la différence qui existe entre le vrai Dieu et les faux dieux. — Le chapitre xr ren-
ferme le premier discours et sert d'introduction générale. Il nous fait connaitre l'objet
de la mission du prophéte, qui est de consoler son peuple et de lui annoncer le
salut, en fondant ces consolations et ces espérances sur la toute-puissance de Dieu
et sur la gloire du règne du Messie. — Les versets 1-11 sont comme 16 prologue des
91 discours. Les versets 3-8 prédisent la mission du précurseur du Messie, S. Jean-
Baptiste. Après l'introduction générale, 1-11, Isaie montre combien Dieu est incom-
parablement grand et quelle est la folie des adorateurs des idoles. Les Juifs ne doi-
vent compter que sur le secours du Seigneur qui seul peut les consoler, 12-31.
2. Malice (malitia); ou, comme lisent plusieurs exemplaires latins, milice (militia);
ce que porte le texte hébreu. — Double; c'est-à-dire trés grande, considérable. Com-
par. מא 7; Jérém., xvi, 18; xvir, 18; Apocal., xvii, 6.
3. La voix, etc. Compar. Matth., uz, 3; Luc, nr, 4. — * En Orient, on prépare les
[cn. xL.]
qui crie dans le désert : Préparez
la voie duSeigneur ; rendez droits
dans la solitude les sentiers de
notre Dieu.
4. Toute vallée sera comblée,
et toute montagne et colline
sera abaissée ; les chemins tortus
seront redressés, et les rabo-
teux deviendront des voies apla-
nies.
5. Et la gloire du Seigneur se-
ra révélée, et toute chair verra
en méme temps que la bouche du
Seigneur a parlé.
6. Voici la voix de quelqu'un
qui dit : Crie. Et j'ai dit : Que
dirai-je? Toute chair est de l'her-
be, et toute sa gloire est comme
la fleur du champ.
7. L'herbe s'est desséchée, et
la fleur est tombée, parce que le
souffle du Seigneur a soufflé sur
elle. Vraiment lherbe, c'est le
peuple;
8. L'herbe s'est desséchée, et la
fleur est tombée; mais la parole
de notre Seigneur demeure éter-
nellement.
9. Sur une haute montagne,
monte, toi qui évangélises Sion ;
élève avec force ta voix, toi qui
évangélises Jérusalem; éleve-la,
ne crains pas. Dis aux cités de
Juda : Voici votre Dieu;
10. Voici que le Seigneur Dieu
viendra dans sa puissance, et que
son bras dominera; voici que sa
ISAIE.
1637
récompense est avec lui, et que
son œuvre est devant lui.
11. Comme un pasteur, il paitra
son troupeau, et avec son bras il
rassemblera les agneaux, et il les
prendra dans son sein, il portera
lui-méme les brebis pleines.
19. Qui a mesuré les eaux dans
sa poignée, et ἃ pesé les cieux
daus la paume de sa main? Qui a
soutenu de trois doigts la masse
de la terre, et a équilibré les
montagnes au poids, et les colli-
nes dans la balance?
18. Qui a aidé l'esprit du Sei-
gneur? ou qui a été son conseiller
et l'a enseigné ?
14. Avec qui est-il entré en
conseil, et qui lui a donné l'intel-
ligence, et lui a enseigné le sen-
lier de la justice, et l'a formé à
la science, et lui a montré la voie
de la prudence?
15. Voici que les nations sont
réputées comme une goutte cou-
lant d'un seau, comme ce qui
donne un mouvement à une ba-
lance; voici que les iles sont
comme une poussiere légere.
16. Et le Liban ne suffira pas
pour allumer 76 feu de son autel,
et ses animaux ne suffiront pas
pour unholocauste.
11. Toutesles nations,comme si
elles n'étaient pas, ainsi sont-elles
devant lui ; et elles sont réputées
par lui comme le néant et le vide.
6. Eccli., xiv, 18; Jac., 1, 10; I Pierre, 1, 24. — 11. Ezéch., xxxiv, 23; xxxvir, 24;
Jean, x, 11. — 13. Sag., 1x, 13; Rom., xr, 34; I Cor., τι, 16.
————————————M M HH ..
voies au souverain dans les lieux où il doit passer, en faisant des routes ou en ré-
parant celles qui existent déjà.
9. Les promesses contenues dans ce verset et les suivants n'auront leur parfait
accomplissement qu'à la venue de Jésus-Christ,
10. Sa récompense; c'est-à-dire la récompense qu'il doit accorder. —- OEuvre, ou
mieux, par métonymie, fruit de l'œuvre, salaire, sens qu'a le terme hébreu corres-
pondant.
1635
48. À qui done avez-vous fait
semblable le Seigneur? quelle
forme lui donnerez-vous?
19. Est-ce que l'ouvrier ne jette
oas une statue en fonte, ou l'or-
fevre ne la forme-t-il pas en or,
et l'argenteur ne la recouvre-t-il
pas de lames d'argent?
90. 11 choisit un bois fort et in-
corruptible; l'artiste habile cher-
che comment il placera sa statue,
pour qu'elle ne chancelle point.
91. Estce que vous ne savez
pas? est-ce que vous n'avez pas
entendu? est-ce qu'on ne vous a
pas annoncé dès le commence-
ment? est-ce que vous n'avez pas
compris les fondements de la
terre?
'* 99, Est-ce que vous n'avez pas
compris qui est celui qui demeure
sur le globe dela terre, et ses ha-
bitants sont comme des saute-
relles; qui ἃ étendu les cieux
comme rien, et les ἃ déployés
comme un tabernacle qui doit
étre habité ?
93. Qui réduit les scrutateurs
des secrets à étre comme s'ils
n'étaient pas, et a fait des juges
de la terre une chose vaine ?
94. Et à la vérité leur tronc
n'avait été ni planté, ni semé, ni
enraciné dans la terre; soudain
Diew a soufflé sur eux et ils se
sont desséchés, et un tourbillon
18. Actes, xvir, 29.
ISATR,
[cn xr.]
les emportera comme la paille.
95. Et à qui m'avez vous assi-
milé et égalé, dit le saint?
26. Levez en haut vos yeux, et
voyez qui ἃ créé ces choses: qui
fait lever en nombre leur milice,
qui les appeile toutes par leur
nom; àcause dela grandeur de sa
puissance, et de sa force et de sa
vertu, pas une seule ne manque.
97. Pourquoi dis-tu, ὃ Jacob,
et dis-tu, 6 Israël : Ma voie a été
cachée au Seigneur, et par mon
Dieu mon jugement a été mis de
côté?
28. Est-ce que tu ne sais pas, ou
n'as-tu pas appris? Dieu est l'éter-
nel Seigneur qui a eréé les limites
de la terre; il ne défaudra pas, il
ne se fatiguera pas, etl'investiga-
tion de sa sagesse n'est pas pos-
sible.
29. C'est lui qui donne la vi-
gueur à l’homme 188 ; et pour ceux
qui ne sont pas, il augmente le
courage et la force.
30 Les enfants défaudront, et
se fatigueront, et les jeunes
hommes tomberont par l'affai-
blissement.
91. Mais ceux qui espèrent dans
le Seigneur prendront une force
nouvelle; ils prendront des ailes
comme les aigles, ils courrorit, et
ne se fatigueront pas; ils marche-
ront et ne défaudront pas. |
26. Ces choses ; les cieux ou les astres. — Leur milice. Dans bien des endroits l'Ecri-
ture appelle les astres la milice du ciel, et représente Dieu comme le général de cette
armée, — En nombre; g
grand, ou marqué, déterminé. — Toutes; selon l'hébreu et js
Vulgate, tous, au masculin, parce que les astres sont ici personnifiés.
99. Ceux qui ne sont pas (qui non sunt); hyperbole. pour ceux qui sont épuisés, qui
manquent de forces, comme porte le texte hébreu,
31. Prendront une force nouvelle; renouvelleront leur force. C'est le sens du latin
mutabunt fortitudinem; la Vulgate, en effet, a rendu ailleurs (Job, xxix, 20) le méme
verbe hébreu par renouveler.
[.גזצ]
CHAPITRE XLI.
Règne du juste. Ses conquêtes. Délivrance
d'Israël. Ruine de Babylone. Vanité et
impuissance des idoles.
1. Queles iles se taisent devant
moi, et que les nations prennent
une nouvelle force; qu'elles s'ap-
prochent, et alors qu'elles par-
lent, et entrons ensemble en
jugement.
9. Quia suscité de l'Orient le
juste? gui l'a appelé pour qu'il le
suivit? il mettra en sa présence
des nations, et /ui asservira des
rois; il Jes livrera comme de la
poussiere à son glaive, et comme
une paille emportée par le vent à
son arc.
3. En les poursuivant, il pas-
sera en paix, et la trace de ses
pieds ne paraitra pas.
4. Qui a opéré et fait ces choses,
appelant les générations dés le
commencement? Je suis le Sei-
ISAIE.
1639
gneur; c'est moi qui suis le pre-
mier et le dernier.
9. Les iles ont vu, et elles ont
craint; les extrémités de la terre
ont été dans la stupeur, elles se
sont rapprochées et sont arrivées.
6. Chacun portera secours à
son voisin, et dira à son frere :
Prends courage.
1. L'ouvrier en airain, frappant
du marteau, a encouragé celui
qui, dans le méme temps, battait
sur l'enclume, disant : C'est bon
pour la soudure; et il l'a assuré
avec des clous, afin qu'il ne fût
pas ébranlé.
8. Et toi, Israël mon serviteur,
Jacob que j'ai choisi, race d'Abra-
ham mon ami,
9. Dans lequel je t'ai retiré des
extrémités de la terre, et de ses
pays lointains je t'ai appelé et je
t'ai dit : Mon serviteur, c'est toi,
je t'ai choisi et je ne t'ai pas re-
jeté.
Car. XLI. 4. Infra, xtiv, 6; xrvrr, 12; Apoc., 1, 8, 17; xxu, 13.
1-29. * 2e Discours : Dieu, maitre de l'univers et de l'avenir, xLI. -- À qui m'avez-
vous assimilé et égalé? avait dit Dieu dansle chapitre précédent, xr, 25. Isaie reprend
maintenant cette pensée et en fait le sujet du second discours, dans lequel, s'adres-
sant aux paiens, il leur montre que le Seigneur est le maitre de l'univers et leur
annonce qu'il appelle du nord-est, xu, 2, 25, le conquérant, c'est-à-dire Cyrus, ori-
ginaire du nord, par sa parenté avec les Mèdes, et de l'est, parce qu'il était Perse.
Dieu nous apprend aussi que les exploits de Cyrus seront son œuvre et une preuve
de sa supériorité infinie sur les faux dieux; qu'ils seront la ruine des idolâtres et le
salut de son propre peuple, 1-20. Ce qu'il veut accomplir, il l'annonce à l'avance,
21-24, afin que chacun sache qu'il est le souverain maitre et que lui seul dispose de
l'avenir, 25-29,
1, 5. Les iles; les régions lointaines. Voy. Ps. xcvi, 1.
2. Le juste; probablement Cyrus, le libérateur d’Israël selon la chair; mais en méme
temps figure du juste par excellence, du libérateur d'Israél selon l'esprit. Compar.
XLIV, 28; xLv, 1 et suiv.; XLVL 11; xLvin, 14, 15. D'ailleurs Cyrus n'est appelé juste
que par comparaison avec les Babyloniens.
5. Les iles, etc. Les peuples les plus éloignés firent alliance avec le roi de Babylone,
et se liguérent pour résister à Cyrus, et arréter le progrés de ses conquétes.
1. L'ouvrier, etc.; espèce de parabole qui désigne les peuples alliés. — 11 l’a assuré
(confortavil eum). Le pronom masculin eum ne peut se rapporter qu'au mot dieu
(deum), c'est-à-dire faux dieu. idole, sous-entendu.
9. Dans lequel (in quo): dans la personne duquel, etc. Ceci s'explique d'Israël, soit
d'abord appelé de la Chaldée en la personne d'Abraham, soit ensuite de l'Egypte en
la personne des descendants de Jacob.
1640
10. Ne crains pas, parce que
voici que je suis avec toi; ne te
détourne pas, parce que moi je
suis ton Dieu; je t'ai fortifié, je
t'ai secouru, et la droite de mon
juste t'a soutenu.
11. Voici qu'ils seront confon-
dus et qu'ils rougiront, tous ceux
qui combattent contre toi; ils
seront comme s'ils n'étaient pas,
et ils périront, les hommes qui te
contredisent.
19. Tu les chercheras et tu ne
les trouveras pas, ces hommes
qui t'étaient rebelles; ils seront
comme s'ils n'étaient pas; et 86
seront comme consumés, les
hommes qui faisaient la guerre
contre toi.
13. Parce que c'est moi, le Sei-
gneur ton Dieu, qui te prends par
la main et qui te dis: Ne crains
pas; c'est moi qui suis ton aide.
14. Ne crains pas, vermisseau
de Jacob, nZ vous, morts d'Israël;
c'est moi qui suis venu à ton aide,
dit le Seigneur; et ton rédemp-
teur est le saint d'Israël. =
15. C’est moi qui t'ai posé
comme un chariot neuf qui foule
le blé, qui a des dents pointues;
tu fouleras les montagnes et tu
les briseras ; et les collines, tu les
rendras comme la poussière.
16. Tu les vanneras, et un vent
les emportera, et un tourbillon les
dissipera; et tu exulteras dans
ISAIE.
[cu. xi]
le Seigneur, dans le saint d'Israél
tu te réjouiras.
11. Les indigents et les pau-
vres cherchent de l'eau, et il n'y
en a pas: leur langue s'est dessé-
chée par la soif. Moi, le Seigneur,
je les exaucerai, Dieu d'Israël, je
ne les abandonnerai pas.
18. Je découvrirai des fleuves
dans des collines en pente, et au
milieu des champs, des fontaines;
je changerai en un désert des
étangs pleins d'eau, et une terre
sans chemin en des courants
d'eaux.
19. Je poserai dans la solitude
le cèdre, l'acacia, le myrte: et
l'olivier; je poserai dans le désert
le sapin, l'orme et le buis ensem-
ble;
20. Afin que les hommes voient,
qu'ils sachent, qu'ils réfléchis-
sent, et qu'ils comprennent tous
ensemble quelamain du Seigneur
a fait cela, et que le saint d'Israël
l'a créé.
21. Plaidez sans délai votre
cause, dit le Seigneur, apportez
vos preuves, si par hasard vous
en avez quelqu' une, dit le roi de
Jacob.
22. Qu'ils s'approchent, et qu'ils
nous annoncent toutes les choses
qui doivent arriver; annoncez
celles qui furent les premieres;
et nous y appliquerons notre
cœur, et nous saurons leur fin;
10. Mon juste. Voy. vers. 2.
44. Morts d'Israël; littér. qui éles morts d'Israél. (qui mortui estis ex Israel). Les
prophètes représentent ordinairement la maladie, l'affliction, l'exil, comme une mort,
comme 16 tombeau. Compar. 1x, 2; Ezéch., טאאא 12.
15. C'est moi, etc. Le prophéte Michée prédit la méme chose en parlant des Juifs
de retour de la captivité.
16. Tu les vanneras, etc. Cette prophétie paraît avoir eu son accomplissement sous
les Machabées.
19. Je poserai; c'est-à-dire je ferai croître.
[.זז.זא .זוס]
et indiquez-nous celles qui doi-
vent arriver.
23. Annoncez-nous les choses
qui doivent arriver dans l'avenir,
et nous saurons que vous étes
dieux; faites aussi du bien ou
du mal, si vous le pouvez, et
nous parlerons, et nous verrons
‘ensemble.
24. Voilà que vous, vous sortez
de rien, et votre œuvre de ce qui
n'est pas ; c’est l'abomination qui
vous a choisis.
95. Je l'ai suscité de l'aquilon,
et il viendra du levant; il invo-
quera mon nom; et il traitera les
magistrats comme de la boue, et
il les foulera comme le potier
foule sous ses pieds l'argile.
26. Qui a annoncé ces choses dès
le commencement, afin que nous
les sachions, et des le principe,
Gnar. XLII. 1. Matt., xir, 18.
ISAIE.
1641
afin que nous disions : Vous étes
juste? Il n'y a personne qui an-
nonce et qui prédit, ni personne
qui entend vos paroles.
27. Le premier, il dira à Sion :
Vois, ils sont ici; et à Jérusalem
je donnerai un évangéliste.
28. Et j'ai vu, et il n'y avait pas
méme parmi eux quelqu'un qui
formát un dessein, et qui, inter-
rogé, répondit un mot.
29. Voici que tous sont in-
justes, et leurs ouvrages vains;
du vent et du vide sont leurs si-
mulacres.
CHAPITRE ΧΙ,
Caractére du libérateur d'Israél. Félicité
des peuples sous.son règne. Ruine de
Babylone. Délivrance d'Israél. Aveugle-
ment de ce peuple. Sa captivité.
1. Voici mon serviteur, je le
23. Nous parlerons, et nous verrons; littér., et par hébraisme, que nous parlions, et
que nous voyions.
25. De l'aquilon; du septentrion, de l'orient. Cyrus était Perse par Cambyse, son
père, et Méde par Mandane, sa mère. Or la Perse et la Médie étaient à l'orient septen-
trional de la Judée. — I invoquera mon nom. Voy. II Paralip., xxxvi, 23; II Esdras,
,ד 2. — Les magistrats (magistratus) ; les grands, les princes babyloniens.
26. Il y ἃ parmi vous. — Qui entend vos paroles; car vous êtes muets, vous ne
parlez pas.
27. Le premier; c'est-à-dire le Seigneur est le premier. — Ils sont. ici; ceux qui
t'annoncent les choses futures. — Evangéliste; porteur d'une bonne nouvelle.
28. Parmi eux; parmi ces faux dieux.
4-25. * 3e Discours : Le serviteur de Dieu, médiateur d'Israël, ,זזה 4-xuur, 13. — Au
Voici que tous sont injustes de xv, 29, Isaie oppose, xum, 1: Voici mon. servileur, je
de souliendrai. Après avoir rejeté les paiens, leurs œuvres vaines et leurs vaines
idoles, il introduit par ces mots le serviteur de Dieu, le Messie. Israël a été appelé,
xut, 8-9, le serviteur de Dieu, mais celui qui nous est présenté maintenant n'est pas
une personnification collective, il est distinct du peuple, c'est une personne indivi-
duelle et vivante, c'est le Christ, comme le reconnait le Targum qui paraphrase cet
endroit en disant : Voici mon serviteur le Messie. Les ch. vn-xn nous l'ont représenté
comme le fils de David; désormais il va nous apparaître surtout comme le représen-
tant du vrai Israël, de l'Israél fidèle, et de l'humanité tout entière, comme le second
Adam. Cyrus doit briser les peuples ennemis de Dieu, le Messie est le médiateur
pacifique : — Il ne criera point... il ne brisera pas. un voseau. froissé, c'est-à-dire,
dit Tertullien, les enfants d'Israël ; ἐξ n'éteindra pas une mèche fumante, c'est-à-dire,
d'après le méme docteur, les Gentils, xuu, 2-3; Matthieu, xu, 18-20; il apportera à
tous 16 plus précieux des biens, la rédemption, le salut, xum, 17. Israël doit donc se
convertir et rechercher de nouveau son Dieu et son Sauveur, xui, 18-xuur, 13.
1. Voici mon serviteur, etc. Dans ce verset et les suivants il est parlé très claire-
1642
soutiendrai; mon élu, en qui
s'est complue mon âme; j'ai ré-
pandu mon esprit sur lui; il an-
noncera la justice aux nations.
2. Il ne criera point, il ne fera
acceplion de personne; sa voix
ne sera pas entendue au dehors.
3. Il ne brisera pas un roseau
froissé, il n'éteindra pas une me-
che fumante:il jugera dans la vé-
rité.
4. Ine sera point triste, ni pré-
cipité, jusqu'à ce qu'il établisse
sur la terre la justice; et les îles
attendront sa loi.
5. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu, qui a créé les cieux et lesa
étendus; qui a affermi la terre et
ce qui en germe; qui a donné le
souffle au peuple qui est sur elle,
et la respiration à ceux qui la fou-
lent aux pieds.
6. Moi, le Seigneur, je t'ai ap- |
pelé dans la justice, et je t'ai pris
par la main et je t'ai conservé. Et
je t'ai établi pour être l'alliance du
peuple, la lumiere des nations;
7. Afin d'ouvrir les yeux des
aveugles, de retirer du cachot le
captif enchainé, du fond de leur
6. Infra, xuix, 6. — 8. Infra, ,טא
ISAIE.
[cur. xru.]
prison ceux qui étaiert assis
dans les ténèbres.
8. Je suis le Seigneur, c'est là
mon nom; je ne donnerai pas ma
gloire à un autre, et la louange
qui m'appartient aux images tail-
lées au ciseau.
9. Les premiers événements,
voici qu'ils sont arrivés; j'en an-
nonce aussi de nouveaux ; avant
qu'ils arrivent, je vous les ferai
connaitre.
10. Chantez au Seigneurun can-
tique nouveau, e£ sa louange des |
extrémités de la terre, vous qui |
descendez sur la mer, et ce qu’elle,
renferme, iles, et vous, leurs ha- '
bitants.
11. Que le désert et ses cités
se lèvent; dans des maisons habi-
tera Cédar; louez, habitants de
Pétra; du sommet des montagnes
ils crieront.
12. Ils donneront au Seigneur
la gloire, et ils annonceront sa
louange dans les iles.
13. Le Seigneur comme un
brave sortira ; comme un homme
qui marche au combat il excitera
le zele; il élévera la voix, et jet-
me
i
ment du Messie et de la rédemption du genre humain, et les évangélistes ont sóu- ,
vent appliqué à Jésus-Christ ce qui est dit ici du libérateur d'Israël. Il y a cependant
des expressions dont on peut faire l'application à Cyrus, et à la délivrance des
Israélites de la captivité de Babylone. Jésus-Christ est considéré sous le rapport de
son humanité, selon laquelle il a pris la forme de serviteur, Voy. Philipp., ,זז 1.
4. Les iles; les régions lointaines. Voy. Ps. xcvr, 4.
6. Pour étre, etc.; pour faire avec mon peuple une nouvelle alliance. Compar. xLvi, 8;
Jérém., ΧΧΧΙ, 21. |
1. Du fond; de la partie intérieure, intime, enfoncée. C'est le véritable sens qu'a
ici l'expression latine de domo. La Vulgate elle-méme a traduit en plus d'ur endroit
16 terme hébreu, comme nous l'avons fait dans ce verset.
10. Sa louange (laus ejus); quoique au nominatif, peut trés bien étre ur. second
complément du verbe chantez; nous avons déjà fait remarquer que, dans la Vulgate,
les cas se mettent l'un pour l'autre, sans égard pour la construction latine. Compar.
Ps. LxI, 3.
11. Cédar. Voy., sur ce nom, Ps. cxix, 5. Il semble qu'il désigne ici les Juifs qui
avaient été transportés dans ce pays. — Pétra; capitale de l'Arabie Pétrée,
(en. χα. Ϊ
tera des cris; contre ses ennemis
il se fortifiera.
14. Je me suis toujours tu, j'ai
gardé le silence; j'ai été patient;
comme la femme en travail, je
parlerai ; je détruirai, j'englouti-
rai tout à la fois.
15. Je rendrai désertes les mon-
tagnes et les collines, et je dessé-
cherai leur verdure; je changerai
les fleuves en iles, et les étangs,
je les tarirai.
16. Et je conduirai les aveugles
dans une voie qu'ils ne connais-
sent pas; etdans les sentiers qu'ils
ignorent, je les ferai marcher ; je
convertirai devant eux les ténè-
bres en lumière, et les chemins
tortus en chemins droits ; j'ai fait
ces choses pour eux, et je ne les
ai pas délaissés.
47. Ils sont retournés en ar-
riere; qu'ils soient entièrement
couverts de confusion, ceux qui
se confient dans leur image tail-
lée au ciseau, qui disent à une
statue jetée en fonte : Vous étes
nos dieux.
18. Sourds, écoutez; aveugles,
regardez pour voir.
_ 19. Qui est aveugle, sinon mon
serviteur? et sourd, sinon celui
à qui j'ai envoyé mes messagers?
ISATE. 1643
qui est aveugle, sinon celui qui
a été vendu? et qui est aveugle,
sinon le serviteur du Seigneur?
20. Toi qui vois beaucoup de
choses, n'observeras-tu point ? £07
qui as les oreilles ouvertes, n'en-
tendras-tu point?
91. Et le Seigneur a voulu le
sanclifier, et magnifier la loi, et
en relever la grandeur.
22. Mais le peuple lui-méme a
été pillé et ravagé ; tous sont de-
venus un lacs pour les jeunes
hommes; et au fond des prisons
ils ont été cachés ; ils sont deve-
nus la proie de l'ennemi, etil n'est
personne quiles délivre; ils on£
été livrés au pillage, et il n'est
personne qui dise : Rends.
23. Qui est celui parmi vous qui
écoute cela, qui y soit attentif, et
ait foi aux choses futures?
94. Qui a livré Jacob en proie,
et Israél à ceux qui /e ravagent?
n'est-ce pasle Seigneurlui-méme,
contre qui nous avons péché? Et
ils n'ont pas voulu marcher dans
ses voies, et ils n'ont pas écouté
sa loi.
95. Et il a lancé sur eux l'indi-
gnation de sa fureur, et une forte
guerre; 11 8 allumé un feu autour
de lui, et il ne l'a pas su; il l'a li-
14. Je parlerai (loquar); selon l'hébreu, le chaldéen et le syriaque, 7e crierai.
15. Je changerai, etc. C'est ce qu'on vit au siège de Babylone : Cyrus détourna
lEuphrate et en dessécha le lit, noya ses plus belles campagnes et tarit ses plus
belles eaux.
16. Je conduirai, etc.; promesses qui eurent leur parfait accomplissement par Jésus-
Christ, qui répandit la lumière de l'Evangile, et rendit réellement la vue aux
aveugles, et l'ouie aux sourds. — Ces choses; c'est le vrai sens du latin verba, expli-
qué par l'hébreu.
11. Qu'ils soient entièrement couverts de confusion; littér., et par hébraisme, qu’ils
soient confondus de confusion. — Leur image; dans le texte original, l’image; mais il
faut remarquer qu'en hébreu l'article déterminatif s'emploie quelquefois pour le pro-
nom possessil. Image taillée au ciseau; c'est-à-dire idole. Compar. xxx, 22.
19. Mon serviteur; Israël. — Messagers (nuntios); c'est-à-dire prophètes.
29. Tous, ete.; tous les Israélites, ayant offensé le Seigneur et mérité par là des
châtiments, sont devenus un piège dans lequel sont tombés leurs propres enfants.
1014
vré aux flammes, et il n'a pas
compris.
CHAPITRE XLIII.
Conservation et délivrance d'Israél. Le
Seigneur est le seul Dieu. Ruine. de
Babylone. Délivrance et ingratitude
d'Israél.
4. Et maintenant, voici ce que
dit le Seigueur, qui t'a créé, ὃ Ja-
cob, et qui t'a formé, ὃ Israël : Ne
crains point, parce que je t'ai ra-
cheté, et appelé par ton nom ; tu
es mien, toi.
2. Lorsque tu passeras au tra-
vers des eaux, je serai avec toi, et
les fleuves ne te submergeront
pas; lorsque tu marcheras dans
le feu, tu ne seras pas brülé ; etla
flamme n'aura pas d'ardeur pour
loi;
3. Parce que je suis le Seigneur
ton Dieu, le saint d'Israël, ton
Sauveur; jai donné pour toi,
afin de t'étre propice, l'Egypte,
l'Ethiopie et Saba.
4. Depuis que tu es devenu ho-
norable à mes yeux et glorieux,
moi, je t'ai aimé ; je donnerai des
hommes pour toi, et des peuples
pour ton àme.
5. Ne crains point, parce que
moi je suis avec toi; de l'Orient
je ramènerai ta race; et de l'Oc-
cident je te rassemblerai.
CHAP. XLIII. 11. Osée, xiu, 4.
ISAIE.
. [aux]
6. Je dirai 8 l'aquilon : Donne;
et au midi : Ne retiens pas; amene
mes fils de loin, et mes filles des
extrémités de la terre.
7. Car quiconque invoque mon
nom, je l'ai créé pour ma gloire,
je l'ai formé, et je l'ai fait.
8. Fais sortir un peuple aveugle
et qui a des yeux; sourd, et il a
des oreilles.
9. Toutes les nations se sont
réunies ensemble, et des tribus se
sont liées ; qui parmi vous annon-
cera cela, et nous fera entendre
les choses qui furent les pre-
mieres? qu'ils produisent leurs
témoins, qu'ils se justifient, et
qu'ils entendent, et qu'ils disent :
C'est vrai.
10. Vous étes mes témoins,
dit le Seigneur, vous: et mon
serviteur que jai choisi; afin
que vous sachiez, que vous me
croyiez, et que vous compreniez
que cest moi-même qui suis.
Avant moi il n'y a pas eu de Dieu
formé, et après moi il n'y en aura
pas.
11. C'est moi qui suis, c'est moi
qui suis le Seigneur; et il n'y a
pas, hors moi, de sauveur.
19. C'est moi qui ai annoncé, et
qui ai sauvé ; j'ai fait entendre,
et il n'y a pas eu parmi vous d'é-
tranger ; vous êtes mes témoins,
000
3. J'ai donné, etc; c'est-à-dire, selon la plupart des interprètes, j'ai détourné. les
Assyriens qui étaient sur le point de prendre Jérusalem, en les obligeant de retourner
leurs armes contre l'Egypte, l'Ethiopie et le pays de Saba.
4. Pour loi; pour te venger. — Ton âme; hébraisme, pour (a personne, ou ta vie,
6. Donne-moi mes enfants. — Ne reliens pas; ne les empêche pas de venir.
9. Qui parmi vous; faux dieux, idoles. — Qu'ils produisent, etc.; c'est-à-dire que les
faux dieux produisent, etc. C'est un défi porté par le vrai Dieu aux fausses divinités,
sourdes et muettes.
10. Vous étes; vous Hébreux. — Mon serviteur; Cyrus, sclon les uns, Isaie, selon les
autres; mais c'est plutôt Jésus-Christ, Compar. ,וא 1, — C'est moi, etc, Voy. Exod.,
yr, 14,
(cir. xt.)
dit le Seigneur, et moi, je suis
Dieu.
13. Et dès le commencement je
suis, et il n'y a personne qui arra-
che de ma main ; j'agirai, et qui
m'en détournera?
44. Voici ce que ditle Seigneur,
votre rédempteur, le saint d'Is-
raél: À cause de vous j'ai envoyé
à Babylone, et j'ai arraché toutes
ses barres, et les Chaldéens qui se
glorifiaient dans leurs vaisseaux.
15. Je suis le Seigneur, votre
saint, le créateur d'Israël, votre
roi.
10. Voici ce que ditleSeigneur,
qui a fait dans la mer une voie,
et au milieu des eaux impétueu-
ses un sentier.
11. Qui a fait sorlir le quadrige
et le cheval, l'armée et le fort ; ils
se sont endormis ensemble, ils ne
se relèveront pas; ils ont été bri-
sés comme le lin, et ils se sont
éteints. |
18. Ne vous souvenez plus des
choses passées, el les anciennes,
ne les regardez pas.
19. Voici que moi je fais des
choses nouvelles; c'est mainte-
nant qu'elles paraitront; certai-
nement vous les connaitrez; je
T9 HIM OE v; 17: Ap06., XXI; 9.
ISATE.
1645
ferai dans le désert une voie, et
dans un chemin impraticable des
fleuves.
20. La béte des champs me glo-
rifiera, ainsi que les dragons et les
autruches, parce que j'ai mis dans
le désert des eaux, des fleuves
dans un chemin impraticable, afin
de donner à boire à mon peuple,
à mon élu.
91. J'ai formé ce peuple pour
moi; il publiera ma louange.
22. Cependant tu ne m'as pas in-
voqué, Jacob, et tu n'as pas tra-
vaillé pour moi, Israél.
23. Tu ne m'as pas offert ton bé-
lier d'holocauste, et par tes victi-
mes tu ne m'as pas glorifié ; je ne
l'ai pas forcé à me faire des obla-
tions, et je ne t'ai pas donné la
peine de m'offrir de l'encens.
24. Tu ne m'as pas acheté avec
ton argent de canne odorante, et
de la graisse de tes victimes tu
ne m'as pas rassasié ; mais tu m'as
rendu ton esclave par tes péchés;
tu m'as donné du mal par tes ini-
quités.
95. C'est moi, c'est moi-même
qui efface tes iniquités à cause de
moi; et de tes péchés 16 ne me
souviendrai pas.
13. Qui m'en délournera; qui m'empéchera d'agir; littér., qui détournera cela; c'est-
à-dire mon action.
14. et suiv. * 4e Discours : Israël vengé et délivré de ses ennemis ; effusion du Saint-
Esprit, xuur, 14-xriv, ὃ. — Dieu vengera Israël des Chaldéens par la ruine de l'empire
de Nabuchodonosor, xui, 44-15. Ce qu'il a fait quand il a délivré son peuple de la
servitude d'Egypte, il le fera de nouveau, 16-21, par grâce, 22-28; malgré les péchés
qui rendent les Juifs indignes de ses faveurs, il versera sur eux son esprit, xXLIv, 1-5.
14. Ses barres; les barres de ses portes.
16, 17. Allusion au passage des Israélites et de l'armée de Pharaon dans la mer
Rouge.
20. La béte du champ; c'est-à-dire la bête sauvage. — * Les dragons. Hébreu : les
chacals.
24. Canne odorante; on s’en servait pour faire l'huile d'onction. Comparez Ezod.,
xxx, 23. — Tu m'as rendu, etc.; par tes péchés tu m'as traité comme si j'eusse été
ton esclave, obligé de servir tous tes caprices.
1010
96. Remets-moi en mémoire,
et plaidons ensemble; raconte, si
tu as quelque chose pour te jus-
tifier.
21. Ton père le premier a péché,
et tes interprètes ont prévariqué
contre moi.
28. C'est pourquoi j'ai déclaré
souillés les princes saints; j'ai
livré Jacob à la tuerie, et Israél à
l'outrage.
CHAPITRE XLIV.
Rétablissement d'Israél. Le Seigneur est
le seul Dieu. Vanité des idoles. Règne
de Cyrus. Prise de Babylone. Rétablis-
sement de Jérusalem.
1. Et maintenant écoute, Jacob
mon serviteur, et 207, Israël, que
j'ai choisi,
2. Voici ce que dit le Seigneur
qui t'a fait et formé, dès le sein
de ta mère, ton aide : Ne crains
ISAIE.
(ci. xLiv.]
point, Jacob mon serviteur, et
toi le très juste, que j'ai choisi.
3. Car je répandrai des eaux
sur un sol altéré, et des ruis-
seaux sur une éerre aride, je ré-
pandrai mon esprit sur ta pos-
térité, et ma bénédiction sur ta
race.
4. Et elles germeront parmi les
herbes, comme des saules sur des
eaux courantes.
5. Celui-ci dira : Moi je suis au
Seigneur; et celui-là prendra le
nom de Jacob; et un autre écrira
de sa main : Au Seigneur; et par
le nom, à Israël il sera assimilé.
6. Voici ce que dit le Seigneur,
le roi d'Israél, et son rédempteur,
le Seigneur des armées : Je suis
le premier et je suis le dernier;
et hors moiil n'y a point de Dieu.
7. Qui est semblable à moi?
quil appelle et qu'il annonce;
Crap. XLIV. 1. Jérém., xxx, 10; xzvi, 27. — 6. Supra, ,זזה 4; Infra, xrvii, 12; Apoc.,
"5 8. fUr seu 19.
27. Ton père, etc.; probablement Abraham, qui fut le père, l'auteur, la souche 6
la nation des Hébreux (Lr, 2; Jean, vin, 39, 56), et engagé dans l'idolátrie de son père
avant sa vocation. — Tes interprètes, etc.; Moïse et Aaron, qui ont été les interprètes
de la volonté de Dieu, les médiateurs entre lui et le peuple, et qui ont désobéi à Dieu
aux eaux de contradiction (Nombr., xx, 9-12).
28. J'ai déclaré souillés. C'est le vrai sens de contaminavi expliqué par l'hébreu.
— Les princes saints ; c'est-à-dire les princes du sanctuaire, les grands-prétres; l'hé-
breu autorise encore cette interprétation.
2. Le très juste (rectissime). La Vulgate a rendu (Deutéron., xxxu, 15) le méme mot
hébreu par óien-aimé (dilectus), et c'est ainsi que l'ont traduit les Septante dans les
deux endroits. La racine hébraïque à laquelle on attache généralement l'idée de jus-
tice, de droiture, siguifie, selon nous, éfre heureux, fortuné. Dans tous les cas, c'est
un nom propre symbolique qui s'applique au peuple d'Israel.
9. Et par le nom, etc.; il se fera honneur de porter le nom d'Israél.
6. * be Discours : Contraste entre Dieu et les idoles, xziv, 6-23. Le prophète nous
montre la grandeur du vrai Dieu qu'il met en opposition avec la vanité des dieux
ridicules des gentils. — Israél doit se confier en Dieu, parce qu'il lui annonce à l'a-
vance ce qu'il se propose de faire, 6-8; tandis que les dieux des gentils trompent
leurs adorateurs, parce qu'ils ne sont que de vaines images, œuvres des hommes,
9-17; l'aveuglement des paiens peut seul leur fermer les yeux sur le néant de leurs
divinités, 18-20. Puisse Israël, lui du moins, comprendre que l'idolàtrie n'est qu'un
mensonge, et servir le Seigneur qui l'aime et lui pardonne ses péchés, 21-231 — Le
tableau de la vanité des idoles est un morceau littéraire achevé.
7. Qu'ils, etc.; que les faux dieux annoncent et exposent par ordre à leurs adora-
teurs le passé et l'avenir.
[cn.. xuiw.]
et. quil m'expose la série des
choses, depuis que. j'ai fondé un
peuple antique ; qu'ils leur annon-
cent les choses à venir et celles
qui doivent étre.
8. Ne craignez pas, ne soyez pas
troublés; des lors je t'ai fait en-
tendre, et je t'ai annoncé : C'est
vous qui êles mes témoins. Est-
ce qu'il y a un Dieu hors moi, et
un créateur que moi je n'ai pas
connu?
9. Tous les fabricateurs d'ido-
les ne sont. rien, et leurs œuvres
qu'ils estiment le plus ne leur
seront pas uliles; eux-mémes
sont témoins qu'elles ne voient
pas, et qu'elles ne comprennent
pas ; en sorte qu'ils sont confon-
dus.
10. Qui a formé un dieu, et a
jeté en fonte une image qui n'est
utile à rien?
41. Voici que tous ceux qui y
ont pris part seront confondus;
car ces arlisans sont des hom-
mes; ils se réuniront tous, ils se
présenteront, et ils auront peur,
et seront confondus tous en-
semble.
12. Le forgeron a travaillé avec
une lime; au moyen de charbons
ardents et de marteaux il a formé
l'idole, et il a travaillé de son bras
vigoureux, il aura faim et il dé-
faillira ; il ne boira pas d'eau et il
sera épuisé.
13. Le sculpteur en bois a éten-
12, Sag., xri, 11.
ISAIE.
1647
du 18 regle; il a formé l'idole avec
16 rabot ; ill’a dressée àl'équerre,
et l'a contournée avec le com-
pas; et il a fait l'image d'un hom-
me, représentant un bel homme,
habitant dans une maison.
14. Il 8 coupé des cedres, il a
pris un chéne vert, et un chéne
qui avait été parmi les arbres
d'une forêt ; et il a planté un piu
que la pluie a nourri.
ὃ. Et les hommes s’en sont
servis pour le feu; il en a pris
lui-méme et il s'est chauffé: et
il y a mis le feu, et il a cuit des
pains; mais avec le reste il ἃ
faconné ‘un dieu, et l'a adoré;
il a fait une image taillée au
ciseau, et il s'est courbé devant
elle.
16. Il ἃ brûlé au feu une moitié
de bois, et de son au£re moitié il
ἃ préparé des viandes pour man-
ger;il en a préparé un mets, et il
s'en est rassasié; il s'est chauffé
et a dit: Ah! je me suis chauffé,
jai vu le feu.
17. Mais de son reste il fait un
dieu et une idole;il se courbe
devant elle, l'adore et la prie et
la supplie, disant : Délivrez-moi,
parce que mon Dieu, c'est vous.
18. Ils n'ont pas su, ils n'ont
pas compris; car leurs yeux sont
couverts d'un enduit, en sorte
que leurs yeux ne voient pas et
que leur cœur ne comprend pas.
19. Ils ne réfléchissent pas en
12. Au moyen, ete.; c'est-à-dire qu'il met le fer dans le feu. — Son bras vigoureux;
ou très vigoureux; littér., et par hébraisme, le bras de sa force.
15. Les hommes, etc.; littér. elle est devenue (facta est) aur hommes pour le feu. Ce
féminin singulier se rapporte vraisemblablement au substantif pin (pinum), qui en
latin est féminin. Dans les textes hébreu et grec, le verbe est également au singu-
tes — Lui-méme; c'est-à-dire le sculpteur dont il est parlé dans les versets pré-
cédents,
1618
leur esprit, et ils n'ont pas assez
de sens pour dire :J'ai brülé la
moitié de ce bois au feu, et j'ai
cuit sur ses charbons des pains;
jai cuit des viandes et j'ai mangé,
et du reste ferai-je une idole?
devant un tronc d'arbre me pros-
ternerai-je?
20. Une partie de ce bois est de
la cendre; un cœur insensé a
adoré lidole, et il ne délivrera
pas son âme, et il ne dira pas :
Peut-étre qu'il y a un mensonge
dans ma main droite.
21. Souviens-toi de ces choses,
Jacob, et oi, Israël, parce que
mon serviteur, c'est toi; je t'ai
formé, mon serviteur ; c’est toi,
Israël, ne m'oublie pas.
22. J'ai effacé comme un nuage
tes iniquités, et comme une va-
peur tes péchés; reviens à moi,
parce que je t'ai racheté.
93. Louez, cieux, parce que le
Seigneur a fait miséricorde; jubi-
lez, extrémités de la terre, faites
ISAIE.
[cH. xLiv.]
retentir la louange, montagnes,
forêts, et tous ses arbres, parce
que le Seigneur a racheté Jacob,
et qu'Israél se glorifiera.
24. Voici ce que dit le Seigneur
ton rédempteur, et qui t'a formé
dès le sein de ta mère : Je suis le
Seigneur, faisant toutes choses,
seul étendant les cieux, affermis-
sant la terre, et nul n'est avee
moi.
25. Rendant sans effet les pré-
sages des devins, et jetant les
magiciens dans la fureur. Faisant
tourner les sages en arriere, et
rendant leur science insensée.
26. Suscitant 18 parole de. son
serviteur, et accomplissant -les
conseils de ses messagers. 7
qui dis à Jérusalem : Tu seras
habitée, et aux cités de Juda :
Vous serez édifiées, et à ses dé-
serts, je donnerai la vie.
27. Moi qui dis à l'abime : Sois
détruit, et je mettrai tes fleuves à
sec.
29, Comme un nuage el comme une vapeur ; sont dissipés et disparaissent.
2%. et suiv. * 6° Discours : Cyrus, l'oint de Jéhovah, libérateur d'Israël, xLIv, 24-xLv.
Les promesses deviennent plus précises, le Prophète annonce par son nom le futur
libérateur d'Israël, Cyrus!, — Dieu; qui!a tout créé et qui sait;.tout, veut tenir|ses
promesses, relever Jérusalem, ouvrir Babyloue au conquérant, à Cyrus, son oiut,
qui sera son instrument et le restaurateur de la ville sainte, xrtv, 24-28. A Ia force
irrésistible de ses armes, on verra. qui l'envóie : Cyrus ne connaissait point Jéhovah,
mais Jéhovah l'a pris à son service, afin que les gentils reconnaissent 58 puissance
divine et que la bénédiction céleste descende sur la terre, xLv, 1-8. Israël doit donc
se soumettre au Seigneur, se confier en lui et ne point redouter Cyrus, car il est
l'instrument de son salut, 9-13, celui qui doit exécuter ses vengeances' contre les
paiens et. faire reconnaitre 88 divinité, 14. Israël reconnait son Dieu, 15-11. La pro
messe s'accomplira, les gentils confesseront Dieu, 18-21, car tous les peuples doivent
le servir et étre rendus heureux par lui, 22-26.
24. Et nul n’est avec moi; pour faire ces choses avec moi. e"
25. Dans la fureur (in furorem); ou dans l'aveuglement. — Faisant tourner en ar-
riére; c'est-à-dire couvrant de confusion, comme la Vulgate elle-même a traduit l'ex-
pression hébraïque correspondante dans lll Rois, n, 16, 20. — .Rendant, .610.; con-
vainquant leur vaine science de folie.
26. Son servileur, ses messagers, ses déserts, C'est, ce. que. portent l'hébreu et les
Septante aussi bien que la Vulgate. Ne sachant à qui se rapportent les pronoms son,
ses, plusieurs traducteurs ont changé le texte sacré, 05 ont mis mon, mes. Pour nous,
nous n'avons pas cru que ce fût un motif suffisant de changer le texte sacré. -- Je
donnerai la vie (suscitabo) aux déserts; en les peuplant d'habitants,
(cn. xrv.)
98. Moi, qui dis à Cyrus : Tu es
mon pasteur, et Lu accompliras
toute ma volonté. Moi, qui dis à
Jérusalem : Tu seras édifiée; et
au temple : Tu seras fondé.
CHAPITRE XLV.
Victoires de Cyrus, règne de justice.
ISAIE.
1649
d'ouvrir devant lui les portes des
maisons, et les portes des villes
ne seront pas fermées.
2. Moi j'irai devant lui, j'hu-
milierai les glorieux de la terre,
je briserai les portes d'airain, et
je romprai les barres de fer.
3. Et je te livrerai des trésors
cachés, et des richesses enfouies
Délivrance d'Israél. Le Seigneur re-
connu par les nations. Il est le seul
Dieu véritable. Tous les peuples le re-
connaitront; tout Israél se glorifiera
en lui.
dans des lieux souterrains et
secrets; afin que tu saches que je
suis le Seigneur qui appelle ton
nom, le Dieu d'Israél.
4. À cause de Jacob mon ser-
viteur, et d'Israël mon élu; je t'ai
appelé par ton nom : je t'ai
assimilé 4 mon Christ, et tu ne
m'as pas connu.
1. Voici ce que dit le Seigneur
à mon christ, Cyrus, que j'ai
pris par la droite, afin d'assujettir
devant sa face les nations, de
faire tourner le dos aux rois, et
98. Cyrus; roi de Perse, est nommé par son propre nom plus de cent ans avant
sa naissance, ce qui prouve jusqu'à l'évidence l'inspiration divine du prophéte Isaie.
— Mon pasteur. Le nom de pasteur que Dieu donne à Cyrus prouve sa qualité de roi;
car les anciens donnaient le titre de pasteur aux princes; c'est l'épithéte ordinaire
qu'Homère leur donne. Sous ce rapport encore, Cyrusestla figure de Jésus-Christ, le pas-
teur par excellence. — * C'est le passage d'Isaie, xziv, 28-xLv, 1, que les Juifs montrérent
à Cyrus, à la fin dela captivité, d'aprés le témoignage de Joséphe, ce qui le déter-
mina à leur permettre de retourner en Palestine. Le nom de Cyrus signifie, d’après
Ctésias et autres, soleil. Il parait venir de la méme racine, mais il ne se confond pas
avec le nom du soleil, qui est, en zend, Avaré (karé), d’où l'on a tiré des noms pro-
pres comme Charsid, qui signifie éclat du soleil ou soleil. Sur les monuments, le
nom de Cyrus est écrit Kuru ou Khuru; ainsi on lit sur son tombeau : Adam K'ur'us
Khsáyathiya Hakkämanisiya. > Je suis Cyrus, le roi, l'Achéménide. » Son nom est
identique avec celui du fleuve Kur. Voir Strabon, xv, 3, 6.
1. Christ; ou oint; c'est-à-dire roi constitué. Il n'est pas prouvé qu'on donnât
l'onction aux rois de Perse; mais le Prophète parle ici conformément à l'usage con-
sacré chez les Hébreux. Compar. I Rois, x, 1; III Rois, x, 45.
2. * On a retrouvé à Balawat des débris de portes assyriennes recouvertes de plaques
d'airain.
3. Je tle livrerai, etc. Nous savons par l'histoire que Cyrus recueillit des richesses
prodigieuses dans toutes ses victoires. — Qui appelle ton nom; c'est-à-dire qui t'ai
appelé par ton nom. Compar. le vers. 1.
4. À cause de Jacob, etc.; c'est-à-dire pour venger le peuple qui m'adore, que je me
suis choisi, et que je protège d'une manière toute particulière. — Je t'ai assimilé à
mon Christ; vrai roi et pasteur de mon peuple, en te donnant le titre de mon pasteur
(ταν, 28) et de mon Christ (xtv, 1), en te choisissant pour être sa figure. Le verbe
hébreu que la Vulgate a traduit ici et xxiv, 5, par assimiler (assimilavi), elle l'a rendu
dans Job, xxxir, 91, par égaler (æquabo), et au verset 22 de ce méme chapitre de
Job par subsiste; (subsistam). — Et tu ne m'as pas connu; c'est-à-dire tu ne m'as pas
honoré comme tu le devais, en abandonnant le culte des idoles. Rien, en effet, ne
prouve que Cyrus, tout en avouant que le Seigneur lui avait livré tous les royaumes
de la terre (I Esdras, 1, 2), abandonna la religion des Perses et embrassa celle des
Juifs. C'est ainsi que Nabuchodonosor, qui avait reconnu la main du Seigneur (Da-
niel, n, 41), resta dans l'erreur et dans l'idolàtrie. Cependant tout véritable hébrai-
ACT. 104
1650
5. Je suis le Seigneur, il n'y en
a pas davantage; hors moi il n'y
a pas de Dieu; je t'ai ceint et tu
ne m'as pas connu;
6. Afin qu'ils sachent, ceux qui
sont du levant et ceux qui sont
de l'occident, que hors moi, il n'y
en a pas. Je suis le Seigneur et
il n'y en a pas d'autre,
7. Formant la lumière, et cré-
ant les ténèbres; faisant la paix,
et créant les maux; je suis le
Seigneur, faisant toutes ces cho-
ses.
8. Cieux, versez votre rosée
d'en haut, et que les nuées pleu-
vent un juste; que la terre s'ou-
vre, et qu'elle germe un sauveur,
et que la justice naisse en méme
temps; moi, le Seigneur, je l'ai
créé.
9. Malheur à qui dispute contre
celui qui l'a fait, à homme, %
de terre de Samos; est-ce que
l'argile dira à son potier : Que
fais-tu, et ton ouvrage est sans
mains ?
10. Malheur à celui qui dit à un
père : Pourquoi engendres-tu ?
Cuapr. XLV. 9. Jérém., xvii, 6; Rom., ΙΧ
ISAÍE.
[cH. xLv.]
et à une femme : Pourquoi en-
fantes-tu ?
11. Voici ce que ditle Seigneur,
le saint d'Israél, celui qui l'a for-
mé : Interrogez-moi sur les choses
à venir;sur mes filsetsurl'eeuvre
de mes mains, donnez- moi vos
ordres.
19. C'est moi qui ai fait la
terre, et moi qui ai créé l'homme
sur la terre; mes mains ont
étendu les cieux, et à toute leur
milice j'ai donné mes ordres.
13. C'est moi qui 181 6
pour la justice, et toutes ses
voies, je les dirigerai; lui-même
bâtira ma cité, il renverra mes
captifs sans rançon ni présent,
dit le Seigneur Dieu des armées.
14. Voici ce que ditle Seigneur:
Le travail de l'Egypte, le com-
merce de l'Ethiopie, et les Sabé-
ens, hommes d'une haute taille,
viendront vers toi et seront à toi;
ils marcheront derrière toi, et ils
s'avanceront les fers aux mains ;
ils se prosterneront devant toi,
et ils te supplieront, disant : C'est
seulement en vous quil y a un
20.
sant devra reconnaitre que le texte original peut signifier : Et tu ne l'avais pas connu,
c'est-à-dire, quoique tu ne 16 connusses pas auparavant; ce qui ne préjuge rien sur
Ja conduite postérieure de Cyrus.
9. Je l'ai ceint de tes armes; c'est moi qui t'ai armé.
1. Les maux; les calamités, les infortunes, comme châtiment des péchés
8. Cieux, versez, etc.; prière qu'on fait dans l'Eglise pendant l'Avent, pour de-
mander à Dieu les gráces de l'avénement de Jésus-Christ, le juste par excellence et
le sauveur des hommes. — Moi, le Seigneur qui l'a créé. Cette parole s'entend aussi
de Jésus-Christ, selon son humanité. Il est fils de Dieu et fils de l'homme. Comme
fils de Dieu, il est engendré de toute éternité dans le sein du Pére, il est comme lui
le principe dela justice et du salut; comme fils de l'homme, il ἃ été créé de Dieu
dans le sein de Marie, de laquelleil est né dans la plénitude des temps.
9. Ton ouvrage est sans mains; c'est-à-dire ton vase n'a pas d'anses; tu m'as mal
fait, je suis un vase inutile. — * De (erre de Samos. Dans l'hébreu : un tél de terre
simplement.
12. * Leur milice; les étoiles.
14. Le travail, etc. Les travaux des Egyptiens consistaient principalement dans la
culture des terres et le soin des bestiaux. — Vers toi, Israël. — Se proslerneront
devant loi; littér. Cadoreront, Voy., sur cette expression, Genèse, XVII, 2,
[cn. xrvi.]
Dieu, et hors de vous il n’y a pas
de Dieu.
45. Vraiment vous étes un Dieu
caché, le Dieu d'Israél, un sau-
veur.
16. Ils ont été confondus, et
ont rougi tous; tous ensemble
ils sont allés à la confusion, les
fabricateurs d'erreurs.
17. Israël a été sauvé par le
Seigneur d'un salut éternel; vous
ne serez pas confondus ; et vous
ne rougirez pas dans les siècles
des siècles.
18. Parce que voici ce que dit
le Seigneur, qui a créé les cieux,
le Dieu méme qui a formé la terre
et l'a faite; celui-là méme qui l'a
faconnée; ce n'est pas en vain
qu'ill'acréée; c'est afin qu'elle füt
habitée qu'il l'a formée ; je suis
le Seigneur, et il n'y en ἃ point
d'autre.
19. Je n'ai pas parlé dans le se-
cret, dans un lieu de la terre
ténébreux. Je n'ai pas dit à la
race de Jacob en vain : Cherchez-
moi, je suis le Seigneur, parlant
justice, annoncant la droiture.
90. Rassemblez-vous, venez, et
approchez-vous ensemble, vous
qui avez élé sauvés des nations;
ils sont dans lignorance, ceux
qui élèvent un bois qu'ils ont
sculpté, et qui prient un Dieu qui
ne sauve pas.
24. Rom., xiv, 11; Philip., rr, 40.
ISAIE.
1651
91. Annoncez, venez, et con-
sultez ensemble ; qui a fait enten-
dre cela dès le commencement,
et dès lors l’a prédit ? N'est-ce pas
moi, le Seigneur, et il n'y a plus
de Dieu hors moi? un Dieu juste
et qui sauve; il n'y en a pas ex-
cepté moi.
22. Convertissez-vous à moi et
vous serez sauvés, vous tous,
confins de la terre; parce que
moi je suis Dieu, et qu'il n'y en a
point d'autre.
93. Par moi-même j'ai juré; il
sortirademaboucheune parole de
justice, et elle ne reviendra pas:
94. Que devant moi tout genou
fléchira, et toute langue jurera
par mon nom.
95. Ainsi, dira chacun, c'est
dans le Seigneur que sont ma
justice et l'empire; vers lui vien-
dront et seront confondus tous
ceux qui s'opposent à lui.
26. Dans le Seigneur sera jus-
tifiée et glorifiée toute la postérité
d'Israël.
CHAPITRE XLVI.
Ruine des idoles de Babylone. Israël pro-
tégé du Seigneur. Le Seigneur est le
seul Dieu véritable; tous ses desseins
s'accomplissent. Dieu promet le salut
à Sion.
1. Bel a été rompu; Nabo a été
brisé; leurs simulacres ont été
———————————————————
23. Ne reviendra pas; ne sera pas retirée, révoquée.
24. Toul genou fléchira, etc. Ces paroles sont citées par saint Paul (Rom., xiv, 10, 11;
Philipp., x, 10, 11), qui les applique à Jésus-Christ. — Par mon nom; ces mots sont
évidemment sous-entendus; Dieu avait ordonné à son peuple de ne jurer qu'en son
nom. Voy. Deutér., vi, 13; Ezod., xxuz, 13.
1-13.* Te Discours: Chute des dieux de Babylone, xtvr. — Les trois derniers dis-
cours du premier cycle ont Babylone pour sujet. Le Prophéte, aprés avoir prédit
ce qu'Israël doit attendre de Cyrus, nous apprend de quelle manière ce roi traitera
Babylone. Le premier discours concernant cette ville annonce la chute de ses dieux.
1652
mis sur des bétes et sur des ani-
maux de service; ces fardeaux
que vous portiez allaient par
leur grand poids jusqu'à vows
lasser.
2. Ils ont péri et ont été brisés
tous ensemble ; ils n'ont pu sau-
ver celui qui les portait, et ils
iront eux-mémes en captivité.
3. Ecoutez-moi, maison de Ja-
cob, et vous tous, restes de la mai-
son d'Israél, qui étes portés dans
mon sein, qui étes renfermés dans
mes entrailles.
4. Moi-méme je vous porterai
jusqu'à la vieillesse, jusqu'aux
cheveux blancs; c'est moi qui
vous ai faits, et c'est moi qui
vous soutiendrai; c'est moi qui
vous porterai, et vous sauverai.
ὃ. À qui m'avez-vous assimilé,
égalé, comparé et rendu sembla-
ble?
6. Vous qui tirez de l'or de la
bourse, et pesez de l'argent dans
la balance; louant un orfévre afin
qu'il fasse un Dieu ; et on se pros-
terne et on adore.
1. 118 16 chargent surles épaules
Cnar. XLVI. 7. Baruch, vr, 25.
ISAIE.
xr.vi.] .אס]
pour le porter, et pour le placer
en son lieu; il y demeurera et
ne sera pas Ôté de son lieu ; mais
lorsqu'on criera vers lui, il n'en-
tendra pas; de 18 tribulation il ne
les sauvera pas.
8. Souvenez-vous de cela et
soyez confondus; rentrez dans
votre cœur, prévaricateurs.
9. Rappelez-vous le siècle
passé; parce que moi je suis
Dieu, et qu'il n'y a plus d'autre
Dieu, et qu'il n'y a pas semblable
à moi;
10. Annoncant des l'origine la
fin des temps, et dès le commen-
cement les choses qui ne sont pas
encore faites, disant : Ma résolu-
tion sera inébranlable, et toute
ma volonté s'exécutera ;
11. J'appelle de l'orient un oi-
seau, οἱ d'une terre lointaine
l'homme de ma volonté; et je
l'ai dit, et je l'accomplirai ; j'ai
formé ce dessein et je lexécu-
terai. ..
19. Ecoutez-moi, vous au cœur
dur, qui étes éloignés de la jus-
lice.
Ils deviendront le butin du vainqueur, 1-2; Israél le verra et reconnaitra la grandeur
de Jéhovah, 3-5, au-dessus de ces dieux-statues, 6-7. Que ceux qui sont enclius à l'ido-
lâtrie le remarquent et qu'ils comprennent que Dieu sait tout et gouverne tout, 8-11;
que les endurcis voient par.là que le salut annoncé est proche, 12-13.
1. Bel ou Bélus; premier roi des Babyloniens, mis par eux au nombre des divi-
nités, et sur le tombeau duquel on érigea un temple somptueux. — Nabo; divinité
aussi des Babyloniens. Cyrus enleva leurs statues et les fit briser pour en employer
l'or et l'argent à d'autres usages. — Ces fardeaux, etc. Les idoles sont appelées des
fardeaux, parce que dans les solennités, les prêtres les portaient en pompe. Com-
par. vers. 1. :
2. Eur-mémes; littér. leur áme (anima eorum). En hébreu comme en arabe, le mot
âme s'emploie pour personne, individu.
4. Jusqu'aux cheveux blancs; jusqu'à l’âge le plus avancé.
7. * Les bas-reliefs assyro-chaldéens nous représentent des processions dans les-
quelles les adorateurs de Bel et de Nabo les portent sur leurs épaules.
41. Un oiseau; c'est-à-dire Cyrus, qui viendra aussi vite qu'un oiseau qui vole;
ou bien est-ce une allusion à l'aigle, que ce prince faisait mettre au haut d'une lance,
et qui avait les ailes étendues, pour marquer sa présence dans larmée? Compar,
Jérém., xLix, 22, et Ezéch., xvn, où Nabuchodonosor est comparé à un aigle,
[cg. xLvii.]
13. J'ai rapproché le temps de
ma justice, il ne sera pas différé,
et mon salut ne tardera pas. J'é-
tablirai dans Sion lesalut, et dans
Israél ma gloire.
CHAPITRE XLVII.
Ruine de Babylone. Punition de sa du-
reté, de son orgueil et de sa fausse
sagesse.
1. Descends, assieds-toi dans la
poussiere, vierge, fille de Baby-
lone; assieds-toi sur la terre; il
n'y a pas de tróne pour la fille
des Chaldéens, tu ne seras plus
appelée délicate et tendre.
2. Tourne 18 meule, fais moudre
la farine : mets à nu ta honte, et
découvre ton épaule, relève ta
robe, passe des fleuves.
3. Ton ignominie sera dévoilée,
et on verra ton opprobre; je me
vengerai, et pas dhomme ne me
résistera.
4. Notre rédempteur, son nom
estleSeigneur desarmées, lesaint
d'Israél.
5. Assieds-toi en silence, et en-
tre dans les ténèbres, fille des
Chaldéens, parce que tu ne seras
plus appelée dominatrice des
royaumes.
6. J'ai été irrité contre mon
ISAIE.
1655
peuple, j'ai traité comme une
chose souillée mon héritage, je
les ai mis en ta main, tu ne leur
as pas accordé de miséricorde;
sur le vieillard tu as appesanti
ton joug outre mesure.
1. Et tuas dit : À jamais je serai
souveraine; tu n'as pas mis ces
choses sur ton cœur, et tu ne t'es
pas souvenue de ton dernier mo-
ment.
8. Et maintenant, écoute ceci,
voluptueuse, qui demeures en
pleine assurance, qui dis en ton
cœur : Moi je suis, et il n'y a hors
moi personne plus; je ne resterai
pas veuve, et j'ignorerai la stéri-
lité.
9. Ces deux maux te viendront
soudain, en un jour, la stérilité,
et la viduité ; tous viendront sur
toi, à cause de la multitude de
tes maléfices, et à cause de la
dureté violente de tes enchan-
teurs.
10. Et tu as eu confiance dans
ta malice, et tu as dit : ll n'y a
personne qui me voit. Ta sagesse,
et ta science, c'est ce qui t'a sé-
duite. Et tu as dit dans ton cœur :
Moi je suis, et hors moi, il n'y en
a pas d'autre.
41.Il viendra sur toi un malheur
CHAP. XLVIL 3. Nah., n, 5. — 8. Apoc., xvii, 7. — 9. Infra, rr, 19.
13. Mon salut; le salut que je dois donner; ce salut, c'est le Messie, dont Cyrus
était la figure. — Sion; représente l'Eglise, le peuple fidéle, soit d'entre les Juifs,
soit d'entre les gentils.
1-15. * 8e Discours : Chute de Babylone, la capitale du grand empire, xLvir. Après
les dieux de Babylone vient le tour de la ville elle-méme. Elle tombe, la grande cité,
du haut de son orgueil, 1-4, parce qu'elle a abusé de sa force et opprimé sans pitié
le peuple de Dieu, 5-7; elle va expier soudain son arrogance, et ses magiciens ne la
sauveront pas, 8-15.
1. Assieds-loi dans la poussière; comme une personne désolée et dans le deuil. —
Fille de Babylone; c'est-à-dire ville de Babylone. Voy. 1, 8.
2. Tourne la meule. C'est l'exercice auquel on soumettait les plus vils esclaves.
1. Tu n'as pas mis, etc.; tu n'as pas considéré. — Tu ne t'es pas souvenue, etc.; tu
t'es pas représenté ce qui devait arriver.
1655
et tu ne sauras pas son origine ;
il fondra sur toi une calamité que
iu ne pourras conjurer; il vien-
dra sur toi soudainement une
misère, que tu ne connaitras pas.
19. Parais avectes enchanteurs,
et avec la multitude de tes malé-
fices auxquels tu t'es appliquée
dés ta jeunesse, pour voir si par
hasard quelqu'un d'eux te sera
utile, ou si tu pourras devenir
plus forte.
13. Tu as défailli dans la mul-
titude de tes conseils; qu'ils pa-
raissent et qu'ils te sauvent, ceux
qui observaient le ciel, qui con-
templaient les astres, et suppu-
taient les mois, afin de t'annon-
cer par ce moyen ce qui doit t'ar-
river.
14. Voici qu'ils sont devenus
comme de la paille, un feu les a
brülés;ils ne délivreront pasleur
àme de la main de la flamme ; ce
ne sont pas des charbons ardents
avec lesquels on se chauffe, ni
un foyer auprès duquel on s'as-
sied.
15. Ainsi sont devenues toutes
ces choses auxquelles tu t'étais
appliquée ; ceux qui ont trafiqué
avec toi dès ta jeunesse ont erré,
ISAIE.
]6₪. xrvin.]
chacun dans sa voie; il n'en est
pas qui te sauve.
CHAPITRE XLVIII.
Reproches contre Israël. Sa délivrance
gratuite. Promesse d'un libérateur,
c'est-à-dire du Messie figuré par Cyrus.
Délivrance d'Israël.
1. Ecoutez ceci, maison de Ja-
cob, vous qui êtes appelés du nom
d'Israël, et êtes sortis des eaux de
Juda, qui jurez au nom du Sei-
gneur, qui vous souvenez du Dieu
d'Israël, mais non dans la vérité
et la justice.
2. Car ils ont été appelés du
nóm de la cité sainte, et sur le
Dieu d'Israël ils se sont appuyés;
le Seigneur des armées est son
nom.
3. J'ai annoncé dès lors les évé-
nements passés; c'est de ma bou-
che qu'ils sont sortis et je les ai
fait entendre; je Jes ai accomplis
tout d'un coup, et ils sont ar-
rivés.
4. Car je savais que tu es dur,
que ton cou est une chaine de fer,
et ton front d'airain.
5. Je t'ai prédit dès lors ces
choses ; avant qu'elles vinssent je
te les ai indiquées, de peur que
42. * Il y avait une multitude d'enchanteurs et de devins à Babylone.
13. * Les Chaldéens étaient particuliérement renommés comme astrologues et obser-
vateurs des astres.
1-99. * 9e Discours : Juda affranchi de la captivité de Babylone, xrvmr. Babylone
abattue, Juda sera délivré. Que ceux qui s'appellent Israélites, mais ne le sont pas
en réalité, reconnaissent donc que le Seigneur a tenu ce qu'il avait promis et prédit
longtemps à l'avance, afin qu'on ne l’attribuât point aux idoles, 1-8. Les malheurs
d'Israël n'ont été qu'une épreuve; elle est finie et Dieu affranchit son peuple, afin
que les Gentils ne disent point qu'il n'a pas réalisé ses desseins, 9-11. Qu'Israél écoute
donc son Dieu, qui promet et qui exécute, 12-16; qu'il lui soit fidéle pour étre heu-
reux à jamais, 41-19. Qui se convertira sera délivré du joug des Chaldéens; qui
s'endurcira n'aura point de part au salut, 20-22.
1. Sorlis des eaux de Juda; c'est-à-dire issus de Juda. — Qui vous souvenez; dans
les serments et dans les cérémonies de la religion.
2. Ils ont été appelés, etc.; ils ont pris le nom de citoyens, d'habitants de Jérusa-
lem, où Dieu habite.
[(Η. xrvr.)
tu ne dises : Ce sont mes idoles
qui les ont faites, et mes images
taillées au ciseau et jetées en
fonte qui les ont ordonnées.
6. Les choses que tu as enten-
dues, vois-les toutes; mais vous,
est-ce que vous les avez annon-
cées? Je t'en ai fait entendre dès
lors de nouvelles; et il en est de
réservées que tu ne connais pas;
1. C'est maintenant qu'elles ont
été créées, et non pas alors;avant
un jour seulement, et tu ne les as
pas entendues, de peur que tu ne
dises : Voiei que moi je les con-
naissais.
8. Tu n'as entendu, ni connu,
ton oreille méme alors n'était pas
ouverte; car je sais que prévari-
quant, tu prévariqueras, et je t'ai
appelé transgresseur dés le sein
de ta mere.
9. A cause de mon nom, j'éloi-
gnerai ma fureur, et pour ma
gloire je te mettrai un frein, pour
que tu ne périsses pas,
10. Je t'ai purifié par le feu,
mais non comme l'argent : j'ai
choisi pour toi le fourneau de la
pauvreté.
11. C'està cause de moi, à cause
de moi que je ferai que mon nom
ne soit pas blasphémé, et je ne
donnerai pas ma gloire à unautre.
12. Ecoute-moi, Jacob, et 0%
ISAIE.
Israël, que j'appelle; moi qui
suis, moi le premier, et moi le
dernier.
18. Ma main aussi a fondé la
terre, et ma droite a étendu les
cieux; moi, je les appellerai, etils
seront là {ous ensemble.
14. Rassemblez-vous tous et
écoutez-moi : qui d'entre eux a
annoncé ces choses? Le Seigneur
l'a aimé, il fera sa volonté dans
Babylone ; et 27 sera son bras par-
mi les Chaldéens.
15. C'est moi, c'est moi qui ai
parlé, et je l'ai appelé ; jel'ai ame-
né, et sa voie est aplanie.
16. Approchez-vous de moi, et
écoutez ceci : des le principe je
n'ai pas parlé en secret; dans le
temps méme, avant l'événement,
jétais là; et maintenant le Sei-
gneur etson esprit m'ont envoyé.
11. Voici ce que dit le Seigneur
ton rédempteur, le saint d'Israél :
Moi le Seigneur ton Dieu, je t'en-
seigne des choses utiles, je te di-
rige dans la voie par laquelle tu
marches.
18. Oh! si tu avais été attentif
à mes commandements, ta paix
aurait été comme un fleuve, et
ta justice comme les flots de la
mer;
19. Ta postérité eüt été comme
le sable de ses rivages, et les re-
Car. XLVIIT. 11. Supra, מזזא 8. — 12. Supra, ינזא ;4 זוא 6; Apoc., 1, 8, 17 ; xxii, 13.
6. Les choses, etc. Le Prophéte suppose que le peuple juif est de retour de la cap-
tivité; il lui dit en conséquence qu'il doit voir la vérité de tout ce qui lui a été prédit.
— Mais vous; apostrophe aux idoles, ou aux adorateurs des idoles.
1. C'est maintenant, etc. Ce sont des prédictions que je fais maintenant.
10. Non comme l'argent; qu'on épure dans le feu, jusqu'à ce que tout ce qu'il y a
d'impur en soit séparé; ce qui t'aurait entièrement consumé ; je t'ai seulement affiné
dans le fourneau de la pauvreté.
14. D'entre eux; c'est-à-dire des faux dieux ou de leurs adorateurs. — L'a aimé, etc.;
à aimé Cyrus, qui exécutera sa volonté dans Babylone. — Son bras; Vinstrument dont
il se servira contre les Chaldéens.
18. * Comme un fleuve; c'est-à-dire trés abondante, pleine et complète,
1656
jetons de ton sein comme les pe-
tites pierres de ses bords; le nom
de ta race n'aurait pas péri, et il
n'eüt pas été effacé de devant ma
face.
20. Sortez de Babylone, fuyez
de chez les Chaldéens, avec la
voix de l’exultation annoncez
celle nouvelle, failes-la entendre
el portez-la jusqu'aux extrémités
de la terre. Dites : Le Seigneur a
racheté son serviteur Jacob.
91. Ils n'ont pas eu soif dans le
désert, lorsqu'il les ramenait ; il
fitsortir del'eau d'unepierre pour
eux, et il fendit la pierre et des
eaux coulèrent.
22. Il n'y a point de paix pour
les impies, dit le Seigneur.
CHAPITRE XLIX.
Le messie rejeté par Israél et envoyé aux
nations. Délivrance d'Israél. Plainte de
Sion. Son rétablissement. Ruine de ses
ennemis.
1. Ecoutez, iles, et soyez atten-
tifs, peuples éloignés: le Seigneur
ISAIE.
[cH. xLIx.
dès le sein m'a appelé, dès les en-
trailles de mamèreils’estsouvenu
de mon nom.
2. IL a disposé ma bouche com-
me un glaive aigu; à l'ombre de
sa main il m'a protégé, et il m'a
disposé comme une fleche choi-
sie; il m'a caché dans son car-
quois.
3. Et il m'a dit : Mon serviteur,
c'est toi, Israél, parce qu'en toi je
me glorifierai.
4. Et moi j'ai dit : C'est dans le
vide que j'ai travaillé, c'est sans
motif et vainement que j'ai con-
sumé ma force ; ainsi mon juge-
ment est au pouvoir du Seigneur,
et mon travail au pouvoir de
Dieu.
5. Et maintenant, dit le Sei-
gneur, qui m'a formé des le sein
de ma mere pour le servir, afin
que je ramène Jacob à lui, et Is-
raél ne sera pas rassemblé, et j'ai
été glorifié aux yeux du Sei-
gneur, et mon Dieu est devenu
ma force.
20. Jér., 11, 6. — 21. Exode, xvu, 6; Nomb., xx, 11. — 22. Infra, Lvu, 21. —
Cuar. XLIX. 1. Jér., 1, 5; Galat., 1, 15. — 2. Infra, τι, 16.
21. Ils n’ont pas eu soif, etc. La sortie de Babylone est comparée à la sortie d'Egypte.
Les promesses faites ici à Israél sont un renouvellement de celles qu'on a lues,
ΧΧΧΥ, 0: ΧΙ, 11, 18; ד 20.
1-96. * II. Seconde section : Le serviteur de Dieu ou le Messie dans ses humilia-
tions et dans sa gloire, xzix-Lvu. — 1er Discours : Le serviteur de Dieu annonce qu'il
est constitué maître de tous les peuples, xzix. Dans la première moitié de ce dis-
cours, 1-13, le serviteur de Dieu se présente à nous comme le restaurateur d'Israél
et l'auteur de la conversion des Gentils; dans la seconde, 14-26, il console Sion, qui
se croit abandonnée de Dieu, mais qui sera au contraire glorifiée, aprés avoir été
délivrée de ses maux. Voir Act., xut, 41 et Is., xuix, 6; II Corinth., vi, 2 et Is., ΧΗΣ, 8.
1. Ecoutez, iles, etc. Ce verset et les suivants doivent, d'aprés les Péres, le commun
des interprètes, le témoignage de saint Paul (Actes, xvm, 41; II Corinth., vr, 2) et la
force méme des expressions du texte, étre appliqués à Jésus-Christ. — M'a appelé, etc.
Compar. Luc, 1, 31 ; τι, 21.
3. Mon serviteur, etc. Jésus est considéré ici selon son humanité. Voy. xum, 1. Il est
nommé Jsraël, parce qu'il fut représenté par Jacob, surnommé Israël, comme il est
appelé ailleurs David, parce qu'il fut représenté par David.
5. Qui m'a formé; ces mots et les suivants jusqu'à la fin du verset forment une
parenthèse, et le complément du verbe dit (dicit) qui précède immédiatement, ne se
trouve exprimé qu'au vers. 6.
"eu, xuix.]
6. Il a donc dit : C'est peu que
tu me serves à relever les tribus
de Jacob, et à convertir les restes
d'Israél. Voici que je t'ai posé en
lumiere des nations, afin que tu
sois mon salut jusqu'à l'extrémité
de la terre.
7. Voici ce que dit le Seigneur,
le rédempteur d'Israël, son saint,
à une àme méprisable, à une
nation détestée, à lesclave de
ceux qui /e dominent : Les rois
te verront, et les princes se leve-
ront, et ils Zadoreront à cause du
Seigneur, parce qu'il est fidele,
et à cause du saint d'Israël qui t'a
choisi.
8. Voici ce que dit 16 Seigneur:
En un temps favorable je t'ai
exaucé, et en un jour de salut je
t'ai secouru, je t'ai conservé, et je
l'ai établi pour faire alliance avec
un peuple, afin que tu rétablisses
une terre, et que tu possèdes des
héritages dissipés;
9. Afin que tu dises à ceux qui
étaient dans les fers : Sortez; et
à ceux qui étaient dans les ténè-
bres : Venez à la lumiere. Sur
les chemins, ils trouveront à pai-
tre, et dans toutes les plaines
seront leurs páturages.
10. Ils n'aurontpas faim, ni soif;
ISATE.
1657
la chaleur ne les atteindra pas, ni
le soleil; parce que celui qui a
pitié d'eux les conduira, et à des
sources d'eaux il les fera boire.
11. Et je disposerai toutes mes
montagnes en une voie, et mes
sentiers seront élevés.
12. Voici que ceux-ci viendront
de loin, et voici que ceux-là ven-
dront de l'aquilon et de la mer,
et ceux-ci de la terre du midi.
13. Louez, cieux; exulte, terre;
montagnes, faites retentir la lou-
ange, parce que le Seigneur a
consolé son peuple, et qu'il aura
pitié de ses pauvres.
14. Et Sion a dit : Le Seigneur
m'a abandonnée, et le Seigneur
m'a oubliée.
15. Est-ce qu'une mère peut
oublierson enfant, de sorte qu'elle
n'ait pas pitié du fils de son sein?
mais quand méme elle l'oublie-
rait, pour moi, je ne t'oublierai
point.
16. Voici que je t'ai gravée
dans mes mains; tes murs sont
devant mes yeux sans cesse.
17. [15 sont venus, tes cons-
tructeurs; ceux qui te détrui-
saient et te dissipaient, sortiront
de ton enceinte.
18. Léve tes yeux tout autour
6. Supra, xui, 6; Actes, xi, 47. — 8, II Cor., vi, 2. — 10. Apoc., vit, 16. — 18. Infra, rx, 4.
6. Mon salut; c'est-à-dire le salut que je donne, que j'envoie.
8. Un temps favorable, un jour de salut pour faire alliance. Voy. II Corinth., vi, 2.
10. Ils n'auront pas, etc. Compar. xrvm, 21.
12. La mer; c'est-à-dire le couchant. La Méditerranée était au couchant de la Judée.
— Du midi; selon les Septante, des Perses, et suivant l'hébreu, de Sinim, que les uns
entendent de Sin, ancienne ville d'Egypte, appelée depuis Péluse, l'Egypte étant en
effet au midi de la Judée, les autres du Sinai, situé dans l'Arabie, au midi de la Judée;
d'autres de Syène, ville dela Thébaide méridionale à l'extrémité de l'Egypte; d'autres
enfin de la Chine.
16. Dans mes mains, etc. C'est une allusion à l'usage des Orientaux qui s'impriment
sur le poignet la figure de certains objets qui leur sont chers, pour en mieux con-
server le souvenir.
18. Je vis, moi; formule de serment qui veut dire : Je jure par la vie qui est en
1658
et vois; tous ceux-ci se sont ras-
semblés, et ils sont venus à toi,
Je vis, moi, dit le Seigneur: de
tous ceux-ci, comme d'un orne-
ment, tu seras revétue, et tu t'en
pareras comme une épouse.
19. Tes déserts et tes solitudes,
et ta terre ruinée seront main-
tenant étroits eu égard aux habi-
tants, et ils seront mis en fuite
au loin, ceux qui te dévoraient.
90. Ils te diront encore à tes
oreilles, les fils de ta stérilité :
Le lieu est étroit; fais-moi de
l'espace, afin que j'habite.
91. Et tu diras dans ton cœur :-
Qui m'a engendré ceux-ci? j'é-
tais stérile, et je n'enfantais pas;
exilée et captive; el ceux-ci, qui
les a nourris? j'étais abandonnée
et seule, et ceux-ci, où étaient-
ils?
99. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Voici que vers des nations
j'élèverai ma main, et devant des
peuples je hausserai mon éten-
dard; et ils apporteront tes fils
entre leurs bras, et tes filles, ils
les porteront sur leurs épaules.
23. Et les rois seront tes nour-
riciers, et les reines tes nourrices ;
la face contre terre, ils se proster-
ISATE.
₪. L.]
neront devant toi, etils lecheront
la poussière de tes pieds. Et tu
sauras que je suis le Seigneur,
dans lequel ne seront pas confon-
dus ceux qui l'attendent.
24. Est-ce qu'on ótera à un
homme fort sa proie? ou ce qui a
été pris par un homme robuste,
pourra-t-il être sauvé?
25. Parce que voici ce que dit le
Seigneur : Certainement et les
captifs seront ótés à un homme
fort, et ce qui aura été enlevé par
un homme robuste sera sauvé.
Or ceux qui t'ont jugée, moi je
les jugerai, et tes fils, moi je les
sauverai.
26. Et je nourrirai tes ennemis
de leurs propres chairs, et comme
d'un vin nouveau je les enivrerai
de leur sang; et toute chair saura
que c'est moi le Seigneur qui te
sauve, et que ton rédempteur est
le fort de Jacob.
CHAPITRE L -
Israél est vendu pour ses iniquités; Dieu
est tout-puissant pour le délivrer. Le
Messie exposé aux insultes. Ruine de
ses ennemis.
1. Voici ce que dit le Seigneur:
Quel est cet acte de répudiation
moi essentiellement, par ma vie éternelle. Le que (quia) du texte et les mots suivants,
sont un complément du verbe je vis, que représente 7e jure.
19. Tes déserts, etc.; littér. que (quia) les déserts, etc.; autre complément de Je vis.
Voy. le verset précédent.
20. Les fils de ta stérilité; qui te seront nés dans ta stérilité, c'est-à-dire durant la
captivité. /
93. Les rois, etc. Les rois de Juda et d'Israél donnaient leurs enfants à élever aux
principaux de leurs Etats. IV Rois, 1 et suiv.
26. Je nourrirai, etc. Les Chaldéens, les Assyriens et les Babyloniens, qui s'étaient
d'abord réunis pour perdre les Juifs, s'armérent plus tard les uns contre les autres,
et s'égorgerent brutalement. — Toute chair; hébraisme pour {ous les hommes.
1-11. * 2e Discours : Répudiation de la synagogue par sa faute, r. — Israël s'est fait
rejeter volontairement de Dieu, par sa désobéissance et son incrédulité, 1-3. Le ser-
viteur de Dieu vient comme Sauveur, et apporte le salut à son peuple; il souffrira
dans sa passion, 6, et Malth., xxvr, 21, mais ses souffrances seront sa victoire, 4-9.
L.] .זס]
donné à votre mère, par lequel
je l'ai renvoyée? ou quel est mon
créancier à qui je vous ai vendus?
voilà que pour vos iniquités vous
avez été vendus, et pour vos
crimes, j'ai renvoyé votre mère.
2. Parce que je suis venu, et
il n'y avait pas un homme; j'ai
appelé, et il ny avait personne
qui entendit; est-ce que ma main
S'est raccourcie, et est devenue
toute petite, en sorte que je ne
puisse vous racheter? ou bien
n'y a-t-il pas en moi de force
pour délivrer? Voici qu'à ma ré-
primande je ferai un désert de
la mer; je mettrai les fleuves à
560; [65 poissons pourriront faute
d'eau, et périront de soif.
3. J'envelopperai les cieux de
ténebres, et jeleur mettrai un sac
pour couverture.
4. Le Seigneur m'a donné une
langue savante, afin que je sache
soutenir parla parole celui qui est
abattu ;ilprépare dès le matin, dès
le matin il prépare mon oreille,
afin que [6 /écoute comme un
maitre.
ὃ. Le Seigneur Dieu m'a ouvert
l'oreille, et moi je nele contredis
pas; je ne me suis pas retiré en
arriere.
6. J'ai abandonné mon corps
ISAIE.
1659
à ceux qui ne frappaient, mes
joues à ceux qui arrachaient ma
barbe; je n'ai pas détourné ma
faceàceux qui meréprimandaient
et qui crachaient sur moi.
7. Le Seigneur Dieu est mon
aide ; c'est pour cela que je n'ai
pas été; confondu ; c'est pour cela
que j'ai présenté ma face comme
une pierre très dure, et je sais
que je ne serai pas confondu.
8. Près de moi est celui qui me
justifie, qui me contredira? pré-
sentons-nous ensemble, qui est
mon adversaire? qu'il s'approche
de moi.
9. Voici queleSeigneur Dieu est
mon aide, qui est-ce qui me con-
damnera? voici que tous seront
mis en pièces comme un véte-
ment, la teigne les rongera.
10. Qui de vous craint le Sei-
gneur, écoute la voix de son ser-
viteur? que celui qui a marché
dans les ténèbres et en qui n'est
pas la lumière, espère au nom du
Seigneur, et qu'il s'appuie surson
Dieu.
11. Voici que vous tous qui avez
allumé un feu, qui étes environ-
nés de flammes, marchez à la lu-
mière de votre feu, et dans les
flammes que vous avez allumées ;
c'est par ma main que cela vous a
Cuap. L. 2. Infra, nix, 1. — 6. Matt., xxvi, 67. — 8. Rom., vir, 33.
Que chacun écoute donc sa voix, qui veut étre sauvé; quiconque ne l'entendra pas
périra, 10-41.
1. Quel est cet acte, etc. Cette femme représente particulièrement la maison d'Israël,
coinme on le voit dans Jérém., ur, 8; mais elle figure aussi la synagogue, la nation
juive, rejetée à cause de son incrédulité depuis la mort de Jésus-Christ.
9. M'a ouvert l'oreille; m'a fait entendre, m'a révélé ses volontés. Compar. xuvrr, 8
et Ps. xxxix, 6. — Je ne me suis pas, etc.; cette expression est empruntée d'un atte-
lage de bœufs, qui ne veulent pas se laisser conduire.
6. J'ai abandonné, etc. Tout ceci s'est accompli à la Passion de Jésus-Christ. Com-
par. Matlh., xxvi, 61.
11. Vous dormirez (dormietis) ; c'est-à-dire selon l'hébreu et les Septante, vous vous
coucherez ou vous mourrez.
100
été fait, vous dormirez au milieu
des douleurs.
CHAPITRE LI.
Rétablissement de Sion. Délivrance d'Is-
raél. Ruine de ses ennemis. Jérusalem
consolée, ses ennemis humiliés.
1. Ecoutez-moi, vous qui suivez
ce qui est juste, et qui cherchez
le Seigneur; portez votre atten-
lion sur la pierre dont vous avez
été taillés, et sur la cavité de la
citerne dont vous avez été arra-
chés.
2. Portez votre attention sur
Abraham votre père, et sur Sara
qui vous a 618168 ; je l'ai appelé
seul, et je l'ai béni, et je l'ai mul-
tiplié.
3. Ainsi le Seigneur consolera
Sion, etil consolera toutes ses rui-
nes; il rendra son désert comme
un lieu de délices, et sa solitude
comme un jardin du Seigneur. On
y trouvera la joie et l'allégresse,
l'action de gráce et la voix de la
louange.
4. Soyez attentifs à moi, mon
peuple; ma tribu, écoutez-moi ;
ISAIE.
[cu. [.זז
parce qu'une loi sortira de moi,
et que mon jugement pour la lu-
mière des peuples reposera parmi
eux.
5. Proche est mon juste, sorti
est mon sauveur, et mes bras ju-
geront les peuples : les iles m’at-
tendront, et elles espéreront mon
bras.
6. Levez au ciel les yeux; et
voyez en bas sur la terre; parce
que les cieux comme la fumée se
dissiperont, et la terre s'usera
comme un vétement, et ses habi-
tants comme elle périront; mais
mon salut sera éternel, et ma jus-
lice ne défaudra pas.
1. Ecoutez-moi, vous qui savez
ce qui est juste, mon peuple, dans
le cœur de qui est ma loi; ne
craignez pas l'opprobre des hom-
mes, n'appréhendez pas leurs ou-
tirages.
8. Comme un vétement, le
ver les rongera, et comme la
laine, la teigne les dévorera;
mais mon salut sera à jamais, et
ma justice dans toutes les géné-
rations.
LI. 6. Ps. xxxvi, 39. — 7. Ps. xxxvi, 31. .סגא
P M M € ——— .- - - ς ͵ῆῆΝ,,ηΝΖ Ὀὔ.ττ .---Ῥ.... —— ה"
1-23. * 3e Discours : Salut final d'Israël, .זז — Le serviteur de Dieu propose à Israél
la condition du salut : la foi qui sera récompensée par les plus grandes consolations,
1-8. — Excité par cette promesse, Israél demande à Dieu de le sauver, comme il l'a
fait autrefois en Egypte, 9-14. — Le Seigneur lui répond et s'engage de nouveau à le
sauver, 12-16. — Alors le prophéte prend la parole et exhorte son peuple au courage
et à la patience, jusqu'à ce que vienne le moment fixé par Dieu pour punir ses enne-
mis, 11-23.
2. Portez votre attention, etc. Il y a ici deux allégories, qui, selon saint Jérôme,
désignent la stérilité d'Abraham et de Sara. — Je l'ai appelé seul; c'est-à-dire lors-
qu'il était sans enfants.
3. Un jardin du Seigneur; un paradis terrestre, comme celui où Dieu placa nos
premiers parents. Compar. Genése, τι, 8.
4. Mon jugement, etc. Voy. xuu, 4, 6, 1.
5. Les iles ; c'est-à-dire selon l'hébreu, les pays lointains.
6, 8. Mon salut ; le salut que je donne.
1. Dans le cœur de qui; littér. et par hébraisme dans leur cœur. En hébreu, le pro-
nom conjonctif ou relatif se sous-entend très souvent. Quant au pronom possessif
leur (eorum) il est au pluriel également dans l'hébreu et dans les Septante, parce qu'il
se rapporte à peuple qui est un nom collectif.
(cu. Li.
9. Lève-toi, lève-toi, revéts-
toi de force, bras du Seigneur,
leve-toi comme aux jours an-
ciens, dans les générations des
siècles. N'est-ce pas vous qui
avez frappé un superbe, blessé
un dragon ?
10. N'est-ce pas vous qui avez
desséché la mer, l'eau du grand
abime; qui avez établi une voie
au profond de la mer, afin que
ceux qui avaient été délivrés y
trouvassent un passage?
11. Et maintenant ceux qui ont
été rachetés par le Seigneur, re-
tourneront et viendront à Sion
chantant des louanges; une allé-
gresse éternelle couronneraleurs
tétes, ils posséderont la joie et
l'allégresse ; la douleur fuira ainsi
que le gémissement.
19. C'est moi, c'est moi-méme
qui vous consolerai; qui es-tu
pour craindre un homme mortel,
le fils d'un homme, qui comme
l'herbe séchera?
13. Et tu as oublié le Seigneur
qui t'a créé, qui a étendu les
cieux et fondé la terre; et tu as
ISAIE.
1661
tremblé sans cesse tout le jour
devant la fureur de celui qui
te tourmentait et se préparait à
te perdre; où est maintenant la
fureur de celui qui te tourmen-
tait?
14. Bientót viendra celui qui est
en marche pour ouvrir les pri-
sons ; il ne tuera pas jusqu'à une
entière exterminationetson pain
ne défaudra pas.
15. Or moi je suis le Seigneur
ton Dieu, qui agite la mer et ses
flots se soulèvent; le Seigneur des
armées est mon nom.
16. J'ai mis mes paroles dans
ta bouche, et à l’ombre de ma
main je t'ai protégé, afin que
tu établisses des cieux, et que
tu fondes une terre, et que tu
dises à Sion : Mon peuple, c'est
toi.
11. Leve-toi, lève-toi, réveille-
toi, Jérusalem, qui as bu de la
main du Seigneur le calice de sa
colère; jusqu'au fond du calice
d'assoupissement tu as bu, et tu
as bu jusqu à la lie.
18. De tous les fils qu'elle a mis
10. Exode, xiv, 21. — 16. Supra, xuix, 2.
9. Dans les générations, etc.; dans les siécles qui se sont succédés. — Un superbe
(superbum); l'hébreu porte Rahab, qui signifie proprement orgueil, fierté, d'où on
l'applique à l'Egypte. Voy. xxx, 7; Ps. uxxxv1, 4. — Un dragon; c'est-à-dire Pharaon,
roi d'Egypte, qu'Ezéchiel (xxix, 3) désigne, en effet, sous ce nom.
10. N'est-ce pas, etc. Ce verset confirme l'interprétation donnée dans le précédent.
12. Le fils d'un homme; expression poétique, pour dire simplement un homme. Dans
ce verset et le suivant, il est question de Nabuchodonosor, roi de Babylone.
14. Pain; par ce mot les Hébreux désignaient souvent toute espèce de nourriture,
les vivres en général.
16. J'ai mis, etc. Ni Isaïe, ni Cyrus, ni saint Jean-Baptiste, n'ont rempli toute l'é-
tendue des paroles qu'on lit ici. Il n'y a que Jésus-Christ à qui l'on puisse en faire
l'application juste et complète. Compar. xrix, 2, 4. — Afin que tu établisses, etc. On
peut dire en toute vérité que le divin Sauveur a établi des cieux nouveaux et fondé
une terre nouvelle, en fondant son Eglise, en changeant la face du monde, par la
prédication de l'Evangile; en faisant d'un peuple corrompu, terrestre, enseveli dans
les ténèbres, un peuple saint, pur et éclairé, dont la vie est en quelque sorte dans
le ciel, etc. (Lxv, 17; uxvu, 22; Matth., xut, 11; Ephés., ix, 19; Philipp., ut, 20; 11 Pierre,
au, 13; Apocal., xxt, 1).
18. Qui prenne sa main; pour la secourir,
1662
au monde, il n'en est pas qui la
soutienne, et de tousles fils qu'elle
aélevés, il n'en est pas qui prenne
sa main.
19. Il y a deux maux qui sont
tombés ensemble sur toi ; qui s'at-
tristera pour toi? le ravage et la
destruction, la faim et le glaive;
qui te consolera?
20. Tes fils ont été jetés par
terre, etils sont 6011068 dans tous
les carrefours, comme un oryx
pris dans les filets; pleins de l'in-
dignation du Seigneur, et de la
réprimande de ton Dieu.
91. C'est pourquoi écoute ceci,
Jérusalem, pauvre et ivre, non de
vin.
22. Voici ce que dit ton domi-
nateur, le Seigneur et ton Dieu,
qui combattra pour son peuple :
Voilà, j'ai pris de ta main le calice
d'assoupissement, le fond du ca-
lice de mon indignation; tu ne
continueras plus à le boire à l'a-
venir.
93. Mais je le mettrai dans la
main de ceux qui t'ont humiliée,
et ont dit à ton âme : Courbe-
toi, afin que nous passions; et
tu as mis ton corps comme la
ISAIE.
(om. Lu.]
terre, et comme la voie des pas-
sants.
CHAPITRE LII.
Délivrance et rétablissement de Jérusa-
lem. Envoyé qui annonce le règne du
Dieu de Sion. Sentinelles qui annoncent
le retour des enfants de Sion. Gloire et
humiliation du Messie. Le Messie re-
connu par les nations.
1. Leve-toi, lève-toi, revéts-toi
de ta force, Sion; revéts-toi des
vélements de ta gloire, Jérusa-
lem. cité du saint; parce qu'il n'y
auca plus à l'avenir d'incirconcis
qui passera au travers de toi, ni
d'impur.
2. Sors de la poussiére, léve-toi,
assieds-toi, Jérusalem ; romps les
fers de ton cou, captive fille de
Sion.
8. Parce que voici ce que dit le
Seigneur: Pour rien vous avez été
vendus, et sans argent vous serez
rachetés.
4. Parce que voici ce que dit le
Seigneur Dieu : Mon peuple des-
cendit en Egypte, dans le prin-
cipe, pour y étre colon; et Assur,
sans aucun sujet, l'a traité avec
violence.
19. Sapra, xzvur, 9. — Car. LII. 4. Genèse, xLvi, 6.
19. Il y a deux maux (duo sunt). Le texte sacré en énumére quatre, mais ces quatre
se réduisent à deux, la guerre et la famine.
20. * Comme un oryz; bœuf sauvage. D'autres traduisent : comme une gazelle.
91. Ivre, non de vin; mais de maux, de calamités.
23. Ton âme; hébraisme, pour £a personne, toi. — Courbe-toi, etc. Les rois chal-
déens avaient apparemment contraint les princes vaincus à leur servir de marche-
pied, ou à se prosterner à leurs pieds, afin de marcher sur leurs corps. Cela n'était
pas sans exemple parmi les rois de l'Orient. Compar. Josué, x, 24; Ps. cix, 1.
1-12. * 4e Discours :
Rétablissement de Jérusalem, uir, 1-12. L'asservissement de
Jérusalem sera changé en domination, l'esclavage en liberté. L'honneur de Dieu de-
mande que la ville sainte soit rétablie :
qu'elle se reléve donc pleine de joie et de
gloire, 1-6. — Sa restauration sera complète et parfaite, 7-12.
1. Parce que, etc. Ceci n'aura son parfait accomplissement que dans le ciel.
4. Assur; c'est-à-dire, les rois d'Assyrie, auxquels succédèrent les rois de
Chaldée,
]68. τα.
5. Et maintenant qu'ai-je ici ὦ
faire, dit le Seigneur, puisque
mon peuple a été enlevé sans mo-
tif? Ses dominateurs agissent ini-
quement, dit le Seigneur, et sans
cesse tout le jour mon nom est
blasphémé.
6. A cause de cela mon peuple
connaitra mon nom en ce jour-
là; 11 saura que moi-même qui
parlais autrefois, me voici pré-
sent.
7. Qu'ils sont beaux surlesmon-
tagnes, les pieds de celui qui an-
nonce et qui préche la paix; qui
annonce le bonheur, qui préche le
salut, qui dit à Sion : il régnera,
ton Dieu !
8. La voix de tes sentinelles;
elles ont élevé la voix, elles chan-
teront ensemble des louanges;
parce qu'ail à œil elles verront,
lorsque le Seigneur converlira
Sion.
₪.
1663
9. Réjouissez-vous et chantez
deslouangesensemble, déserts de
Jérusalem; parce que le Seigneur
a consolé son peuple, qu'il a ra-
cheté Jérusalem.
10. Le Seigneur a préparé son
bras saint aux yeux de toutes les
nations; et ils verront. tous les
confins de la terre, le salut de no-
tre Dieu.
11. Retirez-vous, retirez-vous,
sortez de là, ne touchez rien d'im-
pur; sortez du milieu d'elle, pu-
rifiez-vous, vous qui portez les
vases du Seigneur.
12. Parce que vous ne sortirez
point en tumulte, et vous ne vous
précipiterez point dans votre fui-
te; car le Seigneur vous précé-
dera, et le Dieu d'Israél vous ras-
semblera.
13. Voici que mon serviteur
aura l'intelligence, il sera exalté,
élevé et glorieux.
5. Ezéch., xxxvi, 20; Rom., rr, 24, — 7. Nah., 1, 15; Rom., x, 15. — 10. Ps. xcvir, 3.
— 14. II Cor., νι, 17.
1. Qu'ils sont beaux, etc. Saint Paul applique ceci à la mission des prédicateurs de
l'Evangile (Rom., x, 15).
8. La voiz de tes sentinelles; exclamation pour introduire le sujet du discours. —
OEil à œil; de très prés; synonyme de face à face. Aussi la Vulgate elle-même a-t-elle
traduit ailleurs (Nomór., xiv, 14) par face à face, l'hébreu cil à œil.
11. De là; de Babylone. Saint Paul (II Corinth., vr, 11) semble faire allusion à ce
passage.
12. Le Dieu d'Israël vous rassemblera; c'est-à-dire, qu'au sortir de Babylone, il réu-
nira et conduira son peuple, de méme qu'il le conduisit autrefois à sa sortie de
l'Egypte. Compar. Exode, xut, 21; xiv, 19, 20.
43-1m, 1-12. * 5e Discours : La passion de Notre Seigneur, ur, 13-uur. Ce discours
a été appelé avec raison : « Passio Domini nostri Jesu Christi secundum Isaiam. »
La transition du 4* au 5e discours peut paraitre brusque de prime abord : de la gloire
de Jérusalem nous tombons tout d'un coup dans les humiliations de Gethsémani et
du Calvaire, mais c'est que cette gloire sera le fruit de ces abaissements, Phil., τι,
7-10. De plus, xux, 5, 6, 8-9; L, 5-6, nous ont préparés au tableau des douleurs du
Messie. ἃ partir de ur, 13, Isaie prophétise plus expressément la passion, comme le
remarque Théodoret de Cyr. Les versets 13-15 forment comme l'exorde : le serviteur
de Jéhovah doit étre anéanti pour monter au plus haut degré de gloire. — Il doit
étre anéanti, parce qu'il est l'agneau qui porte les péchés du monde, la victime in-
nocente qui expie nos propres fautes, rrr, 1-6. — Il se dévoue volontairement pour
nous et, de la sorte, il obtient notre pardon et se couvre lui-même d'honneur et de
gloire, 1-12, — Ainsi 16 Messie sera l'innocence méme, 9, s'offrant volontairement en
sacrifice, 1; cf. Malth., xxvi. 63; Jean, x, 18; Luc, xit, 50; se chargeant de nos crimes,
4604
14. Comme beaucoup ont été
frappés de stupeur à ton sujet,
3insi sera sans gloire son aspect:
parmi les hommes, et sa forme
parmi les fils des hommes.
18. C'est lui qui aspergera beau-
coup de nations; devant lui, des
rois fermerontleur bouche; parce
que ceux à qui il n'avait pas été
parlé delui, l'ont vu; et ceux qui
n'en avaient pas entendu parler,
l'ont contemplé.
ISAÏE.
(cn. [.ווזם
du de nous? et à qui le bras du
Seigneur a-t-il été révélé?
2. Et il montera comme une
branche menue devant lui, et
comme un rejeton d'une terre
altérée ; il n'a ni éclat ni beauté;
et nous l'avons vu, et il n'avait
pas un aspect agréable, et nous
l'avons désiré ;
3. Méprisé, et le dernier des
hommes, homme de douleur, et
connaissant l'infirmité; son vi-
sage était comme caché, et mé-
prisé, et nous lavons compté
pour rien.
4. 1] a vraiment lui-méme pris
nos langueurs sur lui, et il a lui-
méme porté nos douleurs; etnous
l'avons considéré comme un lé-
preux, frappé de Dieu et humilié.
CHAPITRE LIII.
Le Messie méconnu par son peuple. Nais-
sance obscure du Messie. Ses humilia-
tions, ses souffrances, sa mort. Sa vie
nouvelle, sa longue postérité, les suc-
cès de son ministère.
1. Qui a cru à ce qu'il a enten-
15. Rom., xv, 21. — βαρ. LIII. 1. Rom., x, 16; Jean, xir, 38. — 3. Marc, 1x, 11. —
4. Matt., vri, 17.
Is., vui, 5, 6, 8, 11, 12; cf. Matth., vux, 11; Act., vir, 32-33; 1 Cor., xv, 3; confondu
avec les scélérats, Is., tr, 12; Luc, xxi, 31; Marc, xv. 28; opérant notre salut par
les plus grandes humiliations et par sa passion, 1s., Lit, 2, 3, 4, 5; Marc, xi, 12;
I Pierre., 11, 24; priant pour ses bourreaux eux-mêmes, [5.5 nur, 12; Luc, xxut, 34, et
entrant ainsi dans la gloire, 1s., Lux, 8, 9, 11, 12; PAil., ,זנ 7-10. — > Qui a peint ce
portrait de Jésus-Christ? Est-ce un évangéliste ou un Pére de l'Eglise? Quels traits!
quel coloris! quelle expression! quel accord avec les faits! quelle justesse, quel
naturel dans les emblémes! Que dis-je? Ce n'est point une peinture emblématique
d'un avenir fort éloigné; c'est une représentation fidèle du présent, et ce qui n'est
point encore est peint comme ce qui est. L'accord frappant de cet Ecce homo, mon-
tré par Isaie, avec celui qui fut montré [sept] cents ans plus tard par Pilate, est
d'autant plus décisif pour la foi, que l'objet en soi était inimaginable et qu'il
faut nécessairement que le prophète l'ait vu pour le représenter ainsi. » (Auc.
NicoLas.)
13. Voici que mon serviteur, etc. Ici, jusqu'à la fin du chapitre suivant, le prophéte
quitte le figuré, Cyrus et Babylone, pour ne plus parler que du Messie, comme le
disent les Pères et les interprètes; et c'est en vain que les rabbins veulent voir en
cet endroit Jérémie, ou Josias, ou Zorobabel, ou Esdras, ou le peuple juif, la pré-
diction ne saurait convenir à aucun de ces personnages.
14. Sa forme; son extérieur. — Les fils des hommes. Voy. sur cette expression,
LI, 12.
1. Qui a cru, etc. Saint Jean (xu, 38) et saint Paul (Rom., x, 16) reconnaissent ici
une prophétie de l'incrédulité des Juifs à l'égard de Jésus-Christ.
2. Nous l'avons désiré (desideravimus eum). Bien des interprètes suppléant la néga-
tion, qui est dans le membre de phrase précédent, selon un usage assez comunun
en hébreu, traduisent nous ne l'avons pas désiré; ce qui, il faut en convenir, parait
plus conforme au contexte. :
4. Il a vraiment, etc. Saint Matthieu (vu, 17) applique cette parole à Jésus-Christ,
guérissant les malades qu'on lui présentait.
(cn. 11π.]
5. Mais lui-méme 1 ἃ été blessé
à cause de nos iniquités, il a été
brisé à cause de nos crimes; le
châtiment, prix de notre paix,
est tombé sur lui; et par ses
meurtrissures nous avons été
guéris.
6. Nous tous, comme des bre-
bis, nous avons erré ; chacun s'est
détourné vers sa voie; et le Sei-
gneur a mis sur lui l'iniquité de
nous tous.
1. ll a été offert parce que lui-
méme l'a voulu, et il u'a pas ou-
vert sa bouche; comme une bre-
bis, il sera conduit à la tuerie, et
comme un agneau devant celui
qui le tond, il sera muet, et il
n'ouvrira pas sa bouche.
8. À la suite des angoisses et
d'un jugement il a été enlevé;
qui racontera sa génération? car
il a été retranché de la terre! des
ISATE.
1665
vivants; à cause du crime de mon
peuple, je l'ai frappé.
9. Et il donnera des impies
pour sa sépulture, et un riche
pour sa mort, parce qu'il n'a pas
commis d'iniquité, et quela trom-
perie n'a pas été dans sa bouche.
10. Mais le Seigneur a voulu le
briser dans son infirmité; s'il
donne, pour le péché, son àme,
il verra une race de longue du-
rée, et la volonté du Seigneur,
par sa main, sera dirigée.
11. De ce que son âme a souf-
fert, il verra le fruit, et il sera
rassasié; par sa science mon
serviteur justifiera lui-même un
grand nombre d'hommes, etleurs
iniquités, lui-méme les portera.
19. C'est pour cela que je lui
départirai un trés grand nombre
d'hommes, et il distribuera les
dépouilles des forts, parce qu'il
5. I Cor., xv, 3. — 7. Matt., xxvi, 63; Actes, vii, 32. — 9. I Pierre, 11, 22; 1 Jean, ri, 5.
— 12. Marc, xv, 28; Luc, xxi, 57; Luc, xxii, 34.
5, 6. Compar. I Pierre, 11, 24, 25.
7, 8. Ces deux versets se trouvent cités dans les Actes des Apôtres (vui, 32, 33),
mais suivant la version des Septante. — Génération; se prend dans l'Ecriture pour
l'action d'élre engendré, durée de la vie humaine, race, famille, les contemporains,
âge, siècle, postérilé. Cette dernière signification nous semble la plus convenable ici,
à cause de ce qui suit immédiatement. C'est comme si le prophète disait : Qui pourra
jamais expliquer comment celui qui est inort au milieu des tourments les plus igno-
minieux a eu une postérité aussi nombreuse et aussi glorieuse ?
9. Il donnera. On pense généralement que 66 pronom 7 représente le mot Dieu ou
Seigneur, sous-entendu; nous croyons, nous, qu'il se rapporte au Messie, sujet de
la plupart des verbes exprimés dans cet oracle prophétique. — Des impies; ainsi porte
l'hébreu, sans l'article déterminatif qui se lit pourtant dans le grec; ce qui peut s'en-
tendre du centurion et de ses soldats qui confessérent, au pied de la croix, la divi-
nité de Jésus-Christ (Marc, xv, 39; Luc, xxur, 47, 48), ou bien des soldats romains
qui gardaient le tombeau du Sauveur. — Pour sa sépulture (pro sepultura), pour sa
mort (pro morle sua); c'est-à-dire pour prix de sa sépulture, pour prix de sa mort;
c'est aussi le sens qu'on donne au texte des Septante. — Un riche (divitem); selon
lhébreu. On l'entend de Joseph, homme riche d'Arimathie (Matth., xvir, 51-60). Le
grec lit les riches. — Parce qu'il n'a pas, etc. Ce passage est appliqué à Jésus-Christ
par plusieurs apôtres (I Pierre, τι, 22; I Jean, πὶ, 5).
10. S'il donne son âme, etc. Saint Paul (IL Corinth., v, 21) fait allusion à ces paroles
du prophéte. — Par sa main; hébraisme, pour par son entremise, par son moyen,
par (ui; c'est-à-dire, que le Seigneur se servira de lui pour exécuter sa volonté.
12. Jésus-Christ annonce à ses disciples que cette prophétie doit s'accomplir en lui
(Luc, xxu, 37), et saint Marc (xv, 28) nous en fait remarquer l'accomplissement.
Ὧν I, 109
1666
a livré à à mort son âme, et
qu'il a été compté parmi les scé-
lérats; parce qu'il a porté les pé-
chés d'un grand nombre, et qu'il
à prié pour les transgresseurs.
CHAPITRE LIV.
Jérusaiem rétablie; multitude de ses
habitants; étendue de sa puissance;
alliance du Seigneur avec elle; magni-
ficence de sa structure; vains efforts
de ses ennemis.
1. Loue /e Seigneur, stérile, qui
n'enfantes pas; chante sa lou-
ange, et pousse des cris de joie,
toi qui n'enfantais pas : parce
que les fils de la délaissée seront
plus nombreux que /es fils de
celle qui a un mari, dit le Sei-
gneur.
2. Elargis l'enceinte de ta tente,
et étends les peaux de tes taber-
nacles; n'épargne rien; allonge
tescordages, et affermistespieux.
3. Car tu pénétreras à droite
t à gauche, et ta race aura des
nations pour héritage, et elle ha-
bitera des villes auparavant dé-
sertes. .
4. Né crains pas, parce que tu
ne seras pas confondue, et tu ne
rougiras pas; car tu n'auras pas
de honte, parce que tu oublieras
la confusion de ta jeunesse; et de
Cap. LIV. 1. Luc, xxii, 29; Gal.,
ISAÏE. [c
H. LIV.]
l'opprobre de ta viduité, tu ne te
souviendras plus.
5. Parce que celui qui t'a faite te
dominera; le Seigneur des ar-
mées est son nom, et ton rédem-
pteur,lesaintd'Israél, sera appelé
le Dieu de toute la terre.
6. Car le Seigneur t'a appelée
comme une femme délaissée et
affligée d'esprit, et comme une
femme repudiée dés sa jeunesse,
a dit ton Dieu.
7. Pour un instant je t'ai un
peu délaissée, mais dans 58
grandes miséricordes je te ras-
semblerai.
δι. Dans un moment d'indigna-
lion je t'ai caché ma face pendant
un peu de temps, mais dans 0
miséricorde éternelle, j'ai eu pitié
de toi, a dit ton rédempteur le
Seigneur.
9. C'estici pour moi comme aux
jours de Noé, à qui je jurai que
je n'aménerais plus les eaux de
Noé sur la terre; ainsi j'ai juré que
je ne me mettrai pas en colere
contre toi, el que je ne te répri-
manderai pas.
10. Car les montagnes seront
ébranlées et les collines frémi-
ront; mais ma miséricorde ne se
retirera pas de toi, et mon alliance
de paix ne sera pas ébranlée, a
Iv, 21. — 5. Luc, 1, 32. — 9. Genèse, 1x, 15.
1-11. * 69 Discours : Gloire de Jérusalem et de l'Eglise, Liv. Jérusalem stérile pen-
dant la captivité devient maintenant féconde par la gráce de Dieu, 1-10. — Elle se
relève de ses ruines et est digne par sa magnificence de ceux qui l'habitent; comme
elle est fidèle à la grâce de Dieu, elle est maintenant invincible, par la force du Sei-
gneur qui la défend et la protège, 11-17.
1. Loue; ou, selon l'hébreu et les Septante, réjouis-loi, jubile. En suivant 16 dernier
sens, saint Paul (Galat., 1v, 26, 21) nous montre dans ce passage la merveilleuse
fécondité de l'Eglise de Jésus-Christ.
9. De Noé ; mots qui semblent former un pur pléonasme;
aussi bien que dans la Vulgate.
10. Mon alliance de paiz; Valliance par laquelle je fais la paix avec toi; littér, et
par hébraisme, l'alliance de ma paix.
ils sont dans l'hébreu
:CH. Lv.]
dit celui qui a pitié de toi, le Sei-
gneur.
11. Tu es pauvre, battue par la
tempéte, et sans aucune consola-
tion. Voici que moi j'alignerai tes
pierres, ettu seras fondée sur des
saphirs.
19. Et je ferai tes tours de jaspe,
et tes portes en pierres ciselées,
et tous tes conlours en pierres
précieuses;
13. Et tous tes fils seront ins-
truits par le Seigneur, et une
abondance de paix est réservée à
tes fils.
14. Et tu seras fondée dans la
justice; éloigne-toi de la violence,
parce que tu n'auras pas à crain-
dre, et de la frayeur, parce qu'elle
ne t'approchera pas.
19. Voici que viendra un ha-
bitant qui n'était pas avec moi;
que celui qui était étranger au-
trefois pour toi se joindra à toi.
16. Voilà que moi j'ai créé l'ou-
vrier qui souffle dans le feu des
charbons ardents, et en fait sortir
uniustrument pour son ouvrage,
ISAIE.
1667
et c'est moi qui ai créé le meur-
trier pour détruire.
11. Tout instrument qui a été
imaginé contre toi manquera le
but ; et toute langue qui te résis-
tera dans le jugement, tu la juge-
ras. C'est là l'héritage des servi-
teurs du Seigneur, et la justice
qu'ils trouvent aupres de moi, dit
le Seigneur.
CHAPITRE LV.
Tous les hommes sont appelés à la foi et
à la pénitence. Dieu miséricordieux et
véritable dans ses promesses. Bonheur
de ceux qui reviennent à Dieu.
1. Vous tous qui avez soif, venez
vers les eaux; et vous qui n'avez
pas d'argent, hátez-vous, achetez
et mangez; venez, achetez sans
argent etsans aucun échange du
vin et du lait.
2. Pourquoi dépensez-vous de
largent à ce qui n'est pas du
pain, et votre travail à ce qui ne
peut vous rassasier? Ecoutez-moi
avec une grande attention, et
mangez une bonne nourriture, et
13. Jean, vr, 45. — (πὰρ. LV. 1. Eccli., τι, 33; Apoc., xxu, 17.
13. Tous Les fils, et abondance de paix; sont à laccusatif dans le texte, comme
complément ou régime direct du verbe actif, je ferai (ponam) du verset précédent.
Compar. Jean, vt, 45.
16. * L'ouvrier ; 16 forgeron.
11. Manquera le but; ne t'atteindra pas; littér., ne sera pas dirigé, sera mal dirigé.
1-13. * Te Discours : Abondance des biens spirituels apportés par le Messie, Lv.
L'œuvre dela rédemption est accomplie; le serviteur de Dieu invite maintenant, 1-2,
ses convives au festin qu'il leur a préparé et ne leur demande que d'accepter la
grâce qu'il leur offre, Is., Lv, et Jean, vir, 38; cf. Joël., rm, 18; 1s., Lxvi, 12; Jean, 1v,
13-14. — Si le peuple obéit à Dieu, Dieu tiendra toutes les promesses qu'il a faites
à la maison de David et glorifiera ainsi Israël, 3-5. — Que chacun lève donc les obs-
tacles qui l'éloignent de Dieu; qu'il fasse pénitence de ses péchés ; qu'il renonce à ses
propres pensées pour suivre celles du Seigneur, et ainsi il recevra toute sorte de
biens, 6-13.
1.* Suns aucun échange. Comme la monnaie proprement dite ou frappée était
encore inconnue, on se servait pour les achats de lingots d'or ou d'argent et plus
communément on échangeait des objets en nature.
2. Du pain; c'est-à-dire de la nourriture en général, comme nous l'avons déjà
remarqué plus d'une fois. — Ecoulez-moi avec une grande attention; littér., et par
liébraisue, écoutant écoutez,
4668
votre âme se délectera en s’en en-
graissant.
3. Inclinez votre oreille, et venez
à moi; écoutez, et votre àme vi-
vra, et je feraiavec vous un pacte
élernel qui montrera véritables
les miséricordespromises àDavid.
4. Voilà que je l'ai donné pour
témoin aux peuples, pour chef et
pour maitre aux nations.
9. Voilà que tu appelleras une
nation que tu ne connaissais pas;
et des nalions qui ne t'ont pas
connu verstoiaccourront, àcause
du Seigneur ton Dieu, et du saint
d'Israél qui t'a glorifié.
6. Cherchez le Seigneur, tandis
qu'on peut le trouver, invoquez-
le tandis qu'il est proche.
7. Que limpie abandonne sa
voie, et l'homme inique ses pen-
sées, et qu'il retourne au Sei-
gneur, et il aura pitié de lui; età
notre Dieu, parce qu'il pardonne
beaucoup.
8. Car mes pensées ne sont pas
vos pensées, ni vos voles mes
voies, dit le Seigneur.
9. Parce qu'autant les cieux
sont élevés au-dessus de la terre,
autant sont élevées mes voies
au-dessus de vos voies, et mes
pensées au-dessus de vos pen-
sées.
10. Et de méme que la pluie et
la neige descendent du ciel et n'y
ISAIE.
(cu. Lvr.]
retournent plus, mais qu'elles
abreuvent la terre, la pénetrent,
la font germer, et qu'elle donnent
la semence au semeur, et le pain
à celui qui le mange;
11. Ainsi sera ma parole qui
sortira de ma bouche; elle ne re-
viendra pas à moisans effet; mais
elle fera tout ce que j'ai voulu,
el elle réussira dans toutes les
choses pour lesquelles je l'aurai
envoyée.
12. Parce que dans la joie vous
sortirez, et dans la paix vous
serez ramenés; les montagnes
et les collines chanteront devant
vous des louanges, et tous les
arbres du pays battront des mains.
13. Au lieu du nard sauvage
s'élevera le sapin, et au lieu de
l'ortie croitra le myrte; et le
nom du Seigneur deviendra un
signe éternel, qui ne sera pas en-
levé.
CHAPITRE LVI.
Bonheur de ceux qui observent les com-
mandements de Dieu. L'étranger et
leunuque recus parmi le peuple du
Seigneur. Reproches contre les pas-
teurs et les gardes de Jérusalem.
1. Voici ce que dit le Seigneur:
Gardez le jugement et pratiquez
la justice; parce que mon salut
est pres de venir, et ma justice ,
d'étre révélée.
2. Bienheureux lhomme qui
3. Actes, ,זא 34. — ὕπαρ. LVI. 1. Sag., 1, 1.
3. Les miséricordes (misericordias) est à l'accusatif, comme étant en opposition avec
pacte éternel, complément du verbe actif feriam qui précède, Quant aux promesses
de miséricorde faites à David, elles sont rappelées dans plusieurs psaumes, mais par-
ticulierement dans le Lxxxvur, 28, 29. Compar. Actes, xui, 34.
1-8. * 8e Discours : Conséquences morales et sociales de l'œuvre de la Rédemption,
Lvi, 1-8. Personne n'est exclu désormais du royaume de Dieu : y entrera non celui
qui descend d'Abraham, mais celui qui pratique la vertu, 1-8.
1. Mon salut; le salut que je dois envoyer.
2. Aucun mal (omne malum). En hébreu, le mot tou! signifie nud, pas un seul, lors:
[cu. Lvi.]
observe ceci, et le fils de l'homme
qui s'y attachera; gardant le sab-
bat, afin de ne pas le profaner,
gardant ses mains, afin de ne
faire aucun mal.
3. Et qu'il ne dise en aucune
maniere, le fils de l'étranger qui
saltache au Seigneur : Le Sei-
gneur me séparera entièrement
de son peuple. Et que l'eunuque
ne dise pas : Voici que je suis un
bois aride.
4. Parce que voici ce que dit le
Seigneur aux eunuques: Ceux qui
gardent mes sabbats, et qui choi-
sissent ce que je veux et obser-
vent mon alliance ;
5.Jeleur donnerai dans ma mai-
son et dans mes murs un lieu et
un nom plus avantageux que des
fils et des filles; je leur donnerai
un nom éternel qui ne périra pas.
ISAIE.
1669
6. Et les fils de l'étranger qui
s'attachent au Seigneur, afin de
l'adorer et d'aimer son nom, afin
d'étre ses serviteurs, e£ tous ceux
qui gardent le sabbat pour ne pas
le profaner, et observent mon al-
liance,
1. Je les conduirai sur ma mon-
tagne sainte, je les remplirai de
joie dans ma maison de priere;
leurs holocaustes et leurs victi-
mes, offerts sur mon autel, me
seront agréables; parce que ma
maison sera appelée maison de
prière pour tous les peuples.
8.LeSeigneur Dieu, qui rassem-
ble les dispersés d'Israél, dit : Je
réunirai encore à lui ceux qui se
joindront à lui.
9. Voustoutes,bétes deschamps,
vous toutes, bêtes des forêts, ve-
nez pour dévorer.
7. Jérém., vir, 11; Matt., xxr, 13; Marc, xr, 17; Luc, xix, 46.
u'il est joint à une négation. C'est un des nombreux hébraismes conservés dans la
] 8
Vulgate.
3. Qu'il ne dise en aucune manière; littér. et par hébraisme, qu’il ne dise pas, disant.
Compar. Ps. xxxix, 1. — Que l'eunuque, etc. La loi mosaique défendait de recevoir
les eunuques dans l'assemblée du Seigneur (Deutér., xxnr).
4. Ceux qui gardent, etc. Ces eunuques fidéles représentent ceux dont Jésus-Christ
parle dans l'Evangile, c'est-à-dire, ceux qui, pour le royaume des cieux, ont re-
noncé au mariage (Matth., xix, 12).
6. Les fils, ainsi que tous, sont à l’accusatif dans le latin, comme compléments du
verbe je conduirai, du verset suivant.
T. Parce que ma maison, etc. Jésus-Christ applique ce passage au temple méme des
Juifs, qui était l'image de nos temples (Matth., xxr, 13; Marc, xt, 41; Luc, xix, 46), et
la figure de l'Eglise méme du Sauveur qui est véritablement la maison de Dieu
(1 Timoth., xt, 15). — Ma maison de prière; littér. et par hébraisme, {a maison de ma
priére. — Sera appelée, etc.; autre hébraisme, pour sera une maison, etc. Compar.
Daniel, vii, 14, 21; Michée, 1v, 1.
8. Je réunirai, etc. Le Seigneur rassemblera non seulement Juda, mais aussi Israël,
et il réunira à eux tous les étrangers qui voudront s'y joindre, comme il est dit
dans les versets précédents.
9-Lvir, 1-21. * 9e Discours : Conclusion. Coup d'œil sur la situation présente; malgré
ses tristesses, elle n'empéchera point la félicité future, ,זט 9-rLvir. Si l'avenir doit être
brillant, le présent est triste. — 1° Les pasteurs d'Israél oublient leurs devoirs. Les
bétes sauvages, c'est-à-dire les peuples étrangers, peuvent dévorer le troupeau du
Seigneur sans en être empéchées par les bergers qui ne songent qu'à eux, Lvi, 9-12,
de sorte que c'est un bonheur pour le juste, quand il peut échapper par la mort aux
calamités qui allaient fondre sur lui, Lvir, 1-2. — 29 Le peuple n'est pas moins cou-
pable que ses chefs ; il se livre au culte infáme et cruel des faux dieux, 3-10; ce qui
lui attirera de nouveaux châtiments, 11-13. — 30 Quant aux justes ou aux pénitents,
1670
10. Ses sentinelles sont toutes
aveugles ; elles sont toutes dans
l'ienorance; des chiens muets, qui
ne peuvent aboyer, qui voient des
fantómes, qui dorment et qui ai-
ment les songes.
11. Et ces chiens d'une impu-
dence extréme n'ont pas connu le
rassasiement ; les pasteurs eux-
mêmes n'ont pas d'intelligence;
tous se sont détournés vers leur
voie, chacun vers son avarice, de-
puis le plus grand jusqu'au plus
petit.
19. Venez, disent-ils, prenons du
vin, remplissons-nous-en jusqu'à
l'ivresse; et comme aujourd'hui,
ainsi il en sera demain, et beau-
coup plus encore.
CHAPITRE LVII.
Mort du juste. Reproche aux Juifs ido-
làtres. Retour du peuple de sa captivité.
Malheur aux méchants.
1. Le juste périt, et il n'est per-
sonne qui 7 pense en son cœur;
les hommes de miséricorde sont
enlevés du monde, parce qu'il
n'est personne qui ait de l'intel-
ligence ; car c'est à cause de la
malice qu'a été enlevé le juste.
11. Jérém., vi, 13; vui, 10.
ISAIE.
[cH. Lvir.
2. Vienne la paix; qu'il repose
sur sa couche, celui qui a marché
dans sa ligne droite.
3. Mais vous, approchez ici, fils
d'une devineresse, race d'un adul-
tere et d'une prostituée.
4. De qui vous étes-vous joués?
contre qui avez-vous ouvert la
bouche et tiré la langue? Est-ce
que vous n'étes pas, vous, des fils
criminels, une race mensongere?
5. Vous qui vous consolez dans
vos dieux, sous tout arbre feuil-
lu; immolant vos enfants dans
lestorrents, sousles pierres avan-
cées? |
6. Dans les parties d’un torrent
est ta part; c'est là ton sort; et
tu y as répandu une libation, tu
as offert un sacrifice. Est-ce que
de cela je ne serai pas indigné?
7. Sur une montagne haute et
élevée, tu as posé ton lit; tu y
es montée afin d'immoler deshos-
lies.
8. Et derrière la porte, et en
arrière du poteau tu as placé ton
souvenir; parce que pres de moi
tu as découvert £a couche, et tu
as recu des adulteres;tuas agran-
di ton lit et tu as faitavec eux une
Dieu les sauvera; après avoir fait expier aux siens leurs péchés, il les récompensera,
14-18, car il donne la paix aux justes et nela refuse qu'aux endurcis, 19-21.
1. Le juste; est mis ici pour les iustes en général, selon plusieurs: mais c'est plutôt
de Jésus-Christ qu'il faut l'entendre. — L'intelligence; ce mot dans le style de la
Bible, signifie trés souvent prudence, sagesse, vertu, comme l'expression de la face,
à la face (a facie) se prend fréquemment dans le sens de à cause de.
5. * Dans les torrents. C'était surtout dans la vallée de Ben-Hinnom, au sud de
Jérusalem, qu'avaient lieu ces sacrifices abominables dans lesquels les parents
offraient leurs enfants en sacrifice au dieu Moloch.
8. Ton souvenir; c'est-à-dire, tes divinités domestiques, selon saint Jérôme et plu-
sieurs interprètes. — Tu as découvert ta couche; ou suivant d'autres, fu l'es décou-
verte. — Des adullères; littér. un adultére (adulterum); mais le pronom pluriel eux
(eis), qui suit, prouve que le singulier adultère, est considéré comme un nom
collectif. — À main ouverte (manu apería); sans aucune retenue, sans la moindre
réserve.
]08. rvir.]
alliance ; tu as aimé leur couche
à main ouverte.
9. Et tu t'es parée d'un parfum
royal, et tu as multiplié tes es-
sences. Tu as envoyé des messa-
gers au loin, et tu as été abaissée
jusqu'aux enfers.
10. Dans la multitude de tes
voies, tu t'es fatiguée, tu n'as pas
dit : Je me reposerai. Tu as trouvé
la vie de ta main, à cause de cela
tu ne m'as pas prié.
11. Qui 68 rendue inquiète,
qui as-tu craint, après que tu as
menti, que tu ne t'es pas souve-
nue de moi, tu n'as pas pensé
en ton cœur? C'est parce que je
me tais, et que 76. suis comme
ne voyant pas, que tu m'as ou-
blié.
19. Pour moi j'annoncerai ta
justice, et tes ceuvres ne te servi-
ront pas.
13. Lorsque tu crieras, qu'ils te
délivrent ceux que tu as rassem-
blés, et un vent les emportera,
une brise les enlèvera. Mais celui
quia confiance en moi héritera de
la terre, et il possédera ma mon-
tague sainte.
14. Ei je dirai : Faites une voie,
préparez un chemin, détournez-
Cnar. LVII. 14. Infra, rxrr, 10.
ISAIE.
1671
vous du sentier, 6102 les pierres
d'achoppement dela voie de mon
peuple.
15. Parce que voici ce que dit le
Tres-Haut, le sublime, qui habite
l'éternité, etdontle nom est saint,
et qui habite dans un Zew tres
élevé, et dans un lieu saint, et
avec un cœur contrit et un esprit
humble, afin de vivifier l'esprit
des humbles et le cœur des con-
trits.
16. Car je ne disputerai pas
éternellement, etje ne me mettrai
pas en colére pour toujours
parce qu'un esprit sortira de ma
face, et que je créerai des souffles
de vie.
17. À cause del'iniquité de son
avarice, j'ai été irrité, et je l'ai
frappé; je t'ai caché ma face,
et j'ai été indigné; οἱ il est allé,
vagabond, dans la voie de son
cœur.
18. Ses voies, je les ai vues,
et je l'ai guéri, et je l'ai ramené,
et je lui ai rendu des consola-
tions, à lui et à ceux qui le pleu-
raient.
19. J'ai créé un fruit de lèvres,
paix, paix pour celui qui est loin,
et pour celui qui est proche, dit
9. Tu tes parée, etc.; tu t'es parfumée en l'honneur de Moloch, idole dont le nom
en hébreu signifie roi.
10. La vie de ta main; c’est-à-dire de quoi vivre par le travail de tes mains.
11. Que tu m'as oublié; littér. 6/ tu, etc. Ici, comme en bien d'autres passages, la
particule e£ ne sert qu'à marquer l'apodose.
15. Dit; le complément de ce verbe ne se trouve qu'au vers. 17; tout ce qui le suit
est une longue parenthèse. — Un lieu trés élevé; le ciel. — Lieu saint; le sanctuaire
ou le tabernacle, ou le temple. — Un cœur contrit, un esprit humble; singulier pour
le pluriel.
16. Parce qu'un esprit, etc.; allusion à ce qui est dit Genèse, τι, 1.
17. A cause, etc.; ici commence le complément du verbe dit du vers. 15. — Son, le,
le, il; ces pronoms, ainsi que ses, les, lui, etc., du vers. 18, se rapportent à peuple
d'Israël ou à mon peuple, sous-entendu.
19. Un fruit de lévres; une parole. -— Pair; ce mot, comme on l'a déjà vu, signifiait
chez les Hébreux prospérité parfaite, — Pour celui, etc.; c'est-à-dire, pour les Gentils
1672
le Seigneur, et je les ai guéris.
20. Mais les impies sont comme
une mer impétueuse qui ne peut
s'apaiser, et dont les flots rejet-
tent de l'écume et du limon.
21. Il n'est pas de paix pourles
impies, ditle Seigneur Dieu.
CHAPITRE LVII.
Bypocrisie des Juifs condamnéc. Leurs
faux jeünes. Manière de bien observer
le sabbat. Récompense de ceux qui
l'observent fidélement.
1. Crie et ne cesse point; com-
me la trompette éléve ta voix,
et annonce à mon peuple ses cri-
mes, et à la maison de Jacob ses
péchés.
2. Car c'est moi que de jour en
jour ils cherchent, et ils veulent
connaitre mes voies; comme une
nation qui aurait pratiqué la jus-
lice et qui n'aurait pas abandonné
le jugement de son Dieu ; ils me
demandent des jugements de jus-
tice, et ils veulent s'approcher de
Dieu.
3. Pourquoi, disent-ils, avons-
ISAIE.
[cH. Lvur.]
nous jeüné, et n'avez-vous pas
regardé? Pourquoi avons-nous
humilié nos âmes, et ne l'avez-
vous pas su? Voici qu'au jour de
votre jeüne se trouve votre vo-
lonté, et que vous poursuivez vos
débiteurs.
4. Voici que vous jeünez pour
susciter des procès et des que-
relles, et que vous frappez du
poing impitoyablement. Ne jugez
pas comme jusqu'à ce jour, pour
que vos cris retenlissent dans
l'air.
9. Est-ce que 16 jeûne que j'ai
choisi est tel que pendant un jour
un homme afflige son âme, con-
tourne sa téte comme un cercle,
et se couvre d'un sac et de cen-
dre? Est-ce là ce que tu appelleras
un jeüne, et un jour agréable au
Seigneur?
6. Le jeûne que j'ai choisi n'est-
il pas celui-ci? romps les liens de
l’impiété, délie les faisceaux ac-
cablants, renvoie libres ceux qui
sont opprimés, et brise tout far-
deau.
21. Supra, xrvir, 22. — Cap. 1/0111. 5. Zach., vir, 5.
et pour les Juifs, selon ce que dit saint Paul (Ephés., rt, 11) de la paix annoncée par
Jésus-Christ. — Les; littér., le (eum); hébraisme, pour chacun d'eux.
1-14. * III. Troisième section: Le royaume messianique, Lvimn-Lxvi. — 4er Discours.
Du faux et du vrai culte dà à Dieu, Lvur. Le peuple prétend être pieux et mériter le
salut, parce qu'il jeûne, mais à quoi sert le jeûne si la rénovation intérieure nel'ac-
compagne? C'est une œuvre extérieure sans valeur, parce qu'il n'est pas le fruit de
la crainte de Dieu, 1-6. — Il faut être charitable envers le prochain; faire la volonté
du Seigneur : voilàle vrai culte qu'on doit rendre à Dieu, afin de recevoir ses gráces
et ses miséricordes, 1-14; voir Matth., νι, 4 sq.
1. Crie. C'est le Seigneur quis'adresse à Isaie.
2. Le jugement de son Dieu; c'est-à-dire la loi de son Dieu. — Des jugements de
justice; la raison des jugements de ma justice. — S'approcher de Dieu, pour entrer
en jugement, disputer avec lui.
3. Au jour, etc. Les Juifs captifs à Babylone avaient institué d'eux-mémes certains
jeûnes, qu'ils continuérent pendant quelque temps après la captivité. Ils consultérent
Zacharie, pour savoir s'ils devaient les continuer plus longtemps. Sans répondre di-
rectement à leur demande, le prophète leur fit le méme reproche que nous lisons ici
dans Isaie. Voy. Zachar., vir, 2 et suiv.
6. * Les faisceaux; tout ce qui gène, pèse.
[cu. Lvur.]
7. Romps ton pain pour celui
qui a faim, et fais entrer dans ta
maison les indigents et ceux qui
errent sans asile; lorsque tu ver-
ras quelqu'un nu, couvre-le, et ne
méprise point ta chair.
8. Alors ta lumiere éclatera
comme le matin, et bientót ta
guérison se montrera; ta justice
marchera devant ta face, et la
gloire du Seigneur terecueillera.
9. Alors tu invoqueras le Sei-
gneur, etle Seigneur t'exaucera ;
tu crieras, et il dira : Me voici; si
tu ótes du milieu de toi la chaine,
et si tu cesses d'étendre le doigt
et de dire ce qui n'est pas utile.
10. Si tu prodigues ton àme à
celui qui a faim, et si tu remplis
de consolation une âme affligée,
ta lumière se lèvera dans les té-
nèbres, et tes ténèbres seront
comme le midi.
ISAIE.
: 1673
11. EtleSeigneur te donnera le'
repos sans interruption, et il rem-
pliraton àme de splendeurs; il dé-
livrera tes os, et tu seras comme
un jardin arrosé, et comme une
fontaine d'eau, àlaquelle les eaux
ne manqueront pas.
19. Et par toi seront remplis
d'édifices deslieux déserts depuis
des siècles ; tu relèveras des fon-
dements abandonnés pendant
plusieurs générations, et tu seras
appelé constructeur des haies,
mettant les sentiers en repos.
13. Si tu t'abstiens, à cause du
sabbat, d'avancer ton pied ef de
faire ta volonté dans le ‘jour qui
m'est consacré; si tu appelles le
sabbat délicieux, jour duSeigneur
saint e£ glorieux; si tu le glorifies
en ne suivant pas tes voies, et si
tu ne mets pas ta volonté à dire
des paroles vaines,
7. Ezéch., xvm, 7, 16; Matt., xxv, 55. — 12. Infra, ,זא 4.
1. Ta chair; tes frères, tes proches. Compar. Genèse, xxxix, 14; xxxvi, 2T.
8. Ta lumière. La lumière désigne souvent, dans les auteurs sacrés, la joie et la
félicité, surtout celles qui succèdent à un état de tristesse, d'humiliation et d'oppres-
sion qui est ordinairement exprimé par le mot £énébres. — Ta guérison. Les Hébreux
appelaient maladie, toute sorte de maux, et guérison, la délivrance, la cessation de
ces maux. — La gloire du Seigneur te recueillera. Cette méme idée a été déjà expri-
mée, quoiqu'en termes différents. Voy. uu, 12.
9. La chaine; dont tu charges tes frères. — D'étendre le doigt; ou de montrer au
doigt; locution qui a toujours marqué le mépris et l'insulte. — Ce qui n'est pas utile
(quod non prodest); le terme hébreu correspondant signifie aussi méchanceté, iniquité,
crime, mensonge, fausseté. De là le Chaldéen l'a rendu par rapine, et les Septante par
murmure. Quoi qu'il en soit, il s'agit ici de paroles nuisibles au prochain.
10. Si tu prodigues, etc.; c'est-à-dire, si tu assistes le pauvre affamé avec une
grande effusion de cœur. — Ta lumière, etc. Voy. le vers. 8.
14. Il délivrera (liberabit); ou bien ἐξ rendra libres, c'est-à-dire prompts, agiles,
lestes, comme porte le texte hébreu. — Os (ossa); peut s'entendre des membres du
corps en général.
12. Plusieurs générations; littér. et par hébraisme, génération et génération. —
Constructeurs de haies; c'est sans doute une allusion à la restauration de Jérusalem
qui est souvent appelée une vigne dont les murs sont des haies, ou bien aux haies
réelles des vignes, détruites par les Chaldéens. — Mettant, etc.; rendant sûrs et sans
aucun danger les chemins, auparavant infestés par les voleurs.
13. Si tu 000300688, ctc.; littér., δὲ tu délournes à cause du sabbat ton pied; c'est-à-
dire si tu ne voyages pas le jour du sabbat. Les Juifs croyaient qu'il ne leur était pas
permis de faire plus de deux mille pas, c'est-à-dire environ une demi-lieue de che-
min, 16 jour du sabbat. — À cause; c'est le vrai sens qu'a ici, comme dans bien
1674
14. Alors tu trouveras des dé-
lices dans le Seigneur; je t'éleve-
rai sur les hauteurs de la terre,
et je te nourrirai avec l'héritage
de Jacob ton pere, car la bouche
du Seigneur a parlé.
CHAPITRE LIX.
Infidélité 07152861, obstacle à sa délivrance.
Vengeance du Seigneur contre Baby-
lone et ses alliés. Délivrance d'Israël.
1. Voici que la main du Sei-
gneur n'est point raccourcie pour
ne pouvoir sauver, et son oreille
n'est point appesantie pour ne
pas écouter ;
2. Mais vos iniquités ont mis
une séparation entre vous et
votre Dieu, et vos péchés vous
ont caché sa face, afin qu'il ne
vous écoutât point.
3. Car vos mains se sont souil-
lées de sang, et vos doigts d'ini-
quité; vos lèvres ont parlé le
mensonge, votre langue profere
l'iniquité.
4. I| n'est personne qui in-
voque la justice, et il n'est per-
sonne qui juge dans la vérité;
mais ils se confient au néant,
et ne font entendre que des pa-
roles vaines; ils ont concu la
ISAIE.
Ici. Lix,]
peine et ils ont enfanté l'iniquité.
9. Ils ont fait éclore des ceufs
d'aspic, et ils ont ourdi des
toiles d'araignée; celui qui man-
gera de leurs œufs mourra; et
de ce qui aura été couvé sortira
un basilic.
6. Leurs toiles ne serviront
pas de vétement: ils ne se re-
vétiront pas de leurs ‘œuvres;
leurs œuvres sont inutiles, et
une œuvre d'iniquité est dans
leurs mains.
1. Leurs pieds courent au mal,
et ils se hâtent pour répandre un
sang innocent; leurs pensées
sont des pensées inuliles; le ra-
vage et la destruction sont dans
leurs voies.
8. Ils n'ont pas connu la voie
de la paix, et il n'y a pas de
jugement dans leurs démarches;
leurs sentiers sont devenus tor-
tus pour eux; quiconque y ‘mar-
che ignore la paix.
9. À cause de cela le jugement
s’est éloigné de nous, et la jus-
tice ne nous atteindra pas ; nous
avons attendu la lumière, et voilà
les ténèbres; la splendeur dw
Jour, et c’est au milieu des ténè-
bres que nous avons marché. -
Cap. LIX. 1. Nomb., xr, 23; Supra, L, 2. — 3. Supra, r, 15. — 4. Job, xv, 35. —
7. Prov., 1, 16; Rom., rr, 15.
———————————————————————
d'autres passages, la particule hébraique, rendue dans la Vulgate par a. — De faire
(facere) ta volonté; second complément de si tu l’abstiens, ou si tu détournes (si aver-
teris).
14. Les hauteurs de la terre; c'est-à-dire, le pays de tes péres, qui est une terre
haute et élevée. Compar. Deutér., xxxu, 13.
1-21. * 2e Discours : La nouvelle alliance, fruit du repentir d'Israël, rix. Le sujet du
second discours est analogue à celui du premier, et en est comme la continuation. —
1° Ce sont les péchés du peuple qui l'empéchent 6 sauvé, 1-8. — 29 Israël se
plaint de ce que la promesse du salut ne se réalise pas à cause de ses fautes, dont il
reconnait l'énormité, 9-15», — 30 A la suite de cette confession, le Prophéte annonce
que le Seigneur viendra délivrer ceux qui se repentent et faire avec eux une
alliance nouvelle, un autre Testament, 155-91.
6, 7. Inuliles. Voy., sur le vrai sens de mot, ,זזש 9.
^
CH. LIX.]
10. Comme des aveugles nous
nous sommes attachés à la mu-
raille, et comme privés de nos
yeux, nous avons marché à tâton :
nous nous sommes heurtés en
iplein midi, de méme qu'au mi-
lieu des ténèbres; nous sommes
dans des lieux obscurs comme
les morts.
11. Nous rugirons tous comme
les ours, et comme les colombes,
méditant, nous gémirons ; nous
avons attendu le jugement, et il
n'est pas venu; le salut, etil s'est
éloigné de nous.
19. Car nos iniquités se sont
mullipliées devant vous, et nos
péchés nous ont répondu; parce
que nos crimes sont avec nous,
et nous avons connu nos iniqui-
tés :
13. Pécher et mentir contre le
Seigneur; et nous nous sommes
détournés pour ne pas suivre
notre Dieu, pour proférer la ca-
lomnie et la révolte ; nous avons
conçu et proféré de notre cœur
des paroles de mensonge.
14. Et le jugement est retour-
17. Ephés., vi, 17; I Thess., v, 8.
ISAIE.
1675
né en arriere; et la justice s'est
tenue au loin; parce que la vérité
est tombée sur la place publique,
et l'équité n'a pu y entrer.
15. Et la vérité est devenue en
oubli; et celui qui s'est retiré du
mal a été exposé en proie; le
Seigneur l'a vu; et mal a paru à
ses yeux qu'il n'y eût point de
justice.
16. Et il a vu qu'il n'y avait
point d'homme, et il s'est étonné
que personne ne s'opposát ὦ ces
maur, et son propre bras la
sauvé, et sa justice elle méme l'a
soutenu.
17. Il s'est revétu de la justice
comme d'une cuirasse, et le cas-
que de salut a été sur sa téte; il
s'est revétu des vétements de
vengeance, il s'esLcouvertcomme
d'un manteau de zèle.
18. Comme pour exercer sa
vengeance, comme pour imposer
le salaire de son indignation à
ses ennemis et payer de retour
ses adversaires: aux iles il ren-
dra la pareille.
19. Et ils craindront, ceux qui
10. Comme des aveugles, etc. Les interprétes d'un commun accord appliquent ceci
aux Juifs qui ont vécu depuis Jésus-Christ.
de Nous ont répondu; c'est-à-dire ont témoigné contre nous. Compar. ur, 9; Jérém.,
XIV, d.
13. Pécher et mentir; sont l'explicatif de nos iniquités, du verset précédent; c'est
comme s'il y avait, c'est-à-dire le péché et le mensonge.
14. Est tombée (corruit); a été renversée, anéantie. — Sur la place publique; les
places se trouvaient aux portes de la ville; c'est là qu'étaient placés les tribunaux,
chez les Hébreux comme chez les Grecs. Compar. Zacharie, vui, 16.
16. Qu'il n'y avait point d'homme; pour maintenir la vérité et la justice (vers. 15),
et secourir son peuple malheureux. — Son propre bras, etc.; le Seigneur fait de la
cause de son peuple sa propre cause; ainsi les pronoms son, sa, le se rapportent au
Seigneur, comme le prouve d'ailleurs le passage parallèle, xir, 5. Compar. aussi
xviu, 11. :
11. Comme d'un manteau de zèle; pour du zèle comme d'un manteau.
18. Comme pour... ses adversaires ; suivant la ponctuation, doit être considéré comme
la protase, dont l'apodose est aux iles, etc.; ou bien comme l'exposé du motif de
ce qui est dit dans le verset précédent, si on change la ponctuation. — Iles; c'est-
à-dire, selon l'hébreu, pays lointains.
1676
sont de l'occident, le nom du Sei-
gneur, et ceux qui sont du levant,
sa gloire;lorsqu'il viendracomme
un fleuve impétueux, que le souf-
fle du Seigneur agite;
20. Et que viendra un rédemp-
teur pour Sion, et pour ceux qui
dans Jacob reviennent de lini-
quité, dit le Seigneur.
21. Voici mon alliance avec
eux, dit le Seigneur : Mon esprit,
qui est en toi, el mes paroles que
jai mises en ta bouche ne s'éloi-
gneront pas de ta bouche, ni de
la bouche de ta postérité, ni de
18 bouche de la postérité de ta
postérité, depuis ce moment jus-
que dans l'éternité, dit le Sei-
gneur.
CHAPITRE LX.
Rétablissement de Jérusalem. Les nations
se soumettent à elle. Sa gloire, sa joie,
ses richesses, sa paix.
1. Leve-toi, recois la lumiere,
Jérusalem, parce qu'est venue ta
lumiere, et que la gloire du Sei-
gneur sur toi s'est levée.
2. Parce que voilà que les téne-
bres couvriront la terre, et une
ISAIE.
(cu. Lx.]
obscurité, les peuples; mais sur
toi se lèvera le Seigneur, et sa
gloire en toi se verra.
3. Et des nations marcheront à
ta lumiere, et des rois àla splen-
deur de ton lever.
4. Léve autour de toi tes yeux
et.vois; tous ceux-ci se sont ras-
semblés, ils sont venus à toi; tes
fils de loin viendront, et tes filles
à ton côté se lèveront.
9. Alors tu verras, et tu seras
dans l’abondance; ton cœur ad-
mirera, et se dilatera, quand se
sera tournée vers toi la richesse
de la mer, et que la force des
nations sera venue à toi.
6. Une inondation de chameaux
te couvrira ains? que les droma-
daires de Madian et d'Epha ; tous
viendront de Saba, apportant de
l'or et de lencens, et publiant
des louanges en l'honneur du
Seigneur.
7. Tout troupeau de Cédar sera
rassemblé pour toi, les béliers de
Nabaioth seront employés à ton
service; ils seront offerts sur mon
autel d'expiation, et je glorifierai
la maison de ma majesté,
20. Rom., ΧΙ, 26. — (Παρ. LX. 4. Supra, xcix, 18,
20. Un rédempteur; le Messie, représenté imparfaitement par Cyrus. Compar. Ro-
mains, xt, 26.
21. Voici mon alliance, etc. C'est l'alliance éternelle que Jésus-Christ a faite avec
son Eglise, et dans laquelle les Juifs mémes seront admis au temps de leur rappel.
1-22.* 3° Discours : La gloire de Jérusalem ou de l'Eglise, zx Le prophète chante
maintenant les résultats de la nouvelle alliance dans ce magnifique chapitre, qui est
un hymne autant qu'un discours. — Le soleil de justice, Jésus-Christ, se léve sur Jé-
rusalem. Tous les peuples, à la vue de sa lumiére, accourent à la cité sainte, rois et
sujets lui apportent leurs présents, 1-9. — Jérusalem acquiert une magnificence in-
comparable; ses richesses sont sans bornes, 10-172, mais sa piété, sa sainteté et sa
félicité la rendent plus belle et plus enviable encore, 175-22.
3. De ton lever (ortus tui); Jérusalem est comparée à un astre. Ce qui est dit dans
ce verset ne peut s'expliquer que de la venue de Jésus-Christ.
6, 1. Madian, Epha, Saba, Cédar, Nabaioth sont tous descendants d'Abraham, les
trois premiers par Céthura, les deux derniers par Ismaël (Genèse, xxv, 1-3, 13); les
ans et les autres habitaient l'Arabie.
(cu. 1x.]
8. Qui sont ceux-ci qui volent
comme des nuées, et comme
des colombes vers leurs demeu-
TOS
9. ^ar ;es îles m'attendent,
ainsi que les vaisseaux de mer,
dès le principe, afin que je fasse
venir tes fils de loin, leur or et
leur argent avec eux, e£ les con-
sacre au nom du Seigneur ton
Dieu et au saint d'Israél, parce
qu'il t'a glorifiée.
10. Et les fils des étrangers
bâtiront des murs, et leurs rois
te serviront; car dans mon indi-
gnation je t'ai frappée, et par ma
réconciliation j'ai eu pitié de
toi.
11. Et tes portes seront ouver-
tes continuellement; ni jour ni
nuit elles ne seront fermées, afin
que te soit apportée la force des
nations, et que leurs rois £e soient
amenés.
12. Carla nation et le royaume
qui ne te sera pas assujetli,
périra; ces nations réduites en
solitude seront dévastées.
13. La gloire du Liban vers toi
viendra; le sapin, etle buis, et le
pin serviront ensemble à orner
le lieu de ma sanctification; et la
11. Apoc., xxi, 20.
ÍSATE.
1677
place de mes pieds, je la glorifie-
rai.
14. Et ils viendront vers toi,
les fils de ceux qui t'ont humiliée,
et ils adoreront les traces de tes
pieds, tous ceux qui te décriaient,
et ils t'appelleront la cité du Sei-
gneur, la Sion du saint d'Israël.
15. Parce que tu as été délais-
sée et haie, et qu'il n'y avait
personne qui te traversät, je
t'établirai l'orgueil des siècles, et
la joie pour toutes les généra-
lions.
16. Et tu suceras le lait des
nalions, et de la mamelle des
rois tu seras nourrie; et tu sau-
ras que je suis le Seigneur qui te
sauve, et ton rédempteur le fort
de Jacob.
17. Au lieu d'airain j'apporterai
de l'or, et au lieu de fer j'appor-
terai de l'argent; et au lieu de
bois, de lairain, et au lieu de
pierre, du fer; je te donnerai
pour gouvernement la paix, et
pour préposés, 18 justice.
18. On n'entendra plus parler
d'iniquité dans ta terre, de ravage
6106 destruction dans tes confins ;
et lesalut occupera tes murs, etla
louange tes portes.
8. Leurs demeures; leurs colombiers; littér., leurs fenêtres. D
12. Ces; mot qui est représenté dans le texte hébreu par l'article déterminatif,
comme il arrive assez souvent.
13. Le lieu de ma sanctification ; le lieu que je me suis consacré; c'est-à-dire סגו
sanctuaire, mon temple. Voy.-Ps. Lxxvn, 54.
15. Toutes les généralions; littér. et par hébraisme, génération et génération.
11. Gouvernement; surintendance, haute inspection; c'est le vrai sens du latin
visitationem, expliqué par l'hébreu, qui est mis ici par métonymie pour gouvernants,
commandants. Le sens du verset est donc: Je te donnerai des gouvernants pacifiques,
et des préposés justes et équitables.
18. On m'entendra plus, etc. Ceci ne peut s'expliquer que de l'Eglise de Jésus-Christ,
qui est la colonne de la vérité et le règne de la paix, ou de la Jérusalem céleste, où
règne toujours une paix parfaite, et par là même exempte de toute crainte, de trouble,
de ravage, d'iniquité et d'oppression, et où les chants de louanges et d'actions de
1678
19. Tu nauras plus le soleil
pour éclairer pendant le jour, et
la clarté de la lune ne luira pas
sur toi; mais le Seigneur sera ta
lumiere éternelle, et ton Dieu ta
gloire.
20. Ton soleil ne se couchera
plus, ettalune ne diminuera pas;
parce que le Seigneur sera ta lu-
mière éternelle, et que les jours
de ton deuil seront finis.
21. Quant à ton peuple, tous
seront justes; pour toujours ils
posséderont la terre en héritage;
il seralerejeton de ma plantation,
l’œuvre de ma main pour me glo-
rifier.
29. Le moindre de tes citoyens
en produira mille, et le plus petit
une nation très puissante; moi le
Seigneur, en son temps je ferai
soudain cela.
CHAPITRE LXI.
Mission du prophète ou plutôt du Messie.
Délivrance et rétablissement d'Israël.
1. L'esprit du Seigneur est sur
moi, parce que le Seigneur m'a
19. Apoc., xxr, 23; ΧΧΙΙ, 9. — Cap. LXI
Lvnr, 12.
ISAIE.
[cu. Lxr.,
*
oint; pour annoncer δώ parole à
ceux quisont doux,il m'a envoyé,
pour guérir ceux qui ont le cœur
contrit, pour précher ia grâce
aux caplifs, et louverture des
prisons à ceux qui y sont renfer-
més;
2. Pour publier l'année de ia
réconciliation du Seigneur, et le
jour de la vengeance de notre
Dieu;pour consoler tous ceux qui
pleurent;
3. Pour disposer et donner à
ceux qui pleurent dans Sion une
couronne au lieu de cendre, de
l'huile de joie au lieu de deuil, un
manteau de louange au lieu d'un
esprit de tristesse; et ils seront
appelés dans Sion, les héros de la
justice, et la plantation du Sei-
gneur pour Ze glorifier.
4. Et ils rempliront d'édifices
des lieux déserts depuis des siè-
cles; ils reléveront d'anciennes
ruines, el ils rétabliront des cités
abandonnées, désolées pendant
plusieurs générations.
5. Et il se trouvera parmi vous
des étrangers, et ils feront paître
. 1. Luc, 1v, 18. — 2. Matt., v, 5. — 4. Supra,
gráces ne cessent jamais. — Le salut, etc.; sois sans crainte aucune; ce ne sont pas
de simples sentinelles qui veilleront autour de tes murs, pour les défendre contre
les attaques de l'ennemi; c'est le salut lui-méme.
19, 20. Ce sont des symboles sous lesquels saint Jean nous dépeint la gloire éter-
nelle de la Jérusalem céleste (Apocal., xxi, 23, 25; xxn, 5).
1-11. * 4e Discours : La félicité de Jérusalem ou de l'Eglise, œuvre du Messie, 1.
C'est le serviteur de Jéhovah, 16 Messie, auteur de la félicité de l'Eglise, qui parle
dans ce discours. — Il annonce qu'il vient mettre fin à tous les maux de ceux qui
le cherchent, 1-3. — Israél recouvre son héritage et les nations le servent, afin qu'il
puisse vivre dans le repos, sans souci des besoins temporels, comme les prétres du
Seigneur, 4-6; — la malédiction s’est changée en bénédiction, 7-9. — Le serviteur de
Dieu est heureux d'annoncer ces bonnes nouvelles, 10-11,
1, 2. Isaie parle ici de lui-même, mais comme simple représentant de Jésus-Christ,
qui s'est appliqué ce qui est dit dans ce passage (Luc, iv, 16-21). Compar. Isaïe, צהוצ
1 et suiv.
3. * De l'huile de joie; des parfums qui réjouissent.
4. Plusieurs générations (generationem et generationem). Voy. vvur, 12.
feu. txt. |
vos troupeaux ; et des fils d'étran-
gers seront voslaboureurs et vos
vignerons.
6. Mais vous, vous serez appelés
les prétres du Seigneur; on vous
nommera les ministres de notre
Dieu ; vous mangerez la richesse
des nations, vous vous enorgueil-
lirez de leur gloire.
7. Au lieu de votre double con-
fusion et honte, ils loueront leur
partage; à cause de cela dans leur
terre, ils posséderont le double,
une joie éternelle sera pour eux.
8. Parce que moi, le Seigneur,
j'aime la justice, et j'ai en haine
la rapine dans l'holocauste, j'éta-
blirai leur œuvre dans la vérité,
je ferai avec eux une alliance per-
pétuelle.
9. Et on connaitra sa race par-
mi les nations, et ses rejetons au
milieu des peuples; tous ceux
qui les verront reconnaitront
quils sont la race qu'a bénie le
Seigneur.
10. Me réjouissant, je me ré-
jouirai dans le Seigneur, mon
âme exultera en mon Dieu; parce
qu'il m'arevétu des vétements du
ISAIE,
1679
salut, et du manteau de la jus-
tice il m'a enveloppé comme l'é-
poux paré d'une couronne, et
comme l'épouse ornée de ses col-
liers.
11. Car comme la terre produit
son germe, et comme un jardin
fait germer sa semence, ainsi le
Seigneur Dieu fera germer la jus-
tice et la louange devant toutes
les nations.
CHAPITRE LXII.
Zéle du prophéte pour Jérusalem. Gloire
de Jérusalem. Gardes établis sur ses
murs. Paix d'Israél, sa délivrance.
Peuple saint. Ville chérie.
1. À cause de Sion, je ne me
tairai pas, et à cause de Jérusa-
lem, je ne me reposerai pas, jus-
qu'à ce que paraisse son juste
comme une éclatante lumiere,
et que son sauveur, comme un
flambeau, répande sa clarté.
2. Et les nations verront ton
juste, et tous les rois ton roi illus-
tre ; et l'on t'appellera dun nom
nouveau que la bouche du Sei-
gneur nommera.
3. Et tu seras une couronne
6. La richesse; c'est le sens qu'a ici le terme hébreu rendu dans la Vulgate, par
force ou puissance (fortitudinem).
7. Double. Voy. xr, 2.
8. J'établirai, etc., ou bien je leur donnerai fidèlement une récompense, en hébreu
œuvre, signifiant aussi récompense, vérité, et se prenant souvent pour fidélité. — Une
alliance éternelle; cette alliance regarde principalement les chrétiens, Jésus-Christ,
auteur de la nouvelle alliance, nous étant garant de sa durée éternelle.
10. Me réjouissant, je me réjouirai. Voy., sur ce genre de répétition, Ps. xxxix, 1.
— * Comme l'époux paré d'une couronne. C'était la coutume que l'époux portàt une
couronne pour célébrer ses noces.
1-19, * 5e Discours : Gloire prochaine de Jérusalem, Lxn. Le Seigneur ne se taira
point, il ne se reposera point jusqu'à ce qu'il ait accompli son œuvre de miséri-
corde, 4-3. — Sion redeviendra la bien-aimée de Dieu, 4-5. — Les sentinelles de Jé-
rusalem rappellent à Jéhovah sa promesse, jusqu'à ce qu'il l'ait accomplie, 6-9. —
Le moment du salut approche : que tous se préparent; le Sauveur vient, 10-12.
1, 2. Le juste et le sauveur, annoncé ici, est Jésus-Christ méme, et le nom nouveau
que Dieu promet à Jérusalem est celui qu'il a donné à son Eglise en l'appelant l'Eglise
de Jésus-Christ, l'Eglise chrétienne.
*
1680
de gloire dans la main du Sei-
gneur, el un diadème royal dans
la main de ton Dieu.
4. Tu ne seras plus appelée Dé-
laissée, et ta terre ne sera plus
appelée Désolée; mais tu seras
appelée Ma volonté en elle, et ta
terre Habitée, parce que le Sei-
gneur s'est complu en toi; et ta
terre sera habitée.
9. Carle jeune homme habitera
avec la vierge, et tes fils demeu-
reront en toi. Et l'époux se ré-
jouira en son épouse, et ton Dieu
se réjouira en toi.
6. Sur tes murs, Jérusalem, j'ai
établi des gardes ; pendant tout le
jour et pendant toute la nuit, ja-
mais ils ne se tairont. Vous qui
vous souvenez du Seigneur, ne
vous taisez pas,
7. Et ne gardez pas le silence
envers lui, jusqu'à ce qu'il affer-
misse et qu'il rende Jérusalem un
objet de louange sur la terre.
8. Le Seigneur a juré par sa
droite, et par son bras fort : Si je
donne encore ton blé pour nour-
riture à tes ennemis, et si les fils
de l'étranger boivent le vin fruit
de tes travaux.
ISATE.
(cu. xui.)
9. Parce que ceux qui amassent
le blé le mangeront et loueront
le Seigneur, et ceux qui transpor-
tent le vin le boiront dans mes
parvis sacrés.
10. Passez, passez parles portes,
préparez la voie à mon peuple,
aplanissez le chemin, ôtez-en les
pierres, et élevezl'étendard pour
les peuples.
11. Voilà que le Seigneur a fait
entendre jusqu'aux extrémités de
la terre : Dites à la fille de Sion :
Voici que ton sauveur vient; voi-
ci que sa récompense est avec
lui, et que son œuvre est devant
lui.
12. Et on les appellera Peuple
saint, rachetés par le Seigneur.
Mais toi, tu seras appelée Cité
recherchée et non délaissée.
CHAPITRE LXIII.
Vainqueur qui sort de l'Idumée tout cou-
vert de sang. Reconnaissance des mi-
séricordes du Seigneur sur Israél. Aveu
de l'infidélité de ce peuple. Vœu pour
son entiére délivrance.
1. Quel est celui qui vient d'E-
dom, de Bosra, les vétements
teints? il est beau dans sa robe,
Cuar. LXII. 10. Supra, Lvir, 14. — 11. Zach., 1x, 9; Matt., xxr, 5.
4. Ma volonté; c'est-à-dire, d'aprés l'hébreu, mon agrément, mon plaisir.
6. Pendant tout le jour, etc.; allusion aux sentinelles qu'on placait sur les tours
et sur les hauteurs en temps de guerre, pour découvrir les mouvements de l'ennemi.
De peur que ces sentinelles ne s'endormissent, on les obligeait à crier de temps en
temps l'une à l'autre, et à se répondre.
8. A juré. Si je donne, etc. Voy., sur cette formule de serment, Ps. xciv, 11.
11. Sa récompense, son œuvre, Voy. XL, 10.
1-6. * 65 Discours : Jugement contre l'Idumée et les ennemis de l'Eglise, rxur, 4-6.
Ce discours est le plus court des 27 dont se compose la seconde partie d'Isaie. ll est
dirigé contre l'Idumée. Par son ton dramatique, il ressemble au Ps. xxii, et par son
caractère emblématique, aux chapitres xxi-xxm, 4. — Le Prophète voit en esprit
le Seigneur venant en grande pompe de l'Idumée; ses vétements sont teints du sang
de ses ennemis; il les a brisés dans sa colére, comme celui qui foule le raisin dans
le pressoir, afin de venger son peuple de ses persécuteurs acharnés et de lui assurer
à jamais le repos. — « Dans le sens spirituel et figuré, dit Calmet, on explique la
première partie du chapitre ...נוא de Jésus-Christ dans son Ascension. Les anges,
"cH. Lx.
il marche dans la grandeur de sa
puissance. C'est moi qui parle
justice, et qui combats pour sau-
ver.
2. Pourquoidoncrouge est votre
robe, et vos vétements commeles
vétements de ceux qui foulent
dans un pressoir?
3.J'ai fouléle pressoir tout seul,
et d'entre les nations il n'y a pas
un homme avec moi; je les ai
foulés aux pieds dans ma fureur,
et je les ai foulés aux pieds dans
ma colère; leur sang s'est répan-
du sur mes vétements, il a souillé
tous mes habits.
4. Car le jour de la vengeance
est dans mon cœur, l'année de ma
rédemption est venue.
5. J'ai regardé autour de mor,
et il n'y avait pas d'auxiliaire ; j'ai
cherché, et il n'y a eu personne
ISATE.
1681
qui m'aidàt; aiusi mor bras m'a
sauvé, et mon indignation elle-
méme m'a secouru.
6. Et j'ai foulé aux pieds les
peuples dans ma fureur, je les ai
enivrés de mon indignation, et
jai renversé par terre leur force.
1. Je me souviendrai des misé-
ricordes du Seigneur, je chan-
teraila louange du Seigneur, à
cause de tout ce qu'il a fait pour
nous, et à cause de la multitude
des biens accordés à la maison
d'Israël, ef qu'il leur a prodigués
selon sa bonté et selon la multi-
tude de ses miséricordes.
8. Et il a dit : Mais pourtant
c'est mon peuple; ce sont des fils
qui ne renoncent pas leur père;
et il est devenu pour eux un sau-
veur.
9. Dans toute leur tribulation
Cap. LXIII. 2. Apoc., xix, 13. — 4. Supra, xxxiv, 8.
surpris de sa gloire, se demandent avec étonnement: Qui est ce héros qui vient tout
chargé de sang et tout brillant de majesté? » — Comme les Iduméens représentent,
toujours dans l'Ancien Testament les ennemis de l'Eglise, ce discours annonce plutót
le triomphe de Jésus-Christ sur tous les persécuteurs de son épouse.
1. Edom, Bosra. Voy. xxxiv, 6. — Teints (linctis); selon l'hébreu, aigus, c'est-à-dire
d'une couleur vive, éclatante, tranchée. Les Septante ont rendu ce mot par rougeur (éru-
théma), signification parfaitement conforme à ce qui est dit dans les versets suivants.
1-3. Quelques-uns croient reconnaitre ici Judas Machabée, 1nais c'est plutôt Jésus-
Christ méme, qui paraît sous un semblable symbole dans Apocalypse, xix, 13, 15.
Remarquons de plus que la comparaison tirée du pressoir est assez familière aux
écrivains sacrés pour peindre la vengeance, le carnage, le sang répandu.
4. Ma rédemption; la rédemption que je dois opérer.
5. J'ai regardé, etc. Compar. uix, 15, 16.
T-Lxiv, 1-12. * Les trois derniers discours : Conclusion de la prophétie : xr, 1-Lx1v.
— Les trois derniers discours de la troisième section forment la conclusion de la
prophétie entière. Dans le premier, qui est le septième de ce cycle, Isaïe, au nom
d'Israël captif, adresse à Dieu une prière pour obtenir la délivrance et la fiu des
maux de son peuple; dans le second, Dieu répond à cette prière, et dans le troisième
et dernier, il exclut de sa miséricorde ceux qui ne recoivent pas le salut. — 7e Dis-
cours : Prière d'Israël captif, xir, T-Lxiv. — 1° Le prophète arrivé au terme de sa
prophétie, prie au nom de ses frères qu'il voit déjà en esprit captifs à Babylone.
Aprés une sorte de prologue, Lx, 7, il commence sa prière en jetant un regard sur
les premiers temps de l'histoire de ses pères; ils ont été infideles et ont forcé Dieu,
qui avait été si bon pour Israël, de le châtier jusqu'à sa conversion, 8-14. Qu'il ait
pitié de lui, 15-19, et qu'il le délivre de ses ennemis, rxiv, 1-2. Rien ne lui est plus
facile, 3-4; et quoique les péchés d'Israél le rendent indigne de ses miséricordes, il est,
lui, le père de son peuple et il doit venger l'honneur de son sanctuaire profané, 5-12,
9. Il n'a pas 606 tourmenté (non est tribulatus); par la crainte de ne pouvoir les dé-
A. T. 406
1682
il n'a pas été tourmenté, car
lange de sa face les ἃ sauvés;
dans son amour et dans sa
bonté il les a lui-méme rache-
tés ; 11 les a portés, il les a élevés
dans tous les jours des siècles
passés.
10. Mais eux-mémes l'ont pro-
voqué au courroux, ils ont aflligé
l'esprit de son saint; il est de-
venu pour eux un ennemi, et il
les a lui-méme completement dé-
faits.
11. Et il s'est souvenu des jours
du siecle de Moise et de son peu-
ple : Oü est celui qui les a retirés
de la mer avecles pasteurs de son
troupeau ? où est celui qui a mis
au milieu de lui l'esprit de son
saint ;
19. Qui a conduit à droite Moise
par le bras de sa majesté, qui
a divisé les eaux devant eux,
afin de se faire un nom éternel;
13. Qui les a conduits à tra-
vers les abimes, comme le cheval
qui dans le désert ne se heurte
pas?
14. Gomme l'animal qui des-
cend dans la campagne, l'esprit
du Seigneur a été son guide;
ainsi vous avez conduit votre peu-
ISAIE.
(cu. Lxur.]
ple, afin de vous faire un nom
glorieux. |
15. Soyez attentifs du haut du
ciel, et voyez de l'habitacle de
votre sainteté et de votre gloire:
où est votre zèle et votre puis-
sance, la multitude de vos en-
trailles et de vos miséricordes?
elles se sont resserrées à mon
égard.
16. Car vous étes notre pere;
Abraham ne nous ἃ pas connus,
et Israél nous a ignorés; vous,
Seigneur, êtes notre père; notre
rédempteur, dès les temps an-
ciens, est votre nom.
17. Seigneur, pourquoi nous
avez-vous laissés errer loin de
vos voies, et avez-vous laissé en-
durcir nos cœurs jusqu'à ne plus
vous craindre? revenez à cause
de vos serviteurs, tribus de votre |
héritage.
18. Comme un rien ils ont pos-
sédé votre peuple saint, nos enne-
mis ; ils ont foulé aux pieds votre
sanctification.
19. Nous sommes devenus com-
me dans le principe, lorsque vous
ne dominiez pas sur nous, et que
votre nom n'élait pas invoqué sur
nous.
11. Exode, xiv, 29. — 15. Deut., xxvi, 15; Bar., ,זז 16.
livrer. — L'ange de sa face; c'est-à-dire un ange du premier ordre, un ange qui est
toujours devant le tróne de Dieu; ou bien le Seigneur lui-méme, ou l'ange qui est
sa face, le Fils de Dieu, 16 Christ (Exode, xxxi, 14 et suiv.).
10. Son saint; Moise, qui peut étre ici la figure de Jésus-Christ.
11. Où est, ete.; ici commence une phrase dont le sens est suspendu jusqu'au ver-
set 14, qui constitue l'apodosé, ou la réponse à la question précédente. — Les pasteurs
de son troupeau; Moïse et Aaron. — Au milieu de lui; au milieu du peuple.
12. Qui a conduit à droite Moïse (qui eduxit ad dexteram. Moysen). C'est le sens du
texte original, aussi bien que celui de la Vulgate. Nous mettons au défi les hébraisants
de prouver le contraire. On sait que chez les Hébreux comme chez les Grecs, La droite
iudiquait le bonheur, la prospérité.
18. Votre sanclification. Voy. vx, 13.
19. Votre nom, etc. Voy. Ecclésiastique, xxxvi, 4.
]68. τσιν.]
CHAPITRE LXIV.
Vœu pour la délivrance d'Israël. Aveu de
l'infidélité de ce peuple. Instance pour
son rétablissement.
1. O0h!si vous ouvriez les cieux,
si vous descendiez! devant vo-
tre face les montagnes s'écoule-
raient.
2. Comme un embrasement
elles se consumeraient, les eaux
s'embraseraient, afin que votre
nom füt connu à vos ennemis, et
que devant votre face les nations
fussent troublées.
3. Lorsque vous ferez des mer-
veilles, nous ne les soutiendrons
pas; vousêtes descendu, et devant
votre face se sont écoulées les
montagnes.
4. Des les temps anciens on
n'a pas entendu, et on n'a pas
prêté l'oreille; l'eeil n'a pas vu,
ὁ Dieu, hors vous, ce que vous
avez préparé à ceux qui vous at-
tendent.
ὃ. Vous étes allé à la rencon-
ire de celui qui était dans la
joie, et qui pratiquait la justice;
dans vos voles ils se souvien-
dront de vous; voilà que vous
vous étes irrité, et nous avons
péché; dansles péchésnous avons
toujours été, mais nous serons
sauvés.
6. Et nous sommes devenus
ISATE.
1683
nous tous comme un A07mme 1m-
pur, et comme un linge souillé
. est toute notre justice; nous som-
mestombés tous comme lafeuille,
et nos iniquités comme le vent
nous ont emportés.
7. Il n'y a personne qui invoque
votre nom, qui se léve et qui
vous retienne; vous nous avez
caché votre face, etvousnousavez
brisés dans la main de notre ini-
quité.
8. Et maintenant, Seigneur,
vous êtes notre père, vous; mais
nous de l'argile, et vous nous
avez formés, et nous sommes tous
les ouvrages de vos mains.
9. Ne vous irritez pas trop,
Seigneur, et ne vous souvenez
plus de notre iniquité ; regardez
plutôt, nous sommes tous votre
peuple.
10. La cité de votre saint est
devenue déserte, Sion est deve-
nue déserte, Jérusalem est déso-
Ice:
11. La maison de notre sanc-
tification et de notre gloire, où
vous ont loué nos pères, a été
embrasée, et tous nos bdtiments
précieux ont été changés en rui-
nes.
19. Est-ce qu'après cela vous
vous contiendrez, Seigneur, vous
vous lairez, et vous nous afflige-
rez sans mesure?
Cap. LXIV. 4. I Cor., 11, 9. — 9. Ps. Lxxvr, 8.
9. Dans 168 péchés. On entend ainsi généralement, l'expression de la Vulgate, dans
ces choses (in ipsis), traduction rigoureusement littérale du texte original. Cette in-
terprétation parait d'autant plus fondée, qu'elle se trouve précédée immédiatement
de nous avons péché. — Nous serons sauvés; par un pur effet de votre bonté et de votre
miséricorde.
9. Trop ou outre mesure; c'est le sens du latin salis, expliqué par l'hébreu. La
maison de notre sanclification. Voy. Lx, 13.
1684
CHAPITRE LXV.
Conversion des gentils. Incrédulité des
Juifs. Vengeance du Seigneur sur ce
peuple. Restes sauvés par gráce. Βό-
nédiction du Seigneur sur ses servi-
teurs. Nouveau monde. Félicité de Jé-
rusalem.
1. 115 m'ont cherché, ceux qui
auparavant ne m'interrogeaient
pas; ils m'ont trouvé, ceux qui
ne m'ont pas cherché; j'ai dit :
Me voici, me voici, à une nation
qui n'invoquait pas mon nom.
9. J'ai étendu mes mains tout
le jour à un peuple incrédule, qui
marche dans une voie qui n'est
pas bonne, à la suite de ses pen-
sées.
3. C'est un peuple qui me pro-
voque au courroux devant ma
face sans cesse; qui immolent
dans les jardins, et sacrifient sur
les briques;
Cnar. LXV. 1. Rom., x, 20.
ISAÏE.
[cu. Lxv.]
4. Qui habitent dans les sé-
pulcres, qui dorment dans les
temples des idoles; qui mangent
de la chair de porc, et mettent
du jus profane dans leurs vases ;
5. Qui disent : Retire-toi de
moi, ne m'approche pas, parce
que tu es impur; ceux-là seront
une fumée dans ma fureur, un feu
brülant tout le jour.
6. Voilà que c'est écrit devant
moi; je ne me tairai pas, mais
je rendrai, et je verserai dans leur
sein
7. Vos iniquités, dit le Sei-
gneur, en méme temps que les
iniquités de vos peres, qui ont sa-
crifié sur les montagnes, et m'ont
outragé sur les collines, et je
verserai leurs premieres ceuvres
à égale mesure dans leur sein.
8. Voici ce que dit le Seigneur :
De méme que si on trouve un
grain dans une grappe de raisin,
1-95. * 8e Discours : Réponse de Dieu à la prière de son peuple, Lxv. — 2° Dieu
répond d'abord par une parole de condamnation contre les endurcis qui ne se con-
vertissent point, 1-7; quant à ceux qui reviennent à lui, il leur rend ses bonnes
gráces, 8-10. Ceux qui continuent à adorer les faux dieux périront sans merci, 11-16,
mais les justes seront comblés de biens, 11-25.
1. Ils m'ont cherché, etc. Saint Paul (Rom., x, 20) applique ceci à la conversion des
Gentils.
2. J'ai élendu, etc. Saint Paul (Rom., x, 21) explique ce passage des Juifs au temps
de Jésus-Christ.
3. Qui immolent. Ce verbe et les suivants sont au pluriel dans l'hébreu aussi bien
que dans la Vulgate, parce qu'ils ont pour sujet le mot peuple, qui est un nom col-
lectif. — Dans les jardins; c'est-à-dire dans les bocages, les bois sacrés, où les paiens
rendaient un culte à Vénus, à Adonis et à Priape. Compar. 1, 29; Osée, tv, 13. — Sa-
crifient sur des briques; sur des autels de briques; ce qui était contraire à la loi
(Exod., xx, 24, 25); ou sur des autels érigés sur les plates-formes des toits, qui étaient
pavées de briques. Compar. IV Rois, xxii, 19 ; Jérém., xix, 13 ; xxxii, 29; Sophonie, τ, 5.
4. Qui habitent, etc.; qui fréquentent les sépulcres, pour y exercer la nécromancie.
— Qui dorment, etc.; qui, selon la remarque de saint Jéróme, passent la nuit dans
les temples, sur des peaux de victimes immolées, afin d'y avoir des songes qui leur
fassent connaître l'avenir. — Qui mangent, etc. La chair de porc était défendue aux
Juifs (Lévit., xi, 1). — Du jus profane; soit celui de là chair de porc, ou de toute
autre viande défendue.
5. Qui disent; à un gentil.
6. Je verserai dans leur sein; je verserai dans leur sein ce qu'ils méritent. On
retrouve une locution semblable, Ps. uxxvi, 12; Jérém., xxxii, 185 Luc., vr, 28.
CH. Lxv.]
et Sion dit : Ne 16 perds pas, par-
ce que c'est une bénédiction, de
méme aussi je ferai en sorte, à
cause de mes serviteurs, que je
ne perde pas entierement tout
Israél.
9. Je ferai sortir de Jacob une
postérité, et de Juda celui qui pos-
sédera mes montagnes ; mes élus
hériteront de cette ferre et mes
serviteurs y habiteront.
10. Et les campagnes servi-
ront de parcs aux troupeaux de
menu bétail, et la vallée d'Achor,
de retraite aux troupeaux de gros
bétail, en faveur de ceux de mon
peuple qui m'ont recherché.
11. Mais vous qui avez aban-
donné 16 Seigneur, qui avezoublié
ma montagne sainte, qui dressez
une table à la Fortune, et y faites
des libations,
19. Je vous compterai avec le
glaive,ettous voustomberez dans
ce carnage, parce que j'ai appelé,
et vous n'avez pas répondu; j'ai
parlé, et vous n'avez pas écouté;
vous faisiez le mal à mes yeux, et
tout ce que je n'ai pas voulu,
vous l'avez choisi.
13. A cause de cela voici ce que
ditleSeigneurDieu: Voilàque mes
serviteurs mangeront, et vous,
vous aurez faim; voilà que mes
serviteurs boiront, et vous, vous
aurez soif ;
ISAIE.
1685
14. Voilà que mes serviteurs
se réjouiront, et vous, vous serez
confus ; voilà que mes serviteurs
chanteront des louanges dans
l'exultation de /eur cœur, et vous,
vous jetterez des cris dans la dou-
leur de votre cœur, et dans le
brisement de votre esprit vous
pousserez des hurlements.
15. Et vous laisserez votre nom
à mes serviteurs comme un objet
d'imprécation;etleSeigneurDieu
te détruira, etil appellera ses ser-
viteurs d'un autre nom,
16. Dans lequel celui qui est
béni sur la terre sera béni dans
le Dieu de vérité, et celui qui jure
sur la terre jurera par le Dieu de
vérité; parce qu à l'oubli ont été
livrées les premieres angoisses,
et qu'elles ont été cachées à ma
face.
17. Car voici que je crée des
cieux nouveaux etune terre nou-
velle; les choses passées ne se-
ront pàs dans la mémoire, et elles
ne monteront pas sur le cœur.
18. Mais vous vous réjouirez,
vous exulterez à jamais dans les
choses que je crée ; parce que voici
que je crée Jérusalem exultation,
et son peuple joie.
19. Et j'exulterai en Jérusalem,
et je me réjouirai en mon peuple;
et on n'y entendra plus la voix du
pleur et la voix du cri.
12. Prov., 1, 24; Infra, Lxvi, 4; Jér., vir, 18. — 17. Infra, Lxvi, 22; Apoc., xxi, 1.
10. * La vallée d'Achor. Voir Josué, vit, 24.
11. * A la Fortune, en hébreu, Gad, qui était considéré par les Chananéens comme
le dieu de la fortune.
16. Le Dieu de vérité; littér. le Dieu d'amen; en hébreu, amen signifie, en effet
vérité, fidélité dans les promesses.
11-19. Car voici, etc. Saint Jean décrit sous de semblables symboles le bonheur
éternel des élus de Dieu (Apocal., xxr, 1-4).
18. Je crée Jérusalem, etc.; je vais faire de Jérusalem une ville d'exultution, et de
son peuple un peuple de joie.
1686
20. Tl n'y aura plus là d'enfants
de peu de jours, et de vieillard
qui ne remplisse ses jours; parce
que l'enfant mourra à cent ans,
et que le pécheur de centans sera
maudit.
21. Et ils bátiront des maisons
etils les habiteront; ils planteront
des vignes etils en mangerontles
fruits.
99. Ils ne bâtiront pas pour
qu'un autre habite; ils ne plante-
ront pas pour qu'un autre mange;
car à l'égal des jours de l'arbre,
seront les jours de mon peuple;
et les ouvrages de leurs mains
auront une longue durée;
93. Mes élus ne travailleront pas
en vain, et ils n'engendreront pas
dans le trouble; parce qu'ils sont
la race des bénis du Seigneur, et
que leurs descendants seront bé-
nis avec eux.
24. Kt il arrivera qu'avant qu'ils
crient, moi je les exaucerai; eux
parlant encore, j'écouterai.
ISAIE.
(cu. Lxvr.]
95. Le loup et l'agneau paitront
ensemble: le lion et le bœuf
mangeront la paille, et pour le
serpent, la poussière sera son
pain; ils ne nuiront point, et ils
ne tueront point sur toute ma
montagne sainte, dit le Seigneur.
CHAPITRE LXVI.
Temple et sacrifice des Juifs rejetés. Ven-
geance du Seigneur contre ce peuple.
Sion enfante un peuple fidèle. Le Sei-
gneur se fait connaitre. aux. nations.
Race nouvelle qui subsistera éternelle-
ment. E
1. Voici ce que dit le Seigneur:
Le ciel est mon trône, et la terre
l'escabeau de mes pieds; quelle
est cette maison que vous me bà-
tirez? et quel est ce lieu de mon
repos?
9. Toutes ces choses, c'est ma
main qui les a faites, et elles ont
été faites toutes, dit le Seigneur;
mais vers qui porterai-je mes re-
gards, sinon vers le pauvre et
24. Ps. xxxI, 5. — 25. Supra, ΧΙ, 6. — (ΒΑΡ. LXVI. 1. Actes, vir, 49; xvir, 24
20. Parce que l'enfant mourra, etc.; c'est-à-dire, c'est parce qu'il ne mourra qu'à
cent ans, que l'enfant ne vivra pas seulement peu de jours.
29. A l'égal, etc.; les jours de mon peuple seront aussi nombreux que ceux des
arbres de longue durée, tels que le chéne, le cédre, etc. Toutes ces expressions,
pleines de mystères, sont une image vive et fidèle de la vie éternelle des élus dans le
ciel, vie semblable sous ce rapport à celle de Jésus-Christ, qui est l'arbre dont parle
saint Jean (Apocal., τι, 1).
25. Pain; ce mot est mis souvent dans l'Ecriture pour nourriture en général.
1-24. * 9e Discours : Exclusion des impénitents du royaume de Dieu, Lxvr. — 5° Le
Prophéte s'adresse, au nom de Dieu, à tous les exilés qui s'apprétent à retourner
dans leur patrie. Il leur dit d'abord à tous, sans distinction, que le Seigneur étant le
créateur du ciel et de la terre, n'a pas besoin d'une maison.faite de main d'homme;
il repousse ensuite tous les pécheurs et leurs sacrifices, 1-6; mais Sion n'en aura pas
moins de nombreux enfants que Dieu fera naitre miraculeusement, 1-9, et qu'il trai-
tera avec bonté et avec un amour maternel, 10-14. Quant aux nations infidèles et
aux Juifs incrédules, il les jugera dans son indignation, 15-18. Cependant quelques
Israélites resteront pour précher sa gloire parmi les Gentils et ramener à Dieu une
partie de leurs fréres, 19-20; les Gentils eux-mémes deviendront son peuple et lui
fourniront des prêtres, 21; il y aura un nouvel Israël qui vivra à jamais devant lui
comme le nouveau ciel et la nouvelle terre; toute chair l'adorera; un châtiment éternel
punira ceux qui n'auront point fait partie de l'Eglise, 22-24; voir Marc, 1x, 43, 45, 41.
2. Qui tremble à mes paroles (trementem sermones meos). Le verbe trembler étant.
[cn. [,זטא
celui qui a l'esprit contrit, et qui
tremble à mes paroles?
3. Celui qui immole un bœuf
est comme celui qui tuerait un
homme; celui qui sacrifie une
béte de menu bétail est comme
celui qui óterait la cervelle à un
chien ; celui qui fait une oblation
est comme celui qui offrirait du
sang de pore;celui quisesouvient
de bruler de l'encens est comme
celui qui adorerait une idole. Ils
ont choisi toutes ces choses dans
leurs voies; et dans leurs abo-
minations leur àme s'est délec-
tée.
4. D'où moi aussi je choisirai
pour eux les railleries; et ce
qu'ils craignaient, je l'amenerai
sur eux; parce que j'ai appelé, et
il n'y avait personne qui répon-
dit; jai parlé, et ils n'ont pas
écouté ; ils ont fait le mal à mes
yeux; et ce que je n'ai pas voulu,
ils l'ont choisi.
ὃ. Ecoutez la parole du Sei-
gneur, vous qui tremblez à sa
parole; vos frères qui vous hais-
sent, et qui vous rejettent à cause
de mon nom, ont dit : Que la
gloire du Seigneur se montre; .
et nous le reconnaitrons à votre
ISAIE.
1687
joie; mais eux, ils seront confon-
dus.
6. Une voix du peuple sort de
la cité, une voix s'élève du tem-
ple, c’est la voix du Seigneur qui
rendra rétribution à ses enne-
mis.
7. Avant qu'elle füt en travail,
elle a enfanté; avant que vint /e
temps de son enfantement, elle a
enfanté un enfant mâle.
8. Qu: ἃ jamais oui une telle
chose? et qui a vu rien de sem-
blable à cela? est-ce que la terre
engendrera en un seul jour? ou
toute une nation sera enfantée
en méme temps, parce que Sion
a été en travail et qu'elle a en-
fanté ses fils?
9. Est-ce que moi, qui fais en-
fanter les autres, je n'enfanterai
pas moi-méme, dit le Seigneur?
est-ce que moi, qui donne la gé-
nération aux autres, je demeu-
rerai stérile, dit le Seigneur ton
Dieu?
10, Livrez-vous à la joie avec
Jérusalem, exultez en elle, vows
tous qui l'aimez; réjouissez-vous
avec elle, vous tous qui pleurez
sur elle;
11. Afin que vous suciez, et
4. Prov., 1, 24; Supra, rxv, 12; Jér.. vir, 13.
neutre, l'aceusatif sermones meos ne peut étre qu'une expression adverbiable; c'est
pour cela que nous avons ajouté dans notre traduction à, qui se trouve d'ailleurs
exprimé dans une phrase parallèle au vers. 5.
3. Oblation ; c'est-à-dire offrande de fleur de farine. — 1/8 ont choisi, etc.; ils n'ont
fait en toutes ces choses que leur pure volonté, et ils n'y ont cherché que leur pure
satisfaction. Ils se sont imaginés que Dieu fermerait les yeux à leur idolátrie pendant
qu'ils continueraient à lui offrir des sacrifices. Isaie leur a déjà fait ces reproches, 1.
11 et suiv.; Lvur, 3 et .טנופ .
4. J'ai appelé, etc. Compar. Lxv, 12.
6. Rendra vétribution. Voy. Ecclésiastique, xvm, 19.
T. Elle; c'est-à-dire Sion, comme le montre la suite du discours. —Un enfant mâle.
Cet enfant mâle subitement sorti du sein de Sion représente le peuple chrétien, sorti
subitement de 18 synagogue, plein de force et d'une mâle vigueur; tels furent sur-
tout les apótres et les martyrs de l'Eglise de Jésus-Christ.
11, Infinieg littér. qui est de loute sorte (omnimoda).
1688
que vous soyez rassasiés à la
mamelle de sa consolation; afin
que vous tétiez et que vous re-
gorgiez des délices de sa gloire
infinie.
19. Parce que voici ce que dit
le Seigneur : Voilà que moi j'a-
menerai sur elle comme un
fleuve de paix, et comme un
torrent qui se déborde, la gloire
des nations, laquelle vous suce-
rez; à 18 mamelle vous screz por-
tés, el sur les genoux on vous
caressera.
13. De méme qu'une mere qui
caresse quelqu'un de ses enfants,
de méme moi je vous consolerai;
et c'est dans Jérusalem que vous
serez consolés.
14. Vous verrez et votre cœur
se réjouira, et vos os comme
l'herbe germeront; et l'on con-
naitra que la main du Seigneur
est pour ses serviteurs, et il sera
indigné contre ses ennemis.
15. Parce que voilà que le Sei-
gneur viendra dans le feu, et ses
quadriges seront comme la tem-
péte, pour répandre dans son
indignation sa fureur, et ses re-
proches dans une flamme de feu;
ISAIE.
[cu. Lxvi.]
16. Parce que le Seigneur ju-
gera dans le feu et avec son
glaive toute chair; et ils seront
bien nombreux, ceux qui seront
tués par le Seigneur.
11. Geux qui se sanctifiaient et
croyaient se rendre purs dans
leurs jardins, derrière 18 6
en dedans; qui mangeaient de la
chair de porc, et des abomina-
tions, et des rats seront consumés
tous ensemble, dit le Seigneur.
18. Mais moi je viens afin de
recueillir leurs œuvres et leurs
pensées, et de les rassembleravec
toutes les nations et les langues;
ils viendront et ils verront ma
gloire.
19. Je poserai un étendard
parmi eux, et j'enverrai ceux
d'entre eux qui auront été sau-
vés, vers les nations, vers la mer,
en Afrique et en Lydie, qui tend
la flèche; dans l'Italie et la Grèce,
dans les îles au loin, vers ceux
qui n'ont pas entendu parler de
moi, et n'ont pas vu ma gloire.
Et ils annonceront ma gloire aux
nations,
20. Et ils amèneront tous vos
frères de toutes 108 nations comme
15. Pour répandre. Lé texte hébreu exprime la particule pour omise dans la Vulgate.
16. Dans le feu ; environné de feu. Compar. Ps. xuix,3; xcvr, 3, et II Thessalon., 1, 8,
où saint Paul semble faire allusion à ce passage d'Isaie.
11. Ils se sanctifiaient; ils croyaient se sanctifier, se purifier de leurs crimes en se
baignant dans leurs jardins, tandis que ces sortes de bains n'étaient établis que pour
laver certaines souillures légales et extérieures; c'est l'explication de saint Jéróme
et de plusieurs autres interprétes. — Des abominations ; c'est-à-dire d'autres animaux
que la loi mosaïque déclarait impurs, outre le porc et le rat 101 nommés, Voy. Lévit., x1.
19. Lydie, qui tend la ftéche; littér. qui tendent (tendentes) ; ce pluriel, qui se trouve
aussi dans le texte original, vient de ce que le mot Lydie désigne ici, non le pays, le
sol, mais les habitants, les Lydiens; hébraisme dont la Bible fournit d'autres exemples.
Jérémie (xzvi, 9) nous dépeint les Lydiens saisissant leurs carquois et lançant leurs
flèches. — La flèche (sagittam); au lieu de flèche l'hébreu porte arc. — Quant aux
envoyés qui doivent se répandre parmi tous les peuples du monde pour leur annon-
cer la gloire du Seigneur, ce sont évidemment les apôtres. de Jésus-Christ.
20. Comme si les fils d'Israël, etc. D'après la loi, les Israélites devaient porter au
temple en cérémonie les prémices des fruits (Deutéran., xxvi, 4 et suiv.).
[cu. Lxvi.]
un don au Seigneur, sur des che-
vaux, sur des quadriges et sur
des litieres, sur des mulets et sur
des chariots, à ma montagne
sainte, Jérusalem, dit le Sei-
gneur, comme si les fils d'Israél
'portaient un présent dans un
vase pur dans la maison du Sei-
gneur.
91. Et j'en prendrai d'entre eux
pour prétres et lévites, dit le Sei-
gneur.
22. Parce que comme les cieux
nouveaux et la terre nouvelle,
22. Apoc., xxt, 1. — 24. Marc, 1x, 45.
--
ISAIE.
1689
que je fais subsister devant moi,
ditle Seigneur, ainsi subsisteront
votre race et votre nom.
23. Et il arrivera que de mois
en mois, et de sabbat en sabbat,
toute chair viendra afin d'adorer
devant ma face, dit le Seigneur.
94. Et ils sortiront, et ils ver-
ront les cadavres des hommes
qui ont prévariqué contre moi;
leur ver ne mourra pas, et leur
feu ne s'éteindra pas, ils seront un
objet de regard jusqu'à satiété
pour toute chair.
21. Et j'en prendrai, etc. Voici le sacerdoce de la loi nouvelle bien marqué, à l'ex-
clusion du sacerdoce de la loi ancienne, qui était attaché à la famille de Lévi et à la
race d'Aaron. Plus de distinction de familles, plus de prérogatives pour aucune race
partieuliére. Le Seigneur choisira ses prétres et ses lévites parmi les étrangers
mémes qu'il aura convertis et amenés à son Eglise. Les Juifs ne sauraient éluder le
sens d'une prophétie si claire.
.— 92. Les cieux nouveaux, etc. Voy. Lxv, 11-19.
24. Leur ver, etc. Jésus-Christ explique ces paroles des peines de l'enfer, οὐ le re-
mords de la conscience des damnés est comme un ver intérieur qui les ronge, ne
meurt pas, et où le feu quiles tourmente ne s'éteint pas (Marc, 1x, 43, 45, 41).
JERÉMIE'
À purpose תי
INTRODUCTION
Jérémie est de tous les prophétes celui dont les écrits nous font le mieux con-
naitre la vie, l'œuvre, les sentiments, les souffrances. Il était d'Anathoth, petite
ville sacerdotale, à une heure et demie environ au nord de Jérusalem. Son pére
s'appelait Helcias. S. Jéróme et plusieurs autres commentateurs ont cru que
cet Helcias était le grand-prétre qui aida si efficacement Josias dans la réforme
religieuse de Juda ; mais cette identification est peu probable, parce que le pon-
tife était de la famille d'Eléazar, tandis que les prêtres d'Anathoth étaient de la
branche d'Ithamar. Quoi qu'il en soit, dans son pays natal, si proche de la
capitale, Jérémie, pendant son enfance, dut entendre souvent parler avec
horreur et indignation de l'idolátrie et des cruautés de Manassé et de son fils
Amos, rois de Juda. Il fut élevé dans l'amour de la 101 et le respect des traditions
mosaiques; il étudia avec soin les Saintes Écritures et les oracles des anciens
prophétes, en particulier Isaie et Michée, comme l'attestent ses écrits, qui sont
tout remplis de réminiscences des auteurs antérieurs et quelquefois méme citent
ou reproduisent textuellement leurs paroles. En grandissant, il fut témoin des
efforts de Josias pour rétablir la religion mosaique dans sa pureté primitive,
et cette entreprise ne put le laisser indifférent, elle produisit dans son âme une
impression ineffacable. C'est sans doute aussi dans sa jeunesse qu'il se lia
d'amitié avec la famille de Nérias, fils de Maasias, gouverneur de Jérusalem à
cette époque, et coopérateur d'Helcias et de Saphan dans les réformes de Josias.
Plus tard, les deux fils de Nérias, Baruch et Saraias, devinrent les disciples de
Jérémie.
| * Les prophéties de Jérémie ne sont nullement disposées dans l'ordre chronolo-
gique, soit que l'auteur du recueil de ces prophéties ait négligé de leur donner cet
ordre, soit que cet ordre ait été troublé et dérangé dans la suite par quelques acci-
dents, ou par la méprise et la négligence des copistes. Il y a méme de la variété
entre l'arrangement que leur donnent les exemplaires du texte hébreu suivi par la
Vulgate et celui que leur assignent les exemplaires de la version des Septante; de
plus, on trouve dans les Septante plusieurs omissions considérables; trois phéno-
mènes sur lesquels les critiques modernes se sont beaucoup exercés. Nous ajou-
terons que pour acquérir l'intelligence de ce livre aussi bien que ceux des autres
prophétes, il ne sera pas inutile de relire attentivement ce que nous avons dit dans,
les Observations préliminaires sur les prophètes, 111, pag. 1 et 2.
JÉRÉMIE. — INTRODUCTION. 1691
Dès que Jérémie nous apparait dans le recueil de ses prophéties, il se montre
à nous plein de piété, pénétré d'un vif sentiment de sa faiblesse, sensible et
méme impressionnable, porté au découragement, mais brülé du zéle de la loi
de Dieu et animé du plus pur patriotisme. Piété et tendresse : ces deux mots
résument tout son caractére. Ce n'est point, par tempérament, un homme de
lutte et de combat, il est plus disposé à fuir le danger qu'à le braver; il est en-
nemi du bruit et ami de la solitude ; il y a méme en lui comme une teinte de mé-
lancolie et de tristesse ; il est plus aimant qu'énergique, il a plus de l'apótre S. Jean
que de S. Pierre. Dans les péchés de son peuple, il est moins frappé de leur
opposition avec la loi de Dieu que des maux qui en seront le chátiment, et il se
distingue par là d'Ézéchiel, son contemporain : les crimes qui excitent l'indigna-
tion d'Ézéchiel émeuvent le cœur de Jérémie ; il voit le pécheur plus encore que
le péché.
Il semble, humainement parlant, qu'un cœur si tendre était peu propre à
remplir une mission prophétique à une époque agitée, troublée, comme devait
l'étre celle de la prise répétée de Jérusalem et de la ruine définitive du temple
de Salomon par le terrible Nabuchodonosor, roi de Babylone. Dieu en jugea
autrement que la sagesse humaine. Il voulut montrer en la personne de Jérémie
quelle est la puissance de la gráce et la force de l'inspiration céleste, qui trans-
forment, à son gré, les âmes et les cœurs. |
Ce prétre timide, ami de la tranquillité, qui préférerait sa solitude d'Anathoth
à la vie bruyante, tumultueuse et militante de la capitale; cette nature délicate,
aimante, plus portée à céder qu'à résister, devient tout autre lorsqu'il s'agit de
porter aux hommes les ordres de Dieu : sa foi, sa piété, son obéissance et la
grâce le changent complètement ; quand il est seul, il se désole de la mission
qui lui a été confiée ; c'est un homme faible, abattu; mais quand le Seigneur
lui ordonne de porter sa parole à Juda, c'est un prophéte : menaces, insultes,
prisons, supplices, peuple, princes, rois, ne peuvent rien sur lui; il n'en répéte
que plus fort les ordres de Dieu; il est, comme Ézéchiel, un véritable mur d'ai-
rain.
Tel nous verrons Jérémie pendant tout le cours de son ministère prophétique,
c'est-à-dire pendant plus de quarante ans. Nous trouverons, dans l'explication
de ses prophéties, les principaux épisodes de son histoire à parlir de l'époque
de sa vocation. Elle eut lieu la 13° année du règne de Josias, vers l'an 628 av.
J.-C., 1, 2. Il avait alors sans doute de dix-huit à vingt ans, 1, 6; xvi, 2. Il parait
avoir quitté peu de temps aprés Anathoth et passé la plus grande partie de sa
vie à Jérusalem, cf. 11, 2, mais il vécut probablement encore quelque temps dans
l'obscurité, car son nom n'est pas prononcé dans l'euvre mémorable de la ré-
forme religieuse, entreprise cinq ans aprés, la dix-huitiéme année de Josias; il
n'est question que de la prophétesse Holdah; c'est à elle que le roi et ses mi-
nistres demandent conseil. Nous ne connaissons de lui aucun incident particu-
lier pendant les dix-huit années qui s'écoulérent depuis sa vocation jusqu'à la
mort de Josias, mais nous savons qu'il menait une vie mortifiée, pénitente,
solitaire, gardant la continence, xvr, 2; s'abstenant d'entrer dans les maisons
où l'on était en fête, comme dans les maisons où l'on était en deuil, xvi, 5, 8.
Bientôt les persécutions commencèrent : celle de ses compatriotes, xr, 21, et
de ses proches, xir 6, en attendant celle des habitants de la capitale et des
principaux de la nation.
1692 JÉRÉMIE.
Vers la fin du règne de Josias, il doit avoir pris quelque part à la discussion
des questions politiques contemporaines. Comme du temps d'lsaie, il y avait |
toujours deux partis dans le royaume de Juda, celui de l'Égypte et celui de la
Chaldée, qui avait remplacé maintenant le parti de l'Assyrie, ruinée par les
armes des Chaldéens et de leurs alliés. La chute de Ninive avait fourni au vieux
parti égyptien l'occasion de pousser le roi de Juda à faire alliance avec le pha-
raon Néchao. De méme qu'autrefois Isaie, xxx, 1-7, Jérémie, par l'ordre de Dieu,
combattit cette politique trop humaine, ,זז 18, 36. Josias se détermina, peut-être
pour suivre les conseils du prophéte, non seulement à ne point s'allier avec
Néchao, mais aussi à s'opposer de vive force au passage de son armée, quand
le monarque égyptien porta la guerre en Asie contre les Chaldéens. Dieu permit
que le saint roi de Juda périt sur le champ de bataille de Mageddo. Ce fut une
des premières douleurs de la vie de Jérémie, comme nous l'apprennent ses la-
mentations sur la mort de ce prince, II Par., xxxv, 25. Aprés ce malheur, il ne
prévoit que trouble et confusion, succédant à ce régne de justice, xxu, 3, 16.
Joachaz ou Sellum, quatriéme fils de Josias (609), ne régna que trois mois,
I Par., ut, 15; IV Rois, xxui, 30-35; 1] Par., xxxvi, 1-4 : Ez., xix, 3-5; il fut
déposé par Néchao, ce qui montre qu'il n'était pas favorable au parti égyptien.
Nous ne trouvons qu'un mot sur lui dans Jérémie, xxu, 11-12 : c'est la prédiction
de la mort de ce prince en Égypte, où le vainqueur l'avait emmené.
C'est sous Joakim, second fils de Josias, 609-598, que le ministère de Jérémie
prend plus d'importance. Avec ce roi, créature du pharaon, le parti égyptien était
le maitre en Juda, xxv, 18-19; xxvir; l'ére des persécutions allait commencer
contre le prophéte qui annoncait que l'Égypte serait impuissante à défendre
Jérusalem contre Nabuchodonosor, (cf. xviu ; xix, xxi). Jérémie nous a peint au vif
quelques-unes des scénes dans lesquelles ses oracles soulevérent contre lui les
plus violents orages. La première année de ce prince, il faillit être la victime de
la fureur populaire, pour avoir annoncé le sort réservé à Jérusalem ; il n'échappa
à la mort que par l'intervention des princes de Juda parmi lesquels il devait y
avoir encore des conseillers de Josias, xxvr. Environ quatre ans plus tard,
l'armée de Néchao, qui était allée combattre les Chaldéens en Mésopotamie,
fut battue à Charcamis, טא 2. La victoire de Nabuchodonosor sur le pharaon
ruina les espérances du parli égyptien en Juda. Les prophéties de Jérémie com-
mencaient à s'accomplir. Déjà les soldats babyloniens envahissaient de nouveau
la Palestine, à la poursuite des Égyptiens vaincus, et ceux qui n'habitaient point
dans les villes fortifiées étaient réduits à se réfugier dans les murs de Jérusalem,
comme le firent les Réchabites, xxxv, (cf. IV Rois, x, 15), pour échapper à la
brutalité de l'ennemi. Le prophéte choisit ce moment solennel, oü la patrie cou-
rait un danger évident, pour faire promulguer par son disciple Baruch tous les
oracles divins qu'il avait fait recueillir en volume. L'émotion fut grande ; Jérémie
et son secrétaire furent obligés de se cacher; Joakim brüla le rouleau qui con-
tenait la prédiction des malheurs de sa capitale, xxxvr. Sans se laisser décon-
certer, Jérémie s'empressa de dicter de nouveau ses prophéties à Baruch, א
Il apprit, sur ces entrefaites, que la captivité de Babylone durerait soixante-dix
ans, xxv, 8-12. Les malheurs qu'il avait prédits à Joakim ne tardèrent pas à se
réaliser : Nabuchodonosor assiégea et prit Jérusalem; il emmena captifs un
certain nombre de Juifs parmi lesquels Daniel et ses compagnons (606). C'est
de cette première déportation que datent les soixante-dix ans de la captivité.
INTRODUCTION. 1693
Quelques années après, Joakim s'étant révolté contre Nabuchodonosor, celui-c1
vint mettre de nouveau le siège devant la capitale de la Judée. Joakim mourut
probablement au commencement des opérations, et ainsi furent réalisées les
prophéties faites contre lui, Jér., xxr, 19; xxxvi, 30 (598).
Le fils de Joakim, Jéchonias, n'eut qu'un régne de trois mois. Jérémie lui
‘annonça, xxi, 24-30, les malheurs qui lui étaient réservés. Bientôt aprés l'oracle
s'accomplissait : le roi de Juda était emmené captif en Chaldée avec les princi-
paux de la nation, parmi lesquels se trouvait le prophète Ézéchiel, IV Rois,
xxiv, 18-16; Ézéch., τ, 2. Jérémie fut laissé à Jérusalem (598).
Sédécias, oncle de Jéchonias, fut mis sur le tróne par Nabuchodonosor. Il res-
pectait Jérémie et le consulta méme quelquefois, xxxvir, 3; mais dans cette
période de trouble, son pouvoir était mal assis; il avait un caractère hésitant et
ne sut pas toujours protéger efficacement le prophète. C'était la lie du peuple
qui était demeurée en Palestine : Jérémie annonca qu'elle serait chátiée à son
tour, xxiv. La prospérité renaissante de l'Égypte sous Apriés ou Hophra avait
fait naitre de nouvelles illusions à Jérusalem et inspiré à Sédécias lui-méme
des velléités de révolte. Jérémie les combattit, par ordre de Dieu, mais en vain,
xxvu-xxvin; bientôt l'approche d'une armée égyptienne et le départ des Chal-
déens, qui en fut la conséquence, rendirent sa situation plus périlleuse que ja-
mais. En prévision des persécutions qui le menacaient, il résolut d'aller se cacher
à Anathoth; mais son projet fut découvert, on l'accusa de trahison et on l'empri-
sonna, xxxvir. I! avait cherché, dans la bonté de son cœur, à consoler les captifs
de Babylone, xxix; voilà que de Babylone méme, les faux prophètes le pour-
suivent de leur haine et pressent les prétres de Jérusalem d'employer les moyens
violents contre sa personne; ces derniers n'étaient que trop disposés à suivre
ces conseils. Non contents de l'avoir mis en prison, irrités par les prophéties
qu'il continuait à faire, ils voulurent en finir avec lui et le jetérent au fond du
puits de Melchias; il y serait mort, sans l'intervention d'Abdémélek, eunuque
éthiopien, qui le sauva avec la connivence du roi, xxxvur. Il resta cependant
prisonnier. Sédécias le consulta en secret ; Jérémie lui annonca qu'il n'échapperait
pas aux Chaldéens, xxxvii, 18. Ces derniers revinrent en effet au bout de peu
de temps, et leur retour produisit la plus profonde consternation, xxxir, 2. La
victime de la fureur populaire chercha à relever les courages abattus, par un
acte propre à montrer la confiance qu'il avait dans l'avenir : il acheta un champ
à Anathoth, xxxi, 6-9, parce que Dieu lui avait révélé « qu'on posséderait de
nouveau des maisons et des champs et des vignes dans le pays, » xxxii, 15, sous
le règne heureux et glorieux du Messie, xxxi, 11, 16-18. Cependant ces belles
prophéties ne devaient se réaliser que longtemps après.
L'heure fatale sonna enfin. Jérusalem fut prise, le temple brülé, le roi et les
princes emmenés en captivité (588). Jérémie eut l'amer privilège d’être bien
traité parle vainqueur. Il fut délivré de prison; on lui laissa le choix d'aller à
Babylone ou de demeurer en Judée. A Babylone, c'étaient les honneurs; à Jéru-
salem, c'était la désolation. Il n'hésita pas; il resta au milieu des ruines de la
cité sainte et se retira ensuite à Masphat, xr, 6. Il avait consacré quarante ans
de sa vie à prévenir ou à atténuer les malheurs qui venaient de fondre sur sa
patrie; n'ayant pu les empécher, il voulut du moins les partager. Sur les débris
fumants de Jérusalem et du temple, il composa ses immortelles Lameníations,
où son cxquise sensibilité se manifeste d'une maniére si touchante, ll les écrivit,
469 JÉRÉMIE.
d’après la tradition, au nord de Jérusalem, dans la grotte qu'on appelle aujour-
d'hui la grotte de Jérémie. Aucune langue né possède d'élégie comparable à
celle de ce prophéte, qui avait tant aimé la ville et la maison de son Dieu, sans
pouvoir les sauver. Jamais poéte n'a su accumuler comme lui les images de la
désolation et rendre la douleur plus sympathique.
Godolias, fils d'Ahicam, protecteur de Jérémie, avait été institué, par Nabu- |
chodonosor, gouverneur de la Judée, aprés la ruine de Jérusalem. Les malheu-
reux restes de Juda eurent alors quelques moments de répit, xr, 9-12; mais l'as-
sassinat de Godolias par Ismaél et ses complices attira de nouveaux malheurs
sur la Palestine. On ne sait comment Jérémie échappa aux conjurés, qui devaient
lui en vouloir autant qu'à Godolias. Il est probable qu'il fut du nombre des pri-
sonniers qu'Ismaél envoyait aux Ammonites, xri, et qu'il fut délivré par l'ar-
rivée de Johanan. — Le peuple craignit que le meurtre du gouverneur ne fût
puni sur toute la nation. On consulta Jérémie sur ce qu'il y avait à faire. ll con-
seilla de rester en paix en Judée, וצצ mais il ne fut pas écouté. La foule était
décidée à s'enfuir en Égypte; comme autrefois, elle aceusa Jérémie et Baruch
de trahison, xrur, 3, et elle les emmena tous les deux de vive force dans la vallée
du Nil. Il est facile d'imaginer combien l'exil en Égypte, ce pays dans lequel
Jérémie avait toujours vu la source fatale de la ruine de sa patrie, dut lui étre
odieux. C'est là, à Taphnés (Daphné), prés de Péluse, dans la Basse-Égypte, que
cette lampe qui ne tardera pas à s'éteindre jette ses dernières lueurs. Ses paroles
sont plus énergiques que jamais, il rappelle tout ce que Dieu lui a dit sur les
Chaldéens, qu'il nomme serviteurs de Dieu, xzim, 10; Nabuchodonosor élévera
son tróne dans le lieu méme oü il leur parle, dans cette ville oü ils sont allés
chercher un refuge, ce qui s'accomplit en effet la 32* année du régne de
Nabuchodonosor. Il reprend avec véhémence les Juifs qui s'abandonnent à l'ido-
lâtrie, xziv. — Après ce dernier acte de vigueur prophétique, tout est incertain.
Selon une tradition chrétienne assez bien établie, il mourut martyr, lapidé à
Taphnès par les Juifs irrités de ses remontrances. Ainsi vécut et mourut le pro-
phéte d'Israél > dont les douleurs n'ont été comparables à aucune douleur, »
Lam., 1, 12; > l'homme qui a vu les afflietions, » ri, 1.
Sa vie tout entiére fut une prophétie vivante des souffrances et de la passion
de Notre-Seigneur, et de là vient que l'Église a appliqué au Sauveur un grand
nombre des paroles du prophéte qui se rapportent directement à lui-méme. Mais
Jérémie n'a pas été seulement la figure de Jésus-Christ, il a aussi prophétisé
explicitement sa venue. Au déclin de la nationalité juive, à la veille du grand
cataclysme qui semblait devoir l'anéantir à jamais, Dieu lui a fait voir l'aurore
déjà blanchissante d'une alliance nouvelle, à laquelle, le premier des prophétes
de l'Ancien Testament, il a donné son véritable nom, « nouvelle alliance »,
xxxi, 34, ou, comme nous le lisons dans S. Paul, qui reproduit cet oracle,
> Nouveau Testament », Héb., vur, 8. Bien mieux, Jérémie ne s'est pas contenté
de nommer le Nouveau Testament, il en a décrit les caractéres. Dieu a révélé à
cette àme tendre et si sensible les traits distinctifs de la loi de gráce : le peuple
de Dieu, pour étre sauvé, doit recevoir une loi nouvelle; désormais les relations
entre le peuple et le Dieu d'Israél, entre Dieu et l'humanité, ne reposent plus
seulement sur une loi extérieure, mais sur la soumission intérieure du cœur à
Dieu, xxxi, 33.
Autant Jérémie fut impopulaire pendant sa vie, autant il devint populaire
INTRODUCTION. 1695
après sa mort. Le plus persécuté des prophètes dans l'aecomplissement de sa
mission a été le plus loué de tous après l'achévement de son œuvre. Aux yeux
des Juifs qui vécurent depuis la captivité jusqu'à Jésus-Christ, l'éclat d'Isaie lui-
méme pâlit devant la gloire de Jérémie : ce fut pour eux le plus grand des pro-
phètes. A mesure que la captivité de Babylone approchait de son terme, la pro-
phétie des 70 ans, aprés avoir été d'abord un oracle terrible, se transformait
peu à peu en un oracle de consolations; et celui qui l'avait prononcé devenait
l'objet de la vénération et de l'amour de son peuple. Dans l'ordre de classement
des prophétes, adopté par les Talmudistes de Babylone, ce n'est pas Isaie, c'est
Jérémie qui occupe le premier rang. Il n'apparut plus aux Juifs, avec raison, que
comme leur défenseur et leur patron auprès de Dieu. Jusque dans l'Évangile,
nous voyons quelle haute idée les Juifs avaient de ce grand personnage, puis-
qu'ils ne peuvent trouver rien de mieux pour exprimer ce qu'ils pensent de Jé-
sus que de dire qu'il est Jérémie ou quelque autre des anciens prophètes,
Matth., xvi, 14.
Jérémie n'a pas l'élévation et la grandeur d'Isaie; dans ses prophéties, il
s'exprime avec simplicité, sans aucune recherche, mais il a beacoup de naturel,
et plusieurs de ses récits sont de véritables modéles de narration. Son langage
n'est pas aussi pur que celui des anciens prophétes; on y rencontre, dans l'ori-
ginal, des formes et des locutions araméennes.
Jérémie a fait lui-méme la collection de ses prophéties, xxxvi, 2, voir 28 et 32,
mais illes a disposées par ordre de matiére et non par ordre chronologique.
En voici la division. L'auteur dans un prologue, r, raconte sa vocation au mi-
nistére prophétique. Le recueil méme de ses prophéties se divise en quatre
parties : 1. Réprobation et condamnation d'Israël à cause de ses crimes, n-xvu:
— Il. Confirmation de cette réprobation, xvur-xix ; — III. Exécution de 18 sen-
tence, xx-xxv; — IV. Prophéties contre les peuples étrangers, xLvi-Li. — La
collection se termine par une conclusion historique, Lu.
4696
CHAPITRE PREMIER.
Mission de Jérémie. Maux qui doivent
fondre sur la terre de Juda.
1. Paroles de Jérémie, fils
d'Helcias, vn. des prêtres qui de-
meuraient à Anathoth, dans la
terre de Benjamin.
2. Parole du Seigneur qui lui
fut adressée dans les jours de
Josias, fils d'Amon, roi de Juda,
en la treizieme année de son
regne.
3. Elle /wi fut aussi adressée
dans les jours de Joakim, fils de
Josias, roi de Juda, jusqu'à la fin
de la onzième année de Sédécias,
fils de Josias, roi de Juda, jusqu'à
‘la transmigration de Jérusalem,
au cinquième mois.
4. Elle me fut donc adressée
la parole du Seigneur, disant :
ὃ. Avant que je t'eusse formé
dans le sein de £a mère, je t'ai
JEREMIE.
[cn. 1.]
connu, et avant que tu fusses
sorti de ses entrailles, je t'ai sanc-
tifié, et je t'ai établi prophète par-
mi les nations.
6. Et je dis : A, a, a, Seigneur
Dieu; voyez, je ne sais point
parler, parce que moi, je suis un
enfant.
7. Et le Seigneur me dit : Ne
dis pas : Je suis un enfant, puis-
que partout oü je t'enverrai, tu
iras; et que tout ce que je te
commanderai, tu le diras.
8. Ne crains pas à cause d'eux,
parce que moi, je suis avec toi,
afin que je te délivre, dit le Sei-
gneur.
9. Et le Seigneur étendit sa
main, et toucha ma bouche ; et
le Seigneur me dit: Voilà que
jai mis ma parole en ta bouche.
10. Voilà qu'aujourd'hui je t'ai
établi sur les nations et sur les
royaumes, afin que tu arraches
et que tu détruises, et que tu
Cuap. I. 9. Isaie, vi, 7. — 10. Infra, xvi, 7.
1.-19. * Prologue, 1. Vocation de Jérémie au ministère prophétique. — L'histoire de
la vocation de Jérémie est trés instructive. Dieu l'appelle; il l'a choisi des le sein de
sa mére, et malgré sa faiblesse, il est destiné à faire exécuter les ordres divins, 4-8.
Le Seigneur le consacre, 9, et lui manifeste sa mission, qui consiste à détruire et à
planter, 10; il lui montre l'avenir sous deux images symboliques : 19 celle d'une
verge d'amandier (la Vulgate a traduit une verge qui veille), emblème de la prompte
réalisation de ses desseins, parce que l'amandier est le premier et le plus prompt
des arbres à fleurir; 29 celle d'une chaudiére bouillante, tournée vers le nord, pour
marquer que les Chaldéens conduiront contre 2008 coupable les peuples du septen-
trion, 11-16 : ces deux symboles sont comme tout le résumé de la prophétie de Jé-
rémie. Enfin Dieu promet à son prophéte secours et protection contre tous ses en-
nemis, 17-19. 3
1. Anathoth; ville sacerdotale. Compar. Josué, xxr, 18. — * Anathoth est près de
Jérusalem, au nord-est. — Helcius est, d'après quelques-uns, le grand-prètre de ce
nom, mais rien ne confirme cette hypothèse.
2-3. * Pour les régnes des rois sous lesquels a prophétisé Jérémie, voir l’Intro-
duction.
3. Au cinquième mois de l'année de la transmigration.
4. Disant (dicens); grammaticalement, ce mot se rapporte à parole (verbum), qui
précéde; mais logiquement à Seigneur.
6. Un enfant; de quatorze ou quinze ans, selon les uns, plus ágé, selon les autres,
plus jeune, suivant d'autres. L'Ecriture donne quelquefois le nom d'enfant à des per-
sonnes ágées de plus de vingt ans.
8. A cause d'eux; littér., et par hébraisme, de leur face (a facie eorum).
m.) .זוס]
perdes et que tu dissipes, et que
tu édifies et que tu plantes.
11. Et la parole du Seigneur
me fut encore adressée, disant:
Que vois-tu, toi, Jérémie? Et je
dis : Je vois une verge qui veille.
19. Et le Seigneur me dit : Tu
as bien vu, parce que je veillerai
sur ma parole, afin que je l'ac-
complisse.
13. Et la parole du Seigneur
me fut adressée une seconde
fois, disant : Que vois-tu, toi ? Et
je dis: Je vois une marmite bouil-
lante, et sa face venant de la
face de l'aquilon.
44. Et le Seigneur me dit :
C'est de l’aquilon que se déploie-
ra le mal sur tous les habitants
de la terre;
15. Parce que voici que moi, je
convoquerai toutes les familles
des royaumes de l'aquilon, dit le
Seigneur; et elles viendront, et
elles étatliront chacune son trône
à lentrée des portes de Jérusa-
lem, et sur tous ses murs à l'en-
tour, et dans toutes les villes de
Juda.
JÉRÉMIE.
1697
16. Et je leur dirai mes juge-
ments sur toute la malice de ceux
qui m'ont délaissé, qui ont fait
des libations à des dieux étran-
gers et ont adoré l'ouvrage de
leurs mains.
17. Toi donc, ceins tes reins,
et 186-101, et dis-leur tout ce que
moi, je te commande. Ne crains
pas devant leur face; car je ferai
que tu ne craignes pas leur vi-
sage.
18. Car c'est moi qui t'ai établi
aujourd'hui comme une ville for-
tifiée, et une colonne de fer, et un
mur d'airain sur toute la terre,
contre les rois de Juda, ses prin-
ces, et ses prétres et son peuple.
19. Et ils combattront contre
toi, et ne prévaudront point, parce
que moi je suis avec toi, dit le
Seigneur, afin que je te délivre.
CHAPITRE II.
Plaintes du Seigneur contre son peuple,
Prédiction des maux qui doivent fondre
sur lui.
1. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
13. Ezéch., xr, *. — 14. Infra, 1v, 6. — 18. Infra, vi, 27.
13. Une marmile bouillante; littér. allumée par dessous. — Sa face, etc.; ou tour-
née du cólé de l'aquilon. Pav cette marmile, les uns entendent la Judée et Jérusalem,
méme (Ezéch., xxiv, 3 et suiv.); et les autres, Nabuchodonosor avec son armée.
Quoique placés à l'orient de Jérusalem, les Chaldéens vinrent du nord, comme les
Assyriens, pour envahir la Palestine, parce que les déserts de l'Arabie étaient im-
pratieables à une armée.
1. et suiv. * Ire partie : Réprobation d'Israël, r1-xvir. — 175 section : Causes de cette
réprobation, r-xr. — 15 Infidélité d'Israël, זזז-זו 5. — La première cause de la répro-
bation d'Israél, annoncée par les visions symboliques montrées à Jérémie dans le
chap. 1, c'est son infidélité. Israël, uni à son Dieu au moment de la sortie d'Egypte,
lui a été infidèle, ו 1-7; ses chefs, les prêtres et les princes, lui ont donné le mauvais
exemple, 8-9. Chez aucun peuple, on n'a vu pareille ingratitude : Dieu a été aban-
donné pour des idoles, 10-13. De libre qu'il était, Israël deviendra donc esclave en
punition de son crime; son pays sera dévasté par ceux-là mémes en qui il s'est
confié, les Egyptiens, 14-21. Sa honte est irrémédiable, son idolâtrie incompréhen-
sible, 22-32; il la porte sur son front, 33-35; il l'expiera, 36-37; il aura beau réclamer
hypocritement le pardon, il ne l'obtiendra pas, mt, 1-5.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, 1, 4.
A. T 107
109
9. Va, et crie aux oreilles de
Jérusalem, disant : Voici ce que
dit 16 Seigneur : Je me suis sou-
venu de toi, ayant compassion
de ta jeunesse, et de l'amour de
tes fiancailles, lorsque tu me sui-
vis dans le désert, dans une terre
qui n'est pas cultivée.
3. Israël a été consacré au
Seigneur; il est les prémices de
ses fruits; tous ceux qui le dévo-
rent se rendent coupables; les
maux viendront sur eux, dit le
Seigneur.
4. Ecoutez la parole du Sei-
gneur, maison de Jacob, et vous
toutes, les familles d'Israél.
5. Voici ce que dit le Seigneur:
Quelle iniquité ont trouvée vos
pères en moi, pour s'être éloi-
gnés de moi, avoir couru après
la vanité, et étre devenus vains
eux-mêmes?
6. Et ils n'ont pas dit: Où est
le Seigneur qui nous ἃ fait mon-
ter de la terre d'Egypte ; qui nous
a conduits à travers le désert, par
une terre inhabitable et inacces-
sible, par une terre aride etimage
de la mort, par une terre dans
laquelle homme n'a passé, et
homme n'a habité ?
5
Gnar. II. 5. Mich., vr, 3.
. JÉRÉMIE.
(cn. [.זז
7. Et je vous ai fait entrer dans
une terre de carmel, afin que
vous en mangiez les fruits et que
vous jouissiez de ses biens; et
étant entrés, vous avez souillé
ma terre, et de mon héritage
vous avez fait une abomination.
8. Les prétres n'ont pas dit :
Oü estle Seigneur? les déposi-
sitaires de la loi ne m'ont pas
connu, les pasteurs ont prévari-
qué contre moi, et les prophètes
ont prophétisé au nom de Baal,
et ont suivi les idoles.
9. A cause de cela, j'entrerai
encore en jugement avec vous,
dit le Seigneur, et avec vos fils je
discuterai.
10. Passez aux îles de Céthim,
et voyez ; et envoyez à Cédar, et
considérez avec le plus grand
soin, et voyez sil y a été fait
quelque chose de semblable;
11. Si une nation a changé ses
dieux, et certainement ce ne sont
pas des dieux ; et cependant mon
peuple a changé sa gloire en une
idole.
19. Cieux, soyez frappés de
stupeur sur cela; ef vous, portes
du ciel, soyez dans la plus gran-
de désolation, dit le Seigneur.
2. Je me suis souvenu, etc. La plupart des interprètes expliquent ainsi ce passage:
Je me souviens des premiers temps de ton alliance avec moi, et j'ai la douleur de
me voir forcé aujourd'hui de te faire des reproches d'infidélité, et de te répudier,
aprés les bontés que j'ai eues pour toi, et la tendresse que je t'ai témoignée dans le
temps que je te conduisais dans les déserts d'Arabie.
6. * A travers le désert du Sinai, qui est aride et presque inhabitable.
1. Une terre de carmel; une terre trés fertile. On donne le nom de Carmel à plu-
sieurs endroits de la Palestine, à cause de leur grande fertilité.
8. * ₪001; le dieu des Chananéens. Plusieurs faux prophètes prophétisaient en son
nom.
10. Céthim, qui désigne particulièrement la Macédoine, se prend ici pour tous les
peuples situés au delà de la mer et à l'occident de la Palestine. — Cédar, qui marque
l'Arabie, signifie ici tous les peuples situés à l'orient de la Judée.
12. Portes du ciel; c'est ainsi qu'on traduit généralement les mots de la Vulgate
]68. tr.]
13. Car mon peuple ἃ fait deux
maux : ils m'ont abandonné,
moi, source d'eau vive, et ils se
sont creusé des citernes, des ci-
ternes entr'ouverles qui ne peu-
vent retenir les eaux.
14. Est-ce qu'Israél est un es-
clave ou fils d'un esclave? pour-
quoi donc est-il devenu en proie?
15. Les lions ont rugi sur lui,
ils ont fait entendre leur voix,
ils ont réduit sa terre en une
solitude; ses cités ont été brü-
lées, et il n'yapersonne qui y ha-
bite.
16. Les fils de Memphis et de
Taphnès t'ont déshonorée jus-
qu'au sommet de la téte.
11. Est-ce que tout cela ne t'est
pas arrivé, parce que tu as aban-
donné 16 Seigneur ton Dieu, dans
le temps méme oü il te gardait
dans la droite voie?
18. Et maintenant que veux-tu
faire dans la voie de l'Egypte?
boire de l'eau bourbeuse? et que
importe la voie des Assyriens?
est-ce. pour boire de l'eau d'un
fleuve?
JÉRÉMIE.
1699
19. Ta malice t'accusera, et ton
éloignement de moi te gourman-
dera. Sache et vois combien il
est mal et amer d'avoir aban-
donné le Seigneur ton Dieu, et
de n'avoir plus ma crainte auprès
de toi, dit le Seigneur Dieu des
armées.
20. Dès les temps anciens tu as
brisé mon joug, tu as rompu mes
liens et tu as dit : Je ne servirai
pas. Sur toute colline élevée, sous
tout arbre touffu, tu te prostituais
comme une femme de mauvaise
vie.
21. Pour moi, je t'avais plantée
comme une vigne choisie, comme
un plant franc : comment donc es-
tu devenue pour moi un p/ant bà-
tard, Ô vigne étrangère ?
92. Quand tu telaverais avec du
nitre, quand tu multiplierais pour
toi leborith, tu es souillée par ton
iniquité devant moi, dit le Sei-
eneur Dieu.
23. Comment dis-tu : Je ne suis
pas souillée, je n'ai pas couru
apres les Baalim? Regarde tes
voles dans la vallée; sache ce
20. Infra, nr, 6. — 21. Isaie, v, 1; Matt., xxr, 33.
porlæ ejus, en supposant que ejus est mis pour eorum. 11 est certain que cet énallage
de nombre n'est pas rare dans la Bible.
16. Memphis et Taphnès. avpelée ailleurs Taphnis, deux villes des plus importantes
d'Egypte. |
18. De l’eau bourbeuse; c'est-à-dire du Nil. — D'un fleuve; de l'Euphrate. — * L'eau
du Nil est ordinairement trouble et limoneuse.
22. * Nilre, borith. Le nitre dont il est question ici est le natron ou carbonate de
soude natif. On le trouve dans plusieurs lacs d'Egypte, en particulier dans le désert
de Nitrie auquel il donnait son nom; il forme des efflorescences ou des croütes
blanchâtres et jaunátres, ou bien des couches de 0,50 centim. à 1 mètre. On s'en est
toujours servi en Egypte comme de savon. On s'en servait aussi en Palestine pour
le même usage. Mais outre ce savon minéral, on employait aussi un savon végétal,
produit par la plante appelée en hébreu borith. On ne sait pas d'ailleurs d'une ma-
nière 06718106 quelle est la plante ainsi nommée. D'après les uns, c'est une espèce
de saponaire, servant à laver et produisant, quand elle est frottée avec de l'eau, une
mousse savonneuse; d'aprés d'autres, c'est, soit le sa/sola kali, soit la salicorne,
qu'on trouve en abondance dans les environs de la mer Morte, et dont les cendres
fournissent la matière première du savon. ₪
23. Baalim; plur. hébr. 60/2660, c'est-à-dire mailre, seigneur, désigne les idoles de
4100
que tu as tait; £u es comme un
coureur léger étendant ses voies.
24. Anesse sauvageaccoutumée
ἃ vivre dans la solitude, dans le
désir de son âme, elle a attiré à
elle le vent de son amour; nul
ne la détournera: tous ceux qui
lacherchentnesefatigueront pas:
ils la trouveront dans ses souil-
lures.
25. Préserve ton pied de la nu-
dité, et ton gosier de la soif. Et tu
as dit : J'ai perdu tout espoir, je
n'en ferai rien; car j'ai aimé avec
passion des étrangers, et c'est à
leur suite que je marcherai.
26. Comme est confondu un vo-
leur, quand il est surpris, ainsi
ont été confondus ceux de la mai-
son d'Israël, eux-mêmes, et leurs
rois, leurs princes, et leurs pré-
tres, et leurs prophètes,
27. Disant au bois : Mon pere,
c'est toi; et à la pierre : C'est toi
qui m'as engendré ; ils ont tourné
vers moi le dos et non la face, et
au temps de leur affliction ils di-
ront : Seigneur,levez-vous, et dé-
livrez-nous.
98. Où sont tes dieux que tu
tes faits? qu'ils se lèvent, qu'ils
te délivrentau temps de ton afflic-
tion; car selon le nombre de tes
cités, étaitle nombre de tes dieux,
ὃ Juda.
21. Infra, xxxir, 33. — 28. Infra, xi, 13.
JÉRÉMIÉ.
(cm. 11.}
29. Pourquoi voulez-vous entrer
avec moi en jugement? tous,
vous m'avez abandonné, dit le
Seigneur.
30. En vain j'ai frappé vos en-
fants, ils n'ont pas recu la correc-
tion; votre glaive a dévoré vos
prophétes; comme un lion des-
tructeur est
31. Votre génération. Voyez la
parole du Seigneur : Est-ce que
je suis devenu pour Israél une
solitude ou une terre tardive ?
Pourquoi donc mon peuple a-t-
il dit : Nous nous sommes retirés,
nous ne viendrons plus à vous?
32. Est-ce qu'une vierge ou-
bliera sa parure; ou une épouse
la bandelette qu'elle porte sur la
poitrine? mais mon peuple m'a
oublié pendant des jours innom-
brables.
33. Pourquoi t'fforces-tu de
montrer comme bonne ta voie,
pour rechercher mon amour, lors-
que d'ailleurs tu as enseigné tes
méchancetés comme étant tes
voies,
34. Et que dans les pans de ta
robe a été trouvé le sang des âmes
des pauvres et des innocents? Ce
n'est pas dans les fosses que je
les ai trouvés; mais dans tous
les lieux que j'ai rappelés plus
haut.
ce faux dieu. — La vallée; probablement la vallée dite du fils d'Ennom, où l’on sa-
crifiait les enfants 8 Moloch. Compar. vri, 32; xix, 2. — Coureur ; selon l'hébreu, jeune
femelle de chameau. — Etendant ses voies; courant d'un mâle à l'autre.
24. Anesse sauvage La Vulgate, comme le texte hébreu, fait ce nom masculin et
féminin parce qu'il est épicène, c'est-à-dire, commun aux deux sexes. — Le vent de
son amour; c'est-à-dire, le mâle. — Tous ceux qui la cherchent, etc.; les mâles pour-
ront la suivre aisément à la piste, parce qu'elle répand une liqueur semblable à celle
qu'on appelle kippomanès, dans les juments.
Au bois, et à la pierre; c'est-à-dire, aux idoles de bois et de pierre, .דפ
34. Dans (ous les lieux, etc. Voy. les vers. 20, 23.
[cn. [.זוז
35. Et tu as dit : Moi je suis sans
péché, et innocente; que votre
fureur se détourne donc de moi.
Voici que j'entrerai en jugement
avec toi, puisque tu as dit : Je n'ai
pas péché.
36. Combien tu es devenue vile
en renouvelant tes voies! Ainsi
tu seras confondue par l'Egypte,
comme tu as été confondue par
Assur.
31. Car d'elle aussi tu sortiras,
et tes mains seront sur ta téte,
parce que le Seigneur a brisé
cet objet de ton assurance, et tu
n'y trouveras rien d'avantageux.
CHAPITRE III.
Le Seigneur invite son peuple à revenir
vers lui. Infidélité de Juda. Rappel d'Is-
raél, son retour. Réunion des deux mai-
sons d'Israél et de Juda. Gloire de Jé-
rusalem.
1. On dit ordinairement : Si un
homme renvoie sa femme! et
que, se séparant de lui, elle épouse
un autrehomme, la reprendra-t-il
ensuite? est-ce qu'elle ne sera pas
impure et souillée, cette femme?
mais toi tu asforniqué avec beau-
coup d'amants; cependant, re-
:HAP. III. 6. Supra, τι, 20.
JÉRÉMIE.
1701
viens à moi, dit le Seigneur, et
moi je te recevrai.
2. Lève les yeux en haut, et
vois oü tu ne te sois pas prosti-
tuée ; tu étais assise sur les che-
mins, les attendant comme un
voleur attend les passants dans
la solitude ;et tu as souillé la terre
par tes fornications et par tes
méchancetés.
3. Ce qui a été cause que les
gouttes des pluies ont été rete-
nues, et qu'il n'y ἃ pas eu de
pluie de l’arrière-saison; le front
d'une femme de mauvaise vie est
devenu le tien; tu n'as pas voulu
rougir.
4. Ainsi au moins maintenant,
appelle-moi; e£ dis : Mon père
et le guide de ma virginité, c'est
vous.
9. Est-ce que vous serez irrité
pour toujours, ou persévérerez-
vous jusqu'à la fin? Voilà que tu
as parlé, et tu as fait le mal, et tu
as prévalu.
6. Et le Seigneur me dit dans
les jours du roi Josias : Est-ce
que tu n'as pas vu ce qu'a fait la
rebelle Israél? elle s'en est allée
sur toute montagne, et sous tout
9. Les attendant; c'est-à-dire attendant ses amants nommés au verset 1.
3. * IL m'y a pas eu de pluie de l'arriére-saison. ll y a, en Palestine, deux saisons plu-
vieuses; la premiére commence vers le milieu d'octobre et sert à faire germer les
semences ; celle de l’arrière-saison se produit au printemps et fait pousser les récoltes.
Si elle manque, la sécheresse détruit tout.
4. Guide (dur); le protecteur de ma virginité, désigne le mari.
6. * 20 Impénitence d'Israël, 1x, 6-x. La seconde cause de la réprobation d'Israël,
c'est son impénitence. — I. Juda n'a pas profité du malheur d'Israél pour se con-
vertir, et a méprisé tous les avertissements divins, nr, 6-1v, 4. — 19 ll a vu comment
Dieu a puni les dix tribus schismatiques et la ruine du royaume de Samarie, sans
que cet avertissement lui servit de rien, imr, 6-10. — 2o Bien plus, Israël est meilleur
que Juda; aussi le Prophéte l'exhorte-t-il, de la part de Dieu, à reconnaitre ses ini-
quités passées, pour qu'il soit ramené à Jérusalem, 11-17. — 3° Du reste, que Juda
se convertisse comme Israél, et l'un et l'autre seront pardonnés, parce que ce n'est
point la volonté de Dieu, mais leurs crimes qui sont la cause de leurs malheurs, 18-25.
— 4° Le salut serait donc encore possible pour Juda pénitent, 1v, 1-4.
1702 JÉREMIE. [cu. ur.]
arbre touffu, et là, elle a forni- | tu n'as pas écouté ma voix, ditle
qué. Seigneur.
7. Et j'ai dit, lorsqu'elle a eu
fait toutes ces choses : Reviens
à moi, et elle n'est pas revenue.
Et sa sœur, la prévaricatrice Juda,
a vu
8. Que parce que la rebelle Is-
raël avait été adultère, je l'avais
renvoyée, et que je lui avais
donné un acte de répudiation ;
elle n'a pas craint, la prévarica-
trice Juda, sa sceur, mais elle s'en
est allée, et elle a forniqué aussi
elle-méme.
9. Et par la facilité de sa forni-
calion elle a souillé la terre, et elle
a commis l’adultère avecla pierre
et le bois.
10. Et au milieu de toutes ces
choses, la prévaricatrice Juda, sa
sœur, n'est pas revenue à moi de
tout son cœur, mais avec men-
songe, dit le Seigneur.
11. Et le Seigneur me dit: Elle
ajustifié son âme, larebelle [sraël,
en comparaison de la prévarica-
trice Juda.
19. Va, et crie ces paroles con-
tre l'aquilon, et tu diras : Reviens,
rebelle Israël, dit le Seigneur, et
je ne détournerai pas ma face de
vous, parce que moi, jé suis saint,
ditle Seigneur, et je ne serai pas
irrité pour toujours.
13. Mais reconnais lon iniquité,
parce que tu as prévariqué contre
le Seigneur ton Dieu; que tu as
dispersé tes voies pour des étran-
gers, sous tout arbretouffu, et que
14. Convertissez-vous, mes fils,
en revenant vers moi, dit le Sei-
gneur; parce que je suis votre
époux ;[6 vous prendrai, un d'une
cité, deux d'une famille,et je vous
introduirai dans Sion.
15. Et je vous donnerai des
pasteurs selon mon cœur, et ils
vous nourriront de science et de
doctrine.
16. Et lorsque vous vous serez
multipliés, et que vous aurez crü
sur la terre en ces jours-là, dit
le Seigneur, on ne dira plus :
L'arche d'alliance du Seigneur;
elle ne montera pas sur le cœur,
on ne se la rappellera pas, elle ne
sera pas visitée, eton ne la refera
plus.
17. En ce temps-là, on appel-
lera Jérusalem le tróne du Sei-
gneur, et toutes les nations s'y
rassembleront au nom du Sei-
gneur, dans Jérusalem, et elles
ne courront pas apres la perver-
sité de leur cœur très mauvais.
18. En ces jours-là, la maison
de Juda ira vers la maison d'Is-
raél, et elles viendront ensemble
de la terre de l'aquilon dans la
terre que j'ai donnée à vos peres.
19. Pour moi, j'ai dit : Comment
te placerai-je parmi mes fils?ette
donnerai-je une terre désirable, le |
bel héritage des armées des na-|
tions? Et j'ai dit: Tu m'appelleras
ton père, et tu ne cesseras pas de
marcher aprés moi.
9. La facilité ; le peu de scrupule, l'effronterie. — L'adultére; l'idolàtrie. — La pierre
et le bois; désignent des idoles faites de ces matières. Compar. m, 21.
11. Elle a justifié, ete.;
elle s'est justifiée; elle a montré qu'elle n'était pas bien
coupable par la comparaison qu'elle a faite de sa conduite avec celle de sa sceur Juda.
16. Elle ne montera pas sur. le cœur; elle ne viendra pas: même à l'esprit, on. n'y
pensera même pas. Le mot hébreu cœur signifie aussi esprit,
(cu. tv.]
90. Mais comme si une femme
méprisait celui qui l'aime, ainsi
m'a méprisé la maison d'Israél,
dit le Seigneur.
91. Une voix sur les chemins
a été entendue, le pleur et le hur-
lement des fils d'Israël; parce
qu'ils ont rendu inique leur voie,
ils ont oublié le Seigneur leur
Dieu.
99. Convertissez-vous, mes fils,
en revenant vers moi, et je ré-
parerai vos défections. Nous voici,
nous venons à vous; car c'est
vous qui étes le Seigneur notre
Dieu.
93. Vraiment menteuses étaient
les collines et la multitude des
montagnes; vraiment, c'est dans
le Seigneur notre Dieu qu'est le
salut d'Israél.
24. Dès notre jeunesse la con-
fusion a dévoré le travail de nos
peres, leurs troupeaux de menu
bétail, et leurs troupeaux de gros
bétail, leurs fils et leurs filles.
25. Nous dormirons dans notre
confusion, et notre ignominie
nous couvrira, parce que contre
leSeigneurnotre Dieu nousavons
péché, nous et nos pères, depuis
notre jeunesse jusqu'à ce jour,
et que nous n'avons pas entendu
la voix du Seigneur notre Dieu.
Cap. IV. 3. Os., x, 12.
JÉRÉMIE.
1703
CHAPITRE IV.
Promesses du Seigneur en faveur d'Israël.
Il exhorte ceux de Juda à prévenir sa
colère, et annonce Ja désolation terrible
qui est prés de fondre sur eux. Dou-
leurs que ressent le prophéte à la vue
de ces maux. Le Seigneur promet de
ne pas perdre entiérement son peuple.
1. Si tu reviens, Israél, dit le
Seigneur, convertis-toi à moi : si
tu ótes de devant ma face tes
pierres d'achoppement, tu ne
seras pas ébranlé.
2. Et tu jureras dans la vérité,
et dans le jugement, et dans la
justice, disant : Le Seigneur vit,
et les nations le béniront, et c'est
lui qu'elles loueront.
3. Car voici ce que dit le Sei-
gneur à l'homme de Juda et de
Jérusalem : Défrichez-vous une
novale, et ne semez pas sur des
épines;
4. Soyez circoncis au Seigneur,
etótezles prépuces de voscœurs,
hommes de Juda, et habitants de
Jérusalem ; de peur que mon in-
dignation ne sorte comme le feu,
et qu'elle ne s'embrase, et qu'il
n'y ait personne qui l'éteigne, à
cause de la malice de vos pen-
sées.
5. Annoncez dans Juda, et fai-
tes entendre dans Jérusalem ; par-
24. La confusion, etc.; le culte honteux des idoles a dévoré tout ce que nos péres
avaient acquis par le travail.
1. Pierre d'achoppement; nom que l'Ecriture donne souvent aux idoles.
2. Le Seigneur vit! formule de serment qui équivaut à : Je jure par le Seigneur.
3. Le Prophéte, aprés s'étre adressé dans les deux versets précédents aux Israé-
lites captifs, s'adresse ici aux Juifs qui étaient encore dans leur pays. — " Une novale,
une terre nouvelle, qui n'a pas encore été cultivée, mais était restée en friche.
4. Soyez circoncis au Seigneur; c'est-à-dire, recevez la circoncision qui plait au Sei-
gneur; la circoncision du cœur. Compar. Deuléron., x, 16; Romains, τι, 29.
5. * IT. Juda est impénitent, malgré l'imminence du danger, 1v, 5-vr. — 19 Le Pro-
phète annonce maintenant l’accomplissement de la sentence divine, en exhortant les
habitants d'Israél à fuir devant les Chaldéens, 1v, 5-7, et à se couvrir de vétements de
1704
lez et sonnez de la trompette sur
18 terre; criez fortement et dites :
Assemblez-vous, et entrons dans
les cités fortifiées ;
6. Levez un étendard en Sion.
Fortifiez-vous, ne vous arrétez
pas, parce que moi, j'amène de
l'aquilon un malheur et une gran-
de destruction.
7. Le lion est monté de sa ta-
niere, le brigand des nations s'est
levé, il est sorti de son lieu, afin
de faire de ta terre une solitude;
tes cités seront ravagées, demeu-
rant sans habitant.
8. C'est pourquoi, ceignez-vous
de cilices, pleurez et hurlez, par-
ce que la colére de la fureur du
Seigneurnes'estpas détournée de
nous.
9. Et il arrivera en ce jour-là,
dit le Seigneur,le cœur du roi dé-
périra, ainsi que le cœur des prin-
ces;les prêtres seront dans 18 stu-
6. Supra, r, 14.
JÉRÉMIE.
[cH. 1v.]
peur, et les prophètes serontcons-
ternés.
10. Et j'ai dit : Hélas, hélas,
hélas, Seigneur Dieu, avez-vous
donc trompé ce peuple et Jérusa-
lem, disant : La paix sera avec
vous; et voilà qu'un glaive est
parvenu jusqu'à l'àme?
11. En ce temps-là, on dira à
ce peuple et à Jérusalem : Un vent
brûlant s’éléve dans les voies qui
sont dans le désert de la voie de
la fille de mon peuple, non pour
vanner, et pour nettoyer le blé.
12. Un vent plein viendra d'elles
vers moi, et alors moi je pro-
noncerai mon arrét contre eux.
13. Voilà qu'il montera comme
une nuée, et ses chars seront
. comme la tempête, et ses che-
vaux plus rapides que les 818108 ;
malheur à nous, parce que nous
avons été dévastés.
14. Purifie ton cœur de sa ma-
deuil, 8. — 2° Juda est dans la terreur, — oh! s'il pouvait se convertir! — la ville
sainte est assiégée, 9-18. — 39» Accablé de douleur, le Prophète voit en esprit l'œuvre
de dévastation des Chaldéens, et en fait un tableau lugubre, 19-31. — 40 La cause
de ces calamités, c'est qu'il n'y a plus de justes dans Jérusalem, mais seulement des
hypocrites, des idolátres, des adultéres, parmi les petits comme parmi les grands,
v, 1-9. — 5» Les coupables doivent donc périr, par la main d'un peuple lointain, ter-
rible, 10-18. — 60 Ils n'ont point voulu craindre le Tout-Puissant; ils ont persévéré
dans leur impénitence ; ce qu'ils ont refusé d'entendre va s'accomplir, 19-31. — 70 Le
Chaldéen arrive, il envahit le pays ; il assiège Jérusalem, — oh! si Jérusalem pouvait
se convertir encore, avant d'étre dévastée! vr, 1-8. — 89 Mais tout le monde est sourd
à la voix de Dieu; aussi personne n'échappera-t-il à la vengeance, 9-15. — 9» Exhor-
tations, menaces, tout est inutile, tout est méprisé, aussi les sacrifices sont-ils vains
et inutiles, 16-21. — 100 Le vengeur de Dieu vient du nord; il est terrible, il assiège
la ville; Dieu l'a examinée, elle est coupable; son Seigneur la réprouve, 22-30.
1. Le lion, etc. Nabuchodonosor est comparé au lion à cause de sa force, et à un
brigand, à cause de ses violences et de l'injustice de ses conquétes.
8. La colère de la fureur; hébraisme, pour £a colère trés grande, très violente; ou
bien pour lu colère et la fureur. Compar. xxxi, 31.
11. Le désert de la voie de la fille, etc.; le désert, qui conduit à la fille de mon
peuple, à Jérusalem.
12. Un vent plein; fort, impétueux. — D'elles (ex his); c'est-à-dire des voies du dé-
sert (vers. 11): c'est, selon nous, le vrai sens de l'hébreu, aussi bien que de la Vulgate;
car nous regardons comme forcée et inexacte la traduction; Un vent plus fort que
pour ces choses; c'est-à-dire, un vent plus fort qu'il ne le faut pour vanner et nettoyer
le blé.
[cu. 1v.]
lice, ὃ Jérusalem, afin que tu sois
sauvée; jusques à quand demeu-
reront en toi les pensées funes-
tes?
15. Car voici la voix de celui qui
annonce de Dan, et qui fait con-
naitre l'idole venant de la mon-
tagne d'Ephraim.
16. Dites aux nations : Voilà
qu'on a entendu dans Jérusalem
que des gardes viennent d'une
terre lointaine, et font entendre
leur voix contre les cités de Juda.
17. Comme les gardiens d'un
champ, ils se sont formés en cer-
cle autour de Jérusalem, parce
qu'elle m'aprovoquéaucourroux,
dit le Seigneur.
18. Ce sont tes voies et tes
pensées qui t'ont fait ces maux :
c'est là ta malice, parce qu'elle
est amère, parce qu'elle a atteint
ton cœur.
19. Mes entrailles, mes en-
trailles sont pleines de douleur;
les sentiments de mon cœur sont
troublés au dedans de moi; je ne
me tairai pas, parce que mon
âme a entendu la voix d'une
18. Sag., 1, 3,5.
JÉRÉMIE.
1705
trompette, la clameur d'une ba-
taille.
20. Uneruine a été appelée sur
une ruine, et toute la terre a été
dévastée; tout à coup mes taber-
nacles, soudain mes pavillons ont
été dévastés.
21. Jusques à quand verrai-je
des fuyards, entendrai-je la voix
d'une trompette?
22. Parce que mon péuple in-
sensé ne m'a pas connu; ce sont
des fils déraisonnables et sans
cœur, ils sont intelligents pour
faire le mal, mais faire le bien, ils
ne savent pas.
23.J'ai regardéla terre, et voici
qu'elle était vide et de nulle va-
leur; j'ai regardé les cieux, et il
n'y avait pas de lumière en eux.
24. J'ai vu les montagnes, et
voici qu'elles étaient ébranlées;
et toutes les collines ont été bou-
leversées.
25. J'ai regardé attentivement,
et il n’y avait pas d'homme; et
tout volatile du ciel s'était re-
tiré. —
20. J'ai regardé, et voici que le
15. Qui annonce de Dan; l'approche des ennemis. La ville de Dan et la montagne
d'Ephraim. étaient entre Babylone et Jérusalem. — Qui fait connaître l'idole; larri-
vée de l'idole. L'image du dieu Bel était représentée sur les étendards de larmée
chaldéenne.
18. Ta malice; pour l'effet, le fruit de ta malice.
19-31. * « Qui parle ici? Est-ce Dieu? est-ce le prophéte? C'est l'un et l'autre à tour
de róle; mais Jérémie ne prend pas le loisir de nous avertir du changement... C'est
merveille que la mobilité, la promptitude, la souplesse de ces âmes (des prophètes),
courant d'une impression à l'autre; vives, rapides, exactes à sentir chaque chose à
mesure qu'elle se présente et autant qu'elle le mérite, frappant vite, juste et fort,
toutes les notes de la gamme du sentiment. De là, ces visions qui se pressent, puis
ces exclamations, ces apostrophes, ces élans de la passion ardente, mais rationnelle
toujours. » (G. LoNGBAYE.)
20. Tabernacles (tabernacula); est la méme chose que tentes. — Pavillons ou tentes;
littér. peaux; parce que cette sorte d'habitations était anciennement faite avec des
peaux. Compar. Cant. des cant., 1, 4.
22. Parce que. Devant ces mots sont sous-entendus ces autres : Tous ces maux
sont venus ou arrivés.
26. La colère de sa fureur. Voy. le vers. 8.
1700
Carmel était désert; et toutes ses
villes ont été détruites devant la
face du Seigneur, devant la face
de la colère de sa fureur.
27. Car voici ce que dit le Sei-
gneur : Toute la terre sera déserte,
mais cependant jen’achèverai pas
sa ruine.
28. La terre pleurera, et les
cieux en haut s'affligeront de ce
que j'ai parlé ; j'ai formé un des-
sein, et je ne m'en suis point re-
penti, et je ne m'en détournerai
pas.
29. Au bruit des cavaliers et de
ceux qui lancent des flèches, toute
la ville a fui; ils sont entrés dans
les lieux élevés; et ils ont gravi
les rochers; toutes les villes ont
élé abandonnées, et il n'y habite
pas d'homme.
30. Mais toi, dévastée, que feras-
tu? quand tu te revétirais de pour-
pre, quand tu serais ornée d'un
collier d'or, et que tu peindrais
les yeux avec de l'antimoine, en
vain tu serais embellie; ils t'ont
méprisée, ceux qui t'aimaient,
cest ton âme qu'ils cherche-
ront.
31. J'ai entendu la voix comme
d'une femme en travail; les an-
goisses comme d'une femme en
couches; c'est la voix dela fille de
Sion, qui se meurt, et qui étend
les mains, en criant : Malheur à
JÉRÉMIE.
[cu. v.]
moi parce que mon àme a défailli
à cause des tués.
CHAPITRE V.
Corruption générale des habitants de Jé-
rusalem. Le Seigneur reproche aux Is-
raclites leur infidélité et leur incrédu-
lité. 11 annonce la punition de leurs
crimes ; il promet de ne pas perdre en-
tiérement son peuple.
1. Parcourez les rues de Jé-
rusalem, et regardez, et considé-
rez, et cherchez dans ses places
publiques si vous trouvez un
homme faisant la justice et cher-
chant la vérité, et je lui serai
propice.
9. Que s'ils disent aussi : Le Sei-
eneur vit! ils feront méme ce ser-
ment faussement.
3. Seigneur, vos yeux regar-
dent la bonne foi; vous les avez
frappés, et ils n'ont pas éprouvé
de douleur; vous les avez bri-
sés, et ils n'ont pas voulu voir
la correction ; ils ont rendu
leurs faces dures au-dessus de
la pierre, et ils n'ont pas voulu
revenir.
4. Mais moi, j'ai dit : Peut-étre
sont-ce des pauvres, des insensés,
ignorant la voie du Seigneur, et
le jugement de leur Dieu.
5. J'irai donc vers les grands,
et je leur parlerai; car ils ont
connu la voie du Seigneur et le
30. Mais toi; fille de Sion. Compar. vers. 31. — 7'u peindrais, etc. ; selon l'hébreu
lu te fendrais, etc. — L'antimoine est d'un grand usage dans l'Orient pour peindre
et noircir les yeux, et pour élargir les paupiéres, afin de faire les yeux plus grands
et mieux fendus. — C'est ton âme qu'ils chercheront; hébraisme, pour i/s chercheront
à l’ôler la vie.
1. Parcourez, etc. Le Seigneur parle ici à Jérémie et à ceux qui comme lui étaient
demeurés fidéles, et il leur dit de chercher si, dans le reste du peuple, il se trouve
un seul homme juste, etc. — Lui (ei); c'est-à-dire à elle, comme porte l'hébreu, ce
qui désigne Jérusalem.
2. Le Seigneur vit! formule de serment. Voy. 1v, 2
3. Le jug?ment ; c'est-à-dire la loi, les ordonnances.
[cu. v.]
jugement de leur Dieu; et voilà
que de plus tous ensemble ont
brisé le joug, ils ont rompu les
liens.
6. C'est pour cela que le lion de
la forét les a saisis; le loup un
soir les a ravagés, le léopard a
veillé sur leurs cités; quiconque
en sortira sera pris, parce que
leurs prévarications se sont mul-
tipliées, et que leurs défectionsse
sont fortifiées.
7. En quoi pourrai-je vous être
propice? vos fils m'ont aban-
donné, ils jurent par ceux qui ne
sont point des dieux : je les ai
rassasiés,et ils ont commis l'adul-
tere, et dans 18 maison d'une fem-
me de mauvaise vie, ils se li-
vraient à la débauche.
8. Ils sont devenus comme des
chevaux ardents, lâchés aprés des
cavales ; chacun a henni après la
femme de son prochain.
9. Est-ce que je ne visiterai pas
ces crimes? dit le Seigneur, et
d'une pareille nation mon àme ne
se vengera-t-elle pas?
10. Montez sur ses murs, et
renversez-les; mais n achevez pas
sa ruine; enlevez ses rejetons,
parce qu'ils ne sont point au Sei-
gneur.
44. Car par la prévarication ont
prévariqué contre moi la maison
d'Israél et la maison de Juda, dit
le Seigneur.
πάρ V. 8. Ezéch., xxu, 11.
JÉRÉMIE.
1707
12. Ils ont renié le Seigneur, et
ils ont dit : Ce n'est pas lui; et il
ne viendra pas sur nous de mal;
nous ne verrons pas le glaive et
la famine.
13. Les prophètes ont parlé en
l'air, et ils n'ont pas recu de ré-
ponse de Dieu; voici donc ce qui
leur arrivera.
14. Voici ce que ditle Seigneur
Dieu des armées : Parce que vous
avez parlé ainsi, voici que moi,
je mets mes paroles dans ta bou-
che comme un feu, et ce peuple
comme du bois, et /e feules dévo-
rera.
15. Voici que moi, ó maison d'Is-
raél, j'amènerai sur vous une na-
tion de loin, dit le Seigneur; une
nation forte, une nationancienne,
dont tu ignoreras la langue, et
tu ne comprendras pas sa pa-
role.
16. Son carquois est comme un
sépulcre ouvert; tous sont vail-
lants.
l7. Et elle mangera tes mois-
sons et ton pain; elle dévorera
tes fils et tes filles; elle mangera
tes troupeaux de menu et de gros
bétail; elle mangera tes vignes
et tes figuiers; et elle détruira par
le glaive tes villes fortifiées, dans
lesquelles tu as confiance.
18. Cependant en ces jours-là,
dit le Seigneur, je ne consomme-
rai pas votre ruine
6. Le lion, le loup, le léopard; représentent Nabuchodonosor.
9. Je ne visilerai pas; ici comme en bien d'autres passages, visiter signifie punir,
chátier.
11. Par la prévarication ont prévariqué ; hébraisme pour, ils ont prévariqué de toute
manière.
12. Ce n'est pas lui qui est le Seigneur.
15. Une nation, etc. Les Chaldéens. (Cf. IV Rois, xvii, 26; 2076, xxxvi, 11.)
1708
19. Que si vous dites : Pour-
quoi le Seigneur notre Dieu nous
a-t-il fait tous ces maux? tu leur
diras : Comme vous m'avez aban-
donné, et vous avez servi un
dieu étranger dans votre terre,
ainsi vous servirez des étrangers
dans une terre qui n'est pas la
vótre.
20. Annoncez ceci à la maison
de Jacob, faites-le entendre dans
Juda, disant :
21. Ecoute, peuple insensé, qui
n'as point de cœur; vous qui ayant
des yeux, ne voyez point; des
oreilles, et n'entendez point.
22. Ne me craindrez-vous donc
pas, dit le Seigneur, et devant
ma face ne serez-vous pas saisis
de douleur? moi qui ai donné le
sable pour borne à la mer, pré-
cepte éternel, qu'elle ne trans-
gressera pas; ses flots s'agiteront
et ils ne prévaudront pas; ils se
souleveront, et ils ne le dépasse-
ront pas;
23. Mais en ce peuple s'est for-
mé un cœur incrédule 61 rebelle;
ils se sont retirés, et s'en sont
allés.
24. Et ils n'ont pas dit en leur
cœur : Craignons le Seigneur no-
tre Dieu, qui nous donne la pluie
de la première et de l’arrière-sai-
son en son temps, et qui nous con-
JÉRÉMIE.
[cn. v.],
serve tous les ans une abondante
moisson.
25. Vos iniquités ont détourné
cela, et vos péchés ont écarté de
vous le bien.
26. Parce qu'il s'est trouvé par-
mi mon peuple des impies qui
dressent des pièges comme des
oiseleurs, qui posent des lacs
et des rets pour prendre les
hommes.
27. Comme un trébuchet rem-
pli d'oiseaux, ainsi leurs maisons.
seront pleines de tromperie ; c'est
pour cela qu'ils sont devenus
grands et se sont enrichis.
28. Ils ont épaissi et se sont en-
graissés, et ils ont laissé de côté
mes paroles très méchamment.
Ils n'ont pas jugé la cause de la
veuve, ils n'ont pas dirigé la cause
de l'orphelin, et ils n'ont pas ren-
du justice aux pauvres.
29. Est-ce que je ne visiterai
pas ces crimes, dit le Seigneur?
ou mon âme ne se vengera-t-elle
pas d'une nation semblable?
30. La stupeur et des merveilles
ont eu lieu sur la terre;
31. Les prophétes ont prophé-
tisé le mensonge, et les prétres
ont battu des mains; et mon peu-
ple a aimé de pareilles choses;
qu arrivera-t-il donc à son dernier
moment?
19. Infra, xvi, 10. — 28. Isaie, 1, 23; Zach., vii, 10.
19. Si vous diles. Ces mots s'adressent aux Juifs, et ceux-ci: Tu leur diras, au pro-
phéte.
21. Cœur; ou par hébraïsme, esprit, intelligence, sagesse.
22. Is ne le dépasseront pas (non transient illud). Le pronom 76, étant au neutre
dans la Vulgate, peut se rapporter également à mer (mare) ou à préceple (preceptum);
mais le parallélisme semble le rapporter plutót à précepte; ce qu'ont fait d'ailleurs
les Septante.
24. La pluie, etc.; la pluie du printemps ct celle de l'automne. Compar. Deulér.,
Xi, 14. — * Voir plus haut, rni, 3.
29. Est-ce que je ne visilerai pas. Voy. le vere, 9,
(cu. vi.)
CHAPITRE VI.
Désolation de Jérusalem et de Juda. In-
fidélité des Juifs. Fausse paix qui leur
est promise. S'instruire de la bonne
voie; et y marcher. Sentinelles établies
et non écoutées. Jérémie est établi sur
le peuple du Seigneur pour l'éprouver.
1. Fortifiez-vous, fils de Ben-
jamin, au milieu de Jérusalem,
et dans Thécua sonnez de la trom-
pette, et sur Bethacarem levez
l'étendard ; parce qu'un mal a été
vu du cóté de l'aquilon, ainsi
qu'une grande destruction.
9. A une femme belle et délicate
j'ai comparé la fille de Sion.
3. Vers elle viendront les pas-
teurs et leurs troupeaux ; ils ont
dressé leurs tentes à l'entour;
chacun d'eux fera paitre ceux qui
sont sous sa main.
4. Consacrez contre elle une
guerre; levez-vous, et montons
au milieu du jour; malheurànous,
parce que le jour décline, parce
que les ombres du soir sont allon-
gées.
5. Levez-vous et montons pen-
dant la nuit, et renversons ses
maisons.
6. Parce que voici ce que dit
le Seigneur des armées : Coupez
ses arbres, et faites autour de
Jérusalem un rempart; c'est la
cité de la visitation; toute sorte
JÉRÉMIE.
1706
de violence est au milieu d'elle.
7. Comme la citerne rend froide
son eau, ainsi cette cité a commis
froidement ses méchancetés ; ini-
quité et ravage, c'est ce qui sera
oui en elle; devant moi elle est
toujours infirmité et plaie.
8. Instruis-toi, Jérusalem, de
peur que mon âme ne se retire
de toi, et que je ne fasse de toi
un désert, une terre inhabitable.
9. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : On rassemblera les
restes d'Israél comme dans une
vigne jusqu'à la dernière grappe ;
reporte ta main comme le ven-
dangeur dans la corbeille.
10. A qui parlerai-je? et qui
prendrai-je à témoin pour qu'il
entende? voici que leurs oreilles
sont incirconcises, et qu'ils ne
peuvent entendre. Voici que la
parole du Seigneur leur est deve-
nue un opprobre ; et ils ne la re-
cevront pas.
11. C'est pour cela que je suis
plein de la fureur du Seigneur et
que j'ai peine à la supporter ; ré-
pandez-/a sur le petit enfant au
dehors, et sur le conseil des jeunes
gens assemblés ; car l’'hommesera
pris avec la femme, le vieillard
avec celui qui est plein de jours.
12. Et leurs maisons passeront
à des étrangers, leurs champs, et
leurs femmes également, parce
1. Thécua, Bethacarem; deux villes situées sur des hauteurs, au midi de Jérusalem;
Bethacarem se trouvait entre Jérusalem et Thécua.
4. Consacrez (sanctificate). Ce mot fait allusion à certaines cérémonies religieuses
qui se faisaient avant le combat. On le retrouve assez souvent dans la Bible.
6. Ses arbres (ejus). Le pronom étant au féminin (d’elle) en hébreu se rapporte à 4
fille de Sion, c'est-à-dire à Jérusalem (vers. 2). — Visitation; punition, châtiment,
Compar. v, 9. — Violence ; c'est le sens de calumnia, expliqué par l'hébreu.
9. Comme dans une vigne on rassemble, on recueille tout le raisin jusqu'à, etc. Le
peuple du Seigneur est souvent représenté sous l'image d'une vigne, et ses ennemis
sous celle de vendangeurs. — Repor(íe, etc., retourne à la vigne, et mets dans la
corbeille ce qui aura échappé aux vendangeurs,
1710
que j'éténdrai ma main sur ceux
qui habitent la terre, dit le Sei-
gneur.
13. Depuisle plus petit jusqu'au
plus grand, tous se livrent à l'a-
varice ; et depuis le prophète jus-
qu'au prétre, tous agissent avec
iromperie.
14. Et ils guérissaient la plaie de
la fille de mon peuple avec igno-
minie, disant : Paix, paix; etil n'y
avait point de paix.
15. Ils ont été confus, parce
qu'ils ont fait des abominations;
et encore ne l'ont-ils pas été en-
tierement, et n'ont-ils pas su rou-
gir; à cause de cela ils tomberont
parmiceux quisontrenversés;au
temps de leur visitation, ilsseront
renversés tous ensemble, dit le
Seigneur.
16. Voici ce que dit le Seigneur:
Tenez-vous surles voies et voyez;
demandez, touchant les sentiers
anciens, quelle est la bonne voie,
et marchez-y; et vous trouverez
un rafraichissement pour vos
âmes. Etils ontdit: Nous n'j mar-
cherons pas.
17. Et j'ai établi sur vous des
sentinelles. Ecoutez la voix de la
trompette. Et ils ont dit : Nous ne
l'écouterons pas.
18. C'est pourquoi, écoutez, na-
lions, et apprenez, assemblée des
peuples,les grandes choses que je
ferai contre eux.
19. Ecoute, terre : Voilà que moi
j'aiènerai sur ce peuple des
maux, fruit de ses pensées, parce
qu ils n'ont point écouté mes pa-
JÉRÉMIE.
[cu. vi.]
roles et qu'ils ont rejeté ma loi.
20. Pourquoi m'apportez-vous
de l'encens de Saba, etlacanne à
lodeur suave d'une terre éloi-
gnée? Vos holocaustes ne me sont
pas agréables, et vos victimes ne
m'ont pas plu.
21. A cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur : Voilà que je ferai
fondre sur ce peuple des ruines;
les pères y tomberont et les fils
en méme temps; les voisins et les
proches y périront.
22. Voicice que dit le Seigneur :
Voilà qu'un peuple vient de la
terre de l'aquilon, et une grande
nation s'élévera des confins de la
terre.
23. Elle saisira la flèche et le
bouclier; elle est cruelle et elle
n'aura pas depitié ; sa ΝΟΙΧ comme
la mer retentira ; et ils monteront
sur leurs chevaux, et préparés
comme un homme qui va au com-
bat, 278 marcheront contre toi, fille
de Sion.
2%. Nous avons oui la nouvelle
de son dessein, nos mains ont dé-
failli; 18 tribulation nous a saisis,
et les douleurs comme la femme
en travail.
95. Ne sortez point dans les
champs, et dans la voie ne mar-
chez point, parce que le glaive de
l'ennemi et l'épouvante sont à
l'entour.
26. Fille de mon peuple, ceins-
toi d'un cilice, couvre-toi de cen-
dre; sois en deuil comme d'un
fils unique, pousse des plaintes
ameres, parce que tout d'un coup
Cuar. VI. 13. Isaie, Lvr, 11; Infra, vri, 10. — 16. Matt., xr. 29. — 20. Isaie, r, 11.
15. Ne l'ont-ils pas été entièrement; littér. et par hébraisme : Par la confusion n'onl-
ils pas été confondus. — Leur visitation; leur punition, leur chàtiment. Compar. v, 9.
24. Des douleurs nous ont saisis comme elles saisissent, etc,
(ca. vir.)
viendra le dévastateur sur nous.
97. Je t'ai établi au milieu de
mon peuple comme un fondeur
robuste; tu sauras, et tu éprou-
veras leur voie.
98. Tous ses princes ont dévié,
marchant frauduleusement; c'est
de Vairain et du fer; tous se sont
corrompus.
99. Le soufflet a manqué, dans
le feu s'est consumé le plomb;
en vain le fondeur les a mis dans
le fourneau: car leurs méchan-
cetés n'ont pas été consumées.
30. Appelez-les un argent ré-
JÉRÉMIE.
1711
CHAPITRE VII.
Vaine confiance des Juifs dans le temple
du Seigneur, tandis qu'ils le déshono-
rent parleurs crimes. Le Seigneur dé-
fend à Jérémie de prier pour ce peuple.
Sacrifices inutiles sans l'obéissance.
1. Parole qui a été adressée à
Jérémie par le Seigneur, disant :
2. Tiens-toi à la porte de la
maison du Seigneur, et publie 'à
cette parole, et dis : Ecoutez la
parole du Seigneur, vous tous,
habitants de Juda, qui entrez par
ces portes afin d'adorer le Sei-
gneur.
3. Voici ce que dit le Seigneur
prouvé, parce que le Seigneur les
a rejetés.
Guap.VII. 3. Infra, xxvi, 13.
21. Fondeur sur métaux, véritable sens du latin probatorem, littér. qui éprouve,
expliqué par l'hébreu, et reproduit au vers. 29, sous le terme de conflator.
29. * Le soufflet, etc. Image tirée de 18 manière dont on purifie l'argent. On allume
un grand feu pour faire fondre l'argent, mêlé avec du piomb, afin que le plomb
attire à lui tout ce qui est impur dans l'argent, mais tous ces eíforts sont inutiles;
le plomb se consume et l'argent reste impur : Israël a beau être éprouvé par la tri-
bulation, les méchants continuent à étre mélés avec les bons.
1. et suiv. * 111. Juda est impénitent, aveuglé par une fausse confiance dans le temple,
les sacrifices et la circoncision, vu-x. — 19 Le Prophète doit parler, sur la porte du
temple, au peuple qui entre et qui sort, vii, 1-2. Juda se confie dans le femple, mais
Dieu n'habite que parmi les justes; le tempie ne servira de sauvegarde aux Juifs
qu'autant qu'ils feront pénitence, 3-7. — Le peuple se fait illusion en pensant qu'il
se sauvera en allant au temple, malgré ses péchés. Cet édifice n'est plus la demeure
de Dieu, c'est une caverne de voleurs; il sera répudié comme le sanctuaire de Silo;
ses adorateurs, repoussés comme Ephraim, parce que Juda se livre à des actes ido-
lâtriques, 8-20. — 29 Juda a également confiance dans ses sacrifices, mais ils sont
rejetés, parce que les commandements divins, dont l'observation est la condition de
l'alliance entre le Seigneur et son peuple, ne sont point observés, 21-28. — Le peuple
est réprouvé à cause de son idolâtrie, qui a souillé le sanctuaire, 29-34; les ossements
des morts eux-mêmes seront jetés hors de leurs tombeaux, en expiation de leurs
actes idolâtriques, vir, 1-3. — 39 Rien ne peut amener Juda à la pénitence; il est
sourd à la voix de Dieu, à laquelle obéissent toutes les créatures; 4-9; ses faux sages
le trompent, 10-12; il périra, 13-17; il réclamera en vain du secours, il sera trop
tard, 18-22. — Le Prophète pourrait s'enfuir de la ville coupable, ix, 1-5, mais Dieu
lui ordonne d'y demeurer pour prédire le châtiment qui la menace, à cause de son
impénitence, 6-14. — Ce châtiment sera terrible, lamentable, 15-21, et rien ne pourra
y faire échapper; la circoncision ne servira de rien, car Dieu frappera d'abord le cir-
concis, 22-26. — A plus forte raison les faux dieux seront-ils impuissants à protéger
leurs adorateurs ; ils ne sont rien, x, 1-6. — Qu'on craigne donc le seul vrai Dieu et
non l’œuvre de la main des hommes ; qu'on se confie en lui et non dans les idoles
impuissantes, 7-10. — C'est lui qui fera dévaster la terre d'Israël et déporter ses habi-
tants par l'ennemi qui vient du nord, 17-23. — Puisse le Seigneur ne pas abandonner
complétement son peuple et le venger un jour de ses ennemis! 24-25.
5. Disant. Voy. sur ce mot, 1, 3.
1742
des armées, Dieu d'Israël : Ren-
dez bonnes vos voies et vos œu-
vres ; et j'habiterai avec vous dans
ce lieu.
4. Ne vous confiez pas en des
paroles de mensonge, disant : Le
temple du Seigneur, le temple du
Seigneur, c'est le temple du Sei-
gneur.
9. Parce que si vous dirigez bien
vos voies et vos œuvres; si vous
faites la justice entre un homme
et son prochain:
6. δὲ vous ne faites point de
violence à l'étranger, au pupille
et à la veuve; si vous ne répan-
dez pas un sang innocent en ce
lieu, et s? vous ne marchez pas à
la suite des dieux étrangers pour
votre propre malheur:
1. J'habiterai avec vous d'un
siecle à un autre siecle dans ce
lieu, dans cette terre que j'ai
donnée à vos pères.
8. Mais voilà que vous vous con-
fiez en des paroles de mensonge,
qui ne vous seront pas utiles:
9. Dérober, tuer, commettre
l’adultère, jurer en mentant, faire
des libations aux Baalim, aller à
la suite de dieux étrangers que
vous ne connaissez pas.
JÉRÉMIE.
[cu. vir.
10.Et vous êtes venus vous
présenter devant moi dans cette
maison, dans laquelle a été invo-
qué mon nom, et vous avez dit .
Nous sommes délivrés, parce que
nous avons fait toutes ces abomi-
nations.
11. Est-ce donc qu’elle est de-
venue une caverne de voleurs,
cette maison dans laquelle ἃ été
invoqué mon nom devant vos
yeux? C'est moi, moi qui suis;
moi qui ai vu, dit le Seigneur.
12. Allez à mon lieu, à Silo, où
a habité mon nom dès 16 commen-
cement, et voyez ce que je lui ai
fait, à cause de la méchanceté d'Is-
raël, mon peuple;
13. Et maintenant, parce que
vous avez fait toutes ces choses,
dit le Seigneur, et que je vous
ai parlé, me levant dès le ma-
tin, et parlant, que vous n'avez
pas entendu; que je vous ai ap-
pelés et que vous n'avez pas ré-
pondu :
14. Je ferai à cette maison, dans
laquelle a été invoqué mon nom,
et enlaquelle vous avez confiance,
et à ce lieu que je vous ai donné
à vous et à vos pères, comme j'ai
fait à Silo.
11. Matt., xxi, 13; Marc, xi, 17; Luc, xix, 46. — 13. Prov., 1, 24; Isaie, rxv, 12. —
14, I Rois, 1v, 2, 10.
4. * Dieu nous protégera, puisque nous possédons son temple.
9. Baalim. Voy. sur ce mot, m, 23.
10. Dans laquelle, etc.; mais d'autres traduisent : Laquelle a été appelée de mon nom;
qui porte mon nom, selon un des sens de l'hébreu. — Nous sommes délivrés, etc.
Nous ne pouvons manquer d'être sauvés, parce que nous avons servi des dieux
étrangers, et que nous avons vécu à la manière des gentils. Compar. 1 Machab., τ, 12.
11. Est-ce donc, etc. Jésus-Christ fait un reproche sembiable aux Juifs de son temps
(Matth., xxx, 13; Marc, χι, 17; Luc, xix, 46). — Dans laquelle, etc. Voy. le vers. pré-
cédent.
12. Mon lieu; le lieu qui m'était consacré. — Silo; ville de la tribu d'Ephraim, où
demeura l'arche etle tabernacle sacré pendant longtemps.
13. Me levant, etc.; hébraisme pour mettant le plus grand empressement à vous
parler.
14. Dans laquelle, ete, — Voy. le vers. 10.
[cH. vir.]
45. Et je vous rejetterai de ma
face, comme j'ai rejeté tous vos
frères, toute la race d'Ephraim.
16. Toi donc, ne prie pas pour
ce peuple, ne m'adresse pour eux
ni louange ni prière, et ne t'op-
pose pas à moi, parce que je ne
t'exaucerai point.
11. Ne vois-tu pas ce que font
ceux-ci dans les villes de Juda, et
dans les places publiques de Jéru-
salem?
18. Les fils amassent le bois,
les peres allument le feu, et les
femmes arrosent de farine la
graisse, afin de faire des gâteaux
à la reine du ciel, des libations à
des dieux étrangers, et me pro-
voquer au courroux.
19. Est-ce moi qu'ils provoquent
au courroux, dit le Seigneur?
N'est-ce pas eux-mêmes qu'il pro-
voquent àla confusion de leur vi-
sage?
20. C'est pourquoi voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Voilà que
ma fureur et mon indignation se
sont embrasées sur ce lieu, sur
les hommes et sur les animaux;
sur les arbres de la contrée, et
sur les fruits de la terre; et wn
feu brülera, etil ne s'éteindra pas.
JÉRÉMIE.
1713
21. Voici ce que dit le Seigneur
des armées, Dieu d'Israël : Ajou-
tez vos holocaustes à vos victimes,
et mangez-en les chairs;
22. Parce que je n'ai point
parlé à vos péres, je ne leur ai
rien commandé au jour que je les
ai tirés de la terre d'Egypte, au
sujet des holocaustes et des vic-
times.
23. Mais voici la chose que je
leur ai commandée : Ecoutez ma
voix, etjeserai votre Dieu, et vous
serez mon peuple; et marchez
dans toute la voie que je vous
ai prescrite, afin que bien vous
soit.
24. Et ils n'ont pas écouté, et
ils n'ont pas incliné leur oreille ;
mais ils se sont abandonnés à
leurs volontés et à la déprava-
tion de leur cœur mauvais; ils
sont allés en arriere, et non en
avant,
25. Depuis le jour que leurs
peres sont sortis de l'Egypte jus-
qu'à ce jour. Et je vous ai envoyé
tous mes serviteurslesprophètes,
me levant au point du jour, et /es
envoyant.
20. Et ils ne m'ont pas écouté,
etils n'ont pasincliné leur oreille;
16. Infra, xr, 14; xiv, 11. — 26. Infra, xvi, 12.
45. Toute la race d'Ephraim; les dix tribus entre lesquelles celle d'Ephraim tenait
le premier rang.
18. La reine du ciel; c'est-à-dire, la lune, selon l'opinion la plus probable. — * La
reine du ciel se confondait avec la déesse Astarté. Les gàteaux qu'on faisait en son
honneur avaient la forme de croissants de lune.
22. Au sujet; littér. sur ou touchant la parole (de verbo); mais, comme on a déjà
pu 16 remarquer, les Hébreux exprimaient, par le même terme, parole, chose, événe-
ment, molif, cause. — Les lois cérémonielles ne furent pas données aux Israélites en
méme temps que les préceptes moraux. Ces lois cérémonielles ne furent que comme
un accessoire pour servir de remède aux penchants des Israélites charnels, en les
assujettissant à des sacrifices sensibles, et à des cérémonies extérieures, comme étant
plus propres à fixer des esprits peu capables d'un culte tout spirituel et tout in-
térieur.
23. La chose (verbum). Voy. sur ce mot, le vers. 22,
29. Me levant, ete. Voy. le vers. 13.
Ae da 105
1714
mais ils ont rendu leur cou in-
flexible, et ils ont fait pis queleurs
pères.
27. Et tu leur diras toutes ces
choses, et ils ne t’écouteront
point; tu les appelleras, et ils ne
te répondront point.
28. Et tu leur diras : Voici la na-
tion qui n'a pas écouté la voix du
Seigneur son Dieu, et qui n'a pas
recu sa correction ; la bonne foia
péri, et elle a été enlevée de leur
bouche.
29. Tonds ta chevelure, et jette-
la; pousse en haut des plaintes,
parce que le Seigneur a rejeté et
abandonné la génération de sa fu-
reur.
30. Parce que les fils de Juda
ont fait le mal devant mes yeux,
dit le Seigneur. Ils ont mis leurs
pierres d'achoppement dans la
maison dans laquelle a été invo-
qué mon nom, afin de la souiller;
31. Etils ont bâti des hauts lieux
à Topheth, qui est dans la Vallée
du fils d'Ennom, afin d'y brüler
leurs fils et leurs filles au feu;
choses que je n'ai pas ordonnées,
ni pensées dans mon cœur.
32. C'est pourquoi voilà que des
jours viendront, dit le Seigneur,
et l'on ne dira plus Topheth, et
la Vallée du fils dEnnom; mais
la Vallée du carnage; et l'on en-
34. Ezéch., xxvi, 13.
JEREMIE.
[cu. viii.)
sevelira à Topheth, parce qu'il n'y
aura pas d'autre lieu pour ense-
velir.
33. Et les cadavres de ce peuple
seront en páture aux oiseaux du
ciel et aux bétes de la terre, et il
n'y aura personne qui les chasse.
34. Et je ferai cesser, dans les
villes de Juda et dans les places
publiques de Jérusalem, la voix
de la joie et la voix del'allégresse,
la voix de l'époux et la voix de
l'épouse; car laterresera désolée.
CHAPITRE VIII.
Chátiment de Jérusalem. Impénitence du
peuple juif. Faux sages. Désolation de
la Judée. Affliction du prophète. Gé-
missement de la fille de Sion. Résine
et médecins de Galaad.
1. En ce temps-là, dit le Sei-
gneur, on jettera les os des rois
de Juda, et les os de ses princes,
et les os des prêtres, et les os des
prophètes, et les os de ceux qui
ont habité Jérusalem, hors de
leurs sépulcres;
2. Et on les exposera au soleil
et à la lune, et à toute la milice
du ciel, qu'ils ont aimés, qu'ils
ont servis, qu'ils ont cherchés et
qu'ils ont adorés; on ne les re-
cueillera pas, et on ne les ense-
velira pas; comme un fumier, ils
seront sur la face de la terre.
29. Tonds, etc. Couper ses cheveux était une marque de deuil. — Pousse en haut, etc.;
ou sur les hauteurs, suivant l'hébreu. — On allait, en effet, sur les hauteurs, pleurer
les malheurs publies et particuliers. — De sa fureur; qui a excité sa fureur.
30. Pierres d'achoppement. Voy. sur cette expression, 1v, 1. — Dans laquelle, etc.
Voy. vr, 10.
31. Topheth et la vallée du fils d'Ennom étaient au midi de Jérusalem. Topheth
avait un bois et un temple consacrés au dieu Moloch. — * Sur Topheth, עשנסץ 6
XXX, 4
32. Pour ensevelir. Ces mots se trouvent dans le passage parallèle, xix, 11.
1-2. * Voir Baruch, τι, 94-25.
[cu. ναι. JÉRÉMIE. 1745
3. Et ils choisiront la mort plu- | ont été épouvantés et pris; car
tôt que la vie, tous ceux qui se- | ils ont rejeté la parole du Sei-
ronl restés de cette race très mé- | gneur, et il n'est aucune sagesse
chante, dans tous les lieux qui ont | en eux.
été abandonnés, dans lesquels je 10. A cause de cela je donnerai
les ai jetés, dit le Seigneur des | leurs femmes à des étrangers, et
armées. leurs champs à des héritiers, parce
4. Et tu leur diras : Voici ceque | que, depuis le plus petit jusqu'au
dit le Seigneur: Est-ce que celui | plus grand, tous suivent lava-
qui tombe ne se relèvera pas? et | rice; et que depuis le prophète
celui qui s'est détourné nerevien- | jusqu'au prétre, tous commettent
dra-t-il pas? le mensonge.
9. Pourquoi donc ce peuple à 11. Et ils guérissaient la bles-
Jérusalem s'est-il détournéparun | sure de la fille de mon peuple
détournement opiniâtre? Ils ont | avec ignominie, disant : Paix,
saisi le mensonge, etils n'ont pas | paix, lorsqu'il n'y avait point de
voulu revenir. paix.
6. J'ai prété attention et j'ai 12. Ilis out été confus, parce
écouté ; personne ne ditce qui est | qu'ils ont fait des abominations :
bon; il n'en est aucun qui fasse | et encore ne l'ont-ils pas été en-
pénitence de son péché, disant: | tierement, et n'ont-ils pas su
Qu'ai-je fait? tous ont suivi leur | rougir; c'est pour cela qu'ils
cours, comme un cheval qui s'é- | tomberont parmi ceux qui sont
lance avec impétuosité au com- | renversés; qu'au temps de leur
bat. visitation ils seront renversés
1. Le milan connait dans le ciel | tous ensemble, ditle Seigneur.
son temps; la tourterelle, l'hiron- 13. Les rassemblant, je les ras-
delle et la cigogne gardent le | semblerai, dit le Seigneur; il n'y
temps de leur arrivée; mais mon | a pas de raisin aux vignes, et il
peuple n'a pas connulejugement | n'y a pas de figue aux figuiers,
du Seigneur. les feuilles sont tombées; et ce
8. Comment dites-vous : Nous | que je leur avais donné leur a
sommes sages, etlaloideDieuest | échappé.
avec nous? il a vraiment gravé le 14. Pourquoi sommes-nous as-
mensonge, le style menteur des | sis? venez ensemble, entrons
scribes. dans la ville fortifiée, et soyons-y
9. Les sages ont été confus, ils | en silence; car le Seigneur notre
βαρ. VIII. 10. Isaie, Lvi, 11; Supra, vi, 19. — 14. Infra, 1x, ₪.
1. Dans le ciel; d'après la température du ciel. — Son temps; le temps où il doit
quitter les pays froids pour aller dans les pays chauds; ce que font aussi la tour-
terelle, l'hirondelle et la cigogne.
8. * Style ; instrument dont on se servait pour écrire.
11. Ils guérissaient, etc. Compar. νι, 14.
12. Ils ont été confus. Voy. pour l'explication de ce verset, vr, 15.
13. Les rassemblant, je les russemblerai; hébraisme pour, je les vassemblerai en-
hèrement, tous. — Leur a échappé; pour aller aux Chaldéens, leurs ennemis.
1716 jÉRÉMIE,
Dieu nous a réduits àu silence,
et il nous a donné pour breuvage
de l'eau de fiel; car nous avons
péché contre le Seigneur.
15. Nous avons attendu la paix,
et nul bien n'est venu ; le temps
de la guérison, et voilà l'épou-
vante.
16. Le roulement de ses che-
vaux a été entendu de Dan; à
la voix des hennissements de
ses combattants, toute la terre
a été émue; etils sont venus, et
ils ont dévoré la terre et tout ce
qu'elle contient, la ville et ses
habitants.
17. Parce que voilà que moi, je
vous enverrai des serpents, des
basilics, contre lesquels il n'ya
point d'enchantement, et ils vous
mordront, ditle Seigneur.
18. Ma douleur est au-dessus
d'une douleur; au-dedans de moi,
mon cœur est trisle.
19. Voilà la voix de la fille de
mon peuple qui me crie d'une
terre lointaine : Est-ce que le Sei-
gneur n'esl pas dans Sion, ou son
roi n'est-il pas en elle? Pourquoi
done m'ont ils excité au courroux
par leurs images taillées au ci-
seau, et par des vanités étran-
geres?
20. La moisson est passée,
15. Infra, xiv, 19.
(cn. 1x.]
l'été est fini, et nous, uous n'a-
vons pas été sauvés.
21. Je suis brisé à cause du bri-
sement de la fille de mon peuple,
et contrislé; la stupeur m'a saisi.
22. Est-ce qu'il n'y a point de
résine en Galaad? ou n'y a-t-il pas
là de médecin? pourquoi donc
n'a-t-elle pas été fermée, la bles-
sure de la fille de mon peuple?
Enti CHAPITRE IX.
Jérémie déplore le malheur du peuple
juif. Le Seigneur cherche un homme
sage qui comprenne ses jugements.
Femmes appelées pour pleurer la dé-
solation de Juda. Vengeance du Sei-
gneur sur Juda et sur les peuples voi-
sins.
1. Qui donnera à ma téte de
leau, et à mes yeux une fon-
taine de larmes? et je pleurerai
jour et nuit les morts de la fille
de mon peuple.
2. Qui me donnera dans la soli-
tude une cabane de voyageur, et
j'akandonnerai ce peuple, et je
me retirerai d'eux? parce que
tous sont adulteres, troupe de
prévaricateurs.
3. Et ils ont tendu leur langue
comme un arc de mensonge et
non de vérité : ils se sont forti-
fiés sur la terre, parce qu'ils ont
passé d'un mal à un autre mal,
16. Ses chevaux; c'est-à-dire des chevaux de l'ennemi. — Dan. Voy. 1v, 15. — Hen-
nissements; mot que l'Ecriture applique quelquefois à l'homme, quoiqu'il exprime
Je cri ordinaire du cheval. Voy. v, 8; xu, 21; xxxi, 7; 2006, 1v, 1, etc.
11. * Contre lesquels il n'y a point d'enchantement. Le peuple croyait que les char-
meurs de serpents pouvaient les empécher de nuire.
18. Ma douleur, etc. Ce sont les paroles du Prophète,
19. Images taillées au ciseau; c'est-à-dire idoles. — Vanilés; autre nom que la Bible
donne aux faux dieux pour marquer leur impuissance.
21, Je suis brisé, etc. C'est le Prophète qui parle.
22. De résine en Galaad. La résine de Galaad est trés célèbre dans l'Ecriture. Voy.
XLVI, 11; LI, 8. Genèse, xxxvii, 25. — * La résine ou baume de Galaad était regardée
comme un remède excellent, surtout pour la guérison des blessures.
]68. 1x.]
etils ne m'ont pas connu, dit le
Seigneur.
4. Que chacun se garde de
son prochain, et qu'il ne se fie à
aucun de ses fréres; parce que
tout frère supplantant supplan-
tera son frére, et que l'ami mar-
chera frauduleusement.
ὃ. Et chaque homme se rira de
son frère, et ils ne diront pas la
vérité; car ils ont formé leurs
langues à parler mensonge; ils
ont travaillé à iniquement agir.
6. Ta demeure est au milieu de
la tromperie; c'est par tromperie
qu'ils ont refusé de me connaitre,
dit le Seigneur.
7. À cause de cela voici ce que
ditle Seigneur des armées : Voilà
que je les fonderai, et que je les
éprouverai par le feu: car que
feraije autre chose vis-à-vis de
la fille de mon peuple?
8. C'est unefléche blessante que
leur langue; elle a parlé trompe-
rie; chacun en sa bouche parle
paix avec son ami, et en cachette
il lui tend des pièges.
9. Est-ce que je ne visiterai pas
ces crimes, dit le Seigneur, ou
d'une pareille nation mon âme
ne se vengera-t-elle pas?
10. Sur les montagnes je m'a-
bandonnerai aux larmes et aux
lamentations; et sur les belles
contrées du désert, aux plaintes,
parce qu'elles ont été brülées,
JÉRÉMIE.
1717
pour qu'il n'y ait pas d'homme
qui y passe; on n'a pas entendu
la voix du possesseur; depuis
l'oiseau du ciel jusqu'aux trou-
peaux, {ous ont émigré et se sont
retirés.
11. Et je ferai de Jérusalem
des monceaux de sable et un re-
paire de dragons; et les cités de
Juda, je les livrerai à la désola-
lion, pour qu'il n'y ait point d'ha-
bitant.
12. Quel est l'homme sage qui
comprenne ceci, et à quila parole
de Dieu soit adressée, afin qu'il
l'annonce, qui comprenne pour-
quoi cette terre a péri, qu'elle a
été brülée comme un désert,
pour qu'il n'y ait pas d'Aomme
qui y passe?
13. Et le Seigneur a dit : C'est
parce qu'ils ont abandonné ma
loi que jeleur ai donnée, et qu'ils
n'ont pas écouté ma voix, et qu'ils
n'ont pas marché en elle ;
14. Et parce qu'ils ont suivi
la dépravation de leur cœur, et
les Baalim;ce qu'ils ont appris de
leurs peres.
15. C'est pourquoi, voici ce que
ditle Seigneur des armées, Dieu
d'Israél: Voilà que je nourrirai
ce peuple d'absinthe, et je lui
donnerai pour breuvage de l'eau
de fiel.
16. Et je les disperserai parmi
des nations qu'ils n'ont point
CnaP. IX. 8. Ps. xxvir, 3. — 15. Infra, xxiu, 15.
4. Supplantant supplantera; hébraisme pour supplantera entièrement, de toute
manière, — Marchera; c'est-à-dire agira, se conduira.
9. Je ne visiterai; je ne chátierai. Compar. v, 9.
11. * Des dragons. Hébreu : des chacals.
12. D'homme ; ce mot se trouve exprimé dans l'endroit parailéle, vers. 10,
13. N'ont pas, etc.; ne lont pas suivie, s'en sont écartés.
14. Les Baalim. Voy. τι, 23.
15. * D'absinthe, voir Proverbes, v, 4.
1718
connues, eux et leurs pères,
et j'enverrai apres eux le glaive,
jusqu'à ce qu'ils soient consu-
més.
117. Voici ce que dit le Seigneur
des armées, Dieu d'Israël : Regar-
dez attentivement, et appelez les
pleureuses, et qu'elles viennent;
envoyez à celles qui sont sages,
et qu'elles s'empressent;
18. Qu'ellesse hátent, et qu'elles
fassent entendre sur nous des
lamentations ; que nos yeux ver-
sent des larmes, et que de nos
paupières coulent des eaux.
19. Parce qu'une voix delamen-
tation a été entendue de Sion :
Comment avons-nous été ravagés
et couverts d'une grande con-
fusion? puisque nous avons aban-
donné notre terre, et que nos
tabernacles ont été abattus.
90. Ecoutez donc, femmes, la
parole du Seigneur; que vos
oreilles saisissent le discours de
sa bouche ; enseignez à vos filles
les lamentations, et que chacune
apprenne à sa voisine les cris
plaintifs ;
21. Parce que la mort est mon-
tée par nos fenétres, qu'elle est
entrée dans nos maisons, pour
exterminer les petits enfants au
95. p 0601 ἴν, 1915 Day Das ne
JÉRÉMIE.
[cn. 1x.
dehors, et les jeunes hommes
dans les places publiques.
22. Parle : Voici ce que dit le
Seigneur : Et le cadavre de
l'homme tombera comme le fu-
mier sur la face de la terre, et
comme l'herbe derriere le dos du
moissonneur, et il n'y a personne
qui la recueille.
93. Voici ce que ditle Seigneur :
Que le sage ne se glorifie point
dans sa sagesse; que le fort ne
se glorifie point dans sa force, et
que le riche ne se glorifie point
dans ses richesses ;
24. Mais que celui qui se glo-
rifie se glorifie de cela, de me
connaitre, et de savoir que c'est
moi qui suis le Seigneur, qui fais
miséricorde et jugement, et jus-
tice sur la terre; c'est là ce qui
me plait, dit le Seigneur.
95. Voici que les jours vien-
nent, dit le Seigneur, et que je
visiterai quiconque est circoncis,
26. L'Egypte, Juda, Edom, les
fils d'Ammon et de Moab, ceux
dont la chevelure est coupée, qui
habitent dans le désert; parce
que toutes ces nalions sont in-
circoncises de corps, et toute la
maison d'Israélestincirconcise de
cœur.
47. Les pleureuses. Chez les anciens Hébreux, comme aujourd'hui chez plusieurs
peuples orientaux, on louait des femmes, qui dans les deuils, et particuliérement
aux funérailles, excitaient aux pleurs par leur voix plaintive et leurs gestes lamen-
tables. Saint Jérôme dit que cet usage existait encore de son temps. — Celles qui sont
sages. C'était probablement parmi les pleureuses celles qui étaient chargées de con-
soler les parents, ou celles qui composaient le cantique de deuil, et que les autres
répétaient aprés elles.
26. Ceux dont la chevelure, etc.; comme les peuples de l'Arabie déserte qui se cou-
paient les cheveux en rond pour imiter leur dieu Bacchus. Compar., xxv, 23; xcix, 32;
Lévit., xix, 21; xxr, 5. — Ces; mot exprimé dans le texte hébreu par l'article déter-
minatif qui souvent s'emploie, en effet, pour le pronom déterminatif.
[cu. x.]
CHAPITRE X.
Le Seigneur exhorte Israël à ne pas
prendre part à l'idolàtrie des nations
dans sa captivité. I] avertit Jérusalem
de se préparer à la désolation dont
elle est menacée. Jérusalem conjure le
Seigneur de détourner d'elle sa colére.
1. Ecoutez la parole que le Sei-
gneur ἃ dite sur vous, maison
d'Israël.
2. Voici ce que dit le Seigneur:
N'apprenez pas les voies des na-
tions, et ne redoutez pas les si-
gnes du ciel, que craignent les
nations;
3. Parce que les lois des peu-
ples sont vaines; parce que l’œu-
vre de la main d'un ouvrier ha-
bile a coupé du bois de la forét
avec la hache.
4. Elle l'a orné d'or et d'ar-
gent; elle en a joint /es parties
avec des clous et des marteaux,
afin qu'il ne se désunisse pas.
5. Ces ceuvresont été fabriquées
en forme de palmier; elles ne
parleront pas; on les portera, on
les enlévera, parce qu'elles ne
JÉRÉMIE.
1719
peuvent marcher; ne les craignez
donc pas, parce qu'elles ne peu-
vent faire ni mal ni bien.
6. Il n'est pas de semblable à
vous, Seigneur; vous étes grand,
vous, et grand est votre nom en
puissance.
7. Qui ne vous craindra pas, ὃ
roi des nations? car à vous est la
gloire parmi tous les sages des
nations, et dans tous leurs royau-
mes nul n'est semblable à vous.
8. Tous également seront re-
connus insensés et stupides; c'est
une doctrine vaine que leur bois.
9. On apporte de l'argent enve-
loppé de Tharsis et del'or d'Ophaz,
ouvrage d'un artisan, et de la
main d'un ouvrier en airain;lhya-
cinthe et la pourpre sont leur
vétement; tout cela est un ouvra-
ge d'artisans.
10. Mais le Seigneur est le vrai
Dieu ; lui-méme est le Dieu vivant
et le roi éternel; par son indi-
gnation la terre sera ébranlée, et
les nations ne soutiendront pas
sa menace.
11. Ainsi donc tu leur diras :
Cuar. X. 3. Supra, xir, 11; xiv, 8. — 6. Michée, vir, 18. — 7. Apoc., xv, 4.
1-19. * Vanité des idoles.
2. Ne redoutez, etc. Redouter, craindre, signifient ici comme daus bien d'autres
passages, révérer, admirer, rendre le culle souverain, — Les signes du ciel; les astres,
auxquels les Chaldéens attribuaient un grand pouvoir sur la conduite des hommes
et le gouvernement du monde.
3. L'œuvre de la main; c'est-à-dire la main par son œuvre, par son travail.
4. Elle l'a orné, etc.; elle a orné ce bois en le couvrant de lames d'or et d'argent,
selon la maniére de dorer et d'argenter dans ces temps-là.
5. * En forme de palmier; hébreu : en forme de colonne; les idoles sont immobiles
et sans vie comme des colonnes ou des troncs d'arbre.
8. C'est une doctrine vaine; que celle qui leur fait envisager comme dieu un mor-
ceau de bois. |
9. * De l’argent enveloppé de Tharsis. L'argent enveloppait, couvrait le bois dont on
fabriquait les idoles. — Les Phéniciens tiraient beaucoup d'argent de Tharsis ou Tar-
tessus en Espagne. — De l'or d'Ophaz, pays inconnu; Ophir, d'après les uns; région
de l'Arabie méridionale, d'après d'autres, et d'après d'autres encore, 1116 de Tapro-
bane ou Ceylan, qui possédait un fleuve et un port appelé Phase.
11. Ce verset, écrit dans le texte original en chaldéen et non en hébreu, semblc
être une parenthèse entre le 10e et le 12e vers., dont il interrompt la suite.
1720
Que les dieux qui n'ont pas fait
ies cieux et la terre disparaissent
de la terre et de ce qui est sous le
ciel.
19. C'est le Seigneur qui fait
la terre dans sa puissance, qui
prépare le globe dans sa sagesse,
et étend les cieux par sa pru-
dence.
13. À sa voix il met une quan-
tité d'eaux dans le ciel, et il élève
les nuées des extrémités de la
terre; les éclairs, il les résout en
pluie, et il fait sortir les vents de
ses trésors.
14. Tout homme est devenu in-
sensé par sa propre science ; tout
artisan ἃ été confondu par son
image taillée au ciseau, parce que
c'est une chose fausse qu'il a fon-
due, et la vie n'y est pas.
15. Ce sont des choses vaines,
un ouvrage digne de risée; au
temps de sa visite elles périront.
16. Il n'est pas semblable à ces
choses, celui qui est la part de
Jacob; car celui qui a formé tou-
tes choses, c'est lui-même, et Is-
raél est la verge de son héritage;
et le Seigneur des armées est son
nom.
17. Rassemble de la terre ta
JÉRÉMIE.
(cr. x.]
confusion, {oi qui restes assié-
gée;
18. Parce que voici ce que dit
le Seigneur : Voilà que moi je
jetterai au loin les habitants de
cette terre cette fois; et jeles af-
fligerai, de telle sorte qu'on les
saisira.
19. Malheur à moi, à cause de
ma ruine ; ma plaie esttres grave.
Mais moi j'ai dit : Ce mal vient
entierement de moi, et je le sup-
porterai.
20. Mon tabernacle a été dé-
vasté, mes cordages ont été rom-
pus; mes fils sont sortis de mon
enceinte, et n'existent pas; il n'y
a personne qui tende désormais
ma tente et dresse mes pavillons.
21. Parce que les pasteurs ont
agi en insensés, etqu'ils n'ont pas
cherché le Seigneur; à cause de
cela ils ont été sans intelligence,
et tout leur troupeau a été dis-
persé.
99. Voici qu'une voix relentis-
sante vient, ainsi qu'un grand
tumulte, de la terre de l'aquilon,
pour faire des cités de Juda une
solitude, et une demeure de dra-
gons.
93. Je sais, Seigneur, quà
12. Genèse, 1, 1; Infra, 11, 15. — 13. Ps. cxxxiv, 7; Infra, τι, 16.
M € Ó, וו ו
12. Qui ; se rapporte au pronom personnel de lui (ejus), qui termine le vers. 10e.
44. N'y est pas; littér. en eux ou en elles (in eis); c'est-à-dire dans les dieux, nom-
més au vers. 41e; ou bien dans l'image taillée au ciseau, et dans l'idole fondue, men-
tionnées ici dans ce verset même 14. Peut-être aussi que la chose fausse qu'i a fon-
due est considérée comme un nom collectif; ce qui justifierait l'emploi du pluriel.
Le texte hébreu porte le pluriel masculin.
15. De sa visite; de la visite du Seigneur. Compar. v, 9.
16. La verge de son héritage; c'est-à-dire simplement son Aéritage. Plusieurs savants
interprétes prétendent que les Hébreux se servaient de verges ou perches aussi bien
que de cordes pour mesurer leurs terres. La méme expression se trouve, Ps. Lxxur, 2.
18. Qu'on les saisira; qu'ils ne pourront pas échapper, littér., qu'ils soient trouvés,
rencontrés, atteints.
20. Mon tabernucle, mes pavillons. Voy. 1v, 20.
22. * De la terre de l'aquilon; de la Babylonie. — Une demevre de dragons; de chacals.
[cx. x1.]
l'homme n'appartient pas sa voie,
et qu'il n'est pas de l'homme de
marcher et de diriger ses pas.
24. Chátiez-moi, Seigneur, mais
cependant dans votre justice, et
non dans votre fureur, de peur
que vous ne me réduisiez au
néant.
| 95. Répandez votre indigna-
tion sur les nations qui ne vous
ont pas connu, et sur les pro-
,vinces qui n'ont pas invoqué
votre nom; parce qu'elles ont
mangé Jacob, et l'ont dévoré, et
l'ont consumé, et ont dissipé sa
gloire. :
CHAPITRE XI.
Habitants de Juda et de Jérusalem
exhortés à observer l'alliance du Sei-
gneur. Leur infidélité. Vengeances du
Seigneur. Dieu défend à Jérémie de
prier pour eux. Mauvais dessein qu'ils
forment contre Jérémie. Prophétie
contre Anathoth.
1. Parole qui fut adréssée par le
Seigneur à Jérémie, disant :
2. Ecoutez les paroles de cette
24. Ps. vr, 1. — 25. Ps. rxxvr, 6.
JÉRÉMIE.
4721
alliance, et parlez aux hommes de
Juda, et aux habitants de Jéru-
salem;
3. Et tu leur diras : Voici ce
que dit le Seigneur, le Dieu d'Is-
raél:Maudit l'homme qui n'écou-
tera pas les paroles de cette al-
liance,
4. Que je prescrivis à vos peres,
au jour où je les fis sortir de la
terre d'Egypte, de la fournaise
de fer, disant : Ecoutez ma voix,
et faites tout ce que je vous or-
donne;et vous serez mon peuple,
et moi je serai votre Dieu;
9. Afin que je fasse revivre le
serment que je jurai à vos peres
de leur donner une terre oü cou-
leraient du laitet du miel, comme
c'est en ce jour. Et je répondis et
je dis : Amen, Seigneur.
6. Et le Seigneur me dit : Crie
à haute voix ces paroles dans
toutes les cités de Juda, et en de-
hors de Jérusalem, disant : Ecou-
tez les paroles de cette alliance et
observez-les ;
24. Dans votre justice; littér. dans votre jugement, etc. La justice n'est pas toujours
opposée à la. miséricorde; elle marque ici une justice tempérée de miséricorde; en
sorte que le sens est: Chátiez-moi, selon l'ordre et l'équité de vos jugemenís, qui ne
permettent pas que mes péchés demeurent impunis; mais non dans la rigueur de
cette justice qui n'est pas arrétée par la miséricorde. Compar. xxx, 11.
1-23. * 89 La violation de l'alliance du côté d'Israél est suivie de la rupture de cette
alliance du côté de Dieu, xi. — La transition de la 1re à la 2e section se fait dans
le ch. xr. — Jérémie rappelle, d'abord, l'alliance de Dieu avec son peuple et les en-
gagements qu'avait contractés Israël, la violation de ces engagements et les châti-
ments qui en avaient été la conséquence, 1-8. — Israél a violé de nouveau ses obli-
gations; Dieu va done le chátier de nouveau, et ses idoles ne lui serviront de rien,
9-13; le Prophéte ne peut plus méme prier pour son peuple, car le Seigneur con-
sumera sans miséricorde le peuple qu'il avait planté, 14-17. — Comme preuve de la
ruine future de Juda et de la justice de Dieu, Jérémie raconte que les habitants
d'Anathoth ont voulu attenter à sa vie, mais que le Seigneur a prononcé contre eux
une sentence terrible, 18-23.
1. Disant (dicens). Voy. sur ce mot, 1, 4.
4. De la fournaise de fer; c'est-à-dire, de la servitude trés dure.
5. Comme c'est, etc.; comme cela se voit aujourd'hui; littér. dans la Vulgate, les
Septante et l'hébreu, comme est ce jour.
1722
7. Car prenant à témoin, j'ai
pris à témoin vos peres, depuis le
jour où je les fis sortir dela terre
d'Egypte jusqu'à ce jour; me le-
vant dès le matin, je les ai pris à
témoin et j'ai dit : Ecoutez ma
VOIX ;
8. Et ils n'ont pas écouté, et ils
n'ont pas incliné leur oreille;
mais ils ont suivi chacun la dépra-
vation de son cœur mauvais; et
jai amené sur eux toutes les pa-
roles de cette alliance que je leur
ai commandé d'observer, et qu'ils
n'ont pas observée.
9. Etle Seigneur me dit : Il a été
découvert une conjuration parmi
les hommes de Juda et les habi-
tants de Jérusalem.
10. Ils sont revenus aux pre-
mières iniquités de leurs pères,
qui n'ont pas voulu écouter mes
paroles; ceux-ci donc sont allés
de méme apres des dieux étran-
gers, afin de les servir; la maison
d'Israël et la maison de Juda ont
rendu vaine l'alliance que j'avais
conclue avec leurs peres.
11. A cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur : Voilà que j'ame-
nerai sur eux des maux dont ils
ne pourront sortir; etils crieront
vers moi, et je ne les exaucerai
pas.
19. Et les cités de Juda et les
habitants de Jérusalem iront et
crieront aux dieux auxquels ils
font des libations, et ces dieux ne
JÉRÉMIE.
[cH. [.זצ
les sauveront pas au temps de
leur affliction.
13. Car selon le nombre de tes
cités étaient tes dieux, ὃ Juda, et
selon le nombre de tes rues, ὃ
Jérusalem, tu as élevé des autels
de confusion, des autels pour faire
des libations aux Baalim.
14. Toi donc, ne prie paspource
peuple, et ne m'adresse pour eux
ni louange, ni prière, parce que je
ne les exaucerai pas au temps de
leur cri vers moi, au temps deleur
affliction.
15. Pourquoi est-ce que mon
bien-aimé a dans ma maison com-
mis beaucoup de crimes? est-ce
que des chairs saintes ôteront de
toi tes méchancetés dont tu t'es
elorifiée?
16. Olivier fertile, beau, chargé
de fruits, superbe, le Seigneur t'a
appelée de ce nom; àla voix de sa
parole, un grand feu s'est allumé
dans cet olivier, et ses rameaux
ont été brülés.
17. Et le Seigneur des armées
qui t'a planté, a prononcé le mal
sur toi, à cause des maux de la
maison d'Israël et de la maison
de Juda, qu'elles se sont faits à
elles-mêmes pour m'irriter en fai-
sant des libations aux Baalim.
18. Mais vous, Seigneur, vous
m'avez fait voir leurs pensées, et
je les ai connues; alors vous
m'avez montré leurs œuvres.
19. Et moi, j'ai été comme un
Cab. XI. 13. Supra, 11, 28. — 14. Supra, vr, 16; Infra, xiv, 11.
7. Me levant dés le matin. Voy. pour le sens de cette expression, vir, 13.
13, 11. Baalim. Voy. 11, 39, — * Des autels de confusion ou d'ignominie. C'est par ce
mot flétrissant qu'est désigné Baal, à qui ces autels étaient élevés.
15. Des chairs saintes; des victimes, que tu me sacrilics.
19. Et moi, etc. Jérémie est la figure de Jésus-Christ méme. — Mettons du bois; etc.;
autre figure du divin Sauveur, vrai pain de vie descendu du ciel et attaché à une
croix de bois sur le Calvaire. C'est ainsi que les Péres ont expliqué ce passage.
ἴση. xir.)
agneau plein de douceur que l'on
porte pour en faire une victime;
et je n'ai pas su qu'ils formaient
contre moi des projets, disant :
Mettons du bois dans son pain,
rayons-le dela terre des vivants,
et que son nom ne soit plus rap-
pelé dans la mémoire.
90. Mais vous, Seigneur Sa-
'baoth, vous qui jugez justement
et qui éprouvez les reins et les
cœurs, que je voie votre ven-
geance sur eux; car je vous ai
révélé ma cause.
91. A cause de cela, voici ce
que dit le Seigneur aux hommes
d'Anathoth, qui cherchent mon
àme, et disent : Tu ne prophé-
liseras pas au nom du Seigneur,
et tu ne mourras pas de nos
mains.
22. C'est pourquoi voici ce que
ditle Seigneur des armées : Voilà
que moi je les visiterai;les jeunes
hommes mourront par le glaive,
JÉRÉMIE.
1723
leurs fils etleurs filles mourront
de faim.
98. Et rien ne restera d'eux ;
car jamenerai le mal sur les
hommes d'Anathoth, l'année de
leur visite.
CHAPITRE XII.
Le prophéte se plaint à Dieu de la pros-
périté des méchants. Dieu lui annonce
les persécutions qu'il aura à souffrir.
Désolation de l'héritage du Seigneur.
Vengeance du Seigneur sur les peuples
voisins de Juda. Rétablissement de ces
peuples. Derniére vengeance sur eux.
1. Vous êtes certainementjuste,
vous, Seigneur, si je dispute avec
vous; cependant je vous dirai des
choses justes : Pourquoi la voie
des impies est-elle prospere, ef le
bonheur est-il pour tous ceux qui
prévariquent, et qui agissentini-
quement ?
9. Vous les avez plantés, et ils
ont poussé des racines; ils crois-
sent, et font du fruit; vous étes
20. Infra, xvi, 10; xx, 12. — 0. XH. 1. Job, xxr, 7; Hab., 1, 13.
20. Sabaoth; mot hébreu que l'on traduit ordinairement par armées; mais dont le
sens primitif est : ce que le ciel el la lerre renferment. Compar. Genèse, τι, 1. — Les
reins. Ce mot se prend en hébreu pour l'esprit, l'intérieur en général.
21. Anathoth était la patrie de Jérémie. Voy. 1, 1. — Qui cherchent mon âme. Voy.
pour le sens de cette expression, iv, 30. — Tu ne prophétiseras pas, etc.; c'est une
menace dont le sens est : Ne prophétise pas, etc., si tu ne veux pas mourir de nos
mains.
23. L'année (annum). Cet accusatif peut étre considéré grammaticalement comme
complément direct du verbe précédent j'aménerai (inducam), et par là même comme
un explicatif du mot mal, ou bien comme un accusatif adverbial de temps, signifiant
en l’année. L'hébreu, ainsi que la Vulgate, est susceptible de ces deux sens; mais
les Septante ont traduit conformément à ce dernier. — Visite; c'est-à-dire punition,
chátiment.
1-17. * Hfe section : La réprobation d'Israël est définitive, xn-xvir. — 19 Le Seigneur
ennemi d'Israël, xit. — Jérémie prie Dieu de chátier promptement les impies, 1-3 —
Dieu lui répond de les rassembler comme un troupeau qu'on destine à la boucherie;
ils vont périr, 4-6; son peuple est devenu son ennemi : il le traitera donc lui-même
en ennemi et donnera son héritage à des étrangers, 7-13; il fera cependant sentir
aussi le poids de sa justice aux Gentils; il les détruira, quand il plantera de nouveau
son peuple qu'il déracine maintenant, 14-17.
1. Vous étes juste; c'est-à-dire trop juste. — S 7e dispute: ou mieux, selon l'hébreu,
pour que 76 dispute. |
2. Reins. Voy., pour le sens de ce mot, x!, 24,
1724
pres de leur bouche, et loin de
leurs reins.
3. Et vous, Seigneur, vous
m'avez connu, vous m'avez vu et
vous avez éprouvé que mon cœur
esL avec vous; assemblez-les com-
me un troupeau destiné au sacri-
fice, et consacrez-les pour le jour
de la tuerie.
4. Jusques à quand la terre
pleurera-t-elle, et l'herbe de toute
la contrée sera-t-elle desséchée,
à cause de la méchanceté de ceux
qui l'habitent? le quadrupède et
le volatile ont été consumés,
parce que ces hommes ont dit :
Dieu ne verra pas nos derniers
moments.
9. Si en courant avec les pié-
tons, tu t'es fatigué, comment
pourras-tu le disputer de vitesse
aux chevaux? mais si dans une
terre de paix tu étais en süreté,
que feras-tu au milieu del'orgueil
du Jourdain?
6. Car tes frères et la maison
de ton père, eux aussi ont com-
battu contre toi, et ont crié
JÉRÉMIE.
[cu. χα.
derrière toi à pleine voix; ne
les crois pas, lorsqu'ils te donne-
ront de bonnes paroles.
7. J'ai laissé ma maison; j'ai
abandonné mon héritage; j'ai
livré mon àme chérie aux mains
de sesennemis. .
8. Mon héritage est devenu
pour moi comme un lion dans la
forét; ila élevé sa voix contre
moi; c'est pourcela que jel'ai hai.
9. Est-ce que mon héritage n'est
pas pour moi un oiseau de di-
verses couleurs? n'est-ce pas un
oiseau entierement coloré? ve-
nez, assemblez-vous, vous toutes,
bétes de la terre; hátez-vous pour
dévorer.
10. Des pasteurs nombreux ont
ravagé ma vigne,ils ont foulé aux
pieds mon partage; ils ont fait
de mon partage précieux un dé-
sert solitaire.
11. Ils l'ont livré à la dévasta-
lion, etil a pleuré sur moi; par
la désolation a été désolée toute
laterre, parce qu'il n'est personne
qui réfléchisse en son cœur.
3. Consacrez-les, etc.; c'est-à-dire séparez-les, mettez-les de cóté comme une chose
sainte et destinée à être la matière du sacrifice. Ainsi le sens est : Regardez-les dés
ce moment comme des victimes destinées au sacrifice.
5. Si en courant, etc. C'est probablement une locution proverbiale et parabolique,
qui veut dire ici :
Les Philistins, les Iduméens, les Ammonites et les Moabites, qui
n'avaient que de l'infanterie, t'ont souvent battu, sans que tu aies pu leur résister,
comment résisteras-tu aux Chaldéens qui ont une puissante cavalerie et de nom-
breux chariots? — L'orgueil du Jourdain (superbia Jordanis); le regonflement du
Jourdain, selon les uns, ou, selon les autres, la gloire du Jourdain, c'est-à-dire son
rivage couvert de verdure, ombragé par des saules, des tamarisques, etc., etc., au mi-
lieu desquels habitaient les bêtes sauvages (xvix, 19; 1, 4. Zachar., xt, 3). Ainsi le
Seigneur répond au Prophéte : Tu te croyais en süreté dans ton pays qui devait étre
pour toi une terre de paix ; que deviendras-tu, lorsque l'armée, grossie des troupes
qui t'environnent, semblable au Jourdain débordé, viendra inonder la Judée? ou
bien, lorsque tu te trouveras sur les bords du Jourdain exposé aux bêtes sauvages?
1. Ma maison; mon temple. — Mon héritage; mon peuple. — Mon âme chérie; Jé-
rusalem, qui m'était chére comme mon áme.
9. * Un oiseau de diverses couleurs. On ignore de quel oiseau parle le Prophéte. Le
sens est que le peuple d'Israël est devenu pour tous un sujet de mépris et de persé-
cution, comme un oiseau dépaysé au milieu d'autres oiseaux, qui le distinguent à
cause de la différence de sa couleur et le pourchassent.
11. Par la désolation a été désolée; hébraisme, pour a été entièrement désolée,
[. זז .אס '
19. Sur toutes les voies du
désert sont venus des dévasta-
leurs; parce que le glaive du
Seigneur dévorera d'une extré-
mité de la terre à son autre extré-
mité ; il n'y a de paix pour aucune
chair.
13. [15 ont semé du froment, et
ils ont moissonné des épines ; ils
ont recu un héritage, 6111 ne leur
servira pas; vous serez confondus
par la perte de vos fruits, à cause
de la colère de la fureur du Sei-
gneur.
14. Voici ce que dit le Seigneur
contre tous ces voisins trés mé-
chants, qui touchent à l'héritage
que j'ai distribué à mon peuple
d'Israél : Voilà que moi je les arra-
cherai de leur terre, et que j'arra-
cherai la maison de Juda du mi-
lieu d'eux.
15. Et lorsque je les aurai ainsi
déracinés, je me tournerai et j'au-
rai pitié d'eux, etje les ramènerai
l'un dans son héritage, et l'autre
dans sa terre.
JÉRÉMIE.
1125
truits, ils apprennent les voies
de mon peuple et jurent par mon
nom : LeSeigneur vit! comme ils
ont appris à mon peuple à juret
par Baal, ils seront établis au mi:
lieu de mon peuple.
17. Que s'ils n'écoutent point
ma voix, je les extirperai par
lextirpation et par la ruine, dit
le Seigneur.
CHAPITRE XIII.
Ceinture de Jérémie cachée et pourrie,
flgure des Juifs rejetés de Dieu. Jérémie
les exhorte à faire pénitence; il leur
reproche leurs infidélités et leur an-
nonce les vengeances du Seigneur.
1. Voici ce que le Seigneur me
dit : Va, et procure-toi une cein-
ture de lin, et tu la mettras sur
tes reins, et tu ne la laveras pas
dans l'eau.
2. Et je me procurai cette cein-
ture, selon la parole du Seigneur,
et je la mis autour de mes reins.
3. Et la parole du Seigneur me
fut adressée une seconde fois, di-
16. EL il arrivera que si, ins- | sant :
12. Aucune chair. En hébreu le mot tout, accompagné d'une négation, signifie nul,
aucun. — Chair, dans le langage de la Bible, signifie souvent homme, mortel.
13. La colére de la fureur. Voy. 1v, 8.
15. L'un et l'autre; c'est le sens du terme hébreu rendu dans la Vulgate par homme
et homme (virum et virum).
16. Le Seigneur vit! formule de serment. Voy. 1v, 2.
17. Je les extirperai par l'extirpalion; hébraisme, pour 7e les eztirperai entièrement.
1-21. * 20 Dieu rejette son peuple comme inutile, xir. — Jérémie reçoit l'ordre
d'aller enterrer une ceinture sur les bords de l'Euphrate, où elle pourrit. Il fit le
voyage réellement, selon les uns, en vision seulement, ce qui est plus probable, selon
les autres. Quoi qu'il en soit, Dieu déclare qu'il s'était attaché Israël comme une
ceinture, mais qu'il la rejette maintenant comme un objet hors d'usage, 1-11. — De
méme qu'on remplit des vases de vin, il remplit le peuple d'un esprit d'ivresse pour
le briser, 12-14. — Qu'Israél fasse donc pénitence avant que ce malheur arrive! 15-17.
Mais il ne se convertit pas; malheur à lui! 18-27.
1. Ceinture. C'était une sorte de jupe de femme, qui tenait lieu de haut-de-chausses
aux hommes, surtout lorsqu'ils étaient en voyage, ou qu'ils travaillaient à la cam-
pagne. C'est peut-étre ce qui a fait dire à saint Jéróme que c'était un habit de femme.
2. Cetle. Ce pronom se trouve représenté par l'article déterminatif qui, dans leg
Septante comme le texte hébreu, précède le mot ceinture.
3. Disant. Voy. sur ce mot, 1, 4.
1720
4. Prends la ceinture que tu t'es
procurée, qui est autour de tes
reins; et te levant, va vers l'Eu-
phrate, et cache-la dans le trou
d'un rocher.
5. Et j'allai, et je la cachai pres
de l'Euphrate, comme le Seigneur
m'avait ordonné.
6. Et il arriva, après plusieurs
jours, que le Seigneur me dit :
Lève-toi, va vers lEuphrate, et
tires-en la ceinture que je t'ai or-
donné d'y cacher.
7. Et j'allai vers l'Euphrate, et
je creusai, et je tirai la ceinture
du lieu oü je l'avais cachée; et
voilà quela ceinture était pourrie,
de telle sorte qu'elle n'était pro-
pre à aucun usage.
8. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
9. Voici ce que dit le Seigneur :
Ainsi je ferai pourrir l'orgueil de
Juda et l'orgueil excessif de Jéru-
salem;
10. Ce peuple trés méchant,
qui ne veut pas entendre mes
paroles et qui marche dans la
dépravation de son cœur, qui a
couru apres des dieux étrangers,
afin de les servir et de les ado-
rer; et il sera comme cette cein-
ture, qui n'est propre à aucun
usage.
11. Car comme la ceinture s'at-
tache aux reins d'un homme, ainsi
je me suis uni étroitement toute
la maison d'Israél et toute la mai-
son de Juda, dit le Seigneur, afin
JÉRÉMIE.
[cu. xur.]
qu'elles fussent mon peuple, et
mon nom, et ma louange, et ma
gloire, et elles ne vont pas
écouté.
12. Tu leur diras donc cette
parole : Voici ce que dit le Sei-
gneur, Dieu d'Israél : Toute pe-
tite bouteille sera remplie de
vin. Et ils te diront : Est-ce que
nous ignorons que toute petite
bouteille sera remplie de vin?
13. Et tu leur diras : Voicice que
dit le Seigneur : Voilà que moi je
remplirai d'ivresse tous les habi-
tants de cette terre, et les rois de
la race de David qui sont assis sur
le tróne, et les prétres et les pro-
phetes, et tous les habitants de
Jérusalem;
14. Et je les disperserai en sé-
parant un homme de son frère;
elles peres et les fils pareille-
ment, dit le Seigneur; je n'épar-
gnerai pas, et je n'accorderai
rien, je n'aurai pas assez de pitié
pour ne pas les perdre entière-
ment.
15. Ecoutez et prétez l'oreille.
Ne vous enorgueillissez point;
parce que c’est le Seigneur qui a
parlé.
16. Rendez gloire au Seigneur
votre Dieu, avant que les ténè-
bres viennent, et avant que vos
pieds heurtent contre des monta-
gnes obscures; vous attendrez la
lumiere, et le Seigneur la chan-
gera en ombre de mort et eu une
profonde obscurité.
4. * Vers Euphrate; le grand fleuve qui baigne Babylone et sur les rives duquel
les Hébreux devaient étre captifs.
10. Ce peuple (populum); à laccusatif comme régime direct de je ferai pourrir
(putrescere faciam) du verset 9.
11. Qu'elles fussent mon nom ; c'est-à-dire qu'elles fussent connues sous mon nom,
sous le nom de peuple du Seigneur.
12. Leur; à ce peuple, nom collectif équivalant à un pluriel,
[cH. xiv.]
11. Si vous n'écoutez pas cela,
mon âme pleurera en secret à
cause de votre orgueil : mon ceil
pleurant pleurera et fera couler
des larmes, parce que le troupeau
du Seigneur a été pris.
18. Dis au roi et à la souve-
raine : Humiliez-vous, asseyez-
vous, parce que de votre téte est
tombée la couronne de votre
gloire.
19. Les villes du midi sont fer-
mées, et il n'y a personne qui /es
ouvre; tout Juda a été transféré
par une transmigration entière.
20. Levez vos yeux, et voyez,
vous qui venez de l'aquilon ; oü
est le troupeau qui t'a été donné,
ton troupeau glorieux?
21. Que diras-tu lorsque Dieu te
visitera? c'est toi qui as enseigné
tes ennemis contre toi-même, et
qui les a instruits en exposant ta
tête : est-ce que les douleurs ne te
saisiront pas comme une femme
en travail?
29. Que si tu dis en ton cœur :
Pourquoi sont venus sur moi ces
maux ? C'est à cause de la multi-
tude de tes iniquités qu'a été mise
à découvert ta honte et qu'ont
été souillées les plantes de tes
pieds.
93. Si un Ethiopien peut chan-
JÉRÉMIE.
1727
ger sa peau, ou un léopard ses
couleurs variées, vous aussi, vous
pourrezfairele bien, quoique vous
ayez appris le mal.
24. Je les disperserai comme la
paille qui parle vent est emportée
dans le désert.
25. C'est 18 ton sort et la part
que je t'ai mesurée, dit le Sei-
gneur, parce que tu m'as oublié,
et que tu (t'es confiée dans le
mensonge;
26. De là vient que moi aussi
j al exposé ta nudité, et qu'a paru
ton ignominie,
27. Tes adulteres, tes hennis-
sements et le crime de ta fornica-
tion, sur les collines, dans les
campagnes, j'ai vu tes abomina-
tions. Malheur à toi, Jérusalem!
tu ne te purifieras pas en mar-
chant àma suite ; jusques à quand
encore ?
CHAPITRE XIV.
Sécheresse et famine dans le pays de
Juda. Priére de Jérémie au nom du
peuple. Faux prophétes qui séduisent
le peuple en lui promettant la paix.
Jérémie renouvelle ses instances au
nom du peuple.
1. Parole du Seigneur qui fut
adressée à Jérémie au sujet de la
sécheresse.
Cap. XIII. 17. Lamen, 1, .ל — 22. Infra, xxx, 14.
17. À cause de; littér. et par hébraisme, à la face de.
18. Asseyez-vous; par terre, dans la poussière.
19. Les villes du midi. Jérusalem et toutes les villes de Juda étaient situées au midi
à l’ésard de la Chaldée, ou du moins à l'égard de l'arrivée des Chaldéens par le nord.
23. * L'Ethiopien ne peut cesser d'étre noir, ni le léopard perdre les bigarrures de
sa peau.
21. Tu ne te purifieras pas; c'est-à-dire, tu ne voudras pas te purifier en marchant
invariablement dans mes voies. — Jusques à quand encore persisteras-tu à ne pas te
purifier?
1-22. * 39 Dieu n'écoute aucune prière en faveur de son peuple, xiv-xv. — 19 Le sé-
cheresse et la famine portent Jérémie à intercéder pour son peuple, xiv, 1-6; Israël
ne mérite point, il est vrai, que Dieu ait pitié de lui, mais que Dieu le traite avec
1728
9. La Judée est en deuil, et ses
portes sont tombées et ont été
obscurcies sur la terre, et le cri de
Jérusalem est monté.
3. Les grands ont envoyé les
petits vers l'eau; ils sont venus
pour puiser, et ils n'ont pas trouvé
d'eau; ils ont rapporté leurs vases
vides; ils ont été confondus et
affligés, et ils ont couvert leurs
tétes.
4. A cause du ravage dela terre,
parce que la pluie n'est pas venue
sur la terre, les laboureurs ont
été confondus, ils ont couvert
leurs tétes.
5. Car méme la biche a mis bas
dans la campagne, et elle a aban-
donné son faon, parce qu'il n'y
avait pas d'herbe.
6. Et les onagres se sont tenus
sur les rochers, ils ont aspiré l'air
comme les dragons, leurs yeux
ont défailli, parce qu'il n’y avait
pas d'herbe.
1. Si nos iniquités nous répon-
dent, Seigneur, agissez en fa-
Car. XIV. 11. Supra, vu, 16; xi, 14.
JERÉMIE.
[cu. [.טזצ
veur de votre nom, parce que
nombreuses sont nos révoltes;
c'est contre vous que nous avons
péché.
8. Attente d'Israél, son sauveur
au temps de la tribulation, pour-
quoi serez-vous comme un étran-
ger dans cette terre, et comme un
voyageur qui se détourne pour
passer la nuit ?
9. Pourquoi serez-vous comme
un homme vagabond, comme un
homme fort qui ne peut sauver?
mais vous, vous étesau milieu de
nous, Seigneur, et votre nom est
invoqué sur nous, ne nous aban-
donnez pas.
10. Voici ce que dit le Seigneur
à ce peuple qui a aimé à remuer
ses pieds, qui n'est pas demeuré
en repos, et qui n'a pas plu au
Seigneur: Maintenantil se ressou-
viendra de leurs iniquités, et il vi-
sitera leurs péchés.
11. Et le Seigneur me dit :
Ne prie pas pour le bien de ce
peuple.
miséricorde à cause de la gloire de son nom, 7-10. — 99 Dieu lui répond qu'il ne
l'exaucera pas, parce qu'il veut châtier par ces maux les péchés d'Israél; ni prières,
ni sacrifices, ni la circonstance que Juda est égaré par les faux prophétes ne désar-
meront sa colère; les séducteurs périront avec ceux qu'ils séduisent, 11-19. — 39 Le
Prophète prie encore; il fait appel à l'ancienne alliance et à la puissance du Seigneur,
20-22. — 4» Dieu est inexorable : il n'écoute aucune supplication; tous seront punis
par l'un de ces quatre fléaux : la maladie, le glaive, la famine ou la captivité, à cause
des crimes du roi Manassé, de l'idolátrie du peuple et du meurtre des prophètes; il
traitera Juda comme Juda l'a traité lui-même, xx, 1-9. — 5? Jérémie, ainsi rebuté, se
plaint de la difficulté de son ministère prophétique, 10. — 6° Dieu le console en lui
promettant son secours contre ses contradicteurs, 11-14. — 79 Le Prophète le prie alors
de le secourir bientôt, car il lui a toujours été fidèle, 15-18. — 8° Le Seigneur lui
réitère l'assurance de sa protection et de son appui, 19-21.
1. Parole, etc.; littér. laquelle parole, etc. Cette inversion qui se trouve également
dans l'hébreu, prouve entre des milliers d'autres exemples, avec quelle serupuleuse
fidélité, saint Jérôme s'attache à rendre le texte sacré, aux dépens méme de l'élé-
gance et de la correction du style latin classique.
6. * Les onagres. Voir Job, xxxix, 5. — Les dragons; les chacals,
T. Nous répondent; répondent, témoignent contre nous.
9. Votre nom, etc.; ou bien, nous portons votre nom, puisque nous sommes appelés
le peuple du Seigneur. Compar. vr, 10.
(on. χιν.]
19. Lorsqu'ils jeüneront, je
n'exaucerai pas leurs prières; et
s'ils offrent des holocaustes et des
victimes, je ne les recevrai pas,
parce que parle glaive, et par la
famine, et parla peste, je les con-
sumerai.
13. Et je dis : A, a, a, Sei-
gneur Dieu, les prophètes leur
disent : Vous ne verrez pas le
glaive, et la famine ne sera pas
parmi vous; mais /e Seigneur
vous donnera une véritable paix
dans ce lieu.
14. Et le Seigneur me dit : C'est
faussement que ces prophètes
prophétisent en mon nom ; je ne
les ai point envoyés, et je neleur
ai rien ordonné, et je ne leur ai
pas parlé; c'est une vision men-
songère, et de la divination, et
de la fraude, et la séduction de
leur cœur qu'ils vous prophéti-
sent.
15. C'est pourquoi voici ce que
dit le Seigneur, des prophètes
qui prophétisent en mon nom,
que moi je n'ai point envoyés, e£
qui disent : Le glaive et la faim
ne seront pas sur cette terre : Par
le glaive et par la famine seront
consumés ces prophétes.
16. Et les peuples pour les-
quels ils prophétisent seront jetés
sur les voies de Jérusalem, par
la famine, et par le glaive, et 1]
n'y aura personne qui les enseve-
JÉRÉMIE.
1729
lisse, eux et leurs femmes, leurs
fils et leurs filles; et je répandrai
sur eux leur propre mal.
17. Et tu leur diras cette parole :
Que mes yeux fassent couler des
larmes durant lanuit et lejour, et
qu'ils ne se taisent pas; parce que
la vierge, fille de mon peuple, a
été brisée d’un grand brisement,
frappée d'une plaie extrêmement
grave.
18. Si je sors dans les champs,
voici des tués par le glaive, et si
j'entre dans la cité, voici des exté-
nués de faim. Le prophète même
et le prêtre sont allés dans une
terre qu'ils ignoraient.
19. Est-ce que rejetant, vous
avez rejeté Juda? ou votre âme a-
t-elle abominé Sion? pourquoi
donc nous avez-vous frappés de
telle sorte qu'il n'y a aucune gué-
rison?Nousavons attendu la paix,
et nul bien n'est venu ;letemps de
la guérison, et voici la perturba-
tion.
20. Seigneur, nous avons connu
nos impiétés, et les iniquités de
nos peres, parce que nous avons
péché contre vous.
21. Ne nous livrez pas à l'oppro-
bre à cause de votre nom, et ne
nous faites pas d'affront touchant
le tróne de votre gloire; souve-
nez-vous de ne pas rendre vaine
votre alliance avec nous.
22. Est-ce que parmi les idoles
13. Supra, v, 12; Infra, xxur, 17. — 14. Infra, xxix, 9. — 17. Lament., 1, 16; 11, 18. —
49. Supra, vir, 15.
13. * Et je dis: A, a, a; exclamation, ah! ah!
16. Leur propre mal; le mal qu'ils ont fait eux-mémes.
11. Qu'ils ne se taisent pas; qu'ils ne cessent pas de faire couler des larmes.
19. La paix; ou, suivant l'hébreu, /e bonheur parfait, la prospérité complèle.
21. Touchant le trône de votre gloire; c'est-à-dire, en souffrant que votre temple
soit renversé par les ennemis.
22. Les idoles; littér., les images laillées au ciseau (scuptilibus).
A. T.
109
1730
des nalions, il en est qui fassent
pleuvoir? ou les cieux peuvent-
ils donner des pluies? N'est-ce pas
vous, Seigneur notre Dieu, vous
que nous avons attendu? car c'est
vous qui avez fait toules ces
choses.
CHAPITRE XV.
Le Seigneur refuse de pardonner aux
habitants de Juda. Le prophéte se
plaint d'étre devenu un sujet de con-
tradiction à son peuple. Il implore le
secours du Seigneur. Le Seigneur lui
promet de le remplir de force, et de
le délivrer de ses ennemis.
1. EtleSeigneur me dit : Quand
méme Moise et Samuel se pré-
senteraient devant moi, mon àme
ne serait pas pour ce peuple;
chasse-les de ma face, et qu'ils se
retirent.
9. Que s'ils te disent: Où irons-
nous? tu leur diras : Voici ce que
dit le Seigneur : À la mort, ceux
qui sont destinés à la mort; au
glaive, ceux qui sont destinés au
glaive; à la famine, ceux qui sont
destinés à lafamine; àlacaptivité,
ceux qui sont destinés à la capti-
vité.
3. Et je préposerai sur eux
quatre espèces de fléauzr, dit le
Seigneur : le glaive pour tuer,
les chiens pour déchirer, les oi-
seaux du ciel et les bêtes de la
terre pour dévorer et pour mettre
en pièces ;
JÉRÉMIE.
(cu. xv.]
4. Et jeleslivrerai comme objet
de persécution à tous les royau-
mes de la terre, à cause de Ma-
nassé, fils d'Ezéchias, roi de Juda,
pour tout ce qu'il a fait dans Jé-
rusalem.
5. Car qui aura pitié de toi,
Jérusalem? ou qui s'attristera
pour toi? ou qui ira prier pour ta
paix?
6. Tu m'as abandonné, dit le
Seigneur, tu es retournée en ar-
riere; et j’étendrai ma main sur
toi, et je te tuerai, je suis las de
te prier.
1. Et je les disperserai avec un
van aux portes de la terre; j'ai
tué, j'ai perdu entièrement mon.
peuple, et cependant ils ne sont
pas revenus de leurs voies.
8. Les veuves ont été multi-
pliées par moi plus que le sable
de la mer; j'ai amené parmi eux
contre la mère du jeune homme
un dévastateur en plein midi; j'ai
envoyé soudainement surlescités
la terreur.
9. Elle est devenue impuis-
sante,celle qui avait enfanté sept
fois ; son àme a défailli ; le soleil
s'est couché pour elle, lorsqu'il
était encore jour; elle a été con-
fondue, et elle a rougi; et ceux
qui restent de ses enfants, je
les livrerai au glaive, en pré-
sence de leurs ennemis, dit le
Seigneur.
Car. XV. 2. Zach., x1, 9. — 4. IV Rois, xxi, 2, 11. — 9. I Rois, 11, 5; Amos, vii, 9.
d ce ודד
1. * Moïse et Samuel sauvèrent Israël par leur intercession pendant leur vie. Exode,
xvi, 11; xxxi, 11; Nombres, xiv, 13; 1 Rois, vit, 9; xir, 17, 23; Psaume xcvi, 6.
© 1 ct ₪ ©
. Je préposerai sur eux; vrai sens du latin visitabo eos, expliqué par l’hébreu,
. A cause de Manassé, etc. Voy. IV Rois, xxi; IL Paralip., xxx.
. Pour ta paix: pour que tu obtiennes 18 paix.
. De te prier; de t'exhorter à revenir à moi,
- Aux portes; c'est-à-dire aux extrémités.
. Sept; est mis ici pour un nombre indéfini,
xv.] .זו
10. Malheur à moi, ma mere!
pourquoi m'avez-vous enfanté
homme de querelle, homme de
discorde sur toute la terre? Je
n'ai pas prété à usure, et per-
sonne ne m'a prété à intérét;
et cependant tous me maudis-
sent.
41. Le Seigneur dit : Si tes dé-
bris n'arriventpas au bonheur, si
je ne vais pas au devant de toi
au temps de la tribulation contre
ton ennemi,
19. Est-ce que le fer s'alliera
avec le fer qui vient de l'aqui-
lon, et l'airain avec lairain de
laquilon?
13. Tes richesses et tes trésors,
je les abandonnerai au pillage
sans aucun profit, à cause de tous
tes péchés, et cela dans tous les
confins.
14. Et j'amènerai tes ennemis
d'une terre que tu ne connais
pas, parce qu'un feu s'est allumé
dans ma fureur et qu'il vous em-
JÉRÉMIE.
: 1731
15. Vous savez mon affliction.
Seigneur, souvenez-vous de moi,
venez vers moi et protégez-moi
contre ceux qui me persécutent ;
et ne soyez pas lent à me dé-
fendre; sachez que c'est pour
vous que je supporte l'opprobre.
16. Vos discours 216 sont par-
venus, et je les ai dévorés, et
votre parole est devenue la joie
et le ravissement de mon cœur;
parce que votre nom a été invo-
qué sur moi, Seigneur Dieu des
armées.
17. Je ne me suis pas assis dans
l'assemblée des railleurs ; je me
suisglorifié àcause de votre main ;
j'étais assis seul, parce que vous
m'avez rempli de vos menaces.
18. Pourquoi ma douleur est-
elle devenue continuelle, et pour-
quoi ma plaie désespérée refuse-
t-elledeseguérir?elleestdevenue
pour moi comme le mensonge
des eaux infideles.
19. À cause de cela, voici ce
brasera. que dit le Seigneur : Si tu te con-
17. Ps. 1,1; xxv; 4, τὸ 18. Infra, xxx, 5.
11. Si tes débris, ete. Le sens de ce verset est : Je jure que tes débris arriveront, etc.,
que j'irai. Dans les formules du serment, l'expression 7e jure est ordinairement re-
présentée par Ze Seigneur vit, ou par je vis, si c'est le Seigneur lui-même qui fait le
serment; de plus on emploie 51, quand on jure qu'on ne fera pas une chose, et on
ajoute la négation à cette particule, lorsqu'on jure qu'on fera la chose. Cette manière
de s'exprimer vient de ce que les Hébreux omettaient, par euphémisme, l'imprécation
qui suit les jurements ; par exemple : Je veux qu'il m'arrive tel mal, tel malheur, si, etc.
12. Est-ce que le fer commun, ordinaire. Ce fer et lairain commun et ordinaire
représentent les Juifs, et le fer et l'airain de l'aquilon, les Chaldéens bien plus forts
que les Juifs. Ainsi l'alliance est impossible ou au moins elle ne sera pas durable;
le plus fort consumera le plus faible.
16. Votre nom, etc.: ou bien, je porte votre nom, puisque je suis appelé le prophete
du Seigneur. Compar. xiv, 9.
11. Je me suis glorifié; ou bien, selon beaucoup d'interprétes : je ne me suis pas
glorifié; ce qui parait plus conforme à la suite du discours. D'ailleurs en hébreu, la
uégation qui se trouve dans un membre de phrase, appartient aussi trés souvent à
celui qui suit. — À cause de votre main, qui s'est étendue sur moi et avec laquelle
vous avez touché ma bouche pour m'établir votre prophéte (r, 9, 10).
18. Comme le mensonge, etc.; comme des eaux sur lesquelles on a compté, et qui
ont disparu.
19. Tu te tiendras, etc.; locution qu'employaient les Hébreux en parlant des mi-
4792
vertis, je te convertirai, et tu te
tiendras devant ma face, et si tu
sépares ce qui est précieux de ce
qui est vil, tu seras comme ma
bouche;ilsse tourneronteux vers
toi ; mais tu ne te retourneras pas
vers eux.
20. Et je te donneraià ce peuple
comme un mur d'airain solide;
etils combattront contre toi, mais
ils ne prévaudront pas, parce
que moi je suis avec toi pour te
sauver et te délivrer, dit le Sei-,
gneur.
21. Et je te délivrerai dela main
des méchants, et je t'arracherai à
la main des forts.
CHAPITRE XVI.
Le Seigneur défend à son Prophéte de se
marier, et de prendre part au deuil ou
à la joie de son peuple, à cause des
vengeances qui sont près de tomber
sur lui. Captivité des enfants d'Israél,
leur délivrance. Double expédition de
Nabuchodonosor. Conversion des Gen-
tils.
1. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
2. Tu ne prendras point de
femme, et tu n'auras point de fils
et de filles en ce lieu.
ὃ. Parce que voici ce que dit le
Seigneur sur les fils et les filles
JÉRÉMÍE.
(cu. xvi.
qui sont enfantés en ce lieu, et
sur les meres qui les ont enfan-
tés, et sur leurs peres de la souche
desquels 115 sont nés en cette
[6 1}8:
4. De différentes morts de ma-
ladies ils mourront ; ils ne seront
pas pleurés et ils ne seront pas
ensevelis; comme un fumier, ils
seront sur la face de la terre; par
16 glaive et parla famine ils seront
consumés, et leur cadavre sera
en páture aux volatiles du ciel et
aux bétes de la terre.
9. Car voici ce que dit le Sei-
gneur : N'entre point dans une
maison de festin; et ne va pas
pour pleurer, et ne les console
point; parce que j'ai retiré ma
paix à ce peuple, dit le Seigneur,
ma miséricorde et 7265 bontés.
6. Et ils mourront. grands et pe-
lits, sur cette terre, etils ne seront
pas enscvelis, ni pleurés, et on
ne se fera pas d'incision, et on ne
se rasera pas 18 tête pour eux.
7. Et on ne rompra pas parmi
eux de pain pour consoler celui
qui pleure un mort, et on ne leur
donnera pas le calice à boire pour
le consoler de la perte de son
père et de sa mère.
8. Et tu n'entreras pas dans une
nistres du roi toujours prés de lui pour recevoir ses ordres, et aussi des anges, qui
sont les ministres de Dieu. — Ma bouche; c'est-à-dire mon interprète.
4-21. * 4» Le Seigneur fera périr ignominieusement Israël ; rayons d'espoir, xvi. —
1» Dieu défend à Jérémie de se marier, parce que les Juifs seront accablés de maux
et de honte, sans que personne les plaigne, 1-9. — 2» En punition de leurs crimes,
ils seront emmenés en captivité dans une terre inconnue, 10-13, — 30 Mais il les dé-
livrera cependant de l'oppression du nord, comme il les a délivrés autrefois de l'op-
pression de l'Egypte; il enverra des chasseurs et des pécheurs qui les affranchiront,
et il manifestera ainsi sa puissance aux yeux des Gentils, 14-21.
1. Disant. Noy. sur ce mot, I, 4.
5. Festin; que faisait la famille du mort aprés les funérailles. Cet usage existait
aussi chez les Grecs et les Romains. — Les; c'est-à-dire convives de ce festin de deuil.
6-1. 'Enumération des marques de deuil usitées chez les Orientaux. — 0 ne se
{era pas incision, ete. Compar. Léou.. xix, 27, 28; Deuléron., xiv, 1.
[cn. xvr.]
maison d'un festin, afin de t'as-
seoir et de manger et de boire;
9. Parce que voici ce que dit le
Seigneur des armées, Dieu d'Is-
raél: Voilà que moi [ 016281 de ce
lieu, à vos yeux et en vos jours,
la voix de la joie et la voix de
l'allégresse, la voix de l'époux et
la voix de l'épouse.
10. Et lorsque tu annonceras à
ce peuple toutes ces paroles, et
qu'ils te diront: Pourquoi le Sei-
gneur a-t-il prononcé sur nous
tous ces grands maux ? quelle est
notre iniquité? et quel péché
avons-nous commis contre le Sei-
gneur notre Dieu?
11. Tu leur diras : C'est parce
que vos peres m'ont abandonné,
dit le Seigneur, qu'ils ont couru
apres des dieux étrangers, qu'ils
les ont servis, qu'ils les ont ado-
rés; et qu'ils m'ont abandonné,
et qu'ils n'ont point gardé ma loi.
19. Mais vous-méme, vous avez
fait pis que vos pères; car voilà
que chacun marche à la suite de
la dépravation de son cœur mau-
vais, afin de ne pas m'écouter.
13. Et je vous jetterai de cette
terre dans une terre que vous
ignorez comme vos pères; et
vous servirez là des dieux étran-
gers, le jour et la nuit, qui ne
vous donneront pas de repos.
JÉRÉMIE.
1733
14. A cause de cela, voilà que
des jours viennent, dit le Sei-
gneur, et lon ne dira plus : Le
Seigneur vit! qui a retiré les fils
d'Israël de la terre d'Egypte,
15. Mais : Vive le Seigneur qui
a tiré les fils d'Israël de la terre
de l'aquilon, et de toutes les terres
où je les ai jetés ; et je les ramè-
nerai dans leur terre que j'ai don-
née à leurs peres.
16. Voilà que moi j'enverrai
des pécheurs nombreux, dit le
Seigneur, et ils pécheront; et
apres cela je leur enverrai beau-
coup de chasseurs, qui leur feront
la chasse sur toute montagne, sur
toute colline et dans toutes les
cavernes des rochers ;
17. Parce que mes yeux sont
sur toutes les voies; elles ne sont
pas cachées à ma face, et leur
iniquité n'est pas voilée à mes
yeux.
18. Et je leur rendrai d'abord
au double leurs iniquités et leurs
péchés, parce qu'ils ont souillé
ma terre de morts pour leurs
idoles, et que de leurs abomina-
üons ils ont rempli mon héri-
tage.
19. Seigneur, mon courage, ma
force et mon refuge au jour de la
tribulation, vers vous viendront
des nations des extrémités de la
(βαρ. XVI. 10. Supra, v, 19. — 12. Supra, vri, 26.
—————————————— MÀ MÉSEREBRÍRÜ
14-15.. Le Seigneur vit; formule de serment. Voy. 1v, 2.
45. La terre de l’aquilon; la Chaldée.
16. Pécheurs, chasseurs. Ce sont probablement les Chaldéens, dont le texte sacré
semble distinguer les expéditions faites, l'une sous Joakim, l'autre sous Jéchonias,
et une troisiéme, qui fut la plus violente, sous Sédécias. Dans un sens plus élevé,
on peut, avec plusieurs Péres, appliquer ce passage aux apótres dont plusieurs étaient
pêcheurs de profession, et dont la mission fut de pêcher les hommes, selon la parole
de Jésus-Christ (Luc, v, 10).
18. Je leur rendrai au double. Voy. sur cette locution Isaie, xr, 19.
19. Mensonge, vanité; mots par lesquels les faux dieux et les idoles sont souvent
désignés dans l'Ecriture.
1794
-terre, et elles diront : Il est vrai
.que nos pères ont possédé le
mensonge et la vanité, qui ne
leur a pas été utile.
90. Est-ce qu'un homme se fera
des dieux, lesquels méme ne sont
pas des dieux?
91. C'est pourquoi voici que
moi je leur montrerai cette fois,
je leur montrerai ma main et ma
force, etils sauront que mon nom
est le Seigneur.
CHAPITRE XVII.
Vengeances du Seigneur contre l'infidé-
lité de Juda. Maudit celui qui met sa
confiance dans l'homme; heureux
celui qui la met en Dieu. Le prophète
implore la protection du Seigneur,
Sanctification du sabbat.
1. Le péché de Juda a été écrit
avec une plume de fer et avec
une pointe de diamant, et gravé
sur l'étendue de leur cœur et sur
les cornes de leurs autels.
9. Puisque leurs fils se sont
souvenus de leurs autels, et de
leurs bois sacrés, et des arbres
couverts de feuilles, sur les mon-
tagnes élevées,
3. Offrant des sacrifices dans la
campagne, j'abandonnerai au pil-
lage ta force et tous tes trésors,
et tes hauts lieux à cause de tes
JÉRÉMIE.
xvir.] .זוס]
péchés commis dans tous tes con-
fins.
4. Et tu seras laissée seule pri-
vée de lon héritage que je t'ai
donné, et je te rendrai l'esclave
de tes ennemis dans une terre
que tu ignores, parce que tu as
allumé un feu dans ma fureur;
jusqu'à jamais il brülera.
5. Voici ce que ditle Seigneur:
Maudit l'homme qui se confie
dans l'homme, qui se fait un bras
de chair, et dont le cœur se retire
du Seigneur.
6. Il sera comme le tamaris qui
est dans le désert et il ne verra
pas le bonheur, lorsqu'il viendra;
mais il habitera dans la sécheresse
au désert, dans une terre de
salure et inhabitable.
7. Béni l'homme qui se confie
dans le Seigneur, et dont le Sei-
gneur sera l'espérance.
8. Et il sera comme un arbre
que l'on transplante sur le bord
des eaux, qui étend ses racines
vers l’eau qui l'humecte ; 11 ne
craindrapas la chaleur, lorsqu'elle
viendra. Et sa feuille sera verte,
et au temps de la sécheresse il
ne sera pas en peine, et jamais il
ne cessera de faire du fruit.
9. Le cœur de tous est dépravé
et inscrutable; qui le connaitra?
(πάρ. XVII. 5. Isaie, xxx, 2; xxxi, |; Infra? ,נוזטזא 7. — 6. Infra, ,ןוא 6. —
8. PS 1, ὃ.
1-91. * 5» Dieu chátie les Juifs comme ils l'ont mérité, xvi. — 19 Israël a irrité le
Seigneur par son idolátrie; il le livre à l'étranger, 1-4. — 29 Qui se confie en l'homme
périt; qui se confie en Dieu, vit, 5-8; Dieu connait le fond des cœurs, il traitera
l'impie comme il 16 mérite, 9-11; au contraire, il soutiendra son prophète et con-
fondra ses ennemis, 12-18. — 39 Digression. — Jérémie exhorte les Juifs à l'obser-
vation fidèle du sabbat; s'ils le gardent, Dieu les bénira; sinon, il les châtiera, 49-27.
1. L'étendue de leur cœur (latitudinem cordis eorum); selon lhébreu, {a table de
leur cœur; expression qu'on retrouve dans saint Paul (II Corinth., uu, 3).
2. Se sont souvenus, ctc.; sont retournés au culte des idoles, auquel leurs pères avaient
renoncé sous Josias (IV. Rois, xxt).
6. * Le tamaris qui ne porte pas de fruits. L'hébreu porte 6 le genévrier. »
[em χυπ.
10. C'est moi, le Seigneur qui
scrute le cœur, et qui éprouve les
reins; qui donne à chacun selon
sa voie et selon le fruit de ses
inventions.
11. La perdrix a couvé des œufs
qu'elle n'a pas pondus, ans? l'in-
juste a amassé des richesses, mais
non avec justice; au milieu de ses
jours il abandonnera ses riches-
ses, et à son dernier moment, il
sera reconnu insensé.
19. Le tróne de gloire, élevé
depuis le commencement, est le
lieu de notre sanctification.
13. Seigneur, l'attente d'Israél,
tous ceux qui vous abandonnent
seront confondus; ceux qui se
retirent de vous seront écrits sur
la terre, parce qu'ils ont aban-
donné la source des eaux vives,
le Seigneur.
14. Guérissez-moi, Seigneur,
et je serai guéri; sauvez-moi, et
je serai sauvé; parce que ma
louange, c'est vous.
15. Voilà qu'eux-mémes me
disent : Où est la parole du Sei-
gneur? qu'elle vienne.
16. Et moi je n'ai pas été trou-
blé, en vous suivant comme pas-
teur; et le jour d'un homme, je
JÉRÉMIE. 1735
ne l'ai pas désiré, vous le savez.
Ce qui est sorti de mes lèvres a
été juste en votre présence.
11. Ne me soyez pas à effroi,
mon espoir, c'est vous, au jour
de l'affliction.
18. Qu'ils soient confondus,
ceux qui me persécutent, et que
je ne sois pas confondu moi-
méme; qu'ils tremblent de peur,
eux, et que je ne tremble pas
moi-méme; amenez sur eux un
jour d'affliction, et d'un double
brisement, brisez-les.
19. Voici ce que me dit le Sei-
gneur : Va, et tiens-toi à la porte
des fils du peuple, par laquelle
les rois de Juda entrent et sor-
tent, et à toutes les portes de
Jérusalem ;
20. Et tu leur diras : Ecoutez la
parole du Seigneur, rois de Juda,
tout Juda, et vous tous, habitants
de Jérusalem, qui entrez par ces
portes.
91. Voici ce que dit le Seigneur:
Gardez vos àmes, ne portez point
de fardeaux au jour du sabbat,
et n'en introduisez point par les
portes de Jérusalem.
99, Et ne faites pas sortir de
fardeaux hors de vos maisons au
10. I Rois, xvi, 7; Ps. vi, 10; Apoc., 11, 23.
10. Les reins. Voy. sur ce mot, m,
aclions, œuvres. Compar. Isaïe, 111, 8.
20. -— Inventions; c'est-à-dire, selon l'hébreu,
12. Le trône de gloire; 16 temple du Seigneur. Voy. xiv, 21. — Elevé; littér. et par
hébraisme, d'élévation. — Le lieu de m sanctification ; le lieu d'oü viennent les
grâces et les bénédictions qui nous sanctifient.
16. Le jour d'un homme; signifie probablement le jour fixé par un homme pour un
jugement, et par suite le jugement lui-même ;
enfin la faveur, la protection des
hommes. Une expression semblable de saint Paul (I Corinth., 1v, 3) donne un certain
poids à cette explication.
18. Double. Voy. pour le sens de ce mot Isaïe, xr, 2.
20. Rois de Juda;
c'est-à-dire, Joakim, qui régnait alors, et ses successeurs, Jé-
chonias son fils, et Sédécias son frére, qui furent les deux derniers rois de Juda. —
je Juda (omnis Juda); c'est-à-dire le peuple.
* Ne portez point, etc. Ne faites point les œuvres serviles qui sont prohibées le
can du sabbat.
1756
jour du sabbat, et vous ne ferez
aucun travail; mais sanctifiez le
jour du sabbat comme je l'ai or-
donné à vos pères.
93. Et ils n'ont pas entendu, et
ils n'ont pas incliné leur oreille;
mais ils ont rendu leur cou in-
flexible, afin de ne pas m'enten-
dre, et de ne pas recevoir mes
instructions.
24. Et il arrivera que si vous
m'écoutez, dit le Seigueur, en
sorte que vous n'introduisiez
point de fardeaux par les portes
de cette ville au jour du sabbat,
et si vous sanctifiez le jour du
sabbat, si vous ne faites en ce
jour aucun travail,
25. Il entrera par les portes de
cette ville des rois et des princes
qui s'assiéront sur le tróne de
David, qui seront montés sur
leurs chars et sur leurs chevaux,
eux et leurs princes, et les hom-
mes de Juda, et les habitants de
Jérusalem ; et cette ville sera ha-
bitée éternellement.
JEREMIE.
(CH. x Vi, |
26. Et ils viendront des villes
de Juda, et des environs de Jé-
rusalem, et de la terre de Benja-
min, et des plaines, et des mon-
tagnes, et du midi, portant des
holocaustes et des victimes, des
sacrifices et de l'encens, et ils Jes
apporteront en offrande dans la
maison du Seigneur.
27. Mais si vous ne m'écoutez
pas, si vous ne sanctifiez pas le
jour du sabbat, en ne portant
point de fardeaux, et n'en intro-
duisant point par les portes de
Jérusalem au jour du sabbat, je
mettrai le feu à ses portes; et il
dévorera les maisons de Jérusa-
lem, et il ne s'éteindra pas.
CHAPITRE XVIII.
Comme le potier fait de son argile ce
qu'il veut, ainsi le Seigneur dispose de
son peuple comme il lui plait. Infidé-
lité de Juda.
1. Parole qui fut adressée à
Jérémie par le Seigneur, di-
sant :
95. Leurs chars, leurs chevaux; le mot leurs se trouve dans le texte hébreu où il
est représenté par l'article déterminatif qui a souvent la valeur d'un pronom; il se
trouve aussi dans les Septante.
26. * Des plaines; en hébreu de la Séphéla, le pays des Philistins, s'étendant
depuis Jaffa jusqu'à Gaza, entre la mer Méditerranée et les montagnes de Juda.
1-23. * II* Partie : Confirmation de la réprobation d'Israël, xviu-xix. — Israël rejeté
comme un vase de terre brisé, .אזא-ועטא — La seconde partie renferme le récit de
deux actions symboliques qui montrent que la réprobation d'Israél est irrévocable.
— 19 Dieu a résolu de punir Israël; cependant tout n'est pas encore perdu et il peut
revenir sur sa résolution : le potier que va visiter Jérémie refait sous ses yeux le
vase d'argile qui s'est rompu entre ses mains; si Juda fait pénitence, le Seigneur lui
pardonnera, xvi, 1-11. — Juda refuse de se convertir, 12-15; la vengeance est donc
inévitable, 16-17; les coupables en veulent méme aux jours du Prophéte, 18, de sorte
que, à son tour, il demande leur châtiment, 19-23. — 20 Le lieu de la scène change.
Le Prophète se rend dans la vallée de Ben Hinnom ou Topheth, au sud de Jérusalem,
là où les idolátres avaient commis un de leurs plus grands crimes, celui des sacrifices
d'enfants, brülés en l'honneur de Moloch ou de Baal. Il rappelle d'abord les crimes
qui se sont commis en ce lieu, et les malheurs qui en seront la punition, xix, 1-9;
puis, en signe de la désolation qui doit frapper d'une manière définitive Jérusalem,
véritable Topheth, il brise un vase de terre qui ne peut plus être réparé, 10-13,
Aprés cela, il se rend dans le parvis du temple et y répéte les mémes menaces pro-
phétiques, 14-15.
1. Disant. Voy. sur ce mot, 1, 4.
[cH. xvu.]
2. Lève-toi, et descends dans la
maison du potier, et là tu enten-
dras mes paroles.
3. Et je descendis dans la mai-
son du potier, et voilà qu'il faisait
lui-même un ouvrage sur s2 roue.
4. Et le vase d'argile qu'il fai-
sait se brisa dans ses mains: et
revenant, il en fit un autre vase,
comme il avait plu à ses yeux de
le faire.
5. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
6. Est-ce que comme ce potier
a fait à son argile, jene pourrai
pas vous faire, maison d'Israël,
dit le Seigneur? Voici que, comme
l'argile est dans la main du potier,
ainsi vous êtes dans ma main,
maison d'Israël.
7. Soudain je parlerai contre
une nation, et contre un royau-
me, afin de l'extirper et de le
détruire, et de le perdre entière-
ment.
JÉRÉMIE.
1737
8. Si cette nation se repent du
mal que je lui ai reproché, je me
repentirai moi aussi du mal que
j'ai résolu de lui faire.
9. Soudain aussi je parlerai
d'une nation et d'un royaume,
afin de l'édifier et de l'affermir.
10. Et si cette nation faitle mal
à mes yeux et n'écoute point ma
voix, moi aussi je me repentirai
du bien que j'ai dit que je lui
ferais.
11. Maintenant donc, dis à
l'homme de Juda et aux habi-
tants de Jérusalem, en disant :
Voici ce que dit le Seigneur
Voilà que moi je prépare contre
vous un malheur, et que je forme
contre vous une résolution : que
chacun revienne de sa voie mau-
vaise, et dirigez vos voies et vos
œuvres.
12. Et ils ont dit : Nous avons
désespéré; nous suivrons nos
pensées, chacun de nous accom-
Car. XVIIL 6. Isaie, xrv, 9; Rom., 1x, 20. — 7. Supra, 1, 19. — 11. JV Rois, xvi, 13;
Infra, xxv, 5; xxxv, 15; Jean, ur, 9.
2. Du potier. L'article déterminatif qui est dans l'hébreu et qui a été fidèlement
reproduit dans les Septante, indique évidemment un potier connu de Jérémie d'une
manière ou d'une autre, et que la traduction ordinaire, d'un potier, est fautive.
3. Sur sa roue ; dans l'hébreu, sur les ou ses deux pierres; l'article étant mis pour
le pronom, comme il arrive assez souvent. ll parait constaté que les potiers dans
l'Orient travaillaient sur une machine composée de deux roues de pierre, dont l'une
était grande et en soutenait une plus petite sur laquelle était posée l'argile.
4. Revenant ou retournant (conversus) il en fit; hébraisme, pour 70 en refit; il en fit
un nouveau.
1. Le (illud); ce pronom, qui n'existe ni dans l'hébreu ni dans le grec, se rapporte
grammaticalement à royaume (regnum), mais dans le sens logique, il se rapporte
également au mot précédent nation.
8. Je me repentirai. Dieu parlant aux hommes emprunte ici leur langage. Il ne peut
nullement se repentir, mais il peut paraître se repentir, quand il s'abstient d'accom-
plir le mal dont il avait menacé. Dieu, suivant la remarque de saint Augustin,
change ses œuvres, mais ne change pas ses desseins; or c'est en changeant ses œuvres
qu'il parait changer ses desseins.
9. Le (illud); mème observation qu'au vers. 1.
10. Cette nation; est évidemment, d'aprés le texte original, le sujet grammatical,
quoique sous-entendu, des verbes fait et écoute; mais le sujet logique comprend de
plus le mot royaume, exprimé au verset précédent. — Lui; dans l'hébreu se rapporte
à nation; les Septante portent à eux; ce qui comprend nation et royaume, et rend
exactement le sens.
1788
plira la dépravation de son cœur
mauvais.
13. C'est pourquoi, voici ce que
dit le Seigneur : Interrogez les
nations : Qui a jamais oui des
choses horribles, telles que celles
qu'a commises 8 l'exces]la vierge
d'Israël?
14. Est-ce que la neige du Li-
ban abandonnera le sentier de la
campagne ? ou peuvent-elles être
détruites, des eaux jaillissantes,
fraiches et coulantes ?
15. Parce que mon peuple m'a
oublié, sans en retirer aucun
fruit, faisant des libations et se
heurtant dans leurs voies, dans
les sentiers du siecle, afin d'y
marcher dans un chemin non
frayé ;
16. Afin que leur terre füt
livrée à la désolation et à un sif-
flement éternel; quiconque pas-
sera à travers cette terre, sera
dans la stupeur et secouera sa
téte.
17. Comme un vent brülant,
je les disperserai devant l'enne-
mi; je leur tournerai le dos et non
la face, au jour de leur perte.
18. Et ils ont dit : Venez, et
formons contre Jérémie des des-
seins ; car la loi ne manquera pas
au prêtre, ni le conseil au sage,
ni la parole au prophète; venez,
blessons-le de notre langue, et
16. Infra, xix, 8; xrix, 13; L, 13.
JÉRÉMIE.
[cu. xvur.]
n'ayons égard à aucun de ses dis-
cours.
19. Seigneur, portez votreatten-
tion sur moi et entendez la voix
de mes adversaires.
20. Est-ce que pour le bien est
rendu le mal, puisqu'ils ont
creusé une fosse à mon âme?
Souvenez-vous que je me suis
tenu en votre présence, afin de
parler en leur faveur, et afin
de détourner votre imagination
d'eux.
91. A cause de cela, livrez leurs
fils àla faim, et conduisez-les aux
mains du glaive; que leurs fem-
mes deviennent sans enfants et
veuves; que leurs maris soient
mis à mort; que les jeunes hom-
mes soient percés par le glaive
dans le combat.
99. Qu'un cri soit entendu de
leurs maisons; car vous amè-
nerez soudain sur eux un voleur,
parce qu'ils ont creusé une fosse
afin de me prendre, et qu'ils
ont caché des lacs sous mes
pieds.
23. Mais vous, Seigneur, vous
connaissez tout leur dessein de
mort contre moi; ne soyez pas
propiee à leur iniquité, et que
leur péché ne s'efface pas de vo-
ire face; qu'ils soient renversés
en votre présence; au temps de
votre fureur consumez-les.
14. * Le sentier de la campagne est le mont Liban lui-même, sur les cimes duquel
la neige ne fond jamais complètement.
15. Parce que, etc.; protase, ou premier membre d'une période dont l'apodose, ou
second membre, se trouve au verset suivant.
16. Sifflement. Siffler sur quelqu'un ou sur quelque chose, a toujours été une
marque de dérision, de mépris. — Quiconque, etc., apodose. Voy. le verset précédent,
— Secouera sa léle; marque de mépris et d'insulte. ,
20. Mon dme; hébraisme, pour ma personne, moi. — * lls ont creusé une fosse,
comme on fait pour prendre les bêtes sauvages, en les y faisant tomber.
[cg. xix.]
CHAPITRE XIX.
Vase de terre brisé par Jérémie dans la
vallée de Topheth, symbole de la déso-
lation de Juda et de Jérusalem. Jérémie
parle dans le temple, et y réitére des
menaces.
1. Voici ce que dit le Seigneur:
Va, et recois des anciens du peu-
ple et des anciens des prétres une
petite bouteille de terre de po-
tier;
9. Et sors vers la vallée du fils
d'Ennom, qui est pres de l'entrée
de la porte d'argile, et tu publie-
ras 18 les paroles que moi je te
dirai.
3. Et tu diras : Ecoutez la pa-
role du Seigneur, rois de Juda
et habitants de Jérusalem : voici
ce que ditle Seigneur des armées,
Dieu d'Israël : Voilà que moi j'a-
menerai l'affliction sur celieu, en
sorte que quiconque en entendra
parler aura des tintements d'o-
reille;
4. Parce quils m'ont aban-
donné, qu'ils ont rendu ce lieu
étranger, qu'ils y ont fait des li-
bations à des dieux étrangers, que
n'ont connus, ni eux, ni leurs
pères, ni les rois de Juda, et parce
qu'ils ont rempli ce lieu du sang
des innocents.
5. Et ils ont bâti des hauts lieux
de Baalim pour brüler leurs en-
JÉRÉMIE.
1739
fants au feu en holocaustes aux
Baalim; choses que je ne leur
avais pas ordonnées, ni dites, et
qui ne sont pas montées dans
mon cœur.
6. À cause de cela, voilà que
des jours viennent, dit le Sei-
gneur; et ce lieu ne sera plus
appelé Topheth, ni la vallée du
fils d'Ennom, mais la Vallée du
carnage.
1. Et je dissiperai les desseins
de Juda et de Jérusalem dans ce
lieu; et je les détruirai par le
glaive en présence de leurs enne-
mis, et par la main de ceux qui
cherchent leurs âmes ; et je don-
nerai leurs cadavres en pâture
aux volatiles du ciel et aux bêtes
de la terre.
8. Et je ferai de cette cité un
objet de stupeur et de sifflement ;
quiconque passera par elle sera
-stupéfié, et 11 sifflera sur toutes
ses plaies.
9. Et jeles nourrirai des chairs
de leurs fils, et des chairs de leurs
filles; et chacun mangera la chair
de son ami durant le siege, et
dans la détresse où les réduiront
leurs ennemis et ceux qui cher-
chent leurs âmes.
10. Et tu briseras la petite bou-
teille sous les yeux des hommes
qui iront avec toi.
11. Et tu leur diras : Voici ce
Cap. XIX, 8. Supra, טא 16; Infra, xuix, 13; 1, 18.
2. La vallée du fils d'Ennom. Voy. vu, 31. — La porte d'argile; ainsi appelée,
parce que c'était près de cette porte que demeuraient les potiers, ou bien parce qu'on
jetait près de là les pots cassés.
3. Rois de Juda. Voy. xvu, 20.
4, Ils ont rendu, etc., par leur culte rendu à des dieux étrangers.
5. Baalim. Voy. τι, 25. — Ne sont pas montées. etc. Compar., m, 16.
6. Topheth. Voy. viz, 31, 32.
7], 9. Qui cherchent leurs âmes. Voy. sur cette expression, iv, 30.
8. Sifflement, il sifflera. Voy. xviu, 16,
1710
que dit le Seigneur des armées :
Je briserai ce peuple et cette cité,
comme est brisé ce vase du po-
lier qui ne peut plus étre réparé;
et c'est à Topheth qu'ils seront
ensevelis, parce qu'il n'y aura pas
d'aulre lieu pour ensevelir.
12. Ainsi je ferai à ce lieu et à
ses habitants, dit le Seigneur; et
je rendrai cette cité semblable à
Topheth.
13. Et les maisons de Jérusa-
lem et les maisons des rois de
Juda seront comme le lieu de
Topheth, impures : toutes mai-
sons sur les toits desquelles ils
ont sacrifié à toute la milice du
ciel, et ilsont fait de nombreuses
libations à des dieux étrangers.
14. OrJérémie vint de Topheth
oü lavait envoyé le Seigneur,
pour prophétiser ; et 11866 dans
le parvis de la maison du Sei-
gneur, et il dit à tout le peuple :
15. Voici ce que dit le Seigneur
JÉRÉMIE.
(en. xx.]
des armées, Dieu d'Israél : Voilà
que moi j'amenerai sur cette cité.
et sur toutes ses villes, tous les
maux que j'ai annoncés contre
elle, parce qu'ils ont rendu leur
cou inflexible, afin de ne pas
écouter mes paroles. -
CHAPITRE XX
Phassur fait mettre Jérémie en prison.
Le Prophéte délivré prophétise contre
Phassur. Il se plaint au Seigneur de
l'opprobre où il se trouve exposé. Il
met sa confiance en Dieu. Il maudit le
jour de sa naissance.
1. Et Phassur, le prétre, fils
d'Emmer, qui avait été établi
prince dans la maison du Sei-
gneur, entendit Jérémie prophé-
lisant ces choses.
2. Et Phassur frappa Jérémie,
le prophète, et le jeta dans la
prison qui était àla porte haute
de Benjamin, dans la maison du
Seigneur.
13. Nombreuses; appartient au texte, oü il est représenté par le mot Jibations
(libamina), ajouté au verbe (Zbaverunt) qui exprime déjà la méme idée. En hébreu,
effectivement, ce genre de répétition de la méme idée a pour but de la fortifier.
1-18. * IIIe Partie : Exécution de la sentence de réprobation contre Juda, xx-x1v.
— [τὸ Section : Jugement de Dieu contre ceux qui sont cause de la réprobation, xx-
xx. — 19 Oracle contre Phassur, xx. — 19 Le prêtre Phassur, intendant du temple,
ayant entendu Jérémie annoncer la ruine de Jérusalem et de la maison de Dieu, le
frappa, et le fit mettre en prison dans le temple, 1-2. Il lui rendit la liberté le len-
demain, mais le Prophéte lui prédit qu'en punition de ses mensonges il serait em-
mené à Babylone avec ceux qu'il trompait, et qu'il y mourrait, 3-6. — 29 Jérémie
s'adresse alors à Dieu et se plaint des chagrins et des insultes que lui attire son mi-
nistére; il se console, cependant, parce que 16 Seigneur est avec lui, 7-12. — 3» Une
nouvelle pensée de découragement le saisit, néanmoins, de nouveau, et il regrette
d'étre venu au monde, 14-18.
1. Le prélre ; expression qui, chez les Hébreux, désignait le prêtre par excellence,
le grand-prétre, ou un simple prêtre, mais lorsqu'il était en fonction. — Prince, etc.,
c'est-à-dire, intendant du temple, ayant l'inspection sur les lévites, les chantres, les
portiers, les provisions du temple, etc. — Ces choses. Le terme hébreu rendu géné-
ralement dans la Vulgate par paroles, discours, signifie aussi trés souvent chose, évé-
nement.
2, 3. La prison; littér. le nerf, mot qui signifie proprement des liens faits avec des
nerfs, mais qui s'applique aussi aux cordes, aux chaînes, aux menottes, et aux colliers
qu'on mettait aux criminels. — Phassur; doit signifier l'opposé d'épouvante de toutes
parts. — * Ala porte haute de Benjamin; du côté septentrional du Temple, et condui-
sant au parvis supérieur du temple.
(cg. xx.]
3. Et lorsque le jour eut paru
le lendemain, Phassur fit sortir
Jérémie de prison, et Jérémie lui
dit: Le Seigneur n'appelle plus
ton nom, Phassur, mais l'épou-
vante de toutes parts.
4. Parce que voici ce que dit
le Seigneur : Voilà que moi, je
te livrerai à l'épouvante, toi et
tous tes amis; et ils tomberont
sous le glaive de leurs ennemis,
et tes yeux /e verront; et tout
Juda, je le livrerai à la main du
roi de Babylone; et il les trans-
portera à Babylone, et il les frap-
pera par le glaive.
5. Et je livrerai toutes les ri-
chesses de cette cité; et tout
son travail, et tout ce qu'elle a
de précieux, et tous les trésors
des rois de 1008, je les livrerai à la
main de leurs ennemis ; et ceux-
ΟἹ les arracheront, les enlèveront,
et les conduiront à Babylone.
6. Mais toi, Phassur, et tous
les habitants de tà maison, vous
irez en captivité; et tu viendras à
Babylone, et là tu mourras, et là
tu seras enseveli, toi et tous tes
amis à qui tu as prophétisé le
mensonge.
". Vous m'avez séduit, Sei-
gneur, et j'ai été séduit; vous avez
étéplus fort, et vous avez prévalu ;
jesuis devenu unobjet de dérision
durant tout le jour; et tous me
raillent.
8. Parce que déjà depuis long-
JÉRÉMIE.
1741
temps je parle, criant contre
l'iniquité, et annongant à grand
bruit une désolation, et la pa-
role du Seigneur est devenue
pour moi un sujet d'opprobre et
de dérision durant tout le jour.
9. Et j'ai dit : Je ne ferai pas
mention de lui, et je ne parlerai
plus en son nom; et a/ors il s'est
allumé dans mon cœur comme un
feu ardent, et renfermé dans mes
os; et j'ai défailli, ne pouvant /e
soutenir.
10. Car j'ai entendules outrages
d'un grand nombre et la terreur
toutautour de moi. Poursuivez-le,
et nous le poursuivrons; J'ai en-
tendu aussi de tous les hommes
qui vivaient en paix avec moi, et
qui se tenaient à mes cótés : Si en
quelque maniere il était trompé,
et que nous prévalions contre
lui, et que nous tirions vengeance
de lui.
11. Mais le Seigneur est avec
moi comme un guerrier vaillant;
c'est pour cela que ceux qui me
persécutent tomberont et seront
sans force; ils seront confondus
grandement, parce. qu'ils n'ont
pas compris un opprobre éternel
qui ne s'effacera jamais.
19. Et vous, Seigneur des ar-
mées, vous qui éprouvez le juste,
et qui voyez les reins etlescœurs ;
que je voie, je vous prie, la ven-
geance que vous tirerez d'eux, car
à vous j'ai révélé ma cause.
(βαρ. XX, 11. Infra, xxii, 40. — 12. Supra, ,זא 20; xvir, 10.
1. Et j'ai été séduit; c'est-à-dire, vous m'avez engagé dans le ministère prophé-
tique par des promesses dont je n'avais pas compris le sens, vous m'avez réduit à
une humiliation à laquelle je ne m'attendais pas.
11. Ils n'ont pas compris qu'en me persécutant injustement, ils s'exposent à un
opprobre, etc.
12. Et vous, Seigneur, etc. Voy. sur le véritable sens de ces imprécations les Obser-
vations préliminaires sur les Psaumes.
1742
13. Chantez le Seigneur, louez
le Seigneur, paree qu'il a délivré
l'àme d'un pauvre de la main des
méchants.
14. Maudit le jour auquel je
suis né! que le jour auquel m'a
enfanté ma mère ne soit pas
béni!
15. Maudit l'homme qui l’a an-
noncé à mon pere, disant : Un
enfant mále t'est né, et qui l'a
JÉRÉMIE.
[cu. xx1.]
17. Lui qui ne m'a pas tué
avant ma naissance ; en sorte que
ma mere devint mon sépulcre,
et que sa grossesse füt éternelle.
48. Pourquoisuis-jesorti du sein
de ma mère pour voir le travail et
la douleur, et pour que mes jours
fussent consumés dans la confu-
sion?
CHAPITRE XXI s.
Sédécias envoie consulter Jérémie. Le
comme rempli de joie!
16. Que cet homme soit comme
sont les cités qu'a détruites le
Seigneur, sans qu'il s'en soit re-
penti; qu'il entende des clameurs
le matin, et des hurlements à
l'heure de midi:
Prophéte lui prédit les maux qui vont
fondre sur Jérusalem. Moyens que Dieu
donne à ses habitants pour sauver
leur vie, et au roi de Juda pour éviter
les maux dont il est menacé.
1. Parole qui fut adressée à
Jérémie par le Seigneur, quand
44. Job, ,זוז 2.
14, 18. Les malédictions et les imprécations qui se lisent dans ces versets ne sont
que des expressions emphatiques trés usitées en Orient pour peindre une vive dou-
leur. C'est une observation que nous avons eu occasion de faire plusieurs fois.
* Jusqu'ici l'ordre des prophéties parait assez suivi ; mais il semble qu'il y a quelque
dérangement dans ce chapitre et dans les seize suivants. Ainsi, par exemple, ce qui est
dit ici au vers. 1 arriva dans 16 dixième année du règne de Sédécias, lorsque Nabucho-
donosor, aprés avoir marché contre le roi d'Egypte, revint assiéger une seconde fois
Jérusalem.
1-14. * 20 Oracles contre les rois de Juda ; 16 Messie, xxr-xxim, 8. — 19 Pendant que
Nabuchodonosor assiégeait pour la seconde fois Jérusalem, Sédécias envoya Phassur
et Sophonie auprés de Jérémie pour lui demander si Dieu ne ferait pas quelque mi-
racle pour délivrer la capitale, xxi, 1-3. Le Prophète répond que les armes des Juifs
se retourneront contre eux-mêmes, parce qu'ils sont voués à la ruine, 4-7. Ceux-là
seuls seront épargnés qui se livreront à l'ennemi, 8-10. Que le roi détourne la colére
de Dieu par une administration exacte de la justice! 11-12. Que la ville ne compte
pas sur sa force! 13-14. La maison de David ne peut être sauvée qu'en expiant toutes
ses injustices, xxr, 1-9. — 20 Après avoir parlé de Sédécias, le Prophète nous donne
ses prophéties contre les rois qui l'avaient précédé. Quant à Sellum ou Joachaz, il ne
reverra pas sa patrie, mais mourra captit en Egypte où il a été pris par Néchao,
10-12. — 39 Joakim, établi roi par Néchao, à la place de Sellum, prédécesseur de
Jéchonias et de Sédécias, est condamné à une mort honteuse à cause de ses injus-
tices, 13-19. — 40 Juda est réprouvé, parce que ses pasteurs ne le conduisent pas à
la vérité et à l'obéissance, mais le repaissent de vent. C'est pour ccla que Jéchonias,
fils de Joakim, sera livré entre les mains des Chaldéens et conduit à Babylone où il
mourra saus postérité, 20-30. — 59 Dieu cependant consolera un jour son peuple en
jui envoyant un bon pasteur de la race de David, le Messie, xxim, 1-8. Le Messie est
appelé dans ce passage, xxur, 5, Germe de David. Dans Zachar., nt, 8 et v, 12, la Vul-
gate à la suite des Septante a rendu le terme hébreu /sémakh, par Orient, mais le
vrai sens de ce mot est celui de germe, qui lui est donné ici par saint Jérôme. Du
reste, Orient désigne le Messie, comme Germe. — Les caractères du règne du Messie
nous sont prédits dans ce passage : ce rejeton de David sera roi, voir Jean, xvii, 36,
et avec lui il fera réguer la justice, la sagesse et la paix, non seulement en Juda,
fen. xx1.] JÉRÉMIE. 1748
le roi Seuecias envoya vers jo. | contre le roi de Babylone et con-
Phassur, fils de Melchias, et - ire les Chaldéens, qui vous as-
phonias, le prétre, fils de Maasias, | siègent autour des murs, et je
disant : les rassembleraiau milieu de cette
9. Consulte pour nous le Sei- | cité.
gneur, parce que Nabuchodono- 9. Et je combattrai moi-méme
sor, roi de Babylone, combat con- | contre vous avec une main éten-
ire nous ; pour savoir si le Sei- | due, et avec un bras fort, et avec
gneuragiraavecnous selon toutes fureur, et avec indignation, et
ses merveilles, et si l'ennemi s'é- | avec une grande colère.
loignera de nous. 6. Et je frapperai les habitants
3. Et Jérémie leur dit : Aïnsi | de cette cité : les hommes et les
vous direz à Sédécias : | bêtes mourront d'une grande
4. Voici ce que dit le Seigneur, | peste.
Dieu d'Israël : Voilà que moi, | 7.Etaprescela, dit 16 Seigneur,
j'enlèverai les instruments de ו 56060188, roi de Juda,
guerre qui sont en vos mains, et | et ses serviteurs et son peuple,
aveo lesquels vous combattez artes ^ digne et ceux qui auront été épargnés
— ——— À—— M — 9 היד
mais aussi en Israël, désormais réconciliés et unis. Bien plus, il sera Dieu, notre
justice.
1. Disant. Voy. sur ce mot, 1, 4. — Phassur, fils de Melchias, semble être différent
de PAassur, fils d'Ernmer (xx, 1). — Sophonias, le prétre. Cette expression ne désigne
pas ici, comme en bien d'autres endroits, le grand prétre, puisque ce même Sopho-
hijas est appelé pius bas (uir, 24), et IV Rois, xxv, 18, le second prétre (sacerdotem
secundum). Voy. aussi sur le sens de l'expression, /e prétre, xx, 1.
9. Selon toules ses merveilles ; en opérant tous les prodiges qu'il a coutume d'opérer
contre les ennemis, lorsqu'il veut déiivrer son peuple. — * Nabuchodonosor, roi de
Babylone, dont le nom va revenir souvent dans Jérémie et les prophètes suivants,
était fils de Nabopolassar, fondateur de l'empire babylonien. Son vrai nom était Na-
buchodorosor. 1[ fut le plus grand roi de Bahylone. Avant la mort de son père, il
arracha au pharáon Néchao les parties de la Syrie qu'il occupait depuis environ
trois ans, en lui faisant subir en 605 une sanglante défaite à Carchamis sur les bords
de l'Euphrate; Jérémie, xLvI, 2-12. Nabuchodonosor poursuivit le vaincu jusqu'en
Egypte, semparant sur son chemin de la Caeiésyrie, dela Phénicie et de la Palestine,
y compris Jérusalem. Comme il pénétrait en Egypte, il recut la nouvelle de la mort
de son père. Il retourna à Babyloue par Je chemin le plus court, c'est-à-dire par le
désert et Palmyre, et prit possession de son royaume en 604. Trois ans après, Joakim,
roi de Juda, ayant refusé de lui payer tribut, Nabuchodonosor fit une nouvelle cam-
pagne contre les pays des borós de la. Méditerranée. 1] s'empara de Jérusalem
presque sans coup férir, fit mettre à mort, d'aprés Josèphe (Compar. Jérémie, xxit,
18-19; xxxvi, 30), le roi Joakim et ἴθ remplaca par le fils de ce dernier Jéchonias.
Celui-ci ne régna que trois mois. Nabuchodonosor, l'ayant trouvé peu docile, revint
au bout de ce temps, pour Ja troisième fois à Jérusalem, le déposa et i'emmena
captif à Babylone, en donnant ie trône à l'oncle de Jéchonias, appelé Sédécias. Le roi
chaldéen devint maitre de Tyr au bout d'un siège de treize ans, en 585. 001 %
xxur Avant la chute de Tyr, Jérusalem avait succombé (586). Sédécias ayant fait
alliance avec le roi d'Egypte Apriés ou Hophra (Ezéchiel, xvi, 15), paya cher son
manque de fidélité. Sa capitale fut prise après un siège de deux ans par les Babylo-
niens, il eut les yeux crevés à Riblah et son vainqueur l'emmena captif à Babylone.
Nabuchodonosor fit depuis plusieurs campagnes contre l'Egypte. Daniel nous fait
connaitre plusieurs traits importants de son histoire. Ce fameux conquérant mourut
à l’âge de 83 ou 84 ans, après un règne de 43 ans, en 561.
1. * Pour l’accomplissement de ces prophéties, voir IV Rois, xxv.
1744
dans cette cité par la peste, etpar
le glaive, et par la famine, à la
main de Nabuchodonosor, roi de
Babylone, et à la main de leurs
ennemis, et àla main de ceux qui
cherchent leur âme; et il les frap-
pera du tranchant du glaive, et
on ne le fléchira pas, et il n'épar-
gnera pas, et il n'aura pas de
pitié.
8. Età ce peuple tu diras : Voici
ce que dit le Seigneur : Voilà que
moi je mets devant vous la voie
de la vie etla voie dela mort.
9. Celui qui habitera dans cette
ville mourra par le glaive, et par
la famine, et par la peste; mais
celui qui sortira et qui fuira chez
les Chaldéens qui vous assiègent,
vivra, et son àme sera pour lui
comme une dépouille qu’il aura
sauvée.
10. Car j'ai posé ma face vers
cette cité pour son mal, et non
pour son bien, dit le Seigneur;
elle sera livrée à la main du roi
de Babylone, et il la brülera en-
tièrement par le feu.
11. Et £u diras à la maison du
roi de Juda : Ecoutez la parole du
Seigneur;
12. Maison de David, voici ce
que dit le Seigneur : Rendez des
le matin la justice, et arrachez
JÉRÉMIE.
(cu. xxir.]
celui qui est opprimé par la vio-
lence de la main de l'oppresseur,
de peur que ne sorte comme un
feu mon indignation, et qu'elle ne
s'enflamme, et qu'il n'y ait per-
sonne qui l'éteigne, à cause de la
malice de vos œuvres.
13. Voilà que moi je viens à toi,
habitante de la vallée solide et de
la plaine, ditle Seigneur; à vous
qui dites : Qui nous frappera? et
qui entrera dans nos maisons?
14. Et je vous visiterai, dit le =
Seigneur, selon le fruit de vos
œuvres;etj'allumeraiun feu dans
sa forêt, et il dévorera toutes cho-
ses autour d'elle.
CHAPITRE XXII.
Le Seigneur exhorte Joakim, roi de Juda,
et son peuple à étre docile à la voix du
Seigneur. Ne point pleurer Josias, mais
Sellum. Reproches contre Joakim. Sa
fin malheureuse. Jérusalem abandon-
née de ses alliés. Jugement du Sei-
gneur contre Jéchonias.
1. Voici ce que ditle Seigneur:
Descends dans la maison du roi
de Juda, et tu prononceras là cette
parole,
9. Et tu diras : Ecoute la parole
du Seigneur, roi de Juda, toi qui
es assis sur le tróne de David ; toi,
et tes serviteurs, et ton peuple,
qui entrez par ces portes.
παρ. XXI. 9. Infra, xxxvi, 2. — 12. Infra, xxii, 3.
9. Dieu veut par ce moyen éviter l'effusion du sang, et conserver la race d'Israél.
Compar. xxxvi, 2.
12. Rendez dés le matin ; hébraisme, pour hátez-vous de rendre. — De l'oppresseur ;
c'est le vrai sens du mot calomniateur (calumniantis) de la Vulgate, expliqué par
l'hébreu.
13. Habitante, etc.; c'est-à-dire, située, etc. Jérusalem est ainsi désignée, parce
qu'elle s'élevait sur les monts de Sion et de Moria, au milieu des vallons et de la
plaine dont elle était environnée. — * Voir Isa?e, xxr, 1.
14. Et j'allumerai, etc. Voy. pour l'exécution de ces menaces, 1V Rois, xxv, 9.
1. Voici, etc. Cette prophétie se rapporte au temps du regne de Joakim, qui monta
sur le trône aprés que le Pharaon Néchao eut déposé etemmené en Egypte son frère
Joachaz. Compar. IV Rois, xxr, 34.
(cu. xxu. ]
3. Voici ce que dit le Seigneur :
Rendez le jugement et la justice ;
délivrez celui qui est opprimé par
la violence de la main del'oppres-
seur; necoutristez pasl'étranger,
l'orphelin, et la veuve, et ne les
opprimez pas injustement, et le
sang innocent, ne le répandez
pas dans ce lieu.
4. Si observant vous observez
ces paroles, desrois de larace de
David entreront parles portes de
cette maison; ils seront assis sur
sontróne, et montés sur des chars
et sur des chevaux, leurs servi-
teurs et leur peuple.
5. Que si vous n'écoutez point
ces paroles, j'ai juré par moi-
méme, dit le Seigneur, que cette
maison deviendra une solitude.
6. Parce que voici ce que dit le
Seigneur sur là maison du roi de
Juda : Tu es pour moi, Galaad, la
tête du Liban; néanmoins je te
rendrai £07, une solitude, e£ tes
villes inhabitables.
7. Et je consacrerai contretoi un
homme qui tuera, et ses armes;
et ils abattront tes cedres choisis,
et ils les jetteront dans le feu.
JÉRÉMIE.
1745
8. Et des nations nombreuses
passeront par cette cité, et chacun
dira à son voisin : Pourquoi le
Seigneur a-t-il fait ainsi à cette
cité considérable?
9. Et on répondra : Parce qu'ils
ont abandonné l'alliance du Sei-
gneur leur Dieu, et qu'ils ont
adoré des dieux étrangers, οἱ
qu'ils les ont servis.
10. Ne pleurez pas un mort, ne
faites pas de deuil pour lui par
votre pleur; désolez-vous au sujet
de celui qui sort, parce qu'il ne re-
viendra plus, et qu'il ne verra
plus la terre de sa naissance.
11. Parce que voici ce que dit le
Seigneur, contre Sellum, fils de
Josias, e£ roi de Juda, qui a régné
pour Josias, son père, et qui est
sorüi de ce lieu : 1[ ne reviendra
plus ici;
12. Mais dans le lieu oü je l'ai
transporté, là il mourra, et il ne
verra plus cette terre.
13. Malheur à celui qui bátit sa
maison dans l'injustice, et ses cé-
nacles dans liniquité; il oppri-
mera son ami sans sujet, et il ne
lui payera pas son salaire;
Cuap. XXII. 3. Supra, xxr, 12. — 8. Deut., xxix, 24; III Rois, 1x, 8.
ne M
—————— —— M MÓ—Ís
3. De l'oppresseur (calumniatoris). Nous avons déjà fait remarquer que la. Vulgate
rend souvent par calomnier le verbe hébreu traiter injustement et avec violence,
opprirmer.
4. Si observant vous observez; hébraisme, pour si vous observez entièrement.
6. Galaad; pays trés beau et trés fertile au delà du Jourdain, et qui avait fait
partie du royaume d'Israél. Dieu donne ce nom au palais de Juda pour relever sa
magnificence et ses richesses, mais en même temps pour faire connaitre que, comme
cette province du royaume d'Israël avait été désolée par Théglathphalasar, roi des
Assyriens (IV Rois, xv, 29), la maison de Juda devait craindre le méme chátiment,
si elle imitait l'infidélité de la maison d'Israél. — Liban; montague élevée, au nord-
ouest de la Palestine.
1. Je consacrerai (sanctificabo). Compar. pour le sens de ce mot, vi, 4.
10. Un mort, selon l'hébreu; le mort, suivant les Septante; c'est-à-dire, le roi
Josias, mort pieusement peu auparavant. et fort regretté du peuple (Il Pa-
ralip., XXXV, 24), — Celui qui sorl; Joachaz, appelé aussi Sellum. Voy. le verset
suivant.
13. Celui:qui bâtit, etc.; Joakim établi roi par Néchao en la place de Sellum.
AL 110
1746
14. Qui dit : Je me bátirai une
maison vaste et des cénacles spa-
cieux; qui s'ouvre des fenétres,
fait des lambris de cèdre, et il
les peint avec de la terre de Si-
nope.
415. Estce que tu régneras,
parce que tu te compares au ce-
dre? ton pere n'a-t-il pas mangé
et bu, et rendu le jugement et la
justice, alors que tout allait bien
pour lui?
16. Et il a jugé la cause du
pauvre et de l'indigent pour son
propre bonheur; n'est-ce pas
parce qu'il m'a connu, dit le Sei-
gneur?
17. Mais tes yeux et {on cœur
sont portés seulement à l'avarice,
à répandre le sang innocent, à la
calomnie, et à courir apres les
mauvaises œuvres.
18. À cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur à Joakim, fils de
Josias et roi de Juda : On ne se
désolera pas à son sujet, en di-
sant : Malheur, frere! Malheur,
sœur! on ne fera pas retenlir
pour lui : Malheur, maitre! Mal-
heur, illustre!
19. Infra, xxxvi, 30.
JERÉMIE.
[Gi soie
19. De la sépulture d'un àne
il sera enseveli; pourri, il sera
jeté hors des portes de Jérusa-
lem.
90. Monte sur le Liban, et crie;
et en Basan élève ta voix, et crie
aux passants qu'ils ont été brisés,
tous ceux qui t'aimaient.
91. Je t'ai parlé dans [6 temps de
ton abondance, et tu as dit : Je
n'écouterai pas; 08 été ta voie
des ta jeunesse, que de ne pas
écouter ma parole.
22. Le vent paitra tous tes pas-
leurs, et tes amants iront en
captivité ; et alors tu seras con-
fondue, et tu rougiras de toute ta
malice.
93. Toi qui es assise sur le Li-
ban, et qui as fait ton nid dans les
cedres, comment as-tu gémi pro-
fondément, lorsque te sont ve-
nues des douleurs, comme celles
d'une femme en travail?
94. Je vis, moi, dit le Sei-
eneur; quand Jéchonias, fils de
Joakim, roi de Juda, serait un
anneau à ma main droite, je l'en
arracherai.
95. Et je te livrerai à la main
44. La terre de Sinope; servait à faire une couleur rouge d'un vif éclat. — * Le
texte original, au lieu de terre de Sinope, parle d'un rouge vif.
47. Ton, seulement (ou si ce n'est) sont exprimés dans l'hébreu. Calomnie; ou bien
selon l'hébreu, injustice violente, oppression.
18-19. * Voir plus haut la note sur xxr, 2. — Malheur, frère! malheur, maitre. Ce
sont les cris de lamentation qu'on faisait entendre dans la cérémonie des funérailles.
Voir plus loin, xxxiv, ὃ; 111 Rois, xut, 30. — Joakim. Le quatrième livre des Rois,
5
xxiv, 5, raconte sa mort, comme le fait remarquer saint Jérôme, mais il ne dit pas
qu'il fut enseveli, parce qu'il fut privé de cet honneur.
20. Monle, éléve, crie; étant au féminin en hébreu, on ne peut leur supposer pour
sujet ou nominatif que le mot Jérusalem ou Sion. — Liban. Voy. le vers. 6. — Basan;
montagne fertile, au nord-est de la Palestine; l'une et l'autre peuvent étre le sym-
bole des montagnes mêmes sur lesquelles Jérusalem était bâtie.
23.* Le Liban; désigne ici Jérusalem, assise sur ses montagnes.
94. Je vis, moi; formule de serment expliquée dans Isaze, xuix, 18. — * Un anneau,
qui sert à sceller, est un objet précieux, cher à son possesseur, qui ne s’en sépare
pas volontiers.
.Ca.. xxi. |
de ceux qui cherchent ton âme,
el à la main de ceux dont tu
redoutes la face, et à la main
de Nabuchodonosor, roi de Ba-
bylone, et à la main des Chal-
déens.
26. Je t'enverrai, toi et ta
mere qui t'a enfantée, dans une
terre étrangère dans laquelle
vous n'étes pas nés, et vous y
mourrez.
27. Et quant à la terre vers la-
quelle eux-mémes élevent leur
àme pour y retourner, ils n'y re-
tourneront pas.
28. N'est-ce pas un vase d'ar-
gile, et τῶι vase brisé, que cet
homme, Jéchonias? n'est-ce pas
un vase sans aucun agrément?
pourquoi ont-ils été rejetés, lui
et sa race, et jetés dans une terre
qu'ils ne connaissaient pas?
29. Terre, terre, terre, écoute la
parole du Seigneur.
90. Voici ce que dit le Sei-
gneur : Inseris cet homme com-
me stérile, comme un homme
qui durant ses jours ne prospé-
rera pas; car il n'y aura pas
d'homme de sa race qui s'assiéra
sur le tróne de David, et qui
aura à l'avenir le pouvoir dans
Juda.
JÉRÉMIE,
CHAPITRE XXIIL
Menaces contre les pasteurs infidèles.
Retour de la captivité. Règne du Messie.
Douleur et affliction de Jérémie. Re-
proches et menaces contre les faux
prophétes, et contre ceux qui mé-
prisent la parole de Dieu annoncée par
les vrais prophétes.
1. Malheur aux pasteurs qui
perdent et déchirent le troupeau
de mon páturage, dit le Sei-
gneur!
2. C'est pourquoi voici ce que
dit le Seigneur, Dieu d'Israël, aux
pasteurs qui paissent mon peu-
ple : Vous, vous avez dispersé
mon troupeau, et vous l'avez
chassé, et vous ne l'avez pas vi-
sité : voilà que moi je vous visi-
terai pour la malice de vos œu-
vres, dit le Seigneur.
3. Et moi-même je rassemble-
rai les restes de mon troupeau,
de toutesles terres dans lesquelles
je les aurai jetés, et je les ferai
retourner à leurs champs; et ils
croitront et ils se multiplieront.
4. Et je leur susciterai des pas-
teurs; et ils les paitront; ils ne
craindront plus et ne seront plus
dans l'effroi, et aucune hrebis ne
manquera au nombre, dit le Sei-
gneur.
Car. XXIII. 1. Ezéch., xii, 3; xxxiv, 2. — 4, Supra, In, 15.
Io ΞΘ Áo π΄ 0 UR om nait an. al
30. Inscris; dans les tables généalogiques. — S/érile; non pas qu'il ait été posi-
livement privé d'enfants, puisque l'Écriture elle-même dit le contraire )1 Paralip.,
nr, 17; Matth., 1, 19); mais stérile en ce sens qu'aucun de ses enfants ne régna
aprés lui.
1. Malheur, etc. C'est une suite du discours précédent.
3. L'avez chassé, l'avez visité. La Vulgate, conformément au texte hébreu, porte 8
(605), au pluriel, parce que le mot froupeau, que représente le pronom, est un nom
collectif, qui, quoique singulier, signifie plusieurs animaux.
4. Des pasteurs; à la lettre Zorobabel, Jésus, fils de Josédech, et les autres qui gou-
vernèrent Juda, après la captivité; mais dans un sens plus relevé, les apótres de
Jésus-Christ, destinés à conduire et à paitre les fidéles délivrés de la servitude du
démon. — Ne manquera au nombre. Jésus-Christ semble faire allusion à ce passage
dans l'Evangile (Jean, vi, 39; xvrt, 12; תווצ 9).
4748
5. Voilà que des jours vien-
nent, dit le Seigneur; et je susci-
terai à David un germe juste ; un
roi regnera, il sera sage, et il
rendra le jugement et la justice
sur la terre.
6. En ces jours-là, Juda sera
sauvé, et Israél habitera en assu-
rance; et voici le nom dont ils
l'appelleront : Le Seigneur notre
juste.
7. A cause de cela, voilà que
des jours viennent, dit le Sei-
gneur, ou l'on ne dira plus : Le
Seigneur vit, qui a tiré les fils
d'Israël de la terre d'Egypte!
8. Mais : Le Seigneur vit, qui a
tiré οἱ ἃ ramené la postérité d'Is-
raël de la terre de l'aquilon, et de
toutes les terres où je les avais
jetés ; et ils habiteront dans leur
terre.
9. Aux prophètes : Mon cœur
a été brisé au dedans de moi, tous
mes os ont tremblé; je suis de-
venu comme un homme ivre,
JEREMIE.
]68. xxnit. |
comme un homme rempli de vin,
à cause du Seigneur, à cause de
ses paroles saintes.
10. Parce que la terre a été rem-
plie d’adultère, parce que la terre
est en deuil à cause de la malé-
diction, les champs du désert se
sont desséchés; leur carriere est
devenue mauvaise, et leur puis-
sance changeante.
11. Car le prophéte et le prétre
se sont souillés; et dans ma mai-
son jai trouvé leur mal, dit le
Seigneur.
12. C’est pour cela que leur
voie sera comme un chemin glis-
sant dans les ténèbres; carils se-
ront poussés et ils y tomberont
tous ensemble; car j'amènerai
sur eux des maux, l'année deleur
visite, dit le Seigneur.
13. Et dans les prophètes de
Samarie, j'ai vu de la sottise; ils
prophétisaient au nom de Baal,
et ils trompaient mon peuple Is-
raél.
5. Isaie, 1v, 2; xr, 11; xLv, 8; Infra, xxxur, 14; Ezéch., xxiv, 23; Dan., 1x, 24; Jean,
1, 45. — 6. Deut., xxxn, 28. — 8. Supra, xvi, 14.
5, 6. Outre que tous les Péres et les interprétes chrétiens voient dans ces deux
versets le Messie, Jésus-Christ, la force et la grandeur des expressions ne permettent
pàs de les expliquer littéralement d'aucun autre.
6. Le Seigneur; dans l'hébreu; Jéhova; nom incommunicable à tout autre qu'à
Dieu. ll est attribué ici au Messie, à Jésus-Christ, parce que Jésus-Christ est vraiment
Dieu, fils de Dieu, égal et consubstantiel à son Père, et en méme temps le principe
de notre justice.
7, 8. Le Seigneur vit; formule de serment. Voy. 1v, 2.
9-40. * 3e Oracles contre les faux prophètes, xx, 9-40. — Les mauvais prophètes,
par leurs pernieieux exemples, sont la cause principale de la corruption de Juda, 9-15;
ils ont trompé le peuple par leurs prédictions mensongères et l'ont ainsi endurci
dans ses péchés, mais la colère du Seigneur éclatera sur leurs têtes, 16-22; Dieu voit
comment, par leurs réveries, ils éloignent le peuple de son culte, en donnant leurs
imaginations pour une parole divine, 23-30; il viendra à eux, il leur apprendra à
ne plus mépriser le fardeau (massa), ou prophétie de menaces, des vrais prophètes,
et il les couvrira d'une honte éternelle, 31-40.
9. Aux prophètes; c'est-à-dire aux faux prophètes, moi Jérémie, je dis. — 4 cause;
littér. et par hébraisme, à la face.
A1. Leur mal; le mal qu'ils ont fait en plaçant leurs idoles jusque dans le temple.
Compar. vu, 305 1x, 15; 1V Rois, xxtit.
12. L'année de leur visite. Voy. pour le sens de ces mots, xi, 25.
[ca χχαπ.
14. Et dans les prophètes de Jé-
rusalem, jai vu une image des
adultères, etla voie du mensonge;
et ils ont fortifié les mains des
plus méchants, afin qu'aucun ne
se convertit de sa malice; ils sont
tous devenus pour moi comme
Sodome, et ses habitants comme
Gomorrhe.
15. A cause de cela, voici ce
que dit le Seigneur des armées
aux prophètes: Voilà que moi je
les nourrirai d'absinthe, et je les
abreuverai de fiel; car c'est des
prophètes de Jérusalem que la
corruption s'est répandue sur
toute la terre.
16. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : N'écoutez pas les
paroles de ces prophétes qui vous
prophétisent et vous trompent;
ils disent les visions de leur cœur,
non recueillies de la bouche du
Seigneur.
17. Ms disent à ceux qui me
blasphèment : Le Seigneur ἃ
parlé; la paix sera à vous; et à
quiconque marche dans la dépra-
valion de son cœur, ils ont dit :
ll ne viendra pas sur vous de
mal.
18. Car qui a assisté au conseil
du Seigneur, eta vu, etaentendu
ce qu'il a dit? qui a médité sa pa-
role et l’a entendue?
19. Voilà que le tourbillon de
l'indignation du Seigneur sortira ;
et la tempéte, éclatant, viendra
sur la téte des impies.
JÉREMIE
1749
20. La fureur du Seigneur ne
reviendra pas jusqu'à ce qu'elle
exécute, et jusqu'à ce qu'elle ac-
complisse la pensée de son cœur;
dans les derniers jours vous com-
prendrez son dessein.
21. Je n'envoyais pas ces pro-
phétes, et d'eux-mémes ils cou-
raient; je ne leur parlais pas, et
d'eux-mémes ils prophétisaient.
22. S'ils avaient assisté à mon
conseil, et qu'ils eusseut fait con-
naitre mes paroles à mon peuple,
je les aurais détournés de leur
voie mauvaise, etdeleurs pensées
irés mauvaises.
23. Penses-tu que moi je sois
Dieu de près, dit le Seigneur, et
non Dieu de loin?
24. Un homme se cachera dans
les ténèbres, et moi ne le verrai-
je pas, dit le Seigneur? n'est-ce
pas moi qui remplis le ciel et la
terre, dit le Seigneur?
25. J'ai entendu ce qu'ont dit les
prophétes, prophétisant en mon
nom un mensonge, et disant: J'ai
eu un songe, j'ai eu un songe.
26. Jusques à quand cela sera-
t-il dans le cœur de ces prophètes
qui prédisent le mensonge, et qui
prophétisent les séductions de
leur cœur ?
27. Ceux qui veulent faire que
mon peuple oublie mon nom à
cause de leurs songes, que chacun
d'ewr raconte à son prochain
comme leurs peres ont oublié
mon nom à cause de Baal.
15. Supra, 1x, 15. — 16. Iufra, נטאא 9; xxix, 8. — 17. Supra, v, 12; xiv, 15, —
19. Infra, xxx, 14. — 21. Infra, xxvir, 15; xxix, 9.
———————— M MÀ
14. Ses habitants; c'est-à-dire les habitants de Jérusalem. — * Comme Sodome. Voir
la note sur Genèse, xiu, 10.
15. * Je les nourrirai d'absinthe. Voir Proverbes, v, 4.
21. Ces; est dans l'hébreu, représenté par l'article déterminatif.
1750
98. Que le prophète qui a un
songe le raconte, et que celui qui
a ma parole publie ma parole
fidèlement ; car quel rapport a la
paille avec le froment? dit le Sei-
gneur.
29. Ma parole n'est-elle pas
comme le feu, dit le Seigneur, et
comme un marteau qui brise une
pierre?
90. A cause de cela, voilà que
moi, dit le Seigneur, je viens aux
prophètes qui dérobentma parole,
chacun à son prochain.
31. Voilà que moi, dit le Sei-
gneur, j'en viens aux prophètes
qui font usage de leurs langues
et disent : Le Seigneur dit.
32. Voilà que moi, 76 viens aux
prophetes qui ont révé des men-
songes, dit le Seigneur, qui les
ont racontés et ont séduit mon
peuple par leurs mensonges et
par leurs miracles, quoique moi
je ne les eusse pas envoyés et
que je ne leur eusse pas donné
d'ordre, à eux qui n'ont servi
de rien à ce peuple, dit le Sei-
gneur.
33. Si done ce peuple, ou un
prophéte, ou un prétre t'inter-
roge, disant : Quel est le far-
deau du Seigneur? Tu leur diras :
C'est vous qui êtes ce fardeau;
JERÉMIE.
[cH. [.זווצצ
car je vous rejetterai, dit le Sei-
gneur.
34. Quant au prophete, et au
prétre, età ce peuple qui dit : Far-
deau du Seigneur, je visiterai cet
homme et sa maison.
39. Voici ce que vous direz cha-
cun à votre prochain et à votre
frere : Qu'a répondu le Seigneur?
et qu'a dit le Seigneur?
36. Et le fardeau du Seigneur
ne sera plus rappélé; car le far-
deau de chacun sera sa propre
parole; parce que vous avez per-
verti les paroles du Dieu vivant,
du Seigneur des armées, de notre
Dieu.
31. Voici ce que tu diras au pro-
phète : Que t'a répondu le Sei-
gneur? et qu'a ditle Seigneur?
38. Or si vous dites : Fardeau
du Seigneur, à cause de cela,
voici ce que ditle Seigneur: Parce
que vous avez dit cette parole :
Fardeau du Seigneur, et que j'ai
envoyé vers vous disant : Ne dites
pas : Fardeau du Seigneur.
39. À cause de cela, voilà que
moi-même je vous enlèverai,
vous emportant comme un far-
deau, et je vous abandonnerai
loin de ma face, vous, et la cité
que je vous ai donnée, à vous et
à Vos pères.
31. Qui font usage de leurs langues; qui remuent leurs langues; littér. selon l'hé-
breu et la Vulgate : Qui prennent leurs langues. Selon nous, le vrai sens de ce passage
est : Ils parlent pour dire; locution semblable à celle de I Rois, x, 9 : Il délourna son
épaule pour s'en aller.
32. Des mensonges. Quoique la Vulgate porte le singulier, mensonge (mendacium),
elle met au pluriel le pronom (ea) qui représente ce nom; la méme anomalie se
trouve dans le texte hébreu, mais non dans les Septante qui lisent mensonges au
pluriel. C'est pour cela que, nous conformant d’ailleurs aux traductions vulgaires qui
sont à l'usage des catholiques d'Italie, d'Espagne, d'Angleterre et d'Allemagne, nous
avons cru devoir traduire nous-mêmes par mensonges au pluriel. — Par leurs men-
songes. Ainsi portent les Septante et plusieurs versions vulgaires catholiques, cons
trairement à l'hébreu et à la Vulgate, qui lisent encore ici mensonge au singulier,
33. Fardeuu (onus). Voy. pour le sens de ce mot, 19006, xit, 1.
(cu. xxiv.] JERÉMIE. | 1754
40. Et je vous livrerai à un op- | ger, parce qu'elles étaient mau-
probre qui durera toujours, et à | vaises.
une ignominie éternelle qui ja- 3. Et le Seigneur me dit : Que
mais ne sera effacée par l'oubli. | vois-tu, Jérémie? Et je dis : Je
vois des figues bonnes, très
CHAPITRE XXIV. bonnes; et des mauvaises, tres
/ mauvaises, qui ne peuvent étre
Vision de deux paniers : l'un plein de
bonnes figues qui représentent les Juifs RE parce qu elles sontmau-
emmenés captifs à Babylone; l'autre | VaiSes.
plein de mauvaises figues qui repré- 4. Et la parole du Seigneur me
sentent les Juifs restés en Judée ou fut adressée, disant :
retirés en Egypte. 26 : :
9. Voici ce que dit le Seigneur,
4. Le Seigneur me fit voir, et | Dieu d'Israël : Comme ces figues
voici deux paniers pleins de fi- | sont bonnes, ainsi je traiterai bien
₪108, placés devant le temple du | /es fils de là transmigration que
Seigneur, après que Nabuchodo- | j'ai envoyés de ce lieu dans la
nosor, roi de Babylone, eut trans- | terre des Chaldéens.
féré Jéchonias, fils de Joakim, roi 6. Et je porterai sur eux un re-
de Juda, et ses princes, et l'arti- | gard favorable, et je les ramène-
san, et 16 lapidaire, loin de Jéru- | rai dans cette terre; je les réta-
salem, et qu'il les eut emmenés à | blirai, et je ne les détruirai pas;
Babylone. jeles planterai, et je ne les arra-
2. L'un de ces paniers contenait | cherai pas.
des figues très bonnes, comme 7. Et je leur donnerai un cœur,
ont coutume d’être les figues de | afin qu'ils me connaissent, parce
la premiere saison, et l'autre pa- | que moi je suis 16 Seigneur; et ils
nier contenait des figues trés | seront mon peuple, et je serai
mauvaises,qu'onnepouvaitman- | leur Dieu, parce qu'ils revien-
40. Supra, xx, 11. — Cngar. XXIV. 7. Supra, vir, 23; Infra, xxxi, 33.
40. Si l'on veut suivre l'ordre des temps, il parait qu'il faut passer de ce verset au
chapitre xxvi. |
1-10. * Ile section : Jugement de Dieu contre le peuple en général, ou captivité de
Babylone, xxiv-xxix. — 1o Accomplissement des prophéties contre le peuple par une
première déportation, xxiv. — Les menaces si souvent renouvelées ont commencé à
s'accomplir : une partie du peuple a été emmenée en captivité, avec Jéchonias, par
Nabuchodonosor. Jérémie voit deux paniers, l'un plein de bonnes figues, l'autre de
mauvaises; le premier représente les Juifs qui ont été déportés, le second ceux qui
sont restés en Judée avec Sédécias : ceux-ci périront, tandis que ceux-là seront con-
servés pour un meilleur avenir, xxiv, 1-10.
1. Devant le temple du Seigneur; c'est-à-dire, dans le parvis des prétres devant la
porte du sanctuaire. C'était là que l'on déposait les prémices devant l'autel du Sei-
gneur (Deutéron., xxvr, 4).
2. * Des figues. Voir la note sur Cant., n, 43.
4. Disant. Voy. sur ce mot, 1, 4.
5. Les fils de la transmigration. C'est ainsi que sont nommés les Juifs exilés, dans
Esdras et dans David. Il est d'ailleurs incontestable que éransmigration est mis ici
pour ceux qui faisaient partie de la transmigration.
T. Cœur; signifie souvent en hébreu, esprit, intelligence,
1152
dront à moi en tout leur cour.
8. Quant à ces figues trés mau-
vaises, qui ne peuvent étre man-
gées, parce qu'elles sont, mau-
valises, voici ce que dit le Sei-
gneur : Ainsi je traiterai Sédécias,
roi de Juda, et ses princes, et les
restes de Jérusalem qui sont de-
meurés dans cette ville, et ceux
qui habitent. dans la terre d'E-
gypte.
9. Jeles livrerai en vexation et
en affliction, dans tous les royau-
mes de la terre; en opprobre et
en parabole, et en proverbe, et en
malédiction dans tous. les lieux
dans lesquels je les aurai jetés.
10. Et j'enverrai contre eux le
glaive, et la famine, et la peste,
jusqu'àcequ'ilssoientexterminés
de la terre que je leur ai donnée,
à eux et à leurs peres.
CHAPITRE XXV.
Juda est indocile à la voix du Prophète.
Vengeance du Seigneur sur Juda et sur
les nations qui l'environnent. Soixante-
8. Infra, xxix, 17.
JERÉMIE.
dix ans de captivité. Vengeance du Sei-
gneur sur Babylone. Calice de la colère
du Seigneur; exécution de ses ven-
geances.
1. Parole qui fut adressée à Jé-
rémie touchant toutle peuple de
Juda, en la quatrième année de
Joakim, fils de Josias, roi de Juda,
qui est la premiere année de Na-
buchodonosor, roi de Babylone;
2. Et que Jérémie, le prophete,
annonca à tout le peuple de Juda,
et à tous les habitants de Jérusa-
lem, disant :
3. Depuis 18 treizième année de
Josias, fils d'Ammon, roi de Juda,
jusqu'à ce jour, c’est la vingt-troi-
sieme année; la parole du Sei-
gneur m'a été adressée, et je vous
ai parlé, me levant durantla nuit
et parlant, et vous ne m'avez pas
écouté.
4. Et le Seigneur a envoyé vers
vous tous ses serviteurs les pro-
phetes, se levant au point du
jour, et les envoyant; et vous
n'avez pas écouté, et vous n'avez
n n n los וי
8. * Ceux qui habitent dans la terre d'Egypte. Noir plus 1010, 43.
9. À la parabole et au proverbe, c'est-à-dire tu deviendras un sujet de comparaison,
et tu passeras en proverbe; en sorte que quand on voudra présenter quelqu'un comme
étant malheureux, on dira: Il est plus malheureux qu'un Juif.
10. Si l'on veut suivre l'ordre des temps, il parait qu'il faut passer de ce verset aux
chapitres XXIX, XXX, XXXI.
1-38. * 20 Prophéties antérieures concernant la captivité, xxv-xxix. — Le ch. xxiv
est du temps de Sédécias, le ch. xxv nous fait revenir en arrière, à la 4 année de
Joakim. — 1° C'est en cette année que Jérémie avait annoncé tous les maux que Na-
buchodonosor causerait à Juda et avait prédit que la captivité durerait 70 ans, 1-11.
Cf. xxix, 10. Ces 70 ans courent, non de la ruine de Jérusalem et du temple, sous
Sédécias, mais de la première déportation, qui eut lieu la 4e année de Joakim, l'année
méme de la date de cette prophétie. 11 s'écoula 70 ans depuis cette époque jusqu'à
lédit de Cyrus qui permit aux Juifs de retourner en Palestine sous la conduite de
Zorobabel (606-536 av. J.-C.) — 2° Ceux qui ont emmené Juda en captivité, les
Chaldéens, seront punis à leur tour au bout de 70 ans; tous ceux qui auront persé-
cuté le peuple de Dieu boiront à la coupe du vin de la colére divine, 12-31; le Sei-
gneur les détruira, 32-38.
3. Me levant durant la nuit; avant le jour, m'arrachant ainsi à mon repos pour
votre bien.
4. Se levant au point du jour; hébraisme, pour se hdtant,
CH, XXV.]
pas incliné vos oreilles afin d’é-
couter,
5. Lorsqu'il disait: Revenez cha-
cun de votre voie mauvaise, et de
vos trés mauvaises pensées; et
vous habiterez dans la terre que
le Seigneur vous a donnée, à
vous et à vos peres, de siècle en
siecle.
6. Et n'allez pas à la suite de
dieux étrangers, afin de les servir
elLdelesadorer;ne me provoquez
pas au courroux par les œuvres
de vos mains, et je ne vous affli-
gerai point.
1. EL vous ne m'avez pas écouté,
dit le Seigneur, en sorte que vous
m'avez provoqué au courroux par
les œuvres de vos mains, pour
votre malheur.
8. À cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur des armées : A
cause de ce que vous n'avez pas
écouté mes paroles,
9. Voilà que moi j'enverrai et
que je prendrai toutes les familles
de l’aquilon, dit le Seigneur, et Na-
buchodonosor, roi de Babylone,
mon serviteur; et je les amè-
nerai sur celle terre et sur ses
JÉRÉMIE,
1753
habitants, et sur toutes les na-
tions qui sont autour d'elle; et
jeles perdrai,et j'en ferai un objet
de stupeur et de sifflement, et 7e
les réduiraià des solitudes éter-
nelles.
10. Et je ferai cesser parmi eux
la voix de la joie et la voix de
l'allégresse, la voix de l'époux et
la voix de l'épouse, la voix de la
meule et la lumière de la lampe.
11. Et toute cette terre sera une
solitude et un objet de stupeur;
et toutes ces nations serviront le
roi de Babylone durant soixante
et dix ans.
12. Et lorsque les soixante et
dix années seront accomplies, je
visiterai le roi de Babylone, et
cette nation, dit le Seigneur, et
leur iniquité, et la terre des Chal-
déens; et j'en ferai des solitudes
éternelles.
13. Et j'amènerai sur cette terre
toutes mes paroles que j'ai dites
contre elle, tout ce qui a été écrit
dans ce livre, toutes les choses
qu'a prophétisées Jérémie contre
toutes les nations;
14. Parce qu'elles les ont servis,
CHaP. XXV. 5. IV Rois, xvir, 13; Supra, xvii, 11; Infra, xxxv, 15. — 11. II Par.,
XXXVI 26 LIESOE., 1, 15 Infra; €xxvt; 6;:xxix, 105. Dant, Ix; 2.
9. De siècle en siècle; c'est-à-dire dans tous les siècles; expression que plusieurs
interprétes rapportent à vous habilerez. ll faut avouer que ce genre de construction
n'est nullement opposé au style de la Bible, et que les termes eux-mémes favorisent
cette interprétation.
9. J'enverrai et je prendrai; hébraisme, pour j'enverrai prendre. — Mon serviteur;
l'instrument de ma colére, le ministre de mes vengeances.
40. La voix de la meule; c'est-à-dire, la voix des femmes qui chantaient en tournant
Ja meule. Compar. Matth., xxiv, 41. — * Le bruit de la meule qui broie le grain est
donné comme le signe d'un lieu habité : en Orient, là où il y a une agglomération
d'hommes, c'est un bruit qu'on entend tout le jour.
11. Durant soirante et dir ans; qui se comptent de la premiére année de Nabucho-
donosor, et finissent en la premiére année de Cyrus (I Esdras, 1, 1).
43. Toutes les nalions; c'est-à-dire, les Iduméens, les Moabites, et tous les peuples
voisins des Juifs qui s'étaient alliés aux Chaldéens (xit, 6; Lament., 1v, 21; Ps. xxxvi, 1;
Ezéch., xxv, 3,8; Abdias, 11-13).
15. Les ont servis; ont servi les Chaldéens. — Et je leur rendrai, etc. Ceci s'adresse
1754 JÉRÉMIE.
quoique ce fussent des nations
nombreuses et de grands rois; et
je leur rendrai selon leurs œu-
vres, et selon les ouvrages de
leurs mains.
15. Parce qu'ainsi dit le Sei-
eneur des armées, Dieu d'Israël :
Prends ce calice de vin de fureur
de ma main, et tu en feras boire à
toutes les nations vers lesquelles
moi je t'enverrai.
16. Et elles boiront, et elles se-
ront troublées, et elles perdront
le sens àla face du glaive que moi
j'enverrai parmi elles.
11. Et je recus le calice de la
main du Seigneur, et j'en fis
boire à toutes les nations vers
lesquelles m'a envoyé le Sei-
gueur :
18. A Jérusalem et aux cités de
Juda, et à ses rois, et à ses prin-
ces; afin d'en faire un désert, et
un objet de stupeur et de siffle-
ment, et de malédiction, comme
c'est en ce jour;
19. À Pharaon, roi d'Egypte, et
[cH. xxv.]
à ses serviteurs, et à ses princes,
et à tout son peuple;
90. Et à tous généralement: à
tous les rois de la terre d'Ausite,
et à tous les rois de la terre des
Philistins, et à Ascalon, et à Gaza,
et à Accaron, et aux restes d'A-
20% ;
21. Et ἃ l'Idumée, et à Moab, et
aux enfants d'Ammon;
22. Et à tous les rois de Tyr, et
à tous les rois de Sidon, et aux
rois de la terre des iles qui sont
au delà dela mer;
23. Et à Dédan, et à Théma, et à
Buz,etàtous ceux dont la cheve-
lure est coupée ;
94. Et à tous les rois d'Arabie,
et à tous les rois d'Occident qui
habitent dans le désert;
95. Et à tous les rois de Zambri,
et à tous les rois d'Elam, et à tous
les rois des Mèdes;
90. Et aussi à tous les rois de
l'aquilon, proches et éloignés, à
chacun contre son frere et à tous
les royaumes de la terre, qui sont
aux Chaldéens, qui, à leur tour, tombérent sous la puissance des Médes et des Perses
conduits par Darius et par Cyrus.
18. Ce calice de vin; littér. et par hébraisme, Le calice de vin.
11. Et je reçus, etc. Selon la plupart des interprètes, Jérémie raconte ici une simple
vision.
18. Des sifflements. Voy. xvin, 16. — Comme c'est en ce jour. Voy. x1, 5
19. * A Pharaon, Néchao.
20. Ausite, Ascalon, Gaza, Accaron, étaient les quatre villes principales des Philis-
tins; Azot n'était plus qu'une ruine, ayant déjà été prise par Psamméticus, roi d'E-
gypte.
23. Dédan, Théma, Buz; trois peuples qui habitaient à l'orient de la Palestine, dans
l'Arabie déserte, et que l'on comprend sous le nom d'Arabes-Scénites ou de Sarrasins,
— Dont la chevelure, etc., voy. 1x, 26.
24. * Arabie; le pays qui s'étend à l'est et au sud de la Palestine jusqu'à la mer
Rouge. — Tous les rois d'Occident; en hébreu, éreb, mot qui désigue les diverses
tribus nomades qui habitent le désert d'Arabie.
25. Zambri (dans l'hébreu Zimri); était une province de Perse suivant les uns, et
d'Arabie selon les autres. — Elam; province de Perse appelé aussi E/ymaide.
26. A chacun: pour l'animer contre son frère; selon le texte hébreu : A "un af à
l'autre, ou à l'un aprés l'autre. — * Sésach est le nom de Babel cu Babylone, écrit
d'après le procédé qu'on appelle e£basch et qui consiste à écrire la dernière lettre
doe au lieu de la première, l’avaut-dernière au lieu de 1c seconde, et ainsi de
suite,
,68. xxv.]
sur sa face; et le roi de Sésach
boira apres eux.
27. Et tu leur diras: Voici ce
que dit le Seigneur des armées,
Dieu d'Israél : Buvez et enivrez-
vous, et vomissez; et tombez et
ne vous relevez pas à la face du
glaive que moi j'enverrai parmi
vous.
98. Que s'ils ne veulent pas re-
cevoir de ta main le calice pour
boire, tu leur diras : Voicice que
dit le Seigneur des armées : Bu-
vant, vous boirez;
29. Parce que voilà que dans la
cité dans laquelle mon nom a été
invoqué, moi je commencerai à
affliger, et vous, vous serez com-
me des innocents et exempts de
châtiment? Vous n'en serez pas
exempts; car moi j'appelle le
glaive sur tous les habitants de
la terre, dit le Seigneur des ar-
mées.
30. Et toi, tu leur prophétiseras
toutes ces choses et tu leur diras:
Le Seigneur d'en haut rugira, et
de son habitacle saint il fera en-
tendre sa voix ; rugissant 3l ru-
gira contre le lieu méme de sa
gloire, et «n cri, comme les cris de
ceux qui foulent /e pressoir, re-
tentira contre tous les habitants
de la terre.
31. Le bruit en est parvenu jus-
quaux extrémités de la terre,
JÉRÉMIE. 1755
parce que le Seigneur entre en
jugement avec toutes les na-
tions; il est lui-méme en contes-
tation avec toute chair: j'ai livré
les impies au glaive, dit le Sei-
gneur.
32. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : Voilà que l'affliction
passera d'une nation sur une na-
tion, et une grande tempête sor-
lira des extrémités de la terre.
88. Et les tués par le Seigneur
seront en ce jour-là d'un bout de
la terre à son autre bout; ils ne
seront pas pleurés, etils ne seront
pas recueillis, ni ensevelis, mais
comme un fumier sur la face de
la terre, ils seront étendus.
34. Hurlez, pasteurs, et criez ;
couvrez-vous de cendres, vousles
chefs du troupeau, parce que sont
remplis les jours apres lesquels
vous devez étre tués; vous serez
dispersés, et vous tomberez com-
me des vases précieux.
39. Et la fuite sera enlevée aux
pasteurs, et le salut aux chefs du
troupeau.
36. La voix de la clameur des
pasteurs, et les hurlements des
chefs du troupeau se feront en-
tendre, parce que le Seigneur a
dévasté leurs pâturages.
31. Etles champs de la paix sont
dans le silence, à la face de la co-
lère de la fureur du Seigneur.
29. I Pierre, rv, 17. — 30. Joël, mr, 16; Amos, 1, 2.
28. Buvant, vous boirez; hébraisme pour vous boirez très certainement ou enliere-
ment.
29. Dans laquelle, etc. Voy. vix, 10.
30. Le lieu de sa gloire; son temple, oü il paraissait, pour ainsi dire, dans tout
l'éclat de la gloire qu'il recevait sur la terre de la part des hommes,
31. Toute chair; hébraisme, pour {ous les hommes.
34. Comme des vases précieuv; qui, en tombant, sont brisés, de mauière à ne pou-
voir plus servir. — * Couvrez-vous de cendres, en signe de deuil.
31, 38. La colère de la fureur. Voy. 1v, 8.
1750
38. Il ἃ abandonné, comme le
lion, sa retraite, et leur terre a
été désolée à la face de la colere
de la colombe, et à la face de la
colere de la fureur du Seigneur.
CHAPITRE XXVI.
Jérémie prophétisant la ruine de Jérusa-
lem est présenté aux princes de Juda
pour étre condamné à mort; les princes
etle peuple le reconnaissent innocent.
Exemple de Michée épargné par Ezé-
chias, et d'Ürie mis à mort par Joakim.
1. Au commencement du règne
de Joakim, fils de Josias, roi de
Juda, cette parole du Seigneur
me fut adressée, disant:
9. Voici ce que dit le Seigneur :
Tiens-toi dans le parvis de la mai-
son du Seigneur, et tu diras à
toutes les cités de Juda d’où l'on
vient afin d'adorer dans la maison
du Seigneur, tous les discours
que moi je t'ai commandé de leur
adresser; ne retranche pas une
parole,
3. Pour voir si par hasard ils
écouteront, et s'ils se converti-
Car. XXVI. 6. I Rois, 1v, 2, 10.
JÉREMIE.
[cu. xxvr.]
ront, chacun de sa voie mauvaise,
et je me repentirai du mal que je
pense leur faire, à cause de la ma-
lice de leurs ceuvres.
4. Et tu leur diras : Voici ce que
dit le Seigneur : Si vous ne m'é-
coutez pas, quand j'ordonne que
vous marchiez dans ma loi que je
vous ai donnée,
9. Et que vous entendiez les
paroles de mes serviteurs les pro-
phètes, que moi j'ai envoyés vers
vous, me levant durant la nuit et
les dirigeant, et que vous n'avez
pas écoutés,
0. Je rendrai cette maison
comme Silo, et je livrerai cette
ville en malédiction à toutes les
nations de la terre.
1. Etles prêtres et les prophètes
et tout le peuple entendirent Jé-
rémie disant ces paroles dans la
maison du Seigneur.
8. EtlorsqueJérémie eut achevé
de dire tout ce que le Seigneur
lui avait ordonné de dire à tout
le peuple, les prétres el les pro-
phètes et tout le peuple le sai-
38. La colombe; c'est-à-dire Nabuchodonosor dont la marche était rapide comme
la colombe, ou dont les étendards portaient la figure d'une colombe. Si l'on. veut
suivre l'ordre des temps, il parait qu'il faut passer de ce verset aux chapitres Xxxv,
xxxvi, en y joiguant les deux premiers versets du xxxvir.
1-24. * 3e Non seulement le peuple sera emmené captif, mais Jérusalem et le temple
seront ruinés: c'est ce que prédit Jérémie au commencement du règne de Joakim,
par conséquent trois ou quatre ans avant la prophétie du ch. xxv. L'annonce des
malheurs du ch. xxvi faillit coûter la vie au Prophète, 1-6, mais le danger qu'il
courut ne l'empécha point d'en maintenir l'exactitude, 7-15. — Plusieurs prennent sa
défense et rappellent que Michée a prédit les mêmes choses, cf. Mich., nr, 12, sans
être molesté par Ezéchias; ils sauvent ainsi Jérémie, malgré l'exemple d'Ürie, mis
ἃ mort par Joakim, exemple qu'alléguent ses adversaires, 16-24.
1. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4. — * Joakim monta sur le trône en 609 avant
notre ére.
2. Le parvis; c'est le grand parvis du peuple.
5. Me levant durant la nuit. ΝΟΥ͂. xxv, 3.
6. * Comme Silo. Voir Josué, xvi, 1.
1. Les prophètes; c'est-à-dire les faux prophètes.
ra Qu'il meure de mort; hébraisme, pour : qu'il meure sans rémission, impiloya-
ment.
ἅμ. «xvi.) JÉREMIÉ, 475?
sirent, disant : Qu'il meure de | pentira du mal qu’il a annoncé
mort. contre vous.
9. Pourquoi a-til prophétisé 14. Pour moi, voici que je suis
au nom du Seigneur, disant : | entre vos mains; faites-moi ce
Comme Silo, ainsi sera cette mai- | qui parait bon et juste à vos
son; et cette ville sera désolée, | yeux;
pour qu'il n'y ait pas d'habi- 15. Mais cependant, sachez et
tant? Et tout le peuple s'assembla | apprenez bien que, si vous me
contre Jérémie dans la maison du | faites mourir, vous répandrez un
Seigneur. sang innocent contre vous etcon-
10. Et les princes de Juda en- | tre cette cité et ses habitants; car,
tendirent ces paroles; et ils mon- | en vérité, le Seigneur m'a envoyé
terent de la maison du roi dansla | vers vous, pour que je fisse en-
maison du Seigneur, et ils s'assi- | tendre à vos oreilles toutes ces
rent à l'entrée de la porte neuve | choses.
de la maison du Seigneur. 16. Et les princes et tout le
4i. Et les prétres et les pro- | peuple dirent aux prétres et aux
phètes parlèrent aux princes et à | prophètes : Un jugement de mort
tout le peuple, disant : Un juge- | n'est pas dû à cet homme, parce
ment de mortest dz àcethomme, | que c'est au nom du Seigneur,
parce qu'il a prophétisé contre | notre Dieu, qu'il nous a parlé.
cette cité, comme vous l'avez en- 17. Des hommes donc, d'entre
tendu de vos oreilles. les anciens du pays, se leverent,
19. Et Jérémie parla à tous les | et ils dirent à toute l'assemblée
princes età tout le peuple, disant: | du peuple, en prenant la parole :
Le Seigneur m'a envoyé, afin de 18. Michée de Morasthie fut
propbétiser à cette maison ei à | prophète dans les jours d'Ezé-
cette cité toutes les choses que | chias, roi de Juda, et parla à tout
vous avez entendues. le peuple de Juda, disant : Voici
13. Maintenant donc rendez | ce que dit le Seigneur des ar-
droites vos voies et vos œuvres, | mées : Sion, comme un champ,
et écoutez la voix du Seigneur | sera labourée, et Jérusalem sera
votre Dieu; et le Seigneur se re- | réduite en un monceaude pierres,
12. Supra, xxv, 13. — 13. Supra, vir, 3. — 18. Mich., ui, ₪
10. Jis s'assivént; pour rendre la justice. — Porte neuve; ainsi appelée depuis que
Joatham l'avait fait réparer (1V Rois, xv, 35). Le chaldéen dit porte orientale; nom
qu'elle portait sans doute auparevant. C'est là, comme le remarque saint Jérôme,
que se jugeaient ies causes de reiigion.
12. Les choses. Comme nous l'avons déjà remarqué, la Vulgate rend constamment
par parole (verbum) ie terme hébreu qui signifie trés souvent chose, fait, événement.
43. Le Seigneur se repentira. Voy., pour le vrai sens de cette expression, xviu, 8
48. Michée: c'est le sixième des petits prophètes dans les Bibles hébraiques et la
Vaigate, On lit dans ses prophéties (nr, 12) la citation qui est faite ici par les anciens
de juda. — * Sion, comme un champ, sera labourée. Le mont Sion, depuis des siècles,
est en grande partie hors des murs de Jérusalem et on le laboure pour la culture.
— La montuyne de la maison de Dieu, le mont Moriah où était le temple. ll y pousse
aujourd'hui des arbres, là οὐ étaient autrefois les saerés parvis.
1158
etlamontagne delamaisonenune
haute forêt.
19. Est-ce qu'Ezéchias, roi de
Juda, et tout Juda l'ont condamné
à mort? Est-ce qu'ils ne craigni-
rent pas le Seigneur, et ne sup-
plièrent-ils pas la face du Sei-
gneur, et le Seigneur ne se re-
pentit-il pas des maux qu'il avait
annoncés contre eux? C'est pour-
quoi nous faisons un grand mal
contre nos âmes.
20. Il y eut aussi un homme
prophétisant au nom du. Sei-
gneur, Urie, fils de Séméi, de
Cariathiarim ; et il prophétisa con-
ire celte cité, et contre cette
lerre, selon toutes les paroles de
Jérémie.
21. Et le roi Joakim, et tous les
puissants et ses princes enten-
dirent ces paroles; et le roi cher- |
cha à le tuer. Et Urie l'apprit, et il
craignit, et s'enfuit, et il entra en
gypte.
JERÉMIE.
(eu. xxvit.
22. Et le roi Joskim envoya des
hommes en Egypte, Elnathan, fils
d'Achabor, et des hommes avec
lui en Egypte.
23. Et ils tirèrent Urie d'Egypte,
et ils l'amenerent au roi Joakim,
et il le frappa du glaive, et il 8
son cadavre dans les sépulcres
des derniers du peuple.
24. Donc 18 main d'Ahicam, fils
de Saphan, fut avec Jérémie, afin
qu'il ne füt pas livré aux mains
du peuple, et qu'on ne 16 1
pas.
CHAPITRE XXVII.
Liens ef joug envoyés à divers rois. Le
Seigneur ordonne à ces princes de se
soumettre au roi de Babylone. Faux
prophétes qui séduisent le peuple.
Vases du temple transportés à Baby-
lone.
1. Au commencement du règne
de Joakim, fils de Josias, roi de
Juda, cette parole fut adressée à
Jérémie par le Seigneur, disant :
19. Tout Juda; c'est-à-dire tout le peuple de Juda.
20. * De Cariathiarim ; ville située au nord-ouest de Jérusalem, dans les montagnes,
sur la route de Jérusalem à Jaífa. — Urie;le prophète, ne nous est connu que par ce
passage.
22, * Elnathan; un des principaux habitants de Jérusalem, plus loin, xxxvr, 12, 25.
— Achabor. Un personnage de ce nom est mentionné parmi les courtisans de Josias,
IV Rois, מצצא 12, 14, mais on ignore si c'était le père d'Elnathan. Un Elnathan eut
une fille nommée Nohesta, qui fut l'épouse de Joakim etla mére de Jéchonias, IV Rois,
xxiv, 8. Si cet Elnathan est le méme que celui dont il est question ici, Joakim aurait
chargé son beau-père d'aller réclamer Urie en Egypte.
23. * Ils tirèrent Urie d'Egypte. Comme c'était 16 pharaon Néchao qui avait placé
Joakim sur le trône, 11 lui livra le prophète Urie.
24. Done (igitur); selon i'hébreu, seulement, et, suivant les Septante, exceplé, hormis;
particules qui s'adaptent mieux au contexte que donc. — La main d'Ahicam, ete.;
le secours, la protection d'Ahicam ne manqua pas à Jérémie, c'est-à-dire qu'Ahicam
soutint puissamment Jérémie. Ahicam avait été en considération auprès de Josias,
père de Joakim (IV Rois, xxir, 12-14). Si l'on veut suivre l'ordre des temps, il faut ici
reprendre 16 chapitre xxv. — * Ahicam, fils de Suphan, est nommé IV Rois, xxit, 12, 14,
parmi ceux qui furent envoyés par le roi Josias à la prophétesse Holda pour la con-
sulter, quand le grand prétre Helcias eut retrouvé la loi de Moise dans le temple de
Jérusalem. 11 eut pour fils Godolias, qui fut nommé plus tard par Nabuchodonosor,
gouverneur du pays. Jérémie, xxxix, 14; xL, 5. Toute cette famille soutenait le Pro-
phéte.
1-22. * 4? Tous les peuples voisins subiront le joug de Dabylone, que Jérémie se
met symboliquement au cou. Quiconque se laisse tromper par les faux prophétes
(en. xxvir.]
9. Voici ce que me dit le Sei-
gneur : Fais-toi des liens, et des
chaînes, et tu les mettras à ton
cou.
3. Et tu les enverras au roi d'E-
dom, et au roi de Moab, et au roi
des enfants d'Ammon, et au roi de
Tyr, et au roi de Sidon, par la
main des ambassadeurs qui sont
venus à Jérusalem vers Sédécias,
roi de Juda.
4. Et tu leur ordonneras de par-
ler ainsià leurs maitres : Voici ce
que dit le Seigneur des armées,
Dieu d'Israël : Vous direz ceci à
vos maîtres :
5. C'est moi qui ai fait la terre,
et les hommes et les bétes qui
sont sur la face de la terre, par
mià grande puissance et par mon
bras étendu; et j'ai donné la
terre à celui qui a plu à mes yeux.
6. Et. €'est pourquoi moi j'ai
JÉRÉMIE.
1759
maintenant mis toutes ces terres
dans la maison de Nabuchodono-
sor, roi de Babylone, mon servi-
teur ; de plus, je lui ai donné les
bêtes de lacampagne, afin qu'elles
lui soient soumises.
1. Et toutes les nations lui se-
ront soumises, à lui et à son fils,
et au fils de son fils, jusqu'à ce
que vienneletemps de son royau-
me et son propre éemps, et beau-
coup de nations et de grands rois
lui seront soumis.
8. Mais la nation et le royaume
qui ne se soumettra pas à Nabu-
chodonosor, roi de Babylone, et
quiconque ne courbera pas son
cou sous le joug du roi de Baby-
lone, c'est par le glaive, par la
faim, et par la peste, que je visi-
terai cette nation, jusqu'à ce que
jeles aie consumés par sa main.
9. Vous aonc, n' écoutez pas vos
Cab. XXVII. 9. Supra, xxii, 16; Infra, xxix, 8.
CR ——————^^»^—^—€^——€———————
périra; celui au contraire qui croira à la parole de Dieu sera, sauvé, xxvi, 1-11. —
$e Sédécias et Jérusalem [sont prévenus des maux qui vont fondre sur Juda; la fin
prochaine de la captivité qu'annoncent les faux prophétes est un mensonge; au con-
traire, ceux qui sont restés dans le pays seront déportés à leur tour et iront re-
joindre ceux qui sont déjà captifs, 12-22.
1. Joakim. D’après les versets 3, 12, 20, de ce méme chapitre, et, d'après נוצצצ 4,
il semble qu'il faudrait Sédécias, comme lisent, en effet, plusieurs manuscrits hé-
breux, la version syriaque et une version arabe. Saint Jéróme reconnait que, s'il
faut lire iei Joakim, ce verset se rapporte au chapitre xxvi, parce que la suite regarde
le règne de Sédécias. — Disant. Voy. 1, 4.
2. Fais-loi des liens, etc. C'était la coutume des Orientaux de peindre par leurs
actions les objets par lesquels ils voulaient frapper l'imagination de leurs auditeurs.
Voilà pourquoi les prophétes prophétisaient non seulement en paroles, mais encore
par des actions symboliques. Par ces liens et ces chaines, Jérémie veut figurer l'as-
servissement prochain de Juda et des pays limitrophes.
6. Mon serviteur. Voy., sur le sens de ces mots, xxv, 9. — Les bétes de la campagne;
chez les Hébreux cetie expression, aussi bien que celle de bétes de La terre, désignait
les bétes sauvages. — * Saint Thomas dit que l'expression hyperbolique : Je lui ai donné
les bétes de lu campagne, signifie que Dieu veut soumettre complètement le royaume
de Juda à Nabuchodonosor.
1.* A lui, Nabuchodonosor, e£ à son fils, Evilmérodach, qui régna deux ans, au
bout desquels il fut détróné par son beau-frére Nériglissor. Celui-ci régna quatre ans.
Son fils Laborosoarchod lui succéda, mais il fut tué au bout de neuf mois et remplacé
par Nabonide, pére de Baltasar. Nabonide fut dépouillé de la couronne par Cyrus
uu bout de dix-sept ans de règne. Jérémie marque la durée de l'empire babylonien
plutót que l'ordre rigoureux de succession.
4'160
prophètes, et vos devins et vos
réveurs, vos augures et vos ma-
giciens, qui vous disent : Vous
ne serez pas soumis au roi de Ba-
bylone.
10. Parce qu'ils vous prophéti-
sent un mensonge, afin de vous
envoyer loin de votre terre, et de
vous en chasser, et de vous faire
périr.
11. Or lanation qui mettra son
cou sous le joug du roi de Baby-
lone, et se soumettra à lui, je la
laisserai dans sa terre, dit le Sei-
gneur; et elle la cultivera, et elle
y habitera.
19. Et à Sédécias, roi de Juda,
dans les mémes termes j'ai parlé,
disant : Mettez vos cous sous le
joug du roi de Babylone, et sou-
mettez-vous à lui et à son peuple,
et vous vivrez.
13. Pourquoi mourrez-vous,
vous et votre peuple, parle glaive,
et par la famine, et par la peste,
comme l'a dit le Seigneur de la
nation qui n'aura pas voulu se
soumettre au roi de Babylone?
14. N'écoutez pas les paroles
des prophètes qui vous disent :
Vous ne serez pas soumis au roi
de Babylone; parce que c'est un
jÉRÉMIE.
(cu. xxvir.]
mensonge qu'eux vous disent.
15. Parce que je ne les ai pas
envoyés, dit le Seigneur, et ils
prophétisent en mon nom faus-
sement, afin de vous chasser de
votre terre et de vous faire périr,
vous et les prophètes qui vous
prédisent l'avenir. |
16. Et j'ai parlé aux prétres et
à ce peuple, disant : Voici ce que
dit le Seigneur : N'écoutez pas les
paroles de vos prophètes qui vous
prophétisent, disant : Voilà que
les vases du Seigneur seront bien-
tót rapportés de Babylone; car
cest un mensonge qu'ils vous
prophétisent.
11. Ne les écoutez done pas;
mais soumettez-vous au roi de
Babylone, afin que vous viviez;
pourquoi cette cité sera-t-elle ré-
duite en une solitude?
18. Que s'ils sont prophètes et
que la parole du Seigneur soit en
eux, qu'ilss'opposentau Seigneur
des armées, afin que les vases
laissés dans la maison du Sei-
gneur, et dans la maison du roi
de Juda, et à Jérusalem, ne soient
pas transférés à Babylone.
19. Parce que voici ce que dit
le Seigneur des armées relative-
15. Supra, xiv, 14; xxiri, 21; Infra, xxix, 9. — 19. IV Rois, xxv, 19.
MM ——À € M M 7-7
411. Or la nation, etc. 11 n'y a pas ici de contradiction avec ce qui a été dit plus
haut (xxv, 14), que les nations seraient châtiées, parce qu'elles servaient les Chal
déens. En effet, il faut bien le remarquer, ces nations ne devaient pas étre chátiées
à cause de leur soumission, soumission qui leur était commandée aussi bieu qu'à
Juda pour ne pas aggraver leurs maux, mais à cause de la fureur perfide, contraire
aux traités, avec laquelle elles s'étaient jointes aux Chaldéens pour attaquer et per-
sécuter les Juifs.
16. Les vases du Seigneur; c'est-à-dire les vases sacrés que Nabuchodonosor avait
emportés du temple (IV Rois, xxiv, 43; 11 Paralip., xxxvr, 10).
AT. Pourquoi celte cité, par votre indocilité à la voix du Seigneur, sera-t-elle réduite
en une solitude, selon que le Seigneur l'a prononcé contre ceux qui refuseront de se
soumettre au roi de Babylone (vers. 12, 13), tandis que vous pouvez la sauver en vous
soumettant à ce priuce?
19. Aux colonnes, à la mer, aux bases, ete. Voy., sur ces objets, ΠῚ Hois, vit, et
]V Rois, xxv,
[xx vu] JÉREMIE. 1761
ment aux colonnes, et à la mer, | vant les prêtres et tout le peuple,
et aux bases, et aux restes des | disant :
vases qui ont été laissés dans cette 2. Voici ce que dit le Seigneur
cité, des armées, Dieu d'Israél ; J'ai
20. Que n'emportapasNabucho- | brisé le joug du roi de Babylone.
donosor, roi de Babylone, lors- | 8. Encore deux ans de jours, et
qu'il transféra Jéchonias, fils de | moi je ferai rapporter ici tous les
Joakim, roi deJuda, de Jérusalem | vases de la maison du Seigneur,
à Babylone, et tous les grands de | que Nabuchodonosor, roi de Ba-
Juda et de Jérusalem; bylone, a enlevés de ce lieu-ci,
91. Parce que, dis-je, voici ce | et qu'il a transportés à Babylone.
que dit le Seigneur des armées, 4. Et je ferai revenir, dit le Sei-
Dieu d'Israél, relativement aux | gneur, Jéchonias, fils de Joakim,
vases qui ont élé 1815865 dans la | roi de Juda, et tous /es fils de la
maison du roi de Juda et dans Jé- | transmigration de Juda qui sont
rusalem : entrés à Babylone, car je briserai
22. Ils seront transportés à Ba- | le joug du roi de Babylone.
bylone, et ils y seront jusqu'au 9. Et Jérémie le prophete dit à
jour deleur visite, ditleSeigneur; | Hananias le prophète, sous les
et je les ferairapporteretrétablir | yeux des prêtres et sous les yeux
en ce lieu. de tout le peuple qui se tenait
dans la maison du Seigneur;
6. Jérémie, le prophète, dit
donc : Amen, qu'ainsi fasse le Sei-
gneur; que le Seigneur réalise
tes paroles quetu as prophétisées,
afin que les vases solent rapportés
dans la maison du Seigneur, et
que tous les fils dela transmigra-
| tion de Babylone reviennent en
| ce lieu.
| 7. Mais cependant écoute cette
parole que moi, je dis à tes oreilles
el, aux oreilles de tout le peuple:
΄
8. Les prophètes qui ont été
CHAPITRE XXVIII.
Fausse prédiction d'Hananias; Jérémie
en appelle à l'événement. Hananias
continue de soutenir sa fausse prédic-
tion. Jérémie lui déclare qu'il mourra
dans l’année méme. Mort d'Hananias.
1. Et il arriva en cette année-
là au commencement du regne
de Sédécias, roi de Juda, en la
quatrième année, au cinquième
mois, qu'Hananias, fils d'Azur,
prophete de Gabaon, me parla
dans la maison du Seigneur, de-
22, Jusqu'au jour de leur visite. Le mot visite est pris ici en bonne part; le sens est
donc : Jusqu'à ce que [6 les visite, en les retirant des mains des Chaldéens, pour
ies faire reporter et rétablir dans mon tempie; ce qui eut lieu sous Cyrus, roi des
Perses (I Esdras, 1, 1-11). — En ce lieu; dans 16 temple.
1-11. * 6? La dernière prédiction de Jérémie est confirmée par l'exemple d'Hananias
et de Séméi. — I. Le faux prophète Hananias annonce que Jéchonias avec les autres
captifs reviendront à Jérusalem et que ies vases sacrés seront renvoyés, xxvi, 4-4.
— Jérémie dément ces prédictions et déclare, au nom de Dieu, qu'Hananias mourra
dans l'année, ce qui arriva en effet, 5-11.
1. Gabaon; ville de la tribu de Benjamin, non loin de Jérusalem. — * La quatrième
année de Sédécias, 594. — Hananias ne nous est connu que par ce qu'en dit Jérémie,
4, 6, Les fils de la transmigration. Voy., sur cette expression, xxiv, 5.
21 111
1762
avant moi et avant toi dès 16 com-
mencement, ont prophétisé dans
beaucoup de pays et dans de
grands royaumes, la guerre, et
l'affliction, et la famine.
9. Le prophète qui préditla paix,
lorsque sa parole s'accomplira,
sera reconnu pour le prophète
que le Seigneur a envoyé vérita-
blement.
10. Et Hananias le prophète en-
leva la chaine du cou de Jérémie,
le prophete, et la brisa.
11. Et Hananias parla en pré-
sence de tout le peuple, disant :
Voici ce que ditle Seigneur: Ainsi
je briserai aprés deux années de
jourslejougde Nabuchodonosor,
roi de Babylone, et je l'óterai du
cou de toutes les nations.
12. Et Jérémie, le prophéte, re-
prit son chemin. Et la parole du
Seigneur fut adressée à Jérémie,
apres qu'Hananias, le prophète,
eut brisé la chaine, l'ayant ótée
du cou de Jérémie, le prophète,
disant :
13. Va, et tu diras à Hananias :
Voici ce que dit le Seigneur : Tu
as brisé des chaines de bois, et tu
feras en leur place des chaines de
fer.
'JÉRÉMIE.
[cu. xxix.]
14. Car voici ce que dit le Sei-
gneur des armées, Dieu d'Israël:
J'ai posé un joug de fer sur le cou
de toutes les nations, afin qu'elles
se soumettent à Nabuchodono-
sor, roi de Babylone, et elles se
soumettront à lui; de plus je lui
ai méme donné les bétes de la
terre.
15. Et Jérémie le prophete dit
à Hananias le prophète : Ecoute,
Hananias; le Seigneur ne ta
pas envoyé, et tu as fait que ce
peuple s'est confié dans un men-
songe.
16. C'est pourquoi, voici ce que
dit le Seigneur : Voilà que moi
je te chasserai de la face de la
lerre; cette année tu mourras;
car tu as parlé contre le Sei-
gneur.
11. Et Hananias mourut cette
année-là, au septième mois.
CHAPITRE XXIX.
Lettre de Jérémie aux captifs de Baby-
lone. Promesse deleur retour. Menaces
contre Achab et Sédécias, faux prophè-
tes. Lettre de Séméias à Sophonias
contre Jérémie. Menaces contre Sé-
méias.
1. Et voiciles paroles de la lettre
M. Et je lóterai. Ces mots font réellement partie du texte, parce qu'en hébreu,
lorsqu'un verbe se trouve construit avec un complément qui ne lui convient pas,
un autre verbe auquel appartient ce complément est sous-entendu, et celui qui est
exprimé réunit la signification de ce verbe sous-entendu à la sienne propre. Cest
ce qui arrive ici, et au verset 12, où les mots du cou (de collo) ne sauraient être le
complément du verbe briser (confringam, confregit); d'autant plus que la préposition
de exprime l'idée de séparation, d'éloignement, aussi bien que la particule hébraique
qu'elle représente.
14. Les bétes de la terre. Voy., pour le sens de cette expression, xxvir, 6.
11. Si l'on veut suivre l'ordre des temps, il parait qu'il faut passer de ce verset au
chapitre xxxiv.
1-32. * IL. Jérémie écrit aux captifs eux-mêmes à Babylone qu'ils ne doivent
pas espérer un prompt retour en Judée, mais considérer la Chaldée comme
leur nouvelle patrie, et ne pas croire à la parole de ceux qui leur prédisent le eon-
traire, xxiv, 1-9; car la captivité ne finira qu'au terme de 70 ans, 10-15; tous ceux
qui leur annoncent que la fin de leurs maux est proche les trompent, 16-22, — Un de
(ca. xxix.]
queJérémiele prophéte envoyade
Jérusalem aux restes des anciens
de la transmigration, et aux pré-
tres, et aux prophètes, et à tout
le peuple que Nabuchodonosor
avait fait passer de Jérusalem à
Babylone.
2. Apres que le roi Jéchonias fut
. Sorti de Jérusalem, ainsi que la
reine, etleseunuques, etles prin-
ces de Juda et de Jérusalem, et
l'artisan, et le lapidaire;
3. Par l'entremise d'Elasa, fils
de Saphan, et par Gamarias, fils
d'Helcias, que Sédécias, roi de
Juda, envoya à Nabuchodonosor,
roi de Babylone, à Babylone, Jé-
rémie, disall:
4. Voici ce que dit le Seigneur
des armées, Dieu d'Israël, à tous
les fils de la transmigration que
j'ai transférés de Jérusalem à Ba-
bylone :
5. Bátissez des maisons, et ha-
bitez-/es; plantez des jardins et
mangez-en les fruits ;
6. Prenez des femmes, et en-
gendrez des fils et des filies; don-
nez à vos fils des femmes, et don-
nez vos filles à des maris, et
qu'elles enfantent des fils et des
filles; et multipliez-vous là, et
JÉRÉMIE.
1763
ne soyez pas en petit nombre.
7. Et recherchez la paix de la
cité dans laquelle je vous ai fait
émigrer, et priez pour elle le Sei-
gneur, parce que dans sa paix
sera votre paix.
8. Car voici ce que dit le Sei-
gneur des armées, Dieu d'Israël:
Qu'ils ne vous séduisent pas, vos
prophètes qui sont au milieu de
vous, et vos devins; et ne faites
pas attention aux songes que
vous 500802 ;
9. Parce que c’est faussement
qu'eux vous prophétisent en mon
nom, et je ne les ai point en-
voyés, dit le Seigneur.
10. Parce que voici ce que dit
le Seigneur : Lorsque soixante-dix
ans auront commencé d’être ac-
complis à Babylone, je vous visi-
lerai; et je réaliserai pour vous
ma bonne parole en vous rame-
nant en ce lieu.
11. Car moi, je sais les pensées
que je pense sur vous, dit le Sei-
gneur, pensées de paix et non
d'affliction : c'est de vous accorder
la fin de vos mauz et la patience.
12. Et vous m'invoquerez, et
vous partirez; vous me prierez, 6
moi je vous exaucerai.
CHaP. XXIX. 8. Supra, xiv, 14; xxim, 16, 26; xxvir, 15. — 10. II Par., xxxvi, 21;
I Esd., 1, 1; Supra, xxv, 12; Dan., 1x, 2.
ces faux prophétes de Babylone, Séméi, non content d'induire les captifs en erreur,
avait écrit à Jérusalem pour demander qu'on mit Jérémie en prison; Jérémie lui
prophétise que ni lui ni sa postérité ne verront le salut du Seigneur, 24-32.
1. Lettre; littér. livre (bri); le terme hébreu signifie proprement écriture, et, par
extension, chose écrite, écrit, livre; saint Jéróme lui-méme l'a rendu plusieurs fois
ailleurs par lettre (epistola litterz).
2. La reine; sa mère. Compar. IV Rois, xxiv, 12. — Eunuques; ils sont mis ici entre
les princes de Juda, de Jérusalem et les prétres, parce qu'ils étaient les premiers
officiers de la cour. En Orient, en effet, on donnait.ce nom aux officiers de la maison
des princes, quoiqu ils ne fussent pas réellement eunuques, mais parce qu'ils faisaient
leur service dans les appartements des femmes.
3. * Elasa et Gamarius sont des personnages inconnus par ailleurs.
4, 22, 31. Les fils de la transmigration. Voy., sur cette expression, xxiv, 5.
176^
43. Vous me chercherez et
vous me trouverez, lorsque vous
m'aurez cherché de tout votre
cœur.
14. Et je serai trouvé par vous,
dit le Seigneur; et je vous ramè-
nerai vos caplifs, et je vous ras-
semblerai du milieu de toutes les
nations et de tous les lieux dans
lesquels je vous ai chassés, dit le
Seigneur; et je vous ferai revenir
du lieu dans lequel je vous ai fait
émigrer,
15. Parce que vous avez dit :
Le Seigneur a suscité pour nous
des prophetes à Babylone.
16. Parce que voici ce que ditle
Seigneur au roi qui est assis sur
le trône de David, et à tout le peu-
ple habitant de cette ville, à vos
frères qui ne sont pas allés avec
vous en captivité.
11. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : Voilà, j'enverrai
contre eux le glaive, la famine
et la peste, et je les rendrai com-
me des figues mauvaises, qui ne
peuvent étre mangées, parce
qu'elles sont trés mauvaises.
18. Et je les poursuivrai par le
glaive, et par la famine, et par la
peste; et je les livrerai en vexa-
lion à tous les royaumes de la
terre; en malédiction, et en stu-
peur, et en sifflement, et en op-
probre, à toutes les nations chez
17. Supra, xxiv, 9, 10.
JEREMIE.
(cu. xxix.]
lesquelles moi-méme je les ai
chassés;
19. Parce qu'ils n'ont pas écouté
mes paroles, dit le Seigneur, que
je leur ai adressées par mes ser-
viteurs les prophètes, me levant
durant la nuit, et /esenvoyant; et
vous ne m'avez pas écouté, dit le
Seigneur.
20. Vous donc, écoutez la pa-
role du Seigneur, vous tous, fils
de la transmigration, que ji
envoyés de Jérusalem à Baby-
lone.
21. Voici ce que dit le Seigneur
des armées, Dieu d'Israël, à
Achab, fils de Colias, et à Sédé-
cias, fils de Maasias, qui vous
prophétisent en mon nom le men-
songe : Voilà que moi je les li-
vrerai aux mains de Nabuchodo-
nosor, roi de Babylone, et il les
frappera sous vos yeux.
99. Et ils seront pris comme
exemple de malédiction par tous
les fils de la transmigration de
Juda qui sont à Babylone, et qui
diront : Que le Seigneur te traite
comme Sédécias etcomme Achab,
que le roi de Babylone a fait gril-
ler au feu,
93. Parce qu'ils ont fait une folie
dans Israël, et qu'ils ont commis
ladultere avec les femmes de
leurs amis, et qu'ils ont dit faus-
sement en mon nom ce que je ne
mn———————— -/ 22-זת/ á——
19. Me levant, etc. Voy., sur le sens de cette locution, vit, 13. — Les envoyant. Le
pronom /es sous-entendu doit se rapporter à prophétes.
21, * Achab et Sédécias. Ces deux faux prophètes ne sont nommés qu'ici.
99. 115 seront pris, etc.; littér., selon l'hébreu trés fidélement traduit dans la Vul-
gate : I sera pris d'eux malédiction à toute lu transmigration de Juda, disant; c'est-
à-dire que, lorsque les Juifs captifs à Babylone voudront maudire quelqu'un, ils
diront : Que le Seigneur, ete. — Le mot disant est au génitif pluriel masculin (dicen-
lium) dans la Vulgate, parce qu'il se rapporte à Juda, qui signifie ici non / terre,
de sol, mais les habitants,
'cu, xxx.] JÉRÉMIE. 1765
leur ai pas commandé ; c'est moi 30. Et la parole du Seigneur fut
qui suis le juge et le témoin, dit | adressée à Jérémie, disant :
le Seigneur. 91. Envoie vers tous les fils de
94. Et tu diras à Séméias, le | la transmigration, disant : Voici
Néhélamite : ce que dit le Seigneur à Séméias,
. 95. Voici ce que dit le Seigneur | 16 Néhélamite : Parce que Séméias
des armées, Dieu d'Israël : Parce | a prophétisé, et que moi je ne l'ai
que tu as envoyé des lettres en | pas envoyé; et quil vous a fait
ton nom à tout le peuple qui est ! vous confier dans un mensonge;
dans Jérusalem et à Sophonias, 32. C'est pour cela que voici ce
fils de Maasias e£ prêtre, et à tous | que dit le Seigneur : Voilà que
les prêtres, disant : moi je visiterai Séméias le Néhé-
96. Le Seigneur t'a établi prêtre | lamite et sa race; il n'aura pas
à la place du pontife Joïada, afin | d'homme de sa race assis au mi-
que tu sois chef dans la maison | lieu de ce peuple, et il ne verra
du Seigneur, ayant autorité sur | pasle bien que moi je ferai à mon
tout, homme saisi d'une fureur | peuple, dit le Seigneur, parce
prophétique, et prophétisant, afin | qu'ila proféré des paroles de pré-
que tu le mettes dans les fers et | varication contre 16 Seigneur.
dans la prison.
27. Et maintenant pourquoi
n'as-tu pas repris Jérémie, l'Ana- | Retour d'Israël et de Juda. Jour terrible
thothite, gui vous prophétise? qui le précédera. Les deux maisons
98. Parce qu'outre cela, il a d'Israél et de Juda serviront le Sei-
L 8 : gneur et David leur roi. Le Seigneur
envoyé vers nous à babylone, perdra les ennemis de son peuple. Il
CHAPITRE XXX.
disant : C'est long; bâtissez des rassemblera les enfants d'Israél, et les
maisons et habitez-/es, et plan- comblera de biens et de gloire. Ven-
lez des jardins, et mangez-en les ΠΣ ΕΣ προ Rn VE ANS EE
fruits.
29. Sophonias le prêtre lut donc 4. Voici la parole qui fut adres-
cette lettre aux oreilles deJérémie | sée à Jérémie par le Seigneur, di-
le prophète. sant :
24. Séméias; vraisemblablement un des faux prophètes de Babylonie; car son sur-
nom 16 Néhélamite signifie en hébreu 16 songeur, le réveur, le visionnaire.
25. Des lettres; 111160. des livres. Compar. le vers. 1. — Sophonias. Voy. xxi, +.
26. Joiada; selon 18 plupart est le grand prêtre qui avait montré beaucoup de zèle
sous le règne de Joas (IV Rois, xi, 18; 11 Paralip., xxur, 17); selon d'autres, un simple
prêtre, le second du grand prêtre, et le prédécesseur de Sophonias. — Les fers; littér.
le nerf. Voy. xx, 2.
28. C'est long; le temps de votre captivité durera encore longtemps
30. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4,
1-24. * IIIe section : Prophéties messaniques, xxx-xxxur. — 19 Restauration du
peuple Ge Dieu, xxx. — Une partie du peuple 8 été déjà emmenée en captivité; la
catastrophe £uale approche; Jértmie songe surtout, en ces moments critiques, à
consoier ses frères. 11 annonce d'abord que les captifs, non seulement de Juda, mais
aussi d'Israël, reviendront dans leur patrie, 1-3. — Les calamités actuelles sont grandes,
mais le joug étranger sera brisé, et David, c'est-à-dire le Messie, régnera de nouveau
1766
2. Voici ce que dit le Seigneur,
Dieu d'Israél, disant : Ecris pour
toi toutes les paroles que je t'ai
dites dans un livre.
3. Car des jours viennent, dit le
Seigneur, et je ferai retourner
certainement mon peuple d'Israél
et de Juda, dit le Seigneur; et je
les ferai retourner dans la terre
que j'ai donnée à leurs pères, et
ils la posséderont.
4. Et voici les paroles que le
Seigneur a dites à Israël et à Juda :
5. Ainsi voici ce que dit le Sei-
gneur : Nous avons entendu une
voix de terreur; l'épouvante, et
il n'y a pas de paix.
6. Demandez et voyez si un
mâle enfante; pourquoi donc ai-
je vu la main de tout homme sur
ses reins, comme une femme en
travail, et pourquoi toutes les
faces ont-elles tourné à la pâleur?
7. Malheur! car grand est ce
jour, et il n'en est point de sem-
blable; et c'est un temps de tri-
bulation pour Jacob, mais il en
sera délivré.
CHAP. XXX. 7. Joël, 11, 11; Amos, v, 18; Soph., 1, 15. — 10. Is., xum, 1; χων, 2;
JÉRÉMIE.
fcg. xxx.]
8. Et il arrivera en ce jour-là,
dit le Seigneur des armées, que
je briserai son joug, et je l'óterai
de ton cou, je romprai ses liens,
etles étrangers nele domineront
plus;
9. Mais ils servirontle Seigneur
leur Dieu, et David leur roi que
je leur susciterai.
10. Toi donc, ne crains pas, mon
serviteur Jacob, dit le Seigneur,
et ne t'effraye pas, Israél, parce
que je te sauverai en teramenant
d'une terre lointaine,et ta race ez
la retirant de la terre de sa capti-
vité; et Jacob reviendra, et se
reposera, et abondera en toute
sorte de choses, et il n'y aura per-
sonne qu'il redoutera.
11. Parce que moi je suis avec
toi, dit le Seigneur, afin de te sau-
ver; car je détruirai entierement
touteslesnations parmilesquelles
je t'ai dispersé ; pour toi, je ne te
détruirai pas entierement; mais
je te châtierai selon la justice,
afin que tu ne paraisses pas à tes
yeux irréprochable.
,
Luc., r, 70.
sur son peuple, 4-11. — Israél est frappé maintenant, sans que personne puisse le
secourir, mais Dieu guérira un jour les blessures qu'il lui a faites, 12-17. — 11 le ra-
mènera dans sa terre, au dernier des jours, il fera régner sur lui un prince de sa race
(le Messie), quand sa colère sera apaisée, 18-24.
1. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4.
3. Je ferai retourner certainement; littér. je ferai retourner le retour; genre de ré-
pétition qui, comme nous l'avons déjà remarqué plus d'une fois, a pour but de donner
plus de force à la pensée.
6. Demandez, etc.; figure qui représente l’effroi des Babyloniens, et leur extrêrne
surprise, lorsqu'ils verront fondre sur eux toutes les forces réunies des Perses et des
Mèdes. L'Ecriture désigne assez ordinairement les douleurs aiguës et subites par
celles de l'enfantement.
8. Son joug; c'est-à-dire le joug de l'ennemi. — Je /'óterai. Voy., sur ces mots, xxvi, 14.
9. David; c'est-à-dire le Messie, qui est appelé David (Ezéch., xxxiv, 23;
xxxvir, 25),comme le descendant de ce prince, et comme possédant éminemment ef
dans la réalité toutes les qualités que l'Ecriture donne à David comme figure du
Messie. Zorobabel, à qui cette prophétie a été appliquée par quelques-uns, ne l'a
remplie que fort imparfaitement; car il ne fut jamais roi, et il ne posséda jamais
dans 88 nation une autorité absolue.
[cn. xxx.]
12. Parce que voici ce que dit le
Seigneur : Incurable est ta bles-
sure, très maligne ta plaie.
13. Il n'est personne qui s'inté-
resse à ta cause pour bander £a
plaie; dans les remèdes il n'y a
pas d'utilité pour toi.
14. Tous ceux qui t'aimaient
t'ont oubliée, et ne te recherche-
ront plus, car je t'ai frappée d'une
plaie d'ennemi, d'un châtiment
cruel; à cause de la multitude de
tes iniquités, tes péchés sont de-
venus graves.
15. Pourquoi cries-tu d'avoir été
brisée? ta douleur est incurable ;
à cause de la multitude de tes ini-
quités, et à cause de tes péchés
graves, je t'ai fait cela.
16. Cest pourcela que tousceux
quite mangent seront dévorés;et
toustes ennemis seront emmenés
en captivité; et ceux qui te rava-
gent seront 2878868, et tous ceux
qui te pillent, je les livrerai au
pillage.
17. Car je fermerai ta cicatrice,
et je te guérirai de tes blessures,
ditle Seigneur. Parce que, ó Sion,
ils t'ont appelée 18 répudiée, di-
sant : Voici celle qui n'avait per-
sonne qui la recherchát.
18. Voici ce que ditle Seigneur:
Voilà que moi, je ferai retourner
certainement les tabernacles de
14. Supra, זואא 19.
JÉRÉMIE.
1767
Jacob, et j'aurai pitié de ses de-
meures, et la cité sera bátie sur
sa hauteur, et le temple sera fon-
dé sur son premier modele.
19. Et la louange et la voix de
ceux qui formeront des chœurs
sortiront du milieu d'eux ; et je
les multiplierai, et leur nombre
ne diminuera pas, et je les glori-
fierai, et ils ne seront pas amoin-
dris.
20. Et ses fils seront comme dès
le commencement, et son assem-
blée demeurera devant moi; et
je visiterai tous ceux quile tour-
mentent.
91. Et son chef sortira de lui;
un prince naitra du milieu delui;
je le ferai approcher, et il s'avan-
cera vers moi; car quel est celui
qui appliquerait son cœur à s'ap-
procher de moi, dit le Seigneur?
92. Et vous serez mon peuple, et
moi je serai votre Dieu.
93. Voilà que le tourbillon du
Seigneur, que la fureur qui s'é-
chappe, que la tempêle qui se
précipite, se reposera sur la téte
des impies.
24. Le Seigneur ne détournera
pas la colere de son indignation,
jusqu'à ce qu'il ait exécuté et ac-
compli la pensée de son cœur; au
dernier des jours vous compren-
drez ces choses.
12. Dans ce verset et les suivants, jusqu'au 18% inclusivement, Israël est considéré
comme une femme, les verbes et les pronoms qui s'y rapportent sont tous au féminin.
18. Ses demeures; littér. ses toits. — Son modéle; c'est une des significations du
terme hébreu correspondant, que l'auteur de la Vulgate lui-méme a traduit ailleurs
(Exode, xxvr, 30) par ezemplar. Au reste, le mot ordinem qu'il emploie ici peut aisé-
ment se ramener à cette méme signification.
21. Son chef, un prince. Ces mots, selon les interprétes anciens et modernes, s'ap-
pliquent à Jésus-Christ. Ceux qui l'entendent de Zorobabel regardent ce chef de Juda
comme une figure du Messie.
24. La colère de.son indignation. Voy., sur cette expression, 1v, 8.
1708
CHAPITRE XXXI.
Rétablissement de la maison d'Israél réu-
nie à celle de Juda. Ephraim reconnait
son iniquité. Dieu le regarde dans sa
miséricorde. Prodige de la naissance
du Messie. Bonheur des Israélites aprés
la captivité. Alliance nouvelle. Jérusa-
lem rebátie.
1. En ce temps-là, dit le Sei-
gneur, je serai le Dieu de toutes
les familles d'Israél, et elles seront
mon peuple.
2. Voici ce que dit le Seigneur:
ll ἃ trouvé gráce dans le désert,
un peuple qui avait échappé au
glaive : 157861 ira à son repos.
3. De loin le Seigneur m'a ap-
paru. Et je t'ai aimée d'un amour
éternei : c'est pour cela que je t'ai
altirée ayant pitié de toi.
4. Et de nouveau je t'édifierai,
el Lu seras édifiée, vierge d'Is-
JÉRÉMIE.
[cu. xxx1.]
raél; tu paraitras encore ornée
au milieu des tambours, et tu
sortiras dans un cheeur de joueurs
d'instruments.
9. Tu planteras encore des vi-
gnes surles montagnes de Sama-
rie; des planteurs les planteront,
et jusqu'à ce que le tempsarrive,
ils. ne vendangeront pas.
6. Car viendra un jour auquel
les gardes crieront sur la mon-
tagne d'Ephraim : Levez-vous, et
montons en Sion vers le Seigneur
notre Dieu.
7. Parce que voici ce que dit le
Seigneur : Exultez d'allégresse,
Jacob, et poussez des cris écla-
tants à la téte des nations, faites
retentir vos voix, chantez, et
dites : Seigneur, sauvez votre
peuple, les restes d'Israél.
8. Voilà que moi je les amène-
CuaP. XXXI. 6. Is., 11, 3; Mich., :v, 2.
1-40. * 20 Prophétie de la nouvelle alliance ou du Nouveau Testament, xxxr. — Le
ch. xxx1 est te plus important de tout le livre de Jérémie. — Israël a été infidèle à
l'allianee (4estamentum) qu'il avait faite avec Dieu; 11 l'a violée; elle ne subsiste donc
plus par sa faute; le Seigneur est par conséquent dégagé de ses promesses, il ne le
protège plus et le livre à Nabuchodonosor. Mais, dans sa bonté, il n'abandonne pas
l'homme; il fera une alliance nouvelle, un testament nouveau qui embrassera l'uni-
vers entier. Tel est le fond des pensées développées dans le ch. xxxi. — 1° L'œuvre
de miséricorde, commencée en Egypte, semble à jamais abandonnée; Dieu recueil-
lera cependant les restes d'Israél et les bénira, 1-6. — 2° Il rassemblera les troncons
dispersés de son peuple et les fera revenir dans leur patrie, où l'on entendra de nou-
veau des chants de joie, 7-14. — 3° Maintenant Rachel pleure ses enfants qui ne sont
plus, mais un jour elle sera consolée, car Ephraim se convertira, etle Seigneur aura
pitié de lui et le sauvera, 15-27. — 40 Quand le peuple sera ainsi repentant de ses
fautes, Dieu fera avec lui une nouvelle alliance, qui ne consistera plus, comme la loi
ancienne, dans une multitude de prescriptions écrites, mais dans la conformité de
la volonté de l'homme à la volonté de Dieu, Hébr., vin, 8; Jean, 1v, 23; il n’y aura
plus alors d'adorateurs des faux dieux; tout le monde reconnaitra le Seigneur, 28-35.
— 99 Israël, quoique une partie périsse à cause de ses péchés, demeurera le peuple
de Dieu; Jérusalem sera de nouveau rebâtie, tout ce qui est impur sera purifié, et
la cité sainte, c'est-à-dire l'Eglise, ne sera plus l'objet de la colére divine, 36-40.
1. Elles; littér., et par hébraïsme, 2/s; parce que, sous le nom de famille qui est
aussi du féminin dans leur langue, les Hébreux entendaient les individus, et surtout
les hommes qui les composent.
4. * C'est-à-dire, vous serez encore dans 18 joie et vous célébrerez des fêtes.
5. Jusqu'à ce que, etc. Selon la loi mosaïque, les fruits des trois premières anuées
étaient impurs; ceux de la quatrième devaient être consacrés au Seigneur; on ne
pouvait en manger qu'à partir de la cinquieme année (Lévit., xix, 23 et suiv.).
|cu. xxx1.] JÉRÉMIE. 1769
rai de la terre de l'aquilon, et que | au milieu d'un chœur, ainsi que
je les rassemblerai desextrémités | lesjeuneshommesetles vieillards
de la terre; parmi eux seront l’a- | ensemble; et je changerai leur
veugle et le boiteux, la femme | deuil en joie, et je les consolerai,
enceinte et celle qui a enfanté, | et je les remplirai d'allégresse
mélés ensemble, grande assem- | apres leur douieur.
blée d'hommes revenant ici. 14. Et j'enivrerai l'âme des prè-
9. C'est dans 16 pleur qu'ilsvien- | tres de graisse, et mon peuple
dront, et c'est dans la miséricorde | sera rempli de mes biens, dit le
que je les ramènerai, et je les ra- | Seigneur.
mènerai à travers des torrents 45. Voici ce que dit le Sei-
d'eau dans une voie droite, etils | gneur : Une voix a été entendue
n'y heurteront point, parce que | sur une hauteur, voiz de lamen-
jesuisdevenu pour Israëlun pere, | tation, de deuil et de pleur,la voix
et qu'Éphraïm est mon premier- | de Rachel déplorant la perte de
né. ses enfants, et ne voulant pas en
10. Ecoutez, nations, la parole | étreconsolée, parce qu'ils ne sont
du Seigneur, et annoncez-la aux | plus,
iles qui sont au loin, et dites : Ce- 16. Voicice que ditle Seigneur:
lui qui a dispersé Israéllerassem- | Que ta voix cesse ses gémisse-
blera, et ille gardera comme un | ments, et tes yeux leurs larmes ;
pasteur son troupeau. parce qu'il est une récompense
11. Car le Seigneur a racheté | à tes œuvres, dit le Seigneur, et
Jacob, et l'a délivré de la main | ilsreviendrontde 18 terre de l'en-
d'un plus puissant que lui. nemi.
12. Et ils viendront, et ils chan- 11. Et il est un espoir pour tes
teront des louanges sur la mon- | derniers moments, dit le Sei-
tagne de Sion; et ils accourront | gneur, et fes fils reviendront dans
en foule vers les biens du Sei- | tes confins.
gneur, vers le blé, et le vin, et 18. Entendant, j'ai entendu
l'huile, et le fruit des troupeaux | Ephraim dans sa transmigra-
de menu et de gros bétail; etleur | tion : Vous m'avez chátié et j'ai
âme sera comme un jardin ar- | été instruit, comme un jeune
rosé; et ils n'auront plus faim. taureau indompté; convertissez-
13. Alors se réjouira la vierge | moi et je serai converti, parce
45. Matt., τι, 18.
9. Mon premier-né; c'est-à-dire mon bien-aimé. Ephraim et Israël représentent ici
le royaume des dix tribus,
11. Que lui. Ces mots sont dans l'hébreu et les Septante.
14. J'enivrerai, etc.; allusion à l'usage des anciens Hébreux qui, dans les sacrifices,
donnaient au prétre les parties les plus grasses de la victime, aprés celles qui étaient
offertes à Dieu.
15. Sur une hauteur. Comme nous l'avons déjà remarqué, on montait sur les hau-
teurs pour s'y lamenter dans les calamités. Saint Matthieu (x, 17, 18), citant ce pas-
sage de Jérémie, conserve le mot Hama, qui est dans l'hébreu, et qui signifie en effet
hauteur, élévation. — Rachel était aieule d'Ephraim; c'est pourquoi elle est repré-
sentée ici pleurantla mort des enfants d'Ephraim.
1770
que vous étes le Seigneur mon
Dieu.
19. Car, aprés que vous m'avez
;onverti, j'ai fait pénitence, et
aprés que vous m'avez montré
mon état, j'ai frappé ma cuisse.
Jai été confondu, et j'ai rougi,
parce que j'ai supporté l'opprobre
de ma jeunesse.
20. Est-ce qu'il n'est pas un fils
honorable pour moi, Ephraim,
n'est-il pas un enfant de délices?
parce que, depuis que j'ai parlé de
lui, je me souviendrai encore de
lui. C'est pour cela que mes en-
trailles sont émues sur lui; ayant
pitié, j'aurai pitié de lui, ditle Sei-
gneur.
21. Etablis-toi un lieu d'obser-
vation, abandonne-toi à l'amer-
lume, dirige ton cceur vers la voie
droite, dans laquelle tu as mar-
ché : retourne, vierge d'Israël,
retourne vers ces cités tiennes.
22. Jusques à quand seras-tu
énervée par les délices, fille va-
gabonde? parce que le Seigneur
ἃ créé un nouveau prodige sur la
terre : ÜNE FEMME ENVIRONNERA UN
HOMME.
23. Voici ce que dit le Seigneur,
Dieu d'Israël : Ils diront encore
cette parole dans laterre de Juda
et dans ses villes, lorsque j'aurai
ramené leurs captifs : Que le Sei-
29. Ezéch., xvi, 2. — 31. Héb., vir, 8.
JÉRÉMIE.,
[cH. ΧΧΧΙ.]
gneur te bénisse, beauté de jus-
lice, montagne sainte;
9^. Et y habiterontJudaettoutes
sescités ensemble,leslaboureurs
et ceux qui conduisent les trou-
peaux.
25. Parce que j'ai enivré l'àme
fatiguée, et j'ai rassasié toute àme
qui avait faim.
26. C'est pour cela que je me
suis comme éveillé de mon som-
meil; et j'ai vu, et mon sommeil
m'a été doux.
27. Voilà que des jours vien-
nent, dit le Seigneur, et je sème-
rai la maison d'Israël et la maison
de Juda d'une semence d'hom-
mes et d'une semence de bêtes.
28. Et comme j'ai veillé sur
eux, afin de les arracher, et de
les détruire, et de les dissiper, et
de les perdre, et de les affliger,
ainsi je veillerai sur eux, afin de
les édifier et de les planter, dit le
Seigneur.
29. En ces jours-là, on ne dira
plus : Les pères ont mangé des
raisins verts, et les dents des fils
ont été agacées.
30. Mais chacun mourra dans
son iniquité ;touthomme qui aura
mangé le raisin vert,ses dents se-
ront agacées.
31. Voilà que des jours vien-
dront, dit le Seigneur, et je ferai
20. Ayant pitié, j'aurai pitié ; hébraisme, pour j'aurai entièrement pilié.
22. Un nouveau prodige; qui consiste en ce qu'une femme portera dans son sein,
non un enfant ordinaire, petit et faible, mais un homme fait, un homme parfait
(virum); c'est-à-dire, suivant les Pères, la plupart des interprètes chrétiens, et même
plusieurs Juifs, le Messie.
30. Tout homme, etc.; locution proverbiale qui veut dire que les enfants ne seront
plus punis pour les fautes de leurs péres, comme il est arrivé pendant la captivité,
18ב ג que chacun n'expiera que ses propres péchés. Compar. Lament., v, 1; Ezéchiel,
XVII, 2.
31-33. Saint Paul nous découvre dans cette promesse l'alliance chrétienne (Hébr.,
[cur. xxxr.]
unenouvelle alliance avecla mai-
son d Israël et avec la maison de
Juda,
39. Non pas selonl'alliance que
jai formée avec leurs peres, au
jour auquel je pris leur main, afin
de les faire sortir de la terre d'E-
gypte; alliance qu'ils ont rendue
vaine, et moi je les ai maitrisés,
dit le Seigneur.
33. Mais voici l’alhance que je
ferai avecla maison d'Israël après
ees jours-là, dit le Seigneur : Je
meitrai ma 101 dans leurs en-
trailles, et je l'écrirai dans leur
cœur; et je serai leur Dieu, et eux
seront mon peuple.
34. Et un homme n'instruira
plus son prochain, et un homme
son frere, disant : Connais le Sei-
gneur; car tous me connaitront,
depuis le plus pelit d'entre eux
jusqu’au plus grand, dit le Sei-
gneur ; parce que je pardonnerai
leuriniquité, et que de leur péché
je ne me souviendrai plus.
35. Voici ce que dit le Seigneur,
qui donne le soleil pour éclairer
dans le jour, et le cours réglé de
33. Héb., x. 16. -— 34. Actes, x, 43.
JÉRÉMIE. 1771
lalune et des étoiles pour éclairer
pendant la nuit; qui agite la mer,
etsesflots mugissent;le Seigneur
des armées est son nom.
36. Si ces lois défaillent devant
moi, dit le Seigneur, alors aussi
la race d'Israél défaudra pour
n'étre plus à jamais un peuple de-
vant moi.
37. Voici ce que dit le Seigneur :
Siles cieux peuvent étre mesurés
dans leur hauteur, et les fonde-
ments de la terre sondés dans
leur profondeur ; moi aussi je re-
jetterai toute la race d'Israël, à
cause de tout ce qu'ils ont fait, dit
le Seigneur.
38. Voilà que des jours vien-
nent, dit le Seigneur, et la cité
sera édifiée pour le Seigneur, de-
puis la tour d'Hananéel, jusqu'à
la porte de l'angle.
39. Et le cordeau sortira encore
au delà à sa vue sur la colline de
Gareb; et fera le tour de Goatha,
40. Et de toute la vallée des ca-
davres et de la cendre, et de toute
la région de la mort, jusqu'au
torrent de Cédron, et jusqu'àl'an-
vi, 8-43). Le vers. 33, où est nommée la seule maison d'Israél, prouve que cette
prophétie n'aura son entier accomplissement que lorsque toute la maison d'Israël en-
trera dans l'allianee déjà faite par le Seigneur avec la maison de Juda; c'est-à-dire
lorsque la nation juive entrera dans l'alliance que Jésus-Christ a faite avec son
Eglise (Rom., x1, 25-40).
38. Depuis la tour, etc. Ce sont apparemment les deux extrémités du côté oriental,
lune vers le midi, l'autre vers le nord. — * La tour d'Hananéel était probablement
entre l'angle nord-est et l'angle nord-ouest du mur de Jérusalem, 6% {a porte de
l'angle était à l'angle du mur septentrional et du mur occidental.
39. Gareb, Goatha ; noms de lieux qui devaient être près de Jérusalem, mais dont
on ignore la vraie situation. On présume pourtant que Goatha est le méme que
Golgotha, c'est-à-dire la montagne du Calvaire, qui fut comprise dans l'enceinte de
la nouvelle ville de Jérusalem rebàtie par l'empereur Adrien sous le nom d'Elia,
Mais, dans un sens plus élevé, ce rétablissement de Jérusalem figure l'établissement
de l'Eglise méme de Jésus-Christ, dans l'enceinte de laquelle sont entrés ceux qui
en étaient auparavant séparés et à laquelle seule appartient la perpétuité promise
dans le verset suivant.
40. La vallée des cadavres et de (a cendre était probablement la vallée d'Ennom,
oü les cadavres ainsi que les cendres del'autel des sacrifices étaient jetés. — Si l'on
1772
gle de la porte orientale des che-
vaux ; 16 Zeu saint du Seigneur
ne sera pas renversé, et il ne sera
jamais plus détruit.
CHAPITRE XXXI.
Siege de Jérusalem. Jérémie achète un
champ dont il fait conserver le contrat
en signe du retour de la captivité. Sa
prière au Seigneur. Vengeances du
Seigneur contre son peuple infidèle, et
promesse de le rétablir,
1. Parole qui fut adressée à Jé-
rémie par le Seigneur en la di-
xieme année de Sédécias, roi de
Juda; c'est la dix-huitieme année
de Nabuchodonosor.
2. Alors l'armée du roi de Ba-
bylone assiégeait Jérusalem; et
Jérémiele prophete était enfermé
dans le vestibule de la prison qui
était dans la maison du roi de
Juda.
3. Car Sédécias, roi de Juda,
l'avait enfermé, disant : Pourquoi
prophétises-tu, disant : Voici ce
JÉRÉMIE.
[cu. xxxu.]
que dit le Seigneur : Voilà que
moi je livrerai cette ville entre
les mains du roi de Babylone, et
illa prendra?
4. Et Sédécias, roi de Juda, n'é-
chappera pas à la main des Chal-
déens ; mais il sera livré entre les
mains du roi de Babylone; et sa
bouche parlera à sa bouche, et ses
yeux verront ses yeux.
5. Et il mènera Sédécias à Ba-
bylone; et il y sera jusqu'à ce
que je le visite, dit le Seigneur;
mais, si vous combattez contre les
Chaldéens, vous n'aurez aucun
succes.
6. Et Jérémie dit : La parole du
Seigneur m'a été adressée, di-
sant :
7. Voilà qu'Hanaméel, fils de
Sellum, ton cousin germain, vien-
dra vers toi, disant : Achète-toi
mon champ qui est à Anathoth,
parce que c'est à toi qu'il appar-
tient de l'acheter, à cause de £a
parenté.
veut suivre l'ordre des temps, il semble qu'il faut passer de ce verset aux chapitres
xxvi et xxvii.
1-44. * 30 Jérémie, pendant le siège de Jérusalem, achète un champ à Anathoth,
comme signe du retour futur du peuple dans sa patrie et de l'alliance de Dieu avec
le nouvel Israël, xxxir-xxxiür. — 1e Jérémie, emprisonné par Sédécias dans la cour
du temple, xxxn, 1-6, 260016 de Dieu l'ordre d'acheter, selon toutes les formes légales,
le champ d'un de ses parents à Anathoth, afin que le peuple voie de ses yeux que le
Prophète est persuadé qu'Israél rentrera un jour en possession de la Terre promise,
1-15. — 20 Jérémie éprouve quelques doutes, car Jérusalem va tomber bientôt entre
les mains de Nabuchodonosor, 16-25, mais le Seigneur lui réitère l'assurance qu'il
ramènera son peuple de la captivité, après lui avoir fait expier ses péchés; il fera
alors avec lui une alliance éternelle, et 16 comblera de bénédictions, 26-44. — 39 Cette
prophétie est réitérée dans le ch. xxxur. Jérusalem sera livrée entre les mains de
ses ennemis, mais elle refleurira un jour, 1-9. Le pays dévasté sera de nouveau béni
et rempli de joie, 10-13. — 4» Le Germe de David (xxnx, 5), le Messie, germera et
fera régner la justice ; son nom sera : Le Seigneur notre juste, c'est-à-dire le Seigneur
nous justifie; il fondera un royaume et un sacerdoce éternels, 14-18. — 59 L'alliance
66 Dieu avec son nouveau peuple ou l'Eglise sera aussi stable que les lois de la
nature, 19-26.
1. * La dixième année de Sédécias, en 588.
5. Jusqu'à ce que, etc.; c'est-à-dire jusqu'à sa mort (Lu, 14).
6. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4.
1. A cause de ta parenté. Le plus proche parent avait le droit de rachat sur les
piens que l'un de ses proches aurait vendus à un autre (Lévit., xxv, 25).
ἢ, xxxm.]
8. Et Hanaméel, fils de mon on-
cle, vintà moi, selonla parole du
Seigneur, dans le vestibule de la
prison, et il me dit : Prends pos-
session de mon champ qui est à
Anathoth, en la terre de Benja-
min; parce que c'est à toi qu'il
appartient de prendre possession
de cet héritage, car tu es le proche
parent. Or je compris que c'était
la parole du Seigneur.
9. Et j'achetai d'Hanaméel, fils
de mon oncle, le champ qui est à
Anathoth ; et je lui pesai l'argent,
sept statères et dix pieces d'ar-
gent.
10. Et j'écrivis sur la feuille et
jela scellaiet, je pris des témoins;
et je pesai l'argent dans une ba-
lance.
11. Et je pris la feuille d'acqui-
sition scellée, et les stipulations,
et ce qui était convenu, et les
sceaux 215 en dehors.
19. Et je donnai la feuille d'ac-
quisition à Baruch, fils de Néri,
fils de Maasias, sous les yeux
d'Hanaméel, mon cousin ger-
main, sous les yeux des témoins
qui élaient inscrits sur la feuille
d'achat, sous les yeux et en pré-
sence de tous les Juifs qui étaient
XXXII, 18, Exode, XXXIV, Tc .פאס
JÉRÉMIE. 1718
assis dans le vestibule de la pri-
son.
13. Et j'ordonnai à Baruch de-
vant eux, disant :
14. Voici ce que dit le Sei-
eneur des armées, Dieu d'Israël :
Prends ces feuilles, cette feuille
d'achat scellée, et cette feuille qui
est ouverte; et mets-les dans un
vase de terre, afin qu'elles puis-
sent se conserver durant de longs
jours.
15. Car voici ce que dit le Sei-
gneur des armées, Dieu d'Israël :
On acquerra encore des maisons,
des champs et des vignes en cette
terre.
16. Et je priaile Seigneur, après
que j'eus donné le feuillet d'ac-
quisition à Baruch, fils de Néri,
disant :
11. Hélas! hélas! hélas! Sei-
gneur mon Dieu, voilà que vous
avez fait le ciel et la terre par
votre grande puissance et par
votre bras étendu ; aucune chose
ne vous sera difficile ;
18. Vous qui faites miséricorde
à des milliers de créatures, et qui
rendez l'iniquité des pères dans le
sein de leurs fils aprés eux, ὃ le
très fort, le grand, et le puissant,
8. La parole; c'est-à-dire l'ordre, une des significations du terme hébreu corres-
pondant.
9. Sept staléres et dix pièces d'argent; ou plutôt, selon l'hébreu, dix-sept sicles
d'argent. Le sicle d'argent valait environ 1 fr. 60 c.
10. Sur (a feuille. Le texte original porte l'article déterminatif, parce qu'il ne s'agit
pas d'une feuille en général, mais de la feuille particulière sur laquelle s'écrivaient
les contrats d'acquisition. — Les feuilles et l'écorce des arbres servaient ancienne-
ment à fabriquer, au moyen de certaines préparations, une espéce de papier qu'on
appelle en latin Jjber et en grec biblos. Quant au mot hébreu séfer, son sens primitif
est énuméralion, dénombrement; et ce n'est qu'au figuré et par métonymie quil
signifie feuille, iellre (epistola) renfermant un récit, livre, etc.
14. * Dans un vase de terre. C'est dans des vases de terre qu'on a trouvé en Baby-
lonie un grand nombre de contrats de vente et d'achat, contemporains de Jérémie,
18. Qui failes miséricorde, etc. Compar. Exod., XXXIV, 3,
1774
le Seigneur des armées est votre
nom.
19. Vous étes grand dans vos
conseils, et incompréhensible
dans vos pensées; vous dont les
yeux sont ouverts sur toutes les
voies des fils d'Adam, afin de ren-
dre à chacun selon ses voies et se-
lon le fruit de ses inventions.
20. C'est vous qui avez fait
jusquà ce jour des signes et
des prodiges dans la terre d'E-
gypte, en Israël'et parmi les
hommes, et vous avez rendu
votre nom célèbre comme il est
en ce jour.
21. Et vous avez tiré Israel vo-
ire peupledelaterre d'Egypte, par
des signes, et par des prodiges,
et par une main forte, et par un
bras étendu, et par une grande
terreur.
22. Et vous leur avez donné
celte terre que vous aviez juré à
leurs peres de leur donner, une
terre où couleraient du lait et du
miel.
93. Et ils sont entrés, et ils l'ont
possédée; et ils n'ont point obéi
à votre voix, et ils n'ont pas mar-
ché dans votre loi; et ils n'ont
rien fait de tout ce que vous leur
avez ordonné; et tous ces maux
sont venus sur eux.
24. Voilà que des fortifications
ont été construites contre la cité,
afin de la prendre; et la ville a été
livrée aux mains des Chaldéens
qui combattent contre elle, au
slaive, et à la famine, et à la
peste, et tout ce que vous avez
JÉRÉMIE.
[cu. xxxit.
dit est arrivé, comme vous-même
le voyez.
25. Et vous, Seigneurmon Dieu,
vous me dites : Achète le champ
avec de l'argent, et prends des
témoins, quoique la ville ait été
livrée aux mains des Chaldéens.
96. Et la parole du Seigneur fut
adressée à Jérémie, disant :
27. Voici que moi je suis le Sei-
eneur, le Dieu de toute chair;
est-ce qu'une chose me sera dif-
ficile?
28. À cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur : Voilà que moi je
livrerai cette cité aux mains des
Chaldéens, et aux mains du roi
de babylone, et ils la prendront.
29. Et les Chaldéens viendront
combattant contre cette ville, et
ils y mettront le feu, et ils la brü-
leront, ainsi que les maisons sur
les toits desquelles ils sacritiaient
à Baal et faisaient à des dieux
étrangers de nombreuses liba-
tions pour m'irriter.
30. Car les fils d'Israél et les fils
de Juda faisaient continuellement
le mal sous mes yeux dés leur
jeunesse; les fils d'Israël qui jus-
quà ce jour me révoltaient par
les ceuvres de leurs mains, dit le
Seigneur.
31. Parce que cette cité est de-
venue pour moi un objet de fu-
reur et d'indignation, depuis le
jour qu'on la bâtie, jusqu'au
jour oü elle disparaitra de ma
présence,
32. A cause du mal que les en-
fants d'Israél et les enfants de
19. Inventions ; selon l'hébreu, actions, œuvres. Voy. Isaïe, ur, 8.
26. Disant. Voy.. sur ce mot, 1, 4.
29. Nombreuses. Voy., sur ce mot, xix, 13.
32. Les hommes de Juda; est synonyme d'habitants de Juda,
(cg. xxxir.]
Juda ont fait, en me provoquant
au courroux, eux et leurs rois,
leurs princes, et leurs prétres, et
leurs prophètes, les hommes de
Juda et les habitants de Jérusa-
lem.
33. Et ils ont tourné vers moi
le dos et non la face, lorsque je
les enseignais au point du jour,
et que je les instruisais, et qu'ils
ne voulaient pas écouter et rece-
voir l'instruction.
34. Et ils ont mis leurs idoles
dans la maison dans laquelle a été
invoqué monnom. afin dela souil-
ler.
39. Etils ont báti les hautslieux
de Baal qui sont dans la vallée du
fils d'Ennom, afin de consacrer
leurs fils et leurs filles à Moloch;
ce que je ne leur ai pas com-
mandé; etil n'est pas monté jus-
qu'àmonceur qu'iis feraient cette
abomination, et qu'ils entraine-
raient 1008 dans le péché.
30. Et maintenant, à cause de
cela, voici ce que ditleSeigneur,
Dieu d'Isreël, 460116 cité dontvous
dites, vous, qu'elie sera livrée aux
mains du roi de Babylone, par 6
glaive, par la famine et par la
peste :
91. Voilà que moi, je 168 rassem-
blerai de loutes les terres daus
lesquelles je ies ai jelés dans ma
fureur, et dans ma colere 66) 8
ma grande indiguation, et je les
ramenerai en ce lieu, et je les y
ferai habiter en assurance.
94. IV Rois, xxi, 4.
———— —
JÉRÉMIE.
1715
3S. Et ils seront mon peuple, et
moi je seraileur Dieu.
39. Et je leur donnerai un seul
cœur et une seule voie, afin qu'ils
me craignent tous les jours de
leur vie, et que bien Zeur soit à
eux et à leurs fils apres eux.
40. Et je ferai avec eux une al-
liance éternelle, et je ne cesserai
point de leur faire du bien; et je
mettrai ma crainte dans leur
cœur, afin qu'ils ne 56
pas de moi.
41. Et je me réjouirai en eux,
lorsque je leur aurai fait du bien;
et je les rétablirai en cette terre
dans la vérité, de tout mon cœur,
et de toute mon âme.
42. Car voici ce que dit le Sei-
gneur : Comme j'ai amené sur ce
peuple tous ces grands maux,
ainsi j'àmeénerai sur eux tous les
biens que je leur promets.
43. 140168 champs auront encore
des possesseurs dans cette terre
de iaquelie vous dites, vous,
qu'elle est Géserte, parce qu'il n'y
est pas demeuré d'homme ni de
héle, et qu'elle a élé livrée aux
mains des Chaldéens.
44. Les champs seront achetés
avec de l'argent, etils seront ins-
crits sur la feuille, et un sceau y
sera gravé, des témoins seront
invoqués, dans la terre de Benja-
min et aux environs de Jérusa-
lem; dans les cités de Juda, daus
les cités des montagnes, dans les
cités de la plaine, et dans les cités
33. Au point du jour; hébraisme, pour : avec un grand. empressement.
34. Dans laquelle, etc.; ou laquelle a été appelée de mon nom. Voy. vu. 10.
39. Ii m'est. pas monté, etc, Voy. ur, 16. — * Voir Isaie, xxx, 33.
41. Dans la vérilé; selon l'hébreu, d'une manière ferme, stable.
4^. * De la plaine; de la Séphéla. Voir la note sur Juges, xv, 9.
1776
qui sont au midi; parce que je
ramenerai leurs captifs, ditle Sei-
gneur
CHAPITRE XXXIII.
Promesses du retour de Juda et du réta-
blissement de Jérusalem. Exécution
des promesses à l'égard d'Israél et de
Juda. Nouveau germe de la race de
David. Alliance du Seigneur avec les
deux races royale et sacerdotale. Pro-
messe du Seigneur en faveur de Jacob
et de David.
1. Et la parole du Seigneur fut
adressée à Jérémie une seconde
fois, lorsqu'il était encore en-
fermé dansle vestibule de la pri-
son, disant :
2. Voici ce que dit le Seigneur,
qui doit faire, et disposer, et pré-
parer cela; le Seigneur est son
nom.
3. Crie vers moi, et je t'exauce-
rai, et je t'annoncerai des choses
grandes et certaines que tu ne
sais pas.
4. Parce que voici ce que dit le
Seigneur, Dieu d'Israél, aux mai-
sons de cette ville etaux maisons
du roi de Juda qui ont été dé-
truites, et aux fortifications et au
glaive
5. Deceux qui viennent, afin de
combattre contre les Chaldéens,
etafin de lesremplir des cadavres
des hommes que j'ai frappés dans
JÉRÉMIE.
[cH. xxxi.
ma fureur et dans mon indigna-
tion, détournant ma face de cette
cité à cause de toute leur ma-
lice :
6. Voici que moi, je refermerai
leur cicatrice, 7e leur donnerai la
santé et je les soignerai; et jeleur
montreraila paix etla vérité qu ils
pes ΒΕ
7. Et je ferai retourner certai-
nodis Juda et Jérusalem; et je
les établirai comme dès le com-
mencement.
8. Et je les purifierai de toute
leur iniquité par laquelle ils ont
péché contre moi, et je leur par-
donneraitoutesleursiniquités par
lesquelles ils se sont rendus cou-
pables envers moi, et m'ont mé-
prisé.
9. Ce sera pour moi un renom,
et une joie, et une louange, et
une exultation parmi toutes les
nations de la terre, qui appren-
dront tous les biens que moi je
dois leur faire; et elles auront
peur et elles seront troublées à
cause de tous les biens et de toute
la paix que moi je leur accorde-
rai.
10. Voicice que ditle Seigneur:
On entendra encore dans ce lieu
(que vous dites étre un désert,
parce qu'il n'y a pas d'homme
ni de béte, dans les cités de Juda
1, 19, 23. Disant. Voy., sur ce mot, r, 4.
2. Cela; c'est-à-dire, ce qu'il a dit, ce qu'il a annoncé.
5. Les remplir (impleant eas); ce pronom féminin ne peut se rapporter grammati-
calement qu'à munitions et à maisons du verset précédent.
6. Je refermerai, etc.; littér. 76 refermerai pour eux cicatrice et santé. Dans le style
biblique, on ajoute souvent au complément d'un verbe un autre complément qui ne
convient pas à ce verbe, et qui est réellement gouverné par un autre verbe sous-
entendu, mais que la signification méme de ce second complément fait aisément
deviner. — La paix, etc.; littér. la demande de la paix, etc. Au lieu de demande,
l'hébreu porte abondance, cumul. — Vérité; signifie souvent socédité, stabilité, et,
lorsqu'il est appliqué à Dieu, la fidélilé dans ses promesses.
1. Je ferai retourner certainement. Voy. xxx, 4.
]68. χχχιπ, JÉRÉMIE, 1717
et au dehors de Jérusalem, cités | rendra le jugement et la justice
qui sont désolées, sans homme et | sur la terre,
sans habitant, et sans troupeau) 16. En ces jours-là, Juda sera
11. La voix de la joie et la voix | sauvé, et Jérusalem habitera en
de l'allégresse,la voix de l'époux | assurance;et voicile nom dont ils
et la voix de l'épouse, la voix de | l'appelleront : Le Seigneur notre
ceux qui diront : Louez le Sei- | juste.
gneur des armées parce que bon | 17. Car voici ce que dit le Sei-
estle Seigneur, parce qu'éternelle | gneur : 11 ne manquera pas dans
est sa miséricorde, et la voir de | la race de David, d'homme qui
ceux qui portent des vœux dans | s'asseye surle trône de la maison
la maison du Seigneur; car je | d'Israël.
ramenerai les captifs de cette | 18.Et d'entreles prétres et d'en-
terre, et je les rétablirai comme | treles Lévites,ilne manquera pas
dès 16 commencement, dit le Sei- | un homme devant ma face qui of-
gneur. ! fre des holocaustes, allume le sa-
19. Voici ce que ditle Seigneur | crifice, et tue des victimes, tous
des arinées : Il y aura encore dans | les jours.
ce lieu désert,sanshommeetsans | 19. Et la parole du Seigneur fut
béte, et dans toutes ses cités, une | adressée à Jérémie, disant :
demeure de pasteurs qui feront | 20. Voicice que dit le Seigneur :
reposer des troupeaux. | Si mon alliance avec le jour et
13. Dans les cités des monta- ; monalliance avecla nuit peuvent
gnes,et dansles cités de la plaine, | être rendues vaines, en sorte qu'il
et aus les cilés qui sont au midi, | n'y ait pas de jour et de nuit en
et dans la terre de Benjamin, et | leurs temps,
dans les environs de Jérusalem, | 91. Mon alliance avec David,
et dans les cités de Juda, les -טסע) | mon serviteur, pourra aussi être
peaux passeront encore sous la | vaine, en sorte qu'il n'y ait pas de
main de celui qui les compte, dit | lui un fils qui regne sur son trône,
ie Seigneur. ni de Lévites et de prétres qui
14. Voilà que des jours vien- | soient mes ministres.
nent, dit le Seigneur, et je réali- 92. Comme les étoiles du ciel ne
serai la bonne parole que j'ai dite | peuvent êtrecomptées, nile sable
à la maison d'Israëlet à la maison | de la mer être mesuré, ainsi je
de Juda. multiplierai la race de David, mon
15. En ces jours-là et en ce | serviteur, et les Lévites, mes mi-
emps-là, je ferai germer dans | nistres.
David un germe de justice; et il 93. Et la parole du Seigneur
11. Vauz; c'est-à-dire oblations promises par vœu. — * Louez le Seigneur. Voir
Ii. Puralip., v, 13; vu, 3; I Esd., 11, 11; Ps. civ, 4.
15. Un germe de justice; 1e Messie, méme selon les Juifs.
18. Et d'entre les prétres, etc. Le sacerdoce des Juifs de ia race d'Aaron étant éteint
depuis plus de dix-huit siècies, ces promesses ne regardent que le sacerdoce éternel
de Jésus-Christ, exercé par lui-méme et par ses ministres dans l'Eglise chrétienne,
— Allume le sacrifice; c'est-à-dire le feu qui brüle dans les sacrifices,
A. T. 112
1778
fut adressée à Jérémie, disant :
24. Est-ce que tu n'as pas vu
somment a parlé ce peuple, di-
sant : Les deux familles qu'avait
^hoisies le Seigneur ont été reje-
tées; et ils ont méprisé mon peu-
ple, parce qu'il n'est plus une na-
lion devant eux?
25. Voicice que dit le Seigneur:
Si je n'ai pas établi mon alliance
entre le jour et la nuit, et des lois
pour le ciel et pour la terre,
26. Certainement, je rejetterai
aussi la race de Jacob et de David,
mes serviteurs, afin de ne pas
prendre de leur race des princes
de la race d'Abraham, d'Isaac et
de Jacob; car je ramènerai leurs
captifs, et j'aurai pitié d'eux.
CHAPITRE XXXIV.
Jugement du Seigneur sur Sédécias. Vio-
lation de la loi touchant l'année sahba-
tique. Vengeances du Seigneur contre
l'infidélité de son. peuple.
1. Parole qui fut adressée à Jé-
JÉRÉMIÉ.
(CH. xxxiv.]
rémie par le Seigneur, lorsque
Nabuchodonosor, roi de Baby-
lone, et toute son armée, et tous
les royaumes de la terre qui
étaient sousle pouvoirdesa main,
et tous les peuples combattaient
contre Jérusalem et contre toutes
ses villes, disant: |
2. Voici ce que dit le Sei-
eneur, Dieu d'Israël : Va, et
parle à Sédécias, roi de Juda;
et tu lui diras : Voici ce que dit
le Seigneur : Voilà que moi, je
livrerai cette cité aux mains du
roi de Babylone, et il y mettra le
feu. :
3. Et toi tu n'échapperas pas à sa
main, mais tu seras pris très cer-
tainement, et tu seras livré à sa
main: 61168 yeux verrontles yeux
du roi de Babylone, et sa bouche
parlera à ta bouche, et tu entre-
ras à Dabylone.
4. Cependant écoute la parole
du Seigneur, Sédécias, roi de
Juda; voici ce que te dit le Sei-
24. Les deux familles, ou races; l'une royale et l'autre sacerdotale. On explique
encore ceci des royaumes d'Israél et de Juda.
95-26. * Idiotisme hébraique : de méme qu'il est certain que je suis maitre du jour
et de 18 nuit, de méme il est certain que je rejetterai la race de Jacob.
26. Si l'on veut suivre l'ordre des temps, il parait qu'il faut revenir deyce cha-
pitre au xxt.
1-92. * IVe Section : Efforts infructueux pour la conversion du peuple avant sa
ruine totale, xxxrv-xxxvir. — 19 La ruine totale d'Israél causée par son mépris de la
loi, xxxiv-xxxv. — Le peuple a rendu inutiles tous les efforts que Dieu a faits pout
le convertir, il a violé constamment sa loi; il doit donc expier ses crimes. — 41? Pen;
dant que Nabuchodonosor assiége la ville, et que Sédécias est déjà comme perdu,
xxxiv, 1-7, le peuple consent à mettre les esclaves en liberté, selon la loi, 8-10, mais
ii les reprend ensuite, 11, et Jérémie lui annonce qu'il sera vaincu et captif, 12-23.
- 20 L'infidélité d'Israël ne se manifeste pas moins par la comparaison que le Pro-
phete établit entre lui et les Réchabites, de la race des Cinéens, L Par., m, 55. Les
Réchabites ont été contraints, par l'invasion chaldéenne, de se réfugier dans Jérusa-
lem. Jérémie, par ordre de Dieu, les invite à boire du vin. 115 refusent pour ne pas
violer Jes prescriptions de leur pére Jonadab. A cause de cette fidélité, Dieu leur
promet deles conserver, tandis que Juda désobéissant périra, xxxv. Cet épisode des
Réchabites se rapporte au siège de Jérusalem sous Joakim, xxxv, 4, non sous Sédé-
cias. Il est placé ici, uniquement sans doute pour mieux faire comprendre comment
Jérusalem avait mérité le sort qu'elle subit sous son dernier roi.
1. Ses villes; les villes dépendantes de Jérusalem; les autres villes de Juda qui
n'étaient pas encore rendues. — Disant. Voy. 1, 4.
a
[cu. xxx1v.]
eneur : Tu ne mourras point par
le glaive.
5. Mais tu mourras en paix; et
comme on a brülé les corps de tes
peres, des rois précédents qui ont
ont été avant toi, ainsi on te brü-
lera; et malheur, ὃ prince! criera-
t-on sur toi; parce que c'est moi
qui ai prononcé cette parole, dit
le Seigneur.
6. Et Jérémie, le prophète, dit
toutes ces paroles à Sédécias, roi
de Juda, dans Jérusalem.
7. Et l'armée du roi de Baby-
lonecombattait contre Jérusalem,
et contre toutes les cités de Juda
qui étaient restées, contre Lachis
et contre Azécha ; car c'étaient les
villesfortifiées, quiétaientrestées
des cités de Juda.
8. Parole qui fut adressée à Jé-
rémie par le Seigneur, apres que
le roi Sédécias eut fait un pacte
avec tout le peuple dans Jérusa-
lem, en publiant
9. Que chacun renvoyät libre
son serviteur et chacun sa ser-
vante, Hébreu et Hébreue, et qu'ils
n'exercassent nullement leur do-
mination sur eux, c'est-à-dire sur
un Juif et leur frere.
10. Ils entendirent donc tous
les princes et tout le peuple, qui
avaient fait pacte que chacun ren-
JÉRÉMIE.
1779
verrait libre son serviteur et cha-
cun sa servante, et qu'ils n'exer-
ceraient plus de domination sur
eux; ils écouterent donc et /es
renvoyèrent.
11. Mais ils changèrent ensuite,
et ils reprirent leurs serviteurs et
leurs servantes qu'ils avaient ren-
voyés libres, et les soumirent à la
condition de serviteurs et de ser-
vantes.
12. Etla parole du Seigneur fut
adressée à Jérémie, disant :
18. Voici ce que dit le Seigneur,
Dieu d'Israël : Moi, j'ai fait al-
liance avec vos pères au jour où
je les ai retirés de la terre d'E-
gypte, de la maison de servitude,
disant :
14. Lorsque sept ans seront ac-
complis, que chacun renvoie son
frère Hébreu, qui lui a été vendu;
il te servira six ans, puis tu le
renverras d'aupres de toi libre;
et vos peresne m'ont point écouté
etils n'ont pas incliné leur oreille.
15. Et vous, vous étes tournés
vers moi aujourd'hui; vous avez
fait ce qui étaitjuste à mes yeux,
en publiant laliberté chacun pour
son ami; et vous avez fait ce pacte
en ma présence, dans la maison
dans laquelle mon nom a été in
voqué sur elle.
Cuar. XXXIV. 14. Exode, xx1, 2; Deut., xv, 12.
nn—— —— UH m———————————————————————————
1. Lachis et Azécha ; deux villes de la partie méridionale de Juda, — Qui étaient
restées, etc.; qui n'avaient pas encore été prises par l'ennemi.
8. En publiant (prædicans); se rapporte grammaticalement à parole (verbum) qui
précéde, mais logiquement à Seigneur.
9. Hébreue. Nous avons cru devoir conserver ce mot, qui se trouve dans toutes les
ancienues versions francaises, et qui d'ailleurs n'est pas sans analogue dans notre
langue.
15. Dans laquelle mon nom a été invoqué sur elle. C'est ainsi qu'on lit dans les Sep-
tante aussi bien que dans la Vulgate, ce qui est évidemment une faute; les mots sur
elle sont de trop, ou il faut lire sur laquelle en supprimant dans ét elle, L'hébreu
porte en effet simplement sw; laquelle; mais alors le sens peut être : La maison qui
a élé appelée de mon nom; qui porte món nom. Compar, vu, 10,
1780
46. Et vous êtes revenus sur ce
que vous aviez fait, et vous avez
profané mon nom; et vous avez
reprischacun votre esclave etcha-
cun votreservante, que vous aviez
renvoyésafin qu'ils fussentlibres,
et enleurpropre pouvoir, et vous
les avez réduits à vous étre servi-
teurs et servantes.
17. À cause de cela voici ce que
dit le Seigneur : Vous, vous ne
m'avez pas écouté pour annoncer
la liberté chacun à votre frere
et chacun à votre ami; voici que
moi, dit le Seigneur, je vous an-
nonce la liberté d’être abandon-
nés au glaive, à la peste et à la
famine ; je vous livrerai à la vexa-
tion dans tous les royaumes de
la terre.
18. Et je traiterai les hommes
qui violent mon alliance, et qui
n'ont pas observé les paroles du
pacte auxquelles ils ont consenti
en mà présence, comme le veau
qu'ils ont coupé en deux, et entre
les parties duquel ils ont passé ;
19. Ces hommes sont les princes
de Juda, les princes de Jérusalem,
les eunuques et les prétres, et
tout le peuple de cette terre, qui
ont passé entre les parties du
veau;
90.Jeleslivreraidoncaux mains
18. Genése, xv, 18.
JEREMIE.
(cu. xxxv.]
de leurs ennemis, aux mains de
ceux qui cherchent leur àme;
et leurs corps morts seront en
pâture aux volatiles du ciel et aux
bétes de la terre.
91. Et Sédécias, roi de Juda, et
ses princes, je les livrerai aux
mains de leurs ennemis, et aux
mains de ceux qui cherchentleurs
âmes, et aux mains des armées
du roi de Babylone, lesquelles se
sont retirées de vous.
22. Voilà que moi j'ordonne, dit
leSeigneur, je les ramenerai dans
cette cité, et ils combattront con-
tre elle, et ils la prendront, et ils
y mettront le feu; et les cités de
Juda, j'enferai une solitude pour
qu'il n'y ait point d'habitant.
CHAPITRE XXXV.
Le Seigneur confond l'infidélité des ha-
bitants de Juda par la fidélité des Ré-
chabites. Menaces contre les habitants
de Juda. Promesses en faveur des Ré-
chabites.
1. Parole qui fut adressée à Jé-
rémie par le Seigneur, dans les
jours de Joakim, fils de Josias, roi
de Juda, disant :
2. Vas à la maison des Récha-
bites, et parle-leur; et tu les in-
troduiras dans la maison du Sei-
gneur, dans une des salles des
18. Je traiterai, ete. C'est le vrai sens de ce verset, tant selon le texte hébreu que
selon la Vulgate; toute autre explication nous paraît peu fondée. — * Entre les par-
ties desquels ils ont passé, pour rendre le pacte tout à fait solennel et inviolable. Voir
Genése, xv, 10.
19. Les eunuques. Voy., sur le sens de ce mot, xxix, 2.
20-21. Qui cherchent, etc. ; hébraisme, pour qui cherchent à leur óter la vie.
99. Si l'on veut suivre l'ordre des temps, il parait qu'il faut passer d'ici au cha«
pitre xxxvi, vers. 3 et suiv.
1, 12. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4.
2, Réchabites; descendants de Jonadab et de Réchab, menaient une vie exemplaire,
étaient d'une abstinence rigoureuse et d'un désintéressement extraordinaire. Ils
étaient Cinéens d'origine (1 Paralip., τι, 53). — Une des salles des trésors; c'est-à-dire
[ca. xxxv.]
trésors ;ettuleurdonnerasàpoire
du vin.
3. Et je pris Jézonias, fils de Jé-
rémie, fils d'Habsanias, et ses fre-
res, et tous ses fils, et toute la
maison des Réchabites ;
4. Et je les introduisis dans la
maisonduSeigneur,danslacham-
bre du trésor des fils d'Hanan fils
de Jégédélias, homme de Dieu,
laquelle chambre était près de la
chambre du trésor des princes, au-
dessus du trésor de Maasias, fils
de Sellum, qui était garde du ves-
tibule.
ÿ. Et je mis devant les enfants
de la maison des Réchabites des
tasses pleines de vin et des cou-
pes; 66 je leur dis : Buvez du vin.
6. Et ils répondirent : Nous ne
boirons pas de vin, parce que Jo-
nadab, notre père, fils de Réchab,
nous a ordonné, disant : Vous ne
boirez jamais de vin, ni vous, ni
vos enfants;
7.Et vous ne bátirez pas de mai-
son, et vous ne semerez point de
erains, et vous ne planterez pas
de vignes, et vous n'en aurez point
à vous, mais vous habiterez sous
des tabernacles tous vos jours,
afin que vous viviez de longs
jours sur la terre dans laquelle
vous étes étrangers.
8. Nous avons done obéi à la
voix de Jonadab, notre père, fils
de Réchab, dans toutes les choses
qu'il nous a ordonnées, en sorte
que nous n'avons pas bu de vin
durant tous nos jours, ni nous,
CHAP, XXXV. 15. Supra, xvii, 11; xxv, 5.
4c AEMIE,
1781
ni nos femes, ni nos fils, ni nos
filles.
9. Et que nous n'avons pas báti
de maisons pour y habiter; et
nous n'avons eu ni vigne, ni
champ, ni grain.
10. Mais nous avons habité dans
des tabernacles, et nous avons
obéi à toutes les choses que nous
a ordonnées Jonadab notre pere.
11. Mais lorsque Nabuchodono-
sor, roi de Babylone, est monté
dans notre terre, nous avons dit:
Venez, et entrons dans Jérusalem,
à cause de l'armée des Chaldéens
et à cause de l'armée de Syrie; et
nous sommes demeurés dans Jé-
rusalem.
12. Et la parole du Seigneur a
été adressée à Jérémie, disant :
13. Voici ce que dit le Seigneur
des armées, Dieu d'Israël : Va, et
dis aux hommes de Juda et aux
habitants de Jérusalem : Est-ce
que vous ne recevrez jamais la
correction, afin d'obéir à mes pa-
roles, dit le Seigneur?
14. Elles ont prévalu, les pa-
roles de Jonadab, fils de Réchab,
par lesquelles il ordonna à ses
enfants de ne point boire de vin,
et ils n'en ont pas bu jusqu'à ce
jour, parce qu'ils ont obéi au pré-
cepte de leur père; mais moi je
vous ai parlé, me levant dés le
malin, et parlant, et vous ne
m'avez pas obéi.
15. Et j'ai envoyé vers vous mes
serviteurs, les prophètes, me le-
vant au point du jour, envoyant,
une des chambres des édifices du temple, qui servaient d'habitations aux prêtres, de .
magasins, de salles pour les repas des sacrifices pacifiques.
14. A cause; littér. et par hébraisme, «e /a face.
44. Me levant dès le matin; hébraisme, pour 6
1782
et disant: Détournez-vous chacun
de vos voies trés mauvaises, et
rendez bonnes vos œuvres; ne
suivez pas des dieux étrangers, et
ne les adorez pas; et vous habite-
rez dans la terre que je vous ai
donnée ὦ vous et à vos peres; et
vous n'avez pas incliné votre
oreille, et vous ne m'avez pas
écouté.
16. Ainsi les enfants de Jona-
dab, fils de Réchab, ont gardé
fermement l'ordre que leur père
leur avait donné; mais ce peuple
ne m'a pas obéi.
17. Cest pourquoi voici ce que
dit le Seigneur des armées, Dieu
d'Israél : Voilà que moi j'amene-
JÉRÉMIE.
]68. xxxvi.
18. Or Jérémie dit à la maison
des Réchabites : Voici ce que dit
le Seigneur des armées, Dieu d'Is-
raël : Parce que vous avez obéi au
précepte de Jonadab votre père,
que vous avez gardé tous ses
commandements, et que vous
avez fait toutes les choses qu'il
vous ἃ ordonnées;
19. A cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur des armées, Dieu
d'Israël : une manquera pas dans
la race de Jonadab, fils de Réchab,
d'homme se tenant tous les jours
en ma présence.
CHAPITRE XXXVI.
Jérémie dicte ses prophéties à Baruch
qui les lit devant le peuple, puis de-
vant les princes. Le roi Joakim fait
brüler le livre. Jérémie les dicte une
seconde fois, en ajoute de nouvelles,
et annonce les vengeances du Seigneur
contre Joakim. :
rai sur Juda et sur tous les habi-
tants de Jérusalem toute l'af-
fliction que j'ai prononcée contre
eux; parce que je leur ai parlé,
etils n'ont pas écouté; je les ai
appelés, et ils ne m'ont pas ré-
pondu,
1. Et 11 arriva dans la qua-
trième année de Joakim, fils de
19. Il ne manquera pas, etc. Les Réchabites furent menés avec les Juifs en captivité à
Babylone, mais ils revinrent avec eux dans leur pays. Après leur retour, ils servirent
dans le temple, mais seulement en qualité de chantres, de joueurs d'instruments, etc.
(I Paralip., ד 55), et ils continuèrent à vivre dans la sobriété et la pauvreté.
1-32. * 20 Malheurs d'Israël causés par sa résistance aux prophètes, xxXVI-XXXVIN.
— Si le peuple périt, c'est parce qu'il est incorrigible et qu'il. refuse d'entendre les
prophètes que Dieu lui envoie, et de suivre leurs conseils. Jérémie le prouve : —
40 en rapportant ce qui s'est passé par rapport à lui sous Joakim. 1] fait lire devant
le peuple, par Baruch, ses prophéties. Le roi, irrité, jette au feu le rouleau qui les
contient, et veut faire arréter Jérémie et Baruch, mais Dieu ne permet pas qu'on les
trouve. Jérémie annonce à la maison de David et au peuple que les menaces qu'il
leur a faites s'accompliront irrévocablement, et il fait écrire de nouveau ses prophé-
ties, xxxvr. — 29 Ce qui s'était passé du temps de Joakim se reproduit d'une manière
à peu prés semblable sous Sédécias, quoique ce dernier roi eüt certains égards
pour Jérémie. Celui-ci exhorte ses compatriotes à se soumettre aux Chaldéens, pen-
dant que ees derniers ont interrompu le siége pour aller arréter la marche des Egyp-
liens; il part lui-méme pour se réfugier à Anathoth, mais il est arrété et jeté en
prison. Sédécias apprend de lui le sort funeste qui l'attend ; il adoucit néanmoins
sa captivité, xxxvi. — 30 Le Prophète exhorte de nouveau le peuple à subir le joug
de Nabuchodonosor. Il est pour cela jeté au fond d'une citerne, où il aurait péri s'il
n'en avait été retiré par Abdémélech, avec la permission du roi. Il conseille de nou-
veau à Sédécias de se rendre aux Chaldéens, mais le prince n'ose point le faire, et
Jérémie reste en prison jusqu'à ce que la ville tombe entre les mains de l'ennemi,
XXXVII.
1. Disant. Voy., sur ce mot, r, 4. — * La quatriéme année du règne de Joakim en 605, -
08. xXxvi.] JÉRÉMIE. 1783
Josias, roi de Juda, que cette pa- 7. Pour voir si par hasard leur
role fut adressée à Jérémie parle | priere tombera devant le Sei-
Seigneur, disant : geneur, et s'ils reviendront chacun
2. Prends un rouleau delivreet | de sa voie très mauvaise; parce
tu y écriras toutes les paroles que | que grande est la fureur et l'indi-
je t'ai dites contre Israél, et con- | gnation avec laquelle a parlé le
tre Juda, et contre tous les peu- | Seigneur contre son peuple.
ples, depuis le jour oà je t'ai par- 8. Et Baruch, fils de Nérias, fit
lé, depuis les jours de Josias, jus- | selontoutce queluiavaitordonné
qu'à ce jour; Jérémie, le prophète, lisant dans
3. Pourvoirsiparhasard,lamai- | le rouleau les paroles du Sei-
son de Juda apprenant tous les | gneur, dans la maison du Sei-
maux que moi je penseleurfaire, | gneur.
chacun reviendra de ses voies 9. Or il arriva en la. cinquieme
tres mauvaises; et je lui pardon- | année de Joakim, fils de Josias,
nerai son iniquité et son péché. | roi de Juda, dans le neuvieme
4. Jérémie appela donc Baruch, | mois, qu'on publia un jeûne en
fils de Nérias, et Baruch écrivit, | présence du Seigneur, pour tout
sorlies de la bouche de Jérémie | le peuple dans Jérusalem et pour
sur un rouleau de livre, toutesles | toute la multitude qui avait afflué
paroles que le Seigneur lui avait | des cités de Juda dans Jérusalem.
dites. 10. Et Baruch lut dans le rou-
5. EtJérémie ordonna à Baruch, | leau les paroles de Jérémie dans
disant : Moi je suis enfermé, et je | la maison du Seigneur, dans la
ne puis entrer dans la maison du | chambre du trésor de Gamarias,
Seigneur. fils de Saphan, le 86126, dans le
6. Entre donc, toi, et lis d’après | vestibule supérieur, à l'entrée de
le rouleau dans lequeltu as écrit, | la porte neuve de la maison du
sorties de ma bouche, les paroles | Seigneur, tout le peuple enten-
du Seigneur, le peuple entendant | dant.
dans la maison du Seigneur, au 11. Et lorsque Michée, fils de
jour de jeüne; de plus tous ceux | Gamarias, fils de Saphan, eut en-
de Juda qui viennent de leurs ci- | tendu toutes les paroles du Sei-
tés entendant, tu les leur liras; | gneur écrites! dans le livre,
————— ————-
2, etc. Rouleau de livre, ou rouleau de feuille, selon l'hébreu; expression que la
Vulgate elle-même rend quelquefois simplement par livre. Anciennement on faisait
les livres d'écorces d'arbres, de papyrus, de toile, etc. Ceux qui étaient d'une ma-
tiere flexible se roulaient autour d'un bâton; de là le nom de volume (volumen) ou
rouleau.
4. * Baruch. Voir sur luil'Introduction à sa prophétie.
6. Au jour de jeûne. Si ce jeûne est le méme que celui qui, d'après le vers. 9, fut
publié au neuvième mois, c'était un jeûne extraordinaire; car la loi n'en ordonnait
aucun pour le neuvième mois.
9. * En la cinquiéme année de Joakim, en 604. — Dans le neuvième mois, novembre-
décembre.
40. Chambre du trésor de Gamarias, Noy.'xxxv, 2. — Le vestibule supérieur; c'était
probablement le parvis des prêtres. — La porte neuve, Voy. xxvi, 16,
4784
49. Il descendit dans la maison
du roi, en la chambre du trésor
du scribe; et voilà que là tous les
princes étaient assis : Elisama le
Scribe, et Dalaias, fils de Séméias,
et Elnathan, fils d'Achobor, et
Gamarias, fils de Saphan, et Sé-
décias, fils d'Hananias, et tousles
princes.
18. Et Michée leur rapporta
loutes les paroles qu'il avait en-
tendues de Baruch, lisant dans le
rouleau aux oreilles du penple.
14. C'est pourquoi tous les prin-
ces envoyerent à Baruch Judi, fils
de Nathanias, fils de Sélémias,
fils de Chusi, disant : Prends en
ta main le rouleau que tu as lu,
le peuple entendant, et viens.
Baruch, fils de Nérias, prit donc
le rouleau en sa main, et vint à
eux.
15. Et ils lui dirent : Assieds-
toi, etlis ces choses ànos oreilles.
Et Baruch lut à leurs oreilles.
16. Ainsi, lorsqu'ils eurent en-
tendu toutes les paroles, ils se
regardèrent les uns les autres
avec étonnement, et ils dirent à
Baruch : Nous devons rapporter
au roi toutes ces paroles.
17. Et ils Pinterrogeérent, di-
sant: Déclare-nous comment tu
as écrit toutes ces paroles sorties
dela bouche de Jérémie.
18. Or Baruch leur dit : 1 me
disait de sa bouche toutes ces
paroles comme s'il les avait lues;
JÉRÉMIE,
[cu. xxxvi.)
et, moi je les écrivais dans le rou-
leau avec de l'encre.
19. Et les princes dirent à Ba-
ruch : Va, et cache-toi, ainsi que
Jérémie, et que personne ne .sa-
che oü vous serez.
20. Et ils entrèrent chez le roi
dansle vestibule; quant au rou-
leau, ils l'avaient déposé dans la
chambre du trésor d'Elisama, le
scribe, et ils rapportèrent, le roi
entendant, toutes les paroles.
21. Et le roi envoya Judi afin
de prendre le rouleau; lequel
l'ayant pris dela chambre du tré-
sor d'Elisama, le scribe, le lut, le
roi entendant, ainsi que tous les
princes qui étaient autour du roi.
22. Or le roi était assis dans sa
maison d'hiver au neuvieme
mois; et un brasier était placé
devant lui, plein de charbons ar-
dents.
23. Lorsque Judi eut lu trois ou
quatre pages, /e ro? coupale rou-
leau avec le canif du scribe; et le
jeta dans le feu qui était sur le
brasier, jusqu'à ce que le volume
entier füt consumé par le feu qui
était dans le brasier.
24. Et le roi et tous ses servi-
teurs qui entendirent toutes ces
paroles, ne craignirent pas, et ne
déchirerent pas leurs vétements.
25. Mais cependant Elnathan et
Dalaias et Gamarias, s'opposerent
au roi, afin qu'il ne brülât point
le livre : etil ne les écouta point.
22. * Le neuviéme mois correspondant à novembre-décembre est relativement froid à
Jérusalem, surtout quand souffle le vent du nord. La neige tombe quelquefois dans
cette ville.à cette époque. — Dans sa maison d'hiver; dans. la partie de la maison que
le roi habitait l'hiver. — Un brasier. Les maisons orientales n' ayant pas de cheminées,
on les chauffait avec des charbons ardents mis dans un brasier, vase ou réchaud,
23. * Trois ou quatre pages; hébreu : colonnes du volume, qui était de papyrus ou
de cuir; c'est pour cela qu'il est coupé avec un petit couteau.
24. Ces paroles; les paroles contenues dans le rouleau.
]68. xxxvir.]
96. Etleroi ordonna 8 Jérémiel,
fils d'Amélech, et à Saraias, fils
d'Ezriel, et à Sélémias, fils d'Ab-
déel, de prendre Baruch, le scribe,
et Jérémie, le prophète; mais le
Seigneur les cacha.
27. Et la parole du Seigneur fut
adressée à Jérémie, le prophète,
apres que le roi eut brülé le rou-
leau et les paroles que Baruch
avait écrites ef qui étaient sorties
de la bouche de Jérémie, disant :
98. Reprends un autre rouleau,
et écris-y toutes les paroles qui
étaient dans le premier rouleau
qu'a brûlé Joakim, roi de Juda.
99. Et à Joakim, roi de Juda, tu
diras: Voici ceque ditle Seigneur:
Tu as brülé ce rouleau, disant :
Pourquoi as-tu écrit dans ce livre
en publiant : Soudain viendra le
roi de Babylone, et il dévastera
cette terre et il en fera disparaître
l'homme et la 7
30. A. cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur contre Joakim,
roi de Juda : 11 n'y aura pas de lui
deprince qui 88551628 sur le trône
de David; et. son cadavre sera jeté
à la chaleur du jour et à la gelée
de la nuit.
31. Et je visiterai contre lui, et
contre sa race, et contre ses ser-
viteurs, leurs iniquités ; et j'amè-
JÉRÉMIE.
1785
neraisur eux et sur les habitants
de Jérusalem et sur les hommes
de Juda tout le mal que je leur ai
annoncé, et ils ne m'ont pas en-
tendu.
32. Or Jérémie prit un autre
rouleau et le donna à Baruch, fils
de Nérias, le scribe, qui y écrivit,
sorties de la bouche de Jérémie,
toutes les paroles qui étaient dans
le livre qu'avait brûlé Joakim,
roi de Juda; et il y ajouta en
outre beaucoup plus de paroles
qu'il n'y en avait auparavant.
CHAPITRE XXXVII 2.
Sédécias se recommande aux prieres de
Jérémie. Nabuchodonosor marche
contre le roi d'Egypte; Jérémie prédit
qu'il reviendra contre Jérusalem. Le
Prophéte est arrété, et mis dans un
cachot ; Sédécias l'en retire.
1. Et le roi Sédécias, fils de
Josias, régna en la place de Jé-
chonias, fils de Joakim, Nabu-
chodonosor, roi de Babylone,
l'ayant établi roi dans la terre de
Juda.
2. Et il n'obéit pas, lui, ni ses
serviteurs, ni tout le peuple de la
terre aux paroles du Seigneur
quil avait dites par l'entremise
de Jérémie, le prophète.
3. Et le roi Sédécias envoya
21. Disant. Voy., sur ce mot, r, 4.
30. I n'y aura pas, ete. Jéchonias, fils de Joakim, n'ayant régné que trois mois, et
encore sous la dépendance des Chaldéens, son règne n'est compté pour rien. Son
suecesseur fut Sédécias, son oncle, et dernier roi de Juda. — * Voir plus haut la
note sur xxt, 2.
* Les deux premiers versets dece chapitre peuvent étre considérés comme la con-
clusion du précédent. Ce qui suit parait être de la 9e année de Sédécias, et par con-
séquent beaucoup postérieur à ce qui précède. Si l'on veut suivre l'ordre des temps,
i] parait qu'il faut retourner d'ici au chapitre xxv.
1, 2, La terre; de Juda.
1. * Voir IV Rois, xxiv, 1T.
3. Sophonias, le prêtre. Voy. xxi, 4. — * Juchal se montre plus loin, xxxvur, 1,*
ennemi de Jérémie.
1786
Juchal, fils de Sélémias, et So-
phonias, le prétre, fils de Maasias,
vers Jérémie, le prophète, disant:
Priez pour nous le Seigneur notre
Dieu.
4. Or, Jérémie se promenait li-
brementau milieu du peuple; car
on ne l'avait pas encore mis dans
la garde de la prison. Enfin l'ar-
mée de Pharaon sortit del'Egypte ;
et les Chaldéens qui assiégeaient
Jérusalem, entendant cette nou-
velle, s'éloignerent de Jérusa-
lem. |
5. Et la parole du Seigneur fut
adressée à Jérémie, le prophète,
disant :
6. Voici ce que ditle Seigneur,
Dieu d'Israël : Ainsi vous direz au
roi de Juda, qui vous ἃ envoyés
pour me consulter : Voilà que
l'armée de Pharaon, qui est sortie
à votre secours, retournera dans
sa terre en Egypte;
7. Etles Ghaldéens reviendront,
et. ils: combattront contre cette
cité ; et ils la prendront et ils y
mettront le feu.
8. Voici ce que dit le Seigneur :
Ne trompez pas vosâmes, disant:
Les Chaldéens s'en iront et se re-
tireront de nous; parce qu'ils ne
s'en iront pas.
9. Mais quand méme vous auriez
JÉRÉMIE.
]68. xxxvir.]
battu toutel'armée des Chaldéens
qui combattent contre vous, et
quil en serait resté sewlement
quelques blessés, ils sortiraient
chacun deleurtente, etmettraient
à feu cette cité.
10. Ainsi lorsque l'armée des
Chaldéens se fut retirée de Jéru-
salem, à cause ‘de l'armée de
Pharaon,
11. Jérémie sortit de Jérusalem,
afin d'aller dans la terre de Ben-
jamin, et d'y partager son bien en
présence des citoyens.
19. Et lorsqu'il fut parvenu à
la porte de Benjamin, il y avait
là un garde quiveillait à la porte
à son tour, du nom de Jérias,
fils de Sélémias, fils d'Hananias;
et il arréta Jérémie, le prophète,
disant : Tu fuis vers les Chal-
déens.
13. Et Jérémie répondit : Cela
est faux, je ne fuis point vers
les Chaldéens. Et Jériasnel'écouta
pas; mais il saisit Jérémie, et l'a-
mena devant les princes.
14. À cause de cela les princes,
irrités contre Jérémie, le firent
battre et l'envoyerent en la pri-
son qui était dans la maison
de Jonathan, le scribe; car c'est
lui qui était préposé sur la pri-
son. Ai (1
4. * Dans la garde de la prison. Voir plus haut, xxxir, 2. — L'armée de Pharaon,
Apriès ou Hophra, appelé plus loin, xuv, 30, Ephrée, Pharaon de la XXVI* dynastie,
originaire de Sais, fils de Psammétique II, petit-fils de Néchao II. 11 partit pour atta-
quer les Chaldéens, qui suspendirent le siege de Jérusalem afin d'aller à sa rencontre
et arrétérent sa marche. Plus tard, il reçut avec bienveillance les Juifs qui se réfu-
gièrent en Egypte. Il régna de 590 à 571 avant J.-C.
5. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4.
11, "ΡΨ parlager son bien. Locution obscure. Le sens le plus naturel est, comme
l'explique Théodoret, qu'il voulait aller faire ses provisions de vivres pour passer le
temps du siége.
12." La por te de Benjamin; probablement au nord de Jérusalem, peut-étre vers l'en-
droit où est aujourd'hui la porte de Damas.
14. * En la prison. C'était une prison souterraine, comme on le voit par le vers. 15,
insalubre et fort dure; voir xxxvin, 26.
[cH. xxx vii.]
JÉRÉMIE.
1787
15. C'est pourquoi Jérémie en- | jusqu'à ce que tout le pain de la
tra dans la maison de la fosse et
dans le cachot des esclaves; et Jé-
rémie y demeura bien des jours.
16. Orle roi Sédécias l'envoya
retirer, et il l'interrogea en secret
dans sa maison, et dit : Crois-tu
qu'il y a quelque parole venant du
Seigneur? Et Jérémie : Il y en a;
et il ajouta : Vous serez livré aux
mains du roi de Babylone.
11. Et Jérémie dit au roi Sédé-
cias : En quoi ai-je péché contre
vous, contre vos serviteurs et
contre votre peuple, pour que
vous m'ayez envoyé dans la mai-
son de la prison?
18. Où sont vos prophètes qui
vous prophétisaient, et qui di-
saient : Le roi de Babylone ne
viendra pas contre vous et contre
cette terre?
19. Maintenant donc, écoutez, je
vous conjure, mon seigneur roi;
que ma prière instante soit puis-
sante en votre présence ; et ne me
renvoyez pas dans la maison de
Jonathan, le scribe, de peur que je
n'y meure.
90. Le roi Sédécias ordonna
donc que Jérémie füt mis dans le
vestibule de la prison, et qu'on lui
donnát tous les jours une miche
de pain, outre les mets ordinaires,
CaaP. XXXVIIL. 2. Supra, x 9.
cité 10+ consumé; et Jérémie de-
meura dans le vestibule de la
prison.
CHAPITRE XXX VIII.
Jérémie cst mis dans une basse-fosse.
Abdémélech l'en retire. Sédécias le
consulte en secret: Jérémie lui con-
seille de se rendre aux Chaldéens. Sé-
décias lui recommande le secret sur
cet entretien. Jérémie le lui garde.
1. Or Saphatias, fils de Mathan,
et Gédélias, fils de Phassur, et
Juchal, fils de Sélémias, et Phas-
sur, fils de Melchias, entendirent
les paroles que Jérémie adressait
à tout le peuple, disant :
2. Voici ce que dit le Seigneur:
Quiconque demeurera dans cette
cité mourra par le glaive, et par
la famine et par la peste; mais
celui qui s'enfuira vers les Chal-
déens vivra, et son âme sera saine
et sauve, et il vivra.
3. Voici ce que dit le Seigneur :
En étant livrée, cette cité sera
livrée en la main de l'armée du
roi de Babylone, et il la pren-
dra. |
4. Et les princes dirent au roi :
Nous vous prions que cet homme
soit mis à mort, car c'est à dessein
qu'il affaiblit les mains des hom-
ד == ==
15. La maison de la fosse; c'est-à-dire la maison dans laquelle il y avait une fosse,
une prison souterraine, une basse-fosse. Compar. le verset précédent.
16. * Quelque parole venant du Seigneur; une prédiction.
17. La maison de la prison. Voy. la note précédente.
20. Sil'on veut suivre l'ordre des temps, il faut passer d'ici aux ch. xxxii et xxxii,
— * Dans le vestibule de la prison du palais royal.
1. * Phassur. Voir plus haut, xxr, 1. — Juchal, xxxvu, 3.
2. Son âme; hébraisme, pour sa personne, lui. Dieu avait expressément ordonné
aux Juifs de se rendre aux Chaldéens. Voy. xxr, 9, sur 16 motif de ce commandement.
3. Etant livrée, sera livrée ; hébraisme pour sera certainement ou entièrement livrée.
4. Les mains ; en les décourageant. — La paix; ou selon l'hébreu, le bien, le salut,
ie bonheur complet.
1788
mes de guerre qui sont demeurés
dans celte cité, et les mains de
toutle peuple, leur disant ces pa-
roles; vu que cet homme ne cher-
che pas la paix dece peuple, mais
son malheur.
5. Et le roi Sédécias dit : Voici
qu'ilest entre vos mains; car il
n'est pas juste que le roi vous re-
fuse quelque chose.
6. Ils prirent done Jérémie et
le jelérent dans la fosse de Mel-
chias, fils d'Amélech, qui était
dans le vestibule de la prison; el
ils descendirent Jérémie avec des
cordes dans cette fosse dans la-
quelle il n'y avait pas d'eau, mais
de la boue; c'est pourquoi Jéré-
mie descendit dans la boue.
7. Mais Abdémélech, l'Ethio-
pien, eunuque qui était dans la
maison du roi, apprit qu'on avait
jeté Jérémie dans la fosse; or
le roi étaitassis àla porte de Ben-
jamin.
8. Et Abdémélech sortit de la
maison du roi, et parla au roi,
disant:
9. Mon Seigneur roi, ces hom-
mes ont mal agi en tout ce qu'ils
ont fait contre Jérémie, le pro-
phète, le jetant dans la fosse afin
qu'il y meure de faim, car il n'y a
plus de pain dans la cité.
10. C'est pourquoi le roi or-
donna à Abdémélech, l'Ethiopien,
JÉRÉMIE.
(cu. xxxvur.]
disant : Prends avec toi trente :
hommes, et óte Jérémie, le pro-
phète, de 1a fosse, avant qu'il
meure.
11. Abdémélech. donc, ayant
pris ces hommes avec lui, entra
dans la maison du roi, dans un
lieu qui était sous le cellier; et il
en tira de vieilles étoffes et de
vieux chiffons qui étaient pourris,
et les descendit jusqu'à Jérémie
avec des cordes.
12. Et Abdémélech, l'Ethiopien,
dit à Jérémie : Mets ces vieilles
étoffes et ces chiffons déchirés et
pourris sous tes aisselles et sur
les cordes. Jérémie fit donc ainsi.
13. Et ils enleverent Jérémie
avec les cordes, et ils le tirèrent
de la fosse; mais Jérémie de-
meura dans le vestibule de la
prison.
14. Et le roi Sédécias envoya,
et fit venir vers lui Jérémie, le pro-
phète, à latroisieme porte qui était
dans la maison du Seigneur ; et le
roi dit à Jérémie : Moi je te de-
mande une chose; ne me cache
rien.
15. Or Jérémie dit à Sédécias :
Si je vous annonce la vérité, est-
ce que vous ne me tuerez pas? et
si je vous donne un conseil, vous
ue m'écouterez pas.
16. Le roi Sédécias jura donc à
Jérémie secrètement, disant : Le
€ M ———
6 * Dans la fosse; dans la citerne. — De Me/chias; fils du roi ou de. race royale,
d'après l'hébreu.
1.* A la porte de Benjamin. Voir plus haut, xxxvi, 12. — Abdémélech l'Ethiopien
devait être un esclave qui avait été acheté par le roi.
M. * Qui était sous le cellier. Hébreu : sous la chambre du trésor.
14. La troisième porte; elle est inconnue; le savant rabbin Kimchi, et après lui
D. Calmet, Menochius, etc., pensent que c’est celle par laquelle on entrait du palais
du roi dans le temple. — Une chose; ou quelque chose; c'est le sens que parait avoir
ici comme dans une foule d'autres passages le terme hébreu correspondant, rendu
dans la Vulgate par discours, entretien (sermonem).
16, Le Seigneur vil! c'est-à-dire je jure par le Seigneur. — Qui nous, elc.; qui ἃ
(cn. χχχνπ
Seigneur vit! qui nous a fait cette
âme, si je te fais mourir, et si je
te livre aux mains de ces hommes
qui cherchent ton âme.
11. Et Jérémie dit à Sédécias :
Voici ce que dit le Seigneur des
armées, le Dieu d'Israël : Si tu
sors pour aller voirles princes du
roi de Babylone, ton àme vivra,
et le feu ne sera pas mis à celte
cité, et tu seras sauvé, ainsi que ta
maison.
18. Mais si tu ne sors pas vers
les princes du roi de Babylone,
cette cité sera livrée aux mains
des Chaldéens, et ils y mettront le
feu, et toi, tu n'échapperas pas de
leurs mains.
19. Et le roi Sédécias dit à Jé-
rémie : Jesuis en peine à cause
des Juifs qui ont passé du cóté
des Chaldéens; dans la crainte
que je ne sois livré entre leurs
mains, et qu'ils ne se jouent de
moi.
20. Mais Jérémie répondit : On
ne vous livrera pas; écoutez, je
vous prie, la voix du Seigneur
que je vous annonce ; et bien vous
sera, et votre àme vivra.
21. Si vous ne voulez point sor-
tir, voici ce que le Seigneur m'a
montré :
22. Voilà que toutesles femmes
qui seront demeurées dans la
maison du roi de Juda seront con-
JEREMIE.
1789
duites aux princes du roi de Ba-
bylone ; et elles diront elles-mé-
mes : Ils vous ontséduit, etils ont
prévalu contre vous, les hommes
qui vivaient en paix avec vous;
ils vows ont plongé dans la fange
et ont mis vos pieds dans deslieux
glissants, et ils se sont retirés de
vous.
23. Et toutes vos femmes et vos
enfants seront conduits aux Chal-
déens; et vous n'échapperez pas
à leurs mains, mais vous sere2
pris dans la main du roi de Baby-
lone; et cette cité, il y mettra le
feu.
24. Sédécias dit donc à Jérémie :
Que personne ne sache ces paro-
les que tu m'as dites, et tu ne
mourras pas.
25. Mais si les princes appren-
nent que je t'ai parlé, et qu'ils
viennent te dire : Fais-nous con-
naitre ce que tu as dit au roi, ne
nous cache rien, et nous ne te
tuerons pas, et ce que t'a dit le
rol;
26. Tu leur diras : Moi j'ai ré-
pandu mes prieres devant le roi,
afin qu'il ne me fit pas ramener
dans la maison de Jonathan ; car
] y mourrais.
27. Tous les princes vinrent
donc vers Jérémie et l'interroge-
rent, etil parla selon tout ce que
le roi lui avait ordonné, et ils le
créé en nous cette âme qui nous fait vivre. = Si je le fais mourir, etc.; pour 76 06 le
ferai pas mourir, etc. Dans les formules du serment, les Hébreux employaient la
particule si, quand ils juraient qu'ils ne feraient pas une chose, et ils y ajoutaient la
négation, lorsqu'ils juraient qu'ils la feraient. Cette maniére de s'exprimer vient de
ce qu'ils omettaient par euphémisme, limprécation qui suit les jurements; par
exemple : Je veux qu'it m'arrive tel mal, tel malheur, si, etc. — Qui cherchent ton áme;
hébraisme, pour qui cherchent à t'óter la vie.
11. Si tu sors, etc. Voy. sur le motif de ce commandement, xxr, 9. Le roi Nabucho-
donosor n'était pas alors en personne au siège de Jérusalem, où son armée était
commandée par ses généraux; il se trouvait à Réblatha, en Syrie.
21. Rien n'avait, etc.; rien n'avait été su de ce qu'ils s'étaient dit l'un à l'autre,
ר ₪ -
1790
laissèrenten paix; carrien n'avait
été entendu.
29 Or, Jérémie demeura dans
‘le vestibule de la prison jusqu'au
jour auquel fut prise Jérusalem;
car il arriva que Jérusalem fut
JÉRÉMIE.
(cu. xxxix.]
lone, vint et toute son armée de-
vant Jérusalem, et ils en faisaient
le siege.
2. Mais la onzieme année de
Sédécias, au quatrième, mois, le
cinquième jour, la cité fut ou-
verte.
3. Et tous les princes du roi de
Babylone entrèrent, et se. postè-
rent à la porte du milieu : Néré-
gel, Séréser, Sémégarnabu, Sar-
sachim, Rabsarès, Nérégel, Séré-
ser, Rebmag, et tous les, 8
princes du roi de Babylone.
4. Et lorsque Sédécias, roi, de
Juda, et tous les hommes de
guerre 108 eurent apercus, ils s'en-
fuirent ; et ils sortirent la nuit de
la cité par la voie du jardin du
prise.
CHAPITRE XXXIX.
Prise de Jérusalem. Fuite de Sédécias.
Ce prince est arrêté et conduit devant
Nabuchodonosor, qui fait mourir ses
enfants, lui fait arracher les yeux à lui-
méme en le chargeant de fers. Pauvres
laissés dans la Judée. Jérémie est mis
en liberté. Prophétie en faveur d'Abdé-
mélech.
1. La neuvième année de Sédé-
cias,roi de Juda, au dixieme mois,
Nabuchodonosor, roi de Baby-
XXXIX. 1. IV Rois, xxv, 1; Infra, rir, 4. .גא
28. Si l'on voulait suivre l'ordre des temps, il parait qu'il faudrait mettre ici les
quatre derniers versets du chapitre suivant.
1-18. * Ve Section : Accomplissement des prophéties contre Jérusalem, xxxix-xLv.
— 10 Prise de Jérusalem, xxxix. La mesure des iniquités de Juda et de Jérusalem
est à son comble; la ville est prise, 1-2; Sédécias a les yeux crevés et est emmené à
Babylone; la capitale et le temple sont. brülés, 3-10; Jérémie et Abdémélech
échappent à la ruine, 11-18, Ainsi sont accomplies les prophéties.
1. Dixième mois ; appelé Tébeth dans Esther, 11, 16. Commencait à la nouvelle lune
de janvier. — * La neuviéme année de Sédécias, en 589.
2. Quatrième mois; dont le nom hébreu Tammouz ne se trouve pas dans la Bible,
commencait à la nouvelle lune de juillet. — Le cinquiéme jour; lhébreu porte le
neuvième, ainsi que les Septante, le chaldéen, le syriaque, plusieurs exemplaires
latins, enfin le texte méme de Jérémie, ται, 6, et celui de IV Rois, xxv, 8. — La cilé
fut ouverte; c'est-à-dire que l'ennemi ayant fait une brèche au mur, la ville fut prise
d'assaut.
3. À la porte du milieu; peut-être dans la place qui était devant la porte de la
seconde enceinte; car Jérusalem avait plusieurs enceintes de murs. — Nérégel et
Séréser sont répétés deux fois dans ce verset; ils le sont également dans le texte
hébreu. — * Nérégel, Séréser sont à tort séparés par une virgule. Ces deux mots
appartiennent au méme nom babylonien : Nergal-sar-usur, c'est-à-dire « le dieu
Nergal protège le roi ». Sémégar, désigne peut-être son titre, gardien du trésor, en le
lisant samgar ou damkar. Rahsarés et Rebmag sont aussi des titres de dignités baby-
loniennes, la première est celle de Nabusachar,comme lisent les Septante ; la seconde,
celle du second Nérégel Séréser. On explique Rabsarés par chef des eunuques et
Rebmag par chef des mages, mais ces explications ne sont pas certaines. Ce qui est
sûr, c'est que ce sont des titres de dignité. 11 y a donc dans ce verset le nom de trois
grands officiers avec l'indication de leur charge et non pas huit noms propres.
4. * Par la voie, du jardin du roi. Ce jardin était situó dans la vallée d'Hinnom, et
arrosé par la piscine de Siloé, au sud de Jérusalem. Les Chaldéens ne pouvaient
camper dans cette vallée si profonde. C'était donc l'endroit par où il était le plus
facile d'échapper à leur surveillance. On pouvait aussi aisément par là aller prendre
|68. xxxix.]
roi, et par là porte qui était entre
les deux murs, et ils se dirigerent
vers ]a voie du désert.
5. Maïs l'armée des Chaldéens
les poursuivit; et ils prirent Sédé-
cias dans les champs de la soli-
tude deJéricho, etilsl'amenerent
prisonnier à Nabuchodonosor, roi
de Babylone, à Réblatha qui est
en la terre d'Emath; et Nabucho-
donosor lui prononca son arrêt.
6. Et le roi de Babylone fit mou-
rir les deux fils de Sédécias à Ré-
blatha, sous ses yeux, et tous les
nobles de Juda, le roi de Babylone
les fit mourir. |
7. Il arracha aussi les yeux à
Sédécias, etlechargea de fers aux
pieds, afin qu'il fût emmené à
Babylone.
8. Les Chaldéens mirent aussi
lefeu àla maison du roi et aux
maisons du peuple, etils renver-
sèrent le mur de Jérusalem.
9. Et les restes du peuple qui
étaientdemeurés dansJérusalem,
et les transfuges qui s'étaient ré-
fugiés auprès de lui, et les res-
tants du peuple qui étaient de-
meurés, Nabuzardan, chef de la
JÉRÉMIE.
1791
milice, les transféra à Babylone.
10. Et quantà la foule des pau-
vres qui ne possédaient absolu-
ment rien, Nabuzardan, chef de
la milice, 18 laissa dans 18 terre de
Juda et lui donna des vignes et
des citernes en ce jour-là.
11. Mais Nabuchodonosor, ro?
de Babylone, avait donné à Nabu-
zardan, chef de la milice, cet or-
dre touchant Jérémie, disant :
19. Prends-le et tiens sur lui tes
yeux, et ne lui fais aucun mal :
mais comme il voudra, ainsi tu
lui feras.
13. Nabuzardan donc, chef de la
milice, envoya, et Nabusezban, et
Rabsarès, et Nérégel, et Séréser,
et Rebmag, et tous les autres
grands du roi de Babylone,
14. Envoyérent et firent sortir
Jérémie du vestibule de la prison,
et ils le remirent à Godolias, fils
d'Ahicam, fils de Saphan, afin
quil entrát dans une maison et
qu'il habitàt au milieu du peuple.
15. Mais à Jérémie avait été
adressée la parole du Seigneur,
lorsqu'il étaitenfermé dansle ves-
tibule de la prison; disant :
la route de Jéricho sur le versant méridional du mont des Oliviers. — La porte entre
les deux murs; le mur de l'extrémité orientale de Sion et celui de l'extrémité occi-
dentale d'Ophel.
5. Réblatha; ou selon sa forme véritable, Rébla, dans la terre d'Emath, en Ceelésy-
rie, sur l'Oronte.
6. Ses yeux; les yeux de SédéGias; leur père.
.ד * Il arracha ses yeux, etc. Les bas-reliefs assyriens nous montrent les rois de
Miis crevant eux-mémes les yeux de leurs ennemis vaincus et enchainés.
9.*Nabuzardan; en babylonien : Nabuziriddina, > le dieu Nebo donne une postérité,
un fils », était le général en chef chaldéen.
10. * Des citernes; une des choses les plus précieuses dans ce pays sans eau.
12. Tiens sur lui tes yeux; c'est-à-dire aie grand soin de lui.
13. * Nabusezban est peut-étre le second personnage du vers. 3 dontles syllabes
ont été en partie corrompues, mais correctement jointes cette fois; raósarés est son
titre, comme rebmag est celui de Nérégelséréser. Tous les e£ qu'on lit entre ces mots
ont été ajoutés par saint Jérôme au texte original, parce que ce docteur avait cru
que c’étaient autant de noms propres.
14. * Godolias. Voir plus haut, xxvi, 24.
15. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4.
1792
16. Va, et parle à Abdémélech
l'Ethiopien, disant : Voici ce que
dit le Seigneur des armées, Dieu
d'Israël : Voilà que j'amènerai
mes paroles sur cette cité, pour
son mal, et non pour son bien :
elles auront lieu en ce jour-là de-
vant tes yeux.
17. Et je te délivrerai, en ce
jour-là, dit le Seigneur; et tu ne
seras pas livré aux mains des
hommes que tu redoutes;
18. Mais, t'en retirant, je te dé-
livrerai, et tu ne tomberas pas
sous le glaive; mais ta vie te sera
sauvée, parce que tu as eu con-
fiance en moi, dit le Seigneur.
CHAPITRE XL.
Nabuzardan met Jérémie en liberté. Le
Prophéte se retire auprés de Godolias.
Les Juifs dispersés par la fuite se ras-
semblent. Baalis, roi des Ammonites,
envoie [smahel pour tuer Godolias.
1. Paroles qui furent adressées
à Jérémie par le Seigneur après
JÉRÉMIE.
]68. xL.]
qu'il fut mis en liberté à Rama
par Nabuzardan, chef de la milice,
quand ille prit lié de chaines au
milieu de ceux qui émigraient de
Jérusalem et de Juda et étaient
conduits à Babylone.
9. Prenant donc. Jérémie, le
prince de la milice lui dit : Le Sei-
gneur ton Dieu a prononcé ce mal
sur ce lieu,
3. Et il l'a amené; ainsi le Sei-
gneur à fait comme iladit, parce
que vous avez péché contre le
Seigneur, et que vous n'avez pas
écouté sa voix; c'est ainsi que
cela vous est arrivé.
4. Maintenant donc, voilà que je
t'ai délivré des chaînes que tu
avais aux mains; s'il te plait de
venir avec moi à Babylone, viens,
et je tiendrai mes yeux sur toi ;
mais s'il te déplait de. venir avec
moi à Babylone, demeure ici;
voilà toute cette terre. en ta pré-
sence;ce que tu choisiras, £u /'au-
ras, et οἱ 11 te plaira d'aller, vas-y.
16. J'amènerai, etc.; j'exécuterai mes menaces contre, etc. — * Abdémélech. Voir
plus haut, xxxv, 7.
1-16. * 20 Sort des Juifs qui sont laissés en Palestine; leur fuite en Egypte, XL-XLv.
Un certain nombre de Juifs avaient été laissés en Palestine, mais ils ne devaient pas
échapper au chátiment qu'ils avaient mérité par leurs crimes, comme ceux qui
avaient été déportés à Babylone. — 19 Jérémie, ayant eu la permission de demeurer
où il voudrait, se rendit prés de Godolias, gouverneur du pays, à Masphath, xz, 1-6.
— Un grand nombre de ceux qui étaient restés dans leur patrie y vont à sa suite,
1-12. — Là, Johanan prévient Godolias que le roi d'Ammon, Baalis, veut le faire
périr, mais le gouverneur ne veut pas le croire, 43-16. — 11 tombe sous les coups
d'Ismahel, le séide de Baalis, ainsi que beaucoup de Juifs, xui, 1-7. — Ismahel emmène
quelques autres Juifs prisonniers. Ceux-ci sont délivrés en route par Johanan, 8-16.
— 2» Les débris du peuple, malgré les conseils de Jérémie, par la peur de la ven-
geance que les Chaldéens tireront du meurtre de Godolias, s'enfuient en Egypte, et
y entraînent de force le Prophète, xzr, 17-xuur, 7. — 39 C'est là, comme ille leur pré-
dit, qu'ils seront punis de leur incrédulité et de leur idolâtrie, par Nabuchodonosor,
qui les atteindra dans le pays où ils se sont imaginés être à l'abri de ses coups,
XLIII, 8-xLv.
1. Rama; comme on le croit généralement, ville de la tribu de Benjamin, entre
Béthel et Gabaa. Compar. Josué, xviu, 25; Juges, xix, 42, 13.
2. Prince de la milice; c'est le même que la Vulgate nomme ailleurs cAe/f, maitre de
la milice (magister militiz).
4, Je tiendrai mes yeux sur toi. Voy. xxxix,
[cn. xL.]
5. Et ne viens pas avec moi, £u
le peux; mais habite chez Godo-
lias, fils d'Ahicam, fils de Saphan,
que le roi de Babylone a préposé
sur les villes de Juda; habite donc
avec lui au milieu du peuple; ou
bien va partout où il te plaira
d'aller. Le chef de la milice lui
donna aussi des vivres et des pré-
sents, et Je renvoya.
6. Or Jérémie vint vers Godo-
lias, fils d'Ahicam, à Masphath, et
il habita avec lui au milieu du
peuple qui avait été laissé dans
le pays.
7. Et lorsque tous les princes
de l'armée des Juifs, qui avaient
été dispersés en d?versescontrées,
eux et leurs compagnons, eurent
appris que le roi de Babylone
avait préposé Godolias, fils d'Ahi-
cam, sur la terre de Juda, et qu'il
lui avait recommandé les hom-
mes, les femmes et les petits en-
fants, et ceux d'entre les pauvres
de la terre qui n'avaient pas été
transférés à Babylone,
8. lls vinrent vers Godolias à
Masphath, savoir : Ismahel, fils
de Nathanias, et Johanan, et Jo-
nathan, fils de Carée, et Saréas,
fils de Thanéhumeth, et les en-
fants d'Ophi, qui étaient de Néto-
phati, et Jézonias, fils de Maa-
chati, eux etles leurs.
9. Et Godolias, fils d'Ahicam, fils
Cap. XL. 9. IV Rois, xxv, 24.
JÉRÉMIE.
1793
de Saphan, jura à eux et à leurs
compagnons, disant : Ne craignez
point de servirles Chaldéens; de-
meurez dans cette terre, et servez
le roi de Babylone, et bien vous
Sera.
10. Voilà que moi, j'habite à
Masphath pour répondre à l'ordre
des Chaldéens qui sont envoyés
vers nous; mais vous, recueillez
la vendange, et la moisson, et
l'huile; et renfermez-les dans des
vases; et demeurez dans vos
villes que vous occupez.
11. Mais aussi tous les Juifs qui
étaient en Moab, et parmi les en-
fants d'Ammon, et dans l'Idumée,
et dans toutes les contrées, ayant
appris que le roi de Babylone
avait laissé des restes dw peuple
dans Juda, et qu'il avait préposé
sur eux Godolias, fils d'Ahicam.
fils de Saphan,
12. Tous ces Juifs, dis-je, re-
tournerent de tous les lieux oü
ilss' étaient enfuis, et vinrent dans
la terre de Juda vers Godolias, à
Masphath ; et ils recueillirent du
vin, et une moisson tres abon-
dante.
13. Mais Johanan, fils de Carée,
et tous les princes de l'armée,
qui étaient dispersés en diverses
contrées, vinrent vers Godolias à
Masphath,
14. Etlui dirent: Sachezque Baa-
6. Masphath; ville dela tribu de Juda, non loin de Jérusalem.
7. De la terre; c'est-à-dire du pays, de la Judée.
8. ismahel était de la race royale de Juda (xur, 1). — * Jonathan. Comme il n'est
pas nommé dans les Septante ni nulle part ailleurs, ce nom doit étre ici une répéti-
tion fautive de Johanan. — Nétophathi; aujourd'hui Beit Netif, prés de Jérusalem et
de Bethléem. — Fils de Maachati; originaires de Maacha, contrée située à l'est du
Jourdain, au nord de la Palestine, sur la frontiére de la tribu de Manassé transjor-
danique.
14. * Les motifs de la haine de Baa/is contre Godolias, ct le but qu'il se proposait
sont inconnus.
AS "0S 1 8
179^
lis, roi des enfants d'Ammon, a
envoyé Ismahel, fils de Nathanias,
pour vous ôter la vie. Et Godo-
lias, fils d'Ahicam, ne les crut pas.
15. Mais Johanan, fils de Carée,
dit en particulier à Godolias, à
Masphath, disant: J'irai et je frap-
perai Ismahel, fils de Nathanias,
personne ne le sachant, de peur
qu'il ne tue votre àme, et que ne
soient dispersés tous les Juifs qui
sont rassemblés auprès de vous;
et les restes de Juda périront.
16. Et Godolias, fils d'Ahicam,
dit à Johanan, fils de Carée : Ne
fais pas cela; car tu parles faus-
sement d'Ismahel.
CHAPITRE XLI.
Ismahel tue Godolias, et tous ceux qui
étaient avec lui. ll emmène prisonnier
tout le reste du peuple qui était à Mas-
phath. 11 est poursuivi par Johanan. Il
s'enfuit chez les Ammonites. Johanan
ramène les prisonniers. Ils prennent
la résolution de rentrer en Egypte.
|. Et il arriva dans le septième
mois qu'Ismahel, fils de Natha-
nias, fils d'Elisama, de la race
royale, et les grands du roi, el dix
hommes avec lui vinrent vers Go-
dolias, fils d'Ahicam, à Masphath;
et ils mangerent là des pains en-
semble à Masphath.
9. OrIsmahel, fils de Nathanias,
se leva, et les dix hommes qui
JÉRÉMIE.
(cH. XLI.
étaient avec lui, et ils frapperent
Godolias, fils d'Ahicam, fils de Sa-
phan, par le glaive, et tuerent ce-
lui qu'avait préposé le roi de Ba-
bylone sur la terre.
3. TouslesJuifsaussi qui étaient
avec Godolias, à Masphath, et les
Chaldéens qui se trouvèrent là,
etles hommes de guerre, Ismahel
les frappa.
4. Mais le second jour. aprés
qu'il eut tué Godolias, personne
encore ne le sachant,
ὃ, Quatre-vingts hommes vin-
rent de Sichem, de Silo et de Sa-
marie, la barbe rasée, et les ha-
bits déchirés, et le visage défi-
guré; ils portaient de l'encens et
des présents, afin de les offrir
dans la maison du Seigneur.
6. Ismahel, fils de Nathanias,
étant donc sorti de Masphath à
leur rencontre, allait. marchant
en pleurant; or, lorsqu'il les eut
rencontrés, il leur dit : Venez vers
Godolias, fils d'Ahicam.
1. Et lorsqu'ils furent arrivés au
milieu de la cité, Ismahel, fils de
Nathanias, les tua e£ les jeta vers
le milieu de la fosse, et les hom-
mes qui étaient avec lui.
8. Mais dix hommes se trouve-
rent parmi eux qui dirent à Isma-
hel: Ne nous faites pas mourir,
parce que nous avons des trésors
15. Qu'il ne tue votre âme; hébraisme, pour qu'il ne vous tue.
1. Le septième mois; qui commençait à la nouvelle lune d'octobre. — I/s mangérent
des pains; hébraisme, pour prendre de la nourriture, faire un repas. — Masphath.
Voy. xr, 6.
2. La terre; c'est-à-dire le pays, la Judée,
5, La barbe rasée, etc.; c'était un signe de deuil chez les Hébreux. — La maison du
Seigneur; c'est-à-dire les ruines sur lesquelles les Juifs avaient élevé un autel pour
offrir leurs sacrifices. — * De Sichem; voir la note sur Genèse, xu, 6. — De Silo. Voir
la note sur Josué, xvi, 1, — De Samarie. Voir la note sur 111 Rois, ,אא 24.
. 8. * Dans le champ. Encore aujourd'hui en Palestine, on cache les récoltes dans
les champs, dans des trous en forme de citernes, ct l'ouverture en est si bien dissi-
iulée qu'un œil étranger peut difficilement la découvrir,
[cu. xu.
cachés dans le champ, du blé, de
l'orge, de l'huile et du miel. Et il
s'arrétaet neles tuapasavecleurs
freres.
9. Or la fosse dans laquelle [5-
mahel avait jeté tous les cadavres
des hommes qu'il tua à cause de
Godolias, est celle-là méme qu'a-
|vait faite le roi Asa à cause de
Baasa, roi d'Israél; Ismahel, fils
de Nathanias, laremplit de morts.
10. Et Ismahel fit prisonniers
tous les restes du peuple qui
étaient à Masphath, les filles du
roi et tout le peuple qui était de-
meuré à Masphath, que Nabuzar-
dan, prince de la milice, avait
recommandés à Godolias, fils
d'Ahicam. Et Ismahel, fils de Na-
thanias, les. prit, et s'en alla
afin de passer vers les enfants
d Ammon.
41. Mais Johanan, fils de Carée,
et tous les princes des hommes
de guerre qui étaient avec lui,
apprirent tout le mal qu'avait fait
Ismahel, fils de Nathanias.
12. Et ayant pris tous les hom-
mes de guerre, ils partirent afin
de combattre Ismahel, fils de Na-
thanias, et ils le trouvèrent près
des grandes eaux qui sont à Ga-
baon.
13. Et lorsque tout le peuple
qui était avec Ismahel eut vu Jo-
JÉRÉMIE.
1795
hanan, fils de Carée, et tous les
princes des hommes de guerre
qui étaient avec lui, ils se réjoui-
rent.
14. Et tout le peuple qu'Ismahel
avait pris à Masphath retourna ;
et, étant retourné, il vint vers Jo-
hanan, fils de Carée.
15. Mais Ismahel, fils de Natha-
nias, s'enfuit avec huit hommes
de devant la face de Johanan, et
s'en alla vers les enfants d'Am-
mon.
16. Johanan, fils de Carée, et
tous les princes des hommes de
guerre qui étaient avec lui, pri-
rent done tous les restes du peu-
ple qu'il avait retirés des mains
d'Ismahel, fils de Nathanias, e£
ramenés de Masphath, apres qu'il
eut tué Godolias, fils d'Ahicam ;
tous les hommes vaillants au
combat et les femmes, les enfants
et les eunuques qu'il avait rame-
nés de Gabaon.
11. Et ils s'en allerent, et ils
s'arréterent en passant à Cha-
maam, pres de Bethléhem, afin
dese rendre etd'entrer en Egypte,
18. À cause des Chaldéens ; car
ils les craignaient, parce qu'Isma-
hel, fils de Nathanias, avait tué
Godolias, fils d'Ahicam, qu'avait
préposé le roi de Babylone sur la
terre de Juda.
9. A cause de Baasa, etc. Compar. 111 Rois, xv, 22.
10, 11. Prince de la milice, princes des hommes de guerre; c'est la même chose que
chefs, maîtres de la milice (xL, 2),
42. * Gabaon; à une bonne demi-heure au nord de Maspha. Sur Gabaon, voir
111 Rois, m, 4.
41. * Chamaam était le nom d'un fils de Berzellai, II Rois, xix, 38, 41, qui avait
sans doute construit prés de Bethléem une sorte de caravansérail auquel on avait
donné son nom. L'hébreu porte :
gitifs firent halte.
le caravansérail de Chamaaum, C'est là que les fu-
18. A cause ; littér. et par hébraisme, de la fuce, loin de.
1790
CHAPITRE ΧΗ].
Les Juifs prient Jérémie: de consulter le
Seigneur. Le Seigneur leur déclare que,
s'ils restent en Judée, il les affermira;
il les exhorte à ne pas craindre le roi
de Babylone, et les menace de ses ven-
geances s'ils se retirent en Egypte. Jé-
rémie leur reproche leur indocilité.
1. Et s'approcherent tous les
princes des hommes de guerre,
Johanan, fils. de Carée, et Jézo-
nias, fils d'Osaias, et tout le reste
du peuple, depuisle petit jusqu'au
grand;
2. Etils dirent à Jérémie, le pro-
phète: Que notre prière tombe en
ta présence; et prie pour nous le
Seigneur ton Dieu pour tous ces
restes, parce que nous avons été
laissés un petit nombre d'un bien
plus grand, comme tes yeux nous
voient;
3. Et que le Seigneur ton Dieu
nous annonce la voie par la-
quelle nous devons marcher, et
la parole que nous devons accom-
plir.
4. Or Jérémie, le prophete, leur
dit : J'ai entendu; voici que moi
je prie le Seigneur votre Dieu,
selon vos paroles; toute parole
quelconque qu'il me répondra, je
vous 18 ferai connaitre, et je ne
vous cacherai rien.
5. Et ceux-ci dirent à Jérémie :
Que le Seigneur soit entre nous
témoin de la vérité et de notre
bonne foi, si nous n'agissons pas
conformément à toute parole avec
laquelle le Seigneur ton Dieu
aura envoyé vers nous.
6. Soit bonne, soit défavorable,
JÉRÉMIE.
cH. XLIT.]
nous obéirons à la. voix du Sei-
gneur notre Dieu, vers qui nous
tenvoyons, afin que bien nous
soit, lorsque nous aurons écouté
la voix du Seigneur notre Dieu.
7. Or, lorsque dix jours eurent
été accomplis, la parole du Sei-
gneur fut adressée à Jérémie.
8. Et il appela Johanan, fils de
Carée, tous les princes des om-
mes de guerre qui étaientavec lui
et tout le peuple, depuis le plus
petit jusqu'au grand.
9. Et il leur dit : Voiei ce que
dit le Seigneur, Dieu d'Israél, vers
qui vous m'avez envoyé afin de
répandre vos prieres en sa pré-
sence :
10. Si vous demeurez en repos
dans cette terre, je vous édifierai,
οἱ je ne détruirai pas; je plante-
rai, et je n'arracherai pas; car je
suis apaisé par le mal que je vous
ai fait.
A. Ne craignez pas la face du
roi de Babylone, que tremblants
d'effroi vous redoutez ; ne le crai-
gnez pas, dit le Seigneur, parce
que moi je suis avec vous, afin de
vous sauver, et de vous Srer de
sa main.
19. Et je vous donnerai mes
miséricordes et j'aurai pitié de
vous, et je vous ferai habiter dans
votre terre.
13. Mais si vous dites : Nous
n'habiterons pas dans cette terre,
et nous n'écouterons pas la voix
du Seigneur notre Dieu, =
14. Disant : En aucune ma-
niere; mais nous irons dans la
terre d'Egyple, où nous ne ver-
ἰώ το. εἰ HELLO RE ie
1. Les princes des hommes de guerre. Voy. xi, 10.
3. La parole; ou La chose. Le mot verbum est ici amphibologique, comme le terme
hébreu qui y correspond.
[cu. xrur.]
rons pas la guerre, oü nous
n'entendrons pas le bruit de la
trompette, où nous ne souffri-
rons. pas la faim, et nous y habi-
lerons :
15. A cause de cela, écoutez
maintenantla parole du Seigneur,
restes de Juda. Voici ce que dit
le Seigneur des armées, Dieu
d'Israél : Si vous tournez votre
face afin d'entrer en Egypte, et
que vous y entriez pour y ha-
biter,
16. Le glaive, que vous redou-
tez, vous atteindra là, dans la
terre d'Egypte; et la famine, au
sujet de laquelle. vous étes in-
quiets, s'attachera à vous en
Egypte, et vous y mourrez.
17, Ettous les hommes qui ont
tourné leurs faces afin d'entrer
en Egypte et d'y habiter seront
détruits par le glaive, et par la
famine, et par la peste; et nul
d'entre eux ne demeurera, et
n ‘échappera à à la face du mal que
moi j amenerai sur eux.
18. Parce aue voici ce que dit
leSeigneur des armées, Dieu d'Is-
raëi : “Cornrhe ma colère et ma fu-
reur se sont allumées contre les |
habitants de Jérusalem, ainsi s ‘al- |
lumera contre vous mon indigna-
tion, lorsque vous serez entrés
en Egypte; et vous serez en
exécration, en stupeur, en ma-
lédiction et en opprobre; et ja-
mais plus vous ne verrez ce lieu.
19. Voici la parole du Seigneur
sur vous, restes de Juda: N'entrez
pas en Egypte; sachant,vous sau-
19, 22. Sachant, vous saurez ; hébraisme, pour
JÉRÉMIE.
1797
rez que Je vous.ai protesté au-
jourd'hui,
20. Que vous avez trompé vos
âmes; car c'est vous qui m'avez
envoyé vers le Seigneur notre
Dieu, disant : Prie pour nous le
Seigneur notre Dieu; et tout ce
que t'aura ditle Seigneur notre
Dieu, annonce-nous-le, et nous /e
ferons.
21. Et je vous /'ai annoncé au-
jourd'hui, et vous n'avez pas
écouté la voix du Seigneur votre
Dieu, dans toutes les choses pour
lesquelles 1 m'a envoyé vers
vous.
22. Maintenant donc, sachant,
vous saurez que c'est parleglaive,
et par la famine, et par la peste
que vous mourrez dans le lieu
dans lequel vous avez voulu en-
trer afin d'y habiter.
CHAPITRE XLIII.
Les Juifs accusent Jérémie de mensonge;
ils se retirent eu Egypte contre l’ ordre
du Seigneur; ils emménent avec eux
Jérémie et Baruch. Prophétie contre
l'Égypte.
1. Or il arriva que, lorsque Jé-
rémie eut achevé toutes ces pro-
phéties, disant au peuple toutes
les paroles du Seigneur leur Dieu,
paroles pour lesquelles le Sei-
gneur leur Dieu l'avait envoyé
vers eux,
2. Azarias, fils d'Osaias, et Jo-
hanan, fils de Carée, et tous les
hommes superbes, dirent à Jéré-
mie : Tu parles mensonge, toi; le
Seigneur notre Dieu ne t'a NS en-
: Vous saurez très certainement.
20. Vos âmes; c'est-à-dire vos propres personnes, vous-mêmes.
A: Toutes ces prophélies ; rapportées au chapitre précédent; littér. foules ces paroles
lomnia verba hac).
1798
voyé, disant : N'entrez point en
Egypte afin d'y habiter.
3. Mais Baruch, fils de Nérias,
t'excite contre nous, afin de nous
livrer aux mains des Chaldéens,
afin de nous tuer et de nous faire
conduire à Babylone.
4. Et Johanan, fils de Carée, et
tous les princes des hommes de
guerre et tout le peuple n'écou-
terent pas la voix du Seigneur,
afin de demeurer dans la terre de
Juda.
5. Mais Johanan, fils de Carée,
et tous les princes des hommes
de guerre prirent avec euz tous
ceux qui étaient restés de Juda,
qui étaientrevenus de chez toutes
les nations dans lesquelles ils
avaient été auparavant dispersés,
afin d'habiter dans la terre de
Juda;
6. Les hommes, et les femmes,
et les petits enfants, et les filles
du roi, et toute âme que Nabuzar-
dan, prince de la milice, avait
laissée avec Godolias, fils d'Ahi-
cam, fils de Saphan, et Jérémie le
prophète, et Baruch, fils de Nérias;
1. Et ils entrerent dans la terre
d'Egypte, parce qu'ils n'obéirent
pas àla voix du Seigneur; et ils
vinrent jusqu'à Taphnis.
8. Et la parole du Seigneur fut
JÉRÉMIE.
[cH. xum.]
adressée à Jérémie dans Taphnis,
disant :
9. Prends de grandes pierres en
ta main, et tules cacheras dans là
voüte qui est sous le mur de bri-
queàla porte de la maison de Pha-
raon à Taphnis, les hommes de
Juda 16 voyant;
10. Et tu leur diras : Voici ce
que dit le Seigneur des armées,
Dieu d'Israél : Voilà que moi j'en-
verrai et je prendrai Nabuchodo-
nosor, roi de Babylone, mon ser-
viteur; et je poserai son tróne
sur ces pierres que j'ai cachées; et
il établira son siege sur elles.
11. Et venant il frapperala terre
d'Egypte : ceux qui sont voués à
la mort ont à la mort, et ceux
qui le sont à la captivité, à la capti-
vité ; etceux qui le sont au glaive,
au glaive.
12. Et il allumera le feu dans
les temples des dieux de l'Egypte,
et il les brülera, et il emmènera
les dieux captifs; et il se revêtira
de la terre de l'Egypte comme un
pasteur se revét de son manteau,
et il sortira de là en paix.
13. Et il brisera les statues de
la maison du soleil qui sont dans
la terre d'Egypte; et les temples
des dieux de l'Egypte, il les brü-
lera au feu.
e — M À———— M M M €
4. Les princes des hommes de guerre. Voy. xut, 10.
7. Taphnis. Voy. τι, 16. — * Taphnis; aujourd'hui Tell Defennéh, dans le Delta.
8. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4.
9. * Un explorateur anglais a trouvé en 1886, en faisant des fouilles dans les ruines
du principal monument de Taphnis, un mur ou plus exactement une plate-forme de
brique qui correspond exactement à la description de ce verset. L'édifice lui-même
devant lequel se trouvait cette plate-forme est du temps d'Apriés ou Ephrée, le
pharaon contemporain de Jérémie, sur lequel voir plus haut, xxxvn, 4.
10. J'enverrai et je prendrai; hébraisme, pour j'enverrai prendre. — Mon serviteur,
Voy. xxv, 9.
12. De la terre de l'Egypte; c'est-à-dire des dépouilles de l'Egypte.
13. La maison du soleil; c'est-à-dire consacrée en l'honneur du soleil. — * La maison
du soleil est On ou Héliopolis, comme l'ont traduit les Septante. Cette ville, située
au nord-est du Caire, à l'endroit où est aujourd'hui Matariéh, était célèbre par le
(cn. xniv.]
CHAPITRE XLIV.
Jérémie reprend de leur idolátrie les
Juifs qui étaient en Egypte, et leur
annonce les vengeances du Seigneur.
lls persistent dans leur idolátrie. Il
réitère ses reproches et ses menaces.
Il annonce la prise du roi d'Egypte.
1. Parole qui fut adressée par
Jérémie à tous les Juifs qui habi-
taient dans la terre d'Egypte, à
Magdalum, et à Taphnis, et à
Memphis, et dans la terre de Pha-
turès, disant :
2. Voici ce que dit le Seigneur
des armées, Dieu d'Israël : Vous,
vous avez vu tout le mal que j'ai
amené sur Jérusalem, et sur tou-
tes les villes de Juda; et voilà
qu'ellessontdésertesaujourd'hui,
et qu'il n'y a pas en elles d'habi-
tant,
3. A cause dela malice dont ils
se sont rendus coupables, afin de
me provoquer au courroux, en
allant sacrifier, et en adorant des
dieux étrangers qu'ils ne con-
naissaient ni eux, ni vous, ni vos
pères.
4. Et j'ai envoyé vers vous tous
mes serviteurs, les prophètes, me
levant dés la nuit, et les envoyant
et disant : Ne faites pas de ces
choses abominables que je hais.
9. Et ils n'ont pas écouté, et ils
n'ont pas ineliné leur oreille afin
de se convertir de leur méchan-
JÉRÉMIE,
1799
ceté, et de ne pas sacrifier à des
dieux étrangers.
6. Et mon indignation et ma fu-
reur se sont allumées, et se sont
embrasées dans les cités de Juda,
et dans les places de Jérusalem ;
et elles ont été changées en soli-
tude et en ruine, comme 00 5
voit en ce jour.
7. Et maintenant, voici ce que
ditle Seigneur des armées, Dieu
d'Israél : Pourquoi vous, com-
mettez-vous ce grand mal contre
vos âmes, que parmi vous et du
milieu de Juda périt l'homme, et
la femme, et le petit enfant, et
celui qui est encore à la mamelle,
en sorte qu'il ne vous est laissé
aucun reste?
8. Me provoquant par les œu-
vres de vos mains en sacrifiant à
des dieux étrangers dans la terre
d'Egypte, oü vous étes entrés
afin d'y habiter, et d'y périr entie-
rement, et d'y étre en malédic-
tion et en opprobre à toutes les
nations de la terre.
9. Est-ce que vous avez oublié
les crimes de vos peres, et les
crimes des rois de Juda, et les
crimes de leurs femmes, et vos
crimes, les crèmes de vos femmes,
crimes qu'elles ont commis dans
la terre de Juda et dans les quar-
tiers de Jérusalem.
10. Ils ne se sont pas purifiés
jusqu'à ce jour; et ils n'ont pas
—————————————— ——— M — MÀ
culte qu'elle rendait au soleil. — Les statues sont, comme l'ont rendu les Septante,
les obélisques placés devant le temple. Un des obélisques d'Héliopolis est encore au-
jourd'hui debout.
1. Magdalum; ville de la Basse-Egypte. Compar. Exode, xiv, 2; Nombr., χχχπι, 7. —
Taphnis, Memphis. Voy. τι, 16. — Phaturés; canton de la Haute-Egypte. — Disant.
Voy. 1, 4.
4. Me levant dés la nuit. Voy. vi, 13.
9. De leurs femmes; littér. des femmes de lui; c'est-à-dire de Juda, ou bien par hé-
braisme, de chacun des rois.
1800
craint, et ils n'ont pas marché
dans la loi du Seigneur, et dans
mes préceptes que j'ai donnés
devant vous et devant vos péres.
11. C'est pourquoi voici ce que
dit le Seigneur des armées, Dieu
d'Israel : Voilà que moi je tourne-
rai ma face vers vous pour voire
malheur; et je perdrai entiere-
ment tout Juda.
12. Et je prendrai les restes de
Juda qui ont tourné leurs faces
afin d'entrer en Egypte, et d'y
habiter; et ils seront tous détruits
dans la terre d'Egypte ; ils tombe-
ront par le glaive et par la famine,
etils seront détruits depuis le plus
petit jusqu'au plus grand; c'est
parle glaive et parla famine qu'ils
mourront; et ils seront en exécra-
tion, et en étonnement, et en ma-
lédiction et eu opprobre.
13. Et je visiterai les habitants
de la terre d'Egypte, comme j'ai
visité Jérusalem, par le glaive,
par la famine et par la peste.
14. Et il n'y aura personne qui
échappe et qui survive d'entre les
restes des Juifs qui vont pour sé-
journer dans la terre d'Egypte,
et pour retourner dans la terre
de Juda vers laquelle ils élèvent
leurs âmes pour y retourner et y
habiter; il neretournera que ceux
qui auront fui de l'Egypte.
15. Et tous les hommes quz
écoutaient Jérémie, sachant que
leurs femmes sacrifiaient à des
dieux étrangers, et toutes les
XLIV. 11. Amos, 1x, 4. .פאס
JÉRÉMIE.
[cu. xrav.]
femmes dont une grande multi-
tude était là, et tout le peuple qui
habitait dans la terre d'Egypte, à
Phaturès, répondirent à Jérémie,
disant :
16. La parole que tu nous as
dite au nom du Seigneur, nous ne
l'écouterons pas venant de toi ;
17. Mais nous exécuterons en-
tièrement toute parole qui sortira
de notre bouche, en sacrifiant à
la reine du ciel, et en lui faisant
de nombreuses libations, comme
nous avonsfait, nous et nos pères,
nos rois et nos princes, dans les
villes de Juda et les places de Jé-
rusalem ; car alors nous avons été
rassasiés de pain, et bien nous a
été, et nous n'avons pas vu le
mal.
18. Mais depuis le temps que
nous avons cessé de sacrifier àla
reine du ciel et de lui faire de
nombreuses libations, nous man-
quons de tout, et nous avons été
consumés par le glaive et par la
famine. |
19. Que si nous sacrifions à la
reine du ciel et 51 faisons
de nombreuses libations, est-ce
sans nos époux que nous lui
avons fait des gáteaux pour l'ho-
norer, et que nous lui faisons de
nombreuses libations?
90. Et Jérémie parla à tout le
peuple, contre les hommes, con-
tre les femmes et contre toute la
foule qui lui avait fait cette ré-
ponse, disant :
12. Etonnement. Au chap. xui, verset 18, la Vulgate a rendu par stupeur (stuporem)
le terme hébreu qu'elle traduit ici par miraculum.
14. H n'y aura, etc. Compar. le vers. 28.
17. Nous exéculerons entièrement; littér. et par hébraisme exécutant nous exécu-
lerons. — De nombreuses libations; hébraisme semblable. Voy. xix, 18. — La reine
du ciel; la lune.
[. ץז א (cu.
21. N'est-ce pas le sacrifice que
vous avez offert dans les cités de
Juda et sur les places de Jéru-
salem, vous et vos peres, vos rois
et vos princes et le peuple de
la terre, n'est-ce pas de ces choses
que le Seigneur s'est souvenu, et
ce qui est monté sur son cœur ?
| 99. Et le Seigneur ne pouvait
plus vous supporter à cause de la
malice de vos œuvres, et à cause
des abominations que vous avez
commises; et votre terre a été
livrée à la désolation, à la stupeur
et àla malédiction, pour qu'il n'y
ait point d'habitant, comme c'est
en ce jour.
23. Parce que vous avez sacrifié
aux idoles, et que vous avez péché
contre le Seigneur, et que vous
n'avez point écouté la voix du
Seigneur, et que vous n'avez pas
marché dans sa loi, dans ses pré-
ceptes et ses témoignages, c'est
pour cela que vous sont venus
ces maux, comme 07 le voit en ce
jour.
24. Jérémie dit aussi à tout le
peuple et à toutes les femmes :
Ecoutez la parole du Seigneur,
vous tous, enfants de Juda, qui
6168 dans la terre d'Egypte.
25. Voici ce que dit le Seigneur
des armées, Dieu d'Israël : Vous
et vos femmes, vous avez accom-
JÉRÉMIE.
1801
pli par vos mains vos paroles, di-
sant : Acquittons-nous des vœux
que nous avons voués de sacrifier
à la reine du ciel et de lui faire de
nombreuses libations; vous avez
accompli vos veeux et vous les
avez exécutés.
26. C'est pourquoi écoutez la
parole du Seigneur, vous tous, en-
fants de Juda, qui habitez dans la
terre d'Egypte : Voilà que moi
j'ai juré par mon grand nom, dit
le Seigneur, que mon nom ne sera
jamais plns nommé dans toute la
terre d'Egypte par la bouche d'au-
cun homme Juif, disant : Le Sei-
gneur Dieu vit!
27. Voilà que moi je veillerai
sur eux pour leur malheur, et
non pour leur bien; et tous les
hommes de Juda qui sont dans la
terre d'Egypte seront détruits par
le glaive et par la famine, jusqu’à
ce qu'ils soient entièrement dé-
iruits.
28. Et ceux qui auront fui le
glaive reviendront de la terre d'E-
gypte dans la terre de Juda, hom-
mes en petit nombre; et tous les
restes de ceux de Juda qui sont
entrés en Egypte pour y habiter
sauront de qui la parole sera ac-
complie, la mienne ou la leur.
29. Et voici pour vous, dit le
Seigneur, le signe que moi je
21. De ces choses (horum); ce pluriel qui se trouve dans le texte originel, ne sau-
rait s'expliquer qu'en suppsant que le mot sacrifice (sacrificium), ou l'hébreu parfum,
doit se prendre pour un nom collectif. — Est monté sur son cœur. Voy. ur, 16.
22, 23. Comme c'est en ce jour, comme on le voit en ce jour. Voy. xi, 5.
23. Ses témoignages; le mot hébreu correspondant signifie de plus /oi, précepte,
ordonnance; c'est probablement ce dernier sens qu'il a ici.
96. Le Seigneur Dieu vit! Voy. 1v, 2.
28. De ceux; est évidemment sous-entendu; ou, si l'on veut, le mot Juda est pris
iei, non point comme nom de pays, mais pour les hommes de Juda, les Juifs, en
vertu d'une métonymie trés usitée dans le style biblique. C'est d'ailleurs le seul
moyen d'expliquer les mots suivants qui sont entrés, littér. des entrants (ingredien-
lium), au pluriel et au masculin comme dans l'hébreu.,
1809
vous visiterai en ce lieu, afin que
vous sachiez que véritablement
s'accompliront mes paroles con-
ire vous pour votre malheur.
30. Voici ce que dit le Seigneur :
Voilà que moije livrerai Pharaon
Ephrée, roi d'Egypte, à la main
de ses ennemis, et à la main de
ceux qui cherchent son âme,
comme j'ai livré Sédécias, roi de
Juda, à la main de Nabuchodono-
sor, roi de Babylone, son ennemi,
et qui cherchait son àme.
CHAPITRE XLV 5.
Le Seigneur reprend Baruch, qui se plai-
gnait de ne point trouver de repos; il
lui promet de lui conserver la vie au
milieu des maux dont les autres sont
accablés.
1. Parole que Jérémie, le pro-
phète, dit à Baruch, fils de Nérias,
lorsqu'il eut écrit dans un livre
ces paroles sorties de la bouche
de Jérémie, la quatrieme année
de Joakim, fils de Josias, roi de
Juda, disant :
2. Voici ce que dit le Seigneur,
Dieu d'Israél, à toi, Baruch :
3. Tu as dit : Malheur à moi, in-
JÉRÉMIE.
(CH. .זא
fortuné ! parce que le Seigneur 8
ajouté une douleur à ma douleur;
je me suis fatigué dans mon gé-
missement; et du repos, je n'en
ai pas trouvé. i
4. Voici ce que ditleSeigneur:
Ainsi tu lui diras : Voilà que ceux
que j'ai édifiés, c'est moi qui les
détruis, et ceux que j'ai plantés,
c'est moi qui les arrache, eux et
toute cette terre.
ὃ. Et toi, tu cherches pour toi
de grandes choses? Ne /es cher-
che pas; parce que voilà que moi,
j'amènerai un fléau sur toute
chair, dit le Seigneur; et je te
donnerai ton âme sauve dans
tous les lieux vers lesquels tu te
dirigeras.
CHAPITRE XLVI.
Prophéties de la défaite des Egyptiens
par Nabuchodonosor à Charcamis; de
la désolation de l'Egypte par le méme
prince; du rétablissement de l'Egypte;
de la délivrance et du retour des en-
fants de Jacob.
1. Parole du Seigneur qui fut
adressée à Jérémie, le prophète,
contre les nations ;
30. Ephrée; appelé par les Grecs Apriès, était fils de Psammis et petit-fils de. Né-
chos ou Néchao, qui afait fait la guerre à Josias, roi des Juifs. — Qui cherchent
son âme; qui cherchent à lui ôter la vie. — * Voir plus haut, xxxvi, 4.
* Quoique cette prophétie et celles des chapitres suivants ne soient pas à leur
place selon l'ordre chronologique, il parait cependant qu'elles ont été rassemblées ici
à dessein, comme entiérement distinctes des précédentes qui regardent les maisons
d'Israél et de Juda et surtout Juda et Jérusalem, tandis que celle-ci concerne Baruch
particulièrement, et les suivantes ont pour objet plusieurs nations infideles. Si l'on
voulait suivre l'ordre des temps, il faudrait placer ce chapitre au xxxve, aprés le
verset 7e.
1. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4. — * La quatrième année de Joakim, en 605.
3. Malheur, etc. Baruch eraignait d'étre amené captif ou tué dans les jours de
malheur annoncés par Jérémie.
9. Toute chair; hébraisme, pour tous les hommes. — Sauve; littér., en salut, en
conservation; c'est-à-dire je te conserverai la vie.
1-28. * IVe partie: Prophéties contre les peuples étrangers, xLvI-L1. — Châtiments
réservés aux ennemis du peuple de Dieu. Les prophéties contre les peuples voisins
de la Palestine, qui ont été ses ennemis, sont réunies ensemble dans Jérémie, comme .
[6π. xLvi.)
9. A l'Egypte, contre l'armée
de Pharaon Néchao, roi d'Egypte,
qui était auprès du fleuve d'Eu-
phrate à Charcamis, que Nabu-
chodonosor, roi de Babylone,
battit dans la quatrième année
de Joakim, fils de Josias, roi de
Juda.
3. Préparez le grand bouclier
et le petit bouclier, et avancez-
vous pour la guerre.
4. Attelez les chevaux, montez,
cavaliers, mettez des casques,
polissez vos lances, revétez-vous
de vos cuirasses.
5. Quoi donc? Je les ai vus eux-
mémes effrayés et tournant le
dos;leursbravestaillésen pieces;
ils ont fui en se précipitant, et
n'ont pas regardé derriere eux;
la terreur vient de toutes parts,
dit le Seigneur.
6. Que l'homme agile ne fuie
pas, que le brave ne croie pas se
sauver; vers laquilon, pres de
l'Euphrate, ils ont été vaincus et
renversés.
7. Qui est celui qui monte com-
me un fleuve, et dont les eaux
profondes s'enflent comme celles
des grandes rivieres ?
8. L'Egypte monte comme un
JEREMIE.
1803
fleuve, et ses flots s'agiteront
comme des fleuves, et elle dira :
En montant je couvrirai la terre,
je perdrai la cité et ses habitants.
9. Montez sur vos chevaux, et
sautez survos chars; qu'ilss'avan-
cent, les braves d'Ethiopie, et les
Lybiens tenant des boucliers, et
les Lydiens saisissant et lancant
des flèches.
10. Mais c'est le jour du Sei-
gneur, Dieu des armées, jour de
vengeance, pour tirer vengeance
de ses ennemis; le glaive dévo-
rera, et il se rassasiera, et il s'eni-
vrera de leur sang; carla victime
du Seigneur Dieu des armées est
dans la terre del'aquilon, près du
fleuve de l'Euphrate.
11. Monte à Galaad, et prends
de la résine, vierge fille de l'E-
gypte; vainement tu multiplies
les remèdes: il n'y aura pas de
guérison pour toi.
19. Les nations ont entendu ton
ienominie, et ton hurlement a
rempli la terre, parce que le fort
a heurté contre lefort et que tous
deux sont tombés ensemble.
13. {Parole que le Seigneur à
dite à Jérémie, le prophète, sur
ce que Nabuchodonosor, roi de
dans 15816 et dans Ezéchiel. Elles sont au nombre de neuf : 19 contre l'Egypte, xrvi;
29 contre les Philistins, xrvm; 3° contre Moab, xrvur; 49 contre Ammon, xuix, 1-6;
99 contre l'Idumée, xrix, 7-22; 6? contre Damas, xuix, 23-27; 70 contre Cédar et Asor,
xLIX, 28-33; 8° contre Elam, xrix, 34-39; 99 contre Babylone, L-Lt. Toutes ces pro-
phéties se sont exactement accomplies.
1. Parole, etc.; littér., laquelle parole, etc. Voy., sur cette inversion, xtv, 1.
2. * Néchao 11, fils de Psammétique Ier, régna de 611 à 605 environ. Voir IV Rois,
xxim, 29. — Charcamis. Voir Isaie, x, 9. — Nabuchodonosor. Voir plus haut, xxi, 2.
4. Vos lances, vos cuirasses. Le pronom vos est suffisamment représenté dans l'hé-
breu par l'article déterminatif, qui le représente en effet dans bien des cas.
9. Vos chevaux, vos chars. Voy. la note précédente. — Lydiens; en hébreu Loudim;
peuple voisin de l'Ezypte et son allié. Plusieurs croient que ce sont les Libyens; mais
les Libyens sont nommés à part et ici et ailleurs.
11. De la résine. Voy. vui, 22.
18. Parole, etc. C'est une nouvelle prophétie contre l'Egypte. La précédente se
rapporte à l'expédition de Nabuchodonosor contre les Egyptienus à Charcamis, sous
1804 JÉRÉMIE.
Babylone, devait venir et frapper
la terre d'Egypte.
14. Annoncez à l'Egypte, et fai-
tes entendre à Magdalum votre
voix, et qu'elle retentisse à Mem-
phis et à Taphnis; dites : Sois de-
bout, prépare-toi; parce que le
glaive dévorera ce qui est autour
de toi.
15. Pourquoi ton brave s'est-
il pourri? 11 ne s'est pas tenu de-
bout, parce que le Seigneur l'a
renversé.
16. Il a multiplié ceux qui tom-
baient, et l’homme est tombé sur
son voisin, et ils diront : Lève-toi,
el retournons à notre peuple et
dans la terre de notre naissance,
à cause de l'épée de la colombe.
A1. Appelez le nom de Pharaon,
roi d'Egypte : Le temps a amené
du tumulte.
18.Je vis, moi(dit le roi dont le
nom est le Seigneur des armées);
comme le Thabor est parmi les
montagnes, et comme le Carmel
est sur la mer, ans? il viendra.
19. Fais tes préparatifs de trans-
migration, fille habitante de l'E-
gypte, parce que Memphis devien-
dra un désert, qu'elle sera aban-
donnée et inhabitable.
(CH: xLvi.]
20. C'est une génisse élégante
et belle que l'Egypte; celui qui
l'aiguillonnera viendra de l'aqui-
lon.
21. Ses mercenaires aussi qui
vivaient au milieu d'elle, comme
des veaux engraissés, ont tourné
le dos, et ils ont fui tous ensem-
ble, et ils n'ont pu demeurer de-
bout, parce qu'est venu sur eux
le jour de leur carnage, le temps
de leur visite.
22. Sa voix retentira comme /e
bruit de l'airain, parce qu'ils mar-
cheront rapidement avec une ar-
mée, et qu'avec des haches ils
viendront à elle, comme des bü-
cherons.
23. Ils ont coupé par le pied,
dit le Seigneur, les arbres 06 sa
forét, qu'on ue peut compter :
ils se sont multipliés plus que
les sauterelles, et ils sont. sans
nombre.
24. La fille d'Egypte a été cou-
verte de confusion, et livrée aux
mains du peuple de l'aquilon.
: 98. Le Seigneur des armées,
Dieu d'Israél, a dit : Voici que
moi je visiterai le tumulte d'A-
lexandrie, et Pharaon, et l'Egypte,
et ses dieux, et ses rois, et Pha-
le règne de Néchao, avant la prise de Jérusalem; celle-ci regarde l'expédition du
méme Nabuchodonosor contre les Egyptiens dans l'Egypte même, sous le règne
d'Apriés (Ephrée), petit-fils de Néchao, après la prise de Jérusalem.
14. Magdalum. Voy. xuv, 1. — Memphis, Taphnis. Voy . ut, 16.
45. S'est-il pourri sur la terre, aprés y être tombé mort?
16. A cause de l'épée; littér. et par hébraisme, à ia face de l'épée. — La colombe.
Voy. xxv, 38.
18. Je vis moi; c'est-à-dire je jure par moi-même. — Que (quoniam), etc.; complé-
ment de je vis. — Comme le Thabor, etc. De méme que trés certainement le Thabor
fait partie des montagnes, et que le Carmel s'avance dans la mer, de méme aussi
trés certainement Nabuchodonosor viendra.
20. * De l'aquilon; de la Chaldée.
21. Ses mercenaires; les soldats étrangers qu'elle a pris à sa.solde. — Leur visite;
c'est-à-dire leur châtiment.
25. Le tumulte d'Alexandrie; la tumultueuse Alexandrie; dans l'hébreu. on lit :
áàmón minnd; le premier de ces mots signifie bien, dans un autre passage (uu, 19), mul-
(cu. xrvin.]
26. Et je les livrerai à la main
de ceux qui cherchent leur âme,
à la main de Nabuchodonosor,
roi de Babylone, et à la main de
ses serviteurs; et apres cela elle
sera habitée comme dans les
jours anciens, dit le Seigneur.
97. Et toi, ne crains pas, mon
serviteur Jacob, et ne t'effraye
point, Israél, parce que moi je te
sauverai, en £e ramenant de loin,
et ta race, en la retirant de la
terre de ta captivité; et Jacob re-
tournera, et il se reposera, et il
prospérera, etil n'y aura personne
qui l'épouvante.
98. Et toi, ne crains pas, Jacob
mon serviteur, dit le Seigneur,
parce que moi je suis avec toi,
parce que moi je détruirai entiè-
rement toutes les nations chez
lesquelles je t'ai jeté ; pour toi, je
ne te détruirai pas entierement,
mais je techátierai selon lajustice
et je ne t'épargnerai pas comme
un innocent.
Cua». XLVI. 27. ’saïe, xum, 1; xriv, 2.
JÉRÉMIE.
raon, etceux quise confienten lui.-
CHAPITRE XLVII.
Prophétie de l'expédition de Nabucho-
donosor contre les Philistins, aprés la
prise de Jérusalem.
1. Parole du Seigneur qui fut
adressée à Jérémie, le prophète,
contre les Philistins, avant que
Pharaon attaquát Gaza.
2. Voici ce que dit le Seigneur :
Voilà que les eaux montent de
l'aquilon, et qu'elles seront com-
me un torrent qui inonde, et
qu'elles couvriront la terre et sa
plénitude, etla ville et ses habi-
tants; les hommes crieront, et
tousles habitants de laterrepous-
seront des hurlements,
3. À cause du bruit pompeux de
ses armes et de ses hommes de
guerre, à cause de l'ébranlement
deses quadriges et de la multitude
de ses roues. Les pères n'ont pas
regardé les fils, leurs mains s'é-
tant affaiblies
4. A la venue du jour auquel
touslesPhilistins seront dévastés,
titude, troupe, mais ici il parait exprimer un nom propre et signifier Ammon, le dieu
supréme des Egyptiens. Quant à l'expression nnó, elle veut dire de No (e No); or,
No est probablement Thèbes ou Diospolis; et si saint Jérôme a traduit par A/ezan-
drie, nom bien postérieur à Jérémie et à Nabuchodonosor, c'est sans doute parce
qu'il semblait étre persuadé que cette derniére fut bátie sur l'emplacement méme de
l'ancienne No. — * No est certainement Thebes, capitale de la Haute-Egypte.
26. Qui cherchent leur á&me; littér. et par hébraisme, pour : Qui cherchent à leur
ôter la vie. — Elle; l'Egypte (vers. 1). Ce rétablissement de l'Egypte a été aussi pré-
dit par le prophète Ezéchiel (xxix, 13, 14).
28. Parce que moi, etc. Compar. xxx, 41.
1. * Pharaon, Psammétique Ier ou bien Néchao II. Psammétique Ier s'était emparé
d'Azot, d’où l'on conclut qu'il avait dû également s'emparer de Gaza avant d'arriver à
Azot. Néchao avait pu aussi s'emparer de Gaza en allant faire sa campagne d'Asie,
avant d'arriver à Mageddo où il battit Josias. Selon plusieurs commentateurs, la Gaza
dont il est question ici serait une ville de Syrie appelée Kadytis, dont Néchao se
rendit maitre d'après Hérodote.
2. Les eaux montent; c'est-à-dire les armées de Nabuchodonosor. Dans l'Ecriture
une armée est très souvent comparée à un déluge, à une inondation.
3. N'ont pas regardé; méme leurs enfants pour les emporter.
4. L'ile; c'est-à-dire le pays maritime. — Cappadoce; l'hébreu porte CapAtór, que
les uns entendent de l'ile de Créte, et les autres de l'ile de Chypre.
1806
TyretSidon seront dissipées avec
tout ce qui est resté de leur
secours; car le Seigneur a ravagé
les Philistins et les restes de l'ile
de Cappadoce.
9. Gaza est devenue chauve, As-
| calon s'est tué, ainsi que les restes
de leur vallée; jusques à quand te
|feras-tu des incisions?
| 6.0 épée du Seigneur, jusques
à quand ne te reposeras-tu point?
Rentre en ton fourreau, refroidis-
toi, et reste tranquille.
1. Comment se reposera-t-elle,
puisque le Seigneur lui a donné
ses ordres contre Ascalon, et
contre les régions maritimes, et
qu'il lui a assigné ces lieux?
CHAPITRE XLVIII.
Prophétie de l'expédition de Nabuchodo-
nosor contre les Moabites; de leur
captivité et de leur retour.
1. A Moab, voici ce que dit le
Seigneur des armées, Dieu d'ls-
XLVIII. 6. Supra, xvir, 6. .פאז
JÉREMIE.
(cm. xri. ]
raël : Malheur à Nabo, parce
qu'elle a été dévastée et couverte
de confusion; Cariathaim a été
prise; la forte a été couverte de
confusion, et elle a tremblé.
2. 1 n'y à plus d'exultation
dans Moab contre Hésébon; ses
ennemis. ont conspiré. Venez, et
perdons-la entierement comme
nation; ainsi tu garderas un si-
lence absolu, etle glaivete suivra.
3. Voix de clameur qui s'éléve
d'Oronaim: dévastation et grande
destruction.
4. Moab est brisée, annoncez un
cri à ses petits enfants.
9. Par la montée de Luith, gé-
missant, elle montera en pleur,
parce qu'à la descente d'Oronaim
les ennemis ont entendu un hur-
lement de destruction :
6. Fuyez, sauvez vos 81108 ; et
vous serez comme des bruyères
dans le désert.
1. Parce que tu as eu confiance
5. Gaza est devenue chauve. Dans le deuil, comme dans les disgräces extraordinaires,
c'était la coutume de se raser la tête et de se faire des incisions sur la chair. — Leur
(eorum); se rapporte aux deux villes de Gaza et d'Ascalon. — * Gaza et Ascalon; deux
des principales villes des Philistins, dans la plaine de la Séphéla, à peu de distance
l'une de l'autre, sur la Méditerranée.
1. Lui a assigné ces lieux, pour punir les ennemis de son peuple. Compar. Ezé-
chiel, xx, 15, 17.
1. A Moab (ad Moab); ainsi les Septante; la particule hébraïque correspondante
signifie proprement à, vers (ad); mais elle a aussi quelquefois le sens de sur, tou-
chant, au sujet de; c'est vraisemblablement celui qu'il faut lui donner ici. — Voici,
etc. Cette prophétie regarde l'expédition contre les Moabites pendant le siège de Tyr,
quelques années aprés la prise de Jérusalem. — Nabo; ville. Voy. Isaie, xv, 2. —
Cariathaim; ville qui appartenait anciennement aux Israélites. Voy. Nombr., xxxit, 37;
Josué, xx, 19; Ezéch., xxv, 9.
2. Hésébon ; ville. Voy. Isaïe, xv, 4.
3. Oronaim; ville. Voy. Isaie, x, 5.
4. Moab, etc. Le mot Moab est considéré tantót comme un nom de peuple, nom
collectif, et tantót comme un nom de ville; voilà pourquoi il est employé alternati-
vement comme masculin, comme féminin et comme pluriel, tant dans l'hébreu que
dans la Vulgate.
9. Luith. ΝΟΥ. Isaie, xv, 5.
6. Vos âmes; c'est-à-dire vos personnes, vous.
1. Chamos; était la principale divinité des Moabites.
(cu. xrvur.]
dans tes fortifications et dans
tes trésors, toi aussi tu seras
prise; et Chamos émigrera, et ses
prétres et ses princes en méme
temps.
8. Et viendra un spoliateur dans
toutes les villes, et nulle ville ne
sera sauvée; et les vallées pé-
riront, et les campagnes seront
ravagées, parce que l'a dit le Sei-
gueur.
9. Donnez une fleur à Moab,
parce qu'elle sortira florissante, et
ses cités seront désertes et inha-
bitables.
10. Maudit celui qui fait l'œuvre
du Seigneur frauduleusement ; et
maudit celui qui empéche son
glaive de verser le sang.
11. Moab dés sa jeunesse a été
fertile, et il s'est reposé sur sa
lie; il n'a pas été versé d'un vase
dans un autre vase, et il n’a pas
émigré ; c'est pour cela que son
goût lui est toujours demeuré,
et que son parfum n'est point
changé.
19. A cause de cela, voici que
des jours viennent, dit le Sei-
gneur, et je lui enverrai des
hommes qui disposeront et ren-
verseront ses bouteilles, et ils le
renverseront lui-même, et vide-
13. III Rois, xir, 29.
JÉRÉMIE.
1807
ront ses vases, et briseront ses
bouteilles.
13. Et Moab sera couvert de
confusion, à cause de Chamos, :
comme a été couverte de confu-
sion la maison d'Israël, à cause
de Béthel en qui elle avait con-
fiance.
14. Comment dites-vous : Nous
sommes braves, et des hommes
robustes pour combattre?
15. Moab a été dévastée, ses
cités ont été renversées ; l'élite
de ses jeunes hommes a succom-
bé dans le carnage, dit le roi,
dont le nom est le Seigneur des
armées.
16. La destruction de Moab est
presd'arriver, etsaruine accourra
extrémement vite.
17. Consolez-le, vous tous qui
étes autour de lui; et vous tous
qui savez son nom, dites : Com-
menta été brisée une verge puis-
sante, un báton glorieux?
18. Descends de la gloire, as-
sieds-toi dans la soif, habitante
dela fille de Dibon; parce que
le dévastateur de Moab. monte
vers toi, il a détruit tes fortifica-
tions.
19. Tiens-toi sur la voie, et
fais le guet, habitante d’Aroër ;
LL
13. Chamos. Voy. le vers. 1. — Béthel; ville sur les confins des tribus d'Ephraim
et de Benjamin, et dans laquelle Jéroboam introduisit un culte idolàtrique (III Rois,
xir, 29).
17. Verge, báton; c'est-à-dire sceptre. C'est par ironie que Jérémie emploie les mots
puissant ou fort (fortis) et glorieux; car les Moabites étaient le peuple le plus vain
et le plus orgueilleux, Compar. le vers. 29.
18. Habitante; littér. et par métonymie Aabitation. — La fille de Dibon. Les Orien-
taux appellent filles les villes d'un pays; nous en avons déjà fait la remarque. Dibon
avait de trés belles eaux; mais comme ces belles eaux devaient être remplies de
sang, d'aprés une prophétie d'Isaie (xv, 9), Jérémie lui prédit qu'elle sera obligée de
se sauver dans le désert, dans des lieux secs et arides, où elle souffrira la soif.
19. Habilante. Voy. le verset précédent. — Aroër; ville située sur l'Arnon à l'ex-
trémité méridionale du pays de Moab. — * Aroér sur l'Arnon, aujourd'hui Arair, ap-
- bes
1808
interroge celui qui s'est enfui, et
à celui qui s'est sauvé, dis : Qu'est-
11 arrivé?
90. Moab a été couvert de con-
fusion, parce qu'il a élé vaincu;
hurlez et criez; annoncez sur
l'Arnon que Moab a été dévastée.
21. Et le jugement du Seigneur
est venu jusqu'à la terre de la
plaine;sur Hélon, sur Jasa, et sur
Méphaath,
29. Et sur Dibon, et sur Nabo,
et sur la maison de Déblathaim,
93. Et sur Cariathaim, et sur
Bethgamul, et sur Bethmaon.
24. Et sur Carioth, et sur Bosra,
et sur toutes les cités de la terre
de Moab qui sont loin et qui sont
pres.
25. La corne de Moab a été ar-
rachée, et son bras a été rompu,
dit le Seigneur.
96. Enivrez-le, parce qu'il s'est
élevé contre le Seigneur; Moab
se heurtera la main en tombant
29. Isaie, xvr, 6.
JEREMIE.
[cn. [,זוזץ זא
dans son vomissement, et il sera
un objet de dérision, lui aussi.
27. Car Israél a été un objet de
dérision pour toi, comme si tu
l'avais trouvé parmi des voleurs;
à cause donc de tes paroles que
tu as dites contre lui, tu seras
mené captif.
28. Abandonnez les cités, et ha-
bitez dans la pierre, habitants de
Moab; etsoyez comme la colombe
qui fait son nid dans la plus haute
ouverture d’un rocher.
29. Nous avons appris l'orgueil
de Moab (il est superbe à l'exces),
sa hauteur et son arrogance, et
son. orgueil, et la fierté de son
cœur.
30. Moi, je sais, ditle Seigneur,
sa jactance, et que sa force n'y ré-
pond pas, et que ce qui n'était pas
selon son pouvoir, elle s'est ef-
forcée de le faire.
31. C'est pourcela que sur Moab
je pleurerai, et que j'adresserai
partenait à la tribu de Ruben, dont l'Arnon formait la frontière méridionale. Nous
voyons par ce passage que Moab s'était rendu maitre de cette ville, qui était
située vis-à-vis d'Ar Moab.
20. Arnon; fleuve sur la frontière septentrionale de Moab, entre les Moabites et les
Amorrhéens (Nombr., xxt, 12).
21. Hélon, Jasa, Méphaath; villes de Moab, qui appartenaient autrefois à la tribu
de Ruben.
39. Déblathaim; en hébreu Beth-Déblathaim; c'est-à-dire maison de Déblathaim,
est peut-être la même que Helmon-Déblathaïm (Nombr., xxxur, 46).
93. Cariathaim. Voy. vers. 1. — Bethgamul; inconnue d'ailleurs, — Bethmaon;
peut-être la même que Béetméon, près de l'Arnon (I Paralip., v, 8. Ezéch., xxv, 9).
24.. Carioth; selon plusieurs la même que Carioth, mentionnée plus bas, vers. 41.
Josué, xv, 95, et Amos, n, 2. — Bosra. C'est, selon les uns, la méme que Bosra, ville
célèbre de l'Idumée dont il est question plus haut, xuix, 13; Genèse, xxxvi, 33, etc.,
par la raison qu'elle était située sur les confins de Moab et de l'Idumée, et qu'elle
avait été occupée par les Moabites et par les Iduméens ; mais, selon les autres, c'était
une ville différente de celle-là. — * Bosra ou Bostra, dans ;e Hauran, 085% 6
par plusieurs savants avec Astaroth-Carnaim.
25. La corne; chez les Hébreux symbole de la force.
28. * Habitez dans la pierre; dans les cavernes qui sont nombreuses dans le pays de
Moab comme en Palestine et où l'on cherchait un refuge en temps de guerre.
31. Hommes; c'est-à-dire habitants. — * Mur de briques; est la traduction du
pn de la ville de Kir-Moab, aujourd'hui Kerak, une des places les plus fortes de
oab,
fcu. XLvirr.]
mes cris à Moab tout entiere, et
aux hommes de mur de briques
qui se lamentent.
32. Du pleur de Jazer, je te
pleurerai, vigne de Sabama; tes
rejetons ont passé la mer, et
ils sont parvenus jusqu'à la mer
de Jazer; sur ta moisson et sur
ta vendange un voleur s'est pré-
cipité.
33. L'allégresse et l'exultation
ont été enlevées au Carmel et à la
terre de Moab, et j'ai emporté le
vin des pressoirs; et le pressureur
du raisin ne chantera plus sa chan-
son accoutumée.
34. Par un cri qui a retenti de-
puis Hésébon jusqu'à Eléalé et
jusqu'à Jasa, ils ont fait entendre
leur voix de Ségor, génisse de
trois ans, à Oronaim; les eaux
méme de Nemrim seront très
mauvaises.
35. Et j'óterai de Moab, dit le
Seigneur, et celui qui fait des obla-
tions surles hauteurs, et celui qui
sacrifie à ses dieux.
36. C'est pour cela que mon
cœur sur Moab retentira comme
une flûte; et mon cœur sur les
JÉRÉMIE.
1809
hommes de mur de briques don-
nera un son de flûte; parce qu'il
a fait plus qu'il ne pouvait, c'est
pour cela qu'ils ont péri.
37. Car toute téte sera chauve,
et toute barbe sera rasée; à toutes
les mains Z y aura un lien, et
sur tout dos un cilice.
38. Sur tous les toits de Moab,
et dans toutes ses places, on en-
tendratoute sorte depleurs, parce
que j'ai brisé Moab comme un
vase inutile, dit le Seigneur.
39. Comment a-t-elle été vain-
cue, et ont-ils poussé des hurle-
ments? comment Moab a-t-il
baissé la téte et a-t-il été couvert
de confusion? Et Moab sera un
objet de dérision et un exemple
pour tous autour de lui.
40. Voici ce que dit le Sei-
gneur : Comme 181816 il vo-
lera, et il étendra ses ailes vers
Moab.
41. Carioth a été prise, les for-
tifications ont été emportées; et
le cœur des forts de Moab sera en
ce jour-là comme le cœur d'une
femme en travail.
49. Et Moab cessera d'étre un
33. Isaie, xvi, 10. — 37. Isaie, xv, 2; Ezéch., vu, 18.
32. Du pleur, etc. Voy. sur ce vers., Isaïe, xvi, 8, 9. — * Jazer. Voir la note sur
Nombres, xx1, 32.
33. Au Carmel; c'est-à-dire aux campagnes les plus fertiles. Compar., sur ce verset,
Isaie, xvi, 10.
34. Par un cri, etc. Ce verset a été expliqué dans Isaïe, xv, 4-6.
36. Un son de flûte. Chez les Hébreux, comme chez d'autres peuples de l'antiquité,
on jouait de la flüte aux funérailles et dans le deuil aussi bien que dans les fétes e*
les réjouissances. — Hommes. Voy. le vers. 31. — Parce qu'il a fait, etc.; c'est-à-dire
parce que dans son orgueil et sa présomption, Moab a entrepris une chose trés péril-
leuse pour lui, en s'opposant aux Chaldéens et en voulant mesurer ses forces avec ces
vainqueurs de l'Asie. — * Mur de briques, c'est-à-dire Kir-Moab.
31. * Enumération des signes de deuil et de désolation.
38. Sur tous les toits. Les toits étaient en plate-bande, on y montait dans les cala-
mités publiques.
39. Ont-ils; par hébraisme, Moab est prise ici pour les Moabites,
40. Il volera, il élendra; c'est-à-dire l'ennemi, Nabuchodonosor,
41. Carioth. Voy. vers. 21.
114
41 d
1810
peuple, parce que contre le Sei-
gneur il s'est glorifié.
43. L'effroi, et la fosse, et le lacs
pour toi, ὃ habitant de Moab, dit
le Seigneur.
44. Qui aura fui à la face de
l'effroi tombera dans la fosse, et
qui sera monté de la fosse sera
pris dans le lacs; car j'amenerai
sur Moab l'année de leur visite,
dit le Seigneur.
45. A l'ombre d'Hésébon se sont
arrétés ceux qui fuyaient le lacs ;
mais un feu est sorti d'Hésébon,
et une flamme du milieu deSéhon,
et elle a dévoré une partie de
Moab, et le sommet des fils du
tumulte.
46. Malheur à toi, Moab! tu as
péri, peuple de Chamos: tes fils
ont été pris, ainsi que tes filles,
pour la captivité.
47. Mais je ramenerai les cap-
tifs de Moab dans les derniers
jours, dit le Seigneur. Jusqu'ici
les jugements contre Moab.
4%. Isaie, xxiv, 18.
JÉRÉMIE.
(cu. xLix.]
CHAPITRE XLIX.
Prophéties de la désolation, de la capti-
vité et du retour des Ammonites; de
la désolation des Iduméens, des Sy-
riens et des Cédaréniens; de la disper-
sion et du retour des Elamites.
1. Aux fils dAmmon, voici ce
que dit le Seigneur : Est-ce qu'Is-
raél n'a point d'enfants? ou n'a-t-
il point d'héritiers? Pourquoidonc
Melchom s'est-il emparé de Gad
comme de son héritage, et son
peuple a-t-il établi son habitation
dans ses villes?
2. C'est pourquoi, voilà que des
jours viennent, dit le Seigneur, et
je ferai entendre sur Rabbath des
fils d'AÀmmon le frémissement
d'un combat; et elle sera réduite
par sa destruction en un monceau
de pierres; et ses filles seront con-
sumées par le feu. Israël possé-
dera ceux qui le possédaient, dit
le Seigneur
3. Hurle, Hésébon, parce que
mm
4^4. Leur visile; leur châtiment, leur punition.
45. De Séhon: c'est-à-dire, de la ville de Séhon, d'Hésébon. Jérémie applique ici
un ancien proverbe qui se lit dans le livre des Nombres (xxr, 27), et qui était fondé
sur ce que Séhon, roi des Amorrhéens, dont la capitale était Hésébon, avait fait la
guerre aux Moabites, et avait pris une partie de leur pays. Remarquons que dans
le passage des Nombres, la Vulgate et les Septante lisent le mot ville,aussi bien que
l'hébreu. — Le sommet (verticem); l'élite. — Des fils du tumulte; des soldats.
46. Peuple de Chamos; c'est-à-dire, adorateurs de Chamos. Voy. le verset 7.
41. Mais je ramènerai, etc. Après la captivité de Babylone, comme on le croit assez
généralement, les Moabites revinrent, comme les Juifs, dans leur patrie. Encore du
temps de Jésus-Christ ils avaient un pays à eux, mais dans la suite ils se sont perdus
dans les tribus arabes.
1-6. * Prophétie sur Ammon.
1. Aux fils (ad filios). Voy. מעטעוא 4. — Melchom; dieu des Ammonites. Ceux-ci
croyaient que c'était Melchom qui les avait mis en possession du pays des Israélites :
le Seigneur leur parle selon leurs préjugés, en faisant tomber d'abord ses reproches
sur cette prétendue divinité.
2. Rabbath; ville capitale des Ammonites, désignés ici sous le nom de fils d’Am-
mon. — Ses filles; les autres villes du pays.
3. Hésébon. Voy. Isaie, xv, 4. — Filles; c'est-à-dire villes. — Haï; ville à l'orient
de Bélhel (Josué, vir, 2).
(cu. xLix.]
Hai a été ravagée; criez, filles de
Rabbath ; ceignez-vous de cilices;
pleurez, et allez autour des haies,
parce que Melchom sera emmené
en exil, et ses prêtres et ses prin-
ces en méme temps.
4. Pourquoi te glorifies-tu dans
tes vallées? ta vallée s'est écou-
lée; fille délicate, qui te confiais
en tes trésors, et disais : Qui vien-
dra vers moi?
ὃ, Voilà que j'amènerai sur toi
la terreur, dit le Seigneur, Dieu
des armées, la ‘erreur de tous
ceux qui t'environnent ; vous se-
rez dispersés les uns aprés les
autres hors de votre présence, et
il n'y aura personne qui rassem-
blera les fuyards.
6. Et après cela, je ferai revenir
les captifs des fils d'Ammon, dit
le Seigneur.
7. À l'Idumée. Voici ce que dit
le Seigneur des armées : Est-ce
qu'il n'y a plus de sagesse dans
Théman? Le conseil les a aban-
donnés, leur sagesse est devenue
inutile.
8. Fuyez, et tournez le dos, des-
cendez dans 16 gouffre, habitants
de Dédan, parce que j'ai amené
la ruine sur Esaü, le temps de sa
visite.
ὕπαρ. XLIX. 44. Abd., 1,1.
JÉRÉMIE.
1811
9. Si des vendangeurs étaient
venus sur toi, ils t'auraient laissé
une grappe; si des voleurs pen-
dant la nuit, ils auraient emporté
seulement ce qui leur aurait suffi.
10. Mais moi, j'ai découvert
Esaü, j'ai révélé ce qu'il tenait
caché, et il ne pourra plus étre
secret; sa race a été désolée, ainsi
que ses frères et ses voisins ; et il
ne sera plus.
11. Laisse tes pupilles ; mais je
les ferai vivre; et tes veuves en
moi espéreront.
12. Car voici ce que dit le Sei-
gneur : Voilà que ceux qui n'a-
valent pas été jugés comme de-
vant boire le calice, /e buvant, /e
boiront; et toi, tu seras laissé
comme innocent? Tu ne seras
pas regardé comme innocent;
mais buvant tu boiras.
13. Parce que jai juré par
moi-méme, dit le Seigneur, que.
Bosra deviendra une solitude, et
un opprobre, et un désert, et une
malédiction; et toutes ses cités
deviendront des solitudes éter-
nelles.
14. J'ai entendu une nouvelle
venant du Seigneur, et un mes-
sager a été envoyé vers les na-
tions : Rassemblez-vous et venez
4. Qui viendra vers moi? pour me prendre. — * Ta vallée s'est écoulée, comme l'eau
qui y coulait en temps de pluie, c'est-à-dire, ces vallées fertiles, dont tu étais fière
et qui faisaient ta richesse sont devenues stériles.
5. Vous serez, etc.; vous serez séparés les uns des autres, jetés l'un d'un côté,
l'autre de l'autre.
6. Des fils d'Ammon; c'est-à-dire des Ammonites.
1-22. * Prophétie sur l'Idumée.
1. A l'Idumée. Voy. עננטוא 1. — Théman; ville célèbre de l'Idumée. — Les; c'est-
à-dire, les Thémannites.
8. Dédan; ville de l'Idumée, pas loin de Théman, à l'extrémité méridionale de la
mer Morte. — Sa visite; cest-à-dire, son châtiment,
19. Buvant, tu boiras. Voy., sur cette locution, xxv, 28.
13. Dosra; ville. Voy. אא 24.
1819
contre elle; et levons-nous pour
le combat.
15. Car voilà que je t'ai rendu
petit parmi les nations, méprisa-
ble entre les hommes.
16. Ton arrogance t'a trompé,
ainsi que l'orgueil de ton cœur;
toi qui habites dans des cavernes
de pierres et qui t'efforces d'occu-
per le haut d'une colline; quand
tu aurais élevé ton nid comme
l'aigle, je 'arracherais de là, dit
le Seigneur.
17. Et l'Idumée sera déserte;
car quiconque passera au milieu
d’elle sera frappée de stupeur et
sifflera sur ses plaies.
18. Comme Sodome a été ren-
versée, ainsi que Gomorrhe et
ses voisines, dit le Seigneur; un
homme n'y habitera pas, el le
fils d'un homme n'y séjournera
pas.
19. Voilà que, comme un lion,
il montera de l'orgueil du Jour-
dain vers une beauté puissante;
JÉRÉMIÉ.
[cu. xLix.}
parce que soudain je le ferai
courir vers elle; et quel est l'élu
que je préposerai sur elle? Car
qui est semblable à moi? qui
tiendra contre moi? et quel est
le pasteur qui résistera à mon vi-
sage ?
20. Écoutez à cause de cela le
dessein que le Seigneur a formé
contre Edom, et les pensées qu'il
a méditées contre les habitants
de Théman; 07 a dit : Je jure,
si les petits du troupeau ne les
chassent pas, et s'ils ne détrui-
sent pas avec eux leur habita-
tion.
21. A la voix de leur ruine la
terre a été agitée; la clameur de
leur voix sur la mer Rouge a été
entendue.
22. Et comme l'aigle il remon-
tera et il s’envolera; et il étendra
ses ailes sur Bosra; etle cœur des
forts de l’Idumée sera en ce jour-
là comme le cœur d'une femme
en travail.
16. Abd., I, 4. — 18. Gen., xix, 24. — 19. Infra, 1, 44; Job, xri, 1.
16. * Dans des cavernes de pierres. Pétra, pierre, était la capitale de l'Idumée et
les habitants de cette ville avaient en partie leur demeure dans les rochers taillés
pour leur servir d'habitation. Voir Isaze, xvi, 1. — Qui t'efforces d'occuper le haut
d'une colline. L'Idumée est trés montagneuse et ses places fortes étaient perchées sur
les sommets des montagnes comme des nids d'aigle.
AT. Sifflera sur ses plaies. Voy. xvin, 16.
18. Le fils d'un homme; hébraïsme, pour un homme, un élre humain. — * Comme
Sodome. Voir la note sur Genèse, xx, 10 et sur Isaïe, xxxiv, 9.
19. Il montera ; l'ennemi, Nabuchodonosor. — L'orgueil du Jourdain. Voy. sur cette
expression, xir, 5. — Une beaulé puissante; l'Idumée, qui est agréable et puissante.
— Quel est l'élu, etc.; quel est celui que je choisirai pour qu'il se rende maitre d'elle,
sinon Nabuchodonosor, l'instrument de ma colére, le ministre de mes vengeances
(xxv, 9)? Et comme il agira par ma puissance, nul ne lui résistera, car nul n'est
aussi puissant que moi. — Pasteur; en hébreu signifie aussi gouverneur d'un peuple,
prince, voi.
20. S'ils ne chassent pas, s'ils ne délruisent pas; pour ils chasseront, ils détruiront.
Dans les formules du serment les Hébreux employaient la particule si, quand ils
juraient qu'ils ne feraient pas une chose, et ils y ajoutaient la négation, quand ils
juraient qu'ils la feraient. Cette manière de s'exprimer vient de ce qu'ils omettaient
par euphémisme l'imprécation qui suit les jurements; par exemple : Je veux qu'il
m'arrive tel mal, tel malheur, st, etc.
21. " Sur la mer Rouge. Les navigateurs de la mer Rouge, qui font le commerce
avec l'IHumée, entendent le bruit de sa ruine,
(cu. xrix.]
93. À Damas. Emath a été cou-
vert de confusion, ainsi que Ar-
phad, parce qu'elles ont entendu
une nouvelle très mauvaise; elles
ont été troublées comme sur la
mer; par inquiétude elle n'a pu
irouver de repos.
24. Damas a perdu courage,
elle a été mise en fuite;lafrayeur
s'est emparée d'elle; l'angoisse et
les douleurs l'ont saisie comme
une femme en travail.
25. Comment ont-ilsabandonné
la cité renommée, la ville de l'al-
légresse?
26. Pour cela ses jeunes hom-
mes tomberont sur ses places, et
tous les hommes de guerre se
tairont en ce jour-là, dit le Sei-
gneur des armées.
27. Et j'allumerai un feu sur le
mur de Damas, et il dévorera les
remparts de Bénadad.
98. À Cédar, et aux royaumes
d'Asor, qu'a détruits Nabuchodo-
nosor, roi de Babylone. Voici ce
JÉRÉMIE.
1813
que dit le Seigneur : Levez-vous,
et montez vers Cédar, et ravagez
les fils de l'Orient.
29. Ils prendront leurs taberna-
cles et leurs troupeaux, ils pren-
dront pour eux leurs pavillons,
etleurs vases, et leurs chameaux,
etilsappellerontsureuxlafrayeur
de toutes parts.
30. Fuyez, allez précipitam-
ment, tenez-vous dans des artres,
vous qui habitez Asor, dit le Sei-
gneur; car Nabuchodonosor, roi
de Babylone, a formé un dessein
contre vous, et il a médité contre
vous des pensées.
31. Levez-vous tous ensemble,
et montez vers une nation tran-
quille, et qui habite en assurance,
dit le Seigneur : ils n'ont pas de
portes, ni de verrous : ils habi-
tent seuls.
39. Et leurs chameaux seront
au pillage; etla multitude deleurs
troupeaux en proie; jeles disper-
serai à tout vent, eux dont la che-
23-21. * Prophétie sur Damas.
23. A Damas. Voy. xLvii, 1. — Damas, Emath, Arphad; villes de Syrie, dont Damas
était la capitale. — Elles ont été troublées; littér., iis ont été troublés. Voy. sur cet
énallage de genre, xLvm, 4. — Comme on l'est sur Lt mer. La particule comme est
probablement sous-entendue ici de méme que dans bien d'autres passages. — E//e
n'a pu; c'est-à-dire, Damas, ou bien, en vertu d'un hébraisme assez fréquent, chacune
d'elles n'a pu.
21. Bénadad. I] parait que ce nom était commun aux rois de Syrie, comme celui
de Pharaon à ceux d'Egypte. — * Ou plutót Bénadad a été le nom de plusieurs rois
de Syrie. L'Ecriture mentionne trois rois de Damas de ce nom, mais elle en nomme
aussi qui portent des noms différents, comme Hazaël.
28-33. * Prophéties sur les Arabes.
98. A Cédar. Voy. xvvnit, 9. — Cédar; était proprement la partie de l'Arabie déserte
habitée par les descendants de Cédar, fils d'Ismaél; mais il signifie ici toute l'Arabie
déserte. — Asor; ville ou plutót contrée de l'Arabie, qui formait plusieurs petits
royaumes. — * Les fils de l'Orient. C'est la dénomination biblique des Bédouins
nomades.
29. Pavillons. Voy. 1v, 20. — Iis; les Chaldéens. — Vases; par ce mot les Hébreux
eutendaient les meubles, les ustensiles, les armes, etc.
34. Ils n'ont pas de portes, eie.; ils n'habitent pas dans des maisons que l'on puisse
fermer au moyen de portes et de verroux ; et ils n'ont de liaison et ne font d'alliance
avec aucun autre peuple.
32, Euz dont la chevelure, etc. Voy. 1x, 26. — * Leurs chameauz. Ces animaux sont
une des principales richesses des nomades.
1814
velure 6816011066 ; et detous leurs
confins jaménerai la mort sur
eux, dit le Seigneur.
33. Et Asor deviendra la de-
meure des dragons et un désert
jusqu'à jamais; un homme ny
habitera pas, et le fils d'un hom-
me n'y séójournera pas.
34. Parole du Seigneur qui fut
adressée à Jérémie, le prophete,
contre Elam au commencement
du regne de Sédécias, roi deJuda,
disant :
35. Voici ce que ditle Seigneur
des armées : Voilà que moi je
briserai l'arc d'Elam ettoute leur
force.
36. Et j'amènerai sur Elam qua-
tre vents, des quatre plages du
ciel; je les disperserai vers tous
ces vents, et il n'y aura pas de na-
tion à laquelle ne parviennent les
fugitifs d'Elam.
37. Je ferai trembler Elam de-
vant ses ennemis et en la pré-
sence de ceux qui cherchent leur
âme; et j'amènerai sur eux un
malheur, la colère de ma fureur,
ditle Seigneur, et j'enverrai après
eux le glaive, jusqu'àce que jeles
aie consumés.
38. Et je poserai mon trône
dans Elam, j'en exterminerai les
rois et les princes, ditle Seigneur.
39. Et dans les derniers jours,
JÉRÉMIE.
[cu. r..
je ferai revenir les captifs d'E-
lam, dit le Seigneur.
CHAPITRE L.
Prophétie de la ruine de Babylone par
les Médes et les Perses, et de la déli-
vrance d'Israél et de Juda.
1. Parole que le Seigneur dit
sur Babylone et sur les Chaldéens
par lentremise de Jérémie, le
prophete.
2. Annoncez parmi les nations,
et faites-/e entendre ; levez l'éten-
dard, publiez, ne cachez point,
dites : Babylone est prise, Bel est
couvert de confusion, Mérodach
est vaincu; ses images taillées au
ciseau sont couvertes de confu-
sion, leurs idoles sont vaincues.
3. Parce qu'une nation est
montée contre elle venant de l'a-
quilon, laquelle réduira sa terre
en solitude; et il n'y aura per-
sonne qui habitera en elle depuis
l'homme jusqu'à la béte; et ils
ont été troublés, et ils sen sont
allés.
4. En ces jours-là, et en ce
temps-là, dit le Seigneur, vien-
dront les fils d'Israélet les fils de
Juda, et marchant ensemble, et
pleurant,ilsse háterontetils cher-
cheront le Seigneur leur Dieu.
5. lls demanderont le chemin
de Sion; vers elle se £ourneront
33. * Des dragons; hébreu : des chacals.
34-39. * Prophétie sur Elam.
34. Elam ; province de Perse, est prise ici pour les habitants, les Elamites. — Disant.
Voy. 1, 4.
31. Ils cherchent leur âme. Noy. 1v, 30. — La colère de ma fureur. Voy. 1v, 8.
39. Dans les derniers jours, etc. Cette prophétie fut accomplie sous le régne de
Cyrus.
1. * Les chapitres 1, et זז contiennent une prophétie contre Babyloue.
2. Bel; principale divinité des Babyloniens. — Mérodach; autre divinité du méme
peuple; ou peut-étre un ancien roi du pays qu'on avait divinisé.
3. Une nation, etc.; les Mèdes et les Perses, qui étaient réunis en la personne de
Cyrus, — Ils ont; c'est-à-dire les Babyloniens.
[cn. 1,.] JÉRÉMIE. 1815
leurs faces. Is viendront ets'uni- | vous êtes répandus comme des
ront au Seigneur parune alliance | veaux sur lherbe et que vous
éternelle qui ne sera nullement | avez mugi comme des taureaux.
effacée parl oubli. 12. Votre mère a été couverte
6. Mon peuple est devenu un | deconfusion extrémement, etelle
iroupeau perdu; leurs pasteurs | a été égalée à la poussiere, celle
les ont séduits etles ontfaiterrer | qui vousa engendrés ; voilà qu'el-
dans les montagnes; ils sont pas- | le sera la dernière parmi les na-
sés d'une montagne en une col- | tions, déserte, sans chemin frayé,
line; ils ont oublié le lieu de leur | et aride.
repos. 13. A cause de la colère du Sei-
1. Tousceux quiles onttrouvés | gneur, elle ne sera pas habitée,
les ont dévorés ; etleurs ennemis | maiselle sera tout entiere réduite
ont dit: Nous n'avons pas péché ; | en une solitude; quiconque pas-
parce qu'ils ont péché contre le | sera par Babylone, sera frappé de
Seigneur, 18 splendeur de la jus- | stupeur et sifflera sur toutes ses
tice, contre le Seigneur, l'attente | plaies.
de leurs peres. 14. Préparez-vous contre Baby-
8. Retirez-vous du milieu de | lone de tous cótés, vous tous qui
Babylone, et sortez de la terre | tendez l'arc; combattez-la, n'é-
des Chaldéens; soyez comme des | pargnez point les flèches, parce
béliers devant un troupeau. que c'est contre le Seigneur qu'el-
9. Parce que voilà que moi je | le a péché.
suscite et que j'aménerai contre 15. Criez contre elle; partout
Babylone une assemblée de gran- | elle a donné la main ; ses fonde-
des nations de la terre del'Aqui- | ments sont tombés, ses murs sont
lon ; et elles se prépareront con- | détruits, parce que c'est la ven-
tre elle; et delà elle sera prise; | geance du Seigneur, prenez ven-
sa fleche, comme celle d'un hom- | geance d'elle; comme elle a fait,
me fort qui tue, ne retournera | faites-lui.
pas vide. 16. Exterminez de Babylone le
10. Etla Chaldée sera en proie: | semeur, et celui qui tient la fau-
tous ses dévasteurs seront rem- | cille au temps de la moisson; à
plis de dépouilles, ditle Seigneur. | la force du glaive de la colombe
11. Parce que vous exultez et | chacun vers son peuple retourne-
dites de grandes choses en pillant | ra, etlesuns apresles autres dans
mon héritage; parce que vous | leur terre s'enfuiront.
9. Une assemblée, etc. L'armée de Cyrus se composait de tous les peuples qu'il avait
vaincus; toutes ces troupes venaient de l'aquilon, du côté de l'Asie Mineure où il
avait fait la guerre. — Sa flèche; la flèche de chacune de ces nations; hébraisme
pour leur flèche,
11. De grandes 0/0868 ; c'est-à-dire, des paroles arrogantes, hautaines,
13. Sifflera, etc. Voy. xvi, 16.
15. Partout elle a donné la main; elle s'est rendue, elle s'est soumise de toutes
parts.
16. Glaive de la colombe. Voy. sur cette expression, xxv, 38.
1816
17. C'est un troupeau dispersé
qu'Israél; des lions l'ont chassé;
le premier qui l'a mangé est le
roi d'Assur; celui-ci, le dernier,
lui a brisé les os, Nabuchodono-
sor, roi de Babylone.
18. A cause de cela, voici ce
que dit le Seigneur des armées,
le Dieu d'Israél : Voilà que moi je
visiterai le roi de Babylone, et sa
lerre, comme j'ai visité le roi
d'Assur ;
19. Et je ramenerai Israél dans
sa demeure, il paitra surle Carmel
et en Basan, et sur la montagne
d'Ephraim et de Galaad son àme
se rassasiera.
90. En ces jours-là, et en ce
temps-là, ditle Seigneur, on cher-
chera l'iniquité d'Issaél et elle ne
sera pas; le péché de Juda et il ne
sera pas trouvé; parce que je se-
rai propice à ceux que j'aurai
laissés.
21. Monte sur la terre des do-
minateurs, et visite ses habitants ;
dissipe et tue ce qui est derriere
eux, dit leSeigneur; et fais tout
selon que je t'ai ordonné.
99. Voix de guerre sur la terre
et grande destruction.
JÉRÉMIE.
[cH. L.]
23. Comment a-t-il été rompu
et brisé, le marteau de toute la
terre? Comment Babylone a-t-elle
été changée en un désert parmi
les nations?
24. Je t'ai enlacée, et tu as été
prise, Babylone, et tu ne le savais
pas; tu as été trouvée et saisie,
parce que c’est le Seigneur que
tu as provoqué.
95. Le Seigneur a ouvert son
trésor et il e» a tiré les instru-
ments de sa colere, parce que le
Seigneur, Dieu des armées, en a
besoin dans la terre des Chal-
déens.
26. Venez vers elle des confins
les plus éloignés; ouvrez, afin
que sortent ceux qui doivent la
fouler aux pieds; 0162 de la voie
les pierres, et mettez-les en mon-
ceaux, et tuez-la et qu'il n'y ait
rien de reste.
27. Dissipez tous ses braves,
quils descendent à la tuerie;
malheur à eux, parce qu'est
venu leur jour, le temps de leur
visite.
28. Voix de ceux qui fuient, de
ceux qui sont échappés de la terre
de Babylone, afin qu'ilsannoncent
47. Le roi d'Assur; c'est-à-dire les rois d'Assyrie, Théglathphalasar, Salmanasar,
Sennachérib et Assaradon.
18. Comme j'ai visité le roi d'Assur. Le Seigneur visita le roi d'Assur, non seule-
ment par la défaite de Sennachérib, mais encore par la ruine de Ninive, et de l'em-
pire des Assyriens.
19. Je raménerai, etc. Ceci regarde particulièrement le royaume des dix tribus, où
étaient situés ces différents lieux; les pâturages du Carmel et de la montagne
d'Ephraim en decà du Jourdain, les páturages de Basan et la montagne de Galaad
au delà de ce fleuve. Ce rétablissement de la maison d'Israél dans la terre de ses
péres est le symbole du rappel des Juifs à l'Eglise de Jésus-Christ.
23. Le marteau de toute la terre; le roi de Babylone ; 18 monarchie des Babyloniens
avait été trés formidable sur la terre dans la personne de Nabuchodonosor.
26. Des confins les plus éloignés (ab extremis finibus); selon l'hébreu, d'une extré-
milé; c'est-à-dire, probablement, par l'une de ses extrémités. La ville en effet fut
prise par le cóté du fleuve dont on détourna les eaux pour ouvrir l'entrée aux
troupes. Compar. LI, 31, 32.
21, 31. De (a visite; c'est-à-dire de ton châtiment.
(cu. L.]
à Sion la vengeance du Seigneur,
notre Dieu, la vengeance de son
temple.
29. Annoncez à tous ceux qui
tendent l'arc en si grand nombre
de marcher contre Babylone;
lenez-vous contre elle tout au
autour, el que personne n'échap-
pe; rendez-lui selon son œuvre;
selon tout ce qu'elle a fait, faites-
lui, parce que c'est contre le Sei-
gneur qu'elle s'est élevée, contre
le saint d'Israél.
30. C'est pour cela que ses
jeunes hommes tomberont sur
ses placeset que tous ses hommes
de guerre se tairont en ce jour-là,
dit le Seigneur.
31. Voilà que moi-méme je
viens à toi, superbe, dit le Sei-
gneur, Dieu des armées, parce
qu'est venu ton jour, le jour de
ta visite.
39. Et il tombera, le superbe,
et il sera renversé, et il n'y aura
personne qui 16 relèvera; et j'al-
lumerai un feu dans ses villes;
et il dévorera tout ce qui est au-
tour de lui.
33. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : Les fils d'Israél et
lesfils deJudasouffrent ensemble
loppression : tous ceux qui les
Cab. L. 29. Infra, τι, 49.
*
JÉRÉMIE.
1817
ont pris les retiennent, et ne
veulent pas les laisser aller.
34. Leur rédempteur est fort;
son nom est le Seigneur des ar-
mées; en jugement il défendra
leur cause, afin d'épouvanter la
terre et d'agiter les habitants de
Babylone.
35. Glaive sur les Chaldéens, dit
le Seigneur, sur les habitants de
Babylone, sur ses princes et ses
sages.
36. Glaive sur ses devins qui se-
ront insensés; glaive sur ses bra-
ves qui seront dans l'effroi.
37. Glaive sur ses chevaux et
sur ses chars, et sur tout le peu-
ple qui est au milieu d'elle; et
ils seront comme des femmes;
glaive sur ses trésors qui seront
pillés.
38. La sécheresse sera sur ses
eaux, et elles tariront; parce que
c'estla terre des images taillées
au ciseau, et ils se glorifient dans
des monstres.
39. A cause de cela, les dragons
y habiteront avec les faunes qui
recherchent les figues ; et les au-
truches habiteront en elle; et elle
ne sera plus habitée à jamais,
elle ne sera pas reconstruite dans
la suite des générations.
31. Superbe (superbe); c'est-à-dire ὃ roi ou prince superbe; que les uns entendent
de Baltassar, dernier roi de Babylone, et les autres du royaume méme babylonien.
Compar. 15046, xiv, 12, 14; Daniel, v, 20-22.
33. Oppression; ou violence, injustice criante; c'est le sens qu'a partout le verbe
hébreu, rendu ici dans la Vulgate par calomnie (calumniam).
36. Qui seront reconnus pour des Znsensés; n'ayant su prévoir ni prédire les maux
qui devaient leur arriver à eux et à leur pays.
38. Des monstres (portentis); des idoles monstrueuses qui inspirent l'épouvante
ce qui est le sens de l'hébreu. — * La sécheresse sera sur ses eaux. La Babylonie devait
sa fertilité à l'Euphrate et aux nombreux canaux qu'on en avait dérivés. Depuis que
ses canaux sont desséchés, elle est stérile.
39. Les dragons, les faunes; les termes hébreux correspondants sont rendus ailleurs
(Isaie, xxx1v, 14), par démons et onocentaures,
1818
40 "Ainsi que le Seigneur ἃ
renversé Sodome et Gomorrhe,
el ses voisines, dit le Seigneur;
un homme n'y habitera pas, et le
fils d'un homme n'y séjournera
pas.
41. Voilà qu'un peuple vient
de l'Aquilon, et une grande na-
tion, et un grand nombre de rois
s'éléveront des confins de la
terre.
42. Ils saisiront l'arc et le bou-
clier; ils sont cruels et impitoya-
bles; leur voix comme la mer
retentira; et sur leurs chevaux
ils monteront comme un homme
prét au combat contre toi, fille de
Babylone.
43. Le roi de Babylone a appris
la nouvelle de leur dessein, et ses
mains ont défailli; l'angoisse la
saisi, e la douleur, comme une
femme en travail.
44. Voilà que comme un lion
il montera de l'orgueil du Jour-
dain vers une beauté puissante;
parce que soudain je le ferai cou-
rir vers elle; et quel est l'élu que
je préposerai sur elle? car qui est
semblable à moi? qui tiendra con-
ire moi? et quel est le pasteur
qui résistera à mon visage?
45. À cause de cela, écoutez le
dessein que le Seigneur ἃ concu
en son esprit contre Babylone, et
les pensées qu'il a méditées con-
tre la terre des Chaldéens; 0
JÉRÉMIE.
[cu. Lr.}
dit : Je jure si les petits troupeaux
ne les enlèveront pas, et si leur
habitation ne sera pas détruite
avec eux.
46. Α la voix de la captivité de
Babylone, la terre a été agitée, et
une clameur parmi les nations a
été entendue.
: CHAPITRE LI.
Suite de la prophétie contre Babylone.
Ordre donné par Jérémie à Saraïas qui
allait à Babylone.
4. Voici ce que dit le Seigneur :
Voilà que moi je susciterai sur
babylone et sur ses habitants,
qui ont élevé leur cœur contre
moi, comme un vent pestilentiel.
2. Et j'enverrai contre Babylone
des gens le van à la main; et ils
la vanneront, et ils ruineront sa
terre. De tous cótés ils sont ve-
nus sur elle au jour de son afflic-
lion.
3. Que celui qui tend son arc
ne le tende pas, et que nul ne
monte cuirassé ; n'épargnez point
ses jeunes hommes; tuez toute sa
milice.
4. Etles tuéstomberont dans la
terre des Chaldéens, et les blessés
dans ses provinces.
5. Parce qu'Israél etJudanesont
pas veufs deleurDieu,leSeigneur
des armées ; mais leur terre a été
remplie de crimes contre le saint
d'Israél.
40. Genèse, xix, 24. — 44. Supra, ,אזזא 19; Job, xui, 1.
40. Ainsi que le Seigneur, etc. Compar. xuix, 18.
4^, 45. Voy. pour l'explication de ces deux versets, xuix, 10, 20.
3. Qui tend ; c'est-à-dire, qui se prépare, se dispose à tendre.
9. Leur terre; la terre des Chananéens, ou, selon d'autres, de Juda et d'Israél. —
Contre le saint d'Israél; c'est-à-dire, commis contre le Seigneur; littér. quant au
saint d'Israël, au sujet du saint d'Israél (a sancto Israel); ou bien, par le saint, etc.,
en considérant cette expression comme complément du verbe a été remplie; mais
.€H. LI.]
6. Fuyez du milieu de Baby-
lone, et que chacun sauve son
âme ; ne vous taisez point sur son
iniquité ; car c'est le temps de la
vengeance du Seigneur; lui-mé-
me la rétribuera.
| 7. Babylone a été une coupe
d'or dans la main du Seigneur;
elle a enivré toute la terre; les
nations ont bu de son vin, c'est
pour cela qu'elles ont chancelé.
8. Babylone est tombée subite-
ment, et elle a été brisée; pous-
sez des hurlements sur elle; pre-
nez de la résine pour sa douleur,
afin de voir si elle guérira.
9. Nousavons soigné Babylone,
et elle n'a pas été guérie; aban-
donnons-la et allons chacun en
notre terre, parce que jusqu'aux
cieux est parvenu son jugement,
et quil s'est élevé jusqu'aux
nues.
10.:Le Seigneur a fait ressortir
notre justice ; venez, et racontons
dans Sion l'ouvrage du Seigneur,
notre Dieu.
11. Aiguisez les flèches, rem-
plissez les carquois ; le Seigneur
a suscité l'esprit des rois des
Mèdes, et sa pensée est contre
Babylone afin de la perdre; parce
JÉRÉMIE.
1819
que c'est la vengeance du Sei-
gneur, la vengeance de son tem-
ple.
12. Sur les murs de Babylone
levez létendard, augmentez la
garde, posez des sentinelles, pré-
parez les embuscades, parce que
le Seigneur a résolu et il a ac-
compli tout ce qu'il a dit contre
les habitants de Babylone.
13. Toi qui habites sur de gran-
des eaux, riche en trésors, ta fin
est venue, c'est le fondement de
ta destruction.
14. Le Seigneur des armées a
juré par son àme, disant : Je te
remplirai d'hommes comme de
bruchus, et on entonnera sur toi
un chant de joie.
15. C'est lui qui a fait la terre
par sa puissance, préparé l’uni-
vers par sa sagesse, el par sa pru-
dence étendu les cieux.
16. Lorsquil fait entendre sa
voix, les eaux s'amassent dans le
ciel; c'est lui qui fait monter les
nuées des extrémités dela terre;
il a converti les éclairs en pluie,
et il a tiré les vents de ses tré-
sors.
11. Tout homme est devenu
insensé par sa propre science;
Cuap. LI. 8. Isaie, xxr, 9; Apoc., xiv, 8. — 14. Amos., vi, 8. — 15. Genèse, 1, 1.
alors le mot crimes (delicto), signifiera peines, chátiments du crime, comme dans bien
d'autres passages de l'Ecriture.
7. * Une coupe d'or par laquelle Dieu a enivré les peuples du vin de sa colère; il
s'est servi de Babylone, dont la gloire était éclatante, comme d'un instrument pour
châtier les nations qui l'avaient irrité.
8. De la résine. Voy. vin, 22.
10. Notre justice; littér. nos justices; c'est-à-dire nos justes droits, violés par les
Chaldéens.
13. Le fondement est le mot qui nous a paru le plus propre à rendre le latin peda-
dis, c'est-à-dire relatif au pied, concernant le pied, et dont saint Jérôme a fait un
substantif. — * Toi qui habiles sur de grandes eaux. Babylone était traversée par le
grand fleuve de l'Euphrate et tous ses environs étaient arrosés par des canaux déri-
vés du fleuve,
14. * Bruchus, chenille.
AT. Tout homme, etc. Voy. pour l'explication de ce vers., x, 14.
1890
tout fondeur a été confondu par
sonimage taillée au ciseau, parce
que c'est une chose mensongere
qu'ila fondue, et que la vie n’y est
pas.
18. Vaines sont leurs œuvres et
dignes de risée; au temps deleur
visite elles périront.
19. Il n'en est pas ainsi de la
part de Jacob, parce que celui qui
a fait toutes ces choses est lui-
méme son partage; et Israél est
le sceptre de son héritage; le Sei-
gneur des armées est son nom.
90. Tu brises pour moi des ins-
truments de guerre, et je bri-
serai par toi des nations, et je
perdrai entierement par toi des
royaumes;
91. Et je briserai par toi le che-
val οἱ celui qui le monte; et je
briserai par toi le char et celui qui
le monte;
22. Etjebriserai partoil'homme
οἱ la femme; et je briserai par toi
le vieillard et l'enfant; et je bri-
serai par toi le jeune homme et
la vierge ;
93. Et je briserai par toile pas-
teur et son troupeau ; et je brise-
rai par toi le laboureur et ses
bœufs attachés au joug; et je bri-
serai par toi les chefs el les ma-
gistrats.
JÉRÉMIE.
[cu, [.זז
24. Et je reudrai à Babylone et
à tous les habitants de la Chaldée
tout leur mal, qu'ils ont fait dans
Sion, à vos yeux, dit le Seigneur.
25. Et voilà que je viens à toi,
montagne pernicieuse, dit le Sei-
gneur, qui corromps toute la
terre; et j'étendrai ma main sur
toi, et je t'arracherai d'entre les
rochers, et je ferai de toi une
montagne en combustion.
26. Et on ne tirera pas de toi
une pierre pour un angle, ni une
pierre pour desfondements ; mais
tu seras éternellement détruite,
dit le Seigneur.
97. Levezl'étendardsurlaterre;
sonnez la trompette parmi des
nations; consacrez contre elle des
nations; annoncez aux rois d'A-
rarat, de Menni et d'Ascenez de
marcher contre elle; dénombrez
contre elle les so/dats du Taphsar;
amenez contre elle le cheval,
comme le bruchus armé d'un ai-
guillon. |
28. Consacrez contre elle des
nations, les rois de Médie, ses
chefs et tous ses magistrats, et
toute la terre soumise à sa puis-
sance.
29. Et la terre sera agitée et
troublée ; parce que contre Baby-
lone s’éveillera la pensée du Sei-
EEE nel
19. * Le sceptre de son héritage; le royanme sur lequel il étend son sceptre et qu'il
gouverne comme son héritage.
25. * Montagne pernicieuse. Babylone était située dans une plaine, mais ses édifices
dominaient au loin cette plaine, comme encore aujourd'hui les ruines du Birs-Nim-
roud, sur l'emplacement de la tour de Babel. Babylone peut être aussi appelée au
figuré une montagne, à cause de sa force et de sa puissance.
26. * On ne tirera pas de loi une pierre pour un angle, etc. On ne te reconstruira
plus. Lorsque les rois de Babylone voulaient relever un édifice, ils cherchaient tout
d'abord à l'angle du monument les tablettes qui y étaient cachées et qui relataient
l'histoire de la fondation.
21, 28. Consacrez contre elle, etc. Voy. νι, 4. — Ararat, Menni, Ascenez ; provinces
d'Arménie, — Taphsar; parait signifier la même chose que Satrape, en Perse ; c'est-
à-dire gouverneur de province, sans exclure le titre de chef de troupes.
2
fen. 11.[
gneur, afin de rendre la terre de
Babylone déserte et inhabitable.
30. Les forts de Babylone ont
cessé le combat; ils sont demeu-
rés dans les citadelles : leur force
a été dévorée, etils sont devenus
comme des femmes; leurs taber-
nacles ont été brülés, leurs ver-
rous ont été brisés.
31. Un coureur viendra au-de-
vantd'uncoureur, et un messager
à la rencontre d'un messager, afin
d'annoncer au roi de Babylone
que sa ville a été prise d'un bout
à l'autre;
32. Et que les gués sont occu-
pés, et que le feu a été mis aux
marais, et que les hommes de
guerre ont été bouleversés.
33. Parce que voici ce que dit
le Seigneur des armées, Dieu d'Is-
raël : La fille de Babylone est
comme une aire : c'est le temps
de son battage; encore un peu et
viendra le temps de sa moisson.
34. Ill m'a mangée; il m'a dé-
vorée, Nabuchodonosor, roi de
Babylone, il m'a rendue comme
un vase vide, il m'a engloutie
comme un dragon, ilarempli son
ventre de ce que j'avais de plus
délicieux, et il m'a rejetée.
39. L'iniquité commise contre
moi et ma chair est retombée
sur Babylone, dit l'habitation de
Sion, et mon sang sur les habi-
JÉRÉMIE.
1821
tants de la Chaldée, dit Jérusa-
lem.
36. A cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur : Voilà que moi je
jugerai ta cause, et j'exercerai ta
vengeance : je sécherai sa mer, et
je tarirai sa source.
37. Et Dabylone sera un mon-
ceau de pierres, une demeure de
dragons, un objet de stupeur et
de sifflement, parce qu'il n'y ἃ
point d'habitant.
38. Tous ensemble ils rugiront
comme des lions, ils secoueront
leur crinière comme de petits
lions.
39. Dans leur chaleur je leur
donnerai leurs boissons, et je les
enivreral, afin qu'ils s'assoupis-
sent, et qu'ils dorment un som-
meil éternel, et qu'ils ne se relè-
vent point, dit le Seigneur.
40. Je les conduirai comme des
agneaux pour servir de victimes,
comme des béliers avec des che-
vreaux.
41. Comment a été prise Sé-
sach? et commenta été emportée
la ville illustre dans toute la
terre ? comment Babylone est-elle
devenue un objet de stupeur par-
mi les nations?
42. La mer est montée sur Ba-
bylone; par la multitude de ses
efforts elle a été couverte.
43. Ses cités sont devenues un
34. Il m'a mangée, etc. C'est la nation juive qui parle ainsi, comme il parait par le
vers. suivant. — De plus délicieux; c'est le sens du mot tendreté (teneritudine) de la
Vulgate expliqué par le texte original.
35. Ma chair; c'est-à-dire mes enfants tués. — L'habitation; dans l'hébreu Z/'Aabz-
tante.
36. Je sécherai, etc. Cette prophétie fut accomplie littéralement, lorsque Cyrus, qui
accompagnait Darius, son oncle, détourna les eaux de l'Euphrate qui traversaient
Babylone, et dessécha ainsi 16 lit du fleuve. — * Sa mer désigne ici l'Euphrate.
31. Objet de sifflement. Voy. xxin, 16.
41. Sésach. Voy. xxv, 26.
43, Le fils d'un homme. Vay., sur cette expression, XLIx, 18.
1822
objet de stupeur, une terre inha-
bitable et déserte, une terre dans
laquelle nul n'habite, et où ne
passe pas le fils d'un homme.
44. Et je visiterai Bel à Baby-
lone, et je ferai sortir de sa bou-
che ce qu'il avait absorbé; et les
nations n'afflueront plus vers lui,
puisque le mur méme de Baby-
lone croulera.
45. Sortez d'au milieu d'elle,
mon peuple, afin que chacun
sauve son âme de la colère du
Seigneur;
46. Et pour que votre cœur ne
mollisse pas, et que vous ne crai-
gniez pas le bruit qui s'entendra
sur la terre; car dans une année
viendra une nouvelle; et apres
cette année, une autre nouvelle;
et l'iniquité sur la terre, et domi-
nateur sur dominateur.
41. À cause de cela, voilà que
des jours viennent, et je visiterai
les images taillées au ciseau de
Babylone; et toute sa terre sera
couverte de confusion, et tous ses
tués tomberont au milieu d'elle.
48. Etles cieux et la terre et
tout ce qui est en eux loueront
le Seigneur au sujet de Baby-
lone; parce que ses spoliateurs
viendront de l'aquilon, dit le Sei-
gneur.
49. Et comme Babylone a fait
que des tués sont tombés en Is-
raél, ainsi de Babylone tomberont
des tués dans toute la terre.
50. Vous qui avez fui le glaive,
venez,ne vous arrétez point; sou-
venez-vous de loin du Seigneur,
et que Jérusalem monte dans
votre cœur.
JÉRÉMIE.
(cn. [.זז
51. Nous avons été confondus,
parce que nous avons entendu
l'opprobre ; l’ignominie a couvert
nos faces, parce que sont venus
des étrangers contre le sanctuaire
de la maison du Seigneur.
59. À cause de cela, voilà que
des jours viennent, dit le Sei-
gneur, et je visiterai ses images
taillées au ciseau; et dans toute
sa terre mugiront des blessés.
53. Quand Babylone serait mon-
tée jusqu'au ciel, et qu'elle aurait
affermi en haut sa force, de moi
lui viendront ses dévastateurs,
dit le Seigneur.
δά. Voix de clameur qui s'éléve
de Babylone, et grande destruc-
tion de 18 terre des Chaldéens ;
55. Parce que le Seigneur ἃ ra-
vagé Babylone, et détruit en elle
une grande voix; et leurs flots
retentiront comme de grandes
eaux ; leur voix a eu un retentlis-
sement;
d6. Parce qu'il est venu sur
elle, c'est-à-dire sur Babylone, un
spoliateur, et que ses braves ont
été pris, et que leur arc a perdu
sa force ; parce que le Seigneur,
puissant vengeur, la rétribuera
très certainement.
97. Et j'enivrerai ses princes,
etses sages, et ses chefs, et ses
magistrats, et ses braves; et ils
dormiront un sommeil éternel;
et ils ne se réveilleront pas, dit
le roi; le Seigneur des armées est
son nom.
58. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : Ce mur tres large
de Babylone sera sapé entière-
| ment; etses portes élevées seront
45. Son âme ; hébraisme, pour sa personne, soi, se.
90. * Vous qui avez fui du glaive, Juifs, qui avez été épargnés parle vainqueur.
[cu. ru.)
brülées par le feu; les travaux
des peuples seront réduits au
néant, et ceux des nations seront
livrés au feu et périront entiere-
ment.
59. Ordre que donna Jérémie, le
prophète, à Saraias, fils de Nérias,
lorsqu'ilallaitavecle roi Sédécias,
à Babylone, la quatrième année
de son‘ règne; or Saraias était
prince de la prophétie.
60. Et Jérémie écrivit tout le
mal qui devait venir sur Baby-
lone dans son livre, toutes ces
paroles qui ont été écrites contre
Babylone.
61. Et Jérémie dit à Saraïas :
Lorsque tu seras venu à Babylone,
et que tu auras vu, et que tu au-
ras lu toutes ces paroles,
62. Tu diras : Seigneur, c'est
vous qui avez parlé contre ce lieu-
ci, afin de le perdre entierement,
JÉRÉMIE.
1825
pour qu'il n'y ait personne qui
lhabite depuis l'homme jusqu'à
la béte, et afin qu'il soit une éter-
nelle solitude.
63. Et lorsque tu auras achevé
de lire ce livre, tu y attacheras
une pierre et tu le jetteras au mi-
lieu de l'Euphrate ;
64. Et tu diras : Ainsi sera sub-
mergée Babylone, et elle ne sere-
lèvera pas, à cause de l'affliction
que moi j'ameéne sur elle; et elle
sera détruite. Jusqu'ici ce sont les
paroles de Jérémie.
CHAPITRE LII *.
Histoire du siège et de la prise de
Jérusalem par Nabuchodonosor.
1. Sédécias était àgé de vingt
et un anslorsqu'il commenca à ré-
gner; et il régna onze ans dans
Jérusalem; le nom de sa mère
Cab. LII. 1. IV Bois, xxiv, !8; II Par., xxxvi, 11.
99. Prince de la prophétie; c'est-à-dire, selon les uns, un des premiers d'entre les
prophétes, chef de l'ambassade, et chargé de porter la parole au roi de Babylone.
L'hébreu porte, prince de repos (scarmenouhd), que quelques-uns expliquent par
grand chambellan, quelques autres par prince de Menouha, ville ou canton, et
d'autres autrement. Presque partout ailleurs la Vulgate a rendu l'hébreu [menouhá]
par repos (requies). — * Saraias, fils de Nérias, devait être un frère de Baruch, secré-
taire de Jérémie.
60. Ces paroles; ou ces choses; car le terme hébreu correspond aux deux signifi-
cations.
64. Jusqu'ici, etc.; ces paroles ne sont pas de Jérémie; mais de celui qui a recueilli
ses ouvrages.
? Ce chapitre, qui est purement historique, ne contient presque rien de plus que
ce qui est rapporté IV Rois, xxiv, 18-20; xxv, 1-21, 21-30. On croit généralement que
ce chapitre 52e n'est pas de Jérémie; quelques-uns l'attribuent à Esdras. 11 est cer-
tain que l'élévation de Joachin rapportée ici (vers. 31) n'eut lieu qu'aprés la mort du
Prophéte. Il y a aussi dans ce chapitre des différences qu'on trouve expliquées dans
les commentateurs.
1-34. * Epilogue, rit. — Le livre de Jérémie se termine par un chapitre qui en forme
la conclusion, montrant comment toutes les prophéties qu'il contient sur la ville
sainte ont été accomplies; il raconte la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor,
après deux ans de siège, 1-6; les malheurs de Sédécias, 1-11 ; l'incendie de la capitale,
12-13; la déportation des habitants, sauf les pauvres ouvriers, 14-16; l'enlévement
des vases sacrés du Temple, 17-23; le dénombrement de ceux qui ont été emmenés
en captivité à trois reprises diverses, 21-30, et l'adoucissement apporté aux maux
de Jéchonias, 31-34.
1. Agé de; littér. et par hébraisme, fiis de.
1824
était Amital, fille de Jérémie de
Lobna.
2. Il fit 16 mal sous les yeux du
Seigneur, selon tout ce qu'avait
fait Joakim.
3. Parce que la fureur du Sei-
gneur était sur Jérusalem et sur
Juda, jusqu'à ce qu'il les eüt re-
jetés de devant sa face; et Sédé-
cias se révolta contre le roi de
Babylone.
4. Or il arriva, la neuvième an-
née de son regne, le dixième jour
du dixieme mois, que Nabucho-
donosor, roi de Babylone, vint,
lui et toute son armée, contre
Jérusalem; et ils l'assiégerent, et
ils bâtirent des fortifications au-
tour.
5. Etla ville fut assiégée jusqu'à
la onzième année du règne de Sé-
décias.
6. Mais au quatrieme mois, au
neuvième Jour, la famine gagna
la cité; et il n'y avait plus de
vivres pour le peuple de la terre.
7. Une brèche fut faite à la cité,
et tous ses hommes de guerre
s'enfuirent, et sortirent de la cité
pendant la nuit par la voie de la
porte qui est entre les deux murs,
et conduit au jardin du roi, les
Chaldéens assiégeant la ville tout
autour, et ils s'en allérent par la
voie qui conduit au désert.
4. IV Rois, xxv, 1; Supra, xxxix, 1.
JÉRÉMIE.
[cu. ir. ]
8. Mais l’armée des Chaldéens
poursuivit le roi, 61118 prirent Sé-
décias dans le désert qui est près
de Jéricho; et tous ceux qui l'ac-
compagnaient s'enfuirent çà et là
d'aupres de lui.
9. Et lorsqu'ils eurent pris le
roi, ils l'amenerent au roi de Ba-
bylone à Réblatha, qui est dans
la terre d'Emath; et Nabuchodo-
nosor lui prononca son arrét.
10. Et le roi de Babylone égor-
gea les deux fils de Sédécias sous
ses yeux, et il fit tuer en méme
temps tous les princes de Juda à
Réblatha.
11. Et il arracha les yeux à Sé-
décias, et le chargea de fers aux
pieds, etleroi de Babylonele con-
duisit à Babylone, et l'enferma
dans la maison de la prison jus-
qu'au jour de sa mort.
12. Mais au cinquième mois, au
dixième /our du mois qui est la
dix-neuvième année méme du
régne de Nabuchodonosor, roi de
Babylone, vint Nabuzardan, chef
de la milice, lequel était de ser-
vice auprés du roi de Babylone,
dans Jérusalem.
13. Et il brüla la maison du Sei-
gneur, et la maison du roi; et à
toutes les maisons de Jérusalem,
età toute grande maison, il mit
le feu.
LEE n ed
4. * La neuviéme année de son végne, en 589.
6. Au neuvième jour. Voy. XXXIX, 2.
7. Les deux murs; c'est-à-dire le mur et l'avant-mur. Compar. IV Rois, xxv, 4.
8. Le désert; ou la pluine. Compar. IV Rois, xxv, 5.
11, La maison de la prison. Voy. xxxvut, 15.
12. Au dixième jour. Dans l'endroit parallèle IV Rois, xxv, 8, on lit, au seplième ;
contradiction qui n'est qu'apparente, si l'on suppose, ce qui est très vraisemblable,
que Nabuzardan partit de Réblatha où se trouvait Nabuchodonosor, le septième jour,
et qu'il arriva le dixième à Jérusalem, distante en effet de trois journées de Réblatha.
13. Toute grande maison; dans l'hébreu, toute maison du grand; dans le chaldéen
et le syriaque, £outes les maisons des grands personnages.
fcu. Lu.]
14. Et tout le mur autour de
Jérusalem, l’armée entière des
Chaldéens, qui était avec le chef
de la milice, l'abattit.
18. Quant à ce qui était demeuré
dans la cité d’entre les pauvres
du peuple, et d’entre le reste du
commun, et d'entreles transfuges
qui avaient passé au roi de Baby-
lone, et quant à tout le reste de
la multitude, Nabuzardan, prince
de la milice, les transféra à Baby-
lone.
16. Mais d'entre les pauvres de
la terre, Nabuzardan, chef de la
milice, laissa des vignerons et des
laboureurs.
li. Mais les colonnes d'airain
qui étaient dans la maison du
Seigneur, et les soubassements,
et la mer d'airain, qui était dans
la maison du Seigneur, les Chal-
déens les briserent, et ils en em-
porterent tout l'airain àBabylone,
18. Et les chaudières, et les
grandes fourchettes, et les psal-
térions, et les tasses, etles petits
mortiers, et tous les vases d'ai-
rain qui servaient au ministère,
ils les emportèrent; et
19. Les urnes, et les encensoirs,
et les cruches, et les bassins, et
les chandeliers, et les mortiers, et
les coupes, et tout ce qui était
d'argent pur, et tout ce qui était
d'or pur, le chef de la milice les
emporta;
JÉRÉMIE.
1825
20. Ainsi que les deux colonnes,
et la mer unique, et les douze
bœufs d'airain qui étaient sous
les bases, que le roi Salomon avait
faites dans 18 maison du Seigneur;
il n'y avait pas de poids pour l'ai-
rain de tous ces vases.
91. Or l'une des colonnes avait
dix-huit coudées de hauteur, un
cordon de douze coudées l'envi-
ronnait; son épaisseur était de
quatre doigts, et en dedans elle
était creuse.
22. Et sur l'une et l'autre de ces
colonnes était un chapiteau d'ai-
rain; la hauteur du chapiteau de
lune était de cinq coudées; et
des réseaux de grenades étaient
sur 16 couronnementtoutautour;
le tout était d'airain. Il en était de
méme pour la seconde colonne
qui avait aussi des grenades.
93. Et quatre-vingt-seize gre-
nades pendaient, et toutes les
grenades, aw nomóre de cent,
étaient environnées de réseaux.
24. Et le maitre de la milice prit
Saraias, le premier prétre, et So-
phonias, 16 second. prêtre, et les
trois gardiens du vestibule dw
temple.
25. Et de la cité, il pritun eunu-
que qui était préposé sur les
hommes de guerre, et sept hom-
mes d'entre ceux qui voyaient la
face du roi, quise trouvèrent dans
la cité; et le scribe, prince des
19. D'argent pur, d'or pur ; littér. et par hébraisme, d'argent d'argent, d'or d'or ; c'est-
à-dire entièrement d'argent, etc. On l'a déjà vu bien souvent, ce genre de répétition
d'un mot a pour but de renforcer l'idée qu'il exprime. On trouve d'ailleurs les expres-
sions d'airain très pur, d'or trés pur, dans la description des ornements du temple
de Salomon (11 Paralip., iv, 16, 20, 24).
20. I m'y avait pas de poids, etc. Voy. IV Rois, xxv, 16.
24. Le premier prétre; c'est-à-dire le grand prêtre. — Le second prétre; le premier
après le grand prêtre, l'intendant du temple, appelé aussi prince des prétres.
25. Qui voyaient. etc.; qui étaient toujours auprès du roi. Compar, Esther, 1, 10. —
De la terre; du pays.
HO
ACT
4890
.soldats, qui éprouvaitles recrues,
et soixante hommes d'entre le
peuple de la terre qui se trouvè-
rent au milieu de la cité.
26. Or Nabuzardan, chef de la
-milice, les prit, et les amena au
roi de Babylone à Réblatha.
27. Et le roi de Babylone les
frappa et les tua à Réblatha, dans
laterre d'Emath; et Judafut trans-
féré hors de sa terre.
28. Voici le peuple que trans-
féra Nabuchodonosor; la sep-
tüième année de son régne, il trans-
féra trois mille vingt-trois Juifs;
29. La dix-huitieme année de
son règne, 7/ (ransféra de Jérusa-
lem huit cent trente-deux âmes.
30. Et la vingt-troisieme année
du régne de Nabuchodonosor, Na-
buzardan, maitre de la milice,
transféra sept cent quarante-cinq
àmes de Juifs; ainsi toutes les
âmes £ransférées furent au nom-
LAMENTATIGNS DE JÉRÉMIE.
bre de quatre mille six cents.
31. Et il arriva à la trente-sep-
tième année de la transmigration
de Joachin, roi de Juda, au dou-
zième mois, au vingt-cinquième
jour du mois, qu'Evilmérodach,
roi de Babylone, la 2remiére an-
née même de son règne, releva
la téte de Joachin, roi de Juda, et
le fit sortir de la maison de la
prison.
32. Et il lui parla avec bonté,
οἱ il mit son trône au-dessus des
trônes des rois qui étaient au-des-
sous de lui à Babylone.
33. Et il changea ses vêtements
de sa prison, et Joachinmangeait
du pain devant lui tous les LS
de sa vie.
34. Et sa nourriture, nourriture
perpétuelle, lui était donnée par
le roi de Babylone, déterminée
jour par jour, jusqu'au jour de
sa mort, tous les jours de sa vie.
—— 29 0-009 »(9€0oo-———
LAMENTATIONS DE JÉREMIE
INTRODUCTION
Les Lamentations portent en hébreu le nom de 'ékáh, « comment », par
lequel elles commencent, et qui semble avoir été comme une sorte de terme
34. IV Rois, xxv, 30.
31. La maison de la prison. Voy. xxvut, 15. — * Evilmérodach, fils 66 Nabuchodono-
sor, succéda à son pére surle tróne de Babylone en 561. 11 n'oceupa que deux ans le
tróne et périt en 559 victime du mécontentement des Babyloniens, excités par Néri-
glissor, son beau-frére, qui s'empara dela couronne.
33. Mangeait du pain; hébraisme pour prenait sa nourriture.
34. De sa vie (vitz ejus); de la vie de Joachin, quoique le pronom eus de la Vul-
gate semble se rapporter à Evilmérodach. Dans l'endroit parallèle (IV Rois, xxv, 30),
la Vulgate porte-ortz suæ, Quant au texte hébreu, il est amphibologique dans les deux
eudroils.
[cu. 1.[ LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE. 1827
consacré pour le début d'une élégie. Les Septante substituérent à ce mot initial,
comme ils l'avaient fait pour le Pentateuque, un titre plus significatif, et les
désignèrent sous le nom de threnoïi. Notre dénomination, les Lamentations,
n'est que la traduction du grec. C'était un vieil usage de faire des élégies sur
la mort des personnes aimées; il fut étendu aux malheurs publics. Jérémie
déplora dans ses Lamentations la ruine de Jérusalem et du temple, comme il
avait déploré auparavant la mort de Josias.
Les Lamentations se composent de cinq petits poèmes ou élégies distinctes,
correspondant aux cinq chapitres de la Vulgate.
Les quatre premiers chapitres sont des pièces alphabétiques, c'est-à-dire que
chaque verset commence par une des lettres de l'alphabet hébreu dans le texte
original. La troisiéme élégie a cela de particulier, que la lettre initiale caracté-
ristique reparait trois fois, ce qui a fait diviser le ni chapitre en 66 versets au
lieu de 22; qu'on compte dans les deux premiers. La cinquième 616816 n'est pas
alphabétique, mais elle se compose également de 22 versets.
Peu de livres ont obtenu aussi efficacement que les Lamentations de Jérémie
le but que s'était proposé leur auteur. Que d'infortunés ont trouvé dans l'ex-
pression des douleurs du Prophéte un adoucissement à leurs propres douleurs!
Elles séchérent sans doute plus d'une fois les larmes des captifs, sur les bords
des fleuves de Babylone, et quand ils furent de retour dans leur patrie, ce fut
le livre des souvenirs, qui leur rappelait leurs maux passés. Chaque année, le
9 ab (juillet), on jeüna et on lut dansles synagogues, au milieu des larmes, les
Lamentations de Jérémie, en mémoire de ces mauvais jours. Et plus tard, quand
la grande victime, l'agneau de Dieu qui devait effacer les péchés du monde, eut
été immolée sur le Calvaire, l'Eglise, pour célébrer les mystères de la passion
el de la mort de Notre-Seigneur, adopta les chants lugubres du Prophète : pen-
daut la Semaine-Sainte, on entend retentir dans toutes les églises du monde
catholique les accents plaintifs de Jérémie, déplorant un malheur plus grand que
celui de la ruine de Jérusalem et du temple, le supplice d'un Dieu, mis à mort
par ceux qu'il était venu racheter.
i d'Israél eut été emmené en capti-
CHAPITRE PREMIER. vité, et queJérusalem fut déserte,
Jérémie déplore la désolation de Jérusa- | que Jérémie, le prophète, s'assit
lem, et annonce les vengeances de Jé- pleurant, et quil fit entendre ses
rusalem contre ceux qui se réjouissent ΤΙΣ ^ 16
ddünanedr do EET. lamentations Sur Jérusalem, et
que d'un cœur amer, soupirant
* ELil arriva, après que le peuple | et gémissant, il'dit :
a Ce préambule, qu'on lit dans les Septante, ne se trouve ni dans l'hébreu, ni dans
le chaldéen, ni dans le syriaque, ni dans les plus anciens et les meilleurs manuscrits
de la version de saint Jérôme. L'édition de Sixte V l'a joint à la fin du chapitre zu
de Jérémie comme si elle en faisait partie. Saint Bonaventure, suivi du plus grand
nombre d'interprétes, soutient que ce n'est pas une écriture canonique, mais une
simple addition qui vient des Grecs et qui n'a jamais été dans le texte original. —
Quant aux mots ALEPH, BETH, elc., ce sont les noms des lettres de l'alphabet hébreu,
qui sont au nombre de vingt-deux, rangés dans leur ordre naturel,
ו
1828
ALEPH.
1. Comment est-elle assise soli-
taire, la ville pleine. de peuple?
elle est devenue comme veuve,
la maitresse des nations ; la reine
des provinces a été assujettie au
tribut.
ἐν. ΒΕΤΗ.
2. Pleurant, elle a pleuré pen-
dant la nuit, et ses larmes coulent
sur ses joues ; et il n'est personne
qui la console, parmi ceux qui
lui étaient chers; tous ses amis
lont méprisée et sont devenus
ses ennemis.
GHIMEL.
3. Juda a émigré à cause de son
affliction et de la grandeur de
son esclavage : il a habité parmi
les nations, et n'a pas trouvé de
repos : ses persécuteurs l'ont saisi
dans ses angoisses.
DALETH.
4. Les voies de Sion sont en
deuil, de ce qu'il n'y a personne
qui vienne pour une solennité;
toutes ses portes sont détruites;
ses prétres gémissent, ses vierges
sont défigurées; elle-méme est
plongée dans l'amertume.
Cab. I. 2. Jérém., xiu, 17.
LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE.
(cu. 1.
HÉ.
9. Ses ennemis sont devenus
maîtres, ses adversaires se sont
enrichis, parce que le Seigneur a
parlé contre elle à cause de la
multitude. de ses iniquités; ses
petits enfants ont été emmenés
en captivité devantla face de celui
qui les tourmentait.
VAU.
6. Toute la beauté de la fille
de Sion s'est retirée d'elle; ses
princes sont devenus comme des
béliers ne trouvant pas de pâtu-
rages; ils s'en sont allés sans
force devant la face de celui qui
les poursuivait.
ZAIN.
1.Jérusalem s'est souvenue des
jours de sonaffliction, et de la pré-
varication de toutes les choses
précieuses qu'elle avait eues des
les jours anciens, lorsqueson peu-
ple tombait sous une main enne-
mie et qu'il n'avait pas de défen-
seur; ses ennemis l'ont vue, et
ils sesontmoqués de ses sabbats.
HETH.
8. Elle a beaucoup péché, Jéru-
salem; à cause de cela elle est
1. * Le 1er verset donne le ton de tout le morceau. La pensée qui frappe l'esprit
du Prophète, c'est la solitude dans laquelle il se trouve. La princesse, /a maitresse des
nations, est maintenant assise solitaire, comme la Jude capta qu'on voit plus tard
sur les médailles romaines (Voir l'Appendice). Ses enfants lui ont été enlevés et elle
est plongée dans la plus profonde misére.
2. Pleurant, elle a pleuré; hébraisme pour el/e a beaucoup pleuré.
5. Devenus maîtres; littér. en ἐδ 6 (in capite).
T. Sabbats; nom que les Hébreux donnaient à toutes les fétes en général, à cause
du repos qu'on y observait; le mot sabbat signifie en effet repos. On sait que les
paiens reprochaient ordinairement aux Juifs de faire de cette inaction, de cette pa-
resse, comme ils l'appelaient, une partie de leur religion,
ἴση. 1.]
devenue errante; tous ceux qui
l'honoraient l'ont méprisée, parce
qu'ils ont vu son ignominie ; aus-
si elle-méme gémissant a tourné
son visage en arriere.
THETH.
9. Ses souillures ont paru sur
ses pieds, et elle ne s'est pas sou-
venue de sa fin; elle a été prodi-
gieusement abaissée, n'ayant pas
de consolateur; voyez, Seigneur,
mon affliction, parce que l'enne-
mi s'est élevé.
JOD.
10. L'ennemi a porté la main
sur toutes ses choses précieuses ;
et elle a vu des nations entrer
dans son sanciuaire, 2ations au
sujet desquelles vous aviez or-
donné qu'elles n'entreraient pas
dans votre assemblée.
CAPH.
41. Tout son peuple est gémis-
sant et cherchant du pain; ils
ont donné toutes leurs choses
précieuses pour une nourriture
qui ranimát /eur âme. Voyez, Sei-
gneur, et considérez combien je
suis avilie.
LAMED.
19. O vous tous qui passez par
16. Jérém., xiv, 17.
LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE.
1829
la voie, prétez attention, et voyez
811 est une douleur comme ma
douleur; parce que le Seigneur,
comme il l'a dit, m'a vendangée
; au jour de la colère de sa fureur.
MEM.
13. D'en haut il a envoyé un
feu dans mes os, et il m'a 608-
tiée; ila tendu un fil à mes pieds,
etil m'a fait tomber en arriere, il
m'a rendue désolée, accablée de
chagrin tout le jour
NUN.
14. Le. joug de mes iniquités
s'est éveillé ; elles ont été rou-
léesdans sa main, etimposées sur
mon cou; ma force s'est affaiblie ;
16 Seigneur m'a livrée à une main
dont je ne pourrai sortir.
SAMECH.
15. Le Seigneur a enlevé du
milieu de moi tous mes hom-
mes illustres; il a appelé contre
moi le temps afin de briser mes
élus; le Seigneur a foulé le pres-
soir pour la vierge fille de Juda.
AIN.
16. C'est pour cela que moi je
pleure, et que mon cil 8 fait
couler des eaux ; parce qu'il s'est
10. L'ennemi a porté, etc. Jérémie parle ici de ce qui arriva à la prise de Jérusalem,
lorsque les soldats chaldéens portérent leurs mains sacrilèges jusque dans le sanc-
tuaire (ir, 1). .
AM. Leur âme; hébraisme pour leur personne.
19. M'a vendangée; m'a traitée comme une vigne vendangée, où on n'a rien laissé.
— La colère de sa fureur. Voy. 1v, 8.
15. Mes élus; mes soldats choisis, d'élite. — Le Seigneur a foulé le pressoir; pour
en faire couler le vin de sa colère. Compar. 18006, zx, 2, 3; Joël, ur, 18; Apocal.,
xiv, 19, 20; xix, 15. — Pour la vierge, etc.; pour enivrer la vierge, etc. C'est le peuple
de Juda, dans ce passage comme dans bien d'autres, qui est désigné sous le nom
d'une vierge et d'une fille.
16. Qui devail fuire revenir mon áme (convertens animam meam); lorsque la tristesse
lui faisait abandonner mon corps; qui devait me redonner la vie.
1830
éloigné de moi, le consolateur
qui devait faire revenir mon àme;
mes fils sont perdus, parce que
l'ennemi est devenu le plus fort.
PHÉ.
17. Sion a étendu ses mains, il
n'y a personne qui la console; le
Seigneur a appelé de tous cótés
contre Jacob ses ennemis; Jéru-
salemest devenue au milieu d'eux
comme une femme souillée par
ses mois.
SADÉ.
18. Le Seigneur est juste, parce
que j'ai provoqué sa bouche au
courroux; écoulez, je vous en
conjure, vows tous, peuples, et
voyez ma douleur; mes vierges
6] mes jeunes hommes sont allés
en captivité.
COPH.
19. J'ai appelé mes amis et ils
m'ont trompée; mes prétres et
mes vieillards ont été consumés
dansla ville, lorsqu'ilsontcherché
de la nourriture pour ranimer
leur âme.
RES.
20. Voyez, Seigneur, que je suis
dans la tribulation ; mes entrailles
sont émues ; mon cœur est boule-
LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE.
]6. n.]
versé au dedans de moi, parce
que je suis remplie d'amertume ;
au dehors le glaive tue; au de-
dans, c'est de méme la mort.
SIN.
21. Ils ont appris que je gémis,
et qu'il n'y a personne qui me
console; tous mes ennemis ont
appris mon malheur; ils se sont
réjouis, parce que c'est vous qui
l'avez fait; vous amènerezle jour
de ma consolation, et ils seront
semblables à moi.
THAU.
99. Que tout le mal qu'ils ont
fait vienne devant vous; et ven-
dangez-les, comme vous m'avez
vendangée à cause de toutes mes
iniquités; car mes gémissements
sont nombreux, et mon cœur est
triste. |
CHAPITRE 1I.
Jérémie continue de déplorer la désola-
tion de Jérusalem. 1[ exhorte Sion à
gémir sans cesse et à exposer au Sei-
gneur son affliction.
ALEPH ὃ.
1. Comment le Seigneur a-t-il
couvert de ténèbres, dans sa fu-
reur, la fille de Sion? il a jeté du
ciel sur la terre l'illustre Israël, et
il ne s'est pas souvenu de l'esca-
18. Le Seigneur est juste; dans les maux dont il m'a affligé. — Parce que j'ai pro-
voqué; dans l'hébreu, je me suis révoltée, j'ai été rebelle. — Sa bouche; pour ce qui est
sorti de sa bouche, sa parole, ses ordres, son commandement; métonymie dont on a
pu déjà remarquer plus d'un exemple.
20. Au dehors, etc. Hors de la ville, dans le pays, les Juifs étaient tués par les
Chaldéens; dans la ville ils mouraient par la famine et la peste.
22. Vendangez-les. Voy., pour le sens de cette expression, le verset 12.
a ALEPH. Pour ce mot et les autres semblables, qui sont en tête des versets sui-
vants, voy. 1, à.
1-22. * La seconde élégie peint surtout la destruction de la cité sainte et du temple,
comme la première avait peint sa solitude actuelle. Elle remonte de l'effet à la cause.
1. Les ténèbres, l'obscurité; signifient souvent, dans la Bible, les malheurs, les 08-
fcm. m.]
beau de ses pieds au jour de sa
fureur.
| BETH.
9. Le Seigneur a fout renversé,
il n'a épargné aucune des magni-
ficences de Jacob ;il a détruit dans
sa fureur les fortifications de la
vierge de Juda, illes a jetées par
terre; il a souillé son royaume et
ses princes.
GHIMEL.
3. Ha brisé dans la colere de sa
fureur toute la corne d'Israël; il
a retiré en arrière sa droite de la
face de l'ennemi, et il a allumé
dans Jacob comme 16 feu d'une
flamme dévorante tout autour.
DALETH.
4, 1! a tendu son arc comme un
adversaire; il a affermi sa droite
comme un ennemi, et il a tué tout
ce qui était beau à voir dans le
tabernacle de la fille de Sion : il
a répandu, comme un feu, son
indignation,
HÉ.
ὃ. Le Seigneur est devenu com-
me un ennemi : il ἃ renversé
Israël, il a renversé toutes ses mu-
railles, il a détruit ses fortifica-
tions, et il a rempli dans la fille
de Juda l'homme et la femme
d'humiliation.
LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE.
1831
VAU
6. Il a détruit comme un jardin
sa tente; il a renversé sa tente;
le Seigneur a livré à loubli dans
Sion laféte et le sabbat, et à l'op-
probre et à lindignation de sa
fureur le roi et le prétre.
ZAIN.
1. Le Seigneur a rejeté son au-
tel, il a maudit sa sanctification ;
ilalivré àla main de l'ennemi les
murs de ses tours; ils ont élevé la
voix dans la maison du Seigneur,
comme dans un jour solennel.
HETH.
8. Le Seigneur a résolu de dé-
truire le mur de la fille de Sion ; il
a tendu son cordeau, et. il n'a pas
détourné sa main de la perdition;
l'avant-mur a gémi, et le mur a
été pareillement détruit.
THETH.
9. Ses portes ont été enfoncées
dans la terre: il a ruiné et brisé
ses verrous; son roi et ses. prin-
ces, 11 les a. dispersés parmi les
nations; il n'y a pas de loi, et ses
prophètes n'ont pas trouvé de vi-
sion venant du Seigneur.
JOD.
10. Ils se sont assis surla terre,
ils se sont tus, les vieillards de la
lamités, une grande affliction. — L'escabeau de ses pieds; c'est-à-dire son arche d'al-
liance, son temple.
9. 11 n'a épargné aucune; littér. et par hébraisme, 71 n'a pas épargné toutes.
3. La colere de sa fureur. Voy. 1v, 8. — La corne; la force, la puissance.
6: Sa tente; sa demeure, c'est-à-dire son tabernacle, son temple.
1. Sa sanctificalion; le lieu qu'il s'est consacré, son sanctuaire.
8. * L'avant-mur a gémi; la petite muraille qui était placée devant 16 rempart est
tombée.
9. N'ont pas trouvé; n'ont pas recu. — Vision prophétique.
10. * Signes de deuil et de désolation.
1832
fille de Sion; ils ont couvert de
cendre leurs têtes; ils se sont
ceints de cilices; les vierges de
Jérusalem ont baissé leurs têtes
vers la terre:
CAPH.
11. Mes yeux ont défailli à force
de larmes, mes entrailles ont été
émues; mon foie s'est répandu
sur la terre, à cause de la des-
truction de la fille de mon peuple,
lorsque défaillaient le petit en-
fant, et l'enfantà la mamelle, sur
les places de la ville.
LAMED.
19. Ils ont dit à leurs mères :
Oü sont le blé etle vin? lorsqu'ils
tombaient comme des blessés sur
les places de la cité; lorsqu'ils
exhalaient leurs âmes sur le sein
de leurs meres.
MEM.
13. A qui te comparerai-je? ou
à qui t'assimilerai-je, fille de Jé-
rusalem? à qui t'égalerai-je, pour
te consoler, vierge fille de Sion?
car grande est comme la mer ta
ruine; qui t'apportera duremede?
LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE.
(cu. π.}
NUN.
14. Tes prophètes ont vu pour
toi des choses fausses et insen-
sées; ils ne te découvraient pas
ton iniquité pour t'exciter à 18
pénitence; ils ont vu pour toi des
prophéties de malheur fausses,
et pour tes ennemis lexpulsion
de la Judée.
SAMECH.
15. Ils ont frappé des mains à
ton sujet, tous ceux qui passaient
par la voie;ils ont sifflé et secoué
la tête sur la fille de Jérusalem :
Est-ce là, disaient-ils, cette ville
d'une parfaite beauté, la joie de
toute la terre ?
PHÉ.
16. Ils ont ouvert la bouche
contre toi, tous tes ennemis; ils
ont sifflé, et ils ont grincé des
dents, et ils ont dit : Nous /a dé-
vorerons; voici, c'est le jour que
nous attendions; nous /avons
trouvé, nous /'avons vu.
AIN.
41. Le Seigneur a fait ce qu'il a
(ΒΑΡ. II. 17. Lév., xxvi, 14; Deut., xxvi, 15.
5-ו 6 6 6 ——@—_—_—_—_—_—_—__—_—_—_—__—_—_—_—_—_—
41. Mon foie, etc.; hyperbole, pour marquer une grande douleur. Compar. Job, xvi, 14.
19. * Où sont le blé et le vin. Les enfants, pendant le siège, meurent de faim; ils
demandent à leurs mères de la nourriture et elles ne peuvent leur en donner.
13. Pour te consoler ; littér. et par hébraïsme, e/ je te consolerai. |
44. Ont vu pour toi, etc.; ont eu pour toi des visions, etc. — Prophélies du malheur.
C'est la vraie signification du terme hébreu masçôth que la Vulgate a rendu ici par
assumptiones, et ailleurs par onera, littér., charges, fardeaux, et au figuré malheurs
accablants. Voy. Isaie, xut, 2. Le sens de ce passage est donc : Tes prophètes t'ont
trompée en présentant comme fausses les prophéties qui t'annonçaient des malheurs,
et te prédisant que tes ennemis seraient chassés de la Judée.
16. Ce verset commence par ,שחת et le suivant par AIN, contrairement à l'ordre
alphabétique. Cette inversion, qui se remarque aussi dans les deux chapitres sui-
vants, vient probablement de ce que quelque écrivain, voyant que le verset PHÉ se
liait mieux par le sens que le verset Aiw, à celui qui commence par sAMECH, ἃ CPU
pouvoir se permettre ce déplacement.
41. Adversaire, ennemis; ces deux mots réunis expriment des ennemis de toute
[cH. 11]
résolu; il a accompli la parole
qu'il avait décrétée dès les jours
anciens ; il a détruit, et il n'a pas
épargné; il a réjoui ton adver-
saire à ton sujet, et il a exalté la
corne de tes ennemis.
SADÉ.
18. Leur cœur a crié vers le
Seigneur sur les murs de la fille
de Sion : Fais couler comme un
Lorrent de larmes pendantle jour
et pendant la nuit; ne te donne
pas de repos, et que la prunelle
de ton œil ne setaise pas. .
COPH.
19. Leve-toi, loue /e Seigneur
pendant la nuit, au commence-
ment des veilles : répands, com-
me l’eau, ton cœur, en la présence
du Seigneur; lève vers lui tes
mains pour l'àme de tes pelits
enfants qui ont défailli parla faim,
à Ja tête de tous les carrefours.
RES.
20. Voyez, Seigneur, et consi-
dérez qui vous avez vendangé
ainsi : les meres mangeront-elles
donc leur fruit, des petits enfants
de la hauteur d'un palme? est-ce
qu'on tuera dans le sanctuaire du
Seigneur le prêtre et 16 7
SIN ^ av.
94. L'enfant et le vieillard ont
18. Jérém., xiv, 17; Supra, 1, 6.
LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE.
1833
été étendus dehors sur la terre;
mes vierges et mes jeunes hom-
mes sont tombés sous le glaive;
vous avez tué au jour de votre
fureur; vous avez frappé et vous
n'avez pas eu de pitié.
THAU.
99. Vous avez appelé comme à
un jour solennel mes ennemis,
pour m'épouvanter de toutes
parts; etil n'y aeu personne dans
le jour de la fureur du Seigneur,
qui ait échappé, et qui ait été
laissé; ceux que j'ai élevés et
nourris, mon ennemi les a con-
sumés.
CHAPITRE ΠῚ.
Jérémie déplore sa propre misère. Il
exhorte les enfants de Juda à retour-
ner au Seigneur. ll expose au Seigneur
ses souffrances. et annonce la ruine de
ses enfants.
ALEPH *.
1. Je suis un homme voyant
ma misere sous la verge de son
indignation.
ALEPH;
9. ll m'a conduit et amené dans
les ténèbres et non à la lumière.
ALEPH.
3. C'est seulement contre moi
qu'iltourne et retourne sa main
durant tout le jour.
espéce. Rien n'est plus commun dans les langues orientales que l'agglomération de
plusieurs termes qui ont à peu prés la méme signification, pour donner à l'expres-
sion plus de force et d'énergie.
a ALEPH. Pour ce mot et les autres semblables qui sont en tête des versets sui-
vants, voy. 1, 8.
1-66. * Le chapitre ΠῚ s'occupe principalement, quoique non exclusivement, de la
désolation du Prophéte lui-méme.
1. Son indignation; l'indignation du Seigneur.
1834
BETH.
4. ll a fait vieillir ma peau et ma
chair, il a brisé mes os.
BETH.
5. 11 a bâti autour de moi, et il
m'a environné de fiel et de peine.
BETH.
6. ll m'a mis dans des lieux té-
nébreux comme les morts éter-
nels.
GHIMEL.
7. ILa bâti autour de moi, afin
que je ne sorte pas; il a appesanti
mes fers aux pieds.
GHIMEL.
8. Mais lors méme que je crie-
rais et que je prierais, il a re-
poussé ma priere.
GHIMEL.
9. Il a fermé mes voies avec
des pierres de taille, il a détruit
mes sentiers.
DALETH.
10. Il est devenu pour moi un
ours en embuscade, un lion dans
des lieux cachés.
DALETH.
11. Ill adétruit mes sentiers et il
LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE.
[cu. nr.
m'a brisé, il m'a mis dans la déso-
lation.
DALETH.
12. Il a tendu son arc, il m'a
fait comme le but de ses fleches.
HÉ
13. Ila lancé dans mes reinsles
filles de son carquois.
HÉ
14. Je suis devenu 18 raillerie
de tout mon peuple, leur chanson
durant tout le jour. -
HÉ.
15. Il m'a rempli d'amertume,
il m'a enivré d'absinthe.
VAU.
16. Et il a brisé toutes mes
dents, il m'a nourri de cendre.
VAU.
41. Et mon âme a été éloignée
de la paix, et j'ai oublié le bon-
heur.
VAU.
18. Et j'ai dit : Elle ἃ péri, ma
fin, et ce que j'espérais du Sei-
gneur. |
ZAIN.
19. Souvenez-vous de ma pau-
vreté, et del'excescommiscontre
moi, de l'absinthe et du fiel.
5. * Il a bâli autour de moi comme pour m'assiéger, 11 m'a environné et abreuvé
d'amertume.
6. Des lieux ténébreux; la prison où il fut mis pendant le siège de Jérusalem
(Jérém., xxxvii, 6, 1). — Les morts éternels; ceux qui sont réellement dans le tom-
beau. Compar. Ps. χύνπι, 11; cxui, 3.
9. * Il a fermé mes voies avec des pierres de taille; il m'a barré le chemin par un
mur et m'a ainsi empéché de fuir et de me mettre en süreté.
13. Les filles de son carquois; ses flèches.
15.* Il m'a enivré d'absinthe. Noir Proverbes, v, 4.
18. Elle a péri, ma fin (periit finis meus); ma fin est consommée, c'en est fait de
moi; ou bien, la fin de mes maux n'aura jamais lieu.
19. L'excés commis coníre moi; la persécution que je souffre; c'est le vrai sens de
[cu. 111.
ZAIN.
20. J'en conserverai toujours la
mémoire, et mon àme séchera en
moi de douleur.
ZAIN.
91. Je repasserai ces choses
dans mon cœur, c'est pourquoi
j espérerai.
HETH.
99. C'est grâce aux miséricor-
des du Seigneur que nous n'avons
pas été consumés; c'est parce que
ses bontés n'ont pas fait défaut.
HETH.
23. Elles se renouvellent au
"point du jour; votre fidélité est
grande.
HETR.
94. Mon partage est le Sei-
gneur, a dit mon âme; à cause
de cela je l'attendrai.
THETH.
95. Le Seigneur est bon à ceux
qui espèrent en lui, à l'âme qui le
recherche.
THETH.
26. Il est bon d'attendre en si-
lence le salut de Dieu.
LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE.
1835
THETH
27. Il est bon à l'homme de por-
ter un joug dés sa jeunesse.
JOD.
98. Il s'assiéra solitaire, et il se
taira, parce quil a mis ce joug
sur lui.
JOD.
29. Il mettra sa bouche dans la
poussière, pour voir si par hasard
il y a espérance.
JOD.
30. Il tendra la joue à celui qui
le frappera, il sera rassasié d'op-
probres.
CAPH.
31. Parce que le Seigneur ne
rejettera pas toujours;
CAPH.
32. Parce que s'il a rejeté, il
aura aussi pitié selon la multitude
de ses miséricordes.
CAPH.
33. Car il n'a pas humilié d'a-
près son cœur, il n'a pas rejeté les
fils des hommes,
=
l'expression de la , Vulgate, &ransgressionis mez, expliquée par le texte original, les
pronoms possessifs ayant eu hébreu la signification passive aussi bien que la signi-
tication active. Les Septante portent aussi, ma persécution.
. 20. J'en conserverai toujours la mémoire; littér. et par hébraisme, par ἴα mémoire,
je me remémorerai.
23. Elles; les bontés du Seigneur, mentionnées au vers. précéd. — Se renouvellent;
littér. sont nouvelles. Le latin porte nouveaux (novi), parce qu'en hébreu le mot bonté
(hésed) est du masculin, et que l'auteur de la Vulgate se conforme quelquefois à la
concordance hébraïque. — Au point du jour (diluculo); c'est-à-dire avec promptitude,
ἈΚ ΣΝ δὰ δὲ 110 — Votre fidélité dans vos promesses; c'est le sens du texte ori-
ginal.
29. Il mettra, etc.; il se prosternera le visage contre terre.
33. D'après son cœur. Ce n'est pas de son gré que Dieu châtie les hommes; il y est
forcé par leurs péchés. Compar. Ezéchiel, xvi, 23, 52; xxxri, 41.
1836
LAMED.
34. Afin de fouler sous ses pieds
tous les 680118 de la terre,
LAMED.
39. Afin de faire incliner le droit
de l'homme devant la face du
Tres-Haut.
LAMED.
36. Perdre un homme dans son
jugement, le Seigneur ne le sait
pas.
MEM.
31. Quiest celui qui a dit qu’une
chose se fit, leSeigneur ne l'ayant
pas commandé?
38. De la bouche du Très-Haut,
les maux et les biens ne sortiront-
ils pas?
MEM.
39. Pourquoi ἃ murmuré i'hom-
me vivant, l'homme, de /a puni-
(ion de ses péchés?
NUN.
40. Scrutons nos voies, interro-
geons-les, et retournons au Sei-
gneur.
NUN.
41 . Elevons nos cœurs avec nos
mains vers le Seigneur qui est
dans les cieux. |
| |
49. Nous, nous avons inique-
ment agi, et au courroux nous
=
₪
NUN.
(παρ. 111, 37. Amos, 11, 6.
LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE.
[cu. n.]
vous avons provoqué, c'est pour
cela que vous étes inexorable.
₪ ^ SAMECH.
43. Vous vous étes enveloppé
dans votre fureur, et vous nous
avez frappés; vous avez tué et
vous n'avez pas épargné..
i SAMECH.
44. Vous avez mis une nuée de-
vant vous, afin que la priere ne
passe pas.
SAMECH.
45. Comme une plante arrachée
et rejetée, vous m'avez mis au
milieu des peuples.
PHÉ.
46. Tous nos ennemis ont ou-
vert la bouche contre nous.
PHÉ.
47. La prophétie nous est deve-
nue effroi, lacs et ruine.
PHÉ.
48. Mon 0011 a fait couler des
courants d'eaux sur la ruine de la
fille de mon peuple.
AIN.
49. Mon œil s'est affligé, et ne
s'est pas tu, de ce qu'il n'y avait
point de repos,
AIN.
50. Jusqu'à ce que le Seigneur
regardát et vit des cieux.
31. Qui a dit, etc.; qui oserait dire qu'une chose est arrivée sans l'ordre du Seigneur?
39. La punilion, etc. Souvent dans l'Ecriture le péché est mis pour la peine, le 018-
timent du péché.
46. Contrairement à l'ordre alphabétique, le mot rné est mis avant AIN (vers. 49).
Voy. 11, 16.
‘ex. tit.]
AIN.
51. Mon eil a tourmenté mon
âme à cause de toutesles filles de
ma ville.
SADÉ.
52. Ils m'ont pris à la chasse
comme un oiseau, mes ennemis,
sans sujet.
SADÉ.
53. Ma vie est tombée dans la
fosse, et ils ont posé une pierre
sur moi.
SADÉ.
54. Des eaux se sont débordées
sur ma tête; j'ai dit : Je suis
perdu.
COPH.
55. J'ai invoqué votre nom,
Seigneur, du lac le plus profond.
COPH.
56. Vous avez entendu ma voix;
ne détournez pas votre oreille de
mes sanglots et de mes cris.
COPH.
57. Vous vous êtes approché
de moi un jour, quand je vous
ai invoqué, vous avez dit : Ne
crains pas.
RES. '
58. Vous avez jugé, Seigneur,
la cause de mon âme, rédempteur
de ma vie.
LAMENTATÉONS DE JÉRÉMIE.
1851
RES.
59. Vous avez vu, Seigneur,
leur iniquité contre moi; jugez
leur jugement.
RES.
60. Vous avez vu toute leur fu-
reur, toutes leurs pensées contre
moi.
SIN.
61. Vous avez entendu leurs ou-
trages, Seigneur, toutes leurs pen-
sées contre moi;
SIN
62. Les lévres de ceux qui s'é-
lèvent contre moi, et leurs pro-
jets contre moi tout le jour.
SIN.
63. Quandilssontassis, et quand
ils se lèvent, voyez, je suis l'objet
de leurs chansons.
THAU.
64. Vousleurrendrezla pareille,
Seigneur, selon les œuvres de
leurs mains.
THAU
65. Vous leur mettrez comme un
bouclier sur le cœur, la peine dont
vous les accablerez.
THAU.
66. Vous 768 poursuivrez dans
votre fureur, et vous les briserez
sous le ciel, Seigneur.
51. A tourmenté; maltraité; sens qui parait étre celui de l'hébreu, et auquel peut
être ramené le deprædatus est de la Vulgate. — Les filles de ma ville; c'est-à-dire les
vierges de Jérusalem (1, 4, 18; m, 10, 21), ou bien les villes de Juda dont Jérusalem
était comme la mère,
53. * Ma vie, etc. Je suis tombé tout vivant dans une fosse, et l'on en a fermé
l'orifice avec une pierre pour que je ne puisse pas étre sauvé,
4898
CHAPITRE IV.
Jérémie déplore de nouveau la désolation
‘de Jérusalem. 1[ annonce les ven-
geances du Seigneur contre l'ilumée
et le rétablissement de Sion.
ALEPH.
4. Comment s'est-il. obscurci,
l'or? Comment a été changée sa
couleur éclatante? Comment ont
été dispersées les pierres du sanc-
tuaire, à la téte de toutes les
places?
BETH.
9. Les fils de Sion illustres et
revétus de l'or le plus pur, com-
ment ont-ils été traités comme
des vases d'argile, ouvrages des
mains d'un potier?
GHIMEL.
3. Mais les lamies méme ont
mis à nu leurs mamelles, et ont
allaité leurs petits; la fille de mon
peuple est cruelle comme une au-
irüche dans le désert.
DALETH.
4. La langue de l'enfant à la
mamelle s'est attachée à son pa-
Car. IV. 6. Genèse, xix, 4.
LAMENTATIONS DE.JÉRÉMIE.
[cu. 1v.]
lais par la soif; les petits en-
. fants ont demandé du pain, et
il n'y avait personne qui le leur
brisát.
HÉ.
5. Ceux qui se nourrissaient dé-
licieusement sont morts dans les
rues;ceux qui étaient élevés dans
la pourpre ont embrassé des im-
mondices.
"AU.
6. Et l'iniquité de la fille de
mon peuple est devenue plus
grande que le péché de Sodome,
qui fut renversée en un moment,
et les hommes n'y. ont pas. mis
les mains.
ZAIN.
7. Ses Nazaréens étaient plus
blancs que la neige, plus 6018-
tants que le lait, plus. vermeils
que l'ivoire antique, plus beaux
que le saphir.
HETH.
8. Leur face est devenue plus
noire que des charbons, et ils
n'ont pas été reconnus sur les
places publiques; leur peau s'est
1-22. * Le chapitre ive semble d'abord reproduire les tableaux du ier et du n°, mais
c'est pour faire luire un rayon d' espérance, en montrant dans le châtiment divin la
source méme de la régénération.
1. L'or; les pierres du sanctuaire; c'est-à-dire l'or réel qui éclatait dans Jérusalem
ét les pierres dont était construit le sanctuaire; ou bien, selon d'autres, cet or re-
présente les princes d'Israël (voy. le vers. 2), et les pierres du sanctuaire, les prétres.
3. * Les lamies; hébreu: les chacals. — Comme une aulruche. On dit qu'elle aban-
donne une partie de ses œufs dans le désert. Job, xxxix, 16.
6. Les hommes, etc. Sodome périt uniquement par le feu du ciel. Voy. Genése,
XIX, 24,125,
7. Ses Nazaréens. Les Nazaréens étaient trés considérés parmi les Juifs, tant par
leur consécration au Seigneur que par leur manière de vivre plus pure et plus inuo-
cente. Jésus-Christ lui-même a voulu porter le nom de Nazaréen (Matth., τι, 23). Voy.
sur leur consécration, Nombr., νι. o'l
fem. 1v.]
attachée à leurs os, elle est deve-
nue comme du bois.
THETH.
9. Plus heureux ont été les
tués par le glaive que les morts
par la faim ; car ceux-ci ont dé-
péri, consumés par la stérilité de
la terre.
JOD.
10. Les mains desfemmes com-
patissantes ont fait cuireleurs en-
fants; ils sont devenus leur nour-
riture dans la ruine de la fille de
mon peuple.
CAPH.
11. Le Seigneur aassouvi sa fu-
reur, il a répandu la colère de son
indignation; et il a allumé dans
Sion un feu qui a dévoré ses fon-
dements.
LAMED.
12. Ils n'ont pas cru, les rois de
la terre et tous les habitants de
l'univers, que l'ennenü, que l'ad-
versaire entrerait par les portes
de Jérusalem :
MEM.
13. A cause des péchés de ses
prophètes et des iniquités de ses
prétres, qui ont répandu au mi-
lieu d'elle le sang des justes.
NUN.
14. Ils ont erré en aveugles sur
es places publiques, ils se sont
LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE.
1839
souillés parle sang; et comme ils
ne pouvaient faire autrement, ils
relevèrent leurs robes.
SAMECH.
45. Retirez-vous, impurs, leur
a-t-on crié, retirez-vous, allez-
vous-en, ne nous touchez pas; ear
ils se sont querellés, ettout émus,
ils ont dit parmi les nations : Le
Seigneur n'habitera plus parmi
eux.
PHÉ.
16. La face du Seigneur les ἃ
divisés, il ne les regardera plus :
ils n'ont pas révéré la face des
prétres, ils n'ont pas eu pitié des
vieillards.
AIN.
17. Lorsque nous subsistions
encore, nos yeux se sont lassés
dans l'attente de notre vain se-
cours, en tenant nos regards at-
tachés sur une nation qui ne pou-
vait nous sauver.
SADÉ,
18. Nos pas ont glissé en par-
courant nos places publiques;
notre fin s'est approchée; nos
jours se sont accomplis, parce
qu'est venue notre fin.
COPH.
19. Nos persécuteurs ont été
plüs vite que les aigles du ciel;
sur les montagnes ils nous ont
poursuivis, dans le désertils nous
ont dressé des pièges.
41. La colère de son indignation. Voy. Jérém., 1v, 8.
12. L'ennemi et l'adversaire. Voy. τι, 11.
sur le déplacement de ce mot, rm, 16.
16. Pré. Voy.,
19. Nos perséculeurs, etc.; allusion aux Chaldéens, qui poursuivirent avec une vi-
esse et une ענ ל incroyables le roi Sédécias, lorsqu' il fuyait devant eux. Compar,
V Bois, xxv, 4,
3 JeTO7T. , XXXIX, 05 11135 8p 0.
1840
RES.
90. L'esprit de notre bouche, le
Christ, le Seigneur a été pris à
cause de nos péchés; celui à qui
nous avions dit : Sous votre om-
bre, nous vivrons parmi les na-
tions.
SIN.
21. Réjouis-toi et sois dans l'al-
LAMENTATIONS DE JÉREMIE.
]64. v.]
légresse, fille d'Edom, qui habites
dans la terre de Hus; jusqu'à toi
aussi viendra le calice; tu seras
enivrée et mise à nu.
THAU.
22. Elle est accomplie, la peine
de ton iniquité, fille 06 Sion; א
Seigneur ne t'exilera plus; il ἃ
visité ton iniquité, fille d'Edom;
il a découvert tes péchés.
; PRIÈRE DU PROPHÈTE JÉRÉMIE"
CHAPITRE V.
Jérémie expose au Seigneur la misère
de son peuple, et le conjure de rappe-
ler ce même peuple à lui.
4. Souvenez-vous, Seigneur,
de ce qui nous est arrivé; consi-
dérez et regardez notre opprobre.
9. Notre héritage est passé à
des ennemis, nos maisons à des
étrangers.
3. Nous sommes devenus com-
me des orphelins sans pères, et
nos mères comme des veuves.
4. Nous avons bu notre eau à
prix d'argent, nous avons acheté
chèrement notre bois.
5. Nous étions conduits par des
chaines attachées à nos cous, à
ceux qui étaient fatigués on. ne
donnait pas de repos.
6. Nous avons donné la main à
l'Egypte et aux Assyriens, afin de
nous rassasier de pain.
7. Nos pères ont péché, et ils ne
sont plus; et nous, nous avons
porté leurs iniquités.
8. Des esclaves nous ont domi-
90. L'esprit de notre bouche; le souffle qui nous anime. — Le Christ, le Seigneur
(Christus Dominus); selon l'hébreu, le Christ du Seigneur; ce qui s'entend à la lettre
de Sédécias, roi du peuple de Dieu, mais ce qui, dans un sens plus élevé, doit s'en-
tendre de Jésus-Christ, le vrai Christ, le Fils unique de Dieu, pris et livré à la mort
à cause de nos péchés.
91. Fille d'Edom; c'est la nation des Iduméens. — La íerre de Hus; c'est-à-dire
l'idumée.
a Ce titre ne se lit ni dans l'hébreu, ni dans le chaldéen, ni dans l'édition romaine
des Septante.
1-22. * Prière dans laquelle Jérémie implore le secours de Dieu pour qu'il mette
fin à tant de maux.
2. Notre héritage; c'est-à-dire la terre de promission que vous avez donnée à nos
péres, et que nous possédions par un droit héréditaire. — Des ennemis, des étrangers;
les Chaldéens et les peuples voisins.
6. Nous avons donné, etc. Nous avons fait alliance, mais vainement, avec l'Egypte
et les Assyriens dont nous attendions du secours. — Afin de nous, etc.; afin de pou-
voir assurer notre existence. — Pain; comme on a pu déjà le remarquer, ce mot se
prend dans la Bible pour toute sorte de nourriture.
8. Des esclaves, etc.; selon quelques-uns, ce sont les Chaldéens et les Egyptiens,
également descendus de Cham, dont la postérité avait été condamnée à étre esclaye
(cu. v.)
nés; il n'y a eu personne qui nous
arrachát de leur main.
9. Au péril de nos âmes, nous
allions nous chercher du pain à
la face du glaive du désert.
10. Notre peau, comme un four,
a été brûlée par les ardeurs de la
faim.
41. Ils ont humilié des femmes
dans Sion, et des vierges dans
les cités de Juda.
12. Des princes ont été pendus
par la main; on n’a pas révéré la
face des vieillards.
43. Ils ont indignement abusé
des jeunes hommes; et des en-
fants ont succombé sous le bois.
14. Des vieillards ont aban-
donné les portes, et de jeunes
hommes, le chœur des joueurs de
psaltérion.
15. La joie de notre âme a fait
défaut; notre chœur a été changé
en deuil.
16. Elle est tombée, la cou-
LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE.
1841
ronne de notre téte; malheur à
nous, parce que nous avons pé-
ché!
17. À cause de cela, notre cœur
est devenu triste; pour cela, nos
yeux se sont couverts de ténè-
bres.
18. À cause de la montagne de
Sion, qui ἃ été détruite, les re-
nards s'y sont promenés.
19. Mais vous, Seigneur, vous
demeurerez éternellement ; votre
tróne subsistera dans toutes les
générations.
20. Pourquoi nous oublierez-
vous à jamais? Pourquoi nous
abandonnerez-vous dans la lon-
gueur des jours?
91. Convertissez-nous à vous, et
nous serons convertis ; Seigneur,
renouvelez nos jours comme au
commencement.
22. Mais nous rejetant, vous
nous avez repoussés; vous étes
extrémement irrité contre nous.
de Sem (Genèse, 1x, 26); selon d'autres, les Iduméens, les Moabites et les Ammonites,
peuples autrefois soumis aux Juifs; enfin, suivant d'autres, ce sont les esclaves
mémes des Chaldéens, parce que c'était la coutume, dans les maisons oü il y avait un
certain nombre d'esclaves, que l'un d'eux commandát aux autres.
9. Nos âmes; hébraisme pour nos personnes, nous. — Pain. Voy. vers. 6. — Désert;
s'applique aussi dans le langage biblique aux plaines, aux campagnes. Au lieu de
dans le désert, l'hébreu porte du. désert, comme régime du mot glaive (gladii). Le
sens de ce verset parait donc être : Nous courions risque d’être tués, si nous allions
chercher dans les campagnes désertes des fruits ou des herbes sauvages pour nous
sustenter, parce que le pays était rempli d'ennemis et de pillards.
10. Les «rdeurs de la faim; c'est le sens de l'hébreu. Les Arabes disent aussi le feu
de la faim, les Grecs, une faim brülante, les Latins : une faim ignée (ignea fames); la
Vulgate a traduit comme les Septante, tempétes de la faim.
12. Dés princes, etc. Les Chaldéens, aprés avoir décapité les princes de Juda, les
pendaient par les mains à des poteaux.
13. Sous le bois dont on les chargeait, ou avec lequel on les frappait.
14. Les portes de la ville, oà se tenaient les assemblées des juges.
16. La couronne, etc. Dans les fétes, les noces et les festins, on se couronnait de
fleurs.
18. * Les renards; proprement les chacals.
19. Toutes les générations ; littér. et par hébraisme, génération et généralion.
20. Dans la &ongueur ; c'est-à-dire pour si longtemps.
21. Comme au commencement; comme ils étaient au commencement, au temps de
notre ancienne prospérité.
22, Nous rejelant, vous nous avez repoussés: héhraisme, pour vous nous avez enlió-
rement vejetés.
^ τς 116
BARUCH
OBSERVATIONS GÉNÉRALES
1. Dans notre Introduction historique et critique, etc., nous avons prouvé
l'authenticité et la canonicité du livre de Baruch contre les Juifs et les protes-
tants en général, mais particulièrement contre les critiques et les exégètes
d'Allemagne; nous nous bornerons ici à quelques observations sur le texte ori-
ginal et les principales versions de ce livre, que plusieurs anciens Pères de
l'Eglise ont cité sous le nom de Jérémie, soit parce qu'autrefois les écrits de
ces deux prophétes ne formaient qu'un méme volume, soit parce que Baruch a
inséré dans son livre, non seulement les oracles que Dieu lui a inspirés, mais
encore ceux qu'il avait entendus de la bouche de Jérémie, son maitre, et qu'il
n'avait pas mis par écrit de son vivant.
2. On ne saurait douter que le livre de Baruch n'ait été originairement écrit
en hébreu; car, outre qu'il est plein d'hébraismes, on n'y découyre point cette
enflure et cette affectation des Juifs hellénistes, qu'on remarque si facilement
dans le livre de la Sagesse, par exemple, et dans le second des Machabées. Tout,
au contraire, y est simple et parfaitement d'accord avec la construction de la
langue hébraique. Mais le texte primitif a été perdu depuis longtemps; car dans
la préface de la version de Jérémie, saint Jéróme dit : « Quant au petit livre
de Baruch qui se trouve dans l'édition des Septante, nous n'en parlerons pas;
les Juifs ne le lisent pas; ils ne le possédent méme plus. » Cependant il existait
encore dans le second siécle, puisque Théodotion le traduisit en grec, comme
nous l'avons prouvé dans notre Introduction historique et critique, etc., en répon-
dant aux difficultés proposées par certains critiques allemands de ces derniers
temps. À
3. La version la plus ancienne du livre de Baruch est la version grecque, qui
tient lieu maintenant de l'original. Une preuve évidente de sa haute antiquité,
c'est qu'elle se trouve dans la Bible des Septante. La traduction latine qui fait
partie de notre Vulgate a été composée sur la version grecque ; elle n'est pas de
saint Jévóme, elle remonte beaucoup plus haut que l'époque à laquelle vivait ce
saint docteur. Comme l'Eglise latine a toujours reconnu la canonicité du livre
de Baruch, cette traduction doit étre au moins du second siécle de l'ére chré-
tienne. Il y a eu d'autres versions du livre de Baruch, par exemple, la syriaque
et l'arabe; mais ce n'est pas ici le lieu d'en parler. (J.-B. GLAIRE.)
4. * Baruch, fils de Nérias, était le fidéle disciple et le secrétaire de Jérémie,
Jér., xxxii, 12; מאצאצ ^, 10, 32. Il appartenait à une bonne famille de la tribu
de Juda, Jér., 11, 59; son frère Saraias faisait partie de Ja cour de Sédécias. Ses
ennemis l'accusèrent d'être partisan des Chaldéens, et d'influencer Jérémie en
BARUCH. — OBSERVATIONS GÉNÉRALES. 1843
faveur de ces derniers, Jér., xuur, 3. La quatrième année de Joakum, il alla lire
au roi les prophéties de son maitre, qu'il avait écrites sous sa dictée, et il les
écrivit une seconde fois de la méme maniére, quand le roi eut jeté au feu la
premiére édition, xxxvr. Les persécutions qu'il eut à subir lui causérent un mo-
ment de découragement, mais il ne dura pas, xLv. Plus tard, sous le règne
de Sédécias, il fut mis en prison avec Jérémie, et il y resta jusqu'à la prise de
Jérusalem (588); il se retira alors à Masphath, et fut ensuite forcé, comme
Jérémie, de suivre les Juifs fugitifs en Egypte, Jér., xri, 6. Tl alla enfin à Ba-
bylone et il y mourut. Quelques-uns croient qu'il avait déjà visité cette ville la
quatriéme année de Sédécias (594), avec une ambassade royale dont son frére
faisait partie et qui s'y était rendue, sur la demande de Jérémie, pour consoler
|les captifs. Cf. Jér., ur, 61.
Le style de Baruch, sans avoir la magnificence d'Isaie, est remarquable, et
l'on sait l'admiration qu'il avait inspirée à La Fontaine; aprés l'avoir lu, il
demandait à tous ceux qu'il rencontrait : « Avez-vous lu Baruch? C'était un
grand génie. » ?
Les cing premiers chapitres de la prophétie sont de Baruch; le sixième con-
lient une lettre de Jérémie. La plupart des protestants et les rationalistes nient
l'authenticité du tout. — I. Les cinq premiers chapitres sont réellement l'oeuvre
de Baruch, comme l'affirme le titre, 1, 1. — 1° On conteste, il est vrai, l'auto-
rité de ce titre, mais c'est sans fondement. Il porte, 1, 2, que Baruch écrivit sa
prophétie la cinquiéme année aprés la ruine de Jérusalem, 583. C'est inadmis-
sible, dit-on, parce que Baruch avait accompagné Jérémie en Egypte, Jér.,
xLu1, 6. Mais il est facile de répondre qu'il ne suit nullement, de ce que Baruch
était allé en Egypte en 588 ou 587, qu'il n'était pas en Chaldée en 583. —
2» On prétend trouver dans le cours du livre des passages qui indiquent qu'il a
été écrit aprés la fin de la captivité et aprés la reconstruction du temple, 1, 10,
14; ,זז 26. — L'auteur parle incontestablement, dans ces passages, de l'autel
du Seigneur et de la maison de Dieu, mais c'est de la maison de Dieu ruinée et
de l'autel sur lequel on continuait à offrir des sacrifices, comme dans les pas-
sages analogues de Jérémie. — II. Quant à l'authenticité de la lettre de Jérémie,
ch. vi, le titre l'attribue à ce prophéte, et il est confirmé par ce que dit le second
livre des Machabées, τι, 1-2.
Le livre de Baruch se partage en deux parties principales, 1-ur, 8, et 111, 9-v.
La lettre de Jérémie, placée à la fin, en forme comme un appendice. — I. La
première partie renferme : — 1? une introduction, 1, 1-14, et 2° une prière qui
se subdivise en deux sections : la premiére section est une sorte de confession
dans laquelle le peuple captif reconnait ses péchés, r, 15-1; dans la seconde
section, les coupables repentants demandent à Dieu de mettre un terme au chà-
timent qu'ils reconnaissent avoir mérité, ir, 1-8. — II. La seconde partie con-
tient un discours de Baruch. — 1° Il exhorte le peuple à chercher la vraie
sagesse et à se convertir, ur, 9-rv, 8. Les versets 36-38 du ch. πὶ renferment une
prophétie messianique remarquable, dans laquelle la plupart des Péres ont vu
la méme pensée que celle exprimée dans l'Evangile de S. Jean : Le Verbe s'est
fait chair, et il a habité parmi nous. — 2? Il consoleles captifs, leur recommande
d'être fermes et courageux, et leur promet qu'ils seront vengés, iv, 9-29. —
3? Il s'adresse à Jérusalem elle-même, et lui annonce que ses fils, emmenés avec
ignominie sur la terre étrangère, reviendront à elle avec gloire, tv, 30-v,
4844
CHAPITRE PREMIER.
Prologue du livre de Baruch. Ce livre fut
lu devant les Juifs captifs à Babylone,
et envoyé par eux à leurs frères de Jé-
rusalem. Livre de Baruch, où d'abord
ce prophéte confesse au nom de son
peuple la justice des chátiments que
le Seigneur exerce sur eux.
1. Et voici les paroles du livre
qu'a écrites Baruch, fils de Nérias,
fils de Maasias, fils de Sédécias,
fils de Sédéi, fils d'Helcias, à Ba-
bylone,
2. En la cinquième année, au
septième jour du mois, dans le
temps que les Chaldéens prirent
Jérusalem et y mirent le feu.
3. Et Baruch lut les paroles de
ce livre aux oreilles de Jéchonias,
fils de Joakim, roi de Juda, et aux
oreilles de tout le peuple qui ve-
nait pour entendre le livre;
4. Et aux oreilles des puissants,
fils des princes, etaux oreilles
des prétres, et aux oreilles du
peuple, depuis le plus petit jus-
qu'au plus grand de tous ceux qui
habitaient dans Babylone et près
du fleuve de Sodi,
BARUCH.
(ca. 1.[
5. Qui écoutant, pleuraient et
jeûnaient et priaient en présence
du Seigneur.
6. Et ils amassèrent de l'argent
selon la faculté de chacun d'eux.
7. Et ils l'envoyerentà Jérusa-
lem àJoakim, le prétre, fils d'Hel-
cias, fils de Salom, et aux prétres,
et à tout le peuple qui se trouva
avec lui à Jérusalem ;
8. Lorsqu'il recevait les vases
du temple du Seigneur, qui
avaient été emportés du temple,
pour les reporter dans la terre de
Juda, le dixième jour du mois de
Sivan, vases d'argent que fit faire
Sédécias, fils de Josias, e£ roi de
Juda,
9. Aprés que Nabuchodonosor,
roi de Babylone, eut enlevé de
Jérusalem Jéchonias, et les prin-
ces, ettousles grands, etle peuple
du pays,et qu'il les eut emmenés
enchainés à Babylone.
10. Et ils dirent : Voilà que nous
vous avons envoyé de l'argent ;
achelez-en des holocaustes et de
lencens, et faites-en des obla-
lions, et offrez-/es pour le péché
à l'autel du Seigneur notre Dieu;
2. Du mois de nisan; qui était le premier de l’année; ou de sivan, le troisième,
dont il est parlé au vers. 8; ou enfin du cinquième, parce que l'auteur ayant désigné
la cinquième année, sans déterminer le mois, donne à entendre qu'il s'agit du ein-
quième, — * La cinquième année aprés la prise de Jérusalem, en 583. Voir IV Rois,
XXV, 8.
3. * Jéchonias; prisonnier à Babylone.
4. Sodi ; en grec Soud, est selon les uns un fleuve qui se déchargeait dans l'Eu-
phrate, ou un de ses grands eanauz ; selon les autres, c'est l'Euphrate méme, appelé
Sodi, c'est-à-dire le superbe, à cause de l'abondance et de l'impétuosité de ses eaux;
l'hébreu zoud, qu'on transerit aussi soud, signifiant entre autres choses, étre enflé
d'orgueil. :
7. * Joakim, fils d'Helcias, n'était pas le grand-prétre, mais probablement celui qui
en tenait la place à Jérusalem.
8. Du temple du Seigneur. M faut entendre par là les ruines du temple sur les-
quelles les Juifs avaient élevé un autel pour offrir leurs sacrifices (Compar. Jérém.,
,גוא 5). Ainsi disparait la prétendue contradiction que les incrédules trouvent dans
te chapitre. — Sivan; commencait à la nouvelle lune de juin.
10. Des oblations; selon la Vulgate et les Septante, »«nna, C'est le mot hébreu
minhá, qui a été modifié dans sa prononciation, et qui signifie proprement le sacrilice
[cu. 1.]
11. Et priez pour la vie de Na-
buchodonosor, roi de Babylone,
et pour la vie de Baltassar, son
fils, afin que leurs jours sur la
terre soient comme les jours du
ciel;
12. Et afin que Dieu nous donne
la force, et qu'il éclaire nos yeux,
pour que nous vivions sous l'om-
bre de Nabuchodonosor, roi de
Babylone, et sous l'ombre de Bal-
tassar, son fils, et que nous les
servions durant de longs jours,
et que nous trouvions grâce en
leur présence.
13. Et pour nous-mémes priez
le Seigneur notre Dieu; parce
que nous avons péché contre le
Seigneur notre Dieu, et que sa
fureur ne s'est pas détournée de
nous jusqu'à ce jour.
14. Et lisez ce livre, que nous
vous avons envoyé pour étre lu
publiquement, dans le temple du
Seigneur, en un jour solennel et
en un jour favorable;
15. Et vous direz : Au Seigneur
notre Dieu la justice ; mais à nous
la confusion de notre face,comme
il en est en ce jour pour tout Juda
et pour les habitants de Jérusa-
lem,
BARUCH.
1845
16. Pour nos rois, et nos prin-
ces, et nos prétres, et nos pro-
phétes, et nos peres.
11. Nous avons péché devant le
Seigneur notre Dieu, et nous ne
lavons pas cru, n'ayant pas de
confiance en lui;
18. Et nous ne lui avons pas
été soumis, et nous n'avons pas
écouté la voix du Seigneur notre
Dieu, afin de marcher selon les
commandements quil nous a
donnés.
19. Depuis le jour qu'il a tiré
nos peres de la terre de l'Egypte
jusqu'à ce jour, nous étions in-
crédules au Seigneur notre Dieu;
et disséminés, nous nous sommes
retirés pour ne pas écouter sa
voix.
20. Et il s'est attaché à nous
beaucoup de maux et de malé-
dictions que le Seigneur intima
à Moise, son serviteur, qui a
tiré nos peres de la terre de l'E-
gypte pour nous donner une terre
où coulaient du lait et du miel,
comme en ce jour.
21. Et nous n'avons pas écouté
la voix du Seigneur notre Dieu,
selon toutes les paroles des pro-
phètes, qu'il nous a envoyés ;
Cnar. I. 15. Infra, 11, 6. — 17. Dan., 1x, 5. — 20. Deut., xxvi, 15.
non sanglant, tel que les offrandes de pain, de liqueurs, de froment, de farine, de vin.
11. Son fils; c'est-à-dire son petit-fils et fils d'Evilmérodach, fils ainé lui-màme de
Nabuchodonosor et son successeur immédiat. Dans toutes les langues, le mot fils se
prend souvent pour petit-fils, comme un aïeul est fréquemment qualifié de père.
Selon une tradition des Juifs, Evilmérodach était alors en disgráce, et Baltassar était
considéré comme l'héritier présomptif du royaume. Ceci explique pourquoi l'écrivain
sacré ne nomme pas iei Evilmérodach. — * Baltassar ne doit pas désigner ici celui du
temps duquel Babylone fut prise. — Comme les jours du ciel; c'est-à-dire des jours
sans fin. Compar. Ps. vxxxvir, 21.
14. Dans le temple du Seigneur. Voy. vers. 8. — En un jour favorable (in die oppor-
tuno); selon les Grecs, dans des jours d'opportunité; ce qu'on explique par dans les
jours des fétes fixes, déterminées.
15. Et vous direz, etc. Ici, suivant plusieurs, commence le livre méme de Daruch,
le livre mentionné aux vers. 1, 3, 14.
20. Les malédictions, etc. Voy. Lévil., xxv1; Deuléron., xxxvin, XXIX,
1810
99, Kt nous nous sommes lais-
565 aller chacun au sens de notre
méchant cœur, pour servir des
dieux étrangers, faisant le mal de-
vant les yeux du Seigneur notre
Dieu.
CHAPITRE ἢ
Le Prophéte, parlant toujours au nom de
son peuple, reconnait la justice des ju-
gements du Seigneur, et implore sa
miséricorde avec confiance en ses pro-
messes.
1. À cause de quoi le Seigneur
notre Dieu a vérifié sa parole
qu'il nous a dite, à nous, et à nos
juges qui ont jugé Israél, et à nos
princes, et à tout Israël et à Juda;
2. Afin que le Seigneur amenát
sur nous de grands maux, qui
n'ont pas eu lieu sous le ciel,
comme ils ont eu lieu dans Jé-
rusalem, selon ce qui a été écrit
dans la loi de Moise,
3. Qu'un homme mangerait des
chairs de son fils et des chairs de
sa fille.
4. Et il les a livrés aux mains
de tous les rois qui nous environ-
nent, à l'opprobre et à la désola-
tion parmi tous les peuples au
milieu desquels nous a dispersés
le Seigneur.
5. Et nous avons été au-dessous
et non au-dessus, parce que nous
avons péché contre le Seigneur
notre Dieu, en n'obéissant pas à
sa voix.
6. Au Seigneur notre Dieu la
justice; à nous et à nos peres la
BARUCH.
[cH. 11.
confusion de la face, comme il en
est en ce jour.
7. Parce que le Seigneura pro-
noncé contre nous tous ces maux
qui sont venus sur nous ;
8. Et nous n'avons pas supplié
la face du Seigneur notre Dieu,
afin que nous revenions chacun
de nos voies trés mauvaises.
9. Et le Seigneur a veillé sur
les maux et il les a amenés sur
nous; parce que le Seigneur est
juste dans toutes ses ceuvres qu'il
nous a commandées ;
10. Et nous n'avons pas écouté
sa voix, afin de marcher dans les
préceptes qu'il a mis devant no-
tre face.
11. Et maintenant, Seigneur
Dieu d'Israël, qui avez retiré vo-
tre peuple de la terre de l'Egypte
par une main forte et par des si-
gnes, et par des prodiges, et par
votre grande puissance, et par
votre bras élevé, et qui vous étes
fait un nom, comme il en est en
ce jour;
19. Nous avons péché, nous
avons agi avec impiété, nous
avonscommisl'iniquité, Seigneur
notre Dieu, contre toutes vos jus-
tices.
13. Que votre colere se détourne
de nous, parce que nous sommes
restés en petit nombre parmi les
nations où vous nous avez dis-
persés.
14. Exaucez, Seigneur, nos
vœux et nos prières, et délivrez-
II. 2. Deut., xxvii, 53. — 6. Supra, 1, 15. — 11, Dan., 1x, 15. .גא
a AR
2. Qui n'ont pas, etc.; comme il n'y en a jamais eu de semblables.
3. Qu'un homme, etc. Compar. Lévit., xxvi, 29; Deutér., xxviu, 53, 55.
9. A veillé, etc.; c'est-à-dire s'est appliqué à nous punir. — Toutes ses œuvres, etc.;
tout ce qu'il nous a commandé.
12. Vos justices; vos justes ordonnances.
,CH. 11.[
nous à cause de vous-méme, et
accordez-nous de trouver grâce
devant ceux qui nous ont emme-
nés;
15. Afin que toute la terre sache
que c'est vous qui êtes le Seigneur
notre Dieu, et que votre nom est
invoqué sur Israél et sur sa race.
16. Regardez-nous, Seigneur,
du haut de votre sainte maison,
et inclinez votre oreille et exau-
cez-nous.
47. Ouvrez vos yeux, et voyez
que ce ne sont pas les morts qui
sont dans l'enfer et dont l'esprit
a été séparé de leurs entrailles,
qui rendront honneur et justice
au Seigneur;
18. Mais c’est l’âme qui est triste
à cause de la grandeur du mal, et
quis'avance courbée,infirme etles
yeux défaillants, et l'àme pressée
de la faim, qui vous rend gloire
et justice comme au Seigneur.
19. Parce que ce n'est pas à
cause de la justice de nos pères
que nous répandons nos prieres,
et que nous demandons miséri-
cordeen votre présence, Seigneur
notre Dieu;
20. Mais parce que vous avez
envoyé votre colere et votre fu-
reur sur nous, comme vous l'avez
annoncé par l'entremise de vos
serviteurs, les prophètes, disant :
21. Ainsi dit le Seigneur: Incli-
nez votre épaule et votre cou, et
servez le roi de Babylone ; et vous
demeurerez en repos dans la
BARUCH.
1817
terre que j'ai donnée à vos peres.
22. Que si vous n'écoutez pas
la voix du Seigneur votre Dieu,
pour servir le roi de Babylone,
je vous chasserai des cités de
Juda et hors de Jérusalem,
23. Et je ferai cesser parmi
vous la voix du plaisir, et la voix
de la joie, et la voix de l'époux,
et la voix de l'épouse; et toute
cette terre sera sanstrace de ceux
qui l'habitent.
94. Etnos péresn'ont pas écouté
votre voix, afin de servir les
rois de Babylone; et vous avez
vérifié vos paroles que vous avez
dites par l'entremise de vos ser-
viteurs, les prophètes, que les os
de nos rois et les os de nos pères
seraient transportés hors de leur
lieu;
25. Et voilà qu'ils ont été expo-
sés àla chaleur du soleil et à la
gelée de la nuit; etils sont morts
dans des douleurs cruelles, par la
faim, et par leglaive, et par l'exil.
96. Et vous avez fait dece tem-
ple, dans lequel votre nom a été
invoqué, ce qu'il est en ce jour,
à cause de l'iniquité dela maison
d'Israél et de 18 maison de Juda.
97. Et vous avez agi envers
nous, Seigneur notre Dieu, selon
toute votre bonté, et selon toute
cette grande miséricorde qui est
la vótre,
98. Comme vous l'avezannoncé
par l'entremise de Moise, votre
serviteur, au jour oü vous lui or-
16. Deut., xxvi, 15; Isaie, rxrmr, 15. — 17. Isaie, xxxvir, 17; Lxiv, 9; Ps. cxrr, 17.
15, 96. Votre nom, etc.; ou bien, Israél porte votre nom; le texte hébreu est suscep-
tible de ces deux sens.
17. L'enfer; c'est-à-dire ce lieu souterrain que les Hébreux regardaient comme 6
séjour des àmes aprés la mort.
24. Que les os, etc Compar. Jérémie, vii, 2.
1818
donnátes d'écrire votre loi devant
les enfants d'Israël,
29. Disant : Si vous n'écoutez
pas ma voix, cette grande multi-
tude sera réduite à un très petit
nombre parmi les nations, où moi
je les disperserai;
30. Parce que je sais que ce
peuple ne m'écoutera pas; car
c'est un peuple d'un cou roide;
mais il rentrera en son cœur dans
la terre de sa captivité ;
31. Et ils sauront que c'est moi
qui suisle Seigneur leur Dieu ; et
je leur donnerai un cœur, et ils
comprendront ; des oreilles, et ils
entendront.
39. Et ils me loueront dans la
terre de leur captivité, et ils se
souviendront de mon nom.
33. Et ils se détourneront de
leur dos roide, et de leurs mé-
chancetés, parce qu'ils se souvien-
dront de la voie de leurs pères
qui ont péché contre moi.
34. Et je les rappellerai dans la
terre que jai promise par ser-
ment à leurs pères, à Abraham,
et à Isaac, et à Jacob; et ils en
serontles maitres; et je les mul-
tiplierai, et ils ne diminueront
pas.
35. Et j'établirai avec eux une
autre alliance, qui sera éternelle,
20. Lév., xxvi, 14; Deut., xxvi, 15.
BARUCH.
[cu. ur.]
afin que je sois leur Dieuet qu'eux
soient mon peuple; et je ne trans-
porterai plus mon peuple, les fils
d'Israël, hors delaterre que jeleur
ai donnée.
CHAPITRE III.
Baruch continue d'implorer la miséri-
corde du Seigneur au nom de ses frères.
ll exhorte Israël à reconnaitre que son
infidélité est la source de ses maux, et
l'invite à rechercher la sagesse. Elle ne
vient que de Dieu. Il l'a manifestée à
Israël. Prophétie de l'Incarnation du
Verbe.
1. Et maintenant, Seigneurtout-
puissant, Dieu d'Israél, une àme
dans les angoisses, et un esprit
inquiet crie vers vous;
2. Ecoutez, Seigneur, et ayez
pitié, parce que vous étesun Dieu
miséricordieux, et ayez pitié de
nous, parce que nous avons pé-
ché devant vous.
3. Parce que vous subsistez
éternellement; etnous, périrons-
nous pour jamais ?
4. Seigneur tout-puissant, Dieu
d'Israël, écoutez maintenant la
prière des morts d'Israël, et des
fils de ceux qui ont péché de-
vant vous et qui n'ont pas écouté
la voix du Seigneur leur Dieu,
et les maux se sont attachés à
nous.
29, 34. Ces versets se trouvent, au moins quant au sens, dans Lévit., ,אאא 15, 45;
Deutér., 1v, 25, 30; xxvur, 62; xxx, 3; Jérém., xxiv, 6; xxxi, 7.
30. D'un cou roide; qui supporte difficilement le joug, indomptable.
33. Dos roide; a le méme sens que cou roide du vers. 30.
34. En; d'elle, c'est-à-dire de la terre, nommée dans ce méme verset. C'est ainsi
dans les Septante; la Vulgate porte le pluriel eux ou elles (eis); ce qui est probable-
ment une faute de copiste. Dans la Bible imprimée à la Propagande avec la version
arabe, en 1671, on lit le singulier 0/6000 (ejus).
4. Des morts d'Israél; c'est-à-dire des enfants d'Israël, queles maux qu'ils souffrent
dans leur captivité ont rendus semblables aux morts ensevelis dans le tombeau
(Ezéch., xxxvir, 12); ou bien des saints patriarches, Abraham, Jacob, Isaac, etc., qui,
de leur vivant et depuis leur mort, n'ont cessé de prier pour le salut du peuple.
fcu. n1.]
5. Ne vous souvenez pas des
iniquités de nos peres, mais sou-
venez-vous, en ce temps-ci, de
votre main et de votrenom ;
6. Parce quec'est vous qui étes
le Seigneur notre Dieu, et nous
vous louerons, Seigneur;
7. Parce que c'est à cause de
cela que vous avez mis votre
crainte dans nos cœurs, afin que
nous invoquions votre nom et
que nous vous louions dans notre
captivité; parce que nous nous
détournons de liniquité de nos
peres, qui ont péché devant vous.
8. Et voilà que nous sommes
aujourd'hui dans notre captivité,
où vous nous avez dispersés pour
étre un sujet d'outrage, de malé-
diction, et un exemple de la peine
due au péché, selon toutes les ini-
quités de nos pères qui se sont
relirés de vous, Seigneur notre
Dieu.
9. Ecoute, Israél, des comman-
dements de vie; préte l'oreille,
afin que tu saches la prudence.
10. D'où vient, Israël, que tu
es dans la terre de tes ennemis?
41. Tu as vieilli dans une terre
étrangère, tu t'es souillé avec les
morts; tu es devenu semblable à
2eux qui descendent dans l'enfer.
5. De votre main; de votre puissance. Le sens de ce verset est
pas par nous-mêmes que vous nous sauviez;
BARUCH.
1819
12. Tu as abandonné la source
de la sagesse;
13. Car dans la voie de Dieu si
tu avais marché, tu aurais assu-
rément habité dans une paix éter-
nelle.
14. Apprendsoü estlaprudence,
où est la force, où est l'intelli-
gence; afin que iu saches en
méme temps oü est la longueur
de la vie, et la nourriture, oü
est la lumiere des yeux, et la
paix.
15. Qui a trouvé son lieu? et
qui est entré dans ses trésors?
16. Où sont les princes des na-
lions, et ceux qui dominent sur
les bétes qui sont sur la terre?
11. Qui sejouent des oiseaux du
ciel,
18.Qui amassent l'argent et l'or
dans lequel les hommes se con-
fient et dont l'acquisition est sans
fin? qui travaillent l'argent, et y
mettent beaucoup de soin, et dont
les ouvrages sont incompréhen-
sibles?
19. Ils ont été exterminés, ils
sont descendus dans les enfers;
et d'autres se sont levés à leur
place.
20. De jeunes hommes ont vu
la lumiere, et ils ont habité sur la
: Nous ne méritons
mais cependant sauvez-nous, afin de
faire éclater par là votre puissance, et d'empécher vos ennemis de blasphémer votre
nom. Compar. Josué, vii, 9; 11] Rois, vut, 41;
41. Tu t'es souillé avec les morts;
DS xxIpSareEzech- xx. M4. etc.
tu es au milieu des Chaldéens, peuple idolâtre,
.dans un état de souillure et d'impureté semblable à celui de quiconque touche un
corps mort, ou demeure dans une maison oü il y a un mort (Lévit.,
v, 25 X1,:255
xxu, 4; Nombr., xix, 14). — * Dans l'enfer, dans 16 scheól, séjour des morts.
45. Son lieu; le lieu dela sagesse, le lieu oü elle réside.
18. Qui tr availlent, etc. Avec l argent extrait des mines, ces princes des nations fai-
saient faire, en y mettant le plus grand soin, toute espéce d'ouvrages riches et pré-
cieux, dont le grand nombre et la parfaite exécution ne pouvaient guère se concevoir.
C'est cette dernière pensée que la Vulgate a rendue conformément au grec des Sep-
tante, par :
Nec est inventio operum illorum, et que nous croyons avoir exprimé
fidèlement nous-méme dans notre traduction.
1850
lerre; mais ils ont ignoré la voie
de la vraie science,
21. Ils n'en ont pas compris les
sentiers, leurs fils ne l'ont pas
recue, elle s'est éloignée de leur
face ;
22. Elle n'a point été enten-
due dans la terre de Chanaan,
et elle n'a pas été vue dans Thé-
man.
23. Les fils d'Agar méme qui
recherchent la prudence qui est
de la terre, ces marchands de
Merrha et de Théman, et ces con-
teurs de fables, et cesscrutateurs
de laprudence et del'intelligence,
n'ont pas connu la voie de la sa-
æesse, et n'ont pas mentionné ses
sentiers.
24. Ο Israël, qu'elle est grande,
la maison de Dieu, et qu'il est
vaste, le lieu de sa possession!
95. Il est grand, et n'a point de
fin, il est élevé et immense.
26. Là ont été ces géants de re-
nom qui vécurent dés le commen-
cement, ces géants d'une haute
stature et sachant la guerre.
97. Le Seigneur ne les 8 pas
choisis, ils n'ont pas trouvé la
voie de la vraie science; à cause
de cela ils ont péri.
28. Et comme ils n'ont pas eu
la sagesse, ils sont morts à cause
de leur folie.
99. Théman ; ville célèbre de l’Idumée.
BARUCH.
(cm. ur.]
29. Qui est monté au ciel et y
a pris la sagesse, et l'a amenée
des nuées?
30. Qui a passé la mer et l'a
trouvée, et l'a rapportée de pré-
férence à l'or le plus pur?
31. Il n'est personne qui puisse
connaitre ses voies, ni qui recher-
che ses sentiers;
32. Mais celui qui sait toutes
choses la connait, et il l'a trouvée
par sa prudence; celui qui a
affermi la terre à jamais, et qui
l'a remplie de toutes sortes d'ani-
maux.
33. Qui envoie lalumiere, et elle
va; et il l'appelle, et elle lui obéit
avec tremblement.
34. Or les étoiles ont donné la
lumiere à leurs postes, et elles
se sont réjouies.
35. Elles ont élé appelées et
elles ont dit : Nous voici; et elles
ont brillé avec plaisir pour celui
qui les a créées.
36. C'est lui qui est notre Dieu,
et nul autre ne sera estimé auprès
de lui.
37. C'est lui qui a trouvé toute
voie de vraie science, et qui l'a
donnée à Jacob, son serviteur, et
à Israél, son bien-aimé.
38. Aprés cela, il a été vu sur
la terre, et il a demeuré avec les
hommes.
23. Merrha; ville d'Arabie. Il y avait en Arabie plusieurs villes d'un nom à peu .
pres semblable. — Théman ; autre ville d'Arabie, différente de celle du verset précé-
dent. — * Les fils d'Agar, mère d'Ismaél; les Ismaélites, les Arabes.
26. * Ces géants. Voir Genése, νι, 4.
32. Toutes sortes d'animaux; littér. et par hébraisme, de 06068 et de quadrupedes.
38. Il a demeuré, etc. Les Pères et les interprètes expliquent communément ce
passage de l'Incarnation du Verbe divin. Il est certain qu'on ne peut lui donner un
sens plus clair et plus naturel,
08. 1V.]
CHAPITRE IV.
Baruch exhorte les Israélites à se conver-
tir au Seigneur et à observer sa loi. Jé-
rusalem pleure la captivité de ses en-
fants; elle les exhorte à espérer dans
le Seigneur. Promesse de leur délivrance
et de la ruine de leurs ennemis.
1. Voici le livre des comman-
dements de Dieu, et la loi qui
subsiste éternellement: tous ceux
qui la gardent parviendront à la
vie, ceux qui l'ont abandonnée à
la mort.
9. Convertis-toi, ὃ Jacob, et
embrasse la loi; marche dans sa
voie à sa splendeur, en face de sa
lumiere.
3. Ne livre pas ta gloire à un
autre, et ta dignité à une nation
étrangere.
4. Bienheureux nous sommes,
Israél, parce que ce qui plait à
Dieu nous a été manifesté.
ὃ. Rassure-toi, peuple de Dieu,
monument d'Israël;
6. Vousavez été vendus aux na-
tions, non pour votre ruine; mais
parce que vous avez provoqué
Dieu à un grand courroux, vous
avez été livrés à vos adversaires.
1. Car vous avez aigri celui qui
vous à faits, le Dieu éternel, en
immolant à des démons et non à
Dieu.
8. Car vous avez oublié le Dieu
BARUCH.
1851
qui vous a nourris, et vous avez
constristé votre nourrice Jérusa-
lem.
9. Car elle a vu le courroux
venant de Dieu sur vous, et elle a
dit : Ecoutez, confins de Sion, car
Dieu m'a envoyé un grand deuil ;
10. Car j'ai vu la captivité de
mon peuple, de mes fils et de
mes filles, que l'Eternel a ame-
née sur eux.
11. Car je les ai nourris dans
la joie; mais je les ai laissés aller
dans le pleur et le deuil.
19. Que personne ne se ré-
jouisse de moi, veuve et désolée :
jai été abandonnée par un grand
nombre à cause des péchés de
mes enfants, parce qu'ils se sont
détournés de la loi de Dieu.
13. Et ses justices, ils ne les ont
pas connues, et ils n'ont pas mar-
ché dans les voies des comman-
dements de Dieu, et ils ne sont
pas entrés avec justice dans les
senliers de sa vérité.
14. Qu'ils viennent, les confins
de Sion, et qu'ils se rappellent la
caplivité de mes filset de mes filles,
que l'Eternel a amenée sur eux.
15. Car il a fait venir contre
eux une nation de loin, une
nation méchante et d'une autre
langue ;
16. Qui n'ont pas respecté le
vieillard, et n'ont pas eu pitié des
5. Monument d'Israël; c'est le sens de la Vulgate expliqué par le grec. La partie du
peuple de Dieu qui était exilée, quoique réduite à un petit nombre, n'en était pas
moins un reste suffisant pour conserver la mémoire et le nom d'Israél.
6. Un grand courroux. La réunion des mots colère (ira), et courroux (iracundiam),
a pour but de donner de la force à l'expression.
9, 14. Confins; c'est-à-dire les villes voisines, Voy. vers. 24.
13. Vos justices; vos justes ordonnances. — Les sentiers de sa vérilé; hébraisme,
pour ses sentiers de vérité; c'est-à-dire qui conduisent à la vérité ou qui sont les vrais;
le grec porte, des sentiers d'instruction, de discipline.
15. D'un autre langue; d'une langue autre que celle des Juifs, par conséquent incon-
nue pour eux.
1852
enfants, qui ont emmené loin de
ses fils ceux qui étaient chers à la
veuve, et l'ont désolée en la lais-
sant seule.
47. Mais moi, comment puis-je
vous secourir?
18. Car celui qui ἃ amené sur
vous les maux est celui-là même
qui vous délivrera des mains de
vos ennemis.
19. Marchez, mes fils, marchez$
car moi j'ai été laissée seule.
20. J'ai quitté la robe de la
paix; je me suisrevétue du sac de
la supplication, et je crierai vers
le Très-Haut durant mes jours.
91. Rassurez-vous, mes enfants;
criez vers le Seigneur, et il vous
arrachera de la main des princes
ennemis.
22. Car moi, j'ai espéré dans
l'Eternel, qui est votre salut, et la
joie m'est venue du Saint dans
la vue de la miséricorde qui vous
viendra de l'Eternel, notre sau-
veur.
93. Car je vous ai envoyés dans
le deuil et dans le pleur; mais le
Seigneur vous ramènera à moi
dans la joie et le plaisir pour
toujours.
24. Car comme les voisines de
Sion ont vu votre captivité venant
de Dieu, ainsi elles verront aussi
bientót, venant de Dieu, votre
salut qui vous arrivera avec un
grand honneur et une splendeur
éternelle.
25. Mes enfants, supportez
patiemment la colére qui vous
BARUCH.
[cH. 1v.]
est arrivée;car il t'a persécuté,
ton ennemi ; mais bientót tu ver-
ras sa ruine, et tu monteras sur
son cou.
26. Mes enfants délicats ont
marché dans des voies raboteu-
ses; ils ont été emmenés comme
un troupeau ravi par ses enne-
mis.
27. Rassurez-vous, mes enfants,
et criez vers le Seigneur; car
votre souvenir ne s'éloignera pas
de celui qui vous a conduits.
28. Car comme votre sentiment
a été d'errer loin de Dieu, en re-
venantàlui, vous le rechercherez
avec dix fois autant d'ardeur.
29. Car celui qui a amené les
maux sur vous, lui-méme vous
amènera de nouveau une joie
éternelle avec votre salut.
30. Rassure-toi, Jérusalem, car
il t'y exhorte, celui qui t'a nom-
mée.
31. Ils périront, les méchants
qui t'ont tourmentée; et ceux qui
se sont félicités de ta ruineseront
punis ;
32. Les cités oü vos fils ont été
esclaves seront chátiées; méme
celle qui a reçu tes fils comme
captifs.
33. Car, comme elle s'est ré-
jouie deta ruine, et qu'elle a tres-
sailli d'allégresse à ta chute, ainsi
elle sera contristée dans sa déso-
lation. |
34. Et l'exultation de sa multi- |
tude lui sera enlevée, et sa joie
sera changée en deuil.
25. Bientôt. Au moment οὐ Baruch écrivait ceci, seize ans de captivité s'étaient
déjà écoulés, il n'en restait donc plus que cinquante-quatre. Or, quand il s'agit d'une
monarchie aussi puissante que l'était celle de Babylone, cinquante-quatre ans sont
peu de chose, etle Prophète a pu se servir du mot bientôt (cito).
30. Qui l’a nommée; de son nom. Compar. rm, 45; Ps. χυν, 4; וטוא 4, 8; Îsaie,
LXII, 2.
[cu. v.]
35. Car un feu lui arrivera /ancé
par l'Eternel pendant des jours de
longue durée, et ellesera habitée
par des démons durant beaucoup
de temps.
36. Jérusalem, regarde vers l'O-
rient, et vois la joie qui te vientde
Dieu.
37. Car voilà que viennent tes
fils que tu as envoyés pour étre
dispersés; ils viennent tous en-
semble de l'Orient jusqu'à l'Occi-
dent, se réjouissant à la parole du
saint pour l'honneur de Dieu.
CHAPITRE V.
Le Prophéte exhorte Jérusalem à quitter
son deuil, et à se revétir de joie, parce
qu'il voit ses enfants revenir de leur
captivité comblés de gloire.
1. Dépouille-toi, Jérusalem, de
ta robe de deuil et de ton tour-
ment; et revéts-toi de l'éclat et de
la majesté de cette gloire éter-
nelle qui te vient de Dieu.
2. Le Seigneur te revétira dela
diploïde de la justice, et il mettra
sur £a téte la mitre de l'éternelle
gloire.
BARUCH.
1853
3. Car Dieu montrera sa splen-
deur en toi à tout homme qui est
sous le ciel.
4. Car ton nom gui te sera
donné de Dieu pour jamais est :
Paix de justice, et honneur de
piété.
ὃ. Lève-toi, Jérusalem, et tiens-
toi sur la hauteur; regarde vers
l'Orient, et vois tes fils rassem-
blés du soleillevant jusqu'au cou-
chant, se réjouissant à la parole
du saint dans le souvenir du Sei-
gneur.
6. Car ils sont sortis de toi,
conduits à pied par les ennemis:
mais le Seigneur les amènera
vers toi, portés avec honneur
comme les fils d'un royaume.
1. Car le Seigneur a résolu d'a-
baisser toute montagne élevée
et les roches éternelles, et de
combler les vallées jusqu'au ni-
veau de la terre, afin qu'Israél
marche rapidement pour la gloire
de Dieu.
8. Or les foréts mémes et tout
arbre de suavité ombrageront Is-
raël par ordre de Die:.
(ΒΑΡ. IV. 36. Infra, v, 5. — Cuar. V. 5. Supra, 1v, 36.
35. Elle sera habitée. Compar. Isaïe, xui, 21 ; Jérém., v, 39.
36. Regarde vers l'Orient. C'était de l'Orient que devait venir Cyrus, libérateur des
Juifs (Isaie, xL1, 2; xxxiv, 14; xLvI, 11).
31. Ils viennent, ete. Compar. 15000, xi, 11, 12; Zacharie, vin, 7, etc. — Du Saint;
de Dieu.
2. Diploide; robe doublée de fourrure des anciens Orientaux.
9. A tout homme qui (omni qui); le grec met le féminin £oute, qui remplace sans
doute le neutre, comme en hébreu, où à défaut du genre neutre, on emploie en effet
le féminin ; ainsi, dans les Septante, le sens est : A tout ce qui.
4. Paiz, etc. Ces noms conviennent mieux encore à l'Eglise de Jésus-Christ qu'à la
Jérusalem terrestre, qui en était la figure.
9. Regarde vers l'Orient, etc. Voy. 1v, 36, 81.
6. Ils sont sortis, etc. Les Juifs, ayant été conduits à pied comme des esclaves à
Babylone, retournérent avec honneur dans leur pays, amenant un grand nombre de
chevaux, de mulets et de chameaux que leur fournit Cyrus. Voy. 79006, ,זוא 22; LxvI,
20; I Esdras, ui, 66, 61. — Les fils d'un royaume; ou d'une royaulé; c'est-à-dire des
princes qu'on porte sur les épaules ou en litière.
1. Le Seigneur a résolu, etc.; allusion à 22006, xL, 3, 4.
1854
9. Car Dieu ramènera Israël
avec joie à la lumière de sa ma-
jesté, avec la miséricorde et la
justice qui vient de lui-même.
CHAPITRE VI.
Lettre de Jérémie aux Juifs captifs. Il
leur annonce leur retour. 1] les exhorte
à ne pas prendre part à l'idolátrie des
Babyloniens. Il leur montre le néant et
la vanité des idoles.
Copie de la lettre qu'envoya Jé-
rémie aux caplifs qui devaient
étre emmenés à Dabylone par le
roi des Babyloniens, pour leur an-
noncer ce que Dieu lui avait or-
donné de leur dire.
1. A cause des péchés que vous
avez commis devant Dieu, vous
serez emmenés caplifs à Daby-
lone, par Nabuchodonosor, roi
des Babyloniens.
2. C'est pourquoi, entrés à Ba-
bylone, vous y serez durant beau-
coup d'années et un long temps,
jusqu'à sept générations; mais
après cela je vous en ramenerai
dans la paix.
BARUCH.
[cu. vi.]
3. Mais maintenant vous verrez
à Babylone des dieux d'or et d'ar-
gent, et de pierre et de bois, que
lon porte sur les épaules et
qui impriment la crainte aux na-
tions.
4. Voyez donc à ne pas imiter
les actions de ces étrangers, et à
ne pas vous effrayer, et à ce que
la frayeur ne vous saisisse pas à
cause d’eux.
9. C'est pourquoi, quand vous
verrez une multitude derriere et
devant, adorant, dites en vos
cœurs : C'est vous qu'il faut ado-
rer, Seigneur.
6. Car mon ange est avec vous,
et moi-méme je rechercherai vos
âmes.
7. Car leur langue a été polie
par un ouvrier; ceux méme qui
sont dorés et argentés sont faux,
et ils ne peuvent parler.
8. Et comme on fait à une
vierge qui aime les ornements,
ainsi ils ont été fabriqués avec de
l'or qu'on a employé.
9. Leur dieux ont assurément
Cuap. VI. 1. Jérém., xxv, 9. — 3. Isaie, xziv, 10.
1-12. * La lettre de Jérémie a pour but de détourner les Juifs captifs à Babylone, à
qui elle est adressée, de l'idolàtrie chaldéenne. Elle renferme une sorte de double
refrain qui revient de temps en temps, et en marque les divers alinéas : 14-15, 22, 28,
6%, et 39, 4%, 55, 63. Jérémie y montre une grande connaissance de la religion baby-
lonienne; sa lettre est comme un monument archéologique oü nous trouvons
décrites en détail les statues des dieux chaldéens, ainsi que les cérémonies que l'on
suivait pour habiller et déshabiller les idoles. Rien n'était plus propre que cet écrit
à faire persévérer les enfants d'Israël dans le culte du vrai Dieu.
2. Sept générations. Chez les anciens, le mot génération représente tantôt cent, tan-
tôt cinquante, trente-trois, dix, et méme sept années. Ainsi ces sepl généralions
marquent ici très probablement les soixante-dix années auxquelles Dieu avait fixé la
durée de la captivité (Jérém., xxv, 11, 12; xxix, 20).
3. * Des dieux d'or, etc. 11 y avait à Babylone de nombreuses idoles d'or, d'argent,
de pierre et de bois, et en certaines circonstances on les poríait sur les épaules, comme
nous le voyons sur des bas-reliefs du temps des Assyriens.
6. Mon ange; saint Michel, défenseur du peuple hébreu. Voy. Daniel, x, 13, 21; xri, 1.
— * Je rechercherai vos ámes; je prendrai soin de votre vie.
T. * Dorés et argentés. Les statues des dieux étaient souvent en bois recouvert de
lames d'or ou d'argent.
9. Se les arrogent; c'est-à-dire s'arrogent l'or et l'argent; littér. se l’arroge (1llud.)
fen. vi.)
des couronnes d'or surleurstêtes,
d'où les prêtres leur enlèvent l'or
et l'argent et se les arrogent à
eux-mémes.
10. Mais ils en donnent à des
prostituées, et ils en parent des
femmes de mauvaise vie, et
lorsque ces femmes de mauvaise
vie les leur ont rendus, ils ex pa-
rent de nouveau leurs dieux.
11. Mais ceux-ci ne se préser-
vent ni de la rouille ni des vers.
19. Or, après qu'on les 8 cou-
verts d'un vétement de pourpre,
on nettoie leur face à cause de la
poussieredeleur maison, laquelle
est abondante parmi eux.
13. Mais il a un sceptre comme
un homme, comme un juge de
province; cependant celui qui pè-
che contre lui, il ne le tue pas.
14. Il a aussi à la main un glaive
et une hache; mais de la guerre et
des voleurs il ne se délivre pas.
Que par làil vous soit connu que
ce ne sont pas des dieux.
15. Ne les craignez done pas;
car comme le vase dun homme,
lorsqu'il est brisé, devient inutile,
tels sont leurs dieux.
16. Après qu'ils ont été placés
dans une maison, leurs yeux sont
pleins de la poussière des pieds de
ceux qui entrent.
BARUCH,
1855
11. Et comme pour celui qui a
offensé un roi, les portes sont
fermées alentour, ou comme un
mort mis au sépulcre, les prétres
défendent les portes par des ver-
rous et par des serrures, de peur
que par les voleurs ils ne soient
entierement dépouillés.
18. Ils allument devant eux des
lampes, et en grand nombre, e£
ces dieux n'en peuvent voir au-
cune; mais ils sont comme les
poutres dans une maison.
19. Ils disent aussi que les ser-
pents qui sortent de la terre ron-
gent leurs cœurs, lorsqu'en. effet
ils les dévorent, eux et leurs vé-
tements, et ils ne /e sentent pas.
20. Leurs faces deviennent noi-
res par la fumée qu'il fait dans la
maison.
21. Sur leurs corps et sur leurs
tétes volent les hiboux, les hiron-
delles, et les autres oiseaux aussi
également, et les chats y sautent.
22. Par là sachez que ce ne sont
pas des dieux, ne les craignez
donc point.
93. L'or méme qu'ils ont est
pour l'apparence. Si quelqu'un
n'en 666 pas la rouille, ils ne
brilleront pas; car lorsqu'on les
jetait en fonte, ils ne /e sentaient
pas.
Trés souvent, en hébreu, lorsqu'un pronom ou un adjectif ou un participe se rap-
porte à plusieurs substantifs, il se met au nombre et au genre du dernier. — * Des
couronnes d'or sur leurs téles. Les images des dieux assyro-chaldéens qui sont par-
venues jusqu'à nous sont souvent couronnées.
10. Les leur ; littér. le leur. Voy. le verset précédent.
19. Il; c'est-à-dire un d'eux, ou chacun d'eux; ce qui est un pur hébraisme. —
* Les monuments assyro-chaldéens représentent les dieux un sceptre à la main.
14. * Une hache. Un bas-relief figure le dieu Bel avec une hache à la main.
21. * Sur leurs têles volent les hiboux ou les chauves-souris, qui aiment à se retirer
dans les endroits sombres et obscurs comme étaient les sanctuaires des anciens
temples. Tous ceux qui ont voyagé en Orient ont constaté combien les chauves-souris
sont nombreuses, spécialement dans les cavernes, d’où elles forcent quelquefois les
curieux de s'enfuir.
1356
94. Et c'est à tout prix qu'ils ont
été achetés, eux en qui la vie
n'est pas.
25. Etant sans pieds, ils sont
portés sur les épaules, montrant
ainsi aux hommes leur ignoble
impuissance. Qu'ils soient con-
fondus aussi ceux qui les adorent.
26. À cause de cela, s'ils tom-
bent par terre, ils ne se relèvent
point par eux-mêmes; et si quel-
qu'un ne les tient debout, ils ne
s'y tiendront pas eux-mêmes;
mais comme à des morts, leurs
présents leur seront apportés.
97. Leurs prêtres vendent leurs
hosties et en usent à leur gré;
également leurs femmes, qui en
prennent aussi, n’en font nulle-
ment part ni àl'infirme ni au men-
diant ;
98. Quant à leurs sacrifices, les
femmes accouchées et celles qui
25. 18810, xLvi, T.
BARUCH.
]68. vi.)
sont dans leurs mois y touchent.
C'est pourquoi sachant par là que
ce ne sont pas des dieux, ne les
craignez point.
29. Car pourquoi sont-ils appe-
lés des dieux? Parce que des
femmes apportent des présents à
ces dieux d'argent, d'or, et de
bois;
30. Et que dans leurs mai-
sons les prêtres sont assis, ayant
des tuniques déchirées, la tête
et la barbe rasées, et la tête
nue.
31. Or ils rugissent en criant
devant leurs dieux, comme au
repas d'un mort.
32. Les prêtres enlèvent leurs
vétements, et en revétent leurs
femmes et leurs enfants.
33. S'ils éprouvent quelque mal
de la part de quelqu'un, et quel-
que bien, ils ne peuvent /erendre;
24. A lout prix; jusqu'au prix le plus élevé. — Ils ont été achetés; dans la Vulgate
et les Septaute on lit le neutre, soit que les dieux des paiens aient été considérés
comme de simples choses, et non comme des personnes, soit que le traducteur grec
ait fait allusion au mot grec eidólon, idole, qui, dans sa langue, aussi bien qu'en
latin, est du genre neutre. Cette particularité se présente dans plusieurs autres ver-
sets suivants de ce méme chapitre. — En qui; littér. en lesquels, en euz. — Ce pléo-
nasme, qui ne se lit pas dans la version grecque, est imité d'une locution hébraique
oü cependant le pléonasme n'existe réellement pas, comme nous l'avons prouvé dans
nos Principes de grammaire hébraique.
25. Ils sont portés, etc. Compar. 19006, xLvr, T.
96. Les, ils, leur; littér. Le, il, lui; hébraisme pour chacun, à chacun, ou l’un, à
l'un d'eux. Compar. vers. 9. — Présents; c'est-à-dire repas qu'on apportait à ces
dieux, comme on en mettait sur les tombeaux des morts. Compar. Ecclésiastique,
xxx, 18, 19; Daniel, xiv, 5 et suiv.
28. Les femmes, 660. Chez les Hébreux, toute femme qui se trouvait dans l'un de
ces états ne pouvait entrer dans le temple (Lévit., xu, 2, 4; xv, 19, 33); quoique les
paiens ne fussent pas tenus d'observer cette loi, les Juifs n'en avaient pas moins
d'horreur pour ceux qui ne s'y conformaient point.
30. Les prétres, ete. Ces pratiques de deuil étaient surtout en usage pour honorer
le dieu Adonis, dont le culte était répandu non seulement dans l'Egypte, dans la
Palestine, dans la Phénicie et la Syrie, mais encore dans la Babylonie et dans les
provinces au delà de l'Euphrate; elles étaient sévérement défendues aux prétres du
vrai Dieu (Lévit., xxx, 5, 10).
31. Jis vugissent, etc. Dans les repas qui se faisaient en l'honneur des morts, et
souvent prés du tombeau, les parents manifestaient leur douleur par des cris et des
lamentations,
[cn. vr.]
et ils ne peuvent constituer un
roi, ni le renverser.
34. Pareillement ils ne peuvent
ni donner des richesses, ni rendre
le mal. Si quelqu'un voue un vœu
et ne l'acquitte pas, ils ne s'en
mettent pas en peine.
98. Ils ne délivrent pas un
homme dela mort; ils n'arrachent
pas le faible de la main d'un plus
puissant.
36. lls ne rendent pas la vue à
un homme aveugle, et de la dé-
tresse ils ne retirent pas un pau-
vre.
97. Ils n'auront pas pitié d'une
veuve, et ils ne feront point de
bien à des orphelins.
38. Aux pierres de la montagne
sont semblables leurs dieux,
dieux de bois et de pierre, et d'or
et d'argent. Or ceux qui les ado-
rent seront confondus.
39. Comment donc doit-on es-
ümer ou dire qu'ils sont dieux?
40. Car encore les Chaldéens
eux-mémes ne les honorent pas;
lorsqu'ils ont appris qu'un muet
ne peut parler, ils l'offrent à Bel,
lui demandant qu'il parle;
41. Comme s'ils pouvaient sen-
lir, ces dieux qui n'ont pas le
mouvement; οἱ /es Chaldéens
eux-mémes, lorsqu'ls auront
compris ce£te impuissance, ils les
abandonneront; car leurs dieux
eux-mémes n'ont pas le senti-
ment.
42. Des femmes ceintes avec
des cordes sont assises sur les
40.* Bel; le grand dieu chaldéen.
BARUCH.
1857
chemins, brülant des noyaux d'o-
lives.
43. Et lorsque quelqu'une d'en-
ire elles, entrainée par quelque
passant, a dormi avec lui, elle
reproche à celle qui est aupres
d'elle, qu'elle n'en 8 pas été jugée
digne, et que sa corde n'a pas été
rompue.
44. Or tout ce qui se fait pour
ces dieux est faux, comment doit-
on estimer ou dire qu'ils sont
dieux?
45. Mais c'est par des ouvriers
en bois et par des orfèvres qu'ils
ont été faits. Ils ne seront rien
que ce que veulent les prétres.
46. Et les artistes eux-mémes
qui les font ne sont pasd'unlong
temps. Est-ce donc que les choses
qui ont été fabriquées par eux
peuvent étre des dieux?
47. Mais ils ont laissé faussetés
et opprobre aux hommes à venir.
48. Car lorsqu'il leur survient
une guerre et d'autres maux, les
prétres pensent en eux-mémes
oü ils se cacheront avec eux.
49. Comment donc doit-on
croire qu'ils sont dieux, ceux qui
ne peuvent ni se délivrer de la
guerre, ni s'arracher aux autres
maux?
50. Car puisqu'ils sont de bois,
et recouverts d'or et d'argent, il
sera reconnu apres cela par tou-
tes les nations et {ous les rois
qu'ils sont faux ; d'oü il est mani-
feste que ce ne sont pas des dieux,
mais l’œuvre de la main des hom-
42. Brülant des noyaux d'olive; en sacrifice. Hérodote dit que les femmes de Ba-
bylone offraient un pareil sacrifice à Vénus, une fois en leur vie.
49. Ouvriers en bois. Voy. vers. 7.
48. Avec eux; c'est-à-dire avec leurs dieux.
90. 1l est manifeste; littér. lesquelles choses sont manifestes.
A.
117
1858
mes, et qu'il n'y a aucun ouvrage
de Dieu en eux.
51. De là donc il est reconnu
qu'ils ne sont pas des dieux, mais
des ouvrages des mains des hom-
mes, et qu'il n'est aucune œuvre
de Dieu en eux.
59. Ils ne susciteront pas un
roi pour un pays, et ils ne donne-
ront pas dela pluie aux hommes;
53. Et méme ils ne discerneront
pas un jugement, et ils ne déli-
vreront point les provinces de la
violence, parce qu'ils ne peuvent
rien, comme des corneilles qui
volent entre le ciel et la terre.
54. Car lorsque le feu sera
tombé sur la maison de ces dieux
de bois, d'argent et d'or, leurs
prétres à la vérité s'enfuiront et
seront sauvés; mais eux, comme
les poutres d'une maison, ils se-
ront brülés au milieu des flam-
mes.
55. De plus, ils ne résisteront
pas à un roi ni à une guerre.
Comment donc doit-on estimer
ou admettre qu'ils sont dieux?
56. Des voleurs et des larrons,
ils ne se sauveront pas, ces dieux
de bois, et de pierre, et dorés, et
argentés; ceux-là, qui sont plus
forts qu'eux,
97. Leur enlèveront l'or et l’ar-
gent, et les vêtements dont ils
sont couverts, et s'en iront; et ces
dieux ne se porteront point se-
cours.
58. C'est pourquoi il vaut mieux
être un roi qui déploie sa puis-
sance, ou un vase utile dans une
——— ος.
BARUCH.
. ]63. vr.]
maison, e£ dont se glorifiera celui
qui le possède; ou la porte d'une
maison, laquelle garantit ce qui
y est, que d'étre l'un des faux
dieux.
59. Assurément le soleil, la lune
et les astres, quoique resplendis-
sants et envoyés pour l'utilité des
hommes, obéissent ὦ Dieu.
60. Pareillement aussi l'éclair,
lorsqu'il paraît, est remarquable;
de même le vent souffle dans
toutes les contrées.
61. Et les nuées, lorsqu'il leur
est commandé de la part de Dieu
de parcourir tout le globe, ac-
complissent ce qui leur a été com-
mandé.
62. De plus le feu, envoyé d'en
haut afin de consumer les mon-
tagnes et les foréts, fait ce qui
lui a été ordonné. Or ces dieux,
ni en beauté ni en puissance ne
sont semblables à aucune de ces
créatures.
63. D'où on ne doit ni estimer
ni dire qu'ils sont dieux, puis-
quils ne peuvent ni juger une
cause ni faire quelque chose aux
hommes.
64. Sachant qu'ils ne sont pas
dieux, ne lescraignez donc point.
65. Car ils ne maudiront ni ne
béniront les rois.
66. Ils ne marquent pas non
plus pour les nations les signes
dans le ciel, ils ne luiront pas
comme le soleil, et ils n'éclaire-
ront pas comme la lune.
67. Les bêtes sont meilleures
qu'eux; elles peuvent s'enfuir
51. Aucune œuvre, etc.; c'est-à-dire il n'y a rien de divin en eux.
53. Ils ne discerneront, ctc.; ils ne jugeront pas les différends des hommes par un
miracle, comme Dieu fit pour celui qui s'éleva entre Aaron et Coré, Dathan et Abiron
(Nombr., xvi).
(cu. vr.]
sous un toit, et être utiles à elles-
mémes.
68. C'est pourquoi il nous est
manifeste qu'ils ne sont dieux en
aucune maniere; à cause de quoi
ne les craignez point.
69. Car comme en un champ
de concombre un épouvantail ne
préserve rien, ainsi sont leurs
dieux de bois recouverts d'argent
et d'or.
10. De la méme maniere est
dans un jardin l'aubépine, sur la-
quelle toute espèce d'oiseau se
BARUCH.
1359
perche. Pareillement, à un mort
jeté dans les ténebres sont sem-
blables leurs dieux de bois et
dorés et argentés.
11. Par la pourpre aussi et par
l'écarlate qui est sur eux et que
rongent /es vers, vous saurez donc
quils ne sont pas dieux. Eux-
mémes aussi enfin sont mangés,
et ils seront un opprobre dans le
pays.
12. Mieux vaut l'homme juste
qui n'a point de simulacres; car
il sera loin des opprobres.
69. Un épouvantail qu'on a mis dans un champ effraye d'abord les oiseaux ; mais
ils découvrent bientót ce qu'il est réellement, et dés lors il ne leur inspire plus
aucune crainte.
10. * L'aubépine ne nuit pas aux oiseaux qui se perchent sur ses branches et ne
les effraie pas.
ÉZÉCHIEL
INTRODUCTION
Ezéchiel (Dieu rend fort) était fils de Buzi, et de race sacerdotale. Onze ans
avant la ruine de Jérusalem, en 598 av. J.-C., il fut transporté par Nabucho-
donosor à Babylone avec le roi Jéchonias, les grands du royaume et un cerlain
nombre de prêtres. Il se fixa à Tell-Abib, sur les bords du fleuve Chobar, au
milieu d'une colonie de Juifs, déportés comme lui; là il se maria et eut une
maison à lui. La cinquième année de sa captivité, 593 av. J.-C., il fut appelé de
Dieu au ministère prophétique, et il l'exerca au moins vingt-deux ans, puisque la
prophétie xxix, 17, est datée de la vingt-septième année de sa caplivité, 571
av. J.-C. Une antique tradition rapporte qu'il fut mis à mort par un prince de
son peuple à qui il reprochait son 100181116, et qu'il fut enseveli dans 16 tombeau
de Sem et d'Arphaxad. Il mourut sur la terre étrangére, avant la conquéte de
Babylone par Cyrus. Ce prophéte vécut ainsi pendant les plus mauvais jours de
l'histoire de Juda; déporté, il apprit en exil les détails lamentables de la ruine
de Jérusalem et du temple, et il ne vit point briller le jour de la délivrance,
plus malheureux que Jérémie, laissé par les Chaldéens dans sa patrie pour en
pleurer les désastres, et que Daniel, qui contribua auprés du vainqueur de
Babylone à mettre un terme à la captivité.
Mais l'énergie et la forte trempe ₪6 son caractère, qui avaient leur racine
dans sa foi, lui firent supporter avec patience et courage les épreuves de la cap-
tivité. Profondément attaché à la religion de ses pères, rempli des sentiments
du plus ardent patriotisme, c'était bien le prophéte qu'il fallait pour soutenir
ses fréres emmenés avec lui en captivité; aussi allaient-ils chercher auprés de
lui et dans sa maison les consolations dont ils avaient besoin. Jamais il ne se
conduit comme un homme ordinaire; il se comporte toujours, il pense, il sent,
il agit, comme un prophéte soutenu par le bras de Dieu et plein d'une force
surnaturelle.
Le style d'Ezéchiel se distingue dans l'original par un grand nombre de mots
et de formes qui lui sont propres. Il s'efforce d'imiter le langage du Penta-
leuque; mais vivant au milieu d'un peuple étranger qui parle l'araméen, il
emprunte beaucoup à cette langue. Le trait le plus caractéristique du genre du
prophète, c'est sa prédilection pour les symboles. Non seulement ils sont très
hombreux dans ses écrits, mais il les expose et les développe plus longuement
et avec plus de détails qu'aucun autre écrivain inspiré. De plus, un grand
nombre de ses images sont nouvelles et empruntées au milieu dans lequel il
fon. 1.] ÉZÉCHIEL. 1861
vivait, ainsi que nous le verrons plus loin. C'est principalement de là que pro-
vient l’obscurilé de son langage. Mais si son langage est peu clair, la faute en
est beaucoup plus à notre ignorance qu'à sa maniére de parler; les images qui
lui étaient familiéres, ainsi qu'à ceux qui vivaient avec lui en captivité, nous
sont inconnues, et par suite fort peu intelligibles. Il n'a pas, du reste, l'éclat
d'Isaie, maisil surpasse en élégance Jérémie.
L'authenticité des prophéties d'Ezéchiel n'a jamais été sérieusement contestée.
Ces prophéties forment un tout bien ordonné. Elles se partagent en deux par-
ties trés distinctes : la première, 1-xxxir, antérieure à la prise de Jérusalem, a
pour objet les jugements de Dieu contre son peuple et les peuples étrangers; et
la seconde, xxxmr-xLvir, postérieure à la ruine de Jérusalem et du temple,
l'accomplissement des promesses messianiques faites à Israél.
La destruction de la capitale de la Judée est donc le point central de tout le
livre. Avant la catastrophe, le but d'Ezéchiel est d'exciter au repentir de leurs
fautes ceux qui vivent dans une fausse sécurité, de les prémunir contre la con-
fiance aveugle qu'ils mettent dans les secours de l'Egypte, car elle ne pourra les
sauver des mains des Babyloniens, et de les assurer que le siége de la cité
sainte est proche et leur malheur inévitable. Aprés ce terrible événement, il
s'occupe surtout de consoler les captifs par la promesse de la délivrance future
et du retour dans la patrie; il les encourage en méme temps par l'assurance des
bénédictions messianiques.
Tous les oracles d'Ezéchiel sont disposés par ordre chronologique, excepté
ceux qui concernent les nations étrangères, xxv-xxxrir. Ces derniers sont rangés
d’après la nature des sujets; ils portent leur date, et elle montre qu'ils appar-
tiennent à la premiére partie du livre, non à la seconde. Ils ont été la plupart
composés dans l'intervalle qui sépare l'annonce du siège de Jérusalem et l'arri-
vée de la nouvelle de la prise de cette ville. — On admet généralement que les
prophéties d'Ezéchiel ont été rangées dans leur ordre actuel par leur auteur lui-
méme.
1. Or il arriva en la trentieme
CHAPITRE PREMIER. année, au quatrième 7207s, au cin-
Première vision d'Ezéchiel. Au milieu | Quième jour du mois, que lorsque
d'un nuage enflammé paraissent quatre | j'étais au milieu des captifs, prés
animaux; prés d'eux quatre roues; au- | du fleuve de Chobar, lescieux fu-
dessus d'eux, un firmament sur lequel
est un tróne, et, sur ce tróne, un rent ouverts, et je vis les visions
homme assis et tout environné d'éclat. | de Dieu.
Cuap. I. 1. Infra, ,זוז 23; x, 20; xri, 3.
1. Trentiéme année d'Ezéchiel, selon les uns, de la découverte du livre de la loi
sous Josias, suivant les autres, ou selon d'autres, parmi lesquels l'auteur de la Para-
phrase chaldaique, du commencement du règne de Nabopolassar, père de Nabucho-
donosor; manière de calculer les années qui étaient en usage chez les Babyloniens.
— Quatrième mois de l'année sacrée, et le dixième de l'année civile. Il commencuit
à la nouvelle lune de juin, selon les rabbins, mais c'était plus probablement à celle
de juillet. — Chobar; en hébreu Chébar; fleuve qui prend sa source dans la Méso-
180? ÉZÉCHIEL. (cu. 1.]
2. Le cinquième du mois, c'est 4. Et je vis, et voilà qu'un vent
la cinquième année de la trans- | de tourbillon venait de l'aquilon;
migration du roi Joachim, etune grande nuée,etun feu tour-
3. La parole du Seigneur fut | noyant, et une lumiere éclatante
adressée à Ezéchiel, le prétre, | tout autour, et du milieu, c'est-à-
fils de Buzi, dans la terre des Chal- | dire du milieu du feu, brillait
déens, prés du fleuve deChobar,et | comme une espèce de succin;
là fut sur lui la main du Seigneur. 5. Et au milieu du feu la ressem-
potamie et se jette dans l'Euphrate. — * Il est assez difficile de savoir au juste quel
est ce fleuve Chobar, Kebár. Ce n'est pas le Chaboras, KAábor, de Gozan, qui se jette
dans le Tigre, IV Rois, xvu, 6, puisque ce nom est écrit différemment; c'est, d'après
la plupart des anciens interprétes, le Khabour actuel, qui arrose la haute Mésopo-
tamie et se jette dans l'Euphrate; il est cependant plus vraisemblable que ce nom
désigne ici un des canaux de l'Euphrate, dans les environs de Babylone, parce que
le texte ajoute, r, 3, dans la terre des Chaldéens, désignation qu'on ne peut appliquer
au Khabour, qui coule au nord de Babylone, tandis que la Chaldée était située au
eud de cette ville.
3. La main du Seigneur; c'est-à-dire, l'action, la force, l'énergie de l'Esprit saint,
dit Théodoret.
4-28. * Les trois premiers grands prophètes reçurent chacun leur mission dans
une vision qui en marque le caractère spécial, 1s., vi; Jér., 1; Ez., rm, 21. Eloigné
du temple et de la cité sainte, Ezéchiel vit en exil, prés du fleuve Chobar, en Chaldée.
Là se trouvaient une parlie des Juifs qui avaient été déportés en méme temps que
le roi Jéchonias, par Nabuchodonosor, lors de son second siège contre Jérusalem. Le
but que s'était proposé la Providence, en condamnant son peuple à la captivité, avait
été, non pas de l'abandonner, mais de le convertir et dele purifier. Elle. suscita done
un prophéte destiné à rappeler aux captifs que le Dieu de leurs péres ne les délais-
serait point, mais qu'il tiendrait fidèlement toutes les promesses qu'il leur avait
faites, et enverrait un jour à leurs enfants le libérateur qu'il leur avait annoncé. —
Aux enfants de Jacob, transplantés sur une terre étrangère, Dieu fait parler par son
Prophète un nouveau langage. C'est en hébreu qu'il s'adresse encore aux captis ;
mais les images dont il va se servir sont empruntées en grand nombre au spectacle
nouveau quils ont sous les yeux, aux monuments de l'art assyro-chaldéen en par-
ticulier, — Dieu se révèle à son Prophète sous une forme humaine assez semblable
à celle par laquelle les Assyro-Chaldéens représentaient le Dieu supréme. Il était
porté sur ce qu'on a appelé improprement char, d’où le nom de vision du char que
les rabbins donnent à cette théophanie ou manifestation divine. Des anges, d'une
forme extraordinaire, apparaissent à Ezéchiel, comme les ministres des volontés du
Seigneur. ll les décrit comme des animaux symboliques, saus les désigner par un
nom particulier; il apprit plus tard qu'ils s'appelaient chérubins. On a découvert ces
dernières années, dans les ruines des palais de l'Assyrie, des animaux sculptés qui
portent précisément le méme nom et ressemblent d'une maniére frappante aux ani-
maux décrits par le Prophète. Les chérubins avaient la forme de quatre animaux
distincts. Ils avaient un corps de lion à droite et un corps de taureau à gauche,
avec des pieds droits; une figure d'homme et des ailes d'aigle. Ils se regardaient
deux à deux, face à face, comme dans les palais royaux et les temples d'Assyrie, et
ils produisaient ainsi l'impression que décrit le Prophéte : « Ils ne se retournaient
pas quand ils marchaient, mais chacun d'eux allait devant sa face. » En réunissant
en eux les caractéres des quatre rois de la création animée, ils nous apparaissent
comme l'embléme de toutes les qualités physiques et morales.
4. Un vent, etc. C'est Nabuchodonosor qui devait venir du cóté du nord dans la
Judée pour la désoler. Quoique Ezéchiel füt dans la Mésopotamie, Dieu lui représente
les objets comme s'il eüt été en Judée. — De succin (electri); que les anciens appe-
laient electrum, à cause de sa couleur jaune. — * Au lieu de succin, il faut plus pro-
bablement entendre un émail aux couleurs éclatantes.
9. La ressemblance, etc. Le Prophète ne nous donne pas ces animaux pour réels,
[ΒΕ 1.]
blance dequatre animaux ; et voici
leur aspect : la ressemblance d'un
homme.
6. Chacun d'eux avait quatre
faces, et chacun d'eux quatre
ailes.
7. Leurs pieds étaient droits,
et la plante de leurs pieds comme
la plante du pied d'un veau, et
il sortait d'eux des étincelles
avant l'apparence de l'airain le
plus brillant.
8. Et des mains d'hommes
étaient sous leurs ailes aux quatre
côtés ; et ils avaient des faces et
des ailes aux quatre cótés.
9. Et les ailes de l'un étaient
jointes à celles de l'autre; ils ne
seretournaient pas lorsqu'ils mar-
chaient; mais chacun d'eux allait
devant sa face.
10. Quant à la ressemblance de
leur visage, c'était une face
ÉZÉCHIEL.
1863
d'homme et une face de lion, àla
droite des quatre; mais une face
de bœuf à la gauche des quatre,
et une face d'aigle au-dessus des
quatre.
11. Leurs faces et leurs ailes s'é-
tendaient en haut: ils se tenaient
l'un l’autre par deux deleursailes,
etils couvraient leur corps parles
deux autres;
19. Et chacun d'eux marchait
devant sa face ; 18 où était l'impé-
tuosité de l'esprit, là ils allaient;
et ils ne se retournaient pas lors-
qu'ils marchaient.
13. Et la ressemblance des
animaux e£ leur aspect étaient
comme un feu de charbons ar-
dents et comme un aspect de
lampes. Voici ce qu'on voyait
courir au milieu des animaux :
l'éclat d'un feu, et la foudre sor-
tant du feu.
mais pour des esprits qu'il dépeint dans sa langue hiéroglyphique, langage auquel
les Indiens et bien d'autres peuples anciens étaient accoutumés aussi bien que les
Hébreux. Nous-mêmes, nous donnons aux anges des têtes d'hommes et des ailes d'oi-
seaux qui sont le symbole de l'intelligence et de la rapidité. Cette ressemblance d'a-
nimaux représentait des chérubins (x, 15, 20).
6. * Ils n'avaient pas quatre visages différents, comme on l'explique d'ordinaire;
mais, par leur ensemble, ils représentaient quatre animaux distincts. Le mot hébreu
panim, que la Vulgate traduit par facies, ne signifie pas seulement visage, mais aussi
apparence, forme extérieure. C'est dans ce dernier sens que paraît l'avoir compris
S. Jean dans l'Apocalypse, iv, 6-1; c'est ainsi que l'a expliqué avec raison Prado
dans son grand commentaire d'Ezéchiel. — On sait que les quatre animaux d'Ezéchiel
sont regardés comme les symboles des quatre évangélistes, et on ne leur a jamais
attribué comme tels qu'un seul visage.
8. * Dans les sculptures assyro-chaldéennes oü les animaux symboliques à téte
humaine sont représentés avec des bras et des mains, ces bras semblent sortir de
dessous les ailes.
9. Ils ne se retournaient, etc.; c'est-à-dire que, pour aller et venir, chacun des ani-
maux allait toujours devant l'une de ses quatre faces sans avoir besoin de se re-
tourner.
10. C'était une face, etc. La face dhomme marque l'intelligence, celle du lion, le
ravage; celle du bœuf, la force, et celle de l'aigle, la rapidité. Ces figures se concoi-
vent aisément, si l'on considére qu'Ezéchiel parlait à des Juifs accoutumés, comme
Jes Orientaux en général, au langage symbolique, et dans un temps oü la langue
hiéroglyphique était en usage. — * À /a droile; ne se rapporte qu'à face ou ressem-
blance de Lion, et à la gauche qu'à face ou ressemblance d’aigle. Les chérubins vus
par Ezéchiel avaient une téte humaine et des ailes visibles de tout cóté, mais leur
corps était celui d'un lion du cóté droit et celui d'un taureau du cóté gauche.
12. Chacun d'euz, etc. Voy. le verset 9,
1864
14. Et les animaux allaient et
revenaient, comme la foudre étin-
celante.
15. Et comme je regardais les
animaux, apparut sur la terre,
près des animaux, uneroue ayant
quatre faces ;
16. Et l'aspect des roues etleur
structure étaient comme la vue
de la mer, et toutes quatre se
ressemblaient : et leur aspect et
leurstructurcétaientcommeceux
d'une roue qui estau milieu d'une
autre roue.
17. Elles allaient constamment
par leurs quatre cótés, et elles ne
se retournaient pas lorsqu'elles
marchaient.
18. Les roues avaient aussi une
étendue, une hauteur et un aspect
horrible; et tout le corps des
quatre roues était plein d'yeux
lout autour.
19. Et lorsquelesanimaux mar-
chaient, marchaient pareillement
aussiles roues pres d'eux ; et lors-
que les animaux s'élevaient de
terre, s'élevaient en méme temps
aussi les roues.
90. Partout où allait l'esprit, là
allant l'esprit, les roues aussi pa-
reillement s'élevaient en le sui-
vant. Carl'esprit de vie était dans
les roues. i
91. Lorsque les animaux al-
laient, {es roues allaient; lorsqu'ils
s'arrétaient, elles s’arrêtaient;
18. Infra, x, 12.
ÉZÉCHIEL.
]68. 1.
lorsqu'ils s'élevaient deterre, pa-
reillement s'élevaient aussi les
roues, en les suivant; parce que
l'esprit de vie était en elles.
29. Et une ressemblance du fir-
mament était au-dessus de la téte
desanimaux,comme l'aspect d'un
cristal horrible et étendu en haut
sur leurs tétes.
23. Mais sous le firmament,
leurs ailes étaient droites l'une
vis-à-vis de lautre; lun avec
deux de ses ailes voilait son
corps, et l'autre semblablement
se voilait.
24. Et j'entendais le bruit de
leurs ailes comme le bruit des
grandes eaux, comme la voix du
Dieu trés haut : quand ils mar-
chaient, c'était comme le bruit
d'une grande multitude, comme
le bruit d'un camp; et quand ils
s'arrétaient, leurs ailes s'abais-
saient.
25. Car lorsque la voix se fai-
sait entendre au-dessus du firma-
ment qui était sur leurs tétes,
ils s'arrétaient et baissaient leurs
ailes.
26. Et sur ce firmament qui
était suspendu au-dessus de leurs
tétes, c'était comme l'aspect d'un
saphir ressemblant à un tróne;
et sur cette ressemblance d'un
trône, une ressemblance comme
l'aspect d'un homme dessus.
27. Et je vis comme une espèce
..-=תת-כת-כ רר\ר\\\\\\בבבבבבב ורוו וו
15. Près des animaux; c'est-à-dire prés de chacun des animaux; ainsi il y avait
quatre roues pour les quatre animaux. Ayant quatre faces, elles pouvaient aller de
quatre cótés; c'était comme deux roues, l'une dans l'autre, qui se coupaient et se
croisaient en haut et en bas à angles droits; elles étaient de méme grandeur (vers. 16).
11. Elles ne se relournaient pas. Différentes en cela des roues ordinaires, qui n'a-
vancent qu'en tournant autour de leur essieu, celle-ci pouvaient aller en tous seis,
et sans tourner, parce qu'elles avaient quatre faces. Compar. les vers. 9, 20.
21. Succin. Voy., sur ce mot, le verset 4.
[cu. π.}
de succin, comme l'apparence
d'un feu, au dedans delui tout au-
tour; depuis ses reins et au-des-
sus, et depuis ses reins jusqu'en
bas, je vis comme une espèce de
feu, resplendissant tout autour.
98. Je vis comme l'aspect de
l'arc, lorsqu'il est dans une nuée
au jour de la pluie; tel était
l'aspect de la splendeur tout au-
lour.
| CHAPITRE II.
Mission d'Ezéchiel. Infidélité des enfants
ÉZÉCHIEL.
1865
de la gloire du Seigneur; et je vis;
et je tombai sur ma face, et j'en-
tendis la voix de quelqu'un par-
lant. Et il me dit: Fils d'un hom-
me, tiens-toi sur tes pieds, et je
te parlerai.
2. Et il entra en moi un esprit,
aprés que /e Seigneur m'eut par-
lé, et il m'établit sur mes pieds;
et jentendis quelqu'un me par-
lant,
3. Et disant : Fils d'un homme,
moi je t'envoie vers les fils d'Is-
raél, vers ces nations apostates
qui se sont retirées de moi; eux
et leurs peres ont violé mon al-
liance jusqu'à ce jour.
4. Et ce sont des enfants à la
face dure, au cœur indomptable,
d'Israél. Le Seigneur exhorte son Pro-
phéte à ne pas craindre leurs menaces
et à ne pas imiter leur indocilité. Une
main lui présente un livre rempli de
plaintes lugubres.
1. Telle fut la vision de l'image
1-9. * Le premier chapitre raconte à grands traits la manifestation de Dieu à son
Prophète; les ch. n-ur, 1-22, expliquent plus en détail quelle sera la mission d'Ezé-
chiel et 16 rôle qu'il devra remplir, i, 3-7. Il lui fait manger un livre dans lequel est
contenue sa parole, afin que le Prophète puisse en nourrir ses frères aprés s'en être
nourri lui-même, 1r, 8-9; m1, 4-3. Les contradictions, qui sont toujours réservées au
ministre de Dieu, mm, Ἴ; cf. Matth., x, 24-26, ne lui manqueront pas, mais le Seigneur
le rendra plus fort que le diamant, m, 8-9. La scéne de la vocation d'Ezéchiel se
termine d'une manière saisissante par les actions de grâces que les chérubins rendent
à Dieu, qui vient de se choisir un prophète, nr, 12-13. Aprés une sorte de retraite
de sept jours, qui était prescrite aux grands-prétres pour leur consécration, Exode,
xxix, 30; Lévilique, vin, 33, Ezéchiel devient comme la sentinelle de son peupie,
responsable du mal qu'il n'aura pas empéché ou du bien qu'il n'aura pas fait faire,
quand il l'aurait pu. Les deux idées principales qui sont l'objet du livre entier des
prophéties d'Ezéchiel se trouvent déjà dans le récit de son inauguration prophé-
tique: le peuple est puni, parce qu'il a été infidéle à son Dieu; cette pensée est dé-
veloppée dans les ch. in-xxxn; Dieu n'en tiendra pas moins ses promesses en scellant
son alliance par la venue du Messie, c'est ce qui est exposé, XXXIII-XLVIII.
1. De quelqu'un; c'est-à-dire du Seigneur, nommé auparavant dans ce méme verset,
— Fils d'un homme; ou d'homme; expression poétique familière à Ezéchiel, et qui
signifie seulement un homme, un mortel.
2. Un esprit; ainsi portent l'hébreu et les Septante : ce ne peut étre qu'une inspi-
ration divine. Voy., p. 1, comment Dieu se révélait à ses prophètes. — Le Seigneur;
mot sous-entendu, est le vrai sujet grammatical du verbe eut parlé (locutus est); le
latin peut être amphibologique, mais l'hébreu ne l'est pas. — Il m'établit; a, au con-
traire, pour sujet wn esprit, pour la méme raison.
3. Les fils d'Israël; c'est-à-dire les fils de Juda, qui, à raison de leur origine, pou-
vaient étre appelés fils d'Israél, d'autant plus que ce nom ne pouvait offrir aucune
équivoque, à celte époque où le royaume d'Israël ne subsistait plus. Voilà d’où vient
que l'éerivain sacré emploie dans son livre la première dénomination au lieu de la
seconde. Or les Juifs sont traités comme les gentils de nation rebelle, apostate,
parce qu'ils avaient abandonné le Seigneur; et, comme le Prophète était envoyé de
Dieu, tant à ceux qui étaient alors en captivité qu'à ceux qui étaient encore en Judée,
il devait parler de vive voix aux premiers, et écrire aux seconds.
1800
ceux auquels moi je t'envoie; et
tu leur diras: Voici ce que dit le
Seigneur Dieu :
5. Pour voir si par hasard ils
écouteront, et si par hasard ils y
manqueront; parce que c'est une
maison qui m’exaspère; etils sau-
ront qu'un prophète a été au mi-
lieu d'eux.
6. Toi donc, fils d'un homme,
ne les crains point, n'appréhende
pas leurs discours, parce que des
incrédules et des destructeurs
sont avec loi, et que tu habites
avec des scorpions ; ne crains pas
leurs paroles, n'aie pas peur de
leurs visages; parce que c'est une
maison qui 7? exaspere.
7. Tu leur diras donc mes pa-
roles, pour voir si par hasard ils
écouteront, et s'?/s y manqueront,
parce qu'ils m'irritent sans cesse.
8. Mais toi, fils dun homme,
écoute tout ce que je te dis; ne
m'exaspère pas comme cette na-
lion m’exaspère sans cesse; ou-
vre la bouche et mange tout ce
que moi je te donne.
9. Et je vis, et voilà que fut
envoyée vers moi une main dans
laquelle était un livre roulé; et
elle déploya devant moi ce livre
qui était écrit au dedans et au
dehors; et là étaient écrites des
EZECHIEL.
[cH. ur.]
lamentations, un chant et mal-
heur.
CHAPITRE III.
Ezéchiel mange le livre qui lui est pré-
senté. Le Seigneur lui donne une fer-
meté inflexible. Il est transporté au
milieu des captifs de son peuple. Dieu
l'établit sentinelle pour la maison d'Is-
raél. [1 voit de nouveau la gloire du
Seigneur.
1. Et il me dit : Fils d'un hom-
me, tout ce que tu trouveras,
mange-le, mange ce livre, et va
parler aux fils d'Israël.
9. Et j'ouvris ma bouche, et il
me fit manger ce livre ;
3. Et il me dit : Fils d'un hom-
me, ton ventre mangera; et tes
entrailles seront remplies de ce
livre que moi je te donne. Et je
16 mangeai, et il fut dans ma bou-
che comme un miel doux.
4. Et il me dit : Fils d'un hom-
me, va à la maison d'Israël, et tu
leur diras mes paroles.
ὃ. Car ce n'esl pas vers un
peuple d'un langage profond et
d'une langue inconnue, que tu
seras envoyé, mais à la maison
d'Iraél;
6. Ni à des peuples nombreux,
d'un langage profond et d'une
langue inconnue, e£ dont tu ne
puisses pas entendre les paroles;
Cuar. II. 9. Apoc., v, 1. — Cana. III. 3. Apoc., x, 9, 10.
8. Mange ce que je te donne; ce livre (vers. 9); c'est-à-dire pense à ce que tu vois et
tu entends; médite-le bien profondément. C'est une métaphore assez usitée (Apocal.,
x, 8-10). Les Romains appelaient Varron un dévoreur de livres. D'ailleurs le livre ne
fut pas réellement présenté à Ezéchiel, mais seulement en vision.
9. Un chant; triste et lugubre. — Malheur; c'est-à-dire des malédictions. — * Un
livre roulé. Les livres des anciens étaient généralement roulés et écrits seulement
au dedans, c'est-à-dire à l'intérieur du rouleau.
1. Fils d'un homme. Voy. τι, 1. — Mange ce livre. Voy. n, 8. — Aux fils d'Israël,
Voy. τι, 3.
9. * D'une langue inconnue. Les Juifs captifs, en arrivant en Babylonie, ue devaient
pas en comprendre la langue.
[cu. [.זוז
et si tu étais envoyé vers eux, ils
t'écouteraient.
7. Mais la maison d'Israël ne
veut pas t'écouter, parce qu'elle
ne veut pas m'écouter; car toute
la maison d'Israél est d'un front
d'airain et d'un cœur dur.
8. Voilà que j'ai rendu ta face
plus ferme que leurs faces, et ton
front plus dur que leurs fronts.
9. Comme un diamant, comme
une pierre, j'ai rendu ta face; ne
les crains pas, ne redoute pas
leur face, parce que c'est une
maison qui 7?'exaspere.
10. Et il me dit : Fils d'un hom-
me, toutes les paroles que moi je
te dis, prends-les dans ton cœur,
et écoute-les de tes oreilles;
11. Et va, rejoins la transmigra-
tion, les fils de ton peuple; tu leur
parleras, et tu leur diras : Voici
ce que dit le Seigneur Dieu, pour
voir si par hasard ils écouteront
et 87/8 y manqueront.
19. Et un esprit m'enleva, et
jentendis derriere moi la voix
d'une grande commotion : Bénie
lagloire du Seigneur de son lieu;
13. Et j'entendis la voix des ai-
lesdesanimaux, qui /esfrappaient
lune contre l'autre, et là voix
des roues qui suivaient les ani-
17. Infra, xxxui, 1.
ÉZÉCHIEL.
1357
maux, et la voix d'une grande
commotion.
14. Un esprit donc me souleva
et m'emporta; et je m'en allai
plein d'amertume dans l'indigna-
lion de mon esprit : mais la main
du Seigneur était avec moi, me
fortifiant.
15. Et je vins à la transmigra-
tion, près d'un tas de nouveaux
fruits, vers ceux qui habitaient le
long du fleuve de Chobar; et je
m'assis où ils étaient assis, et je
demeurailà sept jours triste au
milieu d'eux.
16. Mais lorsque furent passés
les sept jours, la parole du Sei-
gneur me fut adressée, disant :
17. Fils d'un homme, je t'ai éta-
bli sentinelle dans 18 maison d'Is-
raél; tu entendras de ma bouche
une parole, et tu /z leur annon-
ceras de ma part.
18. Si, moi disant à l'impie : Tu
mourras de mort, tu ne le lui an-
nonces pas, et ne lui parles pas
pour qu'il se détourne de sa voie
impie, et qu'il vive, l'impie lui-
méme dans son iniquité mourra ;
mais je redemanderai son sang à
ta main.
19. Mais situ /'annonces à l'im-
pie, et qu'il ne se détourne pas
10. Ecoute-les, etc.; hébraisme, pour écoule-les très attentivement.
11. S'ils y manqueront; c'est-à-dire s'ils manqueront d'écouter; c'est le vrai sens
de la Vulgate aussi bien que du texte hébreu.
12. Un esprit; l'Esprit de Dieu, selon les uns; un ange, selon les autres; le vent,
suivant plusieurs.
1%. Un esprit. Voy. le vers. 12. — Dans l'indignation, etc.; indigné de l'infidélité de
mon peuple, irrité de toutes ses impiétés. — La main du Seigneur. ΝΟΥ. τ, 3.
45. Un tas de nouveaux fruits; ou d'épis, est la traduction des mots hébreux 1
ábib, que la plupart des interprétes prennent pour le nom propred'une ville ou d'un
canton.
16. Disant (dicens); grammaticalement ce mot se rapporte à parole (verbum) qui
précède ; mais logiquement à Seigneur.
18. Tu mourras de mort; hébraisme, pour £u mourras infailliblement.
1868
de son impiété et de sa voie im-
pie, lui-méme, àla vérité, mourra
dans son iniquité; mais toi, ₪
auras délivré ton âme.
20. Mais si le juste abandonne
sa justice et commet l'iniquité, je
mettrai une pierre d'achoppe-
ment devant lui; il mourra lui-
méme, parce que tu ne le lui as
pas annoncé ; il mourra dans son
péché, et il ne sera pas mémoire
de ses œuvres de justice qu'il a
faites ; mais je te redemanderai
son sang.
21. Mais si toi, tu annonces au
juste de ne pas pécher, et que lui
ne peche pas; vivant, il vivra,
parce que tu lui as annoncé, et
toi. tu as délivré ton àme.
22. Et la main du Seigneur fut
sur moi, el il me dit : Lève-toi,
sors dans la campagne, et là je te
parlerai.
23. Supra, 1, 3.
ÉZÉCHIEL.
[cn. 111.
23. Et je me levai, et je sortis
dans la plaine; et voici que là
étaitlagloire du Seigneur, comme
la gloire que je vis près du fleuve
de Chobar; et je tombai sur ma
face.
24. Et un esprit entra en moi
et m'établit sur mes pieds, et /e
Seigneur me parla et il me dit :
Entre, enferme-toi au milieu de ta
maison.
98. Et toi, fils dun homme,
voici qu'on metsurtoi des chaines;
ils t'en lieront, et tu ne sortiras
pas du milieu d'eux.
26. Et je ferai que ta langue
s'atlachera à ton palais; et tu
seras muet, et non plus comme
un homme qui réprimande ; parce
que c'est une maison qui 7?'exas-
pére.
27. Mais, lorsque je t'aurai par-
lé, j'ouvrirai ta bouche et tu leur
22-21. * Premiére partie : Prophéties sur le peuple de Dieu et sur les peuples
étrangers, ΠΙ, 22-xxxr. — La première partie se partage en deux sections trés dis-
tinctes : — 1» Prophéties sur Jérusalem et sur Israël, rr, 22-xxiv; — 29 Prophéties
contre les peuples étrangers, xxv-xxxir. — Ire Section : Prophéties sur Jérusalem et
sur Israël, nr, 22-xx1v. — La première section, contenant les prophéties contre Jéru-
salem et contre Israël, peut se subdiviser en sept groupes : — 1° Prophétie symbo-
lique du siège de Jérusalem et des malheurs de ses habitants, nr, 22-v. — 20 Châti-
ment de la terre d'Israël coupable d'idolátrie, vr. — 39 Ruine d'Israël, vr. —
19. Vision de la ruine de Jérusalem, dans une seconde théophanie, vin-xi —
5° Groupes d'oracles non datés qui complètent les prophéties précédentes, .אזא-11א —
3° Prophéties contre Juda et Israël, xx-xxrr. — 75 Annonce symbolique du siège de
Jérusalem, xxiv. — 1» Prophétie symbolique du siège et de la prise de Jérusalem, m,
22-v. — Aussitôt aprés sa vocation au ministère prophétique, et dans le méme en-
droit, à Tell-Abib, au milieu des captifs, Ezéchiel eut sa première vision prophétique
sroprement dite, im, 22-24. Elle comprend trois discours que Dieu lui adresse et qui
:ommencent tous par : Et toi, fils d'un homme, 111, 25; 1v, 1; v, 1. — 15 Dans le pre-
nier, Dieu lui ordonne de se charger de chaines et de garder le silence comme s'il
Stait muet, pour symboliser les malbeurs qui vont frapper son peuple et la douleur
]u'il en éprouve, ni, 25-21.
22. La main du Seigneur. Voy. 1, 8.
23. La gloire du Seigneur; c'est une vision mystérieuse semblable à celle qui est
décrite au chap, Ier.
24. Un esprit. Voy., pour ce mot et les suivants. r1, 2.
26. Je ferai, etc. Je l'obligerai à garder un silence absolu; la maison d'Israël m'a
tellement exaspéré par ses crimes, qu'elle ne mérite pas que je lui parle davantage,
21. Que celui, etc.; écoute qui voudra. Ce sont les dernières marques de l'indi-
ἴση, 1v.]
diras : Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Que celui qui écoute, écou-
te; que celui qui y manque, 7
manque; car c’est une maison qui
m'exaspère.
CHAPITRE IV.
Dieu ordonne à Ezéchiel de représenter
ÉZÉCHIEL.
1869
2. Et tu disposeras contre elle
un siège, et tu bâtiras des for-
tifications, tu formeras un rem-
part, tu établiras contre elle des
camps, et tu mettras des béliers
autour. |
3. Et toi, prends pour toi une:
poêle de fer, et tu la placeras
comme un mur de fer entre toi
et entre la cité; tu dirigeras fixe-
ment ta face contre elle, et elle
sera assiégée, et tu l'entoureras ;
c'est un signe pour la maison
d'Israél.
4. Et toi, tu dormiras sur ton
cóté gauche, et tu mettras sur
ce cóté làles iniquités de la mai-
son d'Israël, selon le nombre
sur une brique le siège de Jérusalem;
de porter pendant un certain nombre
de jours l’infidélité d'Israél et celle de
Juda; de manger et de boire par me-
sure, et de se nourrir d'un pain souillé,
pour figurer la misére extréme de son
peuple.
1. Et toi, fils dun homme,
prends une brique, mets-la devant
toi, et tu y traceras la cité de Jé-
rusalem.
gnation du Seigneur, ses dernières menaces de laisser Israël dans son endurcisse-
ment.
1-17. * 20 Dans le second discours, il lui commande de prophétiser le siège de Jéru-
salem etses horreurs par quatre signes : — 19 le siège lui-même, en le représentant,
au moyen du dessin, sur une brique, 1v, 1-2; — 99 son issue fatale, en prenant une
poéle de fer, image de la sentence irrévocable portée contre son peuple par le Sei-
gneur, qui ne se laissera pas fléchir par la prière et ne sauvera pas la ville, voir
Is., LiX, 2; Lam., ut, 44; Ez.,1v, 3; — 3» afin de montrer combien les péchés du
peuple sont grands et nombreux, le Prophète recoit l'ordre de se coucher 390 jours
sur le cóté gauche, pour figurer les crimes d'Israel, et 40 jours sur le cóté droit, pour
figurer ceux de Juda : il obtiendra ainsi une diminution de châtiment pour ses
frères, 1v, 4-8; — 4° pour marquer la disette qui désolera Jérusalem assiégée et la
pénurie de combustible dont elle aura à souffrir, Dieu commande à Ezéchiel de se
nourrir avec trés peu de nourriture et de la faire cuire à l'aide d'excréments
humains desséchés. Comme ce mode de cuisson excite la répugnance du Prophéte, le
Seigneur lui permet de substituer la fiente de bœufs aux excréments humains, iv,
9-18.
1. Fils d'un homme. Voy., sur cette expression, 11, 1. — Une brique. Plusieurs la
supposent de terre molle et non cuite, à cause des dessins que le Prophéte devait
tracer dessus; au reste, sur une brique cuite il pouvait les tracer avec un burin ou
avec de la craie. — * C'était un usage commun en Chaldée de tracer des plans de
villes, de champs, etc., sur la brique molle. On pouvait, si l'on voulait, la faire cuire
ensuite. On a retrouvé des briques contenant des dessins de ce genre. Sur l'une
d'entre elles est représentée une partie de la ville de Babylone.
2. Et tu disposeras, etc.; dans ton tracé, tu figureras un siége, etc.
3. Prends, etc.; c'est-à-dire pour te mettre à couvert, ou pour montrer quil y a
entre eux et moi un mur de fer, et que leurs péchés m'ont rendu inexorable pour
eux. — * Une poéle de fer; plaque de fer qu'on faisait chauffer pour cuire dessus du
pain ou des galettes.
4. Tu meltras, etc. Par cette posture le Prophète représentait la peine due aux
Israélites; ce qui peut s'entendre de la captivité; car les captifs ne peuvent se tour-
ner de cóté et d'autre. — * Selon les uns, le Prophéte se couche réellement, de la
maniére indiquée, pendant le temps marqué, en vaquant cependant, le jour, pensent
plusieurs, à ses occupations ordinaires; selon ies autres, tout se passe en vision. Ou
1870
de jours que tu dormiras, et tu
prendras sur toi leurs iniquités.
9. Pour moi, je t'ai donné les
années de leur iniquité, au nom-
bre de trois cent quatre-vingt-dix
jours; et tu porteras l'iniquité de
la maison d'Israël.
6. Et, quand tu auras accompli
cela, tu dormiras une seconde
fois sur ton côté droit, el tu pren-
dras sur toi l'iniquité de la mai-
son de Juda pendant quarante
jours; c'est un jour pour une an-
née; un jour, dis-je, pour une
année, que je t'ai donné.
1. Et vers le siege de Jérusalem
tu tourneras ta face, et ton bras
sera étendu, et tu prophétiseras
coutre elle.
8. Voilà que je t'ai environné
ÉZÉCHIEL.
(cm. 1v.]
lautre cóté, jusquà ce que tu
8168 accompli les jours de ton
siege.
9. Et toi, prends pour toi du fro-
ment, de lorge, des fèves, des
lentilles, du millet et de la vesce,
et tu les mettras dans un seul
vase, et tu t'en feras des pains,
selon le nombre de jours que tu
dormiras sur ton cóté; pendant
trois cent quatre-vingt-dix jours,
tu mangeras cela.
10. Orl'aliment donttu te nour-
riras sera du poids de vingt sta-
teres par jour, et tu en mangeras
d'untempsàuntemps. ....
11. Etl'eau, tu en boiras par me-
sure, la sixième partie d'un hin ;
et tu la boiras d'un temps à un
temps.
de chaines, et tu ne te retour-
neras pas d'un de tes cótés sur
Cap. IV. 6. Nomb., xiv, 34.
12. Et tu le mangeras comme
un pain d'orge cuil sous la cen-
est également en désaccord sur le point de savoir à quoi correspondent les chiffres
de 390 et 40; ils désignent des années d'iniquité, 1v, 5-6. Les 390 années d'Is aël sont
à peu prés celles qui se sont écoulées depuis le schisme des dix tribus jusqu'alors,
916 — 595 == 381; les 40 de Juda, depuis 16 18e aunée de Josias, où fut renouvelée
l'aliance du peuple avec Dieu, à la prise de Jérusalem en 588.
9. Au nombre, etc. Ce nombre n'est nullement impossible, s'il ne s'agit ici que
d'une simple vision; mais, quand il s'agirait de réalité, il ne serait pas absolument
impossible, puisque les faquirs de l'Inde gardent plusieurs années la méme posture.
D'ailleurs rien n'empéche de croire qu'Ezéchiel ne demeura dans cette position que
pendant le jour, lorsqu'il pouvait étre vu par ceux que ce spectacle était destiné à
instruire. Ajoutons qu'il était obligé de se servir dans ses divers besoins, de préparer
et de se procurer ses aliments, ete. (vers. 9-15; v, 2). Enfin, lors méme qu'aucune de
ces hypothéses ne serait fondée, Dieu ne pouvait-il pas faire un miracle, s'il voulait
que son prophète restàt ainsi couché pendant ce long intervalle?
5, 6. Les nombres de 390 et de 40 ans s'expliquent facilement, si l'on considère que
les iniquités d'Israël dataient de la séparation des dix tribus, et qu'elles cessèrent à
la ruine de Jérusalem, car, d’après les chronologistes, cet intervalle est de 390 ans.
Quant aux prévarications de Juda, il est probable qu'elles datent du temps oü Jéré-
mie commença à prophétiser; or, depuis cette époque à la ruine de Jérusalem, il
s'est écoulé 40 ans. A la vérité, le siège de Jérusalem dura 540 jours; mais l'Eeriture
nous fait remarquer que le siége fut interrompu par l'arrivée des Egyptiens qui le
firent lever. Or il est trés probable que cette interruption dura 100 jours; car les
Juifs, qui ne pouvaient oublier aussitót une époque qui leur était si connue, n'au-
raient pas manqué de s'inscrire en faux contre Ezéchiel, s'il eüt fait un faux calcul.
9. * De la vesce. Voir Isa?e, xxvut, 25.
10. Statères. Voy. Jérém., xxxu, 9.
11. Hin; mesure qui valait environ cinq pintes de Paris.
12, Tu le couvriras, etc.; selon l'hébreu, £u le cuiras sous la cendre avec des exeré-
‘CH. 1v.]
dre; et de l'ordure qui sort de
l'homme, tu le couvriras à leurs
yeux.
13. Et dit le Seigneur : C'est
ainsi que les enfants d'Israél man-
geront leur pain souillé parmi
les nations vers lesquelles je les
chasserai.
14. Et je dis : Ah! ah! ah! Sei-
gneur Dieu, voilà que mon àme
n'a pas été souillée; et je n'ai pas
mangé d'animal crevé, ni déchiré
par des bêtes, depuis mon enfance
jusqu'à maintenant, et il n’est en-
tré dans ma bouche aucune chair
immonde.
ÉZÉCHIEL.
1571
15. Et il me dit : Voilà que
je t'ai donné la fiente des bœufs
au lieu des excréments humains ;
et tu feras ton pain avec cette
fiente.
16. Et il me dit : Fils d'un hom-
me, voilà que moi je briserai le
bâton du pain dans Jérusalem;
et ils mangeront le pain au poids
el dans l'inquiétude, et ils boi-
rontl'eau par mesure et dans l'an-
goisse ;
11. Afin que, le pain et l'eau
manquant, chacun tombe sur son
frere et qu'ils se déssechent dans
leurs iniquités.
13. Osée, 1x, 4. — 16. Infra, v, 16; xiv, 13.
ments, etc. Personne n'ignore que, dans les pays pauvres de l'Orient, on emploie
souvent, faute de bois, de la fiente de bœuf, de chameau, etc., sèche, pour la cuisson
des aliments. Ainsi Dieu veut que le prophète fasse, pour cuire son pain, du feu,
non avec la fiente des animaux, mais avec des excréments humains, dont les plus
pauvres ne sont pas forcés ordinairement de se servir, afin de marquer par là que
l'excès de misère où les Juifs seront réduits en punition de leurs crimes sera tel,
qu'ils se trouveront forcés d'employer pour préparer leur nourriture ce dont les
hommes ont horreur. La concision de la Vulgate pourrait à la rigueur favoriser une
autre interprétation, mais cette version doit s'expliquer par le texte hébreu.
15. * L'usage d'employer les excréments d'animaux desséchés comme combustible
est commun dans un grand nombre de contrées de l'Orient où le bois est rare ou
bien fait défaut. « En différents endroits de la Palestine, dit Korte, j'ai vu cuire le
pain au moyen d'excréments de bœufs et de chameaux, moins parce que, en ces
lieux-là, le bois était trop rare ou trop cher, comme cela arrive en Egypte et dans
les déserts d'Arabie, que parce qu'on trouve ce combustible plus commode. » — D'Ar-
vieux décrit dans les termes suivants la manière dont on fait ainsi le pain : « [Les
Arabes] mangent de trois sortes de pain... La seconde sorte de pain se cuit sous la
cendre ou entre deux brasiers de fientes de vaches allumées, qui brülent d'un feu
lent et euisent le pain tout à loisir. Ce pain est épais comme nos gâteaux, la mie en
est fort bonne quand elle est mangée le méme jour... Ce n'est pas seulement chez
les Arabes qu'on se sert de cette espéce de pain et de la fiente des vaches pour le
cuire, les paysans s'en servent aussi, et tous les villageois qui sont dans les lieux
oü il n'y a guére de bois prennent grand soin d'en faire des provisions. Les petits
enfants les ramassent toutes fraiches et ils les appliquent contre les murailles pour
les faire sécher; ils en détachent la quantité dont ils ont besoin pour cuire du pain
ou pour se chauffer; elles brülent peu à peu et conservent longtemps un feu sem-
blable à celui des mottes des tanneurs; on en fait de petites mottes qu'on laisse
sécher au soleil. » Cette espéce de combustible n'est pas inconnue en France. On s'en
sert, par exemple, au Croisic (Loire-Inférieure), où l'on fait sécher aussi la fiente
de vache, comme le dit d'Arvieux, en lappliquant contre les murs des champs. —
Voltaire ἃ fait les plus fades plaisanteries sur ce qu'il a appelé le déjeuner d'Ezé-
chiel; il suppose que Dieu ordonna au Prophéte de se nourrir d'excréments; mais
le texte original ne contient rien de semblable : il dit seulement que les alimeuts
doivent étre cuits sur ce combustible. :
16. Le pain est appelé 20/08, parce qu'il est le soutien de la vie, comme le bâtou
est le soutien du corps. Compar. Lévilique, xxvi, 26,
1872
CHAPITRE V.
Dieu ordonne à Ézéchiel de couper ses
cheveux, sa barbe, et de les détruire
de différentes maniéres, pour figurer
les divers chátiments qu'il devait exer-
cer sur son peuple. Jérusalem devien-
dra un exemple terrible de la sévérité
de sa justice.
1. Et toi, fils d'un homme,
prends un glaive affilé, qui rase
les poils; et tu le prendras, et tu
le feras passer sur ta téte et sur
ta barbe, et tu prendras pour toi
un poids de balance, et tu les par-
tageras.
2. Tu en brüleras un tiers au
feu au milieu de la cité, dans l'ac-
complissement des jours du siè-
ge; et tu en prendras un autre
tiers, et tu /e couperas avec le
glaive autour de cette cité ; mais
l'autre tiers, tu le disperseras au
vent; et je tirerai le glaive apres
eux.
3. Et tu prendras de là un petit
ÉZÉCHIEL.
v.] .זוס]
nombre; et tu les lieras dans le
coin de ton manteau.
4. Et tu prendras encore de
ceux-ci, et tu les jetteras au mi-
lieu du feu, et tu les brüleras
au feu, et de là sortira un feu
qui s'étendra sur toutela maison
d'Israël.
9. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : C'est là Jérusalem : je l'ai
placée au milieu des nations, et
J'ai mis autour d'elle des pays.
6. Et elle a méprisé mes ordon-
nances jusqu'à se rendre plus
impie que les nations, et mes
préceptes, plus que les nations
quisont autour d'elle; carils ont
rejeté mes ordonnances; et dans
mes préceptes ils n'ont pas mar-
ché.
1. C'est pourquoi voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Parce que
vous avez surpassé en impiété les
nations qui sont autour de vous,
et que vous n'avez pas marché
1-11. * 4» Dans le troisiéme discours, Dieu prédit ce qui arrivera aprés la prise de
Jérusalem : Ezéchiel recoit l'ordre de se raser la téte et la barbe, et de brüler presque
tous les cheveux et les poils rasés pour marquer la destruction des habitants de la
ville, v, 1-4; le Seigneur annonce que le petit nombre qui survivra sera conduit en
captivité et deviendra l'opprobre des Gentils, v, 5-17.
1. Fils d'un homme. Voy. n, 1. — Glaive (gladium); c'est-à-dire rasoir; le terme
hébreu correspondant se dit en effet du rasoir, du couteau, du ciseau de graveur, etc,
2. Dans l'accomplissement, etc.; pendant que s'accompliront les jours, etc.; c'est le
vrai sens de la Vulgate aussi bien que de l'hébreu, ce qui donne à entendre que les
cheveux devaient être brûlés par parties et non pas tous à la fois. — Je tirerai, elc ;
je les poursuivrai l'épée nue.
3. De là; c'est-à-dire de ce troisième tiers.
4. Et tu prendras, etc.; ce qui peut s'entendre des malheurs qui tombèrent sur les
Juifs aprés la mort de Godolias (Jérém., זא 2 et suiv.), ou de la persécution d'An-
tiochus Epiphane du temps des Machabées (I Machab., vi; 11 Machab., 1v), ou bieu
enfin du châtiment qui pèse encore maintenant sur les Juifs.
9. Des pays (terras); ce mot est à l'accusatif comme régime direct du verbe J'ai
placé (posui). Ce dernier membre de phrase exprime, quoique en termes différents,
la méme idée que le précédent; cette espéce de pléonasme a souvent lieu dans le
style poétique. — * Jérusalem était placée à peu prés au centre du monde ancien.
« A l'est, dit S. Jérôme, expliquant ce passage, s'étend l'Asie; à l'ouest est l'Europe;
au sud, la Libye et l'Afrique; au nord, 18 Scythie, l'Arménie, la Perse et toutes les
nations du Pont. »
1. Vous n'avez pas agi, etc. Les peuples paiens qui vous entourent sont attachés à
leur religion et l'observent; ce que vous étes loin de faire vous-mémes,
[c#. v.]
dans mes preceptes, et que vous
n'avez pas observé mes ordon-
nances, et que vous n'avez pas
méme agi comme les peuples qui
sont autour de vous,
8. Pour cette raison, voici ce
que dit le Seigneur : Voilà que
moi, je viens vers toi, et moi-
méme j'exercerai des jugements
au milieu de toi, aux yeux des
nations ;
9. Et je ferai contre toi ce que
je n'ai pas fait, et je ne ferai plus
de choses semblables, à cause de
tes abominations.
10. Pour cette raison, des peres
mangeront leurs enfants au mi-
lieu de toi, et des enfants mange-
ront leurs pères; et j'exercerai en
toi des jugements, et je jetlerai
tous tes restes à tout vent.
11. Cestpourquoije vis, moi, dit
le Seigneur Dieu ; si, parce que tu
as violé mon sanctuaire par tou-
tes tes offenses et par toules tes
abominations, je ne £e brise pas,
moi aussi; et mon œil n'épar-
enera pas, et je n'aurai pas de
pitié.
12. Le tiers de toi mourra dela
peste, et sera consumé par la
faim, au milieu de toi; et un autre
tiers de toi tombera sous le glaive
autour de toi; mais l'autre tiers,
ÉZÉCHIEL.
1873
je le disperserai à tout vent, et je
tirerai le glaive après eux.
13. Et j'assouvirai ma fureur,
et je ferai reposer sur eux mon
indignation, et je serai 608016 ;
et ils sauront que moi, le Sei-
gneur, j'ài parlé dans mon zele,
lorsque j'aurai assouvi mon indi-
gnation sur eux.
14. Et je ferai de toi un désert,
et un objet d'opprobre pour les
nations qui sont autour de toi,
aux yeux de tout passant.
15. Et tu seras un objet d'oppro-
bre et de blasphème, un exemple
et un objet de stupeur pour les
nations qui sont autour de toi,
lorsque j'aurai exercé en toi des
jugements dans 270 fureur, dans
mon indignation, et avec les chà-
timents de ma colere.
16. Moi, le Seigneur, j'ai dit :
Lorsque j'enverrai contre eux les
fleches cruelles de la faim, qui.
donneront la mort, et que j'enver-
rai pour vous perdre entierement ;.
jamasserai la faim sur vous, et
je briserai parmi vous le bâton du
pain.
11. Et j'enverrai contre vous la
faim et des animaux cruels jus-
qu'à votre exterminalion; et la
peste et le sang passeront au mi-
lieu de toi, et j'amenerai le glaive
Cua». V. 13. Zach., 1, 8. — 16. Supra, ιν, 16; Infra, xiv, 13.
9. Je ne ferai plus, etc. Il n'y a pas eu dans l'Ancien Testament de catastrophe
semblable à la désolation de Jérusalem sous Nabuchodonosor.
10. * Des pères mangeront leurs enfants, Voir Lamentations, 1v, 10.
11. Je vis, moi; formule de serment. Voy. Jérém., XLVI, 18. — Sz je ne te brise pas;
pour je te briserai. Voy., sur les formules de serment, Ps. xciv, 11. Ainsi le sens
est: Je jure par ma vie éternelle que je briserai.
12. Je tirerai, etc. Voy. le vers. 2.
16. Contre eux. C'est comme une réflexion que le Seigneur fait à part, ou bien il
s'adresse au Prophéte en disant ces mots. Au reste, ce changement subit de personne
dans le même discours n'est pas sans exemples dans la Bible. — Le bâton du pain.
3
Voy. 1v, 16.
11. Des animaux cruels pourraient, selon la remarque de Théodoret, s'entendre
A, T.
118
187^
sur toi; c'est moi, le Seigneur,
qui /'ai dit.
CHAPITRE VI.
Prédiction de la ruine des villes et des
hauts lieux d'Israél, et du carnage de
ce peuple. Reste que le Seigneur se
réserve. Désolation d'Israël par le
glaive, la famine et la peste; ce pays
est réduit en solitude.
1. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
2. Fils d'un homme, tourne ta
face vers les montagnes d'Israél,
et tu prophétiseras contre elles,
3. Et dis-leur : Montagnes d'Is-
raël, écoutez la parole du Sei-
gneur Dieu aux montagnes, aux
collines, aux rochers et aux val-
lées : Voilà que moi j'amenerai
sur vous le glaive, et je détruirai
entierement vos hauts lieux,
4. Et j'abattrai vos autels, et
vos simulacres seront brisés; et
je jetterai ceux qui vous seront
tués devant vos idoles.
5. Et je mettrai les cadavres des
fils d'Israël devant la face de vos
simulacres, et je disperserai vos
os autour de vos autels.
Cua». VI. 3. Infra, xxxvi, 1.
ÉZÉCHIEL,
[cm. vi.)
6. Dans toutes vos habitations
les villes seront désertes, et les
hauts lieux seront abattus et dé-
truits; et vos autels tomberont
et seront brisés; vos idoles ne
seront plus, et vos temples se-
ront détruits, et vos ouvrages
périront.
7. Et les tués tomberont au mi-
lieu de vous, et vous saurez que
moi je suis le Seigneur.
8. Et je laisserai d'entre vous
ceux qui auront échappé au
glaive, parmi les nations, lorsque
je vous aurai dispersés dans les
divers pays.
9. Et ceux qui vous auront été
délivrés se souviendront de moi
parmi les nations, chez lesquelles
ils auront été emmenés captifs,
parce que j'ai brisé leur cœur for-
nicateur et qui s'est retiré de moi,
et leurs yeux qui ont forniqué à
la suité de leurs idoles; et ils se
déplairont à eux-mémes à cause
des maux qu'ils ont faits dans
leurs abominations.
10. Et ils sauront que moi, le
Seigneur, je n'ai pas dit en vain
que je leur ferais ce mal.
des Chaldéens mémes, qui, comme des bétes sauvages et cruelles, devaient ravager
la Judée.
1-14. * 90 Chátiment et ruine d'Israél coupable d'idolátrie, vr. — La prophétie pré-
cédente est contre la ville de Jérusalem; celles des ch. vr et vix sont contre la terre
d'Israël tout entière. — Une première prophétie annonce que les sanctuaires et les
symboles idolátriques qui couvrent la Palestine seront détruits, et ses habitants
tués, vr, 1-7; le petit nombre qui survivra sera déporté et se convertira, 8-10. Le
châtiment qui sera ainsi infligé aux coupables est juste et mérité, 11-14.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, nr, 1.
2, Fils d'un homme. Voy. τι, 1. — Contre; sens qu'a certainement 101, comme dans
bien d'autres endroits, la particule hébraïque rendue dans la Vulgate par ad.
3. D'Israél; c'est-à-dire de Juda. Voy. 1, ὃ. — Les montagnes et les vallées sont
mises ici pour leurs habitants. Les montagnes représentent les grands du peuple,
et les vallées, les petits. — * Vos hauts lieux; les lieux élevés consacrés au culte des
idoles.
9. Leur cœur fornicateur. L'Ecriture désigne ordinairement l'idolátrie sous le nom
de fornication,
(cu. νπ.]
11. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Frappe ta main, et heurte
ton pied, et dis : Malheur sur
toutes les abominations des maux
de la maison d'Israél, parce que
c'est par le glaive, par la famine
et par la peste qu'ils doivent
tomber.
19. Celui qui est au loin mour-
ra de la peste; mais celui qui est
pres tombera sous le glaive; ce-
lui qui aura été laissé et assiégé
mourra de faim; et j'assouvirai
mon indignation sur eux.
13. Et vous saurez que je suis
le Seigneur, lorsque ceux qui
vous auront été tués seront gi-
sants au milieu de vos idoles, au-
tour de vos autels, sur toute col-
line élevée, et sur tous les som-
mets des montagnes, et sous tout
arbre touffu, et sous tout chéne
feuillu ; lieux où ils ont brülé des
encens odorants en l'honneur de
leurs idoles.
14. Et j'étendrai ma main sur
eux, et je rendrai la terre désolée
et abandonnée, depuis le désert
de Déblatha, dans toutes leurs
ÉZÉCHIEL.
1875
habitations; et ils sauront que je
suis le Seigneur.
CHAPITRE VII.
La ruine de la terre d'Israël est proche.
Dieu répandra sa fureur sur elle sans
être touché de ses maux. Ses habitants
périront par le glaive, la peste et la
famine. Leurs richesses ne les sauve-
ront pas. Le sanctuaire méme sera
violé. Ils seront accablés de maux et
privés de toute consolation.
1. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
2. Et toi, fils d'un homme, voici
ce que dit le Seigneur Dieu à la
terre d'Israël : La fin vient, elle
vient la fin sur les quatre cótés
de la terre.
3. Maintenant la fin est sur toi,
et j'enverrai ma fureur contre toi;
et je te jugerai selon tes voies, et
je poserai contre toi loutes tes
abominations.
4. Et mon œil ne t'épargnera
pas, et je n'aurai pas de pitié;
mais tes voies, je les poserai sur
toi, et tes abominations seront au
milieu de toi; et vous saurez que
je suis le Seigneur.
11. Les abominations des maux; hébraisme, pour les abominations mauvaises, ou
Les crimes abominables. — Qu'ils doivent. Ce verbe est au pluriel, tant dans l'hébreu
que dans la Vulgate, parce que son sujet maison d'Israél est un collectif qui signifie
les habitants d'Israël, les Israëlites.
13. Lieux; littér. lieu (locum). Ce mot étant une sorte d'attribut dont les sujets
partiels sont autels, colline, etc., et, se trouvant placés après eux, peut en hébreu
ne concorder qu'avec le dernier. Or ce dernier est le nom singulier chéne.
14. Depuis le désert de Déblatha; selon l'hébreu, depuis le désert jusqu'à Diblá. Or
Diblá est, selon les uns, la méme chose que Diblátaim (Nombr., xxxur, 46) et Béth
Diblátaim (Jérém., xvvur, 2), ville des Moabites; et, suivant les autres, ce mot est une
faute de copiste, mis pour Ribla, ville située au nord de la Palestine (Nombr., xxxiv,
11); mais nous devons dire que tous les manuscrits et toutes les anciennes versions
lisent unanimement Dib/á.
1-21. * 399 Approche du châtiment annoncé dans la prophétie précédente, vir. —
Une seconde prophétie complète la précédente et annonce que le châtiment est
proche : /a fin vient, vit, 1-4; la ruine est inévitable. Le Prophéte déplore le sort
d'Israël dans une 616816 en quatre strophes, 5-9; 10-14; 15-22; 23-21.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, rr, 16.
2. Fils d'un homme. ΝΟΥ. 11, 1. — Les quatre, etc.; c'est-à-dire tout le pays d'Israél,
3. La fin est sur loi; ta tin est arrivée,
1876
5. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Une afflietion unique, une
affliction, voici qu'elle vient.
6. La fin vient, elle vient la fin,
elle s'est éveillée contre toi ; voici
qu'elle vient.
7. La ruine vient sur toi, qui
habites la terre ; il vient, le temps;
il est près, le jour de la tuerie, et
non de la gloire des montagnes.
8. C'est maintenant de près que
je répandrai ma colére sur toi, et
que j'assouvirai ma fureur sur toi;
et que je te jugerai selon tes voies;
et que je t'imposerai tous tes
crimes ;
9. Et mon oeil n'épargnera pas,
et je n'aurai pas de pitié; mais
tes voies, je te les imposerai;
et tes abominations seront au
milieu de toi; et vous saurez que
moi je suisle Seigneur qui frappe.
10. Voici le jour, voici qu'il
vient : la ruine est sortie, la verge
a fleuri, l'orgueil a germé;
11. L'iniquité s'est élevée sur
la verge de l'impiété ; il ne reste-
ra rien d'eux, ni du peuple, ni de
leur bruit; et il n'y aura pas de
repos pour eux.
12. Il est venu le temps, il s'est
approché le jour; que celui qui
achete ne se réjouisse point; et
ÉZÉCHIEL.
[cu. vir.)
que celui qui vend ne s'afflige
pas, parce que la colere est sur
tout son peuple.
13. Parce que celui qui vend
ne reviendra pas à ce qu'il a ven-
du, lors méme qu'ils seraient
encore au nombre des vivants;
parce que la vision qui regarde
tout le peuple ne reviendra pas
sans être accomplie; et l'homme
par l'iniquité ne sera pas affermi.
14. Sonnez de la trompette;
que tous se préparent, et il n'est
personne qui aille au combat;
car ma colere est sur tout son
peuple.
15. Le glaive au dehors; et la
peste et la famine au dedans;
celui qui est dans la campagne
mourra par lépée; et ceux qui
sont dans la cité seront dévorés
par la peste et par la famine.
16. Et seront sauvés ceux qui
d'entre eux auront fui: mais ils
seront sur les montagnes comme
les colombes des vallées, tout
tremblants, chacun dans son ini-
quité.
17. Toutes les mains seront
affaiblies, et l'eau coulera de tous
les genoux.
18. Et ils se revétiront de cilices,
el la frayeur les couvrira; sur
Cua». VII. 18. Isaie, xv, 2; Jér., xr.vin, 37.
5. * On explique ordinairement ce verset en ce sens qu'à peine une première afflic-
tion est-elle venue, il en survient une autre.
9. Tes abominations; les châtiments dus à tes abominations. — Vous saurez. ΝΟΥ͂.»
sur ce pluriel, vi, 11.
41. L'iniquité, etc.; c'est-à-dire: la verge de l'impiélé, aprés avoir fleuri, a donné
pour fruit l'iniquité.
13. Ne reviendra pas, etc.; ne rentrera pas en possession de ce qu'il a vendu, lors
même qu'il vivrait jusqu'à l'année du jubilé, puisqu'à cette époque il sera captif
dans un pays étranger. On sait que, d'aprés la loi mosaique, l'Israélite qui vendait
son héritage avait le droit d'y rentrer dans l'année du jubilé (Lévit., xxv, 13 et suiv.).
— Qu'ils seraient, etc.; littér. et encore parmi les vivants de leur vie. Le pluriel leur
(eorum) se rapporte au vendeur et à l'acheteur mentionnés au verset précédent.
L'eau coulera, etc.; la frayeur dont on sera saisi fera qu'on ne pourra pas re- ידו
tenir son uriue. Compar. xxi, à.
fon. vnr.]
toute face sera la confusion. et
sur toutes les têtes la calvitie.
19. Leur argent sera jeté de-
hors, et leur or sera comme du
fumier. Leur argent et leur orne
pourront les délivrer au jour de la
fureur du Seigneur; ils ne rassa-
sieront pas leur âme, et leurs
ventres ne seront pas remplis,
parce que c’est devenu une pierre
d'achoppement dansleuriniquité.
20. Ils ont fait servir l'ornement
de leurs colliers à /eur orgueil;
et ils en ont fait les images de
leurs abominations et de leurs
simulacres; àcause de cela, je l'ai
rendu pour eux un objet immon-
de;
91. Et je le livrerai aux mains
des étrangers pour étre pillé, et
aux impies de la terre pour étre
leur proie; et ilsle souilleront,
22. Et je détournerai ma face
d'eux; 6+ 115 violeront mon secret;
et des émissaires y entreront et
le souilleront.
93. Fais la conclusion, parce
que la terre est pleine de juge-
ments de sang et que la cité est
remplie d'iniquité.
ÉZÉCHIEL.
1877
24. Et j'amènerai les plus mé-
chants d’entre les nations, et ils
posséderont leurs maisons; et je
ferai cesser l’orgueil des puis-
sants,etcesméchantsposséderont
leurs sanctuaires.
25. L'angoisse survenant, ils
chercheront la paix, et il n'y en
aura pas.
26. Trouble sur trouble vien-
dra, et bruit sur bruit; ils cher-
cheront quelque vision auprès
d'un prophète, et la 101 manquera
au prêtre, et le conseil aux an-
ciens.
27. Le roi sera en deuil, le
prince sera couvert de tristesse,
et les mains du peuple de la terre
trembleront. Selon leur voie je
leur rendrai, et selon leurs juge-
ments je les jugerai; et ils sau-
ront que je suis le Seigneur.
CHAPITRE VIII.
Ezéchiel est transporté en esprit dans le
temple; il y voit les abominations qui
s'y commettent. Le Seigneur lui an-
nonce les vengeances qu'il va exercer.
1. Or il arriva en la sixième
année, au sixieme mois, au cin-
19. Prov., xr, 4; Sophon., r, 18; Eccli., v, 10.
——————————————————————
21. Aux impies de la terre; de ce pays, où nous vivons aujourd'hui, aux Chaldéens.
— Ils le souilleront; c'est-à-dire ils le traiteront comme une chose profane et souillée.
22. Mon secret (arcanum meum); mon sanctuaire.
23. Fais la conclusion (fac conclusionem) ; achéve de prononcer la sentence de leur
condamnation; ou, selon d'autres, renferme-toi dans ta maison, comme il en a déjà
recu l'ordre, m1, 24. Selon l'hébreu : Fais la chaîne; pour figurer, sans doute, la capti-
vité du roi et du peuple. Compar. Jérém., xxvii, 2. — De jugements de sang; de ju-
gements portés contre le meurtre; ou bien du crime de meurtre; car en hébreu le
mot jugement signifie aussi faute, crime, et le mot sang, surtout au pluriel comme
il l'est ici (sanguinum), se prend pour sang versé, meurtre.
26. Quelque vision; favorable, propre à les consoler. — La loi; l'intelligence, l'in-
terprétation de la loi. Le chaldéen a traduit par doctrine, enseignement; ce qui est le
vrai sens de l'hébreu dans ce passage.
1-18. * 4» Vision de la ruine de Jérusalem, וט xi. — Deux ans et deux mois après
sa vocation au ministére prophétique, Ezéchiel vit de nouveau la gloire du Seigneur
et les chérubins. Il fut transporté en esprit à Jérusalem, dans la cour du temple,
vit, 1-4, et là il vit les quatre espèces d'actes idolátriques auxquels se livraient les
1878
‘quième jour du mois, que, lors-
que j'étais assis dans ma maison,
et que les vieillards de Juda
étaient assis devant moi, tomba
là sur moi la main du Seigneur
Dieu.
2. Et je vis, et voilà la ressem-
blance d’un homme, comme l'as-
pect d'un feu; de l'aspect de ses
reins et au-dessous c'était du feu ;
et des reins et au-dessus, comme
l'aspect d'une splendeur, comme
la vue du succin.
3. Et la ressemblance d'une
main envoyée par cet homme me
saisit par une boucle de cheveux
de ma téte; et un esprit m'éleva
entre le ciel et la terre, et m'a-
mena à Jérusalem dans une vi-
sion de Dieu, pres de la porte in-
térieure qui regardait du côté de
laquilon, où était placée l'idole
de la jalousie, pour provoquer la
jalousie.
4. Et voici que là était la gloire
Cap. VIII. 3. Dan., xiv, 35.
ÉZÉCHIEL.
[cn. vir.]
du Dieu d'Israël, selon la vision
que j'avais vue dans la plaine.
5. Et il me dit : Fils d'un hom-
me, lève tes yeux vers la voie de
l'aguilon. Et je levai mes yeux
vers la voie de l'aquilon ; et voilà
que du cóté de l'aquilon de la
porte de l'autel était Vidole de la
jalousie à l'entrée méme.
6. Etil me dit : Fils d'un hom-
me, vois-tu, toi, ce que fontceux-
ci, les grandes abominations que
la maison d'Israél faitici, afin que
je me retire loin de mon sanc-
luaire? et si tu te tournes encore,
tu verras des abominations plus
grandes.
7. Et il me conduisit à l'entrée
du parvis, et voilà que je vis un
trou dans la muraille.
8. Et il me dit : Fils d'un hom-
me, perce la muraille. Et lorsque
j'eus percé la muraille, parut une
porte.
9. Et il me dit : Entre, et vois
hommes et les femmes d'Israël, זנט 5-18; les premiers adoraient probablement Baal
. ou Moloch, le soleil et les animaux sacrés de l'Egypte; les femmes pleuraient la
mort d'Adonis, comme on le faisait en Phénicie. — Alors sept anges apparaissent
pour châtier les habitants de Jérusalem, 1x; la ville est brûlée et le temple abandonné
de Dieu, x; Ezéchiel est chargé d'annoncer ces malheurs et la mort de Pheltias, xi,
1-13, et de prédire aux captifs leur délivrance future, 14-21; il est enfin transporté
de nouveau en esprit en Chaldée, et raconte à ses fréres ce qu'il vient de voir, 22-25.
1. La sixième année de la captivité d'Ezéchias, qui fut emmené à Babylone avec
le roi Jéchonias. — Le sixième mois de l’année sacrée, et le douzième de l'année
civile. Il commençait à la nouvelle lune d'août, selon les rabbins, mais c'était plus
probablement à celle de septembre. — La main du Seigneur. Voy. 1, 3.
2. D'un homme cette expression se lit ici dans les Septante, et les mots ses reins
semblent l'exiger. Ajoutons que ces mêmes mots qui se trouvent dans une descrip-
; tion semblable (1, 21), sont précédés de un homme (vers. 26). — Du succin (electri),
Voy. 1, 4.
3. Prés de la porte intérieure; dans le parvis le plus extérieur. — L'idole de la ja-
lousie; selon saint Jéróme et la plupart des interprétes, l'idole de Baal, qui avait été
dressée dans le temple par Manassé (IV Rois, xxr, 7; 11 Paralip., xxxm, 1), et qui,
ayant été détruite par Josias (II Paralip., xxxiv, 4), avait été rétablie par ses succes-
seurs. D. Calmet pense que c'était l'idole d'Adonis, mentionnée au vers. 14, — Pour
provoquer la jalousie du Seigneur.
4. Selon la vision, etc. Compar. 1, 4 et suiv.
1. Parvis du peuple, appelé simplemént parois, par opposition à celui des prétres
et des Lévites, nommé parvis intérieur (vers. 16). Compar. III Hos, vr, 36.
[cur. vur.]
les abominations horribles que
ces gens font ici.
10. Et étant entré, je vis, et
voici que toute sorte d'images de
reptiles et d'animaux, l'abomina-
tion et toutes les idoles de la
maison d'Israél étaient peintes
sur la muraille tout autour.
41. Et soixante-dix d'entre les
anciens de la maison d'Israél se
tenaient debout devant les pein-
Lures, et Jézonias, fils de Saphan,
était au milieu d'eux ; et chacun
d'eux avait un encensoir en sa
main; et une vapeur comme un
nuage s'élevait de l'encens.
19. Et il me dit : Certes tu vois,
fils dun homme, ce que les an-
ciens de la maison d'Israël font
dans les ténèbres, chacun dans le
ÉZÉCHIEL.
1879
sent : Le Seigneur ne nous voit
point; le Seigneur a délaissé la
terre:
13. Etil me dit : Si tu te tournes
encore, tu verras des abomina-
tions plus grandes que celles que
ces gens font.
14. Etil me conduisit à l'entrée
de la porte de la maison du Sei-
gneur, qui regardait du cóté de
laquilon, et voici que là les
femmes étaient assises pleurant
Adonis.
15. Et il me dit : Gertes, tu
as vu, fils d'un homme; si tu te
tournes encore, tu verras des
abominations plus grandes que
celles-ci.
16. Et 11 me conduisit dans le
parvis intérieur de la maison du
secret de sa chambre; car ils di- | Seigneur; et voilà qu'à l'entrée
10. * Cette description parait indiquer que les Juifs, qui comptaient sur le secours
des Egyptiens contre les Chaldéens, adoraient les dieux de l'Egypte, reptiles et ani-
maux, comme on les voit peints sur les murs des temples égyptiens.
41. Et soixante-dix, etc.; vraisemblablement les membres du grand conseil (sanhé-
drin) des Juifs. — Jézonias paraît être 101 le chef de ces soixante-dix. — Saphan;
scribe sous le régne de Josias (IV Rois, xxn, ὃ et suiv.).
14. Adonis; dans l'hébreu hattammouz, et dans les Septante le Thammousz; ce qui
montre que ce n'est pas un nom propre, mais un simple appellatif, dont la signi-
fication, il faut bien en convenir, est entierement inconnue. Quant au mot Adonis,
saint Jéróme l'a probablement employé pour nous montrer que les Syriens hono-
raient Hattammouz d'un deuil semblable à celui dont les Grecs honoraient Adonis.
— * Le culte sensuel d'Adonis était ancien en Phénicie et en Chanaan. Les rites volup-
tueux de ce culte furent une des formes les plus populaires du culte de Baal. Le
nom d'Adonis ne diffère point par le sens de celui de Baal; l'un et l'autre signifient
également maître, seigneur, dans les langues sémitiques. Du temps de saint Jérôme,
il existait encore un bois sacré d'Adonis dans les environs de Bethléem. Le prophète
Jérémie, xxir, 18, semble faire allusion, mais moins clairement qu'Ezéchiel, au culte
que les femmes israélites rendaient à Adonis. C'est surtout à Gebal ou Byblos qu'il
était adoré, parce que là coulait le fleuve Adonis qui portait son nom. On y voit
encore de nombreuses ruines des tombeaux d'Adonis. Les femmes allaient y pleurer
sa mort, à l'époque de l'année oü le fleuve devient rouge, ce qu'on prenait pour son
sang. Sur ces monuments est figurée la fin d'Adonis. Deux rochers sculptés le mon-
trent la lance au poing, attendant l'attaque de l'ours. Les bas-reliefs représentent
les femmes qui le pleurent. Pour rappeler la mort du dieu, elles plantaient dans un
vase de la laitue, de l'orge et du fenouil, qu'elles exposaient sur la terrasse des mai-
sons. Dans les sanctuaires brülaient des parfums. Là se trzuvait le simulacre d'A-
donis qu'on enterrait. Le sixième jour, le dieu ressuscitait et alors commencaient de
hideuses bacchanales. Les femmes sacrifiaient à Thammouz leur chevelure. Ces fétes
avaient lieu à deux époques de l'année, au printemps et à l'automne.
16. Le parvis intérieur. Voy. vers. 1. — Environ (quasi) vingt-cinq hommes, etc. Il
y avait toujours dans le temple douze prétres et douze lévites qui servaient par
188
du témple du Seigneur, entre le
vestibule et l'autel, environ vingt-
cinq hommes tournant le dos au
temple du Seigneur, et la face
vers l'orient; et ils adoraient vers
le lever du soleil.
11. Etil me dit : Gertes, tu as
vu, fils d'un homme; est-ce peu
à la maison de Juda d'avoir fait
les abominations qu'ils ont faites
ici, puisque remplissant la terre
d'iniquité, ils se sont appliqués à
m'irriter? et voici qu'ils appro-
chent le rameau de leurs narines.
18. Ainsi donc moi aussi j'agi-
rai dans ma fureur; mon œil n'é-
pargnera pas, je n'aurai pas de
pitié; et lorsqu'ils crieront à mes
oreilles à haute voix, je ne les
écouterai point.
CHAPITRE IX.
Sept hommes paraissent; l'un est envoyé
marquer d'un signe tous ceux qui gé-
missent des désordres de Jérusalem;
ÉZÉCHIEL.
[cu. 1x.]
les six autres ont ordre d'exterminer
tous ceux qui ne seront pas marqués
de ce signe. Exécution de cet ordre.
1. Et il cria à mes oreilles d'une
voix forte, disant : Les visitations
de la ville s'approchent, et chacun
a un instrument de meurtre dans
sa main.
2. Et voilà que six hommes ve-
naient de la voie de la porte su-
périeure qui regarde vers l'aqui-
lon, et l'instrument de mort de
chacun était dans sa main, un
homme aussi au milieu d'eux
était vétu de lin, et l'écritoire du
scribe était attachée à ses reins;
et ils entrerent, et ils se tinrent
pres de l'autel d'airain;
3. Et la gloire du Dieu d'Israël
s'éleva de dessus 16 chérubin sur
lequel elle était, vers le seuil de
la maison; et elle appela l’homme
qui était vétu de lin, et qui avait
l'écritoire du scribe à ses reins.
4. Et le Seigneur lui dit ; Passe
IX. 4. Exode, xri, 7; Apoc., vri, 3. .א
semaine, et le grand-prétre faisait le vingt-cinquième. — * Tournant le dos au temple.
Pour protester contre les cultes solaires, le sanctuaire du vrai Dieu était vers le cou-
chant, au lieu d’être dirigé vers le levant, comme les temples idolátriques.
17. His approchent, etc. On voit bien qu'il s'agit d'un rite idolâtrique; mais le Pro-
phéte ne le détermine pas avec précision; il fait peut-étre allusion à l'usage des Perses
qui, en adorant le soleil levant, tenaient à la main gauche un petit faisceau de verges.
1. Les visitations; hébraisme, pour punitions, chäliments. — Un instrument de
meurtre; l'hébreu porte l'instrument de sa perte; c'est-à-dire que chacun porte en
lui-méme la cause de sa propre ruine. Ceci semble prouver qu'au lieu de unusquisque,
il faudrait lire dans la Vulgate uniuscujusque, comme au vers. 2.
2. Sir hommes, etc. Ces six hommes figurent les Chaldéens qui devaient venir dans
la Judée par le nord (Jérém., τ, 13, 14). — La porte supérieure; la porte des prétres,
dont le parvis était, en effet, plus élevé que celui du peuple. — L’inshrument de la
mort de chacun (uniuscujusque). Voy. le verset précédent. — Un homme aussi, etc.
Ce septième homme, véfu de lin, comme l'était le grand-prétre à la fête de l'expia-
tion (Lévit., xvr, 4), était un messager de paix et de miséricorde. — À ses reins. On
portait à la ceinture une sorte d'écritoire dans laquelle on réunissait tous les petits
ustensiles nécessaires pour écrire; usage qui s'est conservé en Orient. L'écritoire de
cet homme devait servir à marquer les Israélites qui seraient épargnés. — * L'autel
d'airain; l'autel des holocaustes, placé dans le parvis des prêtres, sur lequel on offrait
les sacrifices sanglants.
3, 6. La maison (domus); c'est-à-dire le temple.
4. Thau; est la dernière lettre de l'alphabet hébreu; il avait originairement la forme
cn. x.]
par le milieu de la cité, au milieu
de Jérusalem, et marque un thau
sur les fronts des hommes qui
gémissent et qui souffrent de
loutes les abominations qui se
font au milieu d'elle.
5. Etaux autres, il dit, moi l'en-
tendant : Traversez la cité en le
suivant, et frappez; que votre œil
n'épargne pas, et n'ayez pas de
pitié.
6. Le vieillard, le jeune homme,
etla vierge, l'enfant et les fem-
mes, tuez-les jusqu'à extermina-
tion complète; mais ne tuez per-
sonne sur qui vous verrez le thau;
et commencez par mon sanc-
tuaire. Ils commencèrent donc
par lesanciens qui étaient devant
la maison.
7. Et il leur dit : Souillez la
maison ef remplissez les parvis
de tués, sortez. Et ils sortirent,
et ils frappaient ceux qui étaient
dans la cité.
8. Et, le carnage achevé, moi
je demeurai, et je tombai sur ma
face, et je dis en criant : hélas,
hélas, hélas, Seigneur Dieu; per-
drez-vous donc entierement tous
les restes d'Israél, en répandant
votre fureur sur Jérusalem?
9. Et il me dit : L'iniquité de la
maison d'Israél et de Juda est
grande, tres grande; et la terre
ÉZÉCHIEL.
1881
est remplie de sang, et la cité esc
pleine de révolte ; car ils ont dit :
Le Seigneur a délaissé la terre, le
Seigneur ne voit pas.
10. Ainsi donc mon œil n'épar-
gnera pas, et je n'aurai pas de pi-
(16: leur voie, jela ramenerai sur
leur téte.
11. Et voilà que l'homme vétu
de lin, qui avait l'écritoire à son
dos, répondit une parole, disant:
J'ai fait comme vous m'avez or-
donné.
CHAPITRE X.
Un des sept hommes est envoyé prendre
des charbons de feu pour les répandre
sur Jérusalem. Nouvelle description du
char mystérieux. Le Seigneur qui était
descendu de ce char y remonte.
1. Et je vis, et voilà que dans le
firmament qui était sur la téte
des chérubins, parut comme une
pierre de saphir, comme une es-
pèce de ressemblance de trône
au-dessus d'eux.
2. Et 6 Seigneur dit à l'homme
qui était vêtu de lin : Entre au
milieu des roues qui sont sous
les chérubins, etremplistes mains
de charbons ardents de feu qui
sont entre les chérubins, et ré-
pands-les sur la cité. Et il entra
en ma présence;
3. Mais les chérubins se tenaient
d'une croix, qui, chez les Egyptiens, était le symbole de la vie. Ainsi, au moins dans
le sens moral et figuré, ce {hau marquerait la croix du Sauveur, signe de la ré-
demption. Le texte hébreu porte à la lettre : Marque une marque; et les versions
grecque, chaldaique, syriaque et arabe ont rendu unanimement le mot íAau par
signe, marque.
6. Les anciens; probablement les vingt-cinq, mentionnés vi, 16.
10. Leur voie; leur conduite; c'est-à-dire je ferai tomber sur eux les maux qu'ils
ont mérités par leur conduite.
41. A son dos; dans l'hébreu, à ses reins. Compar. vers. 2, 3.
1. Au-dessus d'eux; c'est-à-dire des chérubins, que la Vulgate fait du genre neutre
(super ea), comme étant des animaux qui en latin (animalia) sont en effet de ce genre.
3. La maison du Seigneur, le temple. — La nuée; comme portent le texte hébreu
1832
àla droite de la maison, lorsque
l'homme entra, etla nuée remplit
le parvis intérieur.
4. Et la gloire du Seigneur s'é-
leva de dessus les chérubins vers
le seuil de sa maison; et la mai-
son fut remplie de la nuée, et le
parvis fut rempli de l'éclat de la
gloire du Seigneur.
5. Et l'on entendait le bruit des
ailes des chérubins jusqu'au par-
vis extérieur, comme la voix du
Dieu tout-puissant lorsqu'il parle.
6. Et lorsque le Seigneur eut
commandé à l'homme qui était
vétu de lin, en disant : Prends du
feu du milieu des roues qui sont
entre les chérubins, celui-ci entra
et se tint pres de la roue.
7. Et le chérubin étendit sa
main, du milieu des chérubins,
vers le feu qui était entre les ché-
rubins; et il en prit, et il le mit
dans les mains de celui qui était
vêtu de lin; lequel l'ayant recu,
sortit.
8. Et il parut dans les chéru-
bins, la ressemblance d'une main
d'homme sous leurs ailes.
9. Et je vis, et voilà quatre roues
prés des chérubins; une roue
pres d'un chérubin, et une autre
roue près d'un autre chérubin ;
mais l'apparence des quatre roues
était comme celle d'une pierre de
chrysolithe ;
10. Et d'apres leur apparence,
ÉZÉCHIEL.
[cu. x.]
toutes les quatre avaient la méme
forme; comme serait une roue
au milieu d'une autre roue.
11. Et lorsqu'elles marchaient,
elles allaient de quatre cótés et
ne se retournaient pas en mar-
cliant; mais quand la premiere
allait d'un côté, les autres sui-
vaient et ne se détournaientpoint.
19. Et tout le corps de ces qua-
treroues, etlescous, οἱ les mains,
et les ailes et les cercles étaient
pleins d’yeux tout autour.
13. Et cesroues furent appelées,
moi l'entendant, les roulantes.
14. Chacun de ces animaux
avait quatre faces; la premiere
face était la face du chérubin, la
seconde face une face dhomme,
le troisième animal avait une
face de lion, et le quatrième une
face d'aigle.
15. Etles chérubins s'éleverent ;,
c'est l'animal méme que j'avais
vu pres du fleuve de Chobar.
16. Et lorsque les chérubins
marchaient, allaient pareillement
aussi les roues près d'eux; et
lorsque les chérubins haussaient
leurs ailes, afin de s'élever de
terre, les roues n'y restaient pas,
mais elles étaient près d'eux.
11. Eux s'arrétant, elles s'arré-
taient, et quand ils s'élevaient,
elles s'élevaient, parce que l'es-
prit de vie était en elles.
18. Et la gloire du Seigneur
et les Septante; c'est-à-dire celle dont il est parlé r, 4. — Le parvis intérieur; celui
des prétres.
5. Parvis extérieur ; celui du peuple.
6. Prés de la roue; c'est le sens de la Vulgate expliquée par l'hébreu; on peut l'en-
tendre de l'une des roues. Le grec lit au pluriel des roues.
1. Le chérubin; sans doute pour l’un des chérubins.
8. * La ressemblance d'une main d'homme. Le buste humain des chérubins assyriens
avait quelquefois deux bras et deux mains humaines. Voir plus haut, 1, 8, et, en gé-
néral, pour cette description, le ch. r.
19. C'est l'animal méme; c'est-à-dire c'est l'espèce méme d'aniinal.
[.זצ .68]
ÉZÉCHIEL.
1883
sortit du seuil du temple, elle se | fils de Banaias, princes du peuple.
reposa sur les chérubins.
19. Et les chérubins, haussant
leurs ailes, s'éleverent de terre
devant moi; et eux sortant, les
roues aussi les suivirent; et ils
s'arréterent à l'entrée de la porte
orientale de la maison du Sei-
gneur; et la gloire du Dieu d'Is-
raél était sur eux.
20. C'est l'animal méme que je
vis au-dessous du Dieu d'Israël
près du fleuve de Chobar; et je
reconnus que c'étaient des ché-
rubins.
21. Chacun avait quatre faces,
et chacun quatre ailes; et la res-
semblance d'une main d'homme
sous leurs ailes.
22. Et la ressemblance de leurs
visages, c'étaient les visages mé-
mes que j'avais vus près du fleuve
de Chobar, et aussi leur aspect,
et l'impétuosité de chacun à mar-
cher devant sa face.
CHAPITRE XI.
Prophétie contre ceux qui méprisent les
menaces des prophétes. Mort de l'un
d'entre eux. Promesses en faveur des
Israélites captifs et dispersés. Le char
du Seigneur sort de la ville, et s'arréte
sur la montague des Oliviers.
1. Et un esprit m'éleva, et me
conduisit àla porte orientale de
la maison du Seigneur, qui re-
garde le soleil levant; et voilà à
lentrée de la porte vingt-cinq
hommes, et je vis au milieu d'eux
Jézonias, fils d'Azur, et Pheltias,
(παρ. X. 20. Supra, 1, 1, 3.
2. Et il me dit : Fils d'un hom-
me, voici leshommes qui pensent
l'iniquité, et qui forment un con-
seil pervers en cette ville,
3. Disant : N'est-ce pas depuis
longtemps que sont báties des
maisons? celle-ci est la chaudière,
et nous nous sommes la chair.
4. C'est pourquoi prophétise
sur eux, prophétise, fils d'un
homme.
9. Et l'esprit du Seigneur s'em-
para de moi, et me dit : Parle :
Voici ce que dit le Seigneur :
Ainsi vous avez parlé, maison
d'Israél, et les pensées de votre
cœur, je les connais.
6. Vous avez fait mourir un
tresgrandnombre danscette ville,
et vous avez rempli ses rues de
tués.
1. À cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Vos tués,
que vous avez mis au milieu de
la ville, ceux-là sont 18 chair, et
celle-ci la chaudière ; mais je vous
lirerai du milieu de cette ville.
8. Vous avez craint le glaive, et
j'amènerai 16 glaive sur vous, dit
le Seigneur Dieu.
9. Et je vous chasserai du mi-
lieu d'elle, et je vous livrerai à la
main des ennemis, et j'exercerai
sur vous des jugements.
10. Vous tomberez sous le glai-
ve; c'est sur les confins d'Israël
que je vous jugerai, et vous sau-
rez que je suis le Seigneur.
M. Cette ville neserapoint pour
== —B————, ÁMÁMMÓÓÓÓÓÓÓMBÁÁ σ᾽
19. Ils s'arrétérent; littér. et par hébraisme, i s'arréta; c'est-à-dire chacun d'eux
s'arréta.
20. C'est l'animal méme. Voy. le vers. 15.
10. Vous tomberez, etc. Voy. IV Rois, xxv, 19, 21; Jérém., xxxIx, 5, 6; Lu, 9, 10.
1884
vous une chaudière, et vous, vous
ne serez point comme des chairs
au milieu d'elle; c'est dans les
confins d'Israél que je vous juge-
rai.
19. Et vous saurez que je suis
le Seigneur, parce que vous n'a-
vez pas marché dans mes pré-
ceptes, et que vous n'avez pas ac-
compli mes ordonnances, mais
que vous avez agi suivant les
coutumes des nations qui sont
autour de vous.
13. Et il arriva, lorsque je pro-
phétisais, que Pheltias, fils de
Banaïas, mourut; et je tombai
sur ma face, criant à haute voix,
et je dis : Hélas, hélas, hélas! Sei-
gneur Dieu, c'est vous qui con-
sumez les restes d'Israël?
14. Etla parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
15. Fils dun homme, tes fre-
res, tes frères, les hommes, tes
proches, et toute la maison d'Is-
raël, tous ceux àqui les habitants
de Jérusalem ont dit : Retirez-
vous loin du Seigneur, c'est à
nous que la terre a été donnée en
possession.
16. À cause de cela, voici ce
que dit le Seigneur Dieu : Parce
que je les ai envoyés loin parmi
les nations, et que je les ai dis-
persés dans les pays, je leur serai
en petite sanctification dans la
terre où ils sont venus.
ÉZÉCHIEL.
[cH. xr.]
17. A cause de cela dis : Voici ce
que ditle Seigneur Dieu: Je vous
rassemblerai du milieu des peu-
ples, et je vousréuniraides terres
dans lesquelles vous avez été dis-
persés, et je vous donnerai le sol
d'Israël.
18. Et ils y entreront, et ils óte-
ront d'elle tous ses scandales et
toutes ses abominations.
19. Et je leur donnerai un
méme cœur, et je mettrai un es-
prit nouveau dans leurs entrail-
les; et j'óterai le cœur de pierre
de leur chair, et je leur donnerai
un cœur de chair,
20. Afin qu'ils marchent dans
mes préceptes, et qu'ils gardent
mes ordonnances, et qu'ils les
exéculent; et qu'ils soient mon
peuple, et que moi je sois leur
Dieu.
21. Mais ceux dont le cœur
marche après leurs pierres d'a-
choppement et leurs abomina-
lions, je mettrai leur voie sur
leur téte, dit le Seigneur Dieu.
22. Et les chérubins éleverent
leurs ailes, etles roues s'élevérent
avec eux; et la gloire du Dieu
d'Israél était sur eux.
23. Et la gloire du Seigneur
monta du milieu de la cité, et s'ar-
réta sur la montagne qui est à
l'orient de la ville.
24. Et un esprit m'éleva, et me
conduisiten Chaldée vers la trans-
Cxap. XI. 19. Jérém., xxxi, 33; Infra, xxxvi, 26.
14. Disant. Voy. m, 16.
16. Je leur serai, etc.; je serai pour eux un petit sanctuaire, puisqu'ils ne s'assem-
bleront plus dans ce vaste temple qui m'est consacré dans Jérusalem.
19. * J’élerai le cœur de pierre de leur chair. Les Egyptiens mettaient toujours
dans le corps des défunts momifié un grand scarabée de pierre à la place du cœur,
Quelques commentateurs croient qu'Ezéchiel fait ici allusion à cet usage.
21. Je mellrai, ete.; je ferai retomber leur conduite, leurs crimes sur leurs têtes.
23. La montagne, etc.; c'est le mont des Oliviers.
(ca. xm.]
migration, dans la vision, par
esprit de Dieu; et la vision que
javais vue me fut enlevée.
25. Etje dis à la transmigration
toutes les choses que le Seigneur
m'avait montrées.
CHAPITRE XII.
Ézéchiel prédit par différents signes la
captivité des habitants de Jérusalem et
celle de leur roi. Il annonce l'extrémité
où ils seront réduits pendant le siège.
Reproches du Seigneur contre ceux qui
se flattaient que les menaces des pro-
phétes ne seraient pas sitót accomplies.
4 Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
9. Fils d'un homme, tu habites
au milieu d'une maison qui »?'ex-
aspère ;ils ontdes yeux pour voir,
etils ne voient pas;et des oreilles
pour entendre, et ils n'entendent
pas : parce que c'est une maison
qui 2?'exaspéere.
3. Toi donc, fils d'un homme,
fais-toi des meubles de transmi-
gration, et tu émigreras pendant
le jour devant eux, mais tu pas-
seras de ton lieu à un autre lieu
en leur présence, pour voir si
par hasard ils regarderont; parce
que c'est une maison qui 7?'exas-
père.
EZECHIEL.
1885
4. Et tu emporteras au aehors
tes meubles comme les meubles
d'un émigrant, pendantle jour en
leur présence ; mais toi, tu sorti-
ras le soir devant eux, comme
sort un émigrant.
ὃ. Devant leurs yeux perce-toi
la muraille, et tu sortiras par
cette ouverture.
0. En leur présence tu seras
porté sur les épaules, tu seras
emporté dans l'obscurité; tu voi-
leras ta face, et tu ne verras pas
la terre, parce que je t'ai établi
signe pour la maison d'Israél.
1.Jefis donc commeleSeigneur
m'avait ordonné; je transportai
mes meubles commeles meubles
d'un émigrant pendantle jour; et
le soir je me percaila muraille de
ma main, et je sortis dans l'obs-
curité, porté sur les épaules en
leur présence.
8. Et la parole du Seigneur
me fut adressée le matin, di-
sant :
9. Fils dun homme, est-ce que
la maison d'Israël, maison qui
m'exaspère, ne t'a pas dit : Que
fais-tu?
10. Dis-leur : Voici ce que dit
le Seigneur Dieu : Ce malheur
accablant £ombera sur le chef qui
1-28. * 5» Série d'oracles complétant les prophéties précédentes, xir-xix. — Les
ch. xir-xix renferment une série d'oracles non datés, qui se rattachent étroitement
aux précédents et les complètent. Ils appartiennent aux onze mois qui se sont
écoulés entre la prophétie, vir, 1, et celle de xx, 1. — 19 Le ch. xir symbolise la
fuite avortée du roi juif de la ville assiégée, 3-16, et la détresse dans laquelle ce
siège jettera le peuple, 17-20; il annonce enfin que la prophétie s'accomplira bientôt,
21-28.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, 111, 16.
2. Ils ont; littér. qui ont; pour qui a; la maison étant mise pour ses habitants.
9. Fais-toi, etc.; fais les préparatifs d'un homme qui va en exil. Tout ceci a pu
se passer en vision. D'ailleurs, par le transport de ses meubles, Ezéchiel figurait Ja
captivité de la manière la plus claire et la plus propre à faire impression sur les
Juifs.
9. Ne t'a pas dit; littér., et par hébraisme, ne t'ont pas dit. Compar. le vers. 2,
10. Malheur accablant. Voy., sur le sens de cette expression, /saie, xiu, 1-
cR
1880
est dans Jérusalem, et sur toute
la maison d'Israél, qui est au mi-
lieu d'eux.
11. Dis : Moi je suis votre signe;
comme j'ai fait, ainsi il leur sera
fait; ils iront en transmigration
et en captivité.
12. 06 chef qui est au milieu
d'eux sera porté sur les épaules;
il sortira dans l'obscurité ; ils per-
ceront la muraille pour le faire
sortir de la ville, sa face sera cou-
verte, afin qu'il ne voie pas de
l'œil la terre.
18. Et j'étendrai mon rets sur
lui, et il sera pris dans ma seine;
et [6 l’emmènerai à Babylone
dans la terre des Chaldéens; et il
ne la verra pas, et il y mourra.
14. Et tous ceux qui sont au-
tour de lui, sa garde, ses ba-
taillons, je les disperserai à tout
vent, et je tirerai le glaive apres
eux.
15. Et ils sauront que je suis
le Seigneur, quand je les aurai
dispersés parmi les nations, et
que je les aurai disséminés dans
les divers pays,
16. Et je laisserai un petit
nombre d'entre eux échapper au
glaive, à la famine et à la peste,
afin qu'ils racontent tous leurs
crimes parmi les nations chez
lesquelles ils entreront; et ils
sauront que je suis le Seigneur.
Crap. XII. 13. Infra, xvi, 20.
ÉZÉCHIEL.
(cu. χα.
17. Et la parole du Seigneur
me fut adressée, disant :
18. Fils dun homme, mange
ton pain dans le trouble; et ton
eau, bois-la aussi à la hâte et dans
la tristesse.
19. Et tu diras au peuple du
pays : Voici ce que dit le Seigneur
Dieu à ceux qui habitent dans Jé-
rusalem, dans la terre d'Israël :
Ils mangeront leur pain dans l'in-
quiétude; leur eau, ils la boiront
dans la désolation, afin que cette
terre soit dépouillée de sa multi-
tude d'habitants, à cause de l'ini-
quité de tous ceux qui habitent
en elle.
20. Et les cités qui sont mainte-
nant habitées seront désolées, et
la terre déserte; et vous saurez
que je suis le Seigneur.
21. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
22. Fils d'un homme, quel est
ce proverbe qui court parmi vous
dans la terre d'Israël, proverbe
de gens disant : Pour longtemps
seront différés les jours, et toute
vision s'évanouira?
93. Pour cela, dis-leur : Voici ce
que dit le Seigneur Dieu : Je ferai
cesser ce proverbe, et on ne le
dira plus publiquement dans Is-
rael; et dis-leur que les jours sont
proches, ainsi que la réalisation
de toute vision.
A1. Je suis, etc.; je suis pour vous un signe de ce qui doit vous arriver à vous ou
à vos fréres. Compar. le vers. 6.
12. * Ce chef; Sédécias, roi de Juda.
13. Et il ne la verra pas. Compar. Jérém., xxxIx, 7; Lu, 11.
22. Pour longtemps, etc.; ces jours malheureux dont on nous menace seront telle-
ment différés, que lorsqu'ils arriveront, nous ne serons plus, et que toutes les pré-
dictions seront par là méme sans effet.
23. La réalisation; littér., (a parole, ou plutôt la chose, l'événement prédit dans les
visions.
[cu. [.זוזא
24. Car aucune vision ne sera
plus vaine, ni aucune divination
ambigué, au milieu des enfants
d'Israél.
25. Parce que moi le Seigneur
je parlerai; et toute parole que
j'aurai dite s'aecomplira et ne
sera pas différée davantage; mais
durant vos jours, maison qui
m'exasperes, je dirai une parole
et je l'exécuterai, dit le Seigneur
Dieu.
26. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
27. Fils d'un homme, voilà la
maison d'Israël disant : La vision
que celui-ci voit »'aura son effet
que dans bien des jours, et c'est
pour des temps éloignés quil
prophétise.
98. A cause de cela dis-leur :
Voici ce que ditle Seigneur Dieu:
Aucune de mes paroles ne sera
plus différée; la parole que j'au-
rai dite s'accomplira, dit le Sei-
gneur Dieu.
CHAPITRE XIII.
Reproches et menaces du Seigneur contre
les faux prophétes et les fausses pro-
phétesses.
1. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
2. Adresse tes prédictions aux
prophétes d'Israél qui prophéti-
sent, et tu diras à ceux qui pro-
EZÉCHIEL.
1887
phétisent d'aprèsleurcœur:Ecou-
tez la parole du Seigneur.
3. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Malheur aux prophètes in-
sensés qui suivent leur esprit, et
ne voient rien.
4.Tes prophètes, Israël, étaient
comme des renards dans les dé-
serts. |
9. Vous n'étes pas montés à la
rencontre de l'ennemi, vous n'a-|
vez pas opposé un mur pour la
maison d'Israël, afin de tenir
ferme dans le combat au jour du
Seigneur.
6. Ils voient des choses vaines,
et ils prophétisent le mensonge,
disant : Le Seigneur dit, lorsque
le Seigneur ne les a pas envoyés;
et ils persistent à maintenir leur
discours.
1. Est-ce que vous n'avez pas
vu une vision vaine, et annoncé
une prédiction mensongere? et
vous dites : Le Seigneur dit, lors-
que moi je n'ai pas parlé.
8. A cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Parce que
vous avez dit des choses vaines,
et que vous avez vule mensonge ;
cest pourquoi, voici que moi je
suis contre vous, dit le Seigneur
Dieu.
9. Et ma main sera sur les pro-
phètes qui voient des choses vai-
nes, et qui prédisentle mensonge;
Care. XIII. 3. Jérém., xxu, 1; Infra, xiv, 9; xxxiv, 2.
24. Divination (divinatio); c'est-à-dire prédiction inspirée de Dieu.
1-23. * 20 Le ch. xiu s'éléve contre les faux prophètes et les fausses prophétesses,
1-1 et 17-19; il prédit quel sera le châtiment des uns et des autres, 8-16 et 20-23.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, nr, 11.
4. * Tes faux prophétes,... comme des renards, s'enfuient à l'approche du danger.
8. Contre. C'est évidemment le sens qu'a ici la particule hébraïque rendue dans la
Vulgate par ad.
9. Le livre; ou catalogue, registre; littèr. écriture, écrit (scriptura); mais le terme
hébreu correspondant réunit ces diverses siguifications.
- À
/
4888
ils ne seront pas dans le conseil
de mon peuple, et ils ne seront
point écrits dans le livre de la
maison d'Israël, et ils n'entreront
pas dans la terre d'Israél, et vous
saurez que je suis le Seigneur
Dieu;
10. Parce qu'ils ont trompé mon
peuple, disant : Paix, et il n'y a
point de paix ; et lui bâtissait une
muraille; mais eux l'enduisaient
de boue, sans paille.
11. Dis à ceux qui enduisent
sans mélange, que la muraille
tombera; car viendra une pluie
inondante, et je lancerai des pier-
res énormes qui tomberont d'en
haut, et un vent de tempéte qui
la renversera.
12. Si toutefois la muraille
tombe, ne vous dira-t-on pas : Où
est l'enduit dont vous l'avez en-
duite?
13. À cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Je ferai écla-
ter un vent de tempêtes dans mon
indignation, et une pluie inon-
dantese répandra dans mafureur,
et dans ma colère des pierres
énormes consumeront éoué.
14. Et je détruirai la muraille
que vous avez enduite sans mé-
lange; et je l'égalerai à la terre,
et ses fondements seront mis à
nu; et 6116 tombera; et celui qui
l'avait enduite sera consumé au
milieu d'elle; et vous saurez que
moi je suis le Seigneur.
15. Et j'assouvirai mon indi-
EZÉCHIEL.
(en. [.זוזצ
gnation contre la muraille, et
contre ceux qui l'enduisent sans
mélange, et je vous dirai : La
muraille n'est plus, et ceux qui
l'ont enduite ne sont plus.
16.//snesont plus,les prophètes
d'Israël qui prophétisent à Jéru-
salem, et qui voient pour elle une
vision de paix; etil n'y a point
de paix, ditle Seigneur Dieu.
47. Et toi, fils d'un homme,
tourne ta face contre les filles de
ton peuple qui prophétisent d'a-
près leur cœur, et fais des prédic-
tions contre elles,
18. Et dis : Voici ce que dit
le Seigneur Dieu : Malheur à
celles qui cousent des coussi-
nets pour tous les coudes, et qui
font des oreillers sous la téte
des personnes de tout âge, afin
de s'emparer des âmes; et lors-
qu'elles s'emparaient des âmes
de mon peuple, elles les vivi-
fiaient.
19. Elles me déshonoraient au-
pres de mon peuple pour un peu
d'orge et un morceau de pain, afin
de tuer les âmes qui n'étaient pas
mortes, et de vivifier les âmes
qui ne vivaient pas, mentant à
mon peuple, qui croit aux men-
songes.
90. A cause de cela, voici ce
que dit le Seigneur Dieu : Voici
que moi je suis contre vos coussi-
nets avec lesquels vous prenez
des âmes au vol, je les déchirerai
de dessus vos bras, et je laisserai
10. Sans paille. La paille, lorsqu'on la mélait à cette boue, espèce de mortier, lui
donnait une certaine consistance.
11. Pierres énormes, etc.; c'est-à-dire probablement des pierres de gréle, de gros
grélons, comme porte le texte hébreu. Compar. Josué, x, 11.
18. Tous les coudes; littér., tout coude de main. C'est sans doute une allusion aux
coussins dont les Orientaux se servent sur leurs sofas pour s'asseoir, se reposer et
appuyer leur coude. — Elles les vivifiuient; c'est-à-dire, elles prétendaient les viviler,
[cir. χιν.]
aller les âmes que vous avez
prises, cesámes pour qu'elles s'en-
volent.
21. Et je déchirerai vos oreil-
lers; et je délivrerai mon peuple
de votre main, et ils ne seront
plus en vos mains comme une
proie; et vous saurez que je suis
le Seigneur.
92. Parce que vous avez affligé
en mentant le cœur du juste,
que moi je n'ai pas contristé; et
parce que vous avez fortifié les
mains de limpie, afin qu'il ne
revint point de sa voie mau-
vaise, et qu'il ne trouvát point la
vie;
23. A cause de cela, vous ne ver-
rez plus de choses vaines, et vous
ne ferez plus de prédictions, et
j'arracherai mon peuple de votre
main, et vous saurez que je suis
le Seigneur.
CHAPITRE XIV.
Menaces contre ceux qui consultent les
faux prophètes et qui demeurent dans
leurs déréglements. Sévérité de la jus-
tice du Seigneur sur tout autre pays.
Restes épargnés d’entre les habitants
de Jérusalem.
4. Et vinrent vers moi des hom-
mes des anciens d'Israël, et ils
s'assirent devant moi.
EZÉCHIEL.
1889
2. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
3. Fils d'un homme, ces hom-
mes ont mis leurs impuretés dans
leurs cœurs, et placé le scandale
de leur iniquité devant leur face;
est-ce que consulté, je leur ré-
pondrai?
4. À cause de cela, parle-leur,
et tu leur diras : Voici ce que dit
le Seigneur Dieu : Tout homme
de la maison d'Israél qui aura
mis sesimpuretlés dans son cœur,
et aura placé le scandale de son
iniquité devant sa face, et sera
venu vers le prophéte, m'interro-
geant par lui, moi le Seigneur, je
lui répondrai selon la multitude
de ses impuretés;
ὃ. Afin que la maison d'Israël
soit prise dans son cœur, par le-
quel ils se sont retirés de moi
pour s'attacher à toutes leurs
idoles.
0. À cause de cela, dis à la mai-
son d'Israél : Voici ce que dit le
Seigneur Dieu : Convertissez-
vous, retirez-vous de vos idoles,
et detoutes vos souillures détour-
nez vos faces.
7. Car tout homme de la mai-
son d'Israél, et quiconque d'entre
les prosélytes est étranger en Is-
rael, s'il s'est détourné de moi et
1-93. * 3e Le ch. xiv contient deux oracles, Le premier, 1-11, est dirigé contre les
idolâtres qui, malgré leur infidélité, vont consulter Dieu; ils n'en recevront point
d'autre réponse que des chátiments ou les paroles trompeuses des faux prophètes,
Le second, 12-23, déclare aux coupables que l'intercession des saints, Noé, Daniel,
Job, sauvera les bons, mais non les méchants, dans Jérusalem.
2. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, πι, 16.
3. Ces hommes, etc.; c'est-à-dire qu'ils sont encore attachés de cœur à leur idolátrie,
et ils ont encore les yeux tournés vers ces idoles qui ont été pour eux des pierres
d'achoppement et des sujets de chute (vers. 6). Ils viennent néanmoins consulter,
comme si leur cœur était droit, et leur intention pure.
4. Le prophèle; c'est-à-dire, le faux prophète.
1. Les prosélytes; c'est-à-dire étrangers, sont les Chananéens, que les Israélites
conservèrent parmi eux, à condition qu'ils renonceraient à l'idolâtrie, et qu'ils les
serviraient.
A. T. 119
1890
qu'il ait mis ses idoles dans son
cœur, et qu'il ait placé le scan-
dale de son iniquité devant sa
face, et qu'il soit venu vers le
prophéte pour me consulter par
lui; moi, le Seigneur, je lui répon-
drai moi-méme.
8. Etjetournerai ma face contre
cet homme, et je le donnerai en
exemple et en proverbe, et je l'ex-
termineraidu milieu de mon peu-
ple; et vous saurez que je suis le
Seigneur.
9. Et lorsque le prophète a erré
et qu'ila dit une parole, c est moi,
le Seigneur, qui ai trompé ce pro-
phète; et j'étendrai ma main sur
lui, et je l'effacerai du milieu de
mon peuple d'Israël.
10. Etils porteront leuriniquité ;
selon l'iniquité de celui qui con-
sulte, ainsi sera liniquité du pro-
phete;
11. Afin que la maison d’Is-
raël ne s'égare plus en se retirant
de moi, et qu'elle ne se souille
point par toutes ses prévarica-
lions; mais qu'ils soient mon
peuple, et que moi je sois leur
Dieu, dit le Seigneur des armées.
12. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant:
13. Fils d'un homme, quant à
EZECHIUL.
(or. xiv.]
une terre, lorsqu'elle aura péché
contre moien multipliant ses pré-
varications, j'étendrai ma main
sur elle, et je briseraila verge de
son pain, et j'enverrai sur elle la
famine, et j'en tuerai les hommes
et les bêtes.
14. Et si ces trois hommes
justes, Noé, Daniel et Job, sont
au milieu d'elle, eux-mémes, par
leur justice, délivreront leurs
âmes, dit le Seigneur des ar-
mées.
15. Que si j'amène sur cette
terre des bétes cruelles, afin que
je la dévaste, et qu'elle devienne
inaccessible, pour qu'il n'y ait
personne qui y passe à cause des
bêtes ;
16. Si ces trois hommes y sont,
je vis, moi, dit le Seigneur Dieu,
ils ne délivreront ni leurs fils,
ni leurs filles; mais eux seuls
seront délivrés, et la terre sera
désolée.
11. Ou si jamene le glaive
sur cette terre, et que je dise au
glaive : Passe par cette terre, et
que j'en tue les hommes et les
bêtes ;
18. Et que ces trois hommes
soient au milieu d'elle; je vis,
moi, dit le Seigneur Dieu, ils ne
CxaP. XIV. 9. Supra, xur, 3. — 13. Supra, 1v, 16; v, 16.
| 9. L'expression (romper un prophète, lorsqu'elle est appliquée à Dieu, signifie sim-
plement que Dieu l'abandonne au déréglement de son cœur, en permettant que, de
son cóté, un peuple corrompu se laisse séduire. Dieu, selon la remarque de saint Jé-
róme, use souvent de ce langage pour qu'on n'attribue pas à la vertu particulière
des faux prophètes que le peuple soit ainsi trompé; mais que l'on reconuaisse que
c'est un effet de la colère de Dieu qui permet que des hommes dont le cœur est cor-
rompu ferment les oreilles aux avis de ses prophétes, pour les ouvrir au mensonge
de ceux qui les trompent.
13. Quant à une terre. Le mot erre (terra) représente dans le texte hébreu aussi
bien que dans la Vulgate ce qu'on appelle un nominatif absolu. — Mullipliant, etc.;
littér. et par hébraisme, prévariquant, prévarique. — La verge de son pain; est sy-
nonyme de Le bälon de son pain. Voy. 1v, 6.
16, 18. Je vis, moi. Voy. Jérém., xLvi, 18.
Ícu. xv.]
délivreront ni leurs fils, ni leurs
filles; mais eux seuls seront dé-
livrés.
19. Mais si j'envoie la peste sur
cette terre et que je répande mon
indignation sur elle par le sang,
afin que j'en enlève les hommes
et les bêtes;
90. Et que Noé, Daniel et Job
solent au milieu d'elle, je vis,
moi, dit le Seigneur Dieu, ils ne
délivreront ni fils, ni fille; mais
par leur justice ils délivreront
leurs propres âmes.
91. Parce que voici ce que dit
leSeigneur Dieu : Que si j'envoie
à Jérusalem mes quatre juge-
ments cruels, le glaive, la famine,
les bétes mauvaises. et la peste,
afin que j'en tue LYaime et bé-
tail,
99. Cependant il y sera laissé
des hommes qui se sauveront, et
feront sortir leurs fils et leurs
filles; voilà qu'eux-mémes vien-
dront vers vous, et que vous ver-
rez leur voie et leurs inventions,
et que vous serez consolés du mal
que j'aurai amené sur Jérusalem,
et de tous les f/éauz dont je l'au-
rai accablée.
99. Et ils vous consoleront,
lorsque vous verrez leur voie et
leurs inventions; et vous recon-
naitrez que ce n'est pas sans rai-
son que j'aurai fait à Jérusalem
EZÉCHIEL.
1894
tout ce que j'y aurai fait, dit e
Seigneur Dieu.
CHAPITRE XV.
Prophétie contre les habitants de Jéru-
salem comparés au bois de la vigne
qui n'est bon qu'à brûler.
1. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant:
2. Fils d'un homme, que fera-
t-on de l'arbre de la vigne entre
tous les arbres des bois, qui sont
parmi les arbres des foréts?
3. Est-ce qu'on prendra du bois
dela vigne pourfaireunouvrage,
ou en faconnera-t-on une cheville
pour y suspendre un objet quel-
conque?
4. Voilà qu'on le met au feu,
pour en étre la proie; le feu con-
sume les deux extrémités, et le
milieu est réduit en cendre brü-
lante; est-ce qu'il sera utile pour
un ouvrage?
9. Et méme lorsqu'il était en-
Uer, il n'était propre à aucun ou-
vrage: combien plus, lorsque le
feu l'aura dévoré et entierement
brülé, on n'en fera aucun ou-.
vrage?
6. À cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Comme
l'arbre de la vigne parmi les ar- |
bres des foréts, que j'ai mis au,
feu pour le dévorer, ainsi jelivre-
rai les habitants de Jérusalem.
22. Vers vous qui êtes ici maintenant en captivité. — Inventions; c'est-à-dire
actions, œuvres. Voy. Isaie, rj, ὃ.
1-8. * 4» Dans le ch. xv, Jérusalem est comparée à une vigne sauvage dont le bois
coupé n'est bon qu'à étre jeté au feu.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, rir, 10.
2. Que fera-t-on, etc. Le sens de cette phrase, d'ailleurs trés obscure, parait être,
en l'expliquant par l'hébreu : Quel avantage aura l'arbre de la vigne parmi toutes
les branches des arbres de la forét? Les écrivains sacrés comparent souvent le
peuple juif à une vigne ou à un cep, qui, en effet, est d'une grande utilité lorsqu'il
porte des fruits, tandis qu'il n'est bon qu'à étre jeté au feu, quand il est stérile,
1892
7. Et je tournerai ma face con-
tre eux; ils sortiront du feu, et
le feu les consumera; et vous
saurez que je suis le Seigneur,
lorsque jaurai tourné ma face
contre eux,
8. Et que j'aurai rendu la terre
inaccessible et désolée, parce
qu'ils se sont montrés prévarica-
teurs, dit le Seigneur Dieu.
CHAPITRE XVI.
ÉZÉCHIEL.
[cH. xvi.]
1. Etla parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
2. Fils dun homme, fais con-
naître à Jérusalem ses abomina-
tions,
3. Et tu diras : Voici ce que dit
le Seigneur Dieu à Jérusalem :
Ta racine et ta génération sont
de la terre de Chanaan; ton père
était Amorrhéen, et ta mère Cé- .
théenne.
4. Et quant tu es née, au jour
de ta venue au monde, on n'a
pas coupé le conduit par où tu
étais nourrie dans le sein de ta
mere, tu n'as pas été lavée de
l'eau salutaire, ni lavée avec le
sel, ni enveloppée de langes.
9. Aucun œil, ayant pitié de toi
n'a cherché à te faire une seule
de ces choses ; mais tu as été jetée
Ezéchiel recoit du Seigneur l'ordre de re-
présenter à Jérusalem l'état misérable
d’où il l'a tirée, la gloire à laquelle il
l'a élevée, l'infidélité dont elle s'est ren-
due coupable, les excès auxquels elle
s'est portée, les vengeances quil va
exercer sur elle. Son infidélité surpasse
celle de Samarie et celle de Sodome.
Rétablissement de ces trois sœurs. Re-
nouvellement de l'alliance du Seigneur
avec Jérusalem =.
T. Ils sortiront, etc.; c'est-à-dire qu'ils sortiront d'un feu pour tomber dans un autre
feu qui les consumera.
* Ezéchiel représente dans ce chapitre Jérusalem et Samarie sous l'image de deux
prostituées. Les inerédules se sont récriés contre la prétendue obscénité des pein-
tures qu'il emploie dans cette allégorie. Mais ils auraient dü considérer que l'obscé-
nité ne consiste pas dans la représentation des choses elles-mémes, mais dans les
idées accessoires dont on les environne. C'est l'usage en effet qui attache ces idées
accessoires aux expressions et qui les en sépare. C'est ainsi que les termes les plus
libres sont chastes dans la bouche des médecins et des chirurgiens qui ont des
mœurs, parce qu'ils ne font pas d'impression sur eux. D'ailleurs combien d'expres-
sions qui étaient chastes autrefois et qui ne le sont plus aujourd'hui; il y a, par
exemple, dans la Bible de Calvin, une foule d'endroits qui font rougir maintenant,
et qui assurément ne produisaient pas cet effet lorsqu'elle fut publiée, car on se
piquait alors d'une grande sévérité de mœurs à Genève. Ainsi les expressions d'Ezó-
chiel pouvaient étre honnétes de son temps et ne pas faire sur les Juifs la méme
impression que sur nous. Voltaire lui-méme, dont le témoignage n'est certainement
pas suspect, Voltaire, parlant sur ce sujet (Traité de la Tolérance), dit: « Ces expres-
sions, qui nous paraissent libres, ne l'étaient point alors; les termes qui ne sont point
déshonnétes en hébreu, le seraient dans notre langue. »
1-63. * 5° Ch. xvi. Jérusalem est une ingrate, qui a méprisé les bienfaits de Dieu,
1-34; elle sera punie de son idolâtrie, 35-52; cependant le reste qui sera sauvé ren-
trera en gráce, 53-63.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, rr, 16.
3. Céthéenne; est le méme mot que Héthéenne; mais prononcé différemment. Or les
Héthéens étaient un des peuples qui habitaient la terre de Chanaan, avant qu'elle füt
possédée par les Hébreux. On sait que la race de Chanaan était maudite et dévouée
à l'anathéme (Genèse, 1x, 25; Exode, xxin, 32, 33; xxxiv, 15, 16; Deutéron., vu, 1-3).
4. Tu n'as pas été lavée, etc. Les anciens avaient coutume de laver les nouveaux-
nés dans l'eau froide. — Ni salée, etc. C'est encore l'usage en Orient de frotter les
enfants naissant de sel, pour les purifier et raffermir leur chair,
9. Ton âme; c'est-à-dire ta personne, toi.
[cu. xvi.]
sur la face de la terre, en mépris
de ton àme, le jour que tu es
née.
6. Or, passant pres de toi, je te
vis foulée aux pieds dans ton
sang. et je dis, lorsque tu étais
ainsi dans ton sang : Vis; je te
dis encore : Malgré ton sang, vis.
7. Je t'ai multipliée comme la
verdure des champs, et tu as crü,
et tu as grandi, et tu es entrée ez
áge de prendre les parures de
ton sexe; tes seins se sont formés,
avec les autres signes de la pu-
berté; mais tu étais nue et pleine
de confusion.
8. Et j'ai passé pres de toi, et
je 081 vue, et voici que ton
temps 6181116 temps d’être aimée ;
et j'ai étendu mon vétement sur
toi, et j'ai couvert ton ignominie :
et je t'ai juré fidélité, et j'ai fait
une alliance avec toi, dit le Sei-
gneur Dieu, et tu es devenue à
moi.
9. Et je t'ai lavée dans l'eau, et
je t'ai purifiée de tes souillures,
et je t'ai ointe d'huile.
10. Et je t'ai revétue de diver-
ses couleurs, et je t'ai donné une
chaussure d'hyacinthe; et je t'ai
ceinte de byssus, et je l'ai parée
des vétements les plus fins.
11. Et je t'ai parée d'une belle
ÉZÉCHIEL,
1893
parure, j'ai mis des bracelets à
tes mains et un collier autour de
ton cou.
19. Et j'ai mis un anneau au-
dessus de ta bouche, et des bou-
cles à tes oreilles, et une couronne
d'éclat sur ta téte.
19. Et tu as été ornée d'or et
d'argent, et vétue de byssus et
d'un tissu de plusieurs fils et de
couleurs variées; tu t'es nourrie
de farine la plus pure, de miel et
d'huile, tu es devenue extréme-
ment belle; et tu es parvenue à
la royauté.
14. Et ton nom est allé jusque
chez les nations, à cause de ta
beauté; parce que tu étais par-
faite par l'éclat que j'avais mis en
toi, dit le Seigneur Dieu.
15. Mais, ayant confiance en ta
beauté, tu as forniqué àla faveur
de ton nom, tu t'es abandonnée
à tout passant, afin d'étre à lui.
16. Et prenant detes vétements,
tu en as fait l'ornement de tes
hauts lieux, apres les avoir cou-
sus d'un cóté et de l'autre, et là
tu y as forniqué comme il ne s'est
pas fait, et comme il ne se fera
pas.
11. Et tu as pris les vases de ta
gloire, faits de mon or et de mon
argent, que jet'ai donnés;ettuen .
8. J'ai étendu, etc.; je t'ai prise pour mon épouse. Compar. Ruth, ur, 9. Même au- |
jourd'hui dans les mariages des Juifs, l'époux étend un voile sur l'épouse, pour ^
marquer que dés ce moment elle vivra sous sa protection. — Ton ignominie; ta nu-
dité (vers. 7).
12. Un anneau au-dessus de ta bouche; c'est-à-dire au nez, et pendant sur la bouche.
Tous les voyageurs disent que, dans certaines parties de l'Orient, les femmes se
percent le nez et y passent un anneau.
14. Ton nom, etc. Le bel ordre et la sage administration du gouvernement des
Hébreux excita l'admiration des peuples, et en particulier de la reine de Saba
)111 Rois, x).
17. Les vases de ta gloire; c'est-à-dire, selon plusieurs interprètes, les vases du
temple que l'impie Achab prit pour en faire des idoles (II Paralip., xxvur, 24); d'autres
lentendent des ornements et des parures dont les femmes tirent vanité; mais la
première interprétation est plus probable. Compar. 0560, u, 8.
1894
as fait des images d'hommes, et
tu as forniqué avec elles.
18. Et tu as pris tes vêtements
de couleurs variées, et tu les en
a couvertes; et mon huile et mes
parfums, tu les a apposés devant
elles.
19. Et le pain que 16 t'ai donné,
18 plus pure farine, et l'huile et
le miel dont je t'ai nourrie, tu les
as mis en leur présence, en odeur
de suavité, et cela a été fait, dit
le Seigneur Dieu.
90. Et tu as pris tes fils et tes
filles que tu m'as engendrés, et
tu les leur as immolés pour étre
dévorés. Est-ce qu'elle est sans
importance, ta fornication?
91. Tu as immolé mes enfants
et tu /esleur as livrés, en les con-
sacrant.
22. Et, après toutes tes abomi-
nations et tes fornications, tu ne
t'es pas souvenue des jours de ta
jeunesse, quand tu étais nue,
pleine de confusion, foulée aux
pieds dans ton sang.
93. Et il est arrivé qu'après
toute ta malice (malheur, mal-
heur à toi, ditle Seigneur Dieu),
24. Tu as bâti pour toi un lieu
de prostitution, et tu as préparé
pour toi une maison de débauche
sur toutes les places publiques.
25. A toute entrée de la voie tu
as dressé le signe de ta prostitu-
tion; ettu as rendu ta beauté abo-
ÉZÉCHIEL.
]68. xvi.]
minable, et tu t'es livrée à tout
passant, et tu as multiplié tes
fornications.
26. Et tu as forniqué avec les
fils del'Egypte, les voisins d'une
haute stature; et tu as multiplié
ta fornication pour m'irriter.
27. Et voilà que moi j'étendrai
ma main sur toi, et j'écarterai ta
justification, et je te livrerai aux
âmes des filles des Philistins, qui
le haissent, qui rougissent de ta
voie criminelle.
98. Et tu as forniqué avec les
fils des Assyriens, parce que tu
n'étais pas encore assouvie; et
apres que tu as ainsi forniqué, tu
n'as pas été encore rassasiée.
29. Et tu as multiplié ta forni-
cation dans la terre de Chanaan
avec les Chaldéens; et tu n'as pas
encore été rassasiée.
30. Avec quoi purifierai-je ton
cœur, dit le Seigneur Dieu, lors-
que tu fais les œuvres d'une pros-
tituée, et d'une impudente?
31. Parce que tu t'es formé un
lieu de débauche à la tête de toute
voie, el tu t'es fait un haut lieu
sur toute place publique; et tu
n'as pas été comme une prosti-
tuée, augmentant son prix par
dédain pour celui qui lui est of-
ft,
39. Mais comme une femme
adultère, qui préfère des étran-
gers à SON mari.
18. Tu les en as couvertes. Compar. Jérém., x, 9; Baruch, νι, 12.
20. Tu as pris les fils, etc. Compar. IV Rois, xvr, 3; xvir, 17, et suiv.
21. Ta justification; les moyens de te rendre juste à mes yeux, les choses saintes,
le temple, la loi, les cérémonies. L'hébreu porte, {on droit; c'est-à-dire ce qui te re-
vient, selon la loi, en ta qualité d'épouse. — Aux âmes; aux personnes. Les Philistins
ont été souvent les instrumeuts des vengeances»du Seigneur contre les Juifs.
31. Un haut lieu (excelsum); un autel ou une maison de prostitution sur un lieu
élevé; cav l'un et l'autre se pratiquaient. — 4 /a fureur, etc. A la fureur d'un mari
jaloux.
[cn. xvi.]
33. A toutes les prostituées on
donne des récompenses ; mais toi
tu as donné des récompenses à
tous tes amants, et tu leur faisais
beaucoup de présents, afin qu'ils
vinssent de toutes parts pour for-
niquer avec toi.
34. Et il est arrivé en toi dans
tes fornications le contraire de la
coutume des autres femmes; et
après toi il n'y aura pas de forni-
cation, car par cela méme que tu
as donné des récompenses, et que
tu n'as pas recu de récompenses,
il est arrivé en toile contraire des
autres.
35. A cause de cela, femme de
mauvaise vie, écoute la parole du
Seigneur.
36. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Parce que ton argent a été
dissipé, et que ton ignominie
s'est révélée dans tes fornica-
tions avec tes amants et avec tes
idoles abominables, et dans le
sang de tes enfants que tu leur as
donnés: .
37. Voilà que moi j'assemblerai
tous tes amants, auxquels tu
l'es prostituée, et tous ceux que
iu as aimés avec tous ceux que tu
haissais; et je les assemblerai
contre toi de toutes parts, et je
mettrai à nu ton ignominie de-
vant eux, et ils verront toute ta
turpitude.
38. Et je te jugerai comme on
juge les femmes adultères et qui
ont répandu le sang; et jelivrerai
ton sang à la fureur et à la ja-
lousie.
EZÉCHIEL.
1895
39. Et je te livrerai à leurs
mains et ils détruiront ta maison
de débauche, et ils renverseront
ta maison de prostitution, et ils
te dépouillerontde tes vêtements,
et ils enléveront les ornements de
ta gloire, et ils te laisseront nue
et pleine d'ignominie ;
40. Et ils amèneront contre toi
une multitude, et 115 +
de pierres, et ils t'égorgerontavec
leurs glaives.
41. Et ils mettront le feu à tes
maisons, et ils exerceront contre
toi des jugements aux yeux d'un
très grand nombre de femmes;
et tu cesseras de forniquer, et
tu ne donneras plus de récom-
penses.
49. Alors s'apaisera mon indi-
gnation contre toi, et ma jalou-
sie se retirera de toi, et je me
tiendrai en paix, et je ne m'irri-
terai plus.
43. Parce que tu ne t'es pas sou-
venue des jours de ta jeunesse, et
que tu m'as provoqué en tout
ceci; c'est pourquoi moi aussi j'ai
mis tes voies sur ta téte, dit le
Seigneur Dieu; et je ne t'ai pas
traitée selon tes crimes dans tou-
tes tes abominations.
44. Voilà que quiconque dit
ordinairement des proverbes se
servira de celui-ci contre toi en
disant : Comme est la mere, ainsi
sa fille.
45. Toi, tu es vraiment la fille
de ta mère qui a abandonné son
mari et ses enfants; et tu es la
sœur de tes sœurs, qui ont aban-
IV Rois, xxv, 9. .41 — .10 זנאא XVI. 37. Infra, .גח
-
39. Les ornements de ta gloire. Voy. le vers. 17.
43. J'ai mis, etc. Voy. xr, 21.
43. Céthéenne. Voy. le vers. 3
4806
donné leurs maris et leurs en-
fants; votre mereétait Céthéenne,
et votre pére Amorrhéen.
46. Et ta sceur ainée est Sama-
rie, elle et ses filles, qui habitent
à ta gauche ; mais tasceur puinée,
qui habite à ta droite, est Sodome
et ses filles.
A1. Mais tu n'as pas méme mar-
ché dans leurs voies, et quant à
leurs crimes, tu n'en as pas fait
moins qu'elles; tu as fait des cho-
ses presque plus criminelles, dans
toutes tes voies.
48. Je vis, moi, dit le Seigneur
Dieu, Sodome ta sceur, elle et ses
filles, n'ont pas fait comme tu as
fait, toi et tes filles.
49. Voici quelle a été l'iniquité
de Sodome ta sœur : l'orgueil,
lexces de nourriture, labon-
dance, et l'oisiveté d'elle et de ses
filles; etelles ne tendaient pas la
main à l'indigent et au pauvre.
50. Et elles se sont élevées, et
49. Genése, xix, 24.
EZECHIEL.
(cH. xvi.]
elles ont fait des abominations
devant moi ; et je les ai détruites
comme tu as vu.
51. Et Samarie n'a pas commis
la moitié de tes péchés; mais tu
les as surpassées partes crimes, et
tu as justifié tes sœurs par toutes
tes abominations que tu as faites.
52. Porte donc aussi ta confu-
sion, toi qui as surpassé tes sceurs
par tes péchés, agissant plus cri-
minellement qu'elles : car elles
ont été justifiées par toi; sois donc
confondue, et porte ton ignomi-
nie, 207 qui as justifié tes sœurs.
53. Et je les ferai retourner en
les rétablissant par le retour de
Sodome avec ses filles, et par le
retour de Samarie et de ses filles.
et je te ferai retourner au milieu
d'elles,
54. Afinque tu portes ton igno-
minie, et quetu sois confondue de
tout ce que tu as fait, de maniere
à les consoler.
46. Et ta sœur, etc. Le Prophète considère ici Samarie et Sodome comme subsis-
tantes, quoique Sodome eüt été brülée par le feu du ciel au temps d'Abraham et
Samarie ruinée longtemps avant Ezéchiel par Salmanasar; son but en cela est uni-
quement d'établir entre ces trois villes une comparaison sous le rapport de leurs
crimes. De même, s'il nomme Samarie sœur ainée de Jérusalem, ce n'est point
qu'elle fût plus ancienne, mais c'est parce qu'elle était sa plus proche parente, et la
plus puissante, la plus peuplée, et celle que Jérusalem avait imitée la premiére,
n'étant pas tombée tout d'un coup dans les déréglements de Sodome, comme le re-
marque Théodoret. — Ses filles; hébraisme, pour /es villes qui dépendaient d'elle. —
Qui habitent à ta gauche... qui habite à ta droite. Saint Jéróme dit, pour expliquer
cette expression, que si quelqu'un regardait du temple de Jérusalem vers l'Orient,
il avait à gauche la ville de Samarie, et à droite Sodome. — * Samarie. Voir la note
sur III Rois, xvi, 24. — Sodome. Voir la note sur Genése, xir, 10.
48. Je vis, moi; c'est-à-dire. je jure par moi-même. Voy. v, 11.
49. L'excès de nourriture (saturitas panis); l'intempérance.
51, 52. Tu les as justifiées; tu les as rendues plus justes, moins coupables que toi:
elles étaient justes auprés de toi.
53. Je les ferai retourner toutes deux, Sodome et Samarie. — Εἰ je te ferai re-
tourner toi-même, Jérusalem. Il est certain que Samarie et Jérusalem furent rétablies
et qu'elles se virent dans un état trés florissant. Quant à Sodome, il n'est pas moins
certain que Dieu avait déclaré par la bouche de Jérémie (xivur, 47; xuix, 6), qu'il
ramènerait de la captivité les Moabites et les Ammonites. Or ces deux peuples étaient
originaires de Sodome par les filles de Lot.
54. De manière à les consoler. La grandeur de ton châtiment sera un sujet de conso-
[cH. xvu.]
do. Τὰ sœur Sodome et ses filles
retourneront à leur ancien état.
Samarie et ses filles retourneront
àleur ancien état; et toi et tes
filles, vous retournerez à votre
ancien état.
90. Mais Je nom même de So-
dome, ta sœur, n'a pas été en-
tendu sortir de ta bouche, au jour
de ton orgueil,
91. Avant qu'eüt été révélée ta
méchanceté, comme elle l’a été
en ce temps o% fu es devenue
l'opprobre des filles de Syrie et
de toutes les filles de la Palestine
qui t'environnent de toutes parts.
58. Tuas porté ton crime et ton
iguominie, dit le Seigneur Dieu.
59. Parce que voici ce que dit
le Seigneur Dieu : Je te ferai
ÉZÉCHIEL.
1897
01. Et tu te souviendras de tes
voies, el tu seras confondue, lors-
que tu recevras avec toites sœurs
ainées et tes sceurs puinées; et
je te les donnerai pour filles, mais
non par une alliance qui vienne
de toi.
62. Et moi j'établirai mon al-
liance avec toi; et tu sauras que
je suis le Seigneur,
63. Afin que tu te souviennes
et que tu sois confondue, et qu'il
n'y ait plus lieu pour toi d'ouvrir
la bouche, à cause de taconfusion,
lorsque je t'aurai pardonné tout
ce que tu as fait, ditle Seigneur
Dieu.
CHAPITRE XVII.
Parabole d'un aigle qui coupe la tête d'un
cèdre, et plante une vigne; cette vigne
étend ses branches vers un second
aigle, et cst arrachée par le premier.
Explication de cette parabole. Rejeton
du cèdre planté sur la montagne d'Is-
raël.
comme tu as fait, toi qui as mé-
prisé un serment, afin de rendre
vaine une alliance.
60. Et moi je me souviendrai
de mon alliance avec toi aux jours
de ta jeunesse, et j'établirai avec
toi une alliance éternelle.
1. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
lation pour tes sœurs, Samarie et Sodome, parce qu'elles en concluront qu'elles étaient
moins coupables que toi.
56, 57. Le nom méme, etc. Tu regardais Sodome, ta sœur, avec horreur et mépris,
tu ne prononcais pas méme son nom, à cause de ses crimes; mais c'était avant que
tu devinsses toi-méme criminelle comme tu l'as été depuis, et que tu fusses un objet
d'opprobre pour les villes de Syrie, etc.
61. Je te ies donnerai, etc. Samarie et Sodome, dans le sens que nous les avons
expliquées au vers. 53, sont réellement devenues les filles de Jérusalem. Le pays de
Samarie fut cédé aux Juifs par Alexandre le Grand, dit l'historien Josèphe (Contr.
App.,l. m), mais. ils n'en jouirent pas longtemps. Sous les Machabées, les rois de
Syrie démembrérent quelques villes du même pays pour les joindre à la Judée
(1 Machab., x, 28, 34). Enfin la Samarie entiére fut entiérement soumise aux Juifs
sous Jean Hircan, qui en prit et en ruina Ja capitale (IV Machab., vi; Jos. Anliq.,
l. xiu, c. xvir). Quant à Sodome, c'est-à-dire aux Moabites et aux Ammonites, des-
cendants de Lot, ils furent égalements réduits à l'obéissance des Juifs par Judas
Machabée et par ses fréres, aussi bien que l'Idumée et ce qui était autour du lac
Asphaltite (I Machab., v, 3, 26, 21 et suiv.; Jos. Anlig., 1. xit, c. xu). Enfin les peuples
gentils, figurés par Samarie et Sodome, sont devenus les enfants de Jérusalem par
la nouvelle et éternelle alliance dans laquelle Jésus-Christ a bien voulu comprendre
les étrangers avec les enfants, les Juifs avec les Gentils (Isaie, xy, 21; Lvi, 3; Rom.
tit, 9 et suiv.; Galat., 1v, 24 et suiv.; v, 6).
1-24. * 6? Ch. xvir. — 1° Ezéchiel propose l'énigme ou parabole des deux aigles et
du plant de vigne, 1-10. — 2° Les deux aigles sont le roi de Babylone et le roi d'E-
1898
2. Fils dun homme, propose
une énigme, et raconte une pa-
rabole à 18 maison d'Israël,
3. Et tu diras : Voici ce que dit
le Seigneur Dieu : L'aigle énorme,
aux grandesailes, aux longs mem-
bres, plein de plumes variées,
vint sur le Liban, et prit la moelle
du cèdre.
4. Il arracha les sommités de
ses branches, et les transporta
dans la terre de Chanaan; il les
mit dans une ville de marchands.
5. Et il prit de la graine du pays
et illa mit en terre comme une
semence, afin qu'elle prit racine
sur de grandes eaux ; il la mit sur
la surface de la terre.
6. Et lorsqu'elle eut germé, elle
crüt et devint une vigne étendue,
mais basse; ses branches regar-
ÉZÉCHIEL.
₪. xvir.]
dant l'aigle; et ses racines étaient
sous lui, elle devint donc une vi-
ene, elle poussa du sarment et
produisit des rejetons.
7. Etily eut un autre aigle
énorme, aux grandes ailes et aux
nombreuses plumes; et voilà que
cette vigne sembla porter ses
racines et étendre ses sarments
vers laigle, afin qu'il l'arrosát
des eaux des planches oü elle a
poussé.
8. C'est dans une bonne terre,
sur le bord des grandes eaux,,
qu'elle a été plantée, afin qu'elle
donnát des feuilles, qu'elle por-
tàt du fruit, et qu'elle devint une
grande vigne.
9. Dis : Voici ce que dit le Sei-
gneur Dieu : Est-ce donc qu'elle
prospérera? est-ce que l’aigle
gypte; le plant de vigne, c'est le roi de Juda, Jéchonias; sa race, c'est son oncle
Sédécias, ef. Jér., xui, 1 ; ΠΙ Rois, xr, 14; Jéchonias est conduit captif en Chaldée par
Nabuchodonosor; Sédécias fait alliance avec l'Egypte, il tombera aussi entre les
mains de Nabuchodonosor, 11-21; cf. IV Rois, xxiv, 11; Jér., xxiv, 1; xxix, 2; —
39 mais néanmoins de ce plant Dieu fera sortir le Messie, 22-24.
1. Disant (dicens). Voy. sur ce mot, nur, 16.
3. L'aigle, du cédre. C'est ainsi que portent les Septante et le texte hébreu lui-
méme, nullement un aigle, d'un cèdre, en général; ce qui montre que ces deux
objets étaient connus des Juifs, auxquels s'adressait le Prophète. — Variées; de
diverses couleurs. Cet aigle énorme représente Nabuchodonosor; la grandeur de son
corps et de ses ailes, son plumage de diverses couleurs, marquent sa force, sa puis-
sance, la grandeur de son empire, le grand nombre de ses sujets et la rapidité de
ses conquétes; le Liban figure le temple, selon les uns, la Judée, selon les autres, et
Jérusalem, suivant d'autres; le cédre est le peuple juif, la moelle du cédre, c'est-à-
dire ce qu'il y avait de meilleur, marque le roi Jéchonias ou Joachim, avec sa mére,
ses princes, ses officiers (IV Rois, xxiv, 12; Esther, τι, 6, etc.). — * La moelle du cèdre.
Hébreu : la pointe du cèdre, d’après plusieurs.
4. Les sommités de ses branches; c'est-à-dire la famille royale avec la plus noble
partie du peuple.
5. De la graine du pays, etc.; c'est Sédécias, oncle du roi Jéchonias (vers. 43); Nabu-
chodonosor l'étabit roi dans la Judée. — Sur /a surface, etc. Le Prophéte semble dire
par là que le régne de Sédécias ne devait pas étre solidement établi, et par consé-
quent de longue durée.
T. Un autre aigle; c'est-à-dire le roi d'Egypte, prince grand et puissant, mais moins
que le roi de Babylone. Voyez pour la signification des ailes et des plumes le vers. 3.
Le roi de Juda eut recours au roi d'Egypte pour en obtenir du secours contre les
Chaldéens. Ce secours est représenté sous l'image de l'irrigation telle qu'elle se pra-
tiquait en Egypte, c'est-à-dire en tirant de l'eau du Nil par des machines et en la
répandant dans des rigoles faites exprés, qui la conduisaient daus les jardins et dans
les champs.
[cu. [.זצצ
n'arrachera pas ses racines, et
n'abattra pas ses fruits; et ne sé-
chera-t-il pas ses rejetons, et ne
durcira-t-elle pas, sans qu'il faille
un bras fort et un peuple nom-
breux pourl'arracher jusque dans
la racine?
10. Voilà qu'elle est plantée,
וי donc qu'elle prospérera?
est-ce que, lorsqu'un vent brülant
laura touchée, elle ne se dessé-
Ichera pas, et que dans les plan-
ches oü elle a poussé elle ne dur-
cira pas?
11. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
19. Dis à la maison qui m'exas-
père : Ne savez-vous pointce que
ces choses signifient? Dis : Voici
que le roi de Babylone vient à
Jérusalem, et il prendra le roi et
ses princes, et il les emmènera
avec lui à Babylone.
43. Et il prendra wn prince de
la race royale, et il fera avec lui
alliance, et il recevra son ser-
ment; maisles puissants du pays,
il les enlèvera ;
14. Afin que ce soit un royaume
humble, qui ne se relève pas,
mais qui garde son traité d'al-
liance et l'observe.
15. Mais ce prince, s'étant dé-
taché delui, envoya des ambassa-
deurs en Egypte pour qu'elle lui
donnát des chevaux et des trou-
pes nombreuses. Est-ce qu'il pros-
ÉZÉCHIEL.
1899
pérera ou qu'il obtiendra son sa-
lut, celui qui a fait ces choses? et
celui qui a rompu un traité, échap-
pera-t-il?
16. Je vis, moi, dit le Sei-
gneur Dieu; au séjour du roi qui
l'a établi roi, dont il a rendu
vain le serment et rompu le
traité qu'il avait conclu avec
lui, au milieu de Babylone il
mourra.
11. Et ce n'est pas avec une
grande armée ni avec un peuple
nombreux que Pharaon fera con-
tre lui la guerre; ni par la fonda-
tion d'un rempart et par la cons-
truction de forts pour détruire un
grand nombre d'àmes.
18. Car il avait méprisé le ser-
ment,afin de rompre l'alliance, et
voici quil a donné sa main 0 '
l'Egypte, et quoiquil ait fait
toutes ces choses, il n'échappera
pas.
19. A cause de cela, voici ce
que dit le Seigneur Dieu : Je
vis, moi; le serment qu'il a mé-
prisé, et l'allance qu'il a en-
freinte, je les mettrai sur sa
téte.
20. Et j'étendrai sur lui mon
rets, et il sera pris dans ma sei-
ne; et je l’'emmènerai à Babylone
et je le jugerai là à cause de la
prévarication par laquelle il m'a
méprisé.
21. Et tous les fugitifs qui l'ont
CnaP. XVII. 20. Supra, xi, 13; Infra, xxxii, 3.
12. Le roi de Jérusalem, Jéchonias. — Vient. Ce verbe et les suivants, y compris
ceux du vers. 13, sont au passé dans le texte hébreu; cette partie de la parabole
était accomplie lorsqu'Ezéchiel la racontait.
15. * Envoya des ambassadeurs en Egypte. Voir note sur Jérémie, xxi, 2.
16, 19. Je vis, moi. Voy. Jérém., xLvI, 18.
47. Et ce m'est pas, etc.; c'est-à-dire Pharaon se mit en effet en marche pour
secourir Jérusalem; mais Nabuchodonosor alla au-devant de lui et l'obligea de se
retirer (Jérém., xxxvii, 4 et suiv.).
1900
suivi et toutes ses troupes tom-
beront sous le glaive; et le reste
sera dispersé à tout vent; et vous
saurez qu ec'est moi, le Seigneur,
qui ai parlé.
22. Voici ce que dit le Sei-
gneur Dieu : Et moi, je pren-
drai de la moelle du cèdre élevé
et je la placerai; au sommet de
ses rameaux, je cueillerai une
branche tendre, et je la plante-
rai sur une montagne haute et
élevée.
23. C'est sur la haute montagne
d'Israël que je la planterai; elle
poussera un rejeton, et produira
du fruit, et deviendra un grand
cèdre; et sous ce cèdre habiteront
tous les oiseaux, et tout ce qui
vole à l'ombre de ses feuilles fera
son nid.
24. Et tous les arbres de la con-
trée sauront que c'est moi le Sei-
gneur qui ài humilié un arbre
élevé, et élevé un arbre humble;
et qui ai séché un arbre vert et
fait reverdir un arbre aride. C'est
moi, le Seigneur, j'ai parlé et
exécuté.
XVIII. 2. Jérémie, xxxr, 29. .ג
ÉZÉCHIEL.
[cu. xvur.]
CHAPITRE XVIII.
On ne dira plus dans Israél que le fils
porte l'iniquité du pére, mais chacun
portera seul la peine de son péché. Si
l'impie fait pénitence, il ne mourra pas;
si le juste abandonne la justice, il pé-
rira. Exhortation à la pénitence.
1. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
2. D'où vient que parmi vous
vous tournez la parole en ce pro-
verbe dans la terre d'Israël, di-
sant: Des péres ont mangé du
raisin vert, et les dents des en-
fants en sont agacées?
3. Je vis, moi, dit le Seigneur
Dieu, si cette parabole vous sera
désormais £owrnée en proverbe
dans Israël.
4. Voilà que toutes les àmes
sont à moi; comme l’âme du pere,
ainsi aussi l’âme du fils est à
moi ;lámequiaura péché, mourra
elle-même.
ὃ. Et si un homme est juste,
et qu'il pratique l'équité et la jus-
tice ;
6. Qu'il ne mange point sur les
22. Et moi, je prendrai, etc. Quelques-uns appliquent cette prophétie à Zorobabel,
ou aux Machabées, mais les termes mêmes dont elle est conçue ne peuvent convenir
qu'au Messie, Jésus-Christ, qui descendait de Jéchonias et de David; son Eglise est
une montagne élevée et qui est au-dessus de toutes les autres sociétés par les pré-
rogatives divines qui la distinguent. Compar. Isaïe, τι, 2; Michée, 1v, 1.
1-32. * To Ch. xvi. Chacun porte le poids de ses propres iniquités; les fils ne sont
pas punis pour les péchés de leurs pères. Qu'Israél se convertisse et il sera sauvé.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, rir, 16.
2. Des péres, etc. Ce proverbe se trouve déjà dans Jérémie (xxxi, 29); il parait
qu'en ce temps-là l'usage en était fort commun dans Israél. Ce qui y avait donné lieu
était ce qu'on lit dans Moise; que Dieu punit l'iniquité des péres sur les enfants jus-
qu'à la troisième et quatrième génération (Exod., xx, 5, etc.).
3. Je vis, moi, etc.; c'est-à-dire, je jure par ma vie, par moi-même, que cette para-
bole ne sera plus un proverbe parmi vous; vous n'aurez plus sujet de vous en ser-
vir, parce que chacun portera la peine de son péché. — Quant à l'analyse grammati-
cale de la formule du serment, voy. Jérém., xv, 11.
6. Qu'il ne mange point, etc. Les sacrifices qu'on offrait aux idoles sur les hauteurs
étaient toujours accompagnés de festins.
[ci xvin]
montagnes, et qu'il ne leve point
ses yeux vers les idoles de la
maison d'Israél; et. qu'il ne viole
point la femme de son prochain,
et qu'il ne s'approche point d'une
femme qui est dans ses mois;
7. Et quil ne contriste per-
_sonné ; qu'il rende le gage à son
; débiteur; que par violence il ne
ravisse rien; qu'il donne de son
pain à celui qui a faim, et qu'il
couvre d'un vétement celui qui
est nu;
8. Qu'il ne préte point à usure
et ne recoive pas plus qu'il n'a
prété ; que de l'iniquitéil détourne
sa main, et qu'il rende un juge-
ment équitable entre un homme
et un homme;
9. Qu'il marche dans mes pré-
ceptes, eLearde mes ordonnances,
afin d'accomplir la vérité; celui-
là est juste, il vivra de la vie, dit
le Seigneur Dieu.
10. Mais s'il engendre un fils
voleur, répandant le sang, et qui
commette l'une de ces choses,
11. Quand il ne les commettrait
pas toutes, mais qui mange sur
les montagnes, et qui souille la
femme de son prochain,
19. Et qui contriste l'indigent
et le pauvre, qui commette des
rapines, qui ne rende point le
gage d son débiteur, qui leve ses
yeux vers les idoles, qui fasse des
abominations,
13. Qui préte à usure et qui re-
çoive plus qu'il n'a prêté; est-ce
qu'il vivra? non, il ne vivra point;
lorsqu'il aura fait toutes ces cho-
7. Isaie, vin, 7; Matth., xxv, 35.
ÉZÉCHIEL.
1901
ses détestables,ilmourra de mort,
son sang sera sur lui-méme.
14. Que sil engendre un fils
qui, voyant tous les péchés que
son père a faits, craigne et ne
fasse rien de semblable à ces pé-
chés;
15. Qu'il ne mange point sur
les montagnes, et qu'il ne lève
point les yeux vers les idoles de
la maison d'Israël; qu'il ne viole
point la femme de son prochain,
16. Et qu'il ne contriste per-
sonne; qu'il ne retienne pas le
gage à son débiteur, et qu'il ne
commette point de rapines; qu'il
donne de son pain à celui qui a
faim, et qu'il couvre d'un véte-
ment celui qui est nu;
17. Qu'il détourne sa main de
toute injustice contre le pauvre;
qu'il ne donne point à usure, et
ne recoive rien au delà de ce qu'il
a prété; quil accomplisse mes
ordonnances, quil marche dans
mes préceptes; celui-làne mourra
point dans l'iniquité de son père,
mais il vivra de la vie.
18. Son père, qui a calomnié et
a fait violence à son frere, et a
commis le mal au milieu de son
peuple, voilà qu'il est mort dans
sa propre iniquité.
19. Et vous dites : Pourquoi le
fils n’a-t-il point porté liniquité
de son pere? Il est clair que c'est
parce que le fils a agi selon l'é-
quité et selon la justice, qu'il a
gardé tous mes préceptes, et qu'il
les a pratiqués, qu'il vivra de la
vie.
9, 41, 19, 21, 28. IL vivra, etc.; hébraisme, pour, 71 vivra certainement,
1l. Qu'il mange, etc. Voy. vers. 6.
43. 11 mourra, etc.; hébraisme pour, à mourra infailliblement,
4907
90. L'âme qui a péché mourra
elle-même; un fils ne portera pas
l'iniquité de son père, et un père
ne portera pas liniquité de son
fils : la justice du juste sera sur
lui et l'impiété de l'impie sera sur
lui.
21. Maissi l'impie fait pénitence
, detous ses péchés qu'il a commis,
et qu'il garde tous mes préceptes,
et qu'il accomplisse le jugement
et la justice, il vivradela vie et ne
mourra point.
22. Je ne me souviendrai d'au-
cune de ses anciennes iniquités;
à cause de la justice qui'il a pra-
tiquée, i: vivra.
23. Est-ce que je veux la mort
de l'isipie, dit le Seigneur Dieu,
et nou qu'il se détourne de ses
voies 64 qu'il vive?
24. Mais si le juste se détourne
de sa justice, et qu'il fasse l'iui-
quité selon toutes les aboinina-
tions que limpie a coutume de
commettre, est-ce quil vivra?
toutes les œuvres de justice qu'il
ÉZÉCHIEL.
(cit. xvitr.]
avait faites seront oubliées, et
dans la prévarication par laquelle
il a prévariqué, et dans le péché
par lequel il a péché, il mourra.
25. Et vous avez dit : Elle n'est
pas juste, la voie du Seigneur.
Ecoutez done, maison d'Israél :
Est-ce ma voie qui n'est pas juste,
et ne sont-ce pas plutôt les vôtres
qui sont corrompues?
26. Car lorsqu'un juste se sera
détourné de sa justice, et qu'il
aura commis l'iniquité, il y mour-
ra; dans l'injustice qu'il a com-
mise, il mourra.
27. Et lorsqu'un impie se sera
détourné de son impiété qu'il a
commise, et qu'il agira selon l'é-
quité et selon la justice, il vivi-
fiera lui-méme son àme.
98. Gar réfléchissant, et se dé-
teurnant de toutes ses iniquités,
il vivra de la vie, et 11 ne mourra
point.
29. Et les enfants d'Israël di-
sent : Elle n'est pas juste, la voie
du Seigneur. Sont-ce mes voies
20. Deut., xxiv, 18; IV Rois, xiv, 6; 1] Par., xxv, 4. — 23. Infra, XXXII; XXXIII,
11; 11 Pierre, nr, 9. — 25. Infra, xxxin, 20.
20. Un fils, etc. On a prétendu trouver ici une contradietion avec ce qui est. dit
dans l'Exode (xx, 5), que Dieu punit l'iniquité des pères dans les enfants, jusqu'à la
quatrième génération. Mais cette contradiction n'est qu'apparente. En effet, dans
l'Exode, il ne s'agissait pas d'un simple individu qui commetfait personnellement un
crime, mais bien de tout Israél, qui abandonnait le culte de son Créateur pour adorer
des dieux étrangers, crime qui, en passant aux descendants, les rendait coupables
comme leurs pères. 101, au contraire, il n'est question que des fautes personnelles
des individus, et par conséqueut de punitions également personnelles. Moise lui-
méme dit, dans le Deutéronome (xxiv, 16), qu'on ne fera pas mourir les péres pour
les enfants, ni les enfants pour les péres, mais que chacun mourra pour son péché,
parce que dans ce passage du Deutéronome, comme dans celui d'Ezéchiel, il ne s'agit
que des fautes des individus. Ainsi les Juifs, réduits en captivité, ne furent pas punis
à cause des péchés de Manassé, leur roi, mais parce qu'ils imiterent sa conduite cri-
minelle.
22. Je ne me souviendrai d'aucune, ete.; littér., je ne me souviendrai pas de toutes, etc.
Comme nous l'avons déjà fait observer, en hébreu, les mots (out, toute, tous, accom -
pagnés d'une négation, signifient aucun, nulle, nuls.
26. Y; littér., en ces choses (in eis); l'hébreu peut signifier, à cause de ces choses;
c'est-à-dire parce qu'il se sera ainsi détourné de la justice, et qu'il aura commis l'ini-
quité.
fer. xix.] ÉZÉCHIEL. 4903
qui ne sont pas justes, maison | elle reposée parmi des hons, et
d'Israël, et ne sont-ce pas plutôt | a-t-elle nourri ses petits au milieu
les vôtres qui sont corrompues? | des lionceaux ?
30. C'est pour cela que je juge- 3. Elle a fait sortir un de ses
rai chacun selon ses voies, mai- | lionceaux, et il est devenu lion;
son d'Israël, dit le Seigneur Dieu. | et il a appris à ravir sa proie et à
Convertissez-vous, et faites péni- | dévorer des hommes.
lence de toutes vos iniquités, et 4. Et les peuples ont oui parler
l'iuiquité ne vousserapasáruine. | de lui, et ils l'ont saisi, mais non
31. Reïetez loin de vous toules | sans recevoir des blessures, et
les prévarications par lesquelles | ils l'ont emmené enchaîné en
vous avez prévariqué, et faites- | Egvpte.
vous un CŒur nouveau et un es- 9. Comme la mère vit qu'elle
prit nouveau; et pourquoi mour- | étaitsans force,e! que sonattente
rez-vous, maison d Israël? élait détruite, eile prit un autre de
32. Car je ne veux poirtla mort | ses | Bonceaux, i'ét tablit lion.
de celui qui meurt, dit le Seigneur . [| marchatt parmi ies lions
Dieu; revenez, et vivez. et Ἢ Gevint lion; et il apprità
ravir sv proie et à dévorer des
CHAPITRE XIX. Pr
Cantique lugubre sur le désastre des | 7 apprit à faire des veuves
princes de Juda représentés sous 6 eti à réduire les 61168 en déserts:
symbole de deux lionceaux, et sur la | et la terre aiusi que sa plénitude
désolation de Jérusaiem figurée par | tu désolée à la voix de son ruvis-
une vigne. r ES
———— —À—— À —— — — ς..
sement.
1. Et toi, prophéte, emploie un 8. Et contrelui des nations s'as-
chant lugubre pour les princes | semblerent de toutes parts des
d'Israël, provinces, et elles étendireut sur
2. Et tu diras : Pourquoi ta | lui leurs rets, il fut pris, mais eu
mère, qui est une lionne, s'est- | leur faisant des blessures.
30. Matth., ur, 2; Luc, ur, 3. — 32. Supra, xxm; Infra, xxxim, 11; 11 Pierre, ru, 9.
—— — — —— —
32. Revenez, et vivez; hébraïsme, pour, revenez et vous vivrez.
1-14. * 8 Ch. xix. Elégie sur les malheurs de la maison royale de Juda. — 19 Jérusa-
lein, la lionne, a élevé des lionceaux ; l'un d'eux, Joachaz, vers. 4; voir 17 Rois, אא
31, a été pris en Egypte; l'autre, Jéchonias, 5-7; voir IV Rois, xxv;, 12, à Baby!one,
8-9. — 2» La mère elie-même, Jérusalem, est comparée dans ta seconde partie 66 6
à une vigne qui est arrachée et transplantée, c'est-à-dire que ses habitants sont con-
duits en captivité, 10-14.
2. Une lionne; c'est-à-dire Jérusalem. — Des lions: les rois des nations. — Des lion-
ceaux; les princes successeurs du roi Josias (IV Rois, xxur, 34; xxiv, 12).
3. Elle a fait sortir, etc.; elle a mis sur le trône Joachaz, fils de Josias (IV Rois,
xxur, 30, 31).
8. Contre lui; contre Jéchonias, selon les uns (IV Rois, xxiv, 10, 12, 15; xxv, 21);
contre Sédécias, selon les autres, parce que l'on peut appliquer d'une manière fort
naturelle à ce prince les circonstances racontées ici et au vers. suivant par le pro-
phéte. — S'assemblèrent, etc. Le roi de Babylone assembla son armée, composée de
différents peuples, et vint assiéger Jérusalem, qui se défendit fortement et ne se
rendit qu'après avoir fait des blessures à son vainqueur.
4004
9. Et ils le mirent dans une
cage, l'emmenèrent enchaîné au
roi de Babylone ; et ils le mirent
dans laprison, afin qu'on n'enten-
dit plussa voix surles montagnes
d'Israél.
10.Tamèrecommela vigneaété
plantée dans ton sang sur le bord
de l’eau; son fruit et ses feuilles
ont crü par de grandes eaux.
11. Et ses branches solides sont
devenues des sceptres de domina-
teurs, 0188 tige s’est élevée parmi
ses feuilles, et elle a vu sa hau-
teur parmi la multitude de ses
sarments.
12. Kt elle ἃ été arrachée avec
colere, et jetée sur la terre; et
un vent brülant a desséché son
fruit; les branches qui faisaient
sa force se sont flétries et deve-
nues arides; un feu l'a dévorée.
EZÉCHIEL.
[cu. xx.]
une terre sans voie et altérée.
14. Et il est sorti un feu de la
tige de ses rameaux, lequel a
dévoré son fruit, et 11 n'y a plus
eu en elle une tige forte, sceptre
de dominateurs. C'est un chant
lugubre, et ce sera un chant lu-
gubre.
CHAPITRE XX
Le Seigneur reproche aux Israélites
leurs infidélités et celles de leurs pères,
depuis la sortie d'Egypte jusqu'alors. Il
leur annonce ses vengeances. Il promet
de les ramener dans leur pays, et de
les attacher à son service. Prophétie
contre la forét, c'est-à-dire contre la
Judée.
1. Or il arriva en la septième
année, au cinquième 7220/5, au
dixième jour du mois, que des
hommes d'entre les anciens d'Is-
raél vinrent pour consulter le Sei-
13. Et maintenant elle a été | gneur, et qu'ils s'assirent devant
transplantée dans le désert, dans | me*
Cuar. XIX. 12. Osée, xim, 15.
19. Avec colère. Nabuchodonosor fut irrité en effet de l'infidélité de Sédécias, qui,
sans égard pour ses promesses et ses serments, s'était ligué avecle roi d'Egypte.
13. Elle a été transplantée. Ce que le Prophéte met ici au passé n'était pas encore
entièrement accompli; il ne le fut réellement qu'après que le roi Sédécias eut été
pris, que Jérusalem eut été détruite et le reste de ses habitants transporté à Ba-
bylone.
14. Un feu, etc.; c'est Ismahel, fils de Nathanias, dont l'histoire est racontée dans
Jérémie (xr, 8 et suiv.; ,זזצ 1 et suiv.).
4-44. * 60 Prophéties contre Juda et Israël, xx-xxrr. — Les ch. xx-xxur contienuent
quatre oracles de la méme époque, xx, 1; cf. xxiv, 1; ils se distinguent les uns des
autres, excepté xxr, par les mots : Si tu les juges (l'expression est toujours la méme
en hébreu), indiquant que le Prophète doit juger son peuple, c'est-à-dire lui repro-
cher ses crimes et lui annoncer le châtiment, xx, 4; xxir, 2; ΧΧΠῚ, 36. — 19 L'occa-
sion de la prophétie, xx, 1-45, est une visite des anciens du peuple qui viennent au-
prés du prophète pour consulter le Seigneur, xx, 1-3, comme xiv, 1. Ezéchiel leur
rappelle les révoltes de ieurs péres contre leur Dieu, en Egypte, 5-9, et dans le dé-
sert, 10-17 et 18-26. Si le Seigneur ne les extermina pas complétement, ce fut seule-
ment pour l'honneur de son nom, 27-31. Comme Israël n'a pas renoncé à l'idolátrie
dans la Terre Promise, il ne leur répondra plus, mais il les chátiera et les dispersera,
32-38, et se choisira parmi les captifs un peuple selon son cœur, 39-44. Cette pro-
phétie est anaiogue à celle du ch. xvr.
1. La septiéme année; de la captivité de Jéchonias et d'Ezéchiel. Voy. vir, 1. — Le
cinquièrre mois de l'année sacrée, et le onzième de l'année civile. Il commençait à la
io lune de juillet, selon les rabbins, mais c'était plus probablement à celle
’août.
.cH. xx.] ÉZÉCHIEL.
2. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
3. Fils d'un homme, parle aux
anciens d'Israël, et tu leur diras :
Voici ce que dit le Seigneur Dieu:
Estce pour me consulter que
vous étes venus, vous? Je vis,
moi, je ne vous répondrai point,
dit le Seigneur Dieu.
4. Si tu les juges, fils d'un
homme, si tu les juges, montre-
“eur les abominations de leurs
pères.
ὃ. Et tu leur diras : Voicice que
dit le Seigneur Dieu : Au jour où
je choisis Israël, et où je levai ma
main pour la race de la maison
de Jacob, et où je leur apparus
dans la terre de l'Egypte, et où
je levai ma main pour eux, di-
sant : Je suis le Seigneur votre
Dieu:
6. En ce jour-là, je levai ma
main pour eux, afin de les con-
duire de la terre d'Egypte dans
une terre que je leur avais des-
tinée, où coulent du lait et du
miel, et qui est excellente entre
toutes les terres.
7. Et je leur dis : Que chacun
éloigne les scandales de ses yeux,
et ne vous souillez point par les
idoles de l'Egvpte; je suis le Sei-
gneur votre Dieu.
8. Mais ils m'ont irrité, et n'ont
pas voulu m'écouter, aucun d'eux
n'a rejeté les abominations de
leurs yeux, et ils n'ont pas quitté
1905
les idoles de l'Egypte; et j'ai dit
que je répandrais mon indigna-
tion sur eux, et que j'assouvirais
ma colère sur eux, au milieu de
la terre d'Egypte.
9. Mais j'ai agi à cause de mon
nom, afin qu'il ne füt pas violé
devant les nations au milieu des-
quelles ils étaient, et parmi les-
quelles je leur ai apparu, afin de
les retirer de la terre d'Egypte.
10. Je les ai donc fait sortir de
la terre d'Egypte, et je les ai con-
duits dans le désert.
11. Et je leur ai donné mes pré-
ceptes, je leur ai fait connaitre
mes ordonnances, dans lesquelles
l'homme qui les accomplira trou-
vera la vie.
12. De plus je leur donnai aussi
mes sabbals, afin qu'ils fussent un
signe entre moi et eux, et qu'ils
sussent que je suis le Seigneur
qui les sanctifie.
13. Mais la maison d'Israél m'a
irrité dans le désert; ils n'ont pas
marché dans mes préceptes; ils
ont rejeté mes ordonnances dans
lesquelles l'homme quiles accom-
plira trouvera la vie, et mes sab-
bats, ils les ont violés griève-
ment : j'ai dit done que je répan-
drais ma fureur sur eux dans le
désert, et que je les extermine-
rais.
14. Mais j'ai fait autrement à
cause de mon nom, afin qu'il ne
füt pas violé devant les nations,
(βαρ. XX. 11. Lév., xvii, 5; Rom., x, 5. — 12. Exode, xx, 8; xxxi, 13; Deut., v, 12,
2, 45. Disant (dicens). Voy. sur ce mot, ur, 16.
5, 6. Je levai ma main ; c'est-à-dire je promis avec serment.
12. Mes sabbals; c'est à-dire, non seulement le repos du septième jour, mais encore
loutes les autres fétes dans lesquelles on devait observer le méme repos que le sep-
tième jour de la semaine.
14. Mais j'ai fait autrement; je me contentai de faire un exemple des plus cou-
pables, et je conservai la nation.
A. T.
120
1906
d'oü je les ai retirés en leur pro-
pre présence.
45. Moi donc j'ai levé ma main
sur eux dans le désert, pour ne
les pas faire entrer dans la terre
que je leur avais donnée, où cou-
lent du lait et du miel, la princi-
pale de toutesles terres;
16. Parce qu'ils ont rejeté mes
ordonnances, et qu'ils n'ont pas
marché dans mes préceptes, et
qu'ils ont violé mes sabbats; car
c'est à la suite des idoles que leur
cœur allait.
17. Et mon œil les 8 épargnés
pour ne pas leur ôter la vie, et je
ne les ai pas exterminés dans le
désert.
18. Mais j'ai dit à leurs enfants
dans la solitude : Ne marchez point
dans les préceptes de vos pères,
ne gardez point leurs coutumes,
et ne vous souillez point par leurs
idoles.
19. Je suis le Seigneur votre
Dieu; marchez dans mes pré-
teptes, gardez mes ordonnances
et pratiquez-les ;
90. Et mes sabbats, sanctifiez-
les, afin qu'ils soient un signe
entre moi et vous, et que vous sa-
chiez que moi, je suis le Seigneur
votre Dieu.
91. Maisles enfants m'ont aigri,
ils n'ont pas marché dans mes
préceptes, et ils n'ont pas gardé
EZÉCHIEL.
(cu. xx.]
mes ordonnances, de manière à
accomplirles choses parlesquelles
l'homme qui les aura accomplies
vivra; et mes sabbats, ils les ont
violés; et j'ai menacé de répan-
dre ma fureur sur eux, et d'assou-
vir ma colère sur eux dansle dé-
sert.
22. Mais j'ai détourné ma main,
et j'ai agi à cause de mon nom,
afin qu'il ne füt pas violé devant
les nations, d'oü je les ai retirés
sous leurs propres yeux.
23. De nouveau j'ai levé ma
main sur eux dans la solitude, afin
de les disperser parmi les nations
et de les jeter au vent dans les
divers pays;
24. Parce qu'ils n'avaient pas
observé mes ordonnances, et
qu'ils avaient rejeté mes pré-
ceptes, et violé mes sabbats, et
que leurs yeux s'étaient portéssur
les idoles de leurs peres.
95. Moi done aussi je leur ai
donné des préceptes qui n'étaient
pasbons, et des ordonnances dans
lesquelles ils ne trouveront pas la
vie.
26. Je les ai souillés dans leurs
présents, lorsqu'ils offraient tout
ce qui ouvre un sein, pour leurs
péchés ; et ils sauront que je suis
le Seigneur.
27. C'estpourquoi parle à la mai-
son d'Israël, fils d'un homme, et
93. J'ai levé ma main. Voy. le vers. 5.
25. Je leur ai donné, etc.; c'est-à-dire que, puisqu'ils ont rejeté mes préceptes et mes
ordonnances qui devaient les faire vivre et les rendre heureux, je les ai laissés suivre
des préceptes et des statuts tout différents, les rites cruels etles pratiques détestables
des peuples idolâtres. Comme nous l'avons déjà remarqué plus d'une fois, l'Ecriture
dit souvent que Dieu fait ce qu'il permet seulement.
26. Je les ai souillés ; j'ai permis qu'ils se souillassent (Voy. le vers. précédent), ou
je les ai déclarés souillés, comme l'explique saint Jéróme, suivi d'une foule de com-
mentateurs; explication qui est confirmée par plusieurs exemples, entre autres par
celui où il est dit que Le prétre souillera le lépreux (Lévit., xnx, 41), au lieu de i/ Le
déclarera lépreux. — Tout ce qui ouvre un sein; tout premier-né.
]68. xx.]
tu leur diras : Voici ce que dit le
Seigneur Dieu : Vos péres m'ont
encore outragé en cela, qu'apres
qu'ils m'avaient dédaigné parleur
mépris,
28. Et que je les avais fait entrer
dans la terre que j'avais juré de
leur donner, ils ont vu toute col-
line élevée et tout arbre touffu, et
là ils ont immolé leurs victimes,
et là ils m'ont donné un sujet
d'irritation par leurs oblations, là
ils ont consumé leurs parfums de
suavité, et ils ont fait leurs nom-
breuses libations.
29. Et je leur ai dit : Quel est ce
haut lieu où vous allez? et on a
appelé son nom Haut lieu jusqu'à
ce jour.
30. A cause de cela, dis àla mai-
son d'Israël : Voici ce que dit le
Seigneur Dieu : Certainement
vous vous souillez vous-mémes
dans la voie de vos pères, et vous
forniquez à la suite de leurs pier-
res d'achoppement;
31. Et parl'oblation de vos dons,
vous vous souillez, lorsque vous
faites passer vos enfants au feu,
et par toutes vos idoles jusqu'à
ce jour; et moi je vous répondrai,
maison d'Israël? Je vis, moi, dit
le Seigneur Dieu, je ne vous ré-
pondrai point.
329. Et la pensée de votre esprit
ne s'accomplira pas,lorsque vous
ÉZÉCHIEL.
1907
dites : Nous serons comme les
nations et comme les familles de
la terre, nous adorerons comme
eux du bois et de la pierre.
33. Je vis, moi, dit le Seigneur
Dieu, avec une main forte, et
avec un bras étendu, et dans ma
fureur épanchée je régnerai sur
vous.
34. Et je vous ferai sortir du
milieu des peuples, et je vous
rassemblerai des pays dans les-
quels vous avez été dispersés,
avec une main forte, et avec un
bras étendu, et dans ma fureur
épanchée je régnerai sur vous.
39. Et je vous amènerai dans
le désert des peuples, et là j'entre-
ral en jugement avec vous, face
à face.
36. Comme j'ai disputé en juge-
ment contre vos peres dans le
désert de l'Egypte, ainsi je vous
jugerai, ditle Seigneur Dieu.
37. Et je vous assujettirai à
mon sceptre, et je vous ferai en-
trer dans les liens de mon al-
liance.
38. Et je séparerai de vous les
transgresseurs et les impies; et je
les ferai sortir du pays oü ils
demeuraient comme étrangers;
mais dans la terre d'Israël ils
n'entreront pas. et vous saurez
que je suis le Seigneur.
39. Et vous, maison d'Israël,
30. Vous forniquez; vous commettez l'idolátrie. Voy. vi, 1. — Leurs pierres d'achop-
pement; c'est-à-dire, leurs idoles.
31. Et moi je répondrai, etc. Le Seigneur s'adresse aux anciens de son peuple qui
étaient venus pour le consulter dans un esprit de curiosité et avec de mauvaises in-
tentions. — Je vis, moi, je jure que. — * Vos enfants au feu, en les offrant en sacritice
au dieu Moloch.
32. Lorsque vous dites; littér., de vous disant (dicentium). — Nous adorerons; littér.,
afin que, ou en sorle que nous adorions.
31. Mon; pronom représenté dans le texte original par l'article déterminatif, qui se
met, en effet, souvent en hébreu, pour le pronom possessif.
39. Suivez, etc.; adorez maintenant, si vous l'osez, adorez vos idoles, cela n'em-
1908
voici ce que dit le Seigneur Dieu:
Suivez chacun vos idoles et les
servez. Quesien cela méme vous
ne m'écoulez pas, et que vous
souilliez encore mon nom saint
par vos présents et par vos idoles,
40. Sur mamontagne sainte, sur
la montagne élevée d'Israël, dit
le Seigneur Dieu, là me servira
toute la maison d'Israël; tous,
dis-je, me serviront dans la terre
en laquelle iis me seront agréa-
bles; et là je demanderai vos
prémices et vos premieres dimes,
dans tout ce que vous me consa-
crerez.
41. Comme une odeur de sua-
vité je vous recevrai, lorsque je
vous aurai retirés d'entre les peu-
ples, et que je vous aurai rassem-
blés des pays oü vous avez été
dispersés, et je serai sanctifié par-
mi vous aux yeux des nations.
49. Et vous saurez que je suis
leSeigneur, lorsque je vous aurai
fait rentrer dans la terre d'Israël,
dans la terre pour laquelle j'ai
EZÉCHIEL.
(cu. xx.]
levé ma main que jela donnerais
à Vos pères.
43. Et là vous vous souviendrez
de vos voies, et de tous vos cri-
mes dont vous vous êtes souillés ;
et vous vous déplairez à vous-
mêmes à vos propres yeux, à
cause de toutes les méchancetés
que vous avez commises.
44. Et vous saurez que je suis
le Seigneur, lorsque je vous au-
rai fait du bien à cause de mon
nom, et non point selon vos voies
mauvaises, ni selon vos crimes
détestables, ὃ maison d'Israël,
dit le Seigneur Dieu.
45. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
46. Fils d'un homme, tourne ta
face contre la voie du midi; et
répands tes paroles vers l'Africus,
et prophétise à la forèt du champ
du midi.
47. Et tu diras à la forét du
midi : Ecoute la parole du Sei-
gneur; volci ce que dit le Sei-
gneur : Voici que moi j'allumerai
péchera pas (vers. 40) toute la maison d'Israël de s'assembler sur la montagne sainte
pour m'y offrir les hommages de son adoration.
- 40. Vos premières dimes; littér., le commencement de vos dimes; cette expression,
jointe à la précédente, vos prémices, signitie, en vertu d'un hébraisme, toutes sortes
de prémices, prémices de toute nature.
41. Je serai sanclifié; je ferai éclater ma sainteté par mes jugements, dont la justice
sera reconnue.
42. J'ai levé ma main. Voy. vers. 5.
45 et suiv. * 20 Prophétie de l'incendie de la forêt et du glaive du Seigneur, xx,
45-xx1. 19 Un feu allumé par la colère divine consumera la forét du sud, xx, 45-49;
29 ce qui signifie que le glaive du Seigneur fera périr la population de Juda, xxr, 1-11;
3» le glaive du Seigneur, c'est l'armée de Nabuchodonosor, qui frappera le royaume
de Juda et les enfants d'Ammon, 18-32. Cette derniére partie de la prophétie contient
un passage remarquable qui annonce, vers. 27, la venue du Messie : Jusqu'à ce que
vint celui à qui appartient le jugement. On reconnait universellement que ces mots
sont une allusion à la prophétie de Jacob, Genèse, xux, 10 : > Jusqu'à ce que vienne
Schilóh, »; cf. Galales, 1, 19; ils annoncent que le Sauveur sera la justice même et
rendra la justice. Voir Ps. Lxx1; Isaïe, 1x, 0; xvi, 1; Jér., XXII, 9; xxxi, 7.
45. Ici commence daus le texte hébreu le chap. xxr, dont la première prophétie est
en effet une suite et une explication de celle-ci.
46. La voie du midi, etc. Cette région méridionale est la Judée, située au midi de
la Mésopotamie où était alors Ezéchiel. — * Vers δ Africus; du côté où souffle le vent
qui vient de l'Afrique, vert וי[
[cn. xx1.] ÉZÉCHIEL. 1909
en Loi un feu, et je brülerai en | reau contre toute chair, du midi
toi tout arbre vert et tout arbre | jusqu'à l'aquilon;
aride; la flamme de l'embrase- 9. Afin que toute chair sache
ment ne s'éteindra pas; et par | quemoileSeigneurj'aitiré de son
elle toute face sera brûlée, depuis | fourreau mon irrévocable glaive.
le midi jusqu'à l'aquilon. 6. Et toi, fils dun homme, gé-
48. Et toute chair verra que j mis jusquau brisement de tes
moi, le Seigneur, j'ai allumé la | reins, et avec amertume gémis
flamme, et elle ne séteindra pas. | devant eux.
49. Et j'ai dit : Ah! ah!ah!5Sei- 1. Et lorsqu'ils te diront : Pour.
zneur Dieu; eux disent de moi: | quoi gémis-tu? tu diras : À cause
Est-ce qu'il ne parle pas en para- | dece quej'aientendu e£ qui vient;
boles, celui-ci? et tout cœur se fondra, et toutes
ad les mains deviendront défaillan-
CHAPITRE XXI. tes, et tout esprit sera sans force,
Menaces contre la terre d'Israël. Epée du | et l'eau coulera de tous les ge-
Seigneur préparée contre son peuple. noux; voici que cela vient, et que
Nabuchodonosor délibère s'il doit mar- : 2L ΜΕ 3 :
cher contre les Ammonites ou contre cela s accomplira, dit je Seigneur
Jérusalem. La couronne est cédée à Dieu.
Sédécias. Prophétie contre les Ammo- 8. Et la parole du Seigneur me
ites et centre les Babyloniens. 0 : E
τι Ἢ 2 fut adressée, disant :
1. Et la parole du Seigneur me 9. Fils d'un homme, prophétise,
fut adressée, disant : et dis : Voici ce que dit le Sei-
9. Fils dun homme, tourne ton | gneur Dieu. Dis : Le glaive, le
visage vers Jérusalem; fais tom- | glaive a été aiguisé et poli.
ber tes paroles sur les sanctuai- 10. C'est afin de tuer des victi-
res, et prophétise contre la terre | mes qu'il a été aiguisé ; c'est afin
d'Israël; de briller qu'il a été poli; toi qui
3. Et tu diras à la terre d'Israël: | abats le sceptre de mon fils, tu as
Voici ce que ditle Seigneur Dieu : | coupé tout arbre par le pied.
Voici que je viens vers toi; et je 11. Et je l'ai donné à polir pour
lirerai 16 glaive de sou fourreau, | qu'il soit tenu à la main; il a été
et je Luerai en toi le juste etl'im- | aiguisé, ce glaive, et il a été poli,
pie; afin qu'il soit dans la main de ce-
4. Mais parce que j'ai tué en toi | lui qui tue.
le juste etl impie, pourcela méme 12. Crie et hurle, fils d'un hom-
mon glaive sortira de son four- | me, parce qu'il a été fait pour
49. Est-ce qu’il, etc. Cet homme ne parle-t-il pas toujours en paraboles obscures,
et auxquelles on ne peut rien comprendre? Vaine excuse alléguée par les Juifs pour
ne pas changer de conduite.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, 111, 16.
1. Qui vient; litlér., parce qu'il vient: mais c'est un pur hébraisme dont le vrai
sens est celui que nous avons rendu dans notre traduction. — L'eau coulera, etc.
Voy. vit, 1T.
12. Frappe sur ta cuisse. Ce geste se fait souvent dans l'admiration, mais ici il
marque la douleur. Compar. Jérém., xxxi, 19.
1910
tuer mon peuple, pour éuer tous
les chefs d'Israél qui avaient pris
la fuite : ils ont été livrés au glaive
avec mon peuple; c'est pourquoi
frappe sur £a cuisse,
13. Parce qu'il a été éprouvé;
et ce sceptre, lorsqu'il l'aura ren-
versé, ne sera plus, ditleSeigneur
Dieu.
14. Toi donc, fils d'un homme,
prophétise, frappe des mains, et
qu'il soit doublé le glaive, et qu'il
soit triplé le glaive des tués; c'est
le glaive de la grande tuerie, le-
quel les frappe de stupeur,
15. Et fait fondre les cœurs et
multiplieles ruines. A toutes leurs
portes j'ai jeté l'épouvante du
glaive aiguisé et poli pour briller,
engainé pour le carnage.
16. Aiguise-toi, va à droite ou
à gauche, partout oü tu désires
porter ta face.
17. Bien plus, moi-même je
frapperai des mains et j'assou-
virai mon indignation; c'est moi
le Seigneur qui ai parlé.
18. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
ÉZÉCHIEL.
[cH. xxi.]
19. Et toi, fils de l’homme, pose-
toi deux voies, afin que vienne
le glaive du roi de Babylone;
toutes deux sortiront d'une seule
terre; et c'est de la main qu'il
tirera sa conjecture, et à la tête
de la voie de la cité qu'il conjec-
turera.
20. Tu feras une voie, afin que
vienne le glaive à Rabbath des
fils d'Ammon, et à Juda contre
Jérusalem, ville tres fortifiée.
21. Car le roi de Babylone s'est
arrêté à la double voie, à la tête
des deux chemins, cherchant un
augure, mêlant les flèches : il a
interrogé les idoles, il a consulté
les entrailles.
99. À sa droite le sort est tombé
sur Jérusalem, afin qu'il place des
béliers, qu'il ouvre sa bouche
pourle carnage, qu'il éleve la voix
avec un hurlement, qu'il place
des béliers contre les portes, qu'il
forme un rempart et qu'il bátisse
des fortifications.
23. Et il sera à leurs yeux
comme consultant vainement un
oracle, et imitant le repos des
"———— "—"-':»2o—-N.»-"'""———-———————————————————HUÓHÓUEHEUEEOOA|I—— M —— M —
13. Ce sceptre. Voy. vers. 10. — Lorsqu'il; c'est-à-dire le glaive.
44. Frappe des mains; littér., de main à main; soit en signe d'applaudissement aux
vengeances du Seigneur (vers. 17), soit en signe de douleur et d'indignation contre
les infidélités du peuple (xxr, 13). — Qu'il soit triplé, etc. Saint Jérôme voit dans ces
mots les trois invasions de Nabuchodonosor : l'une, qui eut lieu lorsque ce prince se
rendit Joakim tribuaire (IV Rois, xxiv, 1); la seconde, lorsqu'il fit Jéchonias captif
(Ibid., vers. 15), et la troisième, lorsqu'il transporta Sédécias à Babylone (IV Rois,
xxv, 21).
11. Je frapperai des mains. Compar. vers. 14.
19. Pose-toi; c'est-à-dire représente, trace. — C'est de la main, etc. La manière de
conjecturer, de deviner par la main, ou de tirer au sort, est décrite au vers. 21:
20. Afin que vienne, etc. Nabuchodonosor veut aller à Rabbath, capitale des Am-
monites, parce que les Ammonites, les Iduméens et les Moabites s'étaient ligués avec
Sédécias contre le roi de Babylone, comme nous l'apprend Jérémie (xxv, 3).
21. Mélant les fléches. Lorsqu'un général voulait savoir quelle ville il devait d'abord
attaquer, il écrivait sur les fléches d'un carquois les noms des différentes villes qu'il
voulait attaquer, et il les mettait daus le carquois, et celle qu'il tirait indiquait la
ville qui devait être prise la première. C'est ainsi que, la flèche qui portait le nom
de Jérusalem ayant été tirée la première, Nabuchodonosor prit aussitôt 16 chemia
de cette ville.
[cn. xxir.]
sabbats; mais lui-méme se sou-
viendra de leur iniquité, pour
prendre Jérusalem.
24. C'est pourquoi voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Parce que
vous vous étes souvenus de votre
iniquité, et que vous avez révélé
vos prévarications, et que vos
péchés ont paru dans toutes vos
pensées; parce que, dis-je, vous
vous en étes souvenus, vous serez
saisis par sg main.
25. Mais toi, profane, chef impie
d'Israél, dont le jour marqué d'a-
vance est venu dans le temps de
la punition de ton iniquité ;
96. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Ote la tiare, enlève la cou-
ronne; n'est-ce pas cette couronne
qui a élevé l'homme et humilié
le grand?
297. Je la montrerai iniquité,
iniquité, iniquité [mais cela n'ar-
riva pas jusqu'à ce que vint celui
à qui appartient le jugement], et
je la lui livrerai.
98. Et toi, fils d'un homme, pro-
phétise et dis : Voici ce que dit
le Seigneur Dieu aux fils d'Am-
mon, et pour leur opprobre :
Glaive, glaive, sors du fourreau
pour tuer, polis-toi, afin que tu
iues et que tu brilles,
EZECHIEL.
1914
29. Lorsqu'on voit pour toi des
choses vaines, et qu'on prédit des
mensonges, afin que tu tombes
surle cou des impies blessés à
mort, dont le jour marqué d'a-
vance est venu dans le temps de
la punition de leur iniquité.
30. Rentre dans ton fourreau,
dans le lieu oü tu as été créé,
dans la terre de ta naissance je
te jugerai;
31. Et je verserai sur toi mon
indignation: dans le feu de ma
fureur je soufflerai sur toi, et
je tabandonnerai aux mains
d'hommes insensés, et qui ont
machiné £a perte.
32. Du feu tu seras la páture,
ton sang sera répandu au milieu
de la terre, tu seras livré à l'oubli,
parce que c'est moi le Seigneur
qui ai parlé.
CHAPITRE XXII.
Crimes qui se commettent dans Jérusa-
lem et qui hátent sa ruine. La maison
d'Israël est devenue comme un mau-
vais métal que le Seigneur purifiera
par le feu. Ses princes, ses prétres, ses
prophétes, son peuple, sont tous cor-
rompus; il n'y a personne qui arréte la
colère du Seigneur.
1. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
27. Mais cela, etc. Il est impossible de ne pas considérer cette phrase comme une
parenthése, les verbes étant au passé dans l'hébreu aussi bien que dans la Vulgate.
C'est pour cela que nous l'avons mise entre des crochets.
30-32. Cette derniere prophétie regarde en partie Nabuchodonosor, et en partie
ses successeurs et la monarchie méme des Babyloniens, qui, aprés avoir été l'ins-
trument des vengeances du Seigneur contre tant de peuples, fut elle-même ensuite
détruite par Cyrus.
1-31. * 3» Crimes de Jérusalem et d'Israël, xxi. Aprés avoir annoncé la punition
des péchés de Juda, Ezéchiel revient sur le tableau de ses infidélités, afin de montrer
combien ce châtiment est juste. Cette prophétie contient trois oracles : 1? le sang
versé par Jérusalem et son idolâtrie hâtent sa ruine, 1-16; 99 la maison d'[sraél
n'est plus que scories, Dieu va la jeter dans la fournaise, 17-22; 39 tous sont cor-
rompus, prophètes, prêtres, princes et peuple; tous seront punis, 23-31.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, uir, 6.
1912
9. Et toi, fils d'un homme, est-ce
que tu ne juges pas la cité du
sang?
3. Et tu lui montreras toutes
ses abominations, et tu diras :
Voici ce que ditle Seigneur Dieu :
Une cité répandant le sang au
milieu d'elle, afin que vienne son
temps, et qui a fait des idoles
contre elle-méme, afin de se souil-
ler,
4. Par le sang qui par toi a été
répandu, tu t'es rendue coupable,
et par les idoles que tu as faites
tu t'es souillée, ettu as avancé tes
jours et amené le temps de tes
années; à cause de cela, je t'ai
rendue l'opprobre des nations et
la dérision de tous les pays.
9. Ceux qui sont prés et ceux
qui sont loin de toi triompheront
de toi, souillée, noble, grande
par ta ruine.
6. Voilà que les princes d'Israël
ont usé chacun de leur bras chez
toi, pour répandre le sang.
7. Is ont accablé d'outrages
pèré et mère au milieu de toi ; ils
ont calomnié l'étranger au milieu
de toi, et ils ont contristé la veuve
et l'orphelin chez toi.
8. Tu as méprisé mes sanctuai-
res, et souillé mes sabbats.
9. Des hommes détracteurs ont
été chez toi pour répandre le
sang; et sur les montagnes ils ont
mangé chez toi, ils ont opéré le
crime au milieu de toi.
CHar. XXII. 11. Jér., v, 8.
ÉZÉCUIEL,
(cu. xxir.]
10. Ils ont découvert la nudité
du père chez toi, ils ont humilié
l'impureté de la femme qui était
dansses mois chez toi;
11. Et chacun d'eux a commis
une abomination sur la femme de
son prochain, et le beau-père a
souillé sa belle-fille par un crime
horrible; le frere a fait violence à
sa propre sœur, à la fille de son
père chez toi.
12. Ils ont reçu des présents
chez toi, pour répandre le sang;
tu as reçu un intérêt et un profit
de surplus; et par avarice, tu
calomniais tes ‘proches, et tu
m'as oublié, dit le Seigneur
Dieu.
13. Voici que moi j'ai frappé des
mains contre ton avarice, et con-
tre le sang qui a été répandu au
milieu de toi.
14. Est-ce que ton cœur se sou-
liendra, ou tes mains prévau-
dront-elles, aux joursznaheureux
que je ferai pour toi? c'est moi le
Seigneur qui ai parlé, et j'exécu-
terai.
15. Et je te disperserai parmi
les nations, et je te jellerai au
vent dans divers pays, et je ferai
disparaitre ton impureté du mi-
lieu de toi.
16. Et je te posséderai en pré-
sence des nations, et tu sauras
que je suis le Seigneur.
17. Etla parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
2. Cilé de sang; littér., cilé de sangs (civitatem sanguinum); c'est-à-dire qui répand
des sangs. Les Hébreux employaient le mot sang au pluriel, principalement lorsqu'il
s'agissait du sang versé, répandu par [6 meurtre, parce que dans ce cas il y avait,
en effet, plusieurs saugs versés : le sang de l'un et le sang de l'autre.
3, 4. Son temps, tes jours, le temps des années; expressions qui toutes signilient le
temps de la destruction, de la ruine de Jérusalem.
13. J'ai frappé des mains. Voy. xxt, 14, 17.
[cH. [,זזצצ
18. Fils dun homme, la mai-
son d'Israël s'est changée pour
moi en scorie; tous sont de l'ai-
rain, et de l'étain, et du fer et du
plomb, au milieu d'un fourneau;
ils sont devenus une scorie d'ar-
gent.
19. A cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Parce que
vous avez été tous changés en
scorie, à cause de cela, voilà que
moi, je vous assemblerai au mi-
lieu de Jérusalem,
90. Comme on met ensemble
l'argent, et l'airain, et le plomb,
et 16 fer, au milieu d'un fourneau ;
comme j'y allumerai unfeu pour
les fondre, ainsi je vous rassem-
blerai dans ma fureur et dans ma
colere; et je me reposerai, et je
vous fondrai;
91. Et je vous rassemblerai, et
je vous embraserai par le feu de
ma fureur, et vous serez fondus
au milieu de Jérusalem.
22. Comme l'argent fond au mi-
lieu d'un fourneau, ainsi vous se-
rez au milieu d'elle; et vous sau-
rezque jesuisleSeigneur, lorsque
j'aurai répandu mon indignation
sur VOUS.
23. Etla parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
24. Fils d'un homme, dis-lui :
Tu es une terre impure, et qui
91. Mich., i, 11; Soph., nr, 3.
ÉZÉCHIEL.
1913
n'a point été arrosée de pluie au
jour dela fureur.
25. La conjuration de ses pro-
phètes est au milieu d'elle; com-
me un lion rugissant et ravissant
une proie, ils ontdévoréles âmes,
ils ont recu des richesses et des
récompenses, ils ont multiplié ses
veuves au milieu d'elle.
26. Ses prétres ont méprisé ma
loi, ils ontsouillé messanctuaires;
entre le saint et le profane ils
n'ont pas mis de différence; et
entre l'impur et le pur ils n'ont
pas distingué; et de mes sabbats,
ils ont. détourné leurs yeux, et
j étais souillé au milieu d'eux.
27. Ses princes sont au milieu
d'elle comme des loups ravissant
une proie pour répandre le sang,
perdre les àmes, et par avarice
courir apres le gain.
28. Mais ses prophètes les en-
duisaient sans mélange, voyant
des choses vaines, et leur prédi-
saut le mensonge, disant : Voici
ce que dit le Seigneur Dieu, quoi-
que le Seigneur n'ait point parlé.
29. Les peuples du pays ajou-
taient ealomnie à calomnie, et
commettaient des rapines avec
violence; ilsaffligeaientl'indigent
et le pauvre, et ils opprimaient
l'étranger par la calomnie sans
jugement.
————————M M — € —— MM PP M — M
18. * Tous sont de l'airain, etc. Des métaux de moindre valeur, airain, élain, plomb,
peuvent étre mélés à l'argent; ils en sont séparés dans le creuset et deviennent
ainsi scorie d'argent.
22. D'elle; c'est-à-dire, de Jérusalem, dont il est question aussi dans les versets
suivants.
38. Les enduisaient, ete. Les habitants de Jérusalem sont comparés ici à une mu-
raille qu'on couvre d'un enduit sans solidité. Compar. xui, 14, 13.
29. Ajoutaient calomnie à calomnie; c'est le vrai sens que donne la réunion des
deux mots calomniuient (calumniabantur) et calomnie (calumniam). Mais nous devons
rappeler que les termes hébreux correspondants signifient proprement, opprimer,
trailer violemment, injustement, et oppression, violente injustice.
1014
30. Et j'ai cherche parmi eux un
homme, qui mit une haie entre
moi et-eux, et qui se tint opposé
à moi pour cette terre, afin que je
ne la détruisisse point; et je n'en
al pas trouvé.
31. Cest pourquoi j'ai ré-
pandu mon indignation sur eux;
dans le feu de ma colere je les
ai consumés, j'ai ramené leur
voie sur leur téte, dit le Sei-
gneur Dieu.
CHAPITRE XXIII.
Samarie et Jérusalem représentées sous
ÉZÉCHIEL.
[cu. xxur.]
la figure de l'infidélité de ces deux
femmes, le Prophéte décrit l'idolátrie
de Samarie et de Jérusalem s.
1. La parole du Seigneur me fut
encore adressée, disant :
2. Fils d'un homme, deux fem-
mes furent filles d'une seule mere.
3. Et elles ont forniqué en
Egypte; c'est dans leur jeunesse
qu'elles ont forniqué : là leur sein
ἃ été déshonoré et leur virginité
ἃ été souillée.
4. Or, Oolla était le nom de l’at-
née, Ooliba le nom de sa jeune
sœur; et je les ai eues pour fem-
mes, et elles ont enfanté des fils et
le symbole de deux sœurs, Oolla et
Ooliba. Oolla devenue infidèie porte la
peine de son infidélité. Ooliba devenue
plus infidéle qu'Oolla, boira jusqu'à la
derniere goutte la coupe d'Oolla. Elles
ont commis les mémes crimes; elles
porteront aussi les mêmes peines. Sous
des filles. Quant à leurs noms,
Oolla est Samarie, et Ooliba est
Jérusalem.
9. 00118 a donc forniqué contre
moi, et elle a étéfollement éprise
30. Un homme qui mit une haie, etc.; c'est-à-dire qui par ses prières et ses vertus
arrêtât ma colère et en suspendit les effets, comme Abraham essaya de le faire en
faveur de Sodome, Moïse, Aaron et Phinéés en faveur des Israélites (Genèse, xvi, 23
et suiv.; Exode, xxxit, 11 et suiv.; Nombres, xvi, 48; Ps. cv, 23, 30).
31. J'ai ramené, etc., Voy. 1x, 10.
* Voyez sur l'objet de ce chapitre les observations que nous avons faites en téte
du seizième.
1-49. * 4» Oolla et Ooliba, Samarie et Jérusalem, leurs crimes et leur chátiment.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, ri, 16.
2-4. Les Hébreux d'une méme souche, nés d'Abraham et de Sara, n'ont fait qu'un
peuple, et sont demeurés unis jusqu'au schisme arrivé aprés la mort de Salomon.
Alors ce royaume fut séparé en deux parties, dont l'une, composée des tribus de Juda
et de Benjamin, recut le nom de royaume de Juda, dont Jérusalem était la capitale;
et l'autre comprenant les dix autres tribus, s'appelait le royaume d'Israél, eut dans
la suite Sumarie pour capitale. Ces deux royaumes, sortis d'une méme souche, sont
figurés par les deux sœurs venant d'une méme mère. Oo//a, l'ainée, et dont le nom
signifie tente d'elle, représente Samarie, ou le royaume d'Israél, au milieu duquel fut
d'abord placé le tabernacle du Seigneur jusqu'à la mort du grand-prétre Héli. Ooliba,
qui est la jeune, et dont le nom signilie ma lente est en elle, représente Jérusalem,
ou le royaume de Juda, au milieu duquel fut placé le tabernacle du Seigneur depuis
la mort du grand-prétre Héli. Ces deux grandes portions de l'ancien Israél ont été
comparées aux deux grandes portions du nouvel Israél, les Orientaux et les Occi-
dentaux; l'église grecque qui a imité le schisme de Samarie, et l'église latine qui
jouit des prérogatives de Jérusalem. Quant aux infidélités des deux sœurs, Ool/a et
Ooliba, elles peuvent figurer celles des chrétiens prévaricateurs, dont les chátiments
sont tracés sous les chàtiments de ces deux sœurs. Saint Jérôme applique en effet
aux mauvais chrétiens ce chapitre méme, ainsi que le seizième, où sont également
comparées les deux sœurs.
3. Elles ont forniqué; elles sont tombées dans l'idolátrie.
9. Contre moi; en manquant à la fidélité conjugale,
[cu. xxiu.]
de ses amants, des Assyriens ses
voisins,
6. Vétus d'hyacinthe, princes et
magistrats, jeuneshommes pleins
d'attraits, tous cavaliers montés
sur des chevaux.
7. Et elles'est abandonnée dans
ses fornications à ces hommes
choisis, tous fils des Assyriens, et
à tous ceux dont elle était folle-
ment éprise ; elle s'est souillée de
leurs impuretés.
8. De plus, elle n’a pas même
quitté ses fornications auxquelles
elle s'était livrée en Egypte; car
les Egyptiens ont dormi avec elle
dans sa jeunesse, etils ont désho-
noré son sein virginal et souillé
son corps.
9. A cause de cela je l'ai livrée
aux mains de ses amants, aux
mains des fils d'Assur, dont la
passion lui a fait perdre le sens.
10. Eux-mémes ils ont décou-
vert son ignominie, et ils ont en-
levé ses 1118 6% ses filles, et ils l'ont
tuée elle-même avec le glaive ; et
les femmes sont devenues fameu-
ses par les jugements quils ont
exercés contre elles.
11. Ce qu'ayant vu sa sceur Ooli-
ba, elle a perdu le sens plus qu'elle
par la passion, et elle a porté sa
fornication plus loin que la forni-
cation de sa sœur.
12. Elle s'est livrée impudem-
Cuar. XXIII. 10. Supra, xvi, 37.
ÉZÉCHIEL.
1915
ment aux fils des Assyriens, aux
chefs et aux magistrats qui ve-
naient à elle revétus d'habits de
diverses couleurs, aux cavaliers
montés sur des chevaux, età tous
les jeunes hommes d'une beauté
remarquable.
13. Et j'aivuquela voie des deux
sœurs était souillée.
14. Et elle a augmenté ses for-
nications; et lorsqu'elle a vu des
hommes peints sur la muraille,
les images des Chaldéens tracées
avec des couleurs,
15. Et ces hommes ayant les
reins ceints de /eurs baudriers, et
des tiares teintes sur leurs tétes,
ayant tous l'aspect de chefs, et
l'air des fils de Babylone et de la
terre des Chaldéens dans laquelle
ils sont nés,
16. Elle a perdu le sens par la
concupiscence de ses yeux, et elle
leur a envoyé des messagers en
Chaldée.
11. Et lorsque les fils de Baby-
lone sont venus au lieu de ses
prostitutions, ils l'ont souillée de
leursimpuretés, et elle aété souil-
lée par eux, et son àme s'est ras-
sasiée d'eux.
18. Elle a aussi mis a nu ses
fornications, et elle a découvert
son ignominie; et mon âme s'est
relirée d'elle comme mon àme
s'est retirée de sa sceur,
7. A tous ceux (omnibus); ce datif représente le second régime indirect du verbe
latin dedit, c'est-à-dire a donné, quoique le premier soit exprimé par sur (super) avec
l'aceusatif; c'est un des idiotismes de l'hébreu. Compar. Ps. rx1, ὃ.
9. Je l'ai livrée, etc. Les dix tribus eurent à souffrir de Phu:, de Théglathphalasar,
et enfin de Salmanasar, qui emmena captif tout ce que ses prédécesseurs avaient
épargné, et détruisit le royaume de Samarie (IV Rois, xv, 19, 29; xvir, xviu). — Les
fi/s d'Assur; des Assyriens.
14-15. * Des hommes peints sur la muraille, avec des couleurs, etc. C'est de la facon
dont nous les décrivent ces deux versets que les Chaldéens et les Zssyriens sont
représentés sur les bas-reliefs retrouvés dans les ruines des palais assyriens.
1916
19. Car elle a multiplié ses for-
nications, se ressouvenant des
jours de sa jeunesse pendant les-
quels elle a forniqué dans la terre
d'Egypte.
20. Et elle a perdu le sens par
la passion, en s'abandonnant à
ceux dont la brutalité est comme
la brutalité des ànes et des che-
vaux.
21. Et tu as renouvelé le crime
de 18 jeunesse, quand ton sein ἃ
été déshonoré en Ezypte, et que
ta virginité a été souillée.
92. À cause de cela, Ooliba,
voici ce que ditle Seigneur Dieu :
Voilà que moi je susciterai contre
toi tous tes amants, dont ton âme
s'est rassasiée; et je les rassem-
blerai contre tot de toules parts;
23. Les fils de Dabylone et
tous les Chaldéens, les grands,
et les souverains et les princes;
tous les fils des Assyriens, les
jeunes hommes d'une beauté re-
marquable, les généraux et tous
les magistrats, les princes des
princes et les cavaliers renom-
més;
24. EL ils viendront contre toi
munis de chariots et de roues, et
avec une multitude de peuples ;
ils seront armés de cuirasses, de
boucliers et de casques, en venant
contre toi de toules parts; et je
ieur remellrai le jugement, et ils
EZECHIEL.
[cu. xxur.]
te jugeront selont leurs propres
jugements.
25. Je tournerai contre toi ma
jalousie, qu'ils exerceront avec
fureur; ils couperont ton nez et
les oreilles; et ce qui restera de
ton peupletombera sousle glaive;
eux-mémes prendront tes fils et
tes filles, et ton dernier débris se-
ra dévoré par le feu.
26. Et ils te dépouilleront de tes
vétements, et ils enlèveront les
vases de ta gloire.
27. Et je ferai cesser le crime
en toi, et ta fornicalion apportée
de la terre d'Egypte; et tu ne le-
veras plus tes yeux vers eux, et
de l'Egypte tu ne te souviendras
pius.
28. Parce que voici ce que dit
le Seigneur Dieu : Voilà que moi
je te livrerai aux mains de ceux
que tu hais, aux mains de ceux
dont ton àme s'est rassasiée.
29. Or ils agiront contre toi avec
haine; ils enleveront tous tes tra-
vaux, et ils te laisseront nue, et
pleine d'ignominie; et sera ré-
vélée l'ignominie de tes fornica-
tions, ton crime et tes fornica-
tions.
90. Ils t'ont fait cela, parce que
tu as forniqué à la suite des na-
lions parmi lesquelles tu tes
souillée par leurs idoles.
31. Tu as marché dans la voie
24. Avec une mullitude. Ainsi lisent l'hébreu et les Septante; la Vulgate porte au
nominatif, une multitude (multitudo), comme si ce mot était le sujet du verbe précé-
dent, ils viendront (venient). — Selon leurs propres jugements; c'est-à-dire selon leurs
propres lois; ce qui fut accompli à la lettre dans la personne de Sédécias, jugé par
Nabuchodonosor à Réblatha (IV Rois, xxv, 6).
25. Ils couperont, etc.; sortes de mutilations usitées parini les Chaldéens, et même
parmi les Egyptliens contre les adultères.
26. Les vases de ta gloire. Voy. xvi, 14.
21. Vers eux; vers les faux dieux, les 110108. Compar. xvii, 6,
30. Iis lont fait cela. Ainsi portent l'hébreu et les Septante aussi bien que la Vul-
gate; mais le contexte demande le futur, is feront.
trit. K£UI.]
de La sœur, et je meltrai son calico
dans {a main.
. Voici ce que dil ie Seignenr
Dieu : Tu hoiras le calice 66 ta
sœur, profond etlarge, et tu seras
un objet de dérision et d'insuite;
calice qui estimmense.
33. Tu seras remplie d'ivresse
et de douleur, par un calice d'af-
flietion et de tristesse, par le ca-
lice de ta sœur Samarie.
34. EL Lu le boiras, et tu l'épui-
seras jusqu'à la lie, tu en dévore-
ras les fragments et tu déchireras
ton sein; parce que moi j'ai parlé,
dit le Seigneur Dieu.
35. À cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Parce que
tu m'as oublié, et que tu m'as
rejeté derrière ton corps, toi aussi
porte ton crime et tes fornica-
Lions.
36. Et le Seigneur me parla, di-
sant : Fils d'un homme, est-ce que
tu ne juges pas Oolla et Ooliba,
et que tu ne leur annonces pas
leurs crimes?
31. Parce qu'elles sont adultè-
res, et que leur sang est dans
leurs mains, et qu'elles ont for-
niqué avec leurs idoles; de plus
les fils mémes qu'elles m'ont en-
gendrés, elles 108 leur ont offerts
pour Zes dévorer.
38. Mais elles m'ont encore fait
cela : elles ont souillé mon sanc-
*) כ
oz
EZECH
1017
tuaire en ce jour-là et elles ont
prefané mes sabbats.
32. 5t lorsqu'elles immolaient
leurs enfants à leurs idoles, et
qu'elles entraient dans mon sanc
tuaire en ce jour-là, afin de le
souiller, elles ont encore fait ces
choses au milieu de ma maison.
40. Elles ont envoyé à des hom-
mes venant de loin, auxquels elles -
avaient envoyé un messager;
c'est pourquoi voilà qu'ils sont ar-
rivés : tu t'es lavée pour eux, tu
as mis de l'antimoine autour de
tes yeux, et tu t'es 09060 d'une
parure de femme.
41. Tu t'es assise sur un lit ties
beau, une table a été ornée de-
vant toi; et tu as placé mon en-
cens et mes parfums sur celle
table.
42. Et là était entendue la voix
d'une multitude exultante; et par-
mi les hommes qui de la multi-
lude de gens étaient amenés et
venaient du désert, elles mirent
des bracelets à leurs mains et des
couronnes éclatantes sur leurs
tétes.
49. Et je dis à celle qui s'est
usée dans les adulteres : Mainte-
nant elle forniquera toujours,
méme celle-ci.
44. Et ils sont entrés chez elle
comme chez une femme de mau-
vaise vie; ainsi ils entraient chez
32. Calice qui est immense; liltér., laquelle conlient beaucoup (quæ est capacissima);
le mot calice étant Gn féminin en hébreu, saint Jérôme a conservé ce méme genre
dans le latin. Quant a la signification, ca/ice, dans le style des prophétes, se met
ordinairement pour les maux qu'on est obligé de souffrir.
31. * Elles les leur ont offert; au dieu Moloch, en l'honneur de qui on brülait les
eufants.
40. De: hommes, etc. ; les Assyriens, les Egyptiens, etc., que Jérusalem a appelés
ἃ son secours. — * De l'antimoine. Voir plus haut, Jérémie, iv, 30.
41. * Mon encens et mes parfums. La loi défendait de se servir du parfum sacré
autrement qu'en l'honneur du vrai Dieu, Ezode, xxx, 32-33.
43. A ceile; ou mieux, de celle; sens que permet l'hébreu,
1918
Oolla et Ooliba, femmes crimi-
nelles.
45. Ces hommes donc sont jus-
tes; ce sont eux qui les jugeront
du jugement des femmes adul-
teres et du jugement de celles
qui répandent le sang, parce
qu'elles sont adultères et que le
sang est dans leurs mains.
46. Car voici ce que dit le Sei-
gneur Dieu : Amene contre elles
une multitude, et livre-les au tu-
multe et au pillage;
47. Et qu'elles soient lapidées
avec les pierres des peuples, et
qu'elles soient percées par leurs
glaives; ils tueront leurs fils et
leurs filles; et leurs maisons, ils
les brüleront par le feu.
48. Et j'enlèverai le crime de la
terre, ettouteslesfemmesappren-
dront à ne pas agir selon le crime
de celles-ci.
49. Ils reporteront votre crime
sur vous, el vous porterez les
péchés de vos idoles; et vous
ÉZÉCHIEL.
[cu. xxiv.]
saurez que je suis le Seigneur
Dieu.
CHAPITRE XXIV.
Marmite rouillée et pleine de chair, figure
de Jérusalem assiégée par les Chal-
déens. Le Seigneur annonce à Ezéchiel
la perte de ce qu'il avait de plus cher,
et lui défend d'en faire aucun deuil,
afin de figurer l'état où se trouveraient
les enfants d'Israël aprés la ruine du
Temple.
1. Orla parole du Seigneur me
fut adressée en la neuvième au-
née, au dixieme mois, au dixieme
jour du mois, disant:
2. Fils d'un homme, écris pour
toi le nom de ce jour, auquel le
roi de Babylone s'est fortifié con-
tre Jérusalem, 26 jour d'aujour-
d'hui.
3. Et tu proposeras en figure à
la maison provocatrice une pa-
rabole, et tu leur diras : Voici ce
que dit le Seigneur Dieu : Mets
une marmite sur le feu; mets-la,
dis-je, et verse de l'eau dedans.
49. Sont justes; comparativement à ces femmes criminelles; Dieu les emploie pour
servir de ministres à sa juste vengeance contre elles. C'est ainsi que Samarie et So-
dome sont dites plus haut (xvr, 51, 52) justifiées par Jérusalem devenue beaucoup
plus coupable que ses deux sœurs.
1-21. * 1? Prophétie de la prise de Jérusalem, xxiv. — Le jour méme où Nabucho-
donosor mit le siège devant Jérusalem, Ezéchiel annonça à ses frères en Chaldée,
les malheurs qui allaient fondre sur la ville sainte, 1-2. Dieu ordonne à son Prophète
de représenter aux captifs par un symbole, celui d'un grand vase rouillé rempli de
viandes, dans lequel ces viandes sont brülées, le sort réservé aux habitants de Jéru-
salem, 3-14. A la suite de cet oracle, le Seigneur annonce à Ezéchiel la mort de sa
femme, et lui défend d'en porter le deuil, pour marquer que les Juifs exilés ne doi-
vent point pleurer le sort qu'a subi justement Jérusalem, 15-27. C'est là-dessus que
se termine la première section de la première partie d'Ezéchiel.
1. La neuvième année du règne de Sédécias et de la captivité du roi Jéchonias,
lorsque Nabuchodonosor commença à former le siège de Jérusalem (IV Rois, xxv, 1).
Dixième mois de l’année sacrée, et quatrième de l'année civile. ll commençait à la
nouvelle lune de décembre, selon les rabbins, mais c'était plus probablement à celle
de janvier. — Disant (dicens). Voy., sur ce mot, ri, 16.
2. Ecris, etc. Ezéchiel, qui était alors en Mésopotamie, recoit de Dieu l'ordre d'é-
crire le jour méme, la date de la formation du siège de Jérusalem par Nabucho-
donosor, afin que les Juifs qui étaient prés de lui, et qui ne pouvaient manquer
d'appreudre bientót ce qui serait arrivé à la capitale de leur pays, vissent clairement
qu'Ezéchiel ne prophétisait pas en l'air, et qu 18 ne doutassent plus de ses prédic-
tions.
xxiv.) .אס]
4. Rassembles-y des morceaux
de viande, toutes les bonnes
parties, la cuisse et l'épaule,
les endroits choisis et pleins d'os.
5. Prends la béte la plus grasse,
fais aussi au-dessous une pile de
ses os; elle a bouilli à gros bouil-
lons, et ses os ont cuit entiere-
ment au milieu de la marmite.
6. A cause de 0618, voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Malheur à
la cité de sang, à la marmite
rouillée et dont la rouille ne s'est
pas détachée ; jettes-en toutes les
pieces de viande ies unes apres
les autres; on n'a pas jeté le sort
sur elle.
7. Car son sang est au milieu
d'elle; c'est sur une pierre très
lisse qu'elle l'a répandu : elle ne
l'a pas répandu sur la terre, parce
qu'il aurait pu étre couvert par
la poussière.
8. Afin done d'amener une indi-
gnalion sur elle, et de tirer une
vengeance complete, j'ai répandu
son sang sur une pierre 8
lisse, pour qu'il ne füt pas cou-
vert.
CuaP. XXIV. 9. Nah., ur, 1; Hab,, u, 12.
ÉZÉCHIEL.
1919
9. À cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Malheur à
la cité de sang, dont je ferai moi-
méme un grand bücher.
10. Entasse les os que je brüle-
rai par le feu; toutes les chairs
seront consumées, et tout ce qui
compose la marmite sera cuit, et
les os se fondront.
11. Mets-la aussi vide sur des
charbons ardents, afin qu'elle s'é-
chauffe et que son airain se liqué-
fie, que son ordure se fonde au
milieu d'elle, et que sa rouille se
consume.
12. On ἃ sué avec beaucoup de
peine pour la nettoyer, mais sa
rouille considérable n’a pas été
enlevée même par le feu.
13. Ton impurelé est exécra-
ble; parce que j'ai voulu te puri-
fier, et tu n'as pas été purifiée
de tes ordures; aussi tu ne se-
ras pas purifiée avant que je
fassereposer monindignation sur
toi.
14. Moi le Seigneur [ 81 parlé :
Le temps viendra et j'agirai; jene
passerai pas outre, et je n'épar-
4. Des morceaux de viande, etc.; ce sont les Juifs de toutes les classes et de toutes
les conditions, qui devaient, ou trouver la mort à Jérusalem pendant le siège, ou
étre conduits en captivité.
5. Elle a bouilli, ses os ont cuit. Les Septante ont mis le prétérit, ainsi que la Vul-
gate, comme si l'ordre de Dieu était déjà exécuté; mais dans le texte hébreu, le
second verbe seulement est au prétérit; le premier a la forme impérative.
6. De sang; littér., de sangs. Voy., sur ce pluriel, xx, 2. — Jettes-en, etc, littér.,
Jette-la dans les diverses pièces qu'elle contient. — On n'a pas jeté le sort, etc.,
pour voir celles qui seraient conservées; allusion aux habitants de Jérusalem qui
devaient tous, sans exception, étre jetés hors dela ville, les uns à l'état de cadavres,
168 autres comme exilés.
1. C'est sur une pierre, etc. Les Hébreux avaient une horreur extréme du sang;
de là leur usage de couvrir aussitót avec de la terre le sang des animaux qu'on tuait
(Lévitique, xvir, 13). Contrairement à cela, Jérusalem, qui avait versé non le sang des
animaux, mais le sang des hommes, et des hommes innocents, au lieu de le couvrir
de terre, afin qu'au moins il ne parüt point, elle l'avait répandu sur une pierre trés
lisse, afin qu'il s'y imprimát, et qu'ainsi il y demeurát visible plus longtemps.
14. Inventions. Voy., pour le sens de ce mot, 15006, ui, 8.
1050
gnerai pas, et je ne m'apaiserai
pas, mais selon tes voies et selon
tes inventions je te jugerai, dit le
Seigneur.
15. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
16. Fils d'un homme, voici que
moi je t'enléve ce qui est désira-
ble à tes yeux, en le frappant
d'une plaie, et tu ne te lamente-
ras pas, el teslarmes necouleront
pas.
17. Gémis en silence, tu ne fe-
ras pas le deuil des morts : que
ta couronne soit liée sur ta tête,
et ta chaussure sera à tes pieds,
et tu ne couvriras pas d'un voile
ton visage, et tu ne mangeras pas
les mets de ceux qui sont dans le
deuil.
18. Je parlai done au peuple le
matin, et ma femme mourut le
soir; etjefis 16 matin comme Dieu
m'avait ordonné.
19. Et le peuple me dit: Pour-
quoi ne nous indiquez-vous pas
ce que signifie ce que vous faites?
20. Et je leur répondis : La pa-
ÉZÉCHIEL.
(cn. xxiv.]
role du Seigneur m'a été adres-
sée, disant :
21. Dis à la maison d'Israél :
Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Voilà que moi je souillerai
mon sanctuaire,l'orgueil de votre
empire, et le désir de vos yeux, et
l'objet dela frayeur de votre âme ;
vos fils et vos filles que vous avez
laissés tomberont sous le glaive.
22. Et vousferez comme j'ai fait :
vous ne couvrirez pas d’un voile
votre visage, el vous ne mange-
rez pas les mets de ceux qui sont
dans le deuil.
23. Vous aurez des couronnes
sur vos têtes, etune chaussure à
vos pieds; vous ne vous lamen-
terez pasetvousne pleurerez pas;
mais vous sécherez dans vos ini-
quités, et chacun gémira sur son
frère.
24. Et Ezéchiel sera pour vous
un signe; selon tout ce que j'ai
fait, vous ferez, lorsque sera venu
le temps; et vous saurez que je
suis le Seigneur Dieu.
25. Et loi, fils d'un homme,
15. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, ru, 16.
16. Ce qui est désirable à les yeur; ce que tu as de plus cher; c'est-à-dire ta femme.
C'est ce qui ressort du vers. 18.
11. Couronne; espèce de bandeau dont les Hébreux se serraient la tête; c'était leur
seule coiffure.
21. Je souillerai; hébraisme, pour 7e /laisserai souiller. — Le désir de vos yeux;
probablement, vos femmes, dont la mort est figurée par la mort de la femme d'Ezé-
chiel. Compar. les vers. 16, 18.
28. Vous aurez, ete.; c'est-à-dire, vous porterez, comme à l'ordinaire, le bandeau
dont vous ceignez vos 16168 (vers. 11) et que l'on quitte néanmoins dans 16 deuil; il
en sera de méme de la chaussure. — Mais vous sécherez, etc. Compar. 1v, 17; Lévi-
(ique, XXVI, 99. — Sur son frère; au sujet, à cause de son frère; signilication qu'a
incontestablement, en quelques endroits, la particule hébraïque rendue dans la Vul-
gate par, vers, du côlé de (ad). Si l'on veut conserver le sens primitif du mot hébreu
et la signification naturelle de la préposition latine, il faudra nécessairement sup-
poser l'ellipse d'un verbe, tel que se tourner, regarder, et traduire : Gémira en se tour-
nant vers ou en regardant son frère; genre de construction qui n'est pas rare dans
le style biblique. Voy. à cet égard nos Observalions préliminaires sur des Psaumes,
p. 342, 20.
24. Ezéchiel sera, ete. Compar. xw, 1],
49. Le désir de leurs yeux. ΝΟΥ͂. les vers. 16, 21.
[eu. xxv.)
voici qu'au jour oü je leur óterai
leur force, et la gloire de /eur
dignité, et le désir deleurs yeux.
et ce sur quoi se reposent leurs
âmes, leurs fils et leurs filles;
96. En ce jour-là viendra un
fuyard vers toi, pour te donner
des nouvelles;
27. En ce jour-là, dis-je, ta
bouche s’ouvrira avec celui qui ἃ
fui; et tu lui parleras, et tu ne de-
meureras plus dans 16 silence; tu
seras pour eux un signe; et vous
saurez que je suis le Seigneur.
CHAPITRE XXV.
Prophéties contre les Ammonites et les
Moabites, qui se sont réjouis des maux
de la maison de Juda, et contre les Idu-
méens et les Philistins, qui ont satis-
fait sur elle leur haine *.
1. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
9. Fils d'un homme, tourne ta
face contre les enfants d'Ammon,
et tu prophétiseras sur eux.
3. Ettu dirasaux fils d'Ammon :
Ecoutez la parole du Seigneur
ÉZÉGCHIEL.
1921
Dieu: Voici ce que ditle Seigneur
Dieu : À cause que tu as dit :
Tres bien, tres bien, au sujet de
mon sanctuaire, parce qu'il a été
souillé; et au sujet de la terre
d'Israél, parce qu'elle a été déso-
lée; et au sujet de la maison de
Juda, parce qu'ils ont été emme-
nés en captivité;
4. À cause de cela, je te livre-
rai aux fils de l'Orient en héri-
tage, et ils établiront les parcs
de leurs troupeaux en toi, et ils
dresseront en toi leurs tentes :
ils mangeront eux-mémes tes
fruits, et ils boiront eux-mémes
ton lait.
9. Et je rendrai Rabbath la de-
meure des chameaux, et /a £erre
des fils d'Ammon le refuge des
troupeaux : et vous saurez que je
suis le Seigneur.
6. Parce que voici ce que dit le
Seigneur Dieu : 4 cause que tu
as battu des mains et frappé du
pied, et que tu t'es réjouie de tout
ton cœur au sujet de la terre
d'Israël :
? L’authenticité de ce chapitre, comme celle des chap. וצאצ XXXV, XXXVI, XXXVIII
et xxxix, qui ont pour objet, comme celui-ci, les nations étrangères, a été attaqué
dans ces derniers temps par quelques exégètes rationalistes d'Allemagne.
1. et .טנטפ * 116 Section : Prophéties contre les peuples étrangers, xxv-xxxmr. —
Ezéchiel 8 prophétisé contre sept peuples étrangers : 19 Ammon; 29 Moab; 3» l'Idu-
mée et 49 les Philistins, xxv; 5° Tyr et 69 Sidon, xxvi-xxvii; 79 l'Egypte, xxix-xxxir.
— Ces chapitres sont partagés en treize oracles, distingués par la formule : La parole
du Seigneur me fut adressée. La prophétie contre Ammon, Moab, l'Idumée et les Phi-
listins forme un oracle; celle contre Tyr, 4; contre Sidon, 1; contre l'Egypte, 7. Ils
sont tous, à part le fragment contre l'Egypte, xxix, 11-21, de l'époque du siege et de
la prise de Jérusalem, du temps pendant lequel Ezéchiel devait rester muet sur
Israël ; xxiv, 21, comparé avec 1r, 26-21 et xxxii, 21-22. — Les prophéties contre les
peuples étrangers, en particulier celles contre Tyr et l'Egypte, sont remarquables par
l'abondance et l'exactitude des détails. L'histoire atteste qu'elles se sont littéralement
accomplies. On a fait quelques difficultés au sujet du siége de Tyr par les Chaldéens,
prédit par le Prophète, mais S. Jérôme nous apprend que tout ce qu'E*échiel avait
annoncé s'était exécuté.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, mi, 16.
4. Aux fils de l'Orient; c'est-à-dire aux Arabes.
5. Rabbath; capitale des Ammonites, — La demeure des chameaux. Les Arabes
allaient sur des chameaux
AT. 421
1. A cause de cela, voilà que
moi j'étendrai ma main sur toi,
et je te livrerai en proie aux na-
tions, et je te retrancherai du
milieu des peuples, et je t'efface-
rai de la terre, et je te briserai,
et tu sauras que je suis le Sei-
gneur.
8. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : À cause que Moab et Séir
ont dit : Voilà que comme tou-
tes les nations est la maison de
Juda;
9. A cause de cela, voilà que moi
jouvrirai l'épaule de Moab, du
côté des cités, de ses cités, dis-je,
et du côté de ses confins ; /'owvrz-
rai lesillustres cités de la terre de
Bethiésimoth, 0 et Ca-
riathaim,
10. Aux fils 1 Orient avec les
fils d'Ammon, et jela donnerai en
héritage ; afin qu'il n'y ait plus sou-
venir des fils d'Ámmon parmi les
nations.
11. Etdans Moab j'exerceraiznes
jugements; et ils sauront que je
suis le Seigneur.
12. Voici ce que ditle Seigneur
ÉZECHIEL.
(cu. x&v.]
Dieu : A cause que l'Iduméea tiré
vengeance pour se venger des fils
de Juda, et qu'elle a péché grieve-
ment, et qu'elle a désiré avec ar-
deur de se venger;
13. A cause de cela, voici ce
que dit le Seigneur Dieu : J'é-
tendrai ma main sur l'Idumée,
et jen enlèverai les hommes et
les bétes, et je la rendrai dé-
serte du cóté du midi, et ceux qui
sont à Dédan tomberont sous le
glaive.
14. Et j'exercerai ma vengeance
sur l’Idumée par là main de mon
peuple Israël; et 115. agiront en
Edom selon ma colere et ma fu-
reur : et ils sauront ma vengean-
ce, dit le Seigneur Dieu.
15. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : ἃ cause que les Philistins
ont tiré vengeance, et qu'ils se
sont vengés de tout leur cœur,
tuant οἱ satisfaisant d'anciennes
inimiliés,
16. A cause de cela, voicice que
dit le Seigneur Dieu : Voilà que
moi j'étendrai ma main sur les
Philisüns, et je tuerai ceux qui
8. Séir; partie montagneuse de l'Idumée; elle se prend ici pour l'Idumée elle-
méme, le pays d'Edom (vers. 12 et suiv.).
9. J'ouvrirai; je rendrai accessible, je donnerai l'entrée à. — L'épaule de Moab ; sa
force, son soutien. — Du côté de ses confins. C'était surtout aux frontières qu'étaient
situées les villes les mieux fortifiées de Moab, telles que Bethiésimoth, Béelméon, Ca:
riathatm, — De la terre (terrz); a pour complément les trois villes susdites, qui, par
conséquent, représentent le génitif. Si le latin est 101 amphibologique, l'hébreu ne
l'est nullement; c'est ce qu'ont parfaitement compris les auteurs de la traduction
anglaise catholique de Douai.
10. Aux fils de l'Orient; c'est-à-dire aux Arabes, est le régime indirect du verbe
jouvrirai, exprimé au vers. précédent. — La (eam); c'est-à-dire Moab. Voy. Jérém.,
xLvrl, 4.
13. Dédan; ville fameuse de l'Idumée.
14. J'exercerai, etc. Cette prophétie fut accomplie aprés 16 retour de la captivité, au
temps desMachabées (I Machab., v, 65; IL Machab., x, 16), — Edom; c'est l'Idumée,
appelée ainsi ἃ Edom ou Esaü, qui l'habita.
16. Les restes, etc. Les Philistins sont ainsi désignés parce qu'ils habitaient sur les
cótes de la mer Méditerranée, et parce que dans les temps antérieurs les Assyriens
et les Egyptiens avaient beaucoup diminué leur population (/sute, xiv, 305 Jérém.,
xXv, 20% טנא 4; Sophonie, 11, 4).
"cH. XXVI.]
ont tué, et je perdrai les restes de
la contrée maritime ;
17. Et j'exercerai sur eux de
grandes vengeances, les repre-
nant dans ma fureur, et ils sau-
ront que je suis le Seigneur, lors-
que j'aurai exercé ma vengeance
sur eux.
ÉZÉCHIEL.
1993
2. Fils d’un homme, à cause
que Tyr a dit: de Jérusalem
Très bien :les portes des peuples
ont été brisées, elle s’est tournée
vers moi; je serai remplie, elle
est déserte;
3. À cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Voilà que
moi je suis contre toi, à Tyr, et
je ferai monter vers toi des na-
tions nombreuses, comme la mer
fait monter ses flots.
4. Et ils renverseront les murs
de Tyr, et ils détruirontsestours;
j'en râclerai la poussiere, et je la
rendrai comme une pierre très
lisse.
ÿ. Elle servira à sécher les fi-
CHAPITRE XXVI.
Tyr sera. détruite par Nabuchodonosor,
pour avoir insulté au malheur de Jéru-
salem. Sa ruine inspirera la frayeur à
tous les peuples maritimes.
1. Et il arriva à la onzieme
année, au premier Jour du mois,
que la parole du Seigneur me fut
adressée, disant :
4. La onziéme année de la captivité de Jéchonias et du règne de Sédécias, l'année
méme de la prise de Jérusalem (IV Rois, xxv, 2 et suiv.; Jérém., 11 ὃ et suiv.). —
Du mois; ce mois n'étant désigné ni dans le texte original, ni dans les versions, les
interprétes se sont livrés à diverses conjectures, dont aucune ne parait entierement
satisfaisante. — Disant (dicens). Voy., sur ce mot, ni, 16.
2. et suiv. * « Si le prophète Ezéchicl, annoncant à la cité arrogante et superbe
(Tyr) ses malheurs futurs, n'y eût joint le tableau de la grandeur dont elle allait
déchoir, nous n'aurions aujourd'hui, dit l'amiral Jurien de la Gravière, qu'une idée
imparfaite du degré d'opulence auquel pouvait atteindre, daus l'antiquité, une place
de commerce. Tyr s'était réjouie du sac de Jérusalem; le prophéte lui prédit que ses
murs aussi tomberont, assaillis par les tours de bois et pov. les chaussées de terre,
ébranlés à la base par les béliers. Ge rocher, ox les péche:rs font de nos jours sécher
leurs filets, a été jadis le marché du. monde. Les flottes y rapportaient des contrées
les plus éloignées des richesses immenses : des ports de la Lybie, du fer, de l'étain et
du plomb; de la Gréce, des esclaves et des chevaux. L'Ethiopie fournissait l'ébene et
l'ivoire; la Syrie, les pierres précieuses, la pourpre, les étoffes de lin et de soie; la
Judée, le froment, le baume, le miel, l'huile et les résines. Du territoire de Damas
venaient les laines et les vins ; de l'Arabie, les bestiaux; de Saba, l'or et les parfums.
L'Afrique, l'Asie et l'Europe contribuaient à l'envi au luxe d'une cité assez riche pour
garnir d'ivoire les baucs de ses rameurs et dont chaque armateur vivait entouré de
la splendeur d'un prince. Pendant prés de six siècles, cette prospérité merveilleuse
connut à peine quelques passagères éclipses. En l'année 115, le roi d'Assyrie vint
frapper sans succés aux portes de Tyr; cent quarante et un ans plus tard, le roi de
Babylone, Nabuchodonosor, les enfonca. Le siège dura cependant quatorze ans. Plus
d'un guerrier y perdit les cheveux et revint les épaules courbées. » Tyr ne s'est plus
relevée de sa ruine. « Quelques centaines de maisons croulantes et presque désertes,
où les Arabes rassemblent le soir les grands troupeaux de moutons et de chèvres
noires, aux longues oreilles pendantes, qui défilent devant nous dans la plaine, voilà
la Tyr d'aujourd'hui, dit Lamartine. Elle n'a plus de port sur les mers, plus de che-
mins sur la terre; les prophéties se sont dès longtemps accomplies sur elle. »
2.* Les portes des peuples. Ces mots, qui s'appliquent à Jérusalem ei qui sont mis
dans la bouche des Tyriens, indiquent que les Phéniciens avaient pris ombrage du
commerce que les habitants de Jérusalein faisaient avec les peuples voisins, et pour
ce motif, ils applaudissent à la ruine de la cité sainte.
5, Suivant les récits des voyageurs, de nos jours mème, les pécheurs étendent
1924
lets au milieu de la mer; parce
que moi j'ai parlé, ditle Seigneur
Dieu;et Tyrsera en proie aux na-
tions.
6. Ses filles aussi qui sont dans
la campagne seront tuées par le
glaive ; et ils sauront que je suis
le Seigneur.
1. Parce que voici ce que dit le
Seigneur Dieu : Voilà que moi j'a-
mènerai à Tyr, de la terre de l'a-
quilon, Nabuchodonosor, roi de
Babvlone, roi des rois, avec des
chevaux et des chars,et des cava-
liers, et une multitude, etunnom-
breux peuple.
8. Tes filles qui sont dans la
campagne, il les tuera par le
glaive; et il t'environnera de for-
tifications, et il formera un rem-
part autour, et il élévera contre
loi un bouclier.
9. Etil organisera des mantelets
et des béliers contre tes murs, et
il détruira tes tours avec ses
armes.
10. A cause de l'inondation de
ses chevaux tu seras couverte de
poussière ; au bruit des cavaliers,
et des roues, et des chars, tes
murailles s'ébranleront, lorsqu'il
entrera dans tes portes comme
par la brèche d'une ville prise
d'assaut.
CnaP. XXVI. 13. Jérém., virt, 34,
ÉZÉCHIEL.
(cu. xxvr.]
11. Sous les sabots de ses che-
vaux il foulera toutes tes places:
il frappera ton peuple du elaive,
ettes fameuses statues tomberon
à terre.
19. Ils raviront tes richesses,
pilleront Les marchandises, et dé-
truiront tes murs; ils renverse-
ront tes maisons magnifiques, et
tes pierres, et tes bois, et ta pous-
sière, ils les jetteront au milieu
des eaux.
13. Et je ferai cesser la mul-
titude de tes cantiques, et le son
de tes harpes ne sera plus en-
tendu.
14. Et je te rendrai comme une
pierre trés lisse, et tu serviras à
sécher les filets, et tu ne seras
plus rebátie; parce que moi j'ai
parlé, dit le Seigneur Dieu.
15. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu à Tyr : Est-ce qu'au bruit de
ta ruine, et au gémissement de
tes tués, lorsqu'ilsauront été mis
à mort au milieu de toi, les iles ne
seront pas émues?
10. Et tous les princes de la
mer descendront de leurs trónes,
et ils quitteront les marques de
leur grandeur, et ils jetteront
leurs habits de diverses couleurs,
et ils seront vêtus de stupeur,
ils s'assiéront sur la terre, et
réellement et font sécher leurs filets sur l'emplacement où s'élevait Tyr. — Au milieu
de la mer. L'ancienne Tyr était située sur le continent, et la nouvelle dans une île;
mais elles ne constituaient toutes deux qu'une seule république, et en quelque sorte
qu'une méme ville.
6, Ses filles; les villes de sa dépendance
12. Ta poussiére; c'est-à-dire la poussière de tes bâtiments.
14. Tu serviras, etc. Voy. le vers. 5. — Tu ne seras plus vebátie. L'ancienne Tyr,
prise par Nabuchodonosor, ne fut jamais rebátie. Quant à la prédietion d'Isaie
(xxu, 17), que Tyr, après un oubli de soixante-dix années, serait visitée par le Sei-
gneur, et mise en état de recommencer son premier commerce, elle peut s'expliquer
en l'appliquant à Tyr la nouvelle, qui fut élevée par les habitants de l'ancienne, lors-
qu'ils se rélugièrent dans l'ile pendant le siège,
108. xxvir,]
épouyantés de tachute soudaine,
ils seront dansl’étonnement.
47. Et faisant entendre sur toi
des lamentations, ils te diront :
Comment as-tu péri, toi qui ha-
bites sur la mer, ville illustre,
qui as été puissante sur la mer,
avec tes habitants que tous re-
doutaient?
18. Désormais les vaisseaux se-
ront frappés de stupeur au jour
de ton effroi, et les îles seront
troublées dans la mer, parce que
personne ne sort de toi.
49. Parce que voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Lorsque
j'aurai fait de toi une ville dé-
solée comme les cités qui ne
sont pas habitées, et que j'aurai
amené sur toi labime, et que
les grandes eaux t'auront cou-
verte ;
20. Et que je t'aurai précipitée
avec ceux qui descendent dans
la fosse vers le peuple eternel, et
que je t'aurai placée dans une
terre trés profonde, con:me les
solitudes anciennes, avec ceux
qui sont. conduits dans la fosse,
afin que tu ne sois pas hsbitée;
mais lorsque j'aurai établi ma
ÉZÉCHIEL.
1925
91. Je te réduirai à rien, et tu
ne seras plus ; et on te cherchera,
et on ne te trouvera plus jamais,
dit le Seigneur Dieu.
CHAPITRE XXVII.
Lamentations sur la ruine de Tyr. Des-
cription de sa beauté, de sa force, de
ses richesses, de l'étendue de son com- "
merce. Sa chute répandra l'étonnement
parmi tous les peuples maritimes.
1. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
2. Toi donc, fils d'un homme,
fais entendre sur Tyr des lamen-
tations ;
3. Et tu diras à Tyr, qui habite
alentrée de la mer, au 5/0706 du
commerce des peuples pour des
iles nombreuses : Voici ce que
dit le Seigneur Dieu : O Tyr, tu
as dit, je suis d'une parfaite beau-
té,
4. Et située au milieu de la mer.'
Tes voisins qui t'ont bátie ont mis
le comble à ta beauté.
ὃ, C'est avec les sapins du Sa-
nir qu'ils t'ont construite ainsi
que tous tes étages qui plon-
gent dans la mer; ils ont pris un
cedre du Liban pour te faire un
gloire dans la terre des vivants, | mát.
18. Personne, etc.; parce que tu es déserte, sans habitants.
19. Que j'aurai amené, etc. C'est une figure de la multitude des troupes de Nabu-
chodonosor. Les armées sont souvent représentées dans l'Ecriture sous l'image dea
flots de la mer, des grandes eaux.
20. La fosse (lacum) ; le sépulere, le tombeau. — Le peuple élerne!; les morts des-
tinés à des supplices éternels. — Une terre tres profonde (terra novissima), trés cachée ;
ce qui peut s'entendre de l'enfer. — Les solitudes anciennes ; les ruines séculaires dont
il ne reste plus de traces. — Que j'aurai, etc. Lorsque j'aurai rétabli Israël dans sa
première gloire. — La terre des vivants: La terre d'Israél est ainsi appelée, soit
parce que le vrai Dieu, le Dieu vivant y était adoré, soit parce que les justes qui y
étaient ensevelis devaient en leur temps étre rendus à la vie éternelle.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, 11 16.
9. Sanir; nom que les Amorrhéens donnaient au mont Hermon. Cette montagne
était située à l'orient du Jourdain, sur les confins dela Syrie, de méme que le Liban
à l'occident. — 2/0068, etc., littér., étages de la mer (tabulatis maris); c'est-à-dire les
étages du vaisseau.
1999
6. Ils ont poli des chénes de
Basan pour tes rames; et ils ont
fait tes banes avec livoire des
Indes, et les prétorioles avec le
bois des iles d'Italie.
7. Le byssus varié d'Egypte a
été tissu en forme de voile pour
être mis sur ton mát ; l'hyacinthe
et la pourpre des iles d'Elisa sont
devenues ta couverture.
8. Les habitants de Sidon et
d'Arad ont été tes rameurs; tes
sages, ὃ Tyr, sont devenustes pi-
lotes.
9. Les vieillards de Gébal et
ses hommes habiles ont eu des
nautoniers pour le service de tout
ton équipage; tous les vaisseaux
dela mer et leurs nautoniers ont
été engagés dans ton commerce.
10. Les Perses, et les Lydiens,
et les Lybiens étaient dans ton
armée, tes hommes de guerre;
ils ont suspendu chez toi la cui-
rasse et le bouclier pour ton or-
nement.
ÉZÉCHIEL.
[cu. xxvir.]
11. Les fils d'Arad, et ton ar-
mée, étaient sur tes murs tout
autour; et aussi les Pygmées qui
étaient sur tes tours ont suspen-
du leurs carquois à tes murs tout
autour; ils ont mis eux-mêmes le
comble à ta beauté.
12. Les Carthaginois qui négo-
ciaient avec toi par l'abondance
de toutes les richesses, ont rem-
pli tes foires d'argent, de fer,
d'étain, et de plomb.
13. La Grèce, Thubal et Mosoch
étaient tes courtiers ; ils ont ame-
né des esclaves et des vases d'ai-
rain à ton peuple.
14. De la maison de Thogorma
on amenait des chevaux, des
cavaliers et des mulets à ton
marché.
15. Les fils de Dédan ont né-
gocié avec toi; beaucoup d'iles
ont négocié par tes mains; elles
t'ont donné des dents d'ivoire et
de l’ébène en échange de tes mar-
chandises.
6. Prétorioles (pretoriola); ce sont les chambres des capitaines de vaisseau. — * Des
chénes de Basan. Voir Nombr., xxi, 33. — Des iles d'Italie. En hébreu : des iles de
Kittim, ce qui désigne les iles de la Méditerranée et les pays de l'Occident.
1. Elisa; c'est-à-dire l'Elise, dans le Péloponèse. — Ta couverture. Les couvertures
servent à différents usages dans les vaisseaux.
8. Arad ; 116 célèbre sur les côtes de Phénicie.
9. Gébal; ville de Phénicie, appelée Biblos par les Grecs. — Ont été engagés, ete.;
littér., ont été parmi le peuple de ton commerce.
11. Pygmées (Pygmzi); signifie, en grec, combattants, comme l'a remarqué saint
Jérôme. — * Le mot rendu par Pygmées est dans l'original gammadim, qui signifie
braves ; il désigne les troupes indigènes de Phénicie.
12. * Les Carthaginois. Dans l'original: les habitants de Tharsis ou Tartessus, dans
la Bétique, en Espagne, d'où les Phéniciens tiraient les métaux énumérés dans ce
verset.
13. Thubal; fut le cinquième fils de Japhet, et Mosoch le sixième (Genèse, x, 2);
mais ces noms représentent ici deux peuples, sur lesquels on n'est guère d'accord.
Cependant il y a quelque probabilité que Thubal signifie les Tibéraniens, voisins du
rivage méridional de la mer Noire ; et Mosoch, les Mosques sur la côte orientale de
la mer Noire.
14. Thogorma; la Phrygie selon les uns, l'Arménie selon les autres, la Sarmatie,
suivant d'autres. ll est certain que les chevaux de ces trois pays sont trés vantés par
les ancieus auteurs.
15. Dédan ; fils de Jecsan et petit-fils d'Abraham et de Céthura, s'établit dans l'Arabie
(Genèse, xxv, ὃ).
xxvir.] .8ס]
16. Le Syrien qui négociait avec
toi à cause de la multitude de tes
ouvrages,aexposé dans ton mar-
ché des pierreries et de la pour-
pre, et des vétements de tricot, et
du byssus, et de la soie, et du
chodchod.
11. Juda et la terre d'Israél
étaient aussi tes courtiers; ils
ontexposé dans tes foires du fro-
ment de premiere qualité, du bau-
me, du miel, de l'huile et de la
résine.
18. Damas, qui négociait avec
toi, te donnait pour la multidude
de tes ouvrages une multitude de
différentes richesses, du vin gé-
néreux, des laines de la couleur
la plus belle.
19. Dan, et la Grèce et Mosel
dans tes foires ont exposé du fer
travaillé ; il y avait du stacté et
de la canne dans ton commerce.
20. Dédan était ton courtier
pour les tapis à s'asseoir.
ÉZÉCHIEL.
1927
21. L'Arabie et tous les princes
de Cédar ont négocié par tes
mains; avec des agneaux, et des
béliers, et des boues, ils sont ve-
nus vers toi étant en commerce
avec toi.
29. Les marchands de Saba et
de Réema eux-mêmes ont négo-
cié avec toi en toutes sortes d'ex-
cellents aromates, en pierres pré-
cieuses, et en or qu'ils ont exposé
dans ton marché.
23. Haran, et Chené, et Eden
ont négocié avec toi; Saba, Assur
et Chelmad t'ont vendu leurs mar-
chandises.
24. Eux aussi trafiquaient avec
toi de bien des manières pour des
balles d'hyacinthe, de tissus de
diverses couleurs et de trésors
précieux qui étaient enveloppés
et attachés avec des cordes; ils
avaient encore des cèdres dans
leurs trafics avec toi.
95. Les vaisseaux de la mer
16. Chodchod; ce mot du texte sacré, conservé ici par les Septante et la Vulgate,
se trouve encore dans 18076, viv, 12, où il a été rendu dans ces mêmes versions par
jaspe. La signification primitive de ce terme parait être, en hébreu, é£ncelant.
17. * Baume. > Les montagnes de Galaad étaient couvertes d'a;:yris, arbrisseau
d'où découle le baume de Judée ou baume de Galaad, parfum fort estimé alors.
L'amyris est devenu excessivement rare de nos jours, et le peu de baume qu'on en
récolte est réservé à l'usage du Sultan. Quelques auteurs ont voulu en conclure que
les richesses aromatiques de la Judée avaient été grandement exagérées parles an-
ciens, mais il ne faut pas oublier que ces arbres furent détruits par les Tures, lors-
qu'ils envahirent le pays. » (E. RIMMEL.)
19. Dan; probablement la ville de ce nom vers les sources du Jourdain, appelée
dans la suite Panéade; car, pour la tribu de Dan, elle avait été emmenée captive
longtemps auparavant par le roi d'Assyrie. — Mose/; lieu inconnu Dos quelques-uns
pensent étre la Carie.
20. Dédan; marque peut-être ici les descendants de Dédan, fils de Regma et petit-
is de Chus, différents de ceux du vers. 15. Dans Genése, x, 7, au lieu de Dédan,
q52 lit l'hébreu, la Vulgate porte Dadan ; mais cette légère différence d'orthographe
n'empéche pas que ce ne soit le méme personnage.
21. Cédar. Noy. Jérém., xyix, 28. — À L’Arabie, le pays qui s'étend à l'est et au sud-
est de la Paiestine jusqu'à ia mer Rouge.
22. Saba et Réema; provinces situées dans l'Arabie Heureuse, près du golfe Persique.
25. Haran et Chené; noms de iieux de la Mésopotanie. — Eden; province où était
situé le paradis terrestre. — Saba; différent de celui du vers. 22, était probablement
près de l’Idumée. — Assur; 168 Assyriens. — Chelmad; est la Carmanie, selon les
Septante, et la Médie, suivant la paraphrase chaldaique.
25. Tes princes, etc.; c'est-à-dire entretenaient ton principal commerce,
1928
étaient tes princes dans ton com-
merce ; tu as été comblée de ri-
chesses et extrémement glorifiée
au milieu de la mer.
26. Tes rameurs t'ont conduite
sur les grandes eaux; mais le
vent du midi t'a brisée au fond
de la mer.
97. Tes richesses, et tes tré-
sors, et ton nombreux équipage,
tes nautoniers, tes pilotes qui
avaient en garde les objets à
ton usage et commandaient à tes
gens; et aussi tous les hommes
de guerre qui étaient en toi, avec
toute la multitude qui se trouve
au milieu de toi, tomberont au
fond de la mer au jour de ta
ruine.
98. Au bruit de la clameur de
tes pilotes, les flots seront trou-
blés;
99. Et ils descendront de leurs
vaisseaux, tous ceux qui tenaient
la rame; les nautoniers et tous
les pilotes de la mer se tiendront
surla terre.
30. Ils se lamenteront sur toi à
haute voix, et pousseront des cris
amers ; et ils jetteront de la pous-
siere sur leurs tétes et se couvri-
ront de cendre.
31. Et ils raseront à cause de
toi leur chevelure et se ceindront
de cilices;etils te pleureront dans
l'amertume de l'àme d'un pleur
irés amer.
39. Et ils entonneront sur toi
un chant lugubre, et se désoleront
à ton sujet, disant : Quelle ville
est comme Tyr, et quelle ville est
ÉZÉCHIEL.
[cu. xx vum]
devenue muette au milieu de la
mer?
33. Toi qui, en faisant sortir
tes marchandises de la mer, as
comblé de biens des peuples nom-
breux, qui, par la multitude de
tes richesses et de tes peuples,
as enrichi des rois de la terre;
34. Maintenant tu as été brisée
par la mer;tes richesses et toute
la multitude qui était au milieu
de toi sont tombées au profond
des eaux.
39. Tous les habitants des iles
seront frappés de stupeur sur
loi; et tous leurs rois battus par
cette tempête ont changé de vi-
sage.
36. Les marchands de tous les
peuples ont sifflé sur toi : tu as été
réduite au néant, et tu ne seras
plus à jamais.
CHAPITRE XXVIII.
Prophétie de la ruine du roi de Tyr.
Cantique lugubre sur la ruine de ce
prince. Prophétie de la désolation de
Sidon. Promesse du rétablissement
d'Israël.
1. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
2. Fils d'un homme, dis au
prince de Tyr : Voici ce que ditle
Seigneur Dieu : À cause que ton
cœur s'est élevé, et que tu as
dit : Moi je suis un Dieu, je suis
assis sur le trône d’un Dieu au
milieu de la mer, lorsque tu n'es
quun homme et non un Dieu;
parce que tu as posé ton cœur
comme le cœur d'un Dieu;
26. Le vent du midi; selon l’hébreu, de l'orient. On l'entend généralement de Nabu-
chodonosor, qui vint de l'Orient assiéger Tyr.
30. * Enumération des signes de deuil et de désolation.
1. Disant (dicens). Voy. sur ce mot, nr, 16.
[cri. xz viu.)
3. Voilà que tu es plus sage que
Daniel; aucun secret n'est caché
pour toi.
4. Par ta sagesse et ta prudence
tu t'es créé de la puissance, et tu
as amassé de l'or et de largent
dans tes trésors.
5. Parlagrandeur de ta sagesse,
et par ton commerce tu as multi-
plié ta puissance, et ton cœurs est
élevé dans ta force.
6. À cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Parce que
ton cœur s'est élevé comme le
cœur d'un Dieu,
7. À cause de cela, voici que
moi j'amènerai sur toi des étran-
gers, les plus forts d'entre les
nations , et ils tireront leurs glai-
ves sur la beauté de ta sa-
gesse, et ils souilleront ta splen-
deur.
8. Ils te tueront et te précipite-
ront dans la fosse, et tu mourras
dans la destruction des tués au
milieu de la mer.
9. Est-ce que tu parleras, di-
sant : Je suis un Dieu, devant
ceux qui te tueront; lorsque tu
n'esqu'un homme et non un Dieu,
ÉZÉCHIEL.
1929
dans la main de ceux qui te fe-
ront mourir ?
10. Tu mourras de la mort
des incirconcis par la main des
étrangers, parce que c'est moi
qui ai parlé, dit le Seigneur Dieu.
11. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant : Fils d’un
homme, fais entendre un chant de
deuil sur le roi de Tyr,
12. Et tu lui diras : Voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Toi le sceau
de la ressemblance de Dieu, toi
plein de sagesse et parfait en
beauté,
13. Tu as été dans les délices
du paradis de Dieu; toute pierre
précieuse était ta couverture : la
sardoine, la topaze, le jaspe, la
chrysolithe, l'onyx, lebéryl, le sa-
phir, l'escarboucle, l'émeraude ;
l'or servait à relever ta beauté ; et
tes bijoux percés ont été préparés
pour le jour auquel tu as été créé.
14. Tu étais un chérubin aux
ailes étendues et protecteur; et je
t'ai établi sur la montagne sainte
de Dieu ; et tu as marché au mi-
lieu de pierres étincelantes com-
me le feu. j
3. Tu es plus sage que Daniel; paroles dites par ironie. Daniel vivait alors à la cour
du roi de Babylone, avec la réputation de l'homme le plus éclairé de cet empire. Il
y avait quatorze ou quinze ans qu'il avait expliqué à Nabuchodonosor le songe de la
statue composée de divers métaux (Daniel, τι, 21, 28), ce qui avait été le commence-
ment de sa grande réputation.
8. Dans la fosse. Ces mots sont dans l'hébreu.
10. * De la mort des incirconcis, de mort violente.
12. La plupart des Pères regardent la description de la puissance du roi de Tyr
comme une figure de la gloire et de la ruine de Lucifer.
13. Ta couverture (operimentum tuum); exprime non seulement le vétement, mais
tout ce qui sert à couvrir, comme les couvertures de lit, etc.; il en est de méme du
terme hébreu correspondant, il signifie couverture en général. — Tes bijoux percés;
littér., tes trous (foramina tua); c'est-à-dire, selon saint Jéróme, et les plus habiles
- hébraisants modernes, les endroits ou tu renferme tes trésors; suivant d'autres,
des chatons de bagues dans lesquels on enchásse des pierres précieuses; explication
parfaitement conforme au contexte.
14. Tu étais un chérubin, etc.; allusion aux chérubins qui couvraient et protégeaient
ainsi l'arche dans le temple du Seigneur, sur sa montagne sainte. — Tu as mar-
ché, etc.; c'était la coutume cliez les anciens d'orner les murs et le pavé des appar-
1990
15. Tu as été parfait dans tes
voles depuis le jour de ta créa-
tion jusqu'à ce que l'iniquité a été
trouvée en toi.
16. Dans la multiplication de ton
commerce ton intérieuraété rem-
pli d'iniquité, et tu as péché ; et je
l'aichassé delamontagne de Dieu,
et je t'ai exterminé, ὃ chérubin,
couvrant le propitiatoire du mi-
lieu des pierres étincelantes com-
me le feu.
11. Et ton cœur s'est élevé dans
ta beauté : tu as perdu ta sagesse
dans ta beauté; jet'ai jeté sur la
terre, et je t'ai exposé devant la
face des rois, afin qu'ils t'aper-
qussent.
18. Dans la multitude de tes ini-
quités, et dans l’iniquité de ton
commerce tu as souillé ton sanc-
tuaire : je ferai donc sortir du mi-
lieu de toi un feu quite dévorera,
et je te réduirai en cendre sur la
terre en présence de tous ceux
qui te verront.
19. Tous ceux qui te verront
parmi les nations seront frappés
de stupeur sur toi; tu es devenu
ÉZÉCHIEL.
[cu. xx vi]
comme un néant, et tu ne seras
plus à jamais.
20. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
91. Fils dun homme, tourne
lon visage contre Sidon; et tu
prophétiseras sur elle,
22. Et tu diras : Voici ce que dit
le Seigneur Dieu : Voilà que je
viens vers toi, Sidon, et je serai
glorifié au milieu de toi; et ils
sauront que je suis le Seigneur,
lorsque j'aurai exercé sur elle des
jugements, et que j'aurai été sanc-
tifié en elle.
23. Et je lui enverrai la peste
et le sang sur ses places publi-
ques; et les tués tomberont au
milieu d'elles par le glaive quz
frappera tout autour; et ils sau-
ront que je suis le Seigneur.
24. Et elle ne sera plus pour la
maison d'Israél une pierre d'a-
choppement, et un sujet d'amer-
tume, et une épine causant de la
douleur de tous cótés à ceux qui
l'environnent et qui la combat-
tent ; etils sauront que je suis le
Seigneur Dieu.
tements, non seulement de marbre, mais encore de pierres précieuses. D. Calmet a
cité plusieurs exemples de ces sortes de somptuosités dans son Comment. littér. sur
le livre d'Esther, x, 6.
18. Ton sanctuaire ; la montagne sainte de Dieu. Compar. vers. 14.
22. Je serai glorifié; par les châtiments que j'exercerai sur toi. — Ils sauront;
c'est-à-dire ses habitants. — Sur elle. Le Seigneur ne s'adresse plus directement à
Sidon, mais à son Prophète. Ce changement subit de personne est trés commun dans le
style prophétique. — Que j'aurai été sanctifié en elle; voy. sur cette expression, xx, 41.
94. Sidon ne sera plus, etc. Sidon, en effet, fut un sujet de honte et de scandale
pour la maison d'Israël, en l'engageant dans l'idolátrie par Jézabel, femme d'Achab
et fille d'Ethbaal, roi des Sidoniens (III Rois, xvr, 31). Sidon fut aussi un sujet d'af-
flietion et d'amertume pour le peuple du Seigneur en insultant à son malheur et à
sà captivité. Enfin elle fut comme une épine qui pique et qui blesse douloureusement,
par les vexations et les violences qu'elle commit contre les Israélites, aussi bien que
leurs autres voisins les Tyriens, les Moabites, les Ammonites, etc. — L'environnent, la
combattent. Dans l'hébreu comme dans la Vulgate, au lieu du singulier féminin la, on
lit le masculin pluriel des; parce que Sidon, et maison d'Israël, sont mis ici pour les
Sidoniens et les Israélites. — 7 A Sidon, « point de traces de sa grandeur passée, dit
Lamartine. Une jetée circulaire, formée de rochers énormes, enceint une darse
comblée de sable, et quelques pêcheurs avec leurs enfants, les jambes dans l'eau,
(cn. xxix.]
95, Voici ce que ditle Seigneur
Dieu : Lorsque j'aurai rassemblé
la maison d'Israël du milieu des
peuples parmi lesquels ils. ont
été dispersés, je serai sanctifié
parmi eux devant les nations;
et ils habiteront dans leur terre,
que j'ai donnée à mon serviteur
Jacob.
96. Et ils y habiteront avec sé-
curité, et ils bâtiront des mai-
sons, et ils planteront des vignes,
etils habiteront avec confiance,
lorsque j'aurai exercé des juge-
ments sur tous ceux quiles envi-
ronnent et qui les combattent, et
ilssauront que je suis le Seigneur
leur Dieu.
CHAPITRE XXIX.
Prophétie contre le roi d'Egypte. Déso-
lation de l'Egypte, et son rétablisse-
ment. Autre prophétie de la désolation
de l'Egypte. Promesses en faveur d'Is-
raël.
1. En la dixième année, au di-
xieme mois, au onzième jour du
mois, la parole du Seigneur me
futadressée, disant :
9. Fils dun homme, tourne ta
facecontre Pharaon, roi d'Egypte,
Cap. XXIX. 6. Isaïe, ,טאאא
ÉZÉCHIEL.
1931
ct tu prophétiseras sur lui etsur
toute l'Egypte.
3. Parle, et tu diras : Voici ce
que dit le Seigneur Dieu : Voilà
que moi je viens vers toi, Pha-
raon, roi d'Egypte,grand dragon,
qui te couches au milieu de tes
fleuves, et dis : Le fleuve est à
moi, et je me suis fait moi-même.
4. Et je mettrai un frein à tes
máochoires, et j'attacherai les pois-
sons de tes fleuves à tes écailles ;
et je te tirerai du milieu de tes
fleuves, et tous les poissons s'at-
tacheront à tes écailles.
9. Et je te jeiterai dans le dé-
sert, toi et tous les poissons de
ton fleuve; tu tomberas sur la
face de la terre; tu ne seras ni
recueilli ni ramassé ; aux bétes de
la terre et aux volatiles du ciel,
je t'ai donné pour étre dévoré.
6. Et tous les habitants de l'E-
gypte sauront que je suis le Sei-
gneur, parce que tu as été un
báton de roseau pour la maison
d'Israël.
Quand ils t'ont pris avec la .ד
main, tu t'es rompu, et tu leur as
déchiré toute l'épaule; et lors-
qu'ils se sont appuyés sur toi, tu
poussent à la mer une barque sans máture et sans voiles, seule image maritime de
cette seconde reine des mers. »
25. Is; c'est-à-dire les Israélites, désignés par l'expression /a maison d'Israël. Voy.
la note précédente. — Je serai sanctifié. Voy. sur cette expression, xx, 41.
26, Ils. Voy. la note précédente.
1. La divriéme année; de la captivité de Jéchonias et d'Ezéchiel. Compar. vin, 1. —
Dixiéme mois. Voy. xxiv, 1. — Disant (dicens). Voy. ur, 16.
2..* Contre Pharaon. Apriès ou Hophra, celui qui est appelé Ephrée, dans Jérémie,
xXLIV, 30. Apriés mourut en 572 ou 571.
3. Grand dragon; probablement le crocodile. — Au milieu de tes fleuves; entre le
Nil et ses bras.
4. Tous les voissons; ce sont les sujets du roi d'Egypte, qui s'attacheront à lui, le
croyant inviucibie et impénétrable aux traits de ses ennemis; mais ils seront pris
avec lui et menés dans une terre étrangère où ils périront.
1. Tu t'es; littér. et par hébraisme, et tu t'es. La particule ef n'est pas ici conjonc-
tive; elle marque seulement l'apodose,
1932
as été mis en pieces, ettu as brisé
tous leurs reins.
8. A cause de cela, voici ce que
ditle Seigneur Dieu : Voilà que
moi j'amenerai sur toi le glaive,
et je tuerai de toi les hommes et
les hétes.
9. Et la terre de l'Egypte sera
convertie en désert et en soli-
tude; et ils sauront que je suis le
Seigneur, parce que tu as dit : Le
fleuve est à moi, et c'est moi qui
l'ai fait.
10. C'estpourquoi voici que moi
je viens vers toi et vers tes fleu-
ves: et je ferai de 18 terre d'Egypte
des solitudes, après qu'elle aura
été ravagée par le glaive, depuis
la tour de Syene jusqu'aux fron-
tières de l'Ethiopie.
11. Le pied d’un homme ne la
traversera pas, et le pied d’une
bête n'y marchera pas; et elle ne
sera pas habitée pendant qua-
rante ans.
12. Et je rendrai la terre d'E-
gypte déserte parmi des terres
désertes, et ses cités ruznées par-
mi des villes ruinées, et elles se-
ront désolées pendant quarante
ans; et je disperserai les Egyp-
ÉZÉCHIEL.
[cu. xxix.)
tiens parmi les nations, et je
les jetterai au vent dans les dé:
vers pays.
13. Parce que voici ce que dit
le Seigneur Dieu: Apres la fin de
quarante années, je rassemblerai
les Egyptiens du milieu des peu-
ples, parmi lesquels ils. avaient
été dispersés.
14. Et je ramènerai les captifs
de l'Egypte, et [6108 établirai dans
la terre de Phathurès, dans. la
terre de leur naissance, et là ils
formeront un humble royaume ;
15. Entre tous. les royaumes,
elle sera le plus humble, et. elle
ne s'élevera plus au-dessus des
nations; et je les affaiblirai, pour
qu'ils ne commandent pas aux na-
tions.
16. Et ils ne seront plus la con-
fiance de la maison d'Israël, ἐμὲ
enseignant liniquité, afin qu'ils
me fuient et qu'ils les suivent; et
ils sauront que je suisle Seigneur
Dieu.
17. Et il arriva en la vingt-sep-
tième année, au premier 71075, au
premier Jour du mois, que la. pa-
role du Seigneur me fut adressée.
disant :
10. Depuis la tour de Syène; ou plutôt conformément à l'hébreu : Depuis Migdol
jusqu'à Syène. Le mot migdol, qui signifie tour, était aussi un nom propre de ville
mentionnée dans l'Exode (xiv, 2), dans les Nombres (xxxii, 1), et dans Jérémie (xuiv,
1; xLvi, 14); עס la Vulgate l'a rendu dans ces divers passages par Magdalum, et les
Septante l'ont constamment traduit par Magdólon. — L'expression, depuis la tour de
Syéne, se trouve de nouveau dans Ezéchiel (xxx, 6). Migdol était au nord, et Syéne
au midi. — * Nabuchodonosor poussa ses conquêtes en Egypte jusqu'à Syène, dans
la Haute-Egypte, aujourd'hui Assouan, près de la première cataracte du Nil, presque
sous le tropique.
13. Après la fin de quarante années; c'est-à-dire probablement lorsque Cyrus, au
commencement de son règne, rendit la liberté à tous les peuples que Nabuchodonosor
et ses prédécesseurs avaient emmenés captifs au delà de l'Euphrate. — Les Egyptiens;
littér., l'Egypte; mais le pluriel masculin, i/s avaient été dispersés (dispersi fuerant):
qui lui sert d'attribut, montre clairement que le pays est mis pour ses habitants.
14. Phathurés; canton situé dans la Haute-Egypte, vers la Thébaide.
11. La vingt-seplième année de la captivité de Jéchonias (Compar. vni, 1); l'année
méme de la prise de Tyr, ou l'année suivante. Cette prophétie est postérieure à plu
sieurs autres ci-après, — Premier mois de l’année sacrée et le septième de l'année
xxx.] .א6]
18. Fils dun homme, Nabucho-
donosor, roi de Babylone, a fait
faire un grand travail à son ar-
mée contre Tyr; toute téte est de-
venue chauve, toute épaule s'est
dépilée; et il ne lui à pas été
donné de récompense, ni à son
armée, au sujet de Tyr, pour le
travail qu'il a fait pour moi con-
tre elle. e
19. A cause decela, voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Voilà que
moi j'établirai Nabuchodonosor,
roi de Babylone, dans la terre
d'Egypte; etil en prendra la mul-
titude, et il en fera son butin, et
il enlévera ses dépouilles; et ce
sera une récompense pour son
armée,
90. Et pour le service qu'il m'a
rendu contre Tyr; jelui ai donné
la terre d'Egypte, parce qu'il a
travaillé pour moi, ditle Seigneur
Dieu.
21.Encejour-à, une corne pous-
sera à la maison d'Israël; pour toi,
je t'ouvrirai la bouche au milieu
19. Jér., xLvi, 2.
ÉZÉCHIEL.
1933
d'eux ; et ils sauront que je suis le
Seigneur.
CHAPITRE XXX.
Désolation prochaine de l'Egypte; l'E-
thiopie en sera saisie d'effroi. Le Sei-
gneur achèvera de briser le bras de
Pharaon et fortifiera le bras du roi de
Babylone.
1. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
2.Fils d'un homme, prophétise,
et dis: Voiciceque ditle Seigneur
Dieu : Hurlez, malheur, malheur
au jour;
9. Car le jour est pres, et il ap-
proche, le jour du Seigneur, jour
de nuage; ce sera le temps des
nations.
4. Et viendra un glaive sur l'E-
gypte; et la frayeur sera dans l'E-
thiopie, lorsque tomberont les
blessés en Egypte; quand sa mul-
lilude sera enlevée, et que ses
fondements seront détruits.
ὃ. L'Ethiopie, et la Libye, et la
Lydie, et tout le reste des peuples,
civile. Il commencait à la nouvelle lune de mars, selon les rabbins, mais c'était plus
probablement à celle d'avril.
18. * Nabuchodonosor avait assiégé Tyr pendant quatorze ans. Voir plus haut, xxvr, 2.
Au bout de ce temps, la ville fut prise, mais le roi de Babylone n'eut pas de récom-
pense, parce que, dit S. Jéróme, lorsque les Tyriens virent qu'ils ne pouvaient plus
résister, ils emportérent leurs richesses dans leurs vaisseaux.
19. Voilà que moi, etc. On a objecté contre la véracité de cette prophétie, que les
auteurs profanes ne disent rien des conquêtes de Nabuchodonosor en Egypte. Mais
Bérose et Mégasthène (300 ans avant Jésus-Christ), en ont parié. D'ailleurs le silence
des auteurs profanes ne formerait qu'un argument purement négatif, qui n'aurait
aucune valeur contre le témoignage positif d'une nation entière. — J'établirai; c'est
le sens du latin dabo, expliqué par l'hébreu, car le verbe hébreu donner, signifie,
mettre, poser, quand il se trouve dans la phrase construite comme l'est ici celle de
la Vulgate. — La multitude; c'est-à-dire le peuple tout entier.
21. Corne; mot qui, comme on l'a déjà vu plusieurs fois, était, chez les Hébreux,
synonyme de force et de puissance.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, ni, 16.
"3. Le temps, etc.; c'est-à-dire, le temps du châtiment des nations.
4. Sa mullitude; son peuple tout entier.
8. La Lydie; fort différente de celle d'Asie. — Et tout le reste des peuples; et tous
»
1934
et Chub, et les fils de la terre de
l'alliance avec eux, sous le glaive
tomberont.
6. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Et ils tomberont, ceux qui
soutenaient l'Egypte, et l'orgueil
de son empire sera détruit; de-
puis la tour de Syene, ils tombe-
ront par l'épée, dit le Seigneur
Dieu des armées;
7. Et ils seront dispersés au
milieu des terres désolées, et ses
villes seront entre les cités dé-
sertes.
ὃ. Et ils sauront que je suis le
Seigneur, lorsque j'aurai mis le
feu dans l'Egypte et qu'auront été
brisés tous ses auxiliaires.
9. En ce jour-là, sortiront de de-
vant ma face des messagers sur
destriremes, pour détruire la con-
fiance de l'Ethiopie, et 18 frayeur
sera sur eux au jour de l'Egypte,
parce que sans aucun doute ce
jour viendra.
10. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : J'anéantiraila multitude de
l'Égypte par la main de Nabucho-
donosor, roi de Babylone.
11. Lui et son peuple avec lui,
les plus puissants des nations se-
Quar. XXX. 13. Zach., זזצ 2.
ÉZECHIEL.
[cg. xxx.]
rontamenés pour détruirele pays;
ils tireront leurs glaives contre
l'Egypte, etils rempliront la terre
de tués.
12. Et je mettrai à sec les lits
des fleuves, et je livrerai le pays
entre les mains des plus mé-
chants ; je détruirai le pays et sa
plénitude, par la main des étran-
gers; c'est moi le Seigneur, qui
ai parlé. *
13. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Et j'exterminerai les simu-
lacres, et j'anéantirai les idoles
de Memphis; il n'y aura plus de
prince du pays d'Egypte; et je
porterai la terreur dans la terre
d'Egypte.
14. Je perdrai entierement la
terre de Phathurès, et je mettrai
le feu dans Taphnis, et j'exer-
cerai des jugements dans Alexan-
drie.
45. Et je répandrai mon indi-
gnation sur Péluse, la force de
l'Egypte; je perdrai la multitude
d'Alexandrie,
16. Et je mettrai le feu dans
l'Egypte; comme une femme en
travail, Péluse sera dans les dou-
leurs; Aiexandrie sera ravagée
les autres peuples alliés à l'Egypte. Compar. xxvi, 10. — Chub; c'est-à-dire les Ciru-
biens, que Ptolémée place dans la Maréote.
1. Entre; littér., au milieu (in medio); c'est-à-dire au rang.
9. Au jour de l'Egypte; au jour du châtiment, etc.
10. La multitude; le peuple tout entier.
12. * Les lits des fleuves; le Nil avec ses bras et ses nombreux canaux qui, comine
autant de fleuves, arrosent l'Egypte et en font la richesse.
13. Memphis; une des principales villes de l'Egypte, et le centre de l'idolàtrie égy p-
tienne, — * n'y aura plus de prince du pays d'Egypte. Depuis Nectancbo, 16 deraier
pharaon indigène, défait en 354 par Artaxerxes {1 Ochus, roi de Perse, l'Egypte a
toujours été soumise aux étrangers : Perses, Macédoniens, Romains, Arabes et Turcs.
14. Phathurés. Voy. xxix, 14. — Taphnis; une des principales villes de l'Egypte. —
Alexandrie; voy. Jérém., xLvI, 25.
15. Péluse; ville sur les ruines de laquelle fut bàtie Damiette; elle est appelée ἐκ
force de l'Egypte, parce qu'elle en défendait l'entrée du côté de la Méditerranée, de
l'Arabie et de la Palestine. — La multitude; le ocuole.
(em. xxx.)
0% dans Memphis seront des an-
goisses continuelles.
11. Les jeunes hommes d'Hé-
liopolis et de Bubaste tomberont
sous le glaive, et /es femmes
elles-mémes seront emmenées
captives.
18. Et à Taphnis s'obscurcira le
jour, lorsque jy briserai les
sceptres de l'Egypte, et que l'or-
gueil de sa puissance s'y éva-
nouira : un nuage la couvrira
elle-méme, mais ses filles seront
emmenées en captivilé.
19. Et j' exercerai des jugements
en Egypte; et ils sauront que je
suis le Seigneur.
20. Et il arriva en la onzième
année, au premier mois, au sep-
tième Jour du mois, que la pa-
role du Seigneur me fut adressée,
disant :
91. Fils dun homme, j'ai brisé
le bras de Pharaon, roi d'Egypte;
et voilà qu'il n’a pas été enve-
loppé, de maniere que la guéri-
son lui füt rendue; quii füt lié
avec des compresses, et qu'il füt
entouré de linges, afin qu'ayant
repris sa force, il püt tenir un
glaive.
EZÉCHIEL.
1935
92. ("est pourquoi voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Voilà que
mol Je viens vers Pharaon, roi
d'Egypte; et je mettrai en pieces
son bras fort, mais brisé; et je
ferai tomber le glaive de sa
main;
23. Et je disperserai les Egyp-
tiens parmi les nations, et je les
jetterai au vent dans les divers
pays.
94. Et je fortifierai le bras du
roi de Babylone, et je mettrai
mon glaive dans sa main, et 76
briser&i *es bras de Pharaon, et
les siens pousseront de grands
eémissements, étant tués devant
sa face.
95. Et je fortifierai les bras du
roi de Babylone, et les bras de
Pharaon tomberont; et ils sau-
ront que je suis le Seigneur,
lorsque j'aurai mis mon glaive
dans la main du roi de Babylone,
et qu'il aura étendu sur la terre
d'Egypte.
26. Et je disperserai les Egyp-
tiens parmi les nations, je les jet-
terai au vent dans les divers pays;
et ils sauront que je suis le Sei-
gneur.
11. Héliopolis; ville dans la Basse-Egypte. — Bubaste; ville sur le bord oriental du
bras du Nil le plus avancé vers l'Arabie. — * Le bras pélusiaque du Nil, à côté de
la ville actuelle de Zagazig.
18. Taphnis; ville d'Egypte trés fortifiée, où Pharaon avait une résidence (Jé;6m.,
xunr, 9), est différente de celle du vers. 14 : c'est celle que les géographes appellent
Daphné de Péluse. — Ses filles; c'est-à-dire les autres villes.
20. La onzième année de la captivité du roi Jéchonias (Compar. vir, 1), est celle de
la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor. Ainsi cette prophétie est de beaucoup
antérieure à celle qui commence, xxix, 11, et qui est continuée jusqu'ici. — Premier
mois. Voy. xxix, 11.
21. J'ai brisé, etc.; ce qui peut s'entendre de la victoire de Nabuchodonosor rern-
portée sur Pharaon, lorsqu'il lui enleva tout ce qu'il possédait entre le Nil et l'Eu-
phrate (IV Rois, xxiv, 1).
22. Je mettrai en pièces; j'achèverai de briser
1936
CHAPITRE XXXI
Le Seigneur exhorte le roi d'Egypte à con-
sidérer la puissance du roi d'Assyrie,
qui, quoique beaucoup. plus graude,
avait néanmoins été détruite, et lui
annonce le méme sort.
1. Et il arriva en la onzième
année, au troisieme mois, au pre-
mier jour du mois, que la parole
du Seigneur me fut adressée, di-
sant :
2. Fils d'un homme, dis à Pha-
raon, roi d'Egypte, et à son
peuple : À qui es-tu devenu sem-
blable dans ta grandeur?
3. Voilà qu'Assur était comme
un cedre sur le Liban, beau en
ses branches, abondant en feuil-
lage, et d'une hauteur très éle-
vée, et entre des rameaux touf-
fus montait sa cime.
4. Des eaux l'ont nourri; l'abime
la fait pousser en haut; ses
fleuves coulaient autour de ses
racines, et il a envoyé ses ruis-
seaux vers tous les arbres de la
campagne.
5. À cause de cela, sa hauteur
s'est élevée au-dessus de tous
les arbres de 18 contrée, et ses
branches se sont multipliées;
et ses rameaux se sont élevés,
ÉZÉCHIEL.
[cH. xxxr.]
arrosés par les grandes eaux.
6. Et, lorsqu'il eut étendu son
ombre, tous les volatiles du ciel
firent {eur nid sur ses rameaux,
et sous son feuillage toutes ies
bêtes des forêts déposèrent leurs
petits, et sous son ombrage ha-
bitait une troupe de nations tres
nombreuses.
7. Et il était très beau dans sa
grandeur et dans létendue de
ses branches, car sa racine était
près des grandes eaux.
8. Les cèdres n'étaient pas plus
élevés dans le paradis de Dieu,
les sapins n'égalaient pas sa cime,
et les platanes ne lui étaient pas
égaux en feuillage; aucun arbre
du paradis de Dieu ne fut com-
parable à lui et à sa beauté.
9. Parce que je le fis s? beau,
et avec des feuilles s? nombreu-
ses et si épaisses, tous les arbres
de délices, qui étaient dans le
paradis de Dieu, lui ont porté
envie.
10. A cause de cela, voici ce
que dit le Seigneur Dieu : Parce
quil s'est élevé en hauteur, et
qu'il a poussé sa cime verdoyante
et touffue, et que son cœur s'est
enorgueilli dans sa grandeur,
11. Je 181 livré à la main de
1. La onzième année. Voy. xxx, 20. — Troisième mois de l'année sacrée et le neu-
vième de l'année civile. Il commençait à la nouvelle lune de mai, selon les rabbins,
mais c'était plutôt à celle de juin. — Disant (dicens). Voy., 11, 46.
2.* A Pharaon, Apriés. Ezéchiel fait cette prophétie contre l'Egypte trente-huit
jours avant la prise de Jérusalem, pour montrer aux Juifs captifs à Babylone, qui
espéraient encore que l'armée égyptienne délivrerait Jérusalem, combien leur espé-
rance est vaine.
3. Assur; le roi d'Assyrie et son royaume.
4. Des eaux; ce sont les richesses et la puissance des Assyriens. — L'abime, ses
fleuves; c'est-à-dire les nations diverses qui payaient le tribut aux rois d'Assyrie. —
Ses ruisseaux; figurent les princes et les gouverneurs qu'ii envoyait dans les pro-
vinces, à qui il faisait part de ses richesses et de son autorité.
8. Le paradis de Dieu; allusion au paradis terrestre (Genèse, 1, 8)
9. Tous les arbres; littér. et tous. Voy. xxix, 1.
M. L'homme; mot évidemment sous-entendu; parce que l'adjectif masculin Le plus
(cu. sxxr.]
l'homme le plus fort des nations,
qui agira comme il voudra ; selon
son impiété je l'ai rejeté.
19. Et des étrangers, et les
hommes les plus cruels des na-
tions le couperont par le pied, et
le jetteront sur les montagnes;
et dans toutes les vallées tom-
beront ses rameaux, et ses bran-
ches seront brisées sur tous les
rochers de la terre; et tous les
peuples de la terre se retireront
de son ombrage et l'abandonne-
ront.
13. Dans ses ruines ont habité
tous les volatiles du ciel, et dans
ses rameaux ont demeuré toutes
les bêtes de la contrée.
14. C'est pour cetteraison qu'au-
cun arbre planté sur les eaux ne
s'élevera dans sa hauteur, etil ne
portera pas son sommet au milieu
de rameaux touffus et feuillus, et
aucun de ceux qui sont arrosés
par les eaux ne se soutiendra
dans son élévation, parce que
tous ont été livrés à la mort,
précipités au fond de la terre,
au milieu des fils des hommes,
avec ceux qui descendent dans la
fosse.
15. Voici ce que dit le Seigneur
ÉZÉCHIEL.
1937
Dieu : Au jour qu'il est descendu
aux enfers, j'ai fait faire un deuil,
je 181 couvert de l'abime; et j'ai
arrêté ses fleuves, et retenu les
grandes eaux : le Liban a été
attristé sur lui, et tous les arbres
des champs ont été ébranlés.
16. Par le bruit de sa ruine,
j'ai agité des nations, lorsque je
le conduisais dans l'enfer avec
ceux qui descendent dansla fosse;
et ils se sont consolés au fond de
laterre,tous les arbres de délices,
beaux et magnifiques du Liban,
tous ceux qui étaient arrosés par
les eaux.
17. Car eux-mêmes aussi des-
cendront avec lui dans l'enfer
parmi les tués par le glaive; et le
bras de chacun d'eux restera im-
mobile sous son ombrage au mi-
lieu des nations.
18. À qui as-tu été assimilé, ὃ
illustreet sublime entre les arbres
de délices? Voilà que tu as été pré-
cipité au plus profond de la terre
avec les arbres de délices, tu dor-
miras au milieu des incirconcis,
avec ceux qui ont été tués par le
glaive;c'est là Pharaon lui-méme
et toute sa multitude, dit le Sei-
gneur Dieu.
fort (fortissimi) ne saurait se rapporter à nations (gentiwm), qui est du féminin en
latin aussi bien qu'en francais. Cet homme est Nabopolassar, pére de Nabuchodo-
nosor, lequel détruisit la monarchie assyrienne et fonda celle des Chaldéens. — Qui
agira, etc.; littér. et par hébraisme, agissant agira (faciens faciet).
13. Dans ses ruines, etc. Les peuples soumis à l'empire d'Assyrie sont demeurés dans
le méme assujettissement, mais sous un autre maitre. Ils sont restés dans leurs pro-
vinces et dans leurs demeures, mais sous un prince différent.
14. Au fond de la terre; c'est le sens de l'expression dans la terre dernière (ad ter.
ram ultimam) de la Vulgate expliquée par l'hébreu. — La fosse; le tombeau.
18-11. Les enfers, lenfer; en hébreu scheó/. Par ce mot il faut entendre, non le
sépulcre, le tombeau, qui se dit en hébreu kéber, mais ce lieu souterrain que les Hé-
breux regardaient comme le séjour des àmes aprés la mort. Ainsi c'est à tort que
quelques interprétes catholiques traduisent les termes infernus, inferi de la Vulgate,
par {ombeuu, sépulcre.
18. Sa multitude; c'est-à-dire son peuple.
r^ dp ig 122
CHAPITRE XXXII.
Lamentations sur la ruine de Pharaon.
Autres lamentations sur la ruine du
peuple de l'Egypte.
1. Et il arriva, en la douzième
année, au douzième mois, au pre-
mier jour du mois, que la parole
du Seigneur me fut adressée, di-
sant :
9. Fils d'un homme, fais enten-
dre des lamentations sur Pha-
raon, roi d'Egypte, et tu lui diras :
Tu as été assimilé à un lion de
nations etau dragon qui est dans
la mer, et tu agitais £a corne dans
tes fleuves, et tu troublais les
eaux avec tes pieds, et tu foulais
leurs fleuves.
3. À cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur : J'étendrai sur toi
mon filet par une multitude de
peuples nombreux, et je t'entrai-
nerai dans mon filet.
4. Je te jetterai sur la terre, et
je tétendrai sur la face d'un
champ; et je ferai habiter sur toi
tous les volatiles du ciel, et je ras-
sasierai de toi toutes les bêtes de
la terre.
5. J'exposerai ta chair sur les
montagnes, et je remplirai les
collines de ta sanie.
6. J'arroserai la terre sur les
montagnes de ton sang infect;
ÉZÉCHIEL.
[cu. xxxir.]
et les vallées seront remplies de
toi.
7. Et lorsque tu t'éteindras, je
60 vrirai le ciel, et je ferai noircir
ses étoiles; je couvrirai le soleil
d'un nuage, etla lune ne donnera
pas sa lumiere.
8. Tous les flambeaux du ciel,
je les ferai s'affliger sur toi; et je
répandrai des ténèbres sur ta
terre, dit le Seigneur Dieu; lors-
que tomberont tes blessés sur la
terre, dit le Seigneur Dieu.
9. Et j'irriterai le cœur de peu-
ples nombreux, lorsque j'appren-
drai ta destruction parmi les na-
tions, à des pays que tune connais
pas.
10. Et je frapperai de stupeur
àtonsujet despeuplesnombreux ;
et leurs rois seront saisis d'effroi
et d'une horreur extréme à cause
de toi, lorsque mon glaive com-
mencera à voler sur leurs faces, et
chacun sera soudainement frappé
de stupeur pourson àme au jour
de ta ruine.
11. Parce que voici ce que dit
le Seigneur Dieu : Le glaive du
roi de Babylone viendra à toi ;
19. Par les glaives des forts
jabattrai ta multitude; toutes ces
nations sont invincibles, et elles
détruiront l'orgueil de l'Egypte,
et sa multitude sera dissipée.
XXXII. 3. Supra, xi, 13; xvu, 20. — 7. Isaie, xti, 10; Joel, ui, 10; ur, 15; .ג
Matth., xxiv, 29.
1. La douzième année de la captivité du roi Jéchonias. Compar. vri, 4. — Douziéme
mois de l'année sacrée etle sixième mois de l'année civile. Il commençait à la nou-
velle lune de février, selon les rabbins, mais c'était plus probablement à celle de mars.
— Disant. Voy. ur, 16.
2. Dragon; probablement le crocodile. Compar. xxix, 3. — Tu agitais la corne;
c'est-à-dire £u l'agitais avec force, avec violence. Les Hébreux employaient souvent
le mot corne pour exprimer la force.
6. De toi; c'est-à-dire de ce qui sortira de toi,
10. Son âme; hébraisme, pour sa personne, son individu.
11. * Du roi de Babylone; Nabuchodonosor,
(cn. xxxn.]
13. Et je ferai périr toutes ses
bétes qui étaient le long des
grandes, eaux; et le pied de
l'homme ne les agitera plus, et le
sabot des bétes ne les troublera
pas.
14. Alors je rendrai leurs eaux
très pures, et je ferai couler leurs
fleuves comme l'huile, dit le Sei-
gneur Dieu,
15. Lorsque j'aurailivré la terre
d'Egypte à la désolation; mais la
terre sera dénuée de ce qui la
remplissait, quand j'aurai frappé
tous ses habitants; et ils sauront
que je suis le Seigneur.
16. Voici un cantique de deuil,
et on le chantera; les filles des
nations le chanteront; c'est sur
l'Egypte et sur sa multitude
qu'elles le chanteront, dit le Sei-
gneur Dieu.
11. Et il arriva, en la douzieme
année, au quinzième jour du
mois, que la parole du Seigneur
me fut adressée, disant :
18. Fils dun homme, chante
un cantique lugubre sur la mul-
titude de l'Egypte; et précipite-la,
elle-méme et les filles des nations
puissantes, au fond de la terre,
avec ceux qui descendent dans la
fosse.
19. Que qui es-tu plus belle?
descends, et dors avec les incir-
concis.
90. C'est au milieu des tués par
ÉZÉCHIEL.
1929
le glaive qu'ils tomberont, le
glaive a été livré, ils l'ont attirée
ainsi que tous ses peuples.
21. Ils lui parleront du milieu
de l'enfer, les plus puissants
d'entre les forts qui sont descen-
dus avec ses auxiliaires, et qui
dorment incirconcis, tués par le
glaive.
22. Là est Assur et toute sa
multitude ; autour de lui sont ses
sépulcres, tous les tués, et ceux
qui sont tombés sous le glaive;
23. Dont les sépulcres ont été
placés au plus profond d'une
fosse; et sa multitude se trouve
autour de son tombeau; tous
tués et tombés sous le glaive,
qui autrefois avaient répandu la
frayeur dans la terre des vivants.
24. Là est Elam, et toute sa
multitude autour de son sépulcre ;
tous ceux-ci tués et tombés sous
le glaive; qui sont descendus in-
circoncis au fond de la terre, qui
ont jeté la terreur dans la terre
des vivants, et ont porté leur
ignominie avec ceux qui des-
cendent dans la fosse.
25. Au milieu des tués on a
placé son lit parmi tous ses
peuples; autour de lui est son sé-
pulcre; tous ceux-ci sont des in-
circoncis et des tués parle glaive ;
car ils jetèrent la terreur dans la
terre des vivants, et ils ont porté
leur ignominie avec ceux qui
16. Sa multitude; son peuple tout entier.
11. La douziéme année. ΝΟΥ. vers. 1. — Du mois. Ce mois n'est pas nommé; c'est
upparemment le douziéme dontil est parlé au vers. 1.
18. La multitude; le peuple tout entier. — Les filles; c'est-à-dire les villes. — Au
fond de la terre. La fosse. Voy. xxxi, 14.
22. Assur; le roi d'Assyrie et son royaume. — Ses sépulcres; les sépuleres de tout
son peuple.
24. Elam; c'est-à-dire le roi des Elamites, peuple voisin des Assyriens, auxquels
out succédé les Perses. Les Elamites avaient été autrefois trés puissants, comme on
le voit dans Genèse, xiv et suiv =
1010
descendent dans la fosse ; c'est au
milieu des tués qu'ils ont été
placés.
26. Là est Mosoch, et Thubal, et
toute sa multitude; autour de lui
sont ses sépulcres; tous ceux-ci
sont des incirconcis, et des tués,
et des tombés sous le glaive,
parce qu'ils jeterent la frayeur
dans la terre des vivants.
27. Et ils ne dormiront pas avec
les forts, et ceux qui sont tombés,
et les incirconcis descendus dans
l'enfer avec leurs armes, et qui
ont mis leurs glaives sous leurs
tétes; et leurs iniquités ont pé-
nétré dans leurs os, parce qu'ils
sont devenus la terreur des forts
dans la terre des vivants.
28. Et toi donc, au milieu des
incirconcis lu seras brisé, et tu
dormiras avec les tués par le
glaive.
29. Là est l'Idumée, et ses rois
et tous ses chefs, qui ont été mis
avec leur armée parmi les tués
par le glaive, et qui ont dormi
avec les incirconcis et avec ceux
qui descendent dans la fosse.
30. Là sont tous les princes de
ÉZÉCHIEL.
(cn. xxxm.]
laquilon et tous les chasseurs
qui ont été amenés avec les tués,
tremblants et confondus dans
leur force; qui ont dormi in-
circoncis avec les tués par le
glaive, et ont porté leur confusion
avec ceux qui descendent dans la
fosse.
31. Pharaon les ἃ vus, et il s'est
consolé de toute 88 multitude qui
a été tuée par le glaive ; Pharaon
et toute son armée, dit le Sei-
gneur Dieu,
32. Parce que j'ai répandu ma
terreur dans la terre des vivants,
et 11 a dormi au milieu des incir-
concis avec les tués parle glaive;
Pharaon et toute sa multitude,
dit le Seigneur Dieu.
CHAPITRE XXXITI.
Ezéchiel est établi sentinelle pour la mai-
son d'Israél. Le Seigneur ne veut pas
la perte de la maison d'[sraél, mais sa
conversion, En vain les enfants 0'18-
raël se flattent-ils de demeurer en pos-
session de leur terre, tandis qu'ils ir-
ritent le Seigneur. Ils écoutent Ezéchiel
sans profiter de ses avertissements.
1. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
26. Mosoch, Thubal. Voy. xxvi, 13.
30. Tous les princes de l'aquilon; probablement les rois de Phénicie, de Syrie, de
Tyr, de Sidon, etc., connus dans l'Ecriture sous le nom de princes du nord. — Les
chasseurs; c'est-à-dire les hommes violents, les tyrans oppresseurs. — Qui ont dormi;
qui sont morts.
1. et suiv. * Seconde partie: Le rétablissement d'Israël et le royaume messianique,
xxxmr-xLvir. — Cette seconde partie se divise en deux sections : 19 Prophéties sur
la délivrance et le rétablissement d'Israél et sur la ruine des empires paiens, xxxuI-
xxxix; — 20 Tableau prophétique du futur royaume de Dieu et de sa gloire, ה-א
Ces oracles, étant postérieurs à la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, annoncent
d'abord le retour d'Israël dans la Terre Promise et la ruine de ses ennemis. Là pre-
mière partie contenait principalement des menaces; la seconde est pleine de pro-
messes. — 19 Elle s'ouvre par deux discours de Dieu à son Prophète, xxxui, 1-20 et
23-33, indiquant quel doit être le but de la mission d'Ezéchiel, après la prise de Jé-
rusalem. — 29 Dieu prédit que les mauvais pasteurs seront chassés, et que les
brebis d'Israël seront confiées à un berger fidèle, xxxiv. — 89 L'Idumée sera ravagée à
cause de sa haine contre Israël, xxxv. — 49 Au contraire, Israël sera rétabli dans la
Terre Promise, et elle refleurira, xxxvi, 1-15, — 5» Toutes les nations seront bénies
[cu. xxxur.]
2. Fils d'un homme, parle aux
fils de ton peuple, et tu leur diras:
Quant à une terre, lorsque j'au-
rai amené le glaive sur elle, et
que le peuple de cette terre aura
pris un homme des derniers des
siens, et l'aura établi pour eux
sentinelle ;
3. Et que cet homme aura vu
le glaive venant sur cette terre,
et aura sonné de la trompette et
aura averti le peuple;
4. Mais que celui, quel qu'il soit,
qui a entendu le son de la trom-
pette, ne se garde pas, et que le
glaive vienne et l'emporte et le
iue, son sang sera sur sa téte.
9. Il 8 entendu le son de la
trompette, et il ne s'est pas
gardé; son sang sera sur lui;
mais s'il se garde, il sauvera son
àme.
6. Que si la sentinelle a vu le
glaive venant, et qu'elle n'ait pas
sonné de la trompette, et que le
peuple ne se soit pas gardé, et
que le glaive soit venu, et qu'il
enlève une âme d'entre eux,
celle-ci, à la vérité, aura été
ÉZÉCHIEL.
1941
prise dans son iniquilé, mais je
redemanderai son sang à la sen-
tinelle. | |
1. Et toi, fils d'un homme, jet'ai
établi sentinelle pour la maison
d'Israël; écoutant donc les paroles
de ma bouche, tu les leur annon-
ceras de ma part.
8. Si, moi disant à l'impie : Im-
pie, tu mourras de mort, tu ne
parles pas pour que l'impie se
garde de sa voie, lui-méme l'im-
pie danssoniniquité mourra, mais
je redemanderai son sang à ta
main.
9. Mais si, toi annonçant à l'im-
pie qu’il se détourne deses voies,
il ne se détourne pas de sa voie,
lui-même dans son iniquité mour-
ra, mais toi tu auras délivré ton
áme.
10. Toi donc, fils d'un homme,
dis à la maison d'Israël : C'est
ainsi que vous avez parlé, di-
sant: Nos iniquités et nos péchés
sont sur nous; nous y séchons,
comment donc pourrons-nous.
vivre?
11. Dis-leur : Je vis, moi, dit le
CBAP. XXXIII. 7. Supra, ni, 17, — 11. Supra, xvii, 23, 32.
M MM —— — —— M —— M M M M S
en Israël, xxxvi, 16-38. — 60 Vision des ossements desséchés et des deux morceaux de
bois réunis, symbole de la résurrection du peuple captif sous un roi unique, xxxvir.
— 19 Extermination de Gog et de son armée dans la terre d'Israél, xxxvir-xxxix.
* 1.-33. 1° Mission d'Ezéchiel aprés la ruine de Jérusalem, xxx. Quand Jérusalem
et son temple sont détruits, le Prophéte recoit une mission nouvelle. Le chátiment
qu'il avait annoncé dans la premiére partie est maintenant réalisé; ses fréres sont
accablés sous le coup, il est chargé de leur apporter des consolations et de leur indi-
quer le moyen de rentrer en gràce avec Dieu. Tel est le sujet des deux discours que
Dieu lui adresse dans le ch. xxx, 1-28, et 23-33. Ils sont séparés l'un de l'autre par
une date et une notice historique, 21-22. La pensée principale est exprimée au
vers. 11 : le fond de la prédication nouvelle doit étre celui-ci : Je ne veux pas la mort
de l'impie, mais... qu'il vive.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, mi, 16.
2. Quant à une terre. Voy. xiv, 13.
4. Son sang, etc.; il en sera seul responsable; nul autre que lui n'en répondra.
ὃ. Son áme; hébraisme, pour sa personne, son individu.
6. Une áme d'entre euz; c'est-à-dire un d'entre eux.
8. Tu mourras de mort; hébraisme pour fu mourras infailliblement,
14. Je vis, moi; formule de serment; c'est-à-dire je jure par moi-même,
1942
Seigneur Dieu; je ne veux pas la
mort de l'impie, mais que l'impie
se détourne desa voie et qu'il vive.
Détournez-vous, détournez-vous
de vos voies tres mauvaises; et
pourquoi mourrez-vous, maison
d'Israél?
12. C'est pourquoi toi, fils d'un
homme, dis aux fils de ton peu-
ple: La justice du juste ne le déli-
vrera pas, en quelque jour qu'il
peche; et l'impiété de l’impie ne
lui nuira pas, en quelque jour
qu'il se détourne de son impiété ;
et le juste ne pourra pas vivre
dans sa justice, en quelque jour
qu'il peche.
13. Quand méme j'aurai dit au
juste qu'il vivra de la vie, si, se
confiant dans sa justice, il a com-
mis l'iniquité, toutes ses ceuvres
de justice seront livrées à l'oubli,
et dans son iniquité méme, qu'il
aura opérée, il mourra.
14. Mais si je dis à l'impie : Tu
mourras de mort, et qu'il fasse
pénitence de son péché, et qu'il
accomplisse le jugement et]a jus-
lice;
15. Et que cet impie rende le
gage qu'on lui avait confié, et
qu'il restituece qu'il avait enlevé,
et qu'il marche dans les comman-
dements de 18 vie, et qu'il ne fasse
rien d'injuste, il vivra de la vie, et
il ne mourra pas.
16. Tous ses péchés quil a
commis ne lui seront point im-
20. Supra, xvi, 25.
ÉZÉCHIEL.
[cu. xxxur.]
putés ; il a accompli le jugement
et la justice, il vivra de la vie.
17. Et les fils de ton peuple ont
dit : Elle n'est pas d'un poids
équitable, la voie du Seigneur;
mais c'est leur voie qui est in-
juste.
18. Car lorsque le juste se
sera écarté de sa justice, et qu'il
aura commis des iniquités, il y
mourra.
19. Et lorsque l'impie se sera
écarté de son impiété, qu'il aura
accomplile jugement et la justice,
il y vivra.
20. Et vous dites : Elle n'est pas
droite, la voie du Seigneur. Je ju-
gerai chacun de vous selon ses
voles, maison d'Israël.
21. Et il arriva en la douzième
année, au dixième mois, au cin-
quieme Jour du mois de notre
transmigration, qu'un homme qui
avait fui de Jérusalem vint vers
moi, disant : La cité a été dé-
vastée.
22. Or la main du Seigneur
avait été sur moi le soir, avant
que vint celui qui avait fui; et le
Seigneur ouvrit ma bouche jus-
qu'à ce qu'il vint vers moi le ma-
tin; et ma bouche ayant été ou-
verte, jene demeurai plus dans le
silence.
23. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
24. Fils d'un homme, ceux qui
habitent dans ces lieux ruinés
15-16. I vivra de la vie; hébraisme pour à vivra cerlainement.
21. La douzième année. Voy. xxxu, 1. — Dixième mois. Voy. xx1v, 4.
23. La main du Seigneur, etc. Voy. 1, 3. — Le Seigneur ouvrit, etc. Le Seigneur, en
effet, l'avait promis à Ezéchiel (xx1v, 21).
24. Ceuz qui habilent, etc.; le petit nombre de Juifs qui avaient été laissés dans le
pays. Compar. Jérém., xxxix, 16-18. — Abraham etait seul encore, et sans postérité,
lorsque la terre lui fut promise.
CH, XXXIV.]
sur la terre d'Israël, disent en
parlant : Abraham était un seul
homme et il a possédé cete terre
en héritage; mais nous, nous
sommes en grand nombre, le
pays nous a été donné en posses-
sion.
95. A cause de cela, tu leur di-
ras: Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Vous qui mangez des vian-
des avec le sang, et qui levez vos
yeux vers vos impuretés, et qui
répandez le sang, est-ce que vous
posséderez la terre en héritage?
26. Vous vous étes appuyés sur
vos glaives; vous avez fait des
abominations ; chacun de vous a
souilléla femme de son prochain;
et vous posséderez la terre en hé-
ritage ?
97. Tu leur diras : Ainsi dit le
Seigneur Dieu : Je vis, moi ; ceux
qui habitent dans les lieux ruinés
tomberont sous le glaive, et celui
qui est dans les champs sera li-
vré aux bétes pour étre dévoré,
et ceux qui sont dans les forts et
dans les cavernes mourront dela
peste.
28. Et je réduirai cette terre en
uue solitude et en un désert, et
sa force superbe défaudra ; et les
montagnes d'Israél seront déso-
1668 de ce qu'il n'y aura personne
qui y passe.
29. Et ils sauront que je suis le
Seigneur, lorsque jaurai rendu
ÉZÉCHIEL.
1943
cause de toutes leurs abomina-
lions qu'ils ont commises.
30. Et toi, fils d'un homme, les
fils de ton peuple qui parlent de
toilelong des murs et aux portes
de leurs maisons, se disent l'un à
l'autre, en parlant chacun à son
compagnon : Venez, et écoutons
quelle est 18 parole qui sort de la
bouche du Seigneur.
31. Et ils viennent vers toi com-
me si un peuple s'avancait, et ils
s'asseyentdevanttoi,comme étant
mon peuple, etils écoutent tes pa-
roles, et ils ne les accomplissent
pas, parce qu'ils en font un can-
tique qu'ils ont dans leur bou-
che, et que leur cœur suit leur
avarice.
32. Et tu es pour eux comme un
air de musique qui se chante d'un
ton suave et doux, et ils écoutent
tes paroles, et ils ne les accom-
plissent pas.
33. Mais lorsque sera arrivé ce
qui a été prédit (car voici qu'il
arrive), alors ils sauront qu'il y
aura un prophéte parmi eux.
CHAPITRE XXXIV.
Prophétie contre les mauvais pasteurs
d'Israél. Le Seigneur, vient juger les
pasteurs et les brebis. Il rassemblera
son troupeau etle fera paitre lui-méme.
Il suscitera au milieu des brebis un
pasteur unique. Il fera avec elles une
alliance de paix.
1. Et 18 parole du Seigneur me
leur terre désolée et déserte à | fut adressée, disant :
———————————M—
1-31. * 20 Le Pasteur fidèle, xxxiv. La première consolation que Dieu donne à son
peuple, aprés la grande catastrophe, est celle de la venue du pasteur fidèle, xxxiv.
Les mauvais pasteurs qui ont perdu Israël, c'est-à-dire les prêtres et les rois infidéles,
comme l'expliquent saint Ephrem et Théodoret, seront chassés, et le troupeau du
Seigneur sera confié à un berger qui les gardera avec soin, 22-23. Ce bon pasteur,
cest 16 Messie, Jsaie, xt, 11; Os., nr, 5; Jér., xxx, 5-6; Jean, 1, 45; x, 41, 44, 16;
I Pierre, τι, 25. Plus loin, vers. 29, Jésus-Christ est appelé un germe renommé. Voir
Isaïe, xi, 4-2,10; Jean, xv, 5.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, 1, 16.
1944
9. Fils d'un homme, prophétise
sur les pasteurs d'Israél : prophé-
tise, et tu diras aux pasteurs
Voici ce que ditle Seigneur Dieu :
IMalheur aux pasteurs d'Israël qui
se paissaient eux-mémes; n'est-
ce pas les troupeaux que les pas-
teurs font paitre?
3. Vous mangiez le lait, et vous
vous couvriez des laines, et ce
qui était gras, vous l'égorgiez :
mais mon troupeau, vous ne le
paissiez pas.
4. Ge qui était faible, vous ne
l'avez pas fortifié; et ce qui était
malade, vous ne l'avez pas guéri;
et ce qui a été brisé, vous ne l'a-
vez pas lié; et ce qui était égaré,
vous ne l'avez pas ramené; et ce
qui était perdu, vous ne lavez
pas cherché ; mais vous leur com-
mandiez avec rigueur et avec
empire.
9. Et mes brebis ont été disper-
sées, parce qu'il n'y avait point
de pasteur ; etelles sont devenues
la pâture de toutes les bêtes des
champs, et elles ont été disper-
sées.
6. Mes troupeaux ont erré sur
toutes les montagnes et sur toute
colline élevée; et sur toute la 6
de la terre mes troupeaux ont
été dispersés, et il n'y avait per-
sonne qui les recherchât, il n'y
avait personne, dis-je, qui les re-
cherchát.
7. À cause de cela, pasteurs,
écoutez la parole du Seigneur.
CHAP. XXXIV. 2. Jérém., xxur, 1; Supra, xin, 3.
ÉZÉCHIEL.
[cH. xxxiv.]
8. Je vis, moi, dit le Seigneur
Dieu : parce que mes troupeaux
sont devenus une proie, et mes
brebis la páture de toutes les
bétes des champs, parce qu'il n'y
avait pas de pasteur, car mes pas-
teurs n'ont pas cherché mon trou-
peau; mais les pasteurs se pais-
saient eux-mémes, et mes trou-
peaux, ils ne les paissaient pas ;
9. A cause de cela, pasteurs,
écoutez la parole du Seigneur.
10. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Voilà que je viens moi-
méme vers ces pasteurs; je re-
demanderai mon troupeau à leur
main, et j'empécherai qu'ils ne
paissent à l'avenir un troupeau,
et que ces pasteurs ne se paissent
eux-mêmes; et j'arracherai mon
troupeau à leur bouche, et il ne
sera plus leur nourriture.
11. Parce que voici ce que dit
le Seigneur Dieu : Voilà que moi-
méme je rechercherai mes bre-
bis, et que je les visiterai.
19. Comme un berger visite son
troupeau au jour où il est au mi-
lieu de ses brebis disséminées ;
ainsi je visiterai mes brebis; et je
les délivrerai de tous les lieux où
elles avaient été dispersées dans
un jour de nuage et d'obscurité ;
43. Et je les retirerai d'entre
les peuples, et je les rassemblerai
de divers pays, et je les amenerai
dans leur propre terre, et je les
ferai paitre sur les montagnes
d'Israél, le long des ruisseaux, et
פיד
2. Les pasteurs d'Israël sont les prêtres, les 1601108, les docteurs de la loi, les rois,
les princes, les magistrats et les juges. — Les troupeaux ; c'est-à-dire les peuples.
4. Ce qui «a été brisé, etc.; vous n'avez pas bandé les plaies des brebis blessées.
12. Dans un jour, etc. Les loups profitent des brouillards et de l'obszurité pour
ravir et dévorer les brebis.
[cg. xxx1v.]
dans tous les lieux habités du
pays.
14. Cest dans les pâturages les
plus abondants que je les ferai
paître, et sur les hautes monta-
genes d'Israël que seront leurs
pâturages : là, elles se reposeront
sur des herbes verdoyantes, et
elles paitront dans des pâturages
gras, sur les montagnes d'Israël.
15. C'est moi qui paitrai mes
brebis, moi qui les ferai reposer,
dit le Seigneur Dieu.
16. Ce qui était perdu, je le re-
chercherai; et ce qui était égaré,
je le ramènerai; et ce qui était
brisé, je le lierai; et ce qui était
faible, je le fortifierai; et ce qui
était fort et gras, je le conserve-
rai, et je les ferai paitre avec dis-
cernement.
17. Mais vous, mes troupeaux,
voici ce que ditleSeigneur Dieu :
Voilà que moi je juge entre trou-
peau et troupeau de béliers et de
boucs.
18. N'était-ce pas assez pour
vous de paître en de bons pâtu-
rages? mais vous avez de plus
ÉZÉCHIEL.
1945
foulé aux pieds les restes de vos
pâturages, 6110780 vous buviez
une eau tres pure, vous troubliez
le reste avec vos pieds.
19. Et mes brebis paissaient ce
qui avait été foulé par vos pieds,
etce que vos pieds avaient trou-
blé, ellesle buvaient.
20. À cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Voilà que
moi-méme je juge entre une bre-
bis grasse et une maigre;
21. Parce que vous heurtiez des
côtés et de l'épaule, et que vous
choquiez de vos cornes toutes les
brebis faibles, jusqu'à ce qu'elles
fussent dispersées dehors;
99. Je sauverai mon troupeau,
il ne sera plus en proie, et je ju-
gerai entre brebis et brebis.
93. Em JE SUSCITERAI SUR ELLES UN
PASTEUR UNIQUE qui les paisse, mon
serviteur David; lui-même me
les paitra, et il sera pour elles un
pasteur.
24. Mais moi, le Seigneur, je
serai leur Dieu, et mon serviteur
David sera prince au milieu d'eux;
c'estmoi, le Seigneur, qui ai parlé.
23, Isaie, xr, 11; Osée, rir, 5; Jean, 1, 45; x, 11, 14.
16. Ce qui était brisé. Voy. le vers. 4. — Avec discernement (in judicio); soit en
choisissant les pâturages les moins exposés aux bêtes féroces, soit en examinant avec
soin la nature, les qualités des troupeaux et de chaque animal en particulier, etc.
11. Entre troupeau, etc. C'est la seule traduction dont nous aient paru susceptibles
les mots de la Vulgate : Inter pecus et pecus, arietum et hircorum.
18. * Ce n'est pas chose rare en Orient de voir des gens boire de l'eau troublée par
les pieds de ceux qui sont dans le courant au-dessus d'eux.
23. Un pasteur unique; C'est-à-dire le Messie, Jésus-Christ, d'après l'explication
unanime des Juifs et des chrétiens. Il est désigné sous le nom de David ; comme dans
Jérémie (xxx, 9), et dans Osée (ur, 6), parce que David était la figure du Messie, qui
est descendu de lui selon la chair, et que son nom méme qui, en hébreu, signifie
aimé, convient parfaitement à Jésus-Christ, appelé par son Père céleste mon fils bien-
aimé (Matth., 11, 11, etc.). Le pasteur est unique, parce que, selon la remarque de
saint Augustin, tous ceux qu'il rend participants de son autorité et de sa sollicitude
pour paitre ses brebis, ne forment en lui qu'un seul pasteur. Dans ce verset et dans
le 31e, le texte hébreu passe successivement des brebis aux Juifs, dont elles sont la
figure; c'est pourquoi il emploie tantôt le féminin elles, et tantôt le masculin eux;
dans tous les autres, il n'emploie, comme la Vulgate, que le masculin.
1946
95. Et je ferai avec eux une al-
liance de paix, et j'exterminerai
de la terre les bétes trés mau-
vaises; el ceux qui habitent dans
le désert dormiront avec sécu-
rité dans les foréts.
26. Et je les rendrai autour de
ma colline une bénédiction; et
jamenerai la pluie en son temps ;
ce seront des pluies de bénédic-
tion.
97. Et l'arbre des champs don-
nera son fruit, et la terre donnera
son germe; et ils seront dans
leur terre sans crainte; et 115
sauront que je suis le Seigneur,
lorsque j'aurai brisé les chaînes
de leur joug, et que je les aurai
arrachés de la main de ceux qui
les tenaient sous leur empire.
9%. Et ils ne seront plus en
proie aux nations, et les bétes de
la terre ne les dévoreront pas;
mais ils habiteront avec confiance
sans aucune crainte.
99. Et je leur susciterai un
germe renommé, ils ne seront
plus détruits par la famine sur la
terre, et ils ne porteront plus
l'opprobre des nations.
30. Et ils sauront que moi le
31. Jean, x, 11.
ÉZÉCHIEL.
[cH. xxxv.]
Seigneur leur Dieu, je suis avec
eux, et qu'eux-mémes sont mon
peuple, la maison d'Israél, dit le
Seigneur Dieu.
31. Mais vous, mes troupeaux,
les troupeaux de mon pâturage,
vous êtes des hommes, et moi je
suis le Seigneur votre Dieu, dit le
Seigneur Dieu.
CHAPITRE XXXV.
Prophétie contre l'Idumée, qui sera ré-
duite en solitude, pour avoir répandu
le sang des Israélites, et s'étre réjouie
de leurs malheurs.
1. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
2. Fils d'un homme, tourne ton
visage contre le mont de Séir;
prophétise sur lui, et tu lui diras :
3. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Voilà que je viens vers toi,
mont de Séir, et j'étendrai ma
main sur toi, et je te rendrai dé-
solé et désert.
4. Tes villes, je les détruirai et
tu seras désert; et tu sauras que
je suis le Seigneur.
5. Parce que tu as été un en-
nemi éternel, et que tu as ren-
fermé les fils d'Israël dans la
C cd 77 הווה
26. Je les rendrai, etc.; ce qui peut signifier, ou que les Juifs seront comblés de
bénédictions, puisque, en hébreu, le substantif mis au lieu de son adjectif exprime
souvent le superlatif, ou qu'ils seront par leur pasteur une source de bénédictions
pour leurs voisins. Au reste, quelque sens que l'on donne à ce verset, il se rapporte
aussi bien que les précédents et les suivants au temps du Messie.
1-15. * 3e Ruine de l’Idumée et restauration d'Israël, xxxv. — Ce ne seront point
seulement les chefs impies qui ont perverti Israél qui seront punis, les peuples voi-
sins qui ont coopéré ou applaudi à sa ruine, xxxv, 15, recevront aussi leur châti-
ment. Edom, de qui la dévastation est annoncée, xxxv, représente ici les nations
païennes, comme dans /saie, Lxur, 1-8; Ezéch., xxxvr, 9. Il sera ravagé, 1-4, à cause
de sa haine pour Israël, 5-9, de son désir de s'emparer d'une partie du royaume de
Juda et de ses blasphèmes contre Dieu, 10-15.
^. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, ni, 16.
2. Le mont de Séir; est pris ici pour toute l'Idumée.
5, et suiv. Pour l'explication de la prophétie contre Séir, voyez xxv, 3 et suiv.
CH. XXXVI.]
main du glaive au temps de leur
afflicüon au temps de leur ini-
quité extréme;
6. A cause de cela, je vis, moi,
dit le Seigneur Dieu; je te livre-
rai au sang, et le sang te pour-
suivra; et puisque tu as hai le
sang, le sang te poursuivra.
7. Et je rendrai le mont de
Séir désolé et désert; et j'en
retrancherai l'allant et le reve-
nant.
8. Et je remplirai ses mon-
lagnes de ses morts; sur tes col-
lines, dans tes vallées, et le long
de tes torrents, les tués sous le
glaive tomberont.
9. Je te réduirai en solitudes
éternelles ; et tes cités ne seront
pas habitées; et vous saurez que
je suis le Seigneur Dieu.
10. Parce que tu as dit: Deux
nations et deux terres seront à
moi, et je les posséderai en hé-
ritage, quoique le Seigneur y
füt;
11. À cause de cela, je vis, moi,
dit le Seigneur Dieu, j'agirai se-
lon ta colere et selon ta jalousie
que tu as exercées, parce que tu
les haissais; et je me ferai con-
naitre par eux, lor-que je t'aurai
jugé.
19. Tu sauras que moi, le Sei-
gneur, jai entendu toutes les
paroles outrageantes que tu as
proférées contre les montagnes
04. XXXVI. 1, Supra, vr, 3.
ÉZÉCHIEL.
1917
d'Israël, en disant : Ce sont des
déserts; ils n us ont été donnés
pour étre dévorés.
18. Et vous vous étes élevés
contre moi par votre bouche, et
vous avez prononcé dédaigneu-
sement contre moi vos paroles;
moi j'ai entendu.
14. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Lorsque toute la terre se
réjouira, je te réduirai en une
solitude.
15. Comme tu t'es réjoui sur
l'héritage de la maison d'Israël,
de ce qu'elle avait été dévastée,
ainsi je te ferai; tu seras dévasté,
mont de Séir, et toute l'Idumée;
et ils sauront que je suis le Sei-
gneur Dieu.
CHAPITRE XXXVI.
Promesse du retour des enfants d'Israël
et du rétablissement de leur terre. Ce
ne sera pas à cause de leurs mérites,
mais pour la gloire du Seigneur. Dieu
leur donnera un cœur et un esprit
nouveau. Les biens dontilles comblera
le feront reconnaitre pour le Seigneur.
1. Mais toi, fils d'un homme,
prophétise sur les montagnes
d'Israél, et tu diras : Montagnes
d'Israël, écoutez la parole du Sei-
gneur;
2. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu: Parce que l'ennemi a dit
de vous : Tres bien, des hauteurs
éternelles nous ont été données
pour héritage;
6, 11. Je vis, moi. Voy. xxxnr, 11. — Je /6 livrerai, etc. Cela fut accompli sous Judas
Machabée (I Machab., iv, 15; v, 3; 11 Machab., x, 16, 41).
10. Deux nations, etc.; l'Idumée et Israél, ou bien Juda et Israël.
13. Vous vous étes, etc.; vous avez tenu des discours outrageants contre moi, et
vous avez dérogé à mon honneur par vos paroles.
1-15. * 4» Restauration d'Israël, xxxvr, 1-15. La terre d'Israël, dontles paiens se sont
emparés, xxxvi, 1-7, sera rendue à ses enfants et de nouveau heureuse, 8-15.
1948
3. À cause de cela, prophétise,
et dis: Voici ce que dit le Sei-
gneur Dieu : Parce que vous avez
été désolées et foulées aux pieds
de tous cótés, et que vous avez
été l'héritage des autres nations,
et que vous êtes devenues la
raillerie et l'opprobre du peuple;
4. À cause de cela, montagnes
d'Israél, écoutez la parole du Sei-
gneur Dieu aux montagnes et aux
collines, aux torrents, et aux val-
lées, et aux déserts, aux maisons
ruinées, et aux villes abandon-
nées qui ont été dépeuplées et
insultées par les autres nations
d'alentour;
ὃ. A cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Puisque
dans le feu de mon zèle j'ai parlé
contre les autres nations et con-
tre toute l'Idumée, qui se sont
attribué ma terre comme un hé-
ritage, avec joie, et de tout leur
cœur et de toute leur âme, et qui
l'ont dépeuplée pour la ravager.
6. En ce cas, prophétise sur la
terre d'Israël, et Lu diras aux mon-
tagnes, aux collines, et aux co-
teaux et aux vallées : Voicice que
dit le Seigneur Dieu : Voilà que
moi j'ai parlé dans mon zèle et
dans ma fureur, parce que vous
avez été couverts de confusion
par les nations.
7. C'est pourquoi voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Moi, j'ai
ÉZÉCHIEL.
[cH. xxxvi.]
levé ma main, afin que les na-
tions qui sont autour de vous
portent elles-mêmes leur confu-
sion.
8. Et vous, montagnes d'Israël,
poussez vos branches et portez
votre fruit pour mon peuple Is-
raél; car il est près de venir;
9. Parce que voici que je viens
vers vous, et que je me retourne-
rai vers vous; et que vous serez
labourées, et que vous recevrez
la semence.
10. Et je multiplierai en vous
les hommes, et j'y ferai croître
toute la maison d'Israël; et les ci-
tés seront habitées, et les lieux
ruinés seront rétablis.
11. Et je vous remplirai d'hom-
mes et de bétes; et ils se multi-
plieront et ils croitront; et je vous
ferai habiter comme dès le prin-
cipe, je vous donnerai de plus
grands biens que vous n'en avez
eu au commencement, et vous
saurez que je suis le Seigneur.
19. Et j'amenerai sur vous des
hommes, mon peuple Israél; et
ils te posséderont comme leur
héritage, et tu ne seras plus de
nouveau sans eux.
13. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Parce qu'on a dit de vous:
Tu dévores les hommes, tu étouf-
fes ta propre nation ;
14. A cause de cela, tu ne dé-
voreras plus les hommes, ettu ne
3. Vous étes devenues, etc.; littér., e£. vous étes montées sur une lèvre de langue;
c'est-à-dire vous avez passé par les bouches des hommes.
5. Ils l'ont dépeuplée (ejecerunt eam); c'est-à-dire ils en ont chassé les habitants.
1. J'ai levé ma main; j'ai juré.
19. Dans ce verset et les suivants, le texte sacré, en parlant d'Israél, emploie tantôt
le singulier et tantót le pluriel, parce qu'il considére tantót la terre, le pays, et
tantôt ses habitants. — Tu ne seras plus de nouveau sans eux; littér. et par hé-
braisme, tu n'ajouleras plus que tu sois sans eux. En hébreu, en effet, le verbe ajouter
tient souvent lieu de l'adverbe derechef, de nouveau. — Sans eux; sans tes habi-
tants.
[ca. xxxvi.]
détruiras plus ta nation, dit le
Seigneur Dieu.
15. Je ne ferai plus entendre en
toi laconfusior dont te couvraient
les nations, et tu ne porteras en
laucune maniere l'opprobre des
'peuples; et tu ne perdras plus ta
nation, dit le Seigneur Dieu.
16. Etla parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
47. Fils d'un homme, les en-
fants d'Israél ont habité dans leur
terre; ils l'ont souillée par leurs
voies et par leurs affections;
comme est l'impureté de la fem-
me qui a ses mois, ainsi est deve-
nue leur voie devant moi.
18. Aussi ai-je répandu mon in-
dignation sur eux, à cause du
sang qu'ils ont versé sur la terre,
et à cause de leurs idoles, par
lesquelles ils l'ont souillée.
19. Et je les ai dispersés parmi
les nations, etils ontété jetés au
vent dans les divers pays; et se-
lon leurs voies et leurs inven-
tions, je les ai jugés.
90. Ils sont entrés chez les na-
tions vers lesquelles ils étaient
allés et ils ont souillé mon saint
nom, lorsqu'on disait d'eux : C'est
20. Is., zur, 5; Rom., 11, 24.
EZÉCHIEL.
1949
le peuple du Seigneur, et c'est de
sa terre qu'ils sont sortis.
21. Et j'ai épargné la sainteté
de mon nom, qu'avait souillé la
maison d'Israël parmi les nations
chez lesquelles ils entrèrent.
29. C'est pour cela que tu diras
à la maison d'Israël : Voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Ce n'est pas
à cause de vous, maison d'Israël,
que j'agirai, mais c'est à cause
de mon nom saint que vous avez
souillé parmi les nations chez
lesquelles vous étes entrés.
93. Et je sanctifierai mon grand
nom, qui a été souillé parmi les
nations et que vous avez souillé
au milieu d'elles; afin que les na-
tions sachent que je suis le Sei-
gneur, ditle Seigneur des armées,
lorsque j'aurai été sanctifié parmi
vous devant eux.
24. Car je vous retirerai d'entre
les nations, et je vous rassemble-
rai de tous les pays, et je vous
ramenerai dans votre terre.
95. Et je répandra: sur vous
une eau pure, et vous serez puri-
fiés de toutes vos souillures, et je
vous purifierai de toutes vos
idoles.
49. Tu ne perdras, ete.; ton peuple ne sera plus chassé,
16-38. * 5» La félicité d'Israël devient la félicité universelle, xxxvi, 16-38. La félicité
d'Israél deviendra celle de tous, Dieu pardonnera ses péchés à son peuple, 16-21; il
le rassemblera des lieux dans lesquels il est dispersé, il le fera marcher dans ses
commandements et lui communiquera un esprit nouveau, 22-28; il le bénira, et tous
les peuples reconnaitront ainsi qu'il est le seul vrai Dieu, 29-38.
16. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, rir, 16.
19, Inventions. Voy., sur ce mot, xiv, 22.
20. Ils ont souillé, etc.; ils ont donné aux peuples étrangers qui ne me connais- |
saient pas occasion de blasphémer mon nom, en voyant si impie ét si corrompu un
peuple qui se disait l'élu et le privilégié du Dieu créateur du ciel et de la terre.
Compar. 12046, χων, 9; 111, 5.
23. J'aurai été sanctifié. Voy., sur cette expression, xx, 4l.
25. EL je répandrai, ete.; allusion aux aspersions qui étaient usitées chez les an-
ciens Hébreux pour se purifier des souillures légales, et qui figuraient la purification
future par le sang de Jésus-Christ. — Les Péres et la plupart des interprétes recon-
1950
26. Et je vous donnerai un
cœur nouveau, et je mettrai un
esprit nouveau au milieu de vous;
et j'óterai le cœur de pierre de
votre chair, et je vous donnerai
un cœur de chair.
21. Et mon esprit, je le mettrai
au milieu de vous; et je ferai
que vous marchiez dans mes pré-
ceptes, et que vous gardiez mes
ordonnances, et que vous les pra-
liquiez.
28. Et vous habiterez dans la
terre que j'ai donnée à vos peres:
vous serez mon peuple, et moi je
serai votre Dieu.
29. Et je vous délivrerai detou-
tes vos souillures; et j'appellerai
le froment, et je le multiplierai, et
je ne ferai plus peser sur vous la
famine.
30. Je multiplierai le fruit des
arbres et les productions des
champs, afin que vous ne portiez
plus l'opprobre de la famine de-
vant les nations.
91. Et vous vous souviendrez
de vos voies trés mauvaises et de
. vos affections déréglées; et vos
crimes et vos iniquités vous dé-
plairont.
32. Ce n'est pas à cause de vous
que j'agirai, dit le Seigneur Dieu,
sachez-le ; soyez confus et rougis-
sez de vos voies, maison d'Israél.
26. Supra, xi, 19.
EZECHIEL.
[cu. xxxvir.]
33. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Le jour auquel je vous au-
raipurifiés de toutes vos iniquités, .
61 quej'auraifaithabiter vos villes,
et que j'aurai rétabli les lieux rui-
nés ;
34. Et qu'aura été bien cultivée
la terre qui était autrefois dé-
serteet désolée aux yeux du voya-
geur,
39. On dira : Cette terre inculte
est devenue comme un jardin de
délices; et les cités désertes, et
abandonnées, et démolies, sont
fortifiées.
90. Et toutes les nations qui se-
ront restées autour de vous, sau-
ront que c'est moile Seigneur qui
ai rétabli les lieux ruinés, planté
les champs incultes, que c'est moi
le Seigneur qui ai parlé et exé-
cuté.
31. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Encore en ceci, Les enfants
de la maison d'Israél me trouve-
ront disposé à agir pour eux; je
les multiplierai comme un trou-
peau d'hommes ;
38. Comme un troupeau saint,
comme le troupeau de Jérusalem
dans ses solennités; c'est ainsi
que les cités désertes seront rem-
plies de troupeaux d'hommes; et
ils sauront que je suis le Sei-
gneur.
naissent que les grandes promesses contenues dans ce verset et les suivants n'ont
recu leur entier accomplissement que dans la nouvelle alliance dont Jésus-Christ est
le médiateur, et dont un caractère distinctif est cet enseignement par lequel Dieu,
répandant son esprit en nous, nous donne un cœur nouveau et un esprit nouveau,
c'est-à-dire de nouvelles affections, de nouveaux sentiments conformes aux vérités
que la foi nous enseigne et aux règles que l'Evangile nous prescrit,
26. * Le cœur de pierre. Voir la note plus haut, xt, 19.
31, Les enfants; est évidemment sous-entendu. Voy, le vers, 12,
xxxvir.] ,8ס]
CHAPITRE XXXVII.
Prophétie du retour de la captivité des
Juifs, sous la figure d'un champ plein
d'ossements secs qui revivent. Réunion
d'Israël et de Juda. Un seul roi les
commandera. Le sanctuaire du Seigneur
sera fixé au milieu d'eux.
1. La main du Seigneur fut sur
moi, et elle me mena dehors par
l'esprit du Seigneur, et elle me
conduisit au milieu d'un champ,
qui était plein d'ossements.
9. Elle me mena tout autour de
ces ossements; oril y en avait un
trés grand nombre sur la face du
champ, etils étaientextrémement
desséchés.
3. Et il me dit : Fils d'un hom-
me, penses-tu que ces ossements
vivront? Et jedis:SeigneurDieu,
c'est vous qui le savez.
4. Et il me dit : Prophétise sur
ces ossements, et tu leur diras :
Ossements arides, écoutez la pa-
role du Seigneur.
5. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu à ces ossements : Voilà que
ÉZÉCHIEL.
1951
moi j'enverrai en vous un esprit,
et vous vivrez.
6. Et je mettrai sur vous des
nerfs, et je ferai croitre sur vous
des chairs, et j'étendrai en vous
une peau; et je vous donnerai un
esprit, et vous vivrez,et vous sau-
rez que je suis le Seigneur.
7. Et je prophétisai comme il
m'avait ordonné; et il se fit un
bruit, moi prophétisant, et voilà
un ébranlement ;etdesossements
s’approchèrent des ossements,
chacun à sa jointure.
8. Et je vis, et voilà que des
nerfs et des chairs sur eux se pla-
cerent; et une peau s'y étendit par
dessus; mais un esprit, ils ne l'a-
valent pas.
9. Et il me dit : Prophétise à
l'esprit, prophétise, fils d'un hom-
me, et tu diras à l'esprit : Voicice
que dit le Seigneur Dieu : Viens
des quatre vents, esprit, et souffle
sur ces hommes tués, et qu'ils re-
vivent.
10. Et je prophétisai comme il
m'avait ordonné ; et l'esprit entra
1-28. * 60 Vision des ossements desséchés. Dans le ch. xxxvir, Ezéchiel décrit une
de ses plus belles visions, celle des ossements desséchés qui revivent, 1-14. Elle est
accompagnée de celle des deux morceaux de bois réunis, qui ne forment plus qu'un
seul tout, 15-28. L'une et l'autre sont le symbole de la résurrection du peuple capti,
sous un roi unique, sous la houlette du Pasteur-Messie qui a été déjà annoncé plus
haut, xxxiv, 23. — 19 Les vers. 1-10 exposent la vision des ossements arides, les
vers. 11-14 en donnent l'explication. Théodoret ἃ observé avec justesse que la résur-
rection des corps se fait par deux actes successifs, comme la création de l'homme
dans la Genèse ; Dieu restitue d'abord le corps, 1-8, et puis il lui rend l'àme, 9-10. Dieu
explique lui-méme à Ezéchiel le sens de ce qu'il lui à montré : Tous ces ossements sont
la maison d'Israél, M ; elle se relèvera et sera rétablie dans la Terre Sainte. — Les
Péres et les docteurs ont vu dans cette vision magnifique une preuve soit directe,
soit plutôt indirecte et typique, de la résurrection générale. — 20 15-28. Non seule-
ment Israél recouvrera sa patrie, mais il ne sera plus divisé : Juda et Ephraim seront
comme deux morceaux de bois inséparablement réunis.
1. La main du Seigneur. Voy. 1, 3. Cette résurrection des ossements desséchés se
rapporte à la délivrance de la captivité des Juifs et figure en méme temps la résur-
rection future des morts. Car, comme le remarquent Tertullien, saint Jéróme, Théo-
doret, et plusieurs autres aprés eux, la parabole ou la figure tirée de la résurrection
suppose l'existence de la chose dont elle est prise; car on ne prend pas de similitude
d'une chose qui n'existe pas.
8. * Un esprit qui anime et donne la vie.
1059
dans les ossements, et ils devin-
rent vivants, et ils se tinrent sur
leurs pieds, formant une armée
innombrable.
41. Et il me dit : Fils d'un hom-
me, tous ces ossements sont les
enfants de 18 maison d'Israël ; ils
disent eux-mémes : Nos osse-
ments sont devenus arides, et no-
ire espérance est perdue, et nous
sommes retranchés.
12. À cause de cela, prophétise,
et tu leur diras : Voici ce que dit
le Seigneur Dieu : Voilà que moi
jouvrirai vos tombeaux, et je
vous tirerai de vos sépulcres, mon
peuple, et je vous conduirai dans
la terre d'Israël.
13. Et vous saurez que je suis
le Seigneur, lorsque j'aurai ou-
vert vos sépulcres, et que je vous
aurai tirés de vos tombeaux, mon
peuple;
14. Et que jaurai mis mon es-
prit en vous, et que vous aurez
vécu, et que je vous ferai reposer
ÉZÉCHIEL.
xxxvir.] .אס]
sur votre terre; et vous saurez
que c'est moi le Seigneur qui ai
parlé, et exécuté, dit le Seigneur
Dieu.
15. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
16. Et toi, fils d'un homme,
prends un morceau de bois, et
écris-y dessus : C'est le bois de
Juda et desenfants d'Israël qui lui
sontunis;et prends unautre mor-
ceau de bois et écris-y dessus :
Pour Joseph, pour le bois d'E-
phraim, et pour toute la maison
d'Israéletdeceux quiluisontunis.
11. Et joins-les l'un à lautre,
pour qu'ils ne soient pour toi
qu'un seul bois; et ils seront unis
dans ta main.
18. Mais lorsque les fils de ton
peuple te diront, en parlant : Est-
ce que vous ne nous indiquez pas
ce que vous voulez par là?
19. Tu leur diras : Voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Voilà que
moi je prendrai 16 bois de Joseph
11. Les enfants. Voy. טאאא 31.
15. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, rit. 16.
16. Prends; littér. et par hébraisme, prends-toi (sume tibi). — Un morceau de bois
ou du bois (lignum); vrai sens de l'hébreu é/s. Les mots planche, ais, de la paraphrase
chaldaique, et celui de verge qu'on lit dans les Septante ne sont que de simples in-
terprétations et nullement des traductions proprement dites. — De Juda et des en-
fants. La plupart des exemplaires de la Vulgate lisent au génitif, mais il en est qui
portent le datif Jude, et filiis Israel sociis ejus, conformément à l'édition Sixtine.
Quant au texte hébreu, on peut le rendre aussi exactement par le génitif que par le
datif. Au reste, ces deux leçons reviennent au même sens. — Par les enfants d'Israël
qui lui (à Juda) sont unis, il faut entendre les tribus de Benjamin et de Lévi, et plu-
sieurs Israélites des autres tribus, lesquels, lors du schisme de ces dernières, ne
voulant point participer à l'idolátrie des veaux d'or de Jéroboam, se retirérent dans
le royaume de Juda, et firent partie des états de Roboam. Voy. 111 Rois, xt, 13; xu, 47;
}1 Paralip., x1, 18 et suiv.
11. £L joins-les, etc. Cet ordre que reçoit le Prophète marque la réunion des dix
tribus avec celle de Juda; réunion qui eut lieu, en effet, après le retour de Baby-
lone; en sorte qu'on ne distingua plus Juda d'Israél, comme formant deux royaumes
différents. Dans un sens plus relevé, la jonction de ces deux bois signifiait la réunion
des peuples de toutes les nations dans l'Eglise de Jésus-Christ, Compar., Galat, ΠΙ,
28; Ephés., τι, 14; Coloss., nur, 11. |
19. Le bois de Joseph, etc.; c'est-à-dire que Jéroboam, premier roi des dix tribus,
dius. Ephraimite, Joseph, ou Manassé, et les autres tribus étaient dans la main d'E-
phraim.
[cu. xxx vur.]
qui est dans la main d'Ephraim,
et les tribus d'Israél qui lui sont
unies, et je les joindrai avec le
bois de Juda, et j'en ferai un seul
bois, et ils n'en seront qu'un dans
sa main.
20. Or ces bois sur lesquels tu
auras écrit seront dans ta main,
devant leurs yeux.
91. Et tu leur diras : Voici ce
que dit le Seigneur Dieu : Voilà
quemoi je prendrai les fils d'Israël
du milieu des nations vers les-
quelles ils sont allés; je les ras-
semblerai de toutes parts, et je les
ramenerai dans leur terre,
22. Et je ferai d'eux une seule
nation dansleur terre surles mon-
tagnes d'Israël, et un seul roi
commandera à tous; et à l'avenir
ils ne formeront pas deux nations,
et ils ne seront plus divisés en
deux royaumes.
23. Et ils ne se souilleront plus
par leurs idoles, et par leurs abo-
minations, et par toutes leurs ini-
quités; je les sauverai en les re-
tirant de tous les lieux de séjour
oü ils ont péché, et je les purifie-
rai; et ils seront mon peuple, et
moi je seraileur Dieu.
24. Et mon serviteur David sera
leur roi; un seul pasteur sera pour
eux tous; ils marcheront dans
ÉZÉCHIEL.
1055
mes ordonnances, ils garderont
mes commandements, et ils les
pratiqueront.
25. Et ils habiteront sur la terre
que j'ai donnée à mon serviteur
Jacob, dans laquelle ont habité
vos peres ; et ils y habiteront, eux
et leurs enfants, et les enfants de
leurs enfants à jamais; et David,
mon serviteur, sera leur prince
pour toujours.
26. Et je ferai avec eux une al-
liance de paix; un pacte avec eux
sera éternel; et je les établirai
solidement, et je les multiplierai,
et je placerai mon sanctuaire au
milieu d'eux pour toujours.
27. Et mon tabernacle sera au
milieud'eux ; et je serai leur Dieu,
et eux seront mon peuple.
28. Et les nations sauront que
je suis le Seigneur, le sanctifica-
teur d'Israél, lorsque mon sanc-
tuaire sera au milieu d'eux pour
toujours.
CHAPITRE XXXVIII.
Prophétie contre Gog. Ce prince viendra
avec une armée nombreuse contre les
enfants d'Israél récemment revenus de
leurcaptivité. Le Seigneur exterminera
ce prince et son armée.
1. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
Cuar. XXXVII. 22. Jean, x, 16. — 24. [s., xr, 11; Jér., xxur, 5; Supra, xxxiv, 23;
Dan., 1x, 24; Jean, 1, 49. — 26. Ps. cix, 4; exvi, 2; Jean, ,זוא
22. Un seul voi. C'est Jésus-Christ, à qui seul cette prophétie peut convenir à la
rigueur de la lettre.
24. Mon serviteur David, etc. Voy. xxxiv, 23.
26. Une alliance de paix, etc. Rien dans l'histoire des Juifs ne peut justifier la réa-
lisation de ces promesses; elles ne peuvent donc se rapporter qu'à la nouvelle alliance
dont Jésus-Christ, le prince de la paix, 686 le médiateur : Jésus-Christ qui nous donne
la vraie paix, la paix intérieure, surpassant tout ce qu'on peut en concevoir. Compar.
Philipp., 1v, 1; Coloss., xii, 15.
1. et suiv. * 1° Extermination de Gog et de son armée, xxvir-xxrix, Sur cette pro-
phétie, voir la note 24 à l1 fin du volume.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, זז 16
rubus .423
1954
2. Fils d'un homme, tourne ta
face vers Gog, vers la terre de
Magog, prince et chef de Mosoch
et de Thubal, et prophétise sur
lui,
3. Et tu lui diras : Voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Voilà que
je viens vers toi, Gog, prince et
chef de Mosoch et 06 Thubal;
4. Et je te ferai tourner de tous
côtés, et je mettrai un frein dans
tes máchoires ; et je te ferai sortir,
toi et toute ton armée, tous tes
chevaux, et tes cavaliers couverts
de cuirasses, et la grande multi-
tude de ceux qui ont prisla lance,
le bouclier et le glaive.
5. Les Perses, les Ethiopiens,
et les Libyens seront avec eux,
tous armés de boucliers et coiffés
d'un casque.
6. Gomer et tous ses bataillons,
la maison de Thogorma, les cótés
de l'aquilon, et toute sa force, et
des peuples nombreux seront avec
toi.
7. Prépare-toi et dispose-toi
ÉZÉCHIEL.
[cH. xxxvur.]
avec toule ta multitude qui s’est
rassemblée auprès de toi; et
prends le commandement sur
eux.
8. Après de longs jours tu se-
ras visité; et dans les dernières
années tu viendras dans une
terre qui a échappé au glaive, et
a été rassemblée d’entre des peu-
ples nombreux vers les monta-
gnes d'Israël qui furent conti-
nuellement désertes; cette terre
a été retirée d'entre les peuples,
et ils y habiteront tous avec con-
fiance.
9. Mais, montant comme une
tempéte et comme un nuage, tu
viendras, afin que tu couvres la
terre, toi, et tous tes bataillons,
et des peuples nombreux avec
toi.
10. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : En ce jour-là, des projets
monteront dans ton cœur et tu
penseras une pensée trés mau-
vaise;
11. Et tu diras : Je monterai
(παρ. XXXVIII. 2. Infra, xxxix, 1; Apoc., xx, 7.
2, Vers Gog, etc. C'est la traduction assez généralement reçue ; mais le texte hébreu,
aussi bien que la Vulgate, porte à la lettre : Vers Gog, terre de Magog, prince de la
téte (ou du chef) de Mosoch et de Thubal. Ainsi Gog est considéré comme un nom de
lieu, et Magog comme un nom de personne, ce qui est d'ailleurs conforme à la Genèse
(x, 2), où il figure, en effet, comme un des fils de Japheth. Si donc Gog parait ici
méme dans le vers. 3, et dans plusieurs autres passages, comme une personne, c'est,
sans doute, par une prosopopée trés usitée dans l'Ecriture et en vertu de laquelle
on personnifie les choses inanimées, mais surtout les lieux, les pays. — La terre de
Magog ; peut-étre la Scythie ou la Grande-Tartarie. Quant aux événements auxquels
on peut plus probablement appliquer la prophétie, c'est aux persécutions d'An-
tiochus Epiphane contre les Juifs, ou à la déroute de l'armée de Cambyse, roi des |
Perses, à son retour d'Egypte, et à la mort de ce prince dans les montagnes de la
Judée.
3. Mosoch, Thubal. ΝΟΥ. xxvu, 13.
6. Gomer, fils aîné de Japheth (Genèse, x, 2), fut, selon les uns, le père des peuples
de Galatie, qui s'appelaient Gamares, avant que les Galates se rendissent maîtres de
leur pays; selon les autres, il fut le pére des anciens Cimbres ou Cimmériens, et il
peupla méme les îles de la Méditerranée, la Grèce, l'Italie et les Gaules. — Thogorma.
Voy. xvir, 14. — Les côlés de l'aquilon; dans le style biblique signifient les provinces
du nord de la Mésopotamie, et méme ia Chaldée, la Mésopotamie, la Syrie et la Ba-
bvlonie.
.
-CH. xxxvnr.]
dans une terre sans mur; je vien-
drai vers ceux qui demeurent en
repos, et qui habitent en sécurité ;
tous ceux-là habitent sans mur;
ils n’ont ni verrous ni portes;
12. Afin que tu ravisses des dé-
pouilles, et que tu saisisses une
proie ; que tu portes ta main sur
ceux qui avaient été abandonnés
et qui après cela ont été rétablis,
et sur un peuple qui ἃ été ras-
semblé d'entre des nations, et
qui commencait à posséder, et à
ètre habitant de l'éminence de la
terre.
13. Saba et Dédan, et les mar-
chands de Tharsis, et tous ses
lions te diront : Est-ce que tu ne
viens pas pour prendre des dé-
pouilles? Voici que tu as rassem-
blé ta multitude pour saisir une
proie, afin d'emporter de l'argent
et del'or,etd' enlever des meubles
et des richesses, et d'emporter un
butin immense.
14. A cause de cela, prophé-
tise, fils d'un homme, et dis à
Gog : Voici ce que ditleSeigneur
Dieu : N'est-ce pas qu'en ce jour-
là, lorsque mon peuple Israël ha-
bitera avec confiance, tu le sau-
ras?
15. Et tu viendras de ton lieu,
des cótés de l'aquilon, toi, et des
peuples nombreux avec toi, tous
montés sur des chevaux, grande
assemblée et armée redoutable.
20. Matth., xxiv, 29; Luc, xxr, 25.
ÉZÉCHIEL.
1955
16. Et tu monteras contre mon
peuple Israël comme un nuage,
afin de couvrir la terre. Tu seras
dans les derniers jours, et je t'a-
mènerai sur ma terre, afin que les
nations me connaissent, lorsque
j'aurai été sanctifié en toi, àleurs
yeux, ὃ Gog.
11. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Toi donc tu es celui dont
jai parlé dans les jours anciens
par l'entremise de mes servi-
teurs les prophètes d'Israël, qui
ont prophétisé dans les jours de
ces temps-là que je t’'amènerais
contre eux.
18. Et il arrivera en ce jour-là,
au jour de la venue de Gog sur la
terre d'Israël, ditleSeigneur Dieu,
mon indignation montera jusqu'à
la fureur.
19. Et c'est dans mon zèle, dans
le feu de ma colere, que j'ai par-
lé. Parce qu'en ce jour-là il y aura
une grande commotion dans la
terre d'Israél;
20. Etils seront violemment
agités devant ma face, les pois-
sons de la mer, etles oiseaux du
ciel, et les bétes dela campagne,
et tout reptile qui se meut sur
la terre, et tous les hommes qui
sont sur la face de la terre; et
les montagnes seront renversées,
et les haies tomberont, et toute
muraille s'écroulera sur le sol.
21. Et j'appellerai contre luisur
12. L'éminence; littér., le nombril; c'est-à-dire l'endroit le plus éminent, le plus
élevé du pays. — * La Terre Sainte est un pays montagneux et élevé. Jérusalem, en
particulier, est à 119 mètres d'altitude au-dessus du niveau de la Méditerranée.
13. Saba. Voy. xxvir, 22. — Dédan. Voy. xxvi, 15. — Tharsis. Voy. Isaïe, τι, 16.
15. Des cótés de l'aguilon. Voy. vers. 6.
16. J'aurai été sanctifié. Voy. xx, 41.
11. Par l'entremise; littér. et par hébraisme, par la main,
21-22, Lui; c'est-à-dire Gog, nommé au vers. 18,
1956
toutes mes montagnes le glaive,
dit le Seigneur Dieu; et le glaive
de chacun sera dirigé contre son
frere.
22. J'exercerai mes jugements
sur lui par la peste, et par le sang,
et par une pluie violente, et par
des pierres énormes, et je ferai
pleuvoir le feu et le soufre sur
lui, et sur son armée, et sur les
peuples nombreux qui sont avec
lui.
28. Et je serai glorifié, et je serai
sanctifié, et je serai connu aux
yeux d'un grand nombre de na-
tions; etils sauront que ie suis le
Seigneur.
CHAPITRE XXXIX.
Suite de la prophétie contre Gog. Le Sei-
gneur le fera venir sur la montagne
d'Israël, où il périra avec son armée.
Les Israëlites enlèveront ses dépouilles.
La gloire du Seigneur éclatera au mi-
lieu des nations. Il répandra ses misé-
ricordes sur son peuple.
1. Mais toi, fils d'un homme, pro-
phétise contre Gog, et tu diras :
Voici ce que dit le Seigneur Dieu:
Voilà que je viens vers toi, Gog,
prince et chef de Mosoch et de
Thubal.
2. Et je te ferai tourner de tous
les cótés, et je te retirerai; et je
te ferai monter des côtés del’aqui-
lon, et je te conduiraisurlesmon-
tagnes d'Israél.
3. Et je briserai ton arc dans ta
main gauche, et je ferai tomber
ÉZÉCHIEL.
(cu. xxxix.]
tes flèches de ta main droite.
4. Sur les montagnes d'Israël
tu tomberas, toi, et tous tes ba-
taillons, et tes peuples qui sont
avec toi; aux animaux sauvages,
aux oiseaux, à tout volatile, et
aux bétes de la terre, je t'ai livré
pour étre dévoré.
9. Sur la face des champs, tu
tomberas, parce que c'est moi
qui ai parlé, dit le Seigneur Dieu.
6. Et jenverrai le feu sur
Magog et sur ceux qui habitent
dans les iles avec confiance; et
ils sauront que je suis le Sei-
gneur.
7. Et je ferai connaitre mon
nom saint au milieu de mon peu-
ple Israél, et je ne souillerai plus
mon nom saint; et les nations
sauront que je suis le Seigneur, le
saint d'Israël.
8. Voici qu'est venu et qu'est
arrivé ce que j'ai annoncé, dit le
Seigneur Dieu; voici le jour dont
jai parlé.
9. Et les habitants sortiront des
cités d'Israël; et ils brüleront et
réduiront en cendres les armes,
le bouclier et les lances, l'arc et
les fleches, et les bátons de leurs
mains, et les épieux; et ils les
consumeront par le feu pendant
sept ans.
10. Et ils n'apporteront point
de bois du milieu des champs, et
ils n'en couperont point dans les
foréts, parce qu'ils consumeront
1. Gog, prince, etc. Voy., sur ce passage, xxxvii, 2. — Mosoch, Thubal. Voy. xxvi, 13.
2. Des cótés de l'aquilon. Voy. xxxvi, 6.
1. Je ferai connaitre, etc.; par la défaite des ennemis, — Je ne souillerai (non pol-
luam); hébraisme, pour 7e ne laisserai pas souiller.
9. Ils brüleront, etc.; c'est-à-dire il y aura dans le pays une si grande quantité de
boucliers, etc., qu'on s'en servira longtemps pour se chauffer. Dans ces pays chauds
on ne fait pas beaucoup de feu. — Sept; plusieurs. Les Hébreux mettaient assez sou-
vent ce mot pour un nombre indéterminé.
cn. XXxIx.]
les armes par le feu, parce qu'ils
feront leur proie de ceux dont ils
avaient été la proie, et ils pille-
ront leurs dévastateurs, dit le
Seigneur Dieu.
11. Et il arrivera en ce jour-là
que je donnerai à Gog un lieu
célèbre pour sépulture dans Is-
raél,la vallée des voyageurs, à
l'orient de la mer; laquelle vallée
frappera d'étonnement ceux qui
passeront; et ils enseveliront là
Gog et toute sa multitude; et elle
s'appellera la vallée de la multi-
tude de Gog.
12. Et la maison d'Israél les en-
sevelira, afin de purifier la terre
pendant sept mois.
13. Or, tout le peuple du pays
les ensevelira; et il sera célebre
pour eux,ce jour dans lequel j'ai
signalé ma gloire, dit le Seigneur
Dieu.
14. Et ils établiront sans inter-
ruption des hommes qui visite-
rontle pays pour ensevelir et re-
chercher ceux qui sont demeurés
sur la face de la terre, afin de la
purifier; or, aprés sept mois, ils
commenceront à chercher.
15. Et ils parcourront le pays,
et lorsqu'ils auront vu l'ossement
ÉZÉCHIEL.
1957
d'un homme, ils y mettront à
cóté un indice, jusqu'à ce que les
ensevelisseurs les ensevelissent
dans la vallée de la multitude de
Gog.
16. Or, le nom de 18 cité sera
Amona; et ils purifieront le pays.
11. Et toi, fils d'un homme,
voici ce que ditle Seigneur Dieu :
Dis à tout ce qui vole et à tous les
oiseaux, et à toutes les bétes de
la terre : Venez tous ensemble,
hátez-vous, accourez de toutes
parts à la victime que moi je vous
immole, grande victime qui a été
égorgée sur les montagnes d'Is-
raél, afin que vous mangiez la
chair et que vous buviez le sang.
18. Vous mangerez les chairs
des forts, et vous boirez le sang
des princes de la terre, des bé-
liers, et des agneaux, et des
boucs, et des taureaux, et de la
volaille engraissée, et de tout ce
qu'il y a de gras.
19. Et vous mangerez de la
graisse jusqu'à satiété, et vous
boirez jusqu'à l'ivresse du sang
de la victime que je vous immo-
lerai.
20. Et vous vous rassasierez
sur ma table de /a chair des che-
11. La mer de Génésareth ou de Tibériade, selon ceux qui croient qu'il s'agit ici
soit de la victoire que Simon, un des fréres de Judas Machabée, remporta sur les
nations 12806165 dans la Galilée, soit de toutes celles que Judas et Jonathas rempor-
terent dans le méme temps au pays de Galaad; ou bienla mer Méditerranée, suivant
ceux qui voient dans la prophétie la déroute des armées de Cambyse à son retour -
d'Egypte, ce prince féroce et cruel étant mort et ayant été enterré à Ecbatane, au
pied du mont Carmel, précisément à l'orient de la Méditerranée, où était le grand
passage pour se rendre de l'Assyrie et de tous les pays du nord, dans la Palestine et
les régions méridionales, et réciproquement.
12. Les ensevelira ; pour obéir à la loi (Nombr., xix, 11, 16 ; Deutér., xx1, 1, 2, 23),
et pour éviter l'infection qu'aurait pu causer un si grand nombre de corps morts. —
Sept. Voy. le vers. 9.
14. Aprés sept mois, etc.; c'est-à-dire aprés que l'on aura enterré durant sept mois,
on recommencera cette recherche, qui ne sera pas nécessaire auparavant, parce que
pendant les sept mois on rencontrera à chaque pas des victimes de la mort.
16. Amona; en hébreu, Aamona, qui veut dire multitude.
1955
vaux, et des vaillants cavaliers,
et de tous les hommes de guerre,
dit le Seigneur Dieu.
91. Et j'établirai ma gloire
parmi les nations; et toutes les
nations verront mon jugement
que j'aurai exercé, et ma main
que j'aurai appesantie sur eux.
92. Et les enfants d'Israël sau-
ront, depuis ce jour-là et dans la
suite, que je suis le Seigneur leur
Dieu.
93. Et les nations sauront que
c'est à cause de son iniquité qu'a
été captive la maison מ 1
parce qu'ils m'ont abandonné, et
que je leur ai caché ma face, et
que je les ai livrés aux mains de
leurs ennemis, et qu'ils sont tom-
bés tous sous le glaive.
24. Je les ai traités selon leur
impureté et selon leur crime, et
je leur ai caché ma face.
95. A cause de cela, voici ce
que dit le Seigneur Dieu : main-
tenant je ramenerai les captifs de
Jacob, et j'aurai pitié de toute la
maison d'Israél, et je m'armerai
de zele pour mon nom saint.
(βαρ. XXXIX. 28. Supra, xxxvi, 23.
ÉZÉCHIEL.
[cu. xL.]
96. Et ils porteront leur con-
fusion et toute la prévarication
par laquelle 115 ont prévariqué
contre moi, lorsqu'ils habiteront
dans leur terre avec confiance,
ne redoutant personne;
27. Et que je les aurai remenés
d'entre les peuples, et que je les
aural rassemblés des terres de
leurs ennemis, et que j'aurai été
sanctifié parmi eux aux yeux des
nations les plus nombreuses.
28. Et ils sauront que je suis le
Seigneur leur Dieu, parce que je
les ai transportés parmi les na-
tions, et que je les ai rassemblés
dans leur pays, et que je nai
laissé là aucun d'eux.
29. Et je ne leur cacherai plus
ma face, parce que j'ai répandu
mon esprit sur toute la maison
d'Israël, dit le Seigneur Dieu.
ὑπο CHAPITRE XL.
Description du tempie montré en esprit
à Ezéchiel. Description des portes, ves-
tibules et parvis du peuple et des
prêtres, et du vestibule dn temple 3.
|. En la vingt-cinquieme an-
ו -=-הק. ₪₪= ₪
91. J'aurai 616 sanctifié. Voy. xx, 41.
+
98. Là ; c'est-à-dire parmi les nations. Compar. xxxvi, 24.
ὁ Les interprètes les plus habiles reconnaissent que ce chapitre offre les plus
grandes difficultés. On ne devra donc pas s'étonner si, aprés nos explications, il reste
encore bien des choses à éclaircir, tant pour la valeur rigoureuse des mots, que pour
la construction des phrases.
1. et .טנטפ * Ile Section : Le nouveau royaume de Dieu, xL-xLvur. — Cette seconde
section, quoique composée plusieurs années aprés les prophéties précédentes, se
rattache étroitement à elles. Le premier temple est détruit; mais Dieu rétablira son
ancien sanctuaire, xxxvir, 26-28, nous a déjà dit Ezéchiel. Un nouveau temple s'élé-
vera, digne du Seigneur, et il en prendra possession, comme il va maintenant nous
l'apprendre, xurr. Le peuple d'Israël recouvrera également sa patrie, comme le Pro-
phéte l'avait annoncé, xxxxvit, 25, et comme il le développe maintenant tout au long.
Les neuf derniers chapitres nous décrivent le nouveau royaume de Dieu, la restaura-
tion de la religion et de la nationalité juives. Dans une vision magnifique, Ezéchiel
est transporté dans la Terre Sainte, la vingt-cinquieme année de la captivité, la qua-
torzième aprés la prise de Jérusalem (574), et là Dieu lui montre à l'avance ce qu'il
accomplira dans l'avenir, le nouveau temple, le nouveau culte qui lui sera rendu et le
[cn. x] ÉZÉCHIEL. 1959
née de notre transmigration, au 9. Dans des visions arvines, il
commencement de l'année, au | m'amena dans la terre d'Israël,
dixieme jour du mois, en la qua- | et me laissa sur une montagne
torzieme année, apres qu'eut été | trés haute, sur laquelle était com-
frappée la cité; en ce méme jour, | me 1601866 d'une cité tournée
la main du Seigneur fut sur moi, | vers le midi.
et il m'amena là. 8. Etil m'introduisit là, et voilà
nouveau partage de la Palestine. Ce triple sujet forme la matiére des trois subdivi-
sions de la dernière section : — 19 le temple futur, וקזא- זא ; — 29 le culte, xum-xrv1; —
30 la félicité de la terre de Chanaan et le partage qui en est fait entre les douze
tribus, .חנ זצ-חט וא — Cette dernière partie d'Ezéchiel a été toujours regardée comme
la plus difficile à comprendre et à expliquer, Les uns l'ont entendue. dans un sens
littéral,les autres dans un sens purement allégorique. Parmi ceux-ci, il faut compter
la plupart des Péres qui s'en sont occupés : ils ont tout interprété comme une allé-
gorie, dans l'impossibilité où ils étaient de découvrir une signification littérale aux
paroles du Prophète. — Pour saisir le véritable sens de ces oracles, il faut, distinguer
entre les divers chapitres. Les derniers, qui décrivent la division future de la Terre
Sainte, xLvr-xLvm (et probablement aussi ceux qui traitent du culte qu'on rendra à
Dieu dans l'avenir, ,(נטמא-והזא ne doivent certainement pas se prendre à la lettre;
ce ne sont que des symboles qui ont une signification beaucoup plus haute. La pro-
phétie du nouveau royaume d'Israël annonce, sans doute, le retour de la captivité ;
mais ce n'est point là son objet principal : elle a surtout pour but de peindre le
règne du Messie et les biens qu'il apportera au monde. 1] est évident que la source
du temple, xrvi, 1-12, n'est qu'une image; la nouvelle terre. d'Israël, 18 nouvelle
Jérusalem, séparée du temple, que nous représente le ch. xrvir, ne sont aussi que
des figures. L'interprétation donnée par les Péres de ces passages est incontestable.
Quant au temple lui-même, tel qu'il est décrit, xz-xum, plusieurs n'ont voulu y voir
également qu'un temple symbolique, mais il parait plus naturel d'entendre littérale-
ment sur ce point le langage du Prophète. Il commence par décrire des choses réelles,
et il s'élève ensuite peu à peu du réel au symbolique, de l'édifice que construiront
les Juifs aprés la fin de la captivité au régne du Messie.
4. Au commencement de l’année; c'est-à-dire au premier mois de l’année sacrée,
qui était le septième de l'année civile. Il commençait à la nouvelle lune de mars,
selon les rabbins, mais c'était plus probablement à celle d'avril. — La main du Sei-
gneur. Voy. 1, 3. — Là; dans la cité, à Jérusalem.
2. La plupart des Péres et des interprétes reconnaissent que cet édifice représente,
sous des symboles mystérieux, l'Eglise de Jésus-Christ.
3. et .טנטפ * 19 Le nouveau temple, xr-xum. — Aprés avoir indiqué brièvement dans
l'introduetion de la vision, xr, 1-4, en quel temps, en quel lieu et dans quel but elle
lui a été accordée, Ezéchiel commence la description du temple. — 19 Il décrit d'a-
bord les enceintes et les parvis avec les portes et les logements, xr, 5-47; — 29 puis
16 sanctuaire avec les bâtiments qui en dépendent, xr, 40-x11, 26; — 30 enfin les édi-
fices destinés aux repas des prétres aprés les sacrifices et à la garde des vétements
sacerdotaux, xiu. — 6 Le temple qui nous est décrit par Ezéchiel est, selon toutes
les apparences, le méme qu'il avait vu avant sa captivité et qui avait été brülé par
les Chaldéens quatorze ans avant cette vision. En comparant les livres des Rois et
des Paralipomènes avec Ezéchiel, nous remarquons les mêmes dimensions dans les
piéces que les uns et les autres ont décrites ; par exemple, le temple, ou le lieu qui
comprenait 16 sanctuaire et le Saint, le vestibule de devant le temple, tout cela se
trouve de mesure égale dans les Rois comme dans Ezéchiel;les ornements du dedans
du temple y sont tous les mêmes. Dans tous les deux, on voit deux parvis, l'un in-
térieur pour les prêtres et l’autre extérieur pour le peuple. Il y a done lieu de
croire que dans tout le reste, le temple d'Ezéchiel était ressemblant à l'ancien temple,
et que le dessein de Dieu, en retraçant ses idées dans la mémoire du Prophète,
était de conserver la mémoire du plan. des dimensions, des ornements et de toute
là structure de ce divin édifice, atin qu'au retour de la captivité le peuple pût plus
1960
un homme dont l'apparence était
comme l'apparence de l'airain; et
un cordeau de lin était dans sa
main, et une canne à mesurer
dans son autre main; mais il se
tenait à la porte.
4. Et ce même homme me dit :
Fils dun homme, vois de tes
yeux, et écoute de tes oreilles, et
applique ton cœur à toutes les
choses que moi je te montrerai,
parce que c'est pour qu'elles te
soient montrées que tu as été
amené ici; et annonce tout ce que
tu vois à la maison d'Israél.
5. Et voici au dehors un mur
tout autour dela maison, et dans
la main de l'homme une canne à
mesurer de six coudées et d'un
palme; et il mesura la largeur de
l'édifice, qui était d'une canne;
et la hauteur, qui était aussi d’une
canne.
6. Et il vint à la porte qui regar-
dait la voie de l'orient, etil mon-
ta par ses degrés; et il mesura le
seuil de la porte; 7/ avait une
ÉZÉCHIEL.
[cu. xL.]
canne en largeur, c'est-à-dire.
qu'un seuil avait une canne en
largeur;
7. Il mesura aussi la chambre;
elle avait une canne en longueur
et une canne en largeur, et entre
les chambres, cinq coudées ;
8. Et le seuil de la porte près du
vestibule au-dedans de la porte,
une canne.
9. Et il mesura le vestibule de
la porte; il avait huit coudées, et
son frontispice, il avait deux cou-
dées; or le vestibule de la porte
était en dedans.
10. Mais à la porte qui regardait
la voie de l’orient étaient trois
chambres d’un côté et trois cham-
bres de l’autre; les trois chambres
et les frontispices des deux côtés
étaient d'une méme mesure.
11. Et il mesura la largeur du
seuil de la porte; elle était de dix
coudées; et la longueur de la
porte, elle était de treize coudées;
19. Et un rebord qu'il y avait
devantleschambres ;ilétait d'une
aisément 16 rétablir suivant ce modèle. L'application du Prophète à décrire cet édifice
était un motif d'espérance pour les Juifs de se voir un jour délivrés de la captivité
et de voir le temple rebáti et leur nation dans son ancien héritage. Ezéchiel touche
assez légèrement la description du temple ou de la maison du Seigneur, qui compre-
nait le Saint et le sanctuaire, décrits exactement dans les livres des Rois. Il s'étend
davantage sur les portes, les galeries et les appartements du temple, dont l'histoire
des Rois n'avait pas parlé ou qu'elle n'avait fait que marquer en passant. » (Carukr.)
3. Un homme; c'est-à-dire un ange sous la forme d'un homme. — Canne (calamus);
mesure de 6 coudées (vers. 5). Or la coudée avait 24 doigts ou 20 pouces et demi en-
viron.
5. La maison; c'est-à-dire le temple. — D'un palme; littér., avec un palme; c'est le
sens du latin (palmo), expliqué par l'hébreu. — 1} mesura, ete.; littér., ἐξ mesura la
largeur de l'édifice par une canne; construction elliptique qui se reproduit dans plu-
sieurs des versets suivants, quoique sous une forme diíférente. — * Pour la valeur
des mesures données dans ce chapitre et les suivants, voir la note 1 à la fin du vo-
lume.
6. La porte qui regardait, etc. 11 y avait quatre grandes portes dans le temple : la
porte orientale, celle qui regardait le septentrion ou l'aquilon, celle du midi et celle
du cóté de l'occident.
1. Les chambres servaient au logement des portiers et des gardes. Il y en avait
trois de chaque côté du vestibule (vers. 10) et elles étaient séparées les unes des
autres par un mur épais de 5 coudées.
12. Un rebord (marginem); espèce de banquette qui s'étendait par le bas tout le
(cs. ΧΙ.
coudée; une coudée finissait le
rebord des deux cótés; et les
chambres d'un cóté et de l'autre
étaient de six coudées.
13. Etil mesura la porte depuis
le toit d'une chambre jusqu'au
toit de l'autre, largeur de vingt-
cinq coudées; une porte était vis-
à-vis une aure porte.
14. Et il fit les frontispices de
soixante coudées, et dans ses me-
sures il ajouta aux frontispices le
vestibule de la porte qui régnait
d'un cóté et de l'autre tout au-
tour.
15. Et devant la face de la pre-
miére porte qui s'étendait jusqu'à
la face du vestibule de la porte
intérieure, il mesura cinquante
coudées ;
16. Il mesura aussi les fenêtres
de biais aux chambres et aux
frontispices qui étaientau-dedans
de la porte, d'un côté et de l’autre
tout autour; mais il y avait pa-
reillement au dedans des vesti-
bules, des fenétres tout autour,
et devant les frontispices des pal-
mes peintes.
17. Et il me mena au parvis ex-
térieur; et voici des chambres, et
jum pavé de pierres dans le parvis
ÉZÉCHIEL.
1961
tout autour; et trente chambres
autour du pavé.
18. Et le pavé au frontispice
des portes était plus bas, selon la
longueur des portes.
19. Et il mesura la largeur de-
puis la face de la porte d'en bas,
jusqu'au frontispice du parvis in-
térieur par dehors ; // y avait cent
coudées vers l'orient et vers l'a-
quilon.
20. La porte aussi qui regardait
la voie de l'aquilon du parvis ex-
térieur, illa mesura tant en lon-
gueur qu'en largeur;
91. Et ses chambres, trois d'un
côté et trois de l'autre, et son
frontispice et son vestibule, se-
lon la mesure de la premiere
porte; à y avait cinquante cou-
dées de long et vingt-cinq cou-
dées de large.
22. Mais ses fenétres, son ves-
tibule et ses sculptures étaient
selon la mesure de la porte qui
regardait vers l'orient; et on y
montait par sept degrés, etil y
avaitau devant un vestibule.
29. Et la porte du parvis inté-
rieur était vis-à-vis de la porte
de l'aquilon et de l'orient; et il
mesura d'une porte à l'autre
long du portique. — Une coudée finissait; etc.; c'est-à-dire que la mesure du rebord
était fixe et déterminée à une coudée en tous sens. Or ce rebord servait comme de
base aux palmes qui étaient en guise de pilastres entre chaque chambre, Voy. vers. 16.
13. La porte; c'est-à-dire l'espace compris entre une porte et l'autre.
16. Des palmes peintes; mais en relief, sculptées ou ciselées, comme il est dit au
vers. 26. C'étaient des espéces de colonnes ou de pilastres qui ornaient le mur de
séparation, situé entre chaque chambre du vestibule.
11. Le parvis est appelé extérieur, par rapport au parvis des prêtres, nommé ₪6
parvis intérieur. — Des chambres (gazophylacia); dans plusieurs desquelles on serrait
les choses nécessaires au service du temple, par exemple le bois, le sel, le vin,
l'huile, etc., pour les sacrifices, et où logeaient les prêtres durant le temps de leur
service. — Trente chambres; dont quinze apparemment étaient à droite du vestibule
et quinze à gauche.
20. Du parvis extérieur; celui des lsraélites, qui était entre le parvis des Gentils et
celui des prêtres. Compar. vers. 11.
21. La première porle; la porte orientale. Voy. vers. 6,
1902
porte; 11 y avait cent coudées;
94. ll me mena aussi vers la
voie du midi, et voici une porte
qui regardait vers le midi, etil en
mesura le frontispice et le vesti-
bule;ils étaient selon les mesures
des précédents.
95. Il mesura aussi ses fené-
tres avec les vestibules autour
comme les autres fenêtres; elles
avaient cinquante coudées de
long, et de large vingt-cinq cou-
dées.
26. Et on y montait par sept
degrés ; et le vestibule était de-
vant la porte; et il y avait des
palmes ciselées, une d'un cóté et
l'autre de l'autre au frontispice du
vestibule.
27. Et il y avait une porte au
parvis intérieur du côté du midi;
et il mesura d’une porte jusqu’à
l'autre porte, du côté du midi; #7
y avait cent coudées.
98. Il m'introduisit aussi dans
le parvis intérieur de la porte du
midi, et il mesura la porte selon
les mesures précédentes,
29. Lachambre du parvis, etson
frontispice, et son vestibule, avec
les mémes mesures; et ses fené-
tres et son vestibule tout autour;
ily avait cinquante coudées de
long, et de large vingt-cinq cou-
dées;
30. Il mesura aussi le vestibule
tout autour; il avait vingt-cinq
coudées de long, et de large
cinq;
ÉZÉCHIEL.
[cH. XL.,
31. Et son vestibule a//ait au
parvis extérieur; et ses palmes
sur le frontispice; or il y avait
huit degrés par lesquelson y mon-
tait.
32. Et il m'introduisit dans le
parvis intérieur par la voie de l'o-
rient, et il mesura la porte selon
les mesures précédentes,
33. Et sa chambre, et son fron-
tispice, et son vestibule, comme
il est dit plus haut; et ses fené-
tres, et ses vestibules tout au-
tour; ils avaient cinquante cou-
dées de long, et de large vingt-
cinq.
34. 14 mesura aussi son vesti-
bule, c'est-à-dire le vestibule du
parvis extérieur; et il y avait
des palmes ciselées sur le fron-
tispice d'un côté et de l'autre; et
c'est par huit degrés qu'on y mon-
tait.
35. 11 me mena ensuite vers la
porte qui regardait l'aquilon, et il
mesura selon les mesures précé-
dentes,
36. Sa chambre, et son frontis-
pice, et son vestibule, et ses fené-
tres tout autour; 2 y avait cin-
quante coudées de long, et de
large vingt-cinq coudées.
37. Et son vestibule regardait
vers le parvis extérieur; et il y :
avait des palmes ciselées au fron-
tispice d'un côté et de l’autre; et
c'est par huit degrés qu'on y mon-
tait.
38. Et à chaque chambre du tré-
26. Des palmes ciselées. Compar. vers. 16. =
30. De large cinq. D'aprés les vers. 15, 21, 25, 29, 33, 36, paralléles à celui-ci, il faut
lire cinquante.
31. Et son veslibule, etc.; on passait par ce vestibule pour aller d'un parvis à
l'autre.
38. C'était là qu’on lavait les pieds et les intestins des animaux qui devaient être
brülés en holocaustes.
T RT
CH. XL.]
sor,ily avaitune entrée aux fron-
tispices des portes; c'était là qu'on
lavait l'holocauste.
39. Et dans le vestibule de la
porte il y avait deux tables d'un
côté, et deux tables de l’autre,
afin que füt immolé dessus l'ho-
locauste pour le péché et pour le
délit.
40. Et au côté extérieur qui
monte vers l'entrée de la porte
qui va vers l'aquilon, étaient deux
tables; et à l’autre côté devant
le vestibule de la porte, deux
tables.
41. Quatre tables d'un côté, et
quatre tables de l'autre; aux có-
tés de la porte, étaient en tout
huit tables, sur lesquelles on im-
molait.
49. Or, les quatre tables pour
l'holocauste étaientconstruites de
pierres carrées ; 01168 avaient une
coudée et demie de long, et de
large une coudée et demie, et de
haut une coudée; on mettait 'des-
sus les instruments avec lesquels
on immolait l'holocauste et la vic-
time.
43. Etleurs rebords d'un palme
se courbaient en dedans tout au-
tour, el on mettait sur les tables
les chairs de l'oblation.
44. Et en dehors de la porte in-
térieure, étaient les chambres des
chantres dans le parvis intérieur,
ÉZÉCHIEL,
1963
qui était à côté de la porte qui re-
garde vers l'aquilon; et leur face
était tournée vers le midi;ily en
avait une du cóté de la porte
orientale, qui regardait vers l'a-
quilon.
45. Etil me dit : Voici la cham-
bre qui regarde le midi; eile sera
pourles prétres qui veillent à la
garde du temple.
46. Maisla chambre qui regarde
vers laquilon sera pour les pré-
tres qui veillentpourle ministere
de l'autel; ceux-ci sont les fils de
Sadoc, qui d'entre les fils de Lévi
s'approchent du Seigneur, afin de
le servir.
47. 11 mesura aussi le parvis; 7
avait cent coudées de long, et de
large cent coudées en carré; et
l'autel devant la face du temple.
48. Et il m'introduisit dans le
vestibule du temple, et il mesura
le vestibule, 27 avait cinq coudées
d'un 6016, et cinq coudées de
l'autre; et la largeur de la porte,
elle avait trois coudées d'un côté,
et trois coudées de l’autre ;
49. Mais ?// mesura la longueur
du vestibule; e/le était de vingt-
cinq coudées; et la largeur, e//e
était de onze coudées ; et c'était
par huit degrés qu'on y montait.
Et il y avait dans les frontispices
deux colonnes, l'une d'un côté et
l'autre de l’autre.
39. Pour le péché, etc. Compar. Lévitiq., v, 15; vr, 17; vir, 1; Nombr., xvur, 9.
43. Leurs rebords ; c'est-à-dire les rebords qui s'élevant au-dessus de la surface des
tables avaient pour but d'empécher les instrusnents qu'on y mettait et les parties des
victimes qu'on y préparait de tomber par terre. — D'un palme; de quatre doigts.
46. Ceux-ci, etc. Les descendants de Sadoc, le grand-prétre, étaient chargés d'offrir
les sacrifices sur l'autel des holocaustes. Voy. xuut, 19; χιαν, 15 ; ,טמא
49. Deux colonnes. On peut en voir la description dans 111 Rois, vir, 15, et suiv.;
1I Paralip., uz, 15 et suiv.
M
1961
CHAPITRE XLI.
Description du Saint, du sanctuaire, et
des chambres contigués au temple.
1. Et il m'introduisit dans le
temple ; et il mesura les poteaux
de l'entrée du temple, ils avaient
six coudées de largeur d'un cóté,
et six coudées de l'autre côté; lar-
geur du tabernacle.
2. Et la largeur de l'ouverture
de la porte était de dix 6000608 ;
et les côtés de la porte éfaient de
cinq coudées d'un cóté, et de cinq
coudées de l'autre; et il mesura
sa longueur; e//e était de qua-
rante coudées, et sa largeur, e//e
était de vingt coudées.
ὃ. Et étant entré bien avant
dans le temple, il mesura un po-
teau de la porte; il avait deux
coudées; et /a hauteur dela porte,
elle était de six coudées; et sa lar-
geur, e//e était de sept coudées;
4. Et il mesura sa longueur,
elle était de vingt coudées; et sa
largeur, elle était de vingt cou-
dées devant la face du temple;
et il me dit : C'est le saint des
saints.
ὃ. Et il mesura l'épaisseur de
la muraille dela maison ; elle était
de six coudées; et la largeur de
chaque chambre latérale, elle
ÉZÉCHIEL
[cu. xur.]
était de quatre coudées, de tous
cótés autour de la maison.
6. Or, les chambres latérales,
une chambre joignant une autre
chambre, éfaient au nombre de
deux fois trente-trois ; et il y avait
des arcs-boutants qui s'avan-
caient sur la muraille de la mai-
son, laquelle avait été construite
pour les chambres, de maniere à
lessoutenir, maisàne pas toucher
àla muraille du temple.
7. ἘΠῚ y avait une galerie mon-
tant en haut par un escalier en
limacon, et qui conduisait à la
chambre la plus haute du temple,
toujours en tournant; c'est pour-
quoi le temple était plus large
dans les parties supérieures; et
ainsi on montait des parties infé-
rieures aux parties supérieures
par le milieu.
8. Et je vis dans la maison, la
hauteur tout autour; les fonde-
ments des chambres latérales
avaient la mesure d'une canne o4
de six coudées;
9. Je vis aussi l'épaisseur du
mur des chambres à l'extérieur;
elle était de cinq coudées; et la
maison intérieure était entourée
parles chambres collatérales de
l'autre maison.
10. Et entre les chambres 7e vis
lalargeur, elle était de vingt cou-
1. Il (CAnge. Voy. xv, 3) mesura, etc.; littér., 11 mesura les poleaux, six coudées de
largeur, construction elliptique que nous avons déjà remarquée au ohapiipe précédent
et qui se reproduit dans plusieurs des versets suivants. Compar. xr, 5.
3. Etant entré bien avant; littér. et-par hébraisme, étant entré dedans au deduns.
Ezéchiel, en effet, était entré dans la première partie du temple (vers. 1).
5. De la maison; c'est-à-dire du temple. — Chague; le verset suivant prouve que le
singulier chambre est mis pour le pluriel.
9. Je vis, sous-entendu, explique parfaitement l'accusatif l'épaisseur (latitudinem)
autrement inexplicable. — La maison intérieure, etc.; le temple proprement dit; il
était environné au nord, à l'occident et au midi, par des chambres qui formaient un
second bâtiment.
10. La largeur ; c'est-à-dire l'espace.
‘che [.זזא
dées autour de la maison de tous
côtés.
44. Etla porte de chaque cham-
bre latérale était tournée vers
le lieu de la prière; une porte du
côté de l'aquilon, et une porte du
côté du midi; je vis aussi la lar-
geur dulieu destiné pourlapriere;
elle était de cinq coudées tout
autour.
12. L'édifice qui était séparé du
temple, et tourné du cóté de la
voie regardant vers la mer, était
d'unelargeur de soixante-dix cou-
dées; mais la muraille de £ow£
l'édifice était de cinq coudées de
largeur tout autour, et sa lon-
gueur de quatre-vingt-dix cou-
dées.
13. Et il mesura lalongueur de
la maison, elle était de cent cou-
dées; et l'édifice qui en était sé-
paré et ses murailles, étaient
d'une longueur de cent coudées.
14. Mais la largeur devant la
face dela maison, et celle de l'édi-
fice qui en était séparé du cóté de
l'orient, éfaient de cent coudées.
15. Et il mesura lalongueur de
l'édifice vis-à-vis de celui qui en
était séparé par derriere, et les
portiques des deux côtés; elles
étaient de cent coudées, ainsi que
le temple inférieur et les vestibu-
les du parvis.
16. Il mesura encore les seuils
et les fenêtres de biais, et les por-
[S
ÉZÉCHIEL.
1965
tiques qui environnaient /e tem-
ple de trois côtés vis-à-vis du seuil
de chaque porte, et ce qui était
revétu de bois alentour; or la
terre allait jusqu'aux fenêtres,
et les fenêtres étaient fermées au-
dessus des portes.
47. Et 27 soumit à la mesure
jusqu'à la maison intérieure et
au dehors, le long de toute la mu-
raille, à l'entour, au dedans et au
dehors.
18. Et il y avait des chérubins
artistement travaillés et des pal-
mes, et il y avait une palme en-
tre un chérubin et un autre ché-
rubin; et chaque chérubin avait
deux faces.
19. Je vis d'une partla face d'un
homme 1000066 vers l'une des
palmes, et d'autre part la face
d'un lion £ournée vers lautre
palme, gravée tout autour de la
maison.
20. Depuis la terre jusqu'au
haut de la porte, les chérubins et
les palmes ciselées étaient sur la
muraille du temple.
21. Le seuil du temple était
quadrangulaire, et la face du
sanctuaire répondait à celle du
temple, étant en regard l’une
devant l’autre.
22. La hauteur de l’autel de bois
était de trois coudées, et sa lar-
geur de deux coudées; et ses cor-
nes, sasurface et ses cótés étaient
וו
18. Les portiques; c'est le mot par lequel la Vulgate a rendu ailleurs (xui, 8, 5) le
terme hébreu correspondant atüikim, qu'elle a traduit 101 et au verset suivant par
ethecas.
16. La terre allait, etc., c'est-à-dire que les fenêtres étaient au niveau du sol, de
plain-pied, et qu'elles étaient fermées soit par des jalousies, soit par des rideaux, de
sorte que du bas des parvis on ne pouvait pas les voir.
19. Gravée. C'est ainsi que porte la Vulgate (expressam), en faisant concorder
grammaticalement ce mot avec la dernière palme (palmam); quoique logiquement il
se rapporte aux deux. — De la maison; c'est-à-dire du temple.
1966
de bois. Et l'ange me dit : Voilà
la table qui doit être devant le
Seigneur.
93. Or il y avait deux portes
dans le temple et dans le sanc-
tuaire.
24. Et aux deux portes étaient
de chaque côté deux petites por-
tes, qui se repliaient l’une sur
l'autre; car il y avait deux autres
portes des deux cótés des portes.
25. Et aux portes mémes du
temple, il y avait des chérubins
et des palmes sculptées, comme
il y en avait aussi de gravées
dans les murailles; à cause de
cela il y avait de grosses pieces
de bois au frontispice du vesti-
bule par dehors;
96. Au-dessusdesquellesétaient
des fenétres de biais, et des figu-
res de palmes d'un côté et de
l'autre sur les cótés du veslibule,
selon qu'il y en avait sur les côtés
de la maison et sur l'étendue des
murailles.
CHAPITRE XLI.
Description et usage des appartements
qui étaient vis-à-vis du temple dans le
parvis des prétres. Dimension de toute
l'étendue du parvis extérieur.
1. Etil me fit passer dans le par-
vis extérieur par la voie qui con-
duit à l'aquilon, et m'introduisit
dans la chambre du trésor, qui
était vis-à-vis de l'édifice séparé,
ÉZÉCHIEL.
[cu. xni.]
et vis-à-vis de la maison tournée
vers l'aquilon.
2. JI mesura la face de la cham-
óre; il y avait cent coudées de
longueur depuisla porte de l'aqui-
lon, et cinquante coudées de lar-
geur,
3. Vis-à-vis des vingt coudées
du parvis intérieur, et vis-à-vis
du pavé de pierres du parvis ex-
térieur, où était le portique joint
au triple portique.
4. Et devant les chambres du
trésor, il y avait une allée de dix
coudées de largeur, laquelle re-
gardait du côté intérieur vers
une voie d’une coudée; et leurs
portes étaient vers l'aquilon,
5. Où ces chambres étaient plus
basses par le haut, parce qu'elles
étaient soutenues sur les porti-
ques qui saillaient de l'étage d'en
bas et de celui du milieu de l'édi-
fice.
6. Car il y avait trois étages, et
elles n'avaient pas de colonnes,
comme étaient les colonnes des
parvis; à cause de cela elles s'éle-
vaient de cinquante coudées de
l'étage d'en bas et de celui du mi-
lieu à partir du sol.
1.Quantàl'enceinte extérieure,
le long des chambres qui étaient
dans la voie du parvis extérieu
de devant ces chambres, sa lon-
gueur é/ai( de cinquante cou-
dées.
1. Il; c'est-à-dire l'ange. Voy. xL, 3. — Le parvis extérieur; le parvis des prétres,
appelé ici extérieur par rapport à l'enceinte du temple.
2. 11 mesura ; c'est ce verbe sous-entendu qui gouverne l’accusatif coudées (cubitos).
Ce méme verset offre, de plus, une construction elliptique dont on peut voir l'expli-
cation, xr, 5.
5. Où ces chambres, etc. Les portiques du second et du troisième étage étant moins
hauts, les chambres devaient par conséquent être plus basses que celles du premier
étage ; ainsi les chambres du milieu étaient plus basses que celles d'en bas, et celles
d'en haut ou du dernier étage encore plus basses,
CH. וצ 11.[
8. Parce que la longueur de ce
bátiment des chambres du par-
vis extérieur éfait de cinquante
coudées; et la longueur devant
la face du temple, de cent cou-
dées.
9. Etil y avait sous ces chambres
une entrée du cólé de l'orient
pourceux qui y venaient du parvis
extérieur.
10. Danslalargeur de l'enceinte
du parvis qui était vis-à-vis de la
voie de l'orient, vers la face de
l'édifice séparé du temple, i y
avait aussi devant cet édifice des
chambres,
11. Et une voie le long de ces
chambres, semblable à celle des
chambres qui étaient sur la voie
de l'aquilon; comme éfait leur
longueur, ainsi aussi élait leur
largeur, et toutes /eurs entrées,
leurs figures et leurs portes;
19. Comme étaient les portes
des chambres qui étaient dans la
voie regardant vers le midi, ainsi
était une porte à la téte de la
voie qui était devantle veslibule
séparé, pour ceux qui entraient
par la voie de l'orient.
13. Et il me dit : Les chambres
de l'aquilon et les chambres du
midi, qui sont devant l'édifice
séparé du temple, ce sont des
chambres saintes, dans lesquelles
mangent les prétres qui appro-
chent du Seigneur pour les cho-
ÉZÉCHIEL.
1967
ses trés saintes; c'est là qu'ils
mettront les choses très saintes,
et l'oblation pour le péché et
pourle délit; car le lieu est saint.
14. Or quand les prétres seront
entrés, ils ne sortiront point des
lieux saints dans le parvis exté-
rieur; et là ils déposeront leurs
vêtements avec lesquels ils offi-
cient, parce qu'ils sont saints; et
ils se revétiront d'autres véte-
ments, et ils s'avanceront ainsi
vers le peuple.
15. Et lorsqu'il eut achevé de
mesurer la maison intérieure, il
me fit sortir par la voie de la
porte del'orient, et il mesura tout
autour.
16. Il mesura donc vis-à-vis le
vent de l'orient avec la canne à
mesurer; 07 y avait cinq cents
cannes tout autour.
17. Et il mesura vis-à-vis le vent
de l'aquilon avecla canne à mesu-
rer; 27 y avait cinq cents cannes
tout autour.
18. Et 11 mesura vers le vent du
midi, avec la canne à mesurer; 7
y avait cinq cents cannes tout
autour.
19. Et il mesura vers le vent de
loccident; 7/ y avait cinq cents
cannes tout autour.
20. Aux quatre vents il mesura
son mur de toutes parts tout au-
tour, 27 avait 18 longueur de cinq
cents coudées, et la largeur de
13. Les choses très saintes; ou les plus saintes; littér., les choses saintes des choses
sainles; c'est une des formes du superlatif en hébreu. On entend par cette expression
les viandes des victimes qui avaient été offertes sur l'autel et que les prétres seuls
avaient droit de manger, et cela seulement dans le temple. Compar. Lévitig., vi, 25
et .טנטפ — Pour le péché, etc. Voy. xr, 39.
16. Il mesura, etc. Ce verset et les suivants offrent une construction elliptique dont
on peut voir l'explication, xL, >.
20. Aux quatre vents; aux quatre côtés, — Son mur; le mur de l'édifice, — Du lieu
destiné, etc.; de la partie du temple où tout le monde indistinctement pouvait entrer.
1968 ÉZÉCHIEL. (cu. xum.]
cinq cents coudées; mur qui sé- 4. Et la majesté du Seigneur
parait le sanctuaire du lieu des- | entra dans le temple par la porte
tiné à la multitude. qui regardait vers l'orient.
5. ELun esprit m'éleva, et m'in-
CHAPITRE XLIII. troduisit dans le parvis intérieur;
et voilà que la maison était rem-
Le Seigneur rentre dans son temple. Il 7 : 1
déclare qu'il y demeurera toujours, et je ἐς PASA CUS du Seigneur.
que la maison d'Israël ne profanera 6. Et j'entendis quelqu'un me
plus son nom. Description de l'autel parlant du temple; etun homme
des holocaustes. Cérémonies pour la : Meme mrs ₪ 3 :
consécration de cet autel. qu EH pes EIU
7. Me dit : Fils d'un homme,
1. Et il me mena à la porte | iciest le lieu de mon trône, et le
qui regardait vers la voie de l'o- | lieu des traces de mes pieds, où
rient. jhabite au milieu des enfants
9. Et voilà que la gloire du | d'Israél pour jamais; la maison
Dieu d'Israél entrait par la voie | d'Israél ne souillera plus mon
de l'orient, et sa voix était com- | nomsaint, ni eux-mémes, nileurs
me la voix des grandes eaux, et la | rois, par leurs fornications et par
terre resplendissait de sa majesté. | les ruines de leurs rois, et parles
3. Et je vis une vision selon la | hauts lieux.
ressemblance de celle que j'avais 8. Ils ont fait leur seuil pres de
vue, quand il vint pour perdre la | mon seuil, et leurs poteaux près
cité; et sa forme était selon la | de mes poteaux; el un mur seu-
forme que j'avais vue pres du | /ement était entre moi et eux; et
fleuve de Chobar; et je tombai | ils ont souillé mon nom saint par
sur ma face. les abominations qu'ils ont faites ;
(παρ. XLIII. 3. Supra, 1x, 1; Supra, 1, 1.
1. et suiv. * 20 Le nouveau culte, xzur-xLvi. — 19 Quand le nouveau temple est fini,
Dieu en prend possession. « Le Seigneur apparait, et il remplit la maison de sa propre
gloire, pour montrer, dit Théodoret de Cyr, que non seulement elle sera bátie, mais
aussi qu'elle sera remplie d'une vertu divine. » Il annonce au Prophète qu'israël ne
profanera plus son nom, mais sera fidèle à son culte, xui, 1-12. — 2» Un nouvel autel
des holocautes sera élevé; les mesures en sont données et les sacrifices qui doivent
être offerts pour son inauguration indiqués, ,וזא 13-21. — 39 Les règles du nouveau
culte sont ensuite tracées : nous apprenons quelle est la place et quels sont les devoirs
des princes, xuiv, 1-4, des lévites et des prétres qui desservent l'autel et le Saint,
xLv, 5-31; — 40 quelles seront les redevances dues aux ministres du sanctuaire
et au prince, aprés la division future du pays, ,טמא 1-17; — 5° quels sacrifices
devront être offerts aux jours de sabbat, aux néoménies, aux fêtes et chaque jour,
xLv, 18-xLvi, 15. — 6» Enfin Dieu règle les droits de propriété du prince, ,טוא
et trace le plan des cuisines destinées à faire cuire la chair des victimes offertes sur
son autel, 19-24.
1. Il; c'est-à-dire l'Ange. Voy. xL, 3.
2. La gloire du Dieu d'Israél, comme la majesté du Seigneur (vers. 4), c'est la divi-
nité se manifestant d'une manière sensible, comme aux chap. I, Vit, IX.
1. Leurs fornicalions; c'est-à-dire, selon le langage des prophètes, leurs idolâtries.
— Les ruines; mentionnées aussi au vers. 9, sont, suivant l'hébreu, des cadavres. 1]
est certain par l'histoire des rois des Juifs, que leurs sépulcres étaient dans leurs
jardins et dans l'étendue de la montagne de Sion, dontle mont Moria, sur lequel le
temple était bâti, faisait partie.
fcu. xrnr.]
à cause de quoi je les ai détruits
dans ma colere.
9. Maintenant donc, qu'ils re-
jettent au loin leur fornication,
et loin de moi les ruines de leurs
rois, et j'habiterai toujours au mi-
lieu d'eux.
10. Mais, toi, fils d'un homme,
montre à la maison d'Israël le
temple, et qu'ils soient confondus
de leurs iniquités, et qu'ils me-
surent eux-méme sa structure;
11. Et qu'ils rougissent de tou-
tes les choses qu'ils ont faites;
montre-leur la figure de la mai-
son et de sa structure, les entrées
et toute sa description, et toutes
les ordonnances les concernant et
tout l'ordre qu'il faut y garder,
et toutes les lois faites pour elle,
et tu écriras 1070168 ces choses de-
vant leurs yeux, afin qu'ils gar-
dent tout ce qui aura été décrit et
les ordonnances les concernant,
et qu'ils les observent.
12. Telle est 18 loi pour la mai-
son sur le sommet de la monta-
gne; toute son étendue à l'entour
est tres sainte; telle est donc la
loi pour la maison.
ÉZÉCHIEL.
1969
13. Or, voici les mesures de
l'autel, prises avec la coudée trés
exacte qui avait une coudée et un
palme; elle avait une coudée en
profondeur et une coudée en lar-
geur; et sa clóture jusqu'à son
bord et tout à l'entour, un palme;
ainsi telle était la fosse de l'autel.
14. Du bas de la terre jusqu'au
rebord inférieur il y avait deux
coudées de hauteur, etla largeur
de ce rebord était d'une coudée;
et de ce rebord qui était le plus
petit, jusqu'au rebord le plus
grand, 77 y avait quatre coudées,
et la largeur de ce rebord était
d'une coudée.
15. Mais Ariel lui-méme avait
quatre coudées; d'Ariel jusqu'en
haut s’élevaient quatre cornes.
16. Et Ariel était de douze cou-
dées en longueur sur douze cou-
dées de largeur; quadrangulaire
à cótés égaux.
11. Et son rebord était de qua-
torze coudées de longueur, sur
quatorze coudées de largeur, à
ses quatre coins; et la couronne
autour d'elle était d'une demi-
coudée, etson enfoncementd' une
10. Qu'ils soient confondus; en voyant sa grandeur et sa majesté. — De leurs ini-
quités, qui ont été cause de sa destruction.
12. La loi, etc.; la règle qu'on doit garder en bâtissant la maison de Dieu sur le
haut, etc. :
13. L'autel des holocaustes. — La coudée trés exacte (cubito verissimo); c'est-à-dire
la coudée qu'on appelle sacrée, par opposition à la coudée commune qui avait un
palme de moins que la première.
15. Ariel; est le nom de la partie supérieure ou du foyer de l'autel. En hébreu il
est écrit la première fois haharél, c'est-à-dire la montagne de Dieu; mais la seconde
fois et dans le verset suivant, háariél, c'est-à-dire le lion de Dieu. La première déno-
mination lui viendrait de ce qu'il s'élevait au milieu du parvis des prétres comme
une petite montagne; et la seconde, de ce que, comme un lion, il dévorait les vic-
limes qu'on offrait chaque jour. — Quatre cornes. Compar. Exode, xxvir, 2 ; xxix, 12;
Lévitiq., wv, 1, 18. — Sa clôlure (definitio ejus); espèce de parapet tout autour de la
osse, qui pouvait surtout servir à recevoir le sang des victimes et à l'empécher de
se répandre dans le vestibule.
11. Ses degrés. Comme la loi mosaique défendait aux prétres de monter à l'autel
par des degrés, afin que leur nudité ne fût pas à découvert (Exod., xx, 26), les inter-
prètes juifs prétendent que, par degrés, il faut entendre ici une montée d'une pente
B 124
1970
coudée tout autour; or ses de-
grés étaient tournés vers l'orient.
18. Etil me dit : Fils d'un hom-
me, voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Voici les rites pour l'autel
au jour quelconque où il aura été
construit, afin qu'un holocauste
y soit offert dessus, que du sang
y soit répandu.
19. Et tu es donneras aux pré-
tres et aux Lévites qui sont de la
race de Sadoc, qui s'approchent
de moi, ditle Seigneur Dieu, afin
qu'ils m'offrent un veau du trou-
peau pour le péché.
20. Et prenant de son sang, tu
en mettras sur les quatre cornes
de l'autel, et sur les quatre coins
de son rebord, et sur la couronne
tout autour; et tule purifieras et
le sanclifieras.
21. Et tu emporteras le veau
qui aura été offert pour le péché,
et tu le brüleras dans un lieu de
la maison séparé, hors du sanc-
tuaire.
ÉZÉCHIEL.
(cu. xrum])
22. Et le second jour, tu offri-
ras un bouc de chèvres sans
tache pour le péché; et l'on sanc-
tifiera l'autel, comme on l'a sanc-
tifié avec le veau.
23. Et lorsque tu auras achevé
de 16 sanctifier, tu offriras un veau
sans tache, pris d’un troupeau, et
un bélier sans tache, pris d'un
troupeau.
24. Et tu les offriras en pré-
sence du Seigneur, et les prêtres
répandront du sel sur eux, et les
offriront en holocauste au Sei-
gneur.
25. Durant sept jours, tu sacri-
fieras chaque jour un bouc pour
le péché; et l'on offrira un veau
pris d'un troupeau, {ous deux
sans tache.
26. Durant sept jours, les pré-
tres sanctifieront l'autel, et le pu-
rifieront, et le consacreront.
27. Et les sept jours accomplis,
les prétres offriront, le huitième
jour et dans la suite, vos holo-
douce. L'historien Josèphe dit d'ailleurs que dans le temple réparé par Hérode on
montait à l'autel du côté du midi par une rampe aisée et qui s'élevait doucement
jusqu'au haut. Que si l'on conserve la signification rigoureuse de degrés, on peut sup-
poser que ces degrés étaient couverts des deux cótés à une certaine hauteur; ce qui
obviait à l'inconvénient signalé par la loi.
19. Aux prétres et aux Lévites; ou mieux selon l'hébreu et les Septante, les prétres
lévites; c'est-à-dire de la tribu ou de la race de Lévi. Il n'y avait pas de simples
lévites dans la famille de Sadoc, qui était une des familles sacerdotales. — Pour ie
péché. Compar. xr, 39.
20. Et prenant, etc. Ceci s'adresse non à Ezéchiel, mais au prêtre qui devait con-
sacrer l'autel. Voy. Exod., xxix, 16; Lévitiq., xvi, 18.
91. Et tu emporteras, etc. Compar. Lévitiq., 1v, 12; vr, 80; xvr, 21. — Hors du sanc-
tuaire; hors de l'enceinte du temple, mais néanmoins sur la montagne, où il est bâti.
22. Un bouc de chèvres (hircum caprarum); c'est-à-dire, selon plusieurs interprètes,
un jeune bouc qui tette encore sa mère. C'est dans ce sens que les mêmes interprètes
expliquent, dans les versets suivants, un veau, un bélier pris d'un troupeau. Mais
l'expression bouc de chèvres, en particulier, employée dans Daniel (vir, 5, 8, 21), ne
saurait justifier cette interprétation, Pour nous, il nous semble qu'une pareille locu-
tion est la méme que fils d'un homme, fils d'hommes, qui signifient simplement
homme, hommes. — * Pour le péché ; sacrifice offert en expiation des péchés.
26. Le consacreront ; littér., empliront sa main; formule usitée pour la consécration
des prétres, parce qu'on mettait dans leurs mains soit les victimes qui devaient êlre
ollertes en sacrifice, soit les instruments sacrés de leur ministère.
21. Les hoslies. etc.; c'est-à-dire les hosties pacifiques qu'on offrait à Dieu pour le
]68. xztv.]
caustes sur l'autel, et 166 8
qu'ils offrent pour la paix, et je
m'attendrirai sur vous, dit le Sei-
gneur Dieu.
CHAPITRE XLIV.
Porte orientale qui demeure fermée. Re-
proche contre les Israélites qui ont in-
troduit des étrangers dant le temple.
Prétres exclus du ministère sacré. La
race de Sadoc est confirmée dans le
sacerdoce. Règlement pour les prêtres
dans le temps de leur service.
1. Et il me fit retourner vers la
voie de la porte du sanctuaire
extérieur, qui regardait vers
lorient; et elle était fermée.
2. Et le Seigneur me dit : Cette
porte sera fermée; elle ne sera
pas ouverte, et aucun homme
n'y passera, parce que le Sei-
eneur Dieu d'Israél est entré par
celte porte; et elle sera fermée
3. Pour le prince. Le prince lui-
méme s'y assiéra, afin de manger
le pain devant le Seigneur; par
la voie dela porte du vestibule,
il entrera, et par sa voie il sor-
tira.
4. Et il m'amena par la voie de
la porte de l'aquilon, à la vue de
la maison, et je vis, et voilà que
la gloire du Seigneur remplit la
ÉZÉCHIEL.
1971
maison du Seigneur, et je tombai
sur ma face.
9. Et le Seigneur me dit : Fils
d'un homme, applique ton cœur,
et vois de tes yeux, et de tes
oreilles écoute toutes les choses
que je te dis de toutes les céré-
monies de la maison du Seigneur
et de toutes ses lois : et tu appli-
queras ton cœur à considérer les
voies du temple avec toutes les
sorties du sanctuaire.
6. Et tu diras à la maison d'Is-
raël qui m'exaspere : Voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Que tous
vos crimes vous suffisent, maison
d'Israël ;
7. Car vous engagez des fils
de l'étranger, incirconcis de cœur
et incirconcis de chair, à se tenir
dans mon sanctuaire, et à souiller
ma maison; et vous offrez mes
pains, de la graisse et du sang,
et vous rompez mon alliance par
tous vos crimes.
8. Et vous n'avez point observé
les ordonnances de mon sanc-
tuaire; et c'est pour vous-mémes
que vous avez établi des gardiens
de mes prescriptions dans mon
sanctuaire.
9. Voici ce que dit le Seigneur
louer, pour le reconnaitre comme souverain Seigneur; en actions de gráces, par pure
dévotion, pour satisfaire à un vœu. Voy. Lévitig., nt, 12; vir, 12; xix, >.
2. Elle sera fermée pendant les six jours de la semaine. mais on l'ouvrira les jours
de sabbat, et les premiers jours du mois. Compar. xLvi, 1 et suiv.
3. Pour le prince. Les rois de Juda avaient dans le temple une place distinguée,
une espèce de tribune vis-à-vis de la porte orientale du parvis des prêtres. — Manger
le pain; c'est-à-dire la chair des victimes dans les sacrifices pacifiques. Comme on l'a
déjà vu, le mot pain, chez les Hébreux, se prenait pour signifier toute espéce de
nourriture. — Sa voie; la voie du vestibule.
4. Maison; signifie le temple, ici et dans tout le chapitre.
9. Avec; ou et; littér., à travers (per). Selon l'hébreu : Tu poseras ton cœur à l'entrée
de la maison, dans toutes les sorties du sanctuaire ; ce qui, dans le style biblique, peut
signifier tout ce qui se pratique concernant le temple. — Le sanctuaire est également
mis, ainsi que dans tout le chapitre, pour Le temple.
8. C'est pour vous-mémes, etc.; vous avez pris des gardiens de votre choix, suivant
votre goüt, et sans me consulter.
1072
Dieu : Aucun étranger incircon-
sis de cœur et incirconeis de chair
n'entrera dans mon sanctuaire,
aucun fils de l'étranger qui est au
milieu des enfants d'Israël.
10. Mais les Lévites mémes qui
se sont relirés loin de moi dans
l'erreur des enfants d'Israël, et se
sont égarés à la suite de leurs
idoles, et ont porté la peine de
leur iniquité,
11. Seront dans mon sanctuaire
gardiens et portiers aux portes
de la maison, et serviteurs de la
maison; ce seront eux qui tue-
ront les bêtes pour les holocaustes,
et les victimes du peuple; et ce
seront eux qui se tiendront en sa
présence, afin de le servir.
19. Parce qu'ils l'ont servi de-
vant ses idoles et qu'ils sont de-
venus pour la maison d'Israël
une pierre d’achoppement dans
l'iniquité; c'est pour cela que j'ai
levé ma main sur eux, dit le Sei-
gneur, et ils porteront leur ini-
quité.
13. Et ils ne s'approcheront pas
de moi pour remplir les fonctions
du sacerdoce en ma présence, et
ils n'approcheront d'aucun de
mes sanctuaires prés des choses
très saintes; mais ils porteront
leur confusion et leurs crimes
qu'ils ont commis.
ÉZÉCHIEL.
(cu. xuv.]
14. Et je les établirai portiers
de la maison, dans toute sorte
d'offices et dans tout ce qui s'y
fait.
15. Mais quant aux prétres et
aux Lévites, fils de Sadoc, qui ont
gardé les cérémonies de mon
sanctuaire, lorsque les enfants
d'Israél erraient loin de moi, ce
seront eux qui s'approcheront de
moi pour me servir; et ils se tien-
dront en ma présence pour m'of-
frir la graisse et 16 sang des vic-
times, dit le Seigneur Dieu.
16. Ce seront eux qui entreront
dans mon sanctuaire, et eux qui
s'approcheront de ma table pour
me servir et pour garder mes cé-
rémonies.
17. Et lorsqu'ils entreront dans
les portes du parvis intérieur, ils
seront vétus de robes de lin, et il
n'y aura rien sur eux qui soit en
laine, quand ils rempliront leur
ministere aux portes du parvis
intérieur, et au dedans.
18. Des bandeaux de lin seront
àleur téte, et des calecons de lin
seront sur leurs reins, et ils ne se
ceindront pas dans la sueur.
19. Et lorsqu'ils sortiront dans
le parvis extérieur pour aller par-
mi le peuple, ils quitteront les
vétements avec lesquels ils au-
ront officié, et ils les déposeront
»
om
10. Les Lévites; c'est-à-dire les prêtres mêmes, descendants de Lévi (Compar.
xunur, 19), que Jéroboam entraîna dans son schisme et son idolàtrie.
11-14, Le Prophète décrit la condition humiliante de ces prêtres prévaricateurs.
13. Près des choses très saintes. Compar. xui, 13.
485. Quant aux prêtres et aux Lévites, fils de Sadoc. Voy. נוא 19.
16. Qui s'approcheront, etc.; qui mettront sur ma table les pains de proposition.
11. En laine; la laine, en effet, pouvait venir d'une bête ayant quelque défaut, ou
morte; la brebis était d'ailleurs un animal pur.
18. Des calecons. Compar. Exode, xxvur, 42. — Dans la sueur (in sudore) ; pendant
qu'ils seront en sueur, selon les uns; ou bien, plus probablement, suivant les autres,
jusqu'à suer.
19. Lorsqu'ils sortiront, etc. Compar., ,זא 14.
— Ils ne sanclifieront pas le
[cu. χαν.]
dans ia chambre du sanctuaire,
ils se revétiront d'autres véte-
ments, et ils ne sanctifieront pas
le peuple avec leurs vétements.
90. Or ils ne raseront pas
leur téte, et n'entretiendront pas
leur chevelure ; mais ils tondront
soigneusement leurs tétes.
91. Aucun prétre ne boira de
vin, lorsqu'il devra entrer dans
le parvis intérieur.
22. Ils ne prendront pas pour
épouses une veuve et une femme
répudiée, mais des vierges de la
race de la maison d'Israél; et ils
pourront prendre aussi une veuve
qui sera veuve d'un prétre.
93. Et ils enseigneront à mon
peuple ce qu'il y a de différent
entre ce qui est saint et ce qui est
souillé; et ils lui montreront /a
différence entre ce qui est pur et
ce qui est impur.
24. Et lorsqu'il y aura une con-
testation, ils s'en tiendront à mes
jugements, et ils jugeront; mes
lois et mes ordonnances, ils les
observeront dans toutes mes so-
lennités, et mes sabbats, ils les
sanctifieront.
25. Et ils n'entreront pas près
d'un homme mort, afin qu'ils ne
soient point souillés, à moins que
ce ne soit près d'un père et d’une
mere, et d'un fils, et d'une fille,
et d'un frère, et d'une sœur qui
ÉZÉCHIEL.
1973
n'a pas eu un second mari; ils en
deviendraient impurs.
26. Et aprés que quelqu'un d'en-
tre eux aura été purifié, on lui
comptera encore sept jours.
27. Et le jour de son entrée
dans le sanctuaire au parvis in-
térieur, afin de me servir dans le
sanctuaire, il fera une oblation
pour son péché, dit le Seigneur
Dieu.
28. Mais il n'y aura point pour
eux d'héritage; c'est moi qui suis
leur héritage; et vous ne leur
donnerez point de possession en
Israél, car c'est moi qui suis leur
possession.
29. La victime et pour le péché
et pour le délit, ce sont eux qui
la mangeront, et tout ce qui sera
offert par vœu en Israël leur ap-
partiendra.
30. Et les prémices de tous les,
premiers-nés et tous les prélève-
ments sur toutes les choses qui
sont offertes, appartiendront aux
prétres; les prémices méme de
toute votre nourriture, vous les
donnerez au prétre, afin qu'il ré-
pande la bénédiction sur votre
maison.
91. Les prétres ne mangeront
d'entre les oiseaux et d'entre les
troupeaux aucun animal mort
naturellement, ou pris par une
béte.
Cuar. XLIV. 22. Lév., xxr, 14. — 28. Nomb., xviit, 20; Deut., xvii, 1. — 30. Exode,
xxir, 29, — 31. Lév., xxii, 8.
peuple, etc.; ils ne mettront pas le peuple dans la nécessité de se sanctifier, c'est-à-
dire de se purifier; car les laiques qui touchaient les vétements sacrés étaient obligés
de se purifier, et d'expier leur faute.
20. Ils tondront soigneusement ; littér., et par hébraisme, fondant, ils tondront.
26. On lui comptera, etc.; avant qu'il remplisse ses fonctions.
30. Votre maison; littér., dans l'hébreu et la Vulgate {a maison ; parce que l'écrivain
sacré ne s'adresse plus anx individus en particulier, mais à la réunion de ces indi-
dus formant un seul peuple.
1974
CHAPITRE XLV *.
Place pour la ville sainte. Partage du
prince. Balances et mesures justes.
Tributs dus au prince. Sacrifices du
commencement de l'année sainte. So-
lennité de Pâques. Fêtes des taber-
nacles.
1. Et lorsque vous commence-
rez à diviser la terre par le sort,
séparez les prémices pour le Sei-
gneur; wn lieu de la terre sanc-
tifié, d'unelongueur de vingt-cinq
mille coudées, et d'une largeur
de dix mille; il sera sanctifié
dans toute sa limite autour.
9. Et il y aura de sanctifié de
tout cóté cinq cents coudées en
carré tout autour, et cinquante
coudées encore pour ses fau-
bourgs aux environs.
3. Et d'apres cette mesure, tu
mesureras une longueur de vingt-
cinq mille coudées, et une largeur
de dix mille, et dans ce lieu méme
sera le temple, et le saint des
saints.
4. Ce qu'il y aura de sanctifié
de cette terre sera pour les pré-
ÉZÉCHIEL.
]08. xLv.]
tres, ministres du sanctuaire, qui
s'approchent du ministère du Sei-
gneur; et ce lieu sera pour leurs
maisons, et pour le sanctuaire de
sainteté.
5. Or, vingt-cinq mille coudées
de longueur et dix mille de lar-
geur seront pour les Lévites qui
servent dans 18 maison; ils possé-
deront aussi eux-mêmes vingt
chambres.
6. Et pour la possession de la
cité, vous donnerez cinq mille
coudées de largeur, etde longueur
vingt-cinq mille, selon ce qui est
séparé pour le sanctuaire; e£ ce
sera pour toute la maison d'Is-
raël.
7. Au prince aussi vous donne-
rez ce qui s'étendra de part et
d'autre, lelong de ce qui a été sé-
paré pour le sanctuaire et pour
la possession de la cité, vis-à-vis
de ce qui ἃ été séparé pour le
sanctuaire, et vis-à-vis de la pos-
session de la ville; depuis le
cóté de la mer jusqu'à la mer,
et depuis le cóté de l'orient jus-
qu'à l'orient; or la longueur de
/ 0 יווהה
Comme ce chapitre et les trois suivants contiennent plusieurs récits assez obscurs י
sur le partage de la terre d'Israël, nous avons cru devoir ajouter à la suite du xrvure
un tableau qui pourra aider à les faire mieux comprendre.
1. Plusieurs savants interprètes ont remarqué avec raison que le partage de la
terre d'Israél ne s'est pas fait aprés le retour de la captivité de Babylone, tel que le
Seigneur le prescrit dans ces derniers chapitres, soit que les Juifs en aient été em-
péchés par leurs ennemis, soit que Dieu ait voulu nous faire entendre que toutes ces
choses étaient dites en figure et ne devaient s'accomplir parfaitement que dans
l'Eglise chrétienne, et d'une manière spirituelle; ainsi que l'ont pensé les meilleurs
interprétes. — Par le sort; expression consacrée dans la distribution des héritages,
mais qui n'a pas ici son application, puisque le partage se fait par l'ordre et sous la
direction de Dieu méme. — Coudées. Le vers. 2 prouve, ce semble, que c'est la me-
sure qui fut employée dans la division de la terre, mentionnée dans le récit suivant.
— Sanctifié; c'est-à-dire consacré au Seigneur.
4. Leurs maisons; leurs logements. — Sanctuaire de sainteté; hébraisme, pour très
saint.
5. Dans la maison ; dans le temple.
1. De la mer: c'est-à-dire de l'occident. — Jusqu'à la mer; jusqu'à lorient ; signifie
que la portion du prince s'étendra du côté occidental vers l'occident, et du côté
oriental vers l'orient. — La longueur de sa possession ; littér., de longueur (longitu-
[cu. xLv.]
sa possession sera égale dans cha-
cune de ses portions, depuis les
bornes de l'occident jusqu'aux
bornes de l'orient.
8. Il aura une possession de la
terre dans Israél, et les princes
ne dépouilleront plus mon peu-
ple, mais ils donneront la terre à
la maison d'Israël, selon leurs
tribus.
9. Voici ce que dil le Seigneur
Dieu : Que ce/a vous suffise, prin-
ces d'Israél; cessez liniquité et
les rapines; faites jugement et
justice; séparez vos confins de
ceux de mon peuple, dit le Sei-
gneur Dieu.
10. Vous aurez une balance
juste, et un éphi juste, et un bat
juste.
11. L'éphi et le bat seront
égaux, et d'une méme mesure;
en sorte que le bat tiendra la di-
xieme partie du cor, et l'éphi la
dixieme partie du cor; leur poids
sera égal, par rapport à la mesure
du cor.
12. Mais le sicle a vingt oboles.
Or vingt sicles, et vingt-cinq
sicles, et quinze sicles, font la
mine.
13. Et voici quelles seront les
prémices que vous prendrez : la
sixieme partie de l'éphi sur un
ÉZÉCHIEL.
1975
cor de froment; etlasixieme par-
tie de l'éphi surun eor d'orge.
14. Voici aussi la mesure de
l'huile : le bat d'huile est la di-
xieme partie du cor; et les dix
bats font un cor, parce queles dix
bats remplissent un cor.
45. Et 205 offriront un bélier d'un
troupeau de deux cents bétes de
celles que le peuple d'Israél nour-
rit pour le sacrifice, et pour l'ho-
locauste, et pour les oblations
pacifiques, afin d'expier leurs
fautes, dit le Seigneur Dieu.
16. Tout le peuple du pays sera
obligé à ces prémices pour le
prince en Israél.
17. Et à la charge du prince
seront les holocaustes, et le sa-
crifice, et les libations dans les
solennités, et dans les calendes
et dans les sabbats, et dans tou-
tes les solennités de la maison
d'Israël; c'est lui qui offrira le
sacrifice pour le péché, l'holo-
causte et les victimes pacifiques
pour lexpiation de la maison
d'Israël.
18. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Au premier mois, et au
premier Jour de ce mois, tu pren-
dras d’un troupeau un veau sans
tache, et tu expieras le sanc-
tuaire.
Car. XLV. 12. Exode, xxx, 13; Lév., xxvir, 25; Nomb., ni, AT.
dinis); mais ce génitif suppose nécessairement un nom dont il est le complément. Or
le contexte semble indiquer que ce nom sous-entendu est précisément possession.
10-11. L'éphi et le bat (batus); mesures; contenaient environ trente pintes de Paris.
1. Le cor (corus) contenait dix éphis. Voy. le vers. précédent.
12. Le sicle valait environ 1 fr. 47, selon les uns, et 1 fr. 60 suivant les autres. La
mine ainsi composée de 60 sicles, valait environ 88 fr. 29, ou bien 91 fr. 50 de notre
monnaie.
15. Ils offriront ; Vaccusatif bélier (arietem), suppose nécessairement que ce verbe
est sous-entendu. — Les oblations pacifiques, appelées aussi eucharistiques, se fai-
saient, soit pour remercier Dieu des grâces qu'on avait reçues ds, lui, soit pour lui
en demander de nouvelles.
18, 21. Au premier mois. Voy. xxix, 17.
1976
19. Et le prétre prendra du sang
qui sera pour le péché, et il en
mettra aux poteaux de la maison,
aux quatre coins du rebord de
l'autel, et aux poteaux de la porte
du parvis intérieur.
20. Et ainsi tu feras au septiè-
me jour du mois pour quiconque
a péché par ignorance, et a été
trompé par une erreur humaine,
et tu expieras ans? la maison.
91. Au premier mois, et au qua-
torzieme jour de ce mois, sera
pour vous la solennité de la Pà-
que; sept jours durant, on man-
gera des azymes.
29. Et le prince offrira en ce
jour-là pour lui-méme et pour
tout le peuple du pays, un veau
en sacrifice pour le péché ;
93. Et pendant la solennité des
sept jours, il offrira en holocauste
au Seigneur sept veaux et sept
béliers sans tache, chaque jour
durant les sept jours, et pour le
péché, un bouc de chèvres chaque
jour.
24. Et il offrira en sacrifice un
éphi de farine par veau, et un
éphi par bélier, et un hin d'huile
par chaque éphi.
95. Au septième mois, au quin-
zieme jour de ce mois, pendant
la solennité, il fera sept jours de
suite les mémes choses qui ont
été dites auparavant, tant pour
lexpiation du péché, que pour
l'holocauste, et pour le sacrifice
des oblations et pour l'huile.
ÉZÉCHIEL,
[cu. xLvi.]
CHAPITRE XLVI.
Règlement pour l'ouverture de la porte
orientale du parvis des prétres. Par
quelle porte le roiet le peuple doivent
entrer et sortir du temple. Diverses
sortes de sacrifices. Dons du prince.
Cuisine du temple.
1. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : La porte du parvis inté-
rieur qui regarde vers l'orient
sera fermée les six jours dans
lesquels on travaille; mais le jour
du sabbat elle sera ouverte; et
aussi le jour des calendes elle
sera ouverte.
2. Et le prince entrera par la
voie du vestibule de la porte de
dehors ; et il s'arrétera sur le seuil
de la porte; et les prêtres offri-
ront son holocauste, et ses obla-
tions pacifiques; il adorera sur le
seuil de la porte, et il sortira;
mais la porte ne sera pas fermée
jusqu'au soir.
3. Et le peuple du pays ado-
rera aussi devant le Seigneur à
l'entrée de cette porte aux sab-
bats et aux calendes.
4. Or le prince offrira au Sei-
gneur cet holocauste : le jour du
sabbat six agneaux sans tache, et
un bélier sans tache;
5. Et le sacrifice d'un éphi de
farine par bélier; mais pour les
agneaux le sacrifice sera ce que
donnera sa main; et un hin d'huile
par chaque éphi.
6. Mais au premier jour des ca-
19, 29, 23. Pour le péché. Compar. Lévit., v, 15; vi, 17; vu, 15 Nombr., xvi, 9.
21. Des azymes; des pains ou des gâteaux faits sans levain.
23. Un bouc de chèvres. Voy. xuui, 22.
24. De farine. Compar. Exode, xxix, 40; Nombr., xv, 4, 6, 9. — Hin. Voy. 1v, 11.
4, 2. La porte, ete. Compar. xuiv, 4, 2. 3. — 2. Oblations pacifiques. Voy. xLV, 13.
5. Ephi de farine, Voy. xuv, 10. Compar. Exod., xxix, 40; Nombr., xv, 4, 6, 9.
9, 1, etc. Hin. Voy. 1v, 11.
feu. xLvr.]
lendes, un veau sans tache, pris
d'un troupeau ; et six agneaux et
sir béliers sans tache seront
ajoutés.
7. Et il offrira en sacrifice un
éphi de farine par veau, un éphi
aussi par bélier; mais quant aux
agneaux, /e sacrifice sera selon
que sa main aura trouvé, et un
hin d'huile par chaque éphi.
8. Et lorsque le prince doit en-
irer dans le temple, qu'il entre
par la voie du vestibule de la
porte orientale; et qu'il sorte par
la méme voie.
9. Mais lorsque le peuple du
pays entrera en la présence du
Seigneur dans les solennités, que
celui qui entre par la porte de
l'aquilon, pour adorer, sorte par
la voie dela porte du midi; et que
celui qui entre par la porte du
midi, sorte parla voie de la porte
de l'aquilon; »w/ ne retournera
par la voie de la porte par laquelle
il sera entré; mais il sortira par
celle d'en face.
10. Mais le prince au milieu
d'eux, entrera avec ceux qui
entrent, et sortira avec ceux qui
sortent.
11. Et aux jours de foire et
dans les solennités, le sacrifice
sera un éphi de farine par veau
et un éphi par bélier; mais pour
les agneaux, le sacrifice sera se-
lon que la main de chacun aura
trouvé, et un hin d'huile par
chaque éphi.
ÉZÉCHIEL.
1977
19. Or lorsque le prince offrira
au Seigneur un holocauste volon-
taire, ou des victimes pacifiques
volontaires, on lui ouvrira la
porte qui regarde vers lorient;
et il offrira son holocauste et ses
victimes pacifiques, comme cela
a coutume de se faire au jour du
sabbat; οἱ il sortira, et la porte
sera fermée apres qu'il sera sorti.
13. Et il offrira chaque jour
en holocauste au Seigneur un
agneau de la méme année, sans
tache; et il l'offrira toujours le
matin.
14. Et il offrira tous les matins
en sacrifice pour cet agneau la
sixieme parlie d'un éphi, et la
troisieme partie d'un hin d'huile,
afin qu'elle soit mélée avec la fa-
rine; c'est là le sacrifice qu'il est
obligé, selon la loi, d'offrir au Sei-
eneur, sacrifice continuel et per-
pétuel.
15. 1| immolera lagneau, et
offrira le sacrifice et l'huile, tous
les matins; holocauste éternel.
16. Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Si le prince fait un don à
l'un de ses fils, ce sera son héri-
tage à lui et à ses fils; ils le pos-
séderont héréditairement.
47. Mais s'il fait un legs de son
héritage à l'un de ses serviteurs,
il ne lui appartiendra que jusqu'à
l'année de rémission; et alors il
retournera au prince, mais son
héritage appartiendra à ses fils.
18. Et le prince ne prendra
————————MM———————————
T, A4 Selon que sa main, etc.; selon son pouvoir, ses moyens, ses facultés.
11. * Aux jours de foire; hébreu : aux jours de fêtes, celle de Pâques, de la Pente-
côte et des Tabernacles.
14, 15. Tous les malins ou chaque matin; littér., selon le matin, le matin, ou au
matin, malin (cata mane mane). Le mot cata, que saint Jérôme a pris du grec kata
veut dire entre autres choses, selon, au moment de, pendant. p n
11, De rémission ; c'est-à-dire du jubilé. Vov. Lévitig,, xxv 40 41.
,
1978 ÉZÉCHIEL.
rien par violence de l'héritage du
peuple, ni de ses biens; mais de
son bien propre il donnera un
héritage à ses fils, afin que parmi
mon peuple, personne ne soit
écarté de ce qu'il possède.
19. Et il m'introduisit par l'en-
trée qui était à côté de la porte,
dans les chambres du sanctuaire,
près des prêtres, chambres qui
regardaient vers l'aquilon; et là
était un lieu tourné vers l'occi-
dent.
[cu. xLvir.]
parvis 77 y avait une petite cour.
99. Ces petites cours ainsi dis-
posées aux quatre coins du par-
vis, avaient quarante coudées de
long, et trente delarge;les quatre
étaient d'une méme mesure.
93. Et une muraille enfermait
tout autour les quatre petites
cours ; et des cuisines avaient été
construites sous les portiques
tout autour.
24. Et il me dit : Voici la maison
des cuisines, dans laquelle les
ministres de la maison du Sei-
gneur cuiront les victimes du
peuple.
20. Et il me dit : C'est le lieu où
les prêtres cuiront 768 viandes des
victimes immolées pour le péché
et pour le délit; où ils cuiront ce
qui sert au sacrifice, afin qu'ils
ne les portent point dans le par-
vis extérieur, et que le peuple ne
soit pas sanctifié.
91. Et il me fit sortir dans le
parvis extérieur, et me mena aux
quatre coins du parvis; et voici
quil y avait une petite cour au
coin du parvis; à chaque coin du
CHAPITRE XLVII ₪.
Eaux qui sortent de dessous la porte
orientale du temple, et qui, se grossis-
sant à mesure qu'elles avancent, vont
se rendre dans la mer Morte dont elles
assainissent les eaux. Limites de la
terre d'Israél.
|. Et il me fit revenir vers la
porte de la maison; et voici que
19. 1/; c'est-à-dire l'ange. Voy. xr, 3.
20. Pour le péché, etc. Compar. Lévitiq., v, 15; vr, 17; vir, 1; Nombr., xvi, 9. — Que
le peuple ne soit pas sanclifié. Voy. ,נוא 19.
94, Les viclimes du peuple; c'est-à-dire destinées pour le peuple.
^ Le partage dela terre d'Israél, tel qu'il est prescrit à la fin dece chapitre et dans
le chapitre suivant, n'eut pas d'accomplissement littéral au retour des Juifs dans la
Judée sous les rois de Perse, et il ne put méme l'avoir, puisque la plus grande partie
des douze tribus ne revint pas, et queles peuples étrangers qui occupaient la Samarie
ne furent pas chassés. C'est donc encore ici une description mystérieuse et symbo-
lique; et comme elle regarde principalement les douze tribus d'Israël, 11 paraît que
ce partage n'aura son entier accomplissement que dans la conversion future des Juifs,
à l'égard de qui tout ceci doit étre entendu, non dans le sens littéral et immédiat,
mais dans un sens spirituel couvert sous le voile de la lettre.
1. et .טנטפ * 3° Le nouveau partage de la Terre Sainte, xrvir-xLvmr. — 19 Ce n'est
point seulement Jérusalem et le temple qui seront rendus à Israël, ce sera toute la
Terre Sainte, redevenue féconde. Elle deviendra semblable au paradis terrestre,
avait déjà prédit 16 prophète, xxxvi, 34; une magnifique vision symbolise maintenant
la félicité nouvelle de la vieille terre de Chanaan. ll y avait dans l'ancien temple une
source qui servait aux besoins du culte; ses eaux, après avoir été employées par les
prétres, allaient, par des canaux souterrains, se jeter dans le torrent de Cédron et de
là dans la mer Morte. Dieu fait de cette source, transfigurée aux yeux du prophète,
voir Joël, nz, 18; Zach., xiv, 8, l'emblème de la félicité messianique, cette eau vive
du salut que Jésus-Christ apportera au monde, Jean, 1v, 14; vir, 31-38; le filet d'eau
du mont Moriah grossit et devient un grand fleuve, il adoucit les ondes salées du
[(Β. xrvir.]
des eaux sortaient de dessous le
seuil vers l'orient; car la face de
la maison regardait vers l'orient;
or les eaux descendaient au cóté
droit du temple, vers le midi de
l'autel.
2. Et il me fit sortir par la voie
de la porte de l'aquilon, et me
fit retourner vers la voie hors de
la porte extérieure, voie qui re-
gardait vers l'orient; et voici que
les eaux venaient en abondance
du cóté droit.
3. Lorsque l'homme fut sorti
vers l'orient, ayant un cordeau
en sa main, il mesura mille cou-
dées, et il me fit passer dans ]
jusqu'à la cheville des pieds.
4. Et de nouveau il mesura
mille coudées, et 11 me fit passer
dans l'eau jusqu'aux genoux.
ὃ. Il mesura encore mille cou-
dées,etilmefitencore passer dans
l'eau jusqu'aux reins. Il mesura
de plus ilte coudées, et ce fut
un torrent que je ne pus passer,
parce que les eaux de ce pro-
fond torrent s'étaient tellement
ÉZÉCHIEL.
1979
enflées, qu on ne pouvait le pas-
ser à gué.
6. Et il me dit: Certainement tu
as vu, fils d'un homme. Et il me
fit sorlir et me fitretourner sur la
rive du torrent.
7. Et lorsque je me fus re-
tourné, voici sur la rive du tor-
rent beaucoup d'arbres des deux
cótés.
8. Et il me dit : Ces eaux qui
sortent vers les monceaux de sa-
ble de l'orient, et descendent
dans les plaines du désert, en-
treront dans la mer et en sorti-
ront, et seseaux seront assainies,
9. Et toute àme vivante qui
rampe, vivra partout oü viendra
le torrent; et il y aura un très
grand nombre de poissons, apres
que ces eaux y seront venues, et
tout ce quiaura touché le torrent
sera guéri etvivra.
10. Et les pêcheurs se tiendront
sur ces eaux; et depuis Engaddi
jusqu'à Engallim on séchera les
filets; il y aura beaucoup d'es-
peces de ses poissons; comme
lac Asphaltite et rend verdoyantes et fertiles ses rives désolées; belle image des
changements merveilleux qu'apportera au monde l'Evangile, xLvu, 1-19. — 20 La
terre d'Israël ainsi régénérée sera de nouveau partagée entre les douze tribus, xvii,
13-xLvirr. — 1° Le Prophète nous fait d'abord connaitre quelles seront les limites de
ce nouveau royaume, destiné à étre divisé entre les enfants d'Israél etles prosélytes
qui se sont joints à eux, xuvrr, 13-23. — 2» 1[ énumére ensuite, dans une distribution
idéale, la part de chacune des douze tribus, xvin, 1-29. — 30 Enfin la vision et le
livre entier de ses prophéties se terminent par la description de la ville capitale du
nouveau royaume, dont le nom sera le Seigneur est là, xLvu, 30-35.
1. De la maison c'est-à-dire du temple. — Des eaux sortaient, etc. Tous les inter-
prétes conviennent que ces eaux ne furent jamais réellement dans le temple, de la
maniere dont elles sont ici décrites. Aussi, d'aprés tous les Péres, doivent-elles s'en-
. tendre de la gráce de Jésus-Christ, dela doctrine del'Evangile, de l'effusion de l'Esprit-
Saint, des eaux sacrées du baptéme. Jésus-Christ a comparé sa doctrine à une source
d'eau. Il a dit lui-même qu'il était la fontaine de vie. Voy. Isaie, xit, 3; Jean, 1v, 18,
14; vit, 38.
9. Un trés grand, nombre (multi satis). Le mot hébreu rendu ici dans la Vulgate par
assez (satis), signifie beaucoup, extrémement.
10. On séchera les filets. Voy. xxvi, 5. — La grande mer; mentionnée dans plusieurs
versets suivants, est la Méditerranée. — * Depuis Engaddi jusqu'à Engallim. Saint
Jérôme place Engallim à l'endroit où le Jourdain se jette dans la mer Morte, Engaddi
1080
les poissons de la grande mer,
ils seront d'une multitude prodi-
gieuse.
11. Mais sur ses rivages et les
marais qw'elle forme, les eaux
ne seront pas assainies, parce
qu'elles fourniront aux salines.
12. Et le long du torrent, il s'é-
lèvera sur les bords aux deux
côtés toutes sortes d'arbres frui-
tiers; leur feuille ne tombera
point, et leur fruit ne fera pas dé-
faut; à chaque mois il donnera
des primeurs, parce que les eaux
du torrent seront sorties du sanc-
tuaire, et leurs fruits serviront
à nourrir, et leurs feuilles à gué-
TID.
13. Voici ce que ditle Seigneur
Dieu : Voici les bornes dans les-
quelles vous posséderez la terre
dans les douze tribus d'Israël,
parce que Joseph a un double
partage.
14. Mais vous posséderez tous
également, chacun autant que
son frere, de cette terre touchant
laquelle j'ai levé la main que je
ÉZÉCHIEL.
[cH. xrvm.:
la donnerais à vos peres; et cette
terre vous tombera en posses-
sion.
15. Or voici les bornes de cette
terre : Du cóté du septentrion,
depuis la grande mer, par la
voie de Héthalon en venant à
Sédada,
16. Emath, Bérotha, Sabarim,
qui est entreles limites de Damas,
etles confins d'Emath; la maison
de Tichon, qui est sur les limites
d'Auran ;
17. Et ses bornes seront de-
puis la mer, jusqu'à la cour
d'Enon qui fait les limites de
Damas, et depuis un aquilon jus-
qu'à l’autre aquilon; les bornes
d'Emath seront le cóté septen-
irional.
18. Or son cóté oriental se pren-
dra du milieu d'Auran et du mi-
lieu de Damas, et du milieu de
Galaad et du milieu de la terre
d'Israél; le Jourdain la bornera
en tirant vers la mer orientale ;
vous mesurerez aussi le cóté
oriental.
était situé sur la rive occidentale de cette mer, à peu prés à égale distance de son
extrémité septentrionale et de son extrémité méridionale.
11. * Aux salines. A l'ouest de la mer Morte, il y a beaucoup de parties tout à fait
stériles, parce qu'elles sont couvertes de sel.
19. Ces arbres mystérieux peuvent représenter les justes, que David représente
sous le méme symbole (Ps. 1, 1-3).
13. Partage; littér., corde. Voy. Ps. xv, 6.
14. J'ai levé la main; hébraisme, pour : J'ai juré.
15. * Héthalon, Sédada ; villes inconnues. Il existe une ville de Sadad au nord de
Damas, mais il est peu probable que ce soit Sédada.
16. La maison de Tichon; selon l'hébreu, Hátsér Hatticôn, qui veut dire, ia cour ou
le village du milieu. — * Emath ; aujourd'hui Hamah, ville dela Ceelésyrie. — Bérotha.
Voir la note sur Il Rois, vni, 8. — Sabarim; la Zaberane actuelle sur la route d'Emèse
à Hamah. — Auran ; le Hauran actuel, au nord-est de la Palestine. La maison de Ti-
chon, qui est sur les limites du Hauran, doit être traduit, d’après beaucoup de com -
mentateurs modernes, par Hazer, ville située sur la frontiére du Hauran.
17. La mer Méditerranée. — La cour d'Enon; en hébreu, Hatsar Héinón, qui si-
gnifie 76 cour ou le village des fontaines. Au lieu de Héinón et d'Enon, on lit ailleurs
(xvii, et Nombr., xxxiv, 9, 10), Héinan, Enan. — Depuis un aquilon, etc.; depuis un
côté du nord jusqu'à l'autre côté.
18. La, mer orientale; c'est-à-dire la mer Morte.
(cu. xr.vii.)
19. Mais le cóté méridional, de-
puis Thamar jusqu'aux eaux de
contradiction de Cadés, et de-
puis le torrent jusqu'à la grande
mer; et c'est là le cóté vers le
midi.
90. Et le cóté de la mer sera la
grande mer, à prendre en droite
ligne, depuis la limite jusqu'à ce
que tu viennes 8 Emath; c'est le
ÉZÉCHIEL.
1981
milieu de vous; et ils seront pour
vous comme des indigènes par-
mi les enfants d'Israél; ils parta-
geront avec vous la terre de pos-
session au milieu des tribus d'Is-
raél.
23. Et dans quelque tribu que
soit un étranger, vous lui donne-
rez là son partage, ditle Seigneur
Dieu.
cóté de la mer.
91. Vous partagerez cette terre
entre vous, selon les tribus d'Is-
rael.
99. Et vous la prendrez en hé-
ritage pour vousetpour les étran-
gers, qui se joindront à vous, et
qui engendreront des enfants au
CHAPITRE XLVIII.
La terre d'Israél partagée en douze tri-
bus. Portion consacrée pour le temple
et pour la ville sainte. Partage des lé-
vites et du prince. Noms des portes de
la ville.
1. Et voici les noms des tribus,
19. Thamar; ville au midi de la mer Morte. — Aux eaux, etc. Voy. Nombr., xx, 1
et suiv. — Le torrent d'Egypte. Compar. Nombr., xxxv, 5.
90. Jusqu'à ce que tu viennes à Emath; c'est-à-dire jusqu'en face d'Emath.
1-35. * Résumé des dernières prophéties d'Ezéchiel. Il sera utile de réunir comme en
un seul tableau les traits épars dans la dernière grande vision d'Ezéchiel, xLvi-xLvir,
et dans les prophéties concernant la restauration d'Israél, xxxiv-xxxvrt. Quand Dieu
aura établi dans la terre de Chanaan les Israélites ramenés de la captivité, nous
apprend le Prophéte, ils formeront uu seul peuple, qui sera gouverné par son servi-
teur David, c'est-à-dire le Messie. Il3 se partageront à nouveau la Terre Promise, de
la manière suivante : Au milieu, ils laisseront un espace de 25,000 coudées carrées,
formant à peu près le cinquième de la Palestine, pour le nouveau temple et ses mi-
nistres, ainsi que pour la capitale et ses ouvriers; des deux côtés seront réservées
des propriétés pour le prince. Le temple sera bàti au centre, sur une haute mon-
tagne; il occupera avec ses dépendances une superficie de 500 coudées carrées; les
possessions des prétres, de 25,000 coudées de long sur 10,000 de large, seront au sud
du temple; celles des lévites au nord; celles du prince à l'est et à l'ouest; la
capitale sera située au midi de la terre sacerdotale. Le reste du pays sera
partagé entre les douze tribus, sept au nord, cinq au sud, de telle sorte que cha-
cune d'elles s'étende depuis le Jourdain ou la mer Morte jusqu'à la Méditerranée.
Les étrangers qui habiteront au milieu d'ísraél recevront leur part comme les cn-
fants de Jacob; les paiens feront partie du royaume du Messie et participeront aux
bienfaits de l'Evangile. — Le peuple ainsi rétabli dans la Terre Sainte devra, à la
suite de son prince, aller honorer Dieu en son temple aux fétes solennelles et lui
offrir ses présents. Le prince, à toutes les fêtes, sera tenu d'offrir les victimes pour
les sacrifices; le peuple lui devra pour cela la 60e partie de la récolte du froment, la
100e partie de l'huile et la 200e des troupeaux. Le service-de l'autel et du Saint ne
pourra être fait que par les prêtres de la race de Sadoc, restée fidèle au Seigneur
quand Israël sacrifiait aux idoles; tous les autres enfants de Lévi seront employés
aux bas ministères; les incirconcis ne pénétreront plus dans le temple. Quand Israël
adorera ainsi son Dieu, il sera comblé des plus abondantes bénédictions : une source
d'eau vive se répandra du seuil du temple dans la vallée du Jourdain et rendra
douces les eaux amères de la mer Morte; ses rives se couvriront d'arbres fruitiers,
portant leurs fruits tous les mois; leurs feuilles ne se flétriront jamais et seront
elles-mémes utiles. Ce sont là, sous d'autres images, les bienfaits de la venue du
πιῶ 4
1982
depuis les confins del'aquilon, le
long de la voie de Béthalon, lors-
qu'on va à Emath : la cour d'Enan
sera la borne du cóté de Damas
vers l'aquilon, le long de la voie
d'Emath. Et à lui sera le cóté
oriental, la mer; Dan, une por-
tion.
2. Et sur la frontiere de Dan,
depuis le cóté oriental jusqu'au
côté de la mer, Aser, une por-
tion.
3. Et sur la frontiere d'Aser,
depuis le cóté oriental jusqu'au
côté de la mer, Nephthali, une
portion.
4. Et sur la frontiere de Neph-
thali, depuis le cóté de l'orient
jusqu'au cóté dela mer, Manassé,
une portion.
5. Et sur la frontiere de Ma-
nassé, depuis le cóté oriental jus-
qu'au cóté de la mer, Ephraim,
une portion.
6. Et surla frontiere d'Ephraim,
depuis le cóté oriental jusqu'au
6016 de la mer, Ruben, une por-
tion.
1. Et sur la frontiere de Ruben,
depuis le cóté oriental jusqu'au
cóté de la mer, Juda, une por-
tion.
8. Et sur la frontiere de Juda,
depuis le cóté oriental jusqu'au
cóté de la mer, seront les pré-
mices que vous séparerez; elles
ÉZÉCHIEL.
(eu. xr.vit.
seront de vingt-cinq mille 6
sures de largeur et de longueur
comme chacune des portions
depuis le côté oriental jusqu'au
cóté de la mer; et le sanctuaire
sera au milieu de cette portion.
9. Quant aux prémices que vous
séparerez pour le Seigneur, leur
longueur sera de vingt-cinq mille
mesures, et leur largeur de dix
mille.
10. Or ces prémices du sanc-
tuaire des prétres seront, vers l'a-
quilon, d'une longueur de vingt-
cinq mille mesures, et vers 18 mer
d'une largeur de dix mille ; mais
aussi vers l'orient d'une largeur
de dix mille, et vers le midi d'une
longueur de vingt-cinq mille ; et
le sanctuaire du Seigneur sera
au milieu de cette portion.
11. Le sanctuaire sera pour les
prétres, d'entre les fils de Sadoc
qui ont gardé mes cérémonies, et
qui ne se sont pas égarés, lorsque
les enfants d'Israél s'égaraient,
comme se sont égarés les Lévites
mémes.
12. Et ils auront pour prémices,
au milieu desprémices dela terre,
lesaint des saints, le long de la
frontiere des Lévites.
13. Mais les Lévites aussi au-
ront également, lelong des con-
fins des prétres, vingt-cinq mille
coudées de longueur, et de lar-
Messie, prédits déjà par Isaie et les autres prophétes, l'annonce des changements
merveilleux que le Rédempteur opérera dans le monde en fécondant, par la rosée de
sa grâce, la terre rendue'auparavant stérile par le péché.
4. La cour d'Enan. Voy. xLvnr, 11. — A lui; à Dan. — La mer Méditerranée. —
Dan, une porlion (Dan una); c'est-à-dire que, dans la terre d'Israél, Dan aura une
portion, telle qu'elle vient d'étre décrite. La méme formule qui existe également
dans le texte hébreu, se répéte dans ce chapitre pour toutes les autres tribus.
8. Mesures; ce mot est évidemment sous-entendu ici et dans plusieurs des versets
suivants jusqu'au 16e, où il se trouve exprimé. Or, la mesure dont il s'agit dans tous
ces passages est, selon les uns, la coudée, et selon les autres, la canne. Voy. sur la
valeur de ces deux mesures, xL, 3,
(ἐπ. xLvin.]
geur dix mille. Toute la longueur
de leur portion sera de vingt-
cinq mille, et la largeur de dix
mille.
14. Et ils n'en vendront point
et n'en changeront point; ces pré-
mices de la terre ne seront point
transférées 4 d'autres, parce
qu'elles ont été consacrées au
Seigneur.
15. Mais les cinq mille mesures
qui restent de largeur sur les
vingt-cinq mille, seront profanes,
et destinées aux édifices de la ville,
et à ses faubourgs; et la cité sera
au milieu de cette portion.
16. Et voici quelles seront ses
mesures : au cóté septentrional,
quatre mille et cinq cents; et au
côté méridional, quatre mille et
cinq cents; et au cóté oriental,
quatre mille et cinq cents; et au
côté occidental, quatre mille et
cinq cents.
47. Mais les faubourgs de la
cité en auront vers l'aquilon deux
cent cinquante, et vers le midi,
deux cent cinquante; et vers
l'orient, deux cent cinquante; et
versla mer, deux cent cinquante.
18. Quant à ce qui restera sur
la longueur proche des prémices
du sanctuaire, savoir dix mille
mesures vers lorient, et dix mille
vers l'occident, elles seront com-
me les prémices mêmes du sanc-
tuaire; et les fruits que l'on en
retirera seront pour nourrir ceux
qui serviront la cité.
19. Or ceux qui serviront à la
ÉZECHIEL.
1983
cité s y emploieront de toutes 1es
tribus d'Israél.
20. Toutesles prémices de vingt-
cinq mille mesures encarréseront
séparées pour étreles prémices du
sanctuaire, etla possession de la
cité.
21. Mais ce qui restera sera au
prince de tout côté, des prémices
du sanctuaire, et dela possession
de la cité, vis-à-vis des vingt-cinq
mille mesures des prémices, jus-
qu'à la frontière orientale, et
aussi vers la mer, vis-à-vis des
vingt-cinq mille mesures, jusqu'à
la limite de la mer, sera pareille-
ment dans les portions du prince;
et les prémices du sanctuaire et
le sanctuaire du temple seront au
milieu de ses portions.
22. Or ce qui restera dela pos-
session des Lévites et de la pos-
session de la cité, au milieu des
portions du prince, sera entre la
frontiere de Juda et entre lafron-
tiere de Benjamin.
93. Et pour les autres tribus,
depuis le cóté oriental jusqu'au
côté occidental, Benjamin, une
portion.
24. Et contre la frontiere de
Benjamin, depuis lecóté oriental
jusqu'au cóté occidental, Siméon,
une portion.
95. Et sur la frontiere de Si-
méon, depuis le côté oriental jus-
qu'au côté occidental, Issachar,
une portion.
26. Et sur la frontiere d'Issa-
char, depuis le cóté oriental jus-
19. Ceux qui serviront, etc.; c'est-à-dire les ouvriers et les artisans de toutes sortes
pourront venir des différentes tribus travailler dans la cité; tandis que les prétres
et les lévites seront dans Israël, comme une race noble et distinguée (Exode, xix, 6),
qui ne devra s'occuper que du culte du Seigneur, de l'étude de sa loi, et de l'instruc-
tion des peuples.
23. Benjamin, une porlion. Voyez pour le sens de ces mots, le vers. 1°r,
198 4
qu'au côté occidental, Zabulon,
une portion.
Et sur la frontiere de Zabu- .דפ
lon, depuis le cóté oriental jus-
qu’au côté de la mer, Gad, une
portion.
98. Et sur la frontiere de Gad,
sera ce qui s'étend vers le cóté de
l'auster au midi; et sa limite sera
depuis Thamar jusqu'aux eaux
de contradiction de Cadès; son
héritage s'étendra contre la gran-
de mer.
29. Telle est la terre que vous
distribuerez au sort entre les tri-
bus d'Israël; et tels seront leurs
partages, dit le Seigneur Dieu.
30. Et voici les sorlies de la
ville : Du cóté septentrional, tu
mesureras quatre mille et cinq
cents mesures.
31. Et les noms des portes de la
ville seront d'apres les noms des
tribus d'Israél; trois portes au
ÉZECHIEL.
(cm. xLvut.|
septentrion; la porte de Ruben,
une, la porte de Juda, une, la porte
de Lévi, une;
39. Et vers le côté oriental,
tu mesureras quatre mille et
cinq cents mesures; et il y aura
trois portes : la porte de Joseph,
une, la porte de Benjamin, une,
la porte de Dan, une;
33. Et vers le côté méridional,
tu en mesureras quatre mille et
cinq cents; et 27 y aura trois por-
tes : la porte de Siméon, une, la
porte d'Issachar, une, la porte de
Zabulon, une;
34. Et vers le cóté occidental,
quatre mille et cinq cents; et 2/
y aura trois portes : la porte de
Gad, une, la porte d'Aser, une, la
porte de Nephthali, une.
39. Par son circuit elle aura
dix-huit mille mesures; et le nom
de la cité sera depuis ce jour-là :
Le Seigneur est là méme.
98. Thamar, etc. Voy. xuvit, 19. — La grande mer; c'est-à-dire la Méditerranée. —
* Cadés. Voir la note sur Nombr., xx, 4.
35. Le Seigneur, etc. Ce nom n'a jamais convenu à Jérusalem qu'imparfaitement et
que pour un temps trés borné. Il n'y a que l'Eglise chrétienne qui puisse le porter
en toute vérité, puisque c'est à elle seule que Jésus-Christ a promis, en la personne
de ses apôtres, d'être avec elle jusqu'à la fin du monde (Mat/A., xxvii, 20).
fen. xr.vnr.] EÉZÉCHTEL. 198
PARTAGE DE LA TERRE D'ISRAEL
D'après la description d'Ezéchiel
(ch. xrv-xrvrimr)
SEPTENTRION
== 1
| DAN
ASER
NEPHTHALI
| MANASSÉ
| ÉPHRAÏM
RUBEN
| JUD A
| 25,000 mesures |
| i
n
ω
-
| 5
ua
LA 2 כו
LÉVITES Ξ LÉVITES
5
c
5
0 5 +
ZA 2 =.
₪ בם m "m ec
a eua ₪ ₪
oO 5 © RIS
0 ₪ ₪ = A
E “8 2 ioc
jte ^ I ] 5 o
- ἢ PRÉTRES Ξ PRÈTRES op LE
- S E
₪ Ἐπ £z
o o
₪ .ב
© L
OUVRIERS DE 5 LA VILLE
BENJAMIN
SIM ÉON
ISSACHAR
ZABULON
GAD |
Tiu MIDI
A. L 425
ORIENT
DANIEL
INTRODUCTION
Daniel, « Dieu est mon juge ou mon défenseur, » le quatrième des grands
prophètes, était de race royale, Dan., 1, 3. W fut emmené captif à Babylone, la
troisième année du règne de Joakim (606). Là, avec trois de ses compagnons,
il fut élevé à l’école du palais royal, observa fidèlement la loi mosaïque, gagna
la confiance de celui qui était chargé de veiller sur lui, 1, 8-16; fit de rapides
progrès, el, au bout de trois ans, 1, 5, 18, eut l'occasion de montrer sa pénétra-
tion d'esprit et sa perspicacité en expliquant le songe de Nabuchodonosor, rt,
14 sq.; et en montrant l'innocence de Susanne, xim, 45 sq. Le roi le nomma
gouverneur en chef, it, 48. Il interpréta plus tard un second songe de Nabucho-
donosor, iV, 7-27, et le mané, thécel, pharés du festin de Balthasar, v, 10-28,
quoiqu'il n'occupàt plus alors son ancienne position officielle parmi les mages,
v, 9, 7, 8, 12. Après la conquête de Babylone par les Mèdes et les Perses, il
devint, sous Darius le Mède, le premier des trois ministres de l'empire, Dan.,
vi, 2; il excita ainsi l'envie, et ses ennemis le firent jeter deux fois dans une
fosse aux lions, où il fut miraculeusement préservé, vi; xiv, 29-42, ce qui l'af-
fermit dans les bonnes grâces de Darius. Cyrus se montra également bien dis-
posé envers lui, vi, 28; cf. 1, 21. C'est la 3* année de ce roi, 534, qu'il eut, sur
les rives du Tigre, sa derniere vision, x, 1, 4. La fin de sa vie nous est incon-
nue. On croit communément qu'il mourut à Suse; on y montre son tombeau,
où les pèlerins se rendent en foule. Ezéchiel, dans ses prophéties, cite Daniel,
avec Noé et Job, comme un modèle de justice; il vante aussi sa sagesse. — Le
dernier des grands prophétes occupa, à la cour des rois de Chaldée et de Perse,
une situation analogue à celle de Joseph à la cour des pharaons. Au commence-
ment et à la fin de l'histoire du peuple juif, nous voyons ainsi un représentant
da. vrai Dieu auprès des monarques paiens. Daniel n'exerca pas sur l'avenir de
son peuple une influence de màme nature que Joseph; mais par sa position et
plus encore par ses oracles, par ses prédictions sur la venue du Messie, il agit
puissamment sur ses frères et prépara ainsi les voies à l'avènement du Christia-
nisme.
L'authenticité du livre de Daniel est universellement niée aujourd'hui par les
ralionalistes; ils prétendent qu'il est apocryphe et que les prophéties qu'il con-
lient ont été écrites aprés coup, du temps des Machabées. — La tradition a tou-
* Ce livre ne présente pas toutes les prophéties daus l'ordre chronologique,
DANIEL. — INTRODUCTION. 1987
jours admis au contraire Daniel comme un livre canonique et digne de foi.
Toute la partie qui subsiste encore en hébreu et en araméen est acceptée sans
contestation par les Juifs et les chrétiens; quant à la partie qui n'existe plus
qu'en grec, elle est rejetée par les Juifs et les protestants; mais le concile de
Trente en a consacré avec raison l'autorité. — Les principales preuves de l'au-
thenticité de Daniel sont les suivantes : — 1° Le témoignage du Nouveau Testa-
ment, Matth., xxiv, 15; Héb., xi, 33; etc. — 2° Celui de Josèphe; il raconte,
qu'on montra les prophéties de Daniel à Alexandre le Grand, quand ce dernier
visita Jérusalem. — 99 Le premier livre des Machabées, qui est presque contem-
porain des événements qu'il raconte, suppose l'existence du livre de Daniel,
bien plus, la eonnaissance de la version grecque de ce livre, par conséquent
celui-ci avait été écrit assez longtemps avant celte époque. — 4^ On ne peut
expliquer l'admission de Daniel dans le canon juif qu'en le regardant comme
une œuvre authentique. Ce canon était clos avant l'époque des Machabées, et
par conséquent tous les écrits qu'il contient sont d'une date antérieure. — 5? La
connaissance minutieuse que possède l’auteur des mœurs, des coutumes, de
l'histoire et de la religion chaldéennes est une preuve qu'il était contemporain
des faits qu'il raconte; aprés la ruine de l'empire de Nabuchodonosor par les
Perses et les Médes, personne n'aurait pu étre initié à tant de détails minutieux
dont les découvertes modernes confirment l'entiére exactitude. — 6° La langue
est celle dun homme vivant à l'époque de la captivité. Il avait l'habitude de
s'exprimer dans les deux langues, hébraique et araméenne; du temps des Ma-
chabées, on ne parlait plus qu'araméen : l'emploi de certains mots, d'origine
aryenne et non sémitique, ne s'explique non plus que par l'habitation de Daniel
à la cour des rois perses : un Juif écrivant en Palestine n'aurait jamais usé de
pareilles expressions.
Le livre de Daniel se divise en deux parties très distinctes : la première, 1-vi,
est historique; la seconde, vrr-xir, est. prophétique. Dans la partie historique,
Daniel parle à la troisième personne; dans la partie prophétique, à la première,
le verset d'introduction excepté, vir, 1 et x, 1. Malgré cette différence de langage,
on admet généralement l'unité du livre. L'emploi successif des deux personnes
s'explique par la nature du sujet : 16 prophète raconte sous forme de narration
impersonnelle les faits et les événements symboliques, parce qu'ils peuvent étre
directement contrólés, mais il parle en son propre nom, quand il rapporte des
révélations et des visions personnelles, parce qu'elles tirent leur autorité du té-
moignage méme du prophète à qui elles ont été communiquées. On remarque
quelque chose d'analogue dans les autres prophètes, /s., vit, 3; xx, 2; xxxvi-xxxix.
— Un appendice, contenant l'histoire de Susanne et celle de Bel et du dragon,
xir-xiv, termine le livre de Daniel dans la Bible latine.
1933 DANIEL. [cx. 1.]
de son dieu, et il mit les vases
CHAPITRE PREMIER. dans la maison du trésor de son
Daniel, Ananias, Misaël et Azarias, choisis dieu. ΠΕ. Ε
pour servir à la cour de Nabuchodo- 9. Et le roi dit à Asphénez, pré-
nosor. Ils ne veulent pas se souiller en posé des eunuques, de choisir
mangeant des viandes de la table du | d'entre les fils d'Israël, et de la
roi. Dieu les remplit de lumières. . 1
race des rois, et des princes,
|. En la troisieme année du 4. De jeunes hommes qui fus-
regne de Joakim, roi de Juda, Na- | sent sans aucun défaut, d'une
puchodonosor, roi de Babylone, | belle apparence, et instruits en
vint à Jérusalem et l'assiégea. toute sagesse, habiles dans les
2. Et le Seigneur livra en sa | sciences et dans les arts, et qui
main Joakim, roi de Juda, et une | pussent demeurer dans le palais
partie des vases de la maison de | du roi, afin qu'il leur apprit les
Dieu; et il les emporta dans la | lettres et la langue des Chaldéens.
terre de Sennaar, dans la maison 5. Et le roi établit qu'on les
1-21. * Ire Partie : Partie historique, r-vr. — Le but de cette partie du livre de
Daniel n'est point de donner une histoire sommaire de la captivité ou de la vie du
Prophéte, mais de nous faire connaitre les moyens que Dieu employa, pendant cette
période de chátiment et de désolation, pour consoler, encourager et soutenir Israél,
en lui montrant que Dieu ne l'avait pas abandonné. — 1» Le premier chapitre forme
l'introduction à tout le livre, en nous apprenant comment Daniel fut élevé à la cour
méme du roi.
1. En la lroisième année, etc. Nabuchodonosor partit de Babylone vers la fin de
cette année, et vint former le siége de Jérusalem du commencement de la suivante
(Jérém., xxv. 1). — * La lroisième année du règne de Joakim est l'an 606 avant J.-C.
— Sur Nabuchodonosor, voir Jérém., XXI, 1.
2. La terre de Sennaar; ancien nom de la Babylonie (Genèse, x, 10. — Son dieu ;
Bel ou Bélus, dont le temple était le plus riche et le plus somptueux de tous ceux
de Babylone.
3. Préposé des eunuques (prepositus eunuchorum); c'est-à-dire, chef des officiers
de la cour. On donnait communément le nom d'eunuques aux officiers du palais des
rois d'Orient, parce que pour l'ordinaire ils étaient réellement eunuques. — Des
princes; des premiers par le rang; c'est le vrai sens du tyrannorum de la Vulgate,
expliqué par l'hébreu ou plutôt par l'idiome des anciens Perses, car l'hébreu Pharle-
min ou Parlemin, tire probablement son origine de Pardomim, qui signifie en effet
les grands, les premiers (primi, magnates). Nous dirons de méme des différentes
lecons des Septante, partommein, porthemmein, phortommin, porthommein).
4. De jeunes hommes (pueros). Tout ce qui est dit de Daniel et de ses compagnons
dans ce chapitre et les suivants, prouve qu'ils étaient au moins adolescents. D'ail-
leurs le terme hébreu est pris plus d'une fois dans ce sens, aussi bien que le mot
latin puer, qui se dit d'un garcon de 17 ans, et que Cicéron lui-même a appliqué à
Octave âgé de 19 ans. — Les lettres (litteras) ; les caractères, l'écriture des Chaldéens
qui différait de celle des Hébreux. C'est aussi le sens du texte original, et en parti-
2ulier des Septante qui traduisent d'ailleurs (vers. 17) 16 inóme mot hébreu par gram-
maire. — * L'écriture cunéiforme ou assyrienne, qu'on enseignait dans l'école
royale, était très compliquée et fort difficile à apprendre. On enseignait de plus, dans
cette école, une langue antique, nécessaire pour bien comprendre les monuments an-
ciens, la grammaire, l'histoire, la géographie, l'astronomie, les sciences magiques, etc.
‘est ce que nous attestent les livres écrits sur des tablettes d'argile, qui formaient
es bibliothèques assyro-chaldéennes, et dont des restes considérables ont été re- ן
ו trouvés,
En présence du roi; pour le servir, s .9
[cn. 1.
nourrirait chaque jour de ses
propres mets et qu'ils boiraient
du vin dont il buvait lui-méme,
afin qu'étant ainsi nourris pen-
dant trois ans, ils pussent en-
suite demeurer en présence du
roi.
6. Or, entre ces jeunes hommes,
il se trouva des enfants de Juda,
Daniel, Ananias, Misaël et Aza-
rias.
7. Et le préposé des eunuques
leur donna des noms, appelant
Daniel, Baltassar; Ananias, Si-
drach ; Misaél, Misach ; et Azarias,
Abdénago.
8. Mais Daniel résolut dans son
cœur de ne point se souiller par
les mets dela table du roi, et par
le vin dontil buvait, et il demanda
au préposé des eunuques de ne
point se souiller.
9. Or, Dieu fit trouver à Daniel
grâce et faveur devant le prince
des eunuques.
10. Et le prince des eunuques
dit à Daniel : Moi je crains mon
seigneur le roi, qui a déterminé
pour vous les mets et le vin; or,
s'il voit vos visages plus maigres
que ceux des autres jeunes hom-
mes de votre àge, vous livrerez
ma téte à la condamnation du roi.
11. Et Daniel dit à Malasar, que
DANIEL.
1989
le prince des eunuques avait eta-
bli sur Daniel, Ananias, Misaél et
Azarias :
12. Eprouvez, je vous prie, vos
serviteurs dix jours, et qu'on
nous donne des légumes à man-
ger et de l'eau à boire;
13. Et aprés cela regardez nos
visages, et les visages des jeunes
hommes qui se nourrissent des
mets du roi; et selon que vous
aurez vu, vous agirez avec vos
serviteurs.
14. Celui-ci, ayant entendu de
telles paroles, les éprouva pen-
dant dix jours.
15. Mais apres dix jours, leurs
visages parurent meilleurs et
d'un embonpoint plus grand que
celui de tous les jeunes hommes
qui mangeaient des mets du roi.
16. Malasar donc enlevait les
mets et le vin qu'on leur servait
pour boire, et leur donnait des
légumes.
17. Or à ces jeunes hommes
Dieu donna la science et la con-
naissance de toutlivre et de toute
sagesse, mais à Daniel l'intelli-
gence de toutes les visions et de
tous les songes.
18. C'est pourquoi étant accom-
plis les jours après lesquels le roi
avait dit qu'ils seraient introduits,
T. Leur donna des noms. Le changement des noms était une marque de domaine
et d'autorité; les maitres, en prenant des esclaves, leur donnaient de nouveaux noms.
— * En assyrien, Abdénago devait s'appeler Abed-Nebo, ce qui signifie « serviteur du
dieu Nébo. » La signification exacte de Sidrach et de Misach est inconnue. — Baltassar.
La véritable forme assyrienne est Balatsu-usur, (Dieu) protége sa vie.
8. Daniel résolut, etc. Les paiens mangeaient indifféremment de toutes sortes de
viandes, et par conséquent de celles qui étaient défendues aux Juifs (Lévilig., x1;
Deutér., xiv). De plus ils eonsacraient à leurs dieux tout ce qui était servi sur la
fable.
9. Le prince; est le méme que /e préposé des eunuques.
11. * Malasar est un titre de dignité.
11. Livre (liber). La Vulgate a traduit (vers. 4) par (elfres, le méme mot hébreu
qu'elle rend 101 par livre. Voy. le vers. 4. — De toutes les visions, etc., envoyées de
Dieu lui-même.
1990
le préposé des eunuques les in-
troduisit devant Nabuchodono-
sor.
19. Et lorsque le roi leur eut
parlé, il ne se trouva point parmi
tous les autres de jeunes hommes
tels que Daniel, Ananias, Misaél
et Azarias; et ils demeurèrent en
présence du roi.
90. Et sur toute question de
sagesse et d'intelligence que leur
fit le roi, il trouva en eux dix fois
plus que dans tous les devins et
les mages qui étaient dans tout
son royaume.
21. Or Daniel fut à /a cour jus-
quà la premiere année du roi
DANIEL.
[CH. 11,
niel le lui fait connaitre et le lui ex-
plique. Honneurs que Nabuchodonosor
fait à Daniel.
1. En la seconde année du
regne de Nabuchodonosor, Nabu-
chodonosor vit un songe, et son
esprit fut extrémement effrayé;
et son songe s'enfuit de lui.
2. Or le roi ordonna qu'on
assemblát les devins, les mages
et les enchanteurs, et les Chal-
déens, afin qu'ils indiquassent au
roi ses songes ; ceux-ci, lorsqu'ils
furent venus, se tinrent devant
le roi.
3. Et le roi leur dit : J'ai vu
un songe, et, troublé d'esprit,
jignore ce que j'ai vu.
4. Et les Chaldéens répondirent
au roi en syriaque : Roi, vivez à
jamais; dites le songe à vos ser-
vileurs, et nous en donnerons
l'interprétation.
Cyrus.
CHAPITRE II.
Songe de Nabuchodonosor, statue com-
posée de quatre métaux. Les devins de
Chaldée ne peuvent pas faire connaitre
au roi ce songe qu'il avait oublié. Da-
Cap, I. 21. Infra, vi, 28.
19. En présence du roi; pour le servir. Compar. vers. 3.
90. Dix fois plus de lumiéres, de connaissances.
21. Daniel fut, etc. Compar. vr, 28; x, 1; xiv, 4.
1-49. * 2e Le second chapitre contient le récit d'un songe de Nabuchodonosor, en
602 ou 603, et l'explication qu'en donna Daniel. Le roi avait vu une statue dont la
tête était d'or, la poitrine et les bras d'argent, le ventre et les cuisses de bronze, les
jambes de fer, une partie des pieds de fer et l'autre d'argile. Le Prophéte expliqua
au roi, comme Joseph l'avait fait autrefois au pharaon, la signification du songe. Les
diverses parties de la statue marquaient les empires qui devaient se suecéder dans
le monde : la tête d'or, c'est l'empire de Nabuchodonosor; la poitrine d'argent, c'est
l'empire médo-perse; le ventre de bronze, c'est l'empire d'Alexandre et les royaumes
des Séleucides et des Ptolémées, la Syrie et l'Egypte, qui en sont issus ; les jambes
de fer, c'est l'empire romain qui brise et écrase tout ; les pieds, moitié argile, moitié
fer, c'estce méme empire divisé en empire d'Orient et empire d'Occident. Une petite
pierre détachée de la montagne, c'est-à-dire Jésus-Christ, renverse le colosse, et
Dieu fonde le royaume éternel de son Eglise.
1. * La seconde année. Probablement la seconde année du régne de Nabuchodonosor,
depuis la mort de son père Nabopolassar (602).
2. Les Chaldéens; probablement les prétres chaldéens adonnés à l'astrologie. —
* Les devins, les mages, etc., sont les diverses classes de magiciens qu'on distinguait
à Babylone, où la magie était si cultivée que chaldéen devint synonyme de magiciens.
^. En syriaque; selon le texte hébreu, en araméen, c'est-à-dire en chaldéen et en
syriaque; car anciennement ces deux langues n'en faisaient qu'une (IV Rois, xvur, 26;
I Esdr., 1v, 1); et quoique depuis elles aient formé deux idiomes, d'ailleurs fort rap-
prochés, on les a toujours comprises l'une et l'autre sous la dénomination commune
de langue araméenne. — Depuis ce verset jusqu'à la fin du chap. vu, le texte primitif
(cn. 11.]
5. Et répondant, le roi dit
aux Chaldéens : La chose m'est
échappée de la mémoire, si vous
ne m'indiquez 16 songe et sa
signification, vous périrez, vous,
et vos maisons seront confis-
quées.
6. Maissi vous me ditesle songe
et sa signification, vous recevrez
de moi des dons, des présents et
de grands honneurs; dites-moi
donc mon songe et son interpré-
tation.
Ils lui répondirent pour la .ד
seconde fois, et ils dirent : Que le
roi dise le songe à ses serviteurs,
et nous lui en donnerons l'inter-
prétalion.
8. Le roi répondit et dit : Cer-
tainement, je reconnais que vous
cherchez à gagner du temps,
parce que vous savez que la chose
m'est échappée de la mémoire.
9. Si donc vous ne m'indiquez
pas 16 songe, je n'aurai qu'une
opinion de vous, c'est que vous
avez méme préparé une inter-
prétation fallacieuse et pleine de
déception, afin de me la dire,
jusqu'à ce que le temps se passe.
C'estpourquoi dites-moi le songe,
afin que je sache que vous don-
DANIEL.
! 1091
nerez aussi sa véritable interpré-
tation.
10. Répondant donc, les Chal-
déens dirent devant le roi : ll n'y
a pas d'homme sur la terre qui
puisse, ὃ roi, accomplir votre pa-
role; et aucun roi, grand et puis-
sant, ne fait de question de cette
sorte à aucun devin, à aucun
mage, à aucun Chaldéen.
11. Car ce que vous demandez,
ὃ roi, est difficile; et il ne se
irouvera personne qui puisse
l'indiquer en présence du roi,
excepté les dieux, qui n'ont point
de commerce avec les hommes.
12. Ce qu'ayant entendu, le roi,
en fureur, et dans une grande
colere, ordonna que tous les
sages de Babylone périraient.
13. Et, lasentence promulguée,
les sages étaient mis à mort; et
l'on cherchait Daniel et ses com-
pagnons, afin qu'ils périssent.
14. Alors Daniel s'informa de
la loi et de la sentence auprès
d'Arioch, prince de la milice du
roi, qui était sorti pour faire
mourir les sages de Babylone.
15. Et il lui demanda à lui qui
avait recu pouvoir du roi, pour
quel motif une si cruelle sen-
est écrit en chaldéen. — * En syriaque ou en araméen ne signifie pas que les Chal-
déens parlérent au roi en cette langue, mais que ce qui suit dans le livre du Pro-
phète est écrit en syriaque. Après : un roi, il faudrait un point. En syriaque est une
indication donnée au lecteur.
9, 8. La chose; le songe; selon d'autres, {a parole; c'est-à-dire l'ordre, 16 comman-
dement est émané de moi.
10. * Les livres de magie chaldéens, dont plusieurs sont parvenus jusqu'à nous,
donnent l'interprétation des différentes choses qu'on peut voir en songe, mais ils ne
peuvent apprendre quel a été le songe sur lequel on consulte; Dieu seul peut faire
cette révélation.
13. Les sages étaient mis à mort (interficiebantur). D'après ces paroles on avait déjà
commencé à exécuter la sentence du roi; celles du vers. 24 ne disent pas formelle-
ment le contraire.
14. * Arioch; en assyrien : Eriaku, signifie, d'après quelques-uns, serviteur du dieu
Lune.
13. Emanée du roi; littér. sortie de la face du roi. Compar, vers. 19
4992
tence était émanée du roi. Lors
donc qu'Arioch eut indiqué la
chose à Daniel,
16. Daniel, étant entré, pria le
roi de lui accorder quelque temps
pour indiquer la solution au roi.
17. Et, étant entré dans sa
maison, il fit part de la chose à
ses compagnons Ananias, Misaël
et Azarias,
18. Afin qu'ils implorassent la
miséricorde de la face du Dieu du
ciel, au sujet de ce secret, et que
Daniel et ses compagnons ne pé-
rissent point avec les autres
sages de Babylone.
19. Alors le mystère fut décou-
vert à Daniel dans une vision,
durant la nuit; et Daniel bénit le
Dieu du ciel,
20. Et ayant parlé, i1 dit : Que
le nom du Seigneur soit béni
dun siecle jusqu'à un autre
siecle, parce que la sagesse et la
force sont à lui.
91. Et c’est lui qui change les
temps et les âges, qui transfère
les royaumes et les établit, qui
donne la sagesse aux sages et la
science à ceux qui comprennent
l'instruction.
22. C'est lui qui révèle les cho-
ses profondes et cachées, qui
connait ce qui se trouve dans les
ténèbres, et la lumiere est avec
lui.
93. C'est vous, Dieu de nos pè-
DANIEL.
[cn. ur.]
res, que je célebre, c'est vous
que je lone, parce que vous m'a-
vez donné la sagesse et la force,
et que vous m'avez montré main-
tenant ce que nous vous avons
demandé, puisque vous nous avez
révélé la parole du roi.
24. Aprés cela, Daniel étant en-
tré chez Arioch, que le roi avait
établi pour perdre les sages de
Babylone, il lui parla ainsi : Ne
perdez point les sages de Baby-
lone; introduisez-moien présence
du roi, et je donnerai la solution
au roi.
95. Alors Arioch, se hátant, in-
troduisit Daniel auprès du roi, et
lui dit : J'ai trouvé un homme
d'entre les fils de la transmigra-
tion de Juda, lequel donnera au
roi la solution.
26. Le roi répondit, et dit à Da-
niel, dont le nom était Baltassar :
Penses-tu que tu peux vérilable-
ment dire mon songe, et son in-
terprétation?
27. Et répondant, Daniel dit
devant le roi: Le mystère sur le-
quel le roi »#'interroge, les sages,
les mages, les devins et les au-
gures ne peuvent le découvrir au
roi.
28. Mais il est un Dieu dans le
ciel qui révèle les mystères et
qui vous ἃ montré, roi Nabucho-
donosor, les choses qui doivent
arriver dans les derniers temps.
23. La sagesse et la force qui nous étaient nécessaires pour nous délivrer d'un 1
grand danger.
24. La solution; l'éclaircissement qu'il demande.
28. Les derniers temps, dans l'Ancien Testament, et surtout dans le style des pro-
phètes, désignent ordinairement l'avénement du Messie, et l'établissement de son
règne. Compar. Isaze, τι, 2. — Les visions, etc., sont la méme chose que votre songe.
— L'expression vision de la lêle, familière à Daniel, veut dire, vision qui ne vient pas
me l'esprit par la vue des objets extérieurs, mais qui est formée uniquement dans
e cerveau.
[cir. 1.)
Votre songe et les visions de vo-
ire téte dans votre lit sont de
cette sorte :
99. Vous, Ó roi, vous avez com-
mencé à penser dans votre lit
ce qui devait arriver dans la
suite, et celui qui révèle les mys-
teres vous a montré les choses à
venir.
30. A moi aussi ce secret m'a
été révélé, non par une sagesse
qui est en moi plus qu'en tous les
êtres vivants, mais afin que l'in-
terprétation devint manifeste
pour le roi, et que vous connus-
siez les pensées de votre esprit.
31. Vous, ὃ roi, vous voyiez, et
voilà comme une grande statue ;
et cette statue grande et considé-
rable par la hauteur, se tenait
debout devant vous et son regard
était terrible.
32. La téte de cette statue était
d'or trés pur; mais la poitrine
et les bras d'argent; et le ventre
et les cuisses d'airain;
33. Mais les jambes de fer; une
partie des pieds était de fer, mais
l'autre d'argile.
34. Vous voyiezainsi, jusqu'à ce
qu'une pierre fut détachée de la
montagne sans les mains d'aucun
homme, et elle frappa la statue
DANIEL.
1993
dans ses pieds de fer, et d'argile,
et elle les mit en pièces.
35. Alors furent brisés ensem-
ble le fer, l'argile, l'airain, l'ar-
gent et l'or, et ils devinrent com-
me la cendre brülante d'une aire
d'été; et ils furent emportés par
le vent; et il ne se trouva aucun
lieu pour eux; mais la pierre qui
avait frappé la statue devint une
grande montagne et remplit toute
la terre.
36. Voilà le songe; son inter-
prétation, nous la dirons devant
vous aussi, Ô roi.
37. C'est vous qui êtes le roi
des rois; et le Dieu du ciel vous ἃ
donné le royaume, et la force, et
l'empire, et la gloire,
38. Et tous les lieux dans les-
quels habitent les fils des hommes
et les bêtes dela campagne; il a
mis aussi les oiseaux du ciel en
votre main, et sous votre puis-
sance il a établi toutes choses;
c'est donc vous qui êtes la tête
d'or.
39. Et après vous s'élévera un
royaume moindre que vous, un
royaume d'argent, puis un autre,
un troisième royaume d'airain,
qui commandera à toute la terre.
40. Et le quatrieme royaume
35. Comme la cendre brülante d'une aire d'élé; toute autre traduction ferait évidem-
ment violence au texte de la Vulgate (Quasi in favillam zstive arez). Quant au terme
chaldéen Aour, qui peut trés bien signifier les ordures qui restent sur l'aire, aprés
qu'on a battu les grains, rien n'empéche de supposer qu'on brülait ces ordures, dont
la cendre était emportée parle vent; et que c'est à cela que fait allusion l'écrivain
sacré. Ajoutons que le mot grec des Septante koniortos signifie, entre autres choses,
cendre enlevée par 16 vent.
31. Le roi des rois; titre ordinaire que prenaient aussi les rois de Perse. Nabucho-
donosor était alors le plus grand roi du monde.
38. Les fils des hommes; expression poétique, signifiant simplement, les hommes.
39. Un royaume moindre, etc.; c'est le royaume Medico-Persique fondé par Darius le
Mède et Cyrus, et qui fut moindre en effet que l'empire babylonien, tant par la durée
que par l'étendue et la puissance. — Un íroisiéme royaume, l'empire des Grecs, fondé
par Alexandre le Grand.
40. Le quatriéme royaume, l'empire romain, qui brisa et mit en poudre tous les
1994
sera comme le fer : de même que
le fer brise et dompte toutes cho-
ses, de même il brisera et réduira
en poudre tous ces autres royau-
mes.
41. Mais parce que vous avez
vu qu'une partie des pieds et des
doigts des pieds était d'argile, et
une partie de fer, le royaume
sera divisé, quoiqu'il tirera son
origine du fer, selon que vous
avez vu le fer mêlé à l'argile fan-
geuse.
42. Et comme vous avez vu les
doigts des pieds, en partie de fer,
et en partie d'argile fangeuse, le
royaume sera en partie affermi,
et en partie brisé.
43. Et, parce que vous avez vu
le fer mêlé avec l'argile, ils se
méleront, il est vrai, par des al-
liances humaines; mais ils ne
s'uniront pas, comme le fer ne
peut se mêler avec l'argile.
41. Mais dans les jours de ces
royaumes, le Dieu du ciel susci-
lera un royaume qui jamais ne
sera détruit, et son royaume ne
sera pas donné à un autre peu-
ple; or il mettra en pieces et con-
sumera tous ces royaumes; et il
subsistera lui-méme éternelle-
ment.
DANIEL.
[cm. 11.]
45. Selon que vous avez vu
qu'une pierre fut détachée de la
montagnesans les mains d'aucun
homme, et qu'elle mit en pièces
l'argile et le fer, 6% l'airain et l'ar-
gent, et l'or, le grand Dieu a
montré au roi les choses qui doi-
vent arriver dans la suite; et vé-
ritable est le songe, et fidèle son
interprétation.
46. Alors le roi Nabuchodonosor
tomba sur sa face, et adora Da-
niel; et il ordonna qu'on lui offrit
des hosties et de l'encens.
41. Parlant donc, le roi dit à
Daniel : Véritablement votre Dieu
est le Dieu des dieux, et le Sei-
gneur des rois; et il révèle les
mystères, puisque toi, tu as pu
découvrir ce secret. ,
48. Alors le roi éleva Daniel en
honneur et lui fit de nombreux et
de grands présents, et il l'établit
prince sur toutes les provinces de
Babylone, et chef des magistrats
au-dessus de tous les sages de
Babylone.
49. Or Daniel demanda au roi,
et le roi préposa aux affaires de
la province de Babylone, Sidrach,
Misach et Abdénago; mais lui-
même Daniel était à la porte du
roi.
royaumes qui subsistaient avant lui dans l'Europe, dans l'Afrique et dans presque
toute l'Asie.
41-43. Tout ceci regarde le dernier âge de l'empire romain depuis Auguste. L'an-
cienne vigueur de la république romaine s'énerva sous le gouvernement des empe-
reurs, représentés par les pieds de la statue.
44. Un royaume qui jamais, etc. Ce royaume éternel est celui du Messie qui prit
naissance sous Auguste, le premier empereur des Romains, et qui n'a jamais passé
au pouvoir d'un autre peuple.
45. Une pierre, etc. C'est Jésus-Christ, né d'une vierge, et qui a établi son royaume
sur la terre sans le concours d'aucune puissance humaine. Il a frappé les pieds du
colosse, c'est-à-dire de l'empire idolâtre des Romains.
49. A la porte du roi; prés de la personne du roi.
ἢ. 11.
CHAPITRE ΠΙ.
Statue d'or dressée par Nabuchodonosor.
Les trois compagnons de Daniel refu-
sent d'adorer cette statue; ils sont jetés
dans une fournaise ardente. Dieu les y
conserve. Prière d'Asarias. Cantique
d'Asarias et de ses compagnezs. Or-
donnance de Nabuchodonosor en faveur
de la religion des Juifs.
1. Le roi Nabuchodonosor fit
une statue d'or de soixante cou-
dées de hauteur, de six coudées
de largeur, et la placa dans le
champ de Dura, de la province de
Babylone.
2. (est pourquoi le roi Nabu-
chodonosor envoya pour rassem-
bler les satrapes,les magistrats et
les juges, les chefs de l'armée, et
les princes, et les intendants, et
tous les gouverneurs de provin-
DANIEL.
1995
élevée le roi Nabuchodonosor.
3. Alors s'asembleérent les sa-
trapes, les magistrats etles juges,
les chefs de l'armée, et les pre-
miers par le rang, et les grands
qui étaient constitués en puissan-
ce, et tous les gouverneurs de
provinces, afin qu'ils vinssent en-
semble à la dédicace de la statue
qu'avait posée le roi Nabuchono-
nosor;
4. Etun hérautcriait fortement:
Il vous est dit à vous, peuples tri-
bus et langues :
5. A l'heure à laquelle vous en-
tendrez le son dela trompette, et
de la flûte, et de la harpe, de la
sambuque, et du psaltérion, et de
la symphonie, et de toute espèce
de musique, tombantaterre, ado-
rez lastatue d'or qu'a élevée le roi
Nabuchodonosor.
6. Si quelqu'un ne se prosterne
ces, afin qu'ils vinssent ensemble
à la dédicace de la statue qu'avait
1-97. * 30 Dans le ch. ri, 1-97, nous voyons comment Dieu sauva miraculeusement
des flammes de la fournaise les compagnons de Daniel qui avaient refusé d'adorer la
statue érigée par Nabuchodonosor; nous y lisons aussi le cantique par lequel ils re-
mercièrent Dieu de sa protection.
1. * Une 8/0/06 d'or. On sait que les Chaldéens faisaient des statues colossales en
métaux précieux, mais souvent l'intérieur était en bois et elles étaient seulement
plaquées d'or. — Soirante coudées de hauteur; plus de trente mètres, mais la statue
proprement dite était probablement placée au haut d'une colonne, comme on la
représente dans les catacombes. C'était sans doute une image de la grande divinité
babylonienne, Bel ou Mérodach. — Dura; partie dela plaine de Babylone située au
sud-ouest de la ville.
2-3. Les princes (tyrannos). Voy. 1, 3. Les interprétes les plus habiles et les plus
consciencicux conviennent que la signification rigoureuse de ces noms de dignités
ne saurait étre bien déterminée.
4. Peuples, tribus et langues; c'est-à-dire peuples, tribus de différentes langues,
ou de langue quelconque, comme on lit au vers. 96. Ce genre de construction se
trouve daus d'autres passages de la Bible; c'est une figure grammaticale, nommée
hendiade; c'est-à-dire une chose exprimée par deux mots.
5. Symphonie; désigne dans ce chapitre un instrument, probablement la cornemuse.
— De musique ou d'instruments de musique. C'est le sens du mot de la Vulgate, mu-
sicorum, expliqué par 16 texte original. D'où il suit que ce terme latin représente le
génitif pluriel neutre de l'adjectif musicus, a um, et non point du substantif masculin,
musicus, i qui signifie musicien. — Les mots d'origine grecque qui se rencontrent ici
et dans plusieurs autres passages de ce livre, ne prouvent nullement qu'il n'est pas
authentique. — * La sambuque, d'aprés l'opinion la plus vraisemblable, était une
harpe d'une forme particulière.
6. * Dans la fournaise d'un feu ardent. Supplice commun chez les Assyriens et les
Chaldéens, mais inusité chez les Juifs.
1996
pas pour adorer, à la méme heure
il sera jeté dans la fournaise d’un
feu ardent.
7. Après cela donc, dès que
tous les peuples eurent entendu
le son de la trompette, de la flûte
et de la harpe, de lasambuque, et
du psaltérion,etde la symphonie,
et de toute espèce de musique,
tombant ὦ terre, tous les peuples,
les tribus et les langues, adorè-
rent la statue d'or qu'avait élevée
le roi Nabuchodonosor.
8. Et aussitôt dans ce temps-
là méme, des hommes des Chal-
déens, s'approchant, accuserent
les Juifs ;
9. Et ils dirent au roi Nabu-
chodonosor : Roi, vivez à jamais;
10. C'est vous, roi, qui avez
renduce décret, que tout homme
qui aura ouile son de la trom-
pette, de la flüte, et de la harpe,
de la sambuque, et du psaltérion,
et de la symphonie, et de toute
sorte de musique, se prosterne et
adore la statue d'or;
11. Et que si quelqu'un ne se
prosterne pas et ne l'adore pas,
qu'il soit jeté dans la fournaise
d'un feu ardent.
19. Et voilà que des hommes
juifs que vous avez préposés aux
affaires de la province de Baby-
lone, Sidrach, Misach et Abdéna-
go, voilà que ces hommes, ὃ roi,
ont méprisé votre décret; ils
n'honorent point vos dieux, et la
statue d'or que vous avez érigée,
ils ne l'adorent pas.
13. Alors Nabuchodonosor, en
fureur et en colere, ordonna que
Sidrach, Misach et Abdénago fus-
sent amenés; lesquels furent aus-
sitôt conduits en la présence du
TOi.
DANIEL. ΄
[.זוז .זוס]
Et prenant la parole, le roi .14
Nabuchodonosor leur dit : Est-il
vrai, Sidrach, Misach et Abdéna-
que vous n'honorez pas mes ,₪0
dieux, et que la statue d'or que
j'ai élevée, vous ne l’adorez pas?
Maintenant done, si vous .15
êtes prêts 0 obéir, à quelque
heure que vous entendiez le son
de la trompette, de la flûte, de la
harpe, de la sambuque et du psal-
térion, et de la symphonie, et de
toutes sortes de musiques, pros-
ternez-vous, et adorez la statue
que j'ai faite; que si vous ne l'a-
dorez pas, à la méme heure vous
serez jetés dans la fournaise d'un
feu ardent; et qui est le Dieu qui
vous arrachera de ma main?
16. Sidrach, Misach et Abdé-
nago, répondant, direntau roi Na-
buchodonosor : Il n'est pas besoin
que nous vous répondions sur ce
sujet.
17. Car voilà que notre Dieu que
nous honorons peut nous retirer
de la fournaise d'un feu ardent,
et nous délivrer, ὃ roi, de vos
mains.
18. Que s'il ne /e veut pas, sa-
chez, ὃ roi, que nous n'honorons
pas vos dieux, et que la statue
que vous avez érigée, nous ne
l'adorons pas.
19. Alors Nabuchodonosor fut
rempli de fureur; et l'aspect de
sa face fut changé pour Sidrach,
Misach et Abdénago, etil ordonna
que la fournaise füt embrasée
sept fois plus qu'on n'avait cou-
tume de l'embraser.
20. Et il commanda aux hom-
mes les plus forts de son armée
de lier les pieds de Sidrach, Mi-
sach et Abdénago, et de les jeter
dans la fournaise du feu ardent.
[cu. ur.)
91. Et aussitót ces £rois hom-
mes-ci, ayant été liés, ils furent
jetés, avec leurs chausses, et
leurs tiares, et leurs chaussures,
et leurs vétements, au milieu de
la fournaise du feu ardent.
92. Car le commandement du
roi pressait, et la fournaise était
extrémement embrasée. Or, les
hommes qui avaient jeté Sidrach,
Misach et Abdénago, la flamme du
feu les consuma.
93. Mais ces troishommes, c'est-
à-dire Sidrach, Misach et Abdé-
nago tomberentliés au milieu de
la fournaise du feu ardent.
Ce qui suit, je ne l'ai pas trouvé dans
les volumes hébreux.
94. Et ils marchaient au milieu
de la flamme, louant et bénissant
le Seigneur.
95. Or, se tenant debout, Aza-
rias pria ainsi, et, ouvrant sa
bouche au milieu du feu, dit :
96. Vous étes béni, Seigneur
Dieu de nos peres, et louable et
glorieux est votre nom dans les
siecles;
27. Parce que vous êtes juste
dans tout ce que vous nous avez
fait; et que toutes vos œuvres
sont vraies, et vos voies droites,
et tous vos jugements vrais.
98. Car vous avez exercé des
jugements vrais dans tous les
maur que vous avez fait venir
sur nous et sur la sainte cité de
nos peres, Jérusalem; parce que
c'est dans la vérité et dans la
DANIEL.
1997
justice que vous avez fait venir
tous ces Maux, à cause de nos
péchés.
29. Car nous avons péché, et
nous avons commis l'iniquité en
nous retirant de vous; et nous
avons manqué en toutes choses;
30. Et nous n'avons pas écouté
vos pyéceptes et nous ne /es
avons pas gardés, et nous n'avons
pas agi comme vous nous aviez
ordonné, afin que bien nous füt.
31. Dans tous les maux donc
que vous avez fait venir sur nous,
et daus tout ce que vous nous
avez fait, c'est dans une justice
véritable que vous avez agi;
99. Et vous nous avez livrés
aux mains de nos ennemis ini-
ques, trés méchants et prévarica-
teurs, et à un roi injuste etle plus
méchant de toute la terre.
33. Et maintenant nous ne pou-
vons pas ouvrir la bouche, et
nous sommes devenus un objet
de confusion et d'opprobre pour
vos serviteurs et pour ceux qui
vous adorent.
34. Ne nous livrez pas pour tou-
jours, nous vous en prions, à
cause de votre nom, et ne détrui-
862 pas votre alliance;
98. Et ne retirez pas votre mi-
séricorde de nous, à cause d'A-
braham votre bien-aimé, et d'I-
saac votre serviteur, et d'Israël
votre saint ;
36. Auxquels vous avez parlé,
promettant que vous multiplie-
riezleurrace commeles étoiles du
21. * Enumération des diverses piéces qui composaient le costume chaldéen.
23. Ce qui suit; c'est-à-dire, depuis le vers. 24 jusqu'au 90e inclusivement. Saint
Jéróme, l'auteur de cette remarque, n'ayant pas trouvé ce fragment dans le texte
original, qui est le chaldéen, l'a traduit smr la version grecque de Théodotion, comme
il le dit lui-même plus bas (vers. 90). Or ce fragment inséré dans notre Vulgate a ét”
reconnu par l'Eglise comm? faisant partie des divines Ecritures,
1998
ciel et comme le sable qui est sur
le rivage de la mer;
31. Parce que, Seigneur, nous
avons été diminués plus que tou-
tes les nations, et nous sommes
humiliés sur toute la terre aujour-
d'hui, à cause de nos péchés.
38. Et il n'est en ce temps-ci
parmi nous ni prince, ni chef, ni
prophète, ni holocauste, ni sacri-
fice, ni oblation, ni encens, ni lieu
pour offrir des prémices devant
vous,
39. Afin que nous puissions
obtenir votre miséricorde, mais
que nous soyons reçus dans notre
cœur contrit et notre esprit hu-
milié.
40. Que comme dans un holo-
causte de béliers et de laureaux,
et comme dans /7mmolation de
milliers d'agneaux gras, ainsi soit
offert aujourd'hui notre sacrifice
en votre présence, et qu'il vous
plaise, parce qu'il n'est point de
confusion pour ceux qui se con-
fient en vous.
41. Et maintenant nous vous
suivons de tout notre cœur, et
nous vous craignons, et nous
cherchons votre face.
42. Ne nous confondez pas,
mais faites-nous selon votre man-
suétude et la grandeur de votre
miséricorde ;
49. Et délivrez-nous par vos
DANIEL.
feu. ur.]
merveilles, et donnez gloire à
votre nom, Seigneur;
44. Et qu'ils soient confondus,
tous ceux qui font souffrir des
maux à vos serviteurs; 8
solent confondus par votre toute-
puissance, et que leur force soit
brisée ;
49. Et qu'ils sachent que c'est
vous seul qui éles le Seigneur
Dieu, etle glorieux sur le globe
des terres.
40. Et les ministres du roi qui
les avaient jetés dans le feu ne
cessaient d'embraser la fournaise
avec du naphte, de l'étoupe, de la
poix et du sarment;
47. Et la flamme se répandait
au-dessus de la fournaise à qua-
rante-neuf coudées ;
48. Et elle s'élanca, et elle brüla
d'entre les Chaldéens ceux qu'elle
trouva près de la fournaise.
49. Mais lange du Seigneur
descendit avec Azariasetses com-
pagnons dans la fournaise, et il
écartala flamme de feu de la four-
naise.
50. Et il rendit le milieu de la
fournaise comme un vent qui ré-
pand la rosée; et le feu ne les
toucha en aucune maniere, et ne
les incommoda pas, et ne leur fit
aucune peine.
91. Alors ces trois jeunes hom-
mes, d'une méme voix, louaient,
38. Il n’est pas parmi nous, etc.; c'est-à-dire dans notre nation, dans la Judée,
comme autrefois, des rois et des princes absolus, des prophètes avec autorité, un état
réglé et indépendant. Dans la captivité, il y avait des chefs des tribus qui conser-
vaient quelque autorité sur les autres captifs. Compar. IV Rois, xxv, 21; I Paralip.,
v, 6; Daniel, xu.
4^. Qui font souffrir; littér., qui montrent. Dans le style biblique on dit souvent
voir, pour sentir, éprouver; et faire voir, montrer, pour faire sentir, faire éprouver.
46. * Du naphte ou bitume, matière très inflammable. Le naphte proprement dit est
ane huile minérale dans le genre du pétrole.
91. * D'une méme voix. Ces paroles ne doivent pas s'entendre sans doute en ce
sens qu'ils prononcèrent tous les trois toutes les paroles du cantique; puisque chaque
CH. in.
at glorifiaient, et bénissaient Dieu
dans la fournaise, disant :
52. Vous êtes béni, Seigneur
Dieu de nos pères, et louable, et
glorieux, etsouverainement exal-
té dans les siècles; et béni est le
nom saint de votre gloire, etloua-
ble etsouverainement exalté dans
tous les siecles.
53. Vous étes béni dans le tem-
ple saint de votre gloire, et sou-
verainement louable, et souve-
rainement glorieux dans les siè-
cles.
54. Vous étes béni sur le tróne
de votre royaume, souveraine-
ment louable et souverainement
exalté dans les siecles.
55. Vous étes béni, vous qui
regardez l'abime, et qui étes assis
sur des chérubins; et louabie et
souverainement exalté dans les
siècles.
56. Vous êtes béni dans le fir-
mament du ciel, et louable et glo-
rieux dans les siècles.
51. Bénissez le Seigneur, vous
tous, ouvrages du Seigneur;
louez, et exaltez-le souveraine-
ment dans les siècles.
58. Bénissez le Seigneur, vous
tous, anges du Seigneur, louez, et
(παρ. III. 59. Ps. ,וטא 4,
DANIEL.
1999
exaltez-le souverainement dans
les siècles.
99. Dénissez le Seigneur, ὃ
cieux ; louez, et exaltez-le souve-
rainement dans les siècles.
60. Bénissez le Seigneur, vous
toutes, les eaux, qui étes au-
dessus des cieux; louez, et exal-
tez-le souverainement dans les
siecles.
61. Bénissez le Seigneur, vous
toutes, les armées célestes du Sei-
gneur; louez, et exaltez-le souve-
rainement dans les siecles.
62. Bénissez le Seigneur, soleil
et lune; louez, et exaltez-le sou-
verainement dans les siècles.
63. Bénissez le Seigneur, étoiles
du ciel; louez, et exaltez-le sou-
verainement dans les siècles.
64. Bénissez le Seigneur, vous
toutes, pluie et rosée; louez, et
exaltez-le souverainement dans
les siecles.
65. Bénissez le Seigneur, vous
tous, souffles de Dieu; louez, et
exallez-le souverainement dans
les siecles.
66. Bénissez le Seigneur, feu et
chaleur brülante; louez, et exal-
tez-le souverainement dans les
siecles.
bénédietion est suivie du méme refrain, il y a lieu de présumer que l'un des jeunes
gens faisait l'invitation aux créatures à louer Dieu et que les deux autres répétèrent
le refrain. L'ordre général suivi dans le cantique est celui du chapitre ier de la
Genése; du général on descend au particulier, du ciel à la terre, et aux diverses
espèces de créatures pour terminer par l'homme.
53. Le temple saint de votre gloire; le ciel. Le temple de Jérusalem n'existait plus
alors.
54. Le trône de votre royaume; c'est-à-dire le ciel.
55. * Qui éles assis sur des chérubins. Les chérubins de l'arche d'alliance.
61. Les armées célestes; c'est-à-dire, les astres nommés souvent dans l'Ecriture la
milice du ciel. Ajoutons que dans un passage parallèle Ps. cr (Hebr., cnr), 24, le mot
de la Vulgate est le même qu'ici (virtutes), et que le texte hébreu porte armées. Com-
par. Matth., xxiv, 29.
65. Souffles ; c'est-à-dire, vents que Dieu fait souffler,
2000
67. Bénissez le Seigneur, froid
et chaleur brülante; louez, et
exallez-le souverainement dans
les siecles.
68. bénissez le Seigneur, rosée
et frimas ; louez, etexaltez-le sou-
verainement dans les siecles.
69. Dénissez le Seigneur, gelée
et froid; louez, et exaltez-le sou-
verainement dans les siècles.
10. 8618862 10 Seigneur, glaces
et neiges; louez, et exaltez-le sou-
verainement dans les siecles.
14. Bénissez le Seigneur, nuits
et jours; 101102, et exaltez-le sou-
verainement dans les siècles.
12. Bénissez le Seigneur, lu-
miere et ténèbres; louez, et exal-
tez-le souverainement dans les
siecles.
19. Bénissez le Seigneur, éclairs
et nuées; louez, et exaltez-le sou-
verainement dans les siècles.
74. Que la terre bénisse le Sei-
gneur, qu'elle le loue et l'exalte
souverainement dans les siecles.
15. Bénissez le Seigneur, mon-
tagnes et collines ; 101162, et exal-
tez-le souverainement dans les
siecles.
16. Bénissez le Seigneur, vous
loutes, plantes qui germez dans
la terre; louez, et exaltez-le sou-
verainement dans les siecles.
Bénissez 16 Seigneur, fontai- .דד
nes; 101102, et exaltez-le souverai-
nement dans les siecles.
18. Bénissez le Seigneur, mers
et fleuves; louez, et exaltez-le
souverainement dans les siècles.
19. Bénissezle Seigneur, grands
DANIEL.
(eu. ur.)
poissons, et vous toutes, bétes qui
vousmouvez dansleseaux ;louez,
eLexaltez-lesouverainement dans
les siecles.
80. Bénissez le Seigneur, vous
tous, oiseaux du ciel; louez, et
exallez-le souverainemeni dans
les siecles.
81. Dénissez le Seigneur, vous
toutes, bétes sauvages, et trou-
peaux ; louez, et exaltez-le souve-
rainement dans les siecles.
82. Dénissez le Seigneur, fils
des hommes; louez, et exaltez-le
souverainement dans les siècles.
83. Qu'Israél bénisse le Sei-
gneur; qu'il le loue et l'exalte
souverainement dans les siecles.
84. DénissezleSeigneur,prótres
du Seigneur; louez, et exaltez-
le souverainement dans les siè-
cles.
88. Bénissez le Seigneur, servi-
Leurs du Seigneur; louez, et exal-
tez-le souverainement dans les
siècles.
86. 2611886210 Seigneur, esprits
et âmes des justes ; louez, et exal-
tez-le souverainement dans les
siècles.
87. Bénissez le Seigneur, vous,
saints et humbles de cœur; louez,
etexaltez-le souverainement dans
les siècles.
88. Bénissez le Seigneur, Ana-
nias, Azarias, Misaél; louez, et
exaltez-le souverainement dans
les siecles.
Parce qu'il nous ἃ arrachés à
l'enfer, et qu'il nous a sauvés de
la main de la mort; et qu'il nous
61. " Chaleur brûlante. Ce mot, joint ici au froid, doit signifier l'espèce de brülure
que produit un froid trop vif sur les étres animés.
82. Fils des hommes. Voy. sur le sens de cette expression, r, 38.
96. Esprils, etc.; les âmes des saints séparées de leurs corps.
[crr. ππ.]
ἃ délivrés du milieu dela flamme
ardente, et qu'il nousa retirés du
milieu du feu.
89. Louez le Seigneur, parce
quilest bon, parce que pour ja-
mais est sa miséricorde.
90. Bénissezle Seigneur,le Dieu
des dieux, vous tous, hommes
religieux; louez et célébrez-le,
parce que dans tous les siècles
est sa miséricorde.
Ce qui précéde jusqu'ici ne se trouve
pàs dans l'hébreu; et ce que nous avons
mis a été traduit de l'édition de Théo-
aotion.
91. Alors le roi Nabuchodono-
sor fut frappé de stupeur, et il se
leva promptement, et il dit aux
grands de sa cour: Est-ce que
nous n'avons pas jeté trois
hommes au milieu du feu en-
chainés? Ceux-ci, répondant au
roi, dirent : Il est vrai, ὃ roi.
92. I répondit et dit : Voici que
moi, je vois quatre hommes dé-
liés et marchantau milieu du feu;
il n'y arien en eux de corrompu,
et le quatrieme est semblable à
un fils de Dieu.
93. Alors Nabuchodonosor s'ap-
procha de la fournaise du feu ar-
dent, et dit : Sidrach, Misach, et
Abdénago, serviteurs du Dieu
tres haut, sortez et venez. Et aus-
sitôt Sidrach, Misach, et Abdé-
nago sortirent du milieu du feu.
DANIEL.
2001
94. Et les satrapes, et les ma-
gistrats, et les juges, et les
puissants aupres du roi, assem-
blés, contemplaient ces hommes,
parce que le feu n'avait eu aucun
pouvoir sur leur corps, et que pas
un cheveu de leur téte n'avait été
brülé, et que leurs vétements
n'avaient recu aucune atteinte, et
que l'odeur du feu n'était pas ve-
nue jusqu'à eux.
95. Et rompant le silence, Na-
buchodonosor dit : Béni leur
Dieu, c'est-à-dire Ze Dieu de Si-
drach, de Misach et d'Abdénago,
lequel a envoyé son ange et dé-
livré ses serviteurs, qui ont cru
en lui, qui ont enfreint la parole
du roi, et ont livré leur corps
pour ne servir et n'adorer aucun
dieu, excepté leur Dieu.
96. Voici donc le décret qui par
moi a élé porté, c'est que tout
peuple, tribu et langue quel-
conque, qui aura proféré un blas-
pheme contre le Dieu de Sidrach,
de Misach et d'Abdénago, périsse,
et que sa maison soit dévastée;
car il n'est pas un autre dieu qui
puisse ainsi sauver.
97. Alors le roi éleva en dignité
Sidrach, Misach et Abdénago,
dans la province de Babylone.
98. NABUCHODONOSOR, roi, à tous
les peuples, nations et langues
qui habitent dans toute la terre :
90. Ce qui précède, etc.; remarque de saint Jérôme. Voy. vers. 23.
99. * A un fils de Dieu; à un ange.
94. Vétements; littér. sarabala, pantalons fort larges, comme les portent les Orien-
taux.
96. Et langue quelconque. Voy. ut, 4.
98. * 40 Les ch. ,זוז 98-1v, renferment une lettre de Nabuchodonosor, dans laquelle
ce roi raconte comment Daniel lui expliqua un songe destiné à lui annoncer qu'il
vivrait sept ans comme une bête, atteint de cette espèce de folie qu'on appelle lycan-
thropie et qui consiste à croire que l'on a été changé en bête. Tout ce qu'avait dit le
Prophéte s'était réalisé. La forme épistolaire est abandonnée, 1v, 25-30, et reprise
31-34.
À Le 139.
2002
que la paix 86 multiplie pour
vous.
99. Le Dieu trés haut a fait chez
moi des prodiges et des mer-
veilles. Il m'a donc plu de. pu-
blier
100. Ses prodiges, parce qu'ils
sont grands, et ses merveilles,
parce qu'elles sont puissantes; et
son royaume est un royaume
éternel, etsa puissance sera pour
toutes les générations.
CHAPITRE IV.
Suite de la lettre de Nabuchodonosor,
commencée, III, 98. Son songe : arbre
abattu. Daniel lui explique ce songe.
Ce songe s'accomplit. Nabuchodonosor
est réduit pendant sept ans au rang
des bétes. ll reconnait la main de Dieu
et est rétabli dans son royaume.
1. Moi, Nabuchodonosor, j'étais
tranquille dans ma maison, et
florissant dans mon palais;
2. J'ai vu un songe qui m'a fort
épouvanté; et mes pensées dans
mon lit, et les visions de ma téte
m'ont troublé.
3. Et par moi fut publié le dé-
cret que fussent introduits en ma
présence tous les sages de Baby-
lone, afin qu'ils me donnassent
l'explication de mon songe.
4. Alors entrèrent les devins,
les mages, les Chaldéens et les
augures, et je racontai le songe
CnaP. 111. 100. Infra, 1v, 31; vir, 14.
DANIEL.
[cn. iv.]
en leur présence, et ils ne m'en
donnèrent point l'explication; ..
9. Jusqu'à ce que fut introduit
en ma présence, leur, collègue
Daniel, dont 16 nom est aussi Bal-
tassar, selon le nom de mon dieu,
et qui a en lui l'esprit des dieux
saints; et je dis le songe devant
lui.
6. Baltassar, prince des devins,
parce que moi je sais que tu as
en toi l'esprit des dieux saints, et
que nul secret n'est impénétrable
pour toi, dis la vision de mes
songes, et leur explication.
7. Vision de ma téte dans mon
lit : Je voyais, et voilà un arbre
au milieu de la terre, et sa hau-
teur était excessive.
8. Get arbre était grand et fort;
et sa hauteuratteignait le ciel; sa
vue s'étendait jusqu'aux extré-
mités de toute la terre.
9. Ses feuilles étaient très
belles, et son fruit en tres grande
quantité, et en lui était la nour-
riture de tous; les animaux et
les bêtes sauvages y habitaient
dessous, et sur ses rameaux de-
meuraient les oiseaux du ciel;
et de lui se nourrissait toute
chair.
10. Je voyais dans la vision de
ma tête sur mon lit; et voilà qu'un
veillant et un saint descendit du
ciel.
100. Toutes les générations; littér,, génération et génération. Dans le style biblique,
comme on l’a déjà vu, la répétition d'un méme substantif indique souvent l'univer-
salité.
2-1, Les visions de ma ἰδία. a Nogu 1, 28,
2 Les Chaldéens: ΝΟΥ. w, 2.
9. Toute chair; expression qui se prend or | dinairement dans la Bible, ou pour tous
les bommes, ou pour tout ce qui a vie en général.
10. Un. veillant el un saint. Chez les Babyloniens, ainsi: que chez plusieurs autres
peuples de l'autiquité,
-
les anges étaient cousidérés comme une compagnie d'esprits
ea. 1v.]
11. Il cria fortement, et dit
ainsi : Coupez l'arbre par le pied
et retranchez ses branches ; faites
tomber ses feuilles et jetez cà et
là ses fruits; qu'ils s'enfuient, les
animaux qui habitent sous son
ombre, et que les oiseaux s'en-
volent de ses branches.
19. Cependant laissez dans la
terre le germe de ses racines, et
qu il soit attaché avec un lien de
fer et d'airain parmi les herbes
qui sont en plein air; et que par
la rosée du ciel il soit humecté,
et qu'avec les bétes féroces soit
son partage dans lherbe de la
terre.
13. Que son cœur d'homme
soit échangé, et qu'un cœur de
bête féroce lui soit donné ; et que
sept temps soient renouvelés sur
lui.
14. Cela a été décrété par la
sentence des veillants; c'est la
parole et la demande des saints,
jusqu'à ce queles vivants sachent
que le Tres-Haut domine sur le
royaume des hommes, et qu'il le
donnera à quiconque il voudra, et
2003
qu'il y établira l'homme le plus
humble.
15. J'ai vu ce songe, moi, Nabu-
chodonosor, roi ; toi donc, Baltas-
sar, donnes-e2 promptement l'in-
terprétation, parce que tous les
sages de mon royaume ne peu-
vent m'ez dire la signification;
mais toi, tu /e peux, parce que
l'espritdes dieux saints est en toi. '
16. Alors Daniel, dont le nom
est Baltassar, commenca sans
rien dire à penser en lui-même
environ une heure; et ses pen-
sés le troublaient. Mais, prenant
la parole, le roi dit : Baltassar,
que le songe etson interprétation
ne te troublent point. Baltassar
répondit, et dit : Mon Seigneur,
que le songe soit pour ceux qui
vous haissent, et l'interprétation
pour vos ennemis.
Ai. L'arbre que vous avez vu
élevé et fort, dont la hauteur tou-
chait au ciel, et dont la vue s'é£en-
dait sur toute la terre;
18. Et ses branches étaient très
belles, et son fruit en très grande
quantité, et en lui était la nourri-
veillant autour du trône céleste, et servant de messagers divins. On voit par le
vers. 14 que les veillants jugeaient et décidaient du sort des hommes.
12. Laissez, etc. Il y a ici, comme dans bien d'autres songes racontés dans l'Ecri-
ture, destraits dont les uns se rapportent à la figure et les autres à la chose figurée.
13. Sept; selon quelques-uns signifie simplement p/usieurs, la Bible fournissant un
certain nombre d'exemples qui autorisent cette interprétation. — Temps ; c'est-à-dire
années, suivant l'opinion la plus commune. — Sur lui. Le pronom masculin eum, ne
peut se rapporter ni à germe, ni à arbre, dont le premier est en latin du genre
neutre et le second du féminin; il représente nécessairement le nom roi ou Nabu-
chodonosor. Voy. la note précédente.
14. Il y élablira; c'est-à-dire, sur le royaume, suivant le texte chaldéen et la ver-
sion grecque ; mais dans la Vulgate, le pronom masculin eum ne pouvant se rapporter
qu'au relatif à quiconque (cuicumque), le sens est que 16 Très-Haut, quand il le vou-
dra, établira l'homme le plus humble au-dessus de celui à qui il lui avait plu de
donner auparavant le royaume. Cependant nous devons ajouter que dans le passage
parallèle (v, 21), la méme Vulgate lit le neutre i//ud, lequel se rapporte évidemment
au mot royaume.
16. Prenant la parole; littér., répondant (respondens). En chaldéen aussi bien qu'en
hébreu, le verbe qu'on traduit généralement par répondre signitie aussi et plus pri-
mitivement élever la voix, prendre la vurole.
2094
ture de tous; les bêtes de la cam-
pagne habitaient dessous, et sur
ses branches demeuraient les oi-
seaux du ciel;
19. C'est vous, ὁ roi, qui êtes
devenu grand et puissant; et vo-
tre grandeur s'est acerue, et elle
est parvenue jusqu'au ciel, et
votre puissance s est étendue jus-
qu'aux extrémités de toute la
terre.
20. Quant à ce que le roi a vu,
un veillant et un saint descendre
du ciel et dire : Coupez l'arbre
par le pied et dispersez-le; ce-
pendant laissez le germe de ses
racines dans la terre, et qu'il soit
lié avec du fer et de l'airain par-
mi les herbes en plein air, et que
de la rosée du ciel il soit arrosé,
et qu'avec les bétes féroces soit
sa nourriture, jusqu'à ce que sept
temps se soient renouvelés sur
lui :
21. Voici l'interprétation de la
sentence du Tres-Haut, qui atteint
mon seigneur le roi.
99. On vous chassera loin des
hommes, et avec les animaux et
les bétes féroces sera votre de-
DANIEL.
[cu. 1v.]
meure, et vous mangerez du foin
comme le bœuf, et de la rosée du
ciel vous sereztrempé ; septtemps
aussi se renouvelleront sur vous,
jusqu'à ce que vous sachiez que
le Très-Haut domine surle royau-
me des hommes, et qu'il le donne
à quiconque il veut.
29. Quant à ce qu'il a ordonné
que le germe de ses racines, c'est-
à-dire des racines de l'arbre, soit
laissé; votre royaume vous res-
lera, aprés que vous aurez re-
connu que la puissance vient du
ciel.
24. À cause de cela, ὃ roi, que
mon conseil vous soitagréable, et
rachetez vos péchés parl'aumóne,
et vos iniquités parla miséricorde
enversles pauvres; peut-être qu'il
vous pardonnera vos offenses.
25. Toutes ces chosesarriverent
au roi Nabuchodonosor.
96. Apres la fin de douze mois,
il se promenait dans le palais de
Babylone.
27. Et le roi pritla parole, et
dit : N'est-ce pas là celte grande
Babylone que moi j'ai bâlie com-
me le siege de mon royaume,
Cab. IV. 22. Infra, v, 21. — 24. Eccli., πὶ, 33.
90. Sept temps, sur lui. Voy. vers. 13.
25. Parmi les opinions différentes sur la métamorphose de Nabuchodonosor, la
plus suivie et la plus probable est que ce prince, par un effet de la puissance de
Dieu, tomba dans la manie, et dans la /ycantAhropie, maladie dans laquelle un homme
s'imagine qu'il est devenu loup, bœuf, chien ou chat, et prend toutes les inclinations,
les manières et les sentiments de ces animaux.
26. * Dans le palais; sur la terrasse qui formait le toit du palais, d'où la vue domi-
nait toute la ville.
21. Prit la parole (respondit. Voy. le vers. 16). — Que moi j'ai bâtie. 161, comme en
plusieurs autres passages, bdtir signifie rebdtir, faire des agrandissements, des em-
bellissements. Babylone bâtie par Nemrod (Genèse, x, 10), tut augmentée et embellie
considérablement par Sémiramis; mais Nabuchodonosor en fit là plus grande et la
plus belle ville de l'Orient. — * N'est-ce pas là celte grande Babylone que moi j'ai
bälie? On pert dire que presque toutes les inscriptions de Nabuchodonosor qui ont
été retrouvées depuis quelques années confirment l'exactitude de ces paroles, car
elles sont presque exclusivement consacrées à décrire les édifices bâtis ou restaurés
par ce monarque dans sa capitale.
[cu. v.]
dans la force de ma puissance et
dans ma brillante gloire?
28. Etlorsque ces paroles étaient
encore en la bouche du roi, une
voix partit du ciel : Il t'est dit, ὃ
Nabuchodonosor, roi : Ton em-
pire passera loin de toi,
29. Et d'entre les hommes on te
chassera, et avec les animaux et
les bétes féroces sera ta demeure:
tu mangeras du foin comme le
bœuf, et sept temps se renouvel-
leront sur toi, jusqu'à ce que tu
saches que le Très-Haut domine
sur le royaume des hommes, et
qu'ille donne à quiconque il veut.
30. A la méme heure cette pa-
role fut accomplie sur Nabucho-
donosor, et d'entre les hommes
il fut chassé, et il mangea du foin
comme le bœuf, et de la rosée du
ciel son corps fut couvert; jusqu'à
ce que ses cheveux s'accrurent
comme les plumes d'un aigle, et
ses ongles comme les griffes des
oiseaux.
31. Après donc la fin des jours,
mol, Nabuchodonosor, j'ai levé
les yeux vers le ciel, et le sens
m'a été rendu; et j'ai béni le
Tres-Haut, et j'ai loué et glorifié
celui qui vit éternellement, parce
que sa puissance est une puis-
sance éternelle, et son royaume
31. Supra, 111, 100; Infra, vii, 14.
DANIEL.
2005
sera pour toutes les générations.
32. Et tous les habitants de la
terre sont réputés devant lui com-
me un néant; il fait selon sa vo-
lonté, tant parmi les armées du
ciel que parmi les habitants de la
terre ; il n'est personne qui résiste
à sa main, et quilui dise : Pour-
quoi avez-vous fait ainsi?
33. En ce méme temps le sens
me revint, et je rentrai dans les
honneurs etl'éclat de mon royau-
me, ma premiere forme me fut
rendue, et mes grands et mes
magistrats me rechercherent, et
je fus rétabli dans mon royaume,
et une plus grande magnificence
me fut donnée par surcroit.
34. Maintenant donc, moi, Na-
buchodonosor, je loue et je ma-
gnifie et je glorifie le roi du ciel,
parce que toutes ses œuvres sont
vraies, et ses voles de vrais ju-
gements, et quil peut humilier
ceux qui marchent dans l'or-
gueil.
CHAPITRE V.
Festin du roi Baltassar. Apparition d'une
main qui écrit sur la muraille. Les
sages de. Babylone ne peuvent lire ni
expliquer cette écriture. Daniel la lit
etl'explique. Mort de Baltassar. Darius
le Méde lui succède.
1. Le roi Baltassar fit un grand
——————————
80. " Description des effets de la maladie de Nabuchodonosor, qui consistent en
particulier à le rendre hirsute et à faire recourber ses ongles, comme cela arrive
quand ils ne sont pas taillés. Il se nourrit d'herbes comme le font les bœufs, parce
qu'il croit être devenu bœuf lui-même.
31. Des jours; que Dieu avait déterminés pour le châtiment du roi. — Toutes les
générations. Voy. ,דד
32. Les armées du ciel. Voy. xm, 61.
34. Pour suivre l'ordre des temps, il faut passer de ce vers. aux chap. vu et vir.
Les chap. v et vi qui ont rapport à la fin du règne de Baltassar, et au commence-
ment du règne de Darius le Méde, ont été déplacés.
1. * Baltassar, selon l'opinion la plus probable, est le fils du dernier roi de Baby-
lone, Nabonide; du moins Nabonide, dans ses inscriptions, nous apprend qu'il avait
2008
festin à mille de ses grands, et
chacun buvait selon son âge.
2. Il ordonna donc, étant déjà
ivre, qu'on apportàtles vases d'or
et d'argent que Nabuchodonosor
son pere avait emportés du tem-
ple qui fut àJérusalem, afin que le
roi, et ses grands, et ses épouses,
et ses concubines y bussent.
3. Alors furent apportés les
vases d'or et d'argent, qu'il avait
transportés du temple qui avait
été à Jérusalem; et le roi, et ses
grands, et ses épouses et ses con-
cubines y burent.
4. Ilsbuvaient du vin,etlouaient
leurs dieux d'or, et d'argent, et
d'airain, et de fer, et de bois, et de
pierre.
5. Ala méme heure apparurent
des doigts, comme d'une main
d'homme éocrivant vis-à-vis du can-
délabre, sur la surface de la mu-
raille du palais du roi, et le roi re-
gardait les doigts de la main qui
écrivait.
6. Alors le visage du roi chan-
gea, etses pensées le troublaient;
elles jointures de ses reins se bri-
58101, etsesgenoux se heurtaient
l'un contre l'autre.
DANIEL.
[cu. v.]
7. C'est pourquoi le roi s'écria
d'une voix forte qu'onintroduisit
les mages, les Chaldéens et les
augures. Et élevant la voix, le roi
ditaux sages de Babylone : Qui-
conque lira cette écriture et m'en
donnera une interprétation ma-
nifeste sera revétu de pourpre,
et aura un collier d'or au cou,
et sera le troisième dans mon
royaume.
8. Alors tous les sages du roi
entrerent, et ils ne purent lire l'é-
criture, ni en donner l'interpréta-
tion au roi.
9. D'où le roi Baltassar fut ex-
trémement troublé, et son visage
changea, mais ses grands aussi
étaient troublés.
10. Or la reine, à cause de ce
qui était arrivé au rol et à ses
grands, entra dans là maison du
festin, et, élevant la voix, elle
dit : Roi, vivez à jamais, que
vos pensées ne vous troublent
pas, et que votre visage ne change
point.
11. Il est un homme dans votre
royaume qui a en lui-méme l'es-
prit des dieux saints; et durant
les jours de votre père, la science
—— —— — M M — M ———————
un fils appelé Baltassar. Ce dernier n'était pas roi, mais il en exercait le pouvoir,
parce que son pére parait l'avoir associé au gouvernement et l'avoir chargé de la
défense de Babylone, d’où il était absent, quand Cyrus s'en empara.
2. * Nabuchodonosor son père. Baltassar est regardé comme le fils de Nabuchodo-
nosor, soit qu'il descendit de lui par les femmes, soit qu'il fut simplement considéré
comme son successeur dans le gouvernement.
6. Les jointures de ses reins; c'est-à-dire de ses lombes; car les reins proprement
dits n'ont ni jointures ni articulations.
1, 11. Chaldéens. ΝΟΥ. τι, +.
1. * Sera le troisième dans mon royaume. Baltassar ne peut donner à l'interprète
de l'écriture mystérieuse que le troisième rang dans le royaume, parce qu'il n'occupe
lui-méme que le second, étant. simplement associó au tróne. — Le texte original
porte dans le royaume, et non dans mon royaume, parce que ce n'était pas le royaume
de Baltassar, mais celui de son père.
8. I/s ne purent lire, etc. Voy. vers. 25.
9. Extrémement; c'est le vrai sens du latin satis expliqué par le chaldéen.
11. De votre pére; c'est-à-dire de votre grand-pére (vers. 1).
[cn. v.]
et la sagesse furent trouvées en
lui; car méme Nabuchodonosor
votre pere l'établit prince des
mages, des enchanteurs, des Chal-
déens et des augures; votre père,
dis-je, Ô roi;
12. Parce qu'un esprit plus éten-
du, et la prudence, et l'intelli-
gence, etl'interprétation des son-
ges, et la manifestation des se-
£rets, et le dénoüment des choses
liées furent trouvés en lui, c'est-
à-direen Daniel, à qui le roi donna
le nom de Baltassar. Maintenant
done que Daniel soit appelé, et il
donnera l'interprétation.
13. Ainsi Daniel futintroduit de-
vant 16 roi. Le roi, s'étant adressé
d'abord à lui, dit : Es-tu Daniel, un
des fils dela captivité deJuda, que
le roi mon père a amenés de
Judée? |
14. J'ai oui dire de toi que tu as
l'esprit des dieux,et qu'une scien-
ce, et une intelligence, et une sa-
gesse plus étendues ont été trou-
vées en toi.
15. Et maintenant ont été intro-
duits en ma présence les mages
remplis de sagesse, afin de lire
celle écriture, et de m'en donner
l'interprétation; et ils n'ont pu
direle sens de ces paroles.
16. Mais moi j'ai oui dire de
toi que tu peux inlerpréter les
choses obscures, et délier les
choses liées; si donc tu peux lire
cette écriture et m'en donnerl'in-
terprétation, tu seras vêtu de
pourpre, tu auras un collier d'or
autour de ton cou, et tu seras
(ΠΑΡ. V. 21. Supra, 1v, 22.
DANIEL.
2007
le troisième prince dans mon
royaume.
17. À quoi répondant Daniel, il
dit devant le roi : Que vos présents
soient pour vous, et donnez les
dons de votre maison à un autre;
mais je vous lirai l'écriture, ὃ roi,
et je vous montrerai son inter-
prétation.
18. O roi, le Dieu Tres-Haut
donna le royaume et la magnifi-
cence, la gloire et l'honneur, à
Nabuchodonosor votre père.
19. Et à cause de la magnifi-
cence qu'il lui avait donnée, tous
les peuples, les tribus, les langues
tremblaient et le craignaient; et
il tuait ceux qu'il voulait, et il
frappait ceux qu'il voulait, et
il exaltait ceux quil voulait, et
il humiliait ceux qu'il voulait.
20. Mais, quand son cœur se fut
élevé, et que son esprit se fut af-
fermi dans l’orgueil, il fut déposé
du tróne, et sa gloire lui fut ótée.
21. Et il fut chassé loin des fils
des hommes; mais méme son
cœur fut mis avec les bêtes, et
avecles onagresétaitsa demeure ;
il mangeait aussi du foin comme
le bœuf, et de la rosée du ciel son
corps fut couvert, jusqu'àce qu'il
reconnüt que le Très-Haut a pou-
voir surleroyaume des hommes,
et qu'il y élève celui qu'il veut.
22. Vous aussi, son fils Baltas-
sar, vous n'avez pas humilié vo-
ire cœur, lorsque vous saviez
toutes ces choses;
23. Mais contre le dominateur
du ciel vous vous êtes élevé; et
21. Fils des hommes; expression poétique, pour hommes. — * Avec les onagres
dans Jes lieux sauvages. Sur les onagres, voir Job, xxxix, 5.
23. Votre souffle vital; votre vie, votre âme.
2008
les vases de sa maison ont été ap-
portés devant vous; et vous, et
vos grands, et vos épouses, et vos
concubines, y avez bu du vin; et
vous avezloué les dieux d'argent,
et d'or, et d'airain, et de fer, et
de bois, et de pierre, quine voient
point, qui n'entendent point, qui
ne sentent point; mais le Dieu
qui a en sa main votre souffle et
toutes vos voies, vous ne l'avez
pas glorifié.
24. C'est pour cela qu'a été en-
voyé par lui le doigt de la main
qui ἃ écrit ce qui est tracé.
95. Or voici l'écriture qui a été
tracée : Mané, Tu£ckr, .גו
26. Et voici l'interprétation de
ces paroles: Mané : Dieu acompté
les jours de votre regne, etil y a
mis fin.
27. Tuécez : Vous avez été pesé
dans la balance, et vous avez été
trouvé ayant trop peu de poids.
98. PuanEs : Votre royaume à
été divisé, et ila été donné aux
Mèdes et aux Perses.
99. Alors, le roi ordonnant, Da-
niel fut vétu de pourpre, et un
collier d'or fut mis autour de son
cou, et on publia à son sujet qu'il
serait le troisième ayant la puis-
sance dans son royaume.
DANIEL.
[cB. vi.
30. Dans la même nuit, fut tué
Baltassar, roi de Chaldée.
31. Et Darius 16 Mède /wi suc-
céda au royaume, étant âgé de
soixante-deux ans.
CHAPITRE VI.
Daniel élevé en honneur par Darius le
Mède. Jalousie des satrapes contre lui.
Ordonnance qu'ils obtiennent contre
lui du roi. Accusation qu'ils forment
contre Daniel. Daniel est jeté dans la
fosse aux lions, il en sort sans étre
blessé. Edit de Darius en faveur de la
religion des Juifs.
1. Il plut à Darius d'établir sur
le royaume cent vingt satrapes;
afin qu'il y en eüt dans tout son
royaume;
2. Ktau-dessus d'eux, trois prin-
ces, dont un était Daniel; afin
que les satrapes leur rendissent
compte, et que le roi n'eütaucune
peine.
3. Ainsi Daniel était au-dessus
de tous les princes et satrapes,
parce que l'esprit de Dieu était
plus abondant en lui.
4. Or le roi pensait à l'établir
sur toutle royaume; d'oüles prin-
ces et les satrapes cherchaient à
trouver un moyen d'accusation
contre Daniel du côté du roi; et
ils ne purent découvrir aucune
ee
25. Mané, etc. Les sages du roi n'ont pu lire ces mots (vers. 8), soit parce qu'ils
pouvaient étre en un caractére inconnu dans le pays, tel que l'hébreu ancien, le phé-
nicien, le samaritain, soit parce qu'étant dépourvus de voyelles, isolés et sans suite, la
lecture et par là même l'interprétation en devenaient tout naturellement impossibles ;
soit enfin parce qu'ils étaient simplement exprimés par leurs lettres initiales; hypo-
thése qui n'a rien d'invraisemblable, et qui exprimerait parfaitement l'embarras des
sages du roi.
31. Darius le Méde; selon bieu des savants, le méme que les historiens grecs ap-
pellent Cyazare 11, fils d'Astyage; mais ni l'histoire ni la critique ne fournissent des
preuves suffisantes de cette identité.
1. Cent vingt satrapes. Du temps d'Esther, où le royaume de Perse avait pris de
plus grands accroissements par les conquêtes postérieures, on comptait cent vingt-
sept satrapies (Esther, 1, 1; vui, 9).
4. * Du cólé du roi; dans les affaires qu'il faisait pour le roi,
[cu. vi.]
cause de suspicion, parce qu'il
6181) fidèle, et qu'aucune faute et
aucun soupcon ne se trouvaient
en lui.
ὃ. Ces hommes dirent donc :
Nous ne trouverons contre ce Da-
niel aucun moyen d'accusation,
si ce n'est dans la 101 de son Dieu.
6. Alors les princes et les sa-
trapes surprirent le roi, et lui
parlerent ainsi : Darius, roi, vivez
à jamais.
7. Tous les princes de votre
royaume, les magistrats et les
satrapes, les sénateurs et les
juges, sont d'avis qu'un décret
impérial paraisse, et un édit : Que
quiconque fera quelque demande
à quelque dieu ou à quelque hom-
me que ce soit d'ici à trente jours,
sinon à vous, Ô roi, qu'il soit jeté
dans la fosse aux lions.
8. Maintenant donc, ὃ roi, con-
firmez cet avis, et écrivez le dé-
cret, afin que ce qui a été statué
par les Mèdes et par les Perses
ne soit pas changé, et qu'il ne soit
permis à personne de /e trans-
gresser.
9. Or le roi Darius proposa l'é-
dit, et le publia.
10. Lorsque Daniel eut appris
cela, c'est-à-dire la loi portée, il
entra dans sa maison ; et, les fe-
nétres ouvertes, il fléchissait les
genoux dans sa chambre haute
DANIEL.
2009
trois fois le jour, tourné vers Jé-
rusalem, et il adorait, et rendait
grâce devant son Dieu, comme il
avait accoutumé de faire aupara-
vant.
11. Ces hommes donc, épiant
très soigneusement, trouvèrent
Daniel priant et suppliant son
Dieu.
12. Et, venant auprès du roi, ils
lui dirent touchant l'édit : O roi,
est-ce que vous n'avez pas décidé
que tout homme qui jusqu'apres
trente jours prierait quelqu'un
des dieux ou des hommes, sinon
vous, ὃ roi, serait jeté dans la
fosseaux lions? Le roi, leurrépon-
dant, dit: Gette parole est véri-
table, selon le décret des Mèdes
et des Perses, qu'il n'est pas per-
mis de transgresser.
13. Alors, répondant, ils dirent
au roi : Daniel, un des enfants de
la captivité de Juda, n'a tenu au-
cun compte de votreloi et del'édit
que vous avez porté; mais trois
fois par jour il fait sa priere ac-
coutumée.
14. Lorsque le roi eut entendu
cette parole, il fut extrémement
contristé, et il appliqua son cœur
à délivrer Daniel, et jusqu'au cou-
cher du soleil il travaillait à le
sauver.
15. Mais ces hommes, compre-
nant le roi, lui dirent : Sachez, ὃ
1. * Dans la fosse aux lions. C'était, avec la fournaise, un des supplices les plus
usités en Chaldée.
8. Afin que ce qui a été statué, etc. Chez les Perses une loi ou une ordonnance ou
un édit fait avec les formalités ordinaires ne pouvait plus étre révoqué méme par
le roi (Esther, 1, 19; vu, 8).
10. Dans sa chambre haute (in canaculo). Compar. Tobie, ux, 10; Actes, τ, 13. —
Tourné, ete. Les Juifs, hors de Jérusalem, tournaient leur visage, pendant la prière,
du côté de cette ville (III Rois, viu, 4%). — Trois fois le jour. Voy. Ps. iiv, 18:
Actes, m, 1.
19. Qu'il west pas permis, etc. Voy. le vers. 8.
14. Extrémement (salis). Voy. v, 9.
2010
roi, que c’est une 101 des Mèdes et
des Perses, que tout décret que le
roi a porté ne peut être changé.
16. Alors le roi ordonna: et ils
amenerent Daniel, et le jeterent
dans la fosse aux lions. Et le roi
dit à Daniel : Ton Dieu, que tu
adores toujours, c'est lui qui te
délivrera.
11. Et l'on apporta une pierre,
et elle fut placée sur l'ouverture
de la fosse, que le roi scella de
son anneau et de l'anneau de ses
grands, afin qu'il ne fût rien fait
contre Daniel.
18: Et le roi s'en alla à sa mai-
son, et il se coucha sans avoir
soupé; et l'on n'apporta pas de
nourriture devant lui; de plus,
le sommeil méme s'éloigna de
lui.
19. Aprés cela, le roi, s'étant
levé au point du jour, alla en se
hátant à la fosse aux lions;
20. Et, s'étant approché de la
fosse, il appela Daniel d'une voix
mêlée de larmes, et lui parla
ainsi : Daniel, serviteur du Dieu
vivant, ton Dieu que tu sers tou-
jours a-t-il pu te délivrer des
lions?
21. Et Daniel, répondant au roi,
dit : O roi, vivez à jamais;
22. Mon Dieu a envoyé son
ange, et a fermé les gueules des
lions, et ils ne m'ont pas fait de
mal, parce que devant lui la jus-
tice a été trouvée en moi; mais
méme devant vous, ὃ roi, je n'ai
pas fait de faute.
DANIEL.
[cu. vi.]
25. Alors le roi se réjouit beau-
coup à cause de lui, etil ordonna |
que Daniel füt tiré de la fosse;
et Daniel fut tiré de la fosse, et
on ne trouva aucune blessure en
lui, parce qu'il avait cru en son
Dieu.
24. Or, le roi ayant commandé,
les hommes qui avaient accusé
Daniel furent amenés, et jetés
dans la fosse aux lions, eux, leurs
fils et leurs femmes; et ‘ils
n'étaient pas parvenus jusqu'au
pavé de la fosse, que les lions les
saisirent et brisèrent tous leurs
05.
25. Alors Darius le roi écrivit
à tous les peuples, aux tribus, et
aux langues, habitant dans toute
la terre : Que la paix se multiplie
pour vous.
90. Par moi est établi le décret,
que dans tout mon empire et
mon royaume, on tremble et on
craigne le Dieu de Daniel, car
c'est lui qui est le Dieu vivant et
éternel dans les siecles; et son
royaume ne sera pas détruit, et
sa puissance subsistera éternelle-
ment.
27. C'est lui qui est le libéra-
teur el le sauveur, faisant des
prodiges et des merveilles dans
le ciel et sur la terre; lui qui a
délivré Daniel de la fosse aux
lions.
98. Or Daniel continua d'étre en
dignité jusqu'au règne de Darius,
et au règne de Cyrus, roi de
Perse.
Cap. VI. 22. Machab., 11, 60 — 28. Supra, r, 21.
25. Et aux langues. Voy. nit, 4.
28. Pour suivre l'ordre des temps, il faut passer de ce verset au chap. 1x, 168
chap. vi et vur se rapportant, comme nous l'avons dit plus haut (1v, 34), aux temps
qui ont précédé les faits marqués aux chap. v et vi.
‘ci. vir.]
CHAPITRE VII *.
Vision de quatre bétes qui représentent
quatre empires. Caractères particuliers
de la quatriéme béte. Puissance enne-
mie des saints. Jugement du Seigneur.
Régne du Fils de l'homme, régne des
saints.
|. En là premiere année de
Baltassar, roi de Babylone, Da-
niel vit un songe; mais cette vi-
sion de sa tête, 7/ eut dans son
lit; et écrivant le songe, il le re-
cueillit en peu de paroles, et le
rapportant sommairement, il dit :
^ 9. Je voyais dans ma vision,
durant la nuit, et voici que les
quatre vents du ciel combattaient
sur la grande mer.
3. Et quatre grandes bétes
montaient de la mer, différentes
entre elles.
DANIEL.
2011
4. La première était comme une
lionne, et elle avait des ailes
d'aigle; je la regardais jusqu'à ce
que ses ailes furent arrachées et
qu'elle fut élevée de terre; et elle
se tint sur ses pieds comme un
homme; et un cœur d'homme lui
fut donné.
5. Et voici qu'une autre béte
semblable à un ours, se tint à
côté; etil y avait trois rangs dans
sa gueule 6! dans ses dents, et on
lui disait ainsi : Lève-toi, mange
beaucoup de chairs.
6. Après cela je regardais, et
voici une autre béte comme un
léopard, et elle avait quatre
ailes d'oiseau au-dessus d'elle; et
cette béte avait quatre tétes, et
la puissance lui fut donnée.
7. Après cela je regardais dans
cette vision de nuit, et voici une
* Les chapitres précédents contiennent la partie historique du livre de Daniel;
celui-ci et les suivants, jusqu'au xue inclusivement, sont consacrés aux prophéties.
1-98. * 1» Prophétie des quatre empires représentés par quatre animaux. — Le
chap. vit contient le récit d'un songe prophétique de Daniel. La première année du
régne de Baltassar, il vit les mémes empires dont il a été déjà question au chap. τι,
mais sous un nouveau symbole; au lieu de la statue, ce sont maintenant des ani-
maux : l'empire chaldéen est représenté par un lion ailé, tel qu'on en voit sur les
monuments indigènes; le médo-perse, par un ours avec trois rangs de dents dans la
gueule (les royaumes de Lydie, d'Egypte et de Babylone, cf. vr, 2); le gréco-macé-
donien, par un léopard qui avait quatre ailes (Antigone, Ptolémée, Lysimaque et Cas-
sandre, successeurs d'Alexandre); le romain, par une béte terrible, aux dents de fer,
et à dix cornes, entre lesquelles en pousse une onzième qui arrache trois des pré-
cédentes, L'interprétation de la quatrieme béte donne lieu à des contestations. Plu-
sieurs croient qu'elle représente l'empire grec, non le romain, parce qu'ils font du
méde et du perse deux empires successifs; à leurs yeux les dix cornes sont dix rois
de Syrie, et la onzième corne est Antiochus Epiphane. Cette explication est invrai-
semblable : elle a le tort de partager en deux l'empire médo-perse. Les dix cornes
sont dix empereurs romains; quant à la onzième, les commentateurs catholiques la
considèrent généralemeut comme l'emblème de l'Antéchrist, persécuteur de l'Eglise,
II Thess., τι.
1. Ballassar; le méme dont il est parlé v, 1 et suivants. — Vision de sa (éte.
Voy, ir, 28.
2. Les quatre vents; les troubles, les agitations que les quatre empires, dont le
Prophéte va parler, causeront dans le monde désigné par la grande mer.
3. Quatre grandes bétes; c'est-à-dire quatre grands empires (vers. 17), dont pro-
bablement le premier est l'empire des Chaldéens; le second, celui des Médes et des
Perses; le troisiéme, celui des Grecs; le quatriéme, celui des Romains.
6. Ces quatre ailes et ces quatre téles représentent probablement les quatre princes
qui, aprés la mort d'Alexandre, se partagèrent son royaume. Compar. vr, 8, 22.
2012
quatrième bête terrible et mer-
veilleuse, et extrèmement forte;
elle avait de grandes dents de
fer,mangeant,et mettant en piè-
ces, et foulant les restes avec ses
pieds; mais elle était différente
des autres bêtes que j'avais vues
avantelle;et elle avait dix cornes.
8. Je considérai ses cornes, et
voici qu'une autre petite corne
s'éleva du milieu d'elles; et trois
des premières cornes furent ar-
rachées de sa face; et voici que
des yeux comme des yeux d'un
homme étaient à cette corne, et
qu'une bouche disait de grandes
choses.
9. Je regardais jusqu'à ce que
des trônes furent placés, et un
vieillard s'assit; son vêtement
était blanc comme la neige, et
les cheveux de sa tête blancs
comme une laine pure; son tróne,
des flammes de feu; ses roues,
un feu brülant.
10. Un fleuve de feu et rapide
sortait de sa face; des milliers
de milliers d’anges le servaient,
et dix milliers de centaines de
milliers d'anges assistaient de-
DANIEL.
[cu. νι.
vant lui; le jugement se tint, et
des livres furent ouverts.
11. Je regardais à cause de la
voix desgrandes paroles que cette
corne prononcait; et je vis que la
béte fut tuée, et que son corps pé-
rit, et qu'il futlivrépourétre brülé
par lefeu;
12. Je vis aussi que la puissance
des autres bêtes leur fut ôlée,
et que les temps de vie leur fu-
rent marqués jusqu'à un temps et
un temps.
13. Je regardais donc dans la
vision de nuit, et voici comme le
fils d'un homme qui venait avec
les nuées du ciel; et il s'avanca
jusqu'au vieillard, et ils le présen-
terent devant lui.
14. Et il lui donna la puissance,
et l'honneur, et le royaume; et
tous les peuples, tribus etlangues
le serviront ; sa puissance es? une
puissanceéternelle, quine /uzsera
pas enlevée; et son royaume, «n
royaume qui ne sera pas détruit.
15. Mon esprit fut saisi d'effroi ;
moi Daniel, je fus épouvanté de
ces choses, et les visions de ma
téte me troublèrent.
Car. VII. 10, Apoc., v, 11. — 14. Supra, mt, 100; iv, 31; Mich., iv, 7; Luc, 1, 32.
8. Une autre petite corne, etc.; le royaume de l'Antéchrist, selon la plupart des
interprètes; celui de Mahomet, selon quelques-uns. — Disait de grandes choses; c'est-
à-dire, selon le style biblique, disait des paroles insolentes, pleines d'orgueil, de
blasphémes, d'impiétés, Compar. le vers. 25 et xt, 36.
9. Un vieillard ; littér. dans le texte original et le grec, un ancien de jours; expres-
sion qui, dans la langue persane, a la méme signification. Or ce vieillard, c'est Dieu,
juge éternel des vivants et des morts.
12. Un temps et un temps; la période de temps déterminée dans les décrets divius.
13. Le fils d'un homme; ou, comme portent le chaldéen et le grec, un fils d'homme;
expression poétique, qui, comme nous l'avons déjà remarqué, signifie um homme.
Or ce que dit ici Daniel ne peut convenir à la lettre qu'à Jésus-Christ dans son se-
cond avénement. Compar. Matth., xxvi, 64. — Vieillard. Voy. le vers. 9.
44. Il lui donna, etc. On ne saurait employer de termes plus forts et plus formels
pour exprimer le régne éternel du Sauveur; il semble qu'il faisait lui-méme allusion
à ce passage, quand il disait : « Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et sur
la terre » (Matth., xxvi, 18). — Et langues. Voy. וז 4.
15. Les visions de ma téte. Voy. n, 28.
[en. vit.]
16. Je m'approchai de l'un des
assistants, et lui demandai la
vérité sur toutes ces choses. Et il
me donna l'interprétation des pa-
roles, et il m'instruisit, disant:
' 47. Ces quatre grandes bétes
sont quatre royaumes qui s’élè-
veront de la terre.
18. Et les saints du Dieu tres-
haut recevront le royaume, et ils
le posséderont jusqu'au siecle et
au siecle des siecles.
19. Apres cela je voulus soi-
geneusement m'informer de la
quatrieme béte, qui était tres dif-
férente de toutes /es autres, et
terrible; ses dents et ses ongles
étaient de fer; elle mangeait, et
mettait en pieces, et foulait les
restes avec ses pieds;
90. Je voulus m'informer aussi
des dix cornes qu'elle avait à la
tête, et de l'autre qui s'était éle-
vée, devant laquelle étaient tom-
bées trois cornes; et de cette
corne qui avait des yeux et une
bouche qui disait de grandes cho-
ses et était plus grande que les
autres.
DANIEL.
2013
21. Je regardais, et voici que
celte corne faisait la guerre aux
saints et prévalaitsur eux,
22. Jusqu'à ce que vintl'ancien
des jours, et qu'il donna le juge-
ment aux saints du Tres-Haut; et
le temps arriva, et les saints pos-
sédèrent le royaume.
93. Et il ditainsi : La quatrieme
bête sera le quatrième royaume
sur la terre, lequel sera plus
grand que tous les autres royau-
mes, et dévorera toute la terre, et
la foulera et laréduira en poudre.
24. Or les dix cornes de ce
royaume méme seront dix rois; et
un autre s'élévera après eux, et
celui-ci sera plus puissant que les
premiers, etil humilieratrois rois.
95. Et il proférera des paroles
contre le Très-Haut, et il brisera
les saints du Très-Haut; et il pen-
sera qu'il peut changerles temps
et les lois; et ils seront livrés
en sa main jusquà un temps,
el deux temps, et la moitié d'un
temps.
26. Et le jugement se tiendra,
afin que la puissance lui soit ótée,
18. Les saints du Dieu trés-haut règnent avec Jésus-Christ dans le ciel depuis qu'il
leur en a ouvert l'entrée par son ascension glorieuse; mais à la fin du monde, lors-
qu'ils viendront avec le Sauveur au dernier jugement, ils prendront du royaume
céleste une possession en quelque sorte plus complète et plus parfaite. Voy. Mallh.,
xxv, 34, C'est à tort que dom Calmet traduit, les grands saints du Seigneur, en atta-
quant la version grecque de Théodotion. Le chaldéen Heliónin, est simplement uu
pluriel d'excellence ou de majesté, comme ElóAim en hébreu.
20. Disait de grandes choses. Voy. le vers. 8.
22, 25, 21. Saints du Très-Haut. Voy. 16 vers. 18.
25. Il proférera, etc.; ce qui convient non seulement à l'Antéchrist (Apocal., xut, 6),
mais aussi à Antiochus Epiphane (vir, 23; I Machab., τ, 23, 43-53; 11 Machab., 1x, 28),
et à Mahomet lui-même, qui a établi sa nouvelle loi à main armée. — Un temps, etc.;
c'est-à-dire l'espace de trois ans et demi, suivant l'opinion commune, qui applique
ce passage à la persécution de l'Antéchrist (4pocal , xir, 6; xii, 5). L'historien Joséphe
dit expressément, dans la préface de son Histoire de la guerre des Juifs, qu'Antio-
chus Epiphane posséda Jérusalem frois ans et six mois. Mais par rapport à l'empiro
de Mahomet, il semble que ces temps doivent étre pris autrement que pour les autres
einpires.
20. Et le jugement, etc. La plupart des iuterprétes rapportent ceci à la ruine de
l'Antéchrist, et au jugement dernier
2014
et qu'il soit brisé, et qu'il périsse
entierement pour jamais ;
97. Mais que le royaume, et la
puissance, et l'étendue du royau-
me, laquelle est sous le ciel entier,
soit donnée au peuple des saints
du Très-Haut, dont le royaume
est un royaume éternel, et tous
les rois le serviront et ἐμὲ obéi-
ront.
28. Ici est la fin de la parole.
Moi, Daniel, j'étais beaucoup
troublé par mes pensées, et ma
face changea en moi ; mais la pa-
role, je la conservai dans mon
cœur.
CHAPITRE VIII 2.
Vision d'un bélier à deux cornes, et d'un
bouc qui n'en a qu'une. Cette corne
unique se rompt, mais il s'en forme
quatre à sa place. Explication de cette
DANIEL.
(cu. viit.]
vision par l'ange Gabriel. Roi impru-
dent, ses efforts, ses victoires, sa chute,
sa perte.
|. En la troisieme année du
regne du roi Baltassar, une vi-
sion m'apparut. Moi, Daniel, après
ce que j'avais vu au commence-
ment,
2. Je vis en ma vision, quand
j'étais au cháteau de Suse, qui est
dans la région d'Elam, je vis en
ma vision que j'étais sur la porte
d'Ulai.
3. Et je levailes yeux, et je
vis : et voici un bélier qui se te-
nait devant le marais, ayant des
cornes hautes, et l'une plus haute
que l’autre et qui croissait. En-
suite
4. Je vis que le bélier frappait
de ses cornes contre l'occident,
27. Cette partie de la prophétie ne saurait s'expliquer de l'empire que Dieu donna
aux Machabées, et aux princes leurs successeurs ; car leur puissance ne fut ni assez
absolue ni assez étendue pour vérifier de si grandes et de si magnifiques promesses.
Il ny a que l'empire de Jésus-Christ et de son Eglise en qui l'on en trouve l'accom-
plissement réel et véritable.
28. De la parole; du discours de l'ange.
a Ce chapitre et les suivants jusqu'au xue inelusivement sont écrits en hébreu.
1-21. * 2» Prophétie de la persécution d'Antiochus Epiphane, vir. — La seconde
vision développe une partie de la première. La troisième année du règne de Baitassar,
Daniel vit l'empire médo-perse sous la figure d'un bélier, et l'empire grec sous celle
d'un bouc à une corne. Le bouc triomphe du bélier et grandit; alors sa corne unique
se brise et il lui en pousse quatre autres à la place; de l'une d'elles en sort une cin-
quiéme qui s'éléve jusqu'au ciel et opprime le peuple des saints pendant 2300 jours.
— La premiére corne du bouc est Alexandre le Grand qui ruine l'empire perse; les
quatre cornes sont les quatre royaumes qui se forment des débris de son empire :
celui de Macédoine, à l'ouest; de Syrie, à l'est; d'Egypte, au sud, et de Thrace, au
nord. La cinquième corne, qui fait cesser le sacrifice perpétuel, est Antiochus Epis
phane. Les 2300 jours font six ans et demi, en années lunaires. On peut les compter
depuis l'an 143 de l'ére des Séleucides, auquel Antiochus se rendit maitre de Jéru-
salem, I Mac., τ, 21, jusqu'à l'an 149, qui est celui de sa mort, I Mac., vi, 16.
|. Au commencement du règne de Baltassar.
2. Elam; province de Perse, appelée aussi Elymaïde. — Sur la porte; sur le bord,
près de. — Ulaï; fleuve qui séparait 18 Susiane de l'Elymaide; c'est l'Eulée des géo-
graphes. — * Suse; capitale de la Susiane, sur l'U/ai, une des résidences des rois de
Perse.
3. Un bélier. Ce bélier représente l'empire des Perses et des Mèdes (vers. 20). La
corne la plus élevée signitie la puissance des Perses, supérieure à celle des Mèdes,
figurée par la corne moins élevée.
4. Et il devint trés puissant. Les rois de Perse étendirent en effet de proche en
proche leurs conquétes, sans trouver de résistance,
(cn. vur.]
et contre l'aquilon, et contre le
midi; et aucune béte ne pou-
vait ni lui résister, ni se délivrer
de sa puissance; et il fit selon
sa volonté, et il devint très puis-
sant.
9. Et je considérais attentive-
ment; mais voici qu'un boue de
chèvres venait de l'occident sur
14 face de toute la terre, et il ne
touchait pas la terre; or le bouc
avait une corne remarquable en-
ire les yeux.
6. Et il vint jusqu à ce bélier
qui avait des cornes, et que j'avais
vu se tenant devant la porte, et il
courut àlui dans l'impétuosité de
sa force.
1. Etlorsqu'il fut près du bélier,
il se jeta avec furie sur lui, et
le frappa, et brisa ses deux cor-
nes; et le bélier ne pouvait lui
résister; et lorsqu'il l'eut jeté à
terre, il 16 foula aux pieds, et per-
sonne ne pouvait délivrer le bé-
lier de sa puissance.
8. Alorsle bouc des chèvres de-
vint extrémement grand ; et lors-
qu'il eut ,עס sa grande corne se
DANIEL.
2015
rompit, et quatre cornes s'éleve-
rent sous celle-:à vers les quatre
vents du ciel.
9. Et de l'une d'elles sortit une
petite corne;et elle devint grande
vers le midi, et vers l'orient, et
vers la force.
10. Et elle s'éleva jusqu'à la
force du ciel, et renversa une par-
tie de la force, et des étoiles, et les
foula aux pieds.
11. Et elle s'éleva jusqu'au
prince de la force, elle lui ravit
son sacrifice perpétuel, et ren-
versa le lieu de sa sanctification.
12. Or la force lui fut donnée
contre le sacrifice perpétuel, à
cause des péchés;etla vérité sera
abattue sur la terre, et il agira,
et il prospérera.
13. Et j'entendis un des saints
parlant; et un saint dit à l'au-
tre, je ne sais lequel, qui par-
lait : Jusques à quand la vision,
et le sacrifice perpétuel, et le
péché qui a causé la désola-
tion; Jusques d quand le sanc-
tuaire, et la force sera foulée aux
pieds?
5. Bouc de chèvres. Voy. sur la valeur de cette expression, Ezéch., זוז זא 22. Ce bouc
représente la monarchie des Grecs; la corne, le premier de leurs rois. Alexandre le
Grand (vers. 21); la rapidité de la course de ce bouc, la rapidité des conquétes de
ce prince.
8. Quatre cornes, eic. Voy. vir, 6.
9. Une pelile corne; c'est Antiochus Epiphane, au commencement sans puissance,
— Vers la force (contra fortitudinem); c'est aussi le sens de la version grecque; mais
Thébreu porte, vers la beauté; c'est-à-dire vers la terre de la beauté, nom par lequel
les prophètes désignent fréquemment la Judée (xr, 16, 41; Jérém., rm, 19; Ezéch.,
xx,) 6,145).
10. La force du ciel; selon la Vulgate et le grec; mais suivant l'hébreu, l’armée du
ciel. Par cette force ou armée du ciel, on entend le peuple du Seigneur persécuté ;
el par les étoiles renversées, soit les Juifs qui moururent courageusement dans la
persécution, soit ceux qui renoncérent à leur religion, pour obéir aux ordres du
tyran (1 Machab., τ, 48, 55 et suiv.; II Machab., 1v, 14 et suiv.). Les étoiles et les astres
en général sont trés souvent mis dans l'Ecriture pour désigner les saints, les justes
et les savants, — Dans les trois vers. suivants, l'hébreu porte également armée, au
lieu de force.
11. Prince de la force; c'est-à-dire Dieu lui-même. — Le lieu de sa sanctification ;
de sa consécration, qu'il s'était consacré, son sanctuaire, son temple. Voy. Ps. Lxxvir, 54.
2016
14. Et il dit : Jusqu'à un soir
et un matin, deux mille trois
cents jours, et le sanctuaire sera
purifié.
15. Or, il arriva que, lorsque je
voyais, moi Daniel, la vision, et
que j'en cherchais l'intelligence,
voilàque s'arréta en ma présence
comme 18 ressemblance d'un
homme.
16. Et j'entendis la voix d'un
homme entre l'Ulai, et il cria et
me dit : Gabriel, fais-lui compren-
dre cette vision.
11. Et il vint, et il s'arréta pres
du lieu où moi j'étais; etlorsqu'il
fut venu, effrayé je tombai sur
ma face, et il me dit: Comprends,
fils dun homme, parce qu'au
temps de la fin s'accomplira la
vision.
18. Et comme il me parlait, je
tombai incliné vers la terre; et il
me toucha, et il me remit sur mes
pieds,
19. Et il me dit : C'est moi qui
te montrerai les choses qui doi-
vent arriver au dernier moment
de la malédiction, parce que le
temps a sa fin.
20. Le bélier que tu as vu, qui
DANIEL.
(en. viu]
avait des cornes, est le roi des
Medes et des Perses.
21. Mais le bouc des chèvres
est le roi des Grecs, et la grande
corne qui était entre ses yeux,
c'est le premier roi.
22. Or celle-ci ayant été rom-
pue, quatre se sont élevées à sa
place; quatre rois de sa nation
s'éleveront, mais non avec sa
force.
23. Et après leur regne, lorsque
les iniquités se seront accrues,
un roi à la face impudente vien-
dra et comprendra les choses ca-
611608 ;
24. Et 58 puissance s'affermira,
mais non par ses propres forces ;
et il dévastera toutes choses au
delà de ce que l'on peut croire, et
il prospérera, etil agira. Etil tuera
des forts, et un peuple de saints
95. Selon sa volonté, et la
fraude sera dirigée par sa main ;
et il élèvera son cœur, et dans
son abondance de toutes choses
il fera périr un trés grand nom-
bre de victimes, et contrele prince
des princes il s'élévera, et sans
la main d'aucun homme il sera
brisé.
14. Jusqu'à un soir, etc.; c'est-à-dire, jusqu'à deux mille et trois cents jours com-
posés d'un soir et d'un matin. Chez les Hébreux, le jour commencait le soir (Genése,
I, 5, 8, etc.). Ces deux mille trois cents jours font six ans et demi selon le calcul des
années lunaires de trois cent cinquante-quatre ou trois cent cinquante-cinq jours,
et peuvent se compter depuis l'an 143 des Grecs, auquel Antiochus marcha contre
Israël, et se rendit maitre de Jérusalem (I Machab., 1, 21), jusqu'à l'année 149, qui
est celle de la mort de ce prince (I Machab., vi, 16). — Le sanctuaire sera purifié ; il
le fut aprés la défaite de Lysias, le vingt-cinquième jour du neuvième mois de l'an
148 du règne des Grecs (I Machab., 1v, 52).
16. Entre l'Ulai, Voy. vers. 2. — Gabriel. C'est l'ange de ce nom sous la forme d'un
homme.
19. Le temps a sa fin; le temps de ces visions s'accomplira enfin.
21. Le bouc des chèvres. Voy. Ezéch., ,זז וא
23. Les choses cachées (propositiones). Voy. Ps. Lxxvir, 2.
24. Un peuple de saints; le peuple consacré au Seigneur, les Juifs, qui souffrirent
une persécution sanglante sous le règne d'Antiochus (I Machab., τ, 53 et suiv.).
20, Et sans la main, etc. Voy. 11 Machab., 1x, la fin d'Antiochus.
ei. 1x.)
“96. Et la vision du soir et du
matin, qui à été mentionnée, est
véritable; toi donc, scelle la vi-
sion, parce que c'est apres bien
les jours qu'elle sera accomplie.
97. Et moi Daniel, j'ai langui et
jai été malade pendant des jours;
et, lorsque je me fus levé, je tra-
vaillais aux affaires du roi, et
jétais dans la stupeur au sujet
de la vision, et il n'y avait ver-
sonne qui l'interprétàt.
CHAPITRE IX.
Daniel implore la miséricorde du Sei-
gneur pour son peuple. L'ange Gabriel
lui annonce le temps précis de la venue
du Messie.
1. En la premiere année de Da-
rius, fils d'Assuérus, de la race
des Mèdes, qui régna sur le royau-
me des Chaldéens;
9. La premiere année de son
regne, moi, Daniel, je compris
dans les livres le nombre des
années, au sujet duquella parole
du Seigneur avait été adressée à
Jérémie, le prophète, afin que
fussent accomplis les soixante et
DANIEL.
9017
dix ans dela désolation de Jéru-
salem.
3. Et je posai ma face vers le,
Seigneur mon Dieu, pour prier et |
supplier dans les jeünes, le sac
et la cendre.
4. Et je priai le Seigneur mon
Dieu, et je confessai mes fautes,
et dis : Jevous conjure, Seigneur,
Dieu grand et terrible. qui gardez
l'alliance et la miséricorde à ceux
qui vous aiment et qui gardent
vos commandements.
9. Nous avons péché, nous
avons commis l'iniquité, nous
avons agi avec impiété, et nous
nous sommes retirés, et nous
nous sommes détournés de vos
commandements et de vos juge-
ments.
6. Nous n'avons pas obéi à vos
serviteurs les prophètes, qui ont
parlé en votre nom à nos rois, à
nos princes, à nos peres, etàtout
le peuple de la terre.
7. À vous, Seigneur, la justice,
et à nous la confusion du visage,
comme elle est aujourd'hui à
l'homme de Juda, et aux habi-
IX. 2. Jérém., xxv, 11; xxix, 10. — 4. 11 Esd., 1, 5. — 5. Bar., 1, 11. .סג
26. Et la vision du soir et du matin; c'est-à-dire dans laquelle a été montré ce qui
doit arriver daus un certain nombre de jours ordinaires composés de la nuit et du
iour. — Scelle la vision. Les prophètes avaient accoutumé de publier leurs prophé-
ties, surtout celles qui devaient bientót s'accomplir, mais l'ange ordonna à Daniel de
garder celle-ci, et de la tenir fermée avec un sceau. Voy, vers. 14.
.91. Pour suivre l'ordre des temps, il faut placer à la suite-de ce verset les chap.
y et vr.
1-21. * 39 Prophétie des 10 semaines d'années, ix. — La troisième vision développe
Ia prophétie messianique contenue dans les chapitres 11 et vir. La première année de
Darius le Mède, Daniel pensait aux soixante-dix ans que devait durer la captivité,
d’après la prophétie de Jérémie, et priait Dieu de pardonner ses péchés à son peuple.
L'ange Gabriel lui apparait alors,-et lui aunonce à quelle époque viendra le Messie,
Daniel désirait connaitre à quel moment finiraient les soixante-dix ans de la capti-
vité; Dieu lui révèle une délivrance bien plus importante, dont celle que Jérémie
avait prédile n'était que la figure.
1. Darius; le méme que celui qui est mentionné, v, 31
2. Les livres saints, les divines Ecritures, parmi lesquelles se trouvaient les pro-
phéties de Jérémie. — Les soixante-dix ans, ete. Voy. Jérém., xxv, 11, 12; xxix, 10.
A. T
Tas.
2018
tants de Jérusalem, et à tout Is-
raél; à ceux qui sont pres et à
ceux qui sont loin, dans toutes
les terres oü vous les avez jetés
à cause de leurs iniquités par les-
quelles ils ont péché contre vous.
8. Seigneur, à nous la confu-
sion du visage, et à nos rois, et à
nos princes, et à nos pères qui
ont péché.
9. Mais à vous, Seigneur notre
Dieu, la miséricorde et la propi-
tialion, parce que nous nous som-
mes retirés de vous;
10. Et nous n'avons pas écouté
la voix du Seigneur notre Dieu,
afin de marcher dans sa loi qu'il
nous ἃ donnée par ses serviteurs
les prophètes.
11. Et tout Israël a prévariqué
contre votre loi, et il s’est dé-
tourné pour ne pas écouter votre
voix; et la malédiction a distillé
sur nous, et l'exécration qui est
écrite dans le livre de Moise, ser-
viteur de Dieu, parce que nous
avons péché contre lui;
19. Et il a confirmé ses paroles
quil a dites sur nous, et sur nos
princes qui nous ont jugés, afin
de faire venir sur nous un grand
mal, tel qu'il n'en fut jamais sous
le ciel, comme celui qui a élé fait
en Jérusalem.
13. Comme il est écrit dans la
loi de Moïse, tout ce mal est venu
sur nous; et nous n'avous pas
prié votre face, Seigneur notre
Dieu, afin de revenir de nos ini-
DANIEL.
(cu. 1x.)
quités, et de méditer votre vérité.
14. Et le Seigneur a veillé sur
le mal, et l'a amené sur nous; il
est juste, le Seigneur notre Dieu,
en toutes ses ceuvres qu'il a faites;
car nous n'avons pas écouté sa
voix. :
15. Et maintenant, Seigneur
notre Dieu, qui avez tiré votre
peuple de la terre d'Egypte par
une main puissante, et qui vous
êtes fait un nom comme il est au-
jourd'hui, nousavons péché, nous
avons commis l'iniquité.
16. Seigneur, par toute votre
juslice, je vous conjure, que vo-
tre colère et votre fureur soient
détournées de votre cité, Jérusa-
lem, et de votre montagne sainte.
Car c’est à cause de nos péchés et
des iniquités de nos pères, que
Jérusalem et votre peuple sont
en opprobre à tous autour de
nous.
17. Maintenant donc exaucez,
ὃ notre Dieu, la prière de votre
serviteur et ses supplications; et
montrez votre face sur votre
sanctuaire, qui est désolé, à cause
de vous-méme.
18. Inclinez, 6 mon Dieu, votre
oreille, et écoutez; ouvrez vos
yeux et voyez notre désolation,
et la cité sur laquelle votre nom
a été invoqué, car ce n'est pas en
vue de notre justice que, proster-
nés, nous répandons nos prieres
devant votre face, mais en vue
de vos miséricordes abondantes.
11. Deut., xxvir, 14. — 15. Bar., 11, 11; Exode, xiv, 22.
11. Dans le livre de Moïse. Voy. Lévit., xxvi; Deutéron., xXxVit-XXIX.
13. Votre vérité; votre fidélité dans l'exécution de vos paroles, soit promesses, soit
menaces,
18, Sur laquelle. etc.; selon d'autres : Laquelle a été appelée de votre nom; qui porte
votre nom. Le texte hébreu est susceptible de ces deux sens,
fcn. 1x.)
19. Exaucez-nous, Seigneur:
apaisez-vous, Seigneur; soyez at-
tentif et agissez; ne tardez pas, à
cause de vous-même, Ô mon
Dieu; parce que votre nom a été
invoqué sur la cité et sur votre
peuple:
20. Et comme je parlais encore,
et que je priais, et que je con-
fessais mes péchés et les péchés
de mon peuple Israël, et que pros-
terné, je répandais mes prières
en la présence de mon Dieu, pour
la montagne sainte de mon Dieu;
91. Moi parlant encore dans ma
prière, voilà que l'homme Ga-
DANIEL.
2019
briel, que j'avais vu dans 18 vi-
sion, au commencement, volant
vite, me toucha au temps du sa-
crifice du soir.
92. Et il m'instruisit, et il me
parla, et dit : Daniel, maintenant
je suis sorti afin de t'instruire, et
que tu comprennes.
23. Dès le commencement de -
tes prieres est sortie une parole;
mais moi je suis venu pour te la
faire connaitre, parce que tu es
un homme de désirs; toi donc,
sois attentif à cette parole, et
comprends la vision.
24. Soixante-dix semaines ont
24. Jean, 1, 45.
94. L'homme Gabriel. Voy. vim, 16.
23. Un homme de désirs; hébraisme, pour un homme trés désirable, trés digne d'étre
aimé.
24-21. * Voicila traduction de cette importante prophétie d'aprés le texte original :
« Soixante-dix semaines, dit-il, ont été fixées pour ton peuple et pour ta ville sainte,
afin que la prévarication soit abolie, que le péché finisse et que l'iniquité soit effacée
[par la mort de J.-C.]; afin que la justice éternelle [le Messie, Jér., xxi, 6; xxxii,
16; Is., xLv, 8; 1 Cor., 1, 30], vienne [sur la terre], que les visions et les prophéties
soient accomplies [en Jésus-Christ qu'elles ont annoncé], et que le Saint des saints
{le Verbe de Dieu fait chair! soit oint [ou rempli de la vertu du Saint-Esprit, Acf., x,
38; cf. Is., א 1; Luc, 1v, 18]. — Sache-le donc et remarque-le bien : Depuis la pu-
blication de l'ordre qui sera donné pour rebátir Jérusalem jusqu'au prince Messie
[ou Christ], il y aura sept semaines, et soixante-deux semaines, et les places et les
murailles de la ville seront rebàties dans des temps difficiles. Et aprés soixante-
deux semaines, le Christ sera mis à mort, et le peuple qui doit le renier ne sera plus
son peuple. Un peuple, avec son chef qui doit venir [Vespasien ou Titus, avec l'armée
romaine], détruira la ville de Jérusalem et le sanctuaire; elle finira par une ruine
entière; quand la guerre sera terminée, arrivera la désolation qui lui a été prédite.
— [Alors le Christ] fera une alliance ferme [et stable, comme l'avait prédit Jérémie,
xxxi, 91], avec un grand nombre, [avec tous ceux qui voudront embrasser sa foi et!
participer ainsi à ses mérites, car il est mort pour tous], dans une semaine, [par
l'effusion de son sang et la prédication de l'Evangile]; et au milieu de la semaine,
[quand le Messie sera immolé], les oblations et les sacrifices cesseront, [ils seront
rendus inutiles et sans valeur par la mort de Jésus-Christ, de qui ils tiraient leur
vertu]. Et l'abomination de la désolation sera dans le temple, et la désolation durera
jusqu'à la consommation et à la fin. » Cette dernière partie de la prophétie est
obscure dans le texte original. « L'hébreu à la lettre: El sur l’aile, l'abomination de
désolalion, dit Calmet. Cette aile marque le temple, du consentement des anciens in-
terprétes, On peut donner ce nom principalement au toit et à la hauteur du temple,
Matth., 1x, 5... L'abomination se vit dans le temple, lorsque les Romains, l'ayant
pris, y plantérent leurs enseignes chargées des figures de leurs dieux et des images
des Césars; ou bien cette abomination marque les infamies, les meurtres et les autres
sacriléges qui furent commis dans ce lieu saint par les Juifs mêmes, pendant le der-
nier siège. Le Prophète ajoute que l'abomination y demeurera, usque ad consumma-
tionem et finem,... ou plutôt, suivant l'hébreu, jusqu'à la ruine déterminée, jusqu'à ce
que le temple soit entièrement ruiné. C'est le sens le plus naturel; les termes de
2020
été abrégées pour ton peuple et
pour ta ville sainte, afin que soit
abolie la prévarication, et que
prenne fin le péché, et, que soit
effacée liniquité, et que vienne
la justice éternelle, et que soient
accomplies la vision et la pro-
phétie, et que soit oint le saint
des saints.
25. Sache donc, et remarque
bien : Depuis que sortira la pa-
role pour que de nouveau soit
bàtie Jérusalem, jusqu'au Christ
chef, il y aura sept semaines et
soixante-deux semaines, et de
nouveau sera bâtie la place pu-
DANIEL.
(cr. 1x.)
blique et les murailles dans les
temps diffieiles.
26. Et après soixante-deux se-
maines, le Christ sera mis à mort;
et il ne sera pas son peuple, /e
peuple qui doit le renier. Et un
peuple, avec un chef qui doit ve-
nir, détruira la cité et le sanc-
tuaire; et sa fin sera la dévasta-
lion, et apres la fin de la guerre,
la désolation décrétée.
27. Mais il confirmera son al-
liance avec un grand nombre
dans une semaine; et au milieu
de la semaine cesseront l’obla-
tion et le sacrifice; et l'abomina-
21. Matth., xxiv, 19.
l'original marquent ordinairement une perte entière et l'exécution des plus sévères
jugements de Dieu. » 11 faut remarquer que la profanation du temple par Antiochus
est aussi prédite, Dan., xr, 34, mais la profanation commise par le roi Séleucide
n'est pas l'aecomplissement de la prophétie que nous avons ici; cette ‘dernière se
rapporte incontestablement aux temps messianiques. La profanation du temple par
le roi syrien ne fut que partielle et temporaire, celle des Romains fut compléte et
définitive. Quant aux chiffres que nous donne cette prophétie, en voici la valeur : les
soixante-dix semaines d'années font 490 ans. L'ange Gabriel les divise en trois par-
ties : la premiére est de sept semaines ou de 49 ans, après lesquels les murs de Jéru-
salem seront achevés; la seconde est de soixante-deux semaines ou 434 ans, à la fin
desquels le Christ sera oint; la troisième comprend la soixante-dixième semaine, au
milieu de laquelle le Messie sera mis à mort. La détermination de ces dates n'est pas
sans offrir des difficultés. La plupart des commentateurs font partir les soixante-dix
semaines de l'édit d'Artaxercès, vers l'an 445. Depuis cette date jusqu'à la 189 année
de Tibére, qui est l'année du baptéme de Notre-Seigneur, il s'est. écoulé. environ
415 ans; nous arrivons ainsi à peu de chose près à la 10e semaine, au milieu 6
laquelle le Sauveur fut crucifié.
24. Soixante-dir, etc.; c'est-à-dire, le temps de la captivité a été abrégé et réduit à
soixante-dix semaines en faveur de ton peuple et de ta ville sainte. Ces soixante-dix
semaines qui sont des semaines d'années (Compar. Lévit., xxv, 8), et qui font quatre
cent quatre-vingt-dix ans, se comptent depuis l'ordre donné par Artaxerxès Longue-
main pour le rétablissement de Jérusalem. Cette prophétie de Daniel, qui commence
à ce verset et se continue aux trois suivants, ne saurait avoir d'autre objet que le
Messie, Jésus de Nazareth. Aussi le trés petit nombre des interprétes, qui l'appliquent
à Cyrus ou à Alexandre, a contre lui non seulement toute l'antiquité, mais encore
la lettre même du texte sacré. — * La Vulgate porte : ont été abrégées; mais abréger
signifie ici, de mème que 16 mot hébreu, nekhtak, dont il est la traduction, trancher,
arréler, déterminer, fixer, comme 1s., x, 22,-où consummalio abbreviata siguilie. un
malheur total et déterminé. Ce n'est pas une prophétie conditionnelle et incertaine,
mais sûre, qui s'accomiplira au temps marqué.
20. *.[L ne sera, pas son peuple. L'hébreu porte : Le Messie sera exterminé [ou re-
tranché, mis à mort], e£ ce n'est pas lui. Ce dernier membre de phrase incomplet est
diversement interprété, mais le sens le plus simple et le plus naturel est celui de
notre Vulgate : Le peuple qui l'a renié n'est plus à lui,
21. La désolation. La fin de cette désolation fut une entière ruine commencée
par Titus et achevée par Adrien. — Pour suivre l'ordre des: temps. il semble qu'il
e. x.]
lion de la désolation sera dans le
temple, et la désolation conti-
nuera jusqu'à la consommation
et à la fin.
CHAPITRE X *.
Vision de Daniel sur le Tigre. Le prince
des Perses résiste à l'ange Gabriel. Saint
Michel vient au secours de Gabriel. Le
prince des Perses vient se joindre à
celui des Grecs contre Gabriel.
1. En la troisième année de
Cyrus, roi des Perses, une parole
fut révélée à Daniel, par le sur-
nom Baltassar, une parole véri-
table, et une grande force; et il
comprit la parole; car il est be-
soin d'intelligence dans cette vi-
sion.
2. En ce jour-là, moi Daniel, je
pleurais pendant les jours de
trois semaines;
3. Je ne mangeais pas de pain
DANIEL.
2021
désirable, et la chair et le vin
n'entrerent pas dans ma bouche,
et je ne répandis pas sur moi de
parfum, jusqu'à ce que fussent
accomplis les jours de trois se-
maines.
4. Mais le vingt-quatrième jour
du premier mois, j'étais pres du
grand fleuve qui est le Tigre.
5. Et je levai mes yeux, et je
vis; et voici un homme vêtu de
lin, et ses reins ceints d'un or
irés pur;
6. Et son corps étaitcomme une
chrysolithe, et sa face comme
l'aspect de la foudre, et ses yeux
comme une lampe ardente; et ses
bras et et ses parties basses jus-
qu'aux pieds, comme une appa-
rence d'airain étincelant, et la
voix de ses paroles, comme la
voix d'une multitude.
1. Or, moi Daniel, je vis seul la
faut passer d'ici au chap. xiv, qui, ne se trouvant pas dans les exemplaires hébreux,
a été renvoyé à la fin du livre dans les exemplaires grecs et latins.
* * 4» Prophéties sur l'époque des Séleucides, x-xu. La quatrième vision développe
plus longuement la seconde. La troisième année de Cyrus, Dieu prédit à Daniel les
événements qui devaient s'accomplir sous les Séleucides par rapport à son peuple.
Le ch. x forme l'introduction à la prophétie; les ch. זא et xir entrent dans de nom-
breux détails sur l'époque qui précéda les Machabées. — La 3* année de Cyrus, un
ange révéle à Daniel, sur les bords du Tigre, l'histoire future des rois étrangers sous
la domination desquels sera la Palestine, et il lui fait connaitre en particulier la per-
sécution d'Antiochus Epiphane pour prémunir à l'avance les Juifs fidéles contre la
séduction. Il y aura d'abord quatre rois perses; le quatrième (Xerxès) fera la guerre
contre la Gréce, xi, 2. Surviendra un roi puissant (Alexandre), dont le royaume sera
partagé, mais non entre les siens, xr 3-4 Le roi du Sud (Ptolémée d'Egypte),
deviendra fort; cependant l'un de ses généraux (Séleucus Nicator de Syrie) l'empor-
tera sur lui comme roi du Nord, xr, 5-6. Leurs descendants se feront la guerre, xt,
1-20. Un prince méprisé, despectus, montera sur le tróne du nord : c'est Antiochus
Epiphane, le persécuteur des saints, le profanateur du temple de Jérusalem, xt, 21-45.
Saint Michel délivrera les Juifs de l'oppression; il annonce la résurrection générale
et la gloire des saints, xit, 1-4. L'épreuve de Juda, figure de la persécution de l'Anté-
christ, durera trois ans et demi, xm, 5-11. Daniel n'en sera pas témoin pendant sa
vie, xi, 12-13.
1. Une parole véritable; une vraie prophétie. — Force; selon la Vulgate et la version
grecque de Théodotion ; armée, suivant l'hébreu.
3. Pain désirable (panem desiderabilem); délicat, recherché. On l'a déjà remarqué,
par le nom de pain, les Hébreux désignaient souvent la nourriture en général.
4, Premier mois. Voy. Ezéch., xiv, 48.
3. Un homme, etc.; probablement l'ange Gabriel qui avait déjà apparu à Daniel,
9052
22 DANIEL.
vision, et les hommes qui étaient
avec moi ne la virent pas; mais
une terreur extraordinaire se sai-
sit d'eux, etils s'enfuirent dans un
lieu caché.
8. Mais moi étant demeuré
seul, je vis cette grande vision;
et il ne resta pas en moi de force;
mais méme mon visage fut
changé en moi, et je séchai, et je
n'eus aucune force.
9. Et j'entendis la voix de ses
paroles; et, enl'entendant, j'étais
couché tout consterné sur ma
face, et mon visage était collé à
la terre.
10. Et voici qu'une main me
toucha, et me dressa sur mes ge-
noux et sur le plat de mes mains.
41. Et la voix me dit : Daniel,
homme de désirs, entends les
paroles que je te dis, et tiens-toi
sur tes pieds; car je suis mainte-
nant envoyé vers toi. Et lorsqu'il
m'eut dit ces paroles, je me tins
debout tremblant.
12. Et il me dit : Ne crains pas,
Daniel, parce que dés le premier
jour où tu as appliqué ton cœur
à comprendre, afin de t'affliger
en présence de ton Dieu, tes pa-
roles ont été entendues; et je
]08. x.]
suis venu à cause de tes discours.
13. Or le prince du royaume
des Perses m'a résisté durant
vingt et un jours : et voilà que
Michel, un des premiers princes,
est venu à mon secours, et moi,
je suis demeurélà près du roi des
Perses.
14. Mais je suis venu afin de
t'apprendre ce qui doit arriver à
ton peuple dans les derniers
jours; parce que la vision est en-
core pour ces jours.
45. Et lorsqu'il me disait de
telles paroles, j'abaissai mon vi-
sage contre terre, et je me tins
en silence.
16. Et voici que comme 18 res-
semblance du fils d'un homme
toucha mes lèvres; et ouvrant
ma bouche, je parlai et je dis à
celui qui était debout vis-à-vis de
moi : Mon Seigneur, à votre vue
mes jointures se sont brisées, et
il n'est rien resté en moi de 5
forces.
17. Et comment le serviteur de
mon Seigneur pourra-t-il parler
avec mon Seigneur? car il n'est
rien resté en moi de 7nes forces,
el méme ma respiration est ar-
rétée.
11. Homme de désirs. Voy. 1x, 23.
13. Le prince du royaume des. Perses; c'est-à-dire, selon saint Jérôme, Théodoret,
saint Chrysostome, saint Grégoire le Grand, plusieurs autres Pères et la plupart des
interprétes, l'ange protecteur du royaume des Perses. ll est appelé prince, comme
l'archange saint Michel lui-même. Ce prince des Perses désirait que les Juifs demeu-
rassent dans la Perse, le plus longtemps possible, afin d'y propager la connaissance
et le culte du vrai Dieu, tandis que Gabriel et Michel souhaitaient de les voir retour-
ner dans leur patrie pour y rétablir la ville et le temple. Le concours de l'archange
Michel a pour objet d'une part de faire connaitre à l'ange protecteur des Perses la
volonté prise de Dieu, et de l'autre, de persuader au roi des Perses de laisser partir les
Juifs, ce en quoi néanmoins il ne réussit qu'après que Gabriel eut achevé sa mission.
14. La vision, etc.; c'est-à-dire, ne s'accomplira que dans ces derniers jours. — Le
mot ces de notre traduction est suffisamment justifié par l'article déterminatif qui
dans le texte hébreu se trouve attaché au mot jours.
16. Comme la ressemblance, etc. C'est l'ange Gabriel. — Du fils d'un homme. Voy.
eur cette expression, 1, 38. — Mes jointures; les jointures de mes lombes. Voy. v, 6.
[cn. xr.]
18. Et de nouveau donc, comme
la vision d'un homme me toucha,
et me fortifia,
19. Et dit: Ne crains pas, homme
de désirs; paix à toi; prends cou-
rage et sois fort. Et comme il par-
lait avec moi, je pris des forces,
et je dis : Parlez, mon Seigneur,
parce que vous m'avez fortifié.
20. Et il dit : Est-ce que tu sais
pourquoi je suis venu vers toi?
Et maintenant je m'en retourne-
rai afin de combattre contre le
prince des Perses; lorsque moi
je sortais, le prince des Grecs a
apparu venant vers mor.
21. Mais cependant je t'annon-
cerai ce qui est exprimé dans une
écriture de vérité ; et il n'est per-
sonne qui m'aide en toutes ces
choses, sinon Michel, votreprince.
CHAPITRE XI.
Empire des Perses ruiné par le roi des
Grecs. Guerre contre les rois du midi
et du septentrion. Roi impie; ses ex-
péditions contre l'Egypte et la Judée;
sa fin malheureuse.
4. Or moi, dès la première an-
DANIEL. 2023
née de Darius le Mède, je me
prêtais à ce qu'il devint fort et
puissant.
9. Et maintenant je vous an-
noncerai la vérité. Voici qu'il y
aura encore trois rois en Perse,
et le quatrième s'enrichira de
très grandes richesses par-dessus
tous les autres ; et lorsqu'il sera
devenu puissantparsesrichesses,
il animera tous 708 peuples contre
le royaume de la Grèce:
3. Mais il s'élévera un roi fort,
et il dominera avec une grande
puissance, et il fera ce qui lui
plaira.
4. Et lorsqu'il sera affermi, son
royaume sera brisé, et sera par-
tagé vers les vents du ciel, mais
non pas entre ses descendants,
ni selon la puissance avec la-
quelle il aura dominé; car son
royaume sera déchiré et passera
à des étrangers outre ceux-là.
ὃ. Et le roi du midi se fortifiera,
et «n de ses princes prévaudra
sur lui, et il dominera par sa
puissance, Car grande sera sa do-
mination.
18. Comme la vision, etc. C'est encore le méme ange Gabriel.
19. Homme de désirs. Voy. 1x, 23.
21. Une écriture de vérité ; hébraisme, pour une écriture trés véritable; c'est-à-dire
le livre où sont écrits les décrets divins dont l'accomplissement ne peut manquer.
Compar. Exod., xxxu, 32, 33; Ps. Lxxxvi, 6; cxxxvmr, 16; Apocal., m, 5. — Michel
votre prince. Toute l'antiquité a reconnu saint Michel comme l'ange protecteur de la
synagogue; l'Eglise chrétienne l'honore en la même qualité.
1. Or moi, etc. C'est la continuation du discours de l'ange Gabriel.
2. Encore; c'est-à-dire aprés Cyrus, premier roi des Perses, lequel régnaitau temps
où Daniel eut cette vision (x, 1). — Trois rois; Cambyse, Smerdis et Darius fils
d'Hystaspe. — Le quatrième; Xerxès.
3. Un roi fort, etc. C'est Alexandre le Grand.
4. Sera partagé. C'est le partage du royaume d'Alexandre en quatre grands
royaumes. Compar. virt, 8, 22. — Outre ceux-là, etc. Outre quatre grands royaumes
dont on vient de parler, il se forma de celui d'Alexandre, d'autres petits Etats dans
la Cappadoce, l'Arménie, la Bithynie, sur le Bosphore, etc.
5. Le roi du midi; le roi d'Egypte, située en effet au midi par rapport à la Judée et
à la Syrie. Ce roi est Ptolémée, fils de Lagus. — Un de ses princes; des princes d'A-
S ND. (vers. 4). Ce prince est Séleucus-Nicator, fondateur du nouveau royaume de
vrie
2024
plies, ils feront alliance ; et la fille
du roi du midi viendra vers le roi
de l'aquilon: pour faire amitié;
mais elle n'acquerra pas la force
du bras, et sa race ne subsistera
pas; etelle sera livrée, elle et les
jeunes hommes qui l'ont amenée,
et ceux qui la soutenaient en ces
temps-là.
7. ἘΠῚ) s'élèvera du germe de
ses racines un plant; et il viendra
avec une armée, et entrera dans
la province du roi de l'aquilon, et
il les maltraitera, etil s'en rendra
le maitre.
8. Et de plus, il emménera cap-
tifs en Egypte leurs dieux, et
leurs images taillées au ciseau
comme aussi les vases précieux
d'argent et d'or; celui-là pré-
vaudra contre le roi de l'aquilon.
9.Etle roi du midi entrera dans
son royaume, puis il reviendra
dans son propre pays.
10. Mais ses fils seront irritéset
assembleront une multitude de
très nombreuses armées; et l’un
d'eux viendra, se hâtant et se ré-
Cap. XI. 14. Is.,
xx, «10.
DANIEL.
6. Et, après des années accom-
[cu. x1.]
pandant partout; et il reviendra,
et il s'animera,. et il combattra
contre ses forces.
11. Et irrité, le ror du midi sor-
tira et combattra contre le roi de
laquilon; il préparera une tres
grande multitude de troupes, et
une multitude sera livrée en sa
main. |
19. Et il prendra la multitude,
et son cœur s'élevera; et il abat-
tra beaucoup de milliers ; mais il
ne prévaudra pas.
13. Car le roi de l'aquilon re-
viendra, et préparera une multi-
tudebeaucoup plus grande qu'au-
paravant; et à la fin des temps et
des années, il viendra se hâtant
avec une grande armée et des
forces immenses.
14. Et dans ces temps-là, un
grand nombre s'éleveront contre
le roi du midi; et aussi les fils
des prévaricateurs de ton peuple
s'éleveront, afin qu'ils accom-
plissent la vision, et ils tombe-
ront.
15. Et le roi de l'aquilon vien-
dra, et il formera un. rempart, et
6. La fille, ete.; Bérénice, fille de Ptolémée Philadelphe. — Viendra. pour épouser
Antiochus Théus, roi de Syrie, petit-fils de Séleucus Nicator; condition de l'alliance.
— La force du bras; une grande autorité. — Les jeunes hommes; ses serviteurs et ses
familiers.
1. Un plant; Ptolémée Evergète, fils et successeur de Ptolémée Philadelphe, et
frére de Bérénice, est figuré par ce plant.
9. Son royaume; le royaume de l'aquilon.
10. Ses fils; les fils du roi de l'aquilon (vers. 8), Séleucus Callinicus; ces fils sont
Séleucus. Céraunius et Antiochus 16 Grand. — L'un d'eux; c'est le dernier. — Ses
forces; les forces du roi d'Egypte.
11. Le roi du midi, Ptolémée Philopator, successeur de Ptolémée Evergète.
13. Le roi de l’aquilon; Antiochus. — 4 la fin, etc.; c'est-à-dire après un certain
nombre d'années. .:
14. Les fils des prévaricateurs; expression pottique, qui signifie simplement les
prévaricateurs. On l'entend communément des Juifs qui suivirent Onias, fils du grand-
prétre Onias III, lorsque s'étant retiré en Egypte, il s'attacha au service de Ptolémée
Philopator, fils et successeur d'Epiphane, et obtint de lui la permission de bâtir dans
son royaume un temple sembable à celui de Jérusalem, prétendant accomplir ainsi
la prophétie d'Isaie, xix, 48, 19.
[cu. x1.]
il prendra des villes tres forti-
fiées; etles bras du midi ne pour-
ront soutenir l'attaque, et ses
hommes d'élite s'éleveront pour
résister, et ils n'auront pas de
force.
16. Et venant sur lui, il fera
selon qu'il lui plaira, et il n'y aura
personne qui tienne devant sa
face; et il s'arrêtera dans la terre
illustre, et elle sera détruite par
ses mains.
11. Et il posera sa face pour ve-
nir s'emparer de tout son royau-
me; il fera des conditions justes
avec lui, il lui donnera une fille
de ses femmes, afin de renverser
son royaume; mais 11 ne réus-
sira pas, et elle ne sera pas pour
lui.
18. Et il tournera sa face vers
les iles, et il en prendra beau-
coup; et il arrétera le prince de
son opprobre, et son opprobre
retombera sur lui.
19. Et iltournera sa face vers la
terre de son empire, etil se heur-
tera, et il tombera, et on ne le
trouvera pas.
20. ἘΠῚ] s'élévera à sa place un
homme tres vil et indigne de la
majesté royale;et en peu de jours
il sera brisé, non dans la fureur ni
dans un combat.
DANIEL. 2025
91. ἘΠῚ] s'élevera à sa place un
prince méprisé,etl'honneur royal
ne lui sera pas rendu; et il vien-
dra en secret, et, il obtiendra le
royaume par la fraude.
22. Et les bras du combattant
seront vaincus devant sa face, et
brisés, aussi bien que le chef de
lalliance.
23. Or, après lamitié faite, il
emploiera la fraude contre lui; et
il montera, et il triomphera avec
un peuple peu nombreux.
24. Et il entrera dans les villes
riches et opulentes, et il fera ce
que n'ont pas faitses peres et les
pères de ses pères : il disipera
leurs. rapines, leur butin, leurs
richesses, et ilformera des des-
seins contre Jes villes les plus
fortes; et cela jusqu'à un temps.
95. Et sa force et son cœur s'a-
nimeront contre le roi du midi,
avec une grande armée; etle roi
du midi sera excité au combat
par des secours nombreux et
très puissants; et ils ne résiste-
ront pas, parce qu'il se formera
contre lui des complots.
96. Ceux qui mangent le pain
avec lui le briseront; et son
armée sera accablée, et il tom-
bera une trés grande quantité de
tués,
16. La terre illustre; selon l'hébreu, La terre de la beauté; c'est-à-dire, la Judée.
Compar. vri, 9.
17. Elle ne sera pas pour lui. La fille d'Antiochus en effet, devenue femme de Pto-
lémée, abandonna les intérêts de son père et embrassa ceux de son mari.
18. Les iles. Le mot hébreu correspondant signifie proprement région lointaine, con
trée très éloignée.
19. Et on ne le trouvera pas ; il disparaîtra. Antiochus ayant pillé un temple. dans
la province d'Elymais, fut massacré par la population.
20. Et il s’élèvera, etc. Le successeur d'Antiochus fut son fils aîné, Séleucus Philo-
pator. — Il sera brisé,etc. Séleucus périt par les artifices de son ministre Héliodore
qui voulait usurper son royaume.
94. Leurs rapines, leur bulin; les rapines, le butin des ennemis.
796. Ceuz qui mangent, etc.; hébraisme, pour qui prennen! leur nourriture avec. lui,
qui mangent à sa table.
2026
97. Et le cœur des deux rois
sera porté à mal faire; et à une
méme table ils parleront le men-
songe; etils ne réussiront pas,
parce que la fin est pour un autre
temps encore.
98. Et il retournera dans son
pays avec de grandes richesses ;
et son cœur sera contre l'alliance
sainte ; et il agira, et il retournera
dans son pays.
29. Au temps marqué, il re-
tournera, et il viendra vers le
midi; mais sa derniere expédition
ne sera pas semblable à la pre-
miere.
30. Et viendront contre lui des
triremes et des Romains; et il
sera frappé, et il retournera, et il
sera indigné contre l'alliance du
sanctuaire, et il agira, etil retour-
nera, et il formera des desseins
méme contre ceux qui ont aban-
donné l'alliance du sanctuaire.
DANIEL.
[cu. xi.]
31. Et des bras armés par lui
se lèveront, et souillerontle sanc-
tuaire de la force, et feront cesser
le sacrifice perpétuel, et ils ajou-
teront à l'abomination la désola-
tion.
32. Et contre l'alliance, les im-
pies useront d'une feinte trom-
peuse;mais le peuple connaissant
son Dieu prévaudra et agira.
33. Et les savants parmi le
peuple instruiront hien des gens,
et ils tomberont sous le glaive,
dans la flamme, en captivité, et
par un brigandage de plusieurs
jours.
34. Et lorsqu'ils seront tom-
bés, ils seront soulagés par un
trés petit secours, et beaucoup
se joindront à eux frauduleuse-
ment.
39. Et d'entre ces savants, plu-
sieurs succomberont, afin. qu'ils
passent par le feu, qu'ils soient
21. La fin, etc.; le temps de leur ruine n'est pas pas encore venu.
28. Il retour néra ; c'est-à-dire, Antiochus Epiphane. — L’alliance sainte (testamen-
tum sanctum); la loi divine des Juifs, appelée au vers. 30 l'alliance du sanctuaire,
parce qu'elle était conservée dans le temple. On pourrait encore entendre par cette
expression tout ce qui הש à la religion des Juifs. Compar. sur l'ensemble de
ce vers. 28, I Machab., 1, 20-24; II Machab., v, 21.
30. Des trirémes et los HWonidihs; Deb aisrfie, pour les trirèmes des Romains; c'est
à-dire, les Romains sur leurs trirémes. Le texte hébreu porte des vaisseaux de Céthim,
ou de la Macédoine. Nous savons par Tite-Live et Justin que des légats romains
mirent fin à la guerre et obligérent Antiochus à s'en retourner. Ges historiens re-
marquent qu'étant arrivés à l’île de Délos, les légats y trouvèrent des vaisseaux
légers macédoniens. Or cette remarque autorise à eroire que les légats s'en servirent
pour leur voyage. — L'alliance du sanctuaire. Voy. le vers. 28. Compar. I Machab.,
I, 30, 54; II Machab., 1v, 1 et suiv.; v, 24, 26. — Contre ceux. C'est évidemment le sens
de la Vulgate (adversum eos). C'est aussi celui qu'ont donné les versions catholiques
allemande, anglaise, italienne, Ménochius, etc. Ce texte hébreu peut signifier pour
ceux, en faveur de ceux; mais il est aussi susceptible du sens donné par la Vulgate.
31. Et des bras, etc. Voy. Y Machab., τ, 43 et suiv.; II Machab., νι, 1 et suiv. — La
sanctuaire de la force; le temple, ainsi appelé parce qu'on y adorait le Dieu fort, le
tout-puissant, ou parce que le temple lui-même était très fortifié, à l'instar d'une ci-
tadelle.
32. Les impies useront, etc. Voy. 11 Machab., νι, 21.
33. Les savants, etc. Ceci regarde principalement Mathathias et ses fils, de la tribu
de Lévi. Voy. I Machab. ., It, 21 et suiv.
34. Par un trés petit secours; celui des frères Machabées. Voy. I Machab., n, 4 et
suiv. — Beaucoup se joindront, etc. Voy. 11 Machab., vin, 1 et suiv.
35. Un autre temps; un temps différent, un temps 'de consolation.
reg. x1.]
purifiés, et qu'ils deviennent
blancs jusqu'au temps déterminé,
parce qu'il y aura encore un autre
temps.
36. Et le roi agira selon sa
volonté, et il s'élèvera et se glo-
rifiera, contre tout dieu ;etcontre
le Dieu des dieux il parlera avec
arrogance, et il prospérera, jus-
qu'à ce que le courroux de Dieu
contre son peuple soit accompli;
car la décision ἃ été prise.
37. Et il comptera pour rien le
Dieu de ses pères; et il sera //vré
à la concupiscence des femmes,
et il n'aura souci d'aucun des
dieux, parce qu'il s'élévera contre
toutes choses,
38. Mais il vénérera en son lieu
le dieu Maozim, et il honorera le
dieu que ses pères ont ignoré,
avec de l'or et de l'argent, et des
pierres précieuses, et d'autres cho-
565 précieuses.
39. Et il fera en sorte de forti-
fierMaozim avec un dieu étranger
quil a connu, et il multipliera
leur gloire, et il leur donnera la
puissance sur un grand nombre;
et il partagera la terre gratuite-
ment.
40. Et, au temps marqué, le roi
DANIEL. 2027
du midi combattra contre lui; et
comme une tempéte viendra con-
tre lui le roi de l'aquilon, avec
des chars et des cavaliers, et une
grande flotte; et il entrera dans
ses terres et 768 détruira, et pas-
sera au delà.
41. Et il entrera dans la terre
glorieuse, et beaucoup de terres
seront ruinées ;orcelles-là seules
seront sauvées de sa main :Edom
et Moab, etle commencement des
fils d'Ammon.
49. Et il étendra sa main surles
terres, et la terre d'Egypte n'é-
chappera pas.
49. Et il se rendra maître des
trésors d'or et d'argent, et de
toutes les choses précieuses de
l'Egypte : il passera aussi au tra-
vers de la Libye et de l'Ethiopie.
44. Et des bruits venant de
lorient et de l'aquilon le trou-
bleront; et il viendra avec une
grande multitude, afin de briser
et de tuer un trés grand nombre.
45. Et il plantera son taber-
nacle à Apadno entre des mers
sur une montagne illustre et
sainte; et il viendra jusqu'à son
sommet, et personne ne le se-
courra.
31. Il sera livré, etc. Voy. 11 Machab., 1v, 30.
98. Le dieu Maozim; est selon plusieurs l'idole de Jupiter Olympien, qu'Antiochus
fit placer dans le temple de Jérusalem. Compar. 1 Machab., τ, 51; 1] Machab., νι, 12.
L'hébreu porte, El6hah, máhuzzim, qui signifie dieu de lieux fortifiés, de forteresses;
ce que quelques-uns entendent de Mars, dieu de la guerre; mais d'autres du vrai Dieu.
39. Maozim; c'est-à-dire, les forteresses; allusion à la signification du nom du dieu,
Antiochus fit bâtir en effet une forteresse auprès du temple du Seigneur, où il avait
placé la statue de son Dieu, comme pour le défendre contre toute attaque. — Leur;
se rapporte aux Juifs qui adorèrent l'idole d'Antiochus.
40. Ce verset et les suivants sont une récapitulation des vers. 22-30.
41. La terre glorieuse; la Judée. Compar. vri, 9; xt, 16. — Le commencement, etc.;
les premieres, les principales terres des Ammonites.
45. Apadno ; nom d'un lieu que Théodoret place non loin de Jérusalem, et saint Jé-
róme prés de Nicopolis; Théodotion et Procope font également de ce mot un nom
propre de lieu; mais les interprètes modernes l'expliquent généralement par cita-
delle, valais, sens au'il a en hébreu, en chaldéen, en syriaque, et méme en arabe,
2028 DANIEL.
CHAPITRE XII.
Délivrance du peuple de Dieu. Résurrec-
tion. Gloire des saints. Terme de la du-
rée de la grande désolation.
1. Mais en ce temps-là s'éle-
vera Michel le grand prince,
qui est pour les fils de ton peu-
ple; et viendra un temps, tel
quil n en ἃ pas eu. depuis
que les nations ont commencé
d'être jusqu'alors. Et en ce temps-
là, sera sauvé quiconque de ton
peuple sera trouvé écrit dans le
livre.
2. Et beaucoup de ceux qui
dorment dans la poussière de la
terre s'éveilleront : les uns pour
la vie éternelle, et les autres
pour lopprobre, afin qu'ils /e
voient toujours.
3. Or ceux qui auront été sa-
vants brilleront comme la splen-
deur du firmament, et ceux qui
enseignent la justice à un grand
[cu. xm.]
nombre, serontcommeles étoiles
dans les perpétuelles éternités.
4. Mais toi, Daniel, ferme. 8
paroles, et scelle le livre jusqu'au
temps déterminé; beaucoup [6
parcourront et la science sera
multipliée.
9. EL je vis, moi Daniel, et voilà
comme deux autres hommes qui
se tenaient debout : l'un en decà,
sur la rive du fleuve, et l'autre
au delà, sur la rive du fleuve.
6. Et je dis à l'homme qui était
vétu de lin, qui se tenait sur les
eaux du fleuve : Quand sera la
fin de ces prodiges?
7. Et j'entendis l'homme. qui
était vétu de lin, qui se tenait de-
bout sur les eaux du fleuve, lors-
qu'il eut élevé sa main droite et
sa main gauche au ciel, et qu'il
eut juré par celui qui vit éter-
nellement, en disant : Dans un
temps, et deux temps, et la moi-
tié d'un temps. Et quand la dis-
Caab. XII. 2. Matth., xxv, 46. — 3. Sag., rir, 7. — 7. Apoc., x, 5.
1. Mais, etc.; continuation du chapitre précédent. — En ce temps-là ; c'est-à-dire
au temps d'Antiochus Epiphane, selon saint Chrysostome et quelques commentateurs;
mais, suivant la plupart des autres Pères et des interprètes, au temps de l'Antéchrist
et de la fin du monde. Dans le style prophétique, en elfet, cette expression ne se
rapporte pas toujours au temps dont il vient d'étre question, mais simplement au
temps à venir, que l'esprit de Dieu découvre aux prophétes, et dans lesquels les di-
vers événements qu'ils annoncent sont quelquefois séparés de plusieurs siècles. —
Qui est pour, etc. Compar. x, 21. — Viendra un temps, etc. Voy. Matth., xxiv, 21; Rom.,
xi, 26. — Le livre; de vie. Etre écrit duns ce livre, c'est étre prédestiné à la gloire.
2. Beaucoup de ceux; c'est-à-dire, toute la multitude de ceux. Dans le style biblique
on met fréquemment beaucoup pour la totalité, lorsque cette totalité comprend un
nombre considérable. — Qu'ils le voient; hébraisme, pour qu’ils le sentent, qu'ils
léprouvent. — Ge verset et sa suite montre clairement qu'il s'agit de la résurrection
générale à la fin du monde.
3. Brilleront, etc. Compar. Sagesse, x, 7; Matth., xu, 43.
4. Ferme les paroles, οἷο. Voy. vut, 26. — Temps délerminé pour leur accomplisse-
ment. — Le parcourront alors. — La science, etc.; ils en retireront beaucoup de con-
naissances; selon d'autres, ils en donneront diverses explications.
5, 6. Du fleuve; du Tigre. Compar. x, 4.
5. L'homme qui était vélu de lin. Voy. x, ὃ. — La fin; Vaccomplissement.
7. Disant (quia). Comme nous l'avons remarqué ailleurs, tel est le vrai sens des
particules latines quia, quoniam, lorsque représentant le κι hébreu, elles ne servent
qu'à introduire dans le récit un discours direct; ce qui nous a paru étre le cas dans
ce passage. — Un lemps, Voy. vu, 25.
(en, xii.)
persion de l'assemblée du peupie
saint sera accomplie, toutes ces
choses seront accomplies.
8. Et moi j'entendis et ne com-
pris pas. Et je dis : Mon. Sei-
gneur, qu'est-ce qui sera apres
ceci?
9. Et il dit : Va, Daniel; car les
paroles sont fermées et scellées
jusqu'au temps fixé.
10. Beaucoup seront purifiés, et
deviendront blanes et éprouvés
comme le feu, et les impies agi-
ront avec impiété, et aucun des
impies ne comprendra; mais les
savants comprendront.
11. Et depuis le temps qu'aura
été aboli le sacrifice perpétuel, et
qu'aura été établie l'abomination
de là désolation, il s'écoulera
mille deux cent quatre-vingt-dix
jours.
19. Bien heureux celui qui at-
tend et qui parvient jusqu'à mille
trois cent trente-cinq jours.
13. Mais toi, và jusqu'au terme
fixé, et tu seras en repos, et tu
DANIEL.
2029
demeureras dans ton état jusqu'à
la fin des jours.
Jusqu'ici nous avons lu Daniel dans
le volume hébreu. Ce qui suit jusqu'à la
fin du livre ἃ été traduit de l'édition de
Théodotion.
CHAPITRE XIII.
Histoire de Susanne injustement accusée
et condamnée. Daniel la délivre 3,
1. Or il y avait un homme ha-
bitant à Babylone, et son nom
était Joakim.
2. Et il prit une femme du nom
de Susanne, fille d'Helcias, fort
belle, et craignant Dieu.
3. Car, comme ses parents
étaient justes, ils éleverent leur
fille selon la loi de Moise.
4. Or, Joakim était tres riche,
etil avait un verger pres de sa
maison; et les Juifs affluaient
souvent chez lui, parce qu'il était
le plus considérable de tous.
9. Et on établit juges d'entre
le peuple en cette année là deux
vieillards, dont le Seigneur a
AU. Aucun des impies (neque omnes impii). En hébreu, le mot fout, accompagné d'une
négation, équivaut à pas un, aucun, nul.
19. Mille, etc., ce qui fait quarante-cinq jours de plus qu'au verset précédent. Or,
suivant saint Jéróme et Théodoret, ces quarante-cinq jours sont ceux qui s'écou-
leront entre la mort de l’Antéchrist qui arrivera au bout de mille deux cent quatre-
vingt-dix jours, et le dernier avénement de Jésus-Christ. Ceux qui en font l'applica-
tion au temps des Machabées entendent les jours qui s'écoulérent entre la nouvelle
consécration du temple et la mort d'Antiochus.
13. Mais loi; Daniel. — Va, etc.; c'est-à-dire, attends jusqu'à ta mort, tu vivras
dans la paix et le repos, et tu jouiras de tes dignités, de ton rang élevé jusqu'à la
fin de ta vie; ou bien, tu mourras, mais tu jouiras aussitót d'un repos qui durera
jusqu à la fin des temps, où tu ressusciteras pour entrer en possession de la félicité
éternelle. — Jusqu'ici, ete. C'est une remarque de saint Jérôme. Les deux chapitres
suivants, quoique n'ayant pas été traduits du texte original, ont été reconnus par
l'Eglise comme faisant partie des divines Ecritures, Voyez notre observation page 449,
? Dans l'ordre des temps, cette histoire devrait être placée après le chapitre Ier;
elle est arrivée au temps de la captivité des Juifs à Babylone, lorsque Daniel était
encore jeune (vers. 45), et par conséquent dans les trois premières années de la cap-
tivitc.
1. * Joakim était un des principaux Juifs captifs à Babylone.
2. * Susanne signifie lis.
8. On elabli!, etc. On voit par ces paroles que, quoiqu'en captivité, les Juifs n'étaient
2030
parlé, disant : L'iniquité est sor-
tie de Babylone par des juges
vieillards qui paraissaient gou-
verner le peuple.
6. Ces juges se rendaient fré-
quemment dans la maison de
Joakim, el tous ceux qui avaient
des contestations venaient vers
eux.
7. Mais lorsque le peuple s'en
était allé sur le midi, Susanne
entrait et se promenait dans le
verger de son mari.
8. Et les vieillards la voyaient
tous les jours entrant et se pro-
menant; et ils concurent une vio-
lente passion pour elle;
9. Et leur sens fut perverti, et
ils détournèrent leurs yeux afin
de ne pas voir le ciel, et de ne
pas se souvenir des justes juge-
ments.
10. Ils étaient done tous deux
blessés par l'amour de Susanne,
et ils ne se dirent pas l'un à l'au-
tre leur peine;
11. Car ils rougissaient de se
faire connaitre leur passion, vou-
lant {ous deux lYassouvir.
19. Et ils épiaienttous les jours
avec la plus grande vigilance /e
moment de la voir. Et l'un dit à
l’autre :
13. Allons à la maison, car c'est
l'heure du diner. Et, étant sortis,
ils se séparerent.
14. Mais, comme ils revinrent,
ils se trouvèrent ensemble; et,
DANIEL.
(cu. xui]
s'en demandant mutuellement la.
cause, ils s'avouerent leur pas-
sion ; et alorsils fixerentensemble
le temps, quand ils pourraient la
trouver seule.
15. Or, il arriva que, lorsqu'ils
épiaient le jour convenable, Su-
sanne entra, comme la veille et
lavant-veille, seulement. avec
deux jeunes filles, et voulut se
baigner dans le verger, car il fai-
sait chaud.
16. Et il n'y avaitlà personne,
excepté les deux vieillards ca-
chés, et quila regardaient.
11. Et elle dit donc aux jeunes
filles : Apportez-moi de l'huile et
des savons, et fermez les portes
du verger, afin que je me baigne.
18. Et elles firent comme elle
avait ordonné, et elles fermerent
les portes du verger, et sorlirent
par la porte de derriere, pour ap-
porter ce qu'elle avaitcommandé,
et elles ne savaient pas que les
vieillards fussent cachés au de-
dans du verger.
19. Mais, lorsque les servantes
furent sorties, les deux vieillards
se levèrent et accoururent à elle,
el dirent :
20. Voici que les portes du jar-
din sont fermées, et personne ne
nous voit, nous avons conçu une
violente passion pour vous; à
cause de cela, rendez-vous à nos
désirs et livrez-vous à nous.
91. Que si vous ne voulez pas,
pas privés du droit de juger des cas qui concernaient leurs lois et les affaires des
individus de leur nation entre eux. — Disant. Voy. sur ce mot, xit, 7. — L'iniquité, etc.
Cette citation n'est pas écrite dans les Livres saints, elle pouvait se trouver dans la
tradition. Quelques-uns prétendent qu'elle se rapporte à Jérém., xxu, 14, et xxix,
où on voit en effet une pensée analogue à celle qu'exprime ici Daniel.
9. Des justes jugements de Dieu.
13. L'heure du diner; l'heure de midi (vers. 1).
415. La veille, etc.; littér. Aier et avant-hier; hébraisme, pour auparavant,
[cg. xiu.]
nous. porterons contre vous 16-
moignage, qu'il y avait avec vous
un jeune homme, et que c'est
pour cela que vous avez ren-
voyé les jeunes filles d'auprés de
vous.
22. Susanne soupira, et dit : Je
suis dans desangoisses de toutes
parts; car si je fais cela, c'est la
mort pour moi; et si je ne le fais
point, je n'échapperai pas à vos
mains.
23. Mais il est mieux pour moi
de tomber sans crime en vos
mains, que de pécher en la pré-
sence du Seigneur.
24. Et Susanne s'écria d'une
voix forte; mais les vieillards s'é-
criérent aussi contre elle.
25. Et l'un d'eux courut aux
portes du verger, et les ouvrit.
26. Lors done que les serviteurs
de la maison entendirent les cris
dans le verger, ils coururent par
la porte de derriere, afin de voir
ce que c'était.
27. Mais, aprés que les vieillards
eurent parlé, les serviteurs rou-
girent d'une honte extréme, parce
que jamais parole de cette sorte
n'avait été dite de Susanne. Et le
lendemain arriva.
28. Et comme le peuple vint
vers Joakim, son mari, vinrent
aussi les deux vieillards, pleins
d'une pensée inique contre Su-
sanne, afin de la faire mourir.
29. Et ils dirent devant le peu-
ple : Envoyez vers Susanne, fille
DANIEL.
2051
d'Helcias, femme de Joakim. Et
aussitôt on y envoya.
30. Et elle vint avec son père
et sa mère, et ses fils, et tous ses
parents.
31. Or Susanne était extrème-
ment gracieuse et belle de vi-
sage.
32. Mais ces hommes iniques
commandèrent qu'on lui ótàt son
voile (car elle était voilée), afin
qu'au moins, de cette maniere,
ils se rassasiassent de sa beauté.
38. Et ses parents pleuraient, et
tous ceux qui la connaissaient.
34. Cependant les deux vieil-
lards, se levant au milieu du peu-
ple, mirent leurs mains sur 58
iéte.
35. Et elle, en pleurant, leva les
yeux au ciel, car son cœur avait
confiance au Seigneur.
36. Et les vieillards dirent :
Comme nous nous promenions
seuls dans le verger, celte femme
est entrée avec deux jeunes ser-
vantes, et elle a fermé les portes
du verger, et renvoyé d'auprès
d'elle les jeunes filles.
31. Et est venu vers elle un
jeune homme qui était caché et a
commis le crime avec elle.
38. Pour nous, comme nous
étions dans un coin du verger,
voyant cette iniquité, nous avons
couru vers eux et les avons vus
ensemble.
39. A la vérité, nous n'avons pu
saisir 16 jeune homme, parce qu'il
——————— M Ó € ,ןוו
..92. Commandérent, etc. On voit, dans la loi mosaïque, que la femme accusée d'a-
dultére par son mari, avait le visage découvert pendant le jugement (Nomór., v, 18).
Les accusateurs de Susanne prirent sans doute prétexte de cet article de la loi, pour
lui faire ôter son voile, sans lequel aucune femme en Orient ne peut paraître en
public.
34. Mirent leurs mains, etc.; usage consacré chez les Hébreux, surtout dais les
condamnations à mort (Lévit., xxiv, 44).
2052
était plus fort que nous, et qu'a-
près avoir ouvert les portes, il est
sorti avec précipitation.
40. Mais elle, lorsque nous l'a-
vons eu prise, nous εἶ avons de-
mandé quelétaitce jeunehomme,
et elle n'a pas voulu nous le faire
connaitre; de ceci nous sommes
témoins.
41. La multitude les crut comme
vieillards et juges du peuple; et
ils la condamnèrent à mort.
49. Mais Susanne s'éeria d'une
voix forte, et dit : Dieu éternel,
qui connaissez les choses cachées,
qui connaissez toutes choses
avant qu'elles soient faites,
43. Vous savez qu'ils ont porté
un faux témoignage contre moi;
et voilà que je meurs, quoique je
n'aie rien fait de tout ce que ces
hommes ont malicieusement in-
venté contre moi.
44. Or le Seigneur exauca sa
voix.
45. Et comme on 18 conduisait
à la mort, le Seigneur suscita l'es-
prit saint d'un jeune enfant dont
le nom est Daniel;
46. Et il s'écria d'une voix forte :
Je suis innocent du sang de cette
femme.
41. Ettoutle peuple s’étanttour-
né vers lui, dit : Quelle est cette
parole que tu as dite?
Cuar. XIII. 58. Exode, א 7.
DANIEL.
(cu. xur.]
48. Et lui, se tenant debout au
milieu d'eux, dit : C'est ainsi, in-
sensés, enfants d'Israél, que ne
jugeant et ne connaissant pas ce
qui est véritable, vous condamnez
une fille d'Israel?
49. Retournez au jugement, car
ils ont porté un faux témoignage
contre elle. |
90. Le peuple done retourna
promptement, et les anciens lui
dirent : Viens, et asssieds-toi au
milieu de nous, et éclaire-nous,
parce que Dieu t'a donné l'hon-
neur de la vieillesse.
91. Et Daniel leur dit : Sépa-
rez-les l'un de l'autre, et je les
jugerai.
92. Lors done qu'ils furent sé-
parés l'un de l'autre, il appela
l'un d'eux, et lui dit : Vieillard
plein. de jours mauvais, main-
tenant ils sont venus, les péchés
que vous commettiez aupara-
vant,
53. Rendant des jugements in-
justes, opprimant les innocents
et renvoyant les coupables, le
Seigneur disant : Tu ne feras
pas mourir un juste et un inno-
cent.
54. Maintenant donc, si vous
l'avez vue, 01163 sous quel arbre
vousles avez vus s'entretenant.
Et il dit : Sousun lentisque.
41. A mort. La lapidation était la peine de l’adultère (Lévit., 1, 10; Jean, vu, 5).
49. L'esprit saint; Vesprit de prophétie, pour découvrir le crime des vieillards et
les convaincre par leur propre bouche avant l'instruction de l'affaire. — D'un jeune
homme (pueri junioris). L'épithète junior, liltér. plus jeune, ne change pas la signi-
fication de puer, qualification donnée déjà quatre lois ) 4, 13, 15, 11) à Daniel, sans
cet adjectif. Au reste, quel que fût l'âge de Daniel, aidé d'une lumière surnaturelle,
il n'a nullement été précipité dans son jugement, comme l'ont prétendu certains in-
erédules.
52. Mainlenant, etc.; c'est maintenant que tous vos crimes sont retoimbés sug votis,
et que vous allez les expier.
93. Tu ne feras pas, etc. (Exod,, xxu, 1).
[cn. x1v.]
88. 008161 dit: Vous avez pré-
cisément menti contre votre tête;
car voici qu'un ange deDieu, ayant
recu sa sentence, vous coupera
par le milieu.
56. Et l'ayant fait retirer, il
commanda que l’autre vint, et
il lui dit : Race de Chanaan, et
non de Juda, la beauté vous ἃ
séduit, et la passion a perverti
votre cœur.
57. C'est ainsi que vous agissiez
avec les filles d'Israël, et elles, sai-
sies de crainte, vous parlaient;
mais la fille de Juda n'a pas souf-
fert votre iniquité.
58. Maintenant donc, dites-moi
sous quel arbre vous les avez sur-
pris se parlant. Et il dit: Sous
une yeuse.
59. Or Daniellui dit: Vous avez
précisément menti vous aussi
contre votre téle, car l'ange du
Seigneur est tout prét, ayant le
glaive afin de vous couper par
le milieu, et de vous tuer {ous
deux.
60. C'est pourquoi toute l'as-
semblée s'écria d'une voix forte,
et ils bénirent Dieu qui sauve
ceux qui espèrent en lui.
61. Et ils s'éleverent contre les
62. Deut., xix, 18, 19.
DANIEL.
2033
deux vieillards (car Daniel les
avait convaincus par leur propre
bouche qu'ils avaient porté un
faux témoignage), et ils les trai-
terent selon le mal qu'ils avaient
faità leur prochain,
62. Afin d'agir suivant la loi de
Moise, et ils les mirent à mort, et
un sang innocent fut sauvé en ce
jour-là.
63. Or Helcias et sa femme loue-
rent Dieu pour leur fille Susanne,
avecJoakim, son mari, et tous les
parents, parce qu'aucune chose
honteuse n'avait été trouvée en
elle.
64. Mais Daniel devint grand
en la présence du peuple, depuis
ce jour-là et dans la suite.
65. Et le roi Astyage fut réuni
à ses peres, et Cyrus le Perserecut
son royaume.
CHAPITRE XIV.
Daniel découvre l'imposture des pré-
tres de Bel, fait mourir un dragon
adoré par les Babyloniens, est jeté
dans la fosse aux lions, et en est dé-
livré.
1. Or Daniel était convive duroi,
et honoré au-dessus de tous ses
amis.
55, 59. Contre votre téte; de maniére que votre mensonge va retomber sur votre
tête, va tourner à votre perte. — Vous 'coupera par le milieu. ll y a un jeu de mots
dans le grec; d'où on a prétendu que le grec était le texte original; mais en bonne
critique cela ne le prouve point, parce que l'allusion a pu se trouver dans la version
sans avoir été dans le texte, et qu'il pouvait y avoir dans le texte une allusion sem-
blable à celle qui se lit dans la version; mais on ne connait pas assez les noms hé-
breux des arbres pour pouvoir déterminer quelles étaient les expressions du texte.
Il est probable que l'expression, vous coupera par le milieu, signifie ici vous exler-
minera, et que les deux vieillards furent lapidés, suivant la loi du talion qui veut
que le faux accusateur souffre la peine qu'il a voulu faire souffrir à l'innocent. Voy.
les vers. 61, 62; Deutéron., xix, 18, 19.
63. Ce verset n'a aucun rapport avec l'histoire de Susanne, arrivée au commence-
ment du règne de Nabuchodonosor; il appartient plutôt au chapitre suivant, où sont
racontés des faits qui datent du commencement du règne de Cyrus. — Aslyage; est
selon plusieurs le fils d'Astyage, Cyaxare II, Darius 16 Méde, mais voy. v, 34.
IX. HM ix
2034
2. ]l y avait aussi chez les Ba-
byloniens une idole du nom de
bel, et on employait pour elle
chaque jour douze artabes de
fleur de farine, et quarante bre-
bis, et six amphores de vin.
3. Le roi aussi lhonorait, et
allait chaque jour l'adorer; mais
Daniel adorait son Dieu. Et le roi
lui dit : Pourquoi n'adores-tu pas
Bel?
4. Et Daniel, répondant, lui dit :
Parce que je n'honore pas les
idoles faites à la main, mais le
Dieu vivant, qui a créé le ciel et
la terre, et qui a puissance sur
toute chair. |
9. Et le roi lui dit : Bel ne te
semble-t-il pas un Dieu vivant?
33-00 que tu ne vois pas com-
bien il mange et boit chaque
jour. ?
6. Et Daniel dit en souriant :
Ne vous y trompez pas, Ô roi, car
Bel au dedans est d'argile, et au
dehors, d'airain, et il ne mange
jamais.
7. Et le roi irrité appela ses
prétres, et leur dit : Si vous ne
me dites qui est celui qui mange
tout ce qui se dépense ainsi,
vous mourrez.
δ. Mais, si vous montrez que
DANIEL.
(c. xiv.]
Bel mange ces choses, Daniel
mourra, parce qu'il a blasphémé
contre Del. Et Daniel dit au roi :
Qu'il soit fait selon votre pa-
role.
9. Or il y avait soixante-dix
prétres de Bel, outre les femmes,
et les petits enfants, et les fils. Et
le roi vint avec Daniel au temple
de Del.
10. Et les prêtres de Bel dirent :
Voici que nous, nous sortons de-
hors; et vous, Ó roi, mettez les
aliments et mélez le vin; et fer-
mez la porte et la scellez de votre
anneau;
11. Et, lorsque vous serez en-
tré le matin, si vous ne trouvez
pas que tout ait été mangé par
Bel, nous mourrons de mort,
2/0168, ou Daniel qui a menti contre
nous.
12. Mais ils parlaient par bra-
vade, parce qu'ils avaient fait
sous la table une entrée secrete;
etilssintroduisaient toujours par
- là, et dévoraient le tout.
13. Il arriva done qu'apres que
ceux-ci furent sorlis, le roi mit
des aliments devant Bel; Daniel
ordonna à ses serviteurs, et ils
apporterent de la cendre, et il la
cribla e£ la répandit dans tout le
2. Bel; ancien roi de Babylone qui fut mis au rang 108 dieux par ses sujets après
sa mort. — Arftabes; mesure en usage chez les Babyloniens; elle contenait soixante-
douze setiers, suivant saint Epiphane et saint Isidore de Séville; mais d'autres lui
donnent une capacité différente. — Amphores. 11 s'agit probablement ici de l'amphore
attique, qui contenait trois urnes ou soixante-douze setiers, et non de la romaine
qui était seulement de deux urnes ou quarante-huit setiers; le grec lit métrètes,
c'est-à-dire mesures, — * Pour la valeur de ces diverses mesures, voir la note 4 à
la tin du volume.
4. Toute chair. Voy. sur cette expression, rv, 9.
6. * Est d'argile. Beaucoup de statues à Babylone étaient en argile, parce que la
Chaldée n'a pas de pierre et que le bois y est rare. On recouvrait quelquefois d'un
métal précieux ces statues de terre.
9. Ff les petits enfants, etc.; c'est-à-dire, tous les enfants grands et petits.
10. Mélez le vin; c'est-à-dire, préparez. Compar. Proverb., 1x, 2.
41. Nous mourrons de mort; hébraisme, pour érrémissiblement,
E
(cu. xiv.)
temple, devant le roi; et, étant
sortis, ils fermerent la porte, et,
la scellant de l'anneau du roi, ils
s'en allèrent.
14. Or les prétres entrèrent la
nuit, selon leur coutume, ainsi
que leurs femmes et leurs en-
fants, et ils mangèrent et burent
tout.
15. Mais le roi se leva au point
du jour, et Daniel avec lui.
16. Et le roi dit: Les sceaux
sont-ils intacts, Daniel? et il ré-
pondit : Intacts, à roi.
17. Et aussitót qu'il eut ouvert
la porte, le roi, ayant regardé la
table, s'écria d'une voix forte : Tu
es grand, Bel, et il n'y a en toi
aucune fraude.
18. Et Daniel rit, et il retint le
roi, afin qu'il n'avancàt pas plus
avant, et il dit: Voici le pavé, re-
marquez de qui sont ces traces
de pieds.
19. Et le roi dit: Je vois des
iraces de pieds d'hommes, et de
femmes, et d'enfants. Et le roi
fut irrité.
20. Alors il fit saisir les prêtres,
leurs femmes et leurs enfants; et
ils lui montrerent les petites
portes secrètes par lesquelles ils
entraient, et mangeaient ce qui
était sur la table.
91. Le roi les fit donc mourir,
et livra Bel en la puissance de
Daniel, qui le renversa ainsi que
son temple.
22. Il y avait aussi un grand
dragon en ce lieu-là, et les Baby-
loniens l'adoraient.
23. Et le roi dit à Daniel : Voici
maintenant, tu ne peux pas dire
DANIEL.
2035
que celui-ci ne soit pas un Dieu
vivant : Adore-le donc.
24. Et Daniel dit : J'adore le
Seigneur mon Dieu, parce que
c'est lui qui est un Dieu vivant;
mais celui-ci n'est pas un Dieu
vivant.
25. Mais vous, ὃ roi, donnez-
m'en le pouvoir, et je tuerai le
dragon sans glaive et sans bâton.
Et le roi dit : Je te /e donne.
26. Daniel prit donc de la poix
el de la graisse et des poils, et
les fit cuire ensemble; etil en fit
des masses, et les jeta dans la
gueule du dragon, et le dragon
creva. Et Daniel dit : Voici ce que
vous adoriez.
27. Lorsque les Babyloniens
eurent appris cela, ils furent ex-
trémement indignés, et, s'étant
assemblés contre le roi, ils di-
rent : Le roi est devenu Juif; il a
détruit Bel, il a tué le dragon, et
il a fait mourir les prétres.
28. Et ils dirent, lorsqu'ils fu-
rent venus vers le roi : Livrez-
nous Daniel; autrement nous
vous tuerons, vous et votre mai-
son.
29. Le roi vit done qu'ils ve-
naient à lui avec violence; et,
contraint par la nécessité, il leur
livra Daniel.
30. Ils le jetèrent dans la fosse
aux lions, et il y demeura six
jours.
31. Or dans la fosse étaient sept
lions, et on leur donnait deux
corps chaque jour, et deux brebis;
mais alors on ne leur en donna
point, afin qu'ils dévorassent Da-
niel.
22.* Un grand dragon; probablement un grand serpent consacré au dieu Bel,
31. Deux corps d'hommes probablement condamnés à mort.
2036
32. Or Habacuc, le prophète,
était en Judée, etil avait fait cuire
un mets, et il avait émietté des
pains dans un vase, et il allait au
champ, pour /es porter aux mois-
sonneurs.
33. Et l'ange du Seigneur dit à
Habacuc : Porte le diner que tu
as à Babylone, à Daniel, qui est
dans la fosse aux lions.
34. Et Habacuc dit : Seigneur,
je n'ai jamais vu Babylone, et la
fosse, je ne la connais pas.
35. Et l'ange du Seigneur le
prit par le sommet de sa téte, et
le porta par les cheveux, et le
mit à Babylone, sur la fosse, avec
la rapidité de son esprit.
36. Et Habacuc cria, disant :
Daniel, serviteur de Dieu, prends
le diner que Dieu t'a envoyé.
37. Et Daniel dit: Vous vous
étes souvenu de moi, 6 Dieu, et
vous n'avez pas abandonné ceux
qui vous aiment.
Cap. XIV. 35. Ezéch., vr, 3.
DANIEL.
[cg. xiv.]
38. Et Daniel se levant mangea.
Mais lange du Seigneur remit
aussitót Habacuc en son lieu.
39. Et le roi vint au septième
jour, afin de pleurer Daniel; et il.
vint à la fosse, et il regarda de-
dans, et voici Daniel assis au mi-
lieu des lions.
40. Et le roi s'écria d'une
voix forte, disant : Vous étes
grand, Seigneur Dieu de Daniel.
Et il le retira de la fosse aux
lions.
41. Mais ceux qui avaient voulu
sa perte, il les jeta dans la fosse;
et ils furent dévorés en un mo-
ment devant lui.
42. Alors le roi dit : Que tous
ceux qui habitent sur toute la
terre redoutent le Dieu de Daniel;
parce que c'est lui qui est le sau-
veur sur la terre, faisant des pro-
diges et des merveilles, lui qui a
délivré Daniel de la fosse aux
lions.
32. Habacuc, etc. On a prétendu que le prophète Habacuc ne pouvait exister sous
Cyrus. Mais rien ne prouve qu'il s'agisse ici d'Habacuc, un des douze petits pro-
phétes. D'un autre cóté Habacuc ne datant point ses prophéties, et ayant vécu,
eomme Daniel, avant la captivité, il a pu fort bien, quoique plus ágé que lui, vivre
jusqu'au régne de Cyrus.
35. L'ange, ete. Si ce transport d'Habacuc par l'ange était faux à cause de son in-
vraisemblance et de son absurdité méme, comme le prétendent les incrédules, Daniel
se serait bien gardé de l'insérer dans son livre. Si donc il l'a rapporté, c’est parce
qu'il avait des preuves de sa réalité. D'ailleurs ces sortes de transports ne sont pas
sans exemples dans l'Ancien et le Nouveau Testament )111 Rois, xvur, 12; Matth.,,
Iv, 5,8; Actes, vir, 39, 40).
38. En son lieu; dans le lieu où il l'avait pris.
i EAE rr À) qoaa ter ctt
OSÉE'
INTRODUCTION
Osée (Jéhovah sauve), le premier des petits prophétes, nous apprend qu'il
était fils de Bééri ; c’est la seule chose certaine que nous sachions de sa vie. La
plupart des interprétes s'accordent à reconnaitre qu'il était du nord du royaume
d'Israél. Une ancienne tradition rapporte qu'il était originaire de la ville, d'ail-
leurs inconnue, de Bélémoth, dans la tribu d'Issachar, et que c'est là qu'il mou-
rut. On place son tombeau en différents lieux.
Osée est le premier des petits prophètes dans la Vulgate. Cette place lui est
donnée probablement à cause de l'étendue de sa prophétie, qui est plus consi-
dérable que celle des autres petits prophètes. Ce n'est certainement pas en rai-
son de l'ordre chronologique : car, sans parler des petits prophétes plus anciens
dont les écrits ne sont pas datés, Amos, qui n'occupe que le troisiéme rang, lui
est antérieur, comme il résulte de l'inscription de son livre, dans laquelle nous
apprenons qu'il florissait du temps d'Ozias.
Osée fut contemporain d'Isaie. Il prophétisa, aprés la ruine de la maison
d'Achab, sous Jéroboam II, qui fut le second successeur de Jéhu, contre Israél,
quoiqu'il parle à l'occasion de Juda. Il a sans cesse présent devant les yeux le
crime de la famille de Jéhu, qui, aprés avoir exterminé la maison d'Achab, en
a perpétué l'idolátrie et continue à faire adorer les veaux d'or. Le mot «encore
un peu, » I, 4, indique, d'après presque tous les interprètes, qu'Osée écrivit
dans les dernières années du règne de Jéroboam. Ce roi occupa le trône #1 ans,
de 825 à 784 avant J -C. Osée écrivait donc avant l’an 784. La détermination de
cette date est importante pour constater le caractère surnaturel de ses prédic-
tions : il annonce à l'avance la ruine de la maison de Jéhu, qui n’eut lieu qu'en
782, et celle du royaume d'Israél, qui ne s'accomplit qu'en 721. Du temps de
Jéroboam II, le royaume d'Israél avait atteint son plus haut degré de gloire.
C'est au moment où il jetait le plus d'éclat que Dieu en révéla la fin prochaine.
Profondément pénétré des iniquités de son peuple, Osée s'exprime par phrases
coupées et brisées; les propositions ne sont pas reliées entre elles, les images
se précipitent et s'accumulent; son langage ressemble à un torrent impétueux.
Le prophète a cependant un cœur brülant d'amour pour ses frères et plein de
a Osée emploie souvent les mots adullére, fornication, ou prostitution; il faut
remarquer qu'ils désignent généralement /'idolátrie, parce que la nation juive était
‘considérée comme l'épouse de Dieu, par l'alliance qu'il avait contractée avec elle, en
lui donnant sa loi. |
2038 OSÉE. [cu. 1.]
confiance en la bonté et la miséricorde de Dieu : ce contraste entre l'indigna-
tion que lui causent les péchés d'Israël, et l'espérance que lui donne l'affection
paternelle de Dieu pour les enfants de Jacob, est la source des plus grandes
peautés de son livre. Rien de plus tendre que la maniére dont le Seigneur parle
de son peuple, vi, 3-4; rien de plus énergique que sa réprobation du péché, v,
1^; xui, 8.
Les prophéties d'Osée ne forment qu'un seul tout; elles ne renferment pas
une série d'oracles écrits à des époques diverses, ou de discours prononcés et
adressés au peuple en différents temps, comme les recueils des quatre grands
prophétes; c'est une composition d'un jet, faite en une seule fois, vers la fin
de la vie du prophéte, dans laquelle il résume lui-méme et présente, dans leur
ensemble, les prédictions qu'il avait promulguées pendant le cours de son mi-
nistère prophétique. Son livre se divise en deux parties : dans la première, r-ur,
il expose, sous une forme symbolique, les infidélités d'Israël; dans la seconde,
1v-xiv, il interpelle directement le peuple, lui reproche ses crimes et lui annonce
les maux qui en seront le châtiment, mais non sans lui promettre la fin de ses
épreuves.
dans les jours d'Ozias, de Joa-
CHAPITRE PREMIER. than, d'Achaz et d'Ezéchias, rois
Infidélité de Samarie et de ses enfants. | de Juda, et dans les jours de
Sang de Jezrahel vengé sur la maison τ + זה
de Jéhu. Réprobation de la maison d'Is- De fils de Joas, roi d'Ts
rail. Protection de la maison de Juda. | 1
Multiplication des enfants d'Israël. Réu- 2. Commencement des paroles
nion des enfants d'Israël avec les en- | Qu Seigneur par Osée: et le Sei-
fants de Juda. ie L j
gneur dit à Osée: Va, prends pour
1. Parole du Seigneur qui fut | toi une femme de fornications, et
adressée à Osée, fils de Bééri, | des enfants de fornications; par-
oo
4-24. * Ire partie : Tableau symbolique de l'infidélité d'Israël, 1-1. — La première
partie contient les prophéties qu'Osée avaitfaites sous le régne de Jéroboam 11,1, 2.
Elle dépeint, sous une forme symbolique, les infidélités du peuple envers Dieu, la
vengeance divine et le pardon qui sera enfin accordé au coupable. — Premier sym-
bole : — 19 1-1t, 4. Osée reçoit du Seigneur l'ordre d'épouser une femme de fornicu-
lions, figure d'Israél coupable; il en a deux fils et une fille qui recoivent des noms
prophétiques; l'ainé s'appelle Jezrahel, en souvenir de l'extermination dela maison
d'Achab par Jéhu dans la plaine de Jezrahel, et pour annoncer la punition des des-
cendants de Jéhu, parce qu'ils n'ont pas été plus fidéles qu'Achab et sa race; la fille
est nommée Ló-roukhámáh, Sans miséricorde, pour signifier que la patience divine
est à bout, et le second fils Ló-'ammi, Non mon peuple, pour marquer la séparation
qui existe entre le Seigneur et son peuple. Cependant, si Israél se convertit, Dieu
aura pitié de lui.
1. Jéroboam, fils de Joas, est Jéroboam 11, contemporain d'Ozias, mais mort avant
ce prince.
2. Commencement, etc.; littér., le commencement de parler par le Seigneur dans Osée.
On ne saurait en effet expliquer autrement que par l'ablatif le Domino de la Vulgate,
laquelle d'ailleurs est parfaitement conforme au texte hébreu portant à la lettre :
commencement de a parlé Jéhova dans Osée. Ainsi le sens est: Voici les premières
paroles du Seigneur dans Osée. — Prends pour toi une femme; expression qui en
[cu. 1.
ce que forniquant la terre for-
niquera en se séparant du Sei-
gneur.
3. Et il alla, et il prit Gomer, fille
de Débelaïm ; et elle concut, etelle
lui enfanta un fils.
4. Et le Seigneur dit à Osée :
Appelle son nom Jezrahel; parce
qu'encore un peu de temps, et
je visiterai le sang de Jezrahel
sur la maison de Jéhu, et je ferai
cesser le royaume de la maison
d'Israël.
ὃ. Et en ce jour-là, je briserai
l'arc d'Israël dans la vallée de
Jezrahel.
6. Et elle conçut encore, et
elle enfanta une fille. Et Je Sei-
OSÉE.
2039
qu'à l'avenir je n'aurai plus de
pitié pour la maison d'Israël,
mais que je les oublierai entière-
ment.
7. Et j'aurai pitié de la mai-
son de Juda, et je les sauverai
par le Seigneur leur Dieu, et je
ne les sauverai pas par l'arc, par
le glaive, et par la guerre, et par
les chevaux et par les cavaliers.
8. Et Gomer sevra sa fille qui
était appelée Sans miséricorde.
Et elle concut et elle enfanta un
fils.
9. Et Dieu dit : Appelle son
nom, Non mon peuple, parce
que vous n'étes plus mon peuple,
et que moi je ne serai pas pour
vous.
10. Et le nombre des enfants
gneur dit à Osée : Appelle son
nom, Sans miséricorde, parce
Cæae. I. 10. Rom., 1x, 26.
hébreu signifie se marier légitimement. — Une femme de fornicalions: qui a été
prostituée. E/ des enfants de fornications; les enfants qu'elle a eus dans son état de
prostitution. Ces mots dans l'Hébreu et dans les Septante sont un second complément
direct du verbe prends. Quant à ceux (et fac tibi filios fornicationum) que saint Jéróme
a ajoutés, ils signifient : et fais tiens, recueille, reçois ses enfants pour les élever, ou
bien, et aie des enfants de cette ancienne prostituée; mais la première interprétation,
conforme d'ailleurs au texte original, est plus simple et plus naturelle. Ainsi, par son
mariage, Osée retire du crime une malheureuse, et sauve ses enfants du danger
auquel autrement ils auraient été exposés. Et puis, est-il donc impossible qu'au mi-
lieu de ses désordres, cette femme n'ait point pratiqué quelque vertu, n'ait point fait
quelque action louable, qui lui ait mérité sa conversion, et qu'en ordonnant au Pro-
phéte de l'épouser, le Seigneur ne lui ait pas révélé son mérite? — Forniqué, forni-
quera; hébraisme, pour, elle forniquera par toutes sortes de fornications. — En se sépa-
rant; est évidemment sous-entendu, la particule latine « suivie de l'ablatif, ne
pouvant être le complément du verbe fornicabitur. C'est un pur hébraisme. Voy.
t. II, p. 342, 2». — Quant au mariage qui parait si étrange et si singulier, c'est une
figure et un symbole dans lequel la femme prostituée représente Samarie, qui s'était
abandonnée à l'idolátrie, et les enfants par leurs noms figuratifs, la colère du Sei-
gneur poussée à bout, et sa vengeance toute préte à éclater contre son peuple. Les
prophéties ont été souvent des signes de ce qui devait arriver à Israël. Voy. Isaie,
xx; Jérém., xxvii; Ezéch., 1v, etc.
4. Jezrahel; signifie en hébreu, Dieu sémera, dispersera; c'est ce dernier sens qui
est applicable ici. — Je visiterai, etc.; c'est-à-dire, je vengerai sur la maison de Jéhu
le sang qu'il a répandu dans la vallée de Jezrahel. Cempar. IV Rois, 1x, 21 et suiv.;
x, 17, 31 et suiv.
6. Sans miséricorde; à qui on ne fait pas miséricorde. — Je n'aurai plus de pitié;
littér., je n'ajouterai pas à avoir de pilié. Voy. sur cet hébraisme, t. Il, p. 342, 2o,
1. J'aurai pilié, etc. Voy. pour l'aceomplissement de cette prophétie, IV Rois, xix,
35; [saie, XXXVI-XXXVII.
10. Saint Paul (Rom., 1x, 25, 26), saint Pierre (I Pier., ii, 10) appliquent ce passage
aux Juifs et aux Gentils qui entreront dans l'Eglise.
2040
d'Israël sera comme le sable de la
mer, qui est saus mesure, et qui
ne se comptera pas, et dans le
lieu où il leur sera dit : Vous
n'étes pas mon peuple, il leur sera
dit : Vous étes les fils du Dieu vi-
vant.
11. Et les fils de Juda et les fils
d'Israél se réuniront ensemble;
et ils se donneront un seul chef,
et ils s'éléveront de la terre,
parce que grand est le jour de
Jezrahel.
CHAPITRE II.
Réunion d'Israël et de Juda. Réproba-
tion de Samarie et de ses enfants. Ré-
tablissement d'Israél.
1. Dites à vos frères : Mon peu-
ple; et à votre sœur : Tu as reçu
miséricorde.
2. Jugez votre mere, jugez-la ;
elle n'est pas mon épouse, et moi
je ne suis pas son époux ; qu'elle
ôte ses fornications de sa face, el
ses adultères du milieu de son
sein.
3. De peur que je ne la dé-
pouille à nu, et que je nela mette
comme au jour de sa naissance ;
et que je ne la réduise en soli-
tude, et que je ne la rende
comme une terre inaccessible,
et que je ne la fasse mourir de
soif.
OSEE.
[cm. n.)
4.16 n'aurai pas »itié de ses en-
fants, parce que ce sont des en-
fants de fornications :
5. Parce que leur mère a for-
niqué, que celle qui les a con-
cus s'est couverte de confusion ;
parce qu'elle a dit : J'irai apres
mes amants, qui me donnent
mon pain et mon eau, ma laine
et mon lin, mon huile et mon
breuvage.
6. A cause de cela, voici que moi,
jentourerai ton chemin d'une
haie d'épines, je l'entourerai
d'une muraille, et elle ne retrou-
vera pas ses sentiers.
1. Etelle poursuivra sesamants,
et elle ne les atteindra pas; et
elle les cherchera, et elle ne les
trouvera pas; et elle dira : J'irai,
et je retournerai à mon premier
mari, parce quej'étaisalors mieux
que maintenant.
8. Elle n'a pas su que moi, je
lui ai donné le blé, le vin et
l'huile; j'ai multiplié pour elle
l'argent et l'or qui ont fait Baal.
9. C'est pour cela que je chan-
gerai, et que je reprendrai mon
blé en son temps et mon vin en
son temps ; et que j'enléverai mon
lin et ma laine qui couvraient son
ignominie.
10. Et maintenant je révélerai
sa folieaux yeux de ses amants,
11. De la terre de la captivité, de la dispersion. Ceux qui revinrent de la captivité
&u temps de Cyrus, de quelque tribu qu'ils fussent, se réunirent tous sous Zorobabel,
qui devint en cela la figure de Jésus-Christ. — Grand, par les grands événements
qui s'accompliront en ce jour. — Jezrahel, qui signifie proprement Dieu dispersera
en mauvaise part (Compar. vers. 4), veut dire aussi par extension, Dieu sèmera,
plantera, en bonne part, c'est le sens qu'il a dans ce passage.
2-24.* 20 rr, 2-24. Le Prophète s'adresse au peuple; il le menace, le presse de se
convertir et lui promet enfin la félicité, s'il est fidèle,
4. Des enfants de fornications; voy. 1, 9.
8. Qui ont fait Baal (qua fecerunt Baal); c'est-à-dire, avec lesquels eile a fait des
idoles de Baal; c'est aussi le vrai sens de l'hébreu et du chaldéen, et celui que con-
lirme un passage parallèle, vin, 4.
[cn. [,זז
et pas un homme ne l'arrachera
de ma main.
41. Et je ferai cesser sa joie,
ses solennités, ses néoménies,
son sabbat et tous ses temps de
fétes.
12. Je gàterai sa vigne et son
figuier dont elle disait : Ce sont
mes récompenses que m'ont don-
nées mes amants ; et j'en ferai une
forêt, etla bête dela campagne la
mangera.
18. Et je visiterai sur elle les
jours de Baalim, pendant lesquels
elle brülait de l'encens, et se pa-
rait de ses pendants d'oreilles et
de son collier, et allait apres ses
amants, et m'oubliait, dit le Sei-
gneur.
14. A cause de cela, voici que
moi, je l'attirerai doucement et
l'amenerai dans la solitude, et je
parlerai à son cœur.
15. Et jelui donnerai des vigne-
rons du méme lieu, et la vallée
d'Achor pour lui ouvrir une espé-
rance ; et elle chantera là comme
aux jours de sa jeunesse, et com-
me au jour oü elle remonta de la
terre d'Egypte.
16. Et il arrivera qu'en ce jour-
là, dit le Seigneur, elle m'appel-
(ΠΑΡ. II. 24. Rom., 1x, 25; 1 Pierre, 11, 10.
OSÉF. 2041
lera : Mon époux, et elle ne m'ap-
pellera plus Baali.
17. J'ôterai de 88 bouche les
noms de Baalim, et elle ne se sou-
viendra plus de leur nom.
48. Et je contracterai en ce
jour-là uneallianceavec eux, avec
la béte de la campagne, et avec
l'oiseau du ciel, et avec le reptile
de la terre; et je briserai l'arc, et
le glaive, et la guerre, en les fai- |
sant disparaître de la terre, et je
les ferai dormir dans la confiance.
19. Et je te prendrai pour mon
épouse à jamais: et je te prendrai
pour mon épouse par la justice,
et par le jugement, et par la mi-
séricorde, et par les bontés.
20. Et je te prendrai pour mon
épouse par la foi, et Lu sauras que
je suis le Seigneur.
21. Et il arrivera qu'en ce jour-
là, j'exaucerai, dit le Seigneur,
jexaucerai les cieux, et eux exau-
ceront la terre.
92. Et la terre exaucera le blé,
et le vin, et l'huile, et ces choses
exauceront Jezrahel.
93. Je la semerai sur la terre,
et jaurai pitié de ce/le qui fut
nommée Sans miséricorde.
24. Et je dirai à celui qui n'était
13. Je visilerai, etc.; c'est-à-dire je vengerai, etc. Voy. 1, 4. — Les jours des Baalim;
les jours consacrés au culte des idoles. — Baalim, voy. Jérém., u, 23. — Brálait de
l'encens en sou honneur.
15. La vallée d'Achor, prés de Jéricho, une des premiéres possessions du peuple
hébreu dans la terre promise (Josué, vir, 94, 26).
16. Baali ; mot qui en hébreu signifie mon maitre, mon mari; mais comme on le
donnait aussi aux idoles, le Seigneur veut que la nation juivele bannisse entiérement
du langage pour y substituer Ischi, qui veut dire aussi mon mari, littér. mon homme.
18. Je contraclerai alliance, etc. Compar. Ezéch., xxxiv, 25. — En les exterminant
est sous-entendu. Voy. 1, 2. — Je les; c'est-à-dire, les habitants de la terre.
19. Par la justice, etc.; c'est-à-dire, que la justice, etc., devait être la dot que le
Seigneur lui donnerait. C'était l'époux qui donnait la dot.
22. Jezrahel; vallée la plus fertile de la Palestine, est prise ici pour tout le pays, et
méme pour toute la nation des Hébreux.
23, 24. Sans miséricorde, n'était pas mon peuple. Voy. 1, 6, 9, 10,
2042
pas mon peuple : Tu es mon peu-
ple; et lui dira : Vous étes mon
Dieu, vous.
CHAPITRE III.
Infidélité des enfants d'Israél; leur longue
captivité; leur retour au Seigneur.
1. Et le Seigneur me dit : Vas
encore, etaime une femme aimée
par un ami, et adultère; comme
le Seigneur aime les enfants d'Is-
raél, et eux se tournent vers les
dieux étrangers, et ils aiment le
OSÉE.
[cu. 1v.]
niqueras pas, et tu ne seras à au-
cun homme; et moi aussi je t'at-
tendrai.
4. Parce que durant de longs
jours, les enfants d'Israél seront
sans roi et sans prince, et sans
sacrifice et sans autel, et sans
éphod et sans théraphim.
59. Et après cela, les enfants
d'Israël reviendront, et ils cher-
cheront le Seigneur leur Dieu et
David leur roi; et ils craindront
en approchant du Seigneur et de
ses biens au dernier des jours.
marc de raisins.
9. Et j'achetai cette femme
quinze pieces d'argent, et un cor
d'orge, et un demi-cor d'orge.
3. Et je lui dis: Tu m'attendras
durant de longs jours; tu ne for-
CHAPITRE IV.
Infidélité reprochée à Israél. Vengeance
dont il est menacé. Juda exhorté à ne
pas imiter son infidélité.
1. Ecoutez la parole du Sei-
1. III. 5. Ezéch., xxxiv, 29,
1-5. * Second symbole, ur. Osée reçoit l'ordre d'épouser une femme adultère et de
la faire attendre, pour indiquer que les Israélites seront sans rois et sans sacrifices,
jusqu'à ce qu'ils se convertissent. Le dernier verset du ch. mr contient l'annonce
que cette conversion aura lieu à l'époque dela venue du Messie.
1. Le Seigneur, etc. Ce second commandement n'est pas plus répréhensible que le
premier (r, 2). Osée achète cette femme, la place dans une maison, où elle ne voit
plus aucun homme, et par là il met fin à ses désordres. Cette action symbolique
représente avec la plus grande fidélité l'état et la conduite du peuple juif. — * Le
marc de raisins. En hébreu, des gáteaux faits avec des raisins secs, qu'on préparait
et qu'on mangeait en l'honneur d'Astarté, la reine du ciel, Jérém., vi, 18.
2. J'achetai ; littér. je creusai (fodi). Le verbe hébreu qui signifie creuser, se prend
aussi pour acheter. Or, le mariage par acbat a toujours été en usage chez les Orien-
taux. — Pièces d'argent; c'étaient probablement des sicles. Voy. pour leur valeur,
Jérém., xxxit, 9. — Le cor ou kór; mesure pour les matières sèches, valait environ
99 pintes et demie de Paris, 284 litres, 587.
4. Ephod; vêtement de dessus que portait le grand-prétre dans les cérémonies.
Voy. Exod., xxviu, 6 et ,טנטפ — Théraphim; mot hébreu qui signifie des idoles
domestiques que l'on consultait.
5. Ce retour, cette conversion au Seigneur et à la maison de David, n'eut lieu que
fort imparfaitement aprés la captivité : aussi ne sont-elles qu'une simple figure d'un
retour d'une plus longue captivité et d'une conversion plus parfaite, lorsque les
Juifs retourneront à Jésus-Christ, vrai fils et successeur de David (Rom., 1x, 26). —
En approchant est sous-entendu. Voy. 1, 2. — Ses biens; ses grâces, ses faveurs, selon
le sentiment le plus recu; cependant le terme hébreu {oub, rendu dans la Vulgate
par bonne chose, bien, &onum, signifiant incontestablement dans plus d'un passage,
beauté, éclat, majesté, nous pensons avec d'habiles interprètes qu'il a ce méme sens
ici, où il semble d'ailleurs déterminé par le verbe i/s craindront (pavebunt).
1-19. * Ile partie : Impiété d'Israél; son châtiment; son pardon, 1v-xiv. — La
seconde partie contient les prophéties que fit Osce aprés la mort de Jéroboam, lorsque
les prédictions qu'il avait déjà promulguées du temps de ce roi commengaient à
[cu. 1v.]
gneur, fils d'Israël, parce que voici
venir le jugement du Seigneur
avec les habitants de la terre; car
il n'y a pas de vérité, et il n'y a
pas de miséricorde, etil n'y a pas
de science de Dieu sur la terre.
2. L'imprécation, et le men-
songe, et l'homicide, et le vol, et
ladultere, ont inondé /a terre,
et le sang s'est mêlé au sang.
3. A cause de cela, la terre sera
dans le deuil, et quiconque l'ha-
bite languira avec la béte de la
campagne, et avec l'oiseau du
ciel ; et méme les poissons de la
mer seront enveloppés dans cette
ruine.
4. Mais cependant que personne
ne juge, et qu'aucun homme ne
soit repris; car ton peuple est
OSÉE.
2045
comme ceux qui contredisent le
prétre.
ὃ. Et tu succomberas aujour-
d'hui, et succombera aussi le
prophète avec toi : la nuit j'ai ré-
duit ta mere au silence.
6. Mon peuple s'est tu à cause
qu'il n'a pas eu la science; parce
que toi, tu as rejeté la science, je
te rejetterai, afin que tu n'exerces
pas le sacerdoce pour moi; et
comme tiu as oublié la loi de ton
Dieu, j'oublierai tes enfants, moi
aussi.
7. À proportion de leur multi-
tude, ils ont péché contre moi ; je
changerai leur gloire en igno-
minie.
8. Ils se nourriront des péchés
de mon peuple, et ils encourage-
s'accomplir. Elles sont énoncées en forme de discours et se partagent en trois sec-
tions, dont la fin est marquée par la promesse réitérée, vr, 1-3; x1, 9-11 et xiv, 2-9. —
1» Dans la première, 1v-vi, 3, Osée décrit l'état déplorable de la religion et des
mœurs dans Israël; il annonce comment Dieu l'en chátiera et ensuite le sauvera.
1. Fils d'Israël; c'est-à-dire les Israélites des tribus, auxquels principalement sont
adressés les reproches contenus dans ce chapitre.
4. Que personne, etc.; il serait inutile de s'élever contre vous et de vous reprocher
vos crimes; vous ne sauriez vous corriger. — Ton peuple (populus tuus); est mis
pour volre peuple; puisque la parole est adressée aux fils d'Israël (vers. 1); mais
comme ces derniers mots forment un seul tout, quoique collectif, on peut les consi-
dérer, comme un singulier pur et simple. — Comme ceuz, eic. La loi punissait de
mort ceux qui n'obéissaient pas au prêtre, ministre du Seigneur (Deuféron., xvi, 12).
5. Les pronoms singuliers £u, toi, ta, sont mis pour vous, votre. Voy. au vers. précéd.
la note sur {on peuple. — Le prophète; peut s'entendre des faux prophètes, parce qu'ils
étaient appelés ainsi dans leur pays, ou des vrais prophétes d'Israél, qui ne furent
pas exempts des malheurs de leur patrie dans sa derniére disgràce.
6. La science; la connaissance de la loi divine, la doctrine de vérité. — Tu as
rejeté, etc. Ceci est adressé aux prêtres, suivant l'opinion commune; mais, selon
saint Jéróme, suivi de plusieurs habiles interprétes, c'est à la nation. Voilà pourquoi
dans la Vulgate le verbe fu as oublié est au féminin (ob/ita es). Le texte hébreu ne
s'oppose nullement à cette derniére interprétation, et la suite et la liaison des idées
paraissent l'autoriser. Quant à nous, il nous semble que le Prophéte reproche aux
Israélites des dix tribus d'avoir rejeté et méprisé la science de la loi divine et la con-
naissance de leurs devoirs, en abandonnant le Seigneur, en établissant un culte nou-
veau et de leur choix, ainsi qu'un sacerdoce, non approuvé du Seigneur, et qu'il les
menace de les rejeter à son tour, et de ne pas laisser subsister son sacerdoce parmi
eux (III Rois, xir, 28 et suiv.). Mais il nous semble aussi que ces reproches et ces
menaces s'adressent également aux prétres de la race d'Aaron qui eurent l'impiété
d'abandonner le Seigneur, comme nous l'apprend Ezéchiel (xuiv, 10 et suiv.), pour se
joindre à Jéroboam, et se consacrer au service de ses hauts lieux.
8. Des péchés de mon peuple; c'est-à-dire, des victimes offertes pour les péchés de
mon peuple.
2944
ront leurs âmes dans leurs ini-
quités.
9. Et comme sera le peuple,
ainsi sera le prêtre; et je visiterai
sur lui sa voie, et je lui rendrai
selon ses pensées.
10. Et ils mangeront, et ils ne
seront pas rassasiés; ils ont for-
niqué, et ils n'ont pas cessé, parce
qu'ils ont abandonné le Seigneur
en ne gardant point sa /o7.
41. La fornication, et le vin, et
l'ivresse emportent 16 cœur.
12. Mon peuple a interrogé son
bois, et son báton lui a annoncé
l'avenir, car l'espritde fornication
les a déçus; et ils ont forniqué
en se séparant de leur Dieu.
13. Sur les sommets des mon-
tagnes ils sacrifiaient; et sur les
collines ils brülaient de l'encens;
sous un chéne, et un peuplier, et
un térébinthe, parce que bonne
en était l'ombre; pour cela forni-
queront vos filles, et vos femmes
seront adultères.
14. Je ne punirai pas vos filles
Cnap. IV. 9. 18816, xxiv, 2.
OSEE.
]08. 1v.]
lorsqu'elles auront forniqué, ni
vos femmes lorsqu'elles auront
commis l'adultére; puisqu'eux-
mémes vivaient avec des femmes
de mauvaise vie, et qu'avec des
efféminés ils sacrifiaient, et qu'un
peuple non intelligent sera chá-
6
15. Si tu forniques, 101, 1
que Judaau moins ne peche point,
et n'entre pas à Galgala, et ne
monte pas à Bethaven, et ne jure
pas : Le Seigneur vit.
16. Puisque, comme une gé-
nisse bondissante, Israél s'est dé-
tourné, maintenant le Seigneur
les fera paitre comme un agneau
dans une vaste campagne.
11. Ephraim est attaché aux
idoles; abandonne-le.
18. Leur festin est séparé dw
vótre; ils ont forniqué par la for-
nication ; ses protecteurs ont aimé
à le couvrir d'ignominie.
19. Un vent l'a enveloppé dans
ses ailes, et ils seront confondus
par leurs sacrifices.
9. Je visiterai. Voy. 1, 4. — Sur lui; sur le peuple.
12. Son bois; ses idoles de bois. — Son bdton, etc. Il y avait chez les anciens plu-
sieurs maniéres de consulter les dieux par les verges ou baguettes. — En se séparant,
mots sous-entendus. Compar. r, 2.
14. Puisqu'eux-mémes, etc.; réflexion que le Seigneur fait à part; de là le change-
ment de personne dans les verbes.
15. Galgala; frontière de la tribu d'Ephraim, devint un des sièges principaux de
l'idolàtrie. Compar. Osée, 1x, 15; xu, 11; Amos, 1v, 4; v, 5. — Bethaven; est la méme
que Béthel. Jéroboam y avait établi l'un des veaux d'or (III Rois, xit, 29); ce qui donna
lieu de changer le nom de Béthel, qui signifie Maison de Dieu, en celui de Bethaven,
qui veut dire Maison de vanité ou d'idole. — Le Seigneur vit; formule de serment qui
équivaut à: Je jure par le Seigneur.
16. Les; se rapporte à Israél, qui étant un nom collectif, est considéré, tantót
comme un singulier, et tantót comme un pluriel.
11. Ephraim; est mis ici pour les dix tribus, dont elle était le centre.
18. Leur; pronom pluriel qui se rapporte à Ephraim, nom collectif. Compar. le
vers, 16. — Ils ont forniqué par la fornication ; hébraisme, pour: 118 se sont entiére-
ment livrés à la fornication.
19. Leurs sacrifices; les sacrifices qu'ils ont offerts aux idoles.
(en. v.]
CHAPITRE V.
Vengeance que le Seigneur exercera
contre Israél et contre Juda.
1. Ecoutez ceci, prétres, etsoyez
attentive, maison d'Israël; et,
maison du roi, prétez l'oreille;
parce que c'est contre vous que le
jugement est préparé, parce que
vous étes devenus un lacs dans
un lieu d'observation, et un rets
tendu sur le Thabor.
2. Et vous avez détourné des
victimes en les faisant tomber
dans un endroit profond; et moi
je les ai tous instruits.
3. Moi, je connais Ephraim, et
Israël ne m'est point caché; Je
sais que maintenant Ephraim a
forniqué, qu'Israél s'est souillé.
4. Ils n appliqueront pas leurs
pensées à revenir à leur Dieu,
parce que lesprit de fornication
est au milieu d'eux, et qu'ils n'ont
pas connu le Seigneur.
OSÉE.
2045
9. Et l'arrogance d'Israël lui
répondra en face; et Israël et
Ephraim tomberont par leur ini-
quité, et Juda tombera avec eux.
6. Avecleurs troupeaux de me-
nu et de gros bétail, ils iront pour
chercher le Seigneur et ils ne le
trouveront pas; il s'est retiré
d'eux.
1. C'estcontrele Seigneur qu'ils
ont prévariqué, parce qu'ils ont
engendré des enfants étrangers;
maintenant un mois les dévorera
avec leurs biens.
8. Sonnez du cor dans Gabaa,
de la trompette à Rama; hurlez
à Dethaven, et arriere, toi, ὃ Ben-
jamin.
9. Ephraim sera dans la désola-
tion au jour du chátiment; dans
les tribus d'Israél j'ai montré ma
fidélité.
10. Les princes de Juda sont de-
venus comme ceux qui enlèvent
une borne; sur eux je répandrai
comme l'eau ma colere.
1. Prétres. Ce sontles faux prétres que Jéroboam avait institués quoique n'étant ni
descendant d'Aaron, ni de la tribu de Lévi. — Le jugement; la correction, le chàti-
ment. — Dans un lieu d'observation ou pour épier (speculalioni); c'est aussi le sens
des Septante. Le chaldéen porte une pierre d'achoppement. Quant au terme hébreu
correspondant, Mi/sphá, il signifie proprement lieu d'observation; mais comme dans
le membre de phrase suivant, se trouve en parallèle Thabor, mont fameux pour la
chasse, on l'entend assez communément aujourd'hui de Maspha, contrée située au
delà du Jourdain dans les montagnes de Galaad, et qui pouvait porter en effet ce
nom, comme étant propre à observer soit les ennemis, soit les bêtes sauvages.
2. Vous avez détourné (declinastis), etc. C’est probablement une allusion à une
autre manière de chasser, fort connue dans l'Ecriture, laquelle consiste à creuser
des fosses, et à les couvrir de branches d'arbres et de terre, afin que les bétes passant
par-dessus y enfoncent. — En les faisant tomber; mots sous-entendus. Compar. 1, 2.
— Et moi Je les, etc.; réflexion que le Seigneur faisait à part: de 18 le pronom /es au
lieu de vous. Compar. 1v, 14. Ainsi le sens de ce verset, est que les faux prétres ont
précipité dans l'abime tous les Israélites qu'ils avaient séduits.
9. Lui répondra, etc.; témoignera ouvertement contre lui. Compar. 18006, 1i, 9.
6. Avec leurs troupeaux ; en offrant en sacrifice leurs troupeaux.
1. Des enfants, etc.; qu'ils ont eus en épousant des femmes étrangères contre la loi
mosaïque (Deutér., vir, 2), ou par la prostitution. — Un mois, etc.; c'est-à-dire, dans
un court espace de temps, les Assyriens détruiront tout ce qu'ils trouveront dans le
pays d'Israél.
8. * 00000. Voir I Rois, xt, 4. — Rama; aujourd'hui er-Ram, au nord de Jérusalem,
— Bethaven, plus haut, 1v, 15,
2046
11. Ephraim souffre l’oppres-
sion, brisé parle jugement, parce
qu'il s'est mis àaller apres les or-
dures.
12. Et moi, jesuis pour Ephraim
comme la teigne, et comme la
gangrene pourla maison de Juda.
13. Et Ephraim ἃ vu sa lan-
gueur, et Juda ses liens; et
Ephraim est allé vers Assur, et il
à envoyé vers un roi vengeur, et
lui-méme ne pourra vous guérir,
et ne pourra rompre vos liens.
14. Parce que moi, 7e suis com-
me unelionne à Ephraim, et com-
me le petit d'un lion à la maison
de Juda; moi, moi, je saisirai et
jem'en irai; [ emporterai et il n'y
a personne qui arrachera de mes
mains.
15. Allant,jeretourneraien mon
lieu, jusqu'à ce que vous tombiez
en défaillance et que vous cher-
chiez ma face.
Cnar. VI. 3. I Cor., xv, 4.
OSÉE.
(cu. vi.]
CHAPITRE VI.
Retour d'Israél et de Juda. Reproches du
Seigneur contre Israél et contre Juda.
1. Dans leur tribulation, ils se
lèveront dès le matin ponr venir
vers moi : Venez, et retournons
au Seigneur.
2. Parce que c’est lui qui
nous à pris et qui nous sauvera;
il aous frappera et il nous gué-
rira ;
3. Il nous rendra la vie après
deux jours; au troisième jour, il
nousressuscitera, et nous vivrons
en sa présence. Nous connaitrons,
et nous chercherons à connaitre,
le Seigneur; comme le point du
jour a été préparée sa sortie, et il
viendra pour nous comme la pluie
de la première et de l’arrière-sai-
son.
4 Queferaiï-je pour toi, Ephraim?
11. L'oppression (calumniam). ΝΟΥ. Jérém., v, 33
12. * Comme la teigne, qui ronge les vêtements.
13. À vu; hébraisme pour a senti, éprouvé. — Ephraim est allé, etc. Manahem, roi
d'Israël, appela à son secours Phul, roi d’Assyrie; Achaz, roi de Juda, appela Thé-
glathphalasar, roi du même pays (IV Rois, xv, 19; טא 1).
19. En mon lieu ; dans le ciel qui est ma demeure.
1. Iis se lèveront dés le matin; hébraisme pour I/s se hdleront.
2. C'est lui, ete.; allusion à la comparaison de la lionne et du jeune lion (tv, 14).
3. Il nous rendra, etc. D. Calmet fait sur ce passage une juste et très importante
remarque: « La prophétie, dit-il, prise dans son sens propre et littéral, ne s'est
jamais exécutée dans la rigueur sur le peuple hébreu. Inutilement chercherait-on
dans l'histoire ce nombre de deux jours où il devait recevoir la vie, et ce troisième
jour auquel il devait ressusciter. Osée insinuait par là la résurreetion des fidéles
rachetés par le sang de Jésus-Christ. Il désignait de la maniere la plus expresse la
résurrection du Sauveur lui-même, qui nous a rendu la vie, lorsque nous étions morls
par nos péchés, el qui nous a vessuscilés, el nous a fait asseoir dans le ciel (Ephés.,
IL, 5, 6). C'est à ce passage que l'Apótre faisait allusion, lorsqu'il disait que le Sauveur
élail ressuscité des morts le troisième jour, suivant les Ecritures (1 Corinth., xv, 4).
C'est ainsi que les Péres et presque tous les interprétes l'ont toujours entendu. » —
Sa sorlie (egressus ejus) de sa demeure, sa venue au milieu de nous. Ces paroles des
captifs de Babylone s'appliquent trés bien à Jésus-Christ venant du ciel en ce monde
| pour y répandre la lumière, ou sortant du tombeau tout brillant de gloire. — Comme
la pluie, etc.; c'est-à-dire la pluie du printemps et la pluie de l'automne; car dans
la Judée il ne pleut ordinairement que dans ces deux saisons.
4-11. * 2» Dans la seconde section, vi, 4-x1, 11, Osée s'indigne contre l'opiniâtreté
[cu. vn.]
Que ferai-je pour toi, Juda? Votre
miséricorde est comme la nuée du
matin et comme la rosée qui se
dissipe.
5. À cause de cela, je les ai
traités durement par les pro-
phèles, je les ai tués par les
paroles de ma bouche; et tes ju-
|gements éclateront comme la lu-
mière.
6. Parce que c’estla miséricorde
que je veux et non le sacrifice, et
la science de Dieu plus que les
holocaustes.
7. Mais eux comme Adam, ils
ont transgressé l'alliance, là ils
ont prévariqué contre moi.
8. Galaad est une cité de fabri-
cateurs d'idoles, renversée par le
sang.
9. Et elle est comme le gosier
des voleurs altéré de carnage,
alliée aux prétres qui sur la voie
OSÉE.
2047
tuent ceux qui viennent de Si-
chem; parce qu'ils sont livrés au
crime.
10. Dans la maison d'Israël j'ai
vu une chose horrible; là sont les
fornications d'Ephraim; Israël
s'est souillé.
11. Mais £o? aussi, Juda, pré-
pare-toi une moisson, lorsque je
ramènerai de la captivité mon
peuple.
CHAPITRE VII.
Reproches et menaces du Seigneur
contre Israël.
4. Lorsque je voulais guérir
Israël, l'iniquité d'Ephraim et la
malice de Samarie ont été révé-
lées, parce qu'ils ont commis le
mensonge; et un voleur est en-
tré pillant, un brigand a pillé au
dehors.
0. PRoïs, xv, 22; Eccli., 1v, 17; Matth., 1x, 19; xi, 1.
des dix tribus qui, malgré toutes les exhortations et les avertissements, persistent
dans l'idolâtrie et rendent ainsi leur punition inévitable et terrible; la grande misé-
ricorde de Dieu pourra seule les préserver d'une ruine complète.
4. Que ferai-je, etc. Compar. 15000, v, 4. — Votre miséricorde; le bien que vous
faites. — Comme la nuée, etc. Voy. une semblable locution, xri, 3. —* Comme la nuée
du matin que le soleil levant dissipe promptement et comme /a rosée qui est abon-
dante la nuit et le matin en Palestine, mais que séche aussitót la chaleur du jour.
9. Tes jugements; ta condamnation, ton châtiment ; paroles qui s'adressent à Israël.
Mais les Septante, le chaldéen et le syriaque lisent mes jugements; qu'on explique
par mes ordonnances.
| 8. Galaad; province au delà du Jourdain, appartenant au royaume d'Israél. — Ren-
| versée par le sang (supplantata sanguine); c'est-à-dire, renversée, détruite, à cause
' des meurtres sans nombre commis par ses habitants; explication qui nous semble
un peu forcée; nous préférerions celle dont est susceptible le texte hébreu : Em-
preinte ou pleine de traces de sang.
9. * Sichem. Voir Genése, xit, 6.
11. Mais toi aussi, Juda; tu t'es souillé comme Israël (vers. 10). — Prépare-toi ;
c'est-à-dire, tu te prépareras, l'impératif ici, comme en bien d'autres endroits, étant
mis pour le futur. Ainsi le sens est : Tu étais en sécurité, ó Juda, tu croyais que tu
pourrais semer et recueillir, dans ta terre, c'est-à-dire, vivre tranquillement, tu le
feras, non dans peu, il est vrai, mais lorsque je t'aurai ramené de Babylone.
1. Lorsque je voulais, etc.; semble se rapporter au temps du roi Jéhu, par lequel
Dieu voulait guérir Israël de son idolâtrie. Compar. IV Rois, ix, 7. — Un voleur, ete.;
c'est-à-dire que la maison d'Israél a été en butte aux vexations des princes, des
juges du pays et des usurpateurs du royaume, et aux ravages des rois d'Assyrie,
de Syrie, etc., qui sont venus la piller.
2048
9. Et que par hasard ils ne di-
sent point dans leurs cœurs que
je me suis souvenu de toute
E malice; maintenant leurs in-
ventions les ont investis, c'est
devant ma face qu'elles ont été
commises.
3. Par leur malice ils ont réjoui
un roi;et parleurs mensonges des
princes.
4. Tous sont adulteres, sem-
blables à un four allumé par le
boulanger; la ville a goüté un
peu de repos, depuis que le
levain a été mêlé avec la pâte,
jusqu'à ce qu'elle ait été toute
levée.
5. C'est le jour de notre roi;
les princes ont commencé à étre
en fureur par le vin, le roi a ten-
du la main aux railleurs;
6. Parce qu'ils ont rendu leur
coeur comme un four, lorsqu'il
leur tendait un piege; durant
toute la nuit 11 a dormi en les fai-
sant cuire ; désle matin, lui-méme
a été embrasé comme un feu de
flamme.
1. Tous ont été chauffés comme
un four, et ils ont dévoré leurs
juges; tous leurs rois sont tom-
bés; il n'est personne parmi eux
qui crie vers moi.
8. Ephraim lui-méme se mélait
OSÉE.
(en. vir.]
avec les peuples; Ephraim est
devenu comme un pain cuit sous
la cendre, e£ qu'on ne retourne
pas.
9. Des étrangers ont consumé sa
force, etlui-móme ne l'a pas senti;
mais de plus ses cheveux répan-
dus sur sa téte sont devenus
blancs, et lui-méme ne s'en est
point aperçu.
10. Et l'orgueil d'Israél sera
humilié à sa face; et ils ne sont
pas revenus vers le Seigneur
leur Dieu, et ils ne l'ont pas re-
cherché au milieu de tous ces
maux.
11. Et Ephraïm est devenu com-
me une colombe séduite, n'ayant
pas de cœur; ils invoquaient l'E-
gypte;ils sont allés vers les Assy-
riens.
19. Et lorsqu'ils seront partis,
jétendrai sur eux mon rets; com-
me l'oiseau du ciel je les ferai
descendre, je les taillerai en pie-
ces, selon que l'a entendu leur
assemblée.
13. Malheur à eux, puisqu'ils
se sont retirés de moi; ils se-
ront désolés, parce qu'ils ont
prévariqué contre moi; et moi
je les ai rachetés, et eux, ils ont
proféré contre moi des men-
songes.
2, Inventions; en hébreu, œuvres, actions.
8. Un roi; Jéhu, selon quelques-uns, mais plus probablement Jéroboam, fils de
Nabat, qui, par son mauvais exemple, a entrainé dans sa prévarication tout Israël, et
tous les rois ses successeurs.
5. Le jour d'un roi est le jour de sa naissance, ou celui de son avénement au
trône. — Railleurs; c'est-à-dire pervers, dépravés.
8. * Qu'on ne retourne pas. Si l'on ne retourne pas le pain cuit sous la cendre, il
est brülé d'un eóté et n'est pas cuit de l'autre.
11. * N'ayant pas de cœur signifie n'ayant pas d'intelligence. Au lieu de colombe
séduite, V'hébreu peut se traduire : colombe simple, sans intelligence. — Ils invoquaient
16 secours de l'Egypte; ils sont ensuite allés vers les Assyriens, se soumettant à eux.
12. Selon, etc.; comme il leur a été annoncé dans leurs assemblées; ce qui peut
faire allusion à la lecture des passages de la loi mosaïque (Lévit., xxvi, 14 et suiv.;
Deutér., xxvi, 15; xxvn, 45), et aux avertissements des prophètes (IV Rois, xvi, 13).
68. vim.]
14. Et ils n'ont pas crié vers
moi en leur cœur; mais ils hur-
laient sur leurs couches; ils médi-
taient sur le blé et le vin, et ils se
sont retirés de moi.
45. Et moi, je les ai châtiés, et
jai forüifié leur bras, et contre
moi ils ont eu des pensées de
malice.
16. Ils sont revenus à vouloir
étre sans joug; ils sont devenus
comme un arc trompeur; leurs
princes tomberont sous le glaive,
par la fureur de leur langue. Ceci
les rendra un objet de dérision
dans la terre d'Egypte.
CHAPITRE VIII.
Reproches et menaces du Seigneur contre
Israél. Menaces contre Juda.
1. Que dans ta bouche soit une
trompette, comme l'aigle sur la
maison du Seigneur, à cause
qu'ils ont transgressé mon allian-
ce, et que contre ma loi ils ont
prévariqué.
2. Ils m'invoqueront, disant :
Mon Dieu, nous vous reconnais-
sons, nous, Israël.
3. Israël a rejeté le bien; l'enne-
mi le poursuivra.
OSÉR.
9049
4. Ils ont régné par eux-
mémes, et non par moi; des
princes se sont élevés, et je ne
les ai pas connus; de leur ar-
gent et de leur or ils se sont
fait des idoles, afin d'étre exter-
minés.
5. Ton veau, Samarie, a été
jeté par terre; ma fureur s'est
irritée contre eux; jusques à
quand ne pourront-ils pas se pu-
rifier?
6. Parce que c’est d'Israél que
vient ce veau; un ouvrier l'a fait,
ce n'est pas un Dieu, puisque le
veau de Samarie sera commeune
toile d'araignée.
7. Parce qu'ils semeront du
vent et moissonneront une tem-
péte; il n'y a pas un épi debout;
le grain ne donnera pas de farine,
et que s'il en donne, les étrangers
la mangeront.
8. Israél a été dévoré; main-
tenant il est devenu parmi les
nations comme un vase im-
monde.
9. Parce qu'ils sont montés vers
Assur, onagre solitaire qui ne vit
quepourlui-méme ; Ephraim afait
des présentsàceux àquiilse pros-
tituait.
16. * Un objet de dérision dans la terre d'Egypte. Les Israélites du royaume du
nord comptérent sur le secours de l'Egypte pour résister aux Assyriens, mais ils furent
décus dans leur espoir et furent emmenés captifs en Assyrie.
1. Ta bouche; littér. et par synecdoche, {on gosier. — Soit une trompette comme
laigle; c'est-à-dire, un cri élevé et percant comme celui de l'aigle. — Sur ou contre
la maison du Seigneur; contre la maison, la famille d'Israël, le peuple. Voy. sur cette
expression, 1x, 8, 15; Nomór., xir, 1. C'est ainsi que saint Paul {Hébr., iz, 6) appelle
les chrétiens {a maison du Christ. Plusieurs, changeant la ponctuation du texte, tra-
duisent : Comme l'aigle, l'ennemi vient de fondre sur la maison du Seigneur, enten-
dant par cet ennemi, les uns Sennachérib, les autres Salmanasar, d'autres Nabucho-
donosor, d'autres enfin ces trois princes, et par /a maison du Seigneur, le peuple
d'Israël, ou 16 temple de Jérusalem.
4. Connus; reconnus, approuvés. Compar. Matth., vir, 23; xxv, 12.
5. Ton veau; le veau que tu adorais. — Contre eux; contre les habitants de Sa-
marie. Voy. sur le changement de personne, iv, 14.
9. Assur; les Assyriens, — Onagre; est au nominatif dans la Vulgate, quoique se
AST. 129
2050
10. Mais, lorsqu'ils auront ache-
té le secours des nations, je les
rassemblerai; etils se reposeront
un peu du fardeau imposé par un
roi et par des princes.
11. Parce qu'Ephraim a multi-
plié les autels pour pécher, les
autels sont devenus pour lui une
occasion de crime.
12. J'écrirai pour lui mes nom-
breuses lois qui ont été considé-
rées comme étrangeres.
13. Ils offriront des hosties, ils
immoleront de la chair, et ils en
mangeront, et le Seigneur ne les
recevra pas; maintenant li se
souviendra de leur iniquité, et il
visitera leurs péchés; e£ eux, ils
retourneront en Egypte.
14. Et Israél a oublié son créa-
teur, et il a bâti des temples; et
Juda a multiplié ses villes forti-
fiées; et j'enverrai un feu dans
ses cités, et il dévorera ses édi-
fices.
OSÉE.
(ca. ix.]
CHAPITRE IX.
Vengeanees que le Seigneur exercera sur
Israël. Infidélité de ce peuple.
1. Ne te réjouis pas, Israél;
n'exulte pas comme les peuples :
parce que tu as forniqué en te
séparant de ton Dieu, tu as aimé
la récompense plus que toutes les
aires de blé.
2. L'aire et le pressoir ne les
nourriront pas, etle vin trompera
leur attente.
3. Ils n'habiteront pas dans la
terre du Seigneur; Ephraim est
retourné en Egypte, il mange
parmi les Assyriens ce qui est im-
pur.
4. Ils ne feront pas au Seigneur
de libations de vin, et ils ne lui
plairont pas; leurs sacrifices se-
ront comme le pain de ceux qui
sont en deuil; tous ceux qui en
mangeront seront souillés; parce
rapportant à Assur, qui est lui-méme à l'accusatif. La Bible offre plus d'un exemple
de ce genre de construction, contraire à la concordance latine. Cependant beaucoup
d'interprétes, moyennant un léger changement dans la ponctuation de la Vulgate,
rapportent ce mot au suivant, Ephra?m, qui signifie ici les Israélites des dix tribus,
et qui, étant par là méme un nom collectif, peut être le sujet du verbe pluriel ils ont
fait (dederunt). Ajoutons que le chaldéen autorise cette dernière interprétation. —
A ceux, etc.; c'est-à-dire aux Assyriens. Compar. IV Rois, xv, 19, 20.
13. J'écrirai pour lui (scribam ei); c'est-à-dire, de nouveau je lui intimerai. Les Sep-
tante et l'hébreu mettent le verbe au futur, comme la Vulgate, mais le chaldéen le
met au prétérit. C'est une allusion aux châtiments terribles dont les transgresseurs
de la loi sont menacés (Deutér., xxvii, xxvi).
13. Il visitera; c'est-à-dire, suivant le style de l'Ecriture, il punira. — Ils relour-
neront en Egypte. Voy. 1x, 36.
14. J'enverrai, ete. Voy. IV Rois, xxv, 9; Amos, τι, 5.
1. Ne te réjouis pas, ete. Sous Jéroboam II, le royaume d'Israél jouit d'une heureuse
et longue paix; mais aprés sa mort, il tomba dans la décadence, et ce ne fut plus
qu'une suite de malheurs et de disgráces. — En te séparant. Voy. τ, 2.
:3. Ephraim est relourné, etc. Aprés la prise de Samarie, une partie des Israélites
se sauva en Egypte, oü elle trouva la mort (vers. 6).
4. [ls ne feront pas, etc. Outre qu'il n'était pas permis d'offrir des sacrifices hors
du temple de Jérusalem, les Israélites ne pouvaient faire des oblations de vin au
Seigneur dans le lieu de leur exil, parce que le vin, l'huile et tous les aliments y
étaient impurs, comme /e pain (selon l'hébreu, /a nourriture en général) de ecuz qui
sont en deuil. Compar. Nombr., xix, 11, 13, 14, 16, 92. — Pour leur âme; pour leur
personne, pour eux-mémes, c'est-à-dire pour leur propre besoin,
[cn. 1x.]
que leur pan sera pour leur âme,
il n'entrera pas dans la maison
du Seigneur.
5. Que ferez-vous au jour 50-
lennel, au jour de la fète du Sei-
gneur?
6. Car voilà qu'ils sont partis à
cause de 18 dévastation ; l'Egypte
les ramassera, Memphis les ense-
velira; l'argent, objet de leurs
désirs, l'ortie en héritera, la bar-
dane cro?tra dans leurs taberna-
cles.
7. Ils sont venus, les jours de la
visite; ils sont venus, les jours de
la rétribution ; sachez, Israél, que
le prophète est un fou, et l'homme
inspiré, un insensé, à cause de la
grandeur de ta démence.
8. Ephraim est une sentinelle
avec mon Dieu; le prophète est
devenu un lacs de ruine sur toutes
ses voies, une démence dans la
maison de son Dieu.
9. Ils ont péché profondément,
comme aux jours de Gabaa; /e
Seigneur se souviendra de leur
iniquilé, et il visitera leurs pé-
chés.
10. J'ai trouvé Israél comme oz
OSÉE.
9051
rencontre des grappes de raisin
dans le désert; j'ai vuleurs peres
comme les premiers fruits quz pa-
raissent au sommet d'un figuier;
pour eux, ils sont entrés à Béel-
phégor, et ils se sont éloignés de
moi pour leur confusion, et ils
sontdevenusabominablescomme
les choses qu'ils ont aimées.
11. Ephraim, sa gloire a disparu
comme l'oiseau, dès son enfante-
ment et dès le sein de sa mère, et
dès sa conception.
12. Et que s'ils ont élevé des
fils, je ferai qu'ils seront sans en-
fants parmi les hommes; mais
aussi malheur à eux, quand je me
serai retiré d'eux.
13. Ephraim, comme je /'ai vu,
était une autre Tyr, fondée sur
la beauté; et Ephraim conduira
ses fils au meurtrier.
14. Donnez-leur, Seigneur. Que
leur donnerez-vous? Donnez-leur
un sein sans enfants, et des ma-
melles arides.
15. Toutes leurs méchancetés
se sont montrées à Galgal; parce
que c'est là que je les ai eus en
horreur; à cause de la malice de
CHAP. IX. 9. Juges, xix, 25. — 15. I Rois, virt, 5.
6. Memphis était la capitale de l'Egypte.
1. La visite; la punition, le chátiment.
8. Sentinelle; se dit métaphoriquement des prophètes. Compar. Ezéch., ur, 11. UM
Avec (cum); ou bien, auprès de, selon des significations du terme hébreu correspon-
dant. Le sens de ce passage est, qu'Ephraim feint de rendre un culte au vrai Dieu, '
tandis qu'il le rend aux idoles, et que c'est ainsi qu'il est devenu un véritable piège:
pour le peuple de Dieu, etc.
9. Gabaa; ville de la tribu de Benjamin, célébre par un crime énorme qui s'y
commit au temps des Juges d'Israël. Voy. Juges, xix, 12 et suiv.; xx, 4 et suiv. —
Il visitera; voy. vers. T.
10. Comme; c'est-à-dire, avec le méme plaisir que. — Béelphégor; lieu qui tire son
nom d'une divinité des Moabites.
13. Ephraim; c'est-à-dire le pays et le royaume d'Israél (vers. 8, 11, 16). — Tyr.
Voy. la peinture magnifique qui est faite de cette ville dans Ezéch., xxvii, xxviu.
15. Galgal; ville royale des Chananéens, où les Israélites érigèrent des autels aux
idoles. Compar. xit, 11. — Inventions. Voy. vit, 2. — Je ne les aimerai plus ; littér. et
par hébraïsme, je n'ajouterai pas pour que je les aime. Compar. 1, 6.
2052
leurs inventions, je les chasserai
de ma maison, je ne les aimerai
plus; tous leurs princes se reti-
rent de mot.
16. Ephraim a été frappé, leur
racine a été desséchée; ils ne por-
leront pas du tout de fruit. Et que
s'ils ont engendré, je ferai périr
les fruits de leur sein qui leur
sont les plus chers.
17. Mon Dieules rejettera, parce
qu'ils ne l'ont pas écouté; et ils
seront errants parmi les nations.
CHAPITRE X.
Vengeance du Seigneur sur Israél. Les
deux maisons de Jacob, d'abord celle
d'Israél, puis celle de Juda, porteront
chacune la peine de leurs iniquités.
|. Israël était une vigne cou-
verte de feuilles, le fruit les éga-
lait; selon l'abondance de son
fruit elle a multiplié ses autels;
suivant la fertilité de sa terre,
elle a été féconde en simulacres.
2. Leur cœur s'est partagé,
maintenant ils périront; lui-mé-
me brisera leurs simulacres, il
renversera leurs autels.
OSÉE.
(cu. x.]
3. Parce qu'alors ils diront :
Nous n'avons pas de roi; car nous
ne craignons pas le Seigneur; et
le roi, que nous fera-t-il?
4. Vous prononcez les paroles
d'une vision inutile, et vous ferez
une alliance; et le jugement du
Seigneur germera comme l'herbe
amere sur les sillons d'un champ.
5. Les habitants de Samarie ont
adoré les vaches de Bethaven;
parce que le peuple a pleuré sur
lui, et les gardiens de sontemple
se sont réjouis de sa gloire, parce
qu'elle s'est éloignée de lui.
6. Puisquelui-méme a été porté
en Assyrie, en présent à un roi
vengeur; la confusion couvrira
Ephraim, et Israél sera confondu
dans ses desseins.
7. Samarie a fait disparaître son
roi comme l’écume sur la surface
de l'eau.
8. Les hauteurs de l'idole, pé-
ché d'Israël, seront dévastées; la
bardane et le chardon monteront
sur leurs autels; et eux diront
aux montagnes : Couvrez-nous;
etaux collines : Tombez sur nous.
Cuapr. X. 8. Is., 11, 19; Luc, xxrim, 30; Apoc., vi, 16.
9. S'est partagé entre le culte de Baal et celui du Seigneur.
5. Vaches; pour veaux. Chez les Hébreux aussi bien que chez les Grecs et les
Romains, le féminin se mettait quelquefois au lieu du masculin, par mépris et par
dérision. — Bethaven. Voy. 1v, 15. — Le peuple, etc. Pour que cette fin de verset
puisse avoir un sens, il faut nécessairement, comme l'ont fait plusieurs interprétes,
changer l'ordre des mots aussi bien dans l'hébreu que dans la Vulgate. Pour nous,
voici l'explication de ce passage qui nous a paru la mieux fondée, parce qu'elle exige
moins de suppositions plus ou moins forcées : — Son peuple; le peuple de Bethaven;
— A pleuré sur lui; sur Bethaven; — Et les gardiens de son temple; qui autrefois se
sont réjouis de sa gloire, de ce qui faisait sa gloire, de ses veaux d'or, ont aussi
pleuré sur lui (super eum); — Parce qu'elle, sa gloire; — S'est éloigné de lui (migravit
ab eo); a été transportée hors de son pays.
6. Lui-méme (ipse); Bethaven, qui, par une figure trés commune dans le style
biblique, est mis ici pour son contenu. — Un roi vengeur. Compar. v, 13.
8. Diront aux montagnes, etc. Jésus-Christ a employé les mémes paroles, en annon-
cant aux Juifs le chátiment que Dieu devait exercer sur eux par les armes des Ro-
mains (Luc, xxur, 30), et saint Jean, pour marquer la frayeur des méchants au
jugement dernier (Apocal., vi, 16).
[cn. x.]
9. Depuis les jours de Gabaa,
Israél a péché ; là ils se sont arré-
tés ; ce ne sera pas une guerre
comme à Gabaa contre des en-
fants d'iniquité, qui les atteindra.
10. Selon mon désir, [0.108 chà-
tierai;les peuples s'assembleront
contre eux, lorsqu'ils seront chà-
tiés pour leur double iniquité.
11. Ephraim est une génisse
qu'on a apprise à aimer le bat-
tage, et moi j'ai passé surson beau
cou; je monterai sur Ephraim;
Juda labourera et Jacob tracera
par lui-méme des sillons.
19. Semez pour vous dans la
justice, et vous moissonnerez en
OSÉE.
2053
proportion de votre miséricorde,
mettez votre terre en novale;
mais il sera temps de rechercher
le Seigneur, lorsque sera venu
celui qui vous enseignera la jus-
lice.
13. Vous avezcultivé l'impiété,
vous avez moissonné l'niquité,
vous avez mangé un fruit de
mensonge, parce quetu t'es con-
fié en tes voies, en la multitude
de tes braves.
14. Le tumulte s’élèvera parmi
ton peuple, et toutes les fortifica-
tions seront dévastées, comme
fut dévasté Salmana au jour du
combat par la maison de celui
9. Juges, xix, 25. — 12. Jér., 1v, 3. — 14. Juges, vir, 12,
9. Depuis les jours (ex diebus); ou bien plus que dans les jours; Yhébreu est sus-
ceptible des deux sens. — De Gabaa. Voy. 1x, 5. — Là ils se sont arrétés (ibi steterunt);
c'est-à-dire, selon l'hébreu, ils sont restés debout, ils n'ont pas entiérement péri. Les
Benjamites, en effet, ne périrent pas tous dans l'affaire de Gabaa ; il s'en trouva 600,
qui servirent à rétablir leur tribu dans son premier état. Cette interprétation nous
semble la meilleure, comme se liant trés bien à ce qui suit. — Ce ne sera pas, etc. La
guerre contre les Israélites, annoncée ici, sera beaucoup plus terrible que celle qui
eut lieu à Gabaa, puisque Samarie elle-méme doit étre détruite de fond en comble
par les Assyriens.
10. Leur double iniquité; c'est-à-dire, le mépris qu'ils ont fait de Dieu, et le culte
qu'ils ont rendu aux idoles; ou bien les deux veaux d'or qu'ils ont adorés, l'un à
Dan, et l'autre à Béthel.
11. J'ai passé; j'ai fait passer le joug. — Son beau cou; littér. et par hébraisme, ia
beauté de son cou. — Je monterai sur Ephraim; je le dompterai.
12. Et vous moissonnerez; littér. et par hébraisme, et moissonnerez. — En propor-
tion de; estle vrai sens de l'expression hébraique, rendue exactement d'ailleurs dans
la Vulgate par im ore. — Votre miséricorde; le bien que vous faites. Compar. 1v, 4.
— Celui qui, etc. Les Pères et après eux le commun des interprètes appliquent ce
passage à Jésus-Christ, maitre par excellence de la justice.
13. Un fruit de mensonge; un fruit trompeur, qui ne saurait nourrir.
14. Salmana; un des princes madianites, qui furent défaits par Gédéon (Juges,
vi-Vin). — Celui qui jugea Baal (qui judicavit Baal), Gédéon, qui détruisit l'autel de
Baal et le bois qui était autour (Juges, νι, 25). — * Le nom de Salmana, dans ce pas-
sage d'Osée, n'est pas écrit en hébreu comme celui dont il est question dans le livre
des Juges. Le texte hébreu porte : Comme Schalman a dévasté Beth-Arbel au jour
de la guerre. Saint Jéróme ne connaissant aucun fait biblique auquel ce passage put
faire allusion, si ce n'est la victoire de Gédéon sur Salmana, supposa, comme il le dit
lui-même, qu'Arbel était 16 même mot que Jérobaal, surnom de Gédéon. De là sa tra-
duction de ce passage. Osée faisait allusion à un fait connu de ses contemporains,
mais oublié depuis. Nous en avons peut-étre l'explication dans un passage des
annales de Téglathphalasar, roi d'Assyrie, qui mentionne un roi de Moab, appelé
Schalamanu. Il est possible que ce roi ait pris et saccagé Beth-Arbel. Il existait deux
villes de ce nom, l'une en Galilée, entre Sepphoris et Tibériade; l'autre à l'est du
Jourdain, dans les environs de Pella.
2054
qui jugea Baal, la mère ayant été
écrasée sur les enfants,
45. Ainsi vous a fait Béthel, à
cause de la malice de vos méchan-
cetés.
CHAPITRE XI.
Amour et soins paternels du Seigneur
pour Israél. Ingratitude et infidélité de
ce peuple. Vengeances qui tomberont
sur lui. Tendresse du Seigneur à son
égard. Promesse de son retour et de
son rétablissement. Faux attachement
d'Israél; fidélité de Juda.
1. Comme un malin passe, ainsi
a passé le roi d'Israël. Parce qu'Is-
rael était un enfant, je l'ai aimé,
et de l'Egypte j'ai rappelé mon
fils.
2. Mes prophétes les ont appe-
lés, et c'est ainsi qu'ils s'en sont
allés 7078 de leur face; ils immo-
laient aux Baalim, et ils sacri-
fiaient aux simulacres.
3. Et moi, comme le pére nour-
ricier d'Ephraim, je les portais
dans mes bras; et ils n'ont pas
compris que je prenais soin d'eux.
4. Je les attirerai par les atta-
ches d'Adam, par les liens de la
OSÉE.
(cu. xr.]
charité, et je serai pour eux
comme celui qui enlèverait le
joug de dessus leurs joues, et je
me suis tourné vers lui, afin qu'il
eüt de quoi manger.
5. Il ne retournera pas dans la
terre d'Egypte; et Assurlui-méme
sera son roi, puisqu'ils n'ont pas
voulu se convertir.
6. Le glaive a commencé dans
ses cités, et il consumera ses
hommes d'élite, et il dévorera
leurs chefs.
1. Et mon peuple aspirera après
mon retour; mais il leur sera im-
posé à tous ensemble un joug qui -
ne sera pas enlevé.
8. Comment te traiterai-je,
Ephraim, te protégerai-je, Israël?
est-ce que je te traiterai comme
Adama, ferai-je de toi comme de
Séboim? Mon cœur est bouleversé
au dedans de moi, pareillement
mon repentir est suscité.
9. Je n'assouvirai pasl'ardeur de
ma colere; je n'en viendrai point
à perdre entierement Ephraim,
puisque je suis Dieu et non pas
un homme; 76 suis saint au milieu
Caap. XI. 1. Matth., ,זז 15. — 8. Genèse, xix, 24,
1. Ce verset est une continuation du précédent, auquel le texte hébreu le rattache.
— Le roi d'Israél ; probablement Osée, qui fut le dernier, et qui ne régna pas loug-
temps (IV Rois, xvit). — Parce que (quia); ou bien selon un des sens de la particule
hébraïque correspondante, lorsque, dans le temps que. — Je l'ai ; littér. et je l'ai; mais
la particule e£, qui se trouve aussi dans l'hébreu et les Septante, est ici purement
pléonastique, ou ne sert qu'à marquer l'apodose, c'est-à-dire, une proposition qui
est subordonnée à la précédente. Bien qu'elle ne puisse s'exprimer ici en francais,
elle signifie alors, dans ce cas, cela supposé. — J'ai rappelé, etc. Saint Matthieu (tr, 15)
applique ces paroles à Jésus-Christ, ramené d'Egypte aprés la mort d'Hérode.
2. Baalim. Voy., sur ce mot, Jérém., τι, 23.
4. Adam; est mis ici pour les hommes en général, le genre humain; voilà pourquoi
les pronoms suivants qui représentent ce mot sont mis également au pluriel et au
singulier. — Je me suis tourné, etc. C'est probablement une allusiom à la manne dont
Dieu nourrit autrefois son peuple daus le désert.
8. * Adama et Séboim, villes de la Pentapole qui furent détruites en méme temps
que Sodome et Gomorrhe. Deutéron., xxix, 23.
9. Saint au milieu de toi. Compar. Isaie, xu, 16. Dans une cilé; pour la détruire,
comme fait d'ordinaire un cruel vainqueur.
[cn. xn.]
de toi; et je n'entrerai pas dans
une cité.
10. Ils iront après le Seigneur;
il rugira comme un lion; parce
que lui-méme rugira, les fils de
la mer seront saisis d'effroi.
11. Et ils s'envoleront de l'E-
gypte, comme un oiseau, et
comme une colombe de la terre
des Assyriens; et je les établirai
dans leurs maisons, dit le Sei-
gneur.
19. Ephraim m'a circonvenu
par tromperie, et la maison d'Is-
raël par feinte; mais Juda s'est
conduit avec Dieu et avec les
saints en témoin fidèle.
CHAPITRE XII.
Infidélité d'Ephraim. Jugement du Sei-
gneur contre Juda. Toute la maison de
Jacob châtiée. Bienfaits du Seigneur
envers ce patriarche. Ingratitude de
ses descendants. Exhortations, pro-
messes, reproches, menaces adressées
à Ephraim.
1. Ephraim se repait de vent et
OSÉE.
2055
poursuit un air brülant; tout le
jour il multiplie le mensonge et
la dévastation; il a fait alliance
avec les Assyriens et il portait de
l'huile en Egypte.
2. Voici donc venir le juge-
ment du Seigneur avec Juda, et
sa visite sur Jacob; il lui ren-
dra selon ses voies et ses inven-
tions.
3. Dans 16 sein maternelil sup-
planta son frère; par sa force il
lutta avec l'ange.
4. Et il prévalut contre l'ange
et il fut fortifié; il pleura, et le
pria: il le trouva à Béthel, et là
le Seigneur nous parla.
5. Et le Seigneur, le Dieu des
armées, le Seigneur devint l'objet
de son souvenir.
6. Et toi, Israël, à ton Dieu tu te
convertiras ; garde la miséricorde
et le jugement, et espère en lon
Dieu, toujours.
7. Quant à Chanaan, dans sa
main est une balance trompeuse;
il a aimé l'oppression.
Cnar. XII. 3. Genèse, xxv, 25; זאאא 24.
10. Les fils; littér. et les fils. Voy. sur ce et qui forme l'apodose, vers. 1. — Les fils
de la mer; les peuples des contrées maritimes, ou les Israélites mêmes qui s'étaient
sauvés dans les iles et dans les pays éloignés.
12-xiv, 10. * 30 Dans la troisième section, xr, 12-xiv, l'indignation d'Osée croît encore :
le coupable est mür pour le chátiment; la longanimité et les bienfaits de son maitre
n'ont servi qu'à l'endurcir, mais l'heure de l'expiation est proche; il compte sur
l'Assyrie et sur l'Egypte, il se repait de vent; que Samarie périsse, parce qu'elle a
abreuvé son Dieu d'amertume! Néanmoins la bonté de Dieu est telle que si l'infi-
déle se convertit, il lui accordera son pardon.
12. S'est conduit avec; littér., est descendu avec (descendit cum), expression qui,
selon l'explication de ce passage donnée par saint Jérôme lui-même, équivaut à aller,
marcher avec. Or cette dernière expression s'applique fréquemment en hébreu à la.
manière d'agir, de se conduire. — Les saints du Seigneur, soit ses prophètes, soit
ses prêtres. — Témoin fidèle de la divinité du Seigneur qu'il a toujours reconnue et
confessée.
2. Sa visite; sa vengeance, son châtiment. — Inventions ; en hébreu, œuvres, actions.
4. Nous. Osée parle au nom du peuple, de la nation.
6. Le jugement, ou bien la justice; l'hébreu signifie l'un et l'autre.
1. Chanaan; c'est-à-dire, Israël corrompu comme lui. Souvent les prophètes
donnent aux choses et aux personnes des noms figurés, qui marquent leurs bonnes
ou mauvaises qualités (Ezéch., xvr, 3). Le nom de Chanaan se prenait aussi pour
2056
8. Et Ephraim a dit : Cependant
je suis devenu riche, j'ai trouvé
une idole pour moi; aucun de mes
travaux ne trouvera l'iniquité par
laquelle j'ai péché.
9. Et moi, je suis le Seigneur ton
Dieu, depuis que je tai retiré de
la terre d'Egypte; je te ferai en-
core demeurer dans des taberna-
cles comme aux jours de féte.
10. Et j'ai parlé aux prophetes,
et c'est moi qui ai multiplié les
visions; et par le ministere des
prophètes j'ai été assimilé aux
hommes.
11. Si Galaad éfait une idole,
c'est donc en vain qu'ils sacri-
OSÉE.
[cu. xur.]
19. Jacob a fui dans la contrée
de Syrie, et Israël a servi pour une
femme, et pour une autre femme
il a servi.
13. Par un prophète, le Sei-
gneur a tiré Israël de l'Egypte,
et par un prophète il a été con-
servé.
14. Par ses plaintes amères,
Ephraim m'a provoqué au cour-
roux; et son sang retombera sur
lui, et son opprobre, le Seigneur
le lui rendra.
CHAPITRE XIII.
Reproches et menaces du Seigneur contre
les enfants d'Israél. Promesse de leur
fiaient aux bœufs de Galgal; car délivrance.
leurs autels sontcomme des mon-
ceaux de pierre sur les sillons des
champs.
1. Ephraim parlant, un frisson
a saisi Israël, et il a péché en ado-
rant Baal, et il est mort.
12. Genèse, xxvii, 5. — 13. Exode, xiv, 21, 22.
marchand; c'est ce qui explique la métaphore qui suit immédiatement. — L'oppres-
sion (calumniam). Voy. Jérém., 1, 33.
8. Aucun de mes travaux; rien de ce j'ai acquis par mon travail, c'est le vrai sens de
lhébreu. — Ne trouvera, etc., ne montrera que je l'ai acquis en péchant, par iniquité.
9. Je te ferai, etc. Pendant sept jours que durait la fête des tabernacles, les Juifs
habitaient dans des tabernacles (d’où vient le nom de cette solennité) ou tentes faites
de branches d'arbre, en mémoire de ce que leurs pères avaient ainsi campé dans le
désert.
10. Saint Jérôme explique lui-même ainsi ce verset dans son commentaire : « Car
c'est moi qui, par tous les prophètes et les différents genres de visions, ait été assi-
milé aux hommes (assimilatus sum hominibus), et t'ai provoqué à la pénitence. »
Puis, pour justifier son explication, le savant Pére cite plusieurs passages tirés des
prophétes, entre autres, celui oü Jonas est représenté passant trois jours et trois
nuits au fond de la mer, afin de signifier le Seigneur ressuscitant des enfers le troi-
sième jour (μέ Dominum significet die lertia ab inferis resurgentem). Dans le texte
hébreu, le verbe rendu dans la Vulgate par le passif (assimilatus sum), est à l'actif
et paraît signifier : Je proposerai, ou je propose des paraboles.
11. Galaad, qu'on a déjà vu plus haut (vr, 8), est mis ici pour son contenu.
Bethaven. Compar. x, 6. — Galgal. Voy. 1x, 15.
19. Dans la contrée de Syrie; dans la Mésopotamie. — Israël est le méme que
Jacob (Genèse, xxxn, 28). — A servi, etc.; a gardé longtemps les troupeaux de Laban,
pour avoir en mariage ses deux filles, Rachel et Lia (Genèse, xxix).
13. Par un prophèle; par Moïse.
14. Son sang, etc.; il sera lui-même la cause de sa mort.
1. Ephraim; tribu du royaume d'Israël, avait pris tant d'ascendant sur les autres,
que quand elle parlait, celles-ci étaient saisies de crainte et de respeet. Mais plu-
sieurs, d'aprés saint Jéróme, entendent ici par Ephraim, Jéroboam, qui était de cette
tribu, et qui avait proposé à son peuple d'adorer ses veaux d'or; Israël, par crainte,
se rendit à ses désirs (III Rois, xit, 28 et suiv.).
[cir xur.]
2. Et maintenant ils ont encore
péché ; et ils se sont faitavec leur
argent une statue jetée en fonte
semblable aux idoles, tout cela
est un ouvrage d'artisans; à ceux-
ci eux-mémes disent : Immolez
des hommes, vous qui adorez des
veaux.
3. C'est pour cela qu'ils seront
comme un nuage dumatin,etcom-
me la rosée du matin qui se dis-
Isipe, comme la poussière empor-
| tée de l'aire par un tourbillon, et
comme la fumée qui s'échappe
d'une cheminée.
4. Mais moi, je suis le Seigneur
ton Dieu, depuis que je t'ai re-
tiré de la terre d'Egypte; tu ne
connaitras pas de Dieu hors moi,
et il n'est de sauveur que moi.
5. Et je t'ai connu dans le
désert, dans une terre de soli-
lude.
6. À proportion de leurs pâtu-
rages ils se sont remplis et rassa-
siés; et ils ont enflé leur cœur, et
ils m'ont oublié.
7. Et moi, je serai pour eux
OSÉE.
2057
comme une lionne, comme un
léopard sur la voie ces Assy-
riens.
8. Je courrai à eux comme une
ourse, quand on lui a ravi ses
petits, je déchirerai leurs entrail-
165; et là je les dévorerai comme
un lion; la bête des champs les
meltra en pièces.
9. Ta perte vient de toi, Israël;
c'est seulement en moi qu'est ton
Secours.
10. Oü est ton roi? que sur-
tout maintenant il te sauve dans
toutes tes villes; et qu'ils te
sauvent, tes iuges dont tu as dit :
Donnez-moi un roi et des princes.
11. Je te donnerai un roi dans
ma fureur, et /óterai dans mon
indignation.
12. L'iniquité d'Ephraim estliée,
et son péché caché.
13. Les douleurs d'une femme
qui enfante viendront sur lui :
c'est un fils qui n'est point sage ;
car maintenant il ne subsistera
pas dans le carnage de ses fils.
14. Je les délivrerai de la main
ὕπαρ. XIIL 4. Is., ,הנא 11. — 10. I Rois, vir, 5. — 14. I Cor., xv, 54; Héb., n, 14.
2. Ils ont encore péché; littér. et par hébraisme, ts ont ajouté à pécher (addiderunt
ad peccandum). — A ceux-ci; à ces Israélites idolátres, dont il est question dans ce
verset même. — Eux-mémes; c'est-à-dire, les faux prophètes, selon le chaldéen, ou
les prêtres et les princes, suivant saint Jérôme; ou bien enfin, selon d'autres, les pro-
phétes du Seigneur et les Juifs demeurés fidéles, qui reprochent aux Israélites des dix
tribus d'offrir à Moloch des victimes humaines, pendant qu'ils adorent des veaux d'or.
3. D'une cheminée (de fumario) ; c'est-à-dire, du trou pratiqué dans le mur pour le
passage de la fumée; car les Israélites n'avaient pas de cheminées comme les nôtres.
— * Comme un nuage du matin, etc. Voir plus haut, vi, 4. — Comme la poussière em-
portée de l'aire par un tourbillon. L'aire étant aplanie et unie, le vent en emporte
plus facilement la poussiére.
5. * Je l'ai connu dans le désert du Sinai, à l'époque de la sortie d'Egypte.
10. * Juges a ici le sens de chefs militaires qui sauvent des ennemis.
12. Le sens de ce verset est que les iniquités et les péchés d'Israël n'ont été ni ou-
bliés, ni punis, ni pardonnés ; mais seulement comme liés et serrés dans un sac ou
dans une bourse, pour en étre retirés au temps voulu par le Seigneur, et recevoir de
jui leur juste chátiment. Compar. Job, xtv, 41.
13. Dans le carnage, etc.; lorsque ses fils seront brisés et massacrés par les ennemis.
14. Ta morsure (morsus tuus) ; selon les Septante aigvillon, mot que saint Paul a
employé, en citant ce passage (I Corinth., xv, 55).
2058
de la mort, je les rachèterai de la
mort; je serai ta mort, ὃ mort; je
serai ta morsure, 6 enfer; la con-
solation s'est cachée à mes yeux.
15. Parce qu'il divisera les fre-
res, le Seigneur fera venir un
vent brülant qui montera du dé-
sert; et 11 séchera ses ruisseaux,
et tarira sa source, et enlèvera
le trésor de tous ses objets pré-
cieux.
CHAPITRE XIV.
Ruine de Samarie. Israël est exhorté à se
convertir au Seigneur. Biens dont le
Seigneur comblera les enfants d'Israél
au temps de leur retour.
1. Périsse Samarie, puisqu'elle
a poussé son Dieu à l'exaspéra-
tion; qu'ils périssent parle glaive,
que leurs petits enfants soient
écrasés, et que ses femmes en-
ceintes soient coupées en deux.
9, Convertis-toi, Israël, au Sei-
gneur ton Dieu, puisque tu es
tombé par ton iniquité.
3. Prenezavec vous des paroles
de pénitence, et converlissez-vous
au Seigneur, et dites-lui : Otez-
nous toutes nosiniquités, recevez
le bien que nous vous offrons, et
nous vous rendrons le sacrifice de
nos lèvres.
4. Assur ne nous sauvera pas,
nous ne monterons pas sur des
15, Ezéch., xix, 12.
OSÉE.
[cu. xiv.]
chevaux, et nous ne dirons plus:
Vous êtes nos dieux, œuvres de
nos mains; parce que vous aurez
pitié de l'orphelin qui se repose
en vous.
5. Je guérirai leurs meurtrissu-
res, je les aimerai de mon propre
mouvement, parce que ma fureur
s'est détournée d'eux.
6. Je serai comme la rosée, Is-
raël germera comme 16 lis, et sa
racine poussera avecforcecomme
les plantes du Liban.
7. Ses rameaux s'étendront, et
sa gloireserasemblableal'olivier,
et son parfum comme celui du Li-
ban.
8. Ils retourneront, s'asseyant
sous sonombre ;ils vivront deblé,
et ils germeront comme la vigne ;
son souvenir sera comme le vin
du Liban.
9. Ephraim dira : Pourquoi
aurais-je désormais des idoles?
c'est moi qui l'exaucerai, et c'est
moi qui le rendrai comme un
sapin toujours vert; c'est par moi
que du fruit a été trouvé sur toi.
10. Qui est sage, et il com-
prendra ces choses? qui est in-
telligent, et il les saura? parce
que les voies du Seigneur sont
droites, et les justes y marche-
ront; mais les prévaricateurs y
tomberont.
15. Un vent brülant, etc.; c'est-à-dire, l'armée des Assyriens.
1. Qu'ils périssent; c'est-à-dire, les habitants de Samarie. — Ses (ejus); ce pronom,
qui est aussi au singulier dans l'hébreu, se rapporte également à Samarie.
3. De pénitence. Cette expression ou toute autre semblable, qui ne se lit dans l'hé-
breu ni dans les Septante, mais que réclame évidemment le contexte, se trouve dans
la version chaldaique sous le nom de confession, louange, et dans le commentaire de
saint Jérôme sous celui de prière, confession de faules. -— Le sacrifice de nos lèvres;
nos louanges, nos actions de grâces; littér., les veaux de nos lèvres; allusion aux
sacrifices dans lesquels on offrait des veaux au Seigneur.
8. * Le vin du Liban a été de tout temps très estimé.
JOEL
INTRODUCTION
Joél, fils de Phatuel, est le second des petits prophétes dans la Vulgate. Son
nom signifie « Jéhovah est Dieu. » Nous ne savons rien de sa vie, si ce n'est
qu'il était du royaume de Juda. Peut-étre vivait-il à Jérusalem. Le Pseudo-
Epiphane le fait à tort de la tribu de Ruben, et dit qu'il était né et qu'il fut en-
seveli à Béthoron, entre Jérusalem et Césarée. Quelques commentateurs sup-
posent, sans preuve, qu'il était prétre.
Ses prophéties ne sont pas datées, mais on peut regarder comme certain
qu'elles sont des plus anciennes qui nous soient parvenues.
Presque chaque verset de Joël montre en lui un maitre dans l'art de la parole;
sa langue est aussi pure qu'énergique, aussi vive que claire; nous pouvons bien
l'appeler classique, et, en fait, il servit de modéle aux prophétes qui le suivirent,
lesquels lui empruntérent des passages entiers. Son style s'éléve, par la subli-
mité, au-dessus de celui des autres prophétes, excepté Isaie et Habacuc. Il unit
la force de Michée à la tendresse de Jérémie et à la vivacité de couleurs de
Nahum. Sa deseription de l'invasion des sauterelles est un admirable morceau
littéraire; on l'a accusée d'exagération, mais l'exactitude de chaque trait est
garantie par les voyageurs qui ont été témoins du fléau.
L'oecasion de sa prophétie fut une terrible invasion de sauterelles, suivie d'une
grande famine. Elle 56 divise en deux parties qui ont la forme de discours, 1
17, et .וזו-18 ,זז Les deux discours sont séparés l'un de l'autre par un verset his-
torique qui sert de transition, m, 18-19. — 19 Joël décrit les ravages des sau-
terelles, en qui il voit les messagers de la colére de Jéhovah ou du jour du
Seigneur, 1-π|, 11, et il conclut cette première partie par une exhortation pres-
sante au jeûne et à la pénitence, π, 12-17. — Sa parole dut être écoutée, car Joël
continue, sous forme narrative, en disant que Dieu pardonne à son peuple, et en
lui prédisant un heureux avenir. Bientót l'ennemi sera détruit et une pluie abon-
dante rendra la terre fertile, it, 18-27. Cette pluie sera le symbole d'une effusion
du Saint-Esprit sur son peuple, 11, 28-29; plus tard viendra le jour du Seigneur
qui anéantira tous les ennemis des Juifs, rassemblés contre Jérusalem, dans la
vallée de Josaphat. Les signes avant-coureurs de ce grand jour sont décrits, rr,
30-32, et le jour lui-même, ur, 1-17. Ce jugement de Dieu aménera pour Juda et
pour Jérusalem la plénitude des bénédictions messianiques, 11, 18-21.
2060
CHAPITRE PREMIER.
Désolation de la Judée par le fléau des
insectes et de la sécheresse. Exhorta-
tion à la pénitence. Jour terrible qui
doit succéder à ce premier fléau.
1. Parole du Seigneur qui fut
adressée à Joël, fils de Phatuel.
2. Ecoutez ceci, vieillards, et
prêtez l'oreille, vous tous, habi-
tants de la terre; est-ce que cela
est arrivé dans vos jours, ou dans
les jours de vos pères?
9. Racontez-le à vos fils, et vos
fils à leurs fils, et leurs fils à une
autre génération.
4. Les restes de la chenille, la
sauterelle les a mangés, et les
restes de la sauterelle, le bru-
chus les a mangés, et les restes
du bruchus, la nigelle les a man-
gés.
JOEL.
[cn. 1.
5. Réveillez-vous,ivres, et pleu-
rez, et hurlez, vous tous quibuvez
du vin doux; parce qu'il est banni
de votre bouche.
6. Car unenation est montée sur
mon pays, forte,innombrable ; ses
dents sont comme les dents d'un
lion, etses molaires, comme celles
d'un lionceau.
1. Elle a réduit ma vigne en un
désert, et mon figuier, elle l'a
écorcé; le dégarnissant de ses
feuilles, elle l'a dépouillé, et jeté
par terre,et ses rameaux sont de-
venus blancs.
8. Pleure, comme une vierge
vétue d'un sae sur l'époux de sa
jeunesse.
9. Le sacrifice et la libation
sont bannis de la maison du Sei-
gneur; les prêtres, ministres du
Seigneur, sont dans le deuil.
9. Vieillards, etc. Joël s'adresse aux habitants de Juda.
4. La chenille, etc. Selon le plus grand nombre des interprétes, tant juifs que chal-
déens, ces insectes ne sont qu'une figure, qu'un symbole des ennemis du peuple juif.
Le Prophéte, en effet, emploie parfois des expressions qui ne conviennent nullement à
des insectes quelconques. — * L'invasion des sauterelles, qui occupe une si large
place dans la prophétie de Joël, est interprétée de deux façons très différentes. —
1» La paraphrase chaldaique, S. Ephrem, S. Jéróme et un grand nombre de commen-
tateurs, n'ont vu dans ces insectes qu'un symbole des peuples paiens, Assyriens,
Mèdes, Perses, Romains. — 29 Beaucoup de modernes entendent cette invasion dans
le sens littéral, s'appuyant surtout sur ce que le Prophète ne parle que des dégâts
causés dans les champs et du mal fait aux animaux, non aux personnes, tandis que,
s'il s'agissait d'une guerre, les personnes auraient eu beaucoup à souffrir, et Joél
n'aurait pu se dispenser de parler de leurs tribulations. De plus, toutes ses paroles
semblent se rapporter à un fait passé et non futur. — 3» Quoiqu'il soit difficile de
ne pas voir dans les deux premiers chapitres un événement historique, on peut néan-
moins concilier ensemble, jusqu'à un certain point, les deux opinions en admettant,
comme cela parait trés vraisemblable, que Joël, dans sa seconde partie, considère
l'invasion dont il a parlé dans la premiere comme le type du jugement de Dieu qui
approche.
5. Douz; littér., avec douceur (in dulcedine). Comme nous l'avons remarqué plus
d'une fois, les adjectifs en hébreu sont souvent remplacés par un substantif précédé
d'une proposition. Ajoutons que le terme hébreu que la Vulgate a traduit ici par
douceur signifie le vin doux ou nouveau, en latin mustum, mot qu'elle a employé
ailleurs elle- -méme. (Cant., var, 25 15040, xux, 26.)
6. * Une nation; les sauterelles, ‘qui ravagent et détruisent tout.
T. * Les sauterelles rongent aussi et dévorent l'écorce des arbres.
8. Un sac; c'est-à-dire, un vétement rude et grossier qu'on portait dans le deuil.
9. Les préires, etc.; parce qu'ils ne peuvent plus offrir de sacrifices, à cause du
manque de toutes les récoltes.
{cx. 1.]
10. La contrée a été ravagée,
le sol a pleuré, parce que le blé a
été détruit, que le vin a été con-
fondu, et que l'huile s’est dessé-
chée.
11. Les laboureurs ont été con-
fondus, les vignerons ont hurlé
sur le blé et l'orge, parce que la
moisson des champs a péri.
19. La vigne a été confondue,
etlefiguier a langui, le grenadier,
et le palmier, et le pommier, et
tous 165 arbres des champs se sont
desséchés; en sorte que la joie
s'est évanouie des fils des hom-
mes.
13. Prétres, ceignez-vous et
pleurez; hurlez, ministres de l'au-
tel; entrez, couchez-vous dans un
sac, ministres de mon Dieu, parce
qu'a été retranché de la maison
de votre Dieu le sacrifice ainsi
que la libation.
14. Consacrez un jeûne, con-
voquez une assemblée, rassem-
blez les vieillards, tous les habi-
tants de la terre, dans la maison
de votre Dieu, et criez au Sei-
gneur :
15. Ah! ah! ah! au jour; parce
qu'est prochele jour du Seigneur;
(παρ. 1. 14, Infra, 11, 15.
JOEL.
2061
et comme une désolation il vien-
dra du Tout-Puissant.
16. N'est-ce pas devant vos yeux
que les aliments ont disparu de
la maison de notre Dieu, ainsi
que 18 joie et l'exultation ?
17. Les bêtes de somme ont
pourri dans leur ordure, les gre-
niers ont été démolis et les gran-
ges dévastées, parce que le blé a
été confondu.
18. Pourquoi l’animal a-t-il gé-
mi, et les troupeaux de gros bé-
tail ont-ils mugi? Parce qu'il n'y
a pas de pâturage pour eux ; mais
méme les troupeaux de menu
bétail ont péri entierement.
19. C'est vers vous, Seigneur,
que je crierai, parce qu'un feu a
dévoré ce qu'il y avait de beau
dans le désert, et une flamme a
brülé tous les arbres de la con-
irée.
20. Mais méme les bétes de
la campagne, comme un champ
qui a soif de la pluie, ont levé
leurs regards vers vous, parce
que les sources des eaux ont été
séchées, et qu'un feu a dévoré
ce quil y avait de beau dans le
désert.
10. Le vin a été confondu ; honteux de n'avoir pas répondu à ce qu'on en attendait,
C'est une prosopopée semblable à /e sol a pleuré, du méme verset. Compar. les vers.
12, 11; Isaie, xxiv, 1; מזוצצצ 9. Les Septante portent partout on! séché; quant à l'hé-
breu, il est à la rigueur susceptible des deux sens, mais le premier parait mieux
fondé.
12. En sorte que. C'est la véritable signification qu'a ici 16 quia de la Vulgate ex-
pliqué par l'hébreu, et la seule que comporte le contexte.
18. Ceignez-vous; revétez-vous d'habits de deuil.
15. Ah! ah! ah! au jour (a, a, a, diei) ; c'est-à-dire, ὃ jour malheureux!
11. Le blé a été confondu. Voy. le vers. 10. — * L'invasion des sauterelles ayant tout
dévasté, les animaux périssent faute de nourriture.
19. * Un. feu; la stérilité, qui rend les champs comme brülés et qui est la suite des
ravages des sauterelles.
2062
CHAPITRE II.
Jour terrible aprés le premier tléau. Une
armée nombreuse et formidable désole
la Judée. Exhortation à la pénitence.
Réconciliation du Seigneur avec son
peuple. Docteur de justice. Effusion de
l'esprit de Dieu. Signes qui annonce-
ront les vengeances du Seigneur. Sa-
lut qui viendra de Sion.
1. Sonnez dela trompette dans
Sion, hurlez sur ma montagne
sainte, que tous les habitants de
la terre soient dans le trouble,
parce que vient le jour du Sei-
gneur, parce qu'il est proche.
2. Jour de ténèbres et d'obscu-
rité; jour de nuée et de tempête;
comme /a lumière du matinrépan-
duesurles montagnes serépandra
un peuple nombreux et fort; de
semblable à lui, il n'y en a pas eu
depuislecommencement, etapres
lui il n'y en aura point pendant les
aunées des diverses générations.
3. Devant sa face un feu dévo-
rant, et derriere lui une flamme
brülante; la terre est comme un
jardin de délices devant lui; et
derriere lui, la solitude d'un dé-
sert; etil n'y a personne qui lui
échappe.
JOEL.
]68. 11.]
4. Comme l'aspect des chevaux
est leur aspect; et comme des ca-
valiers, ainsi ils courront.
5. Sur les sommets des monta-
gnes, ils sauteront en faisant un
óruit comme le bruit des quadri-
ges, comme le bruit de la flamme
d'un feu qui dévore la paille,
comme un peuple fort préparé au
combat.
6. À sa face, les peupies seront
tourmentés ; tous les visages con-
tracteront /a couleur d'une mar-
mite.
7. Ils courront comme des bra-
ves; comme des hommes de
guerre ils monteront sur le mur;
hommes de cœur, ils marche-
ront dans leurs voies, et ne se
détourneront pas de leurs sen-
tiers.
8. Aucun d'eux ne pressera son
frere, chacun marchera dans sa
route; mais méme ils se précipi-
teront par les fenétres, et ne dé-
moliront pas.
9. Ils entreront dans la ville,
ils courront sur le mur; ils mon-
teront au haut des maisons : ils
entreront par les fenétres comme
le voleur.
1. * Sonnez de la trompette pour engager le peuple à faire pénitence.
2. Diverses généralions; littér. et par hébraisme, génération et génération.
4. * Comme l'aspect des chevaux est leur aspect (des sauterelles). Les auteurs orien-
taux ont remarqué que la téte de la sauterelle a quelque ressemblance avec celle du
cheval.
9. * Les sauterelles qui ravagent par myriades les pays exposés à leurs dépréda-
tions, produisent en effet dans leur marche un bruit semblable à ceux dont parle
le Prophète.
6. À sa face; à sa présence, à la présence de ce peuple fort, etc. (vers. 5), les autres
peuples seront dans un affreux tourment. — La couleur d’une marmite; c'est-à-dire
terne et plombée.
1. * Les sauterelles ne dévient pas de leur marche, quand elles inondent un pays,
et elles pénétrent jusque dans les tentes et les maisons, vers. 9.
8. Ne démoliront pas; n'auront pas besoin de rien abattre, puisqu'ils entreront par
les fenêtres qui sont des ouvertures toutes pratiquées. D'autres, prenant demolientur
pour un verbe passif et non déponent, traduisent par ne seront plus abattus, ou bles-
868, 06 qui est le sens du texte hébreu.
[cu. u.]
10. À sa face la terre a tremblé,
les cieux se sont ébranlés, le so-
leil et la lune se sont couverts de
ténèbres, et les étoiles ont retiré
leur splendeur.
11. Et le Seigneur a fait enten-
dre sa voix à la face de son armée,
parce que ses troupes sont extré-
mement nombreuses, parce qu'el-
les sont fortes, et qu'elles exécu-
teront sa parole; car le jour du
Seigneur est grand et bien ter-
rible, et qui le soutiendra?
12. Maintenant donc, dit le Sei-
gneur, convertissez-vous à moi
de tout votre cœur, dansle jeûne,
dans le pleur et dans le gémisse-
ment;
13. Et déchirez vos cœurs, et
non vos vêtements; et conver-
tissez-vous au Seigneur votre
Dieu, parce qu'il est bon et mi-
séricordieux, patient et d'une
grande miséricorde, et pouvant
revenir sur le mal dont il vous a
menaces.
14. Qui sait s'il 26 reviendra
pas, et s'il ze pardonnera pas,
et s'il ne laissera pas apres lui
la bénédiction, le sacrifice, et la
libation pour le Seigneur votre
Dieu?
JOEL.
2063
15. Sonnez dela trompette dans
Sion, consacrez un jeüne, convo-
quez une assemblée.
16. Assemblez le peuple, sanc-
tifiez l'assemblée; réunissez les
vieillards, rassemblez les petits
enfants et ceux qui sont à la ma-
melle; que l'époux sorte de sa
couche, et l'épouse de son lit
nuptial.
17. Entre le vestibule et l'au-
tel pleureront les prétres, mi-
nistres du Seigneur, et ils di-
ront : Pardonnez, Seigneur, par-
donnez à votrepeuple, et nelivrez
pas votre héritage à l'opprobre,
en sorte que les nations les do-
minent; pourquoi dirait-on parmi
les peuples : Où est votre Dieu?
18.LeSeigneuramontré du zèle
pour sa terre, il à pardonné à son
peuple.
19. Et le Seigneur a répondu,
et a dit à son peuple : Voici que
moi, je vous enverrai le blé, le
vin et l'huile, et vous serez ras-
sasiés; et je ne vous livrerai plus
en opprobre parmi les nations.
20. Et celui qui vient de l'aqui-
lon, jel'éloignerai de vous; et je
le chasserai dans une terre inac-
cessible et déserte, sa face vers la
CuaP. IT. 10. Is., xi, 10; Ezéch., xxxi, 7 ; Infra, ui, 15; Matt., xxiv, 29; Marc, xri, 24;
Luc, xxt, 25. — 11. Jérém., xxx, 7; Amos, v, 18; Soph., 1, 15.— 13. Ps. Lxxxv, ל Jon.,
Iv, 2. — 14. Jon., rir, 9. — 15. Supra, 1, 14.
10. A lremblé. Ge prétérit et les suivants du méme verset, ainsi que deux des vers.
21 et 22, sont mis pour des futurs. Voy. sur cet idiotisme, t. 11, pag. 342,20, — * La
multitude des sauterelles est quelquefois si considérable qu'elle obscurcit la lumière
du soleil comme un épais nuage.
13. Pouvant revenir ou se repentir. Saint Jérôme explique lui-même ainsi les
termes de la Vulgate przstabilis super malitia. Il est certain que le mot mal (malitia)
se prend dans plusieurs endroits pour peine, malheur, calamité.
14. S'il ne reviendra pas, etc. La négation est évidemment sous-entendue dans la
Vulgate aussi bien que dans l'hébreu. — Le sacrifice, etc. Compar. 1, 9.
30. Celui, etc.; le roi de Chaldée. L'Eeriture désigne ordinairement ce prince par
laquilon ou le septentrion, qui est la situation de son pays, par rapport à la terre
d'Israël. — * La mer orientale; la mer Morte; la mer (a plus reculée, ou plutôt, selon
l'original, la mer de derriére, celle qu'on a derriére soi en Palestine, quand on re-
2064
mer orientale, et son extrémité
vers la mer la plus reculée ; et sa
puanteur montera, et sa pulré-
faction montera, parce qu'il a agi
avec orgueil.
21. Ne crains pas, terre, exulte
et réjouis-toi, parce que le Sei-
gneur a fait de grandes choses.
22. Ne craignez plus, animaux
de la contrée, parce que ce qu'il
y a de beau dans le désert a ger-
mé, parce que l'arbre a porté son
fruit, le figuier et la vigne ont
donné leurs richesses.
99. Et vous, fils de Sion, exul-
tez, et réjouissez-vous dans le
Seigneur votre Dieu, parce qu'il
vous a donné un docteur de jus-
tice, etil fera descendre sur vous
la pluie du matin et /a pluie du
soir, comme au commencement.
24. Vos aires seront pleines de
blé, et vos pressoirs regorgeront
de vin et d'huile.
95. Et je vous rendrai les an-
nées qu'ont dévorées la saute-
relle, ainsi que le bruchus et la
28. Is., xuiv, 3; Actes, 11, 17.
JOEL.
[cu. 1. ]
nigelle, et la chenille, ma grande
force, que j'ai envoyée contre
vous.
26. Et vous mangerez abon-
damment, et vous serezrassasiés;
et vous louerez le nom du Sei-
gneur votre Dieu, qui a fait des
merveiles pour vous; et mon
peuple ne sera plus confondu à
jamais.
21. Et vous saurez que c'est moi
qui suis au milieu d'Israél, moi
qui suis le Seigneur votre Dieu,
et qu'il n'y en a plus Aors moi; et
mon peuple ne sera plus confondu
à jamais.
28. Et il arrivera après cela
que je répandrai mon esprit sur
loute chair; vos fils prophétise-
ront ainsi que vos filles; vos vieil-
lards songeront des songeset vos
jeunes hommes verront des vi-
sions.
29. Mais aussi sur mes servi-
teurs et servantes en ces jours-là
je répandrai mon esprit.
90. Je ferai paraitre des prodi-
garde le levant, c'est-à-dire la mer Méditerranée. — Sa puanteur, etc. « De nos jours,
dit S. Jéróme, nous avons vu des troupes de sauterelles couvrir la terre de Judée.
Le vent s'étant levé, elles ont été précipitées dans la mer [Morte] et la mer [Médi-
terranée]. Et comme le rivage des deux mers était couvert des cadavres des saute-
relles mortes que les flots avaient rejetés, il en est résulté une corruption et une
puanteur si nuisible que l'air en a été corrompu et a produit une peste qui a frappé
les animaux domestiques et les hommes. »
21. A fait. Voy., sur ce prétérit et ceux du verset suivant, le vers. 10.
23. Un docteur de justice (doctorem justitiz). Ni Joël, nile grand prêtre d'alors, ni
15816 ou Jérémie n'ont mérité ce titre comme 16 Messie, Jésus-Christ, la vraie lu-
mière « qui éclaire tout homme venant en ce monde » (Jean, 1, 9). — La pluie, etc.;
les pluies du printemps et de l'automne. Voy. Osée, νι, 3.
25. Ma grande force; ma puissante armée.
26. Vous mangerez sbondamment; littér. et par hébraisme, vous mangerez, vous
nourrissant.
28. Aprés cela; dans un temps reculé. — Toute chair; hébraisme pour, fous les
mortels, tous les hommes. — Saint Pierre nous découvre (Actes, ir, 16 et suiv.) l'accom-
plissement dela prophétie rapportée ici et au verset suivant dans l'effusion de l'Esprit-
Saint, sur les apótres et les disciples de Jésus-Christ.
30, 31. Je ferai paraitre, etc. Ces paroles peuvent s'appliquer aux signes qui pré-
céderont la ruine de Jérusalem, selon la prédiction de Jésus-Christ (Luc, xxi, 11),
[cu. uu.)
ges dans le ciel, et sur la terre, du
sang et du feu, et une vapeur de
fumée.
31. Le soleil sera changé en té-
nebres, et la lune en sang, avant
que vienne le jour du Seigneur,
grand et terrible.
32. Etil arrivera que quiconque
invoquera le nom du Seigneur
sera sauvé : parce que, surla mon-
tagne de Sion et dans Jérusalem
sera le salut, comme l'a dit le Sei-
gneur, etdansles restes du peuple
que le Seigneur aura appelés.
CHAPITRE III.
Vengeance du Seigneur contre les enne-
mis de son peuple. Reproches contre
Tyr et Sidon, et contre les Philistins.
Jugement du Seigneur. Bonheur de Jé-
rusalem et de la Judée. Désolation de
l'Egypte et de l'Idumée.
1. Parce que voilà qu'en ces
jours-là et en ce temps-là, lors-
que j'aurai ramené les caplifs de
Juda et de Jérusalem,
JOEL.
2065
2. J'assemblerai tous les peu-
ples, et je les conduirai dans la
vallée de Josaphat, et là, j'entre-
rai en jugement avec eux tou-
chant mon peuple et mon héri-
tage, Israël, qu'ils ont dispersés
parmi les nations; et ma terre,
ils l'ont partagée ;
3. Et sur mon peuple ils ont
jeté le sort; et ils ont exposé le
jeune enfant dans un lieu de pros-
titulion, et la jeune fille, ils l’ont
vendue pour du vin, afin de boire.
4. Mais qu'y a-t-il entre moi et
vous, Tyr et Sidon, et 20, 6
entiere des Philistins? Est-ce que
vous lirerez vengeance de moi?
Mais si vous vous vengez de moi,
je vous rendrai la pareille promp-
tement, tout d'un coup, sur votre
propre téte.
9. Car vous avez enlevé mon
argent et 220% or, et toutes mes
choses précieuses et très belles,
vous les avez emportées dans vos
temples.
31. Supra, ir, 10; Matt., xxiv, 29; Luc, xxr, 25; Actes, 1 20. — 32. Rom,, x, 13.
mais plus particuliérement à ceux qui précéderont le dernier avénement du Sauveur,
et dont il parle aussi lui-même (Luc, xxr, 25 et suiv.).
32. Quiconque invoquera, etc., s'entend indistinctement des Juifs et des gentils,
comme le remarque saint Paul (Rom., x, 12, 13). — Les restes, etc. Un petit nombre
de Juifs qui invoquaient le nom du Seigneur, et qui avaient conservé la mémoire de
son culte dans les pays étrangers, revinrent en fudée, et trouvèrent leur salut dans
Jérusalem. Ils sont en cela une figure des restes fidéles que Dieu appela d'entre les
Juifs dans l'établissement de l'Eglise, et des derniers restes qu'il appellera, soit de
la nation juive, soit de la gentilité, à la fin des siècles.
1. En ces jours-là, en ce temps-là; ces expressions ici, comme en bien d'autres pas-
sages prophéliques, ne se rapportent pas à ce qui précéde immédiatement, mais à
l'avenir, et ordinairement au temps du Messie, venant en ce monde ou jugeant tous
les hommes à la fin des siècles. Or c'est ce jugement dernier qui va être ici annoncé
d'une maniére énigmatique.
2. La vallée de Josaphat, dont il n'est parlé qu'en cet endroit de l'Ecriture, ne
parait pas étre un lieu réel, mais simplement une expression énigmatique qui signifie
le lieu où le Seigneur jugera, les Pères n'étant nullement unanimes sur le lieu du
jugement général, et l'Eglise n'ayant rien décidé sur ce point. — Mon peuple, ete.
Les Chaldéens avaient dispersé les Israélites, et les avaient emmenés captifs au delà
de l'Euphrate; les Tyriens, les Sidoniens, les Philistins, et surtout les Iduméens et
d'autres. peuples avaient partagé les terres d'Israël et de Juda, et se les étaient ap-
proprites pendant leur absence et leur captivité.
AMO 1320
2056
0 Et les fils de Juda et les fils
de Jérusalem, vous les avez ven-
dus aux fils des Grecs, afin de les
éloigner de leurs confins.
Et moi, je les retirerai du
lieu dans lequel vous les avez
venduset je ferai retomber ce que
vous leur avez fait sur votre tête.
8. Et je vendrai vos fils et vos
filles par les mains des fils de
Juda; ils les vendront aux Sa-
béens, à une nation éloignée;
parce que c'est le Seigneur qui a
parlé.
9. Criez ceci parmi les nations :
Consacrez une guerre, réveillez
les braves; qu'ils s'approchent,
qu'ils montent, tous les hommes
de guerre.
10. Taillez vos charrues en
glaives et vos hoyaux en lances.
Que le faible dise : Je suis fort,
mol.
41. Faites une sortie, et venez,
vous toutes, nations d'alentour,
rassemblez-vous ; c'est là que le
Seigneur fera tomber tes braves.
19. Que les nations se lèvent et
montent dans la vallée de Josa-
phat, parce que c'estlà que je se-
rai assis, afin de juger toutes les
nations d'alentour.
ὕπαρ. HI.
1, 2. — 18. Amos, 1x, 13.
JOEL.
13. Apoc., xiv, 15. — 15. Supra, ir,
(cur. [.זוז
13. Mettez les faucilles dans le
blé, parce que la moisson est
müre ; venez, et descendez, parce
que le pressoir est plein, que les
pressoirs regorgent; parce que
leur malice s'est multipliée.
14. Peuples, peuples, accou-
rez dans la vallée du carnage;
parce qu'est proche le jour du
Seigneur, dans la vallée du car-
nage.
45. Le soleil et la lune se sont
couverts de ténèbres, etlesétoiles
ont retiré leur splendeur.
16. Et le Seigneur rugira de
Sion; et de Jérusalem il fera e«-
tendre sa voix; et le ciel et la
Lerre seront ébranlés; et le Sei-
gneur sera lespérance de son
peuple, et la force des fils d'Israël.
47. Et vous saurez que je suis
le Seigneur votre Dieu, habitant
dans Sion, ma montagne sainte ;
et Jérusalem sera sainte, et les
étrangers ne la traverseront plus.
18. Et il arrivera en ce jour-là
que les montagnes distilleront la
douceur, et que le lait coulera
des collines, et que dans tous les
ruisseaux de Juda se répandront
les eaux, et qu'une fontaine sor-
tira de la maison du Seigneur,
10, 31. — 16. Jérém., xxv, 30; Amos,
—————————————————————————————————————————————————————————————————O
8. Les Sabéens sont peut-être ceux qui habitaient au fond de l'Arabie Heureuse,
au midi de la Judée.
11. Tes, qui se trouve aussi dans l'hébreu, au lieu de vous, ne saurait s'expliquer
grammaticalement qu'en supposant que le Prophéte adresse la parole à Juda.
13. Le temps de la vengeance est souvent exprimé dans l'Ecriture sous l'idée d'une
moisson ou d'une vendange.
14. Peuples, peuples ; répétition qui signifie une multitude de peuples.
15. Se sont couverts, ont retiré; pour se couvriront, retireront. Voy. sur cet idio-
tisme, t. 11, page 342, 20,
18. La douceur ; c'est-à-dire, du vin doux, comme la Vulgate a traduit le méme
terme hébreu, 1, 5. — Remplira, etc.; selon l'hébreu, abreuvera la vallée des Acacias,
vallée située dans les plaines de Moab, non loin de la mer Morte. Ce qui est dit dans
ce verset est un symbole et une figure de la doctrine évangélique, qui devait sortir
de Jérusalem et se répandre dans la gentilité, terrain ingrat et couvert d'épines.
πων MER 0
[cu. 111] JOEL. 2067
et remplira le torrent des épines.
19. L'Egypte sera désolée, l'Idu-
mée un désert de perdition, parce
qu'elles ont agi iniquement en-
| vers les fils de Juda, et qu'elles
ont répandu un sang innocent
sur leur terre.
20. Et la Judée sera éternelle-
ment habitée, et Jérusalem dans
loutes les générations.
91. Et je purifierai leur sang
que je n'avais pas encore purifié ;
et le Seigneur demeurera dans
Sion.
19. L'Egypte sera désolée; elle le fut en effet par Cambyse, puis par Artaxerxes
Ochus, et enfin par Antiochus Epiphane. — L'Idumée, etc. Ce furent principalement
les Machabées qui la réduisirent à un état affreux (I Machab., v, 65; 11 Machab., x,
16 et suiv.). — Sa terre; la terre de Juda.
20. Toutes les générations. Voy. Lament. de Jérém., v, 19.
המ חר
AMOS
INTRODUCTION
Amos est le troisième des petits prophètes, d’après l'ordre recu dans nos
Bibles. L'orthographe de son nom montre qu'il était différent du père d'Isaie,
avec qui on l'a quelquefois confondu. Ce dernier s'appelait 'Amots, et le petit pro-
phète ‘Amos. Il nous fournit lui-même sur sa personne quelques renseignements
utiles à connaitre pour l'intelligence de sa prophétie. Il était berger et cultivait
les sycomores à Thécué (vir, 13), à quatre ou cinq lieues de distance au sud de
Jérusalem. Sur l'ordre de Dieu, il quitta sa patrie pour aller à Béthel, dans le
nord, prophétiser contre Israél. Quoiqu'il s'occupe principalement du royaume
des dix tribus dans son livre, il parle plusieurs fois aussi de Juda.
Amos prophétisa sous le règne d'Ozias, roi de Juda, 809-758 avant J.-C., et de
Jéroboam 11, 825-784, deux ans avant le tremblement de terre. Nous ignorons à
quelle date eut lieu cet événement. Il est certain qu'Amos fut contemporain
d'Osée; il le fut probablemeat aussi d'Isaie; il était, croyons-nous, plus âgé
qu'eux.
A l'époque où Amos prophétisa, le royaume d'Israél était très florissant sous
le gouvernement de Jéroboam II. Ce prince était habile et, par des guerres heu-
reuses, avait agrandi son royaume, qui s'étendait de la ville chananéenne
d'Emath, dans la Cœlésyrie, autrefois limite septentrionale de l'empire de David,
jusqu'à la mer Morte. Malheureusement le roi d'Israél, si habile à gouverner
ses sujets au point de vue humain, n'avait point su leur faire pratiquer la reli-
gion de leurs pères : l'idolàtrie, avec tous les vices qui l'accompagnent, désho-
norait ses Etats. C'est contre ces crimes que s'éléve Amos : Dieu l'envoie pour
annoncer aux coupables que, malgré la prospérité matérielle dont ils jouissent,
Dieu les punira bientôt de leurs infidélités.
Le style d'Amos, sans s'élever jusqu'au sublime, se distingue par de grandes
qualités : il est clair, vif, énergique, coloré comme les mûres des buissons qu'il
‘taillait dans le désert de Thécué, ainsi que le remarque S. Jérôme. Les images
sont la plupart originales, empruntées à la vie pastorale et aux scènes cham-
pétres.
La prophétie d'Amos forme un tout suivi, rédigé probablement quand l'au-
teur eut terminé sa mission en Israél ; elle se divise en trois parties : Introduc-
tion, 1-1; prophélies contre Israël, ur-vi; visions et symboles prophétiques
annonçant le chàtiment d'Israël, vir-ix.
[cu. 1.]
CHAPITRE PREMIER.
Mission d'Amos. Vengeances du Seignenr
contre Damas, contre les Philistins,
zontre les Tyriens, contreles Iduméens,
zontre les Ammonites.
1. Paroles d'Amos, qui fut un
des pasleurs de Thécué, paroles
relatives aux choses quil a vues
touchant Israél, au temps d'Ozias,
roi de Juda, et de Jéroboam, fils
de Joas, roi d'Israél, deux ans
avant le tremblement de terre.
AMOS.
2069
de Sion, et de Jérusalem il fera
entendre sa voix; et les beaux
páturages des pasteurs ont été
dans le deuil, et la cime du Car-
mel a été desséchée.
3. Voici ce que ditle Seigneur:
à cause des trois et méme des
quatre crimes de Damas, je ne
le convertirai pas; parce qu'ils
ont écrasé Galaad sous des cha-
riots armés de fer.
4. Et j'enverrai un feu dans la
maison d'Azaél, et il dévorera les
2. Et il dit : Le Seigneur rugira | maisons de Bénadad.
CnaP. I. 1. Zach., xiv, 5. — 2. Jér., xxv, 30; Joel., 111, 16.
1. Paroles, ete. Nous n'avons pas cru devoir nous écarter de la traduction ordinaire,
surtout en l'expliquant comme l'a fait Scio, dans sa version espagnole. Cependant
notre conviction particulière est que le terme hébreu signifie ici, non paroles, mais
choses, faits, événements, comme l'a rendu la Vulgate elle-même dans bien d'autres
passages. Ce sens d'ailleurs cadre beaucoup mieux avec qu'il a vues (quæ vidit). —
Le tremblement de terre; dont parle le prophète était très connu des Juifs; c'est pour-
quoi dans son texte il ajoute au mot, l'article déterminatif. Zacharie aussi parle de
ce tremblement de terre (xiv, 5). Suivant l'historien Joséphe, il eut lieu lorsqu'Ozias
chercha à s'arroger les fonctions du sacerdoce (IV Rois, xv, 5; 11 Paralip., xxvi, 18 ct
suiv.). — * Thécué était une ville chananéenne qui fut prise par les Hébreux à leur
entrée dans la Terre Promise, Josué, xv, 60, et restaurée ensuite par Caleb, I Paralip.,
n, 24. Elle était située à l'ouest de la mer Morte, dans la tribu de Juda, au milieu
du désert de Judée. La partie du désert qui l'environne s'appelle désert de Thécué,
II Machab., 1x, 33, Depuis le xiv? siècle, Thécué est abandonnée et complètement
détruite. Ses ruines occupent un emplacement considérable. On y compte six cents
citernes.
2-15. * .ד La première partie est une introduction contenant des oracles contre
les Syriens, 1, 3-5; les Philistins, 6-8; les Phéniciens, 9-10; les Iduméens, 11-12; les
Ammonites, 13-15; les Moabites, 11, 1-3; Juda, 4-5; et Israël, 6-16. Elle prend pour
point de départ la parole de Joël, nz, 16 : Le Seigneur rugira de Sion, et de Jérusalem
iL fera entendre sa voix. Chacune des huit prédictions comminatoires d'Amos est
énoncée d'une maniére analogue. Elles commencent toutes par les mots : Voici
ce que dit le Seigneur, qui sont suivis de ceux-ci : À cause des írois et méme des
quatre crimes, etc. Avant de s'élever directement contre Israél, Amos se plaint de la
malice des tribus voisines; il excite l'indignation de ceux à qui il s'adresse en leur
montrant le péché en autrui, et il arrive enfin à son sujet pour ne plus le quitter.
2. Carmel. se prenant quelquefois pour un lieu très fertile en général, 76 cime du
Carmel pourrait signifier les lieux les plus fertiles.
3. Trois et méme quatre. Cette expression, répétée plusieurs fois dans ce chapitre
ct le suivant, est mise, selon tous les interprétes en général, pour un nombre indé-
fini, tel que beaucoup, une multitude. — Je ne le convertirai pas (non convertam eum);
traduction littérale de l'hébreu; c'est-à-dire, je ne le changerai pas, je permettrai
quil persévere dans ses crimes. On interpréte assez généralement ces paroles par:
Je ne retiendrai pas ma parole, je ne révoquerai pas ma sentence, je ne détournerai
pas ma menace; mais, il faut en convenir, cette interprétation s'éloigne du texte,
bien que le fond de l'idée s'en rapproche.
4. Azaël ou Hazaél, roi de Damas. — Bénadad était son fils. Compar. IV Rois,
X, 02, 33; xul, 3, 4, 1,:22:
2010
5. Et je briseraile verrou de Da-
mas, et j'exterminerai du champ
de l'idole l'habitant, et de la mai-
son de plaisir celui qui tient le
sceptre; et le peuple de Syrie
sera transporlé à Cyrene, dit le
Seigneur.
6. Voici ce que dit le Seigneur :
A cause des trois et quatre crimes
de Gaza, je nele convertirai pas,
parce qu'ils ont transféré tous les
captifs, afin deles renfermer dans
l'Idumée.
1. Et j'enverrai un feu contre
le mur de Gaza, et il dévorera ses
édifices.
8. l'exterminerai d'Azot l'ha-
bitant, et d'Ascalon celui qui tient
le sceptre; et je lournerai ma
main sur Accaron, et les restes
des Philistins seront détruits, dit
le Seigneur Dieu.
9. Voici ce que ditle Seigneur:
A cause des trois et méme des
quatre crimes de Tyr, je ne le con-
vertirai pas, parce qu'ils ont ren-
fermé tous les captifs dans l'Idu-
mée, et qu'ils ne se sont pas sou-
venus de l'alliance faite avec leurs
frères.
10. Et j'enverrai un feu contre
les murs de Tyr, et il dévorera ses
édifices.
11. Voici ce que dit le Seigneur :
A cause des trois et même des
quatre crimes d'Edom, je ne le
AMOS.
[cu. n.]
convertirai pas, parce qu'il a pour-
suivi son frère parle glaive, qu'il
a violé envers lui la miséricorde,
qu'il n'a pas mis de bornes à sa
fureur, et qu'il a conservé le res-
sentiment de sa colére jusqu'à
la fin.
12. J'enverrai un feu dans Thé-
man, etil dévorera les édifices de
Bosra.
13. Voici ce que dit le Seigneur:
A cause des trois et méme des
quatre crimes des fils d'Ammon,
je ne les convertirai pas, parce
qu'ils ont ouvert le sein des fem-
mes enceintes de Galaad pour
étendre leurs frontières.
14. J'allumerai un feu dans les
murs de Rabba, et il dévorera
ses édifices parmi les eris, en un
jour de combat, parmi la tour-
mente, en un jour de boulever-
sement.
15. Et Melchom ira en captivité,
lui et ses princes avec lui, dit le
Seigneur.
CHAPITRE II.
Vengeance du Seigneur contre Moab,
contre Juda et contre Israël. Ingrati-
tude et infidélité des Israélites. Ven-
geances du Seigneur sur eux.
1. Voici ce que dit le Seigneur :
A cause des trois et méme des
quatre crimes de Moab, je ne le
convertirai pas, parce qu'ils ont
5. Je briserai, etc. Voy. l'accomplissement de cette prophétie, dans IV Rois, xvr, 9.
— Du champ de l'idole; en hébreu Aven, vallée de la Syrie de Damas, aujourd'hui
el-Bukaa. — Cyréne; en hébreu, Kir, pays soumis à l'Assyrie, arrosé par le fleuve
Kyr, qui, uni à l'Araxe, se jette dans la mer Caspienne.
6. Gaza; capitale des Philistins, parait étre mise ici pour les Philistins en général.
8. * Azot, Ascalon, Accaron; trois des principales villes des Philistins.
9. L'alliance, etc. Voy. 111 Rois, 1x, 11 et suiv.
12, 15. Théman, Bosra, fils d'Ammon, Rabba ou Robbath, Melchom. Voy. Jérém,,
xLIX, 1, 3, 6-8, 13.
15. * Melchom ; idole des Ammonites.
1. A cause de trois, etc. Voy. 1, 3. — * Voir IV Rois, tu, 26-21,
feu. 11]
brülé les os du roi d'Edom, jus-
qu'à les réduire en cendres.
9. Et jenverrai un feu dans
Moab, et il dévorera les édifices
de Carioth; et Moab mourra au
milieu du bruit des armes et au
son de la trompette;
3. Et j'exterminerai le juge du
milieu de Moab, et Lous ses prin-
ces, je les ferai périr avec lui,
dit le Seigneur.
4. Voici ce que dit le Sei-
gneur : À cause des trois et
même des quatre crimes de Juda,
je ne le convertirai pas, parce
qu'ils ont rejeté la loi du Sei-
gneur, et n'ont pas gardé ses
commandements; carleursidoles
les ont trompés, ces idoles apres
lesquelles avaient couru leurs
peres. :
5. Etj'enverraiun feu dans Juda,
et il dévorerales édifices de Jéru-
salem.
6. Voici ce que dit le Seigneur :
A cause des trois et méme des
quatre crimes d'Israél, je ne le
convertirai pas; parce quil ἃ
vendu le juste pour de l'argent,
et le pauvre pour une chaus-
sure.
7. Ils brisent sur la poussière
les tétes des pauvres et détour-
nent la voie des humbles ; le pere
AMOS.
2071
et le tils sont allés vers une jeune
fille, afin de violer mon nom
saint.
8. Et c’est sur des vêtements re-
cus en gage qu'ils se sont couchés
près de tout autel; et ils buvaient
le vin descondamnés dans le tem-
ple de leur Dieu.
9. Cependant c'est moi qui ai
exterminé à leur face l'Amorrhé-
en, dont la hauteur était la hau-
teur des cèdres, et il était fort lui-
méme comme un chéne; et j'ai
détruit son fruit en haut, et ses
racines en bas.
10. C'est moi qui vous ai fait
monter de la terre d'Egypte, et
vous ai conduits dans le désert
pendant quarante années, afin
que vous possédiez la terre de
l'Amorrhéen.
11. Et d'entre vos fils j'ai sus-
cité des prophètes, et d'entre vos
jeunes hommes des Nazaréens.
Est-ce qu'il n'en est pas ainsi, ὃ
fils d'Israel? dit le Seigneur.
12. Et vousoffrirez du vin à boire
aux Nazaréens, et vous comman-
derez aux prophètes, disant : Ne
prophétisez point.
13. Voilàque moi, je crierai sous
vous,comme crie 16 chariot char-
₪6 de foin.
14. Etla fuite manquera au plus
(ΒΑΡ. II. 9. Nomb., xxr, 24; Deut., 11, 24. — 10. Exode, xiv, 24; Deut., vin, 2.
2. Carioth. Voy. Jérém., xyvni, 24.
9. Et j'enverrai un feu, etc. Ce fut particulièrement par Nabuchodonosor que cette
prophétie fut accomplie.
1. Ils détournent, etc.; ils pervertissent la voie des petits, des faibles, ils les en-
gagent dans des voies perverses, criminelles.
8. Sur des vélements, etc. La loi mosaïque ordonnait de rendre au pauvre avant le
coucher du soleil le vêtement qu'il avait donné en gage (Exode, xxu, 26; Deutér.,
xxiv, 12, 13). — De leur Dieu; c'est-à-dire, de leur idole ou de leurs idoles.
12. L'usage du vin était défendu aux Nazaréens.
13. Je crierai, etc.; c'est-à-dire pressé sous le poids de vos crimes, [6 crierai, pour
m'en décharger, je ne le supporterai pas plus longtemps.
44, 15. Son âme; c'est-à-dire sa vie.
2072
rapide, et le brave ne jouira pas
de sa valeur,et le fort ne sauvera
pas son àme;
15. Et celui qui manie l'arc ne
résistera pas, et le plus vite de
ses pieds ne se sauvera pas, et
le cavalier ne sauvera pas son
áme.
16. Etle plus hardi entreles bra-
ves s'enfuira nu en ce jour-là, dit
le Seigneur.
CHAPITRE III.
Reproches et avertissements aux douze
tribus d'Israël. Nations prises à témoin
de leurs crimes. Annonce des ven-
geances du Seigneur sur Samarie et sur
le royaume des dix tribus.
1. Ecoutez la parole que le
Seigneur a dite sur vous, fils
d'Israël, et sur toute la famille
que j'ai retirée de la terre d'E-
gypte.
9. C'est seulement vous que
jai connus de toutes les familles
de la terre; c'est pour cela que je
visiterai en vous toutes vos ini-
quités.
3. Est-ce que deux Aommes
marcheront ensemble, si cela ne
leur convient pas?
4. Est-ce qu'un lion rugira dans
AMOS.
[cu. ni.)
la forêt, s'il n'a pas une proie?
est-ce que le petit d'un lion fera
entendre sa voix de sa taniere, s'il
n'a rien saisi?
5. Est-ce qu'un oiseau tombera
dans un laes posé sur la terre,
sans qu'un oiseleur /ait tendu?
est-ce qu'on enlèvera un lacs de
dessus la terre, avant qu'il ait
rien pris?
6. Si une trompette sonne, le
peuple ne sera-t-il pas épouvan-
té? Y aurait-il un mal dans une
cité, que le Seigneur n'aura pas
fait?
7. Car le Seigneur Dieu n'a rien
fait, s'il n'a auparavant révélé
son secret à ses serviteurs les
prophètes.
8. Un lion rugira, qui ne crain-
dra? le Seigneur Dieu a parlé, qui
ne prophétisera?
9. Faites-le entendre sur les
édifices d'Azot et sur les édifices
de la terre d'Egypte, et dites :
Assemblez-vous sur les monta-
enes de Samarie, voyez des folies
nombreuses au milieu d'elle, et
ceux qui souffrent l'oppression
dans son enceinte.
10. Et ils n'ont pas su faire le
bien, dit le Seigneur,thésaurisant
1-15, * 20 Prophéties contre Israël, ur-vr. — La seconde partie se compose de trois
discours, commençant chacun par les mots : Ecoutez la parole, ut, 1; 1v, 1, et v, 1.
— 19 mr. Dans le premier discours, Amos reproche au peuple son ingratitude et ses
crimes: il avait été choisi de Dieu entre toutes les nations de la terre, et il a été in-
filéle; il n'en sera que plus sévèrement puni; il a accumulé crimes sur crimes, l'en-
nemi viendra, pillera Samarie, fera périr ses habitants et détruira les autels impies
de Béthel avec la capitale du royaume.
6. Un mal (malum), un malheur, une calamité; c'est le sens de l'hébreu, aussi bien
que de la Vulgate. Ainsi tombe l'objection de ceux qui prétendent qu'Amos fait ici
Dieu l'auteur du mal moral, c’est-à-dire, du péché; mais il suffit de lire ce qui pré-
cède et ce qui suit pour voir que le Prophète ne veut parler ici que du mal, en tanb
que peine ou chátiment; or rien n'est plus juste que d'attribuer cette sorte de mal
à la justice divine, qui l'exerce en punition du mal moral, ou péché, couimis par la
malice des hommes.
9. L'oppression (calumniam). Voy. Jérém., 1, 33. — * Azol; ville des Philistins, dans
la plaine de la Séphéla, au nord d'Accaron.
\
68. 1v.]
liniquité et la rapine dans leurs
maisons.
11. A cause de cela. voici ce que
dit leSeigneur Dieu:La terre sera
pressurée et cernée; et ta force
te sera ótée, et tes édifices seront
pillés.
12. Voici ce que dit le Seigneur:
Comme si le pasteur arrachait de
la gueule du lion deux jambes
ou un bout d'oreille, ainsi se-
ront arrachés des mains de l'en-
nemi les fils d'Israél qui habi-
tent dans Samarie sur le coin
d'un petit lit et sur un grabat de
Damas.
13. Ecoutez, et déclarez 818 mai-
son de Jacob, dit 16 Seigneur Dieu
des armées,
14. Disant : Àu jour oü je com-
mencerai à visiter les prévarica-
tions d'Israél, etles autels de Bé-
thel, alors seront arrachées les
cornes de l’autel et elles tombe-
roni par terre.
15. Et je frapperai la maison
d'hiver avec la maison d'été, et
les maisons d'ivoire périront, et
des édifices nombreux seront dé-
Lruits, dit le Seigneur.
AMOS,
2073
CHAPITRE IV.
Reproches et menaces contre les femmes
de Samarie. Les Israélites abandonnés
à leur dépravation. Fléaux dont ils
n'ont pas profité. Vengeances du Sei-
gneur. Exhortation aux Israélites d'al-
ler au-devant de leur Dieu.
1. Ecoutez cette parole, vaches
grasses qui êtes sur la monta-
gne de Samarie, qui opprimez
les indigenes et qui écrasez les
pauvres, qui dites à vos maîtres :
Apportez, et nous boirons.
2. Le Seigneur Dieu a juré par
sa saintelé, disant : Voici que des
jours viendront sur vous, et on
vous enlèvera avec des perches,
et on jettera vos restes dans des
chaudieres bouillantes.
3. Et vous sortirez par des ou-
vertures, l'une devant l'autre, et
vous serez jetées en Armon, dit le
Seigneur. \
4. Venez à Béthel, et agissez
avec impiété; allez à Galgala et
multipliez vos prévarications; et
amenez des le matin vos viclimes,
ettous les trois jours apportez vos
dimes.
11. Ta, te, tes (tua, te, tuæ), représentant 101 /sraël, nom collectif, peuvent se mettre
aussi bien que votre, vous, vos.
12. Le but du Prophète dans ce verset est de montrer qu'un très petit nombre d'Israé-
lites sera sauvé lors de l'invasion des ennemis, en comparant ce petit nombre à la faible
partie d'un animal qu'un berger peut quelquefois arracher à la gueule du lion.
14. Disant, est la vraie signification qu'a ici le mot quia de la Vulgate, expliqué
par l'hébreu. Nous lavons déjà remarqué, cette particule sert quelquefois à intro-
duire dans le récit un discours direct. Cet idiotisme est commun à l'arabe et au
persan. — Seront arrachées; littér. et seront arrachées. Voy. sur ce mot ef, Osée, xt, 1.
— * Les cornes de l'autel, qui étaient placées aux quatre angles de l'autel, d'oü elles
ressortaient en s'infléchissant.
15. * La maison d'hiver avec la maison d'élé. Voir Jérémie, xxxvi, 22. — Les maisons
d'ivoire, dans lesquelles il y avait des ornements et des incrustations d'ivoire.
1-13. * 20 1v. Second discours : Les chátiments n'ont pas corrigé les coupables; ils
en subiront bientót de nouveaux.
1. Vaches grasses; c'est-à-dire, femmes sensuelles et voluptueuses.
3. Armon; l'Arménie, selon plusieurs habiles interprètes; et en effet les Israélites
des deux tribus furent emmenés captifs dans les provinces de l'Arménie et de la Médie.
4. Venez à Béthel, etc.; paroles ironiques. Compar. Osée, iv, 15; 1x, 15; xir, 11.
2074
D. Et offrez avec du levain des
sacrifices de louange; et procla-
mez et annoncez des oblations
volontaires; car c'est ainsi que
vous l'avez voulu, fils d'Israël, dit
le Seigneur Dieu.
6. De là moi aussi, je vous ai
donné un engourdissement de
dents dans toutes vos villes, et
un manque de pains dans tout
votre pays, et vous n'êtes pas re-
venus à moi, dit le Seigneur.
7. Moi aussi, je vous ai refusé
la pluie, lorsqu'il restait encore
Lrois mois jusqu'à la moisson; et
j'ai fait pleuvoir sur une cité, et
sur une autre cité je n'ai pas fait
pleuvoir; une partie n'a pas reçu
de pluie,etune partie sur laquelle
je n'ai pas fait pleuvoir a été des-
séchée:
8. Et deux et trois cités sont
venues vers une seule cité afin
d'y boire de l’eau, et elles n'ont
pas été désaltérées; et vous
n'êtes pas revenus à moi, dit le
Seigneur.
9. Je vous ai frappés d'un vent
brülant et de la nielle, et la che-
nille a dévoré la multitude de vos
jardins et de vos vignes, et vos
AMOS.
[cH. 1v.]
plants d'olivierset vos plants de fi-
guiers;etvousn'étes pas revenus
à moi, dit le Seigneur.
10. J'ai envoyé contre vous la
mort sur la voie de l'Egypte; j'ai
frappé par le glaive vos jeunes
hommes; j'ai étendu la capti-
vité jusque sur vos chevaux;
j'ai fait monter l'infection de vos
camps à vos narines; et vous
n'étes pas revenus à moi, dit le
Seigneur.
11. Je vous ai détruits, comme
le Seigneur a détruit Sodome et
Gomorrhe; vous étes devenus
comme un tison arraché à un in-
cendie ; el vous n'étes pas revenus
à moi, dit le Seigneur.
12. C'est pourquoi je te traiterai
ainsi, Ô Israël; etapreés que jet'au-
rai traité ainsi, prépare-loi à aller
à la rencontre de ton Dieu, à Is-
raël.
13. Parce que voici celui qui
forme les montagnes et qui crée
les vents, et qui annonce à
l'homme sa parole, qui produit la
nuée du matin, et qui marche
sur les hauteurs de la terre; son
nom est le Seigneur Dieu des ar-
mées.
Car. IV. 9. Agg., ir, 18. — 11. Genèse, xix, 24.
5. Offrez, etc. Le Prophéte continue son ironie. La loi défendait d'offrir du levain
dans les sacrifices (Lévit., 11, 11; vir, 12).
1. Lorsqu'il restait, etc.; c'est-à-dire dans le temps où elle a coutume de tomber
dans ce pays, et où elle est le plus nécessaire.
8. * Deux ou trois cilés qui n'avaient plus d'eau sont venues vers une seule cité qui
en avait encore, mais qui n'a pas pu leur en fournir suffisamment pour se désaltérer.
11. Je vous ai détruils, ete.. C'est l'état oà furent réduits les Israélites par les guerres
qu'ils eurent à soutenir contre les Syriens sous les règnes de Jéhu et de Joachaz son
fils (IV Rois, x, 32, 33; xur, 3, T). — Comme un tison, etc.; expression proverbiale,
pour signifier ce qui échappe à un danger avec perte et dommage. Compar. Za-
char., iu, 2.
19. C'est pourquoi, etc., je ferai tomber sur toi les maux dont je t'ai menacé. Cela
s'entend des menaces qu'Amos avait déjà faites à Israël de la part du Seigneur, et
qui sont exprimées au commencement de ce chapitre et dans les deux précédents,
[cn. v.]
CHAPITRE V.
Le prophéte déplore la ruine d'Israél. Il
l'exhorte à prévenir la colére du Sei-
gueur. Jour terrible des vengeances du
Seigneur. Culte illégitime rejeté.
|. Ecoutez cette parole, chant
lugubre que j'entonne sur vous :
Lamaison d'Israëlest tombée, elle
nese relèvera plus.
2. La vierge d'Israël a été jetée
par terre, et il n'y a personne qui
la rétablisse.
3. Parce que voici ce que dit le
Seigneur Dieu : Dans la ville de
laquelle sortaient mille hommes,
il en restera cent; et dans celle
de laquelle sortaient cent, il en
restera dix, dans la maison d'Is-
rael.
4. Parce que voici ce que dit
le Seigneur à la maison d'Israél :
Cherchez-moi et vous vivrez.
5. Et ne cherchez point Béthel,
et n'allez point à Galgala, et vous
ne passerez point à Bersabée,
parce que Galgala sera emmenée
captive, et Déthel sera réduite à
rien.
AMOS.
2075
6. Cherchez le Seigneur, et vi-
vez; de peur que la maison de
Joseph ne s'embrase comme un
feu; et le feu la dévorera, et il
n'y aura personne qui éteigne
béthel.
7. C'est vous qui changez en,
absinthe le jugement, et quil
abandonnez la justice sur la;
terre. |
8. Cherchez qui ἃ fait Arcturus
et Orion, qui convertit les ténè-
bres en lumière du matin, et qui
change le jour en nuit, qui ap-
pelle les eaux de la mer et la ré-
pand sur la face de la terre; le
Seigneur est son nom.
9. Il sourit en amenant la ruine
sur le fort, et il porte le ravage
sur le puissant.
10. Ils ont eu en haine celui
qui les reprenait à la porte; celui
qui parlait à bon droit, ils l'ont
abominé.
11. Cest pourquoi, parce que
vous dépouilliez le pauvre, que
vous lui enleviez un butin pré-
cieux, vous bátirez des maisons
en pierre de taille, et vous n'y
CnaP. V. 8. Infra, 1x, 6. — 11. Soph., 1, 13.
1-21. * 39 v-vr. Troisième discours : C'est une 616816 sur la ruine de l'incorrigible
Samarie. Le Prophète l'annonce et la pleure; il fait entendre le cri vengeur, v, 18;
vi, 1, parce qu'Israél a refusé d'écouter le Seigneur, v, 4, 6, 14. Tant d'endurcissement
sera enfin puni sans retour.
1. Ne se relévera plus; littér., n'ajoutera pas à se relever. Voy. sur cet hébraisme,
t. lI, p. 342, 29.
2. La vierge; c'est-à-dire la ville. Compar. Isa?e, xuvit, 1; Jérém., xviu, 12.
5. * Bersabée. Voir Genèse, xxi, 14. — Galgala, Bethel; lieux où les Israélites se li-
vraient à l'idolàtrie. Voir Osée, 1v, 45.
6 Et vivez; hébraisme, pour el vous vivrez. — La maison de Joseph est Israël,
dont les tribus les plus considérables, Ephraim et Manasses, formaient la postéritá
de Joseph. — Béthel, est encore mis pour Israël comme en étant le lieu le plus cé-
Ièbre.
T. * En absinthe. Voir Proverbes, v, 4.
8. * Arcturus; la constellation de l'Ourse avec ses sept étoiles. — Orion; autre cons-
tellation composée d'un grand nombre d'étoiles.
10. À la porte de la ville. Voy. Isaie, xxix, 21.
11. Un butin précieux (predam electam); ce qu'il y avait de plus précieux.
2076
habiterez pas; vous planterez des
vignes délicieuses, et vous n'en
boirez pas le vin.
12. Parce que j'ai connu vos
nombreux crimes, et vos graves
péchés; ennemis du juste, vous
recevez des présents, et vous dé-
primez les pauvres à la porte.
13. C'est pour cela que l’homme
prudent en ce temps-là se tien-
dra en silence, parce que le temps
est mauvais.
14. Cherchez le bien et non le
mal, afin que vous viviez, et le
Seigneur Dieu des armées sera
avec vous, comme vous avez dit.
15. Haissez le mal, et aimez le
bien, et établissez à la porte de /a
villele jugement; peut-étre que
le Seigneur Dieu des armées aura
pilié des restes de Joseph.
16. À cause de ceci, voici ce
que dit le Seigneur Dieu des ar-
mées, le donateurs : Sur toutes
les places publiques, lamenta-
lions, et dans tous les lieux qui
sont hors de /a ville, on dira
Malheur! malheur! et on appel-
lera 16 laboureur au deuil, et aux
lamentations ceux qui savent se
lamenter.
17. Et dans toutes les vignes il
15., Ps. xcGyr,
21. Is., 1, 11; Jérém., vr, 20; Malach.,
AMOS.
10; Rom., xu, 9. — 18. Jérém., xxx, 7; Joel, 1
1-412.
[cH. v.]
y aura des lamentations, parce
que je passerai au milieu de toi,
dit le Seigneur.
18. Malheur à ceux qui désirent
le jour du Seigneur! pourquoi le
désirer pour vous? Ce jour du
Seigneur sera pour vous ténebres
et non lumière.
19. Comme si un homme fuit à
la face du lion, et qu'il rencontr(
l'ours; et qu'il entre dans la mai-
son, et appuie de sa main sur la
muraille, et que le serpent le
morde. À
20. Est-ce que le jour du Sei-
gneur ne sera pas ténèbres et non
lumiere ; obscurité et non splen-
deur?
21. Je hais, et j'ai rejeté vos
fétes; je ne respirerai pas l'odeur
de vos assemblées.
29. Que si vous m'offrez des
holocaustes et des présents, je ne
les recevrai pas; et les grasses
victimes qui accompagneront vos
vœux, je ne les regarderai pas.
23. Eloigne de moi le tumulte
de tes cantiques; et les airs de ta
lyre, je ne les écouterai pas.
24. Etle jugement se découvrira
comme l'eau, et la justice comme
un torrent violent.
1; Soph,, 1, 15. —
12. * Vous déprimez les pauvres à la porte, vous ne rendez pas justice aux pauvres
dans les jugements qui sont rendus à la porte de la ville.
14. Comme vous avez dit; comme vous prétendez faussement qu'il y est maintenant.
15. Des restes de Joseph; de ceux du royaume d'Israél qui ont échappé aux Sides
précédents (vers. 6).
16. Ceux qui savent, etc.;
par. Jérém., 1x, 11.
les pleureurs et les pleureuses publiques et à gage. Com-
1T. De toi (lui) pour, de vous (vestri). Voy. ,זז
18. Désirer. L'accusatif eam suppose que ce verbe est sous-entendu.
19. * Le serpent caché dans un trou de la muraille. Les serpents sont nombreux
en Palestine et quelques-uns sont trés venimeux.
24. Se découvrira (revelabitur); selon l'hébreu, roulera de haut en bas, tombera,
fondra sur lui,
_cH. vi.]
95. Est-ce que vous m'avez of-
fert des 110861 :י et des sacrifices
dans le désert pendant quarante
ans, maison d'Israël?
96. ΕΓ vous avez porté le ta-
hernacle de votre Moloch, et
‘image de vos idoles, l'étoile de
votre dieu, que vous vous étes
fait.
27. Aussi je vous ferai émigrer
au delà de Damas, dit le Sei-
gneur; car le Dieu des armées
est son nom.
CHAPITRE VI.
Malheur aux grands de Samarie. Repro-
ches contre eux. Vengeances du Sei-
gneur sur eux, sur toute la maison
d'Israël, et sur tout le pays occupé par
les douze tribus.
1. Malheur à vous qui étes opu-
lents dans Sion, et qui vous con-
fiez en la montagne de Samarie ;
grands, chefs des peuples, qui
entrez avec pompe dans la mai-
son d'Israël.
2. Passez à Chalanée, et voyez,
allez de 18 à Emath la grande, et
AMOS
2077
descendez à Geth des Philistins
et dans tous leurs plus beaux
royaumes, pour voir si leurs li-
mites sont plus étendues que vos
limites.
3. Vous qui 6108 réservés pour
un jour mauvais, et qui vous
avancez vers un trône d'ini-
quité ;
4. Qui dormez sur des lits d'i-
voire, et vous étendez mollement
sur vos couches; qui mangez l'a-
gneau du premier bétail et les
veaux firés du milieu du gros bé-
tail ;
ὃ. Qui chantez aux accords du
psallérion; ils ont pensé qu'ils
avaient des instruments pour les
cantiques comme David ;
6. Ils buvaient du vin dans des
coupes, se parfumaient de la
meilleure huile de senteur et
étaient insensibles à la ruine de
Joseph.
1. & cause de quoi, ils transmi-
greront à la téte des exilés, et
cette troupe d'efféminés sera em-
portée.
25. Actes, vir, 42. — CnaP. VI. 1. Luc, vi, 24.
25. Des hosties el des sacrifices privés, volontaires. — * Comme les Israélites of-
frirent certainement des sacrifices, même particuliers, à Dieu dans le désert, plusieurs
interprètes modernes traduisent l'hébreu d'une manière qui parait plus historique :
Ne m'avez-vous pas offert des hoslies, etc., et néanmoins vous avez porté, etc.
26. Moloch; idole des Moabites; on convient assez généralement que c'était Saturne.
— τ Le tabernacle de Moloch. Le texte hébreu se traduit ainsi :
« Vous avez porté Sic-
cuth, votre roi, et Kaivan, vos idoles. » Kaivan était un dieu babylonien correspondant à
la planète Saturne.
21. * Au delà de Damas ; c'est-à-dire en Assyrie.
1. La maison d'Israël; les assemblées du peuple d'Israël.
2, Passez, etc. Amos, pour convaincre les Israélites d'ingratitude, leur représente
que leur royaume n'est en rien inférieur à ceux des peuples voisins. — *
la méme que Calano. Voir Isaïe, x, 9.
3. Un mauvais jour; celui de la captivité. — Qui vous avancez, etc.; qui étes prés
de tomber sous la domination du roi d'Assyrie, roi inique.
9. Ils ont pensé, etc.; c'est-à-dire, ils croient pouvoir se servir des instruments de
musique aussi bien que David, mais David ne s'en servait que pour le culte et la
gloire du Seigneur (II Paralip., vit, 6; xxix, 26, 21), tandis qu'eux ne s'en servent
que pour leur propre plaisir. Ce verbe à la troisième personne indique une réflexion
faite comme à part.
9018
8, Le Seigneur Dieu a juré par
son àme; le Seigneur Dieu des
armées dit : Je déteste l'orgueil
de Jacob, et je hais ses maisons ;
et je livreraila cité avec ses habi-
tants.
9. Que s'il reste dix hommes
dans une seule maison, eux-mé-
mes aussi mourront.
10. Et le parent de l'un l’enlè-
vera et le brülera, afin d'empor-
ter ses os de la maison, et il dira
àcelui qui est au fond de la mai-
son : Est-ce qu'il y a encore quel-
qu'un chez toi?
11. Et il répondra : C'est la fin.
Et l’autre lui dira : Tais-toi, et ne
te souviens pas du nom du Sei-
gneur.
12. Parce que voici que le Sei-
gneur commandera, et il frappera
8. Jérém., εἰ, 14.
AMOS.
(cut. vi.]
la grande maison de ruines, et la
petite maison de déchirements.
13. Est-ce que des chevaux
peuvent courir au milieu des
rochers, ou peut-on labourer
avec les buffles? C'est pourtant
ce que vous avez fait vous-mé-
mes, puisque vous avez changé
le jugement en amertume, et le
fruit de la justice en absinthe.
14. Vous qui vous réjouissez
dans le néant, qui dites : N'est-
ce point par notre propre force
que nous avons établi notre puis-
sance ?
15. Maison d'Israël, voici que
je susciterai contre vous une na-
tion, dit le Seigneur Dieu des ar-
mées, et elle vous brisera depuis
l'entrée d'Emath jusqu'au torrent
du désert.
8. Son âme; hébraisme pour sa vie (Nombres, xiv, 22, etc.); ou bien, sa personne,
lui-méme (Isaie, xLV, 23, eto.).
10. Le parent, etc. C'étaient les plus proches parents qui devaient prendre soin des
corps des morts. — Le brülera. Dans ces temps-là, on brülait les corps morts des
Hébreux (1 Rois, xxxi, 12; 1[ Paralip., xvt, 14); mais depuis la captivité, on les en-
terrait, comme dans le principe.
11. C'est la fin (finis est); c'est le dernier, il n'en reste plus. — Ne fe souviens pas, ete.;
n'invoque pas le Seigneur, il ne nous protège plus. Le motif de cette recommanda-
tion est exprimé dans le verset suivant.
12. La grande maison; probablement le royaume d'Israël. — La petite maison; le
royaume de Juda.
13. C'est pourtant ce que vous avez fait vous-méme. Cette phrase ou toute autre sem-
blable est absolument nécessaire pour l'enchainement et la liaison des idées du texte
sacré. — Vous avez changé, etc.; c'est-à-dire par des jugements injustes et oppressifs
vous avez rempli d'amertume et d'aigreur ceux que vous deviez au contraire con-
soler et réjouir par les doux fruits d'une bonne justice. — * Est-ce que des chevaux
peuvent courir au milieu des rochers? Les chevaux des anciens le pouvaient d'autant
moins qu'on ne les ferrait pas. — Avec les buffles, avec des bœufs sauvages, non ac-
coutumés au joug.
14. Puissance; littér., cornes, qui étaient, en effet, chez les Hébreux le symbole de
la force et de la puissance.
15. Depuis l'entrée, etc.; c'est-à-dire, dans toute l'étendue du royaume d'Israël. —
Emath est appelée entrée, parce que les ennemis d'Israël, les Assyriens devaient
pénétrer par là dans le pays, ou parce que cette ville était sur la frontiére, — Le
torrent du désert ne forme pas proprement la limite du royaume d'Israél, mais de
celui de Juda. Si donc il est cité ici, c'est parce que la prophétie concerne les deux
royaumes
(cu. vir.]
CHAPITRE VII.
Diverses visions d'Amos sur la déso-
lation d'Israël. Ruiue de la maison
de Jéroboam. Amasias s'éléve contre
Amos. Punition d'Amasias. Captivité
d'Israél.
1. Voiei ce que m'a montré le
Seigneur Dieu : or voici qu'il for-
mait la sauterelle, lorsque les
plantes commencaient à germer
par la pluie de l'arriere-saison ; et
voici la pluie de l'arriere-saison
après la coupe du roi.
2. Et il arriva que lorsque la
sauterelle eut achevé de manger
l'herbe de la terre, je dis : Sei-
eneur Dieu, soyez propice, je vous
conjure ; qui rétablira Jacob, car il
est bien faible ?
3. Sur cela, le Seigneur a eu
AMOS.
2079
pitié : Ce que tu crains ne sera
pas, dit le Seigneur.
4. Voici ce que m'a montré le
Seigneur Dieu; or, voici que le
Seigneur Dieuappelaitlefeu pour
exercer le jugement, et il dévora
un grand abime, et consuma en
méme temps une partie de la
plaine.
ὃ. Et je dis : Seigneur Dieu,
apaisez-vous, je vous conjure ; qui
rétablira Jacob, car il est bien
faible?
6. Sur cela, le Seigneur eut pi-
tié : Il n'en sera pas ainsi, dit le
Seigneur Dieu.
1. Voici ce que m'a montré le
Seigneur Dieu; voici que le Sei-
gneur se tenait debout sur une
muraille crépie, et que dans sa
main éfait une truelle de macon.
1-11. * 30 Visions et symboles prophétiques annoncant le châtiment d'Israël, vrr-1x.
— La dernière partie d'Amos contient cinq visions qui confirment ce qui a été dit
dans les discours précédents. Les quatre premières commencent de la méme manière :
Voici ce que m'a montré le Seigneur, vit, 1, 4, 1; vin, 1; la cinquième, qui est indé-
pendante des précédentes, s'ouvre par les mots : J'ai vu le Seigneur, etc., 1x, 1. Dans
la première et la seconde, celle des sauterelles, vir, 1-3, et du feu, vir, 4-6, le Pro-
phéte intercéde pour la race de Jacob, et Dieu lui promet d'avoir pitié d'elle; mais
dans la troisième, celle du cordeau, vu, 7-9, et la quatrième, celle de la corbeille de
fruits, vir, 1-3, le Seigneur refuse de pardonner encore. — Entre ces deux dernières
se place, vir, 10-17, un épisode historique. Au vers. 9, Dieu annonce la ruine de la
maison de Jéroboam 11. Amasias, le chef des prêtres infidéles de Béthel, irrité des
prédietions d'Amos, en avertit le roi, et veut forcer le Prophéte à quitter le royaume
d'Israél; mais le Voyant, nom qu'Amasias lui donne sans doute par dérision, vir, 12,
veut remplir la mission que Dieu lui a 60166, et annonce à son persécuteur le chà-
timent qui l'attend. — La vision de la corbeille de fruits confirme la ruine prochaine
du royaume des dix tribus. La cinquième et dernière vision, 1x, nous montre Dieu
ordonnant la ruine du temple schismatique de Déthel et celle du peuple impie. La
prophétie se termine néanmoins par des paroles d'espérance et par la peinture du
règne messianique, 1x, 11-15.
1. Ma montré dans une vision. — Or voici, etc. C'est grammaticalement le com-
plément ou régime direct du verbe a montré, qui précède. — La saulerelle figure
l'armée des Assyriens. — La coupe du roi; la coupe du foin que le roi avait fait faire
pour ses chevaux. — * La pluie de l'urriére-saison aprés la coupe du roi. La pluie de
l'arriére-saison tombe après que le premier fourrage a été recueilli pour l'usage des
étables du roi. י
4. Appelait, etc.; littér., appelait le jugement au feu. Compar. Isaie, Lxvi, 16. Selon
saint Jérôme, celte prophétie regarde le royaume de Juda; suivant d'autres, elle
concerne l'expédition de Théglathphalasar, qui emmena captives les tribus d'au-delà
du Jourdain sous le régne de Phacée.
1-8. * Une truelle de maçon. Dans l'original : un fil à plomb.
2080
8. Et le Seigneur me dit : Que
vois-tu, Amos? Et je dis : Une
truelle de maçon. Et le Seigneur
dit : Voici que moi je déposerai la
truelle au milieu de mon peuple
d'Israël; etje ne le crépirai plus à
l'avenir.
9. Et les hauts lieux consa-
crés à l’idole seront détruits, et
les sanctuaires d'Israël seront
désolés; et je m'élèverai avec le
glaive contre la maison de Jéro-
boam.
10. Et Àmasias, prêtre de Béthel,
envoya vers Jéroboam, roi d'Is-
raël, disant : Amos s'est révolté
contre toi au sein de la maison
d'Israél. Ta terre ne pourra sup-
porter tous ses discours.
11. Car voici ce que dit Amos :
Parleglaive mourra Jéroboam, et
Israél émigrera de sa terre;
19. Et Amasias dit à Amos : Toë
qui vois, va, fuis dans la terre de
Juda et mange là ton pain, et tu
prophétiseras là.
AMOS.
[eu. vir.]
13. Mais dans Béthel tu ne pro-
phétiseras plus à l'avenir, parce
que c'est le sanctuaire du roi, et
le siege du royaume.
14. Et Amos répondit et dit à
Amasias : Je ne suis pas fils de
prophete, mais je suis pátre, ef-
feuillant des sycomores.
15. Et le Seigneur m'a pris lors-
que je suivais mon troupeau, et
le Seigneur m'a dit : Va, prophé-
lise à mon peuple d Israël.
16. Et maintenant écoute la pa-
role du Seigneur : Tu dis : Tu ne
prophétiseras pas sur Israël, et tu
ne répandras pas £es oracles sur
la maison de l'idole.
17. À cause de cela, voici ce
que dit le Seigneur : Ta femme
dans la cité forniquera; tes fils
et tes filles sous le glaive tom-
beront; ton sol sera mesuré au
cordeau; et toi, c'est sur une
terre souillée que tu mourras,
et Israël captif émigrera de sa
terre.
8. Je ne le crépirai plus; littér.; je n'ajouterai pas à le récrépir. Voy. sur cet hé-
7 N
braisme, t. II, p. 342, 20.
9. Je m'éléverai, etc. Zacharie, fils et successeur de Jéroboam, fut tué par Sellum
qui usurpa sur lui le royaume (IV Rois, xv, 8-10).
10. * Amasias, prétre de Déthel, attaché au culte du veau d'or.
11. Amasias fait ici une fausse imputation. Amos avait menacé la maison de Jéro-
boam, mais non sa personne.
19. Qui vois; qui as des visions, qui es voyant, c'est-à-dire, prophéte.
14. Effeuillant des sycomores. C'est la traduction qui nous a paru la plus conforme
à la Vulgate aussi bien qu'à l'hébreu. — * Ceux qui connaissent le mieux la Pales-
tine pensent que l'oceupation d'Amos consistait à faire l'opération suivante: Les sy-
comores à figues (voir note sur Luc, xix, 4) étaient nombreux à Thécué. Ils produisent
des fruits depuis le commencement de juin jusqu'à l'hiver et on peut faire jusqu'à
sept récoltes de figues par an. Ces figues, plus fades et plus ligneuses que celles du
figuier ordinaire, sont, quelque temps avant de les cueillir, savoureuses et servaient
de nourriture au peuple; mais pour pouvoir les manger, il faut les ouvrir avec
l'ongle ou les piquer avec un instrument, afin de faire écouler une partie de la séve
qui est âcre; elles sont ensuite bonnes à manger après deux ou trois jours. C'était
là le travail auquel se livrait le pasteur prophète de Thécué.
15. Mon troupeau; selon le texte original /e (roupeau; mais en hébreu l'article tient
souvent lieu du pronom.
16. La maison de l'idole; c'est-à-dire, Béthel.
11. Ton sol sera mesuré, partagé par l'ennemi,
εἴσῃ, vilr.]
CHAPITRE VIIT.
Autre vision d'Amos sur la ruine d'Israël].
Iniquité de ce peuple. Vengeances du
Seigneur snr lui. Description des effets
de ces vengeances.
1. Voici ce que m'a montré le
Seigneur Dieu; or voici un cro-
chet pour abattre des fruits.
9. ἘΠῚ dit : Que vois-tu, Amos?
Et je dis : Un crochet pour abat-
tre des fruits. Et le Seigneur me
dit: Elle est venue, la fin pour
mon peuple d'Israël; je ne le tra-
verserai plus à l'avenir.
3. Et les gonds du temple re-
tentiront en ce jour-là, dit le Sei-
gneur Dieu; beaucoup mourront;
en tout lieu régnera le silence.
4. Ecoutez ceci, vows qui écra-
sez le pauvre, et qui faites dé-
faillir les indigents de la terre,
5. Disant : Quand sera passé le
mois, alors nous vendrons nos
AMOS.
2081
marchandises; etguandserapassé
le Sabbat, alors nous ouvrirons
nos greniers de blé, afin que nous
diminuions la mesure, et que nous
augmentions le sicle, et que nous
substituions des balances trom-
peuses,
6. Afin d'avoir en notre posses-
sion, pour de l'argent, des indi-
gents et des pauvres, pour des
chaussures, et que nous vendions
le rebut du blé.
7. Le Seigneur a juré contre
l'orgueil de Jacob : Si j'oublierai
jamais aucune de leurs œuvres.
8. Est-ce que sur cela la terre.
ne sera pas ébranlée, et que
tous ses habitants ne seront pas
dans le deuil? et que tous en-
tierementne monteront pas com-
me le fleuve, et qu'ils ne seront
pas chassés, et qu'ils ne s'écou-
leront pas comme le fleuve d'E-
gypte?
1. M'a montré, et or voici, etc. Voy. vir, 1. — * Un crochet; dans l'original : une
corbeille de fruits.
2, Je ne le traverserai plus; littér., je n'ajouterai pas à le traverser, (non adjiciam
ut pertranseam. eum); je le délaisserai, je l'abandonnerai à lui-même. Voy. sur cet
hébraisme, t. II, p. 342, 2». L'hébreu porte à la lettre: Je n'ajoulerai pas à passer à
lui; à me déclarer pour lui, à le défendre contre ses ennemis; ce qui revient à notre
explication de la Vulgate. Cependant on interpréte généralement ainsi ce passage :
Je ne le laisserai pas plus longtemps impuni, je ne dissimulerai pas ses fautes.
3. Du temple érigé à Béthel, en l'honneur du veau d'or.
5. Le mois; ou bien, le premier jour du mois; la néoménie, selon saint Jérôme,
Théodoret, etc. D'ailleurs le mot. hébreu signilie l'un et l'autre. Quoique la loi n'or-
donnát le repos que pour la néoménie du septième mois, on l'observait communément
dans Israël pour toutes les autres. — Alors (et). Voy. sur ce mot Osée, xt, 4. Les
marchands animés par la soif du gain se plaignaient de ce que les fêtes les empè-
chaient de faire leur trafic ordinaire. — Le sabbat; signifie probablement ici, comme
dans bien d'autres passages, l'année sabbatique, pendant laquelle il n'était pas per
mis de faire aucune récolte, ni de cultiver la terre. — Afin que, etc. Ces marchands
avares mesuraient ce qu'ils livraient avec de petites mesures, et en recevaient le prix
au plus haut poids qu'ils pouvaient, l'argent monnayé n'étant pas encore en usage,
Or l'inégalité des poids et des mesures était défendue par la loi mosaique (Deutéron.,
xxv, 13, 14), et le Sage dit que c'est une abomination aux yeux du Seigneur (Prov,,
xx, 19, 23). :
1. Si j'oublierai; pour que je n'oublierai pas. Voy., sur les formules de serment
chez les Hébreux, P's. xciv, 41.
8. Tous entièrement (universus); c'est-à-dire, tous les habitants. — Monleronl, ete.;
iront en captivité daus le vaste royaume d'Assyrie, comme le fleuve du Nil s'élève au-
dessus de ses borda, el se dissipe aprés ses débordements. Tout ce que la Vulgate
A. T. 131
2082
9. Et ἢ arrivera en ce jour-
là, dit le Seigneur Dieu, que le
soleil se couchera à midi, et je
ferai que la terre se couvrira
de ténèbres en un jour de lu-
miere.
10. Et je convertirai vos fétes
en deuil, et tous vos cantiques
en lamentalions; et je mettrai
sur tous vos reins un cilice, el
sur toutes vos têtes la calvitie;
et je plongerai Israël dans le
deuil, comme. ὦ la mort d'un
fils unique, et ses derniers mo-
ments seront comme un jour
amer.
11. Voilà que des jours vien-
nent, dit le Seigneur, et j'enver-
rai la faim sur la terre, non la
faim du pain, ni la soif de l'eau,
mais d'entendrela parole du Sei-
gneur.
42. Et ils seront dans le trouble
depuis une mer jusqu'à l'autre, et
depuis l'aquilon jusqu'à l'orient;
ils iront de tous cótés, cherchant
la parole du Seigneur, et ils ne 0
trouveront pas.
18. En ce jour-là, les vierges
dans leur beauté et les jeunes
hommes défaudront par la soif.
AMOS.
(cu. 1x.]
14. Ceux qui jurent par le péché
de Samarie et disent: Il vit, ton
Dieu, Dan! et elle vit, la voie de
Bersabée ! tomberont et ne se re-
lèveront plus.
CHAPITRE IX.
Vengeance du Seigneur sur les Israélites;
leur dispersion. Rétablissement de la
maison de David. Retour et rétablisse-
ment des Israélites.
1. J'ai vu le Seigneur se tenant
sur lautel, disant : Frappez le
eond, et que les linteaux soient
ébranlés; car l’avarice est dans
la téte de tous, et [6 tuerai le der-
nier d'entre eux par le glaive; la
fuite ne leur sera pas favorable.
Ils fuiront, et celui d'entre eux
qui aura fui ne sera pas sauvé.
2. S'ils descendent jusqu'à l'en-
fer, ma main les en retirera; et
s'ils montent jusqu'au ciel, je les
en ferai tomber.
3. Et s'ils se cachent sur le som-
met du Carmel, je les y cherche-
rai et les en enlèverai; 515. se
cachent à mes yeux dans les pro-
fondeurs de la mer, là je com-
manderai à un serpent, et il les
mordra.
(παρ. VIII. 10. Tobie, 1t, 6; I Mac., 1, 4l. — Cnar. IX. 2. Ps. cxxxvui, 8
mm
dit ici des habitants de la terre d'Israël, le texte hébreu le rapporte à la terre elle-
même: ce que fait aussi la Vulgate dans une phrase parallèle, 1x, 5.
9. Le soleil, etc. La plupart des Pères expliquent ceci de l'obscurcissement qui arriva
à la mort de Jésus-Christ.
10. Je mettrai, etc; je vous réduirai tous à vous revêtir d'un sac, et à vous raser
la tête. Cela se pratiquait dans le deuil.
44. Le péché de Samarie; le faux dieu Baal, — I/ vit! pour vive! — Ton Dieu, Dan.
L'un des veaux d'or avait été placé à Dan, ville située prés des sources du Jourdain.
— La voie; hébraisme pour /a religion, le culte. — Tomberont; littér., e£ tomberont,
Voy. sur ce et purement pléonastique, Joël, xi, 1. — * Dan, Bersabée, Voir la note sur
Juges, xx, 4.
1. L'autel; sans doute celui du temple de Jérusalem, d'où le Seigneur devait exercer
ses jugements contre le royaume des dix tribus. — Frappe, etc. Cet ébranlement de
la porte du temple est le signe de la colère du Seigneur, de méme que le rugissement
dont il est parlé au chap. 1, vers. 2.
3. Un serpent; c'est-à-dire, un monstre marin.
Cii. ix.]
4. Et s'ils sont en captivité de-
vant leurs ennemis, là, je com-
manderai au glaive, etillestuera;
je fixerai mes yeux sur eux pour
leur mal et non pour leur bien.
5. Et le Seigneur Dieu des ar-
mées touche la terre et elle se
fondra, et ils seront dans le deuil,
tous ceux qui y habitent; et elle
montera comme le fleuve tout
enliere, et s'écoulera comme le
fleuve d'Egypte. i
6. Celui qui établit dans le cie
son élévation et qui a fondé son
faisceau sur la terre ; qui appelle
les eaux de la mer, et les répand
sur la face de laterre; le Seigneur
est son nom.
7. Est-ce que vous n'êtes pas
pour moi comme les fils des Ethio-
piens, fils d'Israël, dit le Sei-
eneur? Est-ce que je n'ai pas fait
monter Israëlde la terre d Egypte,
et les Philistins de la Cappadoce,
et les Syriens de Cyrene?
8. Voici que les yeux du Sei-
gneur sont sur le royaume pé- |
cheur, je le détruirai de 1a tace ae |
la terre; cependant, détruisant,
AMOS.
2083
je ne détruirai point la maison de
Jacob, dit le Seigneur.
9. Car voici que moi je comman-
derai et j'agiterai parmi toutes
les nations la maison d'Israél,
comme est agité le blé dans le
crible, et il ne tombera pas une
seule petite pierre sur la terre.
10. C'est parleglaive que mour-
ront tous les pécheurs d'entre
mon peuple, ceux qui disent :
Non, il n'approchera pas, il ne
viendra pas sur nous, le mal
quon nous prédit.
11. En ce jour-là, je releverai le
tabernacle de David, qui est
tombé; et je refermerai les ou-
vertures de ses murs, et ce qui
était écroulé, je le restaurerai, et
je le rebâtirai comme dans les
jours anciens.
19. Afin qu'ils possèdent les
restes de l'Idumée et toutes les
nalions, parce que mon nom ἃ
été invoqué sur eux, dit le Sei-
gneur, qui fera ces choses.
13. Voici que des jours vien-
nent, ait le Seigneur, et le labou-
reur succédera immédiatement
4. Jér., xuiv, 11. — 6. Supra, v, 8. — 11. Actes, xv, 16. — 13. Joël, ri, 18,
5. Elle montera, etc. Voy., pour le sens de ce passage, vir, 8.
6. Son élévaliôn (ascensionem suam); son trône. — Son faisceau (fasciculum suum);
la réunion, l'ensemble des divers éléments qui composent lunivers, selon les uns,
la voüte des cieux, selon les autres, qui expliquent le mot hébreu par le terme arabe ,
correspondant, lequel signifie une voüte solidement construite, 1
1. * De la Cappadoce. Voir Jérémie, xLvu, 4. — De Cyrène, voir plus haut, τ, 5
8. Détruisant je ne détruirai point; hébraisme pour, je ne détruirai pas entièrement.”
9. Une petite pierre (lapillus); un grain de terre. Ce qu'Amos dit ici par une figure,
Ezéchiel l'exprime en propres termes (xx, 38).
11. Je reléverai, etc. L'apótre saint Jacques cite ces paroles (Actes, xv, 16), qui ont
eu un commencement d'aecomplissement par Cyrus, mais qui n'ont été complète-
ment accomplies que par Jésus-Christ.
13. Les restes de l'Idumée, rivale et ennemie de la maison de Jacob, peuvent repré-
senter les Juifs mêmes charnels, d'entre lesquels Dieu sauva par sa grâce des restes
précieux qu'il réunit à son peuple, c'est-à-dire, à son Eglise, en répandant le don de
foi sur eux (Rom., xi, 5), comme sur les gentils qui furent alors appelés de toutes
les nations du monde. —Mon nom, etc. Voy., sur cette locution, Daniel, 1x, 18.
13. La douceur; c'est-à-dire, le miel. Compar. Joël, um, 18.
13-15. Comme il n'y eut qu'un trés petit nombre d'Israclites des dix tribus qui
208^
au moissonneur, et celui qui foule
le raisin à celui qui répand la .56-
mence; les, montagnes distille-
ront la douceur, et toutes les
collines seront cultivées.
14. kt je ramènerai les captifs
de mon peuple d'Israël; et ils bà-
tiront des cités désertes et ils 8
AMOS.
[cu. [.צנ
habiteront; et ils planteront des
vignes, et ils en boiront le vin,et
ils feront des jardins, et ils en
mangeront les fruits.
15. Et je les planterai dans leur
propre sol et je.ne les arracherai
plus de leur terre que je leur ai
donnée, dit le Seigneur ton Dieu.
reviorent de la captivité, et que dans la suite leurs descendants furent arrachés de
leur pays par les Romains, il semble qu'il ne s'agit ici que d'une promesse mysté-
rieuse des biens spirituels que Dieu réserve aux enfants d'Israël pour le temps de
leur derniére conversion,
45. Ton Dieu; 00 7
Ao רינש . "
eua petat IL TR Pace NOR SALES
ABDIAS
INTRODUCTION
Abdias (le serviteur de Jéhovah), est le quatrième des petits prophètes. Sa
prophétie ne nous fait connaitre que son nom. Une tradition le confond avec le
pieux Tsraélite dont il est question dans l'histoire d'Achab et d'Elie, et qui s'ap-
pelait aussi Abdias, mais il n'est pas possible de savoir si elle est fondée. Une
autre tradition voit en lui un prosélyte Iduméen, sans doute parce qu'il a pro-
phétisé contre l'Idumée, ou bien le troisième capitaine envoyé par Ochozias à
Elie, etc. On peut conclure de sa prophétie qu'il était du royaume de Juda; nous
ne pouvons rien affirmer de plus sur sa personne.
Son langage est animé 61 rapide, abondant en apostrophes et en interroga-
lions; le style est pur et souvent trés poétique.
L'époque d'Abdias est trés difficile à déterminer. Les uns le regardent comme
le plus ancien des petits prophétes, les autres le font vivre du temps de la cap-
tivité. La brièveté de sa prophétie, qui non seulement n'a point de titre, mais
ne renferme aucune allusion assez précise, explique ces divergences si considé-
rables entre les savants.
La prophétie d'Abdias ne renferme que 21 versets : c'est l'écrit le plus court
de tout l'Ancien Testament, — 4° Il prédit la ruine de l'Idumée, 1-9; — 2* à
cause de la part coupable qu'elle a priseaux malheurs du peuple de Dieu, 10-16.
— 3° Jérusalem au contraire sera sauvée et triomphera d'Esaü et de tous ses
ennemis, 17-21. — Les Iduméens sont le type des faux amis qui, au lieu de sou-
tenir ceux à qui ils devraient porler secours, les abandonnent au jour da
malheur. Ils sont aussi la figure des ennemis de l'Eglise, qui triomphe de ses
adversaires par la force du Messie. — La prophétie d'Abdias contre Edom fut
accomplie probablement par Nabuchodonosor, quand il traversa ce pays pour
envahir l'Egypte; elle le fut surtout par Jean Hyrcan et par les Nabatéens, qui
enlevérent à jamais aux descendants d'Esaü leur caractére national,
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CHAPITRE UNIQUE.
Orgueil des Iduméens. Leur infidélité à
l'égard des enfants de Jacob. Ven-
geance du Seigneur contre les Idu-
méens. Rétablissement des enfants de
Jacob. Etendue de leurs possessions.
Jugement exercé par eux sur la mai-
son d'Esaü. Règne du Seigneur.
1. Vision d'Abdias. Voici ce que
ditleSeigneur Dieu à Edom : [Nous
avons entendu une nouvelle ve-
nant du Seigneur; et il a envoyé
un messager vers les nations :
Levez-vous, et levons-nous en-
semble contre lui pour le combat].
2. Voici que je ₪81 placé très
petit parmi les nations, tu es fort
méprisable.
3. L'orgueil de ton cœur t'a
élevé, {oi habitant dans les fentes
des rochers, exaltant ton trône;
toi qui dis dans ton cœur : Qui
me fera descendre à terre?
4. Si tu l’élèves comme l'aigle,
et que parmi les astres tu poses
ton nid, je t'en ferai descendre,
dit le Seigneur.
5. Si des voleurs, sides brigands
élaient entrés chez toi durant la
nuit, comment aurais-tu gardé le
silence? N'auraient-ils pas volé ce
qui leur suffisait? Si des vendan-
geurs étaient entrés chez toi, est-
ce qu'ils ne t'auraient pas laissé
au moins une grappe de raisin?
ABDIAS.
[cu. 1]
6. Comment les ennemis ont-ils
fouillé Esaü, fureté dans ce qu'il
avait de caché?
7. Ils t'ont éconduit jusqu'à la
frontiere; tous tes alliés se sont
joués de toi; les hommes qui vi-
vaient en paix avec toi ont pré-
valu contre toi; ceux qui mangent
ton pain dresseront des embü-
ches sous tes pas; il n'y a pas de
prudence en lui.
8. N'est-ce pas en ce jour-là, dit
le Seigneur, que je perdrai les
sages de l'Idumée. οἱ bannirai la
prudence dela montagne d'Esaü?
9. Et ils craindront, tes braves
du midi, que l'homme de la mon-
tagne d'Esaü ne périsse.
10. À cause de tes meurtres et
àcause de ton iniquité contre Ja-
cob ton frere, la confusion te cou-
vrira, et tu périras pour jamais.
11. Au jour que tu t'élevais
contre lui, quand des ennemis se
rendaient maitres de son armée,
et que des étrangers entraient
dans ses portes, et que sur Jé-
rusalem ils jetaient le sort, toi
aussi tu étais comme l'un d'entre
eux.
12. Et tu ne mépriseras pas ton
frère en son jour malheureux, au
jour de son exil, et tu ne te ré-
jouiras pas sur les fils de Juda au
jour de leur ruine; et tu ne par-
CnaP. I. 1. Jér., xxix, 14. — 8. Is., xxix, 14; I Cor., 1, 19. — 10. Genèse, xxvir, 4t.
1. Dit. Le complément de ce verbe ne se trouvant qu'au vers. 2, nous avons mis,
comme Martini entre des crochets, les mots nous avons entendu, etc.; mots qui se
lisent d'ailleurs dans Jérém., xux, 14. — A Edom, ou (ouchant Edom; c'est-à-dire,
l'Idumée. — Nous, prophètes. Outre Abdias, Isaie (xxxiv), Jérémie (xzix, 1-22), Ezé-
chiel (xxv, 12-14), et l'auteur du Ps, oxxxv:, "7, 05% rrophétisé contre Edom.
3. * Habitant dans les fentes des rochers. Les habitants de Pétra, capitale de l'Idu-
mée, avaient des demeures taillées dans le roc.
6. Esaü, qui s'appelait aussi Edom (Genèse, xxv, 25, 30), est mis ici pour ses des-
cendants, les Iduméens. Dans ce verset et le suivant les verbes sont au passé, quoi-
qu'ils expriment des événements futurs. Cet énallage de temps est trés usité daus le
style des prophètes.
cu. 1.]
leras pas orgueilleusement au
jour de l'angoisse.
13. Et tu n'entreras pas dans
la porte de mon peuple au jour
de leur ruine; et tu ne les mépri-
seras pas, toi non pius, au milieu
de ses maux, au jour de sa déso-
lation; et tu ne seras pas envoyé
contre son armée au jour de sa
désolation.
14. Et tu ne te tiendras pas dans
les carrefours, afin de tuer ceux
qui fuiront, et tu n'enfermeras
pas les restes de ses habitants au
jour de la tribulation.
15. Parce que le jour du Sei-
gneur est pres d'éclater surtoutes
les nations; comme tu as fait, il
te sera fait; ce que tu leur as fait,
il le fera retomber sur ta téte.
16. Car comme vous avez bu
sur ma montagne sainte, toutes
les nations boiront sans disconti-
nuer; et elles boiront, elles ava-
leront, et elles seront comme si
elles n'étaient point.
11. Mais sur la montagne de
ABDIAS. 2087
Sion sera le salut et elle sera
sainte : la maison de Jacob possé-
dera ceux qui l'avaient possédée.
18. Et la maison de Jacob sera
un feu, et la maison de Joseph.
une flamme, et la maison d'Esaü
une paille; et ils l'embraseront,
et ils la dévoreront, et il n'y aura
pas de restes de la maison d'Esaü, '
parce que le Seigneur a parlé.
19. Et ceux qui sont au. midi
hériteront dela montagne d'Esaü ;
et ceux qui sont dans les plaines
assujettiront les Philistins ; et ils
posséderont la contrée d'Ephraim
et la contrée de Samarie, et Ben:
jamin possédera Galaad.
20. Et les exilés de cette armée
des enfants d'Israël posséderont
tous les lieux des Chananéens jus-
qu'à Sarepta; et les exilés de Jé-
rusalem, qui sont surle Bosphore,
posséderont les cités du midi.
21. Et leslibérateurs monteront
sur la montagne de Sion pour ju-
ger la montagne d'Esaü ; et le re-
ene sera au Seigneur.
14. Carrefours. C'est par ce mot, d'ailleurs conforme à l'hébreu, que saint Jéróme
explique lui-même le latin exilibus de la Vulgate.
16. Toutes les nations, etc. Compar. Jérém., xxv, 15 et suiv.; xLix, 12.
17. Elle sera sainte; par le temple qui y sera rebâti. — Ceux qui l'avaient possédée;
les Iduméens, les Moabites, les Ammonites et les Philistins.
18. La maison de Jacob, etc. Apres leur retour de Babylone, les Juifs furent comme
un feu pour la maison d'Esaü, ou les Iduméens auxquels ils firent souvent la guerre.
Cela peut donc regarder ies expéditions des Machabées contre les Iduméens (Machab.,
v, 3), mais ce ne fut que longtemps après que la maison d'Esaü fut entièrement
éteinte.
19. Galaad; c'est-à-dire, le pays au delà du Jourdain. — * Dans les plaines de la
Séphéla. Voir la note sur Juges, xv, 5.
20. Des enfants d'Israël; des Israélites des dix tribus. — Les Chananéens sont mis
ici pour les Phéniciens, parce que ces derniers étaient Chananéens d'origine. — Sa-
repta; ville du territoire de Sidon. — * Bosphore; en hébreu : Sepharad. L'identification
de ce pays est fort incertaine. Les inscriptions perses mentionnent un pays appelé
Sparad ou Sparda qui est assez vraisemblablement celui dont il est question ici. Il
parait désigner la Lydie dont Sardes était la capitale.
21. Les libérateurs (salvatores), c'est-à-dire, suivant la plupart, les Machabées ef les
princes asmonéens, mais dans un sens plus élevé, c'est Jésus-Christ que cette pro-
phétie concerne. — Le régne, etc.; promesse qui n'aura son parfait accomplissement
qu'au dernier jour, où, toute puissance étant détruite, Dieu seul régnera sur ses saints
et avec ses saints dans l'éternité (I Corinth., xv, 24; Apocal., xi, 15).
JONAS
INTRODUCTION
Jonas, le cinquième des petits prophètes, était du royaume d'Israël, Son père
s'appelait Amathi, et le lieu de sa naissance, Gath-Hépher, dans la tribu. de
Zabulon, aujourd’hui Medjad, au nord de Nazareth, sur la route de Séphoris à
Tibériade. Son livre n'est point daté, mais nous savons qu'il vivait du temps de
Jéroboam II, roi d'Israël.
Le livre de Jonas ne ressemble pas aux autres écrits prophétiques; il ne con-
tient point d'oracles proprement dits. C'est un récit historique de la mission
qu'il recut. d'aller. précher la pénitence aux Ninivites et de la manière, dont il
l'accomplit. Il est écrit en style simple. S'il est rangé parmi les livres prophé-
tiques, c'est parce qu'il a pour auteur un prophète, et que, quoiqu'il ne con-
tienne aucune révélation directe de l'avenir, il nous fait connaitre le séjour de
Jonas pendant trois jours dans le ventre d'un poisson, merveille qui figure Ie sé-
jour de Notre-Seigneur pendant trois jours dans le tombeau. Cette circonstance
si extraordinaire dela vie de Jonas a provoqué de tout temps les railleries des
incrédules, mais rien n'est impossible à la puissance de Dieu, et puisqu'il jugeait
à propos, daus sa sagesse, de forcer par là son ministre à exécuter ses volontés
et à devenir le type du mystère de la résurrection de son fils, pourquoi notre
faible esprit oserait-il trouver à redire aux voles de la Providence?
Cette Providence se montre admirable dans toute l'histoire du prophéte. La
prédication de Jonas à Ninive n'était pas un fait sans portée; elle avait au con-
traire la signification la plus haute : en méme temps qu'elle était pour ses com-
patriotes une exhortation à se repentir de leurs péchés, elle annoncait que Dieu
ne voulait pas se révéler seulement aux enfants de Jacob, mais aussi à ces gen-
tils si méprisés des Juifs; c'était la prédiction de notre vocation à la foi;
comme le prélude du voyage des mages à Jérusalem et dela féte de l'Epiphanie.
De plus, dans aucun autre livre de la Bible, la patience, la bonté et la miséri-
corde de Dieu n'apparaissent en traits plus touchants : sa compassion pour le
pécheur, sa facilité à lui pardonner, le soin qu'il prend de veiller sur tous,
méme sur les paiens et jusque sur les animaux, sont peints dans ce récit en
trails ineffacables, et nous ne trouvons nulle part des paroles plus émouvantes
que celles qui terminent ce récit.
[eu 1.]
CHAPITRE PREMIER.
Jonas envoyé à Ninive, s'enfuit de devant
le Seigneur, et s'embarque pour aller à
Tharsis. Le vaisseau étant agité par
une violente tempéte, on tire au sort
pour en. découvrir la cause. Le sort
étant tombé sur Jonas, on le jette à la
mer.
1. Or, la parole du Seigneur fut
-adressée à Jonas, fils d'Amathi,
disant :
9. Lève-toi, et va dans Ninivela
grande cité, et préches-y, parce
que sa malice est montée devant
moi.
3. Et Jonas se leva afin de fuir
à Tharsis, de devant la face du
Seigneur; et il descendit à Joppé,
et il trouva un vaisseau qui allait
à Tharsis, et il donna le prix de
son passage, et il descendit dans
le vaisseau, afin d'aller avec les
autres à Tharsis, pour fuir de la
face du Seigneur.
4. Mais le Seigneur envoya un
grand vent sur la mer, et il se fit
une grande tempéle sur la mer,
et le vaisseau étaiten péril d'étre
brisé.
5. Orles matelots craignirent,
et les hommes crierent vers leur
Dieu, et ils jetèrent à la mer ce
JONAS.
2089
qui était dans le vaisseau, afin
qu'il en füt allégé; or Jonas
descendit au fond du vaisseau,
et il dormait d’un sommeil pro-
fond.
6. ₪116 pilote s'approcha de lui,
et lui dit : Pourquoi es-tu accablé
par le sommeil?lève-toi, invoque
ton Dieu, peut-être que Dieu son-
gera à nous et que nous ne péri-
rons pas.
1. Et chacun ‘dit à son compa-
gnon : Venez, et jetons les sorts
pour savoir d’où ce malheur nous
est venu. Et ils jetèrent les sorts,
et le sort tomba sur Jonas.
8. Et ils lui dirent : Indique-
nous à cause de qui ce malheur
nous arrive; quelle est ton occu-
pation? quel est ton pays et oü
vas-tu? ou bien à quel peuple ap-
partiens-tu?
9. Et il leur dit : Je suis Hé-
breu, et je crains le Seigneur, le
Dieu du ciel, qui a fait la mer et
la terre.
10. Et ces hommes craignirent
d'une grande crainte, et ils lui di-
rent : Pourquoi as-tu fait cela?
(Carceshommes surent qu'ilfuyait
la face du Seigneur, parce qu'il /e
leur avait appris.)
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, Ezéch., τι, 16.
2. * Ninive, capitale de l'Assyrie, sur le Tigre. La cité royale était sur la rive gauche
du fleuve, à l'endroit appelé aujourd'hui Koyoundjik, où sont entassées les ruines
des palais des rois d'Assyrie, vis-à-vis de la ville actuelle de Mossoul. Les auteurs
anciens rapportent que la ville entière avait à peu prés la forme d'un parallélogramme
rectangulaire de 150 stades de longueur sur 90 de largeur. La longueur totale des
murs était de 480 stades ou 90 kilomètres.
3. Avec les autres; littér. avec eux (cum eis), c'est-à-dire, avec les passagers. —
Tharsis. Voy. Isaïe, עו 16. — * Joppé, aujourd'hui Jaffa, port de mer sur la Méditer-
ranée, à l'ouest de Jérusalem.
9. Les hommes, etc.; selon l'hébreu, 115 (les matelots) crièrent, chacun vers son Dieu.
— Descendit, ou plutót était descendu, car c'est le vrai sens de l'hébreu.
1. Chacun; littér., un homme (vir); c'est en effet la signification primitive du terme
hébreu correspondant.
9. Je crains; c'est-à-dire, d'aprés le texte original, j'adore, je sers.
10. Ces; ce pronom est représenté dans l'hébreu par l'articie déterminati£
2000
11. Et ils lui dirent : Que te fe-
rons-nous, afin que la mer se cal-
me pour nous? parce que la mer
allait en grossissant.
19. Et il leur dit : Prenez-moi
et jetez-moi dans la mer,et la mer
se calmera pour vous, car je sais,
moi, que c'est à cause de moi que
cette grande tempéte est venue
sur vous.
18. Et les hommes ramaient
afin de revenir vers la terre, et
ils ne /e pouvaient; car la mer
allait en grossissant au-dessus
d'eux.
14. Et ils crierent au Seigneur,
et ils dirent : Nous vous prions,
Seigneur, de ne pas nous faire
périr à cause del'àme de cet hom-
me, et ne faites pas retomber sur
nous un sang innocent, parce que
vous,Seigneur, comme vous àvez
JONAS.
(cu. 11.)
jetèrent dans la mer, et la mer
apaisa sa furie.
16. Les hommes craignirent
d'une grande crainte le Seigneur,
et ils immolèrent des hosties au
Seigneur, et ils vouerent des
veux.
CHAPITRE IL
Jonas est englouti par un poisson. Il in-
voque le Seigneur. Le poisson le jette
vivant sur le bord de la mer.
1. Et le Seigneur prépara un
grand poisson, afin qu'il engloutit
Jonas; et Jonas fut dans le ventre
du poisson pendant trois jours et
trois nuits.
2. Et Jonas pria le Seigneur son
Dieu du ventre du poisson.
3. Et il dit : [F'aierié vers leSei-
gneur du milieudematribulation,
et il m'a exaucé ; du sein de l'en-
voulu, vous avez fait.
15. Et ils prirent Jonas, et ils le
fer j'ai crié, et vous avez entendu
ma voix.
CHÀP, II. 1. Matt., xit, 40; xvr, 4; Luc, x1, 30; I Cor., xv, 4. — 3. Ps. cxix, 1.
11. Allait en grossissant; littér. et par hébraisme, allait et grossissait.
14. De l'âme; c'est-à-dire, de la personne.
1. Jonas dans le ventre du poisson; est une figure de Jésus-Christ dans le tombeau.
Compar. Matth., xui, 40. — * Nous ignorons à quelle espèce appartenait le poisson
qui engloutit Jonas. On dit vulgairement que c'était une baleine; mais outre qu'elle
est trés rare dans la Méditerranée, elle a la gueule trop étroite pour avaler un homme
entier. Le texte sacré ne détermine rien ; il dit simplement « un grand poisson; »
Il est vraisemblable que c'était une espèce de requin trés vorace, squalus carcharis
Linnzi; il abonde dans la Méditerranée et dévore avidement tout ce qu'il peut
saisir; on a trouvé un cheval dans le ventre d'un de ces poissons, pesant cent quin-
taux et péché à l'ile Sainte-Marguerite, en France; dans celui d'un autre, un homme
avec son armure. Un fait encore plus intéressant, c'est celui qui est raconté de la
maniére suivante: « Il arriva en 1158 que, pendant une tempéte, un matelot tomba
d'une frégate dans la mer. [Un requin), qui était tout prés, saisit aussitót le mal-
heureux qui nageait et criait au secours, et la victime disparut sur-le-champ dans sa
large gueule. Tandis qu'il nageait, quelques-uns de ses camarades s'étaient déjà jetés
dans la chaloupe pour lui porter secours. Au moment même où il était dévoré, le
capitaine du vaisseau, témoin de l'accident, eut assez de présence d'esprit pour or-
donner de tirer sur le monstre avec un fusil qui était sur le pont. Le coup fut tiré
avec tant de bonheur que le requin cracha aussitót le matelot qu'il avait dans sa
gueule; sa proie n'était que légérement blessée et elle fut repéchée aussitót, encore
vivante, par la chaloupe; le poisson lui-même fut pris par les autres marins avec des
härpons et des cordes, monté sur la frégate, et là suspendu en travers pour qu'il pt
sécher. Le capitaine en fit ensuite don au matelot si extraordinairement préservé par
le Providence et celui-ci se mit à parcourir l'Europe pour le montrer. א (L. L. MuLLER.)
(cur. 1π|.]
4. Et vous m'avez jeté dans le
profond d'un gouffre, dans le
cœur d'une mer, et des eaux
m'ont environné; toutes vos va-
gues et vos flots ont passé sur
moi.
5. Et moi j'ai dit : Je suis re-
jeté de la présence de vos yeux,
mais je verrai encore votre tem-
ple saint.
6. Des eaux m'ont environné
jusqu'à l'àme, un abime m'a en-
veloppé, une mer a couvert ma
tête.
7. Je suis descendu jusqu'aux
fondements des montagnes; les
barrières de la terre étaient fer-
mées sur moi pourtoujours ; mais
vous préserverez ma vie de la cor-
ruption, Seigneur mon Dieu.
8. Lorsque mon àme était res-
serrée en moi, je me suis souve-
nu du Seigneur, afin que ma
prière vienne jusqu'à vous, jus-
qu'à votre temple saint.
9. Ceux qui s'attachent aux va-
nités inutilement, abandonnent
leur miséricorde.
10. Mais moi, je vous immole-
rai des victimes avec la voix de la
louange; tout ce que j'ai voué, je
le rendrai au Seigneur, pour mon
salut.
11. Et le Seigneur parla au
JONAS.
2091
poisson, et il jeta Jonas sur la
terre;
CHAPITRE TII.
Le Seigneur ordonne une seconde fois à
Jonas d'aller à Ninive. Il prédit la ruine
prochaine de cette ville. Les Ninivites
se convertissent et font pénitence. Dieu
leur pardonne.
-
1. Et la parole du Seigneur fut
adressée une seconde fois à Jo-
nas, disant:
2. Lève-toi, et va dans Ninive 8
grande cité, et préches-y ce que
moi je te dis de précher.
3. Et Jonas se leva, et alla à Ni-
nive selon la parole du Seigneur;
or Ninive était une grande cité de
trois jours de chemin.
4. Jonas commenca à entrer
dans la cité, & faire le chemin
d'un jour; et il cria, et il dit : En-
core quarante jours et Ninive sera
renversée.
5. Les hommes de Ninive cru-
rent en Dieu, et ils publièrent un
jeüne, et se revétirent de cilices,
depuisle plus grand jusqu'au plus
petit.
6. Et le bruit en parvint au roi
de Ninive; et il se leva de son
trône, et quitta son vêtement, et
se revétit d'un sac, et s'assit sur la
cendre.
6. Ps, Lxvirr, 2. — ὕπαρ, III. 5. Matt., xrr, 41; Luc, xr, 32.
9. Aux vanilés; c'est-à-dire, aux idoles. — Leur miséricorde; la miséricorde qu'ils
recevraient du Seigneur, s'ils lui restaient fidèles. Il est incontestable qu'en hébreu
le pronom possessif a souvent un sens passif.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, Ezéch., n, 46.
3. * Une grande cité de trois jours de chemin, c'est-à-dire qu'il fallait trois jours
pour en parcourir les rues et y annoncer les menaces du Seigneur.
6. Le bruit, la nouvelle; c’est le sens qu'a assez fréquemment dans la Vulgate le
mot verbum, et son correspondant hébreu. Cependant il peut signifier la parole de
Jonas en particulier (vers. 4), ou bien l'événement qui s'en suivit, ou bien enfin l'une
et l'autre; car le méme terme s'emploie de ces différentes manières. — * Au roi de
Ninive. Le nom de ce roi n'est pas connu d'une maniére certaine, mais l'on peut
2002
7. Et il eria et dit dans Ninive
parla bouche du roi et de ses
princes, disant : Que les hommes
et les animaux, et les bœufs et
les troupeaux de menu bétail ne
goütent rien; et qu'ils ne pais-
sent point, et ne boivent point
d'eau.
8. Et que les hommes se cou-
vrent de sacs ainsi que les ani-
maux, et qu'ils crient au Seigneur
avec force, et que chacun se con-
verlisse de sa voie mauvaise, et
de liniquilé qui est en. leurs
mains.
9. Qui sait si Dieu ne reviendra
pas et ne pardonnera pas; et s'il
ne se détournera pas dela fureur
de sa colere, et nous ne périrons
pas?
10. Et Dieu vit leurs œuvres, 2
vit qu'ils étaient convertis de leur
voie mauvaise; et Dieu eut pitié
d'eux, touchant le mal qu'il avait
dit qu'il leur ferait, et il ne Ze fit
pas.
CHAPITRE IV.
Jonas s'afflige de ce que sa prophétie
n'est pas accomplie. Le Seigneur lui
fait comprendre les raisons qui l'ont
porté à pardonner à Ninive.
1. Et Jonas fut affligé d'une
grande affliclion, et il s'irrita;
JONAS.
[cg. 1v.]
2. Et il priale Seigneur, et dit :
Je vous conjure, Seigneur, n'est-
ce pas là ce que je disais, lorsque
jétaisencore dans mon pays?c'est
à cause de cela que je me suis
empressé de fuir à Tharsis; car
je sais que vous étes un Dieu
clément οἱ miséricordieux, pa-
tient, et d'une grande commisé-
ration, et pardonnant le mal.
3. Et. maintenant, Seigneur,
retirez, je vous prie, mon áme de
moi; parce que mieux vaut 8
mort pour moi que la vie.
4. Et le Seigneur lui dit : Pen-
ses-tu qu'il est bien que tu tir-
rites, toi?
9. Et Jonas sortit de Ninive et
demeura à l'orient de la cité; et
il se fit là un petit couvert, et
y demeura dessous à l'ombre,
jusqu 'à ce quil vit ce qui arrive-
rait à la cité.
6. Et le Seigneur Dieu een
un lierre qui s'éleva au-dessus de
la tête de Jonas, afin qu'il y eût
une ombre sur sa tête pour le
protéger; car il s'était fatigué ; et
Jonas se réjouit au sujet de son
lierre, d'une joie tres grande.
7. Et Dieu préparalelendemain,
à la levée de l'aurore, un ver qui
rongea le lierre, et il se dessécha.
8. Et lorsque le soleil se fut
9. Jér., xviu, 11; Joël, τι, 14. — Cnar. IV, 2. Ps. ,טאאא Ὁ; Joël, 1, 13.
admettre que c'était Rammannisar, contemporain de Jonas, qui régna de 810 à 782
avant notre ére.
1. Il cria et dit par la bouche; suivant l'hébreu, 2/ fit crier el dire par l'ordre:
10. Qu'ils étaient convertis, etc. (quia conversi sunt);
forme un second complément
du verbe i/ vit (vidit), ou bien la particule quia est purement explicative, comme sa
correspondante hébraique l'est quelquefois.
6. Un lierre (hedera). Selon l'opinion la plus généralement reçue, il faut l'entendre
du ricin, comme l'a fait saint Jérôme lui-même, en avouant qu'il ne s'est servi du
mot hedera, que parce que la langue latine ne lui en fournissait pas d'autre qui ei-
guifiät la plante désignée par le terme de l'original.
8. Il demanda, etc.; il souhaita la mort. Compar. le vers. 3.
[cu. 1v.]
levé, Dieu commanda à un vent
chaud et brülant; et le soleil
frappa sur la téte de Jonas, et il
étouffait de chaleur; etil demanda
pour son âme qu'elle mourût, et
il dit : Mieux vaut pour moi mou-
rir que de vivre.
9. Et le Seigneur dit à Jonas:
Penses-tu qu'il est bien: que tu
V'irrites, toi, pour ce lierre? Et il
dit : Il est bien que [6 m'irrite,
moi, jusqu'à la mort. .
10. Et le Seigneur lui dit : Tu
JONAS.
2093
Vaffliges pour un lierre, pour le-
quel tu n'as pas pris de peine, et
que tu n'as pas fait croitre, qui
en une nuit est né, et en une nuit
a péri;
11. Et moi, je ne pardonnerai
pas à Ninive, la grande cité, dans
laquelle se trouvent plus de cent
vingt mille hommes qui ne savent
pas quelle différence il y a entre
leur droite et leur gauche, et
vivent des animaux en grand
nombre.
9. Il est bien, etc.; j'ai raison de m'irriter jusqu'à souhaiter de mourir.
10-11. * > Episode incomparable, un des plus beaux de l'Ecriture, et auquel irait
bien comme épilogue cette autre parole du Seigneur dans Osée :
« Je ne donnerai
» pàs cours aux emportements de ma colére, et je n'en viendrai pas à perdre Ephraim,
» ear je suis Dieu, moi, et non pas homme. » Osée, xz, 9. (G. LoNGHAYE.)
14. * Cent vingt mille hommes, etc. On a calculé qu'il devait y avoir, d'après 8
&awbre de 420,000 enfants, environ 600,000 habitants à Ninive.
יצ
Ἐν ὁ “τῶν
QAM Ia ΤῸ
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MICHÉE
nt
INTRODUCTION
Michée, dont le nom complet était Michaya, « qui est comme Jéhovah? » est
le sixième des petits prophètes. Il était de Morasthi, dans les environs de Geth,
et différent d'un autre prophète Michée, fils de Jemla, qui vivait un siècle aupa-
ravant. Il prophétisa à Jérusalem, sous les régnes de Joathan, d'Achaz et d'Ezé-
chias; il fut par conséquent contemporain d'Isaie. Ses oracles s'adressent à
toutes les tribus, mais particulièrement au royaume de Juda. Leur authenticité
n'est pas sérieusement contestée : elle est garantie par la citation qui en est
faite dans Jérémie, xxvi, 18, et par les rapports qu'on remarque entre Michée
et Isaie.
Le style de ce petit prophéte est remarquable par l'élévation des pensées,
l'éclat et la vivacité de l'expression, la richesse des images el des comparaisons,
la verve, la clarté, l'élégance, la pureté, l'harmonie; il aime les jeux de mots,
comme tous les écrivains orientaux; ses transitions sont brusques.
La prophétie de Michée renferme trois discours commencant tous par
« Ecoutez », 1, 2; nt, 4; vr, 4 : — 1? Châtiment de Samarie et de Juda; 1-11; —
20 Abaissement de Juda; glorification de la maison de Dieu et restauration de
Sion par 16 Messie, m-v; — 3° La voie du salut, vi-vir. — 11 prédit l'invasion de
Salmanasar, 1, 6-8; IV Rois, xvii, 4-6; celle de Sennachérib, r, 9-16; IV .Rois,
xvii, 13; la destruction de Jérusalem, nir, 12 ; vu, 13; la captivité de Babylone,
iv, 10, et le retour, 1v, 1-8; vir, 41; l'établissement du royaume messianique,
iv, 8, et la gloire de Bethléem, v, 2.
(cu. 1.
CHAPITRE PREMIER.
Vengeance du Setgneur sur Samarie et
sur Jérusalem. Ruine de Samarie; dé-
solation de Jérusalem. Avertissements,
reproches, menaces adressés à la mai-
son de Juda.
1. Parole du Seigneur, qui fut
adressée à Michée le Morasthite,
dans les jours de Joathan, d'A-
chaz, et d'Ezéchias, rois de Juda,
parole relative ἃ ce qu'il a vu lou-
chant Samarie et Jérusalem.
2. Ecoutez, vous tous, peuples,
et que la terre soit attentive, ainsi
quesa plénitude; et que le Sei-
eneur Dieu soit témoin contre
vous, le Seigneur du fond de son
temple saint.
3. Parce que voici que le Sei-
gneur sortira de son lieu; et il
descendra et foulera aux pieds
les hauteurs de la terre.
4. Etles montagnes seront con-
sumées sous lui; et les vallées se
fendront e£ disparaitront comme
la cire à la face de la flamme,
comme les eaux qui coulent sur
une pente.
MICHÉE.
2095
5. Tout cela à cause du crime
de Jacob et des péchés de la mai-
son d'Israél. Quel est le crime de
Jacob? N'est-ce pas Samarie? et
quelles sont les hauteurs de Juda?
n'est-ce pas Jérusalem?
6. Etje rendrai Samarie comme
un monceau de pierres qu'on ra-
masse dans le champ, lorsqu'on
plante une vigne; je ferai rouler
ses plerres dans la vallée, et ses
fondements, je les découvrirai.
1. Et toutes ses images taillées
au ciseau seront brisées, et tous
les dons qu'elle a reçus seront
brülés par le feu, et toutes ses
idoles, je les livrerai àla destruc-
lion, parce qu'elles ont été ac-
quises avec les salaires d'une
prostituée, et elles deviendront
le salaire d'une prostituée.
8. Sur cela je me lamenterai,
et je hurlerai; j'irai dépouillé et
nu; je ferai des hurlements com-
me ceux des dragons, et des cris
lugubres comme ceux des autru-
ches :
9. Parce que sa plaie est déses-
pérée, qu'elle s'est étendue jus-
(πάρ. I. 2. Deut., xxxu, 1; Is., 1, 2. — 3. Is., xxvi, 21.
1-16. * 19 Dans le premier discours, 1-1, Michée annonce 16 châtiment des péchés
d'Israël, 1, 2-5, la ruine de Samarie, 6-7; la dévastation de Juda et la transportation
de ses habitants, 8-16, à cause des violences des grands, 10 1-11. Dieu traitera ce-
pendant avec bonté les restes de son peuple, 12-13
1. Le Morasthite ou de Morasthie; bourgade de la tribu de Juda, dans le voisinage
d'Hébron. — Parole relative, etc. Voy. Amos, 1, 1.
5. Samarie, où Jéroboam établit le culte des veaux d'or. — Les hauls lieux; les
montagnes sur lesquelles on sacriliait aux faux dieux. — Jérusalem, d'où l'idolàtrie,
qui y avait été d'abord introduite, s'est répandue dans tout le pays. Compar. 111 Rois,
xiv, 45; xv, 26; IV Rois, xvi, 10; xxii, 4.
6. Comme un monceau, etc. Quand on plantait une vigne dans un terrain pierreux,
on ótait les pierres dont on faisait un tas. Compar. Isaïe, v, 9. Ainsi Samarie sera
réduite en un monceau de pierres qui seront jetées dans la vallée, et à l'endroit
méme qu'elle oecupait, on plantera une vigne.
8. Nu. Voy., sur le vrai sens de ce mot, Isaie, xx, 2. — * Des dragons; en hébreu,
des chaeals, dont l'aboiement, pendant la nuit, est lugubre, comme l'est aussi le eri
de l'autruche. Voir Job, xxx, 29.
9. Sa plaie; la plaie de Samarie, nommée au vers. 5. — Elle s'est étendue jusqu'à
Juda, Aprés avoir désolé le royaume d'Israël, sous les règnes de Phul, de Théglath-
2096
qu'à Juda, elle a pénétré jusqu'à
la porte de mon peupie, jusqu'à
Jérusalem. à
10. Nel'annoncez pas dans Geth,
ne donnez pas un libre cours à
vos larmes; dans la maison de
poussière, couvrez-vous de pous-
siere. |
11. Et passez confuse d'igno-
minie, belle habitation. Elle n'est
pas sortie, celle qui habite sur la
limite; la maison voisine, qui
s'est soutenue, recevra de vous
un sujet de lamentation.
19. Parce qu'elle est devenue
faible pour le bien, celle qui ha-
bite au milieu des amertumes;
parce que le mal est descendu du
MICHÉE.
(cu: 1.]
Seigneur à la porte de Jérusalem.
13. Le bruit du quadrige est un
objet de stupeur pour l'habitant
de Lachis; la source du péché de
la fille de Sion, e'est qu'en toi se
sont trouvés les crimes d'Israël.
14. A cause de cela, elle enverra
des messagers à l'héritage de
Geth; mais c'est une maison de
mensonge pour tromper les rois
d'Israël.
15. Je t'amenerai encore l'héri-
tier, à toi qui habites à Marésa;
jusqu'à Odollam, la gloire d'is-
raél viendra.
16. Coupe ta chevelure, tonds-
toi au sujet des fils de tes délices ;
sois entièrement chauve comme
phalasar et de Salmanasar, les Assyriens s'avancérent dans le royaume de Juda, sous
le règne de Sennachérib, qui vint assiéger Jérusalem.
10. Ne l’annoncez pas, cette prophétie. Le Prophète fait cette recommandation,
pour ne pas donner aux ennemis un sujet de joie. Compar. II Rois, τ, 20, — Gelh;
ville des Philistins. — * Dans lu maison de poussière, traduction du nom propre de
ville que renferme l'hébreu : Beth leaphra, c'est-à-dire la localité appelée ailleurs Ophra,
dans la tribu de Benjamin.
11. Il y a daus le texte hébreu de ce verset plusieurs noms propres de villes qui
forment des paronomases trés élégantes, mais dont l'auteur de la Vulgate a donné
seulement la signification. — Passez; littér., passez pour vous (fransitle vobis); hé-
braisme semblable à la locution des Latins, vade tibi, et à l'idiotisme francais, va-
l'en. Le verbe est au pluriel, parce que son sujet est Aabilation, nom collectif équi-
valent à habitants. — Celle qui habite sur la limile; Samarie, selon saint Jérôme.
Samarie était en effet située sur les confins de la Palestine, du côté des Assyriens.
— La maison voisine; le royaume de Juda, suivant le même saint docteur. — Qui s'est
soulenue (qua stelit sibimet); Juda ἃ subsisté après la ruine de Samarie par les As-
syriens. — Recevra, etc.; en voyant ce qui vous est arrivé.
12. Parce qu'elle, ete. La maison de Juda s'est trouvée trop faible pour. assister
Samarie, plongée elle-méme dans l'amertume. — Le mal, etc.; l'ennemi envoyé par
le Seigneur est venu jusqu'aux portes de Jérusalem.
13. Lachis; ville méridionale de Juda à laquelle Sennachérib s'attaqua avant d'as-
siéger Jérusalem (IV Rois, xvi, 13 et suiv.). — La fille de Sion. Voy., pour le sens
de cette expression, /saie, 1, 8. — C'est qu'en loi; paroles qui s'adressent à la fille de
Sion elle-même. Ce changement subit de personne est très fréquent dans le style
prophétique.
14. L'héritage de Geth; c'est-à-dire, les Assyriens, qui occupaient alors les villes.des
Philistins, ou bien, Mórescheth. de Geth, comme on lit dans l'hébreu. Môrescheth, qui
signifie Aéritage, était une ville qui appartenait à Geth.
15. Marésa; ville de. Juda (Josue, xv, 21, 4&). — L’hérilier, selon l'hébreu; 16 6
porte de méme l'article déterminatif. Or cet héritier est l'Assyrien vainqueur. —
Odollam ; caverne dans la tribu de. Juda (I Rois, xxn, 1); mais il s'agit probablement
ici de la ville de 66 méme nom qu'Eusébe et saint Jérôme mettent à dix milles d'Eleu-
téropolis, vers l'orient. — La gloire d'Israét ; est mis ici par antiphrase pour la honte
et l'ignominie,
16, Coupe (a chevelure; comme la loi (Lévitiq., xix, 21; Deutéron., xiv, 1) défendait
(eu. ποἷ
l'aigle ; parce qu'ils ontété emme-
nés captifs loin de toi.
CHAPITRE 1.
Infidélité des Israélites. Vengeances du
Seigneur sur eux. Promesse de leur
retour de la captivité.
1. Malheur à vous, qui songez
à l'inutile, et qui inventez le mal
sur vos lits ; à la lumiere du ma-
tin ils l'accomplissent, parce que
c'est contre Dieu qu'est élevée
leur main.
9. Et ils ont convoité des
champs, et ils Jes ont pris violem-
ment; et ils ont usurpé des mai-
sons; et ils opprimaient un hom-
me et sa maison ; un autre homme
et son héritage.
3. C'est pour cela, voici ce que
ditle Seigneur : Voici que moi je
prépare pour celte famille un
malheur dont vous ne retirerez
pas vos cous, et vous ne marche-
rez pas en superbes, parce que
c'est un temps trés mauvais.
4. En ce jour-là, vous serez pris
MICHÉE.
2097
pour un sujet de parabole, et
avec un doux plaisir sera chantée
la chanson de ceux qui diront :
Par la désolation nous avons été
ravagés ; la portion de mon peu-
ple a été changée ; comment se
retirera-t-il de moi, puisqu'il re-
vieudra pour partager nos con-
trées ?
ὃ. À cause de cela, il n’y aura
personne qui mette le cordeau de
partage dans l'assemblée du Sei-
gneur.
6. Ne dites point sans cesse : Il
ne répandra pas ses oracles sur
eux, la confusion ne les couvrira
pas.
1. La maison de Jacob dit : Est-
ce que l'esprit du Seigneur a été
raccourci, ou es£-cequwue telles sont
ses pensées? Mes paroles ne sont-
elles pas favorables à celui qui
marche dans la droiture?
8. Mais, au contraire, mon peu-
ple s'est levé en adversaire; de
dessus la tunique, vous avez en-
levé le manteau; et ceux qui pas-
aux Juifs d'user de cette pratique qui était ordinaire aux gentils pour exprimer leur
douleur, le dessein du Prophète n'est pas de leur ordonner d'agir de la sorte; mais
seulement de leur prédire que leur douleur sera excessive, et qu'ils ne pourront trou-
ver des marques de deuil assez vives pour en exprimer la violence. — Comme l'aigle;
qui pendant sa mue perd toutes ses plumes, et tombe dans une sorte de langueur
qui l'empéche de chasser à son ordinaire, et de se faire craindre des autres oiseaux.
1. L'inutile (inutile); le terme hébreu signifie aussi iniquité, injustice; sens qui cou-
vient mieux ici.
2 Ils opprimuient (calumniabantur). Voy., sur ce mot, Jérém., 1, 33.
3. Un malheur, qui sera comme un joug dont vous ne pourrez vous affranchir.
4. Un sujet de parabole. Voy. Jérém., xxiv, 9. — De ceux qui diront comme si vous
le disiez vous-mémes. — À été changée contre la terre de la captivité. — Comment
se relirera-l-il de moi, l'Assyrien qui reviendra au contraire pour s'emparer de nos
terres et les partager entre les siens? Cette réflexion d'un Israélite, laquelle fait partie
de la chanson, s'adresse aux faux prophètes et aux flatteurs qui disaient que les
Assyriens abandonneraient le pays d'Israél, sans y causer un grand dommage.
9. * Le cordeau de partage, la corde qui sert à mesurer pour faire le partage des
héritages.
6. Ne diles point sans cesse; littér., et par hébraisme, disant ne dites point.
1. Telles, etc.; c'est-à-dire, peut-il avoir ces pensées de nous perdre qu'on lui at-
tribue?
8. De dessus, etc. Cela pourrait s'entendre de la cruauté exercée par 105 8
AUD 132
2098
saient de bonne foi, vous les avez
tournés à la guerre.
9. Vous avez chassé les femmes
de mon peuple dela maison de
leurs délices; vous avez enlevé
ma louange à leurs petits enfants
pour jamais.
10. Levez-vous, et allez, parce
qu'il n'y a point de repos ici pour
vous; à cause de son impureté,
cette terre sera corrompue d'une
putréfaction horrible.
11. Plüt à Dieu que je fusse un
homme n'ayant pas l'esprit pro-
phétique, et que je parlasse plu-
tôt mensonge! je te verserai le
vin de la colère de Dieu, et je
lenivrerai; et celui pour qui il
sera versé, sera ce peuple.
12. Je te rassemblerai certaine-
ment tout entier, ὁ Jacob; je réu-
nirai les restes d'Israël; je les
mettrai tous ensemble comme
dans une bergerie, comme un
MICHÉE.
(cu. ut.)
troupeau au milieu de son parc;
une multitude d'hommes y cau-
sera du tumulte.
13. Car celui qui ouvrira le
chemin, montera devant eux:
ils se partageront, et passeront
à la porte et entreront par elle;
et leur roi passera en leur pré-
sence, et le Seigneur sera à leur
téte.
CHAPITRE ΠΙ.
Désordres des princes, des juges, des
prétres et des faux prophétes de Juda
et d'Israél. Menaces contre ces princes
et ces juges. Jérusalem et le temple
seront détruits.
|. Et j'ai dit : Ecoutez, princes
de Jacob, et chefs de la maison
d'Israël : N'est-ce pas à vous de
connaitre ce qui est juste,
2. Vous qui avez en haine le
bien et qui aimez le mal; vous qui
enlevez violemment leur peau de
sur leurs frères habitants de Juda, sous le règne de Phacée, roi d'Israél, et d'Achaz,
roi de Juda (II Paralip., xxvut, 6 et suiv.).
9. Vous avez chassé, etc. Sous le règne d'Achaz, les Israélites ont enlevé de Juda
deux cent mille personnes, tant femmes que filles et petits enfants (II Paralip.,
xxviu, 8). — Vous avez enlevé, etc. Les enfants ainsi emmenés captifs, et dépouillés
de tous les biens qui excitaient leur reconnaissance, ne poussaient que des cris de
douleur et de plainte, au lieu de célébrer les louanges du Seigneur, comme ils le
faisaient dans la tranquillité de leurs maisons.
10. Sera corrompue, etc., étant abandonnée à des idolátries.
11. Le vin ou le calice que Dieu fait boire à ses ennemis, signifie trés souvent sa
colère et sa vengeance. — Ce peuple; le peuple méme d'Israél.
12. Y causera du tumulle, comme lorsqu'un troupeau nombreux vient tout d'un
coup à la porte de l'étable ou du parc. La multitude des Israélites était innombrable
dans les derniers temps de la république des Hébreux.
12, 13. Saint Jéróme et plusieurs interprétes entendent ces deux versets de ia
réunion future des restes d'Israël avec les gentils dans l'Eglise de Jésus-Christ, qui
est lui-méme leur roi et leur Dieu.
1-12. * 2e Dans le second discours, x-v, le Prophète s'étend plus longuement, ut,
sur les péchés des princes, des faux prophétes, des juges iniques et des mauvais
prétres, et il leur prédit la ruine de Sion et du temple; mais il s'étend surtout sur
la promesse du rétablissement d'Israél, iv; elle n'occupait que deux versets dans le
premier discours, n, 12-13; elle remplit 101 les deux chapitres 1v et v. Michée an-
nonce la conversion des Gentils, la naissance du Messie à Bethléem, v, 2, Mat(A., u, 6;
Jean, vir, 42, et le triomphe du peuple de Dieu.
1. Princes, etc. Le Prophète désigne ici les principaux des deux royaumes de Juda
et d'Israël (vers. 9, 10, 12).
2. Leur, leurs; c'est-à-dire, de mon peuple, de Juda et d'Israël (vers. 1, 3).
(en. 1v.]
dessus eux et leur chair de dessus
leurs os?
3. Qui ont mangé la chair de
mon peuple, et ont arraché leur
peau, brisé leurs os, et ils Jes ont
coupés en morceaux comme pour
les faire cuire dans une chaudière,
et comme de la chair qu'on met
dans une marmite.
4. Alors ils crieront vers le Sei-
gneur; mais il ne les exaucera
pas;etilleur cachera sa face en
ce temps-là, à cause de la malice
de leurs inventions.
9. Voici ce que dit le Seigneur
contre les prophètes qui séduisent
mon peuple; qui mordent avec
leurs dents, et prèchent la paix;
si quelqu'un ne leur met pas dans
la bouche quelque chose, ils con-
sacrent contre lui un combat.
6. A cause de cela, vous aurez
pour vision une nuit, et des ténè-
bres pour révélation; et le soleil
se couchera pour les prophètes,
et le jour se couvrira de ténèbres
pour eux.
7. Et ceux qui voient des vi-
sions seront confondus, les de-
vins seront confondus; et tous
se voileront le visage, parce
qu'il n'y a pas de réponse de Dieu.
8. Mais cependant moi j'ai été
rempli de la force de l'esprit du
Seigneur, de sa justice et de sa
vertu, afin que j annonce à Jacob
MICHÉE.
2099
son crime et à Israël son péche.
9. Ecoutez ceci, princes de la
maison de Jacob, et juges de la
maison d'Israël, vous qui abomi-
nez le jugement et perverlissez
tout ce qui est juste;
10. Qui bâtissez Sion avec du
sang, et Jérusalem avec l'iniquité.
11. Ses princes jugeaient pour
des présents, etses prétres ensei-
gnalent pour un salaire, et ses
prophètes prédisaient pour de
l'argent; etils se reposaient sur
le Seigneur, disant : Est-ce que
le Seigneur n'est pas au milieu de
nous? Les maux ne viendront pas
sur nous.
12. C'est pour cela qu'àcause de
vous, Sion comme un champ sera
labourée, et que Jérusalem sera
comme un monceau de pierres, et
la montagne du temple une haute
forét.
CHAPITRE IV.
. Rétablissement de Sion. Concours des
peuples qui y viennent rendre leurs
hommages au Seigneur, Paix dans toute
la terre. Sion et Samarie ramenées de
captivité. Puissance rendue à Sion. Dé-
faite des nations soulevées contre elle.
1. Et il arrivera au dernier des
jours que la montagne de la mai-
son du Seigneur sera préparée sur
lesommet des montagnes, et éle-
vée au-dessus des collines; et des
peuples y afflueront.
Cuae. ΠΙ. 11. Ezéch., xxi, 27 ; Soph., riz, 3. — 12, Jér., xxvi, 18. — (ΠᾺΡ. IV. 4. Is.,
n; 2
4. Inventions ; en hébreu, œuvres, actions
5. Is consacrent; ils préparent. Compar. Jérém., vt, 4.
12. Sion, etc. Cette prophétie a été citée par Jérémie (xxvr, 18). — * S. Jéróme écri-
vait au sujet de cette prophétie : « Nous voyons accompli tout ce qui a été prédit ;
nos yeux nous montrent la vérité de cet oracle et l'aspect des lieux atteste l'exacti-
tude de la prophétie. »
1-3. La prophétie contenue dans ces trois versets se lit daas Isaie (1t, 2, 4), où nous
en avons donné le sens
2100
9. rt beaucoup de nations se
háteront et diront : Venez, mon-
tons à la montagne du Seigneur
et àla maison du Dieu de Jacob ;
et il nous instruira de ses voies,
et nous marcherons dans ses sen-
tiers, parce que de Sion sortira la
loi, et la parole du Seigneur de
Jérusalem.
3. Et il exercera son jugement
sur beaucoup de peuples, et il
châtiera des nations puissantes
jusqu'aux pays lointains, et ils
tailleront leurs glaives en 5005 de
charrue etleurslancesenhoyaux ;
une nation ne prendra pas le
glaive contre une autre nation,
et ils n'apprendront plus à faire
la guerre,
4. Et chacun se reposera sous
sa vigne et sous son figuier, et il
n'y aura personne qui les effraye,
parce que c'est la bouche du Sei-
gneur qui a parlé.
9. Car tous les peuples marche-
ront chacun au nom de son Dieu;
mais nous, nous marcherons au
nom du Seigneur Dieu, jusque
dans l'éternité et au-delà.
6. En ce jour-là, dit le Seigneur,
je rassemblerai celle qui était
boiteuse, et je recueillerai celle
que j'avais rejetée et celle que
j'avais affligée.
1. Je ferai que celle qui était
boiteuse ait des restes, et que
MICHÉE.
[cu. 1v.]
celle qui avait été dans la peine
devienne une nation puissante;
et le Seigneur régnera sur eux,
sur la montagne de Sion, depuis
ce moment jusqu'à jamais.
8. Et toi, tour du troupeau, en-
vironnée de nuages, fille de Sion,
jusqu'à toi viendra, oui elle vien-
dra, la puissance souveraine,
l'empire de la fille de Jérusalem.
9. Pourquoi es-tu maintenant
tourmentée par le chagrin? Est-ce
que tu n'as point de roi, ou ton
conseiller a-t-il péri, puisque la
douleur t'a saisie comme une
femme qui est en travail?
10. Afflige-toi, et tourmente-
toi, fille de Sion, comme une
femme en travail, parce que main-
tenant tu sortiras de la cité, et tu
habiteras dans une région éfran-
gére, et tu viendras jusqu'à Βὰ-
bylone;là, tu seras délivrée; là,
le Seigneur te rachètera de la
main de tes ennemis.
11. Et maintenant se sont ras-
semblées contre toi beaucoup de
nations, qui disent : Qu'elle soit
lapidée, et que notre cil consi-
dere Sion.
12. Mais eux-mêmes n'ont pas
connu les pensées du Seigneur,
etils n'ont pas compris que son
dessein était de les assembler
comme le foin de l'aire.
13. Fille de Sion, leve-toi et
7. Soph., 11, 19; Dan., vrr, 14; Luc, 1, 32.
1. Des vestes; c'est-à-dire, une postérité.
8. Tour du troupeau ; c'est, selon la plupart des interprétes, Jérusalem, ordinaire-
ment appelée fille de Sion, parce qu'elle était au pied et autour de cette montagne;
et selon les mêmes autorités le nom de four du troupeau lui est donné ici, parce qu'on
la considère comme ruinée par les Chaldéens et réduite à l'état des huttes de bergers,
que l'Eeriture nous représente comme les plus chétives habitations (IV Rois, xxvu, 9;
xvi, 8). — Fille de Sion. Voy., sur cette expression, 14016, 1, 8.
13. * Je te poserai une corne de fer, etc. Je te rendrai forte comme un taureau qui
aurait des cornes de fer et un sabot d'uirain.
v.] .8ס]
foule aux pieds £es ennemis ; parce
que je te poserai une corne de
fer, el je te poserai des ongles
d'airain, et tu briseras beaucoup
de peuples, et Lu immoleras au
Seigneur leurs rapines, et leur
puissance au Seigneur de toute
la terre.
CHAPITRE V.
Naissance du Messie. Réprobation des
Juifs. Conversion des gentils. Rappel
des Juifs. Israél délivré de la puissance
des Assyriens. Restes de Jacob exaltés.
L'idolâtrie détruite parmi eux.
1. Maintenant tu seras ravagée,
ville de voleurs; ils ont mis le
siège devant nous; avec la verge
ils frapperont la joue du juge
d'Israël.
2. Er ΤΟΙ, Berazéem Ephrata, tu
es très petit entre les mille de
Juda; de toi sortira pour moi ce-
lui qui doit être le dominateur
en Israël, et sa génération est du
Cap. V. 2. Matt., 11, 6; Jean, vi, 42.
MICHEE.
2101
commencement, des jours de l'é-
ternité.
3. À cause de cela, il les livrera
jusquau jour oü celle qui doit
enfanter enfantera, et les restes
de ses frères se tourneront vers
les fils d'Israël.
4. Et il demeurera ferme, et il
paitra son troupeau dans la force
du Seigneur, dans la sublimité
du nom du Seigneur son Dieu;
etils se convertiront, parce qu'a-
lors il sera glorifié jusqu'aux ex-
trémités de la terre.
5. Et celui-ci sera la paix : lors-
que lAssyrien sera venu dans
notre terre, et qu'il aura foulé
aux pieds /e pavé de nos maisons,
nous susciterons contre lui sept
pasteurs et huit hommes du pre-
mier rang.
6. Et ils gouverneront la terre
d'Assur avec le glaive, et la terre
de Nemrod avec ses propres lan-
ces; et il nous délivrera de l'As-
1. Ce verset est une continuation du précédent, auquel le texte hébreu le rattache.
— * Le sens de l'hébreu est celui-ci : « Maintenant rassemble tes troupes, fille de la
mullitude, » c'est-à-dire, rassemble tes hommes de guerre pour montrer ta force et
te défendre.
2. Ephrata; est l'ancien nom de Bethléhem (Genèse, xxxv, 19; xLvur, 1); ce mot la
distingue d'une autre Bethléhem située dans la tribu de Zabulon. — Trés petit (par-
vulus). Ce masculin qui se lit aussi dans le texte original, forme une exception à la
règle générale suivant laquelle les noms de villes et de pays sont du genre féminin.
Selon saint Jean (vir, 42), ce n'était qu'un bourg. — Entre les mille de Juda. Les Hé-
breux étaient anciennement divisés en diverses classes dont l'une était composée de
mille hommes (Exode, xvii, 21 et suiv.; Deutéron.). Quand saint Matthieu (u, 6) dit
que Bethléhem n'est pas la moindre parmi les principales villes de Juda, il est évident
qu'il ne l'entend pas de son étendue et de sa population, mais bien de son importance,
comme étant le lieu de la naissance du Messie. Il n'est pas moins évident par le pas.
sage de saint Matthieu (rr, 1 et suiv.) qu'au temps de Jésus-Christ, les Juifs eux-mêmes
voyaient le Messie dans la prophétie de Michée. — * Sur Bethléhem, voir la note 2
à la fin du t. IV, p. 658.
5. L'Assyrien est mis ici pour les ennemis en général du peuple de Dieu. — Nous
susciterons; littér., et nous. Voy. sur ce et, Osée, xt, 1, — * Sept pasteurs et huit
hommes, locution qui signifie un grand nombre. ;
6. Ses (ejus), étant au féminin dans l'hébreu, ne peut se rapporter qu'au mot ferre,
qui précède immédiatement. — * Lu terre d'Assur, l'Assyrie dont Ninive était la ca-
pitale. — La terre de Nemrod, la Babylonie, où Nemrod commenca à régner (Genèse,
> SE LUE
2102
syrien, lorsqu'il sera venu dans
notre terre, et qu'il aura foulé
aux pieds 16 so/ de nos confins.
1. Et les restes de Jacob seront
au milieu de beaucoup de peuples
comme la rosée du Seigneur,
comme des gouttes sur l'herbe,
qui n'attend pas un homme, et
n'espere pas dans les fils des
hommes.
8. Et les restes de Jacob seront
parmi les nations, et au milieu
de beaucoup de peuples, comme
un lion parmi les bétes des foréts,
comme 16 petit d'un lion parmi
les troupes de menu bétail; lors-
qu'il a traversé wn troupeau, et
foulé aux pieds, et ravi sa proie, il
n'y a personne qui /a lui arrache.
9. Ta main s'élévera sur ceux
qui te combattent, et tous tes en-
nemis périront.
10. Et il arrivera en ce jour-là,
dit le Seigneur, j'enlèverai les
chevaux du milieu de toi, et je
briserai tes quadriges.
11. Et je ruinerailes cités de ton
pays, et je détruirai toutes tes
fortifications; j'enlèverai les ma-
léfices de ta main, et il n'y aura
plus de divinations dans toi.
VI. 3. Jérém., 11, 5. .פאז
MICHÉE.
[cH. vi."
12. Et je ferai périr tes images
taillées au ciseau et les statues du
milieu detoi, et tu n'adoreras plus
les ouvrages de tes mains.
13. Et j'arracherai tes bocages
du milieu de toi, et je briserai tes
cités.
14. Et j'exercerai dans 200 fu-
reur et dans 270% indignation la
vengeance sur toutes les nations
qui ne m'ont pas écouté.
CHAPITRE VI.
Ingratitude des 1898611168. Moyens de
plaire au Seigneur. Infidélités des ls-
raélites. Vengeance du Seigneur sur
eux.
1. Ecoutez ce que dit le Sei-
eneur : Lève-toi, plaide contre les
montagnes, et que les collines en-
tendent ta voix.
2. Que les montagnes écoutent
le jugement du Seigneur, ainsi
que les fermes fondements de la
terre; car le Seigneur a une dis-
cussion avec son peuple, et avec
Israël il entrera en jugement.
3. Mon peuple, que t'ai-je faitou
en quoiai-je été fácheux pourtoi?
réponds-moi.
4. Est-ce parce que je t'ai retiré
1. * La vosée,... qui n'atlend pas un homme, mais vient du Seigneur et conserve en
Palestine par son abondance les fruits de la terre, durant la saison d'été où il ne
tombe pas de pluie.
1. et suiv. * 39 Le troisième discours, vi-vir, est un dialogue entre Dieu et son peuple;
il dépeint d'une manière dramatique quelle a été l'ingratitude de ce dernier, Le Pro-
phéte, vr, 1-2, annonce la discussion ; 3-5, Dieu rappelle à Israél les bienfaits dont il
l'a comblé ; 6-7, le peuple, ne pouvant nier son infidélité, demande comment il pourra
désarmer la colère divine ; 8, Michée lui montre la voie du salut et lui répond que
z'est en faisant le bien; 9-16, malheuraux enfants de Jacob s'ils continuent à vivre dans
l'injustice, le châtiment sera terrible! Après avoir proféré cette menace, que le Sei-
zneur l'a chargé de faire entendre en son nom à Juda, le Prophéte demande à Dieu
pardon pour les coupables, vir, 1-14. Dieu se laisse toucher, il promet de renouveler
les merveilles d'autrefois, 15-17, et Michée termine en le remerciant de sa bonté et
de sa miséricorde, 18-20.
4. Marie était la sœur de Moïse.
(cn. vi.]
de la terre d'Egypte, et queje t'ai
délivré d'une maison d'esclaves,
et que j'ai envoyé devant ta face
Moise, Aaron et Marie?
5. Mon peuple, souviens-toi, je
te prie, de ce que pensa Balach,
roi de Moab, et de ce que lui ré-
pondit Balaam, fils de Béor, de-
puis Sétim jusqu'à Galgala, afin
que tu reconnusses les justices du
Seigneur.
6. Qu'offrirai-je de digne au Sei-
gneur? fléchirai-je le genou de-
vant le Dieu très haut? Est-ce que
jelui offrirai des holocaustes et
des génisses d'une année?
7. Est-ce que le Seigneur peut
étre apaisé avec mille béliers ou
avec beaucoup de milliers de
boues engraissés? Est-ce que je
donnerai mon premier-né pour
mon crime,et le fruit de mes en-
irailles pour le péché de mon
âme?
8. Je t'indiquerai, ó homme, ce
qui est bon, etce que ie Seigneur
demande de toi : C'est de prati-
quer la justice, d'aimerla miséri-
corde et d'étre vigilant à marcher
avec ton Dieu.
9. La voix du Seigneur crie à
MICHÉE. 2105
la cité, et le salut sera pour ceux
qui craignent votre nom : Ecou-
tez, ὃ tribus; mais qui approuvera
cela?
10. Les trésors de liniquité
sont encore un feu dans la mai-
son de limpie, et la petite me-
sure est pleine de la colere dw
Seigneur.
11. Est-ce que je jusüfierai une
balance impie et les poids trom-
peurs du sachet?
19. Cest par ees moyens que
ses riches se sont remplis d'ini-
quité, et ses habitants parlaient
mensonge, et leur langue était
frauduleuse dans leur bouche.
13. Et moi donc j'ai commencé
à te frapper de perdition à cause
de tes péchés.
14. Tu mangeras, et ne seras
pas rassasié; et ton humiliation
sera au milieu de toi; tu saisiras,
et ne sauveras pas; et ceux que
tu auras sauvés, je les livrerai au
glaive.
15. Tu semeras et ne moisson-
neras pas; tu presseras l'olive, et
tu ne toindras pas d'huile, tu
feras du moüt, et ne boiras pas
de vin.
5. Nomb., xxi, xxi, — 15. Deut., xxvir, 38; Agg., 1, 6.
5. De ce que pensa; des desseins, etc. Voy. Nombr., xxu, xxiv. — Sélim, lieu où les
Israélites se livrérent à l'idolàtrie avec les Moabites. — Galgala, le premier campe-
ment des Israélites dans la terre de Chanaan (Josué, 1v, 19). — * Sétim, sur les bords
du Jourdain, à l'est, prés de son embouchure dans la mer Morte, était vis-à-vis de
Galgala et de Jéricho.
8. Marcher, etc.; hébraisme, pour se conduire d'une manière irréprochable, parfai-
tement conforme à la volonté divine.
9. La cité, Jérusalem ou Samarie, capitale du royaume d'Israél; car il parait, par
le vers. 16, que la prophétie contenue dans ce chapitre regarde les dix tribus. —
Qui approuvera cela: qui est-ce qui recevra avec soumission la parole du Seigneur?
10. La petite mesure. Voy. Amos, vin, 5.
. 11. Anciennement, chez les Hébreux, chacun portait sur soi un sachet dans leque]
étaient des pierres qui servaient de poids pour peser l'argent.
12. Ses riches; les riches de Jérusalem, ou de Samarie, Voy. vers. 9,
13. Dans ce verset et les suivants Dieu s'adresse à Samarie,
14. Tu saisiras; tu prendras tes enfants entre tes bras.
2104
16. Ft tu as gardéles préceptes
d'Amr et toutes les œuvres de
la maison d'Achab, et tu as mar-
ché dans leurs volontés, afin que
je te livre à la ruine, et ses ha-
bitants au sifflement; l'opprobre
de mon peuple, vous le porterez.
CHAPITRE VII.
Petit nombre des justes dans la maison
de Jacob. Vengeances du Seigneur. At-
tente de ses miséricordes. Ruine de
Babylone. Rétablissement d'Israël et
de toute la maison de Jacob. Merveilles
de leur délivrance.
1. Malheur à moi, parce que je
suis devenu comme celui qui re-
cueille en automne des grappes
deraisins oubliées pendantla ven-
dange ; 11 n'y a pas une grappe à
manger; mon âme a désiré quel-
ques figues précoces.
2. Le sainta disparu de la terre,
il n'y a pas un juste parmi les
hommes; tous tendent des pieges
dans le sang; l'homme fait une
chasse à mort à son frère.
3. Ils appellent bien le mal de
leurs mains; le prince demande,
etle juge est pour la rétribution,
et le grand a dit le désir de son
âme, et ainsi ils ont troublé la
terre.
CHAP. VII. 6. Matt., x, 35, 36.
MICHÉE.
[cg. vir.]
4. Celui qui estle meilleur d'en-
tre eux est comme un paliure, et
celui qui est juste, comme l'épine
d'une haie. Le jour de ton ins-
pection, ta visite est venue; alors
sera leur désolation.
9. Ne croyez pas à un ami, et
ne vous confiez pas à un guide;
pour celle qui dort près de toi,
ferme la porte de ta bouche.
6. Le fils fait outrage à son
père, et la fille s'élève contre sa
mère, la belle-fille contre sa belle-
mère; les ennemis de l'homme
sont ses serviteurs.
7. Mais moi, je porterai mes
regards sur le Seigneur, j'atten-
drai le Dieu mon. Sauveur; mon
Dieu m'écoutera.
8. Ne te réjouis pas sur moi,
mon ennemie, parce que je suis
tombée; je me relèverai lorsque
je me serai assise dans les téne-
bres, le Seigneur est ma lumiere.
9. Je porterai la colere du Sei-
gneur, parce que j'ai péché contre
lui, jusqu'à ce qu'il juge ma cause
et qu'il accomplisse mon juge-
ment : il me fera sortir à la lu-
miére, je verrai sa justice.
10. Et mon ennemie verra et
sera couverte de confusion, elle
qui me dit : Où est le Seigneur
16. Amri, roi d'Israël, et Achab son fils, furent de trés méchants princes (III Rors,
xvi, 25 et suiv.). — Au sifflement; c'est-à-dire, à la risée.
1. * Figues précoces, les premières figues, qui sont excellentes.
3. Le mal de leurs mains; le mal qu'ils font. — Le prince demande, exige des choses
injustes. — Le juge est pour la rétribution (Judex in reddendo est), se fait rétribuer,
exige des présents de ses clients. Compar. nr, 11. Pour cette interprétation qui paraît
la plus simple et la plus conforme au texte hébreu, il faut supposer que reddendo a
ici le sens passif. Or ce n'est pas le seul cas où le gérondif en latin se trouve employé
dans ce sens. — 3. La terre; le pays. Le pronom féminin eam se rapporte à ferre
(ferra) du verset précédent.
4. Ta visite; c'est-à-dire, ta punition, ton châtiment. — Leur désolation; la désola-
tion du prince et du juge, mentionnés au verset précédent.
8. Ne te réjouis pas, etc.; c'est Samarie qui parle à Babylone,
[cH. vir.]
ton Dieu? Mes yeux la verront;
alors elle sera foulée aux pieds
comme la boue des places pu-
bliques.
11. Le jour oü les murs de cló-
ture seront bátis, en ce jour-là
s'éloignera de 707 la loi.
19. En ce jour-là, on viendra
d'Assur et jusqu'à toi et jusqu'à
tes cités fortifiées; et des cités
fortifiées jusqu'au fleuve, et d'une
mer à l’autre mer, et de la mon-
tagne jusqu'à la montagne.
13. Et la terre sera désolée à
cause de ses habitants et à cause
du fruit de leurs pensées.
14. Seigneur, paissez avec vo-
ire verge votre peuple, le trou-
peau de votre héritage, qui de-
meure seul dans la forét, au mi-
lieu du Carmel; ils paitront en
Basan et en Galaad, comme aux
jours anciens.
15. Comme aux jours de ta sor-
tie de la terre d'Egypte, je lui
ferai voir des merveilles.
16. Des nations verront, et se-
18. Jér., x, 6; Actes, x, 43.
MICHÉE.
2105
ront confondues avec toute leur
puissance; elles mettront la main
sur Jeur bouche, et leurs oreilles
seront assourdies.
17. Elles lécheront la poussière
comme les serpents; comme les
reptiles de la terre, elles seront
fortement troublées dans leurs
demeures; elles redouteront le
Seigneur notre Dieu, et elles te
craindront, ὁ 1sraël.
18. Quel Dieu est semblable à
vous, qui Ôtez l'iniquité, et passez
sous silence le péché du reste de
votre héritage? il n'enverra plus
désormais sa fureur, parce qu'il
veut la miséricorde.
19. Il reviendra, etil aura pitié
de nous; il laissera de cóté nos
iniquités, et il jettera dans le
profond de la mer tous nos pé-
chés.
20. Seigneur, vous accomplirez
votre vérité envers Jacob, votre
miséricorde envers Abraham ; ce
que vous avez juré à nos pères
des les jours anciens.
11. S'éloignera, etc.; tu seras affranchie de la loi du vainqueur.
12. D'une mer, etc. Ces deux mers sont probablement la Méditerranée à l'occident
et la mer Morte à l'orient. — De la montagne, etc., c'est-à-dire, depuis les montagnes
de l'Arabie Pétrée jusqu'à celles du Liban au septentrion. — * Au lieu de cités forti-
fiées, l'hébreu porte : cités d'Egyple. — Jusqu'au fleuve de l'Euphrate.
14. Le troupeau, etc.; ce sont les Israélites revenus de la captivité. Affranchis de la
captivité de leurs ennemis, capables de se soutenir seuls et sans le secours d'autrui, il:
paissent en liberté et sans crainte au milieu de leur pays, et dans la fertilité du
Carmel. — * Basan. Noir Nomór., xxi, 34. — Galaad. Voir Nombr., xxxi, 1.
16. * Elles mettront la main sur leur bouche pour marquer que l'étonnement 1
l'admiration les rendent muettes.
17. * Lécher la noussiére, c'est ramper.
NAHUM
INTRODUCTION
Nahum (consolation ou celui qui console), le septième des petits prophètes,
était originaire d'Elgósch, petit village de Galilée. Il prophétisa contre Ninive,
avec une telle vivacité de couleurs, que plusieurs critiques ont cru qu'il avait vu
de ses yeux la capitale de l'Assyrie, ce qui est néanmoins fort peu probable. Il
vivait en Palestine, et il écrivait aprés la ruine du royaume des dix tribus et
l'invasion de Sennachérib. La date de son livre, qui a été contestée jusque dans
ces derniers temps, nous est maintenant donnée d'une maniére certaine par les
documents assyriens. Il fut rédigé peu aprés la: ruine de la ville de No Amon,
c'est-à-dire Thèbes, appelée dans la Vulgate Alexandrie, mr, 8; or cet événe-
ment eut lieu vers l'an 665 av. J.-C. — L'authenticité dela prophétie de Nahum
est admise par tout le monde.
Nahum avait une imagination vive et riche, son style, malgré quelques em-
prunts aux écrivains antérieurs, se distingue par son originalité ; il est remar-
quable par sa pureté et sa clarté.
La prophétie de Nahum porte le titre de Massá, malheur accablant, comme les
prophéties d'Isaie contre les nations étrangères. Elle annonce la ruine de Ninive
et de la puissance assyrienne, qui non seulement avait anéanti Samarie, ri, 2,
mais avait aussi profondément abaissé Juda, τ, 9, 11, 12. Ninive est alors dans
tout l'éclat de sa gloire, 1, 12; 11, 41-12; πὶ, 9; mais à cause de ses péchés, ri,
1, 4, elle périra, 1, 13; 11, 10; ur, 7.
Nahum divise son oracle en trois parties, 1, 1-14; τ, 15-11; m. La première fait
connaitre le jugement que Dieu a prononcé contre la capitale de l'Assyrie; la
seconde, la prise, le pillage et la destruction de cette ville; la troisiéme, ses
crimes et sa ruine irréparable. Cette prédiction a été si littéralement accom-
plie que jusqu'en l'année 1842, on a ignoré jusqu'à l'emplacement qu'avait
occupé Ninive.
(cu. 1.]
CHAPITRE PREMIER
Prophétie contre Ninive. Le Seigneur est
juste, puissant et terrible dans ses
vengeances. ll protège ceux qui espè-
rent en lui. Ruine de Ninive. Défaite
des Assyriens. Délivrance de Juda.
1. Malheur accablant de Ninive :
Livre de la vision de Nahum I El-
céséen.
2. C'est un Dieu jaloux et qui se
venge, le Seigneur; le Seigneur
se venge, et il a de la fureur; le
Seigneur se venge de ceux qui le
combattent, et il se met en colère
contre ses ennemis.
3. Le Seigneur est patient et
grand en puissance ;il ne fera pas
pur et innocent wn coupable. Le
Seigneur, ses voles sont dans la
tempéte, et les tourbillons, et les
nuées sont la poussiere de ses
pieds.
4. Il gourmande la mer et il la
desseche; et il convertit tous les
lleuves en un désert. Le Basan et
le Carmel ont langui, et la fleur
du Liban s'est flétrie.
9. Lesmontagnes ont été ébran-
lées par lui, et les collines ont été
désolées,etla terre a tremblé de-
NAHUM.
2107
vant sa face, ainsi que le globe et
tous ceux qui l'habitent.
6. Devantlaface de son indigna-
tion qui subsistera? et qui résis-
tera devantla colere de sa fureur?
Son indignation s'est répandue
comme 16 feu; les rochers ont été
dissous par lui.
7. Bon est le Seigneur, il forti-
fie au jour de la tribulation, il sait
ceux qui espèrent en lui.
8. Et par un déluge qui passera,
il consommera laruine de ce lieu,
et ses ennemis, des ténèbres les
poursuivront.
9. Que méditez-vous contre le
Seigneur? il consommera lui-mé-
me la ruine; et il n'y aura pas lieu
a une double tribulation.
10. Parce que comme des épi-
nes s'entrelacent, ainsi est leur
festin, quand ils boivent ensem-
ble; ils seront consumés, comme
une paille entierement seche.
11. Detoi sortira celui qui pense
le mal contre le Seigneur, qui
dans son esprit médite la prévari-
cation.
12. Voici ce que dit le Seigneur :
S'ils sont complets, et par là-mé-
me nombreux, ils subiront des
———————————————
1. Malheur accablant. Voy., sur cette expression, Isaie, xus, 1. — L'Elcéséen; c'est-
à-dire, d'Eleés ou Elcésé, village de Galilée, selon Eusébe et saint Jérôme. — * Ninive,
Voir Jonas, 1, 2.
3. Il ne fera pas, ete.; littér., purifiant, il ne fera pas innocent, et selon l'hébreu :
vurifiant, il ne purifiera pas, c'est-à-dire, il ne laissera pas 16 crime impuni.
4.* Basan. Voir la note sur Nomór., xxi, 33. — Le Carmel et le Liban sont nommés
avec Basan à cause de leur riche végétation.
6. La colére de sa fureur. Voy. sur cette expression, Jérémie, 1v, 8.
8. Par un déluge, etc. Dans l'Ecriture, le déluge, l'inondation se prend souvent pour
un fléau terrible, telle que l'invasion d'un ennemi qui ravage et détruit tout. Mais
rien n'empéche de l'entendre ici à la lettre d'une inondation réelle du Tigre sur
lequel Ninive était située.
10. Comme des épines, etc. Lorsque le feu prend à des épines bien entrelacées, tout
est consumé, de maniére qu'on n'en puisse sauver la moindre partie; ainsi en sera-
t-il des Assyriens réunis ensemble dans leurs festins.
12. Complets; c'est le vrai sens du latin perfecti, expliqué par l'hébreu. — Subiront
des retranchements; littér., seront tondus; figure employée aussi par Isaie (vri, 20), en
parlant des Assvriens.
2108
retranchements, et chacun d'eux
passera; je t'ai affligé, mais je ne
t'affligerai plus.
13. Et maintenant je briserai sa
verge en l'éloignant de ton dos,
et je romprai tes liens.
14. Et le Seigneur donnera ses
ordres à ton sujet, on ne semera
plus en ton nom; du temple de
lon Dieu je détruirai limage
taillée au ciseau, et la statue
jelée en fonte, j'en ferai ton sé-
pulcre, parce que tu t'es désho-
noré.
15. Voici sur les montagnes les
pieds de celui qui évangélise et
annonce la paix ; célebre, ὁ Juda,
tes fêtes, et acquitte tes vœux;
parce que Bélial ne passera plus
à l'avenir au milieu detoi;ilapéri
tout entier.
CHAPITRE II. .
Le Seigneur prend la dé'ense de la mai-
son de Jacob, et exerce ses vengeances
sur les Ninivites. Prise, désolation,
ruine de Ninive.
1. Il monte, celui qui ravagera
CuaP. I. 15. Is., ru, 7; Rom., x, 15.
NAHUM.
[cn. 11.)
devant toi, qui maintiendra le
siege; considère la voie, affermis
tesreins,augmente extrémement
taforce. ——
2. Parce que le Seigneur a réta-
bli la gloire de Jacob et la gloire
d'Israél; parce que les dévasta-
teurs les ont dispersés et ont gâté
leurs rejetons.
3.Le bouclier de ses braves est
de feu, les hommes de l'armée
sont vétus d'écarlate; les cour-
roies de son char sont de feu, au
jour desa préparation au combat,
et ceux quile conduisent se sont
assoupis.
4. Sur les routes ils sont allés
sans ordre; les quadriges se sont
heurtés au milieu des places pu-
bliques; leur aspect était comme
des lampes, comme des éclairs
sillonnant /es nues.
8. Il se souviendra de ses bra-
ves; ils tomberont dans leurs
marches; ils monteront rapide-
ment sur ses murs, et il Jeur sera
préparé un abri.
6. Les portes desfleuves ont été
13. En l’éloignant est évidemment sous-entendu. Compar. Osée, 1, 2.
14. On ne sèmera, etc.; c'est-à-dire, ton nom ne sera pas perpétué parmi tes des-
cendants, tu n'auras pas de postérité; ou bien, selon d'autres, le bruit de ton nom
ne se répandra plus à l'avenir, on ne sémera plus de nouvelles effrayantes à ton sujet.
15. Voici sur les montagnes, etc. Voy. Isaie, ut, 7. — Bélial, le roi d'Assyrie, dési-
gné ici par ce mot. Voy. II Corinth., vi, 15. — Ne passera plus; littér., n'ajoutera pas
à passer. Voy. sur cet hébraisme, t. Il, p. 342, 2e. — Tout entier (universus); c'est-à-
dire, avec tout son peuple.
9. La gloire, la grandeur ; c'est le sens du latin superbiam, expliqué par l'hébreu,
3. Se sont assoupis; par la confiance qu'ils avaient dans la force de leurs armes. —
* « Qu'y a-t-il, dans l'antiquité profane, de comparable à Nahum voyant de loin en
esprit tomber la superbe Ninive sous les efforts d'une armée innombrable? On croit
voir cette armée, on croit entendre le bruit des armes et des chariots; tout est
dépeint d'une maniére vive qui saisit l'imagination : il laisse Homére loin derriére
lui. » (FÉNELON.)
4. Sur les roules, etc.; ils sont venus en si grand nombre qu'ils n’ont pu garder
aucun ordre dans leur marche, et que lorsqu'ils sont entrés dans quelque ville, leurs
zhariots n'ont pu passer librement dans les rues.
6, 8. Voy. sur les mots /leuves, piscine d'eaux, 1, 8. — * Une inscription de Senna-
(cu. ur.)
ouvertes, et le temple ἃ été ren-
versé par terre.
7. Et le soldat a été emmené
captif, et ses servantes étaient
conduites, gémissant comme des
colombes et murmurant dans
leurs cœurs.
8. Et Ninive, ses eaux étaient
comme une piscine d'eaux ; mais
eux ont pris la fuite : arrétez, ar-
rétez, et il n'est personne qui re-
vienne.
9. Pillez l'argent, pillez l'or; et
ses richesses en toute sorle de
choses précieuses sont sans fin.
10. Ninive a été dévastée, dé-
chirée, mise en pièces, et le cœur
s'est fondu, et 1 y a eu faiblesse
dansles genoux, défaillance dans
tous les reins; et les faces d'eux
tous étaient comme le noir d'une
marmite.
11. Où est nive, demeure des
lions, et propre au páturage des
petits des lions, vers laquelle allait
le lion, afin d'y entrer, ainsi que
le petit du lion, etil n'y a personne
qui l'épouvante.
49. Le lion a ramassé suffisam-
ment pour ses petits, et a égorgé
pour ses lionnes ; et il a rempli de
NAHUM.
2109
proie ses tanières, et son repaire
de rapine.
13. Voici que moi je viens à toi,
dit le Seigneur des armées, et
je mettrai le feu à tes quadriges,
et je les réduirai en fumée, et le
glaive dévorera tes lionceaux ; et
j'exterminerai de laterre ta proie,
et l'on n'entendra plus la voix de
les messagers. [
CHAPITRE Ill.
Crimes de Ninive; vengeances du Sei-
gneur sur elle. Exemple qui lui est
proposé dans la désolation de No-
Ammon. Désolation et ruine de Ninive.
1. Malheur, cité de sang, tout
entière au mensonge, pleine de
brigandages; la rapine ne te quit-
tera pas.
2. Voix du fouet et voix de l'im-
pétuosité de la roue, et du cheval
qui frémit, du quadrige brülant,
et du cavalier qui monte;
3. Et du glaive brillant, et dela
lance étincelante, et de la multi-
tude tuée, et de la ruine cruelle;
et les cadavres sont sans fin, et
ils tomberont sur leurs corps
morts.
4. À cause dela multitude des
69. III. 1. Ezéch., xxiv, 9 ; Habac., 11, 12.
chérib, dite de Bellino, parle des dégàts et des dévastations produites par une inon-
dation dans un palais royal de Ninive. — Ouvrir les portes des fleuves, c'est en rompre
les digues et donner aux eaux libre carrière, L'historien syrien Barhébræus dit que
lorsque le perse Arbace prit la ville, il brisa les portes du Tigre et inonda ainsi
Ninive.
11. Propre au páturage; le mot pascua est ici le féminin de l'adjectif pascuus,
comme le prouve le relatif suivant, laquelle (quam), qui représente lui-méme le sub-
stantif Ninive.
13. J'exterminerai, etc.; je ferai que tu ne pourras plus ravir de proie sur la terre,
ou bien, j'enléverai de ton pays tout ce que tu as pris aux autres. — L'on n'entendra
plus, etc.; allusion au discours impie et menaçant de Rabsacès, messager de Senna-
chérib. Voy. IV Rois, xviu, 17 et suiv.; IL Paralip., xxxu, 9 et suiv.; [saie, xxxvi, 2
et suivant.
1. De sang; littér., et par hébraisme, de sangs. Voy. Ezéch., xxu, 2.
3. Sans fin; sans nombre. — 1/9 tomberont, etc., c'est-à-dire, les soldats tomberont
et ne pourront pas avancer, faut sera grand le nombre des corps morts des Ninivites,
2110 NAHUM.
fornications de lacourtisane, belle
et gracieuse, et possédant l'art
des maléfices, laquelle a vendu
des peuples par ses fornications,
et des nations par ses maléfices;
9. Voici que moi je viens vers :
toi, dit leSeigneur des armées, et
je découvrirai ta honte à ta face,
et je montrerai à des nations ta
nudité, et à des royaumes ton
ignominie.
6. Et je jetterai sur toi £es abo-
minations, et je te couvrirai d'in-
famie, et je ferai de toi un exem-
ple.
1. Et il arrivera que quiconque
te verra se retirera de toi, et dira :
Elle a été dévastée, Ninive; qui
secouera la téte sur toi? oü cher-
cherai-je un consolateur pour toi?
8. Est-ce que tu es meilleure
qu'Alexandrie des peuples, qui
habite au milieu des fleuves, en-
vironnée d'eaux; dont les ri-
chesses sont la mer, et les eaux
les murs?
9. L'Ethiopie éfait sa force,
δ, πὶ. ΧΟΝΤΙ, Ὁ»
(cu. ui. |
ainsi que l'Egypte, et il n'y a pas
de fin ; l'Afrique et la Libye sont
venues à ton secours, ὁ Alezan-
drie. |
10. Et cependant elle-même a
été emmenée en exil et en capti-
vité; ses petits enfants ont été
écrasés à l'entrée de toutes les
rues; el sur ses hommes illustres
on a jeté le sort, ettous ses grands
ont été chargés d'entraves.
11. Et toi aussi, Ninive, tu seras
done enivrée, et tu seras mépri-
sée;et tu demanderas du secours
à un ennemi.
12. Toutes tes fortifications se-
ront comme des figuiers avec des
figues précoces; s'ilssontsecoués,
elles tomberont dans la bouche de
celui qui les mangera.
13. Voilà ton peuple, ce sont des
femmes au milieu de toi;les por-
tes de ta terre seront tout ou-
vertes à tes ennemis; un feu dé-
vorera tes verroux.
14. Puise de leau, à cause du
siege; consiruis tes fortifications;
7. Qui secouera, etc.; qui aura compassion de toi? Comme nous l'avons déjà remar-
qué (Job, xvi, 5), mouvoir, ou secouer la téte sur quelqu'un signifie tantôt se moquer,
tantôt avoir compassion de lui. Or c'est dans le dernier sens que cette expression doit
se prendre ici. ,
8. Alexandrie des peuples; pleine de peuple, populeuse. — * Le texte original porte
No-Amon, c'est-à-dire Thébes, au lieu d'Alexandrie. Saint Jéróme, ignorant quelle
ville désignait No-Amon, crut qu'il s'agissait, non pas d'Alexandrie, qui n'existait
pas du temps de Nahum, mais d'une ville qui aurait fleuri antérieurement à la méme
place. Thèbes, capitale de la Haute-Egypte, au milieu des eaux du Nil, fut saccagée
du temps de Nahum par les Assyriens. Le roi de Ninive, Assurbanipal, ayaut
battu les troupes du roi d'Egypte, Urdaman, successeur de Tharaca, dans les envi-
rons de Memphis, Urdaman se retira à Thébes. L'armée assyrienne l'y poursuivit et
mit au pillage cette riche cité, le pharaon s'étant enfui à l'approche des ennemis,
vers l'an 665.
9. Π| m'y a pas de fin à énumérer les autres nations qui pouvaient être ses auxiliaires,
— * L'Ethiopie était sa force. Tharaca, père d'Urdaman, avait été d'abord roi d'Ethio-
pie et avait uni ce pays à l'Egypte. — L'Afrique, en hébreu Put, en égyptien Punt,
contrée d'Arabie, selon les uns; la côte de Somal, selon les autres. — La Libye, à
l'ouest de l'Egypte.
13. Tout ouvertes; littér., et par hébraisme, par l'ouverture elles seront ouvertes.
14.* Fais de la brique; les murs et les maisons de Ninive étaient en briques.
[c. τπΆ
entre dans l'argile, et foule-/a aux
pieds; en la mettant en couvre,
fais de la brique.
15. Là, un feu te consumera ;
tu périras par le glaive, il te dé-
vorera comme le bruchus; ras-
semble-toi comme le bruchus;
multiplie-toi comme la saute-
relle.
16. Tu as fait plus de trafics qu'il
n'y a d'étoiles au ciel; lebruchus
s'est répandu et envolé.
11. Tes gardes sont comme des
sauterelles, et tes petits enfants
comme les sauterelles des saute-
relles qui se posent dans les haies
NAHUM.
2111
dans un jour de froid; le soleil
s'est levé, et elles se sont envolées
et on ne connaît pas la place où
elles ont été,
18. Ils se sont endormis, tes pas-
teurs, ὃ roi d'Assur, tes princes
seront ensevelis dans le sommeil;
ton peuple s'est caché dans les
montagnes et il n'y apersonne qui
le rassemble.
19. Ta blessure n'est pas cachée,
sa plaie est très maligne; tous
ceux qui ont appris des nouvelles
de toi ont frappé des mains à ton
sujet; car sur qui ta malice ne
5. est-elle pas toujours portée?
11. Les sauterelles des sauterelles, les petits des sauterelles, les jeunes sauterelles.
19. * Ninive succomba vers l'an 606 sous les coups des Mèdes et des Babylonicas
réunis, et elle ne s'est jamais relevée de sa ruine.
en tn SO om)
HABACUC
INTRODUCTION
dabacuc, le huitième des petits prophètes, était de la tribu de Lévi. C'est
tout ce que nous savons d'authentique sur sa personne. Sa prophétie n'est point
datée, mais, d'aprés le contenu, nous voyons qu'elle est antérieure à l'invasion
des Chaldéens en Palestine, r, 6. Cette invasion est annoncée comme prochaine,
1, δ; c'est par conséquent entre l'an 650 et l'an 627 qu'a prophétisé Habacuc.
Il a écrit dans une forme poétique trés régulière. Sa prière, nr, est une com-
position sans rivale pour la hardiesse de la conception, la sublimité de la pen-
sée et la majesté de la diction. — L'authenticité de son livre est hors de
contestation.
La prophétie d'Habacuc se divise en deux parties. — 1^ La première, 1-11, est
an dialogue entre Dieu et le prophète, annonçant le châtiment de Juda par les
Chaldéens, 1, et puis la ruine des Chaldéens eux-mêmes, 11. Habacuc se plaint
des succés des Juifs impies, 1, 2-4. Le Seigneur lui répond qu'il va armer contre
eux les Chaldéens. Ceux-ci, néanmoins, se rendront coupables à leur tour,
parce qu'ils attribueront leur victoire, non à lui, mais à leurs idoles, 5-11. Le
prophète intercéde alors pour son peuple, afin que Dieu en ait pitié quand il
l'aura châtié, 12-17. Dieu annonce que les Chaldéens périront ; il prononce cinq
fois Malheur contre eux, 11, à cause de leurs cinq principaux crimes : 1? Leur
insatiable ambition, 6-8; 2° leur cupidité, 9-11; 3° leur cruauté, 12-14; 4° leur
ivrognerie, 45-17, et 5° leur idolátrie, 18-20. — La seconde partie, ri, contient
une prière d'Habacue en faveur de Juda; il implore la miséricorde céleste, 2; il
décrit la majesté de Dieu qui vient juger le monde, 3-15; il tremble d'abord
devant lui, 16-17, mais le sentiment de la confiance l'emporte et il termine par
des accents d'espérance et de joie, 18-19.
(cu. 1.]
CHAPITRE PREMIER.
Plaintes du prophète sur les iniquités de
Juda. Vengeances du Seigneur exercées
sur les Chaldéens. Chàtiment de Nabu-
chodonosor. Dieu ne laisse pas l'oppres-
sion impunie.
1. Malheur accablant qu'a vu
Habacuc, le prophete.
2. Jusques à quand, Seigneur,
crierai-je et vous ne m'exaucerez
pas, jusques à quand élèverai-je
ma voix avec force vers vous,
souffrant violence, et vous ne me
sauverez pas?
| 3. Pourquoi m'avez-vous mon-
tré l'iniquité et la peine, pourquoi
avez-vous fait voir la rapine et
l'injustice devant moi? 11 y a eu
jugement, mais l'opposition a été
plus puissante.
4. A cause de cela, la loi a été
déchirée, etle jugement n'est pas
parvenu à l'exécution, parce que
l'impie prévaut contre le juste;
c'est pourquoi il sort de la une
décision injuste.
5. Jetez les yeux sur les nations,
et voyez; admirez et soyezfrappés
de stupeur : parce qu'il s'est fait
Cuae. I. 5. Actes, xir, 41.
HABACUC.
2113
en vos jours une ceuvre que per-
sonne ne croira lorsqu'elie sera
racontée.
6. Car voici que moi je suscite-
rai les Chaldéens, nation cruelle
et prompte, qui parcourt l'éten-
due de la terre, afin de s'emparer
des tabernacles qui ne sont pas à
elle.
7. Elle est horrible et formi-
dable; c'est d'elle-méme que le
jugement et la charge sortiront.
8. Ses chevaux sont plus légers
que les léopards, et plus vites que
les loups du soir; et ses cavaliers
se répandront; car ses cavaliers
viendront de loin, ils voleront
comme un aigle se hátant pour
manger.
9. Tous viendront au butin;
leur face est comme un vent brü-
lant; et ils assembleront les cap-
tifs, comme le sable.
10. Et lui-méme triomphera des
rois, et les princes seront pour
lui un sujet de dérision; lui-même
se moquera de toute fortification,
et il formera un terrassement, et
il la prendra.
11. Alors son esprit serachangé;
1. Malheur accablant (onus). Voy. 13076, xui, 1. |
5. Parce qu'il s'est fait, etc. Saint Paul fait usage de ces paroles (Ac/es, xur, 40, 41),
contre les Juifs incrédules, en leur anuoncant les maux qui vont fondre sur eux, et
dont ceux qui arrivérent à leurs ancétres par les armes des Chaldéens étaient la
figure.
6. Tabernacles; mot consacré pour désigner les demeures des anciens Hébreux.
1. C'est d'elle-méme, etc.; c'est de sa propre et unique volonté que la nation des
Chaldéens rend la justice et impose des charges.
8. Les loups du soir, c'est-à-dire, qui courent la nuit, et sont d'autant plus agiles et
plus prompts, qu'ils ont souffert la faim pendant tout le jour.
9. Ils assembleront; littér., id assemblera (congregavit). Dans les récits, le singulier
se met souvent pour le pluriel, parce que l'on sous-entend chacun d'eux; à moins
qu'on ne sous-entende ici le roi des Chaldéens, Nabuchodonosor, qui est représenté
dans le verset suivant par le pronom /ui-méme (ipse).
10. Les princes (tyranni). Voy. Daniel, 1, 3. — Lui-méme. Voy. le verset précé-
dent.
11. Sa puissance, etc.; littér.; sa puissance de son dieu, dont le sens pourrait ètre,
INS.
193
2114
il passera et tombera; voilà quelle
est sa puissance qu'il tient de son
Dieu.
12. Est-ce que vous, vous n'étes
pas dès le commencement, Sei-
gneur mon Dieu, mon Saint, pour
que nous ne mourions pas? Sei-
gneur, vous l'avez établi pour
accomplir votre jugement et vous
l'avez rendu fort, afin de le chà-
tier.
13. Vos yeux sont purs, afin de
ne point voir le mal; vous ne
pourrez regarder l'iniquité : pour-
quoi regardez-vous ceux qui font
des iniquilés et gardez-vous le
silence, l'impie dévorant celui qui
est plus juste que lui?
14. Et vous traitez des hommes
comme les poissons de la mer,
el comme un reptile qui n'a pas
de prince.
15. IL a tout enlevé avec un ha-
mecon, il l'a entrainé dans sa
seine, et rassemblé dans son rets.
Sur cela il se réjouira, et il exul-
lera.
16. À cause de cela, il im-
molera des victimes à sa seine.
et il sacrifiera à son rets, parce
que par eux son partage s'est
accru, et sa nourriture a été ac-
quise.
17. À cause de cela, donc il tend
HABACUC.
(cu. tr.
sa seine, et jamais il ne s'abslien-
dra de tuer des nations.
CHAPITRE IT.
Ordre au prophéte d'écrire sa vision,
Malheur à celui dont l'ambition est in-
satiable, à celui qui établit sa maison
par la violence, à celui qui bâtit sa ville
dans le sang, à celui qui mêle le fiel
dans le vin pour enivrer son allié, à
celui qui adore le bois et la pierre.
1. Jeme tiendrai à mon poste
et j'arréterai mes pas sur la for-
üfication, et je regarderai atten-
tivement, afin que je voie ce qui
me sera dit, et ce que je répondrai
àcelui qui m'interpellera.
2. Et le Seigneur me répondit
et dit : Ecris la vision, et expose-
la sur des tablettes, afin que ne
s'arréte pas celui qui la lira ;
3. Parce que /'accomplissement
dela vision est encore éloigné,
mais il paraitra à la fin, et il ne
trompera pas, s'il met un certain
délai, attends-le; caril va venir,
et il ne tardera pas.
4. Voici que celui qui est incré-
dule n'aura pas en lui une âme
droite; mais le juste vivra de sa
foi.
5. Et comme le vin trompe ce-
lui qui ez boit, ainsi en sera-t-il de
l'homme superbe, et il ne sera
pas honoré; lui qui a dilaté son
(παρ, II. 4. Jean, ur, 36; Rom., 1, 17; Gal., 11, 10; Héb., x, 38.
la puissance de lui, c'est-à-dire, de son dieu, genre de construction qui n'est pas sans
exemple en hébreu.
14. Qui n'a pas de prince, pour le défendre, le protéger.
11. Jamais il ne s'abstiendra; littér. et par hébraisme, foujours il ne s'abstiendra
pas.
2. Ne s'arréte pas; lise de suite, couramment.
4. Mais le juste, etc.; paroles que saint Paul (Rom., 1, 17; Hébr., x, 38) applique à la
foi en Jésus-Christ, en l’œuvre de la rédemption.
9. Et dl ne sera pas honoré. La particule e£ peut être ici purement pléonastique,
marquant l'apodose (voy. Osée, xr, 1), ou bien explicative, synonyme de c'est-à-dire,
sens qu'elle a. quelquefois dans la Bible. Cette prophétie peut s'entendre non seule-
ment de Nabuchodonosor, mais encore de la monarchie méme des Chaldéeus.
]68. 11.[
âme comme l'enfer; et comme la
mort il ne se rassasie pas; et il
rassemblera vers lui toutes les
nations, il réunira en foule auprès
de lui tous les peuples.
6. Est-ce que tous ceux-ci ne le
prendront pas pour un sujet de
parabole, et pour le mot de /eurs
énigmes sur lui, et ne dira-t-on
pas : Malheur à celui qui multi-
plie des biens qui ne sont pas à
lui? jusques à quand accumulera-
t-il contre lui-mème une boue
épaisse?
1. Est-ce qu'ils ne se lèveront
pas soudain, ceux qui doivent te
mordre; et ne se réveilleront-ils
pas, ceux qui doivent te déchirer,
el ne seras-tu pas leur proie?
8. Parce que tu as dépouillé
beaucoup de nations, ils te dé-
pouilleront toi-méme, tous ceux
qui seront restés des peuples, à
cause du sang d'homme que tu
as versé, et de l'iniquité que £u as
commise sur le pays, la cité ettous
ceux qui habitent en elle.
9. Malheur à qui ramasse 8
fruits d’une avarice criminelle
pour sa maison, afin que son
nid soit sur un lieu élevé, et qui
pense échapper à la main du
malheur.
10. Tu as formé pour ta mai-
12. Ezéch., xxiv, 9; Nah., ur, 1.
HABACUC.
2115
son des desseins qui ont été sa
confusion, tu as mis en pièces
beaucoup de peuples, et ton âme
ἃ péché.
11. Parce que la pierre du mi-
lieu de la muraille criera; et le
bois qui forme les jointures des
édifices répondra.
12. Malheur à celui qui bátit une
cité dans le sang, et qui fonde
une ville sur l'iniquité.
13. Est-ce que toutes ces choses
ne viennent pas du Seigneur des
armées? car des peuples travail-
leront pour un grand feu, et des
nations pour le néant, et péri-
ront.
14. Parce que la terre, afin
qu'on connaisse la gloire du Sei-
gneur, sera remplie d'ennemis,
comme /e //f de la mer est cou-
vert parles eaux.
15. Malheur à celui qui donne à
boire à son ami en mettant son
fiel dans la coupe et en l'eni-
vrant, afin de regarder sa nu-
dité:
16. Tu as été rempli d'igno-
minie au lieu de gloire; bois, toi
aussi, et sois frappé d'assoupis-
sement ; le calice de la droite du
Seigneur t'environnera, et un
vomissement d'ignominie vien-
dra sur ta gloire.
—— M M —— MÀ À—MÁ— Hi ..
6. Ne le prendront pas, etc. Voy. Jérém., xxiv, 7. — * Une boue épaisse, comparaison
pour désigner les richesses.
1. Le Prophéte désigne ici les Médes et les Perses, qui, sous la conduite de Cyrus,
attaquèrent l'empire des Chaldéens, et le détruisirent sous Baltassar, petit-fils de
Nabuchodonosor.
9. Malheur, etc. On explique encore ordinairement ceci du roi de Babylone.
12. Le sang; littér., les sangs. Voy. Ezéch., xxu, 2.
13. Toutes ces choses que j'annonce, n'est-ce pasle Seigneur qui me les fait annoncer,
et qui les exécutera? — Des peuples travailleront, etc., c'est-à-dire, que leurs travaux
seront consumés par le feu. Compar. Jérém., τι, 58.
16. Le calice, etc.; allusion à l'ancien usage selon lequel, dans les repas, la mème
coupe passait d'un convivive à l'autre.
2116
17. Parce que l'iniquité com-
mise sur le Liban te couvrira, et
le ravage exercé sur les animaux
les épouvantera à cause du sang
des hommes versé, et de l'iniquité
commise sur le pays et la cité, et
tous ceux qui habitent en elle.
18. A quoi sert une image tail-
lée au ciseau, que son auteur a
18116 ainsi qu'une statue jetée en
fonte et une image fausse? Car
l'auteur a espéré assez dans son
œuvre pour faire des simulacres
muets.
49. Malheur à celui qui dit au
bois : Réveille-toi, à la pierre si-
lencieuse :Lève-toi; est-ce qu'elle-
même pourra linstruire? Voici
qu'elle est couverte d'or et d'ar-
gent; etil n'y a aucune vie daus
HABACUC.
(cg. m.]
son temple saint; que devant sa
face toute la terre soit en silence.
CHAPITRE III
Prière d'Habacuc *. Il se rappelle les mer-
veilles opérées par le Seigneur en fa-
veur de son peuple. Il s'afflige de la
désolation qui menace son peuple. Il
se console par l'espoir du secours que
le Seigneur accordera à ce peuple.
|. Prière d'Habacuc, le pro-
phète, pour les ignorances.
2. Seigneur, j'ai entendu votre
parole, et j'ai craint,
Seigneur, votre œuvre ; au mi-
lieu des années, vivifiez-la.
Au milieu des années vous /a
ferez connaitre; lorsque vous se-
rez en colere, vous vous souvien-
drez de la miséricorde.
ses entrailles.
20. Mais le Seigneur est dans
3. Dieu viendra du midi, et le
saint dela montagne de Pharan;
Ὁ) 05: ΣΧ; Ὁ:
17. Le Liban; nom que les prophètes donnaient à Jérusalem. — Te couvrira ; re-
tombera sur toi. Compar. /saze, xxxvi, 24.
18. L'analyse grammaticale de ce verset est trés difficile, pour ne pas dire impos-
sible à faire, tant dans l'hébreu que dans la Vulgate. Les mots síatue jetée en fonte
(conflalile) et image fausse (imaginem falsam) étant à l'accusatif, sont nécessairement
des compléments directs du verbe a fait ou sculplé (sculpsit). Une traduction rigou-
reuse étant impossible dans notre langue, nous croyons cependant avoir rendu le
fond de la pensée de l'éerivain saeré en combinant les deux textes grec et latin.
20. Son temple saint; expression qui sert souvent à exprimer le ciel méme; elle
peut avoir ici cette signification.
a La plupart des anciens Pères et beaucoup d'interprétes modernes expliquent
cette priére uniquement de la venue du Messie; et l'Eglise dans son office en a em-
prunté divers passages qu'elle applique à Jésus-Christ. D'autres croient qu'on peut
l'expliquer à la lettre du retour de la captivité.
1. Pour les ignorances; c'est-à-dire pour les péchés commis par ignorance. C'est
ainsi que l'ont compris le chaldéen, saint Jéróme, Aquila, Symmaque, l'auteur de la
einquiéme édition grecque, et il faut avouer que le texte hébreu lui-même est sus-
ceptible de ce sens, quoique la plupart des hébraisants modernes l'entendent d'un
instrument de musique ou d'un cantique, sur l'air duquel la prière du Prophète
devait étre chantée. Quant aux Septante, ils ont traduit avec un cantique. Le Pro-
phéte, selon plusieurs, ἃ voulu, dans la priére qui suit, demander pardon à Dieu
d'avoir par ignorance osé disputer avec lui sur sa providence, et, selon d'autres, il
demande que les ignorances, c'est-à-dire les péchés du peuple soient effacés et par-
donnés, afin que sa délivrance ne soit pas différée.
2. * Au milieu des années, bientôt, sans attendre trop longtemps.
3. Dieu vicndra, etc.; allusion à ce que dit Moïse, Deuléron., xxxur, 2. — Le midi
et Pharan désiguent ici l'Arabie Pétrée, où Dieu fit éclater sa gloire sur le mont Sinai,
(cn. [.זזז
Sa gloire a couvert les cieux,
et de sa louange est pleine la
LOEPe.
4. Sa splendeur brillera com-
me la lumiere, ses cornes sont
dans ses mains;
Là a été cachée sa puissance;
5. Devant sa face ira la mort.
Et le diable sortira devant ses
pieds.
6. Il s’est arrêté, et il a mesuré
la terre.
Il a regardé, et il a dissipé les
nations; et les montagnes du
siecle se sont entr'ouvertes.
Les collines du monde ont été
abaissées par les marches de son
éternité.
1. J'ai vu les tentes de l'Ethio-
pie renversées pour son iniquité;
les pavillons dela terre de Madian
seront troublés.
8. Est-ce contre les fleuves que
vous étes en colere, Seigneur?
ou contre les fleuves qu'est votre
fureur; ou bien contre la mer
qu'est votre indignation?
HABACUC.
2117
Vous qui monterez sur vos che-
vaux; et vos quadriges seront le
salut.
9. Préparant, vous préparerez
votre arc, selon les serments que
vous avez faits aux tribus.
Vous diviserez les fleuves de la
terre.
10. Les montagnes vous ont vu
et elles ont été dans la douleur.
La masse des eaux s'est écoulée.
L'abime a fait entendre sa voix;
il a levé en haut ses mains.
11. Le soleil et la lune se sont
arrètés dans leur demeure; ils
iront à la lumière de vos flèches,
à 12608) de votre lance fou-,
droyante.
19. Dans votre frémissement,
vous foulerez aux pieds la terre ;
dans votre fureur, vous épouvan-
terez les nations.
13. Vous étes sorti pour le sa-
lut de votre peuple, pour le salut
avec votre Christ.
Vous avez frappé le chef de la
maison de limpie; vous l'avez
lorsqu'il y proclama sa loi (Exode, xix, 16 et suiv.). Habacuc rappelle cet événement,
comme un gage de la future délivrance d'Israél par la toute-puissance de Dieu.
4. Ses cornes; hébraisme, pour sa force.
6. Du siècle, du monde; c'est-à-dire, aussi anciennes que les siècles, que le monde;
les mots du texte original signifient éternité. Les Hébreux donnent souvent cette
épithéte aux montagnes, parce que dans la nature rien n'est moins sujet au chan-
gement que ces lourdes masses, ces énormes amas de terre et de rochers qui sub-
sistent depuis le commencement des siècles. -- Par les marches, etc.; sous les pas
éternels, sous les pas de ce Dieu éternel.
7. Les pavillons ou tentes; littér., les peaux, parce que cette sorte d'habitation
était anciennemeut faite avec des peaux. Compar. Cant. des Cant., 1, 4.
8. Esl-ce, etc.; allusion au passage de la mer Rouge (Ezode, xiv), et du Jourdain
(Josué, 11).
9. Préparant vous préparerez; c'est-à-dire, vous préparerez avec le plus grand soin.
Voy. sur cet hébraisme, Ps. xxxix, 1. — Selon les serments. Le mot juramenía, en
vertu d'un hébraisme trés fréquent, est un accusatif employé d'une manière adver-
biale.
10. IL a levé. C'est le mot précédent /'abime, qui est le sujet de ce verbe. — En haut.
Tel est le sens de l'hébreu, véritable accusatif adverbial, que la Vulgate a rendu par
le nominatif hauteur (altitudo). — Ses mains; c'est-à-dire ses flots.
11. Le soleil, etc.; allusion au miracle dont il est question dans Josué, x, 12, 13.
13. Christ, ou oint, c'est-à-dire, consacré, constitué; ce qui convient à Moise, que
Dieu constitua pour sauver son peuple. 15816, comme on l'a vu, appelle (xtv, 1) Cyrus
2118
mis à nu uepuis les pieds jusqu'au
cou.
14. Vous avez maudit ses scep-
tres, le chef de ses guerriers qui
venaient comme un tourbillon
pour me mettre en déroute.
Leur exultation était comme
l'exultation de celui qui dévore
le pauvre en secret.
15. Vous avez faitune voie dans
la mer à vos chevaux, dans la
fange des grandes eaux.
10. J'ai entendu, et mes en-
trailles ont été émues; à cette
voix, mes lèvres ont frémi.
Que la pourriture entre dans
mes os, et qu'elle abonde sous
moi;
Afin que je me repose au jour
de la tribulation, afin que je
HABACUC.
[cn. nu.]
monte vers notre peuple ceint.
11. Car le figuier ne fleurira
pas, et il n'y aura pas de germe
dans les vignes.
Le produit de l'oliviertrompera
l'attente, et les champs ne porte-
ront pas de grains.
Le troupeau de menu bétail
sera arraché de la bergerie, et il
n'y aura pas de troupeau de gros
bétail dans les étables.
18. Mais moi, je me réjouirai
dans le Seigneur, et j'exulterai
en Dieu mon Jésus.
19. Dieu le Seigneur est ma
force; et il rendra mes pieds
comme ceux des cerfs.
Et vainqueur il me conduira
sur mes hauteurs, pendant que je
chanterai des psaumes.
le christ de Dieu. Mais Moïse, comme Cyrus, n'a été que la figure du Christ par ex-
cellence, de Jésus-Christ. — Vous l'avez mis, etc.; littér.: Vous avez mis à nu ses fon-
dements jusqu'au cou.
15. * Allusion au passage de la mer Rouge et du Jourdain par les Israélites.
16. Ceint (accintum); c'est-à-dire, préparé, prêt à partir. Ceindre ses reins, se disait
chez les anciens Hébreux d'un homme qui entreprenait un voyage ou allait au combat.
Compar. 111 Rois, xv, 46; Job, xxxvi, 3.
17. Ne fleurira pas. Quelques inerédules ont prétendu que cette menace était ridi-
cule, puisque le figuier ne fleurit jamais en quelque contrée que ce soit; mais il faut
interpréter la Vulgate d’après l'hébreu qui signifie proprement sorlir avec violence,
s'élancer, faire irruption; de là pousser, germer et fleurir. C'est ainsi que ce méme
verbe hébreu s'emploie pour marquer l'éruption de la lèpre (Lévitig., xu, 39), et
s'applique aux plantes qui poussent leur germe. — Le produit ou de fruit, liltér., de
iravail, l'euvre (opus). — De grain; littér., de nourriture,
18. Jésus; mot hébreu qui veut dire sauveur.
19. Hauteurs; c'est-à-dire, montagnes et collines.
PR ©) gt phar m
SOPHONIE
|
INTRODUGCTION
Sophonie, le neuviéme des petits prophétes, descendait d'Ezéchias, à la qua-
triéme généralion, 1, 1. Ezéchias n'est pas qualifié de roi, mais il y a tout lieu
de penser qu'il s'agit bien du monarque sous lequel prophétisait Isaie, car les
autres prophèles ne nomment jamais que leur père; si Sophonie remonte plus
haut, cela ne peut être que pour arriver à un personnage historique célèbre. Il
nous apprend lui-même qu'il vivait du temps de Josias, 1, 1; c'était dans les
commencements du régne de ce roi, puisque le culte de Baal était encore en
honneur, 1, 4-5; cf. IV Rois, xxur, 4-5; 1 Paralip., xxxiv, 3-8, et que Ninive
était encore debout, π, 13.
Le style de Sophonie est pur, facile, vif, mais il manque un peu d'originalité :
il est plein de réminiscences et d'emprunts faits aux anciens prophètes.
La prophétie de Sophonie forme un tout suivi : les deux premiers chapitres
annoncent le châtiment ; le troisième contient les promesses. En punition de
son idolàtrie et des crimes des grands et du peuple, Juda sera désolé, 1, 3-13.
Le jour approche où la colère de Dieu livrera tous les coupables à la ruine,
14-18. Le ch. nest une exhortation à la pénitence, 18, 1-3. Tous les voisins et
les ennemis de Juda, Ninive elle-même, éprouveront la colère du ciel; que les
enfants de Jacob reviennent done à Dieu. 4-15. La récompense de la conversion,
ce sera la destruction de tous ceux qui ont fait du mal à Juda, le retour des
captifs, l'extirpation du mal et une félicité durable. Le ton général de la fin du
livre de Sophonie est messianique, quoique aucun trait ne se rapporte explici-
tement à la personne de Notre-Seigneur,
2120
CHAPITRE PREMIER.
Reproches et menaces contre Juda et Jé-
rusalem. Jour terrible des vengeances
du Seigneur sur son peuple. Désolation
affreuse prête à tomber sur les enfants
de Juda.
1. Parole du Seigneur qui fut
adressée à Sophonie, fils de Chusi,
fils de Godolias, fils d'Amarias,
fils d'Ezécias, aux jours de Josias,
fils d'Amon, roi de Juda.
2. Rassemblant je rassemblerai
toutes choses de la face de la
terre, dit le Seigneur ;
3. Rassemblant les hommes et
les bétes, rassemblant les vola-
tiles du ciel et les poissons de la
mer; et la ruine des impies arri-
vera; et j'exterminerai les hom-
mes de la face de la terre, dit le
Seigneur.
4. Et j'étendrai ma main sur
Juda et sur tous les habitants de
Jérusalem, et j'exterminerai de
ce lieu les restes de Baal, et les
noms des gardiens du temple
avec les prêtres ;
9. Et ceux qui adorent sur les
toits la milice du ciel, qui adorent
le Seigneur et jurent par lui, et
jurent par Melchom ;
6. Et ceux qui se détournent en
arriere du Seigneur, et ceux qui
n'ont pas cherché le Seigneur, et
ne s'en sont pas mis en peine.
SOPHONIE.
(ca. 1.]
7. Soyez en silence devant la
face du Seigneur Dieu, parce
qu'est proche le jour du Seigneur,
parce que le Seigneur ἃ préparé
une hostie, il a sanctifié ses con-
vives.
8. Et il arrivera qu'au jour de
l'hostie du Seigneur je visiterai
les princes et les fils du roi, et
ceux qui sont vétus d'un habit
étranger;
9. Et je visiterai quiconque
entre arrogamment sur le seuil
du temple en ce jour-là, et qui
remplit la maison du Seigneur
son Dieu d'iniquité et de trom-
perie.
10. Et il y aura, en ce jour-là,
dit le Seigneur, une voix de cla-
meur venant de la porte des Pois-
sons, et un hurlement venant
de la seconde porte, et le bruit
d'une grande ruine venant des
collines.
11. Hurlez, habitants de Pila;
tout le peuple de Chanaan s'est
tu, tous ceux qui étaient cou-
verts d'argent ont été extermi-
nés.
12. Et il arrivera qu'en ce jour
je scruterai Jérusalem avec des
lampes; et je visiterailes hommes
enfoncés dans leur lie; qui disent
en leurs cœurs : Le Seigneur ne
fera pas de bien, et il ne fera pas
de mal.
1. Ezécias ; selon l'hébreu, Ezéchias.
2.-Rassemblant je rassemblerai; hébraisme, pour : Je rassemblerai exactement, soi-
gneusement.
5. Melchom; dieu des Ammonites.
1. Sanctifié, signifie proprement en hébreu séparer un objet de l'usage commun et
profane pour l'employer à un usage sacré et divin.
9. Entre sur le seuil; ou, selon l'hébreu, saute par-dessus le seuil, par suite d'une
superstition empruntée des Philistins (I Rois, v, 4, 5).
10. * De (a porte des Poissons. Voir là note 1 à la fin du tome II, p. 795.
11. Pila; nom propre d'une vallée voisine de Jérusalem, suivant les uns, ou d'un
quartier de cette méme ville, suivant les autres.
[cu. 1.]
13. Et leurs richesses seront au
pillage, et leurs maisons réduites
en un désert; et ils bátiront des
maisons, et ils ne les habiteront
pas; et ils planteront des vignes,
et ils n'en boiront pas le vin.
14. Il est proche, le grand jour
du Seigneur, il est proche et ex-
trémement prompt; la voix du
jour du Seigneur est amère; le
fort sera alors dans la tribula-
tion.
15. Jour de colère, ce jour-là;
jour de tribulation et d'angoisse;
jour de calamité etde misère; jour
de ténèbres et d'obscurité, de
nuage et de tempéte.
16. Jour de la trompe et du
bruit retentissant sur les cités
fortifiées, et sur les angles élevés.
47. Et j'affligerai les hommes,
et ils marcheront comme des
aveugles, parce qu'ils ont péché
contre le Seigneur; et leur sang
sera répandu comme de la pous-
siere, et leurs corps comme des
ordures.
18. Mais méme leur argent et
leur or ne pourra les délivrer au
jour de la colère du Seigneur; par
le feu de son zèle toute la terre
sera dévorée, parce qu'il exter-
SOPHONIE.
2121
minera promptement tousles ha-
bitants de la terre.
CHAPITRE II.
Exhortation à prévenir la colére du Sei-
gneur. Menaces contre les Philistins,
les Moabites, les Ammonites et les
Ethiopiens. Vengeances du Seigneur
sur les Assysiens. Ruine de Ninive.
1. Venez ious ensemble, réu-
nissez-vous, nation indigne d’être
aimée ;
2. Avant qu'un ordre enfante
un jour comme la poussière qui
passe, avant que vienne sur vous
la colére delafureur du Seigneur,
avant que vienne sur vous le jour
de l'indignation du Seigneur.
3. Cherchez le Seigneur, vous
tous humbles de la terre, qui
avez exéculé ses jugements; cher-
chez la justice, cherchez la dou-
ceur; peut-étre serez-vous à cou-
vert au jour de la fureur du Sei-
gneur.
4. Parce que Gaza a été dé-
iruite et Ascalon réduite en un
désert; on chassera Azot, en plein
midi, et Accaron sera déracinée.
5. Malheur à vous qui habitez la
région de la mer, nation d’hom-
mes perdus:la parole du Seigneur
Cap. I. 13. Amos, v, 11. — 15. Jérém., xxx, 7; Joel, 11, 11; Amos, v, 18. — 18. Ezéch.,
vir, 19; Infra, nr, 8.
13. Richesses; vraie signification du mot fortitudo, expliqué par l'hébreu, et celle
que semble exiger d'ailleurs le contexte.
14. Le jour dontil est parlé dans ce verset et les suivants, avait été déjà annoncé
par Joël (rt, 12); c'est la captivité de Babylone. Saint Jérôme y voit la figure du jour
oü à la fin des temps seront frappés les pécheurs à cause de leurs iniquités.
16. Les angles élevés; c'est-à-dire, les tours qu'on élevait aux angles des murs.
2. Un ordre du Seigneur, un ordre divin.
4. * Gaza, Ascalon, Azot, Accaron, les quatre principales villes des Philistins, au
sud-ouest de la Palestine.
5. La région; littér., le cordeau (funiculus). Comme on l'a déjà vu plus d'une fois,
plusieurs anciens peuples sc servaient de cordes pour mesurer les terres. — La pa-
role, etc. Voy. Amos, 1, 6, 8. — Chanaan; c'est-à-dire, peuple aussi pervers que celui
de Chanaan,
2122
a 616 prononcée contre vous,
Chanaan, terre des Philistins, et
je t'exterminerai, en sorte qu'il
n'y ait pas en 707 d'habitant
6. Et la région de la mer sera
le lieu de repos des pasteurs, et
le parc des troupeaux de menu
bétail;
1. Et cette région appartiendra
à celui qui seraresté de la maison
dé Juda; là ils paitront les trou-
peaux, dans les maisons d'Asca-
lon ils se reposeront le soir; parce
que le Seigneur leur Dieu les vi-
sitera, et les ramènera de leur
captivité.
8 J'ai entendu les paroles ou-
trageantes de Moab et les blas-
phèmes des fils d'Ammon, quand
ils ont outragé mon peuple et
l'ont bravé 5111 565 frontières.
9. A cause de cela, je vis, moi,
dit le Seigneur des armées, le
Dieu d'Israél, Moab sera comme
Sodome, et les fils d'Ammon
comme Gomorrhe; 7/s auront des
épines seches, et des morceaux
de sel, etun désert pour toujours;
les restes de mon peupleles pille-
ront, el ceux de ma nation qui
auront survécu en seront les
maitres.
CnaP. II. 14. Isaie, xxxiv, 11.
SOPHONIE.
[cr. 11.]
10. Cela leur arrivera à cause
de leur orgueil; parce qu'ils ont
blasphémé, et ont bravé le peu-
ple du Seigneur des armées.
11. Le Seigneur sera terrible
contre eux, et il anéantira tous
les dieux de la terre; et les hom-
mes l'adoreront, chacun en son
lieu, ainsi que toutes les iles des
nations.
19. Mais vous aussi, Ethiopiens,
vous serez tués par mon glaive.
13. Et il étendra sa main vers
laquilon et perdra Assur; et il
fera de la cité magnifique une so-
litude, et un lieu inaccessible, et
comme un désert.
14. Et se coucheront au milieu
d'elle les troupeaux, et toutes les
bétes des nations; et l'onocrotale
et le hérisson demeureront sur
ses linteaux : la voix de l'oiseau
chantant retentira sur la fenêtre;
le corbeau croassera sur le lin-
teau, parce que j'anéantirai sa
force.
15. Voilà la cité glorieuse qui
demeurait dans la confiance; qui
disait en son cour : Moi je suis,
et hors moi il n'y en a plus d'au-
tre; comment est-elle devenue
un désert, un repaire de béte sau-
8. J'ai entendu, etc. Compar. Jérém., ;וזא לא Ezéch., xxv; Amos, .זו — L'ont
bravé. Cette version, qui est celle des premiers traducteurs francais, nous a paru la
plus conforme au contexte 6% à la signification constante du verbe hébreu, et méme
du magnificali sunt de la Vulgate. Compar. 18076, xvi, 6. — Ses; selon l'hébreu et la
version latine leurs (eorum), parce que ce pronom représente le mot peuple, qui est
un nom collectif.
9. Je vis, moi; formule de serment. Voy. Isaïe, xux, 18. — Des épines sèches; littér.
et par hébraisme, une sécheresse d'épines.
11. Les îles des nations; c'est-à-dire, les pays lointains habités par les idolâtres.
Voy. sur le mot îles, Daniel, xi, 18. Ce verset contient une des prophélies les plus
expresses de la conversion des gentils. En vain des Juifs veulent-ils l'expliquer du
temps qui suivit le retour de Babylone; car on ne vit pas à cette époque les peuples
étrangers venir à Jérusalem et se Convertir au judaisme,
15. 'Siffler, etc., en signe de mépris.
icu. n.]
vage? Quiconque la traversera,
sifflera et agitera sa main.
CHAPITRE IIT.
Reproches contre Jérusalem et Juda. Ven-
geances du Seigneur sur ce peuple.
Promesses du Seigneur en faveur de
Sion et des Israélites.
1. Malheur, cité provocatrice et
rachetée, colombe!
2. Elle n'a pas écouté la voix,
et elle n’a pas reçu les instruc-
tions; elle ne s'est pas confiée au
Seigneur, elle ne s'est pas appro-
chée de son Dieu.
3. Ses princes au milieu d'elle
sont comme des lions rugissants;
ses juges, loups du soir, ne lais-
saient rien pour le malin.
4. Ses prophètes sont insensés
et sans foi, ses prétres ont souillé
les choses saintes et ont agi in-
justement contre la loi.
5. Le Seigneur, juste au milieu
d'elle, ne commettra pas lini-
quité; chaque matin il produira
sont jugement à la lumiere, et ne
se cachera pas; mais /e peuple
iniquen'a pas connu sz confusion.
6. Pai exterminé les nations, et
leurs angles ont été détruits; j'ai
rendu leurs voies désertes, en
SOPHONIE. 2123
sorte qu'il n'y a personne qui 7
passe; leurs citésont été désolées,
pas un homme n'y restant, et nul
n'y habitant.
1. J'ai dit : Mais cependant tu
me craindras, tu recevras les ins-
truclions; et tà demeure ne pé-
rira pas à cause detoutes les cho-
ses pour lesquelles je l'ai visitée;
mais cependant se levant au point
du jour, ils ont corrompu toutes
leurs pensées.
8. C'est pourquoi, attends-moi,
dit le Seigneur, au jour de ma
résurrection à venir; parce que
ma résolution est de rassembler
les nations, et de réunirles royau-
mes et de répandre sur eux mon
indignation et toute la colere de
ma fureur; car par le feu de ma
colere toute la terre sera dé-
vorée.
9. Parce que alors je donnerai
aux peuples une levre choisie,
afin que tous invoquent le nom
du Seigneur, et qu'ils le servent
d'un commun accord.
10. D'au delà des fleuves d'E-
thiopie viendront mes suppliants,
les fils de mes dispersés m'appor-
teront un présent.
11. Encejour-là, tu ne seras pas
₪. III. 3. Ezéch., xxu, 27; Mich., ur, 11. — 8. Supra, 1, 18.
— € —— M M —— RE E — .
1. Colombe; c'est-à-dire, stupide comme une colombe.
9. Chaque matin; littér. et par hébraisme, matin, matin.
6. Angles; c'est-à-dire, tours. Compar. 1, 16.
1. Visilée; punie, châtiée. — Se levant, 610.; hébraisme pour, se hátant.
8. La prophétie contenue dans ce verset et les suivants a eu un commencement
d'accomplissement au retour de la captivité de Babylone; mais il y a des traits qui
conviennent les uns au premier, les autres au dernier avénement de Jésus-Christ.
9. Lévre choisie (labium electum); dans l'hébreu, pure. — D'un commun accord;
,
littér., d'une seule épaule; métaphore empruntée des crocheteurs, qui portent en-
semble un fardeau comme s'ils n'avaient tous qu'une même épaule.
10. Ces fleuves d'Ethiopie ne sont autres que le Nil partagé en ses sept bras à son
embouchure dans la Méditerranée.
11. Inventions; en hébreu, actions, œuvres. — Tu ne tenorgueilliras plus; littér.,
tu n'ajouteras pas à Cenorgueillir. Voy. sur cet hébraisme, t. II, p. 342, 2o, — Sur
2124
confondue pour toutes les inven-
tions par lesquelles tu as préva-
riqué contre moi; parce que j'en-
lèverai du milieu de toi les flat-
teurs fastueux de ton orgueil ; tu
net'enorgueilliras plus désormais
sur ma montagne sainte.
19. Et je laisserai au milieu de
toi un peuple pauvre et indigent,
et ils espereront dans le nom du
Seigneur.
13. Les restes d'Israél ne com-
mettront pas l'iniquité et ne par-
leront pas mensonge; il ne se
trouvera pas dans leur bouche
de langue trompeuse; parce
qu'eux-mémes paitront, et se cou-
cheront, et il n'y aura personne
qui les épouvante.
14. Loue, fille de Sion; jubile,
Israël; réjouis-toi, et exulte en
tout ton cœur, fille de Jérusa-
lem.
15. Le Seigneur a effacé ton
arrêt, il a éloigné tes ennemis; le
roi d'Israël, le Seigneur, es£ au
milieu de toi; tu ne craindras
plus le malheur.
16. En ce jour-là, on dira à Jé-
SOPHONIE.
[cu. πι.
rusalem : Ne crains pas; Sion, que
tes mains ne s'affaiblissent point.
17. Le Seigneur, ton Dieu, le
Dieu fort sera au milieu de toi;
lui-même £e sauvera; il se ré-
jouira de joie en toi, il se reposera
en ton amour, il exultera en toi,
au milieu des louanges.
18. Les hommes légers qui s'é-
taient écartés de 18 101, je les ras-
semblerai, parce qu'ils t'appar-
tenaient, afin que tu n'aies plus
en eux un sujet d'opprobre.
19. Voici que moi, je tuerai tous
ceux quit'ontaffligée en ce temps-
là, et je sauverai celle qui boitait,
et celle qui avait été rejetée, je
la ramenerai; je les établirai en
louange et en nom dans tout pays
où ils étaient couverts de confu-
sion.
20. En ce temps-là, je vous
ramenerai, et dans ce temps-là, je
vous rassemblerai; car je vous
établirai en nom et en louange
devant tous les peuples de la
terre, lorsque j'aurai changé votre
captivité devant vos yeux, dit le
Seigneur.
ma montagne sainte, c'est-à-dire, dans mon temple. Les Juifs tiraient vanité outre
mesure de la beauté de leur temple; Jérémie (vu, 4) leur en fait un reproche.
11. Il se réjouira de joie; hébraisme pour, | 77 se réjouira beaucoup.
19. Celle qui boitait; probablement la maison de Juda, qui avait voulu allier le
culte du Seigneur avec celui des idoles. — Celle qui avait été rejetée; peut-être la
maison d'Israël, qui avait été répudiée à cause de ses infidélités. Compar. Michée, 1v, 6.
.- = cO EA 4-6 =
AGGÉE
--
-—À
INTRODUCTION
Avec Aggée, le dixième des petits prophètes, nous entrons dans une période
de l'histoire du peuple de Dieu complétement différente de celle pendant
laquelle avaient prophétisé ses prédécesseurs ; nous sommes maintenant arrivés
à l'époque qui suivit la captivité de Babylone. D'aprés le Talmud, Aggée était
membre de la grande synagogue; d'aprés les Péres, il avait été captif en Chal-
dée, et en était revenu avec Zorobabel. Dieu lui donna pour mission de presser
le peuple d'achever le second temple, r, 2, 4; il y réussit, 1, 14; I Esd., v, 1;
vi, 14. La reconstruction du temple avait été commencée sous le régne de
Cyrus, en 535. L'hostilité des Samaritains avait fait suspendre les travaux sous
les régnes de Cambyse et du faux Smerdis. Ils furent repris, sur les instances
d'Aggée et de Zacharie, après l'avènement de Darius, fils d'Hystaspe, en 520, et
poussés avec vigueur. La dédicace du nouveau temple fut faite la sixième année
de Darius, en 517.
Le style d'Aggée ne s'éléve guére au-dessus de la prose; il y a cependant un
certain rythme dans sa prophétie, 1, 6, 9, 10; ir, 6, 8, 22, et il s'efforce d'y
mettre du mouvement et de la vie par de fréquentes interrogations, 1, 4, 9; rr,
4, 13, 14, 20. Il a quelques formules favorites qu'il répète souvent, 1, 2, 5, 7;
ו δ οι
La prophétie d'Aggée, malgré sa brièveté, renferme quatre oracles distincts
et datés, 1; 11, 1-10; 11-20; 21-24; ils ont tous le méme objet et sont tous de la
méme année, la seconde de Darius, fils d'Hystaspe, 521 avant J.-C. Le premier
temple avait été détruit en 588; il y avait encore des vieillards qui, dans leur
jeunesse, avaient vu sa magnificence, 11, 4.
19 Dans sa première prophétie, 1, Aggée reproche au peuple son indifférence
et sa négligence à relever le temple; il lui montre dans la sécheresse, qui a
amené une disette, une punition de cette faute; il exhorte Zorobabel et Jésus,
fils de Josédec, le grand-prétre, à reprendre les travaux, 2-14. Ses avis furent
écoutés et l’œuvre reprise, 12-14.
2° La seconde prophétie, τι, 1-10, faite vingt-trois jours après la première,
célèbre la gloire du nouveau temple. C'est le passage le plus important de ce
livre.
3° Trois mois aprés la seconde prophétie, Aggée en fit une nouvelle, 11,11-20. Le
peuple avait repris les travaux du temple, Dieu lui annonce que la disette par
LY
2126 AGGÉE. (cm. 1.]
laquelle il avait puni sa négligence touche a son terme, et qu'il va lui donner
une abondante récolte.
4? La quatrième et dernière prophétie, rr, 21-24, la plus courte de toutes, eut
lieu le méme jour que la troisiéme : c'est une promesse par laquelle Dieu s'en-
gage à garder et à protéger Zorobabel, le représentant de la maison de David,
au milieu de tous les bouleversements politiques qui vont ébranler le monde.
Ces derniers mots nous font entrevoir le règne du Messie.
CHAPITRE PREMIER.
Temps de la prophétie d'Aggée. Le Sei-
gneur reproche aux Juifs leur négli-
gence à rebâtir son temple, et leur dé-
clare que c'est là la cause de la stéri-
lité et de la disette dont ils ont été af-
fligés. Ils recommencent à bâtir la mai-
son du Seigneur.
1. Enla seconde année du roi
Darius, au sixième mois, au pre-
mier jour du mois, la parole du
Seigneur fut adressée, par l'en-
tremise d'Aggée, le prophète, à
Zorobabel, chef de Juda, fils de
Salathiel, et à Jésus, le grand-
prêtre, fils de Josédec, disant :
2. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : Ce peuple dit : ll n'est
pas encore venu, le temps de bà-
tir la maison du Seigneur.
3. Et la parole du Seigneur fut
adressée parl'entremise d'Aggée,
le prophète, disant :
4. Est-ce qu'il est temps pour
vous d'habiter dans des maisons
lambrissées, quand cette maison
est déserte?
5. Et maintenant, voici ce que
dit le Seigneur des armées : Ap-
pliquez vos cœurs à vos voies.
0. Vous avez semé beaucoup,
et vous avez peu recueilli; vous
avez mangé, et vous n'avez pas
été rassasiés; vous avez bu, et
vous n'avez pas été désaltérés;
vous vous étes couverts, et vous
ne vous êtes pas réchauffés; et
celui qui a accumulé des profits
les a mis dans un sac percé.
1. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : Appliquéz vos cœurs
à VOS voies...
ὃ. Montez sur la montagne, por-
162 des bois, et bátissez la maison,
et elle me sera agréable, et je
serai glorifié, dit 16 Seigneur.
9. Vous avez espéré plus, et il
arrive moins; ce peu, vous l'avez
apporté dans votre maison, et j'ai
soufflé dessus; pour quel motif,
ditle Seigneur des armées? parce
que ma maison est déserte, et
que chacun de vous se háte pour
la sienne.
(ΠΑΡ. I. 1. I Esdr., v, 1. — 6. Deut., xxvii, 38; Mich., νι, 15.
[MÀ וו
1. Darius, fils d'Hystaspe, roi de Perse. — Au sixième mois. Voy. Ezéch., vu, 1. —
Jésus est le méme que Josué, fils de Josédec, mentionné dans I Esdras, nur, 2, etc.
— Disant (dicens); grammaticalement, ce mot se rapporte à parole (verbum); mais
logiquement à Seigneur (Domini). — Par l'entremise; littér., par la main. Les Hébreux
se servaient des mots main, mains pour exprimer les idées de moyen, d'instrument,
d'entremise, ete. — * Darius Ier régna de 523 à 485 avant J.-C.
4. Celle maison; le temple du Seigneur.
8. * La montagne de Moria. — La maison, le temple.
(cu. u.]
10. C'est pour cela qu'au-dessus
de vousilaété défendu aux cieux
de donner de la rosée, et qu'à la
terre il a été défendu de donner
ses productions.
11. Et j'ai appelé la sécheresse
sur la terre, et sur les montagnes,
et sur le blé, et sur le vin, et sur
l'huile, et sur tout ce que produit
la terre, et sur les hommes, et
sur les bétes, et sur tous les tra-
vaux de vos mains.
19. Et Zorobabel, fils de Sala-
thiel, et Jésus, fils de Josédec, le
grand-prétre, et tous ceux qui
étaient restés du peuple, enten-
dirent la voix du Seigneur leur
Dieu, et les paroles d'Aggée, le
prophéte, qu'envoya vers eux le
Seigneur leur Dieu; et le peuple
fut saisi de crainte devant la face
du Seigneur.
13. Et Aggée, envoyé du Sei-
gneur dans les messages du Sei-
gneur, parla, disant au peuple :
Moi, je suis avec vous, dit le Sei-
gneur.
14. Et le Seigneur suscita l'es-
prit de Zorobabel, fils de Sala-
thiel, chef de Juda, et l'esprit de
Jésus, fils de Josédec, le grand-
prétre, οὐ l'esprit de tous ceux
qui étaient restés du peuple, et
ils entrèrent dans le temple, et
ils travaillaient dans la maison
du Seigneur des armées leur
Dieu.
AGGÉE.
2197
CHAPITRE II.
Le temple rebáti parait bien inférieur au
premier; mais sa gloire sera beaucoup
plus grande par la présence du Messie.
Construction du temple précédée des
vengeances du Seigneur, et suivie de
ses bénédictions.
1. Au vingt-quatrieme jour, au
sixiéme mois, en la seconde an-
née du roi Darius;
2. Au septième mois, au vingt-
unième our du mois, la parole
du Seigneur futadressée par l’en-
tremise d'Ageée, le prophète, di-
sant :
ὃ. Parle à Zorobabel, fils de
Salathiel, chef de Juda, et à Jésus,
fils de Josédec, le grand-prètre,
et à ceux qui sont restés du peu-
ple, en disant :
4. Qui est celui parmi vous qui,
élant resté, a vu cette maison
dans sa première gloire? et com-
ment la voyez-vous maintenant?
Est-ce qu'elle n'est pas à vos yeux
comme si elle n'existait pas?
5. Mais maintenant, Zorobabel,
prends courage, dit le Seigneur;
prends courage, Jésus, fils de
Josédec, grand-prétre; prends
courage aussi, peuple entier de
la terre, dit le Seigneur des ar-
mées; et observez (parce que,
moi, je suis avec vous, dit le Sei-
gneur des armées)
6. L'alliance que j'ai faite avec
1. Ce verset est la conclusion du chapitre précédent, auquel il est méme joint dans
les Bibles hébraiques. — Au sixième mois. Voy. Ezéch., vu, 1.
2. Au seplième mois de l'année sacrée, et premier de l'année civile. ll commençait
à la nouvelle lune de septembre, selon les rabbins; mais c'était plus probablement
à celle d'octobre. — Disant (dicens). Voy. 1, 1.
6. L'alliance; littér., (a parole (verbum); ce mot est évidemment le régime direct
du verbe observez ou exécutez (facile) du verset précédent, où les mots parce que,
moi, etc., forment une parenthèse. C'est ainsi que l'ont trés bien compris Martini et
Allioli dans leurs traductions italienne et allemande.
2198
vous, lorsque vous étes sorlis de
la terre d'Egypte : et mon esprit
sera au milieu de vous; ne crai-
gnez point.
1. Parce que voici ce que dit le
Seigneur des armées : Encore un
peu de temps, et j'ébranlerai le
ciel, et la terre, et la mer, et la
partie aride.
| 8. Et j'ébranlerai toutes les
nations : ET VIENDRA LE DÉsIRÉ de
toutes les nations; et je rem-
plirai cette maison de gloire, dit
le Seigneur des armées.
9. A moi estl'argent, et à moi
est l'or, dit le Seigneur des ar-
mées.
10. La gloire de cette dernière
maison sera plus grande que celle
de la premiere, dit le Seigneur
des armées ; et en ce lieu je don-
nerai la paix, dit le Seigneur des
armées.
11. Au vingt-quatrième Jour du
neuvieme mois, en la seconde
année du roi Darius, la parole du
Seigneur fut adressée à Aggée, le
prophete, disant :
12. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : Interroge les prétres
sur la loi, en disant :
Cuae. 11. 7. Hébr., xu, 26.
AGGÉE.
(cu. mr.)
13. Si un homme porte de la
chair sanclifiée dans un coin de
son vétement, et que ce coin de
son vétement touche du pain ou
de la viande, ou du vin, ou de
l'huile, ou tout autre aliment, ce
qu'il aura touché sera-t-il sancti-
fié? Or, répondant, les prêtres di-
rent : Non.
14. Aggée dit : Si un homme
souillé par Zattouchement d'un
cadavre touche quelqu'unede tou-
tes ces choses, sera-t-elle souil-
lée? Et les prêtres répondirent et
dirent : Elle sera souillée.
15. Et Aggée reprit et dit :
Ainsi est 66 peuple, ainsi esf cette
nation devant ma face, dit le Sei-
gneur, et ainsi esé-ùl de toute
œuvre de leurs mains, et tout ce
qu'ils m'ont offert en ce lieu sera
souillé.
16. Et maintenantappliquez vos
cœurs ὦ ce qui s'est passé depuis
ce jour et au-delà, avant qu'une
pierre eût été posée sur une
pierre au temple du Seigneur.
17. Lorsque vous vous appro-
chiez d'un tas de vingt boisseaux
de grains, 118 se réduisaient à dix;
et /orsque vous entriez au pres-
1. La parlie aride; la terre ferme signifie généralement dans l'Ecriture, la terre
elle-méme. Ce verset et les suivants contiennent incontestablement une prophélie du
Messie, aussi bien que des dons divins et des trésors spirituels dont il a enrichi son
Eglise.
11. Du neuviéme mois de l'année sacrée, et troisiéme de l'année civile. Il commen-
cait à la nouvelle lune de novembre, selon les rabbins; mais c'était plus probablement
à celle de décembre. — Disant (dicens). Voy. 1, 4.
13. Que ce coin, etc.; littér., qu'il (l'homme) touche avec le coin de lui (du vétement),
du pain, etc. — Sera-t-il sanctifié? Cette question était fondée sur ce qui est dit dans
la loi (Lévit., vr, 21, 28), que tout ce qui touche la chair d'une victime offerte pour le
péché sera sanctifié. Comme ici ces aliments ne touchent pas immédiatement la chair
sanctifiée, les prétres font une réponse négative.
14. Elle sera souillée. Cette réponse est fondée sur ce que la loi déclare (Nombres,
xix, 22), que celui qui est souillé souillera tout ce qu'il touchera.
11. Ce verset paraît être un complément de : Appliquez vos cœurs, du verset précé-
dent et signifie par conséquent : Souvenez-vous aussi que lorsque vous vous ap-
fcn. m.]
soir pour faire cinquante cruches
de vin, il s'en faisait vingt.
18. Je vous ai frappés d'un vent
brülant; et jai frappé de la nielle
et de la gréle tous les travaux de
vos mains; etil n'y a eu personne
parmi vous qui revint à moi, dit
le Seigneur.
19. Appliquez vos cœurs à ce qui
se fera depuis ce jour et à l'ave-
nir, depuis le vingt-quatrieme
jour du neuvième mois; depuis
le jour que les fondements du
temple du Seigneur ont été jetés,
appliquez votre cœur.
20. Est-ce que les grains n'ont
déjà pas germé? et la vigne, et le
figuier et le grenadier et l'olivier
n'ont-ils pas fleuri? Depuis ce jour
je bénirai.
21. Et la parole du Seigneur fut
18. Amos, 1v, 9. — 24, Eccli., xrix, 13.
AGGÉE.
2129
adressée une seconde fois à Aggée
le vingt-quatrième jour du mois,
disant:
22. Parle à Zorobabel, chef de
Juda, en disant : Moi j'ébranlerai
à la fois le ciel et la terre.
23. Et je renverserai le tróne
des royaumes, et je briserai la
force du règne des nations; et
je renverserai le quadrige, et ce-
lui qui le monte; les chevaux
tomberont ainsi que leurs cava-
liers; un homme £ombera sous
le glaive .de son frère.
24. En ce jour-là, ditle Seigneur
des armées, je te prendrai, Zoro-
babel, fils de Salathiel, mon ser-
viteur, dit le Seigneur, et je te
poserai comme un sceau, parce
que je t'ai choisi, dit le Seigneur
des armées,
prochiez, etc. — Is se réduisaient à dix; littér., et qu'ils se réduisaient à dix (et fierent
decem); ce qui fait de ce membre de phrase une continuation de la protase lorsque
vous, etc., et laisse ainsi le sens inachevé. Notre interprétation est d'ailleurs parfai-
tement conforme à ce qui suit immédiatement. — 1] s'en faisait; littér., el il s'en
faisait (et fiebant). Ce et, purement pléonastique, ne fait qu'indiquer l'apodose, dott
la protase est, lorsque vous entriez, etc.
19. Du neuvième mois. Voy. le vers. 11.
21. Disant (dicens). Voy. 1, 1.
23. Un homme, etc ; hébraisme pour, l’un tombera sous le glaive de l'autre.
24. Selon la plupart des interprétes, ces promesses qui s'adressent à Zorobabel ne
regardent à la lettre, ai son temps, ni sa personne, mais seulement Jésus-Christ,
qui devait sortir de sa race. Toutefois les uns les rapportent au premier avénement
du Sauveur, et les autres, parmi lesquels saint Jéróme, au second.
24. Je te poserai comme un sceau; c'est-à-dire, je prendrai de toi le plus grand soiu.
Cette image est empruntée du soin avec lequel on conservait les sceaux. Le sceau a
toujours été considéré chez les Hébreux comme une chose précieuse et chére. On
sait d'ailleurs que les Orientaux veillent avec le plus grand soin sur les sceaux, à
cause de l'abus qu'on pourrait en faire, s'ils venaient à tomber en des mains étran-
gères.
OS - -
^ — ZACHARIE
INTRODUCTION
Zacharie, « celui dont Jéhovah se souvient, » est le onziéme des petits pro-
phétes. Il était de race sacerdotale, fils de Barachie et petit-fils d'Addo, τ, 1, 7.
Addo était le chef d'une des familles sacerdotales revenues de captivité avec
Zorobabel, II Esd., xii, 4, 16. A cause de sa renommée, Zacharie est appelé son
fils, par omission du nom de Barachie, dans I Esd., v, 1; vi, 14. Il commenca à
prophétiser la méme année qu'Aggée, deux mois aprés lui, l'an 521 avant J.-C.,
1, 1. La prophétie du ch. vii est de l'an 548, vu, 1; ses deux derniers oracles,
IX-Xiv, sont, postérieurs à celui de 518, mais nous en ignorons la date précise,
de sorte qu'il est impossible de savoir combien de temps dura son ministère
prophétique. Une partie du livre renferme des visions et des symboles, r, 7-vi;
une autre, de simples discours, vir-vir; les derniers chapitres, 1x-xiv, sont de
magnifiques tableaux. Le style est vif, coloré; la langue pure et presque sans
aramaismes.
La prophétie de Zacharie se divise en trois parties trés dislinctes : 1? Une série
de visions, 1, 7-v1; 2° un discours contenant une réponse de Dieu aux envoyés
de Béthel, au sujet du jeüne institué en mémoire de la prise de Jérusalem par
Nabuchodonosor, vir-vin; 3° deux prophéties, l'une contre Hadrach, l'autre
contre Israël, rx-xiv. Ces trois parties sont précédées d'une introduction, 1, 1-6,
dans laquelle:nous apprenons que Zacharie est chargé de précher à son peuple
la pénitence et la conversion.
persé Juda et Jerusalem. Quatre ou-
CHAPITRE PREMIER vriers envoyés pour abattre ces cornes.
Zacharie exhorte les Juifs à ne pas imi- 1. Au huitième mois; en la se-
ter l'endurcissement de leurs pères. Un | conde année du roi Darius, la pa-
ange implore la miséricorde du Sei- | role du Seigneur fut adressée à
gneur sur Jérusalem et sur Juda. Pro- fe ; 1
messes du Seigneur en faveur de Jé- Zacharie, le prophete, fils de Ba
rusalem. Quatre cornes qui ont dis- | rachie, fils d'Addo, disant :
1. Darius, fils d'Hystaspe, roi de Perse. — Au huitiéme mois de l'année sacrée, ct
second de l'année civile, lequel commencait à la nouvelle lune d'octobre, selon les
rabbins; mais c'était plus probablement à celle de novembre. — Disant (dicens). Voy.
40266 1, 1. |
Íen. x.]
9. Le courroux du Seigneur a
été irrité contre vos pères.
3. Et tu leur diras : Voici ce
que dit le Seigneur des armées :
Revenez à moi, dit le Seigneur
des armées, et je reviendrai à
vous, dit le Seigneur des armées.
4. Ne soyez pas comme vos
pères auxquels les prophètes an-
térieurs criaient en disant : Voici
ce que dit le Seigneur des armées :
hevenez de vos voies mauvaises
et de vos pensées très mauvaises;
et ils ne m'ont pas écouté, et ils
n'ont pas fait attention à moi, dit
le Seigneur.
ὃ. Vos pères, où sont ils? et les
prophètes, est-ce qu'ils vivront
éternellement?
6. Mais cependant mes paroles
et mes décrets, que j'ai confiés à
mes serviteurs les prophètes, est-
ce quils n'ont pas atteint vos
peres, et est-ce qu'ils se sont con-
verlis, et ont dit : Comme le Sei-
gneur des armées avait résolu
de nous faire selon nos voies et
selon nos inventions, ainsi il a
fait?
7. Le vingt-quatrieme jour du
onzième mois appelé Sabath, en
la deuxième année du roi Darius,
ZACHARIE.
2131
la parole du Seigneur fut adressée
à Zacharie, le prophète, fils de Ba-
rachie, fils d'Addo, disant :
8. Je vis pendant la nuit; et
voilà un homme monté sur un
cheval roux, et il se tenait par-
mi les myrtes qui étaient dans un
lieu profond ; et apres lui des che-
vaux roux, mouchetés et blancs.
9. Et je dis : Qui sont ceux-ci,
6 mon Seigneur? Et l'ange, qui
parlait en moi, me répondit : Moi,
je t'indiquerai ce que ceci signifie.
10. Et l'homme qui se tenait
parmi les myrtes répondit, et dit :
Ceux-ci sont ceux qu'a envoyés le
Seigneur, afin qu'ils parcourent
la terre.
11. EL ils répondirent à l'ange
du Seigneur, qui se tenait parmi
les myrtes, et dirent : Nous avons
parcouru la terre, et voilà que
toute la terre est habitée, et est
en repos.
12. Et l'ange du Seigneur reprit
et dit : Seigneur des armées, jus-
quà quand n'aurez-vous point
pitié de Jérusalem, et des villes
de Juda contre lesquelles vous
étes irrité? C'est déjà la soixante
et dixième année.
13. Et le Seigneur répondit à
Cap. I. 3. Isaie, xxr, 12; xxxi, 6; x1v, 22; Jérém., ur, 12; Ezéch., xvii, 30; ,אאא
11; Osée, xiv, 2; Joël, 11, 12; Malach., ur, 7.
6. Décrets; c'est le vrai sens de legitima, expliqué par l'hébreu. — Inventions ; dans
l'hébreu, actions, œuvres.
1-17. * Ire section : Vision sur le sort futur des Juifs, 1, 7-vr. — Trois mois après
sa vocation au ministére prophétique, en l'an 521, Zacharie eut une nuit plusieurs
visions. — 1° Dans la première, 1, 8-17, il vit un cavalier au milieu des myrtes,
signe de miséricorde et de bénédictions célestes pour Jérusalem.
1. Du onzième mois de l'année sacrée, et cinquième de l'aunée civile, lequel com-
mencait à la nouvelle lune de janvier, selon les rabbins; mais c'était plus probable-
ment à celle de février. — Disant (dicens). Voy. Aggée, τ, 1.
9. En moi; cette expression qui est reproduite dans plusieurs autres versets de ce
chapitre signifie plutôt, selon le véritable sens de l'hébreu, avec moi.
12. La soixanle et dixième année. Ces soixante et dix ans de la désolation de Jéru-
salem et de tout le pays sont différents des soixaute et dix ans de la captivité,
2132
l'ange qui parlait en moi de bonne
paroles, des paroles de consola-
lion.
14. Et l'ange qui parlait en moi
me dit : Crie en disant : Voici ce
que ditle Seigneur des armées :
Je brûle pour Jérusalem et pour
Sion d'un trés grand zele.
15. Et je suis aussi enflammé
d'une trés grande colere contre
les nations opulentes, parce que,
quand moi je n'ai été qu'un peu
irrité, elles, au contraire, ont aidé
au chátiment.
16. A cause de cela, voici ce que
dit le Seigneur : Je reviendrai à
Jérusalem avec des senliments
de miséricorde; et ma maison y
sera bâtie, dit le Seigneur des
armées, et le niveau sera étendu
sur Jérusalem.
11. Grie encore, en disant : Voici
ce que ditle Seigneurdes armées:
14. Infra, vur, 2.
ZACHARIE.
[cu. 1.]
Mes cités regorgeront encore de
biens; le Seigneur consolera en-
core Sion, et il choisira encore
Jérusalem.
18. Et j'ai levé mes yeux, et j'ai
vu ; et voilà quatre cornes.
19. Et j'ai dit à l'ange qui par-
lait en moi : Qu'est ceci? et il me
répondit : Ce sont les cornes qui
ont jeté au vent Juda, Israël et
Jérusalem.
20. Et le Seigneur me montra
quatre ouvriers.
21. Et je dis : Que viennent
faire ceux-ci? Il répondit en di-
sant : Voilà les cornes qui ont
jeté au vent, homme par homme,
tous les habitants de Juda, et au-
cun d'eux n'alevé satéte ; etceux-
ci sont venus les épouvanter,
afin d'abattre les cornes des na-
tions qui ont levé la corne contre
la terre de Juda pour la disperser.
15. Le sens de ce verset est que Dieu est trés irrité contre les nations qu'il avait
chargées d'exercer sa vengeance sur Jérusalem, parce que dans l'exercice de cette
vengeance, elles sont allées bien au-delà du chátiment qu'il voulait infliger à son
peuple, pour lequel, malgré ses infidélités, il avait conservé un grand amour (vers.
13, 14).
16. Le niveau, etc.; c'est-à-dire, qu'on rebátira les murs et les maisons de Jérusa-
lem, aussi bien que le temple.
18-21. * 20 Dans la seconde vision, 1, 18-21, Zacharie vit quatre cornes et quatre
forgerons, symboles de la ruine des peuples qui ont persécuté Juda : les quatre for-
gerons brisent les quatre cornes, c'est-à-dire les Chaldéens, les Perses, les Grecs et
les Romains.
18, 19. Les quatre cornes désignent les quatre grands empires qui dans divers
temps ont dispersé Israél et Juda, comme un taureau en fureur jette au vent tout
ce qu'il rencontre, et qui sont, selon les uns, les Assyriens, les Chaldéens, les Perses
et les Egyptiens, et selon les autres, parmi lesquels saint Jéróme, les Chaldéens, les
Perses, les Grecs et les Romains, parce que les Assyriens étaient déjà renversés; mais
es partisans de la premiére opinion croient que cette vision représente en méme
temps et ce qui était accompli, et ce qui restait encore à accomplir.
90, 94. Quatre ouvriers. La qualité de ces ouvriers n'est déterminée ni par l'hébreu,
ni par le chaldéen, ni par les Septante; mais on pense communément que c'étaient
des forgerons, peut-étre parce qu'on se les représente comme armés de marteaux
pour abattre les quatre cornes. Saint Jéróme regarde ces ouvriers comme des figures
des anges qui en diverses occasions ont affaibli les quatre grands empires.
21. Les épouvanter. Le pronom /es étant au neutre (ea) se rapporte grammaticale-
ment à cornes (cornua), puisque ce mot est également du neutre en latin. L'hébreu
met le masculin; mais le sens est le méme puisque les cornes signifient proprement
les rois et les princes ennemis du peuple de Dieu.
[cn. 11.]
CHAPITRE II.
Gloire de Jérusalem; multitude de ses
habitants ; Dieu lui servira de rempart.
Vengeances du Seigneur sur ceux qui
ont opprimé son peuple. Les nations
s'attacheront au Seigneur; il habitera
au milieu de son peuple.
1. Et je levailes yeux, et je vis;
et voilà un homme, et dans sa
main un cordeau d'arpenteur.
2. Et je dis: Où vas-tu? Et il me
répondit : Mesurer Jérusalem, et
voir quelle est sa largeur et quelle
est sa longueur.
3. Et voilà que l'ange qui parlait
en moi sortit, et un autre ange
sortait à sa rencontre.
4. Et il lui dit : Cours, parle à ce
jeune homme, en disant : Jéru-
salem sera habitée sans mur, à
cause dela multitude des hommes
et des troupeaux qui seront au
milieu d'elle.
ZACHARIE.
2133
9. Et moi je lui serai, dit le Sei.
gneur, un mur de feu tout autour.
et je serai dans lagloire au milieu
d'elle.
6. Ah! ah! fuyez de la terre de
l'aquilon, dit le Seigneur; parce
que vers les quatre vents du ciel,
je vous ai dispersés, dit le Sei-
gneur.
7. Fuis, 6 Sion, qui habites chez
la fille de Babylone.
8. Parce que voici ce que dit le
Seigneur des armées : Après la
gloire établie au milieu de vous,
il m'a envoyé versles nations qui
vous ont dépouillés ; car celui qui
vous touche, touche la prunelle de
mon ceil.
9. Parce que voici que je lève
ma main sur eux, et ils seront la
proie deceux qui étaientleurs es-
claves; et vous reconnaitrez que
c'est le Seigneur des armées qui
m'a envoyé.
1-13. * 3» Dans la troisième vision, ,זז un homme apparait à Zacharie armé d'un
cordeau pour mesurer Jérusalem et signifier qu'elle sera abondamment repeuplée,
c'est-à-dire quele royaumede Dieu ou l'Eglise s'étendra sur toute la terre.
1. Un homme; probablement l'ange du chap. 1, 8, 1].
3. Qui parlait en moi. Voy. 1, 9.
4. Ce jeune homme ; c'est-à-dire Zacharie. — Sans mur. La nouvelle Jérusalem aura
une si grande multitude d'habitants, qu'il ne faut pas la renfermer dans des murs.
— Peu d'années avantsa ruine par Titus, elle était en effet trop étroite; et on dut ajouter
une nouvelle ville à l'ancienne, et enfermer un grand nombre de maisons qui s'étaient
élevées peu à peu hors de son enceinte. Cette multitude infinie d'habitants dans:
Jérusalem, était une figure et comme un gage de l'affluence des peuples qui devaient
un jour- entrer dans l'Eglise.
5. Je serai dans la gloire, etc.; par ma présence dans son sein je la comblerai de
gloire et d'honneur.
6, 1. Fuyez, ete. Depuis la prise de Babylone par Cyrus, il y était encore resté
beaucoup de Juifs malgré la liberté que ce princeleur avait laissée de retourner dans
leur patrie. C'est à eux que s'adressent ces paroles.
1. Fille de Babylone. Les orientaux appellent filles, les capitales, et les autres villes
d'un pays.
8. Voici ce que dit, etc., semble annoncer que c'est Dieu méme qui va parler; mais
la suite prouve que celui qui parle est l'envoyé de Dieu. Saint Jéróme en conclut que
c'est Jésus-Christ qui parle par la bouche de cet ange, comme étant en méme temps
et l'envoyé de Dieu et Dieu lui-méme, égal à Dieu son Pére. Vox Salvatoris inducitur.
— Aprés la gloire (post gloriam). Cette expression, évidemment elliptique, semble
faire allusion à ces mots du vers. 5 : Je serai dans la gloire au milieu d'elle. Nous
avons donc cru qu'on ne pouvait mieux restituer l'ellipse qu'en ajoutant par forme
de paraphrase : Eíaólie au milieu de vous.
2134
10. Loue le Seigneur, et réjouis-
oi, fille de Sion; car voici que
je viens moi-méme, et que j'ha-
biterai au milieu de toi, dit le Sei-
gneur.
11. Et beaucoup de nations s'at-
tacheront au Seigneur en ce jour;
et elles seront mon peuple, et
j habiterai au milieu de toi; et tu
sauras que le Seigneur des ar-
mées m'a envoyé vers toi.
19. Et le Seigneur possédera
Juda comme son partage dans la
terre sainte, et il choisira encore
Jérusalem.
13. Que toute chair soit en si-
lence devantlaface du Seigneur;
parce qu'il s'est réveillé du milieu
de son habitacle saint
CHAPITRE IIT.
Le grandeprétre Jésus est accusé par Sa-
tan. On lui óte ses habits sales, et on
lui en donne de rechange. Le Seigneur
lexhorte à étre fidéle, et promet de
récompenser sa fidélité. Orient ou
germe promis. Pierre mystérieuse.
1. Etle Seigneur me montra le
grand-prétre Jésus qui était de-
bout devant l'ange du Seigneur,
et Satan était à sa droite, afin de
s'opposer à lui.
Cuae. III. 8. Luc, r, 18.
ZACHARIE.
fcm. m.]
9. Et le Seigneur dit à Satan :
Que le Seigneur te réprime, ὃ Sa-
lan; et qu'il te réprime, le Sei-
gneur qui a choisi Jérusalem;
n'est-ce pas là ce tison retiré du
feu?
3. Et Jésus était revétu d'habits
sales; etilse tenait devant la face
de l'ange,
4. Qui répondit, et s'adressa à
ceux qu se tenaient devant lui,
disant : Otez-lui ses vêtements
sales. Et il lui dit : Voilà que j'ai
616 de toi ton iniquité, et que je
t'ai revétu d'habits de rechange.
5. Et il dit: Posez une tiare pro-
pre sur sa téte. Et ils mirent une
tiare propre sur sa tête, et le re-
vêlirent d'habits;etl'ange du Sei-
gneur se tenait debout.
6. Et l'ange du Seigneur faisait
cette déclaration à Jésus, disant :
1. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : Si tu marches dans
mes voies, et si tu observes ce que
jai commandé d'observer, toi
aussi tu gouverneras ma maison,
et tu garderas mes parvis, et je te
donnerai, afin qu'ils marchent
avec toi, quelques-uns de ceux qui
assistent ici.
8. Ecoute, Jésus, grand-prétre,
10. Fille de Sion. Voy. vers. 1. — Les promesses faites dans ce vers, et le suivant
n'ont été accomplies que dans le premier avénement de Jésus-Christ, et dans la vo-
cation des gentils à la foi.
12. La terre sainte, c'est-à-dire, qui lui a été consacrée,
18. Toute chair; hébraisme pour, {ous les hommes, tous les mortels.
1-10. * 40 Dans la quatrième vision, rir, 16 grand-prétre Jésus, fils de 1086060, est de-
boutdevant un ange quile fait revétir d'ornements nouveaux, pour marquer la gloire
future de la cité sainte et du Messie. Cette vision se termine, en effet, par une pro-
phétie messianique.
1. Le Seigneur (Dominus) n'étant pas dans le texte hébreu, on en a conclu que le
personnage qui parle ici est l'ange qui figure dans le chapitre précédent. — Jésus.
Voy. 47066, 1, 1.
9. Tison, etc. Voy. sur cette expression, Amos, tv, 11.
8. Orient ; nom dans lequel les ancieus Juifs et les chrétiens reconnaissent le Messie,
1v.] .אס]
toi ettes amis qui habitent auprès
de toi, parce qu'ils sont les figures
de l'avenir: car voici que moi, JE
FERAI VENIR MON SERVITEUR ORIENT.
9. Parce que voici la pierre que
jai mise devant Jésus; sur cette
seule pierre sont sept yeux; voici
que moi, je la graverai avec le ci-
seau, ditle Seigneur des armées;
et j'óterailiniquité de cette terre
en un seul jour.
10. En ce jour-là, ditle Seigneur
des armées, un homme appellera
ZACHARIE.
2135
revint, et me réveilla comme un
homme qu'on réveille de son som-
meil.
2. Et il me dit : Que vois-tu,
toi? Et je répondis : J'ai vu, et
voilà un chamdelier tout d'or, et
sa lampe sur son sommet, et ses
sept lampes au-dessus; et sept
canaux aux lampes qui étaient
sur son sommet;
3. Et deux oliviers au-dessus;
un à la droite delalampe, etun à
sa gauche.
son ami sous une vigne et sous
un figuier.
4. Et je pris la parole, et je dis
à l'ange qui parlait en moi: Qu'est
ceci, mon Seigneur?
ὃ. Et l'ange qui parlait en moi
me répondit et me dit : Est-ce
que tu ne sais pas ce que c'est?
Et je dis : Non, mon Seigneur.
6. Et il reprit, et s'adressa à
mol, disant: Voici la parole du
Seigneur à Zorobabel. Ce n'est
point par une armée, ni par la
CHAPITRE IV.
Chandelier d'or ayant sept lampes sur
sept branches, et deux oliviers à ses
côtés. Zorobabel achévera le temple
dont il a posé les fondements. Les sept
lampes sontles sept yeux du Seigneur;
les deux oliviers sont les deux oints
de l'huile sainte.
1. Et l'ange qui parlait en moi
Compar. Luc, 1, 1, 8. Le mot hébreu correspondant /sémah, qui signifie germe, rejeton,
est appliqué au Messie dans 13076, 1v, 2; Jérém., xxur, 5; xxxi, 15; aussi bien que
le titre de serviteur de Dieu, dans Isaie, xum, 1; xux, 3 ; v, 10; ru, 13; rur, 41.
9. La pierre, etc., est encore un nom qui désigne le Messie dans Ps. cxvir, 22;
Matth., xxx, 42, 44; Actes, 1v, 11; Rom., 1x, 32, 33. — Ces sept yeux peuvent signifier
la plénitude des dons de l'Esprit ‘de Dieu, que Jésus-Christ possédait sans mesure, ou
bien la vigilance parfaite du divin Sauveur dans la formation, le progrès et la conser-
tion de son Eglise. — Je la graverai, etc. Beaucoup d'interprètes entendent ce pas-
sage des saints stigmates que la couronne d'épines, les clous de la croix, la lance du
soldat, etc., ont laissés sur son corps adorable. — En un seul jour; le jour de sa
passion.
10. Un homme, etc.; image des biens spirituels apportés aux hommes par Jésus-
Christ, et qu'ils devaient se communiquer dans le sein de son Eglise.
1-14. * 55 Dans la cinquième vision, 1v, Dieu montre au Prophète un candélabre
d'or, placé entre deux oliviers; le candélabre et les oliviers sont l'embléme du temple
qui sera achevé par Zorobabel et enrichi de tous les dons du Saint-Esprit.
1. Qui parlait en moi, Voy. 1, 9. — Revint, c'est-à-dire qu'aprés s'étre approché
du grand-prétre Jésus, auquel se rapporte le chapitre précédent, et aprés lui avoir
parlé, l'ange revient à Zacharie, semble le frapper et l'éveiller; car tout FE se passe
en vision. Voy. plus haut Observat. prélimin., pag. 1, 2.
2. Le chandelier avait la forme de celui que Moïse décrit (Exod., xxv, 31 et suiv.;
xxxvit, 17 et suiv.); il avait sept lampes montées sur sept branches; l'huile se com-
muniquait également aux sept lampes par sept canaux qui la recevaient d'un vase
placé sur le sommet du chandelier, et l'huile dont ce vase était rempli y découlait
par des tuyaux qui s'étendaient vers les deux oliviers placés aux deux cótés du chan-
delier. Voy. vers. 3, 12.
2136
torce, que zu achéveras le temple,
mais par mon esprit, dit le Sei-
gneur des armées.
7. Qu'es-tu, grande montagne,
devant Zorobabel? £u seras apla-
nie; il posera la pierre principale,
et il ajoutera une beauté égale à
sa beauté.
8. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
9. Les mains de Zorobabel ont
fondé cette maison, et ses mains
l'achèveront; et vous saurez que
ZACHARIE.
[cu. v.]
fois, et je lui dis : Que sont ces
deux branches d'oliviers qui sont
auprès de deux becs d'or dans
lesquels sont les canaux d'or par
où coule l'huile?
13. Et il m'interpella, en disant:
Est-ce que tu ne sais pas ce que
c'est? Et je répondis : Non, mon
Seigneur.
14. Et il dit : Ce sont les deux
fils de l'huile sainte, qui assistent
devant le Dominateur de toute la
terre.
le Seigneur des armées m'a en-
vOyé vers vous.
10. Car qui a vu avec mépris les
jours courts? Mais on se réjouira,
et on verraleplomb à la main de
Zorobabel. Ce sontlàles sept yeux
du Seigneur qui parcourent toute
la terre.
11. Et je repris et je lui dis: Que
sont ces deux oliviers à la droite
du chandelier, et à sa gauche?
19. Et je repris une seconde
CHAPITRE V.
Volume volant qui est appelé malédic-
tion, et qui consume la maison des pré-
varicateurs. Femme assise dans une
amphore; elle est appelée l'impiété, et
l'amphore est fermée par une masse de
plomb. Deux femmes ailées enlèvent
cette amphore, et la portent dans la
terre de Sennaar.
1. Et je meretournai, et je levai
mes yeux; et je vis, et voilà un
volume volant.
8. Disant. Voy. sur ce mot Aggée, τ, 1.
10. Les jours courts, dans le style biblique, sont ceux où il se fait peu de chose,
comme au contraire les grands jours signifient les jours où se passent des choses
importantes, de grands événements. Le sens de ce passage est done : Qui est celui
d'entre vous qui a pu voir avec mépris les faibles commencements du temple, et
regarder comme une entreprise téméraire sa reconstruction par Zorobabel, quand
tous vous verrez avec joie ce prince de Juda, le plomb et le niveau à la main, hâter
l'ouvrage, et le conduire heureusement à sa fin? — Ce sont là, etc. Ces mots semblent
étre l'interprétation du symbole des septlampes (vers. 2), lesquelles marquent à leur
tour les sept anges qui sont comme les yeux et les inspecteurs dont Dieu se sert
pour veiller à l'accomplissement de ses œuvres. Les rois de Perse avaient des officiers
qu'on appelait les yeux du roi, et qui étaient comme ses espions.
14. Fils de l'huile; hébraisme, pour oints de Ühuile. Ces deux oints de l'huile sainte
sont Jésus comme grand-prétre, et Zorobabel comme prince du peuple et de la fa-
mille des rois de Juda; l'un et l'autre éclairés par les sept lampes, et tous deux
versant l'huile pour entretenir ces lampes, parce qu'avec lassistance des anges ils
sont les ministres de la puissance du Seigneur pour l'exécution de ses desseins sur
son peuple. Sous un autre point de vue ils représententles deux apótres, saint Pierre
et saint Paul, qui ont été dans l'établissement de l'Eglise les principaux ministres des
miséricordes du Seigneur pour la conversion des Juifs et des gentils; de même qu'à
la fin des temps, les deux prophétes Elie et Hénoch seront envoyés de Dieu, l'un
pour ramener les Juifs à Jésus-Christ, et l'autre pour précher la pénitence aux nations;
c'est de ceux-ci qu'il est dit dans l'Apocalyse, xi, 4 : Ce sont les deux oliviers et les
deux chandeliers dressés devant le Seigneur de la terre.
4-11, * 65 et T°. Dans la sixième etla septième vision, qui ont l'une et l'autre la même
[cu. v.]
9. Et l'ange me dit : Que vois-
tu? Et je répondis : Je vois un
volume volant : sa longueur est
de vingt coudées, et sa largeur
de dix.
3. Et il me dit : C'est la malé-
diction qui sort sur la face de
toute la terre; parce que tout vo-
leur, selon qu'il est écrit dans ce
volume, sera jugé ; et quiconque
jure faussement sera jugé pareil-
lement d’après ce volume.
4. Je le ferai sortir, dit le Sei-
gneur des armées; et il viendra
à la maison du voleur et à la mai-
son de celui qui jure faussement
en mon nom; et 11 demeurera au
milieu de sa maison, etla consu-
mera ainsi que ses bois et ses
pierres.
5. Et l'ange qui parlait en moi
sortit, et me dit : Lève tes yeux,
et vois qu'est-ce qui sort.
6. Et je dis : Qu'est-ce? Et il
répondit : C'est une amphore qui
ZACHARIE.
2137
sort. Et il ajouta : C'est leur ceil
sur toute la terre.
7. Et voilà que l'on portait un
talent de plomb, et qu'une femme
était assise au milieu de lam-
phore.
8. Et il dit : Cestl'impiété ; et il
la renversa au milieu de l'am-
phore, et il posa une masse de
plomb sur l'ouverture.
9. Et je levai mes yeux, et je
vis; et voilà deux femmes sor-
tant, et un vent soufflait dans
leurs ailes, et elles avaient des
ailes comme des ailes de milan;
etelles éleverent l'amphore entre
la terre et le ciel.
10. Et je dis à l'ange qui parlait
en moi : Oü ces femmes portent-
elles l'amphore?
11. Et il me répondit : Cest
afin qu'on lui bátisse une maison
danslaterre de Sennaar, et qu'elle
soit établie, et qu'elle soit posée
sur sa base.
signification, v, un volume qui s'envole et une femme placée dans un épha ou amphore
avec un poids de plomb, soulevée en l'air par deux autres femmes, figurent l'exclusion
des pécheurs du royaume de Dieu.
2. Sa longueur, etc. Les anciens livres étaient composés de feuilles ou de morceaux
de vélin attachés bout à bout et en longueur, qu'on roulait autour d'un bâton.
3. Tout voleur, etc. Le vol peut s'entendre ici de toutes les injustices et les violences
exercées contre les hommes; et le faux jurement, ou parjure, de toutes les fautes
commises contre Dieu. — Faussement est évidemment sous-entendu, on le voit par
le verset suivant.
5. Qui parlait en moi. Voy. 1, 9.
6. Amphore. Voy. Daniel, xiv,
9, — C'est leur œil, etc.; c'est-à-dire, leur ressem-
blance, leur vrai portrait, selon les uns, ou bien, suivant les autres, c'est sur l'am-
phore qu'est fixé leur ceil, pour la remplir de leurs crimes.
1. Talent (talentum); est expliqué par masse (massam) au vers. 4. — Seule (una). Ce
mot, qui se trouve aussi dans l'hébreu et dans les Septante, a été mis dans le texte
probablement parce qu'au vers. 9 il est question de deux femmes.
9. Ces deuz femmes signifient, selon les Juifs, les Médes et les Grecs, qui ont affligé
les Babyloniens,
et qui ont établi leur monarchie dans leur pays;
selon saint
Jerome, les Hébreux eux-mémes, dont ceux du royaume d'Israél furent emmenés
capti's par les Assyriens, et ceux de Juda par les Chaldéens.
11. Dans la terre de Sennaar, c'est-à-dire à Babylone, qui était dans cette terre.
Comme dans le style figuré des prophètes, et dans le livre méme de l'Apocalypse,
Babylone représente Rome paienne, la terre de Sennaar peut trés bien représenter
ici l'empire romain, au milieu duquel les Juifs ont été transportés et dispersés depuis
Jésus-Christ.
2138
CHAPITRE VI.
Quatre quadriges qui sortent du milieu
de quatre montagnes d'airain, et qui
vont vers différentes parties du monde.
Couronne pour le grand-prétre Jésus,
et pour l'homme appelé l'Orient, qui
bátira le temple du Seigneur.
1. Et je me retournai, 61 je le-
vai mes yeux, et je vis; et voilà
quatre quadriges sortaut du mi-
lieu de deux montagnes, et les
montagnes éfaient des monta-
gnes d'airain.
2. Au premier quadrige éfaient
des chevaux roux, et au second
quadrige des chevaux noirs;
3. Au troisième quadrige, des
chevaux blancs, et au quatrième
quadrige, des chevaux mouchetés
et forts.
4. Et je pris la parole, et je dis
àl'ange qui parlaiten moi : Qu'est-
ceci, mon Seigneur? =
5. Et l'ange répondit et me dit:
Ce sont les quatre vents du ciel,
qui sortent pour se présenter de-
vant le Dominateur de toute la
terre.
ZACHARIE.
[cu. vi.]
6.Les chevaux noirs, quiétaient
au second quadrige, allaient vers
18 terre de l’aquilon; et les blancs
allèrent après eux ; etles mouche-
tés sortirent vers la terre du midi.
7. Mais ceux qui étaient les plus
forts sortaient et cherchaient à
aller et à courir par toute la terre.
Et l'ange dit : Allez, parcourez la
terre ; etils parcoururentla terre.
8. Et il m'appela, et me parla,
disant : Voilà que ceux qui sor-
tent vers la terre de l'aquilon ont
apaisé mon esprit dans la terre
de l'aquilon. |
9. Et la parole du Seigneur me
fut adressée, disant :
10. Prends delatransmigration,
de Holdai, de Tobie, et d'Idaia
leurs dons, ettu viendras, toi, en
ce jour-là, et tu entreras dans la
maison de Josias, fils de Sopho-
nias, qui sont revenus de Baby-
lone.
11. Et tu prendras de l'or et de
l'argent, et tu en feras des cou-
ronnes, et tu les poseras sur la
téte de Jésus, fils de Josédec, le
grand-prétre.
1-8. * 85 Dans la huitième vision, vi, 1-8, quatre chars correspondant aux quatre vents
ou points cardinaux, voir Daniel, vit, 4, sortent de deux montagnes d'airain (Sion
et Moria) : c’est le signe du jugement par lequel Dieu renouvelle le monde coupable.
1. Les quadriges, d’après le vers. 5, représentent les vents du ciel. Voy. ce verset.
4. Qui parlait en moi. Voy. 1, 9.
5. Ces quatre vents du ciel, figurés parles quatre quadriges, sont, suivant l'opinion
commune, les quatre monarchies mentionnées dans Daniel, m, vir, cest-à-dire,
celles des Chaldéens, des Perses, des Grecs et des Romains.
8. Le sens de toute la vision poétique est que Dieu, dominateur souverain de toute
la terre, fera subir la punition qu'ils méritent, non seulement aux Juifs, mais encore
à tous les peuples du monde qui s'opposent à ses ordonnances, jusqu'à ce que sa
justice soit satisfaite.
9-15. * 9» Enfin une action symbolique, vi, 9-15, le couronnement du grand-prétre
Jésus, indique qu'Orient,le chef du royaume de Dieu, réunira en sa personne la
dignité de roi et de pontife.
9. Disant (dicens). Voy. Aggée, τ, 1.
10. Holdaï, Tobie, Idaïa et Josias étaient des délégués des Juifs qui étaient restés à
Babylone, et qui étaient venus apporter des présents pour le temple. Le Prophète devait,
au jour marqué par le Seigneur, se rendre auprés d'eux, ct recevoir leur or et leur
argent, dont la destination est indiquée avec plus de détails dans les versets suivants,
[cu. vi]
12. Et tu lui parleras, en disant:
VoILA L'HOMME, ÜRIENT EST SON NOM;
et il germera de lui-méme, et bà-
tira un temple au Seigneur.
13. Et lui-méme construira un
temple au Seigneur; et lui-méme
portera la gloire, et il s'assiéra,
et dominera sur son trône; le
prétre aussi sera sur son tróne,
et un conseil de paix sera entre
eux deux.
14. Etles couronnes seront pour
ZACHARIE.
2139
CHAPITRE VII.
Députation aux prétres du Seigneur tou-
chant les jeünes observés durant la
captivité. Défaut de ces jeünes. OEuvres
de justice que le Seigneur recommande,
et dont le mépris attire sa colére.
1. Et il arriva dans la quatrieme
année du roi Darius, que la pa-
role du Seigneur fut adressée à
Zacharie, au quatrième 201 du
neuvième mois, qui est appelé
Casleu.
2. Or Sarasar et Rogommélech
et les hommes qui étaient avec
lui, envoyèrent à la maison de
Dieu pour implorer la face du
Seigneur,
3. Afin de parler aux prêtres de
la maison du Seigneur des ar-
mées et aux prophètes, en leur
disant : Faut-il que je pleure dans
Hélem, et Tobie, et Idaia, et Hem,
fils de Sophonias, un souvenir
dans le temple du Seigneur.
15. Et ceux qui sont au loin
viendront, et bátiront dans le
temple du Seigneur; et vous sau-
rez que le Dieu des armées m'a
envoyé vers vous. Or, ceci aura
lieu, si vous écoutez fidelement
la voix du Seigneur votre Dieu.
Car. VI. 12. Luc, 1, 78.
12. Voilà l’homme, etc. Ces paroles semblent, au premier abord, se rapporter à
Zorobabel, qui était le rejeton, l'espérance de la maison de David, et que Dieu avait
choisi pour rétablir son temple; mais les mots, 77 germera de lui-méme (littér. sous
lui, subter eum), ne conviennent qu'à Jésus-Christ, vrai rejeton de David, qui dans
sa naissance temporelle n'a rien emprunté d'aucun homme, mais est sorti d'une
vierge immaculée, comme un rejeton de sa souche ([saze, מא 1), et qui a bâti le
temple le plus glorieux qui püt étre élevé à Dieu, son Eglise, édifice spirituel dont
nous sommes nous-mêmes les pierres vivantes. Compar. Zacharie, ni, 8.
15. Si vous écoutez fidèlement; avec une grande attention; littér., et par hébraisme,
si par audition vous écoutez.
1-14. * 119 section : Réponse du Seigneur aux envoyés de Béthel à l'occasion du
jeûne en mémoire de la prise de Jérusalem par les Chaldéens, vu-vur. — L'an 518,
des messagers vinrent de Béthel à Jérusalem pour demander aux prétres et aux pro-
phétes si le jeüne institué, en signe de deuil, à cause de la ruine de là capitale et du
temple par Nabuchodonosor, devait étre encore observé, maintenant que la ville et
la maison de Dieu étaient restaurées, vir, 1-3. Dieu leur fait répondre par Zacharie
que ce qui lui plait, ce n'est pas l'abstinence, mais l'obéissance, 4-7; s'il a dispersé
son peuple parmi les paiens, c'est à cause de son indocilité, 8-14; désormais il trai-
tera Sion avec bonté, après l'avoir affligée, vir, 1-17; il changera les jours de jeûne
en jours de joie et glorifiera la cité sainte, de telle sorte que des peuples puissants
et nombreux accourront pour l'y adorer, quand ils se convertiront, à la venue du
Messie, 18-23.
1..Du neuvième mois. Voy. Aggée, m, 11.
2. * Le texte hébreu porte : On envoya à Béthel Sarasar et Rogommélech, etc. Sara-
sar est un nom assyro-chaldéen, signifiant : (Que Dieu) protège le roi! L'Israélite qui
le portait était né sans doute en Chaldée.
3, 5. Le cinquième mois. Voy. Ezéch., xx, 1. — Me sanctifier, c'est-à-dire, me puri-
fier. Le jeûne et les lamentations en usage dans le cinquième mois furent établis en
2140
le cinquième mois, ou dois-je me
sanctifier comme je l'ai déjà fait
pendant beaucoup d'années?
4. Et la parole du Seigneur des
armées me fut adressée, disant :
5. Parle à tout le peuple de la
terre et aux prétres, en disant :
Lorsque vous avez jeüné et pleuré
dans le cinquième et le septième
mois, pendant ces soixante-dix
années, est-ce pour moi que vous
avez jeüné?
6. Et lorsque vous avez mangé
et que vous avez bu, n'est-ce pas
pour vous que vous avez mangé
et pour vous que vous avez bu?
7. Ne sont-ce pas là les paroles
qu'a dites le Seigneur par l'entre-
mise des prophètes antérieurs,
lorsque Jérusalem était encore
habitée, et qu'elle était opulente,
elle-méme et les villes autour
d'elle, et qu'au midi et dans la
plaine fout était habité ?
8. Et la parole du Seigneur des
armées fut adressée à Zacharie,
disant :
9. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : Jugez selon la vérité,
usez de miséricorde et de clé-
mence, chacun envers son frère.
ZACHARIE.
[cu. vir.]
10. Et n'opprimez point la veu-
ve, ni l'orphelin, ni l'étranger, ni
le pauvre; et qu'un homme ne
médite pas dans son cœur le mal
contre son frère.
11. Mais vos pères n'ont pas
voulu être attentifs ὦ ma voix,
et ils ont détourné l'épaule en se
retirant, et ils ont appesanti leurs
oreilles pour ne pas entendre.
12. Et leur cœur, ils l'ont rendu
dur comme un diamant, pour ne
pas écouter la loi etla parole que
le Seigneur des armées leur en-
voya avec son esprit, par l'entre-
mise de ses prophètes antérieurs;
et le Seigneur des armées concut
une grande indignation.
13. Or il est arrivé comme il a
parlé, et ils n'ont pas écouté;
ainsi ils crieront, et je ne les
écouterai pas, dit le Seigneur
des armées.
14. Et je les ai dispersés dans
tous les royaumes qu'ils ne con-
naissent pas; et leur terre a été
désolée derriere eux, en sorte
qu'il n'y avait personne qui y
passät, et qui en revint, et ils
ont fait d'une terre délicieuse un
désert.
(παρ. VII. 5. 18816, Lvii, 5. — 10. Exode, זאא 22; Isaie, 1, 23; Jér., v, >
mémoire de l'incendie du temple, brülé par les Chaldéens le dixiéme jour de ce
méme mois (Jérém., xxxix, 8; 111, 13). Les envoyés parlent au nom du corps des Juifs,
pour lequel ils sont venus consulter; de là vient qu'ils emploient le nombre singulier,
4, 8. Disant (dicens). Voy. Aggée, 1, 1.
5. Le septième mois. Voy. Aggée, τι, 2. — Le jeûne et les lamentations usités dans
le septième mois furent établis et fixés au troisième jour de ce mois, en souvenir du
meurtre de Godolias et de la dispersion du reste du peuple qui était avec lui. (IV Rois,
XXV, 25; Jérém., הזד 1, 3).
1. Par l'entremise (per manum). Voy. Aggée, 1, 1.
10. N'opprimez point (nolite calumniari). Voy. Jérém., v, 33.
41. L'épaule en se retirant; littér., l]épaule qui se retirait (scapulam recedentem),
ce que porte aussi le texte hébreu.
14. Derrière eur, ou aprés eux; c'est le vrai sens du αὐ eis de la Vulgate, expliqué
par l'hébreu et les Septante, |
(ἐπ. νπι.]
CHAPITRE VIII.
Le Seigneur, aprés avoir chátié Sion,
reviendra vers elle, lui rendra la paix,
et rassemblera son peuple. Les deux
maisons d'Israél et de Juda seront en
bénédiction. Les peuples étrangers se
joindront aux fils de Juda pour adorer
avec eux le Seigneur ὃ.
4. Et la parole du Seigneur des
armées me fut adressée, disant :
2. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : J'ai été zélé pour
Sion d'un grand zèle, et j'ai été
animé contre elle d'une grande
indignation.
3. Voici ce que dit le Seigneur
desarmées:Je suisrevenu à Sion,
et j'habiterai au milieu de Jérusa-
lem; et Jérusalem sera appelée la
cité de la vérité, et la montagne
du Dieu des armées, la montagne
sainte.
4. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : Des vieillards et
des vieilles femmes habiteront
encore sur les places de Jéru-
salem, et des hommes, chacun
un báton en sa main, à cause de
la multitude de /eurs jours.
5. Et les places de la cité seront
remplies de petits garçons et de
petites filles qui joueront sur ses
places.
0. Voici ce que dit le Seigneur
ZACHARIE. 2141
des armées : Si ma prédiction
paraît difficile aux yeux des res-
tes de ce peuple en ces jours-là,
est-ce qu’à mes yeux elle sera dif-
ficile, dit le Seigneur des armées?
7. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : Voici que moi, je
sauverai mon peuple de la terre
de l'orient et de la terre du cou-
cher du soleil.
8. Et je les ramènerai, et ils ha-
biteront au milieu de Jérusalem ;
et ils seront mon peuple, et moi
je serai leur Dieu, dans la vérité
et dans la justice.
9. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : Que vos mains se
fortifient, vous qui entendez en
ces jours ces paroles par la bou-
che des prophètes, au jour auquel
a été fondée la maison du Sei-
gneur des armées, afin que le
temple füt bâti.
10. Car avant ces jours-là, il
n'y avait pas de récompense pour
les hommes, ni de récompense
pour les bétes; et pour celui qui
entrait et pour celui qui sortait, il
n'y avait pas de paix à cause dela
tribulation; et j'abandonnai tous
les hommes chacun contre son
prochain.
11. Mais maintenant ce ne sera
pas comme aux jours antérieurs
* Ce chapitre contient la continuation du discours précédent à l'occasion des eu-
voyés de Sarasar et de Rogommélech.
1, 18. Disant (dicens). Voy. Aggée, 1, 1.
2. Et j'ai été animé, etc., parce qu'elle a méprisé et outragé mon amour pour elle,
3. Sainte; littér., sanctifiée (sanctificata), c'est-à-dire, consaerée à Dieu. Ces titres de
cité de la vérité ou de la fidélité, et de montagne sainte, n'appartiennent proprement
qu'à l'Eglise chrétienne, dont ils caractérisent la sainteté, l'unité et la visibilité.
8. Je les raménerai, etc. Cette promesse n'aura son parfait accomplissement sur les
Juifs que lorsque, par leur conversion, ils rentreront dans le sein de l'Eglise repré-
sentée par Jérusalem.
10. Dans les premières années qui suivirent le retour de la captivité, il n'y avait
parmi les Juifs ni gain, ni commerce; ils étaient entiérement livrés aux divisions,
aux querelles et aux procés. D'un autre cóté la jalousie et la haine de leurs ennemis
du dehors ne leur donnaient aucun repos (I Esdr., iv; 11 Esdr., 1v; Aggée, τι, 16, 18).
-
29149
que moi je traiterai les restes de
ce peuple, dit le Seigneur des ar-
mées.
12. Mais il y aura une semence
de paix; la vigne donnera son
fruit, et la terre donnera ses pro-
ductions, et les cieux donneront
| leur rosée ; et je ferai posséder
tous ces biens aux restes de ce
peuple.
13. Et il arrivera que comme
vous étiez un objet de malédic-
lion parmi les nations, maison
de Juda et maison d'Israél, ainsi
je vous sauverai, et vous serez
un objet de bénédiction; ne crai-
gnez point; que vos mains se for-
üfient.
14. Parce que voici ce que dit
le Seigneur des armées : Comme
j'ai songé à vous punir, lorsque
vos pères m'ont provoqué au
courroux, dit le Seigneur,
15. Et que je n'ai pas eu de pi-
lié; ainsi, revenu ὦ euz, j'ai songé
en ces jours à faire du bien à la
maison de Juda et à Jérusalem;
ne craignez point.
16. Voici donc ce que vous fe-
rez: Parlez vérité, chacun avec
son prochain; jugez selon la vé-
rité, et rendez des jugements de
paix à vos portes.
(παρ, VIII. 16. Ephés., 1v, 25.
ZACHARIE.
(cu. vur.]
17. Qu'aucun de vous ne médite
en son cœur le mal contre son
ami; et n'aimez pas le serment
mensonger; car ce sont toules
choses que je hais, dit le Sei-
gneur.
18. Et la parole du Seigneur
des armées me fut adressée, di-
sant :
19. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : Le jeüne du qua-
trième mois, et le jeûne du cin-
quieme, et le jeüne du septième,
et le jeûne du dixième seront
changés pour la maison de Juda
en joie et en allégresse, et en so-
lennités brillantes; aimez seule-
ment la vérité et la paix.
20. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : Que des peuples
viennent encore, et qu'ils habi-
lent dans beaucoup de cités;
21. Et que les habitants aillent
l'un vers l'autre, disant : Allons,
et implorons la face du Seigneur,
et cherchons le Seigneur des ar-
mées ; j'irai, moi aussi.
22. Et beaucoup de peuples
viendront ainsi que des nations
puissantes pour chercher le Sei-
gneurdesarmées dansJérusalem,
et pour implorer la face du Sei-
gneur.
12. Les biens terrestres que Dieu promet ici à son peuple sont l'image des biens
célestes qu'il promet aux vrais fidèles. La rosée du ciel est le symbole de la grâce, et
les productions de la terre représentent les fruits de justice que nos âmes produisent
par l'influence de cette rosée.
16. A vos portes, c'est-à-dire, aux portes de vos villes; c'est là que se trouvaient
les tribunaux.
19. Du quatrième mois. Voy. Ezéch., τ, 1. — Du cinquième de l'année sacrée, et
onzième de l'année civile. Il commençait à la nouvelle lune de juillet, selon les ra-
bins, mais c'était plus probablement à celle d'août. — Du septième. Voy. Aggée, τι, 2.
— Du dixiéme. Voy. Ezéch., xxiv, 1. — Ces quatre jeünes étaient célébrés depuis la
captivité, et les Juifs les observent encore aujourd'hui.
20. Que des peuples viennent encore (usquequo veniant populi); selon l'hébreu, encore
que viendront,
[cu. 1x.]
23. Voici ce que dit le Seigneur
des armées : Ceci arrivera en
ces jours-là, dans lesquels dix
hommes de toutes les langues
des nations, saisiront la frange
de la robe d'un homme juif, di-
sant : Nous irons avec vous, car
nous avons appris que Dieu est
avec vous. ;
CHAPITRE IX.
Prophétie contre les Syriens, les Phéni-
ciens et les Philistins. Le roi de Sion
vient à elle. Le Seigneur armera de
foree Juda et Ephraim contre la Gréce.
ll comblera son peuple de ses biens
les plus excellents.
1. Malheur accablant de la pa-
| 2016 du Seigneur contre la terre
d'Hadrach etde Damas, lieu de son
repos; parce que l'œil du Seigneur
ZACHARIE.
2145
est sur un homme et sur toutes
les tribus d'Israël.
2. Contre Emath aussi sur ses
frontières, et contre Tyr et Sidon ;
car elles se sont attribué une bien
grande sagesse.
3. Et Tyr a bâti ses fortifica-
tions, eta entassé l'argent comme
la poussière, et l'or comme la
boue des places publiques.
4. Voici que le Seigneur s'en
rendra miitre, et il brisera sa
force sur la mer, et elle sera dé-
vorée par le feu.
5. Ascalon verraetelle craindra ;
et Gaza verra et elle sera dans une
très grande douleur ; et Accaron,
parce que son espérance sera con-
fondue; et il n'y aura plus de roi
en Gaza, et Ascalon ne sera plus
habitée.
93. De toules les langues des nations; hébraisme, pour des nations de toutes les
langues, ou de toutes les nations et de toutes les langues. — La frange, ete., c'est-
à-dire, les houppes que Moise ordonne aux Hébreux de mettre aux coins de leurs
manteaux, pour les distinguer des autres peuples (Nomór., xv, 38; Deuléron., xxi, 12).
— Nous irons, etc. Ces promesses ont été accomplies dans la conversion des gentils
par la prédication des apôtres.
1-11. * HI? section : Prophéties contre Hadrach et Israël, ix -xiv. — La dernière section
contient deux oracles, qui portent le nom de massa’ ou malheur accablant; 16 premier
est dirigé contre Hadrach et les pays voisins, ix-xt; le second contre Israël, xir-xiv. —
19 Oracle contre Hadrach. La position de cette ville est restée inconnue jusqu'à nos
jours; un certain nombre d'exégéles, méme contemporains, ont soutenu que ce nom
était purement symbolique et ne répondait à aucune réalité; c'est une erreur: la ville
d'Hadrach a existé; elle est plusieurs fois mentionnée dans le récit des guerres des
rois d'Assyrie; elle était située en Syrie. Elle est mentionnée ici avec tous les pays
voisins, Damas, Hamath, la Phénicie et le pays des Philistins. Toute cette contrée sera
ruinée, ix, ce qui eut lieu par les armes d'Alexandre le Grand; le peuple de Dieu, au
contraire, sera béni et puissant, x; il reviendra de la captivité sous son nouveau roi,
1. Malheur accablant. Voy. Isaie, xuz, 1. — Hadrach est selon la plupart des nou-
veaux interprétes le nom d'une petite contrée voisine de Damas. — Lieu de son repos;
c'est-à-dire, qu'Hadrach se reposait sur Damas, mettait toute sa confiance en elle.
Les anciens l'ont pris pour un mot symbolique, qui doit s'expliquer par sa signi-
fication même; mais on est loin de s'aecorder sur son vrai sens. — Il parait que les
prophéties contenues dans ce chapitre contre les Syriens, les Phéniciens et les Phi-
listins regardent les expéditions d'Alexandre 16 Grand contre ces peuples. — L'œil du
Seigneur, etc., veille sur chaque homme en particulier et sur toutes les tribus d'Israél
(Compar. le vers. 8); littér., selon la Vulgate et l'hébreu du (ou au) Seigneur est l'ail
(c'est-à-dire, l'inspection, l'observation) d'un homme et de toutes, etc., et, selon les
Septante, le Seigneur inspecte (ou observe) hommes et toutes tribus d'Israël.
4. Sur la mer. Alexandre coula à fond les vaisseaux de Tyr devant ses murailles.
5-6. * Ascalon, Gaza, Accaron, Azot, les quatre principales villes des Philistins, au
sud-ouest de la Palestine.
9144
6. Un étranger s'établira dans
Azot, et je détruirai entierement
l'orgueil des Philistins.
7. Et j'óterai son sang de sa
bouche, et ses abominations d'en-
tre ses dents, et il restera lui aussi
à notre Dieu; et il sera comme
chef dansJuda, et Accaron comme
un Jébuséen.
8. Et j'environnerai ma mai-
son de ceux qui combattent pour
moi; ils iront et reviendront; et
il ne passera plus sur eux d'exac-
teur; parce que maintenant je 8
ai vus de mes yeux.
9. Exulte complètement, fille
deSion; jubile, fille deJérusalem;
VOICI QUE TON ROI viendra à toi,
juste et sauveur; lüi-méme pau-
vre, et monté sur une ânesse et
surun poulain, petit d'une ânesse.
10. Et je détruirai entièrement
d'Ephraim les quadriges, et de
ZACHARIE.
]68. 1x.]
Jérusalem les chevaux, et l'arc de
la guerre sera anéanti; et il pu-
bliera la paix aux nations, et sa
puissance s'étendra depuis une
mer jusqu'à une autre mer, et
depuis les fleuves jusqu'aux con-
fins dela terre.
11. Toi aussi par le sang de ton
alliance, tu as fait sortir tes pri-
sonniers d'un lae qui est sans
eau.
12. Retournez aux fortifica-
tions, prisonniers qui avez con-
servé l'espérance; aujourd'hui
aussi, j'annonce, 6 Sion, que je
te rendraile double.
13. Parce que j'ai tendu pour
moi Juda comme un arc, j'ai rem-
pli Ephraim de flèches ; et je susci-
terai tes fils, 6 Sion, contre tes
fils, ὁ Grèce; et je te rendrai
comme le glaive des forts.
14. Etle Seigneur Dieu paraitra
CnaP. IX. 9. Isaie, זא 11; Matt., xxt, 5.
6. Un étranger (separator); ainsi les Septante; selon l'hébreu, un bdlard, c'est-à-
dire, Alexandre, comme l'entendent quelques-uns, ou bien les colonies d'étrangers
d'une origine fort différente, que ce prince avait mises dans les villes des Philistins,
et qui étaient par rapport à eux, et aux villes qu'on leur donnait, de véritables
bátards; ou bien enfiu les Juifs qui se rendirent maitres des villes des Philistins
sous les Machabées, ce que les versets suivants donnent à entendre.
1. Son sang, le sang qu'il boit; soit le sang des victimes qu'il a immolées, soit celui
qui se trouve dans les viandes que l'on mange. Les Hébreux avaient horreur de tous
ceux qui mangeaient de la viande avec le sang. — Ses abominations; ses viandes
consacrées aux idoles. — Comme un Jébuséen, c'est-à-dire, comme un habitant na-
turel de Jérusalem. Cette ville était anciennement habitée par des Jébuséens, et elle
s'appelait méme Jébus.
8. Sur eux; sur mon peuple. — De mes yeux; d'un œil favorable.
9. Fille de Sion, fille de Jérusalem. Voy. τι, 7. — Il n'y a que Jésus-Christ qui ait
parfaitement accompli les prédictions contenues dans ce verset et le suivant. Compar.
Matth., xxt, 5; Jean, xit, 15.
10. * Depuis une mer, etc. Son royaume comprendra la terre entière.
11. Par le sang, etc. L'alliance faite par le Seigneur avec les Hébreux sur 5 1
fut scellée par le sang (Exode, xxiv, 8; Lévit., xvi, 11; Hébreux, 1x, 18). Par cette
alliance ils se consacrérent au Seigneur, et ils acquirent un droit à sa protection. —
Un lac qui est sans eau, signifie une prison (Jérém., xxxvim, 6); et la prison elle-
méme est la figure d'une grande affliction (Ps. xxxix, 2; nxxxvir, 1; Isaïe, xuu, 22).
13. J'ai tendu, etc. On entend communément ceci des victoires que les Juils rempor-
térent du temps des Machabées sur les rois gréco-syriens.
14. Un tourbillon du midi. Les tempétes du midi dans la Palestine ont toujours été
trés violentes,
ἴδε; x.]
au-dessus d'eux, et son dard par-
tira comme la foudre; et le Sei-
eneur Dieu sonnera de la trom-
pette; il s'avancera dans un tour-
billon du midi.
15. Le Seigneur des armées les
protégera; et ils dévoreront Jeurs
ennemis et les soumettront avec
les pierres de la fronde ; et buvant
leur sang, ils seront enivrés com-
me de vin; et ils seront remplis
comme les coupes, et comme les
cornes de l'autel.
16. Et le Seigneur leur Dieu les
sauvera en ce jour-là comme le
troupeau de son peuple; parce
que des pierres saintes s'élève-
ront sur sa terre.
11. Car qu'est-ce que le Se
gneur a de bon et de beau, sinon
le froment des élus, et le vin qui
fait germer les vierges?
CHAPITRE X.
C'est le Seigneur qu'il faut invoquer, et
non les idoles. Colère du Seigneur
contre les pasteurs de son peuple. Il
visitera dans sa miséricorde la maison
de Juda. Il rassemblera la maison d'Is-
raél.
1. Demandez au Seigneur la
pluie dans larriere-saison, et le
Seigneur fera {omber la neige ; il
ZACHARIE.
2145
leur donnera une pluie abon-
dante, à chacun l'herbe dans soz
champ.
2. Parcequelesidoles ont ditdes
choses vaines, et que les devins
ont vu le mensonge, et que les in-
terprètes des songesont parléinu-
tilement; ils donnaient de vaines
consolations ; c'est pour cela qu'ils
ontété emmenés comme un trou-
peau; ils seront affligés, parce
qu'ils n'ont pas de pasteur.
9. Contre les pasteurs, ma fu-
reur s' 65. irritée, et je visiterai les
boucs; parce que le Seigneur des
armées a visité son troupeau, la
maison de Juda, et il en a fait
comme son cheval de gloire à la
guerre.
4. De lui sortira l'angle, de lui
le pieu, de lui l'are du combat,
de lui tout exacteur en méme
temps.
5. Et ils seront comme les forts
qui dans le combat foulent 7en-
nemi comme la boue des rues; et
ils combattront, parce que le Sei-
gneur esé avec eux; et ceux qui
montent sur des chevaux seront
confondus.
6. Et je fortifierai la maison de
Juda, et je sauverai la maison de
Joseph; et jeles convertirai, parce
45. Les coupes qui servent aux sacrifices. — Les cornes de l'aulel où l'on égorge
les victimes.
11. Ce froment et ce vin sont ici la figure de l'Eucharistie, qui est la nourriture dez
élus, le pain des forts, et qui fait croître la pureté des âmes saintes.
1. La pluie dans l'arriére-saison; hébraisme, pour de l’arrière-saison. — Une pluie
abondante; littér. et par hébraisme, une pluie de pluie.
3. Je visilerai les boucs; je punirai les chefs, les conducteurs du peuple. — Son
cheval de gloire; littér., et encore par hébraisme, Je cheval de sa gloire, c'est-à-dire,
16 cheval instrument de sa gloire.
4. De lui; de Juda. — Cette prophétie s'est vérifiée en Jésus-Christ, qui est sorti
de la tribu de Juda, étant fils de David selon la chair, et qui est en méme temps la
vraie pierre angulaire qui lie l'édifice spirituel. Voy. /saze, xxir, 23 et suiv.
6. La maison de Joseph; les dix tribus qui avaient pour chef celle d'Ephraim, fils
, de Joseph,
Ἂς: le
459
9446
que J'aurai pitié d'eux ; et ils se-
ront comme ils ont été quand je
ne les avais pas rejetés; car je
suis le Seigneur leur Dieu, et je
les exaucerai.
7. Et ils seront comme les bra-
ves d'Ephraim, et leur cœur sera
réjoui comme par le vin; et leurs
fils verront, et ils se réjouiront,
et leur cœur exultera dans le Sei-
gneur.
8. Je sifflerai, et je les rassem-
blerai, parce que je les ai rache-
tés; et je les multiplierai comme
auparavant ils se multipliaient.
ZACHARIF.
(en. [.זצ
Liban; et il ne se trouvera pas
assez de place pour eux.
11. Et /sraël passera par le dé-
troit de la mer, et 06 Seigneur
frappera les flots dans la mer, et
toutes les profondeurs du fleuve
seront confondues, et l'orgueil
d'Assur sera humilié, etlesceptre
d'Egypte sera écarté.
12. Je les fortifierai dans le Sei-
gneur, et ils marcheront en son
nom, dit le Seigneur.
CHAPITRE XI.
Incendie du temple; ruine de Jérusalem:
pasteur suscité de Dieu, les deux hou-
lettes de ce pasteur; trois pasteurs in-
fideles retranchés en un mois. Pre-
mière houlette brisée. Trente pièces
d'argent données pour la récompense
du pasteur. Seconde houlette brisée.
Pasteur infidèle suscité sur la terre.
9. Et je les répandrai parmi les
peuples, et au loin ils se souvien-
dront de moi ; et ils vivront avec
leurs fils, et ils reviendront.
10. Et je les ramenerai de la
terre d'Egypte, etjeles rassemble-
rai de l'Assyrie, et je les condui-
rai dans la terre de Galaad et du
1. Ouvre tes portes, ὃ Liban,
et qu'un feu dévore tes cèdres.
1. Les braves d'Ephraim. La tribu d'Ephraim fut toujours célèbre par sa valeur
(Deutéron., xxxii, 11). La suite de la prophétie se rapporte particulièrement aux dix
tribus.
8. Je sifflerai; littér., je leur sifflerai. Voy. Isaïe, v, 26.
10. * Du Liban, dans la Palestine du nord. Le pays de Galaad et la Galilée furent
trés peuplés du temps des Machabées et beaucoup de Juifs s'y étaient établis.
41. Israël passera, etc.; allusion au passage de la mer Rouge, et à celui du Jour-
dain. — Du fleuve (fluminis) probablement du Nil; car le terme hébreu correspon-
dant Yeor ne s'emploie presque jamais que pour signifier ce fleuve. — Confondues,
de se voir mises à sec. Voy. Joël, 1, 10, où sont cités plusieurs exemples d'une sem-
blable prosopopée.
1-17. * Un tableau de désolation succède, xr, au tableau de félicité du chap. x. La
terre d'Israël est dévastée par les ennemis qui l'ont envahie, xi, 1-3. Zacharie reçoit
l'ordre de soigner et de garder avec soin le troupeau destiné à la mort, (son peuple)
qu'il avait abandonné aux Gentils, 4-6. Le Prophéte, armé de deux bátons, appelés l'un
Beauté et l'autre Cordeau, protège avec le premier contre les nations les brebis con-
fiées à ses soins, et avec le second il les tient réunies. Cependant Dieu, en un mois,
c'est-à-dire 30 jours ou 30 X 7 = 210 ans, voir Daniel, 1x, 2, et Jérém., xxv, 11; xxix, 10
et Daniel, 1x, 24, détruit trois pasteurs (de peuples), cf. vi, 1-8, les Chaldéens, les
Perses et les Grecs; il abandonne les Juifs et les livre à leur malheureux sort, 7-11.
Dieu leur dit alors: Puisque je ne serai plus votre pasteur et que vous m'obligez à
vous quitter, donnez-moi au moins mon salaire. Dieu continue : Ils me traitent
comme un vil esclave, ils m'offrent le salaire d'un esclave, trente sicles d'argent. Le
Seigneur fait rejeter cette somme dans le temple, et son peuple cesse de lui appar-
tenir, son alliance avec les Juifs est rompue, 12-14. L'histoire de Notre-Seigneur nous
explique clairement ce passage. Le Messie, méconnu des siens, fut acheté trente sicles
d'argent; cette somme fut rapportée au temple par Judas, le traître qui l'avait reçue,
et consacrée par les prêtres à acheter 16 champ d'un potier. — Le peuple élu, désor-
[ce. x1.]
2. Hurle, sapin, parce quun
cedre est tombé, parce que des
grands ont été abattus; hurlez,
chéne de Basan, parce que la forét
fortifiée a été coupée.
3. Le bruit du hurlement des
pasteurs retentit, parce que leur
magnificence a été ruinée ;lebruit
du rugissement des lions se fait
entendre, parce que l'orgueil du
Jourdain a été détruit.
4, Voici ce que dit le Seigneur
mon Dieu : Paislestroupeaux de
tuerie,
5. Que ceux qui les possédaient
tuaient sans pitié, et ils les ven-
daient, disant : Béni le Seigneur!
nous sommes devenus riches ; et
leurs pasteurs ne les épargnaient
pas.
ZACHARIE.
2147
6. Et moi je n'épargnerai pas
à l'avenir des habitants de la
terre, dit le Seigneur : voici
que moi je livrerai les hommes,
chacun à la main de son pro-
chain et à la main de son roi;
et ils ravageront la terre, et
je ne les délivrerai pas de leur
main.
7. Et je paitrai le troupeau de
tuerie, ὃ pauvres du troupeau.
Et je pris pour moi deux hou-
161108 ; j'appelai l'une Beauté, et
jappelai l'autre Cordelette, et je
fis paitre le troupeau.
8. Et j'ai retranché trois pas-
teurs en un seul mois; mon
àme s'est resserrée à leur égard,
parce que leur àme a varié pour
mol.
mais irrévocablement délaissé par Dieu, est livré à un pasteur insensé, les Romains
qui consomment sa ruine, 15-17. |
1. Liban. Le temple peut être comparé au Liban à cause de la quantité de colonnes
de cèdre qui ornaient ses portiques. Le Prophète annonce ici la dernière ruine du
temple par les Romains.
2. Des grands; des princes, des nobles, etc.; littér., des magnifiques (magnifici); ce
mot, mis au masculin dans la Vulgate, ne saurait se rapporter à cèdres ni à arbres
en général, parce que l'un et l'autre sont en latin du féminin. — Le terme hébreu
adirim est une épithète qu'on donne ordinairement aux princes, aux hommes illus-
tres, puissants, etc. — La forêt fortifiée. Le temple était une vraie forteresse; c'est
ainsi que Tacite (Hist., v) le représente. — * Basan. Voir la note sur Nombres, xxi, 33.
3. Le bruit, etc. Voy. Jérém., χα, 5; ,אופצ 19; L, 44.
5. Sans pitié; littér., et n'étaieni pas affligés (et non dolebant). Cela peut regarder
particulièrement les violences des Romains à l'égard des Juifs.
6. Chacun, etc. Au dernier siège de Jérusalem, les différentes factions qui exis-
taient parmi le peuple juif se détruisirent les unes et les autres. Ceux qui survócurent
tombérent sous la domination de leur roi, c'est-à-dire, de l'empereur romain, auquel
ils aimèrent mieux se soumettre qu'à Jésus-Christ (Jean, xix, 15).
1. Je paitrai, etc. Zacharie (comp. le vers. 4), en cette qualité de pasteur, représen-
tait Jésus-Christ méme. — Beauté (decorem). Le terme hébreu signifie aussi douceur,
aménilé, c'est-à-dire, le gouvernement doux et plein de bonté que Dieu a exercé
pendant longtemps envers son peuple aprés la captivité. — Cordelette (funiculum)
ou fouet; symbole de la sévérité avec laquelle Dieu a commencé à punir les Juifs à
cause de l'abus qu'ils ont fait de ses gràces et de ses bienfaits, et a continué de les
châtier jusqu'à la fin. Selon d'autres Cordelelte, marque l'union qui devait être entre
les deux maisons d'Israél et de Juda, c'est-à-dire, le peuple ancien et le peuple nou-
veau (vers. 14).
8. Les trois pasteurs, sont, selon la plupart des interprétes, les prétres, les princes
et les magistrats, et suivant quelques-uns, trois personnages, mais sur lesquels on
est loin de s'accorder; suivant d'autres enfin, le nombre trois est mis pour un
nombre indéterminé. — Un seul mois, suivant l'opinion commune, signitie un court
espace de temps,
9148
9. Et j'ai dit: Je ne vous paitrai
pas; que ce qui meurt meure,
que ce qui est retranché soit
retranché ; que les autres dévo-
rent chacun la chair de son pro-
chain.
10. Et je pris la houlette qui
s'appelait Beauté, et je la brisai,
pour rendre vaine mon alliance
que j'ai faite avec tous les peu-
ples.
11. Et cette alliance fut rendue
vaine en ce jour-là, et les pauvres
du troupeau qui me gardent fidé-
lité ont reconnu que c'était la pa-
role du Seigneur.
19. Et je leur dis : Si cela est
bon à vos yeux, apportez-moi
ma récompense; et sinon, de-
meurez en repos. Et ils peserent
ma récompense, trente pièces
d'argent.
13. Et le Seigneur me dit: Jette
au staluaire ce prix magnifique
auquel j'ai été évalué par eux. Et
Cap. XI. 12. Matt., xxvi, 9.
ZACHARIE.
(ca. xr.]
je pris les trente pièces d'argent,
et je les jetai dans la maison du
Seigneur au statuaire.
14. Et je brisai ma seconde hou-
lette qui s'appelait Cordelette,
afin de détruire la fraternité entre
Juda et Israél.
15. EtleSeigneurme dit: Prends
encore les instruments d'un pas-
teur insensé.
16. Parce que voici que moi, je
susciterai sur la terre un pasteur
qui ne visitera pas la órebis aban-
donnée, ne recherchera pas 16-
garée, et ne guérira pas la bles-
sée, et ne nourrira pas celle qui
se tient ferme sur ses pieds, mais
mangera les chairs des grasses, et
brisera leurs sabots.
17.0 pasteur et idole, qui aban-
donne le troupeau; un glaive
tombera sur son bras et sur son
œil droit; son bras sera entière-
ment desséché ; et son 011
sera tout couvert de ténèbres.
9. * Ce verset semble annoncer les trois fléaux les plus redoutables, la guerre, là
peste et la famine.
12, 18. Compar. cette prophétie avec Ma£th., xxvr, 15; xxvi, 3 et suivants.
14. Juda désigne les Juifs fidèles qui crurent en Jésus-Christ, et Israël, les Juifs
endurcis quile rejetérent.
15. Les instruments (vasa), etc., tels qu'une besace percée qui ne pourrait pas con-
tenir ce qui est nécessaire pour lui et pour ses brebis, une houlette noueuse ou
ferrée dont les coups blessent et donnent méme la mort. Ce pasteur insensé, qui suc-
céde au vrai pasteur, à Jésus-Christ, est Caligula, ou Claude ou enfin Néron; car
selon les historiens romains eux-mémes, ces trois empereurs étaient des insensés ou
des furieux; et le portrait qu'en fait Zacharie au verset suivant, leur convient parfai-
tement.
11. Ο pasteur et idole, c'est-à-dire, fantôme de pasteur. — Un glaive, etc. L'histo-
rien Josephe assure (Antig., 1. xix, c. 1) que lorsque Caligula fut tué par Chéréas et
par ses conjurés, on lui porta le premier coup au haut du bras entre le cou et
l'épaule; et que comme il voulait se sauver, un des conjurés le fit tomber à terre
sur ses genoux, et qu'il fut achevé par les autres. Ce fut sans doute alors qu'il reçut'
sur l'eil droit le coup dont parle Zacharie. Ajoutons que l'œil droit. et le bras
peuvent être employés ici d'une manière figurée pour désigner la force et la Inmiére
de l'homme, ce que l'homme ἃ de plus cher et de plus nécessaire,
]68. xu.]
CHAPITRE XII.
Juda et Jérusalem seront affligés par leurs
ennemis; mais le Seigneur prendra
leur défense, et renversera leurs enne-
mis. Il répandra un esprit de grâce et
de priéres sur son peuple; ils pleure-
ront celui qu'ils auront percé.
1. Malheur accablant de la pa-
role du. Seigneur sur Israél. Le
Seigneur qui a étendu le ciel, et
fondé la terre, et formé l'esprit de
l'homme en lui, dit :
2. Voici que moi je ferai de Jé-
rusalem une porte d'enivrement
pour tous les peuples d'alentour;
mais Juda méme sera pendant le
siege contre Jérusalem.
8. EL il arrivera qu'en ce jour-là
ZACHARIE.
2149
tous les chevaux, et ceux qui
les montent de démence; et sur
18 maison de Juda j'ouvrirai mes
yeux : tous les chevaux des
peuples, je les frapperai de. cé-
cité.
ὃ, Et les chefs de Juda diront en
leur cœur : Que les habitants de
Jérusalemtrouvent un appui pour
moi dans le Seigneur des armées,
leur Dieu.
6. En ce jour-là, je ferai des
chefs de Juda comme un foyer
de feu sous du bois, comme une
torche de feu dans la paille; et
ils dévoreront à droite et à gau-
che les peuples d'alentour, et Jé-
rusalem sera de nouveau habi-
tée en son propre lieu, à Jérusa-
lem.
1. Et le Seigneur sauvera les
tabernacles de Juda comme au
commencement; afin que la mai-
son de David ne se glorifie point
fastueusement, et que la gloire
des habitants de Jérusalem ne s'é-
leve pas contre Juda,
je ferai de Jérusalem une pierre
de poids pour tous les peuples;
tous ceux qui la soulèveront se-
ront meurtris et déchirés ; et tous
les royaumes de la terre s'assem-
bleront contre elle.
4. En ce jour-là, dit le Sei-
gneur, je frapperai de stupeur
1-14. * 20 Prophétie sur Israël, xir-xiv. Zacharie annonce, en terminant, la gloire
finale de Jérusalem dans la conversion des peuples au Messie. La guerre contre Jéru-
salem ou l'Eglise tournera au détriment de ses ennemis, ,וזא 1-4. Dieu fera triompher
son peuple, 5-9; il répandra sur lui son esprit et sa grâce, de sorte que Juda regret-
tera amèrement la mort du Messie, 10-14, et se puritiera de toute idolâtrie, xir, 1-6.
Cependant le Seigneur extirpera les méchants du milieu des bons, 1-9; les nations
marcheront contre Jérusalem, la prendront et emmèneront en captivité la moitié de
ses habitants, xiv, 1-2; mais quand les impies auront été ainsi punis, Dieu sauvera le
reste des siens, il viendra établir son royaume, 3-5; de Jérusalem coulera sur toute la
terre un fleuve de salut, 6-11; les ennemis de la cité sainte seront anéantis, 12-15;
les autres peuples se convertiront et adoreront le vrai Dieu, 16-21.
1. Malheur accablant, Voy. Isaie, xu, 1.
2. Une porte; littér., un linteau (superliminare). Par une figure souvent employée
dans la Bible, la partie est mise ici pour le tout. Ainsi je ferai de Jérusalem un lieu
où l'on s'enivre; tous les peuples viendront pour l'attaquer, mais ils s'y enivreront
et tomberont. — Mais Juda méme, etc. Compar. xiv, 14.
3. Une pierre de poids. Selon saint Jérôme il y avait dans les villes et les villages
de la Palestine une ancienne coutume qui existait encore de son temps, et qui con-
sistait en ce que les jeunes hommes, pour essayer leurs forces, soulevaient le plus
haut qu'ils pouvaient de grosses pierres rondes.
1. Ne se glorifie point, comme si c'était par ses propres forces qu'elle eüt remporté
ces avantages. — Ne s'élève pas contre Juda, comme si c'était à elle (à la gloire des
habitants de Jérusalem) que Juda füt redevable de son salut,
2150
8. En ce jour-là, le Seigneur pro-
tégera les habitants de Jérusa-
lem, et celui qui d’entre eux tom-
bera en ce jour-là sera comme
David, et la maison de David
comme une maison de Dieu, com-
me un ange du Seigneur en leur
présence.
9. Et il arrivera qu'en ce jour-
là, j'aurai soin de briser toutes les
nations qui viennent contre Jéru-
ZACHARIE.
[cu. xur.]
comme le pleur d'Adadremmon
dans la plaine de Mageddon.
19. La terre pleurera, familles
et familles à part; les familles de
la maison de David à part, etleurs
femmes à part ;
13. Les familles de la maison de
Nathan à part, et leurs femmes à
part; les familles de la maison
de Lévi à part, et leurs femmes
à part; les familles de Séméi à
salem.
10. Et je répandrai sur la mai-
son de David et sur les habitants
de Jérusalem l'esprit de gráce et
de prières; etils regarderont vers
moi, qu'ils ont percé; et ils pleu-
reront amerement celui qu'i/s ont
percé, comme 8 pleureraient
leur fils unique, et ils s'affligeront
àson sujet, comme on a coutume
de s'affliger à la mort du premier-
né,
11. En ce jour-là, il y aura un 1. En ce jour-là, il y aura une
grand pleur dans Jérusalem, | fontaine ouverte à la maison de
Gap. XII. 10. Jean, xix, 37. — 11. II Par., xxxv, 22.
part, et leurs femmes à part.
14. Toutes les autres familles,
familles et familles à part, et leurs
femmes à part.
CHAPITRE XIII.
Fontaine ouverte à la maison de David
et aux habitants de Jérusalem. Idoles
abolies. Faux prophétes punis. Pasteur
frappé, brebis dispersées. Deux parties
du peuple sont dispersées, la troisiéme
conservée, éprouvée comme par le feu.
8. Comme David, c'est-à-dire, fort comme David. — Une maison de Dieu; inacces-
sible aux hommes.
10. Iis regarderont, etc. Quelques-uns entendent ce passage de Judas Machabée qui
fut tué par les ennemis; mais la plupart conviennent qu'il regarde littéralement
Jésus-Christ crucifié par les Juifs et reconnu par eux (Jean, xix, 31; Luc, xxu, 48 ;
Actes, 11, 31). — Ils pleureront amèrement; littér. et par hébraisme, i/s pleureront de
de pleur (plangent planctu). — Leur fils. Le pronom leur est représenté dans le texte
hébreu par l'article déterminatif.
11. Mageddon, la méme ville que Mageddo (Josué, xvir, 11). On croit que le Prophéte
fait allusion au deuil qu'on fit à la mort de Josias, roi de Juda, blessé à Mageddo en
combattant contre l'armée de Néchao, roi d'Egypte (IV Rois, xxur, 29; IL Paralip.,
xxxv, 22-25).
12. Dans les deuils publics et solennels, on allait par bandes, les hommes à part et
les femmes à part, pleurer sur les places publiques, dans les rues, et méme hors des
villes, en poussant des cris et des lamentations; quelquefois, pour rendre la pompe
plus triste et plus touchante, on employait des instruments d'un son lugubre. Les
voyageurs assurent que cela se pratique encore aujourd'hui dans plusieurs contrées
de l'Orient.
13. La maison de Nathan était une des principales branches de la famille de
David, mais qui n'avait pas eu de part à la royauté (I Paralip., m, 5). Les familles
de Séméi étaient une des principales branches de la famille de Lévi, mais qui n'avaient
pas eu de part au sacerdoce (I Paralip., vi, 41).
1. Une fontaine; probablement la méme que celle dont il est parlé dans Ezéch.,
וצ 1 et suiv.; Joël, nt, 18. Dans le sens littéral, c'était l'eau que l'on conduisait au.
[cu. xur.]
David et aux habitants de Jé-
rusalem, pour laver le pécheur
et la femme qui est dans ses
mois.
2. Et il arrivera en ce jour-là,
ditle Seigneur des armées, que
je détruirai de la terre les noms
des idoles, et qu'on n'en conser-
vera plus la mémoire; et les faux
prophètes etl'esprit immonde, je
les enlèverai de la terre.
3. Etil arrivera que si quelqu'un
prophétise encore, son père et sa
mère qui l'ont engendré, lui di-
ront : Tu ne vivras pas, parce que
tu as proféré lemensonge au nom
du Seigneur; et son pére et sa
mere, les auteurs de ses jours, le
perceront, parce qu'il aura pro-
phétisé.
4. Et il arrivera en ce jour-là
que les prophètes seront confon-
dus, chacun par sa propre vision,
lorsqu'il prophétisera; et ils ne se
couvriront pas d'un sac, afin de
mentir;
5. Mais chacun d'eux dira : Je
ZACHARIE.
2151
ne suis point prophète; je suis
un homme laboureur; car Adam
est mon modèle depuis ma jeu-
nesse.
6. Et on lui dira : Que sont ces
plaies au milieu de tes mains?
Et il dira : J'ai été percé de ces
plaies que j'ai recues dans la mai-
son de ceux qui m'aimaient.
7. O épée à deux tranchants,
réveille-toi; viens contre mon
pasteur, contre l'homme qui se
tient attaché à moi, dit le Sei-
gneur des armées; frappe le pas-
leur, et les brebis seront disper-
sées;etjetournerai ma main vers
les petits.
8. Et il y aura dans toute la
terre, dit le Seigneur, deux parties
qui seront dispersées, et qui dé-
faudront, et la troisième partie y
sera laissée.
9. Et je ferai passer la troi-
sième partie par le feu, et je la
chaufferai fortement, comme on
chauffe l'argent, et je l'éprou-
verai comme on éprouve l'or.
(παρ. XIII. 2. Ez., xxx, 13. — 7. Matt., xxvi, 31; Marc, xiv, 27.
temple par des aquedues aprés la captivité, et qui servait aux ablutions et aux puri-
fications légales; mais, dans le sens figuré, elle marque l'eau du baptéme et la piscine
de la pénitence.
3. Le perceront. Compar. le vers. 6. Voy. Deutéron., xi, 6, 10; xvur, 20, où est
exposé le chátiment que la loi infligeait aux faux prophétes.
4. D'un sac; littér., d'un manteaa de sac (pallio saccino), c'est-à-dire, fait en forme
de sac, ou bien de poils, comme étaient les sacs; vétement des prophétes.
4-6. Lorsqu'un faux prophète verra sa fourberie découverte, il prétendra qu'il n’est :
pas prophéte, mais simple agriculteur, et que les plaies de ses mains lui ont été
faites par ses parents en punition de ses fautes. Compar. le vers. 3. L'Eglise, dans
son office, applique les paroles du 6* verset aux plaies adorables du Sauveur.
3. * Adam est mon modèle. L'hébreu porte : Un homme m'a possédé, m'a acheté, dés
ma jeunesse, c'est-à-dire, tant s'en faut que je sois prophète que je suis obligé de cul-
tiver la terre et de me livrer aux plus rudes travaux comme un esclave.
1. Frappe le pasteur. Jésus-Christ s'est appliqué à lui-même cette prophétie (Matlh.,
xxvi, 34; Marc., xiv, 21). — Au lieu de frappe (percute), qu'on lit dans l'hébreu
comme dans la Vulgate, l'Evangile porte, je frapperai (percutiam).
8. Deux parlies; les Juifs et les gentils. — La troisième partie; les Chrétiens.
9. Je la chaufferai; littér., je les (eos) ; ce pronom masculin pluriel, qui se lit aussi
dans l'hébreu, est mis comme représentant le nom collectif partie, lequel représente
lui-méme le pluriel masculin hommes. — Elle ; littér., lui-même (ipse); ce pronom mas-
=
2152
Elle invoquera mou nom, et
moi je l'exaucerai. Je lui dirai :
Tu es mon peuple; et elle, elle
dira : Le Seigneur est mon Dieu.
CHAPITRE XIV.
Prise de Jérusalem, Division de la mon-
tagne des Oliviers. Jour du Seigneur.
Rétablissement de Jérusalem. Ruine de
ses ennemis. Les peuples viendront
adorer à Jérusalem ; ceux qui n'y vien-
dront pas seront punis.
4. Voici que viendront les jours
du Seigneur, et seront partagées
tes dépouilles au milieu de toi.
2. Et j'assemblerai toutes les
nations à Jérusalem pour le com-
bat, et la cité sera prise, et les
maisons seront dévastées, et les
femmes seront violées ; la moitié
des habitants de la cité sortira
emmence en captivité, et le reste
du peuple ne sera pas enlevé de
la ville.
3. Et le Seigneur sortira el
combattra contre ces nations,
comme il a combattu au jour du
combat.
(παρ. XIV. 5. Amos, 1, 1.
ZACHARIE.
xiv.] .אס]
4. Et ses pieds se poseront en
ce jour-là sur la montagne 8
Oliviers, qui est. vis-à-vis de Jé-
rusalem, à l'orient : et la mon-
tagne des Oliviers sera. fendue
par la moitié à l'orient et à l’occi-
dent, avec un très grand. escar-
pement, et une. moitié de la
montagne s'écartera vers l'aqui-
lon et son autre moitié vers de
midi.
5. Et vous fuirez vers la vallée
de ces montagnes, parce que la
vallée de ces montagnes sera
jointe à la montagne voisine ; et
vous fuirez comme vous avez
fui devant le tremblement 6
terre dans les jours d'Ozias, roi
de Juda; etleSeigneur mon Dieu
viendra, et tous les saints avec
lui. |
6. ₪6 il arrivera en ce jour-là
qu'il n'y aura pas de lumiere, mais
du froid et de la gelée.
1. Et il y aura un jour qui est
connu du Seigneur; il ne sera o
jour ni nuit; et au moment du
soir il y aura de la lumière.
culin qui se trouve également dans l'hébreu, se rapporte g grammaticalement, en vertu
d'un pur hébraisme, non point à partie (par Lem) qui précède, mais à peuple. (populus)
qui suit immédiatement.
1. Voici que viendront, etc.; prophétie que les uns rapportent à la: persécution
d'Antiochus Epiphane, et les autres au temps de la guerre des Romains contre les
Juifs.
3. Du combat, pour son peuple. Compar. Exod., χιν.
4. Ses pieds, 610. Ceux qui appliquent le sens littéral de 66 passage à la persécution
d'Antiochus prétendent que le sens est que Dieu prendra la défense de son peuple,
et donnera pour marque de sa présence un grand tremblement de terre; mais ceux
qui l'expliquent de la guerre des Romains contre les Juifs disent que Zacharie
désigne ici les creux et les profondeurs que firent les troupes romaines en creusant
dans les montagnes, afin d'en tirer une grande quantité de terre et des pierres, pour
faire leurs. terrasses, leurs murailles et leurs autres ouvrages, dans la vallée du
Cédron et au midi de Jérusalem. Compar. le vers. suivant.
9. Dans les jours d'Ozias, ete. Compar. Amos, 1, 1. — Et tous les saints avec lui.
Voy. Deulér., xxx, 2. — * La vallée de ces montagnes. La vallée du Cédron.
6. La lumière signifie la joie, le bonheur, et la gelée (le froid), la tristesse, l'affliction.
1. Jour signifie également joie, bonheur, et nuit, affliction, malheur. Dans la
guerre des Juifs contre les Romains, il y eut un temps où τέ n'élait ni jour minuit,
ἴση. xiv.]
8: Εἰ il arrivera en ce jour-là
que des eaux vives sortiront de
Jérusalem; la moitié de ces eaux
ira à la mer orientale, et leur au-
tre moitié à 18 derniere mer; en
été et en hiver elles existeront.
9. Et le Seigneur sera roi sur
toute la terre ; en ce jour-là il sera
le Seigneur unique, et son nom
sera unique.
10: Toute la: terre. reviendra
jusqu'au: désert, depuis la colline
jusqu'à Remmon, au midi de Jé-
rusalem; et Jérusalem s'élèvera,
et elle habitera en son propre
lieu, depuis la porte de Benjamin
jusquà lendroit de lancienne
porte et jusqu'à la porte des an-
gles, et depuis la tour de Hana-
néel, jusqu'aux pressoirs du roi.
11. Et on y habitera, et il n'y
aura plus d'anathème ; mais Jéru-
salem reposera en sécurité.
42. Et voici la plaie dont le
Seigneur frappera toutes les na-
lions qui ont combattu contre
ZACHARIE.
/ 2153
Jérusalem; la chair de quiconque
sera debout sur ses pieds se des-
séchera, et ses yeux se. dessé-
cheront dans leur orbite, et sa
langue se desséchera .dans. sa
bouche.
13. En ce jour-là, un grand tu-
multe du, Seigneur. sera parmi
eux; et un homme. prendra Ja
main de son prochain, et sa main
s'entrelacera dans la main de son
prochain:
14. Mais Juda aussi combattra
contre Jérusalem; et les richesses
de toutes les nations d'alentour
serontrassemblées : l'or, l'argent
et les vêtements en trés grand
nombre.
15. Et ainsi sera la destruction
du cheval, et du mulet, et du cha-
meau, et delàne,et de toutes les
bétes qui se trouveront dans ces
camps; e//e sera comme cette des-
truction.
16. Et tous ceux qui seront
restés de toutes ces nations qui
c'est-à-dire où le succès du combat demeura douteux entre les uns et les autres ;
mais au moment du soir il y eut de la lumière, c'est-à-dire, vers la fin du combat, les
Romains eurent l'avantage.
8. Des eaux vives, etc. Cette prédiction ne saurait s'entendre à la lettre, de la Jéru-
salem terrestre, qu’on la considère depuis la persécution d’Antiochus, ou depuis sa
dernière prise par les Romains. Ces eaux vives sont la figure du baptême et des
autres sacrements de l'Eglise, de la doctrine de l'Evangile et de la grâce du Saint-
Esprit. — La mer orientale, la mer Morte qui représente les Juifs. — La mer occi-
dentale, la mer Méditerranée, qui figure les gentils. — L'été et l'hiver, chez les
Hébreux, comprennent l'année entière.
9. Le Seigneur, etc. Ce passage se rapporte évidemment à Jésus-Christ et à la reli-
gion chrétienne. Compar. Matth., xxvri, 18; Jean, xim, 13, 14; Philipp., τι, 9, 11.
10. Elle habitera, etc. Voy. xit, 6. — * Remmon, au midi de Jérusalem, pour distin-
guer ce Remmon d'un autre qui était au nord de la Palestine, Josué, xix, 13. — Pour
les portes et les tours mentionnées ici, voir la note 1 à la fin du volume ri, p. 195.
13. Un grand tumulte, ete.; c'est-à-dire, le Seigneur excitera un grand tumulte. —
Sa main, etc., pour y trouver un secours, un appui, selon les uns, ou pour le livrer
au persécuteur,et l'empécher de se défendre; ce qui parait plus conforme au contexte.
14. Trés; beaucoup. C'est le vrai sens du satis de la Vulgate expliqué par l'hébreu.
15. Ainsi sera la destruction, comme cetle destruction. Pour le sens de ces mots il
faut se reporter au vers. 12. — Par cheval, mulet, etc., quelques interprètes en-
tendent les simples soldats, les peuples grossiers et stupides; mais chez les anciens
l'anathéme s'étendait aux animaux aussi bien qu'aux personnes (Josué, vr, 21).
16. La féte des tabernacles, une des trois fêtes solennelles que tous les Juifs étaient
ZACHARIE.
seront venues contre Jérusalem
monteront d'année en année, afin
d'adorer le Seigneur Dieu des ar-
mées,et de célébrerla féte des ta-
bernacles.
17. Et il arrivera que celui qui
d'une des familles de la terre ne
montera pas à Jérusalem, afin
d'adorer le roi Seigneur des ar-
mées, la pluie ne descendra pas
sur lui.
18. Que si méme la famille
d'Egypte ne monte pas et ne vient
pas; ce ne sera pas /a pluie sur
eux, mais ce sera la ruine dont le
Seigneur frappera toutes les na-
tions qui ne monteront pas pour
célébrer la féte des tabernacles.
19. Voilà quelle sera 18 peine du
[cg. x1v.]
péché de lEgypte et de toutes
les nations qui ne monteront pas
pour célébrer la féte des taber-
nacles.
20. En ce jour-là, ce qui est sur
la bride du cheval sera consacré
au Seigneur; et les chaudières
seront consacrées dans la maison
du Seigneur comme les coupes
devant l'autel.
91. Et toute chaudière dans Jé-
rusalem et dans Juda sera consa-
crée au Seigneur des armées; et
tous ceux qui sacrifieront s'en
serviront, et y feront cuire /a
chair des victimes, et il n'y aura
plus de marchand dans la maison
du Seigneur des armées, en ce
jour-là.
obligés d'aller célébrer à Jérusalem, en mémoire des quarante années qu'ils avaient
passées sous des tentes dans le désert.
18. * Ce ne sera pas la pluie sur eux. Un des traits caractéristiques du climat d'E-
gypte, c'est qu'il n'y pleut presque jamais; l'inondation du Nil remplace la pluie.
Deutéron., xx, 10-11.
19. La peine du péché. Dans l'Ecriture le mot péché se prend assez souvent pour
punilion, chátiment du péché.
20. Ce qui est sur la bride, etc.; c'est-à-dire, les ornements en riches métaux qui
décoraient les brides des chevaux. Anciennement les brides elles-mémes étaient d'or.
C'est du moins ce que nous apprennent Quinte-Curce et Virgile.
MALACHIE
INTRODUCTION
Malachie (envoyé), le dernier des prophétes, était contemporain de Néhémie;
il prophétisa pendant le séjour de ce dernier à Jérusalem, aprés l'an 32 d'Arta-
xerxés Longuemain, vers 432, et appuya par ses oracles les réformes de Néhé-
mie, s'élevant contre les mariages avec les femmes païennes, 1 10-16, voir
זז Esd., xin, 23-24; contre l'offrande de victimes indignes de Dieu, et la négli-
gence à payer la dime, ni, 7-12. Le temple était alors terminé et 16 culte pleine-
ment réorganisé, 1, 10; ui, 1.
L'authenticité et l'intégrité des prophéties de Malachie n'ont pas été contestées.
Son style est en général clair, concis et remarquable, quoiqu'il n'atteigne pas
à l'élévation d'Isaie. — Son livre est une sorte de dialogue entre Dieu et le
peuple ou les prétres.
Les prophéties de Malachie forment un seul tout qui se subdivise en trois sec-
tions. La première, 1-1, 9, dépeint l'amour de Dieu pour son peuple ; la seconde,
y, 10-16, montre en Jéhovah le Dieu unique et le père d'Israël; la troisième, rr,
174v, représente le Seigneur comme juge : il viendra punir les péchés des cou-
pables; mais en faveur des justes et pour préparer le salut, il enverra un
second Elie, le précurseur, saint Jean-Baptiste. C'est ainsi que le dernier des
prophétes de la loi ancienne a annoncé la venue de celui qui devait révéler au
monde le Messie.
role du Seigneur, adressée à Is-
CHAPITRE PREMIER. raél, par l'entremise de Malachie.
Ingratitude des Israélites envers le Sei- 4-46, Yos il aes, DRE 2m
gneur. Mépris des prêtres pour son | 80001, et vous avez dit : En quoi
autel. On lui offrira en tout lieu une | nous avez-vous aimés? Est-ce.
oblation pure. Son nom sera respecté qu'Esaü n'était pas frere de Ja-
parmi les nations | . 6 Da: aimul
cob? dit le Seigneur, et j'ai aimé!
1. Malheur accablant de la pa- | Jacob;
βαρ. T. 2. Rom., 1x, 13.
1. Malheur accablant. Voy. Isaie, xut, 1.— Par l'entremise (per manum), voy. Aggée, 1,4, |
2, 3. J'ai aimé Jacob, mais j'ai hai Esaü, en prévision des bonnes dispositions de. ὁ
2156
8. Mais jai hai Esaü; et j'ai
fait de ses montagnes une solitu-
de, et j'ai abandonné son héri- .
lage aux dragons du désert.
4. Que si l'Idumée dit : Nous
avons été détruits, maisrevenant
nous bátirons ce qui a été dé-
truit: voici ce que dit le Seigneur
des armées : Ceux-ci; bátiront, et
moi je détruirai; et ils seront ap-
pelés bornes d'impiété et peuple
contre qui le Seigneur s'est irrité
jusqu'à jamais.
5. Et vos yeux verront, et vous
direz : Que le Seigneur soit ma-
gnifié par delà les limites d'Is-
rael.
6. Un fils honore son père etun
serviteurson maitre; si donc moi,
je suis votre père, où est mon
honneur? et si moi, je suis votre
Seigneur, où est la crainte de
moi? dit le Seigneur des armées,
à vous, ὃ prêtres, qui méprisez
mon nom, et qui dites : En quoi
avons-nous méprisé votre nom?
7 Vous offrez sur mon autel un
"הד
MALACHIE.
[cn. [.ז
pain souillé, et vous dites : En
quoi vous ayons-nous souillé ? En
ce que vous dites : La table du
Seigneur est méprisée.
8. Si vous offrez un animal
aveugle pour être immolé, n'est-
ce pas un mal? et si vous en of-
frez un boiteux ou malade, n'est-
ce. pas: un mal? offre-le à ton
gouverneur gowr voir sil lui
plaira, ou s'il accueillera ta face,
dit le Seigneur des armées.
9. Et maintenant implorez la
face du Seigneur, afin quil ait
pitié de vous (car c'est par votre
main que cela a été fait), pour
voir si de quelque maniere il ac-
cueillera vos faces, ditle Seigneur
des armées.
10. Qui est celui parmi vous
qui ferme les portes de mon tem-
ple, et qui allumele feu sur mon
autel gratuitement? mon affec-
lion n'est pas en vous, dit le
Seigneur des armées, et je ne
recevrai pas de présent de votre
main.
lun et des mauvaises inclinations de l'autre. Saint Paul (Romains, 1x, 11, 18); et
après lui saint Augustin et la plupart des écrivains ecclésiastiques ont enseigné que
ces deux frères étaient la figure des élus et des réprouvés.
3. Une solitude. Outre que l'Idumée était stérile d'elle-méme, elle avait été ravagée
par l'armée de Nabuchodonosor, cinq ans aprés la prise de Jérusalem (Isaie, xx et
suiv.; Jérém., xuix, 7 et suiv.; Ezéch., xxv, 13; xxxv, 3; Amos, 1, 11, 12). — * A l'é-
poque où prophétisait Malachie, les Nabatéens s'étaient emparés de l'Idumée et en
avaient chassé pour toujours les anciens habitants. — Aux dragons du désert; d'après
l'original, aux chacals.
Pain. Par ce mot les Hébreux entendaient toutes sortes d'aliments. .ד
8. Si vous offrez, etc. Dieu voulait que toutes les victimes qu'on lui offrait fussent
sans défaut (Lévit., xxix, 21, 92; Deutér., xv, 21), — S'il accueillera ta face; hébraisme,
pour, s’il fe vecevra favorablement.
9. Cela, c'est-à-dire, les abus, les désordres, signalés dans les versets précédents, —
1i accueillera vos faces. Voy. le vers. 8.
10, 11. Il y a dans ces versets deux points qui ne sauraient être exprimés d'une
manière plus précise et plus explicite : 16 premier, l'abolition des sacrifices et des
cérémonies de l'ancienne loi; le second, un sacrifice entièrement pur, offert au Sei-
gneur en tout lieu, et au milieu des nations. On a prétendu que les paroles du Pro-
phéte devaient s'entendre du temps oü il les prononca, puisque les verbes sont au
présent et non au futur. Mais d'abord il y a un verbe au futur au vers. 10, savoir,
je recevrai (suscipiam). En second lieu, saint Jérôme, lui-même, tout en traduisant
par le présent, a vu dans ce passage, avec les autres Pères de l'Eglise, une vraie pro-
(cn. u.]
41. Car, depuis lelever du soleil
jusqu'à son coucher, grand est
mon nom parmi les nations; et
en tout lieu l'on sacrifie, et une
oblation pure est offerte à mon
nom, parce que grand est mon
nom parmi les nations, ditle Sei-
gneur des armées.
12. Et vous l'avez souillé en ce
que vous dites : La table du Sei-
gneur est souillée; et ce qu'on
pose dessus est méprisable, aussi
bien que le feu qui le dévore.
13. Et vous avez dit : Voilà de
notre travail, et vous avez soufflé
dessus, dit le Seigneur des ar-
mées; et vous avez amené un
animal boiteux et malade, fruit
de vos rapines, et vous l'offrez en
présent; est-ce que je le recevrai
de votre main? dit le Seigneur.
14. Maudit le fourbe qui à dans
son troupeau un mále, et qui fai-
sant un vœu, immole un animal
débile au Seigneur; parce que je
suis le grand roi, dit le Seigneur
des armées, et mon nom est ter-
rible parmi les nations.
MALACHIE.
2157
CHAPITRE Il.
Menaces contre les prétres. Alliance du
Seigneur avec la famille de Lévi. Re-
proches contre les enfants de Juda, qui
ont épousé des femmes étrangéres, qui
ont répudié leurs femmes légitimes, et
qui ont douté de la Providence.
1. Et maintenant, à vous ce
commandement, ὃ prétres.
2. Si vous ne voulez pas écouter
et si vous ne voulez pas prendre
à cœur de rendre gloire à mon
nom, dit le Seigneur des armées,
jenverrai sur vous l’indigence,
et je maudirai vos bénédictions ;
et je les maudirai, parce que vous
n'avez pas pris à cceur 7008 pa-
roles.
3. Voici que moi, je vous jette-
rai en avant l'épaule de vos vic-
times, et je répandrai l'ordure de
vos solennités sur votre visage,
et elle s'attachera à vous.
4. Et vous saurez que je vous ai
envoyé ce commandement, afin
que mon alliance fül avec Lévi,
dit le Seigneur des armées.
11. PS. cxu, 3. — Cuab. II. 2. Lév., xxvi, 14; 200%. xxvii, 15.
phétie, annoncant des choses futures : ubi manifeslissima prophelia de futuris texitur.
Troisiémement dans le texte hébreu, il n'y à pas un seul verbe à un temps défini; il
n'y a que des participes qui supposent le verbe ébre sous-entendu. Or les pärticipes
en hébreu ne renferment en eux-mêmes aucune idée des temps : ce sont plutôt des
noms verbaux qui ne peuvent étre déterminés à un temps particulier que par le
contexte. Quatriémement enfin, comme nous l'avons remarqué plus haut (pag. 2),
il arrive souvent aux prophétes de représenter comme déjà accomplis des faits qui
ne doivent l'étre que dans un temps à venir.
13. Voilà de notre travail (Ecce de labore). Aprés ecce, est évidemment sous-en-
tendu un mot du genre neutre, tel que aliquid, negotium, oblatum, avec lequel puisse
s'accorder le pronom neutre suivant : i//ud. Ainsi le sens parait être : Ce que nous
vous offrons est le fruit le plus excellent de notre travail, et cependant vous avez
soufflé dessus; c'est-à-dire, vous le méprisez au fond, puisque c'est un aniinal, etc.
Voy. le vers. 8.
14. Un mâle sans défaut était la victime désignée par la loi pour les vœux faits
au Seigneur (Lévit., xxii, 18 et suiv.).
3. L'épaule des victimes était la portion destinée aux prêtres (Deutér., xvin, 3).
4. Avec Lévi, c'est-à-dire, avec Aaron et ses enfants, exprimés 101 sous le nom de
Lévi, parce qu'ils étaient de la tribu et de la race de ce patriarche, et que c'était à
cette tribu que Dieu avait attaché son sacerdoce. Quelques-uns pensent que Malachie
2158
5. Mon alliance avec lui fut une
alliance de vie et de paix; et je
lui ai donné de la crainte, et il
m'a craint, et devant la face de
mon nom il était saisi de frayeur.
6. La loi de vérité a été dans sa
bouche, et l'iniquité n'a pas été
trouvée sur ses lèvres; dans la
paix et dans l'équité il a marché
avec moi, el il ἃ détourné un
grand nombre de l'iniquité.
7. Car les lèvres du prêtre gar-
deront la science, et l’on recher-
chera la loi de sa bouche, parce
quil est l'ange du Seigneur des
armées.
8. Mais vous vous êtes écartés
de la voie, vous avez scandalisé
le plus grand nombre dans la loi;
vous avez rendu vaine l'alliance
de Lévi, dit le Seigneur des ar-
mées.
9. À cause de quoi, moi aussi je
vous ai rendus vils et abjects à
tous les peuples, en raison de ce
que vous n'avez pas conservé
mes voies, et que vous avez fait
acception de personnes dans la
loi.
10. Est-ce que nous n'avons pas
tous un père unique? N'est-ce
pas un Dieu unique qui nous ἃ
créés? pouquoi donc chacun de
nous méprise-t-il son frère en
violant l'alliance de nos peres?
10. Matt., xxur, 9; Ephés., 1v, 6.
MALACHIE.
(cu. u.]
11. Juda a transgressé, et l'abo-
mination s'est commise dans Is-
raél et dans Jérusalem, parce que
Juda a souillé la sanctification du
Seigneur, qu'il a aimée, et qu'il a
pris une fille d'un dieu étranger.
12. Le Seigneur perdra entière-
ment du milieu de Jacob l'homme
qui aura fait cela; le maître et
le disciple, méme celui qui offrira
un don au Dieu des armées.
13. Et vous avez fait encore ceci:
vous couvriez de larmes lautel
du Seigneur par votre pleur et
vos mugissements; en sorte que
je ne regarderai plus au sacrifice,
et que je ne recevrai rien d'expia-
toire de votre main.
14. Et vous avez dit : Pour quel
motif? parce que le Seigneur a été
le témoin entre toi et la femme
de ta jeunesse quetu as méprisée,
et c’est elle qui est ta compagne
etla femme de ton alliance.
15. N'est-ce pas un seul qui l'a
faite, et n'est-ce pas un reste de
son esprit? Et cet un que veut-il,
et que demande ce seul, sinon
une race d'enfants de Dieu? Gar-
dez donc votre esprit, et ne mé-
prise pasla femme de ta jeunesse.
16. Lorsque tu /'auras en aver-
sion, renvo1ie-/a, dit le Seigneur
Dieu d'Israël; or l'iniquité cou-
vrira son vêtement, dit le Sei-
parle ici, non de cette premiére alliance qui fut faite entre le Seigneur et la tribu de
Lévi dans le désert, mais du renouvellement de cette alliance aprés le retour de la
captivité (II Esdras, 1x, 38; x, 1).
1. L'on recherchera, etc.; c'est lui qui fera connaitre la loi, qui l'expliquera.
9. Dans la loi, quand il s'agissait de juger selon la loi.
11. La sanctification du Seigneur; c'est-à-dire, la nation sainte, le peuple consacré
au Seigneur. Compar. Exode, xix, 6; Ps. cxui, 2; Jérém., it, 3. — * Il a pris, épousé,
une fille d'un dieu étranger, une femme idolâtre.
16. L'iniquilé, etc.; celui qui renverra sa femme, lorsqu'il aura congu de l'aversion
pour elle, se couvrira d'iniquités. La loi, en permettant le divorce aux Juifs, afin de
prévenir les plus graves excés, ne les exemptait pas pour cela de péché, parce qu'ils
[cn. ur.]
gneur des armées; gardez votre
esprit, οἱ ne méprisez pas vos
femmes.
11. Vous avez fait souffrir le
Seigneur par vos discours, et
vous avez dit : En quoi l'avons-
nous fait souffrir? En ce que vous
= 41108 : Quiconque fait le mal est
bon aux yeux du Seigneur : tels
sont ceux qui lui plaisent; certes,
s'il en est ainsi, où est le Dieu de
la justice?
CHAPITRE II.
Avénement du précurseur du Messie et
du Messie lui-même. Les enfants de
Juda sont exhortés à se convertir. Re-
proches contre les enfants de Juda qui
manquent à offrir leurs dimes et leurs
prémices au Seigneur, et qui blasphé-
ment contre sa providence.
4. Voici que moi j'envoie mon
ange, et il préparera la voie de-
vant ma face. Et aussitôt viendra
dans son temple le dominateur
que vous cherchez, et l'ange de
l'alliance que vous désirez. Voici
qu'il vient, dit le Seigneur des ar-
mées ;
2. Et qui pourra penser au jour
de son avénement, et qui en sou-
tiendra la vue? Car il sera comme
MALACHIE.
2199
un feu qui fond les métaux, et
comme une berbe de foulons.
3. Et il sera assis fondant et
épurant l'argent; et il purifiera
les fils de Lévi, et il les roulera
comme l'or et l'argent, et ils of-
friront au Seigneur des sacrifices
dans la justice.
k. Et le sacrifice de Juda et de
Jérusalem sera agréable au Sei-
gneur, comme aux jours des sie-
cles passés, et comme dans les
années anciennes.
9. Et je viendrai à vous en ju-
gement, et je serai un témoin
empressé contre les magiciens,
les adultères et les parjures, et
ceux qui commeltent des injus-
lices dans le salaire du merce-
naire, envers les veuves et les
orphelins, et qui oppriment l'é-
iranger, et qui ne m'ont pas
craint, ditle Seigneur des armées.
6. Car je suis le Seigneur, et je
ne change point; et vous, fils de
Jacob, vous n'avez pas été consu-
més.
7. Car dès les jours de vos pe-
res, vous vous étes écartés de mes
lois, vous neles avez pas gardées.
Revenez à moi, et je reviendrai à
(πὰρ. III. 1. Matt., xi, 10; Marc, 1, ;ל Luc, 1, 17; vir, 21. — 7. Zach., 1, 3.
s'éloignaient par cette conduite de la fin pour laquelle Dieu avait institué le mariage
des le commencement; et le divorce de ces Juifs auxquels Malachie s'adresse était
encore plus criminel, puisqu'ils quittaient leurs femmes légitimes pour épouser des
idolâtres.
1. Voici que, etc. Les évangélistes et Jésus-Christ lui-même ont expliqué ceci de
la venue de saint Jean-Baptiste, précurseur du Messie (Matth., xi, 10; Marc, 1, 25
Luc, vu, 21).
3. Il sera assis. Dans l'Orient, les orfèvres qui épurent l'or et l'argent travaillent
assis, et ont leur creuset au milieu de leur boutique, à terre et sans cheminée.
4. Les mots jours et années sont au nominatif dans la Vulgate, comme s'ils for-
maient le sujet du verbe il a élé agréable (placuit), sous-entendu. Dans ce cas, la
comparaison manquerait de justesse; c'est pourquoi nous avons pensé que, dans le
texte original, ces mémes mots représentaient un accusatif adverbial, d'autant qu'en
hébreu, de même qu'en arabe, on emploie l'accusatif d'une manière adverbiale, quand
on veut déterminer le temps dans lequel une chose a été faite. Le sens est done, eu
restituant l'ellipse du verbe : Comme il lui a été agréable aux jours, etc.
2460
vous, dit le Seigneur des armées.
Et vous avez dit : Comment re-
viendrons-nous ?
8.Un homme affligera-t-il Dieu ?
car vous m'avez outragé, et vous
avez dit : En quoi vous avons-
nous outragé? Dans les dimes et
les prémices.
9, Et vous avez été maudits
dans la pénurie, et vous m'outra-
gez, vous, la nation entière.
10. Apportez toute la dime dans
mon grenier, et qu'il y ait de la
nourriture dans ma maison, et
éprouvez-moi en cela, dit le Sei-
gneur : vous verrez si je n'ouvre
pas les sources du ciel, et si je
ne répands pas sur vous la béné-
diction jusqu'à l'abondance.
11. Et je menacerai en votre
faveur l'insecte dévorant, et il ne
détruira pas le fruit de votre
terre; et la vigne ne sera pas sté-
rile dans les champs, dit le Sei-
gneur des armées.
19. Et toutes les nations vous
diront bien heureux : car vous
serez vous-mémes une terre. dé-
licieuse, dit le Seigneur des ar-
mées.
13. Vos paroles ont pris de la
force contre moi, dit le Seigneur.
14. Et vous avez dit : Qu'avons-
nous dit contre vous? Vous avez
14. Job, it, 15.
MALACHIE.
(ci. 1v.]
dit: Vain est celui qui sert Dieu;
et quel ₪ été notre avantage
pour avoir gardé ses préceptes
et pour avoir marché tristes de-
vant le Seigneur des armées?
15. Maintenant done nous di-
sons heureux les arrogants, puis-
qu'ils se sont établis en commet-
tant l'impiété, et ils ont tenté
Dieu, et ils ont été sauvés.
16. Alors ceux qui craignent le
Seigneur ont parlé chacun avec
son prochain; et le Seigneur a
été attentif, et il a écouté; et il a
été écrit un livre de souvenir
devant lui pour ceux qui crai-
enentle Seigneur et qui méditent
son nom.
17. Et ils seront, ditle Seigneur,
mon bien particulier, au jour au-
quel j'agirai; et je les épargnerai
comme un père épargne son fils
qui le sert.
18. Et vous vous convertirez,
et vous verrez la différence qu'il
y ἃ entre le juste et l'impie, et
entre celui qui sert Dieu et celui
qui ne le sert pas.
CHAPITRE 1V.
Jour de vengeance contre les méchants
et de salut pour les justes. Avénement
d'Elie, conversion future des Juifs.
1. Car voici que viendra un jour
16. Chacun avec som prochain; hébraisme, pour, l’un avec l'autre. — 11 a été
écrit, etc. L'Ecriture représente souvent Dieu conime un monarque qui tient registre
de ses troupes et de ses officiers, et comme un juge qui rend la justice, suivant ce qui
est écrit dans ses mémoires.
11. J'agirai (facio), c'est-à-dire, j'exercerai mon jugement. La Vulgate a mis le
verbe au présent. Il est certain que l'expression du texte hébreu je suis agissant, prise
en elle-même, peut signifier également 7e suis agissant, et je serai agiasunt, mais le
contexte exige évidemment le futur. Voy. 1, 10, 11, ce que nous avons dit sur les
participes hébreux.
1. Un jour; selon la plupart des interprètes, c'est le dernier jour, lorsque Jésus=
Christ descendra du. ciel, précédé d'un feu vengeur (IE Thessaion:, 1, 8).
]68. 1v.]
embrasé comme la fournaise ; et
tous les superbes et tous ceux
qui commettent l'impiété seront
de la paille, et le jour qui viendra
les enflammera, dit le Seigneur
des armées, et il ne leur laissera
ni racineni germe.
2. Et il se lèvera pour vous qui
craignez mon nom, un soleil de
justice, la guérison sera sous ses
ailes: el vous sortirez et vous
bondirez comme les veaux d'un
troupeau.
3. Et vous foulerez aux pieds
les impies, lorsqu'ils seront de la
cendre sous 18 plante de vos pieds,
MALACHIE.
2161
au jour auquel moi j'agirai, dit le
Seigneur des armées.
4. Souvenez-vous de la loi de
Moïse, mon serviteur, loi que je
lui ai donnée à Horeb pour tout
Israél, des préceptes et des or-
donnances.
9. Voici que moi je vous enver-
rai Elie, le prophète, avant que
vienne le jour grand et terrible
du Seigneur.
6. Et il ramènera le cœur des
pères aux fils et le cœur des fils
à leurs pères, de peur que je ne
vienne et que je ne frappe la
terre d'anathéme.
ὕπαρ. IV. 2. Luc, 1, 78. — 4. Exode, xx; Deut., 1v, 5, 6. — 5. Matt., xvir, 10; Marc,
IX 10]: Euc; 1, 17.
2. Un soleil de justice; c'est Jésus-Christ, qui est la lumière du monde par sa doc-
triue, et l'auteur de sa justice par sa grâce.
3. Je vous enverrai, etc. C'est la tradition constante et universelle de la synagogue
et de l'Eglise chrétienne, que le prophéte Elie viendra en personne à la fin du monde
pour s'opposer à l'Antechrist, et pour convertir les Juifs à Jésus-Christ. Le Sauveur
lui-même confirme cette promesse de l'avénement d'Elie (Matth., xvii, 4; Marc, 1x, 11),
bien que dans un autre endroit, il donne le nom d'Elie à saint Jean-Baptiste, parce
que sa mission était semblable à celle du prophète de Thesbé. Elie est encore un des
deux prophètes dont l'avénement futur est annoncé par saint Jean (Apocal., xt, 3).
mmy ὩΣ τες SOIR. ou DS
Ac 136
LES MACHABEES
I MACHABÉES
INTRODUCTION
Les quatre siècles qui s'écoulérent depuis Néhémie jusqu'à la naissance de
Notre-Seigneur ne nous sont pas connus par une histoire suivie. Nous ne pos-
sédons, sur toute celte période, que les deux livres des Machabées, qui nous ont
conservé la mémoire des luttes soutenues par les Juifs fidéles contre l'impiété.
Machabée fut d'abord un surnom de Judas, troisième fils du prêtre Mathathias ;
la gloire qu'il saequit par ses exploits fit donner ce nom à toute sa famille.
Dans le Talmud, dans Josèphe, et dans beaucoup d'histoires modernes, les des-
cendants de Mathathias sont appelés, non pas Machabées, mais Asmonéens,
du. nom de leur ancétre Asamón.
Le premier livre des Machabées s'ouvre par une introduction, 1-u, el raconte
ensuite, en trois sections, 1? l'histoire des guerres de Judas Machabée, ni, 1x, 22;
2» l'histoire du gouvernement de Jonathas, ix, 23-x11, 5&; 39 l'histoire du gou-
vernement de Simon, xurxvtr. La période historique qu'il embrasse et qu'il
expose selon l'ordre chronologique est de 33 ans; elle s'étend de l'an 168 à l'an
135 avant J. -C., c'est-à-dire depuis le commeucement des guerres entreprises par
ses fils de Mathathias pour la défense de la religion jusqu'à la mort de Simon.
Le texte original du premier livre des Machabées est aujourd'hui perdu, mais
nous savons qu'il avait été écrit en hébreu. A travers la traduction, en grec
alexandrin, perce la phrase sémilique; les expressions sont helléniques, la
construction et la maniére de parler sont hébraiques ; des idiotismes sémitiques
ont élé traduits mot à mor.
Les derniers mots de ce livre, qui renvoient aux annales du pontificat de Jean
Hyrcan, mort en l'an 107 avant J.-C., indiquent que l'auteur écrivait quelques
années aprés la mort de Simon, laquelle eut lieu en 135 avant J.-C., peut-étre
pendant que le grand-prétre Jean Hyrcan vivait encore. L'ensemble du récit montre
que l'historien était peu éloigné des événements qu'il raconte. Nous ne savons du
reste absolument rien sur sa personne. La traduction greeque est fort ancienne,
car Joséphe s'en est servi dans la rédaction de ses Antiquités hébraiques, et l'a
souvent copiée mot pour mot.
Voici l'analyse du premier livre des Machabées. [| s'ouvre par une intro-
duclion qui se divise en trois parties : — 1? 1, 1-10, coup d'œil sur 168585 8
d'Alexandre et sur le partage de son empire par ses généraux. — 5 1, 11-67,
=
| MACHADBEES. — INTRODUCTION. “109
récit des maux qu'occasionnèrent en Judée les Juifs infidéles, sous le règne
d'Antiochus IV Epiphane, monté sur le tróne en 175 : pillage de Jérusalem
et du temple, construction d'une forteresse sur le mont Sion, introduction du
culte polythéiste dans la ville sainte et dans toute la Palestine. — 3° 11. Ces
crimes indignérent le prétre Mathathias; il prit les armes avec ses enfants et
les Juifs fidéles, et commenca la guerre glorieuse des Machabées contre l'étran-
ger, pour l'indépendance de la patrie et surtout pour la conservation de la foi.
Le ch. זז finit par la mort de Mathathias, l'an 166 avant J.-C.
Aprés cette introduction historique, l'auteur raconte en trois sections et dans
l'ordre chronologique les événements principaux de cette époque, les combats e*
les victoires de Judas Machabée et de ses frères. La 17% section contient l'histoire
des guerres de Judas, ur-ix, 22; la 2* celle du gouvernement de Jonathas, 1x,
23-xit, et la 3* celle du gouvernement de Simon, xi-xvi.
I' section : Histoire des guerres de Judas Machabée, ur-1x, 22. Aprés la mort
de son pére Mathathias, Judas Machabée se mit à la téte des Juifs fidéles au Dieu
de leurs pères. — 1? Il battit les généraux syriens Apollonius et Séron, puis
Gorgias et enfin Lysias, vice-roi d'Antiochus; il reprit Jérusalem, à part la cita-
delle, purifia le temple et rétablit le service divin, ur-1iv. — 2° Le ch. v raconte
comment le vainqueur des Syriens châtia les voisins des Juifs, animés contre
eux d'intentions hostiles. — 3° La mort terrible d'Antiochus IV Epiphane, l'au-
teur de tous les maux des Juifs, est dépeinte en traits éloquents, νι, 1-16. —
4? Son successeur, Antiochus V Eupator, marcha contre Judas, qui assiégait la
forteresse de Jérusalem ; la campagne ne fut décisive ni d'un côté ni de l'autre,
vi, 17-63. — 5° Quand, en 162, Démétrius If", cousin d'Antiochus V, se fut em-
paré du trône des Séleucides, il envoya contre la Judée Bacchide et Alcime, mais
ils ne purent réussir à la vaincre. Nicanor fut envoyé à son tour. Ce général fut
battu d'abord à Capharsalama et tué ensuite dans une seconde bataille, à Bé-
thoron. La défaite des Syriens fut si complète que les Juifs instituèrent une fète
pour en perpétuer la mémoire, vi. — 6° Judas profita de la paix pour faire
alliance avec les Romains, vi. — 7° Sur ces entrefaites, Bacchide et Alcime
envahirent de nouveau la Judée avec une armée formidable. Judas les attaqua
à Laïsa, mais il périt dans ce combat, 1x, 1-22.
Ile section : Gouvernement de Jonathas, 1x, 23-xu. — 19 La mort de Judas Ma-
zhabée devint funeste aux Juifs fidèles. Le parti hellénisant l'emporta avec l'aide
de Bacchide. Jonathas, frère de Judas, choisi pour succéder à ce grand homme,
fut contraint de se réfugier, avec ses partisans, dans le désert de Thécué. Il
voulut faire mettre en süreté chez les Nabathéens, ses alliés, les trésors de sa
famille (texte grec), mais la caravane qui les transportait, sous la conduite de
Jean, son frère, fut pillée par les Arabes Bédouins de Madaba et Jean fait pri-
sonnier. Jonathas alla chàtier ces brigands. A son retour, l'armée de Bacchide
lui barra le passage à l'embouchure du Jourdain; il réussit à se frayer un che-
min à travers les ennemis, en tuant mille d'entre eux. Bacchide se dédommagea
de cet échec en couvrant la Judée de places forles. Sur ces entrefaites, il revint
auprès du roi de Syrie, après la mort d'Alcime. Au bout de deux ans, il retourna
en Judée, appelé par les Juifs de son parti; il assiégea Belhbessen, où s'élait
réfugié Jonathas, mais celui-ci parvint à sortir de cette place, et Simon, son
frère, battit les Syriens. Jonathas obtint alors de vivre indépendant à Machmas.
Aiusi se termina la guerre de Jonathas contre Baechide, ix, 23-72. — 2» En 152,
9164 I MACHABÉES. [cu. 1.1
il s éleva contre le roi Démétrius Ier un compétiteur, Alexandre Balas. L'un et
l'autre recherchèrent l'appui de Jonathas. Celui-ci se prononca pour Alexandre
et fut reconnu par lui comme grand-prétre des Juifs. En 146, Démétrius II
voulut s'emparer de la couronne des Séleucides; il envoya Apollonius contre
les Juifs; Jonathas le battit, et sa victoire lui valut de nouvelles faveurs de la
part d'Alexandre, x. — 3? Pendant la guerre entre Ptolémée VI Philométor
d'Egypte et Alexandre, Jonathas sut, par sa prudence, conserver ses avantages,
et, aprés la mort de ces deux rois, en obtenirde nouveaux de Démétrius II. Il en
témoigna sa reconnaissance en envoyant à ce dernier un corps de troupes auxi-
liaires, pour l'aider à réprimer une sédition qui avait éclaté à Antioche, mais il
en fut mal récompensé : Démétrius 1] ne tint pas ses promesses. La position
devenait critique pour le grand-prétre juif, lorsque Tryphon opposa à Démé-
trius le fils d'Alexandre, Antiochus VI. Jonathas se déclara pour le jeune roi et
l'aida à triompher de ses adversaires, xr. — 4? Il renouvela alors l'alliance avec
les Romains, ainsi qu'une alliance ancienne avec les Spartiates ; il remporta de
nouveaux succès contre les généraux de Démétrius et augmenta les fortifications :
de Jérusalem ; mais il périt enfin, victime de la fourberie de Tryphon, qui, aspi-
rant à la couronne, voulait se débarrasser auparavant d'un homme qui pouvait
contrarier efficacement ses projets (143 avant J.-C.), xi; voir xir, 23.
IIIe section : Gouvernement de Simon, ΧΠΙ-ΧΥ͂Ι. — 1° Jonathas eut pour sue-
cesseur son frére Simon. Le nouveau grand-prétre fit enterrer Jonathasà Modin
et élever, en ce lieu, à sa famille un monument magnifique. 11 obtint de Démé-
trius divers priviléges et reprit enfin la forteresse de Jérusalem sur les Syriens,
xir. — 20 Il employa les années de paix qui suivirent à agrandir ses Etats, à
orner le temple et à faire prospérer le commerce; il renouvela l'alliance avec
les Romains et les Lacédémoniens. Le peuple, en reconnaissance de ses bien-
faits, le réconnut, lui et sa pôstérité, comme pontife et prince, xiv. —
3° Quelque temps aprés, Antiochus VII Sidétes, voulant reconquérir le trône sur
Tryphon, chercha à s'assurer l'alliance de Simon et lui renouvela toutes les
concessions qui lui avaient été déjà faites par ses prédécesseurs, en y ajoutant
le droit de battre monnaie; mais aprés avoir triomphé de son adversaire, il
oublia ses promesses et fit marcher contre la Judée son général Cendébée. Celui-
ci fut battu par les fils du grand-prétre, Judas et Jean. Cependant Ptolémée,
gendre de Simon et gouverneur de Jéricho, ne laissa pas son beau-pére jouir de
la victoire de ses enfants. Ille fit périr par trahison. Simon eut pour successeur
son fils Jean Hyrcan, xv-xvi. Le premier livre des Machabées s'arréte à l'avéne-
ment de ce prince
E ὩΣ ses ordres. Il veut contraindre les 18-
CHAPITRE PREMIER. raélites d'abandonner leur loi. Il fait
Victoires d'Alexandre le Grand. Sa mort. dresser une idole dans le temple.
Partage de ses Etats. Juifs impies qui 1. Or, il arriva qu'apres qu'A-
se séparent de l'alliance sainte. Antio- 0 E RU
chus Epiphane ravage la Judée, et pille lexandre le Macédonien, fils de
le temple. Jérusalem est désolée par | Philippe, qui régna le premier
1-9. * Règne d'Alexandre le Grand et partage de son royaume après sa mort. —
Alexandre 111, surnommé le Grand, né en 356, mort eu 323 avant J.-C., fils de PAi-
].1 .8ס]
dans la Grèce, fut sorti dela terre
de Céthim, et quil eut frappé
Darius, roi des Perses et des
Mèdes,
2. Il livra de nombreux com-
bats, et s'empara des villes fortes
de toutes les nations, et tua les
rois de la terre;
9. Et il passa jusqu'aux confins
de la terre, il s'empara des dé-
pouilles de la multitude des na-
tions, et la terre se tut en sa pré-
sence.
4. Et il assembla des forces, et
une armée des plus puissantes, et
son cœur s'éleva et s'enfla.
5. Et il se rendit maitre des
contrées des nalions, ainsi que
des rois, et ils devinrent ses tri-
butaires.
I MACHABÉES.
2165
6. Et apres cela, il tomba au
lit, et il connul qu'il mourrait.
1. Et il appela ses serviteurs,
les grands qui avaient été nourris
avec lui des la jeunesse, et il leur
partagea son royaume pendant
qu'il vivait encore.
8. Or Alexandre régna douze
ans, et il mourut.
9. Et ses serviteurs possédèrent
un royaume, chacun dans son
lieu.
10. Et ils prirent tous le dia-
deme apres sa mort, et leurs fils
apres eux, durant beaucoup d'an-
nées, etles maux se multiplièrent
sur la terre.
11. Et il sortit d'eux une racine
pécheresse, Antiochus l'Illustre,
fils du roi Antiochus, qui avait été
lippe 11, roi de Macédoine (360-336), succéda à son père en 336. — Qui règna le pre-
mier dans la Grèce. Alexandre n'eut pas le titre de roi de Grèce, mais il en eut effec-
tivement le premier la puissance. — Darius 11] Codoman, dernier roi des Perses
(336-331). Alexandre ayant passé l'Hellespont avec son armée, en 334, battit les Perses
en juin de la méme année, sur les bords du Granique, et Darius en personne, d'abord
en novembre 333, à Issus, et enfin en octobre 331 prés d’Arbèles. Darius fugitif périt
assassiné et tout son empire tomba ainsi entre les mains d'Alexandre.
1. Céthim. C'est ainsi que les Hébreux nommaient la Macédoine. Voy. plus bas,
vii, 5, et Genèse, x, ^; Isaïe, τ, 12.
2. * Tua les rois de la terre, Bessus, meurtrier de Darius, qui avait pris le nom
d'Artaxerxés et le titre de roi. Alexandre peut étre considéré aussi comme ayant fait
périr Darius, celui-ci ayant été assassiné à la suite de sa défaite.
3. Jusqu'aux confins de la terre, c'est-à-dire, jusqu'aux Indes; les anciens ne con-
naissaient rien au delà.
4. * Son cœur s'éleva. 11 voulut se faire adorer comme un dieu et fit périr le philo-
sophe Callisthène qui refusa de lui rendre un culte.
8. * Régna douze ans et huit mois, de 336 à 323. Pris de la fièvre dans la nuit du
dernier jour de mai au 4er juin, il mourut le soir du 11 juin.
9. * Ses servileurs, ses généraux, possédérent un royaume, Antigone en Asie, Ptolé-
mée en Egypte, Séleucus à Babylone, puis à Antioche, Lysimaque en Thrace, Cas-
sandre en Macédoine.
11-67. * Maux produits en Judée par les Juifs infidéles sous le régne d'Antiochus IV
Epiphane, fils d'Antiochus III le Grand (222-187) et frére de Séleucus IV Philopator
(181-115).
11. L'Illustre; en Grec Epiphane. — Du roi Antiochus le Grand. — La cent trente-
seplième année du règne des Grecs; elle répond à la cent soixante-quatorzième avant
Jésus-Christ. — * Du règne des Grecs ou de l’ère des Séleucides. Cette ère date de la
victoire que Séleucus Ier Nicator, fondateur de la dynastie des Séleucides, remporta
près du Tigre, sur Nicanor, général d'Antigone, pendant l'été de l'an 313 à 311
avant J.-C.; elle commence à l'automne 312, d'après le calcul des Syriens, et au prin-
temps de la même année, d'après le calcul des Juifs. L'an 137 de l'ére des Séleucides
correspond, d’après cette double manière de compter, à l'an 114 ou à l'an 115. —
2166
en otage à Rome; et il régna en
l’année cent trente-septième du
règne des Grecs.
12. En ces jours-là, sortirent
d'Israël des fils iniques etils con-
seillèrent un grand nombre, di-
sant : Allons, et faisons alliance
avec les nations qui sont autour
de nous; parce que depuis que
nous nous sommes retirés d'elles,
des maux nombreux sont tombés
sur nous.
13. Et ce discours parut bon à
leurs yeux.
14. Et quelques-uns du peuple
résolurent de se rendre auprès
du roi, et il leur donna pouvoir
de pratiquer le droit des nations.
15. Et ils bátirent un gymnase
à Jérusalem selon les lois des na-
tions.
16. Etils cachèrent les marques
de la circoncision, et ils se sépa-
rèrent de l'alliance sainte, et ils
se joignirent aux nations, et se
vendirent afin de faire le mal.
MACHABEES. ז
fen. t.]
17. Et le royaume de Syrie fut
préparé en présence d'Antiochus,
et il entreprit de régner dans la
terre d'Egypte afin de régner
dans les deux royaumes.
18. Et il entra en Egypte avec
une multitude imposante, avec
des chariots et des éléphants, et
des cavaliers, et une grande mul-
titude de vaisseaux.
19. Et il. déclara la guerre à
Ptolémée, roi d'Egypte, et Pto-
lémée eut peur devant lui, etil
s'enfuit, et il tomba des blessés
en grand nombre.
20. Et Antiochus prit les cités
fortifiées dans la terre d'Egypte,
et s'empara des dépouilles de la
terre d Egypte.
21. Et Antiochus revint après
quil eut ravagé l'Egypte en la
cent quarante-troisieme année,
et monta vers Israël, .
22. Il monta à Jérusalem avec
une multitude imposante.
23. Etil entra avec orgueil dans
A la conclusion de la paix qu'Antiochus 111 avait été obligé de faire avec les Romains
après la bataille de Magnésie (189), voir plus loin, vii, 6, le roi de Syrie dut livrer
à ses vainqueurs vingt otages parmi lesquels était son fils. En 174, Antiochus Epiphane
tut remplacé à Rome par le fils de son frère Séleucus IV Philopator. Pendant qu'An-
tiochus retournait en Syrie, Séleucus fut assassiné par un de ses courlisans, Hélio-
dore, qui essaya de s'emparer du tróne. Antiochus Epiphane, avec l'aide des gens
de Pergame, l'empécha de réaliser ses desseins ambitieux et il fut reconnu lui-même
comme roi par les Romains.
12. * Des fils iniques, dont le principal était Jason. Voir II Machabées, 1v, 9.
14. Du roi; Antiochus Epiphane.
45. Gymnase; lieu principalement destiné aux exercices du corps, où l'on s'exercait
tout nu à lutter, à sauter, etc., et où l'on célébrait des jeux en l'honneur des divi-
nités. Compar. I Machab., 1v, 9.
11. Et le royaume, etc.; c'est-à-dire, une fois établi dans son royaume, il forma le
dessein de régner en Egypte. — * IJ entreprit de régner dans la terre d'Egypte. An-
tiochus Epiphane fit plusieurs campagnes en Egypte. Celle dont il est question ici
est la seconde, comme nous l'apprend II Machabées, v, 1.
19. * Plolémée VI Philométor (180-146), roi d'Egypte, d'après l'opinion la plus com-
mune, ou Ptolémée VII Physcon, son frère (110-117), qui régna une premiere fois pendant
que Philométor était dans les mains d'Antiochus. Pour l'explication plus détaillée des
événements auxquels il cst fait ici allusion, voir 11 Machabées, 111, 3; 1v, 24.
21. La cent quarunle-lroisième année du règne des Grecs; elle répondait à la cent
soixante-huitième avant Jésus-Christ.
23. Lieu saint; littér., sanctification, mot qui ordinairement dans ce livre signifie
{cn 1.]
le lieu saint, et il prit l'autel d'or,
et le chandelier qui éclairait, et
tous ses vases, et 18 table de pro-
position, et les bassins, et les
tasses et les petits mortiers d'or,
et le voile, et les couronnes, et
l'ornement d'or qui était devant
le temple, et il brisa tout.
24. Et il prit l'argent et l'or et
les vases précieux ; il prit aussi
les trésors cachés qu'il trouva, et,
tout ayant été enlevé, il retourna
dans son pays.
95. Et il fit un carnage d'hom-
mes, et il parla avec un grand
orgueil,
26. Et il y eut un grand deuil
parmi le peuple d'Israël, et dans
toute leur terre;
97. Et les princes et les vieil-
lards gémirent ; les vierges et les
jeunes hommes furent abattus,
et la beauté des femmes fut chan-
gée.
28. Tout mari s'abandonna aux
lamentations, et les femmes qui
étaient assises sur le lit nuptial
pleuraient ;
29. Et la terre s'émut sur ses
habitants, et toute la maison de
Jacob fut couverte de confu-
sion.
30. Et aprés deux années de
jours, le roi envoya un chef des
tribuls dans les cités de Juda; et
il vint à Jérusalem avec une
grande suite.
31. Et il leur parla astucieuse-
I MACHABÉES,
2167
ment en termes pacifiques, et ils
le crurent.
32. Et il se jeta sur la cité tout
d'un coup, et la frappa d'une
grande plaie; et il détruisit un
grand nombre du peuple d'Israél.
39. Et il prit les dépouilles de
la cité et y mit le feu, et il détrui-
sit ses maisons et ses murs tout
autour ;
34. Et ils emmenerent les
femmes captives, et ils se ren-
dirent maîtres des enfants et des
troupeaux.
39. Et ils bátirent autour de la
cité de David un mur grand et
fort, et de fortes tours, et elle
devint pour eux une citadelle ;
90. Et ils y mirent une nation
pécheresse, des hommes iniques,
et s'y fortifierent ; et ils y mirent
des armes et des vivres, et ils y
rassemblerent les dépouilles de
Jérusalem ;
31. Etils/esmirentlàen réserve,
et ils devinrent un grand laes.
38. Et cela devint un piége
pour le lieu saint, et un diable
mauvais pour Israël;
39. Et ils répandirent un sang
innocent autour du lieu saint, et
ils souillèrent le lieu saint.
40. Et les habitants de Jérusa-
lem s'enfuirent à cause d'eux, et
elle devint l'habitation des étran-
gers, et elle devint étrangère à
sa race, et ses propres enfants
l’abandonnèrent.
le temple. — Le chandelier qui éclairait; littér., le chandelier de la lumière; proba-
blement le chandelier à sept branches (Zachar., iv, 2). — Les couronnes. Voy. plus
bas, 1v, 51.
30. Années de jours; hébraisme, pour années pleines, entières. — Le roi, etc. Voy.
MW Machab., v, 2% et .טנטפ — * Un chef des tribuls, Apollonius, chargé de lever les
impôts, qui fit plus tard une campagne contre les Juifs et y perdit la vie. Voy. plus
loin. nr, 10-11.
35. La cité de David ; c'est-à-dire, la citadelle.
2168
41. Son lieu saint fut désolé
comme une solitude, et ses jours
de féte furent converlis en un
deuil, ses sabbats en opprobre,
ses honneurs en néant.
42. Selon sa gloire s'est multi-
pliée son ignominie, et son élé-
vation a été convertie en un
deuil.
43. Et le roi Antiochus envoya
des lettres à tout son royaume,
afin qu'il n'y eût qu'un seul
peuple, et que chacun abandon-
nât sa loi;
44. Et toutes les nations ac-
quiescèrent à la parole du roi
Antiochus;
45. Et beaucoup d'sraélites
acquiescerent à la servitude qu'il
leur imposait, et ils sacrifierent
aux idoles etsouillèrent le sabbat.
46. Et le roi envoya des livres
par les mains de messagers à Jé-
rusalem et à toutes les cités de
Juda, afin qu'elles suivissent les
lois des nations de la terre.
47. Et qu'elles empéchassent
que des holocaustes, et des sacri-
fices, et des hosties d'expiation
fussent offerts dans le temple de
Dieu,
48. Et qu'elles empéchassent
qu'on célébrât le sabbat, et les
jours solennels ;
49. Et il commanda qu'on souil-
làt les lieux saints, etle saint peu-
ple d'Israél.
I. 41. Tobie, ir, 6; Amos, vir, 10. .א
MACHABÉES. ז
[cu. 1.]
50. Et il commanda qu'on cons-
truisit des autels et des temples
et des idoles, et qu'on immolât de
la chair de porc et d'autres bétes
immondes ;
01. Il leur commanda aussi de
laisser leurs fils incirconcis, et
de souiller leurs âmes par toutes
les viandes impures et les abo-
minations, en sorte qu'ils ou-
bliassent la loi et qu'ils changeas-
sent toutes les ordonnances de
Dieu.
52. Et que tous ceux qui n'au-
raient pas agi conformément à la
parole du roi Antiochus fussent
mis à mort.
53. Il écrivit conformément à
toutes ces paroles dans tout son
royaume ; et il préposa surle peu-
ple des chefs qui devaient leforcer
à exécuter ces ordres.
94. Et ils commanderent aux
cités de Juda de sacrifier.
do. Et beaucoup de personnes
du peuple se joignirent à ceux
qui avaient abandonné la loi du
Seigneur, et ils firent bien du mal
dans le pays.
56. Et ils contraignirent le peu-
ple d'Israël à s'enfuir dans des
lieux cachés et dans des retraites
de fugitifs.
51. Au quinzième jour du mois
de Casleu, en la cent quarante-cin-
quième année, le roi Antiochus .
dressa l’abominable idole de la
43. * Sa loi, sa religion.
46. Livres; dans le grec, petits livres, qu'on entend généralement de lettres, d'au-
tant que le terme hébreu correspondant signifie écrit, lettre et livre.
91. Les ordonnances, ainsi que les commandements, la loi et les préceptes de Dieu
sont nommées justificalions, parce qu'en les observant nous sommes justifiés, et nous
croissons en justice et en sainteté.
51. Au quinziéme jour. Dans toute la suite de ce livre et du suivant, on lit que ce
fut le vingt-cinquième jour qu'eut lieu la profanation du temple; ce qui peut faire sup-
[cu. 1.
désolation sur lautel de Dieu,
et dans toutes les cités de Juda,
tout autour l'on bátit des autels ;
58.Et devantles portes des mai-
sons et dans les places publiques,
ils brülaient de l'encens et sacri-
fiaient ;
59. Et les livres delaloi de Dieu,
ils les brülèrent au feu en les dé-
chirant;
60. Et celui chez lequel on
trouvait les livres de l'alliance
du Seigneur, et quiconque ob-
servait la loi du Seigneur, se-
lon l'édit du roi, ils le massa-
craient.
61.Dansleurpuissance, ils agis-
saienL ainsi envers 16 peuple d'Is-
raél qui se trouvait à chaque mois
dans les cités.
62. Et le vingt-cinquième jour
du mois ils sacrifiaient sur l'autel,
qui était vis-à-vis de l'autel de
Dieu.
63. Et les femmes qui circonci-
saient leurs fils étaient massa-
crées, selon le commandement
du roi Antiochus;
64. Et ils pendaient les enfants
I MACHABÉES.
2169
au cou de leurs mères dans toutes
leurs maisons; et ceux qui les
avaient circoncis, ils les massa-
craient.
65. Or beaucoup de personnes
du peuple d'Israël résolurent en
elles-mêmes de ne pas manger
des choses impures, et elles ai-
mèrent mieux mourir que de ae
souiller par des viandes impures;
66. Et elles ne voulurent pas en-
freindre la loi sainte de Dieu, et
elles furent massacrées ;
67. Et une grande colère tomba
sur le peuple.
CHAPITRE II.
Mathathias, touché des maux de son
peuple, se retire à Modin. Il refuse de
sacrifier aux idoles; il tue un Juif qui
s'avancait pour sacrifier, et l'officier qui
l'y contraignait. beaucoup de Juifs se
retirent dans le désert, de peur de
violer le sabbat. Mathathias avec un
corps d'armée entreprend de détruire
le culte des idoles; il exhorte ses fils,
il meurt.
1. En ces jours-là, Mathathias,
fils de Jean, fils de Siméon, prétre
d'entre les fils de Joarib, sortit de
poser que le mot quinzième est ici une faute de copiste, ou qu'en vertu d'un
hébraisme dont la Bible fournit de nombreux exemples, le verbe au lieu d'indiquer
une chose comme positive, ne signifie réellement que dire, déclarer, publier. Ainsi le
vrai sens serait ici, que dés le quinzième du mois de Casleu, le roi déclara, publia, etc.,
que l'idole serait dressée; ce qui fut exécuté le vingt-cinquiéme. — Casleu était le
neuvième mois de l'année sacrée, et le troisième de l'année civile. Voy. Aggée, τι, 11.
— La cent quarante-cinquieme année du règne des Grecs, et la cent soixante-sixième
avant Jésus-Christ. — L'ubominable idole; 16 simulacre de Jupiter Olympien. Compar.
II Mach., vi, 2.
61. Qui se trouvait, etc. Il parait par 11 Mach., vr, 7, qu'on célébrait chaque mois la
fète de la naissance du roi, ct qu'on obligeait tous ceux qui habitaient les différentes
vtiles à participer aux sacrifices qu'on y offrait pour la santé du prince.
63. * Les femmes... étaient massacrées. Voir 11 Mach., vr, 10.
64. Leurs maisons; les maisons où ils les trouvaient.
61. Une grande colère, c'est-à-dire, les effets de la colère de Dieu contre les préva-
ricateurs.
1-10.* Histoire de Mathathias, père des Machabées. Simon, 16 grand-père de Matha-
thias, est désigné dans Josèphe par l'appellation de l'Asmonéen, d'où le surnom
d'Asmoncen qu'on donne aussi à la famille des Machabées.
4. Joarib, ou Joiarib; sa famille était une des vingt-quatre familles 8 8
2170
Jérusalem, et se retira sur la mon-
tagne de Modin.
2. Or il avait cinq fils: Jean qui
était surnommé Gaddis ;
3. Et Simon qui était surnommé
Thasi ;
4. Et Judas qui était appelé Ma-
chabée ;
ὃ, Et Eléazar qui était surnom-
mé Abaron, et Jonathas qui était
surnommé Apphus;
6. Ceux-ci virent les maux que
l'on faisait au peuple de Juda et
dans Jérusalem.
7. Et Mathathias dit : Malheur à
moi! pourquoi suis-je né pour
voirla destruction de mon peuple
et la destruction de la cité sainte,
et pour y demeurer lorsqu'elle
estlivrée aux mains des ennemis?
8. Les choses saintes sont entre
les mains des étrangers, son
temple esí comme un homme
ignoble.
9. Les vases de sa gloire ont
été emportés comme des caplifs ;
ses vieillards ont été massacrés
sur les places publiques, et ses
jeunes hommes sont tombés sous
le glaive des ennemis.
10. Quelle nation n'a point hé-
rité de son royaume, et n'a pas
pris ses dépouilles?
MACHABÉES. ז
[cn. u.]
11. Toute sa magnificence a été
enlevée. Celle qui était libre est
devenue esclave.
12. Et voilà que nos choses sain-
tes, et notre beauté et notre éclat
ont été désolés, et les nationsles
ont souillés.
13. Que nous importe donc de
vivre encore?
14. Et Mathathias et ses fils dé-
chirerent leurs vétements; et ils
se couvrirent de cilices, et firent
un grand deuil.
15. Et ceux qui avaient été en-
voyés parle roi Antiochus vin-
rent là afin de forcer ceux qui
s'étaient retirés dans la cité de
Modin de sacrifier et de brüler de
l'encens, et de renoncer à la loi
de Dieu.
16. Et beaucoup d'entre le peu-
ple d'Israël y consentant, se joi-
gnirent à eux ; mais Mathathias et
ses fils demeurèrent fermes.
17. Or, répondant, ceux qui
avaient été envoyés par le roi
Antiochus dirent à Mathathias :
Tu es un chef, et un homme ires
illustre et considérable dans cette
cité et entouré de fils et de freres;
18. Viens donc le premier et
accomplis l'ordre du roi, comme
l'ont accompli toutes les nations,
(I Paralip., xxiv, 1). — Modin, au nord-ouest de Jérusalem, non loin de la mer;
c'est un bourg selon saint Jérôme, dans son comment. sur Isaïe (xxx); mais dans
ce méme chapitre, τι, vers. 15, 17 23, 27, 28, où il est question de ce méme lieu, il y
est constamment désigné sous le nom de ville, tant dans le texte grec que dans la
Vulgate.
4. * Judas... Machabée. Voir plus loin, ri, 1.
9. Comme des captifs (captiva); c'est-à-dire, dans une terre étrangère.
11. Magnificence, ou bien ornement, parure, gloire; car le terme grec a ces diverses
significations. Dans la Vulgate, on lit ordre, arrangement, (compositio), qui parait
moins bien convenir ici.
15. Là; à la montagne de Modin. Voy. vers. 1.
11. Répondant, c'est-à-dire, élevant la voix, prenant la parole; car telle est la signi-
fication primitive du verbe hébreu rendu dans le grec et le latin par répondant, et la
seule qui convienne dans ce passage.
48, * Parmi les amis du roi. Ami du roi était un titre officiel donné aux personnes
cu, [.זז
etles hommes de Juda et ceux
qui sont restés dans Jérusalem,
et tu seras, toi et tes fils, parmi
les amis du roi, et comblé d'or et
d'argent, et de beaucoup de pré-
sents.
19. Et Mathathias répondit et
dit d'une voix forte : Quand tou-
tes les nations obéiraient au roi
Antiochus et que tous ceux d'Is-
raël renonceraient à l'observa-
tion de la loi de leurs peres et
acquiesceraient à ses commande-
ments,
20. Moi et mes fils et mes freres
nous obéirons à la loi de nos
pères.
21. Que Dieu nous soit pro-
pice! il ne nous est pas bon d'a-
bandonner la loi etles ordonnan-
ces de Dieu.
22. Nous n'écouterons pas les
paroles du roi Antiochus, et nous
ne sacrifierons pas en transgres-
sant les commandements de no-
tre loi, afin d'aller par une autre
voie.
23. Et comme il cessait de par-
ler, un certain Juif s'avanca pour
sacrifier aux idoles en présence
de tous sur l'autel dans la cité de
Modin, selon l'ordre du roi,
94. Et Mathathias /e vit, et il fut
saisi de douleur; et ses reins
tremblerent, et sa fureur s'alluma
Cuap. II. 26. Nomb., xxv, 13.
1 MACHABÉES.
2171
selon l'esprit de la loi, et, se pré-
cipitant, il le tua sur l'autel;
25. Et l'homme aussi que le roi
Antiochus avait envoyé, et qui
forcait les Juifs à sacrifier, il le
tua dans le même temps, et il dé-
truisit l’autel,
26. Et il fut transporté du
zèle de la 101, comme fit Phinéès,
lorsqu'il tua Zamri, fils de Sa-
lomi. |
27. Et Mathathias cria d'une
voix forle dans la cité, disant :
Que quiconque a le zele de la loi
et garde fidèlement l'alliance, me
suive.
28. Et il s'enfuit, lui et ses fils,
sur les montagnes; et ils laissè-
rent tout ce qu'ils avaient dans la
cité.
29. Alors beaucoup de Juifs qui
recherchaient la loi et la justice
descendirent dans le désert ;
30. Et ils y demeurerent eux et
leurs fils, et leurs femmes et leurs
troupeaux, parce que les maux se
sont débordés sur eux.
91. Eton annonca aux hommes
du roi et à l'armée qui était à Jé-
rusalem, la cité de David, que cer-
tains hommes qui avaient anéanti
le commandement duroi s'étaient
retirés dans des lieux cachés dans
le désert et que beaucoup étaient
allés avec eux.
qui avaient la confiance du roi et en particulier aux grands dignitaires de la cour, qui
remplissaient les grandes fonctions militaires et administratives. Parmi les amis du
roi, on distinguait les principaux ou premiers, titre supérieur à celui de simple ami,
1 Mach., x, 65; xi, 21; 11 Mach., vu, 9.
21. Les ordonnances de Dieu sont appelées justices, parce qu'elles sont toutes fon-
dées sur la justice, et qu'elles ne contiennent rieu qui ne soit parfaitement conforme
à l'équité la plus rigoureuse.
26 Salomi, nommé Salu dans Nombr., xxv, 14.
29, * Dans le désert de Juda, sur la rive occidentale de la mer Morte, désert d'une
grande aridité, excepté là où sont des sources, qui entretiennent autour d'elles une
riche végétation.
2172
32. Et aussitôt ils marchèrent
vers eux, et préparèrent contre
eux un combat pour le jour des
sabbats.
33. Et ils leur dirent : Résiste-
rez-vous encore à présent? Sortez
et faites selon 18 parole du roi An-
liochus, et vous vivrez.
34. Et ils répondirent : Nous ne
sorlirons pas, et nous n'exécute-
rons pas la parole du roi Antio-
chus, de maniere que nous souil-
lions le jour des sabbats.
39. Et les ennemis préparerent
un combat contre eux.
36. Et les Juifs ne leur répondi-
rent pas, et ils ne jetèrent pas une
seule pierre contre eux, et ils ne
boucherent pas les lieux où ?/s
s étaient cachés,
31. Disant : Mourons tous dans
notre simplicité, et le ciel et la
terre seront témoins pour nous
que vous nous faites mourir in-
justement.
98. Et les ennemis leur firent la
guerre pendant ces sabbats, et
ils furent tués, eux et leurs fem-
mes, et leurs fils, et leurs trou-
peaux, jusqu'à mille àmes d'hom-
mes.
39. Et Mathathias /e sut ainsi
que ses amis, et ils firent un grand
deuil à leur sujet.
40. Et l'un dit à l’autre : Si tous
nous faisons comme nos frères,
et que nous ne combattions point
I MACHABÉES.
[cn. 11.
contre les nations pour nos âmes
et pour notre loi, ils nous exter-
mineront en peu de temps de la
terre.
41. Ils prirent donc en ce jour-
là une résolution, disant : Tout
homme quelconque qui viendra
vers nous pour nous attaquer le
jour du sabbat, combattons con-
tre lui, et nous ne mourrons pas
tous comme sont morts nos fre-
res dans les lieux oz ils s'étaient
cachés.
42. Alors l'assemblée des Assi-
déens, trés brave en Israël, se
joignit à eux; quiconque s'était
attaché volontairement à la loi,
43. Et tous ceux qui fuyaient
les maux s'unirent à eux et devin-
rent pour eux un appui.
44. 115 formèrent donc une ar-
mée, etils frappèrentles pécheurs
dans leur colère, et les hommes
iniques dans leur indignation; et
tous les autres s'enfuirent vers
les nations pour échapper au dan-
2
45. Et Mathathias alla partout
ainsi que ses amis, et ils détruisi-
rent les autels;
46. Et ils circoncirent les en-
fants incirconcis autant qu'ils en
trouvèrent dans les confins d'Is-
raël, et avec un grand courage.
41. Et ils poursuivirent les fils
d'orgueil, et l'œuvre prospéra en
leurs mains;
32, 34, 38. Sabbats; ce pluriel constamment employé dans le texte grec lui-même
indique que la guerre devait se faire, et qu'elle se fit réellement pendant plusieurs
sabbats.
38. Mille dmes d'hommes ; hébraisme, pour mille personnes.
40. L'un dit à l'autre; littér., et par hébraisme, un homme dit à son prochain. —
Nos âmes; nos vies ou nos personnes. — Pour notre loi (justificalionibus nostris),
Voy. 1, 1.
42. Assidéens, en hébreu justes, pieux, saints, parait désigner ici ceux qui s'étaient
consacrés plus particulièrement au service du Seigneur, tels que furent les Récha-
bites et les Esséniens. — Trés brave; littér. et par hébraisme, brave par les forces.
(cn. 11.]
48. Et ils retirerent la loi des
mains des nations et des mains
des rois, etils ne donnèrent pas
de force au pécheur.
49. Or, les jours de la mort de
Mathathias approchèrent, et il dit
à ses fils : Maintenant l'orgueil
s'est affermi, et c'es£ un temps de
chátiment et de ruine, de colere
et d'indignation.
50. Maintenant donc, ὦ mes fils,
soyez les zélateurs de la loi; et
donnez vos àmes pour l'alliance
de vos peres.
51. Et souvenez-vous des œu-
vres de vos pères, œuvres qu'ils
ont faites dans leurs générations,
et vous recevrezune grande gloire
et un nom éternel.
52. Abraham n'a-til pas été
trouvé fidèle dans la tentation, et
cela ne lui a-t-il pas été imputé à
justice?
53. Joseph dans le temps de son
angoisse a gardé les commande-
ments, et il est devenu le maitre
de l'Egypte.
54. Phinéès, notre père, brülant
d'un grand zèle pour Dieu, a recu
l'alliance d'un sacerdoce éternel.
55. Josué, Landis qu'il accomplit
la parole du Seigneur, est devenu
chef en Israél.
56. Caleb, tandis qu'il rendait
témoignage au milieu de l'assem-
blée, a recu un héritage.
91. David, par sa douceur, ἃ
I MACHABÉES.
2118
obtenu le tróne d'un royaume
pour des siècles.
58. Elie, tandis qu'il brûle d'un
grand zèle pour la loi, a été en-
levé dans le ciel.
59. Ananias et Azarias et Misaël,
croyant, ont été sauvés des flam-
mes. :
60. Daniel, par sa simplicité, ἃ
été délivré de la gueule des lions.
01. Et ainsi considérez de gé-
nération en génération que tous
ceux qui espèrent en Dieu ne s'af-
faiblissent point.
62. Et les paroles d'un homme
pécheur, ne les craignez point,
parce que sa gloire, c'est de la
boue et un ver;
63. Aujourd'hui il s'élève, et
demain on ne le trouvera pas,
parce qu'il 681 retourné dans la
poussiere, et sa pensée s'est éva-
nouie.
64. Vous donc, mes fils, forti-
fiez-vous, et agissez courageuse-
ment en laloi, parce que c'est en
elle que vous serez glorieux.
65. Et voici Simon, votre frere :
je sais quil est homme de con-
seil; écoutez-le toujours, etilsera
pour vous un père.
00. Et que Judas Machabée,
tres brave dès sa jeunesse, soit
pour vous prince de la milice; et
lui-méme dirigera la guerre du
peuple.
67. Et vous joindrez à vous tous
52. Genèse, xxii, 2. — 53. Genèse, xrr, 40. — 54. Nomb., xxv, 13; Eccli., xLv, 28. —
55. Jos., 1, 2. — 56. Nomb., xiv, 6; Jos., xiv, 14. — 57. 11 Rois, 11, 4. — 58. IV Rois,
ri, 11. — 59. Daniel, 111, 50. — 60. Dan., vi, 22.
48. Ils vetirérent; c'est-à-dire, ils délivrérent la loi de l'asservissement des nations
et des rois, et ne permirent pas à l'impie Antiochus d'abuser de son pouvoir. --
Force, ou puissance; littér., et par hébraisme, corne.
400. Très brave. Voy. vers. 42.
61. Vous vengerez entièrement; littér., vous vengerez la vengeance. Voy. sur cet
hébraisme, t. 11, p. 342, 20.
2174
les observateurs de la loi, et vous
vengerez entièrement votre peu-
ple.
68. Rendez rétribulion aux na-
tions, et soyez attentifs aux pré-
ceptes de la loi.
69. Et il les bénit, et il futréuni
à ses peres.
70. 11 mourut en la cent qua-
rante-sixieme année; etil fut en-
seveli à Modin par ses fils dans
les sépulcres de ses pères, et tout
Israël le pleura d'un grand pleur.
CHAPITRE ΤΙ.
Judas Machabée succède à Mathathias
son père. ll défait et tue Apollonius.
Il marche contre Séron et le défait.
Les victoires de Juda irritent Antio-
chus. Lysias envoie une armée nom-
breuse contre les Juifs. Judas et les
siens se préparent à combattre les en-
nemis.
1. Et Judas, son fils, qui était
appelé Machabée, se leva à sa
place;
9. Et tous ses freres l'aidaient,
ainsi que {ous ceux qui s'étaient
joints à son pere; et ils combat-
taientle combat d'Israél avec joie.
3. Et il étendit au loin la gloire
de son peuple, et il se revétit de
la cuirasse, comme un géant, et
il se ceignit de ses armes guer-
| MACHABÉES.
(eur. ur.)
rières dans les combats, et il pro-
tégeait le camp de son glaive.
4. Et il devint semblable à un
lion dans ses hauts faits, et 7 éfait
comme le petit d'un lion rugis-
sant à la chasse.
5. Et il poursuivit les iniques,
les cherchant de toutes parts;
ceux qui troublaient son peuple,
il les livra aux flammes;
6. Et ses ennemis furent re-
poussés par la crainte qu'il inspi-
rait, el tous lesouvriers d'iniquité
furent troublés, et le salut fut di-
rigé par sa main.
7. Etilirritait beaucoup de rois,
el il réjouissait Jacob par ses
hauts faits, et sa mémoire sera à
jamais en bénédiction.
8. Et il parcourut les villes de
Juda, et il en extermina les im-
pies, et il détourna la colère loin
d'Israél.
9. Etson nom parvint jusqu'aux
extrémités de la terre, et il ras-
sembla ceux qui étaient près de
périr.
10. Alors Apollonius assembla
les nations, et partit de Samarie
avec une armée nombreuse et
puissante, pour combaltre contre
Israël.
11. Judas 06 sut, et sortit au-
68. Rendez rélribution aux nalions; littér. : Rélribuez rétribulion aux nations, c'est-à«
dire, donnez aux nations avec une exactitude rigoureuse ce qu'elles ont mérité;
mème hébraisme qu'au vers. 67.
10. La cent quarante-sixième année du règne des Grecs (1, 4); elle répond à la cent
soixante-cinquieme avant Jésus-Christ.
1. * Machabée. Ce surnom glorieux, qui devint celui de la famille de Mathathias,
signifie probablement marteau, parce que Judas fut comme un marteau qui écrasa
les ennemis de son peuple.
3, 15. Le cump, c'est-à-dire, toute l'arinée.
6. Le salut, etc.; c'est lui qui procura 16 salut du peuple.
10. * Apollonius. Cest probablement celui qui avait été chargé de lever les tributs,
plus haut, 1, 29. La guerre ouverte n'avait pas éclaté pendant la vie de Mathathias.
Elle commeuce maintenant pour ne cesser que par l'ulfauchissement final du peuple
juil.
Cu. 111.)
devant de lui, et il le défit et le
iua; et il tomba des blessés en
grand nombre, et le reste s'en-
fuit.
12. Et il s'empara de leurs dé-
pouilles, et 11 prit le glaive d'A-
pollonius, et il combattit avec
ce glaive tous les jours de sa vie.
13. Et Séron, général de l'armée
de Syrie, apprit que Judas avait
formé une réunion et une grande
assemblée d'hommes fideles au-
pres de lui,
14. Etil dit : Je me ferai un nom
et je serai glorifié dans le royau-
me, et je soumettrai par les ar-
mes Judas et ceux qui sont avec
lui, et qui méprisent la parole du
ΤΟΙ.
15. Et il se prépara, et le camp
des impies, puissants auxiliaires,
monta avec lui pour se venger des
fils d'Israël.
16. Et ils s'avancerent jusqu'à
Béthoron, et Judas sortit au-de-
vant de lui avec peu de gens.
17. Mais, dès que ceux-ci virent
l'armée venant au-devant d'eux,
ils dirent à Judas : Comment pour-
rons-nous, en si petit nombre,
combattre contre une multitude
si grande et si forte, fatigués com-
me nous 16 sommes du jeüne d'au-
jourd'hui?
18. Et Judas dit: Un grand nom-
bre peut facilement êlre enfermé
dans les mains d'un petit, et il
1 MACHABEES.
2179
n'y a pas de différence en 18 pré-
sence du Dieu du ciel, de sauver
avec un grand nombre, ou avec
un petit ; |
19. Parce que la victoire à la
guerre ne dépend pas d'uue ar-
mée nombreuse, mais c'est du ciel
que la force vient.
20. Eux viennent vers nousavec
une multitude insolente et su-
perbe, afin de nous perdre, nous
el nos femmes et nos enfants, et
afin de nous dépouiller;
21. Mais nous, nous combat-
lons pour nos àmes et pour nos
lois;
22. EtleSeigneur lui-méme les
brisera devant notre face; mais
vous, ne les craignez point.
23. Or, lorsqu'il eut cessé de
parler,il s'élanca 80881101 sur eux,
οἱ Séron fut battu en sa présence,
ainsi que son armée.
24. Et Judas le poursuivit à la
descente de Béthoron jusqu'à la
plaine, et il tomba d'entre eux
huit cents hommes, mais le reste
s'enfuit dans la terre des Philis-
tins.
95. Et la crainte de Judas et de
ses freres, et l'épouvanteserépan-
dirent sur toutes les nations au-
tour d'eux.
26. Et son nom parvint jusqu'au
roi, et toutes les nations racon-
taient les combats de Judas.
21. 0r, dès que le roi Anliochus
13. * Nous ne savons sur Séron, général d'Antiochus Epiphane, que ce que nous
en raconte le texte, 13-24.
15. Des impies, c'est-à-dire, des Juifs qui avaient apostasié.
16. De lui, de Séron. Voy. vers. 13. — * Béthoron, ville d'Ephraim, à l'entrée des
défilés qui conduisent dans la Séphéla ou plaine des Philistins.
21. Nos dmes, nos vies ou nos personues.
24. * Judas poursuivit l'armée syrienne de Béthoron-le-Haut, sur la hauteur, à l'en-
trée du passage, à la descente qui conduit à Béthoron-le-Bas, à la sor.i: du passage
qui débouche dans la plaine des Philistins.
2176
eut appris ces nouvelles, il s'irrita
en son cœur, et il envoya, et il
assembla l’armée de tout son
royaume, laquelle formauncamp
très puissant;
98. Et il ouvrit son trésor, et il
donna la solde à l'armée pour un
an, et il leur commanda d’être
prêts à tout.
29. Mais il vit que l'argent de
ses trésors manquait, et que les
tributs de la contrée de Judée
élaient faibles, à cause des dissen-
sions et du mal qu'il avait fait
dans le pays en ótant la loi qui
exislait dés les anciens jours;
30. Et il craignit de ne pas
avoir, comme une premiere et
une seconde fois, de quoi four-
nir aux frais de la querre, et
aux libéralités qu'il faisait au-
paravant d'une main généreuse;
car il avait surpassé en richesses
les rois qui avaient été avant
lui.
31. Et il était dans une grande
consternalion d'esprit, et il son-
1 MACHABÉES.
(cu. att.)
gea à aller en Perse, et à recueil-
lir les tributs des contrées, et à
amasser beaucoup d'argent.
32. Il laissa donc Lysias, homme
noble de la race royale, chargé
des affaires du royaume, et du
commandement, depuis le fleuve
d'Euphrate jusqu'au fleuve de l'E-
gypte;
33. Et afin qu'il élevât Antio-
chus, son fils, jusqu'à ce qu'il re-
vint ;
34. Et il lui livra la moitié de
son armée et les éléphants; et il
lui donna ses ordres pour tout
ce qu'il voulait, et pour les ha-
bitants de la Judée et de Jérusa-
lem;
39. Et afin qu'il envoyät vers
eux une armée pour briser et ex-
tirper les forces d'Israël et les
restes de Jérusalem, et pour effa-
cer de ce lieu leur souvenir;
36. Et afin qu'il établit pour ha-
bitants des fils d'étrangers dans
tous leurs confins, et qu'il distri-
buât au sort leur terre.
30, Comme une première, etc., c'est-à-dire, comme il avait eu une première, etc.
31. * En Perse se prend ici dans un sens large, pour désiguer la province du
royaume de Syrie qui s'étendait au delà de l'Euphrate et comprenait la Médie, outre
la Perse. Voir plus loin, vr, 56.
32. * Lysias commanda les armées du roi de Syrie sous Antiochus IV Epiphane et
sous Antiochus V Eupator. Chargé de gouverner le royaume et de soumettre la Judée
pendant qu'Antiochus IV allait au delà de l'Euphrate, il envoya d'abord contre Judas
Machabée une première armée sous le commandement de Ptolémée, de Nicanor et
de Gorgias (166-165), puis, celle-ci ayant été battue, une seconde qu'il commanda lui-
méme, lannée suivante, mais qui fut également défaite. Lysias, de retour à An-
tioche, s'occupait à préparer de nouveaux armements, quand il y apprit la mort
d'Antiochus Epiphane. D'aprés les dernieres volontés de ce prince, la régence devait
être confiée à un personnage appelé Philippe (voir vi, 14), pendant la minorité
d'Antiochus V Eupator; mais Lysias, sans respecter ces ordres, s'empara du pouvoir
au nom du jeune roi, dont il se fit un instrument et, en 163-162, il eutreprit une nou-
velle campagne contrela Judée. Elle lui fut d'abord favorable. Judas Machabée fut
battu à Bethzachara et Jérusalem, assiégée. La situation des Juifs devenait fort cri-
tique, lorsque les nouvelles de Syrie obligèrent Lysias à suspendre la guerre et à
fairela paix avec Judas pour retourner précipitamment à Antioche. Philippe voulut
en vain arracher le pouvoir à son antagoniste. Lysias réussit à triompher de son
rival. Cependant peu aprés Démétrius Ier devenait roi de Syrie et faisait périr Lysius
et son pupille Antiochus V (162 av. J.-C.).
33. * Anliochus, son fils, connu sous le nom d'Antiochus V Eupator,
(ca. πι.]
37. Et le roi prit la moitié de
l'armée qui restait, et sortit d'An-
tioche, capitale de son royaume,
en la cent quarante-septieme an-
née; et il passa le fleuve de l'Eu-
phrate, et il parcourait les provin-
ces supérieures.
| 38. Et Lysias choisit Ptolémée,
fils de Dorymine, Nicanor et Gor-
gias, hommes puissants entre les
amis du roi;
39. Et il envoya avec eux qua-
rante mille hommes de pied, et
sept mille cavaliers, afin qu'ils
vinssent dans la terre de Juda, et
qu'ils la perdissent entieremeut,
selon la parole du roi.
40. Et ils s'avanceérent avec tou-
tes leurs forces, etils vinrent, et
ils campèrent prés d'Emmaüs,
dans la partie de la plaine.
41. Etles marchands des régions
voisines entendirent leur nom,
I MACHABÉES.
2477
et ils prirent beaucoup d'argent
et d'or, et des serviteurs; et ils
vinrent au camp afin d'acquérir
les fils d'Israël comme esclaves:
et l'armée de Syrie se joignit à
eux, ainsi queles pays des étran- 1
gers.
42. Et Judas vit, ainsi que ses
frères, queles maux s'étaient mul-
tipliés, et que les armées enne-
mies campaient près de leurs fron-
tieres, et ils surent les paroles
par lesquelles le roi avait com-
mandé de livrer le peuple à la
destruction et à une ruine com-
plète.
43. Et 115 dirent chacun à son
prochain : Relevons l’état d'abais-
sement de notre peuple, et com-
battons pour notre peuple et nos
choses saintes.
44. Et l'assemblée se réunit,
afin qu'ils fussent préts pour un
37. La cert quarante-septième année du règne des Grecs (1, 1); elle répond à
l'an 164 avant Jésus-Christ. — * Antioche, sur l'Oronte, au pied d'une montagne dans
une plaine trés fertile, capitale du royaume de Syrie sous les Séleucides. — Les pro-
vinces supérieures, la Perse etla Médie.
38. * Ptolémée, fils de Dorymine, surnommé Macron, avait été gouverneur de Chypre
sous Ptolémée Philométor. Il avait livré cette ile à Antiochus Epiphane, qui avait fait
de lui son favori et l'avait nommé gouverneur de la basse Syrie et de la Phénicie. Il
fut disgracié sous Antiochus V Eupator et s'empoisonna. Son père Dorymine est peut-
étre un Etolien de ce nom qui avait combattu contre Antiochus le Grand, quand celui-ci
attaqua la Cœlésyrie. — Nicanor était fils de Patrocle, un des plus ardents ennemis des
Juifs; il périt dans un combat contre Judas Machabée. — Gorgias fut le général
syrien sur lequel Judas Machabée remporta sa première grande victoire.
40. * Près d'Emmaüs, aujourd'hui Amouas, à l'extrémité de la plaine de la Séphéla,
au pied des premières montagnes de Juda, à peu près à moitié chemin entre Jaffa et
Jérusalem. Cette ville, fortifiée par Bacchide, I Machabées, 1x, 50, fut plus tard brûlée ,
par Quintilius Varus et rcbátie par l'empereur Héliogabale sous le nom de Nicopolis.
On y voit à peine aujourd'hui quelques misérables huttes.
41. Enlendirent leur nom; apprirent leur arrivée. — Et is prirent, etc. Voy.
IL Machab., viz, 10 et suiv. — * Le commerce des esclaves était une des parties prin-
cipales du commerce des Phéniciens et des Philistins. Ces derniers sont trés proba-
blement désignés ici sous le nom d'étrangers. Nicanor avait fait venir ces marchands
d'esclaves des bords de la mer afin de pouvoir payer avec l'argent qu'ils lui donne-
raient, en échange des esclaves, le tribut que le roi de Syrie était tenu de payer aux
Romains.
42. Ils surent, etc. Cette traduction nous a paru se rapprocher 16 plus possible du
texte qui se refuse d'ailleurs à toute analyse grammaticale, tant dans les &eptante
que dans la Vulgate.
43, Chacun à son prochain; hébraïsme pour l’un à l'autre.
AM 137
2178
combat, et afin de prier et de
demander la miséricorde et les
commisérations du Seigneur.
45. Or Jérusalem n'était pas
habitée, mais elle était comme un
désert; il n'y avait aucun de ses
enfants qui entràt et sortit; et le
sanctuaire était foulé aux pieds;
et les fils des étrangers étaient
dans la citadelle; là était l’habita-
tion des nations ; et le plaisir fut
banni de Jacob, et la flüte cessa
ainsi que la harpe.
40. Ils s'assemblerent donc et
vinrent à Maspha, vis-à-vis de Jé-
rusalem, parce qu'il y avait autre-
fois un lieu de prières à Maspha
en Israél.
47. Et ils jeûnèrent ce jour-là,
et ils se revétirent de cilices, et
ils mirent de la cendre sur leur
tête, et déchirèrent leurs véte-
ments ;
48. Et ils étendirent les livres
de laloi dans lesquels les gentils
cherchaient 4 frouver de la res-
semblance avec leurs simulacres ;
1 MACHABÉES.
[cH. 1π.}
49. Et ils apporterent les orne-
ments sacerdotaux, et les prémi-
ces et les dimes; et ils appele-
rent les Nazaréens qui avaient
accompli leurs jours;
50. Et ils crierent d'une voix
forte jusqu'au ciel, disant : Que
ferons-nous à ceux-ci, et oü les
conduirons-nous?
91. Et vos choses saintes ont
616 foulées aux pieds, et ont été
souillées; et vos prétres ont été
voués au deuil et à l'humilia-
tion;
99. Et voilà que les nations se
sont assemblées contre nous, afin
de nous perdreentierement ; vous
savez ce qu'elles méditent contre
nous.
53. Comment pourrons-nous
subsister devant leur face, si
vous, ὁ Dieu, ne nous assistez
point?
54. Et ilsfirentretentirles trom-
pettes avec un grand bruit.
do. Et, apres cela, Judas établit
des chefs du peuple, des tribuns,
46. Maspha, avant que 16 temple fut bâti, était un lieu de prières (I Rois, vir, 5, 9);
et sous Judas Machabée, le temple se trouvant souillé et profané par les nations, c'est
à Maspha que les Juifs se rendaient, pour y faire comme ils pouvaient les exercices
de leur religion. — * Maspha, la Neby-Samouil d'aujourd'hui, sur une hauteur d’où
la vue domine Jérusalem, la mer Méditerranée et les montagnes à l'est du Jourdain,
à cinq milles romains de Jérusalem, prés de Rama.
48. Ils étendirent les livres. Les livres alors étaient en forme de rouleaux. — Dans
lesquels les Genlils, etc. Les gentils cherchaient d'ordinaire dans les Livres sacrés des
prétextes pour autoriser leurs fables et toutes leurs cérémonies sacrilèges. Les Juifs
s'indignent de cette profanation, et conjurent le Seigneur de ne point la souffrir plus
longtemps.
49. Les ornements sacerdotaux qu'ils avaient sauvés du temple, lorsqu'Antiochus,
et ensuite Apollonius, le profanèrent. — Les Nazaréens, après avoir accompli le temps
de leurs vœux, devaient offrir des hosties dans le temple (Nomór., vi, 1 et suiv.);
mais dans l'état où se trouvaient les Juifs, ils ne pouvaient que se présenter aux
prétres, et prier le Seigneur de les mettre à méme d'exercer plus parfaitement son
culte, en leur rendant l'usage du temple. Or c'est la prière qu'ils lui font en commun
dans les vers. suivants. "
94. Ils firent retentir, ete. La loi ordonnait aux prétres de sonner des trompettes
avant le combat (Nombr., x, 8, 9).
Des tribuns commandant à mille hommes; des centurions, à cent; des penta- * .ספ
contarques, à cinquante et des décurions, à dix.
<<
(cu. 1v.]
et des centurions, des pentacon-
tarques, et des décurions.
90. Et il dit à ceux qui bâtis-
saient des maisons, et qui pre-
naient des femmes et qui plan-
taient des vignes, ainsi qu'aux
timides, de retourner chacun en
sa maison, selon la loi.
57. Et ils levèrent le camp, et le
posèrent au midi près d'Emmaüs.
58. Et Judas dit : Ceignez-vous,
etsoyez des fils puissants, et soyez
prêts pour le matin, afin que vous
combattiez contre ces nations qui
se sont assemblées contre nous
pour nous perdre entierement,
nous et nos choses saintes ;
59. Parce que mieux vaut pour
nous de mourir dans le combat,
que de voir les maux de notre
nation et des choses saintes ;
60. Mais que, comme sera la
volonté de Dieu dans le ciel,
ainsi il arrive.
CHAPITRE IV.
Judas Machabée attaque séparément Ni-
canor et Gorgias, et les met en dé-
route. 11 remporte 18 victoire sur Lysias.
Il vaà Jérusalem, purifie les lieux saints,
et fortifie la montagne de Sion.
1. Alors Gorgias prit cinq mille
hommes de pied, et mille cava-
liers choisis, et ils leverent le
camp durant la nuit,
1 MACHABÉES.
2179
2. Afin de camper près du camp
des Juifs et de les frapper sou-
dain; et ceux qui étaient de la
citadelle étaient leurs guides.
3. Et Judas l'apprit, et il se leva
lui et les vaillants pour frapper
le gros des troupes du roi qui
étaient à Emmaüs.
4. Car l’armée était encore dis-
persée hors du camp.
ὃ. Et Gorgias vint durant la nuit
au camp de Judas, et n'y trouva
personne ; et il les cherchait sur
les montagnes, disant : Ceux-ci
fuient devant nous.
6. Et lorsque le jour fut venu,
Judas parut dans la plaine avec
trois mille hommes seulement,
lesquels n'avaient pas de bou-
cliers, et de glaives;
Et ils virent un camp de na- .ד
tions fort, et des cuirassiers, et
une cavalerie autour d'eux, et ces
hommes exercés au combat.
ὃ. Et Judas dit aux hommes qui
étaient avec lui : Ne craignez
point leur multitude, et n’appré-
hendez point leur attaque.
9. Souvenez-vous de quelle
maniere nos peres furent sauvés
dans la mer Rouge, lorsque Pha-
raon les poursuivait avec une
grande armée.
10. Et maintenant crions au
ciel; et le Seigneur aura pitié de
CnaP. III. 56. Deut., xx, 5, 6, 7, 8; Juges, vir, 3. — (ΒΑΡ. IV. 9. Exode, xiv, 9.
56. Selon la loi. Voy. Deutér., xx, 5 et suiv.; Juges, vit, 3.
98. Ceignez-vous. Voy. sur cette expression, Habacuc, ui, 16.
4. * Gorgias. Voir plus haut, mr, 38.
2. Ceux qui, etc.; littér., et par hébraisme, Les fils qui, etc.
6. De boucliers et de glaives; le texte grec et quelques exemplaires latins ajoutent:
Comme ils les auraient voulus. On comprend en effet difficilement que les Juifs qui
avaient déjà gagné deux batailles, qui avaient profité des dépouilles et des armes des
troupes d'Apollonius et de Séron, fussent alors absolument sans boucliers et sanse
glaives; et nest-il pas dit expressément un peu plus bas (vers. 45) qu'ils percérent
par le glaive tous les soldats de Nicanor qui ne purent se sauver par la fuite?
2180
nous, et il se souviendra de l'al-
liance de nos pères, et il brisera
cette armée devant notre face au-
jourd'hui.
11.Et toutes les nations sauront
qu'il y a un rédempteur et un li-
bérateur d'Israël.
12. Et les étrangers leverent les
yeux, et ils les virent venant vis-
à-vis.
13. Et ils sortirent de leur camp
pourle combat, etceux qui étaient
avec Judas sonnèrent de la trom-
pette.
14. Et ils les chargerent, et les
nations furent battues, et elles
s'enfuirent dans la plaine.
15. Mais les derniers tombèrent
sous le glaive, et Judas et les
siens les poursuivirent jusqu'à Gé-
zéron et jusqu'aux champs de 11-
dumée et d'Azot et de Jamnia; et
il tomba d'entre eux jusqu'à trois
mille hommes.
16.Et Judas revint avec son ar-
mée qui le suivait,
17. Et il dit au peuple: Ne dési-
rez pas les dépouilles, parce
qu'une guerre est encore préparée
contre nous,
18. Et Gorgias et son armée sont
près de nous sur la montagne;
mais demeurez fermes mainte-
nantcontre nos ennemis, et ache-
1 MACHABÉES.
(cu. 1v.]
vez de les battre, et après cela,
vous enlèverez leurs dépouilles
en sûreté.
19. Or, Judas parlant encore,
voici qu'une certaine partie de
l’armée regardait de la monta-
gne;
20. Et Gorgias vit que les siens
avaient été mis en fuite, et que
son camp avait été brülé; car la
fumée qui paraissait montrait ce
qui était arrivé.
21. Ce qu'ayant aperçu, et
voyant en même temps Judas et
son armée dans la plaine, prête
à combattre, ils eurent une gran-
de frayeur.
22. Et ils s'enfuirent tous dans
le pays des étrangers ;
23. Et Judas retourna pour les
dépouilles du camp, etils empor-
terent beaucoup d'or et d'argent,
et de l'hyacinthe, et de la pourpre
marine, et de grandes richesses.
24. Et revenant, ils chantaient
des hymnes et bénissaient Dieu,
élevant la voix vers le ciel, di-
sant : Parce qu'il est bon, parce
qu'éternelle est sa miséricorde.
95. Et une grande victoire fut
remportée par Israël en ce jour-
là.
26. Or tous ceux des étrangers
qui échappèrent, vinrent et an-
18. Gézéron; probablement la méme ville que Gézer (II Rois, v, 2) ou Gazer, dans la
tribu d'Ephraim (Josué, טא 3; xxr, 21). — Idumée; petite contrée au midi de Juda.
— Azot, Jamnia; villes des Philistins dont la première était à huit lieues et la se-
conde à vingt-deux au sud d'Emmaüs. — Trois mille hommes furent tués sur place,
sans compter ceux qui le furent dans la fuite, et qu'on peut évaluer à plus de six
mille, puisque l'auteur du 115 livre des Machabées (vin, 24) porte le nombre général
des morts à plus de neuf mille.
22. * Dans le pays des étrangers, des Philistins.
23. La pourpre marine se faisait avec le sang du poisson nommé purpura, et elle
était plus estimée que celle qui se tirait de certaines herbes, — * La pourpre marine
eétait de couleur écarlate; l’hyacinthe était une espèce de pourpre tirant sur le violet.
24. Parce qu'il est bon, etc.; reprise ou refrain d'un cantique d'actions de gráces, et
particuliérement du psaume cxxxv. ,
]68. 1v.]
noncèrent à Lysias tout ce qui
était arrivé.
Ce qu'ayant entendu, celui- .דפ
ci consterné sentait son cœur dé-
faillir, parce qu'il n'était pas ar-
rivé en Israël comme il avait
voulu,etcomme avait commandé
le roi.
28. Et l'année suivante, Lysias
réunit soixante mille hommes de
pied choisis etcinq millecavaliers,
pour soumettre les Juifs.
99. Et ils vinrent en Judée, et
poserent leur camp pres de Dé-
thoron, et Judas vint à leur ren-
contre avec dix mille hommes.
30. Et ils virent l'armée puis-
sante des ennemis, et Judas pria
et dit : Soyez béni, sauveur d'Is-
raél, vous qui avez brisé la force
d'un géant par la main de votre
serviteur David, et qui avez livré
le camp des étrangers aux mains
de Jonathas, fils de Saül, et de son
écuyer.
31. Enfermez cette armée dans
la main de votre peuple Israél, et
qu'ils soient confondus avec leur
armée et leurs cavaliers.
32. Inspirez-leur la frayeur, et
détruisez leur force audacieuse,
et qu'ils soient bouleversés dans
leur ruine.
33. Renversez-les avecle glaive
de ceux qui vous aiment, afin que
tous ceux qui connaissent votre
30. I Rois, xvi, 50; I Rois, xiv, 13.
I MACHABEES.
2181
nom vous louent par des hymnes.
34. Et ils engagèrent le combat,
et il tomba de l'armée de Lysias
cinq mille hommes.
39. Or Lysias, voyant la fuite
des siens et l'audace des Juifs, qui
étaient préts à vivre ou à mourir
courageusement, s'en alla à An-
tioche, et choisit des soldats, afin
qu'étant plus nombreux qu'aupa-
ravant,ils vinssent de nouveauen
Judée.
36. Mais Judas dit ainsi que ses
frères : Voilà que nos ennemis
ont été défaits; montons mainte-
nant pour purifier leslieux saints
et les renouveler.
91. Et toute l'armée s'assembla,
et ils montèrent à la montagne de
Sion.
38. Et ils virent les lieux saints
déserts, et l'autel profané, et les
portes brülées, et dans les parvis
des arbustes qui s'étaient élevés
comme dans une forét ou sur des
montagnes, et les chambres dé-
truites.
39. Et ils déchirèrent leurs vé-
tements, et ils firent un grand
deuil, et ils mirent de la cendre
sur leur tête;
40. Et ils tombérent la face con-
tre terre, et ils firent retentir les
trompettes du signal, et ils crie-
rent jusqu'au ciel.
41. Alors Judas commanda des
99. * Béthoron. Voir ru, 26.
35. * Lysias. Voir plus haut ur, 22. — Antioche. Voir ur, 31.
36. Purifier; c'est-à-dire, faire disparaitre les objets profanes, comme l'autel des
idoles, etc. — Renouveler; c'est-à-dire, consacrer, destiner de nouveau au culte du
Seigneur par la priére, les saerifices, etc.
38. Les chambres (pastophoria); ce mot comprend les magasins et les habitations
des prétres dans les parvis du temple.
41. Afin de combattre contre ceuz, etc.; ou plutót, afin de leur résister, dans le cas
oü ils voudraient empécher Judas et les siens de purifier le temple,
2182
hommes, afin de combattre con-
tre ceux qui étaient dans la cita-
delle, jusqu'à ce qu'ils eussent
purifié les lieux saints.
42. Et il choisit des prêtres sans
tache, ayant le zèle de la loi de
Dieu.
43. Et ils purifièrent les lieux
saints, et ils emportèrent les
pierres de contamination en un
lieu impur.
44. Et Judas songea au sujet
de l'autel des holocaustes qui
avait été profané, à ce qu'il en
ferait.
45. Et il leur vint la bonne pen-
sée de le détruire, de peur qu'il
ne füt pour eux un opprobre,
parce que les nations lavaient
souillé; et ils le démolirent.
46. Etils mirent les pierres sur
la montagne de la maison dans
un lieu convenable, jusqu'à ce
que vint un prophète et qu'il pro-
noncát à leur sujet.
47. Et ils prirent des pierres
entières, selon la loi, et ils bâti-
rent un autel nouveau, semblable
à celui qui existait auparavant;
48. Et ils bátirent les lieux
saints, et ce qui était dans l'inté-
rieur de la maison, et ils sancti-
fierent le temple et les parvis.
49. Et ils firent de nouveaux
,vases sacrés, οἱ ils porterent le
I MACHABÉES.
iv.] .א"
chandelier et l'autel des parfums
et la table dans le temple.
- 50. Et ils poserent l'encens sur
l'autel, et allumèrent les lampes
qui étaient sur le chandelier et
qui éclairaient dans le temple.
51. Et ils placèrent sur la table
des pains, et ils suspendirent les
voiles et achevèrent tous les ou-
vrages qu'ils avaient faits.
52. Et avant le matin ils se le-
vèrent, le vingt-cinquième jour
du neuvieme mois (c'est le mois
de Casleu) en la cent quarante-
huitième année;
53. Et ils offrirent un sacrifice
selon la loi, sur le nouvel autel
des holocaustes qu'ils firent.
54. Gefut dans le méme temps
et dans le méme jour que les na-
tions l'avaient souillé, qu'il fut
rétabli au bruit des cantiques,
des harpes, des lyres et des cym-
bales.
55. Et tout le peuple tomba la
face contre terre, et ils adorerent,
et bénirent jusqu'au ciel celui
qui les avait fait prospérer.
56. Et ils firent la dédicace de
lautel durant huit jours, et ils
offrirent des holocaustes avec
joie, et un sacrifice d'actions de
grâces et de louanges.
57. Et ils ornèrent la facade du
temple avec des couronnes d'or
43. Les pierres de contamination, les pierres qui avaient été souillées en servant à
l'autel sacrilège, dressé sur l'autel des holocaustes (1, 57).
46. La montagne de la maison, la montagne où le temple était bâti.
41. Selon la loi. Voy. Exode, xx, 25.
48. De la maison, c'est-à-dire du temple.
51. Des pains de proposition (Exode, xxv, 30). — Les voiles étaient à l'entrée du
saint et du sanctuaire.
52. Casleu. Voy. 1, 51. — La cent quarante-huilième année du règne des Grecs; elle
répond à la cent soixante-troisiéme avant Jésus-Christ.
55. Bénirent en élevant leurs voix jusqu'au ciel.
57. Ils ornérent, etc., ils rétablirent autant qu'ils le purent la facade du temple, et
ils y remirent des ornements pareils à ceux qu'Antiochus en avait enlevés. — Les.
[cm. v.]
et de petits boucliers; et ils dé-
dièrent les portes du temple et
les chambres, et ils y mirent des
portes.
. 58. Et il y eut une très grande
joie parmi le peuple, et l'oppro-
bre des nations fut banni.
59. Et Judas établit, ainsi que
ses frères et toute l'assemblée
d'Israël, que le jour dela dédicace
de l'autel serait célébré à des
temps fixés, d'année en année,
pendant huit jours, depuis le
vingt-cinquième jour du mois de
Casleu, avec allégresse et joie.
60. Et ils construisirent en ce
temps-là, surla montagne de Sion
ettout autour,de hauts murs et de
fortes tours, de peur que quelque
jour les nations ne vinssent et ne
la foulassent aux pieds, comme
elles avaient fait auparavant;
61. Et il y posta un corps de
troupes, afin de la garder, et illa
fortifia pour assurer Bethsura,
afin que le peuple eüt une forte-
resse en face de l'Idumée.
59. Jean, x, 22.
] MACHABEES, 2183
CHAPITRE V.
Guerres de Judas contre les Iduméens
et contre les Ammonites. Expéditions
de Simon dans la Galilée, et de Judas
dans le pays de Galaad. Joseph et Aza-
rias, laissés en Judée, s'avancent témé-
rairement contre Gorgias, et sont vain-
cus. Judas, revenu en Judée, marche
contre les [duméens et contre les Phi-
listins.
1. Et il arriva que dès que les
nations d'alentour apprirent que
lautel et le sanctuaire avaient
été bátis comme auparavant, elles
furent tres irritées ;
2. Et elles songeaient à détruire
ceux delarace deJacob qui étaient
parmi eux, etellescommencèrent
à tuer quelques-uns d'entre le
peuple et 0 poursuivre /es autres.
3. Cependant Judas combattait
les fils d'Esaü dans l'Idumée et
ceux qui étaient. dans Acraba-
thane, parce qu'ils cernaient les
Israélites, et il les frappa d'une
grande plaie.
4. Et il se souvint de la malice
couronnes et les petits boucliers étaient des monuments des victoires des Hébreux,
et des marques de leur reconnaissance envers le Dieu des armées. — Les chambres.
Voy. vers. 38.
59. La dédicace de l'autel; fête connue dans l'Evangile sous le nom d'Encænia (Jean,
x, 22). — A des temps fixés; littér., en ses temps (in temporibus suis).
61. Bethsura; ville entre Jérusalem et Hébron, sur les frontières de l'Idumée. —
* Bethsura, ville de la tribu de Juda, aujourd'hui Kherbet Beit-Sour, est située sur une
colline isolée de trois côtés par de petites vallées et des rochers à pic. Le quatrième côté
est adhérent au reste de la colline. Les rochers sont percés de grottes sépulcrales.
Du côté du nord, contre la paroi du rocher, il y a un beau puits dont l'eau bonne à
boire alimentait la ville actuellement ruinée. — Bethsura domine la route conduisant
à Hébron qui se trouve à environ une heure et demie de marche plus au sud. Hébron,
à cette époque, appartenait aux Iduméens. Les Syriens paraissent être venus plusieurs
fois attaquer la Judée en contournant le sud de la mer Morte et en arrivant par con-
séquent en Juda par l'Idumée, De là l'importance de Bethsura. C'était la première
place forte du domaine de la Judée qui pouvait arréter les Syriens dans leur marche.
3, Acrabathane; lieu situé vers l'extrémité méridionale de la mer Morte, frontière
de l'Idumée. C'est probablement le défilé qui est nommé ailleurs la Montée des Scor-
pions. Compar. Nombr., xxxiv, 4; Josué, xv, 3, etc.
4. Les fils de Béan sont inconnus d'ailleurs. Il y avait prés de la mer Morte une
ville nommée Béon (Nombr,, xxxi, 3); c'est peut-être la même que Béan.
2184
des fils de Béan, qui étaient pour
le peuple un lacs et une pierre
d'achoppement, tendant des em-
büches sur la voie.
5. Et ils furent enfermés parlui
dans les tours, et il les investit,
et il les dévoua à l'anatheme, et
brüla leurs tours avec tous ceux
qui étaient dedans;
6. Et il passa chez les fils d'Am-
mon, et il y trouva de fortes
troupes, un peuple nombreux, et
Timothée leur chef;
7. Et il engagea avec eux beau-
coup de combats, et ils furent
défaits en présence des Israélites,
et il les tailla en pièces.
8. Et il prit la cité de Gazer et
ses filles, et il revint en Judée,
9. Et les nations qui étaient en
Galaad s'assemblerent contre les
Israélites qui étaient dans leurs
confins, pourlesexterminer ; mais
ils s'enfuirent dans la forteresse
de Datheman.
10. Et ils envoyerent des lettres
àJudas et à ses freres, disant :
Les nations se sont assemblées
1 MACHABÉES.
[cu. v.]
de tous côtés pour nous perdre;
11. Et elles se préparent à venir
et à occuper la forteresse dans la-
quelle nous nous sommes retirés;
et Timothée est le chef de leur
armée.
19. Maintenant donc, venez et
arrachez-nous de leurs mains,
parce qu'une multitude d'entre
nous est déjà tombée.
13. Et tous nos freres qui étaient
aux environs de Tubin ont été
tués ; et Jes ennemis ont emmené
en captivitéleurs femmes et leurs
enfants, et emporté les dépouil-
les, et ils ont tué en ce lieu-là
pres de mille hommes.
14. Onlisait encore leurs lettres,
et voici que d'autres messagers
vinrent de Galilée, avec des tuni-
ques déchirées, apportant de sem-
blables nouvelles.
15. Disant qu'on s'était assem-
blé contre eux de Ptolémaide, de
Tyr et de Sidon; et toute la Gali-
lée est remplie d'étrangers, afin
de nous détruire entierement.
16. Or, dés que Judas et le peu-
———— ———— ——— —— M M —— M — ———
5. L'anathéme; c'est-à-dire, l'extermination entiére.
6. * Les fils d'Ammon habitaient au nord-est de la mer Morte, entre l'Arnon et le
Jaboc. Ils avaient pour capitale Rabbath-Ammon, sur le cours supérieur du Jaboc .—
Timothée, qui porte un nom grec, ne devait pas étre Ammonite, mais le général syrien
de ce nom (II Machabées, x, 24).
8. Ses filles; c'est-à-dire, suivant le style de l'Ecriture, les villes ou les villages qui
en dépendaient. — * Gazer, ville de la tribu de Gad, qui, à l'époque des rois, était
tombée au pouvoir des Moabites et appartenait maintenant aux Ammonites. C'est pro-
bablement l'es-Ssir actuel, à la source de l'ouadi de ce nom, à l'ouest de Rabbath-
Aminon ou Philadelphie et au nord d'Hésébon.
9. Datheman, forteresse d'ailleurs inconnue; le grec lit Dathema, que quelques-uns
confondent avec Rathma (Nombr., xxxur, 18). Il est certain qu'en hébreu les lettres
d et r ont la plus grande ressemblance.
11. Timothée, selon plusieurs interprètes, n'est pas celui du vers. 6, lequel fut tué
avec son frère Chéréas à Gazara l'année précédente (II Machab., x, 31).
13. Tubin, probablement la terre de Tob, au delà du Jourdain, dans le pays de
Galaad (Juges, x1, 3, 5).
45. * Ptolémaide, l Accho du livre des Juges, port de la Méditerranée, à l'embouchure
du Bélus, prés du mont Carmel, appelée plus tard Saint-Jean-d'Acre. Elle avait pris
d'un des Ptolémées d'Egypte son nom grec de Ptolémaide.— La Galilée, partie septen-
trionale de la Palestine, οὰ les étrangers, c'est-à-dire les paiens, étaient mélés aux
Juifs.
[cn. v.]
ple entendirent ces paroles, une
grande assemblée se réunit pour
songer à ce qu'ils feraient pour
leurs frères qui étaient dans la
tribulation, et vivement attaqués
par leurs ennemis.
17. Et Judas dit à Simon, son
frère : Choisis-toi des hommes, et
va, et délivretes frères en Galilée ;
mais moi et mon frère Jonathas,
nous irons en Galaad.
18. Et il laissa Joseph, fils de
Zacharie, et Azarias, chefs du peu-
ple, avec le reste de l'armée en
Judée, pour 70 garder;
19. Et il leur ordonna, disant :
Restez àla téte de ce peuple, et
n'engagez pas de combat contre
les nations jusqu'à ce que nous
soyons revenus.
20. Et l'on donna à Simon trois
mille hommes pour sa part, afin
qu'il allât en Galilée, mais à Ju-
das huit mille pour aller en Ga-
laad ;
21. Et Simon s'en alla dans la
Galilée, etil engagea beaucoup de
combats avec les nations, et les
nations furent défaites devant sa
face, et illes poursuivit jusqu'àla
porte
92. De Ptolémaide ; et il tomba
pres de trois mille hommes des
I MACHABÉES.
2185
nations; et il emportla leurs dé-
pouilles,
23. Et il prit avec lui les Juifs
qui étaient dans la Galilée et dans
Arbates, avec leurs femmes et
leurs enfants et tout ce qui leur
appartenait, et il les emmena en
Judée avec une grande joie.
24. Et Judas Machabée et Jona-
thas, son frere, passèrent le Jour-
dain, et firent un chemin de trois
jours à travers le désert.
95. Et les Nabuthéens vinrent à
leur rencontre, et ils les recurent
dans un esprit de paix, et ils leur
raconterent tout ce qui était ar-
rivé à leurs freres en Galaad;
26. Et que beaucoup d'entre eux
avaient 616 enfermés dans Ba-
rasa, et Bosor, et dans Alimas, et
dans Casphor, et Mageth, et Car-
naim; c'étaient toutes des cités
forlifiées et grandes.
Iis ajoutérent : Mais encore .דפ
dans toutes les autres cités de
Galaad on les tient enfermés, et
leurs ennemis ont résolu de faire
approcher le lendemain une ar-
mée contre ces cités, et de les
prendre et de les exterminer fous
en un seul jour.
28. Et Judas, ainsi que son ar-
mée, dirigea aussitót sa marche
18. * Joseph et Azarias ne nous sont pas autrement connus.
23. Arbates, que quelques-uns croient être pris de l'hébreu Araboth ou mieux Ha-
raboth, lieux stériles, incultes, plaines, pourrait cependant signifier une ville, ou une
petite contrée de la Galilée, puisque Abialbon, un des vaillants guerriers de David,
est qualifié d’Arbathile, c'est-à-dire, natif d'Arbates (II Rozs, xxur, 31).
25. Les Nabuthéens; le grec porte ici Nabaléens, et, 1x, 35, Naccaléens. On les fait
descendre de Nabaioth, fils aîné d'Ismaél (Genèse, xxv, 13); mais il faut avouer que
cette filiation ne repose sur aucun témoignage des écrivains sacrés.
96 Les villes ici mentionnées étaient situées dans le pays de Galaad, mais elles
sont en partie inconnues. — * Bosor. Voir Deuléronome, iv, 43. — Barasa est proba-
blement Bosra, une des villes les plus importantes du Hauran. — Carnaim, Astaroth-
Carnaim, à l'est de la mer Morte, aujourd'hui Tell Aschtere, entre Noua et Mezareib.
— Casphor, appelée Casbon, vers. 26, la méme probablement que Casphin (II Ma-
chabées, xu, 13), est identifiée par plusieurs avec le Khastin actuel, à l'est du lac de
Tibériade.
2186
vers le désert de Bosor, etil occu-
pa la cité, et il tua tout mâle par
le tranchant du glaive, et il prit
toutes leurs dépouilles, etil mitle
feu à la cité.
29. Et 115 en sortirent durant la
nuit, et ils allaient jusqu'à la for-
teresse.
30. Et il arriva qu'au point du
jour, lorsqu'ils eurent levé les
yeux, ils apercurent une troupe
innombrable de gens portant des
échelles et des machines, afin de
s'emparer de la forteresse et de
se rendre maitre de ses défen-
seurs.
31.Judas vit donc que la guerre
était commencée, et que le cri de
la guerre montait vers le ciel,
comme /e son de la trompette, et
qu'un grand cri s'élevait de la
cité.
32. Et il dit à son armée
Combattez aujourd'hui pour vos
freres.
33. Et il vint en trois corps der-
riere les ennemis, et ils firent re-
tentir les trompettes et ils poussè-
rent des cris dans /eur prière.
34. Et le camp de Timothée re-
connut que c'était Machabée, et il
s'enfuit devant lui, et les Juifs les
frappèrent d'une grande plaie, et
il tomba d'entre eux, en ce jour-
là, prés de huit mille hommes.
I MACHABÉES.
[cu. v.]
35. Et Judas s'en alla à Maspha,
et il l'attaqua vivement et la prit,
etil tua tous les máles, et rem-
porta ses dépouilles, et y mit le
feu.
36. De 18 il s'avanca, et prit Cas-
bon, et Mageth, et Bosor et les
autres cités de Galaad.
87. Après cela, Timothée as-
sembla une autre armée, et posa
son camp vis-à-vis de Raphon, au
delà du torrent.
38. Et Judas envoya reconnai-
tre cette armée, et l'on revint à
lui, disant : Elles se sont réunies
à Timothée, toutes les nations
qui sont autour de nous; leur
armée est trés nombreuse.
39. Et ils ont fait venir les Ara-
bes à leur secours, et ils ont posé
leur camp au delà du torrent,
préts à venir vers vous pour un
combat. Et Judas alla à leur ren-
contre.
40. Alors Timothée dit aux prin-
cipaux de son armée : Lorsque
Judas et son armée se seront ap-
prochés du torrent d'eau, s'il s'a-
vance vers nous le premier, nous
ne pourrons lui résister, parce
quil sera trés puissant contre
nous;
41. Mais s'il craint de passer, et
qu'il pose son camp au delà du
fleuve, traversons-/e, allons à
29. La forteresse de Datheman. Voy. vers. 9.
35. * Maspha désigne ici une ville du pays de Galaad dont la situation précise n'est
pas connue. — Casbon est Casphor. Voir vers. 26.
31. Aprés cela; littér., aprés ces paroles (post hzc verba). Nous avons déjà remarqué
plus d'une fois qu'en hébreu, le mot parole signifie aussi chose, fait, événement. —
Du torrent de Jéboe ou Jaboc sur la frontière des Ammonites (Deutér., 111, 16; Jo-
sué, xu, 2). — * Raphon, ville de la Décapole, qui n'était pas éloignée d'Astaroth-
Carnaim, — Au delà du torrent, probablement l'Hiéromax ou Mandhour, qui grossit
considérablement au moment de la fonte des neiges.
38. Disant ; littér. disant que (dicens quia); ce que, en vertu d'un hébraisme. est ici
purement pléonastique, car il signifie proprement disant.
40. Il sera très puissant; littér. et par hébraisme : Pouvant, il pourra.
cR. v.]
eux, et nous serons puissants
contre lui.
49. Or, lorsque Judas fut pro-
che du torrent d'eau, il placa les
scribes du peuple le long du tor-
rent, etleur commanda, disant :
5 laissez aucun homme ci, mais
quils viennent tous au combat.
43. Et il traversa Ze torrent le
premier, allant aux ennemis, et
tout le peuple après lui; et toutes
les nations furent défaites devant
leur face, et elles jetèrent leurs
armes; et elles s'enfuirent vers
le temple qui était à Carnaïm.
44. ἘΠῚ) s'empara de la cité elle-
même et brüla le temple avec
tous ceux qui étaient dedans; et
Carnaïm fut écrasée, et ne put
subsister devant la face de Judas.
45. AlorsJudasassemblatousles
Israélites qui étaient en Galaad,
depuis le plus petit jusqu'au plus
grand, et leurs femmes et leurs
enfants, et une fort grande ar-
mée, afin qu'ils vinssent dans la
terre de Juda.
46. Et ils vinrent jusqu'à
Ephron; or, cette ville, située à
l'entrée du pays, était grande et
très fortifiée, et il n'était pas pos-
sible de s'en détourner à droite ou
à gauche, mais au milieu était le
chemin.
41. Et ceux qui étaient dans la
cité se renfermèrent, et bouchè-
rent les portes avec des pierres;
I MACHABÉES.
2187
et Judas envoya vers eux avec
des paroles de paix,
48. Disant : Souffrez que nous
passions par votre terre, afin que
nous allions dans notre terre; et
personne ne vous nuira : nous ne
ferons seulement que passer.
Mais ils ne voulaient pas leur ou-
vrir.
49. Alors Judas ordonna de pu-
blier dans le camp que chacun
attaquát dans le lieu dans lequel
il se trouvait;
50. Et les hommes les plus vail-
lants attaquèrent; et il donna l'as-
saut àla cité durant tout le jour
et toute la nuit, et la cité fut li-
vrée entre ses mains;
51. Et ils tuèrent tousles mâles
parle tranchant du glaive, et il
détruisit la cité jusqu'aux fonde-
ments, et il emporta ses dépouil-
les, et il traversa toute la cité sur
les tués.
52. Ils passèrent ensuiteleJour-
dain dans la grande plaine, vis-à-
vis de Bethsan.
53. EtJudas ralliait les derniers,
et il exhortait le peuple dans tout
le chemin, jusqu'à ce qu'ils vin-
rent dans la terre de Juda;
54. Et ils montèrent sur 18 mon-
tagne de Sion avec allégresse et
joie, et ils offrirent des holocaus-
tes, parce que personne d'entre
eux n'avait succombé, jusqu'à ce
quils fussent revenus en paix.
42. Les scribes du peuple ou officiers qui tenaient les róles, levaient les troupes,
les congédiaient, et étaient chargés de ce qui regardait les approvisionnements de
l'armée.
46. * Ephron était située dans un étroit défilé à l’est du Jourdain. Son site n'a pas
été retrouvé.
48. Nous ne ferons, etc.; littér., seulement par les pieds nous passerons. — Leur,
c'est-à-dire, à Judas et aux siens.
52. La grande plaine, ou le grand champ d'Esdrélon, appelée aussi la vallée de Jez-
rahel. — Bethsan, la Scythopolis des Grecs, était située au-dessous du lieu où le
Jourdain sort du lac de Génésareth.
2188
55. Et pendant les jours aux-
quels Judas était, ainsi que Jona-
thas, dans la terre de Galaad, et
Simon, son frère, dans la Galilée,
vis-à-vis de Ptolémaide,
56. Joseph, fils de Zacharie, ap-
prit ainsi qu'Azarias, prince de
l'armée, les exploits des autres et
les combats qui avaient été li-
vrés,
51. Et il dit : Faisons-nous aussi
nous-mémes un nom, et allons
combattre contre les nations qui
sontautour de nous.
98. Et il donna des ordres à
ceux qui étaient dans son armée,
et ils allérent vers Jamnia.
59. Et Gorgias sortit de la cité
ainsi que ses hommes, au-devant
d'eux.
60. Et Joseph et Azarias furent
mis en fuite jusqu'aux confins de
la Judée; et il tomba en ce jour-
là du peuple d'Israél environ deux
mille hommes, et la fuite fut
grande parmi le peuple;
61. Parce qu'ils n’écoutèrent
point Judas et ses frères, s'ima-
ginant qu'ils signaleraient leur
courage.
62. Mais ils n'étaient pas eux-
I MACHABÉES.
[cu. v.]
mémes de la race de ces hommes
par qui le salut a été opéré en
Israél.
63. Orles hommes de Judas fu-
rent en grand honneur aux yeux
de tout Israël et de toutes les na-
tions oü on entendait leur nom.
64. Et l'on vint en foule à eux
avec des acclamations de joie.
65. Et Judas sortitainsi que ses
freres, et ils combattirent les fils
'd'Esaü dans la terre qui est vers le
midi, et il frappa Chébron et ses
filles; et il mit le feu à ses murs
et aux tours qui l'environnaient.
66. Et il leva son camp afin
d'aller dans 18 terre des étrangers,
et il parcourait la Samarie.
67. En ce jour-là des prêtres
succombèrent dans la guerre,
voulant signaler leur courage, en
sortant sans réflexion pour un
combat.
68. Et Judas se détourna pour
aller vers Azot, dans la terre des
étrangers, et il renversa leurs
autels, et livra au feu les images
de leurs dieux taillées au ci-
seau ; et il prit les dépouilles des
cités, et il revint dans la terre de
Juda.
58. * Jamnia dans le pays des Philistins. Voir plus haut, 1v, 15.
59. D’eux ; 668 Israélites. — * Gorgias. Voir plus haut, rmi, 38.
65. Il frappa. C'est Judas qui est le sujet de ce verbe et de tous les suivauts qui
sont au singulier. — Chébron, probablement la même qu'IIébron, ville célèbre dans
la partie méridionale de Juda. Les deux noms en effet ont dà avoir en hébreu la
méme lettre initiale dont la prononciation pouvait étre différente, par rapport aux
circonstances de temps et de lieux. On dit encore aujourd'hui cheth et he(h, pour
désigner la huitième lettre de l'alphabet hébreu.
íi 66. * La Samarie. L'ancienne Italique et Josèphe lisent Marisa, au lieu de Samaria,
Comme il est peu vraisemblable que Judas Machabée soit allé passer au nord par la
Samarie en partant d'Hébron au sud pour revenir ensuite dans le pays des Philis-
tins, la leçon Marisa paraît préférable. C'était une ville de Juda, dans le voisinage de
Beit-Djibrin.
61. Voulant. etc. Nous avons cru devoir traduire littéralement d'après le grec,
parce que la Vulgate, quoique rendant fidèlement ce texte, ne saurait s'accommoder
aux exigences de notre langue.
68. Pour aller; mots sous-entendus en vertu d'un hébraisme usité dans la Bible,
(cu. vi.
CHAPITRE VI.
Mort d'Antiochus Epiphane; son fils Eu-
pator lui succéde. Eupator vient en
Judée avec une puissante armée. Prise
de Bethsur. Les Juifs sont assiégés
dans le temple. Paix entre Eupator et
les Juifs.
1. Etleroi Antiochus parcourait
les hautes provinces, et il apprit
qu Elymaide, en Perse, était une
cité très célèbre et abondante en
argent et en or,
2. Et quil y avait un temple
trés riche, oü étaient les voiles
d'or, les cuirasses, et les bou-
cliers que laissa Alexandre, roi
de Macédoine, fils de Philippe,
lequel régna le premier dans la
Grèce.
3. Et il vint, et il cherchait à
s'emparer de cette cité et à la pil-
ler; mais il ne le put, parce que la
chose fut connue à ceux qui
étaient dans la cité.
4. Et ils se soulevèrent pour un
combat, et il s'enfuit et s'en alla
dans une grande tristesse, et il
revint vers Babylone.
9. Et vint quelqu'un qui lui an-
nonca en Perse que le camp qui
était dans la terre de Juda avait
été mis en fuite;
6. Et que Lysias était allé, avec
une armée des plus fortes, et qu'il
avait été mis en fuite à la face des
1 MACHABÉES.
2189
Juifs, et que ceux-ci étaient deve-
nus plus forts par les armes, et
parles troupes, et par les nom-
breuses dépouilles qu'ils avaient
enlevées de son camp, qui avait
été détruit;
1. Et qu'ils avaientrenversé l'a-
bomination qu'il avait construite
sur l'autel qui était à Jérusalem,
et que le lieu saint, ils l'avaient
entouré comme auparavant de
hauts murs aussi bien que Beth-
sura, leur cité.
8. Or il arriva que, des que le
roi apprit ces choses, il fut épou-
vanté et trés agité ;et il se mit au
lit et tomba dans la langueur à
cause de sa tristesse, parce que
rien n'étaitarrivé commeil l'avait
pensé.
9. Et il fut là pendant bien des
jours, parce qu'une grande tris-
tessese renouvelaen lui;et ilcrut
qu'il allait mourir.
10. Etil appelatous ses amis,et
leur dit: Le sommeil s'est éloigné
de mes yeux, et je suis abattu, et
j'ai défailli par le cœur, à cause de
mon chagrin.
11. Et j'ai dit en mon cœur : A
quelle tribulationsuis-je arrivé, et
à quels flots de la tristesse main-
tenant je me trouve, moi qui
étais joyeux et chéri dans ma
puissance !
12. Mais maintenant je me sou-
]
Voy. t. II, p. 342, 2e — * Vers Azot, dans la plaine de la Séphéla, au nord d'Acca-
ron. — Dans la terre des étrangers, c'est-à-dire des Philistins.
1. Elymaide; était appelée aussi Persépolis. Voy. II Machab., 1x, 2. — * Ou plutôt.
il faut traduire, comme le portent les meilleurs manuscrits grecs :
ll y a en Ely-
maide, province qui fait partie du royaume de Perse, une ville, etc. Cette ville n'est
pas nommée ici; l'auteur sacré n'indique que la région dans laquelle ellese trouve,
2. * Alexandre. Voir plus haut, 1, 1-9,
3. La chose (sermo). Voy. v, 31.
1. Bethsura. Voy. 1v, 61.
10. * Ses amis. Voir plus haut, rr, 18,
2190
viens des maux que j'ai faits dans
Jérusalem, d'où j'ai emporté tou-
tes 168 dépouilles d'or et d'argent
qui y étaient, et j'ai envoyé dé-
truire sans motif ceux qui habi-
taient la Judée.
18. Je reconnais donc que c’est
à cause de cela que ces maux sont
tombés sur moi; et voici que, par
une grande tristesse, je péris dans
une terre étrangère.
14. Alors il appela Philippe, l'un
de ses amis, et le préposa sur tout
sonroyaume;
15. Il lui donna son diademe,
et sa robe, et son anneau, afin
qu'il ramenât Antiochus, son fils,
et qu'il 161684, et que celui-ci ré-
gnât.
16. Et Antiochus le roi mourut
là, en l’année cent quarante-neu-
vième.
17. Et Lysias apprit que le roi
était mort, etil établitpourrégner
Antiochus, son fils, qu'il avait
élevé tout jeune, et il appela son
nom Eupator.
18. Or ceux qui étaient dans la
citadelle avaient fermé à Israél
toutes les avenues autour des
saints lieux, et ne cherchaient
qu'à leur faire du maletà fortifier
-es nations.
19. Et Judas songea à les perdre
MACHABÉES.' ז
[ca. vr.]
entierement, et il convoqua tout
le peuple afin de les assiéger;
20. Et ils vinrent tous ensemble
et les assiégerent en l'année cent
cinquantieme, et firent des balis-
les et d'autres machines.
21. Et quelques-uns de ceux qui
étaient assiégés sortirent, et quel-
ques impies d'Israélse joignirent
à eux.
22. Et ils allèrent vers le roi,et
dirent : Jusqu'à quand ne ferez-
vous pas justice, et ne vengerez-
vous pas nos frères?
23. Nous nous sommes engagés
à servir votre père et à marcher
dans ses préceptes, et à obéir à
ses édits.
24. Et les fils de notre peuple,
à cause de cela, s'éloignaient de
nous, et tous ceux qui étaient
trouvés d'entre nous étaient tués,
et nos héritages étaient pillés.
25. Et ce n'est passur nous seu-
lement qu'ils ont étendu leur
main, mais c'est aussi sur tous
nos confins.
26. Et voici qu'ils sont venus au-
jeurd'hui assiéger la citadelle de
Jérusalem pour s'en rendre mai-
tres, et la forteresse Bethsura, ils
l'ont fortifiée.
27. Et si vous ne les prévenez
au plus vite, ils feront plus que
13. * Dans une terre étrangère. Antiochus Epiphane mourut à Tàbés, en Perse.
14. * Philippe, frère de lait d'Antiochus Epiphane, 11 Machab., 1x, 29, est vraisem-
blablement le Phrygien, dont les Juifs avaient eu beaucoup à 80 plaindre, 1] Machab.,
v, 22, Àntiochus Epiphane le chargea de gouverner le royaume après sa mort, pendant
la minorité d'Antiochus V, mais il fut chassé d'Antioche par Lysias qui gouvernait au
nom d'Antiocius V Eupator. Voir plus haut, 111, 32. Philippe fut obligé de se réfugier en
Egypte, 11 Machaë., x, 29.
16. L'année cent quarante-neuvieme du règne des Grecs; elle répond à la cent
soixante-deuxième avant Jésus-Christ.
11. * Lysias. \ שנס plus haut, iu, 32. — Antiochus V Eupalor, fils d'Antiochus Epi-
phane, avait neuf ans, d'après Appien, à la mort de son père (quatorze, d’après Eusèbe).
Pendant les deux ans qu'il régna nominalement, il ne fut qu'un instrument entre les
mains de Lysias (164-1062). 11 périt par l'ordre de son cousin Démétrius I*" qui se rendit
maitre du royaume.
Fes
(ca. vi.]
cela, et vous ne pourrez les assu-
jettir.
28. Et le roi fut irrité dès qu'il
entendit cela; et il convoqua tous
ses amis et les princes deson ar-
mée, et ceux qui commandaient
la cavalerie ;
29. Mais aussi des autres royau-
mes et des iles maritimes vin-
rent vers lui des troupes merce-
naires.
30. Et le nombre de son armée
était de cent mille hommes de
pied, et de vingt mille cavaliers et
de trente-deux éléphants dressés
au combat.
31. Et ils vinrent par l'Idumée,
etassiégerent Bethsura, etils com-
battirent durant bien des jours, et
ils firent des machines; et les as-
siégés sortirentet y mirentle feu,
et ils combattirent avec un grand
courage.
32. Et Judas s'éloigna de la ci-
tadelle, porta son camp vers
Bethzachara, vis-à-vis du camp du
roi.
33. Et le roi se leva avant le
jour, et fit marcher ses troupes
avec impétuosité sur la voie de
1 MACHABÉES.
2191
Bethzacharà ; et les armées se pré-
parerent au combat, et sonnerent
des trompettes.
34. Ils montrèrent aux élé-
phants du sang de raisin et de
müre, pour les animer au combat ;
88. Et ils partagèrent les bêtes
par légions; et près de chaque
éléphant se tenaient mille hom-
mes avec des cottes de mailles,
et des casques d'airain étaient sur
leurs tétes; et cinq cents cava-
liers choisis avaient ordre de se
tenir toujours pres de chaque
béte.
36. Ceux-ci, en quelque lieu
qu'était la béte, ils y étaient au-
paravant; et partout où elle allait,
ils y allaient, et ils ne s'écartaient
pas d'elle.
31. Mais il y avait aussi sur les
éléphants de fortes tours de bois
qui mettaient à couvert chaque
bête; et sur les tours étaient des
machines; et sur chaque tour
trente-deux vaillants hommes qui
combattaient d'en haut; et un
Indien 6/0 le conducteur de 8
béte.
38. Et le reste de la cavalerie,
28. * Le roi Antiochus V. Malgré sa jeunesse, les ambassadeurs parlent devant lui,
ou bien, selon un usage commun, ce que fait Lysias lui est attribué. — Ses «mis, ses
conseillers, voir 11, 18.
32. Bethzachara, lieu entre Jérusalem et Bethsura. — * ἃ quatre heures de dis-
tance au sud-ouest de Jérusalem.
34. * Les éléphants aiment beaucoup le vin et les liqueurs enivrantes. Pour les irri-
ter, on leur montre seulement, au lieu de 16 leur faire boire, le sang de raisin et de
mire, c'est-à-dire du vin rouge, et une liqueur spiritueuse faite avec des müres de
mürier.
31. On croit avec raison que ces éléphants étaient de l'Inde, et par conséquent
beaucoup plus gros et plus forts que ceux d'Afrique. Les faits rapportés par Pline et
par plusieurs autres auteurs prouvent que l’Ecriture n'exagére nullement dans ce
qu'elle dit iei de ces animaux. — * Un éléphant ne pouvait porter £rente-deuz hommes,
ce qui est matériellement impossible, mais au plus quatre ou cinq combattants. Il y
a ici ou une fausse traduction ou une altération de chiffres. Le texte hébreu original
avait probablement deux ou trois hommes, d'oü l'on a tiré trente-deux par une fausse
combinaison de chiffres.
38. Le reste de la cavalerie, etc. Chez les anciens, la cavalerie servait à couvrir les
flancs des troupes de pied.
2192
il le placa d'un côté et de l'autre
sur les deux ailes, pour exciter
l'armée parle son des trompettes,
et pour animer /'infanterie serrée
dans ses bataillons.
39. Or, dès que le soleil eût lui
sur les boucliers d'or et d'airain,
les montagnes resplendirent de
leur éclat, et elles resplendirent
comme des lampes ardentes.
40. Et une partie de l'armée du
roi se répanditle long des hautes
montagnes, et lautre dans les
lieux bas; et tous allaient avec
précaution et avec ordre.
44. Et tousles habitants du pays
étaient émus des cris de la multi-
tude, et de la marche de la foule,
et du fracas des armes; car l'ar-
mée était grande et forte.
42. Et Judas s'avanca, ainsi que
son armée, pour le combat, et il
tomba six cents hommes de l'ar-
mée du roi.
49. Alors Eléazar, fils de Saura,
vit une des bêtes, caparaconnée
de caparacons royaux, et plus
grande que toutes les autres bé-
tes, crut que le roi était dessus;
44. Et il se dévoua atin.de déli-
vrer son peuple, et pour s'acqué-
rir un nom immortel.
1 MACHABÉES.
(en. vi.]
45. Et ilcouruthardiment à elie
au milieu de la légion, tuant à
droite et à gauche, et les ennemis
tombaient 68 et là sous ses coups.
46. Et il alla entre les pieds de
l'éléphant, et 11 se mit sous lui, et
le tua; et l'éléphant tomba par
terresur lui, et Eléazar mourut là.
47. Or les Juifs, voyant la force
du roi et l'impétuosité de son ar-
mée, se retirerent en s'éloignant
d'eux.
48. Mais l'armée du roi monta
contre eux àJérusalem, et l'armée
du roi s'avanca en Judée et pres
de la montagne de Sion.
49. Et Je roi fit la paix avecceux
qui étaient dans Bethsura, et ils
sortirent de la cité, parce qu'il
n'y avait pas de vivres pour ceux
qui y étaient enfermés, parce que
c'étaient les sabbats de la terre.
50. Ainsi le roi prit Dethsura, et
y mitune garnison pourlagarder.
51. Et il fit marcher ses troupes
vers le lieu saint, où à demeura
bien des jours; et il y établit bien
des balistes et des béliers, et des
falariques, et des machines pour
jeter des pierres, et des dards,
et des scorpions pour lancer des
flèches, et des frondes.
QE
49. * Eléazar, fils de Saura. On doit lire ici comme 1, 5, Eléazar qui était sur-
nommé Abaron, un des fréres de Judas Machabée. La signification de ce surnom est
inconnue. Eléazar, voyant cet éléphant couvert de caparagons royaux, crut qu'il
portait le roi et se dévoua pour le faire périr, dans l'espoir que la mort du roi, pri-
vaut l’armée et Lysias de son chef nominal, en entrainerait la défaite, mais, dit
Josèphe, le roi n'était pas sur cet éléphant et peut-être méme n'assistait-il pas au
combat à cause de sa jeunesse et parce que Lysias tenait à ménager sa vie, dont son
pouvoir dépendait.
46. Sous lui, sous son ventre, qui est l'endroit où l'éléphant a la peau la moins dure.
48. Et l'armée du roi s'avanga. C'est un autre corps de troupes, une autre partie
de l'armée.
49. Les sabbats de L4 terre, l'année sabbatique, durant laquelle on laissait la terre
en repos, sans la travailler, sans qu'il füt permis de semer et de récolter.
51. Saint; littér., de sunctificution. Voy. 1, 23. — * Des balistes, machines de guerre
pour lancer des pierres. — Béliers, autres machines de guerre avec lesquelles on
battait les murs d'uue ville. — Des falariques, tlèches incendiaires. — Des scorpions,
(cu. vir.]
59. Or 165 assiégés firent aussi
eux-mémes des machines contre
leurs machines, et ils combatti-
rent pendant bien des jours.
53. Mais il n'y avait pas de vi-
vres dans la cité, parce que c'é-
tait la septième année, et que
ceux d'entre les nations qui
étaient restés dans la Judée
avaient consommé les restes de ce
qui avait été mis en réserve.
54. Et il ne demeura qu'un pe-
titnombre d'hommes pour défen-
dre les lieux saints, parce que la
famine les avait atteints; et ils
furent dispersés, chacun étant
retourné en son lieu.
55. Cependant Lysias apprit que
Philippe, qui avait été choisi par
le roi Antiochus, lorsqu'il vivait
encore, pour élever Antiochus,
son fils, et le faire régner,
56. Etait revenu de Perse et de
la Médie avec l'armée qui l'y
avait accompagné, et qu'il cher-
chait à prendre /e gouvernement
des affaires du royaume;
57. Il se háta d'aller et de dire
au roi et aux chefs de l'armée :
Nous nous consumons ici tous
les jours et nous avons peu de
vivres; et la place que nous as-
siégeons est fortifiée, et nous de-
vons mettre ordre aux affaires du
royaume.
58. Maintenant done donnons
la main droite à ces hommes ; fai-
Í MACHABÉES.
9193
sons la paix avec eux et avec
toute leur nation;
99. Et décidons à leur égard
quils vivront selon leurs lois
comme auparavant, car c'est à
cause de leurslois que nous avons
méprisées, qu'ils se sont irrités
et qu'ils ont fait toutes ces choses.
60. Or ce discours plut en pré-
sence du roi et des princes de l'ar-
mée, et il envoya pour faire la
paix avec les Juifs, qui l'acceple-
rent.
61. Et le roi /a leur jura ainsi
que les princes de l'armée, et les
Juifs sortirent de la forteresse.
62. Alors le roi entra sur la
montagne de Sion; et visita la
forteresse du lieu, et il viola aus-
sitót le serment qu'il avait fait;
car il commanda de détruire le
mur tout autour.
63. Et il partit en grande háte,
etretournaàAntioche, 6111 trouva
Philippe maitre de la cité; et il
combattit contre lui, et il reprit la
cité.
CHAPITRE VII.
Démétrius, fils de Séleucus, vient en Sy-
rie, et fait mourir Antiochus Eupator
et Lysias. ll envoie en Judée Bacchide
pour établir grand prêtre l'impie Al-
cime. Bacchide cherche en vain à sur-
prendre Judas;il se retire. Nicanor est
envoyé contre Judas; il est tué, et son
armée entiérement défaite.
1. En l'année cent cinquante et
petites machines pour lancer des fléches, qui pouvaient être manœuvrées par un seul
soldat.
53. La seplième année. Voy. le vers. 49.
54. En son lieu, en sa maison, chez soi.
55. * Lysias et Philippe. Voir plus haut, nr, 32 et vi, 44.
58. Donnons, etc. La plupart des Orientaux n'avaient pas de marques plus assutées
de leurs promesses, que de donner la main droite.
59. Qu'ils vivront, etc.; littér., et par hébraisme, qu'ils marcheront dans, etc.
4-4. * Démétrius Ier Soter, fils de Séleucus IV Philopator. Ce dernier était le fils aîné
d'Antiochus 11] le Grand. Démétrius aurait dû succéder naturellement à son pere,
À, d.
153
2194
unieme, Démétrius, fils de Séleu-
cus, sortit de la ville de Rome, et
monta avec peu d'hommes dans
une cité maritime, et il y régna.
2. Et il arriva, dès qu'il fut en-
tré dans la maison du rovaume de
ses peres, que l'armée se saisit
d'Antiochus et de Lysias pour les
amener à Démétrius.
3. Et la chose lui fut connue, et
il dit: Ne me montrez pas leur
face.
4. Etl'armée les tua. Et Démé-
trius s'assit sur le trône de son
royaume;
5. Alors vinrent vers lui des
hommes iniques et impies d's-
raél; et leur chef était Aleime, qui
voulait devenir grand prélre.
6. Et ils accusèrent le peuple
devant le roi, disant : Judas et
ses freres ont fait périr tous vos
amis, et ils nous ont chassés de
notre terre.
7. Maintenant done envoyez un
homme en qui vous avez con-
fiance, afin qu'il aille et qu'il voie
MACHABÉES. ז
(cH. vir.]
toutle malatfreux que Judasnous
a fait, à nous et aux provinces
du roi, et qu'il punisse tous ses
amis et ses partisans.
8. Et le roi choisit d'entre ses
amis Bacchide, qui commandait
au delà du grand fleuve dans son
royaume, et était fidèle au roi; et
il l'envoya,
9. Afin quil reconnüt le mal
affreux qu'avait fait Judas ; mais
aussi il établit limpie Alcime
dans le sacerdoce, et lui ordonna
de tirer vengeance des fils d'Is-
raël.
40. Et ils se leverent, et vinrent
avec une grande armée dans la
terre de Juda, et ils envoyèrent
des messagers, et ils parlèrent à
Judas etàses frères en termes pa-
cifiques pour les tromper.
11. Mais ils n'eurent point égard
à leurs paroles; car ils virent
quils étaient venus avec une
grande armée.
19. Cependant l'assemblée des
scribes vint vers Alcime et Bac-
—— — M — Ha M — ———————
mais à la mort de celui-ci, il était retenu comme ôtage à Rome, et son oncle Antio-
chus IV Epiphane en profita pour s'emparer du trône. A la mort de son oncle,
Démétrius essaya de faire reconnaitre ses droits par le sénat romain. Ce fut en vain.
Rome trouvait sans doute plus avantageux pourelle que le tróne de Syrie füt occupé
par un enfant, Antiochus V Eupator. Démétrius avait alors 22 ans, et paraissait
déjà sans doute à craindre. Il parvint cependant à s'échapper de Rome et à se rendre
en Syrie sur un vaisseau carthaginois. Il débarqua à Tripoli, rassembla des troupes,
gagna celles de son compétiteur, fit périr son cousin Antiochus V avec Lysias et
devint ainsi seul possesseur du royaume. Nous allons voir comment il traita les Juifs.
1. L'année cent cinquante et unième du règne des Grecs; elle répond à la cent
soixantiéme avant Jésus-Christ.
5. Alcime était prêtre de la race d'Aaron (vers. 14). — Qui voulait être confirmé
dans la dignité dé grand prétre qu'il avait injustement obtenue sous Antiochus
Eupator.
8. * Bacchide, envoyé par Démétrius en Judée avec le semi-paien Alcime, avait été
gouverneur des provinces syriennes à l'est de l'Euphrate. C'était un des plus habiles
généraux de l'armée de Syrie. ll réussit dans sa première mission. Nicanor ayant
été battu et tué l'année suivante, Bacchide fut envoyé avec une grande armée contre
les Juifs. Il défit Judas Machabée qui périt dans le combat. Plus tard, en 751, il revint
en Palestine pour combattre Jonathas, mais il fut obligé de faire la paix avec lui.
9. Dans le sacerdoce, c'est-à-dire, dans la souveraine sacrificature. Compar. la note
précédente.
12. Scribes. Voy. sur ce mot, v, 42.
fcu. vu]
chide demander des choses qui
sont justes;
13. Et les premiers d'entre les
fils d'Israël étaient les Assidéens,
et ils demandaient la paix.
14. Car ils dirent : C'est un hom-
me prétre de la race d'Aaron qui
vient ὦ n0ous,il ne nous trompera
pas.
15. Et 4/0006 leur adressa des
paroles de paix, et il leur jura,
disant : Nous ne vous ferons de
mal ni à vous ni à vos amis.
16. Et ils le crurent; et il prit
d'entre eux soixante hommes, et
illes fit mourir en un seul jour,
selon cette parole qui est écrite :
17. Ils ont répandu la chair de
vos saints, et leur sang autour de
Jérusalem,et il n'y avait personne
qui les ensevelit.
18. Et tout le peuple fut saisi de
crainte et d'épouvante, car ils di-
rent : Il n'y a ni vérité ni justice
parmi eux, car ils ont violé ce qui
a été arrété, et le jurement qu'ils
ont juré.
19. Et Dacchide levale camp de
Jérusalem, et alla le poser pres
de Bethzécha; et il envoya,.et il
pritbeaucoup deceux quil'avaient
abandonné, et il tua quelques-uns
d'entrele peuple, et illes jeta dans
un grand puits;
90. Et il remit la province à AI-
cime, à qui il laissa un secours
pour le soutenir. Et Bacchide s'en
alla vers le roi.
1 MACHABÉES.
2195
21. Cependant Alcime agissait
beaucoup pour 18 principauté de
son sacerdoce;
22. Et tous ceux qui troublaient
son peuple s’assemblèrent auprès
de lui, et ils se rendirent maîtres
dela terre de Juda, et ils firent
une grande plaie dans Israél.
23. Et Judas vit que tous les
maux qu'Alcime et ceux qui
étaient avec lui avaient faits aux
fils d'Israél étaient beaucoup plus
grands que les maux que les na-
tions leur avaient faits,
24. Et il fit une sortie sur tous
les confins de la Judée aux alen-
tours, et il exerca sa vengeance
sur tous les hommes déserteurs,
et dans la suite ils cessèrent de
faire des sorties dans la contrée.
25. Mais Alcime vit que Judas et
ceux qui étaient avec lui étaient
les plus forts, et il reconnut qu'il
ne pouvait leur résister; aussi il
retourna vers le roi, etles accusa
de beaucoup de crimes.
26.Alorsle roi envoya Nicanor,
l'un des princes de son armée les
plus illustres, qui nourrissait des
inimitiés contre Israel, et il lui
commanda de détruire ce peuple.
27. Et Nicanor vint à Jérusalem
avec une grande armée, et il en-
voya vers Judas et vers ses frères
avec des paroles de paix, pour /es
tromper,
28. Disant : Qu'il n'y ait poin;
de guerre entre moi et vous; je
Cuar. VII. 17. Ps. zxvir, 1, 2, 3. — 26. [I Mach., xv, 1.
13. Les Assidéens. Compar. ir, 42.
19. Bethzécha; selon le grec, Bézelh; probablement la ville nommée dans Juges,
vit, 25. Bacchide reprenait ainsi le chemin de la Syrie.
21. Beaucoup, extrémement; c'est le vrai sens du latin satis, par lequel la Vulgate
rend quelquefois le terme hébreu, érès, fort, excessivement, etc. — Pour la princi-
pauté, etc. Compar. vers. 5.
26. * Nicanor. Voir plus haut, rir, 38,
i
2196
viendrai avec peu d'hommes, afin
de voir vos faces pacifiquement.
99. Et il vint vers Judas, et ils
se saluerent mutuellement en ter-
mes pacifiques; et les ennemis
étaient préts à enlever Judas.
30. Maisilfut connu àJudas que
c'était par tromperie qu'ils étaient
venus vers lui; et il eut une
frayeur extréme de lui, et il ne
voulut plus revoir sa face.
31. Et Nicanor sut que son des-
sein était découvert, et il sortit
au devant de Judas pour /e com-
battre prés de Capharsalama.
32. Et il tomba de l'armée de
Nicanor prés de cinq mille hom-
mes, et /es autres s'enfuirent dans
la cité de David.
33. Et apres cela, Nicanor.monta
sur la montagne de Sion, et quel-
ques-uns des prêtres sorlirent
pour le saluer en esprit de paix,
et lui montrer les holocaustes qui
s'offraient pour le roi.
34. Mais, raillant, il les méprisa,
et 11168 traita comme des hommes
profanes, leur parla avec hauteur,
35. Et il jura avec colère, di-
sant : Si Judas n'est livré entre
mes mains, ainsi que son armée,
aussitót que je serai revenu tran-
quillement, je brülerai cette mai-
son. Et il sortit dans une grande
colere.
36. Alors les prétres entrèrent,
1 MACHABÉES.
(cn. vn.)
se tinrent debout en face de l'au-
tel et du temple, et pleurant, ils
dirent :
37. C'est vous, Seigneur, qui
avez choisi cette maison pour que
votre nom y fütinvoqué et qu'elle
devint une maison de prière et
de supplication pour votre peu-
ple;
38. Exercez votre vengeance
sur cet homme et son armée, et
quils tombent sous le glaive;
souvenez-vous de leurs blasphè-
mes, et ne permettez pas qu'ils
subsistent longtemps.
39. Et Nicanor sortit de Jérusa-
lem, et posa son camp pres de
Béthoron, et l'armée de. Syrie
courut au-devant de lui.
40. Et Judas campa à Adarsa
avec trois mille hommes; et Ju-
das pria et dit :
41. Ceux qui avaient été en-
voyés par le roi Sennachérib, ὃ
Seigneur, parce qu'ils vous blas-
phémèrent, un ange sortit et
frappa d'entre eux cent quatre-
vingt-cinq mille Aomies;
42. Drisez ainsi cette armée en
notre présence aujourd'hui; et
que tous les autres sachent que
Nicanor a mal parlé contre vos
lieux saints, et jugez-le selon sa
malice.
43. Et les armées engagèrent
un combat, le treizieme jour du
41. IV Rois, xix, 35; Tobie, 1, 21; Eccli., xr viu, 24 ; Isaie, xxxvri, 36; 11 Mac., virt, 19,
30. Il fut connu; littér., la parole fut connue. Voy. vi, 3.
31. Capharsalama, lieu inconnu, qui devait étre prés de Jérusalem, puisque Judas
s’y retira aprés le premier combat contre Nicanor.
32. La cité de David; la citadelle de Jérusalem.
33. Aprés cela; littér., aprés ces paroles. Voy. vi, 3.
39. Courut, etc.; c'est-à-dire, vint se joindre à lui) — * Béthoron. Voir m, 16.
40. Adarsa, selon le grec Adasa; apparemment la méme qu'Adazer (vers. 45), ville
de la tribu d'Ephraim. — * Adarsa était à quarante stades de Béthoron.
42, 49. Adar, le douziéme mois de l'année sacrée, et le sixiéme de l'aunée civile, 1}
—
[cg. [.זזזט
mois d'Adar, et le camp de Nica-
nor fut renversé, et il tomba lui-
méme le premier dans le combat.
44. Or dés que l'armée de Nica-
nor vit qu'il avait succombé, ils
jetérent leurs armes et s'enfui-
rent;
45. Et les Juifs les poursuivirent
durant une journée de chemin,
depuis Adazer jusqu'à ce qu'on
arrive à Gazara, et ils sonnèrent
des trompettes comme marque
de leur victoire ;
46. Et il sortit de tous les vil-
lages d'alentour de la Judée des
gens, qui les chargeaient avec
une grande vigueur et revenaient
de nouveau vers eux, et ils tom-
bèrent tous sous le glaive, et il
n'en échappa pas méme un seul.
41. Et ils s'emparèrent de leurs
dépouilles comme butin; et ils
coupèrent la tête à Nicanor, et sa
main droite qu'il avait insolem-
ment étendue contre le temple;
et ils Jes apportèrent, et Jes sus-
pendirent à la vue de Jérusalem.
48. Etle peuple se réjouit beau-
coup, et ils passèrent ce jour
dans une grande allégresse.
49. Et il ordonna que ce jour
I MACHABÉES.
2107
serait célébré tous les ans, au
treizieme jour du mois d'Adar.
90. Etla terre de Juda demeura
en repos pendant peu de jours.
CHAPITRE VIII.
Judas Machabée, ayant connu les Ro-
mains par la renommée, envoie des
messagers à Rome pour faire alliance
avec eux. Formule et conditions de
cette alliance.
1. EtJudas apprit par la renom-
mée que les Romains étaient trés
puissants, et qu'ils acquiescaient
à tout ce qui leur était demandé,
et qu'ils avaient lié amitié avec
tous ceux qui étaient allés à eux,
et qu'ils étaient trés puissants.
9. Les Juifs apprirent aussi
leurs combats et les grandes ac-
tions qu'ils avaient faites dans la
Galatie, en se rendant maîtres de
ces peuples, et en les soumettant
au tribut;
3. Et tout ce qu'ils avaient fait
dans la contrée d'Espagne, et
comment ils avaient réduit en
leur puissance les mines d'argent
et d'or qui y sont, et pris posses-
sion de tout le pays par leur con-
seil et la patience;
commençait à la nouvelle lune de février selon les rabbins; mais c'était plus proba-
blement à celle de mars.
45. Adazer. Voy. vers. 40. — Gazara, Voy. xiv, 34.
46. Les .chargeaient, etc.; littér., les Jetaient au vent, les faisaient sauter en l'air
avec leurs cornes; métaphore empruntée des taureaux.
41. Les suspendirent. Compar. 11 Machab., xv, 33, 35.
1. Judas apprit, etc.; littér., Judas apprit le nom des Romains, qu'ils étaient, etc.;
genre de construction hébraïque, dont la Bible fournit de nombreux exemples. Trés
puissants ; littér., et par hébraisme, puissants en forces.
2. Les Juifs; est évidemment le sujet sous-entendu du verbe pluriel apprirent (au-
dierunt). — La Galatie se prenant aussi en grec pour la Gaule, les uns expliquent
ceci d'une partie de la Galatie qui était soumise aux Romains, et les autres, des
Gaulois de la Narbonaise, qui étaient alors tributaires des Romains. Il est certain
que l'an 489 avant Jésus-Christ, les Romains, sous la conduite du consul Manlius
Vulso, vainquirent les Galates, peuples de l'Asie Mineure, dans deux combats.
3. * D'Espagne. Les Phéniciens avaient longtemps tiré d'Espague des métaux pré-
cieux. Les Romains tenaient aussi particulièrement à la possession de ce pays à
2108
4. Et qu'ils avaient soumis des
pays très éloignés d'eux, et défait
les rois qui étaient venus contre
eux des extrémités de la terre, et
quils les avaient frappés d'une
grande plaie, et que tous les au-
tres leur payaient un tribut tous
les ans;
5. Et qu'ils avaient défait Phi-
lippe et Persée, rois des Céthéens,
et tous les autres qui avaient
porté les armes contre eux, et
qu'ils s'en étaient rendus maitres;
6. Et qu'Antiochus le Grand,
roi d'Asie, qui leur avait fait la
guerre, ayantcentvingtéléphants
I MACHABÉES.
[cH. vu]
et une très grande armée, avait
été défait par eux;
7. Et qu'ils l'avaient pris vivant,
et qu'ils lui avaient prescrit qu'il
payerait, lui et ceux qui regne-
raient apres lui, un grand tribut,
et qu'il donnerait des otages, et
ce qui avait été convenu;
8. Et la région des Indiens et
les Mèdes et les Lydiens, qui
étaient des meilleures de leurs
régions, et qu'ils avaient conqui-
ses, et données ensuite au roi Eu-
mene;
9. Les Juifs apprirent encore
que ceux qui étaient dans la Grèce
et de la cavalerie, et des chariots | avaient voulu aller contre eux et
cause de ses mines. Il fut une des causes principales de la seconde guerre punique,
et abandonné formellement aux Romains par les Carthaginois après la bataille de
Zama en 201,
4. * Les rois qui étaient venus contre eux des extrémités de la terre, les rois qui
régnaient en Espagne et aussi les généraux carthaginois, à qui les anciens donnaient
souvent le titre de roi.
5. Céthéens ou Macédoniens. Compar. 1, 1. — * Philippe 111, roi de Macédoine, fils de
Démétrius II (221-179) fut complètement battu, aprés une guerre de plusieurs
années à Cynocéphale en 197 et obligé de signer une paix humiliante. — Persée, son
fils naturel et son successeur, dernier roi de Macédoine (179-168) fut battu en 168 à
Pydna par Paul-Emile, et conduit en triomphe à Rome oü il mourut en prison
vingt ans aprés. — Tous les autres, qui avaient fourni des troupes à Persée, les Epi-
rotes, les Thessaliens, les Thraces, les Illyriens.
6. * D'Asie. Ce nom désigne dans l'Ecriture tout ou partie de l'Asie Mineure. 4n-
tiochus ΠῚ Le Grand portait le titre de roi d'Asie comme souverain de la Syrie et
d'une grande partie de l'Asie Mineure. Aprés plusieurs combats, il fut complétement
défait par les Romains à la bataille de Magnésie (189) et il dut céder à ses vain-
queurs, qui les donnèrent à Eumène II, roi de Pergame, ses possessions à l'ouest du
Taurus, la Mysie, laLydie et la Phrygie.
1. * Un grand tribut, quinze mille talents eubéens (ou plus de quatre-vingt-trois
millions). Cinq cent talents devaient étre payés à la conclusion des négociations;
deux mille cinq cents à la ratification de la paix, et les douze mille restant pendant
les douze années suivantes, mais les paiements ne furent pas faits régulièrement, 6
sorte qu'Antiochus Epiphane avait encore à payer les arrérages en 173, au rapport
de Tite-Live. — Qu'il donnerait des otages. Antiochus Epiphane fut un de ces otages.
Voir plus haut, vri, 7.
8. Comme du temps de Judas Machabée les Romains n'avaient porté leurs armes
ni dans les Indes, ni dans la Médie, quelques interprètes pensent qu'on. doit lire
Ioniens, au lieu d'Indiens, et Mysiens, au lieu de Médes; mais il faut remarquer que,
pour la vérité de l'histoire, il suffit que les Juifs l'eussent ainsi entendu dire. —
* Euméne 11, roi de Pergame (197-159), fils et successeur d'Attale Ier, avait hérité de,
son père la faveur et l'alliance des Romains. Ceux-ci le récompensérent des services
quil leur avait rendus et de la part qu'il avait prise à la victoire de Magnésie, en|
commandant son contingent de troupes en personne, par le don de plusieurs pro-
vinces enlevées à Antiochus le Grand. Voir vers. 6.
9-10. * Ce qui est dit des événements de Grèce est vague, sans doute parce que la
[cg. ν πὶ.
les détruire, et que la chose leur
fut connue ;
10. Et qu'ils avaient envoyé
vers eux un général, et avaient
combattu contre eux, et qu'il en
était tombé un grand nombre,
et qu'ils emmenèrent leurs fem-
mes captives, ainsi que leurs en-
fants, et qu'ils les pillèrent et
prirent possession de leur terre,
et détruisirent leurs murs, et les
réduisirent en servitude jusqu'à
ce jour ;
11. Et qu'ils avaient ruiné et ré-
duit en /eur pouvoir le reste des
royaumes et les iles qui autrefois
leur avaient résisté ;
12. Mais qu'ils conservaient leur
amitié avec leurs amis et ceux qui
se reposaient sur eux, et qu'ils s'é-
taient rendus maitres des royau-
mes qui étaient proches et de ceux
qui étaient au loin, parce que tous
ceux qui entendaient leur nom les
eraignaient ;
13. Et que ceux qu'ils voulaient
secourir pour qu'ils régnassent,
régnaient, mais que ceux qu'ils 2e
voulaient pas étaient chassés de
I MACHABÉES.
2199
leur royaume ; et qu'ainsi ils s'é-
taient élevés à une trés grande
puissance ;
14.Etqu'avectoutcela personne
parmi eux ne portait le diadème,
et ne se revétait de pourpre, afin
d'y être magnifié;
15. Mais qu'ils s'étaientforméun
sénat, et que tousles jours ils con-
sultaient les trois cent vingt qui
temaient toujours conseil pour la
multitude, afin de faire ce qui
était convenable ;
16. Et qu'ils confiaient tous les
ans à un seul homme leur magis-
trature pour dominer sur toute
leur terre, et que tous obéissaient
à un seul, qu'il n'y avait ni envie,
ni jalousie parmi eux.
17. Alors Judas choisit Eupolé-
mus, fils de Jean, fils de Jacob, et
Jason, fils d'Eléazar, et les envoya
à Rome pour faire avec eux ami-
tié et alliance,
18. Et afin qu'ils les délivras-
sent du joug des Grecs, parce
que les Juifs virent qu'ils rédui-
saient en servitude le rovaume
d'Israél.
renommée n'avait rien fait connaitre de bien précis en Palestine sur ce qui s'était
passé en Gréce. L'auteur sacré rapporte simplement les bruits qui étaient arrivés
aux oreilles de Judas Machabée. 115 contiennent une allusion à l'alliance que les Eto-
liens avaient cherché à nouer avec Antiochus III le Grand.
9. La chose; littér., la parole. Compar. vt, 3.
11. * Le veste des royaumes el les iles, la Sicile, la Sardaigne et les îles grecques de
l'Archipel.
12-16. * Il y a ici plusieurs bruits qui ne sont vrais que grosso modo, mais c'étaient
les bruits qui couraient en Palestine. Ainsi le sénat ne s'assemblait pas tous les jours,
mais seulement aux calendes, aux nones, aux ides et aux fétes. Depuis Tarquin l'an-
cien jusqu'en 123 avant J.-C., il ne compta que 300 membres. Pour avoir le chiffre
de 320, il faut y ajouter les dix tribuns, les quatre édiles, les deux questeurs, les deux
préteurs et les deux consuls. — Il n'y avait pas qu'un seul consul, mais les traités
d'alliance portaient le nom du président du sénat (avec celui de l'ambassadeur).
11. * Eupolémus, fils de Jean. Ce Jean avait obtenu des rois de Syrie de grands
avantages pour les Juifs. 11 Machabées, 1v, 11. Il était de race sacerdotale. — Jason,
fis d'Eléazar, était probablement aussi de race sacerdotale, mais on ne connait de
lui que ce qui en est dit ici. Voir plus loin, xir, 16.
18. Les Juifs virent (viderunt). Compar. vers. 2. — * Du joug des Grecs, des rois de
Syrie, qui étaient d'origine grecque.
9200 I MACHABÉES.
19.115 firent doncle chemin tres
long de Rome, et ils entrèrent
dans le Sénat, et dirent :
20. Judas Machabée et ses frè-
res, et le peuple des Juifs nous ont
envoyés vers vous pour faire avec
vous alliance et paix, et pour que
vous nous inscriviez vos alliés et
vos amis.
21. Or ce discours plut en leur
présence.
22. Et voici le rescrit qu'ils gra-
verent sur des tables d'airain, et
qu'ils envoyeérentàJérusalem,afin
qu'ilfütlàpour eux unmonument
de paix et d'alliance.
23. QUE BIEN 5011 AUX Romains et
à la nation des Juifs sur mer et
sur terre à jamais; et que le glaive
et l'ennemi soient loin d'eux.
24. (6 51] survient une guerre
aux Romains d'abord, ou à quel-
qu'un de tous leurs alliés dans
toute leur domination,
25. La nation des Juifs leur por-
tera secours de tout son cœur,
selon que le temps le permettra;
26. Et {es Romains ne donneront
et ne fourniront pas aux combat-
tants du blé, des armes, de l'ar-
gent, des vaisseaux; ainsi il a plu
aux Romains, et 68 Juifs garde-
ront leurs commandements, ne
recevant rien d'eux.
27. Or de méme, si une guerre
arrive d'abord à la nation des
Juifs, les Romains les aideront de
cœur selon que le temps le per-
mettra ;
98. Et à ceux qui les aideront il
ne sera pas donné de blé, d'ar-
(cu. 1x.]
mes, d'argent, de vaisseaux ; ainsi
il a plu aux Romains;etils garde-
ront leurs commandements sans
tromperie.
29. Selon ces paroles, les Ro-
mains se sont alliés au peuple
juif.
30. Que si, après ces paroles
ceux-ci ou ceux-là veulent ajou-
ter ou retrancher quelque chose
à cela, ils le feront de concert; et
tout ce qu'ils ajouteront ou re
trancheront sera ratifié.
31. Et quant aux maux que le
roi Démétrius a faits aux Juifs,
nous lui e» avons écrit, disant :
Pourquoi avez-vous appesanti
votre joug sur nos amis et alliés
les Juifs?
32. 51 donc ils viennent de nou-
veau vers nous, nous leur fe-
rons justice contre vous, et nous
vous combattrons par mer et par
lerre.
CHAPITRE IX.
Bacchide et Alcime reviennent en Judée.
Judas.est tué dans le combat. Jonathas
son frére lui succéde. Bacchide le pour-
suit. Jean, frére de Jonathas, est tué.
Jonathas traverse le Jourdain à la vue
de l'ennemi. Alcime meurt frappé de
Dieu. Bacchide se retire; il revient et
est défait par Jonathas. Paix entre Jo-
nathas et Bacchide. ᾿
4. Cependant, dès que. Démé-
irius apprit que Nicanor était tom-
bé, ainsi que son armée, dans le
combat, il se proposa d'envoyer
de nouveau Bacchide et Alcimeen
Judée et l'aile droite de sestroupes
avec eux.
19. Ils firent, etc.; littér., ils allèrent à Rome, voie trés grande.
1. * Démélrius Ier Soter. — Nicanor, voir vir, 26, 43. — De nouveau Bacchide et Al-
cime. Voir vi, 5, 8. — L'aile droite, expression obscure. Plusieurs commentateurs
pensent qu'elle désigne la partie principale de l'armée syrienne,
(cH, 1Χ.}
9. Et ils s'en allèrent par la
voie qui mene en Galgala, et po-
serent leur camp à Masaloth qui
est en Arbelles; et ils la prirent,
et firent périr un grand nombre
d'àmes d'hommes.
3. Au premier mois de l'année
cent cinquante-deuxième, ils fi-
rent approcher l'armée pres de
Jérusalem ;
4. Et ils se leverent, et s'en al-
lèrent à Bérée, au nombre de
vingt mille hommes de pied et
deux mille cavaliers.
5. OrJudas avait posé son camp
à Laisa, et trois mille hommes
choisis étaient avec lui;
6. Et ils virent que la mulli-
tude de l’armée était trés grande,
et ils craignirent fortement; et
beaucoup se retirèrent du camp,
et il nen demeura que huit
cenis.
7. Et Judas vit que son armée
avait grandement diminué et que
18 guerre le pressait; 11 fut brisé
de cœur, parce qu'il n'avait pas
le temps de les rassembler, et il
sentit faiblir son courage.
8. Cependant il dit à ceux qui
élaient restés : Levons-nous et
I MACHABÉES.
2201
allons à nos ennemis pour com-
battre contre eux, si nous pou-
vons.
9. Mais ils l'en détournaient,
disant : Nous ne le pourrons pas;
mais délivrons nos âmes mainte-
nant, et retournons vers nos frè-
res, et alors nous combattrons
contre eux ; car nous sommesen
petit nombre.
10. Et Judas dit : Loin de nous
de faire que nous fuyions devant
eux. Si notre temps est venu,
mourons avec courage pour nos
frères, et n'atüirons pas de re-
proche sur notre gloire.
11. Et l'armée ennemie sortit
hors du camp et ils vinrent contre
eux, elles cavaliers se diviserent
en deux corps, et les frondeurs et
les archers marchaient en avant
de l'armée, et les premiers de la
bataille étaient les plus vaillants.
12. Bacchide était àl'aile droite ;
et la légion s'approcha des deux
cótés, et ils sonnaient des trom-
pettes.
13. Mais ceux qui étaient du
parti de Judas en sonnèrent aussi
: eux-mémes, et la terre fut émue
du bruit des armées ; et le com-
2. Galgala, probablement la Galilée. — Masaloth, peut-être la méme que Masal,
ville de la tribu d'Aser (Josué, xxi, 30; 1 Paralip., νι, 14). — Arbelles, peut-être mis
ici pour Araboth, ou plaines. Compar. v, 23. — Ames, c'est-à-dire, personnes, est ici
purement pléonastique, son complément hommes ayant la méme signification. —
+ Sur Arbelles, voir Osée, x, 1^.
3. Au premier mois de l'année sacrée, qui était le septième de l’année civile. Ce
mois commençait à la nouvelle lune de mars, selon les rabbins; mais c'était plus
probablement à celle d'avril. — L'année cent cinquante-deuxième du règne des Grecs;
elle répond à la cent cinquième-neuvième avant Jésus-Christ.
4. Bérée, peut-être la méme que Béroth, ville de la tribu de Benjamin (Josué, ,זזוטא 25).
5. * Laïsa, site inconnu. Ce nom est diversement écrit dans les versions et les
manuscrits. Cette localité devait étre située en tout cas à l'ouest ou au sud de Jéru-
salem.
9. Nos âmes, c'est-à-dire, nos personnes ou nos vies.
12. Légion (legio), chez les anciens Romains, signifiait un corps de gens de guerre,
composé d'infanterie et de cavalerie. Le texte grec porte phalange, terme de milice
macédonienne, qui désignait un bataillon de troupes serrées d infanterie.
2202
bat fut engagé depuis le matin
jusqu'au soir.
14. Et Judas vit que l'aile à
droite del'armée de Bacchide était
la plus forte, et tous ceux d'un
cœur ferme vinrent ensemble au-
près de lui.
15. Et cette aile droite fut rom-
pue par eux, et Judas les pour-
suivit jusqu'à la montagne d'A-
zot.
16. Mais ceux qui étaient à 86
gauche, virent que l'aile droite
avait été rompue, et suivirent par
derriere Judas et ceux qui étaient
avec lui;
11. Et le combat devint plus
opiniâtre, et il tomba beaucoup de
blessés de part et d'autre.
18. Et Judas tomba mort, et
tous les autres s'enfuirent.
19. Et Jonathas et Simon em-
portèrent Judas leur frère, et
lensevelirent dans le sépulcre
de leurs pères, en la cité de Mo-
din.
20. Et tout le peuple d'Israël le
pleura d'un grand pleur, et ils
furent en deuil bien des jours.
91. Et ils disaient : Comment :
est tombé le vaillant qui sauvait
le peuple d'Israël?
99. Et toutes les autres guerres
de Judas et les grandes actions
qu'il a faites et sa grandeur n'ont
pas été écrites; car elles étaient
en très grand nombre.
23. Orilarriva qu'après la mort
I MACHABÉES.
[cn. 1x.]
de Judas les hommes iniques ap-
parurent dans tous les confins
d'Israël, et s'éleverent tous 58
hommes qui opéraient l'iniquité.
24. En ces jours-là, il survint
une trés grande famine, et toute
la contrée se livra à Bacchide avec
ses habitants.
25. Et Bacchide choisit les hom-
mes impies, et les établit maîtres
de la contrée;
26. Etils recherchaient avecsoin
et sondaient les amis de Judas,
et les-amenaient à Bacchide, qui
se vengeait sur eux et les insul-
tait.
27. Et il survint en Israël une
grande tribulation, telle qu'il n'y
en a pas eu depuis le jour oü il
n'a point paru de prophète en
Israél.
28. Et tous les amis de Judas
s’assemblèrent, et dirent à Jona-
thas :
29. Depuis que votre frère Judas
est mort, il n'y a point dhomme
semblable à lui, qui sorte contre
nos ennemis, Bacchide et ceux
qui sont les ennemis de notre na-
tion.
30. C'est pourquoi nous vous
avons choisi aujourd'hui comme
prince et chef, pour conduire no-
tre guerre.
31. Et Jonathas recut en ce
temps-là le commaudement, et
se leva à la place de Judas son
frère.
15. Azol, ville des Philistins.
22. Toutes les autres guerres de Judas; littér., toutes les autres paroles (Voy. vi, 3)
des guerres de Judas; le grec porte: Les resles des discours et des querres de Judas.
21. Depuis le jour, etc., c'est-à-dire, depuis la mort des prophètes Aggée, Zacharie
et Malachie, qui parurent quelque temps aprés la captivité de Babylone.
28. * Jonathas se distingua par sa vaillance dans les combats et plus encore par
son habileté politique. 1] sut si bien mettre à profit les divisions intestines de la
Syrie qu'il réussit à affranchir la Judée.
[cu. 1x.]
39. Bacchide e» eut connais-
sance, ef il cherchait à le faire
mourir.
33. Mais Jonathas /e sut, ainsi
que Simon son frère, et tous ceux
qui étaient avec lui; et ils s'enfui-
rent dans le désert de Thécua, et
ils s'arréterent prés des eaux du
lac d'Asphar.
94. Et Bacchide /e sut et, le
jour des sabbats, il. vint, lui et
toute son armée, au delà du Jour-
dain.
39. Et Jonathas envoya son
frere chef du peuple et pria les
Nabuthéens, leurs amis, de leur
préter leur équipage de guerre
qui était considérable.
36. Mais les fils de Jambri sor-
tirent de Madaba, et prirent Jean
et tout ce qu'il avait, et s'en alle-
rent en l'emportant.
37. Après cela, on vint dire à
Jonathas età Simon son frere, que
les fils de Jambri faisaient un
grand mariage, et qu'ils ame-
naient de Madaba l'épouse, fille
d'un des grands princes de Cha-
naan, en grande pompe.
38. Et ilsse souvinrent du sang
de Jean leur frère; et ils montè-
rent et se cacherent à l'abri de la
montagne.
39. Et ils levèrent leurs yeux,
I MACHABÉES.
2203
et ils virent; et voici un tumulte
et un grand appareil, et l'époux
s'avanca, ainsi que ses amis et
ses frères, au-devant d'eux avec
des tambours et des instruments
demusique, et beaucoup d'armes.
40. Etilssortirent contre eux de
leur embuscade, et ils les tuèrent,
et il tomba beaucoup de blessés,
et le reste s'enfuit sur les monta-
gnes; et ils prirent toutes leurs
06011168 ;
41. Et les noces 56
en deuil, et la voix des instru-
ments de musique en lamenta-
tion.
49. Et ils tirèrent ainsi une
grande vengeance pour le sang
de leur frere; et ils retournerent
sur larive du Jourdain.
49. Or Bacchide /apprit, et il
vint, le jour des sabbats, sur le
bord du Jourdain avec une puis-
sante armée.
44. Et Jonathas dit aux siens :
Levons-nous et combattons con-
ire nos ennemis; car il n'en est
point aujourd'hui comme hier et
avant-hier; ;
45. Car voici la guerre en face,
et les eaux du Jourdain d'un cóté
et de l'autre, etles rives, et les
marais et le bois, et il n'y a pas
moyen de se détourner.
33. Thécua, ville prés de Jérusalem, dans la tribu de Juda. — Le /ac d'Asphar est
probablement le lac AspAaltite, nommé par les Hébreux la mer de Sodome, et par les
Grecs, Asphallite, à cause de l'asphalte ou bitume qu'on en tire. — * Le désert de
Thécua, qui tire son nom de la ville ainsi appelée, commence à deux heures environ
au sud-est de Bethléhem et s'étend jusqu'à la mer Morte. Il n'y a guère que des
pâturages pour les troupeaux. Sur la ville de Thécua, voir Amos, 1, 1.
35. Les Nabuthéens; voy. v, 25. — De leur préler, ou bien de prendre sous leur
garde, comme portent le grec, le syriaque, l'historien Josèphe et méme quelques
exemplaires latins, qui lisent en effet, commendarent iliis.
36. Madaba, ville célèbre dans la terre de Moab (Isaie, xv, 2). — Jean était un des
fils de Mathathias. Compar. plus haut, rm, 2.
31. Cela; littér., ces paroles. Voy. v1, 3.
4^. Hier et avant-hier; hébraisme pour, auparavant.
2204
46. Maintenant donc criez au
ciel, afin que vous soyez délivrés
de la main de vos ennemis. Et la
bataille s'engagea.
41. Et Jonathas étendit sa main
pour frapper Bacchide, mais Bac-
chide l'évita en se retirant en ar-
riere;
48. Et Jonathas et ceux qui
étaient avec lui se jetèrent dans 6
Jourdain et passerent à la nage le
Jourdain devant eux.
49. Et il tomba en ce jour-là,
mille hommes du cóté de Bacchi-
de et Jes autres relournèrent à
Jérusalem ;
50. Et ils bátirent des cités for-
lifiées dans la Judée ; e£ ils donné-
rent à la forteresse qui était à Jé-
richo, et à Ammaüs, et à Bétho-
ron, et à Béthel, et à Thamnata,
et à Phara, età Thopo, de hautes
murailles, et des portes et des
serrures.
51. Et Dacchide y mit une gar-
nison, afin d'exercer des hostilités
contre Israël;
52. Et il fortifia la cité de Beth-
sura, et Gazara et la citadelle, et
il y mit des troupes et une provi-
sion de vivres;
53. Et il prit pour otages les fils
Car. IX. 46. II Par., xx, 3.
I MACHABÉES.
(cu. 1x.]
des principaux de la contrée, et
les mit en prison dans la citadelle,
à Jérusalem.
δά. Etenl'année centcinquante-
troisième, au second mois, Al-
cime ordonna de détruire les
murs de la partie intérieure de
la maison sainte, et de dé-
truire les ouvrages des prophè-
tes, et il commenca à les dé-
truire.
95. En ce temps-là, Alcime fut
frappé de Dieu, et ses ouvrages
furent arrêtés, et sa bouche fut
fermée; et il fut perclus par une
paralysie, et il ne put plus direun
mot, et donner des ordres concer-
nant sa maison.
56. Et Aleime mourut en ce
temps-là, au milieu de grandes
douleurs.
57. Et Bacchide vit qu'Alcime
était mort, et il retourna vers le
roi, et la terre de Judée fut en re-
pos pendant deux ans.
58. Et tous les hommes iniques
pensèrent, e£ dirent : Voilà que
Jonathas et ceux qui sont aveclui
vivent en repos avec confiance;
maintenant done faisons venir
Bacchide, et il les prendra tous en
une seule nuit.
pI—————————————————————————P——R———DO————————r σον ο---------.-------.---.ς.---.
50. Ammaüs, Emmaüs (Nicopolis). — Thamnala, ville de la tribu de Dan. — Phara,
selon le grec Pharatoni, dans la tribu d'Ephraim (Juges, xit, 15). — Thopo, peut-être
la méme que Taphua, dans la méme tribu. — * Béthoron, voir ut, 16. — Sur, Emmaüs,
voir 111, 40.
52. Belhsura. Voy. 1v, 61. — Gazara. Voy. xiv, 34.
5%. La cent cinquante-troisième année du règne des Grecs; elle répond à la cent
cinquante-huitieme avant Jésus-Christ. — Au second mois de l'année sacrée, qui
était le huitième de l'année civile. Ce mois commençait à la nouvelle lune d'avril,
selon les rabbins, mais c'était plus probablement à celle de mai. — Les murs, etc.
Il y avait dans l'intérieur du temple plusieurs murs: celui qui séparait le saint d'avec
le sanctuaire ; celui qui séparait le parvis des prêtres d avec le parvis du peuple, enfin
celui qui séparait les gentils d'avec les Juifs. — Les ouvrages des prophètes. C'étaient
en effet les prophètes Aggée et Zacharie, qui avaient contribué, par leurs exhortations,
à la construction du temple aprés la captivité.
(cu. 1x.]
59. Et ils allerent, et ils lui don-
nèrent ce conseil.
60. Et il se leva afin de venir
avec une grande armée, et il en-
voya secrètement des leltres à ses
alliés qui étaient en Judée, afin
qu'ils prissent Jonathas et ceux
qui étaient avec lui; mais ils ne
le purent pas, parce que leur des-
sein fut connu de Jonathas et de
ceux qui étaient avec lui.
61. Et Jonathas prit d'entre les
hommes de la contrée, cinquante
hommes qui étaientles auteurs du
dessein malicieux ,etilles fit mou-
rir.
62. Et Jonathas et Simon, et
tous ceux qui étaient avec lui, se
retirerent à Bethbessen, qui est
dans le désert, et il en répara les
ruines et la fortifia.
63. Mais Bacchide ez eut con-
naissance, et il assembla toutes
ses troupes, et il 76 fit savoir à
ceux qui étaient de la Judée.
64. Etil vint, etil posa son camp
au-dessus de Bethbessen; et il
l’assiégeapendant bien des jours,
et il fit des machines.
65. Mais Jonathas laissa son
frère Simon dans la cité, et sortit
dans le pays, et marcha avec nom-
bre de gens.
00. Et il frappa Odaren et
ses freres et les fils de Phaséron
dans leurs tabernacles, et il com-
menca à tailer en pieces ses
1 MACHABÉES.
2205
ennemis et à croître en forces.
67. Mais Simon et ceux qui
étaient avec lui sortirent de la
cité, et brülèrent les machines;
68. Et ils combattirent contre
Bacchide, et il fut défait par
eux, et ils l'affligerent extréme-
ment, parce que son dessein
et son entreprise étaient sans
effet.
69. C'est pourquoi, irrité contre
leshommesiniques quiluiavaient
donné le conseil de venir dans
leur contrée, il en fit mourir un
grand nombre ; pour lui,il songea
à s'en aller en son pays avec le
reste de son armée.
10. Et Jonathas ez eut connais-
sance, et il envoya vers lui des
messagers pour faire la paix avec
lui et lui rendre les prisonniers.
14. Bacchide recut de bon gré
ce message, et il agit selon ses
paroles et jura qu'il ne lui ferait
aucun mal durant tous les jours
de sa vie.
72. Et il lui rendit les pri-
sonniers quil avait pris précé-
demment dans la terre de Juda,
et il s'en retourna dans son
pays, et ne revint plus dans ses
confins.
13. Et le glaive se reposa en
Israel, et Jonathas habita à Mach-
mas; etil commenca à juger le
peuple, et il extermina les impies
du milieu d'Israél.
62. Bethbessen; le grec lit Baithbasi, l'historien Josèphe, Bethalaga; vraisemblable-
ment la méme ville que Beth-Hagla, dans le désert de Jéricho (Josué, xv, 6).
66. * Odaren et ses fréres et les fils de Phaséron, tribus d'Arabes nomades dans les
environs de Bethbessen.
: des Dans son pays, à Antioche. — Ses confins (fines ejus), les confins de Juda, la
udée.
13. Machmas, sur les limites des tribus d'Ephraim et de Benjamin (1 Rois, xit, 1).
Jonathas fit d'abord là sa résidence, parce qu'alors les troupes de Démétrius occu-
paient encore la citadelle de Jérusalem. — Juger, c'est-à-dire, gouverner avec une
pleine autorité.
2206
CHAPITRE X.
Compétition entre Démétrius Ier et Ale-
xandreler Balas. Celui-ci épouse la fille
de Ptolémée Philométor. Il fait venir Jo-
nathas à Ptolémaide, et l'éléve en gloire.
Démétrius Nicator envoie Apollonius
contre les Juifs. Jonathas défait Apollo-
nius.
1. En l'année cent soixantieme,
Alexandre, fils d'Antiochus, qui
fut surnommé le Noble, monta
et prit Ptolémaide; et les habi-
tants le reçurent, et il y régna.
2. Et le roi Démétrius l'apprit,
‘et il assembla une armée très
considérable, et il sortit au-de-
vant de lui pour le combat.
3. Et Démétrius envoya une
lettre à Jonathas en termes paci-
fiques, afin de le magnifier.
4. Car il dit : Hâtons-nous de
faire la paix avec lui, avant qu'il
la fasse avec Alexandre contre
nous.
5. Car il se souviendra de tous
les maux que nous lui avons faits,
à lui et à son frère, et à sa nation.
6. Et il lui donna le pouvoir
d'assembler une armée, et de fa-
1 MACHABÉES.
(cu. x.]
briquer desarmes, etd'étre méme
son allié; et il ordonna que les
otages qui étaient dans la cita-
delle lui fussent livrés.
1. Et Jonathas vint à Jérusalem,
et lut les lettres aux oreilles de
tout le peuple et de ceux qui
étaient dans la citadelle.
8. Et tous craignirent d'une
grande crainte, parce qu'ils ap-
prirent que le roi lui avait donné
le pouvoir d'assembler une ar-
mée.
9. Les otages furent livrés à
Jonathas, et il les rendit à leurs
parents.
10. Et Jonathas habita dans Jé-
rusalem, et il commenga à bâtir
et à renouveler la cité.
11. Et il dit à ceux qui faisaient
les travaux de construireles murs
et de bátir tout autour de la mon-
tagne de Sion, en pierres carrées,
pour la fortifier; et ils firent ainsi.
12. Et ils s'enfuirent, les étran-
gers qui étaient dans les forte-
resses que Bacchide avait báties.
13. Et chacun quitta son lieu,
et s'en alla dans son pays.
1. L'année cent soixantième du règne des Grecs; elle répond à la cent cinquante-
unième avant Jésus-Christ. — Le noble (nobilis), ou l’Illustre; c'est-à-dire, Antiochus
Epiphane. — * Alexandre Ier Balas, qui passait pour fils d'Antiochus Epiphane, fut
opposé à Démétrius Ier comme prétendant au tróne de Syrie par Attale 11, roi de
Pergame. A l'instigation d'Attale II, Héraclide, ancien trésorier d'Antiochus Epiphaue,
le présenta avec Laodicée, qu'on disait fille de ce dernier roi, au sénat romain, afin
de les faire reconnaitre comme héritiers d'Antiochus Epiphane et leur assurer le
secours de la république pour faire valoir leurs droits à la couronne des Séleucides.
Les Romains, qui trouvaient sans doute Démétrius Ier trop puissant, adhérèrent à
ce projet. Attale II procura une armée à Alexandre, avec l'aide du roi Ptolémée VI
Philométor d'Egypte et d'Ariarathe V, roi de Cappadoce, qui avaient à se plaindre
de Démétrius. Alexandre s'empara ainsi de Ptolémaide. Sur Ptolémaide, voir plus
haut, v, 15.
2. * Démétrius, pour résister à Alexandre Balas, est obligé de faire la paix avec
Jonathas. Celui-ci était assez puissant pour faire pencher la balance en faveur de l'un
des deux antagonistes. Alexandre chercha à le gagner à son tour; il le nomma grand
prêtre et lui envoya un manteau de pourpre et une couronne d'or, 45-21. Démé-
trius Ier enchérit alors sur Alexandre, 22-45. Jonathas se défia de ses offres et se pro-
nonca pour Alexandre, qui bientôt aprés battit Démétrius dans un combat 0
ce dernier, 46-50,
(cn. x.]
14. Seulement il resta à Beth-
sura quelques-uns de ceux qui
avaient abandonné la loi et les
préceptes de Dieu; car cette ville
leur servait de refuge.
15. Etle roi Alexandre apprit
les promesses que Démétrius
avait promises à Jonathas, et on
lui raconta les batailles et les
grandes actions qu'il avait faites,
lui etses frères, et les maux qu'ils
avaient soufferts ;
16. Et il dit : Est-ce que nous
trouverons un tel homme ? aussi
nous en ferons maintenant notre
ami et notre allié.
17. Et ilécrivit et il lui envoya
une lettre conçue en ces termes :
18. Le roi Alexandre à son frère
Jonathas, salut.
19. Nous avons appris à votre
sujet que vous étes un homme
ires puissant, et vous étes digne
d'étre notre ami ;
90.Aussi, maintenant nous vous
constituons grand prétre de votre
nation, et nous voulons que vous
soyez appelé ami du roi (et il Iui
envoya une robede pourpre et une
couronne d'or),afin que voussoyez
attaché à nos intéréts, et que
MACHABÉES. ז
2207
vous gardiez amitié avec nous.
21. Et Jonathas se revétit de la
robe sainte au septieme mois, en
l'année cent soixantieme, au jour
solennel de la scénopégie, et il
assembla une armée et fabriqua
des armes en quantité.
22. Et Démétrius l'apprit, et il
fut contristé et dit : |
23. Pourquoi avons-nous fait
qu' Alexandre soit venu avant
nous obtenir l'amitié des Juifs
pour se fortifier?
2%. Je leur écrirai moi aussi
des choses obligeantes, et Zeur
offrirai des dignités et des dons,
afin qu'ils soient avec moi pour
me secourir.
25. Et il leur écrivit en ces ter-
mes : Le roi Démétrius à la na-
tion des Juifs, salut.
26. Nous avons appris, et nous
nous sommes réjouis de ce que
vous avez gardé notre alliance et
que vous étes demeurés dans no-
tre amitié et ne vous êtes pas
rapprochés de nos ennemis.
27. Et maintenant, continuez
encore à nous garder la fidélité, et
nous vous récompenserons pour
ce que vous avez fait pour nous;
14. * Bethsura. Voir 1v, 61.
18. La coutume entre les souverains de s'appeler frères est très ancienne (III Rois,
IX, 13; xx, 33). D'ailleurs ce méme nom se donnait alors assez souvent aux gouver-
neurs des provinces (II Machab., xr, 22). — Salut est à l'aceusatif (salutem) comme
complément d'un verbe, tel que donne ou souhaite, sous-entendu.
19. Trés puissant. Compar. var, 1.
20. L'usage de la pourpre et de la couronne d'or était réservé aux rois, et à ceux
à qui ils voulaient bien l'accorder. — * Ami du roi. Voir τι, 18.
21. Au seplième mois. Voy. Aggée, τι, 2. — L'année cent soizantiéme. Voy. vers. 4.
— La scénopégie; c'est-à-dire, la fête des labernacles. — * Jonathas se revélit de la
robe sainte, insigne du souverain pontificat. Le pontificat était vacant depuis sept ans
par la mort de l'impie Alcime, ix, 56, qu'Antiochus V Eupator avait imposé aux Juifs
comme grand prétre, vir, ὃ, 21. Depuis le meurtre d'Onias III et la fuite de son fils
en Egypte, il n'y avait plus de successeur légitime du grand prétre Jésus, dans la
famille duquel avaient été pris les souverains pontifes depuis la captivité. Jonathas,
étant de race sacerdotale, pouvait recevoir cette dignité.
29. Salut (salutem). Voy. vers. 48.
28. Et nous vous remettrons
beaucoup de vos redevances, et
nous vous ferons de grands dons.
99. Et dès à présent, je vous
délivre des tributs, vous et tous
les Juifs, et je vous dispense des
impóts de sel, et je vous remets
les couronnes, et la troisième
partie de la semence.
30. Et la moitié des fruits des
arbres, qui est ma part, je vous
la laisse dès ce jour et pour l'a-
venir, afin qu'on ne la prenne
plus dans la terre de Juda, ni dans
les trois cités qui lui ont été ajou-
tées de la Samarie et de la Ga-
lilée, depuis ce jour et dans aucun
temps;
31. Et que Jérusalem soit sainte
et libre avec ses confins, et que
les dimes et les tributs soient à
elle.
32. Je remets aussi en votre
pouvoir la citadelle qui est dans
Jérusalem, et je la donne au
grand prêtre, afin qu'il y établisse'
les hommes quelconques qu'il
aura choisis lui-même pour la
garder.
Í MACHABÉES.
(ca. x.]
33. Je laisse aussi en liberté,
sans rancon, tous les Juifs qui ont
été emmenés en captivité de la
terre de Juda dans tout mon
royaume, en sorte qu'ils soient
tous affranchis des tributs, et
méme des charges dues pour leurs
besliaux.
34. Et que tous les jours solen-
nels, et les sabbats, et les néomé-
nies, et les jours ordonnés, et
les trois jours avant le jour so-
lennel, etles trois jours apres le
jour solennel, soient des jours
dimmunité et de franchise pour
tous les Juifs qui sont dans mon
royaume;
35. Et personne n'aura le pou-
voir en ces divers jours de rien
faire ni de susciter des affaires à
quelqu'un d'eux, pour aucun mo-
tif.
36. Et que dans l'armée du roi
on enróle d'entre les Juifs jusqu'à
trente mille hommes, et on leur
donnera la solde comme il le faut
dans toutes les armées du roi, et
on en choisira pour étre dans les
forteresses du grand roi;
29. Je vous remets, etc. Les Juifs devaient payer l'usage du sel, quoique les salines
qui étaient autour de la mer Morte leur en fournissaient en abondance (xr, 3); ils
devaient aussi donner au roi des couronnes tous les ans (xr, 39). — * Les couronnes
étaient en or. C'étaient primitivement des dons volontaires qui étaient faits aux rois
par des princes ou des villes, mais souvent ils avaient été rendus obligatoires et
constituaient un véritable tribut équivalant à une somme d'or déterminée.
30. Les trois cités; le grec lit nome, ou canton; l'historien Josephe, toparchie, ou
gouvernement d'une contrée, d'une province. Or les principales villes de ces trois
cantons réunis étaient Lyda, Ramatha et Aphéréma. Compar. xr, 34. — Dans aucun
temps (in totum tempus). Comme nous l'avons déjà remarqué, en hébreu, le {out joint
à une négation signifie nul, pas un seul.
33, Tous les Juifs ; littér., et par hébraisme, toute dme, c'est-à-dire, toute personne de
Juifs. — El méme, etc.; c'est-à-dire, qu'ils soient tous affranchis, méme des corvées et des
charges publiques, pour lesquelles on les obligeait de fournir leurs animaux de service,
34. Les jours ordonnés (dies decreti) ou privilégiés, comme la fête de Judith, celle
des Sorts, de la dédicace du temple, etc. — * Les jours solennels sont les fêtes de
Pâques, de la Pentecôte οἱ des Tabernacles. — Les néoménies, premier jour du mois.
35. Pour aucun molif (in omni causa). Voy. vers. 30.
36. Que dans l'armée, etc. Chez les Grecs, l'état militaire était le plus honorable,
parce que c'était celui des citoyens libres.
(cn. x.]
97. Et plusieurs d'entre eux se-
ront établis sur les affaires du
royaume qui demandent 86
grande fidélité, et que leurs chefs
soient pris parmi eux, et qu'ils
marchent dans leurs lois, ainsi
que le roi l'a commandé dans la
terre de Juda.
38. Et les trois cités de la con-
trée de Samarie, qui ont été ajou-
tées à la Judée, seront coinptées
avec la Judée, afin qu'elles soient
sous un seul chef et qu'elles n'o-
béissent à d'autre puissance qu'à
celle du grand prétre :
39. Ptolémaide et ses con-
fins, que jai donnés en don
aux lieux saints qui sont dans
Jérusalem, fourniront aux dé-
011868 1600858108 choses
saintes.
40. Moi, je donne aussi chaque
année quinze mille sicles d'ar-
gent des revenus du roi qui m'ap-
partienuent;
41. Et tout ce qui est resté ef
que n'ont pas rendu ceux qui
étaient à la téte des affaires, les
années précédentes, ils le donne-
ront pour les ouvrages de la mai-
son du Seigneur.
42. Et quant aux cinq mille
sicles d'argent qu'ils prélevaient
chaque année sur le revenu des
lieux saints, qu'ils appartiennent
CnaP. X. 46. Supra, vit, 11.
I MACHABÉES.
2209
aux prétres qui remplissent les
fonctions du ministere.
49. Et tous ceux qui se seront
réfugiés dans le temple qui est à
Jérusalem et dans tous ses con-
fins, lesquels sont redevables au
roi pour une affaire queleonque,
quils demeurent en süreté; et
tout ce qui leur appartient dans
mon royaume, qu'ils en aient la
libre jouissance.
44. Et pour édifier et restaurer
les ouvrages des //euz saints, on
fournira aux frais avec les reve-
nus du roi;
49. Et pour construire les murs
de Jérusalem et les fortifier tout
autour, on fournira aux frais avec
les revenus du roi, ainsi que pour
construire les autres murs dans
la Judée.
46. Dès que Jonathas et le peu-
ple eurent entendu ces paroles,
ils n'y crurent point, et ne les
reçurent point, parce qu'ils se
souvinrent des grands maux que
Démétrius avait faits en Israël, et
des tribulations dont il les avait
accablés.
41. Et il leur plut de se tourner
vers Alexandre, parce qu'il avait
été le premier auteur de paroles
de paix, et ils lui portaient tou-
jours secours.
48. Or le roi Alexandre assem-
31. Qu'ils marchent, etc.; hébraisme, pour, qu'ils suivent, qu'ils se conforment, etc.
38. Les trois cités, etc. Voy. vers. 80,
39. Fourniront ou bien seront, est sous-entendu. On sait en effet que le verbe sub-
stantif être, se sous-entend continuellement dans le style biblique. D'ailleurs le no-
minatif Plolemaida ne laisse aucun doute ici. Nous ne croyons donc pas que le relatif
que (quas) de la Vulgate soit une faute. A la vérité, le texte grec ne porte pas ce
pronom, mais il met à l'aceusatif Ptolémaide, comme complément direct du verbe
J'ai donné. Ptolémaide était occupée alors par Alexandre (vers. 1); la promettre aux
Juifs, c'était les engager puissamment à aider Démétrius à s'en rendre maître,
40. Quinze mille sicles, Voy. Ezéch., xxv, 12.
A. T. 439
2210
bla une grande armée, et leva le
camp contre Démétrius.
49. Et les deux rois engagèrent
le combat, et l'armée de Démé-
trius s'enfuit, et Alexandre le
poursuivit et fondit sur eux.
50. Et le combat devint très
opiniâtre jusqu'à ce que le soleil
fut couché, et Démétrius périt ce
jour-là.
51. Et Alexandre envoya vers
Ptolémée, roi d'Egypte, des mes-
sagers, disant :
52. Parce QUE je suis rentré dans
mon royaume, et que je suis assis
sur le tróne de mes peres, et que
jai obtenu la domination, et que
jai brisé Démétrius, et que je
possède notre contrée ;
53. Et que j'aiengagé le combat
avec lui, et qu'il a été défait, lui et
t? MACHABEES.
[cu. x.]
54. Maintenant done faisons
amitiél'un avec l'autre; donnez-
moi votre fille pour femme, et
moi je serai votre gendre, et je
vous feraiainsi qu'àelle beaucoup
de présents dignes de vous.
95. Et le roi Ptolémée répondit,
disant : Heureux le jour auquel
vous étes rentré dans la terre de
vos pères, et auquel vous vous
étes assis sur le tróne de leur
royaume.
90. Maintenant je ferai ce que
vous avez écrit; mais venez à ma
rencontre à Ptolémaide, afin que
nous nous voyions l'un l’autre,
et que je vous donne ma fille en
mariage, comme vous avez dit.
57. Ptolémée sortit donc d'E-
egypte, lui et Cléopâtre sa fille, et
vint à Ptolémaide enlannée cent
soixante-deuxieme.
58. Et le roi Alexandre vint. à
sa rencontre, οἱ Ptolémée lui
son armée, par nous, et que nous
sommes assis surle tróne de son
royaume ;
49. Sur euz (super eos), sur Démétrius et ses soldats.
50. * Démétrius Ier, aprés avoir vaillamment combattu, tomba dans un marais et
c'est là qu'il périt, couvert de blessures. ll avait régné une douzaine d'années (162-150).
51. Plolémée Philométor. — * Ptolémée VI Philométor (180-145) avait épousé sa
sœur Cléopâtre et il en avait eu une fille, appelée aussi Cléopâtre, vers. 57, qu'Ale-
xandre demanda en mariage, dans le but sans doute de fortifier sa domination en
Syrie. Ptolémée VI avait favorisé dés le commencement les prétentions d'Alexandre,
voir plus haut, x, 1; il devait donc être très disposé à consentir à ce mariage, qui
entrait probablement dans ses plans, car il devait espérer pouvoir ainsi acquérir de
l'influence en Syrie et recouvrer un jour les provinces de Cœælésyrie et de Phénicie
que l'Egypte avait perdues depuis le régne d'Antiochus ΠῚ le Grand, La suite de
l'histoire dévoile ses vues intéressées et ambitieuses.
56. * Venez... à Ptolémaide. Alexandre était sans doute à Antioche.
51. * Cléopálre, que l'on a justement appelée « femme funeste aux Séleucides, »
devenue l'épouse d'Alexandre Balas en 150, ne resta que quatre ans avec lui. Les
succes d'Alexandre layant rendu indolent et inactif, son beau-pére Ptolémée VI
abandonna sa cause et se ligua contre lui avec Démétrius 1I Nicator, voir vers. 67,
auquel il donna, en 146, comme épouse sa fille Cléopâtre, enlevée à Alexandre, Elle
eut de son nouveau mari deux fils, Séleucus V et Antiochus VIII Grypus, Démétrius Il
ayant été fait prisonnier par les Parthes, Cléopâtre donna sa main au frère du roi
vaincu, Antiochus VII Sidéte qui occupa le trône pendant la captivité de Démétrius 1],
Celui-ci ayant recouvré sa liberté et sa couronne, la reine se retira à Ptolémaide.
En 125, Démétrius, obligé de fuir devant Alexandre 11 Zébina, alla à Ptolémaide
réclamer du secours auprès de son aucienne épouse. Elle le repoussa et on l'accusa
même de l'avoir fait assassiner à Tyr. Elle fit périr aussi son propre fils Séleucus V,
mais son autre fils, Antiochus VIIL Grypus, mit fin à tous ses crimes en la contrai-
gnant à boire le poison que celte mère dénaturée avait préparé pour lui,
]₪3. x.]
donna Cléopâtre, sa fille, et il fit
ses. noces à Ptolémaide, comme
les rois avec une grande magni-
ficence.
59. Et le roi Alexandre écrività
Jonathas qu'il vint au-devant de
lui,
60. Et il alla avec un grand éclat
à Ptolémaide, et il y vint àlaren-
contre des deux rois, et il leur
donna beaucoup d'argent et d'or
et de présents, et il trouva gràce
devant eux.
61. Alors se réunirent contre lui
des hommes d'Israël, pestes pu-
bliques, des hommes élevant des
plaintes contre lui; mais le roine
les écouta point.
62. Il ordonna méme que Jona-
thas füt dépouillé de ses véte-
ments, et revétu de pourpre; et
on fit ainsi. Et le roi le fit asseoir
1 MACHABEES. 2211
63. Et il dit aux grands de sa
cour : Sortez avec lui au milieu
de la cité, et publiez que per-
sonne n'éléve des plaintes contre
lui en aucune affaire, et que nul
ne lui soit fácheux sous aucun
rapport.
64. Or il arriva que, dès que
ceux qui voulaientl’accuser virent
sa gloire, ce qu'on publiait de lui,
et qu'il était couvert de pourpre, '
ils s'enfuirert tous.
65. Et le roi le magnifia, et il
l'inserivit parmi ses principaux
amis, et le fit chef et l'associa à sa
domination.
66. Et Jonathas revint àJérusa-
lem en paix et avec joie.
67. En l’année cent soixante-
cinquième, Démétrius, fils de Dé-
métrius, vint de Crète dans la
terre de ses pères.
avec lui. 68. El le roi Alexandre l'apprit,
65. * Parmi ses principaux amis. Il avait déjà recu le titre d'ami, vers. 20; main-
tenant il reçoit 16 titre supérieur d'ami principal. Voir 1x, 48.
61. * Démétrius 11 Nicator, fils de Démétrius Ier Soter, vint de Crète, en 148, afin de
reconquérir le royaume de son pére. C'était l'ainé des deux tils de Démétrius Ier,
Celui-ci, au commencement de sa guerre avec Alexandre Ier Balas, avait envoyé ses
deux fils, avee de grands trésors, à l'un de ses amis à Cnide en Carie, afin de les
soustraire aux dangers de la guerre. Ayant appris que le nouveau roi de Syrie vivait
dans là mollesse, le jeune Démétrius débarqua en Cilicie avec une armée levée par
le Crétois Lasthéne. Alexaudre avait fait probablement de Ptolémaide sa résidence
ordinaire depuis son mariage avec Cléopâtre. Elfrayé à la nouvelle de l'arrivée de
son compétiteur, il se rendit à Antioche, laissant Apollonius comme gouverneur de
la Celésyrie. Démétrius II avait gagné Ptolémée VI Philométor. Avec son aide, il
détit sur la riviére OEnoparos, dans la plaine d'Antioche, Alexandre Balas, qui fut
contraint de s'enfuir en Arabie, où il périt assassiné, xr, 16-17. Démétrius II fut ainsi
reconnu de tous roi de Syrie. Il ne se montra pas d'abord hostile aux Juifs, xi, 20
Aussi une sédition ayant éclaté contre lui à Antioche, les Juifs le défendirent contre
les séditieux. Mais comme il ne tint pas les promesses qu'il leur avait faites, ils pas-
sèrent du côté de ses ennemis, ainsi que les anciens soldats syriens qu'il avait li-
cenciés. Un général d'Alexandre Balas, peu aprés le triomphe de Démétrius II, avai*
fait proclamer roi un fils mineur d'Alexandre, Antiochus VI Dionysos, xt, 39. Tryphon.
battit Démétrius et se rendit maitre d'Antioche. La guerre continua entre eux plu-
sieurs années, jusqu'à ce que Démétrius 11 fut fait prisonnier dans une campagne
contre le roi parthe Mithridate Ier Arsace, xiv, 1. Il ne recouvra sa liberté qu'au bou*
de dix ans. Pendant ce temps, son frère Antiochus VII Sidètes avait occupé le trón«
et renversé Tryphon. Antiochus VII périt dans une guerre contre les Parthes et Dé-
métrius 11 remonta sur le trône. Alexandre 11 Zébina le lui disputa et le vainquit à
Damas. Démétrius 11 alla demander en vain du secours à Ptolémaide à sa femme
Cléopâtre. Il fut peu aprés assassiné à Tyr en 125,
2919
mc
et il en fut très contristé, et il re-
tourna à Antioche.
69. Or le roi Démétrius établit
pour général Apollonius, qui gou-
vernait là Ceelésyrie; et il assem-
bla une grande armée et vint à
Jamnia, etil envoya vers Jonathas
le grand prétre,
10. Disant : Toi seul tu nous
76818108 ; et moi je suis devenu
un objet de dérision et d'oppro-
bre, parce que tu exerces un pou-
voir contre nous dans les mon-
tagnes.
71. Maintenant donc, si tu te
confies en tes forces, descends
vers nous dans la plaine, et
mesurons-nous ensemble, parce
qu'avec moi est la force des com-
bats.
12. Demande et apprends qui
je suis, moi et tous les autres
qui me prétent secours, qui di-
sent aussi que votre pied ne pour-
rait tenir ferme devant notre face,
et que par deux fois tes pères
ont été mis en fuite dans leur
terre.
13. Maintenant donc, comment
pourras-tu soutenir ma cavalerie
et une si grande armée dans une
plaine oü il n'y a ni pierre, ni ro-
cher, ni un lieu pour fuir?
14. Or, des que Jonathas eut en-
I MACHABÉES.
fcu. x.]
tendu res paroles d'Apollonius, il
fut ému en son cœur, et il choi-
sit dix mille hommes, et il sortit
de Jérusalem, et Simon, son frère,
vint à sa rencontre pour le se-
courir.
15. Ils poserent leur camp pres
de Joppé, quilui ferma l'entrée de
la cité, parce que Joppé étaitune
garnison d'Apollonius et il l'atta-
qua.
16. Mais, épouvantés, ceux qui
étaient dans la ville lui ouvrirent,
et Jonathas prit Joppé.
17. Or Apollonius l'apprit, et il
mit en mouvement trois mille ca-
valiers et une grande armée.
18. Et il marcha comme pour
aller vers Azot, et il se jeta tout
d'un coup dans la plaine, parce
qu'il avait une multitude de cava-
liers, et qu'il se confiait en eux.
Et Jonathas le suivit vers Azot, et
ils engagerent un combat.
19. Apollonius laissa secréte-
ment derriere les Juifs mille ca-
valiers dans son camp. .
80. Jonathas sut qu'il y avait
une embuscade derriere lui, et
les ennemis environnèrent son
camp, et lancerent des traits con-
tre son peuple depuis le matin
jusqu'au soir.
81. Mais 16 peuplerestait ferme,
69. * Apollonius, probablement fils de l'Apollonius dont parle le second livre des
Machabées, וד 5, 7, avait été l'ami et le confident de Démétrius Ie* pendant que
celui-ci était retenu comme otage à Rome. C'est ce qui explique pourquoi il aban-
donna 81 facilement le parti d'Alexandre Balas, en faveur du fils de son ancien ami, et
obtint aussitôt la confiance de Démétrius 1]. — La Cœlésyrie proprement dite désie
gnait la longue et large vallée comprise entre le Liban et l'Antiliban, mais le gou-
vernement de la Cælésyrie comprenait aussi la Phénicie et la Palestine jusqu'à Raphia.
12. Que par deux fois, etc. Cela se rapporte peut-être à la défaite de Joseph et
d'Azarias (v, 60), et au combat où Judas fut tué (ix, 6, 18).
13-16. * La garnison syrienne fit fermer les portes de la ville à l'armée de Jonatbas,
mais les habitants les lui ouvrirent, malgré la garnison, Joppé ou Jaffa est à quatre
heures et demie de marche de Jamnia où était. Apollonius.
18, * Vers Azol. Voir plus haut, v, 68.
[cu x1.]
ainsi que l'avait commandé Jona-
thas ; etles chevaux des ennemis
se fatiguèrent.
82. Alors Simon fit sortir son
armée et l'engagea contre la lé-
gion; car les cavaliers étaient fa-
Ugués; et ils furent défaits, et ils
s'enfuirent.
83. Et ceux qui étaient épars
dans la plaine s'enfuirent à Azot,
et entrerent dans Bethdagon, leur
idole, pour s'y mettre en süreté.
84. Mais Jonathas brüla Azot et
les cités qui étaient autour d'elle,
et il. prit leurs dépouilles; et le
temple de Dagon et tous ceux qui
s'y étaient réfugiés, il les livra
aux flammes.
85. Or ceux qui tomberent sous
le glaive, avec ceux qui furent
brülés, étaient près de huit mille
hommes.
80. Et Jonathas leva son camp
de ce lieu, et le posa à Ascalon;
et les habitants. sortirent de la
cité au-devant de lui e£ /e recu-
rent avec de grands honneurs.
87. Et Jonathas retourna à Jé-
rusalem avec les siens, portant
beaucoup de dépouilles.
I MACHABÉES.
2213
88. Or il arriva que, dés que
le roi Alexandre apprit ces cho-
ses, il honora encore davantage
Jonathas.
89. Et il lui envoya une agrafe
d'or, comme il est d'usage d'en
donner aux parents des rois, Et il
lui donna Accaron ettous ses con-
fins en possession.
CHAPITRE ΧΙ.
Ptolémée Philométor usurpe ie royaume
d'Alexandre Balas. Alexandre se sauve;
on lui tranche la téte. Ptolémée meurt.
Démétrius Nicator monte sur le tróne,
comble d'honneurs Jonathas, accorde
plusieurs priviléges aux Juifs. Entre-
prise de Tryphon. Soulévement à An-
tioche. Les Juifs sauvent Démétrius.
Ingratitude de ce prince. Antiochus
Théus est mis surle tróne et recherche
lamitié de Jonathas. Guerre de Jona-
thas contre les troupes de Démétrius,
1. Or le roi d'Egypte assembla
une armée qui était comme le
sable du rivage de la mer, et un
grand nombre de vaisseaux ; et
il cherchait à s'emparer du royau-
me d'Alexandre par ruse et à l'a-
jouter à son royaume.
2. Et il sortit dansla Syrie avec
des paroles pacifiques, et les cités
.82, La légion (legionem) dans le grec, phalange. Voy. 1x, 12.
83. El ceux qui; le grec porte, e£ la cavalerie, ce qui a fait penser que les copistes
ont mis dans la Vulgate et qui, pour ef equi, et les chevaux, les cavaliers.
84. Bethdagon, c'est-à-dire, maison ou temple de Dagon, comme la Vulgate elle-
méme l'explique au vers. suivant. Or Dagon était une idole des Philistins, laquelle a
donné son nom à plusieurs villes.
86. * A Ascalon, dans la plaine de la Séphéla, au nord de Gaza, sur la Méditerranée;
position trés forte.
88. Ces choses (sermones istos). Voy. v, 31.
89. L'agrafe d'or était une grande marque de distinction parmi les Grecs, les
Perses, les Macédoniens et les Romains; elle servait à rattacher sur l'épaule la partie
de devant à celle de derrière, de l'habit de dessus. — Les parents des rois (cognati
regum). Les rois appelaient par distinction et par honneur, parenís, des personnes
revétues de la première dignité, mais qui souvent ne tenaient nullement à eux ni par
le sang ni par les alliances. Ils traitaient de méme leurs simples amis. — * Accaron,
.l'une des principales villes du pays des Philistins, dans la plaine de la Séphéla, s:
sud-ouest de la Paleetine.
1. Le roi d'Egypte, Ptolémée Philométor,
2214 1 MACHABÉES.
lui ouvraient leurs portes et ve-
naient à sa rencontre, parce que
le roi Alexandre avait commandé
d'aller au-devant de lui, à cause
que lero? d'Egypte était son beau-
père.
3. Maislorsque Ptolémée entrait
dans une cité, il y mettaitune gar-
nison de ses soldats.
4. Et dès quil fut venu près
d'Azot, on lui montra le temple
de Dagon auquel on avait mis
le feu, et Azot et toutes les au-
tres ruines, et les cadavres éten-
dus et les monceaux de ceux
qui avaient été taillés en pièces
dans la guerre, monceaux qu'on
avait faits lelong de la voie.
5. Et ils racontèrent au roi que
Jonathas avait fait ces choses,
pour lelui rendre odieux ; mais le
roi se tut.
6. Or Jonathas vint à la ren-
contre du roi à Joppé avec un
grand éclat, et ils se saluèrent ré-
ciproquement, et dormirent en
ce lieu.
7. Et Jonathas s'en alla avec le
roi jusqu'au fleuve qui est appelé
Eleuthère ; et il retourna à Jéru-
salem.
8. Orleroi Ptolémée obtint ainsi
la domination des cités jusqu'à
Séleucie pres de la mer, et il mé-
[cu. x1.]
ditait contre Alexandre de mau-
vais desseins.
9. Il envoya done des messa-
gers à Démétrius, disant : Ve-
nez, faisons ensemble alliance,
et je vous donnerai ma fille
qu'Alexandre a épousée, et vous
régnerez dans le royaume de vo-
ו ΟΣ:
10. Car je me repens de lui avoir
donné ma fille, car il a cherché à
me faire mourir.
11. Or il l'accusait, à cause qu'il
convoitait son royaume.
19. Et il enleva sa fille et la
donna à Démétrius, et il s'éloigna
d'Alexandre, et ses inimitiés de-
vinrent manifestes.
13. Et Ptolémée entra dans An-
tioche, et mit deux diadèmes sur
sa téte, celui d'Egypte et celui
d'Asie.
14. Or le roi Alexandre était en
Cilicie en ces temps-là, parce que
ceux qui étaient en ces lieux s'é-
taient révoltés.
15. Et Alexandre l'apprit et il
vint vers lui pour le combattre; et
le roi Ptolémée fit avancer son ar-
mée, et marcha à sa rencontre,
avec de fortes troupes, et il le mit
en fuite.
16. Et Alexandre s'enfuit en
Arabie afin d'y trouver du se-
E M —————
1. Eleuthère. Les uns mettent ce fleuve entre Tyr et Sidon, les autres avec beaucoup
plus de probabilité au delà du Liban, au nord de cette montagne.
8. * Séleucie prés de la mer, ainsi surnommée, pour la distinguer des huit autres
villes de ce nom bâties ou restaurées par Séleucus Ier Nicator. Elle était située à
quarante stades, ou sept à huit kilomètres au nord de l'embouchure de l'Oronte, à
vingt-deux kilomètres environ d'Antioche. On l'appelait aussi Piéria, parce qu'elle
s'élevait au pied du mont Piérius.
9. * Ma fille Cléopâtre. Voir plus haut, χ, 5T.
13. * D'Asie. Voir plus haut, vu, 6.
14, En ces lieux, dans les provinces de Syrie. — * En Cilicie. Nous avons vu, x, 61,
que c'est là qu'avait débarqué Démétrius 11, pour disputer la couronne à Alexandre
Balas.
16. * En Arabie, qui s'étend à l'est et au sud de la Palestine, jusqu'à la mer Rouge.
cH. xi.)
cours, mais 16 roi Ptolémée triom-
pha.
17. Et Zabdiel l'Arabe enleva la
tête à Alexandre, et l'envoya à
Ptolémée.
18. Et le roi Ptolémée mourut
le troisième jour aprés; et ceux
qui étaient dans les forteresses
furent tués par ceux qui étaient
dans le camp.
19. Et Démétrius régnaen l'an-
née cent soixante-septième.
20. En ces jours-là, Jonathas
assembla ceux qui étaient dans la
Judée, afin d'attaquer vivement
la citadelle qui est à Jérusalem,
et ils firent contre elle beaucoup
de machines.
21. Mais quelques-uns qui hais-
saient leur nation, hommes ini-
ques, allèrent vers Démétrius, et
lui rapportèrent que Jonathas as-
siégeait la citadelle.
99. Et dès qu'il apprit cela,
il fut irrité, et aussitôt il vint à
Ptolémaïde, et écrivit à Jonathas
de ne pas assiéger la citadelle,
mais de venir en grande hâte à
sa rencontre pour conférer avec
lui.
23. Mais dès que Jonathas ap-
I MACHABÉES.
2215
prit cette nouvelle, 11 commanda
que l'on fit le siege; et il choisit
quelques-uns des anciens d'Israél
et des prêtres et il sabandonna
au péril.
24. Et il prit de l'or, et de l'ar-
cent, et des vétements, et beau-
coup d'autres présents, et il alla
vers le roi à Ptolémaide, et il
trouva gráce devant lui.
25. Etquelques hommes iniques
desa nation élevaient des plaintes
contre lui.
26. Mais le roi fit pour lui com-
meavaient fait ses prédécesseurs,
et il l'exalta en présence de tous
ses amis.
27. Et il lui confirma 18 princi-
pauté du sacerdoce et toutes les
marques d'honneur qu'il avait
eues auparavant, et le fit le pre-
mier de ses amis;
28. Et Jonathas demanda au
roi d'accorder limmunité à la
Judée, et aux trois toparchies, et
à la Samarie, et à ses confins; et
il lui promit trois cents talents.
29. Et le roi consentit, et écri-
vit à Jonathas sur toutes ces cho-
ses, des lettres contenant ce qui
suit :
17-18. * Alexandre Balas s'était enfui avec cinquante des siens, parmi lesquels, au
rapport de Diodore de Sicile, étaient deux de ses officiers, qui achetérent par sa
mort les bonnes gráces de Démétrius II. Le fils d'Alexandre, le jeune Antiochus était
déjà en Arabie. Voir xr, 39. Les officiers qui déterminèrent Zabdiel à faire périr Ale-
xandre, portèrent sans doute eux-mêmes sa tête à Ptolémée, qui détestait son ancien
zendre. Ptolémée, d'après les récits des auteurs profanes, avait été grièvement blessé
à la téte dans le combat. Il mourut de sa blessure trois jours aprés. Les soldats que
Ptolémée avait placés dans les forteresses des places fortes furent alors massacrés par
ceux qui habitaient ces places.
19. * Démétrius, délivré de ses compétiteurs, resta maitre du tróne en 146 ou 145
avant J.-C.
22. * A Ptolémaide. Voir plus haut, v, 15.
| 96. * Ses amis. Voir plus haut, 11, 18.
21. * Le premier de ses amis. Voir plus haut, 11, 18.
98. Aux trois toparchies. Voy. vers. 34 et x, 30. — Trois cents talents. L'écrivain
sacré ne dit pas si c'étaient des talents d'argent ou d'or. Chez les Hébreux, le talent
d'argent valait environ 4414 fr. 50, et le talent d'or, environ 6366 ἔτ,
2210
80. Le ποι Démétrius à 807 6
Jonathas, et à la nation des Juifs,
salut.
31. Nous vous avons envoyé la
copie de la lettre que nous avons
écrite à Lasthène, notre parent,
à votre sujet, afin que vous /a
connaissiez.
32. Le roi Démétrius à Lasthè-
ne, son parent, salut.
33. Nous avons résolu de faire
du bien à la nation des Juifs, nos
amis, qui observent ce qui est
juste à notre égard, à cause dela
bonne volonté qu'ils ont pour
nous.
34. Nous avons done ordonné
en leur faveur que toute la Judée
et les trois cités Aphéréma, Lyda
et Ramatha, qui ont été ajoutées
à la Judée de la Samarie, et tous
leurs confins, seront destinées
pour tous ceux qui sacrifient à Jé-
rusalem, à la place de ce que le
roi recevait d'eux comme impóts
tous les ans, et des fruits de la
terre et des arbres.
35. Et ce qui nous appartenait
I MACHABÉES.
[cu. x1.]
des dimes et des tributs, nous le
remettons dés à présent, ainsi
que les places. des salines et les
couronnes qui nous étaient ap-
portées,
36. Nous leur donnons toutes
ces choses, et rien de ces conces-
sions ne sera sans effet des ce mo-
ment et: dans aucun temps.
37. Maintenant done, ayez soin
de faire une copie de cette or-
donnance, e£ qu'elle soit donnée
à Jonathas, et déposée sur !a
montagne sainte, en un lieu bien
connu.
38. Or, le roi Démétrius, voyant
que la terre se taisait en sa pré-
sence et que rien ne lui résistait,
renvoya toute son armée, chacun
en sa demeure, excepté l'armée
des étrangers qu'il avaitlevée des
peuples des iles des nations; et
toutes les troupes de ses pèreslui
étaient ennemies.
39. Or un certain Tryphon était
auparavant du parti d'Alexandre;
et il vit que toute l'armée mur-
murait contre Démétrius, et il
30. Salut (salutem). Voy. x, 18.
31. Lasthéne, Crétois qui contribua à mettre Démétrius sur le trône de ses pères,
en lui fournissant les troupes avec lesquelles il passa en Cilicie et de là en Syrie.
Compar. x, 61. — Notre parent, c'est-à-dire notre ami. Voy. x, 89.
34. Les trois cités. La Vulgate ne porte que Lyda et Ramatha; mais les Septante
ajoutent Aphéréma. Voy. x, 30. — Seront destinées, etc. Compar. x, 30, 38, 42.
35. Les places des salines (areas salinarum); selon le grec, les lacs ou les étangs cu
sel. Compar. pour ce vers. x, 29.
36. Aucun temps (omne lempus). Voy. x, 30.
31. * Sur la montagne sainte, le mont Moria où était le temple, en un lieu bien
connu, où elle fût trés visible. L'ordonnance avait probablement été gravée sur une
tablette d'airain, comme vin, 22.
38. * Des iles des nations, des iles de la Méditerranée. La plupart de ses soldats
étrangers étaient Crétois, mais il y en avait aussi de Rhodes, de Chypre et des iles
de l'Archipel.— Toutes les troupes de ses pères, Séleucus IV Philopator et Démétrius l*',
ou ses prédécesseurs en général.
39. * Un certain Tryphon. Son vrai nom était Diodote; il était connu sous le sur-
nom de Tryphon ou le Dissolu. Né à Casiana, plaee forte des environs d'Apamée en
Syrie, et élevé à Apamée, il devint un des officiers d'Alexandre Balas. Rempli d'am-
bition, il résolut de mettre à profit le mécontentement des anciens soldats contre
Démétrius II pour jouer un grand rôle, Il alla chercher le fils d'Alexandre, celui dont
]08. xi.]
alla vers Emalchuel, Arabe qui
élevait Antiochus, fils d'Alexan-
dre,
40. Et il le pressait de le lui don-
ner, afin qu'il régnât en la place
de son père; et il lui rapporta
tout ce que Démétrius avait fait
et lesinimitiés de ses armées con-
tre lui. Et il demeura en ce lieu
bien des jours.
41. Cependant Jonathas envoya
vers le roi Démétrius afin qu'il
chassát ceux qui étaient dans la
citadelle à Jérusalem, et ceux qui
étaient dans les garnisons, parce
qu'ils faisaient la guerre à Israël.
49. Et Démétrius envoya vers
Jonathas, disant : Non seulement
je ferai pour vous ces choses et
pour votre nation, mais je vous
éleverai en gloire, vous et votre
nation, lorsque ce sera opportun.
43. Maintenant donc, vous fe-
rez bien si vous envoyez des
hommes à mon secours, parce
que toute mon armée s'est re-
lirée.
44. Et Jonathas envoya trois
mille hommes trés vaillants à An-
tioche, et ils vinrent vers le roi,
et le roi se réjouit de leur arrivée.
I MACHABÉES.
2217
45. Et ceux qui étaient de la cité
s'assemblerent au nombre de cent
vingt mille hommes, et ils vou-
laient tuer le roi.
46. Et le roi s'enfuit dans le
palais, et ceux qui étaient de la
cité occupèrent toutes les rues de
la cité et commencèrent à atta-
quer.
47. Et le roi appela les Juifs à
son secours et ils vinrent tous
ensemble auprès de lui; puis
ils se répandirent tous dans la
cité;
48. Et ils tuèrent en ce jour-là
cent mille hommes, et ils mirent
le feu à la cité,etils prirent beau-
coup de dépouilles, et délivrèrent
le roi.
49. Et ceux qui étaient de la
cité virent que les Juifs s'étaient
rendus maitres dela cité, comme
ils voulaient; et ils faiblirent, et
ils crièrent au roi avec prières,
disant :
50. Donnez-nousla main droite,
et que les Juifs cessent de nous
attaquer, nous et notre cité.
91. Et ils jetèrent leurs armes,
et firent la paix; et les Juifs fu-
rent glorifiés en présence du roi,
il devait faire Antiochus VI Dionysos, en Arabie où il était élevé. Le gardien de l'en-
fant, Emalchuel (peut-étre le fils de Zabdiel, vers. 11), refusa longtemps de le donner
à Tryphon, sans doute parce qu'il avait pénétré les secrets desseins de cet ambi-
lieux. Cest pendant que Tryphon était en Arabie qu'éclata à Antioche contre Démé-
trius II la révolte que ce roi parvint à réprimer gráce à la fidélité des Juifs, vers. 41-53.
Tryphon parvint enfin à son but. Il emmena avec lui le jeune Antiochus, et il le fit
proclamer roi (145). Toutes les troupes qu'avait licenciées Démétrius II se groupèrent
autour d'Antiochus VI et battirent leur ancien roi, qui fut réduit à s'enfuir. Tryphon
prit ainsi possession d'Antioche. Jonathas se déclara aussi pour lui, mais Tryphon
ne tint pas dans la suite les promesses qu'il lui avait faites et le fit méme périr
traitreusement, xir, 39 et suiv.; xur, 12 et suiv. Il fit aussi assassiner son pupille An-
tiochus VI, alors âgé de dix ans, aprés un règne nominal de trois ans et demi environ,
et s'empara de sa couronne (142). Il continua à être en guerre avec Démétrius II.
Quand celui-ci fut tombé entre les mains des Parthes, son successeur, Antiochus VII
Sidéte, en 139-138, continua à combattre Tryphon. Il le poursuivit à Dora en Phénicie,
à Ptolémaide, à Orthosiade et enfin à Apamée où il l'assiégea et où Tryphon trouva
la mort, en 138.
50. Donner la main droite était un signe de réconciliation et de paix,
2248
en présencé de tous ceux qui
étaient dans son royaume, et ils
se firent un nom dans le royau-
me, et ils s'en retournerent à Jé-
rusalem, portant beaucoup de dé-
pouilles.
92. Et le roi Démétrius s'assit
sur son tróne, et la terre se tut
en sa présence.
53. Mais il mentit en tout ce
qu'il avait dit, et il s'éloigna de
Jonathas; il ne lui rendit point
selon les bienfaits qu'il en avait
reçus, et lui faisait méme beau-
coup de mal.
94. Or, après cela, Tryphon re-
vint, et avec lui Antiochus, jeune
enfant qui régna et se mit le dia-
deme sur la tête.
99. Et toutes les armées que
Démétrius avait dispersées s'as-
sembleérentautourd' Antiochus, et
combattirent contre Démétrius;
et il s'enfuit, et tourna le dos.
56. Et Tryphon prit les bêtes et
s'empara d'Antioche.
97. Et le jeune Antiochus écri-
vit à Jonathas, disant : Je vous
confirme dans le sacerdoce, et je
vous établis sur les quatre cités,
afin que vous soyez des amis du
roi.
98. Et il lui envoya des vases
I MACHABÉES.
[cu. xr.]
d'or pour son service, etlui donna
le pouvoir de boire dans lor, et
d'être dans la pourpre, et d'avoir
une agrafe d'or.
59. Et Simon, son frère, il l'é-
tablit gouverneur depuis les li-
mites de Tyr jusqu'aux confins
d'Egypte.
60. Et Jonathas sortit, et il par-
courait les cités au delà du fleu-
ve; et toute larmée de Syrie
s'assembla auprès de lui à son
secours, et il vint à Ascalon, et
les habitants allèrent de la cité à
sa rencontre, e£ le recurent hono-
rablement.
01. Et il alla de là à Gaza; et
ceux qui étaient à Gaza s'enfer-
merent, et il l'assiégea, mit à feu
ce qui était autour de la cité, et
le pilla.
62. Et les habitants de Gaza
implorerent Jonathas, et il leur
donna la main droite, et il prit
leursfils pour otages, et les en-
voya à Jérusalem, etil parcourut
la contrée jusqu'à Damas.
63. Or Jonathas apprit que les
princes de /a milice de Démétrius
prévariquaient à Cadés, qui est en
Galilée, avec une armée nom-
breuse, voulant l'écarter de l'ad-
ministration du royaume;
54. * Tryphon revint d'Arabie, où il était allé chercher Antiochus VI Dionysos. Voir
vers. 39.
96. Les bétes (bestias), c'est-à-dire les éléphants.
51. Les quatre cilés. Aux trois dont nous avons parlé plus haut (x, 30), quelques-
uns ajoutent comme quatrième Acco ou Ptolémaide.
58. Des vases d'or, etc. Le roi et ceux à qui il en donnait la permission pouvaient
seuls se servir de vaisselle d'or. — Une agrafe d'or. Voy. x, 89.
59. * Depuis les limites de Tyr jusqu'aux confins d'Egypte, toute la côte maritime
depuis l'Echelle de Tyr, haute montag ne située d’après Josèphe à cent stades au nord
de Ptolémaide, jusqu'à l'ouadi el-Arisch ou ruisseau d'Egypte près de Rhinocolure,
60. Du fleuve, c'est-à-dire du Jourdain. — * Ascalon, voir plus haut, x, 86.
62. Il leur donna la main droite. Voy. vers. 50.
65. * Cadés en Galilée, appelée ailleurs Cédés, dans la tribu de Nephtali, place for-
11866, non loin de Safed. L'armée syrienne-rassemblée à Cadés avait pour mission de
, 267628500
[cn. x11.]
64. Et il alla à leur rencontre,
mais il laissa son frère Simon
dans laprovince.
65. Et Simon campa devant
Bethsura, et l'attaqua pendant
bien des jours, et tint investis
les assiégés.
66. Et ils lui demandérent de
recevoir sa main droite, et il /a
leur donna; et il les fit sortir de
là, et il prit la cité et y mit une
garnison.
67. Mais Jonathas et son camp
s'approcherent de l'eau de Géné-
sar, et avant le jourils se leverent
dans la plaine d'Azor.
68. Et voilà que le camp des
étrangers accourait dans la plai-
ne, et lui dressait des embuscades
dans les montagnes; mais lui-
méme accourut vis-à-vis.
69. Et ceux qui étaient dans les
embuscades se leverent de leurs
lieux, et engagerent un combat.
70. Et tous ceux qui étaient du
cóté de Jonathas s'enfuirent, et
personne d'entre eux nedemeura,
sinon Mathathias, fils d'Absolom,
et Juda, fils de Calphi, prince de
la milice de l'armée.
71. Et Jonathas déchira ses vé-
tements, et mit de laterre sur sa
téte, et il pria.
MACHADÉES. ז
2219
72. Et Jonathas retourna vers
eux au combat, et ils combatti-
rent, et il les mit en fuite.
79. Et ceux de son parti qui
fuyaient virent ce/a, et revinrent
auprès de lui, et poursuivirent
tous les fuyards avec lui jusqu'à
Cadès, à leur camp, et ils vinrent
jusque-là.
74. Et il tomba d'entre les étran-
gers en ce jour-là, trois mille
hommes; et Jonathas retourna à
Jérusalem.
CHAPITRE XII.
Jonathas renouvelle l'alliance avec les Ro-
mains et avecles Lacédémoniens. Il met
en fuite l'armée de Démétrius. ll tourne
ses armes contre les Arabes et les Sy-
riens. Simon étend ses conquétes jus-
qu'à Joppé. Jonathas est pris à Ptolé-
maide par Tryphon.
1. Or Jonathas vit que le temps
le favorisait, et il choisit des
hommes, et les envoya à Rome,
pour établir et renouveler amitié
avec les Romains;
2. Et aux Spartiates, et en d'au-
tres lieux il envoya des lettres
avec la méme formule;
3. Et ses messagers allèrent à
Rome, et ils entrerent dans le
Sénat, disant : Jonathas, le grand
prêtre, etla nation des Juifs, nous
65. * Bethsura. Au bas de la colline sur laquelle était bátie Bethsur ou Bethsura,
il y a l'abondante fontaine appelée aujourd'hui de S. Philippe, sur la route d'Hébron.
Cette fontaine permettait aux Juifs de tenir indéfiniment Bethsura investie, sans avoir
à souffrir de la soif, tandis que les assiégés ne devaient guère avoir d'eau sur la hau-
teur.
61. L'eau de Génésar, le lac de Géuésareth. — 118. se levèrent (vigilaverunt), ou ils
arrivérent avec diligence. — * La plaine d'Azor, la plaine située à l'ouest du lac Mérom
qui était dominé par la ville d'Azor, située sur une éminence.
12. Ils combattirent (pugnaverunt), ou bien, i/s firent de la résistance; les Septante
lisent: I/ leur fit tourner le dos, et ils fuirent.
13. Ils vinrent, etc., ils n'allérent pas plus loin.
1. * Jonathas dut envoyer cette ambassade à Rome vers 148 ou 142, peu aprés la
prise de Carthage et de Corinthe.
2. * Numénius et Antipater, envoyés à Rome, vers. 16, passèrent à leur retour de
Rome par Sparte.
2220
ontenvoyés, ann que nous renou-
velions amitié et alliance comme
par le passé.
4. Et les Romains leurs donnè-
rent des lettres pour leurs gou-
verneurs dans les divers lieux, afin
qu'on les ramenát en paix dans la
terre de Juda.
9. Or voici la copie des lettres
due. Jonathas écrivit aux Spar-
tiates :
6. JoxATHAs, grand prêtre, et les
anciens de la nation, et les pré-
tres, et le reste du peuple des
Juifs, aux Spartiates leurs frères,
salut.
7. Déjà depuis longtemps des
lettres ont été envoyées à Onias,
le grand prétre, par Arius, qui
régnait chez vous, pour dire
que vous étes nos fréres, comme
le contient l'écrit mis sous vos
yeux.
8. Et Onias accueillit avec hon-
neur l'homme qui avait été en-
voyé, et il reçut les lettres dans
lesquelles il était question d'al-
liance et d'amitié,
9. Pour nous, quoique nous
n'eussions aucun besoin de ces
choses, ayant pour consolation
! MACHABEES,
[cu. xn.]
les saints livres qui sont en: nos
mains ;
10. Nous avons mieux aimé
envoyer vers vous pour renouve-
ler la fraternité et lamitié, de
peur que nous ne vous devenions
étrangers ; car il s'est passé bien
du temps depuis que vous avez
envoyé vers nous.
11. Nous donc en tout temps
sans interruption dans les jours
solennels, et tous les autres aux-
quels il le faut, nous nous souve-
nons de vous dans les sacrifices
que nous offrons et dans les ob-
servances, comme il est permis,
et comme il convient de se sou-
venir de ses frères.
12. C'est pourquoi nous nous
réjouissons de votre. gloire.
13. Mais de nombreuses tribu-
lations et de nombreux combats
nous ont environnés, et ils ont
combattu contre nous, les rois
qui sont autour de nous.
14. Nous n'avonsdonc pas voulu
vous étre à charge ni à nos au-
tres alliés et amis, dans ces com-
bats.
15. Car nous avons eu du ciel
du secours, et nous avons été
6, 20. Salut (salutem). ΝΟΥ. x, 18.
1. * Onias. On distingue quatre grands prêtres de ce nom. Onias Ie", fils de Jaddus,
qui était grand prétre à l'époque d'Alexandre le Grand. Il fut contemporain de Ptolé-
mée Ier Lagus et de Séleucus I*' Nicator; il exerca ses fonctions de 323 à 300 avant J.-C.
— Onias 11, fils de Simon II, était pontife du temps de Séleucus IV Philopator (187-
115). — Onias 111 était grand prêtre sous le règne d'Antiochus IV Epiphane (175-164)
et il fut forcé d'abandonner le souverain sacerdoce à son frère Jason, II Machabées,
ni-v. — Son fils Onias IV éleva en Egypte le temple de Léontopolis. Les commen-
tateurs ont vu dans l'Onias dont il est question ici, les uns le premier, d'autres le
second et d'autres le troisième, mais il ne peut être question que d'Onias Ie", parce
qu'il est le seul qui ait été contemporain d'Arius, roi de Sparte. ll y a eu deux
rois de ce nom. Arius 1" régna de 309 à 265 avant notre ère. C'est celui dont
parle la lettre de Jonathas. Arius II, petit-fils du 19 mourut à l’âge de huit ans
en 251.
11. Dans les observances; le grec porte, dans nos prières, ce qui a fait penser qu'on
lisait primitivement dans la Vulgate in obsecralionibus, au lieu de in observationibus.
D'autant que les Juifs priaient et offraient des sacrifices pour les princes leurs alliés,
et pour ceux auxquels ils étaient soumis (vir, 33; Baruch, 1, 10).
(or. xir.]
délivrés, nous, et nos ennemis
ont été humiliés.
16. C'est pourquoi nous avons
choisi Numénius, fils d'Anthio-
chus, et Antipate. fils de Jason,
et nous les avons envoyés vers
les Romains pour renouveler avec
eux l'amitié etl'alliance ancienne.
17. C'est pourquoi nous leur
avons ordonné de venir aussi
vers vous, et de vous saluer; et
de vous remettre nos lettres sur
le renouvellement de notre fra-
ternité.
18. Et maintenant vous ferez
bien en nous répondant à ce su-
jet.
19. Or voici la copie des lettres
qu'Arius avait envoyées à Onias:
90. Arius, roi des Spartiates,
à Onias, grand prétre, salut.
91. Il a été trouvé dans un écrit
sur les Spartiates et les Juifs,
qu'ils sont frères et qu'ils sont
de 18 race d'Abraham.
99. Et maintenant que nous
avons su ces choses, vous faites
bien de nous écrire si vous jouis-
sez de la paix.
93. Mais nous aussi nous vous
avons écrit : Nos troupeaux et
nos possessions sont à vous, et
les vótres à nous; c'est pourquoi
nous avons ordonné que cela
vous soit annoncé.
94. Cependant Jonathas apprit
MACHABEES. ז
9291
que les princes de la mulice de
Démétrius étaient revenus avec
une armée beaucoup plus forte
qu'auparavant pour combattre
contre lui.
95. Il sortit donc de Jérusalem,
et il alla à leur rencontre dans la
région d'Amath; car il ne leur
avait pas donné le temps d'entrer
dans sa propre région.
26. Et il envoya des espions
dans leur camp; et ceuz-ci, étant
revenus, rapportèrent que les
ennemis avaient résolu de les
surprendre pendant la nuit.
27. Or, lorsque le soleil fut cou-
ché, Jonathas commanda aux
siens de veiller et d'étre en armes
toute la nuit, prêts au combat,,
et il mit des gardes autour du
camp.
28. Et les ennemis apprirent
que Jonathas était prét au combat
avec les siens; et ils craignirent,
et ils redoutèrent en leur cœur,
et ils allumèrent des feux dans
leur camp, e£ se retirérent.
29. Mais Jonathas, et ceux qui
étaient avec lui, ne surent pas
leur retraite jusqu'au matin, puis-
quils voyaient des feux allu-
més.
90. Et Jonathas les suivit, mais
il ne les atteignit pas; car ils
avaient déjà traversé le fleuve
Eleuthère.
16. * Numénius et Antipater nous sont inconnus; mais le Jason, dont celui-ci est fils,
doit être celui qui avait été envoyé à Rome par Judas Machabée, vu, 17.
22, Vous faites bien. Le mot de la Vulgate benefacitis semble avoir été mis pour
benefacietis (vous ferez bien), plus conforme au contexte, et confirmé par la lecon du
grec.
25. La région d'Amath; littér., la région d'Amathite. Plusieurs pensent qu'Amath
est la même qu'Emath (en hébreu Hamath), ville située sur les frontières septentrio-
pales de la Palestine.
28. * Ils allumerent des feux dans leur camp, pour faire croire aux Juifs qu'ils
étaient toujours 4.
30. Le fleuve Eleuthère. Voy. xi, T,
2222 Í MACHABÉES,
31. Et Jonathas alla de là vers
les Arabes qui sont appelés Zaba-
déens, et 11 108 frappa, et prit leurs
dépouilles.
32. Et il continua, et vint à Da-
mas; et il parcourait toute cette
contrée.
33. Mais Simon sortit, et vint
jusqu'à Ascalon et aux garnisons
voisines, etilse dirigea versJoppé
et Ja prit
34. (Car il avait appris qu'on
voulait livrer la forteresse à ceux
du parti de Démétrius); et il y
mit une garnison pour la garder.
35. Et Jonathas revint, et con-
voqua les anciens du peuple, et
il songea avec eux à bâtir des
garnisons dans la Judée,
36. Et à bâtir des murs à Jéru-
salem, et à élever une muraille
d'une grande hauteur entre la ci-
tadelle et la cité, afin de séparer
la citadelle de la cité, et qu'elle
füt sans communication, et qu'on
n'achetàt ni ne vendit.
31. On s'assembla donc afin de
bâtir la ville; et le mur qui était
sur le torrent, du côté du lever du
soleil, tomba, et Jonathas répara
celui qui est appelé Caphététha.
38. Et Simon bâtit Adiada en
Séphéla, et la fortifia, et il y mit
des portes et des serrures.
(ca. xu]
39. Et comme Tryphon avait
songé à régner sur l'Asie, et à
prendre le diadème et à étendre
la main sur le roi Antiochus,
40. Craignant que Jonathas ne
le lui permit point, mais qu'il ne
combattit contre lui, il. cherchait
à le prendre et à le faire mourir.
Et se levant, il alla à Bethsan.
41. Mais Jonathas sortit au de-
vant de lui avec quarante mille
hommes choisis pour le combat
et vint à Bethsan.
49. Et Tryphon vit que Jona-
thas étail venu avec une armée
nombreuse pour étendre la main
sur lui; il craignit.
43. Et il le reçut avec honneur
etlerecommanda àtous ses amis,
et lui donna des présents et com-
manda àses armées de lui obéir
comme à lui-méme.
44. Et il dit à Jonathas : Pour-
quoi avez-vous tourmenté tout ce
peuple, puisqu'il n'y a point de
guerre entre nous?
45. Maintenant donc, renvoyez-
les dans leurs maisons ; mais choi-
sissez-vous un petit nombre
d'hommes qui soient avec vous,
et venez avec moi à Ptolémaide,
et je vous la livrerai, ainsi que le
reste des garnisons et tous ceux
qui ont la conduite des affaires,
31. Zabadéens. On ne connait pas d'Arabes de ce nom; c'est pourquoi la plupart
des commentateurs lisent avec l'historien Joséphe Nabathéens, en supposant que les
Nabathéens ou Nabuthéens (voy. plus haut, v, 25), qui étaient amis des Juifs, étaient
devenus leurs ennemis ense déclarant pour Démétrius.
33. * Ascalon. Voir plus haut, x, 86.
31. Le torrent de Cédron, à l'orient de Jérusalem. — * Caphététha était vraisem-
blablement le nom de la partie du mur de Jérusalem qui était tombée dans le Cedron,
parce que les fondements étaient trop faibles.
38. Adiada, vile à l'occident de Jérusalem. — Séphéla, plaine au couchant des
montagnes de Juda. — * Sur la Séphéla, voirla note sur Juges, xv, 5.
UE "Sur l'Asie, voir plus haut, vri, 6. — Sur l'usurpation de Tryphon, voir xi, 39,
40, 41. Bethsan. Voy. v, 92.
4A. Ce; pronom qui se lit dans le grec, et que le contexte réclame,
45. * A Plolémaïde. Voir plus haut, v, 15,
(ou. χιμ.]
et je m'en rewournerai ; car c'est
à cause de cela que je suis venu.
40. Jonathas le crut, et il fit
comme il avait dit; et il renvoya
l'armée, et ils s'en allèrent dans
la terre de Juda.
47. Mais il retint avec lui trois
mille hommes, dont il renvoya
deux mille en Galilée; mais mille
vinrent avec lui.
48. Mais des que Jonathas fut
entré à Ptolémaide, les Ptolémai-
diens fermerent les portes de la
cité, et ils le prirent, et tous ceux
qui étaient entrés avec lui, ils les
tuèrent par le glaive.
49. Et Tryphon envoya une ar-
mée et des cavaliers en Galilée
et dans la grande plaine, afin de
perdre tous les compagnons de
Jonathas.
50. Mais ceux-ci, lorsqu'ils eu-
rent appris que Jonathas avait été
pris, et qu'il avait péri, ainsi que
tous ceux qui étaient avec lui
s'exhorterent les uns les autres,
et sortirent préparés au combat.
91. Mais ceux qui les avaient
poursuivis, voyant qu'il s'agissait
pour eux de sauver leur vie à
tout prix, s'en retournèrent.
52. Ainsi ils vinrent tous en
paix dans la terre de Judée. Et ils
pleurérent beaucoup Jonathas et
ceux qui étaient aveclui; et Israël
pleura d'un grand pleur.
53. Et toutes les nations qui
étaient autour d'eux cherchèrent
à les détruire; car elles dirent :
MACHABÉES. ז
3229
^
54.Ilsn'ont pas de chefet d'aide;
maintenant donc attaquons-les,
et effacons leur mémoire parmi
les hommes.
CHAPITRE XIII.
Simon succède à Jonathas. ll s'oppose
aux entreprises de Tryphon. Mort de
Jonathas. Simon bátit un sépulere pour
son père et ses frères. Tryphon tue le
jeune Antiochus, et régne à sa place.
Simon recherche l'amitié de Démétrius
Nicanor, et obtient l'affranchissement
de son pays. Il assiège et prend Gaza.
La citadelle de Jérusalem lui est ren-
due. Il met Jean Hyrcan son fils à la
téte de l'armée.
1. OrSimon apprit que Tryphon
avait assemblé une armée consi-
dérable, afin de venir dans la
terre de Juda et dela ravager.
2. Et voyant que le peuple était
dans la frayeur et la crainte, il
monta à Jérusalem, et assembla
le peuple;
3. Et l'exhortant, il dit : Vous,
vous savez combien moi et mes
frères, et la maison de mon pere,
nous avonslivré de combats pour
les lois et pour les saints Zeuz,
et quelles angoisses nous avons
éprouvées;
4. À cause de cela tous mes
freres ont péri pour Israél, et moi
j'ai été laissé seul.
5. Et maintenant qu'il ne m'ar-
rive pas d'épargner mon àme en
tout ce temps de tribulation; car
je ne suis pas meilleur que mes
frères.
6. C’est pourquoi je vengerai
49. La grande plaine. Voy. v, 52.
50. Lorsqu'ils eurent appris, etc. On crut d'abord que Tryphon avait fait mourir
Jonathas; mais on sut le contraire dans la suite (xr, 12, 15).
51. Qu'il s'agissait, etc.; c'est-à-dire, qu'ils feraient payer leur vie bien cher, littér.,
que pour l’âme ou la vie, à eux est la chose.
3. Les saints lieux, c'est-à-dire le temple.
5. Mon âme, ma personne ou ma vie.
22214
mon peuple et les saints lieux,
nos enfants aussi, et nos femmes,
parce que toutes les nations se
sont assemblées pour nous briser
par inimitié.
7. Or l'esprit du peuple fut en-
flammé dès qu'il entendit ces pa-
roles;
8. Et tous répondirent à haute
voix, disant : Vous étes notre
chef à la place de Judas et de Jo-
nathas, votre frère;
9. Combattez notre combat, et
tout ce que vous direz, nous le
ferons.
10. Alors, assemblant tous les
hommes de guerre, il se hâta
d'achever tous les murs de Jéru-
salem, et il lafortifia tout autour.
11. Et il envoya Jonathas, fils
d'Absalom, et avec lui une nou-
velle armée, à Joppé; et ayant
chassé ceux qui étaient dedans,
il y demeura lui-méme.
12. Et Tryphon sortit de Ptolé-
maide avec une armée nom-
breuse, afin de venir dans la terre
de Juda, et Jonathas qu’il tenait
en prison était avec lui.
13. Mais Simon campa prés
d'Addus, vis-à-vis de la plaine.
14. Et dès que Tryphon sut que
Simon s'était mis à la place de
son frere Jonathas et qu'il devait
engager un combat avec lui, il
lui envoya des messagers,
MACHABÉES, ז
[cu. xt]
15. Disant : Nous avons retenu
votre frere Jonathas pour ce qu'il
devait au roi à cause des affaires
qu'il ἃ administrées.
46. Et maintenant envoyez cent
talents d'argent et ses deux fils
pour otages, afin que mis en li-
berté, il ne quitte pas notre parti;
et nous vous le renverrons.
17. Mais Simon connut que 0'6-
tait par tromperie qu'il lui parlait
ainsi; il commanda cependant
que l'argent /uzfüt livré ainsi que
les enfants, pour ne pas s'attirer
une grande inimitié dela part du
peuple d'Israél, qui aurait dit :
18. Parce qu'il ne luia pas en-
voyé l'argent et les enfants, c'est
pour cela que Jonathas a péri.
19. Il envoya donc les enfants
et cent talents; et Zryphon men-
tit, et ne renvoya pas Jonathas.
20. Et après cela Tryphon vint
dans la contrée pour la ravager;
et ils tournèrent par la voie qui
mène à Ador ; mais Simon et son
armée se portaient dans tous les
lieux où ils allaient.
21. Mais ceux qui étaient dans
la citadelle envoyerent des messa-
gers à Tryphon, afin qu'il se hà-
tàt de venir parle désert, et qu'il
leur envoyát des vivres.
29. Et Tryphon prépara toute
sa cavalerie afin de venir durant
cette nuit-là méme ; maisil y avait
19. * À Ptolémaide. Voir plus haut, v, 15.
13. Addus parait étre la méme ville qu'Adiada (xit, 38). — La plaine de Séphéla
(xir, 38). — * Addus devait être dans le voisinage de Lydda.
16. Cent talents d'argent. Voy. ,וצ 28.
18. Lui, c'est-à-dire à Tryphon.
20. Ador, probablement la ville appelée Adora dans l'historien Joséphe, Aduram
dans II Paralip., xi, 9. — * Ador était à l'ouest de l'Hébron.
21. * Ceux (la garnison syrienne) qui étaient dans la citadelle d'Acra, à Jérusalem.
— Par le désert de Juda, à l'ouest de la mer Morte.
22. * Il ne vint pas en Galaad. Le texte grec dit au contraire, ce qui est plus facile
à comprendre, qu'il vint en Galaad. La neige qui tomba inopinément, ce qui u'est
]68. xur.j
beaucoup de neige et il ne vint
pas en Galaad.
93. Et lorsqu'il fut près de Bas-
caman , il tua là Jonathas et ses
fils.
94. Εἰ il s'en retourna et s'en
alla en son pays.
25. Alors Simon envoya et re-
cut les ossements de Jonathas,
son frère, et les ensevelit à Mo-
din, cité de ses peres.
96. Et tout Israélle pleura d'un
grand pleur, et il fut en deuil du-
rant bien des jours.
97. Et Simon bâtit sur le sépul-
cre de son pere et de ses freres
un édifice qu'on voyait de loin,
en pierres polies derriere et de-
vant.
98. Et il dressa sept pyramides
l'une vis-à-vis del'autre, pour son
pere et sa mère, et pour ses qua-
tre freres.
99. Et il posa tout autour de
grandes colonnes, et sur les co-
lonnes des armes, en souvenir
éternel; et aupres des armes, des
navires sculptés, pour étre vus
de tous ceux qui naviguent sur
la mer.
30. C'est là le sépulere qu'il fit
à Modin, et qu'on y voit jusqu'à
ce jour.
I MACHADÉE..
2225
31. Ur, lorsque Tryphon était
en voyageavecAntiochusle jeune
roi, ille tua par ruse.
32. Et il régna en sa place, et il
mit sur sa tête le diadème d'Asie,
etilfitun grand mal dans le pays.
33. Et Simon répara les garni-
sons de la Judée, les fortifiant de
hautes tours, et de grands murs,
et de portes, et de serrures; et il
mit des vivres dans les forte-
resses.
34. Ensuite Simon choisit des
hommes et les envoya vers le roi
Démétrius, afin qu'il accomplit
l'affranchissement de la contrée;
car tous les actes de Tryphon
avaient été accompagnés de bri-
gandage.
39. Et le roi Démétrius lui ré-
pondit sur ces paroles, et lui écri-
vit un lettre ainsi concue :
36. Le roi Démétrius à Simon,
le grand prétre et ami des rois, et
aux anciens et à la nation des
Juifs, salut :
31.Nousavonsreculacouronne
d'or et le bahem que vous nous
avez envoyés,et nous sommes
préts à faire avec vous une paix
durable, et à écrire aux inten-
dants royaux de vous remettre ce
que nous avons accordé.
pas trés rare à Jérusalem et sur les hauteurs, en janvier et février, quoiqu’elle ne
dure pas longtemps, empécha Tryphon d'aller ravitailler la garnison de Jérusalem
et lui fit rebrousser chemin du cóté du pays de Galaad.
23. * Bascaman, localité inconnue, dans le pays de Galaad.
25. * A Modin. Voir plus haut, ,זז 4.
28. Simon dressa sans doute la septiéme pyramide pour lui-méme.
29. Il posa, etc. Simon était alors gouverneur de toutes les côtes maritimes, depuis
Tyr jusqu'aux frontières de l'Egypte. (Compar. xr, 59).
31. * Tryphon... tua Antiochus par ruse. Tite-Live rapporte qu'il fit tuer cet enfant
de dix ans par les médecins, sous prétexte de lui faire une opération chirurgi-
cale (142).
32. * D'Asie. Voir plus haut, viri, 6.
36. Salut (salutem). Voy. x, 18.
31. Le bahem ; ce mot de la Vulgate qui peut être l'accusatif de bahis ou bahes est
inconnu d’ailleurs. Le grec lit bainen, que l'on entend assez généralement d'une
AT
140
2996 I MACHABÉES.
38. Car tout ce que nous avons
ordonné subsiste pour vous. Que
les forteresses que vous avez édi-
fiées soient à vous.
39. Nous vous remettons aussi
les fautes d'ignorance et les man-
quements commis jusqu'à ce
jour, et la couronne que vous
deviez; et s'il y avait quelque au-
tre chose d'imposé comme tribut
à Jérusalem, que désormais il ne
le soit plus.
40. Et si quelques- uns d'entre
vous sont aples à étre enrólés
avec les. nótres, qu'ils soient en-
rôlés, et qu'entre nous soil la
paix.
A4. En l’année cent soixante-di-
xieme, le joug des nations fut 6
d'Israël.
49. Etle peuple d'Israël com-
menca à écrire sur les tables et
les registres publics, dans la pre-
miere année, sousSimon,le grand
prétre, grand chef et prince des
Juifs.
43. En ces jours-là, Simon
campa. près de Gaza et lenvi-
ronna de. son camp, et il fit des
machines, {es approcha de 18 ci-
té, etil attaqua une tour, et l'em-
porta.
44. Et ceux. qui étaient dans
une des machines avaient fait
irruption dans la cité, et il s'é-
leva un grand tumulte dans la
cité.
(cu. xim.]
45. Et ceux qui étaient dans
la cité montèrent avec les fem-
mes et les enfants sur le mur,
leurs vétements déchirés, et ils
crièrent d'une voix forte; deman-
dant àSimon qu'ou ee donnât la
main droite,
46. Et ils dirent : Ne nous ren-
dez point selon notre malice, mais
selon vos miséricordes.
41. Et Simon, fléchi, ne les fit
pas périr; cependant illes chassa
de la cité, et purifia les édifices
dans lesquels il y avait eu des
idoles, puis il entra dans Gaza,
bénissant le Seigneur par des
hymnes.
48. Et toute impureté en ayant
été bannie, il y établit des hom-
mes qui devaient observer la loi ;
et il la fortifia, et il y fit son ha-
bitation.
49. Mais à ceux qui étaient dans
la citadelle de Jérusalem, il était
défendu d'en sortir, et d'entrer
dans le pays, et d'acheter et de
vendre; et ils furent dans une
grande disette, et beaucoup d'en-
tre eux périrent par la faim,
50. Et ils crierent. vers Simon
afin de recevoir la main droite,
etil /a leur donna, et il les chassa
de là, et il purifia 18 citadelle des
souillures ;
51. Et Jes Juifs y entrèrent le
vingt-troisieme jour du second
mois, en l'année cent soixante
palme ou d'une branche de palmier. Compar. 11 Machab., xiv. On suppose que cette
palme ou cette branche de palmier était d'or comme la couronne.
41. L'année cent soixante-dixième du règne des Grecs, la cent quarante et unième
avant Jésus-Christ.
49. Gaza, ville des Philistins.
45, 50. Sur donner la main droile, voy. xx, 50.
41. Gaza, nommée au vers. 43, et représentée ici par le pronom edle (eam).
51. Du second mois. Voy. 1x, 54. — L'année cenl soixante et onzième du xégne des
Grecs. et la cent trente-neuvième avant Jésus-Christ,
חח
[cu. xiv.]
et onzieme, au milieu des louan-
ges et des branches de palmier,
et des lyres, et des cymbales, et
des. nables, et des hymnes et
des cantiques, parce qu'un grand
ennemi avait été exterminé d'Is-
rael.
2, Et il décida que tous les ans
ces jours seraient célébrés avec
allégresse.
53. Et il fortifia la montagne du
temple qui était pres de la cita-
delle, etil y habita, lui etceux qui
étaient avec lui.
94. Or Simon vit que Jean son
fils. était un homme de guerre
vaillant, et il l'établit chef de tou-
tes les armées; et Jean habita à
Gazara.
CHAPITRE XIV.
Guerre de Démétrius contre les Parthes ;
il est fait prisonnier. Bonheur du gou-
vernement de Simon. Les Romains et
les Spartiates renouvellent alliance avec
lui. Les Juifs lui contirment par un
acte solennel la souveraine autorité.
1. En l'année cent soixante et
douzieme, le roi Démétrius as-
sembla son armée, et s'en alla
en Médie pour se procurer des
secours, afin de combattre Try-
phon.
I MACHABÉES;
222]
2. Et Arsacès, roi de Perse et
de Médie, apprit que Démétrius
était entré sur ses confins, et il
envoya un de ses princes de /a
milice afin de le prendre vivant
et de lelui amener. !
3. Et il s'en. alla et battit l'ar-
mée de Démétrius; et ille prit, et
il le conduisit à Arsace qui le mit
en prison.
4. Et toute la terre de Juda fut
en repos durant tous les jours de
Simon, et il rechercha le bonheur
pour sa nation; et sa puissance
plut aux Juifs ainsi que sa gloire,
durant tous ses jours.
9. Et outre toutes ses autres ac-
tions glorieuses, ilprit Joppé pour
port, et il en fit une entrée dans
les îles de la mer.
6.ILétendit les confins de sa na-
tion,etilse rendit maître de toute
la contrée.
7.Etil assembla un grand nom-
bre de prisonniers, et s'empara de
Gazara, de Bethsura et de la cita-
delle, et il en bannitlessouillures,
eL il n'y avait personne qui lui ré-
sistàt.
8. Alorschacun cultivait sa terre
en paix; et la terre de Juda don- -
nait ses fruits et les arbres des
champs leur fruit.
94. Gazara. Voy. xiv, 34. — * Jean, surnommé Hyrean. Voir plus loin, xvi, 1.
1, 21. L'année cent soirante-douzióme du règne des Grecs, et la cent trente-neu-
-:Njiéme avant Jésus-Christ. — ^ Démétrius 11 Nicator. Voir plus haut, x, 67. 1] s'en alla
en Médie pour en tirer des troupes afin de combattre son compétiteur Tryphon.
2. Arsacès; nom commun aux rois de Perse ; il s’agit 101 de Mithridate Ier, — * Mi-
thridate Ier était le sixième roi des Parthes portant le nom d'Arsacés. La Perse et la
Médie désignentle royaume parthe, parce qu'elles en étaient les deux provinces prin-
cipales. Mithridate Ier possédait tous les pays à l'est de l'Euphrate jusqu'à l'Inde.
3. * Mithridate Ier donna plus tard sa fille Rodogune en mariage à Démétrius II et
lui rendit enfin la liberté. Voir plus haut, x, 67.
4. * Toute la terre de Juda fut en repos. La captivité de Démétrius II a été racontée
pour expliquer comment la Judée est laissée en repos.
5. Les iles de la. mer. Les Hébreux appelaient ainsi méme tous les pays maritimes
ct qui n'étaient pas du continent de la Palestine.
7, Gazara. Voy. vers. 34. — Les souillures les idoles, — * Bethsura. Voir 1v, 61.
2328
9. Les vieillards étaient tous
assis sur les places publiques, et
ils s'entretenaient des biens de
la terre, et les jeunes gens se re-
vêtaient de gloire et d'habits de
guerre.
10. Et il fournissait des aliments
aux cités, et il les disposait de
maniere qu'elles fussent des pla-
ces d'armes, à ce point que le
nom de sa gloire a été célébré
aux extrémités de la terre.
41. Il établit là paix surla terre,
et Israël se réjouit d'une grande
joie.
19. Et chacun était assis sous
sa vigne et sous son figuier, et il
n'y avait personne qui les épou-
vantàt.
13. Et il ne se trouva plus sur
la terre d'ennemi pour les alta-
quer; les rois furentabattus en ces
jours-là.
14. Et il soutint tous les hum-
bles de son peuple, et il rechercha
la loi, et ilextermina tout homme
inique et méchant.
15. Les saints lieux, il les glo-
rifia, et 11 multiplia les vases des
saints lieux.
16. Or on apprit à Rome et jus-
que chez les Spartiates que Jona-
thas était mort, et fous en furent
très contristés.
17. Mais dès qu'ils surent que
Simon, son frere, avait été fait
grand prétre en sa place, et qu'il
était maitre de toute la contrée et
de toutes ses cités,
1 MACHABÉES.
[cn. xtv.]
18. Ils lui écrivirent sur des ta-
bles d'airain pour renouveler l'a-
mitié et l'alliance qu'ils avaient
faite avec Judas et avec Jonathas
ses freres. |
19. Et es lettres furent lues de-
vant l'assemblée de Jérusalem.
Et voicila copie des lettres que
les Spartiates envoyèrent :
20. Les princes des SPARTIATES
et 168 01668, à Simon, grand prêtre,
et aux anciens, et aux prêtres, et
au reste du peuple des Juifs, /eurs
freres, salut:
21. Les messagers qui ont été
envoyés à notre peuple nous ont
informés de votre gloire, de vos
honneurs et de votre joie; et
nous nous sommes réjouis à leur
arrivée.
22. Et nous avons écrit en ces
termes ce qui avait élé dit dans
les assemblées du peuple : Numé-
nius, fils d'Antiochus, et Antipa-
ter, fils de Jason, messagers des
Juifs, sont venus vers nous, re-
nouvelant avec nous l'amitié an-
cienne.
23. Et il a plu au peuple de les
recevoir honorablement et de dé-
poser une copie de leurs paroles
dans les registres particuliers du
peuple, afin qu'elle soit en souve-
nir parmi le peuple des Spartiates.
Mais nous en avons écrit une
copie pour Simon le grand prétre.
24. Or, aprés cela, Simon en-
voya Numénius à Rome, portant
un grand bouclier d'or, du poids
9. Des biens de la terre (de bonis lerra), probablement, de ce qui concernait le bien
de la nation. — De gloire, c'est-à-dire de vétements magnifiques. — D'habits de
guerre pris sur les ennemis.
22. * Numénius, Antipater. Voir plus haut, xit, 16.
24. Mille mines. Voy. Ezech., xwv, 12. — Romain; ce mot ne se trouve ni dans le .
texte grec ni dans la version syriaque. Les interprètes conviennent d'ailleurs qu'il,
s’agit ici du peuple juif, puisque dans les vers, suivants, ce sont les Juifs mêmes qui
cH. σιν.
de mille mines, atin de confirmer
l'alliance avec eux. Or, lorsque le
peuple romain eut entendu
95.: Ces paroles, ils dirent :
Quelles actions de grâce ren-
drons-nous à Simon et ἃ 565 fils?
96. Car il ἃ rétabli lui-même ses
frères et il a attaqué vivement
les ennemis d'Israël, e£ les a chas-
568 du milieu d'eux, et ils lui as-
surèrent la liberté, etilsécrivirent
cela sur des tables d'airain, et 6
mirent parmi les inscriptions sur
la montagne de Sion.
Et voici la copie de l'écrit : .דפ
AU DIX-HUITIÈME jour du mois d'E-
lul, en l'année cent soixante et
douzieme, en la troisieme année
de Simon, grand prétre, à Asara-
mel,
28. Dans la grande assemblée
des prétres et du peuple, et des
princes de la nation, et des an-
ciens de la contrée, voici ce qui a
été notifié : Fréquemment des
combats ont été livrés dans no-
ire contrée;
29. Mais Simon, fils de Matha-
thias, des fils de Jarib, et ses
I MACHABÉES.
2220
freres se sont livrés au péril, et
ont résisté aux ennemis de leur
nation, afin que leurs saints lieux
fussent maintenus ainsi que leur
loi; et ils ont glorifié leur nation
d'une grande gloire.
30. EL Jonathas assembla.sa na-
tion, et devint leur grand prêtre,
et il a été réuni à son peuple.
31. Et leurs ennemis ont voulu
les fouler aux pieds, et ravager
leur contrée, et étendre la main
sur leurs saints lieux.
32. Alors Simon a résisté et
combattu pour sa nation, et il a
donné beaucoup d'argent, et il a
armé les hommes vaillants de sa
nation; et il leur a donné une
solde;
33. Et il a fortifié les cités de
Judée et Bethsura, qui était sur
les confins de Judée, où étaient
les armes des ennemis aupara-
vant, etil y a mis une garnison
de soldats juifs.
84. Et il a fortifié Joppé, qui
était près de la mer, et Gazara,
qui est sur les confins d'Azot, où
les ennemis habitaient aupara-
parlent, et que la réponse du peuple romain se trouve plus bas, xv, 16. — * On avai*
coutume d'envoyer ainsi à Rome des objets précieux pour le renouvellement des
alliances ou pour obtenir quelque faveur. Antiochus Epiphane avait envoyé des vases
d'or de 500 livres, pour renouveler son alliance avec le peuple romain; Démétrius Ier
et Tryphon, pour se faire reconnaitre comme rois, envoyèrent, le premier une cou-
ronne d'or de vingt-cinq livres et le second une statue d'or de la Victoire, du méme
poids.
21. Elul, sixième mois de l'année sacrée, et douzième de l'année civile. Il com-
mencait à la nouvelle lune d'aoüt, selon les rabbins; mais c'était plus probablement
à celle de septembre. — La troisième année du pontificat de Simon. — Asaramel; le
grec porte Saramel, qui parait étre le nom du lieu oü se tint l'assemblée mentionnée
au verset suivant. — * La situation d'Asaramel est inconnue.
28. Fréquemment. Le mot quoniam, qui précède dans la Vulgate, est un pur hé-
braisme; il n'a pour but ici que d'introduire le discours direct ; il répond aux mots à
savoir, c'est-à-dire.
2 Jarib, nommé Joarib, 11, 4.
30. IL a été réuni, etc., c'est- à-dire il est mort.
34. Gazara, la même que Gazer, selon Eusèbe et saint Jérôme; mais comme ces
Pères mettent Guzer dans la tribu d'Ephraim à trois milles de Nicopolis, la. Gazara
dont ils parlent ne saurait être celle-ci, qui était située sur les confins d'Azot, et par
2230
vant, et il y ἃ établi des Juifs;
et tout ce qui était propre à
leur défense, il l'a mis dans ces
villes.
35. Etle peuple a vula conduite
de Simon, et la gloire qu'il son-
geait à procurer à sa nation, et
ils l'ont établi leur chef et prince
des prétres, parce que c'est lui
qui avait fait toutes ces choses,
et à cause de sa justice, et de la
fidélité qu'il avait conservée pour
sa nation, et parce qu’il chercha
par toutes sortes de moyens à
exalter son peuple.
36. Et durant ses jours fout ἃ
prospéré en ses mains, en sorte
qu'ont été chassées du pays des
Juifs les nations, et ceux qui
étaient dans la cité de David à Jé-
rusalem, dans la citadelle, d’où
ils sortaient et souillaient tout ce
qui est autour des saints eur
et faisaient une grande plaie à la
pureté de ces lieux.
37. Et il y a établi des Juifs
pour la défense de la contrée et
de la cité, et il a relevé les murs
de Jérusalem.
38. Et le roi Démétrius lui
a confirmé le souverain sacer-
doce. |
39. Outre cela, il l'a fait son
ami, et il l'a glorifié d'une grande
gloire;
40. Car il a appris que les Juifs
furent appelés par les Romains
I MACHABÉES.
[cu. xiv.]
amis, et alliés, et freres, et que
ceuz-ci recurent les messagers de
Simon avec honneur.
41. Et que les Juifs et leurs pré-
tres consentirent quil füt leur
chef et leur grand prétre pour
toujours, jusqu'à ce qu'il s'élevát
un prophète fidèle ;
49. Et qu'il fût pour eux un
chef, qu'il eût soin des saints
lieur, et quil étabiit des inten-
dants sur leurs ouvrages et sur
la contrée, et sur les armes et
sur les garnisons;
43. Et qu'il eût soin des saints
lieux, et qu'il fût écouté de tous,
et que tous les actes publies fus-
sent écrits en son nom dans la
contrée; et qu'il fût revêtu de
pourpre et d’or;
44. Et qu'il ne fût permis à
personne du peuple, ni des prè- |
tres, de rendre vaine quelqu'une
de ces choses, ni de contredire ce
qui serait dit par lui, ni de con-
voquer d'assemblée dans la.con-
trée sans lui, ni de se revétir de
pourpre et de porter une agrafe
d'or;
45. Mais que celui qui agirait
contrairement à ces choses ou
en rendrait quelqu'une vaine, se-
rait coupable.
46. Et il plut à tout le peuple
d'établir Simon chef, et d'agir se-
lon ces paroles.
41. Et Simon accepta, et il lui
conséquent assez éloignée des frontières d'Ephraim. — * Joppé, Jaffa, port de mer sur
la Méditerranée. — Azo. Voir plus haut, v, 68.
35. Dans le grec comme dans la Vulgate, les mots justice et fidélité sont à l'accusatif
comme complément de avait fait; construction qu'on ne saurait conserver. dans
notre langue.
36. Et faisaient, etc., en troublant le culte qu'on y rendait au vrai Dieu.
43. Qu'il fut revétu, etc. Voy. x, 20.
44. Une agrafe d’or. Voy. x, 89.
4T. D'étre à la téle de tous (praeesset omnibus) ou d'avoir le commandement de toutes
choses ; le texte est amphibologique dans la Vulgate.
cu. xv.]
plut de remplir les fonctions de
grand prétre, et d'être le chef et
le prince de la nation des Juifs et
des prétres, et d'étre à la téte de
tous.
48. Et on ordonna d'écrire cette
déclaration sur des tables d'ai-
rain, et de les placer dans les ga-
leries du temple, en un lieu bien
connu;
49. Mais d'en déposer une co-
pie dans le trésor, afin qu'elle
I MACHABEES.
iles de la mer à Simon, pretre et
prince de la nation des Juifs, et
à toute la nation.
2. Et elles contenaient ce qui
suit: LE nor Antiochus à Simon,
grand prêtre, et à la nation des
Juifs, salut.
3. À la vérité, des hommes per-
nicieux se sont rendus maitres
du royaume de nos pères; mais
je veux le recouvrer et le réta-
blir comme il était auparavant;
servit à Simon et à ses fils. et j'ai formé une armée choisie,
et j'ai construit des vaisseaux de
guerre.
4. Je veux avancer par la con-
trée, afin de me venger de ceux
qui ont corrompu notre contrée,
et qui ont désolé beaucoup de ci-
tés dans mon royaume.
ὃ. Maintenant donc je vous re-
mets tous les tributs que vous
ont précédemment remis tous
les rois, et les autres charges
quelconques qu'ils vous ont re-
mises;
CHAPITRE XV.
Offres avantageuses d'Antiochus Sidétes
à Simon. Tryphon, abaudonné de ses
troupes, est assiégé dans Dora. Les Ro-
mains écrivent en faveur des Juifs aux
rois et aux peuples leurs voisins. An-
tiochus se brouille avec Simon. Tryphon
se sauve de Dora. Antiochus le pour-
suit, aprés avoir donué ordre à Cen-
débée de marcher contre les Juifs avec
une puissante armée.
1. Or le roi Antiochus, fils de
Démétrius, envoya deslettres des
₪ * En un lieu bien connu. Voir xi, 31.
1. Antiochus, surnommé plus tard Sidèles, était dans l'ile de Rhodes, lorsqu'il apprit
Ja captivité de son frére Démétrius, et ce fut de là qu'il écrivit à Simon, — * Le roi
Antiochus VII Sidètes, ainsi surnommé de la ville de Sida, en Pamphylie, où il avait
été élevé, fils de Démétrius I*r et frère de Démétrius 11, fut roi de Syrie pendant les
dix ans que dura la captivité de son frère chez les Parthes, plus haut, x, 61. Il con-
tinua la guerre contre Tryphon, le battit et l'assiégea à Dora, sur le bord de la mer, en
Phénicie. Tryphon réussit à s'échapper et à se sauver à Ptolémaide, puis à Orthosiade
et enfin à Apamée, place forte sur l'Oronte. Antiochus VII l'y poursuivit et c'est là
que Tryphon perdit la vie, plus haut, xr, 39. Antiochus VII se trouva ainsi seul
maître de la Syrie. Pendant le siège de Dora, Simon, qui en avait reçu beaucoup de
privileges, lui avait offert des secours, mais le Séleucide, n'étant plus bien disposé en
sa faveur, les avait refusés avec hauteuret avait réclamé à Simon plusieurs villes et
méme la citadelle de Jérusalem, ce qui fut naturellement refusé. Antiochus VII en-
-voya alors, pendant qu'il poursuivait Tryphon, son général Cendébée contre la Judée.
* Celui-ci fut battu par les fils de Simon. Le roi lui-même fit plus tard en personne
une campagne contre Jean Hyrcan, fils et successeur de Simon. Jérusalem soutint
un long siége, qui se termina par une paix assez onéreuse pour les Juifs en 133. En
129, le belliqueux Sidétes entreprit une guerre contre les Parthes. 1] y perdit la vie,
on ne sait au juste en quelle année (128, 121 ou 126).
2, 16. Salut (salutem). Voy. x, 18.
3. A la vérité, daus la Vulgate, est précédé de quoniam. Voy. sur ce mot, xiv, 28.
— Des hommes, etc.; ces usurpateurs étaient Alexandre Balas, Antiochus Théus, son
fils, et particulièrement Tryphon.
.140
22232
6. Et je vous permets de faire
battre la monnaie à votre propre
coin dans votre contrée.
7. Mais je veux que Jérusalem
soit sainte et libre; et que toutes
les armes qui ont été fabriquées,
et que les garnisons que vous
avez établies, que vous occupez,
vous restent.
8. Et toute dette, et tout ce qui
doit étre au roi, depuis ce mo-
ment et en tous temps vous sont
remis.
9. Mais quand nous aurons con-
quis notre royaume, nous vous
glorifierons, vous et volre nation,
et le temple, d'une grande gloire,
en sorte que votre gloire soit ma-
nifestée dans toute la terre.
10. En l'année cent soixante et
quatorzieme, Antiochus partit
pour le pays de ses peres, et toules
les armées vinrent à lui, en sorte
que peu d'hommes demeurèrent
avec Tryphon.
11. Et le roi Antiochus le pour-
I MACHABEES.
]68. xv.]
suivit, et Tryphon vint à Dora,
fuyantle long de la mer;
12. Car il savait bien que les
maux s'amoncelaient sur lui, et
que l'armée l'avait abandonné.
13. Et Antiochus s'approcha de
Dora avec cent vingt mille hom-
mes de guerre de pied, et huit
mille cavaliers.
14. Et il investit la cité, et les
navires qui étaient sur la mer
s'approcherent; et on pressa la
cité par terre el par mer, eton ne
laissait personne entrer ou sortir.
15. Cependant Numénius et
ceux qui étaient avec lui vinrent
de la ville de Rome portant des
lettres écrites aux rois etaux con-
trées, et dans lesquelles était con-
tenu ceci :
16. Lucius, consul des Romains,
au roi Ptolémée, salut.
11. Les messagers des Juifs nos
amis sont venus vers nous, pour
renouveler l'amitié et l'alliance
anciennes, envoyés par Simon,
6. * C’est done de Simon Machabée que datent les plus anciens 810168 hébreux,
nom des monnaies hébraiques. Voir note 25 à la fin du volume.
9. * Antiochus VII traite ainsi Simon et les Juifs, parce qu'il a besoin de se ména-
ger des amis et des secours contre Tryphon. Celui-ci, aprés la captivité de Démé-
trius II, laquelle était si favorable à son ambition, continuait à combattre contre les
généraux du roi prisonnier, contre Dionysios en Mésopotamie, Sarpédon et Palaméde
en Syrie, et Æschion à Séleucie sur mer. Cette ville était en la possession de la reine
Cléopâtre, successivement femme d'Alexandre Balas et de Démétrius II (plus haut,
x, 51). La crainte qu'inspirait Tryphon était si grande qu'Antiochus VII n'eut pas
d'abord 16 succès qu'il avait espéré en quittant l'ile de Rhodes : aucune ville ne vou-
lut le recevoir et il était réduit à vivre errant et fugitif, lorsque Cléopátre, craignant
que le parti de Tryphon ne l’emportât à Séleucie, se résolut, pour conserver son titre
de reine, à offrir au frére de son mari de l'épouser et assit ainsi sa fortune. Tryphon
fut alors abandonné et le nouveau roi put en triompher.
11,13, 25. Dora, ville maritime de la Palestine, au midi du mont Carmel. — Le
long de la mer, littér., par la maritime (per maritimam), sous-entendu, rive (ripa) ou
côle (ora).
15. Numénius avait été envoyé à Rome par Simon, pour renouveler l'alliance avec
les Romains (xiv, 24).
16. Lucius Calpurnius Pison, selon plusieurs interprètes. — * Lucius Calpurnius
Pison fut consul avec M. Popillius Lœnas, l'an de Rome 615, c'est-à-dire l'an 9
avant J.-C. Le second consul, Leenas, n'est pas nommé dans cette lettre, parce qu'il
était alors en Espagne. — Au roi Ptolémée VII Physcon, qui, après la mort de son
frère Ptolémée VI Philométor (plus haut, xi, 18), régna encore 29 ans.
[cn. xv.]
prince des prétres, et par le peu-
pie des Juifs.
18.115 ont aussi apporté un bou-
clier d'or de mille mines.
19. C'est pourquoi il nous a plu
d'écrire aux rois et aux contrées
de ne leur point faire de mal,
et de ne point les attaquer, 22
eux, ni leurs cités, ni leurs con-
trées, et de ne point prêter se-
cours à ceux qui combattent con-
ire eux.
20. Or il nous a semblé bon de
recevoir d'eux le bouclier.
21. Si done quelques hommes
pernicieux se sont enfuis de leur
contrée vers vous, livrez-les
à Simon, le prince des prêtres,
afin qu'il les punisse selon leur
loi.
99. Ces mêmes choses furent
écrites au roi Démétrius, et à
Attale, et à Ariarathès, et à Ar-
sacès,
23. Et à toutes les contrées :
et à Lampsaque, et aux Spar-
tiates, et à Délos, et à Myndos,
I MACHABÉES. 2238
et à Sicyone, et en Carie, et à
Samos, et en Pamphylie, et en
Lycie, et à Halicarnasse, et à
Coo, et à Side, et à Aradon, et à
Rhodes, et à Phasélis, et à Gor-
tyne, et à Gnide, et à Chypre, et
à Cyrene.
24. Ils en envoyèrent aussi une
copie à Simon, le prince des pré-
tres, et au peuple des Juifs.
25. Mais le roi Antiochus mitle
siege devant Dora une seconde
fois, là serrant toujours de plus
pres, et faisant des machines; et
il enferma Tryphon, afin qu'il ne
sortit pas.
26. Alors Simon lui envoya un
secours de deux mille hommes
choisis, et de l'argent et de l'or
et beaucoup de vases précieux.
27. Mais il ne voulut point les
recevoir, et il rompit toute l'al-
liance qu'il avait faite avec lui au-
paravant, et il s'éloigna entiere-
ment de lui.
28. Et il lui envoya Athénobius,
lun de ses amis, pour traiter
18. Mille mines. Voy. Ezéch., xvv, 12.
22. Ces mêmes, etc. Cette lettre fut adressée à Démétrius, dont les Romains igno-
raient la captivité chez les Parthes, et qui la lui écrivirent, parce qu'ils n'avaient
reconnu ni Tryphon, ni Antiochus Sidétes. — Aftale II surnommé PAiladelphe. —
Ariarathés VI surnommé Philopator. — Arsacés ou Mithridate Ie". Compar. xiv, 2. --
* Ariarathés Vl (ou plutót V) Philopator régna en Cappadoce de 162 à 130 avant notre
ère. — Attale II Philadelphe régna jusqu'en 138.
23. Lampsaque, ville célèbre dans la Mysie sur l'Hellespont. — Délos, ile célèbre
de la mer Egée. — Myndos, ville de Carie. — Sicyone, ville trés ancienne dans l'A-
chaïe. — Carie, province maritime de l'Asie Mineure. — Samos, ile prés des cótes de
l'Asie Mineure. — Pamphylie;il y a plusieurs villes de ce nom; celle-ci est probable-
ment celle de Cilicie, au delà du mont Taurus, et qui a donné son nom à une petite
province. — Lycie; elle est voisine de la Pamphylie. — Halicarnasse, vile de Carie,
trés célèbre dans l’antiquité. — Coo, ile et ville célèbre de la Carie. — Side ou Si-
dem, ville de Pamphylie. — An adon ou Arade, ile prés des côtes de Syrie. — Rhodes,
ville et ile célèbre par son colosse. — Phasélis ou Phasélides, ville maritime sur les
confins de la Lycie et de la Pamphylie. — Gortyne, ville fameuse dans l'ile de Crète.
— Gnide, ile voisine de Rhodes. — Chypre, ile trés connue. — Cyrène, province
d'Egypte.
21. * Antiochus VII, sûr maintenant du succès contre Tryphon, change de conduite
et, contrairement à tout ce qu'il avait écrit, vers. 2-9, il se montre trés exigeant en-
vers les Juifs.
28. * Athénobius, l'un de ses amis, Sur ce titre, voir ,זו 18.
2391
avec lui, disant : Vous occupez
Joppé 61 Gazara, et la citadelle qui
est à Jérusalem, cités de mon
royaume ;
29. Vous en avez désolé les con-
fins, et vous avez fait un grand
ravage dans le pays;et vous avez
dominé en beaucoup delieux dans
mon royaume.
30. Maintenant done rendez les
cités que vous avez prises, et les
£ributs des lieux surlesquels vous
avez dominé hors des confins de
18 Judée ;
31. Sinon, donnez pour ces
cités-là cinq cents talents d'ar-
gent; et pour le grand dégât
que vous avez fait et pour les
tributs des cités, cinq cents au-
tres talents; sinon, nous vien-
drons et nous vous ferons la
guerre.
32. Et Athénobius, ami du roi,
vint à Jérusalem, et vit la gloire
de Simon, et l'éclat de son or et
de son argent, et son riche mobi-
lier; et il fut frappé d'étonne-
ment, et lui rapporta les paroles
du roi.
39. Et Simon lui répondit et
jui dit: Nous n'avons pas pris la
terre d'autrui, et nous ne re-
tenons pas le bien d'autrui, mais
l'héritage de nos pères, qui ἃ
été injustement possédé par nos
ennemis pendant quelque temps.
34. Pour nous, en ayant l'occa-
I MACHABEES.
[cu. xv.]
sion, nous recouvrons l'héritage
de nos pères.
35. Car quant à ce dont vous
vous plaignez au sujet de Joppé
et de Gazara, elles ont fait elles-
mémes de grands maux parmi
le peuple, et dans notre pays;
cependant nous donnerons pour
elles cent talents. Et Athénobius
ne lui répondit pas un mot.
36. Mais, revenu avec colère
vers le roi, il lui rapporta ces
paroles, et la gloire de Simon,
et tout ce qu'il avait vu; et
le roi entra dans une grande co-
lere.
37. Cependant Tryphon s'en-
fuit dans un navire à Ortue-
siade.
88. Et le roi établit Gendébée
chef maritime, et iui donna une
armée de fantassins et de cava-
liers.
39. Et il lui commanda de con-
duire son armée contre la Judée;
il commanda aussi de bâtir Gédor,
et de boucher les portes dela cité
et de réduire le peuple par les
armes. Cependant le roi poursui-
vait Tryphon.
40. Et Cendébée vint jusqu'à
Jamnia, et commenca à irriter la
population, et à fouler la Judée,
et à faire des prisonniers parmi
le peuple, et à tuer, et à bâtir
Gédor. ἢ
41. Et il y mit des cavaliers
91, Cinq cents talents d'argent. Voy. x1, 18.
35. Elles- mémes; littér.,et par hébraisme, euz-mémes (?psi), au masculin, parce que
les villes dont il s'agit ici sont mises pour leurs habitants.
31. Orlhosiade, ville de la Phénicie, vis-à-vis de l'ile d'Arada (vers. 23).
38. * On ne sait de Cendébée que ce qui est raconté ici et dans le chapitre suivant.
39, 40. Gédor, ville de la Palestine, que l'on place aux environs de Jamnia et d'Azot
(1v, 15, et Josué, xv, 58).
39. * Le roi Antiochus VII poursuivait Tryphon d'Orthosiade jusqu'à Apamée, où
Tryphon avait été élevé et où il trouva la mort, plus haut, xr, 39.
[cH. xvr.]
et une armée de fantassins, afin
que, sortis de 70,115 parcourussent
les routes de la Judée, commele
roi lui avait ordonné.
CHAPITRE XVI.
Guerre de Cendébée contre les, Juifs. Il
est mis en fuite par les fils de Simon.
Simon esttué par Ptolémée, son gendre.
Jean Hyrcan 80066606 à Simon son père.
4, Or Jean monta de Gazara,
et annonça à Simon, son père, ce
que Cendébée avait fait dans leur
peuple.
9. Et Simon appela ses deux
fils les plus âgés, Judas et Jean,
et leur dit : Moi et mes freres,
et 18 maison de mon père, avons
combattu les ennemis d'Israël,
depuis notre jeunesse jusqu'à ce
jour; et la prospérité est venue
en nos mains pour délivrer quel-
quefois Israël.
3. Mais maintenant j'ai vieilli;
mais prenez ma place, et celle de
mes freres, et sortez, combattez
pour notre nation, et que le se-
cours du ciel soit avec vous.
4. Et il choisit de la contrée
vingt mille hommes de guerre
fantassins et des cavaliers; et ils
partirent contre Cendébée, et dor-
mirent à Modin.
5. Et ils se levèrent dès le ma-
lin et s'enallerent dans 18 plaine;
I MACHABÉES.
2235
et voilà une grande armée. de
fantassins et de cavaliers à leur
rencontre, et un fleuve rapide
était au milieu d'eux.
6. Et il transporta le camp en
face des ennemis, lui et son peu-
ple; etil vit que le peuple crai-
gnait de traverser le torrent, et il
traversa le premier; et ses hom-
mes le virent, et passèrent après
lui.
1. Et il divisale peuple, et mit
les cavaliers au milieu des fan-
tassins; or la cavalerie des enne-
mis était très nombreuse.
8. Et ils firent retentir les trom-
pettes sacrées, et Cendébée fut
mis en fuite ainsi que son camp ;
etil tomba d'entre eux un grand
nombre de blessés, et le reste
s'enfuit dans la forteresse.
9. Alors fut blessé Judas, frere
de Jean; mais Jean les poursuivit
jusqu'à ce que Cendébée füt venu
à Cédron, qu’il avait bâtie.
10. Et ils s'enfuirent jusqu'aux
tours qui étaient dans les champs
d'Azot, et il y mit le feu. Et il
tomba d'entre eux deux mille
hommes, et il retourna en paix
dans la Judée.
11. Or Ptolémée, fils d'Abobi,
avait été établi chef dans la plaine
de Jéricho, et il avait beaucoup
d'argent et d'or;
1, 19, 21. Gazara, Voy. xiv, 34.
1. * Jean, surnommé Hyrcan, qui devait succéder à son pére Simon. comme prince
et grand prèlre des Juifs (135-105), était probablement le frère cadet de Judas,
vers, 2, mais le plus brave et le plus habile des fils de Simon.
3. De mes frères; le grec porte, de mon frère, probablement Jonathas, qui avait été
tué dans le temps qu ‘ils gouvernaient ensemble.
5. * Un fleuve rapide, un gros torrent d'hiver:
8. La forteresse de Gédor, qu'il avait fait fortifier, selon l’ordre d'Antiochus (xv, 40).
9. Cédron ne peut être autre que. Gédor. Compar, xv, 39.
10. * Azot. Voir plus haut, v, 18.
11. * Plolémée, fils d'Abobi, ne nous est connu que par le récit de ce chapitre. Son
nom grec semble indiquer des tendances hellénisantes dans sa famille.
2236
12. Car il était le gendre du
grand prêtre.
13. Et son cœur s'exalta, et il
voulait s'emparer du pays, et il
méditait une trahison contre Si-
mon et ses fils, afin de les dé-
truire.
14.0r Simon, parcourant]les ci-
tés qui étaient dans la contrée de
la Judée, et en prenant soin, des-
cendit à Jéricho, lui et Mathathias
son fils et Judas, en l’année cent
soixante-dix-septième et au on-
zieme mois, c'est-à-dire le mois
de Sabath.
15. Et le fils d'Abobi les recut
avec tromperie dans une petite
forteresse qui est appelée Doch,
qu'il avait bâtie, et il leur fit un
grand festin, et cacha dans ce
lieu des hommes.
16. Et lorsque Simon eut fait
bonne chère, ainsi que ses fils,
Ptolémée se leva avec les siens,
et ils prirent leurs armes, et en-
trèrent dans la salle du festin, et
tuérent Simon et ses deux fils et
quelques-uns de ses serviteurs.
17. Hl commit une grande trahi-
son dans Israél, et il rendit le
mal pour le bien.
18. Et Ptolémée écrivit cela et
envoya vers le roi, afin qu'il dé-
I MACHABÉES.
[ca.. x v1.]
péchát une armée à son aide, et
qu'il lui livrât là contrée et ses,
cités, et les tributs.
19. Il envoya aussi. d'autres
gens à Gazara pour se défaire de
Jean; etil envoya aux tribuns des
lettres, afin qu'ils vinssent vers
lui, et qu'il leur donnerait de l'ar-
gent et de l'or, et des présents.
20. Et il envoya d'autres gens
pour se rendre maitre de Jérusa-
lem etde la montagne du temple.
21. Mais un homme, les ayant
prévenus, annonça à Jean 8 Ga-
zara que son pere était mort ainsi
que ses frères, et 16 6
avail envoyé pour le tuer aussi.
99. Dès qu'il apprit cette nou-.
velle, il fut extrèmement épou-
vanté; et il prit les hommes qui
étaient venus pour le perdre, et
il les fit mourir; car il reconnut
qu'ils avaient dessein de le perdre.
93. Et le reste des paroles de
Jean, et de ses guerres, et de ses
bonnes qualités parlesquellesilse
conduisit vaillamment, et le soin
qu'il eut de rebâtir les murs de Jé-
rusalem, et ses autres exploits,
94. Voilà qu'ils sont écrits dans
le livre des jours de son sacer-
doce, depuis qu'il fut fait prince
des prêtres après son père.
44. L'année cent soixante-dix-septième du règne des Grecs, et la cent trente-qua-
trième avant Jésus-Christ. — Sabath, en hébreu Schebat, onzième mois de l'année
sacrée et cinquième de l'année civile. Il commençait à la nouvelle lune de janvier,
selon les rabbins; mais c'était plus probablement à celle de février.
18. Doch; l'historien Josèphe l'appelle Dagon, et la place au-dessus de Jéricho.
16. Eut fait bonne chère. Dans le langage des Hébreux et des Hellénistes, le mot
rendu dans Ja Vulgate par inebriari, signifie aussi boire autant que la soif et la né-
cessité le demandent, ou simplement faire bonne chére; sens que les interprétes lui
donnent généralement ici.
21. Le tuer; littér., te tuer. Cette sorte de changement subit de personne qui n'est
pas rare dans le style biblique, a pour but de donner de la force à l'idée qu'on ex-
prime.
23. Forcé par les exigences de notre langue de nous écarter de la littéralité dans
ce verset, nous croyons cependant l'avoir fait aussi peu que possible.
24. Le livre des Jours, les annales.
MACHABÉES. — INTRODUCTION, 2231 זז
II MACHABÉES
INTRODUCTION
Le second livre des Machabées n'est pas la suite du premier : c'est une œuvre
compléte en soi et indépendante, quoique racontant en partie les mêmes événe-
ments. Elle se divise en deux parties très distinctes, de nature diverse et d'iné-
gale longueur, mais tendant l'une et l'autre au méme but. La première, r-11, 19,
|, est. un. simple recueil. de documents; elle contient deux lettres adressées :
1? par les habitants de Jérusalem aux Juifs d'Egypte, pour les inviter à la fête
des Tabernacles, 1, 1-10? ; 2° par le sanhédrin à Aristobule, précepteur de Pto-
lémée VI, et aux Juifs d'Egypte pour leur annoncer la mort d'Antiochus 111 le
Grand et quelques autres événements importants; elle se termine par une invi-
tation à participer à la fête des Tabernacles, 1, 10b-11, 19.
2» La seconde partie est l'histoire proprement dite. Après une préface, ir, 20-33,
dans laquelle il indique qu'il va résumer les cinq livres de Jason de Cyréne,
l'auteur raconte en deux sections, cf. u, 23 : 1? les événements de l'histoire
juive qui se sont accomplis sous le régne d'Antiochus Epiphane et en particulier
ses persécutions, ΠΙ-Χ, 9; 2° les événements qui se rapportent au règne d'Antio-
chus Eupator, x, 10-xv. Chacune des deux sections se termine par la mention
de l'institution d'une féte, x, 6; xv, 36-37. — Ce livre embrasse une période de
quinze ans, de 175 à 161 avant J.-C., c'est-à-dire de la dernière année ou à peu
près de Séleucus IV, mort en 175, à la mort de Nicanor en 164.
Il ἃ été écrit en grec, comme l'atteste S. Jérôme. ἃ part quelques hébraismes
que l'on rencontre chez tous les écrivains juifs qui ont rédigé leurs ouvrages en
grec, le style est pur et, pour le fond, semblable à celui des écrivains profanes
du dernier siècle avant J.-C. La phrase est arrondie, coulante et riche en locutions
véritablement grecques.
Des rétlexions dont l'auteur parsème son récit, il résulte qu'il n'écrit pas seu-
lement pour raconter, mais aussi pour instruire et édifier. Les deux lettres
qu'il rapporte en commençant, dans sa première partie, n'ont pas uniquement
pour but de donner une première vue d'ensemble sur les événements qu'il rap-
portera ensuite plus au long, mais aussi d'exciter les Juifs à la célébrationugdes
fétes religieuses et à l'assistance aux sacrifices offerts en l'honneur de Dieu
dans le temple. Faire ressortir la saintelé de la maison du Seigneur est une des
choses qu'il a le plus à cœur et comme le but principal de son œuvre ; il exalte
le temple par toute sorte d'épithétes; il montre les étrangers lui rendant hon-
neur; il raconte tous les traits qui peuvent en rehausser la gloire et l'éclat ; les
deux fêtes instituées par Judas Machabée, en mémoire de la purification du
temple et de la victoire sur Nicanor qui avait insulté la maison de Dieu, sont
comme le pivot de son récit, car chacune de ses deux parties se termine par la
mention de ces jours commémoratifs ; il conclut méme son ouvrage, aprés avoir
2298 ii MACHABÉES.
parlé dé la dernière, sans nous faire connaître la fin de Judas. A une époque où
les Juifs étaient dispersés partout, il était d'une extréme importance, pour la
conservation de leur religion, qu'ils n'oubliassent point la sainteté du temple,
qu'ils n'en érigeassent point à l'étranger et qu'ils contractassent l'habitude du
pèlerinage à Jérusalem.
L'auteur était un Juif helléniste, qui avait vécu ou vivait à Jérusalem, mais il
(ex. 1.]
est d'ailleurs complétement inconnu.
CHAPITRE PREMIER.
Lettre des Juifs de Judée à ceux d'Egypte,
pour leur recommander de célébrer la
féte dela nouvelle dédicace du temple.
Autre lettre pour les exhorter à célé-
brer avec eux la féte de la nouvelle dé-
dicace du temple et celle du recouvre-
ment du feu sacré,
1. Aux Juifsleurs frères quisont
répandus en Egypte, les Juifs qui
sont dans Jérusalem et dans le
pays de Judée, disent salut et heu-
reuse paix.
9. Que Dieu bien vous fasse;
quil se souvienne de l'alliance
qu'il a contractée avec Abraham,
Isaac et Jacob; qu'il se souvienne
de ses serviteurs fideles.
3. Qu'il vous donne à tous un
. cœur, afin que vous l'adoriez, et
que vous fassiez sa volonté avec
un cœur grand, et un esprit do-
2116.
4. Qu'il ouvre votre cœur à sa
loi et à ses préceptes, et qu'il eous
donne la paix.
5. Qu'il exauce vos prieres, et
qu'il se réconcilie avec vous et
qu'il ne vous abandonne point au
temps mauvais.
6. Et maintenant nous sommes
ici priant pour vous.
1.Démétriusrégnant,en l'année
cent soixante-neuvième, nous,
Juifs, nous vous avons écrit, dans
la tribulation et l'agitation qui
nous survint duranl ces années,
depuis que Jason se fut retiré de
la terre sainte et du royaume.
8. Ils brülérent la porte du
temple et répandirent le sang
innocent; et nous priâmes le Sei-
gneur, et nous fümes exaucés,
et nous offrimes le sacrifice et la
fleur defarine,et nous allumâmes
les lampes, et nous exposámesles
pains.
9. Et maintenant célébrezlaféte
2. De ses servileurs fidèles étant au génitif (servorum suorum fidelium), représente
nécessairement 16 complément du verbe qu'il se souvienne (memineril) ; voilà 0
dx as notre traduction nous avons répété ce verbe.
1. L'année cent soirante-neuvième du règne des Grecs, la cent quarante-deuxième
avant Jésus-Christ. — * Démétrius II Nicator. Voir 1 Machabées, x, 61. — Jason. Voir
plus loin, 1v, 7.
8. Ils óválérent, etc. Voy. 1 Machab.,
etc. Compar. I Machab. ,1V, 56 et suiv.
1, 39 et suiv.;
vi, 49 et suiv. — Nous ir
9-10. * La date qui est donnée au commencement du. vers. 10, l'an 188 de l'ére des
Séleucides, est celle de la lettre contenue dans les vers. 1-9 et non celle de la lettre,
qui commence dans le vers. 10, aux mots :
porte pas de date.
Le peuple, etc. Cette seconde "us Ue
9. La scénopégie. Voy. 1 Machab., x, 22. pria: lI Machab:, x, 6 et ו
Casleu. Noy. 1 Machab,, x, 31,
{ΠῚ Ἵ
1 C6 1}
(em. 1.)
de la scénopégie du mois de Cas-
leu. *
10. En l'année cent quatre-
vingt-huitieme, le peuple qui est
dans Jérusalem et dans la Judée,
le Sénat et Judas, à Aristobule,
précepteur du roi Ptolémée, de
la race des prêtres sacrés, et aux
Juifs qui sont en Egypte, salut et
prospérité. |
11. Délivrés de grands périls
par Dieu, nous lui rendons aussi
grandement gráce, attendu que
nous avons combattu contre un
tel roi.
19. Car ce fut lui qui fit sortir
de Perse ceux qui combattirent
contre nous et la sainte cité.
13. Car lorsquece cheflui-méme
était en Perse, et avec lui une
armée très considérable, il pé-
rit dansle temple de Nanée, trom-
pé par le conseil des prétres de
, Nanée.
14. Car Antiochus y vint avec
ses amis pour épouser la déesse
et afin de recevoir de grandes
sommes d'argent àtitre de dot.
15. Et lorsque les prêtres de Na-
ii MAGHABÉES.
2239
née les eurent présentées et que
lui-même fut entré avec peu de
gens dans l'intérieur du lieu sa-
cré, ils refermèrent le temple,
16. Lorsqu'Antiochus fut entré,
puis ayant ouvert l'entrée se-
crète du temple, ils lancèrent des
pierres et frappèrent le chef et
ceux qui étaient avec lui, et ceux
qui l'accompagnaient, et /e déchi-
rerent membre pàr membre, et
leur ayant coupé 18 tête, ils 5
jeterent dehors.
11. Béni soit Dieu en toutes
choses, lui qui a livré les impies.
18. Devant donc faire au vingt-
cinquième jour du mois de Cas-
leu la purification du temple,
nous avons cru nécessaire de
vous le faire savoir, afin que
vous aussi, vous célébriez le
jour de la scénopégie et le jogr
du feu qui fut donné, quand Né-
hémie, le temple ayant été bâti
ainsi que l'autel, offrit des sacri-
fices.
19. Car lorsque nos pères fu-
rent emmenés en Perse, les pré-
tres alors occupés au service di-
10. L'année cent quatre-vingl-huitiéme; la cent vingt-troisième avant Jésus-Christ.
— Judas, eu égard au temps, ne saurait étre Judas Machabée, mais ce pourrait étre
Judas l'Essénien, prophète célèbre dont parle Joséphe (Anliqg., 1. xuz, c. xix). — Salut
(salutem), etc. Voy. I Mach., x, 18. — * Aristobule, précepteur du roi Ptolémée VI Phi-
: lométor (181-246), est le philosophe péripatéticien de ce nom qui dédia à Ptolémée VI
;son exposition allégorique du Pentateuque.
11. Contre un lel roi: Antiochus Sidètes, selon la plupart des interprètes, ou An-
tiochus Epiphane suivant quelques-uns. — * Ou plutôt Antiochus 111 le Grand (222-
187) qui, d’après le récit des auteurs profanes, périt massacré par les habitants d'une
ville de Perse dont il voulait piller le temple. Les Romains, apres l'avoir compléte-
ment battu à Magnésie, lui avaient imposé un lourd tribut qu'il était hors d'état de
payer. Voir I Machabées, vin, 6-7.
19. De Perse. Les Juifs, du temps de l'auteur de ce livre, comprenaient sous le
nom de Perse, tout le pays situé au delà de l'Euphrate. — * Le mot de Perse ne se lit
" pas dans le texte grec; il se trouve seulement au vers. 43,
13. Nanée, déesse des Perses, la Diane des Grecs.
44. * Avec ses umis. Voir 1 Machabées, τι, 18.
18. Devant donc, etc. Voy. vers. 9. — Le jour du feu, etc., c'est-à-dire, la fête de
la découverte du feu sacré au temps de Néhémie.
19, En Perse, c'est-à-dire, en Chaldée. Voy. vers. 42, — * D'après une tradilion,
2240
vin, ayant pris secrètement le feu
qui était sur l'autel, le cachèrent
dans une vallée, où il y avait un
puits profond et desséché; et ils
ly mirent en süreté, de telle
sorte que ce lieu demeurát in-
connu à tous.
20. Mais lorsque beaucoup d'an-
nées se furent écoulées, il plut
à Dieu que Néhémie füt envoyé
en Judée par le roi de Perse; il
envoya les petits-fils de ces pré-
tres qui avaient caché le feu, pour
le chercher, et comme ils nous
lont raconté, ils ne trouverent
point le feu, mais seulement une
eau épaisse.
91. Et le prêtre Néhémie leur
commanda de puiser cette eau et
de /a lui apporter; etil leur com-
manda d'asperger avec cette eau
et les victimes qui avaient été
mises sur l’aulel, et le bois, et ce
qui avait élé mis dessus.
99, Et des que cela fut fait,
et qu'arriva le temps auquel res-
plendit le soleil, qui était au-
paravant dans un nuage, il s'al-
luma un grand feu, en sorte que
tous furent dans l'admiration.
23. Gependant tous les prétres
faisaient la prière jusqu'à ce que
le sacrifice 11) consumé, Jona-
thas commençant et les autres ré-
pondant.
Il MACHABEES.
(cu. 1.)
94. Et la prière de Néhémie était
ainsi : Seigneur, Dieu créateur de
. touteschoses, terribleetfort,juste
et miséricordieux, qui seul êtes
bon roi.
25. Seul excellent, seul juste,
et tout-puissant, et éternel, qui
délivrez Israël de tout mal, qui
avez choisi nos pères et les avez
sanctifiés;
26. Recevez ce sacrifice pour
tout votre peuple Israël, conser-
vez votre portion, et la sanctifiez.
97. Rassemblez nos /réres dis-
persés, délivrez ceux qui sont
esclaves des gentils, et regardez
ceux qui sont méprisés et abomi-
nés, afin que les nations sachent
que c'est vous qui êtes notre Dieu.
28. Affligez ceux qui nous op-
priment et qui nous outragent
avec orgueil.
29. Etablissez votre peuple dans
votre lieu saint, comme ἃ dit
Moise.
30. Cependant les prêtres chan-
taient des hymnes, jusqu'à ce que
le sacrifice füt consumé.
31. Mais, lorsque le sacrifice fut
consumé, Néhémie commanda
que le reste de l'eau 101 versé sur
les grandes pierres.
32. Dès que cela eut été fait, il
s'y alluma une grande flamme :
mais par une lumiere qui resplen-
Cab. I. 29. Deut., xxx, 3, 5; Infra, 11, 18.
le puits profond serait le puits appelé aujourd'hui Bir Eyoub, ou puits de Job, à
l'endroit où la vallée d'Hinnom se joint avec la vallée du Cédron. |
20. Il plut (placuit) est précédé de et; mais cette particule est ici purement, pléo-
aastique; elle ne sert qu'à marquer l'apodose. Bien qu'elle ne puisse s'exprimer en
français, elle a le sens de alors, dans ce cas, cela supposé. — * Néhémie fut envoyé
par le roi de Perse Artaxerxes Longuemain. Voir l'Introduction au second livre d'Esdras.
23. * Jonathas, grand prêtre du temps de Néhémie, Il Esdras, xu, 11.
26. Votre portion, votre héritage, votre peuple Israël.
29. Comme a dit Moise. Voy. Deuléron., xxx, 3 et suiv.
32. Il s'y alluma, sur les pierres arrosées d'eau (vers. 31).
]6₪. π.]
dit de l'autel elle fut consumée.
33. Mais dés que la chose de-
vinl publique, on rapporta au roi
de Perse que dans lelieu dans le-
quel les prétres qui avaient été
emmenés captifs avaient caché le
feu sacré, avait paru une eau dont
Néhémie et ceux qui étaient avec
lui avaient purifié les sacrifices.
34. Or, le roi considérant et
examinant soigneusement la cho-
se, afin de vérifier ce qui s'était
passé, fil bdtir en ce méme lieu
un temple.
35. Et lorsqu'il eut vérifié ce qui
s'était passé, 11 donna aux prêtres
de grands biens, et leur fit divers
présents, et les prenant de sa pro-
pre main, il /es leur distribuait.
36. Or Néhémie appela ce lieu
Nephtar, qui signifie purification.
Mais il est appelé par la plupart
Néphi.
CHAPITRE Il.
Suite de la lettre précédente, où se trou-
vent diverses particularités arrivées au
temps de la transmigration des Juifs à
Babylone. Préface οὐ l'auteur de ce livre
expose son dessein.
1. Or on trouve, dans les écrits
du prophète Jérémie, qu'il com-
manda à ceux qui émigraient de
prendre le feu sacré, comme on
Cuae. II. 4. Deut., xxxiv, 1.
1 MACHABÉES.
2241
l'aindiqué auparavant, etcomme
il avait commandé aux émigrés
précédents.
2. Et il leur donna la loi, afin
qu'ils n'oubliassent pas les pré
ceptes du Seigneur, et que leur
esprit ne les égarât point, lors-
quils verraient les idoles d'or et
d'argent et leurs ornements.
3. Et disant d'autres choses de
cette sorte, il les exhortait à ne
pas éloigner la loi de leur cœur.
4. Il était aussi marqué, dans
le méme écrit, comment le pro-
phéte, une réponse divine lui
ayant été faite, commanda qu'on
apportât avec lui le tabernacle et
l'arche, jusqu'à ce qu'il füt arrivé
à la montagne, sur laquelle Moise
monta et vit l'héritage de Dieu.
5. Et venant là, Jérémie trouva
un lieu oü était une caverne; et
il y porta le tabernacle, l'arche
el l'autel des parfums; et 11 bou-
cha l'entrée.
6. Or quelques-uns de ceux qui
l'avaient suivi s'approcherent en-
semble, afin de remarquerle lieu,
et ils ne purent /e trouver.
1. Mais des que Jérémie /e sut,
illes blàma, et dit: Ce lieu sera
inconnu jusqu'à ce que Dieu ras-
semble tout le peuple, et qu'il lui
soit propice;
34. * Au lieu de fit bâlir en ce méme lieu un temple, le grec porte : il rendit ce lieu
saint, sacré, inviolable.
36. Néphi est probablement une corruption de Nephlhar; le grec lit Nephtaei. Le
mot Nephthar parait être lui-même une corruption de Nechphar, dérivé du verbe hé-
breu cáphar, dont on trouve (Deutér., xxt, 8), la forme niccaphér, pour nithcaphér,
qui signifie &/ a été expié.
1. Dans les écrits, etc. Ces écrits étaient encore entre les mains des Juifs, lorsqu'ils
écrivirent cette lettre; mais on ne les trouve plus depuis fort longtemps dans les
écrits qui nous restent de Jérémie.
4. Sur laquelle Moise, etc. Voy. Deutér., xxxiv, 4.
7. Ce lieu. Le mot quod, qui précéde dans la Vulgate, est un pur hébraisme Com-
par. quoniam, 1 Machab., xiv, 28.
ו
141
5919
8. Et alorsle Seigheur montrera
ces choses, et la majesté du Sei-
gneur apparaîtra, et il y aura une
nuée, et comme lorsque cette ma-
jesté élait manifestée à Moïse et
comme lorsque Salomon deman-
da que le temple füt sanctifié pour
le grand Dieu, il les manifestait.
9. Car il relevait magnifique-
ment sa sagesse, et c'est comme
un homme possédant la sagesse
qu'il offrit le sacrifice de la dédi-
cace et de la consommation du
temple.
10. Et de méme que Moise
priait le Seigneur, et qu'un feu
descendit du ciel et consuma l'ho-
locauste, de méme aussi Salomon
pria, et le feu descendit du ciel et
consuma l'holocauste.
44. Et Moise dit : Parce que ce
qui était offert pour 16 péché n'a
point été mangé, il ἃ été consumé
par le feu;
19. Pareillement aussi, Salo-
mon célébra pendant huit jours
la dédicace du temple.
13. Orces mémes choses étaient
portées dans les écrits, et dans
les mémoires de Néhémie, ainsi
que la maniere dont il forma une
it MACHABÉES.
(eu. 1i. ]
bibliothèque, et rassembla de di-
verses contrées les livres et des
prophètes, et de David, et les let-
tres des rois, et ce qui regardait
les dons faits au temple.
14. Pareillement aussi, Judas a
recueilli tout ce qui s'était perdu
pendant la guerre qui nous était
arrivée, et ces écrits sont chez
nous.
15. Si donc vous les désirez,
envoyez-nous des personnes qui
vous les portent.
16. C'est pourquoi, devant cé-
lébrer la purification, nous vous
avons écrit; vous ferez donc bien
si vous célébrez ces jours.
17. Or Dieu, qui a délivré son
peuple, et a rendu /eur héritage
à Lous, et a rétablile royaume, le
sacerdoce et le lieu saint,
18. Comme 11 78 promis dans la
loi, nous espérons que bientót il
aura pilié de nous, et nous ras-
semblera de dessous le ciel, dans
le lieu saint :
19. Car 1 nous a délivrés de
grands périls, et il a purifié le
saint lieu.
20. Mais quant à Judas Macha-
bée et ses freres, et à la purifica-
8. III Rois, vin, 11; II Par., vr, 14. — 10. Lévit., 1x, 24; II Par., ט 1. — 14. Lévit.,
x, 16, 17. — 18. Deut., xxx, 3, 5; Supra, τ, 29.
8. Comme lorsque Salomon, etc. Voy. 111 Rois, vrrr, 14; II Paralip., vr, 14. -- les
manifeslait, c'est-à-dire, le Seigneur manifestait ces choses (Læc), les choses men-
tionnées au commencement du verset.
9. * De la consommation du temple. Le temple ne fut pour ainsi dire complètement
achevé, que lorsqu'il fut dédié, parce qu'alors seulement Dieu put y être honoré
selon tous les rites.
10. Moise priait, etc. Voy. Lévitiq., 1x, 24. — Salomon pria, etc. Voy. 11 Paralip., vu, 1.
11. Moïse dit, etc. Voy. Lévitiq., x, 16, AT.
3. * Dans les mémoires de Néhémie, aujourd'hui perdus.
14. * Pareillement, comme l'avait fait Néhémie.
16. La purification; c'est la 1616 dont il est parlé, 1, 18.
17. Le lieu saint; littér., la sanctification. Compar. I Machab., 1, 23.
19. Ici finit la lettre des Juifs.
20. Depuis ce verset jusqu'à la fin du chapitre, préface de l’auteur de ce Xi:re,
Ajoutons qu'iei commence une phrase qui ne se termine qu'au vera. 24.
(cu. n.)
tion du grand temple, et à la dé-
dicace de l'autel,
91. Et aussiles combats qui ont
eu lieu sous Antiochusle Noble et
sous son fils Eupator;
22. Et les apparitions qui sont
venues du ciel en faveur de
ceux qui ont combattu courageu-
sement pour les Juifs; en sorle
qu'ils ont conquis toute la con-
irée, quoiqu'ils fussent en pe-
üt nombre, et quils ont mis
en fuite la multitude des bar-
bares;
93. Et qu'ils ont recouvré le
temple, le plus fameux qui soit
dans tout l'univers, délivré la ci-
té, et rétabli les lois qui avaient
été abolies, le Seigneur leur étant
devenu propice en leuraccordant
toute tranquillité ;
24. De méme aussi, quant à ce
qui à élé compris par Jason le
Cyrénéen en cinq livres, nous
avons tenté de l'abréger en un
seul volume.
95. Car considérant la multi-
tude des livres et la difficulté
quily a pour ceux qui veulent
aborder les récits historiques,
à cause de la multitude des
choses,
26. Nous avons mis nos soins à
ce que notre travail füt pour ceux
qui voudraient bien le lire un
il MACHABÉES.
2243
amusement d'esprit; de-maniere
cependant que les hommes stu-
dieux pussent plus facilement /e
confier à la mémoire; et que,
pour tous ceux qui le liraient, il
eüt de l'utilité.
27. Or, quant à nous, qui nous
sommes chargés d'abréger cet
ouvrage, ce n'est pas un travail
facile que nous avons entrepris,
au contraire, c'est une œuvre
pleine de veilles et de sueur.
28. Comme ceux qui préparent
un festin cherchent à se rendre
au désir des autres, ainsi, en fa-
veur d'un grand nombre, nous
entreprenons volonliers ce tra-
vail.
29. Nous nous reposons certai-
nement de la vérité de chaque
chose sur les auleurs, mais nous
nous attachons à abréger, dans la
forme qui a été donnée par les
auteurs.
30. Car, comme c'est à l'archi-
tecte d'une maison nouvelle à
avoirsoindetoutelaconstruction,
et à celui qui est chargé de pein-
dre à rechercher ce qui est propre
à l'embellir, ainsi on doit juger de
nous.
31. Car recueillir ce qu'il sait,
et raconter avec ordre, et recher-
cher avec le plus grand soin les
circonstances particulières, c'est
21. Le Noble. Voy. 1 Mach., x, 1. — * Sur Anliochus IV Epiphane, voir I Machabées,
1, 14 et .טנטפ — Sur Antiochus V Eupator, voir | Machubées, 11, 32.
22. Les apparilions. C'est le vrai sens du mot i/uminationibus, expliqué par le cor-
respondant du texte grec. Compar. d'ailleurs les chapitres suivants, πὶ, 25, 26; v, 2, 5.
23. * Le temple, la cité de Jérusalem.
24. * Jason le Cyrénéen. Sa personne ^t sa vie nous sont inconnues. On peut seule-
ment admettre avec vraisemblance qu'étant de Cyrène, ville d'Afrique où les Juifs
étaient nombreux et parlaient grec, il avait lui-même écrit en grec. — Sur Cyrène,
voir Actes, 11, 10.
28. L'auteur semble faire allusion à la coutume recue chez les anciens, de choisir
dans les festins quelqu'un d'entre eux pour avoir soin de préparer tout ce qui était
nécessaire pour le festin et de faire ensuite que chacun des conviés füt content,
2244
28 qui convient à l'auteur d'une
histoire.
32. Mais chercher la brièveté du
discours, et éviter les développe-
ments des choses, c'est ce qu'on
doitaccorder à celui qui fait un
abrégé.
33. Dés ce moment donc, nous
commencerons notre narralion ;
que ce que nous avons dit suffise
pour la préface; car il serait in-
sensé d'étre diffus avant de com-
mencer une histoire et d'étre con-
cis dans l'histoire méme.
CHAPITRE III.
Bonheur des Juifs sous le pontificat d'O-
nias III. Simon, préfet du temple, fait
savoir à Séleucus, roi de Syrie, qu'il y
a de grands trésors dans le temple.
Héliodore est envoyé pour les enlever.
Dieu le chátie par la main des anges.
1. Donc, lorsque la sainte cité
était habitée en toute paix,et que
les.lois aussi étaient encore par-
1 MACHABÉES.
fcu. nr.)
faitement observées, à cause de
la piété d'Onias, le pontife, et des
esprits, qui avaient en haine le
mal,
2. Il arrivait que les rois eux-
mémes et les princes jugeaient ce
lieu digne du plus grand honneur,
et ornaient le temple de très ri-
ches présents.
3. En sorte que Séleucus, roi
d'Asie, pourvoyait de ses reve-
nus à toutes les dépenses qui
regardaient le ministère des sa-
crifices.
4. Mais Simon, de la tribu de
Benjamin, constitué intendant du
temple, s'efforcait, le prince des
prétres s'opposant à lui, d'entre-
prendre quelque chose d'inique
dans la cité.
5. Mais comme il ne pouvait
vaincre Onias, il vint vers Apol-
lonius, fils de Tharsée, qui en ce
lemps-là était gouverneur de la
Cœlésyrie et de la Phénicie;
4. Onias 111. Voy. 1 Mach., xxt, 1.
3. * D'Asie. Voir la note sur I Machabées, viu, 6. — Séleucus est Séleucus IV Philo-
pator, fils et successeur d'Antiochus III le Grand (181-175). Sous les premiers Ptolé-
mées, la Palestine avait appartenu à l'Egypte. Elle était tombée en la possession
d'Antiochus III le Grand, quand ce prince eut remporté en 198 une grande victoire à
Panéas. En mariant sa fille Cléopâtre au jeune Ptolémée V Epiphane, roi d'Egypte,
il lui avait bien donné comme dot les provinces conquises de la Colésyrie, de la Phé-
nicie et de la Palestine, mais en fait, il ne s'en était pas dessaisi, de sorte que son fils
Séleucus IV hérita de la Palestine, comme de toute la Syrie. Le régne de Séleucus IV
fut peu brillant. Accablé sous le poids des impôts que les Romains avaient imposés
à son père (voir I Machabées, vin, 7), sa grande préoccupation fut de se procurer
l'argent nécessaire pour satisfaire ses impitoyables vainqueurs. De là sa tentative
pour faire piller le temple de Jérusalem par Héliodore. 1] périt assassiné par ce méme
Héliodore en 175.
4. Intendant du lemple pour les affaires du dehors, ou purement temporelles,
puisqu'appartenant à la tribu de Benjamin, il n'était ni prétre ni lévite. — * Le dé-
saccord qui s'éleva entre Simon et Onias devait provenir de difficultés concernant les
achats pour le temple. Onias 111 alla plus tard se plaindre au roi de Syrie de la con-
duite de Simon, 1v, 1-6; mais l'auteur sacré ne nous apprend pas quel fut le résultat
de cette démarche. Le grand prétre usurpateur Ménélaüs, dont il est parlé plus loin,
ιν, 23, élait frère d'un Simon, sans doute le méme que celui dont il est question ici.
5. * Apollonius, fils de Tharsée..., gouverneur de la Calésyrie et de la Phénicie, doit
être différent du collecteur d'impôts mentionné plus loin, v, 24 (voir I Machabées,
1, 30). C'est probablement l'Apollonius dont parle Polybe comme d'un homme ayant
une grande situation à la cour de Séleucus et dont le fils, qui portait le méme nom,
était gouverneur de la Colésyrie, celui dont parle 1 Machabées, x, 69,
[cu. ur.]
6. Et il lui annonca que le
irésor public à Jérusalem était
plein de sommes innombrables
d'argent, et quil y avait des ri-
chesses publiques immenses, qui
ne regardaient pas la dépense des
sacrifices, et qu'elles pouvaient
tomber toutes sous la puissance
du roi.
7. Et lorsqu'Apollonius eut in-
formé le roi des sommes d'argent
qui lui avaient été dénoncées, ce-
lui-ci fit venir Héliodore, qui était
chargé de ses affaires, et l'envoya
avec ordre de transporter ledit
argent.
8. Et aussitót Héliodore se mit
en chemin, en appanence comme
s'il allait visiter les cités de )20016-
syrie et de 1161010 ; mais en réa-
lité c'était pour exécuter l'inten-
tion du roi.
9. Mais lorsqu'il fut arrivé à
Jérusalem et qu'il eut été recu
avec bonté dans la cité par le
grand prêtre, il lui rapporta l'avis
donné au roi sur les sommes
d'argent, et lui manifesta pour
quel motif il était venu; et il lui
demandait si les choses étaient
ainsi. |
10. Alors le grand prétre lui re-
présenta que cet argent était dé-
posé dans le temple, et que c'était
II MACHABÉES.
2245
la subsistance des veuves et des
orphelins ;
11. Qu'une partie méme dans ce
dont limpie Simon avait donné
avis appartenait à Hircan-Tobie,
homme éminent; mais que toute
la somme consistait en quatre
cents talents d'argent et en deux
cents d'or;
12. Mais que tromper ceux qui
avaient confié /eur argent à un
lieu et à un temple qui dans le
monde entier était honoré pour
sa vénération et sa sainteté, était
entierement impossible.
13. Mais Héliodore, à cause des
ordres qu'il avait recus du roi,
disait qu'il fallait qu'à tout prix
cet argent füt porté au roi.
14. Ainsi au jour marqué, Hé-
liodore entrait dans le temple,
pour exécuter cette entreprise.
Cependant une agitation consi-
dérable régnait dans la cité en-
tiere.
15. Or les prétres avec leurs
robes sacerdotales, se prosterne-
rent devant 180161, et ils invo-
quaient dans le ciel celui qui a
établi la loi sur les dépóts, afin
quil les conservát saufs à ceux
qui les avaient faits.
16. Mais celui qui voyait le vi-
sage du grand prétre était blessé
1. Chargé de ses affaires (super negotia ejus), c'est-à-dire, surintendant de ses fi-
nances. — " On a trouvé en 1877 et 1879 dans l'ile de Délos deux inscriptions grec-
ques qui se rapportent à Héliodore. Elles nous font connaitre que son pére s'appelait
Eschyle et qu'il était originaire d'Antioche. L'une d'elles lui donne le méme titre que
le livre des Machabées, lequel correspond à trésorier du roi. Héliodore assassina
peu aprés son maitre Séleucus IV Philopator (115).
41. Talents. Voy. 1 Mach , xi, 28. — * Hircan- Tobie ou fils de Tobie est, selon les
uns, un fils de Tobie et d'une sœur du grand prêtre Onias III; selon d'autres, c'est
seulement un petit-fils de Tobie, dont le père s'appelait Joseph et le méme que cet
Hircan dont Joséphe raconte l'histoire et qui joua à cette époque un rôle politique
important.
16. Sa face el sa couleur; pour La couleur dé sa face: figure grammaticale dont la
Bible fournit plusieurs exemples.
2216
au cœur: car sa face et sa couleur
changée annonçaient la douleur
intérieure de son âme.
17. Car une certaine tristesse
était répandue sur ce£ homme,
ainsi qu'une horreur dont son
corps élait saisi, horreur par la-
quelle la douleur de son cœur
devenait manifeste pour ceux qui
le regardaient.
48. D'autres aussi accouraient
par troupes de leurs maisons, con-
jurant Dieu par des prières pu-
bliques, à cause que le lieu saint
allait étre exposé au mépris.
19. Et les femmes, le sein cou-
vert de cilices, accouraient en
foule sur les places publiques, et
les vierges mémes, qui étaient
enfermées, couraient les unes
vers Onias, les autres vers les
murs, et quelques-unes regar-
daient par les fenêtres ;
90. Mais toutes, tendant les
mains vers le ciel, priaient avec
instance.
21. Car déplorable était l'attente
de cette multitude confuse et du
grand prétre livré à l'angoisse.
99. Et ceux-ci donc invoquaient
le Dieu tout-puissant, afin que le
dépót fütconservé dans toute son
intégrité à ceux qui l'avaient
confié.
93. Mais Héliodore exécutait ce
qu'il avait décidé, étant lui-méme
présent dans le méme lieu avec
les gardes autour du trésor.
24. Mais l'esprit du Dieu tout-
II MACHABÉES,
[cir. nt]
puissant se montra avec une
grande évidence, en sorte que
tous ceux qui avaient osé obéir à
Héliodore, renversés parla vertu
de Dieu, tomberent dansla défail-
lance et la frayeur.
25. Car il leur apparut un che-
val orné d'un trés beau capara-
con, ayant un cavalier terrible;
et ce cheval froissa Héliodore
avec les pieds de devant, et celui
qui le montait semblait avoir des
armes d'or.
26. Parurent aussi deux autres
jeunes hommes, remarquables
par leur force, brillants de gloire
et riches dans leur vétement; les-
quels se tinrent autour de lui, et
ils le flagellaient des deux cótés,
le frappant sans reláche d'un
grand nombre de coups.
27. À l'instant done Héliodore
tomba par terre, et on l'enleva
enveloppé dans une grande obs-
curité, et apres l'avoir mis dans
une chaise à porteurs, on le jeta
hors dw temple.
98. Ainsi celui qui entra dans
ledit trésor avec un grand nombre
de coureurs et de gardes était
emporté, nul ne lui portant se-
cours, la vertu manifeste de Dieu
ayant été reconnue.
99. Et lui, par cette vertu divine,
était couché muet, et privé de
toute espérance et de guérison.
30. Mais les Juifs bénissaient le
Seigneur, parce quil magnifiait
| son lieu saint; et le temple qui
-.-,͵,͵ο᾿͵᾿᾽᾿᾽᾿Τττιιτι͵7͵ή7ή7ή.ὲ-΄9----------------ς-----ς-Ξ-------------- 5. οθ.ρ.5
11. Cet, pronom représenté par l'article déterminatif qui se lit dans le texte grec,
et qui dans le style biblique se met pour le pronom démonstratif et possessif.
19. Les vierges, etc. Dans lorient, les filles ne paraissent presque jamais au dehors
de la maison. C'est pour cela que les Hébreux et les Arabes les désignent par des
termes qui signifient cachées, séparées.
29. De toute espérance el de quérison ; pour de toute espérance de guérison, Compar.
X
vers. 16,
(cg. 1v.]
peu auparavant était plein de
crainte et de tumulte, le Seigneur
tout-puissant apparaissant, fut
rempli de joie et d'allégresse.
31. Et alors quelques-uns des
amis d'Héliodore priaient Onias
d'invoquerle Très-Haut, afin qu'il
donnát la vie à celui qui se trou-
vait à son dernier moment.
32. Or le grand prétre, consi-
dérant que le roi pourrait peut-
étre soupconner les Juifs d'avoir
commis quelque attentat contre
Héliodore, offrit pour la guérison
de cet homme une hostie salu-
taire.
33. Et lorsque le grand prêtre
priait, les mémesjeuneshommes,
revétus des mémes habits, se pré-
sentant à Héliodore, dirent :
Rends gráces au grand prétre
Onias, car à cause de lui le Sei-
gneur t'a donné la vie.
34. Mais toi, chátié par Dieu,
annonce à tous les merveilles de
Dieu et sa puissance. El cela dit,
ils ne parurent plus.
35. Or Héliodore, ayant offert
une hostie à Dieu, et voué de
grandes promesses à celui qui
lui accorda de vivre, et ayant
rendu grâces à Onias et rejoint
l'armée, retourna vers le roi.
90. Or il rendait témoignage à
tous des œuvres du grand Dieu,
qu'il avait vues de ses yeux.
31. Et comme le roi demanda à
Héliodore, qui étail propre à être
envoyé encore une fois à Jérusa-
lem, il dit :
38. Si vous avez quelque enne-
II MACHABÉES. 2247
mi ou quelqu un formant des des-
seins contre votre royaume, en-
voyez-le là, et vous le recevrez
flagellé, si toutefois il en revient,
parce qu'en ce lieu il y a vraiment
quelque vertu de Dieu.
39. Car celui qui a dans les
cieux son habitation est le visi-
teur et le protecteur de ce lieu, et
ceux qui y viennent pour mal
faire, il les frappe et les détruit.
40. Ainsi par rapport à Hélio-
dore et à la conservation du tré-
sor, C'est ainsi que la chose se
passa.
CHAPITRE 1V.
Calomnies de Simon. Jason obtient à prix
d'argent la souveraine sacrificature. Il
commet toutes sortes d'impiétés. An-
tiochus est recu à Jérusalem ; Ménélaüs
supplante Jason. Il est accusé devant
Antiochus et laisse à sa place Lysi-
maque. Onias reprend Ménélaüs, et est
tué par Andronique. Antiochus venge
la mort d'Onias. Lysimaque est tué par
le peuple. Ménélaüs rachéte sa vie par
une somme d'argent.
1. Mais Simon, le délateur qui a
été dit dessommesd'argentetdela
patrie, parlait mal d'Onias, comme
si Onias avait inspiré à Héliodore
ce qu'il avait fait, et qu'il eüt été
l'instigateur de ces maux ;
2. Et le pourvoyeur de la citéet
le défenseur de sa nation, et le
zélateur de laloi de Dieu, il osait
le dire formant des desseins con-
tre le royaume.
9. Mais comme cette inimitié
allait si loin que méme par quel-
ques amis de Simon, il se com-
mettait des meurtres,
31. A son dernier moment; littér., à son supréme souffle.
33. Cet. Voy. sur ce mot, vers. 1T.
39. Son. Voy. sur ce pronom possessif, vers, 11,
3. * Simon. Voir plus haut, ri, 4,
9248
4. Onias,considérant le danger
de cette lutte, et qu'Apollonius
agissait en insensé puisqu' étant
gouverneur de la Colésyrie et de
la Phénicie, il fortifiait la malice
de Simon, se rendit auprès du
roi;
5.Non comme accusateur de ses
concitoyens, mais considérant en
lui-méme l'utilité commune du
peuple tout entier.
6. Car il voyait que sans l'in-
tervention royale il était impos-
sible de pacifier les choses, et
que Simon ne pourraitrenoncer à
sa folie.
7. Mais, après 18 mort de Séleu-
cus, lorsqu'Antiochus, qui était
appelé le Noble, lui eut succédé
dans le royaume, Jason, frère
d'Onias, ambitionnait le souve-
rain sacerdoce.
8. Etant venu vers le roi, lui
promettant trois cent soixante ta-
lents d'argent et quatre-vingts ta-
lents d'autres revenus,
9. Outre celail promettait aussi
cent cinquanle autres talents, si
on lui accordait le pouvoir d'é-
II MACHABÉES.
[cH. 1v.:
tablir un gymnase et une éphé-
bie, et d'inscrire les habitants de
Jérusalem parmi les citoyens
d'Antioche.
10. Lorsque le roi le lui eut
accordé, et qu'il eut obtenu la
principauté, aussitôt il commen-
ca à transporterles coutumes des
gentils parmi ses concitoyens.
11. Et abolissant ce que par
bontéles rois avaient accordé aux
Juifs par l'entremise de Jean, pere
d'Eupoleme, qui fut chargé d'une
légation auprès des Romains, con-
cernant lamitié et l'alliance des
Juifs avec eux, il renversait les
ordonnances légitimes de ses con-
citoyens, et sanclionnail des cons-
titutions perverses.
12. Car il osa établir un gym-
nase sous la citadelle méme, et
exposer tous les jeunes hommes,
les meilleurs, dans les lieux in-
fâmes.
13. Et ce n'était pas un com-
mencement, mais un certain ac-
croissement et un progrès de
la vie paienne et étrangère, cau-
sée par le crime abominable et
—————————————————————— —
4. * Apollonius. Voir plus haut, ur, 5.
6. Sa folie, c'est-à-dire, ses folles entreprises.
1. Le Noble. Voy. 1 Machab., x, 4. — * Séleucus IV Philopator. Voir plus haut, mr, 3.
— Antiochus IV le Noble ou Epiphane, frère et successeur de Séleucus IV (115-164).
Voir 1 Machab., 1, 11 et .טנטפ — Jason est la forme grécisée du nom hébreu Josué
ou Jésus. Ce fut lui-même, dit Josèphe, qui modifia ainsi son nom. 1| voulait mani-
fester ainsi son penchant pour les Grecs et leurs coutumes. ll acheta le souverain
pontificat d'Antiochus Epiphane et en fit dépouiller son propre frère Onias 111. l'en-
dant trois ans, vers 174-171, il travailla à rendre Jérusalem paienne. Les intrigues de
Ménélaüs, qui offrit une plus grosse somme d'argent au roi de Syrie, lui firent perdre .
sa dignité usurpée. ll essaya, mais sans succès, de la recouvrer, et aprés avoir erré
en Arabie et en Egypte, il alla mourir à Lacédémone.
8. Talents. Voy. 1 Mach., ,א 28.
9, 19. Le gymnase dont nous avons déjà parlé (I Mach., τ, 15) était pour les hommes
faits, tandis que l'éphébie était destinée aux exercices des adolescents, comme l'ex-
prime le mot grec éphébie lui-méme.
41. Et abolissant, etc. Voy. 1 Mach., vim, 47. — * Jean, père d'Eupolème. Voir
I Machab., vn, 17.
13. Non prétre; Jason est ainsi désigné parce qu'il avait usurpé le titre de grand
prétre.
(en. 1v.]
inoui de limpie et non prétre
Jason.
14. De telle sorte que les prêtres
nes'attachaientplusaux fonctions
de l'autel, mais que méprisant le
temple et négligeant les sacrifi-
ces, ils se hátaient de prendre part
à la palestre et à son injuste dis-
tribution des priz, et aux exerci-
ces du palet;
15. Et méme comptant pourrien
ce qui faisait honneur à leur pa-
trie, ils regardaient comme par-
faites les gloires des Grecs.
16. A cause de ces gloires, une
dangereuse émulation régnait
parmi eux; etils enviaient leurs
coutumes, et en toutes choses ils
désiraient être semblables à ceux
qu'ils avaient eus pour ennemis
et destructeurs.
47.Car agir d'une manière impie
contre les lois divines impuné-
ment, on n'y parvient pas, et la
circonstance suivante le montre-
rà clairement.
MACHABÉES. זז
2249
18. Or lorsqu'on célébrait à Tyr
les fétes quinquennales en pré-
sence du roi,
19.Le criminel Jason envoya de
Jérusalem des hommes pécheurs
portant trois cents didrachmes
d'argent pour le sacrifice d'Her-
cule; ceux qui les avaient appor-
tés demandèrent qu'ils ne fussent
pas employés à des sacrifices,
parce que cela ne se devait pas,
mais qu'ils fussent destinés à d’au-
tres dépenses.
20. Ainsi ils furent offerts, il
est vrai, par celui qui les avait
envoyés, pour le sacrifice d'Her-
cule; mais à cause de ceux qui
les apporlerent, ils furent em-
ployés à la construction de na-
vires triremes.
21. Cependant Apollonius, fils
de Mnesthée, ayant été envoyé
en Egypte, à cause des grands
de la cour du roi Ptolémée Philo-
métor, lorsque Antiochus eut re-
connu qu'il étaitentièrement éloi-
14. Injusle, parce que les prétres ne pouvaient y participer sans crime. — * La
palestre, l'endroit consacré aux exercices grecs de la gymnastique et ces exercices eux-
mêmes. — Palel, petit disque en métal poli et lourd qu'on lancait au loin.
15. * Les gloires des Grecs, les titres et les dignités grecques, les luttes dans les
jeux publies et les récompenses qui étaient décernées aux vainqueurs des jeux.
11. La circonstance suivante; la suite de cette histoire.
18. * Les fêles quinquennales, probablement une sorte d'imitation des jeux olym-
piques de la Grèce.
19. Le didrachme ou double drachme valait environ quatre-vingts centimes. — Her-
cule était la divinité titulaire de Tyr. — * La divinité phénicienne s'appelait propre-
ment Melkart ou le roi de la cité, et c'était un dieu solaire. Les Grecs l’identifièrent
avec leur Héraklés ou Hercule.
20. * Navires trirémes, vaisseaux de guerre à trois rangs de rames.
21. * Apollonius, fils de Mnesthée, diffèrent de celui dont il est parlé, rz, 5, 1, est
peut-étre celui qu'Antiochus IV Epiphane avait mis à la téte de l'ambassade qu'il
envoya à Rome. Plusieurs croient que c'est aussi le général que ce méme prince envoya
contre Judas Machabée et qui périt dans la bataille racontée I Machab., 1. 30. — Pto-
lémée VI Philométor (181-146). — À cause des grands de la cour. Le mot grec corres-
pondant est obscur. Flusieurs exégètes le traduisent aujourd'hui par premier règne
ou inauguration du régne de Ptolémée VI, laquelle eutlieu lorsque ce prince attei-
gnit sa quatorziéme année, en 173. Depuis 181 jusqu'à cette date, il avait été sous
la tutelle de sa mére Cléopátre et puis, aprés la mort de la reine, sous celle d'Eu-
iæus et de Lénæus. Ptolémée VI régna deux fois. Antiochus Epiphane attaqua plu-
sieurs fois l'Egypte, de 171 à 168. Dans une de ces campagnes, en 171, Philométor
2250
gné des affaires du royaume, con-
sultantses propres intérêts, il par-
tit delà, vint à Joppé, et delàà
Jérusalem.
22. Or, ayant été recu magni-
fiquement par Jason et par la
cité, 11 fit son entrée à la lumiere
des flambeaux et au milieu des
louanges; et de là il retourna en
Phénicie avec son armée.
23. Et après un laps de temps
de trois ans, Jason envoya Méné-
laüs, frere de Simon, dont il a
été parlé plus haut, pour porter
de largent au roi, et rapporter
ses réponses sur des affaires im-
portantes.
24. Mais Ménélaüs, s'étant rendu
MACHABÉES. זז
]68. 1v.]
agréable au roi en rehaussant la
grandeur de sa puissance, fit tom-
ber en ses mains la souveraine
sacrificature, en donnant trois
cents talents de plus que Jason.
95. Et ayant reçu les ordres du
roi, il revint, n'ayant à la vérité
rien digne du sacerdoce, mais ap-
portant le cœur d’un tyran cruel
et la rage d'une bête farouche.
26. Ainsi, Jason, qui avait sur-
pris son propre frère, trompé lui-
même, fugitif, fut chassé dans le
pays des Ammanites.
27. Et Ménélaüs s'empara de la
souveraine sacrificature; mais il
ne s'occupait nullement de l'ar-
gent promis au roi, quoiqu'il en
tomba entre les mains du roi de Syrie et les Egyptiens placèrent son frère Ptolé-
mée VII Physcon sur le trône. Les deux frères régnèrent simultanément pendant
six ans, de 170 à 164. Au bout de ce temps, ne pouvant plus s'entendre, Philométor
garda pour lui l'EZypte et Chypre, et Physcon eut la Cyrene et 18 Lybie, grâce à l'in-
tervenlion de Rome. Philométor régna ainsi de nouveau seul jusqu'à sa mort en 146,
Voici le sens de la fin du vers. 21. Ptolémée VI voulait recouvrer les provinces de
Palestine, de Phénicie et de Cælésyrie qui avaient été enlevées par les Séleucides à
l'Egypte et qui avaient été promises comme dot à Cléopâtre sa mère, mais ne lui
avaient pas 616 rendues, plus baut, ni, 3. Philométor fit donc ses préparatifs pour
reprendre ces provinces de vive force. Antiochus Epiphane envoya Apollonius en
Egypte pour parer 16 coup, mais trouvant que son ambassadeur ne prenait pas 8 cœur
les affaires de son royaume, se rendit à Jatfa pour mettre la ville en état de résister
aux attaques des Ezyptiens, et c'est delà qu'il se rendit à Jérusalem.
93. Dont il a élé parlé. Voy. ux, 4. — * Ménélaüs, frere de Simon, était par consé-
quent de la tribu de Benjamin et ne pouvait aspirer légitimement au sacerdoce,
n'étant pas descendant d'Aaron. Il acheta néanmoins le souverain pontificat, en
surenchérissant sur Jason, vers l'an 170. Il n'était pas moins partisan que Jason des
idées et des coutumes grecques. Cependant, comme il ne payait pas à Antiochus Epi-
phane les sommes qu'il lui avait promises, il fut chassé du pontificat et son frére
Lysimaque tint sa place. I] ne cessa point pour cela ses intrigues. Il déroba des vases
d'or du temple et en offrit une partie à Andronique, officier d'Antiochus IV. Onias 1
ayant reproché ses crimes à Ménélaüs, celui-ci, pour se venger, le fit périr par la
main d'Andronique. Les Juifs ayant accusé plus tard Ménélaüs auprés du roi lui-
méme des crimes qu'il ne cessait de commettre, ne purent obtenir justice et ses
accusateurs furent condamnés à mort, grâce à sa perfidie. Il aida Antiochus Epiphane
à piller le temple de Jérusalem, v, 15. La suite de son histoire est inconnue. Nous
savons seulement qu'il expia enfin ses crimes et périt étouffé dans 18 cendre, xui, 3-8.
26. Avait surpris; littér., avait fait captif; selon le grec, avait trompé, fraudé. —
Ammaniles; c'est-à-dire, Ammonites. La Vulgate porte ici ainsi que le grec 4mma-
nites; mais dans 11] Rois, xiv, 21, où elle porte Ammanile, l'hébreu et le grec lui-
méme lisent Ammonite.
21. La citadelle des Grecs à Jérusalem. Compar. 1 Mach., 1, 35, — * Sostrate, en
vertu de ses fonctions, avait certainement des soldats syriens sous ses ordres. Comme
il était chargé du recouvrement des tributs, vers, 28, c'est lui qui devait naturelle-
ment réclamer de Ménélaüs l'accomplissement de ses promesses.
(cn. 1v.]
füt pressé par Sostrate, qui était
préposé à la citadelle
98. (Car c'était à lui que la le-
vée des tributs appartenait); pour
ce motif l'un et l'autre furent ap-
pelés auprès du roi.
99. Et Ménélaüs fut écarté du
sacerdoce, Lysimaque, son frere,
lui succédant ; etSostrate fut pré-
posé sur les Cypriotes.
30. Or pendant que ces choses
se passaient, il arriva que les ha-
bitants de Tarse et de Mallo exci-
tirent une sédition, parce qu'ils
avaient été donnés à Antiochide,
concubine du roi.
31. C'est pourquoi le roi vint en
grande hâte pour les apaiser,
ayant laissé pour son lieutenant
un des grand de sa cour, Andro-
nique.
32. Mais Ménélaüs, pensant
avoir saisi le temps opportun,
déroba du temple quelques vases
d'or, les donna à Andronique, el
les autres, il les avait vendus à
Tyr et dans les cités voisines.
33. Lorsqu'Onias l'eut su très
certainement, il /e reprochait à
Ménélaüs, lui-même se tenant
dans un lieu sûr,à Antioche, près
de Daphné.
Il VACHABÉES.
2251
34. D'où vint que Ménélaüs s'é-
tant rendu aupres d'Andronique,
le pria de tuer Onias. Lorsqu'An-
dronique fut venu près d'Onias,
et que lui ayant donné la main
droite avec serment (quoiqu'il
füt suspect à Onias), il l'eut en-
gagé à sortir de son asile, il le
iua ausssitót, n'ayant aucun res-
pect pour la justice.
35. Pour ce motif, non seule-
ment les Juifs, mais aussi les au-
ires nations s'indignaient, et sup-
portaient avec peine la mort
injuste d'un si grand homme.
36. Aussi le roi étant revenu du
pays de la Cilicie, les Juifs et les
Grecs allérent ensemble le trou-
ver à Antioche, se plaignant dela
mort inique d'Onias.
31. C'est pourquoi Antiochus
fut contristé au fond du cœur à
cause d'Onias, et touché de com-
passion, il répandit des larmes,
se souvenant de la sobriélé et de
la modestie du mort;
38. Et l'esprit enflammé de co-
lère,ilcommanda qu'Andronique,
dépouillé de la pourpre, füt con-
duit à travers toute la cité, et que
dans le méme lieu dans lequel il
avait commis l’impiété contre
29: Les Cyprioles, les habitants de Cypre ou Chypre. — * Lysimaque, frère de Mé-
nélaüs, tint la place de son frère éloigné de Jérusalem et ne se montra pas moins
pervers que lui. Il expia ses crimes par sa mort, vers. 41.
30. Tarse, capitale de la Cilicie. — Mallo, ou Mallus, ville de la méme province, sur
le fleuve Pyramus. — * Antiochide avait recu les revenus des deux villes de Tarse et
de Mallo. Les rois d'Orient avaient coutume de donner aux reines pour leur entretien
des villes ou méme des provinces dont elles percevaient les revenus. Les habitants
de Tarse et de Mallo se révoltent, soit parce qu'ils sont indignés d'étre donnés à une
femme illégitime, soit parce qu'ils craignent d'étre trop pressurés par elle.
31. * Andronique gouverne à Antioche, en l'absence d'Epiphane. Nous ne savons sur
ce personnage que ce qui en est raconté dans ce chapitre.
32. Ménélaüs, etc.; il n'était plus à Jérusalem; mais il y avait Lysimaque son vice-
gérant, qui par ses ordres enleva des vases d'or du temple (vers. 39).
33. * Antioche, sur l'Oronte, capitale du royaume de Syrie. — Daphné, ainsi appelée
à cause de ses bois de lauriers, était pour les habitants d'Antioche un lieu de plai-
sance.
2252
Onias, le sacrilège fût privé de la
vie, le Seigneur lui rendant la
Junition tout à fait méritée.
39. Cependant de nombreux
sacrilèges ayant été commis dans
le temple par Lysimaque, d'apres
le conseil de Ménélaüs, et le bruit
s'en étant répandu, la multitude
s'assemblacontre Lysimaque, une
grande quantité d'or ayant été
déjà emportée.
40. La foule donc se soulevant,
et les esprits étant remplis de co-
lere, Lysimaque commença par
employer environ trois mille
mains iniques armées, le chef
étant un certain tyran, également
avancé en áge et en démence.
41. Mais, dès que l'on s'apercut
de l'entreprise de Lysimaque, les
uns prirent des pierres, les autres
de gros bátons, et quelques-uns
jetèrent de la cendre contre Lysi-
maque.
42. Etbeaucoup des siens furent
blessés, et quelques-uns même
succombèrent, mais tous furent
mis en fuite; et le sacrilège lui-
même, on le tua près du trésor.
43. On commença donc à accu-
ser Ménélaüs de toutes ces choses.
44. Et, lorsque le roi fut venu
à Tyr, trois hommes envoyés par
les anciens l’informèrent de cette
affaire.
45. Et comme Ménélaüs avait
le dessous, il promit à Ptolé-
mée de lui donner une grande
somme d'argent pour qu'il per-
MACHABÉES. זז
[ca. v.]
suadát le roi en sa faveur.
46. C'est pourquoi Ptolémée alla
trouver le roi, quis'était mis dans
un vestibule comme pour pren-
dre le frais, et le fit revenir de sa
résolution.
41. Et Ménélaüs, certainement
coupable de tout le mal, Ze roi
l'acquitta; mais les malheureux
députés, qui, s'ils avaient plaidé
leur cause devant des Scythes,
auraient été jugés innocents, il
les condamna à mort.
48. Aussitôt donc ils subirent
une peine injuste, ceux qui
avaient défendu la cause de lacité,
et du peuple, et des vases sacrés.
49. C'est pour cette raison que
méme les Tyriens, étantiudignés,
furent trés généreux pour leur
sépulture.
50.CependantMénélaüs, à cause
de l'avarice de ceux qui étaient
puissants auprès du roi, se main-
tenait dans lautorité, croissant
en malice pour tendre des pièges
à ses concitoyens.
CHAPITRE V.
Antiochus se prépare à marcher contre
l'Egypte. Prodiges effrayants qui pa-
raissent dans l'air au-dessus de Jéru-
salem. Expédition de Jason contre Jé-
rusalem ; sa fuite et sa fin malheureuse.
Antiochus marche contre Jérusalem;
violences qu'il y exerce. ll y envoie
Apollonius, qui exerce de nouvelles
cruautés. Judas Machabée se retire dans
le désert.
1. Dans le méme temps, Antio-
40. Tyran, nom propre selon plusieurs interpréles. Les Acées des Apótres (xix, 9)
parlent aussi d'un personnage de ce nom.
45. Plolémée. Voy. 1 Mach., xx, 38.
41. * Les Scylhes étaient considérés par les anciens comme les plus barbares dee
hommes.
1. Dans le méme lemps, c'est-à-dire, lorsque le jeune roi Ptolémée Philométor était
monté sur le trône d'Egypte. Voy. 1v, 21. — * Voir aussi I Machab., 1, 11,
(ca. v.]
chus prepara une seconde expé-
dition en Egypte.
2. Or il arriva que, dans toute
la cité de Jérusalem, on vit, du-
rant quarante jours, des cavaliers
courant à travers les airs, ayant
des robes d'or, et armés de lan-
ces comme les cohortes ;
3. Et des combats de chevaux
rangés par escadrons, des enga-
gements qui se livraient de pres,
et des mouvements de boucliers,
et une multitude de so/dats coif-
fés d'un casque avec des glaives
nus, et des dards lancés, et l'éclat
des armes d'or, et de toute sorte
de cuirasses.
4. C'est pourquoi tous priaient
que ces prodiges tournassent à
bien.
5. Mais, comme un faux bruit
de la mort d'Antiochus s'était
répandu, Jason, ayant pris non
moins de mille hommes, atta-
qua tout d'un coup la cité; et
les citoyens accourant au mur,
et la cité à la fin ayant été prise,
Ménélaüs s'enfuit dans la cita-
delle.
6. Mais Jason n'épargnait pas
dans le carnage ses conciloyens,
el il ne considérait pas que la
prospérité au préjudice des pro-
ches est un très grand malheur,
croyant remporter un trophée
sur des ennemis et non sur des
conciloyens.
7. Et cependant il ne put obte-
MACHABÉES. זו
2253
nirla principauté; et pour dernier
fruit de sa trahison, il recueillit
sa propre confusion; et fugitif de
nouveau, il se retira dans le pays
des Ammanites.
8. A la fin il fut enfermé dans
une prison par Arétas, tyran des
Arabes, qui voulait sa perte; et
s'étant échappé, et fuyant de cité
en cité, odieux à tous, comme
un violateur des lois, et exécra-
ble, comme ennemi de la patrie
et de ses concitoyens, il fut chassé
en Egypte;
9.Et celui qui avait banni beau-
coup de personnes de leur patrie,
périt dans une terre étrangère,
étant allé à Lacédémone, comme
devantytrouverunrefuge àcause
de la parenté.
10. Et celui qui avait jeté beau-
coup de corps sans les ensevelir,
est lui-même jeté sans être pleuré
et enseveli, et sans recevoir une
sépulture même étrangère, et
sans avoir part à un sépulcre dans
sa patrie.
11. Les choses s'étant ainsi pas-
sées, le roi soupconna que les
Juifs abandonneraient son allian-
ce; et à cause de cela il partit d'E-
egypte, la rage dansle cœur, et prit
la cité d'assaut.
12. Orilcommanda à ses soldats
de tuer, et de ne point épargner
ceux qu'ils rencontreraient, de
monter méme dans les maisons
pour massacrer.
9. * Jason. Voir plus haut, tv, 7.
7. Ammaniles. Voy. 1v, 26.
8. * 476/08, tyran ou roi des Arabes Nabatéens, qui s'étaient emparés de l'Idumée
et dont la capitale était Pétra. On connait quatre Arétas, rois des Nabatéens, Celui-
ci est Arétas Ier (169 av. J.-C.). Celui que nomme saint Paul, II Corinthiens, xt, 32, est
Arétas IV Ænéas Philodéme.
9. A cause de la parenté que les Lacédémoniens prétendaient avoir avec les Juifs,
se croyant issus d'Abraham aussi bien qu'eux. Compar. I Mach., xu, 21,
2254
13. Il se fit doric un carnage de
jeunes hommes et de vieillards,
et une extermination de femmes
et d'enfants, et un massacre de
vierges et de tout petits en-
fants.
14. Oril y eut, dans l'espace en-
ter de trois jours, quatre-vingt
mille tués, quarante mille en-
chainés, et pas moins de ven-
dus.
15. Mais cela ne suffisait point
ἃ Antiochus; il osa méme entrer
dans le temple, Zeu plus saint que
toute la terre, conduit par Méné-
laüs, qui fut traitre aux lois et à
la patrie ;
16. Et prenant de ses mains cri-
minelles les vases sacrés, qui par
d'autres rois et d'autres cités
avaient été placés pour étre l'or-
nement et la gloire du lieu sant,
il les touchait indignement et les
souillait.
17. Ainsi Antiochus, ayant l'es-
prit aliéné, ne considérait pas que
c'était à cause des péchés des ha-
bitants de la cité, que Dieu était
irrité pour un peu de temps; que
c'était pour cela que le mépris
avait atteint ce lieu.
18. Autrement, s'il ne leur était
pas arrivé d'étre enveloppés dans
beaucoup de péchés, comme Hé-
CuaP. V. 18. Supra, ur, 25, 27.
ft MACHABÉES.
feat. v.]
liodore, qui fut envoyé par Séleu-
cus pour pillerle trésor, lui aussi,
aussitót arrivé, eüt été flagellé, et
certainement repoussé dans son
audace.
19. Mais Dieu n'a pas choisi la
nation à cause du lieu, mais lelieu
à cause de la nation.
20. Et c'est pourquoi le lieu
lui-méme a participé aux maux
du peuple, mais dans la suite il
sera associé à ses biens; et lui
qui a été délaissé pendant 18 co-
lere du Dieu tout-puissant, sera
encore élevé à une tres grande
eloire, dans la réconciliation du
souverain Seigneur «avec Son
peuple.
21. Ainsi Antiochus, mille et
huit cents talents ayant été em-
portés du temple par lui, retourna
promptementàAntioche, pensant
dans son orgueil et à cause de la
fierté de son esprit, qu'il rendrait
la terre navigable, et ferait mar-
cher sur la mer.
22. Il laissa aussi des gouver-
neurs pour tourmenter la nation;
savoir : dans Jérusalem, Phi-
lippe, Phrygien d'origine, par na-
ture plus cruel que celui par qui
il fut établi;
23. Et, à Garizim, Andronique,
el Ménélaüs, qui étaient plus
14. Enchainés (vincti); c'est-à-dire, faits captifs ou prisonniers. — Vendus comme
esclaves.
16. Lieu. Ce mot désigne le temple ici et aux vers. 17, 19, 20.
18. Lui aussi, Antiochus, — Repoussé, etc., empêché d'exécuter son entreprise aus
dacieuse.
21. Talents. Voy. 1 Machab., x1, 28.
22, * Philippe, Phrygien. Voir 1 Machab., vt, 14.
23. ' A Garizim, montagne de la Samarie, vis-à-vis du mont Hébal. Sichem est
bâtie dans la vallée qui sépare les deux montagnes. Les Samaritains, après la capti-
vité, élevèrent sur le mont Garizim un temple qu'ils opposèrent à celui de Jérusatem.
Voir la note sur Jean, iv, 20. — Andronique, difièrent de celui dont l'histoire est
racontée, 1v, 31, et d'ailleurs inconnu.
(ox. vi.
acharnés que les autres contre
leurs concitoyens.
94. Et comme il avait été em-
porté contre les Juifs, 27 leur en-
voya comme gouverneur l'odieux
Apollonius avec une armée de
vingt-deux mille hommes, lui or-
donnant de tuer tous ceux qui
seraient dans la force de l’âge, de
vendre les femmes et les jeunes
hommes.
98. Lorsqu'Apolloniusfut arrivé
àJérusalem,feignant de vouloir la
paix, il se reposa jusqu'au saint
jour du sabbat; mais alors les
Juifsse livrant au repos de la féte,
il ordonna aux siens de prendre
les armes.
96. Et tous ceux qui étaient
venus comme spectateurs, il les
massacra; et, parcourant la cité
avec les siens, il fit périr une
grande mullitude de personnes.
27. Cependant Judas Machabée
s'était reliré, lui dixième, en un
lieu désert; et il y vivait avec
les siens, parmi les bètes sau-
vages, sur les montagnes; et
se nourrissant de l'herbe des
champs, ils demeuraient /4, afin
de ne prendre point part à la con-
tagion.
li MACHABÉES,
2255
CHAPITRE VI.
Antiochus force les Juifs d'abandonner
les lois de Dieu pour embrasser le culte
des idoles. Cruautés exercées contre les
Juifs fidéles à la loi du Seigneur. Des-
sein de Dieu en permettant ces maux.
Martyre du saint vieillard Eléazar.
1. Mais, peu de temps apres, le
roi envoya un certain vieillard
d'Antioche pour forcer les Juifs à
abandonner les lois deleur patrie
et de Dieu;
2. Pour sóuiller aussi le temple
qui était à Jérusalem, et lui don-
nerle nom deJupiter Olympien ;
à celui qui était à Garizim, le nom
de Jupiter hospitalier, comme
élaientceux qui habitaient celieu.
3. Aussi y avait-il une invasion
de maux trés cruelle et funeste
à tous;
4. Car le temple était rempli
des dissolutions et des orgies des
Gentils, et dhommesimpudiques,
de prostituées; et des femmes se
présentaient librement dans le
lieu sacré, y portant ce qui était
défendu.
9. L'autel aussi était plein de
choses illicites qui étaient prohi-
bées par les lois.
24. * Apollonius. Voir plus haut, ur, 5, et I Machab., τ, 30.
26. * Comme spectateurs des exercices militaires.
21. * Lui dirième, c'est-à-dire avec neuf autres personnes. L'auteur termine ici son
récit par là mention de la retraite de Judas Machabée dans le désert de Juda, pour
préparer le récit de ses exploits, qu'il commencera au chapitre vin.
1. D'Antioche; selon le grec, d'Athènes. — * Si ce vieillard, dont le nom n'est pas
donné, était Athénien d'origine, comme le suppose le texte grec, il est clair qu'il
s'était mis au service d'Epiphane.
2. Hospitalier, ou étranger. — Comme étaient, etc. Les Samaritains qui habitaient au
pied du Garizim étaient des étrangers qu'on y avait transportés, pour remplacer les
vaturels du pays, emimenés en captivité. — * Le Jupiter Olympien était leJupiter habitant
le mont Olympe, le maitre du ciel et le maitre des dieux. Donner le nom de ce dieu au
temple de Jérusalem, c'était profaner le lieu saint en le consacrant au culte d'une
fausse divinité. — Jupiter hospitalier était Jupiter considéré comme le défenseur des
droits de l'hospitalité, le protecteur des hótes et des étrangers. — Sur Garizim,
voir v, 23.
9256
6. En outre ni les sabbats n'é-
taient gardés, ni les jours solen-
nels de la patrie n'étaient obser-
vés, et nul n'avouait franchement
qu'il était Juif.
7. Mais ils étaient conduits par
une cruelle nécessité, le jour de
la naissance du roi, aux sacrifices
profanes; et lorsqu'on célébrait
la féte de Bacchus, on les contrai-
gnait d'aller couronnés de lierre
en l'honneur de Bacchus.
8. De plus, par la suggestion
des Ptolémées, il parut un décret
pour les cités des Gentils, voisines
de la Judée : qu'elles agiraient
elles aussi de la méme maniere
contre les Juifs, afin qu'ils sacri-
fiassent;
9. Etque ceux quine voudraient
pointse conformer aux coutumes
des gentils, elles les tueraient ;
ainsi il n'y avait à voir que mi-
sere.
10. En effet, deux femmes,
ayant été accusées d'avoir circon-
cis leurs enfants, furent condui-
les publiquement par la cité avec
ces enfanls pendus à leurs ma-
melles, et on les précipita par les
murs.
11. Mais d'autres s'étant réunis
dans des cavernes voisines, et y
11 MACHABÉES.
[cu. vi.]
célébrant en secret le jour du
sabbat, lorsqu'ils eurent été dé-
noncés à Philippe, ils furent brü-
lés par les flammes, parce qu'ils
craignaient par religion et pour
l'observation du sabbat de se dé-
fendre.
12. Je conjure donc ceux qui
doivent lire ce livre, de ne pas
se scandaliser à cause de tant de
malheurs, mais de considérer
qu'ils sont arrivés, non pour la
ruine, mais pour le chátiment de
notre race.
13. Et en effet, ne pas laisser
longtemps les pécheurs agir se-
lon leurs désirs, mais en tirer
promptement vengeance, c'est la
marque d'un grand bienfait de
Dieu.
14. Caril n'en est pas pour nous
comme pour les autres nations;
le Seigneur attend patiemment
que le jour du jugement soit
venu, afin de les punir dans la
plénitude de leurs péchés.
15. Mais pour nous, il a décidé
de maniere que, nos péchés étant
montés au comble, c'est précisé-
ment alors qu'il se vengera de
nous.
16. C'est pour cela que jamais
il ne détourne sa miséricorde de:
1." Le jour de la naissance du roi était fêté dans tout l'Orient. Le grec ajoute que
cette fête se célébrait tous les mois et il est certain en effet que les rois d'alors ne se
contentaient pas de faire célébrer leur anniversaire au mois de leur naissance, mais
à chaque mois de l'année. — Le lierre était consacré à Bacchus et l'on célébrait sa
féte en se ceignant de couronnes faites avec le feuillage de cette plante.
8. Qu'elles ; littér., qu'ils, au masculin, parce que le mot cités est pris ici, non pour
les lieux, mais pour les habitants de ces lieux. — * Des Ptolémées. Quelques manus-
crits grecs portent Plolémée, au singulier, et cette lecture est plus vraisemblable. 1]
s'agit de Ptolémée, fils de Dorymine, l'ennemi des Juifs, iv, 45; I Machab., 111, 38. —
Les cilés des Gentils voisines, où il y avait des Juifs, en Phénicie, etc.
41. * Les cavernes sont nombreuses dans les environs de Jérusalem. — A Philippe,
Plus haut, v, 22.
15. Nos péchés, etc.; c'est-à-dire, dés que nos péchés seront, etc. Plusieurs donnent
à ce verset un sens opposé, en se fondant sur le grec ; mais nous croyons que ce texte
dit au fond la méme chose que 1
(cu. vi.]
nous; et quand il chátie son peu-
ple par l'adversité, il ne l'aban-
donne pas.
{7. Mais que ce peu de paroles
dites par nous pour l'instruction
des lecteurs soient suffisantes.
Maintenant donc il faut en venir
à la narration.
18. Ainsi Eléazar, l'un d'entre
les premiers des scribes, homme
avancé en áge, et beau de visage,
élait, la bouche forcément ou-
verte, pressé de manger de la
chair de porc.
19. Mais lui, préférant une mort
très glorieuse à une vie odieuse,
allait volontairement au supplice.
20. Et considérant comment il
faudrait s'en approcher, et demeu-
rant ferme dans la patience, il
résolut de ne pas commettre des
choses iilicites par amour pour la
vie.
91. Orceux qui élaient présents,
louchés d'une injuste compas-
sion, 8 681156 de /eur ancienne ami-
üépour cet homme, 6616 prenant à
part, de priaient de souffrir qu'on
apportàt des viandes dont il était
permis de manger, afin qu'on püt
feindre quil avait mangé des
viandes du sacrifice, comme le
roi l'avait commandé ;
22. Afin que par ce moyen il
füt sauvé de la mort; et c'est à
cause de /eur ancienne amitié
pour cethomme, qu'ils exercaient
envers lui cette humanité.
Il MACHABÉES.
2201
23. Mais lui commença ἃ consi-
dérer ce qui était digne de son
âge et de sa vieillesse vénérable,
et la blancheur de ses cheveux
unie à une noblesse innée de son
âme, et les actes d'une parfaite
conduite depuis son enfance ; et,
selonles préceptes dela loi sainte,
et établie par Dieu, il répondit
aussitót, disant, qu'il voulait plu-
tót étre envoyé dans l'enfer.
24. Caril n'est pas digne de no-
tre âge de feindre, dit-il, pour que
beaucoup de jeunes hommes,
pensant qu'Eléazar, vieillard de
quatre-vingt-dix ans, aurait passé
àla vie des étrangers,
25. Soient eux-mêmes trompés
par cette feinte, commise pour
conserver un pelit reste de cette
vie corruptible, et que, par là,
jattire une tache et l'exécration
sur ma vieillesse.
20. Car quand méme dans le
temps présent je me délivrerais
des supplices des hommes, je ne
fuirais pas néanmoins la main du
Tout-Puissant, ni étant vivant,
ni étant mort.
27. C'est pourquoi sortant cou-
rageusement de la vie, je paraitrai
digne de ma vieillesse;
28. Et aux jeunes hommes je
laisserai un exemple de courage,
si d'un esprit résolu, et courageu-
sement, je souffre une mort ho-
norable pour nostrès importantes
et très saintes lois. Ces paroles
18.* Eléazar avait 90 ans, vers. 24; il était scribe savant dans la science de la loi
mosaique.
23. L'enfer (infernum). Comme nous l'avons déjà remarqué plusieurs fois, 3
Ilébreux entendaient par ce mot, non le sépulcre, le tombeau, raais le lieu souterrain
οὐ étaient réunies les àmes aprés la mort.
24. Des étrangers, c'est-à-dire, des paiens.
25. Par celte feinle commise, etc.; c'est-à-dire, par cette feinte dont j'aurais usé pour
conserver un petit reste de cette vie corrv»ntible.
E T. 142
2258
dites, on l'entrainait aussitôt au
supplice. |
29. Or ceux qui le conduisaient,
et qui un peu auparavant avaient
616 plus doux, passèrent à 18 co-
lere, à cause des paroles qu'il
avait dites, e£ qu'eux attribuaient
à l'orgueil.
30. Mais, lorsqu'il périssait sous
les coups, il gémit, et dit : Sei-
gneur, qui avez la sainte scien-
ce, manifestement vous savez
que lorsque je pourrais étre déli-
vré de la mort, je supporte dans
mon corps de cruelles douleurs;
mais que dans làme je souffre
ces choses avec joie, à cause de
votre crainte.
31. Et cet homme renonca de
cette maniere à la vie, laissant
non seulement aux jeunes hom-
mes, mais aussi à toute la nation,
le souvenir de sa mort comme un
exemple de vertu et de courage.
CHAPITRE VII.
Martyre des sept fréres Machabées et
de leur mére.
1. Or, il arriva que sept frères
qu'on avait pris aussi avec leur
mere, étaient pressés par le roi,
de manger contre la défense de
la loi divine, de la chair de porc,
apres qu'ils avaient été déchirés
avec des fouets et des nerfs de
bœuf.
2. Or l’un d'eux, qui était l'ai-
Cnuar. VII. 6. Deut., xxx11, 36, 43.
Ii MACHABEES.
(cit. var. ]
né, parla ainsi : Que demandez-
vous, et que voulez-vous appren-
dre de nous? Nous sommes préts
à mourir plutót que de trans-
gresser les lois de la patrie et de
Dieu.
3. C'est pourquoi le roi, irrité,
commanda qu'on fit chauffer des
poéles el des marmites d'airain,
lesquelles étant aussitót chauf-
fées,
4. ll commanda qu'on coupátla
langue à celui quile premier avait
parlé, et qu'après lui avoir arra-
ché la peau de la téte, on lui tran-
chát aussi l'extrémité des mains
et des pieds à la vue deses frères
et de sa mere.
5. Et apres qu'il eut été mutilé
dans tous ses membres, il com-
manda qu'on approchát le feu, et
que respirant encore, il füt róti
dans une poéle; pendant qu'il y
était longtemps torturé, tous ses
autres frères et sa mère s'exhor-
taient l'un l'autre à mourir coura-
geusement,
6. Disant : Le Seigneur Dieu
verra la vérité;il sera consolé en
nous, selon que Moise l'a déclaré
par les paroles de son cantique :
Et dans ses serviteurs il scra con-
solé. "m
7. C’est pourquoi, ce premier
élant mort de cette manière, on
conduisait le second pour le li-
vrer aux outrages; et lui ayant
arraché la peau de la téte avec
1. Sept frères; ils sont généralement appelés Machabées; mais on ne s'accorde pas
sur l'origine de cette dénomination. Quant à leur martyre, l'opinion commune est
qu'ils le souffrirent à Antioche.
3. Qu'on fit chauffer ; littér., qu'on allumdt au-dessous.
5. Qu'il eut été mulilé; littér., qu'il fut fait inulile.
6. Les paroles; littér., la protestation, l'assurance. — Dans ses servileurs, etc. Ce
texte du Deutéronome (xxxi, 36), est cité selon la version des Septante.
[cu. vir.]
les cheveux, on ἐμ demandait s'il
mangerait plutót que d'étre dé-
chiré dans chacun des membres
de tout son corps.
8. Mais lui, répondant dans la
langue de sa patrie, dit : Je ne /e
ferai pas. A cause de cela, il souf-
frit lui aussi à son tour les mêmes
tourments que le premier;
9. Et, se trouvant à son der-
nier moment, il parla ainsi : A
la vérité, vous, le plus criminel
des hommes, vous nous détruisez
dans la vie présente; maisle Roi
du monde nous ressuscitera à la
résurreclion de la vie éternelle,
nous morts pour ses lois.
10. Après celui-ci, on livra le
troisième aux outrages; et com-
me on lui demanda sa langue, il
la présenta aussitót, et il étendit
les mains avec fermeté,
11. Et dit avec assurance : C'est
du ciel que j'ai reçu ces membres ;
mais à cause des lois de Dieu,
maintenant jeles dédaigne, parce
que j'espere que je les recevrai de
lui de nouveau.
12. En sorte que le roi, et ceux
qui étaient avec lui, admiraient
le courage de ce jeune homme,
qui comptait pour rien les tour-
ments.
13. Et celui-ci étant mort ainsi,
ils maltraitaient le quatrieme, le
tourmentant de la méme ma-
niere.
14. Et lorsque déjà il était pres
de la mort, il parla ainsi : Il vaut
mieux que ceux qui sont livrés à
la mort par les hommes attendent
de Dieu l'espoir qu'ils seront par
li MACHABÉES.
2259
lui rendus de nouveau à la vie;
car pour vous il n'y aura point de
résurrection à la vie.
15. Et lorsqu'ils eurent fait ap-
procher le cinquième, ils le tour-
mentaient. Mais celui-ci, regar-
dant le roi, dit :
16. Vous avez la puissance par-
mi les hommes; quoique vous
soyez mortel, vous faites ce que
vous voulez; mais ne pensez pas
que notre race soit délaissée de
Dieu.
17. Pour vous, attendez patiem-
ment, et vous verrez sa grande
puissance, de quelle maniere il
vous tourmentera, vous et votre
lignée.
18. Aprés celui-ci, ils conduisi-
rent le sixième, et étant près de
mourir, il parla ainsi : Ne vous
trompez pas vainement;car nous,
c'est à cause de nous que nous
souffrons ainsi, et que des choses
dignes d'étonnement sont arri-
vées parminous, ayant péché con-
tre Dieu ;
19. Mais vous, ne croyez pas
rester impuni, puisque vous avez
tenté de combattre contre Dieu.
20. 0rla mere, infiniment admi-
rable et digne de la mémoire
des bons, laquelle voyant ses sept
fils périr dans l'espace d'un seul
jour, souffrait avec constance, à
cause de l'espoir qu'elle avait en
Dieu ;
21.Elleexhortait fortementcha-
cun d'eux dans la langue de sa pa-
trie, pleine de sagesse; et alliant
un cceur d'homme au sentiment
d'une femme,
— M M M — M MÀ €
8. La langue de sa patrie; l'araméen, que l'on parlait alors en Palestine,
9. Son dernier moment; littér., son dernier souffle. Compar. iiu, 31.
16. Mortel; littér., sujet à la corruption (corruptibilis).
9260
29, Elle leur dit : Je ne sais de
quelle maniere vous avez paru
dans mon sein; car ce n'est pas
moi qui vous ai donné l'esprit,
l'àme, ni la vie, et les membres de
chacun de vous, ce n'est pas moi
qui les ai assemblés,
23. Mais bien le créateur du
monde, qui a formé l'homme à
sa naissance, et qui a donné l'o-
rigine à toutes choses, et qui
vous rendra de nouveau avec
miséricorde l'esprit et la vie, par-
ce que maintenant vous vous mé-
prisez vous-mémes à cause de ses
lois.
94. Or Antiochus, pensant qu'on
le méprisait, et dédaignant en
méme temps le langage de celle
qui lui adressait des reproches,
comme le plus jeune restait en-
core, non seulement il l'exhortait
par ses paroles, mais lui assurait
avec serment qu'il le rendrait ri-
che et heureux, et que s'il aban-
donnait les lois de sa patrie, il
le prendrait pour ami et lui don-
nerait toutes les choses néces-
saires.
25. Mais comme le jeune hom-
me ne se rendait point à ces rai-
sons, le roi appela la mère, et
lengageait à sauver le jeune
homme.
90. Lors donc qu'il 'eut exbor-
tée en beaucoup de paroles, elle
promit qu'elle conseillerait son
fils.
li MACHABEES.
]68. vir.)
27. C'est pourquoi s'étant bais-
sée vers lui, et se moquant du
cruel tyran, elle dit dans la lan-
gue de sa patrie : Mon fils, aie pi-
tié de moi, qui dans mon sein t'ai
porté neuf mois, qui t'ai allaité
trois ans, qui l'ai nourri et amené
jusqu'à cet âge.
28. Je te conjure, mon enfant,
de regarder le ciel et la terre et
toutes les choses qui y sont; et
de comprendre que de rien Dieu à
faittouteschoses, ainsi que la race
des hommes.
29, Ainsi il arrivera que tu ne
craindras pas ce bourreau ; mais,
devenu digne parlicipantdes souf-
frances de tes frères, reçois la
mort, afin que dans cette miséri-
corde que nous aitendons, je te
recolve avec tes freres.
30. Comme elleparlaitencore,le
jeune homme dit : Qu'attendez-
vous de moi?je n'obéirai point au
précepte du roi, mais au précepte
de la loi qui nous a été donnée
par Moïse.
31. Quant à vous, qui étes deve-
nu l'inventeur de toute méchan-
celé contre les Hébreux, vous
n'échapperez point à la main de
Dieu;
39. Car nous, c'est pour nos
péchés que nous souffrons ces
choses.
33. Et si contre nous, afin de
nous châtier et de nous corriger,
le Seigneur notre Dieu s'est irrilé
24. Dédaignant, etc.; selon le grec :
soupconnant un langage insultant. Yl paraît
qu'Antiochus ne comprenait pas la langue (Compar. vers. 8) que cette mère parlait
à ses enfants; mais les voyant si fermes, il se douta qu'elle les encourageait, et ren-
dait ainsi inutiles, et ses menaces, et ses supplices. — * Pour ami. Sur le sens de ce
titre, voir 1 Machabées, 1x, 18.
29. Dans celle miséricorde, etc. Voy. vers. 23.
30. Qu'altendez-vous de moi? lttér., quel (quem) atlendez-vous? comment me croy c4.
vous disposé ?
(cm. vur.]
pour un peu de temps, toutefois
il se réconciliera de nouveau avec
ses serviteurs.
34. Mais vous, ὃ criminel, et le
plus infáme de tous les hommes,
ne vous flattez pas inutilement
par de vaines espérances, en-
flammé contre ses serviteurs;
35. Car vous n'avez pas encore
échappé au jugement du Dieu
tout-puissant, et qui voit toutes
choses.
36. Car mes freres, ayant souf-
fert maintenant une légère dou-
leur, sont entrés dans l'alliance
de l’éternelle vie; mais vous,
vous subirez au jugement de Dieu
les justes peines de votre or-
gueil.
31. Quant à moi, comme mes
freres eux-mémes, je livre mon
corps et mon âme pour les lois
de la patrie, invoquant Dieu,
afin que bientót il devienne pro-
pice à notre nation, et que vous
confessiez, au milieu des tour-
ments et des coups, qu'il est le
seul Dieu.
38. Mais avec moi et avec mes
freres finira la colére du Tout-
puissant, qui sur toute notre race
est tombée justement.
39. Alors le roi, enflammé de
colere, sévit contre celui-ci plus
cruellement que contre tous les
autres, souffrant avecindignation
qu'on se moquát de lui.
40. C'est pourquoi celui-ci aussi
mourut sans s'être souillé, se
confiant en toutes choses au Sei-
gneur.
II MACHABÉES.
2061
44. Or en dernier lieu la mère
aussi souffrit la mort après ses
fils.
42. Mais sur les sacrifices et sur
les excessives cruautés il en a été
assez dit.
CHAPITRE VIII,
Judas Machabée fortifie son parti et at-
taque les ennemis. Nicanor et Gorgias
sont envoyés contre lui. Il exhorte les
siens à combattre avec courage. Il met
en fuite l'armée ennemie. Il continue
de rapporter de grands avantages, Ni-
canor s'enfuit à Antioche.
1. Cependant Judas Machabée
et ceux qui étaient avec lui en-
traient secrètement dans les vil-
lages, et, appelant leurs parents
et leurs amis, et ceux qui étaient
demeurés fermes dans le judais-
me, les prenant avec eux, ils s'at-
tirèrent six mille hommes.
2. Et ils invoquaient le Sei-
gneur, afin qu'il regardât favora-
blementson peuple, quiétaitfoulé
aux pieds par tout le monde, et
quil füt touché de compassion
pour son temple, qui était souillé
par les impies;
3. Qu'il eût pitié aussi d'une cité
qui allait étre rasée sur-le-champ,
et qu'il écoutât la voix du sang
qui criait jusqu'à lui;
4. Et qu'il se souvint aussi des
meurtres trés iniques des petits
enfants innocents, et des blas-
phèmes proférés contre son nom,
et qu'il s'indignát contre ces cri-
mes.
ὃ. Machabée donc, ayant ras
semblé une grande multitude,
36. Dans l'alliance, etc.; c'est-à-dire, dans la jouissance de la vie éternelle promise
par l'alliance que Dieu a faite avec leurs pères.
42. Les sacrifices profanes. — Les excessives cruautés d'Antiochus.
1. Villages. C'est le sens du mot castella de la Vulgate, expliqué par le texte grec.
2262
devenait formidable aux nations;
car la colere du Seigneur se chan-
gea en miséricorde.
6. Et fondant à l'improviste sur
les villages et les cités, il les brü-
lait; et occupant les lieux avanta-
geux, il faisait un grand carnage
des ennemis;
7. Mais c'était surtout pendant
les nuits qu'il se livrait de cette
sorte à des excursions, et le bruit
de sa valeur se répandait de tou-
tes parts.
8.0rPhilippe, voyantleprogres
que cet homme faisait insensible-
ment, et que le plus souvent les
choses tournaientàsonavantage,
écrivit à Ptolémée, gouverneur
dela Cœlésyrie et de la Phénicie,
d'apporter du secours aux affaires
du roi. :
9. Mais Ptolémée lui envoya
promptement Nicanor, fils de Pa-
trocle, son ami, parmi les grands
de la cour,lui donnant de diverses
nations non moins de vingt mille
hommes armés, afin qu'il exter-
minát la race entière desJuifs, et
lui adjoignant Gorgias, homme
belliqueux, et dans les choses de
la guerre trés expérimenté.
10. Or Nicanor résolut de four-
nir au roi le tribut de deux mille
talents qui devait étre donné aux
Romains, sur /a vente des escla-
ves juifs;
11. Et aussitót il envoya vers
II MACHABÉES.
[ca. vim.]
les cités maritimes, invitant 5
marchands à l'achat des esclaves
juifs, promettant de leur en ven-
dre quatre-vingt-dix pour un ta-
lent, sansconsidérerla vengeance
du Tout-Puissant qui allait l'at-
teindre.
12. Mais Judas, quand il apprit
larrivée de Nicanor, avertit les
Juifs qui étaient avec lui.
13. Qaelques-uns d'entre eux,
saisis de frayeur et ne croyant
pas à la justice de Dieu, prenaient
la fuite;
14. Mais les autres, si quelque
chose leur était resté, ils le ven-
daient, et en méme temps ils con-
juraient le Seigneur de les déli-
vrer de limpie Nicanor, qui,
avant d’être arrivé auprès d'eux,
les avait vendus;
15. Sinon à cause d'eux, au
moins à cause de l'alliance qu'il
avait faite avec leurs peres, et de
son nom saint et glorieux qui
était invoqué sur eux.
16. Or Machabée, les sept mille
hommes qui étaient avec lui ayant
été assemblés, les priait de ne
pas se réconcilier avec leurs en-
nemis, et de ne pas craindre la
multitude d'ennemis qui venaient
injustement contre eux, mais de
combattr courageusement,
11. Ayant devant les yeux l'ou-
trage qui avait été fait injuste-
ment par eux au lieu saint, et de
—— MM € M — HM — M M ——
8. * Philippe. Voir I Machabées, vi, 14. — Píolémée. Voir 1 Machabées, ,זוז
9. * Nicanor, Gorgias, voir 1 Machabées, ru, 38. — Son ami, voir 1 Machabées, τι, 18.
10. Antiochus le Grand, pére d'Antiochus Epiphane, ayant été vaincu par les Ro-
mains, dut payer quinze mille talents pour les frais de la guerre; les deux mille ta-
tents que devait alors Antiochus Epiphane, étaient le reste de cette somme. Or ce
sont ces deux mille talents que Nicanor se flatta de fournir au roi, pour lui faire sa
cour. — Talents. Voy. 1 Mach., xi, 28.
13. De les délivrer, sinon à cause, etc.
16. Sept mille; selon le grec, six mille, ce qui s'accorde avec le vers. 22.
]68. vur.]
méme linjure à la cité tournée
en dérision, et encore les consti-
tutions des anciens déchirées.
18. Car, ajoutait-il, eux se con-
fient tout à la fois dans /eurs ar-
mes et dans leur audace; mais
nous, c'est dans le Seigneur tout-
puissant, qui peut d'un signe dé-
truire et ceux qui viennent contre
nous etle monde entier, que nous
nous confions.
19. Il les fit souvenir aussi des
secours de Dieu, qui furent accor-
dés à leurs peres, et des cent qua-
tre-vingt-cinq mille hommes qui
périrent sous Sennachérib;
20. Et de la bataille qu'ils sou-
tinrent contre les Galates dans la
Babylonie, de maniere que, lors-
qu'on en vint à l'action, les Macé-
doniens, leurs alliés, chancelant,
eux en tout six mille hommes
seulement, en tuèrent cent vingt
mille à cause du secours venu du
ciel, et pour cela ils obtinrent un
tres grand nombre de faveurs.
21. Par ces parolesils devinrent
MACHABÉES. 2263 זז
inébranlables, et préts à mourir
pour les lois et la patrie.
22. C'est pourquoi Judas établit
chefs de l'un et de l'autre corps,
ses freres Simon, Joseph et Jona-
thas, mille et cinq cents hommes
ayant été placés sous /e comman-
dement de chacun d'eux.
23. Outre cela, lelivresaintleur
ayant été lu par Esdras, et le se-
cours de Dieu ayant été donné
pour signal, il se placa lui-méme
comme chef au premier rang et
combattit contre Nicanor.
24. Et le Tout-puissant s'étant
fait leur aide, ils tuèrent plus de
neuf mille hommes; mais, la plus
grande partie de l'armée de Nica-
nor étant affaiblie par les bles-
sures, ilsla forcerent de fuir.
25. Quant à l'argent de ceux qui
étaient venus pour les acheter,
ils l'enleverent et ils les poursui-
virent eux-mémes en tous lieux.
26. Mais ils revinrent pressés
par l'heure; car c'était avant le
sabbat; pour ce motif ils ne con-
Cuar. VIII. 19. IV Rois, xix, 35; Tobie, 1, 21; Eccli, מתטמא 24; Isaie, xxxvi, 36;
I Mach., vu, 41.
20. De la bataille. On ignore le temps et l'occasion de cette bataille. On sait seule-
ment que sous le régne d'Antiochus le Grand, les Galates étaient trés puissants en
Asie, et que les Juifs, depuis Alexandre le Grand, servaient ordinairement dans les
armées des rois de Syrie. — Les Macédoniens, c'est-à-dire, les troupes grecques et
syriennes auxquelles on avait confié la garde de la Babylonie, en y joignant un corps
de Juifs. — Six mille; selon le grec, quatre mille. Voy. vers. 16.
22. De l’un et de l'autre corps. Le grec pas plus que la Vulgate n'est susceptible
d'aucun autre sens. Ce qui suppose que l'armée était divisée en deux corps ou régi-
ments divisés eux-mémes en quatre compagnies, dont une était commandée par Judas
(voy. cependant le verset suivant), et les autres par ses fréres. Or, chacune de ces
compagnies se composant de quinze cents hommes, on a le nombre de six mille,
marqué au vers. 16 du texte grec. — Joseph ne se trouvant pas ailleurs au nombre
des frères de Judas, les uns croient que c'est Jean (I Mach., τι, 2), les autres préten-
dent que ce Joseph était simplement parent ou beau-frére de Judas.
23. Le livre saint, c'est-à-dire, un ou plusieurs passages; peut-étre Deutéron., xx, 2
et suiv. Compar. I Mach., τι. 56. — Esdras; le grec porte Eléazar, mis à l'accusatif,
comme quatriéme complément du verbe i/ établit (constituit) du vers. précédent, et
il présente Judas en lui-même comme ayant lu dans 16 livre saint. — Le secours, etc.;
leur ayant donné pour signal ou mot d'ordre du guet : Le secours de Dieu. Compar.
xur, 15. — * Esdras ou Eléazar était sans doute un prêtre attaché à l'armée,
26, Avant, etc.; la veille du sabbat, qui commengait au coucher du soleil.
tinuèrent pas à les poursuivre.
27. Rassemblant ensuite leurs
armes et leurs dépouilles, ils cé-
lébrerent le sabbat, bénissant le
Seigneur, qui les avait délivrés
en ce jour-là, distillant sur eux
les premieres gouttes de sa misé-
ricorde.
28. Et après le sabbat, ils par-
tagerent les dépouilles entre les
infirmes, les orphelins etles veu-
ves; et le reste, ils le retinrent
pour eux et pour les leurs.
29. C'est pourquoi, les choses
s'étant ainsi passées, et la prière
ayant été faite par tous ensemble,
ils demandaient au Seigneur mi-
séricordieux qu'enfin il se récon-
ciliât avec ses serviteurs.
30. Et d'entre ceux qui étaient
avec Timothée et Bacchide, et
combattaient contre eux, ils en
tuèrent plus de vingt mille, et ils
se rendirent maîtres de hautes
forteresses, et partagèrent un
grand butin en égales portions
entre les infirmes, les orphelins
et les veuves, et méme les vieil-
lards.
31. Et lorsqu'ils eurent recueilli
avec soin les armes des ennemis,
ils les mirent toutes en réserve
dans des lieux convenables, mais
le reste des dépouilles, ils le por-
tèrent à Jérusalem.
32. Et 115 tuèrent Philarque,
homme criminel, qui était avec
Timothée, ef qui avait fail aux
Juifs beaucoup de maux.
II MACHABÉES.
[cH. 1x.]
33. Et lorsqu'ils faisaient des
réjouissances à Jérusalem pour
celte victoire, ils brülerent celui
qui avait brülé les portes sa-
crées, c'est-à-dire (Callisthène,
lorsqu'il s'était réfugié dans une
certaine maison, lui rendant une
digne récompense pour ses im-
piétés.
34. Mais Nicanor, couvert de cri-
mes, qui avait amené mille mar-
chands pour vendre les esclaves
juifs,
35. Humilié avec le secours du
Seigneur, par ceux quil avait
comptés pour rien, s'enfuit par
le milieu des terres, dépouillé de
ses vétements de gloire, et il ar-
riva seul à Antioche, ayant trouvé
lecomble du malheur dansla perte
de son armée.
96. Et celui qui avait promis de
payer le tribut aux Romains avec
le prix de la vente des captifs de
Jérusalem, publiait alors que les
Juifs avaient Dieu pour protec-
teur, et qu'ils étaient invulnéra-
bles, à cause qu'ils suivaient les
lois par lui établies. .
CHAPITRE IX.
Antiochus revient de Perse. Il apprend
la défaite de ses généraux par les Juifs.
Il jure la perte de ce peuple. Dieu le
frappe. et le force de confesser sa
propre faiblesse. Vaine protestation
d'Antiochus. Lettre qu'il écrit aux Juifs.
Il meurt misérablement. Philippe trans-
porte son corps.
1. Dans le méme temps, Antio-
29. Enfin (in finem); ou bien par hébraisme, entièrement, pour toujours.
30. * Timothée. Voir I. Machabées, v, 6. — Bacchide est considéré communément
comme le méme que celui dont 11 est parlé I Machabées, vir, 8.
32. * Philarque, connu seulement par ce passage.
33. * Callisthène, partisan de Nicanor.
3*. * Par le milieu des terres, par le chemin le plus direct et le plus court.
1. * De Perse. Voir I Machabées, m, 31.
[cn. צז ,[
chus revenait honteusement de
Perse.
2. Car il était entré dans la
cité qui s'appelle Persépolis; il
tenta de piller le temple et d'op-
primer la cité; mais, la multi-
tude ayant couru aux armes, ils
furent mis en fuite; et ainsi il
arriva qu'Antiochus, après cette
fuite, s'en retourna honteuse-
ment.
3. Et lorsqu'il fut venu vers
Ecbatane, il suf ce qui s'était
passé à l'égard de Nicanor et de
Timothée.
4. Or, étant transporté de co-
lere, il pensait quil pourrait
tourner contre les Juifs l'outrage
que lui avaient fait ceux qui
lavaient mis en fuite; et c'est
pourquoi ilcommanda de presser
son char, hátant sa marche sans
relâche, la vengeance céleste le
poursuivant, parce quil avait
dit superbement quil viendrait
à Jérusalem et qu'il en ferait le
tombeau commun des Juifs.
9. Mais celui qui voit tout, le
Seigneur, Dieu d'Israél, le frappa
d'une incurable et invisible plaie.
Car dès qu'il eut proféré cette
parole, une douleur cruelle d'en-
irailles le saisit, ainsi que des
(βαρ. IX. 5. II Par., xvi, 9.
II MACHABÉES.
2265
tourments violents dan les in-
testins;
6. Et à la vérité très justement,
puisqu'il avait déchiré lui-même
les entrailles des autres par de
nombreux et de nouveaux tour-
ments, et qu'il n'avait en aucune
manière renoncé à sa méchan-
ceté.
1. Mais, outre cela, rempli d'or-
gueil, respirant en son cœur feu
et flamme contre les Juifs, et com-
me il ordonna qu'on précipitât sa
marche, il arriva qu'en allant avec
impétuosité, il tomba de son
char, et que par le choc terrible
de son corps ses membres furent
meurtris.
8. Ainsi celui qui se figurait
qu'il commandait méme aux flots
de la mer, plein d'un orgueil dé-
passant la limite de l’orqueil hu-
main, et qui pesait dans une ba-
lance les hauteurs des monta-
gnes, alors humilié jusqu'à terre,
était porté dans unelitiere, attes-
tant dans sa personne la vertu
manifeste de Dieu ;
9. Au point que du corps de ce£
impie des vers sortaient comme
d'une source, et que vivant dans
les douleurs, seschairs tombaient
par pieces, et que méme l'armée
————————————————————M ——————— .
2. Voy. I Mach., vi, 1. — * Persépolis, une des capitales de la Perse, au nord de
l'Araxe, dans une plaine fertile; elle fut appelée Istakhar sous les Sassassides. Brülée,
mais non détruite par Alexandre le Grand, elle demeura longtemps encore une ville
importante, mais finit par tomber tout à fait en ruines. On y voit encore de nom-
breux monuments des rois perses.
3. Ecbatane, ville capitale de la Médie. — * Sur Ecbatane, voir Tobie, ni, 7.
4. Le tombeau; littér., l'amas, le monceau de cadavres.
6. Trés justement. C'est le vrai sens des mots salis juste, expliqués par le grec et
méme par l'hébreu. Compar. I Mach., vu, 21.
8. Les hauleurs des montagnes; hébraisme, pour, les montagnes trés élevées.
9. Son odeur infecte; littér., son odeur et infection; figure grammaticale, dont la
Bible fournit un certain nombre d'exemples. — * Du corps de cet impie des vers
sorlaient. Hérode Agrippa ler mourut d'une maladie semblable, très probablement
2266
était incommodée de son odeur
infecte.
10. Et celui qui un peu aupa-
ravant croyait toucher les astres
du ciel, personne ne pouvait le
porter, à cause de son infection
insupportable.
41. Dès lors donc, il commen-
ça, descendu de ce grand orgueil,
à venir à la connaissance de lui-
méme, averti par la plaie divine,
ses douleurs à chaque moment
prenant de l'accroissement.
12. Etcommelui-méme ne pou-
vait plus souffrir son infection, il
dit : Il est juste d'étre soumis à
Dieu, et qu'un mortel ne se croie
pas égal à Dieu.
13. Or ce criminel priait le Sei-
gneur, de qui il ne devait pasobte-
nir miséricorde.
14. Et la cité vers laquelle il ve-
nait en se hátant, afin de l'abais-
ser jusqu'au sol, et d'en faire un
sépulcre de cadavres amoncelés,
il souhaite maintenant de la ren-
dre libre.
15. Et les Juifs, dont il avait
dit qu'il neles traiterait pas com-
me étant dignes de la sépulture,
mais qu'il les livrerait aux oi-
seaux et aux bétes féroces, pour
être déchirés, et qu'il Jes extermi-
neraitavec les plus petits enfants,
il promet maintenant de les ren-
dre égaux aux Athéniens;
16. Et le temple saint aussi,
quil avait auparavant pillé, 7
MACHABÉES. זז
[cu. [.צו
promet de l'orner de dons pré-
cieux, de multiplier les vases sa-
crés, et de fournir de ses reve-
nus aux dépenses relatives aux
sacrifices ;
11. Outre cela, de se faire Juif et
de parcourir tous les lieux de la
terre, pour publier la puissance
de Dieu.
18. Mais, les douleurs ne ces-
sant pas (car le juste jugement de
Dieu lui était survenu), perdant
l'espérance, il écrivit aux Juifs en
forme de supplication, une lettre
contenant ceci :
19. Aux EXCELLENTS Citoyens
juifs, le roi et prince Antiochus
souhaite une trés longue vie, et
de bien se porter et d'étre heu-
reux.
20. Si vous vous portez bien,
vous et vos enfants, et si toutes
choses vont à votre gré, nous en
rendons de grandes actions de
gráces ὦ Dieu.
91. Et moi, étant retenu par la
maladie, mais me souvenant de
vous avec bonté, revenu du pays
de Perse, et surpris par une ma-
ladie grave, j'ai jugé nécessaire
de prendre soin des intérêts com-
muns;
22. Ne désespérant pas de moi-
méme, mais ayant un grand es-
poir d'échapper à la maladie.
23. Considérant donc que mon
pere lui-méme, dans les temps
où il conduisait son armée dans
l'helminthiasis, maladie qui produit des vers dans les entrailles, des abcès, des ulcères
remplis de vers qui répandent une infection insupportable.
11. La plaie divine; la plaie dont Dieu l'avait frappé.
13. De qui, etc.; parce que sa prière était l'effet de l'excès de son mal, mais nulle-
ment de la conversion de son cœur. — * Les rendre égaux ou semblables aux Athé-
niens, leur accorder l'indépendance et l'autonomie.
20. A Dieu est exprimé dans le grec.
23. Les hautes provinces, les provinces d'au-delà de l'Euphrate. — * Mon pére, An-
cu. x.]
les hautes provinces, désigna ce-
lui qui, apres lui, devait recevoir
la domination;
94. Afin que, si quelque chose
s'y opposait ou qu'une nouvelle
fàcheuse se répandait, ceux qui
étaient dans les provinces de son
royaume, sachant à qui était
laissée la domination, ne se trou-
blassent point.
95. De plus, considérant que
tous les puissants les plus proches
et nos voisins épient les temps, et
attendent l'événement, j'ai dési-
gné pour roi mon fils Antiochus,
que je recommandais souvent à
beaucoup d'entre vous, en retour-
nant dans les royaumes supé-
rieurs ; et je lui ai écrit ce qui est
ci-dessous.
96. C'est pourquoi je vous prie,
et je demande que, vous souve-
nant de mes bienfaits publics et
particuliers, chacun garde la fi-
délité envers moi el envers mon
fils.
97. Car jai confiance qu'il se
conduira avec modération et hu-
manité, et qu'il suivra mes inten-
tions, et qu'il sera tout à vous.
98. Ainsi cet homicide et blas-
phémateur a été frappé d'une
horrible plaie, et comme lui-
même avait traité les autres, il
termina sa vie dans les monta-
gnes, à l'étranger, par une mort
misérable.
MACHABÉES. זז
2267
29. Et Philippe, son frère de
lait, transporta son corps; et crai-
gnant le fils d'Antiochus, il s'en
alla en Egypte, vers Ptolémée
Philométor.
CHAPITRE X.
Purification du temple par Judas Macha-
bée. Lysias régent du royaume de Sy-
rie sous Antiochus Eupator. Mort de
Ptolémée Macron. Courses de Gorgias
sur les Juifs. Victoires de Judas sur les
Iduméens. Défaite de Timothée. Prise
de Gazara.
1. Or Machabée, et ceux qui
étaient avec lui, le Seigneur les
protégeant, reprirent la cité et le
temple.
2. Mais les autels que les étran-
gers avaient élevés sur les places
publiques, de méme que les tem-
ples des idoles, il les démolit.
3. Et le temple ayant été purifié,
ils firent un autre autel; et ayant
tiré du feu de pierres ignées, ils
offrirent des sacrifices deux ans
apres et mirent 72 l'encens et les
lampes, et les pains de proposi-
tion.
4. Ce qui ayant été fait, pros-
ternés en terre, ils demandaient
au Seigneur de ne plus tomber
dans de tels maux; mais que, si
un jour ils péchaient, ils fussent
repris par lui avec plus de dou-
ceur, et non livrés à des hommes
barbares et blasphémateurs.
ὃ. Etil arriva qu'au jour où le
tiochus 11] le Grand. Il avait péri en essayant de piller un temple en Elymaide,
comme venait de le faire Antiochus IV Epiphane à Persépolis. Voir plus haut, ,זז
— Désigna celui qui devait recevoir la domination, son fils aîné, Séleucus IV Philopator,
frére d'Antiochus Epiphane. Séleucus succéda en effet à son pére sans aucune con-
testation.
25. Les royaumes supérieurs sont les contrées d'au delà de l'Euphrate (vers. 23). —
Antiochus V Eupator. Voir I Machabées, ur, 32.
21. Il sera, etc.; littér., i vous sera commun.
29. Voy. sur ce vers. I Mach., vi, 14-17.
5. Casleu. Voy. 1 Mach., x, 21.
9268
temple avait été souillé par les
étrangers, au méme jour la puri-
fication se fit, le vingt-cinquieme
du mois de Casleu.
6. Et ils célébrerent cette féte
pendant huit jours avec allé-
gresse, comme celle des taberna-
cles, se souvenant que, peu de
lemps auparavant, ils avaient
célébré le jour solennel des taber-
nacles dans les montagnes et dans
les antres, comme des bétes sau-
vages.
7. C'est pourquoi ils portaient
des thyrses, des rameaux verts
el des palmes, en l'honneur de
celui qui leur avait procuré l'a-
vantage de purifier son lieu.
8. Et ils enjoignirent, par un
commandement général, et par
un décret, à toute la nation des
Juifs de célébrer tous les ans ces
mémes jours.
9. Quant à la fin de la vie d'An-
tiochus, qui fut appelé le Noble,
elle fut ainsi que nous l'avons dit.
10. Mais maintenant nous ra-
conterons ce qui s'est passé tou-
chant Eupator, fils de l'impie An-
tiochus, en abrégeant le récit des
maux qui sont arrivés pendant
les guerres.
11. Ce prince, en effet, étant
devenu maitre du royaume, éta-
blit sur les affaires du royaume
un certain Lysias, prince de l'ar-
mée de Phénicie et de Syrie.
Il MACHABÉES.
[cn. x.]
12. Car Plolémée, qui était ap-
pelé le Maigre, résolut de ne point
se départir de la justice envers
les Juifs, principalement à cause
de liniquité qui avait été com-
mise contre eux, et d'agir dans
un esprit de paix avec eux.
13. Mais, à cause de cela, il fut
accusé par ses amis aupres d'Eu-
pator; comme fréquemment il
s'entendait appeler traitre, parce
qu'il avait abandonné Chypre, qui
lui avait été donnée en garde par
Philométor, et qu'après avoir
passé dans le parti d'Antiochus
le Noble, il s'était aussi éloigné
de lui, il finit sa vie parle poison.
14. Or Gorgias, lorsqu'il était
gouverneur de ces contrées, ayant
pris des étrangers, faisait fré-
quemment la guerre aux Juifs.
15. Mais les Juifs qui occupaient
des forteresses d'une situation
avantageuse, recevaient ceux qui
avaient été chassés de Jérusalem
et tentaient des guerres.
16. Cependant ceux qui étaient
avec Machabée, ayant par leurs
prières conjuré le Seigneur d’être
leur aide, firent irruption sur les
forteresses des Iduméens ;
17. Et avançant avec vigueur,
ils S'emparerent d'un grand nom-
bre de lieux, massacrerent ceux
qui venaient à leur rencontre, et
tous ensemble ne tuèrent pas
moins de vingt mille hommes.
1. Thyrses signifie proprement des bátons couverts de branches de lierre ou de
vigne, que portaient Bacchus et les bacchantes; mais il se prend aussi quelquefois
pour de simples rameaux de verdure. — Son lieu, c'est-à-dire, son temple.
9. Le Noble. Voy. 1 Mach., x, 4. — Ainsi, etc. Voy. I Mach., vx, 1-16, et 11 Mach.,
1, 13-17.
10. * Antiochus V Eupator. Voir I Machabées, in, 32.
11. * Lysias. Voir 1 Machabées, ur, 32.
12. Maigre (macer); dans le grec, long, haut de taille. — * Plolémée, Voir 1 Ma-
chabées, 11, 38.
14. * Gorgias. Voir plus haut, I Machabées, ur, 38.
|
[cu. x.]
48. Et, comme quelques-uns
s'étaientréfugiés dans deux tours
très fortifiées, ayant fait tous les
préparatifs pour se défendre,
19. Machabée, pour les forcer,
ayant laissé Simon et Joseph,
ainsi que Zachée, et ceux qui
étaient avec eux en nombre suf-
fisant, se tourna lui-méme vers
des combats qui étaient plus pres-
sants.
20. Mais ceux qui étaient avec
Simon, guidés par la cupidité,
furent gagnés pour de l'argent
par quelques-uns de ceux qui
élaient dans les tours, et, ayant
recu soixante-dix mille didrach-
mes, ils en laissèrent échapper
quelques-uns.
21. Or, lorsqu'on eut annoncé
à Machabée ce qui avait été
fait, les princes du peuple ayant
été assemblés, il les accusa d'a-
voir pour de l'argent vendu leurs
freres, en laissant aller leurs ad-
versaires.
22. Il tua donc ceux qui s'étaient
rendustraitres, 61 aussitót il s'em-
para des deux tours.
23. Et par ses armes et ses ef-
forts, en faisant toutes choses
avec succes, il tua plus de vingt
mille hommes dans les deux for-
leresses.
24. Mais Timothée, qui aupa-
ravant avait été vaincu par les
MACHABEES. זז
2269
Juifs, ayant appeie une armée de
troupes étrangères, et assemblé
la cavalerie d'Asie, vint comme
pour prendre la Judée par les
armes.
25. Or Machabée, et ceux qui
étaient avec lui, tandis qu'il s'ap-
prochait, prierentle Seigneur, ré-
pandant de la terre sur leurs
tétes, ceignant leurs reins de ci-
lices,
26. Prosternés au pied de l'au-
tel, afin que 76 Seigneur leur fit
propice, mais qu'il füt l'ennemi
de leurs ennemis, et l'adversaire
de leurs adversaires, comme la
loi dit.
27. Et ainsi, après la prière,
ayant pris les armes, et s'étant
avancés tres loin hors de la cité,
et devenus trés proches de leurs
ennemis, ils s'arréterent.
28. Mais au premier lever du
soleil, les uns et les autres enga-
gerent la bataille, ceux-ci, il est
vrai, ayant pour garant de la
victoire et du succès, outre leur
valeur, le Seigneur, mais les au-
tres avaient pour chef dans la
guerre leur courage.
29. Mais, lorsque le combat était
opiniátre, apparurent du ciel à
leurs ennemis cinq hommes sur
des chevaux, éclatants par des
freins d'or, el conduisant les
Juifs;
19. Joseph. Voir plus haut, vin, 92. — Zachée est tout à fait inconnu.
20. Didrachmes. Voy. 1v, 19.
24, * Timothée, dont il a été parlé plus haut, vin, 30.
26. Au pied ou à la base de l'autel (ad altaris crepidinem); selon le grec : à La base
de l'autel du parfum; c'est-à-dire, entre l'autel des holocaustes et le vestibule du
temple. C'est l'endroit où, selon le prophète Joël (π, 17), les prêtres se prosternaient
pour prier dans les calamités publiques. — Comme dit la loi (Exod., xxu, 22, 23).
29. Ecialants ou brillants, étant au nominatif (decor?) dans la Vulgate, se rapporte
aux cinq hommes (viri quinque); mais le grec le rapporte plus naturellement, ce
semble, aux chevaux. Peut-être que le decori de la Vulgate est une simple faute de
copiste, et qu'il faudrait lire decoris.
30. Deux d'entré ces hommes
ayant Machabée au milieu d'euz,
couvert de leurs armes, le con-
servaient sain et sauf; mais, sur
les ennemis, ils jetaient des traits
et des foudres; d’où confondus
par la cécité, et remplis de trou-
ble, ils tombaient morts.
31. Ainsi ils furent tués au nom-
bre de vingt mille cinq cents
hommes de pied, et six cents ca-
valiers.
32. Or Timothée s'enfuit à Ga-
zara, place forte que commandait
Chéréas.
33. Mais Machabée et ceux qui
étaient avec lui, se réjouissant,
assiégèrent la place durant quatre
jours.
34. Et ceux qui étaient dedans,
se confiant à la force du lieu,
les maudissaient outre mesure,
et proféraient des paroles im-
pies.
39. Mais, lorsque le cinquième
jour commençait à briller, vingt
jeunes hommes, de ceux qui
étaient avec Machabée, enflam-
més de colère, à cause de ces
blasphèmes, s’approchèrent vail-
lamment du mur, et s'avancant
avec un courage intrépide, ils
montaient.
36. Mais d’autres aussi, mon-
tant pareillement, commencèrent
à mettre le feu aux tours et aux
portes, et à brüler tout vivants
ceux mêmes qui /es maudis-
saient.
87. Or, pendant deux jours de
1 MACHABÉES.
[cr. x1.!
suite, la place ayant été dévas-
tée, ils trouverent Timothée qui
se cachait en un certain lieu,
et 16 massacrerent, et ils tuèrent
son frere Chéréas et Apollopha-
nes.
38. Ce qui ayant été fait, ils
bénissaient par des hymnes et
des louanges le Seigneur qui
avait fait de grandes choses en
Israél, et leur avait donné la vic-
toire.
CHAPITRE XI.
Lysias vient en Judée avec une armée
nombreuse. Les Juifs invoquent le Sei-
gneur et remportent la victoire. Lysias
leur demande la paix; Judas l'aecorde.
Lettre de Lysias aux Juifs. Lettre d'An-
tiochus Eupator à Lysias et aux Juifs.
Lettre des Romains aux Juifs.
1. Or,peudetempsapres,Lysias,
gouverneur du roi et son parent,
et préposé aux affaires dw royau-
me, supportant avec peine ce qui
était arrivé,
2. Ayant assemblé quatre-vingt
mille hommes de pied, et toute
sa cavalerie, il venait contre les
Juifs, pensant qu'après avoir pris
la cité, il en ferait une habitation
pour les nations;
3. Que, quant au temple, il en
tireraitun profit en argent comme
de tous les autres temples des na-
tions, et qu'il vendrait tous les
ans le sacerdoce;
4. Ne songeant nullement à la
puissance de Dieu, mais effréné
en son esprit, c'était à la multi-
tude de ses hommes de pied, et
32, Gazara. Voy. 1 Mach., xiv, 34. — Chéréas, frère de Timothée (vers. 31).
31. * Apollophanés est un personnage inconnu.
1. * Lysias. Voir I Machab., זז 32.
3. Il en tirerait, etc., soit en vendant les charges et les dignités de ce temple, soit
en exigeant de l'argent de ceux qui y venaient offrir des victimes,
(cn. x1.]
aux milliers de ses cavaliers et à
ses quatre-vingts éléphants qu'il
se confiait.
5. Or, étant entré en Judée, et
s'étant approché de Bethsura, qui
était dans un lieu étroit distant de
Jérusalem de cinq stades, il atta-
quait cette place.
6. Mais, dès que Machabée et
ceux qui étaient avec lui surent
que les places fortes étaient atta-
quées, ils conjurèrent le Seigneur
avec des soupirs et des larmes,
eux et toute la multitude avec
eux, d'envoyer un bon ange pour
le salut d'Israel.
7. Et Machabée lui-méme, le
premier, ayant pris les armes,
exhorta tous les autres à s'expo-
ser aveclui au péril, et à porter
secours à leurs frères.
8. Et comme ils s'avancaient
tous également avec un esprit
résolu, apparut à Jérusalem un
cavalier marchant devant eux
avec un vétement blanc, des ar-
mes d'or, e£ agitant une lance.
9. Alors tous ensemble bénirent
le Seigneur miséricordieux, et
s'animerent d'un grand courage,
préts, non seulement à passer au
travers des hommes, mais encore
au travers des bétes les plus fé-
roces et des murs de fer.
10. [15 allaient done bien réso-
lus, ayant du ciel un aide, et le
Seigneur qui avait pitié d'eux.
MACHABÉES. זז
2271
11. Or, comme des lions se pré-
cipitant impétueusement sur les
ennemis, ils en tuerent onze mille
hommes de pied, et seize cents
cavaliers ;
12. Pour tous /es autres, ils les
mirent en fuite; mais la plupart
d'entre eux échappèrent blessés
οἱ désarmés. Lysias lui-même
échappa aussi, mais en fuyant
honteusement.
13. Et comme il ne manquait
pas de sens, considérant en lui-
méme la diminution qui s'était
faite de ses troupes, et reconnais-
sant que les Hébreux étaient in-
vincibles, lorsqu'ils s'appuyaient
sur le secours du Dieu tout-puis-
sant, il envoya vers eux,
14. Et il promit qu'il consenti-
rait à tout ce qui serait juste, et
qu'il persuaderait au roi de deve-
nir eur ami.
15. Or Machabée se rendit aux
prières de Lysias, consultant en
toutes choses l'intérêt public; et
tout ce que Machabée écrivit à
Lysias touchant les Juifs, le roi
l'accorda.
16. Caril avaitélé écritaux Juifs
par Lysias des lettres contenant
ce qui suit :
Lysias au peuple des Juifs, sa-
lut.
11. Jean et Abesalom, qui
avaient été envoyés par vous
pour remettre vos écrits, deman-
5. Etant entré, etc. Cette guerre est différente de celle qui est mentionnée I Mach.,
vi, 98 et suiv. — Síades, ou selon la version alexandrine Schènes. Or le schène
variait selon les lieux, mais le moindre valait trente stades; ce qui s'accorde mieux
avec Eusébe et saint Jéróme, qui mettent en effet la ville de Bethsura à vingt milles
de Jérusalem.
14. * Il persuaderait au roi de devenir leur ami. Le roi Antiochus V Eupator n'étant
qu'un enfant, Lysias pouvait lui faire faire tout ce qu'il voulait.
16, 22, 21, 34. Salut (salutem). Voy. I Machab., x, 18.
17. Ecrits (scripta), c'est-à-dire, lettres,
2272
daient que ce qui était exprimé
pàr eux, je l'accomplisse.
18. Ainsi toutce qui a pu étre
rapporté au roi, je l'ai exposé ; ce
que l'état des choses permettait,
il l'a aecordé.
19. Si donc dans les traités
vous gardez la foi, je m'effor-
cerai désormais de vous étre
utile.
20. Pour toutes les autres cho-
ses, j'ai commandé de vive voix
et à ceux-ci, età ceux qui ont été
envoyés par moi, de conférer de
chacune en particulier.
21. Portez-vous bien. Enl'année
cent quarante-huitième, au mois
de Dioscorus, le vingt-quatrieme
jour.
22. Or la lettre du roi contenait
ceci : LE Ror Antiochus, à son
frere Lysias, salut.
23. Notre père ayant été trans-
porté parmi les dieux, nous, vou-
lant que ceux qui sont dans notre
royaume vivent sans tumulte, et
qu'ils soient appliqués à leurs af-
faires,
24. Nous avons appris que les
Juifs n'ont pas cédé à mon pere
t1 MACHABÉES.
[cu. xt.]
en passant au rite des Grecs,
mais qu'ils veulent conserver leur
regle de conduite, et qu'à cause
de cela ils nous demandent qu'il
leur soit accordé de suivre leurs
lois.
95. Voulant donc que cette na-
tion aussi soit en paix, statuant,
nous avons jugé que leur temple
leur soit rendu, afin qu'ils vivent
selon la coutume de leurs ancé-
tres.
90. Tu feras done bien si tu en-
voles vers eux, et si tu leur don-
nesla main droite, afin que, notre
volonté étant connue, ils repren-
nentcourage et s'attachent à leurs
propres intéréts.
97. Mais la lettre du roi aux
Juifs était ainsi:
Le זסת Antiochus, au sénat des
Juifs et aux autres Juifs, salut.
98. Si vous vous portez bien,
vous étes comme nous le dési-
rons; et nous aussi nous nous
portons bien.
29. Ménélaüs est venu vers
nous, disant que vous voulez des-
cendre vers les vólres qui sont
auprès de nous.
19. Je m'efforcerai ; littér., et je, etc. Voy. sur ce et, Osée, xx, 1
20. Ceux-ci, ceux qui sont ici présents, vos envoyés.
21, 33, 38. L'année cent quarante-huitième du règne des Grecs, la cent soixante-
troisième avant Jésus-Christ. — Dioscorus ou Dioscore, mois inconnu parmi les
Grecs; le texte grec lit Dios corinthiou, c'est-à-dire de Jupiler de Corinthe qui n'est
pas plus connu; de là les diverses opinions des savants.
92, Son frère; titre honorifique. Voy. I Machab., x, 18. —* Le roi Antiochus V Eu-
vator.
23. * Notre père Antiochus IV Epiphane.
25. * Voulant que cetle nation soit aussi en pair. Lysias, qui fait parler et agir
le roi enfant, avait tout intérét à faire la paix avec les Juifs, afin de pouvoir com-
battre Philippe qu'Antiochus Epiphane avait désigné en mourant comme tuteur
de son fils, ce que Lysias ne voulait pas accepter, étant bien décidé à garder lui-
méme une tutelle qui le rendait maitre du royaume de Syrie. Voir I MacAab., in, 32;
γι, 14.
29. Ménélaüs passait encore pour grand prêtre des Juifs, ayant été Ctabii par An-
tiochus Epiphane (tv, 23 et suiv.), quoiqu'il ne fût pas reçu dans Jérusalem et qu'il
n'exercàt point les lonctions du sacerdoce dans le temple. Pendant son absence, les
Juifs avaient déféré la dignité de grand prétre à Judas.
[cu. xur.]
30. A ceux done qui voudront
venir jusqu'au trentieme jour du
mois de Xanthicus, nous donnons
la main droite en signe d'assu-
rance,
31. Afin que les Juifs usent de
leurs aliments et de leurs lois
comme auparavant, et que per-
sonne d'entre eux n'éprouve de
la peine en aucune maniere des
choses qui ont été faites par igno-
rance.
32. Et nous avons aussi envoyé
Ménélaüs pour vous parler.
33. Portez-vous bien. En l'an-
née cent quarante-huitième, du
mois de Xanthicus le quinzieme
jour.
34. Or les Romains aussi en-
voyèrent une lettre ainsi conçue :
Quinrus Memmius et Titus Ma-
nilius, envoyés des Romains, au
peuple des Juifs, salut.
98. Ce que Lysias, parent du
roi, vous a accordé, nous vous
l'accordons nous aussi.
36. Mais quant à ce qu'il a jugé
devoir étre référé au roi, envoyez
aussitót quelqu'un, apres enavoir
très soigneusement délibéré en-
tre vous, afin que nous ordon-
nions comme il vous convient;
car nous, nous allons à Antioche.
Il MACHABÉES. 2273
37. Et c'est pourquoi hátez-vous
de nous récrire, afin que nous
aussi nous sachions quel est vo-
tre désir.
38. Portez-vous bien. En l'an-
née cent quarante-huitième, au
quinzième jour du mois de Xan-
thicus.
CHAPITRE XII.
Les Juifs sont persécutés par les gouver-
neurs des pays voisins de la Judée.
Expédition de Judas contre les habi-
tants de Joppé, et contre ceux de Jam-
nia. Il marche contre Timothée, au delà
du Jourdain. I! défait l'armée de Timo-
thée. Il revient à Scythopolis. Il marcha
contre Gorgias, et le met en fuite. Obla-
tion pour les Juifs qui avaient été tués
dans ce combat.
1. Ces conventions faites, Ly-
sias se rendit vers le roi, et les
Juifs donnaient leurs soins à l'a-
ericulture.
9. Mais ceux qui étaient de-
meurés, Timothée et Apollonius,
fils de Gennéus, aussi Jérôme et
Démophon, et Nicanor, gouver-
neur de Chypre, ne les laissaient
pas vivre en paix et en repos.
3. Or les habitants de Joppé
commirent ce crime : ils prierent
les Juifs avec lesquels ils habi-
taient, de monter sur des barques
30, 33, 38. Xanlhicus ou Xanthique. Ce mois des Macédoniens répond au mois
d'avril.
34. * Quintus Memmius et Titus Manilius. Ces noms sont écrits trés différemment
dans les textes et les manuscrits et l'on ne sait pas au juste quels sont ces per-
sonnages.
2, Timothée, le méme qui est nommé I Machab., v, 11, et ci-après, vers. 10, et dans
la suite du chapitre. — Jérôme et Démophon sont inconnus d'ailleurs. — * Apol/onius,
fils de Gennéus, est différent des deux autres personnages de ce nom qui étaient
l'un, fils de Tharsée, nr, 5, 7, l'autre, fils de Mnesthée, 1v, 21. Il est aussi probable-
ment différent d'Apollonius, gouverneur de la Cœælésyrie, sous Démétrius, I Machab.,
x, 69, parce qu'à l'époque dont il s'agit ici, cet Apollonius était à Rome avec Démé-
trius Ier. Apollonius, fils de Gennéus, était vraisemblablement le pére du gouverneur
de la Cœlésyrie. Voir I Machab., x, 69. — Nicanor, gouverneur de Chypre, doit être
différent de Nicanor, fils de Patrocle, vir, 9, préposé aux éléphants, xiv, 13, et dont
il est longuement question I Machab., vit, 26-41 et II Machab., xiv, 12-xv.
A. T. 143
2214
qu'ils avaient préparées, avec
leurs femmes et leurs enfants,
comme n'y ayant aucune inimilié
entre eux.
4. Cest pourquoi d'apres un dé-
cret arrêté en commun par lacité,
el eux-mêmes ayant acquiescé,
et ne soupconnant rien, à cause
dela paix qui était entre eux, lors-
qu'ils furent avancés dans la
haute mer, les habitants de Joppé
n'en noyerent pas moins de deux
cents.
9. Dès que Judas sut que cette
cruaulé avait été commise contre
deshommes de sa nalion,ildonna
des ordres aux hommes qui
élaient avec lui; et Dieu, le juste
juge, invoqué,
6. Il marcha contre les meur-
triers de ses frères, et mit le feu
au port pendant la nuit, brüla les
barques; mais ceux qui avaient
échappé au feu, il les fit périr par
le glaive.
1. Etlorsqu'il eut fait cela,il s'en
alla, comme devant encore reve-
nir et exterminer tous les ha-
bitants de Joppé.
8. Mais, lorsqu'il sut que ceux
qui étaient à Jamnia voulaient
trailer de la méme maniere les
Juifs qui demeuraient avec eux,
9. Il surprit aussi les Jamniles
pendant la nuit, et brüla le port
avec les vaisseaux, en sorte que
la lumiere du feu se voyait à Jé-
MACHABÉES. זז
[cu. [.זוצ.
rusalem, éloignée de deux cent
quarante stades.
10. Et lorsqu'ils furent partis de
là et qu'ils en étaient à neuf sta-
des, cheminant vers Timothée,
des Arabes, au nombre de cinq
mille Aommes. de pied et de cinq
cents cavaliers, engagerent /a ba-
taille avec lui.
11. Et lorsque le combat devint
opiniátre, et que, par le secours
de Dieu, il eut tourné à l'avantage
des Juifs, les Arabes qui étaient
restés, sevoyant vaincus, deman-
daient à Judas de leur donner la
main droite, promeltant de don-
ner des pâturages, et de /u être
utiles en lout le reste.
12. Or Judas, pensant qu'ils se-
raient, en effet, utiles en beau-
coup de choses, promit la paix;
et ayant reçu sa main droite, ils
se relirerent dans leurs taber-
nacles.
13. Or il attaqua aussi une cité
forle environnée de ponts et de
murs, laquelle était habitée par
une multitude d'hommes de di-
verses nalions eé dont le nom
était Casphin.
14. Mais ceux qui étaient de-
dans, se confiant en la force de
leurs murs et dans leur provision
de vivres, se défendaient tres fai-
blement, harcelant Judas par des
injures, et blasphémant, et profé-
rant des paroles impies.
4. Ewr-mémes, les Juifs. — Ayant acquiescé à ce décret qui ratifiait la proposition
faite aux Juifs (vers. 3) de monter sur des barques.
8. * Jamnia. Noir 1 Machab., 1v, 15.
9. Deux cent quarante stades; environ dix lieues.
10. Avec lui, Judas (vers. 5). — * Des Arabes, Bédouins nomades, habitant entre
] Egypte et la Palestine et faisant souvent des incursions dans le pays des Philistins,
11. De leur donner la main droite. Voy. Y Machab., xx, 50.
13. Casphin, peut-être la mème ville que Casbon (I Mach., v, 36). — * Casphin
élait environnée de ponts, c'est-à-dire, d'après un des sens du mot grec, de larges
murs en terre,
[cu. xn.]
15. Mais Machabée, ayant invo-
qué le grand prince du monde,
qui sans bélier et sans machines
au temps de Jésu fit tomber Jéri-
cho, monta impétueusement sur
les murs.
16. Et, la cité prise par la vo-
lonté du Seigneur, il fit le plus
grand carnage, de sorte que 16-
tang adjacent de deux stades
delargeur semblaitroulerlesang
des tués.
47. Ils partirent de là, et ayant
fait sept cent cinquante sta-
des, ils vinrent à Characa, vers
les Juifs qui sont appelés Tubia-
néens.
18. Et toutefois ils ne purent
prendre Timothée en ces lieux ;
car n'ayant rien pu y achever, il
s'en était retourné après avoir
laissé en un certain lieu une tres
forte garnison.
19. Mais Dosithée et Sosipater,
qui étaient chefs avec Machabée,
tuerent ceux qui avaient été lais-
sés en garnison par Timothée,
au nombre de dix mille hommes.
20. Cependant Machabée, ayant
mis en ordre autour de lui six
mille hommes, et les ayant dis-
posés par cohortes, marcha con-
tre Timothée, qui avait avec lui
cent vingt mille hommes de pied
el deux mille cinq cenls cava-
liers.
CuaP. XII. 15. Jos., vr, 20.
MACHABÉES. זו
2275
21. Or, l’arrivée de Judas ayant
été connue, Timothée envoya de-
vant lui les femmes et les en-
fants, et le reste du bagage dans
une place forte qui est appelée
Carnion; car elle était inexpu-
gnable, et d'un acces difficile, à
cause des défilés qui l'environ-
naient.
22. Mais, lorsque la premiere
cohorte de Judas eut paru, la
crainte s'empara des ennemis par
la présence du Dieu qui voit tou-
tes choses; et ils furent mis en
fuite l'un par lautre, en sorte
qu ils étaient plutôt renversés par
les leurs, et blessés parles coups
de leurs glaives.
23. Or Judas les poursuivait vi-
vement, punissant ces profanes,
et il en tua trente mille.
24. Mais Timothée lui-méme
tomba au milieu des bandes de
Dosithée et deSosipaler, et il les
priait avec beaucoup d'instances
de le laisser aller en vie, parce
qu'il avait ex son pouvoir beau-
coup de pères et de frères de
Juifs, à qui, par sa mort, il arrive-
rait d'étre décus.
25. Et lorsqu'il eut donné sa
foi, qu'illes rendrait selon la con-
vention, ils le laissèrent aller sans
lui faire aucun mal à cause de la
vie de leurs frères.
26. Or Judas marcha contre
15. Jésu, c'est-à-dire, Josué. — * Voir Josué, νι, 1-20.
17. Tubianéens qui habitaient le pays de Tubin ou de Tob. Voy. I Machab., v, 13.
— * Characa, d'après les uns, Kir, ville de Moab, sur l'ouadi Kérek, mais, d'après
d'autres, comme Kir n'était pas dans le pays de Tob, simple camp retranché, situé
entre l'Ammonitide et la Syrie.
19. * Dosilhée et Sosipater, lieutenants sous les ordres de Judas Machabée.
21. Carnion, la même ville que Carnaim (I Mach., v, 26, 43).
24. Parce qu'il avait, etc. Timothée veut dire qu'ayant fait prisonniers un grand
nombre ce pères et de frères des Juifs, ils seraient par sa mort trompés dans leur
espérance de recouvrer la liberté.
2276
Carnion, οὐ 1] tua vingt-cinq mille
hommes.
27. Après la fuite et le carnage
de ces ennemis, il fit avancer son
armée vers Ephron, cité fortifiée,
dans laquelle une grande multi-
tude de diverses nations habi-
tait; et de jeunes hommes vigou-
reux, se tenant devant les murs,
combattaient courageusement;
or il y avait dans la cité beaucoup
de machines et une provision
d'armes de jet.
28. Mais, lorsqu'ils eurent in-
voqué le Tout-Puissant, qui par
sa puissance brise les forces des
ennemis, ils prirent la cité; et de
ceux qui élaient dedans, ils tue-
rent vingt-cinq mille 4072s.
29. De là ils allérent à la cité
des Scythes, qui était éloignée de
Jérusalem de six cents stades.
90. Mais les Juifs qui étaient
chez les Scythopolitains, ayant
assuré qu'ils avaient été traités
par eux avec bienveillance, même
dans les temps de /eur malheur;
que Jes habitants de cette ville
avalent agi avec modération en-
vers eux;
31. Judas et les siens leur ayant
rendu grâces, et les ayant exhor-
tés à être encore dans la suite
bienveillants envers leur nation,
ils vinrent à Jérusalem, le jour so-
lennel des semaines approchant.
32. Et après la Pentecôte, ils
MACHABÉES. זז
]08. xur.]
marchèrent contre Gorgias, pré-
posé sur l'Idumée.
33. Or Judas sortit avec trois
mille hommes de pied, et quatre
cents cavaliers.
34. Après qu'ils en furent ve-
nus aux mains, il arriva qu'un
petit nombre de Juifs succombè-
rent.
39. Or un certain Dosithée, ca-
valier d'entre les Bacénores,
homme brave, s'était emparé de
Gorgias; et comme il le voulait
prendre vivant, un certain cava-
lier d'entre les Thraces se jeta sur
lui et lui coupa l'épaule; et ainsi
Gorgias s'enfuit à Marésa.
36. Mais, ceux qui étaient avec
Esdrin combattant depuis long-
temps et étant fatigués, Judas in-
voqua le Seigneur pour qu'il de-
vint Jeur aide et /eur chef dans le
combat ;
31. Commencant ὦ chanter
dans la langue de sa patrie, etl
poussant en l'air des cris avec
des hymnes, il mit en fuite les
soldats de Gorgias.
38. Cependant Judas, son armée
rassemblée, vint à la cité d'Odol-
lam; et, comme le septième jour
était arrivé, s'étant purifiés, se-
lon la coutume, ils célébrerent le
sabbat dans le méme lieu.
39. Et le jour suivant, Judas
vint avec les siens, afin d'enlever
les corps des morts, et de les dé-
21. * Ephron. Voir I Machab., v, 46.
29. * La cilé des Scythes ou Scythopholis, la même que Bethsan. Voir I Mach., v, 52.
31. Le jour solennel des semaines, la Pentecôte, ainsi nommée, parce que, d’après
les termes mêmes de la loi, elle se célébrait sept semaines complètes après Pâques
(Lévit., xxix, 15, 16).
32. * Gorgias. Voir I Machab., 111, 38.
35. Marésa, ville de la tribu de Juda. — * Dosithée d’entre les Bacénores, différent
du Dosithée des vers. 19 et 94,
31. La langue de sa patrie, l'araméen. Voy. vit, 8.
38. Odollam, dans la partie méridionale de Juda.
jcu. ΧΠΙ.]
poser avec 1eurs parents dans les
sépulcres de leurs pères.
40. Or ils trouvèrent sous les
tuniques des tués des offrandes
faites aux idoles qui étaient àJam-
nia, e£ que la loi interdit aux
Juifs; il devint donc manifeste à
tous que c'est pour ce motif qu'ils
avaient succombé.
44. C'est pourquoi tous bénirent
le juste jugement du Seigneur
qui avait rendu manifestes les
choses cachées.
49. Et ainsi, s'étant mis en
prière, ils demandèrent au Sei-
gneur que l'offense qui avait été
commise füt livrée à l'oubli. Mais
le trés vaillant Judas exhortait le
peuple à se conserver sans péché,
voyant sous leurs yeux ce qui
élait arrivé à cause des péchés de
ceux qui avaient élé tués.
49. Et, une collecte ayant été
faite, il envoya à Jérusalem douze
mille drachmes d'argent, afin
qu'un sacrifice füt offert pour les
péchés des morts, pensant bien
et religieusement touchant la ré-
surrection
44. (Car s'il n'avait pas espéré
que ceux qui avaient succombé
40. Deut., vu, 25.
MACHABEES. זו
2211
devaient ressusciter, il /u aurait
semblé superflu et vain de prier
pour les morts);
45. Mais c'est parce qu'il consi-
dérait que ceux qui s'étaient en-
dormis dans la piété recevraient
une trés grande gráce réservée
pour eux.
46. Elle est donc sainte et salu-
taire la pensée de prier pour les
morts, afin qu'ils soient délivrés
de leurs péchés.
CHAPITRE XIII.
Antiochus Eupator marche contre les
Juifs avec une puissante armée. Il fait
mourir Ménélaüs. Judas jette le trouble
dans le camp des ennemis. Siège de
Bethsura. Paix entre Eupator et les
Juifs.
1. En lannée cent quarante-
neuvieme, Judas sut qu'Antio-
chus Eupator venait avec une
multitude contre la Judée,
2. Et qu'avec lui était Lysias,
régent et préposé aux affaires du
royaume, ayant avec lui cent dix
mille hommes de pied, et cinq
mille cavaliers, et vingt-deux élé-
phants, et trois cents chars ar-
més de faux.
40. Ils trouvérent, etc. Il est probable que ces choses trouvées avaient été enlevées
lors de l'expédition contre Jamnia (vers. 8 et suiv.). — Que la loi, etc. Voy. Deuté».,
vit, 25, 26.
43. La drachme valait environ quarante centimes. — Afin qu'un sacrifice, etc. Cette
fin du verset et les versets suivants prouvent incontestablement la résurrection des
morts et l'existence du purgatoire. C'est pour cela que Luther a rangé les livres des
Machabées parmi les apocryphes; mais l'authenticité et la divinité de ces livres sont
prouvées par des arguments aussi solides que l'autorité de tous les autres livres de
la Bible. Quant aux vers. 43, 46, en particulier, nous croyons devoir dire, aprés
D. Calmet : « On ne s'arréte point à réfuter l'imagination de Munster, qui a soupconné
ce passage d'avoir été ajouté en cet endroit; tous les exemplaires grecs, latins et
syriaques, tant imprimés, que manuscrits, le portent uniformément, comme la Vul-
gate, et les anciens Péres l'ont cité et connu, sans aucune variété, ni aucun doute. »
1. L'année cent quarante-neuviéme du règne des Grecs, la cent soixante-deuxième
avant Jésus-Christ. — * Pour cette campagne, voir I Machab., vi, 28-62.
2218
3. Or Ménélaüs aussi se mêla
avec eux; et avec une insigne
fourberie, il suppliait Antiochus,
non pour le salut du pays, mais
dans l'espoir d’être établi dans la
principauté.
4. Mais le Roi des rois suscita
le courroux d'Antiochus contre le
pécheur; et Lysiaslui ayant dit
que cet homme était la cause de
tousles maux, il commanda(com-
me c'estleur coutume)de 16 pren-
dre, et de le faire périr dans le
méme lieu.
5. Or dans ce méme lieu était
une tour de cinquante coudées,
ayant de tous 60168 un tas de cen-
dres; cette tour avait vue sur un
précipice;
6. Ilcommanda que de là le sa-
crilègefütjeté danslacendre, tous
aidant à sa mort.
7. Et ce fut par une telleloi qu'il
arriva que le prévaricateur de la
loi mourut et que Ménélaüs nefut
pas confié à la terre.
8. Et à la vérité ce fut tres jus-
tement, parce qu'il avait commis
beaucoup de crimes contre l'au-
tel de Dieu, dont 16 feu et 18 cen-
dre étaient saints; il fut con-
damné à mourir dans les cendres.
9. Gependantleroi, effréné dans
son esprit, venait pour se mon-
trer aux Juifs plus méchant que
son père.
MACHABÉES. זז
[ca. xur.]
10. Ce qui ayant été su par Ju-
das, il ordonna au peuple d'invo-
quer le Seigneur, le jour et la
nuit, afin que, comme toujours,
il les aidàt maintenant
1. (Car ils avaient à craindre
d’être privés de la 101, de la pa-
trie et du saint temple), et qu'il
ne permit pas que le peuple, qui
depuisquelque temps respirait un
peu, fütassujetti aux nations blas-
phématrices.
12. C’est pourquoi l'ayant fait
tous ensemble, et ayant deman-
dé au Seigneur miséricorde, par
des pleurs et des jeünes, pros-
ternés durant trois jours conti-
nus, Judas les exhorta à se tenir
prêts.
13. Et lui-même résolut avec
les plus anciens de sortir, avant
que le roi fit pénétrer son armée
dans la Judée, et prit la cité, et de
remettre l'issue de l'affaire au ju-
SA du Seigneur.
4. C'est pourquoi, attribuant]la
Mae sur toutes choses à
Dieu, créateur du monde, et ayant
exhortéles siens à combattre vail-
lamment, et à rester debout jus-
qu'à la mort pour les lois, le tem-
ple, la cité, la patrie et Jeurs con-
citoyens, il établit son armée près
de Modin.
45. Et la victoire de Dieu ayant
été donnée aux siens pour signal,
3.* Ménélaüs. Voir 1v, 23.
4. Dans le méme lieu, ou, selon le grec, comme c'est la coutume dans ce lieu-là.
5. De cendres chaudes. Les Perses, pour qui le feu était un élément sacré, auraient
cru le profaner en y jetant les condamnés à la peine capitale; c'est pourquoi ils les
précipitaient dans la cendre chaude.
7. Ne fût pas, etc., c'est-à-dire, qu'il fût privé des honneurs de la sépulture.
11. Car, etc., est une réflexion que l'auteur faità part et qui se détache du récit prin-
δ 0 "est pour cela que nous avons cru devoir la renfermer dans des parenthèses,
* Modin. Voir 1 Machabées, τι, 1.
τὰ La victoire de Dieu, etc. Voy. VIII,
23. — * Le plus grand des éléphants. Indication
sommaire de l'exploit d'Eléazar raconté I Machabées, vr, 43-46.
[ci. xiv.]
et les hommes les plus braves
ayant été choisis, il attaqua du-
rant la nuit le quartier du roi, et
tua dans son camp quatre mille
hommes, et le plus grand des élé-
phants avec ceux qui étaient mon-
tés dessus,
16. Ayantremplile camp desen-
nemis d'une trés grande frayeur
et de trouble, etles choses s'étant
faites heureusement, ils s'en allè-
rent.
17. Or cela se passa, le jour
commencant à paraitre, la pro-
lection du Seigneur ayant aidé
Judas.
18. Mais le roi, ayant fait l'essai
de la hardiesse des Juifs, essayait
de vaincre par stratageme la dif-
ficulté des lieux.
19. Hl fit donc approcher son
camp de Bethsura, qui était une
place fortifiée des Juifs; mais il
fut repoussé, renversé et amoin-
dri.
20.Cependant,àceux qui étaient
dans la place, Judas envoyait les
choses nécessaires.
21. Mais un certain Rhodocus,
de larmée des Juifs, révéla les
secrets aux ennemis; on le cher-
cha, il fut pris, et mis en prison.
22, De nouveau le roi conféra
avec ceux qui étaient dans Beth-
sura;illeur donna sa main droite,
recut la leur et s'en alla.
23. 11 engagea le combat avec
Judas; il fut vaincu. Mais, dès
MACHABÉES. וז
R219
qu'il sut que Philippe, qui était
resté à la téte des affaires, s'était
révolté à Antioche, il fut cons-
terné en son âme; suppliant les
Juifs, et s'étant soumis à eux, il
leur jura tout ce qui parut juste;
et, réconcilié, il offrit un sacrifice,
honora le temple et déposa des
présents.
24. Il embrassa Machabée, et le
fit chef et prince, depuis Ptolé-
maide jusqu'aux Gérréniens.
25. Mais, dès qu'il vint à Ptolé-
maide, les Ptolémaidiens souf-
frirent avec peine le traité de
paix avec les Juifs, étant indignés
dans la crainte de rompre eux-
mêmes par la leur alliance avec
le roi.
26. Alors Lysias monta sur le
tribunal, et exposa les raisons du
traité, et apaisa le peuple, et re-
tourna 8 Antioche;et de cette ma-
nière le départ du roi réussit ainsi
que son retour.
CHAPITRE XIV.
Démétrius, fils de Séleucus, vient se re-
mettre en possession du royaume de
Syrie. Alcime lirrite contre Judas. Il
envoie Nicanor contre les Juifs. Nica-
nor fait la paix avec Judas. Alcime la
trouble. Démétrius ordonne à Nicanor
de lui envoyer Judas lié et garrotté. Ju-
das se retire. Nicanor blasphème contre
le temple. On accuse auprès de lui Ra-
zias; mort glorieuse de ce vieillard.
1. Mais après un intervalle de
trois ans, Judas sut, ainsi que
19. * Bethsura. Noir I Machabées, 1v, 61.
33. Donna sa main droite. Voy. 1 Mach., xi, 50.
23. Il engagea le combat; auparavant. Compar. I Mach., vi, 43 et suivants. — Phi-
lippe, qui était resté à la 16/6 des affaires. Antiochus IV Epiphane lui avait confié le
pouvoir en mourant. Voir I Machabées, vi, 55.
21. Les Gerréniens habitaient le pays où était l'ancienne Gérara (Genèse, xx, 1), le
ueme que Gerrus, frontière d'Egypte. — * Plolémaide. Voir 1 Machabées, v, 15.
41. * Démétrius Ie, fils de Séleucus IN Philopator. Voir I Machabées, vir, 1-4. — Tri-
2280
ceux qui étaient avec lui, que
Démétrius, fils de Séleucus, avec
une puissante multitude et des
vaisseaux, était monté par le port
de Tripoli, dans des lieux avan-
tageux,
2. Et qu'il s'était rendu maitre
des contrées, malgré Antiochus
etle chef de son armée, Lysias.
3. Or un certain Alcime, qui
avait été grand prétre, mais qui
volontairement s'était souillé
dans les temps du mélange, con-
sidérant qu'en aucune manière il
n'y avait desalut pour lui, ni d'ac-
ces à l'autel,
4. Vint vers le roi Démétrius
en la cent cinquantieme année,
lui offrant une couronne d'or et
une palme, etde plus des rameaux
qui semblaient étre du temple. Et,
à la vérité, en ce jour-là, il garda
le silence,
ὃ. Mais il trouva un temps fa-
vorable à son dessein extrava-
gant; ayant été appelé au conseil
par Démétrius, et interrogé sur
quelles choses, et quels conseils
les Juifs s'appuyaient,
6. 11 répondit : Ceux des Juifs
qui sont appelés Assidéens, et à
la téte desquels est Judas Macha-
bée, entretiennent les guerres et
excitent les séditions, et ne souf-
MACHABÉES. זז
[cu. xiv.]
frent pas quele royaume soit en
paix;
7. Car moi aussi, ayant été
frustré de la gloire de mes parents
(je veux dire du souverain sacer-
doce), je suis venu ici :
8. Premierement, il est vrai,
pour garder la fidélité aux inté-
rêts du roi, mais secondement,
pour m'occuper de znes conci-
toyens; car c'est par leur perver-
sité que toule notre nation n'est
pas peu tourmentée.
9. Ainsi je vous prie, ὃ roi,
chacune de ces choses vous étant
connue, prenez soin et du pays
et dela nation, selon votre huma-
nité publiée par tout le monde;
10. Car tant que Judas subsiste,
il est impossible qu'il y ait de la
paix dans l'Etat.
11. Or de telles paroles ayant
été dites par Alcime, tous ses
amis qui se montraient hostiles à
Judas enflammèrent Démétrius,
12. Qui aussitôt envoya comme
chef en Judée Nicanor, préposé
aux éléphants ;
13. Des ordres lui ayant été
donnés de prendre Judas lui-mé-
me, mais de dissiper ceux qui
étaient avec lui, et d'établir AI-
cime souverain prêtre du très
grand temple.
poli, ville phénicienne et port de mer, au nord de Sidon, entre Byblos et Aradus, au
pied de la partie la plus haute de la chaîne du Liban, appelée Tripoli ou les trois
villes, parce qu'elle se composait de trois colonies distinctes de Sidon, de Tyr et
d'Aradus, place de commerce encore aujourd'hui assez importante. — Dans des lieux
avantageux, probablement Séleucie. Voir I Machabées, xi, 8. De là, il était facile de
se rendre à Antioche, capitale de la Syrie.
3. Alcime, etc. Voy. vers. 7, et 1 Mach., vir, 5, 9, 14.
4. La cent cinquanliéme année du règne des Grecs, la cent soixante et uniéme avan(
Jésus-Christ.
6. Assidéens. Voy. 1 Mach., u, 42.
10. Dans l'Etat; littér., dans les affaires.
11. Tous; littér., et tous. Voy. sur ce et, purement pléonastique, Osée, xi, 4.
12. Nicanor, probablement le méme que celui qui est mentionné vui, 9 et suiv.,
et 1 Mach., ur, 38; vir, 26.
[cH. xiv.]
14. Alors les gentils qui avaient
fui Judas, en quittant la Judée, se
joignaient par troupes à Nicanor;
regardant les misères et les dé-
sastres des Juifs comme la pros-
périté de leurs propres affaires.
15. C'est pourquoi les Juifs,
ayant appris l'arrivée de Nicanor
et le complot des nations, se cou-
vrirent de terre, et ils priaient ce-
lui qui constitua son peuple, afin
de le conserver éternellement, et
qui protége son héritage par des
miracles éclatants.
16. Or par l'ordre de leur chef,
ils partirent aussitôt de là, et
vinrent ensemble au cháteau de
Dessau.
17. Simon, frere de Judas, avait
engagé le combat avec Nicanor;
mais il fut épouvanté par l'arri-
vée soudaine des ennemis.
18. Cependant Nicanor, appre-
nant la valeur des compagnons
de Judas, et la grandeur du cou-
rage qu'ils montraient dans les
combats pour leur patrie, crai-
gnait de tenter un combat san-
glant.
19. Pour ce motif, il envoya de-
vant Posidonius, et Théodotius,
et Matthias, afin qu'ils donnas-
sent /eur main droite et qu'ils
recussent /a sienne.
20. Et comme la délibération
sur ce sujet durait longtemps, et
que le chef lui-méme en avait ré-
féré à la multitude, l'avis unique
II MACHABÉES.
2281
de tous fut de consentir à l'al-
liance.
21. C'est pourquoi ils fixèrent
un jour auquelils devaient secrè-
tement traiter affaire entre eux,
et, pour chacun, des sieges furent
apportés et posés.
22. Cependant Judas ordonna
quil y eût des gens armés dans
leslieux avantageux, de peur que
de la part des ennemis quelque
chose de fácheux n'arriváàt; et ils
eurent un entrelien convenable.
23. Or Nicanor demeurait à Jé-
rusalem, et il ne faisait rien ini-
quement; et la masse des trou-
pes qui avaient été assemblées,
il les renvoya.
24. Et il aimait Judas de cœur,
et il avait une inclination pour
cet homme.
95. Il le pria méme de se ma-
rier et d'avoir des enfants. Judas
se maria, jouit du repos, et ils
vivaient en commun.
26. Mais Alcime, voyant leur
amitié l'un pour l'autre, et leurs
traités, vint vers Démétrius, et
disait que Nicanor favorisait les
intérêts des étrangers, et qu'il
avait destiné pour son successeur
Judas qui trahissait son royaume.
27. C'est pourquoi le roi, exas-
péré, et irrité par les accusations
criminelles de cet homme, écrivit
à Nicanor, disant qu'il supportait
avec peine le traité d'amitié, qu'il
commandait donc que Machabée
16. Cháteau ou village, car le mot castellum a ces deux sens dans la Bible. — Des-
sau; on en ignore la situation.
18. De tenter, etc.; littér., de faire le jugement par du sang. Nicanor, craignant que
la retraite des Juifs ne füt un stratagéme pour le faire tomber dans une embuscade,
voulait surtout éviter un grande bataille.
19. Qu'ils donnassent, etc. Voy. 1 Mach., x1, 50.
21. Ils, les armées des deux chefs. — Des sièges, etc. C'était un honneur réservé seu.
lement aux personnes de la première distinction,
2282
füt au plus tót envoyé chargé de
chaines à Antioche.
28. Ce qu'ayant connu, Nicanor
était consterné, et il supportait
avec peine de rendre vaines les
choses qui avaient été convenues,
n'ayant été blessé en rien par cet
homme.
29. Mais, parce qu'il ne pouvait
résister au roi, il cherchait une
occasion favorable pour exécuter
ses ordres.
30. Or Machabée, voyant que
Nicanor le traitait plus durement,
et que dans son abord ordinaire
il montrait plus de fierté, e£ com-
prenant que cetle rigueur ne pou-
vait venir d'une bonne cause, il
rassembla un petit nombre des
siens et se déroba à Nicanor.
31. Lorsque celui-ci sut qu'il
était prévenu courageusement
par l'homme, il vint dans le très
grand et le très saint temple, et
commanda aux prêtres qui of-
fraient les hosties accoutumées
de lui livrer l'homme.
32. Ceux-ci ayant dit avec ser-
ment qu'ils ne savaient pas où
était celui qu’on cherchait, Vica-
nor, étendant la main vers le tem-
ple,
99. Jura, disant : Si vous ne me
livrez Judas chargé de chaînes,
je raserai ce temple de Dieu, et je
démolirail'autel, et je consacrerai
ce temple au pere Bacchus.
94. Et cela dit, il s'en alla.
Orles prétres, étendantles mains
vers le ciel, invoquaient celui
qui toujours avait été le défen-
seur de leur nation, disant ceci :
Il Wu a
[cit. xiv.]
5. O vous, Seigneur de toutes
E qui n'avez besoin d'au-
cune chose, vous avez voulu que
le temple de votre habitation füt
parmi nous.
80. Et maintenant, Saint des
saints, Seigneur de toutes choses,
conservez éternellement, sans
étre souillée, cette maison qui na-
guere a été purifiée.
91. 0run certain Razias, d'entre
les anciens de Jérusalem, fut ac-
cusé auprès de Nicanor; c'était un
homme qui aimait la cité et d'une
bonne renommée, et qui pour son
affection, était appelé le père des
Juifs.
38. Get homme, dans beaucoup
d'occasions, s'était maintenu pur
danslejudaisme, content de livrer
et son corps et son âme pour y
persévérer.
99. Or Nicanor, voulant mani-
fester la haine qu'il avait contre
les Juifs, envoya cinq cents sol-
dals pour le prendre.
40. Car il pensait que, s'il le ré-
duisait, il porterait aux Juifs un
grand tort.
41. Mais lorsque ces troupes
s'efforcaient d'entrer dans sa mai-
son et de briser la porte, et de
mettre le feu, et que déjà il allait
être pris, il se frappa d'un glaive;
49. Aimant mieux mourir no-
blement que d'étre assujetti aux
pécheurs et de souffrir des outra-
ges indignes de sa naissance.
43. Mais comme, dans sa préci-
pitation, il ne s'était pas frappé
d'un coup assuré, et que la foule
pénétrait par les portes, courant
28. Convenues entre Machabée et lui.
30. Un pelit nombre; selon le grec ct le ו non un petit nomóra,
31. L'homme, Judas Machabée.
[cu. xv.]
hardiment vers le mur, il se pré-
cipita lui-méme courageusement
sur la foule,
44. Qui ayantfait promptement
de la place poursa chute, il tomba
sur le milieu dela téte.
45. Etcommeil respirait encore,
enflammé de courage, il se leva,
et, quoique son sang coulát en
abondance, et qu'il füt couvert
des plaies les plus graves, il passa
en courant au travers de la foule;
46. Et, se tenant debout surune
pierre escarpée, ayant déjà perdu
son sang, il saisit ses entrailles de
ses deux mains, e/ les jeta sur la
foule, invoquant le dominateur
de sa vie et de son esprit, afin
qu'il les lui rendit de nouveau,
et c'est ainsi qu'il termina sa vie.
CHAPITRE XV.
Nicanor veut attaquer les Juifs. Il blas-
phéme contrele Seigneur. Judas exhorte
les siens ; il leurrapporte une vision qu'il
a eue. Il défait l'armée de Nicanor. Ni-
canor est trouvé tué sur le champ de
bataille; sa téte οἵ sa main sont sus-
pendues à la vue de tous. Actions de
grâces rendues et fête instituée en l'hon-
ueur de cette victoire,
1. Or Nicanor, des quil apprit
Crap. XV. 1. I Mac., vir, 26.
Il MACHABÉES.
2283
que Judas était dans le pays de
Samarie, résolut de commencer
la guerre avec toutes ses forces le
jour du sabbat.
2. Et quand lesJuifs, qui le sui-
vaient par nécessité, lui disaient :
N'agissezpas si fierement et d'une
maniere si barbare, mais rendez
honneur au jour de sanctification
et honorez celui qui voit toutes
choses;
3. Ce malheureux demandait
s'ilya un puissant dans le ciel qui
ait commandé de garder le jour
des sabbats.
4. El eux ayant répondu : C'est
le Seigneur vivant lui-méme,
puissant dans le ciel, qui a com-
mandé de garder le septième
jour.
5. Mais lui répliqua : Et moi je
suis puissant sur la lerre; je
commande de prendre les armes
et d'accomplir les ordres du roi.
Toutefois il ne parvint pas à exé-
cuter son dessein.
6. Ainsi Nicanor, transporté
d'un orgueil sans bornes, avait
pensé à élever un trophée com-
mun de Judas, e£ de ceux qui
étaient avec lui.
44. Qui, etc.; selon le grec : Qui s'étant promplement relirés, un espace ayant été
fait. La foule qui était au pied du mur, voyant Razias se précipiter, s'empressa tout
naturellement de s'écarter, pour ne pas être écrasée par sa chute. — 17 tomóa sur
le milieu de la tête (venit per mediam cervicem); le grec porte : I7 tomba sur le milieu
du ventre, ou sur le milieu de l'espace vide; car le terme grec kénéón signifie égale-
ment ventre, flanc et lieu vide d'édifices. — * Razias se donna la mort sans raison
suffisante et l'on ne peut excuser sa conduite que par la droiture de ses intentions
ou par une inspiration divine particulière. Il n'agit point par désespoir, mais avec
foi, demandant à Dieu de lui rendre un jour le corps qu'il abandonne. « Sa conduite
fut plus admirable que sage, dit S. Augustin, et l'Ecriture a raconté sa mort telle
qu'elle eut lieu, sans la louer comme si elle eût été l'accomplissement d'un devoir. »
3. De sanclificalion. de consécration, de sainteté; c'est à-dire, saint, consacré.
6. Et de ceuz, ete. C'est le sens du grec, le mot commun (commune) de la Vulgate
semble d'ailleurs le supposer. — * Elever un trophée signifie élever un monument
de victoire composé de dépouilles de l'ennemi, ou simplement, par figure, remporter
un triomphe sur les ennemis,
2284
1. Mais Machabée espérait tou-
jours avec une entiere confiance
qu'un secours lui viendrait de
Dieu.
8. Et il exhortait les siens à ne
pas s'effrayer à la venue des na-
tions, mais à avoir présents à
l’espritles secours quileuravaient
été donnés du ciel, et à espérer
présentement que la victoire leur
viendrait du Tout-Puissant.
9. Et leur ayant parlé de la loi
et des prophétes,leurayantrappe-
lé aussi lescombats qu'ils avaient
livrés auparavant, il les rendit
plus résolus.
10. Et après avoir ainsi relevé
leur courage, il leur montrait
en méme temps la fourberie des
nations, et la violation des ser-
ments.
11. Il arma donc chacun d'eux,
non point de boucliers et de lan-
ces, mais de paroles excellentes
et d'exhortations, leur rapportant
un songe digne de foi, par lequel
il les réjouit tous.
19. Or telle était sa vision ; 27
vit qu'Onias, qui avait été grand
prétre, homme de bien et bien-
veillant, modeste dans le regard,
réservé dans ses moeurs, agré-
able dans ses discours et qui
des lenfance était exercé à la
pratique des vertus, tendant ses
mains, priait pour tout le peuple
des Juifs ;
13. Qu'aprés cela avait apparu
aussi un autre homme, vénérable
MACHABÉES. זו
[cu. xv.]
par l’âge, et la gloire, et le carac-
tere dela grande majesté qui l'en-
vironnait ;
14. Et qu'Onias, prenant la pa-
role, avait dit : Voici l'ami de ses
frères et du peuple d'Israël; voici
celui qui prie pourle peuple et
pour toute la sainte cité, Jérémie,
le prophète de Dieu;
15. Et que Jérémie avait tendu
la main droite, et avait donné à
Judas un glaive d'or, disant:
16. Prends ce saint glaive, don
de Dieu, avec lequel tu extermi-
nerasles ennemis de mon peuple
Israél.
17. Etant donc excités par les
excellentes paroles de Judas, au
moyen desquelles l'ardeur pou-
vait étre ranimée, et les esprits
des jeunes hommes étre fortifiés,
ils résolurent de livrer bataille et
de combattre courageusement,
afin que la valeur décidàt des af-
faires, parce que la cité sainte et
le temple étaient en péril.
18. Car leurs inquiétudes sur
leurs femmes et sur leurs enfants,
et sur leurs frères et sur leurs pa-
rents, étaient les moindres; mais
leur plus grande etleur première
crainte était pour la sainteté du
temple.
19. Mais ceux mêmes qui se
trouvaient dans la cité n'avaient
pas une petite inquiétude sur
ceux qui devaient combattre.
20. Et lorsque déjà tous s'atten-
daient à la décision qui allaitavoir
12. Onias 111, ei souvent loué dans l'Ecriture. Compar. ,ץז
14. Prenant la parole. Le verbe hébreu que les Septante et la Vulgate ont cons-
tamment traduit par répondre, signifie souvent, comme ici, élever la voix, prendre
da parole. — * Jérémie. Voir l'Introduclion à ce prophète, p. 142.
11. Jeunes hommes, soldats appelés ainsi chez les Hébreux.
20. Les bétes, les éléphants, qui, comme on l'a déjà vu, sont quelquefois désignés
par cc terme général dans les Machabées.
]68. xv.]
lieu, que les ennemis étaient en
présence, etl'arméedisposée pour
la bataille, les bétes et les cava-
liers rangés dans un lieu avanta-
geux,
91. Machabée, considérant l'ar-
rivée de la multitude, et l'appa-
reil des armes diverses, et la fé-
rocité des bétes, tendit les mains
vers le ciel, et invoqua le Sei-
gneur qui fait les prodiges, qui
donne la victoire, non point se-
lon la puissance des armes, mais
comme il lui plait, à ceux qui en
sont dignes.
29. Il dit donc, invoquant /e Sei-
gneur de cette manière : Vous,
Seigneur, qui avez envoyé votre
ange sous Ezéchias, roi de Juda,
et qui avez tué cent quatre-vingt-
cinq mille hommes de l'armée de
Sennachérib,
23. Maintenant aussi, domina-
teur des cieux, envoyez votre bon
ange devant nous dans la crainte
et la frayeur de la grandeur de
votre bras,
94. Afin qu'ils craignent,ceux
qui viennent avec le blasphème
contre votre saint peuple. Et
c’est ainsi que Machabée pria.
25. Cependant Nicanor, et ceux
qui étaient avec lui, approchaient |
au milieu des trompettes et des
cantiques.
26. Mais Judas et ceux qui
étaient avec lui, ayant invoqué
Dieu par leurs prières, commen-
cerent l'attaque.
27. Combattant des mains, il
est vrai, mais priant le Seigneur
22. Supra, vin, 19.
MACHABÉES. זז
2289
en leurs cœurs, ils ne tuerent pas
moins de trente-cinq mille Aom-
mes, grandement charmés de la
présence de Dieu.
28. Et lorsqu'ils eurent cessé
le combat, et qu'ils s’en retour-
naient avec joie, ils surent que
Nicanor était tombé avec ses ar-
mes.
29. C’est pourquoi un cri ayant
été jeté, et un bruit confus s'étant
élevé dans la langue de /eur pa-
trie, ils bénissaient le Seigneur
tout puissant.
30. Mais Judas, qui, en toutes
choses, était prét, de corps et
d'âme, à mourir pour ses conci-
toyens, ordonna qu'on coupât la
téte de Nicanor et la main avec
l'épaule, et qu'on les apportàt à
Jérusalem.
31. Lorsqu'il y fut arrivé, ayant
convoqué ses compatriotes, etles
prêtres auprès de l'autel, il fit
venir aussi ceux qui étaient dans
la citadelle,
32. Et ayant montré la téte de
Nicanor, etla main criminelle qu'il
avait étendue contre la sainte
maison du Dieu tout puissant, en
se glorifiant orgueilleusement,
33. 11 commanda aussi que la
iangue ae limpie Nicanor füt
coupée, et donnée par morceaux
aux oiseaux, et que la main de
cet insensé füt suspendue en face
du temple.
34. Tous done bénirent le Sei-
gneur du ciel, disant : Béni, celui
qui ἃ gardé son lieu sans étre
souillé!
ור
29. La langue de leur patrie, l'araméen, Voy. vir, 8,
34. Son lieu, c'est-à-dire, son temple.
2286
95. Il suspendit aussi 18 tête de
Nicanor au sommet de la cita-
delle, afin qu'elle fût un signe
évident et manifeste du secours
de Dieu.
36. C'est pourquoi tous, d'un
commun avis, décidèrent que ce
jour-là ne se passerait en aucune
maniere sans solennilé;
81. Et que la solennité aurait
lieu le treizieme jour du mois
d'Adar, comme il est dans la lan-
eue de Syrie, la veille du jour de
Mardochée.
38. Cela donc s'étant fait en-
vers Nicanor, et depuis ces temps-
là, la cité ayant élé possédée par
II MACHABÉES.
cu. [.צ:
les Hébreux, moi aussi je mettral
fin par là à ma relation.
39. Et si elle est bien, el comme
il convient à l'histoire, c'est ce
que moi-méme je voudrais; que
si, au contraire, elle est moins
digne dw sujet, on doit me le par-
donner.
40. Car, comme boire toujours
du vin, ou boire toujours de l'eau
est une chose désagréable, mais
qu'il est agréable d'useralternati-
vementde l'un et del'autre ; ainsi,
si le discours est toujours uni-
forme, il ne plait pas à ceux qui
lisent. Ici done se terminera ma
relation.
31. Adar. Voy. 1 Mach., vit, 43. — La veille de la fète des Sorts (Phurim), en la-
quelle on célébrait la délivrance procurée aux Juifs par Mardochée (Esther, 1x).
40. Boire toujours, etc. En Orient on boit aujourd'hui l'eau aprés le vin pour en
tempérer la chaleur. Les anciens orientaux mélaient toujours le vin avec l'eau. Le
texte grec est conforme à cette coutume. — Uniforme; on voit clairement que c'est
le sens du latin exaclus, et qu'il s'agit uniquement du style,
LA
SAINTE BIBLE
SELON LA WXDLDLGATE
תדו ו EN FRANCAIS, AVEG DES NOTES
L'ABBÉ J.-B. GLAIRE
AVEC INTRODUCTIONS, NOTES COMPLÉMENTAIRES ET APPENDICES
PAR
ες VTC OUR OURX
Prêtre de Saint-Sulpice
---- . eS . ---
NOUVEAU TESTAMENT
APPROUVÉ PAR LE SAINT-SIÈGE
APRÉS EXAMEN FAIT A ROME PAR LA SACRÉE CONGRÉGATION DE L'INDEX
- י ἢ MAGHABAME:
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A SON ÉMINENCE
LE CARDINAL DONNET
ARCHEVÉQUE DE BORDEAUX
MONSEIGNEUR,
En dédiant à votre Éminence ma Traduction française du Nouveau Testament,
je ne fais que remplir un devoir. Prêtre bordelais, vicaire général, comment
pourrais-je oublier tout ce que vous avez fait et tout ce que vous faites encore
pour le diocése de Bordeaux? Certes, s'il est donné à vos saints et illustres pré-
décesseurs de voir du haut du ciel les œuvres de Votre Éminence, ils les admirent
comme moi, et comme moi aussi, ils bénissent le divin auteur de toute grâce
excellente et de tout don parfait, de ce qu'il opère chaque jour de si grandes choses
par l'homme de sa droite.
Je suis avec le plus profond respect,
De Votre Éminence,
Le tout humble et tout obéissant serviteur,
J. B. GLAIRE.
144
DECRETUM
FERIA III, DIE 22 JANUARII 1861
Quum ₪. Ind. C. gallicam N. Testamenti versionem ex Textu latine Vulgate auc-
tore Joanue Baptista GrainE nonnullis ex Consultoribus sedulo expendendam commi-
serit, iisdem proprio jam functis munere, referentibus nil prorsus quod fidei aut
moribus sit adversum eo in Opere contineri; censuit ob id præviis emendationibus
ac notis per designatos theologos inserendis, nihil obstare, quominus memorati
interpretationis editio permitti possit.
Quibus per me inscriptum SANCTISSIMO DOMINO NOSTRO PIO PP. IX. relatis in
Audientia diei 25 Januarii sacriTAs sua Decretum probavit.
HIERONYMUS, Episc. SapiNus, CARD. DE ANDREA, Pn zr.
Fr. ANGELus-VixcEvTIUS MODENA,
Ord. Pred. S. Ind. Congr. a Secretis.
Loco + sigilli.
DECLARATIO
Qua sui muneris partes erant, memorate in superiori Decreto versionis Auctorem
emendationibus notisque subjectis ad mentem S. C. studiose diligenterque explevisse,
inscriptus ex officio testor.
In quorum fidem, etc.
Datum Rome ad S. Mariæ super Minervam idibus Februarii 1861.
Fn. ANeELus ViNcENTIUS MODENA,
Ord. Præd. S. Ind. Congr. a Secretis.
DECRET
MARDI 22 JANVIER 1861
La S. Congrégation de l'Index, ayant chargé quelques-uns des Consulteurs d'exa-
miner avec soin la version française du N. Testament d'après le Texte de la Vulgate
latine par 1. B. GLAIRE, et ces mêmes Consulteurs, après avoir fait l'examen qui leur
avait été prescrit, ayant certifié que cet Ouvrage ne contenait rien de contraire à la
foi ou aux mœurs, a été d'avis que rien ne s'opposait à ce que la publication de
ladite version püt étre permise, pourvu qu'on y insérát préalablement les corrections
et les notes indiquées par les théologiens à ce désignés.
Lorsqu'il en a été référé par moi soussigné à NOTRE TRÈS SAINT-PÈRE, LE PAPE
PIE IX, dans l'Audience du 25 Janvier, sA sAINTETÉ à approuvé le Décret.
JÉROME, Év. De SairE-SaniNE, Carp. D'ANDRÉA, PRérer.
Fn, ANGE-ViNcENT MODENA,
De l'Ordre des Précheurs, Secrétaire de la
S. Congr. de l'Indez.
Lieu + du sceau.
DÉCLARATION
Le soussigné atteste d'office que pour ce qui regardait l'Auteur dans le Décret ci-
dessus, il s’est soigneusement et exactement conformé à l'intention de la S. Congréga-
Lion, en faisant les corrections et en ajoutant les notes qui lui ont été indiquées.
En foi de quoi, etc.
Donné à Rome, à Sainte-Marie de la Minerve, le 13 Février 1861.
Fn. ANGE-ViNcENT MODENA,
De l'Ordre des Précheurs, Secrétaire de la
S. Congr. de l'Index.
LETTRES EPISCOPALES
ADRESSÉES A M. L'ABBÉ GLAIRE
SUR SA TRADUCTION DU NOUVEAU TESTAMENT
—— -- -οοοΞεῦΌοο------
« MONSIEUR τ᾿ Δ Βρέ,
» Je suis trés reconnaissant de la bonté que vous avez eue de m'adresser le
volume de votre traduction francaise de la Bible. Cette ceuvre élaborée par vous rend
un grand service aux prétres et aux fidéles, puisque les travaux de ce genre déjà
faits laissent beaucoup à désirer. Votre nom était à lui seul une grande garantie;
mais vous avez voulu que votre livre reçüt la plus haute sanction, celle du Saint-
Siège : la confiance la plus entière lui est donc assurée. Je le recommanderai avec
empressement au clergé et aux fidèles de mon diocèse.
» Recevez, etc. 2
כ + JEAN, Évéque d'Agen. ₪
« MONSIEUR L'ABBÉ,
» Il ya trente ans que j'avais l'avantage, à Saint-Sulpice, de profiter de vos bonnes
leçons, et, après un si long temps écoulé, je suis heureux de pouvoir profiter encore
de vos bons ouvrages.
» Votre traduction du Nouveau Testament, approuvée par le Saint-Siège, me fait
désirer vivement la traduction de l'Ancien Testament. Tous les catholiques seront
heureux de pouvoir opposer en toute sécurité à l'influence protestante une édition
de nos Livres saints publiée en langue vulgaire avec la plus haute approbation que
puisse ambitionner notre foi.
» Que Dieu bénisse de plus en plus vos travaux, monsieur l'abbé, et qu'il récom-
pense les études si laborieuses et si saintes auxquelles vous avez dévoué votre vie
entière. C'est un vœu qui sort d'un cœur plein pour vous de reconnaissance et
d'amitié.
» Veuillez, etc. » + GEORGES, Archevéque d'Aix. »
« MON CHER ARBÉ,
» 11 y a longtemps que je suis et que j'admire vos savants travaux sur nos Livres
saints; mais le plus éminent service que vous ayez rendu à l'Eglise parmi nous, c'est
la traduction du Nouveau Testament en francais que vous avez publiée aprés l'examen
attentif et sous l'approbation supérieure du Saint-Siège. Il y a là pour les prêtres ef
pour les fidéles une garantie que nulle autre ne remplace.
» Veuillez donc en agréer mes félicitations les plus sincéres unies à mes vieux sen-
timents d'affection en Notre Seigneur
» T P. L., Evéque d'Arras, de Boulogne et de Saint-Omer. »
2292 LETTRES ÉPISCOPALES.
« MONSIEUR ET RESPECTABLE AMI,
» Vous me demandez ce que je pense de votre traduction du Nouveau Testament
que vous avez fait revoir à Rome. Il ne m'appartient pas d'en juger l'orthodoxie,
puisque vous vous étes adressé à un juge auquel je soumets moi-méme, de la ma-
niére la plus complète, tout ce qui sort de ma plume. Je ne puis donc que vous
exprimer ce que j'ai éprouvé en lisant votre traduction. Je crois, mon cher ami, que
vous avez rendu un trés grand service en consacrant votre talent et votre érudition
si remarquable à la traduction de la sainte Écriture. Tout ce que jai pu lire m'a
paru fort bien traduit, et l'application que vous avez mise à rendre d'une maniére
littérale le texte sacré ne peut, à mon avis, que mériter des éloges. Puissiez-vous
mener votre grande entreprise à bonne fin!
» Adieu. Je vous renouvelle, etc.
» + Jos. An., Evéque de Beauvais, Noyon et Senlis, »
Dans une circulaire au clergé de son diocèse, sur l'adoption de nouveaux livres
liturgiques, Son Éminence le Cardinal-Archevéque de Bordeaux dit :
« Nous saisissons cette occasion pour vous annoncer qu'une traduction francaise
du Nouveau Testament va bientôt paraitre. C'est la première de la Bible en langue
vulgaire que le Saint-Siège ait approuvée après examen fait à Rome méme par la
Sacrée Congrégation de l'Index. Or, nous devons d'autant plus nous en féliciter, que
l'auteur est un enfant du diocèse, un prêtre laborieux qui fait partie de notre chapitre
depuis trente ans, et à qui nous avons donné des lettres de vicaire général honoraire,
pour reconnaitre les services importants qu'il a rendus à l'Église par de nombreuses
et savantes publications. M. l'abbé Glaire, en effet, outre ses travaux philologiques,
qui lui ont assigné un trés haut rang parmi les Orientalistes, a publié, comme vous
le savez, une Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau
Testament, et les Livres Saints vengés : ouvrages devenus classiques, non seulement
en France et dans les autres pays où l'on parle notre langue, mais encore en Italie
et méme au Chili; car ils ont été traduits en italien et en espagnol. Nous désirons
donc que la traduction du Nouveau Testament de M. Glaire remplace toutes celles qui
ont été tolérées dans notre diocése jusqu'à ce jour. »
Le savant et pieux Mgr Malou, dont l'Église déplore la mort récente, écrivait à
M. Glaire le 2 novembre 1860 : « Je verrai avec grand intérêt la nouvelle traduction
francaise de la Bible que vous préparez. De toutes les traductious de la Bible en
langue moderne que j'ai pu apprécier, les traductions francaises sont, sans contredit,
les plus faibles et les moins satisfaisantes. Puissiez-vous combler une lacune mani-
feste.
» Recevez, monsieur l'abbé, l'hommage de mon respect et de mon dévouement bien
sincére, :
» + J. B. Evéque de Bruges, »
« MONSIEUR L'ABBÉ,
» Je vous remercie bien sincérement de l'attention que vous avez eue de m'offrir un
exemplaire de votre traduction du Nouveau Testament.
» Aprés l'incomparable approbation du Saint-Siège, c'est vous dire peu en vous
donnant l'assurance que ma confiance et mes sympathies sont acquises à l'œuvre et
à l'auteur,
LETTRES ÉPISCOPALES. 2293
» Le clergé et les fidèles auront enfin une traduction autorisée des saintes Écri-
tures. Je vous félicite et vous remercie, pour ma part, de nous l'avoir donnéé.
Lorsque l'occasion s'en présentera, je me ferai un vrai plaisir de recommander votre
ouvrage. ,
» Agréez, etc. » + JEAN, Évéque de Cahors. »
« MONSIEUR L'ABBÉ,
» D'incessantes occupations ne m'ayant pas encore permis de lire au moins une
partie notable de votre traduction du Nouveau Testament, dont vous avez bien voulu
m'offrir un exemplaire, je suis bien en retard pour vous remercier et vous féliciter
de ce précieux travail. Mais, en attendant que le temps me laisse libre d'en lire
davantage, j'ai besoin au moius de vous dire que ce qui a déjà passé sous mes yeux
m'a inspiré de la confiance et un vif intérét. A vos sérieuses études des langues et de
la science biblique se trouve jointe l'approbation du Saint-Siège, qui donne un grand
prix à cette œuvre. Aussi n'hésiterai-je pas à le recommander au clergé de mon
diocèse.
» Recevez, etc. » + L. C., Evéque de Clermont. »
> MONSIEUR L'ABBÉ,
» Si j'avais recu l'exemplaire de votre traduction du Nouveau Testament, je me
serais empressé de vous remercier. Je tenuis beaucoup à connaitre cette traduction,
voilà pourquoi je l'achetai chez M. Jouby.
» Le Pére Modéna me parla beaucoup de voire travail. Je lui dis que j'avais lu
avec la plus grande attention votre traduction du Nouveau Testament, et que j'atten-
dais avec impatience l'Ancien. Je lui exprimai toute ma satisfaction de la lecture que
j'avais faite.
» Vous avez rendu à la religion, à la science saerée un grand service par votre tra-
duction de la Bible. Mes collégues dans l'épiscopat seront heureux, comme moi, de
la voir se répandre dans tous les diocéses de France. J'espére que vous en annonce-
rez bientót la publication.
» Veuillez agréer, monsieur l'abbé, l'assurance de ma respectueuse considération,
» J. L. M. Cardinal de Boxarp, Archevéque de Lyon. »
« MONSIEUR L'Anní,
» Je viens un peu tard, parce que j'ai voulu le faire en connaissance de cause,
vous adresser mes remerciements les plus sincéres pour votre sainte Bible traduite
en francais. .
» Vous avez comblé une lacune essentielle, et rendu un véritable service à l'Église
de. France en lui offrant une traduction des Livres saints dont l'orthodoxie est ga-
rantie par la révision et l'approbation du Saint-Siège. Des études consciencieuses et
approfondies sur les langues et les sciences bibliques, de longues années d'un ensei-
guement dont il m'a été donné d'apprécier le mérite, vous avaient préparé à ce beau
et utile travail, qui sera le digne couronnement d'une vie consacrée tout entière à
l'interprétation et à la défense des saintes Écritures.
» Tous ceux qui connaissent votre Nouveau Testament font des veux pour que
l'Ancien ne tarde pas à paraître, et vienne compléter une œuvre appelée à produire
9204 LETTRES ÉPISCOPALES,
des fruits aussi durables qu'abondants. C'est en particulier le désir ardent de celui qui
& l'honneur d'étre votre ancien éléve et dévoué serviteur en Notre Seigneur.
» + CuanLEs, Évéque du Mans. א
« MONSIEUR L'ABBÉ,
» Je regrette bien vivement que des occupations pressantes et des voyages que j'ai
été forcé de faire ne m'aient pas permis, comme je l'aurais désiré, de vous remercier
plus tót de l'envoi que vous avez bien voulu me faire d'un exemplaire de votre traduc-
tion francaise du Nouveau Testament. Je vous prie d'excuser ce retard, qui n'a pas
dépendu de moi, et d'agréer mes sincéres remerciements.
» La tâche que vous avez entreprise, monsieur l'abbé, en traduisant la Bible, est
assurément pleine de difficultés; mais nul mieux que vous ne pouvait en triompher.
Les études si savantes et si approfondies que vous avez faites sur la sainte Écriture
vous faciliteront votre nouveau travail; il nous manque en effet une bonne traduc-
tion dela Bible; vous saurez combler cette lacune vraiment regrettable. Je suis,
pour ma part, bien satisfait de ce que j'ai lu de votre traduction du Nouveau Testa-
ment, et je ne saurais trop vous engager à continuer la publication des autres parties
de la Bible.
» Veuillez, etc. » + ALEXANDRE, Évéque de Nantes. »
« CHER MONSIEUR L'ABBÉ,
» Fai reçu avec beaucoup de reconnaissance le volume que vous avez bien voulu
m'envoyer; je vous remercie et vous félicite d'avoir conduit à bonne fin cette entre-
prise, mais surtout d'avoir obtenu à Rome un témoignage aussi rare, sinon unique,
de la plus grande et de la plus honorable approbation; nul doute qu'il n'y ait là une
garantie certaine de succès et un gage de la bénédiction divine sur votre œuvre.
» Je ne manquerai pas, dans l'occasion, de parler de votre traduction et de la re-
commander, puisque vous avez obtenu une approbation qui suffit à tout et au delà.
» + J. M., Cardinal-Archevéque de Paris. »
> MONSIEUR L'ABBÉ,
» Je vous prie de recevoir mes remerciements et mes félicitations pour votre tra-
duction du Nouveau Testament et pour les notes aussi pieuses que savantes dont
elle est accompagnée.
» Obligé jusqu'ici de travailler avec des traductions défectueuses, quelquefois méme
peu süres, nous sentons, en France mieux qu'ailleurs, tout le prix d'un travail comme
le vôtre, et ce que vous avez donné au publie augmente son désir de posséder le reste;
continuez donc avec courage. Quand cette grande œuvre sera menée à bonne fin,
vous aurez bien mérité de l'Église ; en attendant, agréez mes compliments, ainsi que
l'assurance du respectueux attachement avec lequel je suis,
» Votre tout dévoué serviteur et ami,
» + Rent, Évéque de Quimper. »
LETTRES ÉPISCOPALES. 2295
« MONSIEUR L'ABBÉ,
» Je vous remercie bien affectueusement de votre gracieuse attention.
» En rentrant chez moi, aprés une absence, je trouve votre traduction du Nouveau
Testament approuvée du Saint-Siège.
» Ce seul titre remplace tous les éloges que je pourrais vous donner, ou pour par-
ler plus juste, en dépassant toutes les louanges, il interdit la possibilité de vous en
faire accepter aucune.
» Il ne me reste plus qu'à souhaiter le prompt achévement de ce travail qui man-
quait à la France, ce qui du moins va nous permettre de nous conformer aux lois de
l'Église, en rejetant les traductions sans autorité que nous étions condamnés à subir.
» Veuillez, etc. :
כ + L. M., Evéque de Saint-Dié, »
« MONSIEUR,
» Vous m'avez fait l'honneur de m'offrir un volume de votre traduction francaise
de la Bible, comprenant le Nouveau Testament, je vous en remercie.
Les hautes approbations dont l'ouvrage est revêtu et votre mérite bien connu כ
sont d'excellentes recommandations.
» Je m'associe bien volontiers à l'appréciation élogieuse qu'a faite de votre traduc-
tion le savant évéque de Bruges, Mgr Malou, et je ne négligerai rien pour recom-
mander votre livre aux prétres et aux fidéles de mon diocése.
» + B. S. V., Évéque de Tarbes. »
« MONSIEUR L'ABBÉ,
» Je vous remercie de la bonté que vous avez eue de m'adresser un exemplaire de
votre traduction du Nouveau Testament. Je n'ai pas encore pu trouver le temps de
lire votre travail, mais je ne doute pas qu'il ne réponde à la réputation que vous ont
méritée les ouvrages que vous avez déjà publiés sur la sainte Écriture. Il était dans
tous les cas trés opportun d'avoir une traduction francaise approuvée par les Con-
grégations romaines.
» Agréez, monsieur l'abbé, avec mes remerciements, l'assurance de mes sentiments
dévoués.
» + 7. Hirp., Archevéque de Tours. »
JUGEMENT
DES CRITIQUES LES PLUS HABILES ET DES INTERPRÈTES LES PLUS SAVANTS
DU PROTESTANTISME SUR LA VULGATE
1. Louis de Dieu, si versé dans la connaissance des langues orientales, com-
parant la Vulgate avec les traductions latines du Nouveau Testament faites par
Bèze et par Érasme, dit : « Si j'affirme que l'auteur de la Vulgate, quel qu'il
soit, est un savant et un trés savant homme, je ne croirai pas avoir mal jugé.
Il a des. défauts, je l'avoue, il a aussi ses barbarismes ; mais je ne puis nier que
j'admire partout sa bonne foi et son jugement, méme dans les endroits oü il
parait barbare (1). » Cet auteur ne s'est pas borné à cet aveu; dans, ses
remarques tant sur l'Ancien que sur le Nouveau Testament, il appuie souvent
la Vulgate et la défend contre ceux qui l'attaquent.
2. Grotius, rendant raison du motif qui l'a porté à choisir la Vulgate pour en
faire le fond de ses notes sur l'Ancien Testament, dit : « J'ai toujours beaucoup
estimé cette version, non seulement parce qu'elle ne renferme rien de contraire
à la saine doctrine (nulla dogmata insalubria conlinel), mais encore parce que
son auteur est plein d'érudition (2). »
3. Paul Fage traite de demi-savants et d'impudents tous ceux qui osent mal
parler de cette version : « Non est ergo temere nata Vulgala editio, ut quidam
scioli stulte et impudenter clamitant (3). »
4. Drusius loue le concile de Trente d'avoir donné à la Vulgate la sanction de
son autorité, « parce que, dit-il, les versions nouvelles ne sont pas meilleures
que cette ancienne, et qu'elles ont peut-être de plus grands défauts (4). »
5. Thomas Hartwel Horne, quoique n'ayant pas une grande autorité. parmi
les critiques, peut d'autant mieux étre invoqué en faveur de la Vulgate, qu'étant
anglican, son jugement n'est pas suspect, et qu'il parle d'aprés l'opinion com-
mune de ses coreligionnaires. Cet écrivain dit donc que, « bien que la Vulgate
ne soit ni inspirée, ni infaillible...., il est cependant reconnu qu'elle est en
général une version fidéle, qu'elle rend assez souvent le sens des Écritures avec
plus d'exactitude que les versions plus modernes...., et que, par conséquent,
elle ne doit en aucune manière être négligée dans la critique biblique (5). »
6. W. Gesenius, mort en 1842, était assurément l'hébraisaut le plus habile de
l'époque; eh bien, ce savant philologue, malgré ses préjugés dogmaliques el
(4) Notz ad Evangelia, passim.
(2) Præfat. annotationum iu Vet. Test.
(3) Præfat. ad collat. translat. Vet. Test.
(4) Loca difficilia Pentateuchi.
(5) An Introd. to the critical study and Knowledge of the holy Scriptures, vol. Il,
part. 1, page 239. Eighth edition.
JUGEMENT. 2297
son rationalisme si prononcé, combat trés souvent les significations de mots
hébreux et les interprétations données, soit par toutes les autres versions, soit
par les commentateurs et les hébraisants anciens et modernes, pour maintenir
les sens assignés aux mots et aux phrases du texte original par l'auteur de la
Vulgate. On n'a pour s'en convaincre qu'à parcourir son Thesaurus linguæ
hebrec et chaldææ Vet. Test.
7. Br. Walton reconnait qu'on doit faire grand cas de la Vulgate (magni
faciendam), tant pour son antique et son long et universel usage dans l'Occident,
que pour le savoir (doctrinam) et la fidélité (fidelitatem) de l'interpréte Jérôme, que
les plus savants protestants (protestantium doctissimi) proclament avec recon-
naissance comme ayant bien mérité de l'Église... Puis, aprés avoir cité comme
défenseurs de cette version, Béze, Andrews, Fage, Louis de Dieu et Casaubon,
il ajoute : « Ces témoignages prouvent assez clairement que les protestants les
plus savants, bien qu'ils n'accordent pas à la Vulgate une autorité souveraine,
el qu'ils ne l'égalent pas aux sources primitives, en la déclarant exempte de toute
erreur, ils ne la méprisent pas; ils lui rendent, au contraire, l'honneur qui lui
est dà. C'est pourquoi nous l'avons insérée dans notre édition de la Bible,
laissant de cóté les traductions latines qui ont été faites de nos jours, d'aprés
des manuscrits hébreux et grecs trés récents, et auxquelles, à cause de leur
nouveauté méme, nous n'avons pas dû convenablement donner une place parmi
les versions que leur antiquité rend vénérables (1). »
J.-B. GLAIRE.
(4) Polyglotte, prolegom. X.
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par. 1, page, 239. 200008 édition, =
AVERTISSEMENT
DE LA SECONDE ÉDITION
Si, comme nous en avons la preuve consolante entre les mains, notre
Traduction du Nouveau Testament a reçu l'accueil le plus favorable dans
toutes les parties du monde où on lit la Bible en francais; si les protes-
tants eux-mémes ont reconnu qu'elle rendait le texte de la Vulgate
avec la fidélité la plus rigoureuse, elle a été cependant l'objet de
reproches plus ou moins spécieux. C'est pour cela que nous avons cru
nécessaire de dire ici quelques mots qui puissent mettre le lecteur à
méme de voir ce qu'il y a de fondé dans ces reproches.
On a donc dit que nous avions donné au Décret de la Sacrée Congré-
gation de 110062, rendu en faveur de notre version, une portée qu'il
est loin d'avoir, et que nous nous étions astreint à une littéralité exa-
gérée qui nous a forcé de nous écarter parfois du génie de notre langue
sans raison suffisante.
Le premier reproche n'est certainement pas mérité. Nous n'avons parlé
qu'une seule fois du Décret dela Sacrée Congrégation de VIndez, et voici
en quels termes : « Il nous reste une derniere remarque à faire, c'est
que les diverses fautes que l'on pourra relever dans notre traduction ne
sauraient être d'une grande importance, puisque le Saint-Siège, auquel
nous avons cru devoir la soumettre, n’en a permis la publication qu'après
un long examen fait par la Sacrée Congrégation de l'Index. » (Avertis-
sement, p. xxvi.) Or, y a-t-il là un seul mot qui exagère le sens du
Décret? Quelques personnes, il est vrai, prétendent que notre livrea été
examiné uniquement sous le rapport de la foi et de la morale, et nulle-
ment au point de vue de sa fidélitéetdeson exactitude comme traduction.
— Mais cette supposition est une injure faite à Pie IX aussi bien qu'à la
Sacrée Congrégation de l’?ndex. Est-il permis, en effet, de supposer que
le tribunal sacré de l’Index, chargé officiellement par le chef infaillible de
l'Église de lui déclarer si un livre annoncé comme contenant les paroles
de Jésus-Christ et celles des Apôtres peut, en cette qualité, être livré aux
mains des fidèles, ait donné une réponse affirmative, après s’être borné
à voir si ce livre ne contenait rien de contraire à la foi et aux mœurs, et
sans s'inquiéter si ces paroles divines ou divinement inspirées avaient
2300 AVERTISSEMENT
passé sous la plume du traducteur pures el exemptes de toute altération?
Est-il permis encore de supposer que le juge supréme, aussi peu sou-
cieux lui-méme de la vérité que ses mandataires, dans la cause la plus
importante qu'il ait puleur confier (cause dont le sujet et la matière sont
Dieu et ses oracles sacrés), ait confirmé de son autorité un pareil juge-
ment? Non, celle supposition n'est pas vraisemblable; ajoutons qu'elle
n'est nullement vraie. En effet, si on consulte les archives de la Sacrée
Congrégation, on y verra que, dans l'intervalle de plus de deux années,
notre traduction a eu à subir son contróle direct, et qu'au bout de cet
intervalle, deux Évéques francais des plus distingués ont été chargés
officiellement par Pie IX de donner leur opinion motivée; on y verra que
les Rapports des deux prélats, aprés avoir 646 discutés, sont devenus
l'objet de nouveaux Rapports faits au sein méme de la Sacrée Congréga-
lion, et qu'on a réuni et imprimé ces divers travaux (dont un en parli-
culier n'a pas moins de 204 pages in-fol.); on y verra qu'alors nous
avons élé appelé chez un consulteur, où nous avons dû, pendant plusieurs
semaines, répondre, tous les jours, dans des séances de 3 à 4 heures, aux
nombreuses et minutieuses difficultés contenues dansles divers Rapports,
et toutes relatives à la conformité de notre traduction avec la Vulgate ;
enfin on y verra que ce n'est qu'à la suite de ce long examen qu'a été
présenté à l'assemblée des EE. Cardinaux membres de la Sacrée Congré-
galion de l’?ndex un dernier Rapport qui a été examiné et approuvé par
eux, pour l'étre ensuite, en dernier ressort, par le Souverain Pontife.
On a prétendu encore q'ie par la formule du Décret : Nihil obstat quo-
minus editio permitti possit, il n'avait 616 accordé aucune approbation
à noire Version, mais seulement la permission de la publier aprés exa-
men et par suite des correclions insérées par l'auteur. — Pour faire une
pareille observation, il faut ignorer, ou avoir oublié que dans le langage
ordinaire les mots approbation, autorisation, permission d'imprimer
ou de publier, sont absolument synonymes, et par là méme continuelle-
ment confondus; aussi n'est-il pas un seul évêque au monde qui se
fasse un scrupule de les employer indistinetement l'un pour l'autre. ἢ
faut ignorer encore qu'il y a plusieurs sortes d'approbations, et qu'il en
est une au moins qu'on ne saurait contester à notre Traduction : « Il faut
distinguer trois sortes d'approbations, a dit M. Malou, ancien évéque de
Bruges, et dont l'Église pleure la mort récente. La premiere est donnée
par un concile œcuménique ou par le Souverain Pontife, proposant à tous
les fidèles, comme chef de l'Église, un point de doctrine catholique; la
seconde est accordée par le Souverain Pontife, comme chef de l'Église à
des auteurs catholiques, pour autoriser l'usage des versions nouvelles; la
troisième peut être donnée par un archevéque, un évêque, une université
catholique..... Celle (dernière) approbation est inférieure aux deux pré-
cédentes; et, d'abord, elle ne donne à la version approuvée aucune auto-
rité dans l'Église universelle; 6110 est naturellement circonscrite dans le
DE LA SECONDE ÉDITION. 2301
territoire propre à la juridiction dont elle émane, elle ne place pas la
version au-dessus de toute contestation ; que dis-je? Elle peut être préci-
pitée, hasardée, erronée et reprouvée par l'Église. C'est ainsi que la ver-
sion francaise de Richard Simon, imprimée à Trévoux avec l'approbation
de deux docteurs de Sorbonne, fut condamnée par Bossuet; c'est ainsi
que le Nouveau Testament de Mons, approuvé par plusieurs théologiens,
ful condamné par les évéques de France et par le Saint-Siége; c'est ainsi
que la version du P. Quesnel, approuvée par le cardinal de Noailles,
d'abord évêque de Chálons, ensuite archevêque de Paris, fut condamnée
par l'épiscopat français et par Clément XI (1). » Ainsi le second genre
d'approbation appartient incontestablement à notre Traduction. Quant
aux corrections (emendationibus) dont il est parlé dans le Décret, nous
pouvons prouver, pièces en main, que la Sacrée Congrégation n'a pas
eu à signaler, soit dans la traduction du texte, soit dans les notes, une
seule faute ayant quelque importance, mais seulement des observations
relatives à une rédaction plus soignée de quelques phrases, et à quelques
expressions mieux choisies.
Quant au second reproche adressé à notre traduction, celui qui re-
garde le système de rigoureuse littéralité que nous avons constamment
suivi, nous pensons en être pleinement juslifié par la considéralion que
ce système nous a été imposé par le traducteur sans égal, Bossuet, que
nous avons pris pour modèle, et à qui, par conséquent, nous avons dû
faire le plus d'emprunts possible. Or, Bossuet ne connait pas de raison
suffisante d'abandonner jamais, méme au délriment du génie de notre
langue, une littéralité qui rend le texte el le texte tout entier dans sa
simplicité, dans sa rudesse, ct, le cas échéant, dans ses ombres et son
obscurité; une littéralilé qui n'autorise point la licence criminelle d'in-
iroduire dans le texte des paraphrases qu'on devrait renvoyer dans les
noles, pour ne point mêler ou substituer la pensée de l'homme à la
pensée de Dieu ; une liltéralilé qui ne veul pas que par un espril de mé-
nagement et une fausse délicatesse on donne un sens vague à un terme
précis; une littéralité qui exige non seulement que les expressions et
les tours identiques dans le texte se rendent de la méme sorte dans la
traduction; mais encore que la figure du texte, son allure, sa manière
d'étre, sa physionomie, soient fidélement reproduites, en conservant
tous les idiolismes grecs ou hébreux. Enfin, Bossuet ne connait pas de
raison sufigante d'abandonner une littéralité, qui, en présence du texte
sacré, rejetant toutes les pompes de l'éloquence humaine, parle simple-
ment et comme de mot à mot la langue des pauvres pécheurs de Galilée.
Ces considérations, que Bossuet a répandues cà et là dans ses écrits (2),
(1) J.-B. Malou, La lecture de la Bible en lungue vulgaire, etc., t. I, p. 14, 16.
(2) M. Wallon, de l'Institut, digne interpréte de Bossuet, a réuni la plupart de
ces considérations dans les Evanailes, traduction de Bossuel, mise en ordre. Avertis-
sement, passim,
9302 AVERTISSEMENT
se trouvent parfaitement résumées dans 16 passage suivant, où, en par-
lant de la traduction de Sacy, imprimée à Mons, il dit au maréchal de
Bellefonds : « Je vois avec regret que quelques-uns affectent de lire
une certaine version plus à cause des traducteurs qu'à cause de Dieu
qui parle, paraissent plus touchés de ce qui vient du génie ou de 1'610-
quence de l'interpréte que des choses mémes. J'aime pour moi qu'on
respecte, qu'on goüte et qu'on aime dans les versions les plus simples
la sainte vérité de Dieu. Si la version de Mons a quelque chose de blà-
mable, c'est principalement qu'elle affecte trop de politesse, qu'elle veut
faire trouver dans sa traduction un agrément que le Saint-Esprit a
dédaigné dans l'original. Aimons la parole de Dieu pour elle-méme, que
ce soit la vérité qui nous touche, et non les ornements dont les hommes
éloquents l'auront parée. La traduction de Mons aurait eu quelque
chose de plus vénérable et de plus conforme à la gravité de l'original,
si on l'avait faite un peu plus simple, et si les traducteurs eussent moins
mélé leur industrie et l'élégance naturelle de leur esprit à la parole de
Dieu (1). »
On comprend aisément qu'ayant souscrit à ces conditions imposées à
quiconque veut traduire la Bible d'une manière digne et convenable,
nous n'ayons pas couru apres l'élégance du style, vaine chimère qu'on
n'atteindra jamais dans une traduction de la Bible, sans s'écarter de la
voie de la fidélité et de l'exactitude. Nousavions d'ailleurs un autre mo-
dele que nous devions imiter tout naturellement, nous voulons parler de
saint Jérôme lui-même. Or, le savant Père s'est-il jamais fait un scru-
pule de violer le génie de l'idiome latin en employant des termes et des
tours de phrases inusités dans la pure lalinité classique ? Et si, sans re-
monter aussi haut, nous demandions à l'Italien Martini, à l'Espagnol Scio,
à l'Allemand Allioli et aux auteurs de la Bible anglaise catholique, pour-
quoi ils ont, eux aussi, sacrifié si souvent dans leurs versions le génie de
leur langue et surtout l'élégance du style, ils ne manqueraient pas de
répondre, que c'était pour ne pas être obligés de sacrifier quelque chose
de beaucoup plus important, le respect et la fidélité dus au texte sacré.
Mais si notre traduction, comme toutes celles qui se piquent d’une ri-
goureuse fidélité, n’est pas d'une élégance classique, comme on dit, elle
est du moins correcte; aussi, nous ne craignons pas de le dire, ceux qui
en ont critiqué certains passages ont prouvé par là méme qu'ils avaient
une connaissance bien imparfaite de notre langue.
Comme beaucoup de catholiques ne rougissent point de se joindre au
commun des protestants pour déprimer la Vulgate, ou au moins pour
lui refuser toute l'estime qui lui est due à tant de titres, nous avons cru
devoir mettre en tête de notre volume les témoignages des critiques les
plus habiles et des interprétes les plus savants du protestantisme en fa-
(1) Leltre XXIX, au maréchal de Bellefonds, t. xxxvi, p. 16; édit. de Versailles, 1818,
DE LA SECONDE ÉDITION. 2908
veur de cette Version, qui a conquis d'ailleurs la vénération de tous les
siecles qu'elle a traversés...
Comme aussi nous avons été blàmé (là méme où nous espérions trou-
ver naturellement toute autre chose qu'un blâme) de nous être adressé à
Rome pour y faire autoriser notre traduction, il nous a paru convenable
de rapporter les lettres de NN. SS.les Evéques qui ont daigné nous féli-
citer de cette démarche, en employant, soit dit en passant, les expres-
sions de la plus haute sanction, celle du Saint-Siége; la plus haute approba-
tion que puisse ambitionner notre foi; l'approbation supérieure du Saint-
Siège; une garantie pour les prétres et pour les fidèles qu'aucune autre ne
remplace ; approuvée par le Saint-Siège; une approbation qui suffit à tout et
au delà.
Le R. P. Grenier, missionnaire Oblat, à Québec, dans le bas Canada,
a bien voulu nous proposer quelques améliorations que nous avons
mises à profit avec reconnaissance. La Table qui termine notre volume
est une de ces améliorations. Ainsi, c'est d’après les conseils du savant
missionnaire que nous avons traduit en francais A Table of References,
placée à la fin des Bibles anglaises catholiques, en l'intitulant : Citations
par ordre alphabétique des textes de la Bible qui établissent les dogmes catho-
liques contre les erreurs des protestants. Les catholiques peuvent opposer
ces citations avec confiance aux protestants qui leur disent, que leurs
prétendus dogmes ne sont nullement fondés sur l'Écriture, et qu'ils
n'ont d'autre appui que les décisions imaginaires de l'Église romaine.
C'est encore d'aprés ses conseils que nous avons ajouté à la fin de ce
volume une note supplémentaire dont le but est d'appuyer par des
exemples celle que nous avons faite sur les expressions, les fréres, les
sœurs de Jésus (Matth., xii, 46; xur, 55, 56), « point très important, dit
le Pére Grenier, dont nos fréres séparés se servent tous les jours pour
égarer nos pauvres catholiques. »
Un dernier mot sur notre traduction. Il y a, sans contredit, dans le
Nouveau Testament, comme dans les autres parties de la Bible, äes
passages difficiles à comprendre, puisque l'apótre saint Pierre lui-méme
avoue qu'il s'en trouve dans les Épitres de saint Paul (II Pierre, 11, 16).
Nous rappellerons donc au lecteur, que, comme, d'aprés le méme
apôtre, à n’est pas permis d'expliquer aucune prophétie, c'est-à-dire au-
cune parole inspirée de l'Écriture par une interprétation particulière, il
devra, pour tous ceux que nous n'avons pu expliquer suffisamment,
recourir aux pasteurs de l'Église, qui ont recu lumière et mission pour
éclaircir les difficultés, comme on recourt ordinairement et tout naturel-
lement aux jurisconsultes, par exemple, pour toute question de légis-
lation embarrasante, ou bien aux médecins pour tous les cas difficiles
que peut présenter la pathologie, ou toute autre partie de la médecine.
J.-B. GLAIRE.
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AVERTISSEMENT
DE LA PREMIÈRE ÉDITION
Bien que préparé à cette traduction par une étude des langues et de la science
sibliques, continuée pendant plus de quarante années, nous n'aurions osé
entreprendre une táche aussi difficile, si nous n'y avions été fortement engagé,
et en France et en plusieurs pays étrangers, par des hommes dont l'autorité
doit étre du plus grand poids pour nous. Si donc il y a eu témérité de notre
part, nous espérons trouver dans ces encouragements une excuse légitime.
Nous avions d'abord pensé à reproduire la version de Sacy, avec de nom-
breux changements ; mais, aprés un examen plus approfondi et une confronta-
tion plus rigoureuse de cette version avec la Vulgate, nous avons dû renoncer à
celte idée. Sacy, en effet, est moins traducteur que paraphraste; il semble
méme, dans une multitude de passages, affecler de s'écarter de la lettre, sans
qu'il y ait le plus léger motif qui puisse l'y obliger. Aussi, il faut bien le recon-
naître, si sa traduction se recommande par une grande pureté et une certaine
élégance de style, elle ne laisse pas méme entrevoir qu'elle soit la représenta-
tion d'un texte qui a conservé dans tout leur naturel les couleurs si vives et si
tranchées de la composition orientale dont il émane. Ajoutons que ce mode de
traduction libre, tout en mettant fort à l'aise le traducteur lui-méme, laisse
souvent la pensée de l'écrivain sacré dans un vague et une obscurité qui ne
permettent pas au lecteur de la saisir d'une manière claire et précise. De là
vient que quand on compare Sacy avec saint Jéróme, on ne comprend pas tou-
jours quel rapport il peut y avoir entre l'un et l'autre.
Quant à la traduction de M. Genoude, elle est trop défectueuse pour que
nous ayons songé un seul instant à la prendre pour base de notre travail. L'au-
teur, profondément ignorant de tout ce qui touche à nos divines Écritures, a
accumulé contre-sens sur contre-sens, omis une foule de mots importants ; et,
quoiqu'il semble avoir voulu se conformer à la Vulgate et la reproduire aussi
littéralement qu'il est possible, il lui arrive constamment de l'abandonner pour
suivre l'hébreu ou le grec, sans les traduire exactement, et de copier, avec une
fidélité scrupuleuse, la paraphrase de Sacy.
On comprend aisément que nous ayons cherché à mettre à profit les traduc-
tions bibliques de Bossuet. 1 y ἃ vingt-cinq ans que, sur les instances d'ur
vénérable sulpicien, M. Mollevaut, nous entreprimes de recueillir de ses divers
ouvrages tout ce qu'il a traduit de nos saintes Écritures. Ainsi nous devons
beaucoup au grand évéque de Meaux; cependant il nous est arrivé fort souvent
de donner des interprétations autres que les siennes. On ne saurait s'en éton-
N. T 145
2306 AVERTISSEMENT
ner, puisque, malgré son érudition d'ailleurs prodigieuse, Bossuet manquait
d'une connaissance indispensable à tout exégéte de la Bible, de la connaissance
de l'hébreu.
Mais nous devons au lecteur quelques explications sur la nature de notre
propre travail. Le premier devoir d'un traducteur étant de choisir un texte qui
puisse donner toutes les garanties désirables, nous nous sommes entiérement
conformé à l'édition de la Vulgate donnée à Turin par Hyaciiuthe Marietti, et
approuvée par un décret de la Congrégation de l'Index, en date, du 26 juin
1856. Quant à notre traduction elle-même, ce qui la caractérise surtout, c'est
une rigoureuse littéralité. Ainsi, toutes les fois que les exigences de notre lan-
gue ne s'y sont pas opposées, nous avons rendu la Vulgate mot pour mot. Or,
voici les avantages que nous avons cru trouver dans ce genre d'interprétation.
D'abord la Bible conserve mieux son admirable simplicité, sa noble concision,
la richesse et la vivacité de ses images, la hardiesse de ses tropes; en un mot,
tout le charme d'un style pittoresque, qui altache le lecteur sans le fatiguer
jamais. En second lieu, toutes les traductions autorisées ont suivi le système
de la littéralité, et la Vulgate elle-méme s'y est généralement conformée; car
le manque de clarté qu'on lui reproche dans un grand nombre de passages
vient précisément de ce que son auteur a cru devoir expliquer les textes origi-
naux au pied de la lettre (1). Troisièmement enfin, le respect méme dû à la
parole de Dieu nous a empéche d'adopter le mode d'une traduction libre, comme
exposant continuellement le traducteur à faire prendre le change sur le vrai
sens des écrivains sacrés, en leur prétant des idées qui ne sont pas les leurs.
Cependant, hàtons-nous de le dire, partout oü une trop grande littéralité ne
rendait pas assez fidèlement ou assez clairement la pensée de ces écrivains,
nous l'avons abandonnée ; mais, dans ce cas même, nous ne nous en sommes
éloigné que le moins possible, et en reproduisant dans les notes les termes et
les constructions que notre langue ne permettait pas d'introduire dans le corps
du texte. D'un autre cóté, nous n'avons pas cru nous en écarter, en traduisant
certains mots de plusieurs manières, parce que dans les textes primitifs ils
offrent réellement une variété de sens. Tel est, par exemple, le verbe dire (en
latin dico) qui, en hébreu aussi bien qu'en chaldéen, en syriaque et en arabe,
signifie souvent répondre, répliquer, repartir, etc., et auquel saint Jérôme lui-
méme a substitué tantôt inquio, tantôt aio. Tel est encore répondre (respondeo),
mot représentant l'hébreu HANA, primitivement élever la voix, crier; combien de
fois n'échange-t-il point sa significalion premiére contre celle de prendre ἴα
parole, ou parler avant tout autre ? Et, pour ne plus citer qu'un exemple en ce
genre, la méme particule et ne réunit-elle pas, dans les quatre langues orien-
tales que nous venons de nommer, les nuances diverses de mais, cependant, en
outre, ensuile, etc., tandis qu'en mille endroits elle devient purement pléonasti-
que pour un traducteur francais, surtout quand elle marque simplement l'apo-
dose? Enfin, on ne viole certainement pas les lois de la littéralité, ni en
négligeant dans une traduction francaise les particules quia, quoniam, quand
elles ne sont qu'explicatives, ou en les rendant par disant, en disant, lorsque,
(4) Plusieurs critiques ont objecté que saint Jérôme 868% souvent éloigné du texte
hébreu; nous avons répondu ailleurs à cette objection; nous nous bornerons à dire
ici que le texte hébreu que lisaitle saint docteur était évidemmeut différont du nôtre
dans plusieurs endroits
DE LA PREMIÈRE EDITION. 2307
représentant le x: hébreu, le AN arabe, le xi persan, elles ne servent qu'à
introdu.re dans le récit un discours direct; ni en substituant un nom au pro-
nom qui le représente, afin d'éviter la confusion, l'amphibologie, et, en un
mot, tout ce qui pourrait blesser la susceptibilité de notre langue.
Nous croyons avoir rendu plus fidélement que la plupart des traducteurs en
langues vulgaires un certain nombre de passages tant de l'Ancien que du Nou-
veau Testament, non seulement en tenant compte de l'emploi ou de l'omission
de l'article déterminatif, qui existe dans l'hébreu et dans le grec, et que l'au-
teur de la Vulgate n'a pu reproduire dans le latin; mais en conservant, autant
qu'il a été possible, l'ordre méme des mots, attendu que cet ordre influe tou-
jours plus ou moins sur le sens du texte; car il est incontestable que certaines
inversions, contraires à la marche naturelle et ordinaire dela phrase, ne sont
nullement arbitraires et un pur effet d'euphonie, mais que le mot qui occupe
la première place dans une proposition est généralement celui auquel l'écrivain
sacré attache le plus d'importance, et par conséquent sur lequel il veut arréter
plus particulièrement l'esprit du lecteur (1).
Comme un certain nombre de passages de l'Écriture se trouvent diversement
rendus dans les versions autorisées des catholiques anglais, espagnols, italiens
et allemands, nous avons emprunté de ces versions les sens qui nous ont paru
les mieux fondés, mais nous avons mentionné les autres en note (2).
L'Église s'opposant avec la plus grande sagesse à la publication de versions
en langues vulgaires, quand elles ne sont pas accompaguées de notes tirées des
saints Péres ou de savants écrivains catholiques, nous en avons ajouté à notre
traduction ; elles ont pour objet, tantôt d'éclaircir les passages obscurs, Lantôt
de justifier la Vulgale contre l'accusation de barbarie, en montrant que les
irrégularités si étranges qu'on lui reproche ne sont que de purs hébraismes,
qu'elle a voulu conserver par respect pour le texte sacré, tantót de réfuter les
objections faites dans le monde par des chrétiens qui ne sont pas suffisamment
instruits de ce qui touche à la religion, tantót enfin de concilier les contradic-
lions apparentes de la Bible: toutes choses que nous nous proposons de faire
avec beaucoup d'étendue dans l'édition destinée plus particuliérement aux
ecclésiastiques, et que nous espérons publier immédiatement après celle-ci.
L'Abrégé d'iniroduction aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament,
auquel nous avons souvent renvoyé le lecteur, est un complément de notre
traduction. Craignant de rendre moins facile l'acquisition de notre livre
en le grossissant par un trop grand nombre de notes, nous avons pensé que
ces deux ouvrages pourraient être trés ulilement consultés par toutes
les personnes du monde désireuses de connaitre les vrais principes sur lesquels
repose l'autorité de nos Livres saints, et la solution des difficultés soulevées par
les incrédules modernes, et surtout par les mythologues et les critiques ratio
' (4) Ce n'est pas seulement dans les langues bibliques que l'on trouve ces sortes de
constructions grammaticales, c'est encore dans beaucoup d'autres idiomes, tant de
l'Orient que de l'Occident; et le francais, en particulier, en fournit de nombreux
exemples.
(2) Ges versions, que nous avons souvent confrontées en composant la nótre, sont
la Bible anglaise, dont l'Ancien Testament a été publié pour la première fois à Douai
par le Collége anglais, et le Nouveau à Reims, également par le Collége anglais; la Bible
espagnole de Philippe Scio; la Bible italienne d'Antoine Martini et la Bible allemande
de Joseph-Francois Allioit.
Π
9308 AVERTISSEMENT DE LA PREMIÈRE ÉDITION.
nalistes, contre la. vérité historique et divine des principaux récits qui y sont
contenus.
Nous venons de dire en quoi nous avons táché de mieux faire que nos devan-
ciers, et par quelle voie nous avons cherché à y parvenir. Avons-nous atteint
ce but? on en jugera. Évidemment, quant à nous, si nous ne pensions pas que
notre travail, envisagé sous les nombreux et divers points de vue qu'il em-
brasse, réunit au moins quelques avantages de plus que les autres travaux de
méme genre, nous n'aurions jamais eu l'idée de le publier, ou plutót nous
l'aurions abandonné, dés que nous aurions reconnu l’inanité de nos efforts.
Mais avons-nous réussi de manière à êlre satisfait de notre œuvre, à la juger,
non plus par comparaison avec les autres traductions francaises, mais avec le
modéle dont nous avons entrepris la copie, c'est-à-dire la Vulgate, le livre que
tout homme versé dans les matiéres bibliques considére comme le plus diffi-
cile à faire passer dans notre langue ? Sous ce rapport, personne assurément ne
jugera notre traduction plus sévérement que nous ne l'avons fait nous-méme,
parce que personne n'a mieux compris toute l'étendue des difficultés que pré-
sente un pareil travail, non seulement pour le langage et pour le style, mais
pour le sens exégétique et théologique. Aussi n'est-ce pas sans dessein que, dés
le premiers mots de cette préface, nous avons déclaré que, malgré nos qua-
rante années consacrées à l'étude des diverses branches de la science biblique,
nous n'aurions pas osé entreprendre une tâche aussi difficile, si nous n'y avions
élé fortement engagé par des hommes dont l'autorité doit étre du plus grand
poids pour nous. Nous sommes donc pleinement convaincu que dans quelques
passages sur le sens desquels different entre eux, et les théologiens, etles com-
mentateurs, el les Péres eux-mémes, nous avons pu ne pas choisir le senti-
ment le mieux fondé, malgré la comparaison la plus minutieuse des divers
moyens qu'offre à un traducteur la critique sacrée, aussi bien que l'herméneu-
tique et l'exégése. Nous ne sommes pas moins convaincu qu'en ce qui touche
au langage et au style, plusieurs imperfections ont pu nous échapper, les unes
par inadvertance, les autres par suite du système de littéralité, que nous avons
adopté. Disons cependant que sur ce dernier point nous ne pensons pas avoir
dépassé les limites que nous ont tracées des écrivains qui jouissent d'une grande
autorité dans le monde littéraire.
Quant aux notes qui accompagnent notre traduction, il en est quelques-unes
qui, au premier abord, paraitront peut-étre trop scientifiques; mais, comme
cette traduction est destinée à tous les catholiques indistinctement, et par con-
séquent aux hommes instruits et méme aux savants, aussi bien qu'à ceux dont
l'esprit est moins cultivé, nous avons cru qu'elles ne seraient pas sans quelque
utilité. Encore ici, nous n'hésitons pas à le dire, il est trés possible que nous ne
soyons pas toujours resté dans une juste mesure.
Il nous reste une derniére remarque à faire : c'est que les diverses fautes que
l'on pourra relever dans notre traduction ne sauraient étre d'une grande im-
portántee, puisque le Saint- «Siege; auquel nous avons cru devoir la soumettre,
n'en a permis la publication qu'aprés un long examen fait par la S. Congréga-
Lion de l'Index.
J.-B. GLAIRE.
PRÉFACE ‘
Le Nouveau Testament signifie proprement la nouvelle alliance
que Dieu a faite avec les hommes par la médiation de Jésus-Christ
mort sur la croix, mais ici il se prend pour les monuments ou les
livres sacrés, qui nous font connaître, sous ses divers rapports, cette
divine alliance ; c'est-à-dire les Évangiles, les Actes des Apótres, les
Épîtres de saint Paul, de saint Jacques, de saint Pierre, de saint Jean,
de saint Jude, et l'Apocalypse.
Le nom d'Évangile, qui est grec, et qui veut dire bonne, heu-
reuse nouvelle, a été donné à l'histoire de l'avènement, de la doctrine,
des actions, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, le Mes-
sié promis de Dieu, et annoncé par les prophètes. Les seuls Évan-
giles que l'Église chrétienne ait reconnus comme authentiques sont
ceux qui ont été composés par saint Matthieu, saint Marc, saint Luc
et saint Jean. Or, en écrivant son Évangile, saint Matthieu a eu prin-
cipalement en vue de prouver aux Juifs que Jésus-Christ était le vrai
Messie, fils de David, né d'une vierge, annoncé par les prophètes;
aussi a-t-il cité plus de passages de l'Ancien Testament que les autres
évangélistes. Saint Marc, en s'attachant, dans presque tous les cha-
pitres de son livre, à faire ressortir la puissance divine de Jésus de
(4) Ge qui fait l'objet de cette Préface ne peut étre indiqué ici que fort sommaire-
ment, on le trouvera plus développé dans notre Abrégé d'introduction aux livres de
l'Ancien et du Nouveau Testament, p. 319 et suiv.
9316 PRÉFACE.
Nazareth, indique suffisamment que dans la composition de son
Évangile, son but a été de prouver que ce méme Jésus était le mai-
tre souverain de toutes choses. Quant à saint Luc, il résulte bien de la
lecture de son prologue, qu'il à voulu opposer à des histoires sans
autorité ou peu exactes, son Évangile qu'il tenait de saint Paul et
des apôtres, témoins fidèles et sûrs des faits qu'il raconte; mais si on
examine son livre sous un point de vue général, on apercoit que son
dessein est de montrer, par l’ensemble des faits et toutes les cir-
constances de la vie de Jésus de Nazareth, que ce méme Jésus est le
véritable Sauveur de tous les hommes. Enfin saint Jean a eu plu-
sieurs motifs d'écrire son Évangile. D'abord il ne pouvait résister au
désir ardent des fideles d'Asie, qui voulaient avoir par écrit ce qu'il
leur avait dit de vive voix. En second lieu, il était tout naturel qu'il
cherchát à réfuter les erreurs de Cérinthe et d'Ebion, qui niaient la
divinité du Verbe. Troisiemement, il voulait laisser à l'Église un
corps plus complet de l'histoire et de la doctrine du Sauveur, et qui
fût le supplément des autres Évangiles.
Le livre des Actes des Apótres, écrit par saint Luc, estainsinommé,
parce qu'il contient le récit de ce que firent les apótres à Jérusalem,
dans la Judée et dans les autres parties de l'univers, apres l'ascension
de Jésus-Christ.Ainsi ilformecomme]lecomplément des Évangiles, qui
contiennent en effet des promesses et des prédiclions, dont il pré-
sente lui-même l'accomplissement et la réalisation. Ajoutons qu'il
est. très utile pour faire comprendre les Épitres des apôtres et sur-
tout celles de saint Paul, lesquelles, sans les lumières qu'il nous
fournit, resteraient dans bien des passages entierement inintelli-
gibles.
Les Épîtres de saint Paul sont au nombre de quatorze, savoir:
une aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Galates, une
aux Éphésiens, une aux Philippiens, une aux Colossiens, deux
aux Thessaloniciens, deux à Timothée, une à Tite, une à Philémon
et une aux Hébreux. Dans notre Abrégé d'introduction, etc., nous
avons signalé les principales sources des difficultés particulieres à
ces Epitres, en indiquant les moyens de les faire disparaître, au moins
en partie.
Les autres Építres sont au nombre de sept, savoir : une de saint
Jacques, deux.de saint. Pierre, trois, de saint Jean et; une de. saint
Jude, Onles appelle catholiques, ou universelles, parce qu'elles con-
tiennent des choses communes à toutes les Églises. On les nomme
aussi canoniques, parce qu'elles renferment des règles ou canons
PRÉFACE. 2344
imporlants pour les mœurs et les instructions sur les matières de la
foi, ou plutót parce qu'elles font partie du canon ou catalogue des
livres sacrés. Le but général des Épîtres catholiques est, selon saint
Augustin (De fide et operib., c. xiv), de réfuter les hérésies naissantes
de Simon le Magicien, celles des Nicolaites, des Ébionites et autres
hérétiques qui, abusant de la liberté évangélique, et prenant à con-
tre-sens les paroles de saint Paul, enseignaient que la foi sans les
œuvres suffisait pour le salut, et introduisaient ainsi une morale
très corrompue.
Le mot grec Apocalypse, qui signifie révélation en général, dési-
gne ici la révélation particulière qu'eut saint Jean l'Évangéliste dans
l’île de Patmos, et qu'il a décrite lui-même dans unlivre qui, pour ce
motif, a été aussi nommé Apocalypse. Mais comme ce livre, qui est
en grande partie prophétique, contient un grand nombre de passages
difficiles à comprendre, nous avons cru en faciliter l'intelligence,
en établissant dans notre Abrégé d'introduction, etc., p. 503 et suiv.,
quelques principes à suivre, et quelques regles à observer dans son
explication.
Nous rappellerons ici que l'Écriture sainte est la parole méme de
Dieu, son divin Testament, le dépót de ses secrets et de ses divines
volontés, et qu'elle ne saurait étre profitable, qu'autant qu'on la lira
avec une foi vive, une humilité profonde, une soumission par-
faite et une entière pureté d'intention.
J.-B. GLAIRE.
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TABLE
DES ÉPITRES ET ÉVANGILES
QUI SE LISENT DANS L'ÉGLISE PENDANT TOUTE L'ANNÉE
(RITE ROMAIN)
Dans cette Table, le premier chiffre indique le chapitre ; les deux autres, le premier
et le dernier verset de chaque Épître ou Évangile.
L'AVENT.
Ier Dimauche.
Epttre, Rom. chap. 13, de-
puis le verset 11 jusqu'au
verset 14.
Evangile, Luc, 21, v. 25-33.
Ile Dimanche.
Ep. Rom., 15, v. 4-13.
Ev. Matth., 11, v. 2-10.
Ille Dimanche.
Ep. Philipp., 4, v. 4-7,
Ev. Jean, 1, v. 19-28.
Le Mercredi des Quatre-Temps.
Ev. Luc, 1, v. 26-38.
Le Vendredi des Quatre-Temps.
Ev. Luc, 1, v. 39-47.
Le Samedi des Quatre-Temps.
VI. Ep. 2 Thessal., 2, v.
Ev. Luc, 3, v. 1-6.
1719. Dimanche.
Ep. 4 Corinth., 4, v. 4-5,
Ev. Luc, 3, v. 1-6.
La veille de Noél,
le 24 décembre.
Ep. Rom:, 1, v. 1-6.
Ev. Matth., 4, v. 18-21.
Le jour de Noél,
le 25 décembre.
A la première messe,
Ep. Tite, 2, v. 11-15.
Ev. Luc, 2, v. 1-14.
Α la seconde messe.
Ep. Tite, 3, v. 4-1.
Ev. Luc, 2, v. 15-20.
À la toisième messe.
Ep. Hébr., 1, v. 1-12,
Ev. Jean, 4, v. 1-14.
Saint Etienne, premier martyr,
le 26 décembre.
Ep. Act., 6, v. 8-10, et 1, v.
54-59.
Ev. Matth., 23, v. 34-39.
Saint Jean, évangéliste,
le 21 décembre.
Ev. Jean, 21, v. 19-24.
Les Saints Innocents,
le 28 décembre.
Ep. Apoc., 14, v., 1-5.
Ev. Matth., 2, v. 3-18.
Saint Thomas de Cantorbéry,
le 29 décembre.
Ep. Hébr., 5, v. 1-6.
Ev. Jean, 10, v. 11-16,
Le Dimanche dans l'Octave
de Noël.
Ep. Galat., 4, v. 1.
Ev. Luc, 2, v. 33-40.
Le Jour de la Circoncision,
le 1e* janvier.
Ep. Tite, 2, v. 11-15.
Ev. Luc, 2, v. 94.
La Veille des Rois,
le ὃ janvier.
Ep. Galat., 4, v. 1-7.
Ev. Matth., 2, v. 19-23,
Le Jour des Rois,
le 6 janvier.
Ev. Matth., 2, v. 1-12.
Le Dimanche dans l'üctave
des Rois.
Ep. Rom., 12, v. 1-5.
Ev. Luc, 2, .v,. 42-52.
L'Octave des Rois.
Ev. Jean, 1, v. 29-34.
Ile Dimanche après les Rois.
Ep. Rom., 12, v. 6-16.
Ev. Jean, 2, v. 1-11.
Ille Dimanche aprés les Rois.
Ep. Rom., 12, טש
Ev. Matth., 8, v. 1-13.
2314
[Ve Dimanche aprés les Rois.
Ep. Rom , 13, v. 8-10.
Ev. Matth., 8, v. 23-21.
V* Dimanche aprés les Rois.
Ep. Coloss., 3, v. 12-17.
Ev. Matth., 13, v. 24-30.
VIE Dimanche après les Rois.
Ep. ! Thessal., 1, v. 2-10.
Ev. Matth., 13, v. 31-35.
Le Dimanche de la Septuagésime.
Ep. 1 Corinth., 9, v. 24-21,
et 10, v. 1-5.
Ev. Matth., 20, v. 1-16.
Le Dimanche de la Sexagésime.
Ep. 2 Corinth., 11, v. 19-33,
et 12, v. 1-9.
Ev. Luc, 8, v. 4-15.
Le Dimanche de la Quinquagésime.
Ep. 1 Corinth., 13, v. 1-13.
Ev. Luc, 18, v. 31-43.
Le Mercredi des Cendres.
Ev. Matth., 6, v. 16-21.
ler Jeudi de Carême.
Ev. Matth., 8, v. 5-13.
Ier Vendredi de Caréme.
Ev. Matth., 5, v. 43-43,et 6,
ν. 1-4,
Ier Samedi de Carême.
Ev. Marc, 6, v. 41-56.
Ier Dimanche de Caréme.
Ep. 2 Corinth., 6, v. 1:10.
Ev. Matth., 4, v. 1-11.
Ier Lundi de Caréme.
Ev. Matth., 93, v. 31-46.
Ier Mardi de Caréme.
Ev. Matth., 21, v. 10-17.
Ile Mercredi de Caréme.
Ev. Matth., 12, v. 38-50.
Ile Jeudi de Carème.
Ev. Matth., 18, v. 21-98.
119 Vendredi de Caréme.
Ev. Jean, 5, v. 1-15.
Il? Samedi de Caréme.
Ep. 1 Thessal,, 5, v. 14-23.
Ev. Matlh., 11, v. 1-9.
Ile Dimanche de Caréme.
Ep. 1 Thessal., 4, v. 1-7.
Ev.le méme qu'au samedi
précédent.
Ile Lundi de Caréme.
Ev: Jean, 8, v. 21-29.
Ile Mardi de Caréme.
Ev. Matth., 23, v. 1-12,
Ille Mercredi de Caréme.
Ev. Matth., 20, v. 17-28.
Ille Jeudi de Caréme.
Ev. Luc, 16, v. 19-31.
1115 Vendredi de Caréme.
Ev. Matth., 21, v. 33-46.
Ille Samedi de Carême.
τὰν: Κὺ; div 11Ξ339᾽
Ille Dimanche de Caréme.
Ep. Ephés., 5, v. 1-9.
Ev. Luc, 14, v. 14-26.
IIIe Lundi de Caréme.
Luc, 4, v. 23-30.
III* Mardi de Caréme.
Matth., 18, v. 15-22,
Ev.
Ev.
IVe Mercredi de Caréme.
Matth., 15, v. 1-20.
IVe Jeudi de Carême.
. Luc, 4, v. 33-34,
Ev.
IVe Vendredi de Caréme.
: Jean, 4, v. 5-42.
]Ve Samedi de Caréme.
. Jean, 8, v. 4-11.
IVe Dimanche de Caréme.
Galat., 4, v. 2-3.
Jean, 6, 1-15.
Ep.
Ev.
179 Lundi de Caréme.
. Jean, 2, v. 13-25.
IYe Mardi de Caréme.
. Jean, 7, v. 14-21.
Ve Mercredi 060 60
Ev. Jean, 9, v. 1-38,
TABLE DES ÉPITRES ET ÉVANGILES.
Ve Jeudi de Caréme.
Luc, 7, v. 11-16.
Ve Vendredi de Caréme
. Jean, 11, v. 4-45.
Ve Samedi de Carême.
. Jean, 8, v. 12-10.
Dimanche de la Passion,
. Hebr., 9, v. 11-15,
Ev. Jean, 8, v. 46-59.
Ev.
Lundi de la Passion.
. Jean, 1, v. 32-39.
Mardi de la Passion.
. Jean, 7, v. 1-13.
Mercredi de la Passion.
. dean, 10, v. 22-38.
Jeudi de la Passion.
Ev. Luc, 1, v. 36-50.
Vendredi de la Passion.
Ev. Jean, 11, v. 41-54.
Samedi. de la Passion.
Ev. Jean, 12, v. 10-36.
Dimanche des Rameaux.
Evangile pour la bénédic-
tion des palmes, Matth.,
21, v. 1-9.
A la messe. -
Ep. Philip., 2, v. 41.
La Passion de Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ selon
5. Matthieu. Les ch. 26-21.
Lundi Saint.
Ev. Jean, 12, v. 1-9.
Mardi Saint.
La Passion, de Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ selon
saint Jean. Les chap. 14
et 15. :
Mercredi Saint.
La Passion de Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ selon
saint Luc. Le chap. 22,
et le chap. 93, 1-53.
Jeudi Saint.
Ep. 1 Corinth., 41, v. 20-32.
Ev. Jcan, 13, v. 4-19.
TABLE DES ÉPITRES ET ÉVANGILES.
Vendredi Saint.
La Passion de Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ selon
S. Marc. Les ch. 18 et 19.
Samedi Saint.
Coloss., 3, v. 4-4.
Matth., 28, v. 1-1.
Le Jour de Páques.
1 Corinth., 5, v. 1-8.
Mare, 16, v. 4-1.
Lundi.
Act, 10; v. 31-43.
Luc, 24, v. 13-35.
Mardi.
Act., 13, v. 16-33.
Luc, 24, v. 36-47.
Ep.
Ev.
Ep.
Ev.
Ep.
Ev.
Ep.
Ev.
Mercredi.
Act., 9, v. 18-19.
Jean, 24, v. 1-14.
Jeudi.
Act., 8, v. 26-40.
Jean, 20, v. 11-48.
Vendredi.
1 Pierre, 3, v. 18-22,
Matth., 98, v. 16-30.
Samedi.
1 Pierre, 2, v. 1-10.
Jean, 20, v. 1-9.
Ep.
Ev.
Ep.
Ev.
Ep.
Ev.
Ep.
Ev.
Dimanche de Quasimodo.
Ep. 1 Jean, 5, v. 4-10.
Ev. Jean, 20, v. 19-34.
II* Dimanche aprés Páques.
Ep. 1 Pierre, 2, v. 21:25.
Ev. Jean, 10, v. 11-16.
Ille Dimanche aprés Pâques.
Ep. ! Pierre, 2, v. 11-18.
Ev. Jean, 10, v. 16-22,
IVe Dimanche aprés Pâques.
Ep. jacques, 1, v. 17-21.
Ev. Jean, 16, v. 5-14.
Ve Dimanche après Pâques.
Ep. Jacq., 1, v. 22-27.
Ev. Jean, 16, v. 23-30.
Les Rogations.
Ep. Jacq., 5, v. 16-20.
Ev. Luc; 41,-v.: 5-13.
La Veille de ' Ascension.
Ep. Ephés., 4, v. 1-13.
Ev. Jean, 17, v. 4-M.
Le Jour de l'Ascension.
Ep. Act., 4, v. 1-11,
Ev. Mare, 16, v. 14-90.
Le Dimanche dans l'üctave
de l'Ascension.
ΕΡ. Pierre, 4, v. 1-14.
Ev. Jean, 15, v. 26, 27, et
16, v. 1-4.
La Veille de la Pentecôte.
Ep. Act., 19. v. 1-8.
Ev. Jean, 14, v. 45-94.
Le Dimanche de la Pentecóte.
Ep. Act., 9, v. 1-11.
Ev. Jean, 14, v. 93-34.
Lundi.
Ep. Act., 10, v. 42-48.
Ev, Jean, 3, v. 16-21.
Mardi.
Ep. Act., 8, v. 1441.
Ev. Jean, 10, v. 4-10.
Mercredi des Quatre-Temps.
I'Ep. Act, 2, v. 14-21.
II Ep. Act., 5, v. 19-16.
Ev. Jean, 6, v. 44-59.
Jeudi.
Ep.. Act., 8, v. 5-9.
Ev. Luc, 9, v. 1-6.
Vendredi des Quatre-Temps.
Ev. Luc, 5, v. 11-96.
Samedi des Quatre-Temps.
;| Ep. Rom., 5, v. 1-5.
Ev. Lue, 4, v. 38-44.
Le Dimanche de la Sainte
Trinité,
Ep. Rom., 11, v. 32-36.
Ev. Matth., 98, v. 18-90.
Ier Dimanche aprés la Pente-
cóte.
Ep. 1 Jean, 4, v. 8-91.
Ev. Luc, 6, v. 30-32.
Le Jour du Saint Sacrement.
Ep. Corinth., 11, v. 23-
91
Ev. Jean, 6, v. 55-59,
2319
Ile Dimanche sprès la Pentecôte,
dans l'Oct. du Saint Sacrement,
Ep. 1 Jean, 3, v. 13-18.
Ev. Luc, 14; v; 16-24,
Pour l'Octave du Saint Sacrement.
Comme au jour du saint
Sacrement.
IIIe Dimanche après la Pentecôte.
Ep. 1 Pierre, 3, v. 6-11.
Ev. Luc, 15, v. 1-41.
IVe Dimanche après la Pentecôte,
Ep. Rom., 8, v. 18-23.
Ev. Luc, 5, v: 1-1.
Ve Dimanche aprés la Pentecóte.
Ep. 1 Pierre, 3, v. 8-15.
Ev. Matth., 5, v. 90-24.
VIe Dimanche aprés la Pentecôte.
Ep. Rom., 6, v 3-11.
Ev. Marc, 8, v. 1-9.
Vile Dimanche aprés la Pentecôte
Ep. Rom., 6, v. 19-23.
Ev. Malth., 7, v. 15-21.
Ville Dimanche aprés la Pentecôte.
Ep. Rom., 8, v, 12-11.
Ἐν. ΠΠῸ, 10, ν. 1.0.
IX* Dimanche aprés la Pentecôte.
Ep. 1 Corinth , 10, v. 6-13.
Ev. Luc, 19, v. 41-41.
X* Dimanche aprés la Pentecóte
Ep. 1 Corinth., 12, v. 9-11,
Ev. Luc, 18, v. 9-14.
Xle Dimanche aprés la Pentecôte.
Ep. 1 Corinth., 15, v. 1-10,
Ev. Marc, 1, v. 31-31.
X11* Dimanche aprés la Pentecóte.
Ep. 2 Corinth., 3, v. 4-9.
ΕΥ ΠΟ, 40, v... 23-31.
X111* Dimanche après la Pentecôte.
Ep. Galat., 3, v.16-22.
Ev. Luc, 17, v. 41-19.
117% Dimanche aprés la Pentecôte.
Ep. Galat., 5, v. 16-94.
Ev. Matth., 6, v. 24-33.
XVe Dimanche aprés la Pentecôte.
Ep. Galat., 5, v. 25, 26, et 6,
v. 4-10.
2316
Ev. Luc, 1, v. 11-16.
XVIe Dimanche après la Pentecôte.
Ep. Ephés., 3, v. 13-91.
Ev. Luc, 14, v. 1-11.
XV11e Dimanche après la Pentecôte
Ep. Ephés., 4, v. 1-6.
Ev. Matth., 92, v. 35-45.
Le Mercredi des Quatre-Temps
de Septembre.
Ev. Marc, 9, v. 16-98.
Le Vendredi des Quatre-Temps
de Septembre.
Ev. Luc, 1, v. 36-50.
Le Samedi des (uatre-Temps
de Septembre.
VI Ep. Hébr., 9, v. 1-12,
Ev. Luc, 13, v. 6-11.
XV111* Dimanche après la Pentecôte
Ep. 1 Corinth., 1, v. 4-8.
Ev. Matth., 9, v. 4-8.
XIXe Dimanche après la Pentecôte.
Ep. Ephés., 4, v. 23-98.
Ev. Matth., 22, v. 1-14.
XXe Dimanche aprés la Pentecôte.
Ep. Ephés., 5, v. 15-31.
Ev. Jean, 4, v. 46-53.
XXIe Dimanche aprés la Pentecôte.
Ep. Ephés., 6, v. 10-17.
Ev. Matth., 18, v. 33-25.
XX11e Dimanche après la Pentecôte.
Ep. Philipp., 1, v. 6-11.
Ev. Matth., 22, v. 15-91.
XX11 1e Dimanche après laPentecôte
Ep. Philipp., 3. v. 11-21, et
4, v, 1-3.
Ev. Matth., 9, v. 18-96.
XXIVe Dimanche après la Pente-
côte.
Ep. Coloss., 1, v. 9-14.
Ev. Matth., 24, v. 18-35,
PROPRE DES SAINTS.
Novembre.
29. Veille de. saint. André,
apôtre.
Ev. Jean, 4, v. 35-54,
30. Saint André, apótre.
Ep. Rom., 10, v. 10-18.
Ev. Matth., 4, v. 18-22.
Décembre.
3. Saint François-Xavier.
Ev. Marc, 16, v. 15-18.
4. Saint Pierre Chrysologue.
Ep. 2 Timothée, 4, v. 1-8.
Ev. Matth., 5, v. 13-19.
6. Suint Nicolas.
Ep. Hébr., 13, v. 1-11.
1. Saint. Ambroise.
Epitre et Evangile du 4.
8. La Conception de la Vierge
Ev. Matth., 4, v. 1-16.
11, Saint Damase.
Ep. Hébr., 7, v. 23-98.
Ev. Matth., 24, v. 42-41.
13. Sainte Luce.
Ep. 2 Corinth., 10, v. 17-18;
44, v. 1-2.
Ev. Matth., 13, v. 31-52.
21. Saint Thomas, apôtre.
Ep. Ephés., 2, v. 19-22.
Ev. Jean, 20, v. 24-99.
Janvier.
Féte du saint Nom de Jésus.
Ev. Luc, 2, v. 21.
15. Saint Paul, ermite.
Ep. Philipp., 3, v. 1-12.
Ev. Matth., 11, v. 25-30.
18. La Chaire de saint Pierre
à Rome.
Ep. 1 Pierre, 1, v. 1-1.
Ev. Matth., 16, v. 13-19.
20. S. Fabien et S. Sébastien.
Ep. Hébr., 11, v. 33-39.
Ev. Luc, 6, v. 11-23.
Zi. Sainte Agnès.
Ev. Matth., 5, v. 1-13.
25. Conversion de saint Paul,
apôlre.
Ep. Act., 9, v. 1-22.
Ev. Matth., 19, v. 21-29.
TABLE DES ÉPITRES ET ÉVANGILES.
26. Saint Polycarpe,
Ep. 4 Jean, 3, v. 10-16.
Ev. Matth., 10, v. 26-32,
21. Saint Jean Chrysostome.
Ep. 2 Timoth., 4, v. 1-8.
Ev. Matth., 5, v. 13-19,
Février.
4. Saint Ignace.
Ep. Rom;, 8, v. 35-39.
Ev. Jean, 12, v. 94-96.
2. La Purification de la
Vierge.
Ev. Luc, 2, v. 22-32.
5. Sainte Agathe, vierge
et martyre.
Ep. 4 Corinth., 1, v. 26-
31.
Ev. Matth., 19, v. 3-12.
24 ou 25. Saint Mathias,
apótve.
Ep. Act., 4, v. 15-26.
Ev. Matth., 11, v. 25-30.
Mars.
8. Saint Jean de Dieu.
Ev. Matth., 22, v. 35-46.
10. Les Quarante Martyrs.
Ep. Hébr., 11, v. 33-39.
19. Saint Joseph.
Ev. Matth., 1, v. 18-21.
95. L'Annonciation de la
Vierge.
Ev. Luc, 4, v. 26-38.
Avril.
2. Saint François de Paule.
Ep. Philipp., 3, v. 1-12.
41. Saint Léon, pape.
Ev. Matth., 16, v. 13-19.
13. Saint Herménégilde.
Ev. Luc, 14, v. 26-33.
175. Saint Anicet.
Ev. Jean, 16, v. 20-22.
25. Saint Marc, évangéliste.
Ev. Luc, 10, v. 1-9,
TABLE DES ÉPITRES ET ÉVANGILES. 2317
30. Commémoration de saint | 14. Veille. de l’Assomption.
Paul, apôtre. Ev. Luc, 11, v; 21-98.
Ep. Galat., 1, v. 11-90. : y ἃ
Ev. Matth., 10, v. 15-22. 15. L'Assomption de la
Vierge.
Εν. Luc, 10, v. 38-42.
24. Saint Barthélemi
apótre.
Ep. 4 Corinth., 12, v. 97-31.
Ev. Luc, 6, v. 12-19.
25. Saint Louis, roi de
France.
Ev. Luc, 19, v. 12-36.
Mai.
1. Saint Jacques et saint
Philippe, apôtres.
Ev. Jean, 44, v. 1-13.
2. Saint Athanase, évéque.
Ep. 2 Corinth., 4, v. 5-14
Ἐν. Matth., 10, v. 23-98.
Juillet.
Premier dimanche. Féte du
précieux Sang.
Ep. Hébr., 9, v. 11-15.
Ev. Jean, 19, v. 30-35.
2. La Visitation de la Vierge.
Ev. Luc, 1, v. 39-41.
16. Notre-Dame du Mont
Carmel.
Ev. Luc, 11, v. 21-98.
11. Saint Alexis, confesseur.
Ep. 1 Tim., 6, v. 6-12.
Ev. Matth., 19, v. 27-29,
19. Saint Vincent de Paul.
Ev. Luc, 10, v. 1-9.
22. Sainte Madeleine.
Ev. Luc, 1, v. 36-50.
3. L'Invention de la sainte
Croix.
Ep. Philipp., 2, v. 5-14.
Ev. Jean, 3, v. 1-15.
4. Sainte Monique.
Ev. Luc, 7, v. 11-16.
6. Saint Jean Porte-Latine.
Ev. Matth., 20, v. 20-23.
29. La Décollation de saint
Jean-Baptiste.
Ev. Marc, 6, v. 11-29.
Septembre.
8. La Nativité de la Vierge.
Ev. Matth., 4, v. 1-16.
14. L'Ezaltation de la sainte
Croix.
Ep. Philipp., 2, v. 5-41.
Ev. Jean, 12, v. 31-36.
Juin.
11. Saint Barnabé, apôtre.
Ep. 0001 11, mw. 91-96, «οἱ
48,. v..1-3.
Ev. Matth., 10, v. 6-22.
14. Saint Basile.
Ev. Luc, 14, v. 26-35.
19. Saint Gervais et saint
Protais.
Ep. 1 Pierre, 4, v. 13-19.
Ev. Luc, 6, v. 11-93.
25. Saint Jacques, apôtre.
Ep. 4 Corinth., 4, v. 9-15.
Ev. Matth., 20, v. 90-23.
18. Saint Joseph de Cupertin.
Ep. 1 Corinth., 13, v. 1-8.
Ev. Matth., 22, v. 2-14.
20. Veille de saint Matthieu,
apôtre.
Ev. Lue, 5; v, 21:52.
21. Saint Matthieu, apôtre.
Ev. Matth., 9, v. 9-13.
29. La L'édicace de saint
Michel, archange.
26. Sainte Anne, mére de la
Vierge, à Paris le 98.
; y Ev. Matth., 13, v. 44-52.
22. Saint Paulin, évéque.
Ep. 2 Corinth., 8, v. 9-15.
Ev. Luc, 12, v. 39-34.
23. Veille de saint Jean-
Baptiste.
Ev. Luc, 1, v. 5-17.
29. Sainte Marthe, vierge.
Ev. Luc, 10, v. 38-42.
Aoüt.
2. Saint Alphonse de Liguori
Ep. 2 Timoth., 9, v. 1-1.
Ev. Luc, 10, v. 1-9,
j : Ep. Apoc., 1, v. 1-5.
24. Saint Jean-Baptiste. Ev. Matth., 18, v. 1-10.
Ev. Luc, 1, v. 51-68. 4. Saint Dominique.
Ep. 2 Timoth., 4, v. 4-8.
Ev. Luc, 12, v. 35-40.
: Octobre.
26. Saint Jean et saint
Paul.
Ev. Luc, 12, v. 1-9.
28. Veille de saint Pierre et
saint Paul.
Ep. Act., 3, v. 1-10.
Ev. Jean, 21, v. 15-19.
29. Saint Pierre et saint
Paul, apôtres.
Ep. Act., 12, v. 1-41.
Ev. Matth., 16, v. 13-19,
2. Saint Anges gardiens.
Ev. Matth., 18, v. 1-10.
4. Saint François, confesseur.
Ep. Galat., 5, v. 44-18.
Ev. Matth., 14, v. 25-30.
9. Saint Denis et ses com-
pagnons, martyrs.
Ep. Act., 17, v. 22-34.
Ev. Luc, 12, v. 4-8:
A Paris. Ev. Luc, 6, v. 11-93,
6. La Transfiguration.
Ep. 2 Pierre, 4, v. 16-19.
Ev. Matth., 11, v. 1-9.
1. Saint Gaëtan.
Εν. Matth., 6, v. 94-33.
10. Saint Laurent, martyr.
Ep 2 Corinth., 9, v. 6-10.
ἘΝ lean. 12, v. 24-926.
2318
18. Saint Luc, évangéliste,
Ep. 2 Corinth., 8, v. 16-14.
Ev. Luc, 10, v. 1-9.
91. Veille de saint Simon
et saint Jude, apôtres.
Ep. 1 Corinth., 4, v. 9-14.
Ev. Jean, 15, v. 1-11.
28.Saint Simon et saint Jude,
apôtres.
Ep. Ephés., 4, v. 1-13.
Ev. Jean, 15, v. 11-25.
31. Veille de tous les
Saints.
Ep Apoc., 5, v. 6-12.
Ev. Lue, 6, v. 11-23.
Novembre.
4. Tous les Saints.
Ep. Apce., 7, v. 2-12.
Ev. Matt., 5, v. 1-12.
9. Commémoralion des
Morts.
Ep. 1 Corinth., 45, v. 51-
ὉΠ:
Ev. Jean, 5, v. 25-29.
11. Saint Martin, évéque.
Ev. Lue, 11, v. 33-36.
91. La Présentation de la
Vierge.
Ev. Luc, 11, v. 21 28.
22. Sainte Céc?le.
Ev. Matth., 25, v. 1-13.
93. Saint Clément.
Ep. Philipp., 3, v. 11-21;
4, v. 1-3.
Ev. Matth., 24, v. 42-41.
95. Sainte Catherine, vierge
et martyre.
Ev. Matth., 25, v. 1-13.
COMMUN DES SAINTS.
Veille d'un. Apótre.
Ev. Jean, 15, v. 12-16.
Un saint Martyr, pontife.
Ep. 2 Corinth., v. 3-T.
Autre Ep. Jacq., 1, v. 12-18.
Ev. Luc, 14, v. 26-33.
Autre Ev.Matth.,16,v.24-27.
Un saint Martyr, non pontife.
Ep. 2 Tim, v. 8-10, el 9,
v. 10-42.
Autre Ep. Jacq., 1, v. 2-12.
Autre Ep. 4 Pierre, 4, v. 13-
"18.
Ev. Matth., 10, v. 26-32:
Autre Ev. ibid., 10, v. 34-43.
Autre Ev. Jean, 12, v. 24-26.
Un saint Martyr au temps
de Páques.
Ev. Jean, 15, v. 1-T.
Plusieurs SS. Martyrs au
temps de Püques.
Epid Pierre; ον ΠΕΣ
Autre Ep. Apoc., 19, v. 1-9.
Ev. Jean, 15, v. 5-11.
Autre. Ev Jean, 10, v. 20-22.
Plusieurs SS. Martyrs, hors
du temps de Pâques.
Ep. Rom., 5, v. 1-5.
Autre Rom., 8, v. 18-23.
Autre 2 Corinth., 6, v. 4-10.
Autre Hébr., 10, v. 32-38.
Autre Hébr., 11, v. 33-39.
Autre Apoc., 1, v. 13-11.
Ev. Matth., 24, v. 3-13.
Autre Matt., 5, v. 1-12,
Autre Matt., 11, v. 25-30.
Autre Luc, 10, v. 16-20,
Autre Luc, 11, v. 41-51.
Autre Luc, 12, v. 1-8.
Un saint. Confesseur, pontife
Ep. Hébr., 5, v. 1-4,
——— 2900/2 (6€ O-9-9— - mia
TABLE DES ÉPITRES ET ÉVANGILES
Autre Hébr., 1, v. 23-21.
Autre Hébr., 13, v. 1-11.
Ev. Matth., 24, v. 42-41.
Autre Matth., 25, v. 14-23,
Autre Marc, 13, v. 33-31.
Autre Luc, 11, v. 33-36.
Un saint Docteur.
Ep. 2 Timoth., 4, v. 1-8.
Ev. Matth., 5, v. 13-19.
Un saint Confesseur, non
pontife.
Ep. 1 Corinth, 4, v. 9-14.
Autre Philipp., 3, v. 7-12.
Ev. Luc, 12, v. 392-34.
Autre Luc, 12, v. 35-40.
Autre Luc, 19, v. 12-26.
Un saint Abbé.
Ev. Matth., 19, v. 21-29.
Une sainte Vierge el
Martyre
Ev. Matth., 13, v. 44-52
Autre Matth., 25, v. 1-13.
Une sainte Vierge, non
Martyre.
Ep. 1 Corinth., 7, v. 25-34.
Autre 2 Cor., 10, v. 11-18,
Ev. comme pour une sainte
Vierge et Martyre.
Une Sainte ni vierge, ni
martyre.
Ep. 1 Tim., 5, v. 3-10.
Ev. Matth., 13, v. 44-52.
La Dédicace d'une église.
Ep. Apoc., 24, v. 2-5.
Ev. Lue, 19, v. 1-10.
Pour un mort.
Ep. 1 Thess., 4, v. 13-18.
Autre Apoc., 14, v. 13.
Ev. Jean, 6, v. 31-40.
Autre Jean, 6, v. 51-55.
Autre Jean, 11, v. 21.-27,
ו א געט LES
De tous les livres de l'Ecriture, l'Evangile est le plus divin. « La
sagesse éternelle, qui est engendrée dans le sein du Pere..., se rend
[particulièrement] sensible par la parole de l'Evangile... C'est là, en
effet, que nous la voyons, dit Bossuet. Ce Jésus qui a conversé avec
les Apótres, vit encore pour nous dans son Evangile, et il y répaná
encore, pour notre salut, la parole de vie éternelle. Comme il était
le Sauveur de tous, il devait se montrer à tous. Par conséquent il ne
suffisait pas qu'il parüt en un coin du monde, il fallait qu'il se mon-
trât par tous les endroits où la volonté de son Père lui avait préparé
des fidèles. Il ἃ paru dans la Judée par la vérité de sa chair, il est
porté par toute la terre par la vérité de sa parole. »
« Jésus-Christ, maitre de sa doctrine, la distribue tranquillement,
remarque Fénelon; il dit ce qu'il lui plait, et il le dit sans aucun
effort; il parle du royaume et de la gloire céleste comme de la mai-
son de son Père. Toutes ces grandeurs qui nous étonnent lui sont
naturelles; il y est né, et il ne dit que ce qu'il voit, comme il nous
l'assure lui-méme. »
> Une parole de l'Evangile, dit encore Fénelon, est plus précieuse
que tous les autres livres du monde ensemble; c'est la source de
toute vérité. »
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LE
SAINT EVANGILE DE JESUS-CHRIST
SELON SAINT MATTHIEU
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INTRODUCTION
L'auteur du premier évangile est l'apótre S. Matthieu. Il n'y a qu'une voix à
cet égard dans la tradition. Les Pères s'aecordent également à dire que cet
évangile a paru avant tous les autres, que S. Matthieu l'a écrit en hébreu pour
l'usage des chrétiens de Judée, avant de quitter ce pays pour aller précher la
foi parmi les Gentils, entre l'an 45 et l'an 48, un peu avant que S. Paul écrivit
ses premiéres Epitres. Quant à la version grecque du texte hébreu de S. Matthieu,
il est certain que, si l'auteur ne l'a pas faite lui-méme, comme Joséphe a fait la
traduction de sa Guerre des Juifs, elle date du moins du temps des apótres et a
dà étre approuvée par eux; car dés le premier siécle, et avant la mort de
S. Jean, elle était citée et recue par toute l'Eglise avec l'autorité des textes
inspirés; et s'il en avait été autrement, on aurait peine à s'expliquer la dispa-
rition du texte hébreu.
L'évangile de S. Matthieu n'est pas proprement une histoire, une biographie.
On y trouve bien une esquisse de la vie du Sauveur et un sommaire de sa pré-
dication. Mais les faits n'y tiennent pas une grande place; ils sont peu circons-
tanciés et souvent groupés, comme les discours, suivant leurs analogies. L'ordre
chronologique fait défaut, aussi bien que les dates. Le dessein de l'auteur est
donc, avant tout, dogmatique et moral. Ce qu'il se propose, c'est de montrer à
ses lecteurs, ce qu'il a préché jusque-là de vive voix, que Jésus est le Messie
promis au peuple Juif, qu'il faut croire à sa parole, accepter ses maximes, en-
trer dans son Eglise, et se conformer à ses lois. Aussi s'attache-t-il à signaler
dans sa personne toutes les prérogatives que les prophétes ont attribuées au
Messie, celles de roi, de législateur, de thaumaturge, de prophéte, de souverain :
prêtre. A tous ces points de vue, il a soin de faire remarquer l'accord des pros '
phéties avec les faits qu'il décrit.
Cet évangile a été appelé quelquefois l'évangile du royaume des cieur, parce
qu'on y voit annoncée et souvent désignée sous ce nom l’œuvre que le Fils de
Dieu venait accomplir en ce monde; mais l'auteur a soin de faire sentir que sa
royauté est spirituelle, qu'elle a pour fin le salut des àmes.
NCC, 146
2322 L'ÉVANGILE DE SAINT MATTHIEU.
Ses vingt-huit chapitres se divisent en trois parties : les premiéres années du
Sauveur, sa prédication, ses derniers jours. Les premiéres années du Sauveur
remplissent trois chapitres, dans lesquels il est surtout représenté comme
roi, 1-11. Ses derniers jours, depuis le commencement de sa Passion jusqu'à
son retour au ciel, en occupent trois également, xxvr-xxvim : Notre Seigneur
y parait comme prélre et victime. La partie intermédiaire, la seconde, est de
beaucoup plus considérable, rv-xxv. Si l'on en fait deux sections, on aura d'a-
bord sa prédication dans la Galilée, 1v-xvrr, puis son ministère, si laborieux et
si combaitu, dans la Judée, xix-xxv. La première fait voir en lui le législateur,
1v-vir, et le thaumaturge, vii-xvim. Dans la seconde, xix-xxv, il agit en pro-
phèle : il enseigne, il reprend, il prédit. Mais ces points de vue s'entremélent,
et il parait plusieurs fois sous le méme aspect.
Les caractéres de cet évangile s'accordent sur tous les points avec le témoi-
gnage de la tradition. On ne peut s'empécher de reconnaitre, en le lisant, que
l'auteur était juif, qu'il avait été témoin des faits, qu'il écrivait pour les Juifs
de Palestine, à une époque peu éloignée de la mort du Sauveur, enfin qu'il
avait bien le caractère et les dispositions que devait avoir S. Matthieu.
1° L'auteur élait juif de naissance. — Ses citations indiquent un homme versé
dans l'étude de l'Ancien Testament et dans la méditation des prophétes. Son
langage dénote un habitant de la Palestine qui à recu une éducation juive et
qui est habitué à parler l'idiome de son pays. A ses yeux, la maison d'Israël est
toujours la maison de Dieu; tous ceux qui en font partie ont le Seigneur pour
pére. Jérusalem est encore /a cilé sainte, malgré son déicide; le temple est en-
core le lieu saint. Les hébraismes et les répétitions ou oppositions paralléliques
surabondent dans son style. Enfin l'aspect de la Galilée, son ciel, ses cam-
pagnes, son sol, ses troupeaux, ses figuiers, ses montagnes, ses torrents, son
lac, s'y reflétent comme ils durent se refléter dans les discours de notre Sau-
veur, dans ses paraboles, ses comparaisons et ses images.
20 Il a été témoin des faits qu'il rapporte. — C'est ce qu'il suppose évidemment,
en retraçant en détail les actions du divin Maitre, et surtout en reproduisant ses
discours avec lant d'étendue, sans jamais indiquer aucune source, ni donner
d'autre garantie que son témoignage. A la vérité, ses récits sont moins circons-
tanciés que ceux de S. Marce, et il ne suit pas l'ordre des temps aussi fidèle-
ment que S. Luc; mais cette particularité s'explique par le but spécialement
dogmatique de sa composition. Quant aux discours, qui tiennent la plus grande
partie de son ouvrage, si l'auteur ne les avait pas recueillis de la bouche du
Sauveur, il faudrait dire qu'il les a inventés ou qu'il les a rédigés d'aprés la
tradition; mais, dans ce cas, ces discours conviendraient-ils si bien au carac-
tère du Fils de Dieu, à sa dignité, à ses lumières, à sa sainteté? Y trouverait-on
ce naturel, cette élévation, cette placidité, ce charme? Il nous semble voir trop
d'unité dans le fond et dans la forme, trop de pureté dans la doctrine, trop de
noblesse et de simplicité dans le langage, pour n'y pas reconnaitre une repro-
duction directe de l'enseignement du divin Maitre. C'est un assez grand hon-
neur pour l'évangéliste d'avoir reproduit sans altération cette morale et ce style.
3° IL écrivait pour ses compatriotes, c'est-à-dire pour les Juifs de Palestine
converlis au christianisme. — S'il avait destiné son évangile aux Gentils, il se
proposerail un autre but, il suivrait une autre marche; il insisterait sur d'autres
points; il ferait moins d'emprunts à l'Ancien Testament; il parlerait un autre
INTRODUCTION. 2929
langage. À qui peut-il s'adresser, sinon à des Juifs, quand il annonce la venue
du royaume de Dieu, quand il établit l'autorité du Sauveur sur sa qualité de
Messie, quand il lui applique les prédictions des prophétes, quand il commence
par décrire sa généalogie, quand il l'appelle le fils de David, quand il parle du
lieu saint et de la sainte cité, quand il mentionne sans nulle explication les lo-
calités, les lois et les usages du pays, quand il met les Gentils sur la méme
ligne que les publicains, quand il rapporte avec tant de détails les invectives
du Sauveur contre les Pharisiens, quand il fait entendre que le régne de la
Synagogue est fini et qu'une autre Eglise, une Eglise universelle, va s'élever sur
ses ruines, etc.? Mais si c'est à des Juifs convertis qu'il destine son évangile,
ce ne peut étre qu'à ceux de la Palestine, car ils ne formaient une église par-
ticuliére qu'en Judée, et partout ailleurs ils étaient mélés avec les Gentils.
4* Il a composé son livre de bonne heure, assez peu de temps aprés l'Ascension du
Sawveur. — Puisque l'auteur est un apótre, et qu'il destine son livre aux Juifs de
la Palestine, i! a dà l'écrire lorsqu'il était au milieu d'eux, avant la dispersion
du collége apostolique, de l'an 45 à l'an 48 au plus tard. Si l'on compare cet
évangile avec les deux autres synoptiques, on est conduit à la méme conclusion,
car il est visiblement le plus ancien. On concoit S. Maroc, disciple de S. Pierre,
abrégeant S. Matthieu et retranchant de l'évangile hébreu ce qui était sans
intérét pour les Romains. On concoit S. Luc, disciple de S. Paul, complétant les
Mémoires des premiers évangélistes, et s'efforcant de mettre dans leurs récits
l'ordre et la correction qui y manquent. Mais on ne concevrait pas S. Matthieu,
un témoin oculaire, un apótre, prenant pour guide dans beaucoup d'endroits un
simple disciple, paraphrasant S. Marc, traduisant S. Luc dans un langage moins
correct et s'écartant à dessein de l'ordre chronologique. Matthieu 16 publicain ἃ
donc été le premier à écrire l'Evangile, comme Madeleine la pécheresse a été la
premiére à annoncer la Résurrection.
5° Les dispositions qu'il mani[este conviennent parfailement à S. Matthieu. —
Le style de cet écrit est simple, uniforme et peu soigné. C'est partout la méme
maniére de passer des faits aux discours et des discours aux faits. Le mot
« alors » se trouve répété près de cent fois. Néanmoins cette rédaction, et sur-
tout les citations de l'Ancien Testament dont elle est semée, supposent une
culture d'esprit que la plupart des apótres n'avaient pas. Or, l'emploi que
S. Matthieu remplissait, avant son apostolat, demandait précisément un degré
particulier d'instruction. Rien d'étonnant qu'il soit le premier à qui on ait
demandé et qui ait entrepris de tracer une esquisse de la prédication du Sau-
veur. De plus, on fait observer que l'auteur du premier évangile s'exprime avec
une précision remarquable, lorsqu'il s'agit de cens et d'impôt. — 1° Sa modestie
n'est pas moins remarquable. S. Matthieu trouvait, comme S. Paul, un sujet
de confusion dans la premiére partie de sa vie, et il est à croire que lui seul,
entre les disciples du Sauveur, pouvait se plaire à rappeler son ancienne pro-
fession de publicain. Or c'est précisément ce qui a lieu. Comme il avait changé
son nom de Lévi en celui de Matthieu, don de Dieu, au moment où il s'attachait
à Notre Seigneur, lorsque S. Marc et S. Luc rapportent le fait de sa vocation et
qu'ils font connaitre son premier emploi, ils ont soin de ne le désigner que par
son ancien nom, afin de ne pas associer dans l'esprit des fidéles l'idée d'un
apótre avec le souvenir d'une profession odieuse. Mais le premier évangéliste
ne songe pas à rien dissimuler : il dit simplement Matthieu, ou Le publica ; et
2324 L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
il indique le bureau qu'il occupait à Capharnaüm. Cette observation a été faite
de bonne heure : nous la trouvons dans Eusèbe, S. Jérôme et S. Chrysostóme.
On peut y joindre une autre remarque du méme genre. On sait que le Sauveur
envoya ses Apótres précher l'Evangile deux à deux. Les trois synoptiques qui
rapportent ce fait mettent, comme compagnons d'apostolat, au quatriéme rang,
S. Matthieu et S. Thomas, mais avec cette différence que le premier évangé-
liste donne la premiére place à S. Thomas et que les deux derniers la donnent
à S. Matthieu. Quiconque tiendra compte des lecons données par le Sauveur à
ses Apótres et du sentiment qu'on a toujours eu de leur vertu, croira volontiers
que c'est S. Matthieu lui-méme qui s'est mis ici au second rang, tandis que ses
collègues le placaient au premier. (M. Bacuez.) (1).
(4) Toutes les citations de M. Bacuez faites dans ee volume sont tirées du Manuel
biblique.
LE SAINT ÉVANGILE
DE JÉSUS-CHRIST
SELON
SAINT MATTHIEU
CHAPITRE PREMIER.
Généalogie de Jésus-Christ. Sa concep-
tion dans le sein de la Vierge. Soupcons
de Joseph, époux de Marie. Il est ras-
suré par un ange. Naissance de Jésus-
Christ.
1. Livre de la généalogie de Jé-
sus-Christ, fils de David, 815 d'A-
braham.
2. Abraham engendra Isaac.
Isaac engendra Jacob. Jacob en-
gendra Juda et ses freres.
3. Juda engendra de Thamar,
Phares et Zara. Phares engendra
Esron. Esron engendra Aram.
4. Aram engendra Aminadab.
Aminadab engendra Naasson. Na-
asson engendra Salmon.
9. Salmon engendra de Rahab,
Booz. Booz engendra de Ruth,
Obed. Obed engendra Jessé. Et
Jessé engendra David, roi.
6. David, roi, engendra Salo-
mon, de celle qui fut femme d'U-
rie.
1. Salomon engendra Roboam.
Roboam engendra Abias. Abias
engendra Asa.
8. Asa engendra Josaphat. Jo-
saphat engendra Joram. Joram
enzendra Ozias.
9. Ozias engendra Joatham. Jo-
atham engendra Achaz. Achaz en-
gendra Ezéchias.
10. Ezéchias engendra Manassé.
Manassé engendra Amon. Amon
engendra Josias.
1. Luc, ,מז 31. — 2. Gen., ,זצא 3; xxv, 25; xxix, 35. — 3. Gen., xxxvii, 29; I Par.,
i, 4; Ruth, 1v, 18; I Par., 11, 5. — 4. Num., vir, 12. — 5. Ruth, 1v, 21, 22; I Rois, xvi, +.
— 6. 11 Rois, xit, 24. — 7. III Rois, xi, 43; xiv, 31 ; xv, 8. — 9. II Par., xxvi, 23; xxvi, 9;
,זיא 27. — 10. 11 Par., xxxi, 33; xxx, 20; זוצאא 25.
8. Ozias n'était pas fils immédiat de Joram. Joram fut pére d'Ochozias qui le fut
de Joas; et Joas eut pour fils Amasias, pére d'Ozias. On croit que saint Matthieu a
passé Ochozias, Joas, Amasias, pour conserver la distribution de cette généalogie en
trois parties, chacune de quatorze générations (vers. 11), et peut-étre aussi à cause
de leur impiété, ou enfin, à cause de l'arrét prononcé contre la maison d'Achab, dont
ils étaient descendus par Athalie, leur mère (III Rois, xxi, 21). Au reste, c'est la cou-
tume des Juifs, et méme des Orientaux en général, d'omettre plusieurs descendants
dans leurs généalogies, parce que leur but est de faire connaitre certains personnages
illustres plutôt que de présenter une énumération complète de tous les individus
appartenant à l'échelle généalogique.
29:0 L'ÉVANGILE SELON
41. Josias engendra Jéchonias
et ses frères vers la transmigra-
tion de Babylone.
19. Et après la transmigration
de Babylone, Jéchonias engendra
Salathiel. Salathiel engendra Zo-
robabel.
43. Zorobabel engendra Abiud.
Abiud engendra Eliacim. Eliacim
engendra Azor.
14. Azor engendra Sadoc. Sa-
doc engendra Achim. Achim en-
gendra Eliud.
15. Eliud engendra Eléazar. Elé-
azar engendra Mathan. Mathan
engendra Jacob.
16. Et Jacob engendra Joseph,
époux de Marie, de laquelle est
né Jésus, qui est appelé Christ.
SAINT MATTHIEU. 68. 1.]
ham jusqu'à David, quatorze gé-
nérations; de David jusqu’à la
transmigration de Babylone, qua-
torze générations; et de la trans-
migration de Babylone jusqu'au
Christ, quatorze générations.
18. Or telle fut la naissance du
Christ : Marie, sa mere, étant fian-
cée àJoseph, avant qu'ils vinssent
ensemble, il se trouva qu'elle
avait concu de l'Esprit-Saint.
19. Mais Joseph, son mari, qui
était un homme juste, ne voulant
pas la diffamer, résolut de la ren-
voyer secrètement.
20. Et comme il pensait à ces
choses, voici qu'un ange du Sei-
gneur lui apparut en songe, di-
sant: Joseph, fils de David, ne
47. Ill y a donc en tout, d'Abra- | crains point de prendre avec toi
44. II Par., xxxvi, 4, 2. — 18. Luc, 1, 27.
M MÀ — —— — M — M MW —M—HÀÀ
16. Saint Matthieu, en donnant ici la généalogie de saint Joseph, se conforme à
l'usage des Juifs, qui, dans leurs listes généalogiques, ne faisaient point mention des
femmes; mais il n'en donne pas moins la généalogie de Jésus-Christ, puisque la
sainte Vierge, sa mére, descendait aussi bien que saint Joseph dela famille de David.
— Sur la double généalogie de Notre Seigneur donnée par saint Matthieu et par
saint Luc, voir la note 1 à la fin du volume. — *Saint Joseph était, comme nous
l'apprend l'Evangile, de la tribu de David et exercait un métier pour gagner sa vie.
C'était, d'après la tradition, le métier de charpentier. Il vivait à Nazareth, et c'est
là qu'il épousa la sainte Vierge. Le choix que Dieu fit de lui pour étre le gardien de
la virginité de Marie et le père adoptif de Notre Seigneur nous montre quelle était
sa vertu et sa sainteté. On ne sait pas à quelle époque il mourut, mais tout porte à
croire que ce fut avant la vie publique de Jésus-Christ. — Marie, en hébreu Miryam,
signifie probablement maitresse, dame, de sorte que le nom de Notre Dame, donné
à la sainte Vierge, n'est sans doute que la traduction de son nom. Exemptée du
péché originel par un privilège spécial, et destinée à être la mère de Dieu, elle devait
dépasser en sainteté toutes les créatures. Son pére fut saint Joachim, et sa mére
sainte Anne. Elle était de la tribu de Juda et de la race de David. La tradition nous
apprend qu'elle fut présentée à 1886 de trois ans au temple de Jérusalem et employée
au service de Dieu. Elle épousa saint Joseph à Nazareth, où eut lieu le mystère de
l'Annonciation. L'évangile nous fait connaître sa visite à sa cousine Elisabeth,
comment elle mit son fils Jésus au monde à Bethléem, s'enfuit avec lui en Egypte,
habita avec lui à Nazareth, le perdit dans le temple de Jérusalem quand il avait
douze ans, l'accompagna dans une partie de ses courses apostoliques, le suivit au
Calvaire Elle était avec les Apôtres au Cénacle le jour de la Pentecôte. Elle habita
ensuite avec saint Jean que Jésus lui avait donné à sa place. Les uns la font mourir
à Ephése, les autres à Jérusalem. Elle rendit son àme à Dieu dans un áge avancé et
son corps fut transporté miraculeusement dans le ciel.
17. * La captivité de Babylone commença en 606 avant Jésus-Christ, 68 finit en 536,
aprés avoir duré soixante-dix ans.
18, Avant qu'ils vinssent ensemble. Voy. plus bas, vers. 25.
[cn. 11.]
Marie, ta femme; car ce qui a été
engendré en elle est du Saint-Es-
prit;
21. Elle enfantera un fils auquel
tu donneras le nom de Jésus; car
c'est lui qui sauvera son peuple
de ses péchés.
22. Or tout cela se fit pour que
füt accomplie cette parole que le
le Seigneur a dite par le prophète :
93. Voilà que la Vierge conce-
vra, et enfantera un fils, et on le
nommera Emmanuel, ce que l'on
interprète par : Dieu avec nous.
24, Ainsi réveillé de son som-
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
9397
meil, Joseph fit comme l'ange du
Seigneur lui avait ordonné, et
prit sa femme avec lui.
95. Orilne l'avait point connue,
quand elle enfanta son fils pre-
mier-né, à qui il donnale nom de
Jésus.
CHAPITRE ἢ.
Adoration des Mages. Fuite de Jésus en
Egypte. Meurtre des enfants de Beth-
léem par Hérode. Retour de Jésus de
l'Egypte.
1. Lors donc que Jésus fut né
en Bethléem de Juda, aux jours du
21. Luc, 1, 31; Actes, 1v, 12. — 23. Isaie, vir, 14. -— (ΒΑΡ, II, 1. Luc, ,זז 7.
21. * Jésus, en hébreu Yehoschouah, sous sa forme complète, c'est-à-dire Jéhovah est
sauveur. Jésus a été en effet le sauveur des hommes, le Dieu sauveur qui nous a
rachetés et délivrés du péché.
23. La Vierge par excellence, qui était destinée à devenir la mére du Messie.
25. L'expression premier-né, comme le remarque judicieusement saint Jéróme,
n'emporte pastoujours dans l'Ecriture l'idée d'autres enfants qui seraient venus aprés.
Ainsi elle marque simplement ici que Marie n'en avait point eu auparavant. De méme,
dans la phrase textuelle du grec et de la Vulgate : 17 ne (a connut point jusqu'à ce
quelle eut enfanté, ia particule Jusqu'à ce que ne dit pas non plus que Joseph connut
Marie aprés la naissance du Sauveur. L'Ancien et le Nouveau Testament fournissent
une foule d'exemples qui prouvent que les particules jusqu'à ce que, avant que, tout
en niant une chose pour le passé, ne l'affirment nullement pour l'avenir. D'ailleurs
quand, dans le langage ordinaire, on dit qu'un juge a condamné un coupable avant
de l'entendre, et qu'une femme a refusé de pardonner à ses ennemis jusqu'à la mort,
s'ensuit-il que ce juge ait entendu le coupable après l'avoir condamné, et que cette
femme ait pardonué à ses ennemis après sa mort? — *La tradition place au 25 dé-
cembre la nativité de Notre Seigneur. Quant à l'année où eut lieu ce grand événe-
ment, on ne la connait pas d'une manière certaine. Les chronologistes la placent
entre l'an 7 et l'an 1 avant notre ère. Une seule chose est incontestable, c'est que, par
suite d'une erreur de calcul, le commencement de l'ére chrétienne n'a pas été fixé à
l'année méme de la naissance de Jésus-Christ, mais à une année postérieure qu'il a
été jusqu'à présent impossible de préciser avec certitude. De là vient que la mort
d'Hérode eut lieu avant l'ére chrétienne, selon notre maniére de compter, quoiqu'il
ne mourüt qu'après la nativité de Notre Seigneur.
1. * Voir note 2, à la fin du volume, la description de Bethléem. — « Il est parlé dans
l'Evangile, de deux Hérodes, Hérode l'Ancien ou le Grand, fils d'Antipater, meurtrier
des Innocents, et Hérode Antipas, fils du précédent et d'une samaritaine, appelée
Malthace, tétrarque de Galilée, époux adultère d'Hérodiade, meurtrier de saint
Jean-Baptiste, celui que Notre-Seigneur appelle uz renard, et devant qui il comparait
dans sa Passion. C'est aveclui que Manahen avait été élevé. C'est lui qui eut pour inten-
dant Chusa, dont la femme était au nombre des disciples les plus dévoués du divin
Maitre. ll mourut dans l'exil. — Les Actes parlent encore d'un troisième Hérode,
surnommé Agrippa, petit-fils d'Hérode l'Ancien, fils d'Aristobule et d'une petite-fille
de Marianne, neveu d'Hérode Antipas et son beau-frére par Hérodiade. Celui-ci,
porté subitement au tróne par le caprice de Caligula, dont il était le compagnon
de débauche et le favori, fit décapiter saint Jacques et incarcérer saint Pierre, puis
9328
roi Hérode, voilà que des mages
vinrent de l'Orient à Jérusalem,
9. Disant : Oü est celui qui est
né roi des Juifs? car nous avons
vu son étoile en Orient, et nous
sommes venus l'adorer.
"8. Ayant appris cela, le roi Hé-
rode se troubla, et tout Jérusa-
lem avec lui.
4. Et assemblant tous les prin-
ces des prêtres et les scribes du.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
(ca. π.]
peuple, il s'enquit d'eux où παῖ-
trait le Christ.
5. Or eux lui dirent : À Beth-
léem de Juda; car il a été ainsi
écrit par le prophete :
6. Et toi, Bethléem, terre de
Juda, tu n'es pas la moindre
parmi les principales villes de
Juda; car c’est de toi 6 868
le chef qui doit régir Israél mon
peuple.
6. Mich., v, 2; Jean, vir, 42.
————————————————————————————————MMMMÓÁÓÁÁ———— ——
périt rongé des vers. Le roi Agrippa, devant qui Festus fit comporaître saint Paul,
était son fils. — Les Hérodes étaient Iduméens d'origine, c'est-à-dire descendants
d'Esaü. Le premier naquit à Ascalon. » (L. BAcugz). — Son père Antipater avait été
nommé procureur de la Judée par Jules César, sous le pontificat d'Hyrcan Il, en
41 avant Jésus-Christ. Les Iduméens s'étaient convertis à la religion juive, quand ils
avaient été soumis par Jean Hyrcan, vers 129 avant Jésus-Christ. A la mort d'An-
tipater, son fils Hérode, âgé, dit-on, de quinze ans, devint gouverneur de la Galilée,
puis de la Cœlésyrie. Plus tard, Marc-Antoine le nomma tétrarque de Judée avec
son frère Phasaél. Une invasion des Parthes, qui soutenaient les anciens princes
Asmonéens, l'oblizea de fuir à Rome. Là il fut nommé, par le Sénat, roi de Judée,
an 40 avant Jésus-Christ, et dans la suite, Auguste augmenta encore son pouvoir
et son royaume. Hérode, qu'on a surnommé le Grand, se distingua par son luxe et
ses cruautés. Il rebâtit le temple de Jérusalem et aussi celui de Samarie, il intro-
duisit les jeux paiens dans sa capitale, et le culte paien à Césarée ; à Rome, il avait
sacrifié à Jupiter. ll mourut à l'àge de 70 ans, souillé du sang de sa femme Marianne,
de trois de ses fils, des Saints Iunocents et de bien d'autres. On place ordinairement
sa mort l'an 4 avant notre ére. — Les mages étaient des sages ou savants qu'on
croit étre venus de l'Arabie Déserte, de la Chaldée ou de la Mésopotamie, aux envi-
rons de l'Euphrate. Comme le fameux devin Balaam avait habité ces contrées, on
pouvait y avoir conservé le souvenir de la prophétie par laquelle il avait annoncé
l'avènement du Messie sous l'emblème d'une étoile qui devait s'élever de Jacob
"Nombres, xxi, 11).
2. * Voir sur l'éfoile des mages la note 3 à la fin du volume.
4. * Les princes des prétres, c'est-à-dire les chefs des prêtres, comme le porte le texte
grec, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales qui faisaient à tour de róle une
semaine chacun le service du temple. La Vulgate ayant employé le mot principes, on a
pris l'habitude de traduire en francais /es princes des prétres, mais il faut remarquer
que le mot principes n'a pas le sens restreint de notre mot princes et signifie ici dans
le texte latin chefs, chefs des familles sacerdotales. Ils étaient membres du sanhé-
drin. — Les scribes du peuple. On appelait scribes des hommes habiles dans la science
et l'explication de la loi mosaique. Ils jouissaient d'une grande considération parmile
peuple. Ils sont ordinairement mentionnés comme ici avec les princes, c'est-à-dire
les chefs des prétres. Comme corps, ils avaient une plus grande influence que les prétres
simplement dits. Plusieurs d'entre eux faisaient partie du sanhédrin avec les princi-
paux des prétres et les anciens. Leur nombre était considérable; ils avaient des écoles
οὰ ils enseignaient; ils donnaient aussi des conseils à ceux qui les consultaient. Les
docteurs de la loi étaient des scribes, mais on réservait ce titre de docteurs à ceux
des scribes qui étaient spécialement juristes et interprétaient la loi. La plupart des
scribes étaient pharisiens; ils comptaient cependant aussi dans leurs rangs quelques
saducéens. Ils avaient surchargé la loi de pratiques minulieuses; ils adressèrent
souvent au Sauveur des questions captieuses et ils méritèrent d'être traités par lui
d'hypocrites et de guides aveugles.
[ca. [.זז L'ÉVANGILE SELON
7. Alors Hérode, les mages se-
cretement appelés, s'enquit d'eux
avec soin du temps où l'étoile leur
était apparue;
8. Et, les envoyant à Bethléem,
il dit : Allez, informez-vous exac-
tement de l'enfant; et lorsque
vous l'aurez trouvé, faites-le-moi
savoir, afin que moi aussi j'aille
l'adorer.
9. Ceux-ci donc, après avoir en-
tendu le roi, s'en allerent ; et voilà
que l'étoile qu'ils avaient vue en
Orient les précédait jusqu'à ce
qu'elle vint et s'arréta au-dessus
du lieu oü était l'enfant.
10. Or, voyant l'étoile, il se ré-
jouirent d'une grande joie.
41. Et, entrant dans la maison,
ils trouverent l'enfant avec Marie,
sa mere, et, se prosternant, ils
ladorerent; puis, leurs trésors
ouverts, ils lui offrirent des pré-
sents, de l'or, del'encens et de la
myrrhe.
19. Mais ayant été avertis en
songe de ne point retourner vers
Hérode, ils revinrent dans leur
pays par un autre chemin.
SAINT MATTHIEU. 2399
18. Après qu'ils furent partis,
voilà qu'un ange du Seigneur ap-
parut à Joseph pendant son som-
meil, et dit : Leve-toi, prends
l'enfant etsa mere, fuis en Egypte
et restes-y, jusqu'à ce que je te
parle; car il arrivera qu'Hérode
cherchera lenfant pour le faire
mourir.
14. Joseph, s'étant levé, prit
lenfant et sa mere pendant la
nuit et se retira en Egypte ;
15. Et il s'y tint jusqu'à la mort
d'Hérode, afin que füt accomplie
cette parole que le Seigneur a dite
par le prophète : J'ai rappelé mon
fils de l'Egypte.
16. Alors Hérode, voyant qu'il
avait été trompé par les mages,
entra en une grande colere, et il
envoya tuer tous les enfants qui
étaient dans Bethléem et dans
tous ses environs, depuis deux
ans et au-dessous, selon le temps
dont il s'était enquis des mages.
17. Ce fut alors que s'accomplit
la parole du prophete Jérémie, di-
sant :
18. Une voix a été entendue
11. Ps. rxxi, 10, — 19. Osée, xr, 1. — 18. Jérém., xxxi, 15.
9. * Du lieu où était l'enfant. Ce lieu est appelé maison au y. 11, d'où divers com-
mentateurs ont conclu que la sainte Vierge et saint Joseph avaient quitté la grotte et
létable et avaient été reçus dans une maison proprement dite, avant l'arrivée des
mages. Il est cependant possible que le mot de maison, dont la signification est très
large dans les langues orientales, soit appliqué ici à la grotte et pris simplement dans
le sens de demeure, habitation. La tradition actuelle place dans la grotte l'adoration
des mages.
11. La plupart des Pères ont remarqué dans ces présents un mystère qui désignait
la divinité, la royauté et l'humanité de Jésus-Christ.
10. Un auteur paien a conservé le souvenir du massacre des Saints Innocents.
« Macrobe raconte entre les bons mots d'Auguste que cet empereur, ayant appris que
parmi les enfants qu'Hérode, roi des Juifs, avait fait tuer en Syrie, âgés de deux ans
et au-dessous, il avait enveloppé son propre fils dans ce massacre, dit : 17 vaut mieux
étre le pourceau d'Hérode que son fils. » (GLAIRE.)
18, * Rachel fut enterrée près de Bethléem. Son tombeau est à une demi-lieue, au
nord de ce village. Le tombeau actuel > ne remonte qu'à Mohammed IV, qui l'a renou-
velé en 1679. Un Juif d'Europe l'a fait réparer récemment, dit Mgr Mislin. Des
ruines sont éparses sur les collines; quelques-uns ont cru que ce devait étre celles de
2330
daus Rama, des pleurs et des cris
déchirants souvent répétés : c'é-
tait Rachel pleurant ses fils et ne
voulant point se consoler, parce
qu'ils ne sont plus.
49. Hérode élant mort, voilà
qu'un ange du Seigneur apparut
à Joseph pendant son sommeil en
Egypte,
20. Disant : Lève-toi, prends
l'enfant et sa mere, et va dans la
terre d'Israél; car ils sont morts,
ceux qui recherchaient la vie de
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[cH. π|.}
laüs régnait en Judée à la place
d'Hérode, son père, il appréhenda
d'y aller; et, averti pendant son
sommeil, il se retira dans le pays
de Galilée.
93. Etant done venu, il habita
une ville qui est appelée Nazareth,
afin que s'accomplit ce qui a été
dit par les prophètes : Il sera ap-
pelé Nazaréen.
CHAPITRE III.
Prédication de saint Jean; sa pénitence;
l'enfant.
21. Joseph s'étant levé, pritl'en-
fant et sa mere et vint dans la
terre d'Israël.
22. Mais ayant appris qu'Arché-
son baptéme; ses reproches contre les
Pharisiens et les Saducéens. Jésus-
Christ vient à lui et recoit son bap-
téme.
1. Or, en ces jours-là, vint Jean-
Rama. Au témoignage d'Eusèbe, [il y avait] un lieu appelé Rama près de Bethléem. »
Il paraît plus exact [à d'autres] de prendre ici simplement ce mot dans le sens de
hauteur. Ce fut là qu'on entendit les cris déchirants qui s'élevérent jusqu'au ciel des
mères de Bethléem et des environs, personnifiées dans Rachel, la mère des enfants
d'Israël. — Pourquoi, se demande saint Jérôme, ces enfants sont-ils plus particuliè-
rement attribués à Rachel, tandis qu'elle est la mère de Benjamin et non de Juda,
dans la tribu duquel est située la ville de Bethléem? Il répond : « Parce que Rachel
est ensevelie prés de Bethléem, et qu'elle ἃ pris le titre de mére de la terre qui a
donné l'hospitalité à son corps; ou encore, parce que les deux tribus de Juda et de
Benjamin se touchaient, et qu'Hérode avait ordonné de mettre à mort non seule-
ment les enfants de Bethléem, mais ceux de tous les environs. »
22, * Archélaüs, fils d Hérode le Grand et dela samaritaine Malthace, avait été dési-
gné par son père pour être son successeur dans le royaume de Judée. Les soldats le
proclamèrent roi, mais il ne voulut prendre ce titre qu'après y avoir été autorisé par
Auguste. Avant de partir pour Rome, il fit périr prés de trois mille Pharisiens pour
réprimer une sédition. Il revint de la capitale de l'empire avec le titre d'ethnarque
et épousa Glaphyra, veuve de son frére Alexandre. Son mépris de la loi mosaique et
ses cruautés révoltèrent les Juifs qui portérent leurs plaintes à Auguste. Archélaüs
fut déposé (an 7 de Jésus-Christ) et exilé à Vienne, dans les Gaules, où il mourut.
Quelques commentateurs ont vu une allusion au voyage d'Archélaüs à Rome dans la
parabole de Notre Seigneur rapportée dans saint Luc, xix, 12-14. — Archélaüs
végnait en Judée, et non en Galilée, οὐ était située Nazareth. L'autorité d'Archélaüs
s'étendait sur la Judée, l'Idumée et 18 Samarie. Le reste du royaume d'Hérode avait
été partagé entre ses deux autres fils : Hérode Antipas avait eu la Galilée etla Pérée,
et Philippe la Batanée, la Trachonitide et l'Hauranitide. La Judée proprement dite
correspondait à peu près à l'ancien royaume de Juda, formé par la Palestine du Sud.
— Le pays de Galilée. Sur la Galilée, voir la note 4 à la fin du volume.
23. * Nazarelh. Voir sur Nazareth la note 5 à la fin du volume.
1. En ces jours-là, c'est-à-dire au temps de Jésus-Christ dont ce livre contient
l'histoire; car cette expression n'indique pas toujours que les faits qui la suivent
soient immédiatement arrivés après ceux qui la précédent. — * Jean (Yohanan, Jéhovah
fait grâce), surnommé Baptiste, parce qu'il baptisait dans le Jourdain, était de race
sacerdotale, fils de Zacharie et d'Elisabeth, cousine de la sainte Vierge, Luc, 1, 5-80.
Destiné par la Providence à être le précurseur du Messie, il se prépara à sa mission
[ca. ur.) L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 9331
Baptiste préchant dans le désert 3. C'est lui dont a parlé le pro-
de Judée, phéte 18816, disant : Voix de quel-
9. Et disant : Faites pénitence, | qu'un qui crie dans le désert :
car le royaume des cieux ap- | Préparez la voie du Seigneur
proche. faites droits ses sentiers.
2. Mare, r, 4; Luc, 111, 3. — 8. Iseie, xr, 3; Marc, 1, 3; Luc, ri, 4.
E MM — M —— MM M MÀ M MÀ ה החדה M M HÀ MÀ "MÀ ÜÀ Áo € MM M — T RÀ T ÓÀ
par une vie rude et austère, et il l'accomplit en préchant la pénitence, en annonçant
la venue du Messie, en baptisant Jésus et en montrant en lui l'agneau qui efface les
péchés du monde, celui auquel il était chargé de préparer lui-même les voies. Il
mourut martyr de son zèle à défendre la sainteté du mariage et fut décapité à Ma-
chéronte par ordre d'Hérode Antipas. Voir Matt., xiv, 1-12. — Le désert de Judée,
ainsi appelé, non qu'il fût stérile et sans paturages, mais parce qu'il était inhabité, est
la région située à l'ouest de la mer Morte. « ll consiste en un plateau déchiré par
de profonds ravins, et sur lequel s'élévent des monticules coniques. C'est un désert
jaunátre et sans eau, d'une largeur de 25 kilométres et d'une longueur d'environ
100 kilométres. La chaleur de cette contrée dépourvue d'arbres est considérable. »
(A. Socix). La tradition fixe le séjour du Précurseur à trois heures de Bethléem, à
la Grotte de S. Jean-Bapliste ou désert de S. Jean, appelé dans le pays ei-Habiz. « Cette
grotte est située sur le haut d'une colline très escarpée, tournée au nord-ouest, et
qui domine la vallée du Térébinthe. Elle est d'un accès assez difficile; mais quand
ou est dedans, on la trouve si bien appropriée à la destination qu'elle a eue, à la vie
d'ermite, qu'on la croit faite de main d'homme. C'est une cellule naturelle, longue
de dix à douze pieds, large de six; elle a deux ouvertures, dont l'une sert de porte
et l'autre de fenétre: celle-ci donne sur la vallée et ἃ une trés belle vue. Au fond de
la grotte, il y a un rocher qui semble taillé tout exprés pour servir de siége et de
couche; on l'appelle lit de S. Jean. Une source d'eau fraiche et limpide sort d'une
fente de montagne: elle forme au pied de la grotte un petit bassin et s'épanche dans
la vallée en traçant un étroit ruban de verdure. » (Misu.)
2. Le royaume des cieux. — «Le mot, royaume de Dieu, employé plus de cinquante
fois par saint Marc et par saint Luc; celui de royaume des cieux, non moins souvent
répété par S. Matthieu; ceux de royaume du Christ ou simplement de royaume par
excellence, semblent pris indistinctement ou à prés peu dans le méme sens. Ils sont
propres à la révélation chrétienne, dit saint Augustin. Néanmoins l'expression royaume
des cieux était déjà employée par le Précurseur pour annoncer l'avènement du Sau-
veur, et nous avons lieu de croire qu'elle était dès lors en usage pour désigner
l'œuvre du Messie ou le nouvel état religieux et politique qu'on s'attendait à lui
voir fonder. Dans l'esprit de Notre Seigneur, ces mots avaient un sens non moins
précis qu'étendu. Ils signifiaient la société chrétienne, l'Eglise dont il devait être le
fondateur et le chef; le grand royaume prédit par Daniel, comme supérieur à tout
autre ; royaume véritablement céleste, qui ne tire 0101-2885 ni son origine, ni son
autorité, ni sa constitution, ni sa hiérarchie; royaume surnaturel, qui n'admet dans
son sein que des hommes régénérés, élevés à la dignité d'enfants de Dieu; royaume
universel, dont l'autorité s'étend sur le monde entier et qui aspire à s'incorporer
tous les peuples; royaume toujours combattu et toujours incomplet sur la terre;
royaume éternel néanmoins, qui ne finira pas ici-bas avant la fin des temps, et qui
doit se perpétuer et se consommer dans le ciel pour l'éternité. Mais il s'en faut que
ces expressions aient éveillé dés lors des idées aussi nettes et aussi exactes dans
tous ceux qui les entendaient. Comme elles n'énoncaient clairement qu'une chose, à
savoir, que le Messie régnerait et que sa royauté ne serait pas terrestre comme les
autres, elles permettaient à chacun de faire ses conjectures et de garder les vues
qu'il pouvait avoir sur les caractères, les prérogatives et les destinées de cette
royauté à venir. On ne la désirait pas avec moins d'ardeur: au contraire. Ce qu'il y
avait de vague dans l'idée qu'on s'en formait servait à écarter les difficultés; et les
ennemis du Sauveur, comme ses disciples, s'accordaient pour désirer de voir bientót
s’accomplir les desseins du ciel. ₪ (L. BAcuez.)
2992
4. Or Jean avait un vétement
de poils de chameau et une cein-
ture de cuir autour de ses reins;
et sa nourriture était des saute-
relles et du miel sauvage.
5. Alors accourait à lui Jérusa-
lem, toutela Judée et toutle pays
autour du Jourdain ;
6. Et ils étaient baptisés par lui
dansle Jourdain, confessant leurs
péchés.
1. Or voyant beaucoup de Pha-
risiens et de Saducéens venant à
son baptéme, il leur dit : Race de
vipères, qui vous a montré à fuir
devant la colère qui va venir?
8. Faites donc de dignes fruits
de pénitence.
9. Et ne songez pas à dire en
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
₪ nt.]
ham pour père; car je vous le dis,
Dieu peut, de ces pierres mêmes,
susciter des enfants à Abraham.
10. Déjà la cognée a été mise à
la racine des arbres. Tout arbre
done qui ne produit pas de bon
fruit sera coupé et jeté au feu.
11. Moi, à la vérité, je vous bap-
lise dans l'eau pour 18 pénitence;
mais celui qui doit venir après
moi est plus puissant que moi ; et
je ne suis pas digne de porter sa
chaussure : lui-méme vous bapti-
sera dans l'Esprit saint et dans le
feu.
19. Son van est dans sa main,
et il nettoyera entierement son
aire : il amassera son blé dans le
grenier; mais il brülera la paille
vous-mémes : Nous avons Abra- | dans un feu qui ne peut s'éteindre.
5. Marc, 1, 5. — 7. Luc, 11, 7. — 9. Jean, vir, 39. — 11. Marc, τ, 8; Luc, ,זז 16; Jean,
1, 26; Actes, 1, 5.
4.* Jean avait un vélement de poils de chameau et une ceinture de cuir autour de ses
veins. « La ceinture de cuir, le vétement de poils de chameau sont encore portés par
les Arabes les moins riches. Les pauvres gene qui n'ont pas de manteau portent une
courte tunique retenue par une ceinture; c'était le costume de Jean. » (J.-H. Micros.)
— Sa nourriture était des saulerelles. On a toujours mangé et l'on mange encore les
sauterelles en Orient. Elles sont plus grosses que celles de nos contrées. On enlève
les pattes et les ailes et on les prépare des maniéres les plus diverses. Elles ont un
goüt qui approche de celui de l'écrevisse ou du homard. Les rois d'Assyrie en exi-
geaient comme tribut des peuples qu'ils avaient soumis. — Du miel sauvage. 11 abonde
dans le désert de Judée où les abeilles sauvages le produisent dans les trous des
rochers.
5. * Tout le pays autour du Jourdain. C'est-à-dire la région appelée dans l'Ancien
Testament Kikkar,aujourd'hui le Ghór; c'est la gorge profonde creusée par le Jour-
dain depuis le lac de Tibériade jusqu'à la mer Morte. Il s'agit surtout ici sans doute
de la partie méridionale du Ghór.
6. Le baptéme de saint Jean était un symbole de la rémission des péchés, qu'il
promettait à ceux qui s'en approchaient dans un esprit de componclion et de péni-
tence, aprés avoir confessé leurs péchés.
1. Les Pharisiens et les Saducéens étaient les deux principales sectes des Juifs.
Ceux-ci prétendaient qu'il n'y avait ni anges ni démons; ils rejetaient l'immortalité
de l'àme et la résurrection des morts. Les Pharisiens croyaient toutes ces vérités ot
faisaient profession d'étre exacts observateurs de la loi de Dieu et des traditions des
anciens; mais ils faisaient consister presque toute la religion dans des pratiques
purement extérieures et corrompaient la loi de Dieu par de fausses interprélations.
— * Voir les notes 6 et 7 à la fin du volume sur les Pharisiens et 1065
41. C'était la coutume des Hébreux, aussi bien que des Grecs et des Romains, de
faire porter, lier et délier leurs souliers par les derniers de leurs esclaves. — Dans
l'Esprit saint et dans le feu; c'est-à-dire dans l'Esprit saint qui purifie et qui enflamme
comme le feu.
(ou. 1v.)
13. Alors Jésus vint de la Gali-
lée au Jourdain vers Jean pour
étre baptisé par lui.
14. Or Jean le détournait, di-
sant : C'est moi qui dois étre bap-
tisépar vous, et vous venez à moi!
15. Mais, répondant, Jésus lui
dit : Laisse maintenant, car c'est
ainsi qu'il convient que nous ac-
complissions toute justice. Alors
Jean le laissa.
16. Or ayant été baptisé, Jésus
sortit aussitôt de l’eau; et voici
que les cieux lui furent ouverts :
il vit l'Esprit de Dieu descendant
en forme de colombe et venant
sur lui.
17. Et voici une voix du ciel
disant : Celui-ci est mon fils bien-
aimé en qui j'ai mis mes complai-
sances.
CHAPITRE IV.
Jeüne et tentation de Jésus-Christ. ll se
retire en Galilée et fixe sa demeure à
Capharnaüm. Il préche dans ce pays.
Vocation de Pierre et d'André, de
Jacques et de Jean. Miracles et réputa-
tion de Jésus-Christ.
1. Alors Jésus fut conduit par
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2333
l'Esprit dans le désert pour y étre
tenté par le diable.
2. Et lorsqu'il eut jeüné qua-
rante jours et quarante nuits, il
eut faim.
3. Et le tentateur s'approchant,
lui dit : Si vous étes le Fils de
Dieu, dites que ces pierres de-
viennent des pains.
4. Jésus, répondant, dit : Il est
écrit : L'homme ne vit pas seule-
ment de pain, mais de toute pa-
role qui sort de la bouche de
Dieu.
9. Le diable alors le transporta
dans la cité sainte et le placa sur
le haut du temple,
6. Et il lui dit : Si vous étes le
Fils de Dieu, jetez-vous en bas,
car il est écrit : Π vous a confié à
ses anges, et ils vous porteront
en leurs mains, de peur que vous
ne heurtiez votre pied contre
quelque pierre.
7. Jésus lui dit : Il est éerit
aussi : Tu ne tenteras point le
Seigneur ton Dieu.
8. Le diable de nouveau le
transporta sur une montagne
13. Marc, 1, 9. — 16. Luc, uit, 22. — 17. Luc, 1x, 90 Ἢ Pierre, 1, 17. — Cnap. IV. 1. Marc,
1, 12; Luc, 1v, 1. — 4. Deut., vin, 3; Luc, 1v, 4. — 6. Ps. xc, 11. — 7. Dout., vi, 16.
16-17. On voit ici se manifester dislinctement les trois personnes de la trés sainte
Trinité.
1. * Le désert de la tentation est, d'aprés la tradition, le désert de la Quarantaine,
ainsi appelé des quarante jours qu'y passa Notre-Seigneur. 1] s'étend à l'ouest de
Jéricho; il est très accidenté et ses montagnes sont des plus belles de la Palestine
méridionale; elles se composent de calcaire blanc et sont remplies de cavernes;
c'est là vraisemblement que se réfugièrent les espions envoyés par Josué à Jéricho
(Jos., 11, 22); elles furent peuplées d'anachorétes, après l'ére chrétienne, en souvenir
. du jeüne du Sauveur.
5 ^ B.*Sur le haut du temple. Littéralement sur le pinacle du temple. Le sens est incer-
tain. D'aprés les uns, c'est le faite du temple proprement dit; d'aprés les autres,
comme le texte grec emploie un mot qui désigne ordinairement l'ensemble des
constructions du temple,hiéron c'est le faite du portique de Salomon à l'est ou bien
le faite de la porte royale qui se dressait au sud au-dessus d'un précipice profond,
d'après le témoignage de Josèphe.
8. * Sur une montagne très élevée. 1] est impossible de savoir quelle est cette mon-
tagne.
ἘΞ τ DR
2334
très élevée; il lui montra tous les
royaumes du monde et leurgloire,
9. Et lui dit : Je vous donnerai
toutes ces choses, si, vous pros-
ternant, vous m'adorez.
10. Alors Jésus lui dit : Retire-
toi, Satan, car il est écrit : Tu ado-
reras le Seigneur ton Dieu et tu
le serviras, lui seul.
11. Alors le diable le laissa; et
voilà que des anges s'approche-
rent et ils le servaient.
19. Mais quand Jésus eut appris
que Jean avait été mis en prison,
il se retira en Galilée;
13. Et ayant quitté la ville de
Nazareth, il vint demeurer à Ca-
pharnaüm, ville maritime sur les
confins de Zabulon et de Neph-
tali;
14. Afin que s'accomplit la pa-
role du prophète Isaie, disant :
45. La terre de Zabulon et la
terre de Nephtali, voie de la mer,
au delà du Jourdain, Galilée des
nations,
16. Le peuple qui était assis
dans les ténèbres a vu une grande
lumiere; quant à ceux qui étaient
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
(ca. 1v.]
assis dans la région de l'ombre
de la mort, une lumiere s'est le-
vée aussi pour eux.
17. Depuis ce temps-là, Jésus
commença à précher et à dire :
Faites pénitence, car le royaume
des cieux approche.
48. Or, marchant le long de la
mer de Galilée, Jésus vit deux
frères, Simon qui est appelé
Pierre, et André, son frère, qui
jetaient leurs filets dans la mer
(car ils élaient pêcheurs),
19. Et il leur dit : Suivez-moi,
et je vous ferai devenir pécheurs
d'hommes.
20. Et eux aussitót, quittant
leurs filets, le suivirent.
21. Et savancant de là, il vit
deux auires frères, Jacques, fils
de Zébédée, et Jean, son frère,
dans leur barque avec Zébédée,
leur père, racommodant leurs
filets, et illes appela.
22. Et eux, aussitôt, ayant laissé
leurs filets et leur père, le sui-
virent.
23. Et Jésus parcourait toute la
Galilée enseignant dans leurs sy-
10. Deut., vr, 48. — 12. Marc, τ, 14; Luc, 1v, 14; Jean, iv, 43. — 15. Isaie, 1x, 1. —
17. Marc, 1, 15. — 18. Marc, 1, 16; Luc, v, 2.
13. * Capharnaüm. Le site de Capharnaüm, dont le nom revint si scuvent dans les
Evangiles, est encore aujourd'hui un probléme. La malédiction prononcée par le.
Sauveur contre cette ville coupable s'est si littéralement accomplie que personne ne
peut dire avec certitude où il faut en chercher les ruines. D’après les uns, Caphar-
naüm était à Khan Miniéh, d'aprés les autres à Tell Hum. Khan Miniéh est un mon-
ceau de ruines qui tire son nom d'un vieux khan du voisinage, sur les bords du lac
de Tibériade, à l'extrémité nord-ouest de la plaine. Tell Hum est à une heure de
chemin au nord de Khan Miniéh, à trois quarts d'heure environ à l'ouest-sud-ouest
de l'embouchure du Jourdain dans le lac.
18.* La mer de Galilée. Sur la mer de Galilée ou lac de Tibériade, voir la note 8 à
la fin du volume.
21. * Zébédée, pècheur de la mer de Galilée, époux de Salomé, qui parait avoir joui
d'une certaine aisance.
23. Les synagogues élaient des lieux d'assemblée de religion pour les Juifs; ils
s'y réunissaient les jours de sabbat et les jours de fête pour prier, lire et entendre
a parole de Dieu, et pour y exercer les autres pratiques de leur loi. Voy. notre
Abrégé d'introduclion aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, p. 554, 2e édit,
— Du royaume; c'est-à-dire du royaume de Dieu.
fcu. v.) L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 2995
nagogues, préchant l'Evangile du
royaume, et guérissant toute lan- CHAPITRE V.
gueur et toute infirmité parmi le | sermon sur la montagne. Béatitudes.
peuple. Apótres, sel et lumière de la terre. Loi
/ E . ne : non détruite. Faire et enseigner. Jus-
24. Sa réputation se répandit tice abondante. Parole injurieuse. Ré-
aussi dans toute la Syrie, de conciliation. Adultère dans le cœur.
sorte qu'on lui présenta tous les S'arracher l'œil. Mariage indissoluble.
malades, tous ceux qui étaient Jurement. Etre prét à tout souffrir.
: Amour des ennemis. Perfection.
atteints de souffrances et de
maux divers, des démoniaques, 1. Jésus voyant la foule, monta
des lunatiques, des paralytiques, | sur la montage, et, lorsqu'il se
et il les guérit. fut assis, ses disciples s'appro-
25. Et une grande multitude le | cherent de lui,
suivit de la Galilée, de la Déca- 2. Et ouvrant sa bouche, il les
pole, de Jérusalem, de la Judée | instruisait, disant :
et d'au delà du Jourdain. ὃ. Bienheureux les pauvres
25. Marc, 11, 7; Luc, vi, 17. — .גח V. 3. Luc, vi, 20.
24. * Toute la Syrie. La Syrie désigne dans le Nouveau Testament le pays borné a
l'est par 'Euphrate et l'Arabie, au sud par la Palestine, à l'ouest par la mer Médi-
terranée et la Phénicie, au nord par la chaine de l'Amanus et du Taurus.
25. * La Décapole était la confédération de plusieurs villes unies entre elles pour
leur commune défense. Quoique le mot Décapole signifie dix villes, le nombre des
cités confédérées était variable. La plupart d'entre elles étaient situées à l'est du Jour-
dain. La capitale, Scythopolis, l’ancienne Bethsan, à l'ouest du fleuve, est la clef de
la Palestine proprement dite. Aprés Scythopolis, les villes les plus importantes de
la Décapole étaient Césarée de Philippe, Asor, Cédés de Nephtali, Séphet, Corozain,
Capharnaüm, Bethsaide, Jotapata et Tibériade. Le territoire confédéré s'étendait
donc depuis Scythopolis au sud jusqu'au Liban et à Damas au nord; à l'ouest, il se
prolongeait jusqu'à Sidon; à l'est, il se prolongeait au delà de Gadara, d'Hippos et de
Pella.
1. Sur la montagne voisine du lieu où il se trouvait. — * 6 Si le sermon surla mon-
tagne est l'abrégé de toute la doctrine chrétienne, les huit béatitudes sont l'abrégé
de tout le sermon sur la montagne. » (Bossuer.) — Cette montagne est, d'après la
tradition, celle à laquelle on a donné, en mémoire des huit béatitudes par lesquelles
le Sauveur commence son discours, le nom de Mont des Béatitudes, situé au
- nord-ouest de la ville de Tibériade, à environ deux heures de marche. « Le Mont
des Béatitudes ou Kurn-Hattin (Koroun-Hattin), ainsi que l'appellent les indigènes,
ne s'éléve à guère plus de 50 mètres au-dessus de la plaine. Son plateau peut
avoir une centaine de mètres de long. Les deux extrémités se terminent chacune
par une petite éminence, et c'est ce qui lui a fait donner le nom de Kurn-Hattin
(les cornes d'Hattin). Par un temps clair, du haut du Mont des Béatitudes, on voit
au sud-ouest le mont Thabor; à l'est le pays de Galaad et le lac de Tibériade; au
nord-est, à l'horizon, le grand Hermon. » (Liévin DE HAE.)
3. Les pauvres d'esprit sont les pauvres de cœur et d'affection. S'ils n'ont point de
richesses, ils n'en désirent pas; s'ils en ont, ils n'y sont point attachés. — * « Bien-
heureux sont les pauvres d'esprit, c'est-à-dire, non seulement ces pauvres volontaires,
qui ont tout quitté pour le suivre, et à qui il a promis le centuple dans cette vie,
et dans la vie future la vie éternelle; mais encore tous ceux qui ont l'esprit détaché
des biens de la terre; ceux qui sont effectivement dans la pauvreté sans murmure
et sans impatience, qui n'ont pas l'esprit des richesses, le faste, l'orgueil, l'injustice,
lavidité insatiable de tout tirer à soi. La félicité éternelle leur appartient sous le
tire majestueux de royaume. Parce que le mal de la pauvreté sur la terre, c'est de
2336 L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTIiIEU. (cn. v.]
d'esprit, parce qu'à eux appar- 6. Dienheureux ceux qui ont
tient le royaume des cieux. faim et soif de la justice, parce
4. Bienheureux ceux qui sont | qu'ils seront rassasiés.
doux, parce qu'ils posséderont la 7. Bienheureux les miséricor-
terre. dieux, parce qu'ils obtiendront
9. Dienheureux ceux qui pleu- | eux-mémes miséricorde.
rent, parce qu'ils seront consolés. 8. Bienheureux ceux qui ont
4. Ps. xxxvi, 11. — 5. Isaie, ,זא 2, — 8. Ps. אא 4
rendre méprisable, faible, impuissant, la félicité leur est donnée comme un remède
à cette bassesse, sous le titre le plus auguste, qui est celui de royaume. » (Bossuer.)
4. La terre, c'est-à-dire La terre des vivants, comme l'appelle l'Ecriture, ou le ciel. —
* « Bienheureux ceux qui sont doux. Apprenez de moi que je suis doux, sans aigreur,
sans enflure, sans dédain, sans prendre avantage sur personne, sans insulter au
malheureux, sans méme choquer le superbe; mais táchant de le gagner par dou-
ceur; doux méme à ceux qui sont aigres, n'opposant point l'humeur à l'humeur, la
violence à la violence, mais corrigeant les excés d'autrui par des paroles vraiment
douces. — On est bienheureux dans sa douceur, et om posséde la terre. La terre
sainte promise à Abraham est appelée une terre coulante de lait et de miel. Toute
douceur y abonde; c'est la figure du ciel et de l'Eglise. Ce qui rend l'esprit aigre,
c'est qu'on répand sur les autres le venin et l'amertume qu'on a en soi-même.
Lorsqu'on a l'esprit tranquille par la jouissance du vrai bien et par la joie d'une
bonne conscience, comme on n'a rien d'amer en soi, on n'a que douceur pour les
autres; la vraie marque de l'innocence, ou conservée ou recouvrée, c'est la dou-
ceur. » (Bossuer.)
5. * « Bienheureux ceux qui pleurent, soit qu'ils pleurent leurs miséres, soit qu'ils
pleurent leurs péchés; ils sont heureux et ils recevront la consolation véritable, qui
est celle de l'autre vie, où toute affliction cesse, où toutes les larmes sont essuyées. »
(Bossukr.)
6. * « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront vassasiés. Faim
et soif, c'est une ardeur vive, un désir avide et pressant qui vient d'un besoin ex-
tréme. Cherchez le royaume de Dieu et sa justice. La justice règne dans les cieux;
elle doit aussi régner dans l'Église qui est souvent appelée le royaume des cieux.
Elle régne lorsqu' on rend à Dieu ce qu'on lui doit, car alors on rend aussi pour
l'amour de Dieu tout ce qu'on doit à la créature qu'on regarde en lui. On se rend
ce qu'on se doit à soi-même, car on s'est donné tout le bien dont on est capable,
quand on s'est rempli de Dieu. L'àme alors n'a plus de faim, n'a plus de soif; elle a
. sa véritable nourriture. » (Bossuer.)
τ T.*« Bienheureuz les miséricordieux, car ils obliendront miséricorde. Le plus bel effet
de la charité, c'est d'étre touché des maux d'autrui. Ceux qui sont inflexibles, insen-
sibles, sans tendresse, sans pitié, sont dignes de trouver sur eux un ciel d'airain,
qui n'ait ni pluie ni rosée. Au contraire, ceux qui sont tendres à la misère d'autrui
auront part aux gráces de Dieu et à sa miséricorde; il leur sera pardonné comme
ils auront pardonné aux autres; il leur sera donné comme ils auront donné aux
autres ; ils recevront selon la mesure dont ils se seront servi envers leurs frères; c'est
Jésus-Christ qui le dit; et autant qu'ils auront eu de compassion, autant Dieu en
aura-t-il pour eux-mêmes. » (Bossuer.)
8.* « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur. Qui pourrait dire la beauté d'un cœur pur?
Une grâce parfaitement nette, un or parfaitement affiné, un diamant sans aucune
tache, une fontaine parfaitement claire, n'égalent pas la beauté et la netteté d'un cœur
pur. 1[ faut en ôter toute ordure, et celles principalement qui viennent des plaisirs
des sens, car une goutte de ces plaisirs trouble cette belle fontaine. Qu'elle est belle,
qu'elle est ravissante cette fontaine incorruptible d'un cœur pur! Dieu se plait à s'y
voir lui-même comme dans un beau miroir; il s'y imprime lui-même dans toute sa
beauté. Ce beau miroir devient un soleil par les rayons qui le pénètrent; il est tout
resplendissant. La pureté de Dieu se joint à la nôtre qu'il a lui-même opérée en nous,
[cu. v.]
le cœur pur, parce qu'ils verront
Dieu.
9. Bienheureux les pacifiques,
parce qu'ils seront appelés en-
fants de Dieu.
10. Bienheureux ceux qui
souffrent persécution pour la
justice, parce qu'à eux appartient
le royaume des cieux.
11. Vous étes heureux, lorsque
les hommes vous maudissent et
vous persécutent, et disent faus-
sement toute sorte de mal de
vous, à cause de moi.
12. Réjouissez-vous et tressail-
lez de joie, parce que votre
récompense est grande dans les
cieux; car c'est ainsi qu'ils ont
persécuté les prophétes qui ont
été avant vous.
13. Vous étes le sel de la terre.
Que sile sel perd sa vertu, avec
quoi le salera-t-on? I]. n'est plus
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2337
bon qu'à être jeté dehors et foulé
aux pieds par les hommes.
14. Vous êtes la lumière du
monde. Une ville ne peut étre
cachée, quand elle est située sur
une montagne.
15. Et on n'allume point une
lampe pour la mettre sous le
boisseau, mais sur un chandelier,
afin qu'elle éclaire tous ceux qui
sont dans la maison.
16. Qu'ainsi donc luise votre
lumière devant les hommes, afin
qu'ils voient vos bonnes œuvres
et qu'ils glorifient votre Père qui
est dans les cieux.
17. Ne pensez pas que je sois
venu abolir la loi ou les prophè-
tes : je ne suis pas venules abolir,
mais les accomplir.
48. Car, en vérité je vous le
dis, jusqu'à ce que le ciel et la
terre passent, un seul iota ou
10. I Pierre, i1, 20; ur, 14; iv, 14. — 13. Marc, 1x, 49; Luc, xiv, 34. — 15. Marc, 1v, 21;
Luc, vir, 16; xr, 33. — 16. 1 Pierre, 11, 12. — 18. Luc, טא 17.
et nos regards épurés le verront briller en nous-mémes, et y luire d'une éternelle
lumière : Bienheureux donc ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. » (Bossuer.)
9. * > Bienheureuz les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu. Dieu est ap-
pelé Ze Dieu de paix. Sa bonté concilie tout. Il a composé cet univers des natures et
les qualités les plus discordantes ; il fait concourir ensemble la nuit et le jour, l'hiver
et l'été, le froid et le chaud, et ainsi du reste, pour la bonne constitution de l'univers
et pour la conservation du genre humain. Jésus-Christ, le Fils unique du Père cé-
leste, est le grand pacificateur, qui a annoncé la paix à ceux qui étaient de loin,
el à ceux qui étaient de prés, pacifiant par le sang qu'il a répandu sur la croix tout
ce qui est dans le ciel et dans la terre, comme dit S. Paul. A l'exemple du Fils unique,
les enfants d'adoption doivent prendre le caractère de leur père et se montrer vrais
enfants de Dieu par l'amour de la paix. » (Bossuer.)
10.* « Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce que le royaume
des cieux leur appartient. Tous ceux qui souffrent pour avoir bien fait, pour avoir
donné bon exemple, pour avoir obéi simplement et avoir confondu par leur exemple
ceux qui ne vivent pas assez réguliérement, en sorte qu'on se prend à eux des
reproches qu'on fait aux autres, souffrent persécution pour la justice. Ceux qui
portent leur croix tous les jours et persécutent persévéramment en eux-mêmes leurs
mauvais désirs, souffrent persécution pour la justice. C'est ici la dernière et la plus
parfaite de toutes les béatitudes, parce que c'est elle qui porte le plus vivement en
elle-même l'empreinte et 16 caractère du Fils de Dieu. » (BosscET.)
15. * Sous le boisseau. Le boisseau était une mesure de capacité pour les solides,
qu'on avait dans les maisons, contenant la sixième partie d'un médimne attique,
c'est-à-dire environ huit litres et demi. Si l'on voulait cacher sans l'éteindre une lampe
allumée, on mettait le boisseau par-dessus. iu
i
INA SP,
-
2338
un seul point de la loi ne pas-
sera pas que tout ne soit accompli.
19. Celui donc qui violera l'un
de ces moindres commande-
ments, et enseignera ainsi aux
hommes, sera appelé très petit
dans le royaume des cieux; mais
celui qui fera et enseignera, celui-
là sera appelé grand dans le
royaume des cieux.
20. Car je vous dis que si votre
justice n'est plus abondante que
celle des Seribes et des Phari-
siens, vous n'entrerez point dans
le royaume des cieux.
21. Vous avez entendu qu'il a
été dit aux anciens : Tu ne tueras
point; ear celui qui tuera sera
soumis au jugement.
22. Mais moi je vous dis que
quiconque se meten colere contre
son frere sera soumis au juge-
ment. Et celui qui dira à son
frère : Raca, sera soumis au con-
seil. Mais celui qui lui dira : Fou,
19. Jac., 11, 10. -- 20. Luc, xi, 39. — 21.
xm, 58. — 27. Exode, xx, 14.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
(ce. v.]
sera soumis à la géhenne du
feu.
23. Si donc tu présentes ton
offrande à l'autel, et que là tu te
souviennes que ton frere a quel-
que chose contre toi,
24. Laisse là ton don devant
l'autel, et va d'abord te réconcilier
avec ton frère, et alors, revenant,
tu offriras ton don.
25. Accorde-toi au plus tôt avec
ton adversaire pendant que tu
chemines avec lui, de peur que
ton adversaire ne te livre au juge,
et que le juge ne te livre au mi-
nistre, et que tu ne sois jeté en
prison.
26. En vérité, jete le dis, tu ne
sortiras point de là que tu n'aies
payé jusqu'au dernier quart d'un
as.
27. Vous avez entendu qu'il a
été dit aux anciens : Tu ne com-
mettras point d'adultere.
28. Mais moi je vous dis que
Exode, xx, 19; Doeut., v, 17. — 25. Luc,
19. Sera appeté; sera regardé, considéré, ou simplement sera, en vertu d'un hé-
braisme.
21-22. Le jugement est probablement le tribunal qui était établi dans chaque ville
et qui se composait de vingt-trois juges; comme le conseil signifie le tribunal sou-
verain composé de soixante-douze membres, et qui jugeait en dernier ressort les
crimes contre la religion et l'Etat. — Jésus-Christ veut donc dire iei que la haine, la
colère, le désir de la vengeance sont aussi criminels aux yeux de Dieu que l'homi-
cide, qui est puni de mort, parce que quiconque conserve de la haine coutre son
semblable est censé désirer sa mort, et que s'il ne se porte contre lui aux derniéres
extrémités, c'est uniquement la crainte qui le retient: que dire à son frère des
paroles telles que Raca, vil, abject, c'est se rendre coupable devant Dieu des mêmes
peines dont le conseil punit les plus grands crimes: qu'enfin, joindre à la haine,
aux paroles de mépris, les outrages et les discours infamants, c'est mériter l'enfer,
la terre n'ayant point de supplice capable d'expier un tel crime.
22. La géhenne du feu; c'est-à-dire l'enfer. Le nom de géhenne vient de deux mots
hébreux désignant une vallée où l'on a autrefois brûlé des victimes humaines, et qui
était devenue depuis la voirie de Jérusalem.
23. * L'autel des holocaustes, placé devant le temple proprement dit, dans la cour
des prétres, sur lequel on offrait et brülait les victimes des sacrifices.
25. Par le ministre, il faut entendre ici l'exécuteur de la justice.
26. L'as valait à peu prés un sou de notre monnaie. Voy. notre Ab/égé d'introduce
(ion, etc., p. 944,
feu. v.]
quiconque aura regardé une
femme pour la convoiter, a déjà
commis l'adultere dans son cœur.
99. Que si ton cil droit te scan-
dalise, arrache-le et jette-le loin
de toi ; car il vaut mieux pour toi
qu'un de tes membres périsse,
que si tout ton corps était jeté
dans la géhenne.
30. Et si ta main droite et scan-
dalise, coupe-la et la jette loin de
toi; car il vaut mieux pour toi
qu'un de tes membres périsse,
que si tout ton corps était jeté
dans la géhenne.
31. I aétó dit aussi : Quiconque
renvoie sa femme, qu'il lui donne
un acte de répudiation.
32. Et moi je vous dis que qui-
conque renvoie sa femme hors le
cas d’adultère, la rend adultère :
et quiconque épouse une femme
renvoyée, commet un adultère.
33. Vous avez encore entendu
qu'il a été dit aux anciens : Tu
ne le parjureras point, mais tu
tendras au Seigneur tes ser-
ments.
34. Et moi je vous dis de ne ju-
rer en aucune façon, ni par le ciel,
parce que c'est le trône de Dieu;
39. Ni par la terre, parce que
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.,
2339
c'est l'escabeau de ses pieds ; ni
par Jérusalem, parce que c'est
la ville du grand roi ;
36. Ne jure pas non plus par ta
téte, parce que tu ne peux rendre
un seul de tes cheveux blane ou
noir.
87. Que votre langage soit :
Oui, oui : Non, non ; car ce qui
est de plus, vient du mal.
38. Vous avez entendu qu'il a
été dit : OEil pour ceil et dent pour
dent.
30. Et moi je vous dis de ne
point résister aux mauvais trai-
tements; mais si quelqu'un te
frappe sur la joue droite, pré-
sente-lui encore l'autre.
40. Et à celui qui veut t'appeler
en justice pour t'enlever ta tuni-
que, abandonne-lui encore ton
manteau.
41. Et quiconque te contraindra
de faire avec lui mille pas, fais-
en deux autres mille.
49. Donne à qui te demande,
et ne te détourne point de celui
qui veut emprunter de toi.
49. Vous avez entendu qu'il 8
été dit : Tu aimeras ton prochain
et tu hairas ton ennemi.
44. Mais moi je vous dis : Ai-
29. Marc, 1x, 46; Infra, xviu, 9. — 31. Deut., xxiv, 1; Infra, xix, 7. --- 32. Marc, x, 11;
Luc, xvi, 18; 1 Cor., vir, 10. — 33. Exode, xx, 7; Lévit., xix, 19; Deut., v, 11; Jac.,
v, 12. — 37. Jac., v, 12. — 38. Exode, xx1, 24; Lévit., xxiv, 20; Deut., xix, 21. — 39. Luc,
vi, 29. — 40. I Cor., vi, 7. — 42. Deut., xv, 8. — 43. Lévit., xix, 18.
29-30. La géhenne. Voy. vers. 22.
32. Le Sauveur permet à un mari, en cas d'adultére, de se séparer de sa femme,
mais non pas d'en épouser une autre du vivant de sa première.
j 33. Il n'est pas méme permis de jurer avec vérité, sans une véritable nécessité.
39-42. Et moi, etc. Jésus-Christ veut nous montrer ici que c'est pour nous un véri-
table devoir de ne rechercher, ni méme de désirer la vengeance, et d'étre disposés
iutérieurement à renoncer à ce qui nous est dû toutes les fois que la charité et la
gloire de Dieu le demandent. Pour l'exécution à la lettre de ses divines paroles, c'est
un simple conseil de perfection propre à nous faire acquérir plus de mérite aux yeux
de Dieu.
40. Ta lunique, chilôn. C'estle vétement de dessous qu'on avait coutume de porter
sur la peau. — Ton manleau, imation. Votemeut qu'on mettait par dessus la tunique,
2310 L'ÉVANGILE SELON
mez vos ennemis, faites du bien
à ceux qui vous haissent, et priez
pour ceux qui vous persécutent
et vous calomnient ;
45. Afin que vous soyez les
enfants de votre Père qui est dans
les cieux, qui fait lever son soleil
sur les bons et sur les méchants,
et pleuvoir sur les justes et les
injustes.
46. Car si vous aimez ceux qui
vous aiment, quelle récompense
aurez-vous ? Les publicains ne le
font-ils pas aussi ?
47. Et si vous saluez vos frères
seulement, que faites-vous de
surcroît? Les paiens ne le font-ils
pas aussi ?
48. Soyez donc parfaits, vous,
comme votre Père céleste est
parfait.
CHAPITRE VI.
Suite du sermon sur la montagne. Au-
mône. Prière. Jeüne. Trésor dans le
ciel. OEil simple. Servir Dieu, non l'ar-
gent. Ne point s'inquiéter des besoins
de la vie. Confiance en la Providence.
1. Prenez garde à ne pas faire
votre justice devant les hommes,
pour étre vus d'eux ; autrement
vous n'aurezpoint de récompense
SAINT MATTHIEU. (ca. vi.|
de votre Père qui est dans les
cieux.
2. Lors done que tu fais l’au-
móne, ne sonne pas de la trom-
pette devant toi, comme font les
hypocrites dans les synagogues
et dans les rues, afin d'étre ho-
norés des hommes. En vérité, je
vous le dis, ils ont recu leur ré-
compense.
3. Pour toi, quand tu fais l'au-
móne, que ta main gauche ne
sache pas ce que fait ta droite,
4. Afin que ton aumóne soit
dans le secret; et ton Père, qui
voit dans le secret, te le rendra.
5. Et, lorsque vous priez, ne
soyez pas comme les hypocrites
qui aiment à prier debout dans
les synagogues et au coin des
grandes rues, afin d'étre vus des
hommes. En vérité, je vous le
dis, ils ont recu leur récompense.
6. Mais toi, quand tu pries,
entre dans ta chambre, et, la
porte fermée, prie ton Père en
secret : et ton Pere, qui voit dans
le secret, te le rendra.
7. Or, priant, ne parlez pas
beaucoup comme les paiens ; ils
simaginent qu à force de paroles
ils seront exaucés.
44. Luc, vr, 27; Rom., xir, 20; Luc, xxur, 34; Actes, vu, 59.
46. Les publicains dont parle ici l'Evangile étaient des commis qui recueillaient les
impôts, et qui, à plus d'un titre, étaient regardés.comme des gens vils et mépri-
sables.
5. Les Juifs priaient ordinairement debout; mais cet usage n'était point général,
tantót ils se tenaient à genoux, et tantót ils se prosternaient le visage contre terre.
6. Jésus-Christ ne défend point ici les prières publiques qui se font dans les
assemblées des fidèles, puisqu'il nous dit lui-même qu'il se trouve au milieu de deux
ou trois personnes rassemblées pour prier en son nom; mais il veut que dans les
prières particulières et de simple dévotion chacun se retire dans le secret pour prier
avec plus de recueillement et pour éviter l'ostentation. Il ne condamne pas non plus
d'une manière absolue les longues prières, puisque lui-même a passé quelquefois
les nuits à prier; il s'élève seulement contre l'abus qu'en faisaient les Juifs à l'imi-
tation des paiens, qui croyaient se rendre plus aisément leurs dieux propices lorqu'ils
parlaient beaucoup en priant.
[«Β. vr.]
8. Neleur ressemblez donc pas,
car votre Père sait de quoi vous
avez besoin, avant que vous le
lui demandiez.
9. C'est ainsi donc que vous
prierez : Notre Pére, qui étes
dans les cieux, que votre nom soit
sanctifié.
10. Que votre regne arrive. Que
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2341
votre volonté soit faite sur la terre
comme au ciel.
11. Donnez-nous aujourd’hui le
pain nécessaire à notre subsis-
tance.
19. Et remettez-nous nos dettes
comme nous les remettons nous-
mémes à ceux qui nous doivent.
13. Et ne nous induisez pas en
9. Luc, ,זא ₪
9. *« Notre Père. Dès ce premier mot de l'oraison dominicale le cœur se fond en
amour. Dieu veut être notre Père par une adoption particulière. Π a un Fils unique
qui lui est égal, en qui ila mis sa complaisance ; il adopte les pécheurs. Les hommes
n'adoptent des enfants que lorsqu'ils n'en ont point; Dieu qui avait un tel Fils, nous
adopte encore. L'adoption est un effet de l'amour; car on choisit celui qu'on adopte;
la nature donne les autres enfants, l'amour seul fait les adoptifs. Dieu qui aime son
Fils unique de tout son amour, et jusqu'à l'infini, étend sur nous l'amour qu'il a
pour lui. — Notre Père qui êles dans les cieux. Vous êtes partout, mais vous êtes
dans les cieux comme dans le lieu où vous rassemblez vos enfants, où vous vous
montrez à eux, où vous leur manifestez votre gloire, où vous leur avez assigné
leur héritage. כ (Bossuer.)
9-10. * > Votre nom soit sanclifié; volre règne arrive; votre volonté soil faite en la
terre comme au ciel. C'est la perpétuelle continuation de l'exercice d'aimer. Sanctitier
le nom de Dieu, c'est le glorifier en tout et ne respirer que sa gloire. Désirer son
règne, c’est vouloir lui être soumis de tout son cœur, et vouloir qu'il règne sur nous,
et non seulement sur nous, mais encore sur toutes les eréatures. Son règne est dans
le ciel, son règne éclatera sur toute la terre dans le dernier jugement. » (Bossuer.)
41. * > Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour. C'est ici le vrai discours
d'un enfant qui demande en :onfiance à son pére tous ses besoins jusqu'aux
moindres. O notre Pére, vous nous avez donné un corps mortel; vous ne l'avez pas
fait tel d'abord; mais nous vous avons désobéi, et la mort est devenue notre par-
tage. Le corps infirme et inortel 1 besoin tous les jours de nourriture; ou il tombe en
défaillance, ou il périt. Donnez-la-nous, donnez-la-nous simple, donnez-la nous autant
qu'elle est nécessaire. Que nous apprenions en la demandant que c'est vous qui nous la
donnez, de jour à jour. Vous donnez à vos enfants, à vos serviteurs, à vos soldats,
si on veut qu'ils combattent sous vos étendards, vous leur donnez chaque jour leur
pain. Que nous le demandions avec confiance ; que nous le recevions comme de votre
main avec action de grâce! » (Bossuer.)
12. * « Pardonnez-nous comme nous pardonnons. C'est une chose admirable comment
Dieu fait dépendre le pardon que nous attendons de lui, de celui qu'il nous ordonne
d'accorder à ceux qui nous ont offensés. Non content d'avoir partout inculqué cette
obligation, il nous la met à nous-mêmes à la bouche dans la prière journalière, afin
que si nous manquons à pardonner, il nous dise comme à ce mauvais serviteur : Je
le juge par ta propre bouche, mauvais serviteur. Tu m'as demandé pardon, à con-
dition de pardonner; tu as pronoucé ta sentence, lorsque tu as refusé de pardonner
à ton frére. Va-t-en au lieu malheureux oü il n'y a plus ni pardon ni miséricorde. »
(Bossukr.)
13. * « Ne nous induisez point en tentation. On ne prie pas seulement pour s'empécher
de succomber à la tentation, mais pour la prévenir, conformément à cette parole :
Veillez et priez, de peur que vous n'entriez en tentation. Non seulement de peur que
vous n'y succombiez, mais de peur que vous n'y entriez. ll faut entendre par ces
paroles la nécessité de prier en tout temps, et quand le besoin presse, et avant qu'il
presse. N'attendez pas la tentation; car alors le trouble et l'agitation de votre esprit
vous empéchera de prier. Priez avant la tentation et prévenez l'ennemi. — Délivrez-
2342
tentation, mais délivrez-nous du
mal. Ainsi soit-il.
14. Car si vous remettez aux
hommes leurs offenses, votre
Père céleste vous remettra à vous
aussi vos péchés.
45. Mais si vous ne les remettez
point aux hommes, votre Père
céleste ne vous remettra point
non plus vos péchés.
16. Lorsque vous jeünez, ne
vous montrez pas tristes comme
les hypocrites : car ils exténuent
leur visage, pour que leurs jeünes
paraissent devant les hommes.
En vérité, je vous dis qu'ils ont
recu leur récompense.
17. Pour toi, quand tu jeünes,
parfume ta téte et lave ton vi-
sage;
18. Afin que tu n'apparaisses
pas aux hommes jeünant, mais à
ton Pere qui est présent à ce qui
est secret; et ton Père, qui voit
dans le secret, te le rendra.
19. Ne vous amassez point de
trésors sur la terre, oü la rouille
et les vers rongent, et où les vo-
leurs fouillent et dérobent.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
]68. νι
20. Mais amassez-vous des tré-
sors dans le ciel, où ni la rouille
ni les vers ne rongent, et où les
voleurs ne fouillent ni ne dé-
robent.
91. Où en effet est ton trésor,
là est aussi ton cœur.
22. La lampe de ton corps est
ton œil. Si ton cil est simple, tout
ton corps sera lumineux.
93. Mais si ton œil est mauvais,
tout ton corps sera ténébreux. Si
donc la lumière qui est en toi est
ténèbres, les ténèbres elles-
mémes que seront-elles?
24. Nul ne peut servir deux
maîtres ; car ou il haira l'un et ai-
mera l'autre, ou il s'attachera à
l'un et méprisera l'autre. Vous ne
pouvez servir Dieu et l'argent.
25. C'est pourquoi je vous dis :
Ne vous inquiétez point pour
votre vie de ce que vous mange-
rez, ni pour votre corps de quoi
vous vous vêtirez. La vie n'est-
elle pas plus que la nourriture, et
le corps plus que le vétement?
26. Regardez les oiseaux du
ciel; ils ne sèment ni ne mois-
14. Eccli., xxvi, 3, 4, 5; Infra, xvin, 35; Marc, xr, 25. — 20. Luc, xi, 33; I Tim.,
vi, 19. — 22. Luc, xt, 34. — 24. Luc, xvi, 13. — 25. Ps. Liv, 23; Luc, xu, 22; Philip.,
Iv210 1 1ἴπὶ, 78 ו ו Ave Me
nous du mal. L'Eglise explique : Délivrez-nous de tout mal, passé, présent et à venir. Le
mal passé, mais qui laisse de mauvais restes, c'est le péché commis; le mal présent, c'est
le péché où nous sommes encore; le mal à venir, c'est le péché que nous avons à
craindre. Tous les autres maux ne sont rien qu'autant qu'ils nous portent au péché
par le murmure et l'impatience. C'est principalement en cette vue que nous deman-
dons d'étre délivrés des autres maux. Délivrez-nous du mal. Délivrez-nous du péché
et de toutes les suites du péché, par conséquent de la maladie, de la douleur, de la
mort; afin que nous soyons parfaitement libres. Alors aussi nous serons souverai-
nement heureux. » (BossuEr.)
24. Jésus-Christ ne défend pas absolument aux chrétiens d'avoir des biens tempo-
rels, mais seulement d'y attacher leurs cœurs et d'en être les esclaves.
26-28. *« Regardez les oiseaux du ciel. Voyez les lis des champs. Jésus-Christ noua
apprend, dans cesermon admirable, à considérer la nature, les fleurs, les oiseaux, les
animaux, notre cops, notre âme, notre accroissement insensible, afin d'en prendre
occasion de nous élever à Dieu. Il nous fait voir toute la nature d'une manière plus
relevée, d'un œil plus percant, comme l'image de Dieu. Le ciel est son trône; la terre
[cH. vir.]
sonnent, ni n'amassent dans des
greniers, et votre Pere céleste les
nourrit; n'étes-vous pas beaucoup
plus qu'eux?
27. Qui de vous, en s'inquiétant
ainsi, peut ajouter à sa taille une
seule coudée?
98. Et quantau vétement, pour-
quol vous inquiétez-vous? Voyez
les lis des champs; comme ils
croissent; ils ne travaillent ni ne
filent,
29. Or je vous dis que Salomon
méme dans toute sa gloire n'a ja-
mais été vêtu comme l'un d'eux.
30. Que si l'herbe des champs
qui est aujourd'hui et qui demain
est jetée dans le four, Dieu la vé-
tit ainsi, combien plus vous,
3o0mmes de peu de foi!
31. Ne vous inquiétez donc
point, disant : Que mangerons-
nous, ou que boirons-nous, ou de
quoi nous vétirons-nous?
32. Car ce sont' toutes choses
que les paiens recherchent; mais
votre Père sait que vous en avez
besoin.
39. Cherchez donc première-
ment le royaume de Dieu et sa
justice, et toutes ces choses vous
seront données par surcroit.
34. Ainsine soyez pointinquiets
pour le lendemain. Le jour de
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2318
demain, en effet, sera inquiet
pour lui-même; à chaque jour
suffit son mal.
CHAPITRE VII.
Suite du sermon sur la montagne. Ne
point juger témérairement. Ne pas
donner les choses saintes aux chiens.
Demander, chercher et frapper. Cha-
rité. Voie étroite. Faux prophétes. Fruit
semblable à l'arbre. Dieu juge sur les
œuvres. Bâtir sur la pierre et non sur
le sable.
1. Nejugez point, afin que vous
ne soyez point jugés.
2. Car d'aprés le jugement se-
lon lequel vous aurez jugé, vous
serez jugés, et selon la mesure
avec laquelle vous aurez mesuré,
mesure vous sera faite.
3. Pourquoi vois-tu la paille
qui est dans I'veil de ton frere et
ne vois-tu point la poutre qui est
dans ton cil?
4. Ou comment dis-tu à ton
frere : Laisse-moi ôter la paille
de ton cil, tandis qu'il y a une
poutre dans le tien?
5. Hypocrite, 616 d'abord la
poutre de ton œil, et alors tu son-
geras à óter la paille de l'œil de
ton frere.
6. Ne donnez pas les choses
saintes aux chiens, et ne jetez pas
vos perles devant les pourceaux,
1. Luc, vi, 37; Rom., rr, 1. — 2. Marc, tv, 24.
est l'escabeau de ses pieds ; la capitale du royaume est le siège de son empire; son
soleil se lève, la pluie se répand pour nous assurer de sa bonté. Tout nous en parle :
il ne s'est pas laissé sans témoignage. » (BossuEr.)
30. * Est jetée dans le four. Comme le bois est rare dans plusieurs parties de la Pa-
lestine, on se sert d'herbes séches pour faire cuire le pain.
32. Les paiens qui n'avaient point d'espérance solide, mettaient toute leur confiance
dans leur travail et dans leur industrie. Un chrétien doit travailler de maniére à
attendre tout de la main et de la bénédiction de Dieu.
1. Ne jugez point; c'est-à-dire n'allez pas vous informer par des motifs de curiosité,
des mœurs et des actions des autres, pour les soumettre à votre jugement et les y
condamner.
3. Ce verset et les suivants contiennent différentes manières de parler proverbiales.
2944
de peur qu'ils ne les foulent aux
pieds, et que, se tournant, ils ne
vous déchirent.
7. Demandez, et il vous sera
donné; cherchez et vous trouve-
rez;frappez, etil vous sera ouvert.
8. Car quiconque demande, re-
coit; et qui cherche, trouve; et à
qui frappe, il sera ouvert.
9. Quelestd'entre vousl'homme
qui, si son fils lui demande du
pain, lui présentera une pierre?
10. Ou si c'est un poisson qu'il
lui demande, lui présentera-t-il
un serpent?
11. Si donc vous qui 6405 mau-
vais, voussavez donner de bonnes
choses à vos enfants, combien
plus votre Père qui est dans les
cieux donnera-t-il de bonnes
choses à ceux qui les lui de-
mandent?
19. Ainsi, tout ce que vous vou-
lez que les hommes vous fassent,
faites-le leur aussi : car c'est la
loi et les prophètes.
13. Entrez par la porte étroite ;
parce que large est la porte et
spacieuse la voie qui conduit à
la perdition; et nombreux sont
ceux qui entrent par elle.
14. Combien est étroite la porte
et resserrée la voie qui conduit à
la vie, et qu'il en est peu qui la
trouvent!
15. Gardez-vous des faux pro-
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[cu. vir.]
phétes qui viennent à vous sous
des vétements de brebis, tandis
qu'au dedans ce sont des loups
ravissants :
16. Vous les connaitrez à leurs
fruits. Cueille-t-on des raisins sur
des épines, ou des figues sur des
ronces?
11. Ainsi, tout arbre bon pro-
duit des fruits bons; mais tout
mauvais arbre produit de mau-
vais fruits.
18. Un arbre bon ne peut pro-
duire de mauvais fruits, ni un
arbre mauvais produire de bons
fruits.
19. Tout arbre qui ne produit
point de bon fruit sera coupé et
jeté au feu.
20. Vous les connaitrez donc à
leurs fruits.
91. Ce ne sont pas tous ceux
qui me disent : Seigneur, Sei-
geneur, qui entreront dans le
royaume des cieux; mais celui
qui fait la volonté de mon Père
qui est aux cieux, celui-là entrera
dans le royaume des cieux.
99, Beaucoup me diront en ce
jour là:Seigneur, Seigneur, n'est-
ce pas en votre nom que nous
avons prophétisé; en votre nom
que nous avons chassé des dé-
mons, et en votre nom que nous
avons fait beaucoup de miracles?
23. Et alors je leur dirai haute-
7. Infra, xxi, 22; Marc, ,זא 24; Luc, ,זא 9; Jean, xiv, 13; Jac., 1, 6. — 9. Luc, xr, 11.
— 19. Tobie, 1v, 16; Luc, vr, 31. — 18. Luc, xui, 24. — 19. Supra, riz, 10. — 21. Infra,
xxv, 11; Luc, vi, 46. — 22. Actes, xix, 13. — 23. Ps. vr, 9; Infra, xxv, 41; Luc, xir, 21.
15. Les Hébreux comprenaient par pr'ophèles non seulement ceux qui prédisaient
l'avenir, mais en général aussi quiconque se donnait pour inspiré, ou qui se mélait
d'interpréter l'Ecriture et d'enseigner. Et, sous le nom de faux prophètes, les Pères
ont compris ici tous les faux docteurs, juifs ou chrétiens.
22-23. La prophétie et le don des miraeles ne sont pas toujours des preuves cer-
taines de la sainteté et du mérite de ceux à qui Dieu en fait part; témoin Balaam et
Judas lui-même. (Nombres, xxiv, 11; Matlh., x, 1.)
[cg. vur.]
ment :Jene vousai jamais connu:
retirez-vous de moi, vous qui opé-
rez l'iniquité.
24. Quiconque done entend ces
paroles que je dis et les accom-
plit, sera comparé à un homme
sage qui a báti sa maison sur la
pierre :
95. Et la pluie est descendue,
et les fleuves se sont débordés et
les vents ont soufflé et sont venus
fondre sur cette maison, et elle
n'apas étérenversée, parce qu'elle
était fondée sur la pierre.
26. Mais quiconque entend ces
paroles que je dis, et ne les ac-
complit point, sera semblable à
un homme insensé qui a báti sa
maison sur le sable;
27. Et la pluie est descendue,
et les fleuves se sont débordés, et
les vents ont soufflé et sont venus
fondre sur cette maison ; elle s'est
écroulée et sa ruine a été grande.
28. Or il arriva que, lorsque Jé-
sus eut achevé ces discours, le
peuple était dans l'admiration de
sa doctrine.
29. Caril les instruisait comme
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2345
ayant autorité, et non comme
leurs scribes et les pharisiens.
CHAPITRE VIII.
Guérison d'un lépreux et de beaucoup
d'autres malades. Dispositions pour
suivre Jésus-Christ. Tempéte apaisée.
Démons chassés, pourceaux précipités.
1. Or, lorsqu'il fut descendu de
la montagne, une grande foule le
suivit :
2. Et voilà qu'unlépreux venant
à lui l'adorait, disant : Seigneur,
si vous voulez, vous pouvez me
guérir.
9. Et Jésus étendant la main le
toucha, disant : Je le veux, sois
guéri. Et à l'instant sa lèpre fut
guérie.
4. Alors Jésus lui dit : Prends
garde, ne le dis à personne, mais
va, montre-toi au prétre, et offre
le don prescrit par Moise, en té-
moignage pour eux.
5. Et comme il était entré dans
Capharnaüm, un centurion s'ap-
procha de lui, le priant,
6. Et disant : Seigneur, mon
serviteur git paralytique dans ma
24. Luc, vr, 48; Rom., 11, 13; Jac., 1, 22. — 29. Marc, 1, 22; Luc, 1v, 32. — (παρ. VIII.
2. Marc, 1, 40; Luc, v, 12. — 4. Lévit., xiv, 2. — 5. Luc, vu, 1.
2. * Un lépreux. La lèpre, maladie de la peau qui peut être très grave et faire tomber
tout le corps en pourriture, était commune en Palestine. Elle rendait impur aux yeux
de la loi celui qui en était atteint.
4. En témoignage pour eux; c'est-à-dire afin que ce soit pour eux un témoignage et
une preuve incontestable de ma puissance et de ma fidélité à faire observer la loi. —
Le mot eux peut signifier par hébraisme : à chacun des prêtres, ou bien : à la foule
du peuple dont il est parlé au vers. 1.
ὃ. * Capharnaüm. Voir Matth., iv, 13. — Un centurion. Le centurion était le chef
d'une centurie légionnaire, c'est-à-dire de cent hommes. Il était chargé de la discipline
de sa centurie, en présidait les exercices et les travaux, et marchait à sa tête quand
on allait au combat. Il avait comme insigne de son autorité un casque à cimier et
une branche de vigne qui lui servait à chàtier ceux de ses hommes qui enfreignaient
les règles de la discipline. Sa paie était double de celle des soldats.
6. Il y a une paralysie imparfaite qui consiste dans la privation ou du mouvement
seul, ou du sentiment seul. C'est ce qu'ont reconnu tous les médecins tant anciens
que modernes. Ainsi le paralytique, dont il est ici question, a pu souffrir extréme-
ment, méme dans les parties paralysées, puisqu'il suffisait que les nerfs moteurs
2316
maison ,
ment.
7. Jésus lui dit : J'irai, et le gué-
rirai.
8. Maisle centurion répondant:
Seigneur, dit-il, je ne suis pas
digne que vous entriez sous mon
toit; mais dites seulement une
parole et mon serviteur sera
guéri.
9. Car moi qui suis un homme
soumis à la puissance d'un autre
et qui ai sous moi des soldats,
je dis à l'un : Va, et il va; et à
un autre : Viens, et il vient, et à
mon serviteur : Fais cela, et il le
fait.
10. Or Jésus, l'entendant, fut
dans l'admiration, et il dit à ceux
qui le suivaient : En vérité, je
vous le dis; je n'ai pas trouvé une
si grande foi dans Israél.
41. Aussi je vous dis que beau-
coup viendront de l'Orient et de
l'Occident et auront place dans le
royaume des cieux avec Abraham,
Isaac et Jacob;
19. Tandis que les enfants du
royaume seront jetés dans les té-
nèbres extérieures; là sera le
pleur et 16 grincement de dents.
13. AlorsJésus dit au centurion:
et i] souffre violem-
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[cH. vur.]
Va, et que selon que tu as cru i]
te soit fait. Et son serviteur fut
guéri à cette heure méme.
14. Jésus étant venu ensuite
dans la maison de Pierre vit sa
belle-mère gisante et ayant la
fièvre.
15. Il lui toucha la main, et la
fièvre la quiita; aussitôt elle se
leva, et elle les servait.
16. Le soir étant venu, on lui
présenta beaucoup de démo
niaques, et par sa parole il chas
sait les malins esprits, etil guérit
tous les malades :
47. Afin que s'accomplit la pa-
role du prophète Isaïe, disant :
Lui-même a pris nos infirmités et
il s'est chargé de nos maladies.
18. Or Jésus voyant une grande
foule autour de lui ordonna de
passer à l'autre cóté de la mer.
19. Alors un scribe s'appro-
chant, lui dit: Maitre, je vous
suivrai partout où vous irez.
20. Et Jésus lui dit : Les renards
ont des tanieres, et les oiseaux
du ciel des nids; mais le Fils de
l'homme n'a pas où reposer sa
ו
21. Un autre de ses disciples lui
dit : Seigneur, permetltez- moi
8. Luc, vit, 6. — 11. Mal., 1, 11. — 16. Marc, τ, 32. — 17. Isaie, Lr, 4; I Pierre, rm, 24.
— 20, Luc, 1x, 58.
fussent seuls affectés, tandis que les nerfs sensitifs étaient entièrement libres et pou-
valent, par là méme, servir d'instrument à la douleur.
19. Les ténèbres extérieures désignent l'enfer. Jésus-Christ continue l'allégorie d'un
festin. Or dans les festins, la salle était toujours bien éclairée ; de sorte que ceux qui
en étaient expulsés se trouvaient dans les ténèbres, pleurant et grincant les dents
de dépit et de rage.
16. On a voulu expliquer les possessions dont il est parlé dans les évaugélistes par
de simples maladies ou par un déréglement de l'imagination, ou par des possessions
purement spirituelles, ou enfin par le seul emportement des passions. Mais les
termes dont se sont servis les écrivains sacrés et Jésus-Christ lui-même sont trop
clairs et trop explicites pour qu'on puisse les entendre autrement que l'Eglise les a
toujours entendus, c'est-à-dire de possessions dans lesquelles le démon agit sur lea
corps.
18, * De la mer de Galilée.
]6₪. vir.) L'ÉVANGILE SELON
d'aller d'abord et d'ensevelir mon
père.
22. Mais Jésus lui dit : Suis-moi
et laisse les morts ensevelir leurs
morts.
23. Etant ensuite monté dans la
barque, ses disciples le suivirent
24. Et voilà qu'une grande tem-
péte se leva sur la mer; de sorte
que la barque était couverte par
les vagues; lui-méme cependant
dormait.
25. C'est pourquoi ses disciples
s'approchereut de lui et l'éveil-
lerent, disant : Seigneur, sauvez-
nous, nous périssons.
26. Jésus leur dit : Pourquoi
craignez-vous, hommes de peu
de foi? Alors, se levant, il com-
manda aux vents et à la mer, et
il se fitun grand calme.
97. Or, saisis d'admiration, ces
hommes disaient : Quel est celui-
ci, que les vents et la mer lui
obéissent?
28. Lorsqu'il fut venu de l'autre
SAINT MATTHIEU. 2547
côté de la mer, dans le pays des
Géraséniens, coururentau-devant
de lui deux démoniaques, sortant
des sépulcres extrémement fu-
rieux, au point que personne n'o-
sait passer par ce chemin;
29. Et ils se mirent à crier, di-
sant : Qu'importe ànouset à vous,
Jésus fils de Dieu? Etes-vous venu
ici avantle temps pour nous tour-
menter? t
30. Or était non loin d'eux un
grand troupeau de pourceaux qui
paissaient;
91. Et les démons le priaient,
disant : Si vous nous chassez d'ici,
envoyez-nous dans ce troupeau
de pourceaux.
32. Il leur répondit : Allez. Eux
donc, étant sortis, entrerent dans
les pourceaux; et voilà que le
troupeau tout entier se précipita
impétueusement dans la mer; et
ils moururent dans les eaux.
33. Et les gardiens s'enfuirent;
et venant dans la ville, ils racon-
23. Marc, 1v, 36; Luc, vir, 22, — 28, Marc, v, 1; Luc, virt, 26, — 30. Marc, v, 11;
Luc, vri, 32.
24.*« Il n'y a de tempête sur la mer de Tibériade que par les vents d'ouest. Venant
de la cóte de Capharnaüm, ils devaient chasser la barque avec violence et l'empécher
d'aborder. » (J. H. Micnox.)
28. Voy. sur les possessions le vers. 16. — * Gérasa (le texte grec porte : Gergésa)
était situé, d'après l'opinion commune, à l'endroit où sont aujourd'hui les ruines
informes de Khersa, sur la rive gauche de l'ouadi es-Semak, qui se jette dans le lac
de Génésareth à l'est. Là, entre l'ouadi es-Semak et l'ouadi Fik, vis-à-vis de la ville
de Tibériade, cessent les collines et commence la plaine qui s'étend au nord sur la rive
orientale du lac. Les ruines de Khersa sont entourées d'un mur. Un peu au sud, en
un seul endroit, sont des rochers très escarpés qui s'avancent en pointe daus la mer
de Galilée et c'est de là que les pores poussés par les démons dürent se précipiter
dans les flots. Partout ailleurs il y a une bande de terre cultivable entre les mon-
tagnes et le lac. — Sortant des sépulcres. Les tombeaux chez les Juifs pouvaient servir
d'habitation. C'étaient des cavernes ou des excavations artificielles au milieu des
jardins ou des champs ou dans les flancs des montagnes. Ils étaient souvent assez
vastes, renfermant des cours avec des chambres souterraiues, disposées le long de
corridors et remplies de niches où l'on plaçait des cadavres; on fermait ensuite la
niche avec une pierre. Sur plusieurs de ces tombeaux on élevait des édicules. Les
démoniaques dont parle saint Matthieu pouvaient habiter dans l'un de ces édicules
9 dans les corridors du tombeau.
32. * Le troupeau tout entier se précipila dans la mer. Voir la note sur Matth., xxi, 19,
2948
lerent tout ceci, et le sort de ceux
qui avaient été démoniaques.
34. Aussitôt toute la ville sortit
au-devant de Jésus; et l'ayant vu,
ils le priaient de sortir de leurs
confins.
CHAPITRE IX.
Guérison d'un paralytique. Vocation de
saint Matthieu. Jeüne. Hémorroisse
guérie. Fille de Jaire ressuscitée. Gué-
rison de deux aveugles. Possédé muet
délivré. Brebis sans pasteurs. Moisson.
Ouvriers.
1. Jésus étant monté dans la
barque, traversa la mer et vint
dans sa ville.
2. Et voilà que des gens lui pré-
sentaient un paralytique gisant
sur un lit. Or Jésus voyant leur
foi, ditàce paralytique : Mon fils,
aie confiance, tes péchés te sont
remis.
3. Et voici que quelques-uns
d'entre les scribes dirent en eux-
mémes : Celui-ci blaspheme.
4. Mais, comme Jésus avait vu
leurs pensées, il dit : Pourquoi
pensez-vous mal en vos cours?
5. Lequel est le plus facile de
dire : Tes péchés te sont remis, ou
de dire : Lève-toi et marche?
6. Or, afin que vous sachiez que
le Fils de l'homme a le pouvoir
sur la terre de remettre les pé-
chés : Lève-toi, dit-il alors au pa-
ralytique, prends ton lit et re-
tourne en ta maison.
1. Et il se leva et s'en alla dans
sa maison.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[cu. 1x.]
8. Mais, voyant cela, la multi-
tude fut saisie de crainte, et ren-
dit gloire à Dieu qui a donné une
telle puissance aux hommes.
9. Lorsqu'il fut sorti de là, Jé-
sus vit un homme nommé Mat-
thieu assis au bureau des impóts,
| etillui dit : Suis-moi. Et, se le-
vant, il le suivit.
10. Or il arriva que Jésus étant
à table dans la maison, beaucoup
de publicains et de pécheurs vin-
rent s'y asseoir avec lui et ses dis-
ciples.
11. Les pharisiens voyant cela,
disaient à ses disciples : Pourquoi
votre maitre mange-t-il avec les
publicains et les pécheurs?
19. Mais Jésus, entendant, dit :
Ce nesontpas ceux qui se portent
bien qui ont besoin de médecin,
mais les malades.
18. Allez done et apprenez ce
que veut dire : J'aime mieux la
miséricorde que le sacrifice. Car
je ne suis pas venu appeler les
justes, mais les pécheurs.
14. Alors s’approchèrent de lui
les disciples de Jean, disant: Pour-
quoi nous et les pharisiens jeü-
nons-nous fréquemment, et vos
disciples ne jeünent-ils point?
15. Jésus leur répondit : Les fils
de l'époux peuvent-ils s'attrister
pendant que l'époux est avec eux?
Mais viendront des jours ou l'é-
poux leur sera enlevé, et alors ils
jeüneront.
16. Personne ne met une piece
3^, Marc, v, 17; Luc, vin, 37. — (παρ. IX. 2. Marc, τι, 3; Luc, v, 18. — 9. Marc, m, 14;
Luc, v, 21. — 13. Osée, vi, 6; Infra, xu, 7; 1 Tim., 1, 15. — 14. Marc, 1 18; Luc, v, 33.
1. * Dans sa ville. Capharnaüm, où il habitait alors ordinairement,
15. Les fils de l'époux, pour les amis et les compagnons de l'époux; hébraisme.
— “Les amis de l'époux étaient chargés de faire tous les préparatifs des noces et
prenaient part ensuite aux fêtes du mariage qui duraient ordinairement sept jours.
[cu. 1x.]
d'étoffe neuve à un vieux véte-
ment, car elle emporte du véte-
ment tout ce qu'elle recouvre, et
la déchirure devient plus grande.
17. Et l'on ne met point de vin
nouveau dans des outres vieilles,
autrement les outres se rompent,
le vin se répand, et les outres
sont perdues; mais on met le vin
nouveau dans des outres neuves,
et tous les deux se conservent.
18. Comme il leur disait ces
choses, un chef de synagogue
s'approcha de lui et l'adorait, di-
sant : Seigneur, ma fille vient de
mourir; mais venez, imposez
votre main sur elle, et elle vivra.
19. Et Jésus, se levant, le sui-
vait avec ses disciples.
20. Et voilà qu'une femme af-
fligée d'une perte de sang depuis
douze ans, s'approcha de lui par
derriere et toucha la frange de
son vétement.
21. Car elle disaiten elle-méme:
Si je touche seulement son véte-
ment, je serai guérie.
22. Mais Jésus s'étant retourné,
et la voyant, dit : Ma fille, ayez
confiance, votre foi vous a gué-
rie. Et cette femme fut guérie à
l'heure méme.
23. Or lorsque Jésus fut arrivé
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2349
à la maison du chef de synagoque,
et qu'il eut vu les joueurs de flûte
et la foule tumultueuse, il disait :
24. Retirez-vous; car la jeune
fille n'est pas morte, mais elle
dort. Et ils se moquaient de lui.
25. Aprés done qu'on eut ren-
voyé la foule, il entra, pritla main
de la jeune fille, et elle se leva.
20. Et le bruit s'en répandit
dans tout le pays.
27. Gomme Jésus sortait de là,
deux aveugles le suivirent, criant
et disant : Fils de David, ayez
pitié de nous.
28. Et lorsqu'il fut venu dans la
maison, les aveugles s'approche-
rent de lui. Et Jésus leur dit :
Croyez-vous que je puisse faire
cela? Ils lui dirent : Oui, Seigneur.
29. Alors il toucha leurs yeux,
disant : Qu'il vous soit fait selon
votre fol.
90. Aussitót leurs yeux furent
ouverts, et Jésus les menaca, di-
sant : Prenez garde que personne
ne le sache.
31. Mais eux, s'en allant, ré-
pandirent sa renommée dans
tout ce pays-là.
32. Après qu'ils furent partis,
on lui présenta un homme muet,
possédé du démon.
18. Marc, v, 22; Luc, viu, 41. — 20. Marc, v, 25; Luc, vin, 43. — 32. Infra, xi, 53;
Luc, xi, 14.
17. * Des outres. Les Orientaux se servent d'outres de peau de chèvre, de chameau
ou d'âne pour conserver le vin et les autres liquides. <
18. Un chef de synagogue; c'est ainsi que cet homme est qualifié dans saint Marc,
et dans saint Luc. — * Son nom était Jaire.
20. Selon la 101, les Hébreux étaient obligés de porter des franges aux quatre coins
de leurs manteaux (Nombres, xv, 38; Deut., xxu, 12).
28. * Les joueurs de flûte et la foule. Les pleureuses et les joueurs de flûte étaient un
accompagnement ordinaire des funérailles. Voir Jérémie, 1x, 17.
28. Cela; c'est-à-dire ce que vous me demandez.
30. Jésus-Christ fait cette défense pour nous donner l'exemple de l'humilité. Nous
ue devons pas aimer qu'on publie nos vertus et nos bienfaits : à Dieu seul appar-
tiennent l'honneur et la gloire.
2350
33. Or, le démon chassé, le
muet parla; et le peuple saisi
d'admiration disait : Jamais rien
de semblable ne s'est vu en Israél.
34. Mais les pharisiens disaient:
C'est par le prince des démons
qu'il chasse les démons.
35. Et Jésus parcourait toutes
les villes et tous les villages, en-
seignant dans leurs synagogues,
préchant l'évangile du royaume
et guérissant toute maladie et
toute infirmité.
36. Or en voyant cette multi-
tude, il en eut compassion, parce
qu'ils étaient accablés et couchés
comme des brebis n'ayant point
de pasteur.
31. Alors il dit à ses disciples :
La moisson est abondante, mais
il y a peu d'ouvriers.
38. Priez done le maitre de la
moisson qu'il envoie des ouvriers
à sa moisson.
CHAPITRE X.
Mission des Apôtres. Leurs noms. Ins-
tructions que Jésus-Christ leur donne;
puissance qu'il leur communique. 1
leur recommande le désintéressement,
la prudence, la patience, la confiance
en Dieu. Il leur annonce les maux qu'ils
auront à souffrir et la récompense qu'ils
en recevront.
1. Et ayant convoqué ses douze
disciples, il leur donna puissance
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
fen. 2.
sur les esprits impurs, pour les
chasser, et pour guérir toute ma-
ladie et toute infirmité.
2. Or voici les noms des douze
apótres : Le premier, Simon,
appelé Pierre, et André son frere:
3. Jacques, fils de Zébédée, el
Jean son frère, Philippe et Bar-
thélemi, Thomas et Matthieu le
publicain, Jacques, fils d'Alphée,
et Thadée :
4. Simon le Cananéen, et Judas
Iscariote, qui le trahit.
5. Ce sont ces douze que Jésus
envoya, leur commandant en
disant: N'allez point vers les gen-
lils, et n'entrez point dans les
villes des Samaritains ;
6. Mais allez plutót aux brebis
perdues de la maison d'Israél.
7. Alant donc, préchez, disant:
Le royaume des cieux est proche.
8. Guérissez les malades, res-
suscitez les morts, purifiez les lé-
preux, chassez les démons ; c'est
gratuitement que vous avez recu,
gratuitement donnez.
9. Ne possédez ni or, ni argent,
ni aucune monnaie dans vos
ceintures :
10. Nisae pourla route, ni deux
tuniques, ni chaussure, ni bâton;
car l'ouvrier mérite sa nourri-
ture.
11. En quelque ville ou village
35. Marc, vi, 6. — 37. Luc, x, 2. — ὕπαρ. X. 1. Marc, rr, 13; Luc, vr, 13; 1x, 4. —
6. Actes, xii, 46, — 9. Marc, vi, 8; Luc, 1x, 3; x, 4.
MEN כת<- ביבר - d
34. Par le prince des démons; c'est-à-dire par la puissance du prince des. démons,
comme si Jésus-Christ avait eu des intelligences avec Satan.
4. * Judas Iscariote, c'est-à-dire de Carioth, ville de la tribu de Juda. (Jos., xv, 95.)
5. * Les Samaritains, ainsi nommés parce qu'ils habitaient la Samarie, étaient les
descendants des étrangers transportés dans ce pays aprés la ruine du royaume
d "Israel, et les ennemis invétérés des Juifs. Voir IV Rois, xvi.
9. On portait autrefois la bourse suspendue à la ceinture; on mettait aussi l'argent
dans la ceinture elle-même, qui était creuse et large, comme 16 sont encore la plupart
de celles des Orientaux.
leu. x.]
que vous entriez, demandez qui
y en est digne, et demeurez chez
lui jusqu'à votre départ.
19. Or, en entrant dans la mai-
son, saluez-la, disant: Paix àcette
maison.
13. Et si cette maison en est
digne, votre paix viendra sur elle,
et si elle n'en est pas digne, votre
paix reviendra à vous.
14. Lorsque quelqu un ne vous
recevra point, et n'écoutera point
vos paroles, sortant dela maison
ou de la ville, secouez la pous-
siere de vos pieds.
15. En vérité, je vous dis : Il y
aura moins à souffrir pour So-
dome et pour Gomorrhe au jour
du jugement que pour cette ville.
16. Voici que je vous envoie
comme des brebis au milieu des
loups. Soyez donc prudents
comme les serpents et simples
comme les colombes.
17. Mais gardez-vous des
hommes ; car ils vous feront com-
paraître dans leurs assemblées,
et vous flagelleront dans leurs
synagogues.
18. Et vous serez conduits à
cause de moi devant les gouver-
neurs et les rois, en témoignage
pour eux et pour les nations.
19. Lors donc que l’on vous
livrera, ne pensez ni comment, ni
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2351
ce que vous devrez dire; il vous
sera donné, en effet, à l'heure
méme ce que vous devrez dire.
20. Car ce n'est pas vous qui
parlez, mais l'Esprit de votre Père
qui parle en vous.
21. Or le frere livrera le frere à
la mort, et le pere le fils ; les en-
fants s'éléveront contre les pa-
rents et les feront mourir.
22. Et vous serez en haine à
tous, à cause de mon nom ; mais
celui qui aura persévéré jusqu'à
la fin, celui-là sera sauvé.
28. Lors donc qu'on vous persé-
cutera dans une ville, fuyez dans
une autre. En vérité, je vous le
dis : Vous n'aurez pas fini d'évan-
géliser toutes les villes d'Israël
jusqu'à ce que vienne le Fils de
l'homme.
24. Le disciple n'est point au-
dessus du maître, ni l'esclave au-
dessus de son seigneur.
25. Il suffit au disciple qu'il soit
comme son maitre, et à l'esclave
comme son seigneur. S'ils ont
appelé le père de famille Béelzé-
bub, combien plus ceux de sa
maison?
26. Ne les craignez donc point:
car il n'y a rien de caché qui ne
sera révélé, et rien de secret qui
ne sera su.
27. Ce que je vous dis dans les
16. Luc, x, 3. — 19. Luc, xii, 11. — 24. Luc, vi, 40; Jean, xmi, 16; xv, 20. — 20. Marc,
IV, 9. 1π|0, VIT ΕΓ; ΧΠ ee
15. * Sodome avait été détruite, de mème que Gomorrhe, à cause de ses crimes, par
la vengeance divine, Gen., xix, 24, qui fit pleuvoir sur elles une pluie de soufre et
de feu.
18. En témoignage pour eux et pour les nations; c'est-à-dire pour servir de témoi-
gnage et de preuve irrécusable du soin que Dieu a pris de leur faire annoncer la
doctrine du salut, et de l'opiniàtreté avec laquelle ils l'ont refusée.
25. Béelzébub était le nom d'une idole des Philistins. Les Juifs donnaient ce nom
au démon, parce que les faux dieux sont des démons.
21. Sur les toits. Pour bien comprendre le sens de ce verset, voyez ce que nous
2352
ténèbres, dites-le dans lalumière,
et ce qui vous est dit à l'oreille,
préchez-le sur les toits.
98. Ne craignez point ceux qui
tuent le corps et ne peuvent tuer
l'âme ; mais craignez plutôt celui
qui peut précipiter l'àme et le
corps dans la géhenne.
29. Deux passereaux ne se
vendent-ils pas un as? cependant
pas un d'eux ne peut tomber sur
la terre sans votre Père.
90. Les cheveux mémes de
votre tête sont tous comptés.
31. Ainsi ne craignez point :
vous valez plus qu'un grand
nombre de passereaux.
39. Quiconque donc me confes-
sera devant les hommes, moi
aussi je le confesserai devant
mon Père qui est dans les cieux :
33. Mais celui qui m'aura renié
devant les hommes, moi aussi je
le renierai devant mon Père qui
est dans les cieux.
34. Ne croyez pas que je sois
venu apporter la paix sur la terre
je ne suis pas venu apporter la
paix, mais le glaive.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
(or. 1
35. Car je suis venu séparer
l'homme de son père, la fille de
sa mere et la belle-fille de sa
belle-mère.
36. Ainsi les ennemis de
l'homme seront les gens de sa
propre maison.
31. Qui aime son père ou 9
mere plus que moi n'est pas digne
de moi, et qui aime son fils ou sa
fille plus que moi, n'est pas digne
de moi.
38. Et qui ne prend pas sa
croix et ne me suit pas n'est pas
digne de moi.
80. Qui trouve son âme, la
perdra, et qui aura perdu son
àme pour l'amour de moi, la re
trouvera.
40. Qui vous recoit, me recoit,
et qui me recoit, recoit celui qui
m'a envoyé.
41. Celui qui recoit un prophete
en qualité de prophète, recevra
la récompense d'un prophete, et
celui qui recoit un juste en qua-
lité de juste, recevra la récom-
pense d'un juste.
49. Et quiconque aura donné à
29. II Rois, xiv, 11; Actes, xxvir, 35. — 32. Marc, vir, 38; Luc, 1x, 26; xir, 8; II Tim.,
at, 12. — 34. Luc, xir, 51. — 36. Mich., vu, 5. — 37. Luc, xiv, 26. — 38. Infra, xvi, 24;
Marc, vir, 34; Luc, xiv, 27. — 39. Luc, 1x, 24; xvit, 33; Jean, xir, 29. — 40. Luc, ,א
Jean, ,זוזא 20. — 42. Marc, 1x, 40.
avons dit sur les habitations des Hébreux dans notre Abrégé d'introduction, etc.,
p. 530, 2e édit. — * Les toits des maisons orientales sont en forme de terrasse. Voir
note sur Mare, tr, 4.
28. Dans la géhenne. Voy. v, 22.
29. Un as. Compar., v, 26. — Sans votre Pére; c'est-à-dire sans la volonté, sans
l'ordre de votre Pére. Le Sauveur veut faire entendre ici à ses apótres qu'ils sont
sous la protection spéciale du Pére céleste, et que, par conséquent, ils n'ont rien à
craindre de la part des hommes.
34. L'Evangile est ce glaive qui sépare un fils de son père, quand ce père veut per-
sister dans son infidélité, ete, Et le verset suivant n'est que l'explication de celui-ci.
39. Qui trouve son âme; c'est-à-dire qui tient beaucoup à sa vie, qui tient par-dessus
tout à la conserver. Dans l'Ecriture, le mot dme, ou substance spirituelle, se prend
aussi pour la vie et les biens de ce monde, et pour la personne méme, le soi. Or, ici
et dans les passages paralléles, Jésus- Christ ἃ eu probablement en vue ces divers
sens.
(cu. x1.]
l'un de ces plus petits seulement
un verre d'eau froide à boire,
parce qu'il est de mes disciples,
en vérité, je vous le dis, il ne
perdra point sa récompense.
CHAPITRE XI.
Saint Jean envoie deux de ses disciples
à Jésus-Christ. Eloge de saint Jean.
Jésus-Christ et saint Jean rejetés par
les Juifs. Villes impénitentes pires que
Sodome. Sages 87608168 ; simples éclai-
rés. Joug de Jésus-Christ doux et léger.
1. Etil arriva que lorsque Jésus
eutfini de donner ces comman-
dements à ses douze disciples, il
partit de là pour enseigner et
précher dans leurs villes.
2. Or, Jean, quand il eut appris
dans la prison les œuvres de
Jésus-Christ, envoyant deux de
ses disciples,
3. Lui dit : Est-ce vous qui devez
venir, ou est-ce unautre que nous
attendons ?
4. Et Jésus, répondant leur dit:
Allez, rapportez à Jean ce que
vous avez entendu et vu :
9. Des aveugles voient, des
boiteux marchent, des lépreux
sont guéris, dessourds entendent,
des morts ressuscitent, des
pauvres sont évangélisés.
6. Et heureux est celui qui
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2353
ne se scandalisera point de moi.
7. Comme ils s'en retournaient,
Jésus commenca à dire de Jean à
la multitude : Qu'étes-vous allés
voir au désert? un roseau agité
par le vent?
8. Mais encore, qu'étes-vous
allés voir? un homme vêtu mol-
lement ? Mais ceux qui se vêtent
mollement sont dans les maisons
des rois.
9. Qu'étes-vous donc allés voir?
un prophete ? Oui, je vous le dis,
et plus quun prophete;
10. Car c’est lui dont il est écrit:
Voici que moi j'envoie mon ange
devant votre face, lequel prépa-
rera votre voie devant vous.
11. En vérité, je vous le dis, il
ne s'est pas élevé entre les enfants
des femmes de plus grand que
Jean-Daptiste ; mais celui qui est
le plus petit dans le royaume des
cieux est plus grand que lui.
19. Or, depuis les jours de Jean-
Baptiste jusquà présent, le
royaume des cieux souffre vio-
lence, et ce sont des violents qui
le ravissent,
13. Car tous les prophètes et la
loi ont prophétisé jusqu'à Jean.
14. Et si vous voulez le com-
prendre, il est lui-même Elie qui
doit venir.
2. Luc, vu, 18. — 5. Isaie, xxxv, 5; Lxt, 1. — 7. Luc, vir, 24. — 10. Mal., ur, 1; Marc.,
I, 2; Luc, vit, 27. — 14. Mal., 1v, 5.
1. Par les villes des douze apôtres, on peut entendre celles de la Galilée, où les
apótres étaient tous ou presque tous nés.
2. * Saint Jean-Baptiste était prisonnier à Machéronte, à l’est de la mer Morte. Voir
note sur Matth., xiv. 3.
14. La prophétie de Malachie (tv, 5, 6), dont l'objet littéral est l'avénement personnei
d'Elie, qui doit précéder le dernier avènement, se trouve aussi vérifiée dans un pre:
mier sens moins littéral en la personne de Jean-Baptiste, qui fut suscité dans l'esprit
et dans la vertu d'Elie (Luc, 1, 11) pour précéder le Messie, au temps de son premier
avènement. Les Juifs, qui confondaient ce double avénement du Messie, attendaient
alors Elie méme en personne.
A
N. ΠΣ 148
2394
45. Que celui qui a des oreilles
pour entendre, entende.
16. Mais à qui comparerai-je
cette génération? Elle est sem-
blable à des enfants assis dans la
place qui, criant àleurs compa-
gnons,
11. Disent : nous avons chanté
pour vous, et vous n'avez point
dansé ; nous nous sommes lamen-
tés, et vous n'avez poussé ni
plaintes ni gémissements.
18. Jean, en effet, est venu ne
mangeant, ni ne buvant, et ils
disent : Il est démoniaque.
19. Le Fils de l’homme est venu
mangeant et buvant, et ils disent :
Voilà un homme de bonne chère
et adonné au vin, ami des pu-
blicains et des pécheurs. Mais la
sagesse a été justifiée par ses en-
fants.
20. Alors il commença à faire
des reproches aux villes dans les-
quelles s'était opéré le plus grand
nombre de ses miracles, de ce
qu'elles n'avaient pas fait péni-
lence.
91. Malheur à toi, Corozain;
malheur à toi, Bethsaïde! car si
les miracles qui ont été faits au
milieu de vous avaient été faits
dans Tyr et Sidon, elles auraient
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
(cu. x1.]
fait pénitence autrefois sous le
cilice et dans la cendre.
99. Aussi, je vous le dis : Pour
Tyr et pour Sidon, il y aura plus
de rémission au jour du juge-
ment que pour vous.
25. Et toi, Gapharnaüm, est-ce
jusqu'au ciel que tu t'éleveras?
Tu descendras jusqu'aux enfers,
parce que, si dans Sodome avaient
été faits les miracles qui ont été
faits au milieu de toi, elle aurait
peut-être subsisté jusqu'à ce jour. -
24. Dien plus, je vous dis que
pour le pays de Sodome, il y aura
au jour du jugement plus de ré-
mission que pour toi.
25. Encetemps-là, Jésus prenant
la parole, dit : Mon Père, Seigneur
ducieletde laterre,je vous rends
eloire de ce que vous avez caché
ces choses aux sages et aux pru-
dents, et que vous les avez révé-
lées aux petits.
26. Oui, mon Père, parce qu'il
vous a plu ainsi.
97. Toutes choses m'ont été
données par mon Père. Et nul ne
connait le Fils, si cen'est le Père;
et nul ne connait le Père, si ce
n'est le Fils, et celui à qui le Fils
aura voulu le révéler.
28. Venez à moi, vous tous qui
21. Luc, x, 13. — 27. Jean, vi, 46; vir, 28; viri, 19; x, 15.
91. * Corozain, bourgade de Galilée, qui n'est mentionnée ni dans l'Ancien Testament
nidans Joséphe. S. Jérome dit qu'elle était située à deux mille romains de Capharnaüm,
sur les bords du lac de Génésareth. Beaucoup la placent aujourd'hui au nord de
Capharnaüm dans la plaine. — Bethsaïde, ville de Galilée, dont le nom signifie maison
de péche, située sur la rive occidentale du lac de Génésareth, non loin de Capharnaüm.
Il y avait à l'extrémité septentrionale du lac, à l'est, prés du Jourdain, une autre
Bethsaide, qui faisait partie de la Gaulonitide; elle fut agrandie par Philippele té-
trarque et reçut le surnom de Julias, en l'honneur de Julie, fille de l'empereur Au-
guste. D'aprés plusieurs interprétes, la Bethsaide dont il est question dans S. Luc,
ix, 10, et aussi dans S. Mare, vin, 22, est Bethsaide-Julias; dans tous les autres pas-
sages du Nouveau Testament où Bethsaide est nommée, il faut entendre celle de Gas
lilée. — Tyr et Sidon. Voir Marc, m, 8.
33. * Capharnaüm, voir Matt., vir, 5.
[cu. [.זנצ
prenez de la peine et qui êtes
chargés, et je vous soulagerai.
29. Prenez mon joug sur vous,
et apprenez de moi que je suis
doux et humble de cœur, et vous
trouverez du repos pour vos
ámes.
| 80. Car mon joug est doux et
mon fardeau léger.
CHAPITRE XII.
Murmures des pharisiens contre les dis-
ciples de Jésus-Christ, qui arrachaient
des épis un jour de sabbat. Guérison
d'un homme qui avaitla main desséchée.
Douceur du Messie. Possédé aveugle et
muet. Blasphèmes des pharisiens. Pé-
ché contre le Saint-Esprit. Miracle de
Jonas. Démon rentrant. Mère et frères
de Jésus-Christ.
4. En ce temps-là, Jésus passait
le long des blés un jour de sab-
bat, et ses disciples ayant faim se
mirent à cueillir des épis et à les
manger.
2. Les pharisiens voyant cela
lui dirent : Voilà que vos disciples
font ce qu’il n’est pas permis de
faire aux jours du sabbat.
3. Mais 11 leur dit : N'avez-vous
point lu ce que fit David, lorsqu'il
eut faim, lui et ceux qui étaient
aveclui?
4. Comme il entra dans la mai-
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2990
son de Dieu, et mangea les pains
de proposition qu'il ne lui était
pas permis de manger, ni à ceux
qui étaient avec lui, mais aux
prétres seuls?
9. Ou n'avez-vous pas lu dans
laloi, qu'aux jours du sabbat les
prétres, dans le temple, violent
le sabbat et sont sans péché?
6. Or, je vous dis qu'il y a ici
quelqu'un de plus grand que le
temple.
7. Et si vous compreniez ce que
signifie: Je veux la miséricorde
et non le sacrifice, vous n'auriez
jamais condamné les innocents.
8. Car le Fils de l'homme est
maitre du sabbat méme.
9. Etant parti de là, il vint dans
leur synagogue.
10. Or, voilà qu'un homme avait
la main desséchée, et ils l'inter-
rogaient, disant : Est-il permis de
guérir les jours de sabbat? afin
de l'accuser.
11. Mais il leur répondit : Quel
sera l'homme d'entre vous qui,
ayant une brebis, si cette brebis
tombe dans une fosse le jour du
sabbat, nelaprendra pas pour l'en
retirer?
19. Orcombien uu homme vaut
mieux qu'une brebis? Il est donc
29. Jérém., vr, 16. — 30. I Jean, v, 3. — (ΒΑΡ. XII. 1. Marc, 11, 23; Luc, vi, 1. —
* XXIE, ἊΣ:
3. I Rois, xxr, 6. — 4. Lévit,, xxiv, 9. — 5. Nom., xxvii, 9. — 7. 1 Rois, xv, 22;
Eccl., 1v, 17; Osée, vi, 6; Supra, 1x, 13. — 10. Marc, ur, 1; Luc, vi, 6. — 11. Deutér.,
dans un champ (Deut., xxii, 25).
1. * La loi mosaique permettait à ceux qui avaient faim de cueillir quelques épis
4. Les pains de proposition sont ceux qu'on exposait tous les samedis sura table
d'or devant le Seigneur.
6. * Que le temple, en grec, hiéron. Voir Matt., xxi, 12.
9. * Dans leur synagogue. Voir Matt., iv, 23.
11. On a prétendu qu'il n'est pas permis aux Juifs de retirer, le jour du sabbat,
une bête d'un puits ou d'une fosse où elle serait tombée, et que, par conséquent, le
discours de Jésus-Christ n'est pas conforme à la vérité. Nous convenons que cette
défense existe, mais elle est bien postérieure au temps de Jésus-Christ.
2356
permis de faire le bien les jours
de sabbat.
13. Alors il dit à cet homme :
Etends ta main. Il l'étendit, et
elle devint saine comme l'autre.
14. Cependant les Pharisiens
élant sortis tinrent conseil contre
lui comment ils le perdraient.
15. Mais Jésus, le sachant, par-
tit de là, et beaucoup le suivirent
et il les guérit tous.
16. Et il leur ordonna de ne
point le révéler.
11. Afin que füt accomplie la
parole du prophète Isaie, disant :
18. Voici mon serviteur que j'ai
choisi, l'objet de ma dilection, en
qui mon áme a mis toutes ses
complaisances. Je ferai reposer
mon esprit sur lui, et il annon-
cera la justice aux nations.
19. Il ne disputera point, il ne
criera point, el personne n'enten-
dra sa voix dans les places pu-
bliques.
90. Iln'achevera pas de rompre
un roseau à demi brisé, et n'é-
teindra point une mèche encore
fumante, jusqu'à ce quil assure
le triomphe de la justice.
91. Et les nations espéreront
en son nom.
22. Alors on lui présenta un dé-
moniaque, aveugle et muet, et il
L'EVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
(cu. xn.]
le guérit, en sorte qu'il parlait et
voyait.
95. Et tout le peuple, frappé de
stupéfaction, disait: N'est-ce point
là le Fils de David?
24. Or, entendant cela, les pha-
risiens disaient: Celui-ci ne chasse
les démons que par Béelzébub,
prince des démons.
95. Mais, Jésusconnaissantleurs
pensées, leur dit : Tout royaume
divisé contrelui-méme seraruiné,
et toute ville ou maison divisée
contre elle-méme ne subsistera
pas.
90. Que si Satan chasse Satan,
il est divisé contre lui-méme;
comment done son royaume sub-
sistera-t-il?
27. Et si moi je chasse les dé-
mons par Béelzébub, par qui vos
enfants les chassent-ils? C'est
pourquoi ils seront eux-mêmes
vos juges.
28. Mais si je chasse les démons
par l'esprit de Dieu, le royaume
de Dieu est donc parvenu jusqu'à
vous.
29. D'ailleurs, comment quel-
qu'un peut-il entrer dans la mai-
son du fort et enlever ce qu'il pos-
sede,siauparavantil nelie le fort?
C'estalors qu'il pillera sa maison.
30. Qui n'est pas avec moi est
18. Isaie, xri, 1. — 24. Supra 1x, 34; Marc, ur, 22; Luc, xr, 15. — 25. Luc, xr, 17.
18-21. Ce texte d'Isaie (xru, 1-4) s'applique à Jésus-Christ méme dans le sens lit-
téral. En effet, Jésus-Christ était Fils coéternel et consubstantiel au Pére par 88
nature divine, mais il s'est rendu son serviteur, comme 16 dit saint Paul (PAilipp.,
1, 2), en serevétant de la chair et des infirmités humaines.
24, * Béelzébub. Voir Matt., x, 25.
29. Le fort, ou le fort armé,comme l'appelle saint Luc (x1, 21), était 16 la£riensis des
anciens, c'est-à-dire un officier fidéle et vaillant à quil'on confiait la garde d'une
maison.
30. Jésus-Christ parle ici à des pharisiens, qui, par le seul refus qu'ils faisaient de
croire en lui, formaient une opposition des plus fortes à la prédication de l'Evangile.
Car, comme ils étaient les plus accrédités des Juifs, leur exemple empéchait un
grand nombre de conversions,
L'ÉVANGILE SELON [.זזצ .אס]
contre moi, et qui ne rassemble
pas avec moi, disperse.
31. C'est pourquoi je vous dis :
Tout péché et tout blasphème
sera remis aux hommes; mais le
blasphème contre l'Esprit ne sera
point remis.
32. Et quiconque aura parlé
contre le Fils de l'homme, il lui
sera remis, mais si quelqu'un 8
parlé contre l'Esprit-Saint, il ne
lui sera remis, ni en ce siecle, ni
dans le siecle à venir.
33. Ou estimez l'arbre bon et
le fruit bon; ou estimez larbre
mauvais et le fruit mauvais; car
c'est par le fruit qu'on connait
l'arbre.
34. Race de vipères, comment
pouvez-vous dire de bonnes
choses, puisque vous étes mau-
vais? C'est. en effet, de l'abon-
dance du cœur que la bouche
parle.
39. L'homme bon tire du bon
trésor de bonnes choses, et
l'homme mauvais tire du mau-
vals trésor de mauvaises choses.
80. Orje vous dis que toute pa-
role oiseuse que les hommes au-
SAINT MATTHIEU. 2357
ront dite ils en rendront compte
au jour du jugement.
31. Car c'est partes paroles que
tu seras justifié et par tes paroles
que tu seras condamné.
38. Alors quelques-uns des
scribes et des pharisiens prirent
la parole aprèslui, disant : Maitre,
nous voulons voir un miracle de
vous.
39. Jésus, répondant, leur dit :
Une génération méchante et adul-
iere demande un miracle, et il
ne lui sera donné d'autre miracle
que celui du prophète Jonas.
40. Car comme Jonas fut trois
jours et trois nuits dansle ventre
du poisson, ainsi le Fils de
l'homme sera dans le sein de la
terre trois jours et trois nuits.
41. Les Ninivites se léveront au
jugement avec cette génération
etla condamneront, parce qu'ils
firent pénitence à la prédication
de Jonas, et cependant il y a ici
plus que Jonas.
42. La reine du Midi se lèvera
au jugement avec cette généra-
tion, et la condamnera, parce
qu'elle vint des extrémités de la
3l. Marc, ur, 28, 29; Luc, xu, 10. — 34. Luc, vr, 45. — 39. Infra xvi, 4; Luc, xt, 29;
I Cor., 1, 22; Jon., 11, 1. — 41. Jon., uir, 5. — 42. ΠῚ Rois, x, 1; II Par., 1x, 1.
32. 1] résulte du contexte màme que le péché contre le Saint-Esprit, dont il est ici
parlé, consiste à attribuer au démon les miracles du Sauveur. Or ce péché est dit
irrémissible, parce qu'il est moralement impossible d'en obtenir la rémission,
attendu qu'il y ἃ une malice intrinsèque naturellement opposée au pardon. 1] faudrait
pour cela un miracle de la grâce que Dieu n’accorde pas selon le cours ordinaire de
sa providence. D'un autre cóté, c'est un dogme de la foi catholique qu'il n'y a aucun
péché absolument irrémissible, l'Eglise ayant reçu le pouvoir de remettre tous les
péchés sans exception, et Dieu, dans sa miséricorde, pouvant toucher le cœur du
pécheur le plus endurci.
31. Car c'est par tes paroles, etc. 11 parait que c'est un proverbe que l'évangéliste
rapporte textuellement, puisque les verbes sont au singulier.
40. Si l'on a égard à la manière dont les Juifs divisaient le temps, on reconnaîtra
sans peine que le corps de Jésus-Christ est resté trois jours et trois nuits dans le sein
de la terre. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 535, 2e édit.
42. La reine du Midi; c'est-à-dire la reine de Saba, province d'Arabie située au
sud de la Judée.
9308
terre écouter la sagesse de Salo-
mon; et cependant il y a ici plus
que Salomon.
49. Lorsque l'esprit impur est
sorti d'un homme, il s'en va er-
rant en des lieux arides, cher-
chant du repos, et il n'en trouve
point.
44. Alors 11 dit : Je retournerai
dans ma maison d'où je suis
sorti, et y revenant, il la trouve
libre, purifiée de ce qui la souil-
lait et ornée.
45. Alors il va et prend sept
autres esprits plus mauvais que
lui, et entrant, ils y demeurent;
et le dernier état de cet homme
est pire que le premier. Ainsi en
sera-t-il de cette génération per-
verse.
46. Lorsqu'il parlait encore au
peuple, voilà que sa mère et ses
freres étaient dehors, cherchant
à lui parler.
41. Quelqu'un lui dit : Voilà
votre mere et vos frères qui sont
dehors et qui vous cherchent.
48. Mais, répondant à celui qui
lui parlait, il dit : Qui est ma mère
et qui sont mes frères?
49. Et étendant la main vers ses
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[cu. xur.]
disciples, il dit : Voici ma mère
et mes frères.
50. Car quiconque fait la volonté
demon Père qui estdansles cieux,
celui-là est mon frère et ma sœur
et ma mère.
CHAPITRE XIII.
Parabole de la semence et son explica-
tion. Plusieurs autres paraboles. Jésus
méprisé dans sa patrie.
1. Ce jour-là, Jésus étant sorti
de la maison, s'assit sur le bord
de la mer.
2. Et il s'assembla près de lui
une grande foule, de sorte que,
montant sur la barque, il s'assit,
et la foule resta sur le rivage;
3. Et il leur annonca beaucoup
de choses en paraboles, disant :
Voilà que celui qui sème est sorti
pour semer.
4. Et, pendant qu'il semait, des
grains tombèrent le long du che-
min, etles oiseaux du ciel vinrent
et les mangerent.
ὃ. D'autres tombèrent sur un
terrain pierreux, oü il n'y avait
pas beaucoup de terre, et ils le-
vèrenttrès vite, parce quela terre
était peu profonde.
43. Luc, xr, 24. — 45. II Pierre, 11, 20. — 46. Marc, ri, 31; Luc, vu, 19. — (ΒΑΡ. XIII.
2. Marc, rv, 1; Luc, vin, 4.
46. On sait que chez les anciens et surtout chez les Hébreux le mot frère se prenait
dans le sens de cousin et de proche en général. — Sur les fréres du Seigneur, voir
la note 9 de M. Glaire à la fin du volume.
48-50. La réponse du Sauveur signifie, selon l'explication des Péres, que quand il
s'agit de la gloire et des intéréts de Dieu, on ne doit considerer ni parents ni amis;
pas plus qu'on ne doit considérer la chair et le sang, dès qu'ils s'opposent à ce que
Dieu demande de nous. Enfin Jésus-Christ nous apprend par là qu'il préfère aux
parents et aux amis selon la chair, ceux qui lui sont attachés selon l'esprit, ceux qui
l'écoutent, qui l'aiment et qui le suivent. Ainsi sa réponse n'avait nullement pour
but de montrer du mépris pour sa mére et ses parents.
4. * Jésus étant sorti de la maison, probablement à Capharnaüm, où il demeurait
depuis le commencement de son ministère (Matt., iv, 13). — S'assit sur le bord de la
mer de Galilée ou lac de Tibériade.
3. * En paraboles. Sur les paraboles de l'Evangile, voir la note 10 à la fin du vo-
lume.
[cu. xin.]
6. Mais le soleil s'étant levé, ils
furent brülés, et parce qu'ils n'a-
vaient point de racine, ils se des-
séchèrent.
7. D’autres tombèrent parmi
les épines, et les épines crürent
et les étouffèrent.
8. D'autres tombèrent dans une
bonne terre et produisirent des
fruits, l'un cent, l'autre soixante,
l'autre trente.
9. Que celui qui a des oreilles
pour entendre, entende.
10. Et ses disciples s'appro-
chant, lui dirent : Pourquoi leur
parlez- vous en paraboles?
11. Il leur répondit, en disant :
Parce que, pour vous, il vous ἃ
été donné de connaitre les mys-
teres du royaume des cieux ; mais,
pour eux, il ne leur a pas été
donné.
12. Car celui qui a, on lui don-
nera, et il sera dans l'abondance;
mais celui qui n’a pas, méme ce
qu'il a lui sera 6.
13. C'est pourquoi je leur parle
en paraboles, parce que voyant,
ils ne volent point, et qu'écou-
tant, ils n'entendent ni ne com-
prennent.
14. Aussi, c'est en eux que s'ac-
complit la prophétie d'Isaie, di-
sant : Vous écouterez de vos
oreilles, et vous ne compren-
drez point; vous regarderez de
vos yeux, et vous ne verrez
point.
15. Car le cœur de ce peuple
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2359
s'est appesanti, et ses oreilles se
sont endurcies, et ils ont fermé
leurs yeux, de peur que leurs
yeux ne voient, que leurs oreilles
n'entendent, que leur cœur ne
comprenne, et que. se convertis-
sant, je ne les guérisse.
16. Mais heureux vos yeux,
parce qu'ils voient, et vos oreilles,
parce qu'elles entendent.
47. Car, en vérité, je vous dis
que beaucoup de prophètes et de
justes ont désiré voir ce que vous
voyez, et ne l'ont pas vu; en-
tendre ce que vous entendez, et
ne l'ont point entendu.
18. Vous donc, entendez la pa-
rabole de celui qui seme.
19. Quiconque entend la parole
du royaume et ne la comprend
pas, l'esprit malin vient et il en-
lève ce qui a été semé dans son
cœur : tel est celui qui a recu la
semence lelong du chemin.
20. Celui qui a recu la semence
dans les endroits pierreux, c'est
celui qui écoute la parole et la re-
coit d'abord avec joie;
21. Mais comme il n'a pas en lui
de racine, il ne se maintient pas
longtemps; car la tribulation et
la persécution survenant à cause
de la parole, 1} est aussitót scan-
dalisé.
22. Celui qui a recu la semence
parmi les épines, c'est celui qui
écoute la parole; mais les solli-
citudes de ce siècle et la trom-
perie des richesses étouffent cette
12. Infra xxv, 29. — 14. Isaie, vr, 9; Marc, tv, 12; Luc, vir, 10; Jean, xir, 40; Actes,
xxvi, 26; Rom., xr, 8. — 17. Luc, x, 24.
13. I] ne s'agit ici que des mystères du royaume de Dieu. et non des préceptes
évangéliques que tous doivent entendre et pratiquer. Or Jésus-Christ ne proposait
qu'en paraboles les mystéres aux Juifs, afin de les punir de l'aveuglement de leur
esprit et de l'endurcissement de leur cœur. Voy. Mare, tv, 12.
2860
parole, et elle reste sans fruit.
93. Mais celui qui a recu 18 se-
mence dans une bonne terre, c'est
celui qui écoute la parole et la
comprend; qui porte du fruit, et
rend ou cent, ou soixante, ou
trente.
24. Il leur proposa une autre
parabole, disant : Le royaume des
cieux est semblable à un homme
qui avait semé du bon grain dans
son champ.
95. Mais pendant que les
hommes dormaient, son ennemi
vint et sema de l'ivraie au milieu
du froment, et s'en alla.
96. L'herbe ayant done crü et
produit son fruit, alors parut aussi
l'ivraie.
97. Cependant les serviteurs du
père de famille s'approchant, lui
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[cu. xum.]
vous pas semé du bon grain dans
votre champ? D'où vient donc
qu'il y a de l'ivraie?
98. Et il leur répondit : C'est
un homme ennemi qui a fait eela.
Les serviteurs lui demandèrent :
Voulez-vous que nous allions l'ar-
racher?
29. Il répondit : Non, de peur
qu'arrachant l'ivraie, vous n'ar-
rachiez aussi le froment avec
elle.
30. Laissez l'un et l’autre croître
jusqu'à la moisson, et, au temps
de la moisson, je dirai aux mois-
sonneurs : Arrachez d'abord 11-
vraie, et liez-la en gerbes pour la
brüler; mais le froment, rassem-
blez-le dans mon grenier.
31. Il leur proposa une autre
parabole, disant : Le royaume
demandèrent : Seigneur, n'avez- | des cieux est semblable à un grain
24. Marc, 1v, 26. — 31. Marc, 1v, 31; Luc, xir, 19.
93. Ou cent, etc.; littér. autre cent, etc.
95. * L'ivraie est une plante aunuelle, de la famille des graminées et de la tribu des
hordéacées. Il en existe plusieurs espèces. Celle de la parabole est le Lolium temu-
lentum ou ivraie enivrante. Elle est commune dans les moissons d'Europe comme
en Palestine. « L'ivraie enivrante est la seule graminée qui possède des propriétés
malfaisantes. Son nom lui vient de l'espéces d'ivresse qu'elle occasionne. Ses semences
mélées au blé, ont souvent produit des symptómes d'empoisonnement, des nausées,
des vertiges. » (CnENv.) Par la cuisson, l'action de la chaleur lui enlève ses propriétés
malfaisantes. — Son ennemi sema de l'ivraie.«Notre -Seigneur n'a rien imaginé ici,
mais il parle d'un acte de malice qui a dû être connu de ses auditeurs. La loi ro-
maine le suppose, et un écrivain moderne (Rogers), en parlant des coutumes et des
mœurs de l'Orient, affirme qu'il est également pratiqué dans l'Inde. « Voyez, dit-il,
ce coquin attentif au moment où sou voisin labourera son champ; dés que le champ
est ensemencé, il s'y rend à son tour, le nuit, et y répand ce que les natifs appellent
pandinellu, c'est-à-dire de l'ivraie; elle croit avant la bonne semence et se propage
rapidement, tellement que le malheureux propriétaire du champ doit attendre des
années avant de pouvoir se débarrasser de cette plante nuisible. » (TRENCH, L'àvraie.)
29-30. * L'ivraie, avaut de s'étre développée, ressemble si fort au froment, qu'il est
trés difficile de distinguer les deux plantes l'une de l'autre. Mais > quand 16 blé com-
mence à former l'épi, l'ivraie fait de méme, et alors un enfant ne peut plus la con-
fondre avec le froment ou avec l'orge. Auparavant le triage serait impossible. Les
cultivateurs eux-mémes qui, en Palestine, ont l'habitude d'arracher les mauvaises
herbes dans leurs champs, n'essaient point d'enlever l'ivraie. » (THomson.)
31. *Un grain de sénevé ou de moutarde. La sinapis nigra ou moutarde noire de
Palestine est une plante annuelle, aux rameaux nombreux et à larges feuilles. Tous
les voyageurs rapportent qu'en Terre Sainte, elle atteint, méme à l'état sauvage, de
grandes proportions et s'éléve souvent à plus de trois métres de hauteur, de sorte
que les oiseaux du ciel peuvent se reposer littéralement sur ses rameaux.
[cu. [.זזזצ L'ÉVANGILE SELON
de sénevé, qu'un homme prit et
sema dans son champ.
32. C'est, à la vérité, le plus
petit de tousles grains ; mais lors-
qu'il a ,עס il est plus grand que
toutes les plantes, etil devient un
arbre; de sorte que les oiseaux
du ciel viennent habiter dans ses
rameaux.
33. Il leur dit encore cette autre
parabole : Le royaume du ciel est
semblableaulevain qu'unefemme
prend et méle dans trois mesures
de farine, jusqu'à ce que le tout
ait fermenté.
94. Jésus dit toutes ces choses
en paraboles à 18 multitude; et il
ne lui parlait point sans para-
boles;
99. Afin que s'accomplit la pa-
role du prophète disant : J'ouvri-
rai ma bouche en paraboles, et
je révélerai des choses cachées
depuis la fondation du monde.
90. Alors, la multitude ren-
voyée, il vint dans la maison, et
ses disciples s'approchérent de
lui, disant : Expliquez-nous la pa-
robole de livraie semée dans le
champ.
91. Jésus répondant, leur dit :
Celui qui seme le bon grain, c'est
le Fils de l'homme,
38. Etle champ, c'estle monde.
Mais le bon grain, ce sont les en-
SAINT MATTHIEU. 2361
fants du royaume, et l’ivraie les
enfants du malin esprit.
39. L'ennemi qui la semée,
c'est le démon. La moisson, c'est
la consommation du siècle; et les
moissonneurs sont les anges.
40. Comme donc on arrache
l'ivraie et qu'on la brüle dans le
feu, ainsi en sera-t-il àla consom-
mation du siecle.
41. Le Fils de l'homme enverra
ses anges, et ils enlèveront de
son royaume tous les scandales
61 ceux quicommettentTl'iniquité;
42. Et ils les jetteront dans la
fournaise du feu. Là serale pleur
et le grincement de dents.
43. Alors les justes resplendi-
ront comme le soleil dans le
royaume de leur Père. Que celui
qui a des oreilles pour entendre,
entende.
44. Le royaume des cieux est
semblable à un trésor caché dans
un champ; celui qui l'a trouvé,
le cache, et à cause de la joie qu'il
en a, il va et vend tout ce quil a,
et il achète ce champ.
49. Le royaume des cieux est
encore semblable à un marchand
qui cherchait de bonnes perles ;
46. Or, une perle précieuse
trouvée, il s'en alla, vendit tout
ce qu'il avait, et l'acheta.
41. Le royaume de Dieu est
33. Luc, א 21. — 35. Ps. Lxxvir, 2. — 86, Marc, 1v, 34. — 39. Apoc., xiv, 15. =
43. Sagesse, ΠῚ, 7; Daniel, xir, 3.
om i t
32. * Il devient un arbre. Les premiers chrétiens ont souvent représenté Jésus-Christ
dans le tombeau avec un arbre qui sort de sa bouche et sur les branches duquel
sont les Apótres.
33. * Trois mesures de farine, trois sata, c'est-à-dire environ 39 litres.
39. La consommation du siécle; c'est à-dire la fin du monde.
A4. * > Saint Augustin nous dit que le champ dans lequel on peut trouver le céleste
trésor n'est autre que la vraie Eglise, parce que dans l'Eglise seule nous pouvons trou-
ver dans toute leur pureté et les dogmes révélés de Dieu, et les lois qu'il nous ἃ impo-
sées, et le culte qu'il exige. » (VENTURA DE RAULICA.)
2362
encore semblable à un filet jeté
dans la mer, qui prend toutes
sortes de poissons ;
48. Et, lorsqu'il est plein. 58
pécheurs le retirant, puis, s'as-
seyant sur le rivage, ils choisis-
sentles bons, les mettent dans
des vases, et jettent les mauvais
dehors.
49. Ainsi en sera-t-il à la con-
sommation du siècle ; les anges
viendront et sépareront les mé-
chants du milieu des justes,
50. Etles jetteront dans la four-
naise du feu. Là sera le pleur et
le grincement de dents.
91. Avez-vous bien compris
tout ceci? Ils lui dirent : Oui.
52. Et il ajouta : C'est pourquoi
tout 807126, instruit de ce qui
touche le royaume des cieux, est
semblable au pere de famille qui
lire de son trésor des choses
nouvelles et des choses anciennes.
59. Et il arriva que, lorsque
Jésus eut achevé ces paraboles,
il partit de là.
94. Or étant venu dans son
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[en. xiv.]
pays, il les instruisait dans leurs
synagogues ; de sorte que saisis
d'étonnement, ils disaient : D’où
viennent à celui-ci cette sagesse
et ces miracles ?
55. N'est-ce pas le fils du char-
pentier? Sa mère ne s'appelle-
t-elle point Marie? et ses freres,
Jacques, Joseph, Simon et Jude?
56. Et ses sœurs, ne sont-elles
pas toutes parmi nous? D'oü lui
viennent donc toutes ces choses?
57. Et ils se scandalisaient de
lui. Mais Jésus leur dit : Un pro-
phète n'est pas sans honneur si ce
n'est dans sa patrie et dans sa
maison.
58. Et il ne fit pas là beaucoup
de miracles, à cause de leur in-
crédulité.
CHAPITRE XIV.
Mort de saint Jean-Baptiste. Multipliea-
tion des cinq pains et des deux pois-
sons. Jésus et Pierre marchent sur les
eaux. Vertus des vótements de Jésus-
Christ.
1. En ce temps-là Hérode, le
54. Marc, vi, 1; Luc, 1v, 16. — 55. Jean, vr, 42. — (παρ. XIV.1. Marc, vi, 14; Luc, 1x, T.
54. * Elant venu dans son pays, Nazareth.
55-56. Ses frères, ses sœurs, c'est-à-dire ses cousins, ses cousines, ses parents en
général. Voyez la note supplémentaire sur Matth., xir, 46. — * Jacques est saint Jacques
le Mineur, un des douze apótres. Jude est l'apótre saint Jude, l'auteur de l'épitre catho-
lique qui porte son nom. Simon fut le successeur de saint Jacques le Mineur, son frére,
sur le siège de Jérusalem. On ne connait de Joseph (ou Josès, comme l'appelle le texte
grec) que son nom. Ces quatre cousins de Notre-Seigneur étaient fils de Cléophas et
d'une Marie qui était sœur ainée de la sainte Vierge, suivant les uns; sa belle-
sœur suivant les autres, Cléophas étant le frère de saint Joseph, époux de la sainte
Vierge.
58. A cause de leur incrédulilé ; pour les punir de leur incrédulité.
1. On. donnait le titre de /éfrarques à des princes qui gouvernaient la quatrième
partie d'un royaume démembré. — * Hérode le tétrarque s'appelait aussi Antipas et il
était fils, comme Archélaüs (voir Matth., u, 22), d'Hérode le Grand et de Malthace la
Samaritaine. Aprés la mort de son pére, il devint tétrarque de la Galilée et de la
Pérée. 11 épousa d'abord une fille du roi arabe Arétas mais se lia ensuite avec Héro-
diade, sa nivce, femme de son demi-frère, Hérode Philippe (Matth., xiv, 3). Cette
liaison coupable fit de lui le meutrier de saint Jean-Baptiste et amena plus tard sa
ruine, comme il est dit, note sur Matth., xiv, 3. C'est à cet Hérode que Pilate envoya
Notre Seigneur (Luc, xxi, 1-12). C'était un esprit faible, superstitieux, rusé et sans
[cu. xiv.]
tétrarque, appritla renommée de
Jésus;
9. Et il dit à ses serviteurs :
C'est Jean-Baptiste, c'est lui-
méme qui est ressuscité des
morts, et voilà pourquoi des mi-
racles s'operent par lui :
3. Car Hérode s'était saisi de
Jean, l'avait chargé de fers et
jeté en prison, à cause d'Héro-
diade, femme de Philippe son
frère;
4. Car Jean lui disait : 1 ne t'est
pas permis de l'avoir.
ὃ. Et voulant le faire mourir,
il craignit le peuple qui le tenait
pour prophète.
6. Or, au jour de la naissance
d'Hérode, la fille d'Hérodiade
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2363
dansa au milieu de sa cour, el
plut à Hérode.
7. D'où il lui promit, avec ser-
ment, de lui donner toutce qu'elle
lui demanderait.
8. Mais elle, instruite à l'avance
par sa mère : Donnez-moi, dit-
elle, ici dans un bassin, la tête de
Jean-Baptiste.
9. Et le roi fut contristé ; cepen-
dant à cause du serment et de
ceux qui étaient à table avec lui,
il commanda qu'on la lui donnût.
10. Et il envoya décapiter Jean
dans la prison.
11. Et sa tête fut apportée dans
un bassin, et donnée à la jeune
fille, qui la porta à sa mère.
19. Or ses disciples étant venus
3. Marc, vi, 17; Luc, ,זוז 19, — 5. Infra xxi, 26.
principes (Luc, xur, 31-32). Exilé à Lyon, en l'au 39, il fut transféré ensuite en
Espagne, où il mourut.
3. * Hérodiade était fille d'Aristobule, un des fils d'Hérode le Grand et de Mariamne ;
elle était sœur d'Hérode Agrippa Ier. Elle épousa d'abord Hérode Philippe 16, mais
elle le quitta pour Hérode Antipas, fils d'Hérode le Grand, comme Philippe Ier, mais
par une autre femme. Hérode Antipas était déjà marié depuis longtemps avec une
fille d'Arétas, roi d'Arabie. Ce dernier, pour venger l'affront fait à sa fille, attaqua
l’armée d'Hérode et la tailla en pièces. Le peuple, raconte Josèphe, considéra cette
défaite comme une juste punition du meurtre de Jean-Baptiste, commis peu aupara-
vant pour plaire à Hérodiade et à sa fille Salomé. Ce ne fut pas du reste le seul chá-
timent que Hérodiade attira sur Antipas. Cette femme ambitieuse le pressa d'aller à
Rome pour y obtenir le titre de roi. Les émissaires d'Agrippa combattirent ses pré-
tentions à la cour de Caligula et il fut exilé à Lyon, l'an 39 de notre ére. Sa coupable
épouse l'y aecompagna et c'est 18 qu'elle mourut. — Philippe, 16 mari légitime d'Hé-
rodiade, fils d'Hérode le Grand et de Mariamne, avait été déshérité par son père et
vécut comme simple particulier. C'est sans doute ce qui porta l'ambitieuse Héro-
diade à l'abandonner pour Hérode Antipas. ll ne faut pas confondre ce Philippe
avec sou demi-frére Philippe le tétrarque d'Iturée et de Trachonitide dont parle
saint Luc, ur, À.
4.*La loi de Moïse prohibait le mariage entre beau-frère et belle-sceur, même
divorcés (Lévilique, xvin, 16).
6. * La fille d'Hérodiade qui se fit donner par Hérode Antipas la téte de saint Jean-
Baptiste, en récompense de ses danses, s'appelait Salomé. Elle était fille d'Hérode
Philippe Ier, l'époux légitime d'Hérodiade. Elle épousa en premières noces Philippe,
tétrarque de Trachonitide, et plus tard Aristobule, roi de Chalcis.
10. * Dans la prison. Josephe nous apprend que saint Jean-Baptiste était emprisonné
à Machéronte (Machærus, aujourd'hui M'Kaur), à l'est de la mer Morte. C'était une
forteresse construite par Alexandre fils d'Hyrcan Ier. Hérode le Grand en avait fait
la place la plus forte de la Pérée. La citadelle, située sur une colline de rochers trés
élevés, au milieu de vallées profondes, était entourée d'une enceinte haute de
160 coudées, qui enfermaient le palais royal. Elle est à 4158 mètres au-dessus de la
mer Morte, à 164 mètres au-dessus de la Méditerranée.
9364
prirentson corps etl'ensevelirent;
puisils vinrentl'annoncer àJésus.
13. Ce que Jésus ayant entendu,
il partit de là dans une barque,
pour se retirer àl'écart en un lieu
désert ; mais le peuple l'ayant su,
le suivit à pied, des villes.
14. Et, comme il sortait de la
barque, il vitune grande foule ; il
eut pitié d'eux, et il guérit leurs
malades.
15. Or le soir étant venu, ses
disc: les s'approchérent de lui,
disant : Ce lieu est désert, et déjà
l'heïire est avancée; renvoyez le
peuple, pour qu'ils aillent dans
les villages acheter de quoi
manger.
16. Mais Jésus leur dit : 1] n'est
pas nécessaire qu'ils y aillent ;
donrez-leur vous-mêmes à man-
ODE
17. Ils lui répondirent : Nous
n'avons ici que cinq pains et deux
poissons.
18. Jésus leur dit: Apportez-les-
7701 ἴθ].
19. Et aprés avoir ordonné à la
multitude de s'asseoir sur l'herbe,
il pritles cinq pains et les deux
poissons, et levant les yeux au
ciel, 11168 bénit ; puis rompant les
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
(cii, xiv.]
pains, il les donna à ses disciples,
et ses disciples au peuple.
20. Ils en mangèrent tous et
furent rassasiés; et les disciples
emporterent les restes, douze
paniers pleins de morceaux.
21. Or, le nombre de ceux qui
mangèrent fut de cinq mille
hommes, outre les femmes et les
petits enfants.
22. Aussitót Jésus ordonna à ses
disciples de monter danslabarque
et de le précéder de l'autre cóté
de la mer, tandis au'il renverrait
le peuple.
293. Et, le peuple renvoyé, il
monta seul sur la montagne pour
prier. Or, le soir étant venu, il se
trouvait là seul.
24. Cependant, la barque était
agitée par les flots au milieu de
la mer ; carle vent était contraire.
25. Mais à la quatrième veille
de la nuit, il vint à eux marchant
sur la mer.
26. Or, le voyant marcher sur
18 mer, ils se troublèrentet dirent:
C'est un fantôme ; et ils poussè-
rent des cris de frayeur.
297. Mais Jésus aussitôt leur
parla, disant : Ayez confiance,
c'est moi, ne craignez point.
43. Marc, vi, 81; Luc, ix, 10; Jean, vi, 1. — 17. Jean, vi, 9. — 22. Marc, vi, 45.
— 23. Jean, vi, 15.
13. Des villes; c'est-à-dire des villes voisines. — * Le lieu désert où Jésus se retira se
trouvait dans les environs de Bethsaide-Julias, au nord-est du 186 de Tibériade (Matth.,
xi, 21), dans la tétrarchie de Philippe, prince d'un caractère doux, pacifique. Voir
note sur Luc, i', 1. La région qui s'étend au nord-est du lac est peu peuplée, parce
qu'elle est moins arrosée et par suite moins fertile.
19. Il les bénit. Compar., Luc, 1x, 6.
23. Sur la montagne ; c'est-à-dire 18 montagne voisine. Compar., v, 1.
25. Du temps de Jésus-Christ, les Juifs partageaient la nuit en quatre veilles égales
gntre elles, à la manière des Grecs et des Romains. Voy. notre Abrégé d'introduc-
lion, etc., p. 536, 2e édit. — * La première veille commençait au coucher du soleil; la
seconde, appelée minuit, commençait vers neuf heures et se prolongeait jusqu'au
milieu de la nuit; la troisième, appelée le chant du coq, se terminait vers trois heures
du matin; la quatrième finissait à la pointe du jour.
(en. xv.]
98. Pierre, répondant, dit
Seigneur, si c'est vous, ordon-
nez-moi de venir à vous sur les
eaux.
29. Et Jésus dit : Viens. Et
Pierre descendant de la barque,
marchait sur les eaux pour venir
à Jésus.
30. Mais, voyant la violence du
vent, il eut peur; et comme il
commencait à enfoncer, il eria,
disant : Seigneur, sauvez-moi !
31. Et à l'instant même Jésus
étendant la main, le saisit, et lui
dit : Homme de peu de foi, pour-
quoi as-tu douté ?
32. Or, lorsqu'ils furent montés
dans la barque, le vent cessa.
33. Alors ceux qui étaient dans
la barque, vinrent et l'adorerent,
disant : Vraiment, vous étes le fils
de Dieu.
34. Lorsqu'ils eurent traversé
la mer, ils vinrent dans la terre
de Génésar.
99. Et quand les hommes de
ce lieu l'eurent reconnu, ils en-
voyerent danstoute cette contrée,
et lui présentèrent tous les ma-
lades;
34, Marc, vi, 53. — Cap. XV. 1. Marc, vu, 1l.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2365
36. Et ils lui demandaient de
toucher seulement la frange de
ses vêtements ; et tous ceux qui
la touchèrent furent guéris.
CHAPITRE XV.
Scandale des pharisiens en voyant lea
disciples de Jésus manger sans avoir
lavé leurs mains. Guérison de plu
sieurs malades. Multiplication des sept
pains.
1. Alors s'approchérent de lui
les scribes et les pharisiens de
Jérusalem, disant :
2. Pourquoi vos disciples trans-
gressent-ils la tradition des an-
ciens ? car ils ne lavent pas leurs
mains, lorsquils mangent du
pain.
3. Mais Jésus leur répondit,
disan* : Et vous, pourquoi trans-
gressez-vaus le commandement
de Dieu, pour votre tradition? Car
Dieu ἃ dit :
4. Honore ton père et ta mere;
et quiconque maudira son pere ou
sa mere, mourra de mort.
5. Mais vous, vous dites : Qui-
conque dit à son père ou à sa
mere: Tout don que j'oifre, tour-
— 2. Marc, vir, 5. — 4. Exode, xx,
1?rabBent.. v. 16; Ephés;, vr,.2; Exode, xxr, 17; Levit., xx, 9; Prov., xx, 20.
34. * Génésar ou Génésareth. La terre de Génésar était sur le bord du lac de Géné-
sareth ou de Tibériade, à l'ouest, probablement à l'endroit appelé aujourd'hui el-
Ghoueir, entre Khan Minyèh et Medjdel. Josèphe dit que cette terre était trés fertile
et d'une grande beauté.
36. La frange de ses vélements. Compar., 1x, 20.
2. Manger du pain, ou manger le pain, dans la langue des Hébreux, signifie simple-
ment prendre de la nourriture, faire un repas. — * La tradilion des anciens, c'est-à-
dire des ancêtres, désigne les préceptes pour la plupart rituels qui, d’après les Juifs
d'alors, avaient été donnés oralement par Moïse et transmis oralement jusqu'à eux
soit pour expliquer la loi, soit pour la compléter. Ils y attachaient la même impor-
tance qu'à la loi écrite. Le précepte de laver les mains avant de manger était une ad-
dition à la loi écrite. Dans saint Marc, vir, 1, Jésus appelle cette tradition Za tradition
des hommes, par opposition avec la véritable loi de Dieu.
4. Mourra de mort; c'est-à-dire 77 mourra infailliblement, il sera puni de mort sans
rémission. Daus la Bible, comme dans les auteurs profanes, ce genre de répétition a
pour but de donner de la force et de l'énergie au discours.
9966 L'ÉVANGILE SELON
nera à votre profit, satisfait à la
doi ;
6. Et cependant il n'honore
point son père ou sa mère ; ainsi
vous avez détruit le commande-
ment de Dieu pour votre tradi-
üon.
7. Hypocrites, Isaie a bien pro-
phétisé de vous, disant :
8. Ce peuple m'honore des le-
vres; mais son cœur est loin de
moi.
9. Et il est vain le culte qu'ils
me rendent, enseignant des doc-
trines et des ordonnances hu-
maines.
10. Puis, ayant appelé à lui le
peuple, il leur dit: Ecoutez et
comprenez.
11. Gen'est pasce quientre dans
la bouche qui souilie l'homme;
mais ce qui sort de la bouche,
voilà ce qui souille l'homme.
19. Alors, ses disciples s'appro-
chant, lui dirent : Savez-vous que
les pharisiens, cette parole enten-
due, se sont scandalisés?
13. Mais Jésus, répondant, dit :
Toute plante que mon Père cé-
leste n'a point plantée, sera arra-
chée.
14. Laissez-les; ils sont aveu-
gles et conducteurs d'aveugles ;
SAINT MATTHIEU.
or, si un aveugle conduit un
aveugle ils tombent tous deux
dans une fosse.
15. Prenant alors la parole,
Pierre lui dit : Expliquez-nous
cette parabole.
16. Mais Jésus répondit : Et vous
aussi, étes-vousencore sans intel-
ligence?
11. Ne comprenez-vous point
que tout ce qui entre dans la
bouche vaau ventre, et est rejeté
en un lieu secret ?
18. Mais ce qui sort de la bouche
vient du cœur, et voilà ce qui
souille 'homme.
19. Car du cœur viennent les
mauvaises pensées, les homici-
des, les adulteres, les fornica-
tions, les vols, les faux témoi-
gnages, les blasphèmes.
90. C'est là ee 41] 5011116
l'homme; mais manger sans avoir
lavé ses mains, ne souille point
l'homme.
21. Jésus étant parti de là, se
retira du côté de Tyr et de Sidon.
22. Et voici qu'une femme cha-
nanéenne, sortie de ces contrées,
s'écria, lui disant : Seigneur, fils
de David, ayez pitié de moi ; ma
fille est cruellement tourmentée
par le démon.
fca. xv.]
8. Isaïe, xxix, 15; Marc, vir, 6. — 13. Jean, xv, 2. — 14. Luc, vr, 39, — 15. Marc, vir, 11.
— 24. Marc, vir, 24.
9. Jésus-Christ veut censurer ici les commandements contraires à la loi de Dieu,
comme l'oubli et la négligence des parents, sous prétexte que l'on donne à Dieu, ou
au moins ceux qui ne conduisent nullement à la vraie piété, comme 16 lavement
fréquent des mains, sans égard à la pureté du cceur.
11. On abuse souvent de ces paroles pour autoriser la violation de l'abstinence
prescrite par l'Eglise. Il est vrai que les viandes qui entrent dans le corps de l'homme
ne peuvent souiller son àme; mais le mépris des lois de l'Eglise établie par Jésus-
Christ lui-méme, la sensualité, voilà ce qui souille et rend coupable devant Dieu.
C'est ainsi qu'Adam n'a pas été souillé par le fruit qui entra dans sa bouche, mais
par sa désobéissance à loi de Dieu.
21. * Du cólé de Tyr et de Sidon, villes de Phénicie, sur la Méditerranée, au nord de
la Palestine.
fcu. xv.]
93. Jésus ne lui répondit pas un
mot. Et ses disciples s'approchant
de lui le priaient, disant : Ren-
voyez-la, car elle crie derrière
nous.
24. Mais Jésus répondant, dit :
le n'ai été envoyé qu'aux brebis
perdues de la maison d'Israël.
25. Elle, cependant, vint et l'a-
dora, disant : Seigneur, secourez-
moi!
26. Jésus répliquant, dit: ll n'est
pas bien de prendre le pain des
enfants et de le jeter aux chiens.
97. Mais elle repartit : Il est
vrai, Seigneur; mais les petits
chiens mangent les miettes qui
tombent de la table de leurs mai-
tres.
98. Alors reprenant la pa-
role, Jésus lui dit : O femme,
grande est votre foi; qu'il vous
soit fait comme vous désirez. Et
sa fille fut guérie dès cette heure-
là.
29. Et lorsqu'il fut parti de là,
Jésus vint le long de la mer de
Galilée; et montant sur la mon-
tagne, il s'y assit.
30. Alors s'approcha de lui une
grande foule, ayant avec elle des
muets, des aveugles, des boiteux,
desinfirmesetbeaucoup d'autres;
et on les mit à ses pieds, et il les
guérit :
91. De sorte que la foule était
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2367
dans ladmiration, voyant des
muets parlant, des boiteux mar-
chant, des aveugles voyant ; et
elle glorifiait le Dieu d'Israél.
32. Cependant, Jésus ayant ap-
pelé ses disciples, dit : J'ai pitié
de ce peuple, car il y a déjà trois
jours qu'ils sont constamment
avec moi, et ils n'ont pas de quoi
manger;etje ne veux pas les ren-
voyer à jeun, de peur qu'ils ne dé-
faillent en chemin.
33. Les discipleslui répondirent:
Où donc nous procurer, dans un
désert, assez de pains pour ras-
sasier une si grande multitude?
34. Et Jésus leur demanda :
Combien avez-vous de pains? Et
eux lui dirent : Sept, et quelques
petits poissons.
39. Alorsilcommandaau peuple
de s'asseoir sur la terre.
96. Et prenant les sept pains et
les poissons, et rendant grâces,
il les rompit et les donna à ses
disciples, et ses disciples les don-
nerent au peuple.
31. Ettous mangerent et furent
rassasiés. Et de ce qui resta de
morceaux, ses disciples empor-
terent sept corbeilles pleines.
98. Or, ceux qui mangerent
étaientaunombre de quatre mille
hommes, outre les petits enfants
et les femmes.
39. Etle peuple renvoyé, il mon-
2%. Supra, x, 6; Jean, x, 3. — 30. Isaie, xxxv, 5. — 32. Marc, vr, 1.
23. Jésus-Christ ne répondit rien à cette femme pour éprouver sa foi.
24. Le Messie avait été envoyé pour sauver les nations aussi bien que les Juifs,
mais il ne devait point précher au milieu d'elles; cette mission était réservée à ses
apôtres.
26. Les Juifs traitaient les gentils de chiens, à catise de la corruption de leurs
mœurs.
29. Sur la montagne. Voy. xiv, 23. — * La mer de Galilée. Voir la note 8 à la fin du
volume.
39. * Magédan ou Magdala, comme porte le texte grec, aujourd'hui el-Medjdel, sur
2368
ta dans !à barque, et vint aux
confins d: Magédan.
CHAPITRE XVI.
Prodige demandé ei refusé. Levain des
pharisiens et des sadducéens. Confes-
sion et primauté de saint Pierre. Jésus-
Christ prédit sa passion, sa mort et sa
résurrection. Saint Pierre repris. Croix
et renoncement à soi-même.
4. Alors vinrent à lui les phari-
siens et les sadducéens, pour le
tenter, et ils le prièrent de leur
faire voir un prodige dans le ciel.
2. Mais Jésus répondant leur
dit : Le soir venu, vous dites : : 1
fera beau, car le ciel est rouge.
3. Et le matin : Aujourd'hui, de
l'orage, car le ciel est sombre et
rougeâtre.
4. Vous savez donc juger l'as-
pect du ciel, et vous ne savez pas
reconnaître les signes des temps ?
Une génération méchante et adul-
tere demande un prodige, et il ne
lui sera point donné de prodige,
si ce n'est le prodige du prophète
Jonas. Et les ayant quittés, il s'en
alla.
5. Or, lorsque ses disciples
étaient venus de l'autre cóté de
la mer, ils avaient oublié de pren-
dre des pains.
L'EVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
(en. xvi.]
6. Jésus leur dit : Gardez-vous
soigneusement du levain des pha-
risiens et des sadducéens.
7. Mais eux pensaient en eux-
mémes, disant : C'est parce que
nous n'avons pas pris de pains.
8. OrJésus 10 sachant dit: Pour-
quoi pensez-vous en vous-mémes,
hommes de peu de foi, à ce que
vous n'avez pas de pains?
9. Ne comprenez-vous pas en-
core, et ne vous souvient-il point
des cinq pains distribués aux cinq
mille hommes, et combien de
corbeilles vous avez remportées?
10. Ni des sept pains distribués
aux qualre mille hommes et com-
bien de corbeilles vous avez rem-
portées?
11. Gomment ne comprenez-
vous point que ce n'est pas au su-
jet du pain que je vous ai dit :
Gardez-vous du levain des phari-
siens et des sadducéens?
12. Alors ils comprirent qu'il
n'avait pas dit de se garder du
levain des pains, mais de la doc-
trine des pharisiens et des saddu-
céens.
13. OrJésus vint aux environs
de Césarée de Philippe, et il in-
terrogeait ses disciples, disant :
Quel est celui que les hommes
(παρ. XVI. 1. Marc, vir, 11. — 2. Luc, xii 54. — 4. Supra, xir, 39; Jon., ir, 4. —
6. Marc, vri, 15; Luc, xir, 4. — 9. Supra, xiv, 17; Jean, vr, 9. — 10. Supra, xv, 34. —
43. Marc, vrir, 21.
la rive occidentale du lac de Tibériade, à l'extrémité méridionale de la plaine de
Génésareth, à une heure et un quart environ au nord de Tibériade. On croit que
c'est là qu'était née Marie-Madeleine et que c'est de Magdala qu'elle tirait son surnom.
5. C'était la coutume de ce temps et de ce pays que les voyageurs portassent le
pain dont ils pouvaient avoir besoin.
13.* Césaree de Philippe, aupied del'Hermon, prés d'une des sources du Jourdain, en
Gaulonitide, s'appelait d'abord Panéas. Quand Philippe le tétrarque l'eut agrandie, il
l'appela Césarée en l'honneur de Tibére César, et on y ajouta le nom méme de
Philippe pour la distinguer de la Césarée bàtie sur la Méditerranée, par Hérode le
Grand, entre Joppé et Dora. Aujourd'hui Césarée de Philippe a repris son nom prie
mitif sous la forme Bànias et compte environ 150 maisons.
[cu. xvi.] '"EVANGILE SELON
disent étre le Fils de l'homme?
14. Ceux-ci répondirent : Les
uns disent que c'est Jean-Baptiste;
d'autres, Elie; d'autres Jérémie,
ou quelqu'un des prophètes.
15.Jésusleur demanda: Et vous,
qui dites-vous que je suis ?
16. Prenant la parole, Simon
Pierre dit: Vous étes le Christ, le
fils du Dieu vivant.
47. Et Jésus répondant, lui dit:
Tu es heureux, Simon, fils de
Jean, car ni la chair ni le sang ne
t'ont révélé ceci, mais mon Pere
qui est dans les cieux.
18. Aussi moi je te dis que tu es
Pierre, et sur cette pierre je bâti-
rai mon Eglise, et les portes de
l'enfer ne prévaudront point con-
ire elle.
19. Et je te donnerai les clefs
du royaume des cieux; et tout ce
que tu lieras sur la terre sera lié
aussi dans les cieux; et tout ce
que tu délieras sur la terre, sera
aussi délié dans les cieux.
SAINT MATTHIEU. 2369
20. Alorsil commanda à ses dis-
ciples de ne dire à personne qu'il
était lui-méme Jésus le Christ.
21. Dès lors Jésus commenca à
découvrir à ses disciples qu'il fal-
lait qu'il 81186 à Jérusalem, qu'il
souffrit beaucoup de la part des
anciens, des scribes et des princes
des prêtres ; qu'il fût mis à mort οἱ
que 16 troisieme jouril ressuscitát.
22. Et, le prenant à part, Pierre
se mit àle reprendre, disant: A
Dieu ne plaise, Seigneur! cela ne
vous arrivera point.
23. Mais Jésus se retournant,
dit à Pierre : Retire-toi de moi,
Satan; tu es un scandale pour
moi, parce que tu ne goütes pas
ce qui est de Dieu, mais ce qui
est des hommes.
24. Alors Jésus dit à ses dis-
ciples : Si quelqu'un veut venir
après moi, quil renonce à lui-
méme, qu’il porte sa croix et me
suive.
25. Car qui voudra sauver son
14. Marc, vin, 28; Luc, 1x, 19. — 16. Jean, vr, 10. — 18. Jean, 1, 42. — 19. Isaïe,
xxl, 22; Jean, xx, 23. — 23. Marc, viri, 33. — 24. Supra, x, 38; Luc, ix, 23 et xiv, 21.
— 25. Luc, xvir, 33; Joan, xir, 25.
18. Dans le syro-chaldéen que l'on parlait au temps de Jésus-Christ, il n'y avait
point de différence de genre entre le nom propre Pierre, et le nom commun pierre;
c'est pourquoi, dans cette langue, l'allusion est plus naturelle. — Les portes de l'enfer,
c'est-à-dire le palais, le royaume de l'enfer, l'enfer lui-même. Comme partie princi-
pale d'un édifice, les portes sont mises pour le tout. On dit la Porte Ottomane pour
ie royaume ottoman. hemarquez aussi que l'enfer est souvent représenté dans
1 Ecriture comme un palais ayant des portes et des verrous.
19. Les mots lier et délier sont synonymes d'ouvrir et de fermer ; parce qu'ancien-
nement on ouvrait les portes en déliant la barre, et on les fermait en la liant. Les
clefs sont le symbole de la puissance. Voy. Jean, xxi, 11.
21.* De la part des anciens, des scribes et des princes des prétres. Les anciens, titre
de dignité, dont il est si souvent question dans les Evangiles, sont les membres du
sanhédrin. Cette dénomination provient de ce que primitivement les chefs des villes
eiles juges étaient choisis parmi les vieillards. Dans plusieurs passages des Actes, xr, !
30, etc., et dans les Epitres, le mot d'anciens a un autre sens, comme il sera expliqué
en son lieu. — Sur les scribes et les princes des prêtres, voir la note Matth., 11, 4.
23. Relire-loi, etc. C'est comme si le Sauveur disait: Ma volonté et celle de mon
Père est que [6 meure pour 16 salut des hommes, et tu veux m'empêcher de souffrir;
tu mérites donc d'étre appelé Satan, c'est-à-dire adversaire, contradicteur.
20. Car qui voudra sauver, etc. Compar., x, 39.
N. T. 149
2310
âme, la perdra; mais qui perdra
son âme à cause de moi, la trou-
vera.
26. Et que sert à l'homme de
gagner le monde entier, s'il perd
son âme? Ou quedonneral'homme
en échange de son âme?
97. Carle Fils de l'homme vien-
dra dans la gloire de son Père
avec ses anges; et alors il rendra
à chacun selon ses œuvres.
28. En vérité, je vous dis : Il
y en à quelques-uns ici pré-
sents, qui ne goüteront pas de la
mort jusqu à ce qu'ils voient le
Fils de l'homme venant dans son
royaume.
CHAPITRE XVII.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[cu. &vir.]
Pierre, Jacques et Jean son frere,
et les conduisit sur une haute
montagne, à l'écart.
9. Et il fut transfiguré de-
vant eux; sa face resplendit
comme le soleil, et ses véte-
ments devinrent blancs comme
la neige.
3. Et voiläque Moïse et Elie leur
apparurent, s'entretenant avec
lui.
4. Or, prenant la parole, Pierre
dit à Jésus : Seigneur, il nous est
bon d'étre ici; si vous voulez, fai-
sons-y irois tentes, une pour
vous, une pour Moise, et une pour
Elie.
5. Il parlait encore, lorsqu'une
nuée lumineuse les couvrit. Et
voici une voix dela nuée, disant :
Celui-ci est mon fils bien-aimé, en
qui j'ai mis toutes mes complai-
sances. Ecoutez-le.
6. Or, les disciples entendant
1. Six jours après, Jésus prit | cela, tombèrent sur leur face, et
21. Actes, xvir, 31; Rom., ,זז 6. — 28. Marc, vir, 39; Luc, 1x, 27. — Cap. XVII. 1. Mare,
ix, 1; Luc, 1x, 28. — 5. Supra, ur, 17; II Pierre, 1, 11.
Transfiguration de Jésus-Christ. Avéne-
ment d'Elie. Guérison d'un enfant luna-
tique. Puissance de la foi. Jésus-Christ
prédit sa passion. Il paye le tribut pour
lui et pour saint Pierre.
28. Plusieurs Péres de l'Eglise croient que le Sauveur veut parler de sa transfigu-
ration, rapportée dans le chapitre suivant; l'expression quelques-uns de ceux qui
sont ici donne à ce sentiment une grande probabilité. — * A cause des nombreux pas-
sages paralléles, dans lesquels le texte ne peut s'entendre de la Transfiguration, on
peut donner avec d'autres interprétes l'explication suivante. Au lieu de: Venant dans
son royaume, S. Marc, vin, 39, dit: Venant dans sa puissance: « Pendant tout le pre-
mier siècle, il y eut au sein de l'Eglise une croyance que Jésus allait paraître dans
le monde, pour y établir son règne dorénavant triomphant et glorieux. [Les incré-
dules prétendent que Jésus-Christ parle] d'une venue temporelle dans le monde,
[ce qui n'est pas arrivé]. S. Luc donne la solution en disant: Quelques-uns sont ici qui
ne goüteront point la mort qu'ils n'aient vu le royaume de Dieu (Luc, 1x, 21). Or, la
prophétie s'est accomplie merveilleusement, et Jean le disciple, avant de mourir, a
vu une admirable diffusion de la parole évangélique dans le monde. Le royaume de
Dieu, avait dit Jésus, 051 au dedans de vous (Luc, xvir, 21). L'annonce de ce fameux
événement n'était pas autre que le règne de Dieu dans les âmes. » (J.-H. Micnox.)
1. Sur une haute montagne. On croit communément que c'est le Thabor dans la
Galilée. — * G'es$ l'opinion qui a été soutenue par Eusèbe et S. Jérôme. Elle est néan-
moins aujourd'hui trés contestée, parce que le Sauveur était précédemment fort loin
du Thabor, à Césarée de Philippe (Matt., xvi, 16) et qu'après la transfiguration, les
Evangélistes parlent de son retour en Galilée (Matt., xvii, 21; Marc, 1x, 29), sans
mentionner aucun voyage dans l'intervalle. On pense donc que la montagne de la
Transfiguration était située plus au nord, et à l'est du Jourdain, mais sans pouvoir
le déterminer d'une manière précise.
-
[cu. xvir.] L'ÉVANGILE SELON
furent saisis d'une frayeur ex-
tréme.
7. Mais Jésus s'approcha et les
toucha ; et il leur dit : Levez-vous
et ne craignez point.
8. Alors, levant les yeux, ils ne
virent plus personne, si ce n'est
Jésus, seul.
9. Et comme ils descendaient
de la montagne, Jésus leur com-
manda, disant : Ne parlez à per-
sonne de cette vision, jusqu'à ce
que le Fils de l'homme ressuscite
d'entre les morts.
10. Et les disciples l’inter-
rogèrent, disant : Pourquoi donc
les scribes disent-ils qu'il faut
qu'auparavant Elie vienne?
11. Jésus répondant, leur dit :
. Elie, en effet, doit venir, et il ré-
tablira toutes choses.
19. Mais je vous le dis : Elie est
déjà venu, et ils ne l'ont point
connu, et ils lui ont fait tout ce
quils ont voulu. C'est ainsi que
le Fils de l'homme lui-même doit
être traité par eux.
13. Alors les disciples com-
prirent quil leur avait parlé de
Jean-Baptiste.
14. Lorsqu'il fut venu vers le
peuple, un homme s'approcha de
lui, etil se jeta à ses pieds, disant:
Seigneur, ayez pitié de mon fils,
parce qu'il est lunatique et qu'il
SAINT MATTHIEU. 2971
souffre cruellement; car il tombe
souvent dans le feu et souvent
dans l'eau.
15. Je l'ai présenté à vos dis-
ciples, et ils n'ont pu le guérir.
16. Et répondant, Jésus dit : O
race incrédule et perverse, jus-
qu'à quand serai-je avec vous?
jusqu'à quand vous supporterai-
je? Amenez-le-moi ici.
17. Or, Jésus ayant gourmandé
le démon, il sortit de l'enfant, qui
fut guéri à l'heure méme.
18. Alors les disciples s'appro-
cherent de Jésus en secret, et
lui dirent : Pourquoi nous, n'a-
vons-nous pu le chasser?
19. Jésus leur répondit: A cause
de votre incrédulité. En vérité,
je vous le dis, si vous aviez de la
foi comme un grain de sénevé,
vous diriez à cette montagne :
Passe d'ici là, et elle y passerait,
et rien ne vous serait impossible.
20. Mais ce genre de démons ne
se chasse que par la priere et le
jeüne.
21. Or, tandis qu'ils se trou-
vaient en Galilée, Jésus leur dit :
Le Fils de 'homme doit étre livré
entre les mains des hommes.
292. Et ils le tueront, et le troi-
sième jour il ressuscitera. Et ils
furent extrémement contristés.
23. Lorsqu'ils vinrent à Caphar-
10. Marc, 1x, 10. — 11. Malach., 1v, 5. — 12. Supra, xt, 14; xiv, 10. — 14. Marc, ix, 16;
Luc, 1x, 38. — 19. Luc, xvir, 6. — 21. Infra, xx, 18; Marc, 1x, 30; Luc, 1x, 44.
10. Le prophète Malachie dit, en effet, qu'Elie doit venir avant le grand et épou-
vantable jour du Seigneur. Compar. ce que nous avons dit un peu plus haut, ch. xt, 14.
19, * Un grain de sénevé. Voir Matt., xur, 31.
23. Le didrachme ou double drachme valait environ quatre-vingt-un centimes.
Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 543. — *« Ce didrachme était la contribution
d'un demi-sicle, ou de deux drachmes, que les familles juives étaient habituées à
payer pour l'entretien du Temple. Vespasien le fit percevoir plus tard pour le Ca-
pitole. Les collecteurs s'adressent à S. Pierre, soit par respect pour le Sauveur, soit
pour engager le disciple à s'acquitter à la place du maitre. La réponse du Sauveur
2372
naüm, ceux qui recevaient le di-
drachmes'approchèrent dePierre,
et lui demandèrent : Est-ce que
votre maître ne paye pas le di-
drachme ?
24. 11 répondit : 11 le paye. Et
lorsqu'il fut entré dans la maison,
Jésus le prévint, disant : Que t'en
semble, Simon? De qui les rois
de la terre recoivent-ils le tribut
ou le cens? de leurs enfants ou
des étrangers?
25. Et Pierre répondit : Des
étrangers. Jésus lui dit : Ainsi, les
enfants en sont exempts.
26. Cependant pour ne les point
scandaliser, va à la mer, jette un
hamecon; et le poisson qui le pre-
mier montera, prends-le; puis
ouvrant sa bouche, tu trouveras
un statère; l'ayant pris, donne-le
pour moi et pour toi.
CHAPITRE XVIII.
S'humilier. Devenir enfant. Fuir le scan-
dale. Parabole de la brebis égarée. Cor-
rection fraternelle. Pouvoir des clefs.
Pardon des injures. Parabole du créan-
cier et du débiteur.
1. En ce moment-là les dis-
ciples s'approcherent de Jésus,
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[cg. xvim.]
disant : Qui, pensez-vous, est le
plus grand dans le royaume des
cieux?
2. Et Jésus appelant un petit
enfant, le placa au milieu d'eux,
3. Et dit : En vérité, je vous le
dis, si vous ne vous converlissez,
et ne devenez comme les petits
enfants, vous n'entrerez point
dans le royaume des cieux.
4. Quiconque donc se fait petit
comme cet enfant, celui-là est le
plus grand dans le royaume des
cieux.
5. Et qui recoit en mon nom un
petit enfant semblable, me recoit.
6. Mais celui qui scandalise un
de ces petits qui croient en moi,
il vaudrait mieux pour lui que
l'on suspendit une meule de mou-
lin à son cou, et qu'on le précipi-
tât au profond de la mer.
7. Malheur au monde, à cause
des scandales ; caril est nécessaire
quil vienne des scandales : ce-
pendant malheur à l'homme par
qui le scandale arrive.
8. 81 donc 18 main ou ton pied
te scandalise, coupe-le, et jette-le
loin de toi; il vaut mieux pour toi
entrer dans la vie, privé d'une
Cuap. XVIII. 1. Marc, 1x, 33; Luc, 1x, 46. — 2, Infra, xix, 14. — 3. I Cor., xiv, 20.—
6. Marc, 1x, 41; Luc, xvii, 2. — 8. Supra v, 30; Marc, 1x, 42.
suppose clairement sa divinité. Pour ne pas scandaliser ceux qui l'ignorent, il con-
sent à payer; mais il fait observer qu'il n'est pas soumis à l'impót, et il reléve par
un miracle cet acte de condescendance. Le statére avait la valeur d'un tétradrachme,
trois francs environ, et par conséquent suffisait pour deux personnes.» (BAGUEZ.) —
Capharnaüm, voir Matt., 1v, 43.
26. Le statère valait quatre drachmes.
6. De moulin; littér., d'àne; qu'un âne tourne. — * Dans chaque maison, on faisait
moudre chaque jour la quantité de blé nécessaire pour l'usage de la famille; il y
avait par conséquent dans chaque maison un moulin à bras ou à àne, tourné
dans le premier cas par une ou deux personnes. Le moulin à àne était plus grand,
mais composé comme le moulin à bras de deux meules de pierre superposées, l'in-
férieure étant immobile et la supérieure mobile. Le grain était écrasé entre les deux
meules.
8. Dans la vie, c'est-à-dire dans la vie éternelle,
[cu. ΧΥΠΙ.]
main ou d'un pied, que d'étre
jeté, ayant deux mains ou deux
pieds, dans le feu éternel.
9. Et si ton œil te scandalise,
arrache-le et le jette loin de toi;
il vaut mieux pour toi entrer dans
la vie avec un seul ceil, que d'étre
jeté ayant deux yeux dans la gé-
henne du feu.
10. Prenez garde de mépriser
un seul de ces petits; parce que,
je vous le dis, leurs anges voient
sans cesse dans le ciel la face de
mon Père qui est dans les cieux.
11. Car le Fils de l'homme est
venu sauver ce qui avait péri.
19. Que vous en semble? 1
quelqu'una cent brebis, et qu'une
d'elles s'égare, ne laisse-t-il pas
les quatre-vingt-dix-neuf dans les
montagnes, et ne s'en va-t-il pas
chercher celle qui s'est égarée?
18. Et s'il arrive qu'il la trouve,
en vérité, je vous dis, elle lui
donne plus de joie que les quatre-
vingt-dix-neuf qui ne se sont pas
égarées.
14. Ainsi ce n'est pas la volonté
de votre Père qui est dans les
cieux, qu'un seul de ces petits
périsse.
15. Si ton frère a péché contre
toi, va et reprends-le entre toi et
lui seul : s'il t'écoute, tu auras
gagné ton frere;
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 2919
16. S'il ne t'écoute point, prends
encore avec toi une ou deux per-
sonnes, afin que sur la parole de
deux ou trois témoins tout soit
avéré.
17. Que s'il ne les écoute point,
dis-le à l'Eglise; et s'il n'écoute
point l'Eglise, qu'il te soit comme
un paien et un publicain.
18. En vérité, je vous le dis,
tout ce que vous lierez surlaterre,
sera lié aussi dans le ciel : et tout
ce que vous délierez sur la terre,
sera délié aussi dans le ciel.
19. Je vous dis encore, que si
deux d'entre vous s'accordent su1
la terre, quelque chose qu'ils de
mandent, il le leur sera fait par
mon Père qui est dans les cieux.
20. Car là où deux ou trois sont
réunis en mon nom, je suis au
milieu d'eux.
21. Alors, s'approchant, Pierre
lui dit: Seigneur, combien de fois,
mon frère péchant contre moi,
lui pardonnerai-je? jusqu'à sept
fois?
22. Jésus lui dit : Je ne te dis
pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à
septante fois sept fois.
23. C'est pourquoi le royaume
des cieux est comparé à un
homme-roi qui voulut compter
avec ses serviteurs.
24. Or, lorsqu'il eut commencé
10. Ps. xxxi, 8. — 11. Luc, xix, 10. — 12. Luc, xv, 4. — 15. Lév., xix, 17 ; Eccli.,
xix, 13; Luc, xvii, 3; Jac., v, 19. — 16. Deut., xix, 15; Jean, viu, 17; 11 Cor., xur, 4;
Hébr., x, 28. — 17. I Cor., v, 11; II Thess., ut, 14. — 18. Jean, xx, 23. — 21. Luc,
XVII, 4.
—————————ÀMMÁ—— M — M a a — MÀ
9. Dans la géhenne. Voy. v, 22.
11. À l'Eglise, c'est-à-dire aux chefs, aux pasteurs de l'Eglise.
24. Quand il ne s’agirait ici que du petit talent des Egyptiens, des Arabes et des
Juifs, ce serait toujours une somme prodigieuse pour un particulier. Le Sauveur a
voulu nous faire comprendre par là que nos dettes envers Dieu sont incalculables, —
* Le talent d'argent valant 8.500 francs, dix mille talents font 85.000.000 de francs. On
peut supposer, du reste, que le débiteur de la parabole est un des principaux officiers
2374
à compter, on lui en présenta un
qui lui devait dix mille talents.
95. Et comme il n'avait pas de
quoi les rendre, son maitre or-
donna qu'on le vendit, lui, sa
femme et ses filles, et tout ce qu'il
avait, et qu'on payát.
26. Mais se jetant à ses pieds,
le serviteur le priait, disant : Ayez
palience à mon égard, et je vous
rendrai tout.
97. Alors le maitre de ce servi-
teur ayant pitié de lui, le renvoya
et lui remit sa dette.
28. Mais ce serviteur étant
sorti, rencontra un de ses com-
pagnons qui lui devait cent de-
niers; et l'ayant saisi, il l'étouf-
fait, disant : Rends-moi ce que tu
dois.
29. Et se jetant à ses pieds, son
compagnon le priait, disant : Aie
palience à mon égard, et je te |
rendrai tout.
30. Mais lui ne voulut pas; et
il s'en alla, et le fit mettre en
prison jusqu'à ce quil payât sa
dette.
91. Voyant ce qui se passait, les
autres serviteurs furent grande-
ment contristés ; ils vinrent et ra-
conterent à leur maitre tout ce
qui s'était fait.
32. Alors son maitre l'appela, et
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
(cu. xix.]
lui dit : Méchant serviteur, je t'ai
remis toute ta dette, parce que tu
m as prié :
33. Ne fallait-il donc pas que toi
aussi tu eusses pitié de ton com-
pagnon, comme j'ai eu moi-méme
pitié de toi?
34. Et son maitre irrité le livra
aux bourreaux, jusqu'à ce qu'il
payât toute sa dette.
35. C'est ainsi que vous traitera
aussi mon Père céleste, si chacun
de vous ne pardonne à son frère
du fond de son cœur.
CHAPITRE XIX.
Indissolubilité du mariage. Eunuques vo-
lontaires. Enfants présentés à Jésus-
Christ. Conseils de perfection. Salut
des riches difficile. Récompense pro-
mise à ceux qui quittent tout pour
Jésus-Christ.
1. Or, il arriva que lorsque Jé-
sus eut achevé ses discours, il
partit de Galilée et vint aux con-
fins de la Judée, au delà du Jour-
dain;
2. Et de grandes troupes le
suivirent, et il les guérit.
3. Et les pharisiens s'appro-
cherent de lui pour le tenter, di-
sant: Est-il permis àun homme de
renvoyer sa femme pour quelque
cause que ce soit ?
Cnap. XIX. 1. Marc, x, 1. — 3. Marc, x, 2.
du roi, un fermier ou un administrateur des revenus royaux. Dans une parabole
juive, qui ἃ quelque ressemblance avec la parabole évangélique, il s'agit du tribut
que doit payer toute une ville et dont le roi la libére, sur sa demande.
25. Suivant l'ancien droit des Hébreux et de plusieurs autres peuples, un créan- ,
cier pouvait vendre ou réduire en esclavage ses débiteurs insolvables. — * Dans
diverses contrées del'Orient, par exemple en Perse, aujourd'hui encore, la disgráce
royale entraine la confiscation des biens, la perte des esclaves et quelquefois celle de
la femme et des enfants du condamné.
28. Le denier, pièce d'argent des Romains, valait environ 0,80 centimes.
2. Et il les guérit; c'est-à-dire qu'il guérit en ce lieu tous les malades qu'on lui
présenta.
[cu. xix.]
4. Jésus répondant, leur dit:
N'avez-vous pas lu que celui qui
fit l'homme au commencement,
les fit mâle et femelle, et qu'il
lit :
5. A cause de cela l'homme
quittera son père et sa mere, et
s'attachera à sa femme, et ils se-
ront deux dans une seule chair?
6. Ainsi ils ne sont plus deux,
mais une seule chair. Ce que Dieu
donc a uni, que l'homme ne le
sépare point.
7. Ils lui demanderent : Pour-
quoi donc Moise a-t-il commandé
de lui donner un acte de répudia-
tion et de la renvoyer ?
8. Il leur répondit : Parce que
Moise, à cause de la dureté de
votre cœur, vous a permis de ren-
voyer vos femmes ; mais au com-
mencement il n'en fut pas ainsi.
9. Aussi je vous dis que qui-
conque renvoie sa femme, si ce
n'est pour cause d'adultére, et en
épouse une autre, commet un
adultère ; et celui qui épouse une
femme renvoyée se rend adultère.
10. Ses disciples lui dirent : Si
telle est la condition de l'homme
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2919
àlégard de sa femme, il n'est
pas bon de se marier.
11. Jésus leur dit: Tous ne com-
prennent pas cette parole, mais
ceux à qui il a été donné.
12. Car il y a des eunuques qui
sont nés tels dès le sein de leur
mère; il y en a que les hommes
ont fait eunuques ; et il y ena
qui se sont eux-mêmes rendus
eunuques, à cause du royaume
des cieux. Que celui qui peut
comprendre comprenne.
13. Alors on lui présenta des
petits enfants, pour qu'il leur im-
posât les mains et priât. Or les
disciples les rebutaient.
14. Mais Jésus leur dit : Laissez-
ces petits enfants et ne les empé-
chez point de venir à moi ; car à
de tels appartient 16 royaume des
cieux.
15. Et lorsqu'il leur eut imposé
les mains, il partit de là.
16. Et voilà que quelqu'un s'ap-
prochant, lui dit : Bon maitre,
que ferai-je de bon pour avoir la
vie éternelle ?
17. Jésus lui répondit : Pour-
quoi m'interroges-tu sur ce qui
4. Gen., 1, 27. — 5. Gen., r1, 24; I Cor., vi, 16; Ephés., v, 31. — 7. Deut., xxiv, 1. —
9. Supra, v, 32; Marc, x, 11; Luc, תטא 18; 1 Cor., vir, 10. — 18. Marc, x, 13; Luc,
xvii, 19. — 14. Supra, xvii, 3. — 16. Marc, x, 17; Luc, xvii, 18.
4. L'homme, c'est-à-dire la créature humaine. Ainsi ce mot doit s'entendre non
d'un individu, mais de l'espéce; c'est pourquoi il est considéré ici comme un pluriel
dans la Vulgate : 1 Les fit mâle et femelle, et dans l'hébreu méme, d’où Jésus-Christ a
emprunté sa citation.
1. C'est dans le Deutéronome (xxiv, 1), que Moïse a ordonné à tout homme qui
répudiait sa femme de lui donner un acte de répudiation.
9. Jésus-Christ permet à un mari, en cas d'adultére, de se séparer de sa femme,
mais non pas d'en épouser une autre du vivant de la première.
12. Il y en a qui se sont rendus, etc. Ce sont ceux qui ont renoncé pour toujours
aux plaisirs des sens, pour servir avec une plus grande liberté de cour Dieu et la
justice, et mériter ainsi le bonheur éternel.
14. Car à de tels, etc. Cette traduction nous a paru la seule qui pût rendre fidé-
lement la concision énergique du texte. Bossuet d'ailleurs traduit: À de tels appar-
üent le royaume de Dieu.
16. Quelqu'un; c'est-à-dire un jeune homme, comme portent les versets 20 et 22.
2916
est bon ? Dieu seul est bon. Mais
situ veux entrer dansla vie, garde
les commandements.
18. Lesquels? demanda-t-il.
Jésus répondit : Tu ne tueras
point : Tu ne commettras point
d'adultere : Tu ne déroberas point:
Tu ne rendras point de faux
témoignage :
19. Honore ton pere etta mère,
et aime ton prochain comme toi-
méme.
20. Le jeune homme lui dit :
J'ai observé tout cela depuis ma
jeunesse; que me manque-t-il
encore ?
91. Jésus lui dit: Si tu veux
être parfait, va, vends ce que tu
as et donne-le aux pauvres, et tu
auras un trésor dans le ciel ; viens
ensuite, et suis-moi.
99. Lorsque le jeune homme
eut entendu cette parole, il s'en
alla triste ; car il avait de grands
biens.
93. Alors Jésus dit à ses dis-
ciples : En vérité, je vous dis
qu'un riche entrera difficilement
dans le royaume des cieux.
24, Et je vous dis encore : Il est
plus facile à un chameau de passer
par le chas d'une aiguille, qu'à
un riche d'entrer dansle royaume
des cieux.
95. Or, ces choses entendues,
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[cu. xx.]
ses disciples s'étonnaient gran-
dement, et disaient : Qui donc
pourra étre sauvé?
26. Mais Jésus les regardant
leur dit : Aux hommes, cela est
impossible, mais à Dieu tout est
possible.
27. Alors reprenant, Pierre lui
dit : Et nous, voici que nous avons
tout quitté pour vous suivre : qu'y
aura-t-il donc pour nous?
28. Jésus leur dit: En vérité, je
vous dis que vous qui m'avez
suivi, lorsqu'à la régénération,
le Fils de l'homme sera assis sur
le tróne de sa gloire, vous aussi,
vous serez assis sur douze trônes,
jugeant les douze tribus d'Israël.
29. Et quiconque aura quitté
ou maison, ou frères, OU Sœurs,
ou père, ou mère, ou femme, ou
fils, ou terre, à cause de mon
nom, recevra 16 centuple, et aura
pour héritage la vie éternelle.
30. Mais beaucoup de premiers
seront les derniers, et beaucoup
de derniers les premiers.
CHAPITRE XX.
Parabole des ouvriers envoyés à la vigne.
Jésus-Christ prédit sa passion. De-
mande des enfants de Zébédée. Domi-
nation interdite. Deux aveugles guéris
près de Jéricho.
1. Le royaume des cieux est
18. Exod., xx, 13. — 30. Infra, xx, 16; Marc, x, 31; Luc, xir, 90.
24. C'était un proverbe usité chez les Juifs pour marquer une chose naturellement
impossible. Les Arabes en ont un semblable.
1-16. Cette parabole est une explication de la fin du chapitre précédent. Elle nous
montre que Dieu est maître de ses dons, et qu'il peut se faire que celui qui a tra-
vaillé une heure mérite autant que celui qui a travaillé une journée entière, s'il l'a
fait avec plus de zèle. Elle s'applique aux gentils qui, n'entrant qu'à la dernière
heure dans l'Eglise, auront part à la méme récompense que les Juifs qui y ont été
appelés les premiers. — * Il faut remarquer d'ailleurs que > quand Jésus-Christ se sert
d'une comparaison, énonce une parabole, il ne veut pas nous faire entendre qu'il y
ait toujours une parité complète entre l'allégorie et la vérité. 11 ne faut prendre
[cu. xx.]
semblable à un père de famille
qui sortit de grand matin, afin de
louer des ouvriers pour sa vigne.
9. Or, convention faite avec les
ouvriers d'un denier par jour, il
les envoya à sa vigne.
9. Et étant sorti de nouveau,
vers la troisieme heure, il en vit
d'autres qui se tenaient sur la
place sans rien faire.
4. Et il leur dit : Allez, vous
aussi, à ma vigne, et ce qui sera
juste, je vous le donnerai.
5. Et ils y allèrent. Il sortit en-
core vers la sixième et la neu-
vieme heure, et il fit la méme
chose.
6. Enfin, vers la onzieme heure,
il sortit, et il en trouva d'autres
qui étaient là, et il leur dit : Pour-
quoi étes-vous ici, tout le jour,
sans rien faire?
7. Ils répondirent : Parce que
personne ne nous a loués. Il leur
dit : Allez, vousaussi, à ma vigne.
8. Or, lorsqu'il se fit soir, le
maitre de la vigne dit à son in-
tendant : Appelle les ouvriers,
et paye-les, en commençant par
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2317
les derniers jusqu'aux premiers.
9. Ceux done qui étaient venus
vers la onzième heure s'étant ap-
prochés, recurent chacun un de-
nier.
10. Or les premiers venant en-
suite, pensèrent qu'ils devraient
recevoir davantage; mais ils re-
curent aussi chacun un denier.
11. Et en le recevant, ils mur-
muraientcontrele père de famille,
19. Disant : Ces derniers ont
travaillé une heure, et vous les
traitez comme nous, qui avons
porté le poids du jour et de la
chaleur.
13. Mais, répondantàl'un d'eux,
il dit : Mon ami, je ne te fais point
de tort ; n'es-tu pas convenu d'un
denier avec moi ?
14. Prends ce qui est à toi et
va-len; je veux donner méme à
ce dernier autant qu'à toi.
15. Ne m'est-il pas permis de
faire ce que je veux? et ton œil
est-il mauvais parce que je suis
bon?
16. Ainsi les derniers seront les
premiers, et les premiers seront
(ΠΑΡ. XX. 16. Supra, xix, 30; Marc, x, 31; Luc, xri, 30.
souvent que le fond des choses et les circonstances générales. Tout le reste n'est
pour l'ordinaire qu'une espèce d'ornement sur lequel il est bon de ne pas trop s'ap-
pesantir. Il y a des traits qui sont nécessaires pour le complément de la figure, dit
S. Jean Chrysostome, et qui ue le sont nullement pour la réalité. [Ici] l'excuse des
ouvriers du soir, le murmure de ceux de la première heure, les reproches du maitre
n'ont point d'application. » (Mgr PICHENOT.)
2. * Un denier. Voir Matt., xvii, 28.
3. * Vers la troisième heure. Vers neuf heures du matin.
ὃ. * Vers la sixième et la neuvième heure. Vers midi et vers trois heures du soir.
6. * Vers la onziéme heure. Vers cinq heures du soir.
15. Ton œil est-il mauvais? Dans le style des Hébreux, comme dans celui des Grecs
et des Latins, un mauvais œil est un cil jaloux et désigne un homme envieux et
souvent un avare, Au contraire, un œil bon marque la bonté, la libéralité.
16. Ainsi les derniers, etc. 1l semble au premier abord que la conclusion de cette
parabole manque de justesse, et qu'il aurait fallu la terminer ainsi: Les derniers seront
comme les premiers. C'est en effet le sens du texte original, où la particule de com-
paraison comme se trouve sous-entendue en vertu d'un hébraisme que les auteurs
du Nouveau Testament ont souvent imité,
2978
les derniers; car beaucoup sont
appelés, mais peu sont élus.
17. Or Jésus montant à Jérusa-
lem prit à partles douze disciples
et leur dit :
18. Voilà que nous montons à
Jérusalem, et le Fils de 'homme
sera livré aux princes des prétres
et aux scribes, et ils le condam-
neront à mort.
19. Et ils le livreront aux gentils
pour étre moqué et flagellé et
crucifié ; et le troisième jour il
ressuscitera.
20. Alors la mere des fils de
Zébédée s'approcha de lui avec
ses fils, l'adorant et lui deman-
dant quelque chose.
91. Jésus lui dit : Que voulez-
vous? Elle lui répondit : Ordon-
nez que mes deux fils que voici
soient assis, l'un à votre droite,
l'autre à votre gauche, dans votre
royaume.
22. Mais. répondant, Jésus dit :
Vous ne savez ce que vous de-
mandez. Pouvez-vous boire le ca-
lice que je vais boire? Ils lui ré-
pondirent : Nous le pouvons.
93. Il leur dit : Vous boirez en
effet mon calice : mais d'étre as-
sis à ma droite ou à ma gauche,
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
fcu. xx.]
il ne m'appartient pas de vous
l’accorder à vous, mais à ceux à
qui mon Père l'a préparé.
24. Or, entendant cela, les dix
sindignerent contre les deux
freres.
25. Mais Jésus les appela à lui,
et leur dit : Vous savez que les
princes des nations les dominent,
et que les grands exercent la
puissance sur elles.
26. Il n'en sera pas ainsi parmi
vous ; mais que celui qui voudra
étre le plus grand parmi vous,
soit votre serviteur ;
27. Et celui qui voudra être le
premier parmi vous sera votre
esclave.
28. Comme le Fils de l'homme
n'est point venu pour être servi,
mais pour servir et donner sa vie
pour là rédemption d'un grand
nombre.
29. Lorsqu'ils sortaient de Jéri-
cho, une grande foule le suivit :
30. Et voilà que deux aveugles
assis sur le bord du chemin, en-
tendirent que Jésus passait ; et ils
éleverent la voix, disant : Sei-
eneur, fils de David, ayez pitié de
nous.
91. Et la foule les gourmandait -
17. Marc, x, 32; Luc, xvi, 31. — 20. Marc, x, 35. — 24. Marc, x, 41. — 25. Luc,
xxu, 25. — 28. Philip., u, 7. — 29. Marc, x, 46; Luc, xvii, 35.
20. * La mère des fils de Zébédée s'appelait Salomé. Ses deux fils étaient S. Jacques
le Majeur et S. Jean l'Evangéliste.
22. Ce calice désigne les souffrances de Jésus-Christ.
23. Pour attacher ses disciples à la foi dont ils ne comprenaient pas encore la vertu,
le Sauveur remet à son Pére ce qui regarde la gloire, et ne se réserve que de prédire
et de distribuer les afflictions; quoique cependant tout ce qui est au Père soit au
Fils, et tout ce qui est au Fils soit au Père (Jean, xvi, 10).
24. Or les dix; c'est-à-dire les dix autres apôtres.
28. D'un grand nombre; c'est-à-dire de tous, de tout le monde (ce qui constitue en
effet un grand nombre), comme l'explique saint Jean dans sa première épitre (tt, 2).
On pourrait encore entendre cette expression de ceux-là seulement qui, par leur foi
et leur conduite vraiment chrétienne, ont une part réelle aux mérites du Sauveur,
mérites que les autres ont volontairement refusé de s'appliquer.
[cu. xx1.]
pour qu'ils se tussent; mais eux
criaient encore plus, disant
Seigneur, fils de David, ayez pitié
de nous.
39. Alors Jésus s'arréta, les
appela, et dit: Que voulez-vous
que je vous fasse?
33. lls lui répondirent : Sei-
gneur, que nos yeux s'ouvrent.
34. Et ayant pitié d'eux, Jésus
toucha leurs yeux ; et aussitót ils
recouvrerent la vue et ils le sui-
virent.
CHAPITRE XXI.
Entrée de Jésus-Christ dans Jérusalem.
Vendeurs chassés du temple. Acclama-
tions des enfants. Figuier séché. Puis-
sance de la foi. Autorité de Jésus. Bap-
téme de Jean. Parabole des deux fils
envoyés à la vigne, des vignerons ho-
micides. Parabole de la pierre angu-
laire.
1. Lorsqu'ils approchèrent de
Jérusalem et qu'ils furent venus
à Bethphagé, prés du mont des
Oliviers, Jésus envoya deux dis-
ciples,
2. Leur disant : Allez au village
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2379
qui est devant vous, et soudain
vous trouverez une ânesse atta-
chée, et son ánon avec elle; dé-
liez-les et amenez-les-moi.
3. Et si quelqu'un vous dit
quelque chose, répondez que le
Seigneur en a besoin ; et aussitót
il les laissera emmener.
4. Or tout cela fut fait, afin que
s'accomplit la parole du prophète,
disant :
9. Dites à la fille de Sion : Voici
que votre Roi vient à vous plein
de douceur, monté sur uneánesse
et sur l'ànon de celle qui est sous
le joug.
6. S'enallant done, les disciples
firent comme Jésus leur avait
commandé ;
7. 118 amenèrent l'ánesse et l'à-
non, mirent dessus leurs véte-
ments et l'y firent asseoir.
8. La plus grande partie du peu-
ple étendit ses vétements le long
de laroute, d'autres coupaient des
branches d'arbres et enjonchaient
le chemin.
9. Or la foule qui précédait et
Zach., 1x, 9; Jean, xir, 15. ;11 ,זז XXI. 1. Marc, xt, 1; Luc, xix, 29. — 5. Isaie, .ג
Ps. cxvir, 26; Marc, σι, 10; Luc, xix, 38. .9 —
1. * Bethphagé était un village non loin de Béthanie, et, comme le dit le texte, prés
du mont des Oliviers. — Le mont des Oliviers lui-méme est situé à l'est de Jérusalem
dont il est séparé par le torrent de Cédron et la vallée de Josaphat. « Pour s'y ren-
dre, on passe par la porte Saint-Etienne et la vallée de Josaphat; on traverse le
torrent de Cédron sur un pont d'une seule arche. Le torrent de Cédron traverse la
vallée de Josaphat; il est à vingt pas de Gethsémani. Non loin de Gethsémani est
l'endroit où, malgré l'incertitude des traditions à cet égard, les chrétiens d'Orient
soutiennent qu'eurent lieu les merveilles de l'Assomption de la trés sainte Mére de
Dieu. De cet endroit, on commence à monter le mont des Olives qui est fort roide.
Rien n'égale la surprise que l'ou éprouve, lorsque, arrivé à la moitié de sa hauteur,
en se retournant, on aperçoit devant soi Jérusalem [et l'on jouit du magnifique
spectacle qu'elle présente. Du haut de la montagne, en s'avancant vers le levant,
on voit] la mer Morte, la plaine de Jéricho, le Jourdain et au delà les montagnes de
l'Arabie Pétrée. » (Dg GéRAB.)
9. Cette citation parait étre empruntée d'Isaie et de Zacharie, mais surtout de
ce dernier. Nous devons faire observer que l'évangéliste donne le sens du texte,
sans en rapporter les propres termes.
9. Hosanna est un mot formé de l'hébreu, signifiant : Sauvez, je vous prie, et ren-
2330
celle qui suivait criaient, disant :
Hosanna au fils de David : béni
celui qui vient au nom du Sei-
gneur! Hosanna au plus haut des
cieux !
10. Lorsqu'il fut entré dans Jé-
rusalem, toute la ville fut émue,
demandant : Qui est celui-ci?
11. Et la multitude répondait :
C'est Jésus, le Prophète de Naza-
reth en Galilée.
12. EtJésusentra dans le temple
de Dieu, et chassa tous ceux qui
vendaient et aclietaient dans le
temple; il renversa méme les ta-
bles des changeurs et les sièges
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
(cu. xxr.]
13. Et il leur dit : Il est écrit :
Ma maison sera appelée maison
de prière ; mais vous en avez fait
une caverne de voleurs.
14. Et des aveugles et des hoi-
teux s’approchèrent de lui dans le
temple, et il les guérit.
15. Mais les princes des prêtres
etlesseribes,voyantles merveilles
qu'il faisait et les enfants qui
criaient dans letemple et disaient:
Hosanna au fils de David, s'indi-
enerent,
16. Etlui dirent : Entendez-vous
ce que disent ceux-ci? Jésus leur
répondit : Oui. N'avez-vousjamais
lu : C'est de la bouche des enfants
et de ceux qui sont à la mamelle,
de ceux qui vendaient des co-
lombes;
12. Marc, ,א 15; Luc, xix, 45; Jean, 11, 14, — 19. Isaie, Lvi, 7; Jér., vir, 11; Luc, xix,
46. — 16. Ps. vri, 3.
fermant, comme le latin vivat, non seulement 16 souhait d'une longue vie, mais d'une
vie accompagnée de prospérité et de gloire.
10. * Lorsqu'il fut entré dans Jérusalem. Une tradition très vraisemblable fait entrer
Notre Seigneur dans la ville par la porte Dorée, située à l'est du temple et aujour-
d'hui murée,
12. * Dans le temple, en gree, hiéron. Le texte original distingue toujours soigneu-
sement le Aiéron et le naos. Le hiéron était l'ensemble des bâtiments et des cours
qui étaient consacrés à Dieu; le 20s était le sanctuaire proprement dit. Comme nos
églises consistent exclusivement dans l'édifice qui est la maison de Dieu, nos langues
n'ont point de termes propres pour désigner ces deux choses autrefois si distinctes.
Le 0408 ou maison de Dieu proprement dite se composait d'un portique, puis du
Saint où étaient l'aute! des parfums, le chandelier à sept branches et les pains de
proposition, et enfin du Saint des Saints où avait été d'abord l'arche et où le grand
prétre seul pouvait pénétrer une fois par an. Les sacrifices ne s'offraient point dans
le nuos, mais au dehors. Devant le 240s était une cour ou terrasse, appelée le parvis
des Prétres : c'est là qu'était l'autel des holocaustes sur lequel on offrait les victimes
immolées au Seigneur. Les prétres et les Lévites seuls pouvaient y pénétrer. Autour
de cette terrasse en était une autre, plus basse de quinze marches, qui portait le
nom de parvis des Israélites. À l'est, une cour élevée de cinq marches était réservée
aux femmes. Une barrière séparait la cour des Juifs d'une troisième cour qui portait
le nom de parvis des Gentils, parce que les Gentils eux-mêmes pouvaient y pénétrer,
tandis qu'il leur était défendu sous peine de mort de pénétrer dans la cour d'Israel.
Le parvis des Gentils était plus étendu à l'est et surtout au sud qu'au nord et qu'à
l'ouest, parce que le naos n'était pas au milieu de la plateforme du mont Moriah,
mais au nord-ouest. Le parvis des Gentils était fermé au levant par le portique de
Salomon et au midi par le portique royal qui était beaucoup plus large que celui de
Salomon. L'un et l'autre étaient magnifiques; ils étaient formés de colonnes mono-
lithes de marbre blane de douze à treize métres de haut. C'est sous ces portiques que
se sont passées une partie des scènes racontées par les Evangiles et en particulier
celle des vendeurs du temple. — Les tables des changeurs. « Ces usages se sont per-
pétués à Jérusalem, où, dans les rues voisines du bazar, les changeurs sont assis
devant de petites tables chargées de diverses espèces de monnaie. א (J. H. Micnox.)
[cu. [.נצצ
que vous avez tiré la louange la
plus parfaite?
11. Et, les ayant quittés, il s'en
alla hors de la ville à Béthanie et
s’y arréta.
18. Lelendemain matin, comme
ilrevenait à la ville, il eut faim.
19. Orapercevantunfiguier près
du chemin, il s'en approcha; et
n'y trouvant rien que des feuilles,
il lui dit : Que jamais fruit ne
naisse de toi désormais. Et à l'ins-
tant le figuier sécha.
20. Ce qu'ayant vu, les disciples
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2981
s'étonnerent, disant : Comment
a-t-il séché sur-le-champ?
21. Alors, Jésus prenant la pa-
role, leur dit : En vérité, je vous
dis : Si vous avez de la foi et que
vous n'hésitiez point, non seule-
ment vous ferez comme j'ai fait
au figuier, mais méme, si vous
dites à cette montagne : Lève-toi
et te jette dans la mer, cela se
fera.
22. Et tout ce que vous deman-
derez dans la priere avec foi, vous
l'obtiendrez.
19. Marc, xi, 19. — 20. Marc, ,זא 20. — 22. Supra vir, 7; Marc, xi, 24; I Jean,
m, 22.
11. * Béthanie, aujourd'hui el-Azariyéh ou Lazariéh, si célèbre par les récits de
l'Evangile, est maintenant un pauvre petit village d'une vingtaine de familles. Elevé
sur la pente orientale du mont des Oliviers, il est proche de l'endroit où la route de
Jérusalem à Jéricho commence à descendre avec rapidité vers la vallée du Jourdain.
On y montre le site traditionnel de la maison et du tombeau de Lazare, ainsi que
de la maison de Simon le lépreux.
19. * Et à l'instant le figuier sécha.« En arrivant de Béthanie à Jérusalem le matin,
Jésus eut faim ; ayant vu de loin un fiquier, il s'en approcha pour voir sil y trouverait
du fruit; mais n'y trouvant que des feuilles, parce que ce n'était pas le temps des fruits,
il le maudit. — C'est une parabole de choses, semblable à celle de paroles qu'on
trouve en saint Luc, xu1, 6. Il ne faut donc point demander ce qu'avait fait ce figuier,
ni ce qu'il avait mérité : car qui ne sait qu'un arbre ne mérite rien ? ni regarder cette
malédiction du Sauveur par rapport au figuier, qui n'était que la matière de la para-
bole. Il faut voir ce qu'il représentait, c'est-à-dire la créature raisonnable qui doit
toujours des fruits à son créateur, en quelque temps qu'il lui en demande ; et lors-
qu'il ne trouve que des feuilles, un dehors apparent, et rien de solide, il la maudit.
Jésus-Christ continua son voyage et revint à Béthanie, selon sa coutume, et la ma-
tinée d’après, ses disciples s'arrétérent au figuier, qu'ils trouvèrent desséché depuis
la racine; et Pierre dit au Sauveur : Maitre, le fiquier que vous avez maudit est séché.
Jésus-Christ ne voulait pas sortir de ce monde sans faire voir les effets sensibles de
sa malédiction, voulant faire sentir ce qu'elle pouvait ; mais par un effet admirable de
sa bonté, il frappe l'arbre et épargne l'homme. Ainsi quand il voulut faire sentir
combien les démons étaient malfaisants, et jusqu'oü allait leur puissance, lorsquil
leur làchait la main, il le fit paraître sur un troupeau de pourceaux que les démons
précipitèrent dans la mer (Matth., viu, 32). Qu'il est bon et qu'il a de la peine à
frapper l'homme! » (Bossuer.) — 11 faut d’ailleurs remarquer que Notre Seigneur
pouvait s'étonner, en Palestine, de ne pas trouver de figues sur un figuier, quoique
ce ne fut pas le temps ordinaire des figues (Marc, xr, 13), parce que en Palestine les
figuiers ont des fruits à peu prés toute l'année, voir Luc, x, 6. Josèphe dit qu'on
cueillait des figues sur les figuiers des bords du lac de Génésareth pendant dix mois
de l'année. Souvent, surtout sur les vieux arbres, il y a des figues qui ne sont pas
encore müres quand les feuilles tombent et que la végétation s'arréte; elles ne se
détachent point des branches, mais y restent suspendues pendant tout l'hiver et
deviennent bonnes à manger quand la végétation recommence au printemps. Notre
Seigneur pouvait donc trouver des fruits sur l'arbre aux environs de Pâques. Les
figuiers étaient nombreux autrefois sur le mont des Oliviers et il y en a encore
quelques-uns aujourd'hui.
2382
93. Or, comme il vint dans le
temple, les princes des prétres et
les anciens du peuple s'appro-
cherent de lui, tandis qu'il ensei-
enait, et dirent : Par quelle auto-
rité faites-vous ces choses? Et qui
vous a donné ce pouvoir?
24. Jésus répondant, leur dit :
je vous ferai, moi aussi, une de-
mande; si vous y répondez, je
vous dirai par quelle autorité je
fais ces choses.
95. Le baptéme de Jean, d'où
était-il? du ciel ou des hommes?
Maiseux pensaienteneux-mémes,
disant :
96. Si nous répondons: Du ciel,
il nous dira : Pourquoi donc n’y
avez-vous pas cru! Et si nous ré-
pondons : Des hommes, nous
avons à craindre le peuple; tous,
en effet, tenaient Jean pour pro-
phète.
97. Ainsi, répondant à Jésus, ils
dirent : Nous ne savons. Et Jésus
aussi leur répondit : Ni moi non
plus je ne vous dirai par quelle
autorité je fais ces choses.
98. Mais que vous en semble?
Un homme avait deux fils; s'ap-
prochant du premier, il lui dit :
Mon fils, va-t'en aujourd'hui tra-
vailler à ma vigne.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
(cu. xxi]
29. Celui-ci répondant, dit : Je
ne veux pas. Mais apres, touché ,
de repentir, il y alla.
30. S'approchant ensuite de
l'autre, il dit de méme. Et celui-
ci répondant dit : J'y vais, Sei-
gneur, et il n'y alla point.
31. Lequel des deux a fait la
volonté du père? [1518] dirent : Le
premier. Jésus leur répliqua : En
vérité je vous dis que les publi-
cains et les femmes de mauvaise
vie vous précéderont dans le
royaume de Dieu.
32. Car Jean est venu à vous
dans la voie de la justice et vous
n'avez pas cru en lui; mais les
publicains et les femmes de mau-
vaise vie ont cru en lui; et vous,
ayant vu cela, vous n'avez pas
méme eu de repentir ensuite, de
maniere à croire en lui.
33. Ecoutez une autre parabole:
Il y avait un homme, père de fa-
mille, qui planta une vigne et
l'entoura d'une haie, y creusa un
pressoir, et bátit une tour; illa
loua ensuite à des vignerons, et
partit pour un voyage.
34. Or, lorsque le temps des
fruits approcha, il envoya ses ser-
viteurs aux vignerons, pour en
recevoir les fruits.
23. Marc, xi, 28; Luc, xx, 2. — 26. Supra, xiv, Ὁ. — 33. Isaie, v, 1; Jér., 1 21; Marc,
KID Ee EIOS σῶς 0e
,
23. * Les princes des prétres, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales. — Les
anciens du peuple, les membres du sanhédrin.
33. Y creusa un pressoir. Les pressoirs étaient des cuves souterraines où l'on con-
servait le vin sur ses lies jusqu'à ce qu'on le mit dans des cruches ou dans des outres.
— * On trouve encore aujourd'hui en Palestine, spécialement dans le sud, d'anciens
pressoirs qui ont été creusés ou taillés dans le roc. — Et bátit une tour. « L'habitude
de construire des tours pour protéger, principalement à l'époque de la récolte,
les enclos qu'elles dominent, remonte en Palestine à la plus haute antiquité. [En-
core aujourd'hui], au centre de la plupart des jardins que délimitent de petits murs
en pierres séches, on remarque des tours de garde de forme ronde, et dont plu-
sieurs sont peut-être trés anciennes. Elles servent à protéger la récolte contre les
déprédations des voleurs et les dévastations des bétes fauves, principalement des
chacals. » (V. Guérin.) Judée, 1, 125.
cir, XXII]
35. Mais les vignerons s'étant
saisis de ses serviteurs déchi-
rerent l’un de coups, tuèrent l'au-
tre el en lapiderent un autre.
36. ll envoya encore d'autres
serviteurs en plus grand nombre
que les premiers, et ils leur firent
pareillement.
57. En dernier lieu il leur en-
voya son fils, disant : Ils auront du
respect pour mon fils.
38. Mais les vignerons voyant
le fils dirent en eux-mêmes : Ce-
lui-ci est l'héritier; venez, tuons-
le, et nous aurons son héritage.
39. Et après l'avoir pris, ils le
jeterent hors de la vigne, et le
tuèrent.
40. Lors donc que viendra le
maître de la vigne, que fera-t-il à
ces vignerons ?
41. Is lui répondirent : Ii fera
mourir misérablement ces misé-
rables, et il louera sa vigne à
d'autres vignerons qui lui en ren-
dront le fruit en son temps.
49. Jésusleur demanda : N'avez-
vous jamais lu dans les Ecritures :
La pierre rejetée par ceux qui bà-
tissaient, est devenue un sommet
d'angle. Ceci est l'œuvre du Sei-
gneur et elle est admirable à nos
yeux?
43. C'est pourquoi je vous dis
que le royaume de Dieu vous sera
óté, etqu'ilsera donné à un peuple
qui en produira les fruits.
44. Celui qui tombera sur cette
pierre, se brisera; et celui sur qui
elle tombera, elle l'écrasera.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2983
45. Or, lorsque les princes des
prétres et les pharisiens eurent
entendu ses paraboles, ils com-
prirent que c'était d'eux qu'il par-
lait.
46. Et cherchant à se saisir de
lui, ils craignirentle peuple, parce
qu'il le regardait comme un pro-
phète.
CHAPITRE XXII.
Parabole du festin des noces. Rendre à
César ce qui est à César. Résurrection
des morts. Vie angélique. Amour de
Dieu et du prochain. Le Messie, fils et
seigneur de David.
1. Jésus reprenant, leur parla
de nouveau en paraboles, di-
sant :
2, Le royaume des cieux est
semblable à un roi qui fit les noces
de son fils.
0. Or il envoya ses serviteurs
appeler les conviés aux noces;
mais ils ne voulurent point venir.
4. ll envoya encore d'autres
serviteurs, disant : Dites aux con-
viés : Voilà que jai préparé mon
festin, mes bœufs et les animaux
engraissés ont été tués; tout es!
prét, venez aux noces.
5. Mais ils n'en tinrent compte.
et ils s'en allèrent, l'un à sa mai-
son des champs, et l'autre à son
négoce.
6. Les autres se saisirent des
serviteurs, et apres les avoir ou-
tragés, ils les tuerent.
7. Or lorsque le roi l'eut appris,
il en fut irrité; et ayant envoyé
38. Infra, xxvi, 3 et xxvi, 1; Jean, xr, 53. — 42. Ps. cxvur, 22; Actes, 1v, 11; Rom.,
Ix, 88; 1 Pierre, it, 7. — 049. XXII. 1. Luc, xiv, 16; Apoc., xix, 9.
35. Ils déchirérent, etc. C'est le vrai sens du texte; car le mot employé par la Vul-
gate signifie faire tomber, couper, trancher, tailler en pièces; et celui du grec, écor-
cher, arracher, enlever la peau.
2384
ses armées, il extermina ces
meurtriers et brüla leur ville.
8. Alors il dit à ses serviteurs :
Les noces ont été préparées, mais
ceux qui avaient été conviés, n’en
ont pas été dignes.
9. Allez donc dans les carre-
fours, et tous ceux que vous trou-
verez, appelez-les aux noces.
10. Et ses serviteurs s'étant dis-
persés sur les chemins, rassem-
blèrent tous ceux quils trou-
verent, bons et mauvais, et la
salle des noces fut remplie de
convives.
11. Or le roi entra pour voir
ceux qui étaient à table, et il aper-
cut un homme qui n'était point
revétu de la robe nuptiale.
12. Il lui dit : Mon ami, com-
ment es-tu entré ici sans avoir la
robe nuptiale? Et celui-ci resta
muet.
13. Alors le roi dit à ses ser-
viteurs : Liez-lui les pieds et
les mains et jetez-le dans les té-
nèbres extérieures; là sera le
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[cg. xxu.]
pleur et le grincement de dents.
14. Car beaucoup sont appelés,
mais peu élus.
15. Alors les pharisiens s'en
allant, se concertèrent pour le
surprendre dans ses paroles.
16. Is envoyerent donc leurs
disciples avec des hérodiens, di-
sant : Maitre, nous savons que
vous étes vrai, que vous ensei-
gnez la voie de Dieu dansla vérité,
et que vous n'avez égard à qui
que ce soit; car vous ne considé-
rez point la face des hommes.
17. Dites-nous done ce qui vous
en semble : Est-il permis de payer
le tribut à César, ou non?
18. Mais Jésus, leur malice con-
nue, dit : Hypocrites, pourquoi
me tentez-vous?
19. Montrez-moi la monnaie du
tribut. Et eux lui présentèrent un
denier.
20. Jésus leur demanda : De qui
est cette image et cette inscrip-
tion ?
21. Is lui répondirent : De Cé-
13. Supra, viz, 12 et xir, 42; Infra, xxv, 30. — 15. Marc, xir, 19; Luc, xx, 20. —
21. Rom., xur, 7.
11.* La robe nuptiale. C'est partout la coutume que les invités aux noces se revétent
d'habits de fêtes. Peut-être y a-t-il aussi une allusion à une coutume orientale, en
vertu de laquelle les rois et les princes envoient à ceux qu'ils appellent à leur table
une robe dont ils doivent se couvrir pour prendre part au festin.
14. Car beaucoup sont appelés, etc. Ces paroles sont la conclusion naturelle de la
parabole, d'aprés laquelle beaucoup de ceux qui avaient été invités au festin des
noces ne s'y rendirent pas.
16. Par les hérodiens dont il est ici question, les uns entendent des membres d'une
secte de ce nom,les autres de simples partisans d'Hérode qui étaient, comme la secte
elle-même, pour 165 Romains, et par conséquent opposés aux pharisiens; de sorte que,
de quelque maniere que le Sauveur répondit, il ne pouvait manquer d'étre accusé
par l'un ou l'autre parti. Mais il sut éluder leur demande et éviter ainsi le piége
qu'ils lui tendaient. — La face des hommes ; c'est-à-dire leur qualité, leur condition.
Le sens de ce passage est que le Sauveur ne faisait acception de personne. — * Les
hérodiens ou partisans des Hérodes étaient probablement un parti surtout politique,
qui considérait la famille d'Hérode comme le meilleur appui des Juifs contre l'ab-
sorption totale de leur pays dans l'empire romain, mais qui cherchait en méme temps
à établir une sorte de compromis entre le judaisme et le paganisme, et avait par suite
peu de zéle pour l'observation de la loi.
11. * A César. Le César alors régnant était Tibére. Voir Lue, ur, 1.
(CH. Xxit.]
sar. Alors il leur répliqua : Ren-
dez donc à César ce qui est à Cé-
sar, et à Dieu ce qui est à Dieu.
22. Ge qu'ayant entendu, ils
furent saisis d'admiration, et le
laissant, ils s'en allèrent.
93. Ce jour-là, vinrent à lui les
sadducéens, qui disent qu'il n'y a
point de résurrection, et ils l'in-
terrogerent,
94. Disant : Maitre, Moïse a dit:
Si quelqu'un meurt n'ayant pas
d'enfant, que son frère épouse sa
femme et suscite des enfants à
son frere.
95. Or il y avait parmi nous
sept freres : le premier ayant pris
une femme, mourut, et n'ayant
point eu d'enfants, il a laissé sa
femme à son frère.
96. Pareillement 1e second et le
troisieme jusqu'au septieme.
97. Enfin apres eux tous la
femme aussi est morte.
28. A la résurrection donc du-
quel des sept sera-t-elle femme
puisque tous lont eue pour
femme?
29. Mais, répondant, Jésus leur
dit : Vous errez, ne comprenant
ni les Ecritures, ni la puissance
de Dieu.
30. Car à la résurrection les
hommes ne prendront point de
femmes, ni les femmes de maris;
mais ils seront comme les anges
de Dieu dans le ciel.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2385
31. Et touchant la résurrection
des morts, n'avez-vous point lu
la parole qui vous a été dite par
Dieu :
32. Je suis le Dieu d'Abraham,
et le Dieu d'Isaac et le Dieu de
Jacob? Or Dieu n'est point le Dieu
des morts, mais des vivants.
33. Et le peuple l'entendant,
admirait sa doctrine.
34. Mais les pharisiens appre-
nant qu'il avait réduit les saddu-
céens au silence, s'assemblerent ;
39. Et l'un d'eux, docteur de la
loi, l'interrogea pour le tenter :
36. Maitre, quel est le grand
commandement de la loi?
31. Jésus lui dit : Tu aimeras le
Seigneur ton Dieu de tout ton
cœur, de toute ton âme et de tout
ton esprit.
98. C'est là le premier et le plus
erand commandement.
39. Le second lui est semblable:
Tu aimeras ton prochain comme
toi-méme.
40. A ces deux commandements
se rattachent toute la loi et les
prophètes.
41. Or, les pharisiens étant as-
semblés, Jésus les interrogea,
49. Disant : Que vous semble
du Christ? de qui est-il fils? Ils lui
répondirent : De David.
43. Il leur répliqua : Comment
donc David l'appelle-t-il en esprit,
son Seigneur, disant :
23. Actes, xxii, 8. — 24. Deut., xxv, 5; Marc, xir, 19; Luc, xx, 28. — 32. Exod., ,זז 6.
— 35. Marc, xir, 28; Luc, x, 25. — 31. Deut., vi, 5. — 39. Lév., xix, 18; Marc, xri, 81.
— 43. Luc, xx, 41.
32. Je suis le Dieu d'Abraham, etc. Avec ces paroles qui sont prises de l'Exode
Jésus-Christ prouve ici la résurrection des corps par l'immortalité de l'àme, parce
que, en effet, ces deux dogmes sont inséparables. L'âme étant immortelle doit né.
cessairement étre un jour réunie à son corps, pour y recevoir la récompense ou la
punitien qu'elle a méritée dans ce corps même, lorsqu'elle en était revêtue.
43. En esprit; c'est-à-dire parlant par l'Esprit de Dieu. Voy. Ps. cix, +.
ioc. 159
2350
44. Le Seigneur a dit à mon
Seigneur : Asseyez-vous à ma
droite, jusqu'à ce que je fasse de
vos ennemis 168080080 de vos
pieds?
45. Si donc David l'appelle son
Seigneur, comment est-il son fils?
40. Et personne ne pouvait lui
rien répondre, et, depuis ce jour,
nul n'osa plus l'interroger.
CHAPITRE XXIII.
Ecouter ceux qui sont assis sur la chaire
de Moise. Vanité et hypocrisie des
scribes et des pharisiens. Reproches de
Jésus-Christ contre eux. Prédiction
contre Jérusalem.
1. Alors Jésus parla au peuple
et à ses disciples,
2. Disant : C'est sur la chaire
de Moise que sont assis les scribes
et les pharisiens.
3. Ainsi, tout ce qu'ils vous
disent, observez-le et faites-le,
mais n'agissez pas selon leurs
œuvres; car ils disent et ne font
pas.
4. 115 attachent des fardeaux
pesants et qu'on ne peut porter;
et ils les mettent sur les épaules
des hommes; mais ils ne veulent
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
(cu. xxm.)
pas méme les remuer du doigt.
ὃ. Ils font toutes leurs œuvres
pour être vus des hommes; car
ils portent de très larges phylac-
teres, et des franges fort longues.
6. Ils aiment les premières
places dans les festins et les pre-
miers sieges dansles synagogues,
Lessalutations dans les places .ד
publiques, et à être appelés
maitres par les hommes.
8. Pour vous, ne veuillez pas
étre appelés mailres; car un seul
est votre maitre, et vous étes tous
FÉES:
9. Et n'appelez sur la terre per-
sonne votre père; car un seul
est votre Père, lequel est dans les
Cieux.
10. Qu'on ne vous appelle point
non plus maîtres; parce qu'un
seul est votre maitre, le Christ.
11. Gelui qui est le plus grand
parmi vous, sera votre serviteur.
19. Car quiconque s'exaltera,
sera humilié; et quiconque s'hu-
miliera, sera exalté.
13. Mais malheur à vous, scribes
et pharisiens hypocrites, parce
que vous fermez aux hommes le
royaume des cieux. Vous n'entrez
44. Ps. cix, 1. — Cnar. XXIII. 2. II Esd., vir, 4. — 4. Luc, xi, 46; Actes, xv, 10. —
5. Deut., vr, 8 et xxrr, 12; Nomb., xv, 38. — 6. Marc, xir, 39; Luc, ,זא 43 et xx, 46. —
8. Jac., 111, 1. — 9. Malach., 1, 6. — 12. Luc, xiv, 11 et xvru, 14.
4^. * L'escabeau de vos pieds. Les vainqueurs avaient la coutume de poser leurs pieds
sur le cou des vaincus en signe de leur triomphe, de sorte que faire de ses ennemis
l'escabeau de ses pieds, c'est les soumettre à sa puissance.
5. Les phylactères ou préservatifs étaient des bandes de parchemin qu'on portait
sur le front et sur le bras, et sur lesquelles étaient écrites certaines paroles de la
loi. Compar. Exode, xu, 16; Deutér., vi, 8; xi, 18. — Et des franges fort longues.
Compar. Matth., 1x, 20.
9-10. Ce qui selit dans ces deux versets veut dire que nous devons mettre incom-
parablement notre Pére céleste au-dessus de tout pére selon la chair, et que nous ne
devons suivre aucun maître qui nous détourne de Jésus-Christ. Mais cela ne nous
empéche pas d'avoir, conformément à la loi divine, tout le respect dü pour nos
pères selon la chair, pour nos pères spirituels (1 CorintA., iv, 15), pour nos maîtres
et nos précepteurs.
(cu. xxur.]
pas vous-mémes, et vous ne souf-
frez pas que les autres entrent.
14. Malheur à vous, scribes et
pharisiens hypocrites, parce que
sous le prétexte de vos longues
prieres, vous dévorezles maisons
des veuves : c'est pour cela que
vous subirez un jugement plus
rigoureux.
45. Malheur à vous, scribes et
pharisiens hypocrites, parce que
vous parcourez la mer et la terre
pour faire un prosélyte; et quand
il est fait, vous faites de lui un
fils de la géhenne deux fois plus
que vous.
16. Malheur à vous, guides
aveugles, qui dites : Quiconque
jure par le temple, ce n'est rien;
mais quiconque jure par l'or du
temple, doit ce qu'il a juré.
11. Insensés et aveugles, lequel
estleplus grand, l'or ouletemple
qui sanctifie l'or?
18. Et quiconque jure par l'au-
tel, ce n'est rien : mais quiconque
jure par loffrande déposée sur
l'autel, est engagé.
19. Aveugles, lequel est le plus
grand, l'offrande ou l'autel qui
sanctifie l'offrande?
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2981
20. Celui done qui jure par l'au-
tel, jure par lui et par tout ce qui
est dessus lui.
21. Et quiconque jure par le
temple, jure par lui et par celui
dont il est la demeure.
22. Et celui qui jure par le ciel,
jure par le trône de Dieu et par
celui qui y est assis.
23. Malheur à vous, pharisiens
et scribes hypocrites, qui payez
la dime de la menthe et de l'anetli
et du cumin, et qui négligez les
choses les plus graves de la loi,
la justice, la miséricorde et la foi;
il fallait faire ceci, et ne pas
omettre cela.
24. Guides aveugles, qui em-
ployez un filtre pour le mou-
cheron, et qui avalez le cha-
meau.
98. Malheur à vous, scribes et
pharisiens hypocrites, parce que
vous nettoyez les dehors de la
coupe et du plat, tandis qu'au de-
dans vous étes pleins desouillures
et de rapine.
20. Pharisien aveugle, nettoie
d'abord le dedans de la coupe et
du plat, afin que le dehors soit
net aussi.
14. Marc, xit, 40; Luc, xx, 47. — 23. Luc, x1, 42.
15. Fils de la géhenne; c'est-à-dire de l'enfer; hébraisme, pour digne de l'enfer.
Ainsi le sens est : Vous le rendez digne de l'enfer deux fois plus que vous. —
Géhenne. Voy. Matt., v, 22. — * Pour faire un prosélyte, un converti du paganisme au
judaisme. Les Rabbins distinguaient deux espéces de prosélytes : les prosélytes de
la justice, qui ayant recu la circoncision, observaient tous les préceptes de la loi mo-
saique, et les prosélytes de la porte, non circoncis, mais habitant au milieu des Juifs
et observant certains préceptes, les sept appelés noachiques. Ils étaient ainsi nom-
més sans doute parce que le Pentateuque parle des étrangers qui habiteut « dans
les portes » ou l'intérieur des villes juives. Exode, xx, 10; Deul., xiv, 21; xxiv, 14.
16. Par ie temple, dans le texte grec, naos. Voir Matt., xxi, 12.
23. * La menthe est commune en Syrie et les Juifs en mettaient dans lessynagogues
et dans leurs maisons pour y répandre une bonne odeur. — L’aneth, l'anis, plante
de la famille des ombelliferes qui atteint un mètre de hauteur. Les Juifs se servaient
des grains d'anis comme de condiment dans leur cuisine, — Le cumin est une plante
également de la famille des ombellifères dont le fruit était aussi employé pour aro-
matiser le vin et pour d'autres usages culinaires,
9588
97. Malheur à vous, scribes et
pharisiens hypocrites, parce que
vous ressemblez à des sépuleres
blanchis, qui au dehors paraissent
beaux aux hommes, mais au de-
dans sont pleins d'ossements de
morts et de toute sorte de pour-
riture.
98. Ainsi vous aussi, au dehors,
vous paraissez justes aux
hommes ; mais au dedans vous
êtes pleins d’hypocrisie et d'ini-
quité.
29. Malheur à vous, scribes
et pharisiens hypocrites, qui bà-
tissez les tombeaux des pro-
phètes, ornez les monuments des
justes,
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
(ca. xxm.]
n'aurions pas été complices avec
eux du sang des prophètes.
31. Ainsi vous étes à vous-
mémes un témoignage que vous
étes les fils de ceux qui ont tué
les prophètes.
32. Comblez donc aussi la me:
sure de vos peres.
39. Serpents, races de vipères,
comment fuirez-vous le jugement
de la géhenne ?
34. C'est pourquoi voici que
moi-méme je vous envoie des
prophètes, des sages et des doc-
teurs; vous tuerez et crucifierez
les uns, et vous en flagellerez
d'autres dans vos synagogues, et
vous les poursuivrez de ville en
ville :
98. Afin que retombe sur vous
30. Et qui dites : Si nous avions
été du temps de nos pères, nous
33. Supra, ri, 7. — 35. Gen., 1v, 8; Hobr., xr, 4; II Par., xxiv, 22.
21. Les Juifs, dans la crainte qu'on ne se souillât en touchant les tombeaux, les
blanchissaient au dehors afin qu'on les distinguát.
33. Le jugement de la géhenne; c'est-à-dire la condamnation à la géhenne, à l'enfer.
Compar., v, 22.
35. Zachare, fils de Barachie. «Il y a divers sentiments, plus ou moins plausibles, sur
la personne de Zacharie, fils de Darachie. — Plusieurs interprètes pensent qu'il s'agit iei
de celui que les zélateurs ont immolé dans le temple, pendant le dernier siège de Jé-
rusalem. Notre Seigneur aurait pu parler de ce meurtre à l'avance et annoncer qu'il
serait puni; mais il ne parait pas le faire ici. Il parle au passé, comme d'un crime déjà
commis. — D'autres supposent qu'il est question de Zacharie, le dernier des petits
prophétes. Son pére s'appelait bien Barachie; mais si un personnage si connu, le plus
récent des prophètes, avait été tué entre le vestibule et l'autel,est-il à croire qu'il n'en
füt fait mention nulle part? — La plupart croient, comme S. Jéróme, que ce Zacharie
est celui qui fut lapidé par Joas, in atrio domus Domini, c'est-à-dire dansle parvis des
prêtres, entre l'autel des holocaustes placé en avant du vestibule et le saint ou l'en-
ceinte qui précédait immédiatement le Saint des saints. C'était probablement un
usage parmi les Juifs d'unir le meurtre d'Abel à celui de ce pontife, comme les deux
crimes les plus odieux qui eussent jamais été déjà commis. Si l'on objecte que le
meurtre de Zacharie était déjà bien ancien pour être cité comme le dernier dont ils
fussent coupables, on répond que le livre dans lequel on le lisait était un des livres
historiques les plus récents de leur canon. Ainsi le meurtre d'Abel se lisait aux pre-
miéres pages de la Bible, et celui de Zacharie aux derniéres. La difficulté de ce
sentiment est que, selon les Paralipoménes, ce Zacharie était fils de Joiadas et non
pas de Barachie. On peut néanmoins la résoudre de plusieurs manières: — 1° En
supposant que le pére de Zacharie, Joiadas, avait deux noms, qu'il était surnommé
Barachie ou fils d'Achias, ce qui n'a rien d'invraisemblable. — 2° En prenant le mot
fils dans le sens de petit-fils ou d'héritier, ce qui a lieu fréquemment. Si l'on sup-
pose Barachie mort avant son pére Joiadas, il était naturel que l'auteur des Parali-
pomènes donnât à Zacharie la qualification de fils, c'est-à-dire de descendant et
d'héritier de Joiadas, son aieul, plutôt que de Barachie, son père. Or, il parait que
z
xxiv.] L'ÉVANGILE SELON .זס]
tout le sang innocent qui a été
versé sur la terre, depuis le sang
du juste Abel jusqu'au sang de
Zacharie, fils de Barachie, que
vous avez tué entre le temple et
l'autel.
36. En vérité je vous dis : Tout
ceci viendra sur cette génération.
37. Jérusalem, Jérusalem, qui
tues les prophetes etlapides ceux
qui te sont envoyés, combien de
fois ai-je voulu rassembler tes
enfants comme une poule ras-
semble ses petits sous ses ailes,
et tu n'as pas voulu ?
38. Voilà que votre maison vous
sera laissée déserte.
39. Car je vous le dis, vous ne
me verrez plus, jusqu'à ce que
vous disiez : Béni celui qui vient
au nom du Seigneur!
CHAPITRE XXIV.
Jésus-Christ prédit la ruine de Jérusalem.
Questions des disciples à l'occasion de
cette prédiction, et réponse de Jésus-
Christ. Signes de la ruine de Jérusa-
lem,et du dernier avénement de Jésus-
Christ.
1. EtJésus étant sorti du temple,
s'en alla. Alors ses disciples s'ap-
prochèrent pour lui faire remar-
querles constructions du temple.
SAINT MATTHIEU. 2389
2. Maislui-méme, prenantla pa-
role, leur dit : Voyez-vous toutes
ces choses? En vérité je vous dis:
Il ne restera pas là pierre sur
pierre qui ne soit détruite.
3. Et comme il était assis sur
le mont des Oliviers, ses disciples
s'approcherent de lui en particu-
lier, disant : Dites-nous quand ces
choses arriveront? et quel sera le
signe de votre avènement et de
la consommation du siecle ?
4. Et Jésus répondant, leur dit :
Prenez garde que quelqu'un ne
vous séduise ;
5. Car beaucoup viendront en
mon nom, disant : Je suis le
Christ, et beaucoup seront séduits
par eux.
6. Vous entendrez parler de
combats et de bruits de combats.
N'en soyez point troublés, car il
faut que ces choses arrivent;
mais ce n'est pas encore la fin.
7. Car un peuple se soulèvera
contre un peuple, un royaume
contre un royaume ; et il y aura
des pestes et des famines, et des
tremblements de terre en divers
lieux.
8. Mais toutes ces choses sont |
le commencement des douleurs.
9. Alors on vous livrera aux
31. Luc., xur, 34. — (ΒΑΡ. XXIV. 1. Marc, xiu, 1; Luc, xxr, 5. — 2. Luc, xix, 44. —
4. Ephés., v, 6; Col., ir, 18. — 9. Supra, x, 17; Luc, xxi, 12; Jean, xv, 20 et xvi, 2.
l'âge de Joiadas confirme cette supposition. — 3» En supposant que les mots, fils de
Barachie, qui ne sont pas en S. Luc et qui manquent dans le manuscrit du Sinai, à
cet endroit de S. Matthieu, ont été introduits par un des premiers copistes, qui aura
cru qu'il s'agissait du dernier Zacharie. » (L. Bacuez.) — Entre le temple, le naos, la
maison de Dieu, et l’autel des holocaustes. Voir Matt., xxi, 12.
39. Jusqu'à ce que, etc.; c'est-à-dire jusqu'à ce que vous me reconnaissiez pour le
Messie, à la fin des temps, et que, dans mon avénement pour juger le monde, vous
me saluiez par des acclamations comme votre Dieu et votre Seigneur.
1. * Du temple, en grec, hiéron. Voir Matt., xxi, 12.
3. * Sur le mont des Oliviers. Voir Matt., xxt, 1. Du mont des Oliviers, on dominait
le Temple et on avait en vue toute la ville de Jérusalem, ses murs et ses édifices.
2390
tribulations et à la mort, et vous
serez en haine à toutes les nations
à cause de mon nom.
10. Alors beaucoup se scanda-
liseront ; ils setrahiront et se hai-
ront les uns les autres.
11. Beaucoup de faux prophètes
aussi s'élèveront, et beaucoup
seront séduits par eux.
19. Et parce que l'iniquité aura
abondé, la charité d'un grand
nombre se refroidira.
13. Mais celui qui persévérera
jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé.
14. Et cet Evangile du royaume
sera préché dans le monde entier,
en témoignage à toutes les na-
tions ; et alors viendra la fin.
15. Quand done vous verrez
l'abomination de la désolation,
15. Marc, xur, 14; Luc, xxr, 20; Dan., 1x,
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[cH. xxiv.]
prédite par le prophète Daniel,
régnant dans le lieu saint (que
celui qui lit entende) :
16. Alors, que ceux qui sont
dans la Judée fuient sur les mon-
tagnes ;
17. Et que celui qui sera sur le
toit ne descende pas pour empor-
ter quelque chose de sa maison :
18. Et que celui qui sera dans
les champs ne revienne pas pour
prendre sa tunique.
49. Mais malheur aux femmes
enceintes et à celles qui nourri-
ront en ces jours-là !
20. Priez donc que votre fuite
n'arrive pas en hiver, ni en un
jour de sabbat.
21. Car alors la tribulation sera
grande, telle qu'il n’y en a point
21. — 20. Actes, 1, 12.
11. * Beaucoup de prophèles aussi s'éléveronl. Les premiers écrivains ecclésiastiques
ont vu ces faux prophètes dans les pseudo-Messies, Théodas (Act, v, 36), Barco-
chébas, dans Simon 16 Magicien, Cérinthe, etc. Il faut du reste remarquer que dans
toute cette prophétie les événements qui devaient s'accomplir à la ruine de Jéru-
salem sont mélés avec ceux qui ne doivent se réaliser qu'à la fin du monde, sans
qu'il soit toujours possible de bien les déméler les uns des autres. « Le Seigneur, dit
un ancien auteur ecclésiastique à qui l'on doit l'Ópus imperfectum publié dans les
œuvres de S. Jean Chrysostome, le Seigneur n'a pas spécifié quels sont les signes qui
appartiennent à la destruction de Jérusalem et quels sont ceux qui appartiennent à
la fin du monde, de sorte que les mémes signes semblent convenir à l'une et à
l'autre, parce qu'il n'expose point avec ordre comme dans une histoire ce qui devait
se passer, mais il annonce d'une manière prophétique ce qui arrivera. »
14. En témoignage à toutes les nations; c'est-à-dire pour servir de témoignage à
toutes les nations du soin que Dieu a pris de leur faire annoncer la doctrine du
salut. — Et alors viendra la fin. Compar. le vers. 6.
15. * L'abomination de la désolation; une idole, d'aprés l'interprétation des Juifs et
de plusieurs Pères.
16. * Fuient sur les montagnes. Au moment du siège de Jérusalem par Titus, les
chrétiens se réfugièrent en effet à Pella dans les montagnes de Galaad.
11. Sur le toit. Compar., x, 21.
19. Malheur aux femmes enceintes, etc.; parce qu'elles ne pourront se sauver avec
toute la promptitude nécessaire.
20. En hiver, à cause des incommodités de cette saison. — Ni en un jour de sabbat ;
parce que les Juifs croyaient qu'il neleur était pas permis de faire plus de deux mille
pas, c'est-à-dire environ une demi-lieue de chemin le jour du sabbat.
21. * Alors la tribulation sera grande. Les tribulations qu'endurérent les Juifs pen-
dant le dernier siège de Jérusalem et dont Josèphe nous a raconté les détails dépas-
sent toute imagination. Toutes les prophéties du Sauveur s'accoinplirent à la lettre
et le peuple déicide expia son crime par la ruine totale de ce pays dont il était si fier,
« Les yeux plutôt que les oreilles, dit S. Jérôme, pcuvent juger de ce que sont de-
[cH. xxiv.]
eu depuis le commencement du
monde jusqu'à présent, et qu'il
n'y en aura point.
22. Et si ces jours n'eussent été
abrégés, nulle chair n'aurait été
sauvée; mais à cause des élus,
ces jours seront abrégés.
23. Alors, si quelqu'un vous dit:
Voici le Christ, ici, ou là, ne le
croyez pas.
24. Car il s'élévera de faux
Christs et de faux prophetes ; et
ils feront de grands signes et des
prodiges, en sorte que soient in-
duits en erreur (s'il peut se faire)
méme les élus.
25. Voilà que je vous l'ai prédit.
26. Si donc on vous dit : Le voici
dans le désert, ne sortez point :
le voilà dans le lieu le plus retiré
de 18 maison, ne le croyez pas.
97. Car, comme l'éclair part de
l'orient et apparait jusqu'à l'occi-
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2394
dent, ainsi sera l'avénement du
Fils de l’homme.
28. Partout où sera le corps, là
aussi s'assembleront les aigles.
29. Mais aussitôt après la tribu-
lation de ces jours, 16 soleil s'obs-
curcira, et la lune ne donnera
plus sa lumiere ; les étoiles tom-
beront du ciel et les vertus des
cieux seront ébranlées. |
80. Alors apparaitra le signe du
Fils de homme dansle ciel ; alors
pleureront toutes les tribus de la
terre, et elles verront le Fils de
l’homme venant dans les nuées
du ciel, avec une grande puis-
sance et une grande majesté.
31. Et il enverra les anges, qui,
avec une trompette et une voix
éclatante, rassembleront ses élus
des quatre vents de la terre, du
sommet des cieux jusqu’à leurs
dernières profondeurs.
23. Marc, xir, 21; Luc, xvi, 23. — 28. Luc, xvii, 37. — 29. Isaie, xui, 10; Ézéch.,
xxxit, 7; Joël, rt, 10 et rir, 15; Marc, xri, 24; Luc, xxr, 25. — 30. Apoc., 1, 7. — 34. I Cor.,
xv, 52; 1 Thess., 1v, 15.
venues les villes et les places fortes de la Judée; nous qui pouvons voir l'état de
cette province dans laquelle nous habitons, nous pouvons certifier l'exactitude de
tout ce qui a été écrit. A peine découvrons-nous quelques vestiges de ruines là où
s'élevaient autrefois de grandes villes... Les vignerons perfides (voir la parabole
Matt., xxt, 33-41) aprés avoir tué les serviteurs et enfin le Fils de Dieu lui-même,
n'ont plus maintenant le droit d'entrer dans Jérusalem que pour y pleurer et alin
qu'ils puissent pleurer sur les ruines de leur capitale, ils sont obligés de payer une
somme d'argent, de sorte que ceux qui avaient acheté le sang du Christ achètent
maintenant la permission de verser des larmes et les pleurs mémes ne leur sont per-
mis quà prix d'argent. Voyez venir au jour anniversaire de la prise et de la des-
truction de Jérusalem par les Romains, voyez venir ce peuple lugubre; ces vieilles
femmes décrépites, ces vieillards chargés de haillons et d'années sont par leur tenue
et par leur extérieur, autant de témoins de la colére de Dieu. La troupe misérable
se rassemble, et tandis que brillent l'instrument du supplice du Seigneur et l'église
de la Résurrection, tandis que l'étendard de la croix est déployé tout éclatant sur
le mont des Oliviers, ce peuple malheureux pleure sur les ruines de son temple. »
22. Nulle chair. L'Ecriture emploie souvent le mot chair pour désigner l'homme.
28. Tous les hommes ressuscités et renouvelés comme des aigles s'assembleront
autour du corps de Jésus-Christ, qui a été immolé pour eux. — * Le corps, le cadavre.
— Les aigles. L'aigle proprement dit ne se nourrit pas de cadavres, ordinairement du
moins. L'oiseau de proie dont il s'agit ici est le vautour percnoptére qui ressemble
beaucoup à laigle et que Pline considère comme formant la quatrième espèce du
genre aigle. Nous avons du reste ici une locution proverbiale.
30. Le signe du Fils de l’homme; c'est-à-dire la croix, qui est comme l'étendard du
Sauveur.
2392
32. Apprenez la parabole prise
du figuier. Quand ses rameaux
sont encore tendres et ses feuilles
naissantes, vous savez que l'été
est proche.
33. Ainsi vous-mémes, lorsque
vous verrez toutes ces choses,
sachez que le Christ est proche, à
la porte.
34. En vérité je vous dis que
cette génération ne passera point
jusqu'à ce que toutes ces choses
s'accomplissent.
35. Le ciel et la terre passeront,
mais mes paroles ne passeront
point.
36. Mais pour ce jour et cette
heure, personne ne les sait, pas
méme les anges du ciel; il n'y a
que Te Père.
37. Et comme aux jours de Noé,
ainsi sera l'avenement du Fils de
l'homme.
38. Car, comme ils étaient aux
jours d'avant le déluge, man-
geant et buvant, se mariant
et mariant leurs enfants, jus-
qu'au jour où Noé entra dans
l'arche,
39. Et qu'ils ne reconnurent
point de déluge, jusqu'à ce qu'il
arriva et les emporta tous : ainsi
sera l'avènement méme du Fils
de l'homme.
40. Alors de deux hommes qui
L'EVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[cH. xxiv.]
seront dans un champ, l'un sera
pris et l'autre laissé.
41. De deux femmes qui mou-
dront ensemble, l'une sera prise
et l'autre laissée.
42. Veillez donc, parce que vous
ne savez pas à quelle heure votre
Seigneur doit venir.
43. Mais sachez ceci : Si le père
de famille savait à quelle heure le
voleur doit venir, il veillerait
certainement et ne laisserait pas
percer sa maison.
44. C'est pourquoi vous aussi,
tenez-vous préts; car vous igno-
rez l'heure à laquelle le Fils de
l'homme doit venir.
49. Qui, pensez-vous, est le
serviteur fidele et prudent que
son maitre a établi sur tous ses
serviteurs, pour leur distribuer
dans le temps leur nourriture?
46. Heureux ce serviteur, que
son maitre, lorsqu'il viendra,
trouvera agissant ainsi.
47. En vérité, je vous dis qu'il
l'établira sur tous ses biens.
48. Mais si ce mauvais servi-
teur dit en son cœur : Mon maitre
tarde à venir ;
49. Et qu'il se mette à battre
ses compagnons, à manger et à
boire avec des ivrognes,
50. Le maitre de ce serviteur
viendra le jour οἱ il ne s'y attend
Jo. Marc, xii, 31. — 37. Gen., vii, 1; Luc, xvir, 26. — 43. Marc, xri, 33; Luc, ,זא 99,
— 46. Apoc., xvi, 15.
32. * Du figuier. Voir Luc, xut, 6.
31. Comme aux jours de Noé; c'est-à-dire de la même manière qu'aux jours de Noé.
Il faut suppléer fut, se passa la venue du déluge. C'est une sorte d'ellipse que l’on
trouve souvent dans la Bible, et qui s'explique facilement par le contexte.
40-41. Ces facons de parler marquent le discernement qui se fera alors des élus et
aes réprouvés.
41. Les esclaves de l'un et de l'autre sexe étaient employés à moudre le grain à
force de bras. — * La meule supérieure du moulin est souvent tournée en Orient par
deux personnes. Voir note sur Matt., xvii, 6.
₪
[cu. xxv.]
pas, et à l'heure qu'il ignore;
51. Et il le divisera, et il lui
donnera ainsi sa part avec les hy-
pocrites : là sera le pleur et le
grincement de dents.
CHAPITRE XXV.
Parabole des dix vierges. Parabole des
talents. Dernier jugement. OEuvres de
miséricorde faites ou refusées à Jésus-
Christ dans la personne de ses membres.
1. Alors le royaume des cieux
sera semblable à dix vierges qui,
ayant pris leurs lampes, allèrent
au-devant de l'époux et de 16-
pouse.
2. Cinq d'entre elles étaient
folles et cinq sages.
3. Les cinq folles, en prenant
leurslampes, n'emporterent point
d'huile avec elles :
4. Mais les sages prirent de
l'huile dans leurs vases avec les
lampes.
5. Or l'époux tardant à venir,
elles s'assoupirent toutes, ets'en-
dormirent.
6. Mais au milieu de la nuit, un
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2393
cri s'éleva: Voicil'époux qui vient;
sortez au-devant de lui.
7. Aussitôt toutes ces vierges
se levèrent, et préparerent leurs
lampes.
8. Mais les folles dirent aux
sages : Donnez-nous de votre
huile, parce que nos lampes s'é-
teignent.
9. Les sages répondirent, di-
sant : De peur qu'il n'y en ait pas
assez pour nous et pour vous,
allez plutôt à ceux quien vendent,
et achetez-en pour vous.
10. Or pendant qu'elles allaient
en acheterl'époux arriva; et celles
qui étaient prêtes entrèrent avec
lui dans la salle des noces, et la
porte fut fermée.
11. Enfin les autres vierges
vinrent aussi, disant : Seigneur,
Seigneur, ouvrez-nous.
19. Mais l'époux répondant, dit:
En vérité je vous dis que je ne
vous connais point.
13. Veillez donc, parce que vous
ne savez ni le jour ni l'heure.
14. C'estcomme un homme qui,
51. Supra, xir, 42; Infra, xxv, 30. — Cuar. XXV. 13. Maic, xirt, 99. — 14. Luc, xix, 12.
51. Et il le divisera; c'est-à-dire il 16 fera mourir. Dans l'Ecriture, le mot diviser se
met souvent pour séparer l'àme du corps, óter la vie. Les maitres d'ailleurs avaient
droit de vie et de mort sur leurs esclaves.
1.* La cérémonie principale du mariage chez les Juifs consistait à conduire la fiancée
de sa propre maison dans la maison de son futur époux. Elle avait lieu le soir,
quand il était déjà nuit, ce qui obligeait d'emporter des lampes pour éclairer la
marche. La fiancée richement habillée et entourée de ses compagnes, les dix vierges
dont il est ici question, attendait la venue de l'époux et de ses amis (voir Matt.,
ix, 15) qui venaient la chercher et la conduisaient dans la maison qui devait étre
désormais la sienne. — Les mots de l’épouse ne se lisent pas dans le grec. De fait
{es compagnes vont attendre seulement l'époux.
3-4. * Les lampes étant petites, analogues à celles qu'on trouve dans les 6818601205 ,
1l fallait en renouveler l'huile pour une si longue veille. C'est pour cela que les vierges
sages avaient emporté avec leurs lampes un vase plein d'huile, tandis que les folles
n'avaient pas pensé à en prendre avec elles.
6. * Au milieu de la nuit. Voir Matt., xiv, 25.
10. * La porte fut fermée. Les vierges folles n'arrivent que lorsque 16 cortège qui a
accompagné la mariée à la maison de son époux est déjà entré dans la salle des noces
et que la porte en est fermée.
2894
partant pour un voyage, appela
ses serviteurs et leur remit ses
biens.
15. A l’un il donna cinq talents,
à un autre deux, à un autre un,
à chacun selon sa capacité, et il
partit aussitót.
16. Or celui qui avait recu les
cinq talents s'en alla, les fit valoir
et en gagna cinq autres.
17. Pareillement celui aussi, qui
en avait recu deux, en gagna
deux autres.
18. Maiscelui qui n'en avait re-
cu qu'un, s'en allant, creusa la
la terre et cacha l'argent de son
maitre.
19. Longtemps apres, le maitre
de ces serviteurs revint et compta
. AVEC eux.
20. Alors celui qui avait reçu
cinq talents s'approchant, lui pré-
senta cinq autres talents, disant :
Seigneur, vous m'avez remis cinq
lalents, en voici cinq autres que
j'ai gagnés de plus.
21. Son maitre lui répondit :
Fort bien, serviteur bon etfidèle :
parce que tu as été fidèle en peu
de choses, je t'établirai sur beau-
coup : entre dans la joie de ton
maitre.
22. Celui qui avait recu deux
talents vint aussi, et dit : Sei-
gneur, vous m'aviez remis deux
talents; en voici deux autres que
j'ai gagnés.
23. Son maitre lui répondit :
Fort bien, serviteur bon et fidele:
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[cH. xxv.]
parce que tu as été fidèle en peu
de choses, je t'établirai sur beau-
coup : entre dans la joie de ton
maitre.
24. Puis s'approchant aussi, ce-
lui qui avait recu un seul talent
dit : Seigneur, je sais que vous
étesunhomme sévere ; vous mois-
sonnezoiü vous n'avez pointsemé,
et recueillez oü vous n'avez rien
mis.
25. Aussi, craignant, je m'en
suis allé et j'ai caché votre talent
dans la terre: voici, je vous rends
ce qui est à vous.
26. Son maitre répondant lui
dit : Serviteur mauvais et pares-
seux, tu savais que je moissonne
où je n'ai point semé, et que je
recueille où je n'ai rien mis:
97. Hl fallait donc remettre mon
argent aux banquiers, et, reve-
nant, j'aurais reçu avec usure ce
qui est à moi.
28. Reprenez-lui donc le talent,
et donnez-le à celui qui a dix ta-
lents.
29. Caron donnera à celui qui a,
et il sera dans l'abondance ; mais
à celui qui n'a pas, méme ce qu'il
semble avoir, lui sera óté.
30. Et jetez ce serviteur inutile
dans les ténèbres extérieures : là
sera le pleur et le grincement de
dents.
31.0r,quandle Fils de l’homme
viendra dans sa majesté, et tous
les anges avec 101, alorsils'assiéra
sur le trône de sa majesté.
29. Supra, xix, 12; Marc, 1v, 25; Luc, vin, 18 et xix, 26.
15. Chez les Hébreux, le talent valait environ 4,414 francs.
21. IL fallait donc, etc. Par cette comparaison, Jésus-Christ veut nous montrer que
nous ne devons rien négliger pour faire valoir les grâces que nous avons reçues de
Dieu, soit pour notre perfection, soit pour le salut de nos fréres.
30. Dans les lénèbres extérieures. Compar., vur, 12.
[cu. xxvi.]
39. Et toutes les nations seront
rassemblées devant lui, et il les
séparerales uns d'avecles autres,
comme le pasteur sépare les bre-
bis d'avec les boucs;
33. Et il placera les brebis à sa
droite et les boucs à sa gauche.
34. Alors, le roi dira à ceux qui
seront à sa droite : Venez, les bé-
nis de mon pere; possédez le
royaume préparé pour vous de-
puis la fondation du monde :
35. Car j'ai eu faim, et vous m'a-
vezdonnéàmanger; j'ai eu soif, et
vous m'avez donné à boire ; j'étais
sansasile, etvous m'avez recueilli ;
36. Nu, et vous m'avez vêtu,
malade, et vous m'avez visité ; en
prison, et vous êtes venus à moi.
97. Alors les justes lui répon-
dront : Seigneur, quand est-ce
que nous vous avons vu ayant
faim, et que nous vous avons
rassasié ; ayant soif, et que nous
vous avons donné à boire ?
38. Quand est-ce que nous vous
avons vu sans asile, et que nous
vous avons recueilli; ou nu, et
que nous vous avons vétu?
39. Ou quand est-ce que nous
vous avons vu malade ou en pri-
son, et que nous sommes venus
à vous?
40. Et le roi répondra, disant :
En vérité, je vous dis : Chaque
fois que vous l'avez fait à l'un de
ces plus petits d'entre mes freres,
c'est à mol que vous l'avez fait.
41. Alors il dira aussi à ceux
qui seront à sa gauche : Allez loin
de moi, maudits, au feu éternel.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2395
qui ἃ été préparé au diable et à
ses anges;
42. Car j'ai eu faim, et vous ne
m'avez point donné à manger;
jai eu soif, et vous ne m'avez
point donné à boire ;
43. J'étais sans asile, et vous ne
m'avez point recueilli ; nu, et vous
ne m'avez point vétu ; malade et
en prison, et vous nem'avez point
visité.
44. Alors, eux aussi lui répon-
dront, disant : Seigneur, quand
est-ce que nous vous avons vu
ayant faim, ou soif, ou sans asile,
ou nu, ou malade, ou en prison,
et que nousne vous avons point
assisté?
45. Alors il leur répondra, di-
sant: En vérité, je vous le dis,
chaque fois que vous ne lavez
point fait à l'un de ces petits, à
moi non plus, vous ne l'avez point
fait.
46. Et ceux-ci s'en iront à l'éter-
nel supplice, et les justes dans la
vie éternelle.
CHAPITRE XXVI.
Conspiration des Juifs. Parfums répandus
sur la téte de Jésus-Christ. Trahison
de Judas. Dernière cène. Institution de
lEucharistie. Renoncement de saint
Pierre prédit. Prière de Jésus dans le
jardin des Oliviers. Il est pris, conduit
chez Caiphe, accusé, condamné, ou-
tragé. Renoncement et pénitence de
saint Pierre.
1. Oril arriva que lorsque Jésus
eut achevé tous ces discours, il
dit à ses disciples :
2. Vous savez que la pâque se
35. Isaie, Lvrr, 7; Ézéch., וטא 7, 16. — 36. Eccli., vir, 39. — 41. Ps. v1,9; Supra, vir, 23 ;
Luc, xui, 27. — 46. Dan., xir, 2; Jean, v, 29. — (παρ. XXVI. 2. Marc, xiv, 1; Luc, xxii, 1.
2. * La Páque, la fête la plus solennelle des Juifs, se célébrait en mémoire de la dé-
livrance du peuple juif de la servitude de l'Egypte, par 18 mauducation de l'agneau
2396
fera dans deux jours, et que le
Fils de l'homme sera livré pour
étre crucifié.
3. Alors les princes des prétres
et les anciens du peuple s'assem-
blèrent dans la salle du grand
prétre appelé Caiphe,
4. Et tinrent conseil pour se
saisir de Jésus par ruse, et le faire
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[cg. xxvi.]
5. Mais ils disaient:Non pas un
jour de la féte, de peur qu'il ne
s'élevàt du tumulte parmi le
peuple.
6. Or, comme Jésus était à Bé-
thanie, dans la maison de Simon
le lépreux,
7. Vintauprès de lui une femme
ayant un vase d’albâtre plein d'un
mourir. parfum de grand prix, et elle le
7. Marc, xiv, 8; Jean, xr, 2 et xir, 3.
pascal, figure de Notre Seigneur, I Cor., v, 7. Elle se célébrait le 14 nisan (mars-avril)
et durait sept jours.
3.* Les princes des prêtres, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales. — Les
anciens du peuple, les membres du Sanhédrin. — Du grand prêtre appelé Caiphe.
Caiphe, qu'on appelait aussi Joseph, fut nommé grand-prétre par le procurateur
romain Valérius Gratus vers l'an 21 ou 28 de notre ère, à la place de Simon, fils de
Camith. Il conserva ses fonctions pendant toute l'administration de Pilate, mais il fut
déposé en l'an 36 ou 91 par le proconsul Vitellius et remplacé par Jonathan, fils du
pontife Ananus ou Anne.
6. Simon le lépreux; c'est-à-dire qui avait été lépreux. — * « Le repas décrit par
S. Jean, xir, 2, est-il différent de celui qui eut lieu chez Simon le lépreux, Malt.,
xxvi, 6, et de celui que décrit S. Luc, vir, 362 — Il est probable que le repas décrit
par S. Jean est le méme que S. Matthieu nous dit avoir eu lieu chez Simon.
Les deux Evanugélistes placent la scène à Béthanie; les récits présentent les mêmes
circonstances et se rapportent à la même époque. Le Sauveur revint dans ce bourg six
jours avant Pâques, comme le dit S. Jean, le samedi soir par conséquent, un peu avant
le repas, ou le vendredi, si l'on compte les six jours à partir du jeudi soir où la fête
commencait. Si S. Matthieu parle de deux jours avant Páques, quelques versels plus
haut, cest à propos d'un autre fait, de la résolution prise par le Sanhédrin de faire
mourir Jésus; et cette anticipation n'empêche pas quil ne décrive ensuite trés natu
rellement ce repas de Béthanie, qui a fourni à Judas l’occasion de quitter son Maitre
et de le vendre aux Juils. Que Lazare et ses sœurs assistent à ce repas, ce n'est pas
une preuve qu'il eut lieu chez eux. Celui qui l'offrait ne pouvait-il pas être de leurs
parents ou de leurs amis? C'est méme probablement parce qu'on n'était pas chez
eux que S. Jean croit devoir signaler leur présence et surtout le zèle de Marthe à
servir les convives. lci comme ailleurs, le dernier évangile compléte les précédents,
en ajoutant à leur récit de nouveaux traits. S. Matthieu et S. Marc disent: une
femme; S. Jean dit: Marie, sœur de Lazare. Ils parlent de l'onction de la tête seule-
ment; lui signale l'onction des pieds.
» Le repas dont parle S. Luc eut lieu assez longtemps auparavant, en Galilée, et
selon toute apparence à Naim. On ne peut donc pas le confondre avec celui qui eut
lieu à Béthanie six jours avant Pâques, où Notre Seigneur eut à reprendre les sen-
timents de Judas, et non ceux de Simon. Seulement on peut demander si ce n'est
pas le méme Simon qui les a donnés l'un et l'autre. La plupart distinguent Simon
le pharisien de Simon le lépreux. Ils ne semblent pas, disent-ils, avoir le même
domicile, ni le méme caractère, ni les mêmes dispositions envers le Sauveur. Ces
raisons ne sont cependant pas une démonstration. Il n'est pas sür que Simon füt de
Naim, ni méme de Galilée: S. Luc ne le dit pas; et quoique pharisien, il avait pu
étre guéri de la lépre par Notre Seigneur et changer de sentiment à son égard. »
(L. BACUEZ.)
1. *« Une femme ayant un vase d'albátre. On croit que c'est Marie-Madeleine. Le
sentiment commun est qu'il n'y a point de distinction à faire entre la pécheresse de
S. Luc, Marie-Madeleine, délivrée de sept démons, Marie, sœur de Marthe, et Marie
(cu. xxvi.] L'ÉVANGILE SELON
répandit sur satéte, lorsqu'il était
à table.
8. Ce que voyant, ses disciples
s'indignerent, disant : Pourquoi
cette perte?
9. Il pouvait, en effet, ce par-
fum, se vendre tres cher et étre
donné aux pauvres.
10. Mais Jésus le sachant, leur
dit : Pourquoi faites-vous de la
peine à cette femme? c'est une
SAINT MATTHIEU. 2397
bonne œuvre qu'elle a faite en-
vers moi.
11. Car vous avez toujours
les pauvres avec vous; mais
moi, vous ne m'avez pas tou-
jours.
12. Cette femme, en répandant
ce parfum sur mon corps, l'a fait
pour m'ensevelir.
13. En vérité, je vous le dis,
partout οὐ sera préché cet évan-
de Béthanie. Ce sentiment parait bien fondé. En effet: 19 Tel est l'avis des docteurs
et des Péres les plus anciens, celui que l'Eglise romaine a toujours suivi dans sa
liturgie. S'il s'agissait, dans ces passages, de personnes différentes, serait-il possible
que les Apótres n'en eussent pas instruit les premiers fidèles ou qu il se füt établi
dès les premiers temps une tradition opposée à leur enseignement? — 2° Lorsqu'on
lit simplement l'Evangile, l'idée de ces distinctions ne s'offre pas à l'esprit. — Aprés
avoir rapporté la conversion de la pécheresse chez Simon, 5. Luc parle aussitôt de
plusieurs femmes qui avaient été guéries ou délivrées du démon par le Sauveur, ct
qui l'assistaient de leurs biens: or, la première de toutes est Marie, surnommée Ma-
deleine. — Quand S. Jean parle de Marie, sœur de Lazare et de Marthe, il ajoute,
pour la faire connaitre, que c'est la personne qui a essuyé de ses cheveux les pieds
du Sauveur. ἃ qui peut-on penser, sinon à la pécheresse qu'on sait avoir fait à Naim
cet acte d'humilité et de religion? — On ne peut pas la méconnaitre davantage chez
Simon, oü cette action est renouvelée, ni aux pieds du Sauveur, à la maison de
Marthe, ni au pied de la croix, ni au tombeau, où elle parait sous le nom de Maric-
Madeleine. Si ce n'était pas là, en effet, Marie de Béthanie, comment s'expliquer son
absence, l'absence de la sœur de Lazare, eu pareille circonstance? D'ailleurs, ce
sont les mêmes habitudes qui se manifestent partout, et l'identité du caractère in-
dique l'identité de la personne. Mais si Marie de Béthanie est Marie-Madeleine, dé-
livrée de sept démons, peut-on douter que ce ne soit la pécheresse de Naim, celle
qui a témoigné à Notre-Seigneur tant de repentir et tant d'amour? — 3» On ne peut
opposer à ce sentiment aucune difficulté réelle. — Une même personne ne peut-elle
pas s'étre trouvée en Galilée, chez Simon le pharisien, avoir possédé un bien à Mag-
dala, et être venue chez sa sœur à Béthanie? — Il est des esprits qui répuguent à
croire que le Sauveur ait témoigné tant de bonté à une pécheresse, même après sa
conversion. Mais n'a-t-il pas dit lui-même à Simon ce qu'on doit penser d'un tel
sentiment? N'est-ce pas pour les pécheurs qu'il est venu sur la terre et ne voulait-il
pas qu'on connüt ses dispositions? Ce qu'il a fait pour Madeleine, ne l'a-t-il pas fait
pour la Samaritaine et pour une infinité d'auires? N'éótait-ce pas un présage, une
ligure de la grâce qu'il destinait à toute la gentilité? Ne l'a-t-il pas aussi convertie?
Ne l'a-t-il pas régénérée, honorée du nom d'épouse et mise à la place de la synagogue
infidèle? — Enfin, si Marie, sœur de Marthe, n'était pas Marie-Madeleine, ne faudrait-
il pas dire que l'Eglise est loin de remplir les intentions du Sauveur, qu'elle ne com-
prend mérae pas la prédiction qu'il a faite au repas de Béthanie, puisqu'elle attribue
à sainte Madeleine et qu'elle honore particulièrement en sa personne l'acte de reli-
gion qu'il a signalé en Marie comme devant étre pour elle la source de tant de
gloire? — Le caractére de Madeleine contraste admirablement avec celui de Judas à
Béthanie, comme il contraste avec celui de Simon à.Naim.» (L. BAcugz.) — Un vase
d'albátre. On ἃ trouvé de nombreux échantillons de ces vases à parfums dans des
tombeaux. Ceux qui ont été découverts dans les tombeaux des rois de Sidon, en
Phénicie, et qui remontent à une époque un peu antérieure à Notre Seigneur, sont
tous en albâtre égyptien; ils ont la forme d'une poire; leur hauteur est de 0m25;
l'orifice a 0203; l'épaisseur n'est guère que d'un centimètre. Ces vases faits au tour,
sont donc trés fragiles.
2398
gile, dansle monde entier, on dira
méme, en mémoire d'elle, ce
qu'elle vient de faire.
14. Alors un des douze, appelé
Judas Iscariote, alla vers les
princes des prétres,
15. Etleur dit: Que voulez-vous
me donner, et je vous le livrerai?
Et ceux-ci lui assurèrent trente
pieces d'argent.
16. Et de ce moment il cher-
chait une occasion favorable pour
le leur livrer.
17. Or, le premier jour des
azymes, les disciples s'appro-
cherent de Jésus, disant : Où vou-
lez-vous que nous vous prépa-
rions ce qu'il faut pour manger
la pâque?
18. Jésus répondit : Allez dans
la ville, chez un tel, et dites-lui :
Le maitre dit : Mon temps est
proche, je veux faire chez toi la
pàque avec mes disciples.
19. Et les disciples firentcomme
Jésus leur commanda, et ils pré-
parerent la pâque.
90. Le soir donc étant venu, il
L'EVANGILE SELON
SAINT MATTIHIEU. (cu. xxvi.]
était à table avec ses douze dis-
ciples. x
21. Et pendant qu'ils man-
geaient, il dit : En vérité, je vous
dis qu'un de vous doit me trahir.
22. Alors, grandement contris-
tés, ils commencèrent à lui de-
mander chacun en particulier :
Est-ce moi, Seigneur?
93. Mais Jésus répondant, dit :
Gelui qui met avec moi la main
dans le plat, celui-là me trahira.
94. Pour ce qui est du Fils de
l'homme, il s'en va, selon ce qui
a été écrit de lui; mais malheur
à l’homme par qui le Fils de
l'homme sera trahi; il vaudrait
mieux pour cet homme qu'il ne
füt pas né.
25. Mais prenant la parole, Ju-
das qui le trahit, dit : Est-ce moi,
maitre? Il lui répondit : Tu l'as dit.
20. Or, pendant qu'ils sou:
peaient, Jésus prit le pain, le bé-
nit, le rompit, et le donna à ses
disciples, et dit: Prenez et man
gez; ceci est mon corps.
Et, prenant 16 calice, il ren .דפ
14. Marc, xiv, 10; Luc, xxit, 4. — 17. Marc, xiv, 12; Luc, xxit, 7. — 20. Mare, xiv, 17;
Luc, xxi, 14. — 21. Jean, xur, 21. — 24. Ps. xr, 10. — 26. I Cor., xr, 24.
45. Trente pièces d'argent; c'est-à-dire trente sicles, qui font environ quarante-huit
francs de notre monnaie; c'était le prix ordinaire d'un esclave. Exode, xxr, 32.
A1. Les azymes; c'est-à-dire la fête des pains sans levain. — La páque; l'agneau
pascal.
48. * Je veux faire chez toi la pâque. Dans le cénacle. Voir sur 16 cénacle, Mare,
XIV Το:
19. * Is préparèrent la páque, l'agneau pascal et tout ce qui était nécessaire pour
le manger selon les rites. Exode, xu, 3-20.
93. * Dans le plat, en grec trublion, plat trés grand. En Orient, les assiettes sont
inconnues; chacun prend immédiatement dans le plat, à mesure qu'il mange, chacun
de ses morceaux, en se servant de son pain en guise de cuiller et de fourchette. Tous
les Apótres mettaient donc la main dans le plat avecle Sauveur, et ces paroles ne
désignaient pas 16 traître mais signifiaient seulement : C'est un de ceux qui mangent
ici avec moi qui me trahira.
26. Ceci est mon corps. Jésus ne dit pas : Ceci est la figure de mon corps; ni: Dans
ceci ou avec ceci est mon corps; mais absolument: Ceci est mon corps, ce qui im-
plique clairement la transsubstantiation.
21. Buvez-en tous. Cela fut dit aux douze apótres, qui tous étaient alors présents;
mais il ne s'ensuit nullement qu'il soit ordonné à tous les fidèles de boire de ce
ו
[cu. xxvi.]
dit grâces, et le leur donna, di-
sant : Buvez-en tous.
98. Car ceci est mon sang, le
sang du nouveau testament, qui
sera répandu pour un grand
nombre en rémission des péchés.
29. Or, je vous le dis, je ne boi-
rai plus désormais de ce fruit de
la vigne, jusqu'au jour où je le
boirai nouveau avec vous dans le
royaume de mon Père.
30. Et l'hymne dit, ils s'en al-
lèrent à la montagne des Oli-
viers.
31. Alors Jésus leur dit : Vous
tous vous prendrez du scandale
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2399
pasteur, et les brebis du troupeau
seront dispersées.
32. Mais, après que je serai res-
suscité, je vous précéderai en Ga-
lilée.
33. Or, Pierre répondant, lui
dit : Quand tous se scandalise-
raient de vous, pour moi jamais
je ne me scandaliserai.
34. Jésus lui répondit : En vé-
rité, je te dis que cette nuit même,
avant qu'un coq chante, tu me
renieras trois fois.
35. Pierre lui dit : Quand il me
faudrait mourir avec vous, je ne
vous renierai point. Et tous les
à mon sujet pendant cette nuit;
car il est écrit : Je frapperai le
disciples dirent aussi de même.
36. Alors Jésus vint avec eux à
31. Marc, xiv, 27; Jean, xvi, 32; Zach., xur, 7. — 32. Marc, xiv, 28 et xvi, 1. —
34. Marc, xiv, 30; Jean, xri, 38. — 35. Marc, xiv, 31; Luc, xxr, 33.
calice, pas plus quil ne leur est ordonné de consacrer, d'offrir et d'administrer
ce sacrement, parce que Jésus-Christ, dans le méme moment, commanda à ses
apôtres de faire cela, selon ces paroles de saint Luc (xxir, 19) : Faites ceci en mémoire
de moi.
28. Le sang du nouveau testament. Comme l'ancien testament était consacré avec
le sang des victimes (Exode, xxiv, 8) par ces paroles: Ceci est le sang du testament
(Hébr., 1x, 20), de méme se trouve ici la consécration et l'institution du nouveau tes-
tament dans le sang de Jésus-Christ répandu d'une manière mystique, par ces
paroles: Ceci est le sang du nouveau Testament. — Pour un grand nombre. Voy.
Matt., xx, 28.
30. Et Ühymne dit; c'est-à-dire, selon les uns, après le chant des Psaumes cxi-cx vit,
consacrés dans les rituels des Juifs, pour la céne pascale; ou, selon d'autres, aprés
lechant du cantique composé par le Sauveur lui-màme pour la circonstance. — * Comme
Jésus-Christ et les Apótres suivaieut ordinairement les coutumes juives, l'opinion
des premiers est la plus probable. « La nuit pascale, les Juifs avaient coutume de
chanter deux hymnes eucharistiques, appelés Hallel, l'un qui commence par A//eluia
et qui se compose des Psaumes cxit, מוזצס CXIV, CXV, cxvi, ווטצס ; l'autre qu'on appelle
grand, parce qu'on y dit vingt-six fois: Car sa miséricorde est à jamais (Ps. cxxxvr, 1)
qui se compose du psaume cxxxvI. On divise le Hallel en deux parties: les psaumes
ונאט et cxiu avant de se mettre à table, le reste à la fin de la Cène pascale. » (H.-J.
MitCBON.)
36. * Gethsémani. « Au bord méme et presque à la naissance du torrent de Cédron,
à l'est de Jérusalem, est Gethsémani ou le jardin des Oliviers. On y voit la grotte où
Notre Seigneur répandit une sueur de sang. Cette grotte est irréguliére, profonde et
haute, et divisée en deux cavités qui communiquent par une espèce de portique sou-
terrain; on y a pratiqué des autels. Le jardin méme est entouré d'un petit mur de
pierres sans ciment, et huit oliviers espacés de trente à quarante pas les uns des
autres le couvrent presque tout entier de leur ombre. Ces oliviers sont au nompre
des plus grands arbres que j'ai jamais rencontrés, dit Lamartine; la tradition fait
remonter leurs années jusqu'à Ja date mémorable de l'agonie de l'Homme-Dieu qui
les choisit pour cacher ses divines angoisses. [L'olivier est pour ainsi dire immortel,
a observé Chateaubriand, parce qu'il renait de sa souche.] Leur aspect confirmerait
2400
une maison de campagne qui est
appelée Gethsémani, et il dit à
ses disciples : Asseyez-vous ici,
pendant que j'irai là et que je
prierai.
87. Et ayant pris avec lui Pierre
οἱ les deux fils de Zébédée, il
commenca à s'attrister et à étre
affligé.
38. Alors il leur dit : Mon âme
est triste jusqu'à 18 mort; demeu-
rez ici, et veillez avec moi.
39. Et, s'étant un peu avancé, il
tomba sur sa face, priant et di-
sant : Mon Père, s'il est possible,
que ce calice passe loin de moi;
toutefois, non ma volonté, mais
là vótre.
40. Ensuite il vint à ses dis-
ciples, et il les trouva endormis,
et 11 dit à Pierre : Ainsi, vous n'a-
vez pu veiller une heure avec moi.
41. Veillez et priez, afin que
vous n'entriez point en tentation;
àla vérité, l'esprit est prompt,
mais la chair est faible.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
(cu. xxvi.]
49. Il s'en alla encore une se-
conde fois, et pria, disant : Mon
Père, si ce calice ne peut passer
sans que je le boive, que votre
volonté se fasse.
49. Ill vint de nouveau, et les
trouva dormant, car leurs yeux
étaient appesantis.
4^4. Et les ayant laissés, il s'en
alla encore, et pria une troisième
fois, disant les mémes paroles.
45. Alorsilrevintàses disciples,
et leur dit : Dormez maintenant,
et reposez-vous : voici que l'heure
approche, et le Fils de l'homme
seralivré aux mains des pécheurs.
46. Levez-vous, allons; voici
qu'approche celui qui me livrera.
47. Jésus parlant encore, voici
que Judas, l'un des douze, vint,
et, avec lui, une troupe nom-
breuse armée d'épées et de bà-
tons, envoyée par les princes des
prétres et par les anciens du
peuple.
48. Or celui qui le livra, leur
47. Marc, xiv, 43; Luc, xxr, 41; Jean, xvnr, 3.
au besoin la tradition qui les vénère; leurs immenses racines, comme les accroisse-
ments séculaires, ont soulevé la terre et les pierres qui les recouvraient, et, s'élevant
de plusieurs pieds au-dessus du niveau du sol, présentent au pélerin des siéges
naturels, où il peut s'agenouiller ou s'asseoir pour recucillir les saintes pensées qui
descendent de leurs cimes silencieuses. Un tronc noueux, cannelé, creusé par la
vieillesse comme par des rides profondes, s'éléve en large colonne sur ces groupes
de racines, et, comme accablé et penché par le poids des jours, s'incline à droite ou
à gauche et laisse pendre ses vastes rameaux enirelacés, que la hache a cent fois
relranchés pour les rajeunir. Ces rameaux, vieux et lourds, qui s'inclinent sur le
tronc, en portent d'autres plus jeunes, qui s'élévent un peu vers le ciel, et d’où
s'échappent quelques tiges d'une ou deux années, couronnées de quelques touffes de
feuilles et noircies de quelques petites olives bleues, qui tombent, comme des reliques
célestes, sur les pieds du voyageur chrétien. » (LAMARTINE.)
39. Nous avons copié Bossuet, afin d'imiter le plus possible l'admirable concision
du texte sacré, qui porte à la lettre: Toutefois, non comme je veux, mais comme vous
(voulez.)
45. Dormez maintenunt, etc. Ces paroles se prennent généralement dans un sens
ironique. Ce n'est pas une permission que le Sauveur donne à ses apótres, mais
un reproche qu'il leur fait de ce qu'ils se mettaient si peu en peine de l'approche du
péril qu'il leur avait annoncé.
41. * Les princes des prétres. Voir la note sur Matt., 11, 4. — Les anciens du peuple.
Voir la note sur Matt.. xvi 21,
(en. xxvi.)
donna un,signe, disant : Celui que
je baiserai, c'est lui-méme, saisis-
sez-le.
49. Et aussitót, s'approchant de
Jésus, il dit : Jevous salue, maitre.
Et il le baisa.
80. Et Jésus lui répondit : Mon
ami, dans queldessein es-tu venu?
Alors ils s'avancerent, mirent la
main sur Jésus et se saisirent de
lui.
51. Et voilà qu'un de ceux qui
étaient avec Jésus, étendant la
main, tira son épée, et, frappant
le serviteur du prince des prétres,
lui coupa l'oreille.
59. Alors Jésus lui dit : Remets
ton épée en son lieu; car tous
ceux qui se serviront de l'épée
périront par l'épée.
53. Penses-tu que je ne puisse
pas prier mon Père, et qu'il ne
m'enverra pas à l'heure méme
plus de douze légions d'anges?
54. Comment donc s'accompli-
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2401
ront les Ecritures, disant qu il doit
en étre ainsi?
do. En cette heure-là, Jésus dit
à la troupe : Vous étes sortis
comme contre un voleur avec des
épées et des bátons afin de me
prendre; j'étais tous les jours as-
sis parmi vous, enseignant dans
le temple, et vous ne m'avez point
pris.
56. Or tout cela s'est fait, pour
que s'accomplissent les Ecritures
des prophètes. Alors tous les dis-
ciples l'abandonnant, s'enfuirent.
51. Mais les autres, se saisissant
de Jésus, l'emmenerent chez Cai-
phe, prince des prétres, oü s'é-
taient assemblés les scribes et les
anciens du peuple.
58. Or Pierre le suivit de loin,
jusque dans la cour du prince des
prétres; et y étant entré, il s'assit
avec les serviteurs, pour voir la
tin.
59. Cependant les princes des
52. Gen., 1x, 6; Apoc., זוא 10. — 54. Isaie, 111 10. — 56. Lament., 1v, 20; Marc,
xiv, 50. — 57. Luc, xxu, 54; Jean, xvi, 24.
49. *Maitre. Dans le texte latin Rabbi. Voir sur ce mot la note sur S. Jean, 1, 38.
52. Périront par l'épée; c'est-à-dire mériteront de périr par l'épée.
53. Dans la milice romaine, la légion était composée de six mille hommes.
51. Selon le récit plus ample de saint Jean (xvin, 13 et suiv.), ils le menèrent d'abord
chez Anne, beau-père de Caiphe, et ensuite chez Caiphe. — * D’après la tradition, la
maison de Caiphe, soit que ce füt sa propre maison, soit que ce füt celle des grands
prétres, était sur le mont Sion, dans la ville haute, à l'endroit où est aujourd'hui un
petit eouvent qui appartient aux Arméniens. Ce couvent occupe un emplacement
iriangulaire, en dehors de la porte actuelle qui porte le nom de Bab-es-Sioun ou
Porte de Sion. On remarque au milieu une petite cour. C'est là, eroit-on, que saint
Pierre se trouvait pendant qu'on jugeait son maitre et qu'il le renia trois fois. Nicé-
phore nous apprend que sainte Héléne avait bàti en ce lieu une église dédiée au
Prince des Apótres.
59. * Tout le conseil, le sanhédrin. Le sanhédrin, qui est souvent désigné dans les
Evangiles par la périphrase: /es princes des prétres, les scribes et les anciens du
peuple (Mare, xiv, 43, 53) parce que c'étaient là les membres qui le constituaient,
était le conseil et le tribunal supréme des Juifs. Il était composé de soixante-douze
membres; le grand-prétre en était le président; les vingt-quatre chefs des familles
sacerdotales ou princes des prétres (voir Matt., 11, 4) y représentaient l'élément sa-
cerdotal; les scribes, la science juridique de la loi (voir Matt., 1, 4); les anciens du
peuple, le reste d'Israél. Les Juifs faisaient remonter à Moïse l'origine du sanhédrin
(Exode, xvin, 11-26); mais on ne le voit constitué comme il l'était du temps de Notre
Seigneur, qu'aprés la captivité. Méine sous Pilate, le sanhédrin jugeait les causes
pq. 151
2402
prétres et tout le conseil cher-
chaient un faux témoignage
contre Jésus, pour le livrer à la
mort.
60. Et ils n'en trouvèrent point,
quoique beaucoup defauxtémoins
se fussent présentés. En dernier
lieu, vinrent deux faux témoins,
61. Et ils dirent : Celui-ci ἃ
dit : Je puis détruire letemple de
Dieu, et, apres trois jours, le re-
bâtir.
62. Alors le prince des prêtres
se levant, lui dit : Tu ne réponds
rien à ce que ceux-ci témoignent
contre toi?
63. Mais Jésus se taisait. Et le
prince des prétres lui dit : Je t'ad-
jure par le Dieu vivant de nous
dire si tu es le Christ, le Fils de
Dieu.
64. Jésus lui répondit : Tu l'as
dit. De plus, je vous le déclare,
vous verrez un jour le Fils de
l'homme assis à la droite de la
majesté de Dieu, et venant dans
les nuées du ciel.
65. Aussitótleprince des prétres
déchira ses vétements, disant :
ll a blasphémé; qu'avons-nous
encore besoin de témoins? voilà
que maintenant vous avez en-
tendu le blasphème.
66. Que vous en semble? Et eux
L'ÉVANGILE SÉLON SAINT MATTHIEU.
(cu. xxvI.]
répondant, dirent : 11 mérite la
mort.
67. Alors 115 lui crachèrent au
visage, et le déchirèrent à coups
de poing; etd'autreslui donnèrent
des soufflets,
68. Disant : Christ, prophétise-
nous, qui est celui qui t'a frappé?
69. Cependant Pierre était assis
dehors dans la cour; et une ser-
vante s'approcha de lui, disant :
Et toi aussi tu étais avec Jésus le
Galiléen?
10. Mais il nia devant tous, di-
sant: Je ne sais ce que tu veux
dire.
11. Et comme il sortait hors de
la porte, une autre servante 1'8-
percut et dit à ceux qui se trou-
vaient là : Celui-ci était aussi avec
Jésus de Nazareth.
Et il le nia denouveau avec .פד
serment, disant : Je ne connais
point cet homme.
19. Peu aprés, ceux qui se trou-
vaient là s'approcherent et dirent
à Pierre : Gertainement, toi aussi
tu es de ces gens-là; ton langage
te décèle.
14. Alors il se mit à faire des
imprécations et à jurer qu'il ne
connaissait point cet homme. Et
aussitót un coq chanta.
15. Et Pierre se souvint de cette
61. Jean, nu, 19. — 04. Supra, xvi, 27; Rom., xiv, 10; I Thess., 1v, 15. — 67. Isaie,
L, 6; Marc, xiv, 65. — 69. Luc, זאא 55; Jean, xvin, 17.
graves, et il avait le droit de prononcer la peine de mort, à la condition que sa sen-
tence füt confirmée par le procurateur romain.
61. * Le temple, en grec naos. Voir Matt., xx1, 12.
65. En signe d'une grande douleur ou d'indignation, les Juifs déchiraient leurs
vétements.
66. Selon la loi (Lévit., xxiv, 16), les blasphémateurs devaient étre punis de mort.
61. Et le déchirèrent à coups de poing. Voy. xxi, 35.
18. * Ton langage te décéle. Les Galiléens n'avaient pas le méme accent que les ha-
litants de Jérusalem et de 18 Judée. Le Talmud dit que leur langage était corrompu
X qu'ils brouillaient les lettres les unes avec les autres: le b avec le f., etc.
15. * Et étant sorti, il pleura amèrement. Selon la tradition, S. Pierre alla pleurer
(cu. xxvi.)
parole que Jésus lui avait dite :
Avant qu'un coq chante, tu me
renieras trois fois. Et étant sorti,
il pleura amèrement.
CHAPITRE XXVII.
Conseil des Juifs contre Jésus-Christ.
Désespoir de Judas. Jésus devant Pilate;
Barabbas lui est préféré. Cris des Juifs
contre Jésus-Christ. Couronnement d'é-
pines; insultes. Jésus-Christ est conduit
au Calvaire et crucifié. Ténèbres. Mort
de Jésus-Christ. Miracles aprés sa mort.
Joseph d'Arimathie prend soin de sa
sépulture. Gardes mis au sépulcre.
1. Orle matin étant venu, tous
les princes des prêtres et les an-
ciens du peuple tinrent conseil
contre Jésus, pour le livrer à la
mort.
9. Et l'ayant 116, ils l'emme-
nèrent, et le livrèrent à Ponce
Pilate, gouverneur.
3. Alors Judas, qui l'avait livré,
voyant qu'il était condamné, fut
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2403
touché de repentir et reporta les
trentepiecesd'argent aux princes
des prétres et aux anciens,
4. Disant : J'ai péché en livrant
un sang innocent. Mais eux lui
répondirent : Que nous importe?
Vois toi-méme.
ὃ. Alorsayant jeté l'argent dans
le temple, il se retira et alla se
pendre.
6. Mais les princes des prétres,
ayant pris l'argent, dirent : Il
n'est pas permis de le mettre
dans le trésor, parce que c'est le
prix du sang.
7. Etaprès s'étreconsultésentre
eux, ils en achetèrent le champ
du potier, pour la sépulture des
étrangers.
8. C'est pourquoi ce champ est
encore aujourd'hui appelé Hacel-
dama, c'est-à dire le champ du
sang.
9. Alors fut accomplie la parole
Crap. XXVII. 2. Marc, xv, 1; Luc, מזזצא 1; Jean, xvii, 28. — 5. Actes, 1, 18. — 8. Actes,
I, 19. — 9. Zach., x1, 12.
son péché dans une grotte, transformée en tombeau et située sur le versant de la
partie du mont Sion qui regarde la vallée du Cédron. On éleva dans la suite, au-
dessus de cette grotte, une église que les anciens pèlerins nomment Gallicante ou le
Chant du coq. ἢ"
1. * Les princes des prélres et les anciens du peuple. Voir Matt., xxvi, 3.
2. «* Ponce-Pilate fut le cinquième procurateur envoyé de Rome en Judée. Il gouverna
cette province de l'an 26 à l'an 36 de l'ére chrétienne, sous les ordres du légat de
Syrie. C'était une créature de Séjan, favori de Tibere. Par ménagement pour la sus-
ceptibilité des Juifs, il résidait à Césarée de Palestine, place forte sur la cóte de la
mer; mais, comme Antipas, il venait à Jérusalem au temps des grandes fétes, et
alorsil babitaitle prétoire, demeure contiguë au palais d'Hérode et à la tour Antonia. »
(L. BACUEZ.)
6. Le trésor était l'endroit du temple où le peuple mettait ses présents et ses
offrandes.
1. Du potier ; c'est-à-dire du potier de ce lieu.
8.* Haceldama, c'est-à-dire le champ du. sang. L'emplacement traditionnel de ce
champ, qui porte toujours le méme nom, est au sud de Jérusalem, sur le versant
méridional de la vallée de Ben-Hinnon.
9. Le texte qui est rapporté ici ne se lit pas dans Jérémie; mais on en trouve la
substance dans Zacharie. Saint Matthieu a pu se borner à dire du prophète, sans ajou-
ter aucun nom. 1[ est certain que la version syriaque et plusieurs anciens manus-
crits latins ne nomment pas le prophète. Cependant les interprètes ne conviennent
pas tous que saint Matthieu ait fait cette omission, et ils cherchent à maintenir, les
uns le nom de Jérémie, les autres celui de Zachavie.
2404
du prophète Jérémie, disant : Ils
ontrecu lestrente pieces d'argent,
prix de celui qui a été apprécié
suivantl'appréciation des enfants
d'Israël ;
10. Et ils les ont données pour
'e champ du potier, ainsi que me
l'a prescrit le Seigneur.
41. Or Jésus comparut devant
le gouverneur, qui l'interrogea,
disant : Es-tu le roi des Juifs? Jé-
sus lui répondit : Tu le dis.
12. Et comme les princes des
prétres etles anciens l'accusaient,
il ne répondit rien.
19. Alors Pilate lui dit : N'en-
tends-tu point combien de té-
moignages ils rendent contre
toi?
14. Maisil ne répondit à aucune
de sesparoles, desorte quelegou-
verneur en était extrémement
étonné.
15. À un des jours de la féte
solennelle, le gouverneur avait
coutume de délivrer au peuple
un prisonnier, celui qu'ils vou-
laient.
16. Or il avait alors un prison-
nier insigne nommé Barabbas.
17. Le peuple étant donc assem-
blé, Pilate dit : Lequel voulez-
vous queje vous délivre, Barabbas
ou Jésus, qui est appelé Christ?
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
(ca. xxvu.]
18. Car il savait que c'était par
envie qu'ils l'avaient livré.
19. Or, pendant qu'il siégeait
sur son tribunal, sa femme lui en-
voya dire : Qu'il n'y ait rien entre
toi et ce juste; car j'ai beaucoup
souffert aujourd'hui dans un
songe à cause de lui.
20. Mais les princes des prétres
et les anciens persuaderent au
peuple de demander Barabbas, et
de faire périr Jésus.
21. Le gouverneur donc pre-
nant la parole, leur dit : Lequel
des deux voulez-vous que je vous
délivre? Ils répondirent : Barab-
bas.
29, Pilate leur demanda : Que
ferai-je done de Jésus appelé
Christ?
23. Ils s'écrierent tous: Qu'il
soit crucifié. Le gouverneur leur
repartit : Quel mal a-t-il fait? Mais
ils criaient encore plus, disant :
Qu'il soit crucifié.
24. Pilate voyant qu'il ne ga-
gnait rien, mais que le tumulte
augmentait, prit de l'eau et se
lava les mains devant le peuple,
disant : Je suis innocent du sang
de ce juste : voyez vous-mémes.
25. Et tout le peuple répondant,
dit : Son sang sur nous et sur nos
enfants!
11. Marc, xv, 2; Luc, xxii, 3; Joan, xvir, 33. — 20. Marc, xv, 11; Luc, xxr, 18; Jean,
xvin, 40; Actes, 111, 14.
15. A un des jours de la fêle solennelle; c'est-à-dire pendant la fête de pâque
(Compar. Jean, xvut, 39). Comme c'était la plus grande de leurs solennités, les Juifs
la désignaient assez ordinairement sous le nom de /a féle.
16. * Barabbas, d'après les détails fournis par les divers évangélistes, avait trempé
dans une sédition, et il était voleur et assassin.
19. * Sa femme, Claudia Procula ou Procla, d’après la tradition.
24. Les paiens aussi se lavaient les mains, soit dans les alliances, soit dans les sa-
crilices qu'ils offraient aux dieux supérieurs, soit enfin pour expier un meurtre ou
se purifier du sang répandu même à la guerre; mais on pense généralement que
Pilate ἃ voulu dans cette circonstance se confovmer à l'usage des Juifs pour leur étre
agréable.
(cu. xx vir.]
96. Alors il leur délivra Barab-
bas; mais Jésus, apres l'avoir fait
flageller, il leleur livra pour étre
crucifié.
97. Aussitót les soldats du gou-
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
2405
toire, rassemblèrent autour de
lui toute la cohorte ;
28. Et, l'ayant dépouillé, ils
l'enveloppèrent d'un manteau d’é-
carlate ;
verneurmenantJésus dansle pré- 29. Puis tressant une couronne
27. Marc, xv, 16; Ps. xxi, 17. — 29. Jean, xix, 2.
26. Le supplice de la croix était la peine des esclaves, des voleurs, mais surtout des
séditieux, suivant les lois romaines. Les Hébreux, selon Maimonide, ne crucifiaient
régulièrement pas les hommes en vie, mais après leur mort; ils les attachaient au
poteau et les en détachaient avant 16 coucher du soleil. Compar. Deutér., xxi, 22, 23.
91. La cohorte romaine se composait de six cent vingt-cinq hommes. — * Menant
Jésus dans le prétoire. Le prétoire, qui désigna d'abord la tente du général en chet
dans le camp, fut aussi plus tard le nom donné à la résidence d'un gouverneur de
province, comme était Pilate. C'est là qu'il habitait et qu'il rendait la justice. Les évan-
gélistes ont conservé le nom latin grécisé que les Latins avaient donné au palais du
procurateur dans la capitale de la Judée. A la place oü s'élevait autrefois le Prétoire
est aujourd'hui en grande partie, à ce qu'on croit, la cour actuelle de la caserne
turque, au nord-ouest du Temple. On y voit encore de grosses pierres qu'on dit avoir
appartenu au prétoire. « L'escalier, qui, de la cour supérieure oü était le prétoire,
conduisait dans la cour inférieure occupée aujourd'hui par une rue, a été transporté
à Rome, cü il est vénéré prés de Saint-Jean de Latran. » (J. H. Micnox.)
98. * Ils l'enveloppérent d'un manteau d'écarlate. En grec : d'une chlamyde. C'était
une espéce de manteau de laine, ouvert et retroussé sur l'épaule gauche, où il s'at-
tachait avec une agrafe, afin de laisser le bras droit libre. Le nom est d'origine
grecque; il désigne ici le paludumenlum, vêtement militaire des soldats romains. Il
était de forme ovale, se portait par-dessus la cuirasse et retombait en arrière, à peu
prés jusqu'à mi-jambe. Les tribuns le portaient de couleur blanche; les généraux et
les empereurs de couleur pourpre.
29. * Une couronne d'épines. La couronne qu'on mit sur la téte de Notre Seigneur
était de jones, entrelacés d'épines de zizyphus. La couronne proprement dite est con
servée à Notre-Dame de Paris; Pise possède dans sa jolie église de la Spina une
branche de zizyphus. La couronne de jones de Paris, « cette relique insigne, peut-
être la plus remarquable de celles que possèdent les chrétiens, à cause de son inté-
grité relative, vient sans conteste de saint Louis. Elle se compose d'un anneau de
petits jones réunis en faisceaux. Le diamétre intérieur de l'anneau est de 210 milli-
mètres, la section a 15 millimètres de diamètre. Les joncs sont reliés par quinze ou
seize attaches de jones semblables. Quelques jones sont pliés et font voir que la
plante est creuse; leur surface, examinée à la loupe, est sillonnée de petites cótes.
Le jardin des Plantes de Paris cultive un jonc appelé juncus balticus, originaire des
pays chauds et qui parait exactement semblable à la relique de Notre-Dame. Quant
aux épines, nul doute que ce ne soit du rhamnus, nom générique de trois plantes qui
se rapprochent tout-à-fait de l'épine de Pise. [Ce rhamnus était le zizyphus spina
Christi ou jujubier. Dans la couronne de Notre Seigneur, ses] branches brisées ou
courbées vers le milieu pour prendre la forme d'un bonnet, étaient fixées par chacune
de leurs extrémités, soit en dedans, soit au dehors du cercle de jones. Il fallait que
le cercle fût plus grand que le tour de la tête, afin de pouvoir l'y faire entrer, malgré
le retrécissement causé par l'introduction des branches, et l'on trouve en effet que la
couronne de Notre-Dame placée seule sur la téte tomberait sur les épaules. On n'a-
vait méme pas besoin de nouveaux liens pour les fixer au cercle de joncs; et les
rameaux passés alternativement dessus et dessous devaient suffire pour les mainte-
nir. C'est cette opération que les [évangélistes] ont pu appeler le tressage. Les soldats
sans doute, évitèrent de toucher à ces horribles épines, dont chacune plus tranchante
que la griffe du lion fait jaillir le sang en abondance. [La branche de zizyphus de
Pise] a 80 millimètres de hauteur. L'épine principale a plus de 20 millimètres de lon-
gueur. » (ROBAULT DE FLEURY ?
2406
d'épines, ils la mirent sur sa téte,
et un roseau dans sa main droite;
et fléchissant le genou devant lui,
ils le raillaient, disant : Salut, roi
des Juifs.
30. Et, crachant sur lui, ils pre-
naient le roseau, eten frappaient
sa téte.
91. Apres qu'ils se furent ainsi
joués de lui, ils lui ôtèrent le man-
teau, le couvrirent de ses vête-
ments, et l'emmenérent pour le
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
]68. xxvir.]
32. Or, comme ils sortaient, ils
rencontrerent un homme de Cy-
rene, nommé Simon; ils le con-
traignirent de porter sa croix.
33. Et ils vinrent au lieu appelé
Golgotha, qui est le lieu du Cal-
vaire.
34. Là, ils lui donnèrent à boire
du vin mélé avec du fiel; mais
lorsqu'ill'eut goûté, il ne voulut
pas boire.
39. Après qu'ils l'eurent cruci-
crucifier. fié, ils partagerent ses vêtements,
32. Marc, xv, 21; Luc, xxii, 26. — 33. Marc, xv, 22; Luc, xxii, 33; Jean, xix, 17, —
35. Marc, xv, 24; Luc, xxi, 34; Jean, xix, 23; Ps. xxr, 19.
32. * Sa croix. Les auteurs avaient émis les opinions les plus diverses sur la nature
du bois ou des bois dont était formée la croix. Après l'examen scientifique de diverses
reliques, « on peut affirmer que le bois de la croix provenait d'un conifère, et on ne
peut douter que ce conifère ne soit du pin. [D’après l'opinion commune, l'instrument
du supplice de Notre Seigneur se composait d'un montant] avec une traverse laissant
passer la téte de la tige, comme l'usage de la représenter s'en est le plus générale-
ment répandu. [D'aprés] une ancienne tradition, la hauteur du montant était de
4 mètres 80, et celle de la traverse de 2 mètres 30 à 2 mètres 60, » Le supplice de la
croix, trés fréquent chez les Romains, était spécial pour les esclaves. On l'appliquait
quelquefois aux hommes libres, mais alors aux plus vils ou aux plus coupables,
comme les voleurs, les assassins, les faussaires. Chez les Romains, les condamnés
portaient leurs croix. Plaute a dit : qu'il porte la potence à travers la ville et qu'il
soit ensuite attaché à la croix. « L'intervention de Simon le Cyrénéen peut s'entendre
de deux manieres. Le texte sacré ne dit pas formellement si Notre Seigneur fut tota-
lement déchargé de sa croix, ou s'il continua à la porter avec une aide étrangère.
Dans la premiere hypothése,le Christ aurait marché en avant, Simon portant seul la
croix en arrière. Dans la seconde, il aurait porté la partie antérieure et Simon Ja
partie postérieure, le bout trainant à terre. Saint Augustin, saint Athanase, saint
Jéróme, saint Léon, Origéne et plusieurs modernes supposent que Notre Seigneur
fut entièrement déchargé. [On peut donner] à la croix un [poids total] d'environ cent
kilogrammes. La croix devait trainer à terre, [parce que] ce long bois n'aurait pu
rester en équiliibre sur l'épaule; la diminution de poids qui en résultait peut étre
évaluée à 25 ou 30 kilogrammes. [Le Sauveur avait donc encore à porter] environ
15 kilogrammes. [Ce fardeau dépassait ses forces, parce qu'il était] épuisé par les
supplices qu'il avait endurés, par la longueur de la voie douloureuse dont on connaít
au moins les deux extrémités et qui devait étre de 5 à 600 métres, et par la difficulté
des chemins dans un sol montueux. » (ROHAULT DE FLEURY.)
33. * Golgotha. Le Golgotha est actuellement enclavé dans l'église du Saint-Sépulere,
dans la partie sud-est de la Basilique. 1[ s'éléve à la hauteur de 4 mètres 10 centi-
mètres au-dessus du sol. Du temps de Notre Seigneur, le Calvaire était en dehors de
Jérusalem, à l'ouest; aujourd'hui il est dans l'enceinte méme de la ville.
34. * Du vin mélé avec du fiel. Voir Jean, xix, 29-30.
35. * Après qu'ils l'eurent crucifié. « Tantót la victime était attachée par terre à la
croix, qui était ensuite élevée avec son fardeau ; tantôt la croix était d'abord dressée,
et le condamné attaché avec des cordes, puis cloué. Le premier mode parait avoir
été plus probablement employé sur le Calvaire. Les crucifiés étaient souvent fixés
avec des clous [placés au milieu des mains et aux pieds]. Avant de clouer les pieds,
on préparait 16 trou avec une broche.Ge que dit le Sauveur à saint Thomas, (Jean, xx,
21), prouve qu'il avait eu les mains percées de clous. Les auteurs profanes qui se
xxvir.] .8ס]
jetant le sort, afin que fût accom-
pliela parole du prophete, disant :
Ils se sont partagé mes véte-
ments, et sur ma robe, ils ont je-
té le sort.
96. Puis s'étant assis, ils le gar-
daient.
31. Et ils mirent au-dessus de
sa téte sa condamnation ainsi
écrite : Celui-ci est Jésus, le roi
des Juifs.
98. Alors furent crucifiés avec
lui deux voleurs, l'un à droite et
l'autre à gauche.
39. Or les passants le blasphé-
maient, branlant la tête,
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
9407
iruis le temple de Dieu et le re-
bátis en trois jours, sauve-toi toi-
méme. Si tu es le Fils de Dieu,
descends de la croix.
44. Pareillementles princes des
prétres eux-mémes se moquant
de lui avec les scribes et les an-
ciens, disaient :
49. ll ἃ sauvé les autres, et il
ne peut se sauver lui-méme : s'il
est le roi d'Israél, qu'il descende
maintenant de la croix, et nous
croirons en lui :
43. Il se confie en Dieu; qu'il
le délivre maintenant, s'il veut;
car il a dit : Je suis le Fils de
40. Et disant : Ah! toi qui dé- | Dieu.
40. Jean, 11, 19. — 42. Sag., 11, 18. — 43. Ps. xxi, 9.
sont occupés du crucifiement parlent toujours de quatre clous. Toutes les peintures
grecques représentent Notre Seigneur fixé sur la croix avec quatre clous. Le clou [de
la passion conservé à] Notre-Dame [de Paris], de 90 millimètres de longueur, n'a pas
de tête; sa pointe méplate est intacte. La forge en est grossière. Le clou que l'on
voit dans la basilique de Sainte-Croix de Jérusalem à Rome a 120 millimètres de long,
8 millimètres 4/2 de grosseur à sa plus grande dimension, et sa tête est couverte
d'une espéce de chapeau creux au fond duquel il est rivé, comme on le voit à
quelques clous antiques, à ceux par exemple de la Bibliothéque du Vatican. »
(ROHAULT DE FLEURY.)
31.* Celui-ci est Jésus, roi des Juifs. « Un écriteau destiné à faire connaître les mo-
tifs de la condamnation [était] porté en avant du condamné, ou attaché à son cou; il
était parfois remplacé par une proclamation du crieur public, annonçant le nom du
criminel et l'arrét de la justice. Il était préparé quand Notre Seigneur sortit du pré-
toire, afin de le précéder dans le long parcours de la voie douloureuse. Le titre ne
tenait pas encore à la croix, à laqueile il ne fut attaché avec des clous que sur le
Calvaire.» Les trois premiers évangélistes n'ont pas rapporté mot à mot l'inscription ;
ils n'en ont donné que le sens. Saint Jean est le seul qui l'ait littéralement reproduite,
en nous apprenant qu'elle portait ces mots : Jésus de Nazareth, roi des Juifs, écrits
en trois langues, en hébreu ou araméen, en grec et en latin. L'église de Sainte-Croix
de Jérusalem, à Rome, possède un fragment considérable du titre de la croix. « C'est
une petite planche [de chóne ou bien de sycomore ou de peuplier], de 235 millimètres
de largeur sur 130 millimétres de hauteur, sillonnée de trous de vers. On y voit trés
distinctement deux restes d'inscription grecque et romaine, et dans le haut, l'extré-
mité de quelques lignes courbes qui paraissent être ceux d'une troisième inscription
[en lettres hébraiques]. La seconde inscription porte : Nazarenous (en caractères
grecs) et la troisième : Nazarenus RE. Les lettres sont légèrement en creux, comme si
elles avaient été tracées avec cet outil particulier dont les charpentiers se servent de
nos jours pour marquer le bois, ou simplement avec une petite gouge. Elles ont de
28 millimètres à 30 millimètres. Peintes en rouge sur un fond blanc, elles devaient
être trés visibles à la hauteur où Ponce Pilate les fit placer. Les mots sont écrits [au
rebours] de droite à gauche, en suivant l'ordre du titre hébreu, et les lettres sont
renversées, comme si on les voyait dans une glace. » (Ronaurr De FLEURY.) Le titre de
la croix, dans son intégrité, devait avoir approximativement 65 centimètres sur 20.
40. * Le temple, en grec naos. Voir Matt., xxi, 12.
2408
44. Or, c'était aussi l'insulte que
luifaisaient les voleurs qui étaient
crucifiés avec lui.
45. Mais, depuis la sixième
heure, les ténèbres se répandirent
sur toute la terre jusqu'à la neu-
vième heure.
46. Et, vers la neuvième heure,
Jésus cria d’une voix forte, di-
sant: Eli, Eli, lamma sabacthani?
c'est-à-dire : Mon Dieu, mon
Dieu, pourquoi m'avez-vous dé-
laissé?
41. Mais quelques-uns de ceux
qui étaient là, et qui entendaient,
disaient : C’est Elie que celui-ci
appelle.
48. Et aussitót l'un d'eux, cou-
rant, prit une éponge, l'emplit
de vinaigre, puis la mit au bout
d'un roseau, et il lui présentait à
boire.
49. Mais les autres disaient :
Laisse, voyons si Elie viendra le
délivrer.
50. Cependant Jésus, criant en-
46. Ps. xxt, 2. — 54. II Par., ur, 14,
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[cH. xxvir.]
core d'une voix forte, rendit l'es-
prit.
51. Et voilà que le voile du tem-
ple se dechira en deux, depuis
le haut jusqu'en bas, et la terre
trembla, les pierres se fendirent,
52. Les sépulcres s'ouvrirent, et
beaucoup de corps des saints qui
s'étaient endormis se levèrent;
53. Et sortant de leurs tom-
beaux, apres sa résurrection, ils
vinrent dans la cité sainte, et ap-
parurent à un grand nombre de
personnes.
54. Le centurion et ceux qui
élaient avec lui pour garder Jé-
sus, voyant le tremblement de
terre et tout ce qui se passait,
furent saisis d'une extrême
frayeur, et dirent : Vraiment, ce-
lui-ci était le Fils de Dieu.
55. Il y avait aussi à quelque
distance de là beaucoup de
femmes qui, de la Galilée, avaient
suivi Jésus pour le servir;
86. Et parmi lesquelles étaient
000 ממ ]תתו וו
44. Saint Luc ne parle que d'un seul voleur qui ait insulté Jésus-Christ; mais on
peut très légitimement supposer que les deux voleurs s'étaient d'abord permis ces
insultes, et qu'ensuite l'un d'eux, touché de la gràce. blàma linsolence de son com-
pagnon. On est encore fondé à dire que saint Matthieu parle áinsi de ces voleurs
indistinctement, et qu'il a mis le pluriel pour le singulier, genre de licence qui se
rencontre quelquefois dans les écrivains sacrés.
45. Depuis la sixième heure, etc.; depuis midi jusqu'à trois heures. — 10800 la
terre, signifie, selon plusieurs, la Judée et quelques pays voisins.
50. * Jésus... rendit l'esprit. C'était le vendredi 14 nisan, à trois heures de l'aprés-midi,
c'est-à-dire, selon les calculs les plus probables,le vendredi 7 avril de l'an 30 de
notre ere.
51. * Le voile du temple, en grec naos. ll y avait dans le temple de Jérusalem deux
voiles. ou portières. Le premier voile séparait le portique du Saint; le second séparait
le Saint du Saint des Saints. C'est ce dernier qui fut déchiré en deux au moment
de la mort de Notre Seigueur.
52. Qui s'étaient endormis; c'est-à-dire qui étaient morts. Souvent dans l'Ecriture
le sommeil est mis pour la mort. \
54. * Le centurion et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus. « Les corps étaient
gardés. Pétrone, dans une satire, dit que les soldats veillaient pour qu'on ne les
dérobât pas pour les ensevelir. Il ajoute que les parents d'un crucifié profitérent
d'une nuit où les soldats étaient absents et enlevèrent le corps de la croix. » (RoHAULT
DE FLEURY.)
56. * > Marie-Madeleine est célèbre dans l'Evangile par ses sentiments de charité
D
(CH. XXVIL.] L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 2409
Marie-Madeleine, et Marie, mere | lui aussi, était disciple de Jésus,
de Jacques et de Joseph, et la 58. Cet homme vint à Pilate, et
mere des fils de Zébédée. lui demanda le corps de Jésus.
57. Or, quand il se fit soir, | Alors Pilate commanda que le
vint un homme riche d'Arima- | corps füt remis.
thie, du nom de Joseph, qui, 59. Ayant donc recu le corps,
57. Marc, xv, 42; Luc, זזאא 50; Jean, xix, 38.
ardente envers le Sauveur des hommes, et dans la tradition ecclésiastique par ses
larmes et sa pénitence. Le surnom de Madeleine fut donné à Marie, parce qu'elle était
du bourg de Magdale, en Galilée, prés du lac de Tibériade. On croit qu'elle était
d'une famille distinguée par ses richesses. L'Evangile, en la nommant pécheresse, à
fait supposer qu'elle s'était abandonnée à des débordements. On connait le châtiment
que Marie-Madeleine subit durant quelques années: elle fut tourmentée du démon
jusqu'au jour où le Sauveur, lui remettant ses péchés, l'affranchit de cette domina-
tion horrible. (Quand elle versa ses parfums sur les pieds de Jésus, il lui remit
ses péchés.] C'est depuis cette époque qu'elle s'imposa des pratiques de pénitence.
Aprés avoir mis sa chevelure et ses parfums aux pieds du Seigneur, comme si
elle avait voulu figurer son renoncement à toutes choses vaines, elle se joignit à
quelques saintes et nobles femmes qui suivaient le divin Maitre, écoutaient ses pré-
dications et l'assistaient de leurs biens dans ses courses évangéliques. Marie-Made-
leine et les saintes femmes suivirent Jésus de la Galilée à Jérusalem et elles ne
l'abandonnèrent pas, même à sa mort, qui arriva six mois aprés. Marie avec sa
famille habitait le bourg de Béthanie. [C'est là que mourut son frére Lazare, et c'est
là que Jésus le ressuscita. Peu aprés, dans un repas qui fut donné à Béthanie au
Sauveur chez un homme qui avait été guéri de la lépre et oü Lazare assistait avec
ses deux sœurs, Marie répandit un nouveau vase de parfums sur les pieds du Sau-
veur.] Malgré les souffrances de son amour, Madeleine accompagna Jésus sur le
Calvaire. [Elle lui rendit les derniers devoirs de la sépulture et mérita de voir des
premières son Maître ressuscité.] A partir de cet instant, on ne trouve plus dans
l'Evangile aucune trace de sainte Madeleine. 1] est probable toutefois qu'elle se
rendit d'abord en Galilée, où Jésus devait se manifester à ses disciples. Ce fut
lopinion générale des anciens que, aprés la descente du Saint-Esprit et la dis-
persion des Apótres, Marie-Madeleine quitta Jérusalem et la Palestine. La tradi-
tion [la] plus fondée fait aborder Marie-Madeleine en Provence avec Marthe et
Lazare. D'après cette tradition, Lazare devint évêque de Marseille où il mourut;
Marthe porta l'Evangile à Tarascon, et Marie-Madeleine se retira dans la caverne
devenue si célébre sous le nom de Sainte-Baume. C'est là qu'elle finit ses jours dans
les pratiques de la pénitence. » (Mgr Dansov.) — Marie, mère de Jacques et de Joseph,
femme de Cléophas ou Alphée, sœur ou belle-sceur de la sainte Vierge, mère de saint
Jacques 16 Mineur. — Sur Jacques et Joseph, ou Josès, voir Matt., xui, 55, 56. — La
mère des fils de Zébédée, Salomé, mère de saint Jacques le Majeur et de saint Jean
l'Evangéliste.
57. * Arimathie, d'après Eusèbe, est la Ramathaim-Sophim située dans les mon-
tagnes d'Ephraim, non loin de Béthel. D’après saint Jérôme, c’est la Ramléh actuelle,
à quelques kilométres de Lydda.
| 58. Les lois romaines défendaient de donner la sépulture aux criminels sans la
permission des juges. — *« La croix était le tombeau du supplicié. Les Juifs atta-
chèrent quelquefois à la croix les cadavres des suppliciés, mais ils ne les y aban-
donnaient jamais aprés le coucher du soleil. Les Romains, plus cruels, y fixaient les
condamnés vivants et les laissaient périr misérablement de faim, de soif et d'épui-
sement. Leurs corps devenaient la proie des vautours et des chiens et se détruisaient
en général par la putréfaction. » (ROHAULT DE FLEURY.)
59. * Joseph l'enveloppa dans un linceul blanc. « Le suaire dont se servit Joseph
d'Arimathie devait envelopper décemment le corps pour le porter au tombeau, indé-
pendamment des autres linges nécessaires à l'embaumement » dont parle saint Jean,
XIX, 40; xx, 5, 7. » (RonauLT DE FLEunv.) On honore à Cadouin (Dordogne) et à Turin
2410
Joseph l'enveloppa dans un lin-
ceul blanc;
60. Etille mit dans son sépulcre
neuf qu'il avait fail tailler dans le
roc. Ensuite il roula une grande
pierre à l'entrée du sépulcre, et
s'en alla.
61. Mais Marie-Madeleine et
lautre Marie étaient là, assises
près du sépulere.
| 62. Le lendemain, c'est-à-dire
le jour d'apres la préparation du
sabbat, les princes des prétres et
les pharisiens vinrent ensemble
vers Pilate,
63. Et lui dirent : Seigneur,
nous nous sommes rappelé que
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[CH. xxvir.]
ce séducteur a dit, lorsqu'il vivait
encore : Aprés trois jours je res-
susciterai.
64. Commandez donc que le sé-
pulcre soit gardé jusqu'au troi-
sième jour, de peur que ses dis-
ciples ne viennent et ne le dé-
robent, et ne disent au peuple :
Il est ressuscité d'entreles morts;
et la derniere erreur serait pire
que la première.
65. Pilate leur dit : Vous avez
des gardes; allez, et gardez-le
comme vous l'entendez.
66. Ceux-ci donc s'en allant,
munirent le sépulcre, scellant la
pierre, et mettant des gardes.
le saint suaire de Notre Seigneur. « La longueur du saint suaire [de Cadouin] est de
2 m. 81; sa largeur de 1 m. 13. La pièce d'étoffe est entière, ayant une lisière sur les
deux côtés larges et une bordure coloriée sur les deux côtés longs. » (DE GovnGurs.)
Quant au saint suaire de Turin, « c'est une pièce d'étoffe de quatre mètres environ
de longueur, en lin, un peu jauni par le temps et rayé comme du basin. De grandes
taches, dont quelques-unes indiquent certainement la place de la téte, ne peuvent
étre attribuées qu'au sang divin dont ce saint suaire fut décoré. Le temps a fait dans
le tissu des trous imperceptibles dont quelques-uns ont été réparés par les princesses
(de Savoie.] » (Mgr JeANCART.)
60. C'était la coutume dans ce pays de faire tailler dans le roc des tombeaux pour
les personnes de considération. — * Dans son sépulcre. D'après la tradition, 16 tom-
beau de Joseph d'Arimathie était composé de deux chambres, taillées l'une et l'autre
dans le roc, et dont la première servait de vestibule à la seconde où avait été déposé
le corps du Sauveur. Sainte Héléne, en préparant le terrain pour isoler le tombeau
de Notre Seigneur, placé aujourd'hui au milieu de la rotonde de l'église du Saint-
Sépulere, modifia la forme du monument et le rendit quadrangulaire. La premiere
chambre du tombeau, nommée chapelle de l'ange, parce qu'on croit que c'est là que
l'Ange annonça aux saintes femmes la résurrection du Sauveur, est une sorte de
vestibule long de 3 m. 45 sur 2m. 90 de large. On entre par une petite porte trés
basse percée dans le mur ouest dans la seconde chambre appelée chapelle du tom-
: beau de Notre Seigneur. Elle a 2 m. 07 de long sur 1m. 93 de large. Des plaques de
marbre blanc couvrent le roc naturel. Le tombeau proprement dit s'élève de 65 cen-
tim. au-dessus du pavement; il est long de 1 mètre 89 et large de 93 centim. Il est
creusé en forme d'auge et adhérent aux parois ouest-nord et est. — Il roula une
grande pierre. Les tombeaux, étant des grottes ou des édifices, sont fermés par une
porte ou par une pierre.
62. Le jour d’après la préparation du sabbat; c'est-à-dire le jour méme du sabbat.
Les Juifs appelaient le vendredi la préparation du sabbat, parce qu'on y préparait à
manger, ce qu'il n'était pas permis de faire le lendemain. Voy. notre Abrégé d'intro-
duction, etc., p. 531.
66.* Scellant la pierre et meltant des gardes. Les gardes furent placés à l'entrée
du monument ou du vestibule extérieur, afin de surveiller les scellés. La garde
romaine se composait ordinairement de seize hommes, qui se relevaient quatre par
quatre de trois heures en trois heures.
(es, xxvur.]
CHAPITRE XXVIII.
Résurrection de Jésus-Christ. Apparition
de l'ange aux saintes femmes. Jésus-
Christ méme leur apparait. Gardes cor-
rompus par les princes des prétres.
Apparition de Jésus en Galilée. Mission
des apótres.
1. Or la nuit du sabbat, le pre-
mier jour dela semaine commen-
cant à luire, Marie-Madeleine et
l'autre Marie vinrent pour voir le
sépulcre.
9. Et voilà qu'il se fit un grand
tremblement de terre; car un
ange du Seigneur descendit du
ciel, et s'approchant, il renversa
la pierre et s'assit dessus :
3. Son visage était comme un
éclair, et son vétement comme la
neige.
4. Par la crainte qu'il leur ins-
pira, les gardes furent épouvan-
tés, et devinrent comme morts.
5. Maisl'ange prenant la parole,
dit aux femmes : Ne craignez
point, vous; car je sais que vous
cherchez Jésus, qui a été cru-
cifié :
6. ll n'est point ici; car il est
ressuscité, comme ill'adit; venez,
et voyez le lieu οἷ le Seigneur
était déposé :
1. Et allant promptement, dites
àses disciples qu'il est ressuscité :
el voici qu'il va devant vous en
Galilée; c'est là que vous le ver-
rez. Ainsi je vous l'ai dit d'avance.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHTEU.
2411
8. Elles sortirent aussitôt du
sépulcre avec crainte et avec une
grande joie, courant porter ces
nouvelles à ses disciples.
9. Et voilà que Jésus se présenta
à elles, disant : Je vous salue. Et
elles, s'approcehant, embrasserent
ses pieds et l'adorerent.
10. Alors Jésus leur dit : Ne
craignez point; allez, annoncez
à mes frères qu'ils aillent en
Galilée; c'est là qu'ils me ver-
ront.
11. Lorsqu'elles s'en furent al-
lées, voilà que quelques-uns des
gardes vinrent à la ville, et rap-
portèrent aux princes des prêtres
tout ce qui s'était passé.
19. Et ceux-ci, s'étant assem-
blés avec les ancieus, et ayant
tenu conseil, donnèrent une
erosse somme d'argent aux sol-
dats,
13. Disant : Dites : Ses disciples
sont venus de nuit et l'ont enlevé,
pendant que nous dormions.
14. Et si le gouverneur l'ap-
prend, nous le persuaderons,
nous vous mettrons en süreté.
15. Ainsi les soldats, l'argent
recu, firent comme on leur avait
appris; et ce bruit s'est répandu
parmi les Juifs jusqu'à ce jour.
16. Gependant les onze disciples
s'en allerent en Galilée, sur la
montagne que Jésus leur avait
déterminée.
17. Etle voyant, ils l'adorerent;
645. XXVIII. 1. Marc, xv1, 1; Jean, ,אא
1. * L'autre Marie, Marie, femme de Cléophas.
1. Les disciples de Jésus-Christ étant Galiléens devaient s'en retourner en Galilée
après la fête de pàque.
16. * Sur la montagne. On ignore quelle est la montagne de Galilée ici désignée:
li. Quelques-uns néanmoins doutèrent; non quelques-uns des apôtres, puisque
Thomas, qui seul avait douté de la vérité de la résurrection, en était alors pleine-
ment convaincu; mais quelques-uns des disciples qui se trouvaient là présents avec
2442
quelques-uns néanmoins
terent.
18. Alors s'approchant, Jésus
leur parla, disant : Toute puis-
sance m'a été donnée dans le ciel
et sur la terre.
19. Allez donc, enseignez toutes
les nations, les baptisant au nom
19. Marc, xvi, 15.
dou-
L'EVANGILE SELON SAINT MATTHIEU.
[cH. xxvii.)
du Père, et du Fils, et du Saint-
Esprit ;
20. Leur apprenant à garder
tout ce que je vous ai commandé:
et voici que je suis avec vous tous
les jours, jusqu'à la consomma-
tion du siecle.
les apótres et dont le doute portait non sur le fait de la résurrection, qui était indu-
bitable, mais sur la personne méme de Jésus-Christ.
20. Jusqu'à la consommation du siècle; c'est-à-dire jusqu'à la fin du monde.
mme deri Op n rtm
LE
SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT MARC
INTRODUCTION
Bien des savants distinguent S. Marc, l’évangéliste, de Jean Marc, parent de
Barnabé. Le Bréviaire romain ne tranche pas la question; mais communément
on admet l'identité. D’après les Actes, Jean ou Jean Mare était lié avec S. Pierre
avant de se lier avec S. Paul. C'est chez la mère de ce disciple que le prince
des Apótres, au sortir de la prison d'Hérode, trouve les chrétiens réunis. Cette
circonstance fait supposer que Jean Marc n'était pas sans fortune, ni probable-
ment sans instruction. Il est vraisemblable que S. Pierre laura pris pour son
interpréte, selon le mot du prétre Jean dans Papias, ou plutót pour son secré-
taire, comme le dit S. Jéróme, aprés que ce jeune disciple se fut séparé de
S. Paul. De là le nom d'Evangile de Pierre, donné par Tertullien à sa composi-
tion. S'il n'est pas nommé Jean, mais simplement Mare, comme évangéliste et
compagnon de S. Pierre, c'est sans doute qu'il avait pris ce nom latin en en-
trant dans l'empire, et qu'il n'était pas connu autrement à Rome et parmi les
Gentils. S. Luc nous avertit que c'est un surnom. Il a pu aller en Egypte quelques
années aprés la venue de S. Pierre à Rome, y fonder l'Eglise d'Alexandrie, puis
se retrouver à Rome pendant la premiére captivité de S. Paul et à Ephése pen-
dant la seconde. S. Pierre l'appelle son fils. Son Evangile, composé peu de temps
aprés celui de S. Matthieu, dut être présenté à l'Eglise par le prince des Apótres,
comme objet de foi et livre inspiré.
Si l'on s'en rapporte aux caractéres de sa composition, l'auteur du second
évangile était originaire de Judée, contemporain des Apótres, et disciple de
S. Pierre; il a écrit pour les Gentils, spécialement pour les Romains, sans autre
souci que d'unir l'exactitude et la précision à la briéveté et à la simplicité.
| 109 L'auteur élait Juif d'origine et contemporain des Apôtres. — On distingue sa
nationalité, à ses nombreux hébraismes, à ses citations syrochaldéennes et à
la connaissance qu'il montre des usages de la Judée. On reconnait un contem-
porain des Apótres aux particularités de ses récits. Ils sont vifs, précis, circons-
tanciés, comme devaient l'étre ceux des premiers témoins de la vie du Sauveur.
Il ne néglige aucun détail. Il indique nettement les moindres particularités de
— στὸ
=
2414 L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
temps, de lieux, de nombre, de personnes, d'attitude, de disposition. Par
exemple, il remarque que Jaïre était chef de synagogue, que la femme du pays
de Chanaan était une grecque syrophénicienne, que l'aveugle de Jéricho s'appe-
lait Bartimée, fils de Timée, que le crime de Barabbas était le meurtre, que
Joseph d'Arimathie était membre du sanhédrin, et Simon de, Cyrène, père
d'Alexandre et de Rufus. Il rapporte méme en langue syrochaldéenne certaines
paroles de Notre Seigneur. Plusieurs pensent qu'il parle de lui-même dans le
récit de la Passion, sans se nommer, comme fait aussi S. Jean et peut-étre S. Luc.
20 [I était particulièrement attaché à S. Pierre. --- 1] expose avec la plus grande
précision les faits qui concernent cet Apótre, ceux dont il a été l'auteur ou le
témoin. Là oü les autres évangélistes nomment les apótres en général, S. Mare
désigne S. Pierre séparément et tout d'abord, par exemple dans la guérison de
sa belle-mére, dont il indique le jour, dans la résurrection de la fille de Jaire,
dans la prédiction de la ruine de Jérusalem, dans les recommandations du Sau-
veur ressuscité. Une autre remarque, faite par S. Chrysostome, c'est qu'il
nomme S. Pierre dans les circonstances les plus propres à l'humilier, quand
Notre Seigneur lui dit : « Retire-toi de moi, Satan », quand il s'endort au Jar-
din des Olives, quand il renie son Maitre, tandis qu'il ne dit rien de sa marche
sur les eaux prés de Tibériade, ni des prérogatives que Notre Seigneur lui
accorde en récompense de sa foi et de son amour. Du reste, S. Marc rapporte
les actions de Notre Seigneur avec plus de soin que ses discours; il semble sur-
tout frappé des prodiges qu'il opérait et de l'empire qu'il exercait sur les pos-
sédés. Cette particularité, en le distinguant de S. Matthieu, lui donne un rapport
de plus avec le prince des Apótres, qui se montre toujours préoccupé de la pra-
tique. C'est ce qui a fait dire que cet Evangile n'était que la réalisation du pro-
gramme tracé par S. Pierre au Cénacle et le développement, des paroles dans
lesquelles le méme Apótre a résumé la vie de l'Homme-Dieu : « Il a passé en
faisant le bien et en guérissant tous ceux que le démon tourmentait. »
30 Il écrivait pour tous les Gentils, quoique spécialement pour les Romains. —
C'est la principale raison pour laquelle il s'appuie rarement sur l'Ancien Testa-
ment et ne le eite presque pas. ll ne présente pas le Sauveur comme Messie,
mais comme souverain du monde : il ne l'appelle pas Fils de David, mais Fils
de l'homme ou Fils de Dieu, comme S. Jean qui destinait aussi son écrit aux
Gentils. 11 omet, comme lui, les généalogies et l'adoration des Mages, qui inté-
ressaient spécialement les Juifs et commence son récit par la prédication de l'Evan-
gile. ll ne nomme pas une seule fois la Loi; il ne dit pas l'abomination « dans
le sanctuaire, » mais « oü elle ne doit pas étre ». Dans le récit de la Passion, il
passe sous silence le voile du temple déchiré, le tremblement de terre et le bri-
sement de la pierre, qui ne se pouvaient constater qu'à Jérusalem. Il explique
, les usages juifs, dont il fait mention, il évalue les pièces grecques en monnaies
, latines, et traduit les termes araméens qu'il insére dans son récit, tandis qu'il
.n'explique aucune des expressions latines qu'il fait entrer dans ses phrases
grecques, etc. Il prend soin de dire que le Jourdàin est un fleuve, et que le mont
des Oliviers est en face du temple. Il avertit que les Sadducéens ne croient pas
à la résurrection, que les Pharisiens jeünent fréquemment, que les Juifs im-
molent l'Agneau pascal le premier jour des Azymes, qu'ils sont en possession
de remettre en liberté un prisonnier à Pâques. Les quatre paraboles qu'il repro-
duit ont rapport à la prédication de l'Evangile, à l'établissement de l'Eglise et à
INTRODUCTION. 2415
la vocation des Gentils. Enfin il désigne Alexandre et Rufus comme fils de Simon
de Cyrène, et l'on sait par S. Paul qu'ils étaient venus s'établir à Rome.
4° Son écrit est rédigé comme un simple mémorial. — On n'y remarque aucune
tendance spéciale, soit apologétique, soit polémique. S. Jéróme dit que S. Marc
n'a fait qu'un abrégé de l'Evangile, Papias qu'il s'est borné à mettre par écrit
les prédications de S. Pierre. S. Augustin l'appelle pedissequus Matthæi « le sui-
. vant de S. Matthieu, » et Bossuet /e plus divin des abréviateurs. Cependant
- S. Marc ne se borne pas à résumer, ou bien ce qu'il résume est plutôt l’histoire
. du Sauveur que le livre de S. Matthieu. En certains endroits, il change l'ordre
suivi par son devancier; en d'autres, il rafraichit ses tableaux en les complétant
par de nouveaux traits; par exemple, dans la guérison de l'hémorrhoisse, dans
la délivrance des possédés Géraséniens, dans le récit de la mort de S. Jean-
Baptiste. Encore qu'il n'ait pas plus de vingt-sept versets dont on ne trouve pas
l'équivalent dans S. Matthieu ou dans S. Luc, on lui doit cependant une para-
bole, deux guérisons miraculeuses, celles du sourd-muet de la Décapole et de
l'aveugle de Bethsaide, et un des incidents de l'arrestation du Sauveur, auquel
l'évangéliste semble ne pas étre étranger.
9* Pour le style. S. Marc est net, précis, serré, mais sec et négligé. Il aime à
employer dans ses récits le langage direct, et à remplacer le passé par le pré-
sent. Il affectionne les diminutifs. Il répète souvent les mêmes idées et les
mémes termes, soit à dessein pour en renforcer le sens, soit par négligence,
comme ef, qui reparait à tout moment, de nouveau, et aussitôt, qu'on trouve
neuf fois dans le premier chapitre.
Ainsi les caractéres intrinséques du second évangile justifient pleinement la
croyance de l'Eglise sur l'origine et sur l'auteur de ce livre. (L. Bacuez.)
LE SAINT EVANGILE
DE JESUS-CHRIST
SELON
SAINT MARC
CHAPITRE PREMIER.
Prédication de saint Jean-Baptiste. Bap-
téme, tentation et prédieation de Jésus-
Christ. Vocation de Pierre et d'André,
de Jacques et de Jean. Guérison de la
belle-mére de saint Pierre. Prédication
et miracles de Jésus-Christ. Guérison
d'un lépreux.
1. Commencement de l'Evan-
gile de Jésus-Christ, fils de Dieu.
9. Comme il est écrit dans le
prophete Isaie : Voilà que j'envoie
mon ange devant votre face, le-
quel préparera votre voie devant
vous.
3. Voix de quelqu'un qui crie
dans le désert : Préparez la voie
du Seigneur, faites droits ses sen-
tiers.
baptisant et préchant le baptéme
de pénitence pour la rémission
des péchés.
ὃ. Et tout le pays de Judée,
et tous les habitants de Jérusa-
lem allaient à lui; et ils étaient
baptisés par lui dans le fleuve
du Jourdain, confessant leurs pé-
chés.
6. Or Jean était vétu de poils
de chameau, et d'une ceinture de
cuir autour de ses reins; et il se
nourrissait de sauterelles et de
miel sauvage; et il préchait, di-
sant :
7. ll vient apres moi un plus
puissant que moi; et je ne suis
pas digne, me prosternant, de
| délier les cordons de sa chaus-
4. Jean a été dans le désert, | sure.
CHAP. Ier. 2. Malach., ur, 1. — 3. Isaie, xr, 3; Matt, mr, 3; Luc, πὶ, 4; Jean, 1, 23.
— 5. Matt., ur, 5. — 6. Matt., ii, 4; Lév., xi, 22. — 7. Matt., rrr, 11; Luc, mm, 16; Jean,
FESTE
2. Saint Marc réunit ici deux prophéties, dont l'une est de Malazhie (ur, 1), et l'autre
d'Isaie (x,, 3.) —* Mon ange, c'est-à-dire mon envoyé, saint Jean-Baptiste. Voir
Matt., nr, 1.
3. * Dans le désert de Judée. Voir Matt., ur, +.
4. * Jean. Voir Matt., n, 1.
5. * Tout le pays de Judée, la Palestine méridionale, à l'exclusion de la Samarie,
de laGali 166 et de la Pérée.
6. * Jean était vétu de poils de chameau, etc. Voir note sur Matt., m, 4.
1. De délier, etc. Voy. note sur Matt., an, 11. — * Les cordons de sa chaussure.
Voir Marc, vi, 9.
[cu. 1.]
8. Moi je vous ai baptisés dans
l'eau; mais lui vous baptisera
dans l'Esprit-Saint.
9. Orilarriva qu'en ces jours-
18 Jésus vint de Nazareth, ville de
> Galilée, et qu'il fut baptisé par
Jean dans le Jourdain.
10. Et soudain, sortant de l’eau.
il vit les cieux ouverts, et l'Esprit
descendant en forme de colombe,
et se reposant sur lui.
11. Et une voix vint des cieux :
Vous êtes mon fils bien-aimé ;
c'est en vous que j'ai mis mes
complaisances.
19. Et aussitôt l'Esprit le poussa
dans le désert.
13. Et il passa dans le désert
quarante jours et quarante nuits;
etil fut tenté par Satan ; et il était
parmi les bétes, et les anges le
servaient.
14. Mais apres que Jean eut
été livré, Jésus vint en Galilée,
préchant l'Evangile du royaume
de Dieu,
15. Et disant : Parce que le
temps est accompli, et que le
royaume de Dieu est proche, faites
pénitence et croyez à l'Evangile.
16. Or passant 16 long dela mer
de Galilée, il vit Simon et André
son frere, qui jetaient leurs filets
dans la mer, car ils étaient pé-
cheurs ;
: 17. Et Jésus leur dit : Suivez-
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
2277
moi, et je vous ferai devenir pé-
cheurs d'hommes.
18. Et aussitót, laissant leurs
filets, ils le suivirent.
19. De là s'étant un peu avancé,
il vit Jacques fils de Zébédée, et
Jean son frère, qui raccommo-
daient leurs filets dans leur
barque :
20. Et au moment méme, il les
appela. Or laissant leur pere Zé-
bédée dans la barque avec les ou-
vriers, ils le suivirent.
21. Ils vinrent ensuite à Caphar-
naüm ; et d'abord entrant le jour
du sabbat dans la synagogue, il
les instruisait.
22. Et ils s'étonnaient de sa
doctrine; car il les enseignait
comme ayant autorité, et non
comme les scribes.
23. Or il y avait dans leur syna-
gogue un homme possédé d'un
esprit impur, et il s'écria,
24. Disant : Qu'importe à nous
et à vous, Jésus de Nazareth ?
Etes-vous venu pour nous perdre?
Je sais que vous étes le saint de
Dieu.
25. Et Jésus le menaca disant :
Tais-toi et sors de cet homme.
26. Alors l'esprit impur le dé-
chirant, et criant d'une voix forte,
sortit de lui.
27. Et ils furent tous saisis d'é-
tonnement, de sorte qu'ils s'in-
8. Actes, 1, 5; 11, 4; xr, 16; xix, 4. — 10. Luc, 11, 22; Jean, 1, 32. — 12. Matt.,
IV, 1; Luc, 1v, 1. — 14. Matt., 1v, 12; Luc, 1v, 14; Jean, iv, 43. — 16. Matt., 1v, 18;
Luc, v, 2. — 21. Matt., 1v, 13; Luc, 1v, 31. — 22. Matt., vir, 28; Luc, 1v, 32. — 23. Luc,
w, 33.
MM —ÀÀ—À— MM MÀ — וו
16. * Le long de la mer de Galilée. Voir la note 8 à la fin du volume.
21. * Capharnaüm. Voir note sur Matt., 1v, 18. — Dans la synagogue. Voir Matt., iw, 23.
21. Ce n'est pas que Jésus-Christ enseignât des nouveautés, ni qu'il préchát au
fond une autre loi que celle qu'ils avaient recue; mais ils admiraient son autorité et -
les miracles dont il accompagnait ses discours. Ils étaient surpris de la manière
pleine d'empire avec laquelle il commandait aux démons.
NOT,
192
9118
terrogeaint entre eux, disant :
Qu'est ceci? quelle est cette doc-
trine nouvelle ? Car il commande
avec empire, méme aux esprits
impurs, et ils lui obéissent.
98. Et sa renommée se répandit
promptement dans tout le pays
de Galilée.
99. Et aussitôt, sortant de la
synagogue, ils vinrent dans la
maison de Simon et d'André,
avec Jacques et Jean.
30. Or la belle-mère de Simon
était au lit, ayant la fievre : et
incontinentils lui parlèrent d'elle.
31. Alors s'approchant, il la fit
lever en prenant sa main ; et sur-
le-champ la fièvre la quitta, et
elle les servait.
39. Cependant, le soir venu,
lorsque le soleil fut couché, ils lui
amenèrent tous les malades, et
les démoniaques.
33. Et toute la ville était assem-
blée à la porte.
34. Et 1] guérit beaucoup de
malades affligés de diverses in-
firmités, et il chassait beaucoup
de démons ; mais il ne leur per-
mettait pas de dire qu'ils le con-
naissaient.
35. Le lendemain, s'étant levé
de grand matin, il sortit et s'en
alla en un lieu désert, oü il priait.
36. Simon et ceux qui étaient
avec lui le suivirent.
31. Quand ils l’eurent trouvé,
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
]68. 1.]
ils lui dirent : Tout le monde vous
cherche.
38. Il leur répondit : Allons
dans les villages et les villes voi-
sines, afin que je préche là aussi;
car c'est pour cela que je suis
venu.
39. Il préchait done dans leurs
synagogues et dans toute la
Galilée; et il chassait les dé-
mons.
40. Or un lépreux vint à lui, le
suppliant et se jetant à genoux,
il lui dit : Si vous voulez, vous
pouvez me guérir.
41. Jésus, ému de compassion,
étendit sa main, et le touchant,
lui dit : Je le veux, sois guéri.
42. Lorsqu'il eut parlé, la lèpre
disparut soudain de cet homme,
et il fut guéri.
48. Mais Jésus le renvoya aus-
sitót, le menaca,
44. Et lui dit : Garde-toi de rien
dire à personne; mais va et
montre-toi au prince des prêtres,
et offre pour ta guérison ce que
Moise ἃ ordonné, en témoignage
pour eux.
45. Mais celui-ci étant parti, se
mit à raconter et à publier par-
tout ce qui s'était passé ; de sorte
que Jésus ne pouvait plus paraitre
publiquement dans la ville, mais
qu'l se tenait dehors dans des
lieux déserts ; et l'on venait à lui
de tous cótés.
29. Matt., vr, 14; Luc, 1v, 38. — 34. Luc, 1v, 41. — 40. Matt., vir, 2; Luc, v, 12. —
44. Lév., xiv, 2.
39. * Dans toute la Galilée. Voirla note 4 à la fin du volume.
40. * Un lépreux. Voir note sur Matt., var, 2.
44. Montre-toi. Compar. Lévit., xiv, 4. — En témoignage pour eux, c'est-à-dire pour
que cela leur serve de témoignage et de preuve incontestable de ma puissance et de
ma fidélité à faire observer la loi.
{cu. u.]
CHAPITRE II.
Guérison d'un paralytique. Vocation de
saint Matthieu. Jeüne. Etoffe neuve.
Outres vieilles. Murmures des phari-
sienscontre les disciples de Jésus-Christ,
qui arrachaient des épis un jour de sab-
bat.
1. Or il entra de nouveau dans
Capharnaüm, quelques jours
| apres.
2. Et lorsqu'on apprit qu'il était
dans une maison, il s'y assembla
une si grande foule de personnes,
que l'espace méme en dehors de
la porte ne pouvait les contenir;
et il leur préchait la parole.
3. Alors on lui amena un para-
lytique qui était porté par quatre
hommes.
4. Et comme ils ne pouvaient
le lui présenter à cause de la foule,
ils découvrirent le toit au-dessus
du lieu où il était, et y ayant fait
une ouverture, ils descendirent
le grabat où gisait le paralytique.
ὃ. Jésus voyant leur foi, dit au
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
2419
paralytique : Mon fils, tes péchés
te sont remis.
6. Or il y avait là quelques
scribes, assis, qui pensaient dans
leur cœur :
7. Pourquoi celui-ci parle-t-il
ainsi ? Il blasphème. Qui peut re-
mettre les péchés, sinon Dieu
seul?
8. Jésus, aussitót, ayant connu
par son esprit ce qu'ils pensaient
en eux-mémes, leur dit : Pour-
quoi pensez-vous ces choses dans
vos cceurs?
9. Lequel est le plus facile, de
dire au paralytique : Tes péchés
te sont remis ; ou de lui dire :
Leve-toi, emporte ton grabat, et
marche ?
10. Afin done que vous sachiez
que le Fils de l'Homme ἃ sur la
terre le pouvoir de remettre les
péchés (il dit au paralytique) :
11. Je te le commande, lève-
toi, emporte ton grabat, et va en
ta maison.
19. Et aussitót celui-ci se leva;
(ΒΑΡ. II. 1. Matt., 1x, 1. — 3. Luc, v, 18. — 7. Job, xiv, 4; Isaïe, xui, 25.
1. * Dans Capharnaüm. Noir Matt., 1v, 13.
4. * Les toits étaient en plate-forme, et l'escalier qui y conduisait se trouvait souvent
hors de la maison. (Abrégé d'introduction, etc., p. 530.) — « Les maisons des villages
en Orient sont basses, souvent adossées à des collines. Le toit [formaut terrasse] est
en terre battue supportée par d'épais branchages [sans parapet.] Dans les maisons
aisées, la terrasse est couverte de dalles et entourée d'un parapet. On monte sans
aucune peine sur ces toits. Les parents du malade [firent] un trou dans la terrasse
de terre pour le faire descendre devant Jésus. » (J.-H. Micnosw.) Ils avaient monté le
malade sur le toit par l'escalier extérieur que les rabbins appellent « la voie par le
toit », afin de la distmguer de celle qu'ils nomment > la voie par la porte » ordi-
naire de la maison. On pouvait pénétrer ordinairement dans la maison, sans faire
le tour par l'escalier extérieur, au moyen d'une porte ou ouverture qui conduisait
directement de la terrasse dans les appartements intérieurs, mais cette ouverture
n'étant pas assez grande pour y faire passer le grabat ou la civière sur laquelle les
quatre hommes portaient le paralytique, il fallut enlever une partie de la terrasse.
Notre Seigneur devait se trouver immédiatement au-dessous de la terrasse formant
le toit, dans l'appartement que nous avons pris l'habitude d'appeler cénacle (voir
Actes, 1, 13, note) et que les écrivains du Nouveau Testament appellent en grec ana-
gaion ou hyperóon. C'est là que les Orientaux avaient coutume de recevoir leurs
hótes, de prendre leurs repas et de se retirer peudant le jour pour s'isoler, lire ou
méditer,
2420
et, ayant pris son grabat, il s'en
alla en présence de tous : de sorte
que tous s'étonnaient et glori-
fiaient Dieu, disant : Jamais nous
n'avons rien vu de semblable.
13. Or Jésus se retira de nou-
veau pres de la mer : et tout le
peuple venait à lui, et il les en-
seignait.
14. Et lorsqu'il passait, il vit
Lévi, fils d'Alphée, assis au bu-
reau des impôts, et il lui dit :
Suis-moi. Et se levant, il le sui-
vit.
15. Il arriva que comme Jésus
était à table dans la maison de
cet homme, beaucoup de publi-
cains et de pécheurs y étaient
également avec lui et ses disci-
ples; car il y en avait beaucoup
qui le suivaient aussi.
16. Les scribes etles pharisiens,
voyant quil mangeait avec les
publicains et les pécheurs, dirent
àses disciples : Pourquoi votre
maitre mange-t-il et boit-il avec
les publicains et les pécheurs?
17. Ce que Jésus ayant entendu,
il leur dit : Ge ne sont pas ceux
qui se portent bien qui ont be-
soin de médecin, mais les ma-
lades; car je ne suis pas venu
appeler les justes, mais les pé-
cheurs.
18. Les disciples de Jean et les
pharisiens jeünaient; or ils vin-
rent et lui dirent : Pourquoi les
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
(eu. u.]
disciples de Jean et ceux des
pharisiens jeünent-ils, et que vos
disciples ne jeünent point?
19. Jésus leur dit : Les fils des
noces peuvent-ils jeüner pendant
que l'époux est avec eux? Aussi
longtemps qu'ils ont avec eux
l'époux, ils ne peuvent jeüner.
20. Mais viendront des jours
oü lépoux leur sera enlevé; et
ils jeüneront en ces jours-là.
21. Personne ne coud une pièce
d'étoffe neuve à un vieux véte-
ment; autrement l'étoffe neuve
emporte une partie de la vieille,
et la déchirure devient 89
grande.
22. Et personne ne met du vin
nouveau dans de vieilles outres,
autrement le vin rompra les ou-
tres, et le vin se répandra, et les
outres seront perdues : mais le
vin nouveau doit se mettre dans
des outres neuves.
23. ll arriva encore que le Sei-
gneur passant le long des blés,
un jour de sabbat, ses disciples
se mirent à cueillir des épis.
24. Sur quoi les pharisiens lui
dirent : Voyez, pourquoi font-ils
le jour du sabbat ce qui n'est pas
permis ?
25. Et il leur répondit : N'avez-
vous jamais lu ce que fit David,
dans la nécessité, lorsqu'il eut
faim, lui et ceux qui étaient avec
lui?
14. Matt., 1x, 9; Luc, v, 27. — 17. I Tim., 1, 15. — 20. Matt., 1x, 15; Luc, v, 35. —
23. Matt., xit, 1; Luc, vi, 4. — 25. 1 Rois, xxi, 6.
13. * Près de la mer de Galilée.
14. * Lévi, flis d'Alphée; S. Matthieu. Voir l'Introduction à l'Evangile de saint Mat-
thieu.
18. * Les Pharisiens. Voir la note 6 à la fin du volume.
19. Les fils des noces, ou de l'époux.
22. * De vieilles outres. Voir Matt., 1x, 11.
23. * Ses disciples se mirent à cueillir des épis. Voir note sur Matt, xir, 4.
[cn. 11]
96. Comment il entra dans la
maison de Dieu, au temps du
grand prétre Abiathar, mangea
les pains de proposition qu'il n'é-
tait permis qu'aux prétres de
manger, et les donna à ceux qui
étaient avec lui?
27. I leur dit encore : Le sabbat
a été fait pour l'homme, et non
l'homme pour le sabbat.
28. C'est pourquoi le Fils de
l'homme est maitre du sabbat
méme.
CHAPITRE III.
Guérison d'un homme qui avait une main
desséchée. Concours du peuple auprés
de Jésus. Election des apótres. Dlas-
phéme des pharisiens. Péché contre le
Saint-Esprit. Mère et frères de Jésus-
Christ.
1. Jésus entra une autre fois
dans la synagogue ; oril s'y trou-
vait un homme qui avait une
main desséchée.
9. Et on l'observait pour voir
s'ille guérirait un jour de sabbat,
afin de l'accuser.
3. Et il dit à l'homme qui avait
la main desséchée : Lève-toi, là,
au milieu.
4. Puis il demanda aux autres :
Est-il permis, un jour de sabbat,
de faire du bien ou du mal, de
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
2421
sauver une àme ou de la perdre?
Mais eux gardaient le silence.
5. Alors les regardant avec co-
lere, etcontristé del'aveuglement
de leur cœur, il dit à cet homme:
Etends ta main. Il étendit, et sa
main devint saine.
6. Orles pharisiens étant sortis,
tinrent aussitót conseil contre lui
avec les hérodiens, comment ils
le perdraient.
7. Mais Jésus se retira avec ses
disciples vers la mer, et une
troupe nombreuse le suivit de la
Galilée et de la Judée,
8. De Jérusalem, de l'Idumée,
et d'au delà du Jourdain ; et une
grande multitude des environs
de Tyr et de Sidon, apprenant ce
qu'il faisait, vint à lui.
9. TI dit alors à ses disciples de
lui amener une barque, à cause
de la fouie, de peur qu'il n'en fût
accablé.
10. Car il en guérissait beau-
coup, de sorte que tous ceux qui
avalent quelque mal se jetaient
sur lui pour le toucher.
11. Les esprits impurs eux-
mémes, lorsqu'ils le voyaient, se
prosternaient devant lui et
criaient, disant:
12. Vous êtes le Fils de Dieu.
26. Lév., xxiv, 9. — (ΒΑΡ. 118. 1. Matt., xit, 9; Luc, vi, 6. — 6. Matt., xir, 14.
26. * Abiathar. Le premier livre des Rois, xxr, 2 et suiv. raconte que le fait men-
tionné ici se passa sous le pontificat d'Achimélech, père d'Abiathar. Nous avons ici
peut-étre une faute de copistes, ou bien Achimélech s'appelait aussi Abiathar.
4. De sauver une âme, etc. Compar. Matt., x, 36.
6. Les Hérodiens. Voy. Matt., xxu, 16.
8. * De l’Idumée. L'Idumée tirait son nom d'Edom ou Ésaü, frère de Jacob, qui s'y
était établi. Elle est située au sud de la Palestine. Les Iduméens vaincus par David,
recouvrerent leur liberté sous Joram (IV Rois, viti, 20-22), et furent pendant long-
temps les ennemis les plus acharnés des Juifs. Ils furent de nouveau vaincus par
Jean Hyrcan. Les Hérodes étaient d'origine iduméenne. — Tyr, ancienne capitale de
la Phénicie, sur la Méditerranée, célébre par son commerce, était soumise aux Ro-
mains du temps de Notre Seigneur. — Sidon, capitale primitive de la Phénicie, sur
la Méditerranée, au nord de Tyr.
2422
Mais il leur défendait avec de
grandes menaces de le révéler.
13. Etant monté sur la mon-
tagne, il appela à lui ceux que
lui-même voulut ; et ils vinrent à
lui.
4. ll en établit douze pour être
avec lui et pour les envoyer pré-
cher,
15. Et il leur donna le pouvoir
de guérir les maladies etde chas-
ser les démons :
16. D'abord Simon à quiil donna
le nom de Pierre ;
17. Puis Jacques, fils de Zébé-
dée, et Jean son frère, auxquels
il donna le nom de Boanerges,
c'est-à-dire fils du tonnerre ;
18.André, Philippe, Barthélemi,
Matthieu, Thomas, Jacques fils
d'Alphée, Thaddée, Simon le Ca-
nanéen,
19. Et Judas Iscariote, celui-là
méme qui le trahit.
90. Ils vinrent dans une maison,
et la foule s'y assembla de nou-
veau, en sorte qu'ils ne pouvaient
pas méme manger du pain.
21. Ce qu'ayant appris, les siens
vinrent pour se saisir de lui, car
ils disaient : 11 ἃ perdu l'esprit.
29. Et les scribes, qui étaient
venus de Jérusalem, disaient : Il
13. Matt.,
Luc, xir, 10; I Jean, v, 16.
L'EVANGILE SELON SAINT MARC.
x, 1; Luc, vi, 13. — 22. Matt., 1x, 34 et xir, 24. — 28., Matt.,
[cu. ur.]
est possédé de Béelzébub, et c’est
par le prince des démons qu'il
chasse les démons.
23. Mais Jésus les ayant ap-
pelés, leur disait en. paraboles :
Comment Satan peut-il chasser
Satan ?
24. Si un royaume est divisé
contre lui-même, ce royaume ne
peut subsister.
25. Et siune maison est divisée
contre elle-même, cette maison
ne peut subsister.
26. Si donc Satan s’est élevé
contre lui-même, il est divisé, et
il ne pourra subsister; mais il
touche à sa fin.
27. Nul ne peut entrer dans la
maison du fort et ravir ce qu'il
possede, s'il ne l'a lié aupara-
vant; c'est alors qu'il pillera sa
maison.
28. En vérité je vous le dis, tous
les péchés seront remis aux en
fants des hommes, méme les
blasphèmes par lesquels ils au
ront blasphémé.
99. Mais celui qui aura blas-
phémé contre l'Esprit-Saint n'en
aura jamais la rémission ; mais il
sera coupable d'un péché éternel.
90. Parce qu'ils disaient : Il est
possédé d'un esprit impur.
xi) 91;
13. Sur la montagne; c'est-à-dire sur la montagne voisine. Nous avons déjà fait
observer dans saint Matthieu (v, 1) que c'était là le vrai sens de cette expression. —
* Plusieurs commentateurs croient que cette montagne est celle de Koroun-Hattin ou
Montagnes des Béatitudes. En voir la description note sur Matt., x, 1.
20. Manger du pain; c'est-à-dire simplement manger, prendre de la nourriture,
. Matth., xv, 2. — * Ceci se passait probablement à Capharnaüm.
21,10 étaient ceux de ses parents dont saint Jean dit qu’ils ne croyaient pas en (ui.
22. * Béelzébub. Voir Matt., x, 25.
21. Du fort. Voy. note sur Matt.
ΧΙ, 1292
29. N'en aura jamais la rémission. ΝΟΥ͂. note sur Matt., xu, 31.
30. Parce qu'ils disaient; c'est-à-dire Jésus tint ce discours parce qu'ils disaient,
Ce genre d'ellipse est commun dans le style de l'Ecriture.
Ki. iv.]
31. Cependant sa mère et ses
frères vinrent; et, se tenant de-
hors, ils l'envoyerent appeler.
99. Or la foule était assise au-
tour de lui, et on lui dit : Voilà
dehors votre mere et vos freres
qui vous cherchent.
98. Et leur répondant, il dit :
Qui est ma mère, et qui sont mes
freres?
94. Et, regardant ceux qui
étaient assis autour de lui : Voici,
dit-il, ma mere et mes freres,
39. Car quiconque fait la volonté
de Dieu, celui-là est mon frere, et
ma sœur, et ma mère.
CHAPITRE IV.
Parabole de la semence ; explication de
cette parabole. Lampe sous le boisseau.
Parabole de l'accroissement de la se-
mence et du grain de sénevé. Tempête
apaisée.
1. ll commença de nouveau à
enseigner aupres de la mer; et
une grande multitude se rassem-
bla autour de lui, de sorte que,
montant dans la barque, il se te-
nait sur la mer, et toute la multi-
tude était à terre le long du ri-
vage.
2. Etil leur enseignait beaucoup
de choses en paraboles, et leur
disait dans son enseignement :
3. Ecoutez, voilà que celui qui
seme est sorti pour semer.
4. Et, pendant qu'il semait, une
partie de la semence tomba le
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
2102
long du chemin, et les oiseaux
du ciel vinrent, et la mangerent.
9. Une autre partie tomba en
des endroits pierreux, oü elle
n'eut pas beaucoup de terre; et
elle leva bientót, parce que la
terre n'avait pas de profondeur :
0. Et quand le soleil se leva,
elle fut brülée; et comme elle
n'avait point de racine, elle sécha.
7. Une autre partie tomba par-
mi les épines; et les épines gran-
dirent et l'étoufferent : et elle ne
donna point de fruit.
8. Mais une autre tomba dans
une bonne terre, et donna du
fruit qui s'éleva et se multiplia;
en sorte qu'un grain rendait
trente, lautre soixante, lautre
cent.
9. Et il disait : Que celui qui a
des oreilles pour entendre, en-
tende.
10. Mais, lorsqu'il fut loin de la
foule, les douze qui étaient avec
lui l'interrogeérent sur cette para-
bole.
11. Etil leur disait : C'est à vous
qu'il a été donné de connaitre le
mystère du royaume de Dieu;
mais pour ceux qui sont dehors,
tout se fait en paraboles,
12. Afin que voyant ils voient
et ne voient point, et qu'enten-
dant ils entendent et ne com-
prennent point; de peur qu'ils ne
se convertissent, et que leurs pé-
chés ne leur soient remis.
31. Matt., xir, 46; Luc, viu, 19. — Cnuar. IV. 1. Matt., xur, 4; Luc, vur, 4, — 12. Isaie,
vi, 9; Matt., xir, 14, Jean, ,א 40; Actes, xxvi, 26; Rom., xi, 8.
31-32. * Voyez la note sur Matt., xit, 46.
1. * Auprès de la mer de Galilée.
12, En punition de leur aveuglement volontaire, Dieu leur retire justement les
lumières et les grâces que sans cela il leur aurait données pour leur conversion
réelle. Compar. Isaïe, vi, 9; et Matt., xui, 15.
2A9À
13. Puis il leur dit : Vous ne
comprenez point cette parabole?
Et comment donc comprendrez-
vous toutes les autres paraboles?
14. Celui qui sème, sème la pa-
role.
15. Ceux qui se trouvent lelong
du chemin oü la parole est semée,
ce sont ceux qui ne l'ont pas plu-
tót entendue, que Satan vient et
enlève cette parole qui a été se-
mée dans leurs cœurs.
16. Et pareillement ceux qui
ont recu là semence en des en-
droits pierreux, sont ceux qui,
entendant la parole, la recoivent
d'abord avec joie;
11. Mais n'ayant point de racine
en eux, ils n'ont quun temps;
apres quoi la tribulation et la per-
sécution survenant à cause de la
parole, ils se scandalisent aussi-
tót.
18. Et les autres qui recoivent
la semence parmi les épines, sont
ceux qui écoutent la parole;
19. Mais les soucis du siecle et
l'illusion des richesses, et toutes
les autres convoitises entrant en
eux, étouffent la parole et la
rendent sans fruit.
20. Enfin ceux qui ont recu la
semence dans la bonne terre,
sont ceux qui écoutent la parole
et la recoivent, et produisent du
fruit, l'un trente, l'autre soixante,
et l'autre cent.
91. Il leur disait aussi: Apporte-
t-on la lampe pour la mettre sous
le boisseau ou sous le lit? N'est-ce
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
]68. 1v.]
pas pour la mettre sur le chande-
lier?
99. Car il n'y a rien de caché
qui ne soit manifesté, ni rien de
fait en secret qui ne vienne au
grand jour.
23. Si quelqu'un a des oreilles
pour entendre, qu'il entende.
24. Il leur disait encore : Pre-
nez garde à ce que vous enten-
dez. La mesure dont vous aurez
usé pour les autres, on en usera
pour vous, et en y ajoutant.
25. Car on donnera à celui qui
a;etcelui qui'n'a pas, méme ce
qu'il a lui sera óté.
26. Il disait aussi : ll en est du
royaume de Dieu comme d'un
homme qui jette de la semence
en terre.
97. Qu'il dorme, qu'il se lève de
nuit et de jour, la semence germe
et croit sans qu'il sache comment.
28. Car c'est d'elle-méme que
la terre produit du fruit; d'abord
de l'herbe, puis un épi, et ensuite
du blé tout formé dans l'épi.
29. Et quand 16 fruit est en ma-
turité, aussitôt on y met la faux,
parce que c'est le temps de 18
moisson.
30. Il disait encore: À quoi com-
parerons-nous le royaume de
Dieu? ou sous quelle parabole le
représenterons-nous?
31. Il est comme un grain de
sénevé qui, lorsqu'on le seme,
est la plus petite de toutes les se-
mences qui sont dans la terre.
99. Et quand on la semé, il
19. 1 Tim., vi, 17. — 21. Matt., v, 15; Luc, vir, 16 et x1, 33. — 22. Matt., x, 20;
Luc, vir, 17. — 24. Matt., vu, 2; Luc, vr, 38. — 25. Matt., xin, 12 et xxv, 29; Luc,
vi, 18 et xix, 26. — 31. Matt., xir, 31; Luc, xri, 19.
21. * Sous le boisseau. Voir note sur Matt., v, 25.
31. * Un grain de sénevé ou de moutarde, voir note sur Matt., xiu, 31.
[cu. v.]
monle et devient plus grand que
toutes les plantes, et pousse de
si grands rameaux, que les oi-
seaux du ciel peuvent se reposer
sous son ombre.
33. Ainsi, c'est par beaucoup
de semblables paraboles qu'illeur
annonçait la parole, selon qu'ils
pouvaient l'entendre.
34. Car il ne leur parlait point
sans paraboles ; mais en particu-
lier il expliquait tout à ses dis-
ciples.
35. Or illeur ditce jour-là, lors-
que le soir fut venu : Passons à
l'autre bord.
36. Et ayant renvoyé le peuple,
ils 'emmeneéerent sur 18 barque où
il était; et d'autres barques l'ac-
compagnaient.
91. Mais il s'éleva un grand
tourbillon de vent, qui poussait
les flots dans la barque, de sorte
que la barque s'emplissait.
38. Jésus cependant était à la
poupe, dormant sur un oreiller;
et iis le réveillèrent et lui dirent :
Maitre, n'avez-vous point de souci
que nous périssions?
39. Alors se levant, il menaca
le vent, et dit à la mer : Silence,
calme-toi. Et le vent cessa, et il
se fit un grand calme.
40. Et il leur dit : Pourquoi étes-
vous timides? N'avez-vous point
encore la foi? Et ils furent saisis
d'une grande crainte, et ils se di-
saient l'un à l'autre : Qui pensez-
vous est celui-ci, que et le vent et
la mer lui obéissent?
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 919;
CHAPITRE V.
Légion de démons chassée; pourceaux
précipités. Hémoroisse guérie. Fille de
Jaire ressuscitée.
1. Et ils vinrent de l'autre cóté
de la mer dans le pays des Géra-
séniens.
2. Et comme Jésus sortait de la
barque, tout à coup accourut à lui
d'au milieu des sépulcres, un
homme possédé d'un esprit im-
pur,
3. Lequel habitait dans les sé-
puleres; et nul ne pouvait le tenir
lié, méme avec des chaines.
4. Car souvent, serré de chaines
et les pieds dans les fers, il avait
rompu ses chaines et brisé ses
fers, et personne ne le pouvait
dompter.
9. Et sans cesse, le jour et
la nuit, il élait parmi les tom-
beaux et sur les montagnes
criant et se meurtrissant avec des
pierres.
6. Or voyant Jésus de loin, il ac-
courut et l’adora;
1. Et, criant d'une voix forte, il
dit : Qu'importe à moi et à vous,
Jésus, Fils du Dieu Très-Haut? Je
vous adjure par Dieu, ne me tour-
mentez point.
8. Car il lui disait : Esprit 1m-
pur, sors de cet homme!
9. Et il lui demanda : Quel est
ton nom? Et il lui répondit : Lé-
gion est mon nom; car nous
sommes beaucoup.
10. Et il le suppliait avec ins-
86. Matt., viui, 23; Luc, viu, 22. — Cuap. V. 1. Matt., זנט 28; Luc, vin, 26.
——Ó————————— A ב בו ב 00006 À——— € ה
1. * Le pays des Géraséniens. Voir note sur Matt., vin, 98.
9. Légion. Voy. Matt., xxvi, 53. Le mot légion peut étre pris ici indéfiniment dans
le sens d'un trés grand nombre. — * La légion romaine, du temps d'Auguste, se com-
posait de 6,800 hommes.
2426
tance ae ne point le chasser hors
de ce pays.
11. Or il y avait là, le long de
la montagne, un grand troupeau
de pourceaux qui paissaient.
19. Et les esprits suppliaient
Jésus, disant : Envoyez-nous dans
ces pourceaux, afin que nous en-
trions en eux.
13. Et Jésus le leur permit aus-
sitót. Les esprits impurs, sortant
done du possédé, entrèrent dans
les pourceaux, et le troupeau,
d'environ deux mille, se précipita
impétueusement dans la mer, et
S'y noya.
14. Geux qui les gardaient s'en-
fuirent et répandirent cette nou-
velie dans la ville et dans les
champs. Aussilót les gens sor-
ürent pour voir ce qui était arrivé ;
15. Ils vinrent vers Jésus, et ils
virent celui qui avait été tour-
menté par le démon, assis, vétu
et sain d'esprit; et ils furent sai-
sis de crainte.
10. Et ceux qui avaient vu leur
racontèrent ce qui était arrivé au
possédé et aux pourceaux ;
17. Etils commencèrent à prier
Jésus de s'éloigner de leurs con-
fins.
18. Lorsqu'il montait dans la
barque, celui qui avait été tour-
menté par le démon, le supplia
de lui permettre de rester avec
lui;
19. Mais il 16 lui refusa et lui
dit : Va dans ta maison, vers les
22. Matt., 1x, 18; Luc, vii, 41.
20. * Dans la Décapole. Voir Matt., 1v, 25.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
[cH. v.]
tiens, et annonce-leur tout ce que
le Seigneur a fait pour toi, et
comme il a eu pitié de toi.
90. Il s'en alla donc, et com-
menca à publier dans la Décapole
tout ce que Jésus avait fait pour
lui; ettous étaient dans l'admira-
tion.
21. Jésus ayant repassé dans la
barque de l’autre côté de la mer,
il s’assembla une grande multi-
tude autour de lui; etil était pres
de la mer.
22. Or vint un chef de syna-
gogue, nommé Jaire; le voyant, il
se jeta à ses pieds,
23. Etille suppliait instamment,
disant : Ma fille est à l'extrémité;
venez, imposez votre main sur
elle, afin qu'elle guérisse et qu'elle
vive.
94. Et il s'en alla avec lui; et
une grande multitude le suivait
et le pressait.
25. Alors, une femme qui avait
une perte de sang depuis douze
années,
26. Et qui avait beaucoup souf-
fert de plusieurs médecins, et
avait dépensé tout son bien sans
aucun fruit, se trouvant plutót
dans un état pire,
27. Ayant entendu parler de Jé-
sus, vint dans la foule, par der-
riere, et toucha son vétement;
28. Car elle disait: Si je touche
seulement son vétement, je serai
guérie.
29. Et aussitôt la source du
22, * Un chef de synagogue, archisynagogus, en hébreu vósch hakséneth. Ses fonc-
tions consistaient à administrer les affaires temporelles et spirituelles de la syna-
gogue. Il présidait aux offices, désignait les lecteurs de la Sainte Ecriture, donnait
la parole à ceux qui devaient l'expliquer ou l'expliquait lui-méme, et exergait sur
tout ce qui se faisait dans la synagogue sa haute surveillance.
[ca. vi.]
sang tarit, et elle sentit en son
corps qu'elle était guérie de son
mal.
30. Au même moment, Jésus
connaissant en lui-même la vertu
qui était sortie de lui, et se re-
tournant vers la foule, deman-
dait: Quiatouché mes vêtements ?
31.Sesdisciplesluirépondaient:
Vous voyez la foule qui vous
presse, et vous demandez : Qui
m'a touché?
32. Et il regardait tout autour,
pour voir celle qui l'avait fait.
99. Alors lafemme, craintive et
tremblante, sachant ce qui s'était
passé en elle, vint et se prosterna
devant lui, et lui dit toute la vé-
nie.
34. Jésus lui dit : Ma fille, votre
foi vous a sauvée: allez en paix
etsoyez guérie de votre infirmité.
35. Comme 11 parlait encore,
des gens du chef de synagogue
vinrent, disant : Votre fille est
morte; pourquoitourmentez-vous
davantage le maître ?
96. Mais Jésus, cette parole en-
tendue, ditau chef de synagogue:
Ne craignez point; croyez seule-
ment.
31. Et il ne permit à personne
de le suivre, sinon à Pierre, à
Jacques et à Jean frère de Jacques.
38. En arrivant à la maison du
chef de synagogue, il vit du tu-
multe, des gens pleurant et pous-
sant de grands cris.
39. Or, étant entré, il leur dit:
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
2427
Pourquoi vous troublez-vous et
pleurez-vous? La jeune fille n'est
pas morte, mais elle dort.
40. Et ils se riaient de lui. Mais
Jésus, les ayant tous renvoyés,
prit le père et 18 mère de la jeune
fille, et ceux qui étaient avec lui,
et entra dans le lieu où la jeune
fille était couchée.
44. Ettenantla main de la jeune
fille, il lui dit : Talitha cumi; ce
que l'on interprète ainsi : Jeune
fille (je vous le commande), le-
vez-vous.
49. Et aussitót la jeune fille se
leva, et elle marchait ; car elle
avait douze ans ; et tous furent
frappés d'une grande stupeur.
49. Mais il leur commanda for-
tement que personne ne le süt,
et il dit de lui donner à manger.
CHAPITRE VI.
Jésus méprisé dans sa patrie. Mission des
Apótres. Mort de saint Jean-Baptiste.
Multiplication des cinq pains. Jésus
marche sur les eaux. Vertu des véte-
ments de Jésus-Christ.
1. Etant parti de là, il s'en alla
dans son pays, et ses disciples le
suivirent.
2. Or un jour de sabbat étant
venu, il commenca à enseigner
dans la synagogue, et beaucoup,
l'entendant, étaient dans l'admi-
ration de sa doctrine, disant :
D'où lui viennent toutes ces
choses? quelle est cette sagesse
qui lui a été donnée? et ces mer
34. Luc, vir, 50; var, 48. — 03. VI. 1. Matt., xur, 94; Luc, tv, 16.
38. * Voir Matt., 1x, 23.
41. * Talitha cumi. Ce sont deux mots araméens, dont le premier signifie Zeune fille
et dont le second est l'impératif de la seconde personne féminine : 1.
1. * Etant parti de là, de Capharnaüm, Z/ s'en alla dans son pays, à Nazareth, qui
est à deux petites journées de Capharnaüm.
2428
veilles sisurprenantes qui se font
par ses mains?
3. N'est-ce paslàcecharpentier,
fils de Marie, frere de Jacques et
et de Joseph, de Jude et de Si-
mon? et ses sceurs ne sont-elles
pas ici parmi nous? Et ils se scan-
dalisaient de lui.
4. Mais Jésus leur disait : Un
prophéte n'est sans honneur que
dans sa patrie, dans sa maison et
dans sa famille.
5. Et il ne put faire là aucun
miracle, si ce n'est qu'il guérit
quelques malades en leur impo-
sant les mains.
6. Et il s'étonnait de leur incré-
dulité ; il parcourait toutefois les
villages d'alentour et il y ensei-
gnait.
7. Orilappelales douze et com-
menca àles envoyer deux à deux,
et il leur donna puissance sur les
esprits impurs.
8. Et il leur commanda de ne
rien prendrepourlechemin qu'un
báton : ni sac, ni pain, ni argent
dans leur ceinture ;
9. Mais de chausser leurs san-
dales et de ne point se munir de
deux tuniques.
L'EVANGILE SELON SAINT MARC.
[cg. vi.]
10. Etilleur dit : Quelque part
que vous alliez, étant entrés dans
une maison, demeurez-y jusqu'à
ce que vous sortiez de ce lieu-là.
11. Et quant à ceux quine vous
recevront point et ne vous écou-
teront point, lorsque vous sorti-
rez de là, secouez la poussière de
vos pieds en témoignage contre
eux.
12. Etant donc partis, ils pré-
chaient qu'on fit pénitence;
18. Chassaient beaucoup de dé-
mons, oignaient d'huile beaucoup
de malades et les guérissaient.
14. Or le roi Hérode entendit
parler de Jésus (car son nom s'é-
tait répandu), et il disait : Jean-
Baptiste est ressuscité d'entre les
morts, et c'est pour cela que des
miracles s'operent par lui.
15. Mais d'autres disaient : C'est
Klie. Et d'autres : C'est un pro-
phète, semblable à un des pro-
phètes.
10. Cequ'ayantentendu, Hérode
dit : Ce Jean que j'ai décapité est
ressuscité d'entre les morts,
17. Car Hérode lui-même avait
envoyé prendre Jean, et l'avait
retenu, chargé de fers, en prison,
3. Jean, vi, 42. — 4. Matt., xi, 57; Luc, iv, 24; Jean, 1v, 44. — 7. Matt., x, 1; Supra,
πὶ, 14; Luc, 1x, 1. — 9. Actes, xir, 8. — 11. Matt., x, 14; Luc, 1x, 5; Actes, xiu- 91 et
xvii, 6. — 13. Jac., v, 44. — 14. Matt., xiv, 1, 2; Luc, 1x, 7. — 17. Luc, ur, 19
3. * Sur ce verset, voir Matt., xi, 55, 56.
5. Et il ne put faire, etc. Non par défaut de puissance de son côté, mais par défaut
de dispositions de leur part.
8. Ni argent dans leur ceinture. Voy. Matt., x, 9.
9. * Leurs sandales, chaussures consistant en une semelle de cuir ou de bois qui était
attachée avec des cordons sous la plante des pieds.
44. En témoignage contre eux ; c'est-à-dire afin que ce soit pour eux un témoignage
que vous ne pouvez plus avoir aucun commerce avec eux, puisqu'ils refusent d'em-
15502 la religion divine que vous préchez.
1^. * Leroi Hérode Antipas, tétrarque de la Galilée et de la Pérée. Voir Matt., xiv, 1.
15. A un des prophèles; c'est-à-dire à un des anciens prophètes comme on lit dans
saint Luc, 1x, 8.
41. * Hérodiade. Voir Matt , xiv, 3. — Philippe. Voir Ibid.
[cu. vi.]
à cause d'Hérodiade, qu'il avait
épousée, quoique femme de Phi-
lippe, son frere.
18. Parce que Jean disait à Hé-
rode: Il net'estpas permis d'avoir
la femme de ton frere.
19. Or Hérodiade lui tendait des
pièges, et voulait le faire périr;
mais elle ne le pouvait pas.
90, Hérode, en effet, craignait
Jean, sachant que c'était un
homme juste et saint; il le proté- .
geait, faisait beaucoup de choses
d'après ses avis, et l'écoutait vo-
lontiers.
21. Mais un jour opportun ar-
riva, le jour de 18 naissance d'Hé-
rode, oü il fit un festin aux grands
de sa cour, et aux tribuns, et aux
principaux de la Galilée.
22, Or la fille d'Hérodiade même
étant entrée, et ayant dansé et
plu à Hérode, et à ceux qui étaient
à table avec lui, le roi dit à la
jeune fille : Demandez ce que
vous voudrez, et je vous le don-
nerai.
93. Et il lui jura, disant : Tout
ce que vous demanderez je vous
le donnerai, füt-ce la moitié de
mon royaume.
24. Lorsqu'elle fut sortie, elle
dit à sa mère : Que demanderai-
je? Et sa mère répondit : La tête
de Jean-Baptiste.
| 95. Aussitôt s'étant rendue en
grande hâte près du roi, elle fit
sa demande, disant : Je veux que
vous me donniez à l'instant, dans
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
2429
un bassin, latéte de Jean-Baptiste.
26. Le roi fut contristé ; cepen-
dant, à cause de son serment, et
à cause de ceux qui étaient à
table avec lui, il ne voulut pas la
contrarier.
27. Aussi ayant envoyé un de
ses gardes, il lui ordonna d'ap-
porter la téte de Jean dans un
bassin. Et le garde ledécapita
dans la prison;
28. Et apportant sa téte dans
un bassin, il la donna à la jeune
fille, et la jeune fille la donna à
sa mere.
29. Ce qu'ayant appris, ses dis-
ciples vinrent, prirent son corps,
et le déposerent dans un tom-
beau.
30. Or les apôtres s'étant ras-
semblés auprès de Jésus, lui ren-
dirent compte de tout ce qu'ils
avaient fait et enseigné.
31. Et il leur dit : Venez à l'é-
cart en un lieu désert, et vous
vous reposerez un peu. Car ceux
qui allaient et venaient étaient si
nombreux, qu'ils n'avaient pas
même le temps de manger.
39. Ainsi, montant dans la
barque, ils se retirèrent à l'écart,
dans un lieu désert.
33. Mais beaucoup de gens les
ayant vus partir et ayant connu
leur dessein, y accoururent à
pied de toutes les villes, et y ar-
rivèrent avant eux.
34. Ainsi, en débarquant, Jésus
vit une grande multitude, et il
18. Lév., xvur, 16. — 30. Luc, 1x, 10. — 31. Matt., xiv, 13; Luc, 1x, 10; Jean, vi, 4.
— 84. Matt., 1x, 36 et xiv, 14.
18. * Voir Matt., xiv, 4.
21. * Tribun signifie ici un chef militaire quelconque, non un tribun romain.
22. * La fille d'Hérodiade, Salomé. Voir Matt., xiv, 6.
31. * En un heu désert dans les environs de Bethsaide Julias. Voir note sur Matt. , xiv, 43.,
2430
en eut compassion, parce qu'ils
étaient comme des brebis qui
n'ont point de pasteurs, et il
commenca àleur enseigner beau-
coup de choses.
35. Et comme déjà l'heure
était fort avancée, ses disciples
s'approcherent, disant : Ce lieu
est désert et il est déjà tard;
36. Renvoyez-les afin qu'ils
aillent dans les villages et les
bourgs voisins acheter de quoi
manger.
37. Mais leur répondant, il dit :
Donnez-leur vous mémes à man-
ger. Et ils lui repartirent : Irons-
nous donc acheter pour deux
cents deniers de pain afin de leur
donner à manger?
38. Alors il leur demanda :
Combien avez vous de pains?
Allez et voyez. Et lorsqu'ils eu-
rent regardé, ils dirent : Cinq
pains et deux poissons.
39. Il leur commanda donc de
les faire tous asseoir par groupes
sur l'herbe verte.
40. Et ils s'assirent par groupes
de cent et de cinquante.
41. Alors il prit les cinq pains
et les deux poissons, et, levant
les yeux au ciel, il les bénit;
puis il rompit les pains, et les
donna à ses disciples pour les
mettre devant la multitude, et
il partagea les deux poissons
entre tous.
49. Ils en mangèrent, et ils
furent rassasiés.
49. Et ses disciples emportèrent
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC
[en. vi.]
les restes, douze paniers pleins
de morceaux et une partie des
poissons. :
44. Or ceux qui mangerent
étaient au nombre de cinq mille
hommes.
45. Et aussitôt il fit monter ses
disciples dans la barque, pour le
précéder de l'autre côté de la
mer, à Bethsaide, pendant que
lui-méme renverrait le peuple.
40. Et après qu'il l'eut renvoyé,
il s'en alla sur la montagne pour
prier.
4T. Lorsqu'il fut soir, la barque
se trouvait au milieu de la mer,
et Jésus seul à terre.
48. Et voyant ses disciples qui
se fatiguaient à ramer (car le vent
leur était contraire), vers la qua-
trieme veille de la nuit, il vint à
eux, marchant sur la mer; et il
voulait les devancer.
49. Mais eux, des qu'ils l'aper-
curent marchant sur la mer,
crurent que c'était un fantóme, et
jetèrent un grand cri.
50. Car tous le virent, et ils
furent épouvantés. Mais aussitôt
illeur parla, et leur dit : Rassurez-
vous, c'est moi; ne craignez
point.
51. Et il monta avec eux dans
la barque, et le vent cessa, et
leur stupeur en devint plus
grande :
52. Caril n'avaient pas compris
ce qui s'était fait à l'égard des
pains, parce que leur cœur était
aveuglé.
36. Luc, 1x, 12. — 39. Jean, vi, 10. — 48. Matt., xiv, 24.
31. Les deux cents deniers, si on les prend pour monnaie romaine, font envirop
quatre-vingts francs. Voy. notre Abrégé d'introduction, ete., p. 543.
45. * Bethsaide de Galilée. Voir Matt., xr, 21.
48. Vers la qualrième veille de la nuit. Voy. note sur Matt., xiv, 25.
(ca. vir.]
53. Et, après avoir traversé la
mer, ils vinrent vers la terre de
Génézareth et y aborderent.
54. Et des qu'ils furent sortis
de la barque, 768 gens du pays
reconnurent Jésus.
55. Et parcourant toute la
contrée, ils commencèrent à lui
apporter de tous côtés, dans
leurs grabats, les malades, là
où ils entendaient dire qu'il
était.
δύ. Et partout où il entrait,
dans les bourgs, dans les villages
ou dans les villes, on mettait les
malades sur les places publiques,
et on le suppliait de les laisser
seulement toucher la frange de
son vétement; et tous ceux qui
le touchaient étaient guéris.
CHAPITRE VII.
Scandale des pharisiens sur ce que les
disciples de Jésus mangeaient sans avoir
lavé leurs mains. Guérison de la fille de
la Ghananéenne. Guérison d'un homme
sourd et muet.
1. Et les pharisiens et quel-
ques scribes venus de Jérusa-
lem, s’assemblèrent auprès de
Jésus;
2. Et ayant vu quelques-uns de
ses disciples manger du pain avec
des mains impures, c'est-à-dire
qui n'avaient pas été lavées, ils
les en blàmerent.
3. Car les pharisiens et tous
les Juifs ne mangent point sans
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
2481
s'être souvent lavé les mains,
gardant la tradition des anciens.
4. Et lorsqu'ils reviennent de la
place publique, ils ne mangent
point non plus sans s'être lavés ;
et il y a encore beaucoup d'autres
pratiques qu'ils tiennent de la tra-
dition, et qu'ils doivent observer,
comme de laver les coupes, les
cruches, les vases d'airain et les
lits.
9. Les pharisiens done et les
scribes lui demandaient : Pour-
quoi vos disciples ne se confor-
ment-is point à 18 tradition des
anciens, mais qu'ils mangent le
pain avec des mains impures?
6. Mais, répondant, Jésus leur
dit: Isaie a bien prophétisé de
vous, hypocrites, ainsi qu'il est
écrit : Ce peuple m'honore des
lèvres, mais leur cœur est loin de
moi;
7. Et il est en vain le culte
qu'ils me rendent, en enseignant
des doctrines et des ordonnances
humaines.
8. Car, laissant de cóté le com-
mandement de Dieu, vous obser-
vez la tradition des hommes, la
purification des tasses et des
coupes, et vous faites encore
beaucoup d'autres choses sem-
blables.
9. Etilleur disait : Vous ren-
dez entierement vain le précepte
‘de Dieu, pour garder votre tradi-
tion.
53. Matt., xiv, 34. — (βαρ. VII. 2. Matt., xv, 2. — 6. Isaie, xxix, 13.
53. * La terre de Génésareth. Voir note sur Matt., xiv, 34,
56. * La frange de son vétement. Voir Matt., 1x, 20.
2. Manger du pain. Voy., pour le vrai sens de cette expression, Matt., xv, 2
3. * La tradition des anciens. Voir Matt., xv, 2.
6. Ainsi qu'il est écrit; c'est-à-dire san ila écrit. Compar. Matt., xv, 7.
8. * La tradition des homr:ces. Voir Matt., xv ,2.
9439
10. Car Moise a dit : Honore ton
pere et ta mere. Et: Celui qui
maudira son père ou sa mère,
qu'il meure de mort.
11. Mais vous, vous dites : Si
un homme dit à son père ou à
sa mere : Que tout corban (c'est-
à-dire don) que je fais, tourne
à votre profit, à satisfait à la
loi.
12. Et vous ne le laissez rien
faire de plus pour son père ou
pour sa mère,
18. Abolissant le commande-
ment de Dieu par votre tradition,
que vous-même avez établie; et
vous faites encore beaucoup de
choses semblables.
14. Et appelant de nouveau le
peuple, il leur disait : Ecoutez-
moi tous, et comprenez.
15. Il n'est rien au dehors de
l'homme, qui, entrant en lui
puisse le souiller; mais ce qui sort
de l'homme, c'est là ce qui souille
l'homme.
16. Si quelqu'un a des oreilles
pour entendre, qu'il entende.
17. Etant entré dans une mai-
son apres avoir quitté le peuple,
ses disciples l'interrogeaient sur
cette parabole.
48. Et il leur dit: Ainsi vous
aussi, vous étes sans intelligence?
Ne comprenez-vous point que
toute chose du dehors entrant
dansl homme, ne peutle souiller;
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
(cu. vu]
19. Parce que cela n'entre point
dans le cœur, mais va au ventre,
el est jeté dans le lieu secret qui
purifie tous les aliments?
90. Mais, disait-il, ce qui sort
de l'homme, c'estlà ce qui souille
l'homme;
91. Car c'est du dedans, du
cœur des hommes, que sortent
les mauvaises pensées, les adul-
teres, les fornifications, les ho
micides,
99. Les larcins, lavarice, les
méchancetés, la fraude, les im-
pudicités, l'œil mauvais, le blas
phème, l'orgueil, la folie.
23. Toutes ces choses mauvaises
viennent du dedans et souillent
l'homme.
91. Partant ensuite de là, il s'en
alla sur les confins de Tyr et de
Sidon; et étant entré dans une
maison, il voulait que personne
ne le süt, mais il ne put demeu-
rer caché ;
95. Car une femme dont la fille
était possédée d'un esprit impur,
sitót qu'elle eut oui dire qu'il
était là, entra et se jeta à ses
pieds.
96. C'était une femme paienne
syro-phénicienne de nation. Et
elle le priait de chasser le démon
hors de sa fille.
97. Jésus lui dit : Laissez d'a-
bord rassasier les enfants; car i)
n'est pas bien de prendre le pain
10. Exode, xx, 12; Deut., v, 16; Ephés., vi, 2; Exode, xxr, 17; Lévit., xx, 9; Prov.,
xx, 20. — 14. Matt., xv, 10. — 21. Genèse, vr, 5. — 24. Matt., xv, 21.
nm
10. Qu'il meure de mort. Voy., pour le sens de cette expression, Matt., xv, 4.
18. Toute chose du dehors, etc. Voy. Matt., xv, 11,
19. * Dans le cœur. Le cœur est considéré comme le siège et le centre de la vie
spirituelle et intellectuelle,
22. L'œil mauvais. Compar. Matt., xx, 15, pour la valeur de cette expression.
24. * Sur les confins de Tyr et de Sidon. Voir Mare, ui, 8.
21. De le jeler aux chiens. Voy. Matt., x, 26.
[cu. viir.]
des enfants et de le jeter aux
chiens.
28. Mais elle répondit et lui
dit : Il est vrai, Seigneur; cepen-
dant les petits chiens mangent
sous la table les miettes des en-
fants.
29. Alors il lui dit : A cause de
cette parole, allez; le démon est
sorti de votre fille.
30. Etlorsqu'elle revint dans sa
maison, elle trouva sa fille cou-
chée sur son lit, et que le démon
était sorti.
81. Quittant de nouveau les
confins de Tyr, il vint par Sidon
à la mer de Galilée, à travers le
pays de la Décapole.
32. Or on lui amena un sourd-
muet, et onle suppliait de lui im-
poser les mains.
33. Le tirant dela foule à l'écart,
il lui mit les doigts dans les
oreilles, et toucha salangue avec
de la salive;
34. Puis levant les yeux au ciel,
il soupira et dit : Ephphétha, c'est-
ü-dire, ouvre-toi.
39. Et aussitót ses oreilles s'ou-
vrirent, et le lien de sa langue
se rompit, et il parlait distincte-
ment.
96. Cependant il leur défendit
de le dire à personne. Mais plus
il le leur défendait, plus ils 16 pu-
bliaient,
91. Et plus ils étaient dans
l'admiration, disant: Il a bien
fait toutes choses; il a fait en-
tendre les sourds et parler les
muets.
L'ÉVANGILE SELON. SAINT MARC.
2433
CHAPITRE VII.
Multiplication des sept pains. Prodige de-
mandé et refusé. Levain des pharisiens.
Guérison d'un aveugle. Confession de
saint Pierre, Passion prédite. Saint
Pierre repris. Croix et renoncement à
soi-méme.
1. En ces jours-là, comme la
multitude était grande encore et
n'avait pas de quoi manger, il
appela ses disciples et leur dit :
2. J'ai pitié de cette multitude;
car voilà déjà trois jours qu'ils
sont constamment avec moi, et
ils n'ont pas de quoi manger;
3. Et si je les renvoie à jeun
dans leurs maisons. ils tomberont
de défailance en chemin, car
quelques-uns d'entre eux sont
venus de loin.
4. Ses disciples lui répondirent :
Comment pourrait-on les rassa-
sier de pain ici, dans le désert?
9. Et illeur demanda : Combien
de pains avez-vous? Sept, répon-
dirent-ils.
6. Alors il commanda au peu-
ple de s'asseoir àterre; puis ayant
pris les sept pains etrendu gráces,
illes rompitetles donna à ses dis-
ciples pour les servir, et ils les
servirent à la multitude.
7.115 avaient en outre quelques
petits poissons; il les bénit aussi,
et les fit servir.
8. Ils mangerent done, et ils
furent rassasiés; et ses disciples
emportèrent ce qui était resté de
morceaux, sept corbeilles.
9. Or ceux qui mangèrent
32. Matt., 1x, 32. — Car. VIII. 1. Matt., xv, 32.
-——————————Ó—————M———Á—M RARE
31. * Le pays de ia Décapole. Voir Matt., 1v, 25.
34. Ouvre-toi. Ces paroles sont directement adressées à la personne du sourd et
muet” mais dans le sens logique, elles se rapportent a sa bouche et à ses oreilles,
N. T.
193
TS
2434
étaient environ quatre mille : et
il les renvoya.
10. Montant aussitôt dans la
barque avec ses disciples, il vint
dans le pays de Dalmanutha.
11. Alors les pharisiens étant
venus, commencèrent à disputer
avec lui, lui demandant un pro-
dige dans le ciel pour le tenter.
12. Mais gémissant au fond du
cœur, ildit : Pourquoi cette gé-
nération demande-t-elle un pro-
dige? En vérité, je vous le dis, il
ne sera point aecordé de prodige
à cette génération.
13. Et, les laissant, il monta de
nouveau dans la barque et passa
de l'autre cóté de la mer.
14. Or Les disciples avaient ou-
blié de prendre des pains, et ils
n'avaient qu'un seul pain avec
eux dans la barque.
45. Et il leur commandait, di-
sant: Gardez-vous avec soin du le-
vain des pharisiens et du levain
d'Hérode.
16. Delàilss'entretenaiententre
eux, disant : C'est parce que nous
n'avons point de pains.
11. Ce qu'ayant connu, Jésus
leur dit : Pourquoi vous entrete-
nez-vous de ce que vous n'avez
point de pain? N'avez-vous donc
encore ni sens ni intelligence ?
Avez-vous donc toujours le cœur
aveuglé ?
18. Ayant des yeux, ne voyez-
vous point? ayant des oreilles,
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
[cH. vi]
n'entendez-vous point? et avez-
vous perdu tout souvenir?
19. Quand je rompis les cinq
painspourles cinq mille hommes,
combien de paniers emportâtes-
vous pleins de morceaux ? Douze, .
lui dirent-ils.
20. Et quand je rompis les sept :
pains pour les quatre mille
hommes, combien emportâtes-
vous de corbeilles pleines de
morceaux ? Sept, lui dirent-ils.
21. Et il ajouta : Comment ne
comprenez-vous point encore?
22. Lorsqu'ils arriverent à Beth-
saide, on lui amena un aveugle,
et on le priait de le toucher.
99. Or, prenant la main de
l'aveugle, il le conduisit hors du
bourg, mit de la salive sur ses
yeux; et lui ayant imposé les
mains, il lui demanda s'il voyait
quelque chose.
24. Celui-ci regardant, dit : Je
vois les hommes qui marchent
semblables à des arbres.
98. Jésus lui mit de nouveau
les mains surles yeux, et il com-
menca à voir, et il fut guéri, de
sorte quil voyait clairement
toutes choses.
26. Alors il le renvoya à sa mai-
son, disant : Va dans ta maison;
et si tu entres dans le bourg, ne
dis rien à personne.
27. De là Jésus se rendit avec
ses disciples dans les villages de
Césarée de Philippe; en chemin
1l. Matt., xvi, 1; Luc, xi, 54. — 14. Matt., xvi, 5. — 18. Supra, vi, 41; Jean, vi, 41.
— 21. Matt., xvi, 13; Luc, 1x, 18.
10. * Dalmanutha est, selon les uns, à l'est du lac de Tibériade ; selon d'autres; à
l'ouest dans le voisinage de Magdala. Voir Matt., xv, 39.
15. * Du levain d'Hérode Antipas. Voir Matt., xiv, 4.
22, * Bethsaide. Voir Matt., xr, 21.
21. * Césarée de Philippe. Voir note sur Matt., xvi, 13.
«
T
|cH. 1x.]
ilinterrogeaitses disciples,disant:
Qui dit-on que je suis?
28. Ils lui répondirent, en di-
sant: Jean-Baptiste; d'autres, Elie;
d'autres, comme un des pro-
phètes.
29. Alors il leur demanda : Mais
vous, qui dites-vous que je suis?
Pierre, prenant la parole, lui dit :
Vous étes le Christ.
30. Et il leur défendit avec me-
nace dele dire à personne.
91. Il commenca en méme
temps à leur enseigner qu'il fal-
lait que le Fils de l'homme souf-
frit beaucoup; quil füt rejeté
par les anciens, par les princes
des prétres et par les scribes;
quil füt mis à mort, et qu'apres
trois jours il ressuscitát.
32. Etilen parlaitouvertement.
Alors Pierre, le tirant à part,
commenca à le reprendre.
39. Mais Jésus, se retournant et
regardant ses disciples, gour-
manda Pierre, disant : Retire-toi
de moi, Satan, parce que tu ne
goütes pas ce qui est de Dieu,
mais ce qui est des hommes.
34. Et appelant le peuple avec
ses disciples, il leur dit : Si
quelqu'un veut me suivre, qu'il
renonce à lui-méme, qu'il porte
sa croix et me suive.
35. Car qui voudra sauver son
àme, la perdra; et qui perdra son
àme à cause de moi et de l'Evan-
gile la sauvera.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
2435
36. Et que servira à l'homme
de gagner le monde entier, s’il
perd son âme ?
37. Ou que donnera l'homme
en échange de son âme ?
38. Car celui qui aura rougi de
moietdemes paroles,au milieu de
cette génération adultere et pé
cheresse, le Fils de l'homme aussi
rougira de lui, lorsqu'il viendra
dans la gloire de son Pere avec
les anges saints.
39. Il leur disait encore : En
vérité, je vous le dis, il y en a
parmi ceux ici présents qui ne
goüteront pas de la mort, qu'ils
n'aient vu le royaume de Dieu
venant dans sa puissance.
CHAPITRE IX.
Transfiguration de Jésus-Christ. Avene-
ment d'Elie. Guérison d'un enfant pos-
sédé. Jésus-Christ prédit sa passion.
Qui sera le plus grand? Fuir le scan-
dale.
1. Six jours apres, Jésus prit
Pierre, Jacques et Jean, et il les
conduisit seuls à l'écart sur une
haute montagne, et il fut transfi-
guré devant eux.
2. Ses vêtements devinrent res-
plendissants et trés blancs comme
la neige, d'une blancheur telle,
qu'aucun foulon sur la terre ne
pourrait l'égaler.
3. Et Elie leur apparut avec
Moise; et ils s’entretenaient avec
Jésus.
34. Matt., x, 38, et xvi, 24; Luc, 1x, 28 ot xiv, 27. — 35. Luc, טא 33; Jean,
xi, 20. — 38. Matt., x, 33; Luc, IX, 26 et'xm, 9. — 39. Matt., xvr, 28; Luc, 1x, 27. —
Cap. IX. 1. Matt., xvi, 1; Luc, 1x, 28.
c Isa רל MO aem o i1
31. * Les anciens. Voir la note sur Matt., xvi, 21. — Les princes des prélres el les
stribes. Voir les notes sur Matt., 11, 4.
33. Car qui voudra sauver, etc. Compar. Matt., x, 39.
39. * IL yen a... qui ne goüterontpas de la mort, etc. Voir la note sur Matt., xvi, 28,
1. * Sur une haute montagne. Voir note sur Matt., xvii, 4.
2436
4. Alors, prenant la parole,
Pierre dit à Jésus : Maitre, il nous
est bon d'étre ici. Faisons trois
tentes, une pour vous, une pour
Moise, et une pour Elie.
5. Car il ne savait ce qu'il disait,
parce qu'ils étaient saisis de
crainte.
6. Gependant il se fit une nuée
qui les couvrit de son ombre; et
il vint de la nuée une voix disant:
Celui-ci est mon fils bien-aimé;
écoutez-le.
7. Et aussitót, regardant tout
autour, ils ne virent plus per-
sonne, si ce n'est Jésus seul avec
eux.
8. Mais lorsqu'ils descendaient
dela montagne, il leur comman-
da de ne raconter à personne ce
qu'ils avaient vu, jusqu'à ce que
le Fils de l'homme füt ressuscité
d'entre les morts.
9. Et ils gardèrent cette parole
en eux-mémes, se demandant
ce que voulait dire : Jusqu'à ce
qu'il fût ressuscité d'entre les
morts.
10. Et ils l'interrogeaient, di-
sant : Pourquoi donc les phari-
siens et les scribes disent-ils qu'il
faut qu'Elie vienne auparavant?
11. Jésus répondant, leur dit :
Elie viendra auparavant, et il ré-
tablira toutes choses ; et, comme
il est écrit du Fils de l'homme, il
faudra qu'il souffre beaucoup et
qu'il soit rejeté avec mépris.
12. Mais je vous dis qu'Elie est
déjà venu (et ils lui ont fait tout
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
[cu. 1x.]
ce qu'ils ont voulu), ainsi qu'il est
écrit de lui.
13. Et venant vers ses disciples,
il vit une grande foule autour
d'eux, et des scribes disputant
avec eux.
14. Aussitôt tout le peuple aper-
cevant Jésus, fut saisi d'étonne-
mentet de frayeur; et, accourant,
ils le saluaient.
45. Alors il leur demanda : 6
quoi disputez-vous ensemble?
16. Et un homme de la foule
prenant la parole, dit : Maitre, je
vous ai amené mon fils, qui a en
lui un esprit muet;
17. Lequel, partout où il s'em-
pare de lui, le brise contre terre,
et lenfant écume, grince des
dents, et il se desseche. J'ai dit à
vos disciples de le chasser, mais
ils ne l'ont pu.
18. Jésus, s'adressant à eux,
dit : O race incrédule, jusqu'à
quand serai-je avec vous? jusqu'à
quand vous supporterai-je? Ame-
nez-le-moi.
19. Et ils le lui amenerent. Or
sitót qu'il eut vu Jésus, l'esprit le
tourmenta; et, brisé contre terre,
il se roulait en écumant.
20. Jésus demanda à son pere :
Combien y a-t-il de temps que
cela lui arrive? Depuis son en-
fance, dit le pere.
91. Souvent il l'a jeté dans le
feu et dans l'eau pour le faire pé-
rir; mais si vous pouvez quelque
chose, ayez pitié de nous et se-
courez-nous.
8. Matt., xvir, 9. — 10. Mal., 1v, 5. — 11. Isaie, Lr, 3, 4. — 12. Matt., xvii, 12. —
16. Luc, 1x, 38.
4.* Maitre. Le texte latin porte Rabbi. Voir sur Rabbi la note sur saint Jean, 1, 38.
12. * Elie est déjà venu. Saint Jean-Baptiste.
11, Contre terre. Voy. le verset 19.
[cu. 1x.)
92. Jésus lui dit : Si tu peux
croire, tout est possible à celui
qui croit.
28. Et aussitót le pere de l'en-
fant s'écria, disant avec larmes :
Je crois, Seigneur; aidez mon in-
crédulité.
24. Et Jésus voyant une foule
qui accourait, menaca l'esprit
impur, lui disant : Esprit sourd et
muet, je te le commande, sors de
cet enfant et n'y rentre plus.
25. Et poussant un grand cri et
le déchirant violemment, il sortit
de l'enfant qui devint comme
mort; de sorte que beaucoup di-
saient : Il est mort.
26. Mais Jésus, prenant sa main
et le soulevant, il se leva.
27. Et lorsque Jésus fut entré
dans une maison, ses disciples
lui demandèrent en secret : Pour-
quol, nous, n'avons-nous pu le
chasser?
28. Il leur dit : Ce genre de dé-
mons ne peut se chasser que par
la priere et le jeüne.
29. Etant partis de là, ils traver-
serent la Galilée; et il ne voulait
pas que personne 16 sát.
30. Cependant il instruisait ses
disciples, et leur disait : Le Fils
de l'homme sera livré entre les
mains des hommes, et ils le tue-
ront, et le troisième jour après
sa mort, il ressuscitera.
91. Mais ils ne comprenaient
point cette parole, et ils crai-
gnaient de l'interroger.
32. Ils vinrent ensuite à Caphar-
naüm; et, lorsqu'ils furent dans
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
2437
la maison, il leur demanda : Que
discutiez-vous en chemin?
33. Et ils se taisaient, parce que
dans le chemin ils avaient disputé
ensemble qui d'entre eux était le
plus grand.
94. Et, s'étant assis, il appela
les douze, et leur dit : Si quel-
qu'un veut étre le premier, il sera
le dernier de tous et le serviteur
de tous.
98. Puis, prenant un enfant, il
le mit au milieu d'eux; et apres
l'avoir embrassé, il leur dit :
36. Quiconque reçoit en mon
nom un petit enfant comme celui-
ci, me reçoit; et quiconque me
reçoit, reçoit non pas moi, mais
celui qui m'a envoyé.
97. Jean, prenant 18 parole, lui
dit : Maitre, nous avons vu quel-
qu'un qui chassait les démons en
votre nom, et qui ne nous suit
pas, et nous l'en avons empé-
ché.
38. Mais Jésus leur répondit :
Ne l'en empéchez point; caril n'y
a personne qui fasse un miracle
en mon nom, et qui puisse incon-
tinent mal parler de moi;
39. Car qui n'est pas contre
vous, est pour vous.
40. Et quiconque vous donnera
un verre d'eau en mon nom, parce
que vous étes au Christ, en vérité,
je vous le dis, il ne perdra point
sa récompense.
41. Mais quiconque scandali-
sera un de ces petits qui croient
en moi, il vaudrait mieux pour
lui que l'on mit autour de son
30. Matt., xvir, 21 ; Luc, 1x, 22, 44. — 33. Matt., xvii, 4; Luc, 1x, 46. — 37. Luc, Ix, 49.
38. I Cor., xir, 3. — 40. Matt., x, 42. — 41. Matt., xviu, 6; Luc, xvu, 2.
33. * A Capharnaüm. Voir Matt., 1v, 13.
41. * Une meule de moulin. Voir note sur Matt., ,טא 6.
2438
cou une meule de moulin, et
qu'on le jetât dans la mer.
49. Que si votre main vous
scandalise, coupez-la : il vaut
mieux pour vous entrer dans la
vie, privé d'une main, que d'al-
ler, ayant deux mains, dans la
géhenne du feu qui ne peut s'é-
teindre,
43. Où leur ver ne meurtpoint,
et leur feu ne s'éteint pas.
44. Et si votre pied vous scan-
dalise, coupez-le : 1] vaut mieux
pour vous entrer, privé d'un pied,
dans la vie éternelle, que d'étre
jeté, ayant deux pieds, dans la
géhenne du feu qui ne peut s'é-
teindre,
45. Oü leur ver ne meurt point,
et leur feu ne s'éteint pas.
46. Que si votre œil vous scan-
dalise, arrachez-le : il vaut mieux
pour vous entrer, privé d'un cil,
dans le royaume de Dieu, que
d'étre jeté, ayant deux yeux, dans
la géhenne du feu,
47. Où leur ver ne meurt point,
et leur feu ne s'éteint pas.
48. Car tous seront salés par le
feu, comme toute victime doit
étre salée par le sel.
49. Le sel est bon; mais si le
sel perd sa vertu, avec quoi l'as-
saisonnerez-vous? Ayez du sel en
vous, et conservez la paix entre
vous.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
(ca. x.]
CHAPITRE X.
Indissolubilité du mariage. Enfants pré-
sentés à Jésus-Christ. Conseil de perfec-
tion. Salut des riches difficile. Récom-
pense promise à ceux qui quittent tout
pour Jésus-Christ. Passion prédite. De-
mande des enfants de Zébédée. Domi-
nation interdite. Guérison d'un aveugle
prés de Jéricho.
1. Partant de là, il vint aux con-
fins de la Judée, au delà du Jour-
dain; et le peuple s'assembla de
nouveau pres de lui, et, selon sa
coutume, il recommenca à les
instruire.
9. Et les pharisiens s'appro-
chant, lui demandèrent sl est
permis à un homme de renvoyer
sa femme; c'était pour le ten-
ter.
3. Mais Jésus répondant, leur
dit : Que vous a ordonné Moïse?
4. 115 répliquèrent: Moïse a per-
mis d'écrire un acte de répudia-
tion, et de la renvoyer.
5. Jésus leur répondant, dit :
C'est à cause de la dureté de vo-
tre cœur, qu'il vous a écrit ce
précepte.
0. Mais au commencement de
la création, Dieu fit un homme et
une femme.
7. C'est pourquoi l’homme quit-
tera son pere et sa mère, et s'at-
tachera à sa femme;
8. Et ils seront deux dans une
42, Matt., v, 30; xvi, 8. — 45. Isaie, Lxvi, 24. — 48. Lév., it, 13. — 49. Matt., v, 13;
Luc, xiv, 34. — .ג X. 1. Matt., xix, 1. — 4. Deut., xxiv, 1. — 6. Genèse, 1, 27. —
7. Genèse, ir, 24; Matt., xix, 5; 1 Cor., vii, 10; Ephés., v, 31. — 8. I Cor., vr, 16.
49. La vie; c'est-à-dire la vie éternelle. Compar. le verset 44. — La géhenne. Voy.
Matt., v, 22.
43. Leur ver, etc.; c'est-à-dire le ver qui ronge ceux qui sont dans l'enfer. C'est une
citation d'Isaie (Lxvr, 24).
1. * De là, de Capharnaüm. — Aux confins de la Judée, vers Jérusalem. — Au delà
du Jourdain, en passant par la Pérée, à l'est du Jourdain, pour ne pas traverser la
Samarie, pays hostile aux Juifs,
[cn.. x.]
seule chair. Ainsi ils ne sont plus
deux, mais une seule chair.
9. Ce que Dieu done a uni, que
l'homme ne le sépare point.
10. Dans la maison, ses disci-
ples l'interrogeérent encore sur le
méme sujet.
4. Et il leur dit: Quiconque
renvoie sa femme et en épouse
une autre, commet un adultere
àlégard de celle-là.
19. Et si une femme quitte son
mari et en épouse un autre,
elle se rend adultere.
13. Cependant on lui présen-
tait de petits enfants pour quil
les touchát. Mais ses disciples me-
nacaient ceux qui les présen-
taient.
14. Jésus, les voyant, fut indi-
gné, et leur dit : Laissez ces pe-
tits enfants venir à moi, et ne les
en empéchez point; car à de tels
est le royaume de Dieu.
15. En vérité, je vous le dis :
Quiconque n'aura point recu le
royaume de Dieu comme un pe-
tit enfant, n'y entrera point.
16. Et les embrassant et impo-
sant les mains sur eux, il les bé-
nissait.
17. Comme il se mettait en
chemin, quelqu'un accourant et
fléchissant le genou, lui de-
manda: Bon maitre, que ferai-je
pour avoir la vie éternelle?
18. Jésus lui répondit : Pour-
quoi m appelles-tu bon? Nul n'est
bon, que Dieu seul.
19. Tu connais les commande-
ments: Ne commets point d'a-
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
2439
dultàre; ne tue point; ne dérobe
point; ne rends point de faux té-
moignage; ne fais point de
fraude; honore ton père et ta
mere.
20. Mais le jeune homme re-
prenant la parole, lui dit : Maitre,
jai observé tous ces préceptes
dès ma jeunesse.
21. Jésus, l'ayant . regardé,
l'aima, et lui dit : Une seule chose
te manque ; va, vends tout ce que
tu as, donne-le aux pauvres, et
tu auras un trésor dans le ciel :
puis viens et suis-moi.
22. Mais, affligé de cette parole,
il s’en alla triste, car il avait de
grands biens.
93. Alors Jésus regardant au-
tour de lui, dit à ses disciples :
Qu'il est difficile que ceux qui ont
des richesses entrent dans le
royaume de Dieu!
24. Or ses disciples étaient
tout étonnés de ce discours ; mais
Jésus prenant de nouveau la
parole, leur dit : Mes enfants
bien-aimés, qu'il est difficile à
ceux qui se confient dans les ri-
chesses, d'entrer dans leroyaume
de Dieu!
25. Il est plus facile à un cha-
meau de passer pàr le chas d'une
aiguille, qu'à un riche d'entrer
dans le royaume de Dieu.
26. Et ils demeuraient encore
plus étonnés, se disant l’un à
l'autre : Et qui peut donc être
sauvé ?
27. Mais Jésus les regardant,
dit : Aux hommes, cela estimpos-
17. Matt., xix, 16; Luc, xvii, 18. — 19. Exode, xx, 13.
A4. Car à de tels, etc. Voy. sur cette traduction Matt., xix, 14.
11. Quelqu'un. D'après saint Matthieu (xix, 20, 22), c'était un jeune homme,
25. Il est plus facile, etc. Compar. Matt., xix, 24
2410
81216, mais non pas à Dieu; car
tout est possible à Dieu.
98. Alors Pierre se mit à lui
dire : Voici que nous avons,
nous, tout quitté pour vous sui-
vre;
29. Jésus répondant, dit: En
vérité, je vous le dis, nul n'aura
quitté maison, ou frères, ou
sœurs, ou pere, ou mère, ou fils,
outerres à cause de moi et à cause
de l'Evangile,
30. Qui ne recoive maintenant,
en ce temps méme, cent fois au-
tant de maisons, de freres, de
sœurs, de mères, de fils et de ter-
res, avec des persécutions, et,
dans le siècle à venir, la vie éter-
pelle.
31. Mais beaucoup de premiers
seront les derniers, et beaucoup
de derniers, les premiers.
39. Or ils étaient en chemin
pour monter à Jérusalem; Jésus
marchait devant eux, et ils en
étaient tout étonnés, etils le sui-
vaient pleins de crainte. Et pre-
nant encore à part les douze, il
commença à leur dire ce qui de-
vait lui arriver.
33. Voilà que nous montons à
Jérusalem, et le Fils de l’homme
sera livré aux princes des prétres,
aux scribes et aux anciens ; ils le
condamneront à mort, et le livre-
ront aux gentils ;
34. Et ils l'insulteront, crache-
ont sur lui, le flagelleront, et le
ueront; et le troisième jour il
-essuscitera.
35. Alors s'approcherent de lui
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
[cn. x.]
Jacques et Jean, fils de Zébédée,
disant : Maitre, nous voudrions
que lout ce que nous vous de-
manderons, vous le fissiez pour
nous.
36. Mais il leur répondit : Que
voulez-vous que je fasse pour
vous?
97. Et ils dirent : Accordez-
nous que nous soyons assis l'un
à votre droite et l'autre à votre
gauche, dans votre gloire.
38. Mais Jésus leur dit : Vous
ne savez ce que vous deman
dez : pouvez-vous boire le 6%
lice que je bois, ou étre bapti-
sés du baptéme dont je suis bap
lisé?
99. Ils lui répondirent : Nous le
pouvons. Mais Jésus leur dit: A
la vérité, le calice que je bois,
vous le boirez, et vous serez bap-
lisés du baptéme dont je suis
baptisé ;
40. Mais d'étre assis à ma droite
ou àma gauche, il ne m'appar-
tient pas de vous l'aecorder à
vous, mais à ceux à qui il a été
préparé.
41. Or, entendant cela, les dix
s'indignerent contre Jacques et
Jean.
42. Mais Jésus les appelant, dit :
Vous savez que ceux qui passent
pour régner sur les nations, les
dominent, et que leurs princes
ont puissance sur elles.
43. 11 n'en est pas ainsi parmi
vous; mais quiconque voudra de-
venir le plus grand, sera votre
serviteur;
28. Matt., xix, 27; Luc, xviu, 28.-— 31. Matt, xix, 80, — 32. Luc, xvrr, 91. —
35. Matt., xx, 20. — 42. Luc, xxnr, 25.
4t. Les dix; c'est-à-dire les dix autres apôtres.
—
[cu. xi.]
premier parmi vous, sera le ser-
viteur de tous.
45. Carle Filsdel'homme méme
n'est pas venu pour étre servi,
mais pour servir, et donner sa vie
pour la rédemption d'un grand
nombre.
46. Ils vinrent ensuite à Jéri-
cho; et comme il partait de Jéri-
cho avec ses disciples et avec une
grande multitude, le fils de Timée,
Bartimée l'aveugle, qui était assis
sur le bord du chemin, deman-
dant l'aumóne,
41. Ayant entendu que c'était
Jésus de Nazareth, se mit à crier,
disant : Jésus, fils de David, ayez
pitié de moi!
48. Nombre de personnes le
menacaient pour le faire taire;
mais lui criait beaucoup plus en-
core : Fils de David, ayez pitié de
moi!
49. Alors Jésus, s'arrétant, or-
donna qu'on l'appelàt. On appela
donc l'aveugle en lui disant : Aie
confiance, lève-toi, il t'appelle.
50. Celui-ci, jetantson manteau,
s'élanca et vint à Jésus.
51. Et Jésus lui demanda : Que
veux-tu que je te fasse? L'aveu-
gle lui répondit : Maitre, que je
voie.
89. Va, lui dit Jésus, ta foi t'a
guéri. Et aussitót il vit, et il le
suivait dans le chemin.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
44. Et quiconque voudra être le :
CHAPITRE Xt.
Entrée dans Jérusalem. Figuier maudit.
Vendeurs chassés du temple. Puissance
de la foi. Autorité de Jésus. Baptéme de
Jean.
1. Comme ils approchaient de
Jérusalem et de Béthanie, pres du
mont des Oliviers, il envoya deux
de ses disciples,
2. Et il leur dit : Allez à ce vil-
lage qui est devant vous; et dès
que vous y serez entrés, vous
trouverez un ânon lié, sur lequel
aucun homme ne s'est encore
assis; déliez-le, et me l'amenez.
3. Et si quelquun vous de-
mande : Que faites-vous? dites
que le Seigneur en a besoin,
et aussitót il le laissera amener
ici.
4. S'en étant donc allés, ils trou-
verent l'ànon lié dehors, devant
la porte entre deux chemins, et
ils 16 délierent.
5. Et quelques-uns de ceux qui
élaientlàleur disaient: Que faites-
vous, déliant cet ànon?
6. Ils leur répondirent comme
Jésus le leur avait commandé, et
on le leur laissa.
1. Et ils amenerent l'ànon à Jé-
sus, et ils le couvrirent de leurs
vétements, et il monta dessus.
8. Beaucoup de personnes aussi
étendirentleurs vétementslelong
de la route; d'autres coupaient
46. Matt., xx, 29; Luc, xvii, 35. — (πὰρ. XI, 1. Matt, xxi 1; Luc, xix, 29 —
1. Jean, xr, 14.
ἀξ, Et quiconque, etc. Le Seigneur, par ces paroles, ne condamne pas la préémi-
nence d'autorité; 11 blàme seulement le sentiment qui nous fait ambitionner la su-
périorité et la domination sur les autres.
49. D'un grand nombre. Voyez, pour le vrai sens de cette expression, Matt. xx, 28.
1. * Béthanie. Voir Matt., xxi, 17. — Près du mont des Oliviers. Voir la note sur
Matt., xxi, 1.
2442
chaient le chemin.
9. Et ceux qui marchaient
devant, et ceux qui. suivaient
criaient, disant : Hosanna!
10. Béni celui qui vientau nom
\ du Seigneur; béni le règne qui
arrive de notre père David; ho-
sanna au plus haut des cieux!
11. Et il entra à Jérusalem, dans
le temple, et aprés avoir regardé
touteschoses,commel'heure était
déjà fort avancée, il se retira à
Béthanie avec les douze.
19. Le lendemain, comme ils
sortaient de Béthanie, il eut
faim.
13. Or, voyant deloin un figuier
qui avait des feuilles, il vint pour
voir s'il y trouverait quelque fruit.
Mais, lorsqu'il s'en fut approché,
il n’y trouva que des feuilles,
car ce n'était pas le temps des
figues.
14. Alors prenant la parole, il
lui dit : Que jamais personne ne
mange plus de fruit de toi! Etses
disciples l'entendaient.
15. lls vinrent ensuite à Jéru-
salem. Or étant entré dans le
temple, il commença à chasser
ceux qui vendaient et achetaient
dans le temple; il renversa méme
les tables des changeurs et les
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
des branches d'arbres, et en jon- |
[cn, xr.]
sieges de ceux qui vendaient des
colombes.
16. Et il ne souffrait pas que
personne transportât d'objet par
le temple.
47. Il enseignait aussi, leur di-
sant : N'est-il pas écrit : Ma mai-
son sera appelée maison de prière
pour toutes les nations? Et vous,
vous en avez fait une caverne de
voleurs. |
18. Ce qu'ayant entendu, les
princes des prétres et les scribes
cherchaient comment ils le per-
draient; car ils le craignaient,
parceque tout le peuple était dans
l'aámiration de sa doctrine.
19. Lorsque le soir était venu,
il sortait de la ville.
20. Et comme le lendemain ma-
ln ils passaient, ils virent le
fieuier desséché jusqu'à la ra-
cine.
21. Alors Pierre se ressouve-
nant, lui dit : Maitre, voilà que le
figuier que vous avez maudit a
séché.
99. Et Jésus répondant, leur
dit : Ayez foi en Dieu. =
23. En vérité, je vous dis que
quiconque dira àcette montagne:
Lève-toi, et jette-toi dans la mer,
et n'hésitera point dans son cœur,
mais croira que tout ce qu'il aura
9. Ps. cxvr, 26; Matt., xxi, 9; Luc, xix, 88. — 11. Matt., xxr, 10. — 13, Matt., xxt, 49.
— 17. Isaïe, ivt d; Jérémie, vit, 11. — 22. Matt., xxi, 21.
9. Hosanna. Voy. note sur Matt., xxr, 9.
11. * Il entra à Jérusalem par la porte Dorée, à l'est.
16. * Il ne souffrait pas que personne transportát d'objet par le temple. « L'enceinte
du temple était traversée par les piétons qui voulaient descendre dans la vallée de
Josaphat. Il en est encore de méme aujourd'hui; mais, au lieu de sortir par la porte
Dorée qui est toujours fermée, on sort par une porte latérale auprés de la grande
piscine. [Jésus-Christ regarde] comme un manquement de respect, non seulement de +
vendre les colombes des sacrifices, mais d'y tenir de petits comptoirs de change de
monnaie, et de porter des paquets à travers le parvis extérieur. » (J.-H.MicRON.)
11. Ma maison, etc. Voy. Matt., v, 19 et xxr, 13.
21. * Le figuier a séché. Voir Matt., xxr, 19.
[cu. xu.]
dit se doit faire, il lui sera réelle-
ment fait.
24. C'est pourquoi je vous le
dis : Tout ce que vous demande-
rez dans la prière, croyezque vous
l'obtiendrez, et il vous arrivera.
95. Et quand vous serez pour
prier, pardonnez, si vous avez
quelque chose contre quelqu'un,
afin que votre Père, qui est dans
les cieux, vous pardonne aussi
vos péchés.
26. Car si vous ne pardonnez
point vous-mémes, votre Père
qui est dans les cieux ne vous
pardonnera point non plus vos
péchés.
97. Ils vinrent de nouveau à Jé-
rusalem; et comme il se prome-
nait dans le temple, les princes
des prétres, les scribes et les an-
ciens s'approcherent de lui,
98. Et lui dirent : Par quelle au-
torité faites-vous ces choses, et
qui vous ἃ donné ce pouvoir de
les faire?
29. Jésus, répondant, leur dit :
Je vous ferai, moi aussi, une de-
mande ; répondez-moi, et je vous
dirai par quelle autorité je fais ces
choses.
30. Le baptéme de Jean était-il
du ciel ou des hommes? Répon-
dez-moi.
31. Mais eux pensaient en eux-
mémes, disant: Si nous répon-
dons : Du ciel, il dira : Pourquoi
done n’y avez-vous pas cru?
39. Si nous répondons : Des
hommes, nous avons à craindre
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
2443
| le peuple; car tous croyaient que
Jean était vraiment prophete.
33. Répondant donc, ils dirent
à Jésus : Nous ne savons. Et ré-
pliquant, Jésus leur dit : Ni moi
non plus, je ne vous dispar quelle
autorité je fais ces choses.
CHAPITRE XII.
Parabole des vignerons homicides et de
la pierre angulaire. Rendre à César ce
qui est à César. Résurrection des morts.
Vie angélique. Amour de Dieu et du
prochain. Le Messie Fils et Seigneur de
David. Scribes superbes. Veuve donnant
de son nécessaire.
1. Etil commença à leur parler
en paraboles : Un homme planta
une vigne;ill'entoura d'une haie,
creusa un pressoir, y bâtit une
tour; illaloua ensuiteà des vigne-
rons, et partit pour un voyage.
2. Or, enlasaison,ilenvoyaaux
vignerons un serviteur pour rece-
voir d'eux du fruit dela vigne.
3. Mais s'étant saisis de lui, ils
le déchirèrent de coups, etle ren-
voyerent les mains vides.
4.11 leur envoya de nouveau un
autre serviteur, et ilsle blesserent
à la tête, et l'accablerent d'ou-
trages.
9. il en envoya encore un autre,
et ils le tuèrent; ensuite plusieurs
autres, dont ils déchirerentles uns
de coups, et tuèrent les autres.
6. Enfin, ayant un fils unique
qui lui était trés cher, il le leur
envoya le dernier, disant: Ils res-
pecteront mon fils.
1. Mais les vignerons se dirent
24. Matt., vu, 7; xx1, 22. — 25. Matt., vr, 14; xvirt, 35; Luc, ΧΙ, 9. — 28. Luc, xx, 1. —
Cnuar. XII. 1. 15810, v, 1; Jérémie, n, 21; Matt., xxr, 33; Luc, x, 9.
mn ההק ה חן
91. Dans le temple; c'est-à-dire dans le parvis du temple. Compar. Jean, x, 23.
3-5. Ils déchirèrent. Voy. sur cette expression Matt., xxr, 35.
2444
l'un à l'autre : Celui-ci est l'héri-
tier; venez, tuons-le, et nôtre sera
l'héritage.
8. Ainsi, l'ayant pris, ils le
Luerent et le jetèrent hors de la
vigne.
9. Que fera donc le maitre de la
vigne?ll viendra, exterminera les
vignerons, et donnera la vigne à
d'autres.
10. N'avez-vous point lu cette
parole de l'Ecriture : La pierre
qu'ont rejetée ceux qui bátissaient
est devenue un sommet d'angle;
11. C'est le Seigneur qui ἃ fait
cela, etc'est admirableànos yeux?
19. Des lors ils cherchaient à se
saisir de lui; mais ils craignaient
le peupie; ils reconnurent, en
effet, que c'était à eux qu'il avait
appliqué cette parabole. Ainsi le
laissant, ils s'en allerent.
13. Mais ils envoyerent vers lui
quelques-uns des pharisiens et
des hérodiens, pourle surprendre
dans ses paroles;
14. Lesquels étant venus, lui
dirent : Maitre, nous savons que
vous êtes véridique, et que vous
n'avez égard à quique ce soil; car
vous neconsidérez point la facedes
hommes, mais vous enseignez la
voie de Dieu dans la vérité : Est-
il permis de payer le tribut à Cé-
sar, ou ne le payerons-nous point?
15. Jésus, connaissant leur ma-
lice, leur dit: Pourquoi me tentez-
vous? Apportez-moi un denier,
que je le voie.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
[.זנצ .68]
16. Et ils le lui apportèrent; et
il leur demanda : De qui est cette
image et cette inscription? De
César, lui dirent-ils.
17. Alors reprenant, Jésus leur
dit: Rendez-done à César ce qui
est à Gésar, et à Dieu ce qui est à
Dieu. Et ils étaient en admiration
de lui.
18. Alors vinrent à lui les sad-
ducéens, qui disent quil n'y a
point de résurrection, et ils l'in-
terrogeaient, disant :
19. Maitre, Moise a écrit pour
nous : Si le frère de quelqu'un
meurt, et quitte ainsi sa femme
sans laisser d'enfants, que son
frere épouse sa femme, et suscite
des enfants à son frere.
20. Or il y avait sept freres : le
premier prit une femme, et mou-
rut sans laisser d'enfants.
21. Le second 18 prit ensuite et
mourut, et ne laissa point non
plus d'enfants, et le troisième pa-
reillement.
22. Et ils l'ont ainsi épousée
tous les sept, et ils n'ont point
laissé de postérité. Enfin apres
eux tous estmorte aussilafemme.
93. Ala résurrection donc, lors-
qu'ils ressusciteront, duquel d'en-
ire eux sera-t-elle femme? Car
tous lesseptl'onteuepourfemme.
24. Et Jésusrépondant, leur dit :
N'étes-vous point pour cela méme
dans l'erreur, ne comprenant ni
les Ecritures ni la puissance de
Dieu?
10. Ps. cxvir, 22; Isaie, xxvii, 16; Matt., xxt, 42; Actes, 1v, 11; Rom., 1x, 33; I Pierre,
מז 7. — 13. Matt., xxir, 15; Luc, xx, 20. — 17. Rom., xx, 7. — 18. Matt., xxir, 23; Luc,
xx, 27. — 19. Deut., xxv, 5.
13-14. Des hérodiens. — La face des hommes. Voy. sur ces mots Matt., xxi, 16.
14. * A César ou à l'empereur, qui était alors Tibére. Voir Luc, ui, 1.
48, * Des Sadducéens. Voir la note 7 à la fin du volume.
[cu. xi.)
95. Car, lorsqu'ilsressusciteront
d'entre les morts, les hommes ne
prendront point de femmes ni les
femmes de maris, mais ils sont
comme des anges dans le ciel.
26. Et quant aux morts, en tant
qu'ils ressuscitent, n'avez-vous
point lu dans le livre de Moise, à
l'endroit du buisson, comment
Dieu lui parla, disant : Je suis le
Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac
et le Dieu de Jacob?
27. ll n'est pasle Dieu des morts,
mais des vivants. Vous donc, vous
errez beaucoup.
28. Alors s'approcha un des
scribes, qui avait entendu les sad-
ducéens linterroger, et voyant
qu'il leur avait si bien répondu, il
lui demanda quel étaitle premier
de tous les commandements.
29. Jésus lui répondit : Le pre-
mier detous les commandements
est : Ecoute, Israél, le Seigneur
ton Dieu est le seul Dieu;
90. Tu aimeras le Seigneur ton
Dieu de tout ton cœur, de toute
ton àme, de tout ton esprit et de
toute ta force. Voilà le premier
commandement.
31. Le second est semblable à
celui-là : Tu aimeras ton prochain
comme toi-méme. Aucun autre
commandement n'est plus grand
que ceux-là.
39. Et le scribe lui dit : Fort
bien, maitre, vous avez dit en
L'EVANGILE SELON SAINT MARC.
2445
toute vérité qu'il n'y a qu'un seul
Dieu, et il n'y en a point d'autre
que lui;
33. Qu'on doit l'aimer de tout
son cœur, de toute son intel-
ligence, de toute son âme et de
toute sa force; et qu'aimer le
prochain comme soi-même est
plus que tous les holocaustes et
tous les sacrifices.
94. Jésus voyant qu'il avait sa-
gement répondu, lui dit : Tu n'es
pas loin du royaume de Dieu. Et
personne n'osait plus linter-
roger.
35. Mais prenant la parole, Jé-
sus demandait en enseignant
dans le temple : Comment les
scribes disent-ils que le Christ est
fils de David?
36. Car David lui-même a dit
par l'Esprit-Saint : Le Seigneur ἃ
dit à mon Seigneur : Asseyez-
vous à ma droite, jusqu'à ce que
jaie fait de vos ennemis l'esca-
beau de vos pieds.
97. Ainsi David lui-méme l'ap-
pelle son Seigneur; comment est-
il son fils? Et une grande foule
l'écoutait avec plaisir.
38. Il leur disait encore dans
son enseignement : Gardez-vous
des scribes, qui se plaisent à se
promener avec de longues robes,
et à étre salués dans les places
publiques;
39. Et à s'asseoir sur les pre-
26. Exode, ur, 6; Matt., xxir, 32. — 28. Matt., xxit, 39. — 29. Deut., vi, 4. —31. Lév.,
xix, 18; Matt., xxir, 39; Rom., xir, 9; Galat., v, 14; Jac., 11, 8. — 36. Ps. cix, 1; Matt.,
XXII, 44; Luc, xx, 42. — 38. Matt., xxi, 5; Luc, xr, 43 et xx, 46.
————— M —— M —— M M — € —À
26. A l'endroit du buisson; c'est-à-dire à l'endroit de son livre οὰ il parle du buis-
son, dans l'Exode, 11, 4 et suiv.
29. * Ecoute, Israël, etc. Deut., vi, 4.
31. * Tu aimeras ton prochain. Lév., xix, 18.
36. * L'escabeau de vos pieds. Voir note sur Matt., xxu, 44
38. * Avec de longues robes (stolci). Voir Luc. xi, 22.
9446
miers sièges dans lessynagogues,
et qui veulent les premieres
places dans les festins;
40.Quidévorent les maisons des
veuvessousleprétexte delongues
prieres : ces hommes-là subiront
un jugement plus sévère.
41. Apres cela, étant assis vis-
à-vis du tronc, Jésus regardait de
quelle maniere le peuple y jetait
de l'argent; or nombre de riches
y en jetaient beaucoup.
| 42. Et une pauvre veuve étant
venue, elle y mit deux petites
pieces valant le quart d'un as.
43. Appelant alors ses disciples,
il leur dit : En vérité, je vous le
dis, cette pauvre veuve a déposé
plus que tous ceux qui ont mis
dans le tronc.
44. Car tous ont mis de ce qu ils
avaientdesuperflu ; mais celle-ci à
mis de son indigence méme tout
ce qu'elle avait, tout son vivre.
CHAPITRE XIII.
Jésus prédit la ruine du temple. Ques-
tions des disciples à l'occasion de cette
prédiction. Réponses de Jésus-Christ
aux questions de ses disciples. Signes
de la ruine de Jérusalem. Signes du
dernier avènement de Jésus-Christ.
1. Lorsqu'il sortait du temple,
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
[cu. xt]
un de ses disciples lui dit : Maitre,
voyez quelles pierres et quels bà-
timents.
9. Et répondant, Jésus lui dit :
Tu vois toutes ces grandes cons-
tructions? Il n'y restera pas pierre
sur pierre, qui ne soit détruite.
3. Et comme il était assis sur
le mont des Oliviers en face du
temple, Pierre, Jacques, Jean et
André lui demandaient en parti-
culier :
4. Dites-nous quand ceci arri-
vera, et quel sera le signe que
toutes ces choses commenceront
de s'accomplir?
5. Et répondant, Jésus com-
mença par leur dire : Prenez
earde que personne ne vous sé-
duise ;
6. Car beaucoup viendront en
mon nom, disant : C'est moi; et
beaucoup seront séduits par eux.
1. Lorsque vous entendrez par-
ler de guerres et de bruits de
guerres, ne craignez point; car
il faut que ces choses arrivent;
mais ce n'est pas encore la fin.
8. Car une nation se soulèvera
contre une nation, un royaume
contre un royaume et il y aura
des tremblements de terre en di-
vers lieux, et des famines. C'est
41. Luc, xxi, 1. — Cra». XIII. 1. Matt., xxiv, 1. — 2. Luc, xix, 44; xxr, 6. — 5. Ephés.,
v, 6; II Thess., 11, 3.
41.* Tronc; Gazophylucium, troncs au nombre de treize, appelés trompettes à cause de
leur forme. Ils étaient destinés à recevoir les dons volontaires des Juifs et étaient placés
dans la cour des femmes, devant les colonnes qui supportaient la galerie des femmes.
49. Le quart d'un as. Compar. Matt., v, 26; et voy. notre Abrégé d'introduc-
lion, etc., p. 544.
1. * Voyez quelles pierres el quels bâtiments. Les constructions qui formaient l'en-
semble du temple (Aiéron) étaient magnifiques. « Les pierres [des fondations qui
restent encore] sont de dimensions très grandes, dit M. de Vogüé. La longueur des
bloes varie depuis sept métres jusqu'à quatre-vingts centimétres; l'un d'eux a douze
métres de long. »
3. Sur le mont des Oli;iers. Voir Matt., xxr, 4.
6. * Beaucoup» viendront
Voir Matt., xxiv, 14,
as ame
[cu. xur.]
là le commencement des dou-
leurs.
9. Prenez-garde aussi à vous-
mêmes. Car on vous traduira de-
vant les tribunaux; vous serez
battus dans les synagogues, et
vous comparaitrez à cause de
moi devant les gouverneurs et
les rois, en témoignage contre
eux.
10. Mais il faut d'abord que l'E-
vangile soit préché chez toutes
les nations.
11. Lors done qu'on vous con-
duira pour vous livrer, ne pensez
point d'avance à ce que vous di-
rez, mais ce qui vous sera ins-
piré à l'heure méme, dites-le; car
ce n'est pas vous qui parlez, mais
l'Esprit-Saint.
12. Un frere livrera son frere à
la mort, et un pere son fils; et
des enfants s'éleéveront contre
leurs parents et ils les feront
mourir.
13. Et vous serez en haine à
tous, à cause de mon nom. Mais
celui qui restera ferme jusqu'à
la fin, celui-là sera sauvé.
14. Or quand vous verrez l'abo-
mination de la désolation là où
elle ne doit pas être (que celui
qui lit entende) : alors que ceux
qui sont dans la Judée, fuient vers
les montagnes;
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
2447
15. Et que celui qui est sur le
toit, ne descende point dans la
maison, et n’y entre point pour
emporter quelque chose de sa
maison;
16. Et que celui qui sera dans
le champ, ne retourne point sur
ses pas pour prendre son véte-
ment.
17. Mais malheur aux femmes
enceintes, et à celles qui nourri-
ront en ces jours-là.
18. Priez donc que ces choses
n'arrivent point en hiver.
19. Car ces jours seront des
tribulations telles qu'il n'y en a
point eu depuis le commence-
ment des créatures que Dieu a
faites jusqu'à présent, et qu'il n'y
en aura point.
20. Et si le Seigneur n'avait
abrégé ces jours, nulle chair n'au-
rait été sauvée; mais à cause des
élus qu'il a choisis, il a abrégé
ces jours.
21. Et alors si quelqu'un vous
dit: Voici le Christ ici, le voilà là,
ne le croyez point.
22. Car il s'élévera de faux
Christs et de faux prophètes, et
ils feront des signes et des pro-
diges pour séduire, 511 peut se
faire, méme des élus.
23. Vous donc, prenez garde :
voilà que je vous ai tout prédit.
11. Matt., x, 19; Luc, xn, 14; xxi, 14. — 14. Dan. , 1x, 27; Matt., xxiv, 15; Luc,
xxr, 20. — 21. Matt., xxiv, 23; Luc, נטא 23; xxi, 8.
9. En témoignage contre eux; c'est-à-dire pour rendre témoignage devant eux de
la vérité et de la doctrine que je vous ai enseignée.
14. * L'abomination de (a désolation. Voir note sur Matt., xxiv, 13. — Fuient vers ies
montagnes. Voir Matt., xxiv, 16.
15. Sur le toit. Voy., Matt., x, 21.
11-18. Voy., pour l'explication de ces versets, Matt., xxiv, 19, 20.
19. * Ces jours seront des tribulations. Voir Matt., xxiv, 21.
20. Nulle chair. Voy. Matt., xxiv, 22.
22. * De faux Christs el de faux prophètes. Voir Matt., xxiv, 11.
2148
94. Or en ces jours-là, après
cette tribulation, le soleil sera
couvert de ténèbres, et la lune ne
donnera plus sa lumière ;
95. Et les étoiles du ciel tom-
beront, et les vertus qui sont
dans les cieux seront ébranlées.
26. Alors on verra le Fils de
l'homme venant dans les nuées
avec une grande puissance et une
grande gloire;
27. Alors aussi il enverra ses
anges, et il rassemblera ses élus,
des quatre vents, de l'extrémité
de la terre jusqu'à l'extrémité du
ciel.
28. Apprenez la parabole prise
du figuier. Lorsque ses rameaux
sont encore tendres et que ses
feuilles viennent de naitre, vous
connaissez que l'été est proche :
29. De méme vous, quand vous
verrez ces choses arriver, sachez
que 16 Fès de l'homme est proche,
à la porte.
90. En vérité je vous dis que
cette génération ne passera point
que toutes ces choses ne s'accom-
plissent.
31. Le ciel et la terre passeront,
mais mes paroles ne passeront
point.
32. Mais sur ce jour ou sur
cette heure, nul ne sait rien,
ni les anges dans le ciel, ni le
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
(en. χιν.]
Fils, mais le Père seulement.
33. Tenez-vous sur vos gardes,
veillez et priez, puisque vous ne
savez quand ce temps viendra.
34. Comme un homme qui par-
tant pour un voyage, et laissant
sa maison, donne pouvoir à ses
serviteurs, à chacun suivant sa
fonction, et commande au portier
de veiller.
39. Veillez donc (car vous igno-
rez quand viendra le maître de
la maison, le soir, ou au milieu
de la nuit, ou au chant du coq,
ou le matin),
36. De peur que, venant subite-
ment,il ne voustrouve endormis.
97. Et ce que je vous dis, je le
dis à tous : Veillez.
CHAPITRE XIV.
Conspiration des Juifs. Parfums répandus
sur la téte de Jésus-Christ. Trahison
de Judas. Dernière cène. Institution de
lEucharistie. Renoncement de saint
Pierre prédit. Priére de Jésus dans le
jardin. Il est pris, conduit chez Caiphe,
accusé, condamné, outragé. Renonce-
ment et pénitence de saint Pierre.
1. Or c'était la Pâque et les
azymes deux jours après; et les
princes des prétres et les scribes
cherchaient comment ils se sai-
siraient de lui par ruse, et le fe-
raient mourir.
2. Mais ils disaient : Non pas
24. Isaie, xir, 10; Ezéch., xxxi, 7; Joël, 11, 10. — 27. Matt., xxiv, 31. — 33. Matt.,
xx1Iv, 42. — (παρ. XIV. 1. Matt., xxvi, 2; Luc, xxr, +.
28. * Du figuier. Voir Luc, xur, 6.
32. Le Fils de Dieu ignore ce jour, non selon sa divinité, qui connait tout, mais
selon son humanité, qui ne le connait point par elle-même, c'est-à-dire par ses
propres lumières, mais par la seule révélation que lui en fait la divinité, laquelle lui
est intimement unie.
35. * Le soir, ou au milieu de la nuit, etc. Voir Matt., xiv, 25.
1. * La féte de Páque (voir note sur Matt., xxvi, 2) s'appelait aussi les Azymes, parce
que pendant les sept jours qu'elle durait, les Israélites ne devaient manger que des
pains azymes ou non fermentés, en mémoire de la sortie d'Egypte.
»
[cir. טנא
un jour de la fête, de peur quil
ne s'élevát quelque tumulte dans
le peuple.
3. Et comme Jésus se trouvait
à Béthanie, dans la maison de Si-
mon le lépreux, et quil était à
table, il vint une femme ayant un
vase d'albátre plein d'un parfum
de nard d'épi d'un grand prix. Or,
le vase rompu, elle répandit le
parfum sur sa téte.
4. Quelques-uns s'en indignè-
rent en eux-mémes, et ils di-
saient : Pourquoi avoir ainsi
perdu ce parfum ?
5. 1 pouvait en effet, ce par-
fum, se vendre plus de trois cents
deniers, et étre donné aux pau-
vres. Et ils murmuraient contre
elle.
6. Mais Jésus dit : Laissez-la:
pourquoi lui faites-vous de la
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
2419
peine? C'est une bonne œuvre
qu'elle a faite envers moi;
7. Car les pauvres, vous les
aveztoujours avec vous, et quand
vous voulez, vous pouvez leur
faire du bien; mais moi, vous ne
m'avez pas toujours.
8. Ce qu'a pu celle-ci, elle l'a
fait; elle a d'avance parfumé mon
corps pour la sépulture.
9. En vérité, je vous le dis:
Partout oü sera préché cet Evan-
gile, dans le monde entier, ce
que celle-ci vient de faire, sera
méme raconté en mémoire d'elle.
10. Alors Judas 150811010, un
des douze, alla trouverles princes
des prétres, pour le leur li-
vrer.
41. Ceux-ci l'entendant, se ré-
jouirent, et promirent de lui don-
ner del'argent. Aussi cherchait-il
3. Matt., xxvi, 6; Jean, xux, 4. — 10. Matt., xxvi, 14.
3. Le nard a plusieurs épis qui servent à composer un parfum beaucoup plus
estimé que celui qui se tire des feuilles de cette plante. — * Béthanie. Voir Matt., xx1,
11. — Simon le lépreuz. Voir note sur Matt., xxvi, 6. — Un vase d'albátre. Voir Matt.,
ΧΧΥΙ, 1. — > Ptolémée dit que 16 nard est une plante odoriférante qui croit princi-
palement 8 Rangamati, sur lesfrontieéres du pays qu'on nomme maintenant le Bootan.
Pline en reconnait douze espéces. Il met en premiere ligne celui des Indes, puis le sy-
riaque, le gaulois, celui de Crète, etc. Il décrit ainsi le nard indien : « C'est un arbuste
» à racine épaisse et lourde, mais courte, noire et cassante, quoique onctueuse en
» méme temps. L'odeur ressemble beaucoup à celle du cyperus; le goüt est ácre, les
» feuilles sont petites et viennent en touffes. Les sommités du nard se développent
» en épis barbus. De là vient que le nard est si fameux pour sa double production,
» l'épi barbu et la feuille. » Le prix de ce nard était alors de cent deniers la livre
(environ 85 francs). Les autres sortes, qui n'étaient que des herbes, coütaient beau-
coup moins cher et pouvaient s'obtenir pour quelques deniers. Galien et Dioscoride
parlent du nard (en grec nardostachys, nard à épis) à peu prés dans les mêmes
termes. Ce dernier auteur prétend toutefois que le nard connu sous le nom de syrien
venait en réalité des Indes et était apporté en Syrie, d’où on l'expédiait sur divers
points... Sir William Jones, orientaliste distingué, fit une étude spéciale de cette
question ardue, et finit par découvrir que le nard était une espéce de valériane
appelée par les Arabes sumbul, ce qui signifie épi barbu, et par les Indous jatamansi
ou méche de cheveux, noms dus tous deux à la forme de la tige qui ressemble à la
queue d'une hermine ou d'une belette. Il lui donna donc la dénomination de Vale-
riana jatamansi, qui ἃ été acceptée par tous les botanistes modernes. Le mot nard
parait être dérivé du mot tamoul nar qui désigne une foule de substances odorantes...
Le nard des anciens était probablement un nom générique sous lequel ils désignaient
les parfums les plus exquis. » (E. RiuuEL.)
9. Les trois cents deniers font environ cent cinquante francs de notre monnaie.
Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 543.
8 9 154
2450
une occasion favorable pour le
leur livrer.
12. Or le premier jour des
azymes, auquel on immolait la
pâque, ses disciples lui dirent :
Oü voulez-vous que nous allions
vous préparer ce quil faut pour
manger la pàque?
13. Et il envoya deux de ses
disciples, et leur dit : Allez dans
la ville; vous rencontrerez un
homme portant une cruche d'eau,
suivez-le ;
14. Et, quelque part qu'il entre,
dites au maitre de la maison : Le
Maitre dit : Où est le lieu où je
pourrai manger la páque avec
mes disciples?
15. Et il vous montrera un
grand cénacle meublé; faites-y
les préparatifs pour nous.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
[cH. xiv.]
16. Ses disciples s'en allerent
donc;ils vinrent dans la ville,
trouverent les choses comme il
leur avait dit, et préparèrent la
páque.
17. Le soir étant venu, il vint
avec les douze.
18. Et comme ils étaient à table
et quils mangaient, Jésus leur
dit : En vérité, je vous le dis, un
de vous qui mange avec moi me
trahira.
19. Alors les disciples commen-
cerent às'attrister, et à lui deman-
der chacun en particulier: Est-ce
moi?
20. Il leur répondit: Un des
douze, qui met avec moi la main
dans le plat.
91. Pour le Fils de l'homme, il
s'en va, ainsi qu'il est écrit de lui ;
12. Matt., xxvr, 17; Luc, xxir, 7. — 17. Matt., xxvi, 20; Luc, xxi, 14. — 18. Jean,
xui, 21. — 21. Ps. xr, 10; Actes, 1, 16.
12. * On immolait (a páque, c'est-à-dire l'agneau pascal qu'on immolait et qu'on
mangeaitle 14 de nisan (mars-avril), en mémoire de la délivrance de la servitude
d'Egypte, selon les rites prescrits par la 101. Exode, xu, 3-20, 21.
13. * Un homme portant une cruche d'eau. Cet homme devait venir de la fontaine
de Siloé. Voir Jean, 1x, 11. Aujourd'hui, les Arabes du village de Siloam, au sud de
Jérusalem, portent l'eau de Siloé et vont la vendre dans Jérusalem.
15. * Un grand cénacle, l'anagaion, l'appartement supérieur où l'on recevait les
hôtes, etc. Voir la note sur Marc, 11, 4. Saint Epiphane, dans son livre Des mesures,
raconte que l'empereur Adrien trouva Jérusalem détruite, « à l'exception de quelques
maisons et de l’église de Dieu, qui était petite et se trouvait à l'endroit où les Apótres
étaient montés au cénacle : c'est là qu'elle avait été bâtie, dans cette partie de Sion
qui avait échappé à la dévastation. » En 1551, l'église du cénacle fut convertie en
mosquée et recut le nom qu'elle porte encore aujourd'hui de Nebi-Daoud ou le pro-
phéte David. > D’après la tradition, la maison [ou était le cénacle] appartenait à
saint Joseph d'Arimathie. Elle avait probablement deux étages divisés chacun en
deux parties, comme on l'a toujours vu. La première partie [de l'étage supérieur] est
le cénacle ou salle de l'institution de la Sainte Eucharistie, et la seconde la salle du
Cénotaphe de David. Aujourd'hui la salle du cénacle a quatorze métres de long sur
neuf de large et elle est en style gothique du xiv? siècle parfaitement caractérisé.
Deux colonnes correspondant aux piliers qui supportent l'étage inférieur la divisent
dans le sens de sa longueur en deux nefs paralléles. L'étage inférieur est formé de
substructions anciennes ef divisé en deux salles dont la plus grande est [considérée
comme] la salle du lavement des pieds; c'est une vaste salle dont la voüte est sup-
portée par des piliers dans la direction de l'est à l'ouest. A l'est de cette dernière
salle se trouve celle du cénotaphe inférieur de David. » (Lrévin pe Haus.)
16. * Ils préparèrent la páque, l'agneau pascal et tous les accessoires prescrits.
Exode, xit, 3-20.
20. * Dans le plat. Voir Matt., xxvi, 23.
[cn. [,צזצ
maismalheuràl homme par qui le
Fils del'homme sera livré ! Il vau-
drait mieux pour cet homme qu'il
ne füt pas né.
29. Et pendant quils man-
geaient, Jésus prit du pain, et puis
l'ayant béni, il le rompit, le
leur donna, et dit : Prenez, ceci
est mon corps.
29. Et, ayant pris le calice et
rendu grâces, il le leur donna, et
ils en burent tous.
24. Et il leur dit: Ceci est mon
sang, le sang du Nouveau Testa-
ment, qui sera répandu pour un
grand nombre.
25. En vérité je vous le dis, je
ne boirai plus de ce fruit de la
vigne, jusqu'au jour où je le boi-
rai nouveau dans le royaume de
Dieu.
96. Et, l'hymne dit, ils s'en al-
lèrent au mont des Oliviers.
27. Et Jésus leur dit : Vous vous
scandaliserez tous de moi cette
nuit; car il est écrit: Je frapperai
le pasteur, et les brebis se disper-
seront.
98. Mais apres que je serai res-
suscité, je vous précéderai en
Galilée.
99. Pierre lui dit alors: Quand
tousles autres se scandaliseraient
de vous, moi, non.
30. Et Jésus lui repartit : En vé-
rité je tele dis, aujourd'hui, cette
nuit méme, avant qu'un coq ait
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
2451
chanté deux fois, tu me remeras
trois fois.
31. Mais Pierre insistait : Quand
il me faudrait mourir avec vous,
je ne vous renierai pas. Et tous
disaient de même.
39. Etant venu à une maison
de campagne nommée Gethsé-
mani, il dit à ses disciples :
Asseyez-vous ici pendant que je
prierai.
99. Et il prit avec lui Pierre,
Jacques et Jean, et il commenca
à s'effrayer et à tomber dans
l'abattement.
34. Et il leur dit: Mon àme est
triste jusqu'à la mort; demeurez
ici et veillez.
35. Et, s'étant avancé un peu, il
tomba la face contre terre, et il
demandait que, s'il était possible,
cette heure s'éloignát de lui.
36. Et il dit : Abba, Père, toutes
choses vous sont possibles, éloi-
enez ce calice de moi; toutefois,
non ma volonté, mais la vótre.
31. Il revint ensuite, et, comme
il les trouva dormant, il dit à
Pierre : Simon, tu dors? Tu n'as
pas pu veiller une heure?
38. Veillez et priez, afin que
vous n entriez point en tentation.
L'esprit est prompt, mais la chair
est faible.
39. Et, s'en allant de nouveau,
il priait, disant les mémes pa-
roles.
22. Matt., xxvi, 26; 1 Cor., xr, 24. — 27. Jean, xvi, 32; Zach., וזא 7. — 89, Matt.,
xxvI, 36; Luc, xxii, 40.
22-23. Voy. sur ces deux versets note sur Matt., xxvi, 26-29.
24. Pour un grand nombre. Compar. Matt., xx, 23.
26. L'hymne dit. Voy. Matt., xxvi, 30. — * Ils s'en allérent au mont des Oliviers.
Voir la note sur Matt., xxr, 1.
32. * Gethsémani. Voir note sur Matt., xxvr, 36.
36. Père est mis ici comme explicatif de αὖϑα, mot syriaque. — Toutefois, non ma
volonlé, etc. Voy. sur cette traduction Matt., xxvr, 39,
2452
40. Etant revenu, il les trouva
encore dormant (carleurs yeux
étaient appesantis), et ils ne sa-
vaient que lui répondre.
41. ll vint une troisieme fois et
leur dit: Dormez maintenant et
reposez-vous. C'est assez ; l'heure
est venue, voilà que le Fils de
l'homme sera livré aux mains des
pécheurs.
49. Levez-vous, allons ; voici
que celui qui me livrera ap-
proche.
43. Jésus parlant encore, Judas
Iscariote, l'un des douze, vint,
et, avec lui, une grande troupe
armée d'épées et de bâtons, et
envoyée par les princes des pré-
tres, et par les scribes et les an-
ciens.
44. Or le traitre leur avait don-
né un signe, disant : Celui que je
baiserai, c'estlui-méme, saisissez-
le, et emmenez-le avec précau-
tion.
45. Etant donc venu, il s'ap-
procha aussitôt de lui, disant :
Maitre, je vous salue ; 661116 baisa.
46. Et eux mirent la main sur
lui, et le saisirent.
41. Un de ceux qui étaient pré-
sents, tirant son épée, en frappa
le serviteur du grand prétre, et il
lui coupa l'oreille.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
(cu. xtv.]
48. Alors prenant la parole, Jé-
sus leur dit: Vous étes venus
comme à un voleur, avec des
épées et des bâtons, afin de me
prendre.
49. J'étais tous les jours parmi
vous, enseignant dans le temple,
et vous ne m'avez point pris;
mais c'est pour que les Ecritures
s'accomplissent.
90. Alors ses disciples laban-
donnant, s'enfuirent tous.
51. Un jeune homme le suivait,
couvert seulement d'un linceul ;
ils se saisirent de lui.
52. Mais, laissant le linceul, il
s'enfuit nu d'au milieu d'eux.
53. Cependant ils amenèrentJé-
sus chez le grand prétre, oü s'as-
semblèrent tous 108 prêtres, et les
scribes, et les anciens.
94. Pierre le suivit de loin jus-
que dans la cour du grand prêtre ;
et il était assis près du feu avec
les serviteurs, et se chauffait.
55. Or les princes des prêtres et
tout le conseil cherchaient un té-
moignage contre Jésus pour le
faire mourir, etils n'en trouvaient
point.
56. Car beaucoup témoignaient
faussement contre lui; mais les
témoignages ne s’accordaient
point.
43. Matt., xxvi, 47; Luc, xxr, 47; Jean, xvin, 3. — 50. Matt., xxvi, 56. — 53. Matt.,
xxvI, 57; Luc, xxit, 54; Jean, xvrr, 18. — 55. Matt., xxvi, 59.
41. Dormez maintenant et reposez-vous, etc. Voy. pour le sens de ce passage Matt.,
XXVI, 45.
51. D'un linceul. Le terme correspondant en grec et en latin signifie aussi un véte-
ment de toile de lin dont on se sert pour la nuit. C'est une espéce de chemise qui
couvre presque entièrement le corps. — * Plusieurs commentateurs croient que le
jeune homme dont saint Mare est le seul à parler, était Marc lui-méme.
54. * Il était assis prés du feu et se chauffait. « C'est encore l'usage en Orient où
les nuits sont froides. On allume un feu de branchages ou d'herbes séches et l'on
s'accroupit autour pour causer longuement jusqu'à ce que le sommeil l'emporte.
Alors on s'enveloppe dans son manteau et l'on dort. » (J.-H. Micuow.)
$3. * Le conseil. Le sanhédrin. Voir note sur Matt., xxvi, 59.
[cH. χιν.]
57. Et quelques-uns, se levant,
portaient contre lui un faux té-
moignage, disant :
58. Nous l'avons entendu dire :
Je détruirai ce temple fait de main
d'homme, et en trois jours j'en
rebátirai unautre non fait de main
d'homme.
59. Mais leur témoignage n était
pas uniforme.
60. Alors le grand prétre se
levant au milieu d'eux interrogea
Jésus, disant : Tu ne réponds rien
à ce que ceux-ci déposent contre
toi?
61. Mais Jésus se taisait, etil ne
répondit rien. Le grand prétre
l'interrogea de nouveau et lui dit :
Es-tu le Christ, le Fils du Dieu
béni?
62. Et Jésus lui dit : Je le suis;
et vous verrez le Fils de l'homme
assis àla droite de la majesté de
Dieu, et venant sur les nuées du
ciel.
63. Alors le grand prétre déchi-
rant ses vêtements, dit : Qu'a-
vons-nous encore besoin de té-
moins.
64. Vous avez entendu le
blasphème : que vous en semble?
Tous le condamnèrent comme
étant digne de mort.
65. Aussitôt quelques-uns se
mirent à cracher sur lui, à voiler
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
2453
sa face, à le déchirer à coups de
poing et à lui dire : Prophétise!
et les serviteurs le déchiraient de
soufflets.
66. Et pendant que Pierre
était en bas dans la cour, vint
une des servantes du grand
prêtre;
67. Et lorsqu'elle eut apercu
Pierre qui se chauffait, le regar-
dant, elle dit : Toi aussi tu étais
avec Jésus le Nazaréen.
68. Mais il nia, disant : Je ne
sais ni ne connais ce que tu veux
dire. Et il sortit devant la cour,
et un coq chanta.
69. Or la servante l'ayant en-
core vu, dit à ceux qui étaient
présents : Celui-ci est un d'entre
eux.
70. Mais il le nia de nouveau.
Et peu aprés ceux qui étaient là
disaient à Pierre: Tu es certai-
nement un d'entre eux, car tu es
aussi Galiléen.
71. Alors il se mit à faire des
imprécations et à jurer: Je ne
connais point cet homme que
vous dites.
72. Et aussitôt un coq chanta
encore. Et Pierre se ressouvint
de la parole que lui avait dite
Jésus: Avant qu'un coq chante
deux fois, tu me renieras trois
fois. Et il se mit à pleurer.
58. Jean, מז 19. — 62. Matt, xxiv, 30; xxvi, 64 — 66. Matt., xxvi, 69; Luc,
xx11, 56; Jean, xvi, 17. — 69. Matt., xxvi, 71. — 70. Luc, xx, 59; Jean, xvinr, 25. —
12. Matt., xxvi, 15; Jean, xii, 38.
58. * Je délruirai ce tempie, naos, la maison de Dieu. Voir Matt., xxi, 13.
63. * Déchirant ses vétements. Voir Matt., xxvi, 65.
65. Voy., pour le mot déchirer, Matt., xxr, 35.
69. La servante. C'est ainsi que porte le grec; d'oü il parait que c'est la méme ser-
vante dontil est parlé au verset 66. Mais voy. note sur Matt., xxvi, 71.
10. * Tu es Galiléen. Voir Matt., ,טאצ +
945^
CHAPITRE XV.
Conseil des Juifs contre Jésus-Christ. Jé-
sus devant Pilate; on lui préfère Barab-
bas. Cris des Juifs contre lui. Couron-
nement d'épines; insultes. Jésus-Christ
est conduit au Calvaire et crucifié.
Blasphèmes. Ténèbres. Mort de Jésus.
Miracles après sa mort. Joseph d’Ari-
mathie prend soin de sa sépulture.
1. Dès le matin, les princes des
prêtres s'étant assemblés avec
les anciens, et les scribes, et tout
le conseil, ils lierent Jésus, l'em-
menerent et le livrèrent à Pilate.
2. Et Pilate l'interrogea : Es-tu
le roi des Juifs? Jésus lui répon-
dant, lui dit: Tu le dis.
9. Et les princes des prétres
portaient contre lui beaucoup
d'accusations.
4. Pilate linterrogea de nou-
veau, disant: Tu ne réponds
rien ? Vois de combien de choses
ils t'accusent.
ὃ. Mais Jésus ne répondit pas
davantage, de sorte que Pilate en
était étonné.
6. Or à un des jours de la fête,
il avait coutume de remettre au
peuple un des prisonniers, celui
qu'ils demandaient.
7. ll y avait alors un nommé
Barabbas qui avait été mis en
prison avec d'autres séditieux, et
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
]08. xv.]
qui avait commis un meurtre
dans la sédition.
8. Le peuple étant donc monté
devant le prétoire, commenca à
demander ce qu'il leur accordait
toujours.
9. Pilate leur répondant, dit :
Voulez-vous que je vous délivre
le roi des Juifs?
10. Car il savait que c'était par
envie que les princes des prétres
l'avaient livré.
11. Mais les pontifes exciterent
le peuple à demander qu'il leur
délivrât plutôt Barabbas.
19. Pilate répondant encore,
leur dit : Que voulez-vous donc
que je fasse du roi des Juifs?
13. Mais de nouveau ils criè-
rent : Crucifiez-le!
14. Pilate, cependant, leur di-
sait : Mais quel mal a-t-il fait? Et
eux criaient encore plus : Cruci-
fiez-le !
15. Plate donc, voulant com-
plaire au peuple, leur remit Ba-
rabbas, et il leur livra Jésus
déchiré de verges, pour étre cru-
cifié.
16. Or les soldats le con-
duisirent dans là cour du pré-
toire, et ayant convoqué toute la
la cohorte,
17. Ils le vétirent de pour-
XV. 4. Matt., xxvir, 1; Luc, xxi, 66; Jean, xvni, 28. — 2. Jean, xvii, 33. — .גצ
Matt., xxvi, 12; Luc, ΧΧΙΠ, 2. — 12. Matt., xxvm, 22; Luc, xxu, 14. — 13. Jean, .3
xvru, 40. — 16. Matt., xxvii, 27; Jean, xix, 2.
MR aM ÓM— S
1. * Tout le conseil, le sanhédrin. Voir Matt., xxvr, 59. — A Pilate. Voir Matt.,
XXVII, 2.
6. À un des jours de la fête; c'est-à-dire à la fête, pendant la fête de pâque. Compar.
Matt., xxvu, 15; et Jean, xvrr, 39.
1. * Barabbas. Noir Matt., xxvir, 16.
45. Déchiré. Voy. sur ce mot Matt., xxr, 35.
16. La cohorte romaine se composait de six cent vingt-cinq hommes. — * Dans la
cour du prétoire. Noir note sur Matt., xxvir, 2.
1T. * Ils le vétirent de pourpre. Voir Matt., xxvir, 28. — EL £ressant une couronne
d'épines. Voir Matt., xxvi, 29.
[cg. xv.)
pre, et tressant une couronne
d'épines, ils la mirent sur sa
téte.
18. Puis ils commencèrent à le
saluer, disant: Salut, roi des
Juifs !
19. Et ils lui frappaient 18 téte
avec un roseau ; et ils crachaient
sur lui, et fléchissant le genou,
ils l'adoraient.
20. Et apres qu'ils se furent
ainsi joués de lui, ils lui óterent
la pourpre et le couvrirent de
ses vétements; puis ils l'em-
menèrent pour le crucifier.
91. Et ils contraignirent un
certain Simon de Cyrene, pere
d'Alexandre et de Rufus, qui pas-
sait par là en revenant de sa
maison des champs, de porter sa
croix.
22. Ensuite ils le conduisirent
au lieu appelé Golgotha; ce que
l'on interpréte par lieu du Cal-
vaire.
93. Ils lui présentaient à boire
du vin mélé de myrrhe; mais il
n'en prit point.
24. Et l'ayant crucifié, ils se
partagèrent ses vêtements, y je-
tant le sort, pour savoir ce que
chacun en emporterait.
95. Or il était la troisieme
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
2455
heure lorsqu'ils le crucifièrent.
26. Et le titre de sa condamna-
tion était ainsi écrit : Le Ror pes
JUIFS.
27. Ils crucifièrent avec lui
deux voleurs, l’un à sa droite,
l’autre à sa gauche.
28. Ainsi fut accomplie l'Ecri-
ture, qui dit : Π ἃ été mis au rang
des scélérats.
29. Et les passants le blasphé-
maient, branlant la téte, et di-
sant: Ah! toi qui détruis le
temple de Dieu et le rebátis en
trois jours,
30. Sauve-toi toi-méme, et des-
cends de la croix.
31. Pareillement les princes des
prétres eux-mémes se moquant
de lui avec les scribes, se disaient
l'un à l’autre : Il ἃ sauvé les
autres, et il ne peut se sauver
lui-même.
32. Que le Christ, le roi d'Israël,
descende maintenant de la croix,
afin que nous voyions et que
nous croyions.Etceux quiavaient
été crucifiés avec lui, l’outra-
geaient de même.
33. La sixième heure venue,
les ténèbres se répandirent sur
toute la terre jusqu'à 18 neuvième
heure.
21. Matt., xxvr, 32; Luc, xxn 26. — 24. Matt., xxvir, 35; Luc, xx, 34; Jean,
xix, 29. — 38, Isaie, Lui, 12. — 29. Jean, i1, 19.
21. * Sur la croix et Simon de Cyréne, voir note sur Matt., xxvir, 32. Saint Marc
nomme ses deux fils, probablement parce qu'ils devinrent chrétiens. Rufus est sans
doute celui que saint Paul nomme, Rom., xvi, 13, parmi ceux à qui il envoie ses sa-
lutations.
32. * Golgotha, Calvaire. Voir Matt., xxvi, 33.
24. "Εἰ l’ayant crucifié. Voir note sur Matt., xxvir, 35.
25. La troisiéme heure; c'est-à-dire la fin de la troisiéme heure, ou environ la
sixiéme, comme le dit saint Jean, xix, 14. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc.,
p. 536.
26. * Le voi des Juifs. Voir Matt., xxvi, 81.
29. * Le temple, en grec naos. Voir plus haut, xiv, 58.
33. La sixième heure venue; c'est-à-dire à midi.
2456
34. Et à la neuvième heure,
Jésus cria d'une voix forte, di-
sant : Eloi, Eloi, lamma sabac-
thani; ce que lon interprète
ainsi: Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m'avez-vous délaissé?
98. Quelques-uns de ceux qui
l'environnaient, l'entendant, di-
saient : Voilà qu'il appelle Elie.
96. Et aussitót l'un d'eux, cou-
rant, emplit de vinaigre une
éponge, et l'ayant mise au bout
d'un roseau, il lui présentait à
boire, disant : Laissez; voyons si
Elie viendra le délivrer.
31. Mais Jésus ayant poussé un
grand cri, expira.
38. Et le voile du temple se
déchira en deux, depuis le haut
jusqu'en bas.
89. Or le centurion, qui était
vis-à-vis, voyant quil avait ex-
piré en jetant un pareil eri, dit :
Vraiment, cet homme était le fils
de Dieu.
40. Il y avait là aussi des
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
[cH. xv.]
femmes qui regardaient de loin,
parmi lesquelles étaient Marie-
Madeleine, Marie, mère de Jac-
ques le Mineur et de Joseph, et
Salomé;
41. Et qui, lorsqu'il était en
Galilée, le suivaient et le ser-
vaient; et beaucoup d'autres qui
étaient montées avec lui à Jéru-
salem.
49. Le soir étant déjà venu
(parce que c'était le jour de la
préparation qui précède le sab-
bat),
49. Joseph d'Arimathie, noble
décurion, qui lui-méme attendait
le royaume de Dieu, vint et entra
hardiment chez Pilate, et lui de-
manda le corps de Jésus.
44. Pilate s'étonnait qu'il fût
mort sitôt; il fit donc venir 16 cen-
turion, et lui demanda s'il était
déjà mort.
45. Or s'en étant assuré par le
centurion, il donna le corps à Jo-
seph.
34. Ps. xxr, 2; Matt., xxvir, 46. — 40. Matt., xxvit, 55. — 41. Luc, vri, 2. — 42. Matt.,
xxvi, 51; Luc, xxii, 50; Jean, xix, 88.
34. A la neuvième heure; c'est-à-dire à trois heures de l'aprés-midi. — Eloë, Eloi, etc.
Ces paroles sont prises du Ps. xxi.
36. * Emplit de vinaigre une éponge. Voir Jean, xix, 29-30.
31. * Jésus... expira. Voir Matt., xxvii, 50.
38. * Le voile du Saint des Saints. Voir Matt., xxvi, 51.
39. * Le centurion. Voir Matt., vin, 5 et xxvrr, 54.
40. * Marie-Madeleine. Voir Matt., xxvir, 56. — Marie de Cléophas, mère de Jacques
le Mineur, apótre, et de Joseph. Voir Ibid. — Et Salomé, la mère des fils de Zébédée,
c' est-à-dire de S. Jacques le Majeur et de S. Jean l'Evangéliste.
42. — Le jour de la préparation, ete. Compar. Matt., xxvi, 62.
43. * Joseph d'Arimathie. Voir Matt., xxvi, 51. — Décurion, en grec bouleutés,
membre du sanhédrin. — Lui demanda le corps de Jésus. Voir Matt., xxvi, 58.
44, * Pilate s'étonnait qu'il fat mort sitôt. > La mort venait ou de la perte du sang
ou de la faim. On cite des crucifiés qui ont vécu deux ou trois jours et pouvaient
parler.» (RonmauLT DE FLEunY.) > Quoique Pilate, quand on lui demanda le corps du
Sauveur, s'étonnàt qu'il füt déjà mort, cette surprise était d'un homme peu sensible
et méme peu attentif à tout ce que Jésus-Christ avait souffert dans le Prétoire,
puisque la seule peine de la flagellation et du couronnement d'épines était capable
de faire mourir l'homme le plus robuste. Aussi il était si affaibli, quand il sortit de
la maison de Pilate, que le temps qu'il vécut depuis fut bien plus l'effet d'une vertu
divine que d'une force humaine. » (Tnowas DE Jésus.)
[cu. xvi.)
46. Et Joseph ayant acheté un
linceul et détaché Jésus de la
croix, lenveloppa dans le lin-
ceul, le mit dans un sépulcre qui
avait été taillé dans le roc, et
roula une pierre à l'entrée du sé-
pulcre.
47. Or Marie-Madeleine, οἱ
Marie, mère de Joseph, regar-
daient où on le mettrait.
CHAPITRE XVI.
Résurrection de Jésus-Christ. Apparition
de l'ange aux saintes femmes. Jésus-
Christ apparaît lui-même à Madeleine,
à deux disciples et aux onze apôtres.
Ascension de Jésus-Christ.
1. Lorsque le sabbat fut passé,
Marie-Madeleine, et Marie, mere
de Jacques, et Salomé, achetèrent
des parfums pour venir embau-
mer Jésus.
2. Ainsi parties de grand ma-
tin, le premier jour de 18 semaine,
elles arrivèrent au sépulcre, le so-
leil étant déjà levé.
3. Or elles se disaient l'une à
l'autre : Qui nous ôtera la pierre
de l'entrée du sépulcre?
4. Mais regardant elles virent
la pierre ótée; or elle était fort
grande.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
2457
5. Et entrant dans le sépulcre,
elles aperçurent un jeune homme
assis à droite, vétu d'une robe
blanche, et elles furent frappées
d'étonnement.
6. Illeur dit : Necraignez point:
c'est Jésus de Nazareth, le cruci-
fié, que vous cherchez; il est res-
suscité , il n'est point ici ; voilà le
lieu où on l'avait mis.
7. Mais allez, dites à ses dis-
ciples et à Pierre qu'il va devant
vous en Galilée; c'est là que vous
le verrez, comme il vous la
dit.
8. Mais elles, sortant du sé-
pulere, s'enfuirent, car le trem-
blement et la peur les avait sai-
sies;et elles ne dirent rien à per-
sonne, tant elles étaient ef-
frayées.
9. Or Jésus étant ressuscité le
malin, au premier jour de la se-
maine, il apparut premièrement
à Marie-Madeleine, de laquelle il
avait chassé sept démons.
10. Et elle alla l'annoncer à
ceux qui avaient été avec lui, et
qui s’affligeaient 61 pleuraient.
11. Mais eux entendant dire
qu'il vivait et qu'il avait été vu
par elle, ne le crurent pas.
CraP. XVI. 1. Matt., xxviu, 1; Luc, xxiv, 1; Jean, xx, 1. — 5. Matt., xxvii, 5; Luc,
,טואא 4; Jean, xx, 12. — 7. Supra, xiv, 28. — 9. Jean, xx, 16.
46. * Le mit dans un sépulcre. Voir Matt., xxvi, 61.
1. Lorsque le sabbat fut passé; c'est-à-dire le samedi au soir, lorsque le soleil fut
couché. Le sabbat finissait au coucher du soleil. Pour accorder saint Marc avec saint
Luc, qui dit que ces femmes avaient préparé les parfums dés la veille du sabbet, il
faut traduire ici : Elles avaient achelé des parfums; ou bien elles achetèrent de nou-
veau des parfums qu'elles joignirent à ceux qu'elles avaient achetés la veille, et qui ne
suffisaient pas pour embaumer comme il faut le corps de Jésus-Christ.
3. * La pierre de l'entrée qui servait de porte au tombeau et empéchait d'y péné-
trer,la pierre qui avait recu les sceaux.
5. * D'une robe blanche (stolé). Voir Luc, xu, 22.
8. A personne; c'est-à-dire à aucune des personnes qu'elles rencontrérent : car il
est constant, par saint Matthieu et par saint Luc, qu'elles en firent le rapport aux
apótres, selon le commandement qu'elles avaient recu.
2458
19. Il 56 montra ensuite sous
une autre forme, à deux d'entre
eux, qui étaient en chemin et qui
allaient à une maison de cam-
pagne;
13. Et ceux-ci allèrent l'annon-
cer aux autres; mais ils ne les
crurent pas non plus.
14. Enfin il apparut aux onze
lorsqu'ils étaient à table, et il
leur reprocha leur incrédulité et
ladureté deleurcceur, parce qu'ils
n'avaient pascru ceux qui avaient
vu qu'il était ressuscité.
15. Et il leur dit: Allez dans
tout l'univers, et préchez l'Evan-
gile à toute créature.
16. Celui qui croira et sera bap-
tisé sera sauvé : mais celui qui
ne croira pas sera condamné.
L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC.
[cn. xvi.]
17. Or voiciles prodiges qui ac-
compagneront ceux qui auront
cru : ils chasseront les démons en
mon nom; ils parleront des
langues nouvelles ;
18. Ils prendront les serpents,
et 8118 boivent quelque poison
mortel, il ne leur nuira point;
ils imposeront les mains sur
les malades, et ils seront gué-
ris.
19. Et le Seigneur Jésus, apres
leur avoir parlé, fut élevé dans
le ciel, oü il est assis à la droite
de Dieu.
20. Et eux, étant partis, pré-
cherent partout, le Seigneur coo-
pérant avec eux, et confirmant
leur parole par les miracles qui
l'accompagnaient. |
12. Luc, xxiv, 13. — 17 Actes, xvi, 18; 11, 4; x, 46. — 18. Actes, xxVIN, 9; XXVIII,
8. — 19. Luc, xxiv, 51.
--.-. MÀ oo —
19. Il avait apparu à Madeleine sous la forme d'un jardinier (Jean, xx, 19); il appa-
rut à ces deux disciples sous celles d'un voyageur (Luc, xxiv, 15),
19. * L'Ascension eut lieu sur le mont des Oliviers, Act., r, 12.
ELLE (D) eit menm
LE
SAINT EVANGILE DE JESUS-CHRIST
SELON SAINT LUC
— —o0-0 03€ O0 0-0-———
INTRODUCTION
Tous les auteurs ecclésiastiques, sauf Clément d'Alexandrie, attestent que cet
évangile a paru aprés celui de S. Marc, et qu'il vient en troisiéme lieu. L'auteur
dit lui-même qu'il n'est pas le premier qui ait essayé d'écrire la Vie du Sauveur.
Ailleurs il nous apprend qu'il a publié son évangile avant d'écrire les Actes des
Apótres. Or, le livre des Actes a été terminé, suivant toutes les apparences, en
l'an 62 ou 63, époque à laquelle son récit s'arréte brusquement. Il est donc pro-
bable que le troisi&me évangile a été écrit entre l'an 55 et l'an 60, une huitaine
d'années aprés celui de S. Marc, une quinzaine aprés celui de S. Matthieu. A
cette date, le christianisme était déjà établi dans beaucoup de contrées de
l'empire; mais la plupart des Apótres étaient encore en vie.
On peut distinguer dans l'Evangile de S. Luc quatre parties : — 1? Enfance
et jeunesse de Notre Seigneur, 1, 5-1v, 13. — 2° Prédication dans la Galilée, rv,
1&-1x, 50. — 3° Voyage de Galilée à Jérusalem, 1x, 51-xvir, 30. — 4° Derniers
mystères, xvii, 31-xxiv.
S. Luc n'avait pas connu Notre Seigneur, ni observé par lui-méme les faits
évangéliques; mais il avait à sa disposition les écrits de S. Matthieu et de
S. Marc, qui pouvaient le guider dans la plupart de ses récits. Quant aux faits
qu'il rapporte seul, et aux circonstances qu'il ajoute aux récits de ses devan-
ciers, il a eu pour s'en assurer diverses autorités :
19 S. Paul, si bien instruit de tout ce qui concernait le Sauveur, soit par ses
révélations, soit par les rapports des premiers disciples. On sait que S. Luc a
longtemps vécu avec l'Apótre, qu'il l'a suivi dans la plus grande partie de ses
missions. Les premiers chrétiens étaient si persuadés de la part que S. Paul
avait prise à la composition du troisiéme évangile, qu'ils lui en faisaient hon-
neur et que Tertullien l'appelle z//uminator Luca.
2» Plusieurs personnages apostoliques : S. Barnabé, l'un des premiers lévites
convertis qui devint fondateur de l'Eglise d'Antioche où S. Luc apprit les élé-
ments de la doctrine chrétienne; S. Philippe, diacre de Césarée, chez lequel
S. Luc logea avec S. Paul en se rendant à Jérusalem, et auprés de qui il de-
2460 L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
meura les deux premiéres années de la captivité de l'Apótre; S. Jacques le Mi-
neur, évêque de Jérusalem; S. Pierre et les autres Apôtres, avec lesquels S. Luc
fut en rapport.
3° La sainte Vierge et les parents de S. Jean-Baptiste. C'est à cette dernière
source qu'a dû être puisé en particulier le récit des faits qui ont précédé la
naissance du Sauveur; récit dont la couleur toute hébraique contraste avec le
prologue de l'Evangile. Aussi S. Luc atteste-t-il qu'il a remonté jusqu'aux ori-
gines, et fait-il remarquer à deux reprises que la mére de Dieu conservait dans
son cœur le souvenir de tout ce qu'elle voyait et entendait.
Le troisième évangile offre des marques trés nombreuses d'authenticité. On
sait que S. Luc était médecin, et qu'il avait fait par conséquent quelques études,
qu'il était Gentil d'origine, qu'il fut disciple de S. Paul, qu'il se consacra comme
son maitre à la conversion des Gentils, enfin qu'aprés avoir écrit son évangile,
il a composé les Actes des Apótres. Or, ces qualités, ces habitudes d'esprit, ces
dispositions, ces particularités, se reflétent d'une maniére visible dans le troi-
sième évangile.
19 On reconnait la profession de l'auteur à la maniere dont il parle des mala-
dies et de leur guérison; et il est facile de conslater la culture de son espril aux
qualités de sa composition. — Cet évangile décrit les maladies guéries par le
Sauveur avec bien plus de précision que les autres, en des termes qui lui sont
propres et qui appartiennent au langage médical de l'époque. En outre, il a
plus qu'aucun autre la forme de l'histoire. — Il commence, comme Josèphe,
par un prologue, suivant l'usage des Grecs, et par une dédicace à un Théophile
qu'il nomme Excellence, ou excellent. Ce Théophile pourrait étre un chrétien
de Rome ou d'Achaie, honoré d'un emploi civil. Ce pourrait bien étre aussi,
comme le pense Origène et comme on en trouve des exemples vers cette époque,
un personnage fictif, représentant tous les fidéles, désireux de servir et d'aimer
Dieu. « Si tu aimes Dieu, c'est à toi qu'il est écrit, » dit S. Ambroise, qui sui-
vait ce sentiment. — L'auteur remonte au commencement des faits évangé-
liques, et il conduit son récit jusqu'à la fin, en le rattachant aux événements
contemporains, et en suivant autant qu'il peut la chronologie. C'est un soin que
S. Matthieu avait négligé et dont l'importance commencait à se faire sentir.
Déjà S. Marc avait essayé de rétablir cet ordre. S. Luc profite de son travail et
cherche à le compléter. ll distribue tout autrement les faits rapportés par
S. Matthieu du chapitre vin au chapitre xi. — Il s'efforce aussi de combler les
lacunes de ses devanciers. Un tiers de ses récits, cinq miracles et douze para-
boles lui appartiennent en propre. Il est le seul qui parle des soixante-douze
disciples et de leur mission. C'est peut-étre ce qui a fait dire à plusieurs auteurs,
à S. Epiphane en particulier, qu'il en faisait partie, bien que S. Luc lui-méme
semble affirmer le contraire, suivant S. Grégoire le Grand. — Pour le style,
quoique son grec ait encore bien des hébraismes, surtout au commencement,
dans les cantiques en particulier, il est notablement plus pur que celui des
écrivains du Nouveau Testament, Il ne les reproduit presque jamais sans leur
donner plus de correction et d'élégance.
2» On reconnaît un disciple de S. Paul. — Comme le Docteur des Gentils, il
appelle le Sauveur Dominus, « le Seigneur, » titre qui suppose l'habitude de le
considérer au ciel, dans sa gloire, plutót que le souvenir de sa vie sur la terre.
— Il insiste sur la nécessité et l'efficacité de la foi, sur l'universalité de la ré-
INTRODUCTION. 2461
demption, sur le mérite de l'aumóne et de la pauvreté évangélique, sur la
générosité nécessaire aux Apótres. — Le récit qu'il fait de l'institution de l'Eu-
charistie differe de ceux de S. Matthieu et de S. Marc; mais il est presque
identique avec celui que S. Paul fit vers la méme époque aux Corinthiens; les
paroles sacramentelles sont suivies, dans l'un comme dans l'autre, de la méme
recommandation : « Faites cela, etc. » Il est aussi, avec l'Apótre, le seul qui
mentionne l'apparition de Notre Seigneur à S. Pierre aprés la Résurrection. —
Enfin, on a remarqué que son élocution a quelque chose de l'abondance et de
la facilité de S. Paul, de méme que celle de S. Marc tient de la concision et de
la fermeté de S. Pierre, et l'on a relevé de nombreuses coincidences de pensée
et d'expression avec les épitres de l'Apótre.
3° L'ouvrage n'est pas fait pour les Juifs. — L'auteur ne suppose pas à ses lec-
teurs une grande connaissance de la langue, des mœurs, de la géographie de -
la Palestine. Il ne cite aucune parole du Sauveur en hébreu. Il nomme toutes
les localités par leur nom grec, Il dit : le mont appelé des Oliviers, la bourgade
qu'on nomme Bethléem, la féte des azymes, connue sous le nom de Páques. Il fait
connaitre la distance d'Emmaüs. Il avertit qu'Arimathie est en Judée, que Ca-
pharnaüm est en Galilée, aussi bien que Nazareth, mais non Gadare. Il évite de
dire comme S. Matthieu : La cilé sainte, les anciens. Il remplace Rabbi par
Maitre, Hosanna par une périphrase. ll présente Jésus-Christ comme le Sauveur
du genre humain plutót que comme le Messie de la nation juive. Sa généalogie
ne s'arréte pas à Abraham ; elle remonte jusqu'à Adam, et montre que tous les
hommes sont de la famille du Sauveur. Ce n'est pas par les rois de Juda, mais
par une ligne collatérale qu'elle le rattache à David. Zacharie, à la naissance de
son précurseur, comme Siméon dans le récit de sa Présentation, annonce l'au-
rore du salut au genre humain tout entier. Enfin les faits qui n'ont qu'un
intérét temporaire et local, comme les longues disputes des Pharisiens avec le
Sauveur, sont constamment écartés.
&^ Il est destiné aux Gentils. — Tout ce qui eût pu les choquer ou donner lieu
aux Juifs de se mettre au-dessus d'eux est passé sous silence. Au lieu d'opposer
aux enfants de Dieu les nations ou les Gentils, comme S. Matthieu, il leur oppose
les pécheurs, terme qui peut s'appliquer aux Juifs comme au reste des hommes.
Daus plusieurs endroits, il fait mention de l'empire, de ses magistrats, de ses
officiers, et toujours avec une considération bien marquée, Il évite de leur attri-
buer le supplice du Sauveur. Quand il est question du royaume de Dieu, il fait
remarquer qu'il est spirituel. Il recueille avec soin un grand nombre de traits
négligés par S. Matthieu, qui étaient de nature, soit à humilier les Juifs, soit à
toucher les paiens et à leur donner confiance : le salut promis à Zachée et au
bon larron; le pardon accordé au prodigue et à la pécheresse; la préférence
donnée au publicain sur le pharisien et au Samaritain sur le prétre et le lévite;
les paraboles de la brebis égarée, de la drachme perdue, du figuier tardif;
l'éloge fait par le Sauveur de plusieurs Gentils; sa prière pour ses bourreaux;
la conversion d’un larron sur la croix, et celle du centenier à la mort du Fils de
Dieu. Aussi a-t-on dit de cet évangile en particulier qu'il est l'évangile de la mi-
séricorde et que les paroles d'Isaie, lues par le divin Maitre dans la synagogue
de Nazareth, pourraient lui servir d'épigraphe. L'Homme-Dieu y parait comme
le divin médecin. S. Matthieu l'avait présenté aux Hébreux comme Messie, et
S. Marc aux Romains comme Fils de Dieu : S. Luc le préssnte aux Grecs,
9469 L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
c'est-à-dire à tous les peuples civilisés, comme Sauveur du genre humain tout
entier.
5° Quant au style, cet évangile, plus correct, plus soigné que le reste du nou-
veau Testament, a une grande analogie avec le livre des Actes. On remarque des
deux cótés des passages empruntés à des piéces officielles ou à des écrits plus
anciens, des paroles touchantes, affectueuses, pleines de délicatesse, des tableaux
admirables de naturel, de simplicité et de gráce, qui font penser au talent de
peintre attribué à l'auteur par la tradition. Des deux cótés, l'Ancien Testament
est cité d’après les Septante; Jésus-Christ est appelé le Seigneur, et la foi en sa
médiation est préconisée comme la condition et le moyen du salut. On trouve
méme dans les deux livres des membres de phrases identiques, et des péri-
phrases communes, « le Saint de Dieu, les discours du prophéte, le livre des
psaumes, etc. » Ce sont aussi les mêmes mots favoris, « grâce, multitude,
salut, cceur, évangéliser, etc. » 69 verbes sont répétés 254 fois dans le troisiéme
évangile et 427 fois dans les Actes, tandis que dans tout le reste du Nouveau
Testament, ils ne le sont que 271 fois; 33 mots se trouvent dans l'un et l'autre
de ces livres, sans qu'on les rencontre en aucun autre. (L. Bacuez.)
LE SAINT ÉVANGILE
DE JÉSUS-CHRIST
SELON
SAINT LUC
CHAPITRE PREMIER.
Prologue de S. Luc. Naissance de saint
Jean-Baptiste. L'incarnation du Verbe
annoncée. Visite de la sainte Vierge à
sainte Elisabeth. Son cantique. Nais-
sance de saint Jean-Baptiste. Cantique
de Zacharie.
1. Comme beaucoup ont entre-
pris de mettre par ordre le récit
des choses qui se sont accomplies
parmi nous,
3. Suivant que nous les ont
transmises ceux qui, dès le com-
mencement, les ont eux-mêmes
vues, et qui ont été les ministres
de la parole;
3. J'ai cru, moi aussi, excellent
Cap, I. 5. I Par., xxiv, 10.
Théophile, après m'être diligem-
ment informé de tout dès l'ori
gine, devoir t'en écrire par ordre
toule l'histoire ;
4. Afin que tu connaisses la
vérité de ce dont tu as été
instruit.
9. Aux jours d'Hérode, roi de
Judée, il y eut un prétre nommé
Zacharie, de la classe d'Abia; et
sa femme, d'entre les filles d'Aa-
ron, s'appelait Elisabeth.
6. Ils étaient tous deux justes
devant Dieu, marchant sans re-
proche dans les commandements
et toutes les lois du Seigneur;
7. Et ils n'avaient point de fils,
parce que Elisabeth était stérile,
1. Saint Luc peut avoir en vue ici, soit les écrits que plusieurs fidéles avaient com-
posés dés les commencements du christianisme, écrits peu exacts et peu fidéles, mal-
gré la bonne intention de leurs auteurs, soit les œuvres mensongères que des impos-
teurs fabriquérent pour corrompre le dépót des vraies Ecritures, afin de mieux établir
leurs fausses doctrines.
3. * Théophile, chrétien de distinction, d'ailleurs inconnu, probablement d'origine
paienne, à qui S. Luc a aussi dédié les Actes des apótres.
5. * Zacharie, de la classe d'Abia. David avait partagé les prêtres en vingt-quatre
classes ou familles qui remplissaient les fonctions sacrées à tour de rôle dans le
temple une semaine chacune, d'un sabbat à un autre sabbat, I Par., xxiv, 4; 11 Par.,
vir, 4; II Esd., xir, 40. Zacharie appartenait à la huitième classe qui était celle d’Abia,
Nous ne savons du reste sur lui que ce que nous apprend l'Evangile. — Elisabeth.
Nous ne connaissons non plus d'elle que ce que nous raconte S. Luc. — Sur Hérode
le Grand, voir Matt., 11, 1.
2464
et que tous deux étaient avancés
en âge.
8. Or il arriva que lorsque Za-
charie remplissait devant Dieu,
les fonctions du sacerdoce, au
rang de sa classe,
9. Il lui échut par le sort, sui-
vant la coutume observée entre
les prêtres, d'entrer dans le tem-
ple du Seigneur pour y offrir
l'encens.
10. Et toute la multitude du
peuple était dehors priant, à
l'heure de l'encens.
11. Et un ange du Seigneur lui
apparut debout, à droite de l'au-
tel de l'encens.
19. Zacharie fut troublé en le
voyant, et la crainte le saisit.
13. Mais lange lui dit : Ne
crains point, Zacharie, parce que
ta prière a été exaucée ; Elisabeth,
ta femme, enfantera un fils, et tu
lui donneras le nom de Jean;
14. Il sera pour toi un sujet
de joie et d'allégresse, et, à sa
naissance, beaucoup se réjoui-
ront.
45. Car il sera grand devant le
Seigneur; il ne boira ni vin ni
cervoise, etil serarempli du Saint-
Esprit des le sein de sa mere;
L'ÉVANGILE SELÓN SAINT LUC.
(cu. 1.]
16. Et 1] convertira un grand
nombre d'enfants d'Israël au Sei-
gneur leur Dieu;
47. Et il marchera devant lui
dans l'esprit et la vertu d'Elie,
afin qu'il unisse les cœurs des
pères à ceux des fils, ramène les
incrédules à la prudence des jus-
tes, pour préparer ainsi au Sei-
gneur un peuple parfait.
18. Et Zacharie dit à lange:
Comment connaitrai-je cela ? car
je suis vieux, et ma femme est
avancée en áge.
19. Et l'ange répondant, lui dit :
Je suis Gabriel, qui me tiens de-
vant Dieu, et j'ai été envoyé pour
te parler et t'annoncer cette heu-
reuse nouvelle.
20. Et voilà que tu seras muet,
el ne pourras parler jusqu'au
jour où ces choses arriveront,
parce que tu n'as pas cru à mes
paroles, qui s'aecompliront en
leur temps.
21. Cependant le peuple était
dans l'attente de Zacharie, et il
s'étonnait qu'il demeurát si long-
temps dans le temple.
22. Mais étant sorti, il ne pou-
vait leur parler; et ils comprirent
qu'il avait eu une vision dans le
10. Exode, xxx, 7; Lév., xvi, 17. — 17. Malachie, 1v, 6; Matt., x1, 14.
9. * Dans le temple, le naos, la maison de Dieu, dans la partie appelée le Saint où
était l'autel des parfums. Voir Matt., xxr, 12.
10. A l’heure de l’encens. On offrait l'encens tous les jours, matin et soir. Exode,
xxxvi, 6-8.
11. L'autel de l'encens est le méme que l'autel des parfums. Exode, xxxvir, 21 et suiv.
13. * Jean. Sur S. Jean-Baptiste, voir Matt., rr. 1.
15. * Il ne boira ni vin ni cervoise, comme les Nazaréens, Nom., vi, 3. La cervoise
indique une liqueur enivrante faite avec des fruits doux autres que le raisin.
417. * Elie le prophète. Voir note sur Matt., xr, 4. Voir aussi Jean, 1, 21.
19. * Gabriel, l'homme de Dieu, l'un des principaux anges quise tiennent devant le
trône de Dieu, celui qui avait annoncé à Daniel l'époque de la venue du Messie. Dan.,
viti, 16; 1x, 21.
21. * Le peuple était dans les parvis extérieurs de l'Aiéron et il ne voyait pas Zacha-
rie qui était dans le Saint du naos.
[cn. 1.[
temple. Et pour lui, illeur faisait
des signes, et il resta muet.
23. Et il arriva que lorsque les
jours de son ministère furent
accomplis, il s'en alla en sa mai-
son.
24. Or après ces jours, Elisa-
beth, sa femme, concut, et elle
se tenait cachée pendant cinq
mois, disant :
95. C'est ainsi que le Seigneur
a fait pour moi aux jours oü
il m'a regardée pour me déli-
vrer de mon opprobre parmi les
hommes.
96. Au sixième mois, lange
Gabriel fut envoyé de Dieu dans
la ville de Galilée, appelée Naza-
reth,
27. À une vierge qu'avait épou-
sée un homme nommé Joseph,
de la maison de David ; et le nom
de la vierge était Marie.
98. Or l'ange étant venu vers
elle lui dit : Je vous salue, pleine
de gràce; le Seigneur est avec
vous; vous étes bénie entre les
femmes.
99. Lorsque Marie l'eut en-
tendu, elle fut troublée de ses
paroles, et elle pensait quelle
pouvait étre cette salutation.
30. Mais l'ange lui dit : Ne crai-
gnez point, Marie; vous avez
trouvé grâce devant Dieu;
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2465
91. Voilà que vous concevrez
dans votre sein, et vous enfan-
terez un fils à qui vous donnerez
le nom de Jésus.
32. Il sera grand, et sera ap-
pelé le Fils du Très-Haut, et le
Seigneur Dieu lui donnera le
trône de David, son pere; et il
régnera élernellement sur la
maison de Jacob,
33. Et son règne n'aura point
de fin.
34. Marie dit à l'ange : Com- .
ment cela se fera-t-il? car je ne -
connais point d'homme.
39. Et lange répondant, lui
dit : L'Esprit-Saint surviendra en
vous, et la vertu du Très-Haut
vous couvrira de son ombre. C'est
pourquoi la chose sainte qui nai-
ira de vous sera appelée le Fils de
Dieu.
36. Et voilà qu'Elisabeth, votre
parente, a coneu, elle aussi, un
fils dans sa vieillesse; et ce mois
est le sixième de celle qu'on ap-
pelle stérile,
91. Car, à Dieu, rien n'est im-
possible.
38. Alors Marie reprit : Voici la
servante du Seigneur, qu'il me
soit fait selon votre parole. Et
l'ange s'éloigna d'elle.
39. Or en ces jours-là, Marie, se
levant, s'en alla en grande hâte
31. Isaie, vit, 14; Infra, τι, 21. — 32. Dan., vir, 14, 27; Mich., 1v, 7.
23. * Il s'en alla en sa maison. A Hébron, suivant les uns, à Jutta, selon les autres.
Voir plus bas, y. 39.
26. * Ville de Galilée appelée Nazareth. Sur la Galilée et Nazareth, voir aux notes
& et 5 à la fin du volume.
31. Jésus; c'est-à-dire Sauveur. Voy. Matt., 1, 21.
32. Sera appelé, etc.; hébraisme, pour sera le Fils, etc.
34. Marie avait fait vceu de garder sa virginité, ou elle en avait au moins formé le
propos, la résolutiou.
39. * En une ville de Juda. Cette ville est, suivant les uns, Hébron, ville sacer-
dotale, la plus importante des montagnes de Juda; suivant les autres, qui pensent
qu'Hébron aurait été nommée par son nom, si cette ville avait été réellement la
Ν ἢ: 455
246€
vers les montagnes, en une ville
de Juda ;
40. Et elle entra dans la maison
de Yacharie, et elle salua Eli-
sabeth.
44. Et il arriva que lorsque Eli-
sabeth entendit la salutation de
Marie, l'enfant tressailit dans
son sein, et Elisabeth fut remplie
de l'Esprit-Saint ;
49. Alors elle s'écria d'une
voix forte : Vous étes bénie entre
les femmes, et le fruit de votre
sein est béni.
43. Et d'où m'arrive-t-il que la
mere de mon Seigneur vienne
vers moi?
44. Car, dés que la voix de
votre salutation est venue à mes
oreilles, l'enfant a tressailli de
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
(cu. 1.]
dit par le Seigneur s'accomplira.
46. Alors Marie dit : Mon âme
glorifie le Seigneur.
47. Et mon esprit a tressailli
d'allégresse en Dieu mon Sau-
veur;
48.Parce qu'il a regardé l'hu-
milité de sa servante; et voici
que désormais toutes les généra-
tions me diront bienheureuse;
49. Car celui qui est puissant
m'a fait de grandes choses, et son
nom est saint;
90. Et sa miséricorde se répand
d'âge en âge sur ceux qui le
craignent.
51. Il a déployé la force de son
bras; il a dissipé ceux qui s'en-
orgueillissaient dans les pensées
de leur cœur.
52. Il a renversé les puissants
de leur trône, et il a élevé les
humbles.
joie dans mon sein.
45. Et bienheureuse, vous qui
avez cru! car ce qui vous a été
51. Isaie, r1, 9; Ps. xxxir, 10.
résidence de Zacharie, la ville de Juda est une autre ville sacerdotale dont le nom
est légèrement défiguré, Jutta, située également dans la partie montagneuse de la
Judée.
46. * « Le Magnificat estle premier cantique du Nouveau Testament : il pourrait ser-
vir de conclusion à l'Ancien. Il a du rapport avec plusieurs autres, surtout avec ceux
de Marie, sœur de Moïse, et d'Anne, mère de Samuel ; mais combien l'àme de la sainte
Vierge parait plus unie à Dieu et plus sainte! Combien son langage a plus de ma-
jesté, d'élévation et de calme! C'est bien le prélude dela voix du Sauveur. — La con-
duite de Dieu dans l'établissement du christianisme y est admirablement dépeinte.
Marie a devant les yeux tous les événements qui vont s'accomplir : la synagogue
réprouvée, l'Eglise fondée, les Apótres glorifiés, les Gentils comblés de gràce, enfin
toutes les promesses magnifiquement accomplies. — A la salutation de sa parente :
« Vous étes bénie entre les femmes, » la sainte Vierge répond par une prédiction
aussi précise que merveilleuse : « Toutes les générations me diront bienheureuse. »
Or, elle a vu pendant sa vie et nous voyons encore tous les jours l'accomplissement
de cet oracle. — Les sentiments exprimés dans ce cantique sont bien ceux qui devaient
pénétrer la mère de Jésus, après la faveur incompréhensible qu'elle avait reçue. Telles
devaient étre sa foi, son humilité sa reconnaissance; tel son ravissement sur la sa-
gesse, la puissance, la bonté de Dieu dans la rédemption du monde. Quel admirable
modéle pour les àmes intérieures que le Ciel favorise de ses gráces! — Enfin remar-
quez combien Marie était accoutumée au langage des écrivains sacrés. Elle n'emploie
pas une expression qu'on ne lise dans le Psalmiste et dans les Prophètes. Toute la
différence est dans la profondeur de ses pensées et dans la sublimité de ses senti-
ments. » (L. Bacuez.)
48. Ces paroles sont une prédiction de l'honneur insigne que l'Eglise, dans tous les
siécles, devait rendre à la trés sainte Vierge.
[cr 1.]
53. ll a rempli de biens les af-
famés, et il a renvoyé les riches
les mains vides.
54. Se souvenant de sa misé-
ricorde, il a pris sous sa sauve-
garde Israél, son serviteur,
55. Comme il l'avait promis à
nos peres, à Abraham, et à sa
postérité pour toujours.
56. Marie demeura avec Elisa-
beth environ trois mois, et elle
s'en retourna ensuite en sa mai-
son.
57. Cependant le temps d'en-
fanter pour Elisabeth s'accomplit,
et elle mit au monde un fils.
58. Et ses voisins et ses pa-
rents, ayant appris que Dieu
avait signalé en elle sa miséri-
corde, s'en réjouissaient avec
elle.
89. Or il arriva qu'au huitième
jour, ils vinrent pour circoncire
l'enfant, et ils le nommaient Za-
charie, du nom de son pere.
60. Mais sa mere prenant la
parole, dit : Non, mais il s'appel-
lera Jean.
61. Ils lui dirent : Il n'y a per-
sonne dans votre famille qui soit
appelé de ce nom.
62. Et ils demandaient par
signes au père comment il vou-
lait qu'on le nommát.
63. Or, demandant des tablet-
tes, il écrivit : Jean est son nom.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2467
Ettous furent dans l'étonnement.
64. Aussitót sa bouche s'ouvrit,
sa langue se délia, et il parlait,
bénissant Dieu.
65. Et la crainte se répandit
sur tous leurs voisins, et toutes
ces merveilles furent divulguées
dans toutes les montagnes de la
Judée ;
66. Et tous ceux qui les enten-
dirent les recueillirent dans leur
cœur, disant : Que pensez-vous
que sera cet enfant? Car la main
du Seigneur était avec lui.
67. Et Zacharie, son père, fut
rempli de l'Esprit-Saint, et pro-
phétisa, disant :
68. Béni le Seigneur, le Dieu
d'Israël! de ce qu'il a visité et ra-
cheté son peuple,
69. Et nous a suscité une corne
de salut dans la maison de son
serviteur David,
10. Comme il a promis par la
bouche de ses saints prophètes,
qui ont été dès les temps les plus
anciens,
71. De nous sauver de nos
ennemis et de la main de tous
ceux qui nous haissent,
12. Pour accomplir ses miséri-
cordes envers nos peres, en sou-
venir de son alliance sainte;
13. Selon le serment qu'il 8
juré à Abraham, notre père, de
faire pour nous,
53. I Rois, rr, 5; Ps. xxx, 11. — 55. Genèse, xvir, 9; xxrt, 16; Ps. ,זאאאס 11; Isaie,
xLI, 8. — 63. Supra, y. 13. — 68. Ps. rxxmur, 12. — 69. Ps. cxxxr, 17. — 70. Jérémie,
xxm, 6; xxx, 10. — 73. Genèse, xxrr, 16; Jérémie, xxxr, 33; Hébr., vr, 13, 17.
56. * En sa maison à Nazareth.
63. * Des tablettes, en grec pinakidion, planchette en bois de pin si l'on peut s'en
rapporter à l'étymologie, probablement enduite de cireetsur laquelle on pouvait tra-
cer des caractéres avec un stylet.
69. Une corne de salut; c'est-à-dire un puissant sauveur. Chez les Hébreux, la corne
était un symbole de la force. — * Dans la 94990 de David, dans sa postérité, ep
Jésus.
2108
74. Qu'étantdélivrés de,nos en-
nemis, nous le servions sans
crainte,
75. Dans la sainteté et la
justice, marchant devant lui tous
les jours de notre vie.
76. Et toi, petit enfant, tu seras
appelé prophète du Très-Haut;
car tu marcheras devant la face
du Seigneur pour lui préparer
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
(cu. n.]
19. Pour éclairer ceux qui sont
assis dans les ténèbres et l'ombre
de la mort, pour diriger nos pieds
dans une voie de paix.
80. Or l'enfant croissait et se
fortifiait en esprit; et il demeu-
rait dans les déserts, jusqu'au
jour de sa manifestation devant
Israél.
CHAPITRE IL.
les voies;
17. Pour donner au peuple la
science du salut, et pour la ré-
mission de ses péchés,
78. Par les entrailles de la mi-
séricorde de notre Dieu, avec
lesquelles est venu nous visiter 4. Or il arriva en ces jours-là
le soleil se levant d’en haut, qu'il parut un édit de César Au-
77. Mal., 1v, 5; Supra, y. 17. — 78. Zach., n1, ὃ; vr, 12; Mal., 1v, 2.
Naissance de Jésus-Christ. Apparition de
lange aux pasteurs. Circoncision de
Jésus-Christ. Purification de Marie. Si-
méon; son cantique; sa prophétie;
Anne la prophétesse. Jésus au milieu
des docteurs.
80. * Dans les déserts. Dans le désert de Judée. Voir Matt., ru, 1.
1. * César Auguste, premier empereur romain, fils de Caius Octavius et d'Atia, nièce
de Jules César, né en 62 avant notre ére. Adopté par Jules César, il forma pour ven-
ger la mort de son grand oncle, tué en 44, le second triumvirat avec Marc-Antoine
et Lépide. Ce dernier fut bientót mis de cóté et Antoine fut complétement battu à la
bataille d'Actium, 31 av. J.-C. Octave, aprés cette victoire, recut du sénat le titre
d'empereur. En 31 av. J.-C. il eut le titre d'Auguste. Il rétablit la paix dans tout l'em-
pire et l'administra avec sagesse. Il mourut à Nole en Campanie, à l’âge de 16 ans,
l'an 14 de notre ère. Hérode le Grand avait été nommé roi des Juifs en 40 av. J.-C. par
Antoine, avec son assentiment. Devenu seul maitre de l'empire, Auguste confirma à
Hérode, qui était venu le visiter à Rhodes, son titre de roi etil le favorisa pendant toute
sa vie. Hérode à son tour bâtit Césarée sur la Méditerranée en son honneur et fit
élever à sa gloire des temples non seulement à Césarée, mais aussi à Samarie et ail-
leurs. Auguste, de son cóté, probablement par politique, fit une fondation pour qu'on
offrit tous les jours à ses dépens deux sacrifices en son nom dans le temple de Jéru-
salem, ce qui fut exécuté fidélement jusqu'au moment oü éclata la guerre juive, en
66 de notre ére. En l'an 6, Auguste incorpora la Judée à la province romaine de Syrie.
1-9. * Le recensement de Cyrinus ou Quirinus. « On a trouvé à Ancyre, en Galatie,
sur les murs d'un temple consacré à Auguste, un résumé de l'histoire de son régne,
écrit par lui pour étre placé dans son mausolée. Or, dans ce résumé il mentionne
un recensement qu'il a fait des citoyens romains, recensement qui semble supposer
un dénombrement général de l'empire. Il indique la date de cette opération, et cette
date coincide avec celle de la naissance du Sauveur. Nous avons de plus le témoignage
de plusieurs auteurs. Suétone (f 140), dans son Histoire des douze Césars, rapporte
qu'Auguste a fait trois fois le recensement de l'empire et qu'il en a laissé un cadastre :
breviarium. Tacite (+ 130) dit à peu prés la méme chose. Saint Justin, né à Sichem,
à 12 lieues de Jérusalem, écrivait vers 138, dans son apologie à l’empereur Anto-
nin : Jésus-Christ est né à Bethléem. Vous pouvez vous en assurer, en consullant le
recensement de Quirinus, votre premier gouverneur en Judée. Tertullien écrivait de
méme, 150 ans aprés la mort d'Auguste : Les piéces originales du dénombrement
d'Augusle sont conservées dans les archives de Rome. Leur déposition fournit un
témoignage authentique relativement à la naissance du Sauveur. D'aprés cet auteur,
ce serait sous le gouvernement de Saturninus que le dénombrement aurait eu lieu;
[cn. rr.)
guste, pour qu'on fit le dénom-
brement des habitants de toute
la terre.
2. Ge premier dénombrement
fut fait par Cyrinus, gouverneur
de Syrie;
3. Et tous allaient se faire ins-
crire, chacun dans sa ville.
4. Joseph aussi monta de Naza-
reth, ville de Galilée, en Judée,
dans la ville de David, qui est ap-
pelée Bethléem, parce qu'il était
de la maison et de la famille de
David,
5. Pour se faire inscrire avec
Marie, son épouse, qui était en-
ceinte.
6. Or il arriva que lorsqu'ils
étaient là, les jours où elle devait
enfanter furent accomplis.
7. Et elle enfanta son fils pre-
mier-né, et l'ayant enveloppé de
langes, elle le coucha dans la
creche, parce qu'il n'y avait point
de place pour eux dans l'hôtel-
lerie.
8. Or en la méme contrée se
trouvaient des bergers qui pas-
saient la nuit dans les champs,
veillant tour à tour à la garde de
leurs troupeaux.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2469
9. Et voilà qu'un ?nge uu Sei-
gneur se présenta devant eux, et
une lumiere divine les envi-
ronna, et ils furent saisis d'une
grande crainte.
10. Mais lange leur dit : Ne
craignez point, car voici que je
vous apporte la bonne nouvelle
d'une grande joie pour tout le
peuple;
11. C'est qu'il vous est né au-
jourd'hui, dans la ville de David,
un Sauveur, qui est le Christ-
Seigneur.
19. Et ceci sera pour vous le
signe : Vous trouverez un enfant
enveloppé de langes et couché
dans une crèche.
13. Au méme instant se joignit
à lange une multitude de la
milice céleste, louant Dieu, et
disant :
14. Gloire à Dieu au plus haut
des cieux, et, sur la terre, paix
aux hommes de bonne volonté.
15. Et il arriva que lorsque les
anges, remontant au ciel, les
eurent quittés, les bergers se di-
saient les uns aux autres : Pas-
sons jusqu'à Bethléem, et voyons
ce prodige qui est arrivé, et que
Cuar. II. 4. Mich., v, 2; Matt., i1, 6; 1 Rois, xx, 6.
mais cela n'empêche pas qu'il ait pu être exécuté par les soins de Quirinus, associé
ou subordonné pour cet effet au gouverneur. » (L. BACUEZ.)
1. Son fils premier-né. Cela ne veut pas dire que plus tard la sainte Vierge ait eu
d'autres enfants. Les Hébreux appelaient premiers-nés, les enfants uniques aussi bien
que ceux qui avaient des frères ou des sœurs. Voy. au vers. 23. — * Dans l’hôtellerie.
Ce mot ne doit pas étre entendu dans le sens moderne. « L'hótellerie, l'auberge
n'existait pas en Orient. Par la loi de l'hospitalité, l'étranger était recu dans chaque
maison où il se présentait. A défaut de cette hospitalité, ou s'il ne voulait pas y recou
rir, il pouvait se retirer dans une hôtellerie commune, appelée aujourd'hui khan, où
hommes et bétes trouvent un abri. Quand l'hótellerie commune était occupée, force
était à l'étranger de chercher ailleurs un abri. En général, la chose est facile en Pa-
lestine, où le terrain montagneux et calcaire offre partout des grottes [naturelles ou]
taillées de main d'homme, soit pour servir d'habitation, soit comme chambres sépul-
crales. La plupart de ces excavations remontent à des époques trés reculées. » (J.-H.
Micuon.)
8. * Voir la note 2 à la fin du volume,
2470
le Seigneur nous a fait connaitre.
16. Ils vinrent donc en grande
háte, et ils trouverent Marie et
Joseph, et l'enfant couché dans
une creche.
11. Or, en le voyant, ils recon-
nurent la parole qui leur avait été
dite sur cet enfant.
18. Et tous ceux qui en enten-
dirent parler admirèrent ce qui
leur avait été raconté par les ber-
gers.
19. Or Marie conservait toutes
ces choses, les repassant dans
son cœur.
20. Et les bergers s’en retour-
nèrent, glorifiant et louant Dieu
de toutes les choses qu'ils avaient
entendues et vues, comme il
leur avait été annoncé.
21. Cependant les huit jours
pour circoncire l'enfant étant ac-
complis, il fut nommé Jésus, nom
que l'ange lui avait donné, avant
qu'il fut concu dans le sein de sa
mére.
22. Et apres que les jours de la
purification de Marie furent ac-
complis selon la loi de Moise, ils
le portèrent à Jérusalem, pour le
présenter au Seigneur,
23. Comme il est écrit dans la
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
[cu. 11.]
loi du Seigneur : Tout mále ou-
vrant un sein sera appelé consa-
cré au Seigneur ;
24. Et pour offrir l'hostie selon
ce qui est dit dans ta loi du Sei-
gneur, une couple de tourte-
relles, ou deux petits de co-
lombes.
95. Or il y avait à Jérusalem
un homme appelé Siméon, et cet
homme juste et craignant Dieu
attendait la consolation d'Israël,
et l'Esprit-Saint était en lui.
26. Et il avait été averti par
l'Esprit-Saint qu'il ne verrait
point la mort, qu'auparavant il
n'eüt vu le Christ du Seigneur.
27. Conduit par l'Esprit, il vint
dans le temple. Et comme les pa-
rents de l'enfant Jésus l'y appor-
taient, afin de faire pour lui selon
la coutume prescrite par la loi,
98. Il le prit entre ses bras, bé-
nit Dieu, et dit :
29. Maintenant, Seigneur, lais-
sez, selon votre parole, votre
serviteur s'en aller en paix;
90. Puisque mes yeux ont vu
le Sauveur qui vient de vous,
31. Que vous avez préparé à la
face de tous les peuples;
32. Pour être la lumière qui
21. Genèse, xvii, 12; Lév., xi, 3; Matt., 1, 21; Supra, τ, 51. — 22. Lév., xr, 6. —
23. Exode, וזא 2; Nom., vin, 16. — 24. Lévit., xir, 8.
91. * Pour circoncire l'enfant. La circoncision fut sans doute faite par saint Joseph,
dans la grotte de Bethléem. Dans le chœur de la basilique de la Nativité à Beth-
léem, dans le bras de la croix au sud du maître-autel qui est placé à peu prés au-
dessus de la grotte où est né Notre-Seigneur se trouve l'autel de la circoncision, à
l'endroit où la tradition, mentionnée déjà par saint Epiphane, localise cette céré-
monie.
23. Ouvrant un sein; ouvrant un sein maternel; c'est-à-dire: un fils dont la mére
n'a pas eu d'autre enfant auparavant; un premier-né, soit que sa mére engendre
encore aprés lui, soit qu'il reste fils unique. Compar. vers. 1. — Sera appelé consacré,
hébraisme, pour sera consacré. Compar. 1, 32.
25. * Siméon. On a conjecturé, mais sans preuve, qu'il était le fils du fameux docteur
juif Hillel et le père du Gamaliel dont il est parlé dans les Actes, xxr, 3.
21. * Dans le temple, hiéron.
[cn. [.זז
éclairera les nations, οἱ la gloire
d'Israél, votre peuple.
33. Et son père et sa mère
étaient dans l'admiration des
choses que l'on disait de lui.
94. Et Siméon les bénit et dit
à Marie, sa mère : Celui-ci a été
établi pour 18 ruine et la résur-
rection d'un grand nombre en
Israél, et en signe que l'on con-
tredira ;
35. Et un glaive traversera votre
áme, afin que les pensées de
beaucoup de cœurs soient révé-
lées.
36. Il y avait aussi une prophé-
tesse, Anne, fille de Phanuel, de
la tribu d'Aser; elle était fort
avancée en áge, et elle avait vécu
sept ans avec son mari, depuis sa
virginité ;
37. Restée veuve, et ágée alors
de quatre-vingt-quatre ans, elle
ne quittait point le temple, ser-
vant Dieu nuit et jour dans les
jeünes et dans la priere.
38. Elle aussi, survenant, à cette
méme heure, louait le Seigneur,
et parlait de l'enfant à tous ceux
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2474
qui attendaient la rédemption
d'Israël.
39. Après qu'ils eurent tout ac-
compli selon la loi du Seigneur,
ils retournerent en Galilée, à Na-
zareth, leur ville.
40. Cependant l'enfant croissait
et se fortifiait, plein de sagesse;
et la gráce de Dieu était en lui.
44. Or ses parents allaient tous
les ans à Jérusalem à la féte de
Páque.
42. Lors donc qu'il eut douze
ans, ils montèrent à Jérusalem
selon la coutume de cette solen-
nité ;
43. Et, quand les jours de la fête
furent passés, ils s'en retour-
nerent; mais lenfant Jésus de-
meura àJérusalem, etses parents
ne s'en apercurent point.
44. Pensant qu'il était avec
quelqu'un de leur compagnie, ils
marchèrent durant un jour, et ils
lecherchaientparmileurs proches
et leurs connaissances.
49. Et ne le trouvant pas, ils
revinrent à Jérusalem pour le
chercher.
84. Isaie, vin, 14; Rom., 1x, 33; I Pierre, ri, 7. — 41. Exode, אא 15; xxxiv, 18;
Deut., xvi, 1.
33. L'Evangéliste nomme toujours Joseph pére de Jésus, parce qu'il était l'époux
de Marie et le père nourricier de Jésus, et qu'il passait pour son père dans le monde.
34. Dieu n'a pas envoyé son Fils pour la perte d'aucun homme; mais plusieurs,
par leur propre perversité, et par leur refus obstiné de ne pas le recevoir, devaient
y trouver l'oecasion de se perdre.
35. * Un glaive, en grec romphaia, un grand glaive qu'on avait coutume de porter
sur l'épaule droite, marque ici une grande douleur qui transpercera l'âme de Marie.
31. * Elle ne quitta point le temple. 1] y avait dans le temple, hiéron, une cour avec
ses dépendances réservée aux femmes. Voir Matt., xxi, 12.
39. * A Nazareth. Voir la note 5 à la fin du volume.
41. * Páque. Voir Matt., xxvi, 2.
44. * > La tradition chrétienne rapporte à 18 localité moderne d'El-Biréh (la Bééroth
biblique), le lieu οὐ Marie et Joseph s'apercurent que l'enfant Jésus n'était pas avec
leur parenté. Une église chrétienne [fut bátie en cet endroit en souvenir de cet événe-
ment]. Une portion notable du mur septentrional et de l'abside subsiste encore. El
Biréh est aujourd'hui un village encore important. On y voit une magnifique piscine
recevant les eaux d'une fontaine abondante. » (J.-H. Micnon.)
2472
46. Mais il arriva que trois jours
après ils le trouvèrent dans 16
temple, assis au milieu des doc-
teurs, les écoutant et les interro-
geant.
47. Et tous ceux qui l'enten-
daient étaient étonnés de sa sa-
gesse et de ses réponses.
48. En le voyant, ils furent
étonnés, et sa mere lui dit : Mon
fils, pourquoi avez-vous agi ainsi
avec nous? Voilà que votre père
et moi, fort affligés, nous vous
cherchions.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
[cu. 11.[
49. Mais il leur répondit : Pour-
quoi me cherchiez-vous? lgno-
riez-vous qu'il faut que je sois aux
choses qui regardent mon Père?
50. Maiseux necomprirentpoint
ce qu'il leur disait.
51. Il. descendit ensuite avec
eux, et vint à Nazareth; et il leur
était soumis. Or sa mère con-
servait toutes ces choses en son
cœur.
59. Cependant Jésus avancait
en sagesse, en âge et en grâce de-
vant Dieu et devant les hommes.
46. * Dans le temple, hiéron (voir Matt., xxr, 12), dans une des salles qui faisaient
partie du Aiéron, vraisemblablement dans la synagogue placée dans le parvis des
gentils et où avaient lieu les leçons et les discussions des rabbins.
52. * « Comment faut-il entendre ce verset de saint Luc: Jésus avangait en sagesse,
en áge et en grüce? Pour ce qui est de l'intelligence, nous entendons saint Luc en ce
sens qu'ayant, comme homme, les mémes facultés que nous et se trouvant ici-bas
dans des conditions analogues aux nótres, le Sauveur éprouvait des impressions de
méme genre, voyait les mêmes objets, se formait les mêmes idées, acquérait la même
science; et que laissant paraître cette science au dehors selon qu'il l'aequérait et
n'en faisant pas paraitre d'autre, il donnait de jour en jour à ceux qui l'observaient
de nouvelles preuves de ses connaissances et de sa sagesse. Les Docteurs donnent à
cette scienee le nom d'expérimentale, à cause de la maniére dont on l'acquiert pour
l'ordinaire. Elle était pour Notre Seigneur la conséquence naturelle de la condition
oü il s'était mis, et elle rend compte de ce qu'ont dit l'Ecriture et les Péres sur son
enfance et sur le développement graduel de son intelligence. Puisqu'il acquérait
réellement cette sorte de science, il devait aussi en donner des marques, y faire des
progrés, apprendre certaines choses, y appliquer son esprit, interroger, admirer,
s'étonner, etc. Cela n'empéche pas de reconnaitre en son àme dés le premier moment
de l'Incarnation une science surhumaine et des lumières d'un ordre supérieur. Les
principaux Docteurs et tous les théologiens enseignent qu'il avait recu par infusion,
à la manière des prophètes et des saints, mais dans un degré incomparablement
plus élevé, un degré de science proportionné à sa dignité et à sa mission. De plus,
ils s'accordent à dire que son àme jouissait de la vision intuitive de l'essence divine,
d'une maniere plus parfaite et plus pleine que tous les esprits du ciel. Ils regardent
ces privilèges comme une conséquence naturelle de l'union hypostatique, et par
conséquent ils ne sauraient admettre qu'il ait ἀὰ les mériter par ses ceuvres, ni
qu'il en ait été un seul instant privé. A plus forte raison n'admettraient-ils pas que
son esprit partageàt à son entrée dans le monde l'ignorance commune à lous les
enfants d'Adam. Dans l'Apocalypse, on entend les élus du ciel célébrer sa sagesse et
ses lumières en méme temps que sa divinité. Quant à la grâce dont l'àme de Notre
Seigneur a été ornée, nous distinguons de méme, avec les théologiens, les habitudes
et les actes surnaturels, les principes et les effets. Les œuvres de grâces ou les actes
de vertus croissaient et se multipliaient sans cesse; mais les habitudes infuses, les
dispositions vertueuses, la grâce sanctifiante, tout ce qu'exigeait en son âme sa
dignité d'Homme-Dieu, ne pouvait croitre. Le Sauveur a toujours possédé ces dons
au degré le plus élevé. » (L. 240082.(
"si"
cu. nr.) L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 2473
César Tibere. Ponce Pilate étant
CHAPITRE III. gouverneur de la Judée, Hérode,
tétrar Blé ilippe,
Prédication de saint Jean. Avis qu'il donne fri T pes E huy E i naL
au peuple, aux publicains, aux soldats. rere, ie sese uree e : u
Il rend témoignage à Jésus-Christ. Hé- | pays de Trachonite, et Lysanias
rode le fait mettre en prison. Jésus- | tétrarque d'Abylene;
Christ recoit le baptéme de Jean. Gé- Ἐπ £u Y
Hébeie de Jesus-Christ. o Sous les grands prétres Anne
: et Caiphe, la parole du Sei-
1. L'an quinzieme du regne de | gneur se fit entendre à Jean,
Cuar. III. 2. Actes, 1v, 6.
1. * L'an quinzième du règne de César Tibère. Claude Tibère Néron, fils de Tibére
Claude Néron et de Livia Drusilla, second empereur romain, était né à Rome l'an 42
avant notre ère. Sa mère Livia épousa l'an 38 l'empereur Auguste qui l'adopta, l'an
4 de notre ére, aprés lui avoir fait épouser l'an 11 avant Jésus-Christ sa fille Julie.
Tibére fut associé en l'an 13 de notre ère au gouvernement de l'empire et chargé de
l'administration des provinces. L'année suivante, en l'an 14, Auguste étant mort, son
fils adoptif se trouva seul maître de l'empire. Il avait alors 55 ans. Il mourut en 31,
àlàge de 18 aus. Pendant son régne, il donna deux procurateurs à la Palestine,
Valerius Gratus, qui garda sa charge onze ans (15-26 de notre ère) et Ponce Pilate,
qui fut procurateur pendant dix ans (26-36). La 15e année de Tibère va du 19 août
de l'an 28 jusqu'à la méme époque de l'an 29 aprés J.-C. — Ponce Pilate. Voir
Matt., xxvrt, 2. — Hérode, tétrarque de Galilée. Hérode Antipas. Voir Matt., xiv, 1. —
Philippe le tétrarque ou Hérode Philippe était fils d'Hérode-le-Grand par sa cinquième
femme, Cléopátre de Jérusalem. C'est le seul des fils de ce roi qui n'ait pas laissé la
réputation de mauvais prince. Il épousa à un âge assez avancé Salomé, fille d'Héro-
diade, la danseuse qui demanda ה[ tête de saint Jean-Baptiste. Philippe était té/rarque
d'Iturée et du pays de Trachonite. L'Iturée, région montagneuse, conquise par le roi
Aristobule environ un siécle avant J.-C., était au nord-est de la Palestine et à l'ouest
de Damas. Ses habitants étaient célébres par leurs brigandages et par leur habileté
à tirer de l'arc. La Trachonite, l'ancien Argob, le Ledja actuel, était également habitée
par des pillards qui demeuraient sous des tentes. L'empereur Auguste donna ce pays
à Hérodele Grand, l'an 23 avant notre ère, pour qu'il le purgeàt du brigandage.
Saint Luc entend par Trachonite tout le pays situé au sud de l'Antiliban, à l'est du
haut Jourdain et du lac de Tibériade jusqu'aux montagnes des Druses. Philippe
gouverna ce pays 31 ans; il embellit et agrandit Césarée de Philippe, qui reçut de
lui ce surnom, et Betsaide Julias et il mourut sans postérité l'an 34 de notre ére. —
Lysanias n'est guére connu que de nom. C'était probablement le descendant d'un
autre Lysanias, prince de Chalcis du Liban, que Cléopâtre avait fait périr insidieu-
sement en 35 av. J.-C. — Abylène était le pays qui tirait son nom de la ville d'Abila.
Il était situé entre le Liban et l'Hermon, au nord-ouesr de Damas, à dix-huit milles
romains de cette derniere ville et à trente-sept milles d'Héliopolis. ו
2. * Sous les grands prétres Anne et Caïphe. Anne, fils de Seth, appelé par Josèphe
Ananus, fut promu grand prétre par Quirinus, gouverneur de Syrie, l'an 1 de notre
ère. Au commencement du règne de Tibére, en l'an 14, il fut déposé par Valerius
Gratus, procurateur de Judée et remplacé par Ismael, fils de Phabi. Bientót aprés,
Eléazar, fils d'Anne, recut le souverain pontificat, qu'il dut céder l'année suivante à
Simon, fils de Camith. Ce dernier fut remplacé par le gendre d'Anne, Joseph Caiphe,
qui conserva cette dignité de l'an 21 ou 28 à l'an 36 ou 31. Anne vécut longtemps e
cinq de ses fils furent tour à tour grands prétres. Les Evangélistes l'ont nommé avec
Caiphe, soit parce qu'il était son sagan ou vicaire, comme quelques-uns l'ont pensé,
soit qu'il fut encore alors président du sanhédrin ou bien qu'ayant exercé les fonc-
tions du souverain pontificat, il en portát encore le titre par honneur. Il devait, en
tous cas, jouir d'une grande influence à Jérusalem, et en particulier auprés de
Caiphe, son gendre. — Sur Caïphe, voir Matt., xxvr, 3. — Sur Jean, fils de Zacharie,
voir Matt., 11, 1. — Dans le désert de Judée. Voir Matt., ur, 4.
2474
fils de Zacharie. dans le désert.
3. Et il vint dans toute la ré-
gion du Jourdain, prêchantle bap-
téme de pénitence pour la rémis-
sion des péchés.
4. Ainsi qu'il est écrit au livre
des paroles du prophète Isaie :
Voix de quelqu'un qui crie dans
le désert : Préparez la voie du Sei-
gneur, faites droits ses sentiers :
5. Toute vallée sera comblée,
et toute montagne et toute col-
line seront abaissées, les chemins
tortueux deviendront droits, et
les raboteux, unis ;
6. Et toute chair verra le salut
de Dieu.
7. Ainsi il disait à ceux qui ac-
couraient en foule pour étre bap-
tisés par lui : Race de vipères, qui
vous a montré à fuir la colere à
venir?
8. Faites donc de dignes fruits
de pénitence, et ne commencez
pas par dire : Nous avons pour
pere Abraham. Car je vous dis
que de ces pierres mémes Dieu
peut susciter des enfants à Abra-
ham.
9. Déjà la cognée a été mise à
la racine des arbres. Tout arbre
donc qui ne produit pas de bon
fruit sera coupé et jeté au feu.
10. Et la foule l'interrogeait,
disant : Que ferons-nous donc?
11. Et répondant, il leur disait :
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
(cn. |.חז
Que celui qui a deux tuniques en
donne une à celui qui n'ena point,
et que celui qui a de quoi manger
fasse de méme.
12. Des publicains vinrent aussi
pour être baptisés, et tui deman-
derent : Maitre, que ferons-nous?
13. Et il leur répondit : Ne faites
rien de plus que ce qui vousa été
prescrit.
14. Et des soldats aussi l'inter-
rogeaient, disant : Et nous, que
ferons-nous? Et il leur dit : N'usez
de violence ni de fraude envers
personne, et contentez-vous de
votre paye.
15. Or le peuple croyait et tous
pensaient en leurs cœurs que
Jean pourrait bien étre le Christ.
16. Jean répondit, disant à tous:
Pour moi, je vous baptise dans
l'eau; mais viendra un plus puis-
sant que moi, de la chaussure
de qui je ne suis pas digne de
délier la courroie : lui vous bapti-
sera dans l'Esprit-Saint et le feu;
17. Son van est en sa main, et
il nettoiera son aire, puis il ras-
semblerale froment dans son gre-
nier, et brülera la paille dans un
feu qui ne peut s'éteindre.
18. C'est ainsi qu'en lui appre
nant beaucoup d'autres choses, il
évangélisait le peuple.
19. Mais comme il reprenail
Hérodeletétrarque, au sujet d'Hé
3. Matt., rrr, 1; Marc, 1, 4. — 4. Isaïe, xr, 3; Jean, 1, 29. — 7. Matt., rrr, 7; xxii, 383.
— 44. Jac., 11, 15; I Jean, ir, 17. — 16. Matt., 11, 11; Marc, 1, 8; Jean, 1, 26; Actes, 1, 5;
xi, 16; xix, 4. — 17. Matt., rr, 12. —- 19. Matt., xiv, 4; Marc., vr, 17.
3. * Toute la région du Jourdain, le Ghór actuel.
4. * Dans le désert de Judée.
6. Toute chair. Voy. Matt., xxiv, 22.
14. Ni de fraude. Le mot du texte, qui signifie proprement calomnie, s'emploie
assez souvent dans la Bible pour fraude, injustice.
16. * La chaussure, les sandales. Voir Mare, vt, 9.
19. * Hérode le tétrarque Antipas. Voir Matt., xiv, 1. — Hérodiade, voir Matt., xiv, 3.
== Femme de son frère, voir Matt., xiv, 3.
|
i
|
|
[ca. ur.)
rodiade, femme de son frere, et à
cause de tous les maux qu'il avait
faits,
20. Hérode ajouta encore celui-
ci à tous les autres, il fit mettre
Jean en prison.
91. Oril arriva que, comme tout
le peuple recevait le baptéme, et
que Jésus ayant été baptisé, priait,
le ciel s'ouvrit ;
22. Et l'Esprit-Saint descendit
sur lui sous la forme sensible
d'une colombe; et une voix vint
du ciel : Vous étes mon fils bien-
aimé; c'est en vous que j'ai mis
mes complaisances.
23. Or Jésus avait, quand il
commenca son ministère, environ
trente ans, étant, comme l'on
croyait, fils de Joseph, qui le fut
d'Héli, qui le fut de Mathat.
24. Qui le fut de Lévi, quile fut
de Melchi, qui le fut de Janné, qui
le fut de Joseph,
95. Quile fut de Mathathias, qui
le fut d'Amos, qui le fut de Na-
hum, qui le fut de Hesli, qui le fut
de Naggé,
96. Qui le fut de Mahath, qui le
fut de Mathathias, qui le fut de
Séméi, qui le fut de Joseph, qui
le fut de Juda,
27. Qui le fut de Joanna, qui le
fut de Réza, qui le fut de Zoroba-
bel, qui le fut de Salathiel, quile
fut de Néri,
98. Qui le fut de Melchi, qui le
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2475
fat d'Addi, qui le fut de Cosan,
qui le fut d'Elmadan, qui le fut
de Her,
29. Qui le fut de Jésu, qui le fut
d'Eliézer, qui le fut de Jorim, qui
le fut de Mathat, qui le fut de
Lévi,
30. Qui le fut de Siméon, qui le
fut de Juda, qui le fut de Joseph,
qui le fut de Jona, qui le fut
d'Eliakim,
91. Qui le fut de Méléa, qui le
fut de Menna, quile fut de Matha-
tha, qui le fut de Nathan, qui le
futde David,
32. Qui le fut deJessé, qui le fut
d'Obed, qui le fut de Booz, qui le
fut de Salmon, quile fut de Naas-
son,
33. Qui le fut d'Aminadab, qui
le fut d'Aram, qui le fut d'Esron,
qui le fut de Phares, qui le fut de
Juda,
34. Qui le fut de Jacob, qui le
fut d'Isaac, qui le fut d'Abraham,
qui le fut de Tharé, qui le fut de
Nachor,
93. Qui le fut de Sarug, qui le
fut de Ragaü, quile fut de Phaleg,
qui le fut d'Héber, qui le fut de
Salé,
36. Qui le fut de Cainan, qui le
fut d'Arphaxad, qui le fut de Sem,
qui le fut de Noé, qui le fut de
Lamech,
91. Quile fut de Mathusalé, qui
le fut d'Hénoch, qui le fut de Ja-
21. Matt., ur, 16; Marc, 1, 10; Jean, 1, 32. — 22. Matt., rr, 17; xvir, 5; Infra, 1x, 35;
י 1] Pierre, 1, 17.
23. Suivant plusieurs interprétes, saint Joseph, qui, selon la nature, était fils de
Jacob, était, selon la loi, fils d'Héli. Car Héli et Jacob étaient fréres utérins ; et Héli,
l'ainé, étant mort sans postérité, Jacob, d'aprés la loi, épousa sa veuve et par suite
de ce mariage, son fils Joseph fut réputé fils d'Héli selon la loi. D'autres disent que
Toseph, fils de Jacob par nature, l'était d'Héli par alliance, ayant épousé Marie, qui
en était la fille. — * Sur la double généalogie de Notre-Seigneur, voir la note 1 à la
fin du volume.
2476
red, qui le fut de Malaléel, qui le
fut de Caïnan,
38. Qui le fut d'Hénos, qui le fut
de Seth, qui le fut d'Adam, qui
fut de Dieu.
CHAPITRE IV.
Jeüne et tentation de Jésus-Christ. Il
préche dans la Galilée; il va à Naza-
reth; et comme on veut le précipiter
du haut d'une montagne, il se retire à
Capharnaüm. Il y délivre un possédé,
et guérit la belle-mére de saint Pierre.
Autres merveilles qu'il opère.
1. Jésus, plein de l'Esprit-Saint,
revint du Jourdain ; et il était con-
duit par l'Esprit dans le désert
9. Pendant quarante jours, et 1
était tenté par le diable. Durant
ces jours il ne mangea rien, et
apres qu'ils furent passés, il eut
faim.
3. Or le diable lui dit: Si vous
étesle Fils de Dieu, dites à cette
pierre qu'elle devienne du pain.
4. Jésus lui répondit : Il est
écrit : L'homme ne vit pas seule-
ment de pain, mais de toute pa-
role de Dieu.
5. Alors le diable le conduisit
sur une haute montagne, et il lui
montra en un instant tous les
royaumes de la terre;
6. Puis il lui dit : Je vous don-
nerai toute cette puissance et
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
[cn. 1v.]
toute la gloire de ces royaumes :
car ils m'ont été livrés, et je les
donne à qui je veux.
7. Si donc vous m'adorez, ils
seront tous à vous.
8. Et Jésus répondant, lui dit :
Il est écrit : Tu adorcras le Sei-
gneur ton Dieu, et tu ne serviras
que lui seul.
9. Il 16 conduisit ensuite à Jéru-
salem, le posasur le haut du tem-
ple et lui dit : Si vous étes le Fils
de Dieu, jetez-vous d'ici en bas.
10. Car il est écrit qu'il a or-
donné à ses anges de vous gar-
der;
11. Et qu'ils vous porteront en
leurs mains, de peur que vous ne
heurtiez votre pied contre la
pierre.
12. Jésus répondant, lui dit : ἢ
a été dit : Tu ne tenteras point le
Seigneur ton Dieu.
13. Or toute tentation achevée,
le diable se retira de lui pour
un temps.
14. EtJésus retourna en Galilée,
par la vertu de l'Esprit, et sa re-
nommée se répandit daus tout le
pays.
15. Et il enseignait dans leurs
synagogues, et il était exalté par
tous.
16. Il vint à Nazareth, οἱ il avait
Cua». IV. 1. Matt., 1v, 1; Marc, τ, 12. — 4. Deut., vin. 3; Matt., 1v, 4. — 8, Deut.,
vi, 13: x, 90. — 10. Ps. xc, 11. — 12. Deut., vr, 16. — 14. Matt., 1v, 12; Marc, τ, 14;
Jean, 1v, 45. — 16. Matt., xir, 94; Marc, vi, 1.
38. * Qui fut de Dieu. « Ce simple mot, jetélà sans commentaire et sans réflexion,
pour raconter la création, l'origine, la nature, les fins et le mystère de l'homme, est
de la plus grande sublimité. » (E. LEFRANC.)
4. * Dans le désert de la Quarantaine. Voir note sur Matt., iv, 1.
9. * Sur le haut du temple. Voir Matt., 1v, 5.
16. * La synagogue de Nazareth dans laquelle enseigna Notre-Seigneur se trouvait,
d'aprés la tradition, sur l'emplacement de l'église actuelle des Grecs unis, à peu
près au centre de la ville moderne, non loin du marché. — Sur Nazareth, voir la note
5 à la fin du volume. — Sur les synagogues, voir Matt., 1v, 23. — Tous les Juifs pou-
vaient lire et parler dans les synagogues. Il y avait des lecteurs chargés de lire le
[ca. 1v.]
été élevé, et il entra, suivant sa
coutume, le jour du sabbat, dans
la synagogue, et il se leva pour
lire.
47. On lui donna le livre du
prophète Isaie; et l'ayant dérou-
lé, il trouva l'endroit où il était
écrit :
18. L'Esprit du Seigneur est sur
moi; c'est pourquoi il m'a consa-
cré par son onction, et m'a en-
voyé pour évangéliser les pau-
vres, guérir ceux qui ont lecceur
brisé,
19. Annoncer aux captifs leur
délivrance, aux aveugles le re-
couvrement dela vue, rendre à la
liberté ceux qu'écrasent leurs
fers, publier l'année salutaire du
Seigneur, et le jour de la rétribu-
tion.
90. Ayant replié le livre, il le
rendit au ministre, et s'assit : Et
tous, dans la synagogue, avaient
les yeux attachés sur lui.
21. Oril commenca à leur dire :
C'est aujourd'hui que cette Ecri-
3
8
18. Isaie, ,זא 1. — 26. 111 Rois, xvr, 9.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2477
ture que vous venez d'entendre
est accomplie.
99. Et tous lui rendaient témoi-
gnage, et admirant les paroles
de gráce qui sortaient de sa bou-
che, ils disaient: N'est-ce pas là
le fils de Joseph?
93. Alors il leur dit : Assuré-
ment vous m'appliquerez ce pro-
verbe : Médecin, guéris-toi toi-
méme, et me direz : Ces grandes
choses faites à Capharnaüm et
dont nous avons oui parler, fais-
les ici dans ta patrie.
94. Et il ajouta : En vérité, je
vous dis qu'aucun prophète n'est
accueilli dans sa patrie.
95. Je vous le dis, en vérité,
il y avait aux jours d'Elie beau-
coup de veuves en Israël, lorsque
le ciel fut fermé pendant trois
ans et six mois, et qu'il y eut
une grande famine sur toute la
terre;
260. Et Elie ne fut envoyé à au-
cune d'elles, mais à une femme
veuve, à Sarepta de Sidon.
texte sacré, mais ils ne faisaient point partie du personnel officiel et le chef pouvait
désigner à son gré la personne de l'assistance par qui il voulait faire remplir cet
office. C'est ainsi que Jésus-Christ peut lire dans la synagogue de Nazareth. La lec-
ture finie, le président invitait le lecteur ou un autre assistant à expliquer ce que l'on
venait de lire ou à adresser une exhortation au peuple. En vertu de cet usage,
Notre-Seigneur, y 21, s'adresse à l'auditoire.
11. Et layant déroulé; c'est-à-dire ouvert. La forme des livres chez les anciens
consistait en un rouleau. — L'endroit où, etc. Voy. Isaie, ,זא 1 et suiv.
|. 19. Le jour de la rétribution, le jour où Dieu rendra à chacun selon ses œuvres.
On lit dans Isaie (1xr, 2) : Jour de vengeance, jour où le Seigneur se vengera de ses
ennemis; ce qui exprime la même idée, mais d'une manière plus restreinte.
20. * Au ministre, celui que les Rabbins appellent le Khazan, sorte de sacristain
chargé d'ouvrir les portes de la synagogue, de préparer les manuscrits de l'Ecriture
qu'on doit lire et de rendre tous les services nécessaires pendant les offices.
93. * A Capharnaüm. Noir Matt., 1v, 18.
26. * Elie, le prophéte, originaire de Thesbé, vécut sous les rois Achab et Ochozias
d'Israél et fut enlevé miraculeusement au ciel. li récompensa la charité d'une veuve
de Sarepta par un prodige : la farine et l'huile de cette pauvre femme ne s'épui-
sèrent point tant que dura la famine. Sarepta est une ville de Phénicie, sur la Méditer-
ranée, entre Tyr et Sidon, mais plus proche de cette derniére ville que de la pre-
mière. Voir III Rois, xvir, 9.
2478
97. Etil y avait en Israël beau-
coup de lépreux au temps du
prophète Elisée, et aucun d'eux
ne fut guéri, sinon Naaman le
Syrien.
28. En entendant ces paroles,
ils furent tous remplis de colère
dans la synagogue ;
29. C’est pourquoi ils se le-
verent, le jeterent hors de la
ville, et le menèrent au som-
met du mont sur lequel leur
ville était bâtie, pour l'en préci-
piter.
30. Mais Jésus passant au mi-
lieu d'eux, s'en alla.
91. Et il descendit à Caphar-
naüm, ville de Galilée, et là 8
enseignait aux jours du sab-
bat.
39. Et ils s'étonnaient de sa doc-
trine, parce qu'il leur parlait avec
autorité.
33. Oril y avait dans la syna-
gogue un homme ayant en lui un
démon impur, et il eria d'une
voix forte,
34. Disant Laissez-nous!
Qu'importe à nous et à vous, Jé-
sus de Nazareth? Etes-vous venu
pour nous perdre? Je sais qui
vous étes : le saint de Dieu.
35. Et Jésus le gourmanda, di-
sant: Tais-toi, et sors de cet
homme. Et le démon l'ayant jeté
àterre au milieu de l'assemblée,
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
]68. 1v.]
sortit de lui et ne lui fit aucun
mal.
36. Et lépouvante les saisit
tous, etils se parlaient entre eux,
disant: Qu'est-ce que ceci: il
commande avecpuissance etforce
aux esprits impurs, et ils sor-
tent?
97. Et 88 renommée se ré-
pandit de tous cótés dans le
pays.
38. Etant sorti de la synago-
cue, Jésus entra dans la maison
de Simon. Or la belle-mère de
Simon avait une grosse fièvre;
et ils le prièrent pour elle.
39. Alors étant debout au-
pres d'elle, il. commanda à la
fièvre, et la fièvre la quitta. Et
se levant aussitót, elle les ser-
vait.
40. Lorsque le soleil fut cou-
ché, tous ceux qui avaient des
infirmes atteints de diverses ma-
ladies, les lui amenaient. Or Jé-
sus, imposant les mains sur cha-
cun d'eux, les guérissait.
41. Et les démons sortaient
d'un grand nombre, criant et di-
sant: Vous étes le fils de Dieu;
et les gourmandant il ne leur
permettait pas de dire qu'ils sus-
sent qu'il était le Christ.
42. Lorsqu'il fit jour, il sortit
et s'en alla en un lieu désert, et
la foule le cherchait; et ils vin-
21. IV Rois, v, 14. — 31. Matt., 1v, 13; Marc, 1, 21. — 32. Matt., vii, 28. — 33. Marc,
23. — 38. Matt., vin, 14; Marc, 1, 30. — 41. Marc, 1, 34.
21. * Elisée, disciple d'Elie et héritier de son esprit, guérit Naaman, grand per-
sonnage de la cour de Syrie, de la maladie de la lépre, en le faisant laver sept fois
dans le Jourdain. Voir IV Rois, v, 1-15.
99. * Le mont de la Précipitation; c'est-à-dire la montagne sur laquelle les habitants
de Nazareth conduisirent Notre-Seigneur, dans l'intention de l'en précipiter n'est pas
identifiée d'une maniére certaine. Le site traditionnel est au sud de la ville, à une
heure de chemin. Il y ἃ là un rocher qui aurait pu trés bien servir aux mauvais
desseins des compatriotes du Sauveur. Les Franciscains ont élevé une église en cet :
endroit. De là, on découvre la plaine d'Esdrelon.
[cn. v.]
rent à lui, et ils le retenaient, de
peur qu'il ne les quittât.
43. Il leur dit : Il faut que
je préche aux autres villes le
royaume de Dieu, car c'est pour
cela que j'ai été envoyé.
44. Et il préchait dans les sy-
nagogues de Galilée.
CHAPITRE V.
Jésus dans la barque de Pierre. Péche
miraculeuse. Guérison d'un lépreux et
d'un paralytique. Vocation de saint
Matthieu. Piéce d'étoffe neuve. Outres
neuves. Vin nouveau.
1. Oril arriva que lorsque la
foule se précipitait sur lui pour
entendre la parole de Dieu, il se
tenait lui-méme aupres du lac de
Génésareth.
2. Oril vit deux barques qui
étaient sur le bord du lac, et les
pécheurs étaient descendus, et
lavaient leurs filets.
3. Montant dans une des bar-
ques qui était à Simon, il le pria
de s'éloigner un peu de la terre.
Or, s'étant assis, il enseignait le
peuple de dessus la barque.
4. Lorsqu'il eut cessé de par-
ler, il dit à Simon : Avance en
mer, et jetez vos filets pour pé-
cher.
| à. Mais Simon, répondant, lui
; dit : Maitre, nous avons travaillé
toute la nuit sans rien prendre;
cependant, sur votre parole, je
jetterai le filet.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2479
6. Et quand ils l'eurent fait, ils
prirent une si grande quantité de
poissons, que leur filet se rom-
pait.
7. Et 115 firent signe à leurs
compagnons qui étaient dans
l'autre barque de venir les aider.
Ils vinrent donc, et emplirent les
deux barques, au point qu'elles
étaient près de couler à fond.
8. Ce que voyant Simon Pierre,
il tomba aux pieds de Jésus, di-
sant : Retirez-vous de moi, Sei-
gneur, parce que je suis un
homme pécheur.
9. Car il était plongé dans la
stupeur, lui et tous ceux qui se
trouvaient avec lui, à cause de
la péche des poissons qu'ils
avaient faite;
10. Et pareillement Jacques et
Jean, fils de Zébédée, qui étaient
compagnons de Simon. Et Jésus
dit à Simon : Ne crains point:
désormais ce sont des hommes
que tu prendras.
11. Et, les barques ramenées
à terre, ils laissèrent tout, et le
suivirent.
19. Or, il arriva, comme il était
dansune des villes, qu'un homme
couvert de lèpre, voyant Jésus,
se prosterna la face contre terre,
et le pria, disant: Seigneur, si
vous voulez, vous pouvez me
guérir.
18. Et étendant la main, il le
toucha, disant : Je le veux, sois
Matt., 1v, 18; Marc, 1, 16. — 12. Matt., vin, 2; Marc, τ, 40. .ל V. ,שג
1. * Lac de Génésareth. Voir la note 8 à la fin du volume. S. Luc est le seul des
évangélistes qui qualifie de lac, le lac de Tibériade, en employant la dénomination
grecque. Les autres auteurs sacrés l'appellent une mer, selon l'usage hébreu qui
appelle mer tout amas d'eaux.
12. Des villes; c'est-à-dire des villes voisines. — * Dans une des villes de Galilée,
peut-étre Capharnaüm.
2480
guéri. Et sur-le-champ sa lèpre le
quitta.
14. Jésus lui commanda de ne
le dire à personne: Mais va,
dit-il, montre-toi au prêtre, et
offre pour ta guérison ce que
Moise a ordonné en témoignage
pour eux.
15. Cependant sa renommée
se répandait de plus en plus; des
troupes nombreuses venaient
pour l'écouter et pour être gué-
ries de leurs maladies.
16. Mais il se retirait au désert,
et priait.
11. Et il arriva qu'un de ces
jours, il était assis, enseignant.
Or des pharisiens et des docteurs
de la loi, qui s'étaient rendus
de tous les villages de la Galilée,
de la Judée et de Jérusalem,
étaient aussi assis; et la vertu du
Seigneur opérait pour guérir les
malades.
18. Et voilà que des gens por-
taient sur un lit un homme para-
lytique, et cherchaient à le faire
entrer et àle poser devant lui.
19. Mais ne trouvant point par
où le faire entrer, à cause de la
foule, ils monterent sur le toit,
et, par les tuiles, ils le descendi-
rent avec le lit, au milieu de l'as-
semblée, devant Jésus;
90. Qui, voyant leur foi, dit :
Homme, tes péchés te sont remis.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
]08. v.]
91. Alors les scribes et les pha-
risiens commencèrent à réfiéchir,
disant : Quel est celui-ci qui pro-
fere des blasphèmes? Qui peut
remettre les péchés, sinon Dieu
seul?
29. Mais dés que Jésus connut
leurs pensées, il prit la parole et
leur dit : Que pensez-vous en vos
cœurs?
93. Quel est le plus facile de
dire : Tes péchés te sont remis;
ou de dire : Lève-toi et marche?
24. Or, afin que vous sachiez
que 16 Fils de l'homme a sur la
terre le pouvoir de remettre les
péchés, il dit au paralytique :
C'est à toi que je parle; lève-toi,
prends ton lit et va t'en en ta
maison.
95. Etaussitót, se levant devant
eux, il pritlelit où il était couché,
ets'enallaensamaison, glorifiant
Dieu.
26. Et la stupeur les saisit tous,
et ils glorifiaient Dieu. Et ils
furent remplis de crainte, disant :
Nous avons vu des merveilles
aujourd'hui.
27. Après cela il sortit, et vit un
publicain nommé Lévi, assis au
bureau des impóts; et il lui dit :
Suis-mol.
98. Et lui, ayant tout quitte, se
leva et le suivit.
29. Or Lévi lui fit un grand
14. Lóv., xiv, 4. — 18. Matt., 1x, 2; Marc, ג 3. — 27. Matt., 1x, 9; Marc, rr, 14.
14. En témoignage pour eux, pour que cela leur serve de témoignage et de preuve
incontestable de ma puissance et de ma fidélité à faire observer la loi.
19. Sur le toit. Pour bien comprendre le sens de ce passage, voy. notre Abrégé
d'introduction, etc., p. 530. — * Voir aussi la note sur Marc, iu, 4. Les mots par 8
tuiles traduisent les mots grecs dia 1008 keramón. Keramos désigne tout ce qui est
fait en terre et en particulier la terrasse en terre qui forme le toit des maisons
orientales.
21.* Un publicain nommé Lévi. S. Matthieu. Voir l'introduction à l'Evangile de
₪. Matthieu.
[CH. VI.
banquet dans sa maison; et il y
avait une. foule nombreuse de
publicains et d’autres qui étaient
à table avec eux.
30. Et les pharisiens et les
scribes en murmuraient et di-
saient à ses disciples : Pourquoi
mangez-vous et buvez-vous avec
les publicains et les pécheurs?
31. Jésus répondant, leur dit :
Ce nesont pas ceux qui se portent
bien qui ont besoin de médecin,
mais les malades.
32. Je ne suis pas venu appeler
les justes à la pénitence, mais
les pécheurs.
33. Alors ils lui demanderent :
Pourquoi les disciples de Jean
jeünent-ils et prient-ils souvent,
de méme que ceux des phari-
siens, et que les vótres mangent
et boivent?
34. ll leur répondit : Pouvez-
vous faire jeüner les fils de
l'époux, tandis que l'époux est
avec eux?
359. Viendront des jours où
l'époux leur sera enlevé; ils jeü-
neront en ces jours-là.
36. Il leur faisait aussi cette
comparaison : Personne ne met
une pièce d'un vêtement neuf à
un vétement vieux; autrement
ce qui est neuf déchire le vieux,
et la pièce du neufne convient pas
au vieux.
31. De méme personne ne met
du vin nouveau dans des outres
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2484
vieilles; autrement le vin nou-
veau rompra les outres, et se re-
pandra, et les outres seront
perdues.
38. Mais il faut mettre le vin
nouveau dans desoutres neuves;
et l'un et l'autre sont conservés.
99. Et personne venant de
boire du vin vieux, n'en veut
aussitót du nouveau, parce qu'il
dit : Le vieux est meilleur.
CHAPITRE VI.
Murmure des pharisiens contre les dis-
ciples de Jésus-Christ, qui arrachaient
des épis un jour de sabbat. Guérison
d'un homme qui avait une main dessé-
chée. Election des Apótres. Abrégé du
sermon de Jésus-Christ sur la mon-
tagne.
1. Or, il arriva qu'un jour de
sabbat, second-premier, comme
Jésus passait par les blés, ses
disciples arrachaient les épis et
en mangeaient, en les froissant
dans leurs mains.
2. Quelques-uns des pharisiens
leur disaient : Pourquoi faites-
vous ce qui n'est point permis les
jours du sabbat?
3. Jésus leur répondant, dit :
N'avez-vous point lu ce que fit
David lorsquil eut faim, lui et
ceux qui étaient avec lui;
4. Comment il entra dans la
maison de Dieu, et prit les pains
de proposition, en mangea, et en
donna à ceux qui étaientaveclui,
quoiqu'il ne soit pas permis d'en
33. Marc, 1 18. — 0. VI. 1. Matt., xir, 1; Marc, τι, 23. — 4. I Rois, xx1, 6; Εχοδο, :
xxix, 92; Lév., xxiv, 9.
34. Les fils de l'époux. Voy. Matt., 1x, 15.
31. * Des outres. Voir Matt., 1x, 11,
1. Second-premier ; le premier sabbat aprés 16 second jour de la Pâque. — * Arra«
chaient les épis. Voir note sur Matt., xir, 4.
4. * Voir Matt., xir, 4.
NOT.
196
2482
manger, si ce n'est aux prêtres?
5. Et il ajouta : Le Fils de
l'homme est maitre méme du
sabbat.
6. Il arriva, un autre jour de
sabbat, qu'il entra dans la syna-
gogue, et qu'il y enseignait. Or
il y avait là un homme dont la
main droite était desséchée.
7. Et les scribes etles pharisiens
observaient s'il le guérirait le
jour du sabbat, afin de trouver de
quoi l'accuser.
$. Mais il connaissait leurs
pensées; il dit à l'homme qui
avait la main desséchée : Lève-
toi et tiens-toi là debout au mi-
lieu. Et, se levant, il se tint de-
bout. |
9. Alors Jésus leur dit : Je vous
le demande, est-il permis, les
jours du sabbat, de faire du bien
ou du mal, de sauver une âme ou
de la perdre?
10. Et après les avoir regardés
tous, il dit à l’homme : Etends ta
main. Il l'étendit, et sa main rede-
vint saine.
11. Mais eux, remplis de dépit,
se consultaient sur ce qu'ils fe-
raient à Jésus.
12. ll arriva qu'en ces jours-là
il se retira sur la montagne pour
prier, et y passa toute la nuit à
prier Dieu.
13. Et quand le jour fut venu, il
| appela ses disciples, et il en
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
[cu. vr.]
choisit douze d'entre eux (qu'il
nomma aussi apôtres) :
14. Simon, auquel il donna le |
surnom de Pierre, et André son
frère ; Jacques et Jean; Philippe
et Barthélemi;
15. Matthieu et Thomas; Jac-
ques, fils d'Alphée, et Simon,
appelé le Zélé;
16. Judas, frère de Jacques, et
Judas Iscariote, qui fut le traître.
17. Et, descendant avec eux, il
s'arréta dans une plaine, de méme
que la troupe de ses disciples, et
une grande multitude de peuple
de toute la Judée, de Jérusalem,
dela contrée maritime, de Tyr et
de Sidon,
18. Qui étaient venus pour
l'entendre et pour étre guéris de
leurs maladies. Or ceux aussi qui
étaient tourmentés par des esprits
impurs, étaient guéris.
19. Et toute la foule cherchait
àle toucher, parce qu'une vertu
sortait de lui, et les guérissait
tous.
20. Alors Jésus, les yeux levés
sur ses disciples, dit : Bienheu-
reux, ὃ pauvres! parce qu'à vous
appartient le royaume de Dieu.
21. Bienheureux, vous qui main-
tenant avez faim, parce que vous
serez rassasiés. Bienheureux,
vous qui pleurez maintenant,
parce que vous rirez.
22. Vous serezheureux lorsque
6. Matt., xir, 10; Marc, ur, 1. — 13. Matt., x, 1; Marc, πι, 18. — 20. Matt., v, 2. —
22.'Matt., v, 11.
9. De sauver une âme, etc. Voy. Matt., x, 39.
12. * Sur la montagne. Peut-être la montagne des Béatitudes, Koroun-el-Hattin.
Voir Matt., v, 4.
16. Judas, frére de Jacques, est communément appelé Jude, pour qu'on ne le
confonde pas avec Judas l'Iscariote.
1%. * Tyr et Sidon. Voir Marc, ri, 8.
20-23. * Voir note eur Matt., v, 2-10.
(cu. vr.]
les hommes vous haïront, vous
éloigneront, vous injurieront, et
rejetteront votre nom comme
mauvais, à cause du Fils de
l'homme.
93. Réjouissez-vous en ce jour-
là, et tressaillez d'allégresse,
parce que votre récompense est
grande dans le ciel; car c'est
ainsi que leurs peres faisaient
aux prophètes.
24. Cependant, malheur à vous,
riches, parce que vous avez votre
consolation.
95. Malheur à vous qui êtes ras-
sasiés, parce que vous aurezfaim.
Malheur à vous qui riez mainte-
nant, parce que vous gémirez et
vous pleurerez.
26. Malheur, quand les hommes
vous loueront, car c’est ainsi que
leurs pères faisaient aux faux
prophètes.
27. Mais je vous dis, à vous qui
écoutez : Aimez vos ennemis,
faites du bien à ceux qui vous
haissent.
28. Bénissez ceux qui vous mau-
dissent, et priez pour ceux qui
vous calomnient.
29. À quiconque vous frappe
sur une joue, présentez encore
l'autre. Et pour celui qui vous
prend votre manteau, laissez-le
prendre votre tunique.
90. Donnez à quiconque vous
demande; etne redemandez point
votre bien à celui qui vous le ravit.
31. Comme vous voulez que les
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2483
hommes vous fassent, faites-le-
leur pareillement.
32. Si vous aimez ceux qui vous
aiment, quel est votre mérite?
puisque les pécheurs aiment aussi
ceux quiles aiment.
33. Et si vous faites du bien à
ceux qui vous en font, quel est
votre mérite? puisque les pé-
cheurs méme le font.
34. Et si vous prétez à ceux de
qui vous espérez recevoir, quel
remerciement méritez-vous? car
les pécheurs aussi prétent aux
pécheurs, pour en recevoir un
pareil avantage.
95. Mais vous, aimez vos enne-
mis, faites du bien et prétez, sans
en rien espérer, et votre récom-
pense sera grande, et vous serez
les fils du Très-Haut; car il est
bon pour les ingrats méme et
pour les méchants.
36. Soyez done miséricordieux,
comme votre Père est miséricor-
dieux.
91. Ne jugez point, et vous ne
serez point jugés; ne condamnez
point, et vous ne serez point con-
damnés ; remettez, et il vous sera
remis.
98. Donnez, et il vous sera
donné; on versera dans votre sein
une bonne mesure, pressée, bien
remuée, et débordante. Car on
usera pour vous de la méme me-
sure dont vous aurez usé pour les
autres.
39. Il leur faisait aussi cette
24. Eccli., xxxr, 8; Amos, vi, 1. — 25. Isaie, ,טא 13. — 27. Matt., v, 44. — 29. Matt.,
v, 89;1 Cor., vr, 7. — 31. Tobie, tv, 16; Matt., vir, 12. — 32. Matt., v, 46. — 34. Deut.,
xv, 8; Matt., v, 42. — 37. Matt., vir, 1. — 38. Matt., vri, 2; Marc, 1v, 24.
29. * Votre manteau... votre tunique. Voir Matt., v, 40.
38. * Dans votre sein, pan de vêtement, cavité que produisait la partie supérieure
et antérieure du vêtement qui était peu serré par la ceinture.
2484
comparaison : Un aveugle peut-il
conduire un aveugle? ne tombe-
ront-ils pas tous deux dans une
fosse?
40. Le disciple n'est point au-
dessus du maitre; mais tout dis-
ciple sera parfait, s'il est comme
son maitre.
M. Pourquoi voyez-vous la
paille dans l’œil de votre frère, et
n’apercevez-vous point la poutre
qui est dans votre œil?
49. Qu comment pouvez-vous
dire à votre frère : Mon frère,
laisse-moi ôter la paille de ton œil,
ne voyant pas toi-même la poutre
qui est dans le tien? Hypocrite,
óte premièrement la poutre de
ton œil, et alors tu verras à ôter
la paille de l’œil de ton frère.
43. Un arbre n'est pas bon s'il
produit de mauvais fruits, et un
arbre n'est pas mauvais s'il pro-
duit du bon fruit.
44. Car chaque arbre se connait
par son fruit. On ne cueille point
de figues sur des épines, et on ne
vendange point du raisin sur des
ronces.
45. L'homme bon tire le bien
du bon trésor de son cœur; et
l'homme mauvais tire le mal du
mauvais trésor. Car la bouche
parle de l'abondance du cœur.
46. Mais pourquoi m'appelez-
vous Seigneur, Seigneur, et ne
faites point ce que je dis?
41. Quiconque vient à moi,
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
(cu. vur.]
écoute mes paroles et les met en
pratique, je vous montrerai à qui
il est semblable.
48. Il est semblable à un homme
qui, bâtissant une maison, ἃ
creusé très avant, et en a posé le
fondement sur la pierre : l'inon-
dation survenant, le fleuve s’est
brisé contre cette maison, et n'a
pu l’ébranler, parce qu'elle était
fondée sur la pierre.
49. Mais celui qui écoute et ne
pratique point, est semblable à
un homme qui a báti sa maison
sur la terre, sans fondement : le
fleuve s'est brisé contre elle, et
elle s'est écroulée aussitôt; et la
ruine decettemaisonaété grande.
CHAPITRE VII.
Guérison du serviteur du centurion. Ré-
surrection du fils de la veuve de Naim.
Saint Jean députe deux de ses disciples
vers Jésus-Christ. Eloge de saint Jean.
Jésus-Christ et saint Jean rejetés par
les Juifs. Pécheresse qui parfume les
pieds de Jésus-Christ.
1. Lorsqu'il eut fini de faire en-
tendre toutes ces paroles au
peuple, ilentra dans Capharnaüm.
2. Or un centurion avait un ser-
viteur malade, qui se mourait, et
qu'il aimait beaucoup.
3. Ayant entendu parler de Jé-
sus, il lui envoya des anciens
d'entre les Juifs, le priant de ve-
nir guérir son serviteur.
4. Ceux-ci étant venus vers Jé-
sus, le priaient avec grande ins-
40. Matt., x, 24; Jean, xur, 16. — 41. Matt., vir, 3. — 49. Matt., vir, 18; xir, 33. —
46. Matt., vir, 21; Rom., τι, 13; Jac., 1, 22. — .גא VII. 1. Matt., vir, 5
1. * Dans Capharnaüm. Voir Matt., 1v, 13.
9. * Un centurion. Voir Matt., vir, 5.
3.* Les anciens d'entre les Juifs, ceux qui étaient à la tête de l'administration de
la ville. C'est le seul endroit des Evangiles où le titre d'anciens ne désigne pas des
membres du sanhédrin.
[cu. vm.]
tance, lui disant : Il mérite que
vous fassiez cela pour lui;
5. Car il aime notre nation, il
nous a méme báti unesynagogue.
6. Jésus donc allait avec eux.
Or comme il n'était plus loin de
la maison, le centurion envoya
de ses amis lui dire : Seigneur,
ne vous donnez point tant de
peine; car je ne suis pas digne
que vous entriez sous mon toit;
7. C'est pourquoi je ne me suis
pas jugé digne de venir moi-
méme à vous : mais dites un mot,
et mon serviteur sera guéri.
8. Car, moi qui suis un homme
soumis à la puissance d'un autre,
et ayant sous moi des soldats, je
dis à celui-ci : Va, et il va; à un
autre : Viens, et il vient; et à
mon serviteur : Fais cela, et il
le fait.
9. Ce qu'ayant entendu, Jésus
fut dans l'admiration, et se tour-
nant vers la foule qui le suivait,
il dit : En vérité, je vous 16 dis, je
n'ai pas trouvé en Israël même
une si grande foi.
10. Revenus à la maison, ceux
que le centurion avait envoyés
trouvèrent le serviteur qui avait
été malade, bien portant.
11. Il arriva qu'il s’en alla en-
suite dansune ville appelée Naim;
et ses disciples l'accompagnaient
ainsi qu'une foule nombreuse.
19. Or comme il approchait de
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2485
la porte de la ville, voilà qu'on
emportait un mort, fils unique de
sa mère; et celle-ci était veuve,
et beaucoup de personnes de la
ville l'accompagnaient.
13. Lorsque le Seigneur l'eut
vue, il fut touché de compassion
pour elle et lui dit: Ne pleurez
point.
14. Alors il s’approcha, toucha
le cercueil (ceux qui le portaient
s'arrétérent), et il dit: Jeune
homme, je te le commande, lève-
tol.
15. Et celui qui était mort se
mit sur son séant, et commenca
à parler; et Jésus le rendit à sa
mere.
16. Et tous furent saisis de
crainte; et ils glorifiaient Dieu,
disant : Un grand prophete s'est
élevé parmi nous, et Dieu a vi-
sité son peuple.
17. Et le bruit s’en répandit
dans toute la Judée et dans tout
le pays d'alentour.
18. Cependant les disciples de
Jean lui ayant rapporté toutes ces
choses,
19. Il en appeladeux, et les en-
voya vers Jésus, disant: Etes-
vous celui qui doit venir, ou est-
ce un autre que nous attendons?
20. Etant donc venus vers lui,
ces hommes lui dirent : Jean-Bap-
tiste nous a envoyés vers vous
pour vous demander : Est-ce vous
6. Matt., vin, 8. — 16. Infra, xxiv, 19; Jean, 1v, 19. — 19, Matt., xr, 2.
τ I ב coo o CLR Pee Log σεν τ Ὁ τ τς
5. * Une synagogue. Voir Matt. ιν, 23.
11. * Naim, aujourd'hui Nain, est situé sur le versant nord-ouest du petit Hermon
(Djébel-el-Dühy), au point où le terrain s'incline vers la plaine d'Esdrelon. On jouit
de là d'une belle vue sur la plaine et sur les montagnes de Nazareth. A l'ouest du
village, on remarque un grand nombre de tombeaux creusés dans le roc.
12. * Naim était enfermé dans des murs et avait une porte, comme la plupart des
villes et bourgs de Palestine qui avaient besoin d'étre à l'abri d'une surprise de la
part des Bédouins pillards.
2486
qui devez venir, ou est-ce un
autre que nous attendons?
91. (A cette heure méme Jésus
guérit un grand nombre de per-
sonnes 81118668 de maladies, de
plaiesetd'esprits malins, et rendit
la vue à beaucoup d'aveugles.)
22. Et répondant, il leur dit :
Allez annoncer à Jean ce que vous
avez entendu et vu : que des aveu-
gles voient, des boiteux mar-
chent, des lépreux sont purifiés,
des sourds entendent, des morts
ressuscitent, des pauvres sont
évangélisés :
23. Et bienheureux est celui
qui ne sera point scandalisé de
moi.
24. Et lorsque les envoyés de
Jean furent partis, il commença
à parler ainsi de Jean au peuple :
Qu étes-vous allés voir au désert?
un roseau agité par le vent?
95. Mais encore qu étes-vous
allés voir? un homme vétu avec
mollesse? Or ceux qui portent
des vétements précieux et vivent
dans les délices habitent les mai-
sons des rois.
96. Qu'étes-vous donc allés
voir? un prophète? Oui, je vous
le dis, et plus qu un prophète :
97. C'est celui dont il est écrit :
Voici que [ envoie mon ange de-
vant votre face, pour préparer vo-
ire voie devant vous.
98. Car je vous le dis: Entre
ceux qui sont nés des femmes,
nul n'est plus grand prophète que
Jean-Baptiste; mais le plus petit
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
(cu. vir]
dans le royaume de Dieu est plus
grand que lui.
29. Ettoutle peuple qui l'écou-
tait et les publicains reconnurent
la justice de Dieu, s'étant fait bap-
üser du baptéme de Jean.
30. Mais les pharisiens et les
docteurs de la loi méprisèrent le
dessein de Dieu sur eux, ne s'é-
tant point fait baptiser par Jean.
91. Le Seigneur dit encore : ἃ
qui donc comparerai-je les hom-
mes de cette génération? et à qui
sont-ils semblables?
32. 115 sont semblables à des
enfants assis dans la place, se par-
lant l'un à lautre, et disant :
Nous vous avons joué de la flüte,
et vous n'avez point dansé : nous
avons entonné des chants lugu-
bres, et vous n'avez point pleuré.
99. Car Jean est venu, ne man-
geant point de pain, et ne buvant
point de vin, et vous dites: lla
un démon en lui.
34. Le Fils de l'homme est
venu, mangeant et buvant, et
vous dites : Cest un homme de
bonne chère, et qui aime le vin,
ami des publicains et des pé-
cheurs.
35. Mais la sagesse a été justi-
fiée par tous ses enfants.
36. Or un des pharisiens le pria
de manger avec lui. Etant donc
entré dans la maison du pharisien,
il se mit à table.
91. Et voilà qu'une femme con-
nue dans la ville pour une péche-
resse, ayant su qu'il était à table
22. 1810, xxxv, 5. — 21. Mal., πι, 1; Matt., xr, 10; Marc, 1, 2. — 31. Matt., xr, 16. \
— 33. Matt., nur, 4, et x1, 18; Marc, 1, 6. — 37. Matt., xxvi, 7; Marc, xiv, 3; Jean,
&II, 9.
36. * Un des pharisiens. Simon le lépreux. Voir Matt., xxvi, 6.
31. * Une femme. Marie-Madeleine. Voir Matt., xxvir, 56.
[cu. vu]
dans la maison du pharisien, ap-
porta un vase d’albâtre plein de
parfums :
88. Et se tenant par derrière
à ses pieds, elle commença à les
arroser de ses larmes; et les es-
suyant avec ses cheveux, elle les
baisait et les oignait de parfums.
39. Ce que voyant, le pharisien
qui lavait invité dit en lui-
méme : Si celui-ci était prophete,
il saurait certainement qui est,
et ce qu'est la femme qui le tou-
che : il saurait que c’est une pé-
cheresse.
40. Alors Jésus prenant la pa-
role, lui dit : Simon, j'ai quelque
chose à te dire. Il répondit : Mai-
tre, dites.
41. Un créancier avait deux dé-
biteurs; l’un lui devait cinq cents
deniers, et l’autre cinquante.
42. Comme ils n'avaient pas de
quoi payer, il leur remit la dette
à tous deux. Lequel donc l'aime
le plus?
43. Simon répondit : Celui, je
pense, à quiil a le plus remis. Jé-
sus lui dit : Tu as bien jugé.
44. Et se tournant vers la
femme, il dit à Simon : Vois-tu
cette femme? Je suis entré dans
ta maison, et tu ne m'as point
donné d'eau pour mes pieds; elle,
au coniraire, les ἃ arrosés de ses
larmes et les a essuyés avec ses
cheveux.
45. Tu ne m'as point donné de
baiser;.mais elle, depuis qu'elle
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2487
est entrée, n'a cessé de baise;
mes pieds.
46. Tu n'as pas oint ma tête
d'huile, mais elle a oint mes
pieds de parfums.
47. C'est pourquoi je te le dis :
Beaucoup de péchés lui sont re
mis, parce qu'elle a beaucoup
aimé. Mais celui à qui on remet
moins aime moins.
48. Alors il dit à cette femme :
Vos péchés vous sont remis.
49. Ceux qui étaient à table
avec lui commencèrent à dire en
eux-mémes : Qui est celui-ci, qui
remet méme les péchés?
90. Mais Jésus dit à la femme :
Votre foi vous 8 sauvée; allez en
paix.
CHAPITRE VIII.
Parabole de la semence et son explica-
tion. Lampe sur le chandelier. Mére et
fréres de Jésus-Christ. Tempéte apaisée.
Légion de démons chassée. Hémor-
roisse guérie. Fillede Jaireressuscitée.
1. Et il arriva ensuite que Jé-
sus parcourait les villes et les vil-
lages; préchant et annoncant le
royaume de Dieu; et les douze
étaientavec lui,
2. Ainsi que quelques femmes,
quil avait délivrées des esprits
malins et de leurs maladies : Ma-
rie, appelée Madeleine, delaquelle
sept démons étaient sortis,
3. Jeanne, femme de Chusa, in
tendant d'Hérode, Suzanne, et
beaucoup d'autres, qui l'assis-
taient de leurs biens.
48, Matt., 1x, 2. — Care. VIII. 2. Marc, xvi, 9.
41. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 543.
2. * Marie Madeleine. Voir Matt., xxvir, 56.
3. * Jeanne, femme de Chusa, se retrouve à l'ensevelissement de Notre-Seigneur,
Luc., xxiv, 10. — Chusa était le trésorier ou l'économe d'Hérode Antipas. — Suzanne
est tout-à-fait inconnue,
9488
4. Comme le peuple s'assem-
blait en foule et accourait à lui
des villes, il dit en parabole :
5. Celui qui sème alla semer
songrain ; etpendantqu'il semait,
une partie de la semence tomba
lelong du chemin, et fut foulée
aux pieds, et les oiseaux du ciel
la mangèrent.
6. Une autre tomba sur la
pierre, et ayant levé, elle sécha,
parce qu'elle n'avait point d'hu-
midité.
7. Une autre tomba parmi les
épines, et croissant en méme
temps, les épines, l'étoufferent.
8. Une autre tomba dans la
bonne terre, et ayant levé, elle
porta du fruit au centuple. Di-
sant cela, il criait : Que celui qui
a des oreilles pour entendre, en-
tende.
9. Or ses disciples lui deman-
daient quel était le sens de cette
parabole.
10. Il leur dit: Pour vous, il
vous a été donné de connaitre le
mystere du royaume de Dieu;
mais aux autres 7e parle seule-
ment en paraboles; afin que
voyant, is ne voient point, et
qu'entendant, ils ne compren-
nent point.
11. Or voici le sens de cette
parabole : La semence est la pa-
role de Dieu.
19. Ce qui tombe le long du
chemin, cesontceux qui écoutent ;
le diable vient ensuite, et enlève
la parole de leur cceur, de peur
que, croyant, ils ne soient sauvés.
13. Ce qui tombe sur la pierre,
ce sont ceux qui, ayant écouté la
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
(cu. vm.]
parole, la recoivent avec joie;
mais ceux-ci n'ont point de ra-
cine, ils croient pour un temps,
et au temps dela tentation, ils se
retirent.
14. Ce qui tombe parmi les
épines, ce sont ceux qui écoutent
la parole, mais, en allant, ils sont
étouffés par les sollicitudes, les
richesses et les voluptés de la
vie, et ils ne portent point de
fruits.
15. Mais ce qui tombe dans la
bonne terre, ce sont ceux qui
écoutant la parole, la conservent
dans un cœur bon et excellent,
et portent du fruit par la patience.
16. Personne, allumant une
lampe, ne la couvre d'un vase ou
ne la met sous un lit; mais il la
pose sur un chandelier, afin que
ceux qui entrent voient la lu-
miere.
17. Car il n’y a rien de caché qui
ne soit découvert, et rien de se-
cret qui ne soit connu, et ne
vienne au grand jour.
18. Voyez donc comment vous
66011102. Car il sera donné à celui
qui a; et quiconque n'a point,
méme ce quil croit avoir, lui
sera Ôté.
19. Cependant sa mère et ses
freres vinrent vers lui, et ils ne
pouvaient l'aborder à cause de la
foule.
20. On vint donc lui dire : Votre
mere et vos freres sont là dehors,
qui voudraient vous voir.
21. Jésus répondant, leur dit :
Ma mère et mes frères sont ceux
qui écoutent la parole de Dieu, et
qui l'accomplissent.
5. Matt., xi, 3; Marc, 1v, 3. — 10. Isaie, vr, 9; Matt., xi, 14; Marc, 1v, 12; Jean,
xil, 40; Actes, xxviu, 26; Rom., xi, ὃ. — 16. Matt, v, 15; Marc, iv, 21. — 17. Matt.,
x, 26; Marc, iv. 22. — 18. Matt., xu, 12; xxv, 29. — 19. Matt., xir, 46; Marc, 11, 32.
[cH. vu]
29. Or il arriva un de ces jours-
là qu'il monta sur une barque
avec ses disciples, et il leur dit :
Passons à l’autre bord du lac. Et
ils partirent.
23. Pendant qu'ils naviguaient,
il s'endormit, et un grain de vent
vint fondre sur le lac, et la barque
s'emplissait d'eau, et ils étaient
en péril.
24. S'approchant donc, ils le
réveillèrent, disant : Maitre, nous
périssons. Alors, se levant, il
gourmanda le vent et les flots ; et
ils s'apaiserent, et il se fit un
grand calme.
95. Mais illeur dit : Où est votre
foi? Et eux, effrayés, se regar-
derent avec surprise les uns les
autres, disant : Qui pensez-vous
est celui-ci, qu'il commande au
vent et à la mer, et ils lui
obéissent?
96. Ensuite ils abordèrent au
pays des Géraséniens, qui est vis-
à-vis de la Galilée.
Et quand Jésus fut descendu .דפ
à terre, il vint au-devant de lui
un homme qui avait en lui un dé-
mon depuis longtemps; il ne por-
tait aucun vêtement, et ne de-
meurait point dans les maisons,
mais dans les sépulcres.
98. Celui-ci, des qu'il vit Jésus,
se prosterna devant lui, et criant
d une voix forte, dit : Qu'importe
22. Matt., vri, 23; Marc, 1v, 36.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2489
à moi et à vous, Jésus, Fils du
Dieu Très-Haut? Je vous en con-
jure, ne me tourmentez point.
29. Car il commandait à l'esprit
impur de sortir de cet homme.
Depuis longtemps, en effet, il s'en
était emparé; et, quoiqu'il füt lié
de chaines et gardé, les fers au
pieds, il rompait ses liens, et il
était poussé par le démon dans
le désert.
30. Jésus l'interrogea, disant :
Quel est ton nom? Il lui dit
Légion; parce que beaucoup de
démons étaient entrés dans cet
homme.
31. Et ils le priaient de ne pas
leur commander d'aller dans
l'abime.
32. Or il y avait là un grand
troupeau de pourceaux, qui pais-
saient sur la montagne ; et ils le
priaientdeleurpermettre d'entrer
en ces pourceaux, et 1] le leur
permit.
33. Les démons sortirent donc
de l'homme, et entrèrent dans les
pourceaux; et le troupeau cou-
rut impétueusementse précipiter
dans le lac, et s'y noya.
34. Ce qu'ayant vu, les gardiens
s'enfuirent, etl'annoncerent dans
la ville et dans les villages.
35. Et plusieurs sortirent pour
voir ce qui étaitarrivé, et vinrent
à Jésus; ils trouvèrent, assis à 8
22. Du lac de Génésareth.
26. * Au pays des Géraséniens. Voir Matt., vin, 28.
91. * Dans les sépulcres, voir Matt., vur, 98.
30. Dans l'armée romaine, la légion était composée de six mille hommes. Ce mot
peut être pris ici indéfiniment pour un grand nombre.
31. Par l'abime, on entend communément l'enfer, que l'Ecriture nomme en effet
souvent abime, parce qu'on le conçoit comme un lieu profond, où les démons sont
renfermés pour jamais.
33. * Se précipiler dans le iac. Voir Matt., xxi, 19.
2496
pieds, vêtu et sain d'esprit,
l'homme dont les démons étaient
sortis, et ils furent remplis de
crainte.
90. Et ceux qui lavaient vu,
leur racontèrent commentil était
échappé sain et sauf de la légion.
37. Alors tout le peuple du pays
des Géraséniens le pria de s'éloi-
gner d'eux, parce qu'ils étaient
saisis d'une grande frayeur. Jésus
donc, montant dans la barque,
s'en retourna.
38. Et l'homme, dont les dé-
mons étaient sortis, lui deman-
dait instamment de rester avec
lui. MaisJésus le renvoya, disant:
99. Retourne en 18 maison, et
raconte quelles grandes choses
Dieu t'a faites. Et il s'en alla,
publiant par toute la ville les
grandes choses que Jésus lui avait
faites.
40. Or il arriva que lorsque
Jésus fut de retour, la foule du
peuple le reçut; car tous l'atten-
daient.
44. Et voilà qu'il vintunhomme,
nommé Jaire, qui était chef de
la synagogue, et qu'il se jeta aux
pieds de Jésus, le priant d'entrer
dans sa maison ;
49. Parce qu'il avait une fille
unique d'environ douze ans, qui
se mourail. Et il arriva que
comme il y allait, il était pressé
par la foule.
43. Or il y avait une femme
malade d'une perte de sang de-
puis douze ans, laquelle avait dé-
pensé tout son bien en médecins,
41. Matt., 1x, 18; Marc, v, 22,
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
[cH. vin]
et n'avait pu être guérie par
aucun.
44. Elle s’approcha par derrière,
toucha la frange de son véte-
ment, et aussitót sa perte de sang
s'arréta.
45. Jésus dit alors : Qui est-ce
qui m'a touché? Comme tous s'en
défendaient, Pierre dit, ainsi que -
ceux qui étaient avec lui : Maitre,
la foule vous presse et vous ac-
cable, et vous demandez : Qui
m'a touché?
46. Mais Jésus repartit : Quel-
qu'un m'a touché; ear j'ai connu
moi-méme qu'une vertu était sor-
tie de moi.
41. La femme, voyant qu'elle
n'était pas restée cachée, vint,
toute tremblante, et se jeta à ses
pieds; et elle déclara devant tout
le peuple pourquoi elle l'avait
touché, et comment elle avait été
guérie à l'instant.
48. Et Jésus lui dit : Ma fille,
votre foi vous a sauvée. Allez en
paix.
49. Comme il parlait encore,
quelqu'un vint dire au chef de la
synagogue : Ta fille est morte, ne
le tourmente pas.
50. Mais Jésus ayant entendu
cette parole, dit au père de la
jeune fille : Ne erains point, crois
seulement, et elle sera sauvée.
91. Et quand il fut venu à la
maison, il ne laissa entrer per-
sonne avec lui, si ce n'est Pierre,
Jacques et Jean, et le père et la
mère de la jeune fille.
52. Or tous pleuraient et se la-
41. * Jaire, chef de la synagogue. Voir note sur Marc., v, 22.
4^. La frange. Cbmpar. Matt., 1x, 20.
[cu. [.צז
mentaient sur elle. Mais Jésus
dit: Ne pleurez point; la jeune
fille n'est pas morte, mais elle
dort.
53. Et ils se riaient de lui, sa-
chant qu'elle était morte.
54. Mais Jésus, prenantsa main,
éleva la voix, disant : Jeune fille,
lève-toi!
55. Et l'esprit lui revint, et elle
se leva aussitôt; et il lui fit don-
ner à manger.
96. Et ses parents étaient hors
d'eux-mémes d'étonnement, et il
leur commanda de ne dire à
personne ce qui s'était passé.
CHAPITRE IX.
Mission des apótres. Hérode souhaite de
voir Jésus-Christ. Retour et retraite
des apótres. Multiplication des cinq
pains. Confession de saint Pierre. Croix
et renoncement à soi-méme. Transfigu-
ration de Jésus-Christ. Guérison d'un
enfant lunatique. Passion prédite. Qui
sera le plus grand. Jacques et Jean
veulent faire tomber le feu du ciel.
Dispositions pour suivre Jésus-Christ.
1.Jésus, ayant appelé les douze
apôtres, leur donna vertu et
puissance sur tous les démons, et
le pouvoir de guérir les maladies.
2. C'est ainsi qu'il les envoya
précher le royaume de Dieu, et
rendre la santé aux malades.
3. Et il leur dit : Ne portez rien
en route, ni bâton, ni sac, ni
pain, ni argent, et n'ayez point
deux tuniques
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2191
4. En quelque maison que vous
entriez, demeurez-y, et n'en sor-
tez point.
ὃ, Quant à ceux, quels qu'ils
solent, qui ne vous recevront
point, secouez, en sortant de leur
ville, la poussiere méme de vos
pieds en témoignage pour eux.
6. Etant donc partis, ils par-
couraient les villages, évangéli-
sant et guérissant en tout lieu.
7. Cependant Hérode, le té-
trarque, entendit parler de tout
ce que faisait Jésus, et il ne sa-
vait que penser, parce qu'il était
dit
8. Par quelques-uns : Jeau est
ressuscité d'entre les morts; par
quelques autres : Elie est apparu;
et par d'autres : Un des anciens
prophètes est ressuscité.
9. Ainsi Hérode dit:J’ai décapité
Jean; quel est donc celui-ci, de
qui j'entends dire moi-même de
telles choses? Et il cherchait à le
voir.
10. Les apôtres étant revenus,
raconterent à Jésus tout ce qu'ils
avaient fait; et les prenant avec
lui, il se retira à l'écart dans un
lieu désert, qui appartient à Beth-
saide.
11. Lorsque le peuple l'eut ap-
pris, il le suivit; et Jésus les ac-
cueillit, et il leur parlait du
royaume de Dieu, et il rendait la
santé à ceux qui avaient besoin
d'étre guéris.
Crap. IX. 1. Matt., x, 1; Marc, ui, 19. — 3. Matt., x, 9; Marc, vi, 8. — 5. Actes, xii, 51,
— 7. Matt., xiv, 1; Marc, vi, 14.
9. En témoignage pour eux. Afin que ce soit pour eux un témoignage que vous ne
pouvez plus avoir rien de commun avec eux, puisqu'ils refusent d'embrasser la reli-
gion divine que vous préchez.
1, 9. * Hérode Antipas, tétrarque de Galilée. Voir note sur Matt., xiv, 4.
10. * Dans un lieu désert. Voir Matt., xiv, 13.
249?
19. Cependant le jour commen-
cait à baisser; et les douze s'ap-
prochant, lui dirent : Renvoyez
le peuple, afin qu'il aille dans les
bourgs et dans les villages d'alen-
tour, pour y loger et trouver de
la nourriture; car ici nous
sommes en un lieu désert.
13. Mais il leur dit : Donnez-
leur vous-mémes à manger. Ils
lui répondirent : Nous n'avons
pas plus de cinq pains et deux
poissons, à moins que nous n'al-
lions nous-mémes acheter des
vivres pour toute cette multi-
tude.
14. Or ils étaient environ cinq
mille hommes. Jésus dit alors à
ses disciples : Faites-les asseoir
par groupes de cinquante.
45. Et ils firent ainsi: ils les
firent tous asseoir.
16. Jésus ayant donc pris les
cinq pains et les deux poissons,
leva les yeux au ciel, et les bénit;
puis il les rompit, et les donna à
ses disciples, pour les servir aux
groupes.
17. Ettous mangèrent et furent
rassasiés. Et on emporta, de ce
qui leur resta, douze corbeilles
de morceaux.
18. Or il arriva que comme il
priait seul, n'ayant avec lui que
ses disciples, il les interrogea,
disant : Qui dit-on que je suis?
19. Ils lui répondirent et dirent :
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
[cn. 1x.]
Jean-Baptiste; d'autres, Elie;
d'autres, un des anciens pro-
phètes qui est ressuscité.
90. Et vous, leur dit-il, qui dites-
vous que je suis? Simon Pierre
répondant, dit : Le Christ de Dieu.
91. Mais il leur défendit, avec
menace, de le dire à personne,
22. Ajoutant : Il faut que le Fils
de l'homme souffre beaucoup,
qu’il soit rejeté par les anciens,
par les princes des prêtres et par
les scribes, qu'il soit mis à mort,
et quil ressuscite le troisième
jour.
23. 11 disait encore à tous : Si
quelqu'un veut venir après mol,
qu'il renonce à lui-méme, et porte
sa croix chaque jour, et me suive.
94. Car celui qui voudra sauver
son àme, la perdra; et qui per-
dra son âme à cause de moi, la
sauvera.
25. Et que sert à l'homme de
gagner 16 monde entier à son dé-
triment et en se perdant lui-
méme?
26. Car qui aura rougi de moi
et de mes paroles, le Fils de
l'homme rougira de lui, lorsqu'il
viendra dans sa majesté et dans
celle du Père et des saints anges.
27. Et je vous le dis en vérité :
ll y en a quelques-uns ici présents
qui ne goüteront point de la mort
quils n'aient vu le royaume de
Dieu.
12. Matt., xiv, 15; Marc, vr, 38. — 13. Jean, vi, 9. — 18. Matt., xvi, 13; Marc,
vri, 27. — 22. Matt., xvu, 21; Marc, vin, 31; 1x, 30. — 23. Matt., x, 38; xvi, 24; Marc,
vir, 34; Infra, xiv, 21. — 24. Infra, xvir, 33; Jean, xir, 25. — 26. Matt., x, 33; Marc,
vir, 38; II Tim., ir, 12. — 27. Matt., xvi, 28; Marc, vii, 39.
18. * Il priait seul à Césarée de Philippe. Voir note sur Matt., ,טא
99.* Les anciens. Voir la note sur Matt., xvi, 21. — Les princes des prétres et les
scribes. Voir les notes sur Matt., 11, 4.
24-25. Voy., pour le sens de ces deux versets, Matt., x, 39.
21 * Quelques-uns... ne goüteront point de la mort, eic. Voir la note sur Matt., xvi, 28.
(ou. 1x.)
98. Or, il arriva, environ huit
jours aprés qu'il eut dit ces pa-
roles, qu'il prit Pierre, Jacques,
etJean, et monta sur la montagne
pour prier.
99. Et, pendant qu'il priait,
l'aspect de sa face devint tout
autre, et son vêtement d'une
éclatante blancheur.
30. Et voilà que deux hommes
s'entretenaient avec lui. Or c'était
Moise et Elie,
31. Paraissant en grande ma-
jesté; et ils parlaient de sa fin,
qui devait s'accomplir à Jéru-
salem.
32. Cependant Pierre et ceux
qui se trouvaient aveclui, étaient
appesantis par le sommeil; et se
réveillant, ils virent sa gloire, et
les deux hommes qui étaient avec
lui.
33. Et il arriva que lorsqu'ils
le quittèrent, Pierre dit à Jésus :
Maitre, il nous est bon d'étre ici;
faisons trois tentes, une pour
vous, une pour Moïse, et une
pour Elie; ne sachant ce quil
disait.
34. Comme il parlait ainsi, il se
forma une nuée qui les enveloppa
de son ombre; et les disciples
furent saisis de frayeur en les
' voyant entrer dans la nuée.
᾿ς 85. Et une voix vint dela nuée,
disant : Celui-ci est mon Fils bien-
aimé ; écoutez-le.
36. Et pendant que la voix par-
lait, Jésus se trouva seul. Mais
gardant eux-mêmes le silence,
ils ne dirent à personne, en ces
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2493
jours-là, rien de ce qu'ils avaient
vu.
31. ll arriva que le jour sui-
vant, comme ils descendaient de
la montagne, une foule nom-
breuse vint au-devant d'eux.
38. Et voilà que de la foule un
homme s'écria, disant : Maitre,
je vous supplie, jetez un regard
sur mon fils; car c'est le seul que
j'aie.
39. Et voilà qu'un esprit se
saisit de lui, et aussitót il crie,
puis l'esprit le brise contre terre,
le déchire en le faisant écumer,
et à peine le quitte-t-il après
l'avoir tout déchiré ;
40. J'ai prié vos disciples de le
chasser, et ils ne l'ont pu.
M. Jésus répondant, dit: 0
race infidele et perverse, jusqu'à
quand serai-je avec vous, et vous
supporterai-je? Amène ici ton
fils.
49. Et comme il approchait, le
démon le brisa contre terre et le
déchira.
49. Alors Jésus gourmanda
l'esprit impur, guérit l'enfant, et
le rendit à son père.
44. Et tous étaient fort étonnés
de la grandeur de Dieu; et comme
ils admiraient tout ce que faisait
Jésus, il dit àses disciples : Mettez,
vous autres, ces paroles dans vos
cœurs : Il arrivera que le Fils de
l'homme sera livré entreles mains
des hommes.
45. Mais eux n'entendaient pas
cette parole ; elle était voilée pour
eux, de sorte qu'ils ne la com-
28. Matt., xvur, 1; Marc, 1x, 1. — 35. 11 Pierre, 1, 17. — 38. Matt., xvir, 14; Marc,
1x, 16.
28. * Sur la montagne. Voir note sur Matt., xvir, 1.
39. Contre terre. Compar. Marc., ix, 19.
240^
prenaient point; et ils craignaient
de l'interroger sur cette parole.
46. Or une pensée leur vint à
l'esprit, lequel d'entre eux était
le plus grand?
41. Mais Jésus, voyant les pen-
sées de leur cœur, prit un enfant,
le placa près de lui,
48. Et leur dit: Quiconque
recevra cet enfant en mon nom,
me reçoit; etquiconque me recoit,
recoit celui qui m'a envoyé. Car
celui qui est le plus petit entre
vous tous, celui-là est le plus
grand.
49. Alors prenant la parole,
Jean dit : Maitre, nous avons vu
un homme qui chasse les démons
en votre nom, et nous l'en avons
empéché, parce qu'il ne vous suit
pas avec nous.
50. Et Jésus lui dit: Ne l'en
empéchez point; car qui n'est
point contre vous est pour vous.
51. Or, 11 arriva que, quand les
jours de son ascension s'accom-
plissaient, il fixa son visage pour
aller à Jérusalem.
52. Il envoya done devant lui
des messagers, qui, étant partis,
entrèrent dans une ville des
Samaritains, pour lui préparer
un logement ;
53. Mais il ne fut pas recu,
parce que son visage était celui
de quelqu'un allant à Jérusalem.
54. Ce qu'ayant vu, ses disciples
Jacques et Jean dirent : Seigneur,
voulez-vous que nous disions que
le feu descende du ciel, et les
consume?
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
fca. x.]
55. Mais se tournant, il les gour-
manda, disant: Vous ne savez
pas de quel esprit vous étes.
56. Le Fils de l'homme n'est
pas venu perdre les âmes, mais
les sauver. Et ils s'en allerent
dans un autre village.
57. Et il arriva, comme 115
étaient en chemin, que quelqu'un
lui dit: Je vous suivrai partout
où vous irez.
58. Jésus lui dit : Les renards
ont des tanieres, et les oiseaux
du ciel des nids; mais le Fils de
l'homme n'a pas où reposer la
téte.
59. Mais il dit à un autre : Suis-
moi. Celui-ci répondit : Seigneur,
permettez-moi d'aller d’abord, et
d'ensevelir mon père.
60. Et Jésus lui dit : Laisse les
morts ensevelirleurs morts; pour
toi, va, et annonce le royaume
de Dieu.
61. Un autre dit: Je vous sui-
vrai, Seigneur; mais permettez-
moi d'abord de renoncer à ce qui
est dans ma maison.
62. Jésus lui répondit: Qui-
conque ayant mis la main à la
charrue, regarde en arriere, n'est
pas propre au royaume de Dieu.
CHAPITRE X.
Mission des soixante-douze disciples.
Malheur des villes impénitentes. Re
tour des disciples. Mystères cachés aux
sages et révélés aux simples. Jésus in
terrogé par un docteur. Parabole du
Samaritain. Jésus chez Marthe et Marie,
1. Apres cela, le Seigneur dé
46. Matt., xvi, 1; Marc, 1x, 33. — 56. Jean, ni, 17; xir, 47. — 58. Matt., vri, 20.
$1. Ii fiza son visage; il tourna sa face, il se mit en chemin pour aller à Jérusalem
52, * Des Samaritains. Voir Matt., x, 5.
4, * « La lis'e des soixante-douze disciples ne nous ἃ pas été transmise. Un petit
[cu. x.]
signa encore soixante-douze au-
tres disciples, et les envoya deux
à deux devant lui dans toutes les
villes et tous les lieux où lui-
même devait venir.
9. Et il leur disait : La moisson
est certainement grande, et les
ouvriers en petit nombre. Priez
donc le maitre de la moisson,
quil envoie des ouvriers en sa
moisson.
3. Allez : Voici que je vous en-
voie comme des agneaux au mi-
lieu des loups.
4. Ne portez ni sac, ni bourse,
ni chaussure, et ne saluez per-
sonne dans le chemin.
5. En quelque maison que vous
entriez, dites d'abord : Paix à
cette maison !
6. Et s'il s'y trouve un fils de la
paix, votre paix reposera sur lui ;
sinon, elle reviendra à vous.
7. Demeurez dans la méme mai-
son, mangeant et buvant de ce
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2495
qui sera chez eux; car l'ouvrier
mérite son salaire. Ne passez
point de maison en maison.
8. Et, en quelque ville que vous
entriez, et où vous serez reçus,
mangez ce qui vous sera pré-
senté.
9. Guérissez les malades qui
s'y trouveront, et dites-leur : Le
royaume de Dieu est proche de
vous.
10. Mais, en quelque ville que
vous soyez entrés, s'ils ne vous
reçoivent point, sortez dans ses
places, et dites :
11. Nous secouons contre vous
la poussiere méme de votre ville,
qui s'est attachée à nos pieds;
cependant sachez que le royaume
de Dieu approche.
42. Je vous 16 dis : Pour Sodome,
en ce jour-là, il y aura plus de
rémission que pour cette ville-là.
13. Malheur à toi, Corozain!
x
Malheur à toi, Bethsaïde! Car si
Cap. X.2.Matt.,1x, 87.-- 3. Matt., x,16. — 4. Marc, vi, 8; Matt., x, 10; IV Rois, 1v, 29.
—7. Deut., xxiv, 14; Matt., x, 10; 1 Tim., v, 18. — 11. Actes, xri, 51. — 13. Matth., xr, 21.
nombre seulement sont connus avec certitude. On sait qu'ils furent choisis parmi
ceux qui suivaient habituellement le Sauveur, et que le divin Maitre les associa aux
Apôtres pour les aider à instruire le peuple et 16 préparer à sa venue. Il est certain
qu'ils étaient inférieurs aux douze, puisque Mathias, l'un d'entre eux, fut promu à
l'apostolat à la place de Judas. S. Ignace les assimile aux diacres et S. Jérôme aux
prétres. Leur ministère fut transitoire et purement personnel : ils ne transmirent à
personne les pouvoirs qu'ils avaient recus. — Au lieu de soixante-douze disciples, la
plupart des manuscrits grecs portent soixante-dix; mais on peut croire que c'est un
nombre rond employé pour soixante-douze, comme lorsqu'il s'agit des interprétes
de l'Ancien Testament, ou des personnes dont se composait la famille de Jacob à son
entrée en Egypte. — On a fait cette remarque, que ce nombre répond à celui des
peuples dont Moïse fait le dénombrement dans la Genèse, de même que le nombre
douze répond à celui des tribus d'Israél; car, d'aprés les Juifs, l'humanité se compo-
sait de soixante-dix (ou soixante-douze) peuples : quinze de Japhet, trente de Cham
et vingt-sept de Sem. Cet accroissement du nombre des ouvriers apostoliques, de
douze à soixante-douze, semblait annoncer l'extension prochaine de la prédication à
l'univers entier. » (L. Bacuez.)
4. Ne saluez personne dans votre chemin, manière de parler des Hébreux pour dire
qu'il ne faut pas que rien les arréte en chemin.
6. Un fils de la paix; hébraisme, pour quelqu'un digne de la paix.
8. Mangez ce qui vous sera, présenié. Compar. Matt., xv, 11.
13. * Corozain, Bethsaide. Voir note sur Matt., xr, 21. — Tyr et Sidon. Voir Marc.,
vii, 3.
2196
dans Tyr et Sidon s'étaient opé-
rés les miracles qui ont été opé-
rés au milieu de vous, elles au-
raient autrefois fait pénitence
sous le cilice et assises dans la
cendre.
14. Mais, pour Tyr et Sidon, il
y aura au jugement plus de ré-
mission que pour vous.
15. Et toi, Capharnaüm, élevée
jusqu'au ciel, tu seras plongée
jusqu'au fond de l'enfer.
16. Qui vous écoute, m'écoute;
et qui vous méprise, me méprise;
mais qui me méprise, méprise
celui qui m'a envoyé.
17. Or les soixante-douze re-
vinrent avec joie, disant : Sei-
gneur, les démons mémes nous
sont soumis en votre nom.
18. Et il leur dit : Je voyais Sa-
tan tombant du ciel comme la
foudre.
19. Voilà que je vous ai donné
le pouvoir de fouler aux pieds les
serpents et les scorpions, et toute
la puissance de l'ennemi; et rien
ne vous nuira.
20. Cependant, ne vous ré-
jouissez pas de ce que les esprits
vous sont soumis; mais réjouis-
sez-vous de ce que vos noms sont
écrits dans les cieux.
91. En cette heure méme, il
tressailit de joie par VlEsprit-
Saint, et dit : Je vous rends gloire,
à Père, Seigneur du ciel et de la
terre, de ce que vous avez caché
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
x.] .8ס]
ces choses aux sages et aux pru-
dents, et que vous les avez révé-
lées aux petits. Oui, Père, car il
vous a plu ainsi.
22. Toutes choses m'ont été
données par mon Pére. Et per-
sonne ne sait quel est le Fils, si-
non le Pére; et quel est le Pere,
sinon le Fils, et celui à qui le Fils
a voulu le révéler.
93. Et, se tournant vers ses dis-
ciples, il dit : Heureux les yeux
qui voient ce que vous voyez!
24. Car, je vous le dis, beau-
coup de prophètes et de rois ont
désiré voir ce que vous voyez, et
ne l'ont point vu, entendre ce que
vous entendez, et ne l'ont point
entendu.
25. Et voilà qu'un docteur de la
loi, se levant pour le tenter, dit :
Maitre, que ferai-je pour posséder
la vie éternelle?
26. Jésus lui dit : Qu'y a-t-il
d'écrit dans 18 101? Quy lis-tu?
277. Gelui-ci répondant, dit : Tu
aimeras le Seigneur ton Dieu de
tout ton cœur, de toute ton âme,
de toutes tes forces, et de tout
ion esprit; et ton prochain comme
toi-méme.
98. Jésus lui dit : Tu as bien ré-
pondu; fais cela, et tu vivras.
29. Mais lui, voulant se justifier
lui-méme, dit à Jésus : Et qui est
mon prochain?
30. Jésus reprenant, dit : Un
homme descendait de Jérusalem
16. Matt., x, 40; Jean, xur, 20. — 21. Matt., xri, 25. — 23. Matt., xii, 10. — 25. Matt.,
xxi, 35; Marc., xir, 28. — 27. Deut., vi, 5.
15. * Capharnaüm. Voir Matt., 1v, 13.
30. * Un homme descendait de Jérusalem ἃ Jéricho. > I1 descendait, car Jérusalem
est beaucoup plus élevée que Jéricho. La distance entre ces deux villes était d'envi-
ron cent cinquante stades (en stades olympiques, de 27 à 28 kilom.); la route traver-
sait une contrée aride, un désert. La plaine de Jéricho, véritable oasis dans le désert,
était d'une grande fertilité, renommée pour ses roses, son miel et les meilleurs pro-
(cn. 1
à Jéricho, οἱ il tomba entre les
mains de voleurs qui, l'ayant dé-
pouillé et cousert de plaies, s'en
allèrent, le laissant à demi mort.
31. Or il arriva qu'un prétre
descendait par le méme chemin;
et l'ayant vu, passa outre.
32. Pareillement un lévite, se
trouvant près de là, le vit, et
passa outre aussi.
33. Mais un Samaritain, qui
était en voyage, vint pres de lui,
et, le voyant, fut touché de com-
passion.
34. Et, s'approchant, il banda
ses plaies, y versant de l'huile et
du vin; et, le mettant sur sa mon-
ture, il le conduisit en une hótel-
lerie, et prit soin de lui.
Et le jour suivant, il tira .ספ
deux deniers, et les donnant à
l'hôte, dit : Aie soin de lui, et
tout ce que tu dépenseras de plus,
je te le rendrai à mon retour.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2497
36. Lequel de ces trois te
semble avoir été le prochain de
celui qui tomba entre les mains
des voleurs?
31. Le docteur répondit : Celui
quia été compatissant pour lui. Et
Jésusluidit : Va, et fais de méme.
38. Or il arriva que pendant
qu'ils étaient en chemin, il entra
dans un village, et une femme,
nommée Marthe, le recut dans sa
maison ;
39. Et celle-ci avait une sceur,
nommée Marie, laquelle assise
aux pieds du Seigneur, écoutait
sa parole.
40. Cependant Marthe s’occu-
paitavec empressement des soins
nombreux du service; elle s'ar-
réta et dit : Seigneur, ne voyez-
vous pas que ma sceur me laisse
servir seule? dites-lui donc qu'elle
m'aide.
41. Mais le Seigneur répon-
duits de la Palestine. Le misérable village de Riha occupe aujourd'hui l'emplacement
de l'ancienne Jéricho. — Pendant son voyage, i/ {lomba entre les mains des voleurs
qui l'ayant dépouillé, etc. Josèphe raconte que la Palestine était alors infestée de
brigands, et S. Jérôme nous apprend qu'une partie dela route de Jérusalem à Jéricho
était appelée le chemin du sang, à cause du sang qui y avait été répandu; il y avait
là une garnison romaine, pour la protection des voyageurs. Aujourd'hui encore les
Arabes du désert pillent fréquemment ceux qui parcourent cette contrée. » (TRENCH.)
34. * De l'huile et du vin. Les anciens se servaient de l'huile et du vin pour panser
les blessures, du vin pour les laver et les purifier, de l'huile pour en calmer l'irrita-
tion. — En une hôtellerie, non en une hôtellerie proprement dite, mais dans le khan
ou caravausérail. Voir Luc., τι, 7. La tradition - place ce caravausérail à Khan el-
Akhmar.
35. Deux deniers. Voy. Matt., xvi, 28. — * L'Aófe, celui qui est chargé de la garde
du caravansérail.
38. * Dans un village. « Dans la partie méridionale de la Galilée, non loin de
Naim. » (Mgr DarBoy.) A Béthanie, selon d'autres commentateurs. — Une femme
nommée Marthe le reçut dans sa maison. « Marthe avait pour sœur Marie-Madeleine
et pour frère Lazare; ils appartenaient à une famille considérable. Il semble que
Marthe fut l'ainée, car elle est toujours citée la première ; c’est aussi à cause de cette
qualité sans doute qu'on la voit faire à Jésus-Christ les honneurs de la maison et
déployer plus que personne les sollicitudes de l'hospitalité. Sa sœur Marie était d'une
nature moius agissante. On pense que Lazare, Marthe et Marie-Madeleine quittèremt
la Galilée avec leur maître et ami divin, et fixèrent leur séjour en Judée, non loin de
Jérusalem. Il est certain, dans tous les cas, qu'ils habitaient le bourg de Béthanie, à
quinze stades ou trois quarts de lieue de la ville sainte, durant les six mois qui précé
derent 18 mort du Sauveur. » (Mgr Dansov.) Voir la note sur Matt., xxvir, 56.
39. * Marie Madeleine. Voir Matt., xxvir. 56.
N. T. 222457
2198
dant, lui dit : Marthe, Marthe,
vous vous inquiétez et vous vous
troublez de beaucoup de choses.
42. Or une seule chose est né-
cessaire. Marie a choisi la meil-
leure part, qui ne lui sera pas
ôtée.
CHAPITRE ΧΙ.
Prière de Jésus-Christ. Demander, cher-
eher et frapper. Délivrance d'un pos-
sédé muet. Blasphéme des Juifs. Para-
bole du fort armé. Démon rentrant.
Bonheur de la mére de Jésus. Signe de
Jonas. OEil simple. Dehors de la coupe.
Reproches de Jésus-Christ contre les
scripes et les pharisiens.
1. Il arriva que, comme il priait
en un certain lieu, un de ses
disciples lui dit, apres qu'il eut
fini : Seigneur, enseignez-nous à
prier, comme Jean lui-méme l'a
enseigné à ses disciples.
9. Et il leur dit : Quand vous
priez, dites : Père, que votre nom
soit sanctifié. Que votre règne
arrive.
9. Donnez-nous aujourd'hui
notre pain de chaque jour.
4. Et remettez-nous nos péchés,
puisque nous remeltons nous-
mémes à tous ceux qui nous
doivent; et ne nous induisez point
en tentation.
ὃ. Et il leur dit encore : Si
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
[cu. xn]
quelqu'un de vous a un ami, et
qu'il aille le trouver pendant la
nuit, et lui dise : Mon ami, préte-
moi trois pains,
0. Parce qu'un de mes amis est
arrivé chez moi de voyage, et
que je n'ai rien à lui offrir;
7. Et si celui-là, répondant de
dedans sa maison, disait : Ne
m'importune point; ma porte est
déjà fermée, et mes enfants sont
au lit avec moi; je ne puis me
lever et t'en donner.
8. Si cependant l'autre continue
de frapper, je vous le dis, quand
celui-ci ne se lèverait point pour
lui en donner, parce qu'il est son
ami; cependant à cause de son
importunité, il se lévera et lui en
donnera autant qu'il en a besoin.
9. Et moi je vous dis aussi : De-
mandez, et il vous sera donné;
cherchez, et vous trouverez ; frap-
pez, et l'on vous ouvrira.
10. Car quiconque demande,
recoit; et qui cherche, trouve; et
l'on ouvrira à celui qui frappe.
11. Si quelqu'un d'entre vous
demande du pain à son père, lui
donnera-t-il une pierre? ou si un
poisson, lui donnera-t-il au lieu
du poisson, un serpent?
19. Ou s'il lui demande un ceuf,
lui présentera-t-il un scorpion?
XI, 2. Matt., vr, 9. — 9. Matt., vii, 7; xxr, 22; Marc, xi, 24; Jean, xiv, 13; ג
Jac., 1, 5. — 11. Matt., vr, 9.
42, * Marie a choisi la meilleure part. > Non pas que le Seigneur voulüt blamer
Marthe, car elle eut aussi sa récompense, c'est-à-dire le don de la foi et de la charité,
mais il voulait recommander la noble occupation de Marie, qui a tant d'influence
surles destinées de l'àme humaine. L'antiquité ecclesiastique a toujours vu dans ces
deux femmes le double symbole de la vie active et répandue en bonnes œuvres, et
dela vie contemplative et consumée en ardentes prières. » (Mgr DanBOY.)
2-4. * Voir note sur Matt., vr, 9-13.
11. Ou si un poisson. Cette traduction, qui est de Bossuet, rend plus fidèlement
qu'aucune autre la concision énergique du texte, sans pourtant nuire à la clarté.
12. * Un scorpion. Voir Luc, x, 19. Quelques commentateurs ont pensé, à cause de
ces paroles, qu'il existait une certaine ressemblance entre un œuf et un scorpion,
(cn. xi.)
13. Si donc vous, qui étes mau-
vàis, vous savez donner à vos
enfants des choses bonnes; com-
bien, à plus forte raison, votre
Père céleste donnera-t-il un esprit
bonàceuxquilelui demanderont?
14. Or il chassait un démon, et
ce démon était muet; et lorsqu'il
eut chassé le démon, le muet
parla, et le peuple fut dans
l'admiration.
15. Mais quelques-uns d'entre
eux dirent: C'est par Béelzébub,
prince des démons, qu'il chasse
les démons.
16. Et d'autres, pour le tenter,
lui demandaient un prodige dans
le ciel.
47. Mais Jésus ayant vu leurs
pensées, leur dit : Tout royaume
divisé contre lui-méme sera dé-
solé, et une maison tombera sur
une autre maison.
18. Que si Satan est divisécontre
lui-méme, comment son royaume
subsistera-t-il? car vous dites que
c'est par Béelzébub que je chasse
les démons.
19. Etsi moi, je chasse les dé-
mons par Béelzébub, vos fils, par
qui les chassent-ils? C'est pour-
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2499
quoi ils seront eux-mémes vos
juges.
20. Mais si c'est par le doigt de
Dieu que je chasse les démons,
c'est que le royaume de Dieu est
arrivé jusqu'à vous.
21. Lorsque le fort armé garde
l'entrée de sa maison, ce qu'il
possède est en sûreté.
22. Mais si un plus fort que lui
survenant, en triomphe, il em-
portera toutes ses armes dans
lesquelles il se confiait, et il dis-
tribuera ses dépouilles.
23. Qui n'est pas pour moi est
contre moi; et qui n'amasse pas
avec moi, dissipe.
24. Lorsque l'esprit impur sort
de l'homme, il và par des lieux
arides, cherchantdu repos;et n'en
trouvant point, il dit : Je retour-
nerai dans ma maison d’où je suis
sorti.
25. Et revenant il la trouve
nettoyée de ses ordures, et ornée.
20. Alors il s'en va, et prend
avec lui sept autres esprits pires
que lui, et, étant entrés dans cette
maison, ils y demeurerent. Et le
dernier état de cet homme de-
vient pire que le premier.
14. Matt., 1x, 32; xi, 22. — 15. Mátt., 1x, 84 ; Marc, ui, 22.
mais le langage de Notre-Seigneur n'implique point cette ressemblance. Le scorpion
est ordinairement noir, quoique d'anciens auteurs parlent d'un scorpion blanc.
13. * Votre Père céleste donnera son bon esprit à ceux qui le lui demanderont. > 11 n'y
a de bon esprit que celui de Dieu. L'esprit qui nous éloigne du vrai bien, quelque
pénétrant, quelque agréable, quelque habile qu'il soit pour nous procurer des biens
corruptibles, n'est qu'un esprit d'illusion et d'égzarement. L'esprit n'est fait que pour
conduire à la vérité et au souverain bien. Il n'y a de bon esprit que celui de Dieu,
parce qu'il n'y a que son esprit qui nous mène à lui. Il y a bien de la différence
entre un bel esprit, un grand esprit et un bon esprit. Le bel esprit plait par son
agrément; le grand esprit excite l'admiration par sa profondeur; mais il n y a que
le bon esprit qui sauve et qui rende heureux par sa solidité et par sa droiture. »
(FÉNELON.)
15. * Béelzébub. Noir Matt., x, 25.
19, En qualité d'exorcistes, certains Juifs chassaient les démons par l'invotation du
nom de Dieu.
21. Le fort armé, Voy. Matt., xit, 29.
9500
'97. Or il arriva que, comme il
disait ces choses, une femme,
élevant la voix d'au milieu de la
foule, lui dit : Heureux le sein qui
vous a porté, etles mamelles que
vous avez sucées!
28. Mais Jésus dit : Heureux
plutôtceux qui écoutent la parole
de Dieu et qui la gardent!
29. Cependant le peuple s'amas-
sant en foule, il commenca à dire :
Gette génération est une généra-
tion mauvaise; elle demande un
prodige, et il ne lui sera point
donné de prodige, si ce n'est le
prodige du prophète Jonas.
30. Car comme Jonas fut un
prodige pour les Ninivites, ainsi
sera le Fils de homme pour cette
génération.
31. La reine du midi sc lèvera
au jugementavec les hommes de
cette génération, et les condam-
nera; parce qu'elle vint des extré-
mités de la terre entendre la sa-
gesse de Salomon; et il y a ici
plus que Salomon.
32. Les Ninivites se lèveront
au jugement avec cette généra-
tion, et la condamneront; parce
qu'ils firent pénitence à la prédi-
cation de Jonas; et 11 y a ici plus
que Jonas.
33. Personne n'allume une
lampe pour la mettre en un lieu
caché, ni sous 16 boisseau; mais
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
[cu. x1.]
on la pose sur le chandelier, afin
que ceux qui entrent voient la
lumiere.
34. La lampe de votre corps est
votre œil. Si votre 0311 est simple,
tout votre corps sera lumineux;
mais s'il est mauvais, tout votre
corps aussi sera ténébreux.
35. Prenez donc garde que la
lumiere qui est en vous ne soit té-
nèbres.
96. Si donc votre corps est tout
entierlumineux, n'ayant aucune
partie ténébreuse, tout sera lumi-
neuxet vous serezéclairéscomme
par la lampe qui brille.
31. Pendant quil parlait, un
pharisien le pria de diner chez lui.
Etant donc entré, il se mit à table.
38. Or le pharisien, pensant en
lui-même, commenca à se deman-
der pourquoi il ne s'était point
lavé avant le repas.
39. Et le Seigneur lui dit : Vous
autres, pharisiens, vous netloyez
le dehors de la coupe et du plat;
mais ce qui est au dedans de vous
est plein de rapine et d'iniquilé.
40. Insensés ! celui qui a fait le
dehors n'a-t-il pas fait aussi le
dedans?
41. Toutefois, faites l'aumóne
de volre superflu, et tout sera
pur pour vous.
42. Mais malheur à vous, pha-
risiens, parce que vous payez la
29. Matt., xir, 39. — 30. Jonas, τι, 1. — 31. III Rois, x, 1; II Paral., 1x, 1. — 32, Jonas,
ir, 5. — 33. Matt., v, 15; Marc, 1v, 21, — 34. Matt., vr, 22. — 39. Matt. xxii, 29.
99. * Le prodige du prophète Jonas. Voir note sur Matt., xu, 39-40.
31. * La reine du midi, la reine de Saba, dont le royaume était situé au midi par
rapport à la Palestine.
33. * Sous le boisseau. Voir note sur Matt., v, 15.
38-39. * Compar. note sur Matt., xxi: 25-36.
42. * De la menthe. Voir Matt., xxir, 23. — De la rue. La rue, ruta graveolens, plante
très aromatique, d'un vert jaunâtre dont on faisait grand usage en Palestine pour
lépicerie et la médecine, est très stimulante, antispasmodique et tonique. L'odeur
[cu. xiu.)
dime de la menthe, de la rue, et
de toutes les herbes, et que vous
négligez la justice et l'amour de
Dieu! il fallait faire ces choses et
ne pas omettre les autres.
48. Malheur à vous, pharisiens,
parce que vous aimez les pre-
miers sieges dans les synago-
gues et les salutations dans les
places publiques!
44. Malheur à vous, parce que
vous êtes comme les sépulcres
qui ne paraissent point; les
hommes marchent dessus sans le
savoir!
45. Alors un des docteurs de la
loi prenant la parole, lui dit :
Maitre, en disant cela, vous nous
faites injure à nous aussi.
46. Mais Jésus dit : Et à vous
aussi, docteurs de la loi, mal-
heur; parce que vous imposez
aux hommes des charges qu'ils
ne peuvent porter, et que vous-
mémes ne touchez pas les far-
deaux du bout du doigt!
41. Malheur à vous, qui bátissez
des tombeaux aux prophètes, et
vos pères les ont tués!
48. Gertes, vous témoignez bien
que vous consentez aux œuvres
de vos pères; car eux les ont
tués, et vous, vous leur bâtissez
des sépulcres.
49. C'est pourquoi la sagesse
méme de Dieu a dit : Je leur en-
verrai des prophètes et des apó-
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2501
tres, et ils tueront les uns et per-
sécuteront les autres;
90. Afin qu'on redemande à
cette génération le sang de tous
les prophètes qui a été répandu
depuis la fondation du monde;
91. Depuis le sang d'Abel jus-
qu'au sang de Zacharie, qui pé-
rit entre l'autel et le temple. Oui,
je vous le dis, il sera redemandé
à cette génération.
52. Malheur à vous, docteurs
de la loi, parce que vous avez
pris la clef de la science; vous
n'êtes pas entrés vous-mémes, el
ceux qui entraient, vous les en
avez empêchés!
53. Comme il leur disait ces
choses, les pharisiens et les doc-
teurs de la loi commencèrent à
le presser, et à l'accabler d'une
multitude de questions,
54. Lui tendant des pieges, et
cherchant à surprendre quelque
parole de sa bouche pour l'ac-
cuser.
CHAPITRE XII.
Levain des pharisiens; ne craindre que
Dieu. Blasphème contre le Saint-Esprit.
Se garder de l'avarice. Ne point s'in-
quiéter pour les besoins de la vie. Ne
chercher que Dieu. Vigilance. Partage
des serviteurs, fidèle et infidèle. Feu
apporté sur la terre. Temps du Messie
inconnu. S'accorder avec son adver-
saire,
1. Cependant une grande mul-
titude s'étant assemblée autour
43. Matt., xxim, 6; Marc, xir, 39; Infra, xx, 46. — 46. Matt., xxi, 4. — 54. Genèse,
1v, 8; II Paral, xxiv, 22. — (ηλρ. XII. 1. Matt.. xvi, 2; Marc, vin, 15.
en est trés forte; le goüt des feuilles est amer. Le Talmud déclare que la rue n'est
pas soumise à la dime, mais les Pharisiens voulaient la mettre sur le méme pied
que les autres plantes potagéres dont on devait payer la dime.
48. Comme les docteurs de la loi ne bátissaient des tombeaux aux prophétes que
par hypocrisie, au lieu de réparer aux yeux de Dieu les crimes de leurs péres, ils en
comblaient plutót la mesure.
91. * Jusqu'au sang de Zacharie. Voir Matt., וזצא 35
2502
de lui, de sorte qu'ils marchaient
les uns sur les autres, il com-
mença à dire à ses disciples :
Gardez-vous du levain des phari-
siens, qui est l'hypocrisie.
9. Car rien de caché qui ne se
révèle, ni de secret qui ne se
sache.
3. Ainsi ce que vous avez dit
dans les ténèbres se dira à la
lumiere; et ce que vous avez
dit à l'oreille, dans les chambres
à coucher, sera publié sur les
toits.
4. Or je vous dis à vous, qui
étes mes amis : Ne craignez point
ceux qui tuent le corps, et après
cela ne peuvent plus rien faire.
ὃ. Mais je vous montrerai qui
vous devez craindre : Craignez
celui qui, après avoir óté la vie,
a le pouvoir d'envoyer dans la
géhenne : oui, je vous le dis,
craignez celui-là.
6. Cinq passereaux ne se ven-
dent-ils pas deux as, et cepen-
dant pas un d'eux n'est en oubli
devant Dieu?
7. Les cheveux mêmes de votre
téte sont tous comptés. Ne crai-
gnez donc point, vous valez plus
que beaucoup de passereaux.
8. Or je vous le dis : Quiconque
m'aura confessé devant les
hommes, le Fils de l'homme aussi
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
[cu. xu.)
le confessera devant les anges
de Dieu.
9. Mais qui m'aura renié devant
les hommes, sera renié devant
les anges de Dieu.
10. Quiconque parle contre le
Fils de l’homme, il lui sera remis;
mais pour celui qui aura blas-
phémé contre l'Esprit-Saint, il ne
lui sera pas remis.
11. Lorsqu'on vous conduira
dans les synagogues, devant les
magistrats et les puissances, ne
vous inquiétez point de quelle
maniere ou de ce que vous ré-
pondrez, ou bien de ce que vous
direz.
19. Car l'Esprit-Saint vous en-
seignera àl'heure méme ce qu'il
vous faudra dire.
13. Alors quelqu'un de la foule
lui dit : Maitre, dites à mon frere
de partager avec moi notre héri-
tage.
14. Mais Jésus lui répondit :
Homme, qui m'a établi juge sur
vous, ou pour faire vos parta-
ges?
15. Puis il leur dit : Voyez, et
gardez-vous de toute avarice; car
dans l'abondance méme la vie de
chacun ne dépend point des
choses qu'il possède.
16. 11 leur dit ensuite cette pa-
rabole : Il y avait un homme
2. Matt,, x, 26; Marc, 1v, 22. — 8. Matt., x, 32; Marc, vur, 38; II Tim., ir, 12. —
10. Matt., xi, 92; Marc, rr, 29. — 16. Eccli., xr, 19.
3. Sur les toits. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 530. — * Voir Mare, u, 4.
5. Dans la géhenne. Voy Matt., v, 23.
6. * Cinq passereaux. Voir Matt., x, 29.
10. Ij ne lui sera pas remis; parce qu'il mourra dans l'impénitence finale; car
l'Eglise a le pouvoir de remettre toute sorte de péchés à quiconque se convertit sin-
cèrement à Dieu.
14. Jésus était juge de tout le monde; mais il ne voulait pas exercer toujours son
pouvoir; il désirait aussi éprouver la foi de ceux qui lui demandaient quelque
chose.
[.זזצ .₪]
riche dont le champ rapportait
beaucoup de fruits;
47. Or il pensait en lui-même,
disant : Que ferai-je, car je n'ai
point où serrer mes fruits?
18. Et il dit : Voici ce que je fe-
rai : je détruirai mes greniers, et
j'en ferai de plus grands, et j'y ras-
semblerai tous mes produits et
tous mes biens.
19. Et je dirai à mon âme : Mon
àme, tu as beaucoup de biens en
réserve pour plusieurs années;
repose-toi, mange, bois, fais
grande chère.
90. Mais Dieu lui dit : Insensé,
cette nuit méme on te redeman-
dera ton âme; et ce que tu as
amassé, à qui sera-t-il?
91. Ainsi est celui qui thésau-
rise pour lui, et qui n'est point
riche devant Dieu.
99. Et il dit à ses disciples :
C'est pourquoi je vous dis : Ne
vous inquiétez point pour votre
vie, de ce que vous mangerez ; ni
pour votre corps, de quoi vous le
vétirez.
93. La vie est plus que la nour-
riture, et le corps plus que le vé-
tement.
94. Considérez les corbeaux, ils
ne sement ni ne moissonnent, ils
n'ont ni cellier ni grenier, et Dieu
les nourrit. Combien ne valez-
vous pas plus qu'eux?
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2503
95. Qui de vous, en s'inquié-
tant ainsi, peut ajouter à sa taille
une seule coudée?
26. Si donc vous ne pouvez
méme pas les moindres choses,
pourquoi vous inquiéter des au-
tres? |
27. Considérez les lis comme
ils croissent; ils ne travaillent ni
ne filent : et cependant je vous
le dis, Salomon lui-méme, dans
toute sa gloire, n'était pas vétu
comme l'un d'eux.
98. Or si l'herbe qui est aujour-
d'hui dans les champs, et qui de-
main sera jetée au four, Dieu la
revét ainsi, combien plus le fera-
t-il pour vous, hommes de peu de
foi?
29. Ne demandez donc point ce
que vous aurez à manger ou à
boire, et ne vous élevez pas si
haut;
30. Car ce sont ces choses que
les nations du monde recher-
chent; mais votre Père sait que
vous en avez besoin.
31. Ainsi cherchez première-
ment le royaume de Dieu et sa
justice; et toutes ces choses vous
seront données par surcroit.
32. Ne craignez point, petit
troupeau, parce qu'il a plu à vo-
tre Père de vous donner son
royaume.
33. Vendez ce que vous avez et
22. Ps. τὰν, 23; Matt., vi, 25; I Pierre, v, 7. — 33. Matt., xix, 21; vi, 20.
24. * Considérez les corbeaux. « Ne soyez point en inquiétude : considérez les corbeaux.
Dans 5. Matthieu, il est dit en général Les oiseaux du ciel. Dans S. Luc, on lit 768 cor-
beaux, animal des plus voraces, et néanmoins sans greniers ni provision, qui sans
semer et sans labourer trouve de quoi se nourrir. Dieu lui fournit ce qu'il lui faut,
à lui, e£ à ses petits qui l'invoquent, dit 16 Psalmiste. Dieu écoute leurs cris, quoique
rudes et désagréables, et il les nourrit aussi bien que les rossignols et les autres,
dont la voix est la plus mélodieuse et 18 plus douce. » (Bossuer.)
28, * Demain sera jetée au four. Voir Matt., vr, 30.
29. Ne vous élevez pas, etc., c'est-à-dire : n'élevez pas votre esprit jusqu'à ces soins
inquiets; ne vous perdez pas dans ces vaines prévoyances.
2504
donnez l'aumóne. Faites-vous des
bourses que le temps n'use point,
un trésor qui ne vous fasse pas
défaut dans les cieux, oü le vo-
leur n'approche point, et oü les
vers ne rongent point.
34. Car oü est votre trésor, là
sera aussi votre cœur.
35. Geignez vos reins, et ayez
en vos mains les lampes allu-
mées;
36. Semblables à des hommes
qui attendent que leur maitre re-
vienne des noces; afin que lors-
quil viendra et frappera à la
porte, ils lui ouvrent aussitôt.
31. Heureux ces serviteurs, que
le maitre, quand il viendra, trou-
vera veillant! En vérité, je vous
le dis, il se ceindra, et les fera
mettre à table, et passant de l'un
à l'autre, il les servira.
38. Et s'il vient à la seconde
veille, et s'il vient à la troi-
sieme veille, et qu'il les trouve
ainsi, heureux sont ces servi-
teurs.
39. Car sachez bien que si le
pere de famille savait à quelle
heure le voleur doit venir, il
veillerait et ne laisserait point
percer sa maison.
40. Et vous aussi, tenez-vous
prêts; parce qu'à lheure que
vous ne pensez pas, le Fils de
l'homme viendra.
41. Or Pierre lui dit : Seigneur,
est-ce pour nous que vous dites
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
]08. xu.]
cette parabole, ou pour tout le
monde?
49. Et le Seigneur dit : Qui,
pensez-vous, est le dispensateur
fidele et prudent que le maitre a
établi sur tous ses serviteurs
pour leur distribuer, dans le
temps, leur mesure de froment?
43. Heureux ce serviteur que
le maitre, lorsqu'il viendra, trou-
vera agissant ainsi!
44. Je vous dis, en vérité,
qu'il l'établira sur tous les biens
qu'il possède.
45. Que si ce serviteur dit en
son cœur : Mon maitre tarde à
venir; et qu'il commence à battre
les serviteurs et les servantes, à
manger, à boire et à s'enivrer;
46. Le maitre de ce serviteur
viendra le jour où il ne s’y attend
pas, et à l'heure qu'il ne sait pas,
et il le divisera, et il lui donnera
ainsi sa part avec les infideles.
47. Mais ce serviteur, qui ἃ
connu la volonté de son maitre,
et ne s'est pas tenu prét, et de
celte maniere n'a pas agi selon
sa volonté, recevra un grand
nombre de coups;
48. Celui qui ne l'a pas connue,
et qui a fait des choses dignes de
châtiment, recevra peu de coups.
Car à celui à qui on a donné beau-
coup, on demandera beaucoup;
et de celui à qui on a confié beau-
coup, on exigera davantage.
49. Je suis venu jeter un feu
NT
39. Matt., xxiv, 43. — 40. Apoc., xvi, 15.
MM Ho M M M -.
35. * Ceignez vos reins. Les Orientaux ne ceignaient leurs amples vétements que
pour se mettre en marche ou se préparer à faire quelque ouvrage.
38. * La seconde veille, de neuf heures à minuit. — La troisième veille, de minuit à
trois heures du matin. Voir Matt., xiv, 25.
46. Et il divisera. Voy., pour le vrai sens de cette expression, Matt., xxiv, 51.
49. * Un feu sur la terre. Le feu signifie métaphoriquement dans l'Ecriture l'amour
et la tribulation. Il a ici le double sens d’après les Pères. Notre-Seigneur apporta
xm.] .אס]
sur la terre; et que veux-je, si-
non qu'il s'allume?
50. Je dois être baptisé d'un
baptéme; or combien je me sens
pressé jusqu'à ce quil s'accom-
plisse?
91. Pensez-vous que je sois
venu apporter 18 paix surla terre?
Non, je vous le dis; mais la di-
vision.
52. Car, désormais, dans une
seule maison, cinq seront divisés,
trois contre deux, et deux con-
tre trois;
53. Seront divisés : le père
contre le fils, et le fils contre le
père; la mère contre la fille, et la
fille contre la mère; la belle-mère
contre sa belle-fille, et la belle-
fille contre sa belle-mère.
94. Il disait aussi au peuple :
Lorsque vous voyez un nuage se
former au couchant, aussitôt
vous dites : La pluie vient, et 1]
arrive ainsi.
59. Et quand vous voyez souf-
fler le vent du midi, vous dites :
Il fera chaud, et cela arrive.
96. Hypocrites, vous savez ju-
ger d'apres l'aspect du ciel et de
la terre; mais ce temps-ci, com-
ment ne le reconnaissez-vous
point?
57. Comment ne discernez-
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2505
vous pas de vous-mémes ce qui
est juste?
98. Lorsque tu vas avec ton
adversaire devant un magistrat,
tâche de te dégager de lui en
chemin, de peur qu'il ne te train?
devant le juge et que le juge n»
te livre à lexécuteur, et que
l'exécuteur ne te jette en prison.
99. Je te le dis, tu n'en sortiras
point que tu n'aies payé jusqu'à
la derniere obole.
CHAPITRE XIIT
Faire pénitence. Parabole du figuier sté-
rile. Guérison d'une femme courbée.
Paraboles du grain de sénevé et du le-
vain dans la pâte. Porte étroite. Les
derniers devenus les premiers. Ré-
ponse de Jésus-Christ touchant Hérode.
Vengeances prédites contre Jésus-Christ.
1. Enceméme temps, quelques-
uns vinrent lui annoncer ce qui
s'était passé touchant les Gali-
léens, dont Pilate avait mélé le
sang à leurs sacrifices.
2. Et Jésus répondant, leur dit :
Pensez-vous que ces Galiléens
fussent plus pécheurs que tous
les autres Galiléens, parce qu'ils
ont souffert de telles choses?
3. Non, je vous le dis : mais si
vous ne faites pénitence, vous
périrez tous de la méme manière.
4. Comme ces dix-huit sur qui
51. Matt., x, 34. — 54. Matt., xvr, 2. — 58. Matt., v, 25.
l'amour divin (S. Ambroise, S. Jérôme, S. Augustin, etc.), mais ses disciples auront
aussi à passer par le feu de la persécution. (Tertullien, Maldonat.)
50. Je dois étre baptisé d'un baptéme; c'est-à-dire : je dois étre infailliblement
baptisé; je ne peux manquer d'étre baptisé. Voy. Matt., xv, 4.
1. * Pilate. Voir Matt., xxvii. 3, Le fait rapporté ici ne nous est connu que par
l'Evangile, mais l'histoire profane peint Pilate sous les mêmes traits et elle nous
&pprend que sa disgráce finale fut occasionnée par la cruauté avec laquelle il avait
traité une troupe de Samaritains sur le mont Garizim.
4. Plus redevables à la justice de Dieu; c'est-à-dire : plus coupables, plus pécheurs.
— * La tour de Siloé. Elle devait se trouver au sud de Jérusalem, dans le voisinage
Je la piscine de Siloé.
2506
tomba 1a tour de Siloé, et qu'elle
tua, croyez-vous qu'ils fussent
plus redevables que tous les
autres habitants de Jérusalem?
5. Non, je vous le dis : mais si
vous ne faites pénitence, vous
périrez tous de la méme ma-
niere.
6. Il leur disait encore cette pa-
rabole : Un homme avait un
figuier planté dans sa vigne, et il
vint y chercher du fruit, et n'en
irouva point.
7. Alors il dit au vigneron :
Voilà trois ans que je viens cher-
cher du fruit à ce figuier, et je
n'en trouve point : coupe-le donc;
pourquoi occupe-t-il encore la
terre?
8. Mais le vigneron répondant,
lui dit: Seigneur, laissez-le encore
cette année; jusqu'à ce que je
creuse tout autour, et que j'y
mette du fumier :
9. Peut-étre qu'il portera ainsi
du fruit; sinon vous le couperez.
10. Or Jésus enseignait dans
leur synagogue les jours du
sabbat.
11. Et voici venir une femme
qui avait un esprit d'nfirmité
depuis dix-huit ans; et elle était
courbée et ne pouvait aucune-
ment regarder en haut.
19. Jésus, la voyant, l'appela et
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
(cn. xr.]
lui dit: Femme, vous étes délivrée
de votre infirmité.
13. Et il lui imposa les mains,
et aussitót elle se redressa, et elle
glorifiait Dieu.
14. Or le chef de la synagogue
prit la parole, s'indignant de ce
que Jésus l'eüt guérie pendant le
sabbat; et il dit au peuple : Il y a
six jours pendant lesquels on doit
travailler; venez done ces jours-
là vous faire guérir, et non pas
le jour du sabbat.
15. Mais le Seigneur, lui ré-
pondant, dit : Hypocrites, cha-
cun de vous ne délie-t-il pas son
bœuf ou son âne de la crèche le
jour du sabbat, pour les mener
boire?
16. Et cette fille d'Abraham que
Satan a liée, voici dix-huit ans,
ne fallait-il pas qu'elle füt délivrée
de ses liens le jour du sabbat?
11. Lorsqu'il parlait ainsi, tous
ses adversaires étaient couverts
de confusion, et tout le peuple se
réjouissait de toutes les choses
qu'il faisait avec tant d'éclat.
18. Il disait donc : ἃ quoi est
semblable le royaume de Dieu,
et à quoi le comparerai-je?
19. Il est semblable à un grain
de sénevé qu'un homme prit et
jeta dans son jardin; il crát,
devint un grand arbre, et les
CnaP. XIII. 19. Matt., xni, 31; Marc, iv, 31.
6. * Un figuier. Le figuier était commun en Palestine et généralement planté dans
les vignes. Le maître de la vigne peut s'étonner d'autant plus de ne jamais y trouver
de fruits que cet arbre en produit régulièrement deux fois par an. Les premières
figues apparaissent avant le retour des feuilles et sont mûres en Palestine vers le
mois de juin. Les secondes figues poussent tant que le développement de la végéta-
tion continue et mürissent à diverses époques à partir du mois d’août.
10. * Dans leur synagogue. Noiv Matt., rv, 23.
11. Qui avait un esprit d'infirmité. Elle était possédée d'un démon qui la rendait
infirme. Nous voyons dans l'Eeriture une foule de maladies causées par les démons.
14. * Le chef de la synagogue. Voir Marc, v, 22.
19. * Un grain de sénevé. Voir note sur Matt., xnr, 31.
[cn. xur.]
oiseaux du ciel se reposerent sur
ses branches.
20. Et il dit encore : À quoi
comparerai-je le royaume de
Dieu?
21. Il est semblable à du levain
qu'unefemme prend et méle dans
irois mesures de farine, jusqu'à
ce que tout soit fermenté.
29. Et il allait par les villes et
par les villages, enseignant, et
faisant son chemin vers Jéru-
salem.
23. Or quelqu'un lui demanda :
Seigneur, y en a-t-il peu qui
soient sauvés? Il leur répondit :
24. Efforcez-vous d'entrer par
la porte étroite; car beaucoup,
je vous le dis, chercheront à
entrer, et ne le pourront pas.
25. Lorsque le père de famille
sera entré et aura fermé la porte,
vous commencerez par vous
tenir dehors et par frapper à la
porte, disant : Seigneur, ouvrez-
nous; et vous répondant, il vous
dira : Je ne sais d’où vous êtes.
26. Alors vous commencerez à
dire : Nous avons mangé et bu
devant vous, et vous avez ensei-
gné dans nos places publiques.
27. Et il vous dira : Je ne sais
d'où vous êtes; retirez-vous de
moi, vous tous, ouvriers d'iniqui-
quité.
28. Là sera le pleur et le grin-
cement de dents, quand vous
verrez Abraham, Isaac, Jacob, et
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2507
tous les prophetes dansle royau-
me de Dieu, et vous, chassés de-
hors.
29. IL en viendra de l'orient, et
de l'occident, et de l'aquilon, et
du midi, et ils auront place au
festin dans le royaume de Dieu.
30. Et ce sont les derniers qui
seront les premiers, et ce sont
les premiers qui seront les
derniers.
31. (δ méme jour, quelques-uns
des pharisiens s'approcherent,
disant : Allez-vous-en, retirez-
vous d'ici; car Hérode veut vous
faire mourir.
32. Et il leur dit : Allez, et dites
à ce renard : Voilà que je chasse
les démons et guéris les malades
aujourd'hui et demain, 66 6
troisième jour que je dois être
consommé.
33. Cependant il faut que je
marche aujourd'hui et demain,
et le jour suivant; parce qu'il ne
peut se faire qu'un prophéte pé-
risse hors de Jérusalem.
34. Jérusalem, Jérusalem, qui
tues les prophètes, et qui lapides
ceux qui tesontenvoyés, combien
de fois ai-je voulu rassembler tes
enfants, comme un oiseau ras-
semble sa couvée sous ses ailes,
et tu ne l'as point voulu?
39. Voici que votre maison
vous sera laissée déserte. Je vous
le dis, vous ne me verrez plus,
jusqu'à ce qu'il arrive que vous
21. Matt., xir, 39. — 24. Matt., vri, 13. — 25. Matt., xxv, 10. — 27. Matt., vir. 23;
Ps. vr, 9; Matt, xxv, 41. — 30. Matt., xix, 30; xx, 16; Marc, x, 31. — 34. Matt.,
xxi, 37.
21. * Trois mesures de farine, trois sata, prés de 39 litres.
24. Ils désireront d'être sauvés, mais faute d'en prendre les moyens, ils ne le seront
pas.
31. * Hérode Antipas, tétrarque de Galilée et de 18 Pérée, Voir Matt., xtv. ₪
39. Jusqu'à ce qu'il, etc. Voy. Matt., ,אא
2008
disiez : Béni celui qui vient au
nom du Seigneur!
CHAPITRE XIV.
Hydropique guéri. Prendre la dernière
place. Inviter les pauvres. Parabole des
conviés qui s'excusent. Renoncer à tout
poursuivre Jésus-Christ. Porter sa croix.
Sel qui a perdu sa vertu.
1. Il arriva que comme Jésus
était entré un jour de sabbat dans
la maison d'un chef des pharisiens
pour y manger du pain, ceux-ci
l'observaient.
2. Et voilà qu'un homme hydro-
pique était devant lui.
3. Or prenant la parole, Jésus
dit aux docteurs de la loi et aux
pharisiens : Est-il permis de gué-
rir le jour du sabbat?
4. Maisils gardèrent le silence.
Alors Jésus prenant cet homme
par la main, le guérit et le ren-
voya.
5. Puis, s'adressant à eux, il de-
manda : Qui de vous, si son àne
ou son bœuf tombe dans un puits,
ne l'en retire pas aussitôt, même
le jour du sabbat ?
6. Et ils ne pouvaient rien ré-
pondre à cela.
1. ll dit encore cette parabole
aux conviés, en voyant comment
ils choisissalent les premières
places à table :
Lorsque tu seras invité à .8 י
des noces, nete mets pas à la pre-
miere place, de peur que quel-
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
[ca. xiv.]
qu'un plus considéré que toi n'ait
été invité aussi,
9. Et que celui qui t'a invité,
toi et lui, ne vienne et ne te dise:
Donne cette place à celui-ci; et
qu'alorstu n'ailles avec confusion
occuper la dernière place.
10. Mais lorsque tu seras invité,
va te mettre à la dernière place,
afin que, quand viendra celui qui
t'a convié, il te dise: Mon ami,
monte plus haut. Alors ce sera
une gloire pour toi devant ceux
qui seront à table avec toi :
11. Car quiconque s'exalte sera
humilié, et quiconque s'humilie
sera exalté.
12. Il disait aussi à celui qui
l'avait invité : Lorsque tu donne-
ras à diner ou à souper, n'appelle
ni tes amis, ni tes frères, ni Les
parents, ni tes voisins riches, de
peur qu'ils ne t'invitent à leur
tour, et qu'ils ne te rendent ce
qu'ils ont recu de toi.
13. Mais quand tu fais un fes-
tin, appelles-y des pauvres, des
estropiés, des boiteux et des aveu-
gles :
14. Et tu seras heureux de ce
qu'ils n'ont rien à te rendre; car
ce te sera rendu à la résurrection
des justes.
15. Ce qu'ayant entendu, un de
ceux qui étaient à table lui dit :
Heureux celui qui mangera du
pain dans le royaume de Dieu.
16. Mais Jésus lui dit : Un
CuaP. XIV. 10. Prov., xxv, 7. — 11. Matt., xxii, 12; Infra, xvur, 14. — 12. Tobie, 1v, 7;
P rov., ur, 9. — 16. Matt., xxir, 2; Apoc., xix, 9.
1. Manger du pain; hébraisme, pour prendre un repas. Voy. Matt., xv, 2. — * Un
chef des pharisiens, un des principaux de la secte.
ὃ. * Dans un puils. Les puits en Palestine n'avaient pas ordinairement de garde-fou;
ils étaient à fleur de terre et l'on en couvrait lorifice avec une pierre, mais si l'on
négligait cette précaution, les animaux domestiques pouvaient y tomber.
15. Qui mangera du pain. Voyez au verset 1.
ו
(ca. xiv.]
homme fit un grand souper, et y
appela beaucoup de monde.
11. Et à l'heure du souper, il
envoya son serviteur dire aux
conviés de venir, parce que tout
était prét.
18. Mais ils commencèrent à
s'excuser tous ensemble. Le pre-
mier lui dit : J'ai acheté une mai-
. son de compagne, et il faut que
j aille la voir; je vous prie, excu-
sez-moi.
19. Un second dit : J'ai acheté
cinq paires de bœufs, et je vais
les essayer; je vous prie, excusez-
moli.
90. Et un autre dit : J'ai pris
une femme, et c'est pourquoi je
ne puis venir.
91. Le serviteur étant revenu,
rapporta tout ceci à son maitre.
Alors le pere de famille irrité dit
à son serviteur : Va vite dans les
places et les rues de la ville, et
amène ici les pauvres etles es-
tropiés, les aveugles et les boi-
teux.
29. Et le serviteur dit : Sei-
eneur, il a été fait comme tu l'as
ordonné, et il y a encore de la
place.
23. Etle maitre dit au servi-
teur : Va dans les chemins et le
long des haies, et force les gens
d'entrer, afin que ma maison soit
remplie.
24. Mais je vous le dis, aucun
de ceux qui avaient été invités,
ne goütera de mon souper.
25. Or, comme une grande
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
5500
foule de peuple allait avec lui, i:
se tourna vers eux et leur dit :
26. Si quelqu'un vient à moi,
et ne hait point son pere et sa
mere, sa femme et ses fils, ses
freres et ses sceurs, et méme sa
propre àme, il ne peut étre mon
disciple.
27. Et qui ne porte point sa
croix etne me suit point, ne peut
étre mon disciple.
28. Car qui d'entre vous, vou-
lant bátir une tour, ne s'assied
pas auparavant, pour calculer les
dépenses qui sont nécessaires, et
s’il a de quoi l'achever?
29. De peur qu'après avoir
posé les fondements, et n'avoir
pu l’achever, ceux qui le ver-
ront ne se mettent à se moquer
de lui,
30. Disant : Cet homme a com-
mencé à bátir; et il n'a pu ache-
ver.
31. Ou, quel est le roi qui, de--
vant aller faire la guerre à un
autre roi, ne s'assied pas aupara-
vant, et ne songe pas en lui-
méme, s'il peut, avec dix mille
hommes, aller à la rencontre de
celui qui vient contre lui avec
vingt mille?
32. Autrement, tandis que ce-
lui-ci est encore loin, envoyant
une ambassade , illui fait des pro-
positions de paix.
33. Ainsi donc, quiconque
d'entre vous ne renonce point à
tout ce qu'il possède, ne peut
étre mon disciple.
26. Matt., x, 37. — 21. Matt., x, 38; xvi, 24; Marc, vui, 34.
26. Dans le style biblique, Aairsiznifie trés souvent aimer moins. Ainsi le Sauveur
commande seulement ici qu'on aime moins ses parents que lui, en sorte qu'on soit
prét à les quitter pour le suivre. — Sa propre dme. Voy. Matt., x, 39.
28-31. Ne s'assied pas auparavant; c'est-à-dire : n'examine pas en repos et à loisir,
9510
34. Le sel est bon. Mais si le sel
perd sa vertu, avec quoi l'assai-
sonnera-t-on?
35. Il n'est plus propre, ni pour
la terre, ni pour le fumier; mais
il sera jeté dehors. Que celui qui
a des oreilles pour entendre, en-
Lende.
CHAPITRE XV.
Murmures des pharisiens contre Jésus-
Christ qui reçoit les pécheurs. Parabole
de la brebis égarée, de la drachme per-
due, et de l'enfant prodigue.
1. Orles publicains et les pé-
cheurs s'approchaient de Jésus
pour l'entendre.
2. Et les pharisiens et les scri-
bes murmuraient, disant : Celui-
ci accueille les pécheurs etmange
avec eux.
3. Et il leur proposa cette pa-
rabole, disant :
4. Quel est celui d'entre vous
qui a cent brebis, et qui, s'il en
perd une, ne laisse les quatre-
vingt-dix-neuf autres dans le dé-
sert, et ne va après celle qui est
perdue, jusqu'à ce qu’il la trouve?
5. Et lorsqu'il 18 trouvée, il la
met sur ses épaules, plein de joie;
> 6. Et, venant à sa maison, il
appelle ses amis et ses voisins,
leur disant : Réjouissez-vous avec
moi, parce que j'ai trouvé ma bre-
bis qui était perdue.
1. Je vous dis de méme qu'il y
aura plus de joie dans le ciel pour
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
(ca. xv.]
un pécheur faisant pénitence, que
pour quatre-vingt-dix-neuf justes
qui n'ont pas besoin de pénitence.
8. Ou, quelle est la femme qui,
ayant dix drachmes, si elle en
perd une, n'allume sa lampe, ne
balaye sa maison, et ne cherche
soigneusement jusqu'à ce qu'elle
la trouve?
9. Et lorsqu'elle l'a trouvée,
elle appelle ses amies et ses voi-
sines, disant : Réjouissez-vous
avec moi, parce que j'ai trouvé
la drachme que j'avais perdue.
10. Ainsi, je vous le dis, sera
la joie parmi les anges de Dieu
pour un pécheur faisant péni-
tence.
41. Et il ajouta : Un homme
avait deux fils.
19. Or le plus jeune des deux
dità son pere : Mon pere, donnez-
moi la portion de votre bien qui
doit me revenir. Et le pere leur
partagea son bien.
13. Peu de jours après, le plus
jeune fils ayant rassemblé tout ce
qu'il avait, partit pour une région
étrangère et lointaine, οἱ ἢ] y dis:
sipa son bien, en vivant dans la
débauche.
14. Après qu'il eut tout con-
sumé, il survint une grande fa-
mine danscepays, etilcommença
à se trouver dans l'indigence.
18. Il alla donc, et 11 s'attacha à
un habitant de ce pays. Or celui-
ci lenvoya à sa maison des
34. Matt., v, 13; Marc, ix, 49. — (παρ, XV. 4. Matt., xvii, 12.
8. Dix drachmes ; la drachme valait environ quarante centimes. Voy. notre Abrégé
d'introduction, etc., p. 543.
12. * Donnez -moi la portion de votre bien que doit me revenir. D'après la loi, 15
avait la moitié de moins que l'ainé.
15. Il alla donc el il s’altacha; hébraisme, pour : Il alla s'attacher, 11 résolut de
e'attacher.
[ca. xv.]
champs pourpaitreles pourceaux.
16. Il désirait se rassasier des
cosses que mangeaient les pour-
ceaux, mais personne ne lui en
donnait.
47. Rentrant alors en lui-même,
il dit: Combien de mercenaires,
dans la maison de mon père,
ont du pain en abondance, et moi
ici je meurs de faim!
18. Jeme lèverai, et j'irai à mon
père, et je lui dirai : Mon père,
j'ai péché contre le ciel et à vos
yeux;
19. Je ne suis plus digne d’être
appelé votre fils; traitez-moi
comme l'un de vos mercenaires.
90. Et se levant, il vint à son
pere. Gomme il était encore loin,
son pere l'apercut, s'attendrit, et
et accourant, tomba sur son cou
et le baisa.
91. Et le fils lui dit : Mon père,
jai péché contre le ciel et à vos
yeux, je ne suis plus digne d'étre
appelé votre fils.
22. Mais le pere dit à ses servi-
teurs : Apportez vite sa robe
premiere, et l'en revétez; mettez
un anneau à sa main et une
chaussure à ses pieds;
23. Amenez aussi le veau gras,
et tuez-le; mangeons et réjouis-
sons-nous :
24. Car mon fils que voici était
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2511
mort, et il revit; 11 était perdu, et
il est retrouvé. Et ils commencè-
rent à faire grande chère.
25. Cependant son fils aîné
était dans les champs; et comme
il revenait et approchait de la
maison, 11 entendit une sympao-
nie et des danses.
26. 1 appela donc un de ses
serviteurs, et lui demanda ce que
c était.
27. Le serviteur lui répondit :
Votre frere est revenu, et votre
pere ἃ tué le veau gras, parce
qu'il ἃ recouvré son fils sain et
sauf.
28. Il s'indigna, et il ne voulait
pas entrer. Son père donc étant
sorti, se mit à le prier.
29. Mais lui, répondant, dit à
son pere: Voilà tant d'années
que je vous sers, et jamais je n'ai
manqué à vos commandements,
et jamais vous ne m'avez donné
un chevreau pour faire bonne
chère avec mes amis;
30. Mais aprés que cet autre
fils, qui a dévoré son bien avec
des femmes perdues, est revenu,
vous avez tué pour lui le veau
gras.
31. Alors le père lui dit : Mon
fils, toi, tu es toujoursavec moi,
et tout ce qui est à moi est ἃ ἴοι;
32. Mais il fallait faire un festin
16. * Il désirait se vassasier des cosses que mangeaient les pourceauz. Il s'agit du
fruit du caroubier, commun en Orient, et qu'on donne comme nourriture au bétail.
20. I! tomba sur son cou. > Il ne s'y jette pas, il y tombe. » (Bossuer, Retraite sur la
pénitence, 105 jour.)
22. Sa robe première; celle qu'il avait avant de me quitter; selon d'autres, ₪ 8
belle, la plus précieuse. — * Le texte original porte stolé, mot qui désigne un large véte-
ment porté par les hommes les plus importants, rois, prétres, etc., et descendant
jusqu'aux pieds. — Un anneau. L'anneau, qui servait de sceau, était une marque de
distinction. — Une chaussure. Les esclaves allaient pieds nus; 18 chaussure indiquait
donc un homme libre.
23. * Le veau gras. Encore aujourd'hui pour fêter un personnage, on tue un veau
gras. En temps ordinaire, les Orientaux ne mangent presque jamais de viande,
2512
et se réjouir, parce que ton frère
était mort, et il revit; il était
perdu, et il est retrouvé.
CHAPITRE XVI.
Parabole de l'économe infidéle. Nul ne
peut servir deux maítres. Reproches
contre les pharisiens. Indissolubilité
du mariage. Mauvais riche. Lazare
pauvre; supplice de l'un, récompense
de l'autre.
1. Jésus disait encore à ses dis-
ciples : 11 était un homme riche
qui avait un économe; et celui-ci
fut accusé auprès de lui d'avoir
dissipé ses biens.
2. Il l'appela, et lui dit: Qu'est-
ce que j'entends dire de toi?
Rends-moi compte de ton admi-
nistration, car désormais tu ne
pourras plus la conserver.
3. Alors l'économe dit en lui-
méme : Que ferai-je, puisque mon
maitre m'óte l'administration de
ses biens? Travailler à la terre,
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
]68. xvi.]
je n'en ai paslaforce, et j'ai honte
de mendier.
4. Je sais ce que je ferai, afin
que, lorsque j'aurai été renvoyé
de ma charge, il y en ait qui me
recoivent dans leurs maisons.
5. Ayant donc appelé chacun
des débiteurs de son maitre, il
demanda au premier : Combien
devez-vous à mon maitre?
6. Il. répondit : Cent barils
d'huile.Et l'économe lui dit : Pre-
nez votre obligation, et asseyez-
vous vite, et écrivez cinquante.
7. Ensuite il dit à un autre : Et
vous, combien devez-vous? Celui-
ci répondit : Cent mesures de
froment. Prenez, lui dit-il, votre
billet, et écrivez quatre-vingts.
8. Et le maitre de l'économe
infidèle le loua d'avoir agi pru-
demment; car les fils du siecle
sont plus prudents entre eux que
les fils de la lumiere.
9. Et moi je vous dis : Faites-
6. * Cent barils d'huile. Dans le texte original : cent baths, c'est-à-dire environ
3800 litres.
T1. * Cent mesures de froment. Dans le texte original : cent kors, c’est-à-dire environ
33800 litres.
8. Les fils du siècle, les fils de la lumière, sont des locutions purement hébraiques,
qui signifient les amateurs du siècle, ceux qui aiment les choses de 18 terre, les mon-
dains et les hommes éclairés des lumières de la foi. — Entre eux, à l'égard les uns des
autres; ou bien dans leur manière d'agir, dans leur conduite; mais la première inter-
prétation est plus rapprochée du texte sacré. — Le maitre loue, non l'injustice de
son économe, mais son activité et son adresse; il n'avait donné à celui-ci ni le droit
ni la permission de disposer de son bien; tandis que Dieu a donné non seulement
une permission,mais un ordre formel à tous ceux qui tiennent de lui des biens tem-
porels ou spirituels, de les distribuer libéralement. — * « Par la conduite de l'éco-
nome infidéle, le Seigneur a voulu, selon S. Augustin, nous faire comprendre que si
un maitre de la terre a pu faire l'éloge de son serviteur qui, pour un intérét tem-
porel, avait tenu une conduite frauduleuse, à plus forte raison nous serons agréables
au maitre du ciel, si, conformément à ses divines lois et en vue de la vie éternelle,
nous accomplissons envers le prochain des œuvres soit de justice, soit de miséricorde.
Du reste le Seigneur n'a pas loué ce serviteur pour la nouvelle fraude commise
envers son maître, mais pour la pénétration et l'esprit de prévoyance et de calcul
dont il a fait preuve à son propre avantage. » (Mgr PrcnENOT.)
9. Les richesses injustes sont ainsi appelées, parce qu'elles sont souvent mal
acquises ou mal employées. Mais, comme en hébreu le même mot signifie vanité et
iniquilé, d'autres croient qu'il s'agit ici de richesses vaines, opposées aux biens véri-
tables, dont il est parlé au verset 11.
[cu. xvi.]
vous des amis avec les richesses
injustes, afin que; lorsque vous
viendrez à manquer, ils vous re-
coivent dans les tabernacles éter-
nels.
10. Celui qui est fidele dans les
moindres choses, est fidele aussi
dans les grandes; et celui qui est
injuste dans les petites choses,
est injuste aussi dans les grandes.
41. Si done vous n'avez pas été
fidele dans les richesses injustes,
qui vous confiera les véritables?
19. Et si vous n'avez pas été
fidèle dans le bien d'autrui, qui
vous donnera celui qui est à vous?
13. Nul serviteur ne peut servir
deux maitres : car, oü il haira
l'un et aimera l'autre, ou il s'atta-
chera à l'un et méprisera l'autre
vous ne pouvez servir Dieu et
l'argent.
14. Or les pharisiens, qui
étaient avares, écoutaient toutes
ces choses et se moquaient de lui.
15. Et il leur dit : C'est vous
qui vous justifiez devant les
hommes, mais Dieu connait vos
cœurs; car ce qui est grand aux
yeux des hommes, est en abomi-
nation devant Dieu.
16. La loi et les prophètes ont
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2013
duré jusqu'à Jean; depuis, le
royaume de Dieu est annoncé, et
chacun fait effort pour y entrer.
17. Le ciel etla terre passeront,
plutôt qu'il ne tombe un seul
point de la loi.
18. Quiconque
renvoie 8
femme et. en épouse une autre,
commet un adultère; οὐ qui
épouse une femme renvoyée par
son mari, commet un adultère.
19. Il y avait un homme riche
qui était vétu de pourpre et de
fin lin; et il faisait chaque jour
une splendide chère.
20. ll y avaitaussiun mendiant,
nommé Lazare, lequel était cou-
ché à sa porte; couvert d'ulceres,
21. Désirant se rassasier des
miettes qui tombaient de la table
du riche, et personne ne lui en
donnait; mais les chiens venaient
et léchaient ses ulcères.
22. Orilarriva que le mendiant
mourut, et fut porté parles anges
dans le sein d'Abraham. Le riche
mourut aussi, et fut enseveli
dans l'enfer.
23. Or, levant 108 yeux, lors-
qu'il était dans les tourments, il
vit de loin Abraham, et Lazare
dans son sein :
Cuap. XVI. 13. Matt., vr, 24. — 16. Matt., xr, 12. — 17. Matt., v, 18. — 18. Matt., v, 32;
Marc, x, 11; 1 Cor., Fu 10, 11.
T3: f L'argent, dans l'original, mammôna, mot araméen qui signifie richesses et
peut-étre aussi le dieu dés. richesses.
20..* Lazare, personnage fictif, selon l'opinion commune. — nA à Sa porte. Le
mot grec pylôn désigne la grande porte d'entrée, comme il y en a dans les maisons
les plus importantes.
22. Le sein d'Abraham; c'est-à-dire le lieu de repos des âmes des saints, jusqu'à ce
que le Sauveur eüt ouvertle ciel par sa mort. — * Le riche mourut aussi et f'ut ense
veli dans lenfer. « Le mauvais riche, dit S. Jean Chrysostome, n'est pas damn^
parce qu'il fut riche, mais parce qu'il ne fut pas miséricordieux. Le mauvais riche,
dit S. Grégoire, n'est pas damné pour avoir dérobé le bien d'autrui, mais pour
n'avoir pàs fait de son propre bien un légitime usage. Le mauvais riche, dit S. Am-
broise, n'est pas damné pour avoir frappé le pauvre; miais-pour avoir été réellement
homicide envers lui, en le laissant mourir sans secours. » (Mgr PicnENor.)
23. * Dans les lourments de l'enfer. Voir plus bas ל
N. T. 158
2514
94. Et s'écriant, il dit : Père
Abraham, ayez pitié de moi, et
envoyez Lazare, afin qu'il trempe
le bout de son doigt dans l'eau
pour rafraichir ma langue; car
je suis tourmenté dans cette
flamme.
25. Et Abraham lui dit : Mon
fils, souviens-toi que pendant ta
vie tu as recu les biens, de méme
que Lazare les maux ; or mainte-
nant il est consolé, et toi tu es
tourmenté.
26. De plus, entre nous et vous,
il y ἃ pour jamais un grand
abime, de sorte que ceux qui
voudraient passer d'ici à vous,
ou de là venir ici, ne le peuvent
pas.
Et le riche dit : Je vous prie .דפ
done, pere, de l'envoyer dans la
maison de mon père;
98. Car j'ai cinq frères; afin
quil leur atteste ces choses, et
qu'ils ne viennent pas aussi eux-
mémes dans ce lieu de tour-
ments.
29. Mais Abraham lui repartit .
118 ont Moïse et les prophètes:
qu'ils les écoutent.
30. Et il dit : Non, pere Abra-
ham; mais si quelqu'un va des
morts vers eux, ils feront péni-
tence.
31. Abraham lui répondit :' S'ils
n’écoutent point Moïse et les pro-
phètes, quand même quelqu'un
des morts ressusciterait, ils ne
croiraient pas.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
(ch. xvur.]
CHAPITRE XVII.
Scandale. Pardon des injures. Puissance
de la foi. Nous sommes des serviteurs
inutiles. Guérison de dix lépreux.
Royaume de Dieu. Jours de séduction.
Avènement de Jésus-Christ.
1. Jésus dit encore à ses dis-
ciples : Il est impossible qu'il
n'arrive des scandales; mais mal-
heur à celui par qui ils arrivent!
2. I] vaudrait mieux pour lui
qu'on mit autour de son cou une
meule de moulin et qu'on le jetât
dans la mer, que de scandaliser
un de ces petits.
3. Prenez-garde à vous : Si ton
frère a péché contre toi, reprends-
le; ets'il se repent, pardonne-lui.
4. Et s'il a péché sept fois dans
le jour contre toi, et que sept fois
dans le jour il revienne à toi, di-
sant : Je me repens; pardonne-
lui.
5. Et les apótres dirent au Sei-
gneur : Augmentez-nous la foi.
6. Mais le Seigneur dit : Si vous
aviez de la foi comme un grain
de sénevé, vous diriez à ce mü-
rier Déracine-toi, et trans-
plante-toi dans la mer; et il vous
obéirait.
7. Qui de vous, ayant un servi-
teur attaché au labourage ou aux
troupeaux, lui' dit, aussitót qu'il
revient des champs : Viens vite,
mets-toi à table?
8. Et nelui dit pas au con-
traire : Prépare-moi à souper, et
Car. XVII. 4. Matt., xvnr, 7; Marc, 1x, 41. — 8. Lévit., xix, 17; Eccli. xix, 13;
Matt., xvirr, 15. — 6. Matt., xvir, 19.
2. * Une meule de moulin à âne, dans le texte original. Voir Matt., xvi, 6.
6. * Un grain de sénevé ou de moutarde. Voir Matt., xur, 31.
71. * A ce mürier, En grec :
sycaminos, arbre qui par la forme et par les feuilles
ressemble au mürier et dont les fruits sont semblables aux figues.
M
[cu. xvir.]
ceins-toi, et me sers jusqu à ce
que j'aie mangé et bu, et après
cela, tu mangeras et tu boiras?
9. A-t-il del'obligation à ce ser-
viteur, parce qu'il a fait ce qu'il
lui avait commandé?
10. Non, je pense. Ainsi, vous-
mémes, quand vous aurez fait ce
qui vous est commandé, dites :
Nous sommes des serviteurs inu-
tiles; ce que nous avons fait, c'est
ce que nous avons dà faire.
11. Il arriva qu'en allant à Jéru-
salem, il traversait le pays de Sa-
marie et la Galilée.
19. Et comme il entrait dans
un village, il rencontra dix lé-
preux, qui s'arréterent loin de
lui ;
13. Et ils éleverent la voix, di-
sant : Jésus, Maitre, ayez pitié de
nous.
14. Dès que Jésus les vit, il dit:
Allez, montrez-vous aux prétres.
Et il arriva, pendant qu'ils y al-
laient, qu'ils furent purifiés.
15. Un d'eux, se voyant purifié,
revint sur ses pas, glorifiant Dieu
à haute voix ;
16. Et il tomba sur sa face aux
pieds de Jésus, lui rendant grá-
ces; or celui-ci était Samaritain.
17. Alors Jésus prenant la pa-
role, dit : Est-ce que les dix n'ont
pas été purifiés? etles neuf autres,
où sont-ils?
18. Il ne s'en est point trouvé
L'ÉVANGILE SELON SAINT. LUC.
9515
qui revint et rendit gloire à Dieu,
51 ce n'est cet étranger.
19. Et il lui dit : Leve-toi, va, ta
foi-t'a.sauvé.
20. Interrogé par les phari-
siens : Quand vient le royaume
de Dieu? Leur répondant, il dit :
Le royaume de Dieu ne vient
point de maniere à étre remar-
qué;
21. Et on ne dira point : Il est
ici ou il est là. Car voici que le
royaume de Dieu est au dedans
de vous.
22. Il dit ensuite ἃ 585 disciples :
Viendront des jours oü vous dé-
sirerez voir un seul des jours du
Fils de l'homme, et vous ne le
verrez pas.
23. Et on vous dira : Le voici
ici et 16 voilà là. Ny allez point,
et ne les suivez point.
24. Car, comme l'éclair qui,
brilantsous un côté du ciel, lance
sa lumière sur tout ce qui est
sous le ciel, ainsi sera le Fils de
l'homme en son jour.
25. Mais il faut auparavant
qu'il souffre beaucoup de choses,
et qu'il soit rejeté par cette géné-
ration.
26. Et comme il est arrivé aux
jours de Noé, ainsi en sera-t-il
aussi dans les jours du Fils de
l'homme.
27. Ils mangeaient et buvaient;
ils se mariaient et mariaient leurs
14. Lévit., xiv, 2. — 23. Matt., xxiv, 23; Marc, xii, 21. — 26. Genèse, vir, 7;
XXIV, 31.
M M M MM MÀ MÀ M MÀ M —À—— — .
12. Les lépreux n'osaient s'approcher des personnes saines, de peur de les souiller.
Voy. Lév., xui, 46.
14. Ils furent purifiés et'de leur lèpre, et de la souillure légale qu'ils avaient con ,
tractée comme lépreux.
21. Le royaume de Dieu, etc. Le Messie que vous attendez est au milieu de vous, et
vous ne le.conuaissez pas. Compar. Jean, t, 26. — * Le royaume de Dieu est au dedans
de vous Voie le note sur Matt., xvi, 28.
9010
enfants, jusqu'au jour οὐ Noé
entra dans l'arche : et le déluge
vint et il les perdit tous.
98. Et comme il est arrivé en-
core aux jours de Lot : ils man-
geaient et buvaient, ils achetaient
et vendaient, ils plantaient et bà-
tissaient;
29. Mais le jour oü Lot sortit de
Sodome, Dieu fit pleuvoir le feu
et le soufre du ciel, et il les per-
dit tous :
30. Ainsi en sera-t-il le jour oü
le Fils de l'homme sera révélé.
31. En cette heure-là, que celui
qui se trouvera sur le toit et dont
les meubles sont dans la maison,
ne descende point pour les em-
porter; et que celui qui est dans
le champ, ne retourne point non
plus en arriere.
32. Souvenez-vous de la femme
de Lot.
33. Quiconque cherchera à sau-
ver son âme, la perdra; et qui-
conque la perdra lui donnera la
vie.
34. Je vous le dis, en cette nuit-
là deux personnes seront en un
lit, l'un sera pris et l'autre laissé :
35. Deux femmes moudront
ensemble, l’une sera prise, et
l'autre laissée; deux hommes se-
ront dans un champ, lun sera
pris, et l'autre laissé.
36. Prenant la parole, les dis-
L'ÉVANGILE SELON SAINT. LUC.
(cH. [.צונצא
ciples lui dirent : Où, Seigneur?
37. Et il répondit : Partout où
sera le corps, là aussi s'assem-
bleront les aigles.
CHAPITRE XVHI.
Paraboles de la veuve importune à un
mauvais juge; du pharisien et du pu-
blicain. .Entants.. présentés. à Jésus-
Christ. Conseil de perfection. Salut des
riches difficile. Récompense promise à
ceux. qui quittent tout pour’ Jésus-
Christ. Passion. prédite. Guérison d'un
aveugle prés de Jéricho.
1. Il leur proposait aussi cette
parabole, sur ce qu'il faut tou-
jours prier, et ne se lasser jamais.
2. ΠῚ y avait, disait-il, dans une
certaine ville un juge qui ne crai-
gnait point Dieu, et ne se souciait
point des hommes.
3. Or il y avait une veuve dans
cette méme ville, et elle venait à
lui, disant : Faites-moi justice de
mon adversaire.
4. Et il nele voulut pas pendant
longtemps. Mais ensuite il dit en
lui-méme : Quoique je ne eraigne
point Dieu et ne me soucie point
des hommes,
ὃ. Cependant, parce que cette
femme m'importune;, je lui ferai
justice, de peur qu'à la fin elle ne
vienne me faire quelque affront.
6. Le Seigneur ajouta : Enten-
dez ce que dit le juge d'iniquité :
1. Et Dieu ne vengera pas ses
98. Genèse, xix, 95. — 33. Matt., x, 39; Mare, vii, 35; Supra, 1x, 24; Jean, xir, 90. —
34. Matt., xxiv, 40. — (βαρ. XVIII 1. Eccli., xvi, 22; I Thess., v, 17.
29. Dieu fit pleuvoir. Compar. Genése, xix. 24, et Matt., v, 45.
31. Sur le toil;
Voy. xxiv, 11.
c'est-à-dire sur la terrasse ou plate-forme qui sert de toit.
35. * Deux femmes moudront ensemble. Voir Matt., xv, 6.
31. * Les aigles. Les percnoptéres. Voir Matt., xxiv, 28.
3. * Une veuve. La veuve et l'orphelin sont toujours dans la Bible le type des per-
sonnes faibles et livrées à la violence et à l'injustice, parce qu'elles n'ont pas de pro-
tecteurs pour les soutenir et les défendre.
(cu. xvi.]
élus, qui crient vers lui jour et
nuit, et il usera de délai pour eux?
8. Je vous dis qu'il les vengera
bientót. Mais quand le Fils de
l'homme viendra; pensez-vous
qu'il trouve de la foi sur la terre?
9. Il dit encore cette parabole
pour quelques-uns qui se con-
fiaient en eux-mémes comme
étant justes, et méprisaient les
autres :
10.. Deux hommes montèrent
au temple pour prier; un phari-
sien et un publicain.
11. Le pharisien, se tenant ez
avant, priait ainsi en lui-même :
O Dieu, je vous rends grâces de
ce que je ne suis pas comme le
reste des hommes, qui sont vo-
leurs, injustes, adulteres; ni
méme comme ce publicain.
19. Je jeüne deux fois la se-
maine; je paie la dime de tout
ce que je posséde.
13. Et le publicain, se tenant
éloigné, n'osait pas méme lever
les yeux au ciel; mais il frappait
sa poitrine , disant : O Dieu, ayez
pitié de moi qui suis un pécheur.
14. Je vous le dis, celui-ci s'en
retourna justifié dans sa maison,
et non pasl'autre : car quiconque
s'exalte sera humilié, et qui-
conque s'humilie sera exalté.
14. Matt., xxir, 12; Supra, xiv, 11. — ₪.
xix, 16. — 20. Exode, xx, 13.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2017
15. On lui portait aussi les
petits enfants, pour qu'il les tou-
chát. Ce que les disciples voyant,
ils les rebutaient.
16. Mais Jésus les appelant, dit:
Laissez les enfants. venir-à moi,
et ne les empéchez point; car à
de tels est le royaume de Dieu.
17. En vérité je vous le dise:
Quiconque ne recevra. point
comme un enfant le royaume de
Dieu, n'y entrera point.
18. Un des principaux l'inter-
rogea, disant : Bon maitre, que
ferai-jepour posséder la vie. éter-
nelle?
19. Jésus lui dit : Pourquoi
m'appelles-tu bon? Nul n'est bon
que Dieu seul.
20. Tu connais les commande-
ments : Tu ne tueras point : Tu
ne commettras point d'adultere :
Tu ne porteras point faux témoi-
gnage : Honore ton père et ta
mere.
21. Il répondit : J'ai observé
tout cela depuis ma jeunesse.
22. Ce qu'entendant, Jésus lui
dit : Une chose encore te man-
que : vends tout ce que tu as et
donne-le aux pauvres, et tu au-
ras un trésor dans le ciel : viens
alors, et suis-moi.
23. Mais lui, ces paroles enten-
Matt., xix, 13; Marc, x, 18. — 48. Matt.,
10.* Deux hommes montèrent au lemple, parce que le temple étant sur le mont
Moriah, il fallait monter pour s'y rendre. — Un pharisien. Voir la note 6 à la fin du
volume; — Un publicain, voir Matt., v, 46.
13. * Le publicain se tenant éloigné. Nile pharisien ni le publicain n'étaient dans
le temple proprement dit, puisqu'on n'y entrait point, mais dans une cour du temple.
Le pharisien se mettait en vue ; le publicain au contraire.
44. La Vulgate et le grec présentent absolument le même sens, mais en employant
pue locution hébraïque signiüant à la lettre : Celui-ci justifié, en comparaison de
’autre.
16. Car à de tels, etc. Voy., sur celte traduction, Matt., xix, 14.
18. Un des principaux d'entre les pharisiens qui l'interrogeaient. Compar:, xvir, 20.
2518
dues, fut contristé, parce qu'il
était fort riche.
94. Or Jésus le voyant devenir
triste, dit : Que ceux qui ont les
richesses entreront difficilement
dans le royaume de Dieu!
25. Il est plus facile à un cha-
meau de passer par le chas d'une
aiguille, qu'à un riche d'entrer
dans le royaume de Dieu.
26. Ceux qui l'écoutaient de-
manderent : Et qui peut donc étre
sauvé?
27. Il leur répondit : Ce qui est
impossible aux hommes est pos-
sible à Dieu.
28. Alors Pierre dit : Et nous,
voici que nous avons tout quitté
pour vous suivre.
29. Jésus leur répliqua : En vé-
rité, je vous le dis, il n'est per-
sonne qui ait quitté ou maison,
ou parents, ou frères, ou femme,
ou enfants, à cause du royaume
de Dieu,
30. Qui ne recoive beaucoup
plus en ce temps méme, et, dans
le siecle à venir, la vie éter-
nelle.
31. Ensuite Jésus prit à partles
douze et leur dit : Voici que nous
montons à Jérusalem, et que s'ac-
complira tout ce qui a été écrit
par les prophètes touchant le Fils
de l'homme ;
39. Caril sera livré aux gentils,
et raillé, et flagellé, et couvert de
crachats ;
33. Et après qu'ils l'auront fla-
gellé, ils le feront mourir, et le
troisième jour, il ressuscitera.
34. Mais les apótres ne com-
prirent rien de ces choses, et
cette parole leur était cachée;
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
[ca. xix.]
ainsi ils ne comprenaient point
ce qui leur était dit.
35. Or il arriva, lorsqu'il appro-
chait de Jéricho, qu'un aveugle
était assis au bord du chemin,
mendiant.
36. Et entendant la foule qui
suivait le chemin, il demanda ce
que c'était.
37. On lui dit que Jésus de Na-
zareth passait.
38. Alors il eria, disant : Jésus,
fils de David, ayez pitié de moi!
99. Ceux qui allaient devant, le
gourmandaient pour qu'il se tüt.
Mais il criait beaucoup plus en-
core : Fils de David, ayez pitié de
moi!
40. OrJésus s'arrétant, ordonna
qu'on le lui amenát. Et quand il
se fut approché, il l'interrogea,
41. Disant : Que veux-tu que je
te fasse? Il répondit : Seigneur,
que je voie.
49. Et Jésus lui dit :
foi t'a sauvé.
43. Et aussitót il vit, et il le
suivait glorifiant Dieu. Et tout
le peuple, voyant, cela, donna
louange à Dieu.
Vois; ta
CHAPITRE. XIX.
Zachée recoit Jésus-Christ. Parabole des
dix mines et des sujets rebelles. Entrée
de Jésus dans Jérusalem. Il pleure sur
cette ville et lui annonce sa ruine. Il
chasse du temple les marchands.
1. Jésus étant entré dans Jéri-
cho, le traversait.
2. Oril y avait un bonidisg ap-
pelé Zachée; il était chef des pu-
blicains, et même fort riche.
3. Et il cherchait à voir qui
était Jésus, et il ne le pouvait, à
91. Matt,, xx, 17; Marc, x, 32. — 39. Matt., xx, 29; Marc, x, 46.
\
[cu. [.צזא
cause de la foule, parce qu'il était
très petit de taille.
4. Courant donc en avant, il
monta sur un sycomore pour le
voir, parce qu'il devait passer
par là.
5. Lorsqu'il arriva en cet en-
droit, Jésus leva les yeux, l'ap-
pereut, et lui dit : Zachée, des-
cends vite, parce qu'aujourd'hui
il faut que jeloge dans ta maison.
6. Et il. descendit à la hâte, et
le recut avec joie.
7. Voyant cela, tous murmu-
raient disant qu'il était allé loger
chez un homme pécheur.
8. Mais se tenant devant le Sei-
gneur, Zachée lui dit : Seigneur,
voici que je donne la moitié de
mes biens aux pauvres; et si j'ai
fait tort à quelqu'un, je lui rends
le quadruple.
9. Jésus lui dit : Aujourd'hui
cette maison a recu le salut, parce
que celui-ci aussi est enfant d'A-
braham.
10. Car le Fils de l'homme est
venu chercher et sauver ce qui
était perdu.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2519
11. Comme ils écoutaient ces
discours, il dit encore une para-
bole sur ce qu'il était pres de Jé-
rusalem, etsur ce qu'ils pensaient
que le royaume de Dieu serait
incontinent manifesté.
12. Il dit donc : Un homme de
erande naissance s'en alla en un
pays lointain pour prendre pos-
session d'un royaume et revenir
ensuite.
13. Ainsi dix de ses serviteurs
appelés, il leur donna dix mines,
et leur dit : Négociez jusqu'à ce
que je revienne.
14. Or ceux de son pays le
haissaient; et ils. envoyérent
aprés lui une députation, disant :
Nous ne voulons point que celui-
Οἱ regne sur nous.
15. Et il arriva qu'il revint,
apres avoir pris possession du
royaume, et il fit appeler les ser-
viteurs auxquels il avait donné
de l'argent, pour savoir combien
chacun l'avait négocié.
16. Le. premier vint, disant :
Seigneur, votre mine a produit
dix autres mines.
(παρ. XIX. 10. Matt., xvii, 11. — 12. Matt., xxv, 14.
&.* Sur un sycomore. Il ne faut pas entendre par ce nom le sycomore de nos
pays, dont le nom vulgaire est érable blanc ou faux platáne, dont les feuilles larges
et dentées, à cinq lobes pointus, sont blanches en dessous, d'un vert foncé
en dessus ; les fleurs, petites ct verdâtres, pendant en grappes allongées. Le sycomore
de l'Evangile est le sycomore à figues, Ficus sycomorus. Il ne pousse que dans
les pays trés chauds; à Jaffa, dans la vallée brülante du Jourdain, dans la basse
Galilée et en Egypte, où on en voit encore aujourd'hui formant allée dans les villes,
d’où le nom de figuier d'Egypte par lequel on le désigne également. Il s’élève à une
hauteur de douze à quinze mètres. Ses grandes et fortes branches se déploient
horizontalement de maniere à former un pavillon touffu qui peut avoir jusqu'à
une quarantaine de pas de diamètre. Les figues qu'il produit ne poussent pas sur
les rameaux couverts de feuilles mais s'étalent en grappes soit sur le tronc soit sur
les grosses branches. Elles mürissent au commencement de juin et depuis cette
époque jusqu'à l'hiver, l'arbre porte constamment des fleurs, des fruits verts et des
fruits mürs. Le bois de sycomore servait en Egypte à faire des boites de momie et
on l'employait en Palestine comme bois de construction. Le nom de sycomore qui
signifie figuier-mürier provient de ce que cet arbre a les fruits du figuier et le feuil-
lage du mürier.
13. La mine d'argent valait environ 88 fr. 29 cent. et la mine d'or, 630 fr. 60 cent.
2520
47: Il lui dit : Fort bien, bon
serviteur, parce que tu as été
fidèle en peu de choses, tu au-
ras puissance sur dix villes.
18. Un autre vint, et dit : Sei-
gneur, votre mine a produit cinq
autres mines.
19. Et il dit à celui-ci : Toi aussi,
sois à la tête de cinq villes.
90. Un autre vint, disant : Sei-
gneur, voici votre mine que j'ai
tenu enveloppée dans un linge,
91. Car je vous ai craint, parce
que vous êtes un homme sévère :
vous emportez ce que vous n'avez
pas déposé, et moissonnez ce
que vous n'avez pas semé.
22. Le maitre lui dit : C'est par
ta propre bouche que je te juge,
mauvais serviteur. Tu savais que
je suis un homme sévère, em-
portant ce que je n'ai pas déposé,
et moissonnant ce que je n'ai
point semé.
23. Pourquoi donc n'as-tu pas
donné mon argent à la banque,
afin que, moi revenant, je le re-
prisse avec usure?
24. Et il dit à ceux qui étaient
présents : Otez-lui la mine, et
donnez-la à celui qui a dix mines.
25. 115. lui répondirent : Sei-
gneur, ila déjà dix mines.
26. Mais, je vous le dis, on
donnera à celui qui ἃ, et il sera
dans labondance; mais à celui
qui n'a pas, méme ce qu'il a lui
sera Ôté.
27. Et pour mes ennemis, qui
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
xix.] .זוס]
n'ont pas voulu que je régnasse
sur eux, amenez-les ici, tuez-les
devant moi.
98. Ces choses dites, 11
devant eux, montant à Jérusa-
lem.
29. Or il arriva, comme il ap-
prochait de Bethphagé et de Bé-
thanie, prés du mont nommé des
Oliviers, quil envoya deux de
ses disciples,
30. Disant : Allez au village qui
est là devant : en y entrant, vous
trouverez un ânon attaché, sur
lequel aucun homme ne s'est ja-
mais assis : déliez-le et l'amenez.
31. Et si quelqu'un vous de-
mande : Pourquoi le déliez-vous?
vous lui répondrez ainsi : Parce
que le Seigneur veut s'en servir.
32. Ceux donc qui étaient en-
voyés s'en allèrent, et trouverent,
comme il leur avait dit; l'ànon
arrété.
33. Mais comme 115
l'ànon, ses maîtres leur dirent :
Pourquoi déliez-vous l'ànon?
34. Ils répondirent : Parce que
le Seigneur en a besoin.
99. Et ils 'amenéerent à Jésus.
Et jetant leurs vêtements sur
l'ànon, ils mirent Jésus dessus.
36. Partout où. il passait, le
peuple étendait ses vêtements
sur le chemin. 14
37. Et comme il approchait de
la descente du mont des Oliviers,
toute la foule des disciples, pleine
de joie, commença à louer Dieu
26. Matt., xii, 12; xxv, 29; Marc, 1v, 25; Supra, vi, 18. — 29. Matt., xxi, 1; Marc,
xi, 4. — 35. Jean, xir, 14.
20. * Dans un linge, littéralement morceau d'étoffe qui sert à essuyer la sueur ou
mouchoir.
29. * Près du mont nommé des Oliviers. Voir la note sur Matt., xxt, 1.
36. * Le peuple élendait ses vélements sur le chemin en guise de tapis.
\
[cu..xx.]
à haute voix de tous les prodiges
qu'ils avaient vus,
38. Disant : Béni celui qui vient
roi au nom. du Seigneur! paix
dans le ciel et gloire au plus haut
des cieux!
39. Alors quelques-uns des pha-
risiens, du milieu de la foule, lui
dirent.: Maitre, réprimez vos dis-
ciples.
40.. Il leur répondit : Je vous
déclare que si ceux-ci se taisent,
les. pierres crieront.
41. Et comme il approchait,
voyant la ville, il pleura sur elle,
disant:
49. 51 tu connaissais, toi aussi,
au moins en ce jour qui t'est
encore donné, ce qui importe à
ia. paix! mais maintenant ces
choses sont cachées à tes yeux.
43. Car des jours viendront sur
.toi, où tes ennemis t'environne-
ront de tranchées, t'enfermeront,
te serreront de toutes parts,
44. Et terenverseront par terre,
toi et tes enfants qui sont au
milieu de toi, et ils ne laisseront
pas en toi pierre sur pierre, parce
que iu n'as pas connu le temps
où tu as été visitée.
45. Et étant entré dans le tem-
ple, il commença à chasser ceux
qui y vendaient et y achetaient,
... 46. Leur disant: 11 est écrit: Ma
,maison est une maison de prière ;
| mais vous, vous en avez fait une
caverne de voleurs.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2521
47. Et il enseignait tous les
jours dans le temple. Cependant
les princes des prétres, les scribes,
et les principaux du peuple, cher-
chaient à le perdre;
48. Mais ils ne trouvaient pas
que lui faire; parce que tout le
peuple était suspendu en l'écou-
tant.
CHAPITRE XX.
Autorité de Jésus. Baptéme de Jean. Pa-
raboles des vignerons homicides et de
la pierre angulaire. Rendre à César ce
qui està César. Résurrection des morts.
Vie angélique, Le Messie fils et Seigneur
de David. Scribes superbes.
4. Or il arriva qu'un de ces
jours-là, comme il enseignait le
peuple dans le temple, et qu'il
annonçait l'Evangile, les princes
des prétres etles seribes y vinrent
avec les anciens,
2. Et lui adressèrent la parole
en disant : Dis-nous par quelle
autorité tu fais ces choses? ou :
Qui est celui qui t'a donné ce
pouvoir?
3. Et Jésus répondant, leur dit :
Je vous interrogerai, moi aussi,
mais sur une seule chose. Répon-
dez-moi.
4. Le baptéme de Jean était-il
du ciel ou des hommes?
ὃ. Mais ils pensaient en eux-
mémes, disant : Si nous répon-
dons : Du ciel, il dira : Pourquoi
donc n'y avez-vous point cru?
6. Et si nous répondons : Des
44. Matt., xxiv, 2; Marc, xur, 2; Infra, xxr, 6. — 45. Matt., xxi, 12; Marc, xr, 15. —
46. Isaie, Lvi, 7; Jérémie, vir, 11. — (παρ. XX. 1. Matt., xxt, 23; Marc, x1, 97.
42. Ce qui importe à ta paix; c'est-à-dire à ton bonheur parfait, à ton salut. Les
Hébreux entendaient par paiz un bonheur complet, toute sorte de prospérités.
45. * Etant entré dans le temple. Voir note sur Matt., xxi, 12.
1. * Les princes des prêtres et les scribes y vinrent avec les anciens. Sur les princes
des prêtres et les scribes, voir les notes sur Matt., n, 4; sur les anciens, voir la note
sur Matt., xvt, 21.
9522
hommes, tout le peuple nous la-
pidera, car ils tiennent pour cer-
tain que Jean était prophète.
7. Ils répondirent done qu'ils
ne savaient d’où il était.
8. Et Jésus leur dit : Ni moi, je
ne vous dis pas non plus par
quelle autorité je fais ces choses.
9. Alors il se mit à dire au
peuple cette parabole : Un homme
planta une vigne, et 18 loua à des
vignerons, et lui-même fut long-
temps en voyage.
10. Et dans la saison, il en-
voya un de ses serviteurs aux
vignerons, pour qu'ils lui don-
nassent du fruit de la vigne. Mais
eux, aprés lavoir déchiré de
coups, le renvoyèrent les mains
vides.
11. Il envoya encore un autre
serviteur. Mais eux, l'ayant aussi
déchiré de coups et chargé d'ou-
trages, ils le renvoyèrent les
mains vides.
12. Enfin il en envoya un troi-
sième ; les vignerons le blessèrent
aussi et le jetèrent dehors.
43. Alors le maître de la vigne
dit : Que ferai-je? J'enverrai mon
fils bien-aimé; peutètre que
lorsqu'ils le verront, ils le res-
pecteront.
14. Mais les vignerons l'ayant
vu, pensèrent en eux-mêmes,
disant : Celui-ci est lhéritier,
tuons-le, afin que nótre devienne
l'héritage.
15. Et l'ayant jeté hors de la
vigne, ils le tuèrent. Que leur
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
feu. xx.)
fera donc le maitre de la vigne?
16. Il viendra, et perdra ces
vignerons, et donnera là vigne
à d'autres. Ce qu'ayant entendu,
ils lui dirent: A Dieu ne plaise!
17. Mais Jésus les regardant dit :
Qu'est-ce donc que ce qui estécrit :
La pierre qu'ont rejetée ceux qui
bátissaient est devenue un som-
met d'angle?
18. Quiconque tomberasur cette
pierre sera brisé, et celui sur qui
elle tombera, elle le réduira en
poudre.
19. Et les princes des prétres
etlesscribes cherchaient à mettre
la main sur lui en cette heure-
là, mais ils craignirentle peuple;
ils avaient compris que c'étaient
à eux qu'il avait appliqué cette
parabole.
20. Et, l'épiant, ils envoyèrent
des gens qui feignaient d'étre
justes, pour lui tendre des em-
büches et le surprendre dans ses
paroles, afin de le livrer au ma-
gistrat et au pouvoir du gouver-
neur.
91. Ainsi ils l'interrogerent di-
sant : Maitre, nous savons que
vous parlez et enseignez avec
droiture; que vous ne faites ac-
ceplion de personne, mais que
vous enseignez la voix de Dieu
dans la vérité :
22. Nous est-il permis de payer
le tribut à César, ou non?
93. Considérant leur rusé, il
leur dit : Pourquoi me tentez-
vous?
9. Isaïe, v, 1; Jérémie, rr, 21 ; Matt., xxi, 33; Marc, xir, 1. — 17. Ps. cxvrr, 22; Is je,
xxvi, 16; Matt., xxi, 42; Actes, 1v, 11; Rom., 1x, 33; 1 Pierre, ir, T. — 20. Matt.,
xxiI, 19; Marc, xir, 13.
10-11. Voy., pour le mot déchirer, Matt., xxi, 35.
99. * A César ou à l'empereur. C'était alors Tibére. Voir Luc, ur, 4,
[ca. xx.]
94. Montrez-moi un denier. De
qui porte-t-il l'image et l'inscrip-
tion? Ils lui répondirent : De
César.
25. Et il leur dit : Rendez donc
à Gésar ce qui est à César, et à
Dieu ce qui est à Dieu.
96. Et ils ne purent reprendre
aucune de ses paroles devant le
peuple; mais ils admirèrent sa
réponse, et se turent.
97. Quelques-uns des saddu-
céens, qui nient qu'il y ait une
résurrection, s’approchèrentalors
et l'interrogerent;
98. Disant : Maître, Moïse a écrit
pour nous : Si le frère de quel-
qu'un meurt, ayant une femme,
mais étant sans enfants, que son
frere prenne sa femme et suscite
une postérité à son frere.
99. Or il y avait sept frères; et
le premier prit une femme, et
mourut sans enfants.
30. Le suivant prit la femme, et
mourut lui-méme sans enfants.
31. Et le troisieme la prit; et
pareillement tous les sept, et ils
n'ont point laissé de poslérité, et
ils sont morts.
32. Enfin, aprés eux tous, est
morte aussi la femme.
33. A la résurrection dono,
duquel sera-t-elle femme, puis-
queles sept l'onteuepourfemme?
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 2523
34. Jésus leur dit : Les fils de
ce siècle se marient et sont
donnés en mariage;
35. Mais ceux qui seront trou-
vés dignes du siècle à venir et de
la résurrection des morts, ne se
marieront point et n'épouseront
point de femmes;
96. Car ils ne pourront plus
mourir; parce qu'ils sont égaux
aux anges, et fils de Dieu, étant
fils de la résurrection.
37. Or que les morts ressus-
citent, Moise le montre à l'endroit
du buisson, quand il appelle le
Seigneur, le Dieu d'Abraham, le
Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob.
38. Or Dieu n'est point le Dieu
des morts, mais des vivants; car
tous vivent pour lui.
39. Quelques-uns des scribes,
prenant la parole, lui dirent
Maitre, vous avez bien dit.
40. Et on n'osait plus lui faire
aucune queslion.
41. Mais il leur demanda : Com-
ment dit-on que le Christ est fils
de David?
49. Puisque David lui-méme dit
dans le livre des Psaumes : Le
Seigneur à dit à mon Seigneur :
Asseyez-vous à ma droite,
43. Jusqu'à ce que je fasse de
vos ennemis l'escabeau de vos
pieds.
25. Rom., xir, 7. — 27. Matt., xxi, 23; Marc, xr, 18. — 28. Deut, xxv, 59. —
37. Exode, ur, 6 — 42. Ps. cix, 1; Matt., xxii, 44; Marc, xir, 36.
24. Un denier. Voy. Matt., xvur, 28.
21. * Des Sadducéens. Voir la note 7 à la fin du volume.
34. Les fils de ce siècle; hébraisme, pour ceux qui vivent dans le monde, sur cette
terre.
35. Mais ceux qui, etc. Tous les méchants, sans exception, ressusciteront aussi,
mais non point dans la gloire; si donc Jésus-Christ ne parle ici que des justes, c'est
pour nous faire soupirer avec plus d'ardeur aprés la résurrection glorieuse.
31. À lendroit du buisson; c'est-à-dire dans son récit relatif au buisson. Compar.
Marc, xir, 26.
A3. * L'escabeau de vos pieds. Voir Matt., xxi, 44,
2524
4%. Ainsi David l'appelle son
Seigneur; comment done est-il
son fils ?
45. Or tout le peuple l'écoutant,
il dit à ses disciples :
46. Gardez-vous des. scribes,
qui se plaisent à se promener avec
de longues robes, aiment les sa-
lutations.. dans les places pu-
bliques, les premiers sièges dans
les synagogues, et les premieres
places dans les 1080128 ;
47. Qui dévorent les maisons
des veuves sous prétexte de
longues prières. Ceux-ci subiront
une condamnation plus rigou-
reuse.
CHAPITRE XXI.
Veuve donnant de son indigence. Jésus
prédit la ruine du temple; questions
des disciples à l'occasion de cette pré-
diction, et réponse de Jésus-Christ.
Signes de la ruine de Jérusalem. Signes
du dernier avènement de Jésus-Christ.
1. OrJésus, regardant, vit des
riches qui mettaient leurs au-
mónes dans le tronc.
2. Il vit aussi une pauvreweuve
mettant deux pelites pieces de
monnaie.
3. ΒΠῚ dit : En vérité, je vous
le dis, cette pauvre veuve a mis
plus que tous les autres.
4. Car tous ceux-là ont mis
pour offrandes à Dieu, de leur
superflu ; mais elle, elle a mis de
son indigence méme, tout le
vivre qu'elle avait.
5. Et quelques-uns disant du
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
]08. xx1.]
temple, qu'il était bâti de belles
pierres, et orné de dons, il ré-
pondit :
6. Viendront des jours où de
ce que vous voyez, il ne restera
pas pierre sur pierre, qui ne soit
détruite.
7. 6115 l'interrogerent, disant :
Maitre, quand ces choses arrive-
ront-elles, et. quel sera le signe
qu'elles commenceront de s'ac-
complir?
8. Jésus dit : Prenez garde
d'être séduits; car. beaucoup
viendront en mon nom, disant:
C'est moi, et le temps approche;
ne les suivez donc point.
9. Et quand vous entendrez
parler deguerres et de séditions,
n'en soyez point effrayés; il faut
auparavant que ces choses ar-
rivent; mais ce n'est pas encore
sitót la fin.
10. Alors il leur disait : Une
nation se soulèvera contre une
nation, un royaume contre. un
royaume.
11. Il y aura degrands tremble-
ments de terre en divers lieux,
et des pestes, et des famines, et
des signes effrayants dans le ciel,
t de grands prodiges.
19. Mais avant tout cela, on
mettra la main sur vous; et on
vous persécutera, vous livrant
aux synagogues et aux prisons,
vous trainant devant les rois et
les gouverneurs à cause de mon
nom.
46. Matt., xxiz, 6; Marc, xir, 38; Supra, xr, 43. — Cuap. XXI. 1. Marc, xit, 41, —
6. Matt., xxiv, 2; Marc, xni, 2; Supra, xix, 44.
πο 3À
46. * Avec de longues robes (slolai). Voir Luc, xv, 22.
4. * Dans le (ronc.. Voir la note sur Marc, xit, 41.
5. * De belles pierres. Voir Marc, xur, 1.
8. Compar. Marc, xu, 42, et Matt, v, 26.
(cu. xx1.]
13. Or cela vous arrivera en
témoignage.
14. Mettez donc. bien. dans
vos cœurs de ne point pré-
méditer comment vous répon-
_drez.
|^ 45. Car je vous donnerai moi-
méme une bouche et une sagesse
| ₪ laquelle tous vos adversaires
ne pourront résister, ni rien
opposer.
16. Vous serez livrés par vos
pères et vos mères, par vos
freres, vos parents et vos amis,
et ils en mettront à mort d'entre
vous.
17. Et vous serez en haine à
tous à cause de mon nom;
18. Mais pasun cheveu de votre
téte ne périra.
19. C'est par votre patience que
vous posséderez vos àmes.
20. Or, quand vous verrez
Jérusalem investie par une ar-
mée, sachez que sa désolation
est proche :
291. Alors, que ceux qui sont
dans la Judée fuient vers les
montagnes, que ceux qui sont au
milieu d'elle s'en éloignent; et
que ceux qui sont dans 8
contrées n'y entrent point.
99. Parce que ce sont là des
jours de vengeance, afin que
s'aceomplisse tout ce qui est
écrit.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2525
93. Mais malheur aux femmes
enceintes et à celles qui nour
riront en ces jours-là; car il y
aura une détresse affreuse dans
le pays, et une grande colère
contre ce peuple.
24. Ils tomberont sous le
tranchant du glaive, et seront
emmenés captifs dans toutes les
nations, et Jérusalem sera foulée
aux pieds par les gentils, jusqu'à
ce que les temps des nations
soient accomplis.
25. Et il y aura des signes
dans le soleil, dans la lune et
dans les étoiles; et, surla terre,
la détresse des nations, à cause
du bruit confus de la mer et
des flots ;
96. Les hommes séchant de
frayeur dans l'attente de ce qui
doit arriver à tout l'univers; car
les vertus des cieux seront
ébranlées ;
97. Et alors ils verront le Fils
de l'homme venant dans une
nuée, avec une grande puissance
et une grande majesté.
28. Or, quand ces choses com-
menceront à s'accomplir, regar-
dez et levez la téte, parce que
votre rédemption approche.
99. Et il leur dit cette com-
paraison: Voyez le figuier et tous
les arbres;
30. Quand ils commencent ὃ
20. Dan., 1x, 27; Matt., xxiv, 15; Marc, xui, 14. — 25. Isaie, xiu, 10; Ezéch., xxxi, 7:
Joël, 11, 10, 31; מז 15; Matt., xxiv, 29; Marc, xir, 24, — 28. Rom., vii, >
13. En témoignage; pour que vous rendiez témoignage à la vérité et à la sainteté
de la doctrine que je vous ai enseignée.
18. Une bouche. Dans le style de l'Ecriture, le mot bouche se met pour ce qui en
sort, comme les paroles, les ordres, les commandements.
-121, Les contrées voisines du lieu où il se trouvait. -- * Fuient vers les montagnes
Voir Matt., xxiv, 10.
23. Mais malheur, etc. Compar. Matt., xxiv, 19.
29. * Voyez le figuier. Voir Luc, xiu, 6.
9526
produire du fruit, voussavez que
l'été est proche.
31. De méme vous, quand
vous verrez ces choses arriver,
sachez que le royaume de Dieu
est proche.
32. En vérité, je vous le dis,
cette génération ne ‘passera
point, jusqu’à ce que toutes ces
choses soient accomplies.
33. Le ciel et la terre passe-
ront; mais mes paroles ne pas-
seront point.
34. Faites donc attention à
vous, de peur que vos cceurs ne
s'appesantissent dans la crapule,
l'ivresse et les soins de cette vie,
et que ce jour ne vienne sou-
dainement sur vous.
35. Car, comme un filet, 1]
enveloppera tous ceux qui ha-
bitent sur la face de la terre.
36. Veillez donc et priez en
tout temps, afin que vous soyez
trouvés dignes d'éviter toutes
ces choses qui doivent arriver,
et de paraitre avec confiance de-
vant le Fils de l'homme.
31. Or, le jour il enseignait
dans letemple; mais la nuit, sor-
tant, ilse retirait sur la mon-
tagne appelée des Oliviers.
38. Et tout le peuple venait de
grand matin vers ilui au temple
pour l'écouter.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
[cu. xxu.)
CHAPITRE XXII.
Trahison de Judas; derniére céne. Insti-
tution de l'Eucharistie. Domination in-
terdite. Gloire promise. Priére pour la
foi de saint Pierre. Son renoncement
prédit. Agonie de Jésus. Il est pris et
conduit chez, Caiphe. Renoncement et
pénitence de. saint, Pierre. Jésus ou-
tragé et condamne.
1. Cependantapprochait la fête
des azymes, qu'on appelle Päque.
2. Et les princes des prétres et
lesscribes cherchaient comment
ils pourraient faire mourir Jésus;
mais ils craignaient le peuple.
3. Or Satan entra dans Judas,
qui était surnommé . Iscariote,
l'un des douze.
4. Et il s'en alla, et il conféra
avec les princes des prétres et
les magistrats commentil le leur
livrerait.
ὃ. Et ils se réjouirent, et con-
vinrent de lui donner de l'argent.
6. IL 80268808 donc. Et dès
lors il cherchait l’occasion de le
livrer en l'absence du peuple.
7. Cependant vint le jour des
azymes, oü il était nécessaire
d'immoler la pâque.
8. Jésus donc envoya Pierre et
Jean, disant : Allez nous préparer
18 pâque, afin que nous 18 man-
gions.
9. Mais eux lui demandèrent :
ὕπαρ. XXII. 1. Matt., xxvi, 2; Marc, xiv, 1. — 3. Matt., xxvi, 14; Marc, xiv, 10.
31. * La montagne appelée des Oliviers. Voir Matt., 11, xxi, 1.
4. * La féles des azymes qu'on appelle Páque. Voir Marc, xiv, 1 et note sur Matt.,
XXVI, 2.
4. Les magistrats du temple (verset 52); c'est-à-dire les officiers. du temple, les
lévites préposés à leurs fréres quifaisaient la garde aux portes du temple.
6. En l'absence du peuple; avant que le peuple s'assemblàt pour; la solennité, car
comme le peuple 16 tenait pour un prophète (Ma/t., xx1), on craignait qu'il ne se sous
levát, si Jésus était arrêté pendant qu'il se trouvait réuni (Matf., xxvt, 5.)
1. * Immoler la páque, l'agneau pascal. Exod., xu, 26. Voir Maro; xw, 12,
8-13, * Préparer la Páque. Voir Matt., xxvi, 19.
[cu. xxm.)
Où voulez-vous que nous la pré-
parions?
10. Et ἢ leur répondit : Voici
qu'entrant dans la ville, vous
rencontrerez un homme por-
. tant une cruche d'eau; suivez-
le dans la maison où il en-
trera;
11. Et vous direz au père de
famille de la maison : Le maitre
vous dit: Où est le lieu où je
pourrai manger la páque avec
mes disciples?
19. Et il vous montrera un
grand cénacle meublé; faites-y
les préparatifs.
13. S'en allant donc, ils trou-
verent comme il leur avait dit,
et ils préparèrent la pâque.
14. Et quand l'heure fut venue,
il se mit à table, et les douze
apôtres avec lui.
15. Et il leur dit: J'ai désiré
d'un grand désir de manger
cette pàque avec vous, avant de
souffrir.
16. Car je vous le dis, je ne la
mangerai plus désormais, jusqu'à
ce qu'elle soit accomplie dans le
royaume de Dieu.
11. Et ayant pris le calice, il
14. Matt.,
χιν, 20; Jean, xri, 18. — 22. Ps. xr, 10.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 2591
rendit gráces, et dit : Prenez, et
partagez entre vous,
18. Car, je vous le dis, je ne
boirai plus du fruit de la vigne,
jusqu'àce que leroyaume de Dieu
vienne.
19. Et ayant pris du pain, il
rendit grâces et le rompit, et le
leur donna, disant : Ceci est mon
corps, qui est donné pour vous:
faites ceci en mémoire de moi.
20. Il donna de la méme ma-
niere le calice, après qu'il eut
soupé, disant : C'est le calice, le
nouveau testament en mon sang,
qui sera répandu pour vous.
21. Cependant, voici que la
main de celui qui me trahit est
avec moi à cette table.
22. Pour ce qui est du Fils de
l'homme, il s'en va, selon ce qui
a'été déterminé; mais malheur
à cet homme par qui il sera trahi]
95. Et ils commencerent à se
demander l'un à l'autre, qui était
celui d'entre eux qui devait faire
cela.
24. Il s'éleva aussi parmi eux
une contestation, lequel d’entre
eux devait être estimé le plus
grand.
xxvi, 20; Marc, xiv, 17. — 19. I Cor., xi, 24. — 21. Matt., xxvi, 21; Marc,
Came WI Te ctt
10. * Un homme portant une cruche d'eau. Voir Marc, xiv, 13.
12. * Un grand cénacle. Voir Marc, xiv, 15,
15. J'ai désiré, etc. Cette répétition, comme nous l'avons déjà remarqué, ἃ pour,
effet de donner de la force et de l'énergie au discours,
16. Jésus veut dire par là qu'il ne mangera plus désormais de cette victime figu-
rative, jusqu'à ce qu'elle ait eu son accomplissement dans le royaume de Dieu, où la
victime qui va bientôt être immolée deviendra la pâque du peuple nouveau (I Cor.,
V,
17. Ce calice est simplement la coupe que le maitre du repas bénissait en céré-
monie, dont il buvait, et qu'il passait ensuite à tous ceux qui étaient à table. Il faut
donc bien le distinguer du calice contenant le sang du Sauveur, et dont il est ques-
tion au verset 20.
20. Il donna de la méme manière le calice; c'est-à-dire après l'avoir pris et avoir
rendu grâces, comme il avait fait pour le pain. Voy. Matt., xxvi, 26-29.
21. * La main, etc. Voir Matt.,
xxvi, 23.
9528
95. Mais il leur dit : Les rois
des nations les dominent, et ceux
qui ont puissance sur elles sont
appelés bienfaiteurs.
26. Pour vous, ne faites pas
ainsi; mais que celui qui est le
plus grand = parmi vous, soit
comme le moindre, et celui quia
la préséance, comme celui qui
sert.
27. Car lequelest le plus grand,
celui qui est à table, ou celui qui
sert? N'est-ce pas celui qui est à
table? Or, moi, je suis au milieu
de vous, comme celui qui sert.
98. C'est vous qui êtes demeu-
rés avec moi dans mes tenta-
tions.
99. Aussi moi, je vous prépare
le royaume, comme mon Père me
l'a préparé ;
30. Afin que vous mangiez et
buviez à ma table dans mon
royaume, et que vous siégiez sur
des trônes, pour juger les douze
tribus d'Israél.
31. Le Seigneur dit encore :
Simon, Simon, voilà que Satan
vous ἃ demandés pour vous cri-
bler, comme le froment;
39. Mais j'ai prié pour toi, afin
que ta foi ne défaille point; et toi,
quand tu seras converti, confirme
tes freres.
33. Pierre lui dit : Seigneur, je
suis prét à aller avec vous, et en
prison, et à la mort.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
(cu.- xxu].
34. Mais il lui répliqua :Je te.le
| dis, Pierre, un coq aujourd hui
ne chantera point; que trois fois
tu n'aies nié me connaitre. Il leur
dit ensuite :
35. Quand je vous ai envoyés
sans sac, sans bourse et sans
chaussure, quelque chose vous a-
t-il manqué ? Y,
36. Ils répondirent : Rien. ἢ
ajouta done : Mais maintenant,
que celui qui à un. 580 ou. une
bourse, les prenne ; et que celui
qui n'en a point, vende sa tuni-
que, et achète une épée.
37. Car, je vous le dis, il faut
que ceci encore qui a été écrit,
s'accomplisse en moi: ll ἃ été
mis au rang des 8061617818. Car ce
qui me regarde touche à sa fin.
38. Mais eux lui dirent :.Sei-
gneur, voici deux épées. Il leur
répondit : C'est assez.
39. Et étant sorti, il alla, selon
sa coutume, àla montagne des
Oliviers; et ses disciples le sui-
virent.
40. Lorsqu'il fut arrivé à son
lieu accoutumé, 11 leur dit: Priez,
de peur que vous n'eniriez en
tentation.
44. Puis il s'éloigna d'eux à la
distance d'un jet de pierre; et,
s'étant mis à genoux, il priait,
49. Disant : Mon Père, si vous
le voulez, éloignez ce calice de
moi ; cependant que ma volonté
25. Matt., xx, 25; Marc, x, 42. — 34. Matt., xxvi, 34; Marc, xjv, 30; — 35. Matt., x, %
— 31. Isaie, ur, 12. — 39. Matt., xxvi, 36; Marc, xiv, 32; Jean, xviu, 1. — 41
xxv1, 39; Marc, xiv, 90.
— ורוו ו ויוי ו"
39. * Ala, montagne des Oliviers. Voir les notes sur Matt., xxr, 1 el xxvi, 36.
40. À son lieu accoutumé, au lieu où il avait coutume de. se. trouver avec. ses dis-
ciples, et qui était appelé Gethsémani. Voy. Matt., xxvi, 36; Marc, xiv, 32; Jean,
xvur, 1, 3. Quand aux mots son et accoutumé, ils ne sont que la traduction pure et
simple de l’article déterminatif du grec, qui ne saurait avoir ici aucune autre signi-
fication.
(cn. [.זזצצ
ne se fasse pas, mais la vótre.
48. Alors lui apparut un ange
du ciel, le fortifiant; et étant
tombé en agonie, il priait encore
plus.
44. Et il lui vint une sueur,
comme des gouttes de sang dé-
coulant jusqu'à terre.
45. Et, s'étant levé de sa prière,
il vint à ses disciples, etles trou-
va endormis par suite de leur
tristesse.
46. Et il leur dit : Pourquoi
dormez-vous ? Levez-vous, priez,
de peur que vous n'entriez en
tentation.
AT. Jésus parlant encore, voici
venir une troupe, et celui qui
s'appelait Judas, l'un des douze,
la précédait ; et il s'approcha de
Jésus pour le baiser.
48. Mais Jésus lui dit : Judas,
c'est par un baiser que tu trahis
le Fils de l'homme!
49. Or ceux qui étaient autour
de lui, voyant ce qui allait arri-
ver, lui dirent : Seigneur, si nous
frappions de l'épée?
50. Et l'un d'eux frappa le ser-
vileur du grand prêtre, et lui
coupa l'oreille droite.
51. Mais Jésus prenant la pa-
role, dit : Arrétez-vous là. Et
ayant touché son oreille, il le
guérit.
52. Puis Jésus dit à ceux qui
étaient venus vers lui, princes
des prétres, magistrats du tem-
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2529
ple et anciens : Vous êtes sortis
comme contre un voleur, avec
des épées et des bâtons ;
53. Quand j'étais tous les jours
avec vous dans le temple, vous
n'avez pas mis la main sur moi;
mais voici votre heure et la puis-
sance des ténèbres.
54. Se saisissant donc de lui,
ils l'amenerent à la maison du
grand prétre ; mais Pierre le sui-
vait de loin.
55. Or un feu ayant été allumé
au milieu de la cour, et eux s'é-
tant assis autour, Pierre se trou-
vait au milieu d'eux.
56. Une servante l'ayant vu as-
sis devant le feu, et l'ayant re-
gardé, dit : Celui-ci aussi était
avee cet homme.
57. Mais Pierre le nia, disant :
Femme, je ne le connais point.
98. Et peu après, un autre le
voyant, dit : Toi aussi, tu es de
ces gens-là. Mais Pierre dit:
Homme, je n'en suis point.
59. Et un intervalle d'environ
une heure s'étant écoulé, un
autre l'affirmait, disant : Vrai-
ment, celui-ci aussi était avec lui ;
car il est également Galiléen.
60. Et Pierre dit: Homme, je
ne sais ce que tu dis. Et aussitót,
lui parlant encore, un coq chanta.
61. Et le Seigneur se retour-
nant, regarda Pierre. Et Pierre
se ressouvint de la parole du Sei-
gneur, lorsquil lui avait dit:
47. Matt., xxvi, 27; Marc, xiv, 43; Jean, xvii, 3. — 54. Matt., xxvi, 57; Marc, xiv,
53; Jean, xvin, 24. — 55. Matt., xxvi, 69; Marc, xiv, 66; Jean, xviu, 25. — 59. Jean,
xvii, 26. — 61. Matt., xxvi, 34; Marc, xiv, 30; Jean, xui, 38.
50. * Et l'un d'euz, S. Pierre. — Le serviteur du grand prétre, Malchus.
92. Et aux magistrats du temple. Voy. verset 4. — * Princes des préíres. Voir
Matt., תד 4. — Anciens. Voir Matt., ,טא
93. * Un feu ayant été allumé. Voir note sur Marc, xiv, 54.
- 99. * ILest également, Galiléen d'après son langage et son accent. Voir Matt., xxvi, 73.
N. T.
159
2930
Avant qu'un coq chante, tu me
renieras trois fois.
62. Et Pierre étant sorti, pleura
amèrement.
63. Et ceux qui tenaient Jésus
le raillaient et le déchiraient de
coups.
64. Puis, lui ayant bandé les
y eux, ils le frappaient au visage,
05 l'interrogeaient, disant : Pro-
phétise qui est celui qui t'a
frappé?
65. Et blasphémant ainsi, ils
disaient beaucoup d'autres cho-
ses contre lui.
66. Lorsque le jour se fit, les
anciens du peuple, les princes
des prêtres et 108 scribes s'assem-
blèrent, et le firent venir dans
leur conseil, disant : Si tu es le
Christ, dis-le-nous.
67. Il leur répondit : Si je vous
le dis, vous ne me croirez pas;
68. Etsi je vous interroge, vous
ne me répondrez pas, ni ne me
renverrez.
69. Mais désormais le Fils de
l'homme sera assis à la droite de
la puissance de Dieu.
10. Alors ils dirent tous : Tu es
donc le Fils de Dieu? Et Jésus ré-
pondit : Vous le dites, je le suis.
71. Et eux repartirent : Qu'a-
vons-nous besoin d'autre témoi-
gnage? Car nous-mémes nous
l'avons entendu de sa propre
bouche.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
(cu. [.חוצצ
CHAPITRE XXIIT.
Jésus accusé devant Pilate, envoyé à Hé-
rode et ramené devant Pilate. Barab-
bas préféré à Jésus-Christ. Cris des Juifs
contre Jésus-Christ. Jésus livré aux
Juifs et conduit au Calvaire. Pleurs des
femmes de Jérusalem. Crucifiement.
Blasphèmes.Bonlarron. Ténèbres. Mort
de Jésus-Christ; sa sépulture.
1. Et toute l'assemblée se le-
vant, ils le menèrent à Pilate.
2. Et ils commencèrent à l'ac-
cuser, disant : Nous avons trouvé
celui-ci pervertissant notre na-
tion, défendant de payer le tribut
à César, et disant qu'il est Christ
roi.
3. Or Pilatel'interrogea, disant :
Es-tu le roi des Juifs? Jésus ré-
pondant, dit : Tu le dis.
4. Alors Pilate dit aux princes
des prétres et à la multitude : Je
ne trouve aucune cause de 2207
en cet homme.
5. Mais eux insistaient, disant :
Il soulève le peuple, enseignant
par toute la Judée, commencant
par la Galilée jusqu'ici.
6. Pilate entendant nommer la
Galilée, demanda si cet homme
était Galiléen.
7. Et dès qu'il sut qu'il était de
la juridiction d'Hérode, il le ren-
voya à Hérode, qui étaitlui-méme
à Jérusalem en ces jours-là.
8. Hérode, voyantJésus, s'en ré-
jouit beaucoup; car il désirait de-
66. Matt., תטאצ 1; Marc., xv, 1; Jean, xvn, 28. — Cuar. XXIII. 2. Matt., xxu, 21;
Marc, xit, 17. — 3. Matt., xxvir, 11; Marc, xv, 2; Jean, xvinr, 33.
63, Et le déchiraient de coups. Voy., sur cette expression, Matt., xxr, 35.
66. * Dans leur conseil, le sanhédrin. Voir Matt., xxvr, 59.
1. * A Pilate. Voir Matt., xxvir, 2.
2, Christ roi. Partout ailleurs le texte grec porte le Christ et le roi, avec l'article
déterminatif. — * À César, à Tibère. Voir plus haut xx, 22.
4. Aucune cause de mort. Compar. verset. 22.
1. * Hérode Antipas était tétrarque de Galilée. Voir Matt., xiv, =
[cH. xxur.]
puis longtemps de le voir, parce
qu'il avait entendu dire beaucoup
de choses de lui, et qu'il espérait
lui voir faire quelque miracle.
9. Il lui faisait donc beaucoup
de questions; mais Jésus ne lui
répondait rien.
10. Gependant se trouvaient là
les princes des prétres et les
scribes, l'accusant sans relâche.
41. Mais Hérode avec sa cour le
méprisa; il se joua de lui après
l'avoir revétu d'une robe blanche,
et il le renvoya à Pilate.
19. Et Hérode et Pilate devin-
rent amis ce jour-là méme; au-
paravant ils étaient ennemis l'un
de l'autre.
13. Or Pilate ayant convoqué
les princes des prétres, les ma-
gistrats et le peuple,
14. Leur dit : Vous m'avez pré-
senté cet homme comme soule-
vant le peuple; et voilà que, l'in-
terrogeant devant vous, je n'ai
rien trouvé en lui de ce dont vous
l'accusez,
15. Ni Hérode non plus; car je
vous ai envoyés à lui, et on nel'a
convaincu de rien qui mérite la
mort.
16. Je le renverrai donc apres
l'avoir fait chátier.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2531
17. Car il était obligé de leur
remettre un prisonnier pendant
la féte.
18. Mais la foule tout entiere
cria : Otez celui-ci du monde, et
délivrez-nous Barabbas.
19. (Lequel, à cause d'une sé-
dition qui s'était faite dans la
ville, et d'un meurtre, avait été
mis en prison.)
20. Pilate leur parla de nou-
veau, désirant renvoyer Jésus.
21. Mais eux redoublaient leurs
clameurs, disant : Crucifiez-le,
crucifiez-le!
22. Et Pilate, pour la troisieme
fois, leur dit : Mais quel mal a
fait celui-ci? Je ne trouve aucune
cause de mort en lui; je le chà-
üerai donc et le renverrai.
253. Mais ils insistaient avec de
grands cris, demandant qu'on le
61101184 ; et leurs cris devenaient
de plus en plus forts.
24. Et Pilate ordonna que ce
quils demandaient füt exécuté.
25. Ainsi il leur délivra celui
qui avait été mis en prison pour
cause de sédition et de meurtre,
et qu'ils demandaient, et il aban-
donna Jésus à leur volonté.
26. Or comme ilsl'emmenaient,
ils prirent un certain Simon de
14. Jean, xvur, 38; xix, 4. — 22. Matt., xxvir, 23; Marc, xv, 19, — 26. Matt., xxvir, 32
Marc, xv; 21.
11, * Une robe blanche. Hérode en revétant Notre Seigneur d'un vêtement blanc,
semble avoir voulu tourner en dérision la royauté du Christ, parce que les rois et
les empereurs romains se paraient d'habits blancs dans les grandes solennités.
16. * Aprés l'avoir fait châlier par la flagellation. Le Talmud décrit ainsi la flagel-
lation. > Les mains du condamné sont attachées à la colonne; alors l'exécuteur
public lui óte son vêtement, soit qu'il le déchire, soit qu'il l'en dépouille, de manière
à découvrir la poitrine. Une pierre est alors placée derriere le patient. Sur cette
pierre le licteur est debout, tenant un fouet ou des lanières de cuir pliées de manière
à former deux courroies qui s'élévent et s'abaissent sur le condamné, »
11. Pendant la féte, de Páque. Compar. Matt., xxvii, 15, et Jean, xvi, 39.
18.* Barabbas. Voir Matt., xxxi, 16.
26. * Sur la croix et Simon de Cyréne, voir note sur Matt., xxvir, 32,
ro L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
ue)
Cyrène, qui revenait des champs,
et le chargerent de porter la croix
derriere Jésus.
97. Or une grande foule de
peuple et de femmes le suivaient,
se frappant la poitrine et se la-
mentant sur lui.
98. Mais Jésus, se tournant
vers elles, dit: Filles de Jéru-
salem, ne pleurez pas sur moi,
mais pleurez sur vous-mémes et
sur vos enfants ;
29. Car voici que viendront des
jours oü l'on dira : Heureuses les
stériles, et les entrailles qui n'ont
pas engendré, et les mamelles
qui n'ont point allaité!
30. Alors ils commenceront à
dire aux montagnes : Tombez sur
nous : et aux collines : Couvrez-
nous.
31. Car si l'on fait ainsi au bois
vert, que sera-t-il fait au bois sec?
32. On conduisait aussi avec lui
deux autres hommes qui étaient
des malfaiteurs, pour les mettre
à mort.
99. Et lorsqu'ils furent arrivés
au lieu qui est appelé Calvaire, ils
lecrucifierent, etles voleurs aussi,
l'un à sa droite, et l'autre à sa
gauche.
34. Mais Jésus disait : Mon Père,
pardonnez-leur, carils ne savent
ce qu'ils font. Partageant ensuite
ses vêtements, ils y jetèrent le
sort.
(cu. xxur.]
39. Et le peuple était là, regar-
dant, et les chefs le raillaient
avec le peuple, disant : Il a sauvé
les autres; qu'il se sauve, s'il est
le Christ, l'élu de Dieu.
36. Les soldats mémes, s'appro-
chant, l'insultaient, lui présentant
du vinaigre,
31. Et disant : Si tu es le roi
des Juifs, sauve-toi.
38. Π y avait aussi au-dessus
de lui une inscription où était
écrit en caractere grecs, latins et
hébreux : CELUI-CI EST LE ROI DES
JUIFS.
39. Or l'un des voleurs qui
étaient suspendus en croix le
b'asphémait, disant : Si tu es le
Christ, sauve-toi toi-même, et
nous aussi.
40. Mais l’autre, répondant, le
reprenait, disant : Ne crains-tu
point Dieu, quand tu subis la
méme condamnation?
41. Encore pour nous, c'est avec
justice; car nous recevons ce que
nos actions méritent; mais celui-
ci n'a rien fait de mal.
49. Et il disait à Jésus : Sei-
gneur, souvenez-vous de moi
quand vous serez arrivé dans
votre royaume. |
43. Et Jésus lui dit : En vérité,
je te le dis, aujourd'hui tu seras
avec moi dans le paradis.
44. 11 était environ 18 sixième
heure, et les ténèbres couvrirent
30. Isaie, rt, 19; Osée, x, 8; Apoc., vi, 16. — 33. Matth., xxvir, 33; Marc, xv, 22; Jean,
xix, 17:
33. * Au lieu qui est appelé Calvaire, dans le texte: (e Cráne. Voir note sur Matt.,
xxvir, 33. — 118 le crucifièrent. Voir Matt., נטאא 35.
35. L'élu de Dieu. Compar. Isaïe, xu, 1.
36. * Du vinaigre. Voir Jean, xix, 29-50.
38. * Celui-ci est le roi des Juifs. Voir Matt., xxvir, 31.
4^4. La sixième heure, la neuvième heure, répondent à midi et à trois heures. ΝΟΥ͂.»
sur la division des jours chez les Juifs, notre Abrégé d'introduction, etc., p. 536.
[cH. xxiv.]
toute la terre jusqu'à 18 neuvième
heure.
45. Et le soleil s'obscurcit, et le
voile du temple se déchira par le
milieu.
46. Alors, criant d'une voix
forte, Jésus dit : Mon Père, je re-
mets mon esprit entre vos mains.
Et disant cela, il expira.
41. Or le centurion voyant ce
qui était arrivé, glorifia Dieu,
disant : Vraiment cet homme
était juste.
48. Et toute la multitude de
ceux qui assistaientà ce spectacle,
et qui voyaient ce qui se passait,
s'en retournaient, frappant leur
poitrine.
49. Tousceux delaconnaissance
de Jésus, et les femmes qui
l'avaient suivi de Galilée, se te-
naientàl' écart, considéranttoutes
ces choses.
50. Mais voilà qu'un décurion
nommé Joseph, homme bon et
juste,
51. Qui n'avait consenti ni au
dessein, ni aux actes des autres,
et qui était d'Arimathie, ville de
Galilée , et attendait lui-méme le
royaume de Dieu,
59. Vint vers Pilate, et lui
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
2533
demanda le corps de Jésus
53. Etl'ayantdétachédelacroix,
il l'enveloppa d'un linceul, et le
mit dans un sépulcre taillé dans
leroc, où personne n'avait encore
été mis.
94. Or c'était le jour de la pré-
paration, et le sabbat allait
commencer.
99. Les femmes qui élaient
venues de la Galilée avec Jésus
ayant suivi Joseph, virent le sé-
pulere, et comment le corps de
Jésus y avait été mis.
90. Et s'en retournant, elles
préparèrent des aromates et des
parfums; et pendant le sabbat,
elles demeurèrent en repos, selon
la loi.
CHAPITRE XXIV.
Résurrection de Jésus-Christ Apparition
des anges aux saintes femmes. Jésus-
Christ apparaît aux deux disciples qui
allaient à Emmaüs, et aux apôtres,
auxquels il prouve sa résurrection et
promet le Saint-Esprit. Ascension de
Jésus-Christ.
1. Mais le premier jour de la
semaine, elles vinrent de grand
matin au sépulcre, apportant les
parfums qu'elles avaient pré-
parés ;
46. Ps. xxx, 6. — 50. Matt., xxvii, 57; Marc, xv, 43; Jean, xix, 98. — Cap. XXIV.
1. Matt., xxvirr, 1; Marc, xvi, 2; Jean, xx, 1.
45.* Le voile du Saint des Saints. Voir Matt., xxvir, 51.
46. * IL expira. Voir Matt., xxvir, 50.
41.* Le centurion. Voir Matt., vi, 5 et xxvi, 54.
49. * Les femmes qui l'avaient suivi de Galilée, Marie-Madeleine, Marie de Cléophas,
Salomé.
30. * Un décurion, un membre du sanhédrin.
91. * D'Arimathie. Voir note sur Matt., xxvir, 51.
53. Dans le roc. Voy. Matt., xxvii, 60; Marc., xv, 46, — * IL l'enveloppa d’un linceul.
Voir Matt., xxvir, 59.
54. Le jour de la préparation. Voy. Matt., xxvi, 62.
96. * Des aromates et des parfums. Voir Jean, xix, 39.
1. On a déjà remarqué que le mot sabbat ou repos, jour de repos, signifiait aussi
semaine. — * Le premier jour de la semaine est le dimanche,
2534
9. Et elles trouvèrent la pierre
ótée du sépulcre.
ὃ. Et étant entrées, elles ne
trouvèrent point le corps du Sei-
gneur Jésus.
4. Or il arriva, pendant qu'en
leur âme elles en étaient cons-
ternées, que pres d'elles parurent
deux hommes avec des robes
resplendissantes.
5. Et comme elles étaient
effrayées et baissaient le visage
vers la terre, ils leur dirent :
Pourquoi cherchez-vous parmi
les morts celui qui est vivant?
6. Il n'est pas ici, mais il est
ressuscité; rappelez-vous com-
ment il vous a parlé quandil était
encore en Galilée,
7. Disant : Il faut que le Fils de
l'homme soitlivré entreles mains
des hommes pécheurs, qu'il soit
crucifié, et que le troisième jour
il ressuscite.
8. Et elles se ressouvinrent de
ses paroles.
9. Etrevenues du sépulere, elles
annoncerent toutes ces choses
aux 0026 et à tous les autres.
10. Or c'étaient Marie-Made-
leine, Jeanne, Marie, mère de
Jacques, et 165 autres qui étaient
avec elles, qui rapportaient ces
choses aux apôtres.
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
[cu. xxiv.]
11. Et ce récit leur parutcomme
du délire, etils ne les crurent pas.
12. Cependant Pierre, selevant,
courut au sépulcre; et s'étant
penché, il ne vit que les linges
posés à terre, et il s'en alla, ad-
mirant en lui-méme ce qui était
arrivé.
13. Or voici que deux d'entre
eux allaient ce méme jour à un
villagenommé Emmaüs, qui était
à la distance de soixante stades
de Jérusalem.
14. Et ils s'entretenaient de
tout ce qui s'était passé.
15. Et il arriva, que pendant
qu'ils discouraient et conféraient
ensemble, Jésus lui-méme s'étant
approché, marchait avec eux.
16. Mais leurs yeux étaient re-
tenus de peur qu'ils ne le re-
connussent.
17. Et il leur dit : Quels sont
ces discours que vous tenez ainsi
en marchant, et pourquoi étes-
vous tristes?
18. Et l'un d'eux, nommé Cléo-
phas, répondant, lui dit : Es-tu
seul si étranger dans Jérusalem,
que tu ne saches point ce qui s'y
est passé ces jours-ci?
19. Quoi? leur ditil. Et ils ré-
pondirent: Touchant Jésus de
Nazareth, qui fut un prophète
1. Matt., xvi, 21; xvir, 21; Marc, vir, 310; ix, 30. Supra, 1x, 22. — 13. Marc, xvi, 12.
9. * La pierre qui servait de porte au sépulcre.
10. * Marie-Madeleine, Marie de Cléophas, mère de Jacques le mineur. Voir Matt.,
x xvir, ὅθ. — Jeanne, femme de Chusa, intendant d'Hérode Antipas. Voir Luc, vu, 3.
12. * Les linges. Voir Jean, xix, 40.
13. Deuz d'entre eux; c'est-à-dire d'eux d'entre les disciples auxquels les saintes
femmes racontèrent (vers. 9) ce qu'elles avaient vu au sépulcre. — * L'un des deux
disciples est Cléophas nommé plus loin, verset 18; l'autre, suivant un certain nombre
d'interprétes, aurait été S. Luc lui-méme. — Emmaüs, est probablement Nicopolis,
aujourd'hui Amouâs. Selon d'autres, c'est Kolonieh ou Koubeibeh.
18. * Cléophas parait étre une contraction de Cléopatras. On croit que ce disciple
est différent de celui dont il est parlé en S. Jean, xix, 25, parce que S. Luc écrit ce
dernier nom Alphée, vi, 15 et Actes, r, 19.
[cu. xxiv.]
puissant en ceuvres et en paroles
devant Dieu et devant tout le
peuple :
90. Et comment les princes des
prétres et nos chefs l'ont livré
pour étre condamné à mort et
l'ont erucifié :
91. Pour nous, nous espérions
que c'était lui qui devait rache-
ter Israél : et cependant, apres
tout cela, voici déjà le troisieme
jour que ces choses sont arri-
vées.
22. A la vérité, quelques fem-
mes qui sont des nótres nous ont
effrayés; car étant allées avant
le jour au sépulcre,
93. Et n'ayant point trouvé son
corps, elles sont venues disant
qu'elles ont vu des anges méme
qui disent qu'il est vivant.
24. Quelques-uns des nôtres
sont allés aussi au sépulcre, et ont
trouvé toutes choses comme les
femmes l'ont dit; mais lui, ils ne
l'ont pas trouvé.
95. Alorsil leur dit : O insensés
et lents de cœur à croire tout ce
qu'ont dit les prophètes!
96. Ne fallait-il pas que le Christ
souffrit ces choses, et entrát ainsi
dans sa gloire?
27. Et commençant par Moïse,
et par tous les prophètes, il leur
interprétait dans toutes les Ecri-
tures ce qui le concernait.
9S. Cependant ils approchèrent
du village oü ils allaient; et Jésus
feignit d'aller plus loin.
29. Mais ils le presserent, di-
sant : Demeure avec nous, car il
se fait tard, et déjà le jour est sur
86. Marc, xvi, 14; Jean, xx, 19.
L'ÉVANGILE SELON SAINT. LUC.
2595
son déclin. Et il entra avec eux.
30. Or il arriva, pendant qu'il
était à table avec eux, qu'il prit
le pain, le bénit, lerompit, et il
le leur présentait.
31. Alorsleurs yeuxs'ouvrirent,
et ils le reconnurent : et il dis-
parut de devant leurs yeux.
32. Et ilsse direntl'un àl'autre :
Notre cœur n'était-il pas tout
brülant au dedans de nous, lors-
qu'il nous parlait dans 16 chemin,
et nous ouvrait le sens des Ecri-
tures?
93. Puis se levant à lheure
méme, ils retournerent à Jéru-
salem, et ils trouvèrent les onze
assemblés, et ceux qui étaient
avec eux,
94. Et disant : Le Seigneur est
vraiment ressuscité, et il est ap-
paru à Simon.
95. Et eux, à leur tour, racon-
terent ce qui leur était arrivé en
chemin, et comment ils l'avaient
reconnu à la fraction du pain.
36. Or, pendant qu'ils s'en-
tretenaient ainsi, Jésus parut au
milieu d'eux, et leur dit : Paix à
vous! c'est moi: ne craignez
point.
37. Mais eux, troublés et épou-
vantés, croyaient voir un esprit.
38. Etilleur dit: Pourquoi étes-
vous troublés, 66 pourquoi ces
pensées s’élèvent-elles dans vos
cœurs ?
39. Voyez mes mains et mes
pieds; c’est bien moi : touchez et
voyez: un esprit n'a ni chair ni
08, comme vous voyez que j'ai.
40. Et lorsqu'il eut dit cela, il
34. * A Simon Pierre.
39. * Foyez mes mains et mes pieds percés par les clous.
2596
leur montra ses mains et ses
pieds.
41. Mais eux ne croyant point
encore, etétant transportés d'ad-
miration et de joie, il dit : Avez-
vous 101 quelque chose à manger?
49. Et ils lui présentèrent un
morceau de poisson róti et un
rayon de miel.
49. Or, lorsquil eut mangé
devant eux, prenant les restes,
il les leur donna.
44. Puis il leur dit: Voilà ce
que je vous ai dit, lorsque j'étais
encore avec vous : qu'il fallait
que füt accompli tout ce qui est
écrit de moi dans laloi de Moise,
dans les prophètes et dans les
psaumes.
45. Alors il leur ouvrit l'esprit,
pour qu'ils comprissent les Ecri-
tures;
46. Et il leur dit : Il est ainsi
écrit, et c'est ainsi qu'il fallait
que le Christ souffrit, et qu'il res-
L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC.
[cn. xxiv.]
suscitàt d'entre les morts le troi-
sième jour;
47. Et qu'on préchát en son
nom la pénitence et la rémission
des péchés à toutes les nations,
en commencant par Jérusalem.
48. Pour vous, vous étes té-
moins de ces choses.
49. Et moi , je vais vous envoyer
le donpromis de mon Pére. Vous,
demeurez dans la ville, jusqu'à
ce que vous soyez revétus de la
force d'en haut.
50. Puis il les mena du côté de
Béthanie; el les mains levées, il
les bénit.
91. Et il arriva que, pendant
quil les bénissait, il s'éloigna
d'eux, et s'éleva au ciel.
52. Et eux, l'ayant adoré, re-
vinrent à Jérusalem avec une
grande joie.
53. Et ils étaient toujours dans
le temple, louant et bénissant
Dieu. Amen.
46. Ps. xvii, 6. — 48. Actes, 1, 8. — 49. Jean, xiv, 26. — 51. Marc, xvi, 19; Actes, 1, 9.
44. * Dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. Cette triple divi-
sion embrasse tout l'Ancien Testament, parce que les auteurs des livres historiques
étaient appelés prophétes par les Juifs.
RO nd
LE
SAINT EVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT JEAN
——— ——o0005€009o——
INTRODUCTION
La tradition est unanime à attribuer le quatriéme Evangile à l'apótre S. Jean.
Tous les Péres qui parlent de l'auteur de cet évangile désignent S. Jean. ll en
est de méme des manuscrits et des canons, à commencer par celui de Muratori.
S. Théophile, septiéme évéque d'Antioche (t 180), S. Irénée ( 202), Clément
d'Alexandrie (+ 217), Tertullien (190) nomment sans hésitation l'Apótre bien-
aimé. S. Irénée nous apprend qu'il composa ce livre à Ephèse, où il vécut
jusqu'au règne de Trajan (98-117). Suivant S. Jérôme, il fut le dernier des
écrivains sacrés, et il se mit à l’œuvre au retour de Patmos, à la prière des
pasteurs et des fidèles de l'Asie-Mineure. Il avait 90 ans suivant S. Épiphane, et
probablement davantage.
Dés le milieu du second siécle, cinquante ans aprés sa publication, le qua-
trième évangile était partout connu comme l’œuvre de S. Jean.
Le témoignage de la tradition se trouve confirmé de tout point par les carac-
téres de l'ouvrage. Il suffit de l'étudier avec attention pour se convaincre qu'il
a paru aprés les trois autres, sur la fin du premier siècle, que celui qui l'a
écrit, bien qu'il vécüt parmi les Gentils, était né en Judée, qu'il avait été
témoin des faits qu'il rapporte, et qu'il faisait partie du collége apostolique,
enfin qu'il ne saurait étre que S. Jean.
1* Cet évangile a été composé après les trois synoptiques. — 11 en révèle l'exis-
tence de deux manières : par son silence sur certains points et ses allusions sur
d’autres. — 1° D'abord son silence le suppose. Quoiqu'il sache trés bien la durée
de la prédication du Sauveur et qu'il en distingue les années par l'indication des
solennités pascales, les faits qu'il rapporte ne remplissent qu'une petite partie
de ce temps. On voit qu'i! se tient dispensé de tout dire ou plutót qu'il ne
cherche qu'à suppléer aux omissions des synoptiques relativement au but qu'il
se propose. Aussi est-il trés bref sur le ministére du Sauveur en Galilée, et
passe-t-il sous silence des périodes entiéres de son ministére, tandis qu'il rap-
porte longuement ses voyages à Jérusalem à l'époque des principales fêtes.
Aussi, quoiqu'il ait en vue d'établir la divinité de Jésus-Christ, quoiqu'il en
2538 L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
donne pour preuve ses miracles et qu'il les suppose trés nombreux, il se borne
à en décrire un petit nombre, sept seulement, la plupart passés sous silence par
ses devanciers. Il omet la délivrance des possédés, la déclaration du Pére éter-
nel au Jourdain et au Thabor, l'adjuration du grand-prétre, la prophétie sur
Jérusalem, etc. — 2° Il fait plusieurs fois allusion aux autres évangélistes. Par
exemple, au chapitre r, il met sur les lèvres de Jean-Baptiste ces paroles : « J'ai
vu l'Esprit-Saint descendre sur la téte du Sauveur. » Or, ce fait n'est connu que
par S. Matthieu et S. Luc. Au chapitre 11, aprés avoir dit que Jean-Baptiste et
Notre Seigneur baptisaient en méme temps, il fait observer que le Précurseur
n'était pas encore incarcéré : or l'emprisonnement de Jean-Baptiste n'est rap-
porté que par les synoptiques, et l'observation faite en cet endroit ne parait
avoir d'autre fin que d'écarter l'idée, qui pourrait venir en les lisant, que le
ministère de S. Jean a fini aussitôt qu'a commencé celui du Sauveur. Au cha-
pitre xr, il dit que Lazare était de Béthanie, bourg de Marie et de Marthe. Or,
il n'a pas encore parlé de ces deux scurs, et elles ne peuvent étre connues du
lecteur que par d'autres récits. Au chapitre xvur, les premiers versets semblent
renvoyer aux synoptiques pour la scène de l'agonie, et le trente-deuxième
rappelle expressément une prédiction qui n'est rapportée que par eux. Il parle
des douze, en divers endroits, comme d'une société bien connue, sans en men-
tionner l'origine nulle part; seulement, on voit qu'il entend par là ceux que les
synoptiques placent dans le canon des Apótres. Enfin on peut remarquer que
dans tout son récit, il est attentif à deux choses : à ne pas redire ce que les
autres ont dit, ou bien à les confirmer et à les compléter par de nouveaux
détails. Ainsi il ne répétera pas le récit de l'institution de l'Eucharistie; mais il
rapportera la promesse que Notre Seigneur en avait faite, aprés la multiplica-
tion des pains. Il passera sous silence la naissance du Sauveur à Bethléem, la
confession de S. Pierre à Césarée, les paroles du Pére éternel au Jourdain et au
Thabor, la résurrection de la fille de Jaire et du fils de la veuve de Naim, l'en-
trée triomphante du Sauveur à Jérusalem et l'application qu'il se fait de la
figure de Jonas; mais il mentionnera la croyance oü l'on était sur le lieu oü le
Messie devait naitre, le nom de Céphas imposé à S. Pierre, la mission que son
Maitre lui donne de paitre les agneaux el les brebis, la promesse qu'il fait de
relever en trois jours le temple de son corps, la résurrection de Lazare qui
donne lieu au triomphe du Fils de Dieu, la voix du Pére éternel s'engageant à
le glorifier. C'est ainsi que nos évangiles, loin de se combattre, s'expliquent et
se soutiennent les uns les autres.
20 JI a écrit vers la fin du premier siècle. — 15 En effet, 11 suppose que tout est
changé à Jérusalem et dans la Judée. Quand il parle des ennemis du Sauveur,
il ne dit pas le peuple ou la foule, mais les Juifs, comme pour rappeler un
peuple qui a perdu sa nationalité et auquel il a cessé d'appartenir. Il dit la
Páque des Juifs, comme s'il en connaissait déjà une autre, et il nomme les
chrétiens, les frères, sans crainte d'équivoque. — 2* 1] rappelle les principales
prophéties dont on vit l'accomplissement dans la derniére partie du premier
676016 : le martyre de S. Pierre; la réprobation des Juifs; la vocation des Gen-
tils; l'universalité du christianisme. Sur tous ces points il est plus exprés que
S. Paul lui-méme, et nul n'est plus attentif à montrer comment les Juifs ont
mérité leur malheureux sort. — 3? Le style de cet évangile et ses analogies
avec celui des trois épitres qui portent le nom de S. Jean donnent lieu de pen:
INTRODUCTION.
ser qu'il est de la même époque, ou que S. Jean l'a écrit lorsqu'il était déjà
d'un âge fort avancé: Déjà le bruit courait qu'il ne mourrait pas. Déjà l'on
voyait s'accomplir les prédictions de S, Paul à Milet : on commençait à parler
d'Antechrist, les mots Verbe, vie, lumières, ténèbres, devenaient familiers aux
Gnostiques, et l'on voyait se propager les erreurs que l'évangile réfute.
3° L'auteur vivait parmi les Gentils ei il écrivait pour eux. — De là plusieurs
particularités, qu'on chercherait en vain dans le premier évangile. Ainsi il a
soin de traduire en grec tous les noms hébreux qu'il emploie. Il dit la mer de
Galilée, la méme que celle de Tibériade. 11 donne un grand nombre de détails
géographiques qui eussent été superflus, s'il s'était adressé à des habitants de
la Judée. Quand il parle des Juifs, il entend, non les vrais Israélites, ni méme
simplement les habitants de la Palestine, mais les ennemis du Sauveur, les
aveugles volontaires qui ont refusé de le reconnaitre pour le Messie et qui l'ont
fait attacher à la croix. Enfin il a soin de relever, dans les discours ou dans la
vie de Notre Seigueur, tout ce qui a trait aux Gentils et qui est de nature à leur
donner confiance.
4° Il était Hébreu d'origine. — C'est ce que prouvent : 1? Les idiotismes de son
langage. Quoique le dernier évangile ait moins d'hébraismes que l'Apocalypse,
il en contient pourtant un grand nombre. Citons : Amen, amen, qui revient vingt-
cinq fois et qu'on ne trouve ainsi redoublé que chez lui; « se réjouir de joie, les fils
de perdition, etc., » et les passages de l'Ancien Testament cités assez librement,
mais d’après l'original. — 2° Le caractère profondément hébraïque de sa com-
position. On peut remarquer l'uniformité des phrases, l'emploi fréquent du pa-
rallélisme, l'absence de toute période, des séries de propositions juxtaposées à
la suite l'une de l'autre, sans coordination, sans liaison exprimée, ou qui ne se
lient que par un mot commun, parfois des phrases répétées comme des refrains,
certaines irrégularités dans la construction, les sens les plus inusités donnés aux
particules. Pour toutes conjonctions et et donc. Et est mis pour mais, pour car,
pour c'est pourquoi, pour ainsi, pour comme, pour c'est-à-dire, etc. — 3° La foi
religieuse, les idées, les sentiments, les images dont l'àme de l'écrivain est rem-
plie. On sent que l'auteur a été élevé dans l'attente du Messie et dans la médita-
tion de l'Ancien Testament. Les figures de la Loi et les oracles des prophètes
abondent, comme dans l'Apocalypse. Le Sauveur est le vrai temple, le serpent
d'airain, la manne du désert, l'Agneau pascal, etc.
5° [L avait habité la Palestine. — C'est ce que prouve la connaissance qu'il a
de la langue hébraïque, presque étrangère aux Israélites de la dispersion, jointe
à celle qu'il montre dela topographie et des usages de la Terre Sainte. La Ga-
lilée, les bords du lac de Génésareth, son étendue, l'existence simultanée de
deux localités du nom de Cana et de Bethsaide, l'élévation relative de Cana et
de Capharnaüm lui sont connus. Il connait également la Judée et la Samarie.
וז dit la distance de Jérusalem à Béthanie. Il indique avec précision la vallée de
Cédron et le jardin de Gethsémani, l'étang de Siloé, la porte des brebis, les tra-
vaux faits dans le temple, le gazophylacium, le portique de Salomon, le Pré-
toire et le Golgotha. En fait de mœurs, il sait les sentiments des Juifs à l'égard
des Samaritains et des infidèles, l'opposition et le caractère des partis qui divi-
saient la nation, le mépris des pharisiens pour la multitude ignorante, les
usages introduits par la conquéte et la domination romaines, l'usage des ablu-
tions chez ses compatriotes, celui des excommunications dans la synagogue, etc.
2940 L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
6° 1} faisait partie du collège apostolique. — En effet : — 19 Il se donne pour
témoin des faits qu'il retrace, et l'on ne saurait douter qu'il ne le fût, quand οὗ
considère la fraicheur de ses tableaux, la vivacité de ses traits, la précision dt
tous les détails. Nul ne caractérise mieux les scènes et les acteurs; nul n'im
dique avec plus de détails les circonstances de temps, de lieux, de nombre
Tous les portraits sont vivants; tous les faits localisés. Telle parole fut dite &
Béthanie, à Ennon ou sur les bords du Jourdain, telle autre auprès du puits
de Jacob. Telle discussion eut lieu sous le portique de Salomon, à cause de la
rigueur de la saison. Pour plusieurs incidents, il indique l'heure de la jour-
née. Si ces remarques sont vraies, elles ne peuvent venir que d'un témoin
oculaire. Or, elles sont d'autant moins suspectes qu'elles étaient indifférentes
au but de l'auteur et qu'elles eussent compromis son succès, si l'on eût pu les
trouver fausses. — 2° Il parait se donner positivement pour Apótre. C'est ce
qui semble résulter des détails minutieux oü il entre sur la vie intime du Sau-
veur, sur ses rapports secrets avec ceux qui lui sont le plus unis, sur ses dispo-
sitions personnelles. Depuis les premiers jours de sa prédication, jusqu'aux der-
niers moments de son séjour sur la terre, rien de ce que le divin Maitre a dit
ou fait ici-bas n'a échappé à ses regards. Il rapporte de préférence les incidents
les plus secrets, ses paroles à André, à Nathanael, à la Samaritaine; ses
avis à Judas, ses prières à son Père, ses confidences de la dernière Cène, etc.
Comment eût-il connu tous ces détails, s'il n'avait vécu dans l'intimité du
Sauveur, avec ses plus familiers amis ?
79 Enfin, il ne peut. étre que l'auteur de l'Apocalypse et de l'Epitre calholique,
dite ad Parthos, le second des fils de Zébédée, le disciple bien-aimé, le fils adoptif de
Marie, en un mot l'apótre de S. Jean.
4° Tout le monde convient aujourd'hui de l'authenticité de l'Apocalypse, et
jamais on n'a mis en doute celle de la premiére Epitre attribuée à S. Jean. Or,
il y a entre ces écrits et le quatriéme évangile des rapports aussi nombreux que
frappants. On trouve dans chacun les mêmes préoccupations, les memes ten-
dances dogmatiques et polémiques. Le style présente les mêmes caractères, la
méme naiveté unie à la méme élévation et à la méme profondeur. C'est le méme
langage au fond, sauf, dans l'Apocalypse, plus de poésie et des irrégularités
plus nombreuses.
20 Si l'évangéliste est un des fils de Zébédée, c'est le second, sans aucun
doute, le premier ayant été mis à mort avant la dispersion des Apótres. Or, il
ne parait pas douteux que l'auteur du quatriéme évangile n'eüt cette qualité,
Ce qui le prouve, c’est surtout le silence qu'il garde sur ces deux frères. Quoi-
qu'ils aient dû intervenir bien des fois dans les scènes qu'il retrace, comme
étant des amis privilégiés du Sauveur, quoiqu'ils tiennent une place si considé-
rable dans l'Evangile et dans les Actes, jamais il ne les signale dans ses récits.
Il ne nomme pas méme leur mère parmi les personnes qui assistérent au cruci-
fiement, bien que nous soyons assurés de sa présence par les synoptiques. Une
fois seulement il mentionne les enfants de Zébédée; mais c'est au dernier cha-
pitre, dans une sorte d'appendice; et il ne les met pas à la téte des apótres,
comme ils sont toujours ailleurs, mais au dernier rang, entre les apôtres et de
simples disciples. Comment expliquer cette particularité? Elle ne peut avoir
pour cause, ce semble, que la modestie de l'auteur, qui veut imiter celle de son
Maitre el s'effacer autant qu'il lui est possible.
INTRODUCTION. 25/1
3° On peut par le même procédé dégager plus directement encore du récit
évangélique la personnalité de S. Jean. En effet, son nom ne parait nulle part.
Dans les endroits où l'on croit devoir le trouver, on lit : un disciple, l'autre dis-
ciple, celui qui a vu le fait de ses yeux. Non seulement il évite de mêler le nom
de S. Jean à ceux des apótres, il semble méme oublier qu'on le lui donne; car
toutes les fois qu'il parle du Précurseur, il l'appelle simplement Jean, sans
ajouter à ce nom, comme les synoptiques, comme Josèphe lui-même, le titre
qui le caractérise, le Baptiste, singularité d'autant plus remarquable que cet
évangéliste a coutume de désigner ses personnages de la manière la plus pré-
cise : Thomas Didyme, Céphas qu'on appelle Pierre, Judas non l'Iscariote, Nico-
dème qui vint à Jésus la nuit. La raison de cette différence est la méme que
nous avons indiquée plus haut. Ce n'est pas que l'évangéliste avait connu le
Précurseur avaut qu'on lui donnàt ce surnom; car 5. Matthieu ne l'avait-il pas
aussi connu à la méme époque? C'est que tandis que les synoptiques croient
devoir distinguer Jean-Baptiste de Jean l'Apótre, lui n'a pas cette idée : il n'ima-
gine pas que personne puisse confondre avec lui, ou seulement rapprocher de
sa personne, l'illustre précurseur du Messie.
4° Un dernier indice, plus convaincant encore, c'est l'amour tendre, délicat,
religieux, qui respire dans cet évangile pour Jésus et pour Marie. Il suffit de
lire le récit du miracle de Cana, celui de la résurrection de Lazare ou de la der-
niére Cène, et surtout lentrevue supréme du Sauveur et de sa mère, au Cal-
vaire, pour reconnaitre l'affection pieuse, émue, reconnaissante de l'Apótre
bien-aimé et de l'enfant adoptif. C'est bien lui qui a dû nous transmettre ces
touchants détails. Lui seul devait y attacher cette importance, les recucillir
avec cette sollicitude et nous les transmettre avec cette fidélité.
Ainsi l'étude du quatriéme évangile confirme pleinement le témoignage de la
tradition. Il ne faut donc pas s'étonner si nos rationalistes n'osent plus en nier
ouvertement l'authenticité, s'ils se réduisent à dire que les disciples de S. Jean
ont pu l'écrire quelques années aprés sa mort, une trentaine d'années au plus.
Ewald, plus décidé dans son langage dit qu'il faut avoir perdu l'esprit pour en
contester la propriété à celui dont il porte le nom.
Plusieurs Péres ont dit que le premier dessein de S. Jean a été de combler
une lacune des synoptiques, en relracant la partie de la prédication du Sauveur
qui ἃ précédé l'emprisonnement de son Précurseur, et en mettant en relief le
côté spirituel et mystique de sa vie et de sa doctrine. Mais si l'on étudie l'évan-
gile méme, on sera convaincu que la principale intention de l’auteur a élé de
venger la personne du divin Maitre des attaques des premiers hérétiques, ou
plutót de fortifier la foi des chrétiens à l'égard des dogmes contestés à cette
époque, la divinité de Jésus-Christ, son union substantielle avec son Père et
celle qu'il veut avoir avec nous par son esprit et par sa grâce. L'évangéliste l’af-
firme lui-méme expressément : « Ceci a été écrit afin que vous croyiez que Jésus
est le Christ, le Fils de Dieu, et afin que croyant, vous ayez la vie en son nom. »
Il n'avait pas besoin, pour arriver à son but, d'écrire l'histoire du Sauveur en
entier, ni de reproduire tout son enseignement. Aussi fait-il un choix et s'at-
tache-t-il de préférence à ce que les autres ont omis. Les discours qu'il rapporte
sont ceux oü le divin Maitre atteste sa dignité de Fils de Dieu, et l'union que
ses membres doivent avoir avec lui; les miracles qu'il retrace, ceux ou
paraissent avec le plus d'éclat ses perfections et ses desseins. Les autres faits sont
9542 L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
en petit nombre et destinés presque uniquement à lier ensemble les discours et
les miracles, et à faire des uns et des autres une démonstration lumineuse du
christianisme. Divinité du Sauveur, rédemption des âmes par la vertu de son
sang, adoption des fidéles comme enfants de Dieu, justification intérieure par
la grâce, à la seule condition d'une foi sincère et pratique : tels sont les dogmes
auquels il s'attache et sur lesquels il s'efforce d'affermir la foi du lecteur. Tous
les récits comme tous les discours se rapportent là. Croire à Jésus-Christ
comme au Messie et au Fils de Dieu, croire à sa nature divine, à sa puissance,
à sa charité, à sa résurrection : voilà le but constant et la conclusion inévitable
de tous les chapitres.
Quelles que soient les limites dans lesquelles il se resserre et les lacunes que
présente son récit, l’œuvre répond au dessein de l'auteur. Il est difficile de trou-
ver un livre qui offre plus d'unité, une marche plus droite, un progrés plus
constant, une cohésion plus étroite de toutes les parties.
4° Dans un prologue aussi bref que sublime, l'évangéliste dit ce que le Verbe a
toujours été dans l'éternité et ce qu'il a voulu devenir dans le temps. Lumière et
vie par essence, connaissance et activité infinies, il s'est fait par l'Incarnation
prineipe de foi et source de vie surnaturelle pour les àmes. Telle est la grande
vérité, tel est le mystère dont l'ouvrage offre le développement et la preuve.
L'auteur entre aussitót en matiére. Rien sur l'origine temporelle ni sur la jeu-
nesse du Sauveur. Il commence par l'histoire de sa prédication. Les faits et les
discours dont elle se compose sont en harmonie avec le programme de l'évan-
géliste. Mais de cette révélation progressive du Verbe fait chair, résultent deux
effets contraires : dans les àmes droites une foi qui devient de plus en plus
ferme; dans les esprits prévenus et orgueilleux une hostilité toujours eroissante.
Le Sauveur apparait comme source de vie à Cana, au puits de Jacob, dans la
multiplication des pains, dans la guérison des malades, dans la résurrection des
morts. Il s'annonce comme principe de lumière dans la guérison de l'aveugle-né,
mais surtout dans son enseignement et dans ses révélations, lorsqu'il fait voir
que rien ne lui est caché, lorsqu'il dit qu'il vient rendre témoignage de la vérité,
qu'il est la Vérité méme, qu'il donnera son esprit à ses apôtres pour instruire le
monde entier. L'opposition ne tardant pas à éclater, ses auditeurs se divisent
en deux parlis contraires. Un certain nombre, destinés à former le noyau de
son Eglise et à lui fournir des ministres, ouvrent leur cœur à ses paroles et se
montrent dociles à ses enseignements. Les autres, les plus nombreux, ceux qui
possèdent l'autorité et l'influence, ferment les yeux à la lumière et s'irritent
contre le prédicateur. Le divin Maitre s'efforce de dissiper leurs ténébres et de
désarmer leur hostilité : eux ne songent qu'à le prendre en défaut et à le con-
vaincre d'erreur. C'est une lutte continuelle de la lumière contre les ténèbres,
de la vie contre la mort. A la fin, leur malice toujours déjouée, éclate d'une
manière terrible. Ils se décident à le mettre à mort : ils le crucifient. Mais son
immolation devient son triomphe. En sortant vivant du tombeau, il confirme la
foi de ses disciples et fonde inébranlablement son Eglise.
2° La liaison des parties n'est pas moins parfaite que l'unité du but. Tous les
faits rapportés dans l'évangile ont pour fin d'amener un discours, de symboli-
ser une idée, de rendre une instruction plus frappante; tous les discours ont
dans les faits un complément ou une traduction sensible; et par les uns comme
par les autres, l'évangéliste tend à son but, en montrant comment la foi s'est
INTRODUCTION. 2543
établie au commencement dans les cœurs droits, et quels ont été la malice,
l’obstination et le malheur de ceux qui sont restés incrédules. Aussi l’histoire
et la doctrine sont-elles fondues ensemble d'une manière indissoluble, et l'on ne
conçoit pas qu'on ait pu dire que les discours étaient des interpolations.
« L'évangile de S. Jean est comme la robe sans couture du Sauveur, a dit
Strauss lui-méme. Il n'y a pas moyen d'en rien détacher : il faut accepter tout
comme authentique ou tout rejeter. »
S. Jean a un langage qui le distingue des autres évangélistes. Les discours
qu'il rapporte et les tableaux qu'il trace ont, pour la forme et pour le fond, un
caractére particulier.
Son vocabulaire n'est pas abondant. Les mémes termes reviennent sans cesse,
parce que la doctrine roule constamment sur les mémes idées; mais tous
ces termes saisissent l’âme, toutes ces idées l'élévent et la tiennent en présence
des plus grandes et des plus saintes réalités. C'est Dieu, vérité absolue, dont
l'éclat rayonne à travers les ténébres; c'est le Verbe, le Fils unique de Dieu, son
expression parfaite, qui vient ici-bas pour faire connaître et honorer son Père,
et à qui son Pére rend témoignage par la parole et par les ceuvres. Un certain
nombre écoutent sa voix et ouvrent les yeux à sa lumiére. Ceux-là ayant en eux
son esprit et sa vie, sont appelés à partager sa gloire. Mais la plupart refusent
d'écouter ses enseignements et d'obéir à ses lois. Loin de devenir des enfants
de Dieu comme les premiers, ils seront des enfants du démon; ils n'ont pas la
vie en eux : ils n'arriveront pas à la gloire. Voilà ce qui est annoncé dés le pre-
mier chapitre, 11 et 12, et qu'on ne cesse de voir et d'entendre dans tout le
cours de l'Evangile.
Il a des expressions qui lui sont propres, surtout pour rendre les rapports du
Père avec le Fils et du Fils avec nous : Etre chez Dieu, être dans le Père, demeu-
rer en Dieu, naître de Dieu, marcher dans la lumiere, dans les ténèbres, etc. Il dit
le Père, le Fils, d'une manière absolue, Il ἃ des tournures qu'il affectionne et
qu'il répète : En cela, cela est. Quant à ces métaphores si souvent employées,
lumière, vie, ténèbres, mort, mensonge, on ne peut pas dire qu'elles lui soient
propres ; car on les trouve aussi dans les prophétes, dans S. Paul et méme dans
les synoptiques; mais elles se lisent à toutes les pages de son évangile. Comme
elles étaient familières aux gnostiques qu'il avait à réfuter, c'était pour lui une
nécessité d'y revenir souvent, en revendiquant pour l'Homme-Dieu et pour sa
doctrine les perfections que ces hérétiques attribuaient aux créations fantas-
tiques de leur imagination.
Il aime les sentences bréves et détachées, il se plait à énoncer ses pensées
simplement, à la suite l'une de l'autre, comme autant d'intuitions, sans con-
jonctions ni pronoms relatifs, ce qui n'empéche pas qu'étant unies par le fond,
elles ne produisent dans leur ensemble un grand effet. Au lieu de déduire, il
affirme, ou plutôt il atteste ce qu'il voit ou ce qu'il a vu, et il se plait à répéter
les mots et les pensées, comme les vieillards, dit Michaélis, qui ont recours à ce
moyen pour graver leurs maximes dans les esprits.
En fait de figures, il emploie souvent l'antithése, pour faire ressortir ses
idées. Il oppose les lumières aux ténèbres, ceux qui sont nés de Dieu à ceux qui
sont nés des hommes, Jésus-Christ à Moïse, la loi à la gráce, les fidèles aux incré-
dules ; ou bien aprés avoir affirmé une chose, il nie la chose opposée. Il parait
aimer aussi l'apposition, qui se formule par c'est-à-dire, à savoir.
2544 L'EVANGILE SELON SAINT JEAN.
Mais.ce qui caractérise S. Jean, c'est moins la forme extérieure du langage
que le fond de la pensée.
La simplicité, la naïveté, la négligence méme se joignent chez lui à une
finesse, à une pénétration, à une profondeur, à une élévation sans égales.
Tout ce qu'il décrit est sensible et vivant. On croirait assister aux scénes qu'il
retrace et avoir sous les yeux les acteurs. Ses récits sont autant de drames,
pleins de vérité et de mouvement. Il fait parler ses personnages, comme
S. Marc, et quelques mots lui suffisent pour les faire connaitre.
Avec le talent de peindre, au degré le plus éminent, S. Jean a le don d'éveil-
ler la pensée et de s'énoncer d'une manière frappante. Il sait donner un corps
aux choses les plus abstraites et faire apparaitre le monde idéal et surnaturel
à travers les réalités de l'ordre naturel et terrestre. Chez lui, tous les tableaux
sont des emblémes ; l'importance des faits qu'il rapporte est dans les idées qu'ils
suggérent; le présent figure l'avenir; chaque mot renferme une prophétie, une
lecon, un mystére.
Autant il est profond dans ses symboles, autant est-il sublime dans ses con-
ceptions. Nul n'a le regard aussi hardi et aussi sür. Tout ignorant qu'il est des
choses de la terre, ce pécheur de Galilée, inspiré par l'Esprit-Saint, ne craint pas
de traiter de celles du ciel. Il ne veut voir dans l'Homme-Dieu lui-méme que ce
qu'il a de plus divin; et les vérités qu'il nous révèle suffisent pour éclairer la foi,
nourrir l'espérance et animer la charité jusqu'à la fin des siècles.
Vivacité, profondeur, sublimité, voilà, en résumé, ce qui distingue cet évan-
gile, ce qui l'a fait appeler par les Saints Péres /'Evangile de l'Esprit, ce qui fait
que les cœurs purs y trouvent tant de charmes. Il n'est pas de livre où la divi-
nité du Verbe rayonne avec tant d'éclat. OEuvre merveilleuse, sans modéle
comme sans égale, qui porte en elle la preuve de son inspiration et de sa véra-
cité, et qu'on ne pouvait mieux caractériser que par cette figure d'aigle qu'on
lui a donnée pour emblème. (L. Bacuez.)
LE SAINT ÉVANGILE
DE JÉSUS-CHRIST
SELON
SAINT JEAN
2. C'est lui qui au commence-
CHAPITRE PREMIER. ment était en Dieu.
Divinité du Verbe. Mission de saint Jean- 3. Toutes choses ont été faites
Baptiste. Incarnation du Verbe. Ré- | par lui; et sans lui rien n'a été
ponse de saint Jean aux députés des | fait de ce qui a été fait
Juifs. Autre témoignage de saint Jean. ה PRES jg L
Deux disciples de saint Jean vonttrou- | Ἔ- EN Jul était la vie, et la vie
ver Jésus. André lui amène Pierre. Jé- | était la lumière des hommes;
ii uS Philippe, qui lui améne Na- 5. Etla lumiere luit dans les té-
POM nèbres, et les ténèbres ne l'ont
1. Au commencement était le | pas comprise.
Verbe, et le Verbe était en Dieu, 6. 11 y eut un homme envoyé
et le Verbe était Dieu. de Dieu dont le nom était Jean.
Cuar. I. 6. Matt., ,זוז 1; Marc, 1, 2.
1. Et le Verbe était en Dieu. Compar. xiv, 10 : Ne croyez-vous pas que je suis dans
le Pére, et que le Pére est en moi? —* « Le choix de ce mot, Verbe, Logos, n'a pas été
fait au hasard par S. Jean, ni d'une maniére arbitraire. Il parait lui avoir été révélé.
Que le Fils de Dieu l'ait fait connaitre à S. Jean avant de sortir de ce monde, ou que
la révélation en ait été faite à cet Apôtre au moment où il écrivait l'évangile, c'est
ce que rien ne détermine avec certitude; mais nous savons qu'à Patmos, S. Jean
recut des assurances à cet égard : « Le nom dont on l'appelle est le Verbe de Dieu, »
lisons-nous daus l'Apocalypse. Certains passages de l'Ancien Testament pouvaient
suffire pour en suggérer l'idée. Dans ces textes, la création est attribuée au Verbe
ou à la parole de Dieu. Ce Verbe est personnel. Il s'identifie avec la Sagesse et avec
l'Ange de Dieu. Quoi d'étonnant quau temps du Sauveur ce mot füt employé chez
les Juifs pour désigner le Fils éternel de Dieu? S. Paul parait sanctionner cet usage,
aussi bien que S. Jean, en parlant de /a parole de Dieu vivante et agissante, qui
discerne les pensées de l'esprit et les intentions du cœur. Aussi la difficulté pour l'évan-
géliste n'était pas de faire reconnaitre aux Juifs qu'il y a en Dieu un Verbe personnel
et tout-puissant, mais de les convaincre que Jésus était ce Verbe. D'ailleurs, la con-
naissance de la doctrine révélée surles trois personnes divines étant donnée, le nom
de Verbe ne devaitil pas s'offrir de lui-méme à l'esprit pour désigner la seconde ?
Les rapports du Pére avec le Fils ont une analogie frappante avec ceux qui existent
entre notre esprit et notre parole ou notre verbe. Il était naturel d'appeler le Fils
de Dieu, la Parole du Pére. S. Jean n'avait donc pas d'emprunt à faire, ni à Platon
(429-348), ni à Philon (T 55). Et que leur aurait-il emprunté? — Si Platon parle de
Logos dans sa théorie de la création ou plutót de la disposition originelle des
N. T. 160
2546
7. Celui-ci vint comme témoin
pour rendre témoignage à la lu-
mière, afin que tous crussent par
lui;
8. 11 n'était pas la lumière, mais
il devait rendre témoignage à la
. lumière.
9. Celui-là était la vraie lumière,
qui illumine tout homme venant
en ce monde.
10. 11 était dans le monde, et le
monde a été fait par lui, et le
monde ne l'a pas connu. -
11.Il est venu chez lui, et les
siens ne l'ont pas recu.
19. Mais à tous ceux qui l'ont
reçu, il a donné le pouvoir d'être
faits enfants de Dieu; à ceux qui
croient en son nom;
13. Qui ne sont point nés du
sang, ni de la volonté dela chair,
ni de la volonté de l'homme,
mais de Dieu.
14. Et le Verbe a été fait chair,
et il a habité parmi nous et nous
avons vu 88 gloire comme 1a
gloire qu'un fils unique recoit de
son pere, plein de grâce et de vé-
rité.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
(ca. 1.[
15. Jean rend témoignage de
lui, et il crie, disant : Voici celui-
ci dont j'ai dit : Celui qui doit ve-
nir apres moi a été fait avant moi,
parce qu'il était avant moi.
16. Et nous avons tous reçu de
sa plénitude, et gráce pour gráce;
17. Car la loi a été donnée par
Moïse, la grâce et la vérité sont
venues par Jésus-Christ.
18. Personne n’a jamais vu
Dieu : le Fils unique qui est dans
le sein du Père est celui qui l'a
fait connaitre.
19. Or voici le témoignage de
Jean, lorsque les Juifs lui en-
voyèrent deJérusalem des prêtres
et des lévites pour lui demander:
Qui es-tu?
20. Car il confessa, et il ne le
nia point; il confessa : Ce n'est
pas moi qui suis le Christ.
91. Et ils lui demandèrent :
Quoi donc? Es-tu Elie? Et il dit :
| Non. Es-tu le prophete? Et il ré-
pondit : Non.
22. Ils lui dirent done : Qui es-
tu, afin que nous donnions une
réponse à ceux qui nous ont en-
9. Infra, πὶ, 19. — 10. Hébr., xr, ὃ. — 14. Matt., 1, 16; Luc, 11, 7. — 16. I Tim., vi, 17.
— 18. I Tim., vi, 16; 1 Jean, iv, 12.
choses, il donne à ce terme un sens fort différent de celui de S. Jean. Le Logos du
philosophe grec n'est pas une personne, mais une abstraction, la raison de Dieu,
réceptacle de toutes ses idées. Il n'a pas conscience de son existence. — Il en est
de méme de celui de Philon, autant qu'on peut saisirla pensée de cet auteur, dans
les nuages de ses allégories, Philon ne le nomme pas Dieu, le vrai Dieu; il ne
lidentifie pas avec le Messie. Du reste, s'il avait une vraie connaissance du Verbe
personnel, on devrait penser qu'il l'a puisée aussi dans la révélation, c'est-à-dire
dans les écrits des prophétes et dans les traditions de leurs écoles. » (L. BACUEZ.)
15. Parce qu'il était avant moi; puisque comme Verbe, il était de toute éternité. —
D'autres traduisent : Parce qu'il était au-dessus de moi, bien plus que moi.
19. * Le témoignage de Jean Baptiste.
91. * Es-tu Elie? Et il dit: Non. > Dans un autre endroit (Matt., xt, 13-14), le Sei-
gneur étant questionné par ses disciples sur la venue d'Elie, répondit : Elie est déjà
venu, et si vous voulez le savoir, c'est Jean qui est Elie. Jean interrogé dit au con-
traire : Je ne suis pas Elie... C'est que Jean était Elie par l'esprit qui l'animait, mais
il n'était pas Elie en personne. Ce que le Seigneur dit de l'esprit d'Elie, Jean le nie
de la personne. » (S. GRÉGOIRE-LE-GRAND.)
[cn. 1.]
voyés? Que dis-tu de toi-méme?
93. Je suis, répondit-il, la voix
de celui qui crie dans le désert :
Redressez la voie du Seigneur,
comme l'a dit le prophète Isaie.
24. Or ceux qui avaient été
envoyés étaient du nombre des
pharisiens.
95. Ils l'interrogèrent encore et
lui dirent : Pourquoi donc bap-
tises-tu, si tu n'es ni le Christ, ni
Elie, ni le prophete?
96. Jean leur répondit, disant :
Moi je baptise dans l'eau, mais il
y a au milieu de vous quelqu'un
que vous ne connaissez point.
27. C’est lui qui doit venir après
moi, qui a été fait avant moi; je
ne suis même pas digne de délier
la courroie de sa chaussure.
98. Ceci se passa en Béthanie,
au delà du Jourdain oü Jean bap-
tisait.
29. Le jour suivant Jean vit
Jésus venant à lui, et il dit: Voici
lagneau de Dieu, voici celui qui
óte le péché du monde.
30. C'est celui de qui j'ai dit :
Après moi vient un homme qui ἃ
été fait avant moi, parce quil
était avant moi;
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2547
91. Et moi je ne le connaissais
pas; mais c'est pour qu'il füt ma-
nifesté en Israél, que je suis venu
baptisant dans l'eau.
32. Jean rendit encore témoi-
gnage, disant : J'ai vu l'Esprit
descendant sur lui en forme de
colombe, et il s'est reposé sur
lui.
33. Et moi je ne le connaissais
pas; mais celui qui m'a envoyé
baptiser dans l'eau m'a dit : Ce-
lui sur qui tu verras l'Esprit des-
cendre et se reposer, c'est celui-
làquibaptisera dansl Esprit-Saint.
34. Et je l'ai vu, et j'ai rendu
témoignage que c'est lui qui est
le Fils de Dieu.
99. Le jour suivant, Jean se
trouvait de nouveau avec deux
de ses disciples.
96. Et regardant Jésus qui se
promenait, il dit : Voilà l'agneau
de Dieu.
31. Les deux disciples l'enten-
dirent parler ainsi, etils suivirent
Jésus.
38. Or Jésus s'étant retourné
et les voyant qui le suivaient,
leur dit : Que cherchez-vous? Ils
lui répondirent : Rabbi (ce qui
23. Isaie, xr, 3; Matt., 11, 35; Marc, 1, 3; Luc, 11, 4. — 20. Matt., nr, 11. — 97. Marc,
1, 7; Luc, nr, 16; Actes, 1, 5; ,א 16; xix, 4. — 32. Matt., πὶ, 16; Marc, 1, 10; Luc,
III, 22.
23. * Dans le désert de Judée. Voir Matt., m, 1.
21. Qui a été fait avant moi. Voy. au vers. 15. — Délier la courroie, etc. Voy.
Matt., ur, 14. — * La courroie de sa chaussure, de ses sandales. Voir Marc, vi, 9.
28. * Béthanie, sur la rive orientale du Jourdain, à un endroit où le fleuve était
guéable et qui, d'aprés plusieurs, s'appelait Bethabara ou maison du passage.
35. * Jean Baptiste avec deux de ses disciples, André et S. Jean l'Evangéliste. André
est nommé au y. 40. S. Jean, par humilité, ne se nomme jamais par son nom ni dans
son Evangile ni dans ses Epitres, et quand il a besoin de parler de lui, il se désigne
par une périphrase.
38. * Rabbi, qui veut dire Maitre. C'est le titre que l'on donnait aux docteurs de la
loi en Palestine et nous voyons par S. Jean, qui répéte ce titre huit fois dans son
Evangile, que c'était celui que les Apótres donnaientà Jésus. S. Matthieu et S. Marc
ont rarement conservé le mot sémitique Rabbi: ces deux évangélistes ont ordinai-
rement, et S. Luc a toujours traduit la signification de ce mot : Maitre,
2548
veut dire, par interprétation,
Maître), où demeurez-vous?
39. Il leur dit : Venez et voyez.
Ils vinrent, et virent où il demeu-
rait, et ils restèrent avec lui ce
jour-là : or, il était environ la
dixième heure,
40. Or André, frère de Simon-
Pierre, était un des deux qui
avaient entendu de Jean ce témoi-
gnage, et qui avaient suivi Jésus.
41. Or il rencontra d'abord son
frere Simon, et lui dit : Nous
avons trouvé le Messie (ce qu'on
interprete par le Christ).
49. Et il 'amena à Jésus. Et Jé-
sus l'ayant regardé, dit : Tu es
Simon, fils de Jona; tu seras ap-
pelé Géphas, ce qu'on interprète
par Pierre.
43. Le lendemain, Jésus voulut
aller en Galilée;iltrouva Philippe
et lui dit : Suis-moi.
44. Or Philippe était de Beth-
saide, de la méme ville qu'André
et Pierre.
45. Philippe trouva Nathanaél,
et lui dit : Nous avons trouvé ce-
lui de qui Moise a écrit dans la loi
et ensuite les prophètes, Jésus,
fils de Joseph de Nazareth.
46. Et Nathanael lui demanda :
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
(cu. a.)
Peut-il venir de Nazareth quelque
chose de bon? Philippe lui répon-
dit : Viens et vois.
47. Jésus vit venir à lui Natha-
naél. et il dit de lui : Voici vrai-
ment un Israélite en qui il n'y a
point d'artifice.
48. Nathanael lui demanda :
D'où me connaissez-vous? Jésus
répondit et lui dit : Avant que
Philippe l'appelát, lorsque tu étais
sous le figuier, je t'ai vu.
49. Nathanaél lui répondit et
dit : Rabbi, vous étes le Fils de
Dieu, vous êtes le roi d'Israël.
50. Jésus répliqua et lui dit :
Parce que je t'ai dit : Je t'ai vu
sous le figuier, tu crois; tu verras
de plus grandes choses.
51. Lt il ajouta : En vérité, en
vérité, je vousle dis, vous verrez
le ciel ouvert et les anges de Dieu
montant et descendant sur le Fils
de l'homme.
CHAPITRE II.
Noces de Cana. Changement de l'eau en
vin. Vendeurs chassés du temple. Jésus
annonce sa résurrection. Beaucoup
croient en lui, mais il ne se fie pas à
eux.
1. Trois jours apres, il se fit des
45. Genèse, xuix, 10; Deut., xvnr, 18; Isaie, xr, 10; xrv, 8; Jér., xxim, 5; Ezéch.,
xxxIv, 23; xxxvii, 24; Dan., 1x, 24, 25.
39. La dixième heure; c'est-à-dire environ quatre heures aprés midi. Voy. notre
Abrégé d'introduction aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, p. 535, 536.
43. * En Galilée. Voir la note 3 à la fin du volume.
44. * Bethsaide de Galilée. Voir Matt., x1, 21.
45. * Nathanaël, c'est-à-dire Dieudonné. On croit communément que c'est celui qui
devint l'apótre S. Barthélemy, Nathanaél étant son nom propre et Barthélemy étant un
surnom qui veut dire fils de Tolmai.
48. * Sous le figuier. Le figuier peut atteindre une grande hauteur en Palestine et son
feuillage serré et touffu produit une ombre trés épaisse. Les rabbins juifs allaient
volontiers étudier la loi de Moise à l'ombre des figuiers.
49. Rabbi; c'est-à-dire Maitre.
1. * Cana en Galilée est célèbre non seulement par le miracle de l’eau changée en
vin, mais aussi par un autre miracle raconté dans S. Jean, 1v, 46-54. C'est là
[cg. 11]
x
noces à Cana en Galilée : et la
mère de Jésus y était.
9. Et Jésus aussi fut convié aux
noces avec ses disciples.
3. Or le vin manquant, la mère
de Jésus lui dit : Ils n’ont pas de
vin.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2549
qu'importe à moi et à vous? Mon
heure n'est pas encore venue.
9. Sa mere dit à ceux qui ser-
vaient : Tout ce qu'il vous dira,
faites-le.
6. Or il y avait 15 six urnes
de pierre préparées pour la pu-
4. Et Jésus lui dit : Femme, | rification des Juifs, contenant
qu'était né Nathanaél, Jean, xxr, 2. — « Aujourd'hui la Cana évangélique s'appelle
Kafr-Kenna, sur le chemin de Nazareth à Tibériade. Les chrétiens y ont une église
bátie des débris d'une autre plus magnifique, changée plus tard en mosquée et
détruite aujourd'hui. On y [montre] deux des hydries dans lesquelles l'eau fut
changée en vin. Elles sont en calcaire compact du pays ct travaillées assez grossière-
ment. Elles n'ont absolument aucune sculpture. Voici leurs dimensions : la grande
urne, de forme plus arrondie, a 1 m. 20 centim. sur 80 centim.; la seconde, plus allon-
gée, a 90 centim. sur 15. Chacune des hydries contenait, dit l'évangéliste, deux ou trois
métrétes ; or cette mesure vaut près de 39 litres. La capacité des urnes de l'Evangile
variait donc de 78 à 117 litres. Or la plus grande des urnes actuelles peut contenir
100 litres et la plus petite 60 litres. Il y a done compléte coincidence. Elles ont été
vues à la fin du vi? siècle par Antonin le Martyr. — On montre encore à Kenna les
ruines de Ja maison de l'un des douze Apótres, Simon, [que plusieurs croient étre
l'époux des noces de Cana]. — S. Jérôme nous apprend qu'il y a deux Cana. L'une
du côté de Sidon, et celle-ci il l'appelle la Grande; l'autre, qu'il appelle la Petite.
Aujourd'hui les Arabes appellent Kenna-el-Djalil la Cana voisine de la Phénicie. Or
el-Djalil en arabe signifie la Grande. Cet accord du nom moderne avec le texte de
S. Jérôme tranche la question. » (J. 11. Micuow.)
4. Femme. Ce mot ne renfermait jamais chez les Hébreux une idée de mépris
comme en français. Jésus attaché à la croix s'en sert, lorsqu'il recommande, de la
manière la plus tendre, sa mère à son disciple bien aimé. Les Romains et les Grecs
donnaient le titre de femme à des princesses et à des reines, en leur adressant la
parole. — * > Plusieurs traduisent, sur le latin : > Que nous importe àl'un et à l'autre? »
Mais la plupart entendent ces mots autrement: > Qu’avons-nous à faire ou à con-
certer ensemble? Laissez-moi la liberté que demande mon ministére. » Ce second
sens parait mieux en harmonie avec l'acception de ces mots dans la Bible et avec
l'esprit du quatrième évangile. Puisque S. Jean écrit pour prouver que Jésus-Christ
estle Fils de Dieu, il doit plutót relever en lui un sentiment qui implique la con-
science de sa divinité, qu'un autre où l'on verrait seulement un indice de sa nature
humaine. « Un miracle, semble-t-il dire à sa Mère, est une œuvre toute divine : la
chair et le sang n'y doivent avoir aucune part. C'est comme homme que je suis votre
fils; c'est comme Dieu que je dois agir en ce moment. » En parlant ainsi, Notre
Seigneur ne fait que répéter ce qu'il a déjà dit, en sortant du temple: que la volonté
de son Père était la seule règle qu'il eût à suivre dans l'exercice de son ministère.
Du reste, il n'y a dans ces paroles aucun reproche ni aucun blàme pour Marie, qui
partage les sentiments de son Fils et qui entre dans sa pensée; mais pour ceux qui
l'entendaient, pour les Apótres surtout, il y a une instruction importante: c'est que
le Sauveur n'est pas avec sa Mére dans les mémes rapports qu'un enfant ordinaire ;
c'est que, dans l'exercice de leur ministère, les ministres de Dieu ne doivent avoir
aucun égard aux inspirations de la chair et du sang. — Quant au mot : « Femme, »
c'est en hébreu comme en grec une appellation respectueuse, qui n'a rien de dur ni
de dédaigneux. Sans exclure la tendresse filiale, clle réserve au Sauveur l'indépen-
dance que son œuvre réclame. Il n'en emploiera pas d'autre quand il cherchera à
consoler sa Mère au Calvaire, ni lorsqu'il se révélera à Madeleine, après sa résur-
rection. » (L. BAcuEz.)
6. * Deux ou trois mesures, dans l'original, melrelas. La metreta était là méme
chose que le bath, lequel avait une capacité de 38 litres 88, — Pour la purification des
Juifs, parce qu'ils se lavaient pour se purilier avant et aprés le repas.
9550
chacune deux ou trois mesures.
1. Jésus leur dit : Emplissez les
urnes d'eau. Et ils les emplirent
jusqu'au haut.
8. Alors Jésus leur dit : Puisez
maintenant, et portez-en au
maitre d'hótel; et ils lui en por-
terent.
9. Sitót que le maitre d'hótel
eut goüté l'eau changée en vin
(et il ne savait d’où ce vin venait,
mais les serviteurs qui avaient
puisé l'eau le savaient), le maitre
d'hótel donc appela l'époux,
10. Et lui dit : Tout homme
sert d'abord le bon vin, et aprés
qu'on ἃ beaucoup bu, celui qui
vaut moins; mais toi, tu as
gardé le bon vin jusqu'à cette
heure.
11. C'est là le commencement
des miracles que fit Jésus à Cana
de Galilée; et c'est ainsi qu'il ma-
nifesta sa gloire et que ses dis-
ciples crurent en lui.
19. Après cela il descendit à
Capharnaüm avec sa mère, ses
frères et ses disciples; mais ils y
demeurerent peu de jours.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
[cu. 11]
13. Car la Páque des Juifs était
proche, et Jésus monta à Jérusa-
lem;
14. Et il trouva dans le temple
les vendeurs de bœufs, de brebis
et de colombes, et les changeurs
assis ὦ leurs tables.
15. Et ayant faitcomme un fouet
avec des cordes, il les chassa tous
du temple avec les brebis et les
bœufs, répandit l'argent des chan-
geurs et renversa leurs tables.
16. Et à ceux qui vendaient les
colombes, il dit : Emportez cela
d'ici, et ne faites pas de la maison
de mon Père une maison de tra-
fic.
17. Or ses disciples se ressou-
vinrent qu'il était écrit : Le zèle
de votre maison me dévore.
18. Les Juifs donc prenant la
parole, lui dirent : Par quel signe
nous montres-tu que tu peux faire
ces choses?
19. Jésus répondit et leur dit :
Détruisez ce temple et je le relè-
verai en trois jours.
20. Mais les Juifs repartirent :
On a mis quarante-six ans à bátir
CnmaP. 1]. 17. Ps. Lxvur, 10. — 19. Matt., xxvi, 61; xxvm, 40; Marc, xiv, 58;
xv, 29.
8. * Le maitre d'hótel est appelé dans l'original architriclin, mot qu'on ἃ francisé
et qui vient d'arché, commandement, et de ériclinion, lit où l'on se couchait pour
prendre ses repas. L'architriclin était l'intendant du festin, il était chargé de tout
surveiller et de tout diriger.
19. Ses frères; c'est-à-dire ses parents. Voy. Matt., וא 46. — * À Capharnaüm.
Voir Matt., 1v, 13.
13. * La Páque des Juifs. Voir Matt., xxvi, 2.
14. * Et il trouva dans le temple, etc. Voir Matt., xxr, 12.
19. Le Sauveur répond aux Juifs d'une maniere énigmatique, parce qu'il connaît
leur incrédulité et la malice de leur cœur. — " Ce temple, en grec naos. Voir note sur
Matt., xxr, 12 et xxvn, 40.
20. * On a mis quarante-six ans. Hérode-le-Grand fit rebâtir et embellir le temple
de Jérusalem, vers l'an 20 avant J.-C. Le temple proprement dit fut achevé en un an
et demi et les bâtiments accessoires en huit ans, mais la décoration n'en fut achevée
que l'an 64 de notre ére, c'est-à-dire plusieurs années aprés la mort de J.-C. Les
Juifs disent à Notre Seigneur qu'il y a 46 ans qu'on travaille au temple, sans prétendre
par là que tout est terminé.
[cu. [.זוז
ce temple; et toi, tu le relèveras
en trois jours?
91. Mais Jésus parlait du temple
de son corps.
22. Lors donc qu'il fut ressuscité
d'entre les morts, ses disciples se
ressouvinrent qu'il avait dit cela,
et ils crurent à l'Ecriture et à la
parole qu'avait dite Jésus.
25. Or lorsque Jésus était à Jé-
rusalem pendant la fête de Páque,
beaucoup crurent en son nom,
voyant les miracles qu'il faisait.
24. Mais Jésus ne se fiait point
à eux, parce qu'il les connaissait
tous,
95. Et qu'il n'avait pas besoin
que personne lui rendit témoi-
gnage d'aucun homme, car il sa-
vait par lui-méme ce qu'il y avait
dans l'homme.
CHAPITRE III.
Nicodéme vient trouver Jésus-Christ;
instruetions que Jésus lui donne. Le
Fils de Dieu envoyé pouf sauver le
monde. Celui qui ne croit pas en lui est
condamné. Dispute entre les disciples
de saint Jean et ceux de Jésus-Christ
touchant le baptéme. Réponse de saint
Jean à ses disciples.
1. Or il y avait un homme par-
miles pharisiens, nommé Nico-
deme, un des chefs des Juifs.
2. Get homme vint la nuit à
Jésus, et lui dit : Maitre, nous
savons que vous étes venu de
Dieu pour enseigner; car nul ne
pourrait faire les prodiges que
22. Ps. rir, 6; 1.01, 9. — 03. III. 8. Ps
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
9551
vous faites, si Dieu n'était avec
lui.
9. Jésus lui répondit et lui dit :
En vérité, en vérité, je vous le
dis, si quelqu'un ne nait de nou-
veau, il ne peut voir le royaume
de Dieu.
4. Nicodème lui dit : Comment
un homme peut-il naitre quand il
est vieux? Peut-il rentrer dans le
sein de sa mere, et naitre de nou-
veau?
9. Jésus répondit : En vérité,
en vérité, je te le dis, si quel-
qu'un ne renaît de l’eau et de
l'Esprit-Saint, il ne peut entrer
dans le royaume de Dieu.
6. Ce qui est né de la chair est
chair, et ce qui est né de l'esprit
est esprit.
7. Ne t'étonne point que je t'aie
dit : Il faut que vous naissiez de
nouveau.
8. L'esprit souffle où il veut :
tu entends sa voix, mais tu ne
sais d'où elle vient ni où elle va:
ainsi en est-il de quiconque est
né de l'esprit.
9. Nicodème répondit et lui dit :
Comment cela se peut-il faire ?
10. Jésus répondit et lui dit :
Tu es maître en Israël, et tu
ignores ces choses ?
11. En vérité, en vérité, je te
le dis, ce que nous savons, nous
le disons, et ce que nous avons
vu, nous lattestons, et vous ne
recevez pas notre témoignage.
ΟΣ Χ ΣΙΝ de
1. Un des chefs des Juifs. Voy. vu, 50. — * Nicodème, un des chefs des Juifs, c'est-
&-dire, membre du Sanhédrin. Le Talmud mentionne un Nicodéme, fils de Gorion,
homme riche et pieux, qui est peut-étre le méme que celui dont parle S. Jean.
D'après la tradition, Nicod!me se fit chrétien et fut banni du sanhédrin et de Jéru-
ealem.
8. * L'esprit. Dans l'original, le mot employé signifie esprit et vent.
2552
42. Si je vous dis les choses de
la terre, et que vous ne croyiez
point, comment croirez-vous, si
je vous dis les choses du ciel?
13. Car personne n'est monté
au ciel que celui qui est descendu
du ciel, le Fils de l'homme qui
est dans le ciel.
14. Et comme Moise a élevé le
serpent dans le désert, il faut de
méme que le Fils de l'homme soit
élevé ;
15. Afin que quiconque croit
en lui ne périsse point, mais qu'il
ait la vie éternelle.
10. Car Dieu a tellement aimé
le monde, qu'il a donné son Fils
unique, afin que quiconque croit
en lui ne périsse point, mais qu'il
ait la vie éternelle.
17. Car Dieu n’a pas envoyé
son Fils dansle monde pour con-
damner le monde, mais pour que
le monde soit sauvé par lui.
18. Qui croit en lui n'est point
condamné, mais qui ne croit
point est déjà condamné, parce
quil ne croit pas au nom du Fils
unique de Dieu.
19. Or cette condamnation
vient de ce que la lumiere a paru
dans le monde, et que les
hommes ont mieux aimé les té-
nebres que la lumière, parce que
leurs ceuvres étaient mauvaises.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
[cu. [.זזז
90. Car quiconque fait le mal
hait la lumiere, et il ne vient
point à la lumière, de peur que
ses œuvres ne soient décou-
vertes ;
21. Mais celui qui accomplit la
vérité vient à la lumière, afin que
ses œuvres soient manifestées,
parce qu'elles ont été faites en
Dieu.
22. Après cela, Jésus vint avec
ses disciples dans la terre de Ju-
dée, et il y demeurait avec eux,
et il baptisait.
93. Or Jean aussi baptisait à
Ennon, pres de Salim, parce qu'il
y avait là beaucoup d'eau et on y
venait, et on y était baptisé.
24. Car Jean n'avait pas encore
été mis en prison.
25. Or il s'éleva une ques-
tion entre les disciples de Jean
et les Juifs, touchant la purifica-
tion.
20. Et ceux-la étant venus vers
Jean, lui dirent : Maitre, celui qui
était avec vous au delà du Jour-
dain, et à qui vous avez rendu
témoignage, baptise maintenant,
et toutle monde va à lui.
97. Jean répondit et dit :
L'homme ne peut rien recevoir,
s'il ne lui a été donné du ciel.
98. Vous m'étes témoins vous-
mémes, que j'ai dit : Ce n'est pas
14. Num., xxt, 9. — 16. I Jean, rv, 9. — 19. Supra, 1, 9. — 22. Infra, 1v, 1. — 26. Supra,
1, 19. — 28. Supra, 1, 20.
92. Et il baptisait, par les mains de ses apôtres, comme il est dit au chap. tv, 2.
93. * Ennon > OEnon, dit S. Jérôme aprés Eusèbe, est un endroit qu'on montre
encore aujourd'hui à 8 milles de Scythopolis, au sud, prés de Salim et du Jourdain. »
Ennon, Aenon signifie sources — Sa/im, que l'Evangéliste mentionne pour fixer la
situation d'Ennon, est malheureusement inconnu. On a trouvé un Salim à l'est et
non loin de Naplouse (Samarie) et il y a là deux sources trés abondantes. On a dé-
couvert un ouadi Selam ou Seleim, au nord-est de Jérusalem, à environ deux lieues,
près del'ouadi Farah, où les sources abondent.
94. * Mis en prison. Voir Matt., xiv, 3.
25. * La purification, le baptéme de S. Jeau-Baptiste.
[cu. 1v.]
moi qui suis le Christ, mais j'ai
été envoyé devant lui.
29. Celui qui a l'épouse est l'é-
poux; mais l'ami de l'époux, qui
est présent et l'écoute, se réjouit
de joie, à cause de la voix de l'é-
pouse. Ma joie est donc mainte-
nant à son comble.
90. Il faut qu'il croisse et que
je diminue.
31. Celui qui vient d'en haut
est au-dessus de tous. Celui qui
est sorti dela terre est dela terre
et parle de la terre. Ainsi celui
qui vient du ciel est au-dessus de
tous.
39. Et il témoigne de ce qu'il a
vu et entendu, et personne ne
reçoit son témoignage.
33. Celui qui a reçu son témoi-
gnage a attesté que Dieu est vé-
ritable.
34. Car celui que Dieu a envoyé
dit les paroles de Dieu, parce que
ce n'est pas avec mesure que
Dieu lui donne son esprit.
35. Le Père aime le Fils, et ila
tout remis entre ses mains.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2553
36. Qui croit au Fils ἃ la vie
éternelle; mais qui ne croit point
au Fils ne verra point la vie, mais
la colere de Dieu demeure sur
lui.
CHAPITRE IV.
Jésus retourne en Galilée. Il s'entretient
avec la Samaritaine, et répond à ses
disciples au sujet de cet entretien. Foi
des Samaritains. Jésus vient de nou-
veau à Cana. Il guérit un malade à Ca-
pharnaüm.
1. Lors donc que Jésus sut que
les pharisiens avaient appris qu'il
faisait plus de disciples et bapti-
sait plus que Jean,
2. (Quoique Jésus ne baptisât
point, mais ses disciples),
3. Il quitta la Judée, et s’en alla
de nouveau en Galilée :
4. Or il lui fallait passer par la
Samarie.
ὃ. Il vint donc dans une ville
de Samarie, nommée Sichar, près
de l'héritage que Jacob donna à
Joseph, son fils.
6. Là était le puits de Jacob.
Ainsi, Jésus, fatigué de la route,
99, Rom., mr, 4. — 80. I Jean, v, 10. — (ΠΑΡ, IV. 1. Supra, nr, 22, — 5. Genèse,
xxxrim, 19; xLvur, 22; Jos., xxiv, 32.
29. Se réjouit de joie; hébraisme, pour éprouver une grande joie, étre ravi de joie.
— * L'ami de l'époux. Voir Matt., 1x, 15.
5-6. * Sichar, prés de l'héritage que Jacob donna à son fils. Là était le puits de
Jacob. Sichar est, d'aprés les uns, Sichem, aujourd'hui Naplouse, à trois kilométres
du puits de Jacob; d'aprés d'autres, qui jugent la distance de Sichem bien grande,
Sichar était un village situé entre le puits et Naplouse, peut-être l'Askar actuel. —
« Le champ donné par Jacob à Joseph est au nord de la Fontaine de Jacob, à environ
mille mètres. On y voit le tombeau de Joseph dont les restes furent rapportés par
les Hébreux de l'Egypte. La Fontaine de Jacob est presque à l'angle du chemin de
Naplouse, se bifurquant pour aller à Jérusalem au midi, et au levant vers le Jour-
dain. Un monument chrétien fut élevé sur l'emplacement de la Fontaine de Jacob.
Il n'en reste que quelques colonnes de granit. {Il reste d'une église qui succéda à la
premiére basilique] un chevet carré avec voüte à arétes, sous lequel est le puits lui-
méme. L'orifice de la fontaine est aujourd'hui fermé par une énorme pierre. En
Orient les fontaines non coulantes, comme celles-ci, étaient autrefois accessibles par
un immense escalier droit au moyen duquel on atteignait l'eau. » (Micnox.)
6. La sixième heure; c'est-à-dire environ midi. Voy. notre Abrégé d'introduc-
tion, etc. p. 535, 536.
9554
s'assit sur le bord du puits. Il
était environ la sixième heure.
7. Or une femme de Samarie
vint puiser de l’eau. Jésus lui dit :
Donnez-moi à boire.
8. (Carses disciples étaient allés
àla ville acheter de quoi manger.)
9. Cette femme samaritaine lui
répondit donc : Comment toi,
qui es Juif, me demandes-tu à
boire, à moi, qui suis une femme
samaritaine? car les Juifs n'ont
point de commerce avec les Sa-
maritains.
10. Jésus lui répondit et dit : Si
vous saviez le don de Dieu, et
qui estcelui qui vous dit : Donnez-
moi à boire, peut-étre lui en eus-
siez-vous demandé vous-méme,
et il vous aurait donné d'une eau
vive.
11. La femme lui repartit : Sei-
gneur, tu n'as pas méme avec
quoi puiser, et le puits est pro-
fond ; d'où aurais-tu donc de l'eau
vive?
12. Es-tu plus grand que notre
père Jacob qui nous a donné ce
puits, et qui en a bu, lui, ses en-
fants et ses troupeaux?
13. Jésus répliqua et lui dit :
Quiconque boit de cette eau aura
encore soif; au coníraire, qui
boira de l'eau que je lui donnerai,
n'aura jamais soif;
1^4. Mais l’eau que je lui donne-
rai deviendra une fontaine d'eau
jaillissante jusque dans la vie
éternelle.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
[cr 1v.]
15. La femme lui dit : Seigneur,
donne-moi de cette eau afin que
je n'aie plus soif, et que jene
vienne point puiser ici.
16. Allez, lui répondit Jésus,
appelez votre mari et venez ici.
17. La femme répliqua et dit:
Je n'ai pointde mari.Jésus ajouta:
Vous avez bien dit : Je n'ai point
de mari;
18. Car vous avez eucinq maris,
et celuique vous avez maintenant
n'est pas votre mari ; en cela vous
avez dit vrai.
19. La femme lui dit : Seigneur,
je vois que vous étes vraiment
prophète.
20. Nos pères ont adorésur cette
montagne, et vous dites, vous,
que Jérusalem est le lieu où il
faut adorer.
91. Jésus lui dit : Femme,
croyez-moi, vient une heure oü
vous n'adorerez le Père ni sur
celte montagne ni à Jérusalem.
29. Vous adorez, vous, ce que
vous ne connaissez point; nous,
nous adorons ce que nous con-
naissons, parce que le salut vient
des Juifs.
23. Mais vient une heure, et
elle est déjà venue, oü les vrais
adorateurs adoreront le Pere en
esprit et en vérité; car ce sont
de tels adorateurs que le Père
cherche.
24. Dieu est esprit, et ceux qui
l'adorent doivent l'adorer en es-
prit et en vérité. i
20. Deut., xit, 5. — 22. IV Rois, xvii, 41. — 24. I Cor., 11, 17.
9. * Les Juifs n'ont point de commerce avec les Samaritains. Voir Matt., x, 5.
20. * Sur cette montagne, le mont Garizim, où les Samaritains avaient élevé un
temple schismatique, prés de Sichem, avec l'autorisation du roi perse Darius
Nothus. Jean Hyrcan détruisit ce temple, mais du temps de Notre Seigneur, les
Samaritains avaient encore un autel sur cette montagne.
[c. 1v.]
95. La femme lui dit : Je sais
que le Messie (c'est-à-dire le
Christ) vient; lors donc qu'il sera
venu, il nous apprendra toutes
choses.
96. Jésus lui dit : Jele suis, moi
qui vous parle.
27. En méme temps ses dis-
ciples vinrent, et ils s'étonnaient
de ce quil parlait avec une
femme ; néanmoins aucun ne dit:
Que lui demandez-vous? ou pour-
quoi parlez-vous avec elle?
28. La femme donc laissa là sa
cruche, s’en alla dans la ville et
dit aux habitants:
29. Venez, voyez un homme
qui m'a dit tout ce que j'ai fait,
n'est-ce point le Christ?
30. Ils sortirent donc de la ville,
et ils venaient à lui.
31. Cependant ses disciples le
priaient, disant : Maitre, man-
gez.
32. Mais il leur dit : Moi, j'ai à
manger une nourriture que vous
ne connaissez point.
33. Les disciples disaient alors
entre eux : Quelqu'un lui a-t-il
apporté à manger?
34. Jésus leur dit : Ma nour-
riture est de faire la volonté de
celui qui m'a envoyé, et d'ac-
complir san œuvre.
39. Ne dites-vous pas vous-
mêmes : ll y 8 encore quatre
mois, el la moisson viendra?
Mais moi, je vous dis maintenant:
Levez les yeux et voyez les
champs; car ils blanchissent déjà
pour la moisson.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 9558
36. Et celui qui moissonne re-
coit une récompense, et recuocille
du fruit pour la vie éternelle, afin
que celui qui seme se réjouisse
aussi bien que celui qui mois-
sonne.
31. Car, en ceci, ce qu'on dit
est vrai : Autre est celui qui
seme, et autre celui qui mois-
sonne.
98. Pour moi, je vous ai en-
voyés moissonner oü vous n'avez
point travaillé; d'autres ont tra-
valllé, et vous, vous étes entrés
dans leurs travaux.
39. Or beaucoup de Samari-
tains de cette ville crurent enlui,
surla parole delafemme quiavait
rendu ce témoignage : 11 m'a dit
lout ce que j'ai fait.
40. Lors donc que les Sa-
maritains furent venus à lui,
ils le prierent de demeurer en
ce lieu, et il y demeura deux
jours.
41. Et beaucoup plus crurent en
lui, à cause de ses discours.
42. De sorte qu'ils disaient à la
femme : Maintenant ce n'est plus
sur votre parole que nous
croyons, nous lavons entendu
nous-mémes, et nous savons que
c'est vraiment lui qui est le Sau-
veur du monde.
43. Ainsi aprés les deux jours
il partit de là et s'en alla en Ga-
lilée.
44. Car Jésus lui-méme a rendu
ce témoignage qu'un prophète
n'est point honoré dans sa pa-
trie.
35. Matt., 1x, 37; Lue, x, 2. — 44. Matt., xir, 57; Marc, vi, 4; Luc, 1v, 24.
-—
33. * Il y a encore quatre mois et la moisson viendra. Comme la moisson commence
en Palestine vers le milieu d'avril, il résulte de ces paroles que les faits racontés
dans ce chapitre se passèrent vers le milieu du mois de décembre.
2556
45. Quand il fut venu en Ga-
lilée, les Galiléens l'accueillirent,
parce qu'ils avaient vu tout ce
qu'il avait fait à Jérusalem pen-
dant la fête; 68 118 étaient venus,
eux aussi, à la féte.
46. Π vint donc de nouveau à
Cana de Galilée, où il avait
changé l'eau en vin. Or il y avait
un officier du roi dont le fils était
malade à Capharnaüm.
41. Lorsque cet officier eut
appris que Jésus venait de Judée
en Galilée, il alla vers lui, et le
pria de venir guérir son fils qui
se mourait.
48. Jésus lui dit donc : Si vous
ne voyez des miracles et des pro-
diges, vous ne croyez point.
49. L'officier lui dit : Seigneur,
venez avant que mon fils meure.
50. Jésus lui répondit : Va,ton
fils vit. Cethomme crut àla parole
que lui dit Jésus,et s'en alla.
51. Or, comme il s'en retour-
nait, ses serviteurs vinrent à sa
rencontre et lui annoncerent que
son fils vivait.
52. Et il leur demandait à
quelle heure il s'était trouvé
mieux. Et ils lui dirent : Hier, à
la septième heure, la fièvre l'a
quitté.
53. Le père reconnut alors que
L'EVANGILE SELON SAINT JEAN.
[cu..v.]
c'était l'heure à laquelle Jésus lui
avait dit : Ton fils vit; et il crut,
lui et toute sa maison.
54. Ce fut là le second miracle
que fit encore Jésus quand il fut
revenu de Judée en Galilée.
CHAPITRE V.
Guérison d'un homme malade depuis
trente-huit ans. Murmures des Juifs sur
le prétendu violement du sabbat, et sur
ce que Jésus-Christ se déclarait le fils
de Dieu. Réponse de Jésus-Christ aux
Juifs. Le Fils agit avec le Pére; il a recu
du Pére tout pouvoir de juger. 1] a la
vie en lui de méme que le Pére. Té-
moignage de Jean-Baptiste et du Père
céleste. Inerédulité des Juifs. Moise
sera leur accusateur.
1. Apres cela se trouvait la féte
des Juifs, et Jésus monta à Jéru-
salem.
2. Or il y a à Jérusalem une
piscine probatique appelée en
hébreu Bethsaida, et ayant cinq
portiques.
3. Sous lesquels gisait une
grande multitude de malades,
d'aveugles, de boiteux, de para-
lytiques, attendantle mouvement
des eaux.
4. Car un ange du Seigneur
descendait en un certain temps
dans la piscine, et l'eau s'agitait.
Et celui qui le premier descendait
dans la piscine après le mouve-
45. Matt., rv, 12; Marc, 1, 14; Luc, iv, 14. — 46. Supra, ir, 9. — Cuar. V. 1. Lévit.,
xxii, 5; Deut., xvi, 1.
M — M — — ——— ————
45. Pendant la féle; c'est-à-dire pendant la féte de Pàque, qui était la grande
solennité des Juifs.
46. * Cana de Galilée. Noir Jean, τι, 1. — Capharnaüm, Matt., iv, 13.
52. La septième heure; vers une heure aprés midi.
1. La féte des Juifs; c'est-à-dire la fête de Pâque. Voy. 1v, 43.
2. * Une piscine probatique. On croit qu'elle était ainsi appelée parce qu'on y lavait
les animaux (probata) que l'on devait offrir en sacrifice dans le temple de Salomon.
Elle est située au nord-ouest de la porte d'entrée de l'église actuelle de Sainte-Aune,
non loin de la porte Saint-Etienne, dans la partie nord-est de Jérusalem. Cette
piscine porte aujourd'hui le nom de Birket Israil. Elle était probablement alimentée
par les eaux amenées au temple au moyen d'un aqueduc des environs de Bethléem,
[cu. v.]
ment de l’eau, était guéri de
quelque maladie qu'il fût affligé.
5. Or il y avait là un homme
qui était malade depuis trente-
huit ans.
6. Lorsque Jésus le vit couché
et qu'il sut qu'il était malade de-
puis longtemps, il lui dit : Veux-
tu étre guéri?
7. Le malade lui répondit : Sei-
eneur, je n'ai personne qui,
lorsque l'eau est agitée, me jette
dans la piscine; car, tandis que je
viens, un autre descend avant
moi.
8. Jésus lui dit : Lève-toi, prends
ton grabat et marche.
9. Et aussitót cet homme fut
guéri, et il prit son grabat, et il
marchait. Or c'était un jour de
sabbat.
10. Les Juifs done disaient à
celui qui avait été guéri : C'est
un jour de sabbat, il ne t'est pas
permis d'emporter ton grabat.
11. Il leur répondit : Celui qui
m'a guéri m'a dit lui-méme :
Prends ton grabat et marche.
12. Alors ils lui demandèrent :
Qui est cet homme qui t'a dit :
Prends ton grabat et marche?
13. Mais celui qui avait été
guéri ne savait qui il était; car
Jésus s'était retiré de la foule as-
semblée en ce lieu.
14. Jésus ensuite le trouva
dans le temple, et lui dit : Voilà
que tu es guéri, ne peche plus, de
peur quil ne tarrive quelque
chose de pis.
15. Cet homme s'en alla et an-
nonca aux Juifs que c'était Jésus
qui l'avait guéri.
16. C'est pourquoi les Juifs per-
10. Exode, xx, 11; Jérém., xvir, 24
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2551
sécutaient Jésus, parce qu'il fai
sait ces choses un jour de sabbat.
17. Mais Jésus leur répondit :
Mon Père agit sans cesse, et moi
j'agis aussi.
18. Sur quoi les Juifs cher-
chaient encore plus à le faire
mourir; parce que non seulement
il violait le sabbat, mais qu'il di-
sait que Dieu était son Père, se
faisant ainsi égal à Dieu. Jésus
répondant, leur dit :
19. En vérité, en vérité, je vous
le dis, le Fils ne peut rien faire
de lui-même, si ce n'est ce qu'il
voit que le Père fait; car tout ce
que le Père fait, le Fils le fait pa-
reillement.
20. Car le Père aime le Fils, et
lui montre tout ce qu'il fait; et il
lui montrera des œuvres encore
plus grandes que celles-ci, de
sorte que vous en serez vous-
mêmes dans l’admiration.
21. Car, comme le Père réveille
les morts et les rend à la vie,
ainsi le Fils vivifie ceux qu'il
veut.
22. Le Père ne juge personne,
mais il a remis tout jugement à
son Fils.
23. Afin que tous honorent le
Fils comme ils honorent le Père :
qui n'honore point le Fils n'ho-
nore point le Père qui l'a envoyé.
24. En vérité, en vérité, je vous
dis que celui qui écoute ma pa-
role et croit à celui qui m'a en- |
voyé, a la vie éternelle et ne
vient pas en jugement; mais il a
passé de la mort à la vie.
25. En vérité, en vérité, je vous
le dis, vient une heure, et elle est
déjà venue, oü les morts enten-
2508
dront la voix du Fils de Dieu, et
ceux qui l'auront entendue, vi-
vront.
96. Car, comme le Père a la
vie en lui-méme, ainsi il a
donné au Fils d'avoir la vie en
lui-méme;
27. Et il lui a donné le pouvoir
de juger, parce qu'il est Fils de
l'homme.
98. Ne vous en étonnez pas,
parce que vient l'heure oü tous
ceux qui sont dans les sépulcres
entendront la voix du Fils de
Dieu,
99. Et en sortiront, ceux qui
auront faitle bien, pour ressusci-
ter à la vie; mais ceux qui auront
faitle mal, pour ressusciter à leur
condamnation.
30. Je ne puis rien faire de moi-
méme. Selon que j'entends, je
juge ; et mon jugement est juste,
parce que je ne cherche point
ma volonté, mais la volonté de
celui qui m'a envoyé.
31. Si je rends témoignage de
moi-même, mon témoignage
n'est pas vrai.
32. C'est un autre qui rend té-
moignage de moi, et je sais que
le témoignage qu'il rend de moi
est véritable.
89. Vous, vous avez envoyé
vers Jean, et il a rendu témoi-
gnage à la vérité.
34. Pour moi, ce n'est pas d'un
homme que jerecois témoignage;
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
[ca. v.]
mais je dis ceci afin que vous
soyez sauvés.
35. 11 était la lampe ardente et
luisante, et un moment vous
avez voulu vous réjouir à sa
lumiere.
36. Mais moi, j'ai un témoi-
gnage plus grand que celui de
Jean. Car les œuvres que mon
Père m'a données à accomplir, ces
œuvres que je fais moi-même,
rendent témoignage de moi, que
le Père m'a envoyé.
97. Et mon Père quim'aenvoyé
a rendu lui-même témoignage de
moi; vous n'avez jamais entendu
sa voix ni vu sa figure ;
38. Et vous n'avez pas sa parole
demeurant en vous, parce que
vous ne croyez pas à celui qu'il a
envoyé.
39. Scrutez les Ecritures, puis-
que vous pensez avoir en elles
la vie éternelle, car ce sont elles
qui rendent témoignage de moi;
40. Mais vous ne voulez pas
venir à moi pour avoir la vie.
41. Jen’accepte point une gloire
venant des hommes.
42. Mais j'ai reconnu que vous
n'avez pas l'amour de Dieu en
vous.
43. Je suis venu moi-méme au
nom de mon Pére, et vous ne
me recevez point; si un autre
vient en son nom, vous le rece-
2.
44. Comment pouvez-vous
29, Matt., xxv, 46. — 32. Matt., 11, 17; Supra, 1, 15. — 87. Matt., ur, 17; xvi, 5;
Deut., 1v, 12.
DIR CS
33. * Vers Jean Baptiste.
39. Il faut s'aveugler volontairement, pour trouver ici un ordre donné à tous de
lire les Ecritures. C'est évidemment un reproche fait aux pharisiens, de ce que lisant
les Ecritures, et pensant y trouver la Vie éternelle, ils ne voulaient pas reconnaître
Jésus-Christ, lui à qui toutes les Ecritures rendaient témoignage, et par qui seul ils
pouvaient avoir cette véritable vie.
]08. vi.)
croire, vous qui recevez la gloire
lun de lautre, et ne cherchez
point la gloire qui vient de Dieu
seul?
45. Ne pensez pas que ce soit
moiquidoive vous accuser devant
le Père : celui qui vous accuse,
c'est Moïse, en qui vous espérez.
40. Car si vous croyiez à Moise,
vous croiriez sans doute à moi
aussi, parce que c'est de moi
qu'il a écrit.
47. Mais si vous ne croyez
point à ses écrits, comment croi-
rez-vous à mes paroles?
CHAPITRE VI.
Multiplication des cinq pains et des deux
poissons. Jésus marche sur la mer. La
nourriture qui ne périt point. Jésus-
Christ déclare que sa chair et son sang
sont une nourriture et un breuvage.
Plusieurs se scandalisent de ses paroles
et l'abandonnent. Les douze apótres
demeurent avec lui. Jésus prédit l'infi-
délité de l'un d'eux.
1. Après cela Jésus s'en alla de
l'autre cóté de la mer de Galilée,
c'est-à-dire de 110611806 ;
2. Et une grande multitude le
suivait, parce qu'ils voyaient les
miracles qu'il faisait sur ceux qui
étaient malades.
3. Jésus monta done sur la
montagne, et là il était assis avec
ses disciples.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2559
4. Cependant approchait la
Pâque, jour de la fête des Juifs.
ὃ. Jésus donc ayant levé les
yeux et vu qu'une très grande
multitude était venue à lui, dit à
Philippe : Où achèterons-nous
des pains, pour que ceux-ci
mangent?
6. Or il disait cela pour l’éprou-
ver; car pour lui il savait ce qu'il
devait faire.
1. Philippe lui répondit : Deux
cents deniers de pain ne leur suf-
firaient pas pour que chacun
d'eux en eüt méme un petit mor-
ceau.
8. Un de ses disciples, An-
dré, frère de Simon-Pierre, lui
dit :
9. ll y a ici un petit garcon qui
a cinq pains d'orge et deux pois-
sons : mais qu'est-ce que cela
pour tant de monde?
10. Jésus dit donc : Faites as-
seoir ces hommes. Or il y avait
beaucoup d'herbe en ce lieu. Ces
hommes s'assirent donc au nom-
bre d'environ cinq mille.
11. Alors Jésus prit les pains,
et quand il eut rendu grâces, il
les distribua à ceux qui étaient
assis; eL de méme des poissons,
autant qu'ils en voulaient.
12. Lorsqu'ils furent rassasiés,
il dit à ses disciples : Amassez
46. Genèse, rii, 15; זאא 185; xüix, 10 ; Dout., xvirr, 15. — (ΒΑΡ. VI, 1. Matt., xiv, 13;
‘ Marc, vi, 32; Luc, 1x, 10.
1. * Jésus s'en alla de l'autre côté de la mer de Galilée. Voir note sur Matt., xtv, 13.
— Sur Tibériade, voir au verset 23.
3. Sur la montagne; c'est-à-dire sur la montagne voisine.
4. * La, Páque. Voir Matt., xxvi, 2.
10. * IJ y avait beaucoup d'herbe en ce lieu. L'herbe pousse abondamment sur cer-
taines montagnes de la Palestine. Le P. de Géramb dit de celle des Béatitudes :
« Arrivés au pied de cette montagne, nous fümes arrétés par la hauteur de l'herbe.
Elle était si élevée qu'elle atteignait presque à la tête de nos chevaux, et si épaisse
qu'elle obstruait tout le passage. Nos janissaires furent ebligés de 18 faucher avec
leurs sabres pour nous ouvrir un chemin. »
2560
lesmorceaux qui sontrestés, pour
qu'ils ne se perdent pas.
13. 115 les amasserent donc, et
remplirent douze paniers de mor-
ceaux des cinq pains d'orge qui
restèrent à ceux qui avaient
mangé.
14. Or ces hommes, ayant vu
le miracle que Jésus avait fait,
disaient : Celui-ci est vraiment le
prophète qui doit venir dans le
monde.
15. Et Jésus, ayant connu qu'ils
devaient venir pour l'enlever et
le faire roi, s'enfuit de nouveau
sur la montagne tout seul.
16. Dès que le soir fut venu, ses
disciples descendirent à la mer.
11. Et quand ils furent montés
dans la barque, ils vinrent de
l'autre cótédelamer, vers Caphar-
naüm. Or les ténèbres s'étaient
déjà faites, et Jésus n'était pas
venu à eux.
18. Cependant, au souffle d'un
grand vent, la mer s'enflait.
19. Après donc qu'ils eurent
ramé environ vingt-cinq ou trente
stades, ils virent Jésus marchant
sur 18 mer et s'approchant de la
barque, et ils eurent peur.
90. Mais il leur dit : C'est moi,
ne craignez point.
91. C'est pourquoi ils voulurent
le prendre dans la barque, et aus-
L'EVANGILE SELON SAINT JEAN.
(cu. vi.]
sitót la barque se trouva à la
terre oü ils allaient.
22. Le jour suivant, le peuple,
qui se tenait de l'autre cóté de la
mer, observa qu'il n'y avait eu
là qu'une seule barque, que Jésus
n'était point entré avec ses dis-
ciples dans cette barque, mais que
ses disciples seuls étaient partis ;
23. Gependant, d'autres barques
vinrent de Tibériade, prés du
lieu où ils avaient mangé le pain,
le Seigneur ayant rendu grâces.
94. Quand le peuple eut vu que
Jésus n'était point là, ni ses dis-
ciples, il monta lui aussi dans les
barques et vint à Capharnaüm,
cherchant Jésus.
95. Et l'ayant trouvé de l'autre
cóté de la mer, ils lui dirent :
Maitre, comment étes-vous venu
ici?
26. Jésus leur répondit, et dit :
En vérité, en vérité, je vousle dis,
vous me cherchez, non parce que
vous avez vu des miracles, mais
parce que vous avez mangé des
pains et avez été rassasiés.
27. Travaillez, non pas en vue
de la nourriture qui périt, mais
de celle qui demeure pour la vie
éternelle, etqueleFils del'homme
vous donnera; car Dieu le Père
l'a scellée de son sceau.
28. Ils lui demandèrent : Que
15. Matt., x:iv, 23; Marc, vr, 46. — 27. Matt., 111, 17; xvir, 5; Supra, 1, 32.
41. * Vers Capharnaüm. Voir Matt., 1v, 13.
19. Vingt-cing, etc. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 545. — * Vingt-cinq à
trente stades équivalent à cinq ou six kilométres.
23. * Tibériade, sur les bords du lac auquel elle a donné son nom, fut bâtie, d'après
Josèphe, par Hérode Antipas, et ainsi nommée par son fondateur en l'honneur de
l'empereur Tibère. Cette ville fut la capitale de la Galilée depuis sa fondation jus-
qu'au régne d'Hérode Agrippa II qui rétablit le siége de son gouvernement à Séphoris,
ancienne capitale de la province. Plusieurs de ses habitants étaient Grecs et
Romains. Dans le voisinage, il y avait des eaux thermales célébres chez les Latins.
Le Sanhédrin s'y fixa vers le milieu du second siècle de notre ére,et des écoles
uives trés renommées y fleurirent pendant longtemps.
]68. vi.]
ferons-nous pour travailler aux
œuvres de Dieu?
99. Jésus répondit et leur dit :
L'euvre de Dieu, c'est que vous
eroyiez en celui qu'il a envoyé.
30. Ils lui repartirent : Quel mi-
racle done faites-vous pour que
nous voyions et que nouscroyions
en vous?
31. Nos pères ont mangé la
manne dans le áésert, comme il
est écrit : Il leur a donné du pain
du ciel à manger.
32. Jésus leur dit donc : En vé-
rité, en vérité, je vous le dis,
Moise ne vous ἃ point donné le
pain du ciel, mais c'est mon Pere
qui vous donne le vrai pain du
ciel.
33. Carle pain de Dieu est celui
qui descend du ciel, et donne la
vie au monde.
34. 118 lui dirent donc : Sei-
gneur, donnez-nous toujours ce
pain.
39. Et Jésus leur dit : C'est moi
qui suis le pain de vie : qui vient
àmoi n'aura pas faim, et qui croit
en moi n'aura jamais soif.
96. Mais je vous l'ai dit, vous
m'avez vu, et vous ne croyez
point.
91. Tout ce que me donne mon
Pere viendra à moi, et celui qui
vient à moi, je ne le rejetterai
pas dehors :
38. Parce que je suis descendu
du ciel, non pour faire ma vo-
lonté, mais la volonté de celui
qui m'a envoyé.
L'EVANGILE SELON SAINT JEAN.
2564
39. Or c’est la volonté de mon
Père qui m'a envoyé, que de tout
ce quil m'a donné, rien ne se
perde, mais que je le ressuscite
au dernier jour.
40. C'estla volonté de mon Père
qui m'a envoyé, que quiconque
voitle Fils et croit en lui ait la
vie éternelle, et moi je le ressus-
citerai au dernier jour.
41. Cependant les Juifs murmu-
raient contre lui, parce qu'il avait
dit : Moi je suis le pain vivant
qui suis descendu du ciel,
42. Et ils disaient : N'est-ce pas
là Jésus, le fils de Joseph, dont
nous connaissons le père et la
mère? Comment donc dit-il : Je
suis descendu du ciel?
43. Mais Jésus répondit et leur
dit : Ne murmurez point entre
vous;
44. Nul ne peut venir à moi, si
le Père qui m'aenvoyé nel'attire:
et moi je le ressusciterai au der-
nier jour.
45. Il est écrit dans les pro-
phètes : Ils seront tous enseignés
de Dieu. Quiconque a entendu la
voix du Père et a appris, vient à
mol.
46. Non que personne ait vu le
Pére, si ce n'est celui qui est de
Dieu; car celui-là a vu le Père.
41. En vérité, en vérité, je vous
le dis : Qui croit en moi, a la vie
éternelle.
48. C'est moi qui suis le pain
de la vie.
49. Vos pères ont mangé la
29. I Jean, 1x, 29, — 31. Exode, xvi, 14; Num., xr, 7; Ps. Lxxvu, 24; Sag., xvi, 20. —
99. Eccli., xxiv, 29. — 42. Matt., xii, 55; Marc, vi, 3. — 45. Isaie, Liv, 13. — 46. Matt,
xl, 27. — 49. Exode, xvi, 13.
------------ὀ--.----ς-ς-ς--- .....- ---- τ Ὁ Ὁ τ הבהאה החדהה ה
31. * Dans le désert du Sinai.
91. Tout ce que; c'est-à-dire (ous ceux que. Voy. jour cette énallage, Matt., xvi, 44,
np
161
2562
manne dans le désert et sont
morts.
50. Voici le pain qui descend
du ciel, afin que si quelqu'un en
mange, il ne meure point.
91. Je suis le pain vivant, moi
qui suis descendu du ciel.
52. Si quelqu'un mange de ce
pain, il vivra éternellement; et le
pain que je donnerai, c'est ma
chair pour la vie du monde.
53. Les Juifs donc disputaient
entre eux, disant : Comment ce-
lui-ci peut-il nous donner sa chair
à manger?
54. Et Jésus leur dit : En vérité,
en vérité, je vous le dis : Si vous
ne mangez la chair du Fils de
l'homme, et ne buvez son sang,
vous n'aurez point la vie en vous.
95. Qui mange ma chair et boit
mon sang ἃ la vie éternelle; et
moi, je le ressusciterai au dernier
jour.
56. Car ma chair est vraiment
nourriture et mon sang est vrai-
ment breuvage;
57. Qui mange ma chair et boit
mon sang demeure en moi et
moi en lui.
58. Comme mon Père qui est
vivant m'a envoyé, et que moi
je vis par mon Pére, ainsi celui
qui me mange vivra aussi par
moi.
56. I Cor., x1, 27.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
(cu. vi.]
59. Voici le pain qui est des-
cendu du ciel. Ce n'est pas comme
vos pères, qui ont mangé la
manne et sont morts. Celui qui
mange ce pain vivra éternelle-
ment.
60. Il dit ces choses, enseignant
dans la synagogue, à Caphar-
naüm.
61. Mais beaucoup de ses dis-
ciples l'ayant entendu, dirent :
Ces paroles sont dures et qui
peutles écouter?
62. Or Jésus sachant en lui-
méme que ses disciples en mur-
muraient leur dit : Cela vous scan-
dalise?
63. Et si vous voyiez le Fils de
l'homme montant où il était au-
paravant?
64. C'est l'esprit qui vivifie; la
chair ne sert de rien : or les pa-
roles que je vous ai dites sont es-
prit de vie.
65. Mais il en est parmi vous
quelques-uns qui ne croientpoint.
Car Jésus savait, dés le commen-
cement, qui étaient ceux qui ne
croyaient pas, et qui devait le
trahir.
66. Et il disait : C’est pourquoi
je vous ai dit que nul ne peut
venir à moi, s'il ne lui est donné
par mon Père.
67. Dès lors, beaucoup de ses
54. Et ne buvez, etc. Voy. Matt., xxvi, 21.
60. * Enseignant dans la synagogue. Voir Matt., 1v, 23 et Luc, tv, 16.
62-63. Vous ne croyez pas maintenant que je puisse vous donner ma chair à
manger, et mes paroles à cet égard vous scandalisent; mais en serait-il de méme,
si vous me voyiez monter au ciel? Ce miracle ne vous prouverait-il pas la vérité de
ce que je vous assure?
64. La chair seule sans l'esprit ne sert de rien. C'est en vain que l'on recoit le corps
de Jésus-Christ d'une manière sensible et corporelle, si l'on ne le reçoit en esprit et
par la foi. — Les paroles de Jésus-Christ sont en effet esprit et vie, puisqu'elles con-
tiennent la promesse d'un sacrement dans lequel on peut recevoir d'une manière
miraculeuse l'esprit, la grâce et la vie dans sa source,
[cu. vir.]
disciples se retirerent, et ils n'al-
laient plus avec lui.
68. Jésus donc dit aux douze :
Et vous, voulez-vous aussi vous
en aller?
69. Mais Simon-Pierre lui ré-
pondit : Seigneur, à qui irions-
nous? Vous avez des paroles de
vie éternelle ;
10. Pour nous, nous avons cru,
et nous avons connu que vous
étes le Christ, le Fils de Dieu.
14. Jésus leur répondit : N'est-
ce pas moi qui vous ai choisis
tous les douze? Cependant l'un
de vous est un démon.
12. Il parlait de Judas Iscariote,
fils de Simon : car c'était lui qui
devait 16 trahir, quoiqu'il fût un
. des douze.
CHAPITRE VII.
Les parents de Jésus veulent lui persua-
der d'aller en Judée. Jésus y va en se-
cret. 11 enseigne publiquement dans le
temple. Ses reproches à ceux qui vou-
laient le faire mourir. Il annonce l'ef-
fusion de l'Esprit de Dieu. On veut en
vain l'arréter. Nicodéme prend sa dé-
fense.
1. Aprés cela Jésus parcourait
la Galilée: car il ne voulait point
parcourir la Judée, parce que les
Juifs cherchaient à lefaire mourir.
2. Or approchait la fête des
Juifs, la Scénopégie.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2563
3. Ses frères donc lui dirent :
Pars d'ici et va en Judée, afin que
tes disciples voient, eux aussi,
les ceuvres que tu fais.
4. Car personne n'agit en se-
cret, lorsqu'il cherche lui-méme
a paraitre en public : puisque tu
fais de telles choses, manifeste-
toi au monde.
5. Car ses frères mêmes ne
croyaient pas en lui.
6. Mais Jésus leur dit : Mon
temps n'est pas encore venu,
mais votre temps est toujours
prêt.
7. Le monde ne peut pas vous
hair : pour moi, il me hait, parce
que je rends de lui ce témoi-
gnage que ses œuvres sont mau-
vaises.
8. Allez, vous, à cette féte :
pour moi je n’y vais point, parce
que mon temps n'est pas encore
accompli.
9. Ce qu'ayant dit, il demeura
en Galilée.
10. Mais lorsque ses freres fu-
rent partis, il alla aussi lui-méme
à la fête, non publiquement, mais
comme en cachette.
11. Les Juifs donc le cher-
chaient pendant la fête et di-
saient : Où est-il?
19. Et il y avait une grande
rumeur dans le peuple à son su-
10. Matt., xvi, 16; Marc, virt, 29; Luc, 1x, 20. — (ΠΑΡ. VII. 2. Lévit., xxii, 34.
2. La Scénopégie; c'est-à-dire la fête des Tabernacles. Voy. notre Abrégé d'introduc-
lion, etc., p. 960. — * La féte des Tabernacles se célébrait tous les ans en mémoire
du temps que les Hébreux, apres avoir quitté l'Egypte, avaient vécu sous la tente
dans le désert du Sinai, Lévitique, xxi, 40, et aussi pour remercier Dieu de la
moisson et de la vendange, Deutér., xvi, 13. Elle commencait le 15 du mois de
Tischri (fin septembre) et durait sept jours. Pendant la semaine de la fête, les Juifs
habitaient dans des tentes de feuillage, construites sur les toits plats des maisons ou
dans les cours ou sur les places publiques, et c'est de là que venait le nom de Scé-
nopégie.
3, 9, 10. Ses frères. Voy. Matt., xii, 46.
2904
jet. Les uns disaient : En effet,
c'est un homme de bien; mais
d'autres disaient : Non, car il sé-
duit la foule.
13. Cependant personne ne par-
laitdelui ouvertement par crainte
des Juifs.
14. Or, vers le milieu de la fête,
Jésus monta au temple, et il en-
seignait.
15. Et les Juifs s'étonnaient,
disant : Comment celui-ci sait-il
les Ecritures, puisqu'il ne les a
point apprises ?
16. Jésus leur répondit et dit :
Ma doctrine n’est pas de moi,
mais de celui qui m'a envoyé.
17. Si quelqu'un veut faire sa
volonté, il connaîtra, touchant
ma doctrine, si elle est de lui ou
si je parle de moi-même.
18. Celui qui parle de lui-même
cherche sa propre gloire; mais
qui cherche la gloire de celui
qui l'a envoyé, celui-là est vrai,
et il n'y a point d'injustice en
lui.
19. Moïse ne vous a-t-il pas
donné la loi? Gependant nul de
vous ne pratique la loi.
20. Pourquoi cherchez-vous à
me faire mourir? Le peuple ré-
pondit et dit : Tu es possédé du
démon : qui cherche à te faire
mourir?
21. Jésus répliqua et leur dit :
J'ai fait une seule ceuvre, et vous
étes tous étonnés.
99. Cependant Moise vous a
donné la circoncision (bien qu'elle
ne soit pas de Moise, mais des
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
eu. vin. ]
patriarches) : et vous circoncisez
le jour du sabbat.
93. Or, si un homme recoit la
circoncision le jour du sabbat,
afin que la loi de Moise ne soit
point violée, comment vous indi-
gnez-vous contre moi, parce que
jai rendu un homme sain. tout
entier un jour de sabbat?
24. Ne jugez point sur l'appa-
rence, mais rendez un juste ju-
gement.
25. Quelques-uns de Jérusalem
disaient donc : N'est-ce pas là
celui qu'ils cherchent ἃ faire
mourir ?
26. Et voilà qu'il parle. publi-
quement, et ils ne lui disent rien.
Les chefs du peuple auraient-ils
réellement reconnu que c'est lui
qui est le Christ?
27. Cependant pour celui-ci,
nous savons d'oü il est : mais
quand le Christ viendra, per-
sonne ne saura d'oü il est.
28. Ainsi Jésus parlait à haute
voix dans le temple, enseignant
et disant : Et vous savez qui je
suis, et vous savez d'oü je suis ;
et je ne suis point. venu de moi-
méme : mais il est vrai, celui qui
m'a envoyé, et que vous ne con-
naissez point.
29. Moi je le connais, parce que
je suis de lui, et que c'est lui qui
m'a envoyé.
30. 115 cherchaient done à le
prendre; mais personne ne mit
la main sur lui, parce que son
heure n'était pas encore venue.
31. Mais beaucoup d'entre le
19. Exode, xxiv, 3. — 20. Supra, v, 18. — 22. Lévit., ,זוא 3; Genèse, xvir, 10. —
2%. Deut., 1, 16.
21. Jésus parle ici de la guérison qu'il avait opérée sur le paralytique de la piscine,
uu jo'ir de sabbat. Voy. v, 9 et suiv.
[cg. vir.)
peuple crurent en lui, et ils di-
saient : Le Christ, quand il vien-
dra, fera-t-il plus de miracles que
celui-ci n'en fait ?
32. Les pharisiens entendirent
le peuple murmurant ainsi à son
sujet; et les princes des prétres
et les pharisiens envoyèrent des
archers pour le prendre.
93. Jésus leur dit: Je suis en-
core un peu de temps avec vous;
et je m'en vais à celui qui m'a
envoyé.
94. Vous me chercherez et ne
me trouverez pas ; et où je suis
vous ne pouvez venir.
98. Les Juifs dirent entre eux :
Où doit donc aller celui-ci, que
nous ne le trouverons point? doit-
il aller chez les nations disper-
sées, et enseigner les gentils ?
36. Quelle est cette parole qu'il
ἃ dite : Vous me chercherez et
ne me trouverez point : et où je
suis vous ne pouvez venir?
37. Le dernier jour de la féte,
qui est le plus solennel, Jésus se
tenait debout et s'écriait, disant :
Si quelqu'un a soif, qu'il vienne
à moi, et qu'il boive.
38. Celui qui croit en moi,
comme dit l'Ecriture, des fleuves
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEA^" |
2565
d'eau vive couleront de son sein.
99. Il disait cela de l'Esprit que
devaient recevoir ceux qui
croyaient en lui; car l'Esprit n'a-
vait pas encore été donné, parce
que Jésus n'était pas encore glo
rifié.
40. Parmi donc cette multitude
qui avait entendu ces paroles :
les uns disaient : Celui-ci est
vraiment le prophete.
41. D'autres disaient : Celui-ci
estle Christ. Mais quelques-uns
disaient : Est-ce de la Galilée que
vient le Christ?
49. L'Ecriture ne dit-elle pas
que c'est de la race de David et
du bourg de Dethléem, oü était
David, que vient le Christ?
43. Il s'éleva donc une dissen-
sion dansle peuple à cause de lui.
44. Quelques-uns d'eux vou-
laient le prendre, mais aucun
d'eux ne mit la main sur lui.
45. Ainsiles archers revinrent
vers les pontifes 65165 pharisiens,
qui leur demandèrent : Pourquoi
ne l'avez-vous pas amené ?
46. Les archers répondirent :
Jamais homme n'a pàrlé comme
cet homme.
A1. Mais les pharisiens leur ré-
34. Infra, ,זווא 33. — 37. Lévit., xxi, 27. — 38. Isaie, χιαν, 8; Lvur, f1; Joël, 11, 28;
Actes, 11, 17. — 42. Mich., v, 2; Matt., 11, 6.
35.* Chez les nations dispersées. Le texte porte littéralement : dans la dispersion
des gentils, ce qui chez les Juifs signifiait les Israélites dispersés et vivant au milieu
des paiens. C'est le sens qu'a ici cette locution. Plus tard les Apótres appliquaient
cette dénomination aux chrétiens ou Juifs convertis dispersés au milieu des Gentils,
Jacques, 1, 1; I Pierre, 1, 1.
31. * Le dernier jour de la féte des Tabernacles, un lévite allait puiser de l'eau à
Siloé (voir sur cette fontaine Jean, 1x, 11) dans une urne d'or et on versait cette eau,
dans le temple, sur la victime du sacrifice, en mémoire du miracle de Moise faisant
jaillir l'eau du rocher au Sinai. C'est sans doute à cet usage, à cette eau et à cette
fontaine que fait allusion le Sauveur, quand il dit : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne
à moi el qu'il boive.
42, Où élait David; c'est-à-dire où avait habité David.
45. * Les avchers. Le texte porte les serviteurs,
2566
pliquèrent : Avez-vous été sé-
duits, vous aussi?
48. Est-il quelqu'un d'entre les
chefs du peuple ou d'entre les
pharisiens, qui ait cru en lui?
49. Mais cette foule, qui ne con-
naît pas la loi, ce sont des mau-
dits.
50. Nicodème leur dit (c'était
celui qui était venu de nuit à Jé-
sus, et qui était l'un d'entre eux):
51. Est-ce que notre loi con-
damne un homme sans qu'aupa-
ravant on l'ait entendu, et sans
qu'on sache ce qu'il a fait?
52. Ils répondirent, et lui di-
rent: Est-ce que tu es aussi Ga-
liléen? Lis avec soin les Ecritures,
et tu verras : De la Galilée pro-
phéte ne surgit.
53. Et ils s'en retournaient cha-
cun en sa maison.
CHAPITRE VIII.
Femme adultére présentée à Jésus-Christ.
Jésus lumiére du monde. Son pére lui
rend témoignage. Impénitence des Juifs
prédite. Crucifiement annoncé. Qui
commet le péché est esclave du péché.
Vrais enfants d'Abraham. Le démon
est le pére du mensonge. Qui est de
Dieu entend les paroles de Dieu. Jésus
outragé laisse la défense de sa gloire à
son Père. Il déclare qu'il est avant
Abraham.
1. Mais Jésus s'en alla à la
montagne des Oliviers;
9. Et des le point du jour il re-
vint dans le temple, et tout le
peuple vint à lui; et, s'étant as-
sis, il les enseignait.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
[cæ. vin]
3. Cependant les scribes et les
pharisiens lui amenèrent une
femme surprise en adultère, et
la placèrent au milieu,
4. Puis ils. dirent à Jésus :
Maitre, cette femme vient d'étre
surprise en adultere.
5. Or Moise, dans la loi, nous a
ordonné de lapider de telles
femmes. Toi donc, que dis-tu ?
6. Or ils disaient cela, le ten-
tant, afin de pouvoir l’accuser.
Mais Jésus, se baissant, écrivait
du doigt sur la terre.
7. Et comme ils continuaient à
l'interroger, il se releva et leur
dit : Que celui de vous qui est
sans péché jette le premier une
pierre contre elle.
8. Et se baissant de nouveau,
il écrivait sur la terre.
9. Mais, entendant cela, ils sor-
taient l'un après l'autre, à com-
mencer parles vieillards. Et Jésus
demeura seul avec la femme, qui
était au milieu. |
10. Alors Jésus, se relevant, lui
dit : Femme, où sont ceux qui
vous accusaient? Personne ne
vous a condamnée?
11. Elle répondit : Personne,
Seigneur. Et Jésus lui dit : Ni moi,
je ne vous condamnerai pas :
allez, et ne péchez plus.
12. Jésus leur parla de nou-
veau, disant : C'est moi qui suis la
lumière du monde : qui me suit
ne marche pas dans les ténèbres,
mais il aura la lumière de la vie.
50. Supra, nr, 2. — 51. Deut., xvii 8; xix, 15. — Cuar. VIII. 5. Lév., xx, 10. 329!
1. Deut., xvi, 7. — 12. I Jean, 1, 5.
50. * Nicodème. Voir plus haut, itr, 4.
52. Et tu verras; littér. e£ vois; ce qui est un pur hébraisme.
1. * A la montagne des Oliviers. Voir Matt., xxt, 4.
5. Dans la loi. Deutér., xx, 22, 24.
[cn. vin.]
13. Alors les pharisiens lui
dirent : C'est toi qui rends témoi-
gnage de toi-méme; ton témoi-
gnage n'est pas vrai.
14. Jésus répondit, et leur dit :
Bien que je rende témoignage de
moi-méme, mon témoignage est
vrai; parce que je sais d'oü je
viens et où je vais, mais vous,
vous ne savez ni d'oü je viens ni
oü je vais.
45. Vous, vous jugez selon la
chair; moi je ne juge personne;
16. Et si je juge, mon juge-
ment est vrai, parce que je ne
suis pas seul; mais moi et mon
Père qui m'a envoyé.
47. Or dans votre loi il est écrit
que le témoignage de deux
hommes est vrai.
18. C'est moi qui rends témoi-
gnage de moi-méme; mais il
rend aussi témoignage de moi,
mon Père qui m'a envoyé.
19. Ils lui disaient donc : Où est
ton Père? Jésus répondit : Vous
ne connaissez ni moi, ni mon
Père : si vous me connaissiez,
vous connaitriez sans doute aussi
mon Père.
20. Jésus dit ces paroles, ensei-
gnant dans le temple, au lieu où
est 16 trésor : et personne ne se
saisit de lui, parce que son heure
n'était pas encore venue.
21. Jésus leur dit encore : Je
m'en vais et vous me chercherez,
et vous mourrez dans votre pé-
ché. Mais oü je vais vous ne pou-
vez venir.
22. Les Juifs disaient donc : Se
L'ÉVANGILE SELON SAINT EAN.
2567
tuera-t-il ui-même, puisqu'il dit :
Oü je vais vous ne pouvez venir?
23. Il leur disait aussi : Vous,
vous étes d'en bas, moi je suis
d'en haut. Vous êtes de ce monde,
moi je ne suis pas de ce monde.
24. Je vous ai donc dit que
vous mourriez dans vos péchés ;
car si vous ne me croyez pas ce
que je suis, vous mourrez dans
votre péché.
25. Ils lui dirent donc : Qui es
tu? Jésus leur dit : Le principe,
moi-méme qui vous parle.
26. J'ai beaucoup de choses à
dire de vous, et à condamner en
vous; mais celui qui m'a envoyé
est vrai, et moi, ce que j'ai en-
tendu de lui, je le dis au monde.
27. Et ils ne comprirent pas
qu'il disait que Dieu était son
Père.
28. Jésus leur &'* donc : Quand
vous aurez ék. le Fils de
lhomme, c'est alors que vous
connaîtrez ce que je suis, et que
je ne fais rien de moi-méme,
mais que je parle comme mon
Père m'a enseigné;
29. Et celui qui m'a envoyé est
avec moi, et il ne m'a pas laissé
seul, parce que pour moi je fais
toujours ce qui lui plaît.
30. Comme il disait ces choses,
beaucoup crurent en lui.
31. Jésus disait donc à ceux
des Juifs qui croyaient en lui :
Pour vous, si vous demeurez
dans ma parole, vous serez vrai-
ment mes disciples;
32. Et vous connaîtrez la vé-
11. Deut., xvir, 6; xix, 15; Matt., xvii, 16; II Cor., xii, 1; Hébr., x, 28. — 26. Rom.,
n, 4.
13. N'est pas vrai; c'est--dire n'est pas valable, n'est pas acceptable,
20. * Où est le trésor, le tronc pour recevoir les aumónes, Voir Marc, xit, 41,
2263
rité, et la vérité vous rendra
libres.
33. Ils lui répondirent : Nous
sommes la race d'Abraham, et
nous n'avons jamais été esclaves
de personne; comment dis-tu,
toi : Vous serez libres?
34. Jésus leur repartit : En vé-
rité, en vérité, je vous le dis,
quiconque commet le péché est
esclave du péché;
35. Or l'sclave ne demeure
point toujours dans la maison;
mais le fils y demeure toujours;
36. Si donc le fils vous met en
liberté, vous serez vraiment
libres.
97. Je sais que vous étes fils
d'Abraham; mais vous cherchez
à me faire mourir, parce que ma
parole ne prend pas en vous.
38. Pour moi, ce que j'ai vuen
mon Père, je le dis; et vous, ce
que vous avez vu en votre pere,
vous le faites.
39. Ilsrépliquerentetlui dirent :
Notre père est Abraham. Jésus
leur dit : Si vous étes fils d'Abra-
ham, faitesles œuvres d'Abraham.
40. Mais loin de là, vous cher-
chez à me faire mourir, moi
homme qui vous ai dit la vérité
que j'ai entendue de Dieu ; c'est
ce qu'Abraham n'a pas fait.
41. Vous faites les ceuvres de
votre père. Ils lui répliquèrent
donc : Nous ne sommes pas nés
de la fornication ; nous n'avons
qu'un père, Dieu.
49. Mais Jésus leur repartit : Si
L'ÉVANGILE SELON. SAINT JEAN.
[cn. ν 11.
Dieu était votre père, certes vous
m'aimeriez ; car c'est de Dieu que
je suis sorti et que je suis venu;
ainsi je ne suis point venu de
moi-même, mais c'est lui qui m
envoyé.
49. Pourquoi ne, connaissez-
vous point mon langage? parce
que vous ne pouvez pas écouter
ma parole.
44. Vous avez le diable pour
pere, et vous voulez aceomplir
les désirs de votre père. Il a été
homicide dés le commencement,
et il n'est pas demeuré dans la
vérité, parce qu'il n'y a pas de vé-
rilé en lui; lorsqu'il parle men-
songe, il parle deson proprefonds,
parce qu'il est menteur et le Pere
du mensonge.
45. Pour moi, si je disla vérité,
vous ne me croyez point.
46. Qui de vous me convaincra
de péché? Si je vous dis la vérité,
pourquoi ne me croyez- vous
point?
41. Celui qui est de Dieu écoute
les paroles de Dieu. Et si vous ne
les écoutez point, c'est parce que
vous n'étes point de Dieu.
48. Mais les Juifs répondirent
et lui dirent : Ne disons-nous
pas avec raison que tu es un Sa-
maritain, et qu'un démon est en
toi?
49. Jésus repartit : ll n'y 8 pas
de démon en moi; mais j'honore
mon Père, et vous, vous me dés-
honorez.
90. Pour moi, je ne cherche
34. Rom., vi, 15, 16; II Pierre, tt, 19. — 4%. I Jean, nr, 8. — 47. I Jean, 1v, 6.
40. Loin de là; c'est-à-dire loin de faire les ceuvres d'Abraham, vous cherchez, etc.
C'est le 8001 868 conforme à la Vulgate aussi bien qu'au texte grec.
48.* Un Samaritain,terme injurieux, puisque les Samaritains étaient schismatiques
et ennemis des Juifs.
[cm 1x1)
point ma gloire; il est quelqu'un
qui la cherchera et qui jugera.
51. En vérité, en vérité, je vous
le dis: Si quelqu'un garde ma
parole, il ne verra jamais la
mort.
:082., Mais les Juifs lui dirent :
Maintenantnousconnaissonsqu'il
y 8 un démon en toi. Abraham
est mort et les prophètes aussi, et
tu dis: Si quelqu'un garde ma
parole, il ne goütera jamais de la
mort.
93. Es-tu plus grand que notre
père Abraham qui est mort? et
les prophètes sont morts aussi ?
Qui prétends-tu étre?
54. Jésus répondit : Si je me
glorifie moi-méme, ma gloire
n'est rien; c'est mon Pére qui
me glorifie, lui dont vous dites
qu'il est votre Dieu.
. 99. Et vous ne l'avez pas connu;
mais moi je le connais; et si je
disais que je ne le connais point,
je serais semblable à vous, men-
teur. Mais je le connais, et je
garde sa parole. /
56. Abraham, votre père, a tres-
881111 pour voir mon jour; il l'a
vu, et il s'est réjoui.
91. Mais les Juifs lui répli-
querent : Tu n'as pas encore cin-
quante ans, et tu as vu Abraham ?
58. Jésus leur dit : En vérité,
en vérité, avant qu'Abraham eût
été fait, je suis.
59. Ils prirent donc des pierres
pour les lui jeter; mais Jésus se
cacha, et sortit du temple.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2569
CHAPITRE IX.
Aveugle-né guéri par Jésus-Christ. En-
quête des pharisiens sur ce miracle. Ils
chassent de la synagogue celui quiavait :
été guéri. Instruit par Jésus-Christ, i
se prosterne et l'adore. Double juge-
ment exercé par Jésus-Christ.
1.Et comme il passait, Jésus
vit un homme aveugle de nais-
sance;
2. Et ses disciples l'interro-
gerent: Maitre, qui a péché, celui-
ci ou ses parents, pour quil soit
né aveugle?
3. Jésus répondit: Ni celui-ci n'a
péché, ni ses parents, mais c'est
pour que les ceuvres de Dieu
soient manifestées en lui.
4. Il faut que j'opère les œuvres
de celui qui m'a envoyé, tandis
qu'il est jour; la nuit vient, pen-
dant laquelle personne ne peut
agir;
9. Tant que je suis dans le
monde, je suis la lumière du
monde.
6. Lorsqu ileutditcela,ilcracha
à terre, fit de la boue avec sa sa-
live, et frotta de cette. boue les
yeux de l'aveugle,
Et il lui dit : Va, lave-toi dans .ד
la piscine de Siloé (ce qu'on in-
terprète par Envoyé). 11 s'en alla
donc, se lava, et revint voyant
clair.
8. De sorte que ses voisins et
ceux qui l'avaient vu aupara-
vant mendier, disaient : N'est-ce
pas celui-là qui était assis et men-
58: Avant qu'Abraham. eát. été. fait. La traduction ordinaire : Avant qu'Abraham füt,
est; selon.]a remarque judicieuse de Bossuet, tout à fait inexacte, puisque l'être d'Abra-
ham et celui de Jésus-Christ 76101601 ni les mêmes en soi ni expliqués par le méme
moí.. Ajoutons que le grec, comme la Vulgate, emploie pour Abraham le verbe étre fait,
et pour-Jésus-Christ, é/re; exister.
7. * Va à la piscine de Siloé. La fontaine de Siloé est située au. pied, du mont
2010
diait? D'autres disaient
lui.
9. Et d'autres : Point du tout,
seulement il lui ressemble. Mais
lui disait : C'est moi.
10. Ils lui demandaient donc :
Comment tes yeux ont-ils été ou-
verts ?
11. Il répondit : Cet homme
qu'on appelle Jésus a fait de la
boue, il a frotté mes yeux, et m'a
dit: Va à la piscine de Siloé, et
lave-toi. J'y suis allé, je me suis
lavé, et je vois.
19. Ils lui demandèrent : Où est-
il? Il répondit : Je ne sais.
18. Alors ils amenérent aux
pharisiens celui qui avait été
aveugle.
14. Or c'était un jour de sabbat
que Jésus fit de la boue et ouvrit
ses yeux.
18. Les pharisiens lui deman-
dèrent donc aussi comment il
avait vu. Et il leur dit : Il m'a
mis de la boue sur les yeux, je
me suis lavé, et je vois.
c'est
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
[cx. 1x.]
16. Alors quelques-uns d'entre
les pharisiens disaient : Cet
homme n'est point de Dieu, puis-
quil ne garde point le sabbat.
Mais d'autres disaient : Comment
un pécheur peut-il faire de tels
miracles? Et il y avait division
entre eux.
11. 115 dirent donc encore à
l'aveugle : Et toi, que dis-tu
de celui qui t'a ouvert les yeux ?
Il répondit : C'est un prophète.
18. Mais les Juifs ne crurent
point de lui qu'il eüt été aveugle
et qu'il eüt recouvré la vue, jus-
qu'à ce qu'ils eussent appelé les
parents de celui qui avait recou-
vré la vue;
19. Et ils les interrogérent,
disant : Est-ce là votre fils, que
vous dites être né aveugle? Com-
ment donc voit-il maintenant?
20. Ses parents leur répon-
dirent et dirent : Nous savons
que c'est notre fils et qu'il est né
aveugle ;
21. Mais comment il voit main-
וו ו"
Ophel, regardant l'est et le village de Siloam qui fait face à Jérusalem, sur le versant
septentrional de la vallée de Ben-Hinnom. On descend par un escalier de dix-sept
marches sur un palier voûté en ogive et long de 3 m. 50 sur autant de largeur et de
hauteur et ayant pour fond le rocher. Un autre escalier de quinze marches taillées
dans le roc conduit à la fontaine méme. Elle est irréguliérement intermittente et
l'eau en est légèrement saumátre. Le réservoir est rectangulaire; il 8 seize mótres
de long environ, sur six mètres de large et six mètres de profondeur. L'eau arrive
par un canal creusé dans le roc. Une inscription hébraïque découverte en 1880 et
datant vraisemblablement du régne d'Ezéchias nous apprend que le tunnel qui a été
percé dans la montagne pour amener l'eau à Siloó fut entrepris par les deux extré*
mités à la fois. ll fait des zigzags et a 535 mètres de longueur. La source qui alimente
a piscine de Siloó en passant par cet aqueduc souterrain est celle qu'on appelle
aujourd'hui la Fontaine de la Vierge, la seule source naturelle qui soit proche de
Jérusalem, cette ville n'ayant en outre que les citernes recueillant l'eau de pluie et
les eaux conduites autrefois à grands frais des vasques de Salomon au sud de
Bethléem. La Fontaine de la Vierge est situóe au fond d'une excavation taillée dans
le roc, sur le versant oriental du mont Ophel. On y descend par un escalier de trente
marches. La grotte est à environ huit métres de profondeur. Le bassin a trois mètres
et demi de long et un mètre soixante centimètres de large. La source est intermittente; ?
pendant l'hiver, à la saison des pluies, l'eau coule de trois à cinq fois par jour, à inter-
valles irréguliers ; pendant l'été elle ne coule que deux fois, et une fois seulement pen- |
dant l'automne. On suppose que l'eau provient d'un réservoir naturel caché sous le mont |
Moriah, au-dessous du temple.
fen. 1x.]
tenant, nous ne le savons pas; ou
qui lui a ouvert les yeux, nous
ne le savons pas; interrogez-le :
ila de l’âge, qu'il parle pour lui-
même.
22. Ses parents dirent cela,
parce qu'ils craignaient les Juifs ;
car déjà les Juifs étaient conve-
nus ensemble que si quelqu'un
confessait que Jésus était le
Christ, il serait chassé de la sy-
nagogue.
23. C'est pourquoi ses parents
dirent : 11 a de l’âge, interrogez-
le lui-méme.
24. Ils appelèrent donc de nou-
veau l'homme qui avait été aveu-
gle, et lui dirent : Rends gloire à
Dieu; pour nous, nous savons
que cet homme est un pécheur.
95. Mais il leur dit : S'il est pé-
cheur, je ne sais; je sais une seule
chose, c'est que j'étais aveugle,
et qu'à présent je vois.
26. Ils lui répliquèrent donc :
Que t'a-t-il fait? Comment t'a-t-il
ouvert les yeux?
27. 11 leur répondit : Je vous
l'ai déjà dit, et vous l'avez en-
tendu, pourquoi voulez-vous l'en-
tendre encore? Est-ce que, vous
aussi, vous voulez devenir ses
disciples?
98. Ils le maudirent donc, et
dirent : Sois son disciple, toi ; mais
nous, nous sommes disciples de
Moise.
29. Nous savons que Dieu a
parlé à Moise; mais celui-ci, nous
ne savons d'oü il est.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2571
30. Get homme reprit et leur
dit : Mais il y a en cela une chose
étonnante, c'est que vous ne sa-
chiez d'oü ilest, etil a ouvert mes
yeux;
91. Cependant nous savons que
Dieu n'écoute point les pécheurs;
mais si quelqu'un honore Dieu et
fait sa volonté, c'est celui-là qu'il
exauce. i
32. Jamais on n'a oui dire que
quelqu'un ait ouvertles yeux d'un
aveugle-né.
33. Si celui-ci n'était pas de
Dieu, il ne pourrait rien faire.
34, Ils répliquèrent et lui di-
rent : Tu es né tout entier dans
le péché, et tu nous enseignes!
Et ils le jetèrent dehors.
5. Jésus apprit qu'ils l'avaient
jeté dehors; et, l'ayant rencontré,
il lui demanda : Crois-tu au Fils
de Dieu?
36. Celui-ci réponditet dit : Qui
est-il, Seigneur, afin que je croie
en lui?
81. Et Jésus lui dit : Mais tu
l'as vu, et c'est lui-même qui te
parle.
88. Et celui-ci reprit : Je crois,
Seigneur; et se prosternant, ii
l'adora.
39. Alors Jésus dit : C'est en
jugement que je suis venu dans
ce monde, afin que ceux qui ne
voient pas, volent, et que ceux
qui voient, deviennent aveugles.
40. Or quelques-uns d'entre les
pharisiens, qui étaient avec lui,
l'entendirent et lui demandèrent:
92. * Il serait chassé de la synagogue; c'est-à-dire qu'on ne lui permettrait plus
d'entrer dans aucune synagogue pour y entendre la lecture de l'Ecriture et y prier
avec les autres Israélites.
39. C’est en jugement; c'est pour exercer un jugement, et par ce jugement mani-
1 5 Ρ 5
fester les desseins de Dieu sur les hommes.
2012
Est-cequenoussommes aveugles,
nous aussi?
41. Jésus leur répondit : Si vous
étiez aveugles, vous n'auriez
point de péché. Mais vous dites
au contraire : Nous voyons. Ainsi
votre péché subsiste.
CHAPITRE X.
Faux et vrai pasteur. Jésus est la porte
des brebis; il est le bon pasteur. Carac-
tére du mercenaire. Brebis réunies sous
un seul pasteur. Jésus quitte sa vie
pour la reprendre. Les brebis de Jésus
entendent sa voix. Les Juifs veulent le
lapider. Il prouve sa divinité par ses
œuvres.
1. En vérité, en vérité, je vous
le dis: Celui qui n’entre point par
la porte dans le bercail des brebis,
mais y monte par ailleurs, est un
voleur et un larron.
2. Mais celui qui entre par la
porte, est le pasteur des brebis.
3. C'est à celui-ci que le portier
ouvre, et les brebis entendent sa
voix, et il appelle ses propres
brebis par leur nom, et les fait
sortir.
4. Et lorsqu'il a fait sortir ses
propres brebis, il marche devant
elles, et les brebisle suivent, parce
qu'elles connaissent sa voix.
5. Elles ne suivent point un
étranger, mais elles le fuient,
parce qu'elles ne connaissent
point la voix des étrangers.
6. Jésus leur dit cette parabole.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
x.] .אס]
Mais ils ne comprirent pas ce qu'il
leur disait.
7. Jésus leur dit done encore :
En vérité, en vérité, je vous le
dis, c'est moi qui suis la porte
des brebis.
8. Tous ceux qui sont venus
sont des voleurs et des larrons,
eLles brebis ne les ont point écou-
tés.
9. C'est moi qui suis la porte.
Si c'est par moi que quelqu'un
entre, il sera sauvé; et il entrera,
et il sortira, et il trouvera des pà-
turages.
10. Le voleur ne vient que pour
voler, égorger et détruire. Moi je
suis venu pour qu'elles aient la
vie, et qu'elles l'aient plus abon-
damment.
11. Moi je suis le bon pasteur.
Le bon pasteur donne sa vie pour
ses brebis.
19. Mais le mercenaire, et celui
qui n'est point pasteur, dont les
brebis ne sont pas le bien propre,
voyant le loup venir, laisse làles
brebis et s'enfuit; et 16 loup ravit
et disperse les brebis;
13. Or le mercenaire s'enfuit,
parce quil est mercenaire, et
quil n'a point de souci des bre-
bis.
14. Moi, je suis le bon pasteur,
el je connais mes brebis et mes
brebis me connaissent,
15. Comme mon Pére me con-
Cap. X. 11. Isaie, xr, 11; Ezéch., xxxiv, 23; מנטאאא 24. — 15. Matt., ,זא 21; Luc,
ΣΧ
41. Au coníraire. La traduction maintenant est inexacte. Compar. vir, 40.
1. * Le bercail en Orient est ordinairement un enclos en plein air, dont l'enceinte
consiste en un mur grossièrement fait de pierres ou en une palissade. C'est là qu'on
enferme les troupeaux la nuit. Le berger entre par la porte avec ses brebis, mais le
voleur pour y pénétrer monte par dessus le mur ou la palissade.
11. * On sait que dans les catacombes les premiers chrétiens ont représenté des
milliers de fois Notre Seigneur sous la forme du Bon Pasteur.
i
]68. x.]
naît, et que moi-méme je connais
mon Père; et je donne ma vie
pour mes brebis.
16. Mais j'ai d'autres brebis qui
ne sont point de cette bergerie;
et il faut que je les amène, et
elles entendront ma voix, et il
n'y aura qu'un bercail et qu'un
pasteur.
11. Et si mon Pére m'aime,
cest parce que je quitte ma vie
pour la reprendre.
18. Personne ne me la ravit;
mais je la donne de moi-même ;
jaile pouvoir de la donner et j'ai
le pouvoir de la reprendre. C'est
le commandement que j'ai reçu
de mon Père.
19. Une dissension s'éleva de
nouveau parmi les Juifs à cause
de ces paroles.
20. Beaucoup d'entre eux di-
saient : Il a en lui un démon, et
il a perdu le sens; pourquoi l'é-
coutez-vous ?
21. D'autres disaient : Ges pa-
roles ne sont pas dun homme
qui a un démon en lui; est-ce
qu'un démon peut ouvrir les
yeux des aveugles?
29. Or on faisait à Jérusalem la
Dédicace ; et c'était l'hiver.
23. Et Jésus se promenait dans
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2073
le temple, sous le portique de
Salomon.
24. Les Juifs donc l’entourèrent
el lui dirent : Jusqu'à quand tien-
dras-tu notre esprit en suspens ?
Si tu es le Christ, dis-le-nous ou-
vertement.
25. Jésus leur répondit : Je vous
parle et vous ne croyez point; les
œuvres que je fais au nom de
mon Père rendent témoignage
de moi ;
26. Mais vous ne croyez point,
parce que vous n'étes point de
mes brebis.
27. Mes brebis écoutent ma
voix ; moi je les connais et elles
me suivent;
28. Et je leur donne 18 vie éter-
nelle, et elles ne périront jamais,
et nul ne les ravira de ma main.
29. Quant à mon Père, ce qu'il
m'a donné est plus grand que
toutes choses, et personne ne le
peut ravir de la main de mon
Pere.
30. Moi et mon Père nous
sommes une seule chose.
91. Alors les Juifs prirent des
pierres pour le lapider.
32. Jésus leur dit : J'ai fait de-
vant vous beaucoup d'œuvres
excellentes par la vertu de mon
17. Isaie, Lit, 7. — 22. I Mach., iv, 56, 59.
22. La Dédicace. Voy. notre Aórégé d'inlroduction, etc., p. 561. — * > La féte de la
dédicace remontait à l'an 164, où Judas Machabée, ayant délivré Jérusalem, avait
brisé l'idole de Jupiter Olympien, placée dans le sanctuaire, et purifié le temple des
profanations commises trois ans auparavant par Antiochus Epiphane. Elle durait
huit jours et se célébrait à l'entrée de l'hiver, comme S. Jean en fait la remarque pour
ses lecteurs, étrangers à la Judée. » (L. Bacuez.)
23. * > La galerie couverte où se promenait Notre Seigneur s'appelait portique de
Salomon, parce qu'elle était bâtie sur une terrasse élevée par Salomon. Peut-être y
voyait-on encore quelques restes de l'ancien temple. [Elle s'étendait parallélement à
la vallée de Josaphat et formait le cóté oriental de l'enceinte du temple.] On décou-
vrait de là la colline des Oliviers et toute la vallée du Cédron. Le Sauveur et les
Apôtres s'y tenaient de préférence, parce qu'elle était ouverte aux Gentils aussi bien
qu'aux Juifs. » (L. Bacuez.)
25/4
Père; pour laquelle de ces œu-
vres me lapidez-vous ?
33. Les Juifs lui répondirent :
Ce n'est pas pour une bonne ceu-
vre que nous te lapidons, mais
c'est pour un blasphème, et parce
que toi, étant homme, tu te fais
Dieu.
94. Jésus leur repartit : N'est-il
pas écrit dans votre loi: Je l'ai
dit : Vous étes des dieux?
88. Quand elle appelle dieux
ceux à qui la parole de Dieu a été
adressée, et que l'Ecriture ne peut
étre détruite,
36. Vous me dites, à moi que
le Père a sanctifié et envoyé dans
le monde : Tu blasphémes ; parce
que j'ai dit : Je suis le Fils de
Dieu? |
37. Si je ne fais pas les œuvres
de mon Père, ne me croyez point.
38. Mais si je les fais, quand
bien même vous ne voudriez pas
me croire, Croyez aux œuvres,
afin que vous connaissiez et
croyiez que mon Père est en moi,
et moi dans mon Père.
39. Ils cherchaient donc à le
prendre, mais il s'échappa de
leurs mains.
40. Et il s'en alla de nouveau
au delà du Jourdain, dans le lieu
oü Jean baptisait d'abord ; et il y
demeura.
41. Et beaucoup de personnes
vinrent à lui, et ils disaient : Jean
n'a fait aucun miracle.
49. Mais tout ce que Jean a dit
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
(en. x1.]
de celui-ci était vrai. Et beaucoup
crurent en lui.
CHAPITRE XI.
Maladie et mort de Lazare. Jésus va à
Béthanie pour le ressusciter. Entretien
de Marthe avec Jésus. Jésus ressuscite
Lazare. Les Juifs veulent perdre Jésus.
Caïphe prophétise. Jésus se retire à
Ephrem. Les Juifs cherchent l'occasion
de le prendre.
1. Or il y avait un certain ma-
lade, Lazare, de Béthanie, du
bourg oü demeuraient Marie et
Marthe sa sceur.
2. (Marie étaitcelle qui oignit le
Seigneur de parfum, et lui essuya
les pieds avec ses cheveux; et La-
zare, alors malade, étaitson frere).
3. Ses sœurs done envoyèrent
dire à Jésus : Seigneur, voilà que
celui que vous aimez est malade.
4. 06 qu'entendant, Jésus leur
dit : Cette maladie ne va pas à la
mort, mais elle est pour la gloire
de Dieu, afin que le Fils de Dieu
en soit glorifié.
5. Or Jésus aimait Marthe et sa
sceur Marie, et Lazare.
6. Ayant done entendu dire
quil était malade, il demeura
toutefois deux jours encore au
lieu où il était ;
7. Et après cela, il dit à ses
disciples : Retournons en Judée.
8. Les disciples lui dirent :
Maitre, tout à l'heure, les Juifs
cherchaient à vous lapider, et
vous retournez là?
9. Jésus répondit : N'y a-t-il pas
94. Ps. Lxxxi, 6. — (παρ. XI. 2. Matt., xxvi, 1; Luc., vir, 37; Infra, xir, 3.
40. * Jean Baptiste.
4. * Béthanie, voir Matt., xxr, 11. — Marie Madeleine, voir Matt., xxvi, 56. —
Marthe, voir Luc, x, 38.
9. N'y a-t-il pas douze heures dans le jour? Les Juifs partageaient le jour de diffé-
rentes manières. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 535, 536.
— MÀ
[ca. x1.]
douze heures dans le jour? Si
quelqu'un marche pendant le
jour, il ne se heurte point, parce
qu'il voitla lumiere de ce monde;
10. Mais s'il marche pendant la
nuit, il se heurte, parce qu'il n'a
point la lumière.
41. Π leur parla ainsi, et en-
suite il leur dit : Lazare, notre
ami, dort ; mais je vais le tirer de
son sommeil.
19. Or ses disciples lui dirent :
Seigneur, s'il dort, il guérira.
18. Jésus avait parlé de sa
mort, mais eux crurent qu'il par-
lait de l'assoupissement du som-
meil.
14. Alors Jésus leur dit claire-
ment : Lazare est mort;
15. Et je me réjouis à cause de
vous, de ce que je n'étais pas là.
afin que vous croyiez ; mais allons
à lui.
16. Sur quoi Thomas, qui est
appelé Didyme, dit aux autres
disciples : Allons, nous aussi, afin
que nous mourions avec lui.
11. Jésus vint donc, et il le
irouva mis dans 16 sépulcre de-
puis quatre jours.
18. (Or Béthanie était pres de
Jérusalem, à environ quinze sta-
des.)
19. Cependant beaucoup de
Juifs étaient venus près de Marthe
et de Marie, pour les consoler de
la mort de leur frère.
20. Marthe donc, dés qu'elle
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2910
eut appris que Jésus venait, alla
au-devant de lui, mais Marie se
tenait dans la maison.
91. Et Marthe dit donc à Jésus:
Seigneur, si vous eussiez été ici,
mon frère ne serait pas mort;
99. Cependant, maintenant
même, je sais que tout ce que
vous demanderez à Dieu, Dieu
vous le donnera.
23. Jésus lui répondit : Votre
frère ressuscitera.
24. Marthe lui dit : Je sais qu'il
ressuscitera à la résurrection, au
dernier jour.
25. Jésus lui dit : C'est moi qui
suis la résurrection et la vie; celui
qui croit en moi, quand même il
serait mort, vivra;
26. Et quiconque vit et croit en
moi, ne mourra jamais. Croyez-
vous cela?
27. Elle lui répondit : Oui, Sei-
gneur, je crois que vous êtes le
Christ, le Fils du Dieu vivant, qui
étes venu en ce monde.
28. Aprés qu'elle eut dit cela,
elle s'en alla et appela Marie, sa
sœur, en secret, disant: Le Maitre
est là, et il t'appelle.
29. Ce que celle-ci ayant en-
tendu, elle se leva promptement
et vint à lui;
30. Car Jésus n'éiait point en-
core entré dans le bourg. mais il
était dans le lieu où Marthe l'avait
rencontré.
91. Cependant les Juifs qui
24. Luc, xiv, 14; Supra, v, 20. — 25. Supra, vi, 40.
16. * Didyme signifie en grec jumeau. Thomas a en hébreu le méme sens. Une
tradition dit qu'il avait une sœur jumelle appelée Lydie.
18. * A environ quinze stades, un peu moins de trois kilomètres.
25. C’est moi qui suis, etc.; c'est-à-dire c'est moi qui ressuscite et qui vivifie. Pour
donner plus d'énergie au discours, les Hébreux employaient souvent les noms abs-
traits pour les concrets.
2576
étaient dans la maison avec Ma-
rie, et la consolaient, lorsqu'ils la
virent se lever si promptementet
sortir, la suivirent, disant : Elle
va au sépulcre pour y pleurer.
32. Et quand Marie fut venue
où était Jésus, le voyant, elle
tomba à ses pieds, et lui dit : Sei-
eneur, 51 vous eussiez été ici,
mon frere ne serait pas mort.
33. Mais lorsque Jésus la vit
pleurant, et les Juifs qui étaient
venus avec elle pleurant aussi, il
frémit en son esprit, et se troubla
lui-méme.
34. Et il dit
mis? Ils lui répondirent
gneur, venez et voyez.
35. Et Jésus pleura.
: Où l’avez-vous
Sei-
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
]68. x1.]
36. Et les Juifs dirent : Voyez
comme il l'aimait!
87. Mais quelques-uns d'eux
dirent: Ne pouvait-il pas, lui qui a
ouvert les yeux d'un aveugle-né,
faire que celui-ci ne mourût point?
38. Jésus donc frémissant de
nouveau en lui-méme, vint au
sépulere : c'était une grotte, et
une pierre était posée dessus.
39. Jésus dit : Otez la pierre.
Marthe, la sceur de celui qui était
mort, lui dit : Seigneur, il sent
déjà mauvais, caril est de quatre
jours.
40. Jésus lui répondit : Ne vous
ai-je pas dit que, si vous croyiez,
vous verriez la gloire de Dieu?
41. Ils óterent donc la pierre;
9i. Supra, Ix, Ὁ,
38. * C'élait une grolle. « Le tombeau de S. Lazare fut vénéré dés les premiers
temps du Christianisme. La petite porte du tombeau regarde le nord. L'entrée est
obscure et difficile. [On y descend par] viugt-trois marches toutes usées. Le tombeau
est une grotte souterraine pratiquée dans le rocher, mais ce rocher est dissous
depuis longtemps, de sorte qu'on le prendrait facilement pour de la terre argileuse,
excepté la partie avoisinant l'entrée où il a conservé toute sa dureté primitive. Ce
changement est cause que nous trouvons aujourd'hui ce monument revétu d'une ma-
connerie dont la voûte est en ogive. [Il] se compose de deux chambres carrées,
presque de méme grandeur, d'à peu près trois mètres de long sur autant de large,
et revétues d'une maçonnerie assez grossière. La première est la chambre où se
trouvait Notre Seigneur quand il ressuscita Lazare. Du côté de l'est, on remarque
une porte cintrée qui est murée depuis des siècles. Cette porte est précisément à
l'entrée primitive du tombeau. Par une ouverture qui se trouve dans la paroi nord,
on peut regarder dans le sépulcre proprement dit. De cette chambre on descend par
un escalier bas et étroit de trois marches dans la chambre sépulcrale. La voûte en
est légèrement ogivale. Quant à la couche funèbre de 5. Lazare, nous ne savons plus
si elle avait la forme de four à cercueil, d'auge ou de banc; mais si l'on considère
la forme carrée de la chambre, il parait probable que cette couche était un banc
surmonté d'un arceau. Cette chambre était disposée pour en contenir encore deux
| autres, ainsi qu'on en voit ailleurs en grand nombre, chacune des trois parois ayant
son bane, tandis que celle où se trouve la porte d'entrée reste libre. » (LIÉVIN DE
Hauue.) — * Une pierre était posée dessus. « Selon l'usage, une pierre fermait l'entrée
de la grotte; mais le corps de Lazare était au fond de la grotte, dans une chambre
sépulerale. Une pierre recouvrait la tombe proprement dite creusée dans le roc oü
était le corps de Lazare. 1] y avait donc deux pierres à óter: l'une qui permettait
d'entrer dans la grotte, dans le monument; l'autre, la véritable pierre tombale, dont
l'encastrement dans le roc vif se voit encore. Ce fut celle-ci que Jésus ordonna de
lever et qui laissa voir Lazare les pieds et les mains enveloppés de ses suaires.
L'Evangéliste n'a mentionné naturellement que la pierre tombale qui recouvrait
Lazare. Jésus avait dû descendre d'abord dans le monument par un escalier profond
taillé dans le roc, puis de là descendre dans la chambre sépulcrale où Lazare avait
été mis. » (J.-H. Micnow.)
(cu. x1]
alors Jésus, levant les yeux en
haut, dit : Mon Père, je vous rends
gráces de ce que vous m'avez
écouté ;
42. Pour moi, jesavais que vous
m'écoutiez toujours; mais c'est à
cause de ce peuple qui m'envi-
ronne que j'ai parlé, afin qu'ils
croient que c’est vous qui m'avez
envoyé.
43. Ayant dit cela, il cria d'une
voix forte : Lazare, sors!
44. Et aussitót sorlit celui qui
avait été mort, 116 aux pieds et
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2017
49. Beaucoup d'entre les Juifs
qui étaient venus pres de Marie
et de Marthe, et qui avaient vu ce
que fit Jésus, crurent en lui.
46. Mais quelques-uns d'entre
eux allèrent vers les pharisiens
et leur dirent ce qu'avait fait Jé-
sus.
47. Les Pontifes donc et les
pharisiens assemblèrent le con-
seil, et ils disaient : Que faisons-
nous, car cet homme opere beau-
coup de miracles?
48. Si nous le laissons ainsi,
aux mains de bandelettes, et le
visage enveloppé d'un suaire.
Jésus leur dit : Déliez-le et laissez-
le aller.
tous croiront en lui, et les Ro-
mains viendront et ruineront
notre pays et notre nation.
49. Mais l'un d'eux, nommé
49. Infra, xvut, 14.
44. * De bandelelles. On enveloppait les cadavres d'une grande quantité de ban-
delettes à la façon des Egyptiens.
41. * Le conseil, le sanhédrin. — * Les ponlifes et les pharisiens assemblérent le
conseil. Suivant une ancien tradition, le conseil fut assemblé à la maison de cam-
pagne de Caiphe, située sur le mont du Mauvais Conseil, qui a tiré de là son nom.
Ce mont est à l'ouest de Jérusalem et forme la limite méridionale de la vallée de
Ben-Hinnom.
43. * Les Romains viendront el ruineront notre pays. — « Les Romains viendront, et
ils délruiront notre ville, notre lemple et toule notre nation. C'est le prétexte dont ils
couvraient leur intérét caché et leur ambition. Le bien public impose aux hommes,
et peut-étre que les pontifes et les pharisiens en étaient véritablement touchés, car
la politique mal entendue est le moyen le plus sûr pour jeter les hommes dans l'aveu-
glement et les faire résister à Dieu.
« On voit ici tous les caractères de la fausse politique et une imitation dela bonne,
mais à contre-sens. La véritable politique est prévoyante et par là se montre sage.
Ceux-ci font aussi les sages et les prévoyants: Les ftomains viendronl. lls viendront,
il est vrai, non pas comme vous pensez, parce qu'on aura reconnu le Sauveur; mais
au contraire, parce qu'on aura manqué de le reconnaitre. La nation périra: vous
lavez bien prévu; elle périra en effet; mais ce sera par les moyens dont vous
prétendiez vous servir pour la sauver, tant est aveugle votre politique et votre
prévoyance. La politique est habile et capable : ceux-ci font les capables. Voyez avec
quel air de capacité Caiphe disait : Vous n’y entendez rien; i| n'y entendait rien lui-
méme. [/ fuut qu'un homme meure pour le peuple: il disait vrai, mais c'était d'une
autre facon qu'il ne l'entendait. La politique sacrifie le bien particulier au bien publie,
et cela est juste jusqu'à un certain point. // faut qu'un homme meure pour le peuple :
il entendait qu'on pouvait condamner un innocent au dernier supplice, sous prétexte
du bien publie, ce qui n'est jamais permis, car au contraire le sang innocent
crie vengeance contre ceux qui le répandent. La grande habileté des politiques, c'est
de donner de beaux prétextes à leurs mauvais desseins. || n'y a point de prétexte
plus spécieux que le bien publie, que les ponlifes et leurs adhérents font semblant
de se proposer. Mais Dieu les confordit, et leur politique ruina le temple, la ville,
la nation, qu'ils faisaient semblant de vouloir sauver. » (Bossukr.)
49. * « Que signilient ces mots de S. Jean sur Caïphe : i/ élait le pontife de celle
Ν π᾿ 163
2575
Caïphe, qui était le Pontife de
cette année-là, leur dit : Vous n’y
entendez rien,
50. Et vous ne pensez pas qu'il
vous est avantageux qu'un seul
homme meure pour le peuple, et
non pas que toute la nation pé-
risse.
51. Or il ne dit pas cela de lui-
méme; mais étant le pontife de
celte année-là, il prophétisa que
Jésus devait mourir pour la na-
tion ;
52. Et non pas pour la nation
seulement, mais encore pour ras-
sembler en un les enfants de Dieu
qui étaient dispersés.
53. Dès ce jour donc ils pen-
sèrent à le faire mourir.
54. C'est pourquoi Jésus ne se
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
(cn. χι.Ἶ
montrait plus en public parmi
les Juifs; mais il s'en alla dans
une contrée prés du désert, en
une ville qui est appelée Ephrem,
et il y demeurait avec ses dis-
ciples.
55. Or la Pâque des Juifs était
proche, et beaucoup d'entre eux
montèrent de cette contrée à Jé-
rusalem, avant la pàque, pour se
purifier.
56. Ils cherchaient donc Jésus,
et se disaient les uns aux autres,
étant dans le temple: Que pen-
sez-vous de ce qu'il n'est point
venu pour la féte? Or les pontifes
et les pharisiens avaient donné
ordre que si quelqu'un savait oü
il était, 11 le déclarát afin de le
prendre.
année-là? Les interprétes se divisent dans l'explication de ce passage. Suivant un
certain nombre, par ces mots, Pontifex anni illius, répétés encore plus loin, S. Jean
voudrait indiquer que c'était la première année du pontificat de Caiphe, le Sad-
ducéen. Suivant d'autres, son intention serait de faire sentir l'avilissement du pon-
tificat juif, sujet à passer, presque chaque année d'une personne à une autre, au gré
des gouverneurs romains, et perdant à la fois l'inamovibilité, la considération et la
sainteté. Plusieurs croient qu'il signale cette année entre les autres parce qu'elle a
été marquée par des événements d'une supréme importance, surtout par la substi-
tution du sacerdoce de Jésus-Christ à celui d'Aaron. Toutes ces interprétations sont
plausibles à quelque degré. Mais il ne paraît pas qu'on puisse supposer qu'Anne et
Caiphe exercaient alternativement le pontificat d'année en année. On n'a aucun
exemple d'un pareil fait. S'il est dit dans les Actes qu'Anne était prince des prétres,
cela signifie seulement qu'il était à la téte d'une famille sacerdotale; car S. Luc dis-
tingue parfaitement en cet endroit le grand-prétre des princes des prétres. Quant à
la liaison qu'établit S. Jean entre la prophétie de Caiphe et son titre de grand-prétre:
« étant le pontife de cette année-là, il prophétisa », il ne pouvait en étre assuré que
par révélation. C'était bien l'usage de recourir aux grands-prétres dans les cas dif-
ficiles pour connaitre la volonté de Dieu, et l'Ecriture en certains endroits semble
leur attribuer des lumiéres surnaturelles. Mais rien n'autorise à dire que le don de
prophétie füt une de leurs attributions. D'ailleurs ce mot de S. Jean, « il prophétisa »,
ne doit pas se prendre à la lettre, dit S. Thomas. Ce qui résulte des paroles de
lévangéliste, c'est que l'immolation du Sauveur a été décidée par celui qui avait
charge d'offrir chaque année le sacrifice d'expiation pour le peuple. Le grand-prétre
désigne bien ici et immole en quelque façon la victime divine qui va satisfaire pour
les péchés du monde entier. En cela, il est, sans le savoir, l'instrument du ciel et
l'orzane de l'esprit de Dieu. » (L. BACUEZ.)
54. * Ephrem, ville dont la situation n'est pas bien connue. Elle était dans le voi-
sinage de Béthel, d'après Josèphe, et par conséquent au nord de Jérusalem
55. * La Páque des Juifs. Voir Matt., xxvi, 2.
(cn. x11.]
CHAPITRE XII.
Marie parfume les pieds de Jésus. Mur-
mures de Judas. Les Juifs veulent tuer
Lazare. Entrée de Jésus à Jérusalem;
des gentils demandent à le voir. Dis-
cours de Jésus à cette occasion, Trouble
de Jésus. Voix du ciel. Puissance de la
croix. Marcher pendant la lumière. In-
crédulité des Juifs. La parole de Jésus
condamnera ceux qui ne la reçoivent
point.
1. Jésus donc, six jours avant la
pâque, vint à Béthanie, où était
mort Lazare qu'avait ressuscité
Jésus.
9. On lui prépara là un souper;
Marthe servait, et Lazare était un
de ceux qui étaient à table avec
lui.
3. Or Marie prit une livre de
parfum d'un nard pur de grand
prix; elle en oignit les pieds de
Jésus, et les essuya avec ses che-
veux, etla maison fut remplie de
l'odeur du parfum.
4. Alors un de ses disciples, Ju-
das Iscariote, qui devait le trahir,
dit :
. 8. Pourquoi ce parfum n'a-t-il
pas été vendu trois cents deniers,
et n'a-til pas été donné aux
pauvres?
6. Or il dit cela, non qu'il se
souciát des pauvres, mais parce
qu'il était voleur, et qu'ayant la
hourse, il portait ce qu'on y met-
tait.
7. Jésus dit donc : Laissez-la
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2519
réserver ce parfum pour le jour
de ma sépulture.
8. Car, les pauvres, vous les
avez toujours avec vous, mais
moi, vous ne m'avez pas tou-
jours.
9. Une grande multitude de
Juifs sut qu'il était là; et ils y
vinrent, non à cause de Jésus
seulement, maispour voir Lazare,
qu'il avait ressuscité d'entre les
morts.
10. Les princes des prêtres
songèrent donc à faire mourir
Lazare lui-même,
11. Parce que beaucoup d’entre
les Juifs se retiraient d'eux à
cause de lui, et croyaient en Jé-
sus.
12. Le lendemain, une foule
nombreuse qui était venue pour
la fête, ayant appris que Jésus
venait à Jérusalem,
19. Prit des rameaux de pal-
miers, et alla au-devant de lui,
criant : Hosanna, béni celui qui
vient au nom du Seigneur,
comme roi d'Israël!
14. Et Jésus trouva un ânon, et
s'assit dessus, comme il est écrit:
15. Ne craignez point, filles de
Sion, voici votre roi qui vient,
assis sur le petit d'une ânesse.
16. Ses disciples ne comprirent
point ceci d'abord; mais quand
Jésus fut entré dans sa gloire,
alors ils se souvinrent que ces
choses étaient écrites de lui, et
Cnar. XII. 1. Matt., xxvi, 6; Marc, xiv, 3. — 14. Zach., 1x, 9; Matt., xxi, 7; Marc,
xi, 7; Luc, xix, 35.
3. * Une livre de parfum. Voir note sur Matt., xxvi, 7. La livre valait 326 grammes.
Les vases à parfum trouvés à Saida peuvent contenir plus d'une livre de parfum. —
Nard. Voir note sur Marc, xiv, 3.
9. Voy. Mare, xiv, ὃ.
13. Comme roi d'Israël. C'est le vrai sens du texte. Compar. Luc, xix, 38. — * IIosanna,
Voir Matt., xxr, 9
2530
qu'ils les lui avaient appliquées.
17. Or c'est ainsi que rendait
témoignage la multitude qui était
avec lui lorsqu'il appela Lazare
du tombeau et le ressuscita d'en-
tre les morts.
18. C'est pour cela aussi que
la foule vint au-devant de lui,
parce qu'ils avaient appris qu'il
avait fait ce miracle.
19. Les pharisiens se dirent
done entre eux : Voyez-vous que
nous ne gagnons rien? voilà que
tout le monde court après lui.
20. Or il y avait quelques gen-
tils, de ceux qui étaient venus
adorer à la fête.
91. Ceux-ci s'approcherent de
Philippe, qui était de Bethsaïde
en Galilée, et ils le priaient di-
sant : Seigneur, nous voudrions
voir Jésus.
99. Philippe vint et le dit à
André ; puis André et Philippe le
dirent à Jésus.
93. Et Jésus leur répondit, di-
sant : L'heure est venue que le
Fils de l'homme doit être glorifié.
94. En vérité, en vérité, je
vous le dis, si le grain de fro-
ment, tombant sur la terre, ne
meurt pas,
95. Il reste seul; mais sil
meurt, il porte beaucoup de
fruits. Celui qui aime son àme la
perdra; et celui qui hait son âme
en ce monde, la conserve pour la
vie éternelle.
26. Si quelqu'un me sert, qu'il
me suive, et où je suis, là sera!
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
(cu. xu.]
aussi mon serviteur. Si quelqu'un
me sert, mon Père l'honorera.
27. Maintenant mon àme est
troublée. Et que dirai-je? Mon
Père, délivrez-moi de cette heure.
Mais c’est pour cela que je suis
venu en cette heure.
28. Mon Père, glorifiez votre
nom. Vint donc une voix du ciel :
Je l'ai glorifié et je le glorifierai
encore.
29. Or la foule qui était là et
qui avait entendu disait : C'est le
tonnerre. D'autres disaient : Un
ange lui a parlé.
90. Jésus répondit et dit : Ce
n'est pas pour moi que cette voix
est venue, mais pour vous.
31. C'est maintenant le juge-
ment du monde, maintenant le
prince de ce monde sera jeté de-
hors.
32. Et moi, quand jaurai été
élevé de la terre, j'attirerai tout
à moi ;
33. (Or il disait cela, pour mar-
quer de quelle mort il devait
mourir.)
34. Le peuple lui répondit :
Nous avons appris par la loi que
le Christ demeure éternellement;
et comment dis-tu, toi : Il faut
que le Fils de l'homme soit élevé?
Qui est-ce Fils de l'homme?
98. Jésus leur dit donc : C'est
pour un peu de temps encore que
la lumiere est au milieu de vous.
Marchez pendant que vous avez
la lumière, de peur que les ténè-
bres ne vous surprennent ; celui
95. Matt., x, 39; xvr, 25; Marc, vui, 35; Luc, 1x, 24; xvir, 39. — 84. Ps. cix, 4; XVI, 25
Isaie, xr, 8; Ezéch., ,טאאא 25.
21. * Bethsaide en Galilée. Voir Matt., xi, 21.
25. Il reste seul. Belle expression pour rendre l'idée d'infécondité, de stérilité
compléte.
(cn. xui.
qui marche dans les ténèbres ne
sait où il va.
96. Pendant que vous avez la
lumière, croyez en la lumière,
afin que vous soyez des enfants
de lumiere. Jésus dit ces choses,
puis il s'en alla, et se cacha
d'eux.
37. Mais quoiqu'il eût fait de si
grands miracles devant eux, ils
ne croyaient pas en lui ;
98. Afin que füt accomplie la
parole que le prophète Isaie a
dite : Seigneur, qui a cru à ce
quil ἃ entendu de nous? Et le
bras du Seigneur, à qui a-t-il été
révélé ?
39. C'est pourquoi ils ne pou-
vaient croire ; et parce que Isaie
a dit encore :
40. Il a aveuglé leurs yeux et
endurci leurs cœurs, pour qu'ils
ne voient des yeux, et ne com-
prennent du cœur, et qu'ils ne se
converlissent, et que je ne les
guérisse.
41. Isaie a dit ces choses quand
il a vu sa gloire et qu'il a parlé de
lui.
49. Cependant, méme parmi
les chefs du peuple, beaucoup
crurent en lui; mais à cause des
pharisiens, ils ne le confessaient
point, de peur d'être rejelés de la
synagogue ;
43. Car 115 aimèrent la gloire
des hommes plus que la gloire de
Dieu.
44. Mais Jésus s'écria et dit :
Qui croit en moi ne croit pas en
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2581
moi, mais en celui qui m'a eir
voyé.
45. Et qui me voit, voit celui
qui m'a envoyé.
46. Moi, la lumiere, je suis ve-
nu dans le monde, afin que qui-
conque croit en moi ne demeure
point dans les ténèbres. |
47. Et si quelqu'un entend mes
paroles et ne les garde point, je
ne le juge pas, moi, car je ne suis
pas venu pour juger le monde,
mais pour sauver le monde.
48. Celui qui me méprise et ne
reçoit pas mes paroles, ἃ qui le
juge : la parole que j'ai annoncée
sera elle-même son juge au der-
nier jour.
49. Parce que je n'ai point parlé
de moi-même, mais mon Père
qui m'a envoyé lui-méme m'a
prescrit ce que je dois dire et ce
dont je dois parler.
50. Et je sais que son comman-
dement est la vie éternelle. Ainsi
ce que je dis, je le dis comme
mon Père me l'a ordonné.
CHAPITRE XIII.
Derniére céne de Jésus-Christ. Il lave les
pieds à ses apótres. Prédiction de la
trahison de Judas. Glorification de Jésus.
Commandement de l'amour. Renonce-
ment de saint Pierre prédit,
1. Avantla fête de la pâque, 16-
sus sachant que son heure était
venue de passer de ce monde à
son Pére, comme il avait aimé
les siens, qui étaient dans le
monde, il les aima jusqu'à la fin.
38. Isaie, 111, 1; Rom., x, 16. — 40. Isaie, vr, 9; Matt., xi, 14; Marc, 1v, 12; Luc,
vi, 10; Actes, xxvir, 26; Rom., xi, 8. — 48. Marc, xvi, 16. — Caar. XIII. 1. Matt.,
xxVI, 2; Marc, xiv, 1; Luc, xxr, 1.
39. Ils ne pouvaient croire. Voy. Marc, 1v, 12. — Isaïe a dit encore. chap. vi, 9.
1. * La féle de la Pâque. Voir note sur Matt., xxvi, 2.
2082
2. Etle souper fini, lorsque dé-
jà le diable avait mis dans le cœur
de Judas fils de Simon Iscariote
de le trahir;
3. Sachant que son Père lui
avait remis toutes choses entre
les mains, et qu'il était sorti de
Dieu et retournait à Dieu,
4. Π se leva de table, posa ses
vétemert&s, et ayant pris un linge,
il s'en ceignit.
5. Ensuite il versa de l’eau dans
un bassin, et commença à laver
les pieds de ses disciples, et à les
essuyer avec le linge dont il était
ceint;
0.11] vint à Simon Pierre, et
Pierre lui dit : Vous, Seigneur,
vous me lavez les pieds?
7. Jésus répondit et lui dit : Tu
ne sais pas maintenant ce que je
fais; mais tu le sauras plus tard.
8. Pierre lui dit : Jamais vous
ne me laverez les pieds. Jésus lui
répondit : Si je ne te lave, tu
n'auras point de part avec moi.
9. Simon Pierre lui dit : Sei-
gneur, non seulement les pieds,
mais encore les mains et la téte.
10. Jésus lui dit : Celui qui a été
lavé n'a besoin que de laver ses
pieds, et il est entièrement pur.
Vous aussi, vous étes purs, mais
non pas tous.
41. Car il savait celui qui le
trahirait; c'est pourquoi il dit:
Vous n'étes pas tous purs.
19. Apres done qu'il leur eut
lavéles pieds, et qu'il eut repris
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
[,זזזצ. .ז61]
ses vétements, s'étant remis à
table, il leur dit : Savez-vous ce
que je viens de vous faire?
13. Vous m'appelez vous-mémes
Maitre et Seigneur; et vous dites
bien, car je le suis.
14. Si donc je vous ai lavé les
pieds, moi votre Mailre et votre
Seigneur, vous devez, vous aussi,
vous laver les pieds les uns aux
autres.
15. Car je vous ai donné
l'exemple, afin que, comme je
vous ai fait, vous fassiez aussi
vous-mêmes.
16. En vérité, en vérité, je vous
le dis, le serviteur n'est pas plus
grand que son maitre, ni l'apótre
plus grand que celui qui l'a en-
voyé.
17. 51 vous savez ces choses,
vous serez heureux, pourvu que
vous les pratiquiez.
18. Je ne dis pas ceci de vous
tous; je sais bien ceux que j'ai
choisis; mais c'est pour que s’ac-
complisse l'Ecriture : Gelui qui
mange le pain avec moi, lèvera
contre moi son pied.
19. Je vous le dis à présent,
avant que cela arrive, afin que
lorsque ce sera arrivé, vous me
croyiez ce que je suis.
90. En vérité, en vérité, je vous
le dis : Qui recoit celui que j'aurai
envoyé, me reçoit; et qui me
reçoit, reçoit celui qui m'a en-
voyé.
21. Lorsqu'il eut dit ces choses,
16. Matt., x, 24; Luc, vi, 40; Infra, xv, 20. — 18. Ps. xz, 10, — 20. Matt., x, 40; Luc,
x, 16. — 21. Matt., xxvi, 21; Marc, xiv, 18; Luc, xxrt, 21.
—— —— — — M — —— — — וה
8. * Ses vélements. L'ample vêtement qu'on portait par dessus la tunique, son
manteau, comme dit le texte original. — Un linge, une serviette de lin, dit le texte.
18. L'Ecriture. Ps. xy, 1. — Mange le pain. Voy. sur le sens de cette expression,
Matt., xv, 2.
[cn. xm.)
Jésus fut troublé en son esprit;
puis il parla ouvertement et dit :
En vérité, en vérité, je vous le
dis, un de vous me trahira.
22. Les disciples donc se regar-
daient l'un l'autre, incertains de
de qui il parlait. |
93. Or un des disciples de Jésus,
que Jésus aimait, reposait sur
son sein.
24. Simon Pierre lui fit donc
signe et lui dit : Qui est celui dont
il parle?
25. C'est pourquoi ce disciple
s'étant penché sur le sein de
Jésus, lui dit : Seigneur, qui
est-ce?
26. Jésus répondit : C'est celui
à qui je présenterai du pain
trempé. Et ayant trempé du pain,
il le donna à Judas Iscariote, fils
de Simon.
91. Oraprès une bouchée, Satan
entra en lui, et Jésus lui dit : Ce
que tu fais, fais-le vite.
28. Mais aucun de ceux qui
étaient à table ne sut pourquoi il
lui dit cela.
29. Car quelques-uns pensaient
que comme Judas avait la bourse,
Jésus lui avait dit : Achète ce
dont nous avons besoin pour la
féte, ou donne quelque chose aux
pauvres.
90. Judas ayant donc pris cette
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2583
bouchée sortit aussitót. Oril était
nuit.
31. Lorsqu'il fut sorti, Jésus dit:
Maintenant le Fils de l'homme a
été glorifié, et Dieu a été glorifié
en lui.
32. SiDieu a été glorifié en lui,
Dieu aussi le glorifiera en lui-
méme, et c'est bientót qu'il le
glorifiera.
33. Mes petits enfants, je ne
suis que pour peu de temps en-
core avec vous. Vous me cher-
cherez, et comme j'ai dit aux
Juifs : Où je vais, vous ne pouvez
venir; je vous le dis aussi à vous
maintenant.
34. Je vous donne un comman-
dement nouveau : C'est que vous
vous aimiez les uns les autres;
mais que vous vous aimiez les
uns les autres comme je vous ai
aimés.
35. C'est en cela que tous con-
naitront que vous étes mes dis-
ciples, si vous avez de l'amour
les uns pour les autres.
36. Simon Pierre lui dit: Sei-
gneur, oü allez-vous? Jésus ré-
pondit : Où je vais, tu ne peux
me suivre à présent; mais tu me
suivras ensuite.
37. Pierre lui dit : Pourquoi ne
puis-je vous suivre à présent? Je
donnerai mon âme pour vous.
33. Supra, vir, 34. — 24. Lév., xix, 18; Matt., xxir, 39; Infra, xv, 12. — 37. Matt.,
xvi, 35; Marc, xiv, 29; Luc, xxii, 33.
23. Les Juifs alors se mettaient à table couchés sur des lits, et placés les uns au-
dessous des autres, en sorte que saint Jean, placé au-dessous de Jésus-Christ, devait
avoir la téte sur le sein du Sauveur.
26. * Du pain trempé. Les Orientaux mangent sans cuillers et sans fourchettes. Le
pain leur tient lieu de cuiller pour preudre la sauce ou les légumes que tous les
convives puisent directement pour chaque bouchée dans le plat. Jésus trempa un
morceau de pain de cette manière dans le plat et l'offrit à Judas.
31. Mon âme; d'autres traduisent : ma vie; mais la première expression, qui est
celle de la Vulgate et du texte grec, dit bien plus que la premiére.
2584
38. Jésus lui répondit : Tu don-
neras lon àme pour moi? En vé-
rité, en vérité, jetele dis, un coq
ne chantera pas que tu ne m'aies
renié trois fois.
CHAPITRE XIV.
Sermon aprés la céne. Jésus va préparer
un lieu à ses disciples. Il est la voie, la
vérité et la vie. Qui le voit, voit son
Père. Il fera ce qui sera demandé en
son nom. Caractère de l'amour. Pro-
messe de l'Esprit consolateur. Observa-
tion des commandements. Le Saint-
Esprit enseigne toutes choses. Paix de
Dieu. Amour et obéissance de Jésus.
1. Que votre cceur ne se trouble
point. Vous croyez en Dieu, croyez
aussi en moi.
2. Illy a beaucoup de demeures
dans la maison de mon Père; si-
non, je vous laurais dit, car je
vais vous préparer un lieu.
3. Et quand je m'en serai allé,
et que je vous aural préparé un
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
[cà. xiv.]
prendrai avec moi, afin que làoü
je suis, vous soyez aussi.
4. Or oü moi je vais, vous le
savez,et vous en savez la voie.
5. Thomas lui dit : Seigneur,
nous ne savons où vous allez; et
commentpouvons-nous en savoir
la voie?
6.Jésus lui répondit : Moi je
suis la voie, la vérité et la vie.
Personne ne vient à mon Père
que par moi.
7. Si vous m'eussiez connu,
vous auriez donc connu mon
Père; mais bientôt vous le con-
naitrez et vous l'avez déjà vu.
8. Philippe lui dit : Seigneur,
montrez-nous votre Père, et il
nous suffit.
9. Jésus lui répondit : Il y a si
longtemps que je suis avec vous,
et vous ne me connaissez pas?
Philippe, qui me voit, voit aussi
mon Père. Comment dis-tu, toi :
lieu, je reviendrai, et je vous | Montrez-nous votre Pere?
1. * Les discours contenus dans les chapitres xiv-xvir comptent parmi les plus beaux
morceaux de l'Evangile. « Il y a un sermon de la Céne qui me paroit contenir toute
notre religion, dit La Harpe, où chaque parole est un oracle du ciel; je ne l'ai jamais
lu sans une émotion singulière, et que de fois je me suis dit ce que disoit aux
Pharisiens cet agent de la Synagogue, en s'excusant de n'avoir pas fait arréter
Jésus-Christ (Jean, vit, 46) : Que voulez-vous? jamais homme n'a parlé comme cet
Homme! et c'est un juif qui disoit cela. Quel terrible arrét contre les chrétiens in-
fidèles! Il m'est impossible, à chaque verset de ce sermon, de ne pas entendre un
Dieu, et j'en suis aussi sûr que si [6 l'avois entendu en personne. »
6. * « Comment Notre Seigneur est-il La voie, la vérité et la vie? — Etant homme et
Dieu tout ensemble, Notre Seigneur est à la fois médiateur et fin. Il possède tout
ce qui nous manque, la gloire comme la grâce; mais son office propre est de nous
mettre en possession de tous les biens. Ainsi il est: 19 La voie; puisqu'il nous offre
le moyeu de parvenir au ciel, soit en nous dirigeant par sa doctrine et ses exemples,
soit en nous attirant par sa grâce, soit en nous y introduisant par ses mérites.
20 La vérité. Vérité absolue comme Verbe, il est devenu pour nous, comme Verbe
incarné, la vérité révélée, la lumière de la foi. C'est lui seul qui connait le Père, qui
le fait connaitre et qui peut mener à lui. 39 La vie. Vie essentielle et infinie, comme
Dieu, il est notre vie surnaturelle, comme Homme-Dieu; car il posséde en son
humanité la plénitude de la vie divine, et son but en venant parmi nous est de nous
y associer, par sa gráce d'abord et par la gloire eusuite. Tous les biens sont donc
réunis en sa personne et il n'y a rien à chercher hors de lui. Quund on le posséde,
on échappe à tous les périls, aux précipices, aux ténébres, à la mort. Qu'on juge
quelle grâce c'est de le bien connaitre et pourquoi l'Apótre ne voulait pas d'autre
science, » (L. BACUEZ.)
[cn. xiv.)
10. Ne croyez-vous point que je
suis en mon Père, et que mon
Pere est en moi? Les paroles que
je vous dis, je ne les dis pas de
moi-même. Mais mon Père, qui
demeure en moi, fait lui-méme
les œuvres.
41. Ne croyez-vous point que
je suis dans mon Pere, et que
mon Père est en moi?
49. Croyezle au moins à cause
de mes œuvres. En vérité, en vé-
rité, je vous le dis, celui qui croit
en moi fera aussi lui-méme les
œuvres que je fais, et il en fera
de plus grandes encore, parce
que je m'en vais à mon Père.
13. Et quelque chose que vous
demandiez à mon Père en mon
nom, je le ferai; afin que le
Père soit glorifié dans le Fils.
14. Si vous me demandez quel-
que chose en mon nom, je le
ferai.
15. Si vous m'aimez, gardez
mes commandements.
16. Et moi je prierai mon Père,
et il vous donnera un autre Para-
clet, pour qu'il demeure éternel-
lement avec vous,
47. L'Esprit de vérité que le
monde ne peut recevoir, parce
qu'il ne le voit pas etne le connait
pas; mais vous, vous le connai-
trez, parce qu'il demeurera au mi-
lieu de vous, et qu'il sera en vous.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2585
18. Je ne vous laisserai point
orphelins; je viendrai à vous.
19. Encore un peu de temps, et
le monde ne me verra plus. Mais
vous, VOUS me verrez, parce que
je vis et vous vivrez aussi.
20. En ce jour-là, vous connai
trez que je suis en mon Père, et
vous en moi, et moi en vous.
91. Celui qui a mes comman-
dements et les garde, c'est celui-
là qui m'aime. Or celui qui
m'aime sera aimé de mon Père,
et moi je l'aimerai, et je me ma-
nifesterai à lui.
99. Judas, non pas l'Iscariote,
lui dit : Seigneur, d'où vient que
vous vous manifesterez à nous,
et non au monde?
23. Jésus répondit et lui dit : Si
quelqu'un m'aime, il gardera ma
parole, et mon Père l'aimera, et
nous viendrons à lui, et nous fe-
rons notre demeure en lui;
24. Celui qui ne m'aime point
ne garde pas mes paroles. Or la
parole que vous avez entendue
n'est pas de moi, mais de mon
Pére, qui m'a envoyé.
95. Je vous ai dit ces choses,
demeurant encore avec vous.
26. Mais le Paraclet, l'Esprit-
Saint que mon Père enverra en
mon nom, vous enseignera toutes
choses, et vous rappellera tout
ce que je vous ai dit.
Cap, XIV. 13. Matt., vir, 7; xxr, 22; Marc, ,זא 24; Infra, xvi, 23.
10. Les œuvres; que vous me voyez faire, et que vous admirez. Ainsi c'est mon
Pére qui parle et qui agit en moi.
16. Paraclet; c'est-à-dire avocat, comme l'explique la Vulgate elle-méme dans la
]re épitre de saint Jean, chap. 11, 1. — Elernellement avec vous. Ce qui prouve que
l'Esprit-Saint a été promis non seulement aux apótres, mais encore à leurs succes-
seurs dans la suite des générations.
92. Judas, non pas l’Iscariole. Ce Judas, frère de Jacques, est communément appelé
Jude, précisément pour qu'on ne le confonde pas avec Judas l'Iscariote,
96. Mais le Paraclet. Voy. au verset 16.
2586
97.16 vous laisse la paix, je
vous donne ma paix; mais ce
n'est pas comme le monde la
donne que je vous la donne moi-
méme. Que votre cœur ne soit
pas troublé, et qu'il ne s'effraie
point.
. 98. Vous avez entendu que je
vous ai dit moi-même : Je m'en
,vais, et je reviens à vous. Si
vous m'aimiez, vous vous réjoui-
riez de ce que je vais à mon
Père, parce que mon Père est plus
grand que moi.
99. Et maintenant je vous le dis
avant que cela arrive, afin que,
quand ceseraarrivé, vous croyiez.
30. Je ne vous parlerai plus
guère; car le prince de ce monde
vient, et il n'a rien en moi.
31. Mais afin que 16 monde con-
naisse que j'aime mon Pere, et
que comme mon Père m'a com-
mandé, ainsi je fais. Levez-vous,
sortons d'ici.
CHAPITRE XV.
Suite du sermon après la cène. Jésus est
la vigne; ses disciples sont les sar-
ments. Vie et joie en lui seul. Comman-
dement de l'amour. Choix des disciples.
Monde ennemi des fidèles. Juifs inexcu-
sables. Témoignage de l'esprit de vérité.
1. Moi je suis la vraie vigne, et
mon Père est le vigneron.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
[cn. xv.]
2. Tous les sarments qui ne
portent pas de fruit en moi, il les
retranchera; et tous ceux qui
portent du fruit, il les émondera,
pour qu'ils portent plus de fruit
encore. |
3. Vous êtes déjà purs, vous,
à cause des paroles que je vous
ai dites.
4. Demeurez en moi, et moi en
vous. Comme le sarment ne peut
porter de fruit par lui-méme, s'il
ne demeure uni à la vigne ; ainsi
vous non plus, si vous ne demeu-
rez en moi.
9. Moi je suis la vigne, et vous
les sarments. Celui qui demeure
en moi et moien lui portera beau-
coup de fruit; parce que sans moi
vous ne pouvez rien faire.
6. Si quelqu'un ne demeure pas
en moi,il sera jeté dehors comme
le sarment, et 11 séchera; et one
ramassera, et on le jettera au feu,
et il brülera.
7. Si vous demeurez en moi, et
que mes paroles demeurent en
vous, vous demanderez tout ce
que vous voudrez, etil vous sera
fait.
8. C'est la gloire de mon Père
que vous portiez beaucoup de
fruit, et que vous deveniez mes
disciples.
9. Comme mon Père m'a aimé,
31. Actes, 11, 29. — Cuar. XV. 3. Supra, xir, 10.
28. Mon Pére est plus grand que moi. Jésus-Christ, en tant qu'homme, est inférieur
à son Pére; mais il lui est égal en tant que Dieu.
30. Vient, pour exercer sa cruauté contre moi. — Et il n'a, etc. Et il ne trouvera
rien en moi qui lui appartienne.
31. Mais je veux bien m'abandonner à sa fureur ct à sa rage, afin que le monde, etc.
— * Levez-vous, sortons d'ici. « Cette expression : levez-vous, 80710708 d'ici, ferait croire,
et cela trés vraisemblablement, que le reste du discours de Jésus a été tenu en
chemin depuis la maison où se fit la Cène jusqu'à Gethsémani. La distance est de
plus d'un kilométre, le chemin trés abrupt. » (H.-J. Micnox.)
4. * Je suis la vraie vigne. L'image de la vigne est très fréquente dans l'Ecriture
Sainte, parce que c'était une des cultures vorincipales de la Palestine.
[cu. xv.]
moi je vous ai aimés. Demeurez
dans mon amour.
10. Si vous gardez mes com-
mandements, vous demeurerez
dans mon amour; comme moi-
méme j'ai gardé les commande-
ments de mon Pére, et je de-
meure dans son amour.
11. Je vous ai dit ces choses,
afin que ma joie soit en vous, et
que votre joie soit complète.
19. Voici mon commandement,
c'est que vous vous aimiez les
uns les autres comme je vous ai
aimés.
18. Personne n'a un plus grand
amour que celui qui donne sa vie
pour ses amis.
14. Vous étes mes amis, si
vous faites ce que je vous com-
mande.
18. Je ne vous appellerai plus
serviteurs, parce que le serviteur
ne sait pas ce que fait son maitre.
Mais je vous ai appelés mes amis,
parce que tout ce que j'ai entendu
de mon Père, je vous l'aifait con-
naitre.
16. Ce n'est pas vous qui m'a-
vez choisi, mais c'est moi qui
vous ai choisis et vous ai établis,
pour que vous alliez, et rappor-
tiez du fruit, et que votre fruit
demeure, afin que tout ce que
vous demanderez à mon Pére en
mon nom il vous le donne.
17. Ce que je vous commande,
c'est que vous vous aimiez les
uns les autres.
18. Si 16 monde vous hait, sa-
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2981
chez qu'il m'a eu en haine avant
vous.
19. Si vous aviez été du monde,
le monde aimerait ce qui est à
lui; mais parce que vous n'étes
point du monde, et que je vous
ai choisis du milieu du monde,
c'est pour cela que le monde vous
hait.
20. Souvenez-vous de la parole
que je vous ai dite : Le serviteur
n'est pas plus grand que son
maitre. S'ils m'ont persécuté, ils
vous persécuteront aussi; s'ils
ont gardé ma parole, ils garde-
ront aussi la vótre.
21. Mais ils vous feront toutes
ces choses à cause de mon nom;
parce qu'ils ne connaissent point
celui qui m'a envoyé.
22. Si je n'étais pas venu, et
que je ne leur eusse point parlé,
115. n'auraient point de péché;
mais maintenant ils n'ont point
d'excuse de leur péché.
23. Qui me hait, hait aussi mon
Père.
24. Si je n'avais fait parmi eux
les œuvres que nul autre n'a
faites, ils n'auraient point de pé-
chés ; mais maintenant, et ils les
ont vues, et ils ont hai et moi et :
mon Père.
95. 11818 008% afin que s'accom-
plissela parole qui est écrite dans
leur loi: Ils m'ont hai gratuite-
ment.
26. Mais lorsque sera venu le
Paraclet que je vous enverrai du
Père, l'Esprit de vérité qui pro-
12. Supra, xir, 34; Ephés., v, 2; I Thess., iv, 9. — 16. Matt., xxvur, 19. — 17. 1 Jean,
rni, 14; iv, 7. — 20. Supra, xir, 16; Matt., x, 24; Matt., xxiv, 9. — 25. Ps. xxiv, 19. —
26. Luc, xxiv, 49.
25. Cette citation peut être empruntée du Ps. Lxvur, 5; ou xxxix, 9.
. 26. Le Paraclet. Voy. xiv, 16.
2088
cède du Père, il rendra témoi-
gnage de moi;
97. Et vous aussi, vous rendrez
témoignage, parce que, dès le
commencement, vous êtes avec
moi.
CHAPITRE XVI.
Suite du sermon après la cène. Prédiction
des persécutions. Promesse du Paraclet.
Triple conviction qu'il doit produire,
et lumière qu'il doit répandre. Prière
au nom de Jésus-Christ. Confiance au
milieu des tribulations.
1. Je vous 81 dit ces choses,
afin que vous ne soyez point
scandalisés.
2. [15 vous chasseront des sy-
nagogues; et vient l'heure où
quiconque vous fera mourir croi-
ra rendre hommage à Dieu;
3. Et ils vous feront ainsi, parce
qu'ils ne connaissent ni mon Père
ni molt.
4. Or je vous ai dit ces choses,
afin que lorsqu'en sera venue
l'heure, vous vous souveniez que
je vous les ai dites.
ὃ. Mais je ne vous les ai pas
dites dès le commencement,
parce que j'étais encore avec
vous. Et maintenant je m'en vais
à celui qui m'a envoyé, et per-
sonne de vous ne me demande :
Où allez-vous?
6. Parce que je vous ai dit ces
choses, la tristesse a rempli votre
cœur.
7. Cependant moi je vous dis
la vérité; il vous est avanta-
geux que moi je m'en aille, car
si je ne m'en vais point, le Pa-
raclet ne viendra pas à vous;
mais si je m'en vais, je vous l'en-
verrai.
8. Et lorsqu'il sera venu, il con-
vaincra le monde en ce qui touche
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
[cu. xvi.]
le péché et la justice, et le juge-
ment :
9. Le péché, parce qu'ils n’ont
pas cru en moi;
10. La justice, parce que je vais
à mon Pére, et que vous ne me
verrez plus;
11. Et le jugement, parce que
le prince de ce monde est déjà
jugé.
12. J'ai encore beaucoup de
choses à vous dire, mais vous ne
les pouvez porter à présent.
13. Quand cet Esprit de vérité
sera venu, il vous enseignera
toute vérité; car il ne parlera
point de lui-méme, mais tout ce
quil aura entendu, il le dira, et
ce qui doit arriver, il vous l'an-
noncera.
14. Il me glorifiera, parce qu'il
recevra de ce qui est à moi, el il
vous l'annoncera.
15. Tout ce qua mon Père est
à moi; c'est pourquoi j'ai dit qu'il
recevra ce qui est à moi, et vous
l'annoncera.
16. Encore un peu de temps, et
vous ne me verrez plus; et en-
core un peu de temps, et vous
me verrez, parce que je vais à
mon Père.
17. Alors plusieurs de ses dis-
ciples se dirent l'un à l'autre
Qu'est-ce qu'il nous dit : Encore
un peu de temps et vous ne me
verrez plus; et encore un peu de
temps et vous me verrez, parce
que je vais à mon Père?
18. Ils disaient donc : Qu'est-ce
qu'il dit : Encore un peu de temps?
Nous ne savons ce qu'il veut dire.
19. Or Jésus connut qu'ils vou-
laient l'interroger, et il leur dit :
Vous vous 00182002 les uns aux
autres ce que j'ai dit : Encore un
(cg. xvir.]
peu de temps et vous ne me ver-
rez plus; et encore un peu de
temps et vous me verrez.
20. En vérité, en vérité, je vous
le dis, vous gémirez et vous pleu-
rerez, vous, maisle monde se ré-
jouira; vous serez tristes, mais
votre tristessesechangera en joie.
21. La femme, lorsqu'elle en-
fante, a de la tristesse, parce
qu'est venue son heure; mais
lorsqu'elle a mis l'enfant au jour,
elle ne se souvient plus de sa souf-
france, à cause de sa joie, de ce
qu'un homme est né au monde.
99. Vous donc aussi, vous avez
maintenant de la tristesse ; mais
je vous reverrai, et votre cœur se
réjouira, et personne ne vous ra-
vira votre joie.
23. Et en ce jour-là vous ne
m'interrogerez plus sur rien. En
vérité, en vérité, je vous le dis :
Si vous demandez quelque chose
à mon Pere en mon nom, il vous
le donnera.
24. Jusqu'ici vous n'avez rien
demandé en mon nom : Deman-
dez et vous recevrez, afin que
votre joie soit complete.
25. Je vous ai dit ces choses
en paraboles. Vient l'heure oü je
ne vous parlerai plus en parabo-
les, mais où je vous parlerai ou-
vertement de mon Pere ;
26. En ce jour-là vous deman-
derez en mon nom ; et je ne vous
dis pas que je prierai mon Pere
pour vous;
L'EVANGILE SELON SAINT JEAN.
2589
27. Car mon Père lui-même
vous aime, parce que vous m'a-
vez aimé, et que vous avez cru
que c'est de Dieu que je suis sorti.
28. Je suis sorti de mon Père,
et je suis venu dans le monde ; je
quitte de nouveau le monde, et
je vais à mon Père.
29. Ses disciples lui dirent :
Voilà que maintenant vous parlez
ouvertement, et vous n'employez
aucune parabole ;
30. Maintenant nous voyons
que vous savez toutes choses, et
que vous n'avez pas besoin que
l'on vous interroge ; en cela nous
croyons que cest de Dieu que
vous étes sorti.
31. Jésus leur répondit : Vous
croyez maintenant?
32. Voici que vient une heure,
et déjà elle est venue, où vous
serez dispersés, chacun de son
côté, et me laisserez seul; cepen-
dant je ne suis pas seul, parce
que mon Père est avec moi.
33. Je vous ai dit ces choses,
afin qu'en moi vous ayez la paix.
Dans le monde vous aurez des
tribulations, mais ayez confiance,
jai vaincu le monde.
CHAPITRE XVII.
Jésus prie pour sa glorification. Il prie
pour tous ceux qui croyaient déjà en
lui, et pour tous ceux qui devaient
croire en lui dans la suite.
1. Jésus parla ainsi; puis, le-
vant les yeux au ciel, il dit : Mon
Car. XVI. 23. Matt., vir, 7; xxr, 22; Marc, ,זא 24; Luc, xt, 9; Supra, xiv, 13; Jac.,
I. 9. — 32. Matt., xxvr, 31; Marc, xiv, 27.
—————————QÓ— ÁO — € HE
25. Sous le nou de parabole, les Hébreux comprenaient tout discours figuré ou
énigmatique.
90. J'ai vaincu le monde; et par ma victoire, je vous ai mérité les gráces nécessaires
pour le vaincre aussi vous-mémes.
9590
Pere, elle est venue l'heure ; glo-
rifiez votre Fils, afin que votre
Fils vous glorifie;
2. Puisque vous lui avez donné
puissance sur toute chair, afin
que, quant à tous ceux que vous
lui avez donnés, il leur donne la
vie éternelle.
3. Or la vie éternelle, c'est
qu'ils vous connaissent, vous seul
vrai Dieu, et celui que vous avez
envoyé, Jésus-Christ.
4. Moi, je vous ai glorifié sur
la terre; j'ai consommé l’œuvre
que vous m'avez donnée à faire ;
5. Et maintenant vous, mon
Pere,glorifiez-moi en vous-même
de la gloire que j'ai eue en vous
avant que le monde füt.
6. J'ai manifesté votre nom aux
hommes que vous m'avez don-
nés ; ils étaient à vous, vous me
les avez donnés, et ils ont gardé
votre parole.
7. Maintenant ils ont connu que
tout ce que vous m'avez donné
vient de vous;
ὃ. Parce que je leur ai donné
les paroles que vous m'avez don-
nées ; et ils les ont reques, et ils
ont connu véritablement que
c'est de vous que je suis sorti, et
ils ont cru que c'est vous qui m'a-
vez envoyé.
9. Moi, je prie pour eux ; je ne
prie point pour le monde, mais
pour ceux que vous m'avez
| donnés, parce qu'ils sont à vous;
L'EVANGILE SELON SAINT JEAN.
(cu. xvir.]
10. Car tout ce qui est à moi
est à vous, et tout ce qui est à
vous est à moi ; et j'ai été glorifié
en eux.
11. Et déjà je ne suis plus dans
le monde, et eux sont dans le
monde, et moi je viens à vous.
Père saint, conservez en votre
nom ceux que vous m'avez don-
nés, afin qu'ils soient une seule
chose, comme nous.
12. Quand j'étais avec eux, je
les conservais en votre nom. Ceux
que vous m'avez donnés, je les
ai gardés, et pas un d'eux n'a
péri, hors le fils de la perdi-
tion, afin que l'Ecriture füt ac-
complie.
13. Mais maintenant je viens à
vous; et je dis ces choses dans le
monde, pour qu'ils aient en eux
ma joie complete.
14. Moi, je leur ai donné votre
parole, et le monde les a eus en
haine, parce qu'ils ne sont point
du monde, comme moi-méme je
ne suis pas du monde.
15. Je ne demande point que
vous les ótiez du monde, mais
que vous les gardiez du mal.
16. Ils ne sont point du monde,
comme moi-même je ne suis pas
du monde.
17. Sanctifiez-les dans la vérité.
Votre parole est vérité.
18. Comme vous m'avez en-
voyé dans le monde, moi aussi,
je les ai envoyés dans le monde.
Car. XVII. 2. Matt., xxvur, 18. — 12. Infra, xvii, 9; Ps. cvin, 8.
2. Toute chair. Voy. Matt., xxiv, 22.
12. Le fils de la perdition; hébraisme, pour: celui qui aime, qui recherche la per-
dilion. Judas, en effet, s'est perdu volontairement par sa propre malice et par l'abus
qu'il a fait de tous les services qu'il pouvait tirer de la présence du Sauveur, de ses
instructions et de ses miracles, pour s'affermir dans la foi et dans la charité, comme
les autres apôtres. Compar. une locution semblable, Luc, xvi, 8.
11. Votre parole est vérité; hébraisme, pour très vraie. Compar. ,זא 5
(cai. xvu.]
19. Et pour eux je me sanctifie
moi-méme, afin qu'eux aussi
soient sanctifiés en vérité.
90. Je ne prie pas pour eux
seulement, mais encore pour
ceux qui, par leur parole, croi-
ront en moi;
91. Afin qu'ils soient tous une
seule chose, comme vous, mon
Père, êtes en moi, et moi en vous;
qu'ils soient de méme une seule
chose en nous, et qu'ainsi le
monde croie que c'est vous qui
m'avez envoyé.
99. Pour moi, je leur ai donné
la gloire que vous m'avez don-
née, afin qu'ils soient une seule
chose, comme nous sommes une
seule chose.
93. Je suis en eux et vous en
moi, afin qu'ils soient consommés
dans lunité, et que le monde
connaisse que c'est vous qui m'a-
vez envoyé, et que vous les avez
aimés comme vous m'avez aimé.
94. Mon Pere, je veux que là
oü je suis, ceux que vous m'avez
donnés soient aussi avec moi;
afin qu'ils voient la gloire que
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2591
vous m'avez donnée; parce que
vous m'avez aimé avant la fonda-
tion du monde.
25. Père juste, le monde ne
vous a point connu; mais moi je
vous ai connu, et ceux-ci ont
connu que c'est vous qui m'avez
envoyé.
26. Je leur ai fait connaître
votre nom, et je le leur ferai con-
naître encore, afin que l'amour
dont vous m'avez aimé soit en
eux, et moi en eux.
CHAPITRE XVIII.
Jésus dans le jardin. Juifs renversés. Jé-
sus pris et mené devant Anne. Saint
Pierrele suit. Jésus est envoyéà Caiphe,
renié par saint Pierre et présenté à Pi-
late. Barabbas lui est préféré.
1. Lorsqu'il eut dit ces choses,
Jésus s'en alla avec ses disciples
au-delà du torrent de Cédron, oü
il y avait un jardin dans lequelil
entra, lui et ses disciples.
2. Or Judas, qui le trahissait,
connaissait aussi ce lieu, parce
que Jésus y était venu souvent
avec ses disciples.
XVIII. 1. 11 Rois, xv, 23; Matt., xxvr, 36; Marc., xiv, 32; Luc, xxir, 39. .ג
19. En vérité; véritablement, d'une véritable et parfaite sanctification, ou selon
d'autres: Dans la vérité, c'est-à-dire en moi qui suis la vérité ; mais la première in-
terprétation est plus conforme 8 la lettre du texte.
1. * Un jardin. Gethsémani. Voir note sur Matt., xxvi, 36. — Au-delà du (torrent
de Cédron. Pour aller de Jérusalem au jardin de Gethsémani, il faut nécessairement
franchir le Cédron, auprès et au-delà duquel le jardin est situé, à l'est, au bas du
mont des Oliviers. Le mot Cédron signifie noir. Le torrent coule dans une gorge
profonde à l'époque des pluies de l'hiver. Il recueille les eaux des trois vallées situées
au nord et au nord-ouest de Jérusalem. En dehors des temps d'orage ou de pluie, ᾿
il est à sec. Les eaux ne coulent guère qu'une journée ou une demi-journée, mais
elles sont quelquefois trés abondantes et roulent avec elles des pierres, des racines
et des troncs d'arbres. Le lit du Cédron est parsemé de silex-agathes tombés des
hauteurs du mont des Oliviers. Certaines années, les graviers et les terres charriés
par les eaux sont suffisants pour qu'on puisse ensemencer le fond du torrent.
Comme la gorge aux pieds du Temple est trés encaissée et que sa pente est trés
considérable, elle forme en quelques endroits un fossé trés profond et rend la ville
iuexpugnable de ce côté. La vallée du Cédrop porte aussi le nom de vallée de
Josaphat.
9592
3. Judas ayant donc pris la co-
horte et des archers des pontifes
et des pharisiens, vint là avec des
lanternes, des torches et des
armes.
4. Mais Jésus sachant tout ce
qui devait lui arriver, s'avanga et
leur demanda : Qui cherchez
vous?
5. Ils lui répondirent : Jésus de
Nazareth. Jésus leur dit : C'est
moi. Or avec eux se trouvait
aussi Judas, qui le trahissait.
6. Mais dès qu'il leur eut dit :
C'est moi, ils furent renversés,
et tombèrent par terre.
7. Il leur demanda donc de
nouveau : Qui cherchez-vous? Ils
répondirent : Jésus de Nazareth.
8. Jésus reprit : Je vous ai dit
que c'est moi. Mais si c'est moi
que vous cherchez, laissez aller
ceux-ci.
9. Afin que füt accomplie la pa-
role qu'il avait dite : Je n'ai per-
du aucun de ceux que vous m'a-
vez donnés.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
(cu. xvur.]
10. Alors Simon Pierre, qui
avait une épée, la tira, et frappant
le serviteur du grand prétre, il
lui coupa l'oreille droite. Or le
nom de ce serviteur était Mal-
chus.
11. Mais Jésus dit à Pierre :
Remets ton épée dans le four-
reau. Et le calice que mon Père
m'a donné, ne le boirai-je donc
point?
19. Alors la cohorte, le tribun
etlesarchers des Juifs se saisirent
de Jésus et le lierent;
18. Puis ils l'emmenèrent d'a-
bord chez Anne, parce qu'il était
le beau-pere de Caiphe, qui était
le pontife de cette année-là.
14. Or Caiphe était celui qui
avait donné ce conseil aux Juifs : Il
081 avantageux qu'unseulhomme
meure pour le peuple.
15. Cependant Simon Pierre
suivait Jésus, et aussi l'autre dis-
ciple. Or comme ce disciple était
connu du pontife, il entra avec
Jésus dans la cour du pontife.
3. Matt., xxvi, 47; Marc, xiv, 43; Luc, xxii, 47. — 9. Supra, xvir, 12. — 19. Luc, rr, 2.
— 14. Supra, x1, 49.
3. La cohorte romaine était composée de six cent vingt-cinq hommes. — * Le pro-
curateur romain conduisait tous les ans à Jérusalem une cohorte à l'époque de la fête
de Pâques pour maintenir l'ordre au milieu de la multitude qu'attirait cette solennité.
Les soldats romains étaient logés dans la forteresse Antonia au nord-ouest du temple.
12. * Le tribun était le chef de la cohorte.
43. * Anne. Voir note sur Luc, m, 2. — Caïphe, voir Matt., xxvi, 3. — Ils l'emme-
nèrent d'abord chez Anne. S. Jean, qui est plus circonstancié sur cette partie de la
passion que les autres évangélistes, nous apprend que Jésus fut conduit chez Anne
avant d'étre conduit chez Caiphe. La maison d'Anne, d'aprés la tradition, était sur
le mont Sion, tout prés et au nord-est de celle de Caiphe (voir Matt., xxvi, 51), à l'est
du grand couvent des Arméniens et à peu de distance de la porte de Sion. Sur son
emplacement s'éléve aujourd'hui l'église du couvent des sceurs de charité armé-
niennes, appelé Deir Zéitoun. L'église se compose de deux oratoires séparés, mais
communiquant sensemble. Dans l'un est une citerne à fleur de terre dont l'eau est
fort bonne. Dans l'autre on montre aux pèlerins une chapelle latérale placée à gauche
en entrant, où l'on suppose qu'eut lieu l'interrogatoire de Notre-Seigneur et où il fut
souffleté. Hors de l'église, dans une petite cour située au nord, on voit plusieurs
petits oliviers qu'on considère comme étant les rejetons d'un grand arbre auquel
le Sauveur aurait été attaché pendant que les Juifs délibéraient sur son sort.
15. * L'autre disciple, S. Jean l'évangéliste.
[ππ. xvin.]
16. Mais Pierre se tenait dehors
à la porte. C'est pourquoi l'autre
disciple, qui était connu du pon-
tife, sortit, et parla à la portière,
et elle fit entrer Pierre.
17. Alors cette servante, qui
gardait la porte, demanda à
Pierre: Et toi, n'es-tu pas aussi
des disciples de cet homme? Il
lui répondit : Je n'en suis point.
18. Or les serviteurs et les ar-
chers se tenaient auprès du feu,
et se chauffaient, parce qu'il fai-
sait froid; et Pierre était aussi
avec eux debout et se chauffant.
19. Cependant le pontife inter-
rogea Jésus touchant ses disciples
et sa doctrine.
20. Jésus lui répondit: J'ai par-
lé publiquement au monde ; j'ai
toujours enseigné dans la syna-
eogue et dans le temple, où tous
les Juifs s'assemblent, et en se-
cret je n'ai rien dit.
21. Pourquoi m'interroges-tu ?
Interroge ceux qui ont entendu
ce que je leur ai dit; voilà ceux
qui savent ce que j'ai enseigné.
22. Après qu'il eut dit cela, un
des archers là présent donna un
soufflet à Jésus, disant : Est-ce
ainsi que tu réponds au pontife ?
29. Jésus lui répondit : Si j'ai
mal parlé, rends témoignage du
mal; mais si j'ai bien parlé, pour-
quoi me frappes-tu?
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN,
2593
24. Et Anne lenvoya lié à
Caiphe, le grand prétre.
25. Cependant Simon Pierre
étaitlà debout et se chauffant. Ils
lui dirent donc : Et toi, n'es-tu
pas aussi de ses disciples? Il le
nia et dit : Je n'en suis point.
20. Un des serviteurs du pon-
1116, parent de celui à qui Pierre
avait coupé l'oreille, lui dit : Ne
tai-je pas vu dans le jardin avec
lui?
27. Et Pierre le nia de nouveau;
et aussitót un coq chanta.
28. Ils amenèrent donc Jésus
de chez Caiphe dans le prétoire.
Or c'était le matin, et eux n'en-
trerent point dans le prétoire,
afin de ne point se souiller et de
pouvoir manger la pâque.
29. Pilate donc vint à eux de-
hors et dit : Quelle accusation
portez-vous contre cet homme?
30. Ils répondirentet lui dirent :
Si ce n'était pas un malfaiteur,
nous ne vous l'aurions pas livré.
31. Alors Pilate leur dit : Pre-
nez-le vous-mêmes, et le jugez
selon votre loi. Mais les Juifs lui
répondirent : ll ne nous est pas
permis de mettre personne à
mort.
32. Afin que füt accomplie la
parole que Jésus avait dite, mon-
trant de quelle mort il devait
mourir.
10. Matt., xxvi, 58; Marc, xiv, 54; Luc, xxir, 55. — 24. Matt., xxvi, 57; Marc, xiv, 53;
Luc, xxir, 54. — 25. Matt., xxvr, 69; Marc, xiv, 67; Luc, מזאא 56. — 28. Matt., xxvir, 2;
Marc, xv, 1; Luc, xxi, 1; Actes, x, 28; ,זא 3. — 32. Matt., xx, 19.
18. * Auprés du feu. Voir Marc, xiv, 54.
23. Me frappes-tu? Littér. me déchires-iu? Compar. Matt., xxi, 35.
28. Les Juifs croyaient qu'en entrant dans la maison d'un paien, ils contractaient
une souillure légale quiles empéchait de prendre part aux cérémonies de la religion,
&u moins jusqu'au soir du méme jour. — * Dans le prétoire. Voir Matt., xxvu, 91.
29. * Pilate. Voir Matt., xxvir, 2.
31. Les Romains avaient óté aux Juifs le pouvoir de vie et de mort, et se l'étaient
Téservé.
N. τ
163
2094
88. Pilate rentra donc dans le
prétoire, appela Jésus, et lui dit:
Es-tu le roi des Juifs ?
84. Jésus répondit : Dis-tu cela
de toi-même, ou d’autres te l’ont-
ils dit de moi?
35. Pilate reprit : Est-ce que je
suis Juif, moi? Ta nation et les
pontifes t'ont livré à moi; qu'as-
tu fait?
90. Jésus répondit : Mon royau-
me n'est pas de ce monde; si mon
royaume était de ce monde, mes
serviteurs combattraient certai-
nement pour que je ne fusse
point livré aux Juifs ; mais je l'as-
sure, mon royaume n'est pas
d'ici.
97. C'est pourquoi Pilate lui re-
partit : Tu es donc roi? Jésus ré-
pondit : Tu le dis, je suis roi. Si
je suis né et si je suis venu dans
le monde, c'est pour rendre té-
moignage à la vérité; quiconque
est de la vérité, écoute ma voix.
38. Pilate lui demanda : Qu'est-
ce que la vérité ? Et ayant dit cela,
il alla de nouveau vers les Juifs,
et leur dit: Je ne trouve en lui
aucune cause de mort.
39. Mais c'est la coutume parmi
vous que je vous délivre un cri-
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
xix.] .אס]
minel à la Páque; voulez-vous
donc que je vous délivre le roi
des Juifs?
40. Alors ils crièrent tous de
nouveau, disant : Non pas celui-
ci, mais Barabbas. Or Barabbas
était un voleur.
CHAPITRE XIX.
Flagellation. Couronncment d'épines. Pi-
late cherche les moyens de délivrer
Jésus; il l'abandonne. Jésus est conduit
au Calvaire et crucifié. Inscription de la
croix. Partage de ses vêtements, La
sainte Vierge et saint Jean au pied de
la croix. Jésus a soif; il meurt. Son côté
est percé. Joseph et Nicodéme prennent
le soin d'ensevelir Jésus.
1. Alors donc Pilate prit Jésus
et le fit flageller.
2. Et les soldats ayant tressé
une couronne d'épines, la mirent
sur sa tête, et 16 couvrirent d'un
vétement de pourpre.
3. Et ils venaient à lui et di-
saient : Salut, roi des Juifs; et ils
lui donnaient des soufflets.
. 4. Pilate sortit donc de nou-
veau, et leur dit : Voici que je
vous l'amène dehors, afin que
vous sachiez que je ne trouve en
lui aucune cause de mort.
5. (Ainsi Jésus sortit, portant la
33. Matt., xxvii, 11; Marc, xv, 2; Luc, xxur, 3. — 39. Matt., xxvir, 15; Marc, xv, 6;
Luc, xxnr, 17. — παρ. XIX. 1. Matt., נטאא 26; Marc, xv, 10.
36. Je l'assure; vrai sens de la particule, traduite généralement par maintenant,
et qui est ici, comme en bien d'autres passages analogues, purement enclitique. Les
Millénaires l'ont rendue par maintenant, pour le moment, afin de confirmer leur
erreur. (Compar. xix, 21). Jésus-Christ était vraiment roi; mais il n'avait pas
recu son pouvoir des hommes: « C'est pourquoi, remarque saint Augustin, il ne dit
pas ici: Mon royaume n'est pas en ce monde, mais n'est pas de ce monde; » idée que
rend parfaitement saint Chrysostome, quand il dit: > Il s'exprime ainsi, parce quil
ne tient pas le royaume, comme le tiennent ici-bas les rois de la terre, et qu'il a
recu d'en haut sa principauté qui n'est pas humaine, mais qui est bien plus grande
et plus illustre. »
38. De mort. Compar. Luc, xxur, 22,
40. * Barabbas. Voir Matt., xxvn, 26.
2. * Une couronnne d'épines, un vélement de pourpre. Voir Matt., xxvii. 28, 23.
[cu. xix.]
couronne d'épines etle vétement
de pourpre.) Et Pilate leur dit :
Voilà l'homme.
6. Quand les pontifes et les ar-
chers l'eurent vu, ils criaient, di-
sant : Crucifiez-le, crucifiez-le!
Pilate leur dit : Prenez-le vous-
mémes, et le crucifiez, car moi,
je ne trouve pas en lui une cause
de mort.
7. Les Juifs lui répondirent :
Nous, nous avons une loi, et, se-
lon cette loi, il doit mourir, parce
qu'il s'est fait Fils de Dieu.
8. Lors donc que Pilate eut en-
tendu cette parole, il craignit da-
vantage.
9. Et, rentrant dans le prétoire,
il dit à Jésus : D'où es-tu? Mais
Jésus ne lui fit point de réponse.
10. Pilate lui dit donc : Tu ne
me parles pas? Ignores-tu que
jai le pouvoir de te crucifier et le
pouvoir de te délivrer?
11. Jésus répondit : Tu n'aurais
sur moi aucun pouvoir, s'il ne
t'avait été donné d'en haut. C'est
pourquoi celui qui m'a livré à toi
a un plus grand péché.
19. Et, dès ce moment, Pilate
cherchait à le délivrer. Mais les
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 2509
Juifs criaient, disant : Si vous le
délivrez, vous n'étes pas ami de
César; car quiconque se fait roi,
se déclare contre César.
18. Or Pilate ayant entendu ces
paroles, fit amener Jésus dehors,
etils'assit sur son tribunal, au
lieu qui est appelé Lithostrotos,
et en hébreu Gabbatha.
14. C'était la préparation de la
pâque, vers la sixième heure, et
Pilate dit aux Juifs : Voilà votre
roi.
15. Mais eux criaient : Otez-le,
ótez-le du monde, crucifiez-le!
Pilate leur demanda : Crucifie-
rai-je votre roi? Les pontifes ré-
pondirent : Nous n'avons de roi
que César.
16. Alors il le leur livra pour
étre crucifié. Ils prirent donc Jé-
sus et l'emmenerent.
17. Ainsi, portant sa croix, il
alla au lieu qui est appelé Cal-
vaire, et en hébreu Golgotha,
18. Où ils le crucifierent, et
avec lui deux autres, l'un d'un
cólé, l'autre de l'autre, et Jésus
au milieu.
19. Pilate fit une inscription et
la mit sur la croix. Or il était
11. Matt., xxvir, 33; Marc, xv, 22; Luc, xxii, 33.
1. Voy. Lévit., xxiv, 14-16.
9. * Dans le préloire. Voir Matt., xxvit, 21.
12. * De César, de Tibére. Voir Luc, it, 1.
13. * Lithostrotos vient de deux mots grecs qui signifient pavé avec des pierres; il
s'emploie surtout pour désigner un pavé en mosaique. Joséphe nous apprend que la
colline du temple était pavée en mosaïque du côté où était le préloire. Le mot
hébreu ou araméen Gabbatha désigne le méme lieu que Lithostrotos, mais il n'a
pas la méme signification; il a le sens de lieu élevé, estrade. Le siège de Pilate, qui
lui servait pour juger les causes déférées à son tribunal, fut porté en cet endroit.
14. La préparation de la páque; c'est-à-dire la veille de pâque, le vendredi, — La
81210706 heure, c'est-à-dire midi.
11. * Calvaire, Golgotha. Voir note sur Matt, xxvn, 33. — Sur la croix, Voir
Matt., xxvu, 32. |
19. * Jésus de Nazareth. « S. Jean est le seul qui [mentionne le mot Nazaréen ou
de Nazareth dans le titre de la croix], afin de compléter ce que les autres avaient
dit; et, par une circonstance singuliére, c'est presque l'unique mot que nous ait con-
2596
écrit : Jésus de Nazareth, le roi des
Juifs.
20. Beaucoup de Juifs lurent
cette inscription, parce que le lieu
où Jésus avait été crucifié se trou-
vait près de la ville, et qu'elle
était écrite en hébreu, en grec et
en latin.
21. Les pontifes des Juifs dirent
donc à Pilate : N’écrivez point :
Le roi des Juifs; mais : Parce qu'il
à dit : Je suis le roi des Juifs.
99. Pilate répondit : Ce que j'ai
écrit, je l'ai éerit.
23. Cependant les soldats, après
l'avoir erucifié, prirent ses véte-
ments (etils en firent quatre parts,
une part pour chaque soldat), et
sa tunique. Or la tunique élait
sans couture, d'un seul tissu d'en
haut jusqu'en bas.
24. Ils se dirent done lun à
l'autre : Ne la divisons point, mais
tirons au sort à qui elle sera. Afin
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
(cui. xix.]
que s'accomplit l'Ecriture disant :
Ils se sont partagé mes véte-
ments, et sur ma robe ils ont jeté
le sort. Les soldats firent donc
cela.
95. Cependant étaient debout
près de la croix de Jésus, sa mère,
et la sœur de sa mère, Marie,
femme de Cléophas, et Marie-Ma-
deleine.
26. Lors donc que Jésus eut vu
sa mere, et, près d'elle, le disciple
quil aimait, il dit à sa mère :
Femme, voilà votre fils.
27. Ensuite il dit au disciple :
Voilà ta mère. Et depuis cette
heure-là, le disciple la prit avec
lui.
28. Après cela, Jésus sachant
que tout était consommé, afin
d'accomplir l’Ecriture, dit : J'ai
soif.
29. Oril y avait là un vase plein
de vinaigre. C'est pourquoi les
23. Matt., xxvir, 35; Marc, xv, 24; Luc, xxii, 94, — 24. Ps. xxt, 19, — 28. Ps. rxvur, 22.
servé la relique du titre [de l'Eglise Sainte-Croix de Jérusalem, à Rome; voir Matt.,
xxvi, 37], comme pour confirmer le texte de S. Jean, 16 seul qui n'ait pas quitté
Notre Seigneur un instant pendant sa passion. Il ἃ vu et rapporté littéralement ce
dont les autres ont donné l'esprit. » (RonaAurT DE FLEURY.)
93. * Après l'avoir crucifié. Voir note sur Matt., xxvii, 35. — Or la tunique était
sans couture. « La tunique était le principal vétement de dessous; elle se rapproche
fort par son usage de la chemise et par sa forme de la blouse moderne. [La tradition
rapporte que Charlemagne reçut la sainte Tunique en présent de l'impératrice de
Constantinople Irène et qu'il la déposa à Argenteuil. Elle a été divisée au moment
de la Révolution]. Le tissu est en poil de chameau assez lâche et ressemble à du
canevas fin dont les fils seraient trés tors. Elle est tissée depuis le haut dans toute
son étendue, sans couture, et faite à l'aiguille sur le plus simple des métiers tel
qu'une tablette recevant sur ses deux faces la chaine et la trame. C'était un vêtement
descendant jusqu'au-dessous des genoux, prés des pieds, avec deux manches qui ne
pouvaient couvrir les bras qu'à moitié. Elle avait 1 m. 45 de hauteur et 1 m. 15 de
largeur. » (RonauLr DE FLEURY.)
95, * Marie, femme de Cléophas. Voir Matt., xxvu, ὅθ, — Marie-Madeleine, voir
Matt., xxvir, 56.
26. * Le disciple qu'il aimait, S. Jean l'Evangéliste.
21. * Le disciple S. Jean /a prit avec lui dans sa maison, comme le signifie le texte
original.
29. * Enlourant d'hysope. « Il existe, dit Benoit XIV, deux espèces d'hysope, l'une,
plante parasite qui s'attache aux murs, l'autre qui croît dans les champs et s'éléve
jusqu'à deux métres de hauteur. On ne sait pas si le suc de cette plante a été mélé
au vinaigre, ou sisa tige ἃ servi de support pour approcher l'éponge, ou si ses ra-
(cu. xix.)
soldats entourant d'hysope une
éponge pleine de vinaigre, la pré-
sentèrent à sa bouche.
30. Lors donc que Jésus eut pris
le vinaigre, il dit : Tout est con-
sommé. Et, la téte inclinée, il
rendit l'esprit.
31. Les Juifs donc (parce que
c'était la préparation), afin que
les corps ne demeurassent pas en
croix le jour du sabbat(car ce jour
de sabbat était très solennel),
prièrent Pilate qu'on leur rompit
les jambes et qu'on les enlevât.
99. Les soldats vinrent dono,
et ils rompirent les jambes du
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2597
33. Mais lorsqu'ils vinrent à
Jésus, et qu'ils le virent déjà
mort, ils ne rompirent point les
jambes ;
34. Seulement un des soldats
ouvrit son cóté avec une lance,
et aussitót il en sortit du sang et
de l'eau.
35. Et celui qui l'a vu en a ren-
du témoignage, et son témoi-
enage est vrai. Et il sait qu'il
dit vrai, afin que vous croyiez
aussi.
36. Car ces choses ont été fai-
tes, afin que s'accomplit l'Ecri-
ture : Vous n'en briserez aucun
premier, puis du second qui avait | os
été crucifié avec lui. 31. Et dans un autre endroit,
36. Exode, xir, 46; Nom., 1x, 12. — 31. Zach., xu, 19.
meaux flexibles ont composé un panier léger dans lequel se trouvait l'éponge; cnfir
si de sa tige on a pu tirer un bâton qui n'avait pas besoin de plus de 60 à 65 cent:
mètres de longueur pour &tteindre la tête du Crucifié. »
30. * Jésus boit du vinaigre pour accomplir les prophéties de la passion. « Jésus
avait tout prévu, et sachant les prophéties, il les accomplissait toutes avec connais-
sance. C'est ce qu'il fit jusqu'à la mort; et c'est pourquoi, jusque sur la croix, voyant
que tout s'accomplissait, et qu'il ne lui restait plus rien à accomplir durant sa vie que
cette prophétie de David : I/s m'ont donné du fiel à boire, et, dans ma soif, ils m'ont
abreuvé avec du vinaigre, i| dit : J'ai soif. On lui présenta le breuvage qui lui
avait été prédestiné; il en goûla autant qu'il fallait pour accomplir la prophétie ;
apres il dit : Tout est accompli; il n'y a plus qu'à rendre làme; à l'instant il
baissa la 16/0, et se mit volontairement en la posture d'un homme mourant, el
il expira. Jésus donc savait ce qu'il voulait, qui était l'accomplissement des pro-
phéties ; mais une vertu cachée exécutait tout le reste. Il se trouva précisément
un vaisseau oü il y avait du vinaigre [mélé de fiel]; il se trouva une éponge dant
laquelle on lui pouvait présenter à la croix le vinaigre où on la trempa ; on l'atta-
cha au bout d'une lance et on la lui mit sur la bouche. La haine implacable de ses
ennemis, que le démon animait, mais que Dieu gouvernait secrétement. fit tous
le préparatif nécessaire à l'accomplissement de la prophétie. » (BossuET.) — * Il rendit
lesprit. Voir Matt., xxvit, 50.
31. La préparatwn. Voy. vers. 14. — Efait très solennel, à cause de la fête de páque
qui tomba cette année-là en ce méme jour. — *Qu’on leur rompit les jambes.
« Le brisement des os était le complément ou la fin du supplice. Chez les Romains,
le brisement des os était en usage, peut-être comme un adoucissement à la peine,
puisqu'il accélérait la mort. Mais pour Notre Seigneur, les Juifs étaient devenus plus
»ruels que les Romains, et ce ne fut pas chez eux un motif d'humanité qui les fit
agir, ce fut la crainte que les corps ne restassent exposés pendant la Pâque. » (RomaurT
9E FLEURY.)
34. * Un des soldats ouvrit son côté avec une lance. D'après une tradition consignée
dans le martyrologe romain, au 15 mars, ce soldat s'appelait Longin et se convertit
plus tard au christianisme. — Avec une lance. « La lance, Jongue et légère, avec
une téte large et plate servant à la fois de pique et de trait, avait une bride en cuir
ittachée au bois. » (Rrcn.)
2598 L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
l'Ecriture dit encore : Ils porte-
ront leurs regards sur celui qu'ils
ont transpercé.
38. Après cela, Joseph d'Arima-
thie (qui était disciple de Jésus,
mais en secret, par crainte des
Juifs) demanda à Pilate de pren-
dre le corps de Jésus. Et Pilate le
permit. Il vint donc, et enleva le
corps de Jésus.
39. Vint aussi Nicodéme, qui
était d'abord venu trouver Jésus
pendant la nuit; il apportait une
composition de myrrhe et d'aloes
d'environ cent livres.
40. Ils prirent donc le corps de
Jésus, et l'enveloppeérent dans
des linges avec des parfums,
comme les Juifs ont coutume
d'ensevelir.
M. Or il y avait au lieu où il
fut crucifié, un jardin, et dans
le jardin, un sépulcre neuf,
où personne encore n'avait été
mis.
42. Là dono, à cause de la pré-
paration des Juifs, et parce que le
sépulcre était proche, ils dépo-
serent Jésus.
]08. xx.]
CHAPITRE XX.
Madeleine va au sépulcre; elle avertit
Pierre et Jean; ils y viennent ensemble.
Apparition des anges et de Jésus à
Madeleine. Jésus apparait aux apótres
et leur donne le Saint-Esprit. Seconde
apparition de Jésus aux apôtres. Tho-
mas voit et croit.
4. Or le premier jour de la se-
maine, au matin, quand les ténè-
bres duraient encore, Marie-Ma-
deleine vint au sépulcre, et vit la
pierre 6466 du tombeau.
2. Elle courut done et vint à
Simon Pierre et à l'autre disciple
que Jésus aimait, et leur dit : Ils
ont enlevé le Seigneur du sépul-
cre, et nous ne savons où ils l'ont
mis.
3. Pierre done sortit avec
l’autre disciple, et ils vinrent au
sépulcre.
4. lls couraient tous deux en-
semble; mais l'autre disciple
courut plus vite que Pierre, et il
arriva le premier au sépulcre.
9. Or, s'étant penché, il vit les
linges posés à terre; cependant
il n’entra pas.
38. Matt., xxvir, 57; Marc, xv, 43; Luc, xxii, 50. — 39. Supra, rir, 2, — ὕπαρ. XX.
1. Matt., נטאא 1; Marc, xvi, 1; Luc, xxiv, 1.
38. * Joseph d'Arimathie. Voir note sur Matt., xxvii, 51, — Demanda... le corps de
Jésus Voir Matt., xxvir, 58.
39. Nicodeme. Voir Jean, 11, 4. —* Une composition ue myrrhe er d'aloes d'environ
cent livres. « La myrrhe et l’aloès, dont les sucs [sont] trés amers, ont la propriété de
préserver les corps de la putréfaction. Quatre ou cinq livres eussent suffi à la rigueur.
Cette grande quantité d'aromates fait voir qu'il n'était pas seulement enduit, mais plongé
dans les parfums pour accélérer l'opération, en évitant de toucher au corps. » (RoHAULT
DE FLEURY.) Sur la myrrhe, voir Maitk., 11, 11
.40 * L'enveloppérent dans des linges. « Les observations 168 plus scrupuleuses s'ac-
cordent à faire reconnailre jusqu'à deux cents et trois cents métres superficiels de
linges en lin sur une seule momie [égyptienne]. Un grand nombre de linges ont dü
étre employés à l'ensevelissement du Sauveur. La respectueuse prodigalité indiquée
dans l'emploi des aromates prouve qu'on n'a pas dà épargner davantage les linges et
les bandelettes, d'ailleurs nécessaires pour les maintenir, » (RonaurLT DE FLEURY.
41. * Un sépulcre neuf. Voir Matt., xxvi, 60, 61.
1. * Le premier jour de la semaine est le dimanche.
2. * L'autre disciple, S. Jean l'Evangéliste.
[cu. xx.]
6. Pierre, qui le suivait, vint
aussi, et entra dans le sépulcre,
et vit les linges posés d terre,
7. Et le suaire qui couvrait sa
téte, non point avec les linges,
mais plié en un lieu à part.
8. Alors donc entra aussi l'au-
tre disciple qui était venu le pre-
mier au sépulcre; et il vit et il
crut.
9. Car ils ne savaient pas en-
core l'Ecriture : Qu'il fallait qu'il
ressuscitát d'entre les morts.
10. Les disciples donc s'en re-
tournèrent chez eux.
11. Mais Marie se tenait dehors
près du sépulcre, pleurant. Or,
tout en pleurant, elle se pencha,
et regarda dans le sépulcre ;
19. Elle vit deux anges vétus
de blanc, assis, l'un à la téte,
l'autre aux pieds, là où avait été
mis le corps de Jésus.
43. Ils lui demandèrent
Femme, pourquoi pleurez-vous ?
Elle leur répondit : Parce qu'ils
ont enlevé mon Seigneur, et je
ne sais où ils l’ont mis.
14. Lorsqu'elle eut dit cela, elle
se retourna en arrière, et vit Jé-
sus debout; et elle ne savait pas
que ce fût Jésus.
45. Jésus lui demanda: Femme,
pourquoi pleurez-vous ? Elle, pen-
sant que c'était le jardinier, lui
répondit : Seigneur, si c'est toi
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2599
qui l'as enlevé, dis-moi oü tu l'as
mis, et je l'emporterai.
16. Jésus lui dit : Marie. Elle,
se retournant, lui dit : Rabboni
(ce qui veut dire Maitre).
17. Jésus lui dit : Ne me tou-
chez pas; car je ne suis pas en-
core monté vers mon Père ; mais
allez à mes frères ; et dites-leur :
Je monte vers mon Père et votre
Père, vers mon Dieu et votre
Dieu.
18. Marie-Madeleine vint an-
noncer aux disciples : J'ai vu
le Seigneur, et il m'a dit ces
choses.
19. Ce jour-là, premier de la
semaine, lorsque le soir fut venu,
et que les portes du lieu oü les
disciplesse trouvaient assemblés,
étaient fermées, de peur des
Juifs, Jésus vint et se tint au mi-
lieu d'eux, et leur dit : Paix à
vous!
20. Et, lorsqu'il eut dit cela, il
leur montra ses mains et son có-
té. Les disciples se réjouirent
donc à la vue du Seigneur.
91. Et il leur dit de nouveau :
Paix à vous! Comme mon Père
m'a envoyé, ainsi moi je vous
envoie.
22. Lorsqu'il eut dit ces mots,
il souffla sur eux et leur dit : Re-
cevez l'Esprit-Saint ;
23. Ceux à qui vous remettrez
11. Matt., xxvi, 1; Marc, xvi, 5; Luc, xxiv, 4. — 19. Marc, xvi, 14; Luc, xxiv, 36;
I Cor., xv, 9. — 23. Matt., xvii, 18.
9. L'Ecriture. Voy. Ps. xv, 10.
, 19. La méme puissance qui faisait passer le corps entier de Jésus-Christ dans toute
sa dimension à travers les portes fermées, rend le méme corps réellement présent
dans le sacrement de l'Eucharistie, quoique ces deux choses surpassent notre intel-
ligence.
22. Jésus emploie le souffle de sa bouche comme un signe extérieur pour marquer
qu'il leur communiquait son esprit.
23. Il faut nécessairement ou rejeter l'authenticité de ces paroles, ou reconnaitre
l'origine divine de la confession sacramentelle,
2600
les péchés, ils leur seront remis;
et ceux à qui vous les retiendrez,
ils leur seront retenus.
94. Or Thomas, appelé Didyme,
un des douze, n'était pas avec
eux quand vint Jésus.
95. Les autres disciples lui
dirent donc : Nous avons vu le
Seigneur. Mais lui leur répon-
dit : Si je ne vois dans ses mains
le trou des clous, et si je n'en-
fonce mon doigt à la place des
clous, et que je ne mette ma
main dans son cóté, je ne croirai
point.
96. Et huit jours après, ses
disciples étaientencore enfermés,
et Thomas avec eux. Jésus vint,
les portes fermées, etil se üntau
milieu d'eux, et leur dit : Paix à
vous!
97. Puis il dit à Thomas : Mets
ton doigt là, vois mes mains;
approche ta main et mets-la dans
mon cóté, et ne sols plus incré-
dule, mais croyant.
98. Thomas répondit et lui dit :
Mon Seigneur et mon Dieu.
99. Jésus lui dit : Parce que tu
m'as vu, Thomas, tu as cru. Heu-
reux ceux qui n'ont point vu et
qui ont cru!
30. Jésus a fait encore en pré-
sence de ses disciples beaucoup
d'autres miracles qui ne sont pas
écrits dans ce livre.
31. Mais ceux-ci ont été écrits
afin que vous croyiez que Jésus
est le Christ, le Fils de Dieu, et
afin que, croyant, vous ayez la
vie en son nom.
30. Infra, xxi, 25.
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
[cu. xxt.]
CHAPITRE XXI.
Apparition de Jésus à ses disciples prés
de la mer de Tibériade. Péche miracu-
leuse. Amour de saint Pierre, Jésus lui
confie ses brebis et lui prédit son mar-
tyre. Saint Pierre demande à Jésus ce
que deviendra saint Jean.
1. Aprés cela, Jésus se mani-
festa de nouveau à ses disciples
prés dela mer de Tibériade. Or il
se manifesta ainsi.
9. Simon Pierre et Thomas,
appelé Didyme, Nathanaél, qui
était de Cana en Galilée, les fils
de Zébédée, et deux autres de
ses disciples, se trouvaient en-
semble.
3. Simon Pierre leur dit: Je vais
pécher. 115 lui dirent : Nous y
allons aussi avec vous. Ils s'en
allèrent donc et montèrent dans
la barque, et cette nuit-là ils ne
prirent rien.
4. Mais le matin venu, Jésus
parut sur le rivage ; les disciples
néanmoins ne connurent point
que c'était Jésus.
9. Jésus leur dit done : Enfants,
n'avez-vous rien à manger? Ils
répondirent : Non.
6. Il leur dit : Jetez le filet à
droite de la barque, et vous en
trouverez. Ils le jetèrent donc, et
ils ne pouvaient le tirer, à cause
dela multitude des poissons.
7. Alors le disciple que Jésus
aimait dit à Pierre : C'est le Sei-
gneur. Lorsque Simon Pierre eut
entendu que c'était le Seigneur,
il se ceignit de sa tunique (car
2. * Nathanaél, Vapótre S. Barthélemy. Voir Jean, 1, 49. — Les fils de Zébédée,
S Jacques le Majeur et S. Jean l'Evangéliste.
1. Nu; c'est-à-dire, sans son vétement de dessus.
]63. xx1.]
il était nu), et se jeta dans la
mer.
8. Les autres disciples vinrent
avec la barque (car ils n'étaient
éloignés dela terre que d'envi-
ron deux cents coudées), tirant
le filet plein de poissons.
9. Or dès qu'ils furent descen-
dus à terre, ils virent des char-
bons préparés et du poisson placé
dessus, et du pain.
10. Jésus leur dit : Apportez
quelques-uns des poissons que
vous avez pris à l'instant.
11. Simon Pierre monta dans
la barque, et tira à terre le filet
plein de cent cinquante-trois gros
poissons. Et quoiqu'il y en eût
lant, le filet ne fut pas rompu.
19. Jésus leur dit : Venez, man-
gez. Et chacun de ceux qui pre-
naient part au repas n'osait lui
demander : Qui étes-vous? sa-
chant que c'était le Seigneur.
13. Et Jésus vint, prit le pain,
etle leur donna, et le poisson pa-
reillement.
14. Ce fut la troisième fois que
Jésus se manifesta à ses disciples,
aprés qu'il fut ressuscité d'entre
les morts.
15. Lors donc qu'ils eurent
mangé, Jésus dit à Simon Pierre :
Simon, fils de Jean, m'aimes-tu
plus que ceux-ci? Il lui répondit :
Oui, Seigneur, vous savez que je
L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN.
2601
vous aime. Jésus lui dit : Pais
mes agneaux.
16. Il lui dit de nouveau : Si-
mon, fils de Jean, m'aimes-tu? Il
lui répondit : Oui, Seigneur, vous
savez que je vous aime. Jésus lui
dit : Pais mes agneaux.
17. Il lui dit une troisième fois :
Simon, fils de Jean, m'aimes-tu?
Pierre fut contristé qu'il lui eût
dit une troisieme fois : M'aimes-
tu? Et il lui répondit : Seigneur,
vous connaissez toutes choses,
vous savez que je vous aime. Jé-
sus lui dit : Pais mes brebis.
18. En vérité, en vérité, je te
le dis : Quand tu étais jeune, tu
te ceignais toi-méme, et tu allais
oü tu voulais. Mais quand tu se-
ras vieux, tu étendras les mains,
et un autre te ceindra et te con-
duira oü tu ne voudras pas.
19. Oril dit cela, indiquant par
quelle mort il devait glorifier
Dieu. Et lorsqu'il eut ainsi parlé,
il lui dit : Suis-moi.
90. Pierre s'étant retourné, vit
venir apres lui le disciple que Jé-
sus aimait, qui s'était aussi re-
posé pendant la cene sur son sein,
et dit : Seigneur, qui est celui
qui vous trahira?
21. Pierre donc l'ayant vu, de-
manda à Jésus : Seigneur, mais
celui-ci, que deviendra-t-il?
22. Jésus lui répondit : Je veux
ΧΙ 19:1] Pierre, 1, 14, — 20. Supra, xui, 99, ית ו
|
| T. Pais mes brebis. Le Sauveur avait promis à saint Pierre la suprématie spirituelle
(Matt., xvi, 19): et il remplit ici sa promesse, en le chargeant de paitre toutes ses
brebis sans exception, par conséquent tout son troupeau, c'est-à-dire toute son Eglise.
19. *S. Pierre mourut sur une croix, à Rome, la téte en bas, l'an 61 de notre ére.
Ce n'est que plusieurs années aprés le martyre du prince des apótres que S. Jean
rappelait dans son Evangile cette prophétie du Sauveur.
20. * Le disciple que Jésus aimait, S. Jean l'Evangéliste.
22, 23. * Je veux qu'il demeure ainsi, Le texte grec porte: Si je veux, et laisse ainsi
la chose dans le doute.
2602
quil demeure ainsi jusqu'à ce
que je vienne, que t'importe? Toi,
suis-moi.
93. Le bruit courut donc parmi
les frères que ce disciple ne mour-
rait point. Gependant Jésus ne
lui dit pas : 1 ne mourra point;
mais : Je veux qu'il demeure ainsi
jusquà ce que je vienne, que
timporte ?
25. Supra, xx, 30.
L'ÉVANGILE. SELON SAINT JEAN.
xxi.] .חס]
94. C'est ce méme disciple qui
rend témoignage de ces choses, et
qui les a écrites; et nous savons
que son témoignage est vrai.
95. ll y a encore beaucoup d'au-
tres choses que Jésus a faites; si
elles étaient écrites en détail, je
ne pense pas que le monde lui-
méme pát contenir les livres qu'il
faudrait écrire.
ב
ACTES DES APOTRES
INTRODUCTION
Un a donné le nom d'Actes des Apôtres à des Mémoires divinement inspirés
sur l'élablissement de l'Eglise et sur ses premiers développements parmi les
Juifs et parmi les Gentils. Ce titre, qui parait aussi ancien que l'ouvrage, le ca-
ractérise parfaitement. L'auteur y rapporte tout ce qu'il a vu ou appris sur ce
sujet d'intéressant pour les chrétiens. C'est moins une histoire proprement dite
qu'une suite de récits, ayant pour objet les travaux des Apótres (surtout ceux de
S. Pierre et de S. Paul), et pour but l’affermissement des âmes dans la foi et
leur progrès dans la ferveur.
Par leur objet, les Actes des Apôtres complètent les Evangiles; ils en sont la
suite et le couronnement. C'est pourquoi S. Luc les donne pour la seconde
partie de son principal écrit. De plus, ils confirment l'histoire évangélique, en
rappelant le souvenir des mystéres principaux du Sauveur, en constatant l'ac-
complissement de ses prophéties et le fruit merveilleux de son œuvre. Si
l'Evangile disparaissait, il serait facile, à l'aide des Actes, de le reconstruire, au
moins en substance; et, sans ce livre, l’œuvre des évangélistes serait inachevée.
Pour la composition, on trouve dans les Actes la méme simplicité et la méme
briéveté que dans l'Evangile. On y remarque aussi la méme absence de dates.
Nulle époque n'est indiquée, méme pour les faits principaux, et on n'en saurait
fixer aucune que par approximation. Celle de l'Ascension, qui sert de point de
départ, n'est pas mieux déterminée que les autres : le sentiment des auteurs
oscille de l'an 29 à l'an 33. Il est vrai que nul écart ne saurait aller au delà de
cinq ou six années. On convient, d'ailleurs, que l'auteur suit en général l'ordre
des temps, que les faits qu'il rapporte se sont passés sous quatre empereurs,
Tibére (An. 33-37), Caligula (37-41), Claude (41-54), Néron; et que la durée
totale du récit est d'une trentaine d'années.
Les Actes sont la meilleure introduction aux Epitres des Apótres, à celles de
S. Paul en particulier. Nous n'avons guére d'autre document de cette époque
sur les faits, les lieux, les personnes et les circonstances au milieu desquelles
elles furent écrites. C'en est aussi le plus sür commentaire. Sans les renseigne-
ments que ce livre fournit, bien des passages des Epitres resteraient obscurs et
donneraient lieu à des discussions de toutes sortes. On aurait peine à s'expliquer
le caractére de S. Paul, les persécutions qu'il a souffertes, ses controverses, ses
apologies, ses voyages, etc.
2604 ACTES DES APOTRES.
L'auteur ne se nomme nulle part; mais, dés le début, il se donne pour évan-
géliste. On voit, au milieu de son récit, qu'il est un des disciples et des compa-
gnons de S. Paul, et la tradition nous fait connaitre son nom. C'est sans raison
et contrairement à tous les témoignages que certains critiques ont donné cet
ouvrage pour une compilation ou une juxtaposition d'écrits de provenances
diverses. Dès le temps de S. Irénée, on l'attribuait tout entier à S. Luc, quoiqu'il
eüt la méme étendue et la méme forme qu'aujourd'hui; et nous verrons que
l'unité du livre atteste celle de son origine.
Il est probable qu'en faisant ses recherches sur la vie du Sauveur, S. Luc eut
soin de recueillir tout ce qui lui fut communiqué d'intéressant sur les premiers
disciples. Outre les notes qu'on avait dà prendre et garder sur certains faits,
par exemple, les délibérations du sanhédrin au sujet des Apótres, les premiers
discours de S. Pierre, le jugement et le supplice de S. Etienne, outre certains
documents officiels, comme la lettre synodale du Concile de Jérusalem, cet au-
teur fut à méme de consulter et d'entendre les témoins les plus compétents :
S. Paul, avec lequel il passa seize années entières et dont il avait les Epitres
entre les mains, S. Pierre, qu'il eut plusieurs fois occasion de voir, S. Jacques
le Mineur, auprés duquel il séjourna à Jérusalem, S. Philippe, qu'il visita en
passant à Césarée et qu'il entretint à loisir dans les deux premiéres années de
la captivité de son Maitre, S. Marc à Rome, et une foule de disciples dont on
ignore les noms. Pour les faits qui remplissent les douze derniers chapitres, il
n'avait qu'à se rappeler ses propres souvenirs; car aprés avoir quitté son pays
pour s'attacher à S. Paul, il ne s'en est presque jamais séparé : d'Antioche il
l'a suivi à Troade, à Philippes, à Milet, à Césarée, à Jérusalem et enfin
à home.
C'est dans cette dernière ville, probablement, que S. Luc acheva sa rédaction.
ll avait pu commencer son travail auparavant, prendre des notes à mesure
qu'il voyait les faits se succéder; mais tout porte à croire qu'il termina son
écrit dans l'intervalle qui sépare la publication du troisiéme Evangile des der-
niers faits rapportés dans les Actes, c'est-à-dire entre l'an 58 et lan 63,
trente ans au plus aprés la mort de Jésus-Christ, huit ou dix avant la ruine de
Jérusalem. Ainsi s'expliquent la précision, la vivacité, la fraicheur de souvenir
qu'on remarque dans ses derniers récits, par exemple, la comparution de
l'Apótre devant Agrippa, son voyage sur mer, sa rencontre avec les chrétiens
de Rome sur la voie Appienne, sa premiére conférence avec les Juifs de cette
ville. Au moins, le livre fut-il achevé avant la ruine de Jérusalem, qui est tou-
jours supposée debout, et avant le martyre de l'Apótre dont l'auteur ne fait
aucune menlion, qu'il ne fait pas méme pressentir. Bien plus, si l'on compare
ce que S. Paul dit aux anciens d'Ephése, qu'ils ne doivent plus le revoir, avec
les assurances qu'il donne aux Philippiens et à Philémon, on est porté à croire
que l'éerit de S. Luc a été publié avant la fin de la première captivité; car s'ill
l'avait été plus tard, il est probable que l'auteur n'aurait pas manqué d'écarter
toute prévision funeste, en avertissant le lecteur que l'Apótre avait recouvré sa
liberté et que ses disciples de Philippes et de Colosses avaient vu se réaliser les
espérances qu'il leur donnait du fond de sa prison.
Si l'on trouve dans les Acles quelques indications géographiques, c'est sur
Jérusalem et la Palestine. On n'y voit aucune particularité sur l'Italie, ni sur le
séjour que S. Paul a fait à Rome. C'est une raison de penser que l'auteur desti-
INTRODUCTION. 2605
nait son écrit particuliérement aux fidéles de cette ville et aux chrétiens
d'Europe convertis par son Maitre.
La tradition a toujours attribué les Actes des Apótres à S. Luc.
On trouve, dans toutes les Introductions à la sainte Ecriture, les témoignages
les plus convaincants de la foi de l'Eglise à cet égard : — le Canon de Mura-
tori (160-170), qui place ce livre à la suite des Évangiles; — la Version italique
et la Version syriaque, dont les Actes ont toujours fait partie ; — des citations
, des auteurs les plus graves et des Pères les plus anciens, depuis S. Augustin,
| qui nous apprend l'usage où était l'Eglise latine de faire lire ce livre durant le
temps pascal, comme un monument assuré de la résurrection du Sauveur,
jusqu'à Origéne (230), qui en a fait l'objet de vingt Homélies dont il reste
quelques fragments, jusqu'à Tertullien (207), qui le cite en cinquante endroits
de ses écrits, jusqu'à Clément d'Alexandrie (193), quitrouve un certain rapport
entre le style des Actes et celui de l'Epitre aux Hébreux, jusqu'à S. Irénée (180),
qui fait valoir, en les citant, l'autorité de S. Luc, jusqu'aux Péres apostoliques
eux-mémes, en particulier S. Polycarpe, qui y fait visiblement allusion dans
soa Epitre aux Philippiens, dés la première partie du second siècle.
[/élude critique des Actes démontre de la manière la plus certaine : — que ce
livre est l’œuvre d'un seul auteur; — que cet auteur était contemporain des
4001098 ; — qu'il était disciple et compagnon de S. Paul; — qu'il a écrit le
troisième Evangile ; — enfin, qu'il ne peut être différent de S. Luc.
19 C'est l'œuvre d'un seul auleur. — L'unité de la composition est manifeste.
C'est d'un bout à l'autre la méme doctrine, le méme dessein, la méme marche,
la méme mise en scéne. Les particularités dont le style abonde, se retrouvent
dans toutes les parties des Actes, partout les mêmes et dans une mesure à peu
prés égale. Cette observation s'applique spécialement à trentre-quatre expres-
sions singuliéres qu'on y a relevées et qu'on ne trouve dans aucune autre partie
de la Bible, par exemple, voie pour religion, — à une vingtaine de termes favo-
ris, fort rares ailleurs, fréquents ici : main pour puissance, en quatorze endroits;
parole ou discours pour évangile, Aérésie, etc.; — à certains mots écrits d'une
maniére inusitée, par exemple, Hierosolyma, répété quarante-deux fois en grec,
pour Hiérousalém ; à l'emploi fréquent de cette formule : il fut fait que, qua-
torze fois répétée, du mot se levant, dix-neuf fois ; se tenant dehors, six fois; —
aux citations de l'Ancien Testament, toujours conformes aux Septante, pour le
sens au moins, etc.
2° L'auteur était des temps apostoliques. — La nature des faits qui le frappent,
les discussions qu'il rapporte sur l’incorporation des Gentils à l'Eglise, sur les
rites judaiques, sur les aliments prohibés; les renseignements qu'il donne sur
Jérusalem, sur les croyances et le culte juif; la maniére dont il parle des pro-
phéties anciennes et des prophètes de la loi nouvelle; l'importance qu'il y
attache; les dispositions d'esprit dont son écrit porte l'empreinte; les détails
nombreux et circonstanciés où il entre à l'égard des personnages, des emplois,
. des usages, des lois de cette époque, ses allusions aux faits contemporains, aux
sectes de la Judée, aux divisions territoriales; son grec mêlé d'hébraismes, 6
fiel de l'amertume, etc., et de latinismes, colonia, etc. ; la justesse de ses indica-
tions, leur accord parfait avec l'histoire et la géographie du temps, sont autant
d'indices qui dénotent un auteur du premier siécle, contemporain des apótres.
3° Jl a été disciple et compagnon de S. Paul. — Son disciple : car il est animé
2606 ACTES DES APOTRES.
du même esprit et préoccupé des mêmes pensées. Ce qu’il aime surtout à
mettre en relief, c'est la nécessité et le mérite de la foi, l'universalité de la
rédemption, la miséricorde de Dieu sur les Gentils, leurs bonnes dispositions
qui contrastent avec l'endurcissement des Juifs, les conversions qui s'opérent
parmi eux, la divinité du Sauveur, qu'il appelle habituellement Le Seigneur, à
l'exemple de l'Apótre. Le mot gráce, que les autres évangélistes n'emploient
jamais, et qui revient si souvent en S. Paul, est répété par S. Luc dix-sept fois
dans les Actes et trente fois dans le troisième Evangile. — Son compagnon dans
ses courses apostoliques : car la part qu'il fait à S. Paul dans ses récits, l'abon-
dance et la justesse des détails politiques et topographiques, l'indication d'une
. foule de circonstances et de personnages sans importance par eux-mêmes, sur-
tout l'harmonie parfaite qui régne entre toutes les indications qu'il fournit et les
Epitres de S. Paul, ne permettent pas de révoquer en doute ce que suppose
l’auteur, en se mêlant au récit, qu'il l'a suivi dans une grande partie de ses
voyages et qu'il ne fait que rapporler ce qu'il a vu de ses yeux : « Il écrivit
l'Evangile d'aprés ce qu'il avait entendu, dit S. Jéróme, il composa les Actes
des Apôtres d’après ce qu'il avait vu. »
4 Il est l'auteur du troisième Evangile. — ll suffit de citer en preuve, après
les premiers versets des Actes, la conformité qu'on remarque entre ces deux
livres pour les sentiments, les dispositions d'esprit, les tendances, le langage.
D'un côté comme de l'autre, on reconnait l'influence de S. Paul. C’est la méme
attention à ne rien dire de blessant pour les Gentils, à ménager l'autorité
romaine et méme à relever ce qui est à son avantage. C'est le méme respect
pour les cérémonies judaiques, avec la méme conviction que l'Evangile est pour
tous les peuples et le méme soin de rattacher les faits aux actes publies de
l'empire. C'est la méme insistance sur la nécessité du détachement, la méme
horreur de l'avarice. Ce sont aussi les mémes qualités descriptives, la méme
manière de citer l'Ecriture, les mêmes expressions, les mémes tournures. Enfin
ce sont les mémes particularités de style, des périphrases fréquentes, souvent
identiques; une trentaine de mots qu'on ne rencontre jamais ou presque jamais
dans le Nouveau Testament et qui se montrent également dans l'un et dans
l'autre de ces livres ; des locutions semblables ou d'une analogie frappaute : le
fruit du ventre pour fils, la main de Dieu pour la puissance de Dieu, etc. Pour
étre fortuites et peu saillantes dans le détail, ces coincidences ne sont que plus
décisives. Mais c'est dans le texte grec qu'il les faut chercher.
5° Enfin, c'est S. Luc lui-même. — Nous savons que S. Luc a composé le troi-
sième Evangile et qu'il était médecin, par conséquent qu'il avait fait quelques
études. Or, le livre des Actes témoigne : — 19 Que l'auteur avait l'esprit cultivé. Tout
mélé qu'il est d'hébraismes, son grec est plus pur que celui des autres écrivains
du Nouveau Testament. — 29 Qu'il distinguait trés bien les maladies et les
infirmités. Il les caractérise parfaitement et emploie pour les désigner des
termes qui lui sont propres et qui appartiennent à la langue médicale de
l'époque. — 3° Qu'il a écrit un Evangile, qui ne peut être que le troisième,
On ne saurait exiger des marques d'authenticité plus nombreuses ni plus
convaincantes. Réunies aux témoignages de la tradition, elles mettent absolu-
ment hors de doute l'origine du livre des Actes.
L'intégrité des Actes est déjà prouvée par ce que nous avons dit de l'unité de
la composition; de plus, elle a une garantie certaine dans le caractère du livre
INTRODUCTION. 2607
et la notoriété de l'auteur. Les Actes des Apótres, ayant la méme origine que
le troisiéme Evangile, recurent la méme publicité; ils furent l'objet du méme
respect. Les chrétiens devaient donc veiller également à la conservation de ces
deux écrits. Altérerles Actes dans ce qu'ils ont d'essentiel, y glisser furtivement
par exemple les prodiges dont ils sont remplis ou remplacer les faits naturels
par des événements miraculeux eût offert plus de difficultés encore que de sup-
poser le livre tout entier.
Il ne s'agit ici, bien entendu, que d'altérations essentielles, de nature à porter
atteinte à la doctrine. Quant aux simples changements de termes, aux substitu-
tions, additions ou transpositions de mots, il ἃ pu s'en produire, et il en est
survenu un certain nombre; mais les variantes sont sans importance.
La véracité des Actes des Apótres résulte aussi de leur authenticité et de leur
intégrité; car on ne peut supposer en S. Lue ni erreur ni imposture sur les faits
qu'il rapporte. — 4° I] ne pouvait être dans l'erreur. Pour les faits les plus
récents, il atteste les avoir vus de ses yeux : comment prétendre qu'il est dans
l'illusion, ou que ces faits, donnés par lui pour merveilleux, n'ont rien que de
naturel? Pour ceux qui précédent, il les tient de S. Paul, des Apótres, de leurs
disciples, les témoins les mieux informés et les plus sûrs. — 2° Il ne cherchait
pas à tromper, car quel intérét pouvait l'y porter? Et comment eüt-il réussi,
dans un temps oü S. Jean, d'autres Apótres, une foule de disciples étaient là
pour contrôler ses récits, et où tant de chrétiens étaient disposés à mourir pour
l'intégrité de leur foi?
Pour apprécier la valeur du livre des Actes, on peut le considérer sous plu-
sieurs aspects : — 1? Au point de vue de l'édification. S. Chrysostome affirme
que la lecture des Actes n'est pas moins salutaire que celle de l'Evangile. Aucun
écrit n'est plus propre à faire connaitre et à inspirer le véritable esprit du chris-
tianisme. On y voit briller toutes les vertus chrétiennes, surtout les vertus
sacerdotales, le détachement, la charité, le zéle de la gloire de Dieu, le mépris
des souffrances, le désir du ciel. — 2° Au point de vue de la doctrine. Ce livre
est doublement précieux, soit parce que les miracles qui y sont rapportés con
firment hautement la prédication du Sauveur et le récit des évangélistes, soit
parce que la plupart des dogmes révélés s'y trouvent établis, par l'enseignement
des Apôtres et la pratique des fidèles. — 3° Au point de vue de l'histoire ecclé-
siastique. C'est un monument d'une valeur incomparable. Il n'embrasse qu'une
période assez courte et il a bien des lacunes ; mais il est le seul de cette époque,
et cette période a une importance exceptionnelle. Comme la constitution de
l'Eglise est divine et invariable, savoir ce qu'elle fut à son origine ou sur quel
plan son fondateur voulut qu'elle s'établit, c'est savoir ce qu'elle a été depuis et
ce qu'elle doit étre jusqu'à la fin des temps.
| Les vingt-huit chapitres dont ce livre est composé forment deux parties bien
distinctes. — 1? La premiére contient douze chapitres et comprend un espace
de douze années environ. On y voit le christianisme préché à Jérusalem et dans
la Palestine. Le personnage qui domine dans ces récits, c'est S. Pierre. Il y est
nommé plus de cinquante fois, tandis qu'il n'est fait mention de S. Jean que
six fois, et que les autres Apótres, sauf S. Jacques le Majeur, son frére, sont
simplement énumérés au commencement. — 2? La seconde partie comprend
dix-sept chapitres et embrasse environ vingt ans, durant lesquels l'Evangile est
préché aux Gentils, C'est S. Paul qui parait ic: en première ligne. De xu à xvi,
$608 ACTES DES APOTRES.
l'auteur décrit les premiers progrés du christianisme parmi les paiens, spéciale-
ment à Antioche, dans l'ile de Chypre et en Asie. A partir du chapitre xvi, 10,
il rapporte les prédications de l'Apótre en Europe, dans la Macédoine, dans
l'Achaie, enfin à Rome, dans la capitale du monde.
Cette division n'était pas expressément dans l'esprit de l'auteur; elle n'a pas
donné sa forme à l'ouvrage, mais elle en résulte et peut servir à le résumer. Les
deux parties réunies font voir l'accomplissement de la dernière parole de Notre
Seigneur à ses Apôtres : « Vous me rendrez témoignage à Jérusalem, dans la
Judée, dans la Samarie et jusqu'aux extrémités du monde. » (L. Bacuszz.)
«Je ne vous le cache pas, écrivait Lacordaire, les Actes des Apôtres m'é-
meuvent plus que l'Evangile. En celui-ci, tout est trop divin, si l’on peut parler
de la sorte; en celui-là l'homme parait; mais en quel moment et sous quel
souffle! Jésus-Christ vient de quitter la terre... Les voilà seuls en face de l'uni-
vers, qui ne croit rien de ce qu'ils croient, qui n'en sait méme rien encore, et
qu'ils doivent convertir à leur foi du pied de la croix qui a vu périr leur Maitre.
Y eut-il jamais pour des hommes un semblable moment? Et quels hommes?
des artisans, des pécheurs. Ils vont dire au monde les premieres paroles de la
prédication chrétienne; ils vont faire dans les âmes, aprés la leur, les premiers
miracles de la toute-puissance apostolique, et tracer dans la corruption da
siècle les premiers linéaments de ces mœurs où la charité s'enflammera des
glaces de la pureté. Toutes les origines et toute l'éloquence du Christianisme
sont dans ces courtes pages oü S. Paul, qui n'avait pas vu le Christ et qui le
persécutait, se léve à cóté de S. Pierre; désormais inséparable de lui, moins
grand par l'autorité, plus éclatant par la parole, égaux tous les deux en trois
choses, leur amour, leur supplice et leur tombeau... C'est à Jérusalem qu'a
commencé ce drame surnaturel; c'est à Rome qu'il se termine, aprés avoir ,
passé par Antioche, Athènes et Corinthe. S. Paul, tout chargé de chaines,
apporta aux Romains la liberté de l'univers, et le bruit de ses pas dans la capi- :
tale future du Christianisme est la dernière parole qu'on entende de lui. ₪
ACTES
DES APOTRES
CHAPITRE PREMIER.
Prologue de saint Luc. Ascension de Jé-
sus-Christ. Retour des apótres à Jéru-
salem. Saint Mathias est élu à la place
de Judas.
1. J'ai fait mon premier récit, ὃ
Théophile, sur tout ce que Jésus-
Christ ἃ fait et enseigné depuis le
commencement,
2. Jusqu'au jour oü il fut enlevé
au ciel, aprés avoir donné, par
l'Esprit-Saint, ses commande-
ments aux apótres qu'il avait
choisis,
3. Et auxquels, après sa pas-
sion, il se montra vivant par
beaucoup de preuves, leur appa-
raissant pendant quarante jours,
et leur parlant du royaume de
Dieu.
4. Ensuite, mangeant avec
eux, il leur commanda de ne pas
s'éloigner de Jérusalem, mais
d'attendre la promesse du Père,
que vous avez, dit-il, ouïe de ma
bouche ;
ὃ. Car Jean a baptisé dans l’eau;
mais vous, vous serez baptisés
dans l'Esprit-Saint, sous peu de
jours.
6. Ceux donc qui se trouvaient
là assemblés l'interrogaient di-
sant : Seigneur, est-ce en ce
temps que vous rétablirez le
royaume d'Israél?
7. Et il leur répondit : Ce n'est
pas à vous de connaitre les temps
et les moments que le Père a ré-
servés en sa puissance ;
8. Mais vous recevrez la vertu
de l'Esprit-Saint, qui viendra sur
vous, et vous serez témoins pour
moi, à Jérusalem, daus toute la
Judée et la Samarie, et jusqu'aux
extrémités de la terre.
9. Et quand il eut dit ces
choses, eux le voyant, il s'éleva,
etune nuéeledérobaàleurs yeux.
10. Et comme ils le regardaient
allant au ciel, voilà que deux
hommes se présenterent devant
eux, avec des vétements blanes,
11. Et leur dirent : Hommes de
Galilée, pourquoi vous tenez-
vous là, regardant au ciel? Ce
Cab. I. 4. Luc, xxiv, 49; Jean, xiv, 26 ; Matt., ur, 41; Marc, 1, 8; Luc, ur, 16; Jean,
1, 26. — 8. Infra, ir, 2; Luc, xxiv, 48.
1. Mon premier récit; c'est-à-dire l'Evangile que j'ai composé. — * TAéophile. C'est
le méme à qui S. Luc avait déjà dédié son Evangile. Voir Luc, r, 3.
8. *La Judée proprement dite comprenait la Palestine méridionale; ia Samarie
était située entre la Judée et la Galilée.
9. * IL s’éleva sur le mont des Oliviers.
10. Deux hommes; c'est-à-dire deux anges sous une forme humaine
Ν T.
164
2010
Jésus, qui du milieu de vous a
été enlevé au ciel, viendra de la
méme maniere que vous l'avez
vu allant au ciel.
19. Alors ils retournèrent à
Jérusalem, de la montagne qu'on
appelle des Oliviers, et qui est
pres de Jérusalem, à la distance
d'une journée de sabbat.
13. Et lorsqu'ils furent entrés,
ils monterent dans le cénacle, oü
demeuraient Pierre et Jean,
Jacques et André, Philippe et
Thomas, Barthélemi et Matthieu,
Jacques, fils d'Alphée, et Simon
le Zélé, et Jude, frère de Jacques;
14. Tous ceux-ci persévéraient
unanimement dans la prière,
avec les femmes, et avec Marie,
mere de Jésus, et avec ses freres.
15. En ces jours-là, Pierre se
levant au milieu des frères (or le
nombre des hommes réunis était
d'environ cent vingt), dit :
16. Mes freres, il faut que s'ac-
complisse ce qu'a écrit et prédit
l'Esprit-Saint par la bouche de Da-
vid, touchant Judas, qui a été le
guide de ceux qui ont pris Jésus :
11. Qui était compté parmi
ACTES DES APOTRES.
(eu. 1.1
nous, et avait reçu sa part au
même ministère.
18. Et il a acquis un champ du
salaire de liniquité, et s'étant
pendu, il a crevé par le milieu, et
toutes ses entrailles se sont ré-
pandues.
19. Et cela a été connu de tous
les habitants de Jérusalem, en
sorte que ce champ a été appelé
en leur langue, Haceldama, c'est-
à-dire champ du sang.
20. Car il est écrit au livre des
Psaumes : Que leur demeure de-
vienne déserte, et qu'il n'y ait
personne qui l'habite, et que son
épiscopat, un autre le recoive.
91. Il faut done que de ceux
qui se sont unis à nous pendant
tout le temps oü le Seigneur Jé-
sus a vécu parmi nous,
22. A commencer du baptéme
de Jean, jusqu'au jour oü il a été
enlevé d'au milieu de nous, il y
en ait un qui devienne témoin
avec nous de sa résurrection.
23. Et ils en présentèrent deux,
Joseph, qui 8 3000181
et qui a été surnommé le Juste,
et Mathias.
16. Ps. xr, 10; Jean, xir, 18. — 18. Matt., xxvu, 7. — 20. Ps. Lxvin, 26; Ps. cvi, 8,
12. Une journée de sabbat signifie ici la distance de deux mille pas de chemin, dis-
tance que ne pouvaient pas dépasser les Juifs, le jour du sabbat. — * La montagne
qu'on appelle des Oliviers. Voir Matt., xxi, 1.
13. Le cénacle était une chambre haute où l'on se retirait pour prier, où l'on rece-
vait les étrangers, etc. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 531. — * Le mot cé-
nacle est la traduction du grec Ayperóon, sur lequel on peut voir la note Mare, ir, 4.
14. Ses frères. Comp. Matt., xii, 46.
19. * Haceldama. On montre ce champ, d'aprés une tradition ancienne, au sud-est
de Jérusalem, dans la vallée de Ben-Hinnom. Il est situé au milieu d'anciens tom-
beaux.
20. Cette application des Psaumes a d'autant plus de force que saint Pierre la faisait
en parlant à des Juifs qui admettaient le sens allégorique.
21. A vécu parmi nous; littér. : Est entré et sorti avec nous. Par l'entrer et le sortir,
les Hébreux comprenaient toutes les actions, l'ensemble de la vie et de la conduite.
23.* Joseph... Barsabas ou fils de Sabas. Eusèbe dit qu'il était du nombre des soixante-
douze disciples. — Mathias, devenu apótre à la place de Judas, alla précher l'Evangile
en Ethiopie et y souffrit le martyre.
(cu. 11.1
94. Et, priant, ils dirent : Vous,
Seigneur, qui connaissez les
cœurs de tous, montrez lequel
vous avez choisi, de ces deux,
95. Afin de prendre place dans
ce ministère et cetapostolat, dans
lequel Judas a prévariqué pour
s'en aller en son lieu.
96. Et ils leur distribuerent les
sorts, et le sort tomba sur Ma-
thias, et il fut associé aux onze
apôtres.
CHAPITRE II.
Descente du Saint-Esprit au jour de la
Pentecôte. Don des langues. Première
prédication de saint Pierre. Trois mille
hommes convertis. Vie des premiers
fidèles.
1. Quand les jours de la Pente-
côte furent accomplis, ils étaient
tous ensemble dans 16 méme lieu;
2. Et il se fit soudain un bruit du
ciel, comme celui d'un vent impé-
tueux qui arrive, et il remplit
toute la maison où ils demeu-
raient.
ACTES DES APOTRES.
2611
3. Alors leur apparurent comme
des langues de feu qui se parta-
gèrent, et /e feu se reposa sur
chacun d'eux ;
4. Et ils furent tous remplis de
l'Esprit-Saint,etilscommencerent
à parler diverses langues, selon
que l'Esprit-Saint leur donnait de
parler.
5. Or habitaient dans Jérusa-
lem des Juifs, hommes religieux
de toute nation qui est sous le
ciel.
6. Ce bruit donc s'étant répan-
du, la multitude s'assembla et de-
meura confondue en son esprit,
parce que chacun entendait les
disciples parler en sa langue.
7. Et tous s'étonnaient et admi-
raient, disant : Est-ce que tous
ceux-ci qui parlent ne sont pas
Galiléens?
ὃ. Et comment nous, avons-
nous entendu chacun notre lan-
gue dans laquelle nous sommes
nés?
9. Parthes, Mèdes, Elamites, et
ὕπαρ. II. 4. Matt., 111, 11; Marc, 1, 8; Luc, 11, 16; Jean, vri, 39; Supra, 1, 8; Infra,
x1, 16; xix, 6.
1. * Pentecóle est un mot grec qui signifie cinquantiéme, parce que la fête que
nous appelons ainsi se célèbre le cinquantième jour après Pâques. C'était la seconde
grande féte juive et elle avait pour objet de remercier Dieu à la fin dela moisson du
bienfait de la récolte.
2. * Toute la maison. On croit communément que 168 Apótres étaient dans le cénacle
9. * Les quinze peuples énumérés ici et yy. 10-11 doivent s'entendre des Juifs ha-
bitaut au milieu d'eux. Les premiers nommés sont à l'est de la Judée; de là S. Luc
passe au nord, puis au sud et enfin à l'ouest. — Parthes. La Parthie était une province
d'Asie, bornée à l'est par l'Ariane, au nord par l'Hyrcanie, à l'ouest par la Médie
et au sud par les déserts de la Carmanie — Mèdes. La Médie, située aussi en Asie
et confinant à l'est à la Parthie, était de plus limitrophe, de ce cóté, de l'Hyrcanie et de
la Susiane; au nord elle était limitée par la mer Caspienne, à l'ouest par la Syrie et
la grande Arménie et au sud par la Perse. Elle avait pour capitale Ecbatane. — La
Mésopotamie est la région de l'Asie située entre les deux fleuves de l'Euphrate et du
Tigre, d’où son nom qui signifie en grec : au milieu des fleuves. Les Juifs y étaient
irés nombreux. — La Cappadoce, dans l'Asie Mineure, était bornée, dans l'empire
romain, à l'est par la petite Arménie, au nord par le Pont, à l'ouest par la Galatie
et la Lycaonie, au sud par la Cilicie et la Comagène. — Le Pont, aussi en Asie Mi-
neure, avait pour frontiéres à l'est la petite Arménie; au nord, le Pont Euxin; à
l'ouest, la Paphlagonie et la Galatie; au sud, la Cappadoce et la petite Arménie,
2012
ceux quihabitentla Mésopotamie,
la Judée, la Cappadoce, le Pont
et l'Asie,
10. La Phrygie, la Pamphylie,
l'Egypte et les contrées de la Li-
bye voisine de Cyrène, et ceux
venus de Rome,
11. Juifs et prosélytes, Crétois
et Arabes : nous les avons enten-
dus parler en nos langues les
grandes œuvres de Dieu.
12. Ettous s'étonnaientetadmi-
raient, se disant l'un à l'autre
Qu'est-ce que ce peut étre?
13. Mais d'autres, raillant, di-
saient: Ils sont pleins de vin doux,
ces gens-là.
14. Alors Pierre, se présentant
avec les onze, éleva sa voix, et
leur dit: Hommes de Judée, et
vous tous qui habitez Jérusalem,
que ceci soit connu de vous, et
ACTES DES APOTRES.
[cn. 11.]
que vos oreilles recueillent mes
paroles.
15. Ceux-ci ne sont pas ivres,
comme vous le pensez, puisqu'il
n'est que la troisième heure du
jour;
16. Mais c'est ce qui a été dit
par le prophète Joël :
17. Et 1] arrivera que, dans les
derniers jours (dit le Seigneur),
je répandrai de mon Esprit sur
toute chair, et vos fils et vos filles
prophétiseront, et vos jeunes
hommes auront des visions, et
vos vieillards feront des songes.
18. Et méme sur mes servi-
teurs et mes servantes, en ces
jours-là, je répandrai de mon Es-
prit, etils prophétiseront;
19. Et je ferai des prodiges en
haut dans le ciel, et des signes
en bas sur la terre, du sang et
17. Isaïe, xriv, 3; Joël, 11, 28.
— L'Asie. Ce nom, dans la division administrative de l'empire romain, désignait
l'Asie proconsulaire, c'est-à-dire la Mysie, la Lydie, la Carie et la Phrygie et com-
prenait la plus grande partie de l'Asie Mineure orientale. La Phrygie est nommée
séparément dans le y. 10 à cause de son importance.
10. * La Phrygie avait pour limites à l'est et au nord la Galatie; au sud-est, la
Lycaonie; au nord-ouest, la Pisidie; à l'ouest, la Lydie et la Mysie; au nord-ouest et
au nord, la Bythinie. Les villes phrygiennes mentionnées dans les Actes sont Lao-
dicée, Hiérapolis et Colosses. — La Pamphylie était au sud de la Pisidie, à l'ouest de
la Cilicie, au nord de la mer Méditerranée et à l'est de la Lycie et de la Phrygie
mineure. — Les contrées de la Libye voisine de Cyréne. La Libye. vaste région de
l'Afrique septentrionale, à l'ouest de l'Egypte, renfermait la Cyrénaique, qui tirait
son nom de la ville de Cyrène et où les Juifs étaient très nombreux. Cyrène était à
onze milles romains de la Méditerranée. Les Juifs y avaient été établis par Ptolé-
mée Ier, roi d'Egypte.
aie Prosélytes; gentils convertis au judaisme. — *Juifs et prosélytes. Ces mots
s'appliquent aux deux classes d'étrangers venus de Rome, les uns étant juifs d'ori-
gine, les autres paiens de naissance. — Crétois, habitants de l'ile de Crète, dans l'Ar-
chipel, aujourd'hui Candie. — Arabes, habitants de la péninsule de l'Arabie. Parmi
les auditeurs des Apótres, les Parthes, les Médes etles Elamites devaient parler des
dialectes de la langue persane; l’araméen était la langue de la Mésopotamie, ana-
logue à celle de la Judée; l'arabe était l'idiome de l'Arabie; les habitants de la Cap-
padoce, du Pont, de la province d'Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l'Egypte,
de la Cyrénaïque et de la Crète parlaient grec; ceux de Rome latin et grec.
15. La troisième heure du jour; c'est-à-dire neuf heures du matin. Voy. sur la di-
vision du temps chez les Juifs, notre Abrégé d'introduciion, etc., p. 336. Aux jours
de fêtes, les Juifs ne mangeaient qu'aprés les prières du matin finies, vers midi,
11. Sur toute chair. Voy. Matt., xxiv, 22.
[cn. n.]
du feu et une vapeur de fumée.
90. Le soleil sera changé en té-
nèbres, et la lune en sang, avant
que vienne le jour grand et ma-
nifeste du Seigneur. /
21. Et quiconque aura invoqué
le nom du Seigneur sera sauvé.
99. Hommes d'Israël, écoutez
ces paroles: Jésus de Nazareth,
homme que Dieu a autorisé par-
mi vous par les miracles, les pro-
diges et les merveilles que Dieu
ἃ faits par lui au milieu de vous,
comme vous le savez vous-
mêmes ;
23. Cet homme qui, suivant le
conseil arrêté et la prescience de
Dieu, a été livré, vous l'avez fait
mourir, le tourmentant par les
mains des méchants,
94. Dieu l'a ressuscité, le déli-
vrant des douleurs de l'enfer; car
il était impossible qu'il y fût
retenu.
95. David en effet, dit de lui :
Je voyais toujours leSeigneur en
ma présence, parce qu'il està ma
droite, afin que je ne sois pas
ébranlé :
26. C'est pourquoi mon cœur
s'est réjoui; et ma langue ἃ tres-
sailli; et même ma chair reposera
dans l'espérance;
27. Car vous ne laisserez point
ACTES DES APOTRES.
2613
mon âme dans l'enfer, et ne souf-
frirez point que votre Saint voie
la corruption.
28. Vous m'avez fait connaitre
les voies de la vie, et vous me
remplirez de joie par votre face.
29. Hommes, mes freres, qu'il
me soit permis de vous dire har-
diment du patriarche David, qu'il
est mort, qu'il a été enseveli; et
son sépulere est jusqu'à ce jour
au milieu de nous.
30. Comme dono il était pro-
phète, et qu'il savait que Dieu lui
avait juré par serment qu'un fils
de son sang s'assoirait sur son
trône ;
31. Par prévision, il a dit, tou-
chant la résurrection du Christ,
quil n’a point été laissé dans
l'enfer, et que sa chair n'a point
vu la corruption.
39. Ce Jésus, Dieu l'a ressusci-
té; nous en sommes tous té-
moins.
33. Elevé donc par la droite de
Dieu, et ayant recu de son Père
la promesse de l'Esprit-Saint, il a
répandu cet Esprit que vous
voyez et entendez vous-mémes.
34. Car David n'est point monté
au ciel, mais il a dit lui-méme :
Le Seigneur a dit à mon Seigneur:
Asseyez-vous à ma droite,
21. Joël, 11, 82; Rom., x, 18. — 25. Ps. xv, 8. — 29. III Rois, ir, 10. — 30. Ps. cxxx1,
41. — 31. Ps. xv, 10; Infra, xii, 35. — 34. Ps. cix, 1.
23. Dieu a livré son Fils, et son Fils s'est livré lui-même à cause de son amour
pour nous. Ainsi le sacrifice de Jésus-Christ livré pour nous a été saint, et la décision
de Dieu méme. Mais ceux qui le trahirent et le crucifierent commirent un grand
crime, suivant en cela leur propre malice et l'instigation du démon, et non la volonté
et l'ordre de Dieu, qui n'était nullement l'auteur de leur perversité, bien qu'il le
permit, parce qu'il pouvait, comme il le fit réellement, en tirer un si grand bien,
c'est-à-dire notre salut.
21. Dans l'enfer; c'est-à-dire dans les limbes, et nullement dans le tombeau, comme
quelques-uns le prétendent. — Voie la corruption; hébraisme, pour éprouve la cor-
ruption.
29. * Au milieu de nous, dans Jérusalem.
2014
35. Jusqu a ce que je fasse de
vos ennemis lescabeau de vos
pieds.
36. Qu'elle sache donc tres cer-
tainement, toute la maison d'Is-
raél, que Dieu a fait Seigneur et
ihrist ce Jésus que vous avez
0110116 .
37. Ces choses entendues, ils
furent touchés de componction
en leur cœur, et ils dirent à Pierre
et aux autres apótres : Hommes,
mes freres, que ferons-nous?
38. Et Pierre leur répondit :
Faites pénitence, et que chacun
de vous soit baptisé au nom de
Jésus-Christ, en rémission de vos
péchés, et vous recevrez le don
de l'Esprit-Saint.
39. Car la promesse vous re-
garde, vous, vos eafants, et tous
ceux qui sont éloignés, autant
que le Seigneur en appellera.
40. Et par beaucoup d'autres
discours encore il rendait témoi-
gnage, et il les exhortait, disant :
Sauvez-vous de cette génération
perverse.
41. Ceux donc qui recurent sa
parole furent baptisés; et il y
eut d'adjoint, en ce jour là, envi-
ron trois mille àmes.
49. Et tous persévéraient dans
la doctrine des apótres, dans la
communion de la fraction du pain
et dans !à priere.
ACTES DES APOTRES.
]68. ur.)
43. Or la crainte était dans
toutes les âmes, et beaucoup de
prodiges et de merveilles se fai-
saient aussi par les apôtres dans
Jérusalem, et tous étaient dans
une grande frayeur.
44. Tous ceux qui croyaient
étaient ensemble, et ils avaient
toutes choses en commun.
45. Ils vendaient leurs posses-
sions et leurs biens, et les distri- ,
buaient à tous, selon que chacun,
en avait besoin. ;
40. Tous les jours aussi, persé-
vérant unanimement dans le
temple, et rompant le pain de
maison en maison, ils prenaient
leur nourriture avec allégresse et
simplicité de cœur,
47. Louant Dieu, et trouvant
grâce aux yeux de tout le peuple.
Et le Seigneur augmentait en
méme temps chaque jour le
nombre de ceux qui devaient
étre sauvés.
CHAPITRE I.
Doiteux guéri à la porte du temple par
saint Pierre au nom de Jésus-Christ.
Seconde prédication de saint Pierre.
1. Or Pierre et Jean montaient
au temple pour la priere de la
neuvième heure.
2. Et voilà qu'on portait un
homme qui était boiteux dès le
sein de sa mère, et chaque jour
——————————————————————————————————————————
35. * L'escabeau de vos pieds. Voir Matt., xxu, 44.
38. Soit baptisé au nom de Jésus-Christ; c'est-à-dire du baptéme de Jésus-Christ et
non de celui de saint Jean-Baptiste ; du baptéme qui, tirant sa vertu de Jésus-Christ,
remet les péchés par lui-même. Ainsi ce texte ne prouve nullement que dans la pri-
mitive Eglise on baptisát seulement en invoquant le nom de Jésus-Christ, sans faire
mention des autres personnes de la Trinité.
1. La neuvième heure commençait à trois heures aprés midi, et finissait au coucher
du soleil. Voy. notre Abrégé d'introduclion, etc., p. 536. Les Juifs priaient trois fois
par jour, Je matin, à midi et le soir.
2, * La porte du temple appelée la Belle, parce qu'elle était plus belle queles autres.
Josèphe nous apprend qu'elle était en airain de Corinthe, couvert d'or et d'argent.
[cu. [.זזז
on 16 posait 8 la porte du temple,
appelée la Belle, afin qu'il deman-
dátl'aumóne à ceux qui entraient
dans le temple.
3. Celui-ci ayant vu Pierre et
Jean, qui allaient entrer dans le
temple, les priait pour avoir l’au-
móne.
4. Fixant avec Jean les yeux
sur lui, Pierre dit : Regarde-
nous.
9. Et il les regardait, espérant
recevoir quelque chose d'eux.
6. Mais Pierre dit : De l'argent
et de l'or, je n'en ai pas; mais ce
que j'ai, je tele donne : Au nom
de Jésus-Christ de Nazareth, leve-
toi et marche.
7. Et lui ayant pris la main
droite, il se leva; et aussitót ses
jambes et les plantes de ses
pieds s'affermirent.
8. Et, s'élancant, il se dressa de-
bout et il marchait; et il entra
avec eux dans le temple, mar-
chant, sautant et louant Dieu.
9. Et tout le peuple le vit mar-
chant et louant Dieu.
10. Ainsi, reconnaissant que
c'était celui-là méme qui était as-
sis à la Belle porte du temple
pour demander laumóne, ils
furent étonnés et hors d'eux-
mémes de ce qui lui était ar-
rivé.
11. Et comme il tenait Pierre et
Jean, tout le peuple étonné ac-
courut vers eux au portique ap-
pelé de Salomon.
ACTES DES APOTRES.
2615
12. Ce que voyant, Pierre dit au
peuple : Hommes d'Israél, pour-
quoi vous étonnez-vous de ceci,
ou pourquoi nous regardez-vous,
comme si c'était par notre vertu
ou par notre puissance que nous
avons fait marcher cet homme?
13. Le Dieu d'Abraham, le Dieu
d'Isaac et le Dieu de Jacob, le
Dieu de nos péres a glorifié son
fils Jésus, que vous avez, vous, li-
vré et renié devant Pilate, quand
il jugeait lui-méme de le ren-
voyer.
14. Car c'est vous qui avez re-
nié le Saint et le Juste, et qui avez
demandé qu'on vous remit un
meurtrier;
18. Vous avez méme tué l'au-
teur de la vie, que Dieu a ressus-
cité d'entre les morts, ce dont
nous sommes témoins.
16. Orc'estparlafeiensonnom,
que son nom a affermi cethomme
que vous voyez et connaissez, et
c'est la foi qui vient par lui qui a
Opéré, en votre présence, cette
entière guérison.
17. Cependant, mes frères, je
sais que c’est par ignorance que
vous avez agi, aussi bien que vos
chefs.
18. Mais Dieu, qui avait prédit
par la bouche de tous les prophè-
tes que son Christ souffrirait, l'a
ainsi accompli.
19. Faites donc pénitenco el
convertissez-vous, afin que vos
péchés soient effacés;
(βαρ. HI. 14, Matt., xxvi, 20; Marc, xv, 11; Luc, xxii, 18; Jean, xvii, 40.
Elle était dans l'enceinte orientale du temple et conduisait du parvis des Gentils dans
la vallée du Cédron.
11. * Au portique appelé de Salomon. Voir Jean, x, 23.
13. * Pilate. Voir Matt., xxvn, 2.
14. * Un meurtrier, Barabbas. Voir Matt., xxvir, 10,
2616
90. Quand seront venus les
temps de rafraîchissement devant
la face du Seigneur, et qu'il aura
envoyé celui qui vous a été pré-
dit, Jésus-Christ,
91. Que le ciel doit recevoir
jusqu'au temps du rétablissement
de toutes choses, dont Dieu a
parlé par la bouche de ses saints
prophetes, depuis le commence-
ment du monde.
99. Car Moise a dit: Le Sei-
gneur votre Dieu vous susci-
tera d'entre vos fréres un pro-
phète comme moi; vous lé-
couterez en tout ce quil vous
dira.
93. Or il arrivera que quicon-
que n'écoutera pas ce prophete
sera exterminé du milieu du
peuple.
94. Et tous les prophètes de-
puis Samuel, et tous ceux qui
depuis ont parlé, ont annoncé ces
jours.
95. Vous étes les fils des pro-
phètes et de l'allance que Dieu
a établie avec nos peres, disant à
Abraham : Et en ta postérité se-
ront bénies toutes les familles de
la terre.
26. C'est pour vous première-
ment que Dieu, suscitant son Fils,
l’a envoyé pour vous bénir, afin
que chacun revienne de son ini-
quité.
22. Deut., נטא 15. — 25. Genèse, xi, 3.
,
ACTES DES APOTRES.
[ca. 1v.]
CHAPITRE IV.
Pierre et Jean mis en prison. Accroisse-
ment du nombre des fidéles. Les deux
apótres comparaissent devant le conseil
des Juifs. Discours de Pierre. Silence
imposé aux apótres. Réponse de Pierre.
Prière de l'Eglise assemblée. Nouvelle
effusion du Saint-Esprit. Union des
fidéles. Barnabé vend son bien.
1. Or, pendant qu'ils parlaient
au peuple, survinrent les prétres,
et le magistrat du temple, et les
sadducéens,
2. Courroucés de ce qu'ils en-
seignaient le peuple, et annon-
caient en Jésus la résurrection
des morts;
8. Et ils mirent la main sur eux,
et les jetèrent en prison jusqu'au
lendemain, car il était déjà soir.
4. Cependant beaucoup de ceux
qui avaient entendu 18 parole
crurent, etle nombre deshommes
fut de cinq mille.
5. Or il arriva le lendemain que
leurs chefs, les anciens et les
scribes, s'assemblerent à Jérusa-
lem,
6. Et aussi Anne, prince des
prétres, Caiphe, Jean, Alexandre,
et tous ceux qui étaient de la race
sacerdotale.
7. Et les faisant placer au mi-
lieu, ils demandaient : Par quelle
puissance et en quel nom avez-
vous fait cela, vous?
20. Quand seront venus; littér. : Afin que, quand seront venus, ce qui laisse le sens
suspendu. On pourrait compléter la phrase en traduisant : Afim que vous soyez ra-
fraichis, quand, etc. — Rafraichissement veut dire ici jouissance, repos.
24. ' Samuel, le dernier juge d'Israël, fut le fondateur des écoles de prophètes et
prophète lui-même.
1. Et le magistrat du temple. Voir Luc, xxi, 4.
5. * Les anciens, les membres du Sanhédrin. — Les scribes. Voir Matt., τι, 4.
6. * Anne. Voir Luc, ut, 2. — Caiphe, voir Matt., xxvi, 3. — Jean, Alexandre sont
deux membres d'ailleurs inconnus du sanhédrin.
n
1
|
|
[cu. 1v.)
8. Alors, rempli de lEsprit-
Saint, Pierre leur dit : Princes du
peuple, et vous, anciens, écou-
tez :
9. Puisque aujourd'hui nous
sommes jugés à cause d’un bien-
fait en faveur d'un homme in-
firme, et à cause de celui en qui
il a été guéri,
10. Qu'il soit connu de vous
tous et de tout le peuple d'Israél
que c'est au nom de Notre Sei-
gneur Jésus-Christ de Nazareth,
que vous avez crucifié et que Dieu
a ressuscité des morts; c'est par
lui que cet homme est ici devant
vous, debout et sain.
11. Ce Jésus est la pierre qui a
été rejetée par vous qui bátissiez,
et qui est devenue un sommet
d'angle ;
19. Et il n'y a de salut en aucun
autre; car nul autre nom n'a été
donné sous le ciel aux hommes,
par lequel nous devions étre sau-
vés.
13. Voyant donc la constance
de Pierre et de Jean, et ayant
appris que c'étaient des hommes
sans lettres, et du commun, ils
s'étonnaient; ils savaient d'ail-
leurs qu'ils avaient été aveo Jé-
sus.
14. Voyant aussi debout pres
d'eux l’homme qui avait été gué-
ri, ils ne pouvaient rien dire
contre.
45. Mais ils leur ordonnèrent
de sortir du Conseil, et ils confé-
raient entre eux,
16. Disant : Que ferons-nous à
ACTES DES APOTRES.
2617
ces hommes? Car un miracle fait
par eux est connu de tous les
habitants de Jérusalem; cela est
manifeste, et nous ne pouvons le
nier.
17. Mais, afin qu'il ne se di-
vulgue pas davaniage parmi le
peuple, défendons-leur avec me-
naces de parler désormais en ce
nom à aucun homme.
18. Etles ayant appelés, ilsleur
enjoignirent de ne parler ni d'en-
seigner en aucune sorte au nom
de Jésus.
19. Mais Pierre et Jean, répon-
dant, leur dirent : S'il est juste
devant Dieu de vous obéir plutót
qu'à Dieu, jugez-en?
90. Car nous ne pouvons pas
ne point parler de ce que nous
avons vu et entendu.
21. Mais eux les renvoyèrent
avec menaces, ne trouvant pas
comment les punir à cause du
peuple, paree que tous vantaient
beaucoup ce qui était arrivé dans
cet événement.
22. Car il avait plus de quarante
ans, l’homme sur qui avait été
fait ce miracle de la guérison.
23. Ainsi renvoyés, ils vinrent
vers les leurs, etleur racontèrent
tout ce que les princes des prêtres
et les anciens leur avaient dit.
24. Ce qu'ayant entendu, ceux-
ci éleverent unanimement la voix
vers Dieu, et dirent : Seigneur,
c'est vous qui avez fait le ciel et
la terre, et 18 mer, et tout ce qui
est en eux ;
25. Qui par l'Esprit-Saint et par
Matt., xxr, 42; Marc, xit, 10; Luc,xx, 17; ;16 זזנטאא IV. 11. Ps. cxvir, 22; Isaie, ,גא
Rom., 1x, 33; I Pierre, 11, 7. — 25. Ps. τι, 1.
12. Dans l'Ecriture, le nom est souvent mis pour la personne.
15. * Du Conseil, du sanhédrin. Voir Matt., xxvi, 59,
2618
la bouche ae nôtre père David,
votre serviteur, avez dit : Pour-
quoi les nations ont-elles frémi,
et les peuples médité des choses
vaines?
26. Pourquoi les rois de la terre
se sont-ils levés, et les princes se
sont-ils ligués contre le Seigneur
et contre son Christ ?
27. Car Hérode et Ponce-Pilate
se sont vraiment ligués dans
cette 6116 avec les gentils et les
peuples d'Israël, contre votre
saint Fils Jésus que vous avez
consacré par votre onction,
28. Pour faire ce que votre bras
et votre conseil avaient décrété
qui serait fait.
29. Et maintenant, Seigneur,
regardezleursmenaces,et donnez
à vos servileurs d'annoncer votre
parole en toute confiance,
90. En étendant votre main
pour que des guérisons, des mi-
racles et des prodiges soient faits
par le nom de votre saint Fils
Jésus.
91. Et quand ils eurent prié,
le lieu oü ils étaient assemblés
trembla, et ils furent tous rem-
plis de l'Esprit-Saint, et ils annon-
çaient la parole de Dieu avec con-
fiance.
32. Orlamultitude des croyants
n'avait qu'un cœur et qu'une
âme; et nul ne regardait comme
étant à lui rien de ce qu'il possé-
ACTES DES APOTRES.
[cn. v.]
dait; mais toutes choses leur
étaient communes.
99. Et les apótres rendaient té-
moignage avec une grande force
de la résurrection du Seigneur
Jésus-Christ, et une grande grâce
était en eux tous.
34. Aussi il n'y avait aucun
pauvre parmi eux; car tout ce
quil y avait de possesseurs de
champs ou de maisons, les ven-
daient, et apportaient le prix de
ce qu'ils avaient vendu,
39. Et le déposaient aux pieds
des apótres ; on le distribuait en-
suite à chacun selon qu'il en avait
besoin.
36. Joseph donc, surnommé
par les apótres Barnabé (qu'on
interprète par fils de consola-
tion), lévite et Cypriote de nais-
sance,
97. Comme il avait un champ,
le vendit, et en apporta le prix,
et le déposa aux pieds des apó-
tres.
CHAPITRE V.
Ananie et Saphire frappés de mort en
punition de leur mensonge. Miracles
des Apótres. Les apótres sont empri-
sonnés, délivrés par un ange, puis
amenés devant le conseil. Discours de
Pierre. Conseil de Gamaliel. Les apótres
pleins de joie d'avoir souffert des op-
probres pour Jésus-Christ.
1. Or un certain homme, du
nom d'Ananie, avec Saphire, sa
femme, vendit un champ,
91. * Hérode Antipas, tétrarque de Galilée. Voir Matt., xiv, 1. — Ponce Pilate. Voir
Matt., xxvii, 2.
36. * Joseoh surnommé Barnabé, qui devait jouer un róle important dans la prédi-
cation de l'Evangile aux Gentils, ne nous est connu qu'à partir de cet épisode de sa
vie. On ignore s'il avait été un des disciples de Notre Seigneur pendant sa vie mor-
telle. On a supposé, mais sans preuves, qu'il avait été condisciple de S. Paul à l'école
de Gamaliel. Ce qui est certain, c'est qu'il fut longtemps le compagnon du grand
Apótre. Les Actes nous font connaitre le reste de sa vie jusqu'au moment où il se
rend en Chypre sa patrie, avec Jean Marc, son neveu, qu'on croit être le méme que
l'Evangéliste S. Marc.
[cn. v.)
9. Et frauda sur le prix du
champ, sa femme le sachant, et
en apportant une partie, il la dé-
posa aux pieds des apótres.
. 9. Mais Pierre lui dit : Ananie,
pourquoi Satan a-t-il tenté ton
cœur, pour mentir à l’Esprit-
Saint, et frauder sur le prix du
champ?
4. Restant en tes mains, ne
demeurait-il pas à toi? et vendu,
n'était-il pas encore en ta puis-
sance ? Pourquoi donc as-tu for-
mé ce dessein dans ton cœur? Tu
n'as pas menti aux hommes, mais
à Dieu.
9. Or, entendant ces paroles,
Ananie tomba et expira ; et il se
répandit une grande crainte sur
tous ceux qui apprirent ces cho-
ses.
6. Et de jeunes hommes, se
levant, l’enlevèrent, et, l'ayant
emporté, ils l'ensevelirent.
7. Mais il arriva, dans l'espace
d'environ trois heures, que sa
femme, ignorant ce qui s'était
passé, entra.
8. Et Pierre lui dit : Femme,
dites-moi si vous avez vendu le
champ ce prix-là? Elle répondit :
Oui, ce prix-là.
9. Et Pierre lui dit : Pourquoi
vous étes-vous concertés ensem-
ble pour tenter l'Esprit-Saint?
ACTES DES APOTRES.
2619
Voilà que les pieds de ceux qui
ont enseveli votre mari sont à la
porte, et ils vous emporteront.
10. Et aussitót elle tomba à ses
pieds, et elle expira. Orles jeunes
hommes, étant entrés, la trou-
verent morte; ils l'emporterent
donc et l'ensevelirent auprès de
son mari.
11. Et il se répandit une grande
crainte dans toute l'Eglise et en
tous ceux qui apprirent ces cho-
ses.
19. Cependant, par les mains
des apôtres, s'opéraient beaucoup
de miracles et de prodiges au
milieu du peuple. Et tous unis
ensemble se tenaient dans le
portique de Salomon.
13. Or aucun des autres n'osait
se joindre à eux ; mais le peuple
les exaltait.
14. Ainsi de plus en plus s'aug-
mentait la multitude des croyants
dans le Seigneur, hommes et
femmes ;
15. De sorte qu'ils apportaient
les malades dans les places pu-
bliques, et les posaient sur des
lits et sur des grabats, afin que,
Pierre venant, son ombre au
moins couvrit quelqu'un d'eux,
et qu'ils fussent délivrés de leurs
maladies.
16. Le peuple des villes voi-
2. Ananie, comme on le voit au verset 8, était absolument maitre de son argent,
et il n'aurait point péché en le gardant chez lui; mais ce qui l'a rendu coupable
d'un crime que Dieu lui-même a jugé digne de mort, c'est d'avoir retenu par avarice
une partie de cet argent, en voulant néanmoins se donner en public le mérite de
l'avoir tout offert, et ne craignant pas pour cela de mentir à Dieu et aux hommes.
4. N'était-il pas encore en ta puissance, par le prix que tu en avais retiré, et qu'il
dépendait de toi de garder?
6. * Ils l’ensevelirent. En Palestine, on enterrait les morts immédiatement après le
décès.
12. Par les mains des apôtres. Les Hébreux se servaient des mots main, mains, pour
exprimer les idées de moyen, d'instrument, d'entremise, etc. — * Dans le portique de
Salomon. Voir Jean, x, 23.
2620
sines de Jérusalem accourait
aussi, apportant des malades et
ceux que tourmentaient des es-
prits impurs; et tous étaient gué-
ris.
17. Alors le prince des prêtres
se levant, lui et tous ceux de son
parti (c'est-à-dire de la secte des
sadducéens), furent remplis de
colère ;
48. Ils mirent la main sur les
apôtres et les jetèrent dans une
prison publique.
19. Mais un ange du Seigneur,
ouvrant pendant la nuit les por-
tes de la prison, et les faisant
sortir, dit :
90. Allez, et, vous tenant dans
le temple, annoncez au peuple
toutes les paroles de cette vie.
91. Ce qu'ayant entendu, ils
entrerent au point du jour dans
le temple, et ils enseignaient.
Cependant le prince des prétres
élant venu, et ceux de son parti
aussi, ils convoquerent le Conseil
el tous les anciens des enfants
d'Israël, et ils envoyèrent à la
prison pour qu'on amenât les
apótres.
22. Quand les archers y furent
arrivés, et qu'ayant ouvert la pri-
son ils ne les trouvèrent point,
ils revinrent l'annoncer,
93. Disant : Nous avons trouvé
la prison fermée avec le plus
grand soin, et les gardes debout
ACTES DES
APOTRES. [cm. v.]
devant les portes; mais ayant
ouvert, nous n'avons trouvé
personne dedans.
24. Dès que le magistrat du
temple et les princes des prétres
eurent entendu ces paroles,
pleins de doutes à l'égard de ces
hommes, ils ne savaient ce que
cela deviendrait.
25. Mais quelqu'un survenant
leur dit : Voilà que les hommes
que vous aviez mis en prison
sont dans le temple et enseignent
le peuple.
26. Alors le magistrat y alla
avec ses archers, et il les amena
sans violence, parce qu'ils crai-
gnaient d'étre lapidés par le peu-
ple.
27. Lorsqu'ils les eurent ame-
nés, ils les introduisirent dans le
Conseil, et le prince des prêtres
les interrogea,
28. Disant : Nous vous avons
défendu absolument d'enseigner
en ce nom-là, et voilà que vous
avez rempli Jérusalem de votre
doctrine, et que vous voulez reje-
ter sur nous le sang de cet
homme.
29. Mais Pierre et les apótres,
répondant, dirent : Il faut plutôt
obéir à Dieu quaux hommes.
30. Le Dieu de nos pères a res-
suscité Jésus, que vous-mémes
vous avez fait mourir, le suspen-
dant à un bois.
11. * De la secte des sadducéens. Voir la note 1 à la fin du volume.
20. L'expression cette vie peut désigner, ou la vie éternelle que les apôtres pré-
chaient habituellement dans leurs discours, ou la vie nouvelle, c'est-à-dire la nouvelle
religion, le christianisme.
21, 21, 34, 41. * Le conseil, le sanhédrin. — Tous les anciens des enfants d'Israël,
tous les membres du sanhédrin. Voir Matt., xxvr, 59.
94. Le magistrat du lemple. Voy. Luc, xxr, 4.
98. Nous vous avons défendu absolument; littér. En défendanl nous vous avons dé-
fendu; hébraisme. dont le but est de donner de la force et de l'énergie au discours.
[cx. v.]
91. C'est lui que Dieu a élevé
par sa droite comme prince et
Sauveur, pour donner à Israél pé-
nitence et rémission des péchés;
32. Or nous sommes témoins
de ces choses, nous et l'Esprit-
Saint que Dieu a donné à tous
ceux qui lui obéissent.
33. Ce qu'ayant entendu, ils
frémissaient de rage, et ils pen-
saient à les faire mourir.
3/. Mais un certain pharisien,
du nom de Gamaliel, docteur de
la loi, et honoré de toutle peuple,
se levant dansleconseil, ordonna
de faire sortir un moment les
apótres;
39. Et il leur dit : Hommes
d'Israél, prenez garde à ce que
vous ferez à légard de ces
hommes.
36. Car, avant ces jours-ci,
ACTES DES APOTRES.
2621
Théodas a paru, se disant être
quelqu'un, et auquel s’attacha un
nombre d'environ quatre cents
hommes; il fut tué, et tous ceux
qui croyaient en lui se dissiperent
et furent réduits à rien.
97. Après lui s'éleva Judas, le
Galiléen, aux jours du dénombre-
ment, et il attira le peuple apres
lui; i| périt, lui aussi, et tous
ceux qui s'étaient attachés à lui
furent dispersés.
38. Voici donc pourquoi je vous
dis : Ne vous occupez plus de ces
hommes, et laissez-les ; car si
celte entreprise ou cette ceuvre
est des hommes, elle se dissipera;
39. Que si elle est de Dieu,
vous ne pourrez la détruire, et
peut-étre que vous vous trouve-
riezcombattrecontre Dieu méme.
Ils acquiescèrent à son avis.
34. * Gamaliel, pharisien, docteur de la 101, avait été le maitre de S. Paul. On croit
généralement qu'il est le même que le docteur de ce nom si célèbre dans le Talmud.
Il était fils de Rabbi Siméon et petit-fils de Hillel, l'un des docteurs de la 101 les plus
renommés. 11 fut président du Sanhédrin sous Tibére, Caligula et Claude. D'après la
tradition, il se convertit au christianisme et mourut dix-huit ans avant la prise de
Jérusalem par Titus.
36. Quelqu'un de grand, un personnage important, comme il est dit, vi, 9. —
* Théodas. Josèphe parle d'un Tlióodas qui se révolta aussi contre les Romains, mais
ce ne peut étre celui qui est mentionné par S. Luc, parce que celui dont l'historien
juif nous a conservé le souvenir ne se souleva contre la domination étrangère que dix
à douze ans au moins aprés le discours de Gamaliel, c'est-à-dire vers l'an 44 ou 45,
sous l'empereur Claude. De plus, d'après les Actes, Théodas vivait avant Judas le
Galiléen, dont l'insurrection éclata vers l'an 6 ou 1 de notre ère; il faut donc placer
sa révolte à la fin du règne d'Hérode-le-Grand. L'année méme de la mort de ce roi
fut agitée par beaucoup de troubles et il s'éleva de divers cótés des chefs fanatiques
dont la plupart ne sont pas nommés par Joséphe. Parmi ces insurgés indiqués seu-
lement d'une maniére vague pouvait se trouver le Théodas des Actes. Ce nom était
assez commun en Palestine.
31. * Judas le Galiléen ou le Gaulonite, qui se révolta contre les Romains « aux
jours du dénombrement » de Quirinus, l'an 6 de notre ére, était, d'aprés les rensei-
gnements que nous fournit Josèphe dans ses Anliquilés hébraiques, un Gaulonite,
originaire de Gamala. Il recut le surnom de Galiléen, sans doute parce que son insur-
rection éclata en Galilée. 11 avait pris pour mot d'ordre : « Nous n'avons pas d'autre
Seigneur ni d'autre maitre que Dieu. » Judas périt et ses sectateurs 56
Josèphe le considère, avec le pharisien Sadoc, commele fondateur d'une nouvelle secte,
celle des Gaulonites, qui vint s'ajouter à celles des Pharisiens, des Sadducéens et des
Esséniens. Les Gaulonites peuvent étre considérés comme les précurseurs ou les an-
cétres des Zélotes qui dominérent à Jérusalem pendant le siège de cette ville par
Titus.
2622
40. Ayant done rappelé les
apôtres, ils leur défendirent,
apres les avoirfait déchirer de
coups, de parler aucunement au
nom de Jésus; et ils les ren-
voyerent.
41. Et eux sortirent du conseil,
pleins de joie de ce qu'ils avaient
été jugés dignes de souffrir des
outrages pour le nom de Jésus.
49. Et tous les jours, ils ne ces-
saient, dans le temple, et de mai-
son en maison, d'enseigner et
d'annoncer le Christ Jésus.
ACTES DES APOTRES.
[cn. vi.]
9. Les douze donc, convoquant
la multitude des disciples, dirent:
Il n'est pas juste que nous aban-
donnions la parole de Dieu, et
que nous vaquions au service des
tables.
3. Cherchez donc parmi vous,
mes freres, sept hommes de bon
témoignage, pleins de lEsprit-
Saint et de sagesse, que nous
puissions préposer à cette ceuvre.
4. Pour nous, nous nous appli-
querons à la prière et au minis-
tere de la parole.
5. Ce discours plut à toute la
multitude. Et ils élurent Etienne,
homme plein de foi et de l'Esprit-
Saint, Philippe, Prochore, Nica-
nor, Timon, Parménas et Nicolas,
1. Or en ces jours-là, le nombre | prosélyte d'Antioche.
des disciples croissant, il s'éleva 6. Ils les présentèrent aux
un murmure des Grecs contre | apôtres, et ceux-ci, priant, leur
les Hébreux, de ce que leurs | imposerent les mains.
veuves étaient négligées dans la 7. Et la parole du Seigneur
distribution de chaque jour. croissait, et le nombre des disci-
CHAPITRE VI.
Murmures des Juifs grecs. Election des
sept diacres. Etienne, plein de foi, fait
des miracles. Il est accusé faussement.
A ———————————————
40. Déchirer de coups. ΝΟΥ.» sur cette expression, Matt., xxr, 35.
1. Le mot Grecs désigne ici les Juifs qui étant nés parmi les Grecs, ne parlaient
quela langue grecque. — Les veuves avaient d'autant plus besoin d'étre assistées
que, suivant la loi, elles ne pouvaient hériter.
9. * Au service des tables, à ce qui est nécessaire pour la vie corporelle, acquisition,
préparation et distribution des aliments.
5. Prosélyle. Compar. m, 11. — * Etienne. Son nom, en grec, S{éphanos, signifie
couronne. On croit que c'était un des soixante-douze discip'es. Son histoire est ra-
contée dans le chapitre vu des Actes. — Philippe était marié et avait quatre filles
qui furent douées du don de prophétie (Actes, xx1, 8, 9). Il fut un des disciples les
plus zélés pour la propagation du christianisme (Acf., vur, 5-11, 26-40). On croit
qu'il mourut à Césarée. — Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, prosélyte
d'Anlioche, ne nous sont authentiquement connus que de nom par ce passage. Une
tradition rapporte que Prochore fut sacré par S. Pierre comme évêque de Nicomédie.
— Le pseudo-Hippolyte dit que Nicanor était un des soixante-douze disciples et qu'il
mourut vers le méme temps que S. Etienne. — Timon, d'après un écrit attribué à
Dorothée de Tyr, était aussi un des soixante-douze disciples; il devint évéque de
Bostra et consomma son martyre par le supplice du feu. — Parménas subit, à ce
qu'on croit, le martyre à Philippes sous le régne de Trajan. — Enfin Nico/as était
d'origine paienne, puisqu'il est qualifié de prosélyte. D'après plusieurs, il fut infidèle
à sa vocation et devint le chef de la secte des Nicolaites, dont parle S. Jean dans
l'Apocalypse, n, 6, 19. Les Nicolaïtes le regardaient en effet comme leur père; mais
il n'est pas certain que leur opinion füt fondée. — Les noms des sept diacres sont
tous grecs, ce qui semble indiquer que les six premiers étaient des Juifs hellénistes,
le septième étant d'origine grecque.
[cu. vn.]
ples se multipliait grandement à
Jérusalem; et méme un grand
nombre de prétres obéissaient à
la foi.
8. Or Etienne, plein de grâce et
de force, faisait des prodiges et de
grands miracles parmi le peuple.
9. Mais quelques-uns de la sy-
nagogue qui est appelée des Af-
franchis, de celle des Cyrénéens
et des Alexandrins, et de ceux qui
étaient de Cilicie et d'Asie, se le-
verent, disputant contre Etienne;
10. Et ils ne pouvaient résister
à la sagesse etàl'Esprit-Saint qui
parlait.
11. Alors ils subornèrent des
hommes pour dire qu'ils l'avaient
entendu proférer des paroles de
blasphème contre Moïse et contre
Dieu.
19. Ils soulevèrent ainsi le
peuple, les anciens et les scribes:
et ceux-ci accourant ensemble,
l'entrainerent et l'amenèrent au
conseil,
13. Et ils produisirent de faux
témoins pour dire : Cet homme
Cuar. VII. 3. Genèse, זא 1.
ACTES DES APOTRES.
2623
ne cesse de parler contre le lieu
saint et contre la loi;
14. Car nous lavons entendu
disant que ce Jésus de Nazareth
détruira ce lieu, et changera les
traditions que nous a données
Moise.
15. Ettous ceux qui siégeaient
dans le conseil, ayant fixé les
yeux sur lui, ils virent son visage
comme le visage d'un ange.
CHAPITRE VII.
Discours de saint Etienne devant le con-
seil des Juifs. Il leur reproche leurs in-
fidélités. Il est emmené hors de la ville
et lapidé. Sa charité pour ses ennemis.
Saul consent à sa mort.
1. Alors le prince des prêtres
lui demanda : Les choses sont-
elles ainsi?
2. 11 répondit : Hommes, mes
frères et mes pères, écoutez : Le
Dieu de gloire apparut à notre
père Abraham lorsqu'il était en
Mésopotamie, avant qu'il demeu-
rât à Charan,
3. Et il lui dit: Sors de ton pays
9. * Sur les synagogues, voir Matt., rv, 23. D’après les Rabbins, il y avait à Jéru-
salem quatre cent quatre-vingts synagogues. S. Luc énumère ici plusieurs d'entre
elles. — On appelait A/franchis ceux qui d'esclaves étaient devenus libres. La syna-
gogue des Affranchis avait été probablement construite par les Juifs que Pompée
avait autrefois faits prisonniers de guerre et qui avaient recouvré ensuite leur liberté.
Ils s'étaient fixés la plupart à Rome, mais ils avaient fait élever à leurs frais une
synagogue à Jérusalem, afin de pouvoir s'y réunir quand ils allaient en pélerinage
dans la ville sainte. — Celle des Cyrénéens, des Juifs de Cyrène en Afrique. Voir Act.,
11, 10. — Des Alexandrins, d'Alexandrie, ville d'Egypte où les Juifs étaient trés nom-
breux. — De Cilicie, province de l'Asie Mineure, bornée au nord par la Cappadoce,
la Lycaonie et l'Isaurie, à l'ouest par la Pamphilie, au sud par la Méditerranée, à
lest par la Syrie. S. Paul étant Cilicien d'origine devait fréquenter la synagogue de
Cilicie. — D'Asie, de la province proconsulaire de ce nom. Voir Actes, 11, 9.
12 et suiv. Les incrédules prétendent que le récit du martyre de saint Etienne ren-
ferme des circonstances qui révélent dans l'historien une profonde ignorance. —
* Les anciens, les membres du Sanhédrin. — Au conseil, au sanhédrin. Voir Matt.,
XXVI, 59.
15: 2 Dans le Conseil, dans le sanhédrin.
2. * Mésopotamie. Voir Actes, 1t, 9. — Charan ou Haran, ville de Mésopotamie, sur
le Bélilk, affluent de l'Euphrate.
2624
et de ta parenté, et viens dansla
terre que je te montrerai.
4. Alors il sortit du pays des
Chaldéens,etildemeura àCharan.
Et delà, aprés que son pere fut
mort, Dieu le transporta dans
celte terre que vous habitez au-
jourd'hui.
9. Et il ne lui donna là ni héri-
ji tage, ni méme où poser le pied;
‘mais il promit de la lui donner
en sa possession et à sa postérité
apres lui, lorsqu'il n'avait point
encore de fils.
6. Toutefois Dieu lui dit que sa
postérité habiterait en une terre
étrangère, où elle serait réduite
en servitude et maltraitée pen-
dant quatre cents ans;
1. Mais la nation qui l'aura te-
nue en servitude, c'est moi qui
la jugerai, dit le Seigneur, etaprès
cela, elle sortira et me servira en
ce lieu-ci.
8. Il lui donna l'alliance de la
circoncision ; et ainsi il engendra
Isaac, et le circoncit le huitième
jour; et Isaac, Jacob; et Jacob,
les douze patriarches.
9. Et les patriarches envieux
vendirent Joseph pour l'Egypte ;
mais Dieu était avec lui;
10. Et il le délivra de toutes ses
ACTES DES APOTRES,
fcu. vu.)
tribulations, et il lui donna gràce
et sagesse devant Pharaon, roi
d'Egypte, qui le préposa sur
l'Egypte et sur toute sa maison.
11. Or vint une famine dans
toute l'Egypte et en Chanaan, et
une grande tribulation, et nos
peres ne trouvaient pas de nour-
riture,
19. Mais quand Jacob eut appris
qu'il y avait du blé en Egypte, il
y envoya nos pères une première
fois,
13. Et la seconde, Joseph fut
reconnu de ses frères, et son ori-
eine fut découverte à Pharaon.
14. Or Joseph envoya quérir
Jacob son pere et toute sa parenté,
au nombre de soixante-quinze
personnes.
15. Jacob descendit donc en
Egypte, et il y mourut, lui et nos
pères.
16. Et ils furent transportés à
Sichem, et déposés dans le sé-
pulcre qu'Abraham avait acheté
à prix d'argent des fils d'Hémor,
fils de Sichem.
11. Mais comme approchait le
temps dela promesse que Dieu
avait jurée à Abraham, le peuple
crüt et se multiplia en Egypte,
18. Jusqu'à ce qu'il s'éleva en
6. Genèse, xv, 13. — 8. Genèse, תטא 10; xxr, 2, 4; xxv, 25; xxix, 92; xxxv, 22.
— 9. Genèse, xxxvir, 28. — 10. Genèse, χα, 37. — 12. Genèse, xui, 2. — 13. Genèse,
XLV, 3. — 15. Genèse, xLvi, 5; (אזזא 32. — 16. Genèse, xxm, 16; L, 5, 18; Jos., xxiv,
32. — 11. Exode, 1, 7.
6. O elle, etc. Au lieu de ce féminin singulier il y a dans le texte sacré le masculin
pluriel, parce que le substantif postérité, auquel ce pronom se rapporte, représente
le mot descendants.
1. Dit le Seigneur. Voy. Gen., xv, 13, 14. — Elle sortira; c'est-à-dire la postérité
d'Abraham dont il est question au verset précédent.
‘ 16. * 4 Sichem, aujourd'hui Naplouse, dans les montagnes d'Ephraim, dans une
vallée bien arrosée, au pied du mont Garizim.
18. * Un autre roi qui ne connaissait pas Joseph. Les pharaons qui règnaient dans
le pays de Gessen du temps de Moïse étaient d'origine égyptienne, tandis que les
rois qui étaient maitres du Delta du temps de Joseph étaient des conquérants d'ori-
gine sémitique comme les Hébreux.
[cu. vir.]
Egypte un autre roi, qui ne con-
naissait point Joseph.
19. Celui-ci, circonvenant notre
nation, affligea nos peres jusqu'à
leur faire exposer leurs enfants
pour en empécher la propaga-
tion.
20. En ce méme temps naquit
Moise qui fut agréable à Dieu, et
nourri trois mois dans la maison
de son père.
21. Exposé ensuite, la fille de
Pharaon le prit et le nourrit
comme son fils.
99. Et Moise fut instruit dans
toute la sagesse des Egyptiens, et
il était puissant en paroles et en
œuvres.
23. Mais lorsque s'accomplissait
sa quarantième année, il lui vint
dans l'esprit de visiter ses frères,
les enfants d'Israél.
94. Et ayant vu l'un d'eux in-
justement traité, il défendit et
vengea celui qui souffrait l'injure,
en frappant l'Egyptien.
25. Or il pensait que ses frères
comprendraient que Dieu les sau-
verait par sa main, mais ils ne le
comprirent pas.
26. Le jour suivant, il en vit
qui se querellaient, et il tâchait
de les remettre en paix, disant :
Hommes, vous êtes frères; pour-
quoi vous nuisez-vous lun à
lautre?
27. Mais celui qui faisait injure
‘à l'autre le repoussa, disant :
ACTES DES APOTRES.
2625
Qui t'a établi chef et juge sur
nous?
28. Veux-tu me tuer, comme
tu as tué hier l'Egyptien?
29. Moise s'enfuit à cette pa-
role, et il demeura comme étran-
ger, dans la terre de Madian, oü
il engendra deux fils.
30. Et quarante ans s' étant pas-
sés, un ange lui apparut au dé-
sert dela montagne de Sina, dans
le feu d'un buisson enflammé,
31. Ce que Moise apercevant, il
admira la vision; et comme il
s'approchait pour regarder, la
voix du Seigneur se fit entendre
à lui, disant :
32. Je suis le Dieu de vos pères,
le Dieu d'Abraham, le Dieu d'I-
saac et le Dieu de Jacob. Mais
devenu tout tremblant, Moise
n'osait regarder.
33. Et le Seigneur lui dit : Ote
la chaussure de tes pieds, cat
le lieu où tu es est une terre
sainte.
34. J'ai vu parfaitement l'afflic-
tion de mon peuple qui est en
Egypte; j'ai entendu son gémis-
sement, et je suis descendu pour
le délivrer. Maintenant, viens, je
t'enverrai en Egypte.
98. Ce Moïse qu'ils avaient re
nié, disant : Qui t'a établi chef et
juge? fut celui-là méme que Dieu
envoya chef et libérateur par lo
main de lange qui lui apparut
dans le buisson;
20. Exode, 11, 2; Hébr., xi, 29. — 24. Exode, 11, 12. — 26. Exode, 11, 13. — 30. Exodo,
III, 2.
25. Par sa main. Voy., pour cette locution, v, 12.
29. * Dans la terre de Madian, dans la presqu'ile du Sinai où les Madianites me»
naient la vie nomade.
30. * De la montagne de Sina, le mont Sinaï proprement dit.
34. J'ai vu parfaitement; littér. : Voyant j'ai vu, hébraisme. Voy. v, 28.
80. Par la main; c'est-à-dire sous la conduite. Voy. v, 12.
INST:
165
2620
36. C’est lui qui les tira de la
terre d'Egypte, y opérant des pro-
diges et des miracles, aussi bien
que dans la mer Rouge, et pen-
dant quarante ans dans le désert.
37. C'est ce Moise qui dit aux
enfants d'Israél : Dieu vous sus-
citera d'entre vos freres un pro-
phète comme moi; vous l'écou-
lerez.
38. C'est lui qui se trouva dans
l'assemblée du peuple, au désert,
avec l'ange qui lui parlait sur le
mont Sina, et avec nos pères; lui
qui reçut des paroles de vie pour
nous les donner.
39. Et nos peres ne voulurent
point lui obéir, mais ils le repous-
serent, retournant de cœur en
Egypte,
40. Et disant à Aaron : Fais-
nous des dieux qui aillent devant
nous; car ce Moise qui nous a
tirés de la terre d'Egypte, nous
ne savons ce qui lui est arrivé
44. Et ils firent un veau en ces
jours-là, et ils offrirent une hos-
tie à l'idole, et ils se réjouissaient
dans l’œuvre de leurs mains.
42. Et Dieu se détourna et les
laissa servir la milice du ciel,
comme il est écrit au livre des
ACTES DES APOTRES.
(cu. vir.)
prophètes : Maison d'Israél, m'a-
vez-vous offert des victimes et
des hosties pendant quarante ans
dans le désert?
43. Au contraire, vous avez
porté le tabernacle de Moloch et
l'astre de votre dieu Remphan,
figures que vous avez faites pour
les adorer. Aussi je vous trans-
porterai au delà de Babylone.
44. Le tabernacle de témoi-
enage a été avec nos pères dans
le désert, comme Dieu leur or-
donna, parlant à Moise, afin qu'il
le fit selon le modèle qu'il avait
vu.
45. Et l'ayant reçu, nos pères
l'emporterent sous Jésus, dans le
pays des nations que Dieu chassa
devant nos pères, jusqu'aux
jours de David,
40. Lequel trouva gráce devant
Dieu et demanda de trouver une
demeure pour le Dieu de Jacob.
47. Et ce fut Salomon qui lui
bâtit un temple.
48. Mais le Tres-Haut n'habite
point dans les temples faits de la
main des hommes, selon ce que
dit le prophete :
49. Le ciel est mon tróne, et la
terre l'escabeau de mes pieds.
36 Exode, vir, 8, 9, 10, 11, 44. — 37. Deut., ,זזנטא 15. — 38. Exode, xix, 3. — 40. Exode,
xxxii, 1. — 42. Amos, v, 25. — 44. Exode, xxv, 40. — 45. Jos., 11 14; Hébr., vin, 9. —
46. I Rois, xvi, 13; Ps. cxxxi, 5. — 47. ΠῚ Rois, vi, 1; I Par., מנטא 12. — 48. Infra,
xvi, 24. — 49. Isaie, Lxvi1, 1.
36, 38, 42, 44. * Dans le désert du Sinai.
49. * La milice du ciel, les astres adorés comme des dieux.
43. * Moloch, idole des Ammonites, à qui l'on offrait des victimes humaines, prin-
cipalement des enfants. — Remphan, probablement la planète Saturne divinisée.
45. Jésus; c'est-à-dire Josué. Ces deux noms ayant la même signification, celle de
Sauveur, se mettent quelquefois l'un pour l'autre. — Jusqu’aux jours de David, s'en-
tend, selon les uns, du temps pendant lequel le tabernacle séjourna dans le pays des
nations conquises; d’où le sens serait: Et il y demeura jusqu'aux jours de David;
et sclon les autres, de l'expulsion méme des nations; en sorte qu'on doit traduire:
Dans le pays des nalions que Dieu chassa peu à peu devant nos pères jusqu'aua jours
de David, qui acheva de purger le pays de tous les Chananéens.
(cn. vur.]
Quelle maison me bátirez-vous,
ditle Seigneur, ou quel est le lieu
de mon repos?
50. N'est-ce pas ma main qui a
fait toutes ces choses?
51. Durs de téte et incirconcis
de cœur et d'oreilles, vous ré-
sistez toujours à l'Esprit-Saint;
il en est de vous comme de vos
pères.
52. Lequel des prophètes vos
pères n'ontils point persécuté!
Ils ont tué ceux qui prédisaient
l'avènement du Juste que vous
venez de trahir, et dont vous êtes
les meurtriers, vous,
53. Qui avez reçu la loi par le
ministère des anges, et qui ne l'a-
vez point gardée.
54. Entendant cela, ils frémis-
saient de rage en leur cœur, et
grinçaient des dents contre lui.
55. Mais comme il était rempli
de l'Esprit-Saint, levant les yeux
au ciel, il vit la gloire de Dieu, et
Jésus qui se tenait à la droite de
Dieu, et il dit : Voilà que je vois
les cieux ouverts, et le Fils de
l’homme qui est à la droite de
Dieu.
56. Eux alors, criant d'une voix
forte et se bouchant les oreilles,
se précipitèrent tous ensemble
sur lui,
97. Et l'entrainant hors de la
ville, ils le lapidaient; et les té-
moins déposèrentleurs vêtements
ACTES DES APOTRES.
2021
aux pieds d'un jeune homme
nommé Saul.
58. Et ils lapidaient Etienne qui
priait et disait : Seigneur Jésus,
recevez mon esprit.
59. Puis s'étant mis à genoux,
il cria d'une voix forte : Seigneur,
ne leur imputez point ce péché.
Et lorsqu'il eut dit cela, il s'en-
dormit dans 16 Seigneur. Or Saul
était consentant de sa mort.
CHAPITRE VIIT.
Persécution contre les fidéles. Philippe
préche en Samarie. Simon le Magicien
est baptisé. Pierre et Jean donnent le
Saint-Esprit aux Samaritains. Simon
veut acheter ce pouvoir. Eunuque de
la reine d'Ethiopie baptisé par Philippe.
1. Or il s'éleva en ce temps-là
une grande persécution contre
l'Eglise qui était à Jérusalem, et
tous, excepté les apótres, furent
dispersés dans les régions de la
Judée et de la Samarie.
2. Des hommes craignant Dieu
ensevelirent Etienne, et firent ses
funérailles avec un grand deuil.
3. Cependant Saul ravageait l'E-
glise, entrant dans les maisons;
et entrainant des hommes et des
femmes, il les jetait en prison.
4. Et ceux done qui avaient été
dispersés, passaient d'un lieu
dans un autre, en annoncant la
parole de Dieu.
5. Or Philippe étant descendu
51. Incirconcis de cœur et d'oreilles; c'est-à-dire qui n'avez pas retranché de votre
cœur tous les mauvais désirs, et qui n'avez pas fermé vos oreilles à toutes sortes de
mauvais discours.
51. * Saul de Tarse, depuis l'apótre S. Paul. — Et l’entrainant hors de la ville, au
nord. C'est là que la tradition place 16 lieu de la lapidation de S. Etienne, et la topo-
graphie des lieux montre en effet que le premier diacre a dà consommer son martyre
au nord de Jérusalem.
5. * Dans la ville de Samarie, ville dela tribu d'Ephraim fondée par le roi d'Israé:
Amri, qui en fit sa capitale. Elle donna plus tard son nom au pays de Samarie et
aux Samaritains. Détruite par les Assyriens en 121 avant J.-C., rebátie et de nou-
2628
dans la ville de Samarie, leur
préchait le Christ.
6. Et la foule était attentive à
ce qui était dit par Philippe, l'é-
coutant unanimement, et voyant
les miracles qu'il faisait.
7. Car des esprits impurs sor-
taient d'un grand nombre de
possédés en jetant de grands
cris.
8. Et beaucoup de paralytiques
et de boiteux furent guéris.
9.1 y eut donc une grande
joie dans cette ville. Or un cer-
tain homme, du nom de Simon,
qui auparavant avait exercé la
magie dans la ville, séduisait le
peuple de Samarie, se disant étre
quelqu'un de grand;
10. Et tous, du plus petit jus-
qu'au plus grand, l'écoutaient, di-
sant : Celui-ci est la grande vertu
ACTES DES APOTRES.
[cu. vur.j
que, depuis longtemps, il leur
avait troublé l'esprit par ses en-
chantements.
12. Mais, quand ils eurent cru
à Philippe, qui leur annoncait la
parole de Dieu, ils furent bapti-
sés, hommes et femmes, au nom
de Jésus-Christ.
13. Alors Simon lui-méme crut
aussi, et lorsqu'il eut été baptisé,
il s'attachait à Philippe. Mais
voyant qu'il se faisait des prodi-
ges et de grands miracles, il s'é-
tonnait et admirait.
14. Or lorsque les apótres, qui
étaient à Jérusalem, eurent appris
que Samarie avait reçu la parole
de Dieu, ils leur envoyèrent
Pierre et Jean,
15. Qui étant venus, prierent
pour eux, afin qu'ils recussent
l'Esprit-Saint ;
10. Car il n’était encore descen-
du sur aucun d'eux, mais ils
de Dieu.
11. Ils s'attachaient à lui, parce
veau renversée par Jean Hyrcan, elle fut encore relevée de ses ruines et l'empereur
Auguste la donna à Hérode-le-Grand qui l'appela Sébaste (ou Auguste) en l'honneur
de son bienfaiteur. C'est aujourd'hui un village sans importance appelé Sébastiéh.
9. * Simon le magicien. « Le premier crime de Simon fut de vouloir acheter l'épis-
copat, de prétendre trafiquer des dons de Dieu, et faire servir à ses intéréts les pou-
voirs surnaturels que Dieu confère à ses ministres pour le salut des âmes. Loin de
l'associer aux Apótres, S. Pierre donna à ses successeurs l'exemple de la sévérité
dont ils devaient user contre le trafic des choses saintes, en retranchant ce fourbe
ambitieux de la société des fidéles et en le menacant du sort le plus funeste; mais
ni cette menace, ni cette peine ne purent le ramener. — Opposé en tout à Simon
Pierre, Simon de Samarie se mit bientót à dogmatiser et devint le premier des héré-
siarques. S. Justin, qui était de la même ville que lui et qui devait connaitre son
histoire, nous apprend plusieurs particularités de sa vie et de sa doctrine. Ce séduc-
teur se posait en antagoniste du Messie et s'attribuait à lui-même la divinité. Il
opérait des prodiges au moyen de la magie. Il publiait, sous le titre d'Exposilion, un
ivre qui contenait le germe des réveries gnostiques, cette généalogie d'Eons, des-
cendant d'un principe unique et subordonnés les uns aux autres, jusqu'au dernier
qui est le monde. Pour la morale, il ne reconnaissait aucune distinetion de vice et
de vertu, et ne voyait de vérité ni de perfection que dans la gnose qu'il opposait à
la foi. Mettant d'ailleurs sa conduite en harmonie avec ses principes, il vivait d'une
manière fort répréhensible. Sa secte se perpétua jusqu'au cinquième siècle. La décou-
verte des Philosophumena a confirmé ce que S. Justin et S. Irénée nous apprennent de
ses caracteres et de son importance. Simon fut, aux yeux des premiers fidéles, comme
l'hérésie personnifiée, le type et le père de tous les hérésiarques. » (L. Bacuez.)
10. Est la grande vertu; littér.: La vertu qui est appelée grande. Nous avons déjà
fait remarquer qu'en hébreu l'expression étre appelé signifie aussi simplement é(re.
[cn. vin.]
avaient seulement été baptisés
au nom du Seigneur Jésus.
47. Alors 115 leur imposaient
les mains et ils recevaient l'Es-
prit-Saint.
18. Or Simon, voyant que, par
l'imposition des mains des
apôtres, l'Esprit-Saintétait donné,
il leur offrit de l'argent,
19. Disant : Donnez-moi aussi
ce pouvoir, que tous ceux à qui
jimposerai les mains recoivent
l'Esprit-Saint. Mais Pierre lui dit:
90. Que ton argent soit avec toi
en perdition, parce que tu as es-
timé que le don de Dieu peut
s'acquérir avec de l'argent.
21. Il n'y a pour toi ni part ni
sort en ceci; car ton cœur n'est
pas droit devant Dieu.
22, Fais donc pénitence de cette
méchanceté, et prie Dieu qu'il te
pardonne, s'il est possible,cette
pensée de ton cœur.
93. Car je vois que tu es dans
un fiel d'amertume et dans des
liens d'iniquité.
ACTES DES APOTRES.
2629
24. Simon, répondant, dit :
Priez vous-mémes le Seigneur
pour moi, afin qu'il ne m'arrive
rien de ce que vous avez dit.
25. Et eux, après avoir rendu
témoignage et préché la parole
du Seigneur, revenaient à Jéru-
salem, et évangélisaient beau-
coup de contrées des Samaritains.
26. Cependant un ange du Sei-
gneur parla à Philippe, disant:
Lève-toi et va vers le Midi, sur le
chemin qui descend de Jérusalem
à Gaza : celle qui est déserte.
97. Et, se levant, il partit. Et
voilà qu'un Ethiopien, eunuque,
puissant auprès de Candace,
reine d'Ethiopie, et préposé sur
tous ses trésors, était venu ado-
rer à Jérusalem,
98. Ets'en retournait, assis sur
son char, et lisant le prophète
Isaie.
29. Alors l'Esprit dit à Philippe :
Approche, et tiens-toi contre ce
char.
30. Et Philippe, accourant, en-
18. * Il leur offrit de l'argent. C'est pour cela qu'on appelle simoniaques ceux qui
achètent ou vendent à prix d'argent les choses spirituelles.
26. Celle qui est déserte. I] y avait deux villes de Gaza; l'une ancienne, qui était
abandonnée, et la nouvelle, bátie plus prés de la mer. — * Gaza. Pour se rendre de
Jérusalem en Egypte et en Ethiopie, on passait par Gaza, ancienne ville philistine,
située à la frontière sud-ouest de la Palestine, à onze milles de Jérusalem.
21. * Candace. Ce nom ou ce titre était porté par toutes les reines qui gouver-
naient la partie de l'Ethiopie dont la capitale était Napata, comme celui de Ptolémée
était porté par tous les rois grecs d'Egypte. Eusèbe raconte que le trésorier éthio-
pien converti par S. Philippe précha à son retour le christianisme en Ethiopie. — -
L'Eunuque de la veine Candace. « L'Ethiopie s'étendait alors dans la vallée du Nil,
vers le sud. Candace était un titre dynastique, comme Arétas, Pharaon, Ptolémée, etc.
L'Eunuque de la reine d'Ethiopie n'était pas étranger à la religion juive; autrement
םיסג 61116 n'aurait pas été le premier Gentil baptisé; c'était ou un Israélite d'origine, ou
an prosélyte venu des [bords] du Nil à Jérusalem pour adorer le vrai Dieu, et prendre
part aux solennités de son culte. On croit qu'il devint l'Apótre de l'Ethiopie et quil
prépara ses compatriotes à embrasser le christianisme. Quant à la voix qui se fait
entendre à Philippe, aux lumières surnaturelles qui éclairent le prosélyte, à la promp-
titude avec laquelle l'évangéliste lui confère le baptême, à la disparition subite de
celui-ci et aux consolations dont l'âme du néophyte est remplie, on peut voir dans
lhistoire des saints une multitude de faits analogues. La ville de Gaza, dont il est
ici parlé, est celle dont Samson enleva les portes et oü il fit périr un si grand nombre
de Philistins. » (L. Bacuzz.)
2030
tendit l'eunuque qui lisait le pro-
phète Isaie, et lui dit : Crois-tu
comprendre ce que tu lis?
31. Il répondit : Et comment
le pourrai-je, si quelqu'un ne me
l'explique ? Et il pria Philippe de
monter et de s'asseoir pres de
lui.
32. Or le passage de l'Ecriture
qu'il lisait était celui-ci : Gomme
une brebis, il a été mené à la
boucherie ; et comme un agneau
sans voix devant celui qui le tond,
ainsi il n'a pas ouvert la bouche.
33. Dans l'humiliation, son ju-
gement a été aboli ; qui racontera
sa génération, puisque sa vie sera
retranchée de la terre?
34. Or, répondant à Philippe,
l'eunuque dit : De qui, je te prie,
le prophete dit-il cela? Est-ce de
lui, ou de quelque autre?
35. Alors Philippe, ouvrant la
bouche, et commengant par cet
endroit de l'Ecriture, lui annonca
Jésus.
36. Et comme ils allaient par le
chemin, ils rencontrerent de
l'eau; et l'eunuque dit : Voilà de
l'eau ; qui empéche que je ne sois
baptisé ?
ACTES DES APOTRES.
[cu. 1x.]
37. Philippe dit : Si tu crois de
tout ton cœur, cela se peut. Et,
répondant, il dit : Je crois que
Jésus-Christ est le Fils de Dieu.
38. Et il fit arrêter le char;
alors, tous deux, Philippe et l'eu-
nuque, descendirent dans l’eau,
et il le baptisa.
39. Lorsqu'ils furent remontés
de l'eau, l'Esprit du Seigneur
enleva Philippe, et l'eunuque ne
le vit plus. Mais il continuait son
chemin, plein de joie.
40. Pour Philippe. il se trouva
dans Azot et il évangélisait en
passant toutes les villes, jusqu'à
ce qu'il vint à Gésarée.
CHAPITRE IX.
Saul persécute les fidéles. Sa conversion,
son baptéme. Il préche à Damas, va à
Jérusalem, se retire à Césarée, puis à
Tarse. Pierre guérit Enée et ressuscite
Tabithe.
1. Cependant Saul, respirant
encore menaces et meurtre con-
tre les disciples du Seigneur, vint
auprès du prince des prêtres,
9. Et lui demanda des lettres
pour les synagogues de Damas,
afin que, s’il y trouvait des
Quar. VIII. 32. Isaie, Lu, 7. -— Cap. IX. 1. Galat., 1, 13.
40. * 4208, une des cinq principales villes philistines, entre Ascalon et Jamnia, non
loin de la Méditerranée, aujourd'hui petit village, appelé Esdüd. -- Césarée. Voir
plus loin, 1x, 30.
2. De celle voie. Le mot voie est pris ici figurément, comme souvent ailleurs dans
l'Ecriture, pour conduite, profession, religion, secte, doctrine. — * > Damas, à une
soixantaine de lieues, N.-E. de Jérusalem, avait été soumise par Pompée et était
peut-être encore sous la domination romaine, au moment de la conversion de S. Paul;
mais bientót aprés, elle tomba au pouvoir d'Arétas, roi d'Arabie, ainsi que le prouve
une monnaie de cette ville, au type de ce prince. Comme [8 plupart des grandes
cités de l'Asie-Mineure et de l'empire, elle renfermait une nombreuse colonie juive,
qui habitait un quartier à part, et avait non seulement des assemblées religieuses,
mais ses lois, ses magistrats et sa justice propres: priviléges dont les Juifs jouissent
encore en plusieurs villes mahométanes. Le grand-prétre de Jérusalem exerçait sur
eux son autorité, en matiére civile aussi bien que religieuse. C'est dans leurs rangs
que se trouvaient ces nouveaux chrétiens, dont Saul prétendait chátier l'apostasie;
et peut-être quelques fidèles de Jérusalem étaient-ils venus y chercher un asile. L'en-
[cu. 1x.]
hommes et des femmes de cette
voie, il les conduisit enchainés à
Jérusalem.
3. Comme il était en chemin,
et quil approchait de Damas,
tout à coup une lumière du ciel
brilla autour de lui.
4. Et, tombant à terre, il en-
tendit une voix qui lui disait :
Saul, Saul, pourquoi me persé-
cutes-tu ?
5. Il dit : Qui êtes-vous, Sei-
gneur? Et le Seigneur : Je suis Jé-
sus que tu persécutes; il t'est dur
de regimber contre l'aiguillon.
6. Alors, tremblant et frappé
de stupeur, il dit : Seigneur, que
voulez-vous que je fasse?
7. Et le Seigneur lui répondit :
Lève-toi, entre dans la ville; car
c'est là que te sera dit ce qu'il
faut que tu fasses. Orles hommes
qui l'accompagnaient demeu-
raient tout étonnés, entendant
ACTES DES APOTRES.
2631
bien la voix, mais ne voyant per-
sonne.
8. Saul se leva donc de terre,
et, les yeux ouverts, il ne voyait
rien. Ainsi, le conduisant par la
main, ils le firent entrer dans
Damas.
9. ἘΠῚ y futtrois jours ne voyant
point; et il ne but ni ne mangea.
10. Oril y avait un certain dis-
ciple à Damas, du nom d'Ananie;
etle Seigneur lui dit en vision :
Ananie. Et il dit: Me voici Sei-
gneur.
41. Et le Seigneur lui dit
Lève-toi, et va dans la rue qu'on
appelle Droite, et cherche dans la
maison de Judas un nommé Saul
de Tarse; car il y est en prieres.
19. (Saul vit aussi un homme
du nom d'Ananie, entrant et lui
imposant les mains, pour qu'il
recouvrát la vue.)
13. Ananie répondit : Seigneur,
SEMI Ipae XXII 65 1 COr., XV, 8; 11 Gor, xi 2.
droit où le persécuteur fut terrassé et où il se soumit au divin Maître, se trouve à
cinq cents pas de la ville. S. Augustin dit qu'il est bien connu et qu'on le montre
aux voyageurs. Les chrétiens s'y rendent en procession chaque année, le 25 janvier.
La rue droite traverse encore la ville dans toute sa longueur. » (L. Bacuez.) — Tous les
voyageurs vantent à l'envila beauté de Damas. « Je comprends, dit Lamartine, que
les traditions arabes placent à Damas le site du paradis perdu : aucun lieu de la terre
ne rappelle mieux l'Eden. La vaste et féconde plaine, les sept rameaux du fleuve
bleu qui l'arrosent, l'encadrement majestueux des montagnes, les lacs éblouissants
qui réfléchissent le ciel sur la terre, la perfection du climat, tout indique au moins
que. Damas a été une des premiéres villes báties par les enfants des hommes... Tant
que la terre portera des empires, Damas sera une grande ville. »
1. Ceci semble contradictoire avec ce qui est dit au chap. xxir, 9. Mais cette con-
tradiction, qui n'est qu'apparente, s'évanouit quand on considère qu'entendre signifie
tout à la fois étre frappé d'un son et comprendre.
11. * La rue qu'on appelle Droite. « La rue Droite subsiste encore dans toute sa
longueur; c'est la plus grande de la ville. Elle la traverse d'une extrémité à l'autre,
d'orient en occident. Ses édifices de chaque cóté sont presque autant de boutiques ou
de magasins dans lesquels sont étalées les plus riches marchandises soit d'Europe,
soit des diverses parties de l'Asie, qu'y ont apportées les caravanes des pèlerins. »
(DE GÉRAuB.) — Saul de Tarse. Sur Tarse, voir plus bas, y. 30.
12. Saul vit aussi un homme. Pendant que le Seigneur faisait entendre sa voix à
Ananie, il le montrait à Saul dans une vision.
13. Les premiers chrétiens étaient communément appelés sainís, soit parce qu'ils
avaient été sanctifiés par la grâce des sacrements, soit parce que la pureté de leurs
maurs et la sainteté de leur vie les rendaient dignes de cette glorieuse dénomination,
2632
j'ai appris d'un grand nombre de
personnes combien cet homme a
fait de maux à vos saints dans
Jérusalem ;
14. Ici méme, il a pouvoir des
princes des prétres, pour charger
de liens ceux qui invoquent votre
nom.
15. Mais le Seigneur lui repar-
tit : Va, car cet homme m'est un
vase d'élection, pour porter mon
nom devant les gentils, les rois
et les enfants d'Israél.
16. Aussi je lui montrerai com-
bien il faut qu'il souffre pour mon
nom.
17. Et Ananie alla, et il entra
dans la maison ; et lui imposant
les mains, il dit : Saul mon frere,
le Seigneur Jésus, qui t'a apparu
dans le chemin par oü tu venais,
m'a envoyé pour que tu voies et
que tu sois rempli de l'Esprit-
Saint.
18. Et aussitôt tombèrent de
ses yeux comme des écailles, et
il recouvra la vue; et, se levant,
il fut baptisé.
19. Et lorsqu'il eut pris de la
nourriture, il fut fortifié. Or 1]
demeura quelques jours avec les
disciples qui étaient à Damas.
90. Et aussitôt il préchait dans
les synagogues que c'est Jésus
| qui est le Fils de Dieu.
91. Or tous ceux qui l'écou-
taient étaient étonnés et disaient:
N'est-ce pas là celui qui poursui-
vait dans Jérusalem ceux qui in-
24. II Cor., xr, 32.
ACTES DES APOTRES.
[cu. 1x.)
voquaient ce nom, 61 quiest venu
ici pour les conduire chargés de
liens aux princes des prétres?
22. Cependant Saul se forti-
fiait de plus en plus, et confon-
dait les Juifs qui demeuraient à
Damas, affirmant que Jésus est le
Christ.
29. Lorsque beaucoup de jours
se furent passés, les Juifs prirent
ensemble la résolution de le faire
mourir.
24. Mais leurs trames furent
découvertes à Saul. Or comme ils
gardaient nuit et jour les portes
pour le tuer,
25. Les disciples le prirent et
le descendirent de nuit par la mu-
raille, le mettant dans une cor-
beille.
26. Lorsqu'il fut venu à Jérusa-
lem, il cherchait à se joindre aux
disciples; mais tous le crai-
gnaient, ne croyant pas qu'il füt
disciple.
27. Alors Barnabé l'ayant pris
avec lui, 16 conduisit aux apôtres,
et leur raconta comment il avait
vu le Seigneur dans le chemin,
que le Seigneur lui avait parlé,
et comment, à Damas, il avait
agi avec assurance au nom de
Jésus.
28. Saul demeurait donc avec
eux à Jérusalem, agissant avec
assurance au nom du Seigneur.
29. Il parlait aussi aux gentils,
et disputait avec les Grecs; or
ceux-ci cherchaient à le tuer.
21. Aux apôtres, Pierre et Jacques, qui se trouvaient alors à Jérusalem. — * Barnabé.
Voir Actes, 1v, 36.
28. Demeurait, etc.; littér.: Entrait et sortait; hébraisme. Voy. r, 21.
29. * Les Grecs, dans le texte original; les Hellénistes, le nom désigne les Juifs
qui, nés en pays étranger, parlaient la langue grecque.
[cu. 1x.]
30. Ce que les frères ayant su,
ils le conduisirent à Césarée, et
l'envoyerent à Tarse.
31. L'Eglise cependant jouissait
de la paix dans toute la Judée, la
Galilée et le pays de Samarie; elle
s'établissait marchant dans la
crainte du Seigneur, et elle était
remplie de la consolation du
Saint-Esprit.
32. Or il arriva que Pierre, en
les visitant tous, vint voir les
saints qui habitaient Lydde.
ACTES DES APOTRES.
2633
33. Et il trouva là un homme
du nom dEnée, gisant depuis
huit ans sur un grabat, étant pa-
ralytique. |
34. Et Pierre lui dit : ₪66, le
Seigneur Jésus-Christ te guérit;
lève-toi et fais toi-même ton lit.
Et aussitót il se leva.
35. Et tous ceux qui habitaient
Lydde et Sarone le virent, et ils
se convertirent au Seigneur.
36. ll y avait à Joppé, parmi les
disciples, une femme du nom de
30. * « Césarée de Palestine, qu'il faut distinguer de Césarée de Philippe, était une
place forte, bâtie par Hérode, sur les bords de la mer, en l'honneur de César-Auguste,
et munie d'un port de premiére importance. Le gouverneur romain résidait dans ses
murs, avec un corps de troupe italien sur la fidélité duquel il pouvait compter. Le
diacre Philippe s'y établit. Deux siècles et demi plus tard (315-340), cette ville avait
pour évéque le premier historien de l'Eglise, Eusébe, et la maison du centurion
Corneille, transformée en église, était devenue un lieu de pèlerinage.» (L. BAcugz.) —
« Césarée, l'ancienne et splendide capitale d'Hérode, n'a plus un seul habitant, raconte
Lamartine. Ses murailles, relevées par S. Louis pendant sa croisade, sont néanmoins
intactes, et serviraient encore aujourd'hui de fortifications excellentes à une ville
moderne. Nous franchimes le fossé profond qui les entoure, sur un pont de pierre
à peu prés au milieu de l'enceinte, et nous entrámes dans le dédale de pierres, de
caveaux entr'ouverts, de restes d'édifices, de fragments de marbre et de porphyre
dont le sol de l'ancienne ville est jonché. Nous fimes lever trois chacals du sein des
décombres qui retentissaient sous les pieds de nos chevaux; nous cherchions la fon
taine qu'on nous avait indiquée, nous la trouvámes avec peine à l'extrémité orientale
de ces ruines; nous y campâmes. Vers le soir, un jeune pasteur arabe y arriva avec
un troupeau innombrable de vaches noires, de moutons et de chèvres; il passa
environ deux heures à puiser constamment de l'eau de la fontaine pour abreuver ses
animaux, qui attendaient patiemment leur tour, et se retiraient en ordre aprés avoir
bu, comme s'ils eussent été dirigés par des bergers. Cet enfant, absolument nu, était
monté sur un âne; il sortit le dernier des ruines de Césarée, et nous dit qu'il venait
ainsi tous les jours, d'environ deux lieues, conduire à l'abreuvoir les troupeaux de
sa tribu établie dans la montagne. Voilà la seule rencontre que nous fimes à Césarée,
dans cette ville où Hérode, suivant Josèphe, avait accumulé toutes les merveilles des
arts grecs et romains. » — « Tarse, sur les bords du Cydnus, était la capitale de la
Cilicie. C'était une ville libre, qui élisait ses magistrats; mais il n'est pas certain
qu'elle fût colonie romaine, ni qu'elle jouit du droit de municipe. Aussi eroit-on que
le titre de citoyen romain, acquis à S. Paul dés sa naissance, était un privilege de.
sa famille et non de sa patrie. Il est certain qu'il y avait en Asie, en particulier à
Ephése et à Sardes, des Juifs qui avaient recu ce titre, soit pour leurs services mili-
taires, soit pour quelque autre motif. La proximité de la mer et le voisinage de
Chypre permettait à Tarse d'étendre son commerce et d'écouler les produits de son
industrie. Ses écoles, que S. Paul avait pu fréquenter dans sa jeunesse, étaient célè-\
bres en Orientet rivalisaient, dit-on, avec celles d'Athènes et d'Alexandrie. » (L. Bacuez.)
32. Les saints. Voy. vers. 13. — * Lydde, bourgade de la tribu de Benjamin, appelée
aussi Diospolis du temps des Romains, à peu de distance de la Méditerranée.
35. * Sarone. C'est la plaine de Saron qui est ici désignée. Elle s'étendait de Césarée
de Palestine jusqu'à Joppé. Elle était trés fertile et par conséquent peuplée.
36. Tabitha en syriaque, et en grec Dorcas, veut dire gazelle. — * Joppé, aujour-
d'hui Jaffa, dont le nom signifie belle, sur la Méditerranée, aux confins de la tribu
263 4
Tabithe, qui veut dire par inter-
prétation Dorcas. Elle était rem-
plie de bonnes œuvres et elle
faisait beaucoup d'aumónes.
37. Oril arriva en ces jours-là
qu'étant tombée malade, elle
mourut. Aprés qu'on l'eut lavée,
on la mit dans une chambre
haute.
38. Et comme Lydde était près
de Joppé, les disciples ayant ap-
pris que Pierre y était, envoyèrent
vers lui deux hommes, pour lui
faire cette prière : Hâte-toi de
venir jusqu'à nous.
39. Or Pierre, se levant, vint
avec eux. Et lorsqu'il fut arrivé,
ils le conduisirent dans le cé-
nacle, et toutes les veuves l'en-
tourèrent pleurant, et lui mon-
trant des tuniques et des véte-
ments que leur faisait Dorcas.
40. Alors, ayant fait sortir tout
le monde, Pierre, s'agenouillant,
pria; et, se tournant vers le
corps, il dit : Tabithe, lève-toi. Et
elle ouvrit les yeux, et ayant vu
Pierre, elle se mit sur son séant.
ACTES DES APOTRES.
[cn. x.]
41. Alors, lui donnant la main,
illaleva; et quand il eut appelé
les saints etles veuves, il la leur
rendit vivante.
42. Cela fut connu dans tout
Joppé; et beaucoup crurent au
Seigneur.
43. Or il arriva qu'il demeura
un grand nombre de jours à
Joppé, chez un certain Simon,
corroyeur.
CHAPITRE X.
Vision de Corneille. Il envoie vers saint
Pierre. Saint Pierre va trouver Cor-
neille et lui préche Jésus. Effusion du
Saint-Esprit sur Corneille et sur plu-
sieurs autres gentils; leur baptéme.
1. Il y avait à Césarée un certain
homme, du nom de Corneille,
centurion de la cohorte qui est
appelée Italique,
2. Religieux et craignant Dieu,
avec toute sa maison, faisant
beaucoup d'aumónes au peuple,
et priant Dieu sans cesse;
3. Cet homme vit manifeste-
ment en vision, vers la neuvième
de Dan et d'Ephraim. Les princes Asmonéens avaient rétabli son port. Incorporée par
Pompée à la province de Syrie, cette ville fut rendue à Hyrcan II par Jules César.
Plus tard elle fut sous la domination d'Hérode-le-Grand et d'Archélaüs. Unie de nou-
veau à la Syrie, elle fut depuis ruinée par Cestius Gallus et par Vespasien. 1] y a
peu de villes qui aient été aussi souvent saccagées, brülées et reconstruites. Au siècle
dernier, elle était presque déserte, aujourd'hui elle est florissante et compte une
quinzaine de mille habitants, gráce à son port, qui est le port de Jérusalem, quoi-
qu'il soit peu sür et que le débarquement y soit fort difficile. Les jardins qui entourent
Jaffa sont bien arrosés et d'une fertilité merveilleuse. Il y a encore des tanneries sur
le bord de la mer et l'on y montre la maison de Simon le sorroyeur (Acf., 1x, 43; x, 6)
de méme que le tombeau de Tabitha.
31. * Chambre haute, hyperóon. Voir Marc, n, 4.
39. Dans le cénacle. Voy. 1, 13.
1. * A Césarée. Voir Actes, 1x, 30. — Corneille. Nous ne savons guère de lui que
ce que nous en apprennent les Actes. Peut-étre était-il de l'illustre famille romaine
des Cornélius. S. Jéróme dit qu'il bátit une église chrétienne à Césarée et la tradi-
tion le fait évêque de Scamandios. — Centurion. Voir Matt., vin, 5. — De la cohorte.
Voir Matt., xxvir, 21. — Appelée Ilalique, parce qu'elle se composait de soldats d'Italie,
et non de soldats tirés des provinces, afin que le procurateur romain püt compter
davantage sur eux.
3. La neuvième heure. Voy. 111, 4.
[cu. 3 .[
heure, un ange de Dieu venant à
lui, et lui disant : Corneille.
4. Et lui, le regardant, tout saisi
de crainte, dit : Qu'est-ce, Sei-
gneur? Et l'ange lui répondit: Tes
prières et tes aumónes sont mon-
tées en souvenir devant Dieu.
5. Et maintenant envoie des
hommes à Joppé, et fais venir
Simon, qui est surnommé Pierre;
6. Il loge chez un certain Si-
mon, corroyeur, dont là maison
est près de la mer; c'est lui qui
te dira ce qu'il faut faire.
1. Lorsque l'ange qui lui parlait
se fut retiré, il appela deux de
ses serviteurs, et un soldat crai-
gnant Dieu, deceux qui lui étaient
subordonnés.
8. Quand il leur eut tout ra-
conté, il les envoya à Joppé.
9. Or, le jour suivant, eux étant
en chemin et approchant de la
ville, Pierre monta sur le haut de
la maison, vers la sixième heure,
pour prier.
10. Et comme il eut faim, il
voulut prendre quelque nour-
riture. Pendant qu'on lui en ap-
prétait, il lui survint un ravisse-
ment d'esprit :
11. IL vit le ciel ouvert, et
comme une grande nappe sus-
pendue par les quatre coins, et
qu'on abaissait du ciel sur la
terre,
19. Et dans laquelle étaient
toutes sortes de quadrupedes,
de reptiles de la terre, et d'oi-
seaux du ciel.
ACTES DES APOTRES.
2635
13. Et une voix vint à lui :
Lève-toi, Pierre, tue et mange.
14. Mais Pierre dit : A Dieu ne
plaise, Seigneur, car je n'ai ja-
mais mangé rien d'impur et de
souillé.
15. Et la voix lui dit encore
une seconde fois : Ce que Dieu a
purifié, ne l'appelle pas impur.
16. Orcela fut fait par trois fois,
et aussitót la nappe fut retirée
dans le ciel. |
11. Pendant que Pierre hésitait
en lui-méme sur ce que signifiait
la vision qu'il avait eue, voilà
que les hommes qui avaient été
envoyés par Corneille, s'enqué-
rant de la maison de Simon, ar-
rivèrent à la porte.
18. Et ayant appelé, ils deman-
daient si ce n'était point là que
logeait Simon, surnommé Pierre.
19. Cependant, comme Pierre
songeait à la vision, l'Esprit lui
dit: Voilà trois hommes qui te
cherchent.
20. Lève-toi donc, descends, et
va avec eux sans hésitation au-
cune, parce que c'est moi qui les
ai envoyés.
21. Or Pierre étant descendu
vers les hommes dit: Je suis celui
que vous cherchez ; quelle est la
cause pour laquelle vous étes ve-
nus?
22. 115 répondirent : Corneille,
centurion, homme juste et crai-
gnant Dieu, et ayant pour lui le
témoignage de toute la nation
juive ἃ reçu d'un ange saint l'or-
9. Sur le haut, etc.; c'est-à-dire sur la plate-forme qui servait de toit. — Vers la
sixième heure; c'est-à-dire vers midi.
14. * Je n'ai jamais mangé rien d'impur. La loi de Moïse defendait aux Israélites
de manger la chair d'un certain nombre d'animaux appelés pour cette raison impurs.
11. * A la porte, Le mot qu'emploie le texte grec désigne la grande porte d'entrée
de la maison.
2090
dre de vous appeler dans sa mai-
son, et d'écouter vos paroles.
93. Les faisant donc entrer, il
les logea. Mais le jour suivant, il
partit avec eux ; et quelques-uns
des fréres de Joppé laccompa-
gnerent.
24. Et le jour d'apres il entra
dans Césarée. Or Corneille les at-
tendait, ses parents et ses amis
les plus intimes étant assemblés.
25. Et il arriva que lorsque
Pierre entrait, il vint au devant
de lui, et, tombant à ses pieds, il
l'adora.
96. Mais Pierre le releva, di-
sant: Levez-vous; et moi aussi je
ne suis qu'un homme.
97. Et s’entretenant avec lui, il
entra, et trouva un grand nombre
de personnes qui élaient assem-
blées ;
98. Et il leur dit : Vous savez,
vous, quelle abominalion c’est
pour un homme juif, que de fré-
quenter ou méme d'approcher
un étranger; mais Dieu m'a mon-
iré à ne traiter aucun homme
d'impur ou de souillé.
29. C'est pourquoi, ayant été
appelé, je suis venu sans hési-
tation. Je vous demande donc
pour quel sujet vous m'avez ap-
pelé?
30. Et Corneille lui dit : ll y a
ence moment quatre jours, j'étais
priant dans ma maison, à la neu-
vieme heure ; et voilà qu'un hom-
me vétu de blanc se présenta de-
vant moi, et dit :
81. Corneille, ta priere a été
ACTES DES APOTRES.
[cu. x.]
exaucée, et tes aumónes ont été
en souvenir devant Dieu.
32. Ainsi envoie à Joppé et fais
venir Simon, qui est surnommé
Pierre; il est logé dans la maison
de Simon, corroyeur, près de la
mer.
33. Aussitôt donc, j'ai envoyé
vers vous, et vous m'avez fait la
gräce de venir. Maintenant donc,
nous sommes tous devant vous
pour entendre tout ce que le Sei-
gneur vous a commandé.
34. Alors, ouvrant la bouche,
Pierre dit : En vérité, je vois que
Dieu ne fait point acception des
personnes;
39. Mais qu'en toute nation ce-
lui quile craintet pratique la jus-
tice, lui est agréable.
96. Dieu a envoyé 18 parole aux
enfants d'Israël, annonçant la
paix par Jésus-Christ (qui est le
Seigneur de tous);
31. Vous savez, vous, ce qui
est arrivé dans toute la Judée,
en commencant par la Galilée,
après le baptéme que Jean a
préché ;
38. Comment Dieu a oint de
l'Esprit-Saint et de sa vertu, 46-
sus de Nazareth, qui a passé en
faisant le bien et guérissant tous
ceux qui étaient opprimés par le
diable, parce que Dieu était avec
lui.
39. Et nous, nous sommes té-
moins de tout ce qu'il a fait dans
le pays des Juifs et à Jérusalem,
ce Jésus qu'ils ont tué, le suspen-
dant à un bois.
Cuae. X. 34. Deut., x, 17; II Par., xix, 7; Job., xxxiv, 19; Sag., vi, 8; Eccli., xxxv, 15;
Rom., rr, 11; Gal., 11, 6; Ephés., vi, 9; Coloss., זז 29; I Pierre, 1, 17. — 37. Luc, 1v, 14.
M M — M ——————— וו
30. * Un homme véla de blanc. Les grands personnages sc revétaient d'habits blancs.
Voir Luc, xxr, 11.
[cu. x1.)
40. Dieu la ressuscité le troi-
sième jour, et lui a donné de se
se manifester,
41. Non à tout le peuple, mais
aux témoins préordonnés de
Dieu, à nous, qui avons mangé
et bu avec lui, après qu'il fut res-
suscité des morts.
42. Et il nous a commandé
de prêcher au peuple et d'at-
tester que c'est celui que Dieu
a établi juge des vivants et des
morts.
43. C'est à lui que tous les pro-
phétes rendent ce témoignage
que tous ceux qui croient en lui
recoivent, par son nom, la rémis-
sion des péchés.
44. Pierre parlant encore, l'Es-
prit-Saint descendit sur tous ceux
qui écoutaient la parole.
45. Et les fidèles circoncis,
qui étaient venus avec Pierre,
s'étonnerent grandement de ce
que la grâce de l'Esprit-Saint
était aussi répandue sur les gen-
tils.
46. Car ils les entendaient par-
lant diverses langues et glorifiant
Dieu.
41. Alors Pierre dit : Peut-on
refuser l'eau du baptéme à ceux
qui ont recu l'Esprit-Saintcomme
nous ?
48. Et il ordonna qu'ils fussent
baptisés au nom du Seigneur Jé-
sus-Christ. Alors ils le prierent
de demeurer avec eux quelques
jours.
43. Jérémie, xxxi, 34; Mich., vir, 18.
ACTES DES APOTRES.
2637
CHAPITRE XI.
Pierre repris rend raison de sa conduite.
Disciples dispersés préchant aux Juifs,
puis aux gentils. Barnabé et Paul pré-
chent à Antioche. Disciples appelés
Chrétiens. Prophétie d'Agabus. Au-
mônes pour les chrétiens de Judée.
1. Or les apôtres et les frères,
qui étaient en Judée, apprirent
que les gentils aussi avaient recu
la parole de Dieu.
2. Et, lorsque Pierre fut revenu
à Jérusalem, ceux de la circonci-
sion disputaient contre lui,
3. Disant : Pourquoi es-tu entré
chez des hommes incirconcis, et
as-tu mangé avec eux?
4. Et Pierre commença à leur
exposer les choses par ordre, di-
sant :
9. J'étais dans la ville de Joppé,
priant, et dans un ravissement
d'esprit, je vis comme une grande
nappe suspendue par les quatre
coins, qu'on abaissait du ciel, et
qui vint jusqu'à moi.
6. En la considérant attentive-
ment, je vis les quadrupedes de
la terre, et les bétes sauvages, et
les reptiles, et les oiseaux du
ciel.
1. Et j'entendis une voix qui me
disait : Tue et mange.
8. Et je répondis : Nullement,
Seigneur; car jamais rien d'im-
pur ou de souillé n'entra dans ma
bouche.
9. Et la voix du ciel me dit une
==
41. Préordonnés; ce mot, qui est de Bossuet, rend plus fidélement le texte sacré
que celui de prédesliné, qui est généralement employé.
48. Qu'ils fussent baptisés au nom, etc. Voy. i1, 38.
5. * Joppé. Voir Actes, 1x, 36.
2638
seconde fois : Ce que Dieu a pu-
rifié, ne l'appelle pas impur.
10. Cela fut fait par trois fois, et
tout rentra dans le ciel.
11. Et voilà qu'aussitót trois
hommes, envoyés vers moi de
Césarée, s’arrêtèrent devant la
maison où j'étais.
12. Et l'Esprit me dit d'aller
avec eux sans hésiter. Les six
frères que voici vinrent avec moi,
et nous entrámes dans la maison
de cet homme.
13. Oril nous raconta comment
il avait vu dans sa maison un
ange qui s'était présenté et lui
avait dit : Envoie à Joppé et fais
venir Simon, qui est surnommé
Pierre;
14. Π te dira des paroles par
lesquelles tu seras sauvé, toi et
toute ta maison.
15. Lorsque j'eus commencé de
parler, l'Esprit descendit sur eux
comme sur nous au commence-
ment.
16. Alors je me souvins de la
parole du Seigneur, lorsqu'il di-
sait : Jean a baptisé dans l'eau;
mais vous, vous serez baptisés
dans l'Esprit-Saint.
11. Si donc Dieu leur a donné
la méme gráce qu'à nous, qui
avons cru au Seigneur Jésus-
Christ; qui élais-je, moi, pour
in'opposer à Dieu?
ACTES DES APOTRES.
[cu. xi.]
18. Ces choses entendues, ils se
turent, et glorifierent Dieu, di-
sant: Dieu a donc accordé la péni-
tence aux gentils aussi, pour qu'ils
aient la vie.
19. Cependant ceux qui avaient
été dispersés par la persécution
qui s'était élevée au temps d'E-
lienne, avaient passé jusqu'en
Phénicie, en Chypre, et à Antio-
che, n'annoncantla parole qu'aux
Juifs seulement.
20. Mais il y avait parmi eux
quelques hommes de Chypre et
de Cyrene, qui, étant entrés dans
Antioche, parlaient aux Grecs,
leur annoncant le Seigneur Jé-
5115.
91. Et la main du Seigneur
était avec eux; et un grand nom-
bre crurent et se convertirent au
Seigneur.
22. Or, lorsque le bruit en fut
venu jusqu'aux oreilles de l'E-
glise de Jérusalem, ils envoyèrent
Barnabé à Antioche,
23. Lequel, lorsqu'il fut arrivé
et qu'il eut vu la grâce de Dieu,
se réjouit; et il les exhortait tous
à persévérer, d'un cœur ferme,
dans le Seigneur;
24. Car c'était un homme bon,
plein de l'Esprit-Saint et de foi.
Ainsi une grande multitude s'at-
tacha au Seigneur.
25. Barnabé partit ensuite pour
CuaP. XI. 16. Matt., ur, 11; Marc, 1, 8; Luc, ur, 16; Jean, 1, 26; Supra, 1, 5; Infra,
xiX, 4.
19. * En Phénicie. Au premier siécle de notre ére, la Phénicie formait une province
de la Syrie, longeant la Méditerranée entre le fleuve Eleuthére et le mont Carmel. —
En Chypre, ile de la Méditerranée entre la Cilicie et la Syrie. Parmi les villes de cette
ile, les Actes mentionnent Salamine et Paphos, xir, 5, 6. — Dans Antioche, capitale
de la Syrie, sur l'Oronte, bâtie par Séleucus Nicanor et nommée par lui Antioche en
l'honneur de son père Antiochus. Les Juifs hellénistes y étaient nombreux.
20. * De Cyrene. Voir Actes, rr, 10. — Aux Grecs, les Juifs hellénistes parlant grec.
25. * Pour Tarse. Voir Actes, 13, 30,
(eu. xit.
Tarse, afin de chercher Paul; et,
l'ayant trouvé, il l'amena à An-
tioche.
96. Et pendant une année en-
tiere ils demeurèrent dans cette
Eglise, et y enseignèrent une
foule nombreuse ; en sorte que ce
fut à Anlioche que les disciples
reçurent pour la première fois le
nom de Chrétiens.
291. Or, en ces jours-là, des
prophètes vinrent de Jérusalem à
Antioche;
98. Et l'un d'eux, du nom d'A-
gabus,se levant, annongait, par
l'Esprit-Saint, qu'il y aurait une
grande famine dans tout l'uni-
vers; laquelle, en effet, arriva
sous Claude.
29. Et les disciples résolurent
d'envoyer, chacun suivant ce
quil possédait, des aumónes
ACTES DES APOTRES.
2639
aux freres qui habitaient dans la
Judée;
30. Ce qu'ils firent, en effet, les
envoyant aux anciens par les
mains de Barnabé et de Saul.
CHAPITRE XII.
Martyre de saint Jacques le Majeur. Em- -
prisonnement et délivrance de saint
Pierre. Hérode Agrippa meurt frappé
de Dieu.
1. En ce temps-là, le roi Hé-
rode porta les mains sur quel-
ques-uns de l'Eglise pour les tour-
menter.
2. Il fit mourir par le glaive
Jacques, frere de Jean.
3. Et voyant que cela plaisait
aux Juifs, il fit aussi prendre
Pierre. Or c'étaient les jours des
azymes.
4. Lorsqu il l'eut pris, il le mit
28. * Agabus, d'ailleurs inconnu, fit une autre prédiction plus tard pour annoncer
l'emprisonnement de S. Paul, Actes, xxr, 10. — La famine qu'il annonça ici eut lieu
vers l'an 44 et sévit cruellement en Judée, comme l'a raconté l'historien Josèphe,
sous le règne de Claude, quatrième empereur romain, qui gouverna l'empire depuis
l'assassinat de Caligula en 41 jusqu'en 5% où il fut empoisonné par sa femme
Agrippine.
30. Par les mains; c'est-à-dire sous la conduite. Voy. v, 12. — * Aux anciens, aux
chefs de l'église, qui étaient les évêques et les prêtres. Le texte grec porte presbyleroi,
mot qui signifie tout à la fois anciens ou vieillards, évéques et prétres. Le nom des
prétres vient méme de là, par l'intermédiaire du latin presbyteri.
1. Cet Hérode était surnommé Agrippa. — Porta les mains, ou mit les mains sur;
hébraisme qui veut dire : se mettre à, entreprendre, commencer. — * Le roi Hérode
Agrippa Ier, fils d'Aristobule et de Bérénice, petit-fils d'Hérode le Grand et neveu
d'Hérode Antipas, était né vers l'an 10 avant notre ére. Elevé à Rome, il y avait été
. mis en prison par Tibére, mais il fut mis en liberté à l'avénement de Caligula et
obtint les tétrarchies de Philippe et de Lysanias avec le titre de roi. En l'an 41,
Claude y ajouta la Judée et la Samarie, de sorte qu'Agrippa Ier fut ainsi aussi puis-
sant qu'Hérode le Grand. 1l affectait un grand zéle pour le judaisme. Sa mort affreuse
: racontée, Actes, xu, 21-23. Elle eut lieu l'an 44; il avait 54 ans et avait régné |
ans.
2. * Jacques le Majeur, fils de Zébédée, le premier des Apótres qui subit le martyre.
— Il fit mourir par le glaive Jacques le Majeur. Sur le lieu traditionnel où fut dé-
capité le saint apótre s'éléve une église qui lui est dédiée et qui appartient aux Ar-
méniens non unis, dans la partie sud-ouest de Jérusalem, sur le mont Sion. S. Jacques
fut le premier Apótre qui versa son sang pour Jésus-Christ, en l'an 44, onze aus
aprés l'Ascension, aux environs de la Pàque juive, d'aprés le témoignage de Clément
d'Alexandrie, conservé par Eusèbe,
3. *Jours des azymes. Voir Matt., xxvi, 17.
2640
en prison, le confiant à la garde
de quatre bandes de quatre sol-
dats chacune, voulant, après la
pàque, le produire devant le
peuple.
9. Ainsi Pierre était gardé dans
la prison. Mais l'Eglise faisait à
Dieu, sans interruption, des priè-
res pour lui.
6. Or la nuit méme d'avant le
jour oü Hérode devait le produi-
re, Pierre dormait entre deux
soldats, lié de deux chaines, et
des gardes devant la porte gar-
daient la prison.
7. Et voilà qu'un ange du Sei-
gneur se présenta, et unelumiere
brilla dans la prison; alors l'ange,
frappant Pierre au cóté, le réveil-
la, disant : Lève-toi prompte-
ment. Et les chaines tomberent
de ses mains.
8. Alors l'ange lui dit : Ceins-
toi et mets ta chaussure à tes
pieds. Et il fit ainsi. Et l'ange dit:
Prends ton vétement autour de
toi, et suis-mol.
9. Et sortant, il le suivait, et il
ne savait pas que ce qui se faisait
par l'ange füt véritable; car il
croyait avoir une vision.
10. Or ayant passé la premiere
et la seconde garde, ils vinrent à
la pute de fer qui mène à la ville;
elle s'ouvrit d'elle-même à eux.
Et, sortant, ils s’avancèrent dans
une rue; et aussitót lange le
quitta.
11. Alors Pierre, revenu à lui,
ACTES DES APOTRES.
[cu. xu.)
dit : Maintenant je reconnais vé-
ritablementque Dieuaenvoyé son
ange, et qu'il m'a soustrait à la
main d'Hérode et à toute l'attente
du peuple juif.
12. Et, réfléchissant, il vint à la
maison de Marie, mere de Jean,
qui est surnommé Mare, où beau-
coup de personnes étaient assem-
blées et priaient.
. 13. Or, comme il frappait à la
porte, une jeune fille, nommée
Rhode, vint pour écouter.
14. Dès qu'elle reconnut la
voix de Pierre, transportée de
joie, elle n'ouvrit pas la porte,
mais, rentrant en courant, elle
annonça que Pierre était à la
porte.
15. Ils lui dirent : Tu es folle.
Mais elle assurait qu'il en était
ainsi. Sur quoi ils disaient : C'est
sonange.
16. Cependant Pierre continuait
de frapper. Et lorsqu'ils eurent
ouvert, ils le virent et furent
dans la stupeur.
17. Mais lui, leur faisant de la
main signe de se taire, raconta
comment le Seigneur l'avait tiré
de la prison, et il dit : Annoncez
ces choses à Jacques et à nos
freres. Et étant sorti, il s'en alla
dans un autre lieu.
18. Quand il fit jour, il n'y eut
pas peu de trouble parmi les
soldats, au sujet de ce que Pierre
était devenu.
19. Hérode l'ayant faitchercher,
12. * Jean Marc, parent de Barnabé, regardé communément comme le méme que
S. Marc l'Evangéliste, accompagna S. Paul et S. Barnabé dans quelques-unes de leurs
missions (voir Actes, xir, ὃ, 13; xv, 31, 39). Il devint plus tard secrétaire de S. Pierre.
48. * Rhode. Ce nom signifie rose.
47. * A Jacques le Mineur, fils d'Alphee, cousin de Notre Seigneur et premier évéque
de Jérusalem.
19. * A Césarée. Voir Actes, ix, 30.
[cu. [.זווצ
et ne l'ayant point trouvé, fil
donner la question aux gardes.
et commanda de les mener au
^ supplice; puis il descendit de
iérusalem à Césarée, où il sé-
journa.
20. Il était irrité contre les Ty-
riens et les Sidoniens. Mais ils
vinrent d'un commun accord vers
lui, et Blaste, chambellan du roi,
ayant été gagné, ils demandaient
la paix, parce que leur pays ti-
rait sa subsistance des terres du
roi.
21. Ainsi, au jour fixé, Hérode,
revêtu du vêtement royal, s'assit
sur son trône, et il les haran-
guait.
22. Et le peuple applaudissait,
criant : C'est le discours d'un
dieu et non d'un homme.
93. Et soudain un ange du
Seigneur le frappa, parce quil
n'avait point rendu gloire à
Dieu; et, mangé des vers, il ex-
pira.
24. Gependant!a parole de Dieu
croissait et se multipliait.
95. Et Barnabé et Saul, leur
mission remplie, revinrent de Jé-
rusalem, ayant pris avec eux
Jean, qui est surnommé Marc.
(ΒΑΡ. XII. 25. Supra, xr, 30.
ACTES DES APOTRES.
2641
CHAPITRE XIII.
Pau! et Barnabé sont envoyés aux gentils.
Ils passent dans l'ile de Chypre. Le ma-
gicien Barjésu frappé d'aveuglement.
Conversion du proconsul Sergius Pau-
lus. Saint Paul vient à Antioche de Pi-
sidie, où il préche dans la synagogue.
Les Juifs lui résistent. Il se tourne vers
les gentils.
1. Il y avait dans l'église d'An-
lioche des prophétes et des doc-
teurs, parmi lesquels Barnabé et
Simon, qui s'appelait le Noir, Lu-
cius de Cyrene, et Manahen, frère
de lait d'Hérode le tétrarque, et
Saul.
2. Or pendant qu'ils offraient
au Seigneur les saints mystères,
et qu'ils jeünaient, l'Esprit-Saint
leur dit : Séparez-moi Saul et
Barnabé pour l’œuvre à laquelle
je les ai appelés.
3. Alors, ayantjeüné et prié, ils
leur imposerent les mains et les
firent partir.
4. Et eux, étant ainsi envoyés
par lEsprit-Saint, allèrent à Sé-
leucie, et de là ils firent voile
pour Chypre.
ὃ. Quand ils furent venus à Sa-
lamine, ils annoncaient la parole
de Dieu dans les synagogues des
1. * Simon le Noir. En grec Suméón, personnage inconnu. — Lucius de Cyrene est
peut-être le méme qui est nommé, Rom., xvi, 21. — ManaAhen est inconnu. — Hérode
Le Létrarque. Voir Matt., xiv, 1. — Saul, S. Paul.
3. " C'est ainsi que commenca la première mission de S. Paul, l'an 45 de notre
ère.
4. * Séleucie, ville de Syrie sur la Méditerranée, au sud et à 120 stades d'Antioche
vis-à-vis de l'ile de Chypre, à 40 stades au nord de l'embouchure de l'Oronte. —
£hypre. Voir Actes, xr, 19.
9. * A Salumine. C'était une des villes principales de l'ile de Chypre, sur la côte
orientale, avec un bon port. Les Juifs y étaient nombreux. On voit aujourd'hui ses
ruines prés de la moderne Famagouste. — Dans les synagogues. Quand un Juif
étranger assistait aux offices de la synagogue, le chef de la synagogue l'invitait à
parler et S. Paul ne manqua jamais, dans toute sa carrière apostolique, de saisir cette
occasion d'annoncer l'Evangile. Comparez Luc, חן 10 et Act., xii, 18.
Ν ἢ" 2% 100
2042
Juifs. Or Jean les aidait dans le
ministère.
6. Après qu'ils eurent parcouru
toute 1116 jusqu'à Paphos, ils
trouverent un certain homme,
magicien, faux prophète et Juif.
dont le nom était Barjésu,
7. Et qui était avec le proconsul
Sergius Paulus, homme prudent.
Celui-ci, ayant fait venir Barnabé
et Saul, désirait entendre la pa-
role de Dieu.
8. Or Elymas, le magicien (car
cest ainsi qu'on interpréte son
nom), leur résistait, cherchant à
détourner le proconsul de la foi.
9. Mais, rempli de l'Esprit-Saint,
Saul, qui est le méme que Paul,
le regardant,
ACTES DES APOTRES.
[cu. xur.]
10. Dit : O homme plein de
toute malice et de toute fraude,
fils du diable, ennemi de toute
justice, tu ne cesses de subvertir
les voies droites du Seigneur.
11. Mais maintenant, voilà la
main du Seigneur sur toi, et tu
seras aveugle, ne voyant point le
soleil jusqu'à un certain temps.
Et soudain tomba sur lui une
profonde obscurité et des ténè-
bres; et allant çà et là, il cherchait
qui lui donnât la main.
12. Alors 16 proconsul voyant ce
fait, crut, admirant la doctrine du
Seigneur.
19. Paul et ceux qui étaient
avec lui, s'étant embarqués à Pa-
phos, vinrent à Perge de Pam-
6. * Jusqu'à Paphos. Cette ville, port de mer, était à l'opposé de Salamine, sur la
cóte occidentale de l'ile de Chypre. Elle servait alors de résidence au proconsul ro-
main. L'ancienne Paphos, célébre chez les anciens par le culte de Vénus, était à
soixante stades au nord. — Barjésu. Ce nom signifie fils de Jésus.
1. * Sergius Paulus. « Les Actes donnent à Sergius Paulus le titre de proconsul. On
sait, en effet, que la Chypre, à raison de son importance et de son étendue, formait
à elle seule une province dans lempire, et l'on voit par plusieurs médailles qu'elle
avait pour gouverneur un proconsul annuel, comme toutes les provinces dont le
gouvernement dépendait du Sénat. L'éloge que ₪. Luc fait des lumières et de la
sagesse de Sergius Paulus, et l'impression que l'Evangile produisit sur son esprit,
donnent lieu de croire qu'il devint un des appuis du christianisme naissant. Le Mar-
tyrologe romain le nomme au 22 mars, avec le titre d'évéque de Narbonne; et l'église
de cette ville l'a toujours regardé comme son Apótre. D'aprés la tradition, S. Paul
l'aurait établi sur ce siège, dans le voyage qu'il fit pour se rendre en Espagne. Nar-
bonne est bien, en effet, sur la voie qui conduisait de l'Italie dans la Bétique. L'I£-
néraire d'Antonin, qui décrit cette voie, nomme Nice, Arles, Narbonne, les monts
Pyrénéens, Barcelone. — Plusieurs pensent que c'est en souvenir de la conversion
de Sergius Paulus, comme signe de l'estime et de l'affection dont il honorait son
généreux disciple, que l'Apótre aurait pris le nom de Paul, àla place de celui de
Saul qu'il avait porté jusque-là. Mais, si cette conjecture a quelque vraisemblance,
elle n'est pas nécessaire pour l'explication du fait. L'usage des doubles noms, ou des
surnoms grecs et latins, était alors commun chez les Juifs. Un certain nombre qui
avaient un nom significatif, le traduisaient dans l'une de ces langues, comme Céphas
qui s'appela Petrus, Silas qu'on nomma Tertius ou Silvanus, etc. D'autres, renoncant
tout à fait à leur nom, en prenaient un suivant leur goüt, comme Jean qui prit le
nom de Marc, Jannès qui se nomma Alexandre, Onias qui s'appela Ménélaüs, Jésus
qui prit celui de Juste. D'autres enfin se bornaient à changer quelque lettre ou à
modifier la désinence de leur nom pour lui donner une apparence grecque ou latine.
Ainsi on disait Jason au lieu de Jésus, Alcime pour Eliacim, Hégésippe au lieu de
Joseph, Dosithée au lieu de Dosithai, Trypho pour Tarphon, Alphée pour Clopé,
Diocletianus pour Dioclés. C'est ce qu'aura fait probablement S. Paul. Au moment
d'entrer dans l'empire et de se mettre en rapport avec les Romains, il aura latinisé
son nom, en l'altérant le moins possible. » (L. BAcuzz.)
13. * A Perge, capitale de la Pamphylie, sur là rivière Cestros, à soixante stades
[cH. xui]
phylie. Mais Jean, se séparant
d'eux, s'en retourna à Jérusa-
lem.
14. Mais eux, passant au delà
de Perge, vinrent à Antioche de
Pisidie, et, étant entrés dans la
synagogue le jour du sabbat, ils
s'assirent.
15. Après la lecture de la loi et
des prophètes, les chefs de la sy-
nagogue envoyerent vers eux,
disant : Hommes, nos frères, si
vous avez quelque exhortation à
faire au peuple, parlez.
16. Alors Paul se levant, et
dela main commandantle silence,
dit : Hommes d'Israël, et vous
qui craignez Dieu, écoutez :
11. Le Dieu du peuple d'Israél
a choisi nos pères, et a exalté ce
peuple lorsqu'il habitait dans la
terre d'Egypte, et, le bras levé, il
l'en a retiré.
18. Et pendant une durée de
quarante ans, il supporta sa con-
duite dans le désert.
19. Puis, ayant détruit sept na-
tions dans le pays de Chanaan, il
ACTES DES APOTRES.
2643
lui en partagea la terre par le sort,
20. Après environ quatre cent
cinquante ans; et ensuite, il leur
donna des juges jusqu'au pro-
phète Samuel.
21. Alors ils demandèrent un
roi, et Dieu leur donna Saül, fils
de Cis, dela tribu de Benjamin,
pendant quarante ans;
22. Puis l'ayant óté, il leur sus-
cita pour roi David, à qui il ren-
dit témoignage, disant : J'ai trou-
vé David,fils de Jessé, homme
selon mon cœur, qui fera toutes
mes volontés.
93. C'est de sa postérité que
Dieu, selon sa promesse, a suscité
à Israélle Sauveur Jésus,
24. Jean, avant sa venue, ayant
préché le baptéme de pénitence
à tout le peuple d'Israël.
25. Et lorsque Jean achevait sa
course, il disait : Je ne suis 8
celui que vous pensez; mais voi-
là que vient aprés moi celui dont
je ne suis pas digne de délier la
chaussure.
26. Hommes, mes freres, fils de
Cmar. XIII. 17. Exode, 1, 1; xir, 21, 22. — 18. Exode, xvr, 3. — 19. Jos., xiv, 2. —
20. Judic., 111, 9. — 21. I Bois, vin, 5; 1x, 16; x, 1. — 22. 1 Rois, xir, 14; טא 13;
Ps. nxxxvri, 2]. — 23. Isaie, xr, 1. — 24. Matt., ur, 1; Marc, τ, 4; Luc, 111, 3. — 25. Matt.,
YT Add Mare ΤΡ 05 Jean 1» σεν
de la Méditerranée. Dans le voisinage, sur une éminence, était un temple célébre de
Diane. — La Pamphylie, province de l'Asie-Mineure, est déjà mentionnée, Actes, 11, 10.
Voir ce passage. — Jean Marc. Voir Actes, xir, 12.
14. Du sabbat; littér., des sabbats. Le pluriel de ce mot se met quelquefois pour
le singulier. — * Antioche de Pisidie était une ville de Phrygie, mais on l'appelait
de Pisidie, à cause de la proximité de cette province et afin de la distinguer d'An-
‘tioche de Syrie. Comme cette dernière, elle avait été bâtie par Séleucus Nicator qui
va vait ainsi nommée en l'honneur de son père Antiochus. C'était une ville importante.
Auguste en avait fait une colonie romaine.
15. * Les chefs de la synagogue. Le premier archisynagogus (voir Marc, v, 22) était
assisté d'un conseil composé d'un nombre plus ou moins considérable de membres,
selon l'importance des synagogues. On les appelait quelquefois archisynagogi ou
chefs de la synagogue. 115 avaient dans l'assemblée des sièges particuliers, prés du
coffre destiné à recevoir les Saintes Ecritures.
25. * La chaussure, les sandales. Voir Marc, vi, 9.
26. La parole de ce salut; c'est-à-dire du salut dont Jésus-Christ est l'aateur. Com-
2644
la race d'Abraham, c'est à vous,
età ceux qui parmi vouscraignent
Dieu, que la parole de ce salut a
été envoyée.
97. Car ceux qui habitaient Jé-
rusalem, et leurs chefs, le mécon-
naissant et ne comprenant pas
les paroles qui sontlues à chaque
sabbat, ils les ont accomplies en
le condamnant;
28. Et, netrouvant enluiaucune
cause de mort, ils demanderent
à Pilate de le faire mourir.
29. Et aprés qu'ils eurent con-
sommé tout ce qui était écrit de
lui, le descendant du bois, ils le
mirent dans un sépulcre.
30. Mais Dieu l'a ressuscité des
morts le troisième jour, et pen-
dant un grand nombre de jours
il a été vu de ceux
31. Qui étaient montés avec lui
de Galilée à Jérusalem, et qui
sont maintenant ses témoins de-
vant le peuple.
32. Et nous, nous vous annon-
cons que la promesse qui ἃ été
faite à nos peres,
33. Dieu l'a tenue à nos fils,
ressuscitant Jésus, comme il est
écrit dans le deuxieme psaume :
Vous étes mon fils, je vous ai en-
gendré aujourd'hui.
34. Et qu'ill'ait ressuscité d'en-
tre les morts, pour ne plus re-
tourner à la corruption, c'est ce
qu'il a dit par ces paroles : Je
vous tiendrai les promesses sa-
ACTES DES APOTRES.
[cu. xi.)
crées faites à David, promesses
inviolables.
35. Et ailleurs encore il dit:
Vous ne permettrez point que
votre Saint voie la corruption.
36. Car David, apres avoir ser-
vi en son temps aux desseins de
Dieu, s'endormit; 11 fut déposé
près de ses pères, et vitla corrup-
tion.
91. Mais celui que Dieu a res-
suscité d'entre les morts, n'a
point vu la corruption.
38. Qu'il soit donc connu de
vous, mes freres, que c'est par lui
que la rémission des péchés vous
est annoncée; οἱ toutesles choses
dont vous n'avez pu étre justifiés
parla loi de Moise,
39. Quiconque croit en lui, en
est justifié par lui.
40. Prenez done garde que ne
vienne sur vous ce qui est dit
dans les prophètes :
44. Voyez, contempteurs, admi-
rez et anéantissez-vous; car je
fais une œuvre en vos jours, une
ceuvre que vous ne croirez pas, si
on vous la raconte.
49. Lorsqu'ils sortaient de la
synagogue, on les priait de par-
ler, le sabbat suivant, sur le
méme sujet.
43. Et quand l'assemblée se fut
séparée, beaucoup de Juifs et
de prosélytes servant Dieu, sui-
virent Paul et Barnabé qui, leur
parlant, les exhortaient à per-
28. Matt., xxvii, 20, 23; Marc, xv, 13; Luc, ,זא 21, 23; Jean, xix, 15. — 30. Matt.,
זונטאצ ; Marc., xv1; Luc, xxiv; Jean, xx. — 33. Ps. τι, 4. — 34. Isaie, Lv, 3. — 80, Ps. xv,
10. — 36. III Rois, rr, 10. — 41. Habac., 1, 5.
par. le vers. 23. Au chap. v, 20, on a pu remarquer une construction de phrase tout
à fait semblable.
98. * Pilate. Voir note sur Matt., xxvii, 20.
35. Voie la corruption. Compar. n, 21.
43. * De prosélyles, gentils convertis au judaïsme.
]68. xiv.)
sévérer dans la grâce de Dieu.
44. Or, le sabbat suivant, pres-
que toute la ville s'assembla pour
entendre la parole de Dieu.
45. Mais, voyant cette foule, les
Juifs furent remplis de colère, et,
blasphémant, ils contredisaient
les paroles de Paul.
46. Alors Paul et Barnabé dirent
hardiment : C'était à vous qu'il
fallait d'abord annoncer 18 parole
de Dieu; mais puisque vous la
rejelez, et que vous vous jugez
indignes de la vie éternelle, voi-
là que nous nous tournons vers
les gentils;
41. Car le Seigneur nous la
commandé en ces termes : Je t'ai
établi la lumiere des gentils,
afin que tu sois leur salut jus-
qu'aux extrémités de la terre.
48. Ce qu'entendant, les gentils
se réjouirent, et ils glorifiaient la
parole de Dieu; et tous ceux qui
étaient préordonnés à la vie éter-
nelle embrasserent la foi.
49. Ainsi la parole du Seigneur
se répandait par toute la con-
trée.
50. Mais les Juifs ayant animé
les femmes dévotes et de qualité,
et les principaux de la ville, exci-
tèrent une persécution contre
Paul et Barnabé, et les chassèrent
du pays.
51. Alors ceux-ci, ayant secoué
ACTES DES APOTRES.
2043
contre eux 18 poussiere de leurs
pieds, vinrent à Icone.
52. Cependant les disciples
étaient remplis de joie et de l'Es-
prit-Saint.
CHAPITRE XIV.
Succès de la prédication de Paul et de
Barnabé à lcone. Ils sont chassés et se
réfugient à Lystre. Paul y guérit un
boiteux. On veut leur sacrifier; on les
lapide. Ils vont à Derbe. Ils s'en re-
tournent à Antioche de Syrie, en visi-
tant les fidèles.
1. Or il arriva 8 Icone, qu'ils
entrerent ensemble dans la sy-
nagogue, et parlèrent de telle
sorte, qu'une grande multitude
de Juifs et de Grecs embrassa la
foi.
2. Mais ceux des Juifs qui de-
meurèrent incrédules, exciterent
et irriterent l'esprit des gentils
contre les freres.
3. Ils demeurèrent donc là
longtemps, agissant avec assu-
rance dans le Seigneur, qui ren-
dait témoignage à la parole de sa
grace, opérant des miracles et des
prodiges par leurs mains.
4. Ainsi toute la ville se divisa;
les uns étaient pour les Juifs, et
les autres pour les apótres.
5. Et comme les gentils et les
Juifs, avec leurs chefs, allaientse
jeter sur eux pour les outrager
et les lapider,
47. Isaie, xuix, 6. — 51. Matt., x, 14; Marc, νι, 11; Luc, 1x, 5.
48. Préordonnés. Voy. sur ce mot, x, 41.
91. * Icone, aujourd'hui Konyéh, ville importante de l'Asie-Mineure, chef-lieu de la
province de Lycaonie, dans une plaine fertile, au pied du mont Taurus, sur la grande
ligne de communication entre Ephèse et les villes de Tarse et d'Antioche de Pisidie.
Elle était avantageusement placée pour servir de centre aux missions de S. Paul
dans ces parages; aussi l’y reverrons-nous encore.
2. Contre les fréres; c'est-à-dire contre les nouveaux convertis, tant du paganisme
que du judaisme.
3. Par leurs mains. Voy. v, 12,
204G
6. Les apôtres l'ayant su, s'en-
fuirent à Lystre et à Derbe, villes
de Lycaonie, et dans tout le pays
d'alentour, et ils y évangélisaient.
7. Or il y avait assis à Lystre,
un certain homme perclus de ses
pieds. Il était boiteux dès le sein
de sa mère, et n'avait jamais
marché.
8. Il entendit Paul parler; et
Paul, le regardant et voyant qu'il
avait la foi qu'il serait guéri,
9. Dit d'une voix forte : Lève-
toi droit sur tes pieds. Et il s'é-
lanca, et il marchait.
10. Or la foule, ayant vu ce
qu'avait fait Paul, éleva la voix,
disant en lycaonien : Des dieux
devenus semblables à des hom-
mes sont descendus vers nous.
11. Et ils appelaient Barnabé
Jupiter; et Paul, Mercure, parce
que cétait lui qui portait la
parole.
19. Bien plus, le prétre de
Jupiter, qui était pres de la ville,
étant venu devant la porte avec
des taureaux et des couronnes,
voulait, avec le peuple, leur sa-
crifier.
18. Ce qu'ayant entendu, les
apótres Barnabé et Paul déchi-
ACTES DES APOTRES.
[cu xiv.]
rèrent leurs tuniques, et s'élan-
cerent dans la foule, criant,
14. Et disant : Hommes, pour-
quoi faites-vous cela? Nous aussi,
nous sommes des morte!s, des
hommes semblables à vous, qui
vous exhortons à quitter ces cho-
ses vaines pour le Dieu vivant,
qui a fait 16 ciel, la terre, la mer,
et tout ce qu'ils contiennent;
15. Qui, dans les générations
passées, ἃ laissé toutes [65
nations marcher dans leurs
voies.
16. Mais néanmoins il ne s’est
pas laissé lui-même sans témoi-
gnage, répandant du ciel ses
biens, en dispensant les pluies et
les saisons fécondes, en nous
donnant la nourriture en abon-
dance, et en remplissant nos
cœurs de joie.
47. Méme en disant ces choses,
ils empêchèrent à peine la foule
de leur sacrifier.
18. Cependant survinrent quel-
ques Juifs d'Antioche et d'Icone,
et, le peuple gagné, ilslapidèrent
Paul, et le traînèrent hors de la
ville, croyant qu'il était mort.
19. Mais les disciples l'entou-
rant, il se leva, et rentra dans la
Cuap. XIV. 14. Genèse, 1, 1; Ps. cxLv, 6; Apoc., xiv, 7.
6. * Lystre,au sud d'Icone, au nord du mont Taurus. Le disciple de S. Paul, Timothée,
était probablement originaire de Lystre. — Derbe, au sud-est d'Icone, à l'est de
Lystre, située probablement prés du passage appelé les portes de Cilicie. Ces deux
villes, comme Icone, faisaient partie de la province de Lycaonie, en Asie-Mineure,
bornée à l'est par la Cappadoce, au nord par la Galatie, à l'ouest par la Phrygie, et
séparée au sud de la Cilicie par la chaine du Taurus.
10. * En lycaonien, dialecte qu'on a supposé être le cappadocien, mais dont le vrai
caractere est inconnu.
11. * Jupiter, le maître des dieux de l'Olympe, était souvent accompagné d'après
les fables grecques, de Mercure, le dieu de l'éloquence, qui parlait pour le roi des
dieux. S. Paul étant l'orateur est pris pour Mercure.
12. * Le prétre qui était prés de la ville, qui desservait le temple de Jupiter situé
dans le voisinage de la ville. — Avec des laureaux et des couronnes. Les paiens avaient
coutume d'orner de couronnes les victimes qu'ils offraient à leurs dieux.
48. " D'Antioche de Pisidie. Voir Actes, xiu, 14.
(cu. xv.)
ville, et le jour suivant, il partit
pour Derbe avec Barnabé.
20. Et lorsqu'ils eurent évangé-
lisé cette ville, et instruit un
grand nombre de personnes, ils
revinrent à Lystre, à Icone et à
Antioche,
21. Affermissant les âmes des
disciples, les exhortant à persé-
vérer dans la foi, et disant que
cest par beaucoup de tribula-
tions qu'il nous faut entrer dans
le royaume de Dieu.
99. Et après avoir ordonné des
prétres en chaque église, et avoir
prié et jeüné, ils les recomman-
derent au Seigneur, en qui ils
avaient cru.
93. Traversant ensuite la Pisi-
die,ils vinrent dans la Pamphylie;
24. Puis ayant annoncé la pa-
role du Seigneur à Perge, ils des-
cendirent à Attalie,
25. Et de là, firent voile pour
Antioche, d'où on les avait com-
mis à la grâce de Dieu pour
l'œuvre qu'ils avaient accom-
plie.
26. Or, lorsqu'ils furent arri-
vés, et quils eurent assemblé
l'Eglise, ils racontèrent combien
Dieu avait fait de grandes choses
25. Supra, xii, 4. — Cuap. XV. 1. Gal., v
ACTES DES APOTRES.
2647
avec eux, et qu'il avait ouvert
aux gentils la porte de la foi.
27. Et ils demeurerent là un
certain temps avec les disciples.
CHAPITRE XV.
Dispute à Antioche sur les observations
légales. Saint Paul et saint Barnabé
vont à Jérusalem consulter les apótres.
Concile de Jérusalem. Lettre du concile.
Jude et Silas envoyés à Antioche avec
Paul et Barnabé. Paul et Barnabé se
séparent.
1. Et quelques-uns, qui étaient
descendus de Judée, enseignaient
aux frères : Si vous n'étes circon-
cis suivant le rit de Moïse, vous
ne pouvez être sauvés.
2. Paul et Barnabé s'étant donc
fortement élevés contre eux, il
fut résolu que Paul et Barnabé,
et quelques-uns d'entreles autres,
iraient à Jérusalem vers les
apôtres et les prêtres pour cette
question.
3. Ceux-ci donc, accompagnés
par l'Eglise, traversèrent la Phé-
nicie et la Samarie, racontant la
conversion des gentils; et ils cau-
saient ainsi à tous les frères une
grande joie.
4. Arrivés àJérusalem, ils furent
reçus par l'Eglise, parles apôtres
12:
93. * La Pisidie, province de l'Asie Mineure, bornée à l'est par la Lycaonie et la
Cilicie, au sud par la Pamphylie, à l'ouest et au nord par la Phrygie. Les Apótres se
dirigeant vers le sud, arrivent en Pamphylie, sur laquelle on peut voir Actes, 11, 10.
94. * À Perge, capitale de la Pamphylie. Voir Actes, xii, 13. — 4170/70, aujourd'hui
\ptali, ville et port de mer du sud-ouest de la Pamphylie, 8 l'embouchure du Catar-
rachtès. Elle portait le nom d'Attalie, parce qu'elle avait été fondé par Attale II
Philadelphe, roi de Pergame (159-138 avant Jésus-Christ). .
25. D'où on les avait commis, etc., pour: D’où on les avait envoyés, en les commettant.
C'est un genre de construction elliptique trés commun en hébreu. — * Pour Antioche
de Syrie. Ici se termine par le retour au point de départ le premier grand voyage
apostolique de S. Paul. Il avait duré cinq ans, de l'an 45 à l'an 50.
1. * Les faits racontés dans ce chapitre se passérent en l'an 51.
3. Accompagnés par l'Éolise; c'est-à-dire que l'Eglise les fit accompagner par quel-
ques fidèles. — * La Phénicie. Voir Actes, xr, 19,
4. * Les anciens, titre de dignité, les prétres.
2048
etles anciens, auxquels ils racon-
terent combien Dieu avait fait de
grandes choses avec eux.
5. Mais que quelques-uns de la
secte des pharisiens, qui avaient
embrassé la foi, s'étaient levés,
disant qu'il fallait qu'ils fussent
circoncis, et qu'on leur ordonnát
de garder la loi de Moise.
6. Les apótres et les prétres
s'assemblerent done pour exami-
ner cette question.
7. Mais aprés une grande dis-
cussion, Pierre, se levant,leur dit:
Hommes, mes freres, vous savez
quen des jours déjà anciens,
Dieu m'a choisi parmi vous afin
que les gentils entendissent par
ma bouche la parole de l'Evan-
gile, et qu'ils crussent.
8. Et Dieu, qui connnait les
cœurs, leur a rendu témoignage,
leur donnant lEsprit-Saint,
comme à nous ;
9. Et il n'a fait entre nous et
eux aucune différence, purifiant
leurs cœurs par la foi.
10. Maintenant donc, pourquoi
tentez-vous Dieu, imposant aux
disciples un joug que ni nos pères
ni nous n'avons pu porter?
11. Mais c'est par la gráce de
Jésus-Christ que nous croyons
étre sauvés, comme eux aussi.
12. Alors toute l'assemblée se
1. Supra, x, 20. — 8. Supra, x, 45. — 10.
ACTES DES APOTRES.
[cu. xv.]
tut; et ils écoutaient Barnabé et
Paul racontant combien de mi-
racles et 00 prodiges Dieu avait
faits par eux parmi les gentils.
43. Et après qu'ils se furent
tus, Jacques répondit, disant :
Hommes, mes frères, écoutez-
moi:
14. Simon a raconté comment
Dieu, dés le principe, a visité les
gentils, afin de choisir parmi
eux un peuple pour son nom.
15. Etles paroles des prophètes
s'accordent avec lui, ainsi qu'il
est écrit:
16. Après cela je reviendrai, et
je rebâtirai le tabernacle de Da-
vid, qui est tombé; je réparerai
ses ruines et je 16 relèverai;
17. Afin que le reste des hom-
mes cherchent le Seigneur, et
aussi toutes les nations sur les-
quelles mon nom a été invoqué,
dit le Seigneur, qui fait ces cho-
ses.
18. De toute éternité, Dieu con-
nait son œuvre.
19. C'est pourquoi moi, je juge
qu'on ne doit pas inquiéter ceux
d'entre les gentils qui se conver-
tissent à Dieu,
20. Mais leur écrire qu'ils s'ab-
stiennent des souillures des ido-
les, de la fornication, des ani-
maux étouffés, et du sang.
Amos., 1x, 11.
5. Qu'ils fussent circoncis; c'est-à-dire que les gentils fussent circoncis quand ils
se convertissaient.
13. * Jacques le Mineur, premier évêque de Jérusalem, cousin de Notre Seigneur.
14. Un peuple pour son nom; c'est-à-dire pour lui; un peuple qui lui appartiendrait
d'une maniére toute particuliére. Nous avons déjà fait remarquer que dans l'Ecriture
le nom se prend souvent pour la personne méme. Cela a lieu surtout quand il s'agit
de Dieu.
AT. Sur lesquelles mon nom a élé invoqué; ou bien qui sont appelées de mon nom,
qui porlent mon nom. La phrase, en hébreu, est susceptible de ces deux sens.
20. Les souillures des idoles signifient iciles viandes immolées aux idoles, divinités
impures et abominables.
[cn, xv.]
91. Quant à Moise, depuis les
lemps anciens, il a, en chaque
ville, des hommes qui le préchent
dans les synagogues, où on le lit
tous les jours de sabbat.
22. Alors il plut aux apótres et
aux anciens, avec toute l'Eglise,
de choisir quelques-uns d'entre
eux, et de les envoyer, avec Paul
et Barnabé, à Antioche : Jude, qui
est surnommé Barsabas, et Silas,
qui étaient des principaux entre
les freres,
93. Ecrivant par eux : Les
APOTRES et les prêtres, frères, aux
freres d'entre les gentils, qui
sont à Antioche, et en Syrie et en
Cilicie, salut.
94. Comme nous avons appris
que quelques-uns sortant d'au
milieu de nous vous ont troublés
par leurs discours, en boulever-
sant vos ámes, quoique nous ne
leur eussions donné aucun ordre,
235. 1 a plu à nous tous de
choisir des personnes et de les
envoyer vers vous avec nos très
chers Barnabé et Paul,
ACTES DES APOTRES.
2649
26. Hommes qui ont exposé
leur vie pour le nom de notre
Seigneur Jésus-Christ.
97. Nous avons donc envoyé
Jude et Silas, qui vous rapporte
rontles mémes choses de vive
VOIX.
98. Car il a semblé bon à l'Es-
prit-Saint et à nous, de ne vous
imposer aucun autre fardeau que
ces choses-ci, qui sont néces-
saires :
29. Que vous vous absteniez de
ce qui a été sacrifié aux idoles, du
sang, des animaux étouffés, et de
la fornication; en vous en abste-
nant, vous agirez bien. Adieu.
30. Ces envoyés donc se ren
dirent à Antioche, et, les fideles
rassemblés, ils remirent [9
lettre.
91. Quand ils l'eurent lue, ils
éprouvèrent beaucoup de joie et
de consolation.
32. Et comme Jude et Silas
étaient eux-mêmes prophètes, ils
consolerent les frères et les forti-
fièrent parde nombreux discours.
22. * Aux anciens, aux prêtres. — Jude... Barsabas n'est nommé que dans ce cha-
pitre. — Silas, qui apparait ici pour la première fois, devint un des compagnons de
S. Paul, qu'il suivit dans sa mission en Macédoine (Actes, xv, 40; xvir, 4). 11 demeura
à Bérée quand S. Paul quitta cette ville, mais il rejoignit ensuite l'Apótre à Corinthe
oü il continua probablement quelque temps à précher l'Evangile. Silas n'est qu'une
contraction de Silvanus et c'est sous ce dernier nom que 5. Paul le mentionne dans
ses Epitres. Le Silvanus par lequel S. Pierre envoya sa premiére Epitre aux Eglises
de l'Asie-Mineure est probablement le même.
23. Par eux; littér.: Par leurs muins. Voy. v, 12. — * En Syrie. Voir Matt., 1v, 24.
— En Cilicie. Voir Actes, v, 9.
29. Il était d'autant plus nécessaire de défendre expressément aux gentils la forni-
cation, qu'elle passait généralement chez eux pour une chose permise. Quant au sang
et à la chair des animaux étouffés, cette défense avait été faite aux hommes aussitót
aprés le déluge. Saint Jacques est d'avis qu'on la maintienne, soit pour inspirer de
plus en plus aux gentils convertis l'horreur du meurtre et du sang; soit afin que les
Juifs eussent moins d'aversion pour les gentils qui embrassaient le christianisme,
en les voyant d'accord avec eux sur un point qu'ils regardaient comme un des plus
importants. Toutefois cette défense n'était que temporaire.
32. Tous ceux qui avaient le don d'interpréterles Ecritures et de parler des choses
de Dieu étaient appelés prophètes, aussi bien que ceux qui étaient inspirés pour
prédire l'avenir,
2000
33. Et, aprés avoir passé là
quelque temps, ils furent ren-
voyés en paix par les frères
à ceux qui les avaient envoyés.
34. Cependant il parut bon à
Silas de rester là, et Jude seul re-
tourna à Jérusalem.
39. Or Paul et Barnabé demeu-
rèrent aussi à Antioche, ensei-
gnant et annonçant avec plu-
sieurs autres la parole de Dieu.
36. Mais quelques jours après
Paul dit à Barnabé : Retournons
visiler nos frères dans toutes les
villes où nous avons préché la
parole du Seigneur, pour voir
comment ils sont.
31. Or Barnabé voulait prendre
avec lui Jean, qui est surnommé
Marc.
98. Mais Paul lui représentait
que celui qui les avait quittés en
Pamphylie et n'était point allé
avec eux pour cette ceuvre, ne
devait pas étre repris.
39. De làil y eut division entre
eux, de sorte qu'ils se séparèrent
lun de l’autre. Barnabé ayant
donc pris Marc, s'embarqua pour
Chypre.
40. Et Paul ayant choisi Silas,
partit, commis à la gráce de Dieu
par les freres.
41. Or il parcourait la Syrie et
ACTES DES APOTRES.
]68. xvi.]
la Cilicie, contirmant les Eglises,
et leur ordonnant de garder les
préceptes des apótres et des
prétres.
CHAPITRE XVI.
Paul prend avec lui Timothée. Il est dé-
tourné de précher en Asie et en Bithy-
nie; mais il est appelé en Macédoine.
Il arrive à Philippes; conversion de
Lydie. Pythonisse délivrée. Paul et Si-
las, fouettés et mis en prison, conver-
tissent le geólier; leur délivrance.
1. Paul arriva à Derbe, puis à
Lystre. Et voilà qu'il s'y trouvait
un disciple du nom de Timothée,
fils d'une femme juive fidele et
d'un pere gentil.
2. Les fréres, qui étaient à
Lystre et à Icone, rendaient de
lui un bon témoignage.
3. Paul voulut l'emmener avec
lui; il le prit donc et le circoncit
àcause des Juifs qui étaient en
ces lieux. Car tous savaient que
son père était gentil.
4. Or, en allant par les villes,
ils leur recommandaient d'obser-
verles décisions qui avaient été
prises par les apótres et les an-
ciens qui étaient à Jérusalem.
5. Ainsi les Eglises s'affermis-
saient dans la foi et croissaient
en nombre tous les jours.
6. Mais, comme ils traversaient
31. * Jean... Marc. Voir Actes, xir, 12.
38. * En Pamphylie. Voir Actes, xur, 13.
39. * Pour Chypre. Voir Actes, xt, 19.
40. * C'est le commencement du second voyage apostolique de S. Paul, en l'an 51,
41. * La Syrie. Voir Matt., 1v, 24. — La Cilicie. Voir Actes, v, 9.
1. * Derbe, Lystre. Voir Actes, xiv, 6. — Timothée. Voir l'Introduetion aux Epitres
pastorales.
2. * Icone. Voir Actes, xir, 51.
3. Saint Paul ἃ pu circoncire Timothée, parce que les apótres n'avaient pas défini
que la circoncision était illicite; ils s'étaient bornés, comme on le voit dans le cha-
pitre précédent, à déclarer qu'elle n'était plus nécessaire.
4. * Les anciens, les prétres.
6. * La Phrygie. Voir Act., 1 10. — La Galatie. Voir Actes, xvi, 23. — Dans (Asia
xvi.] .אס]
la Phrygie et le pays de Galatie,
il leur fut défendu par lEsprit-
Saint d'annoncer la parole de
Dieu dans l'Asie.
7. Etant venus en Mysie, ils
tentèrent d'aller en Bithynie;
mais l'Esprit de Jésus, ne le leur
permit pas.
8. Lorsqu'ils eurent traversé la
Mysie, ils descendirent à Troas;
9. Et Paul eut, la nuit, une vi-
sion : Un certain homme de Ma-
cédoine se tenait devant lui, le
priant et disant : Passe en Macé-
doine, et secours-nous.
ACTES DES APOTRES.
2651
10. Aussitôt qu'il eut eu celte
vision, nous cherchàmes à partir
pour la Macédoine, assurés que
Dieu nous appelait à y précher
l'Evangile.
11. Nous étant donc embarqués
à Troas, nous vinmes droit à
Samothrace, et le jour suivant à
Néapolis,
12. Et de là à Philippes, colonie
qui est la première ville de cette:
partie de la Macédoine. Or nous
demeurâmes quelques jours à
conférer dans cette ville.
13. Le jour du sabbat, nous
ו
ו
proconsulaire qui comprenait la plus grande partie de l'Asie Mineure orientale, c'est-
à-dire, outre la Phrygie, la Mysie, la Lydie et la Carie.
1. * En Mysie, province de l'Asie Mineure, faisant partie de l'Asie proconsulaire,
entourée à l'est et en partie au nord par la mer Egée, entre la Propontide ou mer de
Marmara et la Lydie, avait pour villes principales Pergame, Troas et Assos. — En
Bithynie, autre province de l'Asie Mineure bornée au nord par le Pont Euxin, à
l'ouest par la Propontide et la Mysie, au sud par la Phrygie et la Galatie et à l'est
par la Paphlagonie.
8. * Troas, ville et port de mer prés de l'Hellespont, entre les promontoires de
Lectum et de Sigée, au sud de l'ancienne Troie, regardée par quelques-uns comme
appartenant à la Mysie inférieure. Fondée par le roi Antigone, elle avait porté d'abord
le nom d'Antigonia Troas; plus tard Lysimaque l'appela Alexandria Troas en l'hon-
neur d'Alexandre le Grand. Elle était trés florissante à l'époque romaine et Auguste
en fit une colonie avec tous les priviléges attachés à ce titre. L'étendue de ses ruines
atteste quelle fut son importance. Elle la devait à sa situation sur la route qui me-
nait en Macédoine de diverses parties de l'Asie Mineure. S. Paul arriva à Troas en
l'an 52.
9.* Macédoine, pays situé au nord de la Grèce proprement dite et borné à l'est par la
Thrace, au nord par la Moesie, à l'ouest par l'lllyrie et au sud par l'Epire et la Thes-
salie. Ses limites ont d'ailleurs varié à diverses époques. La Macédoine fut conquise par
les Romains au temps de Persée, 161 av. J.-C., et divisée peu aprés en quatre districts
qui avaient pour chefs-lieux Amphipolis, Thessalonique, Pella et Pelagonia. En 143
av. J.-C., elle devint une province proconsulaire, unique jusqu'au régne de Tibére
Sous Claude, toute la Gréce fut partagée en deux provinces sous le nom d'Achaie et
de Macédoine. Les villes macédoniennes mentionnées dans les Actes sont Néapolis,
Philippes, Apollonie, Bérée, Thessalonique, Amphipolis, Apollonie. La mission de
S. Paul en Macédoine eut lieu en l'an 52.
11. * Samothrace, ile dela mer Egée, au nord de Lemnos, au sud de la cóte de la
Thrace, appelée d'abord Dardanie et plus tard Samothrace, parce qu'elle fut occupée
successivement par les Thraces et par les Samiens. Elle était célèbre par les mystères
de Cérés et de Proserpine qu'on y célébrait. — Néapolis, ville et port de mer sur la
mer Egée, avait appartenu d'abord à la Thrace, mais fut incorporée à la Macédoine
par Vespasien.
12. * Philippes, ville de Macédoine, dans la première région de cette province,
d'aprés la division romaine, sur la mer Egée entre le Strymon et le Nestus, sur la
frontière de Thrace, à trente-trois milles romains au nord d'Amphipolis, à dix milles
de Néapolis où 5. Paul avait débarqué. Auguste en avait fait une colonie. Elle tirait
son nom de Philippe Ier, roi de Macédoine.
2652
sortimes hors de la porte près du
fleuve, oü il paraissait que se fai-
sait la prière; et, nous asseyant,
nous parlàmes aux femmes qui
s'étaient assemblées.
14. Et une femme, nommée
Lydie, marchande de pourpre de
la ville dé Thyatire, et servant
Dieu, nous écouta; et le Seigneur
ouvrit son cœur pour prêter at-
tention à ce que disait Paul.
15. Lorsqu'elle eut été bapti-
sée, elle et sa maison, elle nous
pria, disant : Si vous m'avez ju-
gée fidèle au Seigneur, entrez
dans ma maison, et demeurez-y.
Et elle nous y forca.
16. Or il arriva qu'allant à la
prière, nous rencontrámes une
jeune fille ayant un esprit de py-
thon, laquelle apportait un grand
gain à ses maitres, en devinant.
11. Cette jeune fille nous sui-
vant, Paul et nous, criait, disant :
Ces hommes sont des serviteurs
du Dieu Très-Haut, qui vous an-
noncent la voie du salut.
18. Elle fit cela pendant bien
des jours. Cependant Paul, le
souffrantavec peine, et se retour-
nant, dit à l'esprit : Je te com-
mande, au nom de Jésus-Christ,
de sortir d'elle. Etil sortitàl heure
méme.
ACTES DES APOTRES.
xvr.] .אס]
19. Mais ses maitres, voyant
que l'espoir de leur gain était
perdu, se saisirent de Paul et de
Silas, et les conduisirent sur la
place publique devant les autori-
tés ;
20. Et les présentant aux ma-
gistrats, ils dirent : Ces hommes
troublent notre ville, attendu que
ce sont des Juifs,
21. Qui enseignent des pra-
tiques qu'il ne nous est pas per-
mis de recevoir ni de suivre,
puisque nous sommes Romains.
22. Et le peuple courut sur eux;
etles magistrats, leurs vêtements
déchirés, ordonnèrent qu'ils fus-
sent déchirés de verges.
23. Et, quand on les eut char-
gés d'un grand nombre de coups,
ils les envoyèrent en prison, or-
donnant au geólier de les garder
soigneusement.
24. Le geólier, ayant recu cet
ordre, les mit dans la prison
basse, et serra leurs pieds dans
les ceps.
98. Or, au milieu de la nuit,
Paul et Silas priant, louaient
Dieu; et ceux qui étaient dans la
prison, les entendaient.
26. Tout-à-coup il se fit un
grand tremblement de terre, de
sorte que les fondements de la
XVI. 22. II Cor., xi, 25; Phil., 1, 13; 1 Thess., 1, 2. .פאס
14. * Lydie était probablement une personne riche et ne résidait que temporaire-
ment à Philippes. — TAyatire, sa patrie, célèbre par ses 60011608 de pourpre, était une
ville de Lydie, en Asie-Mineure, colonisée par les Macédoniens, entre Sardes et Per-
game, sur la rivière du Lycus.
16. Un esprit de python; un esprit de magie.
19. * Silas. Voir Actes, xv, 22.
Nous sommes Romains, parce que Philippes était une colonie romaine. * .ופ
22, Déchirés de verges. Voy. Matt., xxr, 35.
24. Ces ceps sont deux ais de bois qui se réunissent, et qui sont percés à diverses
distances, dans les trous desquels on mettait les pieds des prisonniers à plus ou
moins de distance; les prisonniers demeuraient ainsi couchés sur le dos, ayant les
pieds serrés et les jambes étendues, d'une manière fort génante.
[cu. xvir.]
prison furent ébranlés. Et aussi-
tót toutes les portes s'ouvrirent,
etles liens de tous les prisonniers
furent brisés.
97. Alors, réveillé et voyant les
portes de la prison ouvertes, le
geólier tira son épée, et il voulait
se tuer, pensant que les prison-
niers s'étaient enfuis. !
98. Mais Paul cria d'une voix
forte, disant : Ne te fais pas de
mal, car nous sommes tous ici.
29. Etle geólier, ayant demandé
de la lumiere, entra; et, tout
tremblant, il tomba aux pieds de
Paul et de Silas;
30. Et les faisant sortir, il de-
manda : Seigneurs, que faut-il
que je fasse pour étre sauvé?
31. Ils lui répondirent : Crois
au Seigneur Jésus, et tu seras
sauvé, toi et ta maison.
32. Et ils lui annoncèrent la pa-
role du Seigneur, à lui et à tous
ceux qui étaient dans sa maison.
33. Et lui, les prenant à cette
méme heure de la nuit, il lava
leurs plaies, et il fut baptisé, lui
et toute sa maison, aussitót
apres.
34. Puis, les ayant conduits
chez lui, il leur servit à manger;
et il se réjouit avec toute sa mai-
son de ce qu'il avait cru en Dieu.
35. Lorsqu'il fit jour, les ma-
gistrats envoyèrent les licteurs,
ACTES DES APOTRES.
2653
disant : Laisse aller ces hommes.
36. Aussitôt le geólier rapporta
ces paroles à Paul : Les magis-
irats ont mandé de vous relâcher ;
maintenant done, sortez et allez
en paix.
31. Mais Paul dit aux lieteurs :
Apres nous avoir publiquement
déchirés de verges, sans juge-
ment, nous, citoyens romains, ils
nous ont mis en prison, et main-
tenant ils nous renvoient en se-
cret? Il n'en sera pas ainsi, mais -
qu'ils viennent,
38. Et nous délivrent eux-
mêmes. Les licteurs rapporterent
donc ces paroles aux magistrats.
Or ceux-ci furent saisis de crainte,
ayant appris qu'ils étaient Ro-
mains.
39. Ils vinrent donc les sup-
plier; et les faisant sortir, ils les
prierent de se retirer de la ville.
40. Or, sortant de la prison, ils
allérent chez Lydie; et ayant vu
les freres, ils les consolerent et
partirent.
CHAPITRE XVII.
Paul à Thessalonique; les Juifs y sou-
lévent le peuple contre lui. Il passe à
Bérée; les Juifs de Thessalonique l'y
poursuivent. Il est conduit à Athènes.
Il préche dans l'Aréopage.
1. Aprés avoir passé par Am-
phipolis et Apollonie, ils vinrent
35. * Les licteurs, officiers publics qui portaient des faisceaux de verges devant les
magistrats romains et exécutaient leurs ordres.
31. * Sans jugement, nous, citoyens romains. La loi romaine protégait avec beau-
coup de soin les citoyens romains. « Beaucoup, dit Cicéron, peuvent étre absous
aprés qu'on a entendu leur cause; personne ne peut étre condamné sans avoir été
entendu. C'est un crime d'enchainer et de frapper un citoyen romain. »
1. * Amphipolis, ville de Macédoine sur le Strymon, qui l'entourait, colonie athé-
nienne, métropole sous les Romains de la première subdivision de la Macédoine. —
Apollonie, autre ville de Macédoine, dans le district de Mydonie, dédiée à Apollon,
d’où elle tirait son nom. Elle était située entre Amphipolis et Thessalonique, à trente
2604
à Thessalonique, à l'endroit où
était la synagogue des Juifs.
9. Or, selon sa coutume, Paul
y entra, et pendant trois sabbats,
il les entretint des Ecritures,
3. Leur découvrant et leur fai-
sant voir qu'il a fallu que le Christ
souffrit, et qu'il ressuscitát des
morts ; et ce Christ, disait-il, est
Jésus-Christ, que je vous an-
nonce.
4. Quelques-uns d'entre eux
crurent, et se joignirent à Paul
et à Silas, aussi bien qu'une
grande multitude de prosélytes,
de gentils, et beaucoup de fem-
mes de qualité.
5. Mais les Juifs, poussés par
lenvie, prirent avec eux quel-
ques hommes méchants de la lie
du peuple, et, les attroupant, ils
suscitèrent un mouvement dans
la ville; puis, assiégeant la mai-
son de Jason, ils cherchaient Paul
et Silas, pour les mener devant
le peuple.
6. Et ne les ayant point trou-
vés, ils trainerent Jason et quel-
ques-uns des freres devant les
magistrats de la ville, criant :
Voici ceux qui troublent la ville,
et qui sont venus ici,
1. Ceux que Jason a reçus; or
tous sont rebelles aux décrets de
ACTES DES APOTRES.
[cH, x vit.
César, disant qu'il y a un autre
roi, Jésus.
8. C'est ainsi qu'ils émurent le
peuple et les magistrats de la
ville, qui entendirent ce discours.
9. Mais Jason et les autres ayant
donné caution, ils les ren-
voyerent.
10. Et aussitôt les frères firent
partir de nuit pour Bérée, Paul
et Silas. Lorsqu'ils y furent arri-
vés, ils entrèrent dans la syna-
gogue des Juifs.
11. Or ceux-ci avaient des sen-
timents plus nobles que ceux de
Thessalonique; ils reçurent la pa-
role avec la plus grande avidité,
cherchant tous les jours dans les
Ecritures s'il en était ainsi.
19. De sorte que beaucoup
d'entre eux crurent, et parmi les
gentils, beaucoup de femmes de
qualité, et des hommes en assez
grand nombre.
13. Mais quand les Juifs de
Thessalonique surent que la pa-
role de Dieu était préchée par
Paul à Bérée méme, ils y vinrent
soulever et troubler la multitude.
14. Aussitót les freres firent
partir Paul, pour qu'il allât jus-
qu'àla mer; mais Silas et Timo-
thée demeurerent à Bérée.
15. Or ceux qui conduisaient
milles romains de la premiére et à trente-six milles de la seconde. — TAessalonique,
métropole de la seconde partie de la Macédoine, port de mer sur le golfe Ther-
maique, ville trés peuplée et trés florissante au temps de S. Paul. Elle tirait son nom
de Thessalonica, sceur d'Alexandre-le-Grand et femme de Cassandre, qui l'avait bátie.
4. * Silas. Voir Actes, xv, 22.
5. * Jason était probablement le parent de S. Paul mentionné Romains, xvi, 21.
10. * Bérée, ville de la troisiéme subdivision dela Macédoine, non loin de Pella,
au pied du mont Bermius. Sosipatre, qui fut un des compagnons de S. Paul, était de
Bérée, s'il est le méme que Sopater d'Actes, xx, 4, comme cela est probable.
15. * Athènes, la célèbre ville de l'Attique, faisait partie du temps de S. Paul de la
province romaine d'Achaie; mais c'était une ville libre, jouissant à ce titre de beau-
coup de privilèges et en particulier de celui de diriger elle-même ses affaires intérieures.
1] y avait à Athènes quatre collines dont trois, au nord, formaient une espèce de
demi-cercle : l'Acropole, à l'est. rocher d'environ 45 mètres de hauteur; à l'ouest,
[cu. xvir.]
Paul, le menèrent jusqu'à Athe»
nes; et ayant reçu de lui, pour
51188 et Timothée, l'ordre de venir
le rejoindre au plus vite, ils par-
tirent.
16. Pendant que Paul les at-
tendait à Athènes, son esprit était
ému en lui, voyant cette ville.
livrée à l'idolátrie.
17. ll disputait donc dans la
synagogue avec les Juifs et les
prosélytes, et tous les jours sur
la place publique avec ceux qui
s'y rencontraient.
18. Quelques philosophes épi-
curiens et stoiciens discouraient
aussi avec lui, et plusieurs di-
saient : Que veut dire ce semeur
de paroles? Et d'autres : Il parait
annoncer des dieux nouveaux;
parce qu'il leur annonçait Jésus
et la résurrection.
49. Et, l'ayant pris, ils le con-
duisirent devant l'Aréopage, di-
sant: Pouvons-nous savoir quelle
ACTES DES APOTRES.
2655
est cette nouvelle doctrine que
tu publies ?
20. Car tu portes à nos oreilles
de certaines choses nouvelles;
nous voudrions donc savoir ce
que ce peut être. P
91. (Ortous les Athéniens et les
étrangers demeurant à Athènes
ne s'occupaient qu'à dire ou à
entendre quelque chose de nou-
veau.)
92. Ainsi, étant au milieu de
l'Aréopage, Paul dit : Athéniens,
je vous vois, en toutes choses,
religieux presque jusqu'à l'exces.
23. Car, passant, et voyant vos
simulacres, j'ai trouvé méme un
autel où il était écrit: Au Dreu
INCONNU. ע0 ce que vous adorez
sans le connaitre, moi, je vous
l'annonce.
24. Le Dieu qui a fait le monde,
et tout ce qui est dansle monde,
ce Dieu, étant le Seigneur du ciel
et de la terre, n'habite point en
(βαρ. XVII. 24. Genèse, 1, 1; Supra, vir, 48.
l'Aréopage ou colline de Mars (Arés), moins élevé que l'Acropole, et ensuite le Pnyx
où se tenaient les assemblées du peuple. La quatrième colline, appelée le Muséum,
était au sud. L'agora ou place publique (Y. 11) qui servait de lieu de réunion et de
marché était dans la vallée entre les quatre éminences. S. Paul fut pris de l'agora
pour étre conduit sur la colline de l'Aréopage (Y. 19) oà le grand tribunal auquel la
colline donnait son nom tenait ses séances. S. Paul est conduit sur la colline de
l'Aréopage (non devant le tribunal pour y étre jugé) afin d'exposer sa doctrine devant
la multitude. Ces faits se passaient en l'an 53.
11. Prosélytes. Voy. 1, 11.
18. Des dieux ; littér.: des démons. Mais, sous le nom de démons, les Grecs enten-
daient des dieux à leur manière. — * Quelques philosophes épicuriens et stoiciens.
Les Epicuriens (disciples d'Epicure, né à Samos (341-210 av. J.-C.), mais d'origine athé-
nienne et ayant passé la plus grande partie de sa vie à Athènes), faisaient consister
le bien moral dans le plaisir et croyaient que les dieux ne s'occupaient pas des
hommes. Leur doctrine était done en opposition complète avec l'évangile. Les Síoi-
ciens, ainsi appelés du portique (s{oa en grec) où leur fondateur Zénon (ive siècle
avant J.-C.) enseignait à Athènes, faisaient consister la sagesse dans la résignation
et 16 mépris de la douleur. Leur enseignement favorisait l'orgueil et était ainsi en
contradiction avec le christianisme.
23. * Pausanias, dans sa description d'Athénes, dit que l'autel au Dieu inconnu
était prés de Phalére où peut-être S. Paul avait débarqué.
24. La divinité n'est point renfermée dans les temples, comme en ayant besoin
pour sa demeure, ou pour d'autres usages, ainsi que les paiens le croyaient, Mais,
comme elle est présente en tout lieu, elle se trouve là, comme ailleurs.
2656
des temples faits de la main des
hommes,
95. Et n'est point honoré par les
ouvrages des mains des hommes,
commes'ilavaitbesoin de quelque
chose, puisqu'il donne lui-même
à tous la vie, la respiration et
toutes choses ;
26. Il ἃ fait que d’un seul toute
la race des hommes habite sur
. toute la face de la terre, déter-
minant les temps de leur durée
et les limites de leur demeure ;
27. Afin qu'ils cherchent Dieu,
et s'efforcent deletrouvercomme
à tâtons, quoiqu'il ne soit pas
loin de chacun de nous.
98. Car c'es en lui que nous
vivons, et que nous nous mou-
vonsetquenous sommes ;comme
quelques-uns assurément de vos
poétes l'ont dit: nous sommes
méme de sa race.
29. Puisque donc nous sommes
la race de Dieu, nous ne devons
pas estimer que l'étre divin soit
semblable à de l'or, ou à de l'ar-
gent, ou àde la pierre sculptéepar
l'art et l'industrie de l'homme.
30. Mais, fermant les yeux sur
les temps d'une telle ignorance,
Dieu annonce maintenant aux
ACTES DES APOTRES.
[ἐπ. xvur.]
hommes que tous, en tous lieux,
fassent pénitence ;
31. Parce qu'il a fixé un jour
auquelil doit jugerle monde avec
équité par l'homme qu'il a établi,
comme il en a donné la preuve à
tous, en le ressuscitant d'entre
les morts.
32. Mais lorsqu'ils entendirent
parler de résurrection de morts,
les uns se moquaient, etles autres
dirent : Nous t'entendrons là-
dessus une autre fois.
33. C'est ainsi que Paul sortit
d'au milieu d'eux.
34. Quelques-uns cependant,
s'attachant à lui, crurent : entre
lesquels, Denys l'aréopagite, et
une femme du nom de Damaris,
et d'autres avec eux.
CHAPITRE XVIII.
Paul vient à Corinthe; il travaille des
mains avec Aquila et Priscille.Il quitte les
Juifs et instruit 168 gentils. Il est accusé
devant le proconsul. Il vient à Ephése,
va à Jérusalem, revient à Antioche, par-
court la Galatie et la Phrygie. Apollon
vient à Ephèse et passe en Achaïe.
1. Après cela, Paul étant parti
d'Athènes, vint à Corinthe ;
9. Et ayant trouvé un certain
Juif, du nom d'Aquila, originaire
28. * Quelques-uns de vos poétes, Aratus, poéte cilicien, compatriote de S. Paul, et
Cléanthe, disciple de Zénon. Ces deux 06168 vivaient au troisième siècle avant J.-C.
34. * Denys l’aréopagile, c'est-à-dire juge au tribunal de l'Aréopage, selon la tra-
dition de l'Eglise, devint le premier évéque de Paris et fut martyrisé à Montmartre.
— Damaris. La mention qui est faite ici d'elle prouve qu'elle était de haut rang. On
ἃ supposé sans preuve que c'était la femme de Denys l'Aréopagite.
1. * A Corinthe, ville capitale de l'Achaie propre, dans l'isthme du Péloponèse, entre
la mer Ionienne et la mer Egée. Voir l'introduction aux Epîtres aux Corinthiens. Le
voyage de S. Paul à Corinthe eut lieu l'an 53 de notre ère. Il y séjourna pendant une
partie de l'an 54 jusque vers la fête de Pâques.
2.* Aquila, d'origine juive, né en Asie Mineure, dans le Pont (voir Actes, 11, 9),
avait vécu à Rome avec sa femme Priscille jusqu'en l'an 50 ou 51 où l'empereur
Claude (voir Actes, xr, 28) bannit tous les Juifs de sa capitale, à cause des troubles
quils y avaient excités et qui paraissent avoir eu pour cause la division que la pré-
dication du christianisme amena entre les Juifs qui refusèrent de se convertir et
ceux qui se convertirent. Priscille parait avoir été une femme remarquable et avoir
=
[cu. xvur.]
du Pont, qui était depuis peu
venu d'Italie avec Priscille, sa
femme (parce que Claude avait
ordonné à tous les Juifs de sortir
de Rome), il se joignit à eux.
3. Et comme il était du méme
métier, il demeurait chez eux et y
travaillait: or leur métier était
de faire des tentes.
4. Mais il disputait dans les
synagogues tous les jours de
sabbat, interposant le nom du
Seigneur Jésus, et il s'efforcait de
persuader les Juifs etles Grecs.
5. Et lorsque Silas et Timothée
furent venus de Macédoine, Paul
s'appliquait à précher avec plus
d'ardeur encore, annoncant hau-
tement aux Juifs le Christ Jésus.
6. Mais les Juifs le contredisant
et blasphémant, il secoua ses
vetements et leur dit : Que votre
sang soit sur votre téte, j'en suis
(βαρ. XVIII. — 8. I Cor., 1, 14.
ACTES DES APOTRES.
2657
pur; et désormais j'irai vers les
gentils.
7. En sortant delà, ilentra dans
la maison dun homme nommé
Tite Juste, qui servait Dieu, et
dont la maison était attenante à
la synagogue.
8. Cependant Crispe, chef de la
synagogue, erut au Seigneur avec
toute sa famille. Beaucoup de
Corinthiens, ayant entendu Paui,
crurent aussi et furent baptisés.
9. Or le Seigneur dit à Paul la
nuit, dans une vision : Ne crains
point, mais parle, et ne te tais pas;
10. Car je suis avec toi, et per-
sonne n'ira à ton encontre, pour
te nuire, parce que j'ai un peuple
nombreux dans cette ville.
11. 11 demeura donc à Corinthe
unan etsix mols, enseignant chez
eux la parole de Dieu.
12. Mais Gallion étant procon-
joué avec Aquila un róle assez important dans les temps apostoliques. Elle s'était
retirée avec son mari à Corinthe et c'est là qu'ils rencontrérent S. Paul. On ignore
s'ils étaient déjà chrétiens ou si ce fut l'Apótre qui leur fit embrasser la religion
nouvelle. 115 accompagnérent plus tard S. Paul à Ephése et quand le décret de ban-
nissement de Claude fut tombé en désuétude, ils retournérent à Rome. La tradition
nous apprend qu'ils moururent l'un et l'autre martyrs. — Priscille est 16 diminutif de
Prisca ou Prisque et cette femme est nommée indifféremment sous l'une ou l'autre
forme, conformément à un usage commun chez les Latins.
3. " Leur mélier était de faire des tentes. En Orient, pour des voyages un peu con-
sidérables, il fallait emporter avec soi des tentes afin de s'y abriter. S. Paul et Aquila
fabriquaient de ces petites tentes. Ce métier était trés commun en Cilicie, patrie de
S. Paul; on y faisait des tentes en grand nombre avec du poil de chévre et ce tissu
avait pris le nom de cilicium, du pays d’où il venait. S. Paul avait dû apprendre ce
métier pendant qu'il faisait ses études, selon la coutume juive d'enseigner à chacun
les moyens de gagner sa vie en cas de besoin.
5. * Silas. Voir Actes, xv, 22. — Timothée. Voir Actes, xvi, 1. — De Macédoine.
Voir Actes, xvi, 9.
1. * Tite Juste. Le nom de Tite ne selit pas dans la plupart des manuscrits grecs.
Ce Corinthien n'est point le Tite à qui S. Paula écrit une de ses Epitres pastorales.
8. " Crispe, chef de la synagogue. Sur le chef de la synagogue, voir Marc, v, 22.
Crispe ou Crispus fut baptisé par S. Paul, I Cor., 1, 14.
12. * Gallion. « Le proconsul au tribunal duquel on traîne l'Apótre est Gallion (+ 65),
frére de Sénéque le philosophe et oncle du poéte Lucain. Non moins versé dans la
littérature que dans l'administration, ce magistrat, d'origine obscure, avait pris le
nom d'un Romain opulent, Junius Gallio, qui l'avait adopté; et la faveur de son frére
lui avait valu le proconsulat d'Achaie. Sénéque bi dédia son traité De La Colère, en
N. T. 467
2808
sul d'Achaie. les Juifs, d'un com-
mun accord, s'éleverent contre
Paul, et le conduisirent à son
tribunal,
13. Disant : Celui-ci persuade
aux hommes de rendre à Dieu un
culte contraire à la loi.
14. Et au moment où Paul
commençait à ouvrir la bouche,
Gallion dit aux Juifs : S'il s'agis-
sait, ὃ Juifs, de quelque injustice
ou de quelque crime, je vous
écouterais, comme c'est mon de-
voir.
15. Mais si ce ne sont que des
questions de mots, de noms et
de votre loi, voyez vous-mémes;
18. Num., vi, 18; Infra, xxt, 24.
ACTES DES APOTRES.
(cu. xvi.]
je ne veux pas, moi, étre juge de
ces choses.
16. Etilles renvoya de son tri-
bunal.
11. Et tous, s’emparant de Sos-
thene, chef de la synagogue, le
frappaient devant le tribunal, et
Gallion ne s'en mit nullement en
peine.
18. Aprés qu'il eut demeuré un
certain nombre de jours encore,
Paul dit adieu aux freres, et fit
voile pour la Syrie (et avec lui
Priscille et Aquila), s'étant fait au-
paravant couper les cheveux à
Cenchrée ; car 11 avait fait un vœu.
19. Et il vint à Ephèse, où il
lui rendant ce témoignage, confirmé par Stace et non contredit par S. Luc, qu'il était
le plus patient et le plus pacifique des hommes : Dulcis Gallio. 1[ eut besoin plus
tard de sa patience et de sa philosophie pour supporter la disgráce de son frère, et
la sienne qui suivit de prés. S. Paul était à Corinthe depuis dix-huit mois, lorsqu'il
comparut devant ce proconsul. » (L. BaAcugz.) — Proconsul d'Achaie. L'Achaie, dans
le sens restreint, désignait la partie maritime septentrionale du Péloponése. Dans
son sens plus étendu, celui qu'il a ici et dans tout le Nouveau Testament, l'Achaie
est la province romaine qui depuis l'an 146 avant J.-C. comprenait toute la Gréce, à
l'exception de la Thessalie, qui taisait partie de la province de Macédoine.
11. * Sosthène avait peut-être remplacé Crispe comme chef de la synagogue de
Corinthe après la conversion de ce dernier. S. Paul, dans sa première Epitre aux
Corinthiens, 1, 1, nomme un Sosthéne parmi ses collaborateurs. On ignore si c'est celui
dont il est question ici. Ce nom était assez commun chez les Grecs.
18. * Pour la Syrie. Voir Matt., iv, 24. — S'étant fait auparavant couper les cheveux...,
car il avait fait un vœu, pour remercier sans doute le Seigneur du succès de sa mission
apostolique. Josèphe dit que c'était de son temps une pieuse coutume parmi les Juifs
de recourir à la protection divine en s'engageant à offrir un sacrifice dans le temple de
|
D
Jérusalem et, trente jours auparavant, à se couperles cheveux et à s'abstenir de vin.
— A Cenchrée, un des ports de Corinthe, du côté de l'Asie, sur le golfe Salonique.
ï 19. * « Ephèse, ville libre de l'empire, bâtie sur les bords du Caistre, entre Milet
et Smyrne, célèbre par son commerce, son temple de Diane et son zèle pour le culte
. de sa grande déesse, était la métropole de l'Asie proconsulaire. Au-dessous du pro: |
consul, qui avait le gouvernement de la province, était un magistra*, nommé Scribe,
ou intendant de la cité. Des dignitaires nommés Asiarques, veillaieut aux fêtes reli-
gieuses et aux représentations scéniques. Les Ephésiens passionnés pour l'honneur
de la déesse ne l'étaient pas moins pour le plaisir et pour la magie, et il était dif
ficile de trouver ailleurs plus de fanatisme et de superstition. — Le premier séjour
de S. Paul en cette ville, au retour de sa seconde mission, fut de courte durée; mais
l'Apótre revint bientôt et y séjourna deux ans et quelques mois (55-58), c'est-à-dire
plus longtemps qu'en aucun autre endroit, excepté Rome. Malgré l'opposition des
Juifs, qui s'y étaient établis en grand nombre, ses travaux produisirent des fruits
abondants qui s'étendirent à toute la province d'Asie. Il écrivit de là sa première
Epitre aux Corinthiens. Obligé de s'éloigner de l'Eglise qu'il avait ‘ondée, il lui
donna pour évéque Timothée, son disciple; ce qui n'empécha pas S. θαι" de s'établir
ΕΞ:
— ον. «-
[cr, xix.] ACTES DES
laissa Priscilleet Aquila. Mais lui,
étant entré dans la synagogue,
il disputait avec les Juifs.
90. Et ceux-ci le priant de res-
ter plus longtemps avec eux, il
n'y eonsentit point.
91. Maisayant pris congé d'eux,
et leur ayant dit : Je reviendrai
vers vous, si Dieu le veut, il
partit d'Ephèse,
99. Et étant descendu à Césa-
rée, il monta et salua l'Eglise;
puis il descendit à Antioche.
23. Et aprés y avoir passé
quelque temps, il partit, parcou-
rant par ordre tout le pays de
Galatie et la Phrygie, et fortifiant
tous les disciples.
24. Or un Juif, du nom d'A-
pollo, Alexandrin d'origine, hom-
me éloquent et puissant dans les
Ecritures, vint à Ephèse.
95. Il avait été instruit de la
voie du Seigneur, et, fervent
d'esprit, il parlait et enseignait
avec soin ce qui regarde Jésus,
mais ne connaissant que le bap-
téme de Jean.
26. Il commença donc à parler
APOTRES. 2659
avec assurance dans la synago-
gue. Lorsque Priscille et Aquila
l'eurent entendu, ils le prirent
chez eux, et lui exposerent avec
plus de soin la voie du Seigneur.
27. Et comme 11 voulait aller en
Achaïe, les frères qui l'y avaient
exhorté, écrivirent aux disciples
de le recevoir. Lorsqu'il fut arri-
vé, il servit beaucoup à ceux qui
avaient embrassé la foi.
28. Car il convainquait forte-
ment les Juifs, montrant par
les écritures que Jésus est le
Christ.
CHAPITRE XIX.
Paul vient à Ephése, Disciples qui n'a-
valent recu que le baptême, de Jean.
Miracles de Paul. Exorcistes. Juifs bat-
tus par les démons. Progrès de la pa-
role divine. Sédition contre Paul, exci-
tée par Démétrius.
1. Or il arriva pendant qu'A-
pollo était à Corinthe, que Paul,
ayant parcouru les provinces su-
périeures, vint à Ephèse et y
trouva quelques disciples,
2. Et il leur demanda : Avez-
vous reçu lEsprit-Saint depuis
aussi à Ephése après la mort de la sainte Vierge, et d'exercer longtemps sur toute
la contrée le pouvoir exceptionnel que lui donnait sa qualité d'Apótre. — Le tableau
si vif et si frappant que l'auteur des Actes trace de la sédition à laquelle S. Paul
erut devoir céder aussi bien que de son séjour à Athènes, semble ne pouvoir venir
que d'un témoin oculaire. Néanmoins il est remarquable qu'il y parle toujours à la
troisième personne. Il ne recommence à se mêler au récit qu'après le passage de
l'Apótre en Grèce, à son retour par la Macédoine.» (L. BAcusz.)
22. * Césarée. Voir Actes, 1x, 30. — Il monta à Jérusalem. Ce voyage de S. Paul à
Jérusalem était le quatriéme qu'il faisait dans cette ville depuis sa conversion. —
IL descendit de Jérusalem à Antioche de Syrie et là se termina le second voyage
apostolique de S. Paul, qui avait duré trois ans, de 51 à 54.
23. Par ordre; c'est-à-dire en suivant l'ordre des lieux. — * 17 partit, C'est le com-
mencement de la troisième mission de S. Paul, entreprise avec Timothée et Eraste,
en 54. — Galalie, province du centre de l'Asie Mineure. Elle tirait son nom des
Gaulois qui, aprés avoir quitté leur patrie, s'étaient rendus en Trace et de là au
118 siécle avant notre ére en Asie Mineure. En 188 av. J.-C., ils furent soumis par
les Romains, mais eurent néanmoins des rois propres jusqu'en 26 av. J.-C., où leur
pays fut réduit en province romaine. — La Phrygie. Voir Actes, u, 10.
24, * Apollo. Voir I Corinth., 1, 12.
21. Il servit beaucoup, etc., par la lumière et la grâce dont il était rempli.
9660 ACTES DES
que vous croyez? Ils lui répon-
dirent : S'il y a un Esprit-Saint,
nous ne l'avons pas méme oui
dire.
3. Et lui leur repartit : De quel
baptéme avez-vous done été
baptisés? Ils répondirent : Du
baptéme de Jean.
4. Alors Paul répliqua : Jean a
baptisé le peuple du baptéme de
pénitence, leur disant de croire
en celui qui devait venir apres
lui, c'est-à-dire en Jésus-Christ.
9. Ces paroles entendues, ils
furent baptisés au nom du Sei-
gneur Jésus.
6. Et après que Paul leur eut
imposé les mains, l'Esprit-Saint
descenditsur eux, et ils parlaient
diverses langues, et prophéti-
saient.
1. Ils étaient en tout environ
douze.
8. Alors étant entrés dans la
synagogue, il y parla avec assu-
rance pendant trois mois, dispu-
tant et les persuadant du royau-
me de Dieu.
9. Et, comme quelques-uns
s'endurcissaient et ne croyaient
point, maudissant la voie du Sei-
gneur devant la multitude, il s'é-
loigna d'eux, et en sépara ses dis-
ciples; il disputait tous les jours
dans l'école d'un certain Tyran.
APOTRES.
10. Or c'est ce qui se fit pen-
dant deux ans; de sorte que tous
ceux qui demeuraient en Asie,
Juifs et gentils, entendirent la
parole du Seigneur.
41. Et Dieu faisait, par la main
de Paul, des miracles extraordi-
naires ;
19. Au point méme que l'on
mettait surles malades des mou-
choirs et des tabliers qui avaient
touché son corps, et ils étaient
guéris de leurs maladies, et les
esprits mauvais sortaient.
13. Orquelques Juifs exorcistes,
qui allaient de cóté et d'autre,
tentèrent d'invoquer le nom de
Jésus sur ceux qui avaient en
eux des esprits mauvais, disant :
Je vous adjure par le Jésus que
Paul préche.
14. C'étaient sept fils deScéva,
Juif et prince des prétres, qui fai-
saient cela.
15. Mais l'esprit mauvais, ré-
pondant, leur dit : Je connais Jé-
sus, et je sais qui est Paul; mais
vous, qui étes-vous?
16. Et l'homme en qui était le
plus mauvais démon s'élanga sur
eux, et, s'étant rendu maitre de
deux d'entre eux, il les maltraita
de telle sorte, qu'ils s'enfuirent
de cette maison, nus et blessés.
47. Cela fut connu de tous les
[cH. xix.]
Cab. XIX. 4. Matt., 11, 11; Marc, 1, 8; Luc, ri, 16; Jean, 1, 26; Supra, 1, 55 xr, 16.
9. * Un certain Tyran. Ce personnage est inconnu. D'aprés les uns, c'était un Juif,
qui enseignait dans une de ces écoles qu'on annexait quelquefois aux synagogues;
d’après les autres, c'était un philosophe paien qui était à la 1616 d'une école profane.
10. * En Asie, dans la partie de l'Asie Mineure dont les Romains avaient fait sous
ce nom une province proconsulaire.
11. Par la main de Paul. Voy. v, 12.
12. * Des mouchoirs. Voir Luc, xix, 20.
13. * Juifs exorcistes, Juifs vagabonds, qui faisaient profession de chasser les dé-
mons,
14. * Scéva était prince des prótres, c'est-à-dire probablement chef d'une des vingt-
quatre familles sacerdotales. 11 n'est pas dit qu'il résidát lui-même à Ephèse.
[cu. xix.
Juifs et gentils qui habitaient
Ephèse; et la crainte s'empara
d'eux tous, et le nom du Seigneur
Jésus était glorifié.
18. Beaucoup d'entre les
croyants venaient, confessant, et
déclarant ce qu'ils avaient fait.
19. Et beaucoup aussi de ceux
qui avaient exercó les arts cu-
rieux, apporterent leurs livres, et
les brûlèrent en présence de tous;
etle prix en ayant $*3supputé, on
trouva !& sonne de cinquante
mille.Gerists.
99. Ainsi croissait et s'affer-
missait puissamment 18 parole de
Dieu.
91. Ces choses accomplies, Paul
résolut, par un mouvement de
l'Esprit-Saint, la Macédoine et
l'Achaïe traversées, d'aller à Jé-
rusalem, disant : Aprés que j'au-
rai été là, il faut que je voie Rome
aussi.
22. Et envoyant en Macédoine
deux de ceux qui l'assistaient,
Timothée et Eraste, 11 demeura
lui-même quelque temps en Asie.
25. Mais il survint en ce temps-
là, un grand trouble au sujet de
la voie du Seigneur.
ACTES DES APOTRES.
2661
94. Car un certain orfevre, du
nom de Démétrius, qui, faisant
en argent de petits temples de
Diane, procurait un gain consi-
dérable aux ouvriers,
95. Les ayant assemblés, avec
d'autres qui faisaient de ces
sortes d'ouvrages, il dit : Hom-
mes, vous savez que c'est de
celte industrie que vient notre
gain;
26. Et vous voyez et entendez
dire que ce Paul ayant persuadé
non seulement Ephése, mais
presque toute l'Asie, il a détourné
une grande multitude, disant :
Ils ne sont pas dieux ceux qui
sont faits par des mains.
97. Or, non seulement nous
courons risque que notre métier
soit décrié, mais que le temple
méme de la grande Diane tombe
dans le mépris, et que s'anéan-
lisse insensiblement la majesté
de celle que toute l'Asie et le
monde entier révere.
98. Ce discours entendu, ils
furent remplis de colére, et ils
s'écrierent, disant : Grande est la
Diane des Ephésiens!
29. La ville fut aussitót remplie
19. * Les arts curieux ou magiques. La magie était en si grand honneur à Ephèse,
que les formules magiques qu'on portait en Orient comme amulettes s'appelaient
| dellres éphésiennes. — Cinquante mille deniers, 43,500 francs.
91. * La Macédoine et lAchaie. Voir Actes, xvi, 9 et xvur, 12. — Rome, la capitale
de l'empire, avait déjà des chrétiens assez nombreux dans son sein.
22.* Timolhée. Voir Actes, xvi, 1. — Eraste est probablement le méme qui est
nommé dans la seconde Epitre à Timothée (y. 20), mais il n'est pas possible de,
savoir si c'est celui qui est qualifié de trésorier de Corinthe dans l'Epitre aux Ro-
mains, xvi, 23.
24. * Démétrius faisait fabriquer de petits édicules qui représentaient le célébre
temple de Diane d'Ephése, considéré par les anciens comme l'une des merveilles du
monde. — La Diane d'Ephése différait de la Diane grecque. Elle se rapprochait de
l'Astarté syrienne et par conséquent de Vénus.
26. * Presque toute l'Asie proconsulaire. Voir Act., xvi, 6.
93. * Grande était 16 titre spécial de la Diane des Ephésiens.
99. * Gaius, inconnu, différent du Gaius d'Actes, xx, 4. — Avistarque était de Thes-
salonique. 1] était avec S. Paul à Rome (Actes, xxvn, 2) et il est mentionné comme
2002
de confusion, et ils firent irrup-
tion dans le théátre, y entrainant
Gaius et Aristarque, macédo-
niens, compagnons de voyage de
Paul.
30. Or Paul, voulant pénétrer
au milieu du peuple, les disciples
ne le permirent pas.
31. Quelques-uns aussi des
Asiarques, qui étaient ses amis,
envoyerent vers lui, le priant de
ne pas se présenter au théâtre;
32. Gependant les uns criaient
une chose, les autres une autre.
Car c'était une réunion confuse,
etla plupart ne savaient pourquoi
ils étaient assemblés.
33. Cependant on dégagea
Alexandre de la foule, à l’aide
des Juifs qui le poussaient de-
vant eux. Or Alexandre de-
manda de la main qu'on fit si-
lence, voulantse défendre devant
le peuple.
34. Mais, dés qu'il eut été re-
connu pour Juif, tous, d'une seule
voix, crierent pendant environ
deux heures : Grande est la Diane
des Ephésiens!
35. Alors le scribe ayant apaisé
la foule, dit : Ephésiens, quel est
l’homme qui ignore que la ville
d'Ephèse rend un culte à la grande
Diane, fille de Jupiter?
36. Puisque donc on ne peut le
contester, il faut que vous soyez
ACTES DES APOTRES.
]08. xx.]
calmes, et que vous ne fassiez
rien témérairement.
37. Car vous avez amené ces
hommes, qui ne sont ni sacri-
leges, ni blasphémateurs de
votre déesse.
38. Que si Démétrius et les ou-
vriers qui sont avec lui ont à se
plaindre de quelqu'un, il y a des
audiences publiques, il existe des
proconsuls; qu'ils s'accusent les
uns les autres. |
39. Mais si vous avez quelque
autre affaire à proposer, elle
pourra se terminer dans une as-
semblée régulière.
40. Car nous courons risque
d’être accusés de sédition sur ce
qui s'est passé aujourd'hui, n'y
ayant personne qui donne un
motif (que nous puissions justi-
fier) de cet attroupement, Et lors-
qu'il eut dit cela, il congédia l'as-
semblée.
CHAPITRE XX.
Paul va en Macédoine et en Grèce. ll
préche à Troas. Mort et résurrection
d'Eutyque. Paul arrive à Milet. ll y as-
semble les prêtres et les évêques de
l'Eglise d'Ephése. Discours de, Paul
dans cette assemblée.
1. Apres que le tumulte eut
cessé, Paul ayant appelé les dis-
ciples, et leur ayant fait une
exhortation, leur dit adieu, et
partit pour aller en Macédoine.
collaborateur de l'Apótre et prisonnier avec lui, Colossiens, iv, 10 et Philémon, 24,
D'après la tradition, il devint évêque d'Apamée. *
31. Les Asiarques étaient les pontifes paiens de l'Asie; onles choisissait parmi les
plus riches et les plus considérables de la province.
35. * Le scribe d'Ephése était un fonctionnaire public chargé de 18 rédaction et de
la garde des actes administratifs.
1. En se retirant, Paul ne càde pas à un sentiment de crainte et de pusillanimité
personnelle, mais il agit trés sagement; il évite par là que Démétrius et les ouvriers
ne se jettent sur tous les chrétiens et ne les immolent à leur fureur. C'est ainsi
qu'en a usé plus tard saint Athanase dans ses démélés avec les Ariens, — * En Ma-
cédoine. Voir Actes, xvi, 9.
]68. xx.]
2. Lorsqu'il eut parcouru ces
contrées etfait beaucoup d'exhor-
tations, il vint en Grece;
3. Où, après avoir séjourné
trois mois, il résolut de s'en re-
tourner par la Macédoine, les
Juifs lui ayant dressé une em-
buscade surle chemin qu'il devait
prendre pour se rendre par mer
en Syrie.
4. Sopater, fils de Pyrrhus, de
Bérée, l’accompagna, de méme
qu'Aristarque et Second, Thessa-
loniciens; Gaius, de Derbe, et
Timothée; Tychique et Tro-
phime, tous deux d'Asie.
5. Ceux-ci étant allés devant,
nous attendirent à Troas;
6. Pour nous, aprés les jours
des azymes, nous nous embar-
quàmes à Philippes, et en cinq
jours nous les rejoignimes à
Troas, où nous demeurâmes sept
jours.
ACTES DES APOTRES,
2663
7. Le premier jour de 1a se-
maine, les disciples étant assem-
blés pour rompre le pain, Paul,
qui devait partir le lendemain,
les entretenait, et il prolongea
son discours jusqu'au milieu de
la nuit.
8. Or il y avait beaucoup de
lampes dans le cénacle où nous
étions rassemblés.
9. Et un jeune homme, dunom
d'Eutyque, qui était assis sur la
fenétre, était enseveli dans un
profond sommeil, car Paul par
lait depuis longtemps, et en
trainé par le sommeil, tomba du
troisieme étage en bas, et fut re-
levé mort.
10. Paul étant descendu où il
était, s'étendit sur lui, et, l'ayant
embrassé, dit : Ne vous troublez
point, car son âme est en lui.
11. Puis étant remonté et ayant
rompu le pain et mangé, il leur
2, * En Grèce, par opposition à la Macédoine. La Grèce signifie ici la méme chose
qu'Achaie dans le reste des Actes. Voir Actes, xvii, 12.
3. * En Syrie. Voir Matt., 1v, 24.
4, * Sopater, probablement le même que Sosipatre, parent de S. Paul, Rom., xvi, 21.
— Aristarque. Voir Actes, xix, 29. — Second. Ce personnage, qui porte un nom latin,
est inconnu, de méme que Gaius de Derbe. — Timothée. Voir l'introduction aux
Epitres pastorales. — Tychique, peut-être originaire d'Ephèse. fut probablement le
méme qui porta les Epitres de S. Paul aux églises d'Ephése et de Colosses (Eph., vr, 21;
Col., iv, 7.) On croit qu'il accompagna Titus et Trophime dans la mission de Corinthe
mentionnée 1] Corinthiens, vin, 16-24. — Trophime. « Ce Trophime est l'évéque que
l'Église d'Arles honore comme son apótre. Il était d'Ephèse et Gentil d' origine. Aprés
avoir suivi S. Paul à Jérusalem, il parait l'avoir rejoint à Rome, puis accompagné
dans ses dernières missions, La seconde Epitre à Timothée nous le montre retenu à
Milet par la maladie, durant la dernière captivité de l'Apótre; mais, d’après la tra-
dition, il n'aurait guére tardé à repasser, comme S. Crescent, de l'Orient dans les
Gaules, S'étant fixé à Arles, il précha l'Evangile avec zèle, et cultiva avec tant de
soin le champ qui lui avait été assigné, que de là, comme d'une source abondante,
les ruisseaux de la 101 se répandirent dans la France entière. » Ces paroles du Mar-
tyrologe romain, 29 décembre, empruntées de la première Epitre de S. Zozime (411),
indiquent l'existence d'une tradition, attestée quelques années plus tard (450), plus
d'un siécle avant S. Grégoire de Tours, par tous les évéques de la province de
Vienne. » (L. BACUEZ.)
5.* A Troas. Voir Actes, xvi, 8.
6. * Aprés les jours des azymes. Voir Matt., xxvi, 11. — A Philippes. Voir Actes, xvi, 12.
1.* Le premier jour de la semaine, 16 dimanche.
8. * Cénacle, hyperóon, voir Marc., u, 4.
9. * Eutyque. Ce nom signifie fortuné.
2664
parla encore beaucoup jusqu'au
jour, et il partit ainsi.
19. Or on ramena le jeune
homme vivant, et ils en furent
grandement consolés.
13. Pour nous, montant sur le
vaisseau, nous naviguámes vers
Asson, où nous devions re-
prendre Paul; car il l'avait ainsi
disposé, devant lui-méme aller
par terre.
14. Lors donc qu'il nous eut
rejoints à Asson , nous le repri-
mes, et nous vinmes à Mitylene.
15. Et de là, naviguant, nous
arrivâmes le jour suivant devant
Chio; le lendemain nous abor-
dâmes à Samos, et le jour d’après
nous vinmes à Milet ;
16. Car Paul s'était proposé de
passer Ephése sans y prendre
terre, depeur d'éprouver quelque
retard en Asie. Car il se hâtait,
afin d'être, s'il lui eût été possible,
le jour de la Pentecóte à Jéru-
salem.
11. Or, de Milet envoyant à
Ephèse, il appela les anciens de
l'Eglise.
18. Et lorsqu'ils furent venus
prés de lui, et qu'ils étaient as-
semblés, il leur dit : Vous savez
comment, dès le premier jour où
ACTES DES APOTRES.
xx.] .א6]
je suis entré en Asie, j'ai été en
tout temps avec vous,
19. Servantle Seigneur en toute
humilité, au milieu des larmes el
des épreuves qui me sont sur-
venues par les trames des Juifs;
20. Comment je ne vous ai
soustraitaucune des choses utiles,
et que rien ne m'a empéché de
vous les annoncer, et de vous les
enseigner publiquement et dans
. les maisons,
21. Préchgnt aux Juifs et aux
gentils la pénitence envers Dieu,
et la foi en Notre Seigneur Jésus-
Christ.
22. Et maintenant voilà que, lié
par l'Esprit, je m'en vais à Jéru-
salem, ignorant ce qui doit m'y
arriver:
23. Si ce n'est que, dans toutes
les villes, l'Esprit-Saint m'atteste
que des chaines et destribulations
m'attendent à Jérusalem.
24. Mais je ne crains rien de
ces choses, et je ne regarde pas
ma vie comme plus précieuse que
moi, pourvu que jaccomplisse
ma course et le ministère que
jai reçu du Seigneur Jésus, de
rendre témoignage à l'Evangile
de la gráce de Dieu.
25. Et maintenant voilà que je
13. * Asson ou Assos, port de mer de Mysie, vis-à-vis et au nord de l'ile de Lesbos,
à neuf milles romains de la ville de Troas.
14. * Mityléne, capitale de Lesbos, au sud de l'ile, dans la mer Egée, aujourd'hui
Metelin, autrefois célébre par sa beauté, sa richesse et la culture littéraire de ses
habitants.
15. * Devant Chio, ile de la mer Egée, entre Lesbos et Samos, prés de la Lydie.
— A Samos, 116 de la mer Egée, non loin du continent et d'Ephése. — A Miet, au
sud d'Ephése, ancienne capitale de l'Ionie, prés de l'embouchure du Méandre, au-
jourd'hui complètement ruinée. Elle avait quatre ports et fonda un grand nombre de
colonies.
16. * En Asie. Dans l'Asie proconsulaire. Voir Actes, xvr, 6.
11. Les anciens de l'Eglise. Cenom est commun aux prétres et aux évéques (vers. 28).
Saint Irénée pense que l'apótre fit venir non seulement l’évêque d'Ephese et les prêtres
de cette Eglise, mais aussi ceux des Eglises voisines.
25. Saint Paul pensait qu'il ne reviendrait plus à Milet; mais on voit dans ses
[cu. xx1.]
sais que vous ne verrez plus mon
visage, vous tous au milieu des-
quels j'ai passé, annoncant le
royaume de Dieu.
96. C'est pourquoi je vous
prends à témoins aujourd'hui que
je suis pur du sang de vous tous.
97. Car je ne me suis point
refusé à vous annoncer tous les
desseins de Dieu.
98. Soyez donc attentifs et à
. vous et à tout le troupeau sur
lequel Dieu vous ἃ établis
évéques, pour gouverner l'Eglise
de Dieu, qu'il a acquise par son
sang.
99. Car moi je sais qu'après
mon départ s'introduiront parmi
vous des loups ravissants, qui
n'épargneront point le troupeau;
30. Et que, d'au milieu de vous-
mêmes, s'éléveront des hommes
qui enseigneront des choses per-
verses, afin d'attirer les disciples
aprés eux.
31. C'est pourquoi, veillez, re-
tenant en votre mémoire que
pendant trois ans je n'ai cessé
d'avertir avec larmes chacun
de vous.
39. Et maintenant, je vous re-
commande à Dieu et àla parole de
sa grâce, à celui qui est puissant
pour édifier, et pour donner un
héritage parmi tousles sanctifiés.
ACTES DES APOTRES.
2665
33. Je n'ai convoité ni l'or, ni
largent, ni le vétement de per-
sonne, comme
34. Vous le savez vous-mémes;
parce que, à l'égard des choses
dont moi et ceux qui sont avec
moi avions besoin, ces mains y
ont pourvu.
35. Je vous ai montré en tout
que c'est en travaillant ainsi qu'il
faut soutenir les faibles, et se
souvenir dela parole du Seigneur
Jésus; car c'est lui-méme qui a
dit :ILestplus heureux de donner
que de recevoir.
36. Lorsqu'il eut dit ces choses,
il se mit à genoux, et pria avec
eux tous.
97. Et il y eut un grand pleur
parmi eux tous, et se jetant au
cou de Paul, ils le baisaient,
38. Affligés surtout de la parole
qu'il avait dite, qu'ils ne devaient
plus revoir son visage. Et ils le
conduisirent jusqu'au vaisseau.
CHAPITRE XXI.
Paul va à Jérusalem. Filles de Philippe
prophétesses. Agabus prédit les liens
de Paul. Paul arrive à Jérusalem; il se
purifie dans le temple, est maltraité
par les Juifs, et enchainé par le tribun
de la cohorte romaine.
1. Or il arriva qu'ayant fait
voile, apres nous étre arrachés
Car. XX. 34. I Cor., 1v, 12; 1 Thess., i, 9; 11 Thess., ri, 8.
Epilres qu'il forma depuis le dessein de retourner en Asie; et il paraît qu'en effet
il y retourna.
34. * Ces mains y ont pourvu en fabriquant des tentes. Voir Actes, xvin, 2.
33. IL est plus heureuz, etc. Ces paroles ne se trouvent pas dans l'Evangile; saint Paul
les avait apprises par la tradition des autres apótres.
1. * Cos, petite ile de la mer Egée, vis-à-vis de Gnide et d'Halicarnasse, trés fertile
et riche en vins et en blé. — Rhodes. Cette île, l'une des Cyclades, en face de la
Carie et dela Lycie, était trés fertile et trés commercante. Le climat en est trés doux.
— A Patare, ville maritime de Lycie, à l'embouchure du Xanthe, célèbre par un
oracle d'Apollon.
2666
d'eux, nous vinmes droit à Cos,
et le jour suivant à Rhodes, et de
là à Patare.
9. Et ayant rencontré un vais-
seau qui allait en Phénicie, nous
y montàmes, et mimes à la voile.
3. Quand nous fümes en vue
de Chypre, la laissant à gauche,
nous naviguámes vers la Syrie
et vinmes à Tyr, car c'est là que
le vaisseau devait déposer sa
charge.
4. Or, y ayant trouvé les dis-
ciples, nous y demeurâmes sept
jours; et les disciples disaient par
l'Esprit-Saint à Paul, de ne point
monter à Jérusalem.
5. Et ces jours écoulés, nous
partimes, et ils vinrent tous, avec
leurs femmes et leurs enfants,
nous conduire jusque hors de la
ville; et nous étant agenouillés
sur le rivage, nous priàmes.
6. Et après nous être dit adieu
les uns aux autres, nous mon-
{âmes sur le vaisseau, et ils s'en
retournèrent chez eux.
7. Pour nous, terminant notre
navigation de Tyr, nous descen-
dimes à Ptolémaide, et, les freres
salués, nous demeurâmes un jour
avec eux.
8. Le lendemain, étant partis,
nous vinmes à Césarée; et, en-
tirant dans la maison de Philippe,
XXI. 8. Supra, vi, 5; vir, 5. .ג זו
ACTES DES APOTRES.
[cH. [.זאא
lévangéliste, qui était un des
sept, nous demeurâmes chez lui.
9. Il avait quatre filles vierges
qui prophétisaient.
10. Et comme nous y demeu-
râmes quelques jours, il arriva
de Judée un prophète nommé
Agabus.
11. Or, étant venu nous voir,
il prit la ceinture de Paul, et, se
liant les pieds et les mains, il dit :
Voici ce que dit l'Esprit-Saint :
L'homme à qui est cette ceinture,
les Juifs le lieront ainsi à Jéru-
salem, et ils le livreront entre les
mains des gentils.
19. Ce qu'ayant entendu, nous
conjurions Paul, nous et ceux qui
étaient en cet endroit, de ne
point monter à Jérusalem.
13. Alors Paul répondit et dit :
Que faites-vous, pleurant et affli-
geant mon cœur? Car moi, je suis
prét, non seulement à étre lié,
mais à mourir à Jérusalem pour
le nom du Seigneur Jésus. =
14. Mais ne pouvant le per-
suader, nous nous tinmes en
repos, disant : Que la volonté du
Seigneur soit faite.
45. Après ces jours, ayant fait
nos. préparatifs, nous partimes
pourJérusalem. ;
16. Or avec nous vinrent aussi
quelques disciples de Gésarée,
MÀ —MÀ——————"Fe
9. * En Phénicie. Voir Actes, xr, 19.
3. * En vue de Chypre. Noir Actes, xi, 19. — Vers la Syrie. Voir Matt., tv, 24. —
A Tyr. Voir Marc, ut, 8.
1.* A Ptolémaide, depuis S. Jean d'Acre, port de la Méditerranée, au sud de Tyr,
ville de Phénicie.
8. Des sept diacres. Ce Philippe est nommé évangéliste, parce qu'il a été le premier
à précher l'Evangile dans la Samarie. C'est dans ce sens que saint Paul recommande
à son disciple Timothée (Il Tim., rv, 5) de remplir la charge d'évangéliste. — * À Cé-
sarée, Voir Actes, 1x, 90,
10. * Agabus. Voir Actes, xi, 28.
16. * Mnason porte un nom grec et était probablement un Juif helléniste.
[cu xxr.]
amenant avec eux un certain
Mnason, de Chypre, ancien dis-
ciple, chez qui nous devions lo-
ger.
47. Quand nous fümes arrivés
à Jérusalem, les frères nous re-
curent avec joie.
18. Le jour suivant, Paul en-
trait avec nous chez Jacques, et
tous les anciens s'assemblèrent.
19. Apres les avoir salués, il
racontait. en détail ce que Dieu
avait fait pour les gentils par son
ministere.
90. Or eux, l'ayant entendu,
glorifiaient Dieu; et ils lui dirent:
Tu vois, mon frère, combien de
milliers de Juifs ont cru; ce-
pendant tous sont zélés pour la
loi.
91. Or ils ont oui dire de toi
que tu enseignes aux Juifs qui
sont parmi les gentils, d'aban-
donner Moïse, disant qu'ils ne
doivent point circoncire leurs
fils, ni marcher selon les cou-
lumes.
29. Que faire donc? Certaine-
ment la multitude devra s'as-
sembler, car ils apprendront que
tu es arrivé.
93. Fais done ce que nous
te disons : Nous avons ici quatre
hommes qui sont liés par un
vœu.
24. Prends-les avec toi, puri-
ACTES DES APOTRES.
2667
fie-toi avec eux, et paie pour
eux, afin qu'ils se rasent la tête,
et tous sauront que ce qu'ils ont
entendu dire de toi est faux;
mais que toi aussi tu marches
observant la loi.
25. Quant à ceux qui ont
cru d'entre les gentils, nous
avons écrit qu'ils devaient s'abs -
tenir de ce qui a été immolé aux
idoles, du sang, des animaux
étouffés et de la fornication.
26. Alors Paul ayant pris ces
hommes, et s'étant le lendemain
purifi& avec eux, entra dans le
temple, indiquant les jours oü
s'accomplirait la purification, et
quand l'offrande serait présentée
pour chacun d'eux.
27. Mais comme les sept jours
s'écoulaient, les Juifs d'Asie
layant vu dans le temple, ému-
rent tout le peuple, et mirent la
main sur lui, criant :
28. Hommes d'Israël, au se-
cours! Voici l'homme qui ensei-
gne partout contre le peuple,
contre la loi, et contre celieu; et
qui, de plus, a introduit des gen-
tils dans le temple, et a ainsi vio-
lé le saint lieu.
29. Ils avaient vu, en effet,
Trophime, d'Ephèse, dans la ville
avec Paul, et ils pensèrent que
Paul l'avait introduit dans le
temple.
24. Num., vi, 18; Supra, xvii, 18. — 25, Supra, xv, 20, 29.
1T. * Quand nous fümes arrivés à Jérusalem, en 58. Le troisième voyage apostolique
de S. Paul avait duré de 54 à 58.
18. * Tous les anciens, tous les prétres. — Chez Jacques le Mineur, frére de S. Jean
l'Evangéliste, évéque de Jérusalem.
23. Par un vœu; celui des Nazaréens.
28. Contre ce lieu; ce lieu saint; c'est le temple méme. — * Il était défendu sous
peine de mort aux paiens de franchir les barriéres qui séparaient dans le temple le
parvis des Gentils de celui des Israélites. Voir Matt., xxi, 12.
29. * Trophime d'Ephése. Voir Actes, xx, ₪
2668
30. Aussitôt toute la ville s'é-
mut, et il se fit un grand con-
cours de peuple. S'étant donc
saisis de Paul, ils l'entrainerent
hors du temple;et aussitót les
portes furent fermées.
31. Comme ils cherchaient à le
tuer, on vint dire au tribun de la
cohorte : Tout Jérusalem est en
confusion.
32. Celui-ci ayant pris, sur le
champ, des soldats et des centu-
rions, courut à eux. Dès qu'ils
virent le tribun et les soldats, ils
cesserent de frapper Paul.
33. Alors s'approchant, le tri-
bun le prit, etle fit lier de deux
chaines; et il demandait qui il
était, et ce qu'il avait fait.
34. Mais, dans la foule, l'un
criait une chose, lautre une
autre. Ne pouvant rien savoir de
certain à cause du tumulte, il le
fitconduire au camp.
35. Lorsque Paul fut arrivé sur
les degrés, les soldats le portè-
rent, à cause de la violence du
peuple.
36. Car une multitude de
peuple le suivait, criant : Ote-le
du monde.
37. Comme il allait entrer dans
le camp, Paul demanda au tri-
bun : Mest-il permis de vous dire
ACTES DES APOTRES.
[cu. xxu]
quelque chose? Le tribun lui ré-
pundit : Sais-tu le grec?
38. N'es-tu pas cet Egyptien
qui ἃ excité, il y a quelques
jours, une sédition, et qui a con-
duit au désert quatre mille si-
caires ?
39. Et Paul lui répondit : Je
vous assure que je suis Juif, de
Tarse en Cilicie, et citoyen de
cette ville qui n'est pasinconnue.
Permettez-moi, je vous prie, de
parlerau peuple.
40. Le tribun l'aayant permis,
Paul se tenant debout sur les de-
grés, fit signe de la main au
peuple, et en grand silence s'é-
tant fait, il leur parla en langue
hébraique, disant :
CHAPITRE XXII.
Discours de Paul aux Juifs, et fureur des
Juifs contre lui. Le tribun veut le faire
fouetter. 11 se déclare citoyen romain.
1. Hommes, mes freres et mes
peres, écoutez ma défense que je
vais entreprendre devant vous.
2. Quand ils entendirent qu'il
leur parlait en langue hébraique,
il se fit encore un plus grand si-
lence.
3. Il dit donc: Je suis Juif, né
à Tarse en Cilicie, élevé dans
cette ville aux pieds de Gamaliel,
30. * Les portes du temple qui donnaient accès dans les parvis.
31. * Au tribun de la cohorte. Voir Matt., xxvn, 2T.
32. * Des centurions. Voir Matt., vin, 5.
33. De deux chaines; c'est-à-dire une à chaque main. Compar. xit, 6, T.
38. Sicaires; assassins alors répandus dans la Judée, et ainsi nommés, parce qu'ils
portaient sous leurs habits un petit poignard, en latin sica. Joséphe donne trente
mille hommes à cet Egyptien; mais rien n'empéche que ce nombre n'ait été d'abord
que de quatre mille. Puis Joséphe ne dit pas que tous ces trente mille brigands
fussent sicaires. Ajoutons qu'il ne s'accorde guère avec lui-même au sujet de cet
événement.
40. * En langue hébraïque; c'est-à-dire dans le dialecte araméen que parlaient alors
les Hébreux.
3. * Gamaliel. Voir Act., v, 34.
[cu. xx.)
instruit selon la vérité de la loi
de nos pères, zélateur de cette
loi, comme vous l'étes vous tous
aujourd'hui ;
4. Cest moi qui ai poursuivi
jusqu'à la mort ceux de cette
voie, les chargeant de liens,
hommes et femmes, et les jetant
en prison,
9. Comme le prince des prétres
m'en est témoin ainsi que tous
les anciens; et méme, ayant re-
cu d'eux des leltres pour nos
frères de Damas, j'y allais pour
les amener enchainés à Jérusa-
lem, afin qu'ils fussent punis.
6. Or il arriva que lorsque j'é-
tais en chemin, et que j'appro-
chais de Damas au milieu du
jour, soudain brilla du ciel au-
tour de moi une abondante lu-
miere;
1. Et tombant par terre, j'en-
tendis une voix qui me disait :
Saul, Saul, pourquoi me persé-
cutes-tu ?
8. Et moi je répondis : Qui
êtes-vous, Seigneur? Et il me dit:
Je suis Jésus de Nazareth, que tu
persécutes.
9. Et ceux qui étaient avec moi
virent la lumière, mais ils n'en-
tendirent pas la voix de celui qui
me parlait.
10. Alors je demandai : Que
ferai-je, Seigneur? Etle Seigneur
me répondit : Lève-toi, va à Da-
mas ; et là on te dira tout ce qu'il
faut que tu fasses.
11. Et comme je ne voyais
point, à cause de l'éclat de cette
ACTES DES APOTRES.
2669
lumière, conduit par la main de
mes compagnons, je vins à Da-
mas.
19. Or un certain Ananie,
homme selon la loi, ayant le té-
moignage de tous les Juifs qui
habitaient dans cette ville,
19. Venant à moi, et s'appro-
chant, me dit : Saul, mon frere,
regarde. Et moi, au méme ins-
tant, je le regardai.
14. Et lui reprit : Le Dieu de
nos pères t'a préordonné pour
connaitre sa volonté, voir le
Juste, et entendre la voix de sa
bouche ;
15. Parce que tu lui seras té-
moin devant tous les hommes,
de ce que tu as vu et entendu.
16. Et maintenant, que tardes-
tu? Lève-toi, reçois le baptéme
etlave tes péchés en invoquant
son nom.
17. Et il arriva qu'étant de re-
tour à Jérusalem, et priant dans
le temple, je tombai dans un ra-
vissement d'esprit,
18. Et je vis le Seigneur qui
me disait : Hâte-toi, et sors vite
de Jérusalem; carils ne recevront
pas le témoignage que tu rends
de moi.
19. Et moi je répondis : Sei-
gneur, ils savent eux-mémes que
c'est moi qui enfermais en pri-
son et déchirais de coups dans les
synagogues ceux qui croyaient
en vous ;
20. Et que, lorsqu'on versait le
sang d'Etienne, votre témoin,
j étais là, et j'y consentais, et je
(βαρ. XXII. 4. Supra, vin, 3. — 5. Supra, 1x, 2. — 19. Supra, vi, 3. — 90. Supra,
vit, 57,
oo nn
9. Mais ils n’eniendirent, etc. Voy. 1x, 1.
14. Préordonné. Voy. sur ce mot, x, 41.
2670
gardais les vêlements de ses
meurtriers.
21. Et il me dit : Va, parce que
(e l'enverrai biei loin vers les
nations.
22. Ils l'avaient écouté jusqu'à
ce mot; mais alors ils élevèrent
leur voix, disant : Ote de la terre
un pareil homme, car ce serait
un crime de le laisser vivre.
93. Eux donc, poussant de
grands cris, jetant leurs véte-
ments, et lançant de la poussière
en l'air,
94. Le tribun ordonna de le
conduire dans le camp, de le dé-
chirer de verges, et de le mettre
à la question, afin de savoir pour-
quoi ils criaient ainsi contre lui.
95. Mais lorsqu'ils l'eurent lié
avec des courroies, Paul dit au
centurion qui était près de lui :
Vous est-il permis de flageller un
citoyen romain non condamné?
96. Ce qu'ayant entendu, le
centurion se rendit auprès du tri-
bun, et l'avertit, disant : Qu'allez-
vous faire? car cet homme est
citoyen romain.
97. Et le tribun venant à lui,
demanda : Dis-moi, es-tu Ro-
main ? Et Paul répondit : Oui.
98. Le tribun repartit : C'est
avec beaucoup d'argent que j'ai
acquis ce droit de cité. Et Paul
répliqua : Moi, je suis né citoyen.
ACTES DES APOTRES.
[cu. xx]
29. Aussitôt donc s'éloignerent
de lui ceux qui devaient lui don-
ner la question; le tribun lui-
méme eut peur, après qu'il eut
appris qu'il était citoyen romain,
parce qu'il l'avait fait lier.
30. Le lendemain, voulant sa-
voir plus exactement de quoi il
était accusé par les Juifs, il lui
óta ses liens, et ordonna aux
prétres, et à tout le conseil de
s'assembler, puis il amena Paul,
et 16 placa au milieu d'eux.
CHAPITRE XXIIT.
Paul se justifie devant le conseil. Il recoit
un soufflet par l'ordre du grand-prétre.
Il divise les pharisiens d'avec les sadu-
céens. Jésus-Christ lui apparait. Il dé-
couvre une conjuration contre sa vie;
il est envoyé au gouverneur Félix.
4. Paul, regardant fixement le
conseil, dit : Hommes, mes freres,
jusqu'à ce jour je me suis conduit
devant Dieu en toute bonne eons-
cience.
9. Mais le prince des prétres,
Ananie, ordonna à ceux qui
étaient pres de lui de le frapper
au visage.
3. Alors Paul lui dit : Dieu te
frappera, muraille blanchie. Tu
siéges pour me juger selon la loi,
et, contre la loi, tu ordonnes de
me frapper.
4. Ceux qui étaient présents
23, 26. * Le centurion. Voir Matt., viu, 5.
98. Saint Paul ne tenait pas sa qualité de citoyen romain du lieu de sa naissance,
mais de ses parents. Sans étre natifs d'une ville municipale, les Juifs pouvaient jouir
du titre de citoyen et méme de chevalier romain; témoin l'historien Josèphe.
30. * Tout le Conseil, tout 16 sanhédrin. Voir Matt., xxvi, 59.
9. * Ananie, fils de Nébédée, avait reçu le souverain pontificat d'Hérode, roi de
Chalcis, l'an 48 de notre ère, à la place de Joseph, fils de Camithas. Le procurateur
romain Cumanus lenvoya à Rome en 52 pour répondre aux accusations portées
contre lui par les Samaritains. Ananie fut acquitté et conserva sa dignité jusqu'en 59
où il dut la céder à Ismael, fils de Phabi. Il périt de la main des sicaires qui lui
rent expier ainsi ses liaisons avec les Romains, en 66 ou 6T.
Ici. xxi.)
dirent: Tu maudis le grand prêtre
de Dieu?
5. Et Paul répondit : J'ignorais,
mes freres, que ce füt le prince
des prétres, car il est écrit : Tu
ne maudiras point le prince de
ton peuple.
6. Or Paul sachant qu'une par-
lie étaient sadducéens, et l'autre
pharisiens, s'écria dans le con-
seil : Hommes, mes freres, je suis
pharisien, fils de pharisien ; c'est
à cause de lespérance et de la
résurrection des morts que je
suis en jugement.
1. Lorsqu'il eut dit cela, il s'é-
leva une discussion entre les
pharisiens et les saducéens, et
l'assemblée fut divisée.
8. Car les sadducéens disent
quil n'y a ni résurrection, ni
ange, ni esprit; les pharisiens,
au contraire, confessent l'un et
l'autre.
9. Il s'éleva donc une grande
clameur. Quelques-uus des pha-
risiens se levant, contestaient,
disant : Nous ne trouvons rien
de mal dans cet homme; et
si un esprit ou un ange lui a
parlé?
10. Et comme le tumulte s'ac-
ACTES DES APOTRES.
9071
croissait, letribun craignant que
Paul ne füt mis en pieces par ces
gens-là, commanda aux soldats
de descendre, de l’enlever d'au
milieu d'eux, et de le conduire
dans le camp. |
11. Mais, la nuit suivante, le
Seigneur se présentant à lui, dit:
Aie bon courage; car, comme tu
m'as rendu témoignage à Jérusa-
lem, il faut aussi que tu me ren-
des témoignage à Rome.
19. Le jour étant venu, quel-
ques-uns d'entre les Juifs s'as-
semblèrent, et se firent eux-
mêmes anathème, disant qu'ils
ne boiraient ni ne mangeraient
qu'ils n'eussent tu& Paul.
13. Ils étaient plus de quarante
hommes qui avaient fait cette
conjuration ;
14. Ils se rendirent auprès des
princes des prêtres et des an-
ciens, et dirent : Nous avons fait
le vœu, en appelant sur nous l'a-
nathème, de ne goûter de rien,
que nous n'ayons tué Paul.
15. Maintenant donc, vous avec
le conseil, faites avertir le tribun
de l'amener devant vous, comme
pour savoir quelque chose de
plus cerlain sur lui. Nous, de
Cuar. XXIII. 5. Exode, xxir, 28. — 6. Phil., ur, 5. — 8. Matt., xxi, 23.
5. Saint Paul a pu aisément ne pas connaitre le grand prêtre, attendu qu'alors le
pontificat était une dignité variable selon le caprice ou la politique des Romains.
Josèphe dit qu'il y eut trois grands prêtres la même année, et que l'un d'eux ne con-
serva sa dignité qu'un seul jour. Ainsi saint Paul a pu facilement étre dans l'ignorance
sur ce point. Ajoutons que le grand prêtre n'avait pas alors ses vêtements de pontife;
ils étaient renfermés dans la tour Autonia, d'où on ne les tirait qu'aux jours solen-
uels. Enfin, en supposant que dans le lieu où se tenait le sanhédrin, il y avait une
place affectée pour le grand prêtre, il ne s'en trouva assurément point de telle chez
le tribun où se tint le conseil devant lequel comparut saint Paul.
6. * Sadducéens, pharisiens. Voir les notes 6 et 1à la fin du volume.
4. * Rome étant 18 capitale dû monde paien, l'Apótre des gentils doit y précher le
christianisme.
14. * Les princes des prêtres, voir Matt., 11, 4. — Les anciens, les membres du San-
hédrin.
2672
notre côté, nous sommes prêts à
le tuer avant qu'il arrive.
16. Mais ayant oui parler de
cette trahison, le fils de la sœur
de Paul vint, entra dans le camp,
et avertit Paul.
47. Alors Paul appelant à lui
un des centurions, dit : Conduisez
ce jeune homme au tribun, car il
a quelque chose à lui dire.
48. Et le centurion le prenant
avec lui, le conduisit au tribun,
et 016 : Le prisonnier Paul m'a
prié de vous amener ce jeune
homme qui a quelque chose à
vous dire.
19. Aussitôt le tribun, le pre-
nant par la main, se retira à part
avec lui, et lui demanda : Qu'as-
tu à me dire?
20. Et le jeune homme répon-
dit : Les Juifs sont convenus de
vous prier d'amener demain Paul
devant le conseil, comme pour
savoir quelque chose de plus cer-
[ain sur lui;
ACTES DES APOTRES.
(ou. xxm.)
21. Mais vous, ne les croyez
pas; car des embüches lui sont
dressées par plus de quarante
hommes d'entre eux, qui ont fait
vœu de ne manger ni de boire,
qu'ils ne l'aient tué ; et mainte-
nant ils sont préts, attendant
votre ordre.
22. Le tribun donc renvoya le
jeune homme, lui défendant de
dire à personne qu'illui eût don-
né cet avis.
23. Puis, deux centurions ap-
pelés, il leur dit : Tenez préts, à
la troisieme heure de la nuit,
deux cents soldats, soixante-dix
cavaliers et deux cents lances,
pour aller jusqu'à Césarée,
24. Et préparez des chevaux
pour monter Paul, et le conduire
sürement au gouverneur Félix.
95. (Car il craignit que les Juifs
ne l'enlevassent et ne le tuassent,
et qu'ensuite on ne l'accusát d'a-
voir reçu de l'argent.)
26. ll écrivit en méme temps
23. La troisième heure de la nuit; c'est-à-dire le milieu de l'intervalle entre le cou-
cher du soleil et minuit, — * À Césarée, résidence ordinaire du gouverneur romain.
Voir Actes, ix, 30.
24. * Félix. « L'historien profane le mentionne, comme ayant gouverné la Judée
(52-59), sous le régne de Néron, pendant le pontificat d'Ananie, immédiatement avant
Festus. Tacite, Suétone et Josèphe nous apprennent quelques particularités de sa
vie. Il était frère de Pallade, et comme lui, un affranchi de la maison de Claude.
Suivant Tacite, il gardait dans sa fortune les sentiments de sa première condition.
Josèphe ajoute qu'il vivait en adultère, et qu'il s'était rendu fameux par ses concus-
sions. Une fois déjà, les plaintes causées par sa rapacité l'avaient fait mander à
Rome, et c'est grâce au crédit de son frère qu'il avait été absous. Les Actes con-
lirment ce que l'histoire profane nous apprend de son avarice et de sa vie licen-
cieuse. Cet esclave débauché eut successivement pour femmes trois filles de rois. La
dernière était Drusille, fille d'Hérode Agrippa 1, sœur de Bérénice et d'Agrippa ll.
Félix l'avait enlevée à Azize, roi d'Emése, grâce ‘aux artifices d'un magicien juif,
nommé Simon. Elle lui donna un fils, qui périt avec sa mére, dans l'éruption du
Vésuve, sous le règne de Titus, en 19. Il fallait l'intrépidité de l'Apótre pour oser
parler de chasteté et de justice devant un pareil juge, qui pouvait l'envoyer à la
mort. S. Paul fit plus. Il lui annonça hautement le jugement dernier où les vertus
auront leur récompense et les vices leur chátiment. Si Félix ne se rendit pas, il ne
put du moins se défendre d'un sentiment de terreur. » (L. Bacuez.)
26. * Claude Lysias était probablement grec de naissance, comme semble l'indiquer
son nom, et c'est pour cela qu'il avait été obligé d'acheter le titre de citoyen romain,
Actes, xxi, 28.
[cH. xxiv.]
une lettre conçue en ces termes :
Claude Lysias à l'excellent gou-
verneur Félix, salut.
97. Les Juifs avaient pris cet
homme, et ils allaient le tuer,
lorsque, arrivantavec les soldats,
je l'ai tirai de leurs mains, ayant
appris qu'il était Romain ;
98. Et voulant savoir de quoi
ils l'aecusaient, je lai conduit
dans leur conseil.
29. J'ai trouvé qu'il était accusé
au sujet de questions qui concer-
nentleur loi; mais qu'il n'avait
commis aucun crime digne de
mort ou de prison.
30. Et comme j'ai été averti
des embüches 4115 lui avaient
dressées, je vous lai envoyé,
déclarant aux accusateurs. eux-
mémes, qu'ils aient à s'expliquer
devant vous. Adieu.
31. Ainsi, selon l'ordre qu'ils
avaient, les soldats prirent Paul
avec eux, et le conduisirent de
nuit à Antipatride.
32. Et le jour suivant, ayant
laissé les cavaliers aller avec lui,
ils revinrent au camp.
33. Lorsque les cavaliers furent
arrivés à Césarée, et qu'ils eu-
rent remis la lettre au gouver-
neur, ils lui présenterent aussi
Paul.
34. Or, quand il eut recu la
lettre, et demandé à Paul de
ACTES DES
APOTRES. onys
quelle province il était; appre-
nant qu'il était de Cilicie :
39. Je t'entendrai, dit-il, quand
tes accusateurs seront venus. Et
il ordonna de le garder dans le
prétoire d'Hérode.
CHAPITRE. XXIV.
Paul accusé devant Félix; il se défend;
il demeure prisonnier. Félix, étant avec
Drusille, fait venir Paul : il est effrayé
par son discours. Festus succède à Fé-
lix, qui laisse Paul en prison.
1. Cinq jours aprés, le prince
des prétres, Ananie, descendit
avec quelques anciens, et un cer-
tain Tertullus, orateur; lesquels
comparurent contre Paul devant
le gouverneur.
2. Or Paul ayant été appelé,
Tertullus commenca de l'accuser,
disant : Jouissant par vous d'une
profonde paix, et beaucoup de
choses étant redressées par votre
prévoyance,
3. Toujours et partout, excel-
lent Félix, nous le reconnaissons,
avec toute sorte d'actions de
gráces.
4. Mais pour ne point vous
retenir plus longtemps, je vous
prie de nous écouter un moment
avec toute votre bonté.
9. Nous avons trouvé que cet |
homme, vraie peste, excite le
trouble parmi les Juifs répandus
31. * Antipatride, autrefois Kapharsaba, aujourd'hui Kefr Saba, dans une plaine
fertile et bien arrosée, entre Jérusalem οἱ Césarée, à quarante-deux milles romains
de Jérusalem et vingl-six de Césarée. Hérode le Grand, qui restaura Kapharsaba,
lui donna le nom d'Antipatride en l'honneur de son père Antipater.
54. * De Cilicie. Voir Actes, vi, 9.
35. * Le prétoire d'Hérode. Palais construit par Hérode le Grand et 182116 par le
gouverneur romain.
Axe Quelques anciens, quelques membres du sanhédrin. — Tertullus, diminuiif de
Tertius, indique un homme d'origine latine. C'était un avocat chargé par les Juifs
d'accuser ₪. Paul. Les événements racontés ici °° vassèrent en l'an 58.
Nod
168
2674
dans le monde entier, et qu'il est
chef de la secte séditieuse des
82876688 ;
6. Il ἃ méme tenté de profaner
le temple; et l'ayant saisi, nous
avons voulu le juger suivant
notre loi.
7. Mais le tribun Lysias surve-
aant, l'a arraché avec une grande
violence de nos mains,
8. Ordonnant que ses accusa-
teurs vinssent vers vous; c'est
par lui que vous pourrez vous-
méme, l'interrogeant, vous assu-
rer des choses dont nous l'accu-
sons.
9. Et les Juifs ajoutèrent que
cela était ainsi.
10. Mais Paul (le gouverneur
lui ayant fait signe de parler)
répondit : Sachant que depuis
plusieurs années, vous étes éta-
bli juge sur ce peuple, je me dé-
fendrai avec confiance.
11. Car vous pouvez savoir
qu'iln'y a pas plus de douze jours
que je suis monté pour adorer à
Jérusalem ;
19. Et ils ne m'ont trouvé dis-
putant avec quelqu'un ou ameu-
tant la foule, ni dans le temple,
ni dans la synagogue,
13. Ni dans la ville; et ils ne
sauraient vous prouver ce dont
ils m'aceusent maintenant.
14. Mais ce que je confesse de-
vant vous, c'est que, suivant la
secte qu'ils appellent hérésie, je
sers mon Père et mon Dieu,
croyant à tout ce qui est écrit
dans la loi et dans les prophètes;
ACTES DES APOTRES.
[cH. xxiv.]
15. Ayant en Dieu l'espérance
qu'il y aura une résurrection,
qu'eux aussi attendent, de justes
et de méchants.
16. C'est pourquoi je m'efforce
d'avoir toujours ma conscience
sans reproche devant Dieu et de-
vant les hommes.
17. Mais après plusieursannées,
je suis venu pour faire des au-
mónes à ma nation, et ὦ Dieu des
offrandes et des vœux.
18. C'est dans ces exercices
qu'ils m'ont trouvé dans le tem-
ple, sans concours ni tumulte.
19. Et ce sont certains Juifs
d'Asie, lesquels auraient dü se
présenter devant vous et m'accu-
ser, 5115 avaient quelque chose
contre moi;
20. Ou bien que ceux-ci disent
s'ils ont trouvé en moi quelque
iniquité, quand j'ai comparu de-
vant le conseil ;
91. Si ce n’est à l'éeard de cette
seule parole que j'ai prononcée
hautement étantau milieu d'eux:
C'est à cause de la résurrection
des morts, que suis aujourd'hui
jugé par vous.
22. Mais Félix qui connaissait
tres bien cette voie, les remit, di-
sant : Quand le tribun Lysias
sera venu, je vous écouterai.
23. Et il commanda au centu-
rion de garder Paul, mais de lui
laisser du repos, et de n'empé-
cher aucun des siens de le
servir.
24. Or quelques jours aprés,
Félix venant avec Drusille, sa
Car. XXIV. 18, Supra, xxi, 26. — 21. Supra, xxui, 6.
1%. Le mot secte n'est pas pris ici en mauvaise part. Le grec porte voie. Compar. 1x, 2.
22. Cette voie. Compar. 1x, 2.
24.* Avec Drusille. Voir Actes, xxri, 24,
(on. xxv.]
femme, qui était. Juive, appela
Paul, et lentendit sur ce qui
touche la foi dans le Christ-Jésus.
95..Mais Paul discourant sur la
justice, la chasteté, et le juge-
ment futur, Félix effrayé, répon-
dit.: Quant à présent, retire-toi ;
je te manderai en. temps oppor-
tun;
26, Il espérait en méme temps
que Paul lui donnerait de l’ar-
gent; c'est pourquoi, le faisant
souvent venir, il s'entretenait
avec lui.
97. Deux années s'étant écou-
lées, Félix eut pour successeur
Portius Festus. Or Félix, voulant
faire plaisir aux Juifs, laissa Paul
en prison.
CHAPITRE XXV.
Les Juifs accusent Paul devant Festus.
Paul se défend et en appelle à César.
Agrippa et Bérénice viennent à Césarée,
Agrippa veut voir Paul. Festus fait ve-
nir Paul devant Agrippa.
1. Festus .done, étant arrivé
dans la province, monta, trois
jours après, de Césarée à Jérusa-
lem.
2. Et les princes des prêtres et
les premiers d'entre les Juifs
vinrent vers lui pour accuser
Paul, et ils le priaient,
3. Demandant en gráce, qu'il le
fit amener à Jérusalem, ayant
ACTES DES APOTRES. 2675
préparé des embüches pour 16
tuer en chemin.
4, Mais Festus répondit que
Paul était gardé à Gésarée, et que
lui-même partirait bientôt.
5. Que les principaux. donc
d'entre vous (dit-il) descendent
ensemble,. et, sil y ἃ quelque
crime en cet homme, qu'ils l'ac-
cusent.
0. ΟΥ, apres avoir passé huit
ou. dix jours parmi eux, il des-
cendit à Césarée; et le jour sui-
vant, il s'assit sur son tribunal,
et ordonna d'amener Paul.
1. Lorsqu'on leut amené, les
Juifs qui étaient descendus de
Jérusalem l’entourèrent, laccu-
sant de beaucoup de crimes gra-
ves, qu'ils ne pouvaient prouver,
8. Paul se défendant ainsi : Je
n'ai rien fait, ni contre la loi des
Juifs, ni contre le temple, ni con-
ire César.
9. Mais Festus, qui voulait faire
plaisir àux Juifs, répondant à
Paul, dit: Veux-tu monter à Jé-
rusalem, et y étre jugé sür ces
choses devant moi?
10.. Mais Paul répondit : C'est
devant le tribunal de César que
je suis: c'est là qu'il faut que je
5015 jugé. Je n'ai nui en rien aux
Juifs, comme vous-méme le sa-
vez fort bien.
11. Car si j'ai nui à quelqu'un
26. * Lui donnerait de l'argent. La vénalité était une, des plaies de l'administration
ro maine, surtout dans les provinces éloignées du centre de l'empire.
31. * Festus, qui succéda à, Félix comme procurateur, était un affranchi aussi bien
que.son prédécesseur. Il vint en. Judée en 59, la cinquième année de Néron, la se-
c onde de la captivité de S. Paul ou de la légation de Félix. Si désireux qu'il fût de
plaire aux Juifs, Festus sut rappeler, aux ennemis de l’Apôtre, ce qu'exigeaient le
droit romain et l'équité naturelle: que nul accusé ne füt condamné avant d' avoir été
confronté avec, ses accusateurs et mis à même de s'expliquer sur leurs imputations.
1.* De Césarée résidence ordinaire du gouverneur romain. Voir Actes, 1x, 30.
M. * J'en appelle à César. S. Paul avait droit de faire appel à César en sa qualité de
citoyen romain. Le César auquel il en appelle.était alors Néron (an 60).
2676
ou si j'ai fait quelque chose qui
mérite la mort, je ne refuse
point de mourir; mais s'il n'en
est rien des choses dont ils m'ac-
cusent, personne ne peut me li-
vrer à eux. J'en appelle à César.
12. Alors Festus, ayant conféré
avec le conseil, répondit : C'est
à César que tu en as appelé, c'est
devant César que tu iras.
19. Quelques jours apres, le
roi Agrippa et Bérénice descen-
dirent à Césarée pour saluer Fes- |
tus.
14. Et comme ils demeurerent
plusieurs jours, Festus parla de |
Paul au roi, disant : Un certain
homme a été laissé ici par Fé-
lix comme prisonnier;
15. A son sujet, lorsque j'étais
à Jérusalem, les princes des pré-
tres et les anciens des Juifs sont
venus vers moi, demandant une
condamnation contre lui.
16. Je leur ai répondu : Ce
n'est pas la coutume des Romains
de condamner un homme avant
que l'accusé ait ses accusateurs
présents,et qu'on lui ait donné
lieu de se défendre, pour se la-
ver de l'accusation.
ACTES DES APOTRES.
[cu. xxv.)
11. Apres done qu'ils furent ve-
nus ici sans aucun délai, le jour
suivant, siégeant sur mon tribu-
nal, j'ordonnai d'y amener cet
homme.
18. Ses accusateurs s'étant pré-
sentés, ne lui reprochàient aucun
des crimes dont jé le soupçon-
nais coupable ;
19. Mais ils agitaiént contre lui
quelques questions touchant leur
superstition, et un certain Jésus,
mort, que Paul affirmait étre vi-
vant.
90. Pour moi, hésitant à l'é-
gard d'une question de cette
sorte, je lui demandais s'il vou-
lait aller à Jérusalem pour étre
jugé sur ces choses.
21. Mais Paul en ayant appelé,
pour que sa cause füt réservée à
la connaissance d'Auguste, j'ai
ordonné qu'on 16 gardât jusqu'à
ce que je l’envoie à César.
22. Agrippa dit alors à Festus :
Je voulais, moi aussi, entendre
cet homme. Demain, répondit
Festus, vous l’entendrez.
23. Lelendemain donc, Agrippa
et Bérénice étant venus en gran-
de pompe, et étant entrés dans
| 13. Cet Agrippa était alors roi de la Trachonite. Il avait pour père 11620006 sur-
|nommé Agrippa, roi de Judée, qui avait fait mourir saint Jacques. Voy. xi, 1. —
'*«Agrippa Il, fils du meurtrier de S. Jacques, Hérode Agrippa, était beau-frère de
Félix par Drusille. C'était, d’après Josèphe, un Juif 2616 pour sa religion. Il porta le
titre de roi, quoiqu'il n'ait pas succédé à son pére sur le tróne de Judée. 1] se retira
à Rome en 66 et mourut en l'an 100. — Bérénice, sœur d'Agrippa, plus âgée que
Drusille, déjà veuve du vieil Hérode de Chalcis, son oncle, et séparée de Polémon,
roi de Cilicie, passait pour étre la concubine de son frére. Ces enfants déchus du
graud Hérode viennent offrir leurs hommages à l'affranchi Festus, devenu momenta-
nément favori et grand officier de l'empereur. Tandis qu'ils étalent leur faste, dans
une ville où leur père est mort rongé des vers pour son orgueil, le gouverneur ro-
main, voulant les distraire, les invite à présider un interrogatoire qui pourra les
intéresser, parce qu'il a trait à leur religion. » (L. BACUEZ.)
19. * Les princes des prêtres, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales. — Les
anciens des Juifs, les membres du Sanhédrin,
21. D'Auguste; c'est-à-dire de Néron. Le nom d'4uguste devint commun aux ein-
pereurs romains, comme celui de César.
[cu. xxvr.]
la salle des audiences avec les
tribuns et les principaux de la
ville, Paul fut amené par ordre
de Festus.
94. Et Festus dit : Roi Agrippa,
#ivous tous qui êtes ici réunis
avec nous, vous voyez cet
homme, au sujet de qui toute la
multitude des Juifs m'a interpellé
à Jérusalem, représentant et
criant qu'il ne devait pas vivre
plus longtemps.
95. Pour moi, j'ai reconnu qu'il
n'avait rien fait qui méritàt la
mort; cependant lui-méme en
ayant appelé à Auguste, j'ai dé-
cidé de l'y envoyer.
96. Et n'ayant rien de certain à
écrire de lui à l'Empereur, je l'ai
fait venir devant vous tous, mais
principalement devant vous, roi
Agrippa, afin que, l'interrogation
faite, j'aie quelque cnose à écrire.
97. Gar il me semble hors de
raison d'envoyer un homme char-
_gé de liens, et de ne pas en faire
connaitre la cause.
CHAPITRE XXVI.
Discours de Paul devant Agrippa. Festus
traite Paul d'insensé. Agrippa reconnait
l'innocence de Paul.
1. Alors Agrippa dit à Paul: On
te permet de parler pour te dé-
fendre. Paul aussitót, étendant
la main, commenca sa justifica-
tion.
2. Roi Agrippa, je m'estime
heureux d'avoir, sur toutes les
choses dont les Juifs m'accusent,
(παρ. XXVI. 10. Supra, vin, 4.
ACTES LES APOTRES.
2677
à me défendre aujourd'hui devant
vous,
3. Surtout, vous connaissant
toutes choses, et les coutumes et
les questions qui existent parmi
les Juifs. C'est pourquoi je vous
supplie de m'écouter avec pa-
tience.
4. Et d’abord ma vie qui, depuis
le commencement, s'est passée
au milieu de ma nation à Jérusa-
lem, tous les Juifs la connaissent,
5. Sachant d'avance (s'ils veu-
lent rendre témoignage), que, dès
le commencement, j'ai vécu pha-
risien, selon la secte la mieux
fondée de notre religion.
6. Et cependant me voici sou-
mis à un jugement au sujet de
l'espérance en la promesse qui ἃ
été faite par Dieu à nos pères,
7. Et dont nos douze tribus, ser-
vant Dieu nuit et jour, espèrent
entrer en possession. Ainsi, c'est
au sujet de cette espérance, Ô roi,
que je suis accusé par les Juifs.
8. Juge-t-on incroyable parmi
vous que Dieu ressuscite les
morts ?
9. Pour moi, j'avais pensé que
je devais par mille moyens agir
contre le nom de Jésus de Naza-
reth ;
10. Et c'est ce que j'ai fait à
Jérusalem ; j'ai jeté en prison un
grand nombre de saints, en ayant
| recu le pouvoir des princes des
| prétres; et, lorsqu'on les faisait
mourir, j'ai donné mon suffrage.
11. Et parcourant souvent
10. De saints. Voy. 1x, 13.
11. Saint Paul entre dans tous ces détails pour montrer au roi Agrippa qu'il n'avait
pas embrassé le christianisme légérement, puisqu'il en avait été un persécuteur si
ardent, et qu'il ne s'était rendu qu'à la force des miracles et à l'évidence de la vérité.
2673
toutes les synagogues pour les
tourmenter, je les forçais: de
blasphémer; et, de plus en plus
furieux contre eux, je les pour-
suivais jusque dans les villes
étrangères.
19. Comme j'allais dans ces dis-
positions à Damas, avec pouvoir
et permission des princes des
prétres,
43. Je vis, ὃ roi, au milieu du
jour, dans le chemin, qu'une lu-
mière du ciel, surpassant l'éclat
du soleil, brillait autour de moi
et de ceux qui étaient avec moi.
44. Εἰ, étant tous tombés par
terre, j'entendis une voix qui me
disait en langue hébraique : Saul,
Saul, pourquoi me persécutes-tu?
Il t'est dur de regimber contre
l'aiguillon.
15. Et moi, je demandai : Qui
étes-vous, Seigneur? Et le Sei-
gneur répondit : Je suis Jésus que
iu persécutes.
10. Mais leve-toi et tiens-toi sur
les pieds; ear je ne t'ai apparu
que pour t'établir ministre et té-
moin des choses que tu as vues;
et de celles pour lesquelles je
t'apparaitrai encore,
17. Te délivrant des mains du
peuple et de celles des gentils
vers lesquels je t'envoie mainte-
nant,
18. Pour ouvrirleurs yeux,afin
qu'ils se convertissent des ténè-
bres à la lumiere, et de la puis-
sance de Satan à Dieu, et qu'ils
recoiventlarémission des péchés,
et une part entre les saints, par
la foi en moi.
19. Ainsi, roi Agrippa, je ne fus
pas incrédule à la vision céleste ;
ACTES DES APOTRES.
[cg. xxvr.]
90. Mais à ceux de Damas, d'a-
bord, puis à Jérusalem, dans tout
le pays de Judée, et aux gentils,
jannoncais qu'ils fissent péni-
tence, et qu'ils se convertissent à
Dieu, faisant de dignes œuvres
de pénitence.
91. Voilà pourquoi les Juifs;
s'étant saisis de moi lorsque j'é-
tais dans le temple,. cherchaient
à me tuer. | |
22. Mais, assisté du secours de
Dieu, jusqu'à ce jour je suis de-
meuré ferme, rendant témoi-
gnage aux petits et aux grands,
ne disant rien que ce que les pro-
phètes et Moise ont prédit devoir
arriver :
93. Que le Christ souffrirait,
qu'il serait le premier dans la ré-
surrection des morts, et 1
devait annoncer la lumiere à ce
peuple et aux gentils.
94.: Comme il parlait ainsi, ex-
posant sa défense, Festus, d'une
voix forte, dit : Tu es fou, Paul;
ton grand savoir te fait perdre le
sens.
95. Et Paul : Je ne suis point
fou (dit-il), à excellent Festus;
mais je dis des paroles de sagesse
et de vérité. |
96. Et il sait bien ces choses, le
roi devant qui je parle avec tant
d'assurance; car je pense qu'il
n'ignore rien de cela, aucune de
ces choses ne s'étant passée dans
un coin.
97. Croyez-vous aux prophètes,
roi Agrippa? Je sais ἘΠ vous y
croyez. .
28. Et Agrippa à Paul : Peu s'en
faut que tu ne me persuades dé
ire chrétien.
12. Supra, 1x, 2. — 20. Supra, xur et xiv. — 21. Supra, xxr, 34,
[cn. xxvn.)
29. Mais Paul : Plaise à Dieu
qu'il ne s'en faille ni peu ni beau-
coup; que nor seulement vous,
mais encore tous ceux qui m'é-
coutent, deveniez aujourd hui
tels que je suis moi-même, à
l'exception de ces liens.
- 90. Alors le roi, le gouverneur,
Bérénice, et tous ceux qui étaient
assis avec eux se levèrent.
31. Et s'étant retirés à part, ils
se parlaient l'un à l'autre, disant:
Cet homme n'a rien fait qui mé-
rite la mort ou les liens.
32. Aussi Agrippa dit à Festus:
Cet homme pourrait étre ren-
voyé, sil n'en avait appelé à
César.
CHAPITRE XXVII.
Paul est mis daus un vaisseau pour aller
à Rome. Description de son voyage.
Le vaisseau οὰ il se trouvait est battu
par la tempéte. Dieu donne à Paul tous
ceux qui étaient avec lui. Le vaisseau
.86 brise; tous se sauvent.
1. Lorsqu'il eut été résolu que
Paul irait par mer en Italie, et
(βαρ, XXVII. 2. Supra, xix, 29; xx, 4.
ACTES DES APOTRES.
270
qu'on le remettrait, avec d'autres
prisonniers, entreles mains d'un
nommé Julius, centurion de la
cohorte Augusta,
2. Montant sur un navire d'A-
drumette, nous levàmes l'ancre,
commençant à naviguer le long
des cótes d'Asie, et ayant tou-
joursavec nous Aristarque, Macé-
donien de Thessalonique.
9. Le jour suivant, nous vin-
mes à Sidon. Or Julius, traitant
Paul avec humanité, lui permit
d'aller chez ses amis, et de pren-
dre?soin de lui-méme.
4. Et quand nous fümes partis
de là, nous naviguâmes au-des-
sous de Chypre, parce que les
vents étaient contraires.
5. Traversant ensuite la mer de
Cilicie et de Pamphylie, nous vin-
mes à Lystre, ville de Lycie;
6. Mais le centurion trouvant
là un navire d'Alexandrie, qui
faisait voile pour l'Itaiie, il nous
y fit embarquer.
7. Après avoir navigué lente-
29. * A l'exception de ces liens. «Et il montra ces chaines, dit le comte de Maistre.
Aprés que dix-huit siècles ont passé sur ces pages saintes, après cent lectures de
cette belle réponse, je crois la lire encore pour la première fois, tant elle me parait
noble, douce, ingénieuse, pénétrante! Je ne puis vous exprimer à quel point j'en
suis touché. »
1. * La cohorte Augusta dont Julius était centurion, était composée probablement
des hommes appelés Augustani, qu'on a supposé étre les mémes que les vétérans
formant la garde du corps des empereurs. Le départ de S. Paul eut lieu l'an 60.
2.* D'Adrumette, port de mer de la Mysie (Asie Mineure), près de la rivière du
Caique. — Aristarque. Voir note sur Actes, xix, 29.
3. * A Sidon, ville de la Phénicie, au sud de Tyr.
4. * De Chypre. Voir Actes, x1, 19.
9. * La mer de Cilicie et de Pamphylie est comprise entre l'ile de Chypre et le lit-
toral de l'Asie Mineure. — Lysíre, ville de Lycie. Le texte grec lit Myre, au lieu de
Lystre qui était en Lycaonie, non en Lycie. Myre, que devait illustrer plus tard son
évéque S. Nicolas, est en effet une ville de Lycie, en Asie Mineure, entre la Carie et
la Pamphylie. Cette ville était un port de mer, à l'est de Patare.
6. * Un navire d'Alezandrie (port de mer d'Egypte) avait été poussé à Myre par les
vents contraires (y. 4). On pouvait aller en un jour de Myre à Cnide.
7. * Devant Cnide, presqu'ile et ville du méme nom sur la côte de la Carie, entre
l'ile de Cos et celle de Rhodes. — La Créte, 116 au sud ouest de Cnide. Le vent ayant
2680
ment pendant bien des jours, et
être à peine arrivés devant Cnide,
le vent nous arrétant, nous có-
toyâmes la Crète, du côté de
Salmone ;
8. Et suivant la cóte avec dif-
ficulté, nous vinmes en un lieu
appelé. Bonsports, prés duquel
était la ville de Thalasse.
9. Beaucoup de temps s'étant
ainsi écoulé, et comme la naviga-
tion n'était déjà plus sûre, le
temps du jeûne se trouvant déjà
passé, Paul les consolait,
10. Leur disant : Hommes, je
vois quela navigation commence
à n'étre pas sans péril et sans
grand dommage, non seulement
pour la cargaison et le vaisseau
lui-méme, mais aussi pour nos
ámes.
11. Mais le centurion croyait
plus au pilote et au patron qu'à
ce que Paul disait.
ACTES DES APOTRES.
[cu. xxvu.]
19. Et comme le port n'était
pas propre pour hiverner, 18 plu-
part émirent l'avis d'en partir,
afin, s'il se pouvait, de gagner
Phénice, port de Crète, qui re-
garde l'Africus et le Corus, et d'y
passer l'hiver.
13. Un vent doux du midi s'é-
tant levé, et eux pensant qu'ils
accompliraient leur dessein, le-
vèrent l'anere d'Asson et côtoyè-
rent la Crète.
14. Mais, peu après, il se leva
contre 1118 un vent de typhon,
qui est appelé euro-aquilon.
15. Et comme le vaisseau était
emporté, etne pouvait résisterau
vent, nous nous laissâmes flotter
avec le vaisseau au gré du vent.
16. Et, poussés au-dessous
d'une ile qui est appelée Cauda,
à peine pümes-nous étre maitres
de l'esquif.
11. Lorsque les matelots l'eu-
empéché d'aborder à Cnide, le vaisseau aurait dü passer au nord de la Créte, mais
à cause du temps, il alla passer au sud de l'ile. — Salmone est un promontoire à
l'extrémité orientale de la Créte.
8-9. * Bonsporís, au sud de la Crète, à l'ouest de Salmone, où il y a un port à l'abri
des vents du nord-ouest. — Thalasse, dans le texte grec Lasæa. Les ruines de cette
ville ont été découvertes en 1856, prés du cap Léonda, non loin de Bonsports, à l'est.
9, 10. Les consolait, etc.; les encourageait tout en les avertissant du danger qu'ils
couraient pour leur vie. Le grec porte, en effet, conseiller, exhorter, etc.
12. * Phénice, port de Créte, au sud-ouest de l'ile, probablement le Lutro actuel,
protégé par des rochers contre les vents du sud-ouest, l'Africus, et du nord-ouest,
le Corus.
13. * Asson. 11 y a bien en Crète une ville d'Asos, mais ce n'est pas un port de mer.
D'aprés l'interprétation commune, le traducteur latin a pris pour un nom propre un
mot grec qui est en réalité un adverbe, asson, plus prés, et il faut traduire : ayant
levé l'ancre, ils longérent la terre, la côte de Crète, de trés près.
14-15. * Le vaisseau se dirigeait vers l'ouest. Aprés avoir doublé le cap Littino, il
naviguait en sécurité dans la baie de Massara, lorsqu'il s'éleva un vent de (yphon ou
produisant des tourbillons, d'entre l'est et le nord; la violence de ce vent emporta le
navire sans qu'il füt possible d'y résister.
16. * Le navire fut ainsi poussé au-dessous d'une île qui est appelée Cauda, aujour-
d'hui Gaudo, au sud de la Créte.
11. Lièrent; littér., ceignirent; c'est-à-dire qu'ils firent au vaisseau comme. une
ceinture en le liant de bas en haut avec des câbles, afin d'en consolider les flancs.—
En se faisant aider, autrement: En employant toutes sortes de moyens, comme les
cordes, les crochets, etc.; mais la première traduction paraît mieux fondée. — Il y
a deux syrtes ou bancs de sable sur la côte septentrionale de l'Afrique, la grande
et la petite; c'est de la dernière qu'il est ici question.
[cu. xxvn.]
rent enfin tiré à nous, ils lièrent
le vaisseau en se faisant aider,
et, craignant de donner sur la
syrte, ils abaisserent le mât, et
s’abandonnèrent ainsi à la mer.
18. Et comme nous étions for-
tement battus de la tempéte, le
jour suivant ils jetèrent les mar-
chandises à la mer;
19. Le troisieme jour, ils jetè-
rent aussi, de leurs propres
mains, les agrès du vaisseau.
90. Or, le soleil ni aucun autre
astre n'ayant paru pendant plu-
sieurs jours, et une violente tem-
péte sévissant, nous avions perdu
tout espoir de salut.
91. Et comme depuis long-
temps on n'avait pas mangé,
Paul se tenant au milieu d'eux,
dit : Hommes, vous auriez dû,
m'écoutant, ne point quitter la
Crète, et vous épargner ainsi ce
péril et cette perte.
22. Cependant je vous exhorte
à prendre courage, parce que
aucune de vos âmes ne périra; il
n'y aura que le vaisseau.
93. Car un ange du Dieu à qui
je suis et que je sers, s'est pré-
senté à moi cette nuit,
94. Disant : Paul, ne crains
point; il faut que tu comparaisses
devant César; et voilà que Dieu
ta donné tous ceux qui navi-
guent avec Loi.
25. C'est pourquoi, hommes,
ayez bon courage ; car j'ai foi en
Dieu, qu'il en sera comme il m'a
été dit.
20. Mais il faut que nous soyons
ACTES DES APOTRES.
2681
jetés contre une certaine ile;
27. Or, quand la quatorzième
nuit fut venue, nous naviguant
dans l'Adriatique, vers le milieu
de la nuit, les matelots crurent
entrevoir quelque terre
28. Jetant aussitôt la sonde, ils
trouvèrent vingt brasses, et s'é-
loignant un peu au delà, ils trou-
vèrent quinze brasses.
29.. Alors craignant de heurter
contre quelque écueil, jetant de
la poupe quatre ancres, ils sou-
| haitaient vivement qu'il fit jour.
90. Les matelots, cherchant à
fuir du vaisseau, après avoir mis
l'esquif en mer, sous prétexte de
commencer à jeter des ancres du
cóté de la proue,
91. Paul dit au centurion et aux
soldats : Si ces hommes ne res-
tent pas dans le vaisseau, vous-
mémes ne pouvez vous sauver.
32. Alors les soldats couperent
les cordages de l'esquif et le lais-
serent aller.
33. Et comme le jour commen-
cait à se faire, Paul les exhorta
tous à prendre de la nourriture,
disant : C'est aujourd'hui le qua-
torzieme jour que vous passez à
jeun dans l'attente, ne prenant
rien.
34. C'est pourquoi je vous ex-
horte, pour votre salut, à prendre
de la nourriture ; car pas un che-
veu de la tête d'aucun de vous ne
périra.
35. Et, quand il eut dit ces cho-
ses, prenant du pain, il rendit
gráces à Dieu en présence de
——————— ——À
21. * Dans l'Adriatique. Les anciens appliquaient ordinairement ce nom à la mer
Ionienne, entre la Grèce et l'Italie méridionale.
28. * Brasses. La brasse a la longueur des deux bras étendus; elle valait de cinq
à six pieds grecs.
2682
tous; et l'ayant rompu, il se mit
à manger.
96. Alors tous les autres ayant
repris courage, mangerent aussi.
37. Or nous étions dans le vais-
seau deux cent soixante-seize
personnes en tout.
38. Et quand ils furent rassa-
siés, ils allégèrent le vaisseau en
jetant le blé dans la mer.
39. Lorsque le jour fut venu,
ils ne reconnaissaient point la
terre; mais ils apercevaient un
golfe qui avait un rivage, sur le-
quel ils songeaient à échouer le
vaisseau s'ils le pouvaient.
40. Ainsi, apres avoir levé les
ancres, et en méme temps lâché
les attaches des gouvernails, ils
s'abandonnerent à la mer; et
ayant dressé lartimon selon le
vent qui soufflait, ils tiraient vers
le rivage.
44. Mais ayant rencontré une
langue de terre baignée par deux
mers de deux côtés, ils échouè-
rent le vaisseau; et la proue s'é-
tant enfoncée, demeurait immo-
bile; mais la poupe se déjoignait
par la violence des vagues.
49. Alors le dessein des soldats
fut. de tuer les prisonniers, de
peur que quelqu'un d'eux ne s'en-
fuit en nageant.
48. Mais le centurion, voulant
sauver Paul, les en empécha et
ordonna à ceux qui savaient na-
41. II Cor., ,זא 20.
ACTES DES APOTRES.
[cu. xxvn.]
ger, de se jeter à la mer les pre-
miers, et dese sauver en gagnant
la terre.
44. Pour les autres, on les fit
passer sur des planches, et quel-
ques-uns sur des débris du vais-
seau. Et ainsi il arriva que tous
gagnèrent la terre. |
CHAPITRE XXVII.
Paul et ceux qui étaient avec lui sont re-
cus à Malte. Il est mordu d'une vipére.
Il guérit les malades de cette ile. Il
continue son voyage, arrive à Rome,
préche Jésus-Christ aux Juifs, leur re-
proche leur endurcissement, et leur an-
nonce que les gentils.leur seront pré-
férés.
1. Après nous être ainsi sauvés,
nous apprimes que l’île s'appelait
Malte. Et les barbares nous mon-
trèrent beaucoup d'humanité.
2. Car ayant allumé du feu, à
cause de la pluie tombante et du
froid, ils nous ranimaient.
3. Alors Paul ayant rassemblé
une certaine quantité 00 sar-
ments, et les ayant mis au feu,
une vipère que la chaleur en fit
sortir s'élanca sur sa main.
4. Dès que les barbares virent
. cette bête qui pendait à sa main,
ils se dirent l'un à l'autre : Assu-
rément, cet homme est un meur-
trier, puisque, apres avoir échap-
pé à la mer, la vengeance ne
permet pas qu'il vive.
ὃ, Et lui, secouant la béte dans
4. Les barbares; c'est-à-dire les restes des paysans africains qui étaient restés dans
l'ile, depuis que les Romains s'en étaient rendus maîtres; ces paysans, ne parlant ni
grec ni latin, étaient de ceux que les Grecs appelaient alors barbares. — * Malle.
Quelques commentateurs croient qu'il s'agit ici de Meleda, dans le golfe de Venise,
mais le plus grand nombre pensent que l'ile ici nommée est bien celle qui est con-
nue aujourd'hui sous le nom de Malte, dans la mer Méditerranée, au sud de la Sicile.
4. * La vengeance, en grec Diké, la vengeance divine personnifiée d'aprés les idées
paiennes
] 18 ,- xxvii.)
le. feu, n'en souffrit aucun. mal.
.6..Mais eux croyaient qu'il allait
enfler, tomber soudainement et
mourir. Et apres avoir attendu
longtemps, voyant qu'il ne lui
arrivaitaucun mal, ils changérent
de sentiments, et dirent que c'é-
tait un dieu.
7. En ces lieux-là se trouvaient
des terres appartenant au pre-
mier de l'ile, nommé Publius, le-
quel, nous recevant, se montra,
durant trois jours, trés bon en-
vers nous.
8. Oril serencontra que le pere
de Publius était au lit, tourmenté
de la fièvre et de la dyssenterie.
Paul alla le voir, et ayant prié, et
lui ayant imposé les mains, il le
guérit.
9. Cela fait, tous ceux qui, dans
1116, avaient des maladies, ve-
naient, et étaient guéris ;
10. 115. nous rendirent aussi
ACTES DES APOTRES.
2683
beaucoup d'honneurs, et, quand
nous nous mimes en mer, ils nous
pourvurent de toutes les choses
qui nous étaient nécessaires.
11. Au bout de trois mois, nous
nous embarquámes sur un vais-
seau d'Alexandrie, qui avait hi-
verné dans l'ile, et qui avait pour
enseigne les castors.
12. Et étant arrivés à Syracuse,
nous y demeurámes trois jours.
13. De là, faisant le tour de la
côte, nous vinmes à Rhégium ; et
un jour après. un vent ayant
soufflé du midi, nous. vinmes à
Pouzzoles,
14. Θὰ nous trouvâmes de nos
frères, qui nous prierent de de-
meurer avec eux sept jours; et
après nous partimes pour Rome.
18. Ce qu'ayant appris, nos
frères de Rome vinrent au-devant
de nous jusqu'au forum d'Appius
et aux trois Tavernes. Lorsque
1. * Au. premier de l'ile, nommé Publius. Deux inscriptions, l'une grecque, l'autre
latine, nous apprennent que le magistrat supréme de Malte portait le titre de Pre-
mier de l'ile.
41, * Les castors. En grec : les Dioscures, c'est-à-dire Castor et Pollux, fils de Jupiter
et.de Léda, dont on avait donné le nom à une constellation et que les marins hono-
raient comme une divinité tutélaire. Leur image était peinte sur la proue du vaisseau
d'Alexandrie, qui, pour ce motif, portait leur nom.
12. * Syracuse, capitale de la Sicile, sur la côte orientale de cette fle.
13. * Rhégium, aujourd'hui Reggio, dans leroyaume de Naples, au sud-ouest, vis-
à-vis de la Sicile. — « Le lieu nommé Puteoli par la Vulgate est Pouzzoles, ville de la
Campanie, sur le golfe de Naples. Le port d'Ostie ne pouvant recevoir que des bar-
ques, celui de Pouzzoles était le dernier où l'on abordát avant l'embouchure du Tibre.
C'est vers ce port, parfaitement sûr, que cinglaient les nombreux vaisseaux qui ve-
naient d'Alexandrie; et c'est là que débarquaient les Juifs et les Syriens qui se ren-
daient à Rome. S. Paul y arriva deux jours aprés son départ de Reggio. Les frères
qui l’accueillirent avec une charité si empressée, et qui le retinrent toute la semaine
, avec S. Luc et Aristarque, étaient certainement des chrétiens, aussi bien que ceux
| qui vinrent à sa rencontre jusqu'au Marché d'Appius, à neuf lieues de Rome, et aux
| Trois Loges, à quatre lieues, Pouzzoles est. à peu de distance de Pompei. On a trouvé
récemment dans les ruines de cette derniére ville, ensevelie dix-huit ans plus tard,
en 79, sous les laves du. Vésuve, une synagogue, et dans une inscription gravée au
trait sur le stuc d'une muraille, une trace certaine de l'existence du christianisme
à cette époque: Audi christianos, sævos olores. » (L. Bacuez.)
45. * Forum ou marché d'Appius. Il était situé sur la voie Appienne, à quarante-
trois milles de Rome, au nord-ouest de Terracine. — Les trois Tavernes étaient encore
plus au nord, sur la méme voie Appienne, à trente-trois milles de Rome.
2684
Paul les eut vus rendant grá-
ces à Dieu, il fut rempli de con-
fiance.
16. Quand nous fûmes arrivés
à Rome, on permit à Paul de de-
meurer seul avec le soldat qui le
gardait.
17. Après le troisième jour, il
fit appeler 168 premiers d'entre
les Juifs. Et lorsqu'ils se furent
assemblés,illeurdisait: Hommes,
mes freres, n'ayant rien fait con-
tre le temple ni contre les cou-
tumes de nos peres, j'ai été char-
gé de liens à Jérusalem, et livré
aux mains des Romains,
18. Lesquels, apres m'avoir
interrogé, ont voulu merenvoyer,
parce qu'il n'y avait aucune cause
de mort en moi.
19. Mais les Juifs s'y opposant,
j'ai été forcé d'en appeler à Gésar,
non que j'aie quelque sujet d'ac-
cuser ma nation.
90. Voilà donc pourquoi j'ai
demandé à vous voir et à vous
parler. Car c'est à cause de l'es-
pérance d'Israël que j'ai été lié de
cette chaine.
21. Ils lui répondirent : Nous
n'avons point requ de lettre de
Judée à ton sujet, et aucun frere
n'est venu, qui nous ait parlé, ou
nous ait dit aucun mal de toi.
99. Mais nous serions bien aises
d'apprendre de toi-même ce que
ACTES DES APOTRES.
(ch. [,זזזטצצ
tu penses ; carce que nous savons
de cette secte, c'est que partout
on la combat.
23. Lorsqu'ils lui eurent mar
qué un jour, ils vinrent en grand
nombre le trouver dans l'hótelle-
rie ; et il leur expliquait, et con-
firmait par des témoignages 16
royaume de Dieu, s'efforcant, du
matin au soir, de les persua-
der de ce qui regarde Jésus, par
la loi de Moise et par les pro-
phétes.
24. Et les uns croyaientce qu'il
disait, etles autres ne le croyaient
pas.
95. Et comme ils ne s’accor-
daient pas entre eux, ils se reti-
raient, Paul disant ce seul mot :
C'est avec raison que l'Esprit-
Saint ἃ parlé à nos pères par la
bouche du prophète Isaïe,
26. Disant : Va vers ce peuple,
et dis-lui : Vous entendrez de vos
oreilles, et vous ne comprendrez
point; regardant, vous regarde-
rez, et vous ne verrez point.
27. Car le cœur de ce peuple
s'est appesanti, leurs oreilles sont
devenues sourdes, et ils ont fer-
mé leurs yeux ; de peur qu'ils ne
voient de leurs yeux, qu'ils n'en-
tendent de leurs oreilles, qu'ils
ne comprennent de leur cœur,
qu'ils ne se convertissent et:que
je ne les guérisse.
Cuar. XXVIII. 26. Isaie, vr, 9; Matt., xir, 14; Marc, iv, 12; Luc, vin, 10; Joan, xit,
40; Rom., ΧΙ, 8.
16. * Seul avec le soldat qui le gardait. C'était un soldat prétorien, auquel S. Paul,
d'après la coutume romaine, était attaché par une chaine au bras. — 8S. Paul arriva
à Rome au mois de mars de l'an 61, la Te année du règne de Néron.
19. * À César, alors Néron.
23. * Dans l'hôtellerie, proprement le logement où il recevait l'hospitalité, peut-
être la maison d'Aquila et de Priscille.
36. Regardant, vous regarderez; répétition qui, comme on a pu le remarquer plu:
sieurs fois, a pour but de donner de la force et de l'énergie au discours.
(cu. ΧΧΥΠΙ.] ACTES DES APOTRES. 2685
98. Qu'il soit donc connu de 30. Or il demeura deux ans en-
vous, que ce salut de Dieu a été | tiers dansunlogis qu'il avaitloué;
envoyé aux gentils, et qu'eux | et il recevait tous ceux qui ve-
écouteront. naient à lui,
29. Lorsqu'il leur eut dit ces 31. Préchant le royaume de
choses, les Juifs le quitterent, | Dieu, etenseignantce qui regarde
ayant de grands débals entre | Jésus-Christ, en toute assurance
eux. et sans empéchement.
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me em ist
sieurs this, 5 δὲ ἐξ Βαϊ"
LES
EPITRES DE SAINT PAUL
— ái
SAINT PAUL
S. Paul, selon l'expression de Bossuet, a été le plus zélé des
Apôtres et le plus illustre des prédicateurs. Non content de précher
l'Evangile de vive voix, il l'a préché par ses écrits à ses contempo-
rains et il nous le préche encore dans ses Epitres immortelles qui ont
fait l'admiration de tous les siècles et qui seront à jamais la consola-
tion, l'instruction etl'édification de l'Eglise.1l a bien réalisé la parole
qu'avait dite de lui le divin Maitre : « C'est un vase d'élection, pour
porter mon nom devant les Gentils, les rois et les enfants d'Israél. »
Paul, appelé d'abord Saul, était né à Tarse en Cilicie (voir la
note Ac£.,1x,30), d'une famille juive, de la tribu de Benjamin, vers le
commencement de l'ére chrétienne. Son père était pharisien. Envoyé
encore jeune à Jérusalem, Saul y reçut les leçons de Gamaliel (voir
la note Act. v, 34). Quand le christianisme commença à se propager,
il se fit remarquer entre tous parsa haine et son animosité contre les
disciples de Jésus-Christ. Pendant le martyre de S. Etienne, il gardait
les vétements de ceux qui le lapidaient. Quelque temps apres cet
“événement, il se fit charger par les princes des prêtres d'aller pour-
| suivre les Juifs convertis dans les villes étrangères. Mais le Sauveur
l'attendait sur le chemin de Damas, et de persécuteur, il le fit apôtre
(an 35). Saul avait alors environ 35 ans.
Lorsque la Providence l'eut suffisamment préparé à l'œuvre de la
conversion des Gentils, à laquelle elle l'avait particulierement appelé,
S. Paul commença ses courses et ses missions à travers l'empire
romain. C'était vers l'an 45.
« On peut distinguer, dit M. Bacuez, trois voyages apostoliques de
--
2688 LES EPITRES DE SAINT PAUL.
S. Paul, ayant pour point de départ, non Jérusalem, capitale de la
Judée, mais Antioche, la métropole:de l'Orient, dont la population
mélangée et trafiquante était en rapport avec toutes les nations du
monde et où les disciples du Sauveur portaient déjà le nom de
chrétiens.
» Le premier se fit avant le concile de Jérusalem, de 45 à 47 ou 48.
Parti avec S. Barnabé, aprés avoir reçu le caractère épiscopal et
avoir appris, dans un ravissement, des secrets merveilleux, l'Apótre
commence par évangéliser l'ile de Chypre, puis il revient sur le con-
tinent, préche à Perge en Pamphilie, à Antioche de Pisidie, à Icone,
à Lystre, à Derbe de Lycaonie; et enfin, après une nouvelle visite à
Lystre, Icone, Antioche de Pisidie, il rentre à Antioche.
» Le second voyage eut lieu peu aprés le concile, et dura environ
trois ans, de 51 à 53 environ. Il a plus d'importance encore que le
premier. S. Paul, se séparant, dés le début, de Barnabé, qui retourne
en Chypre, sa patrie, s'avance avec Silas vers le nord de lAsie-
Mineure. 11 parcourt la Phrygie, et jette les premieres semences de
la foi en Galatie. Ensuite, sur un avis qu'il reçoit du ciel, il passe en
Europe. Il fonde les églises de Philippes, de Thessalonique et de
Bérée dans la Macédoine ; puis, en Grece, celle d'Athenes, et celle de
Corinthe, où il séjourne dix-huit mois chez Aquila, et d'où il écrit
ses deux Lettres aux Thessaloniciens. Enfin il regagne Antioche par
Ephèse, Césarée, Jérusalem.
» Le dernier voyage est 16 plus long. Il eut lieu de 55 à 58 environ.
Après avoir visité les églises de Galatie et de Phrygie, S. Paul fait à
Ephèse et aux environs un séjour d'environ trois ans. Une sédition
le forçant de quitter Ephèse, il en laisse le soin: à Timothée, et part
pour la Macédoine. De làil revient à Troade, passe en Grèce, retourne
à Corinthe oü il demeure trois mois; puis, revenant par la Macé-
doine, il s'embarque à Philippes, passe à Troade, à Asson, à Milet.
Quelques jours après, il est à Césarée, chez le diacre Philippe. Enfin
il arrive à Jérusalem, oü il tombe au pouvoir de ses ennemis, et apres
deux ans de captivité il se voit forcé d'appeler au tribunal de César.
Dans le cours de ce dernier voyage il avait écrit quatre Epitres nou-
velles, deux aux Corinthiens, la premiere d'Ephése, la seconde 6
Philippes; puis l'Epître aux Galates et celle aux Romains, de
Gorinthe. »
> Il court ainsi, dit Bossuet, il court par toute la terre, portant 8
tout la croix de Jésus; toujours menacé, toujours poursuivi avec une
fureur implacable; sans repos durant trente années, il passe d'un
LES ÉPITRES DE SAINT PAUL. 2689
travail à un autre, et trouve partout de nouveaux périis ; des nau-
frages dans ses voyages de mer, des embüches dans ceux de terre ;
de la haine parmi les Gentils, de la rage parmi les Juifs; des calom-
niateurs dans tous les tribunaux, des supplices dans toutes les villes;
dans l'Eglise méme et dans sa maison des faux freres qui le trahissent,
tantót lapidé et laissó pour mort, tantót battu outrageusement et
presque déchiré par le peuple ; il meurt tous les jours pour le Fils de
Dieu, quotidie morior; et il marque l'ordre de ses voyages par les
traces de sang qu'il répand et par les peuples qu'il convertit. »
S. Paul fut emprisonné vers l'an 58. Arrété à Jérusalem, conduit
ensuite à Césarée, il fit, dans cette dernière ville, appel à César et
fut conduit à Rome, où il comparut peut-être devant Burrhus et
Sénèque, les ministres de Néron, de qui dépendait son sort. On croit
qu'il recouvra sa liberté en 62, mais depuis son arrivée à Rome nous
n'avons plus sur sa vie et ses actes les renseignements détaillés et
authentiques que nous avait fournis jusque-là S. Luc.
« Après les derniers récits des Actes, récits qui vont jusqu'en 58,
60 ou 63, suivant les systèmes, tout ce qu'on sait de certain, c'est
qu il travailla avec succes à la propagation de l'Evangile dans la capi-
tale de l'empire, sans cesser de veiller sur les églises d'Asie; qu'il
écrivit du lieu de sa captivité au moins quatre Epitres : aux Ephé-
siens, aux Colossiens, à Philémon, aux Philippiens. Ceux qui
n'admettent qu'une captivité le font mourir en 64, sous la persécution
de Néron; mais le sentiment le plus commun est qu'il fut martyrisé
avec saint Pierre, en l'an 67. Quant aux autres faits qui remplirent
les dernieres années de sa vie, ils ne sont pas connus avec certitude.
Néanmoins on s'accorde généralement à penser qu'apres avoir com-
paru devant Néron et avoir été absous à son tribunal, S. Paul reprit
ses courses apostoliques, qu'il se rendit en Espagne, suivant son
ancien projet, en passant par les Gaules; qu'il revint en Orient,
s'arréta à Colosses, à Troas, à Milet, dansl'ile de Crete, en Macédoine, :
à Corinthe, à Nicopolis; puis qu'étant rentré à Rome, vers 66, il fu!
arrété de nouveau avec S. Pierre et soumis à une dure captivité,
enfin condamné à mort et décapité sur la route d'Ostie. D'autres
pensent qu'il se rendit d'abord en Orient, en passant par l'ile de
Crète, qu'il visita Jérusalem, Colosses, puis qu'après plusieurs
voyages dans la Macédoine, dans la Grèce et à Ephèse, il arriva en
Espagne en passant par Rome où il revint pour terminer sa vie. »
(L. Bacuzz.)
En mourant, S. Paul laissait en héritage à l'Eglise ses quatorze
N. T. 169
2690 LES ÉPITRES DE SAINT PAUL.
Epîtres. Neuf d’entre elles sont adressées à des Eglises (en supposant
que celle aux Hébreux a été écrite pour l'Eglise de Jérusalem), une à
une province (la Galatie), quatre à des particuliers. Elles ont toutes
été écrites en grec, à l'exception peut-être de l'Epitre aux Hébreux
dans sa première rédaction. Leur date précise n'est pas toujours
180118 à déterminer avec certitude. En voici le tableau chronologique,
d’après M. Bacuez.
Sir Epitres écrites dans l'espace de six ans, pendant son n° et son me voyage
apostolique :
l^ aux Thessaloniciens (v chap.), 2 voyage, en 52, de Corinthe.
II* aux Thessaloniciens (ur chap.), méme année, de Corinthe.
[τὸ aux Corinthiens (xvi chap.), 3* voyage, en 56, d'Ephèse. |
115 aux Corinthiens (xi chap.), en 57, de Philippes.
Aux Galates (v1 chap.), en 57, de Corinthe.
Aux Romains (xvi chap.), en 58, de Corinthe.
Quatre Epitres écrites sur la fin de sa première captivité :
Aux Philippiens (tv chap.),
Aux Ephésiens (vi chap.),
Aux Colossiens (tv chap.),
A Philémon (1 chap.),
l'an 62, de Rome.
Trois entre les deux captivites :
Aux Hébreux (xui chap.), l'an 63, de l'Italie.
A Tite (ur chap.), l'an 64, de la Macédoine.
יז à Timothée (νι chap.), méme date, et méme contrée.
Douze sous Néron, de 56 à 66.
Une pendant sa dernière captivité :
II» à Timothée (tv chap.), l'an 66, de Rome.
« Le grand prédicateur de Jésus-Christ, dit S. Cyrille de Jér usalem,
c'est S. Paul. L'Esprit Saint a permis que les autres Apótres n'écri-
visssent qu'un petit nombre d'Epitres; mais pour S. Paul, il a voulu
qu'ilen écrivit quatorze. Pourquoi cela? Parce que S. Paul a com-
mencé par persécuter le Christianisme et que rien ne prouve mieux
la vérité d'une doctrine que le suffrage de ses persécuteurs. »
Les lettres de l'Apótre des gentils n'ont rien d'analogue dans
aucune langue, ni pour le fond ni pour la forme. La doctrine en est
merveilleuse et divine; la dialectique, irrésistible. |
« S. Paul a des moyens pour persuader que la Grèce n'enseigne
LES EPITRES DE SAINT PAUL. 2691
pas et que Rome n'a pas appris. Une puissance surnaturelle, qui se
plait de relever ce que les superbes méprisent, s'est répandue et
mélée dans l'auguste simplicité de ses paroles. De là vient que nous
admirons dans ses admirables Epitres une certaine vertu plus qu'hu-
maine, qui persuade contre les regles, ou plutót qui ne persuade pas
tant qu'elle captive les entendements, qui ne flatte pas les oreilles,
mais qui porte ses coups droit au cœur. » (Bossuer.)
Pour exposer les grandes vérités chrétiennes, S. Paul se faconne à
lui-même son langage. Il a créé la langue chrétienne, il a fait expri-
mer à des mots paiens les vérités nouvelles que Jésus-Christ avait
apportées au monde. « La sagesse du grand Paul, dit S. Grégoire de
Nysse, se sert des mots à son gré, il les assujettit à sa volonté et
adapte leur signification aux besoins de sa pensée, quoique l'usage
leur ait attribué un autre sens et en ait fait l'expression de concep-
tions différentes. »
La nouveauté de son langage produit une certaine obseurité, mais
plus encore son exposition. Les idées se pressent en foule sous sa
plume ; elles s'accumulent, s'entassent et s'emmélent. De là un cer-
tain désordre, de longues parentheses, des retours en arriere, des
phrases inachevées, des constructions compliquées, etc. Ce n'est
point la marche savante et méthodique des classiques de l'antiquité,
mais si ce sont là des défauts au point de vue littéraire, comme ils
sont largement compensés par des qualités d'ordre supérieur! Quelle
vie, quel mouvement, quels élans et surtout quelles pensées divines
dans ces Epitres!
« N'attendez donc pas de l'Apótre, dit Bossuet, ni qu'il vienne flatter
les oreilles par des cadences harmonieuses, ni qu'il veuille charmer
les esprits par de vaines curiosités. S. Paul rejette tous les artifices
de la rhétorique. Son discours, bien loin de couler avec cette dou-
ceur agréable, avec cette égalité tempérée que nous admirons dans
les orateurs, parait inégal et sans suite à ceux qui ne l'ont pas assez
pénétré; et les délicats de la terre, qui ont, disent-ils, les oreilles
fines, sont offensés de la dureté de son style irrégulier. Mais n'en
rougissons pas. Le discours de l'Apótre est simple, mais ses pensées
sont toutes divines. S'il ignore la rhétorique, s'il méprise la philoso-
phie, Jésus-Christ lui tient lieu de tout, et son nom qu'il a toujours à
la bouche, ses mystères qu'il traite si divinement, rendront sa sim-
plicité toute puissante. Il ira, cet ignorant dans l’art de bien dire,
avec cette locution rude, avec cette phrase qui sent l'étranger, il ira
en cette Grèce polie, la mère des philosophes et des orateurs; et
2692 LES ÉPITRES DE SAINT PAUL.
malgré la résistance du monde, il y établira pius d'Eglises que Pla-
ton n'y a gagné de disciples, par cette éloquence qu'on a crue divine.
11 préchera Jésus dans Athènes, et le plus savant de ses sénateurs
passera de l'Aréopage en l'école de ce barbare. Il poussera encore
plus loin ses conquétes; il abattra aux pieds du Sauveur la majesté
des faisceaux romains en la personne d'un proconsul, et il fera trem-
bler dans leur tribunaux les juges devant lesquels on le cite. Rome
méme entendra sa voix; et un jour cette ville maitresse se tiendra
bien plus honorée d'une lettre du style de Paul, adressée à ses
citoyens, que de tant de fameuses harangues qu'elle a entendues de
son Cicéron. »
« S. Paul est le théologien du Nouveau Testament et le dernier
degré de la profondeur dans les choses divines. Venu apres Jésus-
Christ, quand la révélation de tous les mystères était consommée,
homme de science avant d'étre l'homme de Dieu, il a porté dans les
abimes de lincarnation et de la rédemption une lumière si éner-
gique, qu'elle éblouit d'abord, et une intrépidité de foi dont l'expres-
sion abrupte cause une sorte de vertige à l'entendement qui n'y est
pas préparé. S. Paul a une langue à lui, une sorte de grec tout trempé
d'hébraisme, des tours brusques, hardis, brefs, quelque chose qui
semblerait un mépris de la clarté du style, parce qu'une clarté supé-
rieure inonde sa pensée et lui parait suffire à se faire voir elle-méme.
Insouciant de l’éloquence comme de la lumière, il rebute d'abord
l'àme qui vient à ses pieds; mais, quand on a la clef de son langage,
et qu'une fois, à force de le relire, on s'est élevé peu à peu à l'en-
tendre, on tombe dans l'enivrement de l'admiration. Tous les coups
de sa foudre ébranlent et saisissent; il n'y a plus rien au-dessus de
lui, pas méme David, le poète de Jéhovah, pas méme S. Jean, l'aigle
de Dieu; s'il n'a pas la lyre du premier ni le coup d'aile du second, il
a sous lui l'Océan tout entier de la vérité et ce calme des flots qui se
taisent. David ἃ vu Jésus-Christ du haut de la montagne de Sion,
S. Jean a reposé sur sa poitrine dans un banquet; pour S. Paul, c'est
à cheval, le corps en sueur, l'ceil enflammé, le cceur tout rempli des
haines de la persécution, qu'il a vu le Sauveur du monde, et que ren-
versé à terre sous l'éperon de sa grâce, il lui a dit cette parole de
paix : Seigneur, que voulez-vous que je fasse? » (LACORDAIRE.)
EPITRE DE SAINT PAUL
AUX ROMAINS
INTRODUCTION
Quand S. Paul écrivit cette Epilre, il était pour la troisième fois à Corinthe
et logeait chez un chrétien nommé Caius, qu'il avait baptisé de sa main. Aprés
trois mois passés dans cette ville ou aux environs, il allait partir pour Jérusa-
lem, afin d'y porter la collecte qu'il avait faite parmi ses disciples de Corinthe
et dans les autres églises d'Europe. C'était l'an 58, probablement. La féte de la
Pentecóte approchait. Tandis que Néron, empereur depuis quatre ans, mais à
peine arrivé à sa vingtiéme année, commencait à se signaler par sa fureur pour
les jeux du Cirque et par ses courses nocturnes, jointes à l'enlévement de
Poppée et à l'exil d'Othon, l'Apótre, aprés avoir évangélisé une bonne partie de
l'Asie-Mineure et de la Gréce, se disposait à passer en Occident et à porter la
foi dans les contrées les plus reculées de l'empire. Avant de quitter Cenchrée,
il achève sa Lettre, et l'envoie aux chrétiens de Rome, par une veuve, nommée
Phébée, qu'il désigne comme diaconesse de l'Eglise de Corinthe. Ainsi cette
Epitre le devance de trois ans dans la capitale du monde.
L'authenticité de l'Epitre aux Romains est incontestable, et, si l'on excepte
les deux derniers chapitres, universellement reconnue, méme par les rationa-
listes les plus outrés.
Une colonie de Juifs était établie à Rome depuis prés d'un siécle. Auguste
l'avait traitée avec bienveillance. Non content de lui assurer le libre exercice de
son culte, il lui avait attribué une portion considérable de la région transtibé-
rine, Elle était déjà considérable, à cette époque, puisque huit mille Juifs de
Rome se joignirent aux députés de la Palestine pour réclamer auprès de ce
prince contre le testament d'Hérode. Or, nous apprenons de S. Luc qu'un cer-
tain nombre de Juifs et de prosélytes, étant venus de Rome à Jérusalem l'année
de la mort du Sauveur, avaient assisté au miracle de la Pentecóte et entendu le
premier discours de S. Pierre. Il y a lieu de croire que plusieurs se convertirent
et emportérent avec eux, daus la capitale de l'empire, les premiéres semences
de la foi. Des Juifs de la synagogue des A/franchis, qui étaient nés en cette ville
ou aux envwons, et des Gentils de la cohorte italique, rappelés en Italie après
l'élévation d'Hérode Agrippa sur le tróne de Judée, se joignirent probablement
à ces premiers fidéles. Enfin, nous savons que S. Pierre, obligé par sa charge
969^ ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
de se porler à la téte de l'Eglise, vint lui-méme à Rome organiser cette chré-
tienté naissante, comme il avait organisé celle d'Antioche, et qu'assez longtemps
avant la ruine de Jérusalem, dés le commencement du règne de Claude, il éta-
blit son siége dans la capitale du monde. Si la date n'est pas absolument süre,
le fait de cet établissement est incontestable : les preuves remontent jusqu'aux
Apótres.
Bannis un moment de Rome, comme les Juifs avec lesquels on les confondait,
les chrétiens ne tardérent pas à y rentrer. En l'an 58, au moment oü S. Paul
leur écrivait, ils formaient déjà une église considérable et bien organisée, dont
la foi était connue du monde entier. Ils étaient Gentils d'origine pour la plu-
part : c'est par là qu'ils se recommandaient particulièrement au zèle de S. Paul.
En l'an 64, une trentaine d'années aprés la mort du Sauveur, ils s'étaient mul-
tipliés au point de fournir à Néron une mullitude énorme de victimes. Des ensei-
gnements que l'Apótre leur adresse, on est fondé à conclure qu'ils étaient fixés
sur les principaux points de la doctrine chrétienne, et qu'on les avait instruits
avec soin, non seulement de l'économie générale de la religion, mais encore des
vérités les plus relevées du christianisme, des rapports de la loi nouvelle avec
laloi mosaique, des prophéties, des sens spirituels, des figures de l'Ancien Tese
tament, etc.
S. Paul n'avait pas fondé cette Eglise, non plus que celle de Colosses ; mais il
y avait des amis et des disciples qui sollicitaient son zéle et désiraient ses avis.
Ce fut là pourtant son moindre motif pour lui écrire; le principal fut l'impor-
tance de la conversion de Rome pour le progrés de la foi parmi les Gentils, dont
il était l'Apótre. Il n'ignorait pas que Rome était au jugement du monde entier,
la ville par excellence, que tous les peuples avaient les yeux sur elle, qu'elle
exercait sur tout l'empire une fascination et une autorité irrésistibles. 11
qu'elle était en relation continuelle avec les provinces, et que toutes les nations
avaient des représentants dans son sein, de méme qu'elle comptait des citoyens
dans toutes les contrées connues. Précher l'Evangile dans cette ville, c'était
remplir de la manière la plus étendue et la plus fructueuse le ministère parti-
culier dont il était chargé, celui de faire connaitre aux Gentils le Fils de Dieu
et le mystère du salut.
A ce motif, très suffisant par lui-même, on peut en joindre d'autres, au moins
fort vraisemblables. — 1% L'absence prolongée de S. Pierre. On sait que le
prince des Apôtres s'absenta plusieurs fois de son Eglise, sans qu'il en aban-
donnát jamais le gouvernement. Le décret de Claude qui bannit de Rome la
population juive, le concile de Jérusalem, tenu de 50 à 52, les besoins des
églises d'Orient dont il fut l'Apótre, durent l'en tenir assez longtemps éloigné.
— 9» Le désir que S. Paul devait avoir de disposer les chrétiens de Rome à
profiter de son passage et à recevoir ses instructions lorsqu'il viendrait parmi
eux, pour préparer.sa mission en Espagne. — 3° L'avantage qu'il pouvait espé-
rer de sa Lettre, pour la paix del'Eglise et pour le succés de son ministére dans
toutes les provinces. Quoi de plus propre, en effet, à dissiper les préventions des
judaisants et à rendre manifeste l'union qui règnait dans le collège aposto-
lique, que de faire publiquement à Rome ce qu'il avait déjà fait à Antioche, de
joindre sa parole à celle de S. Pierre, et d'adresser à l'Eglise même du prince
des Apótres le développement et les preuves de son évangile, de sa thèse prin-
cipale, de celle qui soulevait le plus d'opposition parmi ses compatriotes, et
INTRODUCTION. 2695
qui avait le plus d'importance pour l'avenir du christianisme, savoir : que là
grâce et le salut étaient offerts à tous, aux Gentils comme aux Juifs, à la seule
condition de croire en. Jésus-Christ et d'embrasser sa loi? — 40 Les lumières
que Dieu lui donnait sur lavenir de l'Eglise de Rome, destinée à étre le centre
et le foyer du christianisme, mais menacée des plus terribles persécutions, et
appelée à acheter, par trois siécles de martyre, sa domination si glorieuse et si
féconde sur toutes les autres Eglises.
Quoi qu'il en soit, S. Paul avait depuis longtemps le désir, non de s'établir à
Rome, mais de précher l'Evangile aux Romains, et il ne parait pas qu'il ait
jamais poursuivi avec autant d'ardeur aucun autre dessein. On sait par les Actes
comment Dieu lui donna de le réaliser.
Cette Epitre ne suppose-t-elle pas qu'il y avait à Rome, entre les convertis du
Judaisme et ceux de la Gentilité, une contestation sur leur mérite relatif? —
S. Augustin l'a pensé, et beaucoup d'interprétes aprés lui. Ils ont cru que les
Juifs et les Gentils convertis se disputaient la palme du mérite, que les uns et
les autres prétendaient avoir les meilleurs titres à la grâce de l'Evangile et à
l'amitié de Dieu, que les premiers se prévalaient de leur fidélité à pratiquer la
loi de Moise, et les seconds des lumiéres de leurs philosophes et des vertus de
leurs sages. Mais c'est une simple hypothése, suggérée par certains versets, non
un fait établi par des témoignages historiques. En outre, cette supposition ne
s’accorde pas trés bien avec les éloges que S. Paul donne à l'Eglise de Rome,
et ayec l'édification qu'elle répandait dés lors dans tout l'univers; et l'on n'a
pas besoin d'y recourir pour expliquer les considérations de l'Apótre sur l'abus
que les Gentils faisaient de leur raison, sur l'impuissance de la loi à justifier les
àmes, et sur la gratuité absolue de la foi. S. Paul connaissait la disposition de
ses compatriotes à se préférer au reste des hommes. Il savait quel était l'orgueil
des Grecs et des Romains. N'était-ce pas assez pour qu'il prit soin de porter les
uns et les autres à s'humilier devant Dieu, à reconnaitre leur indignité, à con-
fesser que leur conversion était un pur effet de sa miséricorde? Tel est, ce nous
semble, le véritable point de vue. S. Paul se propose moins de réprimer une
contestation survenue à Rome entre deux partis rivaux, que d'en étouffer les
germes, en inspirant aux uns et aux autres une profonde reconnaissance envers
Dieu pour le don de la foi, en apprenant aux Juifs, comme aux Gentils, en quoi
consiste la grâce de la justification, quelle en est l'origine, quels en sont les
conditions, les caractères, les effets. et en leur faisant sentir l'impuissance où ils
sont, soit d'y suppléer par la raison, soit de la mériter par leurs œuvres.
L'Epitre aux Romains a, de tout temps, effrayé les interprétes. Les difficultés
qu'elle présente ont rapport à la grâce, dont l'Apótre est le grand prédicateur, et
aux questions qu'elle souléve, du péché originel, de la concupiscence, de la
justification, de la prédestination et de la réprobation. Tous les hérétiques qui
ont nié ou blessé plus ou moins la liberté humaine, depuis Valentin le gnos-
tique jusqu'à Luther et Jansénius, ont allégué quelques passages de cette Epitre
et de celle aux Galates. Mais, en condamnant leurs erreurs, l'Eglise a éclairci la
matière et fixé le sens de beaucoup de textes. Si l'on tient compte de ses défi-
nitions et qu'on ait soin de choisir de bons commentaires, on verra que l'Apótre
est loin d'étre incompréhensible, et que ce n'est pas sans fruit qu'on étudie ses
écrits,
Il y a lieu de croire que l'Epitre aux Romains n'a pas été faite tout d'un jet,
2696 EPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
en quelques heures, comme l'Epitre aux Galates. Bien qu'elle ne soit pas limée
sous le rapport littéraire, la doctrine qu'elle contient parait avoir été méditée
à loisir. L'importance du sujet, l'abondance et l'enchainement des idées, la
concision du style, le grand nombre et le choix des citations, la subtilité des
raisonnements, l'absence des répétitions ne permettent pas de penser qu'elle ait
été écrite précipitamment. Il est probable que S. Paul y a résumé les instruc-
tions qu'il avait coutume de donner dans les Eglises dont il était le fondateur.
Sauf le prologue et la conclusion, l'Epitre ressemble à un traité plutót qu'à une
lettre, Ce qu'on lit à la fin, qu'elle a été écrite de la main de Tertius, n'est pas
une preuve qu'elle ait été dictée. S. Paul l'avait sans doute rédigée avant de la
donner à transcrire.
L'Epitre aux Romains se divise en deux sections. La première, qui est la prin-
cipale, est dogmatique ou théorique, 1, 17-x1. Dans cette partie, l'Apótre, voulant
exposer la doctrine de l'Eglise sur la justification, établit la nécessité de la foi
chrétienne ou du christianisme, pour arriver au salut; et il fait sentir cette
nécessité, en montrant l'impuissance de la nature et l'insuffisance de la loi mo-
saique pour mener une vie sainte et mériter le ciel. Sa thése est donc assez
complexe. Il établit la gratuité de la justification sur ce fondement, qu'elle
n'est le fruit ni du mérite naturel ni des ceuvres légales, qu'elle a pour condition
essentielle et unique la foi, une vraie foi, en Jésus-Christ, et il montre que la né-
cessité et la valeur de cette foi sont les mémes pour tous les hommes. — La
seconde section est pratique ou morale, xu-xvi. C'est une suite de préceptes et
de conseils généraux et particuliers, de nature à confirmer les chrétiens dans
la foi et à les porter à la perfection. La vie du juste, dont il trace l'esquisse et
dont il dit que la foi chrétienne est le principe, contraste avec celle des paiens
et des Juifs, dont il a fait le tableau dans ses premiers chapitres. (L. BAcuzz.)
EPITRE
DE SAINT PAUL
AUX ROMAINS
CHAPITRE PREMIER.
Saint Paul établit et caractérise son apos-
tolat. Il témoigne aux Romains son zèle
pour eux. Ingratitude et impiété des
philosophes. Dieu visible dans l'ordre
du monde. Impiété punie par la dépra-
vation des mœurs.
1. Paul, serviteur de Jésus-
Christ, appelé à l'apostolat, choisi
pour l'Evangile de Dieu,
2. Quil avait promis aupara-
vant par ses prophètes dans les
saintes Ecritures,
3. Touchant son Fils, qui lui est
né de la race de David selon la
chair,
4. Qui a été prédestiné Fils de
Dieu en puissance, selon l'esprit
de sanctification, par la résurrec-
tion d'entre les morts, de Jésus-
Christ Notre-Seigneur ;
5. Par qui nous avons recu la
grâce et l'apostolat, pour faire
Cnar. I. 1. Actes, xui, 2.
obéir à la foi toutes les nations
en son nom;
6. Parmi lesquelles vous étes,
vous aussi, ayant été appelés par
Jésus-Christ :
7. A tous ceux qui sont à Rome,
aux chéris de Dieu, appelés saints.
Gráce à vous, et paix par Dieu,
notre Père, et par Notre-Seigneur
Jésus-Christ.
8. Premièrement, je rends grà-
ces à mon Dieu, par Jésus-Christ,
pour vous tous, dece que votre foi
est annoncée dans tout l'univers.
9. Car le Dieu que je sers en
mon esprit, dans l'Evangile de
son Fils, m'est témoin que sans
cesse je fais mémoire de vous
10. Dans toutes mes prières;
demandant que, par la volonté de
Dieu, quelque heureuse voie me
soit ouverte pour aller vers vous.
44. Car je désire vous voir pour
vouscommuniquer quelque chose
4. Comme homme, Jésus-Christ était prédestiné pour étre le Fils de Dieu. Or, trois
choses prouvent qu'il est réellement le Fils de Dieu: les miracles qu'il a opérés, la
communication qu'il a faite du Saint-Esprit pour la sanctification des hommes, enfin
sa résurrection.
1. Appelés saints. Voy. Act., 1x, 13.
9. Je fais mémoire de vous. Cette locution, qui est celle du texte sacré lui-méme,
n'exprime pas un simple souvenir ordinaire, comme on l'entend communément,
mais bien l'idée de commémoration, telle que l'Eglise l'a consacrée dans la liturgie.
2698
de la grâce spirituelle, afin de
vous fortifier ;
19. C'est-à-dire, pour me con-
soler avec vous par cette foi, qui
est tout ensemble et votre foi et
la mienne.
13. Aussi je ne veux pas que
vous ignoriez, mes frères, que je
me suis souvent proposé de venir
vers vous (mais j'en ai été empé-
ché jusqu'à présent), pour obtenir
quelque fruit parmi vous, comme
parmi les autres nations.
14. Je suis redevable aux Grecs
et aux barbares, aux sages et aux
simples;
45. Ainsi (autant quil est en
moi), je suis prêt à vous évangé-
liser, vous aussi qui êtes à Rome.
16. Car je ne rougis point de
l'Evangile, parce qu'il est la vertu
deDieu, poursauvertout croyant,
le Juif d'abord, et puis le Grec.
11. La justice de Dieu, en effet,
y est révélée par la foi et pour la
foi, ainsi qu'il est écrit : Le Juste
vit de la fol;
18. Puisqu'on y découvre la
justice de Dieu éclatant du ciel
contre toute Timpiété et l'injus-
tice deceshommes quiretiennent
la vérité de Dieu dans l'injustice ;
19. Car ce qui estconnu de Dieu
est manifeste en eux; Dieu le
leur a manifesté.
90. En effet, ses perfections
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS
[cH. 1.)
invisibles, rendues compréhen-
sibles depuis la création dumonde
par les choses qui ont été faites,
sont devenues visibles aussi bien
que sa puissance éternelle et sa
divinité ; de sorte qu'ils sont inex-
cusables ;
21. Parce que, ayant connu
Dieu, ils ne l’ont point glorifié
comme Dieu, ou ne lui ont pas
rendu grâces; mais ils se sant
perdus dans leurs pensées, et leur
cœur insensé a été obscurci ;
99. Ainsi, en disant qu'ils
étaient sages, ils sont devenus
fous.
23. Ils ont changé la gloire du
Dieu incorruptible contre une
image représentant un homme
corruptible, des oiseaux, des qua-
drupèdes et des reptiles.
94. Aussi Dieu les a livrés aux
désirs de leurs cœurs, à l'impu-
reté; en sorte qu'ils ont désho-
noré leurs propres corps en eux-
mêmes ;
95. Eux qui ont transformé là
vérité de Dieu en mensonge,
adoré et servi la créature au lieu
du Créateur, qui est béni dans les
siecles. Amen.
26. C'est pourquoi Dieu les ἃ
livrés à des passions d'ignominie.
Car leurs femmes ont changé l'u-
sage naturel en l'usage contre
nature. |
AT. Hab., 11, 4; Gal., rr, 11; Hébr., x, 38. — 21. Ephes., 1v, 17. — 23. Ps. cv, 20;
Jér., xr, 10. — 24. Infra, y. 27 et c. vr, 19; Ephos., 1v, 19.
14. * Aux barbares. Par barbares on entendait ceux qui parmi les paiens ne par-
laient pas le grec.
11. La justice de Dieu, etc. C'est l'Évangile, en effet, qui nous fait connaître que
la justice que Dieu nous a communiquée, et qui nous rend justes et saints, vient de
la foi, et se perfectionne par la foi.
23. * Une image, etc. Les idoles paiennes représentaient des hommes et des animaux.
26. Dieu les a livrés, eic.; c'est-à-dire que, les ayant abandonnés à leur propre
malice, il les a laissés tomber dans ces péchés honteux en punition de leur orgueil.
[.זז .אס]
97. Etpareillementleshommes,
l'usage naturel de la femme aban-
donné, ont brülé de désirs l'un
pour l'autre, l'homme commet-
tant l'infamie avec l'homme, et
recevant ainsi en eux-mémes la
récompense qui était due à leur
égarement.
98. Et comme ils n'ont pas
montré qu'ils avaient la connais-
sance de Dieu, Dieu les a livrés à
un sens réprouvé, de sorte qu'ils
ont fait les choses qui ne con-
viennent pas;
29. Remplis de toute iniquité,
malice, fornication. avarice, mé-
chanceté; pleins d'envie,. de
meurtre, de l'espritdecontention,
de fraude, de malignité ; déla-
teurs,
30. Détracteurs, hais de Dieu,
violents, orgueilleux, arrogants,
inventeurs de toutes sortes de
mal, désobéissants à leurs pa-
rents;
31. Insensés, dissolus, sans
affection, sans fidélité, sans misé-
ricorde,
89. Qui, ayant connu la justice
de Dieu, n'ont pas compris que
ceux qui font ces choses sont
dignes de mort; etnon seulement
ceux qui les font, mais quiconque
aussi approuve ceux qui les font.
—. CHAPITRE Il.
Juifs faisant eux-mémes ce qu'ils con-
damnent. Patience de Dieu redoutable
aux impénitents. Ce sont ceux qui
gardent la loi qui sont justifiés. Juifs,
maîtres des autres, ne s'instruisent pas
eux-mémes. Quel est le Juif et la cir-
concision véritable.
1. C'est pourquoi, ὃ homme,
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
qui que tu sois, tu es inexcu-
sable de juger. Car, en jugeantau-
trui, tu te condamnes toi-méme,
puisque tu fais ce que tu con-
damnes.
2. Nous savons, en effet, que
Dieu juge selon la vérité ceux
qui font ces choses.
9. Penses-tu donc, ó homme,
qui juges ceux qui font ces cho-
ses, et qui les fais toi-même, que
tu échapperas au jugement de
Dieu?
4. Est-ce que tu méprises les
richesses de sa bonté, de sa pa-
tience et de sa longanimité ? Igno-
res-tu que la bonté de Dieu t'in-
vite à la pénitence?
9. Cependant, par ta dureté et
ton cœurimpénitent, tu t'amasses
un trésor de colère pour le jour
de la colère etde la manifestation
du juste jugement de Dieu,
6. Qui rendra à chacun selon
ses œuvres :
7. À ceux qui, par la persévé-
rance dans les bonnes œuvres,
cherchent la gloire, l'honneur et
l'immortalité, la vie éternelle ;
$. Mais à ceux qui ont l'esprit
de contention, qui ne se rendent
pas à la vérité, mais qui acquies-
cent à l'iniquité, ce sera la colère
et l'indignation.
9. Tribulation et angoisse à
l'àme de tout homme qui fait le
mal, du Juif d'abord, et puis du
Grec ;
10. Mais, gloire, honneuretpaix
à quiconque fait le bien, au Juif
d'abord, et ensuite au Grec;
41. Car Dieu ne fait point accep-
tion des personnes.
Cua». IJ. 1. Matt., vir, 2. — 4. Sap., xr, 24; xri, 2; 11 Pierre, ni, 9. — 6. Matt., xvi, 27.
— 11. Deut., x, 17; 11 Par., xix, 7; Job, xxxiv, 19; Sap., vi, 8; Eccli., xxxv, 15; Actes.
x, 34; Galat., 11, 6; Coloss., iu, 25.
2700 ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
49. Ainsi, quiconque a péché
sans la loi, périra sans la loi, et
quiconque a péché sous la loi sera
jugé par la loi; =
13. [Car ce ne sont pas ceux qui
écoutent la loi qui sont justes
devant Dieu; mais ce sont les
observateurs de la loi qui seront
justifiés.
44. En effet, lorsqueles gentils,
qui n’ont pas la loi, font naturel-
lement ce qui est selon la loi;
n'ayant pas la loi, ils sont à eux-
mêmes la loi :
15. Montrant ainsi l’œuvre de
la loi écrite en leurs cœurs, leur
conscience leur rendant iémoi-
gnage, etleurs pensées s'accusant
et se défendant l'une l'autre,]
16. Au jour oü Dieu jugera par
Jésus-Christ, selon mon Evangile,
ce qu'il y a de caché dans les
hommes.
11. Mais toi, qui portes le nom
de Juif, qui te reposes sur la loi, et
te glorifies en Dieu,
48. Qui connais sa volonté, et
qui, instruit par la loi, sais discer-
ner ce qui est le plus utile,
19. Tu te flattes d'étre le guide
[cn. 11.)
des aveugles, la lumiere de ceux
qui sont dans les ténèbres,
90. Le docteur des ignorants,
le maitre des enfants, ayant la
regle de la science et de la vérité
dans la loi.
91. Toi donc qui instruis les
autres, tu ne t'instruis pas toi-
méme ; toi qui préches de ne point.
dérober, tu dérobes;
22. Toi qui dis qu'il ne faut pas
étre adultere, tu es adultere ; toi
qui as en horreur les idoles, tu
commets le sacrilege ;
23. Toi qui te glorifies dans la
loi, tu déshonores Dieu par la
violation de la loi.
24. (Car, à cause de vous, le
nom de Dieu est blasphémé par-
mi les nations, ainsi quil est
écrit.)
95. A la vérité, 18 circoncision
est utile, si tu observes la loi;
mais, si tu la violes, ta circonci-
sion devient incirconcision.
26. Si donc l'incirconcis garde
les préceptes de la loi, son incir-
concision ne lui sera-t-elle pas
imputée à circoncision?
27. Bien plus, celui qui, étant
13. Matt., vir, 21; Jac., 1, 22. — 24. Isaie, vit, 5; Ezéch., xxxvi, 20.
19. Sans la loi sainte, sans la loi de Moise.
44. Font naturellement; c'est-à-dire sans la connaissance de la 101 mosaïque, et par
la seule direction de la loi naturelle. — * Les auteurs paiens ont parlé expressément
* dela loi naturelle. Dans l'Antigone de Sophocle, cette héroïne qui a rendu à son frère
les devoirs de la sépulture, malgré les ordres du roi, répond à celui-ci qui lui de-
mande s'il connaissait sa défense : « Je la connaissais. Mais une telle loi, ce n'est ni
Jupiter ni la justice qui l'ont promulguée. Les décrets d'un homme ne peuvent pré-
valoir contre les lois non écrites, œuvre immuable des dieux. Celles-là ne sont mi
d'aujourd'hui ni d'hier; elles existent de tous les temps. » Le méme poète parle aussi
dans l'OEdipe voi, « de ces lois émanées des cieux, dont l'Olympe est le pere et que
jamais on ne saura abolir. »
16. Au jour, etc. Ce verset parait faire suite au douzième, et les trois précédents
semblent n'étre qu'une parenthèse. C'est pour cela que nous les avons enfermés dans
des crochets. — Mon Evangile, c'est-à-dire l'Evangile que je préche. — * D'après
d'autres, l'Evangile selon S. Luc, le compagnon de ₪. Paul, que S. Paul considérait
pmme son Evangile.
21, Avec la lettre de la loi mosaïque,
[cu. 11.}
naturellement incirconcis, ac-
tomplit la loi, te condamnera, toi
qui, avec la lettre et la circonci-
sion, es prévaricateur de la loi.
98. Car le Juif n'est pas celui
qui le parait au dehors; ni Ja cir-
concision, celle qui se voit à l'ex-
térieur sur la chair;
29. Mais le Juif est celui qui
l'est intérieurement, et la circon-
cision est celle du cœur, faite en
esprit et non selon la lettre; et
ce Juif tire sa louange non des
hommes, mais de Dieu.
CHAPITRE III.
Avantage des Juifs sur les gentils. L'infi-
délité de l'homme ne détruit pas la
fidélité de Dieu. Juifs et gentils, tous
dans le péché. C'est la foi et non la loi
qui justifie. Dieu est le Dieu des Juifs
et des gentils.
1. Qu'est-ce done que le Juif a
de plus? ou de quoi sert la cir-
concision ?
2. Beaucoup, de toute manière.
Premièrement, parce que c'est
aux Juifs que les oracles de Dieu
ont été confiés ;
3. Car qu'importe si quelques-
uns d'entre eux n'ont pas cru?
Leur infidélité rendra-t-elle vaine
la fidélité de Dieu? Non, sans
doute.
4. Dieu est vrai, mais tout
homme, menteur; selon quil
est écrit : Afin que vous soyez re-
connu fidèle dans vos paroles, et
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
2101
victorieux quand on vous juge.
9. Que si notre iniquité relève
la justice de Dieu, que dirons-
nous? Dieu n'est-il pas injuste
d'envoyer sa colere?
6. (Je parle humainement.)
Point du tout. Autrement com-
ment Dieu jugera-t-il ce monde ?
7. Car si, par mon infidélité, la
vérité de Dieu a éclaté davantage
pour sa gloire, pourquoi suis-je
encore jugé comme pécheur?
8. Et pourquoi ne ferons-nous
pas le mal pour qu'il en arrive
du bien (conformément au blas-
phème qu'on nous impute, et à
ce que quelques-uns nous font
dire)? La condamnation de ceux-
là est juste.
9. Quoi donc? Sommes-nous
au-dessus d'eux ? Nullement. Car
nous avons convaincu les Juifs et
les Grecs d'étre tous sous le pé-
ché,
10. Selon qu'il est écrit : Pas un
seul n'est juste;
11. Il n’y a personne qui com-
prenne, il n'y ἃ personne qui
cherche Dieu.
12. Tous ont décliné, tous sont
devenus inutiles; il n'en est pas
qui fasse le bien, il n'en est pas
méme un seul.
13. Leur gosier est un sépulcre
ouvert, leur langue un instru-
ment de fraude ; un venin d'aspic
est sous leurs lèvres ;
14. Leur bouche est remplie
Cana». III. .ל Infra, ,או 4. — 3. II Tim., τι, 19. — 4. Jean, ,וז 33; Ps. cxv, 11; 1, 6.
— 9. Gal., ur, 22. — 10. Ps. וזא 3; Lu, 4. — 13. Ps. v, 11; cxxxix, 4; Jac., rit, 8. =
14. Ps. 1x, 7.
-ο Ó— M €— M ——M € À a ÀÀ— —Ó €
10. I1 n'y a point d'homme juste en vertu de la loi naturelle ou de la loi écrite,
mais seulement par la foi et par la grâce.
11. Qui comprenne les choses saintes, qui ait du goût et du sentiment pour le biea ;
reproche que Jésus-Christ adressait à saint Pierre lui-même. Malt., xvi, 23.
2702 ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
de malédiction et d'amertume;
15. Leurs pieds sont vites pour
répandre le sang ;
16. La destruction et 16 malheur
sont dans leurs voies,
17. Et la voie de la paix, ils ne
l'ont pas connue ;
18. La crainte de Dieu n’est pas
devant leurs yeux.
19. Or nous savons que tout ce
que dit la loi, elle le dit à ceux
qui sont sous la loi; de sorte que
toute bouche soit fermée, et que
tout le monde devienne soumis
à Dieu;
90. Parce que nulle chair ne
sera justifiée devant lui par les
œuvres de la 101. Car, par la loi,
on n'a que la connaissance du
péché.
91. Tandis que maintenant,
sans la loi, la justice de Dieu a
été manifestée, étant confirmée
parle témoignage de la loi et des
prophètes ;
22. Or la justice de Dieu par la
foi en Jésus-Christ est pour tous
ceux et sur tous ceux qui croient
en lui; car il n’y a point de dis-
tinction ;
93. Parce que tous ont péché et
ont besoin de la gloire de Dieu.
24. Etant justifiés gratuitement
par sa grâce, par la rédemption
qui est dans le Christ Jésus,
95. Que Dieu ἃ établi propitia-
tion par la foi en son sang, pour
15. Isaie, zix, 7; Prov.,
[cx. 1v.]
montrer sa justice par la rémis-
sion des péchés précédents,
26. Que Dieu a supportés, pour
montrer sa justice en ce temps,
afin qu'il soit juste lui-méme, et
quil justifie celui qui a la foi en
Jésus-Christ.
27. Oü est done le sujet de ta
gloire? Il est exclu. Par quelle
loi? Des œuvres? Non, mais par
la loi de la foi.
. 98. Car nous reconnaissons que
l’homme est justifié par la foi,
sans les œuvres de la loi.
29. Dieu est-il le Dieu des Juifs
seulement? Ne l'est-il pas aussi
des gentils ? Oui, certes, des gen-
lils aussi ;
30. Puisqu'il n'y ἃ qu'un seul
Dieu qui justifie les circoncis par
la foi, et les incirconcis par la
foi.
91. Nous détruisons donc la loi
par la foi? Loin de là; car nous
établissons la loi.
CHAPITRE IV.
Abraham justifié non par ses ceuvres,
mais par la foi en Dieu. Abraham jus-
tifié par la foi avant la circoncision,
est le père des croyants circoncis ou
incirconcis. C'est par la foi et non par
la loi qu'on est héritier d'Abraham.
Fermeté de la foi d'Abraham. Ses imi-
tateurs justifiés comme lui.
1. Quel avantage dirons-nous
done qu'Abraham, notre père, a
eu selon la chair?
1, 16. — 18. Ps. xxxv, 2. — 20. Gal., τι, 16.
20. Nulle chair. L'Ecriture emploie souvent le mot chair pour désigner l'homme.
— Par les œuvres de la loi, purement extérieures et dépouillées de ce qui peut les
rendre agréables à Dieu, la foi et la charité.
23. La foi qui justifie l'homme n'est pas une assurance présomptueuse d'étre jus-
tifié, mais une ferme et vive croyance de tout ce que Dieu a révélé ou promis; une
foi agissant par la charité en Jésus-Christ; enfin une foi accompagnée d'espérance,
AN de repentir et de l'usage des sacrements. — Sans les œuvres, etc. Compar.
ers. 2.
[cn. 1v.)
9. Car si Abraham a été justifié
par les œuvres, il a de quoi se glo-
rifier, mais non devant Dieu.
3. En effet, que dit l'Ecriture?
Abraham crut à Dieu, et ce lui fut
imputé à justice.
4. Or à celui qui travaille, le
salaire n'est point imputé comme
une gráce, mais comme une
dette.
9. Au contraire, à celui qui ne
fait pasles œuvres, mais qui croit
en celui qui justifie l'impie, sa foi
est imputée à justice, selon le
décret de la gráce de Dieu.
6. C'est ainsi que David appelle
heureux l'homme à qui Dieu im-
pute la justice sans les ceuvres :
7. Bienheureux ceux dont les
iniquités ont été remises, et dont
les péchés ont été couverts.
8. Bienheureux l'homme à qui
le Seigneur n’a pas imputé de
péché.
9. Or cette béatitude est-elle
seulement pour les circoncis?
N'est-elle pas aussi pour les incir-
concis? Car nous venons de dire
que la foi d'Abraham lui a été
impulée à justice.
10. Quand donc lui a-t-elle été
imputée ? Est-ce après la circon-
cision, ou avant la circoncision ?
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
2702
Ce n’est point après la circonci-
sion, mais avant la circoncision.
11. Et il ne reçut la marque de
la circoncision que comme sceau
de la justice qu'il avait déjà ac-
quise par la foi, étant encore in-
circoncis, et pour être le père de
tous les croyants incirconcis, afin
que la foi leur füt aussi imputée
à justice,
19. Et pour être père de la cir-
concision, non-seulement des
circoncis, mais aussi de ceux qui
suivent les traces de la foi qui
était en notre pere Abraham, en-
core incirconcis.
13. Car ce n'est pas en vertu de
la 101 qu'a été faite à Abraham ou
à sa postérité la promesse d'avoir
le. monde pour héritage, mais
c'est en vertu de la justice de la
foi.
14. Et si ceux qui ont recu la
loi sont héritiers, la foi devient
vaine, et la promesse est abolie ;
15. Attendu que la 101 opère la
colère ; car où il n’y a point de
loi, il n'y a point de prévarication.
(6. Ainsi c'est à la foi qu'est
attachée la promesse, afin qu'elle
soit gratuite el assurée à toute
la postérité d'Abraham, non seu-
lement à celle qui ἃ requ la loi,
. Cap. IV. 3. Genèse, xv, 6; Gal., 110 6; Jac., 11, 29. — 7, Ps. xxxi, 1. — 11. Genèse,
xvii, 10, 11. — 13. Gal., זז 18; Hébr., xr, 9.
2. Abraham ne pouvait être justifié par ses propres forces, sans la grâce de Dieu
et la foi au Messie. Des œuvres purement naturelles pouvaient le faire louer des
hommes, mais p'avaient point la valeur nécessaire pour le rendre juste aux yeux de
Dieu.
1. Couverts; c'est-à-dire qui ne paraissent plus, parce qu'ils n'existent plus, ayant
été détruits par la justice et l'innocence obtenues par la foi.
8. A qui le Seigneur n'a pas imputé de péché; c'est-à-dire à qui il à pardonné ses
péchés.
14, Ceux qui ont reçu la loi de Moïse; c'est-à-dire les Juifs.
15. La loi, si elle n'est pas accompagnée de la foi et de la grâce, produit la colère
divine par occasion, puisqu'elle est une occasion de plusieurs transgressions qui pro-
voqz?ant la colère de Dieu.
2704
mais encóre à celle qui suit la foi
d'Abraham, qui est le pere de
nous tous,
17. (Selon qu'il est écrit : Je t'ai
établi pere d'une multitude de
nations), devant Dieu à qui il a
cru, qui vivifie les morts, et ap-
pelle les choses qui ne sont pas,
comme celles qui sont ;
18. Qui, ayant espéré contre
l'espérance méme, a cru qu'il de-
viendrait le pere d'un grand
nombre de nations, selon ce qui
lui fut dit: Ainsi sera ta posté-
rité.
19. Et sa foi ne faiblit point, et
il ne considéra ni son corps éteint,
puisqu'il avait déjà environ cent
ans, ni l'impuissance de Sara.
20. Iln'hésita point, en défiance
dela promesse de Dieu; mais il
se fortifia par la foi, rendant
gloire à Dieu,
21. Pleinement assuré que tout
ce qu'il a promis, il est puissant
pour le faire.
99. Voilà pourquoi ce lui fut
méme imputé à justice.
93. Or, ce n'est pas pour lui
seul qu'il est écrit que ce lui fut
imputé à justice ;
24. Mais pour nous aussi, à qui
il sera imputé de méme, si nous
croyons en celui qui a ressuscité
d'entre les morts Jésus-Christ
Notre Seigneur,
25. Qui a été livré pour nos pé-
chés, et qui est ressuscité pour
notre justification.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
(cu. v.]
CHAPITRE V.
Avantages de la justification. L'amour de
Dieu envers nous, fondement de notre
confiance. De méme que le péché et la
mort sont entrés dans le monde par
un seul homme, de méme aussi la
gráce et la vie se sont répandues sur
un grand nombre par un seul.
1. Etant donc justifiés par la foi,
nous avons la paix avec Dieu par
Jésus-Christ Notre Seigneur,
2. Par qui aussi nous avons
accès par la foi à cette grâce en
laquelle nous sommes établis, et
nous nous glorifions dans l’espé-
rance de la gloire des enfants de
Dieu.
3. Mais outre cela, nous nous
glorifions encore dans les tribu-
lations, sachant que la tribulation
produit la patience ;
4. La patience, l'épreuve; et
l'épreuve, l'espérance ;
9. Or l'espérance ne confond
point, parce que la charité de
Dieu est répandue en nos cœurs
par l'Esprit-Saint qui nous a été
donné.
6. En effet, pourquoi le Christ,
lorsque nous étions encore infir-
mes, est-il mort au temps mar-
qué, pour des impies ?
7. Certes, à peine quelqu'un
mourrait-il pour un juste ; peut-
étre cependant que quelqu'un
aurait le courage de mourir pour
un homme de bien.
8. Ainsi, Dieu témoigne son
amour pour nous, en ce que, dans
17. Genèse, xvn, 4, — 18. Genèse, xv, 5. — 24. I Pierre, 1, 21, — Cuap, V. 2. Ephés.,
1, 18, — 3. Jac., 1, 3. — 6. Hébr., 1x, 14; I Pierre, ri, 48.
11, 18, Abraham espéra contre l'espérance méme, parce qu'il eut foi en des pro-
messes dans lesquelles il ne devait avoir aucune espérance, à supposer qu'il ne se
confiât qu'aux lumières naturelles.
19. * Sara avait 90 ans, quand elle devint mère d'Isaac.
(ca. v.]
le temps où nous étions encore
pécheurs,
9. Le Christ est mort pour nous.
Maintenant donc, justifiés par
sonsang, nous serons, à plus forte
raison, délivrés par lui de la co-
lere.
10. Car si, lorsque nous étions
ennemis de Dieu, nous avons été
réconciliés avec lui par la mort
de son Fils; à plus forte raison,
> réconciliés, serons-nous sauvés
par sa vie.
11. Mais outre cela, nous nous
glorifions en Dieu par Notre Sei-
gneur Jésus-Christ, par qui main-
tenant nous avons obtenu la ré-
conciliation.
19. Cest pourquoi, comme le
péché est entré dans le monde
par un seul homme, et la mort
par le péché, ainsi la mort a passé
dans tous les hommes par celui
en qui tous ont péché.
13. Carle péché a été dans le
monde jusqu'à la loi ; mais le pé-
ché n'était pas imputé, puisque la
loi n'existait pas.
14. Mais 18 mort a régné depuis
Adam jusqu'à Moise, méme en
ceux qui n'avaient point péché
par une prévarication semblable
à celle d'Adam, qui est la figure
de celui qui devait venir.
15. Mais il n'en est pas du don,
comme du péché; car si par le
péché d'un seul beaucoup sont
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
2705
morts, bien plus abondamment
la grâce et le don de Dieu, par la
gráce d'un seul homme, Jésus-
Christ, se sont répandus sur un
grand nombre.
16. Et il n'en est pas du don
comme du péché venu par un
seul ; car le jugement de condam-
nation vient d’un seul, tandis que
la grâce de la justification délivre
d'un grand nombre de péchés.
17. Et si, par le péché d'un
seul, la mort a régné par un seul,
à plus forte raison ceux qui re-
coivent l'abondance de la gráce,
et du don, et de la justice, regne-
ront-ils dans la vie par un seul,
Jésus-Christ.
18. Comme donc c'est par le
péché d'un seul que tous les
hommes sont tombés dans la con-
damnation, ainsi c'est par la jus-
tice d'un seul que tous les hom-
mes reçoivent la justification de
la vie.
19. Car, de méme que par la
désobéissance d'un seul homme
beaucoup ont été constitués pé-
cheurs, de méme aussi, par l'o-
béissance d'un seul, beaucoup
sont constitués justes.
20. La loi est survenue pour
que le péché 8201084. Mais où le
péché a abondé, la gràce a sura-
bondé,
21. Afin que, comme le péché
ἃ régné pour la mort, ainsi la
9. De la colère; c'est-à-dire de la colère divine.
13. Le péché n'était pas imputé comme transgression d'une loi positive qui n'exis-
tait pas encore; la conscience et la loi naturelle servaient à distinguer le mal, mais
d'une maniére plus confuse que depuis la promulgation de la loi.
20. La loi n'avait pas été donnée dans le but de faire abonder le péché; mais elle
produisait cet effet par la méchanceté des hommes, qui prenaient occasion de la dé-
fense méme du péché pour pécher davantage.
21. Pour la mort, pour la vie éternelle; c'est-à-dire pour donner la mort, pour donner
la vie éternelle
ΝΙ-
170
2106
grâce regne par la justice pour
la vie éternelle par Jésus-Christ
Notre Seigneur.
CHAPITRE VI.
Le baptisé mort au péché ne doit plus
vivre que pour Dieu. Nous ne sommes
pius sous la loi, mais sous la grâce. On
doit se donner tout à Dieu, comme on
s'est livré au péché. Fruit du péché et
et de la justice.
1. Que dirons-nous donc? De-
meurerons-nous dans le péché,
pour que la gráce abonde?
2. A Dieu ne plaise! Car nous
qui sommes morts au péché,
comment y vivrons-nous encore?
3. Ignorez-vous que nous tous
qui avons été baptisés dans le
Christ Jésus, nous avons été bap-
tisés en sa mort?
4. Car nous avons été ensevelis
avec lui par le baptéme pour
mourir, afin que, comme le Christ
est ressuscité des morts par la
gloire du Père, nous aussi, nous
marchions dans une nouveauté
de vie.
9. Si, en effet, nous avons été
entés en la ressemblance de sa
mort, nous le serons aussi en
celle de sa résurrection,
6. Sachant bien que notre vieil
homme a été crucifié avec lui,
afin que le corps du péché soit
détruit, et que désormais nous
ne soyons plus esclaves du pé-
ché.
EPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
[cu. vi.]
Attendu que celui qui est .ד
mort est justifié du péché.
8. Si donc nous sommes morls
avec le Christ, nous croyons
que nous vivrons aussi avec le
Christ,
9. Sachant bien que le Christ
ressuscité d'entre les morts ne
meurt plus ; la mort ne dominera
plus sur lui.
10. Car, s'il est mort pour le
péché, il est mort une seule fois;
et s'il vit, il vit pour Dieu.
11. Ainsi pour vous, estimez
que vous étes morts au péché,
mais vivants à Dieu dans leChrist
Jésus Notre Seigneur.
12. Que le péché donc ne règne
point dans votre corps mortel, en
sorte que vous obéissiez à ses
convoitises.
19. Et n'abandonnez point vos
membres au péché comme des
instruments d'iniquité, mais of-
frez-vous à Dieu, comme deve-
nus vivants, de morts que vous
étiez, et vos membres à Dieu,
comme des instruments de jus-
tice.
14. Car le péché ne vous domi-
nera plus, parce que vous n'êtes
pas sous la loi, mais sous la
gráce.
15. Quoidonc? Pécherons-nous,
parece que nous ne sommes pas
sous la loi, mais sous la gráce?
Dieu nous en garde.
16. Ne savez-vous pas que,
CnaP. VI. 4. Gal, ir, 27; Col., 11, 12; Ephés., 1v, 23; Hébr., xm, 1; I Pierre, m, 1;
ιν, 2. -- 16. Jean, vin, 34; 11 Pierre, ir, 19.
4. Pour mourir au péché. — Une nouveauté de vie; c'est-à-dire une vie nouvelle.
6. Le corps du péché. C'est la concupiscence qui nous vient d'Adam. Or c'est princi-
palement par les sens et par les passions dont le corps est le ministre et l'organe, que
cette concupiscence exerce son empire.
1%. Voy., pour le sens de ce verset, vu, 15.
16. l'our la mort, pour la justice; c'est-à-dire pour y trouver la mort, la justice.
[cn. vir.)
lorsque vous vous rendez escla-
ves de quelqu'un pour lui obéir,
vous étes esclaves de celui à qui
vous obéissez, soit du péché pour
la mort, soit de l'obéissance pour
la justice ?
17. Mais grâces soient rendues
à Dieu de ce qu'ayant été escla-
ves du péché, vous avez obéi du
fond du cœur à ce modèle de doc-
trine sur lequel vous avez été
formés.
18. Ainsi, affranchis du péché,
vous étes devenus esclaves de la
justice.
19. Je parle humainement, à
cause de la faiblesse de votre
chair; comme donc vous avez
fait servir vos membres à l'impu-
reté et à l'iniquité pour l'iniquité,
ainsi maintenant faites servir vos
membres à la justice pour votre
sanctification.
20. Car lorsque vous étiez es-
claves du péché, vous étiez libres
à l'égard de la justice.
91. Quel fruit avez-vous donc
tiré alors des choses dont vous
rougissez maintenant? Car leur
fin, c'est la mort.
22. Mais maintenant, affranchis
du péché, et faits esclaves de
Dieu, vous en avez pour fruit la
sanclification, et pour fin, la vie
éternelle.
23. Car 18 solde du péché est la
mort; mais la grâce de Dieu est
la vie éternelle dans le Christ Jé-
sus, Notre Seigneur.
Cuar. VII. 2. I Cor., vir, 39.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 2107
CHAPITRE VII.
Nous sommes morts à la loi par Jésns-
Christ pour servir Dieu selon l'esprit.
La loi est sainte par elle- méme, mais
la concupiscence en prend occasion de
s'irriter davantage. Le juste ne fait pas
ce qu'il veut. La loi de la chair combat
en lui contre la loi de l'esprit. Il n'a de
secours à attendre que de la gráce.
1. Ignorez-vous, mes frères
(je parle à ceux qui connaissent
la loi), que laloi ne domine sur
l'homme que pendant le temps
qu'il vit?
2. Car la femme, qui est sou-
mise à un mari,le mari vivant,
est liée par la loi; mais si son
mari meurt, elle est affranchie
de la loi du mari.
3. Donc, son mari vivant, elle
sera appelée adultère, si elle s'u-
nit à un autre homme; mais si
son mar! meurt, elle est affran-
chie de la loi du mari, de sorte
qu'elle n'est pointadultère, si elle
sunitàun autre homme.
4. Ainsi, mes freres, vous aussi
vous étes morts à la loi par le
corps du Christ, pour étre à un
autre qui est ressuscité d'entre
les morts, afin quenous portions
des fruits pour Dieu.
9. Car, lorsque nous étions dans
la chair, les passions du péché qui
étaient occasionnées par la loi
agissaient dans nos membres, en
sorte qu'elles leur faisaient pro-
duire des fruits pour la mort ;
6. Mais maintenant nous soni-
3. Elle sera appelée adultère; c'est-à-dire : Elle sera adullère. Nous avons déjà fai:
remarquer plusieurs fois que les Hébreux disaient é/re appelé pour étre.
ὃ. Lorsque nous étions dans la chair; c'est-à-dire sous la 101 charnelle.
6. Dans la nouveauté de l'esprit; dans un esprit nouveau, dans des sentiments et
des inclinations inspirés par l'Esprit-Saint.
2108
mes affranchis de laloi de mort
dans laquelle nous étions rete-
nus, afin que nous servions dans
la nouveauté de l'esprit, et non
dans la vétusté de la lettre.
7. Que dirons-nous donc? La
loi est-elle péché? Point du tout.
Mais je n'ai connu le péché que
par la loi; car je ne connaitrais
pas la concupiscence si la loi
n'eüt dit: Tu ne convoiteras
point. \
8. Or, prenant occasion du
commandement, le péché a opé-
ré en moi toute concupiscence.
Car sans la loi, le péché était
mort.
9. Et moi je vivais autrefois
sans loi. Mais quand est venu le
commandement, le péché a re-
vécu.
10. Et moi je suis mort; et il
s'est trouvé que ce commande-
ment qui devait me donner la
vie a causé ma mort.
11. Ainsi le péché, prenant oc-
casion du commandement, m'a
séduit, et par lui m'a tué.
19. Ainsi la loi est sainte, et le
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
[cu. vir.]
commandement saint, juste et
bon.
13. Ce qui est bon est donc de-
venu pour moi la mort? Loin de
là; car le péché, pour paraitre pé-
ché, a, par une chose bonne, opé-
ré la mort, de sorte qu'il est de-
venu par le commandement une
source extrémement abondante
de péché.
14. Car nous savons que la loi
est spirituelle, et moi je suis
charnel, vendu comme esclave
au péché.
15. Aussi ce que je fais, je ne
le comprends pas; car le bien
que je veux, je ne le fais pas,
mais le mal que je hais, je le fais.
16. Orsijefaisce que jene veux
pas, j'acquiesce à la loi comme
étant bonne.
47. Ainsi ce n'est plus moi qui
fais cela, mais le péché qui habite
en moi.
18. Car je sais que le bien n'ha-
bite pas en moi, c'est-à-dire dans
ma chair. En effet, le vouloir ré-
side en moi, mais accomplir le
bien, je ne l'y trouve pas.
7. Exode, xx, 17; Deut., v, 21. — 12. I Tim., 1, 8.
1. Avant la loi mosaique, on n'ignorait pas le péché, mais on n'y attachait pas la
méme importance; on n'en sentait que trés imparfaitement la gravité; parce que
d'un cóté le mauvais penchant d'une nature corrompue aveuglait les esprits, et que
de l'autre on manquait de cette régle extérieure, de cette censure visible, qui repro-
chait au pécheur le plus étourdi par la passion, ses déréglements.
13. Pour paraitre péché; c'est-à-dire pour montrer toute sa corruption.
15-11. Saint Paul semble contredire ici ce qu'il a avancé plus haut (vr, 14), que
le péché ne dominera plus; mais cette contradiction n'est qu'apparente. En effet, le
grand apótre reconnait deux captivités auxquelles nous pouvons étre assujettis : celle
des sens, qui étant accoutumés à trouver leur satisfaction dans l'assouvissement des
besoins, contractent l'habitude de préférer le plaisir au devoir; celle de la volonté,
qui ne regarde comme bon et préférable que ce que les sens lui présentent comme
plus doux. La gráce de Notre Seigneur nous délivre de cette seconde captivité, qui
est la seule réelle; et c'est ce que saint Paul veut dire par ces paroles: Le péché ne
vous dominera plus... vous éles sous la grâce. Cette méme grâce du Sauveur nous
laisse au contraire sujets à la premiére, qui n'est pas un mal, mais une fragilité; et
c'est ce que signifient ces mots: Ce n’est plus moi qui fais cela, mais le péché qui
habite en moi (vers. 11).
[cu. vu]
19. Ainsi le bien que je veux,
je ne le fais point; mais le mal
que je ne veux pas, je le fais.
90. Si donc je fais ce que je ne
veux pas, ce n'est pas moi qui le
fais, mais le péché qui habite en
moi.
21. Je trouve donc, quand je
veux faire le bien, cette loi, parce
que le mal réside en moi;
29. Je me complais dans la loi
de Dieu, selon l'homme intérieur;
23. Mais je vois dans mes mem-
bres une autre loi qui combat la
loi de mon esprit, et me captive
sous la loi du péché, laquelle est
dans mes membres.
94. Malheureux homme que je
suis, qui me délivrera du corps
de cette mort ?
95. La gráce de Dieu par Jésus-
Christ Notre Seigneur. Ainsi j'o-
béis moi-méme par l'esprit à la
loi de Dieu, et par la chair à la loi
du péché.
CHAPITRE VIII.
Il n'y a point de condamnation pour ceux
qui se conduisent, non selon la chair,
mais selon l'esprit. Ils sont enfants de
Dieu et cohéritiers de Jésus-Christ.
Délivrance attendue par eux et par
toutes les créatures. Le Saint-Esprit
prie lui-méme en nous. Rien ne peut
nous séparer de l'amour de Dieu en
Jésus-Christ.
1. I n'y a donc pas maintenant
de condamnation pour ceux qui
sont en Jésus-Christ, qui ne mar-
chent pas selon la chair.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
2709
2. Parce que la loi de l'esprit
de vie, qui est dans le Christ Jó-
sus, m'a affranchi de la loi du
péché et de la mort.
3. Car ce qui était impossible à
la loi, parce qu'elle était affaiblie
parla chair, Dieu, envoyant son
Fils dans une chair semblable à
celle du péché, a condamné le
péché dans la chair à cause du
péché méme,
4. Afin que la justification de
la loi s'accomplit en nous qui ne
marchons point selon la chair,
mais selon l'esprit.
ὃ. En effet, ceux qui sont selon
la chair goütent les choses de la
chair; mais ceux qui sont selon
l'esprit ont le sentiment des cho-
ses de l'esprit.
6. Or la prudence de la chair
est mort; mais la prudence de
l'esprit est vie et paix ;
7. Parce que la sagesse de la
chair est ennemie de Dieu; car
elle n'est point soumise à la loi
de Dieu, et elle ne le peut.
8. Ceux donc qui sont dans la
chair ne peuvent plaire à Dieu.
9. Pour vous, vous n'êtes point
dans la chair, mais dans l'esprit,
si toutefois l'esprit de Dieu habite
en vous. Or si quelquun n'a
point l'esprit du Christ, celui-là
n'est point à lui.
10. Mais sile Christ est en vous,
quoique le corps soit mort à cause
du péché, l'esprit vit par l'effet
de la justification.
22. L'homme intérieur, signifie l'intelligence et la raison éclairées par la gráce, et
fortifiées par l'Esprit-Saint.
24. Du corps de cette mort; du corps qui est la cause de cette mort dont je viens de
vous parler (vers. 10 et suiv.). Compar. Act., v, 20; xur, 26.
ὃ, 8. Ceux qui sont selon la chair... dans la chair; les hommes charnels qui 8
laissent emporter aux mouvements déréglés de la chair.
2110
11. Que si l'Esprit de celui qui
a ressuscité Jésus d'entre les
morts habite en vous, celui qui a
ressuscité Jésus-Christ d'entre les
morls vivifiera aussi vos corps
mortels par son Esprit qui habite
en vous.
19. Ainsi, mes freres, nous ne
sommes point redevables à la
chair, pour vivre selon la chair.
43. Car si c'est selon la chair
que vous vivez, vous mourrez ;
mais si par l'esprit vous mortifiez
les œuvres de la chair, vous vi-
vrez.
14. Attendu que tous ceux qui
sont conduits parl'Esprit de Dieu,
ceux-là sont fils de Dieu.
15. Aussi vous n'avez point re-
cu de nouveau l'esprit de servi-
tude qui inspire la crainte; mais
vous avez recu l'esprit d'adoption
des fils, dans lequel nous crions:
Abba (Pére).
16. En effet, l'Esprit lui-même
rend témoignage à notre esprit
que nous sommes enfants de
Dieu.
11. Mais si nous sommes en-
fants, nous sommes aussi héri-
liers; héritiers de Dieu et cohé-
ritiers de Jésus-Christ, pourvu
cependant que nous souffrions
avec lui, afin d'étre glorifiés avec
lui.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
[cg. vur.]
18. Or j'estime que les souf-
frances du temps présent ne sont
pas dignes de la gloire future qui
sera révélée en nous.
19. Aussi la créature attend
d'une vive attente la manifesta-
tion des enfants de Dieu.
20. Car elle est assujettie à la
vanité, non point volontairement,
mais à cause de celui qui l'y a
assujettie dans l'espérance,
21. Qu'elle-méme, créature,
sera aussi affranchie de la servi-
tude de la corruption, pour pas-
ser à la liberté de la gloire des
enfants de Dieu.
22. Car nous savons que toutes
les créatures gémissent et sont
dans le travail de l'enfantement
jusqu'à cette heure.
93. Et non-seulement elles,
mais aussi nous-mémes qui avons
les prémices de l'Esprit; oui,
nous-mêmes nous gémissons au
dedans de nous, attendant l'adop-
tion des enfants de Dieu, la ré-
demption de notre corps.
24. Car c'est en espérance que
nous avons été sauvés. Or l'espé-
rance qui se voit n'est pas de l'es-
pérance; car ce que quelqu'un
voit, comment l’espérerait-il ?
95. Et si nous espérons ce que
nous ne voyons pas encore, nous
l'attendons par la patience.
,אא VIII. 15. II Tim., 1, 7; Galat., 1v, 5. — 23. Luc, .אס
18. Abba, Pére. Voy. Mare, xiv, 36.
16. Par le mouvement intérieur de l'amour divin et la paix de la conscience
qu'éprouvent les enfants de Dieu, ils ont, en effet, une sorte de témoignage de la
faveur divine, par laquelle ils sont raffermis dans l'espérance de leur justification et
de leur salut, mais qui ne leur donne cependant pas une assurance absolue; car cette
assurance ne s'obtient pas ordinairement en cette vie, où il nous est ordonné de
travailler à notre salut avec crainte et tremblement, et à nous tenir sans cesse sur
nos gardes, parce que celui qui se croit ferme est plus prés de tomber.
19. La créature attend; littér. : L'attente attend. Ce genre de répétition a pour
but de donner de la force au discours.
[cn. rx.]
96. De méme l'Esprit aussi aide
notre faiblesse, car nous ne sa-
vons ce que nous devons deman-
der dans la prière; mais l'Esprit
lui-méme demande pour nous
avec des gémissements inénar-
rables.
97. Et celui qui scrute les
cœurs sait ce que désire l'Esprit ;
car c’est selon Dieu qu'il deman-
de pour les saints.
98. Or nous savons que tout
coopere au bien pour ceux qui
aiment Dieu, pour ceux qui, se-
lon son décret, sont appelés à
étre saints.
29. Car ceux qu'il a connus par
sa prescience, il les a aussi pré-
destinés à être conformes à 11-
mage de son Fils, afin qu'il füt
lui-même le premier-né entre
beaucoup de freres.
30. Et ceux qu'il a prédestinés,
il les a appelés; et ceux qu'il a
appelés, il les a aussi justifiés, et
ceux qu'il a justifiés, il les a aussi
glorifiés.
31. Que dirons-nous donc après
cela? Si Dieu est pour nous, qui
sera contre nous?
32. Lui qui n'a pas épargné
méme son propre Fils, mais qui
l'a livré pour nous tous, com-
ment ne nous aurait-il pas donné
toutes choses avec lui?
33. Qui accusera les élus de
Dieu? C'est Dieu qui les justifie ;
34. Quel est celui qui les con-
damnerait? C'est le Christ Jésus
36. Ps. זנזא 22.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
2711
qui est mort pour eux, qui de
plus est ressuscité, qui est à la
droite du Père, et qui méme in-
tercède pour nous.
39. Qui donc nous séparera de
l'amour du Christ? Est-ce la tri-
bulation? est-ce l'angoisse? est-
ce la faim? est-ce la nudité? est-ce
le péril? est-ce la persécution?
est-ce le glaive?
36. (Selon qu'il est écrit : A
cause de vous, nous sommes mis
à mort tout le jour; on nous re-
garde comme des brebis de tue-
rie.)
97. Mais en tout cela nous
triomphons par celui qui nous a
aimés.
98. Car je suis certain que ni
mort, ni vie, ni anges, ni princi-
paulés, ni puissances, ni choses
présentes, ni choses futures, ni
violence,
39. Nice qu'il y a de plus éle-
vé, ni ce qu'il y a de plus pro-
fond, ni aucune autre créature,
ne pourra nous séparer de l'a-
mour de Dieu, qui est dans le
Christ Jésus Notre Seigneur.
CHAPITRE IX.
Zéle de saint Paul pour les Juifs. Préro-
galives de ce peuple. Leur chute ne
rend pas les promesses de Dieu vaines
et sans effet. Dieu choisit par miséri-
corde et abandonne par justice ceux
qu'il veut. Gentils appelés, Juifs rejetés.
1. Je dis la vérité dans le
Christ, je ne mens pas, ma cons-
26. L'Esprit-Saint ne prie point et ne gémit point en sa personne, mais il produi
en nous la prière et les gémissements, il nous fait parler dans la prière. Or les gémis-
sements qu'il nous fait produire sont nommés inénarrables, ou à cause de leur vivacité
et de leur ardeur, ou à cause de leur objet qui est surnaturel, ou, enfin, parce qu'ils
nous sont intérieurs.
21. Pour les saints. Voy. Act., 1x, 13.
2112 ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
cience me rendant témoignage
par l'Esprit-Saint,
2. Qu'il y a une grande tris-
tesse en moi, et une douleur con-
tinuelle dans mon cœur.
3. Car je désirais ardemment
d’être moi-même anathème à l'é-
gard du Christ, pour mes fr'res,
qui sont mes proches selon la
chair,
4. Qui sont les Israélites, aux-
quels appartiennent l'adoption
des enfants, la gloire, l'alliance,
la loi, le culte et les promesses,
5. Dont les pères sont ceux de
qui est sorti, selon la chair, le
Christ méme qui est au-dessus
de toutes choses, Dieu béni dans
tous les siecles. Amen.
6. Non que la parole de Dieu
soit restée sans effet; mais tous
ceux qui descendent d'Israél ne
sont pas Israélites ;
7. Ni ceux qui appartiennent à
la race d'Abraham ne sont pas
tous ses enfants; mais c'est en
Isaac que sera ta postérité;
]68. 1x.]
8. C'est-à-dire, ce ne sont pas
les enfants selon la chair qui sont
enfants de Dieu, mais ce sont les
enfants de la promesse qui sont
comptés dans la postérité.
9. Car voici les termes de la
promesse : En ce temps, je vien-
drai, et Sara aura un fils.
10. Et non-seulement elle, mais
aussi Rebecca, qui eut deux fils
à la fois d'Isaac notre pere.
11. Car avant qu'ils fussent nés
ou qu'ils eussent fait ni aucun
bien, ni aucun mal (afin que le
décret de Dieu demeurát ferme
selon son élection),
12. Non à cause de leurs
cuvres, mais par la volonté de
celui qui appelle, il lui fut dit :
19. L'ainé servira sous le plus
jeune, selon qu'il est écrit : J'ai
aimé Jacob, et j'ai hai Esaü.
14. Que dirons-nous donc? Y a-
t-il en Dieu de l'injustice? Nulle-
ment.
15. Car il dit à Moise : J'aurai
pitié de qui j'ai pitié, et je ferai
CnaP. IX. 3. Actes, 1x, 2; I Cor., xv, 9. — 7. Genèse, xxr, 12. — 8. Gal., 1v, 28. —
9. Genèse, xvi, 10. — 10. Genèse, xxv, 24. — 13. Genèse, xxv, 23; Mal, 1, 2. —
15. Exode, xxxii, 19.
3. Bossuet remarque avec raison que l'apótre ne porte pas ses vœux vers l'état des
damnés, quant aux peines, et quant au péché qui en est la cause, mais qu'il se borne
à souhaiter d'étre privé de la gloire dont Dieu couronne les élus. D'ailleurs ce souhait
n'est pas absolu, puisque, outre qu'il procède d'une condition impossible, saint Paul
désire partout posséder Dieu. Ainsi on peut ne voir dans ces paroles qu'une hyper-
bole dictée par un zèle qu'on admire, mais qui ue doit pas être poussé à la rigueur.
1. Littér.: En Isaac sera appelée (a postérité, pour En Isaac sera ta postérité.
Compar. vu, 3.
10. * Qui eut deux fils Jacob et Esaü.
13. Dans l'Eeriture, le mot hair signifie souvent aimer moins. Ainsi l'apótre veut
dire que Jacob a été préféré à Esaü, mais il veut montrer en méme temps contre les
Juifs, que par cette préférence donnée au plus jeune sur l'ainé, Dieu n'est lié envers
aucune nation partieuliére dans la distribution de ses gráces. Car comme, en effet,
il ne voit aucun mérite antérieur à sa gráce, mais quil trouve tout enveloppé dans
le péché, dans la méme masse de condamnation, il n'y a personne qu'il ne puisse
justement laisser dans cette masse; de sorte que quiconque en est délivré, l'est par
sa miséricorde, et quiconque y est laissé, l'est avec justice. Comme lorsque, de deux
hommes également criminels, un roi veut bien, par pure gráce, pardonner à l'un,
tandis qu'il laisse la justice suivre son cours à l'égard de l'autre.
1x.] .זוס]
miséricorde à qui je ferai misé-
ricorde.
16. Cela ne dépend done ni de
celui qui veut, ni de celui qui
court, mais de Dieu, qui fait misé-
ricorde.
17. Car l'Ecrituredit à Pharaon:
Voici pourquoi je t'ai suscité :
c'est pour faire éclater en toi
ma puissance, et pour que mon
nom soit annoncé dans toute la
terre.
18. Donc il a pitié de qui il veut,
et il endurcit qui il veut.
19. Gertainement vous me di-
rez : De quoi se plaint-il encore?
car qui résiste à sa volonté?
20. O homme, qui es-tu, pour
contester avec Dieu? Le vase dit-
il au potier : Pourquoi m'as-tu
fait ainsi?
291. N'a-t-il pas le pouvoir, le
potier, de faire dela méme masse
d'argile un vase d'honneur et un
autre d'ignominie ?
92. Que si Dieu, voulant mani-
fester sa colere et signaler sa
puissance, a supporté avec une
patience extréme les vases de
colere propres à étre détruits,
23. Afin de manifester les ri-
chesses de sa gloire sur les vases
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
9118
de miséricorde qu'il a préparés
pour la gloire,
24. En nous qu'il a de plus ap-
pelés, non-seulement d'entre les
Juifs, mais aussi d'entre les gen-
tils,
25. Comme il dit dans Osée:
J'appellerai celui qui n'est pas
mon peuple, mon peuple; celle |
qui n'est pas bien-aimée, bien-ai- :
|
mée ; celle quin’apointobtenu mi- -
séricorde, objet de miséricorde :
26. Etilarrivera que 0818 10 lieu
méme oü il leur fut dit : Vous
n'êtes point mon peuple, ils seront
appelés enfants du Dieu vivant.
27. Et Isaie s'écrie à l'égard
d'Israél : Le nombre des enfants
d'Israél füt-il comme le sable de
la mer, il n'y aura qu'un reste de
sauvé.
28. Or 16 Seigneur accomplira
cette parole et 182268028 6
équité ; oui, le Seigneur abrégera
cette parole sur 18 terre ;
29. Et comme 18816 avait dit
auparavant: Si le Seigneur Sa-
baoth ne nous avait réservé un
rejeton, nous serions devenus
comme Sodome, et semblables à
Gomorrhe.
90. Que dirons-nous donc? Que
17. Exode, 1x, 16. — 20. Sag., xv, 7; Isaie, xLv, 9; Jérémie, xvm, 6. — 25. Osée,
1r, 24; I Pierre, 11, 10. — 26. Osée, 1, 10. — 27. Isaie, x, 22. — 29. Isaie, 1, 9.
18. Dieu endurcit le cœur, non point en lui inspirant le mal, mais en ne lui accor-
dant pas la gráce, qui est purement gratuite de sa part.
21. Si la comparaison du potier et de l'argile n'est pas juste sous tous les rapports,
puisque l'argile ne concourt pas à la forme qu'on lui donne, tandis que l'homme
concourt à la sainteté que Dieu lui communique, elle l'est au moins sous ceux pour
lesquels l'apótre en fait usage ici.
22. Que si Dieu, etc. Le raisonnement qui commence ici, et qui se poursuit à travers
diverses phrases incidentes, l'apótre le conclut au vers. 30.
28. Celie parole; cette prophétie d'Isaie. — L'abrégera; c'est-à-dire il réglera le
temps de son accomplissement; il l'accomplira promptement.
29. Sabaoth, mot hébreu, que l'on traduit ordinairemunt par armées; mais dont le
sens primitif est: ce que le ciel et lu terre renferment. Compar. Gen., 11, 4.
30. Saint Paul reprend ici le raisonnement qu'il a commencé au verset 22,
9114
les gentils qui ne cherchaient
point la justice ont embrassé la
justice ; mais la justice qui vient
de la foi.
91. Et qu'Israél, au contraire,
en recherchant la loi de justice,
n'est point parvenu à la loi de
justice.
32. Et pourquoi? Parce que ce
n'est point par lafoi, mais comme
par les œuvres qu'ils l'ont re-
cherchée; car ils se sont heurtés
contre la pierre de l'achoppe-
ment,
33. Comme il est écrit : Voici
que je mets en Sion une pierre
d'achoppement et une pierre de
scandale; et quiconque croit en
lui ne sera point confondu.
CHAPITRE X.
Zèle sans science des Juifs. Ils s'efforcent
d'établir leur propre justice, et re-
jettent celle qui vient de Dieu par la
foi. Il faut que la bouche confesse ce
que le cœur croit. Prédicateurs en-
voyés. Election des gentils. Incrédulité
des Juifs.
4. Assurément, mes frères, le
désir de mon cœur et mes sup-
plications à Dieu ont pour objet
leur salut.
2. Car je leur rends ce témoi-
gnage qu'ils ont du zèle pour
Dieu, mais non selon la science,
3. Parce que, ignorant la jus-
tice de Dieu, et cherchant à éta-
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
[(Η. x.]
blirla leur, ils ne sont pas soumis
à la justice de Dieu.
4. Car la fin de la loi est le
Christ, pour justifier tout croyant.
5. Aussi Moise a écrit que
l'homme qui accomplira la justice
qui vient de la loi y trouvera la
vie.
6. Mais pourla justice qui vient
de la foi, il en parle ainsi : Ne dis
point en ton cœur : Qui montera
au ciel? c'est-à-dire pour en faire
descendre le Christ :
7. Ou qui descendra dans l'a-
bime? c'est-à-dire pour rappeler.
le Christ d'entre les morts.
8. Mais que dit l'Ecriture ? Près
detoiestla parole, dans tabouche
et dans ton cœur; c’est la parole
de la foi que nous annoncons.
9. Parce que si tu confesses de
bouche le Seigneur Jésus, et si
en ton cœur tu crois que Dieu l'a
ressuscité d'entre les morts, tu
seras sauvé.
10. Car on croit de cœur pour
la justice, et on confesse de bou-
che pour le salut.
11.. En effet, lEcriture dit :
Quiconque croit en lui ne sera
point confondu.
12. Attendu qu'il n'y a point de
distinction de Juif et de Grec,
parce que c'est le méme Seigneur
de tous, riche pour tous ceux qui
l'invoquent.
33. Isaie, viri, 14; xxvur, 16; I Pierre, 1 7T. — Car. X. 5. Lév., xvi, 5; Ezóch.,
xx, 11. — 6. Deut., xxx, 12 — 8, Deut., xxx, 14. — 11. Isaie, xxvii, 6.
33. En lui; c'est-à-dire en celui qui est représenté par la pierre d'achoppement et
de scandale.
9. Confesser que Jésus-Christ est le Seigneur, et invoquer son nom, ce n'est pas
seulement professer la foi en la personne de Jésus-Christ, mais cela implique de plus
une croyance de toute la doctrine, et la soumission à sa loi, sans quoi l'invocation
de son nom ne nous sauverait pas.
10. Pour la justice; c'est-à-dire pour obtenir la justice, pour étre justifié. — Pour
le salut; c'est-à-dire pour obtenir le salut.
[cu. Σι.]
13. Car quiconque invoquera le
nom du Seigneur sera sauvé.
14. Mais commentinvoqueront-
ils celui en qui ils n'ont point cru?
Ou comment croiront-ils à celui
qu'ils n'ont pas entendu ? Et com-
ment entendront-ils, si personne
ne les préche ?
15. Et comment préchera-t-on,
si on n'est pas envoyé ? comme il
est écrit: Qu'ils sont beaux les
pieds de ceux qui annoncent la
paix, qui annoncent le bonheur!
16. Mais tous n'obéissent pas à
l'Evangile. C'est pourquoi 15816 a
dit : Seigneur, quia cru à ce qu'il
| 8 oui de nous?
17. La foi donc vient par l'au-
dition, et l'audition par la parole
du Christ.
18. Gependant, je le demande:
Est-ce qu'ils n'ont pas entendu ?
Certes, leur voix a retenti par
toute la terre, et leurs paroles
jusqu'aux extrémités du monde.
19. Je demande encore : Est-ce
qu'Israël ne la point connu?
Moise le premier a dit : Je vous
rendrai jaloux d'un peuple qui
n'en est pas un; je vous mettrai
en colere contre une nation in-
sensée.
20. Mais Isaie ne craint pas de
dire : J'ai été trouvé par ceux qui
ne me cherchaient pas, je me
suis montré à ceux qui ne me
demandaient pas.
21. Et à Israélil dit : Tous les
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
2719
jours jai tendu les mains à ce
peuple incrédule et contredisant.
CHAPITRE XI.
Dieu s'est réservé un reste d'Israél, tan-
dis que l'autre reste est demeuré dans
l'endurcissement. Juifs rejetés à cause
de leur incrédulité. Gentils entrés en
leur place par miséricorde. Rappel fu-
tur des Juifs. Profondeur des juge-
ments de Dieu.
1. Je dis donc : Est-ce que Dieu |
a rejeté son peuple? Non, sans
doute; car moi-méme je suis Is-
raélite, de la race d'Abraham, de
la tribu du Benjamin ;
2. Dieu n'a point rejeté son
peuple quil a connu dans sa
prescience. Ne savez-vous pas ce
que l'Ecriture dit d'Elie, com-
ment il interpelle Dieu contre
Israél, disant :
3. Seigneur, ils ont tué vos
prophètes, démoli vos autels; et
moi, je suis resté seul, et ils re-
cherchent mon âme?
4. Mais que lui dit la réponse
divine? Je me suis réservé sept
mille hommes qui n'ont point
fléchi le genou devant Baal.
5. De méme donc, en ce temps
aussi, un reste a élé sauvé, selon
l'élection de la grâce.
6. Mais si c'est par la grâce, ce
n'est donc point par les œuvres;
autrement la grâce ne serait plus
grâce.
1. Qu'est-il donc arrivé? Ce que
cherchait Israël, il ne l’a pas trou-
13. Joël, ,זז 32; Actes, 11, 21. — 15, Isaïe, Lit, 7; Nah., 1, 15. — 16. Isaie, 1111, 1; Jean,
xr, 38. — 18. Ps. ΧΥΠΙ, 5. — 19. Deut., xxxu, 21. — 20. Isaie, Lxv, 1. — 21. Isaie,
Lxv, 2. — Car. XI. 3. III Rois, xix, 10. — 4. III Rois, xix, 18.
11. Par la parole du Christ; c'est-à-dire par la prédication de la parole du
Christ.
3. Ils recherchent mon dme; ma vie pour me l'óter.
4. * Devant Baal. Baal était le dieu supréme des Phéniciens
2116
vé; mais ceux qui ont été choisis
lont trouvé; les autres ont été
aveuglés,
8. Selon quil est écrit : Dieu
. leur a donné jusqu'à ce jour un
esprit de torpeur; des yeux pour
ne point voir, et desoreilles pour
ne point entendre.
9. David dit encore : Que leur
table devienne pour eux lacet,
piége, scandale et rétribution.
10. Que leurs yeux s'obscur-
cissent pour qu'ils ne voient
point, et faites que leur dos soit
toujours courbé.
11. Je dis donc : Ont-ils trébu-
ché de telle sorte qu'ils soient
tombés? Point du tout. Mais par
leur péché, le salut est venu aux
gentils qui devaient ainsi leur
donner de l'émulation.
12. Que si leur péché est la ri-
chesse du monde, et leur dimi-
nution, la richesse des gentils;
combien plus encore leur pléni-
tude?
13. Car je le dis à vous, gentils :
Tant que je serai apótre des gen-
1115, j'honorerai mon ministère,
14. M'efforgant d'exciter l'ému-
lation de ceux de mon sang, et
d'en sauver quelques-uns.
15. Car si leur perte est la ré-
conciliation du monde, que sera
leur rappel, sinon une résurrec-
tion?
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
[cu. xr.]
16. Que si les prémices sont
saintes, la masse l'est aussi ; et si
la racine est sainte, les rameaux
aussi.
A7. Si donc quelques-uns des
rameaux ont été rompus, et si
toi, qui n'étais qu'un olivier sau-
vage, tu as été enté en eux et fait
participant de la racine et de la
graisse de l'olivier,
18. Ne te glorifie point aux dé-
pens des rameaux. Que si tu te
glorifies, sache que tu ne portes
point la racine, mais que c'est la
racine qui te porte.
19. Tu diras, sans doute : Les
rameaux ont été brisés pour que
je fusse enté.
20. Fort bien. C'est à cause de
leur incrédulité qu’ils ont été
rompus. Pour toi, tu demeures
ferme par ta foi, ne cherche pas
àt'élever, mais crains.
91. Car si Dieu n'a pas épargné
les rameaux naturels, il pourra
bien ne pas t'épargner toi-même.
22. Vois donc la bonté et la sé-
vérité de Dieu : sa sévérité en-
vers ceux qui sont tombés, et sa
bonté envers toi, si toutefois tu
demeures ferme dans cette bon-
té; autrement tu seras aussi re-
tranché.
93. Mais eux-mêmes, s'ils ne
demeurent point dans l'incrédu-
lité, seront entés; car Dieu est
8. Isaie, vr, 9; Matt., xi, 14; Jean, xir, 40; Act., xxviit, 26. — 9. Ps. LxviIn, 23.
8. Torpeur; c'est le sens qu'a ici, comme en plusieurs autres endroits, le mot
,
componclion de la Vulgate.
9. Et rélribulion de leurs œuvres; c'est-à-dire un juste châtiment. Ces paroles et
les suivantes n'expriment pas un désir de vengeance, mais une prédiction du chà-
timent qui devait frapper les Juifs qui, au lieu de reconnaitre le Messie, l'ont mis
à mort.
10. Que leur dos soit toujours courbé contre terre; c'est-à-dire qu'ils restent atta»
chés à l'amour des choses terrestres, et à la recherche des biens périssables.
22. Dans cetle bonté; c'est-à-dire dans l'état οὐ t'a mis cette bonté divine.
(cu. xir.)
puissant pour les enter de nou-
veau.
94. En effet, si tu as été coupé
de l'olivier sauvage, ta tige natu-
relle, et enté contre nature sur
l'olivier franc, à combien plus
forte raison, ceux qui sont les ra-
meaux naturels seront-ils entés
sur leur propre olivier?
95. Car je ne veux pas, mes
freres, que vous ignoriez ce mys-
tère (afin que vous ne soyez pas
sages à vos propres yeux), qu'une
partie d'Israël est tombée dans
l'aveuglement, jusqu'à ce que la
plénitude des gentils soit entrée;
26. Et qu'ainsi tout Israél soit
sauvé, selon qu'il est écrit : 1
viendra de Sion celui qui doit dé-
livrer, et qui doit bannir l'impié-
té de Jacob.
97. Et ce sera là mon alliance
avec eux quand j'aurai effacé
leurs péchés.
98. Il est vrai que, selon l'Evan-
gile, ils sont ennemis à cause de
vous; mais, selon l'élection, ils
sont très aimés à cause de leurs
peres.
29. Parce que les dons et la
vocation de Dieu sont sans re-
pentir.
30. Comme donc autrefois vous-
mémes n'avez pas cru à Dieu, et
que maintenant vous avez obtenu
miséricorde à cause de leur incré-
dulité
31. Ainsi eux maintenant n'ont
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
2741
pas eru, pour que miséricorde
vous füt faite, et qu'à leur tour
ils obtiennent miséricorde.
32. Car Dieu a renfermé tout
dans l’incrédulité, pour faire mi-
séricorde à tous.
33. O profondeur des trésors
de la sagesse et de la science de
Dieu! Que ses jugements sont
incompréhensibles et ses voies
impénétrables !
34. Car qui a connu la pensée
du Seigneur? ou qui a été son
conseiller?
35. Ou qui, le premier, lui 8
donné, et sera rétribué?
96. Puisque c'est de lui, et par
lui, et en lui, que sont toutes
choses; à lui la gloire dans les
siècles. Amen.
CHAPITRE XII.
Préceptes de morale. Nos corps hostie
vivante. Renouvellement de l'esprit.
Nous sommes tous un méme corps,
dont chaque membre a ses fonctions
propres qu'il doit remplir. Principaux
devoirs de la vie chrétienne.
1, Je vous conjure donc, mes
freres, parla miséricorde de Dieu,
d'offrir vos corps en hoslie vi-
vante, sainte, agréable à Dieu,
pour que votre culte soit raison-
nable.
9. Et ne vous conformez point
à ce siècle, mais réformez-vous
par le renouvellement de votre
esprit, afin que vous reconnais-
26. Isaïe, Lix, 20. — 34. Sag., 1x, 13; Isaie, וא 13; I Cor., ir, 16. — Cap. XII. 1. Phil.,
1v, 18. — 2, Eph., v, 17; 1 Thess., 1v, 8.
98. Ils sont ennemis de Dieu.
32. Dieu a permis que tous, Juifs et gentils, devinssent incrédules, afin que devenant
tous l'objet de sa miséricorde aucun ne püt s'attribuer à lui-méme le mérite de sa
justification et de son salut. Le texte porte /ous parce que le genre neutre donne à
l'idée une plus grande extension. Ainsi il s'agit ici de tous les hommes sans excep-
lion aucune.
2718
8162 combien la volonté de Dieu
est bonne, agréable et parfaite.
3. Car je dis, en vertu de la
gráce qui m'a été donnée, à tous
ceux qui sont parmi vous, de
ne pas étre sages plus qu'il ne
faut, mais de létre avec mo-
| dération, et selon la mesure de
la foi que Dieu a départie à
chacun.
4. Car, comme dans un seul
corps, nous avons beaucoup de
membres, et que tous les mem-
bres n'ont point la méme fonc-
tions,
9. Ainsi, quoique beaucoup,
nous sommes un seul corps en
Jésus-Christ, étant tous en parti-
culier les membres les uns des
autres.
6. C'est pourquoi, comme nous
avons des dons différents, selon
la gráce qui nous a été donnée,
que celui qui ἃ reçu le don de
prophétie en use selon l'analogie
de la foi ;
1. Que celui qui est appelé au
ministère, s'y applique; que celui
qui a recu le don d'enseigner,
enseigne ;
8. Que celui qui a le don d’ex-
horter, exhorte; que celui qui
fait l'aumóne, /a fasse avec sim-
plicité ; que celui qui préside soit
attentif; que celui qui exerce les
œuvres de miséricorde les exerce
avec joie.
9. Charité sans déguisement,
ayant le mal en horreur, vous
attachant au bien ;
EPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
[cu. ii.)
10. Vous aimant mutuellement
d'un amour fraternel; vous ho-
norant les uns les autres avec
prévenance;
11. Empressés au devoir, fer-
vents d'esprit; servant le Sei-
gneur;
12. Vous réjouissant par l'es-
pérance; patients dans la tri-
bulation; persévérants dans la
prière ;
13. Dans les besoins des saints,
partageant avec eux; aimant à
donner l'hospitalité.
14. Bénissez ceux qui vous
persécutent; bénissez, et ne
maudissez point;
15. Réjouissez-vous avec ceux
qui se réjouissent, pleurez avec
ceux qui pleurent;
16. Vous unissant tous dans les
mémes senliments; n'aspirant
point à ce qui est élevé, mais
vous inclinant vers ce qu'il y a de
plus humble. Ne soyez point sa-
ges à vOS propres yeux;
17. Ne rendant à personne le
mal pour le mal; ayant soin de
faire le bien, non seulement de-
vant Dieu, mais devant tous les
hommes.
18. S'il se peut, el autant qu'il
est en vous, ayant la paix avec
tous les hommes ;
19. Ne vous défendant point
vous-mémes, mes bien-aimés,
mais donnez lieu à la colere; car :
il est écrit : A moi est la ven-
geance ; c'est moi qui ferai la ré-
tribution, dit le Seigneur.
3. I Cor., xir, 11; Ephés., rv, 7. — 9. Amos, v, 15. — 10. Ephés., iv, 3; I Pierre,
n, 11. — 13. Hóbr., xur, 2; I Pierre, 1v, 9. — 17. II Cor., vir, 21. — 18. Hébr., זא 14,
— 19. Eccli., xxvi, 1,2, 3; Matt., v, 39; Deut., xxxii, 35; Hébr., x, 30.
6. Selon, etc. ; c'est-à-dire en ne disant rien que de conforme à la loi.
13. Des saints. Voy. Act., 1x, 13.
reu. xur.]
20. Au contraire, si ton ennemi
a faim, donne-lui à manger; s'il
a soif, donne-lui à boire ; car, fai-
sant cela, tu amasseras des char-
bons de feu sur sa tête.
91. Ne te laisse pas vaincre par
ie mal, mais triomphe du mal
par le bien.
CHAPITRE XIII.
Ob4ir aux puissances comme étant éta-
blies de Dieu. Payer le tribut aux
princes; rendre à chacun ce qui lui est
dà. Amour du prochain, abrégé de la
loi. Sortir de l'assoupissement : quit-
ter les œuvres de ténèbres; se revêtir
de Jésus-Christ.
4. Que toute âme soit soumise
aux puissances supérieures, car
il ny 8 point de puissance qui ne
vienne de Dieu ; et celles qui sont
ont été établies de Dieu.
9. C'est pourquoi qui résiste à
la puissance résiste à l'ordre de
de Dieu. Or ceux qui résistent
attirent sur eux-mêmes la con-
damnation ;
3. Car les princes ne sont pas
à craindre pour les œuvres bon-
nes, mais pour les mauvaises.
Veux-tu donc ne pas craindre la
puissance? fais le bien, et elle te
louera;
4. Car elle est le ministre de
Dieu pour le bien. Que si tu fais
le mal, crains; car ce n'est pas
sans motif qu'elle porte le glaive,
puisqu'elle estle ministre de Dieu
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
2719
dans sa colère contre celui qui
fait le mal.
5. IL est done nécessaire de vous
y soumettre non seulement par
crainte de la colere, mais encore
par conscience.
6. C'est aussi pour cela que
vous payez le tribut ; carles prin-
ces sont les ministres de Dieu, le
servant en cela méme.
7. Rendez donc à tous ce qui
leur est dû : à qui le tribut, le
tribut; à qui l'impót, limpót; à
qui la crainte, la crainte; à qui
l'honneur, l'honneur.
8. Ne devez rien à personne,
sinon de vous aimer mutuelle-
ment; car qui aime le prochain a
accompli la loi.
9. En effet : Tu ne commettras
point d'adultére, tu ne tueras
point, tu ne déroberas point, tu
ne porteras point de faux témoi-
gnage, tu ne convoiteras point;
et s'il est quelque autre comman-
dement, tout se résume dans
cette parole : Tu aimeras ton
prochain comme toi-même.
10. L'amour du prochain n'o-
pere pas le mal. L'amour est
donc la plénitude de la loi.
11. De plus, nous savons par le
temps qu'il est déjà l'heure de
sorlir de notre sommeil; car
notre salut est maintenanl plus
prés que lorsque nous avons em-
brassé la foi. .
20. Prov., xxv, 21. — Caar. XIII. 1. Sag., vi, 4; I Pierre, ir, 13. — 7. Matt., xxt, 21.
— 9. Exode, xx, 14; Deut., v, 18; Lóv., xix, 18; Matt., xxit, 39; Marc, xir, 31; Gal.,
v, 14; Jac., 11, 8.
20. Tu amasseras des charbons sur sa tête, parait être une locution proverbiale.
Les Pères grecs l'entendent des charbons de colère; de manière que si on fait du bien
aux ennemis, on est irréprochable, et ils sont eux-mémes la seule cause de leur pu-
nition. Mais saint Jéróme, saint Augustin, etc., l'entendent des charbons d'amour et
de charité, qui font qu'un ennemi a honte de sa propre malice, et qu'il cherche à se
réconcilier
1
2720
19. La nuit est déjà fort avan-
cée, et le jour approche. Reje-
tons donc les œuvres des ténè-
bres, et revétons-nous des armes
de la lumière.
13. Comme durant le jour,
marchons honnêtement, non
dans les excès de table et les
ivrogneries, non dans les disso-
lutions et les impudicités; non
dans l'esprit de contention et
l'envie;
14. Mais revétez-vous du Sei-
gneur Jésus-Christ, et ne cher-
chez pas à contenter la chair
dans ses convoitises.
CHAPITRE XIV.
Ceux qui sont forts dans la foi doivent
supporter les faibles; et les faibles ne
doivent pas condamner les forts. Ne
point se condamner les uns les autres.
Eviter le scandale. S'entr'édifier en
toutes choses. Dieu est le juge de tous.
1. Accueillez celui qui est faible
dans la foi, sans disputer sur les
opinions.
2. Carl'un croit qu'il peut man-
cer de tout, et l'autre, qui est
faible dans la foi, ne mange que
des légumes.
3. Que celui qui mange ne
méprise pas celui qui ne mange
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
[cu. xiv)
point ne condamne pas celui qui
mange; car Dieu l'a accueilli.
4. Qui es-tu, toi qui juges le
serviteur d'autrui? C'est pour son
maitre qu'il demeure ferme ou
quil tombe; mais il demeurera
ferme, parce que Dieu est puissant
pour l'affermir. -
5. L'un fait différence entre un
jour et un jour; un autre les
juge tous pareils : que chacun
abonde en son sens.
6. Celui qui distingue les jours,
les distingue en vue du Seigneur.
Gelui qui mange, mange en vue
du Seigneur, car il rend gráces à
Dieu; et celui qui ne mange
point, ne mange point en vue du
Seigneur, et il rend aussi gráces
à Dieu.
7. Car aucun de nous ne vit pour
soi, et nul ne meurt pour soi.
8. Mais, soit que nous vivions,
nous vivons pour le Seigneur;
soit que nous mourions, nous
mourons pour le Seigneur. Soit
done que nous vivions, soit que
nous mourions, nous sommes au
Seigneur.
9. Car c'est pour cela que le
Christ est mort et qu'il est ressus-
cité, afin de dominer et sur les
morts et sur les vivants.
point, et que celui qui ne mange | 10. Toi donc, pourquoi juges-tu
13. Luc, xxr, 34. — 14. Gal., v, 16; 1 Pierre, 11, 11. — Cuar. XIV. 4. Jac., 1v, 18. —
10. II Cor., v, 10.
19. La nuit marque souvent dans l'Ecriture les temps d'ignorance, et /e jour, le
temps de l'Evangile.
2. Quelques chrétiens faibles d'entre les Juifs convertis n'osaient pas manger des
viandes déclarées impures par la loi; les chrétiens, moins faibles, en mangeaient
sans scrupule, ce qui occasionnait des contestations entre eux. Saint Paul, pour les
mettre d'accord, exhorte les premiers à ne point condamner les derniers, qui usent
de leur liberté chrétienne, et il engage ces derniers à ne pas mépriser ou scandaliser
leurs fréres faibles, soit en les portant à manger de ce que, en conscience, ils ne
croient pas pouvoir manger, soit en les offensant au point de les exposer au danger
d'une apostasie.
[cu. xv.]
ton frère? ou pourquoi méprises-
tu ton frére? Car nous paraitrons
tous devant le tribunal du Christ;
11. Il est écrit, en effet : Je vis,
moi, dit le Seigneur; tout genou
fléchira devant moi, et toute
langue confessera Dieu.
19. Ainsi chacun de nous ren-
dra compte à Dieu pour soi.
13. Ne nous jugeons donc plus
les uns les autres; mais songez
plutót à ne pas mettre devant
votre frère une pierre d'achop-
pement ou de scandale.
14. Je sais, et j'ai cette foi
dans le Seigneur Jésus, que rien
n'est impur de soi-méme, et qu'il
n'est impur qu'à celui qui les-
time impur.
15. Mais si, à cause de ce que
tu manges, ton frère est coniris-
té, dès lors tu ne marches pas se-
lon la charité. Ne perds pas, à
cause de ce que tu manges, celui
pour qui le Christ est mort.
16. Qu'on ne blasphème donc
point le bien dont nous jouis-
sons.
11. Car le royaume de Dieu
n'est ni le manger ni le boire;
mais il est justice, paix et joie
dans l'Esprit-Saint.
18. Or celui qui en ces choses
sert ainsi le Christ plait à Dieu,
el est approuvé des hommes.
19. C'est pourquoi, recherchons
ce qui tientàla paix, et obser-
vons à l'égard les uns des autres
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 2721
ce qui contribue à l'édification.
20. Ne va pas, pour le manger,
détruire l’œuvre de Dieu. A la
vérité, tout e% pur; mais c'est
mal à l'homme de manger avec
scandale.
21. Il est bon de ne point man-
ger de chair, de ne point boire de
vin, et ne rien faire de ce qui
choque, scandalise, ou affaiblit
ton frere.
22. As-tu lafoi, aie-la en toi-mé-
medevantDieu. Heureux celui qui
ne se condamne pas lui-méme en
ce qu'il approuve.
23. Mais celui qui fait une dis-
tinction et qui mange est condam-
né, parce qu'il n'est pas de bonne
foi. Or tout ce qui ne se fait pas
de bonne foi est péché.
CHAPITRE XV.
Condescendance et charité mutuelles. Jé-
sus promis aux Juifs, et annoncé par
grâce aux gentils. Saint Paul apótre
des gentils. 11 promet aux Romains
d'aller les voir, leur demande le secours
de leurs priéres et leur souhaite la
paix.
1. Nous devons donc, nous qui
sommes plus forts, supporter les
faiblesses des infirmes, et ne pas
nous complaire en nous-mémes.
9. Que chacun de vous ait de
la complaisance pour son pro-
chain en ce qui est bien, pour
l'édification.
3. Car le Christ ne s'est point
complu en lui-méme; mais,
11. Isaie, xLv, 24; Philip., τι, 10. — 15. I Cor., viu, 11. — 20. Tit., 1, 15. — 21. I Cor.,
vri, 13. — (παρ. XV. 3. Ps. rxvir, 10.
11. Je vis, moi; formule de serment qui veut dire : J'en jure parla vie qui est en
moi essentiellement, et nécessairement, par ma vie éternelle.
13. Ou de scandale. Compar. 1x. 33.
23. Il n'est pas de bonne foi; il agit contre sa persuasion, contre sa conscience. Il
est évident, par le contexte, que tel est le vrai sens de ce passage, et qu'il ne s'agit
nullement ici de la foi qui nous fait chrétiens.
NT.
171
2122
comme il est écrit : Les outrages
de ceux qui vous outrageaient
sont tombés sur moi.
4. Car tout ce qui est écrit a été
écrit pour notre instruction, afin
que par la patience et la consola-
tion des Ecritures nous ayons
l'espérance.
5. Que le Dieu de patience et
de consolation vous donne donc
d'étre unis de sentiments les uns
aux autres, selon Jésus-Christ;
6. Afin que d'un méme cœur
et d'une méme bouche vous ren-
diez gloire à Dieu et au Père de
Notre Seigneur Jésus-Christ.
7. C'est pourquoi, soutenez-
vous les uns les autres, comme le
Christ vous à soutenus pour la
gloire de Dieu.
8. Car je dis que le Christ Jésus
a été le ministre de la circonci-
sion, pour justifier la véracité de
Dieu et confirmer les promesses
faites à nos peres;
9. Et afin que les nations glori-
rifiassent Dieu de sa miséricorde,
selon qu'il est écrit : C'est pour
cela, Seigneur, que je vous con-
fesserai parmi les nations, et que
je chanterai votre nom.
10. L'Ecriture dit encore : Ré-
jouissez-vous, nations, avec son
peuple.
11. Et ailleurs : Nations, louez
toutes le Seigneur; peuples, exal-
tez-le tous.
19. Et 18816 dit aussi : Viendra
ÉPITRS DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
[cu. xv.]
la racine de Jessé, et celui qui s'é-
lèvera pour gouverner les na-
tions, et c’est en lui que les na-
tions mettront leur espérance.
13. Que le Dieu de l'espérance
vous remplisse donc de toute joie
et de toute paix dans votre foi,
afin que vous abondiez dans l'es-
pérance et dans là vertu de l'Es-
prit-Saint.
14. Pour moi, mes freres, je
suiscerlain, encequi voustouche,
que vous étes pleins de charité,
remplis de tout savoir, en sorte
que vous pouvez vous instruire
les uns les autres.
15. Cependant je vous ai écrit
ceci, mes frères, avec quelque
hardiesse, comme pour réveiller
votre mémoire, en vertu de la
grâce que Dieu m'a donnée,
16. Pour étre le ministre du
Christ Jésus parmi les nations;
en préchant la sainteté de l'Evan-
gile de Dieu, afin que l'oblation
des gentils soit acceptée et sanc-
üfiée dans l'Esprit-Saint.
11. J'ai donc sujet de me glori-
fier aupres de Dieu, dansle Christ
Jésus.
18. Car je n'ose parler d'aucune
des choses que le Christ ne fait
pas par moi pour amener les Gen-
tils à l'obéissance, par la parole
et par les ceuvres;
19. Par la vertu des miracles et
des prodiges, parla puissance de
l'Esprit-Saint; de sorte que j'ai
5. 1 Cor., 1, 10. — 9, II Rois, xxii, 50; Ps. xvn, 50. — 11. Ps. cxvi, 1. — 12. Isaie,
xi, 10.
8. Le Christ Jésus a été le ministre, etc.; c'est-à-dire il a été le dispensateur et le
ministre de l'Evangile à l'égard des Juifs circoncis.
19. * Jusqu'à l’Illyrie. L'Illyrie est le pays situé entre l'Italie, la Germanie, la Macé-
doine et la Thrace, entre le Danube à l'est et la mer Adriatique à l'ouest, C'était une
province romaine. S. Paul la nomma comme le point extréme où il avait à cette
époque porté l'Evangile.
[cu. xvr.]
annoncé partout l'Evangile, de-
puis Jérusalem et les pays d'alen-
tour jusqu'à l'lllyrie;
90. Mais j'ai eu soin de ne point
précher cet Evangile, làoülenom
du Christ avait déjà été annoncé,
afin de ne point bátir sur le fon-
dement d'autrui; mais, comme il
est écrit :
91. Ceux ἃ {πὶ on nel'avait point
annoncé, verront; et ceux qui ne
lont point entendu, compren-
dront.
22. C'est pourquoi j'ai été sou-
vent empéché d'aller vers vous,
et je ne l'ai pas pu jusqu'à pré-
sent.
93. Cependant, rien maintenant
ne me retenant en ces contrées,
et ayant, depuis bien des années
déjà, un grand désir d'aller vous
voir,
24. J'espère que lorsque je par-
lirai pour l'Espagne, je vous ver-
rai en passant, et que vous my
conduirez, après que j'aurai un
peu joui de vous.
95. Maintenant je vais à Jérusa-
lem pour servir les saints.
26. Car la Macédoine et l'Achaie
ont trouvé bon de faire quelques
collectes en faveur des pauvres
des saints qui sont à Jérusalem.
Or il leur 8 plu ainsi, parce .דפ
qu'ils leur sont redevables. Car
si les gentils sont entrés en par-
tage de leurs biens spirituels, ils
21. Isaïe, 111, 15. — 27. I Cor., 1x, 11.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
9795
doivent aussi leur faire part de
leurs biens temporels.
28. Lors done que j'aurai ter-
miné cette affaire et que je leur
aurai remis le fruit des collectes,
je partirai pour l'Espagne, en
passant par chez vous.
99. Or je sais qu'en venant vers
vous, c’est dans l'abondance de
la bénédiction de l'Evangile du
Christ que j'y viendrai.
30. Je vous conjure donc, mes
freres, par Notre Seigneur Jésus-
Christ et par la charité du Saint-
Esprit, de m'aider par les prières
que vous ferez à Dieu pour moi,
31. Afin que je sois délivré des
infideles qui sont dans la Judée,
et que l'offrande que je me fais
un devoir de porter soit bien re-
cue à Jérusalem par les saints,
39. Pour que je vienne vers
vous avec joie par la volonté de
Dieu, et que je goüte avec vous
quelque consolation.
33. Cependant, que le Dieu de
la paix soit avec vous tous. Amen.
CHAPITRE XVI.
Saint Paul recommande 210326, diaco-
nesse. 1[ salue diverses personnes de
Rome. Il exhorte les Romains à éviter
les discussions. Il les salue de la part
de plusieurs personnes. Il leur souhaite
la gràce de Jésus-Christ.
1. Je vous recommande Phobé,
notre sceur, attachée au service
24. * Pour l'Espagne. D'aprés un grand nombre de témoignages anciens, S. Paul
alla en effet précher la foi en Espagne, après sa première captivité à Rome, ce que
de nombreux critiques modernes refusent d'admettre.
25. Pour servir les saints; c'est-à-dire pour porter aux chrétiens pauvres les aumónes
que j'ai recueillies. — Pour 16 mot saints, voy. Act., 1x, 13.
26. * La Macédoine et l’Achaïe. Voir Actes, xvi, 9 et xvii, 19.
1. * Phobé, dont le nom signifie la brillante, la lune, était diaconesse. — Cenchrée,
un des ports de Corinthe, du cóté de l'Asie, sur le golfe Saronique. Plusieurs ont
2724
de l'Eglise qui est à Cenchrée,
2. Afin que vous la receviez
dans le Seigneur d’une manière
digne des saints, et que vous l'as-
sistiez dans toutes les choses où
elle pourrait avoirbesoin de vous;
car elle en a elle-méme assisté
un grand nombre, et moi en par-
ticulier.
3. Saluez Prisque et Aquila,
mes coopérateurs en Jésus-Christ
4. (Qui, pour mon âme, ont
exposé leur tête; à qui je rends
grâces, non pas moi seulement,
mais toutes les Eglises des gen-
tils),
ὃ. Et aussi l'Eglise qui est
dans leur maison. Saluez Epé-
nète qui m'est cher, et qui a été
les prémices des chrétiens de
l'Asie.
6. Saluez Marie, qui abeaucoup
travaillé pour vous.
1. Saluez Andronique et Junie,
mes parents et compagnons de
mes liens, qui sont illustres par-
Cap. XVI. 3. Actes, xvii, 2, 26.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
[cn. xvi.]
mi les apótres, et qui ont été au
Christ méme avant moi.
8. Saluez Ampliat, qui m'est
trés cher dans le Seigneur.
9. Saluez Urbain, mon coopéra-
teur en Jésus-Christ, et Stachys,
qui m'est cher.
10. Saluez Apelle, fidele servi-
teur du Christ.
11. Saluez ceux de la maison
d'Aristobule. Saluez Hérodion,
mon parent. Saluez ceux de la
maison de Narcisse, qui sont au
Seigneur.
19. Saluez Triphene et Tri-
phose, lesquelles travaillent pour
le Seigneur. Saluez notre cher
Perside, qui a aussi beaucoup
iravaillé pour le Seigneur.
13. Saluez Rufus, élu du Sei-
gneur, et sa mère, qui est aussi
la mienne.
14. Saluez Asynerite, Phlégon,
Hermas, Patrobe, Hermès, et nos
freres qui sont avec eux.
45. Saluez Philologue et Julie,
pensé que Phæbé, qui allait certainement à Rome d'après ce passage, fut chargée par
S. Paul de porter son Epitre aux chrétiens de cette ville.
3. * Prisque ou Priscille, qui n'est que le diminutif de Prisque et Aquila. Voir
Actes, xviii, 2. On voit par ce passage qu'Aquila et Priscille étaient retournés à Rome.
9. * Epénéte, le premier converti de la province proconsulaire d'Asie. D’après la
tradition, il devint le premier évéque de Carthage.
6. * Marie, chrétienne probablement d'origine juive.
1. * Andronique et Junie, de la même tribu que S. Paul, peut être méme ses cousins.
Junie, d'aprés un certain nombre de critiques, est une abréviation de Junilius ou
Juninianus et par conséquent un nom d'homme. On ignore en quelles circonstances
Andronique et Junie avaient été prisonniers avec S. Paul.
8, 9. * Ampliat, Urban, Stachys sont inconnus. La tradition fait de Stachys un des
soixante-douze disciples.
10. * Apelle, d’après la tradition, devint évêque de Smyrne ou d'Héraclée.
11, 12. * Aristobule, Hérodion, Narcisse, Triphæne, Triphose, Perside, inconnus.
13. Qui est aussi la mienne; que je regarde comme la mienne, à cause du respect
que j'ai pour elle, et de l'amour qu'elle a pour moi. — * Rufus, probablement un des
fils de Simon le Cyrénéen. Voir Marc, xv, 21.
14. * Asyncrile, Phlégon, Patrobe, Hermés, inconnus. Hermas, d'après quelques-uns,
serait l'auteur de l'écrit célèbre intitulé 26 Pasteur, mais on croit généralement le
Pasteur moins ancien.
15. * Philologue et Julie. D'après la tradition, Julie était la femme de Philologue,
d’après les autres, c'est un nom d'homme (Julias). — Nérée, Olym»?ade, inconnus.
xv.] .זזס]
Nérée et sa sceur, et Olympiade,
et tous les saints qui sont avec
eux.
16. Saluez-vous les uns les
autres par un saint baiser. Toutes
les Eglises du Christ vous saluent.
17. Mais je vous prie, mes frè-
res, d'observer ceux qui sèment
des dissensions et des scandales
contre la doctrine que vous avez
apprise, et détournez-vous d'eux.
18. Car de tels hommes ne ser-
vent point le Christ Notre Sei-
gneur, mais leur ventre; et par
de douces paroles et des flatto-
ries, ils séduisent les âmes sim-
ples.
19. Votre 026188800 est connue
en tout lieu. Je me réjouis donc
pour vous, mais je désire que
vous soyez sages dans le bien et
simples dans le mal.
20. Que 16 Dieu de la paix broie
Satan sous vos pieds au plus tót.
Que la gráce de Notre Seigneur
Jésus-Christ soit avec vous.
21. Timothée, compagnon de
mes travaux, vous salue ; comme
21. Actes, xvi, l.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
2129
aussi Lucius, Jason, ét Sosipatre,
mes parents.
92. Moi, Tertius, qui ai écrit
cette lettre, je vous salue dans le
Seigneur.
93. Caius, mon hóte, et toute
l'Eglise, vous saluent. Eraste,
trésorier de la ville, et Quartus,
notre frere, vous saluent.
24. Que la grâce de Notre Sei-
gneur Jésus-Christ soit avec vous
tous. Amen.
25. Et à celui qui est puissant
pour vous affermir dans mon
Evangile et la prédication de
Jésus-Christ, selon la révélation
d'un mystère qui, étant resté
caché dans tous les siècles passés
96. (Qui maintenant a été dé-
couvert par les écritures des pro-
phètes, suivant l'ordre du Dieu
éternel, pour qu'on obéisse à la
foi), est connu de toutes les na-
tions,
97. À Dieu, seul sage, honneur
et gloire, à lui par Jésus-Christ
dans les siècles des siècles.
Amen.
91. * Timothée. Voir l'Introduction aux Epitres à Timothée. — Lucius est peut-être
Lucius de Cyrène, l'un des docteurs de l'Eglise d'Antioche, Act., ,ןא 1. — Jason.
Voir Actes, xvii, 5. — Sosipatre. Voir Actes, xvir, 10 et xx, 4.
22. * Terlius était probablement un chrétien de Corinthe qui servit de secrétaire à
S. Paul, en écrivant sous sa dictée.
23.* Caius était un chrétien de Corinthe, le seul, avec Crispus que S. Paul eût
baptisé dans cette ville (1 Cor., 1, 14). — Eraste. Ce nom se lit aussi dans les Actes,
xix, 22, et II Tim., 1v, 20, mais nous ignorons s'il désigne la méme personne. — Quar-
Lus, avtre chrétien de Corinthe, portant un nom romain, comme Tertius.
25. Mon Evangile, etc.; c'est-à-dire l'Evangile que j'annonce, et la doctrine de
Jésus-Christ.
21. A lui, littér.: A qui; mais le pronom relatif a évidemment ici, comme en plu-
sieurs autres endroits de l'Ecriture, le sens du pronom personnel.
OS CS ESS
PREMIERE EPITRE DE SAINT PAUL
AUX CORINTHIENS
——2200E€0 0-0-2—
INTRODUCTION
Corinthe, relevée par Jules César et déclarée colonie romaine, était la capitale
de l’Achaïe, et la première ville de la Grèce. Elle pouvait avoir quatre cent mille
habitants de toute nationalité, grecs, latins, Juifs, etc. Aussi riche que popu-
leuse, elle brillait surtout par son activité et par son luxe. Sa position dans
l'isthme qui unit le Péloponèse à la Grèce, entre la mer Egée à l'Orient et la
mer Ionienne à l'Occident, à égale distance de l'Italie et de l'Asie, en faisait le
centre d'un commerce considérable. Le commerce lui donnait l'opulence, et
l'opulence procurait à ses habitants de quoi satisfaire leur goüt pour les arts et
pour le plaisir. A peu de distance de ses murs, on célébrait tous les cinq ans
des jeux fameux auxquels l'Apótre fait allusion; et la ville elle-même était un
théâtre d'amusements et de dissolution continuels. On n'y célébrait guère
d'autre culte que celui de Vénus. Aussi la vie qu'on y menait était-elle passée
en proverbe, et disait-on indifféremment, « vivre en Corinthien, » ou s'aban-
donner à la volupté. Malgré les obstacles que de telles habitudes devaient
mettre à la foi chrétienne, et en dépit de l'opposition des Juifs, S. Paul, animé
par une vision céleste, avait réussi à y fonder une église; et aprés dix-huit
mois de travaux, il l'avait laissée si ferme dans la foi et si fervente qu'elle
faisait sa consolation et qu’elle servait de soutien et de modèle aux chrétientés
voisines. La plupart des convertis étaient paiens d'origine et d'une condition
assez humble. Néanmoins, les détails où entre l’Apôtre sur la manière dont se
faisait la céne et sur les secours à donner aux chrétiens de Jérusalem, supposent
qu'il y avait aussi des chrétiens d'une classe plus élevée. Lui-méme, dans son
Epitre aux Romains, distingue entre les autres Eraste, l'intendant de la cité, et
Caius, qu'il appelle son hóte.
L'authenticité des deux Epitres de S. Paul aux Corinthiens est attestée par la
tradition. Qu'il suffise de citer S. Clément, pape, qui, dans une Lettre adressée
par lui aux Corinthiens, une trentaine d'années plus tard, de 92 à 97, leur rap-
pelle la première de ces Epitres comme une œuvre connue et respectée de tous.
« Prenez en main, dit-il, l'Epitre du bienheureux Paul. ll n'y a pas de doute
que l'Esprit-Saint ne lui ait inspiré ce qu'il vous a écrit sur lui-méme, sur
Céphas et sur Apollo, dans un temps oü vous étiez divisés comme aujourd'hui. »
INTRODUCTION. 9707
Cette Lettre de S. Clément est le plus ancien monument que nous ayons de la
tradition, et l'un de ceux dont l'authenticité est le mieux établie. On la lisait
publiquement dans l'Eglise de Corinthe et dans beaucoup d'autres.
La première Epitre aux Corinthiens fut écrite d'Ephése. On en a la preuve dans
l'Epitre méme oü 5. Paul dit qu'il restera encore quelque temps chez Aquila et
Priscille, établis en cette ville depuis son passage à Corinthe.
On voit, au méme endroit, que la Pentecóte approchait et que l'Apótre son-
geait à un départ prochain. C'était dans sa derniére mission, l'an 56 probable-
ment. 5. Paul était arrivé au milieu de sa carrière apostolique. Il y avait dix
ans qu'il préchait la foi, et quatre ou cinq ans qu'il avait fondé l'Eglise de
Corinthe; mais un grand nombre de disciples, de ceux méme qui avaient vu le
Sauveur aprés sa résurrection, étaient encore en vie.
Ce qui lui donna lieu d'écrire cette première Epitre, ce fut : — 19 Un rapport
épistolaire sur les divisions naissantes, rapport qui lui avait élé adressé par la
maison chrétienne de Chloé. — 29 Un récit oral que venaient de lui faire Sté-
phanas et ses coadjuteurs dans le gouvernement de cette église, au sujet d'un
scandale et de quelque abus. — 3° Certaines questions de morale et de disci-
pline, dont les Corinthiens lui avaient demandé la solution. — L’Apôtre fait
allusion à ces renseignements, et même, ce semble, aux termes dont on s'était
servi pour le consulter, en divers endroits de son Epitre.
On distingue dans cette Epitre deux parties, qui répondent au double dessein
qu'avait S. Paul de réformer et d'instruire. — Dans la première, il s'efforce de
réformer les abus qui se sont glissés parmi les fidèles de Corinthe. Ces abus
sont des divisions, causées par un engoüment irréfléchi pour certains prédica-
teurs, 1-1v, et divers scandales donnés à l'Eglise par des particuliers, v-vi. —
Dans la seconde, vu-xv, il répond successivement à cinq questions qu'on lui
avait posées : sur le mariage et le célibat, vu; sur les mets consacrés aux
idoles, virr-x; sur l'ordre qui doit régner dans les assemblées religieuses, x1;
sur l'usage des dons surnaturels, xi-xiv; sur la résurrection, xv.
Comme on le voit, cette Epitre diffère beaucoup par son objet et par sa forme
de l'Epitre aux Romains, Elle ne ressemble en rien à une dissertation ni à un
traité dogmatique. C'est une suite d'avis, de réflexions, de solutions, inspirées
par les circonstances et réparties en sept articles. 1! n'est pas d'écrit qui fasse
mieux connaitre, soit l'esprit de l'Apótre, soit la discipline et les mœurs de ces
' premiers temps. (L. BAcugz.)
1
1
PREMIÈRE ÉPITRE
DE SAINT PAUL
AUX CORINTHIENS
CHAPITRE PREMIER.
Saint Paul salue les fidèles de Corinthe.
Il rend grâces à Dieu des dons surna-
turels qu'il a répandus sur eux. Il les
exhorte à éviter les divisions. Sagesse
humaine réprouvée de Dieu. Croix,
scandale aux yeux des Juifs, folie aux
yeux des gentils, force de Dieu pour
sauver ceux qui croient. Dieu confond
les puissants par les faibles, afin que
nul ne se glorifie qu'en lui.
1. Paul appelé à l'apostolat de
Jésus-Christ par la volonté de
Dieu, et Sosthène, son frère,
2. A l'Eglise de Dieu, qui est à
Corinthe, aux sanctifiés en Jésus-
Christ, appelés saints, avec tous
ceux qui invoquent le nom du
Seigneur Jésus-Christ, en quel-
que lieu qu'ils soient ou que nous
soyons nous-mêmes,
3. Grâce à vous, et paix par
Dieu notre Père, et par le Sei-
gneur Jésus-Christ.
CuaP. I. 9. I Thess., v, 24.
7
1. * Sosthène. Voir Actes, xvm, 11.
2. Appelés saints. Voy. Act., 1x, 13.
4. Je rends gráces à mon Dieu
pour vous sans cesse, à cause de
la gráce de Dieu, qui vous a été
donnée dans le Christ Jésus.
9. Dece que vous avez été faits
en lui riches en toutes choses, en
toute parole et en toute science
6. (Ainsi le témoignage du
Christ a été confirmé parmi
vous);
7. De sorte que rien ne vous
manque en aucune grâce, à vous
qui attendez la manifestation de
Notre Seigneur Jésus-Christ,
8. Qui vous affermira même
jusqu'à la fin, pour que vous
soyez sans reproche au jour de
l'avènement de Notre Seigneur
Jésus-Christ.
9. Il est fidele, le Dieu par qui
vous avez été appelés à la société
de son fils Jésus-Christ Notre
Seigneur.
10. Je vous conjure donc, mes
5-1. Les éloges que saint Paul donne ici aux Corinthiens, et les faveurs dont il parle,
s'adressent au corps de l'Eglise de Corinthe, et non point à chacun des membres en
particulier. Les éloges sont pour les parfaits, les lecons et les reproches pour les
imparfaits. Cette observation suffit pour justifier l'apótre de la contradiction que
plusieurs lui ont reproché sur ce point.
6. Le témoignage du Christ; c'est-à-dire le témoignage qui a été rendu au Christ
par la prédication de l'Evangile.
[cn. 1.]
freres, par le nom de Notre Sei-
gneur Jésus-Christ, de n'avoir
tous qu'un méme langage, et de
ne pas souffrir de schismes par-
mi vous; mais d'étre tous affer-
mis dans le méme esprit et dans
les mémes sentiments.
41. Car j'ai été averti, mes
freres, par ceux de la maison de
Chloé, qu'il y a des contestations
parmi vous.
19. Or, je parle ainsi, parce que
chacun de vous dit : Moi, je suis
à Paul, et moi à Apollo, et moi à
Céphas, et moi au Christ.
13. Le Christ est-il divisé? Est-
ce Paul qui a été crucifié pour
vous? ou est-ce au nom de Paul
PREMIÉRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
2129
que je n'ai baptisé aucun de vous,
si ce n'est Crispus et Caius ;
15. Afin que nul ne dise qu'il a
été baptisé en mon nom.
16. J'ai baptisé aussi la famille
de Stéphanas: au reste, je ne sais
si j'ai baptisé quelque autre per-
sonne ;
11. Parce que le Christ ne m'a
point envoyé pour baptiser, mais
pour précher l'Evangile, non pas
toutefois selon la sagesse de la
parole, afin de ne pas rendre
vaine la croix du Christ.
18. Car la parole de la croix
est folie pour ceux qui se perdent,
mais pour ceux qui se sauvent,
c'est-à-dire pour nous, elle est
vertu de Dieu.
19. Car il est écrit : Je perdrai
que vous avez été baptisés?
14. Je rends grâces à Dieu de ce
19. Actes, xvin, 24. --,14. Actes, xvir, 8. — 17. II Pierre, 1, 16; Infra, 11, 4. —
18. Rom., 1, 16. — 19. Isaie, xxix, 14.
11. * Chloé ne nous est connue que par ce passage.
12. * Apollo, Céphas. « Plusieurs pensent que ce sont là des noms fictifs, mis en
avant par l'apótre pour éviter aux véritables chefs de parti la confusion de se voir
désigner publiquement. Mais ce sentiment s'accorde mal avec ce qu'on lit dans la
première épitre de S. Clément. S. Paul a bien pu omettre certains noms; mais ceux
qu'il cite ne paraissent pas imaginaires. On sait par S. Luc qu'Apollo avait séjourné
à Corinthe, qu'il avait succédé à S. Paul pour la prédication, et qu'on avait applaudi
à son éloquence. Quant à S. Pierre, S. Denys, évéque de Corinthe vers le milieu du
second siécle, nous apprend que son Eglise le tenait pour son fondateur aussi bien
que S. Paul. Il est probable que le chef des Apótres avait passé par cette ville en se
rendant à Rome, ou qu'il s'y était retiré avec Prisque et Aquila, au moment οὐ un
décret de Claude obligea tous les Juifs à s'éloigner de la capitale de l'empire. —
Quoi qu'il en soit, le reproche que S. Paul fait ici aux Corinthiens ne saurait fournir
aucun appui à la fable du pétrinisme et du paulinisme, imaginée par Baur et son
école. Les partis dont parle S. Paul sont de simples coteries qui n’accusent aucun
dissentiment en maniére de croyance, et qui n'ont pu avoir de durée ni s'étendre au
delà de Corinthe. Les Apótres y restent complétement étrangers. » (L. BACUEZ.)
14. * Crispus était le chef de la synagogue de Corinthe. Voir note sur Act., xvii, 8.
— Caius donnait l'hospitalité à S. Paul à Corinthe (Rom., xvi, 23). Origene dit qu'il
devint évéque de Thessalonique.
16. * Stéphanas est mentionné de nouveau plus loin, xvi, 16, 17, comme l'un des
premiers convertis de l'Achaie. Il était avec S. Paul à Ephése, quand l'apótre écrivit
cette première Epitre aux Corinthiens. D'après S. Jean Chrysostome, Stéphanas s'était
rendu à Ephése pour consulter S. Paul sur des questions de discipline. D'autres
croient que le motif du voyage avait été un but charitable. Peut-être les assemblées
des fidéles avaient-elles lieu dans sa maison à Corinthe.
11. Parce que le Christ, etc. Ces paroles ne signifient pas que le baptéme n'est
pas la fonction et l'objet principal de la mission des apótres, mais que la prédication
était l’œuvre principale de la mission de saint Paul.
as
NN
SEES d
2190
la sagesse des sages, et, la pru-
dence des prudents, je la réprou-
verai.
20. Où est le sage? Où est le
Scribe? Où est l’investigateur de
ce siècle? Dieu n’a-t-il pas con-
vaincu de folie la sagesse de ce
monde?
21. En effet, puisque, dans la
sagesse de Dieu, 16 monde, par
88 sagesse, n'a pas connu Dieu,
il a plu à Dieu de sauver les
croyants parla folie de la prédi-
cation.
22. Carles Juifs demandent des
miracles, et les Grecs cherchent
la sagesse;
93. Et nous, nous préchons le
Christ crucifié, pour les Juifs, il
est vrai scandale, et pour les
gentils, folie;
24. Mais, pourceux qui sontap-
pelés, soit Juifs, soit Grecs, vertu
de Dieu et sagesse de Dieu;
95. Car ce qui est folie en Dieu
est plus sage que les hommes, et
ce qui est faiblesse en Dieu est
plus fort que les hommes.
26. En effet, voyez, mes freres,
votre vocation, ce n'est pas un
grand nombre de sages selon la
chair, ni un grand nombre de
puissants et de grands,
97. Que Dieu a choisis, mais ce
qui est insensé selon le monde,
PREMIÉRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
[cu. 11,[
pour confondre les sages; il a
choisi aussi ce qui est faible se-
lon le monde, pour confondre ce
qui est fort;
28. Enfin, Dieu a choisi ce qui
est vil et méprisable selon le
monde, et les choses qui ne sont
pas, pour détruire les choses qui
sont ;
29. Afin que nulle chair ne se
glorifie en sa présence.
90. Et c'est par lui que vous
étes dans le Christ Jésus, que
Dieu a fait notre sagesse, notre
justice, notre sanctification et
notre rédemption ;
91. Afin, comme il est écrit,
que celui qui se glorifie, se glori-
fie dans le Seigneur.
CHAPITRE II.
Saint Paul n'emploie ni l'éloquence, ni la
sagesse humaine. Il préche toutefois la
sagesse, mais c'est celle de Dieu, cachée
au monde et révélée par l'Esprit de
Dieu. Il n'y a que ceux qui sont éclai-
rés par l'Esprit de Dieu qui puissent
comprendre cette sagesse.
1. Pour moi, mes frères, lors-
que je suis venu vers vous, je ne
suis point venu vous annoncer
le témoignage du Christ dans la
sublimité du discours et de la sa-
gesse.
2. Car je n'ai pas jugé que je
susse parmi vous autre chose que
20. Isaie, xxxii, 18. — 30. Jérémie, xxii, 5. — 91. Jérémie, 1x, 23, 24; 11 Cor., x, 17.
— .ג Il, 1. Supra, 1, 17.
22. Les Juifs ne demandaient pas de simples miracles, car Jésus-Christ et les apótres
en opéraient un grand nombre qu'ils reconnaissaient et qu'ils proclamaient eux-
mémes, puisqu'ils les attribuaient au démon, mais ils demandaient, sans aucun droit,
des prodiges d'un certain genre, des prodiges qui vinssent immédiatement du ciel.
25. Ce qui, dans les voies de Dieu, parait folie au monde, est certainement trés
sage, et ce qui parait faiblesse est au-dessus de toute force humaine.
28. Les choses qui ne sont pas; c'est-à-dire de peu de valeur, de rien.
39. Nulle chair, aucun homme. Voy. Matt., xxiv, 22.
1. Le témoignage du Christ. Compar. 1, 6,
ne
[cu. m.]
Jésus-Christ, et Jésus-Christ cru-
cifié.
8. Aussi, est-ce dans un état de
faiblesse, de crainte, et d'un
grand tremblement, que j'ai été
parmi vous;
4. Et mon discours et ma pré-
dication ont été, non dans les pa-
rolespersuasives de la sagesse hu-
maine, mais dans la manifesta-
tion de l'esprit et de la vertu ;
5. Afin que votre foi ne soit pas
établie sur la sagesse des hom-
mes, mais sur la vertu de Dieu.
6. Cependant nous préchons
la sagesse parmi les parfaits, non
la sagesse de ce siecle, ni des
princes de ce siècle, qui péris-
sent;
7. Mais nous préchons la sa-
gesse de Dieu dans le mystère,
sagesse qui ἃ été cachée, que
Dieu a prédestinée pendant les
siecles pour notre gloire;
8. Qu'aucun prince de ce siecle
n'a connue; car s'ils l'avaient
connue, jamais ils n'auraient
crucifié le Seigneur de la gloire.
9. Mais, comme il est écrit : Ce
que l'œil n'a point vu, ce que l'o-
reille n’a point entendu, ce qui
n'est point monté dans le cour
PREMIERE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
2131
de l'homme, ce que Dieu a prépa-
ré à ceux qui l'aiment;
10. C'est aussi ce que Dieu
nous à révélé par son Esprit; car
l'Esprit pénètre toutes choses,
méme les profondeurs de Dieu.
11. Qui des hommes sait ce qui
est dans l'homme, sinon l'esprit
de l'homme qui est en lui? Ain-
si, ce qui est en Dieu, personne
ne le connait, que l'Esprit de
Dieu. i
19. Pour nous, nous n'avons
point regu l'esprit de ce monde,
mais l'Esprit qui est de Dieu, afin
que nous connaissions les dons
qui nous ont été faits par Dieu,
43. Et que nous annoncons,
non avec les doctes paroles de la
sagesse humaine, mais selon la
doctrine de l'Esprit, traitant spi-
rituellement les choses spiri-
tuelles.
14. L'homme animal ne percoit
pas ce qui est de l'Esprit de Dieu;
c'est folie pour lui, etil ne le peut
comprendre, parce que c'est par
l'esprit qu'on doit en juger.
15. Mais l'homme spirituel juge
de toutes choses, et il n'est jugé
de personne.
16. Gar qui a connu la pensée
8. Actes, טא 1. — 4. II Pierre, 1, 16. — 9. Isaie, Lx1v, 4. — 13. Supra, 1, 17; ni,
1, 4; II Pierre, 1, 16. — 16. Sag., ix, 13; Isaie, xr, 13; Rom., xi, 34.
6. Les princes de ce siécle sont les sages, les savants, les philosophes, ou les démons
dont l'empire se détruit de plus en plus par l'établissement du régne de Jésus-Christ.
1. Dans le mystère, mystérieusement, dans le désert; ne préchant cette sagesse
divine qu'au petit nombre des sages. Compar. le vers. 6.
14, 15. L'homme animal est celui qui s'adonne aux plaisirs des sens, à ses affections
charnelles et mondaines, ou celui qui ne juge des choses célestes que par la raison
naturelle, les sens et la sagesse humaine. L'homme spirituel est celui qui né se
laisse emporter ni par les plaisirs des sens, ni par ses affections charnelles, etc., et
qui, dans ce qui regarde la religion, ne prend pas la raison humaine pour guide,
mais la grâce divine, la foi de l'Eglise et l'Esprit de Dieu.
15. Juge de toutes choses, ctc. Il est faux de dire, avec les ennemis de nos Livres
saints, que ces paroles consacrent le fanatisme ou la révolte. L'apótre dit seulement
que ceux qui ont recu le don de discerner les esprits ont seuls le droit de décider si
celui qui prétend étre inspiré est fanatique ou prophéte.
2732
du Seigneur pour pouvoir l'ins-
truire ? mais nous, nous avons la
pensée du Christ.
CHAPITRE Ill.
Les Corinthiens, étant encore charnels,
n'ont pu recevoir des instructions spi-
rituelles. Les ministres plantent et ar-
rosent; c'est Dieu qui donne la crois-
sance. Jésus-Christ est le seul fonde-
ment de la prédication évangélique.
L'ouvrage bâti sur ce fondement sera
éprouvé par le feu. Les chrétiens sont
le temple de Dieu. La sagesse du monde
est une folie. Ne pas mettre sa gloire
dans les hommes.
1. Aussi, mes frères, je n'ai pu
moi-même vous parler comme à
des hommes spirituels, mais com-
me à des hommes charnels. Com-
me à de petits enfants en Jésus-
Christ,
9. Je vous ai abreuvés de lait,
mais je ne vous ai point donné à
manger, parce que vous ne le
pouviez pas encore; οἱ à présent
méme, vous ne le pouvez point,
parce que vous étes encore char-
nels.
3. Car, puisqu'ily a parmi vous
jalousie et esprit de contention,
n'étes-vous pas charnels, et ne
marchez-vous pas selon l'homme?
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
[cu. nr.)
4. En effet, puisque l'un dit :
Moi je suis à Paul; et un autre :
Moi à Apollo; n'étes-vous pas
des hommes? Qu'est donc Apol-
lo? et qu'est Paul?
5. Des ministres de celui en qui
vous avez cru, et chacun l'est se-
lon le don que le Seigneur lui ἃ
départi.
6. Moi, j'ai planté, Apollo ἃ ar-
rosé; mais Dieu a donné la crois-
sance.
7. C'est pourquoi, ni celui qui
plante n'est quelque chose, ni ce-
lui qui arrose; mais celui qui
donne la croissance, Dieu.
8. Or celui qui plante et celui
qui arrose sont une seule chose.
Mais chacun recevra son propre
salaire selon son travail.
9. Gar nous sommes les coopé-
rateurs de Dieu; vous étes le
champ que Dieu cultive, l'édifice
que Dieu bâtit.
10. Selon la grâce que Dieu m'a
donnée, j'ai, comme un sage ar-
chitecte, posé le fondement, et
un autre a bâti dessus. Que cha-
cun done regarde comment il y
bátira encore.
41. Car personne ne peut poser
Cua». III. 8. Ps. rxr, 18; Matt., xvi, 27; Rom., 11, 6; Galat., vi, 5.
1. Des hommes spirituels. Voy. ,זו 14.
4. * A Apollo. Voir 1 Corinthiens, τ, 12.
11-15. Le fondement de l'Eglise de Dieu est Jésus-Christ et sa doctrine, ou la vraie
foi en lui agissant par la charité. L'édifice d'or, d'argent, de pierres précieuses, bâti
sur ce fondement, c'est la plus parfaite prédication et la pratique de l'Evangile.
L'édifice auquel on a mélé le bois, le foin, la paille, signifie la prédication des doc-
teurs Corinthiens, qui, à la vérité, n'erraient pas dans la foi, mais ajoutaient à leurs
discours une vaine pompe de paroles et des questions inutiles. Le jugement de Dieu,
soit particulier, soit général, manifestera de quelle sorte aura été l’œuvre de chaque
homme, œuvre dont il est difficile de porter un jugement en cette vie. Toute doc-
trine qui pourra résister à l'épreuve du feu de ce jugement attirera au prédicateur
la récompense éternelle de son travail. Toute doctrine contraire sera consumée et
anéantie. A la vérité, le prédicateur, s'il est d'ailleurs irréprochable, ne périra pas
avec son ouvrage; il sera sauvé parce qu'il aura bâti sur le vrai fondement. Mais il
ne sera que comme un homme qui se sauve à travers un incendie, en conservant sa
vie, et en perdant toute le reste. Ainsi il souffrira la perte de son travail, en ne re-
fca. 1v.]
d'autre fondement que celui qui
ἃ été posé, lequel est le Christ
Jésus.
19. Que si on élève sur ce fon-
dement un édifice d'or, d argent,
de pierres précieuses, de bois, de
foin, de chaume,
19. L'ouvrage de chacun sera
manifesté; car le jour du Sei-
gneur le mettra en lumière, et il
sera révélé parle feu ; ainsi le feu
éprouvera l’œuvre de chacun.
14. Si l'ouvrage de celui qui a
bàti sur le fondement demeure,
celui-ci recevra son salaire.
15. Si l'œuvre de quelqu'un
brüle, il en souffrira la perte;
cependant il sera sauvé, mais
comme par le feu.
16. Ne savez-vous pas que vous
ètes le temple de Dieu, et que
l'Esprit de Dieu habite en vous?
17. Si donc quelqu'un profane
le temple de Dieu, Dieu le per-
dra. Car le temple de Dieu est
saint, et vous êtes ce temple.
18. Que personne ne s'abuse :
si quelqu'un d'entre vous parait
sage seloncesiecle, qu'il devienne
fou pour étre sage ;
19. Attendu que la sagesse de
ce siecle est folie devant Dieu.
Car il est écrit : J'enlacerai les
sages dans leurs propres ruses.
20. Et encore : Le Seigneur sait
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 2733
que les pensées des sages sont
vaines.
21. Que personne donc ne se
glorifie dans les hommes.
22. Car tout est à vous, soit
Paul, soit Apollo, soit Céphas,
soit vie, soit mort, soit choses
présentes, soit choses futures;
oui, tout est à vous;
23. Mais vous au Christ, et le
Christ à Dieu.
CHAPITRE IV.
Comment on doit regarder les ministres
de l'Evangile; ne point les juger, ne
point se glorifier en eux. Tout discer-
nement vient de Dieu. Souffrances et
humiliations des apótres. Sévérité pa-
ternelle de saint Paul contre ceux qui
s'enflaient d'orgueil.
1. Queles hommes nous regar-
dent comme ministres du Christ,
et dispensateurs des mystères de
Dieu.
2. Or ce qu'on demande dans
les dispensateurs, c'est que cha-
cun soit trouvé fidèle.
9. Pour moi, je me mets fort
peu en peine d'étre jugé par vous
ou par un tribunal humain ; bien
plus, je ne me juge pas moi-
méme.
4. A la vérité, ma conscience
ne me reproche rien, mais je ne
suis pas pour cela justifié ; celui
qui me juge c'est le Seigneur.
47. Infra, νι, 19; IL Cor., vr, 16. — 19. Job, v, 18. — 20. Ps. xciu, 11. — Crap. IV,
1. II Cor., vr, 4.
cevant point la récompense du prédicateur évangélique, il n'entrera méme dans le
ciel qu'aprés avoir expié par le feu du purgatoire les fautes qu'il ἃ commises dana
l'exercice du ministère évangélique.
22, * Apollo, Céphas. Voir 1 Cor., 1, 12.
3. Par un tribunal humain; littér.: par aucun jour humain. Le mot jour, qui si-
gnifie évidemment ici le jour fixé pour un jugement, se prend pour le jugement lui-
méme ; comme nous disons : Journée sanglante, journée de Poitiers, pour bataille
sanglante, bataille de Poitiers, à l'imitation des Latins qui se servaient de dies, pour
exprimer l'action qui rendait une journée mémorable. Compar. Jérém., xvi, 16,
2751
5. C'est pourquoi, ne jugez pas
avant le temps, jusqu'à ce que
vienne le Seigneur, qui éclairera
ce qui est caché dans les ténè-
bres, et manifestera les pensées
secrètes des cœurs; et alors cha-
cun recevra de Dieu sa louange.
6. Au reste, mes frères, j'ai
personnifié ces choses en moi et
en Apollo à cause de vous, afin
que vous appreniez, par notre
exemple, à ne pas, contrairement
à ce que je vous ai écrit, vous
enfler d'orgueil l'un contre l’autre
pour autrui.
1. Car qui te 6180090 ? et qu'as-
tu que tu n'aies reçu? Que si tu
l'as reçu, pourquoi t'en glorifies-
tu, comme si tu ne l'avais pas
recu ?
8. Déjà vous êtes rassasiés,
déjà vous étes riches, vous régnez
sans nous; et plaise à Dieu que
vous régniez en effet, afin que
nous régnions avec vous.
9. Car il me semble que Dieu
nous a présentés, nous les der-
niers des apótres, comme desti-
nés à la mort, puisque nous
sommes donnés en spectacle au
monde, aux anges et aux hom-
mes.
10. Nous sommes, nous, insen-
sés à cause du Christ; mais vous,
vous étes sages dans le Christ ;
nous sommes faibles et vous
forts; vous étes honorés, mais
nous méprisés.
11. Jusqu'à cette heure nous
souffrons et la faim et la soif,
nous sommes nus, déchirés à
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
[ἐπ΄ 1v.].
coups de poing, et nous n'avons
pas de demeure stable;
19. Nous nous fatiguons, tra-
vaillant de nos mains; on nous
maudit, et nous bénissons; on
nous persécute, et nous le sun-
portons ;
13. On nous blasphème, et nous
prions; nous sommes devenus
jusqu'à présent comme les ordu-
res du monde, et les balayures
rejetées de tous.
14. Ce n'est point pour vous
donner de la confusion que j'écris
ceci, mais je vous avertis comme
mes fils trés chers.
15. Car eussiez-vous dix mille
maîtres dans le Christ, vous n'a-
vezcependantpas plusieurs peres;
puisque c'est moi qui, par l'Evan-
gile, vous ai engendrés en Jésus-
Christ.
16. Je vous en conjure donc,
soyez mes imitateurs, comme je
le suis du Christ.
17. C'est pourquoi, je vous ai
envoyé Timothée, qui est mon
fils bien-aimé, et fidele dans le
Seigneur; il vous rappellera mes
voles en Jésus-Christ, selon ce
que j'enseigne partout dans tou-
tes les Eglises.
18. Quelques-uns s'enflent en
eux-mémes, comme si je ne de-
vais plus venir vous voir.
19. Mais je viendrai vers vous
bientôt, si le Seigneur le veut; et
je connaitrai non quel est le lan-
gage de ceux qui sont pleins
d'eux-mémes, mais quelle est
leur vertu.
12. Actes, xx, 34; I Thess., 11, 9; 11 Thess., uir, 8.
6. Contrairement à ce que, etc. Compar. ui, 3-9; rv, 1.
11. Nous sommes déchirés, etc. Voy. Matt., xxi, 35.
41. * Timolhée. Voir l'introduction aux Epitres pastorales. 8
fou. v.)
90. Car ce n'est pas 085 108 pa-
roles que consiste le royaume de
Dieu, mais dans la vertu.
91. Que voulez-vous? que je
vienne à vous &vec une verge,
ou avec charité et mansuétude?
CHAPITRE V.
Incestueux dans lEglise de Corinthe.
Saint Paul le livre à Satan. 1] recom-
mande aux Corinthiens de se séparer
de ceux qui se rendent coupables de
grands crimes.
1. Il n'est bruit que d'une for-
nication commise parmi vous,
d'une fornication telle, qu'il n'en
existe pas chezles gentils mêmes;
jusque-là que quelqu'un a la
femme de son père.
2. Et vous êtes gonflés d'or-
gueil! et vous n'étes pas plutót
dans les pleurs, pour faire óter
d'au milieu de vous celui qui a
commis cette action!
3. Pour moi, absent de corps,
il est vrai, mais présent d'esprit,
jai déjà jugé, comme si j'étais
présent, que celui qui a commis
un tel attentat,
4. Vous et mon esprit étant réu-
nis au nom de Notre Seigneur Jé-
sus-Christ, soit par la puissance
de Notre Seigneur Jésus
ὃ. Livré à Satan pour la mort
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
2739
de sa chair, afin que son esprit
soit sauvé au jour de Notre Sei-
gneur Jésus-Christ.
6. C'est bien à tort que vous
vous glorifiez. Ne savez-vous pas
qu'un peu de levain corrompt
toute la páte?
1. Purifiez-vous donc du vieux
levain, afin que vous soyez une
páte nouvelle, comme vous étes
des azymes. Car notre agneau
pascal, le Christ, a été immolé.
8. C'est pourquoi, mangeons
la pâque, non avec un vieux le-
vain, ni avec un levain de ma-
lice et de méchanceté, mais avec
des azymes de sincérité et de vé-
rité.
9. Je vous 81 écrit dans la lettre :
N'ayez point de commerce avec
des fornicateurs ;
10. Ce qui ne s’entend pas des
fornicateurs de ce monde, non
plus que des avares, des rapaces,
des idolâtres ; autrement vous de-
vriez sortir de ce monde.
11. Mais je vous ai écrit de ne
point avoir de commerce avec
celui qui, portantle nom defrère,
est fornicateur, ou avare, ou ido-
lâtre, ou médisant, ou ivrogne,
ou rapace, et même de ne pas
manger avec un tel homme.
12. En effet, m'appartient-il de
Cap. V. 1. Lév., xvii, 7, 8; xx, 11. — 8. Coloss., 11, Ὁ. — 6. Galat., v, 9.
20. Le royaume de Dieu; c'est-à-dire In vertu, la perfection chrétienne. Compar.
Matt., vir, 21.
9. Livré à Satan; c'est-à-dire retranché de la société des fidéles, excommunié pour
un temps.
6. Corrompt loute la pâte. Cette expression, que l'on retrouve encore dans l'épitre
aux Galates, v, 9, doit, comme tout ce qui suit le prouve clairement, étre restreinte
au temps de la pâque, pendant lequel en effet les Juifs tenaient pour souillée une
masse entière de pâte, pour peu de levain qu'il y entrât. Car, dans tout autre cas, non
seulement, il ne gáte pas la pâte, mais il la rend meilleure.
1. * Notre agneau pascal. Voir Matt., xxvr, 2.
9. Dans la lettre; c'est-à-dire dans cette lettre. Compar. les vers. 3, 6.
12. Ceux qui sont dehors de l'Eglise, les paiens, par opposition à ceux qui sor
2190
juger ceux qui sont dehors? Et
ceux qui sont dedans, n'est-ce
pas vous qui Jes jugez?
13. Car ceux qui sont dehors,
Dieu les jugera. Otez le méchant
d'au milieu de vous.
CHAPITRE VI.
Saint Paul reproche aux Corinthiens de
s'appeler en jugement devant les infi-
déles. Il les exhorte à fuir les procès.
Il leur rappelle les péchés qui ferment
l'entrée du ciel. Il leur recommande de
fuir la fornication. Nos corps sont les
membres de Jésus-Christ et les temples
du Saint-Esprit.
1. Quelquun de vous ayant
avec un autre un différend, ose
l'appeler en jugement devant les
infideles et non devant les saints!
2. Ne savez-vous pas que les
saints jugeront ce monde? Or si
le monde doit étre jugé par vous,
étes-vous indignes de juger des
moindres choses?
3. Ne savez-vous pas que nous
jugerons les anges? Combien
plus les choses du siecle?
4. Si donc vous avez des dif-
férends touchant les choses du
siecle, établissez, pour les juger,
ceux qui tiennent le dernier rang
dans l'Eglise.
5. Je 16 dis pour votre honte :
N'y a-t-il donc parmi vous aucun
sage qui puisse être juge entre
ses freres?
6. Mais un frère plaide contre
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
[cu. vil
son frère, et cela devant des in-
fideles?
1. C'est déjà certainement pour
vous une faute, que vous ayez
des proces entre vous. Pourquoi
ne supportez-vous pas plutót
d'étre lésés? Pourquoi ne suppor-
tez-vous pas plutót la fraude?
8. Mais vous-mémes, vous lé-
sez, vous fraudez, et cela à l'égard
de vos freres.
9. Ne savez-vous pas que les
injustes ne posséderont pas le
royaume de Dieu? Ne vous abu-
sez point : ni les fornicateurs, ni
les idolàtres, ni les adultères,
10. Niles efféminés, ni les abo-
minables, ni les voleurs, ni les
avares, ni les ivrognes, ni les
médisants, ni les rapaces, ne pos-
séderont le royaume de Dieu.
41. C'est ce que quelques-uns de
vous ont été, mais vous avez été
lavés, mais vous avez été sancti-
fiés, mais vous avez été justifiés
au nom de Notre Seigneur Jésus-
Christ, et par l'Esprit de notre
Dieu.
19. Tout m'est permis, mais
tout ne m'est pas avantageux.
Tout m'est permis, mais je ne
serai l'esclave d'aucune chose;
13. Les aliments sont pourl'es-
tomac, et l'estomac pour les ali-
ments ; mais Dieu détruira l'un et
l'autre : or le corps n'est point
pour la fornicalion, mais pour le
Cua. VI. 7. Matt., v, 39; Luc, vr, 29; Rom., xi, 17; I Thess., 1v, 6.
dedans; c'est-à-dire aux chrétiens, parmi lesquels on doit compter les hérétiques οἱ
les schismatiques qui, conservant le caractère indélébile du baptême, demeurent par
là même soumis à la juridiction de l'Eglise.
1. Les saints. Voy. Act., 1x, 13.
1. On peut appliquer ici l'observation de saint Thomas, qu'il faut distinguer ce qui
est interdit aux parfaits et ce qui l'està tout le monde. D un autre cóté, on voit rare-
ment des procés dans lesquels l'une des parties au moins se conserve exempte de
faute.
[cu. vir.)
Seigneur, et le Seigneur pour le
corps.
14. Car, comme Dieu a ressus-
cité le Seigneur, il nous ressus-
citera aussi par sa puissance.
15. Ne savez-vous pas que vos
corps sontles membres du Christ?
Enlevant donc les membres du
Christ, en ferai-je des membres
de prostituée? A Dieu ne plaise.
16. Ne savez-vous pas que celui
qui s' unit àune prostituée devient
une méme chair avec elle? Car
(dit-il) ils seront deux en une
seule chair.
17. Mais celui qui s'unit au Sei-
gneur est un seul esprit avec
lui.
18. Fuyez la fornication. Tout
péché, quel qu'il soit, que fait
l'homme est hors de son corps;
mais celui qui commet la fornica-
tion peche contre son propre
corps.
19. Ne savez-vous pas que vos
membres sont le temple de l'Es-
prit-Saint, qui est en vous, que
vous avez recu de Dieu, et
qu'ainsi vous n'êtes plus à vous-
mémes?
20. Car vous avez été achetés à
haut prix. Glorifiez et portez
Dieu dans votre corps.
PREMIERE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
219
CHAPITRE VII.
Régles de conduite touchant le mariage,
la viduxté et la virginité. Chacun a son
don particulier et doit demeurer dans
l'état où il était lorsque Dieu l'a ap-
pelé. Avantages de la virginité; peines
du mariage; bonheur des veuves.
1. Quantaux choses dont vous
m'avez écrit, il est avantageux à
l'homme de ne toucher aucune
femme;
2. Mais, à cause de la fornica-
tion, que chaque homme ait sa
femme, et chaque femme son
mari.
3. Que le mari rende à la fem-
me ce qu'il lui doit, et pareille-
ment la femme à son mari.
4. La femme n'a pas puissance
sur Son corps; cest le mari. De
méme le mari n'a pas puissance
sur son corps, c'est la femme.
9. Ne vous refusez point l'un à
lautre ce devoir,si ce n'est de
concert, pour un temps, afin de
vaquer à la prière; et revenez en-
suite comme vous étiez, de peur
que Satan ne vous tente par votre
incontinence.
6. Or je dis ceci par condescen-
dance, et non par commande-
ment.
16. Genèse, π, 24; Matt., xix, 5; Marc, x, 8; Ephés., v, 31. — 19. Supra, ni, 17;
II Cor., vr, 16. — 20. Infra, vir, 23; I Pierre, 1, 18. — Cnar. VIII. 3. I Pierre, ir, 7.
1. Il est avantageux, etc. Saint Paul n'improuve nullement ici le mariage, et par
conséquent il n'est pas en contradiction avec cette parole de Dieu dans la Genèse,
i, 18: Il n’est pas bon que l'hoiame soit seul, etc. L'apótre, en effet, ne considérant
icile mariage que par rapport à l'individu, abstraction faite de l'espéce, veut dire
seulement que le mariage apporte des génes et des dangers aux individus qui le
coniractent; inconvénients qu'il évite, si Dieu lui accorde la gráce de conserver la
chasteté dans la continence. De plus, saint Paul n'envisage ici que le bien spirituel,
tandis que dans le paradis terrestre, quand Dieu dit: 1/ n’est pas bon, etc., il avait
surtout en vue le bien temporel de l'homme.
2. Que chaque homme ait sa femme, etc.; c'est-à-dire vive avec su femme. Saint Paul
n'exhorte pas ici les célibataires à se marier, puisqu'aux versets, 1, 8, il les engage à
demeurer dans leur état.
179
N. T. -
2198
7. Car je voudrais que vous
fussiez tous comme moi; mais
chacun regoit de Dieu son don
particulier, l'un d'une maniere et
l'autre d'une autre.
8. Mais je dis à ceux qui ne
sont pas mariés et aux veuves,
qu'il leur est avantageux de res-
ter ainsi, comme moi-méme.
9. Que s'ils ne peuvent se con-
tenir, qu'ils se marient. Car il
vaut mieux se marier que de
brüler.
10. Pour ceux qui sont mariés,
ce n'est pas moi, mais le Sei-
gneur, qui commande que la
femme ne se sépare point de son
mari;
11. Que si elle en est séparée,
qu'elle demeure sans se marier,
ou qu'elle se réconcilie avec son
mari. Que le mari, de méme, ne
quitte point sa femme.
19. Mais aux autres, je dis,
moi, et non le Seigneur : Si l'un
de nos fréres a une femme infi-
dele, et qu'elle consente à demeu-
rer avec lui, quil ne se sépare
point d'elle.
18. Et si une femme fidèle a
un mari infidèle, et qu'il consente
à demeurer avec elle, qu'elle ne
se sépare point de son mari;
14. Car le mari infidèle est
sanctifié parla femme fidèle, et
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
[cu. vir.]
la femme infidèle est sanctifiée
parle mari fidèle; autrement vos
enfants seraient impurs, tandis
que maintenant ils sont saints.
15. Que si l'infidéle se sépare,
qu'il se sépare ; car notre frere ou
notre sceur n'est plus asservie en
ce cas; mais Dieu nous a appelés
à la paix.
16. Car,quesavez-vous, femme,
si vous sauverez votre mari? ou
que sais-tu, homme, si tu sauve-
ras ta femme?
17. Seulement, que chacun
marche selon que le Seigneur lui
a départi, et selon que Dieu l'a
appelé, et c'est ce que j'enseigne
dans toutes les Eglises.
18. Un circoncis a-t-il été appe-
16? Qu'il ne se donne point pour
incirconcis. Est-ce un incirconcis
qui ἃ été appelé? Qu'il ne se
fasse point circoncire.
19. La circoncision n'est rien, et
l'incirconcision n'est rien, mais
lobservation des commande-
ments de Dieu est tout.
90. Que chacun persévere dans
la vocation oü il était quand il à
été appelé.
21. As-tu été appelé étant es-
clave, ne t'en inquiète pas; et
méme, si tu peux devenir libre,
profites-en plutót.
22. Car celui qui a été appelé
10. Matt., v, 32; xix, 9; Marc, x, 9; Luc., xvi, 18. — 20. Ephés., 1v, 1.
9. L'Apótre parle ici des personnes qui sont libres; car celles qui, par vœu, se sont
données à Dieu, ne doivent chercher le remède à leurs passions que dans la prière
et la pénitence.
14. Car le mari infidèie, etc. Cela ne veut pas dire que la foi du mari ou de la
femme soit suffisante pour faire passer le conjoint infidèle à l'état de grâce ou de
salut; mais c'est souvent une occasion de leur sanctification et de leur retour à la
vraie foi.
11. Que chacun marche. Nous avors déjà fait remarquer que les Hébreux em-
ployaient les verbes aller, marcher, dans le sens moral de se conduire, vivre.
20. Dans la vocation; c'est-à-dire dans l'état, dans la situation. Compar. vers. 24.
(cn. vir.)
au Seigneur, lorsqu'il était es-
clave, devient affranchi du Sei-
gneur; de méme celui qui a été
appelé étant libre, devientesclave
du Christ.
98. Vous avez été achetés chè-
rement; ne vous faites point es-
claves des hommes.
94. Que chacun, mes freres,
persévere devant Dieu dans l'é-
tat où il était, lorsqu'il a été
appelé.
95. Quant aux vierges, je n'ai
pas recu de commandement du
Seigneur, mais je donnerai un
conseil, comme ayant obtenu de
la miséricorde du Seigneur d'étre
fidele.
26. J'estime done que cela est
avantageux, parce qu'à cause de
la nécessité pressante il est avan-
tageux à l'homme d'étre ainsi.
27. Es-tu lié à une femme? ne
cherche pas à te délier. N'es-tu
point lié à une femme ? ne cher-
che pas de femme.
98. Cependant, si tu prends une
femme, tu ne pèches pas; et si
une vierge se marie, elle ne peche
pas. Toutefois ces personnes au-
ront les tribulations de la chair.
Pour moi, je vous pardonne.
29. Voici donc, mes frères, ce
que je vous dis : Le temps est
court; il faut que ceux méme
qui ont des femmes soient comme
n'en ayant pas;
30. Et ceux qui pleurent,
comme ne pleurant pas; ceux qui
se réjouissent, comme ne se ré-
29, Supra, vi, 20; I Pierre, 1, 18.
PREMIERE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS 18
jouissant pas : ceux qui achetent,
comme ne possédant pas ;
31. Et ceux qui usent de ce
monde, comme s'ils n'en usaient
pas; car elle passe, la figure de
ce monde.
32. Je voudrais que vous fussiez
exempts de soucis. Celui qui est
sans femme met sa sollicitude
dans les choses du Seigneur,
comment il plaira au Seigneur.
33. Au contraire, celui qui est
avecune femme metsa sollicitude
dans les choses du monde, com-
ment il plaira à sa femme; et il
se trouve ainsi partagé.
34. De méme la femme non
mariée et la vierge pensent aux
choses qui sont du Seigneur, afin
d'étre saintes de corps et d'esprit;
mais celle qui est mariée pense
aux choses du monde : comment
elle plaira à son mari.
35. Or je vous parle ainsi pour
votre avantage, non pour vous
tendre un piége, mais parce que
c'est une chose bienséante, et
qui vous donnera un moyen de
prier le Seigneur sans empéche-
ment.
36. Si quelqu'un donc pense
que ce lui soit un déshonneur
que sa fille, déjà plus qu'adulte,
reste vierge, et qu'il la doit ma >
rier; quil fasse ce qu'il voudra,
il ne péchera point si elle se ma-
rie.
37. Mais celui qui, sans néces-
sité, et étant pleinement maître
de sa volonté, juge en son cœur
mo
26. D'étre ainsi; c'est-à-dire de ne point se marier.
28. Pour moi, je vous pardonne; je ne vous en fais pas un crime, je suis au con-
traire touché de compassion des maux auxquels vous vous exposez en entrant dans
l'état du mariage.
2740
de conserver sa fille vierge, fait
bien.
38. Ainsi celui qui marie sa
fille vierge fait bien; et celui qui
ne la marie pas fait mieux.
39. La femme est liée à la loi
aussi longtemps que vit son ma-
ri; que si son mari s'endort, elle
est affranchie; qu'elle se marie à
qui elle voudra, mais seulement
selon le Seigneur.
40. Cependant elle sera plus
heureuse si, selon mon conseil,
elle demeure comme elle est : or
je pense que j'ai, moi aussi, l'Es-
prit du Seigneur.
CHAPITRE VIII.
Des viandes immolées aux idoles. La
science enfle, la charité 60106. 86
n'est rien, mais celui qui scandalise les
faibles, péche contre Jésus-Christ.
1. Quant à ce qu'on offre en
sacrifice aux idoles, nous savons
que nous avons tous une science
suffisante. La science enfle, mais
la charité édifie.
9. Si quelqu'un se persuade
savoir quelque chose, il ne sait
pas encore comment il doit sa-
voir.
3. Mais si quelqu'un aime Dieu,
celui-là est connu de lui.
4. À l'égard des viandes qui
sont immolées aux idoles, nous
savons qu'une idole n'est rien
39. Rom., vir, 2
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
(en. vur.]
dans le monde, et qu'il n'y a nul
Dieu que l'unique.
5. Car, quoiqu'il y ait ce qu'on
appelle des dieux, soit dans le
ciel, soit sur la terre (or il y a
ainsi beaucoup de dieux et beau-
coup de seigneurs);
6. Pour nous, cependant, il
n'est qu'un seul Dieu, le Père, de
qui toutes choses viennent, et
nous surtout, qu'il a faits pour
lui;et qu'un seul Seigneur, Jésus-
Christ, par qui toutes choses sont,
et nous aussi par lui.
1. Mais cette science n'est pas
en tous. Car, méme jusqu'à cette
heure, quelques-uns, dans la per-
suasion de la réalité de l'idole,
mangent des viandes comme
ayant été offertes à l'idole : ainsi
leur conscience, qui est faible,
s'en trouve souillée.
8. Ce nesont point les aliments
qui nous recommandent devant
Dieu. Car si nous mangeons, nous
n'aurons rien de plus; et si nous
ne mangeons pas, rien de moins.
9. Mais prenez garde que cette
liberté que vous avez ne soit aux
faibles une occasion de chute.
10. Car si quelqu'un voit celui
qui a la science assis à table dans
un temple d'idoles, sa conscience,
qui est faible, ne le portera-t-elle
pas à manger des viandes sacri-
fiées?
39. S'endort. Dans l'Ecriture, le sommeil se met souvent pour la mort.
40. Comme elle est, c'est-à-dire dans son état de veuve.
1- Nous savons, etc., que ce qu'on immole aux idoles ne contracte par cette immo-
lation aucune souillure qui en interdise l'usage.
1. Mais cetle science n’est pas en tous. Au vers. 1, saint Paul parle des chrétiens
qui savaient tous que les viandes n'étaient souillées d'aucune impureté, mais qui
abusaient de cette connaissance; mais ici il a en vue des chrétiens faibles qui ne
croyaient pas qu'il füt permis de manger des viandes immolées, mais qui, séduits par
l'exemple des autres, en mangeaient comme eux.
[eu. 1x.) | PREMIERE ÉPITRE DE S.
11. Ainsi, par votre science,
périra votre frere encore faible,
pour qui le Christ est mort.
12. Or, péchant de la sorte con-
tre vos freres, et blessant leur
conscience faible, vous péchez
contre le Christ.
13. C'est pourquoi, si ce que je
mange scandalise mon frere, je
ne mangerai jamais de chair, afin
de ne point scandaliser mon
frere.
CHAPITRE IX.
Celui qui préche l'évangile a droit de
vivre de l'Evangile. Saint Paul met sa
gloire à ne pas user de ce droit. Il se
fait tout à tous pour les attirer à Jésus-
Christ. Nous courons tous dans la lice.
Saint Paul nous y anime par son
exemple.
1. Ne suis-je pas libre? Ne suis-
je pas apótre? N'ai-je pas vu Jé-
sus-Christ NotreSeigneur? N'étes-
vous pas mon œuvre dans le
Seigneur?
2. Et si pour d'autres je ne suis
pas apôtre, je le suis cependant
pour vous ; car vous étes le sceau
de mon apostolat dans le Sei-
gneur.
3. Ma défense contre ceux qui
m'interrogent, la voici :
4. N'avons-nous pas le pouvoir
de manger et de boire?
9. N'avons-nous pas le pouvoir
de mener partout avec nous une
femme sœur, de méme que les
PAUL AUX CORINTHIENS. 9744
autres apôtres et les frères du
Seigneur, et Céphas?
6. Ou moi seul et Barnabé, n'a-
vons-nous pas le pouvoir de le
faire?
7. Qui jamais fait la guerre à
ses frais? Qui plante une vigne et
ne mange pas de son fruit? Qui
pait un troupeau et ne mange
point du lait du troupeau?
8. N'est-ce que selon l'homme
que je disces choses? Laloi-méme
ne les dit-elle pas?
9. Car il est écrit dans la loi de
Moïse : Tu ne lieras pas la bouche
au bœuf qui foule les grains?
Est-ce que Dieu asouci des bœufs?
10. N'est-ce pas plutôt pour
nous qu'il dit cela? Car c'est pour
nous qu'il a été écrit, que celui
qui laboure doit labourer dans
l'espérance de recueillir, et celui
qui bat le grain dans l'espérance
d'y avoir part.
11. Si nous avons semé en vous
des biens spirituels, est-ce une
grande chose que nous moisson-
nions de vos biens temporels?
19. Si d'autres usent de ce pou-
voir à votre égard, pourquoi pas
plutôt nous-mêmes? Cependant
nous n'avons pas usé de ce pou-
voir ;au contraire, nous souffrons
tout pour ne pas mettre d'obs-
tacle à l'Evangile du Christ.
18. Ne savez-vous pas que les
ministres du temple mangent de
Car. VIII. 11. Rom., xiv, 15. — 13. Rom., xiv, 21. — βαρ, IX. 9. Deut., xxv, 4;
I Tim., v, 18. — 11. Rom., xv, 27. — 13. Deut., xvii, 1.
5. Une femme sœur; une femme chrétienne; comme un frère signifie un chrélien.
Or, selon l'usage de la nation juive, des femmes pieuses suivaient les prédicateurs
; : ה : t
de l'Evangile, et fournissaient à tous leurs besoins. — Et les frères du Seigneur. Voy.
Matt., xu, 46. — * Céphas, S. Pierre.
6. * Barnabé. Voir Actes, 1v, 36.
8, 9. Dans la Palestine, on foulait les blés sous les pieds des animaux, et surtout
des bœufs.
2742
ce qui est offert dans le temple,
et que ceux qui servent à l'autel
ont part à l'autel?
44. Ainsi le Seigneur lui-même
a prescrit à ceux qui annoncent
l'Evangile de vivre de lEvan-
8116.
15. Pour moi, je n'ai usé d'au-
cun de ces droits. Je n'écris donc
pas ceci pour qu'on en use ainsi
envers moi ; car j'aimerais mieux
mourir que de laisser quelqu'un
m'enlever cette gloire.
16. Car si j'évangélise, la gloire
n'en est pas à moi; ce m'est une
nécessité, et malheur à moi, si je
n'évangélise!
47. Si je le fais de bon cœur,
jen aurai la récompense; mais
si je ne le fais qu'à regret, je dis-
pense seulement ce qui m'a été
confié.
48. Quelle est donc ma récom-
pense? C'est que, préchantl'Evan-
gile, je le préche gratuitement,
pour ne pas abuser de mon pou-
voir dans l'Evangile.
19. Aussi, lorsque j'étais libre
àlégard de tous, je me suis fais
l'esclave de tous, pour en gagner
un plus grand nombre.
90. Je me suis fait comme Juif
avec les Juifs, pour gagner les
Juifs;
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
[cH. 1x.]
91. Avec ceux qui sont sous la
loi, comme si j'eusse été sous la
loi (quoique je ne fusse plus assu-
jetti à la loi), pour gagner ceux
qui étaient sous la loi ; avec ceux
qui étaient sans loi, comme si
jeusse été sans loi (quoique je
ne fusse pas sans la loi de Dieu,
mais que je fusse sous la loi dn
Christ), afin de gagner ceux qui
étaient sans loi.
22. Je me suis rendu faible avec
les faibles, pour gagner les fai-
bles. Je me suis fait tout à tous,
pour les sauver tous.
23. Ainsi, je fais toutes choses
pour l'Evangile, afin d'y avoir
part.
94. Ne savez-vous pas que ceux
qui courent dans la lice courent
tous; mais qu'un seul remporte
le prix? Courez done de telle sorte
que vous le remportiez.
25. Tous ceux qui combattent
dans l'aréne s'abstiennent de
toutes choses : eux, pour recevoir
une couronne corruptible, nous,
une incorruptible.
20. Pour moi, je cours aussi,
mais non comme au hasard ; je
combats, mais non comme frap-
pant l'air;
27. Mais je chátie mon corps,
et le réduis en servitude, de peur
À— — M € Á———— —— 2 וו
18. De mon pouvoir dans l'Evangile; c'est-à-dire du pouvoir qui m'est accordé
comme prédicateur de l'Evangile.
24. * Dans la lice, appelée en grec stade, parce que le champ oà l'on courait avait
primitivement un stade de longueur (185 mètres). Le stade était l'enceinte où l'or
disputait le prix de la course dans les jeux publics. Le premier qui atteignait le but
marqué recevait la récompense. Toutes les villes grecques importantes avaient un
stade.
25. * S’abstiennent de toutes choses. > Les athlètes se soumettent à un dur régime
afin d'accroitre leur force. Ils gardent la continence, sont sobres dans le manger et
le boire; ils se soumettent à toute espèce de privations et de fatigues. » (TERTULLIEN.)
26. * Je combats. Le verbe employé dans le texte original signifie lutter au pugilat,
c'est-à-dire combattre à coups de poings, les mains armées de cestes, espèces de
gantelets en cuir de bœuf.
]08. x.]
qu'après avoir préché aux autres
je ne sois moi-méme réprouvé.
CHAPITRE X.
Juifs ingrats exterminés dans le désert.
Tout ce qui leur est arrivé est figuratif
et écrit pour notre instruction. Celui
qui croit étre ferme doit craindre de
tomber. Unité des chrétiens par l'Eu-
charistie. Ne point chercher son propre
avantage, mais celui des autres. Faire
tout pour Dieu.
1. Car je ne veux pas que vous
ignoriez, mes fréres, que nos
pères ont tous été sous la nuée,
el qu'ils ont tous passé la mer;
2. Qu'ils ont tous été baptisés
sous Moise, dans la nuée et dans
la mer;
3. Qu'ils ont tous mangé la
méme nourriture spirituelle,
4. Et qu'ils ont tous bule méme
breuvage spirituel (car ils bu-
vaient de l'eau de la pierre spiri-
tuelle qui les suivait; or cette
pierre était le Christ);
ὃ. Cependant la plupart d'entre
eux ne furent pas agréables à
Dieu; car ils succomberent dans
le désert.
6. Or toutes ces choses ont été
des figures de ce qui nous re-
garde, afin que nous ne convoi-
tions pas les choses mauvaises,
comme eux les convoiterent ;
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS 9719
1. Et que vous ne deveniez point
idolâtres, comme quelques-uns
d'eux, selon qu'il est écrit : Le
peuple s'est assis pour manger
et pour boire, et s'est levé pour
se divertir.
8. Ne commettons pas la for-
nication comme quelques-uns
d'entre eux la commirent, et il
en tomba vingt-trois mille en un
seul jour.
9. Ne tentons point le Christ
comme quelques-uns d'eux le
tentèrent, et ils périrent par les
serpents.
10. Et ne murmurez point
comme quelques-uns d'eux mur-
murerent, et ils périrent par l'ex-
terminateur.
11. Or toutes ces choses 1eur
arrivaient en figure, et elles ont
été écrites pour nous étre un
averlissement à nous pour qui
est venue la fin des temps.
12. Que celui donc qui se croit
étre ferme prenne garde de tom-
ber.
13. Qu'il ne vous survienne que
des tentations qui tiennent à
l'humanité. Or Dieu est fidèle,
et il ne souffrira pas que vous
soyez tentés par-dessus vos for-
ces; mais il vous fera tirer pro-
fit de la tentation même, afin
ὕπαρ. X. 1. Exode, xir, 21; Nom., 1x, 21; Exode, xiv, 22. — 3. Exode, xvi, 15. —
4. Exod., xvir, 6; Nom., xx, 11. — 5. Nom., xxvi, 64, 65. — 6. Ps. cv, 14. — 7. Exode,
xxxiI, 6. — 8. Nom., xxv, 1. — 9. Nom., xxi, 5, 6. — 10. Nom., ,זא 1; xiv, 4.
1. * Sous ia nuée qui, dans la péninsule du Sinai, garantissait les Israélites contre
ardeur du soleil. — La mer Rouge.
3. * La méme nourriture spirituelle, la manne, appelée spirituelle dans le sens de
surnaturelle, miraculeuse, produite par le Saint-Esprit.
4. * Le méme breuvage spirituel, l'eau miraculeuse que Moïse fit jaillir du rocher.
1. * Allusion à l'adoration du veau d'or et aux fêtes idolâtriques par lesquelles on
l'honora.
8. * Allusion à l'initiation au culte impur de Béelphégor.
9-10, * Dieu punit ceux qui murmuraient contre Moise en envoyant contre eux dee
serpents venimeux, par le feu et par la peste.
2744
que vous puissiez persévérer.
14. Cest pourquoi, mes bien-
aimés, fuyez le culte des idoles.
15. C'est comme à des hommes
sages que je parle; jugez vous-
mémes de ce que je dis.
16. Le calice de bénédiction
que nous bénissons n'est-il pas
la communication du sang du
Christ? et le pain que nous rom-
pons n'est-il pas la participation
au corps du Seigneur?
11. Car, quoique en grand
nombre, nous sommes un seul
pain, un seul corps, nous tous
qui participons à un seul pain.
18. Voyez Israél selon la chair;
ceux qui mangent des victimes
ne participent-ils pas à l'autel?
19. Quoi done? Veux-je dire
que ce qui est immolé aux idoles
soit quelque chose? ou que l'idole
soit quelque chose ?
20. Mais ce qu'immolent les
gentils, ils l'immolent aux dé-
mons et non à Dieu. Or je désire
que vous n'ayez aucune société
avec les démons : vous ne pouvez
boire le calice du Seigneur et le
calice des démons.
91. Vous ne pouvez avoir part
à la table du Seigneur et à la table
des démons.
22. Voulons-nous provoquer le
PREMIÈRE ÉPITRE DE 5. PAUL AUX CORINTHIENS.
[cu. x.)
Seigneur? Sommes-nous plus
forts que lui? Tout m'est permis,
mais tout ne m'est pas avanta-
geux.
93. Tout m'est permis, mais
tout n'édifie pas.
24. Que personne ne cherche
son propre avantage, mais celui
des autres.
25. Mangez tout ce qui se vend
à la boucherie, ne faisant aucune
question par conscience.
26. Car au Seigneur est la terre
et toute sa plénitude.
97. Si un infidèle vous invite,
et que vous vouliez aller, mangez
de tout ce qu'on vous servira, ne
faisant aucune question par cons-
cience.
28. Mais si quelqu'un dit : Geci
ἃ été immolé aux idoles, n'en
mangez point, à cause de celui
qui vous a averlis, et par cons-
cience.
29. Or je dis la conscience, non
la tienne, mais celle d'autrui. Gar
pourquoi ma liberté serait-elle
condamnée par la conscience
d'un autre? )
30. Si je mange avec actions de
grâces, pourquoi me laisserai-je
maudire pour une chose dont je
rends grâces ?
91. Soit donc que vous man-
22. Supra, vi, 12. — 26. Ps. מזואא 1; Eccli., xvir, 31. — 31. Col., ri, 17.
18. * Ne parlicipent-ils pas à l’autel? Ceux qui offraient des sacrifices, autres que
l'holocauste, recevaient pour la manger une partie de la victime qui avait été offerte
sur l'autel.
21. Ce que dit ici saint Paul n'est pas en opposition avec ce qu'avaient décidé les
apôtres, qu'i! fallait s'abstenir de manger ce qui avait été offert aux idoles (4ct., xv, 29);
parce qu'ils n'en avaient fait la défense qu'aux fidéles d'Antioche et à leurs voisins
(Act., xv, 25); et cela dans la vue de conserver la paix et la concorde entre les gentils
et les Juifs qui se trouvaient en grand nombre à Antioche, et qui avaient une invin-
cible horreur pour les idoles et tout ce qui leur était consacré. Si plus tard, dans les
pays méme les plus éloignés d'Antioche, on se conforma à cette décision des apótres,
ce ne fut pas en vertu d'une obligation quelconque, mais spontanément et par res-
pect pour eux.
[cu. xi.]
giez, soit que vous buviez, ou
que vous fassiez quelque autre
chose, faites tout pour la gloire
de Dieu.
39. Ne soyez une occasion de
scandale ni pour les Juifs, ni pour
les gentils, ni pour l'Eglise de
Dieu;
33. Comme moi-méme je com-
plais à tous en toutes choses, ne
cherchant pas ce qui m'est avan-
tageux, mais ce qui l'est au grand
nombre, afin qu'ils soient sauvés.
CHAPITRE XI.
Les hommes en priant doivent avoir la
téte nue, et les femmes la téte voilée.
Les Corinthiens sont repris de ne pas
célébrer la féte du Seigneur avec assez
d'ordre. Institution de l’Eucharistie.
S'éprouver soi-méme avant de s'en ap-
procher. Se juger pour ne pas étre
jugé.
1. Soyez mes imitateurs,
comme moi je le suis du Christ.
9. Je vous loue, mes freres, de
ce qu'en toutes choses vous vous
souvenez de moi, et gardez mes
préceptes tels que je vous les ai
donnés.
3. Or je veux que vous sachiez
que le chef de tout homme est le
Christ; le chef de la femme,
l'homme; et le chef du Christ,
Dieu.
4. Tout homme qui prie ou
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
9715
prophétise la tête couverte dés-
honore sa tête;
5. Et toute femme qui prie ou
prophétise la tête découverte
déshonore sa tête; car cest
comme si elle était rasée.
6. C'est pourquoi si une femme
ne se voile pas, qu'elle soit ton-
due. Or s'il est honteux à une
femme d'étre tondue ou rasée,
qu'elle voile sa tête.
1. Pour l'homme, il ne doit pas
voiler sa tête, parce qu'il est
l'image et la gloire de Dieu ; mais
lafemme estlagloire del'homme.
8. Car l'homme n'a pas été tiré
dela femme, mais la femme de
l'homme.
9. Et l’homme n'a pas été créé
pour la femme, mais 18 femme
pour l'homme.
10. Cest pourquoi la femme
doit avoir une puissance sur sa
téte, à cause des anges.
11. Cependant, nil'homme n'est
point sans la femme, ni la femme
sans l'homme, dans le Seigneur.
12. Car, comme la femme a été
tirée de l'homme, ainsi l'homme
est par la femme : mais tout vient
de Dieu.
13. Jugez vous-mémes : Sied-il
à la femme de prier Dieu sans
étre voilée ?
14. La nature méme ne vous
Cuar. XI. 3. Ephés., v, 23. — 7. Genèse, 1, 26. — 9. Genèse, 1 23.
1. Ce verset est la conclusion du chapitre précédent.
8. * Adam a été créé directement par Dieu; Eve a été formée d'une cóte d'Adam.
10. Ure puissance; une marque, un syfnbole de la puissance, que l'homme 8 sur
elle; c'est-à-dire un voile, par respect pour les saints anges qui sont présents.
13, 14. Saint Paul parle ici dans le sens de la discipline recue de son temps; ainsi
son raisonnement n'a rien d'absolu, et le mot nature qu'il emploie doit s'entendre
d'une coutume presque universelle, parmi les peuples les mieux connus, et qui par
Jà méme forme une espéce de droit naturel. Remarquons de plus, qu'il n'est honteux
à un homme de laisser croitre ses cheveux, que quand il le fait par vanité, ou sans
aucun motif raisonnable, mais qu'il en est tout autrement lorsqu'il le fait par reli-
gion, comme par exemple les Nazaréens.
2746
apprend-elle pas que si un
homme entretient sa chevelure,
c'est une ignominie pour lui?
15. Que si, au contraire, la
femme soigne sa chevelure, c'est
une gloire pour elle, parce que
les cheveux lui ont été donnés
pour voile?
16. Si quelqu'un paraît aimer à
contester, pour nous, ce n'est
point notre coutume ni celle de
l'Eglise de Dieu.
11. Voici ce que je vous fais
observer maintenant, sans l'ap-
prouver, c’est que vos assemblées
se font, non point à votre avan-
tage, mais à votre préjudice.
18. Premièrement, j'entends
dire que quand vous vous assem-
blez dans l'Eglise, il y a des scis-
sions parmi vous, et jele crois en
partie.
19. Car il faut qu'il y ait méme
des hérésies, afin qu'on découvre
ceux d'entre vous qui sont éprou-
vés.
20. Lors donc que vous vous
réunissez, ce n'est plus manger
la cène du Seigneur.
21. Car chacun anticipe le temps
de prendre son repas. Et ainsi
l'un souffre de la faim et l'autre
regorge.
PREMIÉRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
[cn. xr.]
22. N'avez-vous pas des mai-
sons pour y manger et boire? ou
méprisez-vous l'Eglise de Dieu,
et voulez-vous faire honte à ceux
qui n'ont rien? Que vous dirai-je?
Vous en louerai-je? non je ne
vous en loue point.
23. Car j'ai reçu moi-même du
Seigneur ce que je vous ai aussi
transmis; que le Seigneur Jésus,
la nuit où il était livré, prit du
pain,
24. Et rendant gráces, le rom-
pit et dit : Prenez et mangez; ceci
est mon corps qui sera livré pour
vous : faites ceci en mémoire de
moi.
95. De méme 7] prit le calice
après qu'il eut soupé, disant : Ce
calice est le nouveau testament
en mon sang; faites ceci, toutes
les fois que vous boirez, en mé-
moire de moi.
26. Car toutes les fois que vous
mangerez ce pain et boirez ce ca-
lice, vous annoncerez la mort du
Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne.
27. C'est pourquoi quiconque
mangera ce pain ou boira le ca-
lice du Seigneur indignement
sera coupable du corps et du
sang du Seigneur.
98. Que l’homme donc s'é-
24. Matt., xxvi, 26; Marc, xiv, 22; Luc, xxii, 17. — 27. Jean, νι, 59. — 28. II Cor.,
xii, 5.
18. * Il y a des scissions. Ceux du méme parti se réunissaient ensemble et tandis
que les uns faisaient bonne chère, les autres avaient à peine de quoi manger. '
19. C'est l'orgueil et la perversité du cœur de l'homme qui rendent les hérésies
nécessaires; mais Dieu, qui sait toujours tiref le bien du mal, montre en cette cir-
constance qui sont les bons chrétiens, en rendant leur foi et leur fermeté plus re-
marquables.
20. La cene du Seigneur; le repas de charité ou agape, qui se faisait en commun
aprés qu'on avait participé au corps et au sang du Seigneur.
27. Ce passage démontre la présence réelle du corps et du sang de Jésus-Christ,
méme pour ceux qui communient indignement; autrement ils ne sauraient étre cou-
pables du corps et du sang de Jésus-Christ, ni condamnés justement pour n'avoir pas
discerné le corps du Seigneur.
(en. xti] PREMIÈRE ÉPITRE DE 5
prouve lui-méme, et qu'il mange
ainsi de ce pain et boive de ce
calice.
29. Car quiconque en mange
et en boit indignement, mange
et boit son jugement, ne discer-
nant point le corps du Seigneur.
30. C'est pour cela qu'il y a par-
mi vous beaucoup d'infirmes et
de languissants, et que beaucoup
s'endorment.
31. Que si nous nous jugions
nous-mémes, nous ne serions
certainement point jugés.
32. Et lorsque nous sommes
jugés, c'est par le Seigneur que
nous sommes repris, afin que
nous ne soyons pas condamnés
avec ce monde.
33. C'est pourquoi, mes frères,
quand vous vous assemblez pour
manger, attendez-vous les uns
les autres.
34. Si quelqu'un a faim, quil
mange dans sa maison, afin que
vousne vous assembliez pas pour
votre condamnation. Quant aux
autres choses, lorsque je serai
venu, je les réglerai.
CHAPITRE XII.
Il y a divers dons du Saint-Esprit qui les
distribue comme il le juge à propos
pour l'utilité de l'Eglise. Toute l'Eglise
est un seul corps; chaque membre a
sa fonction ; tous ont besoin les uns des
autres et doivent travailler à l'utilité
commune.
1. Quant aux dons spirituels,
je ne veux pas, mes frères, que
vous soyez dans l'ignorance.
2. Or vous savez que quand
. PAUL AUX CORINTHIENS.
2747
vous étiez gentils, vous couriez
aux idoles muettes, selon qu'on
vous y conduisait.
3. Je vous déclare done que
personne parlant dans l'esprit de
Dieu, ne dit anathème à Jésus.
Et personne ne peut dire Seigneur
Jésus, que par l'Esprit-Saint.
4. Α la vérité, il y a des gráces
diverses, mais c'est le méme Es-
prit.
5. 11 y a diversité de ministezes,
mais c'est le méme Seigneur;
6. Et il y a des opérations di-
verses, mais c'est le méme Dieu
qui opère tout en tous;
1. Or à chacun est donnée la
manifestation de l'Esprit pour
l'utilité.
8. Car à l'un est donnée par
l'Esprit la parole de sagesse; à
un autre la parole de science, se-
lon le méme Esprit;
9.A unautrela foi, parle méme
Esprit; à un autre 18 grâce de gué-
rir par le méme Esprit;
10. À un autre, la vertu d'opé-
rer des miracles; à un autre, la
prophétie; à un autre, le discer-
nement des esprits; à un autre,
le don des langues diverses; à un
autre, l'Interprétation des dis-
cours.
11. Or, tous ces dons, c'est le
seul et méme Esprit qui les opere,
les distribuant à chacun comme
il veut.
12. Car, comme le corps est un,
quoique ayant beaucoup de mem-
bres, et que tous les membres du
corps, quoique nombreux, ne
CuaP. XII. 3. Marc, 1x, 38, — 11. Rom., xir, 3, 6; Ephés., 1v, T.
)ןוו
80. S'endorment; c'est-à-dire meurent. Compar. vir, 39,
3. Ne dit anuthème, etc.; ne profère des blasphèmes,
2748
soient cependant qu'un seul
corps : ainsi est le Christ.
43. Car nous avons tous été
baptisés dans un seul Esprit, pour
former un seul corps, soit Juifs,
soit gentils, soit esclaves, soit
libres; et tous nous avons été
abreuvés d'un seul Esprit.
14. Ainsi le corps n'est pas un
seul membre, mais beaucoup.
15. Si le pied disait : Puisque
je ne suis pas main, je ne suis pas
du corps; ne serait-il point pour
cela du corps?
16. Etsi l'oreille disait: Puisque
jene suis pas ceil, je ne suis pas
du corps; ne serait-elle point
pour cela du corps?
17. Si tout le corps était œil,
oü serait l'ouie? S'il était tout
ouie, où serait l'odorat?
18. Mais Dieu a placé dans le
corps chacun des membres
comme il a voulu.
19. Que si tous n'étaient qu'un
seul membre, où serait le corps?
20. Il y a done beaucoup de
membres, mais un seul corps.
91. L'eil ne peut pas dire à
la main : Je n'ai pas besoin de
ton office; ni la téte dire aux
pieds : Vous ne m'étes pas néces-
saires.
99. Mais, au contraire, les
membres du corps, qui paraissent
les plus faibles, sont le plus né-
cessaires,
93. Et les membres du corps
que nous regardons comme plus
vils, nous les revétons avec plus
28. Ephés., 1v, 11.
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
[cu. xir]
de soin, et ceux qui sont honteux,
nous les traitons avec plus de
respect.
24. Nos parties honnétes n'en
ont pas besoin; mais Dieu, a ré-
glé le corps de maniere à accor-
der plus d'honneur à celle qui
n'en avait pas en elle-méme;
25. Afin qu'il n'y ait point de
scission dans le corps, mais que
tousles membres aientlesmémes
soins les uns pour les autres.
26. Aussi, dés qu'un membre
souffre, tous les autres souffrent
avec lui, ou si un membre est
glorifié, tous les autres se ré-
jouissent avec lui.
27. Or vous étes le corps du
Christ, et les membres d'un
membre.
98. Ainsi Dieu a établi dans
l'Eglise, premièrement des apó-
tres, secondement des prophètes;
troisiemement des docteurs, en-
suite des miracles, puis la grâce
de guérir, l'assistance, le don de
gouverner, les langues diverses,
et l'interprétation des discours.
99. Tous sont-ils apótres? tous
sont-ils prophétes? tous sont-ils
docteurs?
30. Tous opérent-ils des mi-
racles? tous ont-ils la gráce de
guérir? tous parlent-ils diver-
ses langues? tous interprètent-
ils?
31. Aspirez aux dons les meil-
leurs. Mais je vais vous mon-
trer une voie plus excellente en-
core.
E םת
91. Et les membres d'un membre; c'est-à-dire vous êtes membres les uns des
autres.
xu.) .אס]
CHAPITRE XIII.
Bans la charité tout est inutile pour le
salut. Caractére de cette vertu. Elle ne
finit jamais. Connaissance de Dieu im-
parfaite en cette vie. Charité, vertu su-
périeure à la foi et à l'espérance.
1.Quandje parleraisleslangues
des hommes et des anges, si je
n'ai pasla charité, je suis comme
un airain scnnant ou une cym-
bale retentissante.
2. Et quand j'aurais le don de
prophétie, que je connaitrais tous
les mystères et toute la science;
quand j'aurais toute la foi, au
point de transporter des mon-
tagnes, si je n'ai point la charité,
je ne suis rien.
3. Et quand je distribuerais tout
mon bien pour la nourriture des
pauvres et que je livrerais mon
corps pour étre brülé, si je n'ai
point la charité, cela ne me sert
de rien.
4. La charité est patiente; elle
est douce; la charité n'est point
envieuse ; elle n'agit pas insolem-
ment; elle ne s'enfle point;
9. Elle n'est point ambitieuse,
elle ne cherche point son propre
intérét; elle ne s'irrite point ; elle
ne pense pas le mal;
PREMIERE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
2719
6. Elle ne se réjouit pas de l'i-
niquité, mais elle met sa joie dans
la vérité ;
7. Elle souffre tout, elle croit
tout, elle espere tout, elle endure
tout.
δ. La charité ne finira jamais,
pas méme lorsque les prophéties
s'anéantiront, que les langues
cesseront, et que la science sera
détruite.
9. Car c'est imparfaitement que
nous connaissons, et imparfaite
ment que nous prophétisons.
10. Mais quand viendra ce qui
est parfait, alors s'anéantira ce
qui est imparfait.
11. Quand j'étais petit enfant,
je parlais comme un petit enfant,
j'avais les goûts d'un petit enfant,
je raisonnais comme un petit en-
fant; mais quand je suis devenu
homme, je me suis dépouillé de
ce qui était de l'enfant.
19. Nous voyons maintenant à
travers un miroir en énigme;
mais alors nous verrons face à
face. Maintenant je connais im-
parfaitement; mais alors je con-
naitrai aussi bien que je suis con-
nu moi-méme.
13. Maintenant demeurent tou-
tes les trois, la foi, l'espérance,
1. * Les langues... des anges, le langage incompréhensible aux hommes par lesquels
les purs esprits se communiquent leurs pensées. — Un airain sonnant. Quand on
frappe sur l'airain, il produit un grand bruit, mais ce bruit n'a aucune signifi-
cation, — Une cymbale. On appelle cymbales un instrument de musique en métal,
consistant ordinairement en deux disques, concaves au milieu, et qu'on frappe l'un
contre l'autre.
1. Elle croit tout; c'est-à-dire que simple et droite, la charité n'a pas de défiance,
et croit facilement ce qu'on lui dit, sans soupconner qu'on veuille la tromper, toutes
les fois qu'elle peut, sans risque de péché, livrer sa confiance; ce qui n'a rien
de commun avec 66/16 crédulité précipitée que l'auteur de l'Ecclésiastique im-
prouve, xix, 4.
12. A travers un miroir. Par miroir, il faut entendre ici une de ces pierres que les
anciens employaient au lieu de vitres, et qui, quoique transparentes, ne laissaient
apercevoir les objets extérieurs que d'une manière confuse et avec une certaine obs-
curité.
΄
2100
la charité : mais la plus grande
des trois est la charité.
CHAPITRE XIV.
Le don de prophétie préférable au don
des langues, et le don des langues inu-
tile aux fidéles sans le don d'interpré-
tation. Règles pour l'usage de ces dons.
Les femmes doivent garder le silence
dans les Eglises.
1. Recherchez avec ardeur la
charité; désirez les dons spiri-
tuels, et surtout de prophétiser.
2. Car celui qui parle en une
langue ne parle pas aux hommes,
mais à Dieu, puisque personne
ne l'entend; mais par l'Esprit il
dit des choses mystérieuses.
3. Mais celui qui prophétise
parle aux hommes pour l'édifica-
tion, l'exhortation et la consola-
tion.
4. Celui qui parle une langue
s'édifie lui-même, tandis que ce-
lui qui prophétise édifie l'Eglise
de Dieu.
5. Je voudrais que vous pussiez
tous parler les langues, mais en-
core plus prophétiser. Car celui
qui prophétise est au-dessus de
celui qui parle les langues; à
moins qu'il n'interpréte, afin que
l'Eglise en reçoive de l'édifica-
lion.
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
(on. xiv.]
6. Aussi, mes frères, si je viens
à vous parlant les langues, à quoi
vous serai-je utile, si je ne joins
à mes paroles ou la révélation,
ou la science, ou la prophétie, ou
la doctrine?
7. Les choses qui sont inani-
mées quoique rendant des sons,
comme la flûte et la harpe, si elles
ne forment des tons différents,
comment saura-t-on ce qu'on
joue sur la flûte ou sur la harpe?
8. Et si la trompette rend un
son incertain, qui se préparera
au combat?
9. De même vous, si vous ex-
primez par la langue des mots
qui ne sont pas clairs, comment
saura-l-on ce que vous dites?
Vous parlerez en l'air.
10. ll y a, en effet, tant de sortes
de langues dans ce monde; et il
n'en est aucune qui n'ait des sons
intelligibles.
11. Si donc j'ignore la valeur
des mots, je serai barbare pour
celui à qui je parle, et celui qui
parle, barbare pour moi.
12. Ainsi, vous-mémes puisque
vous désirez si ardemment les
dons spirituels, faites que pour
l'édification de l'Eglise vous en
abondiez.
13. C'est pourquoi, que celui
1. Le raot prophétiser, outre le sens de prédire l'avenir, a celui plus étendu d’être
divinement inspiré et de parler de la part de Dieu. Dans ce chapitre, il signifie plus
particulierement, découvrir des choses secrétes et inconnues, comme expliquer les
mystères, et interpréter les Ecritures.
2. Dans tout ce chapitre, le mot /angue veut dire langue étrangère, inconnue, que
l'on ne comprend pas.
7-8. * La flèle et la harpe étaient les instruments de musique les plus communs
chez les anciens, avec la érompetle.
13. Dans ce verset et les suivants, il s'agit évidemment non d'une priére publique,
telle qu'elle se pratique dans l'Eglise, mais des prières composées par les particuliers
et récitées par eux publiquement pour l'édification de l'assemblée. Il fallait donc
nécessairement que ces prières fussent comprises, pour que les fidèles qui les enten-
daient pussent répondre en toute sûreté Amen. Ainsi saint Paul ne condamne pas
l'usage de l'Eglise latine, qui prie dans une langue que le peuple n'entend pas, ni
[cm. xiv.] PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 2751
qui parle une langue demande 16 | sont un signe, non pour les fide
don de l'interpréter. les, mais pour les infideles; au
14. Car si je prie en une langue, | contraire, les prophéties sont,
mon esprit prie, mais mon intel- | non pour les infidèles, mais pour
ligence est sans fruit. les fidèles.
15. Que ferai-je donc? je prie- 23. Si donc une Eglise étant
rai d'esprit, mais je prierai aussi | réunie en un seul lieu, tous par-
avec l'intelligence. Je chanterai | lent diverses langues, et qu'il
d'esprit des canliques, mais jeles | entre des ignorants ou des infi-
chanterai aussi avec l'intelli- | 08108, ne diront-ils pas que vous
gence. étes fous?
16. D'ailleurs si tu ne bénis que 24. Mais si tous prophétisent,
d'esprit, comment celui qui tient | et que quelque ignorant, ou quel-
Ja place du simple peuple répon- | queinfideleentre,ilestconvaincu
dra-t-il Amen à ta bénédiction, | par tous et jugé par tous;
puisqu'il ne sait pas ce que tu 25. Les secrets de son cœur
dis ? sont dévoilés, de sorte que, tom-
11. Pour toi, tu rends bien | bant sur sa face, il adorera Dieu,
grâces, mais l'autre n'est pas | déclarant que Dieu est vraiment
édifié. en vous.
18. Je rends grâces à mon Dieu | 20. Que faut-il donc, mes frè-
de ce que je parle les langues de | res? Que quand vous vous assem-
vous tous. ! blez, l'un ayantle chant, un autre
19. Mais dans l'Eglise, j'aime | l'enseignement, un autre la révé-
mieux dire cinq mots que je com- | lation, un autre les langues, un
prends, pour en instruire les au- | autre l'interprétation, tout se
tres, que dix mille en unelangue. | fasse pour l'édification.
20. Mes frères, ne devenez pas 27. S'il y en a qui parlent les
enfants par l'intelligence; mais | langues, que deux seulement
soyez petits enfants en malice, et | parlent, ou au plus trois, et tour
uommes faits en intelligence. à tour; et qu'un seul interprete.
21. Il est écrit dans la loi : Je 28. S'il n’y a point d'interprete,
parlerai à ce peuple en d'autres | que chacun se taise, et qu'il parle
langues et avec d'autres lèvres; | à lui-même et à Dieu.
et ainsi ils ne me préteront méme 29. Quant aux prophètes, que
pas l'oreille, dit le Seigneur. deux ou trois parlent, et que les
22. C’est pourquoi les langues | autres jugent.
CuaP. XIV. 21. Isaïe, xxvin, 11.
ב הנ 0 40/8 00008 i eo M EROR MOL PN Ὁ EAN
d'une prière publique consacrée par la liturgie reçue ct admise. D'ailleurs comment
l'aurait-il fait? Il savait parfaitement que de son temps les psaumes et les cantiques
se chantaient en hébreu dans le temple. quoique pourtant cette langue ne füt plus fa-
milière aux Juifs d'alors. Sans cela, il aurait condamné ce que Jésus-Christ avait lui-
méme respecté et consacré par son assiduité aux fêtes judaiques.
21. On comprenait sous le nom de loi tous les livres sacrés. — En d'autres langues;
c'est-à-dire en des langues autres que la sienne,
22. Sont un signe; Vers, en sigae; ce qui est uu pur hébraisme.
2702
30. Que s'il se fait une révé-
lation à un autre de ceux qui
sont assis, que le premier se
taise.
31. Car vous pouvez tous pro-
phétiser l'un après l'autre, afin
que tous apprennent et soient
| exhortés ;
32. Et les esprits des prophètes
sont soumis aux prophetes.
33. Car Dieu n'est pas un Dieu
de dissension, mais de paix;
comme je l'enseigne dans toutes
les Eglises des saints.
94. Que les femmes se taisent
dans les Eglises, car il neleur est
pas permis de parler, mais elles
doivent étre soumises, comme la
loi elle-méme le dit.
35. Si elles veulent s'instruire
de quelque chose, qu'elles inter-
rogent leurs maris dans leur mai-
son. Car il est honteux à une
femme de parler dans l'Eglise.
36. Est-ce de vous qu'est sortie
la parole de Dieu? Est-ce à vous
seuls qu'elle est parvenue?
31. 8i quelqu'un croit étre pro-
phète, ou spirituel, qu'il recon-
naisse que les choses que je vous
écris sont des commandements
du Seigneur.
38. Si quelqu'un l'ignore, il sera
ignoré.
39. C'est pourquoi, mes freres,
employez tout votre zèle à pro-
PREMIERE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
(cu. xv.]
phétiser, et n'empéchez point de
parler les langues.
40. Mais que tout se fasse dé-
cemment et avec ordre.
CHAPITRE XV.
Résurrection des morts prouvée par celle
de Jésus-Christ. Conséquences impies
auxquelles s'exposent ceux qui nient
la résurrection. Ordre de la résurrec-
tion. Comment elle se fera. Qualités des
corps ressuscités. Homme terrestre;
homme céleste. Mystère de la résurrec-
tion.
1. Mais je vous rappelle, mes
freres, l'Evangile que je vous ai
préché, que vous avez requ, dans
lequel vous demeurez fermes,
2. Et par lequel vous étes sau-
vés, si vous le gardez comme je
vous l'ai annoncé ; à moins que
vous n'ayez Cru en vain.
3. Car je vous ai transmis en
premier lieu, ce que j'ai reçu
moi-méme : que le Christ est mort
pour nos péchés, selon les Ecri-
tures;
4. Quil a été enseveli, et qu'il
est ressuscité le troisieme jour,
selon les Ecritures ;
9. Qu'ila été vu de Céphas, puis
des onze;
6. Qu'ensuite il ἃ été vu par
plus de cinq cents frères ensem-
ble, dont beaucoup vivent encore
aujourd'hui, et quelques-uns se
sont endormis;
34. Genèse, 11 16. — ὕπαρ, XV. 1 Gal., 1, 11. — 3. Isaie, 1111, Ὁ, — 4, Jon., 11, 1. —
5. Jean, xx, 19.
33. Des saints. Voy. Act., 1x, 13.
34. Elles doivent; ce verbe, ou tout autre d'une signification analogue, est néces-
sairement sous-entendu. Voy. ce que nous avons dit à ce sujet, I Timoth., 1v, 3.
31. Spirituel; c'est-à-dire inspiré, éclairé par l'Esprit-Saint.
5. De Céphas, etc.; c'est-à-dire de Pierre et des onze apótres. Saint Paul considere
ici le nombre ancien et ordinaire des apótres avant l'apostasie de Judas.
6. Se sont endormis; scnt morts. Compar. vu, 39. — * Cette apparition n'est pas
racontée dans les Evangiles.
[cn. xv.]
1. Qu'apres il a été vu de Jac-
ques, puis de tous les apôtres;
8. Et qu'enfin, après tous les
autres, i| s'est fait voir aussi à
moi, comme à l'avorton.
9. Car je suis le moindre des
apótres, et je ne suis pas digne
d'étre appelé apótre, parce que
j ài persécuté l'Eglise de Dieu.
10. Mais c'est par la grâce de
Dieu que je suis ce que je suis, et
sa grâce n'a pas été stérile en
moi, mais plus qu'eux tous, j'ai
travaillé, non pas moi toutefois,
mais la grâce de Dieu avec
moi ;
11. Ainsi, soit moi, soit eux,
voilà ce que nous préchons et
voilà ce que vous avez cru.
19. Mais si on préche que le
Christ est ressuscité d'entre les
morts, comment quelques-uns
disent-ils parmi vous qu'il n'y a
point de résurrection des morts?
13. Or s'il n'y a point de résur-
rection des morts, le Christ n'est
point ressuscité.
14. Et si le Christ n'est point
ressuscité, notre prédication est
done vaine, et vaine est aussi
votre foi;
15. Nous nous trouvons méme
être de faux témoins à l'égard de
Dieu, puisque nous rendons ce
témoignage contre Dieu, qu'il a
ressuscité le Christ, qu'il n'a
pourtant pas ressuscité, si les
morts ne ressuscitent point.
16. Car si les morts ne ressus-
PREMIÈRE ÉPITRE DE 5. PAUL AUX CORINTHIENS.
2793
citent point, le Christ non plus
n'est pas ressuscité.
11. Que si le Christ n'est pas
ressuscité, votre foi est vaine;
vous étes encore dans vos pé-
chés.
18. Donc ceux aussi qui se sont
endormis dans le Christ ont péri.
19. Si c'est pour cette vie seule-
ment que nous espérons dans le
Christ, nous sommes les plus
malheureux de tous les hommes.
20. Mais très certainement le
Christ est ressuscité d’entre les
morts, comme prémices de ceux
qui dorment;
21. Car par un homme est ve-
nue la mort, et par un homme la
résurrection des morts.
22. Et comme tous meurent en
Adam, tous revivront aussi dans
le Christ;
23. Mais chacun en son rang;
le Christ comme prémices, puis
ceux qui sont au Christ, qui ont
cru en son avénement.
24. La fin suivra, lorsqu'il au-
ra remis le royaume à Dieu et au
Père; qu'il aura anéanti toute
principauté, toute domination et
toute puissance.
25. Car il faut qu'il regne jus-
qu'à ce que le Père ait mis tous
ses ennemis sous ses pieds.
26. Orledernier ennemi détruit
sera la mort; caril lui a mis tout
sous les pieds. Quand donc l’Ecri-
ture dit :
297. Tout lui a été soumis, elle
8. Actes, 1x, 8. — 9. Ephés., ur, 8. — 20. Col., 1, 18; Apoc., 1, 5. — 23. I Thess., 1v, 15.
— 25. Ps. cix, 1; Hebr., 1, 13; x, 19. — 26. Ps. vir, 8; Hóbr., u, 8.
T. * De Jacques le Mineur, cousin de Notre Seigneur, premier évêque de Jérusalem,
22. * En Adam, par suite de la punition infligée à Adam, à cause de son péché.
21. Tout lui a été soumis. C'est la répétition, mais en d'autres termes, de la citation
du Psaume cix, 1, faite au vers. 25.
ΝΟ.
173
2754
excepte, sans doute, celui qui lui
a tout soumis.
98. Et lorsque tout lui aura été
soumis, alors le Fils lui-même
sera soumis à celui qui lui a sou-
mis toutes choses, afin que Dieu
soit tout en tous.
29. Autrement, que feront ceux
qui sont baptisés pour les morts,
si réellement les morts ne res-
suscitent point? Pourquoi sont-ils
baptisés pour les morts?
30. Et nous, pourquoi à toute
heure, nous exposons-nous au
danger ?
31. Chaque jour, mes frères, je
meurs, je le jure, par la gloire
que je reçois de vous en Jésus-
Christ Notre Seigneur.
32. Que me sert (humainement
parlant) d'avoir combattu contre
les bêtes à Ephèse, si les morts
ne ressuscitent point? Mangeons
et buvons, car nous mourrons
demain.
33. Ne vous laissez point sédui-
re, les mauvais entretiens cor-
rompent les bonnes mœurs.
34. Justes, veillez, et ne péchez
point, car quelques-uns sont dans
l'ignorance de Dieu; je vous le
dis pour votre honte.
35. Mais, dira quelqu'un : Com-
ment les morts ressuscitent-ils?
ou avec quel corps reviendront-
ils?
32. Sag., 11, 6; Isaie, xxr, 18 et Lvr, 12.
PREMIERE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
(cu. xv.]
36. Insensé, ce que tu sèmes
n'est point vivifié, si auparavant
il ne meurt.
87. Et ce que tu semes n'est
pas le corps méme qui doit venir,
mais une simple graine, comme
de blé, ou de quelque autre chose.
98. Mais Dieu lui donne un
corps, comme il veut, de méme
quil donne à chaque semence
son corps propre.
39. Toute chair n'est pas la
méme chair ; mais autre est celle
des hommes, autre celle des bre-
bis, autre celle des oiseaux,
autre celle des poissons.
40. Il y ἃ aussi des corps céles-
tes et des corps terrestrese mais
autre est la gloire des célestes,
autre celle des terrestres.
41. Autre est la clarté du soleil,
autre la clarté de la lune, autre
la clarté des étoiles. Une étoile
méme differe d'une autre étoile
en clarté.
49. Ainsi est la résurrection
des morts. Le corps est semé dans
la corruption, il ressuscitera dans
l'incorruptibilité.
43. ll est semé dans l'abjection,
il ressuscitera dans la gloire ; il
est semé dans la faiblesse, il res-
suscitera dans la force.
44. Il est semé corps animal, il
ressuscitera corps spirituel, com -
me il est écrit :
99. Du temps de saint Paul, il y avait des hérétiques et peut-être méme des fidèles
peu instruits qui se faisaient baptiser pour les morts qui n'avaient pas recu le bap-
tème pendant leur vie. Sans approuver cette pratique, l'apótre en tire une preuve
contre eux, en montrant qu'elle suppose nécessairement l'immortalité de l'àme, et par
conséquent la résurrection des corps, parce que ces deux dogmes sont inséparables.
89. 4 Ephése. Voir Actes, xvin, 19. S. Paul écrivit d'Ephése la présente Epitre. —
Contre les béles, expression métaphorique pour désigner des hommes aussi cruels
que des animaux féroces.
40. La gloire; c'est-à-dire l'éclat.
[cu. xvi.)
45. Le premier homme, Adam,
a été fait âme vivante; le dernier
Adam, esprit vivifiant.
- 46. Non d'abord ce qui est
spirituel, mais ce qui est ani-
mal.
47. Le premier homme tiré de
la terre est terrestre; le second,
venu du ciel, est céleste.
48. Tel qu'est le terrestre, tels
sont les terrestres; tel qu'est le
céleste, tels sont les célestes.
49. Comme donc, nous avons
porté l'image du terrestre, por-
tons aussi l'image du céleste.
50. Or je dis cela, mes freres,
parce que ni la chair ni le sang
ne peuvent posséder le royaume
de Dieu, et la corruption ne pos-
sédera point l'incorruptibilité.
91. Voici que je vais vous dire
un mystère. Nous ressusciterons
bien tous, mais nous ne serons
pas tous changés.
52. En un moment, en un clin
d'ceil, au son de la dernière trom-
pette; car là trompette sonnera,
et les morts ressusciteront incor-
ruptibles, et nous, nous serons
changés.
53. Puisqu'il faut que ce corps
corruptible revéte l'incorruptibi-
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
2799
lité, et que ce corps mortel revête
l'immortalité.
94. Et quand ce corps mortel
aura revêtu l’immortalité, alors
sera accomplie cette parole qui
est écrite : La mort a été absorbée
dans sa victoire.
59. O mort, où est ta victoire?
où est, à mort, ton aiguillon ?
56. Or l'aiguillon de la mort,
c'est le péché ; et la force du pé-
ché, 18 loi.
57. Ainsi, grâces à Dieu, qui
nousa donnéla victoire par Notre
Seigneur Jésus-Christ!
98. C'est pourquoi, mes freres
bien-aimés, soyez fermes et iné-
branlables, vous appliquant tou-
jours de plus en plus à l’œuvre
du Seigneur, sachant que votre
iravail n'est pas vain dans le
Seigneur.
CHAPITRE XVI.
Saint Paul recommande aux Corinthiens
les pauvres de l'Eglise de Jérusalem.
Il leur promet d'aller les voir. Il leur
recommande Timothée. Dernier avis
qu'il leur donne. Autres recommanda-
tions. Salutations.
1. Quant aux aumónes que l'on
recueille pour les saints, faites,
49. Genèse, 11, 7. — 54. Osée, xur, 14. — 57. Jean, v, 5.
49. Fait dme vivante; littér., en dme vivante; hébraisme. Compar. iv, 22. — * Le
dernier Adam, Jésus-Christ.
90. La chair et le sang signifient l'homme animal, l'homme de péché.
91. Mais nous ne serons pas tous changés. En effet, les corps des réprouvés, loin de
recevoir la transformation qui fera la gloire de ceux des saints, resteront, comme
ils étaient, un objet d'horreur et de dégoût, en même temps qu'un sujet de toutes
sortes de douleurs pour les àmes auxquelles ils seront attachés.
94. Cette parole qui est écrite; cette parole qui fait partie de l'Ecriture sainte, cette
parole de l'Ecriture. Ce passage est d'Isaie, xxv, 8. Mais remarquons que la méme
expression hébraïque que saint Jérôme a traduite dans Isaie par pour toujours, a été
rendue dans la version grecque d’Aquila par pour victoire, en victoire, et que c'est
le sens qu'elle a en chaldéen. En mourant pour nous, Jésus-Christ a vaincu la mort
et l'a détruite pour toujours.
4. * Galalie. Voir Actes, xviu, 23.
-΄
2196
vous aussi, comme je l'ai réglé
pour les Eglises de Galatie.
2. Qu'au premier jour de la se-
maine, chacun de vous mette à
part chez lui, et serre ce qui lui
plaira ; afin que ce ne soit pas
quand je viendrai que les collec-
tes se fassent.
3. Lorsque je serai présent,
jenverrai ceux. que vous aurez
désignés par vos lettres, porter
vos charités à Jérusalem.
4. Que si la chose mérite que
jy aille moi-même, ils viendront
avec mol.
5. Or je viendrai vers vous
lorsque j'aurai traversé la Macé-
doine; car je passerai par la Ma-
cédoine.
6. Peut-étre m'arréterai-je chez
vous, et y passerai-je méme l’hi-
ver, afin que vous me conduisiez
partout où j'irai.
7. Car ce n’est pas seulement en
passant que je veux vous voir
cette fois, j'espère demeurer
quelque temps avec vous, si le
Seigneur le permet.
8. Je demeurerai à Ephèse
jusqu'à la Pentecôte ;
9. Parce qu'il y a une grande
porte qui m'est visiblement ou-
verte, et un grand nombre d'ad-
versaires.
10. Si Timothée va chez vous,
veillez à ce quil y soit sans
crainte; car il travaille comme
moi à l'œuvre du Seigneur.
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
[cH. xvr.]
11. Que personne done ne le
méprise; mais conduisez-le en
paix pour qu'il vienne vers moi ;
car je l'attends avec nos frères.
19. Pour ce qui est d'Apollo,
notre frère, je vous préviens que
je l'ai beaucoup prié d'aller vers
vous avec nos frères ; mais il n'a
pas voulu y àller maintenant : il
ira lorsqu'il en aura le loisir.
13. Veillez, demeurez fermes
dans la foi, agissez courageuse-
ment, et fortifiez-vous ;
14. Que toutes vos ceuvres se
fassent en esprit de charité.
15. Je vous conjure, mes freres,
puisque vous savez que. Stépha-
nas, Fortunat et Achaique, dont
vous connaissez la famille, sont
les prémices de PAchaie, et se
sont consacrés au service des
saints,
16. D'avoir dela déférence pour
de telles personnes, comme pour
tous ceux qui cooperent et. tra-
vaillent.
11. Je me réjouis dela présence
de Stéphanas, de Fortunat et d'A-
chaique; parce qu'il ont suppléé
à ce que vous ne pouviez faire
par vous-mémes ;
18. Car. ils ont. consolé mon
esprit aussi bien, que le vótre.
Sachez donc ce que sont de tels
hommes.
19. Les Eglises d'Asie vous sa-
luent, Aquila et Priscille, chez
qui je demeure, et l'Eglise qui
2. Ce premier jour de la semaine est le dimanche.
5. * La, Macédoine. Voir Actes, xvr, 9.
8. *A Ephèse. Voir Actes, xvii, 19.
15-17, * Stéphanas, voir plus haut, 1, 16. — Fortunat et Achaique faisaient proba-
blement partie de la maison de Stéphanas. Il est question de Fortunat dans la lettre
de S. Clément, pape, aux Corinthiens, r, 59. — L'AcAaie. Voir Actes, xvii, 12.
16. Qui coopèrent et travaillent, à l'œuvre du Seigneur.
19. * Les Eglises d'Asie, de la province romaine de ce nom. Voir Actes, 11, 9. —
Aquila et Priscille. Voir Actes, xv, 2.
xvi.] PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 2797 .מס
est dans leur maison vous font 22. Si quelqu'un n'aime point
beaueoup de salutations. Notre Seigneur Jésus-Christ, qu'il
20. Tous nos freres vous sa- | soit anathème, Maran Atha.
luent. Saluez-vous les uns les 23. Que la grâce de Notre Sei-
autres par un saint baiser. gneurJésus-Christ soit avec vous.
21. La salutation est de 18 main 24. Mon amour est avec vous
de moi, Paul. tous dans le Christ Jésus. Amen.
22. Maran Atha sont des mots syriaques qui signifient: Noíre Seigneur vient. 1
parait que c'était le plus grand des anathémes par lequel on dévouait un homme au
dernier malheur en le menaçant de la venue et du jugement du Seigneur.
ב
DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PAUL
AUX CORINTHIENS
INTRODUCTION
On convient que cette Epitre a été écrite peu de temps aprés la première,
l'an 57, suivantle plus grand nombre.
S. Paul était en Macédoine, probablement à Philippes. L'émeute excitée par
Démétrius l'ayant forcé de quitter Ephése, il était passé à Troas, puis en Macé-
doine. C'est là que Tite, qu'il avait envoyé précédemment à Corinthe, vint le
rejoindre. L'Apótre apprit de lui dans quel état se trouvait l'Eglise de cette
ville, la sincére affection que lui gardaient la plupart de ceux qu'il avait con-
vertis, mais en méme temps l'animosité croissante de ses antagonistes, les im-
putations dont il était l'objet, le reproche que plusieurs lui faisaient d'étre
inconstant dans ses desseins, ambitieux dans ses vues et mal intentionné à
l'égard de sa nation. Sur ces informations, il s'empresse d'écrire celte seconde
Epitre, et il charge son disciple de la porter à Corinthe, en attendant qu'il
puisse s'y rendre lui-méme.
On trouve en cette Lettre une longue apologie de sa conduite et de son mi-
nistère : apologie voilée d'abord, modérée au début, mais bientôt ouverte, vive,
et à la fin acérée et véhémente. Elle n'est interrompue qu'un instant, vers le
milieu, par une digression sur l'aumóne et une exhortation à venir au secours
des fidèles de Jérusalem. D’où trois parties ou trois sections : 1° Apologie
calme et contenue, 1, 15-vir. — 2° Digression, viui, ΙΧ. — 3° Apologie animée et
véhémente, x-xu. Dans chacune de ces parties, l'habileté de l'Apótre, son talent
oratoire, la souplesse de son esprit, la délicatesse de son langage se montrent
avec éclat. ll s'y propose trois choses : — 1? Dissiper toute prévention dans
l'esprit de ses disciples. — 2° Presser la réforme des abus et l'exécution des
mesures dont il est question dans sa première Lettre. — 3° Confondre les faux
Docteurs par une justification éclatante. (L. Bacuez.)
DEUXIÈME ÉPITRE
DE SAINT PAUL
AUX CORINTHIENS
CHAPITRE PREMIER.
Saint Paul salue les fidèles de Corinthe.
Il est affligé et consolé pour leur con-
solation et leur salut. Maux excessifs
qu'il a éprouvés : sa confiance en Dieu.
Il s'excuse de ce qu'il n'a pas été les
voir. Vérité invariable de l'Evangile.
1. Paul, apôtre de Jésus-Christ,
par la volonté de Dieu, et Timo-
thée, son frère, à l'Eglise de Dieu
qui est à Corinthe, et à tous les
saints qui sont dans toute l'A-
chaie.
9. Grâce à vous, et paix par
Dieu notre Père, et par Notre Sei-
gneur Jésus-Christ.
3. Béni le Dieu et Père de Notre
Seigneur Jésus-Christ, le Père
des miséricordes et le Dieu de
toute consolation!
4. Qui nous console dans toutes
nos afflictions, afin que nous puis-
sions nous-mémes, par l'encou-
ragement que Dieu nous donne,
consoler aussi ceux qui sont sous
le poids de toute sorte de maux.
CnaP. I. 8. Ephés., 1, 3; 1 Pierre, 1, 3.
5. Car, comme les souffrances
du Christ abondent en nous, c'est
aussi par le Christ que notre con-
solation abonde.
6. Or si nous sommes dans l'at-
fliction, c'est pour votre encoura-
gement et votre salut; si nous
sommesconsolés, c'est pour votre
consolation ; si nous sommes en-
couragés, c'est pour votre encou-
ragement et votre salut qui s'ac-
complit par votre patience à sup-
porter les mêmes souffrances que
nous supportons nous-mêmes.
7. Ce qui nous donne une ferme
espérance pour vous, sachant
que, comme vous avez part aux
souffrances, vous l'aurez aussi à
la consolation.
8. Car nous ne voulons pas,
mes frères, que vous ignoriez,
touchant la tribulation qui nous
est survenue en Asie, que le poids
en a été excessif et au-dessus de
nos forces, au point que nous
étions las de vivre.
9. Mais nous, nous avons reçu
1. A tous les saints; c'est-à-dire à tous les chrétiens. Compar. Act., 1x, 13. — * Dans
toute l'Achaie. Du temps de S. Paul, l'Achaie était le nom de la province romaine qui
comprenait toute la Gréce à l'exception de la Thessalie.
8. * En Asie, dans l'Asie proconsulaire, Voir Act., xvt, 6.
2760
en nous-mêmes l'arrêt dela mort,
afin que nous ne meltions pas
notre confiance en nous, mais en
Dieu qui ressuscite les morts,
10. Qui nous a délivrés de si
grands périls, qui nous en délivre,
et qui. comme nous l'espérons
de lui, nous en délivrera encore,
11. Surtout vous nous aidant
en priant pour nous, afin que,
comme le don qui est en nous a
été fait en considération d'un
grand nombre, un grand nombre
en rende gráces pour nous.
19. Car notre gloire, la voici :
Le témoignage de notre cons-
cience, que c'est dans la simpli-
cité du cœur et dans la sincérité
de Dieu, et non point selon la
sagesse de la chair, mais avec la
gráce de Dieu, que nous nous
sommes conduits dans ce monde,
mais plus particulierement en-
vers vous.
13. En effet, nous ne vous écri-
vons que les choses que vous avez
lues et reconnues. Or j'espere que
vous reconnaitrez jusqu'à la fin,
14. Comme vousl'avez reconnu
en partie, que nous sommes votre
gloire, de méme que vous serez
lanótreau jour de Notre Seigneur
Jésus-Christ.
15. C'est dans cette confiance
que je voulais venir d'abord vous
Voir, pour que vous recussiez une
seconde gráce;
DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
[cu. t.]
16. Passer par chez vous en al-
lant en Macédoine, et revenir de
de Macédoine pres de vous, et par
vous étre conduit en Judée.
17. Ayant done eu ce dessein,
ai-je été inconstant? ou bien, ce
que je projette, le projetai-je se-
lon la chair, de sorte qu'en moi il
y ait our et νον
18. Mais Dieu est 10816
que la parole quenous vous avons
annoncée n'a point été dans ce
OUI et NON.
19. Car le fils de Dieu, Jésus-
Christ, que nous vous avons pré-
ché, moi, Silvain et Timothée,
ne fut point our et NON; mais 1
fut seul en lui.
20. En effet, toutes les pro-
messes quelconques de Dieu sont
en lui le our; c’est pourquoi nous
disons aussi par lui Amen à Dieu
pour notre gloire.
21. Or celui qui nous affermit
avec vous dans le Christ, et qui
nous ἃ oints, c'est Dieu,
22. Qui nous a aussi marqués
de son sceau, et a donné le gage
de l'Esprit dans nos cœurs.
93. Pour moi, je prends Dieu à
témoin sur mon âme, que c'est
pour vous épargner, que je ne
suispointencore venu à Corinthe ;
ce n'est pas que nous dominions
sur votre foi; au contraire, nous
coopérons à votre joie, car vous
étes fermes dans la foi.
16. * En Macédoine. Voir Actes, xvr, 9. — En Judée. La Judée désigne proprement
la Palestine du sud, dont Jérusalem était la ville principale, à l'exclusion de la Sa-
marie et de la Galilée.
19. * Silvain, le Silas des Actes. Voir Actes, xv, 22.
20. Puisqu'il n'y a en Jésus-Christ que vérité pure, et qu'aecomplissement parfait
des promesses de Dieu, nous devons dire hautement à Dieu Amen, c'est-à-dire, cela
est vrai; vos promesses ont été parfaitement accomplies; ce qui est pour nous un
sujet de gloire, parce que v'est en vertu de cet accomplissement que nous avons été
rachetés.
[can]
CHAPITRE II.
Charité de saint Paul envers les fidèles de
Corinthe. Son indulgence envers l'inces-
tueux pénitent. Apótres, odeur de vie
aux uns, et odeur de mort aux autres.
Falsificateurs de la parole de Dieu.
1. Je résolus donc en moi-même
de ne point venir vers vous de
nouveau dans la tristesse.
2. Carsi c'est moi qui vous con-
iriste, qui aurai-je pour me ré-
jouir, si ce n'est celui qui est
contristé à cause de moi?
9. C'est aussi ce que je vous ai
écrit, afin, quand je viendrai, de
n'avoir pas tristesse sur tristesse,
de la part de ceux qui auraient dû
étre ma joie, ayant cette con-
fiance en vous tous, que ma joie
est la vótre à tous.
4. Car je vous ai écrit, dans l'at-
flietion et l'angoisse du cœur,
avec beaucoup de larmes, non
pour que vous soyez contristés,
mais afin que vous sachiez la cha-
rité surabondante que j'ai pour
vous.
5. Que si l'un de vous m'a con-
contristé, 11 ne m'acontristé qu'en
partie, pour ne pas vous charger
tous.
DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
2461
6. Quant à celui qui s'est mis
dans ce cas, il suffit de cette cor-
rection faite par un grand nom-
bre;
1. De sorte que vous devez, au
contraire, user avec lui d'indul-
gence et le consoler, de peurqu'il
ne soit accablé par une trop
grande tristesse, se trouvant dans
une pareille situation.
8. C'est pourquoi je vous con-
jure de redoubler de charité en-
vers lui.
9. C'est pourquoi aussi je vous
écris, afin de connaitreàlépreuve
si vous étes obéissants en toutes
choses.
10. Ge que vous lui avez par-
donné, je 16 lui 81 aussi pardonné ;
car si j'ai moi-méme usé d'indul-
gence, j'en ai usé à cause de vous
dans la personne du Christ ;
11. Afin que nous ne soyons
point circonvenus par Satan ; car
nous n'ignorons pas ses desseins.
12. Lorsque je suis venu à Tro-
ade pour l'Evangile du Christ, et
qu'une porte m'y fut ouverte par
le Seigneur,
18. Je n'ai point eu de repos
en mon esprit de ce que je n'y
avais pas trouvé Tite, mon frere;
S. L'un de vous, l'incestueux (I Cor., v, 1, 2). — Ne m'a contristé qu'en partie, parce
que j'étais consolé d'ailleurs par la considération que le plus grand nombre d'entre
vous était demeuré ferme dans 18 foi et dans la vertu. — Devant la phrase pour ne
pas, ete., il faut sous-entendre: Ce que je dis, genre d'ellipse assez commun dans la
Bible. C'est donc comme si l'apótre disait : Je me garderais bien de vous charger
tous du crime d'un seul.
10. L'apótre accorde ici un pardon au nom et par l'autorité de Jésus-Christ à l'in-
cestueux de Corinthe, qu'il avait soumis à la pénitence. Ce pardon consistait dans la
remise d'une partie de la punition temporelle due à son péché.
12, * A Troade ou Troas. Voir Actes, xvi, 8. À
13. * Tite, gentil converti, à qui est adressée l'Epitre qui porte son nom, avait peut-
étre porté à Corinthe avec un autre disciple la premiére Epitre de S. Paul adressée
à-cette Eglise. 11 est certain dans tous les cas que S. Paul envoya Tite à Corinthe à
la fin de son séjour à Ephèse, pour y recueillir des aumónes en faveur des fidèles de
Jérusalem et juger de l'effet qu'avait produit sa premiére Epitre. Nous apprenons ici
que S. Paul n'ayant pas trouvé Tite à Troade, s'est rendu en Macédoine. Là il le ren-
2762
mais, prenant congé d'eux, je
suis parti pour la Macédoine.
14. Mais gráces à Dieu, qui tou-
jours nous fait triompher dans le
Christ Jésus, et répand par nous
en tous lieux l'odeur de sa con-
naissance ;
15. Parce que nous sommes
pour Dieu une bonne odeur du
Christ à l'égard de ceux qui se
sauvent, et à l'égard de ceux qui
périssent :
16. Aux uns odeur demort pour
la mort; mais aux autres odeur
de vie pour la vie. Or qui est ca-
pable d'un tel ministère?
17. Car nous ne sommes pas
comme beaucoup, qui corrom-
pent la parole de Dieu; mais c’est
avec sincérité, comme de la part
de Dieu, devant Dieu, en Jésus-
Christ que nous parlons.
CHAPITRE IIT.
Lettre vivante écrite sur les tables du
cœur par le Saint-Esprit. Nulle bonne
pensée, si Dieu ne la donne. Ministère
de la lettre et de l'esprit, de mort et
de vie. Voile sur le cœur des Juifs.
Transformation par le Saint-Esprit.
1. Commencerons-nous de nou-
veau à nous recommander nous-
mémes? ou (comme quelques-
uns) avons-nous besoin de lettres
de recommandation auprès de
vous, ou méme de vous?
DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
[cu. [.זזז
9. Vous êtes vous-mêines notre
lettre, écrite dans nos cœurs, la-
quelle est connue et lue de tous
les hommes,
3. Etant manifestement recon-
nus pour être la lettre du Christ
écrite par notre ministère, non
avec de l'encre, mais avec l'Esprit :
du Dieu vivant; non sur des tables
de pierre, mais sur les tables
charnelles du cœur.
4. Or, une telle confiance nous
l'avons en Dieu par le Christ;
5. Non que nous soyons suffi-
sants pour former aucune pensée
par nous-mêmes, comme de
nous ; mais notre suffisance vient
de Dieu,
6. Qui nous ἃ même rendus
propres à être les ministres de la
nouvelle alliance, non par la
lettre, mais par l'Esprit; car la
lettre tue, tandis que l'Esprit vi-
vifie.
7. Que si le ministère de mort,
gravé en lettres sur des pierres,
aété environné d'une gloire telle,
que les enfants d'Israél ne pou-
vaient regarder la face de Moise,
à cause de la gloire de son vi-
sage, laquelle devait s'évanouir;
8. Comment le ministère de
l'Esprit ne serait-il pas plus glo-
rieux ? |
9. Car si le ministère de con- |
damnation est glorieux, le minis-
contra, fut réjoui des nouvelles que Tite lui donna des Corinthiens et le renvoya
dans cette ville avec sa seconde Epitre pour y recueillir encore des ו comme
nous 16 lisons plus loin, vu, 6, 7, 13; vin, 6, 16-18, 23,24.
3. * Non sur des tables de pierre. Le Décalogue avait été gravé sur des tables de
pierre, au Sinat.
6. Par la lettre mal entendue et prise sans l'esprit. — Outre la peine de mort que
la loi inflige, elle tue encore, en ce qu'elle fait connaître le péché, sans donner la
force de l'éviter.
9. Glorieux; littér. gloire. En vertu d'un hébraisme que nous avons déjà fait re-
marquer, les écrivains sacrés mettent souvent l'abstrait pour le concret.
[cn. 1v.]
tere de justice est beauccup plus
abondant en gloire.
10. Et méme ce qu'il y a eu d'é-
clatant dans le premier, n'a pas
été véritablement glorieux à
cause de la gloire éminente du
second.
41. Car si ce qui disparait a de
la gloire, ce qui demeure en à
bien davantage.
19. Ayant donc une telle espé-
rance, nous usons d'une grande
liberté ;
13. Et non comme Moise, qui
mettait un voile sur son visage,
pour que les enfants d'Israél ne
regardassent pas sur sa face ce
qui devait disparaître;
14. Aussi leurs esprits se sont
hébétés. Car jusqu'à ce jour le
méme voile demeure sans étre
levé, lorsqu'ils lisent l'Ancien
Testament (parce que c'est parle
Christ qu'il s'enleve).
15. Ainsi jusqu'à ce jour, lors-
qu'ils lisent Moise, ils ont un voile
posé sur le cœur.
16. Mais lorsque /sraël se sera
converti au Seigneur, le voile
sera enlevé.
DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
2163
17. Or le Seigneur est l'Esprit,
et où est l'Esprit du Seigneur, là
est la liberté.
18. Pour nous tous, contem-
plant à face découverte la gloire
du Seigneur, nous sommes trans-
formés en la méme image de
clarté en clarté, comme par l'Es-
prit du Seigneur.
CHAPITRE IV.
Sincérité des apótres dans l'exercice du
ministére évangélique. Incrédulité des
réprouvés. Force des apótres au milieu
des persécutions. Récompense éternelle
pour les peines si courtes de cette vie.
Les choses visibles passent.
4. C'est pourquoi, chargés de
ce ministère en vertu de la misé-
ricorde que nous avons obtenue,
nous ne perdons pas courage ;
2. Mais nous repoussons de
nous les passions honteuses qui
se cachent, ne marchant point
dans l'artifice, et n'altérant point
la parole de Dieu, mais nous re-
commandant, par la manifesta-
tion de la vérité, à toute conscien-
ce d'homme devant Dieu.
8. Que si notre Evangile aussi
Cuar, HI. 13. Exode, xxxiv, 33. — 17, Jean, 1v, 24.
10.. Dans le premier ministère, dont il est question au verset précédent.
16. Israël est expressément nommé au vers. 13.
A1. * « Où est l'esprit du Seigneur, là est aussi la liberté. L'amour de la liberté,
dit Fénelon, est une des plus dangereuses passions du cœur humain; et il arrive de
cette passion comme de toutes les autres, elle trompe ceux qui la suivent, et au lieu
de la liberté véritable, elle leur fait trouver le plus dur et le plus honteux esclavage.
On eroit étre libre, quand on ne dépend plus que de soi-méme. Folle erreur! Y a-t-il
un état oà l'on ne dépende pas d'autant de maitres qu'il y a de personnes à qui l'on
a relation? Y en a-t-il un oü l'on ne dépende pas encore davantage des fantaisies
d'autrui que des siennes propres? Tout le commerce de la vie n'est que géne, par
la caplivité des bienséances et par la nécessité de plaire aux autres. D'ailleurs nos
passions sont pires que les plus cruels tyrans. O mon Dieu, préservez-moi de ce
funeste esclavage, que l'insolence humaine n'a pas de honte de nommer une liberté.
C'est en vous seul qu'on est libre, » |
2. Saint Paul fait connaitre et relève le ministère qu'il a reçu de Dieu, afin de
combattre avec plus de succès les faux apôtres qui cherchaient à détruire son au-
torité et les fruits de sa prédication.
2764
est voilé, c'est pour ceux qui
périssent qu'il est voilé ;
4. Pour les infideles, dont le
Dieu de ce siècle a aveuglé l'es-
prit, afin que ne brille pas pour
eux la lumiere de l'Evangile de
la gloire du Christ, qui est l'image
de Dieu.
9. Car nous ne nous préchons
pas nous-mémes, mais Jésus-
Christ Notre Seigneur; quant à
nous, nous déclarant vos servi-
teurs par Jésus;
6. Parce que le même Dieu qui
commanda que des ténèbres jail-
lit la lumiere, a lui dans nos
cœurs pour répandre la lumière
de la science et de la gloire de
Dieu, sur la face du Christ Jésus.
7. Mais nous avons ce trésor
en des vases d'argile, afin que la
grandeur appartienne à la vertu
de Dieu, et ne vienne pas de
nous.
8. En toutes choses nous souf-
frons la tribulation, mais nous ne
sommes pas accablés ; nous nous
trouvons dans des difficultés ex-
trèmes, mais nous n'y succom-
bons pas.
9. Nous souffrons la persécu-
lion, mais nous ne sommes pas
délaissés ; nous sommes abattus,
mais nous ne périssons pas;
10. Portant toujours et partout
dans notre corpsla mort de Jésus,
afin que la vie de Jésus se mani-
feste aussi dans notre corps;
11. Car nous qui vivons, nous
(ΒΑΡ. IV. 13. Ps. cxv, 1.
DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
[cu 1v.)
sommes à toute heure livrés à
la mort pour l'amour de Jésus,
afin que la vie de Jésus se mani-
feste aussi dans notre chair mor-
telle.
19. Ainsi la mortopéere en nous,
et la vie en vous.
13. Mais ayant le méme esprit
de foi, comme il est écrit : J'ai
cru, C’est pourquoi j'ai parlé, et
nous aussi nous croyons, et c’est
aussi pourquoi nous parlons ;
14. Sachant que celui qui a res-
suscité Jésus nous ressuscitera
nous aussi avec Jésus, et nous
établira avec vous.
15. Car toutes ehoses sont pour
vous, afin quelagráce qui abonde,
abonde pour la gloire de Dieu,
par le grand nombre de ceux qui
lui rendront grâces.
16. C'est pourquoi nous ne per-
dons point courage, mais, bien
qu'en nous l'homme extérieur se
détruise, cependant l'homme in-
térieur se renouvelle de jour en
jour.
11. Car les tribulations si cour-
tes et si légeres dela vie présente
produisent en nous le poids éter-
neld'une sublimeetincomparable
gloire;
18. Parce que nous ne considé-
rons point les choses qui se
voient, mais celles quine se voient
pas ; car les choses qui se voient
sont passagères, mais celles
qui ne se voient pas sont éter-
nelles.
== החדהה -ὃὍἜ͵ς͵. -΄-. ς-ϑἥὲ)..Ῥς-:-.-ΘΞ...ς.ςε-ς.ΒΞὕ5.-.-..-.--- Ἐτς-ςςς.».-
6. De la gloire de Dieu, empreinte, resplendissante, sur /a face du Christ Jésus.
1. Afin que la grandeur et la gloire de notre ministère soient attribuées à Dieu,
et nullement à nous.
[cu. v.]
CHAPITRE V.
Exil de cette vie. Soupirs vers le ciel.
Tribunal de Jésus-Christ. Tous doivent
vivre pour lui. C'est par lui que nous
sommes réconciliés avec Dieu. Les
apótres sont des ambassadeurs.
1. En effet, nous savons que si
cette maison de terre que nous
habitons présentementse dissout,
nous avons une autre maison
construite par Dieu, non par la
main des hommes, et éternelle
dans 168 cieux.
2. Et pour cela nous gémissons,
désirant d'étre revétus de notre
habitation qui est du ciel ;
3. Si toutefois nous sommes
trouvés vétus, et non pas nus.
4. Car, pendant que nous som-
mes dans cette tente, nous gé-
missons tous sous sa pesanteur,
parce que nous ne voulons pas
étre dépouillés, mais revétus par-
dessus, en sorte que ce qu'il y
ἃ de mortel soit absorbé par la
vie.
5. Or celui qui nous a formés
pour cet état méme, c'est Dieu,
qui nous a donné le gage de l'Es-
prit
6. Ainsi, toujours pleins de
confiance, sachant que, pendant
que nous sommes dans 00 Corps,
nous voyageons loin du Seigneur
7. (Car c'est par la foi que nous
DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
2765
marchons, et non par une claire
vue);
8. Oui, pleins de confiance,
nous aimons mieux sortir de ce
corps, et aller jouir de la présence
du Seigneur.
9. C'est pourquoi, soit absents,
soit présents, nous faisons tous
nos efforts pour lui plaire.
10. Car nous devons tous com-
paraitre devant le tribunal du
Christ, afin que chacun recoive
ce qui est dû à son corps, selon
ce qu'ilafait ou de bien ou de
mal.
11. Sachant donc combien le
Seigneur est redoutable, nous
tàchons de persuaderleshommes,
mais nous sommes connus de
Dieu. Or j'espere que nous som-
mes aussi connus dans vos cons-
ciences.
12. Nous ne nous recomman-
dons pas de nouveau aupres de
vous, mais nous vous donnons
occasion de vous glorifier à notre
sujet, afin que vous ayez quoi
répondre à ceux qui se glorifient
en apparence, mais non dans le
cœur.
18. Car si nous sommes empor-
tés comme hors de nous-mêmes,
c'est pour Dieu; si nous sommes
plus retenus, c'est pour vous.
14. Parce que la charité du
Christ nous presse; considérant
(ΒΑΡ. V. 3. Apoc., xvi, 15. — 10. Rom., xiv, 10.
4. Parce que nous ne désirons pas précisément nous voir dépouillés de notre corps
par la mort, mais parce que nous souhaitons de revêtir par-dessus ce corps une
gloire telle, que tout ce qu'il y a de mortel en nous soit absorbé par l'immortalité.
10. Ce qui est dû à son corps; c'est-à-dire ce qui lui est dû pour le bien ou le mal
qu'il a fait pendant qu'il était dans son corps.
12. Qui se glorifient, etc.; c'est-à-dire au dehors, vis-à-vis des autres, mais non
point dans leur intérieur, en eux-mêmes. Ou bien, en supposant un genre d'ellipse
commun aux écrivains sacrés : 175 mettent leur gloire dans ce qui parait à l'extérieur,
et non dans ce qui est dans le cœur.
2166
que si un seul est mort pour tous,
donc tous sont morts;
15. Et le Christ est mort pour
tous, afin que ceux qui vivent ne
vivent plus pour eux, mais pour
celui qui est mort pour eux, et
est ressuscité.
16. C'est pourquoi, dès ce mo-
ment, nous ne connaissons plus
personne selon la chair. Et si
nous avons connu le Christ selon
la chair, maintenant nous ne le
connaissons plus ainsi.
11. Si donc quelqu'un est en
Jésus-Christ, il est une créature
nouvelle; les choses anciennes
ont passé : voilà que tout est de-
venu nouveau.
18. Et le tout vient de Dieu, qui
nous ἃ réconciliés à lui par le
Christ, et nous a confié le minis-
lere de la réconciliation ;
19. Car c'est Dieu qui était
dans le Christ, se réconciliant
le monde, ne leur imputant
point leurs péchés, et qui a. mis
en nous la parole de la réconci-
liation.
20. Nous faisons donc les fonc-
tions d'ambassadeurs pour le
Christ, Dieu exhortant par notre
bouche. Nous vous en conjurons
par le Christ, réconciliez-vous à
Dieu.
21. Car celui qui ne connais-
sait point le péché, il l'a rendu
péché pour l'amour de nous, afin
DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
[cu. vi.]
qu'en lui nous devinssions jus-
tice de Dieu.
CHAPITRE VI.
Ne pas recevoir en vain la gráce de Dieu.
Caractére des ministres de l'Evangile.
Saint Paul aime et veut étre aimé. Jé-
sus-Christ et Béliz! inalliables. Les en-
fants de Dieu doivent fuir ses ennemis.
1. Or, comme coopérateurs,
nous vous exhortons à ne pas
recevoir en vain la grâce de
Dieu;
2. Car il dit : En un temps fa-
vorable je t'ai exaucé, et en un
jour de salut je l'ai secouru.
Voici maintenant un temps favo-
rable, voici maintenant un jour
de salut.
3. Ne donnant à personne au-
cun scandale, afin que notre mi-
nistère ne soit pas décrié,
4. Montrons-nous, au contraire,
en toutes choses, comme des mi-
nistres de Dieu, par une grande
patience dans les tribulations,
dans les nécessités, dans les an-
goisses,
9. Sous les coups, dans les pri-
sons, dans les 86010108, les
travaux, dans les veilles, dans
les jeünes;
6. Par la pureté, par la science,
parla longanimité, par la man-
suétude, par lEsprit-Saint, par
une charité sincere;
7. Par la parole de la vérité,
17. Isaie, xLur, 19; Apoc., xxi, 5. — Car. VI. 2. Isaie, xuix, 8. — 3. I Cor., x, 32.
— 4, I Cor., tv, 4.
21. I] l'a rendu péché; c'est-à-dire il l'a traité comme s'il eût été le péché méme.
— Justice de Dieu; c'est-à-dire justes de Dieu, reconnus justes par Dieu. Compar.,
pour l'expression grammaticale, nr, 9;
Rom, ,זוז 21 et suiv.; tv, 6 et suiv.
et, pour le sens de la pensée de l'apótre,
3. Ce verset se lie évidemment au premier, dont il continue le sens. Ainsi le
deuxième doit être considéré comme une parenthèse.
(en. vir.]
par la force de Dieu, par les ar-
mes de la justice, à droite et à
gauche;
8. Dans la gloire et l'ignomi-
nie, dans la mauvaise et la bonne
réputation, comme séducteurs et
cependant sinceres; comme in-
connus, et toutefois très connus;
9. Gomme mourants, et voici
que nous vivons ; comme chátiés,
mais non mis à mort ;
10. Gomme tristes, mais tou-
jours dans la joie; comme pau-
vres, mais enrichissant beaucoup
d'autres; comme n'ayant rien, et
possédant tout.
11. Pour vous, ὃ Corinthiens,
notre bouche est ouverte, notre
cœur s'est dilaté.
19. Nous ne nous resserrons
point pour vous, mais vous, vous
resserrez vos entrailles.
13. Rendant donc selon que
vous recevez (je vous parle com-
me à mes enfants), dilatez-vous
aussi.
14. Ne trainez point le méme
joug que les infideles. Car quoi
de commun entre la justice etl'i-
niquité ? ou quelle alliance entre
la lumiere et les ténèbres?
15. Quel accord entre le Christ
et Bélial? ou quel commerce
entre le fidèle et l’infidèle?
16. Quel rapport entre le tem-
ple de Dieu et les idoles? Car
DEUXIÈME ÉPITRE DE 5. PAUL AUX CORINTHIENS.
2167
vous étes le temple du Dieu
vivant, comme Dieu le dit : J'ha-
biterai en eux,et je marcherai
au milieu d'eux, et je serai leur
Dieu, et ils seront mon peuple.
11. C'est. pourquoi sortez d'au
milieu d'eux, et séparez-vous,
dit le Seigneur, et ne touchez
point à ce qui estimpur;
18. Et je vous recevrai, et je
serai votre pere, 66 vous serez
mes fils et mes filles, dit le Sei-
gneur tout-puissant.
CHAPITRE VII.
Saint Paul témoigne aux Corinthiens
l'affection qu'il a pour eux. Consolation
qu'il ἃ recue de leur part. Double tris-
tesse : heureux effets de celle dont ils
ont été touchés. Il les remercie de la
bonne réception qu'ils ont faite à Tite,
1. Ayant done ces promesses,
purifions-nous, mes bien-aimés,
de toute souillure de la chair et
de l'esprit, et achevons notre
sanclification dans la crainte de
Dieu.
2. Donnez-nous place. Nous
n'avons lése personne, corrompu
personne, fraudé personne.
9. Ce n'est pas pour vous con-
damner que je vous parle ainsi;
car je vous ai déjà dit que vous
êtes dans nos cœurs à la mort
et àla vie.
4.J'use d'une grande liberté
16. I Cor., ur, 16, 17; vr, 19; Lév., xxvi, 12. — 17. Isaie, uit, 11, — 18. Jérém.,
xxxi, 9.
15. Bélial ; c'est-à-dire le démon qui est devenu le prince de tous les méchants, que
l'Ecriture appelle pour cette raison fils de Bélial, parce qu'ils sont regardés comme
ayant 16 diable pour père. Jean, vin, 44. Selon l'étymologie, Bélial signifie sans utilité,
vaurien.
2. Donnez-nous place; c'est-à-dire, ou recevez-nous, accueillez-nous, ou comprenez,
saisissez-nous, ou donnez place dans vos esprits à nos avertissements. Compar.
Matt., xix, 11. Le grec et la Vulgate sont également susceptibles de ces diverses in-
terprétations.
2105
envers vous; je me glorifie beau-
coup de vous; je suis rempli de
consolation, je surabonde de joie
dans toutes nos tribulations.
9. Car, lorsque nous sommes
venus en Macédoine, notre chair
n'a eu aucun repos, mais nous
avons souffert toute sorte d'af-
flictions : au dehors, combats ;
au dedans, frayeurs.
6. Mais celui qui console les
humbles, Dieu, nous à consolés
par l'arrivée de Tite;
7. Non-seulement par son arri-
vée, mais encore par la consola-
tion qu'il a reçue de vous; nous
ayant raconté votre désir, vos
pleurs, votre zèle pour moi, de
sorte que ma joie en a été plus
grande.
8. Car quoique je vous aie con-
tristés par ma lettre, je ne m'en
repens point; et si je m'en suis
repenti, en voyant que cette
lettre vous avait (bien que pour
peu de temps) causé de la tris-
tesse,
9. Maintenant je me réjouis,
non de ce que vous avez été con-
tristés, mais de ce que vous avez
été contristés de maniere à faire
pénitence; car vous avez été con-
tristés selon Dieu, de sorte que
vous n'avez recu de nous aucun
dommage.
10. Car la tristesse qui est selon
Dieu produit pour le salut une
pénitence stable; mais la tristese
du siecle produit la mort.
Cuae. VII. 10. I Pierre, τι, 19.
DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
[cu. vir.]
11. Voyez, en effet, combien
cette tristesse selon Dieu que
vous avez ressentie a produit en
vous non-seulement de vigilance,
mais de soin de vous justifier,
mais d'indignation, mais de
crainte, mais de désir, mais de
zele, mais de vengeance ; de toute
maniere, vous avez montré que
vous étiez purs dans cette affaire.
12. Si donc je vous ai écrit, ce
n'était, ni à cause de celui qui a
commis linjure, ni à cause de
celui qui l'a soufferte, mais pour
vous faire connaitre la sollieitude
que nous avons pour vous
13. Devant Dieu; c'est pour-
quoi nous avons été consolés. Or
dans notre consolation, notre joie
s'est accrue de celle de Tite, parce
que vous avez tous contribué au
repos de son esprit.
14. Et si je me suis glorifié de
vous aupres de lui, je n'ai pas eu
à en rougir; mais comme nous
vous avions dit toutes choses se-
lon la vérité, aussi le témoignage
elorieux que nous avions rendu
à Tite a été justifié.
15. C'est pourquoi, dans le fond
de ses entrailles, il redouble d'af-
fection pour vous, lorsqu'il se
ressouvient de lobéissance de
vous tous, et avec quelle crainte
et quel tremblement vous l'avez
recu.
16. Je me réjouis done de ce
qu'en toutes choses je puis me
fier à vous.
5. * En Macédoine. Voir Actes, xvi, 9.
6. * Par l’arrivée de Tite. Noir plus haut, u, 13.
11. Vengeance; c'est-à-dire ardeur à venger le crime de l'incestueux:
[.זזוץ .זוס]
CHAPITRE VIII.
. Aumónes abondantes des Eglises de Ma-
cédoine pour les saints de Jérusalem.
Saint Paul exhorte les Corinthiens à
imiter la charité de ces Eglises. Il rend
témoignage à leur bonne volonté. Il
leur recommande ceux qu'il envoie
pour reeueillir leurs aumónes.
1. Nous vous faisons connaitre,
mes freres, la gráce de Dieu, qui
a été accordée aux Eglises de Ma-
cédoine :
2. C'est que dans les épreuves
nombreuses de la tribulation, ils
en ont eu une joie abondante, et
que leur pauvreté extréme a ré-
pandu avec abondance les ri-
chesses de leur charité sincère.
3. Car je leur rends ce témoi-
enage qu'ils ont donné de leur
propre mouvement autant qu'ils
pouvaient, et méme plus qu'ils
ne pouvaient,
4. Nous conjurant avec beau-
coup d'instances d'accepter leurs
aumónes, et leur part à la dis-
pensation qui se fait pour les
saints.
5. Et surpassant notre espé-
rance, ils se sont donnés eux-
mémes, premierement à Dieu,
ensuile à nous par la volonté de
Dieu;
6. En sorte que nous avons
prié Tite que, selon qu'il a déjà
commencé, il achéve parmi nous
celte bonne œuvre,
7. Et que comme vous abondez
; en toutes choses, en foi, en pa-
role, en science, en toute sollici-
DEUXIÈME EPITRE DE S.
PAUL AUX CORINTHIENS. 2769
tude, et de plus en affection pour
nous, vous abondiez aussi en
cette sorte de grâce.
8. Ce que je ne dis pas comme
faisant un commandement, mais
pour que, voyantl'empressement
des autres, vous fassiez preuve
de la sincérité de votre cha-
rité.
9. Car vous connaissez la bonté
de Notre Seigneur Jésus-Christ,
qui s'est fait pauvre pour vous,
bien qu'il füt riche, afin que par
sa pauvreté vous fussiez riches.
10. C'est donc un conseil que je
vous donne ici, parce que cela
vous est d'autant plus ulile, que
non-seulement vous avez com-
mencé à faire cette charité, mais
que vous en avez conçu le dessein
dès l’année précédente.
41. Maintenant donc, achevez
votre œuvre, afin que, comme
votre cœur a été si prompt à la
vouloir, il le soit aussi à l'accom-
plir d'après ce que vous possé-
dez.
12. Car lorsque la volonté est
prompte, elle est agréée, selon
que chacun possede, non selon
ce qu'il ne possede pas.
13. Ainsi, qu'il n’y ait pas pour
les autres soulagement, et pour
vous surcharge, mais égalité.
14. Que pour le moment pré-
sent votre abondance supplée à
leur indigence, afin que leur
abondance supplée aussi à votre
indigence, de sorte qu'il y ait
égalité, comme il est écrit :
4. Le latin communicalio désigne en général tout travail fait pour aider, office,
charge quelconque; mais ici il signifie évidemment dispensulion, distribulion, puis-
qu'il s'agit de l'envoi des aumónes à Jérusalem.
6. Cette bonne œuvre; littér., celte grâce. Il s’agit toujours d'aumónes. Compar.
L'Cor., xvi, 1.
N. T.
174
911)
45. Celui qui recueillit beau-
coup n'eut pas plus, et celui qui
recueillit peu n'eut pas moins.
16. Grâces à Dieu qui a mis la
méme sollicitude pour vous dans
le cœur de Tite!
17. Car non-seulement il a bien
reçu ma prière, mais, comme il
était fort empressé, il est parti
de son propre mouvement pour
aller vers vous.
18. Nous avons aussi envoyé
avec lui un de nos freres dont on
fait l'éloge, à cause de l'Evangile,
dans toutes les Eglises,
19. Et qui, de plus, a été dési-
gné par les Eglises comme com-
pagnon de notre voyage pour
cette aumóne dont nous sommes
les dispensateurs pour la gloire
de Dieu, et pour seconder notre
bonne volonté.
20. Evitant ainsi que personne
ne nous blàme au sujet de cette
grande abondance de dons que
nous dispensons.
91. Car nous tàchons de faire
le bien, non-seulement devant
Dieu, mais devant les hommes.
22. Nous avons encore envoyé
avec eux un de nos frères, qu'en
beaucoup d'occasions nous avons
reconnu étre tres zélé, et qui
l'est encore bien plus mainte-
DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
[CH 1Χ.7
nant par sa grande confiance en
vous,
23. Soit à l'égard de Tite, qui
est mon compagnon et mon coo-
pérateur auprès de vous; soit à
l'égard de nos frères, apôtres des
Eglises et gloire du Christ.
24. Montrez done bien à la face
des Eglises quelle est votre cha-
rité envers eux, et le sujet de
notre gloire par rapport à vous.
CHAPITRE IX.
Saint Paul exhorte les Corinthiens à pré-
parer leurs aumónes. Donner libérale-
ment et avec joie. Qui séme peu mois-
sonnera peu. Avantages de l'aumóne.
1. Quant à la dispensation qui
se prépare pour les saints, il se-
rait superflu de vous en écrire,
2. Car je connais votre bon
vouloir, pour lequel je me glorifie
de vous pres des Macédoniens ;
parce que l'Achaie s'est préparée
des l'année passée, et que votre
zèle a provoqué celui du plus
grand nombre.
3. Aussi ai-je envoyé nos frè-
res, afin que ce ne soit pas en
vain que je me sois glorifié de
vous sur ce point, et que (comme
je l'ai dit) vous soyez tout préts ;
4. De peur que si les Macédo-
niens qui viennent avec moi, ne
Cnar. VIII. 15. Exode, xvr, 18. — 21. Rom., xr, 17.
15. Celui qui recueillit, etc. 11 s'agit dela manne que les Israélites recueillirent dans
le désert.
18. A cause de l'Evangile; c'est-à-dire à cause de la prédication de l'Evangile qu'il
avait faite, — * Beaucoup croient que celui dont parle ici S. Paul est Silas. Voir
Actes, xv, 92. :
19. Cette aumóne; littér., cette gráce. Compar. vers. 6.
22. * Un de nos fréres. On ignore qui c'était.
93. Apôtres; c'est-à-dire envoyés, députés, selon l'étymologie de ce mot grec.
4. * La dispensation, les aumónes et leur distribution.
2, * Les Macédoniens. Au premier siècle de notre ère, la province romaine de Ma-
cédoine comprenait l'ancienne Macédoine, la Thessalie, l'Epire et une partie de 111-
lyrie. — L’Achaïe comprenait le reste de l'ancienne Grèce.
|ca. x.]
vous trouvaient pas préts, nous
n'ayons (pour ne pas dire vous)
à rougir à ce sujet méme.
5. J'ai donc jugé nécessaire de
prier nos frères de me prévenir
pres de vous, et de faire que l'au-
móne promise soit préparée, mais
préparée comme une aumóne, et
non comme un don arraché à
l'avarice.
6. Or je vous le dis : Qui
sème peu moissonnera peu; et
qui seme dans les bénédictions
moissonnera 81188: dans les béné-
dictions.
7. Que chacun donne comme il
l'a résolu en son cœur, non avec
tristesse ou par nécessité; car
Dieu aime celui qui donne avec
joie.
8. Et Dieu est puissant pour
faire abonder toute gráce en vous;
afin qu'en toutes choses, ayant
toujours tout ce qui vous suffit,
vous abondiez en toutes sortes
de bonnes œuvres,
9. Comme il est écrit : Il a ré-
pandu, il a donné aux pauvres;
sa justice demeure dans les sie-
cles des siècles.
10. Celui donc qui donne la
semence au semeur lui donnera
aussi le pain pour manger, et il
multipliera votre semence, et
donnera l'accroissement aux
fruits de votre justice ;
DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
2174
11. Afin que, riches en toutes
choses, vous abondiez en toute
sincère générosité, laquelle opère
par nous des actions de gráces à
Dieu.
12. Maisla dispensation de cette
collecte, non-seulement supplée
à ce qui manque aux saints, mais
produit avec abondance un grand
nombre d'actions de gráces en
vers le Seigneur;
19. Car, ayant la preuve de
votre charité par cette dispensa-
tion méme, ils glorifient Dieu de
votre obéissance à l'Evangile du
Christ que vous confessez, et de
votre sincére générosité à faire
part de vos biens et à eux et à
tous les autres,
14. Prient pour vous et vous
désirent, à cause de l'éminente
gráce de Dieu en vous.
15. Gráces à Dieu de son inef-
fable don!
CHAPITRE X.
Apologie de saint Paul contre les faux
apôtres. Puissance du ministère évan-
gélique. Vanité des faux apótres. Saint
Paul ne s'attribue point les travaux des
autres. Nul ne doit se glorifier qu'en
Dieu.
1. Et moi-même, Paul, je vous
conjure par la mansuétude et la
modestie du Christ, moi qui, étant
présent, parais humble parmi
Caar. IX. 7. Eccli., xxxv, 14. — 9. Ps. cxr, 9.
EE 4.
5. L'aumóne, littér., la bénédiction ; mot qui en effet se prend, dans le Nouveau
comme dans l'Ancien Testament, pour don, largesse, libéralité. Par extension il si-
gnifie aussi don copieuz, largesse abondante, et de là abondance, comme dans le verset
suivant.
9. Justice. Ce mot signifie ici, comme dans le Ps. cxi, 9, d’où cette citation est
tirée, et dans plusieurs autres endroits de l'Ecriture, bienfaisance, libéralite, aumóne.
12. Mais la dispensatwn. Voy. viu, 4. — De cette collecte; littér., de cet office, de ce
devoir. ll s'agit incontestablement des aumónes qui devaient étre recueillies à Co-
rinthe et portécs à Jérusalem. — Aux saints. Voy. Act., 1x, 13.
: 2772
vous, tandis qu'absent je suis
plein de hardiesse,
2. Je vous prie que, quand je
serai présent, je n'aie pas à user
sans ménagement de cette har-
diesse qu'on m'impute, à l'égard
de quelques-uns qui se persua-
dent que nous marchons selon la
chair.
3. Car, quoique vivant dans la
chair, nous ne combattons pas
selon la chair.
4. Les armes de notre milice ne
sont point charnelles, mais puis-
santes en Dieu pour la destruc-
tion des remparts ; détruisant les
projets,
5. Et toute hauteur qui s'élève
contre la science de Dieu ; et ré-
.duisant en servitude toute intel-
ligence, sous l’obéissance du
Christ;
6. Ayant en main de quoi punir
toute désobéissance, quand votre
obéissance sera complète.
7. Jugez au moins des choses,
selon qu’elles paraissent. Si quel-
qu'un se persuade à lui-même être
à Jésus Christ, qu'il pense aussi
en lui-même que, comme il est au
Christ, il en est ainsi de nous.
8. En effet, quand je me glori-
fierais encore un peu plus de la
puissance que le Seigneur nous a
donnée pour votre édification, et
non pour voire destruction, je
n'en rougirais pas.
Cnap. X. 13. Ephés., iv, 1.
DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
x.] .8ס]
9. Et pour qu'on ne pense point
que je veux vous effrayer par
mes lettres ;
10. Parce que, dit-on, ces let-
tres sont graves et fortes; mais,
quand il est présent, il parait
chétif de corps et vulgaire de
langage :
11. Que celui qui est dans ce
sentiment considere quetels nous
sommes dans le langage que
nous tenons par lettres, étant
absents, tels aussi nous sommes
de fait, étant présents.
19. Car nous n'osons pas nous
mettre au rang de plusieurs qui
se recommandent eux-mêmes,
ou bien nous comparer à eux;
mais nous nous mesurons sur
nous-mêmes, et nous nous com-
parons à nous-mêmes.
13. Ainsi, nous ne nous glori-
fierons point démesurément,
mais selon la mesure du partage
que Dieu nous a mesuré, mesure
qui consiste à être parvenus jus-
qu'à vous.
14. Car nous ne dépassons pas
nos limites, comme si nous n'é-
tions pas parvenus jusqu'à vous,
puisque nous sommes réellement
arrivés jusqu'à vous en préchant
l'Evangile du Christ.
19. Nous ne nous glorifions
done point démesürément dans
les travaux d'autrui; mais nous
espérons, votre foi croissant, de
2. Que nous marchons; c'est-à-dire que nous nous conduisons, nous vivons.
4. Les armes de la milice des apôtres étaient la connaissance que Dieu leur donnait
des vérités de l'Evangile, l'autorité spirituelle dont il les avait revétus, et le don des
miracles.
13. Le mot grec rendu dans la Vugate par règle, signifie aussi espace, lieu mesuré;
de là, portion, partage. Saint Paul veut dire qu'il ne se vantera pas d'avoir parcouru
le monde entier pour y précher l'Evangile, d'avoir converti des millions d'hommes, etc.,
mais qu'il se glorilie de sa mission, qui s'est étendue seulement jusqu'à Corinthe.
[ση. x1.]
grandir en vous de plus en plus
selon notre partage,
16. Et méme d'évangéliser au-
delà de vous, sans nous faire
gloire, dans le partage des au-
tres, de ce qu'ils ont préparé.
11. Que celui qui se glorifie, se
glorifie dans le Seigneur.
18. Car ce n'est pas celui qui
se recommande lui-méme qui est
approuvé, mais celui que Dieu
recommande.
CHAPITRE XI.
Saint Paul est obligé de se louer pour
confondre ses calomniateurs. Son zèle
pour les Corinthiens. Pourquoi il veut
exercer gratuitement son ministère à
leur égard. Faux apótres. Saint Paul
se glorifie dans ses souffrances.
1. Plüt à Dieu que vous sup-
portiez quelque peu de mon im-
prudence! mais supportez-moi;
2. Car je suis jaloux de vous
d'une jalousie de Dieu. En effet,
jevous ai fiancés à un époux
unique, au Christ, pour vous
présenterà lui comme une vierge
pure.
3. Mais je crains que comme le
serpent séduisit Eve par son as-
tuce, ainsi vos esprits ne se cor-
rompent et ne dégénèrent de la
DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
2718
simplicité qui est dans 16 Christ.
4. Car si celui qui vient vous
préchait un autre Christ que celui
que nous avons préché, ou si
vous receviez un autre Esprit que
celui que vous avez recu, ou un
autre Evangile que celui que vous
avez accepté, vous le souffririez
avec raison.
9. Mais j'estime que je n'airien
fait de moins que les grands
apótres.
6. A la vérité, je suis inhabile
pour la parole, mais non pour la
science; puisque en toutes choses
nous nous sommes entièrement
fait connaître à vous.
1. Est-ce que j'ai fait une faute
en m'humiliant pour vous élever?
en vous annoncant gratuitement
l'Evangile de Dieu?
8. J'ai dépouillé les autres
Eglises en en recevant ma subsis-
tance pour vous servir.
9. Et quand j'étais pres de
vous, et que je me trouvais
dans le besoin, je n'ai été oné-
reux à personne; car ce qui me
manquait, nos fréres venus de
Macédoine l'ont fourni; ainsi en
toutes choses, j'ai pris et je pren-
drai soin de n'étre pas à charge.
40. La vérité du Christ est en
17. Jérém., 1x, 23; I Cor., 1, 31. — Cnar. XI. 3. Genèse, ur, 4.
2. D'une jalousie de Dieu; c'est-à-dire de la jalousie la plus forte, la plus véhémente.
On sait que les Hébreux employaient le nom de Dieu pour exprimer le superlatif à
son plus haut degré. D'autres traduisent: Par zèle pour Dieu; c'est-à-dire que la
jalousie que je vous porte est uniquement pour Dieu.
3. * Le serpent. Le démon sous la forme du serpent.
4. Vous le souffririez avec raison; c'est-à-dire vous auriez raison de l'écouter, s'il
venait vous annoncer un Messie que nous eussions dü vous annoncer nous-mémes,
et que nous ne vous avons réellement pas annoncé, ou s'il vous donnait un autre
Esprit-Saint supérieur à celui que vous avez recu par notre ministère, ou enfin s'il
vous enseignait un meilleur Evangile que celui que nous vous avons prêché.
9. * De Macédoine. Voir Actes, xvi, 9.
10. Est en moi; c'est-à-dire m'est témoin. — * Dans les contrées de lAchaie, de
l'ancienne Gréce, sauf la Thessalie.
aii
moi, que cette gloire ne me sera
pas ravie dans les contrées de
l'Achaie.
11. Pourquoi? Parce que je ne
vous aime pas? Dieu le sait.
12. Mais je fais cela et je le ferai
encore pour ôter l'occasion à
ceux qui cherchent une occasion
de paraitre semblables à nous, ce
dont ils se glorifient.
13. Car cette sorte de faux apó-
tres sont des ouvriers trompeurs
qui se transforment en apótres
du Christ.
14. Et cela n'est pas éton-
nant, puisque Satan lui-méme
se transforme en ange de lu-
miere.
15.Il n'est donc pas étrange
que ses ministres se transfor-
ment en ministres de justice;
leur fin sera selon leurs œu-
vres.
16. Je le répète (que nul ne me
juge faible de sens, ou du moins
souffrez-moi comme peu sensé;
desorte que moi aussi je puisse
me glorifier un peu),
41. Ce que je dis sur ce sujet
de ma gloire, je ne le dis pas se-
lon Dieu, mais comme homme de
peu de sens.
18. Puisque beaucoup se glori-
fient selon la chair, moi aussi je
me glorifierai.
19. Car vous supportez volon-
tiers les insensés, étant sages
vous-mémes.
DEUXIEME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
[cu. xr.]
20. Vous souffrez méme qu'on
vous asservisse, qu'on vous dévo-
re, qu'on prenne votre bien,
qu'on vous traite avec hauteur,
qu'on vous déchire le visage.
21. Je le dis avec honte, com-
me si nous avions été faibles sur
sur ce point. Au reste, ce que
quelqu'un ose (je parle peu sage-
gement) je peux l'eser moi-
méme.
22. Ils sont Hébreux, et moi
aussi; Israélites, et moi aussi;
de la race d'Abraham, et moi
aussi ;
23. Ils sont ministres du Christ
(je parle bien peu en sage), je le
suis plus qu'eux, ayant enduré
plus de travaux, plus de prisons,
uue infinité de coups, et ayant
été fréquemment exposé à divers
genres de mort.
24. Cinq fois j'ai recu des Juifs
quarante coups de fouet, moins
un;
25. J'ai été trois fois déchiré de
verges; j'ai été lapidé une fois;
trois fois j'ai fait naufrage; j'ai
été un jour et une nuit au pro-
fond de la mer;
26. Et souvent dans des voya-
ges, dans des périls sur des fleu-
ves, périls de voleurs, périls du
cóté de ceux de ma race, périls
du cóté des gentils, périls dans
des villes, périls dans des dé-'
serts, périls sur mer, périls par-
mi de faux frères;
24. Deut., xxv, 3. — 25. Actes, xvi, 22; xiv, 18; xxvi, 41.
m — —— I NE
19. Je fais cela, je vous préche gratuitement. Voy. vers. 10. j
21. L'apótre ne regarde pas précisément comme une honte pour lui de n'avoir pas
maltraité les Corinthiens, comme l'avaient fait les faux apôtres, mais, par une pi-
quante ironie, il montre qu'il n'est inférieur à ces faux apôtres qu'en une seule chose,
dans le mal qu'ils ont opéré.
24. Comme la loi défendait de passer le nombre de quarante coups, les Juifs, pour
ne pas se méprendre, l'avaient fixé à trente-neuf.
[ἀπὸ xu.]
97. Dans le travailet les soucis,
dans des veilles nombreuses,
dans la faim et la soif, dans des
jeünes fréquents, dans le froid et
la nudité.
98. Et outre ces choses, qui sont
du dehors, tout ce qui m'assaillit
chaque jour, la sollicitude de
toutes les Eglises.
29. Qui est faible, sans que je
sois faible? Qui est scandalisé,
sans que je brüle?
30. S'il faut se glorifier, c'est de
ce qui regarde ma faiblesse que
je me glorifierai.
31. Le Dieu et Père de Notre
Seigneur Jésus-Christ, qui est
béni dans tous les siècles, sait
que je ne mens pas. |
32. À Damas, le gouverneur du
pays, établi par le roi Arétas, fai-
sait garder la ville des Damascé-
niens pour me prendre,
33. Et l'on me descendit par
une fenétre dans une corbeille,
le long du mur; et c'est ainsi que
j échappai de ses mains.
DEUXIÈME ÉPITRE DE S, PAUL AUX CORINTHIÉNS.
2775
CHAPITRE XII
Sentiment de saint Paul. Dieu l’humilie
de peur qu'il ne s'éléve. Plus il est
faible, plus il est fort. Son désintéres-
sement et celui de ses disciples. Son
zèle pour les Corinthiens.
4. S'il faut se glorifier (cela ne
convient pas sans doute), je vien-
drai aux visions et aux révéla-
tions du Seigneur.
2. Je sais un homme en Jésus-
Christ, qui, il y ἃ quatorze ans,
fut ravi (si ce fut dans son corps
ou hors de son corps, je ne sais,
Dieu le sait) jusqu'au troisième
ciel,
ὃ. Et je sais que cet homme
(si ce fut dans son corps ou hors
de son corps, je ne sais, Dieu le
sait)
4. Fut ravi dans le paradis, et
entendit des paroles mystérieuses
qu'il n'est pas permisà unhomme
de dire.
5. Je me glorifierai au sujet
d'un tel homme; mais pour moi,
32. Actes, 1x, 24. — Cnar. XII. 2. Actes, 1x, 3.
30. Ma faiblesse; c'est-à-dire ce qui parait faible, bas, méprisable en moi. Compar.
xin 5. 9, 40.
32. * A Damas. Voir Actes, 1x, 2. — Arétas. Ce nom a été porté par plusieurs rois
de l'Arabie Pétrée. Celui dont il est question ici est vraisemblablement Arélas Ænéas,
qui monta sur le tróne l'an 7 avant notre ére. Il donna sa fille en mariage à Hérode
Antipas, le meurtrier de ₪. Jean-Baptiste. Antipas ayant répudié cette princesse
pour complaire 8 Hérodiade (voir Matt., xiv, 3), Arétas lui fit la guerre et lui infligea
une défaite sanglante. Lorsque S. Paul se convertit à Damas, Arétas était maitre de
cette ville et la faisait administrer par un gouverneur. On ne sait si elle était tombée
en son pouvoir lorsqu'il avait fait la guerre à Hérode ou si elle lui avait été donnée
par les Romains.
2. Quoique l'àme exerce ordinairement ses opérations par le moyen du corps, il
est hors de doute cependant que Dieu puisse faire que l'àme restant unie au corps
ait néanmoins un exercice indépendant de lui. — Le íroisiéme ciel est apparemment
ce que l'apótre désigne au vers. 4 par le mot paradis, ou le séjour des bienheureux. +
Quant à la dénomination de froisième ciel, ce n'est point une réverie des rabbins,
comme on l'a prétendu; elle trouve sa justification dans ces paroles du Sauveur :
Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. Le bonheur dans le ciel
est proportionné aux mérites des saints. Dieu ἃ donc pu faire connaitre à l'apótre
celui qu'il réserve au plus grand mérite.
2116
je ne me glorifierai que dans mes
faiblesses;
6. Que si je voulais me glorifier, |
je ne serais pas insensé, car je
dirais la vérité; mais je m'abs-
tiens, de peur que quelqu'un ne
m'estime au-dessus de ce qu'il
voit en moi, ou de ce qu'il entend
dire de moi.
7. Et de peur que la grandeur
des révélations ne m'éleéve, il m'a
été donné un aiguillon dans ma
chair, un ange de Satan pour me
donner des soufflets.
8. C'est pourquoi j'ai prié trois
fois le Seigneur qu'il se retirát de
moi;
9. Et il m'a dit : Ma grâce te
suffit, car ma puissance se fait
mieux sentir dans la faiblesse.
C'est donc bien volontiers que je
me glorifierai encore plus dans
mes faiblesses, afin que la puis-
sance du Christ habite en moi.
10. C'est pourquoi je me com-
plais dans mes faiblesses, dans
les outrages, dans les nécessités,
dans les persécutions, dans les
angoisses pourle Christ, puisque,
quand je suis faible, c'est alors
que je suis fort.
41. J'ai été peu sage, c'est vous
qui m'y avez contraint; car vous
deviez merecommander, puisque
je n'ai été en rien inférieur aux
plus éminents des apótres, quoi-
que je ne sois rien.
19. En effet, les marques de
mon apostolat ont été empreintes
sur vous par une patience à l'é-
DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS.
[cH. xm.)
preuve de tout, par des miracles,
des prodiges et des vertus.
13. Car en quoi avez-vous été
inférieurs aux autres Eglises, si-
non en ce que je ne vous ai point
étéàcharge?Pardonnez-moi cette
injure.
14. Voici qu'une troisieme fois
je suis prêt à venir vers vous, et
je ne vous serai pas à charge;
car je ne cherche point ce qui est
à vous, mais vous; puisque les
enfants ne doivent point thésau-
riser pour les pères, mais les
peres pour les enfants.
15. Pour moi, je sacrifierai tout
volontiers, et je me sacrifierai
encore moi-même pour vos âmes,
quoique, tout en vous aimant
plus, je sois moins aimé.
16. Eh bien, soit! Je ne vous ai
point été à charge; mais, comme
je suis artificieux, je vous ai pris
par ruse.
47. Vous ai-je circonvenus par
quelqu'un de ceux que je vous ai
envoyés?
18. J'ai prié Tite, et j'ai envoyé
avec lui un de nos frères. Tite
vous a-t-il circonvenus? N'avons-
nous point marché par un méme
esprit? sur les mémes traces?
19. Pensez-vous encore que
nous nous excusions près de
vous? Nous parlons devant Dieu,
en Jésus-Christ; mais tout, mes
bien-aimés, est pour votre édifi-
cation.
20. Car je crains qu'à mon arri-
vée, je ne vous trouve pas tels
9. Ma puissance. Le mot ma, qu'on lit dans le grec, est nécessaire à la liaison des
idées.
18. J'ai prié Tite et j'ai envoyé, etc., pour: J'ai prié Tite d'aller vers vous, et j'ai
envoyé, etc.; genre d'ellipse qui n'est pas seulement propre au style biblique, mais
qu'on retrouve dans toutes les langues.
[cu. xir]
que je voudrais, et que vous ne
me trouviez pas non plus tel
que vous voudriez; qu'il n'y ait
parmi vous des contestations,
des jalousies, des animosités,
des dissensions, des médisances,
des délations, de l'oreueil, des
troubles;
91. Que, venant de nouveau,
Dieu ne m'humilie parmi vous,
et que je n'aie à pleurer beau-
coup de ceux qui, ayant déjà pé-
ché, n'ont point fait pénitence
des impuretés, des fornications
et des impudicités qu'ils ont com-
mises.
CHAPITRE XIII.
Saint Paul menace de punir avec sévé-
rité ceux qui n'auront point fait péni-
tence de leurs péchés. Il souhaite de
n'étre pas obligé d'user de sa puissance.
Salutations.
1. Voilà que pour la troisieme
fois je viens vers vous; sur le
témoignage de deux ou trois té-
moins tout sera jugé.
2. Je l’ai déjà dit, et je le dis
encore, absent, comme si j'étais
présent, que si je reviens, je
n'aurai aucune indulgence pour
ceux qui ont péché auparavant,
ni pour tous les autres.
3. Est-ce que vous voulez éprou-
ver celui qui parle en moi, le
Christ, qui n'est pas affaibli, mais
qui est puissant parmi vous?
DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS,
2771
4. Car, quoiqu'il ait été cruci-
fié selon la faiblesse, il vit cepen-
dant par la puissance de Dieu.
Nous aussi nous sommes faibles
en lui; mais nous vivrons avec
lui, par la vertu de Dieu parmi
vous.
5. Examinez-vous vous-mémes,
si vous étes dans la foi : éprou-
vez-vous vous-mémes. Ne con-
naissez-vous pas vous-mémes
que le Christ est en vous? à
moins que vous ne soyez dignes
d'étre rejetés.
6. Mais j'espere que vous con-
naîtrez que pour nous, nous ne
sommes pas dignes d'étre reje-
tés.
7. Nous prions Dieu que vous
ne fassiez rien de mal, non pas
pour que nous paraissions nous-
mêmes approuvés, mais que
vous fassiez, vous, ce qui est bon,
et que nous, nous passions pour
dignes d’être rejetés.
8. Car nous ne pouvons rien
contre la vérité, mais pour la
vérité,
9. Aussi nous nous réjouissons
de ce que nous sommes faibles
et dece que vous, vous étes forts.
Et ce que nous demandons, c'est
votre perfection.
10. C'est pourquoi je vous écris
ceci, absent, afin que présent, je
n'agisse pas plus sévèrement,
selon la puissance que le Seigneur?
Cxap. XIII. 1. Deut., xix, 15; Matt., מזנטא 16; Jean, vr, 17; Hébr., x, 28.
9. Eprouver le Christ; c'est-à-dire la puissance du Christ.
4. Selon la faiblesse dela chair dont il était revêtu. — Par la vertu de Dieu qui se
manifestera parmi vous ou contre vous, ce que semble favoriser le texte grec, et le
sens du vers. 10.
3-1. Dignes d’être rejetés, comme des hommes qui ne sont pas purs, sincères. C'est
le sens de la Vulgate aussi bien que du texte grec; et le mot approuvé exprime l'idée
contraire.
|
\
\
2718
m'a donnée pour l'édification et
non pour la destruction.
11. Du reste, mes frères, ré-
jouissez-vous, soyez parfaits,
exhortez-vous les uns les autres,
n'ayez qu'un sentiment, conser-
vez la paix, etle Dieu de paix et
de dilection sera avec vous.
DEUXIÈME ÉPITRE DE 5. PAUL AUX CORINTHIENS.
[cH. xur.]
49. Saluez-vous les uns les au-
tres par un saint baiser. Tous les
saints vous saluent.
13. Que la gráce du Seigneur
Jésus-Christ, etla charité de Dieu,
et la communication du Saint-
Esprit soient avec vous tous.
Amen.
ב
EPITRE DE SAINT PAUL
AUX GALATES
— 52-0 0:9 €:0 0-0
INTRODUCTION
La Galatie était la Gaule de l'Orient. Des Gaulois, ayant quitté leur pays trois
siécles avant Jésus-Christ, passérent d'abord dans le nord de la Gréce, puis,
bientôt aprés, allérent s’élablir en Asie, et se fixèrent aux environs d'Ancyre,
oü on leur donna le nom de Galates. Assez restreint d'abord, leur territoire
s'agrandit peu à peu. Au temps de S. Paul la Galatie était une province ro-
maine, qui occupait le centre de l'Asie Mineure. L'Apótre y était venu deux
fois, d’abord au commencement de sa seconde mission apostolique, pour y
précher l'Evangile et y établir la foi, ensuite au début de latroisiéme, pour com-
pléter et perfectionner son œuvre. C'est peu de temps après, vers 57, pendant
son dernier séjour à Corinthe, qu'il écrivit cette Lettre. Elle se rattache ainsi
par sa date à son troisième voyage, aussi bien que l'Epitre aux Romains et
les Epitres aux Corinthiens, avec lesquelles elle a des rapports visibles. Celles-ci
la précédérent; et celle-là parait l'avoir suivie d'assez prés.
Les Galates étaient intelligents, d'une grande franchise, mais d'une mobilité
d'esprit et d'une impétuosité de caractére qui les exposaient à des démarches
irréfléchies et à des déceptions. On venait de faire à l'Apótre un rapport trés
inquiétant à leur sujet. On lui apprenait que depuis son passage, des Docteurs
judaisants étaient venus de Jérusalem, et avaient pris sa place en Galatie; que,
sous prétexte de compléter son œuvre, ils alléraient son enseignement et im-
posaient à ses disciples de nouvelles pratiques, empruntées au rituel judaique.
Peut-étre étaient-ce les mémes qui avaient déjà soulevé les esprits contre lui à
Antioche. Au moins préchaient-ils, aussi hautement qu'on avait jamais fait,
la nécessité des œuvres légales et de la circoncision pour les Gentils comme
pour les Juifs. > C'est là, disaient-ils, ce qui s'enseigne et ce qui se pratique à
Jérusalem, dans l'Eglise-mére, sous les yeux et par les soins des principaux
Apótres. Sans ces observances, on ne fait pas partie du peuple de Dieu et l'on
ne peut avoir part aux biens promis à Abraham. »
Les Galates avaient d'abord opposé à cette prédication l'autorité de celui qui
leur avait apporté l'Evangile; mais ces nouveaux venus la récusaient, ou du
moins ils disaient qu'elle était loin d'égaler celle des Apótres de Judée avec
lesquels ils étaient en relations, celle de Pierre, de Jacques et de Jean, que le
9720 ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES.
Seigneur avait instruits en personne et à qui il avait révélé tous ses mystères.
Ils affirmaient que saint Paul lui-méme avait reconnu la supériorité de leurs
lumières et de leur pouvoir, el qu'en leur présence, à Jérusalem, il avait dû
renoncer à ses principes et se déclarer pour la circoncision. Ebranlés par ces
raisons ou séduits par ces artifices, un certain nombre de fidéles semblaient
disposés à joindre l'observation des lois de Moise à la profession de la religion
chrétienne.
A celle nouvelle, l'Apótre prend la plume pour revendiquer son autorité et
rétablir la vraie doctrine; et il écrit, comme d'un seul trait, cette lettre où son
caractère se peint avec tant de vivacité, et où respire toute l'ardeur, toute la
sollicitude, toute la tendresse de son zéle. Il traite ces prédicants, non comme
des hommes de bonne foi involontairement égarés, mais comme des séducteurs,
des docteurs de mensonge, qui ne cherchent qu'à surprendre et à asservir les
ámes crédules. Pour les fidéles, il les rappelle à lui, les reprend et les encourage
tour à tour. Nulle part il n'est plus concis dans ses raisonnements, plus sévère
dans ses reproches, plus affectueux dans ses exhortations.
On distingue trois parties en cette Epitre : — 1? La premiére est apologétique,
1, 11-11, 16. L'Apótre établit la réalité de son apostolat et la conformité de sa
doctrine avec celle de ses collègues. — 2° La seconde est dogmatique, 11, 17-v,
13. Il montre que la justification est attachée à la foi en Jésus-Christ, non à la
loi de Moise, dont l'observance est superflue et méme nuisible ou dangereuse.
— 3? La troisième est morale, v, 14-v1 : elle a pour objet de corriger quelques
abus et d'affermir les esprits dans la foi. (L. BAcuEz.)
EPITRE
DE SAINT PAUL
AUX GALATES
CHAPITRE PREMIER.
Saint Paul salue les Galates. 1] leur re-
proche de s'écarter de l'Evangile qu'il
leur a annoncé. Il relève sa mission. Il
rappelle ce qu'il a fait avant et aprés sa
conversion.
1. Paul, apótre, non par des
hommes, ni par un homme, mais
par Jésus-Christ et Dieu le Père,
qui la ressuscité d'entre les
morts,
2. Et tous les freres qui sont
avec moi, aux Eglises de Gala-
tie.
3. Grâce à vous et paix par Dieu
notre Pére, et par Notre Seigneur
Jésus-Christ,
4. Qui s'est donné lui-méme
pour nos péchés, afin de nous
arracher à ce siecle mauvais, se-
lon la volonté de notre Dieu et
Pere,
.9. À qui est la gloire dans les
siècles des siècles. Amen.
6. Je m'étonne que vous ayez
passé si vite de celui qui vous a
appelés à la grâce du Christ, à un
autre Evangile ;
7. Quoiqu'il n'y en ait point
d'autre; seulement, quelques
personnes sèment le trouble par-
mi vous, et veulent renverser
l'Evangile du Christ.
8. Mais si nous-mêmes ou un
ange du ciel vous évangélisait
autrement que nous vous avons
évangélisés, qu'il soit anathème.
9. Comme nous l'avons déjà
dit, ainsi je le répète : Si quel-
quun vous annonce un autre
Evangile que celui que vous avez
reçu, quil soit anatheme.
10. Car est-ce des hommes ou
de Dieu que je désire maintenant
l'approbation? Cherchai-je à
plaire aux hommes? Si je plai-
sais encore aux hommes, je ne
serais point serviteur du Christ.
11. Car je vous déclare, mes
frères, que l'Evangile que je vous
ai préché n'est point selon
l'homme.
12. En effet, ce n'est point d'un
Cuap. I. 11. I Cor., xv, 1. — 12. Ephèse, 111, 8.
oo
6, 1. Un autre Evangile. Saint Paul a ici en vue l'Evangile que préchaient les faux
docteurs. C'était au fond celui de Jésus-Christ, auquel ils joignaient la pratique de
la loi de Moïse, mais cette addition suffisait, comme le dit l'apótre, pour renverser
l'Evangile du Christ.
2782
homme que je l'ai reçu ni appris,
mais c'est par la révélation de
Jésus-Christ.
13. Car vous avez oui dire que
j'ai vécu autrefois dans le judais-
me ; qu'à toute outrance j'ai per-
sécuté l'Eglise de Dieu et l'ai ra-
vagée,
14. Et que je me signalais dans
le judaisme au-dessus d'un grand
nombre de mes contemporains
au sein de ma nation, me mon-
trant zélateur outre mesure des
traditions de mes peres.
15. Mais lorsqu'il plut à celui
qui m'a choisi des le sein de ma
mere, et m'a appelé par sa grâce,
16. De me révélerson Fils, pour
que je l'annoncasse parmi les na-
tions ; aussitót, sans acquiescerà
la chair et au sang,
17. Et sans venir à Jérusalem
prés de ceux qui étaient apótres
avant moi, je m'en allai en Ara-
bie, et je retournai encore à Da-
mas.
18. Ensuite, aprés trois ans, je
vins à Jérusalem pour voir Pierre,
et je demeurai avec lui quinze
jours.
19. Mais je ne visaucun apótre,
si ce n'est Jacques, le frère du
Seigneur.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES.
(cu. πι
90. Je vous écris ceci, voici!
devant Dieu, je ne mens pas.
21. Ensuite je vins dansles pays
de Syrie et de Cilicie.
92. Or j'étais inconnu de visage
aux Eglises de Judée, qui étaient
dans le Christ.
93. Seulement elles avaient oui
dire : Celui qui autrefois nous
persécutait annonce maintenant
la foi qu'il s’efforçait alors de dé-
truire.
24. Et elles glorifiaient Dieu à
mon sujet.
CHAPITRE II.
Saint Paul confère avec les apôtres. On
ne l'oblige point à observer la loi. Il est
reconnu l'apótre des gentils. Il résiste
à Céphas. Nul n'est justifié que par la
foi en Jésus-Christ.
1. Quatorze ans après, je mon-
tai de nouveau à Jérusalem avec
Barnabé, ayant pris Tite aussi
avec moi.
2. Or, j'y montai d'après une
révélation ;etj'exposaiauxfidèles
l'Evangile que [6 préche parmi
les gentils, et en particulier à
ceux qui paraissent étre quelque
chose, de peur que je ne cou-
russe, ou n'eusse couru en vain.
3. Mais Tite, qui m'accompa-
14. * Des traditions de mes pères. Voir Matt., xv, 2.
17. * En Arabie. Peut-être le désert d'Arabie, dans les environs de Damas. Le nom
d'Arabie désigne la contrée qui s'étend entre l'Egypte, la Palestine, la 571160, la
Mésopotamie, la Babylonie, le golfe Persique et la mer Rouge. — 4 Damas. Voir
Actes, 1x, 2.
18. * Trois ans après sa conversion.
19. Le frère; c'est-à-dire le cousin. Voy. Matt., xir, 46.
90. Voici! devant Dieu, etc.; c'est-à-dire prenant Dieu à témoin que je, etc.
21. * Syrie. Voir Matt., 1v, 24. — Cilicie. Voir Actes, v, 9 et xv, 41.
22. Qui élaient dans le Christ; c'est-à-dire qui croyaient en Jésus-Christ, qui s'étaient
convertis au christianisme. — * De Judée, non compris Jérusalem, capitale de la
Judée.
1. * Avec Barnabé. Voir Actes, 1v, 36. — Ayant pris Tite. Voir II Cor., n, 13.
2. Qui paraissent étre quelque chose; c'est-à-dire des plus considérables, Compar.
Act., v, 36
ἴσα. n.]
gnait, étant gentil, ne fut pas
forcé de se faire circoncire;
4. Et la considération de quel-
ques faux freres, qui s'étaient
furtivement introduits pour ob-
server la liberté que nous avons
dans le Christ Jésus, et nous ré-
duire en servitude,
5. Ne nous fit pas consentir,
méme un seul instant, à nous
soumeltre à eux, afin que la vé-
rité del'Evangile demeurát parmi
nous.
6. Mais quant à ceux qui parais-
saient étre quelque chose (quels
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES.
2183
ils furent autrefois, peu m'im-
porte, Dieu ne fait point acception
delapersonne del'homme);ceux,
dis-je, qui paraissaient étre quel-
que chose, ne me communi-
querent rien.
1. Au contraire, ayant vu que
l'Evangile de l'incirconcision m'a-
vait été confié, comme à Pierre
celui de la circoncision
8. (Car celui qui a opéré en
Pierre pour l'apostolat de la cir-
concision, a opéré en moi aussi
parmi les gentils);
9. Et ayant connu la gráce qui
Cua». II. 6. Deut., x, 17; Job, xxxiv, 19; Sag., vi, 8; Eccli., xxxv, 15; Actes, x, 34;
Rom., 11, 11; Ephés., vi, 9; Col., iu, 25; I Pierre, 1, 17.
6. Rien de nouveau, rien qui füt en opposition avec ce que je leur avais exposé.
1. Comme à la naissance de l'Eglise chrétienne, les Juifs conservaient encore une
sorte d'horreur pour les gentils, saint Pierre et saint Paul se partagèrent le ministère
évangélique, de manière que le premier fut chargé de précher les Juifs, et le second
les gentils; mais cela n'empéchait pas chacun d'eux d'annoncer indistinctement
l'Evangile aux Juifs et aux gentils, toutes les fois que l'occasion s'en présentait.
8. Qui a opéré; c'est-à-dire qui a fait paraître sa puissance. — * L'apostolat de la
circoncision, c'est-à-dire parmi les Juifs.
9. Céphas est le méme que saint Pierre. Voy. Jean, r, 42. — * « Quelques auteurs
ont prétendu que Céphas, avec lequel S. Paul eut un différend à Antioche, n'était
pas S. Pierre; d'autres que ce dissentiment était purement fictif; mais ces sen-
timents sont inadmissibles. Le premier d'abord. — 19 Il a la tradition contre lui.
A la vérité, quelques docteurs ont émis un doute sur l'identité de S. Pierre et de
Céphas; mais, comme le remarque S. Jéróme, ce n'était de leur part qu'une con-
jecture, et ils ne la faisaient que pour montrer la faiblesse des objections qu'on pré-
tendait tirer du conflit d'Antioche. — 29 Céphas est bien le même nom que Pierre :
il ἃ en syriaque la même signification que Petros en grec. S. Pierre le portait en
Judée, et c'est le premier que le Sauveur lui ait donné. S. Paul le lui donne indubita-
blement ailleurs. — 3° 1] est évident que le personnage dont il s'agit est un person-
nage éminent, égal, sinon supérieur à S. Paul, par conséquent apótre comme lui.
Son exemple fait fléchir Barnabé et menace d'entrainer toute l'Eglise d'Antioche.
S. Paul fait un acte de courage en lui adressant une représentation. D'ailleurs, quel
moyen de le distinguer du Céphas nommé plus haut, entre S. Jacques et S. Jean,
comme étant, aussi bien qu'eux, une colonne de l'Eglise? Le second sentiment n'est
ni plus suivi ni plus solide. S. Jérôme, qui l'avait d'abord proposé, d'après Origène
et S. Chrysostome, fut obligé d'y renoncer. Il est bien vrai que les mots grecs,
rendus dans la Vulgate par in facie, pris isolément, pourraient se traduire par:
en apparence. I] est vrai aussi qu'il est parlé de dissimulation ou de défaut
de franchise. Cela ne suffit pas néanmoins pour justifier l'hypothése d'une scéne
concertée entre les deux Apótres, ou d'une discussion feinte pour l'instruction de
leurs disciples. Ni cette interprétation ni cette hypothése ne sont naturelles. On n'y
a recouru que dans une intention apologétique, afin de couper court aux objections
et de mettre en méme temps à couvert la conduite de S. Pierre et de S. Paul. Mais
on ἃ pris le change, et on a substitué un tort véritable, un défaut de droiture dans
l'un et l'autre Apótre, à une pure inadvertance ou à une erreur de procédé de la
part de S. Pierre; car le mot de S. Paul, que Pierre était répréhensible, n'entraine
2784
m'a été donnée, Jacques, et Cé-
phas, et Jean, qui paraissaient
être les colonnes, nous donnèrent
14 main, à moi et à Barnabé, en
signe de communion; afin que
nous préchassions, nous, aux
gentils, et eux aux circoncis.
10. Seulement, nous devions
. nousressouvenir des pauvres : ce
que j'ai eu aussi grand soin de
faire.
11. Or Céphas étant venu à An-
tioche, je lui résistai en face,
parce qu'il était répréhensible.
19. Car avant que quelques-
uns, envoyés par Jacques, fussent
arrivés, il mangeait avec les gen-
tils; mais quand ils furent venus,
il se retirait et se séparait, crai-
gnant ceux qui étaient circoncis.
18. Et, à sa dissimulation, ac-
quiescerent les autres Juifs; de
sorte que Barnabé lui-même fut
entrainé dans cette dissimula-
tion.
14. Mais quand je vis qu'ils ne
marchaient pas droit selon la vé-
rité de l'Evangile, je dis à Géphas
devant tous : Si toi, étant Juif, tu
vis à la maniere des gentils et
16. Rom., זז 20.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES.
[οἱ]. [.ז1
non en Juif, comment forces-tu
les gentils à judaiser?
15. Nous, de naissance nous
sommes Juifs, et non pécheurs
d'entre les gentils.
16. Sachant que l'homme n'est
point justifié par les ceuvres de
la loi, mais par la foi en Jésus-
Christ, nous croyons nous-mémes
au Christ Jésus pour étre justifiés
par la foi du Christ, et non par
les ceuvres de la loi, attendu que
par les ceuvres de la loi ne sera
justifiée nulle chair.
11. Que si, cherchant à étre
justifiés dans le Christ, nous
sommes nous-mémes trouvés
pécheurs, le Christ n'est-il pas
ministre du péché? Nullement.
18. Car si ce que j'ai détruit je
le rétablis, je me constitue moi-
méme prévaricateur.
19. En effet, moi-méme par la
loi je suis mort à la loi, afin de
vivre pour Dieu avec le Christ :
j'ai été cloué à la croix.
20. Mais je vis, non plus moi,
mais le Christ vit en moi. Car si
je vis maintenant dans la chair,
jy vis en la foi du Fils de Dieu,
pas d'autre conséquence et n'a pas plus de portée. Il signifie seulement que la con-
duite suivie par S. Pierre donnait lieu à des interprétations fácheuses, que ses égards
pour les préjugés de ses compatriotes étaient, contre son gré, de nature à confirmer
les Juifs dans leurs prétentions, ainsi qu'à inquiéter et à rebuter les Gentils. Rien
n'indique qu'il οὐδ en cela blessé sa conscience le moins du monde. Dieu voulut qu'en
cette occasion il füt averti de ce qu'il avait à faire, non par une vision comme à
Joppé, mais par un collègue et un subordonné, afin que son humilité püt servir à
l'édification de tous. » (L. BACUEZ.)
11. Saint Paul avait reproché à saint Pierre de s'étre retiré de la table des gentils,
dans la crainte de scandaliser les Juifs convertis; ce qui pouvait faire croire aux
gentils qu'ils étaient obligés de se conformer à la manière de vivre des Juils, et
par là méme gêner la liberté chrétienne. Mais ce reproche n'attaque nullement la
suprématie du prince des apótres; car, dans de pareils cas, un inférieur peut et
quelquefois doit avertir avec respect son supérieur; et, comme le remarque saint
Augustin, saint Pierre le souffrit avec une douceur, une humilité, une patience dignes
de celui à qui le Sauveur avait dit : T» es Pierre, el sur loi je bátirai mon Eglise.
16. Nulle chair; Voy. Matt., xxiv, 22.
[cu. [.זזז
qui m'a aimé, et s'est lui-même
livré pour moi.
21. Je ne regrette point la grâce
de Dieu; car si c'est par la loi
qu'est la justice, c'est donc en
vain que le Christ est mort.
CHAPITRE III.
Ne pas finir par la chair, ayant com-
mencé par l'esprit. C'est par la foi
qu'Abraham et ses vrais enfants sont
justifiés. La loi ne justifie pas. Le juste
vit de la foi. C'est par la foi que les
promesses faites à Abraham sont ac-
complies. Tous une seule chose en Jé-
sus-Christ.
1. O Galatesinsensés, qui vous
a fascinés, pour ne pas obéir à la
vérité, vous aux yeux de quia
été dépeint Jésus-Christ crucifié
au milieu de vous?
2. Je veux seulement savoir de
vous ceci : Est-ce par les œuvres
de la loi que vous avez recu l’Es-
prit, ou par l'audition de la foi?
3. Etes-vous si insensés, qu'ay-
ant commencé par l'esprit, vous
finissez maintenant par la chair?
4. Est-ce en vain que vous
avez tant souffert? Si cependant
c'est en vain.
ὃ. Celui donc qui vous commu-
nique l'Esprit et qui opère parmi
vous des miracles, le fait-il par
les œuvres de la loi ou par l'au-
dition de la foi?
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES.
2785
6. Ainsi qu'il est écrit : Abra-
ham crut à Dieu, et ce lui fut im-
puté à justice.
1. Reconnaissez donc que ceux
qui s'appuient sur la foi, ceux-là
sontles enfants d'Abraham.
8. L'Ecriture prévoyant que
c'est par la foi que Dieu justifie-
rait les nations, l’annonça d'a-
vance à Abraham : Toutes les na-
tions seront bénies en toi.
9. Ceux donc qui s'appuient sur
la foi seront bénis avec le fidèle
Abraham.
10. Et tous ceux qui s'appuient
sur les œuvres de la loi sont sous
la malédiction. Car il est écrit :
Maudit quiconque ne persévére-
ra point dans tout ce qui est
écrit dans le livre de la loi pour
l'aecomplir!
11. Gependant, que nul n'est
justifié devant Dieu par la loi, ce-
la est manifeste, puisque le juste
vit de la foi.
19. Or la loi ne s'appuie pas
sur la foi, puisque au contraire :
Celui qui observera ces précep-
tes, vivra par eux.
13. Le Christ nous a rachetés
de la malédiction de la loi, deve-
nu malédiction pour nous, selon
qu'il est écrit : Maudit quiconque
est pendu au bois!
44. Afin que la bénédiction
Cuar. III. 6. Genèse, xv, 6; Rom., 1v, 3; Jac., 11, 23. — 8. Genèse, xir, 3; Eccli.,
XLIV, 20. — 10. Deut., xxvi, 26. — 11. Hab., 11, 4; Rom., 1, 17. — 19, Lév., xvii, 5.
— 13. Deut., xxi, 23.
4. Si cependant, etc. ; c'est-à-dire je veux espérer que ce ne sera pas en vain.
1. Ceux qui s'appuient sur la foi; littér.: Qui sont de (a foi, ou par la foi, en vertu
de la foi. L'apótre veut dire que c’est la foi qui fait les véritables enfants d'Abraham.
12. Avant les paroles celui qui observera, etc., il faut restituer l'ellipse de la formule
lEcriture dit, qui est 101 évidemment sous-entendue.
14. La promesse de ÜlEsprit; c'est-à-dire l'Esprit qui avait été promis implicite-
ment, Genèse, xxu, 17, 18; mais explicitement, 15046, xuv, 3; Ezóch., xxxix, 39"
Joél, τι. 28.
בא
179
2/186
donnée à Abraham füt communi-
quée aux gentils parle Christ Jé-
sus, pour que nous reçussions
par la foi la promesse de l'Esprit.
15. Mes freres (je parle à la ma-
niere des hommes), quand le tes-
tament d'un homme est ratifié,
personne ne le rejette, ou n'y
ajoute.
16. Or les promesses ont été
faites à Abraham et à celui qui
naîtrait de lui. Il ne dit pas: A
ceux qui naitront, comme par-
lant de plusieurs, mais comme
d'un seul: Et à celui qui naitra
de toi, c'est-à-dire au Christ.
11. Voici donc ce que je dis :
Dieu ayant ratifié une alliance, la
loi qui a été faite quatre cent
trente ans apres, ne la rend pas
nulle au point de détruire la pro-
messe. |
18. Car si c'est par la loi qu'il y
a héritage, dès lors ce n'est pas
en vertu de la promesse. Cepen-
dant c'est par la promesse que
Dieu l'a donné à Abraham.
19. Pourquoi donc la loi? Elle a
été établie à cause des transgres-
sions, jusqu'à ce que vint le re-
jeton pour lequel Dieu avait fait
la promesse; et remise par des
anges dans la main d'un média-
teur.
90. Or le médiateur n'est pas
pour un seul, et Dieu est un seul.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES.
(eu. nr.)
91. Laloiest donc contraire aux
promesses de Dieu? Nullement.
Car si une loi eüt été donnée qui
püt vivifier, la justice viendrait
vraiment de la loi.
22. Mais l'Ecriture a tout ren-
fermé sous le péché, afin que la
promesse füt accomplie par la foi
en Jésus-Christ, en faveur des
croyants;
93. Et avant que la foi vint,
nous étions sous la garde de la
loi, réservés pour cette foi qui
devait étre révélée.
94. Ainsi la loi a été notre
pédagogue dans le Christ pour
que nous fussions justifiés par la
foi.
95. Mais la foi étant venue, nous
ne sommes plus sous le pédago-
gue.
96. Car vous étes tous enfants
de Dieu par la foi qui est dans le
Christ Jésus.
97. Car vous tous qui avez été
baptisés dans le Christ, vous avez
été revétus du Christ;
98. Il n'y a plus ni Juif, ni
Grec; plus d'esclave, ni de libre;
plus d'homme, ni de femme. Car
vous n'étes tous qu'une seule
chose dans le Christ Jésus.
99. Etsi vousétestousau Christ,
vous étes donc la postérité d'A-
braham, héritiers selon la pro-
messe.
15. Hébr., 1x, 17. — 22 Rom., rir, 9. — 27. Rom., vr, 3.
—A ...יי
16. Il: c'est-à-dire Dieu.
22. Le mot fout est pour fous les hommes. Nous avons déjà fait observer que cette
énallage de genre avait pour but d'exprimer la généralité la plus complète. L'apótre
ne fait que répéter ici ce qu'il a dit précédemment, Rom., ur, 9, savoir que les Juifs
el les Grecs (c'est-à-dire tous les gentils) étaient tous sous le péché.
98. Grec; c'est-à dire gentil en général.
[cu. τν.]
CHAPITRE IV.
Juifs en tutelle sous la loi, libres par la
foi. Galates entrainés dans le judaisme.
Leur premiere affection pour saint Paul.
Tendresse de saint Paul pour eux. Agar
et Sara figures des deux alliances.
1. Je dis de plus: Tant quel'hé-
ritier est enfant, il ne differe
point d'un serviteur, quoiqu'il
soit maitre de tout.
2. Mais il est sous des tuteurs
et des curateurs jusqu'au temps
marqué par son pere.
3. Ainsi, nous aussi, quand
nous étions enfants, nous étions
asservis aux premiers éléments
du monde.
4. Mais lorsqu'est venue la plé-
nitude du temps, Dieu a envoyé
son Fils, formé d'une femme,
soumis à la loi,
5. Pour racheter ceux qui
étaient sous la loi, pour que nous
recussions l'adoption des enfants.
6. Et parce que vous étes en-
fants, Dieu a envoyé dans vos
cœurs l'Esprit de son Fils criant :
Abba, Père!
7. Ainsi nul n'est plus servi-
teur, mais fils. Que s’il est fils, il
est aussi héritier par Dieu.
8. Autrefois, à la vérité, igno-
rant Dieu, vous étiez asservis à
ceux qui par leur nature ne sont
pas dieux.
9. Mais maintenant que vous
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES.
2187
connaissez Dieu, ou plutót que
vous étes connus de Dieu, com-
ment retournez-vous à ces faibles
et pauvres éléments, auxquels
vous voulez de nouveau vous as-
servir?
10. Vous observez certains
jours, certains mois, certains
temps, et certaines années.
11. Je crains pour vous d'avoir
en vain travaillé parmi vous.
19. Soyez comme moi, parce
que moi j'ai été comme vous, je
vous en conjure, mes frères :
vous ne m'avez offensé en rien.
13. Au contraire, vous savez
que je vous ai autrefois annoncé
l'Evangile dans la faiblesse de la
chair; or, cette épreuve à laquelle
vous avez été mis à cause de ma
chair,
14. Vous ne l'avez ni méprisée
ni repoussée, mais vous m'avez
recu comme un ange de Dieu,
comme le Christ Jésus.
15. Où doncest votre bonheur?
Car je vous rends ce témoignage
que, s’il eût été possible, vous
vous seriez arraché les yeux et
vous me les auriez donnés.
16. Je suis done devenu votre
ennemi en vous disant la vérité?
17. Ils vous montrent un atta-
chement qui n'est pas bon, car
ils veulent vous éloigner de nous,
afin que vous vous attachiez à
eux.
3. Aux éléments du monde, donnés au monde; c’est-à-dire aux cérémonies de la loi
en usage parmi les Juifs charnels, et qui étaient des instructions grossières et figu-
ratives que Dieu donnait au monde.
4. La plénitude du temps; c'est-à-dire le temps de la majorité.
6. Abba, Pére. Voy. Marc, xiv, 36.
10. L'apótre parle ici soit de l'observation des jours heureux ou malheureux, soit
des fétes juives, à l'observance desquelles les docteurs juifs cherchaient à amener
les Galates.
13. Dans la faiblesse de la chair ; c'est-à-dire au milicu des tribulations que
i 'éprouvais.
217098
18. Au reste, attachez-vous au
bien pour le bien, en tout temps,
et non pas seulement lorsque je
suis présent parmi vous.
19. Mes petits enfants, pour qui
je sens de nouveau les douleurs
de l'enfantement, jusqu'à ce que
le Christ soit formé en vous,
, 90.Jevoudrais être maintenant
(prés de vous, et changer mon
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES.
v.] .זוס]
la délaissée seront plus nom-
breux que les fils de celle qui a
un mari.
98. Nous done, mes freres,
nous sommes, comme Isaac, les
enfants de la promesse.
29. Mais comme alors celui qui
était né selon la chair persécutait
celui qui l'était selon l'esprit, de
méme encore aujourd'hui.
30. Mais que dit l’Ecriture?
Chasse la servante et son fils ; car
le fils de la servante ne sera pas
héritier avec le fils de la femme
; langage, car je suis embarrassé
i à votre égard.
] 21. Dites-moi, vous qui voulez
* être sous la loi, n'avez-vous pas
lu la loi?
99. Car il est écrit : Abraham
eut deux fils, l'un de la servante,
et l'autre de la femme libre.
23. Mais celui de la servante
naquit selon la chair, et celui de
la femme libre, en vertu de la
promesse.
24. Ce qui a été dit par allégo-
rie. Car ce sont 108 deux alliances:
lune sur le mont Sina, engen-
drant pour 18 servitude, est Agar;
95. Car Sina est une montagne
d'Arabie, qui a du rapport avec la
Jérusalem d'à présent, laquelle
est esclave avec ses enfants :
26. Tandis que la Jérusalem
d'en haut est libre ; c'est elle qui
est notre mere.
97. Car 11 est écrit : Réjouis-toi,
stérile, qui n'enfantes point;
pousse des eris de jubilation et
d'allégresse, toi qui ne deviens
pas mère, parce que les fils de
libre.
91. Ainsi, mes frères, nous ne
sommes pas les fils de la ser-
vante, mais de la femme libre ;
et c'est par cette liberté que le
Christ nous a rendus libres.
CHAPITRE V.
Qui s'appuie sur la loi est déchu de la
grâce. C'est la foi qui nous sauve. Ga-
lates séduits. La loi consiste dans l'a-
mour. OEuvres de la chair. Fruits de
l'esprit.
1. Demeurez donc fermes, et
ne vous courbez pointde nouveau
sous le joug de la servitude.
2. Voici que moi, Paul, je vous
dis que si vous vous faites cir-
concire, le Christ ne vous servira
de rien.
3. Je déclare de plus à tout
homme qui se fait circoncire,
qu'il est tenu d'aecomplir toute
la loi.
Cuar. IV. 22. Genèse, xvi, 15; xxi, 2. — 97. Isaïe, tiv, 1. — 28. Rom., 1x, 8. —
30. Genèse, xxr, 10. — Cape. V. 2. Actes, xv, 4.
22. * Deux fils, Ismael et Isaac, le premier de la servante égyptienne, Agar, le se-
cond, de la femme libre, Sara.
24. * Le mont Sina où ka loi fut donnée au peuple d'Israél, dans la péninsule du
Sinai.
26. * La Jérusalem d'en haut, le cic].
[cn. v.]
4. Vous n'avez plus de part au
Christ, vous qui étes justifiés par
la loi: vous étes déchus de la
gráce.
5. Pour nous, c'est par l'Esprit,
en vertu de la foi, que nous es-
pérons recevoir la justice.
6. Car, dans le Christ Jésus, ni
la circoncision, ni l'incirconcision
ne servent de rien; mais la foi
qui agit par la charité.
7. Vous couriez si bien : qui
vous a arrétés, pour que vous
n'obéissiez pas à la vérité ?
8. Ce qu'on vous a persuadé ne
vient pas de celui qui vous ap-
pelle.
9. Un peu deferment corrompt
toute la pâte.
10. J'ai en vous cette confiance
dans le Seigneur, que vous n'au-
rez point d'autres sentiments ;
mais celui qui vous trouble en
portera la peine, quel qu'il soit.
11. Pour moi, mes freres, si je
préche encore la circoncision,
pourquoi suis-je encore persé-
cuté ? Le scandale de la croix est
done anéanti ?
12. Plût à Dieu que ceux qui
vous iroublent fussent méme
mutilés.
13. Car vous, mes freres, vous
avez été appelés à la liberté;
seulement ne faites pas de cette
liberté une occasion pour la
chair, mais soyez par la charité
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES.
2789
les serviteurs les uns des autres.
14. Car toute la loi est renfer-
mée dans une seule parole : Tu
aimeras ton prochain comme toi-
méme.
15. Quesi vous vous mordez et
vous dévorez les uns les autres,
prenez garde que vous ne vous
consumiez les uns les autres.
16. Or je dis : Marchez selon
l'esprit, et vous n'accomplirez
pas les désirs de la chair.
17. Car la chair convoite contre
l'esprit, et l'esprit contre la chair :
en effet, ils sont opposés l'un à
lautre, de sorte que vous ne
faites pas tout ce que vous vou-
lez.
18. Que si vous étes conduits
par l'esprit, vous n'étes pas sous
la loi.
19. Or on connait aisément les
œuvres de la chair, qui sont : la
fornication, l'impureté, l'impudi-
cité, la luxure,
20. Le culte des idoles, les em-
poisonnements, les inimitiés, les
contestations, les jalousies, les
coleres, les rixes, les dissensions,
les sectes,
21. Les envies, les homicides,
les ivrogneries, les débauches de
table, etautreschosessemblables.
Je vous 16 dis, comme je l'ai déjà
dit, ceux qui font de telles choses
n'obtiendront point le royaume
de Dieu.
9. I Cor., v, 6. — 14. Lév., xix, 18; Matt., xxir, 39; Rom., זוא 8. — 16. I Pierre,
TUE
12. Fussent même mutilés. Puisqu'ils tiennent tant à se faire circoncire, qu'ils se
fassent aussi entièrement amputer. C'est ainsi qu'ont traduit saint Augustin, saint Jé-
róme, saint Chrysostome, Théophylacte, Théodoret, et la plupart des anciens;
d'autres : Qu'ils soient retranchés de l'Eglise; d'autres : Qu'ils soient exterminés du
monde. Il est certain que le texte grec est susceptible de ces diverses interprétations.
13. Pour la chair; c'est-à-dire pour vivre selon la chair, en cherchant à satisfaire
vos passions aux dépens méme de vos frères.
2190
29. Au contraire, les fruits de
l'esprit sont : la charité, la joie,
la paix, la patience, la douceur,
la bonté, la longanimité,
93. La mansuétude, la foi, la
modestie, la continence, la chas-
1616. Contre de pareilles choses,
il n'y a point de loi.
24. Or ceux qui sont au Christ
ont crucifié leur chair avec ses
vices et ses convoitises.
25. Si nous vivons par l'esprit,
marchons aussi selon l'esprit.
26. Ne devenons pas avides
d'une vaine gloire, nous provo-
quant les uns les autres, envieux
les uns des autres.
CHAPITRE VI.
Corriger avec douceur, s'entre-supporter.
Croire qu'on n'est rien. Semer pour re-
cueillir. Saint Paul ne se glorifie que
dans la foi. Salutations.
1. Mes freres, si un homme est
tombé par surprise dans quelque
faute, vous qui étes spirituels,
instruisez-le en esprit de douceur,
regardant à toi-méme, de peur
que toi aussi tu ne sois tenté.
2. Portez les fardeaux les uns
des autres, et c'est ainsi que
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES.
(cn. vi.]
vous accomplirez la loi du Christ.
3. Carsiquelqu'uns'estime étre
quelque chose, comme il n'est
rien, il s'abuse lui-méme.
4. Or que chaeun éprouve ses
propres œuvres, et alors il trou-
vera sa gloire en lui-méme et non
dans un autre.
5. Car chacun portera son far-
deau.
6. Que celui que l'on catéchise
par la parole communique tous
ses biens à celui qui le catéchise.
7. Ne vous y trompez pas : on
ne se rit point de Dieu.
8. Car ce que l'homme aura
semé, ille recueillera. Ainsi, celui
qui seme dans sa chair recueillera
dela chair la corruption; et celui
qui sème dans l'esprit recueillera
de l'esprit la vie éternelle.
9. Or faisant le bien, ne nous
lassons point; car en ne nous
lassant pas, nous recueillerons la
moisson en son temps.
10. C'est pourquoi, tandis que
nous avons le temps, faisons du
bien à tous, et principalement à
ceux qui sont de la famille de la
foi.
11. Voyez quelle lettre je vous
Crap». VI. 5. I Cor., זז 8. — 9. II Thess., 11 13.
1. Spirituels. Voy. 1 Corinth., 11, 14. — Regardant à toi-même. Ce passage brusque
d'un nombre à un autre se rencontre assez fréquemment dans les écrivains sacrés.
5. Chacun porlera son fardeau. Cette maxime n'est nullement en opposition avec
celle du vers. 1, qui a rapport au monde présent dans lequel les hommes doivent, en
bons fréres, s'aider mutuellement de leurs conseils, supporter leurs faiblesses et leurs
imperfections mutuelles; elle se rapporte évidemment au jugement de Dieu, oü
chacun recevra le prix de ses propres œuvres, bonnes ou mauvaises, et rendra compte
non de ce que son frére aurait fait, mais de ce qu'il aura fait lui-méme, sans que
les fautes d'autrui puissent justifier les siennes.
10. Faisons du bien, etc. L'apótre n'exempte personne de faire du bien au prochain.
Ainsi la différence de religion ne saurait être un titre qui nous exempte de faire du
bien à ceux qui n'appartiennent pas à notre communion, quoique dans la distribu-
tion de nos charités et de nos aumónes nous devions, comme le dit saint Ambroise,
commencer par ceux qui nous sont unis par les liens d'une méme foi.
11. Voyez quelle lellre, etc.; c'est-à-dire, selon le Grec, quelle longue lettre.
Saint Paul dictait et souscrivait ordinairement ses lettres. C'est pourquoi il fait re-
fcu. νι]
ai écrite de ma propre main.
19. Tous ceux qui veulent plaire
selon la chair vous obligent à
vous faire circoncire, et cela uni-
quement afin de ne pas souffrir
persécution pour la croix du
Christ.
. 13. Car eux, qui se font cir-
concire, ne gardent pas 18 loi;
mais veulent que vous soyez cir-
concis, pour se glorifier en votre
chair.
14. Pour moi, à Dieu ne plaise
que je me glorifie, si ce n’est dans
la croix de Notre Seigneur Jésus-
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES. 2791
LAS]
Christ, par qui le monde m'est
crucifié, et moi au monde.
15. Car en Jésus-Christ la cir-
concision n'est rien, ni l'incircon-
cision, mais la créature nouvelle.
46. Quant à tous ceux qui sui-
vront cette règle, paix sur eux et
miséricorde sur l'Israël de Dieu!
11. Àu reste, que personne ne
me fasse de la peine; car je porte
sur mon corps les stigmates du
Seigneur Jésus.
18. Que 18 grâce de Notre Sei- |
gneur Jésus-Christ soit avec votre
esprit, mes frères. Amen.
marquer aux Galates que celle qu'il leur adresse, est écrite de sa propre main; par
où ils peuvent voir l'amour tout particulier qu'il leur porte.
16. L'Israél de Dieu; le véritable lsraél, c'est-à-dire tous ceux qui sont les vrais
Israélites par l'esprit de foi.
17. Je porte, etc. Anciennement on imprimait sur le corps des soldats et des ser-
viteurs certains caractères pour les distinguer. — * Les stigmates, les marques que
porte S. Paul, serviteur de Jésus-Christ, ce sont les cicatrices des plaies. des bles-
sures, des souffrances qu'il a endurées pour son maitre. Voir 11 Cor., xi, 23-27.
i SO) m
EPITRE DE SAINT PAUL
AUX ÉPHÉSIENS
—— 900 €00o-^—— —
INTRODUCTION
Ephése, métropole de l'Asie proconsulaire, était célébre par son commerce,
son opulence, et surtout son temple de Diane, l'une des sept merveilles du
monde. S. Paul, qui n'avait fait que la visiter à sa seconde mission, y séjourna
près de trois ans à la dernière, de 55 au commencement de 58; et il eut la con-
solation d'y convertir un bon nombre de Juifs et de Gentils et d'y fonder solide-
ment le christianisme. C'est ce qu'il nous apprend lui-méme, dans le discours
qu'il adresse au clergé de cette ville, accouru pour l'entendre à Milet, quelques
jours avant son entrée à Jérusalem et son arrestation au Temple. Cette lettre
ne fut écrite que quatre ans plus tard. L'Apótre était à Rome prisonnier de
Jésus-Christ, mais toujours appliqué aux soins de l'apostolat. S. Epaphras,
évéque de Colosses, était venu lui apporter des nouvelles de son Eglise, de celle
d'Ephése et de toute sa province.
On commencait à voir se réaliser dans cette partie de l'Asie les prédictions
que l’Apôtre avait faites, lors de son dernier passage à Milet. Là, comme en
Galatie, de faux docteurs cherchaient à surprendre la confiance des fidèles
et mettaient leur foi en péril; mais les questions qu'ils agitaient avaient
un caractére particulier plus théorique que pratique. Quoique judaisants, ils
ne réclamaient pas en faveur des pratiques mosaïques : ils tàchaient d'éblouir
les fidéles par de hautes spéculations sur les attributs de Dieu et sur sa con-
duite à notre égard. Ils se demandaient quelles étaient la raison de ses œuvres
et la suite de ses desseins relativement au salut des hommes. Les Gentils con-
vertis avaient peine à comprendre comment la divine bonté avait abandonné si
longtemps la presque totalité du genre humain aux erreurs du paganisme pour
donner tous ses soins aux seuls enfants d'Israél; et les Juifs baptisés, tout
chrétiens qu'ils étaient, ne pouvaient se faire à la pensée qu'ils étaient déchus
de tous les privilèges dont leurs pères s'étaient glorifiés. Pour ceux-ci, la diffi-
culté était dans la conduite. actuelle de Dieu; pour ceux-là, elle était surtout
dans sa conduite passée; les uns et les autres avaient peine à les mettre d'accord
et demandaient des éclaircissements.
S. Paul entreprend de calmer cette inquiétude et de résoudre ces questions.
Ce quii se propose dans sa Lettre, ce n'est pas de montrer la nécessité et
INTRODUCTION. 2193
l'efficacité de la foi, comme dans l'Epitre aux Romains, ni l'inutilité des obser-
vances légales, comme dans l'Epitre aux Galates; c'est d'exposer aux fidèles
d'Ephése, ce qu'ils désirent connaitre, le plan concu par Dieu dans l'éternité et
réalisé dans le temps, pour la rédemption du monde et pour la gloire des élus.
« Dieu, dit-il, n'a pas varié dans ses vues; il a eu de toute éternité le dessein
qu'il accomplit aujourd'hui. Il s'est. proposé de racheter tous les hommes par
son Fils incarné, et de glorifier en sa personne, en les adoptant pour enfants,
tous ceux que ce divin Fils attirerait à lui, qu'il animerait de son Esprit et dont. ἡ
il ferait ses membres. Il a résolu de réunir en une méme Eglise tous ses enfants
adoptifs, de quelque nationalité qu'ils fussent, les Gentils aussi bien que les
Juifs, et de faire de tous les chrétiens un seul corps ou une méme personne
morale, dont Jésus-Christ serait le chef: mystére adorable que l'Esprit saint a
révélé à l'Apótre, qu'il est chargé de faire connaitre et qu'il travaille à réaliser. »
Voilà la vérité que S. Paul énonce d'abord, et dont il développe ensuite les
conséquences. Rien de plus magnifique que le tableau qu'il trace de l'Eglise
chrétienne. Il déroule avec une sorte d'enthousiasme le plan divin dela rédemp-
tion. ll le montre s'étendant à tous les âges en méme temps qu'à tous les
peuples. Il fait voir l'Homme-Dieu, bien au-dessus des Anges, comme le centre
où tout aboutit, comme le lien qui unit toutes choses, l'homme à Dieu, la terre
au ciel, les Juifs aux Gentils, de sorte que tout se consomme en sa personne
pour la gloire de son Pére et le salut du monde. Il insiste sur la divinité du
Sauveur, sur la valeur et l'étendue de sa rédemption, sur l'unité de la sainte
Eglise, sur son universalité surtout. 1[ demande à Dieu de faire comprendre
à ses disciples l'éminence de leur vocation et la valeur infinie des grâces dont
ils sont comblés. Cependant il n'entend pas faire ici un exposé du christianisme :
il se borne à rendre hommage à sa sublimité, à en faire entrevoir les mer-
veilles.
L'Epitre a deux parties. Dans la première, l'Apótre fait ressortir la grandeur
de l'œuvre accomplie en Jésus-Christ, 1-11, 11 : tous les peuples et tous les indi-
vidus appelés à l'adoption divine, et l'Eglise destinée à les réunir tous en son
sein, ,זז 42-01, 21. Dans la seconde, il trace aux chrétiens des règles de conduite,
et donne des conseils généraux, 1v-v, 21, et particuliers, v, 22-vr, pour les
divers états de la vie chrétienne.
Le style peut sembler obscur et embarrassé en quelques endroits de la pre-
miére partie : mais les idées sont profondes et les sentiments sublimes.
Bien qu'il y ait quelque différence entre cette Epitre et les précédentes, au
point de vue des idées aussi bien que du style, les esprits impartiaux et com-
pétents ne laissent pas d'y reconnaitre le cachet de l'Apótre, — ses préoccupa-
tions ordinaires touchant l'universalité de la rédemption et la catholicité de
l'Eglise; — le sentiment qu'il a du Sauveur, de sa mission, de l'opération de sa
grâce dans les âmes; — l'ardeur de son zèle pour la propagation de l'Evangile
et pour la sanctification de ses disciples; — l'étendue et sublimité de ses vues
sur la vie chrétienne, sur la nécessité et la vertu de la gráce, sur le sacrement
de mariage, sur l'Eglise. On sent partout, dit Erasme, l'esprit et le cceur de
S. Paul. Le tableau qu'on remarque à la fin, du soldat chrétien et de son armure
spirituelle, a dà lui étre suggéré, dit Michaélis, parla vue du prétorien sous la
garde duquel il était placé.
Ceux qui ont tenté d'ébranler, dans ces derniers temps, l'autorité de cette
2794 JPITRE DÉ SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS.
Epitre, lui ont reproché surtout, aprés l'absence de tout détail personnel, ses
coincidences nombreuses avec l'Epitre aux Colossiens, ses allusions au gnosti-
cisme, au pléroma et aux éons, des expressions insolites, des pensées obscures
et vagues, un style làche, embarassé, mystique, chargé de répétitions et de
mots superflus. Nous ne dirons pas que toutes ces particularités sont imagi-
naires; mais nous croyons que, si on ne les exagère pas, on pourra les expli-
quer aisément, soit par la date de l'Epitre, soit par la nature du sujet, soit par
la rapidité de la composition.
19 Cette Epitre fut écrite durant la premiére captivité de l'Apótre, peu de
temps avant sa mise en liberté. Tychique qui se rendait à Colosses en méme
temps qu'Onésime l'emporta avec elle aux Colossiens. Il est naturel de penser
qu'elles ont été écrites le méme jour ou à peu d'intervalle l'une de l'autre, dans
le méme dessein, sous la méme impression et avec les mémes idées. Loin donc
de rendre leur authenticité douteuse, la conformité qu'on remarque entre elles
est de nature à la confirmer. Si, comme on l'avance, l'Epitre aux Ephésiens
paraphrase celle aux Colossiens, qu'on dise que celle-ci a été écrite la pre-
miére. Mais il répugne absolument d'admettre qu'un faussaire, voulant attri-
buer à S. Paul une Epitre de sa composition et la faire recevoir à Ephèse
comme de l'Apótre, l'ait ainsi semée de passages empruntés à une Epitre bien
connue que S. Paul avait écrite peu auparavant à une église voisine. Un faus-
saire s'efforce d'imiter, mais il n'a garde de copier ; il évite les coincidences qui
le feraient accuser de plagiat. Quel intérét aurait-on d'ailleurs à supposer un
écrit pour attribuer à un homme ce que cet homme a déjà dit, et dans les
mémes termes? La date de l'Epitre explique donc ses rapports avec l'Épitre
aux Colossiens. — Elle explique également son caractère doctrinal, ses allusions
au langage gnostique ou les emprunts que ces hérétiques ont faits à son voca-
bulaire. Retenu depuis deux ans à Rome, loin des églises qu'il a évangélisées,
l'Apótre devait avoir un peu perdu de vue les combats qu'il avait eus d'abord
à soutenir, les oppositions des faux fréres, leur engoüment pour la loi de
Moise, leurs rivalités, leurs artifices. Aussi n'en est-il pas question dans cette
lettre. Ce quile préoccupe, ce sont les périls dont l'hérésie menace l'Église; ce
sont les doctrines erronées et perverses qui commencent actuellement a enva-
hir l'Asie-Mineure; ce sont les Antechrists qui se soulévent de tous cótés et qui
s'efforcent de détruire ce qu'il a fait pour la gloire de l'Homme-Dieu. De là,
l'ardeur qu'il éprouve et les efforts qu'il tente pour faire comprendre et appré-
cier de plus en plus le mystère du Christ. De là, cette révélation plus complète
de ses grandeurs et de ses desseins. De là, cette insistance à proclamer que
Jésus-Christ est le Créateur et le chef supréme des hiérarchies du ciel, aussi
bien que des membres de l'Eglise; qu'il est l'unique médiateur de Dieu et des
hommes, qu'en lui tout se rapproche, tout s'unit, tout se purifie, tout se per-
fectionne et s'achéve; qu'il possède tous les trésors de la science et tous les dons
du ciel, que toute doctrine différente de la sienne est frivole ou erronée, que
pour empécher ses dieciples d'étre emportés au souffle des doctrines humaines,
il a confié à un corps enseignant le dépót de la foi, avec la charge d'éclairer
les fidéles et de communiquer à tous les gráces du salut. Quand une vérité est
contredite, altéréc, amoindrie, n'est-ce pas pour l'Apótre le moment de la
proclamer, de la défendre, d'en faire sentir l'importance, l'excellence, la certi-
tude?
et
INTRODUCTION. 9190
2° Ce n'est pas dans la partie morale, c'est dans la partie dogmatique seule-
ment qu'on peut trouver le langage de l'Apótre moins net et moins précis que
dans l'Epitre aux Corinthiens. Mais est-il étonnant qu'en matiére de dogme,
sur les questions si élevées et si neuves que soulevaient les Gnostiques, S. Paul
ait eu moins de facilité à rendre ses idées, qu'il n'ait pas échappé tout à fait à
lembarras et au vague des auteurs mystiques, qu'il ait senti, comme tant de
Saints, la difficulté d'exprimer dans le langage des hommes les lumiéres dont
l'Esprit de Dieu éclairait son àme? A la sublimité et à la nouveauté des idées,
joignez la rapidité de la composition. L'Apótre n'avait pas pour écrire ses
Lettres le loisir qu'ont les académiciens pour composer leurs livres. En bien
des cas, il était forcé de s'en tenir au premier jet, et de songer moins au mérite
de sa composition qu'aux besoins de ceux qu'il voulait instruire. D'ailleurs,
dans ces passages mémes que les littérateurs ordinaires jugent obscurs, les
hommes habitués à méditer l'Ecriture et qui participent aux gráces comme aux
vertus de l'Apótre, ne trouvent-ils pas souvent des lumières aussi abondantes
que sublimes? Et si négligé qu'on le trouve, qui oserait dire que l'auteur sacré
n'est pas incomparablement plus net, plus précis, que les réveurs gnostiques
qu'il réfute?
Concluons que l'Epitre aux Ephésiens n'a rien qui ne soit digne de S. Paul,
conforme à son caraclére, et qu'on ne voit pas de raison pour récuser le témoi-
gnage que l'Eglise rend de son origine apostolique. (L. Bacuez.)
ÉPITRE
DE SAINT PAUL
AUX ÉPHÉSIENS
CHAPITRE PREMIER.
Saint Paul salue les Ephésiens. Il bénit
le Seigneur qui nous ἃ comblés de
grâces et prédestinés en Jésus-Christ.
Réunion du ciel et de la terre, des Juifs
et des gentils, en Jésus-Christ. L'apótre
demande à Dieu, pour les Ephésiens,
l'esprit de sagesse et de lumière, et leur
fait remarquer le supréme degré de
gloire auquel Jésus-Christ a été élevé.
1. Paul, apótre de Jésus-Christ
parla volonté de Dieu, à tous les
saints qui sont à Ephèse, et aux
fideles en Jésus-Christ.
2. Grâce à vous et paix par Dieu
notre Pere et par le Seigneur Jé-
sus-Christ.
3. Béni le Dieu et Père de Notre
Seigneur Jésus-Christ, qui nous
a bénis de toute bénédiction spi-
rituelle, des dons célestes dans
le Christ!
4. Comme il nous a élus en lui
avant la fondation du monde, afin
que nous fussions saints et sans
tache en sa présence dans la cha-
rité ;
5. Qui nous a prédestinés à l'a-
Cua». 1. 3. II Cor., 1, 3; I Pierre, 1, 3.
doption de ses enfants par Jésus-
Christ, selon le dessein de sa vo-
lonté ;
6. Pour la louange de la gloire
de sa gráce dont il nous a grati-
fiés par son bien-aimé Fils,
7. En qui nous avons la ré-
demption par son sang, et la ré-
mission des péchés, selon les ri-
chesses de sa grâce,
8. Qui a surabondé en nous en
toute sagesse et toute intelli-
gence;
9. Pour nous faire connaitre le
mystere de sa volonté, selon sa
bienveillance, par laquelleilavait
résolu en lui-méme,
10. Dans la dispensation de la
plénitude des temps, de restaurer
dans le Christ tout ce qui est dans
les cieux, et tout ce qui est sur la
terre : en lui-méme,
11. En qui nous aussi nous
avons été appelés par le sort,
ayant été prédestinés selon le
décret de celui qui fait toutes
choses suivant le conseil de sa
volonté;
of
1. A tous les saints. Voy. Act., 1x, 13.
8. En loute sagesse, etc.; c'est-à-dire en nous remplissant de toute sagesse, etc.
[cu. [.זז
19. Afin que nous soyons la
louange de sa gloire, nous qui les
premiers avons espéré en Jésus-
Christ,
13. En qui, vous aussi, vous
avez espéré, apres avoir entendu
la parole de vérité (l'Evangile de
votre salut), en qui, après avoir
embrassé la foi, vous avez été
marqués du sceau de l'Esprit de
la promesse, qui est saint,
14. Qui est le gage de notre
héritage pour 16 rachat de son ac-
quisition, pour la louange de sa
gloire.
15. C'est pourquoi, moi aussi,
apprenant quelle est votre foi
dans le Seigneur Jésus, et votre
amour pour tous les saints,
16. Je ne cesse de rendre grâces
pour vous, faisant mémoire de
vous dans mes prières;
17. Afin que le Dieu de Notre
Seigneur Jésus-Christ, le Père de
la gloire, vous donne l'esprit de
sagesse et de révélalion, pour le
connaitre ;
18. Qu'il éclaire les yeux de
votre Cœur, pour que vous sa-
chiez quelle est l'espérance à la-
quelle il vous a appelés, quelles
sont les richesses de gloire de
l'héritage destiné aux saints;
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS. 2797
19. Et quelle est la grandeur
suréminente de sa vertu en nous,
qui croyons, selon l'opération de
la puissance de sa vertu,
90.Qu'ilaexercée dansle Christ,
le ressuscitant d'entre les morts,
etle placant à sa droite dans les
cieux,
91. Au-dessus de toute princi-
pauté, de toute puissauce, de
toute vertu, de toute domination,
et de tout nom qui est nommé
non-seulement dans ce siècle,
mais aussi dans le futur.
99. Et il a mis toutes choses
sous ses pieds, et il l'a établi chef
sur toute l'Eglise,
93. Qui est son corps, et le
complément de celui qui se com-
pléte entierement dans tous ses
membres.
CHAPITRE II.
L'homme mort par le péché est ressuscité
en Jésus-Christ. Nous sommes sauvés
par sa gràce. Les gentils, étrangers
aux promesses, en sont devenus héri-
tiers. Jésus-Christ réconciliateur des
deux peuples. Edifice de l'Eglise.
1. Et vous, Z vous a ₪
lorsque vous étiez morts par vos
offenses et par vos péchés,
2. Dans lesquels autrefois vous
19. Infra, i, 7. — 22. Ps. vi, 8. — .גצ II. 1. Coloss., τι, 13.
13. L'Esprit de la promesse qui est saint; c'est-à-dire l'Esprit-Saint promis.
14. Le rachat de son acquisition, veut dire la délivrance parfaite du peuple que
Jésus-Christ s'est acquis. — Pour la louange de sa gloire. Compar. les vers. 6, 12.
19 Pour tous les saints. Voy. Act., 1x, 13.
16. Faisant mémoire de vous. Voy., sur cette locution, Rom., r, 9.
19. Les mots puissance, vertu, sont des synonymes réunis ici pour exprimer le
degré supréme de la puissance divine.
1. Il vous a vivifiés. Ces mots, exprimés au vers. 5, sont évidemment sous-entendus
dans celui-ci.
2. Vous avez marché. Comme nous l'avons déjà remarqué, les Hébreux se servaient
du verbe aller, marcher, pour exprimer l'idée de vivre, se conduire. — Fils de la
PA oi c'est-à-dire de l’incrédulilé; hébraisme, pour défiants, incrédules. Compar.
olos., 11, 6.
2198
avez marché, selon la coutume
de ce monde, selon le prince des
puissances de l'air, de l'esprit qui
agit efficacement à cette heure
sur les fils de la défiance,
3. Parmi lesquels nous tous
aussi nous avons vécu, selon nos
désirs charnels, faisant la volonté
de la chair et de nos pensées;
ainsi nous étions par nature en-
fants de colére comme tous les
autres;
4. Mais Dieu, qui est riche en
miséricorde, par le grand amour
dont il nous a aimés,
5. Et lorsque nous étions morts
par les péchés, nous a vivifiés
dans le Christ (par la gráce duquel
vous étes sauvés),
6. Nous a ressuscités avec lui,
et nous a fait asseoir dans les
cieux en Jésus-Christ ;
7. Pour manifester dans les
siecles à venir les richesses abon-
dantes de sa gráce, par sa bonté
pour nous dans le Christ Jésus.
8. En effet, c'est la gráce qui
vous a sauvés par la foi, et cela
ne vient pas de vous, car c'est un
don de Dieu,
9. Ni des œuvres, afin que nul
ne se gloritie.
10. Car nous sommes son ou-
vrage, ayant été créés dans le
Christ Jésus pour les bonnes
œuvres que Dieu a préparées,
afin que nous y marchions.
41. C'est pourquoi souvenez-
vous qu'autrefois, vous gentils
selon la chair, vous étiez appelés
incirconcision, par ce qu'on ap-
18. Rom., v, 2.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS.
(cu, 11]
pelle circoncision, à cause de la
circoncision dans la chair faite de
main d'homme;
19. Parce que vous étiez en ce
temps-là sans Christ, séparés de
la société d'Israël, étrangers aux
alliances, n'ayant point l'espé-
rance de la promesse, et sans
Dieu en ce monde.
19. Mais maintenant que vous
étes dans le Christ Jésus, vous
qui étiez autrefois éloignés, vous
avez été rapprochés par le sang
de ce méme Christ.
14. Car c'est lui qui est notre
paix, lui qui des deux choses en
a fait une seule, détruisant dans
sa chair le mur de séparation,
leurs inimitiés ;
15. Abolissant par sa doctrine
la loi des préceptes, pour des
deux former en lui-méme un seul
homme nouveau, en faisant la
paix,
16. Et pour réconcilier à Dieu
par la croix les deux réunis en
un seul corps, déiruisant en lui-
méme leurs inimitiés.
11. Ainsi, venant, il a annoncé
la paix et à vous qui étiez loin,
et à ceux qui étaient près;
18. Parce que c'est par lui que
nous avons acces les uns et les
autres auprés du Pére, dans un
seul Esprit.
19. Vous n'étes donc plus des
hótes et des étrangers, mais des
concitoyens des saints, et de la
maison de Dieu;
90. 08/18 sur le fondement des
apôtres et des prophètes, le Christ
6. En Jésus-Chrisl; ou, selon d'autres, avec Jésus-Christ.
19. Sans Christ; puisque les idoles que vous adoriez n'étaient réellement pas Dieu.
14. Des deux choses; c'est-à-dire des deux peuples, juif et gentil.
(en. [.זזז
Jésus étant lui-même pierre prin-
cipale de l'angle,
91. Sur lequel tout l'édifice
construit s'éléve comme un tem-
ple sacré dans le Seigneur;
22. Sur lequel vous êtes bâtis
vous-mémes pour étre une de-
meure de Dieu par l'Esprit.
CHAPITRE III.
Le mystére de la vocation des gentils est
révélé à saint Paul, et l'exécution lui
en est confiée. C'est pour eux qu'il est
dans les liens. 11 demande à Dieu pour
les Ephésiens deux sortes de grâces,
dont les unes regardent ie cœur et les
^utres l'esprit.
1. C'est pour cela que moi,
Paul, je suis le prisonnier du
Christ Jésus, pour vous gentils;
9. Car vous avez appris sans
doute que Dieu m'a confié la dis-
pensation de sa grâce en votre
faveur;
3. Puisque, par révélation, il
m'a fait connaitre ce mystere,
comme je vous l'ai écrit plus haut
en peu de mots;
4. De sorte que lisant, vous
pouvez comprendre l'intelligence
que j'ai du mystere du Christ,
9. Mystere qui, dans les autres
généralions, n'a pas été décou-
vert aux enfants des hommes,
comme il est maintenant révélé
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS. 799
par l'Esprit aux saints apótres et
aux prophètes,
6. Que les gentils sont cohéri-
tiers, membres d'un méme corps,
et participants avec eux de sa
promesse en Jésus-Christ par
l'Evangile,
1. Dont j'ai été fait le ministre,
en vertu du don de 18 grâce de
Dieu, qui m'a été donnée par l'o-
pération de sa vertu.
8. A moi, le moindre des saints,
a été donnée cette gráce d'annon-
cer parmi les gentils les richesses
incompréhensibles du Christ,
9. Et d'éclairertous les hommes
touchant la dispensation du mys-
tere caché, des l'origine des siè-
cles, en Dieu qui a créé toutes
choses ;
10. Afin que les principautés et
les puissances qui sont dans les
cieux connussent par l'Eglise la
sagesse multiforme de Dieu,
11. Selonle décret éternel qu'il
a accompli dans le Christ Jésus
Notre Seigneur,
12. En qui nous avons la liberté
et 180068 auprès de Dieu, avec
confiance par la foi en lui.
13. Aussi je vous demande de
ne vous point laisser abattre à
cause de mes iribulations pour
vous, car c'est votre gloire.
Caae. III. 7. Supra, 1, 19. — 8. I Cor., xv, 9.
22. Par l'Esprit; c'est-à-dire par l'Esprit-Saint qui vous a été donné pour vous
rendre dignes de cet honneur.
1. Je suis. Ces deux mots sont nécessaires pour lier ce verset aux suivants, lesquels
forment une parenthèse qui ne se termine qu'au quatorzième, commençant comme
le premier par: C'est pour «ela. — * Prisonnier. S. Paul écrit cette Epitre de Rome,
oü il est prisonnier pour la cause de Jésus-Christ.
6. De sa promesse; c'est-à-dire de la promesse de Dieu nommé au verset 2. On peut
remarquer d'ailleurs que tout ce qui est dit ici dépend du méme vers. 2, et explique
la gràce divine dont il est question.
12. La liberté et l'accés, pour le libre accès; figure grammaticale en usage chez
les écrivains grecs aussi bien que chez les auteurs sacrés,
980U
14. C'est pour cela que je flé-
chis les genoux devant le Pere
de Notre Seigneur Jésus-Christ,
15. De qui toute paternité tire
son nom au ciel et sur la terre;
16. Afin qu'il vous accorde, se-
lonles richesses de sa gloire, que
vous soyez puissamment forti-
fiés par son Esprit dans l'homme
intérieur;
17. Que le Christ habite par la
foi dans vos cœurs, et qu'enraci-
nés et fondés dans la charité,
18. Vous puissiez comprendre
avec tous les saints, quelle est
la largeur et la longueur, la hau-
teur et la profondeur,
19. Et connaitre aussi la charité
du Christ, qui surpasse toute
science, afin que vous soyez rem-
plis de toute la plénitude de Dieu.
20. Mais à celui qui est puissant
pour tout faire bien au delà de
ce que nous demandons ou con-
cevons, selon la vertu qui opère
en nous,
91. A lui la gloire dans l'Eglise
et dans le Christ Jésus, dans tou-
tes les générations du siècle des
siecles! Amen.
CHAPITRE IV.
Exhortation à la charité. Dons de Jésus-
Christ. Economie de son corps mys-
tique. Vie paienne, vie chrétienne. Se
dépouiller du vieil homme, et se revé-
tir de l'homme nouveau.
1. Je vous conjure donc, moi
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS.
[cir. 1v.]
chargé de liens pour le Seigneur,
de marcher d'une manière digne
de la vocation à laquelle vous
avez été appelés,
2. Avec toute humilité et toute
mansuétude, avectoute patience,
vous supportant mutuellement.
en charité ;
3. Appliqués à conserver l’u-
nité d'esprit, par le lien de la
paix.
4. Soyez un seul corps et un
seul esprit comme vous avez été
appelés à une seule espérance
dans votre vocation.
5. Il y a un seul Seigneur, une
seule foi, un seul baptéme,
6. Un seul Dieu et Père de tous,
qui est au-dessus de tous, et au
milieu de toutes choses, et en
nous tous.
Or à chacun de nous a été .ד
donnée la gráce, selon la mesure
du don de Jésus-Christ.
8. C'est pourquoi l' Ecriture dit:
Montant au ciel, il a conduit une
captivité captive ; il a donné des
dons aux hommes.
9. Mais qu'est-ce : 11 est monté,
sinon qu'il est descendu aupara-
vant dans les parties inférieures
de la terre?
10. Celui qui est descendu est
le méme qui est monté au-dessus
de tous les cieux, afin qu'il rem-
plit toutes choses.
11. Et c'est lui qui a fait les uns
apôtres, les autres prophètes,
IV. 4. I Cor., vir, 20. — 3. Phil, 1, 27. — 6. Mal., m, 10. — 7. Rom., xit, 3; שג
,זא I Cor., xit, 11; 11 Cor., x, 13. — 8. Ps. rxvir, 19. — 11, 1 Cor.,
pM MM ll d
14. C’est pour cela. La longue parenthèse qui commence au vers. 3 étant terminée
avec le treizième, saint Paul reprend ici son discours.
19. De qui toute paternité; c'est-à-dire que Dieu est le principe et le chef de toute
la grande famille qui est dans le ciel et sur la terre.
18. La largeur, etc.; en un mot l'immensité du mystère de l'Incarnation,
8. Captivilé captive; hébraisme, pour captivité nombreuse.
feu. 1v.]
pasteurs et docteurs,
12. Pour la perfection dessaints,
pour l'œuvre du ministère, pour
l'édification du corps du Christ,
13. Jusqu'à ce que nous parve-
nions tous à l'unité de la foi et de
la connaissance du Fils de Dieu,
à l'état dun homme parfait, à
la mesure de l’âge de 18 plénitude
du Christ;
14. Afin que nous ne soyons
plus comme de petits enfants qui
flottent, ni emportés çà et là à
tout vent de doctrine, par la mé-
chanceté deshommes, par l'astuce
qui entraîne dans le piége de l'er-
reur.
15. Mais que pratiquant la
vérité dans la charité, nous crois-
sions en toutes choses dans celui
qui est le chef, le Christ,
16. En vertu duquel tout le
corps uni et lié par toutes les join-
tures qui se prêtent un mutuel
secours, d'aprés une opération
proportionnée à chaque membre,
recoit son accroissement pour
étre édifié dans la charité.
17. Je vous dis donc, et je vous
conjure par le Seigneur de ne
plus marcher comme les gentils,
qui marchent dans la vanité de
leurs pensées,
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS.
d'autres évangélistes, d'autres |
2801
18.Qui ontl'intelligence obscur-
cie de ténébres, entierement
éloignés de la vie de Dieu, par
l'ignorance qui est en eux, à
cause de l'aveuglement de leur
cœur;
19. Qui, ayant perdu tout es-
poir, se sont livrés à l’impudicité,
à toutes sortes de dissolutions, à
l'avarice.
20. Pour vous, ce n'est pas
ainsi que vous avez été instruits
touchant le Christ ;
91. Si cependant vous lavez
écouté, et si vous avez appris de
lui, selon la vérité de sa doctrine,
22. A dépouiller, par rapport à
votre premiere vie, le vieil
homme qui se corrompt par les
désirs de l'erreur.
93. Renouvelez-vous dans l'es-
prit de votre âme,
94. Et revétez-vous de l'homme
nouveau, qui a été créé selon
Dieu dans la justice et la sainteté
de la vérité.
25. C'est, pourquoi, quittant le
mensonge, que chacun dise la
vérité avec son prochain, parce
que nous sommes membres les
uns des autres.
20. Irritez-vous et ne péchez
point; que le soleil ne se couche
point sur votre colère.
17. Rom., 1, 21. — 22. Coloss., nr, 8. — 23. Rom., vi, 4. — 24. Coloss., 11, 13. —
25. I Pierre, 1 1; Zach., viir, 16. — 26. Ps.
IVO d.
13. A la mesure, etc.; c'est-à-dire à l’âge viril du Christ. Jésus-Christ se forme en
nous par degrés; il est enfant, il est faible, il grandit, il devient parfait, à proportion
du progrès que nous faisons dans la perfection.
19. A l’avarice. D'autres, se rapprochant du Grec, traduisent: Avec ardeur.
29. L'esprit de votre áme; toutes les facultés, toutes les puissances, tous les sen-
timents de votre âme.
24. La justice et la sainteté de la vérité; hébraisme et hellénisme, pour la vraie
justice et la vraie sainteté. Compar. ui, 11.
26. Si vous éprouvez un mouvement d'irritation mauvaise, ou méme de juste indi-
gnation, réprimez ou réglez-le, pour ne pas pécher. Le texte hébreu du Psaume, iv, 5,
cité par l'apótre, signifie à la lettre: frémissez, ou tremblez, mais ne péchez pas.
N. T.
176
2802
97. Ne donnez point lieu au
diable.
. 98. Que celui qui dérobait ne
dérobe plus, mais plutót qu'il
s'occupe, en travaillant de ses
mains, à ce qui est bon, pour
avoir de quoi donner à qui souf-
fre du besoin.
99. Qu'aucun discours mauvais
ne sorte de votre bouche; que
s'il en sort quelqu'un, qu'il soit
bon pour édifierla foi, et donner
la grâce à ceux qui l'écoutent ;
80. Et ne contristez point l'Es-
prit-Saint, dont vous avez reçu
le sceau pour le jour de la ré-
demption.
31. Que toute amertume, toute
colere, tout emportement, toute
clameur et toute diffamation soit
bannie de vous, avec toute ma-
lice.
39. Mais soyez bons les uns
enverslesautres, miséricordieux,
vous pardonnant mutuellement,
comme Dieu lui-même vous ἃ
pardonné en Jésus-Christ.
CHAPITRE V.
Imiter Dieu et Jésus-Christ. Bannir l'im-
pudicité. Vivre en enfant de lumière.
Fuir les œuvres de ténèbres. Racheter
le temps. Se remplir du Saint-Esprit.
Se respecter mutuellement. Sainteté
du mariage. Devoirs du mari et de la
femme.
1. Soyez dono les imitateurs de
Dieu, comme enfants bien-aimés;
9. Et marchez dans lamour,
comme le Christ nous a aimés et
s'est livré lui-même pour nous
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS.
(cn. v.]
en oblation à Dieu, et en hostie
de suave odeur.
9. Que 18 fornication et toute
impureté, ou l'avarice ne soit pas
méme nommée parmi vous,
comme il convient à des saints.
4. Point de turpitudes, de fol-
les paroles, de bouffonneries, ce
qui ne convient point; mais plu-
tót des actions de gráces.
5. Car sachez comprendre qu'au-
cun fornicateur, ou impudique,
ou avare, ce qui est une idolàtrie,
n'a d'héritage dans le royaume
du Christ et de Dieu.
6. Que personne ne vous sé-
duise par de vains discours, car
cest pour ces choses que vient
la colere de Dieu sur les fils de la
défiance.
7. N'ayez done point de com-
merce avec eux.
8. Car autrefois vous étiez té-
nèbres, mais maintenant vous
étes lumiere dans le Seigneur.
Marchez comme des enfants de la
lumiere
9. (Or le fruit de la lumière con-
siste en toute bonté, justice et
vérité),
10. Examinant ce qui est agréa-
ble à Dieu.
11. Ne vous associez point aux
œuvres infructueuses des té-
nèbres, mais plutôt réprouvez-
les;
12. Car ce qu'ils font en secret
est honteux même à dire.
13. Or tout ce qui est répréhen-
sible se découvre par la lumière;
27. Jac., 1v, 7. — 32. Coloss., ur, 13. — Cnuap. V. 2. Jean, זוא 34; xv, 12; I Jean, 1v, 21.
— 3. Coloss., m, 5. — 6. Matt., xxiv, 4; Marc, xir, 5; Luc, xxt, 8; 11 Thess., 11, 3.
i Ó— — —— ——
6. Les fils de la défiance ou de l'incrédulité. Voy. sur cet hébraisme, n, 2.
13. Est lumière; c'est-à-dire devient lumière; hébraisme, vour devient tout brillant
de lumiere, tout lumineux.
[cn. v.)
car tout ce qui se découvre est
lumiere.
14. C'est pourquoi l' Ecriture dit:
Leve-toi, toi qui dors; lève-toi
d'entre les morts, et le Christ
t'illuminera.
15. Ayez donc soin, mes freres,
46 marcher avec circonspection,
non comme des insensés,
16. Mais comme des hommes
sages, rachetant le temps, parce
que les jours sont mauvais.
17. Ne soyez done pas impru-
dents, mais comprenez quelle est
la volonté de Dieu ;
18. Et ne vous enivrez pas
de vin qui renferme la luxure;
mais soyez remplis de l'Esprit-
Saint ;
19. Vous entretenant entre vous
de psaumes, d'hymnes et de can-
tiques spirituels, chantant et psal-
modiant du fond de vos cœurs à
la gloire du Seigneur; ,
90. Rendant grâces toujours et
pour toutes choses, au nom de
Notre Seigneur Jésus-Christ, à
Dieu et Père;
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS.
2503
91. Soumis les uns aux autres
dans la crainte du Christ.
22. Que les femmes soient sou-
mises à leurs maris comme au
Seigneur;
23. Parce que l'homme est le
chef de 18 femme, comme le Christ.
est le chef de l'Eglise, et il est
aussi le Sauveur de son corps.
94. Comme donc l'Eglise est.
soumise au Christ, ainsi le soient
en toutes choses les femmes à
leurs maris.
95. Maris, aimez vos femmes,
comme le Christ a aimé l’Église,
et s'est livré lui-même pour elle,
26. Afin de la sanctifier, la pu-
rifiant par le baptéme d'eau, par
la parole de vie,
27. Pourla faire paraître devant
lui une Eglise glorieuse, n'ayant
ni tache, ni ride, ni rien de sem-
blable, mais pour qu'elle soit
sainte et immaculée.
28. Ainsi les maris doivent ai-
mer leurs femmes comme leur
propre corps. Celui qui aime sa
femme, s'aime lui-méme.
15. Coloss., 1v, 5. — 17. Rom., xir, 2; I Thess., 1v, 3. — 22. Genèse, im, 16; Coloss.,
nr, 18; 1 Picrre, irr, 1. — 23. 1 Gor., xr, 3. — 25. Coloss., ri, 19.
14. L'Ecriture dit. Trois passages différents d'Isaie ont beaucoup de rapport avec
la citation que fait ici l'apótre; ce sont: 1x, 2; xxvi, 19; Lx, 1, 9. Mais il faut se
rappeler que saint Paul cite rarement les textes de l'Ecriture dans leurs propres
termes.
16. Rachetant le temps; c'est-à-dire le faisant tourner à notre profit; métaphore
tirée de ce qui se pratique dans le commerce. On est attentif à toutes les occasions
qui se présentent de faire un bon marché, et d'acheter quelque chose de précieux.
On ne néglige rien pour acheter ou vendre à profit. — Les jours sont mauvais; c'est-
à-dire pleins de tentations et de périls, qui nous exposent à toute heure au danger
de nous perdre.
24. L'Eglise, selon saint Paul, obéit toujours à Jésus-Christ; par conséquent elle
ne se séparera jamais de lui, et ne deviendra jamais adultére.
26. Par /a parole de vie, les Pères, en général, entendent les paroles que l'on pro-
nonee en baptisant, et qui constituent la forme du baptéme.
21. Non seulement l'Eglise triomphante, mais l'Eglise militante elle-même réunit
les qualites décrites ici par l'apótre, si on la considére par rapport à son chef, Jésus-
Christ, à sa doctrine, à ses sacrements, à ses lois, à ses membres méme, tels que
les âmes justes et tidéles qui, malgré quelques imperfections légères, sont cependant
ornées de la grâce sanctitiante.
ἰ
980^
290. Car personne. n'a jamais
hai sa chair, mais il la nourrit
et la soigne, comme le Christ
l'Eglise;
30. Parce que nous sommes
les membres de son corps, formés
de sa chair et de ses os.
31. À cause de cela l'homme
laissera son père et sa mère, et
s'altachera à sa femme; et ils se-
ront deux dans une seule chair.
39. Ce sacrement est grand, je
dis dans 16 Christ et dans l'Eglise.
33. Que chacun de vous donc
aime sa femme commelui-même ;
mais que la femme craigne son
mari.
CHAPITRE VI.
Devoirs mutuels des enfants et des pères,
des serviteurs et des maîtres. Armes
spirituelles des chrétiens contre les dé-
mons, Saint Paul se recommande aux
priéres des Ephésiens; il leur envoie
Tychique. Salutations.
1. Enfants, obéissez à vos pa-
rents dans le Seigneur; car cela
est juste.
2. Honore ton père et ta mère
(c'est le premier commandement
fait avec une promesse),
3. Afin que bien t'arrive, et
que tu vives longtemps sur la
terre.
4. Et vous, pères, ne provoquez
point vos enfants à la colère, mais
élevez-les dans la discipline et la
correction du Seigneur.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS.
(ca. vi.]
5. Serviteurs, obéissez à vos
maîtres selonlachair, aveccrainte
et tremblement, dans la simpli-
cité de votre cœur, comme au
Christ méme,
6. Les servant, non à l'œil,
comme pour plaire aux hommes,
mais comme des serviteurs du
Christ, accomplissant de cœur la
volonté. de Dieu ;
7. Faisant votre service de bon
gré, comme pour le Seigneur et
et non pour les hommes,
8. Sachant que chacun recevra
du Seigneur la récompense de
toutle bien qu'il aura fait, qu'il
soit esclave ou libre.
9. Et vous, maîtres, faites de
méme envers eux, leur épargnant
les menaces, sachant que, le
même Seigneur, le leur et le
vôtre, est dans le ciel, et qu'il n'y
a pas chez lui acception des per-
sonnes.
10. Du reste, mes freres, forti-
fiez-vous dans leSeigneur et dans
la puissance de sa vertu.
11. Revétez-vous de l'armure
de Dieu, afin de pouvoir tenir
contre les embüches du diable ;
19. Parce que nous n'avons
point à lutter contre la chair et le
sang, mais contre les princes el
les puissances, contre les domi-
nateurs de ce monde de ténèbres,
contre les esprits de malice ré-
pandus dans l'air.
31. Genèse, it, 24; Matt., xix, 5; Marc, x, 7; I Cor., vr, 16. — (ΠΑΡ. VI. 2. Exode,
xx, 12; Deut., v, 16; Eccli., rrr, 9; Matt., xv, 4; Marc, vir, 10; Col, rir, 20. — 5. Coloss.,
nr, 22; Tit., 1t, 9; I Pierre, rz, 18: — 9. Deut., x, 17; 11 Par., xix, 1; Job, xxxiv, 19;
Sag., vr, 8; Eccli., xxxv, 15; Actes, x, 34; Rom., rr, 11; Coloss., ir, 25; I Pierre, x, 17.
4. Dans la discipline, etc. ; c'est-à-dire en les instruisant et en les corrigeant selon
les régles que le Seigneur prescrit dans l'Evangile.
10. Dans la puissance de sa vertu; hébraisme et hellénisme, pour dans la vertu
puissante.
12, Contre les esprits, etc. Compar. τι, 2.
[cu. vi.]
13. C'est pourquoi, prenez l'ar-
mure de Dieu, afin qu étant
munis de tout, vous puissiez,
au jour mauvais, résister, et
en toutes choses demeurer par-
faits.
14. Soyezdoncfermes, ceignant
vos reins de la vérité, et revétant
la cuirasse de la justice,
15. Et chaussant vos pieds pour
vous préparer à l'Evangile de la
paix;
16. Prenant surtout le bouclier
de la foi, dans lequel vous puis-
siez éteindre tous les traits en-
flammés du malin.
11. Prenez aussi le casque du
salut, et le glaive de l'Esprit (qui
est la parole de Dieu),
18. Priant en esprit en tout
temps, par toute sorte de prières
et de supplications, et dans le
méme esprit veillant en toute
instance et supplication pour tous
les saints ;
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS.
2805
19. Et pour moi, afin que, lors-
que jouvrirai ma bouche, des
paroles me soient données pour
annoncer avec assurance le mys-
tere de l'Evangile,
20. Dont j'exerce la légation
dans les chaines, et qu'ainsi j'ose
en parler comme je dois.
91. Et pour que vous sachiez les
circonstances oü je me trouve,
et ce que je fais, Tychique, notre
frere, et fidèle ministre du Sei-
gneur, vous apprendra toutes
choses.
29. Je l'ai envoyé vers vous
exprès pour que vous sachiez ce
qui nous concerne, etqu'ilconsole
VOS cours.
25. Paix à nos frères et charité
avec la foi, par Dieu le Père, et
par le Seigneur Jésus-Christ.
24. Que la grâce soit avec tous
ceux qui aiment Notre Seigneur
Jésus-Christ dans l’incorruptibi-
lité. Amen.
17. Isaie, rix, 17; 1 Thess., v, 8. — 48. Coloss., rv, 2. — 19. Coloss., 1v, 3; II Thess.,
rit, 4.
13. Au jour mauvais; au jour de la tentation et du péril. Compar. v, 16. — De-
meurer parfaits; c'est-à-dire complètement vainqueurs, sans avoir rien perdu dans
le combat.
16. Du malin esprit, du démon.
21. * Tychique. Voir Actes, xx, 4.
24. Dans l'incorruptibilité; d'un amour incorruptible, ou bien en se conservant purs
de la corruption de ce monde. Compar. Jac., 1v, 4.
EPITRE DE SAINT PAUL
AUX PHILIPPIENS
———29-0-0 0:2€0 0-0-0———
INTRODUCTION
Philippes est la première ville d'Europe où S. Paul ait préché la foi. C'était
une place de moyenne importance, mais à laquelle le pére d'Alexandre avait
donné son nom et qu'Auguste éleva au rang de colonie romaine aprés la vic-
toire qu'il avait remportée sous ses murs. L'Apótre s'y rendit en venant de
Troade, au début de sa seconde mission, l'an 57. Il s'y arréta pour célébrer la
Pâque, dans son dernier voyage à Jérusalem, en 58. A l'exemple de Lydie, qui
se montra si généreux à son égard dès le moment de sa conversion, les fidèles
de cette Eglise lui témoignèrent leur reconnaissance en lui envoyant des secours,
d'abord à Thessalonique et à Corinthe, puis à Rome, dans sa premiére captivité.
C'est de cette dernière ville, et par l'intermédiaire d'Epaphrodite, leur. évêque,
qui lui avait apporté leur offrande, que S. Paul leur adresse cette Lettre.
On n'y trouve ni exposition doctrinale proprement dite, ni discussion polé-
mique, ni enchainement d'idées bien marquées. C'est une simple Lettre, assez
courte, une effusion de cœur, une communication spontanée et toute paternelle,
pleine de détails intimes, d'encouragements, de bons conseils, d'exhortations
et d'actions de grâces. En la lisant, on sent quelle est la tendresse de S. Paul
pour ses enfants en Jésus-Christ, et combien leur foi, leurs vertus, leurs progrés
dans la sainteté lui sont chers. Quand il parle de leur affection pour lui, son
âme déborde de consolation et de tendresse. Il espère recouvrer bientôt sa
liberté; mais en attendant, il n'a pas lieu de se plaindre de son état : Dieu fait
servir au progrès de l'Evangile sa captivité même. Quoiqu'il n'ait pas, pris en
commençant son titre d'Apótre, il ne néglige pas de profiter de cette occasion
pour affermir ses disciples dans la foi en Notre Seigneur et les animer à la
ferveur, et l’on peut remarquer que ses exhortations ne sont mélées d'aucun
reproche. L'Eglise de Philippes est sa joie et sa couronne. Il ne parait pas que
la zizanie s'y mélàt au bon grain. L'Epitre a bien quelques mots à l'adresse des
judaisants, mais rien ne prouve leur présence à Philippes. Aussi voyons-nous
dans les Actes que les Juifs y étaient peu nombreux. Ils n'y avaient pas méme
de synagogues, et l'Evangile ne dut pas faire beaucoup de conquétes dans leurs
rangs.
On n'a jamais contesté l'authenticité de cette Epitre. Elle est nommée dans
le Canon de Muratori et citée par les Péres les plus anciens, S. Irénée, Clément
d'Alexandrie, Tertullien, etc. S. Polycarpe en fait une mention expresse dans sa
Lettre à l'Eglise de Philippes. Elle offre au lecteur moins de difficultés que de
sujets d'édification. On la divise en deux sections : 1* Félicitations et actions de
grâces, 1; 2° Avis et exhortations, tt-iv. (L. Bacuez.)
ÉPITRE
DE SAINT PAUL
AUX PHILIPPIENS
CHAPITRE PREMIER.
Affection de saint Paul pour les Philip-
piens. Les liens de saint Paul fortifient
les fidèles. Vérité prêchée par esprit
d'envie. Confiance de saint Paul. Il est
partagé entre Dieu et ses fréres. Grande
gràce de souffrir pour Jésus-Christ.
1. Paul et Timothée, serviteurs
de Jésus-Christ, à tous les saints
dans le Christ Jésus, qui sont à
hilippes, et aussi aux évéques et
aux diacres.
9. Grâce à vous et paix par
Dieu notre Père et par Notre Sei-
gneur Jésus-Christ.
3. Je rends grâces à mon Dieu
en plein souvenir de vous
4. (Priant toujours avec joie
pour vous tous en toutes mes
prieres),
5. De votre participation à
l'Evangile du Christ, depuis le
premier jour jusqu'à présent;
6. Ayant cette confiance, que
celui qui ἃ commencé en vous
la bonne cuvre, la perfection-
nera jusqu'au jour du Christ Jé-
SUS;
1. Etil est juste que j'aie ce
sentiment pour vous tous, parce
que je sens dans mon cœur que,
soit dans mes liens, soit dans la
défense et l'affermissement de
lEvangile, vous êtes tous parti-
cipants de ma joie.
8. Car Dieu m'est témoin com-
bien je soupire aprés vous dans
les entrailles de Jésus-Christ.
9. Et ce que je demande, c'est
que votre charité de plus en plus
abonde en science et en toute
intelligence ;
10. Pour que vous choisissiez
les meilleures choses, pour que
vous soyez purs et sans reproche
jusqu'au jour du Christ,
11. Remplis des fruits de justice
par Jésus-Christ, pour la gloire et
la louange de Dieu.
19. Or je veux que vous sa-
chiez, mes frères, que ce qui
m'est arrivé ἃ servi à un plus
grand progres de l'Evangile,
1. A tous les saints, Voy. Act., 1x, 13.
3. En plein souvenir; c'est-à-dire avec un souvenir incessant, ne vous oubliant pas
un seul instant.
5. A l'Evangile du Christ; c'est-à-dire à la foi et à la doctrine évangélique, aussi
bien qu'aux peines et aux tribulations que j'ai éprouvées dans la prédication de
l'Evangile,
2808
13. En sorte que mes liens sont
devenus célèbres par le Christ
dans tout le prétoire et partout
ailleurs ;
14. Et que plusieurs de nos
freres dans le Seigneur, encoura-
gés par mes liens, ont beaucoup
plus osé annoncer sans crainte la
parole de Dieu.
15. Quelques-uns toutefois pró-
chent le Christ par envie et par
esprit de contention, d'autres par
une bonne volonté ;
16. Les uns par charité, sachant
que j'ai été établi pour la défense
de l'Evangile ;
17. Les autres annoncent le
Christ par esprit de contention et
non sincerement, croyant me
susciter des tribulations dans mes
liens.
18. Mais qu'importe? Pourvu
que le Christ soit annoncé de
quelque maniere que ce puisse
étre, ou par occasion, ou par un
vrai zele, je m'en réjouis et je
continuerai à m'en réjouir.
19. Car je sais que ceci tournera
à mon salut par vos prières et par
le secours de l'Esprit de Jésus-
Christ,
90. Selon mon attente et mon
espérance que je ne serai con-
fondu en rien; mais que par-
lant avec toute liberté, le Christ,
maintenant comme toujours,
sera glorifié en mon corps, soit
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX PHILIPPIENS.
[cu. 1.]
par ma vie, soit par ma mort.
91. Car pour moi, vivre c'est le
Christ, et mourir un gain.
99. Que si je vis dans la chair,
jai le fruit de mon travail; et
ainsi je ne sais que choisir.
93. Car je me sens pressé des
deux côtés, désirant d'être dis.
sous et d'être avec Jésus-Christ,
chose bien meilleure pour mot;
24. Et de demeurer dans la
chair, chosenécessaire pour vous.
95. Aussi, confiant en cela, je
sais que je resterai et que je de-
meurerai encore avec vous tous,
pour votre avancement et pour
la satisfaction de votre foi,
26. Afin que vos félicitations à
mon sujet abondent dansle Christ
Jésus par mon retour chez vous.
27. Seulement vivez d'une ma-
niere digne de lEvangile du
Christ, afin que, soit que je vienne
et vous voie, soit qu'absent, j'en-
tende dire que vous demeurez
animés d'un méme esprit, travail-
lant de concert pour la foi de
l'Evangile,
98. Et sans que vous soyez ef-
frayés enriem parnosadversaires,
ce qui est une cause de perdition
pour eux et de salut pour vous;
or cela vient de Dieu,
29. Puisqu'il vous a donné tou-
chant le Christ, non-seulement de
croire en lui, mais aussi de souf-
frir pour lui,
Cua. I. 27. Ephés., 1v, 1; Coloss., 1, 10; 1 Thess., 11, 12.
——»—O Án תת רברב ' ii... ורוו וו ה
13. Les Péres grecs et la plupart des commentateurs entendent ici par prétoire, le
palais de l'empereur, qui était alors Néron. Il est certain qu'on donnait ce nom à
l'hôtel des gouverneurs des provinces, où l'empereur lui-même logeait dans ses
voyages. On a donc pu le donner aussi au palais où il demeurait étant à Rome.
22. L'apótre veut dire que bien que mourir pour Jésus-Christ, soit un gain pour
lui, en le mettant tout de suite en possession du ciel, il doute néanmoins de ce qu'il
choisirait, parce qu'en demeurant plus longtemps dans la chair, c'est-à-dire dans son
corps, il pourrait encore être utile au salut de ses frères.
[cu. τι.
30. Soutenant le méme combat
que vous avez vu en moi, et que
maintenantvous entendez de moi.
CHAPITRE II.
Union. Humilité Abaissement et gloire
de Jésus-Christ. Opérer le salut avec
erainte et tremblement. Zéle de saint
Paul. Vertu de Timothée. Louange
d'Epaphrodite.
1. Si donc il est quelque conso-
lation dansle Christ, quelque dou-
ceur dans la charité, quelque
communion d'esprit; s'il est des
entrailles de commisération,
2, Comblez ma joie, étant dans
les mémes sentiments, ayant la
méme charité, la méme âme, la
méme pensée;
3. Rien par esprit de contention,
ni par vaine gloire, mais par hu-
milité, croyant les autres au-des-
sus de soi,
4. Chacun ayant égard, non à
ses propres intéréts, mais à ceux
d'autrui.
5. Ayez en vous les sentiments
qu'avait en lui le Christ Jésus,
6. Qui, étant dans la forme de
Dieu, n'a pas cru que ce füt une
usurpation de se faire égal à Dieu;
7. Mais il s'est anéanti lui-
méme, prenant la forme d'es-
clave, ayant été fait semblable
aux hommes, et reconnu pour
homme par les dehors.
8. Il s'est humilié lui-même,
s'étant fait obéissant jusqu'à la
mort de la croix.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX PHILIPPIENS.
2809
9. C'est pourquoi Dieu l’a exalté
et lui a donné un nom qui est au-
dessus de tout nom;
10. Afin quau nom de Jésus,
tout genou fléchisse dans le ciel,
surla terre et dans les enfers,
11. Et que toute langue con-
fesse que le SeigneurJésus-Christ
est dans la gloire de Dieu le
Père.
19. Ainsi, mes bien-aimés
(comme vous avez été toujours
obéissants), non-seulement en
ma présence, mais bien plus en-
core en mon absence, comme en
ce moment, opérez votre salut
avec crainte et tremblement.
13. Car c’est Dieu qui opere en
vous et le vouloir et le faire, selon
sa bonne volonté.
14. Faites tout sans murmure
et sans hésitations ;
15. Afin que vous soyez sans
reproche et sincères, comme des
enfants de Dieu, sans répréhen-
sion au milieu d'une nation dé-
pravée et perverse, parmi la-
quelle vous brillez comme des
astres dans le monde,
16. Gardant la parole de vie
pour ma gloire au jour du Christ,
parce que ce n'est pas en vain
que j'ai couru, ni en vain que j'ai
travaillé.
47. Et si je suis immolé sur le
sacrifice et l'oblation de votre foi,
je m'en réjouis et m'en félicite
avec vous tous;
18. Mais vous-mémes, réjouis-
Cap. II. 8. Hébr., π, 9. — 10. Isaie, xLv, 24; Rom., xiv, 11. — 14. I Pierre, ιν, 9.
————————— M — —— —MÀ———áá——À.
30. Et que maintenant vous entendez de moi; c'est-à-dire et dans lequel vous en-
tendez dire que je suis encore maintenant engagé.
6. La forme de Dieu, c'est l'étre, la nature de Dieu.
12. Opérez votre salut, etc.; c'est-à-dire défiez-vous de vous-mémes, et attendez tout
secours du ciel, de la protection divine.
2810
sez-vous-en et vous en félicitez
avec moi.
19. J'espère dans le Seigneur
Jésus vous envoyer bientót Ti-
mothée, afin que moi aussi, je
sois consolé, ce qui vous regarde
m'étant connu.
20. Car je n'ai personne qui me
soit aussi intimement uni et qui
s'inquiète autant de vous par une
affection sincère.
91. En effet, tous cherchent
leurs intéréts et non les intéréts
de Jésus-Christ.
22. Or jugez-le par l'épreuve
quienaété faite, puisque, comme
un fils aide son père, il m'a. aidé
dans la prédication de l'Evangile.
23. J'ai donc dessein de vous
l'envoyer dès que j'aurai pourvu
à ce qui me regarde.
24. Et j'ai cette confiance dans
le Seigneur, que moi-méme je
viendrai bientót vers vous.
25. Cependant j'ai jugé né-
cessaire de vous envoyer Epa-
phrodite, mon frére, compagnon
de mes travaux et de mes com-
bals, votre apótre et mon aide
dans mes nécessités ;
26. Parce qu'il désirait vous
voir tous, et qu'il était affligé que
vous l'aviez su malade.
19. Actes, xvi, 1. — 21. I Cor., xii, 5.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX PHILIPPIENS.
[cu. 1π.}
97. Car il a été malade jusqu'à
la mort, mais Dieu a eu pitié de
lui, et non-seulement de lui, mais
de moi aussi, afin que je n'eusse
point tristesse sur tristesse.
28. Je vous l'ai donc envoyé en
grande hâte, pour quelerevoyant,
vous vous réjouissiez, et que je
ne sois plus moi-méme dans l'af-
fliction.
29. C'est pourquoi recevez-le
en toute joie dans le Seigneur,
et honorez ceux qui sont tels.
30. Car c’est à cause de l’œuvre
du Christ qu'il a été tout pres de
la mort, livrant son âme pour
accomplir envers moi le service
que vous ne me pouviez rendre
vous-mémes.
CHAPITRE ΠῚ.
Chrétien vrai circoncis. Justice de la loi
et de la foi. Participation aux souf-
frances de Jésus-Christ. Saint Paul ne
se croit pas arrivé à la perfection, mais
il y tend. Faux apótres ennemis de la
croix. Chrétiens citoyens du ciel.
1. Au reste, mes freres, réjouis-
sez-vous dans le Seigneur. Vous
écrire les mémes choses n'est pas
pénible pour moi, mais c'est né-
cessaire pour vous.
2. Gardez-vous des chiens, gar-
25. * Epaphrodite était un Philippien que ses compatriotes avaient envoyé à Rome
pour y porter des aumónes à ₪. Paul prisonnier. Là il avait été trés malade. Après
sa guérison, il fut chargé par l'apótre de porter à Philippes la présente: Epitre.
30. Livrant son âme. On ἃ pu remarquer déjà plusieurs fois que dans l'Eeriture
l'àne se prend souvent aussi pour la vie, la personne. Compar. Matt., x, 39.
2. Des chiens. Jésus-Christ traitait les gentils de chiens, à cause de la corruption
de leurs mœurs (Matl., x, 26); saint Paul appelle ainsi les faux apôtres, soit à cause
de l'impudence 6% de l'acharnement avec lequel ils déchiraient par leurs médisances
les vrais apótres de Jésus-Christ, soit parce qu'aprés avoir quitté le judaisme pour
devenir chrétiens, 118 y revenaient, en quelque sorte, en voulant conserver la circon-
cision et les autres pratiques dela loi, imitant en cela les chiens, qui reviennent à
ce qu'ils ont vomi, comme il est dit dans les Proverb., xxvi, 41, — De la mutilation,
[ση. π|.}
dez-vous des mauvais ouvriers,
gardez-vous de la mutilation.
3. Car c'est nous qui sommes
la circoncision, nous qui servons
Dieu en esprit, qui nous glorifions
dans le Christ Jésus, et ne met-
tons pas notre confiance dans la
chair.
4. Quoique j'aie moi aussi de
quoi me confier dans la chair; si
quelqu'un croit pouvoir se confier
dans la chair, je le puis davan-
tage, moi,
9. Circoncis le huitième jour,
moi de la race d'Israel, de la tribu
de Benjamin, Hébreu de peres
hébreux; quant à la loi, phari-
sien;
6. Quant au zèle, persécutant
l'Eglise de Dieu; quant à la jus-
tice de la 101, ayant vécu sans re-
proche.
7. Mais ce qui était un gain pour
moi, je l'ai jugé perte à cause du
Christ.
8. Bien plus, j'estime que
tout est perte, auprès de l'émi-
nente connaissance de Jésus-
Christ Notre Seigneur, pour qui
je me suis dépouillé de toutes
choses, et je les regarde comme
du fumier, afin de gagner le
Christ,
9. Et d'étre trouvé en lui pos-
sédant non ma propre justice qui
vient de la loi, mais celle qui
vient de la foi dans le Christ Jé-
CnaP. III. 5. Actes, xxii, 6.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX PHILIPPIENS.
2811
sus, la justice qui vient de Dieu
par la foi,
10. Pour le connaître ainsi que
la vertu de sa résurrection, et
la participation de ses souf-
frances; m'étant conformé à sa
mort;
11. Afin que je puisse parvenir
de quelque manière à la résurrec-
tion d'entre les morts;
12. Non que déjà j'aie atteint
jusque-là, ou que déjà je sois par-
fait; mais je poursuis, pour at-
teindre de quelque manière le
but auquel j'ai été destiné par le
Seigneur Jésus.
13. Non, mes freres, je ne pense
pas lavoir atteint. Mais seule-
ment, oubliant ce qui est en ar-
rière, et m'avancant vers ce qui
est devant,
14. Je tends au terme, au prix
de la vocation céleste de Dieu
dans le Christ Jésus.
15. Ainsi, tantque noussommes
parfaits, ayons ce sentiment, et
si vous en avez quelqu'autre,
Dieu vous éclairera sur celui-là
aussi.
16. Cependant, par rapport à
ce que nous connaissons, ayons
les mémes sentiments, et persé-
vérons dans la méme regle.
17. Mes frères, soyez mes imi-
tateurs, et observez ceux qui
marchent selon le modele que
vous avez en nous.
EE
ou du retranchement; terme de mépris par lequel l'apótre désigne les mêmes Juifs
qui soutenaient la nécessité de la circoncision.
ὃ, Hébreu de péres hébreuz; c'est-à-dire de péres non hellénistes, ou qui ne s'étaient
pas mélés avec les Grecs, avaient conservé la langue même de leurs pères. Compar.
Aet. Yu, M.
,12. Le but, etc., littér.: Ce en quoi, pour quoi j'ai élé pris, saisi. L'apótre fait allu-
sion à ce qui lui est arrivé sur le chemin de Damas, Voy. Act.. ix, 2 et suiv.
2812
18. Caril y en a beaucoup dont
je vous ai souvent parlé (et je
vous en parleencore aveclarmes),
qui marchent en ennemis de la
croix du Christ ;
19. Dont la fin sera la perdition,
dont le Dieu est le ventre, qui
mettent leur gloire dans leur
ignominie, et qui n'ont de goût
que pour les choses de la terre.
20. Pour nous, notre vie est
dans les cieux : c'est de là aussi
que nous attendons le Sauveur,
Notre Seigneur Jésus-Christ,
21. Qui réformera le corps de
notre humilité en le conformant
à son corps glorieux, par cette
vertu efficace, par laquelle il peut
s'assujettir toutes choses.
CHAPITRE IV.
Saint Paul exhorte les Philippiens à de-
meurer fermes dans le Seigneur. Il leur
recommande ses coopérateurs. 11 leur
souhaite la paix. Il loue leur libéralité,
et leur souhaite la récompense. Salu-
tations.
1. C'est pourquoi, mes freres
très chers et très désirés, ma
gloire et ma couronne, demeurez
ainsi fermes dans le Seigneur,
mes bien-aimés,
18. Rom., xvi, 1T.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX PHILIPPIENS.
[cH. 1v.]
2. Je prie Evodie et je conjure
Syntyche d'avoir les mêmes sen-
timents dans le Seigneur.
3. Je te prie aussi, toi, mon
fidèle compagnon, aide celles qui
ont travaillé avec moi pour l'E-
vangile, avec Clément et mes
autres coopérateurs, dont les
noms sont dans le livre de vie.
4. Réjouissez-vous toujours
dans le Seigneur; jele dis encore,
réjouissez-vous.
ὃ. Que votre modestie soit
connue de tous les hommes; le
Seigneur est proche.
6. Ne vous inquiétez de rien,
mais que dans toutes vos prieres
et dans toutes vos supplications
ce soit avec des actions de gráces
que vos demandes paraissent de-
vant Dieu.
1. Et que la paix de Dieu, qui
surpasse toute pensée, garde vos
cœurs et vos esprits dans le Christ
Jésus.
8. Enfin, mes frères, que tout
ce qui est vrai, tout ce qui est
pur, tout ce qui est juste, tout
ce qui est saint, tout ce qui
est aimable, toute bonne répu-
tation, tout ce qui est vertueux,
tout ce qui est louable dans les
90. Notre vie est dans les cieux; nous vivons déjà dans les cieux en esprit, par nos
sentiments et notre espérance.
4. Et très désirés; c'est-à-dire aprés qui je soupire trés ardemment. Compar. 1, 8.
2. * Evodie, Syntyche. C'étaient ou deux diaconesses ou deux femmes de haut
rang que S. Paul exhorte à la concorde. On ignore en quoi consistaient leurs divi-
sions.
3. * Mon fidèle compagnon. Compagnon et en grec syzyge, qu'il faudrait prendre
d’après plusieurs pour un nom propre. En tout cas, on ignore qui il est. — Avec Clé-
ment. Origene et S. Jérôme nous apprennent que ce Clément est celui qui devint le
pape S. Clément. On croit qu'il naquit à Rome, vers l'an 30 de notre ère, et qu'il fut
le second successeur, d'autres disent le successeur immédiat de S. Pierre sur le siège
de Rome. Pendant son pontificat, il écrivit une lettre célèbre aux Corinthiens. ll
souffrit le martyre sous l'empereur Trajan.
4. Réjouissez-vous, était la formule ordinaire de salut chez les Grecs.
(cu. 1v.]
meeurs, soit l'objet de vos pen-
sées.
9. Ce que vous avez appris, et
recu, et entendu de moi, et vu en
moi, praliquez-le, et le Dieu de
paix sera avec vous.
10. Au reste, je me suis gran-
dement réjoui dans le Seigneur
de ce que vos sentiments pour
moi ont enfin refleuri : vous les
aviez toujours, mais vous étiez
occupés.
11. Ce n'est pas à cause du be-
soin que j'en ai que je parle ainsi;
car j'ai appris à étre satisfait de
l'état où je me trouve.
19. Je sais étre humilié, et je
sais aussi vivre dans l'abondance
(e me suis habitué partout et à
tout) ; être rassasié et avoir faim ;
étre dans labondance et dans
l'indigence.
13. Je puis tout en celui qui me
fortifie.
14. Cependant vous avez bien
fait en prenant part à mes tribu-
lations.
15. Or vous savez, vous aussi,
Philippiens, quau commence-
ment de ma prédication de l'E-
vangile, quand je partis de la
04. IV. 18. Rom., xit, 1.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX PHILIPPIENS.
2813
Macédoine, aucune Eglise ne m'a
fait part de ses biens à litre de
compensation, si ce n'est vous
seuls;
16. Car vous m'avez envoyé une
fois, et méme deux, à Thessalo-
nique, ce qui m'était nécessaire.
11. Non que je recherche vos
dons, mais je désire le fruit qui
en abondera par rapport à vous.
18. Car j'ai tout, j'abonde; je
suis comblé, ayant recu par Epa-
phroditece que vousavez envoyé,
oblation de suave odeur, hostie
acceptée, agréable à Dieu.
19. Mais que mon Dieu rem-
plisse tous vos désirs, selon ses
richesses en gloire, dans le Christ
Jésus.
20. A Dieu notre Père, gloire
dans tous les siecles. Amen.
91. Saluez tous les saints en
Jésus-Christ.
22. Les frères qui sont avec moi
vous saluent. Tous les saints vous
saluent, mais principalement
ceux qui sont de la maison de
César.
23. Que la grâce de Notre Sei-
gneur Jésus-Christ soitavec votre
esprit. Amen.
10. Vous étiez occupés ; tenus occupés au point de ne pouvoir me donner des preuves
de ces sentiments; c'est-à-dire vous en étiez empéchés. Autrement, selon le texte
grec: Vous n'avez pas eu la commodité, l'occasion favorable.
15. A titre de compensation, littér.: En raison du donné ct du reçu; c'est-à-dire
aucune Eglise, la vótre exceptée, ne m'a donné de ses biens temporels pour les biens
spirituels qu'elle avait reçus de moi. — * De ia Macédoine. Voir Actes, xvi, 9.
16.* A Thessalonique. Voir Actes, xvit, 1.
18. * Epaphrodite. Voir plus haut, u, 25.
21, 22. Tous les saints. Voy. Act., 1x, 13.
22. De César; c'est-à-dire de Néron, dans la cour duquel l'apótre avait fait des con-
versions. — * De la maison de César. 11 s'agit de chrétiens au service de l'empereur,
mais on ignore qui ils étaient.
EPITRE DE SAINT PAUL
AUX COLOSSIENS.
-—2-0-0022€:0 0-e—-
INTRODUCTION
Colosses était une ville de Phrygie, peu éloignée de Laodicée, d'Ephése et
d'Hiérapolis. La foi chrétienne parait y avoir été préchée, non par S. Paul lui-
méme, qui ne se donne nulle part pour l'Apótre des Colossiens, mais par un de
ses disciples, Epaphras, qui en devint probablement évêque après la mort d'Ar-
chippe. Aussi cette Lettre contient-elle peu de détails personnels.
Ce qu'on y remarque surtout, ce sont les rapports nombreux qu'elle présente
avec l'Epitre aux Éphésiens. On n'y trouve pas seulement la méme doctrine, ce
qui serait peu surprenant, mais une série d'idées paralléles, et un grand nombre
de pensées et d'expressious identiques.
Cette conformité s'explique par cette considération, qu'ayant été envoyées
dans la méme occasion, ces deux Épitres auront été écrites à la méme date,
sous la méme impression, dans le méme dessein, pour remédier aux mémes
désordres ou prévenir le méme péril. A Colosses comme à Ephèse, le dan-
ger qui menacait l'Église avait pour cause les prédications et les mancu-
vres de docteurs soi-disant chrétiens, mais avant tout judaisants et déjà
quelque peu gnostiques. Sans égaler peut-étre la loi à la foi, comme ceux
que l'Apótre avait combattus en Galatie, ils recommandaient les pratiques
légales, les fétes juives, l'abstinence de la chair et du vin. En méme temps,
ils tâchaient de rabaisser l'idée que S. Paul avait donnée du Sauveur. Ils
usaient d'arlifices pour réduire son róle dans l'Eglise et dans le monde; ils
disaient que le Fils de Dieu est trop grand pour s'étre fait lui-méme notre mé-
diateur, que c'est par les anges que notre salut doit s'opérer et que nous devons
offrir à Dieu nos hommages. Sur la nature, le nombre, les fonctions des anges,
ils avaient une théorie trés étendue, trés détaillée; ils se plaisaient à en dire les
noms, les variétés, les occupations. Ils parlaient souvent du culte qu'on leur
devait. L'Apótre répudie sans équivoque l'enseignement de ces faux docteurs,
et oppose à leurs fantaisies superstitieuses la vraie doctrine chrétienne. Il in-
siste avec une rare élévation de pensée et une grande ardeur de sentiments sur
les principaux dogmes, la divinité du Sauveur, l'universalité de la Rédemption,
la nécessité du christianisme pour arriver au salut. Sa Lettre devait étre com-
muniquée à l'Eglise de Laodicée, aprés avoir été lue à Colosses.
INTRODUCTION. 2815
Cette Epitre 8 été citée, aussi bien que celle aux Éphésiens, comme un docu-
ment apostolique, par les Péres les plus anciens, S. Justin, S. Théophile d'An-
tioche, S. Irénée, Tertullien contre Marcion et Marcion lui-méme. Les noms
d'Onésime, d'Archippe et d'Aristarque la relient à l'Épitre. ἃ Philémon, qui
devient garante de son authenticité. D'ailleurs l'Apótre s'y révèle par l'élévation
de ses vues, la ferveur de sa foi et l'inégalité de son style. Aussi les doutes
récemment émis à cet égard n'ont-ils pas trouvé d'écho.
Outre l'exorde, 1, 1-12, et la conclusion, tv, 7-18, on y distingue deux parties :
l'une dogmatique, 1, 11-11; l'autre morale, r-1v, 6. (L. Bacuez.)
ÉPITRE
DE SAINT PAUL
AUX COLOSSIENS
CHAPITRE PREMIER.
Saint Paul, après avoir salué les Colos-
siens, rend grâces à Dieu, et prie pour
eux. Jésus-Christ est l'image de Dieu,
le créateur de toutes choses, le chef de
l'Eglise, le pacificateur entre le ciel et
la terre. Paul ministre de Jésus-Christ
et de son Eglise. Mystère de la vocation
des gentils.
1. Paul, apótre de Jésus-
Christ par la volonté de Diez, et
Timothée son frere;
2. Aux saints et aux freres fidè-
les en Jésus-Christ qui sont à
Colosse,
3. Grâce à voüs et paix par
Dieu notre Père, et par Notre Sei-
gneur Jésus-Christ. Nous rendons
grâces à Dieu le Père de Notre
SeigneurJésus-Christ, priant sans
cesse pour vous;
4. Depuis que nous avons ap-
pris votre foi dans le Christ Jésus,
ella charité que vous avez pour
tous les saints,
9. À cause de l'espérance qui
vous est réservée dans les cieux,
et dont vous avez eu connais-
sance par la parole de la vérité
de l'Evangile,
6. Qui vous est parvenu, com-
me ilest aussi répandu dans le
monde entier, où il fructifie et
croit, ainsi qu'en vous, depuis le
jour où vousl'avez entendu, et où
vous avez connu la grâce de Dieu
dans la vérité ;
7. Selon que vous l’avez appris
du très cher Epaphras, notre
compagnon dans le service de
Dieu, et ministre fidèle du Christ
Jésus à votre égard;
8. Lequel nous ἃ fait connaître
aussi votre charité toute spiri-
tuelle.
9. C'est pourquoi, du: jour où
nous l’avons appris, nous ne ces-
sons de prier pour vous, et de
demander ὦ Dieu que vous soyez
remplis de la connaissance de sa
volonté, en toute sagesse et intel-
ligence spirituelle;
9. Aux saints. Voy. Act., 1x, 13.
1. Dans le service de Dieu. Compar. iv, 1. — * Epaphras était de Colosses et l'un
des premiers qui avaient préché l'Evangile dans cette ville. Il fut prisonnier avec
S. Paul à Rome.
8. Toute spirituelle; c'est-à-dire produite uniquement par l'inspiration du Saint-
Esprit.
9. En toute sagesse, etc., ou avec loule sagesse; en vous donnant toute sagesse, etc.
[cu. 1.
10. Afin que vous marchiez
dune maniere digne de Dieu,
lui plaisant en toutes choses,
fructifiant en toutes sortes de
bonnes œuvres, etcroissant dans
la science de Dieu;
11. Corroborés de toute force
par la puissance de sa gloire, de
toute patience et de toute longa-
nimité accompagnée de joie;
19. Rendant gráces à Dieu le
Père qui nous a fait dignes d'a-
voir part à lhéritage des saints
dans la lumiere ;
13. Qui nous ἃ arrachés de la
puissance des ténèbres, et trans-
férés dans le royaume du Fils
de sa dilection,
14. En qui nous avons la ré-
demption par son sang, la rémis-
sion des péchés;
15. Qui est l'image du Dieu in-
visible, le premier-né de toute
créature.
10. Car c’est par lui que tou-
tes choses ont été créées dansles
cieux et sur la terre, les visibles
et les invisibles, soit trônes, soit
dominations, soit principautés,
soit puissances : tout a été créé
par lui et en lui;
11. Et lui-même est avant tous,
et tout subsiste en lui.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX COLOSSIENS.
2817
18. Et lui-même est le chef du
corps de l'Eglise; 11 est le prin-
cipe, le premier-né d'entre les
morts, afin qu'en toutes choses il
garde la primauté.
19. Parce qu'ila plu au Pére que
toute plénitude habitát en lui;
20. Et par lui de se réconcilier
toutes choses, pacifiant par le
sang de sa croix, soit ce qui est
sur la terre, soit ce qui est dans
les cieux.
91. Et vous, qui autrefois étiez
adversaires et ennemis en esprit
par vos œuvres mauvaises,
22. 11 vous a maintenant récon-
ciliés dans le corps de sa chair
par la mort, pour vous rendre
saints, purs et irrépréhensibles
devant lui ;
23. Si toutefois vous demeurez
fondés et affermis dans la foi, et
inébranlables dans l'espérance de
l'Evangile que vousavez entendu,
qui a été préché à toute créature
qui est sous le ciel, et dont j'ai
été fait ministre, moi Paul,
24. Qui maintenant me réjouis
dans mes souffrances pour vous,
et accomplis dans ma chair ce qui
manque aux souffrances du
Christ, pour son corps qui est
l'Eglise,
I. 46. Jean, 1, 3. — 18. I Cor., xv, 20; Apoc., r, 5. .גא
1. Par la puissance de sa gloire, pour sa puissance glorieuse. Nous avons déjà fait
remarquer que les Hébreux, aussi bien que les Grecs et les Latins, employaient fré-
quemment le substantif au lieu de l'adjectif, pour donner plus de force à l'expression.
19. Au Pére. Le contexte prouve que ces mots sont sous-entendus. Voy. au vers. 12.
24. La passion de Jésus-Christ, considérée en elle-méme, n'a rien d'imparfait, rien
qui demande qu'on y supplée. Le Sauveur a parfaitement accompli l'œuvre de la
réconciliation, et il n'a rendu l'esprit sur la croix qu'aprés avoir dit que tout était
consommé. Mais si on l'envisage par rapport à l'homme, il en est autrement. Jésus-
Christ en souffrant pour nous n'a pas prétendu nous dispenser de souffrir, de porter
notre croix, d'expier nos fautes par la pénitence; puisque, au contraire, il nous en
a fait un commandement. Aussi saint Pierre nous a-t-il avertis que le Sauveur a
souffert pour nous donner l'exemple, afin que nous suivions ses traces (I Pierre, u, 91).
On peut donc dire en ce sens, qu'il reste encore à Jésus-Christ quelque chose à souf-
frir, non dans sa personne, mais dans ses membres,
ING 177
9813
95. Dont j'ai été fait ministre,
selon la dispensation de Dieu,
qui m'a été confiée pour que je
vous annonce complètement la
parole de Dieu;
26. Le mystère qui a été caché
dès l’origine des siècles et des
générations, et qui est mainte-
nant révélé à ses saints,
97. Auxquels Dieu a voulu faire
connaitre quelles sont les riches-
ses de la gloire de ce mystère
parmi les nations, lequel est le
Christ, pour vous l'espérance de
la gloire,
98. Christ que nous vous an-
noncons, reprenant tout homme,
etenseignant à tout homme toute
sagesse, afin de rendre tout
homme parfait dans le Christ Jé-
Sus :
99. Ce à quoi je travaille en
combattant selon l'énergie qu'il
produit puissamment en moi.
CHAPITRE Il.
Sollicitude de saint Paul pour les Colos-
siens. Il les exhorte à demeurer fermes
dans la doctrine qu'ils ont reçue, et à
se garder des faux docteurs. Grandeur
de Jésus-Christ; son triomphe par la
croix. Culte superstitieux des anges.
Vaine attache aux observances légales.
1. Car je veux que vous sachiez
quelle sollicitude j'ai pour vous,
CuaP. I. 5. I Cor., v, 3.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX COLOSSIENS.
[CHAP. 1I.)
pour ceux qui sont à Laodicée, et
pour tous ceux qui n'ont pas vu
ma face dans la chair;
2. Afin que leurs eceurs soient
consolés, et qu'ils soient instruits
eux-mémes dans la charité, pour
parvenir à toutes les richesses
d'une parfaite intelligence, et à
la connaissance du mystère de
Dieu le Pere et du Christ Jésus,
3. En qui tous les trésors de la
sagesse et de la science sont ca-
chés.
4. Je dis ceci afin que nul ne
vous trompe par la sublimité des
discours.
9. Car, quoique absent de corps,
je suis cependant avec vous en
esprit, me réjouissant en voyant
l'ordre qui est parmi vous, et la
solidité de votre foi dans le
Christ.
6. Comme donc vous avez recu
Jésus-Christ, le Seigneur, mar-
chez selon lui,
1. Enracinés en lui, édifiés sur
lui, vous affermissant dans la foi,
telle qu'elle vous ἃ été ensei-
gnée,etluirendant en abondance
des actions de grâces.
8. Prenez garde que personne
ne vous séduise par la philoso-
phie, par des raisonnements
vains et trompeurs, selon la tra-
dilion des hommes, selon les élé-
pa———— A ₪ גג ע
4. Qui n’ont pas vu ma face dans la chair; c'est-à-dire qui ne me connaissent pas
de visage, qui ne m'ont jamais vu. — * Laodicée, ainsi nommée de Laodice, femme
d'Antiochus II, roi de Syrie, était une ville d'Asie Mineure, en Phrygie, sur le Lycus,
à l'ouest de Colosses et au sud d'Hiérapolis. Elle était trés commercante. Vers l'é-
poque oü S. Paul écrivit aux Colossiens, Laodicée avait eu beaucoup à souffrir d'un
tremblement de terre.
8. Les éléments du monde. Voy. Galat., iv, 3. — * Selon la tradition des hommes. Voir
Matt., xv, 2. — La philosophie dont il est ici question est vraisemblablement la théo-
sophie d'origine juive, mêlée de toute espèce de superstitions orientales, qui était
surtout répandue en Phrygie et que le peuple appelait philosophie.
(eu. n.]
ments du monde, et non selon le
Christ ;
9. Car en lui toute la plénitude
de la divinité habite corporelle-
ment ;
10. Et vous étes remplis en
lui, qui est le chef de toute
principauté et de toute puis-
sance ;
11. Et c'est en lui que vous
avez été circoncis d'une circonci-
sion non faite de main d'homme
par le dépouillement de votre
corps de chair, mais de la circon-
cision du Christ;
19. Ayant été ensevelis avec
lui dans le baptéme, dans lequel
vous avez été aussi ressuscités
par la foi en la puissance de Dieu
qui l'a ressuscité d'entre les
morts.
19. Et vous, lorsque vous étiez
morts dans vos péchés et dans
l'incirconcision de votre chair, il
vous a fait revivre avec lui, vous
remettant tous vos péchés ;
14. Effacant la cédule du décret
porté contre nous, qui nous était
contraire, et qu'il a abolie, en
l'attachant à la croix ;
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX COLOSSIENS.
2819
15. Et dépouillant les princi-
pautés et les puissances, il les a
menées caplives avec une noble
fierté, triomphant d'elles haute-
ment en lui-méme.
16. Que personne donc ne vous
juge sur le manger ou sur le
boire, ou à cause des jours de
féte, ou des néoménies, ou des
sabbats ;
11. Choses qui ne sont que
lombre des futures, tandis que
le Christ en est le corps.
18. Que personne ne vous sé-
duise, affectant l'humilité et le
culte des anges, s'ingérant dans
ce qu'il n'a point vu ; vainement
enflé des pensées de sa chair,
19. Et ne tenant point à la téte
par laquelle tout le corps, servi
et relié au moyen des jointures
et des ligaments, croît de lac-
croissement de Dieu.
90. Si done vous étes morts
avec le Christ aux éléments de ce
monde, pourquoi décidez-vous
encore comme si vous viviez dans
le monde?
91. Ne mangez pas, ne goütez
pas, ne touchez pas,
13. Ephés., 1, 1. — 18. Matt., xxiv, 4.
10. Remplis en lui. Compar. Ephés., ur, 19.
41. Saint Paul ne dit pas que Jésus- Christ n'ait pas recu la circoncision de la chair;
il dit seulement que la circoncision que ce divin Sauveur exige de nous est une
circoncision spirituelle, qui consiste dans le retranchement de. nos affections déré-
glées, de nos inclinations criminelles et de nos mauvaises habitudes, comme tout le
contexte le prouve.
12. Dans le baptéme, dans lequel, elc. Selon d'autres: Et dans lequel (Jésus-Christ),
etc.; mais cette construction semble moins naturelle.
16. L'apótre veut dire que personne ne doit donner du scrupule aux Colossiens,
sur certaines observances de la loi mosaique, en prétendant qu'elles sont obligatoires
pour les chrétiens.
18. Le cuite des anges. Depuis le retour de la captivité, les Juifs, curieux de bien
connaitre les anges, de les distinguer par leurs noms et par leurs fonctions, en
vinrent jusqu'à leur rendre un culte superstitieux. — Des pensées de su chair; c'est-
à-dire des pensées charnelles.
19. De l'accroissement de Dieu; c'est-à-dire de l'accroissement que Dieu leur donne.
20. Aux éléments de ce monde. ΝΟΥ. Galat., tv, 3.
2920
2 ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX COLOSSIENS.
22. Toutes choses qui périssent
par l'usage méme, et n'existent
qu'en vertu des préceptes et des
ordonnances des hommes,
23. Lesquelles ont cependant
une apparence de raison dans un
culte exagéré et une humilité
affectée, dans la mortification du
corps, et un certain mépris pour
le rassasiement de la chair.
CHAPITRE III.
Amour des choses du ciel. Vie cachée en
Dieu. Vieil homme; nouvel homme.
Abrégé des vertus chrétiennes. Devoirs
des femmes et des maris, des enfants,
des péres et des serviteurs.
1. Si donc vous étes ressuscités
avec le Christ, recherchez les
choses d'en haut, où le Christ est
assis à la droite de Dieu.
2. Goütez les choses d'en haut,
et non les choses de la terre ;
3. Car vous étes morts, et votre
vie est cachée avec le Christ en
Dieu.
4. Quand le Christ, qui est votre
vie, apparaitra, alors vous aussi
vous apparaitrez avec lui dans la
gloire.
5. Faites donc mourir vos mem-
bres qui sont sur la terre : la for-
nication, l'impureté, la luxure,
icu. uu.]
les mauvais désirs, et l'avarice,
qui est une idolátrie;
6. Choses pour lesquelles la co-
lere de Dieu vient sur les fils de
l'incrédulité,
7. Et dans lesquelles vous aussi
vous avez marché autrefois, lors-
que vous viviez parmi eux.
8. Mais maintenant, éloignez
de vous aussi toutes ces choses,
la colere, l'indignation, la malice,
la diffamation, et de votre bouche
les paroles honteuses.
9. Ne mentez point les uns aux
autres, dépouillez le vieil homme
avec ses œuvres,
10. Et revétez le nouveau qui
se renouvelle à la connaissance,
selon l'image de celui qui l'a créé :
41. Renouvellement où il n'y a
ni gentil, ni Juif, ni circoncision,
ni incirconcision, ni barbare, ni
Scythe, ni esclave, ni libre, mais
où le Christ est tout en tous.
12. Revétez-vous donc, comme
élus de Dieu, saints et bien-aimés,
d'entrailles de miséricorde, de
bonté, d'humilité, de modestie,
de patience;
13. Vous supportant mutuelle-
ment, vous pardonnant les torts
que l'un pourrait avoir envers
l'autre ; comme le Seigneur vous
(βαρ. 111. 5. Ephés., v, 3. — S. Rom., vi, 4; Ephés., 1v, 22; Hébr., ,זוא 1; 1 Pierre, x,
1; 1v, 2. — 10. Genèse, 1, 26.
22, Qui périssent, ou bien qui donnent la mort; ce qui paraît moins conforme au
contexte.
6. Les fils de l’incrédulité; hébraisme, pour les incrédules.
1. Parmi eux; c'est-à-dire parmi les fils de l’incrédulité; ou, selon d'autres : Dans
ces choses, ces désordres; ce qui forme une tautologie par trop choquante.
10. Qui se renouvelle, etc.; c'est-à-dire qui va se renouvelant et se perfectionnant
chaque jour dans la connaissance de Dieu et de sa volonté pour l'accomplir, — Se/on
l’image, etc. Par ce renouvellement continuel, le chrétien devient semblable à son
parfait et divin modéle, Jésus-Christ, à l'image duquel il a été nouvellement créé.
11. * Pour les Juifs, le monde se divisait en Juifs et en Hellènes ou Gentils; pour les
Hellénes ou Grecs, le monde se divisait en Grecs et barbares, les barbares désignant
ceux qui ne parlaient pas Grec. — Le Scythe est nommé comme occupant le plus
bas degré parmi les barbares. |
[cn. 1v.]
a pardonné, pardonnez aussi
de méme.
14. Mais au-dessus de tout cela
ayez la charité, qui est le lien de
la perfection.
15. Et qu'en voscceurs triomphe
la paix du Christ, à laquelle vous
avez méme été appelés en un seul
corps, et soyez reconnaissants.
16. Que la parole du Christ ha-
bite en vous avec plénitude, en
toute sagesse, vous instruisant et
vous exhortant les uns les autres
par des psaumes, des hymnes et
des cantiques spirituels, chantant
en action de gráces, du fond de
vos cœurs, à la louange de Dieu.
11. Quoi que vous fassiez en
parole ou en cuvre, faites tout
au nom du Seigneur Jésus-Christ,
rendant gráces par lui à Dieu et
père:
18. Femmes, soyez soumises à
vos maris, comme il convient
dans le Seigneur.
49. Maris, aimez vos femmes
et ne soyez point amers avecelles.
90. Enfants, obéissez en tout à
vos parents, car cela plaît au Sei-
gneur.
21. Pères, n'irritez point vos
enfants, de peur qu'ils ne de-
viennent pusillanimes.
99. Serviteurs, obéissez en
tout à vos maîtres selon la
chair, ne servant point à l’œil,
comme pour plaire aux hom-
mes, mais avec simplicité
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX COLOSSIENS.
2821
de cœur, en craignant Dieu.
93. Tout ce que vous faites,
faites-le de bon cœur, comme
pour le Seigneur, et non pour les
hommes;
24. Sachant que vous recevrez
du Seigneur l'héritage pour ré-
compense; c'est le Seigneur Jé-
sus-Christ que vous devez servir.
95. Car celui qui fait une injus-
tice recevra selon ce qu'il a fait
injustement, et il n'y a point ac-
ception des pesonnes devant
Dieu.
CHAPITRE 1V.
Devoirs des maitres. Persévérance dans
la priére. Sagesse dans les discours.
Plusieurs personnages loués par saint
Paul. L'apótre salue les Laodicéens; il
donne un avis à Archippe.
1. Maitres, rendez à vos servi-
teurs ce qui est juste et équi-
table, sachant que vous aussi
vous avez un maitre dans le ciel.
2. Persévérez dans la priere, et
veillez-y en action de grâces;
3. Priant aussi en méme temps
pour nous, afin que Dieu ouvre
une vole à notre parole, pour pu-
blier le mystere du Christ (pour
lequel aussi je suis dans les liens),
4. Et que jelemanifeste, comme
il convient que j'en parle.
5. Gonduisez-vous avee sagesse
envers ceux qui sont dehors, en
rachetant le temps.
6. Que vos paroles soient tou-
jours gracieuses, assaisonnées de
47. I Cor., x, 31. — 18. Ephés., v, 22; I Pierre, ΠΙ, 1. — 20. Ephés., vr, 1. — 21. Ephés.,
vi, 4. — 22. Tit., π, 9; I Pierre, ir, 18. — 25. Rom., m, 6. — (ΠΑΡ. IV. 2. Luc, xvii, 1;
I Thess., v, 17. — 3. Ephés., vi, 19; II Thess., 111, 1 — 5. Ephés., v, 15.
15. En un seul corps; comme ne formant tous qu'un seul corps, ou selon d'autres,
mais d'une maniére moins autorisée par les termes du Grec et de la Vulgate: Pour
former un seul corps.
16. Chantant en actions de grâces. Compar. Ephés., v, 19, 20.
5. Ceux qui sont dehors. Voy. I Corinth., v, 12.
2822
sagesse, en sorte que vous sachiez
comment il faut que vous répon-
diez à chacun.
7. Pour ce qui me concerne,
Tychique, notre frère bien-aimé,
fidèle ministre, et mon compa-
gnon dans le service du Seigneur,
vous apprendra toutes choses.
8. Je l'ai envoyé vers vous ex-
prés, pour qu'il sache ce qui vous
concerne, et console vos cœurs;
9. De méme qu'Onésime, notre
fidèle et bien-aimé frère, qui est
votre concitoyen. Pour tout ce
qui se passe ici, ils vous le feront
connaitre.
10. Aristarque, mon compa-
enon de captivité, vous salue, et
Marc, cousin de Barnabé, au sujet
duquel vous avez recu des ordres
(s’il va chez vous, recevez-le),
11. EtJésus, quiestappelé Juste;
lesquels sont de la circoncision :
ce sont les seuls qui travaillent
avecmoi pourleroyaume de Dieu,
et ils ont été ma consolation.
19. Epaphras, qui est votre con-
14. II Tim,, 1v, 11.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX COLOSSIENS.
[cu. 1v.]
citoyen, vous salue; serviteur du
Christ Jésus, et toujours plein de
sollicitude pour vous dans ses
prieres, afin que vous demeuriez
parfaits, et pleins de toutes les
volontés de Dieu.
13. Car je lui rends ce témoi-
gnage, qu'il prend beaucoup de
peine pour vous et pour ceux qui
sont à Laodicée et à Hiérapolis.
14. Luc, le médecin bien- "aimé,
vous salue, et Démas.
15. Saluez nos frères qui sont
à Laodicée, et Nymphas, et l'E-
glise qui est dans sa maison.
16. Et quand cette lettre aura
été Iue parmi vous, faites qu'elle
soit lue aussi dans l'Eglise de
Laodicée; et celle des Laodi-
céens, lisez-la vous-mémes.
A7. Dites à Archippe : Vois le
ministère que tu as reçu dans le
Seigneur, afin de le remplir.
18. La salutation est de moi,
Paul. Souvenez-vous de: mes
liens. Que la grâce soit avec vous.
Amen.
1. * Tychique. Noir Actes, xx, 4.
9. * Onésime est l'esclave de Philémon, dont il est question dans l'Epitre de S. Paul
adressée à ce dernier.
40. Des ordres ; c'est-à-dire des recommandations, des lettres de recommandation. --
* Arislarque. Voir Actes, xix, 29. — Marc. Voir Actes, xn, 12.
11. * Jésus qui est appelé Juste, différent de Juste de Corinthe (Actes, xvin, 1); il
devint plus tard évéque d'Eleuthéropolis.
12. Pleins de toutes les volontés de Dieu; c'est-à-dire pleins de la connaissance de
toutes, etc. Compar. 1, 8. — * Epaphras. Voir plus haut, 1, 1.
13. * Laodicée. Voir plus haut, u, 1, — Hierapolis, ville importante de Phrygie, au
nord-ouest de Colosses, célébre par ses eaux minérales et par une caverne méphi-
tique appelée Plutonium.
14. * Luc l'évangéliste. — Démas, un des collaborateurs de S. Paul, fut avec: lui à
Rome pendant sa captivité, mais l'abandonna plus tard, II Tém., 1v, 10.
15. * Nymphas était probablement de Laodicée et une personne d'importance,
puisque les fidéles se rassemblaient dans sa maison.
17. Dans le Seigneur. Cette expression est rendue par les uns : Par le Seigneur,
par le moyen du Seigneur, du Seigneur ; par d'autres: Devant le Seigneur, dans
l'Eglise du Seigneur; et par d'autres : Pour le Seigneur. La première interprétation
nous semble la plus probable. — * Archippe était diacre à Colosses et faisait sans
doute partie de la maison de Philémon. Il souffrit plus tard le martyre à Chones et
l'Eglise grecaue fait sa féte le 23 novembre.
EPITRES DE SAINT PAUL
AUX THESSALONICIENS
— — 9900/€ 000
INTRODUCTION
Thessalonique était devenue la capitale de la Macédoine et le port le plus
commercani de la Méditerranée : elle avait dans l'Empire la qualité de ville
libre. S. Paul s'y rendit, dans sa seconde mission, à sa sortie de Philippes. ll
y trouva une synagogue, oü il précha durant trois semaines et jeta les fonde-
ments d'une petite chrétienté. Mais bientôt, chassé par les intrigues des Juifs,
il'se retira à Bérée, puis à Athènes, et de là à Corinthe. C'est de cette dernière
ville qu'il adressa à l'Eglise. naissante de Thessalonique, vers l'an 52, à peu
d'intervalle l'une de l'autre, deux Epitres, les premiéres que nous ayons de lui.
Elles sont d'une authenticité incontestable et toujours reconnue, trés simples et
très claires, sauf deux difficultés d'exégése qu'on ne peut attribuer à un autre
qu'à l'Apótre. La premiére de ces Epitres ne contient guére que des encourage-
ments, 1, un tableau de sa conduite et de ses dispositions, 11, ur, avec quelques
instructions morales, 1v-vi. L'autre, plus courte encore, a pour objet de sup-
pléer à la visite que S. Paul voulait d'abord faire aux Thessaloniciens et de
rectifier cette idée, dont plusieurs étaient préoccupés, que la fin du monde était
proche. (L. Bacuez.)
PREMIERE ÉPITRE
DE SAINT PAUL
AUX THESSALONICIENS
CHAPITRE PREMIER.
Saint Paul salue les Thessaloniciens; il
rend grâces pour eux, et prèche parmi
eux avec un grand succès. 115 ont servi
de modèle aux peuples voisins, chez
qui leur foi est devenue célèbre.
1. Paul, Silvain et Timothée,
à l'Eglise des Thessaloniciens, en
Dieu le Pére, et le Seigneur Jé-
sus-Christ.
2. Grâce à vous et paix. Nous
rendons continuellement grâces
à Dieu pour vous tous, faisant
sans cesse mémoire de vous
dans nos prieres,
3. Noussouvenant devant notre
Dieu et Père des œuvres de votre
foi, des travaux de votre charité,
et de la constance de votre espé-
rapnce en Notre Seigneur Jésus-
Christ,
4. Sachant, mes freres chéris de
Dieu, quelle a été votre élection,
5. Et que notre Evangile ne
vous a pas été annoncé en pa-
roles seulement, mais avec des
miracles, avec l'Esprit-Saint et
une grande plénitude de ses dons;
car vous savez quels nous avons
été parmi vous pour votre bien.
6. Et vous, vous étes devenus
les imitateurs de nous et du Sei-
gneur, recevant la parole au mj-
lieu de beaucoup de tribulations
avec la joie de l'Esprit-Saint ;
7. En sorte que vous êtes deve-
nus un modèle pour tous les
croyants dans la Macédoine et
dans l'Achaie.
8. Car par vous la parole du
Seigneur s'est répandue, non-
seulement dans la Macédoine et
dans lAchaie, mais la foi que
vous avez en Dieu améme péné-
tré en tout lieu, de sorte que nous
n'avons nullement besoin d'en
rien dire;
9. Puisqu'eux-mémes racon-
tentquelleentrée nous avonsfaite
chez vous, et comment vous vous
étes convertis des idoles à Dieu,
1. * Silvain ou Silas. Voir Actes, xv, 22.
9. Faisant sans cesse mémoire de vous. Voy., pour le vrai sens de cette locution,
Rom., 1, 9.
9. Avec des miracles; littér., en vertu, avec vertu. Nous avons déjà fait remarquer
que le mot vertu, dans le Nouveau Testament, signifiait souvent le pouvoir de faire
des miracles, l'opération des miracles.
1. * Dans la Macédoine et dans lAchaie. Voir Actes, xvi, 9 et xvin, 12.
[cn. u.]
pour servir le Dieu vivant et vé-
ritable,
10. Et attendre du ciel son Fils
Jésus (qu'il a ressuscité d'entre
les morts), qui nous a délivrés de
la colère à venir.
CHAPITRE Il.
Pureté, désintéressement, sollicitude de
saint Paul dansla prédication de l'Evan-
gile. Fidélité des Thessaloniciens. Juge-
ment terrible sur les Juifs. Affection de
saint Paul pour les Thessaloniciens.
1. Car vous-mémes, mes freres,
vous savez que notre entrée par-
mi vous n'a pas été vaine,
2. Puisque d'abord ayant souf-
fert (comme vous le savez) et subi
des outrages dans Philippes, nous
avons eu en notre Dieu la con-
fiance de vous annoncer l'Evan-
gile de Dieu avec beaucoup de
sollicitude.
3. En effet, notre prédication à
été exempte d'erreur, d'impureté
et de fraude;
4. Mais comme nous avons été
trouvés dignes par Dieu que l'E-
vangile nous füt confié, ainsi nous
parlons, non pour plaire aux
hommes, mais à Dieu qui sonde
08
9. Car jamais nous n'avons usé
de paroles de flatterie, comme
vous le savez, ni de prétextes
d'avarice : Dieu en est témoin;
6. Ni recherché la gloire aupres
des hommes, soit auprès de vous,
soit aupres des autres.
7. Nous pouvions être à votre
charge, comme apôtres du Christ ;
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX THESSALONICIENS.
2825
mais nous nous sommes faits
petits parmi vous, comme une
nourrice qui soigne ses enfants.
8. Ainsi dans notre affection
pour vous, nous aspirions à vous
donner, non-seulementl'Evangile
de Dieu, mais nos àmes mémes,
parce que vous nous étes devenus
très chers.
9. Car vous vous souvenez,
mes frères, de notre peine et de
notre fatigue, puisque c'est en
travaillant nuit et jour pour n'être
à charge à aucun de vous, que
nous vous avons préché l'Evan-
gile de Dieu.
10. Vous étes témoins, vous et
Dieu, combien a été sainte, juste
et sans reproche, notre conduite
envers vous, qui avez embrassé
la foi.
11. Ainsi que vous le savez,
traitant chacun de vous (comme
un père ses enfants);
19. Vous exhortant, vous con-
solant, nous vous avons conjurés
de marcher d'une maniere digne
du Dieu qui vous a appelés à son
royaume et à sa gloire.
18. C'est pourquoi nous aussi
nous rendons grâces à Dieu sans
cesse de ce qu'ayant recu la parole
de Dieu que vous avez ouie de
nous, vous lavez recue, non
comme la parole des hommes,
mais (ainsi qu'elle l'est véritable
ment) comme la parole de Dieu,
qui opére en vous qui avez em-
brassé la foi.
14. Car, mes freres, vbus étes
devenus lesimitateurs des Eglises
Cuar. II. 2. Actes, xvi, 19. — 9, Actes, xx, 84; I Cor., 1v, 12; 11 Thess., mt, 8.
2. * Dans Philippes. Voir Actes, xvi, 12.
11. Traitant. Ce mot, qui ne se trouve pas exprimé dans le texte, représente le
verbe nous avons conjuré, du verset suivant, verbe qui régit chacun de vous.
2826
de Dieu qui sont en Judée, unies
au Christ Jésus; puisque vous
avez souffert de ceux de votre
nation ce qu'elles ont souffert
elles-mémes des Juifs,
15: Qui ont tué méme 16 Sei-
gneur Jésus et les prophètes ; qui
nous ont persécutés; qui ne plai-
sent point à Dieu, et qui sont en-
nemis de tous les hommes;
16. Nous empéchant de parler
aux nalions pour qu'elles soient
sauvées, afin de combler toujours
la mesure de leurs péchés; car la
colere de Dieu est venue sur eux
jusqu'à la fin.
47. Pour nous, mes frères, 56-
parés de vous pour un peu de
temps, de corps, non de cœur.
nous avons mis le plus grand
empressement pour voir votre
face, poussés par un vif désir;
18. Aussi avons-nous voulu (au
moins moi Paul) une ou deux fois
venir vers vous; mais Satan nous
en a empéchés.
19. Car quelle est notre espé-
rance, ou notre joie, ou notre
couronne de gloire? N'est-ce pas
vous devant Notre Seigneur Jé-
sus-Christ en son avènement ?
20. Oui, c'est vous qui êtes notre
gloire et notre joie.
CHAPITRE III.
Timothée envoyé aux Thessaloniciens
pour les fortifier dans leurs tribula-
tions. Témoignage avantageux qu'il
rend de leur foi et de leur charité,
Saint Paul désire aller les voir. Il leur
souhaite l'accroissement dans le bien.
1. C'est pourquoi ne suppor-
Car, III. 2. Actes, xvi, 1.
PREMIERE ÉPITRE DE S. PAUL AUX THESSALONICIENS.
[cr nt. ]
tant pas un plus long délai, nous
préférâmes demeurer seuls à
Athènes,
2. Et nous envoyämes Timo-
thée, notre frère, et ministre de
Dieu dans l'Evangile du Christ,
pour vous affermir et vous encou-
rager dans votre foi;
3. Afin que personne ne fût
ébranlé dans ces tribulations; car
vous savez vous-mémes que c'est
à cela que nous sommes des-
tinés.
4. Etlors méme que nous étions
près de vous, nous vous prédi-
sions que nous aurions à souf-
frir des tribulations; ce qui est
arrivé, en effet, comme vous le
savez.
ὃ. Pour moi donc, ne suppor-
tant pas un plus long délai, j'en-
voyai pour connaitre votre foi,
de peur que celui qui tente ne
vous eüt tentés, et que notre tra-
vail ne devint inutile.
6. Mais maintenant Timothée
étant revenu d’auprès de vous.
vers nous, et nous ayant annoncé
votre foi, votre charité, et que
vous avez toujours un bon souve-
nir de nous, désirant nous voir,
comme nous le désirons nous-
mémes,
7. Nous avons été ainsi consolés
en vous par votre foi au milieu
de toutes nos peines et de toutes
nos tribulations.
8. Car maintenant nous vivons,
si vous demeurez fermes dans le
Seigneur.
9. Et quelles actions de grâces
pourrions-nous rendre à Dieu
1.* A Athènes. Voir Actes, xvit, 45.
9. Toute la joie dont nous nous réjouissons; c'est-à-dire la joie complète dont nous
feu. ל PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX THESSALONICIENS.
pour toute la joie dont nous nous
réjouissons devant notre Dieu à
cause de vous,
10. Demandant avec instance
nuit et jour de voir votre face, et
de compléter ce qui manque à
votre foi?
11. Que ce méme Dieu donc,
notre Pere, et Notre Seigneur Jé-
sus-Christ dirige notre voie vers
vous.
19. Et que le Seigneur vous
multiplie, et fasse abonder la cha-
rité que vous avez les uns envers
les autres et envers tous, comme
la nôtre abonde envers vous;
13. Pour fortifier vos cœurs
sans reproche en sainteté, devant
notre Dieu et Père, à l'avènement
de Notre Seigneur Jésus-Christ
avec tous ses saints. Amen.
CHAPITRE IV.
Fuir la fornication; garder la chasteté
conjugale; s'entr'aimer tous; se conso-
ler de la mort de ses fréres par l'es-
pérance de la résurrection. Ordre dans
lequel se fera la résurrection.
1. Au reste, mes frères, nous
vous prions et vous conjurons
dans le Seigneur Jésus, que, puis-
que vous avez appris de nous
comment il faut que vous mar-
chiez pour plaire à Dieu, vous
2821
marchiez en effet de telle sorte,
que vous avanciez de plus en
plus.
2. Attendu que voussavez quels
préceptes nous vous avons don-
nés de la part du Seigneur Jésus ;
3. Car la volonté de Dieu, c'est
votre sanctification, c'est que
vous vous absteniez de la forni-
cation ;
4. Que chacun de vous sache
posséder son corps saintement et
honnétement,
9. Et non dans la passion de la
convoitise, comme les gentils
eux-mêmes, qui ignorent Dieu;
6. Et que personne n'opprime
et ne trompe en cela son frere,
parce que le Seigneur est le ven-
geur de toutes ces choses, comme
nous vous l'avons déjà dit et at-
testé,
7. Car Dieu ne nous a point
appelés à limpureté, mais à la
sanclification.
8. Ainsi, celui qui méprise ces
préceples, méprise, non pas un
homme, mais Dieu qui nous a
donné méme son Esprit-Saint.
9. Quant 818 charité fraternelle,
nous n'avons pas besoin de vous
en écrire, puisque vous-mémes
avez appris de Dieu à vous aimer
les uns les autres.
Cab. IV. 3. Rom., xir, 2; Ephés., v, 11. — 9. Jean, xu, 34; xv, 12, 17; I Jean, rr, 40;
iv, 12.
sommes comblés. Ce genre de répétition, qui se retrouve généralement dans toutes
les langues, a pour but de donner de l'énergie au discours.
12. Que le Seigneur vous multiplie, en augmentant votre nombre par la conversion
des infideles.
13. Pour forlifier, etc.; c'est-à-dire pour fortifier en sainteté vos cœurs qui sont
déjà irréprochables.
4. Son corps; littér., son vase. Compar. Il Cor., 1v, 1; ou, selon d'autres, sa femme,
parce que les écrivains juifs donnent cette signification au mot hébreu keli, qui cor-
respond en effet à vase. Compar. I Pier., ut, 7.
6. En cela. Le Grec porte, en effet, dans l'affaire, la chose dont il est question;
c’est-à-dire l'adultére. ou un autre genre d'impudicité plus horrible encore.
9828
10. Et c'est aussi ce que vous
faites à l'égard de tous nos frères
dans toute la Macédoine. Mais,
mes frères, nous vous exhortons
à le faire de plus en plus,
41. Et à vous appliquer à vivre
en repos, à vous occuper de ce
qui vous est propre, à travailler
de vos mains, comme nous vous
l'avons recommandé; enfin à
vous conduire honnêtement en-
vers ceux qui sont dehors, et à
ne désirer rien de personne.
19. Mais nous ne voulons pas,
mes freres, que vous soyez dans
l'ignorance touchant ceux qui
dorment, afin que vous ne vous
attristiez pas, comme font tous
les autres, qui n'ont point d'espé-
rance.
18. Car si nous croyons que
Jésus est mort et ressuscité, Dieu
amènera de même avec Jésus
ceux qui se seront endormis en
lui.
44. Aussi nous vous affirmons
sur la parole du Seigneur, que
nous qui vivons, et qui sommes
réservés pour l'avènement du
Seigneur, nous ne préviendrons
pas ceux qui se sont déjà endor-
mis.
PREMIERE ÉPITRE DE S. PAUL AUX THESSALONICIENS.
[cH. v.]
15. Car le Seigneur lui-méme,
au commandement, et à la voix
de l'archange, et au son de la
trompette de Dieu, descendra du
ciel; et ceux qui seront morts
dans le Christ ressusciteront les
premiers.
16. Ensuite nous qui vivons,
qui sommes restés, nous serons
emportés avec eux dansles nuées
au-devant du Christ dans les airs;
et ainsi nous serons à jamais
avec le Seigneur.
17. Consolez-vous donc les uns
les autres par ces paroles.
CHAPITRE V.
Jour du Seigneur incertain. Surprise des
méchants. Enfants du jour etde la nuit.
Armes spirituelles. Honneur des pas-
teurs. Support des faibles. Joie et priè-
res continuelles. Régles de conduite à
l'égard des opérations surnaturelles.
Salutations.
1. Mais pour ce qui est des
temps et des moments, vous n'a-
vez pas besoin, mes frères, que
nous vous en écrivions ;
2. Parce que vous-mémes savez
très bien que le jour du Seigneur
viendra comme un voleur dans
la nuit.
3. Gar lorsqu'ils diront : Paix
44. 1 Cor., xv, 23. — Cuap. V. 2. II Pierre, riz, 10; Apoc., πὶ, 3; xvr, 19.
10. * Dans toute la Macédoine. Voir Actes, xvi, 9.
11. Ceux qui sont dehors. Voy. 1 Cor., v, 12.
12. Ceux qui dorment; qui sont morts. Voy. I Cor., vir, 39.
13. Dieu amènera. Devant ces mots sont sous-eutendus ceux-ci: Croyons aussi que;
genre d'ellipse trés fréquent dans les raisonnements de l'apótre.
14. L'apótre se propose ici comme exemple de ce qui arrivera à ceux qui existeront
lors du jugement général. C'est donc comme s'il disait aux Thessaloniciens : Sup-
posons que le jugement arrive de notre temps, ni vous ni moi ne précéderons ceux
qui sont morts depuis longtemps ; tous les hommes ressusciteront ensemble, et nous
qui vivons et que nous supposons étre réservés en vie jusqu'à ce jour, nous serons
changés dans un moment, et nous deviendrons comme ceux qui sont morts depuis
plusieurs siècles (1 Cor., xv, 52).
16. Qui vivons, qui sommes reslés. Voy. le vers. 14. — Saint Paul ne parle pas de
la mort, mais cependant, ceux mêmes qui seront vivants au moment où Jésus-Christ
viendra faire le jugement général mourront pour ressusciter aussitót aprés.
[eu. v.] PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX THESSALONICIENS.
et sécurité, alors méme viendra
sur eux une ruine soudaine,
comme la douleur sur une femme
enceinte qui enfante, et ils n'é-
chapperont pas.
4. Pour vous, mes freres, vous
n'étes point dans des ténèbres,
de sorte que ce jour vous sur-
prenne comme un voleur.
5. Car vous étes tous des en-
fants de lumière et des en-
fants du jour : non, nous ne
sommes point de la nuit ni des
ténèbres.
6. Ne dormons donc point
comme tous les autres, mais
veillons et soyons sobres.
7. Car ceux qui dorment, dor-
ment de nuit; et ceux qui s'eni-
vrent, s'enivrent de nuit.
8. Mais nous, qui sommes du
jour, soyons sobres, revétant la
cuirasse de la foi et de la charité,
et pour casque l'espérance du sa-
lut.
9. En effet, Dieu ne nous a
point réservés pour la colere,
mais pour acquérir le salut par
Notre Seigneur Jésus-Christ,
10. Qui est mort pour nous, afin
que, soit que nous veillions, soit
que nous dormions, nous vivions
avec lui.
11. C'est pourquoi, consolez-
vous mutuellement, et édifiez-
vous les uns les autres, comme
vous faites.
2829
19. Mais nous vous recomman-
dons, mes frères, de considérer
ceux qui travaillent parmi vous,
qui vous sont préposés dans le
Seigneur, et vous instruisent,
43. Et d'avoir pour eux une
charité plus abondante, à cause
de leur œuvre; conservez 18 paix
avec eux.
14. Nous vous en prions aussi,
mes frères, reprenez les turbu-
lents, consolez les pusillanimes,
soutenez les faibles, soyez pa-
tients envers tous.
15. Prenez garde que quelqu'un
ne rende à un autre le mal pour
le mal; mais cherchez toujours
le bien les uns des autres, et ce-
lui de tous.
16. Soyez toujours dans la
joie.
17. Priez sans cesse.
18. Rendez grâces en toutes
choses; car c'est la volonté de
Dieu dans le Christ Jésus, par
rapport à vous tous.
19. N'éteignez point l'Esprit.
20. Ne méprisez pas les pro-
phéties.
91. Eprouvez tout; retenez ce
qui est bon.
22. Abstenez-vous de toute ap-
parence de mal.
23. Que le Dieu de paix vous
sanctifie lui-méme par tous les
moyens, afin que tout votre es-
prit, votre àme et votre corps se
8. Isaïe, Lix, 17; Ephés., vr, 14, 17. — 15. Prov., xvi, 18; xx, 22; Rom., xit, 17;
I Pierre, ΠΙ, 9. — 17. Eccli., xvii, 22; Luc., xvii, 1; Coloss., 1v, 2.
19. N'éleignez pas l'Esprit de Dieu, en mettant obstacle à son opération en vous,
a 5 empêchant ceux qu'il a enrichis de ses dons de s'en servir pour l'utilité de
'Eglise.
23. Par tous les moyens, ou en loute manière, ou en toutes choses, en tout ce qui
vous arrivera, ou enfin entièrement. Le Grec porte absolument tous, en rapportant
cet adjectif au pronom vous. — L'esprit ou l'entendement, et láme ou la volonté,
désignent les deux principales facultés de l'âme.
2830
conservent sans reproche à l'ave-
nement de Notre Seigneur Jésus-
Christ.
24. ILest fidele celui qui vousa
appelés; aussi est-ce lui qui fera
cela.
95. Mes freres,
nous.
priez pour
24. I Cor., 1, 9.
PREMIÈRE EPITRE DE S. PAUL AUX THESSALONICIENS.
[ca. v.]
26. Saluez tous nos frères par
un saint baiser.
97.16 vous adjure par le Sei-
gneur, que cette lettre soit lue à
tous nos saints freres.
98. Que la gráce de Notre Sei-
gneur Jésus-Christ soit avec vous.
Amen.
DEUXIÈME ÉPITRE
DE SAINT PAUL
AUX THESSALONICIENS
CHAPITRE PREMIER.
Saint Paul salue les Thessaloniciens. Il
rend grâces à Dieu de leur foi et de
leur constance dans les maux. Il an-
nonce les vengeances qui seront exer-
cées sur les méchants, et la gloire dont
les justes seront comblés à l'avènement
de Jésus-Christ.
1. Paul et Silvain, et Timothée,
àl'Eglise des Thessaloniciens, en
Dieu notre Pere, et en Notre Sei-
gneur Jésus-Christ,
9. Grâce à vous, et paix par
Dieu notre Père et par Notre Sei-
gneur Jésus-Christ. /
3. Nous devons, mes frères,
rendre sans cesse à Dieu pour
vous de dignes actions de gráces,
de ce que votre foi augmente de
plus en plus, et que la charité de
chacun de vous devient abon-
dante pour tous les autres.
4. De sorte que nous-mémes
nousnousglorifiions aussien vous
dans les Eglises de Dieu, à cause
de votre patience, et de votre foi,
et de toutes les persécutions et
tribulations que vous supportez,
5. En exemple du juste juge-
ment ide Dieu, pour que vous
soyez trouvés dignes du royau-
me de Dieu, pour lequel aussi
vous souffrez;
6. Car il est juste devant Dieu,
qu'il rende l'afflietion à ceux qui
vous affligent,
7. Et à vous qui étes affligés,
le repos avec nous, lorsque du
ciel se révélerale Seigneur Jésus
avec les anges de sa puissance,
8. Et que, dans une flamme de
feu, il se vengera de ceux qui
ne connaissent point Dieu, et qui
n'obéissent point à l'Evangile de
Notre Seigneur Jésus-Christ;
9. Lesquels subiront les peines
de la perdition éternelle, àla vue
de la face du Seigneur et de la
gloire de sa puissance;
10. Lorsqu'il viendra pour étre
glorifié dans ses saints, et admiré
dans tous ceux qui auront cru;
puisque vous avez eru à notre té-
moignage touchant ce jour.
1. * Silvain, le Silas des Actes. Voir Actes, ,טא
1. Les anges de sa puissance; c'est-à-dire les anges qui sont les ministres de sa
puissance.
\
10. Touchant ce jour, ou bien en vue, dans l'attente de ce jour. Ce sont les seules
interprétations compatibles avec les Bibles latines autorisées. D'autres, conformé-
ment au texte grec. traduisent avec une parenthèse : Ef admiré dans lous ceux qui
9832
41. C'est pourquoi nous prions
sans cesse pour vous, que notre
Dieu vousrendedignes 46 58 voca-
tion, et qu'il accomplisse tous 8
desseins de sa bonté, et l'eeuvre
de la foi par sa puissance.
12. Afin que le nom de Notre
Seigneur Jésus-Christ 5011 6
en vous, et vous en lui, par la
DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX THESSALONICIENS.
(er. 1i.)
frères, par l'avènement de Notre
Seigneur Jésus-Christ, et par
notre réunion avec lui,
2. De ne point vous laisser
si vite ébranler dans vos sen-
timents, ni effrayer, soit par
quelque esprit, soit par des dis-
cours, soit par des lettres sup-
posées venir de nous, comme
si le jour du Seigneur était
proche.
3. Que personne ne vous só-
duise en aucune manière; car 7
ne viendra point, qu'auparavant
ne soit venue l'apostasie, et que
n'ait paru l'homme du péché, le
fils de la perdition,
4. Qui se pose en ennemi et
s'élève au-dessus de tout ce qui
est appelé Dieu, ou qui est adoré,
jusqu'à s'asseoir dans le temple
gráce de notre Dieu et de Notre
Seigneur Jésus-Christ.
CHAPITRE II.
Apostasie qui précédera l'avènement de
Jésus-Christ. Mystère d'iniquité jusqu'à
l'avénement de l'Antechrist. Caractère
de cet homme de péché, qui doit étre
exterminé par l'avènement de Jésus-
Christ. Saint Pau] rend grâces de la foi
des Thessaloniciens, et les exhorte à
garderles traditions qu'il leur a laissées.
1. Or nous vous conjurons, mes
Cuae. II. 3. Ephés., v, 6.
auront cru (puisque vous avez cru à notre témoignage) à ce jour; ce qui enlève toute
difficulté grammaticale.
11. Tous les desseins de sa bonté, ou, en vertu d'une figure de grammaire dont nous
avons déjà vu beaucoup d'exemples: Toute sa bonlé, sa bienveillante volonté.
2. Par quelque esprit prétendu divin ou prophétique, par révélation qu'on préten-
drait faussement avoir reçue de l'Esprit-Saint. — * > Le jour du Seigneur signitie
souvent dans l'Eeriture la fin du monde, le jugement universel, où le Seigneur se
montrera avec sa grandeur, sa puissance et sa justice souveraines; mais les auteurs
sacrés désignent aussi quelquefois par ce terme les grands événements dans lesquels
la majesté divine se manifeste d'une maniére frappante, et qui sont comme des
images de la catastrophe finale. S. Paul avertitles fidéles de Thessalonique de ne pas
se laisser troubler par ceux qui annoncent que ce jour est proche, en alléguant à
cet égard certaines révélations qu'ils prétendent tenir directement du ciel ou qu'ils
attribuent à l'Apótre, sinon au Sauveur lui-même. Loin de confirmer ces prédictions,
S. Paul enseigne qu'on ne doit pas s'attendre à voir sitôt l'accompliseement des
divins oracles. Il assure qu'il doit se produire auparavant de grands événements,
« la séparation », c'est-à-dire suivant l'explication la plus commune, l'apostasie des
peuples chrétiens qui se sépareront de l'Eglise, et l'apparition du « fils de perdition »,
de l'homme de péché, de cet ennemi du vrai Dieu, qui se fera rendre à lui-même les
honneurs divins. Ce qui portait l'Apótre à donner cet avis à ses disciples, ce n'était
pas seulement le désir de leur épargner une inquiétude sans fondement, c'était sur-
tout la prévision du péril auquel leur foi serait exposée par les déceptions qui résul-
teraient de semblables illusions. C'est la méme raison qui a porté l'Eglise à défendre
sous peine d'excommunication d'annoncer pour une époque déterminée la venue de
l'Antechrist ou le jour du jugement. » (L. BAcuzz.)
3. Cette 020810806 est la révolte de toutes les nations contre l'Eglise catholique,
révolte qui a commencé, et qui deviendra plus générale dans les jours de l'Antechrist.
4. Dans le temple de Jérusalem que quelques-uus croient qu'il rebàtira, ou dans les
[cir. זז [
de Dieu, se faisanl passer lui-
méme pour Dieu.
5. Ne vous souvient-il pas que,
lorsque j'étais encore avec vous,
je vous disais ces choses?
6. Et vous savez ce qui le retient
maintenant, afin qu'il paraisse en
son temps;
7. Car déjà s'opère le mystère
d'iniquité; seulement, que celui
qui tient maintenant, tienne jus-
qu'à ce qu'il disparaisse.
8. Et alors apparaitra cet impie
que le Seigneur Jésus tuera par
le souffle de sa bouche, et qu'il
détruira par l'éclat de son avène-
ment.
9. Il viendra par l'opération de
Satan, au milieu de toute sorte
de miracles, de signes et de pro-
diges menteurs,
10. Et avec toute séduction d'i-
niquité pour ceux qui périssent,
parce qu'ils n'ont pas reçu l'amour
de la vérité afin d'étre sauvés.
C'est pourquoi Dieu leur enverra
une opération d'erreur, de ma-
nière qu'ils croirontau mensonge ;
11. En sorte que soientcondam-
nés tous ceux qui n'ont pas cru à
la vérité, mais ont acquiescé à
l'iniquité.
19. Mais nous, mes frères ché-
DEUXIÈME ÉPITRE Dii S. PAUL AUX THESSALONICIENS.
2833
ris de Dieu, nous devons sans
cesse rendre grâces à Dieu pour
vous, de ce qu'il vous a choisis
comme des prémices, pour vous
sauver par la sanctification de
l'Esprit et par la foi de la vérité,
13. A laquelle il vous a appelés
par notre Evangile, pour acqué-
rir la gloire de Notre Seigneur
Jésus-Christ.
14. C'est pourquoi, mes freres,
demeurez fermes, et gardez les
traditions que vous avez apprises
soit par nos discours, soit par
notre lettre.
15. Que Notre Seigneur Jésus-
Christ lui méme, el que notre
Dieu et Père, qui nous a aimés et
nous ἃ donné une consolation
éternelle et une bonne espérance
par sa grâce,
16. Ranime vos cœurs, et vous
affermisse en toute bonne œuvre
et toute bonne doctrine.
CHAPITRE III.
Saint Paul demande aux Thessaloniciens
le secours de leurs prières. Il les aver-
tit de se retirer de ceux qui vivent
d'une manière déréglée. Il leur recom-
mande le travail. Il leur souhaite la
paix. Salutations.
1. Au reste, mes frères, priez
8. Isaie, xr, 4. — (παρ. III. 1. Ephés., vr, 19; Coloss., 1v, 3.
Eglises chrétiennes qu'il consacrera à son culte, comme Mahomet a fait des églises
d'Orient.
7. Seulement, que celui qui tient la foi, qui possède la foi, {a tienne, la conserve
jusqu'à la mort de l'Antechrist; ou bien : Seulement, que celui qui retient 'Antechrist
(vers. 6), le vetienne jusqu'à ce qu'il meure; car le texte grec est comme la Vulgate,
susceptible de ces deux interprétations.
10. Une opération d'erreur. Dieu permettra qu'ils soient séduits et trompés par des
prodiges mensongers, en punition de ce qu'ils n'ont pas entretenu l'amour de la vérité.
14. L'apótre donne ici la méme autorité à ce qu'il a enseigné, soit de vive voix, soit
par écrit. C'est pour cela que l'Eglise recoit avec le méme respect les vérités ren-
fermées dans les Ecritures, et celles qui sont venues des apótres jusqu'à nous par le
canal de la tradition.
1. Comme aussi parmi vous; c'est-à-dire qu'elle se répande, etc., aussi parmi vous,
ou bien, comme elle l'esL parmi vous
I. d.
178
2834
pour nous, afin que la parole de
Dieu se répande et soit glorifiée,
comme aussi parmi vous ;
9. Et afin que nous soyons dé-
livrés des hommes fàâcheux et
méchants; car la foi n'est pas à
tous.
3. Mais il est fidele le Dieu qui
vous affermira et vous gardera
du malin.
4. Et nous avons dans le Sei-
gneur cette confiance, que ce
que nous commandons, vous le
faites et vous le ferez.
5. Quele Seigneur dirige donc
vos cœurs dans l'amour de Dieu
et la patience du Christ.
6. Or nous vous ordonnons,
mes freres, au nom de Notre Sei-
gneur Jésus-Christ, de vous sépa-
rer de tous nos freres qui se con-
duisent d'une maniere déréglée,
et non selon la tradition qu'ils ont
recue de nous.
7. Car vous savez vous-mémes
comment on doit nous imiter,
puisque nous n'avons pas été fà-
cheux parmi vous,
8. Et que nous n'avons mangé
gratuitementle pain de personne,
mais que nous avons travaillé
jour et nuit avec peine et fatigue,
pour n'étre à charge à aucun de
vous.
9. Ge n'est pas que nous םוז
eussionsle pouvoir, mais c'était
DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX THESSALON!CIENS. jeu. ut.]
pour vous donner en nous un Τη0-
dèle à imiter.
10. Aussi, lorsque nous étions
parmi vous, nous vous avons
déclaré ceci : Si quelqu'un ne
veut pas travailler, qu'il ne mange
point.
11. Nous avons appris, en effet,
que quelques-uns parmi | vous
s'en vont jetant le trouble sous
leurs pas, ne faisant rien, mais
suivant leur curiosité.
12. Or nous ordonnons à de
telles personnes, et nous les con-
jurons de manger leur pain en
travaillant paisiblement.
13. Pour vous, mes frères, ne
vous lassez point de faire du bien.
14. Que si quelqu'un ἢ obéit
pas à ce que nous ordonnons par
cette lettre, notez-le et n'ayez
point de commerce avec lui, afin
qu'il en ait de la confusion.
45. Cependant ne le regardez
pas comme un ennemi, mais re-
prenez-le comme un frère.
16. Que le Seigneur de la paix
vous donne lui-même 18 paix en
tout temps, en tout lieu. Que le
Seigneur soit avec vous tous.
17. La salutation est de moi,
Paul; c'est là mon seing’ dans
toutes mes lettres; j'écris ainsi.
18. Que la grâce de Notre Sei-
gneur Jésus-Christ soit avec vous
tous. Amen.
8. Actes, xx, 34; I Cor., 1v, 19; I Thess., 11, 9. — 18, Gal., vi, 9.
a ———————————————
9. Car la foi n’est pas à tous, n'est pas commune à tous; bien que Dieu accorde à
tous les moyens de croire, tous n'en profitent pas.
3. Du malin esprit; c'est-à-dire du démon.
6. Tous nos frères qui se conduisent; littér. : Tout frère qui se conduit. Le mot tout
est un véritable collectif; c'est pour cela qu'on lit au pluriel immédiatement aprés :
Ils ont reçue.
3. * Saint Paul gagnait sa vie en fabriquant des tentes. Voir Actes, xvn, 3.
LES
EPITRES PASTORALES
a Me Loo Dep
On désigne sous ce titre trois Epitres de S. Paul à ses disciples de
prédilection. Deux sont adressées à Thimothée et une à Tite. On les
nomme pastorales, parce qu'elles traitent de sujets relatifs au saint
ministere, en particulier du choix, des devoirs et des vertus des pas-
teurs.
= Timothée avaitsuivi S. Paul dans une grande partie de ses voyages,
et reçu de lui diverses missions, en Macédoine, en Grèce, à Philippe,
à Thessalonique, à Corinthe. 11 lui était aussi attaché qu'un fils peut
l'être à son père; néanmoins, l'Apótre l'avait placé à la tête de
l'Eglise d'Ephèse, pour se conformer à une révélation du ciel. Quant
à Tite, il l'avait aussi élevé à l'épiscopat, apres plusieurs missions,
et l'avait chargé spécialement d'achever son œuvre dans lile de
Crète, en y organisant le ministère ecclésiastique.
La date de la seconde Epitre à Timothée ne parait pas douteuse.
On la rapporte aux derniers temps de la vie de l'Apótre. L'Epitre
elle-même nous apprend quil est à Rome, prisonnier pour la
foi, qu'il a passé récemment à Troas, à Milet et à Corinthe, qu'il
n'a plus à ses cótés qu'un seul disciple, S. Luc, et qu'il s'attend à une
mort prochaine.
Pour les deux autres Epitres, il ne parait pas possible d'en fixer la
date d'une maniere précise. Néanmoins on a lieu de croire qu'elles
sont à peu pres de la méme époque et qu'elles ont été écrites peu de
temps avant la dernière captivité de l'Apótve. Ce qui le fait penser,
c'est l'analogie frappante et toute exceptionnelle qu'elles ont avec la
seconde à Timothée, pour le fond comme pour la forme. Non seule-
ment l'auteur y traite des mémes sujets, mais il est placé au méme
point de vue, il ἃ les mêmes préoccupations, il voit l'Eglise dans le
méme état. Mémes périls pour la foi; méme goüt des nouveautés
dans les fidèles; mêmes défauts dans la prédication; les avis et les
recommandations sont presque identiques. C'est aussi le méme style,
plus pur, plus coulant et moins chargé d'hébraismes qu'à l'ordinaire:
ce sont les mèmes loculions et souvent les mêmes termes, qu'on lit
2836 LES ÉPITRES PASTORALES.
dans chacune de ces Epitres, et qu'on ne trouve nulle part ailleurs.
Aucune d'elles ne ressemble à un traité dogmatique ou polémique.
Ce sont des Lettres proprement dites, des communications affec-
tueuses, des instructions toutes pratiques, telles que l'áge de l'Apótre,
sa dignité et ses relations avec ses disciples le mettaient en position
de leur en adresser. Convaincu qu'ils ne demandent qu'à connaître
ses sentiments pour entrer dans ses vues, il leur écrit au courant de
la plume, sans se préoccuper d'ordre ni de méthode. Les préceptes,
les exhortations, les maximes, les pressentiments, les détails intimes
arrivent. pêle-mêle et se pressent sur le papier comme. dàns. son
esprit. Aussi serait-il difficile d'en faire un résumé ou une analyse
proprement dite.
Ajoutons que diverses indications, fournies par ces Lettres mêmes,
ne permettent guère de leur fixer une place dans la partie de la. vie
de S. Paul que les Actes nous retracent. Ainsi, dans la premiere à
Timothée, on. voit que, lorsqu'il l'écrivit, l'Apótre venait de quitter
Ephése pour se rendre en Macédoine, qu'il avait laissé à son disciple
le soin de cette Eglise et qu'il espérait l'y rejoindre bientót. Or, ceci
n'a pu avoir lieu au moment où les Actes nous montrent S. Paul
quittant Ephèse pour passer en Europe; car alors Timothée le devan-
çait en Macédoine et l'Apótre n'avait pas l'intention de revenir à
Ephèse. À ce moment d'ailleurs, S. Paul ne fait encore que prédire
l'apparition des faux Docteurs dont il expose et combat les principes
dans les deux Lettres ἃ Timothée. De méme quand il écrit à Tite :
il vient de passer dans l'ile de Crète, où il l'a laissé. 11 ne saurait étre
ici question de son passage en Crete avec le vaisseau qui l'emmenait
captif à Rome : comment eüt-il pu dire qu'il se proposait de passer
l'hiver à Nicopolis? On ne voit donc pas où placer cette Epitre,
sinon dans l'intervalle de ses deux captivités, intervalle doat nous
ignorons le. détail, mais qui n'a pas été imaginé pour soutenir
l'authenticité de ces écrits et durant lequel nous sommes. fondés à
croire qu'il parcourut de nouveau l'Orient, après avoir évangélisé
l'Espagne.
Quelques auteurs objectent le jeune àge de Timothée, à l'époque
où fut écrite la première Epitre, S. Paul lui recommandant de faire
respecter sa jeunesse. Mais il faut tenir compte de l'âge avancé de
l'Apótre, qui se qualifie de vieillard et qui avait au moins une soixan-
taine d'années, de l'habitude oü il était de parler à Timothée comme
à son disciple, et de la pratique commune au premier siecle de n'ap-
pliquer aux fonctions pastorales que les hommes qui touchaient à la
vieillesse. (L. BacuEz.)
*
PREMIERE EPITRE
DE SAINT PAUL
A TIMOTHÉE
EE e
INTRODUCTION
Dans cette Epitre, le dessein de S. Paul est d'avertir l'évéque d'Ephése des
principaux devoirs attachés à sa charge, et del'animer 8 les bien remplir, rr, 45.
Dans ce but, il indique briévement à Timothée les obligations les plus graves
de l'épiscopat. Il lui dit : — 4° Comment il doit instruire son peuple et com-
battre les mauvaises doctrines, 1, 4-20. — 2° Avec quel soin il doit s'acquitter
de la priére publique:et des exercices du culte divin, 11, 1-15. — 3» Comment il
doit choisir ses coopérateurs, mr, 1-10. — 49. Quel zèle il doit avoir pour se
sanclifier lui-méme, 1v, et pour maintenir la discipline dans son église, v et vi.
Α ces instructions, qui conviennent à tous les pasteurs, se mêlent des exhor-
tations et des avis personnels, avec certains détails sur la vie de lApótre.
(L. Bacuez.)
2. A Timothée, son fils chéri
CHAPITRE PREMIER. dans la foi. Grâce, miséricorde et
Saint Paul salue Timothée, Questions non | Paix par Dieu le Père, et par Jé-
édifiantes. Charité, fin.des commande- | sus-Christ Notre Seigneur.
panty Sainteté et tes de la (er Toy 3. Comme je t'en ai prié en par-
donné pour exemple de In miserie? | tant pour la Macédoine, demeure
à Ephèse, afin d'avertir certaines
1. Paul, apótre de Jésus-Christ, | personnes de ne point enseigner
selon le commandement de Dieu | une autre doctrine,
notre Sauveur, et du Christ Jésus, 4. Et de ne point se préoccuper
notre espérance, de fables et de généalogies sans
CuaP. I. 2. Actes, xv1, 1. — 4. Infra, 1v, 7; 11 Tim., 11, 23; Tit., ur, 9.
3. Une autre doctrine; une doctrine différente de la nôtre. — * Pour la Macédoine.
Voir Actes, xyr, 9. — À, Ephése, Voir Actes. xvni, 19, ὁ
2838
fin; qui élèvent des disputes plu-
tôt que l'édifice de Dieu, qui est
fondé sur la foi.
ὃ, Car la fin des préceptes est
la charité qui vient d'un cœur
pur, d'une bonne conscience, et
d'une foi non feinte.
6. Quelques-uns s'en étant dé-
tournés, se sont égarés en de
vains discours,
7. Voulant être docteurs de la
loi, et ne comprenant ni ce qu'ils
disent ni ce qu'ils affirment.
8. Or nous savons que 18 1
est bonne si on en use légitime-
ment :
9. En reconnaissant que la loi
n'est pas établie pour le juste,
mais pour les injustes, les insou-
mis, les impies, les pécheurs, les
scélérats, les profanes, les meur-
triers de leur pere, et les meur-
triers de leur mere, les homici-
des,
10. Les fornificateurs, les abo-
minables, les voleurs d'hommes,
les menteurs, et pour toute autre
chose opposée à la saine doc-
trine,
41. Qui est selon l'Evangile de
la gloire du Dieu bienheureux,
lequel m'a été confié.
19. Je rends grâces à celui qui
m'a fortifié, au Christ Jésus Notre
Seigneur, de ce qu'il m'a estimé
fidèle, en m'établissant dans son
ministere,
PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE.
].1 .8ס]
13. Moi qui élais auparavant
blasphémateur, persécuteur et
outrageux; mais j'ai obtenu mi-
séricorde de Dieu, parce que j'ai
agi par ignorance, dans l’incré-
dulité.
14. Et méme la gráce de Notre
Seigneur a surabondé avec la foi
et la dilection qui est dans le
Christ Jésus.
15. C'est une vérité certaine et
digne d'étre entiérement recue,
que le Christ Jésus est venu en
ce monde pour sauver les pé-
cheurs, entre lesquels je suis le
premier.
16. Mais aussi j'ai obtenu misé-
ricorde, afin qu'en moi, le pre-
mier,leChristJésus montráttoute
sa patience, en sorte que je ser.
visse d'exemple pour ceux qui
croiront en lui pour la vie éter-
nelle.
47. Au roi des siècles, immor-
tel, invisible, au seul Dieu, hon-
neur et gloire dans les siècles des
siècles. Amen.
48. Voici la recommandation
que je te fais, mon fils Timothée,
cest que d'après les prophéties
faites de toi autrefois, tu com-
battes, en les accomplissant, le
bon combat ;
19. Conservant la foi etla bonne
conscience que quelques-uns ont
repoussée, et ils ont fait naufrage
dans la foi ;
8. Rom., vit, 12. — 15. Matt., 1x, 18; Marc, זז 17.
9. La loi, en tant qu'elle menace, intimide et punit, n'est pas établie pour le juste;
c'est-à-dire qu'elle ne le regarde pas, mais qu'elle regarde seulement le pécheur;
parce que le juste, lui obéissant sans violence, sans contrainte, et l’accomplissant
méme avec plaisir et avec amour, n'est nullement sujet aux peines dont elle menace
ceux qui la violent,
10. Les voleurs d'hommes ; ceux qui enlevaient les hommes et les vendaient comme
esclaves, crime que la loi mosaïque punissait de mort. Voy. Exode, xxi, 16.
43. Dans l’incrédulilé; c'est-à-dire privé des lumières de la foi.
[cu. π.]
90. De ce nombre sont Hymé-
née et Alexandre, que j'ai livrés
à Satan pour qu'ils apprennent à
ne point blasphémer.
CHAPITRE II.
Prier et rendre gráce pour tous. Volonté
de Dieu à l'égard. du salut. Médiation
et rédemption de Jésus-Christ. Paul,
apótre des gentils. Conditions de la
prière. Modestie et soumission recom-
mandées aux femmes.
1. Je demande donc instam-
ment avant tout, qu'on fasse des
supplications, des prieres, des
demandes, des actions de grâces
pour tous les hommes,
2. Pour les rois et tous ceux
qui sont en dignité, afin que nous
menions une vie paisible et tran-
quille, en toute piété et chasteté.
9. Car cela est bon et agréable
à notre Sauveur Dieu,
4. Qui veut que tous les hom-
mes soient sauvés, et viennent à
la connaissance de la vérité,
5. Car il n'y a qu'un Dieu et
qu'un médiateur entre Dieu et
les hommes, le Christ Jésus
homme,
6. Qui s'est livré lui-même,
pour la rédemption de tous,
ὕπαρ. II. 9. I Pierre, 111, 3. — 12. I Cor.,
ri, 6.
PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTIIÉE.
2839
comme un témoignage en sou
temps.
7. C'est pourquoi j'ai été établi
moi-méme prédicateur et apótre
(je dis la vérité, je ne mens
point), docteur des nations dans
la foi et la vérité.
8. Je veux donc que les hom-
mes prient en tout lieu, élevant
des mains pures, sans colère et
sans contention.
9. Pareillement, que les fem-
mes, en vétements décents, se
parent avec pudeur et modestie,
et non avec des cheveux frisés,
ou de l'or, ou des habits somp-
tueux ;
10. Mais comme il convient à
des femmes qui font profession
de piété par de bonnes œuvres.
11. Que la femme écoute en
silence et dans une entière sou-
mission.
19. Je ne permets point à la
femme d'enseigner ni de dominer
sur l'homme ; mais qu'elle garde
le silence.
13. Car Adam fut formé le pre-
mier, ensuite Eve,
14. Et Adam ne fut point séduit,
mais la femme séduite tomba
dans la prévarication.
xiv, 34. — 13. Genèse, 1, 27. — 14. Genèse,
20. * Hyménée et Alexandre avaient été excommuniés par S. Paul. Il est de nou-
veau question d'Hyménée II Tim., i, 17. Quant à Alexandre, il doit être différent de
celui qui est mentionné 11 Tim., 1v, 14, car ce dernier est qualifié d'ouvrier en airain.
8. Bien que Jésus-Christ soit l'unique médiateur de la rédemption, on peut recourir
aux prières et à l’intercession des fidèles sur la terre, et des anges et des saints dans
le ciel, pour obtenir miséricorde, grâce et salut par Jésus-Christ, comme saint Paul
lui-même demande le secours des prières des fidèles, sans faire aucune injure à la
médiation de Jésus-Christ.
6. Comme un témoignage; c'est-à-dire rendant ainsi témoignage à la vérité (vers. 5).
— En son temps, par lui-méme, par sa mort; ou bien, dans le temps qui lui avait été
marqué par son Père.
10. Qui font profession de piélé par de bonnes œuvres; c'est le seul sens conforme
au texte autorisé de la Vulgate.
2810
15. Toutefois elle sera sauvée
par la génération des enfants, si
elle demeure dans la foi, la cha-
rité et la sainteté jointe àla tem-
pérance.
CHAPITRE III.
Qualités des évéques et des prétres, des
diacres et des diaconesses. L'Eglise
est la maison de Dieu, la colonne et la
base dela vérité. Grandeur da mystère
de Jésus-Christ.
1. Voici une vérité certaine : Si
quelqu'un désire l'épiscopat, il
désire une œuvre bonne.
9. L'évéque doit donc être irré-
prochable, n'avoir épousé qu'une
seule femme, étre sobre, prudent,
grave, chaste, hospitalier, capable
d'enseigner ;
3. Non porté à boire et à frap-
per; mais modéré, ennemi des
contestations, désintéressé, mais
surtout
4. Gouvernant bien sa maison,
tenant ses enfants soumis, en
toute chasteté
5. (Car si quelqu'un ne sait pas
gouverner sa propre maison,
comment gouvernera-t-il l'Eglise
de Dieu?)
6. Non néophyte, de peur qu'en-
flé d'orgueil, il ne tombe dans la
condamnation du diable.
7. Il faut aussi qu'il ait un bon
témoignage de ceux qui sont de-
(Βα ρ. III. 2. Tit., 1, 7.
PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE.
[cn. nr.]
hors, afin qu'il ne tombe pas dans
lopprobre et dans les filets du
diable.
8. Que les diacres, de méme,
soient pudiques, qu'ils n'aient pas
deux langues; qu'ils ne soient
pas adonnés au vin, qu'ils ne
courent pas aprés un gain sor-
dide ; |
9. Qu'ils conservent le mystère
de la foi dans une conscience
pure.
10. Et qu'eux aussi soient d'a-
bord éprouvés ; et qu'ensuite ils
exercent le ministère s'ils sont
sans reproche.
11. Que pareillement les fem-
mes soient pudiques, non médi-
santes, mais sobres, fideles en
toutes choses.
19.Queles diacres n'aient épou-
sé quune seule femme; qu'ils
gouvernent bien leurs enfants et
leurs propres maisons.
13. Car ceux qui auront bien
rempli leur ministere, acquerront
un rang honorable et une grande
confiance dans la foi qui est dans
le Christ Jésus.
14.Jet'écrisceschoses, quoique
j'espère aller bientôt te voir;
15. Afin que, si je tarde, tu
saches comment te conduire dans
la maison de Dieu, qui est 6
du Dieu vivant, la colonne et le
fondement de la vérité. l
SN mm το
2. Ceux qui prétendent que l'apótre défend seulement à un évêque d'avoir plusieurs
femmes ne pensent pas que cette défense serait sans objet, puisque, de son temps,
או polygamie était interdite même aux simples fidèles. D'ailleurs, si cette prétention
était fondée, il faudrait dire aussi que saint Paul a permis aux veuves qui n'étaient
pas appelées au service de l'Eglise d'avoir plusieurs maris (V, 9); asscrtion aussi fausse
que révoltante.
6. Néophyte ; c'est-à-dire nouvellement baptisé.
1. Ceux qui sont dehors. Voy. 1 Corinth., v, 12.
12. N'aient épousé qu'une seule femme. Voy. vers. 2.
[cg τν.Ἷ
16. Et il est manifestement
grand ce mystère de piété. qui
s'est révélé dans la chair, qui a
été justifié par l'Esprit, dévoilé
aux anges, annoncé aux nations,
cru dans le monde, recu dans la
gloire.
CHAPITRE IV.
Hérésies annoncées. Timothée exhorté à
se nourrir de la bonne doctrine, à fuir
l'erreur, à s'exercer à la piété, à se
rendre le modèle des fidèles, à lire et
à enseigner, à ne pas négliger la gráce
de son ordination.
1.. Or l'Esprit dit manifeste-
ment que, dans les derniers
temps, quelques-uns abandon-
neront la foi, s'attachant à des es-
prits d'erreur, et à des doctrines
de démons,
2. Parlant le mensonge avec
hypocrisie, et ayantla conscience
cautérisée ;
3. Défendant le mariage, et or-
donnaní de s'abstenir des ali-
ments que Dieu a créés pour étre
reçus avec actions de grâces par
les fidèles et par ceux qui ont
connu la vérité ;
4. Car toute créature de Dieu
est bonne, et on ne doit rien reje-
ter de. ce qui se prend avec ac-
tions de grâces,
5. Parce qu'il est sanctifié par
PREMIERE ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE.
2541
la parole:.de Dieu et par la prière.
6. Enseignant ces choses à nos
freres, tu seras un bon ministre
du Christ Jésus, nourri des pa-
roles de 18 foi:et. dela bonne doc-
trine que tu as reque.
1. Mais les contes insensés des
vieilles femmes, rejette-les, et
exerce-toi à la piété.
8.Car les exercices corporels
servent peu; mais la piété test
utile à tout, ayantles promesses
de la vie présente et de celle à
venir.
9. C'est une vérité certaine et
digne d'étre entierement recue.
10. Car, si nous prenons tant
de peine, si nous sommes mau-
dits, c'est que nous espérons
dans le Dieu vivant, qui est le
Sauveur de tous les hommes, et
prineipalement des fideles.
11. Commande et annonce ces
choses.
19. Que personne ne méprise
ta jeunesse; mais sois l'exemple
des fideles, dans les discours,
dans la maniere d'agir, dans la
charité, dans la foi, dans la chas-
teté.
48. Jusqu'à ce que je vienne,
applique-toi à la lecture, à l'ex-
hortation et à l'enseignement.
14. Ne néglige pas la gràce qui
Cap! IV. 1. זז Tim., ri, À ; 11 Pierre, 11, 3; Jud., 18. — 7. Supra, 1, 4; II Tim., τι, 23;
Tit., ur, 9.
3. Ordonnant. Cette expression est évidemment sous-entendue. On remarque une
ellipse semblable, I Cor., xiv, 34, et on en trouve des exemples dans les écrivains
profanes. — Saint Paul parle ici de certains anciens hérétiques tels que les encratites,
les ébionites, les manichéens, etc., qui soutenaient que le mariage était interdit
comme chose impure, tandis qu'ils se permettaient eux-mémes la communauté des
femmes et toutes les horreurs qu'elle entraine à sa suite; et qui de plus défendaient
l'usage de la viande, prétendant qu'elle venait du principe du mal.
13. * Applique-toi à la lecture des Saintes Ecritures.
14. D'une prophélie; c'est-à-dire d'une révélation prophétique. — Des prétres; littér.
du presbytère; assemblée des prêtres. ou plutôt des évêques qui concoururent à l'or-
dination dont saint Paul fut lui-même le principal ministre (1I Timoth., 1, 6).
2842
est en toi, qui t'a été donnée en
vertu d'une prophétie avec l'im-
position des mains des prétres.
15. Médite ces choses, sois-y
tout entier, afin que ton avance-
ment soit connu de tous.
16. Veille sur toi-méme et sur
la doctrine; veilles-y sans relà-
che. Car agissant ainsi, tu te sau-
veras toi-même et ceux qui t’é-
coutent.
CHAPITRE V.
Règles de conduite à l'égard des per-
sonnes ágées ou jeunes. Veuves qui
méritent d'étre assistées. Veuves qui
méritent d'étre employées pour le ser-
vice del'Eglise. Récompense des prêtres.
Accusation des prêtres; leur ordination.
1. Ne reprends point durement
les vieillards, mais avertis-les
comme tes pères; les jeunes
hommes, comme tes freres ;
2. Les femmes âgées, comme
tes mères; les jeunes, comme tes
sœurs, en toute chasteté.
3. Honore les veuves qui sont
vraiment veuves.
4. Si quelque veuve a des fils
ou des pelits-fils, qu'elle leur ap-
prenne, avant toute chose, à gou-
verner leur maison, et à rendre
à leurs parents ce qu'ils ont recu
d'eux; car cela est agréable à
Dieu.
9. Que celle qui est vraiment
veuve et délaissée espere en
; Dieu, et persiste jour et nuit dans
! les supplications et les prières.
PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE.
[cu. v.]
6. Car celle qui vit dansles dé-
lices est morte toute vivante.
7. Et ordonne-leur cela, afin
qu'elles soient irréprochables.
8. Si quelqu'un n'a pas soin des
siens, et surtout de ceux de sa
maison, il a renié la foi, et il est
pire qu'un infidele.
9. Que la veuve qu'on choisira
n'ait pas moins de soixante ans;
qu'elle n'ait eu qu'un mari;
10. Qu'on puisse rendre témoi-
enage de ses bonnes œuvres : si
elle a élevé ses enfants, si ellea
exercé l'hospitalité, si elle a lavé
les pieds des saints, si elle à se-
couru les affligés, si elle s'est
appliquée à toute sorte de bonnes
œuvres.
11. Mais écarte les jeunes veu-
ves; car après s'être abandon-
nées àla mollesse dans le service
du Christ, elles veulent se ma-
rier ;
12. S'attirant ainsi la condam-
nation, puisqu'elles ont violéleur
premiere foi.
13. Mais de plus, oisives, elles
s'habituent à courir les maisons,
et elles sont non-seulement oisi-
ves, mais causeuses et curieuses,
parlant de ce qu'il ne faut pas.
14. Je veux donc que les jeunes
se marient, qu'elles aient des en-
fants, qu'elles soient méres de
famille, et qu'elles ne donnent à
notre adversaire aucune occasion
de blàme.
9. Qu'elle n'ait eu qu'un mari. Compar. wi, 2.
10. Si elle a lavé, ete. Le lavement des pieds a toujours été considéré dans l'anti-
quité comme faisant partie de l'hospitalité.
12. Leur premiere foi; le vœu par lequel elles s'étaient engagées en Jésus-Christ.
14. Notre adversaire; ou plus littér. l'adversaire. C'est le démon, comme semble
l'indiquer le verset suivant. Compar. 1 Pierre, v, 8. D'autres, prenant le mot adver-
saire pour un nom collectif, traduisent : Nos udvers uires; c'est-à-dire les ennemis de
notre foi, de notre religion, les hérétiques et les paiens.
[cn. vi.]
15. Déjà, en effet, quelques-
unes sont retournées à Satan.
16. Si quelque fidèle a des
veuves, qu'il les assiste, et que
l'Eglise n'en soit pas chargée, afin
qu'elle puisse suffire à celles qui
sont vraiment veuves.
17. Que les prêtres qui gouver-
nent bien soient regardés comme
dignes d'un double honneur, sur-
tout ceux qui s'appliquent à la
parole et à l'enseignement. |
18. Car l'Ecriture dit : Vous ne
lierez point la bouche du bœuf
qui foule le grain; et : L'ouvrier
est digne de son salaire.
19. Ne reçois pas d'accusation
contre un prêtre, si ce n'est de-
vant deux ou trois témoins.
20. Reprends ceux qui pèchent,
devant tout le monde, afin que
les autres en conçoivent de la
crainte.
21. Je te conjure devant Dieu,
devant le Christ Jésus, et les an-
ges élus, d'observer ces choses
sans préjugé, ne faisant rien en
inelinant d'un autre côté.
29. N'impose légèrement les
mains à personne, et ne participe
en rien aux péchés des autres.
Sois toujours chaste toi-méme.
23. Ne continue pas à ne boire
que de l'eau; mais use d'un peu
de vin, à cause de ton estomac
et de tes fréquentes infirmités.
24. Les péchés de quelques
hommes sont manifestes, et les
devancent au jugement; mais
PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE.
2845
ceux de certains autres les sui-
vent.
25. Et pareillement les œuvres
bonnes sont manifestes, et celles
qui nele sont pas ne peuvent res-
ter cachées.
CHAPITRE VI.
Devoirs des serviteurs. Faux docteurs.
Pauvreté contente. Pièges des richesses.
Vertus d'un homme de Dieu. Avéne-
ment de Jésus-Christ. Avis pour les
riches. Dépót de la foi.
1. Que tous les serviteurs qui
sont sous le joug estiment leurs
maitres dignes de tout honneur,
afin que le nom du Seigneur et
la doctrine ne soient pas blasphé-
més.
2. Que ceux qui ont des maîtres
fideles ne les méprisent point,
parce qu'ils sont leurs frères;
mais plutôt qu'ils les servent,
parce qu'ils sont fidèles et chéris,
participants du même bienfait.
Enseigne ces choses et exhor-
tes-y.
3. Si quelqu'un enseigne autre-
ment, et n'aequiesce point aux
saines paroles de Notre Seigneur
Jésus-Christ, et à la doctrine qui
est selon la piété,
4. C'est un orgueilleux, qui ne
sait rien; mais qui languit sur
des questions et des disputes de
mots, d'oü naissent les jalousies,
les contestations, les diffama-
tions, les mauvais soupcons,
9. Les querelles d'hommes cor-
CAP NAISSENT. ΣΤΥ 47 00r, 1x; 9; Matt., X, 10: buc; X, ἐς
11. A la parole; c'est-à-dire à la prédication.
19. Devant, etc.; sur la déposition, etc.
24. L'apótre veut dire qu'il est certains hommes dont les péchés sont déjà connus,
avant l'examen qu'on pourrait en faire et le jugement qu'on pourrait en porter,
tandis qu'il y en a d'autres dont les fautes ne se découvrent que par suite de cet
examen
98AA PREMIERE ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE. [πὸ στ.
0 . . r .
rompus d'esprit, et qui sont pri- | sous Ponce-Pilate témoignage à
vés de la vérité, estimant que la | sa divine prédication,
piété est un moyen de gain. 14. De garder ces préceptes, en
6. C'est, en effet, un grand gain | te conservant sans tache, irrépro-
que la piété avec ce qui suffit. chable, jusqu’à l'avènement de
7. Car nous n'avons rien ap- | Notre Seigneur Jésus-Christ,
porté en ce monde; et nul doute | 15. Que manifestera en son
que nous ne pouvons rien en em- | temps le bienheureux et seul
porter. puissant, le Roi des rois, et le
8. Ayant donc la nourriture et Seigneur des seigneurs,
le vétement, contentons-nous-en ; 16..Qui seul possède l'immor-
9. Parce que ceux qui veulent | talité, et qui habite une lumiere
devenir riches, tombent dans la | inaccessible; qu'aucun. homme
tentation et dans les filets du | n'a vu, ni ne peut voir; à qui
diable, et dans beaucoup de dé- | honneuretempireéternel!Amen.
sirs inutiles et nuisibles, qui plon- 17. Ordonne aux riches de ce
gent les hommes dans la ruine | siecle de ne point s'élever d'or-
et la perdition. gueil, de.ne point se confier en
10. Car la racine de tous les | des richesses. incertaines, mais
maux estla cupidité; aussi, quel- | dans le Dieu vivant (qui mous
ques-uns y ayant cédé, ont dévié | donne abondamment ‘toutes
de la foi, etse sont engagés dans | choses pour en jouir) ;
beaucoup de chagrins. 18. De faire le bien, de.devenir
41. Pour toi, homme de Dieu, | riches en bonnes ceuvres, de don-
fuis ces choses, et recherche la | ner de bon cœur, de partager,
justice, la piété, la foi, la charité, 19. De se faire un trésor qui soit
la patience, la douceur. un bon fondement pour l'avenir,
19. Combats le.bon combat de | afin d'acquérir la véritable vie.
la foi; remporte la vie éternelle, 20. O Timothée, conserve le
à laquelle tu as.été appelé, ayant dépôt, évilant les nouveautés pro-
si glorieusement confessé la foi | fanes de paroles, et les. opposi-
devant un grand nombre de té- | tions de la science, faussement
moins. nommée,
13. Je t'ordonne devant Dieu, 21. Dont quelques-uns, faisant
qui vivifie toutes choses, et de- | profession, sont déchus de la foi.
vant le Christ Jésus, qui a rendu | Que la grâce soit avec toi. Amen.
Cuap. VI. 7. Job, 1, 21; Eccle., v, 14. -— 8. Prov., xxvir, 26. — 13. Matt., xxvi, 2; Joan,
xvii, 33, 37. — 45. Apoc., xvi, 14; xix, 10. — 16. Jean, 1, 18; I Jean, 1v, 12, — 17. Luc,
XIL 19.
—ÓMÓÓM—————————————————————
42. Combats le bon combat; c'est-à-dire soutiens vaillamment le bon combat; genre
de répétition qui a pour but de douner de la force et de l'énergie au discours.
13. Qui a rendu, etc.; plus littér.: Qui a fait de sa divine prédication un tlémoi-
gnage, c’est-à-dire qui a confirmé par. son, témoignage. sa divine prédication. —
* Ponce Pilate. Voir note sur Matt., xxvii, 2.
DEUXIEME ÉPITRE
DE SAINT PAUL
A TIMOTHÉE
— ——— -———
INTRODUCTION
La seconde Epitre à Timothée est plus personnelle et plus intime encore que
la première. C'est comme le testament de l'Apótre, sa dernière communication
avec son disciple. Aux avis et aux exhortations, il méle des prophéties sur
l'avenir de l'Eglise, et quelques détails relatifs à sa personne. La disposition
des chapitres répond assez bien à celle des idées : — 19 S. Paul exhorte Timo-
thée à mettre en pratique la grâce du sacerdoce. — 2° Il dit de quelle manière il
convient d'instruire les fidèles. — 3? Il signale à son disciple les hérésies qu'on
aurà bientót à combattre. — 4^ Enfin il conclut ses exhortations et ses avis.
La tendresse et l'émotion que respire cet écrit rappellent le discours de la der-
niére Cène, et font sentir la prévision que l'Apótre ἃ de sa mort prochaine,
iv, 6-8. (L. Bacuez.)
promesse de vie, qui est dans le
Christ Jésus ;
9. A Timothée, son fils bien-
CHAPITRE PREMIER.
Saint Paul salue Timothée, lui témoigne
son affection, l'exhorte à ranimer en
lui la grâce de son ordination, et à ne
point rougir du Seigneur. Plusieurs
labandonnent. Il rend témoignage à
Onésiphore.
1. Paul, apótre de Jésus-Christ
par la volonté de Dieu, selon la
aimé, grâce, miséricorde, paix
par Dieu le Père et par le Christ
Jésus Notre Seigneur.
3. Je rends grâces à Dieu, qu'à
lexemple de mes ancétres, je
sers avec une conscience pure,
de ce que, nuit et jour, je fais
1. Selon la promesse de vie; c'est-à-dire pour annoncer aux hommes 18 promesse
de la vie éternelle, qui s'obtient par Jésus-Christ.
3. Avec une conscience pure. Lorsque saint Paul persécutait l'Eglise avant sa con-
version, il ne le faisait que par ignorance et par un zèle mal entendu pour la verité
et la justice. Voy. I Timoth., 1, 13.
2846
continuellement mémoire de toi
dans mes prières;
4. Désirant, au souvenir de tes
larmes, 46 voir, pour être rempli
de [0:9 ;
5. Rappelant en ma mémoire
cette foi non feinte, qui est en
toi, et qui a 616 premièrement
dans ton aïeule Loïde, et dans ta
mère Eunice, et qui, j'en ai la
certitude, est aussi en toi.
6. C'est pourquoi je t'engage à
ranimer la grâce de Dieu, qui est
en toi par limposition de mes
mains.
7. Car Dieu ne nous a pas donné
un esprit de crainte, mais de
force, d'amour et de modération.
8. Ne rougis donc point du té-
moignage de Notre Seigneur, ni
de moi son caplif; mais prends
part aux travaux de l'Evangile,
selon la puissance de Dieu,
9. Qui nous à délivrés, et nous
a appelés par sa vocation sainte,
non selon nos œuvres, mais
selon son décret et la gráce qui
nous ἃ été donnée dans le Christ
Jésus avant le commencement
des siècles,
10. Et qui a été manifestée
maintenant par l'apparition de
notre Sauveur Jésus-Christ qui ἃ
DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE.
[Ἐπ 1.)
détruit la mort, et fait luire la vie
et lincorruptibilité par l'Evan-
gile.
11. C'est pourquoi j'ai été établi
moi-méme prédicateur, apótre et
maître des nations.
12. Et c'est pour cela aussi que
j'endure ces souffrances ; mais je
n'en rougis point. Car je sais à
qui je me suis confié, et je suis
sûr qu'il est puissant pour garder
mon dépót jusqu'à ce jour.
13. Prends pour modèle les
saines paroles que tu as enten-
dues de moi dans la foi etl'amour
qui est en Jésus-Christ.
14. Conserve le précieux dépót,
par l'Esprit-Saint. qui habite en
nous. |
15. Tu sais que tous ceux qui
sont en Asie m'ont abandonné ;
de ce nombre sont Phigelle et
Hermogène.
16. Que le Seigneur répande sa
miséricorde sur la maison d'Oné-
siphore, parce qu'il m'a souvent
soulagé, et qu'il n'a point rougji
de mes chaines ;
17. Mais que, lorsqu'il est venu
à Rome, il m'a cherché avec
beaucoup de soin, et m'a trouvé.
18. Que le Seigneur lui donne
de trouver miséricorde devant
Cab. I. 7. Rom., vii, 15. — 9. Tit., ur, 5. — 11. I Tim., 1, 7. — 16. Infra, 1v, 19.
5. * Loide était peut-être la mère d’Eunice. Nous savons par les Actes, xvi, 1,
qu'Eunice était une Juive fidèle.
8. Du témoignage de Notre Seigneur; c'est-à-dire qui doit être rendu à Notre Sei-
gneur, en le confessant hautement, en préchant hardiment l'Evangile. — Selon la
puissance de Dieu; selon la force, la puissance que tu recevras de Dieu. — * Moi son
caplif. S. Paul écrit étant prisonnier à Rome.
12. Ce jour. Saint Paul désigne ainsi le jugement, où chacun recevra selon ses
œuvres.
15. * Ceux qui sont en Asie. Dans l'Asie proconsulaire. Voir Act., xvi, 6. — Phi-
gelle et Ilermogène. On ne sait sur eux que ce qui est dit ici.
16. * Onésiphore était un bon chrélien d'Ephése. Le langage de S. Paul semble sup-
poser qu'Onésiphore était déjà mort.
18. En ce jour. Voy. le vers. 12, — * 4 Ephèse. Voir Actes, xvii, 19.
[en. 11.)
lui en ce jour. Car combien de
services ne m'a-t-il pas rendus
à Ephèse? Tu le sais parfaite-
ment.
CHAPITRE II. -
Dépót de doctrine. Vie laborieuse des
ministres de l'Evangile. Souffrir avec
Jésus-Christ pour régner avec lui.
Vaines disputes. Doctrine contagieuse.
Solide fondement de Dieu. Vases d'hon-
neur et d'ignominie. Fuir les contesta-
lions.
1. Toi done, ὃ mon fils, fortifie-
toi dans 18 grâce qui est en Jésus-
Christ ;
2. Et ce que tu as entendu de
moi, devant un grand nombre de
Lémoins, confie-le à des hommes
fideles, qui soient eux-mémes
capables d'en instruire les au-
tres.
3. Travaille comme un bon sol-
dat du Christ Jésus.
4. Quiconque est enróló au
service de Dieu, ne s'embarrasse
point dans les affaires du siecle,
afin de satisfaire celui à qui il
s'est donné.
ὃ, Et celui qui combat dans
l'arène n'est point couronné, s’il
n'a légitimement combattu.
6. Le laboureur qui travaille
doit avoir la première part des
fruits.
7. Comprends bien ce que je
dis; car le Seigneur te don-
nera l'intelligence en toutes
choses.
8. Souviens-toi que le Seigneur
DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE.
2847
Jésus-Christ, de la race de David,
est ressuscité d’entre les morts,
selon mon Evangile,
9. Pour lequel je souffre jus-
qu'aux chaînes, comme un mal-
faiteur ; mais la parole de Dieu
n'est pas enchainée.
10. C'est pourquoi je supporte
tout pour les élus, afin qu'eux-
mêmes aequierentle salut qui est
en Jésus-Christ avec la gloire
céleste.
41. Voici une vérité certaine :
Car si nous mourons avec lui,
nous vivrons avec lui ;
12. Si nous souffrons, nous ré-
enerons avec lui; si nous le re-
nions, lui aussi nous reniera;
13. Si nous ne croyons pas, lui
reste fidèle; il ne peut se nier
lui-même.
14. Donne ces avertissements,
prenant le Seigneur à témoin.
Evile les disputes de paroles; car
cela ne sert qu'à pervertir ceux
qui écoutent.
15. Prends soin de te montrer
à Dieu digne de son approbation,
ouvrier qui n’a point à rougir,
dispensantavec droiture la parole
de la vérité.
16. Evite les entretiens pro-
fanes et vains; car ils profitent
beaucoup à l'impiété ;
11. Et leur discours gagne
comme la gangrene; de ce nom-
bre sont Hyménée et Philète,
18. Qui sont déchus de la vérité,
disant que la résurrection est dé-
Cuap. II. 12. Matt., x, 33; Marc, vui, 38. — 13. Rom., 11, 3.
r—————— Re ὃ ὃ Ὃς
8. Mon Evangile; c'est-à-dire l'Evangile que je préche.
11. Et leur discours; le discours de ceux dont les entretiens sont profanes et
vains. — De ce nombre sont, etc. Compar. I Timoth., r, 20. — * Philèle n’est pas
nommé dans la première Epitre à Timothée. C'était probablement un Juif comme
Hyménée.
2848
jà faite, et ils ont subverti la foi
de quelques-uns.
19. Mais le fondement solide de
Dieu reste debout, muni de ce
sceau : Le Seigneur connait ceux
qui sont à lui; et: Qu'il s'éloigne
de l'iniquité, quiconque invoque
le nom du Seigneur.
90. Au reste, dans une grande
maison il n'y a pas seulement des
vases d'or et d'argent, mais aussi
de bois et d'argile; à la vérité,
les uns sont des vases d'honneur,
mais les autres d'ignominie.
91. Si quelqu'un donc se tient
pur de ces choses, il sera un vase
d'honneur sanctifié et utile au
Seigneur, préparé pour toutes
les bonnes œuvres.
99. Fuis les désirs de jeune
homme, et recherche la foi, la
charité et la paix, avec ceux qui
invoquent le Seigneur d'un cœur
pur.
93. Quant aux questions impru-
dentes et qui n'apprennent rien,
évite-les ; sachant qu'elles engen-
drent des. querelles.
24. I] ne faut pas qu'un servi-
teur du Seigneur dispute, mais
qu'il soit doux envers tous, ca-
pable d'enseigner, patient,
25. Reprenant modestement
ceux qui résistent à la verité,
dans l'espérance que Dieu leur
donnera un jour l'esprit de péni-
tence, pour qu'ils connaissent la
vérité,
90. Et qu'ils se dégagent des
filets du diable qui les tient captifs
sous sa volonté.
DEUXIÈME ÉPITRE. DE SAINT PAUL ἃ TIMOTHÉE.
(ou. us. ]
CHAPITRE ΤΙ.
Faux docteurs annoncés et caractérisés.
Il faut les fuir, leur progrès aura des
bornes. Saint Paul exhorte Timothée
à suivre son exemple, à souffrir la per-
sécution, à conserver le dépôt de la foi,
à s'instruire par l'Ecriture.
1. Or, sache qu'àla fin des jours,
viendront des temps périlleux.
2. Ill y aura des hommes s'ai-
mant eux-mémes, avides, arro-
gants, orgueilleux, blasphéma-
teurs, n'obéissant pas à leurs pa-
rents, ingrats, couverts decrimes,
3. Sans affection, implacables,
calomniateurs, dissolus, durs,
sans bonté,
4. Traitres, insolenis, enflés
d'orgueil, aimant. les voluptés
plus que Dieu;
9. Ayant toutefois une appa-
rence de piété, mais en repous-
sant la réalité. Evite encore ceux-
là;
6. Caril y en ἃ parmi eux qui
pénètrent dans les maisons et
trainent captives de jeunes fem-
mes chargées de péchés, et mues
pàr toute sorte de désirs,
7. Lesquelles apprennent tou-
jours, et ne parviennent jamais
à la connaissance de la vérité.
8. Or, de méme que Jannès.et
Mambres résisterent à Moise, de
méme ceux-ci résistent à Ja vé-
rité ;hommes corrompus d'esprit,
qui n'ont pas été éprouvés dans
la foi.
9. Mais ils n'iront pas au delà ;
car leur folie sera connue de tout
23. 1 Tim., 1, 4, 7; Tit., an, 9. — Cap. III. 4. I 'Fim., 1v, 1; 11 Pierre, ut, 3; Jud.,
18. — 8, Exode, vir, 11.
.-...............ς.-.-.-.-.Ἐ MA Ld
8. Jannès οἱ Mambrès. Ces noms ne se trouvent pas dans l'Ecriture; ils ont été con-
gervés par la tradition.
[cu. 1v.]
le monde, comme celle de ces
hommes le fut aussi.
10. Pour toi, tu as compris ma
doctrine, ma manière de vivre,
mon but, ma foi, ma longanimité,
ma charité, ma patience,
11. Mes persécutions, mes souf-
frances, comme celles que j'ai
éprouvées à Antioche, à Icone et
à Lystre; quelles persécutions
jaisubies; mais le Seigneur m'a
délivré de toutes.
12. Ainsi tous ceux qui veulent
vivre pieusement en Jésus-Christ
souffriront persécution.
13. Mais les hommes méchants
et séducteurs s'enfonceront tou-
jours plus dans le mal, s'égarant
et égarant les autres.
14. Pour toi, demeure ferme
dans ce que tu as appris, et qui
t'a. été confié, sachant de qui tu
l'as appris,
15. Et que dès l'enfance, tu
as connu les saintes lettres qui
peuvent t'instruire pour le sa-
lut par la foi qui est en Jésus-
Christ.
16. Toute Ecriture divinement
inspirée est utile pour enseigner,
pour reprendre, pour corriger,
pour former à la justice,
11. Afin que l'homme de Dieu
soit parfait οἱ préparé à toute
bonne œuvre.
16. II Pierre, r, 20.
DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE. 2849
CHAPITRE IV.
Devoirs d'un évêque. Faux docteurs au-
noncés. Saint Paul prédit sa mort pro-
chaine. Il prie Timothée de venir le
trouver, -et l'instruit de son état pré-
sent. Salutations.
1.Je t'en conjure donc devant
DieuetdevantJésus-Christ quidoit
juger les vivants et les morts, par
son avenement et par son regne,
2. Annonce la parole, insiste à
temps et à contre-temps, re-
prends, supplie, menace en toute
patience et doctrine.
3. Car viendra un temps oü les
hommes ne supporteront plus la
saine doctrine; mais, selon leurs
désirs, ils amasseront des maîtres
autour d'eux, éprouvant une vive
démangeaison aux oreilles ;
4. Et détournant l'ouie de la
vérité, ils se tourneront vers les
fables.
9. Mais toi, veille, et ne te re-
fuse à aucun travail ; fais l'œuvre
d'un évangéliste, remplis ton
ministère. Sois sobre.
6. Car, pour ce qui me regarde,
on a déjà fait des libations sur
moi, et le temps de ma dissolu-
tion approche.
1. J'ai combattu le bon combat,
jai achevé ma course, j'ai gardé
la foi.
11. * A Antioche de Pisidie. Voir Actes, xui, 14. — À Icone. Voir Actes, xur, 51. —
A Lystre. Voir Actes, xiv, 6.
2. En toute patience et doctrine; c'est-à-dire sans jamais perdre patience et cesser
d'instruire.
6. On a déjà fait, etc. Chez les paiens, les libations sur la victime se faisaient avant
l'immolation. Or saint Paul devant mourir de la main des paiens, a pu faire allusion
à cet usage. Mais comme chez les Hébreux les libations ne se pratiquaient que sur
la victime déjà immolée, les Péres grecs et la plupart des commentateurs expliquent
ainsi ce passage : J'ai été immolé, on a déjà fait les libations sur moi; il ne me reste
que d'étre consumé par le feu.
1. J'ai combattu, etc. Voy. 1 Timoth., v». 49
BEC, 179
2850
8. Reste la couronne de justice
qui m'est réservée, que le Sei-
gneur, juste juge, me rendra en
ce jour; et non-seulement à moi,
mais encore à ceux qui aiment
son avenement. Háte-toi de venir
près de moi;
9. Car Démas m'a quitté, par
amour de ce siècle, et 1] s’en est
allé à Thessalonique;
10. Crescent, en Galatie; Tite,
en Dalmatie.
11. Luc seul est avec moi.
Prends Marc, et amene-le avec toi,
caril m'estutile pourle ministère.
12. Pour Tychique, je l'ai en-
voyé à Ephèse. ;
18. Apporteavee toi, en venant,
le manteau que j'ai laissé à Tro-
ade chez Carpus, et les livres, et
surtout les parchemins.
14. Alexandre, l'ouvrier en ai-
rain, m'a fait beaucoup de mal :
le Seigneur lui rendra selon ses
œuvres.
15. Evite-le, car il a fortement
combattu nos paroles.
DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE.
[cn. 1v.]
16. Dans ma première défense,
personne ne m'a assisté : au con-
traire, tous m'ont abandonné :
qu'il neleur soit point imputé.
17. Mais le Seigneur a été près
de moi, et m'a fortifié, afin que
par moi s'aecomplisse la prédica-
tion, et que toutes les nations
l'entendent : ainsi j'ai été délivré
de la gueule du lion.
18. Le Seigneur m'a délivré de
toute ceuvre mauvaise, et il me
sauvera en m'introduisant dans
son royaume céleste, lui à qui
gloire dans les siècles des siècles.
Amen.
19. Salue Prisque et Aquila,
et la famille d'Onésiphore.
20. Eraste est demeuré à Co-
rinthe. Quant à Trophime, je l'ai
laissé malade à Milet.
91. Hâte-toi de venir avant l’hi-
ver. Eubule, Pudens, Lin, Clau-
die, et tous nos frères te saluent.
22. QueleSeigneurJésus-Christ
soit avec ton esprit. Que la gráce
soit avec toi. Amen.
Cuap. IV. 11. Coloss., 1v, 14. — 19. Supra, 1, 16.
8. En ce jour; c'est-à-dire au grand jour du jugement, comme le contexte le montre
assez clairement. Compar. d'ailleurs I, 12, 48.
9. * Démas, voir Col., 1v, 14. — A Thessalonique. Voir Actes, xvi, 1.
10. * Crescent, personnage inconnu. — En Galatie. Voir Actes, xvrtr, 23. — Tite: Voir
II Cor., 11, 13. — En Dalmatie, partie de l'Illyrie, sur la côte orientale de l'Adriatique.
41. * Luc l'évangéliste. — Marc, voir Actes, ,זוא 12.
12. * Tychique. Voir Actes, xx, 4. — A Ephése. Voir Actes, xvin, 19.
13. Les livres dont parle ici saint Paul sont probablement les saintes Ecritures
traduites en grec, et les parchemins, les rouleaux qui contenaient le texte hébreu
écrit sur du parchemin, comme on en voit encore aujourd'hui chez les Juifs. — * A
Troade ou Troas. Voir Actes, xvi, 8. — Carpus n'est mentionné que dans ce passage.
— Le manteau, penula, était une sorte de manteau long, sans manches, avec une
simple ouverture pour la téte.
14. * Alexandre. Voir 1 Tim., 1, 20.
19. * Prisque ou Priscille et Aquila. Voir Actes, xvur, 2. — La famille d'Onésiphore.,
Voir plus haut, 1, 16.
20. * Eraste. Voir Actes, xix, 22. — Trophime. Voir Actes, xx, 4. — A Corinthe. Voir
Actes, xvi, 1. — À Milet. Voir Actes, xx, 15.
21. * Eubule, Pudens, Claudie. On ne connait sur eux rien de certain. On suppose
que Claudie était la femme de Pudens et Pudens, d'aprés plusieurs savants, était uu
sénateur romain, le père de sainte Praxède et de sainte Pudentienne, vierges et mar-
tyres — Lin devint pape et fut le successeur de ₪. Pierre sur le siège de Rome,
ÉPITRE
DE SAINT PAUL
A TIT&
INTRODUCTION
Tite avait été placé par S. Paul à la tête de l'Eglise de Crète. L'Epitre qui lui
est adressée rappelle la premiére à Timothée, non seulement par sa forme et
son style, simple, naturel, plein d'onction, mais encore par les idées qu'elle ex-
prime et par les termes dans lesquels elle est concue. — Les avis qu'elle contient
se rapportent aussi à trois points: le choix des ministres, la défense de la foi,
l'instruction des fidèles. — Les doctrines qu'elle réprouve sont celles des ju-
daisants. Mais le péril parait moins grand en Crète qu'à Ephése. (L. Bacuez.)
CHAPITRE PREMIER.
Saint Paul salue Tite. Devoirs des prétres
et des évéques. Saint Paul exhorte Tite
à reprendre les faux docteurs. Tout est
pur pour ceux qui sont purs. On re-
nonce Dieu en vivant mal.
1. Paul, serviteur de Dieu et
apótre de Jésus-Christ, selon la
foi des élus de Dieu, et la connais-
sance de la vérité, qui est selon
la piété,
2. En espérance de la vie éter-
nelle, que Dieu, qui ne ment
point, a promise avant tous les
siècles,
3. Et qui a manifesté en son
temps sa parole dans la prédica-
tion qui m'a été confiée, d'apres
le commandement de Dieu notre
Sauveur,
4. A Tite, son fils chéri, dans
une commune foi : Grâce et paix
par Dieu le Père, et par le Christ
Jésus notre Sauveur.
ὃ. Si je t'ai laissé en Crète, c'est
pour que tu établisses les choses
qui manquent, et que tu consti-
1. Selon la foi des élus; c'est-à-dire pour annoncer la foi des fidèles chrétiens.
Voy. une locution semblable, 11 Timoth., 1, 4.
ὃ. * En Crèle. Voir Actes, xxvii, 1.
9952
tues des préólres dans chaque
ville, ainsi que je te l'ai prescrit,
6. Si donc quelqu'un est sans
reproche, n'ayant épousé qu'une
seule femme, et si ses enfants
sont fideles, non accusés de dé-
bauche, ou indisciplinés, cAho:s?s-
le.
7. Car l’évêque doit être irré-
prochable, comme dispensateur
de Dieu; nullement altier, ni co-
lere, ni porté à boire et à frap-
per, ni avide d'un gain honteux;
8. Mais hospitalier, bon, sobre,
juste, saint, continent;
9. Fortement attaché aux véri-
tés de la foi, qui sont conformes
à la doctrine, afin de pouvoir ex-
horter selon la saine doctrine, et
confondre ceux qui la contre-
disent.
10..Car il ץ ἃ beaucoup de re-
belles, beaucoup de semeurs de
vaines paroles, et de séducteurs;
surtout parmi les circoncis.
H-Hfautleur fermer 18 bouche,
parce qu'ils causent la subversion
de toutes les familles, enseignant
ce qu'il ne faut pas, pour un gain
honteux;
12. Un d'entre eux, leur propre
prophète, ἃ dit : Les Crétois sont
ÉPITRE DE SAINT PAUL A TITE.
[ca. n.]
toujours menteurs, méchantes
bétes, ventres paresseux.
13. Ce témoignage est vrai,
c'est pourquoi reprends-les dure-
ment, afingqu'ils se conservent
purs dans la foi,
14. Sans s'arréter à des fables
judaiques, et à des ordonnances
d'hommes qui se détournent de
la vérité.
15. Or tout est pur pour ceux
qui sont purs; mais, pour les
impurs et les infideles, rien n'est
pur;leuresprit et leur conscience
sont souillés.
16. Ils confessent qu'ils con
naissent Dieu, et ils le nient par
leurs œuvres, étant abominables,
incrédules et incapables de toute
bonne œuvre.
CHAPITRE II.
Avis que Tite doit donner aux vieillards
et aux jeunes gens de l'un et de l'autre
sexe. Conduite qu'il doit garder lui-
méme. Avis qu'il doit donner aux ser
viteurs. Abrégé de tout le christianisme
renfermé dans l'économie des deux
avènements de Jésus-Christ.
1. Pour toi, enseigne ce qui est
conforme à la saine doctrine :
2. Aux vieillards, d'être sobres,
pudiques, graves, prudents, purs
GnuaP. 1. 6. 1 Tim., uu, 2. — 45. Rom., xiv, 20.
9. À la doctrine véritable qu'on lui a enseignée.
12. Les paiens donnaient le titre de prophète à leurs poétes. Saint Paul parle ici
d'Epiménide. — * Epiménide était né en Crète, à Cnosse ou Gortyne. Platon l'appelle
un homme divin. On dit qu'il fut prêtre, poete. et devin, qu'il visita Athénes vers 596
avant notre ére et qu'il mourut bientót aprés, ágé de plus de 150 ans. Callimaque
répéta le vers d'Epiménide dans son hymne à Jupiter et les anciens assurent que les
Crétois ne méritaient que trop le reproche que leur avait fait leur compatriote Epi-
ménide. up 4
15. Saint Paul ne veut pas dire que toutes les ceuvres des chrétiens sont pures ou
bonnes, et toutes celles des infidéles, impures ou mauvaises; mais il condamne-la
doctrine de plusieurs judaisants, qui prétendaient, les uns, que certains aliments
étaient impurs de leur nature; 168 autres,qu'il y avait des viandes que les chrétiens
ne devaient pas manger, non pas qu'elles, fussent impures en. elles-mémes, mais
parce qu'elles l'étaient devenues depuis la loi mosaïque, qui les. défendait.
—
[eu. [.זזז
dans la foi, dans la charité, dans
la patience;
9. Et de méme aux femmes
85608, d'avoir un maintien qui
respire la sainteté, de n'être ni
médisantes ni adonnées au vin,
de bien instruire,
4." D'enseigner la sagesse aux
jeunes filles, d'aimerleurs maris,
de chérir leurs enfants,
8. D'étre prudentes, chastes,
sobres, ‘appliquées au soin de
leur maison, bonnes, soumises
à leurs maris, afin que la parole,
de Dieu ne soit point blasphémée.
6. Exhorte égalementles jeunes
hommes à étre tempérants.
7. Montre-toi toi-même, en
toutes choses, un modèle de
bonnes œuvres, dans la doctrine,
dans l'intégrité, dans la gravité.
8. Que ta parole soit saine,
irrépréhensible, afin que notre
adversaire rougisse, n'ayant au-
cün mal à dire de nous.
9. Exhorte les serviteurs à être
soumis à leurs maîtres, à leur
complaire en tout, à ne les point
contredire, .
10- A ne rien dérober, mais à
montrer en tout une fidélité par-
faite, afin qu'en toutes choses ils
fassent honneur à la doctrine de
Dieu notre Sauveur.
11. Car la grâce de Dieu notre
Sauveur, est apparue à tous les
hommes,
19. Nous enseignant à renoncer
àl'impiété et aux désirs du siècle,
ÉPITRE DE SAINT PAUL A TITE.
2858
et à vivre sobrement, justement
et pieusement dans ce monde,
13. Attendant la bienheureuse
espérance et l'avenement de la
eloire du grand Dieu et de notre
Sauveur Jésus-Christ,
44. Qui s'est livré lui-méme
pour nous, afin de nous racheter
de toute iniquité, et de se faire
un peuple pur, agréable et zélé
pour les bonnes œuvres.
15. Dis ces choses, exhorte et
reprends avec une pleine auto-
rité. Que personne ne te méprise.
CHAPITRE 1II.
Soumission aux princes. Effusion de la
grâce de Jésus-Christ. D'où Jésus-Christ
nous.a tirés; ἃ quoi il nous destine.
S'appliquer, aux bonnes œuvres.:Fuir
les disputes. Eviterles hérétiques, Saint
Paul prie Tite de venir le trouver. Sa-
lutations.
1. Avertis-les d'étre soumis aux
princes et aux puissances, d'obéir
81 commandement, d'étre préts
à toute bonne œuvre;
2. De ne diffamer personne, de
fuir les contestations, d'étre mo-
dérés, et de montrer la plus
erande douceur envers tous les
hommes.
9. Gar nous étions nous-mêmes
autrefois insensés, incrédules,
égarés, esclaves de toute sorte
de désirs et de voluptés, vivant
dans la malignité et l'envie, hais-
sables, nous haissant les uns les
autres.
"4" Mais lorsqu'est apparue la
Il. 9. Ephés., vr, 5; Col., rr, 22; I Pierre, 11, 18. — 14. Infra, 11, 4, — Cab. III. .שג
4. Supra, ri, 11.
8. Notre adversaire. Compar. I Timoth., v, 44.
9. Exhorte. Ce mot est évidemment sous-entendu; il se trouve exprimé au vers, 6,
1. Avertis-les; c'est-à-dire les fidèles.
4. L'humanité; c'est-à-dire l'amour, la charité pour les hommes.
9854
bonté et lhumanité de notre
Sauveur Dieu,
5. Ce n’est point par les œuvres
de sa justice que nous avons
faites qu'il nous a sauvés, mais
selon sa miséricorde, c'est par
le baptéme de régénération et
de renouvellement de l'Esprit-
Saint,
6. Qu'il a répandu sur nous
abondamment par Jésus-Christ
notre Sauveur,
7. Afin que, justifiés par sa
gráce, nous soyons héritiers se-
lon notre espérance, de la vie
éternelle.
8. C'est une vérité certaine, et
je veux que tu assures fortement
ces choses, afin que ceux qui
croient en Dieu aient soin de se
mettre à la tête des bonnes œu-
vres. Voilà ce qui est bon et utile
aux hommes.
9. Quant aux questions impru-
dentes, aux généalogies, aux
contentions, aux disputes sur la
ÉPITRE DE SAINT PAUL A TITE,
(cn. mnt.)
loi, évite-les ; car elles sont inu-
tiles et vaines.
10. Evite un homme hérétique,
aprés une premiere et une se-
conde admonition ;
11. Sachant qu'un tel homme
est perverti, et qu'il peche, puis-
qu'il estcondamné par son propre
jugement.
19. Lorsque je t'aurai envoyé
Artémas ou Tychique, háte-toi de
venir prés de moi à Nicopolis;
car j'ai résolu d'y passer l'hiver.
13. Aie soin d'envoyer devant
Zénas, le docteur dela loi, et Ap-
pollo, et querien ne leur manque.
14. Et que les nótres aussi ap-
prennent à se mettre àla téte des
bonnes ceuvres, lorsque la néces-
sité le demande, afin qu'ils ne
soient pas sans fruit.
15. Tous ceux qui sont avec
moi vous saluent : saluez ceux
qui nous aiment dans la foi. La
gräce de Dieu soit avec vous tous.
Amen.
9. II Tim., 1, 9. — 9. 1 Tim., 1, 4; 1v, 7; II Tim., 11, 23.
12. * Arlémas est inconnu. — Tychique. Voir Actes, xx, 4. — À Nicopolis. Il y avait
trois Nicopolis, une premiére en Cilicie, une seconde en Thrace, sur le Nestus et une
troisiéme en Epire; il est difficile de décider quelle est celle dont il est question ici,
mais les probabilités sont en faveur de la dernière, qui était la plus importante des
trois. Elle avait été bâtie par Auguste, après la bataille d'Actium.
13. * Zénas, Juif converti. == Apollo. Voir 1 Corinthiens, 1, 12.
EPITRE DE SAINT PAUL
A PHILÉMON
— 0-0 € OOo ems
INTRODUCTION
Philémon était un homme de qualité de la ville de Colosses, que l’Apôtre, ou
son disciple Epaphras, avait gagné au christianisme, Un de ses esclaves, Oné-
sime, ayant pris la fuite, la Providence le conduisit à Rome ; et l'Apótre, l'ayant
aussi converti, ne voulut ni le garder auprés de lui sans le consentement de
son maitre, ni le renvoyer à Colosses, sans recommander à Philémon ce frére
repentant, et lui assurer un bon accueil. En la personne de cet esclave, S. Paul
plaide la cause de tous ceux qui se trouvaient dans la méme condition, c'est-
à-dire de l'immense majorité du genre humain.
Suivant toute apparence, l’Apôtre écrivit cette Lettre en méme temps que les
Epitres aux Ephésiens et aux Colossiens. Il y fait mention, comme dans l'Epitre
aux Colossiens, d'Epaphras, de Timothée, d'Aristarque, de Marc, de Démas et
de Luc. Peut-étre est-ce par intérét pour Onésime qu'il fait aux Colossiens de si
vives recommandations en faveur des esclaves.
L'Epitre à Philémon est la plus courte de toutes celles de l'Apótre. Aprés une
salutation où il remplace son titre d'apótre par celui de captif de Jésus-Christ,
vient comme exorde et sous forme d'actions de grâce, l'éloge de Philémon, 4-7.
Ensuite il énonce son sujet, sans réticence, mais en s'appuyant sur des raisons
qui doivent lui faire espérer un heureux succès, 8-16. Il finit en se substituant
à Onésime, comme le Sauveur s'est substitué aux pécheurs, et en priant Philé-
mon de l'agréer pour son débiteur. Tout cela est dit avec l'onction, la dignité,
la simplicité qui caractérisent le chrétien et qu'inspire la charité du Sauveur.
Rien de plus affectueux, de plus touchant, de plus propre à faire impression sur
un fidèle. Rien aussi de plus insinuant. «Peu de pages, dit M. Renan, ont un
accent de sincérité aussi prononcé. Paul seul, autant qu'il semble, a pu écrire
ce petit chef-d'œuvre. » Nous ajouterons avec S. Jérôme : Un billet d'un Apôtre
pouvait seul avoir cette fortune d'étre conservé, admiré, pris pour régle de
conduite par toute la terre jusqu'à la fin des temps. (L. Bacuzz.)
ÉPITRE
DE SAINT PAUL
A PHILÉMON
CHAPITRE UNIQUE.
Saint Paul exhorte Philémon à recevoir
Onésime, son esclave, qui, s'étant en-
fui de chez lui, était venu trouver l'A-
pótre à Rome, et y avait recu le bap-
téme.
1. Paul, prisonnier du Christ
Jésus, et Timothée, son frère, à
Philémon, notre bien-aimé et
notre coopérateur,
9. Et à Appia, notre sœur très-
chère, et à Archippe, le compa-
gnon de nos combats, et à l'Eglise
qui est dans ta maison :
3. Gráce à vous, et paix par
Dieu notre Pére, et par Notre
Seigneur Jésus-Christ.
4. Faisant sans cesse mémoire
de toi dans mes prières, je rends
gráces à mon Dieu,
5. En apprenant la foi que tu
as dans le Seigneur Jésus-Christ,
et ta charité pour tous les Saints;
6. En sorte que ta participation
à la foi est manifeste par la con-
naissance de tout le bien qui se
fait parmi vous en Jésus-Christ.
7. Car j'ai ressenti une grande
joie et une grande consolation,
en voyant, 6 mon frère, combien
tu as soulagé les cœurs des saints.
8. C'est pourquoi, bien que
ayant en Jésus-Christ une entière
liberté de t'ordonner ce qui con-
vient,
9. Gependant j'aime mieux te
supplier par charité, puisque tu
es tel que moi le vieux Paul, qui
de plus suis maintenant prison-
nier de Jésus-Christ; |
10.Je te conjure donc pour mon
fils que j'ai engendré dans mes
liens, Onésime,
1. Philémon était 16 maitre d'un esclave nommé Onésime, lequel, s'étant enfui de
sa maison, se réfugia prés de saint Paul.
Philémon, et en fit un apótre.
L'apótre le convertit, le réconcilia avec
2.* Appia était trés probablement, comme 18 supposé S. Jean Chrysostome, la
femme de Philémon. — Archippe devait être leur fils. — À Eglise qui est dans ta
maison. La maison de Philémon servait d'église ou de lieu de réunion pour les fidéles.
4. Faisant sans cesse mémoire de toi. Voy., pour le vrai sens de cette expression,
Rom., 1, 9.
5. Pour tous les saints. Voy. Act., 1x, 13.
6. Ta participation à la foi. Compar. Philipp., 1, 5. D'autres traduisent: La libéra-
lité qui naît de ta foi, qui est un effet de ta foi; sens dont la Vulgate, en effet, est
susceptible aussi bien que le texte grec.
[cH. 1.]
11. Qui t'aété autrefois inutile,
mais qui maintenant est utile et à
moi et à toi.
19. Je te le renvoie; recois-le
comme mes entrailles.
13. J'avais eu dessein de le re-
tenir auprès de moi, afin qu'il
m'assistât en ta place dans les
liens de l'Evangile.
14. Mais je n'ai voulu rien faire
sans ton avis, afin que ta bonne
ceuvre ne füt pas comme forcée,
mais volontaire.
15. Car peut-être t'a-t-il quitté
pour un temps, afin que tu le re-
couvrasses pour jamais,
16. Non plus comme un esclave,
mais au lieu d'un esclave, comme
un frère très cher, à moi en par-
ticulier, mais combien. plus en-
core à toi, et selon la chair, et
selon le Seigneur?
11. Si done tu me consideres
comme étroitement uni à toi,
regois-le comme moi-même;
ÉPITRE DE SAINT PAUL A PHILÉMON.
2857
18. Que s'il t'a fait tort, ou s'il
te doit quelque chose, impute-le-
moi.
19. C'est moi Paul, qui écris de
ma main; c'est moi qui te satisfe-
rai; pour ne pas dire que tu te
dois toi-méme à moi ;
20. Oui, mon frère. Que j'ob-
tienne cette jouissance de toi
dans le Seigneur; ranime mes
entrailles dans le Seigneur.
21. Confiant en ta soumission,
je 060118, sachant que tu feras
méme plus que je ne dis.
22. Prépare-moi aussi un loge-
ment, car j'espere, partesprieéres,
t'étre bientôt rendu.
23. Epaphras, prisonnier comme
moi pour le Christ Jésus, te sa-
lue,
24. Ainsi que Mare, Aristarque,
Démas et Luc, mes auxiliaires.
95. Que la grâce de Notre Sei-
gneurJésus-Christ soit avec votre
esprit. Amen.
13. Les liens de l'Evangile; c'est-à-dire les liens dont je suis chargé pour l'Evangile.
20. Oui, mon frère. D'après l'édition autorisée de la Vulgate, ces mots se rattachent
aux précédents, et confirment ce que l'apótre vient de dire.
23. * Epaphras. Voir Coloss., t, 1.
24. * Marc, voir Actes, xit, 12. — Aristarque. Voir Actes, xix, 29. — Démas. Voir
Coloss., 1v, 14, — Luc l'évangéliste.
99-0 Og (=> O 0-00
EPITRE DE SAINT PAUL
AUX HÉBREUX
= 02-000 0-0-0—————
INTRODUCTION
On trouve cette Epitre comptée parmi les écrits inspirés dans presque tous
les Canons. On ne saurait donc en nier l'inspiration et le caractère divin sans
se mettre en opposition avec la croyance de l'Eglise et avec ses définitions.
Mais on la met au nombre des livres deutéro-canoniques, parce qu'il y a eu en
Occident, au second et au troisiéme siécle, un certain nombre d'Eglises et de
docteurs qui ne se tenaient pas assurés de son authenticité.
S. Paul n'étant nulle part nommé dans cette Epitre, on pouvait dire qu'elle
n'est pas de lui, sans se mettre d'une maniére expresse en contradiction avec elle.
Les théologiens enseignent encore qu'il n'est pas de foi qu'il en soit l'auteur.
Néanmoins, on convient qu'il y aurait témérité à contester aujourd'hui cette
Epitre à l'Apótre, contre le sentiment unanime des pasteurs et des fidéles.
Le sentiment de l'Eglise, exprimé dans ses Canons des Livres saints, a tou-
jours été que cette Epitre fut composée pour des chrétiens d'origine juive.
Mais à quelle partie du peuple hébreu l’Apôtre s'adresse-t-il? Est-ce aux
Hébreux convertis de Jérusalem ou à ceux de la dispersion?
Le sentiment commun des Péres et des Docteurs est qu'il écrit à ceux de
Jérusalem et de la Palestine. Il est vrai que le titre ad Hebræos n'exclut pas
absolument les Juifs établis parmi les Gentils, mais il désigne spécialement les
Hébreux de Judée, ceux qui parlaient le langage de leurs pères; et quand on
étudie la Lettre avec attention, qu'on en examine les détails, on reconnait que
l'auteur les avait directement en vue. En effet, il écrit à une église particuliére
dont les pasteurs ont souffert pour la foi, à laquelle il a été enlevé, qu'il se
propose de revoir bientôt; et il lui envoie les salutations d'une autre église.
Les détails dans lesquels il entre sur le temple et sur les cérémonies du culte,
ΙΧ et x, semblent supposer que ses lecteurs les ont sous les yeux. Il en est de
méme de ses allusions à la passion et au crucifiement du Sauveur. Les fidèles
auxquels il s'adresse ont été instruits parles disciples du Sauveur ; ils possèdent
déjà depuis longtemps les éléments du christianisme. Ils ont été persécutés
dés l'origine, et les persécutions qu'ils éprouvent encore les exposent à retomber
dans le judaisme. Il n'est question nulle part des Gentils, soit infidéles, soit
chrétiens, au milieu desquels les Hébreux auraient à vivre.
INTRODUCTION. 2859
Ce qui a porté S. Paul à écrire aux Hébreux, ς᾽ ἃ été : Sa charité pour tous les
hommes et le zèle particulier qu'il avait pour le salut de ses compatriotes, selon
le témoignage qu'il en rend en divers endroits. L'étendue de la mission qui lui
avait été donnée. Les Gentils lui sont désignés comme premier objet de son
apostolat, mais les Juifs ne sont pas omis. Dans sa prison de Rome, il pouvait
se dire qu'il avait porté le nom du Sauveur devant les nations et devant les
magistrats de l'empire; mais il devait regretter de n'avoir pas pu jusque-là le
précher à ceux qui auraient dà le reconnaitre avant tous les autres. S. Pierre
ayant fixé son siége au centre méme de la Gentilité, la convention qu'il avait
faite autrefois avec S. Paul ne devait plus empécher celui-ci de s'occuper de la
Judée. Arrété à Jérusalem dans son dernier voyage, au moment oü il espérait
vaincre les préventions de ses compatriotes, il était naturel qu'au sortir de sa
prison l'Apótre reportát ses vues de ce côté, qu'il se proposát de faire aussitôt
qu'il le pourrait ce qu’il avait tenté plus tôt, et que pour disposer les esprits à
sa venue, il se fit précéder à Jérusalem, comme il avait fait à Rome, par une
sorte de traité, composé à loisir et renfermant l'abrégé de sa doctrine ou le
programme de ses prédications.
Ce qui a déterminé S. Paul à traiter dans sa Lettre la question qu'il y traite,
c'est l'embarras oü il savait que se trouvaient un grand nombre d'Hébreux con-
verlis, relativement au culte extérieur. Les Juifs incrédules cherchaient à les
détacher des réunions chrétiennes et à les ramener à eux. Ils représentaient
aux fidèles la pauvreté de leur religion, sans éclat et sans prestige. Ils faisaient
valoir la renommée du temple, la multitude des adorateurs aux grandes solen-
nités, le nombre et l'autorité des prétres, la pompe des cérémonies : autant
d'objets pour lesquels les Israélites, méme baptisés, avaient conservé beaucoup
d'estime et d'affection. Aux sollicitations, ils joignaient les menaces, les vexa-
tions et quelquefois la violence. S. Jacques venait de subirle martyre. On pou-
vait élre en 62 ou 63. S. Paul, justifié au tribunal de l'empereur, sortait de
prison ou se voyait à la veille d'en sortir et songeait à repasser bientót en
Orient. Informé de l'état des esprits, il croit de son devoir d'instruire, d'exhor-
ter, d'encourager les fidéles de Judée qui ont confiance en lui. Sans condamner
ceux qui jugeraient devoir pratiquer encore quelques-unes des observances
anciennes, il fait sentir à tous quelle serait leur erreur de s'y croire obligés et
quel tort ils se feraient en revenant en arriére par respect humain, aprés les
engagements qu'ils ont pris et les faveurs dont ils se voient comblés. Il montre
que l'Ancien Testament n'était que la figure et l'ébauche de la religion véritable
et que le christianisme en est la perfection. La gloire du peuple juif, c'était sa
loi et son culte : sa loi qui lui venait de Dieu par les anges et par Moise, son
culte dont Aaron avait recu la charge et exercé le Pontificat. Mais le peuple
chrétien a, dans le Fils de Dieu, un législateur bien supérieur aux anges et à :
Moise, et un Pontife bien plus parfait qu'Aaron et toute sa race. Cette derniére ^
considération est celle sur laquelle l'Apótre insiste le plus. Aprés avoir montré
lexcellence du Pontificat du Sauveur et le mérite infini de son sacrifice, il
arrive à cette conclusion que l'Ancien Testament n'avait que des ombres;
tandis que nous avons la réalité. Tel est l'objet de la premiére partie, 1-x, 18.
La seconde, moins étendue et toute morale, résulte de la première; elle a pour
but de faire sentir la nécessité de la foi, x, 18-x1, 40, et des bonnes œuvres,
xit, 1-xirr, 25. Elle est aussi énergique que la première est sublime. (L. Bacuez.).
ÉPITRE
DE SAINT
PAUL
AUX HÉBREUX
CHAPITRE PREMIER.
Supériorité de Jésus-Christ sur les pro-
phètes qui ont paru dans l'ancien
peuple, et sur les anges par qui la loi ἃ
été donnée à ce peuple.
1. Dieu, qui ἃ parlé autrefois à
nos pères par les prophètes, bien
souvent et en bien des manières,
dernierement,
2. En ces jours, nous a parlé
par son Fils, qu'il a établi héritier
en toutes choses, par qui il a fait
méme les siecles;
9. Et qui étant la splendeur de
sa gloire et l'empreinte de sa
substance, et soutenant toules
choses par la puissance de sa pa-
role, apres avoir opéré la purifi-
cation des péchés, est assis à la
droite de la Majesté, au plus haut
des cieux.
4. Ayant été fait d'autant supé-
rieur aux anges, que le nom qu'il
a reçu en partage est bien diffé-
rent du leur.
9. Car auquel des anges Dieu
a-t-il jamais dit. : Vous êtes
mon Fils, je vous ài engendré
aujourd'hui? Et encore : Moi je
serai son Père, et lui sera mon
Fils?
6. Et lorsqu'il introduit de nou-
veau son premier-né dans le
monde, il dit: Et que tous les
anges de Dieu l'adorent.
7. À la vérité, PEcriture dittou-
chant les anges : Qui fait de ses
anges des vents, et de ses mi-
nistres une flamme de feu;
8. Mais au Fils : Votre tróne, ὃ
Dieu, est dans les siecles. des
siecles; un sceptre d'équité est le
sceptre de votre empire.
9. Vous avez aimé la justice et
hai l'iniquité : c'est. pourquoi
Dieu, votre Dieu, vous a oint
d'huile de joie, plus qu'il ne l'a
fait à ceux qui ont été oints avec
vous.
10. Puis : C'est vous, GeignióhnS;
quiau commencement avez fondé
₪. I. 3. Sag., vir, 26. — 5. Ps. ir, 7; II Rois, vi, 14. — 6. Ps. xcvi, 7. — 7. Ps.
CIII, 4. m Ps. xii, 4. — 10. Ps. ci, 26.
1. L'Ecriture. On a pu remarquer déjà que ce mot'est souvent sous-enteridu e
les citations empruntées des livres saints.
9. C’est pourquoi, Dieu; ou bien 6 Dieu, au vocatif, — Ceux qui ont élé binis avec
vous; 168 saints et les prophètes.
[ca. u.]
la terre; et les cieux sont l’ou-
vrage de vos mains.
11. Ils périront, mais vous, vous
demeurerez, et tous vieilliront
comme un vétement;
19. Et vous les changerez
comme un manteau, et ils seront
changés; mais vous, vous étes
toujours le méme, et vos années
ne finiront point.
13. Aussi, auquel des anges a-
t-il jamais dit : Asseyez-vous à
ma droite, jusqu'à ce que je fasse
de vos ennemis l'escabeau de vos
pieds?
14. Ne sont-ils pas tous des es-
prits chargés. d'un ministère, et
envoyés pour l'exercer en faveur
de ceux qui recueilleront lhéri-
tage du salut?
CHAPITRE II.
Obligation importante et indispensable
d'obéir à l'Evangile qui a été annoncé
par Jésus-Christ méme. Autres preuves
de la supériorité de Jésus-Christ. sur
les anges. Principes qui servent à lever
le scandale de sa mort.
1. C'est pourquoi nous devons
garder avec d'autant plus de soin
les choses que nous avons enten-
dues, de peur de les laisser écou-
ler.
2. Car si la parole annoncée
parlesanges est demeurée ferme,
el si toute prévarication et toute
désobéissance a reçu sa juste ré-
tribution,
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX.
2864
3. Comment l'éviterons-nous,
51 nous négligeons un moyen si
puissant de salut, quele Seigneur
a commencé d'annoncer, et qui a
été, confirmé parmi nous, par
ceux qui l'ont entendu,
4. Dieu y ayant rendu témoi-
gnage par des miracles, par des
prodiges, par différents effets de
sa puissance, et par les dons de
l'Esprit-Saint, qu'il a. distribués
selon sa volonté.
9. Car ce n'est pas aux anges
que. Dieu à soumis le monde fu-
tur dont nous parlons.
6. Aussi quelqu'un l’a-t-il af-
firmé dans un certain endroit, di-
sant : Qu'est-ce quun homme
pour que vous vous souveniez
de lui? ou le fils d'un homme,
pour que vous le visitiez?
7. Vous lavez abaissé un peu
au-dessous des anges : vous l'avez
couronné de gloire et d'honneur,
66 vous lavez établi sur les ou-
vrages de vos mains.
8. Vous avez mis toutes choses
sous ses pieds. Or en lui assu-
jettissant toutes choses, il n'a
rien laissé qui ne lui füt assu-
jetti. Cependant nous ne voyons
pas encore que tout lui soit assu-
jetti.
9. Mais ce Jésus, quia 8 6
un peu au-dessous des anges,
nous le voyons, à cause de la
mort qu'il ἃ soufferte, couronné
de gloire et d'honneur, ayant par
13. Ps, cix, 1; I Cor., xv, 25. — Cnar. II. 4. Marc, xvi, 20. — 6. Ps. virt, 5. — 8. Matt.,
xxvur, 18; I Cor., xv, 26. — 9. Phil., rr, 8.
13. * L'escabeau de vos pieds. Voir Matt., xxit, 44.
1. De peur de, etc.; c'est-à-dire de peur que nous ne soyons semblables à des vases
entr'ouverts, qui laissent échapper la liqueur qu'on y a mise.
9. Le monde, ete: Compar. 1, 11-12,
6. Ou le fils d'un homme. Jésus-Christ se donnait lui-même (Matt., vit, 20) le nom
de le Fils de l'homme, c'est-à-dire le Fils par excellence de l'homme.
2862
la grâce de Dieu goûté de la mort
pour tous.
10. Car il était digne de celui
pour qui et par qui sont toutes
choses, qui voulait conduire une
multitude d'enfants à la gloire,
de consommer par les souffrances
l'auteur de leur salut.
11. Car celui qui sanctifie et
ceux qui sont sanctifiés sont tous
d'une seule nature. C'est pour-
quoi il ne rougit pas de les appe-
ler freres, disant :
19. J'annoncerai votre nom à
mes frères; jé vous louerai au
milieu de l'assemblée.
13. Et encore : Je me confierai
en lui. Et de nouveau : Me voici,
moi et mes enfants que le Sei-
gneur m'a donnés.
14. Comme donc les enfants ont
participé à la chair et au sang, il
y a lui-même également parti-
cipé, afin de détruire par la mort
celui qui avait l'empire de la mort,
le diable ;
15. Et de mettre en liberté ceux
qui, par la crainte de la mort,
éta ent pour toute la vie soumis
à la servitude.
16. Car nulle part il ne prend
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX.
[cu. vm.)
les anges, mais c'est la race d'A-
braham qu'il prend.
47. D’où il a αὐ être en tout
semblable à ses frères, afin de
devenir auprès de Dieu un pon-
tife miséricordieux et 10816, pour
expier les péchés du peuple.
18. Car c’est par les souffrances
et les épreuves qu'il a lui-même
subies, qu'il est puissant pour se-
courir ceux qui sont aussi éprou-
vés.
CHAPITRE III.
Supériorité de Jésus-Christ sur Moise
Saint Paul exhorte les Hébreux à s'af-
fermir dans la foi, et à demeurer atta-
chés à Jésus-Christ. Exhortation que
l'Esprit-Saint leur adresse dans le livre
des Psaumes.
1. Vous donc, mes freres saints,
parlicipants àla vocation céleste,
considérez l’apôtre et le pontife
de notre confession, Jésus,
2. Qui est fidele à celui qui l'a
établi, comme Moise lui-méme
l'a été dans toute sa maison.
3. Carluiaété jugé digne d'une
gloire aussi élevée au-dessus de
celle de Moise, quel'est l'honneur
du constructeur par rapport à A
maison qu'il a bâtie.
19. Ps. xxi, 93. — 13. Ps. xvi, 3; Isai., var, 18. — 14. Osée, xir, 14; 1 xv, 54,
- Cuar. 11. 2. Nom., xir, 7.
10. Dieu, créateur de toutes choses, et à qui toutes choses doivent se rapporter, a
voulu, par un effet de sa sagesse et de sa justice, que son Fils unique, quil avait
destiné pour être notre Sauveur, consommát son sacrilice par ses souffrances, et
méritát ainsi le salut des élus, en méritant pour lui-même la gloire infinie dont il
est revétu.
11. D'une seule nature; selon d'autres, d'un seul principe; c'est-à-dire Dieu; ou bien
d'un seul homme, Adam, mais la première interprétation parait plus conforme au but
de l'apótre.
16. Nulle part, dans l'Ecriture il n'est dit qu'il ait pris. Ce genre d'ellipse est assez
commun parmi les écrivains sacrés. — I/ ne prend la nature des anges, il ne s'unit
à la nature angélique. C'est l'explication des Péres de l'Eglise, et celle que semble
clairement indiquer le verset suivant; et quoique le verbe grec que la Vulgate a
rendu par apprehendit signifie primitivement prendre la main, et de là secourir, il a
aussi le sens de prendre, saisir, embrasser, sans exclure l'idée de secourir.
1. De notre confession ; c'est-à-dire de la foi, dela religion que nous professons.
[cu. 1]
4. En effet, toute maison est
bátie par quelqu'un : or celui qui
a créé toutes choses, c’est Dieu.
5. Moise, à la vérité, a été fidele
dans toute la maison de Dieu,
comme serviteur, pour rendre
témoignage de tout ce qu'il de-
vait dire;
6. Mais le Christ est comme
fils dans sa maison ; et cette mai-
son c'est nous, si nous conser-
vons fermement jusqu'à la fin la
confianee et la gloire de l'espé-
rance.
7. C'est pourquoi, selon ce que
dit l'Esprit-Saint : Aujourd'hui,
si vous entendez sa voix,
8. N'endurcissez pas vos cœurs,
comme dans l’irritation au jour
de la tentation dans le désert,
9. Θὰ vos pères me tentèrent,
m'éprouverent, et virent mes
œuvres
10. Pendant quarante ans ; aussi
je me suis courroucé contre cette
génération, et j'ai dit : Leur cœur
s'égare toujours. Ils n'ont point
connu mes voies :
11. Ainsi, j'ai juré dans ma co-
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX.
2863
lère : Ils n'entreront point dans
mon repos.
19. Prenez donc garde, mes
fréres, qu'il ne se trouve dans
aucun de vous un cœur mauvais
d'incrédulité, qui vous éloigne
du Dieu vivant
13. Mais exhortez-vous chaque
jourles uns les autres, pendant
ce qui est appelé Aujourd'hui, de
peur que quelqu'un de vous ne
s'endureisse par la séduction du
péché.
14. Car nous avons été faits par-
ticipants du Christ, si cependant
nous conservons inviolablement
jusqu'à la fin ce commencement
de son étre.
15. Ainsi, tant qu'on dit : Au-
jourd'hui, si vous entendez sa
voix, n'endurcissez pas voscœurs,
comme en cette irritation-là.
16. Car quelques-uns layant
entendue, irritèrent le Seigneur;
mais ce ne fut pas tous ceux que
Moise avait fait sortir de l'Egypte.
47. Or qui sont ceux contre les-
quelsilfutirrité pendant quarante
ans? N'est-ce pas contre ceux qui
7. Ps. xciv, 8; Infra, iv, 7. — 17. Nom., xiv, 37.
6. La gloire de l'espérance; hébraisme, pour l'espérance dans laquelle nous mettons
notre gloire, ou bien l'espérance d’être un jour gloriliés.
1. Dans lirritation; c'est-à-dire dans le lieu de l'irritation, où arriva l'irritation.
Or ce lieu est Raphidim, où les Israélites murmurérent, parce qu'ils manquaient
d'eau (Exode, xvi, 1 et suiv.); ou, selon d'autres, l'endroit du désert de Pharan, où
ils se révoltèrent, quand on leur annonça ce qu'étaient les Chananéens et le pays de
Chanaan (Nombr., xiv, 2 et suiv.); ou bien encore, Cadès, où le manque d'eau excita
une nouvelle sédition parmi eux (Nombr., xx1, 1 et suiv.).
11. Ils n'entreront point; littér. : S'ils entreront. Voy. Ps. xciv, 11. Dans les formules
de serment, les Hébreux employaient la particule si, quand ils juraient qu'ils ne
feraient pas une chose, et ils y ajoutaient la négation lorsqu'ils juraient qu'ils
la feraient. Cette maniére de s'exprimer vient de ce qu'ils omettaient par euphémisme,
l'imprécation qui suit le mot jurer; par exemple: Je veuc qu'il m'arrive tel mal,
tel malheur, si, etc.
14. Ce commencement de son élre; c'est-à-dire le commencement de l'être nouveau
qu'il a mis en nous, la foi, selon saint Chrysostome, Théodoret, Théophylacte, etc.
15. Comme en celle irritation-là ; c'est-à-dire comme au jour où eut lieu l'irritation
dont il est parlé aux vers. 8, 9.
2804 ÉPITRE DE SAINT. PAUL AUX HÉBREUX.
péchèrent, et dont les corps fu-
rent abattus dans le désert?
18. Et qui sont ceux auxquels il
jura qu'ils n'entreraient pas dans
son repos, sinon ceux qui sont
incrédules?
19. Aussi voyons-nous qu'ils ne
purent y entrer, à cause de leur
incrédulité.
CHAPITRE IV.
Saint Paul continue d’exhorter les Hé-
breux à s’affermir dans la foi. Il leur
montre les conséquences qu'ils doivent
tirer du texte qu'il vient de citer. Il
excite leur vigilance et ranime leur
confiance.
1. Craignons donc que, négli-
geant la promesse d'entrer dans
son repos, quelqu'un de vous ne
s'en trouve exclu.
2. Car elle nous a été annoncée
comme à eux. Mais la parole
qu'ils entendirent ne leur servit
point, n'étant pas jointe à la foi
dans ceux qui l'entendirent.
3. Mais nous entrerons dans le
repos, nous qui avons cru, selon
ce qu'il dit : Comme je l'ai juré
dans ma colere : lls n'entreront
point dans mon repos; or c'est
certainement le repos des ceuvres
accomplies depuis la création du
monde.
4. Car, dans un endroit, 1 Ecz;i-
ture dit du septième jour : Et
Dieu se reposa le septième jour
de toutes ses œuvres.
[cur.. 1v. |
5. Et de nouveau, en cet en-
droit : Is n'entreront point dans
mon repos.
6. Puis done que quelques-uns
doivent encore entrer, et que
ceux qui les premiers furent
évangélisés n'y sont pas entrés,
pour cause d'incrédulité,
7. Dieu détermine encore un
certain jour, Aujourd'hui, disant,
par David, mais bien longtemps
aprés, comme il a été dit plus
haut : Aujourd'hui, si vous enten-
dez sa voix, n'endurcissez pas vos
cœurs.
8. Car si Jésus leur avait donné
le repos, David n'aurait point
parlé d'un autre jour apres celui-
là.
9. Ainsi, il reste encore un jour
de repos pour le peuple de Dieu.
10. Car celui qui est entré dans
son repos, lui aussi s'est reposé
de ses œuvres, comme Dieu des
siennes.
11. Hâtons-nous donc d'entrer
dans ce repos, de peur que quel-
qu'un ne suive cet exemple d'in-
crédulité.
12. Car la parole de Dieu est
vivante, efficace, et plus péné-
trante que tout glaive à deux
tranchants ; elle atteint jusqu'à la
division de l'àme et de l'esprit,
des jointures et des moelles ; et
elle discerne les. pensées et les
intentions du cœur.
13. Et aucune créature n'est
Cnar. IV. 3, Ps. xciv, 11. — 4. Genèse, 11, 2. — 7. Supra, ui, 7. — 13. Ps. xxxur, 16;
> Eccli., xv, 20.
1. La promesse d'entrer; c'est-à-dire la promesse qui nous est faite d'entrer.
3. Ils n’entreront point, Compar. ur, 11.
5. En cet endroit; c'est-à-dire au vers. 11 du Psaume xciv, qui vient d’être cité ici
&u vers. 3.
8. Jésus; c'est-à-dire Josué. Voy. Act., vit, 43.
(cn. v.]
invisible en sa présence; mais
tout est à nu et à découvert aux
yeux de celui dont nous parlons.
14. Ayant done un grand pon-
tife, qui a traversé les cieux,
Jésus, Fils de Dieu, retenons
fermement ce que nous confes-
sons.
15. Car nous n'avons point un
pontife qui ne puisse compatir à
nos infirmités, ayant éprouvé
comme nous toutes sortes de
tentations, hors le péché.
16. Allons donc avec confiance
au tróne de la gráce, afin d'obte-
nir miséricorde et de trouver
grâce dans un secours opportun.
CHAPITRE V.
Jésus-Christ est vraiment notre pontife;
comment cette qualité lui convient et
lui appartient. L'apótre reproche aux
Hébreux auxquels il écrit leur peu de
disposition à entrer dans les grandes
vérités de la religion.
1. Car tout pontife pris d'entre
les hommes est établi pour les
hommes en ce qui regarde Dieu,
afin quil offre des dons et des
sacrifices pour les péchés,
2. Et qu'il puisse compatir à
ceux qui sont dans lignorance
et dans l'erreur, étant lui-méme
environné de faiblesse.
3. Et c’est pourquoi il doit offrir
pour lui-même aussi bien que
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HEBREUX.
2860
pour le peuple, des sacrifices en
expiation des péchés.
4. Or nul ne s'attribue à lui-
méme cet honneur, sinon celui
qui est appelé de Dieu, comme
Aaron.
9. Ainsi ce n'est pas le Christ
qui s'est glorifié lui-méme pour
devenir pontife, mais c'est celui
qui lui a dit: Vous étes mon Fils,
c'est moi qui aujourd'hui vous ai
engendré.
6. Comme aussi dans un autre
endroit il dit : Vous étes prétre
pour l'éternité, selon l'ordre de
Melchisédech.
7. Dans les jours de sa chair,
ayant offert aveclarmeset grands
cris des prières et des supplica-
tions à celui qui pouvait le sauver
de la mort, il a été exaucé pour
son humble respect ;
8. Et méme, quoiqu'il fàt le
Fils de Dieu, il a appris l'obéis-
sance, par ce qu'il a souffert ;
9. Et par sa consommation, il
est devenu pour tous ceux qui
lui obéissent là cause du salut
éternel,
10. Nommé par Dieu pontife
selon l'ordre de Melchisédech.
11. Sur quoi nous aurions beau-
coup de choses à dire, et difficiles
à expliquer, parce que vous étes
devenus peu capables de les en-
tendre.
Car. V. 4. Exode, xxvii, 1; 1] Paral., xxvi, 18. — 5. Ps. 11, 7. — 6. Ps. cix, 4.
1. Les évangélistes ne disent pas que Jésus-Christ ait pleuré au jardin des Oliviers,
ou sur la croix: mais l'apótre a pu apprendre cette particularité de la tradition ou
par révélation. Remarquons qu'il n'y a pas de contradition entre ce qui est dit ici,
que Jésus-Christ fut exaucé, et ce cri qu'il poussa sur la croix : Mon Dieu, mon Diea,
pourquoi m'avez-vous abandonné? Parce que quoiqu'il eüt été exaucé dans sa demande
à son Père d'accomplir sa volonté, par rapport à sa passion; c'est-à-dire de mériter
par sa passion et sa mort de ressusciter et d'obtenir pour nous-mémes notre salut
éternel, il a été réellement abandonné de son Pére sur la croix, en ce sens que son
Père l'a livré lui, Fils unique, aux douleurs, aux tourments et à la mort même.
INST 180
2866
19. Car lorsqu'en raison du
temps, vous devriez étre maitres,
vous avez encore besoin qu'on
vous enseigne les premiers élé-
ments de 18 parole de Dieu : ainsi
vous étes devenus tels que vous
avez besoin de lait, et non de
nourriture solide.
13. Or quiconque se nourrit de
lait, est privé des paroles de la
justice, parce qu'il est encore pe-
tit enfant.
14. Mais c'est pour les parfaits
qu'est la nourriture solide; pour
ceux qui ont habituellement
exercé leur esprit au discerne-
ment du bien et du mal.
CHAPITRE VI.
L'apótre exhorte les Hébreux à s'élever
avec lui aux grandes vérités dont il
doit les instruire, et il leur fait sentir
le danger de l'apostasie à laquelle les
conduisait leur affaiblissement dans la
foi. Il ranime leur confiance, et il excite
leur zèle et leur courage par le motif
de l'espérance dont il montre les fon-
dements inébranlables.
1. C'est pourquoi, laissant l'en-
seignement élémentaire sur le
Christ, passons à ce qui est plus
parfait, sans poser de nouveau le
fondement de la pénitence des
œuvres mortes, et de la foi en
Dieu,
2. Dela doctrine des baptémes,
comme aussi de l'imposition des
mains, de la résurrection des
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX.
[ci. vr.]
morts et du jugement éternel.
3. C'est ce que nous ferons, si
toutefois Dieu le permet.
4. Car il est impossible à ceux
qui ont été une fois illuminés,
qui ont goüté le don du ciel, qui
ont été faits participants de l’Es-
prit-Saint,
5. Qui ont goûté également la
bonne parole de Dieu et les ver-
tus du siecle à venir,
6. Et qui, apres cela, sont tom-
bés, d'étre renouvelés par la pé-
nitence, crucifiant en eux-mémes
de nouveau le Fils de Dieu, et
l'exposant à l'?gnominie.
7. Car une terre qui boit la pluie
venant souvent sur elle, et qui
produit une herbe utile à ceux
qui la cultivent, reçoit la bénédic-
tion de Dieu.
8. Mais quand elle produit des
épines et des ronces, elle est
abandonnée et bien près de la
malédiction; sa fin est la combus-
tion.
9. Nous nous promettons de
vous, bien-aimés, deschoses meil-
leures et plus étroitement liées à
votre salut, quoique nous vous
parlions ainsi.
10. Car Dieu n'est pas injuste
pour oublier vos œuvres et la
charité que vous avez montrée
en son nom, par l'assistance que
vous avez donnée et que vous
donnez encore aux saints.
Cuar. VI, 4. Matt., xir, 45; Infra, x, 26; II Pierre, τι, 20.
13. Est privé; d'autres, selon le texte grec, n'est pas apte, susceptible. — Des pa-
roles de la justice; c'est-à-dire de l'enseignement, des leçons de la perfection chré-
tienne.
4. Illuminés; c'est-à-dire baptisés. Le baptéme s'appelait autrefois l’illumination.
6. D'étre renouvelés par la pénitence; de recevoir la rémission de leurs péchés par
voie de rénovation ou de régénération, telle qu'ils Pont reçue par le baptéme.
10. Aux saints. Voy. Act,, ix, 13.
(cg. νπ.]
11. Mais nous souhaitons que
chacun de vous montre la méme
sollicitude jusqu'à la fin, pour
que votre espérance soit com-
plète ;
12. De sorte que vous ne soyez
point indolents, mais les imita-
teurs de ceux qui, par la foi et la
patience, hériteront des pro-
messes.
13. Car dans les promesses qu'il
fit à Abraham, Dieu n'ayant per-
sonne de plus grand par qui il
+ jurer, jura par lui-même,
14. Disant : Je te comblerai de
bénédictions, et je te multiplierai
à l'infini.
15. Et ayant ainsi attendu pa-
tiemment, il obtint ce qui était
promis.
16. En effet, les hommes jurent
par celui qui est plus grand
qu'eux; etla fin de toutes leurs
contestations a pour confirmation
le serment.
11. C'est pourquoi Dieu voulant
montrer avec plus de certitude
aux héritiers dela promesse l'im-
mutabilité de sa résolution, a in-
terposé le serment,
18. Afin que dans ces deux
choses immuables, dans les-
quelles il est impossible que Dieu
mente, nous ayons une consola-
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HEBREUX.
2861
tion puissante, nous qui nous
sommes réfugiés dans l'acquisi-
tion del'espérance qui nous a été
offerte,
19. Que nous retenons pour
notre âme comme une ancre sûre
et ferme, et qui pénètre jusqu'au
dedans du voile,
20. Où Jésus, comme précur-
seur, est entré pour nous, ayant
été fait pontife pour l'éternité,
selon l’ordre de Melchisédech.
CHAPITRE VII.
Caractère de Melchisédech, dont le sacer-
doce est le symbole du sacerdoce de
Jésus-Christ. Changement du sacerdoce
lévitique et de la loi mosaique, fondé
sur leur insuffisance. Excellence de l'al-
liance nouvelle, et de Jésus-Christ qui
en est le médiateur par son sacerdoce.
Jésus-Christ est un prétre saint et im-
mortel.
1. Car ce Melchisédech, roi de
Salem et prétre du Dieu trés haut,
qui alla au-devant d'Abraham,
comme il revenait de la défaite
des rois, et qui le bénit;
2. Auquel aussi Abraham donna
la dime de tout; dontle nom s'in-
terprète premièrement par roi
de justice, el ensuite aussi par
roi de Salem, c'est-à-dire roi de
paix ;
9. Qui est sans père, sans mère,
14. Genèse, xx11, 17. — (ΠΑΡ, VII. 1. Genèse, xiv, 18.
14. Je te; littér., si je ne te. Voy. ur, 11. — Je te comblerai, etc. ; littér.: Te bénissant,
je le bénirai; te multipliant, je te mulliplierai. Nous avons déjà fait observer que
dans la Bible, comme dans les auteurs profanes, ce genre de répétition a pour but
de donner de la force et de l'energie à l'expression.
18. Ces deux choses; la promesse et le serment.
19. Et qui pénétre, etc. Notre espérance dans les promesses de Dieu pénétre au
delà du voile tendu dans le teinple devant le Saint des Saints, c'est-à-dire jusqu'au
ciel, représenté par le Saint des Saints.
1. * Salem signifie paix. D'aprés le plus grand nombre des interprétes, c'est la ville
de Jérusalem.
3. Qui est sans père; c'est-à-dire qui est présenté dans l'Ecriture sans père, etc.
Remarquons aussi que les anciens disaient souvent de quelqu'un qu'il était sans
2868
sans généalogie; n'ayant ni com-
mencement de jours ni fin de
vie, ressemblant ainsi au Fils de
Dieu, demeure prétre à perpé-
tuité.
4. Or considérez combien est
grand celui à qui Abraham, pa-
triarche, donna méme la dime
des plus riches dépouilles.
5. A la vérité, ceux des fils de
Lévi qui ont recu le sacerdoce ont
ordre, selon la loi, de prendre la
dime du peuple, c'est-à-dire de
leurs freres, quoique ceux-ci
soient sortis d'Abraham aussi
bien qu'eux.
6. Mais celui dont la génération
n'est point comptée parmi eux a
pris la dime d'Abraham et a béni
celui qui avait les promesses.
7. Or, sans aucun doute, c'est
linférieur qui est béni par le su-
périeur.
8. Ici, en effet, ceux qui recoi-
vent la dime sont des hommes
mortels; mais là l'un d'eux n'est
représenté que comme vivant.
9. Et Lévi, qui a recu la dime,
la payée lui-méme (pour ainsi
dire) en la personne d'Abraham;
10. Car il était encore dans son
pere, quand Melchisédech alla au-
devant de lui.
11. Si donc le sacerdoce léviti-
que (sous lequel le peuple recut
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX.
fcu. vu.]
la loi) devait donner la perfection,
qu'était-il besoin qu'il s'élevát
encore un autre prêtre selon
l’ordre de Melchisédech, et non
selon l'ordre d'Aaron?
19. Car, le sacerdoce changé,
il est nécessaire que la loi soit
aussi changée.
13. Or celui dont ces choses
sont dites est d'une autre tribu de
laquelle nul n'a servi l'autel ;
14. Puisqu'il est manifeste que
Notre Seigneur est sorti de Juda,
tribu dont Moise n'a rien dit tou-
chant le sacerdoce.
15. Et cela est plus manifeste
encore, s'il s'élève un autre pré-
tre qui est semblable à Melchisé-
dech,
16. Et qui n'est point établi
selon la disposition d'une loi
charnelle, mais selon la vertu de
sa vie impérissable.
47. Car Y Ecriture rend ce té-
moignage : Vous étes prétre pour
l'éternité, selon l'ordre de Mel-
chisédech.
18. Ainsi l'ancienne disposition
est abolie, à cause de son impuis-
sance et de son inutilité ;
19. (Car la loi n'a rien amené à
la perfection); mais elle a été une
introduction à une meilleure es-
pérance, par laquelle nous appro-
chons de Dieu.
5. Deut., xviu, 3; Jos., xiv, 4. — 17. Ps. cix, 4.
père et sans mère, quand ses parents étaient inconnus. Sénèque, Tite Live et Horace
nous en fournissent des exemples.
1. L'inférieur... le supérieur. Le neutre, qui est dans le texte, a pour but de géné-
raliser l'idée. Compar. Rom., xi, 32.
8. Ici; c'est-à-dire dans ce qui est plus rapproché de nous, sous la loi mosaique,
dans le sacerdoce lévitique. — Mais là; dans un temps plus éloigné, à l'époque
d'Abraham et de Melchisédech.
10. Son père; c'est-à-dire son aieul. On ne doit pas oublier que les Hébreux don-
naientle nom de père à tous les ancétres, comme ils étendaient celui de frère à tous
les collatéraux.
[cn. vrr.]
90. Et de plus, ce n'a point été
sans serment (car les autres pré-
tres ont été établis sans serment;
91. Mais celui-ci l'a été avec
serment, par celui qui lui a dit :
Le Seigneur a juré, et il ne s'en
repentira point: Vous étes prétre
pour l'éternité);
29. Tant est plus parfaite l'al-
liance dont Jésus a été fait média-
teur.
23. Il y a eu aussi successive-
ment beaucoup de prétres, parce
que la mort les empéchait de
l'être toujours ;
24. Mais comme celui-ci de-
meure éternellement, il possède
le sacerdoce éternel.
25. C'est pourquoi il peut
même sauver perpétuellement
ceux qui, par son entremise, s'ap-
prochent de Dieu, étant toujours
vivant, afin d'intercéder pour
nous.
96. Car il convenait que nous
eussions un tel pontife, saint,
innocent, sans tache, séparé des
pécheurs, et devenu plus élevé
que les cieux ;
97. Qui n'a pas besoin, comme
les prétres, d'offrir des victimes,
d'abord pour ses propres péchés,
ensuite pour ceux du peuple ; ce
qu'il a fait une fois en s'offrant
lui-méme.
98. Car la loi établit pour pré-
tres des hommes faibles ; mais la
parole jurée, qui est postérieure
àlaloi, constitue le Fils éternel-
lement parfait.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 2869
CHAPITRE VIII.
Excellence du sacerdoce de Jésus-Christ
qui, assis dans le ciel àla droite de son
Pére, offre dans le sanctuaire céleste
à une victime céleste. Insuffisance de
l'ancienne alliance prouvée par la pro-
messe méme d'une alliance nouvelle.
1. Mais voici l'abrégé de ce que
je dis : Nous avons un pontife tel,
qu'il est assis à la droite du tróne
de la Majesté dans les cieux,
2. Ministre du sanctuaire et du
vrai tabernacle, que le Seigneur
a dressé, et non pas un homme.
ὃ. Car tout pontife est établi
pour offrir des dons et des vic-
times; d’où il est nécessaire que
celui-ci ait aussi quelque chose à
offrir.
4. Si donc il était sur la terre,
il ne serait pas méme prétre, y
en ayant déjà pour offrir les dons
selon la loi,
9. Quisont ministres d'un culte,
modele et ombre des choses cé-
lestes; comme il fut répondu à
Moise, lorsqu'il devait dresser le
tabernacle : Vois (dit Dieu), et fais
toutes choses selon le modele qui
t'a été montré sur la montagne.
6. Mais celui-ci a été investi
d'un ministère d'autant plus ex-
cellent, qu'il est médiateur d'une
alliance plus parfaite, établie sur
de meilleures promesses.
7. Car si la première eût été
sans imperfection, il n'y aurait
certainement pas eu lieu d'en
rechercher une seconde.
21. Ps. cix, 4. — 27. Lév., xvi, 6. — Cuar. VIII. 5. Exode, xxv, 40; Actes, vit, 44,
oo EUN
30. Ce n'a point été sans serment. Pour avoir la liaison des idées, il faut rappro-
cher ces mots du vers. 17.
25. Afin d'intercéder pour nous. Jésus-Christ, comme homme, intercéde continuel-
lement pour nous, en représentant sa passion à son Pére.
281
8. Or, se plaignant d'eux, Dieu
dit : Voici venir des jours, dit le
Seigneur, où j'accomplirai avec
la maison d'Israël et avec la
maison de Juda une nouvelle al-
liance ;
9. Non selon l'alliance que j'ai
faite avec leurs pères, au jour où
je les pris par la main pour les
tirer de la terre d'Egypte : parce
qu'ils n'ont point eux-mêmes
persévéré dans mon alliance, moi
aussi je les ai délaissés, dit le
Seigneur.
40. Et voici lalliance que je
feraiavec la maison d'Israël après
ces jours, dit le Seigneur : Je
mettrai mes lois dans leur esprit,
et je les écrirai dans leur cœur;
et jeseraileur Dieu, et eux seront
mon peuple ;
11. Et chacun n'enseignera plus
son prochain, ni chacun son frere,
disant : Connais le Seigneur;
parce que tous me connaitront
depuis le plus petit jusqu'au plus
grand;
19. Car je pardonnerai leurs
iniquités, et je ne me souviendrai
plus de leurs péchés.
13. Mais en disant une nouvelle
alliance, il ἃ déclaré la premiere
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX.
[ci. 1x.]
vieillie. Or ce qui devient ancien
et vieillit est prés de sa fin.
CHAPITRE IX.
Insuffisance de l'ancien sacerdoce, et per-
fection du sacerdoee nouveau, prouvées
par les cérémonies mémes de l'ancien
culte. Médiation de Jésus-Christ fondée
sur ce qu'il est en méme temps prétre
et victime. Nécessité de la mort de Jé-
sus-Christ. Prix infini de son sang.
1. La première alliance a eu
aussi des ordonnances relatives
au culte, et le sanctuaire ter-
restre.
2. Car on fit le premier taber-
nacle, dans lequel se trouvaient
les chandeliers, la table et l'expo-
sition des pains; ce qui s'appelle
le Saint.
9. Apres le second voile, était
le tabernacle appelé le Saint des
Saints,
4. Oüilyavaitun encensoir d'or,
et l'arche de l'alliance couverte
d'or de tous cótés, dans laquelle
se trouvaient une urne d'or con-
tenant la manne, la verge d'Aa-
ron, qui avait fleuri, et les tables
de l'alliance ;
5. Et au-dessus étaient des ché-
rubins de gloire qui couvraient
le propitiatoire; mais ce n'est pas
8. Jér., xxxr, 31. — (παρ. IX. 2. Exode, xxvi, 1; xxxvi, 8. — 4. Lóv., 16; Nom., 17;
III Rois, vir, 9; II Par., v, 10.
8. D’eux; de ceux de la première alliance.
10. Je mettrai; littér., je donnerai. Le verbe hébreu traduit dans la Vulgate par
donner signifie aussi mettre, poser.
2. Le premier tabernacle; c'est-à-dire le tabernacle antérieur, la première partie du
tabernacle. — Les chandeliers; le pluriel est mis pour le singulier, parce que l'auteur
fait allusion aux sept branches du chandelier. — L'exposition des pains; c'est-à-dire
les pains exposés, les rangées de pains; hypallage dont on trouve assez d'exemples
dans les auteurs grecs aussi bien que dans les écrivains hébreux. Partout ailleurs le
texte sacré porte pains de proposition. — Ce qui s'appelle; littér., laquelle s'appelle.
Ce pronom relatif féminin ne peut se rapporter grammaticalement qu'au mot ex-
position, qui précéde immédiatement: mais, pour le sens logique, il se rapporte à
tout l'antécédent. Or ce genre de construction n'est pas rare dans l'Ecriture.
3. * Le second voile. Voir Matt., xxvir, 51.
[cu. 1x.]
le moment d'en parler en dé-
tail.
6. Or ces choses ainsi dispo-
sées, les prétres entraient en tout
temps dans le premier tabernacle,
lorsqu'ils exercaient les fonctions
de la sacrificature.
7. Dans le second, au contraire,
le pontife seul entrait une fois
lannée, non sans y porter du
sang, qu'il offrait pour son igno-
rance, et pour celle du peuple;
8. L'Esprit-Saint montrant par
là que la voie du sanctuaire n'é-
tait pas encore ouverte, le pre-
mier tabernacle subsistant tou-
jours.
9. Ce qui est une image du
temps présent, d'apres laquelle
on offre des dons et des hosties,
qui ne peuvent rendre parfait se-
lon la conscience celui dont le
culte consiste seulement en des
viandes et en des breuvages;
10. En diverses ablutions et en
des cérémonies charnelles, impo-
sées jusqu'au temps d'une réfor-
mation.
11. MaisleChrist, venantcomme
pontife des biens futurs, c'est par
un tabernacle plus grand et plus
parfait, qui n'a point été formé
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX.
2871
de main d'homme, c'est-à-dire
qui n'est pas de cette création,
19. Et non avec le sang des
boucs et des veaux, mais avec
son propre sang, qu'il est entré
une fois dans le sanctuaire, nous
ayant aequis une éternelle ré-
demption.
13. Car si le sang des boucs et
des taureaux, et l'aspersion de la
cendre d'une génisse sanclifie
ceux qui ont été souillés, en pu-
rifiant leur chair,
14. Combien plus le sang du
Christ, qui par l'Esprit-Saint s'est
offert lui-méme à Dieu, comme
une victime sans tache, purifiera-
t-il notre conscience des œuvres
mortes, pour servir le Dieu vi-
vant?
15. C'est pourquoi il est le mé-
diateur du nouveau testament,
afin que la mort intervenant pour
la rédemption des prévarications
qui existaient sous le premier
testament, ceux qui sont appelés
reçoivent l'éternel héritage pro-
mis.
16. Car là où il y a un testament,
il est nécessaire que la mort du
testateur intervienne ;
17. Puisque le testament n'a de
7. Exode, xxx, 10; Lév., xvr, 2. — 13. Lévit., xvi, 45. — 14. I Pierre, 1, 19; I Jean,
I, 1; Apoc., 1, 5. — 15. Galat., 111, 15.
7. Son ignorance. L'Ecriture comprend assez ordinairement sous ce mot toutes
sortes de péchés; parce que le péché est toujours un égarement, une erreur, mais
volontaire, et par conséquent coupable.
10. Des cérémonies; littér., des justices; c'est-à-dire des moyens de justification.
11. Qui n’est pas de cette création; de la création de ce monde, qui ue fait point
partie des ceuvres de ce monde.
12. Par le seul sacrifice de son sang offert une fois sur la croix, Jésus-Christ nous
a acquis une rédemption dont l'effet est permanent et éternel; au lieu que l'effet des
sacrifices de la loi n'était que passager, ce qui obligeait de les réitérer. Aussi, lorsque
l'Eglise offre à Dieu Jésus-Christ présent sur l'autel, elle ne croit pas pour cela qu'il
manque quelque chose au sacrifice de la croix; elle le croit au contraire si parfait et
si suffisant, qu'elle n'offre celui de la messe que pour en célébrer la mémoire, et pour
nous en appliquer la vertu.
LOT?
force que par les morts; il n'est
pas encore valide tant que vit le
testateur.
18. De là vient que le premier
méme ne recut pas sa consécra-
tion sans effusion de sang.
19. Moise, en effet, ayant lu au
peuple tous les préceptes de la
loi, prit du sang des veaux et des
boues avec de l'eau, de la laine
écarlate et de l'hysope, et il as-
pergea le livre méme et tout le
peuple,
20. Disant : Ceci est le testa-
ment que Dieu vous a confié.
91. Il aspergea encore avec le
sang, le tabernacle et tous les
vases servant au culte.
99. Car presque tout, selon la
loi, se purifie avec le sang; en
sorte que, sans effusion de sang,
il n’y a point de pardon.
93. Ill est donc nécessaire que
les modèles des choses célestes
soient purifiés par ces hosties;
mais les choses célestes elles-
mémes par de plus excellentes
que celles-là.
94. Aussi, n'est-ce point dans
un sanctuaire fait de la main des
hommes, modele du véritable,
que Jésus-Christ est entré; mais
c'est dans le ciel méme, afin de
paraitre maintenant pour nous
devant la face de Dieu;
95. Non pas pour s'offrir lui-
méme plusieurs fois, comme le
grand prétre entre chaque année
dans le sanctuaire, avec un sang
étranger;
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX.
]08. x.]
26. Autrement il aurait fallu
qu’il souffrit souvent depuis 6
commencement du monde, tan-
dis qu'il a paru une seule fois à
laconsommation des siècles, pour
détruire le péché, en se faisant
lui-méme victime.
27. Et comme il est arrété que
les hommes meurent une fois, et
qu'ensuite ils sont jugés,
98. Ainsi le Christ s'est offert
une fois pour effacer les péchés
d'un grand nombre; etla seconde
fois il apparaitra sans le péché à
ceux qui l'attendent, pour les sau-
ver.
CHAPITRE X.
Insuffisance des victimes légales; leur
abolition. Efficacité du sacrifice de Jé-
sus-Christ. L'apótre exhorteles Hébreux
à s'approcher de Dieu avec confiance,
à demeurer fermes dans 18 foi, à s'en-
tr'aider et s'entr'exhorter. Il les presse
par le double motif des maux qu'ils
auraient à craindre, s'ils ne persévé-
raient pas, et des biens qu'ils ont à es-
pérer, s'ils persévérent.
1. Carlaloin'ayant que l'ombre
des biens futurs, et non l'image
méme des choses, ne peut jamais,
parles mêmes hosties quis'offrent
continuellement chaque année,
rendre parfaits ceux qui s'appro-
chent de l'autel,
9. Autrement on aurait cessé
de les offrir, puisque, une fois
purifiés, ceux qui rendent ce culte
n'auraient plus la conscience du
péché ;
3. Gependant chaque année on
y fait mention des péchés.
20. Exode, xxiv, 8. — 28. Rom., v, 9; 1 Pierre, 11, 18.
e € —— M M M ————— η| τα
26. A la consommation des siècles; c'est-à-dire lorsque 18 plénitude du temps mar-
quée pour la venue du Sauveur a été accomplie. Compar. I Cor., x, 11; Galat., IV, 4.
38. D'un grand nombre. Voy., pour le vrai sens de cette expression, Matt., xx, 28.
— Sans le péché; c'est-à-dire sans avoir encore à expier le péché.
(cu. x.)
4. Parce qu'en effet, il est im-
possible que les péchés soient
effacés par du sang de taureaux
et de boues.
5. C'est pourquoi, en entrant
dans le monde, il dit : Vous n'avez
pas voulu d'hostie ni d'oblation,
mais vous m'avez formé un corps.
6. Les holocaustes pour le pé-
ché ne vous ont pas plu :
1. Alors j'ai dit: Me voici; je
viens (c'est écrit de moi en téte
du livre) pour faire, ὃ Dieu, votre
volonté.
8. Ayant dit d'abord : Vous n'a-
vez voulu ni d'hosties, ni d'obla-
tions, ni d'holocaustes pour le
péché ; et ce qu'on offre selon la
loi ne vous a point plu;
9. J'ai dit ensuite : Me voici, je
viens pour faire, Ó Dieu! votre
volonté; il abolit ainsi le premier
sacrifice, pour établir le second.
10. C'est en vertu de cette vo-
lonté que nous avons été sancti-
fiés par l'oblation du corps de Jé-
sus-Christ faite une seule fois.
11. A la vérité, tout prétre se
présente chaque jour pour ac-
complir son ministère et offrir
souvent les mêmes hosties, qui
ne peuvent jamais ôter lespéchés;
19. Mais celui-ci ayant offert
une seule hostie pour les péchés,
est assis pour toujours à la droite
de Dieu,
13. Attendant, pour le reste,
que ses ennemis soient posés en
escabeau sous ses pieds.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 13
14. Car, par une seule oblation,
il a rendu parfaits à jamais ceux
qui ont été sanctifiés.
15. C'est ce que nous atteste
l'Esprit-Saint lui-même; puis-
qu'apres avoir dit :
16. Voici l'alliance que je ferai
avec eux apres ces jours-là, dit
le Seigneur : Je mettrai mes lois
dans leur cœur, et je les écrirai
dans leur esprit.
17. Il ajoute : Et je ne me sou-
viendrai plus de leurs péchés, ni
de leurs iniquités.
18. Orlà oü il y a rémission des
péchés, il n'y a plus d'oblation
pour le péché.
19. Ainsi, mes freres, ayantl'as-
surance d'entrer dans le sanc-
tuaire par le sang du Christ,
20. Voie nouvelle et vivante,
qu'il nous a ouverte à travers le
voile, c'est-à-dire sa chair,
21. Et un grand prétre préposé
sur la maison de Dieu,
22. Approchons-nous avec un
cœur sincere dans la plénitude de
la foi, le cœur purifié, par l'asper-
sion, des souillures d'une mau-
vaise conscience, etle corps lavé
d'une eau pure;
29. Conservant inébranlable la
confession de notre espérance
(car il est fidèle celui qui a pro-
mis),
24. Et considérons-nous les
uns les autres, pour nous exciter
à la charité etaux bonnes œuvres;
25. N'abandonnant point nos ,
CHAP. X, 5, Ps, XXXIX, T. — ἢ Ps. xxxIx, 8. — 498.-Ps.-c1x,-9;-I-Cor., xv, 25. = à
16. Jérém., xxxi, 33; Supra, vir, 8.
13. * En escabeau sous vos pieds. Voir Matt., xxit, 44.
18. Là où il y ἃ rémission entière des péchés, comme dans le baptême, il n'y a
aucun besoin d'offrir un sacrifice pour de pareils péchés déjà remis; et quant aux
péchés commis aprés, ils ne peuvent étre remis que par la vertu de l'oblation et de
la mort de Jésus-Christ.
2874
assembiees, comme quelques-uns
en ont prisla coutume, mais nous
consolant d'autant plus que vous
voyez que le jour approche.
26. Car si nous péchons volon-
tairement aprés avoir recu la con-
naissance de la vérité, il ne nous
reste plus d'hostie pour expier
les péchés,
; 27. Mais l'attente terrible d'un
jugement et l'ardeur d'un feu qui
doit dévorer les ennemis.
28. Celui qui viole la loi de
Moise, meurt sans aucune misé-
ricorde, sur la déposition de deux
ou trois témoins.
29. Combien donc pensez-vous
que mérite de plus affreux sup-
plices celui qui aura foulé aux
pieds le Fils de Dieu, tenu pour
profane le sang de lalliance,
par lequel il a été sanctifié, et
fait outrage à l'esprit de la
gráce?
30. Car nous savons qui a dit :
A moi est la vengeance, et c'est
moi qui ferai la rétribution. Et
encore : Le Seigneur jugera son
peuple.
31. Il est terrible de tomber aux
mains du Dieu vivant.
32. Or souvenez-vous des an-
ciens jours, où après avoir été
éclairés, vous avez soutenu le
grand combat des souffrances;
33. D'une part, donnés en spec-
tacle d'opprobres et de tribula-
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX.
[cg. xi.)
tions; et de l'autre devenus les
compagnons de ceux qui ont été
ainsi traités.
34. Car vous avez compati à
ceux qui étaient dans les liens,
et vous avez supporté avec joie
lenlevement de vos biens, sa-
chant que vous avez une meil-
leure et durable richesse.
35. Ne perdez donc pas votre
confiance, laquelle a une grande
récompense.
36. Car la patience vous est né-
cessaire, afin que, faisant la vo-
lonté de Dieu, vous obteniez l'ef-
fet de la promesse.
97. Encore un peu de temps, et
celui qui doit venir viendra, et il
ne tardera point.
38. Orle juste qui m'appartient
vit de la foi; que s'il se retire, il
ne plaira plus à mon àme.
39. Pour nous, nous ne sommes
pas les fils de la défection, pour
la perdition, mais de la foi pour
l'acquisition de l'àme.
CHAPITRE XI.
Définition, excellence, avantages et mo-
deles de la foi.
1. Or la foi est le fondement
des choses qu'on doit espérer, et
la démonstration de celles qu'on
ne voit point.
2. Car c'est par elle que les an-
ciens ont recu témoignage.
26. Supra, vi, 4. — 28. Deut., xvir, 6; Matt., xvi, 16; Jean, vin, 17; 11 Cor., xui, 1.
— 30. Dceut., xxxir, 35; Rom., xir, 19. — 38. Hab., ri, 4; Rom., 1, 17; Galat., זז 11.
26. L'apótre veut dire que, puisque les hosties de la loi ne peuvent, comme il l'a
parfaitement prouvé, effacer les péchés, et qu'il n'y a que le sang de Jésus-Christ qui
sit cette vertu, il suit nécessairement que ceux qui y renoncent n'ont point de salut
4 espérer.
39. Nous ne sommes pas les fils de la défeclion, hébraisme, pour : nous n'aimons pas
la défection, nous ne sommes nullement disposés à nous retirer, à abandonner par une
láche apostasie le parti de la vérité. Compar. Luc, xvi, 8.
[cu. x1.]
3. C'est par la foi que nous
savons que les siecles ont été for-
més par la parole de Dieu; de
maniere que ce qui était invisible
est devenu visible.
4. C'est par la foi qu'Abel offrit
une meilleure hostie que Cain;
par elle il recut le témoignage
qu'il était juste, Dieu rendant
témoignage à ses dons; et par
elle, mort, il parle encore.
9. C'est par la foi qu'Hénoch
fut enlevé, pour qu'il ne vit point
la mort, et on ne le trouva plus,
parce que Dieu l'avait transporté;
car avant son enlévement il reçut
le témoignage d'avoir plu à Dieu.
6. Or, sans la foi, il est impos-
sible de plaire à Dieu. Carilfaut
que celui qui s'approche de Dieu
croie qu'il est, etqu'il récompense
ceux qui le cherchent.
7. Cest par la foi que Noé,
ayant reçu une réponse touchant
ce qu'il ne voyait pas encore, et
saisi de crainte, prépara, pour le
salut de sa famille, une arche par
laquelle il condamne le monde;
et il fut institué héritier de la
justice qui vient de la foi.
8. C'est par la foi que celui qui
estappelé Abraham obéit et partit
sans savoir oü il allait.
9. C'est parla foi qu'il demeura
dans la terre de la promesse,
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX.
2879
comme dans une terre étrangere,
habitant sous des tentes, avec
Isaac et Jacob, cohéritiers de la
méme promesse.
10. Car il attendait la cité quia
des fondements dont l'architecte
et le fondateur est Dieu.
11. C'est par la foi aussi que
Sara, stérile, recut la vertu de
concevoir un enfant, méme apres
avoir passé l’âge, parce qu'elle
crut fidèle celui qui en avait fait
la promesse.
12. C'est pourquoi d'un seul
homme (et déjà éteint) sont sortis
des descendants semblables en
multitude aux astres du ciel et au
sable innombrable qui est sur le
bord de la mer.
18. Tous ceux-ci sont morts
dans la foi, n'ayant pas recu les
biens promis, mais les voyant et
les saluant de loin, et confessant
qu'ils étaient étrangers et voya-
geurs sur la terre.
14. Car ceux qui parlent ainsi
montrent qu'ls cherchent une
patrie.
15. Et certes, s'ils s'étaient sou-
venus de celle d'oü ils sortirent,
ils auraient eu certainement le
temps d'y retourner.
16. Mais maintenant ils en dé-
sirent une meilleure, c'est-à-dire
la céleste. Aussi Dieu ne rougit
₪5. XI. 3. Genèse, 1, 3. — 4. Genèse, 1v, 4; Matt., xxur, 35. — 5. Genèse, v, 24;
Eccli., xuiv, 16. — 7. Genèse, vr, 14; Eccl., xuiv, 17. — 8. Genèse, xit, 1. — 11. Genèse,
xvir, 19.
3. Les siécles; c'est-à-dire ce qui est du temps, le monde.
1. Ayant regu une réponse du ciel, ayant été averti de Dieu.
8. Qui est appelé Abraham; c'est-à-dire qui est appelé maintenant Abraham.
Saint Paul fait cette réflexion, parce que le patriarche s'appelait d'abord Abram, qui
signifie pére élevé, et qu'il ne recut que plus tard, à cause de sa grande foi, le nom
d'Abraham, ou père d'une grande multitude. Voy. Gen., xvit, 5.
15. S'ils s'étaient souvenus, etc. ; c'est-à-dire s'ils s'étaient regardés comme citoyens
d'Ur ou de Haran, ils y seraient aisément retournés.
2876
point d'étre appelé leur Dieu,
parce quil leur ἃ préparé une
cité,
17. C'est par la foi qu'Abraham
offritIsaae,lorsqu'ilétaitéprouvé,
et qu'il offrait ce fils unique, lui
qui avait reçu les promesses,
18. Lui à qui il avait été dit:
C'est en Isaae que sera ta posté-
rité.
19. Parce qu'il pensait que Dieu
est puissant, méme pour ressus-
citer d'entre les morts ; aussi le
recouvra-t-il comme une figure.
20. C'est par 18 101 qu'Isaac bé-
nit pour l'avenir Jacob et Esaü.
91. C'est par la foi que Jacob
mourant bénit chacun des fils de
Joseph en particulier, et s'inclina
profondément devant le sommet
de son sceptre.
22. C'est par la foi que Joseph
mourant parla du départ des en-
fants d'Israél, et fit des disposi-
tions touchant ses os.
93. C'est par la foi que Moise
étant né, fut caché pendant trois
mois par ses parents, parce qu'ils
avaient vu que l'enfant était beau,
et qu'ils ne craignirent pointl'édit
du roi.
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX.
]68. x1.)
24. C'est par la foi que Moïse,
devenu grand, nia qu'il fût fils de
la fille de Pharaon,
25. Aimant mieux être affligé
avec le peuple de Dieu, que de
goûter pour un temps le plaisir
du péché,
26. Estimant l'opprobre du
Christ une richesse plus grande
que 16 trésor des Egyptiens ; parce
qu'il envisageait la récompense.
27. C'est par la foi qu'il quitta
l'Egypte, sans craindre la fureur
du roi; car il demeura ferme
comme s'il avait vu celui qui est
invisible.
98. C'est par la foi qu'il fit la
pâque et l'aspersion du sang, afin
quel'exterminateur des premiers-
nés ne touchát point aux Israé-
lites.
29. C'est par la foi qu'ils traver-
serentla mer Rouge, comme sur
une terre ferme; ce qu'ayant
tenté, les Egyptiens furent en-
gloutis.
30. C'est par la foi que les murs
de Jéricho tombèrent, apres
qu'on en eut fait le tour pendant
sept jours.
31. C'est par la foi que Rahab,
17. Genèse, xxir, 4 ; Eccli., xuiv, 21. — 18. Genèse, xxr, 12; Rom., 1x, 7. — 20. Genèse,
xxvir, 21, 39. — 21. Genèse, xrvim, 15; נטתא 31. — 22. Genèse, r, 23. — 23. Exode,
i, 2; r, 17. — 24. Exode, 11, 11. — 28. Exode, xir, 21. — 29. Exode, xiv, 22. — 30. Jos.,
vi, 20. — 31. Jos., τι, 3.
19. Comme une figure de la mort et de la résurrection du Sauveur.
91. Et s'inclina, etc. ; envisageant par la foi dans 16 sceptre de son fils la puissance
souveraine du Messie, dont Joseph était la figure.
22. Du départ; c'est-à-dire de la sortie d'Egypte. — " Joseph demanda que ses
restes fussent transportés en Palestine quand Israél quitta l'Egypte, ce qui fut fidé-
lement exécuté.
95. Aimant mieux, etc. Il préféra la vie pénible des Hébreux aux délices de la cour,
qu'il ne pouvait goüter sans péché; il aurait cru pécher s'il s'était livré aux plaisirs,
sans se mettre en peine de ses fréres.
98. * Il fit et institua la Páque. Voir Matt., xxvr, 2.
31. Pacifiquement, ou en silence, sans les découvrir, sans les dénoncer, ou avec
bienveillance, sans leur faire aucun mal, les conservant sains et saufs; car telle est la
vraie signification du mot hébreu que l'on rend ordinairement par paix.
(cn. xu.]
femme de mauvaise vie, ne périt
point avec les incrédules, ayant
recu pacifiquement les espions.
32. Et que dirai-je encore ? Car
le temps me manquera pour par-
ler de Gédéon, de Barac, de Sam-
son, de Jephté, de David, de Sa-
muel et des prophètes,
33. Qui par la foi ont vaincu des
royaumes, pratiqué la justice,
obtenu l'effet des promesses,
fermé la gueule à des lions;
34. Arrété la violence du feu,
échappé au tranchant du glaive ;
qui ont été guéris de leurs mala-
dies, sont devenus forts dans la
guerre, ont mis en fuite des ar-
mées étrangères;
35. Par qui des femmes ont re-
couvré leurs morts ressuscités;
dont les uns ont été torturés, re-
fusant leur rachat, afin de trouver
une meilleure résurrection ;
36. Et les autres ayant souffert
les moqueries, les verges, et de
plus les prisons,
31. Ont été lapidés, sciés, mis
à la question, sont morts frappés
par le glaive, ont couru çà et là
sous des peaux de brebis et des
peaux de chèvres, dans le besoin,
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX.
2877
dans l'angoisse, dans l'affliction;
38. Eux, de qui le monde n'é-
tait pas digne; errant dans les
déserts, dans les montagnes, les
antres et les cavernes de la terre.
39. Ortousceux-làayantobtenu
un bon témoignage pour leur foi,
n'ont cependant pas recu l'effet
de la promesse,
40. Dieu nous ménageant quel-
que chose de meilleur, afin qu'ils
ne recussent pas sans nous leur
complete félicité.
CHAPITRE XII.
A tous ces exemples par lesquels il
exhorte les Hébreux à courir avec pa-
tience dans la carrière qui leur est ou-
verte, l'Apótre ajoute celui de Jésus-
Christ, en insistant sur un texte du livre
des Proverbes. Tácher d'avoir la paix
avec tout le monde; mais en méme
temps conserver la pureté de l'âme.
Combien il serait dangereux d'aban-
donner l'alliance divine.
1. Etant donc environnés d’une
si grande nuée de témoins, dé-
chargeons-nous de tout poids et
du péché qui nous enveloppe, et
courons par la patience au com-
bat qui nous est proposé;
2. Contemplant l’auteur et le
Caap. XII. 1. Rom., vi, 4; Ephèse, iv, 22; Coloss., וז 8; I Pierre, 1 1; 1v, 2.
33. * Ont vaincu des royaumes, comme Gédéon, Barac, David. — Fermé la gueule
des lions, comme Daniel qui, jeté dans la fosse aux lions, n'en recut aucun mal.
34. * Arrélé la violence du feu. Les trois compagnons de Daniel jetés dans la four-
naise ne furent point brûlés. — £chappé au tranchant du glaive, comme Elie et
Elisée, échappant à leurs ennemis. — Ont élé guéris de leurs maladies, comme le
saint roi Ezéchias. — Sont devenus forts dans la guerre, comme les Machabées.
35.* Des femmes ont recouvré leurs morts, leurs enfants, ressuscités par Elie et Elisée.
— Les uns ont été torturés, le saint vieillard Eléazar et les sept frères Machabées.
31. * Ont été lapidés. Zacharie, fils du grand-prétre Joiada, fut lapidé. Jérémie le
. fut aussi, selon une ancienne tradition. — Sciés. D’après la tradition juive, Isaie fut
scié en deux.
40. Dieu nous ménageant, etc.; c'est-à-dire Dieu ayant voulu, par une faveur sin-
gulière qu'il nous a faite, que leur félicité complète füt différée jusqu'à ce que nous
jouissions nous-mêmes de la nôtre. Mais ce retard de leur béatitude ne l'a pas di-
minuée; au contraire, en les animant à une plus grande patience et à une espérance
pius vive, il ἃ augmenté le mérite de leur foi,
2878 ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX.
consommateur de la foi, Jésus
qui, dans 18 vue de la joie qui lui
était proposée, a souffert la croix,
méprisant la honte, et qui est
maintenant assis à la droite du
tróne de Dieu.
3. Pensez donc à celui qui a
supporté une telle contradiction
de la part des pécheurs soulevés
contre lui, afin que vous ne vous
lassiez point, et que vous ne soyez
défaillants en vos àmes.
4. Car vous n'avez point encore
résisté jusqu'au sang en combat-
tant contre le péché ;
5. Et vous avez oublié la conso-
lation qui vous parle comme à
des fils, disant : Mon fils, ne mé-
prise point le chátiment du Sei-
gneur, et lorsqu'il te reprend, ne
te laisse pas abattre.
6. Car le Seigneur châtie celui
qu'il aime, et il frappe de verges
tout fils qu'il recoit.
7. Ne vous découragez pas dans
le chátiment. Dieu vous traite
comme ses fils; car quel est le
fils que ne corrige pas son pere?
8. Que si vous étes hors du
châtiment auquel tous ont élé
soumis, vous étes donc des en-
fants illégitimes, et non des fils.
9. De plus, nous avons recu la
correction des pères de notre
chair, et nous les révérions; ne
nous soumetlrons-nous pas beau-
5. Prov., nr, 11; Apoc., ur, 19. — 14
17. Genése, xxvir, 38.
[cu. xu.)
coup plus au Père des esprits,
afin que nous vivions?
10. Car quant à eux, c'était
dans l'espace de peu de jours, et
selon leur volonté qu'ils nous
corrigeaient; mais celui-ci, c'est
en vue de ce qui est utile pour
que nous recevions sa sanctifica-
tion.
11. Tout chátiment parait étre
dans le présent un sujet de tris
tesse et non de joie ; mais ensuite,
il produit pour ceux qu'il a exer-
cés un fruit de justice plein de
paix.
19. C'est pourquoi, relevez vos
mains languissantes et vos ge-
noux défaillants,
13. Et faites des voies droites
pour vos pieds, afin que le boi-
teux ne s'égare point, mais plu-
tót qu'il se redresse.
14. Recherchez la paix avec
tous, et la sainteté sans laquelle
nul ne verra Dieu;
15. Veillant à ce que personne
ne manque 8 la grâce de Dieu, à
ce qu'aucune racine amère, pous-
santen haut ses rejetons, n'em-
péche /a bonne semence, et ne
souille l'âme d'un grand nombre;
16. Et à ce qu'il n'y ait point de
fornicateur, ou de profane comme
Esaü, qui, pour un seul mets,
vendit son droit d'ainesse.
47. Car sachez que méme après
. Rom, xi, 18. — 10. Genèse, xxv, 35. —
—M— M M — M M € — --- -- “οὗ »Ό Ὰχ,α..:
5. La consolation qui vous parle; c'est-à-dire ces paroles consolantes, qui vous sont
adressées dans l'Ecriture.
6. Tout fils qu'il regoit au nombre de ses fils
9. Les péres de notre chair; de notre corps.
16. * Pour un seul mets, un plat de lentilles.
11. Il ne trouva pas lieu au repentir de son père; ou plus littér.: 11 ne trouva pas
lieu à pénitence auprés de Dieu; sa pénitence, quoique accompagnée de larmes, ne
fut pas reçue de Dieu, parce qu'elle manquait d'autres conditions nécessaires. C'est
fen. [.זווא
cela, désirant hériter de la béné-
diction, il futrejeté ;etil netrouva
pas lieu au repentir, quoiqu'il
l’eût sollicité avec larmes.
18. Vous ne vous étes pas ap-
prochés d'une montagne sensible,
d'un feu brélant, d'un tourbillon,
d'un nuage ténébreux, d'une
tempéte,
19. Du son d'une trompette,
d'une voix proférant des paroles,
ettelle que ceux quil'entendirent,
demandèrent qu'on ne leur parlât
plus;
20. Carils ne pouvaientsuppor-
ter ce qui leur était dit : Et si un
animal touche la montagne il sera
lapidé.
91. Et en effet, ce qu'on voyait
était si terrible, que Moïse s'écria :
Je suis effrayé et tremblant.
99. Mais vous vous êtes appro-
chés de la montagne de Sion, de
la cité du Dieu vivant, de la Jéru-
salem céleste, d'une troupe de
beaucoup de milliers d'anges;
93. De l'Eglise des premiers-
nés, qui sont inscrits dans le ciel,
de Dieu le juge de tous, des es-
prits des justes parfaits;
94. Du médiateur de la nouvelle
alliance, Jésus, et d'uneaspersion
de sang plus éloquente que celle
du sang d'Abel.
95. Gardez-vous de rejeter ce-
lui qui vous parle. Car s'ils n'ont
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX.
2879
pas échappé, ceux qui rejetèrent
celui qui leur parlait sur la terre,
nous échapperons bien moins,
nous qui écartons celui qui nous
parle du ciel;
26. Celui dont la voix alors
ébranlala terre, et qui maintenant
s'annonce, disant : Encore une
fois, et j'ébranlerai non-seule-
ment 18 terre, mais 16 ciel méme.
97. Or en disant : Encore une
fois, il indique le changement des
choses muables, comme étant
accomplies, afin que les immua-
bles subsistent.
98. C'est pourquoi, prenant
possession du royaume immua-
ble, nous avons la grâce par la-
quelle nous puissions, étant agré-
ables à Dieu, 10 serviravec crainte
et respect.
29. Car notre Dieu est un feu
consumant.
CHAPITRE XIII.
L'Apótre donne encore aux Hébreux
quelques avis particuliers. Il les con-
sole de la peine qu'ils avaient de se voir
chassés de la synagogue. Il se recom-
mande à leurs prières. Prière admirable
qu'il fait lui-même pour eux.
4. Que la charité fraternelle
demeure en vous :
2. Et ne négligez pas l'hospi-
talité, car c'est par elle que
quelques-uns ont donné, sans
18. Exode, xix, 12; xx, 21. — 20. Exode, xix, 19. — 20. Agg., 1 7, — 29. Deut.,
1v, 24. — Cap. XIII. 2. Rom., xii, 13; I Pierre, 1v, 9; Genèse, 3011 3; xix ,2.
le sens donné à ce passage par saint Chrysostome, par plusieurs auteurs anciens, et
par des interprétes modernes.
20. Ce verset et le suivant forment une parenthèse.
22. * La montagne de Sion, la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, l'Eglise.
23. Parfaits; à qui rien ne manque plus, puisqu'ils sont arrivés au ciel où est la
perfection de la sainteté et de la gloire.
24. D'une aspersion de sang, etc.; ou, selon d'autres, d’après la leçon du Grec, qui
parait la plus autorisée : D'uu sang d'aspersion, lequel parle mieux que celui d'Abel.
8880
le savoir,
anges.
3. Souvenez-vous de ceux qui
sont dans les liens, comme si
vous y étiez avec eux ; et des af-
fligés, comme demeurant vous-
mémes dans un corps.
4. Que le mariage soit honoré
en toutes choses, et le lit nuptial
sans souillure ; car les fornica-
teurs et les adulteres, Dieu les
jugera.
5. Que votre vie soit sans ava-
rice, vous contentant de ce que
vous avez; car lui-méme a dit :
Je ne t'abandonnerai ni ne te dé-
laisserai.
6. Ainsi, disons avec confiance :
Le Seigneur m'est aide; je ne
craindrai point ce qu'un homme
peut me faire.
1. Souvenez-vous de vos prépo-
sés qui vous ont préché la parole
de Dieu ; et considérant la fin de
leur vie, imitez leur foi.
8. Jésus- Christ était hier, il est
aujourd'hui, et il sera le méme
dans tous les siècles.
9. Ne vous laissez point empor-
ter à des doctrines diverses et
étrangeres. Caril est bon d'affer-
mir le cœur par la grâce, et non
ב
l'hospitalité à des
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX.
[cu. xur.]
par des distinctions de viandes,
lesquelles n'ont pointserviàceux
qui s'y conformaient.
10. Nous avons un autel dont
n'ont pasle droit de manger ceux
qui servent dans le tabernacle.
11. Carles corps des animaux
dontle sang est porté parle pon-
1116 dans le sanctuaire sont brülés
hors du camp.
19. C'est pourquoi Jésus lui-
méme, pour sanctifier le peuple
par son sang, a souffert hors de
la porte.
18. Allons donc à lui hors du
camp, portant son opprobre.
14. Car nous n'avons point ici
de cité permanente, mais nous
cherchons la cité future.
15. Par lui donc offrons à Dieu
une hostie de louange, c'est-à-dire
le fruit de lévres qui confessent
son nom.
16. N'oubliez point non plus la
charité et la communication de
vos biens ; car c'est par de telles
hosties qu'on se concilie Dieu.
17. Obéissez à vos préposés, et
soyez-leur soumis (car ce sont
eux qui veillent, comme devant
rendre compte de vos àmes), afin
qu'ils le fassent avec joie, et non
5. Jos., 1, 5. — 6. Ps. cxvir, 6. — 11. Lév., xvi, 21. — 14. Mich., ,זג 10.
4. En toutes choses; ou bien parmi vous tous, c'est-à-dire parmi tous les époux;
car le texte sacré est susceptible de ces deux sens.
7. Vos préposés; c'est-à-dire les évêques et les prêtres, comme l'indiquent assez
clairement les mots qui suivent. Le grec porte vos conducteurs; ce qui confirme cette
interprétation.
9. A ceux qui s'y conformaient; littér.: À ceux qui y marchaient. On ἃ pu remar-
quer plus d'une fois que les Hébreux employaient aller, marcher, dans le sens moral
de se conduire, vivre.
10. Saint Paul veut dire ici que les Juifs convertis au christianisme, qui rendent
encore un culte au tabernacle, c'est-à-dire qui continuent à observer les pratiques
du judaisme, perdent par là méme le droit de participer à la divine Eucharistie.
12. * Hors de la porte de Jérusalem. Du temps de Notre Seigneur, le Calvaire était
en dehors de la ville de Jérusalem.
A1. Vos préposés. Voy. au vers. 1.
[cg. xi.)
en gémissant ; cela ne vous serait
pas avantageux.
18. Priez pour nous ; car nous
croyons avoir une bonne cons-
cience, voulant en toutes choses
nous bien conduire.
19. Et je vous conjure, avec
une nouvelle instance, dele faire,
afin que je vous sois plus tót ren-
du.
20. Que le Dieu de paix, qui,
par le sang du testament éternel,
a retiré d'entre les mortsle grand
pasteur des brebis, Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ,
21. Vous rende propres à tout
bien, afin que vous fassiez sa vo-
ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX.
2881
lonté; lui-même faisant eu vous
ce qui lui est agréable, par Jésus-
Christ à qui est la gloire dans les
siècle 068 3180108. Amen.
22. Je vous prie, mes frères,
d'agréer cette parole de consola-
tion, car je ne vous ai écrit qu'en
peu de mots.
23. Sachez que notre frère Ti-
mothée est en liberté ; c'est avec
lui (s'il vient bientót) que je vous
verrai.
24. Saluez tous vos préposés
et tous les saints. Les freres d'Ita-
lie vous saluent.
25. Que la grâce soit avec vous
tous. Amen.
22. Cette parole de consolation; ce que je vous dis ici pour vous consoler dans vos
peines.
24. Tous vos préposés. Voy. au verset 1. — Les saints. Voy. Actes, 1x, 13.
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LES
EPITRES CATHOLIQUES
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On donne le nom d'Epitres catholiques à un groupe d'Epitres apos-
toliques, que l'Eglise a placées à la suite de celles de S. Paul dans le
Nouveau Testament. On en compte sept, une de S. Jacques, deux de
S. Pierre, trois de S. Jean et une de S. Jude. Pour le rang qu'on a
donné à chacune, on a eu moins égard à leur date qu'à leur étendue;
car la Lettre de S. Jude est bien antérieure aux Epitres de S. Jean. Il
est vrai que certains exemplaires du Nouveau Testament placent
celles-ci en dernier lieu, sans doute pour les joindre à l'Apocalypse,
comme venant du méme Apótre.
Le titre de catholiques, donné dès le second siècle à certaines
Epitres, parait signifier qu'elles sont adressées à l'Eglise entiere, ou
du moins qu'elles n'ont pas, comme celles de S. Paul, de destina-
taires bien déterminés. Du temps d'Euseébe (325) nos sept Epitres
avaient déjà cette qualification et formaient un recueil distinct; mais
il n'est pas aisé de dire à quelle époque s'était faite cette collection.
Une fois insérées au Canon, ces Epitres furent nommées Canoniques,
surtout par les Pères latins, qui les distinguent ainsi des Epitres apo-
cryphes attribuées aux Apótres.
Ces Epitres tendent au méme but; elles sont inspirées par un méme
état des esprits et des choses, et l'on peut dire qu'elles ont toutes un
objet semblable ou presque identique. L'avantage qu'elles procurent
à l'Eglise, ce n'est pas d'accroître les dogmes par de nouvelles révé-
lations ; c'est d'éclaircir, d'inculquer et de défendre les vérités préa-
lablement révélées, d'en faire voir le sens et la portée, d'en signaler
les conséquences pratiques.
L'hérésie commençait à lever la tête. Dans l'Orient surtout, où ces
Leitres ont été écrites, la docirine des Apótres était menacée par
une foule de prédicateurs qui l'altéraient, sous prétexte de la com-
pléter, et qui semaient partout la division et l'inquiétude. Simples
judaisants d'abord, c'est-à-dire Israélites mal convertis, qui voulaient
9884 LES ÉPITRES CATHOLIQUES.
être chrétiens sans cesser d’être juifs et asservir aux pratiques
légales les Gentils baptisés, bientôt dogmatiseurs, chefs de sectes,
révélateurs ou adeptes de toutes sortes de systèmes aussi disparates
que bizarres, sous les noms de Simonites, de Nicolaïtes, de Cérin-
thiens, d'Ebionites, etc., ils ne craignaient pas de nier ou de com-
battre les points les plus essentiels de la foi et de la morale chré-
tiennes. Plusieurs Epitres de 5. Paul nous ont déjà fait voir, en ces
hérétiques, la prétention orgueilleuse de substituer « la science » à
la foi pure et simple, avec une tendance plus ou moins manifeste à
rabaisser la dignité du Sauveur et l'importance de son œuvre. Les
Epitres catholiques nous prouvent, ce que confirme la tradition,
qu'ils en vinrent jusqu'à nier la divinité de Jésus-Christ, son Incar-
nation, la réalité de sa nature humaine, la rédemption; et qu'après
avoir substitué à sa doctrine les réveries les plus absurdes, ils osèrent
soutenir que la foi, une foi éclairée comme la leur, était la seule
condition du salut, les œuvres étant une chose absolument indiffé-
rente devant Dieu.
Ces sept Epitres s'accordent à flétrir ces docteurs, à défendre la
divinité du Sauveur et la réalité dela rédemption ; mais surtout elles
insistent sur la nécessité d'avoir une foi pratique et d'unir à des
convictions fermes et vraies la fuite du péché et la pratique des
vertus. Elles sont donc, à la différence de celles de S. Paul, moins
dogmatiques que morales. Aussi est-ce le ton de l'exhortation qui y
domine, plutót que celui de la démonstration.
Au point de vue de l'histoire, ces écrits fournissent des renseigne-
ments importants sur les temps apostoliques et sur le caractere des
premieres hérésies. 118 montrent en outre comment se sont éclaircis
et complétés les enseignements des Apótres; et l'on peut constater
des ce moment cette loi providentielle que les contradictions dont la
doctrine de l'Eglise a été l'objet onttoujours pour résultat de mettre
en relief les vérités contestées, et de leur faire acquérir toute la
netteté et la certitude désirables. (L. Bacuez.)
ÉPITRE DE SAINT JACQUES
— —À5Àoo092€00o«— —
INTRODUCTION
L'auteur de cette Epitre ne peut être S. Jacques, fils de Zébédée, mis à mort
une dizaine d'années aprés la Pentecóte. C'est donc S. Jacques, fils d'Alphée,
apótre comme le premier, et parent de Notre Seigneur, selon que l'affirme le
concile de Trente.
Quelques auteurs ont voulu distinguer du fils d'Alphée, Jacques, évéque de
Jérusalem, parent de Notre Seigneur et auteur de cette Lettre; mais ce senti-
ment, contraire à la persuasion commune, ne peut étre justifié par de bonnes
raisons. S. Luc et S. Paul parlent bien de Jacques, évéque de Jérusalem : or,
l'Epitre aux Galates dit nettement qu'il était parent de Notre Seigneur, qu'il
fut du nombre des Apôtres et qu'on le regardait comme l'une des colonnes de
l'Eglise. D'ailleurs, nous savons que l'Apótre Jacques était fils d'Alphée ou de
Cléophas, qu'Alphée ou Cléophas était marié à une parente de la sainte Vierge
et qu'il en avait eu un fils qu'on nommait Jacques le Mineur. Il n'y a donc pas
moyen de justifier cette distinction.
Etant fils de Cléophas et de Marie, l'auteur de cette Lettre était frére de Jude,
de Simon et de Joseph. Le Sauveur lui apparut en particulier, aprés sa résur-
rection ; et plusieurs ont cru, dit S. Jéróme, qu'il l'avait lui-méme établi évéque
de Jérusalem. L'importance de cette église, l'affluence des Juifs et des chrétiens
qui y venaient de toutes parts, l'opposition que la foi chrétienne ne pouvait
manquer d'y rencontrer demandaient bien les soins et la présence assidue d'un
apótre. Il est certain que S. Jacques exerca cette charge de bonne heure. La
premiére fois que S. Paul se rend à Jérusalem, aprés s'étre présenté à S. Pierre,
le chef du collège apostolique, il rend visite à Jacques, le frère du Seigneur.
Au Concile, il le retrouve, et dans son Epitre aux Galates, il le nomme comme
l'une des principales colonnes de l'Eglise. Il parait que S. Jacques occupa son
siége pendant plus de trente ans. Sa sagesse et sa vertu lui acquirent l'estime
des Juifs incrédules eux-mêmes ; ce qui n'empécha pas qu'il ne 101 victime de
sa foi et qu'il ne rendit au Sauveur, comme ses collègues, le témoignage du
sang. Il fut mis à mort en l'an 62 ou 63, sous le pontificat d'Ananie, dans un
soulèvement populaire dont les Scribes et les Pharisiens étaient les instigateurs.
Eusébe nous a transmis la tradition qu'Hégésippe avait recueillie sur ce sujet.
Il nous apprend de plus que les fidéles de Jérusalem avaient conservé par véné-
ration et qu'ils montraient encore, de son temps, la chaire de leur premier
évéque. C'est un des plus anciens monuments du culte des reliques dans l'Eglise.
DEA: ÉPITRE DE SAINT JACQUES.
Ce qui parait avoir donné lieu à l'Epitre de S. Jacques, ce sont les enseigne-
ments antichrétiens de certains docteurs simonites ou nicolaites. D'aprés ces
hérétiques, hommes présomptueux qui abondaient en paroles, pour avoir part
à l'héritage de Jésus-Christ, il n'était besoin pour personne, ni de changement
de vie, ni de bonnes œuvres; il suffisait d'adhérer aux oracles divins et d'en
avoir l'intelligence. En cela seul consistait le mérite aussi bien que la sagesse.
Ils citaient, à l'appui de leur système, quelques paroles de S. Paul qu'ils inter-
prétaient à leur maniére. Averti du scandale et peut-étre consulté sur ce sujet
par les chrétiens israélites ou gentils, dont un grand nombre venaient chaque
année à Jérusalem, S. Jacques se crut d'autant plus obligé de défendre la
vérité que le crédit particulier dont il jouissait parmi ses compatriotes le met-
tait à méme de s'en faire écouter et de leur donner d'utiles avis.
L'objet de la Lettre répond naturellement à la fin que l'auteur se propose.
Bien qu'il touche plusieurs points de morale, entre autre la vanité des richesses
et la nécessité de la patience, les vérités sur lesquelles il insiste le plus sont
celles-ci : qu'on ne doit pas se flatter de se sauver, si l'on néglige les ceuvres de
salut, qu'il faut veiller sur ses paroles, ne pas faire ostentation de science ni
s'arroger la charge de Docteur, mais observer avec soin les devoirs de la justice
et de la charité.
On peut distinguer trois parties dans cet écrit : — 1° S. Jacques exhorte les
fidèles à la constance, 1. — 2^ Il reprend les faux Docteurs, u-1v, 7, — 3? Il
indique les devoirs des divers états, 1v, 8-v, 20.
Cette Epitre a plutót la forme d'une instruction morale ou d'une exhortation
que celle d'une lettre. Elle commence par une salutation aux tribus d'Israël,
comme il convenait à une instruction de l'évéque de Jérusalem ; mais on n'y
voit rien qui ressemble à une conclusion épistolaire. Peut-être S. Jacques
voulait-il en faire son testament spirituel. Bien que Jésus-Christ n'y soit
nommé que deux fois, cet écrit respire toute la ferveur du christianisme. Il
porte cependant l'empreinte de la sagesse et de la modération de son auteur.
Nulle part la nécessité d'une vertu effective et le caractère obligatoire de la loi
de Dieu ne sont plus fortement inculqués. Pour la méthode, il rappelle moins
les Epitres de S. Paul que les discours du Sauveur et surtout le sermon sur la
montagne. S. Jacques ne procéde pas par raisonnements, mais par affirmations,
par sentences; il énonce simplement ses idées, sans chercher à les déduire d'un
principe ni à les lier ensemble, et pour l'ordinaire il en a un certain nombre
sur chaque sujet et il les donne d'un ton qui annonce l'autorité, Ses maximes
dénotent un esprit vif, cultivé, poétique méme, accoutumé à la lecture des
prophétes. Le style, quoique simple, est non seulement correct, mais noble,
élégant, énergique. Les fortes pensées, les images, les interrogations, les tours
vifs et frappants, les antithèses abondent et donnent à cet écrit une physio-
nomie à part. Quoique les pensées soient toutes bibliques, le grec est trés pur.
Cette Epitre doit avoir été composée vers 62, peu de temps avant la mort de
S. Jacques. Elle suppose non seulement que S. Pierre avait quitté la Judée et
peut-être écrit déjà aux fidèles de l'Asie-Mineure, mais que les Epitres même
de S. Paul aux Romains et aux Galates étaient connues et commentées. Du
moins les remarques de S. Jacques sur la nécessité des bonnes œuvres semblent
motivées par la fausse interprétation qu'on donnait à certains passages de ces
Lettres. 11 est également probable que S. Paul n'était plus dans l'Asie-Mineure
INTRODUCTION. 2881
et qu'il se trouvait éloigné des lieux oü l'on dénaturait ainsi le sens de ses
paroles. D'un autre côté, il n'est pas possible de renvoyer la composition de
cette lettre aprés la ruine de Jérusalem, ni méme à l'époque du siége, lorsque
les chrétiens étaient retirés à Pella ou surle point de quitter la ville. Rien n'y
ressent l'agitation de cette époque. On sait d'ailleurs que S. Jacques ne dépassa
pas l'an 62.
Quant au lieu où cette Epitre fut écrite, il n'y a aucune raison de douter que
ce ne soit Jérusalem, cette ville à laquelle l'auteur était attaché par tant de
liens, et d'oà il semble qu'il ne s'est jamais éloigné. On trouve dans son lan-
gage la maniere, les souvenirs et toutes les images d'un habitant de la Palestine,
versé dans la connaissance de la loi et des prophétes. (L. Bacuez.)
EPITRE
DE SAINT JACQUES
CHAPITRE PREMIER.
Joie dans les souffrances. Demander à
Dieu la sagesse. Prier avec foi. Pauvres
élevés, riches abaissés. Souffrances heu-
reuses. Dieu ne tente point. Il est l'au-
teur de tout bien. Ecouter volontiers :
parler peu. Pratiquer la vérité. Carac-
tère de la vraie piété.
4. Jacques, serviteur de Dieu et
de Notre Seigneur Jésus-Christ,
aux douze tribus qui sont dans
la dispersion, salut.
2. Considérez comme sujet
d’une joie complète, mes frères,
lorsque vous tombez en diverses
tentations,
3. Sachant que l'épreuve de
votre foi produit la patience;
4.Orla patiencerendles œuvres
parfaites, de maniere que vous
soyez parfaits, accomplis, et ne
manquant de rien.
9. Que celui à qui manque la
sagesse, la demande à Dieu qui
donne à tous en abondance, et ne
reproche rien, et elle lui sera
donnée.
6. Mais qu'il demande avec foi,
sans aucun doute; car celui qui
doute est semblable au flot de la
mer, qui est agité et poussé cà et
là par le vent.
7. Que cet homme donc ne s'i-
magine pas recevoir quelque
cnose de Dieu.
8. L'homme double d'esprit est
inconstant dans toutes ses voies.
9. Que celui de nos freres qui
est dansl'abaissementseréjouisse
de son élévation,
Cnar. I. 3. Rom., v, 3. — 6. Matt., vu, 7; xxi, 22; Marc, xi, 24; Luc, xr, 9; Jean,
XIV. 19: XVI, 29,024.
4. Qui sont dans la dispersion; c'est-à-dire qui sont dispersés. Le mot dispersion se
trouve quelquefois dans l'Ecriture pour désigner les Juifs dispersés par suite de la
captivité. — " Voir Jean, vu, 35.
3. L'épreuve produit la patience; saint Paul dit au contraire que c'est /a patience
qui produit l'épreuve (Rom., v, 3). Mais outre que deux choses peuvent être mutuel-
lement cause l'une de l'autre, le mot épreuve n'est pas pris dans le méme sens dans
les deux passages. La patience, c'est-à-dire la souffrance des afflictions, produit
lépreuve, et nous rend éprouvés et agréables à Dieu. Εἰ épreuve, c'est-à-dire les
maux et les tribulations par lesquels Dieu nous éprouve, produit la patience, et nous
rend plus humbles, plus soumis, plus patients. C'est par l'exercice des souffrances
que nous acquérons la patience.
8. L'homme double d'esprit; c'est-à-dire qui en a un pour la foi, et l'autre pour l'in-
crédulité; l'homme qui est partagé entre la foi et l'incrédulité, entre Dieu et le
monde.
[cn. 1.)
10. Et le riche de son abaisse-
ment, parce qu'il passera comme
la fleur de l'herbe,
11. Car le soleil s'est levé avec
ses ardeurs, et il a desséché
l'herbe, et sa fleur est tombée, et
le charme de sa beauté s'est éva-
noui : ainsi le riche, lui aussi, se
flétrira dans ses voies.
19. Bienheureux l'homme qui
souffre patiemment la tentation,
parce qu'après avoir été éprouvé,
il recevra la couronne de vie, que
Dieu a promise à ceux qui l'ai-
ment.
13. Que nul, lorsqu'il est tenté,
ne dise que c'est Dieu quiletente;
car Dieu ne tente point pour le
mal, et il ne tente lui-méme per-
sonne;
14. Mais chaeun est tenté par
sa concupiscence, qui l'entraine
et le séduit.
15. Puis la coneupiscence lors-
qu'elle ἃ concu, enfante le péché,
et le péché, quand il a été con-
sommé, engendre la mort.
16. Ne vous y trompez donc
point, mes frères bien-aimés.
17. Toute gráce excellente et
tout don parfait vient d'en haut
et descend du père des lumières,
ÉPITRE DE SAINT JACQUES.
Q889
en qui il n'y a ni changement, ni
ombre de vicissitudes.
18. Car c'est volontairement
qu'il nous a engendrés par la pa-
role de vérité, afin que nous fus-
sions comme les prémices de ses
créatures.
19. Vous le savez, mes frères
bien-aimés. Ainsi, que tout hom-
me soit prompt à écouter, lent à
parler, et lent à la colère;
20. Car la colère de l’homme
n'opere point la justice de Dieu.
21. C'est pourquoi, rejetant
toute impureté et tout exces de
malice, recevez avec docilité la
parole entée en vous, qui peut
sauver vos âmes.
22. Mais pratiquez cette parole,
et ne l'écoutez pas seulement,
vous trompant vous-mémes.
23. Car si quelqu'un écoute la
parole et ne la pratique pas, celui-
là sera comparé à un homme qui
regarde dans un miroir le visage
qu'il a recu en naissant.
24. Il s'est regardé, et s'en est
allé, et aussitót il a oublié quel il
était.
25. Mais celui qui examine à
fond 18 loi parfaite, la 101 de la li-
berté, et qui s'y attache, n'écou-
10. Eccli., xiv, 18; Isaïe, xr, 6; I Pierre, 1, 24. — 12. Job, v, 11. — 19. Prov., xvi, 27.
— 22. Matt., vu, 21, 24; Rom.,. 1, 13.
13. Quoique Dieu ait tenté autrefois Abraham, quoique Moise ait dit aux anciens
Hébreux : Le Seigneur votre Dieu vous lente (Deut., xin, 3), l'apótre saint Jacques a pu
dire avec vérité que Dieu ne tente personne, parce que le mot enter a deux sens bien
différents : dans l'un, il signifie séduire pour porter au mal; et dans l'autre, éprouver,
pour porter au bien, pour affermir dans la vertu, et pour procurer des occasions de
mériter. Or c’est dans le premier sens que Dieu ne tente personne, et c'est dans le
second quil a pu tenter Abraham et les anciens Hébreux, et qu'il peut tenter tous
les hommes.
23. * Dans un miroir. Les miroirs étaient communs chez les anciens. Ils éiuient en
métal poli.
25. C'est la 101 évangélique que l'apótre appelle /a loi de ἴα liberté, parce qu'elle
nous affranchit de la servitude des cérémonies, en opposition avec la loi de l'Ancien
Testament, dont saint Paul dit qu'elle n'était propre qu'à former des esclaves
(Galat., 1v, 24).
ÉPITRE DE SAINT JACQUES.
tant pas pour oublier, mais pour
agir, celui-là sera bienheureux
dans ce qu'il fera.
26. Si quelqu'un eroit étre reli-
gieux, et ne met pas un frein à sa
langue, mais séduit son propre
cœur, sa religion est vaine.
27. La religion pure et sans
tache devant Dieu le Père, la
voici : Visiter les orphelins et les
veuves dans leurs afflictions, et
se conserver sans étre souillé par
ce siecle.
CHAPITRE II.
L'acception des personnes condamnée.
Estime pour les pauvres. Ne violer la
loi en aucun point. La foi sans les
œuvres est inutile pour le salut. Abra-
ham justifié par ses œuvres jointes à
la foi.
4. Mes frères, ne joignez pas
l'acception des personnes à la foi
que vous avez en Notre Seigneur
Jésus-Christ, le Seigneur de la
gloire.
2. Car s’il entre dans votre as-
semblée un homme ayant un
anneau d'or et un vêtement splen-
dide, et qu'il y entre aussi un
pauvre mal vétu,
3. Et que vous 81261102 la vue
sur celui qui ale vétement splen-
dide, et lui disiez : Assieds-toi
[cm. 11.[
bien 101 ; tandis qu'au pauvre vous
disiez : Tiens-toi là debout, où
assieds-toi sur l'escabeau de mes
pieds;
4. Ne jugez-vous pas par vous-
mémes, et ne vous faites-vous
pas juges avec des pensées d'ini-
quité ?
5. Ecoutez, mes frères bien-ai-
més; Dieu n'a-t-il pas choisi: les
pauvres en ce monde pour étre
riches dans la foi, et héritiers du
royaume que Dieu a promis à
ceux qui l'aiment?
6. Mais vous avez, vous, dés-
honoré le pauvre. Ne sont-ce pas
les riches qui vous oppriment par
leur puissance, eteux-mémes qui
vous trainent devant les tribu-
naux?
7. Ne sont-ce pas eux qui blas-
phèment le saint nom qui a été
invoqué sur vous?
8. Si cependant vous accom-
plissez la 101 royale selon les Ecri-
tures : Tu aimeras ton prochain
comme toi-même, vous faites
bien.
9. Mais si vous faites acception
des personnes, vous commettez
un péché, et vous étes condamnés
par la loi comme transgresseurs.
10. Car quiconque a gardé toute
II. 1, Lévit., xix, 15; Deut., 1, 17; xvi, 19; Prov., xxiv, 28; Eccli., xum, 1. — .שה
Gal., v, 14. — 9. Lóv., ;9 מזוא Rom., ;31 זא Lévit., xix, 18; Matt., xxir, 39; Marc, .8
xix, 19; Supra, 1. — 10. Matt., v, 19.
2. * Un anneau d'or. Les bagues en or ou autres métaux précieux étaient com-
munes chez les anciens.
8. La loi royale; c'est-à-dire qui domine toutes les autres, la loi supréme.
10. Lorsque cette Epitre fut écrite, il y avait des Juifs qui croyaient que violer la
loi sur un point ou sur un petit nombre de points, et la pratiquer sur tous les autres,
n'était pas un péché grave qui püt attirer la colère de Dieu, qu y avait méme un
certain mérite en cela. Saint Augustin dit que c'était aussi l'erreur de quelques
chrétiens de son temps. C'est donc contre cete erreur que saint Jacques s'éléve; et
quand il dit toute, c'est qu'il considère la loi comme un tout pris dans son ensemble.
Ainsi, qu'on viole tel ou tel précepte en particulier, c'est toujours la loi elle-méme
qui est violée.
[cn. [.זו
la loi, et l'a violée en un seul
point, devient coupable de tous.
11. En effet, celui qui a dit : Tu
ne commettras point d'adultère,
a dit aussi : Tu ne tueras point.
Si donc tu ne commets pas d'a-
dultère, mais que tu tues, tu es
violateur de la loi.
12. Parlez et agissez comme de-
vant étre jugés par la loi de la li-
berté.
13. Car le jugement est sans
miséricorde pour celui qui n’a pas
fait miséricorde; mais la miséri-
corde s'éléve au-dessus du juge-
ment.
14. Que servira-t-il, mes freres,
que quelqu'un dise qu'il a la foi,
s’il n'a point les œuvres? Est-ce
que la foi pourra le sauver?
15. Si un de vos frères ou une
de vos sœurs sont nus, et s'ils
manquent de la nourriture de
chaque jour,
16. Et qu'un de vous leur dise:
Allez en paix, réchauffez-vous et
rassasiez-vous, sans leur donner
ce qui est nécessaire au corps, à
quoi cela leur servira-t-il?
47. Ainsi la foi, si elle n’a pas
les œuvres, est morte en elle-
même.
18. Mais, dira quelqu'un : Toi,
EPITRE DE SAINT JACQUES.
2891
tu as la foi, et moi j'ailes œuvres;
montre-moita foi sans les œuvres,
et moi je te montrerai ma foi par
mes œuvres.
19. Tu crois qu'il n'y a qu'un
Dieu, tu fais bien; mais les dé-
mons croient aussi, et ils trem-
blent.
20. Or veux-tu savoir, ὃ homme
vain, que la foi sans les œuvres
est morte?
21. Abraham, notre père, ne
fut-il pas justifié par les œuvres,
lorsqu'il offrit son fils Isaac sur
l'autel?
22. Tu vois que la foi coopé-
rait à ces œuvres, et que c'est
par ses œuvres que la loi fut
consommée.
23. Et ainsi fut accomplie l'Ecri-
ture, qui dit : Abraham crut, et
ce lui fut imputé à justice, et il
fut appelé ami de Dieu.
24. Vous voyez donc que c'est
par les œuvres que l'homme est
justifié, et non par la foi seule-
ment.
25. De même Rahab, cette
femme de mauvaise vie, n'est-ce
pas par les ceuvres qu'elle fut jus-
üifiée, recevant les espions et les
renvoyant par un autre chemin?
26. Car comme le corps sans
15. 1 Jean, ri, 17. — 21. Genèse, xxir, 9. — 23. Genèse, xv, 6; Rom., tv, 3; Gal., ,זוז 6
— 95. Jos., u, 4; Hóbr., ,זא
14 et suiv. L'apótre n'est nullement en contradiction ici avec ce que dit saint Paul
aux Romains (1, 17; rir, 20 et suiv.); car saint Paul s'attache à montrer que les œu-
vres prescrites par les lois cérémonielles de Moise ne servaient par elles-mémes de
rien pour le salut depuis la prédication de l'Evangile, à moins qu'elles ne fussent ani
mées de la foi et de la charité, tandis que la foi animée elle-même de la charité,
pouvait, sans les ceuvres cérémonielles de la loi, nous rendre justes et nous mériter
le salut. Saint Jacques, au contraire, parle de la pratique des œuvres morales, telles
que la justice, la miséricorde, et toutes les autres vertus. Or comment saint Paul
aurait-il voulu exclure ces sortes d'œuvres, lui qui remplit toutes ses lettres d'ex-
hortations à bien vivre et à mettre en action les vérités que Jésus-Christ nous a
enseignées ?
25. * Rahab... recevant à Jéricho 708 espions de Josué.
9892
l'esprit est mort, ainsi la foi elle-
méme sans les ceuvres est morte.
CHAPITRE III.
Craindre de devenir maitre. La langue
source de maux; difficulté de la con-
tenir. Sagesse terrestre amie des dis-
putes. Caractére de la sagesse qui vient
d'en haut.
4. Ne vous faites point maîtres
en grand nombre, mes freres,
sachant que vous vous chargez
d'un jugement plus sévere.
9. Car nous faisons tous beau-
coup de fautes. Si quelqu'un ne
peche point en paroles, c'est un
homme parfait, etilpeut conduire
méme tout son corps avec le frein.
3. Si nous mettons un mors
dans la bouche des chevaux pour
qu'ils nous obéissent, nous fai-
sons tourner tout leur corps de
cóté et d'autre.
4. Et comme les vaisseaux,
quoique grands, et quoique chas-
565 par des ventsimpétueux, sont
portés, au moyen d'un petit gou-
vernail, partout où le veut celui
qui les dirige;
5. Ainsilalangue est à la vérité
un petit membre, mais elle fait
de grandes choses. Voyez com-
bien peu de feu embrase une
grande forêt!
6. La langue aussi est un feu,
un monde d'iniquité. La langue
est placée parmi nos membres, et
souille tout le corps, et enflamme
tout le cours de notre vie, enflani-
Cuae. III. 4. Matt., xxii, 8.
ÉPITRE DE SAINT JACQUES.
[cg. ni.]
mée elle-méme par la géhenne.
7. Car toute nature de bétes
sauvages, d'oiseaux, de reptiles,
et d'autres animaux, se dompte
et elle a été domptée par la na-
ture de l'homme.
8. Mais la langue, nul homme
ne peut la dompter : c'est un mal
inquiet ; elle est pleine d'un venin
mortel.
9. Par elle nous bénissons Dieu
le Père ; et par elle nous maudis-
sons les hommes qui ont été faits
à l'image de Dieu.
10. Dela méme bouche sortent
la bénédiction et la malédiction.
I] ne faut pas, mes frères, qu'il
en soit ainsi.
11. Une fontaine fait-elle jaillir
par la méme ouverture l'eau
douce et l'eau amère ?
19. Un figuier peut-il, mes frè-
res, produire des raisins, ou une
vigne, des figues? Ainsi une
source salée ne peut donner de
l'eau douce.
13. Qui parmi vous est sage et
instruit? Que par une bonne con-
duite il montre ses œuvres dans
une sagesse pleine de douceur.
14. Que si vous avez un zele
amer, et si des différends existent
dans vos cœurs, ne vous glorifiez
point, et ne soyez pas menteurs
contre la vérité.
15. Ce n'est point là la sagesse
qui vient d'en haut, mais wne sa-
gesse terrestre, animale, diaboli-
que.
6. Par la géhenne. Voy. Matt., v, 22.
1. Et d'autres animaux. Le grec porte: Et d'animaux marins. Beaucoup d'inter-
prètes pensent qu'on lisait autrefois dans la Vulgate cetorum au lieu de ceterorum.
13. Dans une sagesse pleine de douceur; littér. et par hébraisme: Dans une douceur
de sagesse.
——
[cu. 1v.]
16. Car oü est l'envie et l'esprit
de contention, là est l'inconstance
de toute œuvre perverse.
11. Mais la sagesse d'en haut
est premierement chaste, ensuite
pacifique, modeste, facile à per-
suader, cédant au bien, pleine de
miséricorde et de bons fruits, ne
jugeant point, et n'étant pas dis-
simulée.
18. Or le fruit de 18 justice se
seme dans la paix par ceux qui
cultivent la paix.
CHAPITRE IV.
Divisions produites par les passions. On
n'obtient point, parce qu'on demande
mal. Amitié du monde ennemie de
Dieu. Se soumettre à Dieu; résister au
démon. S'affliger par la pénitence. Ne
point médire, ne point juger. Ne point
s'appuyer sur la vie, parce qu'elle est
incertaine.
1. D'où viennent les guerres et
les proces entre vous? N'est-ce
pas de là? de vos convoilises qui
combattent dans vos membres?
9. Vous convoitez et vous n'a-
vez point; vous tuez, vous étes
envieux, et ne pouvez obtenir;
ÉPITRE DE SAINT JACQUES.
2893
vous plaidez et faites la guerre,
et vous n'avez point, parce que
vous ne demandez point.
3. Vous demandez et ne recevez
point, parce que vous demandez
mal, pour satisfaire vos convoi-
tises.
4. Adultères, ne savez-vous
point que l'amitié de ce monde
est ennemie de Dieu ? Quiconque
donc veut être ami de ce monde
se fait ennemi de Dieu.
ὃ. Pensez-vous que ce soit en
vain que l'Ecriture dise : C'est
apres l'envie que soupire ardem-
ment l'esprit qui habite en vous?
6. Mais il donne une grâce plus
grande. C'est pourquoi elle dit :
Dieu résiste aux superbes, mais
aux humbles il donne la grâce.
1. Soyez donc soumis à Dieu et
résistez au diable, et 11 s'enfuira
de vous.
8. Approchez-vous de Dieu, et
il s'approchera de vous. Purifiez
vos mains, pécheurs, et purifiez
vos cœurs, vous doubles d'es-
prit;
9. Sentez votre misere, et gé-
Cab. IV. 6. Prov., ii, 34; 1 Pierre, v, 5.
&. Adultères. L'Ecriture appelle souvent ainsi non seulement les idolâtres et les
impies déclarés, mais encore tous les hommes qui sont attachés aux biens terrestres
et aux plaisirs illicites, parce qu'ils brisent ainsi l'union qui doit toujours exister
entre eux et Dieu leur créateur et bienfaiteur.
9 L’Ecrilure, etc. Ce passage ne se trouve pas en termes exprès dans la Bible;
mais l'Apótre fait allusion aux divers endroits où elle parle du péché originel, ou de
la concupiscence et du penchant qui nous porte constamment au mal. — C’est après
l'envie, etc.; 16 chagrin qu'on ressent du bonheur, des succès d'autrui; c'est en effet
le sens du texte grec. — L'esprit qui habite en vous; c'est-à-dire l'esprit malin, le
, démon. Compar. le vers. 1, où il est dit: Résistez au diable, et il s'enfuira de vous; et
cet autre passage de l'Ecriture: C’est par l’envie du diable que la mort est entrée
dans le monde (Sugesse, x, 24). D'autres traduisent : L'esprit (de Dieu) qui habite en
vous, vous aime d'un amour de jalousie. Mais, outre que cette traduction est peu con-
forme à la vraie signification des mots employés par l'Apótre, elle ne s'accorde pas
avec le verset suivant.
6. Mais il donne ; c'est-à-dire Dieu, ou comme porte la version syriaque, Notre Sei-
gneur.
8. Double d'esprit. Compar. 1, 8.
2894
missez et pleurez ; que votre rire
se change en deuil, et votre joie
en tristesse.
10. Humiliez-vous devant le
Seigneur, et il vous exaltera.
11. Mes frères, ne parlez point
mal les uns des autres. Celui qui
parle mal de son frère, ou qui
juge son frère, parle mal de la loi
et juge la loi. Or si tu juges la
loi, tu n'en es pas l'observateur,
mais le juge.
19. Il n'y a qu'un législateur et
qu'un juge qui peut perdre et
sauver.
13. Mais qui es-tu, toi qui juges
le prochain? Voyez maintenant,
vous qui dites : Aujourd'hui ou
demain nous irons dans cette
ville; nous y demeurerons un an;
nous trafiquerons et nous gagne-
rons beaucoup ;
14. Vousquine savez pas même
ce qui sera demain.
18. Car qu'est-ce que votre vie?
C'est une vapeur qui parait pour
un peu de temps, et qui ensuite
sera dissipée. Au lieu de dire :
Si le Seigneur le veut; et : Si
nous vivons, nous ferons ceci ou
cela.
16. Mais maintenant vous vous
complaisez dans vos vaines pré-
somptions. Toute complaisance
semblable est mauvaise.
47. Celui donc qui sait le bien
àfaire et qui ne le fait pas, est
coupable de péché.
10. I Pierre, v, 6. — 13. Rom., xiv, 4.
ÉPITRE DE SAINT JACQUES.
[ca. v.)
CHAPITRE V.
Riches injustes sévèrement punis. Pa-
tience dans les afflictions. Souffrances
des prophètes et de Job. Eviter le jure-
ment. Extrème-Onction. Confession des
péchés. Prière du juste. Conversion du
pécheur.
1. Et maintenant, riches, pleu-
rez, poussant des hurlements à
cause des misères qui vous sur-
viendront.
2. Vos richesses sont tombées
en pourriture, et vos vêtements
ont été mangés par les vers.
3. Votre or et votre argent se
sont rouillés, et leur rouille ren-
dra témoignage contre vous, et
dévorera vos chairs comme un
feu. Vous vous étes amassé des
trésors de colère pour les derniers
jours.
4. Voilà que le salaire des ou-
vriers qui ont moissonné vos
champs, et dont vous les avez
frustrés, élève la voix, et leur
clameur a pénétré jusqu'au Sei-
gneur Sabaoth.
5. Vous avez vécu sur la terre
dans les délices et les voluptés,
et vous avez nourri vos cours
comme en un jour de sacrifice.
6. Vous avez condamné et tué le
Juste, etil ne vous a point résisté.
7. Soyez donc patients, mes
frères, jusqu'à l'avénement du
Seigneur. Voyez, le laboureur es-
père recueillir le fruit précieux
4. Sabaoth. Voy., sur la vertu de ce mot, Rom., 1x, 29.
5. Comme. Ce mot est évidemment sous-entendu; il se trouve d'ailleurs dans le
Grec.
1. Celui (le fruit) de la premiere, etc. C'est le seul sens dont soit susceptible la
Vulgate, et c'est aussi le plus favorable au contexte. D'autres, conformément aux
exemplaires grecs qui portent, comme 1a version syriaque, le mot pluie, traduisent :
Jusqu'à ce qu'il regoive lu pluie de la premiére. etc.
[ca. v.]
de la terre, attendant patiem-
ment jusqu'à ce qu'il recoive ce-
lui de la première et de l'arriere-
saison.
8. Soyez done patients, vous
aussi, et affermissez vos cœurs;
car l'avènement du Seigneur est
proche.
9. Ne vous plaignez point les
uns des autres, mes frères, afin
que vous ne soyez pas condam-
nés. Voilà que le juge est à la
porte.
10. Prenez, mes frères, pour
exemple de mort cruelle, de souf-
frances et de patience, les pro-
phètes qui ont parlé au nom du
Seigneur.
11. Voyez, nous appelons heu-
reux ceux qui ont souffert. Vous
avez appris la patience de Job, et
vu la fin du Seigneur; combien
le Seigneur est miséricordieux et
clément.
12. Mais avant tout, mes frères,
ne jurez ni par le ciel, ni par la
terre, et ne faites aucun autre
serment que ce soit. Que tout dis-
cours soit : Oui, oui; non, non;
afin que vous ne tombiez pas sous
le jugement.
43. Quelqu'un de vous est-il
ÉPITRE DE SAINT JACQUES.
2895
triste? qu'il prie. Est-il content?
qu'il chante des cantiques.
14. Quelqu'un parmi vous est-
il malade? qu'il appelle les prétres
de l'Eglise, et qu'ils prient sur
lui, l'oignant d'huile au nom du
Seigneur;
15. Et la prière de la foi sauvera
le malade, et le Seigneur le sou-
lagera, et s'ila des péchés, ils lui
seront remis.
16. Confessez donc vos péchés
l'un à l'autre, et priezles uns pour
les autres, afin que vous soyez
sauvés; carla prière assidue du
juste peut beaucoup.
17. Elie était un homme sem-
blable à nous, passible ;cependant
il pria avec instance qu'il ne plût
point sur la terre, et il ne plut
pas pendant trois ans et six mois.
18. Et il pria de nouveau, et le
ciel donna de la pluie, et la terre
donna son fruit.
19. Mes frères, si quelqu'un de
vous s'égare de la vérité, et que
quelqu'un l'y ramene,
20. Il doit savoir que celui qui
ramènera un pécheur de l'égare-
ment de sa voie, sauvera son âme
de la mort, et couvrira une mul-
titude de péchés.
Cuar. V. 12. Matt., v, 34. — 17. III Rois, נטא 1; Luc, 1v, 25.
11. La fin du Seigneur; c'est-à-dire, selon saint Augustin et beaucoup d'interprètes
aprés lui, la passion et la mort du Sauveur sur la croix. D'autres l'entendent de 18
fin heureuse que le Seigneur accorda à Job.
14. Sur lui. L'Apótre emploie cette expression, parce que pendant la prière, le prêtre
tenait 18 main étendue sur le malade. (Compar. Matt., xix, 13; Act., v1, 6); ou bien,
parce qu'en priant, 1] faisait les onctions sur lui. Ce passage exprime une promul-
gation claire du sacrement de l'Extréme-Onction institué par Jésus-Christ.
16. L'un à l'autre; c'est-à-dire le malade au prétre de l'Eglise, qu'il doit appeler
auprès de lui, d’après le vers. 14, et qui a le pouvoir d'absoudre.
11. Pria avec instance; littér., pria par la prière; sorte d'hébraisme, dont le but
est, comme on l'a remarqué plusieurs fois, de donner de la force au discours.
20. Son âme; celle du pécheur. — Couvrira, etc. Il effacera les péchés de celui
qu'il convertit en l'amenant à faire pónitence et à se confesser; et les siens propres,
parce qu'en exercant ainsi la charité, il se rend digne de recevoir la gráce de la ré-
mission de ses fautes.
PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PIERRE
—90-0073€O 0-0-2—
INTRODUCTION
On n'a jamais contesté l'authenticité de cette Epitre. Eusèbe Ja met immé-
diatement après les Epitres de S. Paul, dans la liste des homologoumènes avec
la premiére de S. Jean. Elle a été citée dés le premier siécle par S. Clément.
S. Pierre lui-même en fait mention dans sa seconde Lettre; et tous les carac-
tères de cet écrit, sa forme, sa destination, son objet, confirment le témoignage
de la tradition. S'il convenait à l'Apótre des nations d'instruire et de diriger par
ses Epitres les Eglises qu'il avait fondées parmi les Gentils, n'appartenait-il
pas à S. Pierre, l'Apótre des circoncis, de veiller sur ses compatriotes, de pour-
voir à leurs besoins spirituels, et d'envoyer à ceux qu'il avait évangélisés les
instructions et les avis que rendaient nécessaires leurs dispositions, leurs ha-
bitudes et les épreuves par lesquelles ils devaient bientót passer? C'est ce qu'il
fait dans cette Lettre, avec une dignité, une élévation de sentiments, une éten-
due de vue, une solidité et une plénitude de doctrine qui répondent à la hauteur
de sa position, et qui font de son écrit un monument de sagesse et une source
d'édification pour les fidéles de tous les temps et de tous les lieux.
Elle est datée de Rome; car le nom de Babylone désigne Rome, ici comme
dans l'Apocalypse. |
Plusieurs croient qu'elle fut écrite peu d'années après l'arrivée de S. Pierre
dans cette ville, vers 45, parce qu'il y parle de S. Marc comme étant encore
auprés de lui. Mais cette raison n'est pas décisive; car si ce disciple quitta
Rome de bonne heure pour aller fonder l'Eglise d'Alexandrie, nous voyons par
l'Epitre aux Colossiens qu'il y est revenu au temps de la captivité de S. Paul ;
et c’est à ce moment que le plus grand nombre des commentateurs renvoient
la composition de cette premiére Epitre.
S. Pierre, aussi bien que S. Jacques, écrit aux tribus dispersées; mais i!
adresse son Epitre aux Israélites converlis du Pont, de la Galatie, de la Cappa-
doce, de l'Asie, et de la Bythinie, en leur associant dans sa pensée ceux des
Gentils qui professent la méme foi dans les mémes contrées. Les uns et les
autres se mélaient, dit Origéne, dans ces pays, oü S. Paul avait préché auss:
bien que S. Pierre. Cette Lettre fut confiée aux mains de Sylvanus.
Le but de cette Epitre est d'affermir les chrétiens dans la foi et dans la vertu,
de les soutenir contre les épreuves, de les préparer à la persécution et de les
animer à se rendre dignes du ciel par une vie parfaite. Le Sauveur avait recom-
mandé particuliérement ce soin à son Vicaire.
INTRODUCTION. 2897
Dans ce dessein, S. Pierre leur atteste la vérité de la doctrine qui leur a été
préchée. Il exalte la grandeur du chrétien et la sublimité de sa vocation en ce
monde et en l'autre; puis il anime à la perfection les fidéles et les pasteurs.
En méme temps qu'il signale les obligations des divers états, il exhorte au
courage et à la constance; il rappelle la passion du Sauveur, et il assure que
s'assocler généreusement à ses souffrances, c'est mériter d'avoir part à sa
gloire.
La doctrine de cette Epitre est simple et pratique, mais non moins énergique
et surnaturelle. Comme S. Paul, S. Pierre fait reposer toute sa morale sur la
dignité du chrétien, sur l'union que cette qualité lui donne avec Jésus-Christ,
sur les souffrances que le Sauveur a endurées pour le racheter. C'est pour nous
tirer de l'esclavage et de la mort qu'il a répandu son sang. Ceux dont il a brisé
les fers doivent étre, au milieu du monde, comme un peuple à part, commo une
nation sainte, comme la famille des enfants de Dieu.
Quant à la forme, on peut remarquer dans cette Epitre, comme dans tous les
discours de S. Pierre, un style ferme et digne, de la concision, de l'élévation,
un ton d'autorité doux et paternel qui répond à la position de l'auteur, une
humilité profonde, un zéle sincére et une émotion qui se font sentir chaque
fois que sa pensée se reporte vers son Maitre, qu'il rappelle sa passion ou ia
gloire du ciel, prix de ses souffrances. Cet écrit se distingue encore par un
grand nombre d'allusions à l'Ancien Testament, et par de fréquents hébraismes.
(L. Bacuez.)
PREMIERE ÉPITRE
DE SAINT PIERRE
CHAPITRE PREMIER.
Saint Pierre rend gráces à Dieu de la vo-
cation des fidèles. Afflictions, épreuves
de la foi. Salut annoncé par les pro-
phétes. Sainteté de conduite. Estime
du prix de nos ámes. Charité pure et
sincére. Régénération par la parole de
l'Evangile.
4. Pierre, apôtre de Jésus-
Christ, aux étrangers de la dis-
persion dans le Pont, la Galatie,
la Cappadoce,l'Asie etlaBithynie,
élus,
2. Selon la prescience de Dieu
le Père, pour être sanctifiés par
l'Esprit, pour obéir et être arrosés
du sang de Jésus-Christ : qu'en
vous la grâce et la paix s'accrois-
sent.
3. Béni soit Dieu, le Père de
Notre Seigneur Jésus-Christ, qui,
selon sa grande miséricorde,
nous ἃ régénérés pour une vive
espérance, par la résurrection de
Jésus-Christ d’entre les morts,
4. Pour un héritage incorrup-
tible, qui n'est pas souillé, qui ne
(ΠΑΡ. I. 3. II Cor., 1, 3; Ephés., r, 3.
peut se flétrir, réservé dans les
cieux pour vous,
ὃ. Qui parla vertu de Dieu étes
gardés au moyen de la foi pour
le salut qui doit étre révélé à la
fin des temps,
6. Où vous serez transportés
de joie, bien qu'il faille mainte-
nant que pour peu de jours vous
soyez contristés par diverses ten-
tations,
7. Afin que l'épreuve de votre
foi, beaucoup plus précieuse que
l'or (qu'on éprouve par le feu),
soit trouvée digne de louange, de
gloire etd'honneur àla révélation
de Jésus-Christ,
δ. Que vous aimez, quoique
vous ne l'ayez point vu; en qui
vous croyez sans le voir encore
maintenant; or, croyant ainsi,
vous tressaillirez d'une joie inef-
fable et glorifiée;
9. Obtenant comme fin de votre
foi le salut de vos âmes;
10. Salut qu'ont recherché et
scruté les prophètes qui ont pré-
1. De la dispersion. Voy. dans Jacq., 1, 1, la note relative à ce mot. — * Le Pont. Voir
Act., 11, 9. — La Galalie, province de l'Asie Mineure bornée au nord par la Paphla-
gonie et la Bythinie, à l'ouest par la Phrygie, au sud par la Lycaonie et la Cappadoce,
à l'est par le Pont. — La Cappadoce. Voir Actes, 11, 9. — L'Asie, la province pro-
consulaire de ce nom. Voir Actes, 11, 9. — La Bythinie. Voir Actes, xvi, 7.
1. À la révélation; c'est-à-dire à l’avènement. »u jour du jugement.
[cn. 1.)
dit la gráce que vous deviez rece-
voir.
11. Et, comme ils cherchaient
quel temps et quelles circonstan-
ces l'Esprit du Christ qui était en
eux indiquait, en prédisant, les
souffrances du Christ et les gloi-
res qui devaient les suivre,
19. Il leur fut révélé que ce
n'était pas pour eux-mêmes,
mais pour vous, qu'ils étaient
dispensateurs des choses qui
vous sont annoncées maintenant
parceux qui vous ont évangélisés
par l'Esprit-Saint envoyé du ciel,
et que les anges désirent contem-
pler.
18. C'est pourquoi, ayant ceint
les reins de votre àme, et étant
sobres, espérez entierement en
cette grâce qui vous est offerte
pour la révélation de Jésus-
Christ ;
14. Comme des enfants d'obéis-
sance, ne vous conformant pas
aux anciens désirs de votre igno-
rance ;
15. Mais, comme celui qui vous
a appelés est saint, vous aussi
soyez saints dans toute votre
conduite ;
16. Car il est écrit : Soyez
saints, parce que moi je suis
saint.
11. Et, puisque vous invoquez
comme Père celui qui, sans ac-
ception des personnes, juge selon
les ceuvres de chacun, vivez dans
PREMIERE ÉPITRE DE SAINT PIERRE. 9899
la crainte durant le temps de vo-
ire pelerinage ;
18. Sachant que ce n'est point
avec des choses corruptibles, de
l'or ou de l'argent, que vous avez
été rachetés des vaines pratiques
que vous teniez de vos peres;
19. Mais parle sang précieux
du Christ, comme d'un agneau
sans tache et sans souillure,
20. Déjà connu avant la fonda-
tion du monde, mais manifesté
dans les derniers temps à cause
de vous;
21. Qui par lui croyez en Dieu,
qui la ressuscité d'entre les
morts, et lui a donné la gloire,
afin que votre foi et votre espé-
rance fussent en Dieu.
22. Rendez vos àmes chastes
par l'obéissance de la charité,
par une dilection fraternelle;
portez la plus grande attention à
vous aimer les uns les autres
d'un cœur simple ;
93. Etant nés de nouveau, non
d'une semence corruptible, mais
incorruptible, par la parole du
Dieu vivant et qui demeure éter-
nellement.
24. Car toute chair est comme
l'herbe, et toute sa gloire comme
la fleur de l'herbe ; l'herbe a sé-
ché, et sa fleur est tombée.
25. Mais la parole du Seigneur
demeure éternellement; or c'est
cette parole qui a été annoncée
parmi vous.
16. Lévit., xi, 44; xix, 2; xx, 7T. — 17. Deut., x, 11; Rom., 11, 11; Galat., 11, 6. —
19. I Cor., vi, 20; vir, 23; Hébr., 1x, 14; I Jean, 1, 7; Apoc., 1, 5. — 24. Eccli., xiv, 18;
Isaie, xb, 0
13. Qui vous est offerte, etc. ; qui vous sera donnée à l'avénement de Jésus-Christ.
14. Auz anciens désirs de votre ignorance; aux passions auxquelles vous vous aban-
donniez autrefois, quand vous viviez dans l'ignorance.
2900
CHAPITRE II.
Croitre en Jésus-Christ; s'approcher de
lui comme de la pierre angulaire. Il est
une source d'honneur pour ceux qui
croient, et une pierre d'achoppement
pour les incrédules. Caractères du chré-
tien. S'abstenir des passions charnelles.
Etre soumis aux puissances. Gloire du
chrétien, souffrir comme Jésus-Christ.
1. Ainsi, vous dépouillant de
toute malice et de toute fraude,
des dissimulations, des envies et
des médisances,
9. Comme des enfants qui
viennent de naitre, désirez ar-
demment un lait spirituel et pur,
afin que par lui vous croissiez
pour le salut ;
3. Si toutefois vous avez goûté
comme le Seigneur est doux.
4. Et vous approchant de lui,
pierre vivante, rejetée des hom-
mes, mais choisie et honorée de
Dieu,
5. Soyez vous-mémes posés sur
lui, comme pierres vivantes, mai-
son spirituelle, sacerdoce saint,
pour offrir deshosties spirituelles,
agréables à Dieu par Jésus-Christ.
6. C'estpourquoi ontrouve dans
l'Ecriture : Voici que je pose en
Sion la pierre du sommet d'un
angle, choisie, précieuse; et qui-
conque aura foi en elle ne sera
point confondu.
7. Ainsi, c’est un honneur pour
vous qui croyez; mais pour les
incrédules, elle est la pierre
PREMIERE ÉPITRE DE SAINT PIERRE.
(cu. [.זז
qu'ont rejetée ceux qui bâtis-
saient, et qui est devenue un
sommet d'angle,
8. Une pierre d'achoppement et
de scandale pour ceux qui se
heurtent contre la parole, et qui
ne croient pas méme ce à quoi
ils ont été destinés.
9. Mais vous êtes, vous, une
race choisie, un sacerdoce royal,
une nation sainte, un peuple con-
quis; afin que vous annonciez les
grandeurs de celui qui des té-
nèbres vous a appelés à son ad-
mirable lumiere :
10. Vous, qui autrefois n'étiez
point son peuple, mais qui étes
maintenant le peuple de Dieu;
vous qui n'aviez point obtenu mi-
séricorde, mais qui maintenant
avez obtenu miséricorde.
11. Mes bien-aimés, je vous
conjure de vous abstenir, comme
étrangers et voyageurs, des dé-
sirs charnels qui combattent con-
tre l'àme;
12. Ayez une bonne conduite
parmi les gentils, afin qu'au lieu
de vous calomnier comme des
malfaiteurs, vous considérant par
vos bonnes œuvres, ils glorifient
Dieu au jour de sa visite.
13. Soyez donc soumis à toute
créature humaine à cause de
Dieu; soit au roi, comme étant
au-dessus des autres,
14. Soit aux gouverneurs,
comme envoyés par lui pour la
Cuar. Il. 1. Rom., vr, 4; Ephés., rv, 22; Coloss., mr, 8; Hébr., xu, 1. — 6. Isaie,
xxvi, 16; Rom., 1x, 33. — 7. Ps. נטאס 22; Isaie, virt, 14; Matt., xxt, 42; Actes, tv, 11.
— 10. Osée, 1 24; Rom., 1x, 25. — 11. Rom., xui, 14; Gal., v, 16. — 18. Rom., xri, 1.
8. Et qui ne croient pas, etc. Il y a quelques divergences dans la manière d'expli-
quer cette fin de verset; mais la pensée dominante de l'Apótre se retrouve dans
chaque interprétation.
12. Au jour de sa visite: lorsque Dieu, dans sa miséricorde, leur ouvrira les yeux
et leur donnera une grâce lumineuse qni les attirera à la foi.
[cu. π|.}
punition de ceux qui font mal, et
18 louange des bons;
45. Parce que telle est la vo-
lonté de Dieu, que pratiquant le
bien, vousfassieztairelignorance
des hommes insensés;
16. Etant libres, non pour faire
de votre liberté un voile à votre
malice; mais comme des servi-
teurs de Dieu.
11. Rendez honneur à tous; ai-
mez la fraternité; craignez Dieu;
honorez le roi.
18. Serviteurs, soyez soumis
en toute crainte à vos maitres,
non-seulement bons et modérés,
mais méme fâcheux.
19. Carc'est un mérite, sien vue
de Dieu, quelqu'un supporte des
peines, souffrant injustement.
20. En effet, quelle gloire y a-
t-il, si c’est pour vos fautes que
vous supportez les soufflets? Mais
si, faisant le bien, vous souffrez
patiemment, c’est un mérite de-
vant Dieu.
91. Car c'est à quoi vous avez
été appelés, parce que le Christ
méme a souffert pour nous, vous
laissant un exemple, afin que
vous suiviez ses traces;
22. Lui qui n'a pas commis de
péché, et en la bouche de qui n'a
pas été trouvée la tromperie;
23. Lui qui, étant maudit, ne
maudissait point; qui, maltraité,
ne menacait point, mais se livrait
PREMIERE ÉPITRE DE SAINT PIERRE.
2901
à celui qui le jugeaitinjustement;
24. Lui qui a porté nos péchés
dans son propre corps sur le bois,
afin que, morts aux péchés, nous
vivions à la justice; qui, par ses
plaies, vous a guéris.
25. Car vous étiez comme des
brebis égarées; mais vous étes
retournés maintenant au pasteur
et à l'évéque de vos àmes
CHAPITRE III.
Devoirs des femmes envers leurs maris,
et réciproquement. Charité mutuelle.
Bénir ceux qui maudissent. S'estimer
heureux de souffrir pour la justice.
Souffrance de Jésus-Christ. Eaux du
déluge, figure des eaux du baptéme.
1. Pareillement, que lesfemmes
aussi soient soumises à leurs ma-
ris; afin que si quelques-uns ne
croient pas à la parole, ils soient
gagnés sans la parole, par la con-
duite de leurs femmes,
2. En considérant votre con-
duite chaste, jointe à une crainte
respectueuse.
3. Qu'elles n'aient pasau dehors
une chevelure habilement arran-
gée, ou des ornements d'or, ou
de riches vétements pour pa-
rure,
4. Mais au dedans, l'homme ca-
ché dans l'incorruptibilité de l'es-
prit calme et modeste, qui est d'un
grand prix aux yeux de Dieu.
5. Car c'est ainsi qu'autrefois
17. Rom., xri, 10. — 18. Ephés., vi, 5; Coloss., ur, 22; Tit., 11, 9. — 22. Isaie, rrr, 9.
— 24, Isaic, Lri, 5; I Jean, ΠΙ, 5. — (ΒΑΡ. III. 1. Ephés,, v, 22; Col., ur, 18. — 3. I Tim.,
10:
1. Ne croient pas à la parole; c'est-à-dire ne se rendent pas à la prédication de
l'Evangile.
4. Dans l'impossibilité οὐ nous nous trouvions de rendre en notre langue la lettre
du texte sacré, nous avons dû chercher à reproduire fidèlement la pensée de l'apótre.
Ainsi l'expression au dedans répond au mot cœur du Grec et dela Vulgate. —
L'hommé caché; c'est-à-dire l'homme intérieur. Voy. Rom., vir, 22
2902
les saintes femmes, espérant en
Dieu, se paraient, étant soumises
àleurs maris.
6. Telle était Sara, qui obéissait
à Abraham, lappelant son sei-
gneur, et dont vous étes les filles,
en faisant le bien, et ne craignant
aucun trouble.
7. Vous aussi, maris, vivez sa-
gement avec vos femmes, les ho-
norantcomme un vase plus faible,
et comme cohéritières de la grâce
de vie; afin que vos prieresn'aient
point d'empéchement.
8. Enfin soyez tous unis d'un
méme cœur, compatissants, vous
aimant en freres, miséricordieux,
modestes, hnmbles,
9. Ne rendant point mal pour
mal, ni malédiction pour malé-
diction; mais, au contraire, bé-
nissant parce que c'est à cela que
vous avez été appelés, afin de
posséder la bénédiction en héri-
tage.
10. Que celui done qui veut ai-
mer la vie, et voir des jours bons,
défende sa langue du mal, et que
ses levres ne proferent point les
paroles de tromperie;
11. Qu'il se détourne du mal et
fasse le bien; qu'il cherche la
paix et la poursuive;
19. Parce que les yeux du Sei-
PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PIERRE.
[cu ui]
gneur sont sur les justes, et ses
oreilles à leurs prières; mais la
face du Seigneur est sur ceux qui
font le mal.
13. Et qui est-ce qui vous nuira,
si vous avez le zèle du bien?
14. Et si méme vous souffrez
pour la justice, vous serez bien
heureux. N'ayez donc aucune
crainte d'eux, et ne vous en trou-
blez point.
15. Mais glorifiez dans vos
cœurs la sainteté du Seigneur
Jésus-Christ, toujours préts à sa-
tisfaire quiconque vous deman-
dera la raison de l'espérance qui
est en vous;
16. Toutefois, avec modestie et
respect, conservant une bonne
conscience, afin qu'ils soient con-
fondus pour le mal qu'ils disent
de vous, ceux qui calomnient
votre bonne conduite dans le
Christ.
17. Car il vaut mieux souffrir
(si Dieu le veut ainsi) en faisant
le bien qu'en faisant le mal;
18. Puisque le Christ lui-méme
est mort unefois pour nos péchés,
le juste pour les injustes, afin de
nous offrir à Dieu, ayant été mis
à mort selon la chair, mais étant
ressuscité selon l'esprit,
19. En lequel il vint aussi pré-
6. Genèse, xvii, 19. — 7. I Cor., vir, 3. — 9. Prov., ,טא 13; Rom., xir, 17; I Thess.,
v, 15. — 10. Ps. xxxii, 18, — 11. Isaie, 1, 16. — 14. Matt., v, 10. — 10. Supra, n, 12.
— 18. Rom., v, 6; Hébr., 1x, 28.
1. Sagement; littér., selon la science. Les écrivains sacrés emploient souvent le mot
science pour sagesse, prudence.
12. La face du Seigneur veut dire ici, comme en plusieurs autres endroits, sa colère,
son courrouzc.
14. N'ayez aucune crainte d'eux; littér.; Ne craignez pas leur crainte; hébraisme
d'une grande énergie. Le mot eux se rapporte aux méchants mentionnés au vers. 12.
15. Mais glorifiez dans vos cœurs, etc. Cette traduction de Bossuet rend parfaite-
ment l'expression qui, dans la Vulgate comme dans le grec, répond à l'hébreu dé-
clarer, proclamer saint.
19. En prison; c'est-à-dire dansles limbes.
[cH. 1v.]
cher les esprits retenus en prison,
90. Qui avaient été incrédules
autrefois, lorsqu'aux jours de Noé
ils se reposaient sur la patience
de Dieu, pendant qu'on bátissait
l'arche dans laquelle peu de per-
sonnes, c'est-à-dire huit seule-
ment, furent sauvées par l'eau.
91. Ce qui vous sauve mainte-
nant vous-mémes, c'est un bap-
téme semblable : non pas une
purification des souillures de la
chair, mais l'engagement d'une
bonne conscience envers Dieu
par la résurrection de Jésus-
Christ,
99, Qui est à la droite de Dieu,
apres avoir absorbé la mort, pour
que nous devinssions héritiers de
la vie éternelle; et qui est monté
au ciel, les anges, les puissances
et les vertus lui étant assujettis.
CHAPITRE IV.
Vivre non selon les passions des hommes,
mais selon la volonté de Dieu. Veiller
et prier. Pratiquer la charité. Parler et
agir par l'esprit de Dieu. Se réjouir
dans les souffrances, Dieu juge ici les
siens et leur est fidèle.
1. Le Christ donc ayant souffert
pour nous en sa chair, armez-
PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PIERRE,
2903
vous aussi de la méme pensée,
car celui qui a souffert en sa chair
cesse de pécher;
2. En sorte que ce n'est plus
selon 165 convoitises des hommes,
mais selon la volonté de Dieu
qu'il vit, durant ce qui lui reste
de temps dans la chair.
3. Car c'est assez de temps con-
sacré à satisfaire la volonté des
gentils, pour ceux qui ont vécu
dans les impudicités, les convoi-
tises, la crapule, les excès du
manger et du boire, et le culte
sacrilege des idoles.
4. Sur quoi ils s'étonnent que
vous ne couriez plus avec eux à
cette méme confusion de dé-
sordres, et ils blasphèment.
5. Mais ils rendront compte à
celui qui est prét à juger les vi-
vants etles morts.
6. Car c'est pour cela que l'E-
vangile a été préché aux morts
eux-mémes, afin que jugés de-
vant les hommes selon la chair,
ils vivent devant Dieu selon l'es-
prit.
7. Or la fin de toutes choses est
proche. Soyez done prudents et
veillez dans la priere.
8. Mais avant tout, ayez les uns
20. Genèse, vir, 7; Matt., xxiv, 87; Luc, xvii, 26. — (ΠΑΡ. IV, 2, Ephés., 1v, 23. —
8. Prov., x, 12.
20. Par l'eau. Les eaux du déluge sauvèrent en effet la famille de Noé en soulevant
l'arche, et en l'empéchant ainsi d'étre submergée.
21. Le baptéme est semblable au déluge sous le rapport de l'eau employée pour
figurer la gráce qui purifie l'àme, et qui, en la purifiant, lui procure le salut. —
L'engagement; littér., linterrogation, mot qui se prend aussi quelquefois pour la
promesse que l'on fait, l'engagement que l'on prend à la suite d'une question. Ainsi
saint Pierre fait allusion, soit aux questions que l'on adresse à ceux qui se présentent
pour recevoir le baptéme, s'ils sont bien résolus à renoncer au démon et à embrasser
la foi chrétienne, soit aux promesses solennelles que ceux-ci font en réponse à ces
questions.
6. Aux morts; c'est-à-dire à ceux qui étaient retenus dans les limbes, et qui avaient
été incrédules au temps de Noé (Supra ni, 19, 20); ou bien aux gentils, qui étaient re-
gardés comme des morts ensevelis dans les ténèbres de l'erreur et de l'ignorance.
2004
pour les autres une charité cons-
tante; car la charité couvre la
multitude des péchés.
9. Exercez l'hospitalité entre
vous sans murmure ;
10. Chacun de vous mettant au
service des autres la grâce qu'il
a reçue, comme de bons dispen-
sateurs de la grâce multiforme de
Dieu.
41. Si quelqu'un parle, que ce
soit comme des paroles de Dieu;
si quelqu'un exerce un ministere,
qu'il le fasse comme par la vertu
que Dieu donne; afin qu'en toutes
choses Dieu soit glorifié par Jé-
sus-Christ, à qui est la gloire et
l'empire dans les siècles des siè-
cles. Amen.
19. Mes bien-aimés, ne soyez
pas surpris du feu ardent qui sert
à vous éprouver, comme si quel-
que chose d'extraordinaire vous
arrivait;
43. Mais participant ainsi aux
souffrances du Christ, réjouissez-
vous, afin qu'à la révélation de
sa gloire vous vous réjouissiez
aussi, transportés d'allégresse.
14. Si on vous outrage pour le
nom du Christ, vous serez bien
heureux, parce que l’honneur, la
gloire, la vertu de Dieu et son
Esprit reposent sur vous.
15. Mais qu'aucun de vous ne
souffre comme homicide, ou vo-
leur, ou médisant, ou avide du
bien d'autrui.
16. Et si c'est comme chrétien,
qu'il ne rougisse point, mais qu'il
glorifie Dieu en ce monde.
47. Car voici le temps où doit
PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PIERRE.
[cu. v.)
commencer le jugement par la
maison de Dieu. Or s'il commence
par nous, quelle sera la fin de
ceux qui ne croient pas à l'Evan
gile de Dieu?
18. Et si le juste est à peine
sauvé, l'impie et le pécheur, où
se présenteront-ils?
19. Ainsi, que ceux-là mémes
qui souffrent selon la volonté de
Dieu, remettentau Créateur fidele
leurs âmes avec leurs bonnes
œuvres.
CHAPITRE V.
Avis aux ministres de l'Evangile. Avis à
tous les fidèles. S'humilier devant Dieu;
se reposer en lui. Veiller sur soi; résis-
ter au démon. Salutations.
1. Je conjure donc 168 8
qui sont parmi vous, prêtre
comme eux et iémoin des souf-
frances du Christ; moi qui suis
participant à la gloire qui doit
être révélée un jour;
2. Paissez le troupeau de Dieu
qui vous est confié, veillant sur
lui, non par nécessité, mais spon-
tanément selon Dieu; non point
en vue d'un gain honteux, mais
de plein gré,
3. Et non comme dominant sur
l'héritage du Seigneur, mais vous
faisant de cœur le modèle du
troupeau.
4. Et lorsque paraitra le prince
des pasteurs, vous obtiendrez la
couronne de gloire qui ne se flé-
irit jamais.
8. Vous aussi, jeunes gens,
soyez soumis aux prétres. Inspi-
rez-vous tous l'humilité les uns
9, Rom., xir, 18; Hébr., נא 2; Phil., ri, 14. — 10. Rom., xir, 6; I Cor., 1v, 2. —
18. Prov., x1, 81. — .גנ V. 5. Col., 111, 12; Jac., 1v, 6.
19. Avec leurs bonnes œuvres; c'est-à-dire en lui montrant leurs bonnes œuvres,
[cu. v.]
aux autres, parce que Dieu résiste
aux superbes, et que c'est aux
humbles qu'il donne la gráce.
6. Humiliez-vous donc sous la
puissante main de Dieu, pour qu'il
vous exalte au temps de sa visite,
7. Rejetant en lui toute votre
sollicitude, parce qu'il alui-méme
soin de vous.
8. Soyez sobres et veillez, car
votre adversaire, le diable,
comme un lion rugissant, róde
autour de vous, cherchant qui il
pourra dévorer.
9. Résistez-lui, forts dans la foi,
sachant que la méme affliction
est commune à vos frères qui
sont dans le monde.
10. Maisle Dieu de toute gráce,
qui nous a appelés par le Christ
PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PIERRE.
2905
Jésus à son éternelle gloire, apres
que vous aurez souffert un peu
detemps,vous perfectionnera lui-
méme, vous fortifiera et vous
affermira.
11. A lui la gloire et l'empire
dans les siècles des siècles. Amen.
19. Je vous ai écrit brievement,
ce me semble, par Silvain, notre
frère fidèle, vous suppliant et
vous protestant que la vraie
gràce de Dieu est celle dans la-
quelle vous demeurez fermes.
13. L'Eglise qui est dans Baby-
lone, élue comme vous, et Marc,
mon fils, vous saluent.
14. Saluez-vous les uns les au-
tres par un saint baiser. Gráce à
vous tous qui étes dans le Christ
Jésus. Amen.
6. Jac., 1v, 10. —- 7. Ps. Liv, 23; Matt., vi, 25; Luc, xit, 22.
19. La vraie gráce de Dieu, etc. La vraie religion, la vraie voie du salut, celle que
nous vous avons annoncée, et dans laquelle vous persévérez, malgré les persécutions
qui vous ont été suscitées. — * Par Silvain. C'est probablement le Silvain ou Silas,
compagnon de saint Paul. Voir Actes, xv, 22.
13. Par Babylone, tous les anciens, suivis de la plupart des interprétes catholiques,
et méme de quelques protestants trés célébres, tels que Grotius, Cave, Lardner, etc.,
ont entendu la viilede Rome, d’où l'Apótre a écrit cette lettre. Voy. notre Abrégé d'in-
troduction, etc., p. 480. — Marc est saint Marc, l'Evangéliste, que saint Pierre appelle
son fils, parce qu'il l'avait engendré à Jésus-Christ, en le convertissant, qu'il l'avait
instruit et qu'il le regardait comme un de ses principaux disciples.
— 2-0 0 04€ 0 0o o-9———
DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PIERRE
A OO NOU d US
INTRODUCTION
ΤΙ n'est pas permis de mettre en doute l'authenticité de cette Epitre, ni d'en
placer la date aprés la mort de S. Pierre, puisqu'elle-méme désigne cet Apótre
comme son auteur, et qu'elle est reconnue par toute l'Eglise comme inspirée.
Cependant elle ne s'est pas propagée aussi vite que la première; et l'on voit
qu'au deuxième et au troisième siècle, elle était l'objet de certaines hésitations.
Dans plusieurs églises, on doutait qu'elle füt du Prince des Apótres, non qu'on
nele jugeát pas digne de lui, mais parce qu'elle semblait avoir un style différent
de celui de la précédente et qu'on y trouvait renfermée une partie de celle de
S. Jude. Aussi est-elle du nombre des livres deutérocanoniques, comme l'Epitre
de S. Jacques. Ces doutes n'ont pourtant pas empéché qu'elle n'ait été recue
généralement en Occident comme en Orient, dés le milieu du quatrième siècle.
Si elle diffère de la précédente à quelques points de vue, si elle a un style plus
énergique et plus vif, elle s’en rapproche aussi sous certains rapporls, par ses
citations de l'Ancien Testament, par ses allusions fréquentes aux mystères de
Notre Seigneur, par des expressions singulières et pittoresques, par plusieurs
de ses pensées, par la construction de ses périodes et par la manière dont sont
énoncées ses maximes. D'ailleurs, quelque différence qu'il y ait sous ce rapport
entre l'une et l'autre, on s'en étonnera peu, si l'on tient compte de ce que
rapporte la tradition, que S. Pierre s'est servi de divers secrétaires pour rendre
ses pensées. Des auteurs du second siècle ont nommé 5. Marc et Glaucias
comme lui ayant servi d'interprétes. Peut-étre Sylvanus a-t-il été son secrétaire
comme son messager pour sa première Epitre.
Comme les hérétiques qu'il combattait dans sa première Epitre continuaient
à nier la nécessité des bonnes œuvres, S. Pierre, averti par Notre Seigneur de
la proximité de sa mort, crut qu'une seconde Lettre, laissée comme son testa-
ment aux fidéles dont il avait la contiance, serait le moyen le plus efficace
pour les détourner de l'erreur et les maintenir dans la bonne voie. Telle est
l'idée qui a inspiré ce dernier écrit. Le prince des Apótres ne se contente pas
de condamner l'erreur et de la flétrir : il démasque les séducteurs; il dénonce
à l'avance ceux qui se préparent à désoler l'Eglise ; il réfute leurs erreurs et en
signale les funestes effets.
On remarque une certaine gradation dans l'exposé de ses idées. — Au pre-
mier chapitre, il inculque les grands principes qui obligent les chrétiens à la
pratique des vertus, et il fait sentir la certitude de la doctrine des Apótres. Elle
INTRODUCTION. 2907
ne repose pas sur des imaginations ou des théories savantes, comme celles des
gnostiques, mais sur des faits, c’est-à-dire, sur des miracles dont ils ont été
témoins et sur des prophéties dont l'accomplissement est manifeste. — Dans le
second, il dévoile et flétrit les maximes et les mœurs des hérétiques et surtout
des hérésiarques. — Dans le troisiéme, il réfute les raisons par lesquelles ils
cherchaient à ébranler la foi des chrétiens; et parce qu'ils abusaient de certains
passages de S. Paul pour autoriser leurs erreurs, il invoque lui-méme le témoi-
gnage de l'Apótre, caractérise ses Epitres et en fait sentir la divine autorité.
(L. Bacuez.)
DEUXIÈME EPITRE
DE SAINT PIERRE
9. Apportez aussi tous vos soins
pour joindre à votre foi la vertu;
à la vertu, la science.
6. A la science, la tempérance;
à la tempérance, la patience ; à
la patience, la piété ;
7. À la piété, l'amour de vos
freres; à l'amour de vos frères, la
charité.
8. Car si ces choses sont en
CHAPITRE PREMIER.
Dons de Dieu accordés aux fidéles. En-
chainement des vertus qui commencent
par la foi et qui se terminent par la
charité. Affermir son élection par les
bonnes œuvres. Transfiguration de Jé-
sus-Christ. Usage des prophéties.
1. Simon Pierre, serviteur et
apótre de Jésus-Christ, à ceux qui
ont reçu en partage la méme foi | vous et y dominent, elles feront
que nous, par la justice de notre | que vous ne serez pas dépourvus
Dieu et Sauveur Jésus-Christ. ei sans fruit dans la connaissance
2. Que la gráce etla paix abon- | de Notre Seigneur Jésus-Christ.
dent en vous par la connaissance 9. Mais celui en qui elles ne se
de Dieu et du Christ Jésus Notre | trouvent pas, est aveugle et mar-
Seigneur. che à tàtons, oubliant qu'il a été
3. Comme tout ce qui est de sa | purifié de ses anciens péchés.
divine puissance par rapport à la 10. C'est pourquoi, mes freres,
vie et à la piété, nous a été donné | appliquez-vous davantage à ren-
par la connaissance de celui qui | dre certaines par vos bonnes œu-
nousaappelésparsapropregloire | vres votre vocation et votre élec-
et sa propre vertu, lion; car agissant ainsi, vous ne
4. Et par qui il a accompli les | pécherez jamais.
grandes et précieuses promesses, 11. Et par ce moyen, vous sera
afin que par elles nous devins- | largement donnée l'entrée au
sions participants de la nature | royaume éternel de Notre Sei-
divine, en fuyant la corruption | gneur Jésus-Christ.
de la concupiscence qui est dans 12. C'est pourquoi j'aurai soin
le monde ; de vous avertir toujours de ces
5. Apportez aussi, etc., est l'apodose de Comme tout ce qu est, etc., du vers. 3.
10. Ainsi notre vocation et notre élection sont liées l'une à l'autre et dépendent
de nos bonnes œuvres. Dieu, en nous prédestinant à la béatitude éternelle, ne nous
y à prédestinés qu'autant qu'il a prévu que nous coopérerions à sa grâce par nos
bonnes œuvres.
]68. [.זז
choses, bien que vous les sachiez,
et soyez confirmés dans la vérité
dont je vous parle présentement;
13. Car je crois qu'il est juste
que pendant que je suis dans cette
tente, je vous ranime par cet
avertissement;
14. Gertain que bientôt se fera
l'enlèvement de ma tente, comme
Notre Seigneur Jésus-Christ me
l'a signifié.
15. Mais j'aurai soin que vous
puissiez souvent, méme aprés ma
mort, vous rappeler le souvenir
de ces choses.
16. En effet, ce n'est point en
vous attachant à d'ingénieuses
ficlions, que nous vous avons fait
connaitre la puissance et l'avene-
ment de Notre Seigneur Jésus-
Christ; mais c'est apres avoir été
les spectateurs de sa majesté.
47. Car il reçut de Dieu le Père,
honneur et gloire, lorsque des-
cendant de la gloire magnifique,
vint à lui cette voix : Celui-ci est
mon Fils bien-aimé en qui j'ai
mis mes complaisances : écou-
iez-le.
18. Et cette voix apportée du
ciel, nous l'avons entendue nous-
mémes, lorsque nous étions avec
lui sur la montagne sainte.
DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PIERRE.
2909
19. Et nous avons la parole
plus ferme des prophètes, à la-
quelle vous faites bien d'étre at-
tentifs, comme à une lampe qui
luit dans un lieu obscur, jusqu'à
ce que le jour brille, et que l'étoile
du matin se lève dans vos cœurs;
20. Sachantavant tout que nulle
prophétie de l'Ecriture ne s'ex-
plique par une interprétation par-
ticulière.
21. Car ce n’est pas par la vo-
lonté des hommes que la prophé-
tie ἃ jamais été apportée; mais
c'est inspirés par l'Esprit-Saint,
qu'ont parlé les saints hommes
de Dieu.
CHAPITRE II.
Faux docteurs, châtiment qui leur est ré-
servé. Exemples de la justice de Dieu
sur les démons, sur le monde par le
déluge, sur Sodome et Gomorrhe. Faux
docteurs caractérisés, Rechute pire que
le premier état.
1. Mais il y a eu aussi de faux
prophètes dans 16 peuple, comme
il y aura également parmi vous
des maîtres menteurs, qui intro-
duiront des sectes de perdition,
et renieront le Seigneur qui nous
a rachetés, attirant sur eux une
prompte perdition.
2. Et beaucoup verront leurs
Cab. I. 14. Jean, xxr, 19. — 16. I Cor., 1, 17. — 17. Matt., xvur, 5. — 20. 11 Tim., in, 16.
14. Jésus-Christ avait prédit à saint Pierre qu'il mourrait d'une mort violente;
mais outre cette révélation générale, saint Pierre en eut d'autres particuliéres, selon
plusieurs Pères.
17. De la gloire magnifique; c’est-à-dire de la nuée où la gloire de Dieu parut avec
un grand éclat.
19. La certitude des anciennes prophéties était plus affermie dans l'esprit des Juifs,
qui avaient toujours cru au témoignage des prophètes, mais qui avaient peine à
croire au témoignage des apótres, et à qui les apótres étaient obligés de dire pour
les convaincre : Ce ne sont pas des fables que nous vous préchons, mais ce que nous
vous disons, nous l'avons vu de nos yeux, et c'est ce que les prophétes mémes vous
ont annoncé.
20. Nulle prophétie. On a pu déjà remarquer que, dans le langage des Hébreux, le
mot fout, suivi d'une négalion, signifiait pas un seul, nul, aucun.
9910
déréglements, et par eux la voie
de la vérité sera blasphémée.
9. Et, dans leur avarice, ils tra-
fiqueront de vous au moyen de
paroles artificieuses : leur juge-
ment déjà ancien n'est pas inter-
rompu, ni leur perte endormie.
4. Car si Dieu n'a pas épargné
les anges qui ont péché ; mais si,
chargés des chaines de l'enfer et
précipités dans l'abime, illes a
livrés afin d'étre tourmentés et
réservés pour le jugement ;
ὃ. S'il n'a pas épargné l'ancien
monde, mais n'a sauvé que sept
personnes avec Noé, prédicateur
de la justice, amenant le déluge
sur le monde des impies;
6. Si, réduisant en cendres les
villes de Sodome et de Gomorrhe,
il les a condamnées à la ruine :
exemple pour ceux qui vivraient
dans l'iniquité ;
1. Si enfin il a délivré le juste
Lot opprimé de l'outrage des in-
fâmes et de leur vie dissolue.
8. (Car il était pur de ses yeux
et de ses oreilles, habitant cepen-
dant au milieu de ceux qui tour-
mentaient chaque jour son âme
juste par leurs œuvres détes-
tables),
9. C'est que le Seigneur sait dé-
livrer les justes de la tentation, et
réserver les méchants au jour du
DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PIERRE.
[cu. m.]
jugement pour étre tourmentés;
10. Et surtout ceux qui suivent
la chair dans sa convoitise d'im-
pureté, qui méprisent les puis-
sances, sont audacieux, épris
d'eux-mémes, et ne craignent
point d'introduire des sectes, en
blasphémant;
11. Tandis que les anges, quoi-
qu'ils soient supérieurs en force
et en puissance, ne portent point
les uns contre les autres des juge-
ments de malédiction.
19. Mais ceux-ci, comme des
animaux sans raison, destinés
naturellement à devenir une proie
et à périr, blasphémant ce qu'ils
ne connaissent pas, périront dans
leur corruption,
18. Recevant ainsi le salaire de
l'iniquité, regardantcomme jouis-
sance les plaisirs d'un jour : souil-
lures et saletés, regorgeant de
délices, dissolus dans leurs festins
avec vous;
14. Ayant les yeux pleins d'a-
dultère et d'un péché qui ne cesse
jamais; attirant les âmes incons-
tantes; ayant le cœur exercé à
l'avarice; fils de malédiction;
15. Laissant la voie droite, ils
se sont égarés en suivant la voie
de Dalaam de Bosor, qui aima le
prix de l'iniquité,
16. Mais qui reçut le châtiment
CuaP. II. 4. Job, 1v, 18; Jud., 6. — 5. Genèse, vri, 1. — 6. Genèse, xix, 25. — 15. Jude, 11.
-- 16. Num., xxi, 28.
4. Dans l’abime; littér., dans le tartare, mot que saint Pierre a pu employer pour
exprimer l'enfer, puisqu'il rend parfaitement l'idée que la religion nous donne de
l'enfer. 11 l'a pris sans doute des Juifs hellénistes devenus chrétiens.
8. Ce verset forme évidemment une parenthése; c'est pour cela que nous l'avons
enfermé entre des crochets.
13. Souillures et saletés, pour pleins de souillures et de salelés; ce qui est bien
moins énergique.
14. Fils de malédiclion; hébraisme, pour: Voués à la malédiction.
15. * Balaam, fils de Bosor ou Beor.
16. * Une béte de somme muetle, l'ànesse de Balaam.
[cg. [.זזז
de sa folie : une béte de somme
muette, parlant d'une voix hu-
maine, réprima la démence du
prophèle.
11. Ceux-là sont des fontaines
sans eau, des nuées agitées par
des tourbillons; l'obscurité pro-
fonde des ténèbres leur est réser-
vée.
18. Car parlant le langage or-
gueilleux de la vanité, ils attirent
par les désirs de la chair de luxure
ceux qui peu de temps aupara-
vant se sont retirés des hommes
vivant dans l'erreur.
19. 115 leurs promettent la liber-
té, quoiqu'ils soient eux-mêmes
esclaves de la corruption; car on
est esclave de celui par quion a
616 vaincu.
20. Si donc après avoir cherché
un refuge contre les souillures
du monde, dans la connaissance
de Notre Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ, et s'y être engagés
de nouveau, ils sont vaincus,
leur dernier état devient pire que
le premier.
91. Il eüt mieux valu pour
eux de ne pas connaitre la voie
de la justice, que de l'avoir con-
nue et de revenir ensuite en
arriere, s'éloignant du saint com-
mandement qui leur avait été
donné.
22. Car il leur est arrivé ce que
dit un proverbe vrai : Le chien
DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PIERRE.
2911
est retourné à son vomissement:
et : Le pourceau lavé s'est vautré
de nouveau dans la boue.
CHAPITRE TII.
Imposteurs qui mépriseront la promesse
du second avénement de Jésus-Christ.
Embrasement du monde. Patience de
Dieu. Avènement de Jésus-Christ.
Monde renouvelé. Saint Paul loué; dif-
ficulté de ses Epitres. Croitre en gráce
et en science.
1. Voici, mes bien-aimés, la se-
conde lettre que je vous écris;
dans l'une et l'autre je réveille
vos âmes sincères par mes aver-
tissements ;
2. Afin que vous vous souveniez
des paroles des saints prophètes,
que je vous ai rappelées, et des
commandements que vos apótres
vous ont faits au nom du Seigneur
et Sauveur.
3. Sachant avant tout qu'il vien-
dra à la fin des jours des impos-
teurs artificieux, marchant selon
leurs propres convoitises,
4. Disant : Où est la promesse
ou son avènement? Car depuis
que nos pères se sont endormis,
tout demeure comme au com-
mencement de la création.
ὃ. Mais ils ignorent, le voulant
bien, que par la parole de Dieu,
existerent d'abord les cieux et la
terre qui sortit de l'eau, et qui
subsiste par l’eau;
17. Jude, 12. — 19. Jean, virr, 34; Rom., vi, 16, 20. — 20. Hébr., vi, 4; Matt., xir, 45.
— 22. Prov., xxvi, 11. — Cab. HII. 3. I Tim., 1v, 1; II Tim., 111, 1; Jude, 18. — 4. Ezéch.,
KIT Te
21. Le saint commandement; c'est-à-dire la loi évangélique. Le sens du verset est:
Ils auraient été moins criminels s'ils n'avaient jamais connu la vérité; car ils n'au-
raient pas eu au moins à se reprocher l'infidélité, l'ingratitude et l'apostasie.
4. La plupart des hérétiques qui parurent du temps de saint Pierre et aprés sa
mort, niaient l'avénement futur du Sauveur, Voy. notre Abrégé d'introduction, etc.,
Ρ. 484.
2912
6. Par oüle monde d'alors périt
inondé par l'eau.
7. Quant aux cieux qui exis-
tent maintenent, et à la terre,
c'est par la méme parole qu'ils
sont conservés, étant réservés au
feu pour le jour du jugement et
de la ruine des hommes impies.
8. Mais il est une chose que
vous ne devez pas ignorer, mes
bien-aimés, c'est qu'un seul jour
devant le Seigneur est comme
mille ans, et mille ans comme un
seul jour.
9. Ainsi le Seigneur ne retarde
pas sa promesse, comme quel-
ques-uns se limaginent; mais il
agit patiemment à cause de vous,
ne voulant pas méme que quel-
ques-uns périssent, mais que tous
recourent à la pénitence.
10. Car le jour du Seigneur
viendra comme un voleur; et
alors, avec un grand fracas, les
cieux passeront, les éléments
embrasés seront dissous, et la
terre, et tout ce qui est en elle
sera consumé par le feu.
11. Puis donc que toutes ces
choses doivent être détruites,
quels ne devez-vous pas être en
sainteté de conduite et en piété,
19. Attendant et hâtant le jour
du Seigneur; jour où les cieux
embrasés seront dissous, et les
éléments fondus par l'ardeur du
feu?
DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PIERRE.
[cu. 1u.]
13. Car nous attendons, selon
sa promesse, de nouveaux cieux
et une nouvelle terre, dans les-
quels la justice habite.
14. C'est pourquoi, mes bien-
aimés, attendant ces choses, met-
lez tous vos soins à ce qu'il vous
trouve en paix, purs et sans au
cune tache.
15. Et croyez quelalonganimité
de Notre Seigneur est un moyen
de salut, comme notre très cher
frère Paullui-méme vous l'a écrit
selon la sagesse qui lui a été
donnée,
16. Comme il le fait aussi en
toutes ses lettres, où il parle du
méme sujet, et dans lesquelles il
a quelques endroits difficiles à
entendre, que des hommes igno-
rants et légers détournent à de
mauvais sens, aussi bien que les
autres Ecritures, pour leur propre
perte;
17. Vous done, mes frères, qui
en étesinstruits d'avance, prenez
garde à vous, de peur qu'entrai-
nés par l'erreur des insensés,
vous ne perdiez de votre propre
fermeté.
18. Croissez au contraire dans
la grâce et dans la connaissance
de Notre Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ. Α lui la gloire, et
maintenant, el jusqu'au jour de
l'éternité.
Amen.
10. I Thess , v, 2; Apoc., in, 3; xvi, 15. — 13. Isaie, Lxv, 17; Lxvr, 22; Apoc., xxt, 1
-- 15. Rom., r1, 4.
6. Par où; littér., par lesquelles choses; c'est-à-dire par les cieux et la terre qui
fournirent les eaux du déluge.
10. Et tout ce qui est en elle; littér.: Tous les ouvrages qui sont en elle; c'est-à-dire
toutesles productions de la nature et des arts.
PREMIERE EPITRE DE S. JEAN
— 002€ 000
INTRODUCTION
L'authenticité de cette Epitre n'a jamais été contestée, et elle ne pourrait
l'être sérieusement. D'ailleurs, il suffit de la lire pour être convaincu que
S. Jean en est l'auteur. S'il ne se désigne pas par son nom ou par ses préroga-
lives, il ne s'en révéle pas moins dela maniére la plus manifeste. Il affirme
qu'il a été témoin de tout ce que le Verbe de vie a fait lorsqu'il était sur la
terre. Il parle comme étant bien connu de ceux à qui il s'adresse. Il s'exprime
en docteur, en maitre, en pére. Aux erreurs qu'il combat, on peut voir l'épo-
que où il a écrit : ce ne peut être que la fin du premier siècle. Les vérités qu'il
enseigne et la maniére dont il les énonce font reconnaitre l'auteur du quatriéme
Evangile. Le fond des idées est le méme dans les deux écrits et ne diffère pas
de celui de l'Apocalypse. De part et d'autre, ce sont les mémes dogmes : la
divinité du Sauveur, l'universalité de la rédemption, la réalité de la vie future.
C'est le méme accent, la méme conviction, la méme candeur, la méme ten-
dresse, le méme zéle à confesser la foi et àla communiquer. C'est aussi le
méme style : méme simplicité dans les constructions, mêmes expressions favo-
rites, mêmes parallélismes, mêmes répétitions, mêmes maximes ei mêmes
images. Enfin, c'est un langage que S. Jean seul a parlé, langage de la spiri-
tualité la plus sublime et de la bonté la plus paternelle, tout de lumiére, de
pureté et d'amour.
On admet assez communément que cette Epitre a été écrite à l'occasion du
quatriéme Evangile, pour en annoncer la publication et en indiquer le but. Ce
fait n'est garanti par aucun témoignage bien exprés; mais l'Epitre répond
bien à ce dessein : elle est comme le sommaire de cet Evangile et elle pourrait
en étre la préface.
D'anciens Péres ont supposé que S. Jean s'adressait à des Juifs convertis,
résidant chez les Parthes. Mais la Lettre ne fournit aucune base à ce senti-
ment. On n/y trouve rien qui en restreigne la destination : elle ne contient
aucune salutation, ni au commencement ni à la fin, de sorte qu'elle semble
plutôt avoir été destinée, comme l'Evangile méme, à l'Eglise entière. On peut
présumer seulement que l'une et l'autre auront été publiés, d'abord à Ephése
où devait être l'Apótre, puis dans l'Asie-Mineure où dogmatisaient les héré-
tiques qu'il combat.
On connait les circonstances qui l'ont déterminé à prendre la plume, si long-
temps aprés les Synoptiques et les autres écrivains sacrés. Dés l'origine de
N. T. 185
9914 PREMIERE ÉPITRE DE SAINT JEAN.
l'Eglise, un grand nombre de judaisants, à demi convertis, s'éprirent du désir
de se faire fondateurs de religions, ou plutót réformateurs et chefs de sectes.
Chacun se composa à son gré un systéme oü il mélangea à divers degrés les
dogmes du christianisme, les traditions juives et les idées philosophiques de
l'Orient. De là un commencement de gnose, assez indécis d'abord, qui se diver-
sifia suivant les lieux et les personnes, mais dont la tendance générale était de
rabaisser la dignité du Sauveur et de reporter sur les spéculations philoso-
phiques l'importance que la religion chrétienne attachait à la pratique de la
vertu. Cérinthe (80-100) ne voulut voir en Jésus-Christ qu'une union morale et
passagère du Christ ou du Dieu suprême avec une personne humaine. D'autres
ne reconnurent méme pas la réalité de cette courte union. Selon eux, la chair
ayant pour auteur le principe du mal et étant mauvaise de sa nature, le Verbe
n'avait pu s'unir à elle : il n'avait pris qu'une forme humaine pour nous don-
ner des instructions et des exemples. ἢ n'existait donc pas d'Homme-Dieu.
Quant à la rédemption, elle n'avait pas eu lieu non plus. Il est vrai qu'elle
perdait sa raison d'étre, l'homme n'ayant pas besoin d'étre racheté, mais seu-
lement d'étre instruit; car c'était une maxime admise par tous ces novateurs,
que pour plaire à Dieu, il suffisait de le connaitre et d'avoir l'intelligence de
ses mystères. A leurs yeux, la science et la sainteté étaient une méme chose.
La vertu ne contribuait en rien à la perfection, et le péché n'y mettait aucun
obstacle.
S. Paul, passant prés d'Ephése en l'an 58, avait annoncé l'apparition pro-
chaine de ces hérésies, et, un peu plus tard, écrivant à Timothée, évéque de
cette ville, il lui inculquait l'obligation oü il était de les combattre. Mais ce
fut surtout l’œuvre de S. Jean qui vint lui-même s'établir à Ephése après la
mort de la sainte Vierge. Il s'en acquitta, en affirmant, avec toute l'énergie et
la netteté possibles, dans cette Epitre comme dans son Evangile, les dogmes
les plus essentiels du christianisme, la nature humaine du Sauveur, sa divinité
et surtout l'union personnelle de son humanité et de sa divinité. Aussi se
trouve-t-il avoir réfuté par avance les hérésies plus dangereuses et plus puis-
santes qui allaient bientôt déchirer l'Eglise, et altérer, chacune à sa manière,
le mystére de l'Incarnation : l'arianisme, le nestorianisme, l'eutychianisme, etc.
Nul écrit ne se préte moins à une analyse proprement dite. On voit bien
néanmoins le but de l’auteur : il est à la fois dogmatique et moral. En méme
temps qu'il affermit les fidèles dans la croyance à la divinité du Sauveur, à la
réalité de son sacrifice et à l'universalité de la Rédemption, S. Jean s'efforce de
les convaincre de la nécessité de pratiquer la vertu et surtout de l'importance
de la charité. Ainsi les exhortations se mêlent à la polémique et aux enseigne -
ments doctrinaux. Jésus-Christ est montré tour à tour comme vrai Dieu, comme
vrai homme, comme médiateur, comme victime, comme source de toute gràce
et de tout pardon. Le péché est présenté comme incompalible avec 18 6
sanctifiante, et les bonnes œuvres comme indispensables pour le salut. De l’en-
semble de l'Epitre résulte cette conclusion : Que la vocation du chrélien est de
participer à la vie de Dieu, en s'attachaat à Notre Seigneur par la foi et en
s'appropriant ses mérites par une vie pure et sainte. (L. Bacuez.)
PREMIERE ÉPITRE
DE SAINT JEAN
CHAPITRE PREMIER.
Jésus-Christ vie éternelle apparue aux
hommes. Société entre Dieu et nous.
Marcher dans la lumière, pour être en
société avec Dieu. Se dire sans péché,
c'est mentir et accuser Dieu méme de
mensonge.
1. Ce qui était dés le commen-
cement, ce que nous avons en-
tendu, ce que nous avons vu de
nos yeux, ce que nous avons con-
templé et touché par nos mains,
du Verbe de la vie
9. (Car la vie s'est manifestée,
nous l'avons vue, nous l’attes-
tons, et nous vous l'annoncons,
cette vie éternelle qui nous est
apparue);
3. Ce que nous avons vu et en-
tendu, nous vous l’annonçons,
afin que vous entriez vous-mémes
en société avec nous, et que notre
société soit avec le Père et avec
son Fils Jésus-Christ.
4. Et nous vous écrivons ceci,
afin que vous vous réjouissiez,
et que votre joie soit complete.
9. Or ce que nous vous annon-
cons apres l'avoir entendu, c'est
que Dieu est lumiere, et qu'il n'y
a point en lui de ténèbres.
6. Si nous disons que nous
sommes en société avec lui, et
que nous marchions dans les té-
nèbres, nous mentons et nous ne
suivons pas la vérité.
1. Mais si nous marchons dans
la lumière, comme lui-même est
dans la lumière, nous sommes
ensemble dans la même société,
et le sang de Jésus-Christ, son
Fils, nous purifie de tout péché.
8. Si nous disons que nous n'a-
vons pas de péché, nous nous
trompons nous-mêmes, et la vé-
rité n'est pas en nous.
9. Si nous confessons nos pé-
chés, il est fidèle et juste pour
nous remeltre nos péchés, et
pour nous purifier de toute ini-
quité.
10. Si nous disons que nous
n'avons point péché, nous le fai-
Cuap. I. 5. Jean, vri, 12. — 7. Hóbr., 1x, 14; I Pierre, 1, 19; Apoc., 1, 5. — 8. III Rois,
vii, 46; II Par., vr, 36; Prov., xx, 9; Eccl., vit, 21.
2. Ce verset forme évidemment une parenthèse, c'est pour cela que nous l'avons
enfermé entre des crochets.
10. Nous le faisons menteur; puisque nous soutenons 16 contraire de ce que l'Ecri-
ture nous enseigne, savoir que nul n'est sans péché. Voy., en effet, Ps. cxv, 2;
Job, xiv, 4; Proverb., xxiv, 16; Eccl., vii, 21.
2910
sons menteur, et sa parole n’est
point en nous.
CHAPITRE II.
Jésus-Christ victime de propitiation pour
les péchés de tout le monde. Qui de-
meure en lui doit marcher comme lui.
Qui hait son frère est dans les ténèbres.
Qui aime le monde n'aime point Dieu.
Triple concupiscence. Plusieurs Ante-
christs. L'onction divine enseigne tout.
1. Mes petits enfants, je vous
écris ceci pour que vous ne pé-
chiez point. Cependant, si quel-
qu'un peche, nous avons pour
avocat auprès du Père, Jésus-
Christ le Juste.
2. Et il est lui-méme propitia-
tion pour nos péchés ; non-seule-
ment pour les nótres, mais aussi
pour ceux de tout le monde.
3. Or ce qui nous assure que
nous le connaissons, c'est si nous
gardons ses commandements.
4. Gelui qui dit le connaitre et
ne garde pas ses commandements
est un menteur, et la vérité n'est
pas en lui.
5. Mais celui qui garde sa pa-
role ἃ vraiment en lui l'amour
parfait de Dieu; et c'est par là
que nous connaissons que nous
sommes en lui.
6. Celui qui dit qu'il demeure
en lui doit marcher lui-méme
comme il a marché.
7. Mes bien-aimés, ce n'est pas
un commandement nouveau que
je vous écris, mais le comman-
PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT JEAN.
[cu. 11.]
dement ancien que vous avez
recu dès le commencement; et ce
commandement ancien, c'est la
parole que vous avez entendue.
8. Cependant je vous écris un
commandement nouveau, qui est
vrai en lui et en vous, parce que
les ténèbres sont passées, et que
déjà luit la vraie lumiere.
9. Celui qui dit étre dans la lu-
miere, et qui hait son frère, est
encore dans les ténèbres.
10. Celui qui aime son frere
demeure dans la lumiere, et le
scandale n'est point en lui.
11. Mais celui qui hait son frere
est dans les ténèbres, marche
dans les ténèbres, et ne sait οἱ il
va, parce que les ténèbres ont
aveuglé ses yeux.
12. Je vous écris, petits enfants,
parce que vos péchés vous sont
remis en son nom.
13. Je vous écris, peres, parce
que vous avez connu celui qui est
des le commencement. Je vous
écris, jeunes gens, parce que vous
avez vaincu le malin.
14. Je vous écris, enfants, parce
que vous avez connu le Père. Je
vous écris, jeunes hommes, parce
que vous êtes forts, que la parole
de Dieu demeure en vous, et que
vous avez vaincu le malin.
15. N'aimez point le monde ni
ce qui est dans le monde. Si quel-
qu'un aime le monde, la charité
du Père n'est pas en lui.
Cuar. 11. 8, Jean, xri, 34 et xv, 12. — 10. Infra, ur, 14.
1. Le Juste. Le titre de Juste par excellence est donné à Jésus-Christ dans plusieurs
passages de l'Ecriture.
1, 8. Le commandement d'aimer le prochain est aussi ancien que le monde, c'est
une loi de la nature méme; mais il est devenu un commandement nouveau par la
perfection que Jésus-Christ y a attachée.
13. Le malin esprit, le démon.
[cu. n.]
16. Parce que tout ce qui est
dans le monde est convoitise de
la chair, convoitise des yeux, or-
gueil de la vie; or cela ne vient
pas du Père, mais du monde.
17. Or le monde passe, et sa
concupiscence aussi; mais celui
quifaitlavolonté deDieu demeure
éternellement.
18. Mes petits enfants, cette
heure-ci est la dernière heure; et
comme vous avez entendu que
l'Antechrist vient, il y a mainte-
nant beaucoup d'Antechrists
d’où nous savons que c'est la der-
niere heure.
19. Ils sont sortis d'avec nous,
mais ils n'étaient pas de nous;
car s'ils avaient été de nous, ils
seraient certainement demeurés
avec nous.
90. Pour vous, vous avez recu
du Saint l'onction, et vous con-
naissez toutes choses.
21. Aussi je ne vous ai pas écrit
comme si vous ignoriez la vérité,
mais comme la connaissant, et
sachant qu'aucun mensonge ne
vient de la vérité.
99. Qui est le menteur? si-
non celui qui nie que Jésus
soit le Christ? Celui-là est l'Ante-
PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT JEAN.
2917
christ, qui niele Pére etle Fils.
23. Quiconque nie le Fils ne re-
connait pas le Père; qui confesse
le Fils reconnait aussi le Pere.
24. Pour vous, que ce que vous
avez entendu dés le commence-
ment demeure en vous, vous de-
meurerez, vous aussi, dans le
Fils et dans le Père.
25. Et la promesse qu'il nous a
faite lui-méme, c'est la vie éter-
nelle.
26. Voilà ce que je vous écris
à l'égard de ceux qui vous sé-
duisent.
27. Pour vous, que l'onction
que vous avez recue de lui de-
meure en vous. Vous n'avez pas
besoin que quelqu'un vous ins-
truise; mais ce que son onction
vous enseigne de toutes choses
est vrai, et n'est pas un men-
songe. Ainsi, comme il vous l'a
enseigné, demeurez en lui.
28. Oui, mes petits enfants, de-
meurez en lui, afin que lorsqu'il
apparaitra, nousayons confiance,
et que nous ne soyons pas con-
fondus à son avènement.
29. 51 vous savez qu'il est juste,
sachez aussi que quiconque pra-
tique la justice, est né de lui.
18. * Il y a maintenant beaucoup d'Antechrisis, c'est-à-dire de pécheurs et d'héré-
tiques.
19. Is n'étaient pas de nous; ils n'étaient pas des nôtres, parce qu'ils n'étaient pas
sincèrement chrétiens.
20. Du Saint. Les prophétes ont appelé Jésus-Christ le Saint par excellence; plu-
sieurs écrivains sacrés lui ont donné le nom de Juste, notamment saint Jean dans
cette méme Epitre (i, 1). Saint Pierre réunit ces deux titres dans un de ses dis-
cours (Act., 111, 14). — Les vrais enfants de l'Eglise, participant à l'onction de l'Esprit-
Saint, y trouvent toutes les connaissances, toute l'instruction nécessaire, sans avoir
besoin de les chercher ailleurs.
21. Comme il vous, etc.; selon d'autres, comme elle; c'est-à-dire l'onction. A la
vérité, le Grec et la Vulgate sont amphibologiques; mais la version syriaque porte
il, c'est-à-dire le Fils de Dieu, nommé aux versets précédents.
28. Oui. Nous avons déjà fait remarquer (Jean, xvir) que dans beaucoup de pas-
sages la particule du texte que l'on traduit généralement par maintenant était pure-
ment enclitique.
9918
CHAPITRE III.
Les chrétiens enfants de Dieu. Quicommet
i le péché est enfant du diable. Qui est
! nédeDieu ne pèche point. Qui n'aime
point son frére demeure dans la mort.
Aimer non de parole, mais réellement.
Dieu demeure en nous par son Esprit.
1. Voyez quelle charité le Pere
a eue pour nous, de vouloir que
nous soyons appelés, et que nous
soyons réellement enfants de
Dieu! Si done le monde ne nous
connait pas, c'est parce qu'il ne
le connait pas.
2. Mes bien-aimés, nous som-
mes maintenant enfants de Dieu;
mais on ne voit pas encore ce
que nous serons. Nous savons
que lorsqu'il apparaitra nous se-
rons semblables à lui, parce que
nous le verrons tel qu'il est.
3. Et quiconque a cette espé-
rance en lui se sanctifie, comme
lui-méme est saint.
4. Quiconque commet le péché
commet l'iniquité; car le péché
est l'iniquité.
9. Et vous savez qu'il estapparu
pour ôter nos péchés; et il n'y a
pas de péché en lui.
6. Quiconque done demeure en
lui ne peche point, et quiconque
peche ne l'a point vu et ne l'a
pas connu.
1. Mes petits enfants, que per-
sonne ne vous séduise. Qui pra-
tique la justice est juste, comme
lui-même est juste,
PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT JEAN.
[cn. m.]
8. Celui qui commet le péché
est du diable, parce que le diable
peche dès le commencement. S°
le Fils de Dieu est apparu, c'est
pour détruire les œuvres du
diable.
9. Quiconque est né de Dieu ne
commet point le péché, parce que
la semence divine demeure en
lui, et il ne peut pécher, parce
qu'il est né de Dieu.
10. C'est à cela qu'on connait
les enfants de Dieu et les enfants
du diable. Quiconque n'est pas
juste n'est pas de Dieu, non plus
que celui qui n'aime pas son frère.
11. Car ce qui vous a été an-
noncé et que vous avez entendu
des le commencement est que
vous vous aimiez les uns les au-
tres;
19. Non pas comme Cain, qui
était du malin, et qui tua son
frère. Or pourquoi 16 7?
Parce que ses œuvres étaient
mauvaises et celles de son frère
justes.
13. Ne vous étonnez point, mes
frères, si le monde vous hait.
14. Noussavons que nous avons
passé dela mort à la vie, parce
que nous aimons nos freres. Ce-
lui qui n'aime pas demeure dans
la mort.
15. Quiconque hait son frère
est homicide. Or voussavez qu'au-
cun homicide n'a la vie éternelle
demeurant en lui.
16. Nous avons connu la charité
Car. III. 5. Isaïe, Lir, 9; 1 Pierre, מז 22. — 8. Jean, viu, 44. — 11. Jean, וזא 34;
xv, 12. — 12. Genèse, iv, 8. — 14. Lóv., xix, 17; Supra, 11, 10. — 16. Jean, xv, 13.
6. Ne péche point; c'est-à-dire qu'il ne tombe point dans des péchés graves, qu'il
ne se laisse pas aller au crime; s'il commet quelque faute par fragilité, il a soin de
les expier par la pénitence.
8. Est apparu dans le monde, est venu dans le monde.
12. Du malin esprit, du démon. — * Cain... !ua son frère Abel
[ca. 1v.]
de Dieu en cela qu'il a donné sa
vie pour nous; ainsi nous devons
de méme donner notre vie pour
nos freres.
47. Si celui qui a des biens de
ce monde voit son frère dans le
besoin, etlui ferme ses entrailles,
comment l'amour de Dieu demeu-
rerait-il en lui?
18. Mes petits enfants, n'aimons
point de parole ni de langue, mais
en ceuvres et en vérité.
19. C'est par là que nous con-
naissons que nous sommes de la
vérité, et c'est devant Dieu que
nous en persuaderons nos CŒœurs.
90. Que si notre cœur nous con-
damne, Dieu est plus grand que
notre cœur, et connait toutes
choses.
91. Mes bien-aimés, si notre
cœur ne nous condamne point,
nous avons confiance en Dieu.
22. Et tout ce que nous deman-
derons, nous le recevrons de lui,
parce que nous gardons ses com-
mandements, et que ce qui lui est
agréable, nous le faisons.
23. Or voici son commande-
ment: c'est que nous croyions
au nom de son Fils Jésus-Christ
et que nous nous aimions les uns
les autres, comme il en a donné
le commandement.
24, Et qui garde ses comman-
PREMIÉRE ÉPITRE DE SAINT JEAN.
2019
dements demeure enDieu,etDieu
en lui; et nous savons qu'il de-
meure en nous par l'Esprit qu'il
nous a donné.
CHAPITRE IV.
Discernemeut des esprits. S'aimer les uns
les autres. Amour de Dieu envers nous,
modèle de l'amour que nous devons à
nos fréres. Celui qui demeure dans la
charité demeure en Dieu. Confiance
qu'inspire la charité. Celui qui hait son
frére n'aime point Dieu.
1. Mes bien-aimés, ne croyez
point à tout esprit, mais éprouvez
les esprits, 5115 sont de Dieu;
parce que beaucoup de faux pro-
phètes se sont élevés dans le
monde.
2. Voici en quoi se connait
l'Esprit de Dieu : Tout esprit qui
confesse que Jésus-Christ est
venu dans la chair est de Dieu ;
9. Et tout esprit qui détruit
Jésus n'est point de Dieu, et celui-
là est l'Antechrist, dont vous
avez oui dire qu'il vient; or il est
déjà dans le monde.
4. Vous, vous étes de Dieu, mes
petits enfants, et vous l'avez
vaincu ; parce que celui qui est
en vous est plus grand que celui
qui est dans le monde.
9. Eux sont du monde, c'est
pourquoi ils parlent du monde,
et le monde les écoute.
17. Luc, ur, 11; Jac., 1 15. — 22. Matt., xxt, 22. — 23. Jean, vi, 29; xvi, 3; xui,
34; xv, 12. — Cuap. IV. 5. Jean, vri, 47.
1. Eprouver les esprits, c'est, par exemple, examiner si leur doctrine est conforme
à la foi catholique, à l'enseignement de l'Eglise.
2. Tout esprit, etc. Ce n'est pas dire que la confession de ce point de foi seul soit
dans tous les temps et dans tous les cas suffisante; mais cela se rapporte à ce temps-
là et à cette partie de la doctrine chrétienne qu'on devait particuliérement alors
confesser, enseigner et maintenir contre les hérétiques qui avaient paru; c'était la
meilleure marque à laquelle on püt distinguer les vrais des faux docteurs.
3. Qui détruit ou qui divise Jésus-Christ, soit en niant sa nature humaine, ou sa
divinité, soit en niant qu'il soit le Messie promis et envoyé de Dieu.
2920
6. Nous, nous sommes de Dieu.
Qui connait Dieu nous écoute;
qui n'est pas de Dieu ne nous
écoute point; et c'est à cela que
nousconnaissonsl'esprit de vérité
et l'esprit d'erreur.
7. Mes bien-aimés, aimons-
nous les uns les autres, parce que
la charité est de Dieu. Ainsi qui-
conque aime est né de Dieu et
connait Dieu.
8. Qui n'aime point ne connait
pas Dieu, parce que Dieu est cha-
Dile
9. La charité de Dieu a paru en
cela qu'il a envoyé son Fils uni-
que dans le monde, afin que nous
vivions par lui.
10. Et cette charité consiste en
ce que ce n'est pas nous qui avons
aimé Dieu, mais que c'est lui qui
nous a aimés le premier, et quia
envoyé son Fils, propitiation pour
nos péchés.
41. Mes bien-aimés, si Dieu
nous ἃ ainsi aimés, nous devons,
nous aussi, nous aimer les uns
les autres.
19. Personne n’a jamais vu
Dieu. Si nous nous aimons les
uns les autres, Dieu demeure en
nous, et sa charité en nous est
parfaite.
13. Nous connaissons que nous
demeurons en lui, et lui en nous,
en cela qu'il nous a donné de son
Esprit.
PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT JEAN.
[cir. 1v.]
14. Et nous, nous avons vu et
nous attestons que le Père a en-
voyé son Fils, Sauveur du monde.
15. Quiconque confesse que
Jésus est le Fils de Dieu, Dieu
demeure en lui, et lui en Dieu.
16. Quant à nous, nous avons
connu la charité que Dieu a pout
nous, et nous y avons cru. Dieu
est charité ; et qui demeure dans
la charité demeure en Dieu, et
Dieu en lui.
11. Or la charité de Dieu n'est
parfaite en nous, de manière que
nous ayons confiance au jour du
jugement, qu'autant que nous
sommes en ce monde tels qu'il
est,
18. Car il n'y a point de crainte
dans la charité ; mais la charité
parfaite chasse la crainte, parce
que la crainte est accompagnée
de peine ; ainsi, celui qui craint
n'est point parfait dansla charité.
19. Nous donc, aimons Dieu,
parce que Dieu nous a aimés le
premier.
20. Si queiqu'un dit : J'aime
Dieu, et qu'il haisse son frère,
cest un menteur. Car celui qui
n'aime point son frere qu'il voit,
comment peut-il aimer Dieu qu'il
ne voit pas?
21. De plus, nous avons ce
commandement de Dieu : Que ce-
lui qui aime Dieu aime aussi son
ו
9. Jean, rrr, 10. — 12. Jean, r, 18; I Tim., vi, 16. — 21. Jean, xui, 34; xv, 12; Ephés., v,2.
11. Tels qu'il est. Jésus-Christ étant saint et sans tache, nous devons, nous aussi,
nous maintenir dans ce monde purs de toute tache du péché.
18. La charité parfaite, ou l'amour, chasse la crainte des hommes, comme aussi
toute inquiétude qui nous porte à douter de la miséricorde de Dieu, et cette crainte
servile qui nous fait appréhender la punition du péché plutót que l'offense de Dieu.
Mais elle n'exclut pas la crainte salutaire des jugements de Dieu, si souvent recom-
mandée dans les Livres saints, pas plus que cette crainte et ce tremblement avec
lesquels saint Paul (PAilipp., 1, 12) nous recommande d'opérer notre salut.
[ca. v.]
CHAPITRE V.
Amour de Dieu et du prochain. Com-
mandements de Dieu non pénibles. Foi
victorieuse du monde.+Témoins qui dé-
posent pour Jésus-Christ. Qui ne croit
pas en Jésus-Christ fait Dieu menteur,
et n'a point la vie. Demandes exaucées.
Péché qui conduit à la mort. Jésus-
Christ vrai Dieu.
1. Quiconque croit que Jésus
est le Christ est né de Dieu. Et
quiconque aime celui qui ἃ en-
gendré aime aussi celui qui est
né de lui.
2. Nous connaissons que nous
aimons les enfants de Dieu lors-
que nous aimons Dieu et que nous
gardons ses commandements.
3. Car l'amour de Dieu, c'est
que nous gardions ses comman-
dements : et ses commandements
ne sont pas pénibles.
4. Parce que tous ceux qui sont
nés de Dieu triomphent du
monde ; et la victoire qui triom-
phe du monde, c’est notre foi.
5. Quel est celui qui triomphe
du monde, sinon celui qui croit
que Jésus est le Fils de Dieu ?
6. C’est celui qui est venu avec
l'eau et le sang, Jésus-Christ;
non pas avec l’eau seulement,
mais avec l’eau et le sang. Et
c’est l'Esprit qui rend témoignage
que le Christ est la vérité.
7. Car ils sont trois qui rendent
témoignage dans 16 ciel : le Pere,
le Verbe et l'Esprit-Saint ; et ces
trois sont une seule chose.
PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT JEAN.
2921
8. Et ils sont trois qui renderit
témoignage sur la terre, l'esprit,
l'eau et le sang : et ces trois sont
une seule chose.
9. Si nous recevons le témoi-
gnage des hommes, le témoi-
gnage de Dieu est plus grand ; or
ce témoignage de Dieu, qui est
plus grand, est celui qu'il a rendu
de son Fils.
10. Qui croit au Fils de Dieu a
le témoignage de Dieu en soi.
Qui ne croit pas au Fils fait Dieu
menteur, parce qu'il ne croit pas
au témoignage que Dieu a rendu
de son Fils.
11. Et ce témoignage est que
Dieu nous a donné la vie éter-
nelle. Or cette vie est dans son
Fils.
19. Celui qui a le Fils a 18 vie ;
celui qui n'a point le Fils n'a point
la vie.
13. Je vous écris ces choses afin
que vous sachiez que vous avez
la vie éternelle, vous qui croyez
au nom du Fils de Dieu.
14. Et nous avons cette con-
fiance en lui, que quelque chose
que nous demandions selon sa
volonté, il nous écoute.
15. Et nous savons qu'il nous
écoute dans tout ce que nous
demandons : nous le savons,
parce que nous obtenons les de-
mandes que nous lui faisons.
16. Si quelqu'un sait que son
frère a commis un péché qui ne
va pas à la mort, qu'il prie, et la
(ΒΑΡ. V. 5. I Cor., xv, 57. — 10. Jean, r1, 36.
2. Tous ceux qui; littér., tout ce qui. Voy. Rom., xi, 32.
16. Qui ne va pas à la mort, qui ne conduit pas à l'impénitence finale, laquelle
cause à l’âme la mort éternelle. — Ce n’est pas, etc. Saint Jean ne défend pas de
prier pour ceux qui commettent un tel péché; car il n’y a pas de péché absolument
irrémissible, mais il n'ose donner aux fidèles la confiance d'être exaucés pour celui-ci,
confiance qu'il leur a inspirée à l'égard de tous les autres.
2922
vie sera accordée à celui dont le
péché ne va pas à la mort. Il y a
un péché qui va à la mort; ce
n'est pas pour celui-là que je dis
que quelqu'un doive prier.
47. Toute iniquité est péché,
et il y a un péché qui va à la
mort.
18. Nous savons que quiconque
est né de Dieu ne pèche point;
mais la génération divine le con-
serve, et le malin ne le touche
pas.
20. Luc, xxiv, 45.
PREMIÉRE ÉPITRE DE SAINT JEAN.
v.] .אס]
19. Nous savons que nous som-
mes de Dieu; et le monde est
tout entier sous l'empire du ma-
lin. ;
20. Nous savons encore que le
Fils de Dieu est venu, et nous a
donné l'intelligence, pour que
nous connaissions le vrai Dieu,
et que nous soyons en son vrai
Fils. C'est lui qui est le vrai Dieu
et la vie éternelle.
21. Mes petits enfants, gardez-
vous des idoles. Amen.
meta Sita Ὁ) fiir roe
IF ET IT EPITRES DE SAINT JEAN
INTRODUCTION
On a hésité, en certaines Eglises, à insérer ces Epitres dans le Nouveau Tes-
tament, sans doute à cause de leur peu d'importance et de notoriété. Cepen-
dant, elles ont été citées de bonne heure comme de S. Jean par le canon de
Muratori, S. Irénée, Clément d'Alexandrie, Tertullien, Origéne; et dés le qua-
trième siècle, on les voit généralement inscrites, comme la précédente, dans la
liste des Livres saints. On convient, du reste, qu'elles ont tous les signes d'au-
thenticité et de fraternité désirables, et que jamais personne n'a eu intérét à les
supposer. C'est le méme style et la méme doctrine.
Ni l'une ni l'autre Epitre ne contient le nom de S. Jean; cependant il est
impossible d'en méconnaitre l'auteur. C'est bien là le vieillard d'Ephése, bon et
doux, mais tout brülant de zéle pour la foi et ne séparant jamais, dans son
esprit et dans son langage, la vérité de la charité. Le titre de senior qu'il s'at-
tribue indique l'époque à laquelle ces Lettres furent écrites; car ce titre semble
moins désigner le sacerdoce et l'autorité de S. Jean révérés par toute l'Asie,
que son âge avancé, qui reportait sur lui, comme sur le dernier survivant du
collége apostolique, tout le respect et toute l'affection dont les Apótres étaient
l'objet. Il vécut jusqu'à la fin du premier siécle.
Dans la premiére Epitre, S. Jean félicite Electe des vertus de ses enfants;
puis il lui donne pour elle et pour sa famille divers avis relatifs aux hérétiques
et à leurs doctrines antichrétienues; il les exhorte à persévérer dans la pureté
de la foi, la ferveur de la charité et le zèle des bonnes œuvres. Dans la seconde,
il témoigne à Gaius la joie qu'il éprouve du bien qu'il entend dire de lui. Il lui
recommande les ouvriers apostoliques et le met en garde contre le mauvais
esprit de Diotréphès, évéque ambitieux et indocile. La sévérité avec laquelle il
censure les défauts de cet évéque est remarquable dans l'Apótre de la charité,
aussi bien que son énergie à condamner les hérétiques et le soin qu'il prend
d'interdire leur société aux fidèles; mais elle répond à l'idée que l'Evangile et
lApocalypse nous donnent de S. Jean, et elle rappelle qu'il accompagnait
S. Pierre quand celui-ci anathématisa Simon de Samarie. Gaius devait étre un
chrétien riche et zélé, et Electe une mére de famille veuve et d'un rang dis-
lingué.
Comme Electe signifie élue et que S. Jean parle encore d’une autre Electe,
sœur de la première, on s’est demandé si ce n’était pas un nom mystique donné
à une Eglise, à celle d'Ephése, par exemple, ou à celle de Rome, appelée col-
lecta par S. Pierre. Les versets 4-7 de la Ile Epitre se préteraient à cette inter-
prétation; aussi de graves commentateurs ont pris eiecía pour un qualificatif,
et Domina, équivalent du mot syriaque Martha, pour le nom de la personne à
qui écrit S. Jean. (L. Bacuez.)
DEUXIÈME EPITRE
DE SAINT JEAN
CHAPITRE UNIQUE.
Saint Jean exhorte Electe et ses fils à de-
meurer fermes dans la charité et dans
la foi; à éviter les hérétiques et à n'a-
voir point de commerce avec eux.
1. Le vieillard à la dame Electe
etàses enfants que j'aime dans
la vérité, et non pas moi seul,
mais aussi tous ceux qui connais-
sent la vérité,
9. A cause de la vérité qui de-
meure en nous, et qui sera avec
nous éternellement.
3. Qu'avec vous soit grâce,
miséricorde, paix par Dieu le
Père, et par Jésus-Christ, Fils du
Père, dans la vérité et la cha-
rité.
4. J'ai eu beaucoup de joie de
trouver de vos enfants marchant
dans la vérité, comme nous en
avons recu le commandement du
Père.
5. Et maintenant je vous prie,
madame, non comme vous écri-
vant un commandement nou-
veau, mais celui que nous avons
5. Jean, xir, 34; xv, 12.
recu des le commencement, que
nous nous aimions les uns les
autres.
6. Or la charité c'est de mar-
cher selon les commandements
de Dieu; et c'est làle commande-
ment que vous avez reçu dès le
commencement, afin que vous y
marchiez.
7. Car beaucoup d'imposteurs
se sont introduits dans le monde,
lesquels ne confessent pas que
Jésus-Christ soit venu dans la
chair; ceux-là sont les imposteurs
et les Antechrists.
8. Veillez sur vous-mémes afin
que vous ne perdiez pas votre
travail, mais que vous en receviez
pleine récompense.
9. Quiconque se retire et ne
demeure point dans la doctrine
du Christ ne possède point Dieu ;
quiconque demeure dans sa doc-
trine, celui-là possède le Père et
le Fils.
10. Si quelqu'un vient à vous
et n'apporte point cette doctrine,
ne le recevez pas dans votre mai-
—Ó———— M— —————— M —————————
1. A la dame Electe. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 494. — * Le vieillard,
S. Jean qui était avancé en áge. Le mot grec presbyteros, employé ici par S. Jean,
indique d'ailleurs tout à la fois sa dignité épiscopale et son âge.
1. Ceux-là sont, littér. : Celui-là est l'imposteur et l'Antechrist; hébraisme pour
chacun de ceux-là est, etc.
DEUXIEME ÉPITRE DE SAINT JEAN.
son, ne lui dites pas méme SA-
LUT.
11. Car celui qui lui dit SALUT
communique à ses ceuvres mau-
vaises.
12. Ayant plusieurs autre cho-
ses à vous écrire, je n'ai pas voulu
2925
le faire avec du papier et de l’en-
cre; car j'espère être bientôt près
de vous, et vous parler de bouche
à bouche, afin que votre joie soit
pleine.
13. Les enfants de votre sœur
Electe vous saluent.
CAPES (À C federe
TROISIÈME ÉPITRE
DE SAINT JEAN
CHAPITRE UNIQUE.
Affection de saint Jean pour Gaius, dont
il loue la piété. Diotréphe ne reconnait
point saint Jean. Témoignage de la
vertu de Démétrius. Saint Jean espére
aller voir Gaius.
1. Le vieilard, au tres cher
Gaius que j'aime dans la vé-
rité.
2. Mon bien-aimé, je prie pour
que toutes tes affaires e* ta santé
soient en aussi bon état que ton
áme.
3. Je me suis fort réjoui, nos
freres étant venus, et ayant rendu
témoignage de ta sincérité et de
la maniere dont tu marches dans
la vérité.
4. Je n'ai pas de plus grande
joie que d'apprendre que mes en-
fants marchent dans la vérité.
5. Mon bien-aimé, tu agis fidè-
lement dans tout ce que tu fais
pour nos frères, et particulière-
ment pour les étrangers,
6. Qui ont rendu témoignage à
ta charité en présence de l'Eglise;
tu agiras tres bien si tu leur fais
une conduite digne de Dieu.
1. Car c'est pour son nom qu'ils
sont partis, n'ayant rien requ des
gentils.
8. Nous donc, nous devons ac-
cueillir ces sortes de personnes,
afin de coopérer à l'avancement
de la vérité.
9. J'aurais peut-être écrit à
l'Eglise, mais celui qui aime à y
tenir le premier rang, Diotrèphe,
ne veut pas nous recevoir.
10. C'est pourquoi, si je viens,
je lui rappellerai les ceuvres qu'il
fait en tenant contre nous des
discours malins ; et comme si c’é-
tait encore trop peu pour lui, non-
seulement il ne reçoit pas lui-
même nos freres, mais 11 808
ceux qui voudraient les recevoir,
et il les chasse de l'Eglise.
11. Mon bien-aimé, n'imite
point le mal, mais le bien. Qui
fait le bien est de Dieu ; qui fait le
mal n'a pas vu Dieu.
1. * Voir II Jean, 1.
6. Si lu leur fais une conduite. Compar. Act., xv, 3; Rom., xv, 24. — Digne de Dieu;
comme si tu la faisais pour Dieu lui-même, ce qui semble être une allusion à ce
qu'enseigne Jesus-Christ dans l'Evangile (Matt., xxv, 35), qu'il faut le recevoir et le
servir dans la personne des étrangers. Selon d'autres : Comme si Dieu, proportion
gardée, la faisait lui-même; c'est-à-dire le mieux possible.
9. * Diotréphe, d'aprés ce qui est dit dans ce passage, était un homme influent,
mais d'ailleurs inconnu, dans la partie de l'Asie Mineure oü se trouvait Gaius.
[cu 1.] TROISIÈME ÉPITRE DE SAINT JEAN 2927
12. Pour Démétrius, témoi- | t'écrire; mais je ne veux pas t'é-
gnage lui est rendu par toutle | crireavecdel'encreetune plume;
monde et parla vérité elle-méme; 14. Parce que j'espere te voir
mais nous aussi nous lui rendons | bientôt, et alors nous parlerons
témoignage, et tu sais que notre | de bouche à bouche. Paix à toi.
iémoignage est véritable. Nos amis te saluent. Salue nos
13. J'ai beaucoup de choses à | amis par leur nom.
12. * Démétrius, dont on ne sait que ce qui est dit ici de lui, fut probablement
chargé de porter cette lettre de saint Jean à Gaïus.
44. Par leur nom; c'est-à-dire chacun en particulier.
RIT estes —
EPITRE DE SAINT JUDE
—— —o002€00o«——
INTRODUCTION
L'auteur de cette Epitre est l'Apótre S. Jude, qu'on appelait aussi Thaddée ou
Lebbé. Il se dit lui-méme frére de Jacques, ce qu'il faut entendre de S. Jacques
le Mineur, l'autre apótre du méme nom, frére de S. Jean, ayant subi le martyre
depuis longtemps et étant alors beaucoup moins connu. S. Jude prend ce titre,
plutót que celui d'apótre, soit parce qu'un autre apótre ayant porté son nom,
la qualité d'apótre ne le désignerait pas d'une maniére aussi précise, soit parce
que sa parenté avec l’évêque de Jérusalem est de nature à le rendre plus cher
aux Juifs convertis auxquels il parait s'adresser. Cette Lettre a toujours fait
partie de la version italique. Elle est mentionnée dans le canon de Muratori,
comme dans ceux des Conciles de Laodicée (363) et d'Hippone (393). On la
trouve citée dés les premiers temps par Tertullien (200), Clément d'Alexandrie
(165-200), Origéne (186-255), S. Pamphile, etc., et l'on ne la voit rejetée posi-
tivement nulle part. Néanmoins, ce qu'elle dit de la lutte de S. Michel contre
Satan, 9, et de la prophétie d'Enoch, 14, excitait quelque défiance, de sorte
qu'elle a été placée par Eusébe parmi les antilégoménes, et qu'on la compte
aujourd'hui au nombre des deutérocanoniques.
Le but de S. Jude, comme celui de S. Pierre, dans sa seconde Epitre, est de
prémunir les fidéles contre les séductions des docteurs gnostiques. Il part de
ce principe, que la foi a été livrée aux saints une fois pour toutes, 3, et que
c'est pour s'en étre écarté, 4-7, et pour avoir abandonné la société qui en fait
profession, que les sectaires sont tombés dans des abimes d'erreur, d'impiété et
d'immoralité. En conséquence, il exhorte les fidéles à se souvenir des vérités
qui leur ont été annoncées au commencement par les Apótres, à s'édifier eux-
mémes sur le fondement de leur trés sainte foi, à persévérer dans l'espérance et
la charité, et à sauver tous ceux qu'ils pourront soustraire au feu de la ven-
geance divine, 19-23.
.Les coincidences de l'Epitre de S. Jude avec la seconde de S. Pierre ne peuvent
sexpliquer que par une imitation volontaire de la part de l'un ou de l'autre
Apôtre. Un certain nombre de commentateurs attribuent cette imitation à
S. Pierre, en alléguant pour raison que, dans sa premiére Lettre, il a reproduit
pareillement plusieurs pensées de S. Paul. Néanmoins, la supposition contraire
parait plus vraisemblable. En effet : — 1° Il n'y a pas de parité entre les allu-
sions que S. Pierre a pu faire dans sa première Epitre à certains passages de
saint Paul et un emprunt si littéral et si étendu, qui comprendrait la plus grande
INTRODUCTION. 2929
partie de l'Epitre de S. Jude. — 2° S. Pierre n'avait pas d'intérêt à s'approprier
la Lettre de S. Jude. S. Jude, au contraire, trouvait un avantage à citer
S. Pierre : il ajoutait à sa considération et à son autorité personnelles celle du
Prince des Apótres et du chef de l'Eglise. — 3° L'Epitre de S. Pierre parait avoir
été écrite la première. Elle parle au futur; elle prédit les hérésies qui vont bien-
161 paraître, 11, 1-3 : celle de S. Jude parle au passé, elle donne les faits qu'elle
décrit pour l'accomplissement des prophéties faites par les Apótres. Par suite,
S. Jude combat les sectaires avec plus de force et les caractérise d'une maniére
plus précise. — 4° Le style de S. Jude est meilleur, plus soigné, plus soutenu.
On y voit moins de répétitions. — 5? S. Jude parait commenter et expliquer
S. Pierre. Au verset 10, il développe et éclaircit ce que S. Pierre avait laissé
dans l'ombre, et au verset 9, sa citation du livre de l'Assomption de Moïse
semble avoir pour but de confirmer un fait qu'a avancé S. Pierre. L'Epitre de
S. Jude nous semblerait donc postérieure et d'une date assez rapprochée de la
ruine de Jérusalem.
Quoi qu'il en soit, du reste, la ressemblance si visible qui existe entre ces
deux Epitres est une preuve de leur authenticité. On ne se fait pas faussaire
pour le plaisir de transcrire, et l'on n'a pas d'intérét à s'approprier ce qui est
sans autorité. (L. BAcuzz.)
N. qu 184
EPITRE
DE SAINT JUDE
CHAPITRE UNIQUE.
Combattre pour la foi et pour la tradi-
tion. Exemples de la justice de Dieu,
Faux docteurs caractérisés. Contesta-
tion touchant le corps de Moise. Pro-
phétie d'Hénoch. Foi, prière, confiance,
amour de Dieu, haine de la chair.
1.Jude,serviteur deJésus-Christ
et frere de Jacques, à ceux qui
sont aimés de Dieu le Père, et
conservés et appelés en Jésus-
Christ.
2. Que la miséricorde, la paix
etla charité abondent en vous.
9. Mes bien-aimés, me sentant
pressé de vous écrire touchant
votre salutcommun, j'ai dà écrire
afin de vous exhorter à combattre
pour la foi qui a été déjà trans-
mise aux saints.
4. Car il s'est introduit parmi
vous quelques hommes impies
(qui depuis longtemps ont été
prédestinés à ce jugement), chan-
geant la grâce de notre Dieu
en luxure, reniant notre seul
Maître et Seigneur, Jésus-Christ.
ὃ. Or je veux vous rappeler, à
vous qui savez déjà toutes ces
choses, que Jésus ayant délivré
le peuple de la terre d'Egypte,
perditensuite ceux qui ne crurent
point;
6. Que, quantaux anges qui ne
conservèrent pas leur première
dignité, mais qui abandonnèrent
leur propre demeure, il les mit
en réserve pour le jugement du
grand jour, dans des chaînes
éternelles et de profondes ténè-
bres.
7. C'est ainsi que Sodome et
Gomorrhe, et les villes voisines
livrées aux mêmes excès d'impu-
reté, et courant aprés d'infàmes
débauches, sont devenues un
exemple, en souffrant la peine
d'un feu éternel.
8. Et. cependant c'est de la
méme maniere que ceux-ci souil-
lent encore leur chair, qu'ils mé-
prisent la domination, et qu'ils
blasphèment la majesté.
5. Nom., xiv, 37. — 6. II Pierre, 11, 4. — 7. Genèse, xix, 24.
3. Aux saints. Voy. Act., 1x, 13.
6. Les démons ne peuvent sortir de l'enfer que par la permission de Dieu, et pour
terter les hommes que Dieu veut bien qu'ils tentent. Leur supplice dure depuis le
moment de leur révolte; ils sont déjà jugés, mais leur sentence sera alors prononcée
et confirmée pour toute l'éternité.
8. Ceux-ci; c'est-à-dire les faux docteurs contre lesquels l'apótre cherche à 016-
munir les fidèles auxquels il écrit,
[cu. 1.]
9. Lorsque l’archange Michel,
disputant avec le diable, lui con-
testait le corps de Moise, il n'osa
paslecondamneravec des paroles
de malédiction, mais il dit : Que
le Seigneur te commande.
10. Mais ceux-ci blasphèment
tout ce qu'ils ignorent, et dans
tout ce qu'ils connaissent natu-
rellement comme les animaux
muets, ils se corrompent.
11. Malheur à eux parce qu'ils
sont entrés dans la voie de Cain,
et que s'égarant comme Balaam,
ils ont, pour le gain, rompu toute
digue, et se sont perdus dans la
rébellion de Coré.
19. Ils font le déshonneur de
leurs festins, se gorgeant sans
retenue, se paissant eux-mémes;
nuées sans eau que les vents em-
portent çà et là; arbres qui ne
fleurissent qu'en automne, sté-
riles, deux fois morts, déraci-
nés;
13. Vagues furieuses dela mer,
jetant l'écume de leurs infamies;
astres errants auxquels une tem-
péte de ténèbres est réservée
pour l'éternité.
14. Cest deux qu'Enoch, le
septième après Adam, a prophé-
tisé, disant : Voici venir le Sei-
gneur avec ses milliers de saints,
ÉPITRE DE SAINT JUDE.
2931
15. Pour exercer son jugement
contre tous les hommes, et con-
vaincre tous les impies touchant
toutes les œuvres d'impiété qu'ils
ont faites, et toutes les paroles
dures qu'ont proférées contre
Dieu ces pécheurs impies.
16. Ce sont des murmurateurs,
se plaignantsans cesse, marchant
selon leurs désirs; leur bouche
profère des paroles d'orgueil, et
ils admirent les personnes en vue
d'un profit.
11. Mais vous, mes bien-aimés,
souvenez-vous des paroles qui
ont été dites déjà par les apótres
de Notre Seigneur Jésus-Christ,
18. Qui vous disaient qu'à la fin
des temps viendront des impos-
teurs, marchant selon leurs désirs
dans l'impiété.
19. Ce sont des gens qui se sé-
parent eux-mémes, hommes de
vie animale, n'ayant pas l'Esprit.
90. Mais vous, mes bien-aimés,
vous édifiant vous-mémes sur
votre trés sainte foi, priant dans
l'Esprit-Saint,
91. Conservez-vous dans l'a-
mour de Dieu, attendant la misé-
ricorde de Notre Seigneur Jésus-
Christ pour la vie éternelle.
22. Reprenez ceux-ci apres les
avoir convaincus ;
9. Zach., 1x, 2. — 11. Genèse, 1v, 8; Nom., xxii, 23; Nom., xvi, 32. — 12. II Pierre,
,זז 17. — 14. Apoc., 1, 7. — 16. Ps. טא 10. — 17. I Tim., rv, 1 ; II Tim., πὶ, 1; 11 Pierre,
IIS
9. Que le Seigneur te commande fortement, qu'il te réprimande avec menaces. C'est
le vrai sens dv texte. Compar. Matt., viu, 26: Marc, 1v, 39; Luc, viri, 24. Ceci n'est pas
rapporté dans l'Ecriture; saint Jude le savait par 18 tradition.
14. Le seplième aprés Adam; c'est-à-dire le septième patriarche. — 4 6
La prophétie qui est rapportée ici ne se trouve pas dans l'Ecriture; l'apótre l'a con-
nue par la tradition ou par une révélation particulière de Dieu.
18. Dans l'impiété; littér., dans les impiélés. D'autres, se conformant au Grec, qui
porte des impiétés, au génitif, comme régime de désirs, traduisent : Selon leurs désirs
impies.
19. L'Esprit; c'est-à-dire l'Esprit de Dieu.
2932
23. Sauvez ceux-là en les arra-
chant au feu. Pour les autres,
ayez-en pitié par crainte, prenant
même en haine cette tunique de
chair qui est souillée.
24. Mais à celui qui peut vous
conserver sans péché, et vous éta-
blir en présence de sa gloire, purs
ÉPITRE DE SAINT JUDE.
(cn. 1.]
et pleins de joie à l'avènement de
Notre Seigneur Jésus-Christ;
95. Au seul Dieu notre Sauveur,
par Jésus-Christ Notre Seigneur,
gloire et magnificence, empire
et puissance, avant tous les siè-
cles, et maintenant, et dans tous
les siècles des siècles. Amen.
23. Prenant méme en haine, etc.; c'est-à-dire ayant méme horreur. L'apôtre semble
faire allusion à ce qui est dit dans la loi mosaique des vétements souillés par la lépre
ou d'autres impuretés légales, dont on ne pouvait se purifier qu'en lavant non seu-
lement le corps, mais encore le vêtement. Voy. Lévitiq., xur, 47 et suiv. Il veut donc
dire par cette comparaison : Fuyez avec le plus grand soin méme les apparences de
tout ce qui pourrait souiller vos àmes.
cn ו d
APOCALYPSE DE SAINT JEAN
——0002€00-0-——
INTRODUCTION
L'auteur de ce livre est l'Apótre S. Jean. Le fait est incontestable et méme
reconnu pour tel par les rationalistes les plus outrés; il ἃ en sa faveur toutes
sortes de preuves d'autorité et de critique.
S. Jean a écrit l'Apocalypse durant son exil à Patmos ou immédiatement
aprés. Or, il fut relégué dans cette ile sur la fin du régne de Domitien, la qua-
torziéme année, dit S. Jéróme, en 95.
1° Tel est en effet le témoignage exprès des Pères les plus anciens et les plus
graves, notamment celui de S. Irénée, si bien instruit par S. Polycarpe de ce qui
concernait S. Jean.
Le régne de Domitien est bien l'époque que semble indiquer l'Apocalypse
elle-méme. On ne peut pas placer plus tard la composition de ce livre : l'état
des Eglises, encore organisées de la maniére la plus simple, et ce qui est dit
des Juifs et des judaisants indique sürement le siécle des Apótres. Cependant on
n'était plus aux temps des prédications de S. Paul. Les Eglises d'Asie, fondées
par S. Pierre et par lui, s'étaient reláchées de leur première ferveur. Elles
devaient donc étre établies depuis un certain temps, depuis quinze ans au
moins. Le martyre d'Antipas, «le martyr fidèle, » indique une époque de
persécution, non seulement à Rome, mais dans les provinces, dans l'Asie
Mineure en particulier; or, il ne parait pas qu'il y ait eu des persécutions sem-
blables avant le régne de Domitien. Cet empereur, appelé par Tertullien comme
par Juvénal un second Néron, qui fit mourir en haine de la foi Flavius Clément,
son parent, dont il avait adopté les enfants, fit aussi rechercher en Palestine,
pour les mettre à mort, tous ceux qui appartenaient à la famille de David; et
comme les petits-fils de S. Jude, marié avant son apostolat, furent dénoncés à
ce litre, selon Hégésippe, on les conduisit à Rome pour y subir leur jugement;
« mais le tyran les épargna, parce que ses interrogatoires et leurs mains cal-
leuses lui prouvérent que ce n'étaient que de pauvres cultivateurs dont la for-
tune n'excédait pas neuf mille deniers. » Il est à croire que S. Jean y aura été
transporté à la méme époque. C'est d'ailleurs sous Domitien qu'on commenca
d'infliger aux prêtres et aux fidèles la peine de la déportation. Nerva, qui lui
succéda l'an 96, révoqua ses édits et rappela les exilés.
On exagére beaucoup les obscurités de l'Apocalypse. Les difficultés qui lui
sont propres ne se trouvent que dans les prédictions : or, ce livre contient bien
autre chose que des prédictions. Le prologue, les avis aux Eglises et à leurs
2094 APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
pasteurs, les descriptions du ciel, des anges, des martyrs, etc., n'ont pas
lavenir pour objet, et sont aussi clairs que frappants. « Les avertissements
moraux et les sentiments de piété, d'adoration, d'actions de grâces envers Dieu
et envers Jésus-Christ sont admirables dans ce livre, » dit Bossuet. — Et méme
dans la partie prophétique, il s'en faut bien que tout soit obscur, ou que l'obs-
curité soit si grande. Il est vrai qu'à l'origine il n'était pas facile d'en préciser
le sens; mais les événements ont fait le jour, et les interprétes ont expliqué le
texte. Nous avons à cet égard sur les chrétiens des premiers siécles le méme
avantage que ceux-ci avaient sur les Juifs pour les prophéties messianiques.
Celles qui nous semblent les plus claires ont passé d'abord pour des énigmes.
Aujourd'hui nous admirons la vérité du tableau et la précision des traits. Pour
ce qui reste à accomplir, « je le laisse, dit Bossuet, à ceux qui en savent plus
que moi : car je tremble en mettant les mains sur l'avenir; » néanmoins, on ἃ
une certaine vue des événements prédits et de leurs principaux caractéres.
Par exemple, on ne saurait dire au juste quels faits précéderont la fin du
monde, ce que sera l'Antechrist quand il viendra, ce que c'est que Gog et Magog,
comment aura lieu la résurrection, etc. Mais on comprend trés bien que la
résurrection et le jugement mettront fin à la durée du monde, qu'il y aura
auparavant des épreuves terribles, un grand séducteur et un grand persécuteur:
n'est-ce pas assez pour craindre et louer Dieu, pour s'attacher à son service, se
conlier en sa providence, se détacher de tout et aspirer au ciel? »
Il est certain néanmoins que ce livre a ses difficultés. Ce n'est pas une his-
toire, comme les Evangiles, ni un traité ou une exhortation, comme les Epitres:
c'est un livre prophétique, rempli de prédictions et de symboles, double source
d'obscurité, double écueil pour les esprits peu accoutumés aux figures de la
Bible, peu versés dans l'histoire ecclésiastique ou qui portent dans cette étude
des préoccupations de système ou de parti.
Les prédictions n'ont jamais la clarté des récits. Souvent elles n'offrent qu'une
esquisse, un apercu, un sommaire des événements à venir. Quand elles seront
réalisées, les faits en feront ressortir la signification el écarteront les imagina-
tions erronées, Mais jusque-là, il est naturel qu'elles donnent lieu à des conjec-
tures et qu'elles se prétent à diverses combinaisons. C'est ce qui est arrivé.
avons-nous dit, aux prophéties de l'Ancien Testament.
La nature du langage symbolique ajoute à la difficulté pour ceux qui ne sont
pas familiarisés avec le style prophétique. Comme S. Jean découvre l'avenir en
vision, il le décrit sous forme de tableaux, d'images emblématiques. Sous sa
plume, les choses les plus spirituelles prennent un corps; les êtres inanimés
eux-mémes agissent et parlent. Les ministres de Dieu deviennent des anges, des
astres, des êtres fantastiques. L'empire est une cité, l'Eglise un temple, les
arréts du Sauveur un glaive. Un nom s'exprime en chiffre. Un chiffre recoit une
valeur indéterminée, purement relative. Mille ans signifient une période trés
longue. Dix jours indiquent un court espace de temps. Ce langage a son mérite:
il est vif, rapide, frappant; mais il a aussi ses défauts. S'il met les objets en
relief, c'est en un point seulement, en laissant dans l'ombre les contours. Les
esprits aventureux s'y donnent libre carriére; les esprits minutieux, qui veulent
qu'on leur précise chaque chose, se plaignent de ne rien saisir. Ceux qui ont
peu étudié les prophétes s'étonnent qu'on ne prenne pas à la lettre toutes les
figures : la terre qui tremble, les montagnes qui chancellent, les astres qui
INTRODUCTION. 2935
tombent, les martyrs qui revivent, les statues qui parlent, le démon qu'on
enchaine, etc.
Le défaut de connaissance sur l'histoire de l'Eglise, sur les persécutions des
premiers siècles, sur l'invasion et les ravages des barbares, sur la décadence de
l'empire romain, enfin sur tout ce qui fait l'objet de la plupart des prédictions,
est encore une nouvelle cause d’obscurilé pour un certain nombre. Ceux-là
renyoient communément à la fin du monde les tableaux méme les moins voilés
de la chute de l'empire et de Roine.
Enfin, les préoccupations, l’attache au système ou au parti, l'amour de la
nouveauté, ont beaucoup contribué à multiplier les interprétations singuliéres
et extravagantes. L'esprit est aisément la dupe du cœur. Si cette maxime trouve
son application dans les sujets méme les plus clairs, combien plus doit-elle se
vérifier dans l'étrude des symboles, dans l'interprétation des termes vagues, inso-
lites, énigmatiques? C'est ce qui explique comment un certain nombre de pro-
testants en sont encore à faire à l'Eglise romaine l'application de ce que S. Jean
a écrit sur Rome infidéle et persécutrice. *
Les nombres ronds, si fréquemment répétés, dans la partie symbolique de
ce livre, participent évidemment de la nature du symbole. De là résultent deux
conséquences remarquables : — 1° On ne doit pas leur attribuer une significa-
tion trop précise. Comme les symboles sont de simples similitudes qui ne se
réalisent jamais qu'approximativement, les nombres qu'ils renferment ne sau-
raient avoir une valeur bien déterminée et la signification en est toujours plus
ou moins vague. Ce serait donc se hasarder de dire qu'il doit y avoir entre les
choses dénombrées un rapport identique à celui qui existe entre les nombres.
Il n'est pas certain, par exemple, que telle durée évaluée à sept ans doive étre
exactement le double de telle autre durée évaluée à trois ans et demi. — 2° Le
rôle que ces nombres, deux, trois, sept, douze, etc., remplissent dans l'énoncé
de certains dogmes, de certaines lois, de certains faits très connus, les suggèrent
naturellement à l'esprit lorsqu'il s'agit de dénombrer des choses, des lois, des
faits semblables; et fait par la raison méme qu'ils éveillent d'eux-mémes, la pensée
de choses du méme genre. De là pour chacun d'eux une signification accessoire,
qui les rend propres à entrer dans la composition de tels ou tels symboles.
Ainsi au nombre deuz, qui est celui des témoignages requis pour légitimer une
sentence judiciaire, s'est attachée l'idée d'accord, de confirmation, de certitude
en matiére de déposition; c'est pourquoi les Apótres doivent toujours étre deux
à précher, et il y a deux témoins ou deux martyrs qui rendent témoignage à
Jésus-Christ dans la persécution. Le nombre trois, qui est celui des personnes
divines, fait penser à la divinité. Il prend place naturellement dans tout ce qui est
consacré à la Trinité ou qui a rapport à elle. Quatre dont le carré est la figure,
donne l'idée de l'étendue limitée ou du monde physique; d'oü la division de la
terre en quatre parties, les quatre points cardinaux, les quatre vents du ciel, etc.
Joint à trois, ce nombre donne sept; or la religion est ce qui unit les trois per-
sonnes divines avec les quatre parties du globe; c'est donc aux objets religieux,
considérés comme tels, que ce nombre sept convient particulièrement. De là
l'emploi si fréquent de ce nombre dans les énumérations relatives au culte ou
aux œuvres de Dieu. Comme sept indique la totalité, sept moins un, ou sir,
donne l'idée d'un nombre imparfait, comme d'une semaine sans sabbat. Répété
trois fois, c'est le nombre de la bête, 666. Trois et demi, moitié de sept, suggère
9936 APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
la pensée d'une chose incomplète, tronquée, malheureuse; douze au contraire
donne l'idée d'universalité dans le temps ou dans l'espace.
Ces significations fondées sur l'association des idées semblent impliquer le
principe que toutes les œuvres de Dieu se font avec nombre, poids el mesure,
suivant des régles uniformes; mais il ne faut pas trop presser ce principe. En
fait de termes et de signification, la grande loi c'est l'usage; et bien qu'ils
aient parlé par inspiration, les auteurs sacrés, pour se faire entendre, ont dû
prendre le langage de leur temps, avec ses imperfections comme avec ses qua-
lités, et s’en servir de la méme manière que d'autres auraient fait dans les mêmes
circonstances.
L'Apocalypse a trois parties : — La première, r-ri, contient le prologue, avec
des avis pour sept Eglises de la province d'Asie. Ces avis ont pour but de for-
tifier la foi des chrétiens et de ranimer leur ferveur. Notre Seigneur signale aux
évéques un double péril : l'hérésie dans le présent et la persécution dans un
avenir prochain. — La troisième partie, xx-xxir, offre le tableau des événe-
ments qui précéderont immédiatement la résurrection générale, puis l'annonce
du triomphe final de Jésus-Christ et des saints, avec une conclusion assez courte
qui fait comme le pendant du prologue. — La seconde, celle du milieu, 1v-xix,
est, sans comparaison, la plus étendue. C'est là que sont rapportées les visions
prophétiques dont S. Jean fut favorisé. Elles ont pour objet les terribles épreuves
par lesquelles l'Eglise doit bientót passer, mais surtout le triomphe du Sauveur
sur l'empire idolâtre et les chátiments réservés aux persécuteurs. Ces visions
sont mentales et symboliques, du genre de celles que S. Thomas appelle ima-
ginatives, c'est-à-dire qui, sans affecter les sens extérieurs, ne sont pas néan-
moins purement intellectuelles. (L. Bacuez.)
APOCALYPSE
DE SAINT JEAN
CHAPITRE PREMIER.
Révélation faite à saint Jean. Saint Jean
salue les sept Eglises auxquelles il écrit.
Jésus-Christ lui apparait; description
de cette vision. Paroles de Jésus-Christ
à saint Jean.
1. Révélation de Jésus-Christ
que Dieu lui a donnée pour dé-
couvrir à ses serviteurs ce qui
doit arriver bientót, et il l'a fait
connaitre, en l'envoyant par son
ange à Jean, son serviteur,
2. Quia rendu témoignage à la
parole de Dieu, et le témoignage
de Jésus-Christ en tout ce qu'il a
vu.
3. Bienheureux celui qui lit et
écoute les paroles de cette pro-
phétie, et garde les choses qui y
sont écrites; car le temps est
proche.
4. Jean, aux sept Eglises qui
sont en Asie : Gráce à vous et
paix par celui qui est, qui était,
et qui doit venir, et par les sept
esprits qui sont devant son tróne:
9. Et par Jésus-Christ qui est le
témoin fidèle, le premier-né des
morts, et le prince des rois de la
terre, qui nous a aimés et nousa
lavés de nos péchés dans son
sang,
6. Et nous a faits le royaume
et les prêtres de Dieu son Père :
à lui la gloire et l'empire dans les
siecles des siecles. Amen.
1. Le voici qui vient sur les
nuées, et tout cil le verra ; et
méme ceux qui l'ont percé. Et
toutes les tribus de la terre se
frapperont la poitrine à cause de
lui. Oui. Amen.
8. Je suis l’Alpha et 'OÓméga, le
Cuar. I. 4. Exode, 111, 14. — 5. I Cor, xv, 20; Coloss., 1, 18; Hébr., 1x, 14; I Pierre,
1, 19; I Jean, 1, 7. — 7. 18816, זז 13; Matt., xxiv, 30; Jude, 14. — 8. 18810, זא 4; xL1v, 6;
בע ה 12 הח דב | xxr, (6; xxi, 49.
1. Révélation est la traduction du mot grec Apocalypse. Dans notre Abrégé d'intro-
duction, etc., nous avons exposé les principes que l'on doit suivre, et les régles que
l'on doit observer dans l'explication de l’ Apocalypse. Une lecture attentive de cet
exposé aidera beaucoup à comprendre les endroits difficiles de ce livre. — * A Jean,
son serviteur. Saint Jean qui ne s'était nommé ni dans son Evangile ni dans ses
Epitres, se nomma dans l'Apocalypse, parce que ce livre est une prophétie et que le
prophéte doit attester la réalité et l'authenticité de ses révélations en les signant,
pour ainsi dire, de son nom.
2. Le témoignage de Jésus-Christ, etc.; c'est-à-dire qui a rendu témoignage de tout
ce qu'il a vu de Jésus-Christ.
ἅ, Aux sept Eglises. Ces Eglises sont nommées au vers. 11.
ὃ *L'Alpha et l'Oméga sont la première et la dernière lettre de l'alphabet grec.
2938
commencement et la fin, dit le
Seigneur Dieu, qui est, qui était
et qui doit venir, le Tout-Puis-
sant.
9. Moi, Jean, votre frère, qui
ai part à la tribulation, au règne
et à la patience en Jésus-Christ,
j'ai été dans 1116 de Patmos, pour
la parole de Dieu et pour le té-
moignage de Jésus.
10. Je fus ravi en esprit le jour
du Seigneur, et jentendis der-
riere moi une voix éclatante
comme d'une trompette,
11. Disant : Ce que tu vois,
écris-le dans un livre et envoie-le
aux sept Eglises qui sont en Asie:
à Ephèse, à Smyrne, à Pergame,
à Thyatire, à Sardes, à Philadel-
phie et à Laodicée.
19. Et je me tournai pour voir
la voix qui me parlait ; et m'étant
tourné, je vis sept chandeliers
d'or ;
13. Et au milieu des sept chan-
deliers d'or, quelqu'un qui res-
semblait au Fils de l'homme, vétu
d'une longue robe, et ceint au-
dessous des mamelles d'une cein-
ture d'or.
14. Sa téte et ses cheveux
étaient blancs comme de la laine
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
[cm. 1.)
blanche et comme de la neige, et
ses yeux comme une flamme de
feu.
15. Ses piedsétaient semblables
à de l'airain fin, quandil est dans
une fournaise ardente, et sa voix
comme la voix de grandes eaux.
16. 11 avait sept étoiles dans sa
main droite ; de sa bouche sortait
une épée à deux tranchants, et
son visage étaitlumineux comme
le soleil dans sa force.
17. Et lorsque je l'eus vu, je
tombai à ses pieds comme mort.
Mais il mitsa main droite sur moi,
disant : Ne crains point, je suis le
premier et le dernier,
18. Et celui qui vit; jai été
mort, mais voici que je suis vi-
vant dans les siècles des siecles,
et j'ai les clefs dela mort et de
l'enfer.
19. Ecris donc les choses que
tu as vues, celles qui sont, et
celles qui doivent arriver ensuite.
20. Voici le mystère des sept
étoiles que tu as vues dans ma
main droite, et des sept chande-
liers : Les sept étoiles sont les
sept anges des sept Eglises, et les
sept chandeliers sont les sept
Eglises.
17. Isaie, xLr, 4; xL1V, 6; xLvinr, 12; Infra, xxi, 13.
9. Pour le témoignage de Jésus-Christ; c'est-à-dire pour avoir rendu témoignage à
Jésus, pour avoir préché le nom de Jésus. — * Dans l'ile de Patmos. Petite 116 de la
mer Egée, l'une des Sporades, à l'est de la Carie, au sud de Samos. Ce n'est qu'un
rocher, presque partout aride, de trente milles romains de circonférence. On montre
dans l'ile une grotte où l'on croit que saint Jean a écrit l'Apocalypse.
10. Le jour du Seigneur ; le jour du dimanche, premier de la semaine.
11. * En Asie, dans la province romaine qui portait ce nom et comprenait une
partie de l'Asie Mineure: — 4 Ephèse. Voir Actes, xvii, 19. — À Smyrne. Voir plus
loin, n, 8. — A Pergame. Voir plus loin, ir, 12. — A Thyalire. Voir Actes, xvi, 14. —
A Sardes. Voir plus bas, m, 1. — A Philadelphie. Voir plus bas, ur, T. — À Laodicée.
Voir Col., 11, 1,
11. Je suis le premier et le dernier. Voy. le vers. 8.
20. Les sept anges, etc.; c'est-à-dire les sept évêques, qui sont en effet les anges
visibles de Dieu, ou ses envoyés. Compar. Malach., n, T.
).11 .זו6]
CHAPITRE II.
L'ange d'Ephése loué de sa vertu, blàmé
de son relâchement. L'ange de Smyrne
riche dans sa pauvreté et heureux dans
sa persécution. L'ange de Pergame ac-
cusé de ne pas combattre assez les er-
reurs. L'ange de Thyatire blàmé de lais-
ser séduire les fidéles.
4. Ecris à l’ange de l’église d'E-
phèse : Voici ce que dit celui qui
tient les sept étoiles dans sa
main droite, qui marche au mi-
lieu des sept chandeliers d’or.
9. Je sais tes œuvres, et ton
travail et ta patience, et que tu
ne peux supporter les méchants;
tu as éprouvé ceux qui se disent
apótres et ne le sont point, et tu
les as trouvés menteurs.
9. Tu es patient, et tu as souf-
tert pour mon nom, et tu ne t'es
point découragé.
4. Mais j'ai contre toi, que tu es
déchu de ta charité premiere.
5. Souviens-toi donc d'oü tu es
tombé; fais pénitence, etreprends
tes premières œuvres, sinon je
viendrai bientôt à toi; et si tu ne
fais pénitence, j'óterai ton chan-
delier de sa place.
6. Mais tu as cela, que tu hais
les actions des Nicolaites, que moi
aussi je hais.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
2939
7. Que celui qui a des oreilles
entende ce que l'Esprit-Saint dit
aux Eglises : Au vainqueur, je
je donnerai à manger du fruit de
l'arbre de vie, qui est dans le pa-
radis de mon Dieu.
8. Et à lange de l’église de
Smyrne, écris : Voici ce que dit
celui qui est le premier et 16 der-
nier, qui a été mort et qui est vi-
vant.
9. Je sais ton affliction et ta
pauvreté; mais tu es riche, et
tu es calomnié par ceux qui se
disent Juifs et ne le sont pas,
mais qui sont de la synagogue
de Satan.
10. Ne crains rien de ce que tu
auras à souffrir. Voici que le dia-
ble và mettre quelques-uns de
vous en prison, afin que vous
soyez éprouvés; et vous aurez
des tribulations pendant dix
jours. Sois fidèle jusqu'à la mort,
et je te donnerai la couronne de
vie.
11. Que celui qui a des oreilles
entende ce que l'Esprit-Saint dit
aux Eglises : Celui qui sera victo-
rieux ne souffrira rien de la se-
conde mort.
19. Et à l'ange de l'église de
Pergame, écris : Voici ce que dit
6. Nicolaites; hérétiques qui avaient pris leur nom de Nicolas, l'un des sept diacres
de Jérusalem, qui fut l'auteur, ou plutót l'occasion de cette secte.
1. Cet arbre de vie au milieu du paradis, c'est Jésus-Christ présent dans le ciel ;
le fruit de cet arbre, c'est la possession de Dieu.
8. * Smyrne, ville ionienne, port de la mer Egée, dans l'Asie Mineure, à 320 stades
romains au nord d'Ephése, célèbre par son commerce.
9. Qui se disent, etc. Ils se disaient Juifs, et ne l'étaient pas, parce que le vrai Juif
bip pas celui qui le parait au dehors, mais celui qui l'est intérieurement. Rom.,
1, 38, 29.
11. La seconde mort est la damnation éternelle, comme la premiere est la mort du
corps.
12. * Pergame, ville de la grande Mysie, en Asie Mineure, au confluent du Caique et
du Cétius, renommée pour son temple d'Esculape et pour sa riche bibliothéque, ainsi
que pour ses fabriques de parchemin. Le mot parchemin n'est qu'une altération du
nom de Pergame,
2040
celui qui porte l'épée à deux
tranchants :
13. Je sais où tu habites, où est
le tróne de Satan. Tu as conservé
mon nom, et tu n'as pas renoncé
à ma foi, méme en ces jours oü
Antipas, mon témoin fidèle, a
souffert la mort parmi vous, oü
Satan habite.
14. Mais j'ai quelque chose con-
tre toi: c'est que tu as pres de
toi des hommes qui tiennent la
doctrine de Balaam, qui apprenait
à Balac à jeter des pierres de
scandale devant les enfants d'ls-
raél,à manger et à commettre la
fornicalion.
15. Toi aussi, tu as des hommes
qui tiennent la doctrine des Nico-
laïtes.
16. Faispareillement pénitence,
sinon je viendrai bientót à toi, et
je combattrai contre eux avec
l'épée de ma bouche.
17. Que celui qui a des oreilles
entende ce que l'Esprit dit aux
Eglises : Au vainqueur, je donne-
rai la manne cachée ; je lui don-
nerai une pierre blanche, et un
nom nouveau écrit sur la pierre,
lequel nul ne connait, que celui
qui le recoit.
18. Et à l'ange de l'église de
Thyatire, écris : Voici ce que dit
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
u.] .אס]
le Fils de Dieu, qui a les yeux
comme une flamme de feu, et les
pieds semblables à de l'airain fin.
19. Je connais tes œuvres, ta
foi, ta charité, tes aumónes, ta
patience, et tes dernières œuvres
plus abondantes que les premie-
res.
20. Mais j'ai quelque chose
contre toi; tu permets que Jéza-
bel, cette femme qui se dit pro-
phétesse, enseigne et séduise mes
serviteurspourqu'ils commettent
la fornication, et qu'i:s mangent
des viandes immolées aux idoles.
21. Je lui ai donné un temps
pour faire pénitence, et elle ne
veut pas se repentir de sa prosti-
tution.
22. Voici que vais la jeter sur
un lit de douleur; et ceux qui
commettent l'adultére avec elle
seront dans une trés grande afflic-
tion, s'ils ne font pénitence de
leurs ceuvres.
93. Je frapperai ses enfants de
mort, et toutes les Eglises con-
naitront que je suis celui qui
sonde les reins et les cœurs, et je
rendrai à chaeun de vous selon
ses œuvres. Mais je dis à toi
24. Et à vous tous qui étes à
Thyatire : Tous ceux qui n'ont
point cette doctrine, el qui ne
II. 44. Nom., xxiv, 3; xxv, 2. — 23. I Rois, xvi, 7; Ps. vir, 10; Jér., xi, 20; .ג
xx, 12. ;10 מנטא
13.* Antipas, d'après certaines hypothèses, aurait été évêque de Pergame avant
celui à qui s'adressa saint Jean. Les martyrologes nous apprennent qu'il consomma
son martyre dans les flancs d'un taureau d'airain brülant.
18. * Thyatire. Voir Actes, xvi, 14.
19. Tes aumónes; littér., {on ministère; mot qui, comme on l'a déjà vu, signifie
quelquefois la dispensalion, la distribution des aumónes. Compar. II Corinth., virt, 4;
[6:35 00 4122 19:
90. * Jézabel était sans doute une femme chrétienne influente qu'on avait entrainée
dans le parti de l'erreur. Ce nom de Jézabel pourrait du reste n'étre pas véritable,
mais bien une appellation déguisée, empruntée à la femme impie d'Achab, roi
d'Israél.
[cn. [.זזד
connaissent pas les profondeurs
de Satan, comme ils disent, je ne
ne mettrai point d'autre poids
sur vous.
95. Toutefois, ce que vous avez
gardez-le jusqu'àce queje vienne.
26. Et celui qui aura vaincu, et
aura gardé mes œuvres jusqu'à
la fin, je lui donnerai puissance
sur les nations;
27. ἢ les gouvernera avec une
verge de fer, et elles seront bri-
sées comme un vase de potier.
28. Comme je l'ai obtenu moi-
méme de mon Père, et je lui don-
nerai l'étoile du matin.
29. Que celui qui a des oreilles
entende ce que l'Esprit dit aux
Eglises.
CHAPITRE III.
L'ange de Sardes mort devant Dieu, quoi-
qu'on le croie vivant. L'ange de Phila-
delphie aimé de Dieu pour sa fidélité
et sa patience; celui de Laodicée me-
nacé d’être rejeté comme tiède.
1. Et à l'ange de léglise de
Sardes, écris : Voici ce que dit
celui qui ales sept Esprits de Dieu
et les sept étoiles : Je sais tes œu-
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
2041
vres; tu as la réputation d'étre
vivant, mais tu es mort.
2. Sois vigilant, et confirme
tous les restes qui étaient près de
mourir; car je ne trouve pas tes
uvres pleines devant mon Dieu.
3. Souviens-toi donc de ce que
tu as reçu et de ce que tu as en-
tendu, et garde-le, et fais péni-
tence; car si tu ne veilles, je
viendrai à toi comme un voleur,
et tu ne sauras à quelle heure
je viendrai.
4. Tu as toutefois un petit nom-
bre de noms à Sardes qui n'ont
point souillé leurs vétements ; or
ils marcheront avec moi revétus
de blanc, parce qu'ils en sont di-
gnes.
5. Celui qui aura vaincu sera
ainsi vêtu de blanc, et je n'efface-
rai point son nom du livre de vie;
et je confesserai son nom devant
mon Pere et devant ses anges.
6. Que celui qui a des oreilles
entende ce que l'Esprit dit aux
Eglises.
1. Et à l'ange de l'église de
Philadelphie, écris : Voici ce que
dit le Saint et le Véritable, qui a
21. Ps. τι, 9. — (ΒΑΡ. 111. 3. I Thess., v, 2; II Pierre, 11 10; Infra, xvi, 15. — 7. Isaie,
xxi, 22; Job, ,זא
26. On voit ici que les saints aprés leur mort vivent avec Dieu, et ont puissance
sur les contrées et les nations.
28. C'est Jésus-Christ lui-même qui est l'éfoile du matin (xxit, 16), qui se lèvera
daus nos cœurs (II Pierre, 1, 19), en se manifestant à nous, et qui se donnera à nous,
en nous communiquant l'éclat de sa gloire.
1. * Sardes, métropole de la Lydie, en Asie Mineure, tout adonnée aux plaisirs,
sur la pente du Tmolus, baignée par le Pactole, ancienne capitale de Crésus. Il y avait
beaucoup de Juifs.
2. Tous les restes. 11 y a dans le texte le genre neutre, ce qui est un pur hébraisme
. qui a pour but de marquer une universalité complète, qui n'admet aucune exception.
4. Noms. Dans les énumérations, le mot nom se prend pour £éfe, individu, personne.
Compar. Act., 1, 15, où la Vulgate elle-même a rendu par Aommes le terme grec qui
signifie noms.
1. * Philadelphie était en Lydie, comme Sardes, au pied du mont Tmolus, sur le
Caistre. Elle avait été bâtie par Attale II Philadelphe qui lui avait donné son nom.
Depuis l'an 132 avant Jésus-Christ, elle était soumise à la province romaine.
2942
la clef de David, qui ouvre et per-
sonne ne ferme; qui ferme et
personne n'ouvre.
8. Je sais tes œuvres. J'ai posé
devant toi une porte ouverte, que
personne ne peut fermer, parce
que tu as peu de force, et que
cependant tu as gardé ma parole,
et tu n'as pas renoncé mon nom.
9. Voici que je produirai quel-
ques-uns de la synagogue de Sa-
tan, qui se disent Juifs, et ne le
sont pas, mais qui mentent. Je
ferai qu'ils viennent, qu'ils ado-
rent à tes pieds, et qu'ils sachent
que je t'aime.
10. Parce que tu as gardé la
parole de ma patience, moi aussi
je te garderai de l'heure de la
tentation, qui doit venir dans
tout l'univers éprouver ceux qui
habitent sur la terre.
11. Voici que je viens bientót :
Garde ce que tu as, de peur que
quelque autre ne recoive ta cou-
ronne.
12. Celui qui aura vaincu, j'en
ferai une colonne dans le temple
de mon Dieu, et il n'en sortira
plus; et j'écrirai sur lui le nom
de mon Dieu et le nom de la cité
de mon Dieu, de la nouvelle 16-
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
(cu. 1π.
rusalem, qui descend du ciel d'au-
prés de mon Dieu, et mon nou-
veau nom.
13. Que celui qui a des oreilles
entende ce que l'Esprit dit aux
Eglises.
14. Et à l'ange de l'église de
Laodicée, écris : Voici ce que dit
Amen, le témoin fidèle et véri-
table, qui est le principe des créa-
tures de Dieu.
15. Je sais tes œuvres; tu n'es
ni froid ni chaud : plüt à Dieu
que tu fusses froid ou chaud!
16. Mais parce que tu es tiède,
et que tu n'es ni froid ni chaud,
je suis prés de te vomir de ma
bouche.
11. Car tu dis : Je suis riche et
opulent, et je n'ai besoin de rien;
et tu ne sais pas que tu es mal-
heureux, misérable, pauvre,
aveugle et nu.
18. Je te conseille d'acheter de
moi de l'or éprouvé au feu, afin
de t'enrichir, et de te vétir d'ha-
bits blancs, de peur que la honte
de ta nudité ne paraisse; applique
aussi un collyre sur tes yeux, afin
que tu voies.
19. Pour moi, je reprends et je
chátie ceux que j'aime. Rallume
44, Jean, xiv, 6. — 19. Prov., nr, 12; Hébr., xir, 6.
8. J'ai posé; littér., j'ai donné. Le verbe hébreu correspondant réunit ces deux
significations.
9. Je produirai, je poserai, j'établirai. Voy. vers. 8. — Qui se disent, etc. Voy. 11, 9.
— Qu'ils adorent. On a déjà vu que dans le style des Hébreux, le mot adoration signi-
fiait souvent un simple hommage de respect.
10. La parole de ma patience. Le mot parole est mis pour préceple. Saint Jean, en
effet, emploie souvent la phrase garder la parole, pour garder la loi. De plus, l'ex-
pression la parole de ma patience, est une hyperbate hébraïque; la coustruction ré-
guliére est: Ma parole, ou mon précepte de la patience, touchant la patience.
14. Des créatures. Le texte porte au singulier de La créature, mais c'est évidemment
un nom collectif; ou bien ce mot doit se prendre ici, comme en plusieurs autres pas-
sages, dans le sens de création. — * Laodicée. Voir Colos., r1, 4.
18. Cet or éprouvé au feu est le symbole de la charité; ces habits blancs, celui de
l'innocence, des vertus chrétiennes, des œuvres saintes (xix, 8), et ce co/lyre, celui
de l'humilité qui nous ouvre les yeux, en nous faisant connaitre nos défauts, ;
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
donc ton zèle, et fais pénitence.
20. Me voici à la porte et je
frappe; si quelqu'un entend ma
voix et m'ouvre la porte, j'entre-
rai chez lui, et je souperai avec
lui, et lui avec moi.
91. Celui qui aura vaincu, je le
ferai asseoir avec moi sur mon
tróne; comme moi j'ai vaincu
aussi, et me suis assis avec mon
Père sur son trône.
22. Que celui qui ἃ des oreilles
entende ce que l'Esprit dit aux
Eglises.
2943
voilà une porte ouverte dans le
ciel, et la première voix que j'a-
vais entendue comme une voix
de trompette qui me parlait, dit :
Monte ici, et je te montrerai
ce qui doit arriver apres ces
choses.
2. Et aussitôt je fus ravi en es-
prit, et je vis un tróne placé dans
le ciel, et quelqu'un assis sur le
tróne.
3. Celui qui était assis paraissait
semblable à une pierre de jaspe
et de sardoine; et il y avait au-
tour du tróne un arc-en-ciel sem-
blable à une émeraude.
4. Autour du tróne étaient en-
core vingt-quatre trónes, et sur
les trónes vingt-quatre vieillards
assis, revétus d'habits blancs, et
sur leurs tétes des couronnes
d'or.
CHAPITRE 1V.
Le Seigneur parait assis sur son tróne;
il a quatre vieillards autour de lui, et
sept lampes devant lui. Mer transpa-
rente devant le tróne. Quatre animaux
antour du tróne; leur cantique. Can-
tique des vingt-quatre vieillards.
1. Aprés cela je regardai, et
20. Dieu frappe à la porte de notre cœur par les avertissements qu'il nous donne;
il entre en nous par la charité qu'il répand dans nos cœurs; il soupe avec nous par
les grâces dont il nous comble en cette vie, considérée comme le soir qui précède le
grand jour de l'éternité.
1. * Le ciel, l’Agneau, le livre aux sept sceaux, v, v. > Le chapitre quatrième contient
la description du ciel, siége de la grandeur, de la puissance et de la justice divines.
C'est là que sont portés tous les arrêts qui s'exécutent sur la terre. On y voit Dieu
assis sur son tróne, comme sur un tribunal; au-dessous est une mer de cristal,
calme, immense, transparente, comme le firmament. A l'entour sont vingt-quatre
vicillards ou prêtres, toujours en adoration devant la majesté infinie. Ils ont
le titre de prétres, parce qu'ils remplissent la fonction la plus essentielle du sacer-
doce, qui est d'adorer, de bénir, de célébrer ses infinies perfections. Ils sont assis
sur des trónes, parce qu'ils se reposent dans la gloire, fixés pour toujours dans l'es-
sence méme de Dieu. Ils portent des couronnes, parce qu'ils sont associés à sa puis-
sance et à sa souveraineté. En avant est le Sauveur, l'Agneau divin, debout et vivant,
mais comme égorgé, portant les marques d'une double immolation, celle qu'il a
subie en sa personne et celle qu'il souffre dans son corps mystique. C'est sa mission
et sa gloire de révéler tous les secrets et de lever tous les voiles. C'est donc lui qui
reçoit des mains du Père éternel le livre des décrets divins; qui révèle à S. Jean les
événements que celui-ci prédit. Il est, comme le Fére, l'objet des adorations de toute
créature. Cette vision est par rapport aux suivantes, ce qu'est celle du chapitre pre-
mier par rapport aux révélations faites aux évéques des sept Eglises. C'est le prélude
des sentences qui vont être portées au ciel et exécutées sur la terre. » (L. 20082.(
4. * Les vingt-quatre vieillards. « Les meilleurs interprétes pensent que ces vingt-
quatre vieillards qui rendent hommage au Seigneur, au nom de toutes les créatures,
représentent la totalité des élus, en tant qu'appliqués aux louanges de Dieu. Comme
ils remplissent l'office principal des prétres, ils en portent le nom. Ils sont au
nombre de vingt-quatre, comme les chefs des familles sacerdotales de l'ancien
peuple. Suivant Bessuet, douze représentent les saints de l'Ancien Testament, issus des
2944
5. Et du trône sortaient des
éclairs, des voix et des tonnerres;
et il y avait devant le trône sept
lampes ardentes, qui sont les sept
esprits de Dieu.
6. Et devant le tróne, comme
une mer de verre semblable à
du cristal; et au milieu du tróne,
et autour du tróne quatre ani-
maux pleins d'yeux devant et
derriere.
7. Le premier animal ressem-
blait à un lion, le second à un
veau, le troisi&me avait un visage
comme celui d'un homme, et le
quatrieme était semblable à un
aigle qui vole.
8. Ces quatre animaux avaient
chacun six ailes, et autour et au
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
(cg. 1v.]
etils ne se donnaient du repos
ni jour ni nuit, disant : Saint,
saint, saint, estle Seigneur, Dieu
tout-puissant, qui était, qui est,
et qui doit venir.
9. Et lorsque ces animaux ren-
daient ainsi gloire, honneur et
bénédiction à celui qui est assis
sur le tróne, qui vit dans les
siècles des siècles,
10. Les vingt-quatre vieillards
se prosternaient devant celui qui
est assis sur le trône, et ils ado-
raient celui qui vit dans les siecles
des siecles, et ils jetaient leurs
couronnes devant le tróne, di-
sant :
11. Vous étes digne, Seigneur
notre Dieu, de recevoir la gloire,
dedans ils étaient pleins d'yeux; | l'honneur etla puissance, parce
Cap. IV. 8. Isaie, vi, 3.
patriarches, et douzeles saints du Nouveau, dont les Apótres sont comme les péres.
lis n'ont qu'une voix pour louer Celui qui est sur le trône et l'Agneau. » (L. BACUEZ.)
6. * Les quatre animaux symboliques. > La plupart voient en eux une personnification
des quatre Evangiles, en tant qu'animant et inspirant les prédicateurs de la foi
chrétienne. On les distingue à peine les uns des autres. Toute leur intelligence, toute
leur activité, tout leur zéle sont employés à faire connaitre les perfections et les
desseins de Dieu; ils sont les dépositaires de tous ses décrets; ils reflètent toutes
ses pensées sur l'avenir comme sur le passé. Leur aspect annonce la grandeur aussi
bien que l'activité. Leurs ailes indiquent la rapidité de leur course et leur élévation.
115 remplissent le monde des louanges de la majesté divine. — Pour se former une
idée dela cour céleste, telle qu'elle fut montrée à S. Jean, il faut joindre à ce tableau
celui de la multitude des élus, tracé au chapitre vri. Rien de plus solennel, de plus
animé, de plus ravissant que cette description qui semble avoir inspiré à l'auteur du
Te Deum ses plus magnifiques versets. — J1 est impossible de n'étre pas frappé du
rapport qui existe entre les honneurs rendus à Dieu dans le ciel, 1v et v, et le culte
que nous lui offrons dans nos églises. Chaque dimanche, depuis l'origine du chris-
tianisme, nous avons dans nos églises des réunions semblables à cette assemblée
céleste dont S. Jean fait ici le tableau. Un vieillard préside, entouré de ministres
sacrés, de prétres, vétus de robes blanches et portant des couronnes. On voit au
milieu, un autel; sous cet autel, des reliques; sur l'autel, l'Agneau immolé qui fait
office de Médiateur et qui reçoit des adorations; devant l'autel, des parfums, des
prostrations, des cantiques à deux chœurs, un livre qu'il n'est pas donné à tous de
lire et de comprendre. — Soit que l'Esprit saint nous donne à entendre par cette
vision que nous sommes appelés à contempler au ciel ce qui existe en figure ou sous
des voiles dans nos sanctuaires, soit que l'Eglise de la terre ait pris dans cette vue
du ciel, comme Moise autrefois, l'idée de ses rites liturgiques, on peut toujours en
conclure que nos principales cérémonies remontent à l'origine du christianisme, et
qu'elles ont leur sanction dans l'autorité de Dieu. » (L. BAcuez.)
8. Saint, saint, saint. Les Hébreux formaient un de leurs superlatifs en répétant
trois fois l'adjectif positi*
(cu. v.]
que vous avez créé toutes choses,
et que c'est par votre volonté
qu'elles étaient et qu'elles ont été
créées.
CHAPITRE V.
Livre scellé de sept sceaux. Nul n'est
trouvé digne de l'ouvrir. Jésus parait
sous le symbole d'un agneau immolé,
mais plein de vie; il prend le livre.
Cantique des saints, des anges et de
toutes les créatures à sa louange.
1. Je vis ensuite dans la main
droite de celui qui est assis sur
le tróne, un livre écrit dedans et
dehors, scellé de sept sceaux.
2. Je vis encore un ange fort
qui criait d'une voix forte : Qui
est digne d'ouvrir le livre, et d'en
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
2945
3. Et nul ne pouvait ni dans le
ciel, ni sur la terre, ni sous la
terre, ouvrir le livre, ni le regar-
der.
4. Et moi je pleurais beaucou»
de ce que personne ne s'était
trouvé digne d'ouvrir le livre ni
de le regarder.
9. Mais l'un des vieillards me
dit : Ne pleure point; voici le lion
de la tribu de Juda, la racine de
David, qui a obtenu par sa vic-
toire d'ouvrir le livre et d'en dé-
lier les sept sceaux.
6. Et je regardai, et voilà au
milieu du tróne et des quatre ani-
maux, etau milieu des vieillards,
un Agneau debout comme im-
délier les sceaux? molé, ayant sept cornes et sept
1. * « On voit apparaitre successivement trois groupes de symboles: sept sceaux,
sept trompettes et sept coupes. S'il est manifeste que tous ces symboles ont rapport
au méme objet, la destruction du monde idolátre, il ne l'est pas moins que leur suc-
cession indique la durée et le progrès de l’œuvre. Ainsi chaque nouveau groupe
ajoute à la signification du groupe précédent. La levée des sceaux montre que l'arrét
vengeur est porté, sans être encore promulgé; le son des trompettes est 18 promul-
gation de l'arrét; l'effusion des coupes sera comme l'application de la peine au cou-
pable. A la derniére on entendra éclater dans le ciel cette parole: « C'est fait »,
Apoc., xvi, 17, auquel fait écho le cri de l'Apostat expirant: « Tu as vaincu, Gali-
léen. » — Il est clair qu'il s'agit de fléaux ou de chátiments divins. Ces fléaux tombent
sur l'empire idolátre comme les plaies d'Egypte sur le royaume de Pharaon. Reste
la dificulté d'assigner à chaque signe un sens particulier, ou d'indiquer avec pré-
cision à quelle date il s'accomplit, à quel événement il se rapporte. Il nous semble
quil y a une mesure à garder dans cette détermination, qu'il ne faut pas vouloir
tout distinguer ni trop descendre dans le détail, que divers signes peuvent avoir pour
objet des faits d'une méme époque et parfois les mémes faits considérés sous divers
aspects. Evidemment, c'est moins pour s'accorder avec les faits de l'histoire que
pour se conformer aux habitudes du langage symbolique, que les signes se succèdent
d'une maniére réguliére, en nombre septénaire. « Le nombre sept, dit S. Augus-
tin, est celui de la totalité. » Plusieurs interprètes n'ont pas assez tenu compte
de cette considération. Non seulement ils ont assigné à chaque série de symboles
une signification particuliére, mais ils ont donné pour objet à chaque signe un fait
déterminé. Ainsi ils se sont jetés dans la conjecture, et le désir de la précision leur
ἃ fait perdre jusqu'à la vraisemblance. Les symboles sont, comme les paraboles,
moins précis que frappants. « Prise dans son ensemble, dit le P. Lacordaire, la pro-
phétie de S. Jean est d'une extréme clarté; mois elle échappe aux efforts de ceux
qui veulent la suivre pas à pas et en appliquer toutes les scénes aux événements
accomplis. » (L. Bacukz.)
2. D'en délier les sceauz. Anciennement on scellaitles livres, les tablettes, en les
enveloppant et les liant avec du lin ou toute autre matière semblable, et en y appli-
quant le sceau par-dessus. Voy. Isaïe, vin, 16.
5. A obtenu, etc. ; littér. : À vaincu, l’a emporté d'ouvrir Le livre, pour ouvrir le livre;
c'est-à-dire a été assez puissant pour ouvrir, etc.
N. T. 185
2046
yeux, qui sont les sept esprits de
Dieu envoyés par toute la terre.
7. Et il vint, et prit le livre de
la main droite de celui qui était
assis sur le trône.
8. Et lorsqu'il eut ouvert le
livre, les quatre animaux et les
vingt-quatre vieillards tombèrent
devant l'Agneau, ayant chacun
des harpes et des coupes pleines
de parfums, qui sont les prières
des saints.
9. Ils chantaient un cantique
nouveau, disant: Vousétes digne,
Seigneur, de recevoir le livre et
d'en ouvrir les sceaux, parce que
vous avez été mis à mort, et que
vous nous avez rachetés pour
Dieu par votre sang, de toute
tribu, de toute langue, de tout
peuple et de toute nation.
10. Et vous avez fait de nous un
royaume et des prètres pour
noire Dieu; et nous régnerons
sur la terre.
11. Je regardai encore, et j'en-
tendis autour du tróne, et des
animaux, et des vieillards, la voix
de beaucoup d'anges : leur nom-
bre était des milliers de milliers,
19. Qui disaient d'une voix
forte : Il est digne, l'Agneau qui
a été immolé, de recevoir la
vertu, la divinité, la sagesse, la
force, l'honneur, la gloire et la
bénédiction.
Cap. V. 11. Dan., vir, 40.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
[cu. vi.
13. Et j'entendis toutesles créa-
tures qui sont dans le ciel, sur la
terre, sous la terre, et celles qui
sont sur la mer et en elle; je les
entendis tous disant : A celui qui
estassis surletróneetàlAgneau,
bénédiction, honneur, gloire et
puissance dans les siecles des
siecles! )
14. Et les quatre animaux di-
saient : Amen. Et les vingt-quatre
vieillards tombèrent sur leurs
faces, et adorèrent celui qui vit
dans les siècles des siècles.
CHAPITRE VI.
Ouverture des sept sceaux. Premier sceau,
un cavalier monté sur un cheval blanc.
Deuxième sceau, un cavalier monté sur
un cheval roux. Troisième sceau, un
cavalier monté sur un cheval noir. Qua-
trième sceau, up cavalier monté sur un
cheval pâle. Cinquième sceau, plaintes
des martyrs. Sixième sceau, la colère
de l'Agneau.
1. Et je vis que l’Agneau avait
ouvert un des sept sceaux, et
j'entendis l’un des quatre ani-
maux disant comme avec une
voix de tonnerre : Viens et vois.
2. Je regardai, et voilà un che-
val blanc, et celui qui le montait
avait un arc, et une couronne lui
fut donnée, et il partit en vain-
queur pour vaincre.
3. Lorsqu'il eut ouvert le se-
cond sceau, j'entendis le second
8. Qui sont les priéres des saints. Ce texte prouve clairement que les saints dans le
ciel offrent à Jésus-Christ les prières que les fidèles font sur la terre.
18, Sur la mer; c'est le sens de la Vulgate expliquée par le Grec.
2-8. Ce guerrier monté sur un cheval blanc représente Jésus-Christ allant soumettre
le monde à son Evangile; les autres chevaux, les jugements et les châtiments qui
devaient tomber sur les ennemis de Jésus-Christ et de son Eglise; le cheval roux
signifie les guerres; le noir, la famine; et le pâle monté par la Mort, les plaies et la
peste. Voy. les explications que nous avons données de ce chap. vt et des suivants,
dans notre Abrégé d'introduction, etc., p. 501-513,
[cn. vi.)
animal qui dit : Viens et vois.
4. Et il sortit un autre cheval
qui était roux; et à celui qui le
montait, il fut donné d'óter.la
paix de dessus la terre, et de faire
que les hommes 5 entre-tuassent;
et une grande épée lui fut don-
née.
. 9. Quand il eut ouvert le troi-
sieme sceau, j'entendis le troi-
sième animal qui dit : Viens et
vois. Et voilà un cheval noir; or
celui qui le montait avait une ba-
lance en sa main.
6. Et jentendis comme une
voix au milieu des quatre ani-
maux, disant : Deux livres de
blé pour un denier, et trois livres
d'orge pour un denier, et ne gâte
ni le vin ni l'huile.
1. Lorsqu'il eut ouvert le qua-
trième sceau, j'entendis la voix
du quatrieme animal, disant :
Viens et vois.
8. Et voilà un cheval pâle; et
celui qui le montait s'appelait la
Mort, et l'enfer le suivait; et il
lui fut donné puissance sur les
quatre parties de la terre, de
tuer par l'épée, par la famine,
parla mortalité et par les bétes
sauvages.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
9047
^id 1
9. Lorsqu'il eut ouvert le cir-
quieme sceau, je vis sous l'autel
les àmes de ceux qui ontété tués
à cause de la parole de Dieu, à
cause du témoignage qu'ils
avaient.
10. Et ils criaient d'une voix
forte, disant : Jusques à quand,
Seigneur (16 saint et le véritable),
ne ferez-vous point justice et ne
vengerez-vous point notre sang
de ceux qui habitent la terre?
11. Et une robe blanche fut
donnée à chacun d'eux ; et il leur
fut dit qu'ils attendissent en re-
pos encore un peu de temps,
jusquà ce que füt aecompli le
nombre de ceux qui servaient
Dieu comme eux, οἱ celui de
leurs frères qui devaient être
tués comme eux.
19. Et je regardai lorsqu'il ou-
vrit le sixième sceau: et voilà
qu'un grand tremblement de terre
se fit; le soleil devint noir comme
un 580 de poils, et la lune tout
entiere devint comme du sang.
13. Et les étoiles tombèrent du
ciel sur la terre, comme un fi-
guier laisse tomber ses figues
vertes, quand il est agité par un
grand vent.
6. Deux livres. Voy. Ibid., p. 541. — Un denier. Voy. Ibid., p. 543. — * Deux livres.
Le texte original porte deux chœnix. Le chœnix était une mesure de capacité con-
tenant 1 litre 079. — Le denier valait environ 80 centimes.
9. Sous l'autel. Jésus-Christ, en tant qu'homme, est cet autel sous lequel les
àmes des martyrs vivent dans le ciel, comme leurs corps sont ici déposés sous nos
autels.
10. Le saint et le véritable. Compar. ur, 1. — Ne ferez-vous point, etc. Les saints ne
demandent pas cela par haine pour leurs ennemis, mais par zéle pour la gloire de
Dieu, désirant que le Seigneur hâte le jugement universel, et la 268112006 8
de ses élus.
11. * Une robe blanche, 81016. Voir Luc, xi, 22.
12. Noir comme un sac de poils. Les sacs de deuil dont se servaient ordinai-
rement les prophétes étaient faits de poils noirs ou bruns, soit de chévre, soit de
chameau.
13. * Ses figues. Les figues sont ordinairement nombreuses sur les figuiers, et un
grand vent les (ait tomber en abondance,
2918
14. Le ciel se replia comme un
livre roulé, et toutes les mon-
tagnes et les îles furent ébranlées
de leurs places.
15. Alors les rois de la terre,
les princes, les tribuns mili-
taires, les riches, les puissants,
et tout homme esclave ou libre,
se cachèrent dans les cavernes et
dans les rochers des montagnes.
16. Et ils dirent aux montagnes
et aux rochers : Tombez sur
nous, et cachez-nous de la face
de celui qui est assis sur le tróne,
et de la colère de l'Agneau,
47. Parce qu'il est arrivé le
grand jour de leur colere, et qui
pourra subsister?
CHAPITRE VII.
Quatre anges retiennent les quatre vents.
Douze mille Israélites de chacune des
douze tribus sont marqués du signe de
Dieu. Troupe innombrable de toute
nation devant le tróne. Cantique des
anges. Quelle est cette troupe? Récom-
pense dont elle jouira éternellement.
1. Aprés cela, je vis quatre
anges qui étaient aux quatre coins
de la terre, et qui retenaient les
quatre vents de la terre, pour
qu'ils ne soufflassent point sur la
terre, ni sur la mer, ni sur aucun
arbre.
2. Et je vis un autre ange qui
montait de l'orient et portait le
signe du Dieu vivant; et il cria
d'une voix forte aux quatre anges
auxquels il à été donné de nuire
à la terre et à la mer,
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
(cu. vir.]
3. Disant : Ne nuisez ni à la
terre ni à la mer, ni aux arbres,
jusqu'à ce que nous ayons mis le
sceau sur le front des serviteurs
de notre Dieu.
4. Et j'entendis le nombre de
ceux qui avaient été marqués du
sceau cent quarante-quatre
mille de toutes les tribus des en-
fants d'Israël ;
5. Dela tribu de Juda, douze
mille marqués du sceau; de la
tribu de Ruben, douze mille
marqués du sceau; de la tribu de
Gad, douze mille marqués du
sceau ;
6. De la tribu d'Azer, douze
mile marqués du sceau; de la
tribu de Nephtali, douze mille
marqués du sceau; de la tribu de
Manassé, douze mille marqués du
sceau ;
7. De la tribu de Siméon, douze
mille marqués du sceau; de la
tribu de Lévi, douze mille mar-
qués du sceau; de la tribu d'Issa-
char, douze mille marqués du
sceau :
8. De la tribu de Zabulon,
douze mille marqués du sceau;
dela tribu de Joseph, douze mille
marqués du sceau; de la tribu de
Benjamin, douze mille marqués
du sceau.
9. Apres cela, je vis une grande
troupe que personne ne pouvait
compter de toutes les nations, de
toutes les tribus, de tous les
peuples et de toutes les langues,
qui étaient debout devant le
Car. VI. 16. Isaie, 11, 19; Osée, x, 8; Luc, xxu, 30.
14. Comme un livre roulé, Les livres anciens étaient de grands rouleaux de papier
ou de vélin.
9, 13. * De robes blanches, stolai. Voir Luc, xit, 22;
[cu. vur.]
trône et devant l'Agneau, revétus
de robes blanches ; et des palmes
étaient en leurs mains.
10. Et ils criaient d'une voix
forte, disant : Salut à notre Dieu
qui est assis sur le tróne, et à
l'Agneau!
41. Et tous les anges se te-
naient debout autour du tróne et
des vieillards, et des quatre ani-
maux, et ils tombèrent sur leurs
faces devant le trône, et ils ado-
rèrent Dieu,
19. Disant : Amen; la bénédic-
tion, la gloire, la sagesse, l’action
de grâces, l'honneur, la puissance
et la force à notre Dieu dans les
siècles des siècles. Amen.
18. Alors un des vieillards prit
la parole et me dit : Ceux-ci, qui
sont revêtus de robes blanches,
qui sont-ils? et d’où viennent-ils?
14. Je lui répondis : Mon Sei-
gneur, vous le savez. Et il me
dit: Ce sont ceux qui sont venus
de la grande tribulation, et qui
ont lavé et blanchi leurs robes
dans le sang de l'Agneau.
15. C'est pourquoi ils sont de-
vant le tróne de Dieu, et ils le
servent jour et nuit dans son
temple, et celui qui est assis sur
le tróne habitera sur eux.
16. Ils n'auront plus ni faim ni
soif; et le soleil, ni aucune cha-
leur ne tombera sur eux ;
11. Parce que l'Agneau qui est
au milieu du tróne, sera leur
pasteur; il les conduira à des
fontaines d'eau vive, et Dieu es-
suiera de leurs yeux toute larme.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
2949
CHAPITRE VIII
Ouverture du septième sceau. Sept anges
paraissent avec sept trompettes. Pre-
miére trompette, gréle accompagnée de
feu et de sang. Deuxiéme trompette,
montagne tout en feu jetée dans la mer.
Troisième trompette, étoile d'absinthe
qui corrompt les eaux. Quatrième trom-
pette, la troisième partie de la lumière
est obscurcie. Annonce des trois m al-
heurs qui vont suivre.
1. Lorsque l'Agneau eut ouvert
le septième sceau, il se fit un si-
lence ^ans le ciel d'environ une
demi-heure.
2. Et je vis les sept anges qui
se tiennent debout en présence
de Dieu; et sept trompettes leur
furent données.
3. Alors un autre ange vint, et
il s'arrêta devant l'autel, ayant
un encensoir d'or; et une grande
quantité de parfums lui fut don-
née, afin qu'il présenlàt les prie-
res de tous les saints sur l'autel
d'or qui est devant le tróne de
Dieu.
4. Et la fumée des parfums
composée des prieres des saints
monta de la main de l'ange de-
vant Dieu.
ὃ. Et l'ange prit l'encensoir; il
le remplit du feu de l'autel, et le
jeta sur la terre; et il se fit des
tonnerres, des voix, des éclairs,
et un grand tremblement de
terre.
6. Alors les anges qui avaient
les sept trompettes se prépa-
rerent à en sonner.
7. Ainsi le premier ange sonna
(παρ. VII. 16. Isaie, xrix, 10. — 17. Isaie, xxv, 8; Infra, xxi, 4.
——————————————————————MM———
15. Habitera sur eux; il les couvrira comme un pavillon, une tente.
1. Toute herbe verte; c'est-à-dire toute sorte d'herbe indistinctement, mais non pas
généralement toute l'herbe.
2950
de la trompette; il se forma une
gréle et un feu mélé de sang ; ce
fut lancé sur la terre, et la troi-
sième partie de la terre et des
arbres fut brülée, et toute herbe
verte fut consumée.
8. Le second ange sonna de la
trompette, et comme une grande
montagne tout en feu fut lancée
dans la mer, et la troisième
partie de la mer devint du
sang,
9. Et la troisième partie des
créatures qui avaient leur vie
dans la mer mourut, et la troi-
sieme partie des navires périt.
10. Le troisieme ange sonna de
latrompette, et unegrande étoile,
ardente comme un flambeau,
tomba du ciel sur la troisième
partie des fleuves et sur les
sources des eaux.
11. Le nom de l'étoile est Ab-
sinthe ; or la troisième partie des
eaux devint de labsinthe; et
beaucoup d hommes moururent
des eaux, parce qu'elles étaient
devenues amères.
19. Le quatrième ange sonna
de la trompette, et la troisième
partie du soleil fut frappée, et la
troisième partie de la lune et la
troisième partie des étoiles; de
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
(ca. 1x.]
sorte que leur troisième partie fut
obscurcie, et que le jour perdit
la troisième partie de sa lumiere,
et la nuit pareillement.
13. Alors je regardai, et j'en-
tendis la voix d'un aigle qui vo-
lait au milieu du ciel, disant d'une
voix forte : Malheur, malheur,
malheur aux habitants de la terre?
à cause des autres voix des trois
anges qui allaient sonner de la
trompette.
CHAPITRE IX.
Cinquième trompette, chute d'une étoile
qui ouvre le puits de l'abime; fumée
épaisse qui en sort; sauterelles qui se
répandent sur la terre : premier mal-
heur. Sixième trompette, quatre anges
liés sur le fleuve de l'Euphrate sont
déliés; cavalerie nombreuse qui fait:
périr la troisiéme partie des hommes :
commencement du second malheur.
1. Le cinquième ange sonna de
la trompette, et je vis qu'une
étoile était tombée du ciel sur la
terre; et la clef du puits de l'a-
bime lui fut donnée.
2. Et elle ouvrit le puits de l'a
bime, etla fumée du puits monta
comme la fumée d'une grande
fournaise; et le soleil et l'air
furent obscurcis par la fumée du
puits.
4, Une étoile; c'est-à-dire un grand hérétique. — Lui fut donnée; c'est-à-dire fut
lonnée à l'étoile qui s'en servit pour ouvrir le puits de l'abime, et non à l'ange.
C'est le sens indiqué par la construction méme de la phrase. Ajoutons que les quatre
anges précédents ne paraissent que pour sonner de la trompette, et qu'ils laissent
agir les fléaux, quand ceux-ci sont appelés. — * « Au son de la cinquième trompette,
saint Jean voit d'abord un étre sublime et brillant, qui a été précipité du ciel, ouvrir
l'abime, demeure des démons et des exécuteurs dela justice divine. La fumée qui
s'en échappe donne l'idée d'une éruption volcanique, et rappelle celle du Vésuve qui
avait effrayé le monde dix-huit ans auparavant. Immédiatement aprés, apparait une
multitude innombrable de sauterelles, semblables à des escadrons de cavalerie
armés en guerre, lesquelles répandent partout la désolation, sans nuire pourtant à
la société de ceux qui portent sur le front le signe du Dieu vivant. Cette peinture
rappelle celle de Joel, 1 et 11, et doit avoir une signification analogue. Comme Joel
annoncait sous cette figure l'invasion des Assyriens, saint Jean prédit la grande in-
vasion des barbares qui doit dévaster l'empire. » (L. BAcukz.)
]6₪. 1x.)
3. Et de la fumée du puits sor-
tirent des sauterelles qui se ré-
pandirent sur la terre, et il leur
fut donné une puissance comme
la puissance qu'ont les scorpions
de la terre.
4. Il leur fut commandé de
ne point nuire à l'herbe de la
terre, ni à rien de vert, mais
seulement aux hommes qui n'au-
raient pas le signe de Dieu sur le
front.
5. Et il leur fut donné non
de les tuer, mais de les tour-
menter durant cinq mois; or
la douleur qu'elles font souf-
frir est semblable à celle que
cause un scorpion, lorsqu'il pique
l'homme.
6. En ces jours-là les hommes
chercheront la mort, et ils ne la
trouveront pas, ils souhaiteront
de mourir, et la mort s'enfuira
d'eux.
1. Orcessauterelles apparentes
étaient semblables à des chevaux
préparés au combat; et sur leurs
têtes étaient comme des cou-
ronnes semblables à de l'or, et
leurs faces étaient comme des
faces d'homme.
8. Et elles avaient des cheveux
comme des cheveux de femme,
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
2951
et leurs dents étaient comme des
dents de lion.
9. Elles avaient des cuirasses
comme des cuirasses de fer, et le
bruit de leurs ailes était comme
le bruit des chariots à beau-
coup de chevaux, courant au
combat;
10. Elles avaient des queues
semblables à celles des scorpions,
et àleurs queues étaient des ai-
guillons ; or leur pouvoir était de
nuire aux hommes durant cinq
mois.
11. Elles avaient au-dessus
d'elles, pour roi, l'ange de l'a-
bime, dont le nom en hébreu est
Abaddon, en grec Apollyon, et
qui s'appelle en latin l'Extermi-
nateur.
19. Le premier malheur est
passé, et voici encore deux mal-
heurs qui viennent aprés ceux-
ci.
13. Le sixième ange sonna de
la trompette, et j'entendis une
voix partant des quaire coins
de lautel d'or qui est devant
Dieu ;
14. Elle dit au sixième ange qui
avait la trompette : Délie les
quatre anges qui sont liés sur le
grand fleuve d'Euphrate.
Car. IX. 6. Isaie, π, 19; Osée, x, 8; Luc, xxii, 30. — 7. Sag., xvi, 9.
13. * > Au son de la sixième tromyelte, l'Apótre voit une véritable armée de deux
cents millions de cavaliers, qui passent l'Euphrate et qui font périr un tiers de la
population, sans que le reste des infidéles en devienne moins impie. Aussi un ange
annonce-t-il que la fin est proche, et que Dieu n’accordera plus aucun délai aux cou-
pables. Les signes deviennent de plus en plus précis. Comme on a vu plus clairement aux
derniers sceaux ce que signifiaient les sceaux précédents, on reconnait ici ce qu'annon-
cent les premières trompettes. Il s'agit toujours de chàtiments destinés à l'empire.
La seconde armée montre quelle a dû être la première. Celle-ci exprime la voracité
des barbares et leurs déprédations, celle-là leur férocité et leur amour du carnage.
L'Euphrate, frontiere de l'empire en Orient, était le rempart naturel de Babylone : or,
Babylone figurait Rome idolátre, pour S. Jean comme pour 5. Pierre. » (L. Bacuez.)
14. * Le grand fleuve d'Euphrate a sa source en Arménie, arrose la Syrie, la Méso-
potamie et la Babylonie et aprés s être mêlé au Tigre se jette dans le golfe Persique.
995?
15. Et aussitót furent déliés
les quatre anges, qui étaient
préts pour l'heure, le jour, le
mois et l'année, oü ils devaient
tuer la troisième partie des
hommes.
16. Et le nombre de cette ar-
mée de cavalerie était de deux
cent millions; car j'en entendis
le nombre.
47. Etles chevaux me parurent
ainsi dans la vision. Ceux qui les
montaient avaient des cuirasses
de feu, d'hyacinthe et de soufre;
etles tétes des chevaux étaient
comme des tétes de lion, et de
leur bouche sortaient du feu, de
la fumée et du soufre.
18. Et par ces trois plaies, le
feu, la fumée et le soufre, qui
sortaient de leur bouche, la troi-
sieme partie des hommes fut
tuée.
19. Car la puissance de ces che-
vaux est dans leurs bouches et
dans leurs queues; parce que
leurs queues sont semblables à
des serpents, et qu'elles ont des
tétes dont elles blessent.
20. Et les autres hommes qui
ne furent point tués par ces plaies
ne se repentirent pas des ceuvres
de leurs mains, pour ne plus ado-
rer les démons et les idoles d'or,
d'argent, d'airain, de pierre et de
bois, qui ne peuvent ni voir, ni
entendre, ni marcher.
91. Ainsi ils ne firent péni-
tence ni de leurs meurtres, ni
de leurs empoisonnements, ni de
leurs impudicités, ni de leurs lar-
cins.
CuaP. X. 5. Dan., xit, T.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
[cu. x.]
CHAPITRE X.
Un ange descend du ciel pour annoncer
qu'il n'y aura plus de temps; que le
mystère de Dieu va être consommé et
les prophéties accomplies. Il donne un
livre à saint Jean, en lui commandant
de le manger; ce livre est à le fois
doux et amer.
1. Je vis un autre ange fort, qui
descendait du ciel, revétu d'une
nuée, et ayant un arc-en-ciel sur
la téte; son visage était comme
le soleil, et ses pieds comme des
colonnes de feu.
2. 1] avait en sa main un petit
livre ouvert; et il posa son pied
droit sur la mer, etle gauche sur
la terre.
3. Puis il cria d'une voix forte,
comme quand un lion rugit. Et
lorsqu'il eut crié, sept tonnerres
firent entendre leurs voix.
4. Et quand les tonnerres eu-
rent fait entendre leurs voix, moi
j'allais écrire; mais j'entendis une
voix du ciel qui me dit : Scelle ce
qu'ont dit les sept tonnerres et ne
l'éeris pas.
5. Alors l'ange que j'avais vu
se tenant debout sur la mer et
sur laterre, leva sa main au ciel,
6. Et jura par celui qui vit dans
les siècles des siècles, qui a créé
le ciel et ce qui est dans le ciel, la
terre et ce qui est dans la terre,
la mer et ce qui est dans la mer,
disant : 11 n'y aura plus de temps;
7. Mais aux jours de la voix
du septième ange, quand il com-
mencera à sonner de la trom-
pette, se consommera le mystere
de Dieu, comme il l'a annoncé
6. Disant; c'est la traduction fidéle de la particule parce que, le discours qui suit
étant direct. La Bible présente des exemples nombreux de cet idiotisme.
[cu. xr.]
par les prophètes ses serviteurs.
8. Et j'entendis la voix qui me
parla encore du ciel, et me dit :
Va et prends le livre ouvert dela
main de l'ange qui se tient debout
sur la mer et sur la terre.
9. J'allai donc vers l'ange, lui
disant qu'il me donnát le livre.
Et il me dit : Prends le livre et le
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
2053
CHAPITRE XI.
Le parvis du temple et la ville sainte sont
abandonnés à la profanation des gen-
tils. Prédication des deux témoins.
Puissance que Dieu leur donne. Ils sont
mis à mort par la béte qui monte de
l'abime. Ils ressuscitent et montent au
ciel. La persécution dans laquelle ils
sont mis à mort estla consommation d u
second malheur. Septiéme trompette :
dévore, et il te causera de l'amer-
tume dans le ventre, mais dans
ta bouche il sera doux comme du
miel.
10. Je pris le livre de la main
de lange, et je le dévorai ; il était
dans ma bouche doux comme du
miel ; mais quand je l'eus dévoré,
il me causa de l'amertume dans
le ventre.
41. Alors il me dit : Il faut en-
core que tu prophétises à un
grand nombre de nations, de peu-
ples, d'hommes de diverses lan-
gues, et de rois.
9. Ezéch., ri, 1.
troisième malheur, qui est l'anathém e
dont le souverain Juge doit frapper la
terre au jour de son avénement.
1. Et un roseau long comme
une perche me fut donné, etil me
fut dit : Lève-toi et mesure le
temple de Dieu, et l'autel, et ceux
qui y adorent.
2. Mais le parvis qui est hors du
temple, laisse-le, et ne le mesure
pas, parce quil a été abandonné
aux gentils, et ils fouleront aux
pieds la cité sainte pendant qua-
rante-deux mois ;
9. Et je donnerai à mes deux
1-2. * > Le temple qui est montré à S. Jean n'est certainement pas celui de Jérusalem,
détruit depuis longtemps; c'est l'image de l'Eglise, la cité céleste, le sanctuaire par
excellence du vrai Dieu. Aussi est-ce au ciel que S. Jean le voit. Il en prend la me-
sure sur la parole de l'Ange, comme Ezéchiel avait pris la mesure du temple de
Jérusalem, pour faire entendre que le Seigneur veut le conserver dans toute son
iutégrite, qu'il n'y sera fait aucun retranchement. Ce symbole répond à celui du
sceau, dont sont marqués les cent quarante-quatre mille élus que Dieu veut tirer des
douze tribus. Quant au parvis extérieur, c'est-à-dire ce qui appartient à l'Eglise sans
être l'Eglise elle-même, S. Jean n'a pas à le mesurer, parce qu'il est abandonné aux
fureurs des Gentils, pour étre dévasté et foulé aux pieds. Ainsi Dieu se réserve l'es
sentiel, l'intérieur, la foi, le culte, les choses saintes: rien ne pourra les détruire ni
les changer. Mais les dehors seront saccagés, les édifices matériels abattus, les biens
pillés, les prêtres et les fidèles maltraités ou mis à mort, les faibles renversós. »
(L. BACUEZ.)
2. * Hors du temple, en grec naos. Voir Matt., xxt, 12, — « La cité sainte, livrée aux
Gentils et saccagée par les infidéles, c'est l'Eglise considérée dans sa plus grande
extension, comme comprenant avec le temple toutes ses dépendances, jusqu'aux
demeures des chrétiens. Des commentateurs modernes veulent voir là Jérusalem;
mais outre que Jérusalem était en ruines et dévastée depuis longtemps, S. Jean
n'aurait pas donné le titre de cifé sainte à la ville déicide, si dürement châtiée par
Dieu, ni celui de temple de Dieu au siège d'un culte réprouvé. D'ailleurs, l'affliction
de Jérusalem dure toujours, et celle de cette cité doit cesser aprés trois ans et demi,
quarante-deux mois, douze cent soixante et des jours, l'espace de temps que dura
en Israël la sécheresse miraculeuse demandée et obtenue par le prophète Elie, »
(L. BACUEZ.)
3. Mes deux témoins. Les Pères et les interprètes ont entendu communément par
2954
témoins de prophétiser pendant
mille deux cent soixante jours,
revétus de sacs.
4. Ce sont les deux oliviers
et les deux chandeliers dres-
sés devant le Seigneur de la
terre.
5. Et 51 quelqu'un veut leur
nuire, il sortira de leur bouche
un feu qui dévorera leurs enne-
mis; et si quelqu'un veut les
offenser, c’est ainsi qu'il doit être
tué.
6. Ils ont le pouvoir de fermer
le ciel pour qu'il ne pleuve point
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
[cu. xr.]
durant les jours de leur prophétie,
et ils ont pouvoir sur les eaux
pour les changer en sang, et pour
frapper la terre de toutes sortes
de plaies, toutes les fois qu'ils
voudront.
7. Et quand ils auront achevé
leur témoignage, la béte qui
monte de labime leur fera la
euerre, 168 vaincra etles tuera,
8. Et les corps seront gisants
sur la place de là grande cité, qui
est appelée allégoriquement So-
dome et Egypte, où méme leur
Seigneur a été crucifié.
ces deux témoins Hénoch et Elie. Voyez la remarque que nous avons faite à ce sujet
dans notre Abrégé d'introduction, p. 510. — De prophétiser; littér. : Et ils prophé-
Liseront; ce qui est un pur hébraisme. —* «Les deux témoins, qui prophétisent, tandis
que la cité sainte est foulée aux pieds, ce sont les ministres de l'Eglise, qui ne ces-
sent de confesser et de prócher la vérité. On en voit deux, parce que Notre Seigneur
a voulu que ses prédicateurs ne fussent jamais isolés, et parce que, d’après la loi,
pour faire autorité, il fallait au moins deux témoignages. La résurrection de ces deux
témoins est l'expression en langage symbolique du mot de Tertullien : Le sang des
marlyrs est une semence de chrétiens. Ils sont comparés à des candélabres ou à des
oliviers qui s'élévent sous les yeux de Dieu, parce que les pasteurs sont destinés à
répandre la lumiére et la ferveur dans l'Eglise. Bossuet entend par ces deux témoins
les pasteurs et les fidèles, l'ordre ecclésiastique et l’ordre laïque, qui ont rivalisé
d'ardeur pour confesser la foi. — On pourrait voir dans ce passage une allusion au
retour d'Énoch et d'Elie; mais ce serait méconnaître le caractère symbolique de
l'Apocalypse de prétendre qu'il s'agit ici de deux personnages seulement. D'ailleurs
on ne dirait pas de deux hommes que leurs corps jonchent les places de la grande
cité, nommée Sodome et l'Egypte, à la vue de toutes les nations du monde. »
(L. Bacuez.)
1.* « La béle ou monstre aux sept tétes, qui sort de l'abime ou de la mer et qui
apparait en tant d'endroits, c'est l'idolátrie personnifiée dans Rome et ses empereurs,
et exerçant sa tyrannie sur le monde. On peut voir dans Daniel les quatre empires
représentés sous des images semblables. La robe du léopard, les pieds de l'ours et
la gueule du lion, que S. Jean remarque en cette béte, signifient que Rome paienne
réunit la ruse, la férocité et la force des trois monarchies, grecque, persane et baby-
lonienne, auxquelles elle succède. 5. Jean explique un peu plus loin ce qu'il faut en-
tendre par les sept tétes et les sept cornes qui s'élévent de la béte. Le cri poussé par
la multitude en l'honneur de la bête est le méme que l'Esprit saint a inspiré au
Psalmiste pour exalter la prudence infinie de Dieu. Au chapitre xui, 11, on voit une
autre béte sortir un moment de la terre pour faire adorer la béte principale au moyen
de ses prestiges, 14. C'est la fausse sagesse, la philosophie ou la théurgie qui vient
au secours du paganisme et combat avec lui la religion de Jésus-Christ. » (L. Bacuez.)
8. * « La grande cilé que S. Jean désigne par les noms mystiques de Sodome et
d'Egyple, où il dit que le Seigneur a été crucifié, ne peut pas davantage être Jérusa-
lem. Jamais cette ville n'a été appelée la grande cité. A l'époque oü S. Jean écrivait, elle
l'était moins que jamaës. Cette cité, opposée à la cité sainte qui est l'Eglise, cette cité
qui est à la fois une ville et un royaume, puisqu'on l'appeMe indifféremment l'Egypte
ou Sodome, c'est celle dont nous verrons plus loin la ruine, Rome, dont les citoyens
étaient répandus par tout le monde, ou l'empire romain dans l'enceinte duquel le
Sauveur a été immolé et où l'on continuait à torturer ses membres. » (L. BACUEZ.)
[cn. x1.]
9. Et des hommes de toutes
les tribus, de tous les peu-
ples, de toutes les langues et
de toutes les nations, verront
leurs corps étendus trois jours et
demi, et ils ne permettront pas
quils soient mis dans un tom-
beau.
10. Les habitants de la terre se
réjouiront à leur sujet ; ils feront
des fêtes, et s'enverront des pré-
sents les uns aux autres, parce
que ces deux prophètes tourmen-
taient ceux qui habitaient sur la
terre.
11. Mais aprés trois jours et
demi, un esprit de vie venant de
Dieu entra en eux. Et ils se rele-
verent sur leurs pieds, et une
grande crainte saisit ceux qui les
virent.
19. Alors ils entendirent une
voix forte du ciel, qui leur dit:
Montez ici. Et ils monterent au
ciel dans une nuée, et leurs en-
nemis les virent.
13. A cette méme heure, il se
fit un grand tremblement de
terre; la dixième partie de la
ville tomba, etsept millehommes
périrent dans le tremblement de
terre; les autres furent pris de
frayeur et rendirent gloire au
Dieu du ciel.
14. Le second malheur est
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
2955
passé, et voici que le troisième
viendra bientôt.
15. Le septième ange sonna de
la trompette ; et leciel retentit de
grandes voix, qui disaient : Le
royaume de ce monde est devenu
le royaume de Notre Seigneur 1
de son Christ, et il règnera dans
les siècles des siècles. Amen.
16. Alors les vingt-quatre vieil
lards qui sont assis sur leurs
trónes devant Dieu tombèrent sut
leurs faces et adorèrent Dieu, di
sant :
17. Nous vous rendons gráces,
Seigneur Dieu tout-puissant, qui
6168, qui étiez, et qui devez venir,
parce que vous avez saisi votre
grande puissance, et que vous
régnez.
18. Les nations se sont irritées,
et alors est arrivée votre colère,
et le temps de juger les morts, et
de donner la récompense aux
prophétes vos serviteurs, aux
saints et à ceux qui craignent
votre nom, aux petits et aux
grands, et d'exterminer ceux qui
ont corrompu la terre.
19. Alors le temple de Dieu fut
ouvert dans le ciel, et l'on vit
l'arche de son alliance dans son
temple, et il se fit des éclairs, des
voix, un tremblement de terre et
une grosse gréle.
9. De toutes les tribus, etc. Les mots foules, fous, ne sont pas exprimés dans la
Vulgate, mais ils se trouvent dans le Grec suffisamment représentés par l'article dé-
terminatif, lequel, en effet, placé devant les noms de classe, de catégorie, etc., in-
dique, comme en hébreu, l'universalité.
13. Sept mille hommes; littér., sept mille noms d'homme. Le mot nom, comme on
l'a déjà vu (tu, 4), répond dans les enumérations à 16/6 individu, personne, home. '
Etant joint ici au mot homme, il devient pléonastique.
18. Le temps de juger les morts; littér., le temps de l'étre jugé des morts; construc-
tion hébraïque mise pour: Le temps auquel les morts sont jugés.
CHAPITRE XII.
Femme revétue du soleil. Dragon à sept
tétes. Enfant mále qui doit gouverner
les nations, et qui est enlevé vers Dieu.
Combat de bons et de mauvais anges.
Dragon précipité du ciel en terre. Il
poursuit la femme, jette un fleuve aprés
elle, va faire la guerre à ses enfants, et
est forcé de s'arréter sur le sable de la
mer.
1. Et un grand prodige parut
dans le ciel : Une femme revétue
du soleil, ayant la lune sous ses
pieds, et sur sa tête une couronne
de douze étoiles.
9. Elle était enceinte, et elle
criait, se sentant en travail, et
elle était tourmentée des dou-
leurs de l'enfantement.
3. Et un autre prodige fut vu
dans le ciel : Un grand dragon
roux, ayant sept têtes et dix cor-
nes, et sur ses sept têtes, sept
diadèmes.
4. Or sa queue entrainait la
troisieme partie des étoiles, et
elle les jeta sur la terre; et le dra-
gon s'arréta devant la femme qui
allait enfanter, afin de dévorer
son fils aussitót qu'elle serait dé-
livrée.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
[cu. xim.)
5. Elle enfanta un enfant mâle
qui devait gouverner toutes les
nalions avec une verge de fer;
et son fils fut enlevé vers Dieu
et vers son tróne.
6. Et la femme s'enfuit dans le
désert où elle avait un lieu pré-
paré par Dieu, pour y être nour-
riemille deux cent soixante jours.
7. Alors il se fit un grand com-
bat dans le ciel : Michel et ses
anges combattaient contre le
dragon, et le dragon combattait,
et ses anges aussi;
8. Mais ils ne prévalurent pas;
aussi leur place ne se trouva plus
dans le ciel.
9. Et ce grand dragon, l'ancien
serpent, qui s'appelle le Diable et
Satan, et quiséduittoutl'univers,
fut précipité sur la terre, et ses
anges furent jetés avec lui.
10. Et j'entendis une voix forte
dans le ciel, disant : C'est main-
tenant qu'est accompli le salut
de notre Dieu, et sa puissance et
son regne, et la puissance de son
Christ, parce qu'il a été précipité,
laecusateur de nos frères, qui
les accusait devant notre Dieu
jour et nuit.
1. * « La femme revétue du soleil, couronnée de douze étoiles et dans le travail de
l'enfantement, c'est l'Eglise. Le soleil dont elle est parée, c'est Notre Seigneur, dont
elle partage la gloire et dont elle fait rayonner la lumière dans le monde. Elle a la
lune sous ses pieds, pour montrer qu'elle domine toutes les agitations et les vicissi-
tudes de ce monde. Sur sa téte est une couronne de douze étoiles, parce que sa
gloire et son autorité lui viennent des douze Apôtres. Elle est dans l'enfantement
parce que, parmi tant de persécutions et de martyres, il faut qu'elle donne naissance
à un peuple nouveau, le peuple chrétien, destiné à dominer sur les nations infideles.
Ce n'est pas sans de grands efforts et sans exciter les soulévements de l'enfer qu'elle
le mettra au monde. Elle sera forcée de se dérober bien des fois à la rage de Satan;
et sa prudence n'empéchera pas le démon d'entrainer dans le méme abime que lui
un certain nombre de chrétiens et de pasteurs. Les saints docteurs ont eu raison
d'appliquer cet emblème à la sainte Vierge. Etant la reine de l'Eglise, Marie doit en
posséder tous les dons et en partager toutes les prérogatives. On peut dire que l'idée
de l'une et de l'autre se présente ici à la fois. » (L. BACUEZ.)
1. * Michel. A cet archange était confiée la conduite du peuple juif. — Daniel, ,א
9. Diable veut dire calomnialeur, et Satan, adversaire.
(eu. xm.)
11. Et eux l'ont vaincu par le
sang de l'Agneau et par la parole
de leur témoignage; et ils ont
méprisé leurs vies jusqu'à souf-
frir la mort.
19. C'est pourquoi, cieux, ré-
jouissez-vous, et vous qui y ha-
bitez. Malheur à la terre et à la
mer, parce que le diable est des-
cendu vers vous, plein d'une
grande colere, sachant qu'il n'a
que peu de temps.
43. Or après que le dragon eut
vu qu'il avait été précipité sur la
terre, il poursuivit la femme qui
avait enfanté l'enfant mâle.
14. Maisles deux ailes du grand
aigle furent données à la femme,
afin qu'elle s'envolát dans le dé-
sert en son lieu, oü elle est nour-
rie un temps et des temps, et la
moitié d'un temps, hors de la pré-
sence du serpent.
15. Alors le serpent vomit de
sa bouche, derriere la femme, de
l'eau comme un fleuve, pour la
faire entrainer par le fleuve.
16. Mais la terre aida la femme;
elle ouvrit son sein, et elle en-
gloutit le fleuve que le dragon
avait vomi de sa bouche.
11. Et le dragon s'irrita contre
la femme, et il alla faire 18 guerre
à ses autres enfants qui gardent
les commandements de Dieu, et
qui ont le témoignage de Jésus-
Christ.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
2951
18. Et il s'arrêta sur le sable
de la mer.
CHAPITRE XIII.
Béte à sept tétes et à dix cormes, qui
monte de la mer. Le dragon lui donne
sa puissance; elle fait la guerre aux
saints; elle est adorée par les hommes.
Une autre béte s'éléve de la terre, ayant
deux cornes semblables à celles de l'A-
gueau. Elle séduit les hommes par ses
prodiges.
1. Et je vis une bête montant
de la mer, ayant sept têtes et dix
cornes, dix diademes sur ses
cornes, et sur ses tétes dix noms
de blaspheme.
2. Et la béte que je vis était
semblable à un léopard : ses pieds
étaient comme les pieds d'un
ours, et sa bouche comme 1a
bouche d'un lion. Et le dragon
lui donna sa force et sa grande
puissance.
3. Et je vis une de ses tétes
comme blessée à mort; mais
cette plaie mortelle fut guérie.
Aussi toute la terre émerveillée
suivit la bête.
4. Ils adorèrent le dragon qui
avait donné puissance à la bête,
et ils adorèrent la bête, disant :
Qui est semblable à la bête, et
qui pourra combattre contre elle?
5. Et il lui fut donné une bouche
qui proférait des paroles d'or-
gueil et des blasphèmes; et le
pouvoir d'agir pendant quarante
11. E! par la parole de leur témoignage; c'est-à-dire par la confession qu'ils ont
faite de leur foi.
14. Des temps; c'est-à-dire deux temps; en tout 42 mois (xi, 2), ou 1260 jours
(xt, 3).
11. Qui ont le témoignage de Jésus-Christ; ce que l'on explique généralement par:
Ceux qui ont conservé fidélement le témoignage qu'ils ont rendu à Jésus-Christ, qui
sont demeurés fermes dans la confession qu'ils ont faite de Jésus-Christ. Compar.
vers. 11.
4. Ils; c'est-à-dire les habitants de la terre. Compar. le vers. 8,
2958
deux mois lui fut aussi donné.
6. Elle ouvrit sa bouche à des
blasphèmes contre Dieu, pour
blasphémer son nom et son ta-
bernacle, et ceux qui habitent
dans le ciel.
7. Il lui fut donné de faire 8
guerre aux saints et de les vain-
cre: et il lui fut donné puissance
suf toute tribu, sur tout peuple,
sur toute langue, et sur toute
nation ;
8. Et ils l'adorerent, tous ceux
qui habitent la terre, dont les
noms ne sont pas écrits dans le
livre de vie de l'Agneau, qui ἃ
été immolé dès l'origine du
monde.
9. $i quelqu'un a des oreilles
quil entende.
10. Celui qui aura mené en cap-
tivité sera caplif; celui qui aura
tué par le glaive, il faut qu'il soit
tué par le glaive. C'est ici la pa-
tience et la foi des saints.
11. Je vis une autre béte mon-
tant dela terre; elle avait deux
cornes semblables à celle de l'A-
gneau, et elle parlait comme le
dragon.
12. Elle exergait toute la puis-
sance de la premiere béte en sa
présence, et elle fit que la terre
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
(cu. xum.]
et ceux qui l'habitent adorerent
la premiere béte dont la plaie
avait été guérie.
13. Elle fit de grands prodiges,
jusqu à faire descendre le feu du
ciel sur la terre en présence des
hommes.
14. Et elle séduisit ceux qui ha-
bitaient sur la terre par les pro-
diges qu'elle eut le pouvoir de
faire en présence de labéte, disant
aux habitants de la terre de faire
une image à la béte qui ἃ recu
une blessure du glaive, et qui a
conservé la vie.
15. Il lui fut méme donné d'a-
nimer limage de la béte, de
faire parler l'image de la béte, et
de faire que tous ceux qui n'ado-
reraient pas l'image de la béte
seraient tués.
16. Elle fera encore que les pe-
tits et les grands, les riches et les
pauvres, les hommes libres et les
esclaves, aient tous le caractere
de la béte en leur main droite et
sur leur front;
17. Et que personne ne puisse
acheter ni vendre, que celui qui
aura le caractere, ou le nom de
la béte, ou le nombre de son
nom.
18. C'est ici la sagesse. Que ce-
Cuar. XIII. 10. Genèse, 1x, 6; Matt., xxvi, 52.
8. Qui a été immolé dès l’origine du monde; soit par rapport au décret éternel de
sa passion et de sa mort, soit par rapport aux souffrances des justes de l'Ancien
Testament, lesquelles étaient autant de figures des siennes, soit enfin par rapport
au mérite de sa mort, qui a été appliqué aux saints dés le commencement du
monde. D'autres, en vertu d'une hyperbate assez ordinaire au style biblique, tra-
duisent : Dont les noms ne sont pas écrils dès l'origine du monde dans le livre de
l'Agneau qui a été immolé. Cette interprétation est encore fondée sur un passage de
saint Jean lui-même, qui dit xvu, 18 : Dont les noms ne sont pas écrits dans le livre
de vie dés la fondation du monde.
16. Les paiens avaient coutume de porter sur leur poignet ou sur leur front le nom
de la fausse divinité à laquelle ils se consacraient.
18. * Son nombre est 666. > Les anctens aimaient à désigner les personnes par dea
caraciéres mystérieux et par des chiffres. Ce dernier mode de désignation était
(cu. xtv.]
lui qui a de l'intelligence compte
le nombre de la béte ; car c'est le
nombre d'un homme, et son
nombre est six cent soixante-six.
CHAPITRE XIV.
L'Agneau sur la montagne de Sion. Evan-
gile éternel porté à toutes les nations.
Ruine de Babylone annoncée. Supplice
de ceux qui auront adoré la bête ou
son image. Avènement de Jésus-Christ.
Moisson et vendange de la terre.
4. Je regardai encore, et voilà
que l'Agneau était debout sur la
montagne de Sion, et avec lui
cent quarante-quatre mille qui
avaient son nom etle nom de son
Pére écrit sur leurs fronts.
9. Et jentendis une voix du
ciel, comme la voix de grandes
eaux, et comme la voix d'un
grand tonnerre, et la voix que
jentendis était comme le son de
joueurs de harpe qui jouent de
leurs harpes.
3. lls chantaient comme un can-
tique nouveau devant le tróne et
devant les quatre animaux et les
vieillards; et nul ne pouvait chan-
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
2959
ter ce cantique, que les cent qua-
rante-quatre mille qui ont été
achetés de la terre.
4. Ce sont ceux qui ne sont pas
souillés avec les femmes; car ils
sont vierges. Ce sont eux qui
suivent l'agneau partout où il va.
Ce sont ceux qui ont été achetés
d'entre les hommes, prémices
pour Dieu et pour l'Agneau;
5. Et dans leur bouche, il ne
s’est point trouvé de mensonge;
car ils sont sans tache devant le
tróne de Dieu.
6. Je vis un autre ange qui vo-
lait dans 16 milieu du ciel, ayant
l'Evangile éternel pour évangéli-
ser ceux qui habitent sur la
terre, toute nation, toute tribu,
toute langue et tout peuple;
1. Il disait d'une voix forte :
Craignez le Seigneur et rendez-lui
gloire, parce que l'heure de son
jugement est venue; et adorez
celui qui a fait le ciel et la terre,
la mer et les sources des eaux.
8. Et un autre ange suivit, di-
sant : Elle est tombée, elle est
tombée, cette grande Babylone,
Cnap. XIV. 7. Ps. cxLv, 6; Actes, xiv, 14. — 8. Isaie, xxt, 9; Jér., ,זז 8.
d'autant plus naturel parmi eux que chaque lettre avait sa valeur numérale. De là
ces mots : « Son chiffre est 666, » c'est-à-dire on trouve en son nom des lettres
dont la valeur équivaut à ce chiffre. Une telle donnée suffit-elle pour préciser ce
nom? Evidemment elle est insuffisante, car il y a une foule de noms qui répondent
à cette indication, par exemple : Τειταν, Titan, qu'on rapprochait de Titus, OvXztavo:,
Ulpianus, prénom de Trajan, Αντιμος, IIonori contrarius, Λαμπετις, Splendidus, o
Νιχήτης, Victor, Αμνος αδιχος, Agnus nocens, Kaxoc οδηγος, malus dux, Γενσηρικος, Gen-
séric, Gentium seductor, Ἀποστατῆς, Apostata, Μαομετις, Mahomet, Λατεινος, Latinus,
en hébreu et en grec; Nero Cesar, Caius Cesar Caligula et Diocles Augustus, en
latin; etc, — Aussi plusieurs commentateurs ont-ils été conduits à dire que ce
nombre n'a qu'une valeur mystique; que le nombre 6, symbole du iour de
l'homme, indique l'imperfection, tandis que le chiffre 8, symbole du iour de Dieu,
indique la perfection de l'éternité. D'où ils déduisent que 666, nombre de l'Antechrist,
signifie l'imperfection radicale, comme 888, nombre de Jésus, eignifie la perfection à
la plus haute puissance. » (L. BACUEZ.)
3. Qui ont été achetés de la terre; c'est-à-dire qui, au prix du sang de l'Agneau, ont
été rachetés, de manière qu'en quittant la terre ils sont entrés dans son royaume,
8. * Celle grande Babylone, Rome.
2960
qui a fait boire à toutes les na-
tions du vin de la colère de sa
prostitution.
9. Et un troisième ange suivit
ceux-ci, criant d'une voix forte :
Si quelqu'un adore la béte et son
image, et en recoit le caractere
sur son front ou dans sa main,
10. Il boira lui aussi du vin de
la colere de Dieu, vin tout pur,
préparé dans le calice de sa co-
lere; et il sera tourmenté par le
feu et par le soufre en présence
des saints anges et en présence
de l'Agneau.
41. Et la fumée de leurs tour-
ments montera dans les siècles
des siècles; et ils n’ont de repos
ni jour ni nuit, ceux qui ont
adoré la béte et son image, ni ce-
lui qui a reçu le caractere de son
nom.
19. Ici est la patience des saints
qui gardent les commandements
de Dieu et la foi de Jésus.
13. Alors j'entendis une voix
du ciel qui me dit : Ecris : Dien-
heureux les morts qui meurent
dans le Seigneur! Que dès à pré-
sent, dit l'Esprit, ils se reposent
deleurs travaux, carleurs ceuvres
les suivent.
44. Et je regardai; et voilà une
nuée blanche, et surla nuée, assis
quelqu'un semblable au Fils de
l'homme, ayant sur sa tête une
couronne d'or, et en sa main une
faux tranchante.
15. Alors un autre ange sortit
du temple, criant d'une voix forte
à celui qui était assis sur la nuée:
15. Joël, πι, 13; Matt., xir, 9.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
]68. xv.]
Jette ta faux et moissonne; car
est venue l'heure de moissonner,
parce que la moisson de la terre
est seche.
16. Celui done qui était assis
sur la nuée jeta sa faux sur la
terre, etla terre fut moissonnée.
17. Et un autre ange sortit du
temple qui est dans le ciel, ayant
lui aussi une faux tranchante.
18. Et un autre ange sortit de
lautel, qui avait pouvoir sur le
feu, etil cria d'une voix forte à
celui qui avait la faux tranchante :
Jette ta faux tranchante, et ven-
dange les grappes de la vigne de
laterre, parce que les raisins sont
mürs.
:49. Et l'ange jeta sa faux tran-
chante sur la terre, et vendangea
la vigne de la terre; et il jeta 8
raisins dans la grande cuve de la
colere de Dieu.
20. Et la cuve fut foulée hors
de la ville, etle sang montant de
la cuve jusqu'aux freins des che-
vaux, se répandit sur un espace
de mille six cents stades.
CHAPITRE XV.
Mer transparente sur laquelle les vain-
queurs chantent le cantique de Moise
et le cantique de l'Agneau. Sept coupes
de la colére du Seigneur sont données
à sept anges.
1. Je vis dans le ciel un autre
prodige grand et merveilleux :
septangesayantlessept dernieres
plaies, puisque c'est par elles que
la colere de Dieu a été consom-
mée.
0
15. Jette ta faux. L'expression jeler, ou envoyer, mettre la faux, s'emploie dans les
textes hébreu et grec aussi bien que dans la Vulgate, pour dire faucher la moisson, ==
La moisson est sèche; c'est-à-dire qu'elle est müre.
[cu. xvi.]
2. Et je vis comme une mer de |
verre mélée de feu, et ceux qui
avaient vaincu la béte, son image
et le nombre de son nom, qui
étaient debout sur cette mer de
verre, ayant des harpes de Dieu,
3. Et qui chantaient le cantique
de Moise, serviteur de Dieu, et le
cantique de l'Agneau, disant :
Grandes et admirables sont vos
œuvres, Seigneur Dieu tout-puis-
sant! Justes et véritables sont
vos voies, ὃ Roi des siècles!
4. Qui ne vous craindra, 0 Sei-
gneur ? et qui ne glorifiera votre
nom? car vous seul étes miséri-
cordieux, et toutes les nations
viendront et adoreront en votre
présence, parce que vos juge-
ments se sont manifestés.
9. Après cela je regardai, et
voilà que le temple du tabernacle
du témoignage s'ouvrit dans le
ciel ;
6. Et que du temple sortirent
les sept anges, ayant les sept
plaies, vêtus d’un lin pur et blanc,
et ceints sur la poitrine de cein-
tures d’or.
7. Alors un des quatre ani-
maux donna aux sept anges sept
coupes d'or pleines de la colère
du Dieu qui vit dans les siècles
des siècles.
8. Et le temple fut rempli de
fumée à cause de la majesté de
Dieu et de sa puissance ; et nul ne
pouvait entrer dans le temple
jusqu'à ce que fussent consom-
mées les sept plaies des sept
anges.
Car. XV. 4. Jéróm., x, 7.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
2901
CHAPITRE XVI.
Effusion des sept coupes; les quatre pre-
miéres sont versées sur la terre, sur
les eaux et sur le soleil; ia cinquième
sur le tróne de la béte; la sixiéme sur
l'Euphrate; la septième est répandue
dans l'air; mais elle est précédée de
l'annonce de l'avénement du Seigneur.
1. Et j'entendis une voix forte
du temple, disant aux sept anges:
Allez et répandez les sept coupes
de la colère de Dieu sur la terre.
2. Et le premier s'en alla, et
répandit sa coupe sur la terre ; et
il se fit une plaie cruelle et per-
nicieuse sur les hommes qui
avaient le caractère de la bête, et
ceux qui adoraient son image.
3. Le second ange répandit sa
coupe sur la mer, et elle devint
comme le sang d'un mort; et
toute àme vivante mourut dans
la mer.
4. Le troisième répandit sa
coupe sur les fleuves et sur les
sources des eaux, et elles devin-
rent du sang.
9. Et j'entendis l'ange des eaux,
disant: Vous étes juste, Seigneur,
qui êtes, et qui avez été; vous
êtes saint, vous qui avez jugé
ainsi.
6. Parce qu'ils ont répandu le
sang des saints et des prophètes,
vous leur avez aussi donné du
sang à boire; car ils en sont di-
gnes.
7. Et j'en entendis un autre qui
de l'autel disait : Oui, Seigneur
Dieu tout-puissant, ils sont vrais
et justes, vos jugements.
2. Des harpes de Dieu; c'est-à-dire semblables à celles qui étaient en usage dans
le temple pour le service divin; ou bien des harpes excellentes, divines, dignes de
Dieu; ce qui serait simplement un superlatit hébreu,
N. T.
186
2963
8. Le quatrième ange répandit
sa coupe sur le soleil; et il lui fut
donné de tourmenter les hommes
par l'ardeur du feu.
9. Et les hommes furent brülés
d'une chaleur dévorante, et ils
blasphémèrent le nom du Dieu
qui à pouvoir sur ces plaies, et
ils ne firent point pénitence pour
lui donner gloire.
& 10. Le cinquième ange répandit
sa coupe sur le trône de la bête,
elson royaume devint ténébreux,
et les hommes mordirent leurs
langues dans l'excés de leur dou-
leur;
11. Et ils blasphémerent le
Dieu du ciel à cause de leurs dou-
leurs et de leurs plaies, et ils ne
firent point pénitence de leurs
œuvres.
12. Le sixième ange répandit
sa coupe sur ce grand fleuve de
l'Euphrate, et dessécha ses eaux
pour ouvrir le chemin aux rois
d'Orient.
13. Et je vis sortir de la bouche
du dragon, de la bouche de la
béte, et de la bouche du faux
orophéte, trois esprits impurs,
semblables à des grenouilles.
14. Or ce sont des esprits de
démons, qui font des prodiges,
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
(eu. xv1.]
et qui vont vers les rois de toute
la terre, pour les assembler au
combat, au grand jour du Dieu
tout-puissant.
15. Voici que je viens comme
un voleur. Bienheureux celui qui
veilleet qui garde ses vétements,
de peur qu'il ne marche nu, et
qu'on ne voie sa honte.
16. Et il les rassemblera dans
le lieu qui s'appelle en hébreu
Armagédon.
11. Le septieme ange répandit
sa coupe dans l'air, et il sortit du
temple, du cóté du tróne, une
voix forte, disant : C'est fait.
18. Aussitót il se fit des éclairs,
des voix et des tonnerres, et il se
fit un grand tremblement de
terre, tel qu'il n'y eut jamais de-
puis que les hommes sont sur la
terre, un tremblement de terre
pareil, aussi grand.
19. Et 18 grande cité fut divisée
en trois parties, et les villes des
nations tombèrent, et Dieu se
souvint de la grande Babylone
pour lui donner le calice du vin
de sa colère.
20. Et toutes 168 1108 s'enfuirent,
et l'on ne trouva plus les mon-
tagnes.
21. Et une gréle, grosse comme
Cuap. XVI. 15. Matt., xxiv, 43; Luc, xu, 39; Supra, ur, 3.
8. Par l'ardeur du feu; littér.: Par l'ardeur et par le feu; figure grammaticale en
usage chez les Grecs aussi bien que chez les Hébreux.
|
| 12. * L'Euphrate. Voir plus haut, 1x, 14.
15. Saint Jean fait allusion aux voleurs qui enlevaient les vêtements des baigneurs.
16. C'est le dragon qui, par le ministère des esprits impurs, rassemblera les .rois.
— Armagédon; c'est-à-dire montagne de rassemblement, ou montagne de Maggédo,
ville située au pied du mont Carmel, célébre par deux sanglants combats (Juges, 1, 21;
v, 19; IV Rois, 1x, 21; xxur, 29. Mais ce mot a tant de variantes, qu'il est impossible
d'en connaitre la vraie leçon, et par conséquent la véritable signification.
11. C'est fait. Tout ce que Dieu avait résolu par rapport à la chute des persécuteurs
de son Eglise est accompli. Compar. xxi, 6.
21. Grosse comme un talent; pour dire d'une grosseur extraordinaire, prodigieuse;
le talent étant le poids 16 plus fort.
(cu. xvir.]
un talent, tomba du ciel sur les
hommes, et les hommes blasphé-
mèrent Dieu à cause de la plaie
de la gréle, parce que cette plaie
était extrèmement grande.
CHAPITRE XVII.
Béte à sept tétes et à dix cornes, sur la-
quelle est assise une femme nommée la
grande Babylone. L'ange, qui montre à
saint Jean cette femme et cette bàte, lui
explique le mystère del'uneetdel'autre.
1. Alors vint un des sept anges
qui avaient les sept coupes, et il
me parla, disant: Viens, jete mon-
trerai la condamnation de la
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
2963
2. Avec laquelle les rois de la
terre se sont corrompus, et les
habitants de la terre se sont eni-
vrés du vin de sa prostitution.
3. Il me transporta en esprit
dans un désert, et je vis une
femme assise sur une béte de
couleur d'écarlate, pleine de
noms de blasphème, ayant sept
tétes et dix cornes.
4. La femme était vétue de
pourpre et d'écarlate, parée d'or,
de pierres précieuses et de perles,
ayant en sa main une coupe d'or
pleine de labomination et de
l'impureté de sa fornication,
5. Et sur son front un nom
grande prostituée, qui est assise
écrit : Mystère; la grande Baby-
sur les grandes eaux,
5. * La grande Babylone. « Le nom que porte la femme assise sur les grandes eaux,
indique qu'elle est une personnification, un symbole dont il faut saisir le sens: mys-
tére. Or, la béte représentant l'empire idolátre et persécuteur, la femme qui est assise
sur la bête doit figurer la capitale de cet empire, Rome, centre du pouvoir et siège
principal de l'idolátrie. En effet, chaque trait du tableau la désigne; et l'on peut dire
que toutle monde aujourd'hui la reconnait, màme les protestants, dont un petit
nombre seulement y voudraient voir la Rome des Papes. — Que cette femme repré-
sente une ville, S. Jean le dit expressément. Bien plus, il ajoute que cette ville est
la ville par excellence, la reine des villes, la grande cité, qu'elle a sept montagnes et
sept rois, qu'elle étend sa domination sur tous les peuples et sur tous les princes.
Une telle indication suffirait à elle seule; car Rome n'était pas désignée autrement à
cette époque, et nulle autre ville n'a été désignée ainsi. — Cette grande ville est repré-
sentée comme le principal soutien de l'idolátrie, comme une source d'erreurs et de
dépravation pour l'univers entier. Elle est pleine d'abominations et d'impuretés, c'est-
à-dire d'idoles et de temples paiens. Elle est couverte d'inscriptions sacrilèges et
blasphématoires. C'est une nouvelle Babylone, pour la tyrannie, aussi bien que pour
l'orgueil, la puissance 6% l'impiété. Elle persécute le christanisme; 6116 s'enivre du
sang des saints et des martyrs du Sauveur. Elle a fait périr des Apótres et des pro-
phétes, et tout le sang qui se verse dans le monde pour la cause de la vérité est ré-
pandu par elle. — Qui pourrait méconnaitre à ces traits la Rome des empereurs,
telle qu'elle était sous Domitien, au moment du martyre de S. Jean et de son exil à
Patmos? Nous avons déjà vu que les chrétiens la nommaient Babylone. On l'appelait
aussi Sodome ou l'Egypte. Non contente de professer l'idolátrie, 60/6 s'attribuait à
elle-même la divinité. — Elle se disait éternelle; et comme ses empereurs, vivants et
morts, elle avait ses temples, ses statues, ses autels. Elle en avait dans ses murs
aussi bien que dans les provinces. — Quant à sa cruauté envers les chrétiens, à ses
persécutions, au nombre de ses victimes, les catacombes en sont un monument irré-
cusable. — Cette nouvelle Babylone devait tomber comme l'ancienne, pour ne jamais
se relever. Elle était destinée à étre la proie de ceux qu'elle opprimait, à passer par
le fer et par le feu, comme un criminel voué au châtiment divin, et enfin, à être
ruinée de fond en comble. Sa chute devait jeter par toute la terre l'effroi, la stupeur,
la désolation, mais en méme temps étre le signal du triomphe de l'Eglise dans le
monde entier. Les chrétiens échapperaient au chátiment, comme ils avaient échappé
à la corruption. — 11 suffit d'avoir lu l'histoire du quatrième et du cinquième sièc’e
lone, la mere des fornications et
des abominations de la terre.
6. Et je vis cette femme enivrée
du sang des saints et du sang des
martyrs de Jésus. Or je fus sur-
pris, quand je l'eus vue, d'un
grand étonnement.
7. Alors lange me dit : Pour-
quoi t'étonnes-tu? C'est moi qui
te dirai le mystère de la femme
et de la béte qui la porte, et qui
a sept 16168 et dix cornes.
8. La béte que tu as vue, a été
etelle n'est plus; elle doit monter
de l'abime, et elle ira à la perdi-
tion, et les habitants de la terre
(dont les noms ne sont pas écrits
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
[cn. xvir.]
dans le livre de vie dés la fonda-
lion du monde) seront dans l'é-
tonnement, en voyant la béte qui
était et qui n'est plus.
9. Or en voici le sens, lequel
renferme de la sagesse : Les sept
têtes sont sept montagnes, sur
lesquelles la femme est assise;
ce sont aussi sept rois.
10. Cinqsont tombés ; un existe,
et l'autre n'est pas encore venu;
et quand il sera venu, il faut qu'il
demeure peu de temps.
11. Et la béte qui était et qui
n'est plus est 18 huitième; elle est
des sept, et elle vaà la perdition.
19. Les dix cornes que tu as
pour reconnaitre dans la ruine de Rome l'accomplissement de ces prédictions. Prise,
pillée, saccagée quatre fois, par Alaric, roi des Goths (409), par Gensérie, roi des Van-
dales (455), par Odoacre, roi des Hérules (466), par Totila, roi des Ostrogoths (546),
la capitale de l'empire finit par disparaitre sous ses débris avec ses Dieux et ses
temples. L'empire devint la proie des Barbares. Il ne resta de la population de Rome
qu'un petit nombre de chrétiens qui bátirent une nouvelle cité, à la place et des
ruines de l'ancienne. — Rien de plus étonnant que de semblables prédictions, pu-
bliées sous le règne de Domitien, au moment où l'on jurait par l'éternité de Rome,
si ce n'est la précision avec laquelle on les a vues s’accomplir, trois siècles plus tard.
« Qu'on dise encore, après cela, s'écrie Bossuet, qu'il n'y a pas de Providence, ni de
prophéties! Pour moi, je trouve dans la révélation de S. Jean le caractère de toutes
les autres prédictions prophétiques. Je m'y sens conduire insensiblement du plus
obscur au plus clair, des idées les plus générales et les plus confuses aux plus nettes
et aux plus distinctes. Surtout depuis le chapitre xr, on va de lumière en lumière.
Quand on arrive par tous ces progrès au chapitre xviI, on croit voir les cieux ou-
verts et tout le secret de la destinée de Rome révélé. Ce n'est plus une prophétie,
mais une histoire. » (L. BACUEZ.)
10-13. * « Ces trois versets sont bien l'endroit le plus obscur du livre : l'auteur lui-
même les donne pour une énigme, 9. On en place communément l'accomplissement
au temps de Dioclétien, où lon compta sept Césars à la fois. Est-il bien sûr néan-
moins qu'il faille donner ici au nombre sept une précision mathématique, que ces
sept rois doivent exister simultanément, qu'il ne puisse y avoir aucun intervalle
entre leurs régnes? Cela ne nous semble pas incontestable. Quoi qu'il en soit, on
peut traduire: « Rome aura sept princes, ou du moins sept de ces princes se dis-
tingueront entre tous par leur puissance et leur haine contre la religion. De ces sept,
cinq sont tombés, le sixième règne, et le septième est encore à venir, mais il régnera
peu de temps. Quant au huitiéme, il ne fait qu'un avec les sept; c'est comme le
corps dont chacun d'eux est la téte. C'est le peuple-roi lui-màme : il marche à sa
perte comme ses empereurs. » En parlant ainsi, S. Jean se transporte suivant son
habitude à l'époque dont il fait le tableau. C'est sans raison et contre toute vraisem-
blance que les rationalistes veulent qu'on applique ces paroles au temps où il écri-
vait, c'est-à-dire, selon eux, à l'époque de l'empereur Galba. » (L. Bacuez.)
12. Pour une heure ; pendant une heure; d'autres traduisent : À la méme heure,
dans une même heure; mais la première interprétation est plus conforme au texte
sacré. — * Les dix cornes. « Ce sont les chefs des nations barbares. Ces rois, ou ces
puissances, ces cornes, n'avaient pas de royaume à l'origine. Presque tous commen-
[cu. χυΠΙ.]
vues sont dix rois qui n'ont pas
encore reçu leur royaume; mais
ils recevront la puissance comme
rois pour une heure apres la
béte.
13. Geux-ci ont un méme des-
sein, et ils donneront leur force
et leur puissance à la béte.
14. Ceux-ci combattront contre
l’Agneau, mais l'Agneau les vain-
cra, parce qu'il est Seigneur des
Seigneurs et Roi des rois; etceux
qui sont avec lui sont appelés élus
et fidèles.
15. Il me dit encore : Les eaux
que tu as vues, et où la prosti-
tuée est assise, sont des peuples,
des nations et des langues.
46. Les dix cornes que tu as
vues dans la bête, ce sont ceux
qui haïront la prostituée; ils la
réduiront à la désolation et à la
nudité; ils la mettront à nu, ils
dévoreront ses chairs, et ils les
brüleront dans le feu.
11. Car Dieu leur a mis dans le
cœur de faire ce qui lui plait; de
donner leur royaume à la béte,
jusqu'à ce que soient accomplies
les paroles de Dieu.
18. Et la femme que tu as vue
est la grande ville qui règne sur
les rois de la terre.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
2905
CHAPITRE XVIII
Un ange annonce la chute de la grande
Babylone. Le peuple fidéle est exhorté
à en sortir. Jugement prononcé contre
elle. Effroi, étonnement et consterna-
tion de ceux qui étaient liés avec elle.
Cause de sa ruine.
4. Après cela je vis un autre
ange qui descendait du ciel, ayant
une grande puissance; et la terre
fut illuminée de sa gloire.
2. Et il cria avec force, disant :
Elle est tombée, la grande Baby-
lone, et elle est devenue une de-
meure de démons, et une retraite
de tout esprit impur, de tout oi-
seau immonde et qui inspire de
l'horreur;
3. Parce que toutes les nations
ont bu du vin de la colere de
sa prostitution; et les rois de
la terre se sont corrompus avec
elle, et les marchands de la terre
se sont enrichis de l'exces de son
luxe.
4. J'entendis une autre voix du
ciel, qui dit : Sortez de Babylone,
mon peuple, de peur que vous
n'ayez part à ses péchés, et que
vous ne receviez de ses plaies;
9. Parce que ses péchés sont
parvenus jusqu'au ciel, et que
(ΒΑΡ. XVII. 14. I Tim., vi, 15; Infra, xix, 16. — Cuar. XVIII. 2. Isaie, xxr, 9;
LI, 8; Supra, xiv, 8.
cèrent par servir l'empire, en qualité d'auxiliaires. On les voit à la solde de Cons-
tance, de Valens, de Théodose, de Valentinien, qui les emploient à garder les fron-
tières, à interdire l'entrée de l'empire aux autres barbares qui voulaient les suivre.
A cette époque, ils professent le paganisme comme les Romains, et ne sont pas
moins qu'eux ennemis du nom chrétien. Mais bientót ils changent de sentiments et
de conduite. L'empire idolátre leur devient odieux; ils tournent leurs armes contre
lui, le dévastent, se forment des Etats de ses débris. Puis, à mesure qu'ils prennent
pied et qu'ils se fortifient, leurs mœurs s'adoucissent; ils se réconcilient avec le
christianisme et se soumettent au joug de l'Agneau. N'est-ce pas, en effet, dit Paul
Orose (420), ce que nous admirons de ce cóté? Les Eglises d'Orient comme celles
d'Occident sont remplies de barbares convertis » (L. Bacuez.)
18. * La grande ville, Rome.
2966
Dieu s’est souvenu de ses iniqui-
tés.
6.Rendez-luicommeelle-même
vousarendu,rendez-luiau double
selon ses œuvres; dans la coupe
où elle vous a fait boire, faites-la
boire deux fois autant.
7. Autant elle s’est glorifiée et
a été dans les délices, autant
mullipliez ses tourments et son
deuil; parce qu'elle dit en son
cœur : Je suis reine, je ne suis
point veuve, et je ne serai point
dans le deuil.
8. C'est pourquoi en un seul
jour viendront ses plaies, et la
mort, et le deuil, et la famine ; et
elle sera brülée par le feu, parce
qu'il est puissant le Dieu qui la
jugera.
9. Et ils pleureront sur elle, et
ils se frapperont la poitrine, les
rois de la terre qui se sont cor-
rompus avec elle, et qui ont vécu
avec elle dans les délices, quand
ils verront la fumée de son em-
brasement ;
10. Se tenant au loin, dans la
crainte de ses tourments, disant :
Malheur! malheur! Babylone,
cette grande cité, cette cité puis-
sante ! En une heure est venu ton
jugement.
4. Isaie, xLvit, 8.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
[cu. xvuir.]
11. Et 168 marchands de la terre
pleureront et gémiront sur elle,
parce que personne n’achètera
plus leurs marchandises ;
19. Ces marchandises d'or et
d'argent, de pierreries, de perles,
de fin lin, de pourpre, de soie,
d'écarlate (et tous les bois odo-
rants, tous les meubles d'ivoire,
et tous les vases de pierres pré-
cieuses, d'airain, de fer et de
marbre,
13. Et le cinnamome), de sen-
teurs, de parfums, d'encens, de
vin, d'huile, de fleur de farine,
de blé, de bétes de charge, de
brebis, de chevaux, de chariots,
d'esclaves et d'àmes d'hommes.
14. Quant aux fruits si chers à
ton àme, ils se sont éloignés de
toi; tout ce qu'il y a d'exquis et
de splendide est perdu pour toi,
et on ne le trouvera plus.
45. Ceux qui lui vendaient ces
marchandises, et qui se sont en-
richis, se tiendront éloignés d'elle
dans la crainte de ses tourments,
pleurant, gémissant,
16. Et disant : Malheur! mal-
heur! cette grande cité, qui était
vétue de fin lin, de pourpre et
d'écarlate, parée d'or, de pierre-
ries et de perles!
6. Rendez-lui, etc., rendez-lui la pareille, traitez-la comme elle vous a traité.
19. * Tous les bois odorants. Le texte les appelle bois de lhyin. C'était un bois odori-
férant, célèbre chez les anciens, qui croissait dans l'oasis de Jupiter Ammon, dans
la Cyrénaique et en Mauritanie. Les Romains l'appelaient citronnier. C'est le cédre
blanc désigné sous le nom de cupressus thyioides.
13. L'expression ámes d'hommes se prend dans l'Ecriture tantôt pour esclaves, tantôt
pour hommes en général. « Mais ici, dit Bossuet, comme saint Jean oppose les
hommes aux esclaves, il faut entendre par hommes, les hommes libres; car on vend
tont, esclaves et libres, dans une ville d'un si grand abord. »
14. Tout ce qu'il y a d'exquis; littér., toutes les choses grasses. Les Hébreux dési-
gnaient par graisse, ce qui est gras, non seulement les meilleures productions de la
terre, mais encore les mets les plus fins et les plus délicats. Nous pensons donc que
saint Jean fait allusion ici aux plaisirs qu'offrent une table bien servie et un festin
splendide.
[cu. xix.]
47. En une heure ont été ané-
anties de si grandes richesses!
tous les pilotes, tous ceux qui
" naviguent surlelac, les matelots
et tous ceux qui font le commerce
sur la mer, se sont tenus au loin,
18. Et ont crié, voyant le lieu
| de son embrasement, disant :
Quelle cité semblable à cette
grande cité?
19. Et ils ont jeté de la pous-
sière sur leur tête, et ils ont
poussé des cris mélés de larmes
et de sanglots, disant : Malheur !
malheur ! cette grande cité, dans
laquelle sont devenus riches tous
ceux qui avaient des vaisseaux
sur la mer, en une heure, elle ἃ
été ruinée!
20. Ciel, réjouis-toi sur elle, et
vous aussi, saints apôtres et pro-
phétes, parce que Dieu vous a fait
pleinement justice d'elle.
91. Alors un ange fort leva en
haut une pierre comme une
grande meule, et la jeta dans la
mer, disant : Ainsi sera précipitée
Babylone, cette grande cité, et à
l'avenir elle ne sera plus trouvée.
29. Et la voix des joueurs de
harpes, des musiciens, des jou-
eurs de flüte et de trompette, ne
sera plus entendue en toi ; et nul
artisan d'aucun métier ne sera
trouvé en toi; et le bruit de la
neule ne sera pas entendu en toi
ἱ ésormais,
23. Et la lumiere des lampes ne
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
2967
luira plus en toi désormais, et la
voix de l'époux et de l'épouse ne
sera plus entendue en toi, parce
que tes marchands étaient des
princes de la terre, et que par tes
enchantements se sont égarées
toutes les nations.
94. Et dans cette ville a été
trouvé le sang des prophètes et
des saints, et de tous ceux qui ont
élé tués sur la terre.
CHAPITRE XIX.
Joie et cantique des saints sur la ruine
de Babylone. Le Verbe de Dieu apparait
suivi des armées du ciel. Dernier com-
bat de la béte et du Verbe de Dieu.
1. Après cela j'entendis comme
la voix d'une grande multitude
dans le ciel, disant : Alleluia. Le
salut, la gloire et la vertu sont à
notre Dieu,
2. Parce quesesjugements sont
véritables et justes, qu'il a fait
justice de la grande prostituée
qui a corrompu la terre par sa
prostitution, et qu'il a vengé le
sang de ses serviteurs répandu
par ses mains.
3. Et une seconde foisils dirent:
Alleluia. Et safumée monte dans
les siècles des siècles.
4. Alors les vingt-quatre vieil-
lards et les quatre animaux tom-
bèrent et adorèrent Dieu qui est
assis sur le trône, disant : Amen,
alleluia.
ὃ. Et une voix sortit du trône,
17. Le lac est évidemment ici un nom collectif exprimant tous les lacs avoisinant
la ville, et lui fournissant le poisson.
20. Dieu vous a fait pleinement justice d'elle; littér.: Dieu a jugé votre jugement
par rapport à elle. Nous avons déjà fait remarquer que ce genre de répétition, dans
toutes les langues, a pour but de donner de la force et de l'énergie au discours.
Ainsi le sens est : Dieu vous a vengés de tout le mal qu'elle vous a fait.
21. * Comme une grande meule. Voir Matt., xvii, 6.
3. EL sa fumée; c'est-à-dire la fumée de son embrasement.
-
2005
disant : Louez notre Dieu, vous
tous ses serviteurs, et vous qui le
craignez, petits et grands.
6. J’entendis encore comme la
voix d'une grande multitude,
comme la voix de grandes eaux,
et comme de grands coups de
tonnerre, qui disaient : Alleluia ;
il regne le Seigneur notre Dieu,
le Tout-Puissant.
7. Réjouissons-nous, tressail-
lons d'allégresse, et donnons-lui
la gloire, parce qu'elles sont
venues les noces de l'Agneau,
et que son épouse s'y est pré-
parée.
8. Et il lui a été donné de se
vétir d'un fin lin, éclatant et
blane. Car le fin lin, ce sont les
justifications des saints.
9. Il me dit alors : Ecris : Bien-
heureux ceux qui ont été appelés
au souper des noces de l'Agneau!
Et il ajouta : Ces paroles de Dieu
sont véritables.
7 10. Aussitôt je tombai à ses
pieds pour l'adorer; mais il me
dit : Garde-toi de le faire; je suis
serviteur comme toi et comme
tes frères qui ont le témoignage
de Jésus. Adore Dieu, car le té-
moignage de Jésus est l'esprit de
prophétie.
11. Je vis ensuitele ciel ouvert;
et voilà un cheval blanc; celui
qui le montait s'appelait le Fidèle
et le Véritable, qui juge et com-
bat avec justice.
12. Ses yeux étaient comme
une flamme de feu ; et sur sa tête
étaient beaucoup de 601808108 ;
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
[cu. xix.]
il avait un nom écrit que nul ne
connait que lui.
18. IL était vêtu d'une robe
teinte de sang, et le nom dont on
l'appelle est le Verbe de Dieu.
14. Les armées qui sont dans
le ciel le suivaient sur des che-
vaux blancs, vêtus d'un fin lin,
blane et pur.
15. Et de sa bouche sort un
glaive à deux tranchants pour en
frapper les nations; carilles gou-
vernera avec un sceptre de fer,
et c'est lui qui foule le pressoir
du vin de la fureur et de la colère
du Dieu tout-puissant.
16. Et il porte écrit sur son vé-
tement et sur sa cuisse : Roi des
rois, et Seigneur des Seigneurs.
11. Et je vis un ange debout
dans 16 soleil; et il cria d'une voix
forte, disant à tous les oiseaux
qui volaient au milieu de l'air :
Venez et assemblez-vous pour le
grand souper de Dieu;
18. Pour manger la chair des
rois, la chair des tribuns mili-
taires, la chair des forts, la chair
des chevaux et de ceux qui les
montent, et la chair de tous les
hommes libres et esclaves, petits
et grands.
19. Et je vis la béte et les rois
dela terre, et leurs assemblées
pour faire la guerre à celui qui
montait le cheval et à son armée.
20. Mais la béte fut prise, et
avec elle le faux prophète qui
avait fait les prodiges devant elle,
par lesquels il avait séduit ceux
qui avaient reçu le caractère de
CuaP. XIX. 9. Matt., xxr, 2; Luc, xiv, 10. — 18. Isaie, Lx, 1. — 15. Ps, ,זז 9. —
16. I Tim., vr, 15; Supra, וטא 14.
8. Les juslificalions des saints sont les bonnes œuvres par lesquelles les hommes
deviennent justes et saints.
[cn. xx.]
la béte, et qui avaient adoré son
image. Les deux furent jetés vi-
vants dans l'étang du feu nourri
par le soufre.
21. Tous les autres furent tués
par l'épée qui sortait dela bouche
de celui qui montait le cheval, et
tous les oiseaux furent rassasiés
de leurs chairs.
CHAPITRE XX.
Le dragon est enfermé dans l'abime pour
mille ans. Les ámes des saints vivent
et régnent avec Jésus-Christ. Satan est
délié pour un peu de temps. Guerre
contre les saints. Satan précipité dans
l'enfer. Résurrection. Jugement.
1. Et je vis un ange qui des-
cendait du ciel, ayant la clef de
l'abime, et une grande chaine en
sa main.
2. Et il prit le dragon, l'an-
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
2960
Satan , et il le lia pour milie ans,
3. Et il le jeta dans l'abime, et
ly enferma, et il mit un sceau
sur lui, afin qu'il ne séduisit plus
les nations, jusqu'àce que fussent
accomplis les mille ans; car après
ces mille ans il faut qu'il soit dé-
lié pour un peu de temps.
4. Je vis aussi des trónes (et il
y en eut qui s'y assirent, et le
pouvoir de juger leur fut donné),
et les àmes de ceux qui ont eu la
téte tranchée à cause du témoi-
gnage de Jésus, et à cause de la
parole de Dieu, et qui n'ont point
adoré la béte ni son image, ni
recu son caractere sur le front ou
dans leurs mains; et ils ont vécu
et régné avec Jésus-Christ pen-
dant mille ans.
9. Les autres morts ne sont
pas revenus àla vie, jusqu'à ce
cien serpent, qui est le diable et | que fussent accomplis les mille
2. Qui est le diable et Satan. Voy. xu, 9. — * « Ce passage signifie qu'après le
triomphe définitif du christianisme sur Rome idolátre et sur les fausses divinités,
Jésus-Christ régnera dans le monde avec son Evangile pendant une période de temps
considérable, indiquée par 16 chiffre de mille années. Mais la période désignée par
ce chiffre rond n'est pas mesurée avec plus de précision que les périodes désignées
par sept années, trois ans et demi, une semaine, soixante-dix années ou semaines
d'années. On peut dire seulement qu'elle sera beaucoup plus longue. Durant cette
période, il ne sera pas donné à l'enfer de restaurer le culte des idoles, et les martyrs,
associés au culte de Jésus-Christ, sembleront sortir de leur tombe pour mener sur
la terre une nouvelle vie. — Cette interprétation, adoptée par les plus sages com-
mentateurs, est fondée sur de solides raisons. — 19 Prendre ces mots à la lettre, ce
serait supposer une disparate dans le style de S. Jean et s'éloigner des explications
recues dés l'origine. Eusèbe nous apprend que dans le palais méme de Constantin
et sous son régne, le triomphe du Sauveur sur l'idolátrie était représentée par une
croix dressée et radieuse, au pied de laquelle le démon était écrasé ou enchainé
sous la forme d'un dragon. — 20 Par la seconde mort, 14, 15, il est constant que
S. Jean entend la damnation ou la perte éternelle de l'àme en enfer. On en doit
conclure que la première résurrection, dont il est parlé aux versets 4 et 5, celle qui
préserve de la seconde mort, ne peut étre que le régne spirituel des martyrs durant
cette période de paix assurée à l'Eglise, et que la seconde résurrection est celle des
corps à la fin des temps. C'est dans le même sens métaphorique que le mot de ré-
surrection a été pris plus haut, en parlant des deux témoins du Sauveur. Du reste,
il résulte clairement du commencement du chapitre xx que cette période d'un millier
d'années doit précéder la résurrection générale, et non pas la suivre, comme le pré-
tendent les Millénaires. > Que la fable des mille ans cesse donc », dit S. Jérôme. »
(L. Bacuez.)
4. A cause du témoignage, etc.; c'est-à-dire parce qu'ils ont rendu témoignage à
Jésus-Christ, qu'ils ont préché son nom et la parole de Dieu. Compar. 1, 9.
2910
ans. C'est ici la premiere résur-
rection.
6. Bienheureux et saint est ce-
lui qui a part à la première résur-
rection, la seconde mort n'aura
pas de pouvoir sur eux; mais ils
seront prétres de Dieu et de Jésus-
Christ, et ils régneront avec lui
pendant mille ans.
7. Et lorsque seront accomplis
les mille ans, Satan sera relâché
de sa prison et sortira, et il sé-
duira les nations qui sont aux
quatre coins du monde, Gog et
Magog, et il les assemblera au
combat, eux dont le nombre est
comme le sable dela mer.
8. Et ils montèrent sur toute la
face de la terre, et ils environ-
nèrent le camp des saints et la
cité bien-aimée.
9. Mais il descendit du ciel un
feu venu de Dieu, et il les dévora;
et le diable qui les séduisait, fut
jeté dans l'étang de feu et de
soufre, oü la béte elle-méme,
10. Et le faux prophète seront
tourmentés jour et nuit dans les
siècles des siècles.
11. Je vis aussi un grand trône
blanc, et quelqu'un assis dessus,
et devant la face duquel la terre
et le ciel s'enfuirent, et leur place
ne se trouva plus.
19. Et je vis les morts, grands
et petits, debout devant le trône;
des livres furent ouverts, et un
autrelivre fut encore ouvert, c'est
lelivre de vie; et les morts furent
CuaP. XX. 7. Ezéch., xxxix, 2. — ג
iri, 19. — 4. 18810, xxv, 8; Supra, vit, 17.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
[ca. xxt.)
jugés sur ce qui était dans les
livres, selon leurs œuvres.
13. La mer rendit les morts qui
étaient en elle; la mort et l'enfer
rendirent aussi les morts qui
étaient en eux; et ils furent ju-
gés chacun selon ses œuvres.
14. L'enfer et la mort furent
jetés dans l’étang de feu. Celle-
ci est la seconde mort.
15. Et quiconque ne se trouva
pas écrit dans le livre de vie fut
jeté dans l'étang de feu.
CHAPITRE XXI.
Ciel nouveau, terre nouvelle. Jérusalem
céleste. Récompense des saints; sup-
plice des réprouvés. Description de la
Jérusalem céleste; les Apótres en sont
les fondements, Dieu est son temple;
l'Agneau est sa lampe; rien d'impur n'y
entre.
1. Et je vis un ciel nouveau et
une terre nouvelle; car le pre-
mier ciel et la première terre
sont passés, et la mer n'est déjà
plus.
2. Et moi, Jean, je vis la sainte
cité, la nouvelle Jérusalem, des-
cendant du ciel, d'aupres de Dieu,
parée comme une épouse et or-
née pour son époux.
8. Et j entendis une voix forte
sortie du tróne, disant : Voici le
tabernacle de Dieu avec les
hommes, et il demeurera avec
eux. Et eux seront son peuple, et
lui-méme, Dieu, au milieu d'eux,
sera leur Dieu.
4. Et Dieu essuiera toute larme
. XXI. 4. 15010, Lxv, 17; Lxvi, 22; Il Pierre,
6. Celui qui; est, par un pur hébraisme, pour chacun de ceux qui; voilà pourquoi
on trouve immédiatement aprés le pluriel sur euz, iis seront, etc.
1. Sous le nom de: Gog et de Magog, célèbres par la prophétie d'Ezéchiel, saint Jean
désigne ici tous les ennemis de Dieu et de son Eglise.
(cu. xx1.]
de leurs yeux, et il n'y aura plus
ni mort, ni deuil, ni cris, ni dou-
leur, parce que les premieres
choses sont passées.
9. Alors celui qui était assis
sur le trône dit : Voilà que je fais
toutes choses nouvelles. Et il me
dit: Ecris, car ces paroles sont
très dignes de foi et véritables.
6. 11 me dit encore : C'est fait.
Je suis l'Alpha et l'Oméga, le
le commencement et la fin. A ce-
lui quia soif, je donnerai de la
source d'eau vive.
7. Celui qui vaincra possédera
ces choses ; et je serai son Dieu,
et lui sera mon fils.
8. Mais pour les timides, les in-
crédules, les abominables, les
homicides, les fornicateurs, les
empoisonneurs, les idolâtres et
tous les menteurs, leur part sera
daus l'étang brülant de feu et de
soufre; ce qui est la seconde
mort.
9. Alors vint un des sept anges
qui avaient les sept coupes des
dernieres plaies, et il me parla,
disant: Viens, et je te montrerai
l'épouse, la femme de l'Agneau.
10. Et il me transporta en es-
prit sur une montagne grande et
haute, et il me montra la cité
sainte, Jérusalem, qui descendait
du ciel, d’auprès de Dieu,
11. Ayant la clarté de Dieu; sa
5. Isaie, זוזא 19; 1] Cor., v, 17.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 2971
lumiere était semblable à une
pierre précieuse, telle qu'une
pierre de jaspe, semblable au
cristal.
12. Elle avait une grande et
haute muraille, ayant elle-méme
douze portes, et aux portes douze
anges, et des noms écrits, qui
sont les noms des douze tribus
des enfants d'Israël.
43. A orient étaient trois
portes, auseptentrion trois portes,
au midi trois portes, et à l'occi-
dent trois portes.
14. La muraille de la ville avait
douze fondements, et sur ces fon-
dements étaient les douze noms
des Apôtres de l'Agneau.
15. Celui qui me parlait avait
une verge d'or pour mesurer la
ville, ses portes et la muraille.
16. La ville est bátie en carré ;
sa longueur est aussi grande que
sa largeur elle-méme. Il mesura
donc la ville avec sa verge d'or,
dans l'étendue de douze mille
stades; or sa longueur, sa lar-
geur et sa hauteur sont égales.
17. ll en mesura aussi la mu-
raille qui était de cent quarante-
quatre coudés de mesure d'hom-
me, qui est celle de l'ange.
18. La muraille était bâtie de
pierres de jaspe; mais la ville
elle-méme était d'un or pur, sem-
blable à du verre ties clair.
6. C'est fait; c'est-à-dire tout ce que Dieu avait résolu de toute éternité par rap-
port au monde, aux élus et aux réprouvés, est accompli. Compar. xvi, 17. — * L’Alpha
et l'Oméga, la première et la derniere lettre de l'alphabet grec.
16. Douze mille stades. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 545. — * Douze
mille stades. Le stade avait 185 métres.
11. Qui est celle de l'ange; qui est celle dont se servait l'ange pour mesurer. Saint
Jean fait cette remarque pour indiquer que les coudées et les stades dont il est ici
question ne différent en rien de ceux que nous connaissons et que nous employons
ordinairement. — * La coudée avait 52 centimètres,
2072
19. Et les fondements de la mu-
raille de la ville étaient ornées de
toutes sortes de pierres pré-
cieuses. Le premier fondement
était de jaspe, le second de sa-
phir, le troisième de chalcédoine,
le quatrième d'émeraude,
20. Le cinquième de sardonix,
lesixième 6 le septième
de chrysolithe, le huitième de
béryl, le neuvième de topaze, le
dixième de chrysoprase, le on-
zième d'hyacinthe, le douzième
d'améthyste.
91. Les douze portes étaient
douze perles; ainsi chaque porte
était d'une seule perle, et la
place de la ville était d'un or
pur comme un verre transpa-
rent.
99. Je ne vis point de temple
dans la ville, parce que le Sei-
gneur tout-puissant et l'Agneau
en sont le temple.
93. Et la ville n'a pas besoin de
soleil ni dela lune pour l'éclairer,
parce que la gloire de Dieu l'é-
claire, et que sa lampe est l'A-
gneau.
24. Les nations marcheront à sa
lumière, et les rois de la terre y
apporteront leur gloire et leur
honneur.
25. Ses portes ne se fermeront
point pendant le jour; car là 1]
n’y aura pas de nuit.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
[cH. xxm.)
96. Et l'on y apportera la gloire
et l'honneur des nations.
27. Il n'y entrera rien de souillé,
ni aucun de ceux qui commettent
l’'abomination et le mensonge,
mais ceux-là seulement qui sont
écrits dans le livre de vie de l'A-
gneau.
CHAPITRE XXII.
Suite de la description de la Jérusalem
céleste. Conclusion de ce livre. Paroles
véritables ; heureux qui les garde. Ado-
rer Dieu. Prophétie non scellée. Avè-
nement du Seigneur. Heureux qui se
purifie dans le sang de l'Agneau. Té-
moignage de Jésus-Christ; désir de son
avènement. Ne rien ajouter au livre de
l'Apocalypse, n'en rien retrancher. Avé-
nement promis. Salut de l'Apótre.
1. Il me montra aussi un fleuve
d'eau vive, brillant comme du
cristal, sortant du tróne de Dieu
et del'Agneau.
2. Au milieu de la place dela
ville, sur les deux rivages du
fleuve, était l'arbre de vie por-
tant douze fruits, et, chaque mois
donnant son fruit; et les feuilles
de l'arbre sont pour la guérison
des nations.
3. Il n'y aura plus là aucune
malédiction; mais le tróne de
Dieu et de l'Agneau y sera, et ses
serviteurs le serviront.
4. Ils verront sa face et son
nom sera sur leur front.
5. Il n’y aura plus là de nuit, el
23. Isaie, Lx, 19. — 25. Isaie, Lx, 11. — (παρ, XXII. 5. Isaie, Lx, 20.
5. * « Que peut-on conclure de l'Apocalypse, relativement à la fin du monde, à ses
circonstances, à sa date? Saint Jean cherche moins à satisfaire notre curiosité qu'à
fortifier notre foi et à exciter notre vigilance. ll nous apprend peu de choses relati-
vement à la fin du monde. On voit bien dans les derniers chapitres de l'Apocalypse,
qu'il y aura une résurrection génerale et un jugement universel, que les méchants
seront la proie de l'enfer et que les élus entreront en possession du ciel. On y.
apprend encore que, dans les derniers temps du monde, le démon sortira de l'abime,
qu'il séduira les peuples et reprendra son empire, que la cité des saints ou l'Eglise
sera environnée d'ennemis et en butte à toutes sortes d'attaques, et que ses ennemis
]68. xxi.)
ils n'auront pas besoin de lampe,
ni de la lumière du soleil, parce
que le Seigneur les éclairera, et
ils régneront dans les siècles des
siecles.
6. Et il me dit : Ces paroles sont
tres dignes de foi et véritables.
Et le Seigneur Dieu des esprits
des prophétes a envoyé son ange
pour montrer à ses serviteurs ce
qui doit arriver bientót.
7. Et voilà que je viens promp-
tement. Bienheureux celui qui
garde les paroles de la prophétie
de ce livre!
8. C'est moi, Jean, qui ai enten-
du et vu ces choses. Et après les
avoirentendues et les avoir vues,
je suis tombé aux pieds delange
qui me les montrait, pour l'ado-
rer.
9. Mais il me dit : Garde-toi de
le faire; car je suis serviteur
comme toi, comme tes freres les
prophétes, et comme ceux qui
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
2973
gardent les paroles de ce livre :
adore Dieu.
10. Π me dit encore : Ne scelle
point les paroles de la prophétie
de ce livre, car le temps est
proche.
11. Que celui qui fait 16,
la fasse encore; que celui qui est
souillé, se souille encore; que
celui qui est juste, devienne plus
juste encore; que celui qui est
saint, se sanctifie encore.
19. Voilà que je viens bientót,
et ma récompense est avec moi,
pour rendre à chacun selon ses
œuvres.
13. Je suis l'Alpha et 101668,
le premier et le dernier, le com-
mencement et la fin.
14. Bienheureuxceux quilavent
leurs vétements dans le sang de
l'Agneau, afin qu'ils aient pouvoir
sur l'arbre de vie, et que parles
portes ils entrent dans la cité!
45. Loin d'ici les chiens, les
13. Isaie, ,(טזזא ;4 ,זזא 6; xLviur, 12; Supra, 1, 8, 17; xxi, 6.
seront miraculeusement abattus. De plus, on a lieu de croire que ce qui a été dit
des dernières persécutions de l'empire romain, et des séductions causées par la
fausse sagesse et ses opérations théurgiques, se renouvellera alors avec un scandale
encore plus grand. Mais c'est à peu prés tout ce qu'on peut conclure. Le reste n'est
que conjecture ou imagination. — Sur la date de la fin du monde, en particulier,
l'Apocalypse ne fournit qu'une seule donnée, et il en résulte qu'elle doit avoir lie:
bien longtemps aprés la fin des persécutions etla chute de Rome. Entre l'enchaine-
ment de Satan, qui suit la ruine de l'empire, et le jugement dernier, saint Jean place
une période de paix, puis un certain temps durant lequel Satan reprendra son em-
pire et séduira les nations. Or, la période de paix doit durer un millier d'années,
c'est-à-dire un espace de temps trés long, incomparablement plus long que les per-
sécutions, quoique le nombre rond d'un millier ne doive pas s'entendre d'une
manière plus littérale que les nombres sept, douze, trois, etc. Et pour la période de
séduction et d'impiété, qu'on croit devoir étre celle de l'Antechrist, il n'est pas dit
que le jugement universel doive la suivre immédiatement. » (L. Bacuez.)
11. Que celui qui fait l'injustice, la fasse encore, etc. Ce n'est pas une permission
ou un conseil donné au méchant de faire le mal, mais une simple supposition. Le
vrai sens est donc : Si l'homme injuste continue ses injustices, il ne tardera pas à
en subir la peine; de méme que si celui qui est juste le devient encore davantage,
il en recevra bientót la récompense. Au reste, le verset suivant suffit pour justifier
cette interprétation. Ajoutons que notre propre langue fournit des exemples de ce
genre de construction.
15. Loin d'ici les chiens. Chez les Hébreux, le chien passait pour un animal immonde;
2914
empoisonneurs, les impudiques,
les homicides, les idolâtres, et
quiconque aime et fait le men-
songe.
16. Moi, Jésus, j'ai envoyé mon
ange pour vous rendre témoi-
gnage de ces choses dans les
Eglises. Je suis la racine et la race
de David, l'étoile brillante du
matin.
17. L'Esprit et l'épouse disent :
Viens. Que celui qui entend dise :
Viens. Que celui qui a soif vienne;
et que celui qui vient reçoive
gratuitement l’eau de la vie.
48. Car je proteste à tous ceux
qui entendent les paroles de la
17. Isaie, Lv, 1.
APOCALYPSE DE SAINT JEAN.
[cu. χχα ἢ
prophétie de celivre, que si quel-
qu'un y ajoute, Dieu aceumulera
sur lui les fléaux écrits dans ce
livre;
19. Et si quelqu'un retranche
quelque parole du livre de cette
prophétie, Dieu lui retranchera
sa part du livre de vie, et de la
cité sainte, οἱ de ce qui est écrit
dans ce livre.
20. Celui qui rend témoignage
de ces choses dit : Oui, je viens
bientót. Amen. Venez, Seigneur
Jésus.
91. Que la gráce de Notre Sei-
gneur Jésus-Christ soit avec vous
tous. Amen.
on ne pouvait donc marquer un plus profond mépris et une plus grande horreur
pour quelqu'un que de l'appeler chien.
16. Je suis la racine; en tant que créateur et source de la vie. — La race; c'est-à-
dire le descendant.
19. De ce qui est écrit dans ce livre; c'est-&à-dire des promesses qui sont contenues
dans ce livre.
D τὸ (rq Ae δος > azar
ANCIEN TESTAMENT
APPENDICE
Note 1, p. 13. — LA COSMOGONIE MOSAIQUE.
La beauté et la grandeur du récit de la création ont frappé tous les esprits. Yl était
impossible d'en tracer un tableau plus grand et plus digne. Les savants ne l'ont
pas moins admiré que les philosophes. « Ou Moise avait dans les sciences une ins-
truction aussi profonde que celle de notre siècle, a dit Ampère, ou il était inspiré. »
La supériorité du récit biblique est surtout frappante quand on le compare aux cos-
mogonies des autres peuples, lesquelles sont pleines de réveries. Quant à la beauté
littéraire du premier chapitre de la Genése, il n'est personne qui n'eu soit frappé.
Tout le monde connait la réflexion du paien Longin : « Le législateur des Juifs, qui
n'était pas un homme ordinaire, ayant fort bien concu la grandeur et la puissance
de Dieu, l'a exprimée dans toute sa dignité, au commencement de ses lois, par ces
paroles : Dieu dit: Que la lumiere se fasse, et la lumière se fit; que la lerre se fasse,
el la terre fut faite. »
L'organisation du monde est partagée par Moïse en six actes qu'il appelle jours
et qui se distinguent les uns des autres par un soir et un matin. Le premier acte
distinct de l'organisation de l'univers est la création de la lumière; le second fut la
séparation des eaux inférieures et des eaux supérieures, c'est-à-dire la condensation
d'une partie des vapeurs ou eaux proprement dites, nommées eaux inférieures,
lesquelles se séparèrent de celles qui restèrent à l'état de vapeurs ou eaux supé-
rieures; le troisième, c'est la production des plantes; le quatrième, la création ou
la manifestation des astres; le cinquième, la création des reptiles et des oiseaux;
le sixième, celle des mammifères et de l'homme. Depuis ce dernier acte, la Provi-
dence n'a pas introduit de nouvelles espéces de créatures sur la scéne du monde,
ce que la Genèse indique en disant que le septième jour Dieu se reposa, c'est-à-dire
cessa d'agir.
Ce mot de repos appliqué à Dieu est certainement métaphorique, tout le monde
en convient. Il est à croire que le mot « jour, » yôm, « soir,» est également méta-
phorique. Yóm désigne ordinairement l'espace compris entre deux levers de soleil;
cependant plusieurs raisons, qui ne sont pas sans importance, semblent indiquer
que ce terme ne doit pas être pris ici dans le sens propre, mais dans un sens figuré.
A une époque où tout s'exprimait en images, l'emploi de métaphores dans la Genèse
ne doit pas surprendre celui qui connait les habitudes du langage oriental.
Le mot yóm, jour, signifie trés probablement iei époque ou période. Dieu n'a cer-
tainement pas mis vingt-quatre heures à créer la lumiére, ni viugt-quatre heures à
créer les astres, les plantes ou les animaux; il lui a suffi, pour que tous ces êtres
fussent produits, d'un acte instantané de sa volonté. Puisque Dieu n'a pu employer
une journée entière à donner l'existence à chacune des espèces de créatures qui ont
apparu pendant les jours génésiaques, il y a tout lieu de penser que le mot jour est
ici une expression figurée désignant une de ces périodes d'uue longueur indéter-
minée que nous fait connaitre la géologie.
L'étude géologique de notre globe montre qu'il se compose de couches superposées,
distinguées les unes des autres par des éléments qui leur sont propres, et en parti-
culier par des fossiles différents. Ces couches se sont formées successivement parent
une longue suite de siècles.
2976 | APPENDICE.
On peut partager l'œuvre de la création en trois périodes principales: la période
astronomique ou cosmique, la période cosmogéogénique, et la période géologique
pure.
I. La période cosmique embrasse la cosmogonie en général ou création des élé-
ments de la matière; elle comprend le long espace de siècles résumé dans les cinq
premiers versets de la Genèse, et correspond au temps qui a précédé le premier
jour mosaïque ainsi qu'à ce premier jour lui-même. La science ne connaît rien de
cette période que par induction.
D'après le système communément admis par les savants, l'éther, principe de la
matière, ou des « cieux et de la terre, » a été créé tout d'abord. L'analyse spectrale
et les belles découvertes du P. Secchi, d'Huggins, de Miller, etc., démontrent que la
composition chimique des corps célestes et terrestres est foncièrement la méme. Au
commencement, les ténèbres sont complètes. Des centres d'attraetion se produisent
ensuite sur divers points de l'espace et deviennent le germe des nébuleuses cosmiques
et le principe du mouvement.
Le mouvement de concentration et de rotation des nébuleuses améne les premiers
dégagements de chaleur. L'élévation croissante de la température produit de la
lumière; les nébuleuses, en se condensant, jettent autour d'elles des lueurs phos-
phorescentes; elles se fractionnent, et leurs fragments deviennent des étoiles qui
finissent par être incandescentes. La terre est une de ces étoiles. Moïse dépeint l'état
primitif de la terre à cette époque, en disant : Terra erat inanis et vacua, « sans
ordre, » et il caractérise la période pendant laquelle s'accomplissent les phénomènes
dont nous venons de parler, quand, en les considérant par rapport à notre globe,
il dit que, le premier jour, Dieu créa la lumiere et la sépara des ténébres.
IT. L'époque cosmogéogénique, pendant laquelle la terre s'organise et se couvre
de plantes, répond aux second, troisième et quatrième jours de Moïse, Gen., 1, 6-19.
19 C'est pendant cette époque que se forment la croûte solide de la sphère em-
brasée et l'atmosphère Le globe terrestre passe de l'état gazeux à l'état de liquide
incandescent; sa surface commence ensuite à se durcir par le refroidissement. Une
atmosphère ténébreuse, sursaturée de vapeurs métalliques et aqueuses, se forme
autour de la terre. L'atmosphère devient ainsi distincte du sphéroide terrestre. C'est
la séparation des eaux inférieures et supérieures par le firmament, dont parle la
Genése, c'est-à-dire le second jour mosaique. Cette période de formation de l'univers
est appelée par les géologues âge primaire ou azoïque, parce qu'elle n'offre pas de
traces de vie.
20 Le troisième et le quatrième jours génésiaques correspondent à ce que les géo-
logues appellent âge paléozoique ou de transition. Cet âge est ainsi nommé, parce
que c'est celui où l'on retrouve les traces les plus anciennes de vie, des débris d'une
flore et d'une faune sous-marine, des cryptogames, des algues et des invertébrés,
crustacés et mollusques, oursins et coraux.
Au commencement de cette période, la croûte solide est partout recouverte par
les eaux précipitées. Les premières îles émergent par suite de la contraction de
l'enveloppe terrestre. L'atmosphère, grossièrement épurée, ne laisse parvenir au sol
qu'une clarté diffuse; mais cette clarté est suffisante pour les premiers développe-
ments de la végétation terrestre. Aucune autre époque n’a laissé de traces d'une
végétation comparable à celle-là. C'est alors que se produit la flore carbonifère et
houillére.
Pendant cette période, il n'y avait encore, comme nous le dit Moise, aucun mam-
mifère, ni aucun oiseau. Il y avait cependant déjà, mais en petit nombre, quelques
amphibies rampants, des poissons et quelques animaux inférieurs, dans les bas-
fonds marécageux, oü ils étaient couverts par une épaisse végétation. La flore houil-
lére se composait de plantes colossales, mais sans vives couleurs; elles avaient
surtout besoin d'ombre et d'humidité. Ce caractere de la végétation houillére fournit
la réponse à une des objections sur lesquelles on a le plus insisté contre le récit de
Moise, et en devient méme une sorte de confirmation. Comment, a-t-on dit, ces plantes
ont-elles pu se développer sans l'action des rayons solaires? Un savant allemand,
M. Pfaff, a répondu avec beaucoup de précision et de justesse : « Ce n'est pas du
soleil que les plantes ont besoin, mais seulement de lumiére et de chaleur. Or, la
lumiere et la chaleur existaient incontestablement avant le soleil : c'est là un fait
certain en histoire naturelle. »
APPENDICE. 2977
Quelques bairaciens, des animaux amphibies et des poissons commencent alors à
paraitre, mais ils sont rares, surtout relativement au grand épanouissement de vie
que nous rencontrerons bientôt. Moïse a donc pu n'en pas tenir compte et les passer
sous silence; il ne mentionne, dans chaque époque, que la classe d'étres qui la
caractérise.
Le quatrième jour mosaïque est celui où Dieu complète l'organisation de notre
système solaire par rapport à la terre. Quelques exégètes pensent que le soleil exis-
tait déjà dans les âges précédents comme corps lumineux, mais que ses rayons
n'arrivaient pas jusqu'à la terre. Rien dans la science ne s'oppose à ce qu'on accepte
purement et simplement le récit de la Genése : « Notre soleil est une véritable étoile
fixe, dit M. Pfaff. Par conséquent, sa manifestation comme astre distinct peut coin-
cider avec celles des autres étoiles fixes. L'astronomie n'a rien à opposer à cette
affirmation... Il ne saurait donc étre question sur ce point d'une contradiction entre
l'astronomie et la Bible. » M. Faye pense que 18 terre a été réellement créée avant
le soleil.
Cette époque, qui est la moins ancienne de l'áge paléozoique, est caractérisée par
un ralentissement trés sensible de la création végétale. Une nouvelle flore apparut
plus tard dans l’âge tertiaire et fut le résultat de l'influence nouvelle du soleil; mais
Moise, qui avait indiqué le premier grand épanouissement de vie végétale, n'est pas
revenu sur les flores successives : il s'est partout contenté d'indiquer les traits les
plus saillants de chaque période.
IIT. L'ére géologique comprend trois âges : l'âge mésozoïque ou secondaire, l'âge
cænozoïque ou tertiaire, et l'âge quaternaire, celui dans lequel nous vivons. L'âge
mésozoique correspond au cinquième jour génésiaque; les âges tertiaire et quater-
naire correspondent au sixième jour.
1° Le cinquième jour, nous dit la Genèse, Dieu créa d'abord les reptiles et les
volatiles, puis les grands cétacés. L'inspection des couches géologiques confirme ces
données. <
L'âge mésozoique ou secondaire comprend trois étages de terrains : l'étage tria-
sique, l'étage jurassique et l'étage crétacé. Il est caractérisé par une abondance
prodigieuse de vie animale. La végétation houillére de l’âge paléozoique avait absorbé
une quantité énorme d'acide carbonique et l'avait changé en combustible, Elle avait
ainsi purifié l'atmosphére et rendu la terre propre 8 la vie animale.
Pendant que les coraux et les infusoires formaient le terrain jurassique, les am-
monites et les bélemnites vivaient au fond des mers; les tortues et les lézards se
promenaient sur les bords des riviéres et des océans; d'immenses reptiles, armés
d'effroyables moyens de destruction, étaient les rois des animaux. Cette époque, à
laquelle Moïse rapporte la création des reptiles, est tellement caractérisée par cette
classe d'étres vivants que les géologues l'ont appelée « ére des reptiles. »
La premiére apparition des oiseaux correspond à l'époque de ces grands sauriens,
conformément à ce que nous apprend Moïse. Les terrains jurassiques et crétacés
présentent des empreintes de grands échassiers et de grands oiseaux dans le genre
de l'autruche. Mais jusqu'ici, comme pour confirmer le récit de la &enése, on n'a
rencontré dans ces terrains nul mammifére, à part un trés petit rongeur insectivore,
et plus tard, dans la craie, une espéce de sarigue. Les mammiféres n'apparaissent
qu'à une époque postérieure; c'est au début de l’âge tertiaire que commence vérita-
blement leur règne : ils sont l'eeuvre du sixième jour.
2e Moise nous apprend, en effet, que ce fut le sixiéme jour que Dieu créa les
mammifères, les animaux d'abord et l'homme ensuite. Cette dernière création core
respond à l’âge cænozoïque ou tertiaire et à l’âge quaternaire. La plupart des géo-
logues ne placent des fossiles humains que dans le terrain quaternaire. Ce n'est
qu'alors qu'on trouve des traces certaines de sa présence. Conformément à la Ge-
nèse, l'homme paraît le dernier sur le théâtre de la création. C'est là la dernière
confirmation que la géologie apporte au récit biblique. Ainsi la science, dans ses
grandes lignes, est d'accord avec la cosmogonie de Moise. Qui n'admirerait cette
frappante harmonie? « Si nous comparons les données scientifiques avec l'histoire
biblique de la création, dit M. Pfaff, nous voyons que cette dernière concorde avec
ces données autant qu'on est en droit de l'attendre. Nous découvrons en effet [dans
la science et dans la Bible] les mêmes règnes, également distincts en eux-mêmes, en
ne tenant pas compte des variotions historiques qu'ils ont pu subir; la suite chrono-
187
2078 APPENDICE.
logique de leur apparition est exactement donnée par Moïse. Le chaos primitif ; la
terre couverte d'abord par les eaux, émergeant ensuite; la formation du régne
inorganique suivi du règne végétal, puis du règne animal qui a pour premiers re-
présentants les animaux vivant dans l'eau, et, aprés eux, les animaux terrestres;
l'homme apparaissant enfin le dernier de tous : telle est bien la véritable succession
des étres, telles sont bien les diverses périodes de l'histoire de la création, périodes
désignées sous le nom de jours. »
Note 2, p. 16. — DE LA DATE DE LA CRÉATION DU MONDE.
Les savants placent la production de la matiére à une époque trés reculée. La
Genése ne nous fournit aucune donnée précise sur ce commencement dans lequel elle
place la création proprement dite de la matiére. La Sainte Ecriture ne nous dit nulle
part que l'univers ἃ été créé en telle année ou à telle époque. Il est vrai que l'on
trouve, dans les livres d'histoire, des dates qui se rapportent à « l'ére de la création
du monde, » mais cette dénomination manque de justesse, comme il est facile de
s'en convaincre en considérant par quels procédés ont été formées les chronologies
bibliques.
Les chronologies bibliques différent par leurs chiffres, selon qu'elles les ont em-
pruntés à tel ou tel texte ancien, mais elles ont toutes été constituées d'une manière
identique. On a pris les áges des patriarches qui nous sont donnés dans les cha-
pitres v et xi de la Genèse, on les a additionnés ensemble, en tenant compte seule-
ment des années pendant lesquelles ils n'avaient pas vécu simultanément, et l'on a
formé de la sorte une chronologie suivie. Tous ces calculs ont, par conséquent, pour
point de départ, la création de l'homme et non la création du monde, et, si l'on
voulait s'exprimer avec exactitude, il faudrait dire « l'ére de la création d'Adam, »
et non > l'ère de la création du monde. » Cette dernière expression confond l'origine
du temps avec l'origine des années humaines : le temps commence bien avec la
production de la matiére, mais la chronologie ne commence qu'avec la formation
de l'homme.
On n'avait pas, autrefois, il est vrai, à tenir compte, dans la supputation des
années, des six jours génésiaques, que l'on regardait comme étant de vingt-quatre
heures; mais, si l'on y avait pris garde, on aurait dà remarquer que la création des
éléments de la matière étant distincte de l’œuvre des six jours, il pouvait s'étre
écoulé un intervalle plus ou moins grand entre les deux opérations divines de la
production ex nihilo et de l'ordonnance du monde, selon la juste observation du
P. Petau. Quoi qu'il en soit, il est admis aujourd'hui par la presque unanimité des
interprétes que Moise ne nous dit rien sur l'espace de temps qui s'est écoulé entre
la création primitive et la production de la lumiére au premier jour génésiaque.
Nous ignorons donc quelle en a été la durée, et il nous est impossible de savoir,
d'après le texte sacré, quelle est la date de la création du monde; cette question
est également insoluble, soit que l'on admette les jours-époques, soit que l'on dé-
fende les jours de vingt-quatre heures. Nous en sommes réduits là-dessus à nous
en rapporter aux savants.
Mais les calculs des savants eux-mémes sont loin d'être certains et ne reposent pas
sur des bases bien fermes. On ne peut faire que des conjectures, sur l'ancienneté de
la terre et la date de la création. Tout ce que l'on peut affirmer, c’est que la terre
est extrémemenr ancienne et que la Bible ne nous apprend pas à quelle époque elle
& été créée.
Note 3, p. 46. — DE LA DATE DE LA CRÉATION DE L'HOMME.
On fixe généralement, parmi nous, la création d'Adam à l'an 4,004 avant l'ére
chrétienne, mais il faut observer 19 que ce chiffre repose sur des calculs contes-
tables, et 29 qu'il est actuellement impossible de résoudre, avec une entière certi-
tude, le probléme de l'époque de l'apparition de l'homme sur la terre.
Il existe 06 nombreux systèmes de chronologie biblique, mais, en un certain sens,
il n'existe pas de chronologie biblique proprement dite. 1[ n'existe pas non plus de
APPENDICE. 2979
chronologie ecclésiastique officielle. > C'est une erreur de croire, dit Mgr Meiguaa,
que la foi catholique enferme l'existence de l'homme dans une durée qui ne peut
dépasser six mille ans. L'Eglise ne s'est jamais prononcée sur une question aussi
délieate. » L'Ancien Testament ne connait point d'ére, c'est-à-dire de point de départ
lixe choisi pour compter les années et servir de terme de comparaison à tous les
autres événements, comme par exemple la date de la naissance de Jésus-Christ. Il
contient néanmoins des données chronologiques, c'est-à-dire des éléments de calcul
dont on peut se servir pour construire une chronologie, quoique aucun auteur ins-
piré ne nous présente une chronologie toute faite. Ces éléments sont les générations
des patriarches et le nombre d'années pendant lesquelles ils ont vécu. Dans l'état
où ils nous sont parvenus, ils sont insuffisants pour établir une chronologie rigou-
reuse et absolument certaine.
Pour supputer, en effet, exactement les années depuis la création de l'homme, à
l'aide des tableaux des générations des patriarches, il faudrait : 19 posséder les vrais
chiffres écrits par les auteurs sacrés dans le Pentateuque et dans les autres livres
inspirés; 20 avoir des listes généalogiques complètes, c'est-à-dire sans lacunes. —
1o Il est évident que si les chiffres bibliques ont été altérés et que si nous manquons
des moyens nécessaires pour les rétablir dans leur intégrité, nous ne pouvons plus
affirmer que tel chiffre est vrai. — 29 De plus, comme la chronologie sacrée a été
construite artificiellement par l'addition de l’âge des patriarches et en partant de la
supposition que la liste des générations est complète, si cette hypothèse est fausse
et que Moïse ait omis 6מט ou plusieurs générations, on voit aisément qu'il est im-
possible de savoir quel temps s'est écoulé, par exemple, de Noé jusqu'à Abraham;
il résulte aussi de là que toutes les chronologies données jusqu'ici sont trop courtes.
Or 19168 chiffres bibliques ne nous sont pas parvenus sans altération et 29 il n'est
pas constaté que les listes généalogiques soient complètes.
19 Nous n'avons aucun moyen efficace et infaillible de savoir quels ont été les
chiffres primitifs de la Genèse, car tous les textes anciens que nous possédons sont
en complet désaccord entre eux. Rien ne s'altére dans les manuscrits aussi facile-
ment que les chiffres, parce que le sens de la phrase ne permet pas au copiste de
discerner quel est le véritable signe qu'il doit lire dans l'original, quand cet original
est mal écrit; aussi tous les chiffres qu'on rencontre dans les copies diverses des
auteurs anciens, quels qu'ils soient, grecs, latins, hébreux, sont plus ou moins con-
tradictoires. Dieu n’a pas voulu faire un miracle pour garantir de toute altération
les dates du texte sacré. Elles n'intéressent ni le dogme ni la morale, et il a jugé,
dans sa sagesse, qu'il n'y avait aucun inconvénient à ce que nous restions dans
l'ignorance sur la véritable chronologie. Il n'a pas voulu nous apprendre dans les
Evangiles si le ministére public de Notre Seigneur avait duré un, deux, trois ou
quatre ans et plus, et l'on peut apporter des raisons qui ne sont pas sans force en
faveur de chacune de ces opinions; il n'a pas jugé non plus nécessaire de nous
faire savoir le nombre exact d'années qui s'est écoulé depuis la chute d'Adam jusqu'à
la venue du Rédempteur.
Ainsi, par exemple, il existe une divergence d'environ 2,000 ans entre la chrono-
logie des Septante et celle de la Bible hébraïque, reproduite par notre Vulgate. Le
texte grec, qui estla plus ancienne version de l'Ancien Testament, compte 2,262 ans
avant le déluge; l'hébreu et notre Vuigate, 1,656; le Pentateuque samaritain n'en
compte que 1,301. De Noé à Abraham, les Septante ont 1172 ans, l'hébreu et le
latin 292 et [6 samaritain 942. De ces chitfres si divers, quels sont les vrais? Tous
méme ne sont-ils pas altérés? C'est 18 une question à laquelle personne ne peut ré-
pondre. La critique est impuissante à résoudre le problème. L'Eglise ne se prononce
pas. Pendant les six premiers siècies de notre ère, les écrivains ecclésiastiques grecs
et latins ont admis la chronologie des Septante. L'Eglise grecque l'admet encore
aujourd'hui. Le martyrologe romain l'a également conservée; il place la création
5,199 ans, le déluge 2,957 ans avant J.-C. Depuis le xvr: siècle, les critiques ont réussi
à faire prévaloir généralement la chronologie du texte hébreu, qui place !a création
4,000 ans et le déluge 2,500 ans avant J.-C.; mais chaque savant a plus ou moins
modifié ces chiffres : on compte plus de 200 systèmes chronologiques, tous fondés
sur les données bibliques, diversement combinées entre elles ou modifñées d’après
les variantes des textes.
2° Non seulement nous ignorons quels sont les vrais chiffres primitifs des listes
APPENDICE.
généaiogiques ae la Bible, mais nous ignorons si ces listes mêmes sont tout à fait
complètes. Tous les chronologistes ont admis, jusque dans ces derniers temps, qu'il
n'y avait pas de lacunes dans la chaine des générations patriarcales, et la pensée
de soulever un doute sur ce point ne s'est méme pas présentée à leur esprit. Cepen-
dant, de nos jours, des exégétes se sont demandé si Moise n'avait pas fait des
omissions dans ses énumérations des premiers hommes, et ils se sont prononcés
pour l'affirmative.
Il ne faut pas considérer, bien s'en faut, l'hypothèse des lacunes dans les listes
généalogiques de la Genése comme un fait démontré, excepté pour Cainan, dont
l'existence est attestée par S. Luc; mais la seule possibilité des omissions permet de
répondre à toutes les objections qu'on peut soulever au nom des diverses sciences,
histoire, paléontologie, etc., contre la chronologie biblique. Si les savants par-
venaient à prouver que la date qu'on assignait généralement à la création de l'homme
n'est pas assez reculée, il en résulterait que les systémes des chronologistes sont
faux, mais le texte biblique demeurerait toujours lui-méme hors de cause
Note 4, p. 16. — LE PARADIS TERRESTRE.
Nos premiers parents furent placés dans un jardin de délices que nous appelons
le Paradis terrestre. Moïse nomme la contrée où il était situé Eden, Gen., i, 8; tv, 16,
et le paradis lui-même porte dans la Bible hébraïque le nom du lieu où il était situé.
Eden signifie joie, délices. Notre mot paradis se retrouve en hébreu sous la forme
pardés, pour signifier, comme dans l'ancien perse (pairadaéza), « parc, jardin planté
d'arbres, enclos. »
Le texte sacré détermine la situation du paradis en disant qu'Eden était au levant
(d'après le texte original, Gen., 11, 8), et qu'une rivière, qui y jaillissait pour arroser
le jardin, se divisait ensuite en quatre cours d'eau, capiía, appelés le Phison, le
Géhon, le Tigre et l'Euphrate. L'identification du Tigre et de l'Euphrate n'offre aucune
difficulté : ce sont les fleuves qui ont toujours été connus sous ce nom; celle du
Phison et du Géhon au contraire est encore aujourd'hui un probléme. Il est dit du
Géhon qu'il coule autour de la terre de Kousch, nom qui est traduit par les Septante
et la Vulgate comme signifiant l'Ethiopie, parce que l'Ethiopie a été habitée, après
la dispersion des peuples, par les Kouschites; mais ces derniers habitaient aupara-
vant en Asie. et Kousch désigne certainement ici une contrée d'Asie.
La plupart des commentateurs, jusque dans ces dernières années, ont eru que le
Paradis terrestre était situé dans l'Asie occidentale. Les uns placent Eden dans l’Ar-
ménie, les autres prés du golfe Persique, au-dessous du confluent de l'Euphrate et
du Tigre, lorsque ces deux fleuves ont formé le Schat-el-Arab. Un certain nombre
de savants modernes pensent, au contraire, qu'il faut le chercher dans l'Inde ou sur
le plateau de Pamir. D'aprés eux, Havila, le pays qu'arrose le Phison, et oü l'on
trouve l'or, ie bdellium et l'onyx, c'est l'Inde qui est, pour les Hébreux, une contrée
s'étendant indéfiniment au sud-est. Cette explication n'est pas conciliable avec le
texte biblique.
Le déluge et les révolutions diverses qui ont bouleversé certaines parties de la
terre peuvent avoir modifié notablement la topographie des lieux oü était situé le
Paradis terrestre et rendu ainsi insoluble la question de son emplacement. L'opinion
qui semble la plus vraisemblable est celle qui le place en Arménie, dans les riches
vallées de cette contrée qui est encore aujourd'hui l'une des plus ferliles du monde.
L'Euphrate et le Tigre ont leur source dans cette région; le Tigre naît à une heure
environ de l'Euphrate, au nord de Diarbékir. C'est en ce lieu qu Adam dut être placé.
Le Phison est ou bien le Phase des auteurs classiques, qui coule d'est en ouest et
se jette dans la mer Noire, ou bien le Kur, !e Cyrus des ancieus, qui prend sa source
dans les environs de Kars, non loin de la source occidentale de l'Euphrate, et se
jette ensuite dans la mer Caspienne après avoir mêlé ses eaux à celles de l’Araxe,
Havila, qu'arrose le Phison, c'est la Colchide, le pays des métaux précieux, oü les
Argonautes allèrent chercher la toison d'or. Quant au Géhon, c'est l'Aras d'aujoure
d'hui, l'ancien Araxe, appelé par les Arabes Djaichun, (ou Géhon) er Ras, lequel sort
du voisinage de la source occidentale de l'Euphrate et va, comme nous l'avons dit,
se jeter avec le Kur daus la mer Caspienne. La terre de Kousch qu'il traverse, d'après
APPENDICEs 2981
la Genèse, c'est le pays des Kosséens. « Que l'Eden... doive être cherché aux sources
de l'Euphrate et du Tigre, dit un savant philologue allemand, M. Ebers, cela nous
parait au-dessus de toute contestation : c'est ce qu'établissent l'éthnographie et la
géographie, l'histoire hébraique et les chroniques arméniennes, et, de nos jours,
avec une autorité particulière, la philologie comparée. »
Note 5, p. 23. — LONGÉVITÉ DES PATRIARCHES.
Adam mourut à l’âge de neuf cent trente ans. Tous les premiers hommes vécurent,
comme lui, pendant de longues années. « Il faut bien l'avouer, dit M. Glaire, cette
durée prodigieuse de la vie des premiers hommes, surtout lorsqu'on la compare avec
la brièveté de la nôtre, est une des choses les plus étonnantes qu'on trouve dans
l'histoire du monde avant le déluge. » Déjà du temps de S. Augustin on avait essayé
de réduire la durée de la vie des patriarches, en prétendant que leurs années
n'étaient que de trente-six jours, mais « l'auteur de la Genése ne dit pas un mot
qui fasse soupconner que le mot année, dont il se sert, ait une valeur différente,
selon qu'il se trouve dans tel ou tel chapitre de son ouvrage. » La mention du
septième et du dixième mois de l'année du déluge, Gen,, vir, 11 et viri, 4-13, montre
au contraire que les mois étaient trés distincts de l'année et que celle-ci se composait
au moins de trois cent soixante jours. S. Augustin a d'ailleurs justement observé
que Seth ayant engendré à cent cinq aus et Cainan à soixante-dix, si l'on appliquait
à ces chiffres la réduction supposée, on les abaisserait au nombre inacceptable de
dix ou sept.
« Le résultat des études de l'exégése, à cet égard, doit donc être, dit M. Reusch,
que, selon la Genése, les patriarches vivaient beaucoup plus longtemps qu'à présent;
la durée de leur vie, à l'époque antédiluvienne, était dix fois celle d'aujourd'hui...
Flavius Joséphe déjà rapporte que les historiens des autres anciens peuples, tels que
Manéthon et Bérose, parlent de la longue durée de la vie des premiers hommes,
comme un fait conservé par la tradition dans les contrées oü ils vivaient. Ces tra-
ditions étaient également répandues chez un grand nombre d'autres peuples dont
Josèphe ne parle point. »
Mais, assure-t-on, cette longévité est physiquement impossible. « Je crois que
nous pouvons répondre tout simplement, dit M. Reusch : « La question de la possi-
» bilité d'une vie de cinq, six et neuf cents aus dans les premiers temps du genre
» humain n'est point du ressort de la physiologie actuelle. Le physiologiste qui parle
» d'impossibilité sur ce point sort de la réserve que lui commande la véritable
» science (Kunrz). » La seule règle d’après laquelle la physiologie puisse déterminer
la durée de la vie, c'est l'expérience; or ses observations portent exclusivement sur
le présent, et ses conclusions doivent se réduire à ceci : dans les conditions actuelles
de la nature, l'homme ne peut arriver à un áge aussi avancé que celui auquel les
patriarches sont parvenus...
» Du reste, on trouve quelquefois maintenant encore des exemples suffisamment
constatés de personnes qui ont dépassé de beaucoup l’âge ordinaire et ont vécu de
150 à 200 ans : Prichard cite beaucoup d'exemples de ce genre. Au dire des voya-
geurs modernes, cette longévité n'est pas rare chez les Arabes qui habitent les
déserts de l'Afrique. Or, si à notre époque, la durée de la vie peut, dans des cir-
constances trés favorables, atteindre le double ou le triple de la durée fixée comme
moyenne par la physiologie, qui voudrait affirmer qu'il n'y a pas eu des circonstances
plus favorables encore, oü les hommes arrivaient à un áge dix fois plus avancé?
En ne s'appuyant que sur les faits actuels, il est aussi impossible de nier que de
démontrer la réalité de ces circonstances extraordinaires dans la haute antiquité.
» Nous ne savons non plus rien de certain sur la nature des causes qui permet-
taient aux hommes de parvenir à un âge avancé. Le milieu dans lequel l'homme
vivait, et sa constitution physique elle-méme, n'étaient probablement pas les mémes
qu'aujourd'hui et en différaient assez pour rendre possible une telle longévité...
Avant le déluge, les conditions climatériques étaient probablement différentes de
celles d'aujourd'hui; peut-étre cette circonstance entra-t-elle pour quelque chose
dans la longue durée de la vie des premiers hommes, si méme elle n'en fut pas
l'unique cause. » "Hà
0032 APPENDICE,
Note 6, p. 27. — LE DÉLUGE.
On peut entendre l'universalité du déluge en ce sens que les eaux couvrirent toute
la terre habitée par les hommes, mais non toute la terre habitable. Au moment où
eut lieu la grande catastrophe, toute la terre habitable n'était pas encore peuplée.
Noé et Moise n'entendaient pas, par la terre entiére, le globe terrestre tel qu'il nous
est connu aujourd'hui, depuis la découverte de l'Amérique et aprés toutes les explo-
rations modernes, mais la partie du monde alors habitée. « Nous ne sommes pas
injustes envers Noé et ses fils, non plusqu'envers 16 libérateur d'Israel, dit le P. Pian-
ciani, quand nous supposons que, comme leurs contemporains et leurs descendants,
ils ignoraient l'existence de l'Amérique et de l'Australie, qu'ils ne savaient rien sur
ces contrées et sur les parties les plus éloignées du monde ancien, par exemple, le
cap de Bonne-Espérance; qu'ils n'avaient pas, en un mot, sur la forme particulière
de ces pays et en général sur la géographie et la zoologie, des connaissances plus
étendues qu'Aristote, Hipparque, Ptolémée et Pline. »
L'étude comparée des divers passages de la Bible, en particulier du Pentateuque,
montre bien que c'est dans ce sens restreint qu'il faut entendre son langage. En
parlant de la famine qui eut lieu du temps de Jacob, Moise nous dit: « Dans tout
l'univers, la famine prévalut... La famine augmentait chaque jour sur toute la terre...
Toutes les provinces venaient en Egypte pour acheter des vivres. » Gen., xut, 54,
56, 51. Ces passages ne doivent certainement pas s'entendre de l'univers entier,
mais des geuples connus alors des Hébreux. Il en est de méme de plusieurs autres
passages de l'Ecriture.
Les termes employés par la Genèse dans le récit du déluge s'appliquent donc seu-
lement à la terre connue alors de Noé et des Hébreux, aux montagnes qu'ils avaient
vues, aux animaux avec qui ils étaient familiers ou dont au moins ils avaient entendu
parler. Par conséquent, rien n'oblige d'admettre que les plus hauts sommets de I'Hi-
malaya, les volcans de l'Amérique centrale et méridionale et les montagnes de l'in-
térieur de l'Afrique ont été couverts par les eaux, puisque les anciens ne les connais-
saient pas. « Quand nous lisons que toutes les hautes montagnes, sous le ciel, furent
couvertes par les eaux, nous ne sommes pas plus forcés de prendre ces mots dans
un sens rigoureusement littéral, dit M. Reusch, que tant d'autres expressions ana-
logues que nous lisons dans la Bible. En placant ces paroles dans la bouche de Noé,
nous devons entendre par ces montagnes celles qu'il avait pu voir de ses yeux. »
Pour Noé, toutes les montagnes qu'il connaissait avaient été inondées par le
déluge.
Le déluge n'a donc été universel que pour la terre habitée; cette hypothése, plus
en harmonie avec les données des sciences naturelles, coupe court à toutes les objec-
tions soulevées de ce chef contre le récit de Moise.
Note 7, p. 28. — L'ARC-EN-CIEL.
Comme signe de l'alliance qu'il fait avec Noé, Dieu lui donne l'arc-en-ciel. « La
phrase de l'Ecriture suppose, a-t-on dit, que l'arc-en-ciel ne paraissait pas avant le
déluge et que le Trés-Haut n'avait pas jusque là ouvert son arc. Or, ce phénomène
est un effet naturel qui a dü se produire toutes les fois que les rayons solaires sont
tombés sur des nuages qui se dissolvaient en gouttes de pluie. Et comment un
phénomène naturel et ordinaire peut-il être un signe propre à rassurer contre la
crainte de catastrophes aussi extraordinaires? — En premier lieu, j'observe, dit le
P. Pianciani, répondant à l'objection aprés l'avoir posée, que les Septante ne tra-
duisent pas au futur comme la Vulgate, je poserai, mais au présent, 7e pose, et
l'hébreu a le prétérit, j'ai posé... Je remarque, de plus, que, quoique quelques-uns,
comme Alcuin et la Glose, aient déduit de ce passage qu'avant le déluge l'arc-en-ciel
ne paraissait pas, la plupart des commentateurs sont d'un avis différent et pensent
que, quoique un phénoméne ne soit pas nouveau, il peut étre choisi comme un
signe, de méme qu'une pierre ou une colonne déjà existante peut devenir la marque
d'une limite ou d'une frontière entre deux possessions... Souvent, dit le P. Grapelli,
APPENDICE. 2983
Noé avait vu l'arc-en-ciel, mais quand il l'avait vu, le déluge n'avait pas encore
désolé la terre; pendant le déluge, cet arc n'avait point brillé. C'était donc un signe
trés bien choisi qui, par l'expérience du passé, pouvait rassurer contre la crainte du
cataclysme, »
Note 8, p. 34. — LA TABLE ETHNOGRAPHIQUE.
T. Les Chamites furent les premiers, des trois grandes familles, qui s'éloignèrent
du centre commun de l'humanité, se répandirent surla plus vaste étendue du terri-
toire et fonderent les plus antiques monarchies. — 19 Cousch et les Couschites
s'étendirent depuis la Babylonie, le long des cótes de l'Océan indien, jusqu'en
Ethiopie, au sud de l'Egypte. Les inscriptions hiéroglyphiques confirment le récit
de la Genése : elles désignent toujours les peuples du Haut-Nil sous le nom de
Cousch. Nemrod, le premier conquérant, le fondateur d'Erech et de Chalanné, était
amssi un fils de Cousch, Gen., x, 8. — 20 Misraim peupla l'Egypte. Les Arabes ap-
pellent encore aujourd'hui ce pays et sa capitale Misr. Les Psaumes appellent
l'Egypte la terre de Cham, Ps. ,טאצ 51; civ, 23; cv, 22, sans doute parce que c'était
le pays où la race de Cham s'était élevée au plus haut degré de puissance et de
civilisation. — 39 Phut peupla les cótes septentrionales de l'Afrique. On trouve, dans
les inscriptions égyptiennes, des Africains nomades ainsi appelés. — 4» Chanaan
habita la contrée qui prit son nom. Les Chananéens comprenaient les Phéniciens ef
les tribus nombreuses qui occupaient le pays renfermé entre la Méditerranée et la
mer Morte avant l'établissement des Hébreux.
II. Les descendants de Sem occupérent cette partie de la terre qui s'étend entre la
mer Méditerranée et l'Océan indien d'une part, et, de l'autre, depuis l'extrémité
nord-est de la Lydie, jusqu'à la péninsule arabique: au sud, Aram habita la Syrie;
Arphaxad, la Chaldée ; Assur, l'Assyrie; Elam, l'Elymaide, qui devint plus tard une
province de la Perse; Jectan, l'Arabie.
ΠῚ. De Japhet sortirent : 19 Gomer, père des races kymris ou celtes; 2» Magog, des
races scythes et teutoniques; 3° Madai, des races iraniennes (Bactriens, Mèdes et
Perses) ; 4? Javan, d'Elisa, Tharsis, Kithim, Dodanim (ou Rodanim), races pélasgiques,
hellénes, italiotes, etc.; 5° Thubal, des Thubaliens, lbères ; 69 Mosoch, des Cappa-
dociens, etc.; 79 Thiras, d'une partie des races scythes ou slaves. — La tradition
grecque avait conservé le souvenir de l'origine asiatique de Japhet, puisqu'elle disait
que Japet était l'époux de l'Asie.
Note 9, p. 137. — SORTIE D'ÉGYPTE.
Quand Dieu, par la main de Moise, frappa l'Egypte des dix plaies, la cour du
Pharaon était à Tanis. Les Hébreux habitaient au sud de cette ville, à Ramsés et à
Pithom, aujourd'hui, Tell-el- Maskhuta, et dans les environs. C'est de là qu'ils partirent
aprés avoir célébré la première Páque, lorsque, après la mort de tous les premiers-
nés des Egyptiens, Menephtah eut enfin consenti à leur départ. Ils se dirigèrent
d'abord vers le nord-est, pour aller prendre la route directe de la Palestine qui
longeait le bord de la Méditerranée, jusqu'à Gaza, ville qui faisait partie de la Terre
Promise; mais au bout de deux jours de marche, Dieu leur ordonna de revenir sur
leurs pas, vers le sud. Ils étaient arrivés à l'extrémité de la mer Rouge, au nord-ouest
de la pointe septentrionale de ce que nous appelons aujourd'hui le golfe de Suez,
lorsque Menephtah, regrettant de leur avoir permis de partir, se mit à leur pour-
suite avec ses chariots. Il atteignit les Hébreux, qui se trouvérent enfermés ainsi
au sud par les eaux de la mer, à l'ouest par la chaine du Djébel Attaka, au nord, et
à l'est par l'armée égyptienne. Tout était humainement perdu; mais Dieu n'avait
voulu les réduire à cette extrémité que pour se les attacher à jamais par une recon-
naissance éternelle. Sur son ordre, Moïse commanda à la mer, et Israël passa de
l'autre cóté du golfe, entre deux murailles d'eau, qui se refermérent sur leurs en-
nemis pour les engloutir quand ils essayérent de suivre la méme route. Tel fut le
Peer de la mer Rouge, l'un des plus grands miracles qu'enregistrent nos Saints
ivres.
2984 APPENDICE.
Note 10, p. 146. LE MONT SINAI.
« Aucun endroit du monde n'était plus propice que le mont Sinaï à l'établissement
de la religion mosaique. Cette chaine de montagnes d'une hauteur vertigineuse, avec
ses cimes et ses crêtes nues et bouleversées; le profond silence de la solitude, le voi-
sinage des gorges étroites, enclavées entre de grands murs de rochers, tout invite
à la contemplation de l'Eternel. Combien ce peuple facilement impressionnable, si
accessible aux émotions religieuses, dut-il étre subitement saisi d'une sainte terreur,
lorsque, aprés des marches accablantes, il trouva là le repos et le loisir nécessaires
pour se livrer à ses méditations pieuses! » (SCRENKEL)
Le mont Sinai porte aujourd'hui le nom de Djébel Mouca ou Montagne de Moïse.
C'est un massif élevé, de forme oblongue, d'environ 3,200 métres de long sur
1,600 métres de large, dirigé, dans sa plus grande dimension, du nord-ouest au sud-
est. Son altitude est d'une hauteur moyenne de 2,000 métres au-dessus du niveau
de la mer; 450 métres au-dessus des ouadis environnants. Sa créte est hérissée d'une
multitude de pics et de dómes de granit de syéne, et terminée aux deux extrémités
par des pics plus élevés; au sud, par un pic unique, de 2,244 mètres, appelé Djébel
Mouca, comme la montagne elle-même; au nord-ouest, par trois ou quatre escar-
pements, nommés collectivement Ras-Soufsaféh, du nom du plus haut d'entre eux,
qui a 2,114 mètres au-dessus du niveau de la mer. De tous les côtés, à l'exception
du sud-est, la pente est trés abrupte et trés rapide Le pic méridional du Djébel
Mouca s'appelait autrefois Djébel Moneidjah ou mont de la Conférence.
Le Sinai est entouré de toutes parts par des vallées; au nord-est, par l'ouadi ed-
Déir, appelé aussi ouadi Schoeib, c'est-à-dire Hobab, nom du beau-frère de Moïse;
au sud-ouest par l'ouadi el-Ledja. Ces deux ouadis se dirigent vers le nord; le second,
pour tourner autour du Ras-Soufsaféh au septentrion, et se jeter dans le premier,
au point oü celui-ci commence à prendre la direction du nord-est.
Au nord-ouest du Ras-Soufsaféh se déploie la large plaine d'er-Rahah, formée par
louadi de ce nom; elle commence à environ deux kilomètres du pied de 18 mon-
tagne, et vient, par une pente douce, se confondre avec l'ouadi el-Ledja et l'ouadi
ed-Déir. Elle est partout couverte d'herbages; de tous ses points, on voit distinc-
tement le pic du Ras.
Du cóté du sud-est, les pentes sont moins abruptes; il y a là, pendant plus d'un
kilométre et demi d'étendue, une agglomération de collines rocheuses et de ravins,
laquelle sépare les rochers escarpés du Djébel Mouca proprement dit du lit de l&
vallée voisine, l'ouadi Sebayéh. Deux crétes basses relient ici la montagne avec les
chaines contigués et séparent les bassins de l'ouadi ed-Déir et de l'ouadi el-Ledja de
celui de l'ouadi Sebayéh. A part cette exception, le Djébel Mouça-Soufsaféh est com-
plétement isolé.
« Quoique les moines de Sainte-Catherine, suivant une tradition qui date d'une
époque fort ancienne, n'attachent point d'importance au Ras-Soufsaféh et regardent
le pic du Djébel Mouca proprement dit comme la véritable montagne de la loi, l'ins-
pection des lieux empêche d'établir aucune connexion entre ce pic et la promul-
gation des commandements à Israél. Du cóté méridional de la montagne, il n'existe
point de terrains où une multitude puisse s'assembler, et le pic lui-même est com-
plétement invisible de la plaine d'er-Rahah, qui est le seul endroit capable de con-
tenir une grande foule; de là, le pic est masqué par les hauteurs intermédiaires du
Ras-Soufsaféh. Aussi l'hypothèse, que 16 Ras-Soufsaféh et la plaine d'er-Rahah doi-
vent avoir été le théâtre des événements racontés dans l'Exode, xix, XX, XXXII, a-
t-elle été, dans ces derniers temps, généralement adoptée; l'impossibilité de trouver
au sud une position convenable et l'adaptation parfaite du site du nord sont défini-
tivement établies par les plans, les photographies et les modèles rapportés en Angle-
terre par l'expédition du Sinai.
» Du reste, le caractére sacré du Djébel Mouca n'est point atteint par cette expli-
cation. Ce lieu peut avoir été associé à bon droit, par la tradition, avec la manifestation
de Dieu à Moise dans le buisson ardent et dans les événements postérieurs de la
communication de la loi et des ordres pour la construction du tabernacle, comme
le supposent son ancien nom de Moneidjah ou de la Conférence, et les autres légendes
APPENDICE. 2985
indigènes. ll a été, sans doute, d'abord révéré simplement comme le lieu où Moïse
eut la vision de Dieu, sans relation avec des événements plus généraux, et cela
suffit pour expliquer sa sainteté primitive; mais, considéré comme la scène de la
promulgation du Décalogue aux tribus assemblées, non seulement le site du sud-est
manque des qualités topographiques les plus essentielles, mais il ne peut soutenir
un seul instant la comparaison avec er-Rahah et le Ras-Soufsaféh. » (H. S. PALMER.)
La plaine d'er-Rahah a une superficie d'environ 160 hectares; on peut méme la
porter à 250 hectares, en comptant les parties par lesquelles 6116 s'unit aux ouadi:
ed-Déir et el-Ledja; et à 310, en additionnant les 60 hectares de terrain plus ou
moins uni formé par les pentes basses des collines qui bordent la plaine : l'incli-
naison y est si douce qu'on voit jusqu'à cette distance la cime du Ras Cette aire de
310 hectares forme un excellent théâtre, placé vis-à-vis du Ras-Soufsaféh, de partout
visible : elle était plus que suffisante pour permettre à toute l'armée d'Israél de
manœæuvrer et de se mouvoir en liberté, quelque considérable qu'on suppose qu'elle
ait été. Dans les vallées, à quatre ou cinq kilométres à la ronde, l'espace était aussi
amplement suffisant pour que toute la multitude d'Israël pût y camper à l'aise; de
leurs tentes mêmes, la plupart pouvaient jouir de la vue du Ras. Les chaines grani-
tiques qui l'entourent lui donnent, de plus, des propriétés acoustiques remarquables.
Un voyageur francais, qui a visité les lieux depuis l'expédition anglaise, M. Lenoir,
décrit le Ras-Soufsaféh dans les termes suivants : « Le sommet du Sinai forme un
plateau presque uni, dont un des versants est à pic du haut jusqu'en bas de la mon-
tagne, dans la direction de Thor. De cette plate-forme, le panorama le plus étendu
que j'aie jamais embrassé se déroulait tout autour de nous : les deux bras de la
mer Rouge et du golfe Arabique se reliant à l'extrémité de la presqu'ile et laissant
apercevoir les rives opposées des deux mers dans un brouillard argenté qui se con-
fondait avec l’eau A notre gauche et à notre droite, les crêtes convergentes de toutes
les chaines sinaitiques de la péninsule. Le mont Serbal et le Djébel Catherine sem-
blaient dominer de beaucoup le Sinai lui-méme, quoique ne présentant pas un
aspect aussi imposant que la montagne sainte.
» Une dalle immense, formée naturellement, est indiquée comme l'endroit oà Dieu
apparut à Moise et οὐ les tables de la loi furent données. »
D’après ce que nous avons déjà dit, cette dernière tradition doit être probablement
restreinte à la promulgation de la loi.
Le versant à pic du Ras est élevé de 600 mètres environ. Les personnes réunies au
bas sont littéralement au-dessous dela montagne; celles qui sont à l'extrémité de la
plaine, quoique éloignées, ont encore la vue entiére du sommet. N'est-ce pas à cause
de cet isolement complet de la montagne par trois de ses cótés, et à cause de ce
mur. qui se dresse presque perpendiculairement au-dessus de ce vaste amphithéátre,
que Moise l'a caractérisée en disant qu'on pouvait la toucher et qu'on pouvait aisé-
ment l'entourer de barrières? Il était impossible de trouver un lieu mieux adapté à
la scène mémorable de la promulgation de la loi : la cime du Ras-Soufsaféh, 8
plaine d'er-Rahah, les chaines granitiques qui l'entourent, forment un immense
théâtre naturel, également bien disposé pour contenir une grande foule, pour lui
parler et être entendu d'elle, et il n'y a pas, sans doute, un seul autre endroit au
monde qui eüt été capable de rivaliser avec celui-ci.
Les formes hardies des montagnes, leur magnifique perspective, leurs proportions
colossales, la vaste plaine qui se déploie comme un immense éventail à mesure
qu'elle s'approche du Ras-Soufsaféh, 16 Ras lui-même s'élevant brusquement, comme
une tribune gigantesque, à 600 métres de hauteur, le calme et la tranquillité mer-
veilleuse de la solitude, les teintes gracieuses du paysage, variant à chaque heure
du jour, tout se réunit pour produire une impression qu'on ne saurait éprouver à
un tel degré nulle part ailleurs.
On y trouve, du reste, toutes les commodités désirables à un campement de nomades.
Les Hébreux purent aisément y séjourner plusieurs mois, parce que l'eau y abonde
pour les hommes, et les pâturages y sont suffisants pour les troupeaux qu'avaient
avec eux les enfants d'lerael. Tous les alentours de Djébel Mouca sont plus riches
en herbages qu'aucune autre partie de la péninsule. Le Djébel Mouca lui-méme, les
collines et les vallées environnantes sont sillonnés de sources et de ruisseaux per-
pétuels. Un de ces ruisseaux, qui coule dans l'ouadi Schreich, peut trés bien être
celui dans lequel Moise jeta le veau d'or réduit en poudre.
2986 APPENDICE.
Il est impossible, on le concevra sans peine, de localiser avec certitude, après plus
de trois mille aus, tous les incidents divers de l'histoire du séjour des Israélites au
pied du Sinai. Cependant, plusieurs des points de cette région cadrent si parlaitement
avec les détails fournis par l'Exode, qu'on peut les désigner à peu prés à coup sür
comme les lieux où se sont accomplis les faits racontés par Moïse.
Ainsi, le Djébel Moneidjah actuel, montagne peu élevée, située à la :ו :issance de
l'ouadi ed-Déir, à l'est du Djébe! Mouca, et visible de toute la plaine d'er-Rahah offre
un endroit si commode pour l'érection du tabernacle, que l'on ne peut douter qu'il
n'y ait été effectivement érigé. Il était hors du camp et à une certaine distance, mais
placé de telle sorte que les fsraélites, de la porte de leur tente, dans la plaine, pou-
vaient voir Moise quand il y entrait. Le Djébel Moneidjah remplit exactement cette
condition, et, à cóté, l'ouadi ed-Déir offre un espace suffisant pour que le peuple
püt se réunir auprès du tabernacle.
Le Djébel Mouca actuel proprement dit, appelé autrefois simplement mont Sinai,
est vraisemblablement le mont Horeb, sur lequel Moïse eut la vision du baisson
ardent et la révélation de l'essence divine, en méme temps que celle du nam de
Jéhovah.
Note 41, p. 157, 181 et 336. — L'ARCHE D'ALLIANCE.
L'arche était un coffre en bois de siélim ou acacia, couvert intérieurement et exté-
rieurement de lames d'or; elle avait environ 1 mètre 15 de longueur et 0,80 de lar-
geur et de hauteur. Tout autour de la partie supérieure était une sorte de couronne
d'or. Aux quatre angles étaient attachés quatre anneaux d'or, dans lesquels étaient
passés des bâtons en bois d'acacia doré, pour la transporter plus facilement, à la
téte d'Israel, d'un campement à l'autre, Num., x, 33-36. Deux chérubins d'or, placés
vis-à-vis l'un de l'autre, aux deux extrémités du couvercle, que nous appelons pro-
pitiatoire, le voilaient de leurs ailes déployées. Le propitiatoire était comme le tróne
oü résidait la majesté de Dieu. et l'arche elle-méme, un signe sensible de sa présence
au milieu de son peuple. Le Seigneur l'avait donnée à la race de Jacob pour satisfaire
le besoin légitime des hommes d'avoir sous les yeux un objet matériel qui symbolise
le culte et excite la piété. Placée dans le Saint des Saints, dans le lieu le plus sacré
du sanctuaire, et d'ordinaire invisible à tous les regards comme la diviuité qu'elle
représentait, elle excluait ainsi efficacement toute idole du centre de la religion
mosaïque.
L'arche s'appelait l'arche d'alliance, parce qu'elle contenait les tables de la loi,
Ex., xxxIv, 29; xr, 20; Deut., xxxi, 26; Heb., ix, 4, c'est-à-dire les deux tables de
pierre sur lesquelles étaient inscrits les préceptes du décalogue, et qui étaient comme
le résumé des conditions de l'alliance de Dieu avec son peuple. Le Seigneur avait
voulu qu'elles y fussent renfermées, pour précher en quelque sorte à Israël, d'une
manière permanente, la fidélité à la loi.
Note 19, p. 404. — DE L'EXPLICATION NATURELLE DU PASSAGE
DU JOURDAIN ET DE LA PRISE DE JÉRICHO.
On a voulu expliquer naturellement le passage du Jourdain comme la prise de
Jéricho. Ces explications sont en contradiction formelle avec les textes, qui font
tomber les murailles de la ville devant l'arche et aux sons des trompettes sacrées,
Jt, 1-17; vi. « On a essayé, dit M. Munk, de donner différentes explications du récit
merveilleux de la prise de Jéricho, que les croyants se sont obstinés à prendre à la
lettre et que les sceptiques ont cru devoir tourner en ridicule, mais qui est emprunté
sans doute à un antique poème. Les uns ont supposé un tremblement de terre qui
aurait fait crouler les murs; d'autres ont pensé que Josué avait fait miner les murs
et que les promenades inoffensives autour de la ville avaient pour but de masquer
les opérations. L'hypothèse la plus probable me paraît être celle d'un assaut auquel
le son des trompettes et le cri de guerre avaient servi de signal. Dans le langage
poétique de la tradition, on ἃ pu dire que les murs de Jéricho s'écroulérent au son
retentissant des trompettes de guerre. » — Si cette explication était vraie, le récit
APPENDICE. 2987
du livre de Josué serait un mensonge. Il suffit de lire le chapitre vi, pour se con-
vaincre qu'il est inconciliable avec cette interprétation et que l'auteur entend bien
raconter un miracle, humainement inexplicable; de méme qu'en lisant le chapitre mm,
on est convaincu que le narrateur n'a pas voulu parler d'un passage à gué du fleuve,
comme l'insinue M. Munk, et comme l'ont soutenu plusieurs rationalistes, mais d'un
passage miraculeux.
Nole 13, p. 443. — SOLEIL ARRÊTÉ PAR JOSUÉ.
La bataille de Macéda fut signalée par un grand miracle : l'arrét du soleil. Ce pro-
dige est un des faits de l'histoire sacrée contre lequel on a soulevé le plus d'objec-
tions. Nous devons reconnaitre que nous ignorons de quels moyens Dieu se servit
pour l'accomplir, mais les objections ne sont pas pour cela plus fondées.
« Le récit biblique mentionne en quelques mots le fait du miracle, mais il ne
décrit aucune circonstance particuliére qui nous puisse diriger dans le choix d'une
explication. Nous ne pouvons donc à ce sujet que hasarder des conjectures.
» Qu bien 19 Dieu a réellement arrété le globe terrestre dans sa révolution diurne,
ou bien 2» il a fait que 16 soleil demeurát réellement visible pour Josué tout le temps
nécessaire, sans que la terre s'arrétàt.
Contre la première explication, on objecte que l'arrét subit de la terre aurait *1 כ
amené un bouleversement universel des objets terrestres, et une perturbation consi-
dérable des corps célestes, particulièrement en jetant la terre hors de son orbite,
en troublant le mouvement de la lune. — La réponse est bien facile : Celui qui aurait
arrêté ainsi la terre dans son mouvement est assez sage et assez puissant pour pré-
venir et empêcher les suites naturelles de cet arrêt. D'ailleurs l'objection tirée des
perturbations des corps célestes est mal fondée, car le mouvement annuel de la terre
autour du soleil et le mouvement de la lune autour de la terre sont indépendants
de la rotation de notre globe sur lui-même : alors même que la terre cesserait sa
révolution diurne, sa translation dans l'espace et celle de la lune n'en seraient point
troublées.
» 2* Pour ceux qui préféreraient la seconde explication, savoir une station appa-
rente du soleil sans arrêt réel de la terre, il faut qu'ils admettent une déviation
miraculeuse des rayons solaires pour les amener à éclairer la Palestine. Or, cette
déviation, on peut concevoir que Dieu la produise immédiatement en dirigeant par
sa toute-puissance, suivant une ligne convenable, la propagation des ébranlements
lumineux dans l'espace; ou bien on peut imaginer qu'il emploie pour cet effet des
êtres matériels agissant sur ces rayons par réfraction ou par réflexion. On peut faire
d'ailleurs beaucoup d'hypothéses différentes sur la nature, l'origine et le mode
d'action de ces réfracteurs ou réflecteurs miraculeux.
» En résumé, tout est possible à Dieu dans l'ordre physique; mais il ne lui a pas
plu de nous faire connaitre comment sa puissance est intervenue dans l'événement
dont nous parlent les Saints Livres. » (M. BoisBourni.)
Depuis que les progrés de l'astronomie ont fait mieux ressortir combien le miracle
opéré à la priére de Josué était extraordinaire, on a essayé d'en révoquer en doute
la réaiité. « Mais, toutes les objections qu'on a imaginées contre la réalité ou la
possibilité de ce prodige se réduisent à rien quand on les examine de prés.
» Ainsi 19 l'objection que les annales des autres peuples de la terre sont muettes
sur un événement qui aurait dü étre remarqué dans tout lunivers, est sans valeur
puisque les annales des peuples de cette époque n'existent point et qu'il n'est pas
certain que la prolongation du jour ait existé en dehors de la Palestine.
» 2e Les lois réguliéres auxquelles sont soumis les mouvements des astres ne
prouvent pas non plus l'impossibilité du' miracle. Les lois de la nature sont des
régles établies par la volonté libre du Créateur, dont personne ne peut contester la
puissance. Est-ce que l'auteur de la nature et des forces qui la régissent pourrait
manquer du pouvoir nécessaire pour la diriger à son gré, de telle sorte qu'elle rem-
plisse ses vues et ses desseins ?
» 39 Il faut observer, du reste, que tout en prenant les paroles du texte à la rigueur
de la lettre, rien n'oblige à admettre, avec les Péres de l'Eglise et les anciens théo-
logiens, un arrét miraculeux du soleil lui-méme, mais seulement un arrét apparent.
2088 APPENDICE.
L'auteur sacré parle conformément au langage vulgaire, sans se préoccuper de
théories astronomiques, au milieu du feu de la bataille. » (Kerr)
On allégue contre les réponses que nous venons de rapporter la condamnation de
Galilée par le Saint Office. Mais la décision du Saint Office ne nous force pas à in-
terpréter ce passage de Josué comme il l'a fait. Un éminent canoniste, M. Bouix,
dans son travail sur La condamnation de Galilée, a établi et démontré les proposi-
tions suivantes, qui suffisent pour justifier le sens donné aujourd'hui à ce texte par
tous les exégètes : « Le système du mouvement terrestre est beaucoup plus ancien
que celui de Ptolémée. L'enseignement en avait toujours été permis jusqu'à l'affaire
de Galilée; le tort de la congrégation fut de ne pas continuer cette tolérance. — La
congrégation des cardinaux s'est trompée en déclarant fausse et opposée à l'Ecriture
Sainte l'opinion du mouvement terrestre, et en procédant contre Galilée à cause de
cette opinion. Mais son erreur ne prouve point que l'institution du Saint Office soit
mauvaise. Elle ne prouve rien contre l'infaillibilité du Pape. — Le tribunal du Saint
Office eut tort d'exiger de Galilée qu'il abjurát l'opinion du mouvement terrestre. —
Aucun acte pontifical ex cathedra n'a jamais approuvé ni confirmé le décret de 1616
ni la sentence de 1633. »
Note 14, p. 419. — DU DROIT DE CONQUÉTE DES HÉBREUX ET DE
L'EXTERMINATION DES CHANANÉENS.
On s'est demandé de quel droit les Hébreux avaient chassé les Chananéens de la
terre qu'ils oecupaient et les avaient exterminés. — La question du droit de conquéte
des tribus ou des peuplades qui émigrent en pays étranger, s'en emparent de vive
force et en chassent les anciens habitants, soit parce qu'elles ont été expulsées elles-
mémes de leur propre patrie et refoulées par d'autres émigrations, soit parce que
leur trop grand nombre les a contraintes d'aller chercher ailleurs des moyens de
subsistance qu'elles ne trouvaient plus sur le sol natal, cette question est insoluble
pour la science humaine, comme la question de la guerre elle-même. Elle est une
conséquence de l'existence de l'homme sur la terre, une condition de la vie et de
la régénération des sociétés, une sorte de loi de l'humanité, loi mystérieuse que
l'histoire constate à toutes ses pages sans pouvoir l'expliquer. Il n'existe guére au-
jourd'hui, sur notre globe, de terre habitable oü les colons primitifs n'aient été
supplantés par des envahisseurs plus forts, venus aprés eux. Les invasions des bar-
bares aux 1v? et ve siècles ne sont pas un fait isolé; il s'était produit souvent dans
les siècles antérieurs, et il se répétera encore dans les siècles futurs : les mêmes
causes ramèneront les mêmes effets.
Nous n'avons ni à expliquer ni à justifier une loi sociale dont le motif, connu de
Dieu seul, échappe à nos faibles yeux. Quand les peuples ne peuvent plus étre contenus
dans leurs anciennes limites, leurs flots débordent comme un fleuve grossi, en inon-
dant et ravageant tout sur leur passage. Ils ne se posent point de questions théo-
riques, ils ne songent pas au droit des gens; ils suivent une sorte d'instinct, ils
veulent vivre. Les Israélites, opprimés en.Egypte, trop nombreux pour se fixer dans
l'étroit désert du Sinai, suivent la loi qui règle les migrations humaines, ils vont
chercher dans la terre de Chanaan ce qu'ils n'ont pas ailleurs : l'indépendance reli-
gieuse et politique, en s'affranchissant d'un joug injuste, et des champs à cultiver
pour se nourrir, Ce qui rend compte des migrations de tous les autres peuples peut
rendre compte aussi de la migration d'Israel, et les incrédules ne peuvent lui refuser
un certain droit de se faire, méme par les armes, comme les autres peuples, une
place au soleil.
Cependant il faut observer, de plus, qu'en dehors du besoin d'avoir une patrie
propre, les Hébreux avaient un titre particulier de possession à la terre de Chanaan,
titre dont ils avaient connaissance et qu'ils invoquaient pour justifier leur conquête :
la Palestine, c'était pour eux la Terre Promise; Dieu leur en avait fait don. Or, on
ne saurait contester à Dieu la propriété de la terre qu'il a créée, Ps. xxin, 4. Tout
ce qu'on peut demander, c'est qu'il ne voue point sans motif des nations entiéres
à l'extermination, et ce motif, Dieu l'avait, et il nous l'a fait connaitre. S'il condamnait
les Amorrhéens à périr sous les coups des enfants de Jacob, c'est parce que la mesure
de leurs crimes était comble, et qu'il voulait les châtier de leurs monstrueuses pré-
APPENDICE. 2989
varications. La société ἃ le droit de punir les individus de leurs fautes, à plus forte
raison Dieu a-t-il celui de punir les particuliers et les peuples, selon qu'il le juge
à propos dans sa justice :
Remarquons d'ailleurs que les Hébreux firent la guerre comme on la faisait de
leur temps. Le livre des Juges note expressément qu'on n'infligea à quelques-uns des
rois vaincus que le traitement qu'ils avaient infligé eux-mêmes à d'autres.
Enfin, il faut observer que les Hébreux n'exterminérent pas tous les Chananéens,
comme on l'a dit quelquefois. Quoique leur propre sécurité dans l'avenir et les ordres
mémes de Dieu dussent les y pousser, il resta, de fait, un grand nombre de Chana-
uéens dans le pays conquis.
Note 45, p. 588. — JÉRUSALEM.
Jérusalem peut être considérée comme le centre et le cœur de la Palestine. Du Mont
des Oliviers, à l'est de la ville, on voit Gabaa sur sa montagne en pain de sucre et
les collines d'Hébron, dans la Palestine du sud. Jérusalem est bátie sur la créte la
plus saillante de la chaine qui traverse tout le pays depuis la plaine d'Esdrelon au
nord jusqu'au désert de Juda au midi. C'est la ligne de séparation des eaux qui
coulent à l'est vers le Jourdain, à l'ouest vers la Méditerranée. Tous ceux qui tra-
versent l'intérieur de la Palestine du nord au sud doivent passer par le plateau de
Jérusalem: Abraham pour aller de Béthel à Hébron, Jacob de Bersabée à Béthel,
Josué de Jéricho à Gabaon, les Philistins de leur plaine de la Séphéla à Machmas,
Pompée en venant de la vallée du Jourdain, les croisés en venant de Tyr.
C'est pour cela que Jérusalem, sur ses collines avec son temple où Dieu habite, a
fourni l'image si belle et en méme temps si naturelle du Psalmiste :
La montagne de Sion ne chancellera point,
car Dieu l'entoure pour ainsi dire du regard, comme un garde qui, du haut de son
observatoire, examine tous les points de l'horizon.
Des montagnes sont autour d'elle (de Jérusalem)
Et le Seigneur est (comme) autour de son peuple (Psaume cxxiv, 2).
Jérusalem est remarquable par son élévation (Hébron est cependant plus élevée
encore). Excepté du côté du sud, où, en venant d'Hébron, on descend, de tous lea
autres cótés, on monte à Jérusalem. Ce n'est pas qu'elle soit bàtie sur le sommet d'une
montagne, comme tant d'autres villes et bourgades de la Palestine, mais elle est εἰ-
tuée à l'extrémité d'un des plus hauts plateaux du pays. Plus qu'aucune autre capitale
au monde, plus qu'aucune autre ville importante de l'univers, elle est une ville de
montagne. C'est pourquoi dans les Psaumes elle s'appelle simplement ₪
sainte ou (a montagne de Dieu (Psaume xLvur, 2; מווצא 3). On y respire l'air pur et
frais de la montagne, en comparaison des rivages de la Méditerranée ou de la vallée
brülante du Jourdain. Elle est assise sur ses montagnes comme sur une forteresse,
au lieu d'être ouverte à tous, comme Jéricho ou Damas, Gaza ou Tyr. Elle résume
en perfection le caractère de toute là contrée dont elle est devenue la capitale, elle
est la montagne-tróne, la montagné-sanctua?re de Dieu, la montagne où il désire
habiter. Psaume Lxvn,1%. Voir tout 16 Psaume vxxxvt. Comme Dieu habite au milieu
d'elle, elle ne sera jamais ébranlée. Psawme cxxiv, 4; xvv, 6.
Jérusalem se composait de deux villes, là ville haute et la ville basse, d'ou sans
doute la forme duelle de son nom en hébreu : Yerouschalaim. La ville haute, c'était
Jébus ou Sion, pris souvent pour Jérusalem elle-méme dans les prophétes et dans
les Psaumes, la cité dite de David. La ville basse, c'était le mont Moria ou la cité
de Salomon, au pied de laquelle était une source intarissable, le fons perennis aquæ,
dont parle Tacite (Hist., v, 12), le Fluminis impetus lælificut civitatem Dei, que chante
le Psalmiste, Psaume xiv, 9. Voir aussi Psaume vxxxvi, 1 hébreu; Isaie, xu, 3;
Ezéchiel, xvvu, 1-5; Jéan, vu, 31-38. C'est sur le mont Moria que s'éleva le temple du
vrai Dieu.
Ce qui fait la force de Jérusalem et l'a rendue digne de devenir la capitale de la
Judée, e'est, avec sa position élevée, les deux ravins qui l'entourent et la rendent
0
₪ APPENDICE.
inabordable de trois cótés. Sa situation est tellement forte qu'elle fut la seule qui
put résister aux Hébreux jusqu'av *emps de David. Une vallée lui forme un fossé
naturel et très profond au sud; c'est la vallée de Gé-Hinnom, Ben Hinnom ou du fils
d'Hinnom. Une autre vallée, également profonde et plus sombre, d'où son nom de
Vallée noire ou Cédron, enveloppe la ville à l'est et va rejoindre la vallée de Ben
Hinnom, pour se rendre de là, par d'étroits défilés, dans la mer Morte. Du temps
de David, ces gorges devaient être encore plus profondes, avant que les débris accu-
mulés de tant de siécles n'en eussent haussé le niveau. Elles font de Jérusalem
une sorte de camp retranché et comme imprenable. En méme temps, elles l'ont
toujours empéché de s'étendre au nord-est, à l'est et au sud. Ces deux ravins de-
vinrent comme sa nécropole et ils sont aujourd'hui tout remplis de tombeaux. Le
Cédron et le Gé-Hinnom, en resserrant la capitale de la Judée dans leurs étroites
limites, lui donnèrent cette unité compacte, que chante le Psalmiste :
Jérusalem est comme une ville
Dont les parties sont bien liées ensemble (Psaume ΟΧΧΙ, 3).
Elle renfermait néanmoins plusieurs quartiers, séparés dans la partie méridionale par
la vallée de Tyropæon ou des Fromagers, aujourd'hui à peu prés complètement
comblée. Elle pouvait d'ailleurs s'agrandir à l'ouest et au nord-ouest, et c'est ce qui
a eu lieu. C'est là un avantage qu'elle avait sur plusieurs autres villes de Palestine
qui, báties sur la créte d'une montagne, comme Hébron, Samarie, Jezrael, ou dans
une étroite vallée, comme Sichem, ne pouvaient pas facilement se développer. Elle
avait un débouché pour son excédent de population dans ce plateau occidental qui
la joint δὰ plateau central de la Judée, malgré une légére dépression. Dés le temps
de Sàlomon, les jardins devaient s'étendre sur ce plateau.
Du reste, méme de ce côté, Jérusalem est défendue par une barrière de hauteurs
qui en masquent la vue jusqu'à une très courte distance de la ville et qui ont dû
toujours lui servir comme un rempart ou comme des forteresses avancées.
En tout temps, la force naturelle de Jérusalem a été augmentée par les murailles
et les fortifications artificielles qu'elle a toujours eues et qui lui ont toujours été :
nécessaires pour la protéger contre ses ennemis, autrefois comme aujourd'hui contre
les Bédouins, dont les razzias ne sont arrétées que par des murs et, à diverses épo-
ques, contre les conquérants qui ont voulu s'en rendre maîtres. Ni la nature ni les
hommes n'ont pu la sauver de tous ses assaillants : elle a été prise dix-sept fois et
la profondeur des ruines des maisons et des débris de toute espéce sur lesquels s'é-
lève la ville actuelle est de 10 à 15 mètres. Voir Lamentations, 1v, 1; Psaume rxxvi, 1.
Il est vrai que les tremblements de terre ont contribué pour leur part à amonceler
les décombres, Amos, 1, 1; Zacharie, xiv, 5.
La véritable histoire de Jérusalem ne commence guére qu'à David. Jusqu'à ce
prince, elle n'avait pas été une ville israélite et elle n'avait joué aucun rôle dans la for-
mation du peuple de Dieu. Tandis que la plupart des peuples célèbres se sout élevés
et ont grandi autour de la ville qui les a vu naitre et qui leur a servi comme de
berceau, les Babyloniens à Babylone, les Assyriens à Ninive, les Egyptiens à Thébes,
Jes Athéniens à Athénes, les Latins à Rome, au contraire, les Israélites ne sont pas
devenus une nation à Jérusalem. Cette cité, de même que Paris dans les Gaules, n'a
été pour rien dans leur premier développement. Dans les temps primitifs, Hébron,
Béthel, Sichem étaient célébres, comme aux commencements de notre histoire, Lyon,
Marseille, Narbonne, et Jérusalem était encore à peu près inconnue. Josué, Othoniel,
Débora, Samuel, Saül avaient souvent passé dans son voisinage, vu ses tours et ses
fortifications, mais ils n'y avaient jeté qu'un regard et avaient été loin sans doute
de soupçonner l'avenir magnifique qui lui était réservé et la place importante qu'elle
devait occuper dans leur histoire politique et religieuse. Si, en effet, l'origine de
Jérusalem avait été basse et obscure, comme le dit Ezéchiel, xvi, 3-5, la suite de son
histoire devait avoir un éclat incomparable, et cette cité d'origine chananéenne était
appelée à devenir la reine des cités. Ce qui lui valut une si grande gloire, c'est qu'elle
devint la capitale du peuple élu et surtout que ce fut dans son sein que s'éleva le
temple du vrai Dieu. Les livres historiques de l'Ancien Testament nous racontent le
róle politique que joua Jérusalem à partir du régne de David; ils nous font con-
naître aussi son importance religieuse, mais c'est surtout dans les Psaumes et dans
les prophètes qu'elle nous apparait, sous ce dernier rapport, dans son véritable jou
« Tous les chants nationaux, dit Herder, semblent avoir pris pour programme l'éloge
de Jérusalem et de Sion. » Une foule de Psaumes sont consacrés à célébrer ses
louanges, ΟΧΧΙ, LXXXVI, XLvit, CXxIV, CXX, etc., etc. Dans les prophètes, elle devient
comme la capitale du monde entier et son nom est celui méme de l'Eglise que doit
fonder le Messie. Belle est sa situation; elle est comme [8 joie de toute la terre,
Psaume xvii, 2. Centre de la théocratie et centre du monde ancien, elle deviendra
le point d'attraction dé tout l'univers, la montagne où afflueront tous les peuples,
Jérémie, mt, 11; Isaie, τι, 2-4; Zacharie, x, 10, 11; xiv, 16-21. Sa gloire ne finira méme
pas avec l'histoire de Juda et d'Israel; l'Eglise s'appellera la Jérusalem nouvelle et
S. Jean, dans l'Apocalypse, nous dépeindra le ciel sous les traits de Jérusalem. « J'ai
vu la cité sainte, la Jérusalem nouvelle descendant du ciel, parée comme une épouse
qui va recevoir son époux. » Apocalypse, xxt, 2.
Note 16, p. 648. — LE TEMPLE DE SALOMON.
La plus grande œuvre de Salomon fut la construction du temple de Jérusalem. Il
importe, pour l'intelligence de tous les livres de la Sainte Ecriture postérieurs à
cette époque, d'en avoir une idée nette et précise.
Le temple fut construit sur le mont Moriah, dans la partie nord-est de Jérusalem,
sur des fondements qui nécessitèrent des travaux gigantesques. Il consistait en un
édifice de proportions relativement restreintes et en plusieurs grandes cours. L'édi-
fice, Beth Yehovah ou maison de Dieu, était rectangulaire; il comprenait trois parties :
un vestibule, 'ouiam; le Saint, Qodesch ou Hékal, et le Saint des saints, Debir ou
Qodesch haqqodaschim. Le Saint des saints, ayant dix métres environ dans ses trois
dimensions, était séparé du Saint par un mur et par une porte devant laquelle était sus-
penduun voile ou tapis. Il contenait l'arche d'alliance, que deux chérubins, de forme
colossale, couvraient de leurs ailes étendues, et les tables de la loi. Le Saint, élevé
de quinze métres et long de vingt, renfermait l'autel des parfums, dix chandeliers
d'or à sept branches et dix tables d'or sur lesquelles on placait les pains de pro-
position. En avant du Saint s'élevait le veslibule ou portique. de cinq mètres de lon-
gueur, de dix de largeur, et probablement de trente de hauteur. Il était séparé du
Saint par une porte à deux battants, en bois de cyprés doré. Aux cótés latéraux de
l'édifice étaient adossées de petites cellules.
La maison de Dieu n'était pas destinée à servir, comme nos églises. de lieu de
réunion aux fidèles : c'était exclusivement la demeure du Seigneur, inaccessible aux
mortels. Aucun Israélite ne pouvait y entrer. Seuls, les prêtres avaient le droit de
pénétrer dans le Saint. Quant au Saint des saints, il était fermé à tous, au grand-
prétre lui-méme, qui n'y avait acces qu'une fois paran.
Les cérémonies du culte et les assemblées des adorateurs de Jéhovah avaient lieu
dans les parvis ou cours fermées qui entouraient le sanctuaire. 19 Une première cour
était réservée aux prétres et aux lévites. Là était l'autel d'airain ou autel des holo-
eaustes, sur lequel brülait un feu perpétuel et sur lequel on offrait les sacrifices san-
glants. A côté, étaient la mer d'airain et les divers ustensiles nécessaires pour l'im-
molation des victimes. 2e Une autre cour appelée Parvis extérieur, d'un niveau plus
bas que la précédente, nommée Parvis intérieur, était réservée, à l'exclusion des
incirconcis, aux Israélites, qui assistaient de là à la célébration des sacritices.
Salomon n'eut pas le temps de l'achever; elle ne fut terininée que par ses successeurs,
PLAN DU FEMPLE DE SALOMON
2902 APPENDICE.
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COUPE LONGITUDINALE DU TEMPLE DE SALOMON
Note 17, p. 907. — JÉRUSALEM AU TEMPS DE NÉHÉMIE
La topographie de l'ancienne Jérusalem est fort mal connue. ll est trés difficile de
se faire une idée exacte de la ligne que suivaient les murailles de la ville et de la
position des portes ouvertes dans ces murailles. Voici ce qu'on peut dire avec vrai-
semblance sur ce sujet, pour rendre plus intelligible les livres d'Esdras et quelques
autres livres de l'Ecriture.
« Jérusalem, avant sa destruction par les Romains, était environnée de trois murs:
le premier ou l'ancien mur; le second mur, et le mur nouveau ou d'Hérode Agrippa.
— Le premier et le plus ancien de ces trois murs commençait au nord près de la
tour Hippicus; il courait de cette tour, sur le penchant septentrional de Sion, jus-
qu'au Xystus, ou pont jeté sur le Tyropéon, et se terminait à la vallée, à l'ouest du
Temple. De 18 méme tour Hippicus, ce premier mur allait du côté opposé, autour de
Sion, jusqu'à la porte du Fumier ou des Esséniens; de là, il tournait, du cóté du
sud, vers la fontaine de Siloé, faisait ensuite un coude en tournant vers le nord,
au-dessus de l'étang de Salomon et finissait à la vallée à l'orient du Temple. Ce mur
avait soixante tours.
» Le second mur commençait à la porte du premier mur qui était appelé Gennath;
il environnait à l'ouest et au nord l'Akra ou la ville basse et se terminait à la for-
teresse Antonia. Cette forteresse était placée au nord-ouest du Temple; la porte
Gennath à peu prés à l'est de la tour Hippicus et prés de cette tour. Sur ce second
mur étaient quatorze tours.
» Le troisième mur, appelé aussi le mur d'Hérode Agrippa, parce qu'il fut bâti ou
du moins commencé par ce prince, prenait aussi son origine à la tour Hippicus,
courait de là, vers le nord, jusqu'à la tour Pséphinas, le point le plus au nord de
la ville, passait prés du monument d'Hélène, et enfin se rattachait à l'ancien mur
dans la vallée de Cédron. Ce troisième mur embrassait ainsi toute la partie de la
ville formée, depuis son rétablissement, au nord de l'Akra et du mont Moriah.
» Maintenant pour ce qui regarde les portes, nous remarquerons d'abord que le
deuxième livre d'Esdras ou 18 livre de Néhémie donne trois fois tout le pourtour des
murs de Jérusalem. Premièrement, d’après le chapitre II, 13-15, Néhémie fait le tour
de Jérusalem en partant de la porte de la Vallée, et aprés avoir visité l'enceinte de
la ville, il revient à la méme porte. La direction que suivit Néhémie est assez claire-
ment indiquée en cet endroit, vers. 15; puisqu'il remonta le torrent de Cédron, il
allait du sud au nord. En second lieu, d’après le chapitre III, où est racontée la
reconstruction des murailles, cette reconstruction commence par la porte des Brebis,
que construisirent les prétres (vers 1), et finit par la méme porte des Brebis (vers. 32).
La porte des Eaux (vers. 26) est placée au levant Entin le chapitre XII, 31-40, fait
connaitre comment, après l'achévement des murs, deux chœurs les parcoururent
dans la cérémonie de la dédicace, en partant d'un méme point et allant dans des
directions opposées. Les deux chœurs se rencontrèrent prés du Temple (vers. 40),
et par conséquent à l'orient de la ville. Ils partirent done d'un point situé au cou-
chant (vraisemblablement de la porte de la Vallée); le premier chœur se dirigea à
droite, c'est-à-dire vers le midi, en faisant le tour de Sion; le scond choeur prit sa
direction vers le nord. Or, si l'on compare ces trois passages de Néhémie, voici,
ce semble, l'ordre qu'on peut établir dans la position des portes:
APPENDICE. 2.193
» Au. nerd : 1° La porte Ancienne, vraisemblablement à l'angle au nord-est (in, 8;
0
xir 38). — 29 La porte d'Ephraim (de Benjamin) (xu, 38. Comparez Jérémie, xxxvii, 1;
xxxvi, 13; II Parulipomènes, xxv, 23). — 3» La porte de l'Angle, à l'angle au nord-
ouest (nr, 11. Comparez II Paralipoménes, xxvi, 9; IV Rois, xiv, 13; Zacharie, xiv, 10).
Au couchant : 4° La porte de la Vallée (rr, 13; x, 13. Compar. II Paralipomènes, ג
XXVI, 9).
» Au midi : 5° La porte du Fumier (la porte des Esséniens (?) (11, 13; ,זוא 31). — 69 La
porte de la Fontaine au sud-est (1r, 14; ir, 15). La porte de la Fontaine était proche
de l'étang du roi (π, 14), proche aussi de l'étang de Siloé (nr, 15); deux étangs qui
peuvent bien étre le méme. C'est une question de savoir sila porte de la Fontaine
n'est pas la méme que la porte d'Argile ou du Potier qui conduisait dans la vallée
d'Hennom (Jérémie, xix, 2), ou si peut-être elle n'était pas située plus près de l'em-
bouchure du Tyropéon, et la porte du Fumier au méme endroit, mais un peu plus
haut.
» Au levant: 79 La porte des Eaux (nt, 26; vin, 4). — 89 La porte de la Prison et
la porte des Chevaux vers le Temple (xu, 38-39; mr, 18). — 99 La porte des Brebis
[ou du Troupeau], (proche de l'etang des Brebis (?) (uz, 4, 32; xu, 38). — 100 La porte
des Poissons, tout à fait au nord (ur, 3; xit, 38. Comparez Sophonie, 1, 11; II Parali-
poménes, xxxi, 14). — Entre la huitième et la neuvième porte étaient les tours
Hamméah et Hananéel (nr 1; xir, 38. Compar. Zacharie, xiv, 105 Ezéchiel, xLvn, 4,
note 2; Matthieu, xxvi, 66). « (GIMAREY.)
Note 18, p. 1015. — JOB SUR SON FUMIER.
Le texte original dit qu'il était assis, là, sur la cendre, et S. Jean Chrysostome rap-
porte qu'on allait de son temps en pélerinage vénérer l'endroit oü s'était retiré alors
le saint patriarche. > On sait, dit M. Edm. Le Blant, que, d'apres le texte hébreu, Job
était assis sur la cendre et non sur le fumier, ce qui explique mieux de la part des
anciens l'admission d'une longue existence pour cet objet de vénération, » Le pas-
sage suivant fera connaitre en quel endroit s'était retiré Job et expliquera en méme
temps comment les Septante et la Vulgate ont pu traduire par fumier ce que l'hébreu
appelle cendre, et comment le lieu sanctifié par la présence de Job s'est conservé et a
pu devenir un lieu de pélerinage : « A l'entrée de tous les villages du Hauran, dit
M. Wetzstein, il y à un emplacement désigné pour déposer les immondices enlevées
des étables. Ces immondices forment à la longue un monceau, qu'on appelle mezbelé
et qui surpasse en volume et en hauteur les bátiments les plus élevés du village...
Le fumier qu'on porte au mezbelé n'est point mélangé avec de la paille; dans ces
pays trés chauds, sans humidité, la litière est inutile pour les chevaux et les ânes,
qui sont les principaux habitants des étables, parce que le menu bétail et les tau-
reaux passent ordinairement la nuit dans les pàturages. Ce fumier est donc sec et
on le transporte dans des corbeilles à l'endroit qui sert de dépót, à l'entrée du vil-
lage. On l'y brüle ordinairement tous les mois, en ayant soin de choisir, pour cette
opération, une journée favorable, où le vent ne pousse pas la fumée du côté des
maisons. Comme le sol chaud et fertile de ces contrées n'a pas besoin d'engrais,...
les cendres, produites par la combustion de ces immondices, restent là entassées e*
s'y accumulent pendant des siècles. Les mezbelé finissent ainsi par atteindre une
grande hauteur. Les pluies d'hiver durcissent ces couches de cendre en masse com-
pacte et les transforment peu à peu en une sorte de colline, dans l'intérieur de la-
quelle on creuse ces remarquables fosses à grains appelées bidr-el-galle qui garan-
tissent le froment des ravages de la chaleur et des insectes, et le conservent pendant
plusieurs années. Le mezbelé sert aux habitants du village comme de tour et de lieu
d'observation; c'est là qu'ils se réunissent, pendant les soirées étouffantes d'été,
pour jouir un peu du vent frais qui souffle sur cette hauteur. Les enfants vont y
jouer; le malheureux qui, frappée d'une maladie repoussante, n'est plus supporté
dans l'intérieur du village, s'y retire pour demander, le jour, l'aumóne aux passants,
et se coucher la nuit dans les cendres échauffées par le soleil. On y voit souvent
aussi les chiens du village, attirés par l'odeur des animaux morts qu'on a coutume
d'y porter. Plusieurs localités du Hauran ont perdu leur nom primitif et s’appellent
aujourd’hui Umm-el-mezäbil, à cause de la hauteur et de la multitude de collines de
188
2004 APPENDICE.
te genre qui les entourent et qui indiquent qu'elles sont depuis fort longtemps na-
bitées. Quelques villages modernes sont bâtis sur d'anciens mezbelé, parce que l'air
y est plus pur et plus salubre. »
Note 19, p. 1092. — DE LA POÉSIE HÉBRAIQUE.
1. De la poésie hébraïque en général.
On ne compte d'ordinaire, d'aprés les Juifs, que trois livres proprement poétiques,
Job depuis rr, 2 jusqu'à xui, 6, les Psaumes et les Proverbes; mais les Lamentations,
le Cantique des cantiques, Isaie et une grande partie des prophètes sont, aussi
écrits dans une forme poétique particuliére ou contiennent des morceaux en vers.
On s'est donné beaucoup de peine pour classer les poèmes hébreux dans les genres
littéraires connus des Grecs et des Latins. Cette peine est assez inutile. La Poétique
d'Aristote ne donne pas la forme nécessaire de toute poésie, et Job, pour n'étre pas
un drame selon le type hellénique, n'en est pas moins un magnifique poème.
La poésie de la Bible est en général lyrique. On peut la subdiviser en didactique,
gnomique, élégiaque, dramatique méme, si l'on veut, mais aucun de ces genres n'est
parfaitement tranché; toutes les subdivisions rentrent plus ou moins les unes dans
les autres, et tous les poètes d'Israel sont des lyriques, en ce sens qu'ils expriment
toujours les sentiments personnels qu'ils éprouvent.
Le véritable caractère des chants hébreux, c'est qu'ils sont religieux. Dieu, qui les
inspire, y occupe toujours la première place, quand il n'en est pas le sujet unique.
Les Psaumes, en particulier, sont remplis de Dieu. De là l'enthousiasme, le lyrisme
des poètes d'Israël, et cet accent particulier qui a fait de leurs chants les chants de
l'univers chrétien.
La poésie hébraique a cela de commun avec toutes les poésies du monde, que son
langage est plein d'éclat et de magnificence. Dans toutes les littératures, les poètes
se distingrent des prosateurs par un style plus brillant, plus vif, plus harmonieux
et plus imagé. Les poétes orientaux ne différent, sous ce rapport, de nos poétes occi-
dentaux que par une plus grande hardiesse, une profusion plus abondante de mé-
taphores, des hyperboles plus fortes, un coloris plus riche, dont la vivacité égale
celle de leur soleil : tous ces traits se remarquent dans la poésie biblique.
Aucune partie du globe n'offre, dans un aussi petit espace, une variété pareille à
celle de la Palestine. On y trouve tous les climats, les montagnes et les plaines, la
mer et le Jourdain, les champs fertiles et l'anide désert, une flore et une faune
variées. Quelle abondance d'images offre au poéte d'Israél cette terre béniel Les
comparaisons pleines de gráce ou de grandeur s'offrent en foule à son imagination,
depuis les cédres du Liban et les pics neigeux de l'Hermon jusqu'aux lis de la vallée
et aux plantations de roses de Jéricho. Il peut contempler tous les grands spectacles
de la nature, l'orage qui gronde au sommet des montagnes et les soulévements
majestueux des flots de la mer. La langue qu'il a à sa disposition, et qui est toute
composée de termes concrets, vient enrichir encore d'innombrables figures le lan-
gage du poéte et fournir d'inépuisables couleurs à sa palette. L'hébreu n'est pas un
idiome riche; il a cependant de nombreuses expressions pour peindre la nature et
exprimer les sentiments religieux, et quel admirable usage sait en faire un artiste
comme David ou comme l'auteur de Job! Leur poésie est toujours une peinture;
elle est souvent aussi urie musique. Des mots bien formés, des sons imitatifs, donnent
à la pensée un merveilleux relief. Enfin, la simplicité de la syntaxe imprime aux
poémes hébreux un cachet particulier qui en augmente le charme.
Un certain nombre d'images reviennent fréquemment dans la poésie hébraique, et
il importe d'en connaitre exactement la signification pour bien comprendre. nos
livres sacrés. — Avant que le Christianisme eût adouci les mœurs, la guerre était
beaucoup plus cruelle et plus sanglante qu'aujor.ed'hui; elle n'était que meurtres et
rapines sans fin; la guerre et la violence sont par conséquent synonymes du. plus
grand des maux, et la paix, au contraire, signifie le bonheur et l'ensemble de tous
les biens. — En dehors de la guerre à main armée, les maux dont les hommes d'alors
avaient le plus à souffrir étaient d'abord l'oppression du faible par le fort, du petit
par le puissant, et ensuite la tromperie et la fourberie, vices trés communs en Orient,
nme mcm
APPENDICE. 2995
"Aussi ces deux espèces de péchés sont-elles considérées dans les Psaumes et dans
les prophètes comme celles qui résument tous les autres, tandis que la 7uslice, 00-
posée à 18 violence qui opprime, et la sincérité ou la fuite du mensonge sont re-
gardées comme la perfection, Ps. xiv, etc. La lumière du jour, grâce à laquelle on est
en sécurité, est l'embléme du bien; les ténèbres de la nuit, pendant lesquelles le
méchant peut nuire plus aisément, sont le symbole du mal. L'eau qui rafraîchit,
la source qui fertilise le sol qu'elle arrose, l'arbre et l'ombre qui reposent, dans ces
pays brûlés par le soleil, sont l'image du bonheur et de la joie; la sécheresse, V'aridité
du désert, celle de l'a/fliction et de la souffrance.
Mais, dans toutes les langues, la poésie ne se distingue pas seulement de la prose
par le style, elle s'en distingue aussi par la forme. A ce langage divin il faut un
rythme, une cadence particuliére, je ne sais quelle harmonieuse symétrie qui rende
mieux que le terre à terre de la langue vulgaire les sentiments dont déborde l'àme,
transportée par l'enthousiasme dans une région supérieure et voulant exprimer par
une manière de parler extraordinaire des idées et des émotions qui ne sont pas
communes. De là des règles plus ou moins difficiles auxquelles s'astreint le poète,
un moule artificiel dans lequel il doit couler sa pensée.
Si le fond du style est le méme chez tous les poètes, la forme de la poésie n'est pas
semblable chez les différents peuples : elle varie selon le génie des langues et de
ceux qui les parlent. Le vers grec et latin est mesuré par la quantité des syllabes
qui le composent; le vers francais est essentiellement constitué par le nombre des
syllabes et par la rime. Chez les Hébreux, nous ne rencontrons pas la rime; d'après
‘plusieurs orientalistes, on y trouve une certaine mesure prosodique; mais, de l'avis
“de tous, ce qui distingue particulièrement la poésie hébraïque et lui donne une
physionomie propre, tout à fait distincte de celle de la poésie des langues occi-
dentales, c'est le parallélisme.
> Π. Du parallélisme.
C'est Lowth qui, le premier, dans ses Leçons sur la poésie sacrée des Hébreux, pu-
bliées en 1153 à Oxford, oü il était professeur, a établi l'existence du parallélisme
dans la poésie hébraïque. Il n'avait pas été soupconné par les anciens; du moins
ne l'ont-ils pas signalé en tant que mécanisme poétique, et n'en ont-ils tiré aucun
parti pour l'interprétation de l'Ecriture.
Lowth détinit le parallélisme la correspondance d'un vers avec un autre. 1] l'appelle
le parallélisme-des membres, parce que la répétition de deux ou trois membres paral-
lèles est un des caractères constitutifs de la poésie hébraïque, où il n'y a jamais de
vers isolé. C'est une sorte de rime de la pensée, une symétrie de l'idée, exprimée
ordinairément deux fois, ou quelquefois trois, en termes ו tantót syno-
nymes, tantót opposés:
Langue Cœur
du-juste : des-méchants
argent choisi sans valeur. Prov., x, 20,
On a comparé le parallélisme au balancement d'une fronde; on pourrait le com-
parer peut-étre plus justement au mouvement d'un balancier qui va et revient sur
lui-même. Ces répétitions de la méme pensée décèlent un trait du caractère oriental
qui est plus lent que vif, qui n'a jamais attaché au temps la méme valeur que nous,
et s'est toujours complu- dans 18 méditation des mêmes idées. Il faut d'ailleurs re-
connaitre que le parallélisme est jusqu'à un certain point dans la nature des choses,
au moins pour le chant, puisque les refrains sont de toutes les époques et de tous
les pays.
Nous avons dit qu'on peut comparer le parallélisme au Εν νει ἐπε d'un balancier.
Rien n'est plus monotone en soi que la régularité de ce va-et-vient qui ne change
jamais. La variété est cependant un élément nécessaire de la beauté. La monotonie
ne devait-elle donc pas devenir lécueil fatal de toutes les compositions poétiques
d'Israël? Ce danger a été évité beaucoup mieux que dans nos poèmes en vers alexan-
árins, -gráce à la souplesse du génie hébraïque et à la diversité des combinaisons
"la su introduire dans 6 parallélisme. Il y en.a quatre espèces principales. qu'on
appelle parallélisme synonymique, antithétique, synthétique et rythmique,
2098 APPENDICE.
19 L2 parallélisme est synonymique quand les membres parailéles se correspondent
en exprimant en termes équivalents le même sens. Assez fréquemment, il y ἃ gra-
dation dans la pensée, quoique elle reste substantiellement la même dans les deux
membres. On trouve de nombreux exemples de cette espéce de parallélisme dans les
psaumes. Lowth a signalé déjà, comme un des plus beaux, le psaume טואס (selon
lhébreu, premiere partie du psaume cxur, selon la Vulgate):
Quand Israël sortit de l'Egypte,
La maison de Jacob, [du milieu] d'un peuple barbare,
Juda devint son sanctuaire,
Israël, son royaume. .
La mer [le] vit et elle s'enfuit,
Le Jourdain recula en arrière,
Les montagnes bondirent comme des béliers,
Les collines, comme des agneaux.
Pourquoi t'enfuir, ó mer?
[Pourquoi], Jourdain, reculer en arrière?
[Pourquoi] bondir comme des béliers, ₪
[Et vous], collines, comme des agneaux?
Tremble devant la face du Seigneur, ὁ terre!
Devant la 186% du Dieu de Jacob,
Qui change la pierre en sources abondantes;
Et le rocher en ruisseaux d'eau [vive].
20 Le parallélisme est antithétique quand les deux membres se correspondent l'un
àl'autre par une opposition de termes ou de sentiments. Cette espéce de parallé-
lisme est surtout usitée dans les Proverbes, parce qu'elle est conforme à l'esprit de
la poésie gnomique : l'antithèse fait mieux ressortir la pensée qui est le fond de la
sentence et de la maxime:
Les coups de l'ami sont fidéles,
Les baisers de l'ennemi sont perfides,
L'homme rassasié 8688106 le miel.
L'affamé [trouve] doux méme ce qui est amer. Pnov., xxvir, 6-7,
JD en rencontre aussi de beaux exemples dans les Psaumes :
Ceux-ci se confiaient dans leurs chariots, ceux-là dans leurs [coursiers].
Et nous dans le nom de Jéhovah, notre Dieu.
Ils ont fléchi, ils sont tombés;
Et nous, nous sommes debout, nous sommes fermes, Ps. xix (xx), 8-0.
30 Le parallélisme est synthétique quand il consiste seulement dans une ressem-
blance de construction ou de, mesure : les mots ne correspondent pas aux mots et
les membres de phrase aux membres de phrase comme équivalents ou opposés par
le sens, mais la tournure et la forme sont identiques : le sujet répond au sujet, le
verbe au verbe, l'adjectif à l'adjectif et la mesure est la méme. La seconde partie
du Ps. xvni (xix), Coli enarrant gloriam Dei. contient des exemples remarquables de
parallélisme synthétique :
La loi de Jéhovah est parfaite,
Récréant l'âme;
Le précepte de Jéhovah est fidèle,
lustruisant le simple;
Les commandements de Jéhovah sont justes,
Réjouissant le cœur;
Le décret de Jéhovah est pur,
Eclairant les yeux...
Plus désirable que l'or,
Que des monceaux d'or;
Plus doux que le miel,
Que le rayon de miel,
& Le parallélisme est néanmoins quelquefois simplement apparent et ne consiste
que dans une certaine analogie de construction ou dans le développement de la
pensée en deux vers. Il est alors purement ry//mique et se prête par là même à des
*ombinaisons infinies. Les poétes hébreux en font un usage assez fréquent, et, c'est
APPENDICE. 2997
surtout grâce à lui et aux formes multiples qu'ils savent lui donner qu'ils ont réussi
à éviter la monotonie à laguelle semblait les condamner fatalement la forme méme
de la poésie hébraique.
Ils ont su introduire la variété dans toutes les formes de parallélisme par une
multitude de procédés ingénieux dont nous n'énumérerons qu'un petit nombre.
1o Tantót le verbe exprimé dans le premier membre est sous-entendu dans le se-
cond :
Quand Israël sortit de l'Egypte,
La maison de Jacob — [du milieu] d'un peuple barbare,
Juda devint son sanctuaire, [
Israël — son royaume. Ps. cxur, 1-2,
20, Tantót le sujet du premier hémistiche devient régime du second :
she 5 2
Et dans le péché ma mére m'a concu, Ps. 1, 7.
39 Ou bien le discours direct est substitué à l'indirect :
Il est bon de louer Jéhovah,
Et de chanter ton nom, ó Trés-Haut, Ps. xci, 9.
40 Le parallélisme strict est rompu par l'emploi de diverses figures, de l'inversion,
de l'interrogation, de l'exclamation, de l'ellipse :
Mon àme est troublée, beaucoup,
Et toi, Jéhovah, jusqu'à quand? Ps. vr, 4,
Ils crient au secours... et point de sauveur,
Vers Jéhovah... et il ne leur répond pas. Ps. xvii, 42,
5» Le sens, suspendu dans le premier membre, n'est terminé que dans le second,
et le parallélisme est indiqué par la répétition des mêmes mots :
Louez, serviteurs de Jéhovah,
Louez le nom de Jéhovah. Ps. cxit, 4.
Ces moyens de varier le parallélisme, empruntés à la grammaire et à la rhétorique,
ne sont pas les seuls qu'aient employés les poétes d'Israél. Ils ont eu recours eneore
à d'autres, qui modifient davantage la forme poétique et produisent une diversité
plus grande.
1° La pensée que veut exprimer le poete embrasse quelquefois quatre membres, et
alors, par un procédé analogue à celui de nos vers à rimes mélées ou croisées, les
membres paralléles ne se suivent pas deux à deux, mais sont intervertis, de sorte
que, par exemple, le premier est parallèle avec le dernier et le second avec l'avant-
dernier.
Mon fils, si ton cœur est sage,
Mon cœur se réjouira.
Mes reins tressailliront d'allégresse,
Quand tes lèvres proféreront des paroles sensées. Pnov., xxi, 15-16,
Dans l'exemple suivant, le premier membre répond au troisième, et le second au
quatrième :
J'enivrerai mes flèches de sang,
Mon épée se nourrira de chair, mcd
Du sang des morts et des captifs, bite:
De la téte des chefs ennemis. : DEUT., ,זזאאא
2e Les parallélismes synonymique et antithétique sont quelquefois employés si-
multanément :
La vérité germera de la terre,
La justice poindra des cieux. Ps. Lxxxiv, 12,
89 Le nombre des membres parallèles peut être multiplié et porté à trois ou même
à quatre. Il est de trois dans cette imprécation de David, Ps. vu, 6:
Que l'ennemi me poursuive et m'atteigne,
Qu'il foule ma vie aux pieds,
Qu'il me réduise en poussière 1
29708 APPENDICE.
Le Psaume zc, 5-6, nous présente quatre membres וז consécutifs, combinés
deux à deux avec beaucoup d'art :
Ne crains point les terreurs de la nuit,
Ni la flèche lancée dans le jour,
Ni la peste qui s'avance dans l'obscurité,
Ni la contagion qui exerce ses ravages en plein midi.
)
4* Enfin Ja diversité de mesure dans le vers, c'est-à-dire du nombre de mots ou
de syllabes mesurées qui le composent régulièrement, permet d'introduire un nouvel
élément, de variété dans le parallélisme, en alternant les vers de diverses mesures
ou en les mêlant au gré du poète. Nous en avons cité plus haut un exemple, tiré du
psaume Cali enarrant gloriam Dei, à propos du parallélisme synthétique; ‘en! voici
un autre exemple, emprunté au Ps. xiv (Vulgate, xim) :
L'insensé a dit dans son cœur :
Dieu n'est pas,
Ses œuvrés sont corrompues, abominables;
Nul n’agit bien.
Seigneur, du haut du ciel, jette les yeux
Sur les enfants des hommes,
Pour voir s’il est un homme sage,
Cherchant Dieu.
Tous ont dévié, tous sont pervertis;
Nul n'agit bien!
Tout ce. que nousavons dit jusqu'ici du parallélisme montre clairement que! avan-
tage offre cette forme particulière de la poésie hébraïque, pour faire passer cette
derniere dans une langue différente, sans lui enlever completement. son cachet. Célles
des formes poétiques qui consistent. exclusivement dans là mesure prosodique ou
la rime des mots, disparaissent nécessairement dans les traductions; au contraire,
le parallélisme existant d'ordinaire, non dans les sons, mais dans la pensée méme,
peut étre aisément conservé. On dirait que Dieu, qui voulait que les poèmes qu'il
avait inspirés aux chantres d'Israël devinssent le chant et la priere de l'Eglise uni-
verselle et du monde entier, voulut aussi qu'ils fussent jetés dans un moule poés
tique capable d’être facilement transporté dans toutes les langues parlées sous le ciel;
L'étude du parallélisme a donc une véritable importance littéraire, et puisque
Dieu a voulu qu'une partie de la. parole révélée nous füt trausmise sous forme de
poèmes, il ne peut pas être indifférent pour un chrétien de connaitre les'régles et
les lois qui le régissent. Mais là n’est pas cependant le principal intérêt de-cette
étude. Elle a une utilité plus grande encore. S'il nous est avantageux de connaitre
les beautés littéraires de la Bible, il l'est bien davantage d'en pénétrer le sens. Or,
Ja connaissance du parallélisme est un moyen puissant de mieux saisir la significa-
tion d'un grand nombre de passages, qu'on rencontre précisément dans les livres
les plus. obscurs et les plus difficiles de la Sainte Écriture. Bien des endroits des
Psaumes, par exemple, deviendront clairs et intelligibles à qui leur appliquera pour
les comprendre les regles du parallélisme synonymique ou antlithélique, Ainsi le
sens d'in virtute (ua, dans le passage suivant du Ps. cxxi, 7 $
Fiat pax in virtute tua
Et abundantia in turribus tuis
est déterminé par le parallélisme. Puisque in virtute correspond à in turribus, il doit
avoir un sens analogue et désigñer par conséquent ce qui fait la force: de Jérusalem
et lui assure la paix, c'est-à-dire ses murailles, comme l'a traduit S. Jérômé dans
sa version des Psaumes sur l'hébreu, in muris tuis. De méme, Ps. Lxxv, 3:
Et factus est in pace locus ejus;
Et habitatio ejus in Sion,
le mot in pace doit désigner Jérusalem, Salem, séjour de la paix, parce qu "ilc corres-
pond à Sion. Le parallélisme sert méme quelquefois à déterminer la vraie lecon.
Ainsi il prouve que dans le verset 17 du Ps. xxt, qui a une si grande portée, il faut
APPENDICE, 2099
tire &vec.nowe Vulgale, ká'arou, « ils ont percé, » et non Kó'ari, « comme un|lion, »
ainsi que le porte le texte massorétique, parce que cette dernière leçon détruit le pa-
raliélisme :
Ils ont percé mes mains et mes pieds,
115 ont compté tous mes os,
IH. Le vers hébreu
L'existence d'un vers hébreu, constitué soit par la quantité prosodique des mots,
soit par le nombre des syllabes, est tellement évidente dans le texte original, qu'on
ne peut sérieusement la contester, quoiqu'on n'ait pas songé pendant longtemps àla
remarquer. Chaque membre du parallélisme forme un vers dans la poésie hébraique.
L'élément constitutif du vers hébreu, c'est la quantité prosodique, selon les uns,
le nombre des syllabes, selon les autres. Cette dernière opinion est la plus probable.
Le vers le plus usité chez les Hébreux semble être le vers hepíasyllabique ou de
sept syllabes. Le livre de Job, ui-xun, 6, et celui des Proverbes tout entier, ainsi que
la plupart des Psaumes, sont en vers de cette mesure. Il y a des vers de quatre, de
cinq, de six et de neuf syllabes, etc., alternant quelquefois avec des vers de mesure
différente.
IV. Des strophes.
Un trés grand nombre de poèmes de l'Ancien Testament sont partagés en strophes
La strophe est comme une prolongation du parallélisme, une sorte de rythme sou-
tenu pendant une série de vers et superposé au rythme de chaque vers particulier.
Ce qui constitue essentiellement la strophe, c'est qu'elle renferme une idée unique
ou particulière, dont l'ensemble de vers qui la forment contient le développement
complet. Chaque vers n'est qu'un anneau de la chaine totale, qui est la strophe. La
strophe est une des règles de la poésie lyrique, dans la plupart des langues. En
hébreu, on ne la rencontre pas seulement dans les Psaumes, où le chant en chœur
la rendait indispensable, mais aussi dans lelivre de Job, oü les pensées se partagent
en groupes tres distincts, mais naturellement moins réguliers pour la longueur que
dans l'ode. :
F.-B. Kæster est le premier qui ait remarqué, en 1831, l'existence des strophes
dans la poésie hébraïque. Aujourd'hui elle est ad mise par tous les orientalistes. On
peut être en désaccord pour la détermination des strophes dans un poème donné;
on est unanime à accepter le principe. Dans quelques psaumes, la division strophique
est si évidente qu'il suffit de les lire pour qu'elle s'impose. Tel est, par exemple, I:
Ps. i, qui se compose de quatre strophes de quatre vers (sauf la quatrième qui en a
cinq) exprimant chacune une idée particulière :
Jéhovah, que mes ennemis sont nombreux!
Nombreux ceux qui s'élévent contre moi,
Nombreux ceux qui disent de moi :
Point de salut pour lui en Dieu. — Sé/aA.
Mais toi, Jéhovah, tu es mon bouclier,
' Ma gloire, celui qui relève ma tête.
Ma voix invoque Jéhovah
Et il m'exauce de sa montagne sainte, — Sélan
Moi je me couche et je me réveille sans inquiétude,
- Parce que Jéhovah est mon soutien.
Je.ne crains pas la multitude du peuple
. Qui tout autour de moi me tend des pièges.
Léve-toi, Jéhovah | sauve-moi, 6 mon Dieu‘
Frappe mes ennemis à la joue,
Brise les dents des méchants.
4 Jéhovah le salut!
Bur ton peuple ta bénédiction. — Sélah.
V. Poèmes acrostiches ou alphabétiques.
Il existe en hébreu un poeme d'une forme particulière, dont il nous reste 8 parler
pour achever de faire connaître l’art poétique d'Israël; c’est le poème alphabéticeuo,
9000 APPENDICE.
dans lequel chaque vers ou chaque série paralléle de vers commence par une lettre
de l'alphabet, reproduit selon l'ordre recu. C'est donc une sorte d'aerostiche. Ce
genre de composition parait avoir été adopté, de préférence, pour aider la mémoire.
à retenir les vers, quand la suite des idées n'était pas trés marquée.
Les Ps. cxi et זזאס sont composés chacun de vingt-deux vers, commençant par les
vingt-deux lettres de l'alphabet. Les membres parallèles sont doubles dans les huit
premiers versels, formés par les seize premieres lettres. Le parallélisme a trois
membres dans les deux derniers versets, et par conséquent six vers, commençant
par les six dernières lettres. Dans le Ps. cxix (Vulgate. cxvir, il y a vingt-deux
slances de seize vers chacune. Le premier membre parallèle de chaque stance com-
mence parla méme lettre. Ce sont là les seuls exemples de Psaumes alphahétiques
parfaitement réguliers. L'éloge de la femme forte dans les Proverbes, xxxr, 10-31,
est aussi un poeme alphabétique tout à fait régulier, de méme que les deux pre-
miers chapitres et le quatrième des Zamentulions. Dans 16 troisième chapitre, chaque
lettre de l'alphabet est répétée trois fois et l'ordre est exactement suivi, excepté
pour le phé, qui est placé avant l'ain, au lieu de le suivre. Les Psaumes Xxv, xxxiv,
xxxvit, CXLV et surtout ix-x sont des poemes alphabétiques irréguliers.
Not^ 20, p. 1111. — EXPLICATION, PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE, DES MOTS
DIFFICILES DE LA VULGATE ET DES TEMPS HÉBREUX ET LATINS
CONTENUS DANS LES TITRES DES PSAUMES.
*Alamóth (‘al), pro arcanis, xiv, 1. Cette expression très obscure 65% 6
par beaucoup de critiques comme signifiant une voix de soprano et indiquant que
le Psaume est destiné à étre chanté par une voix de ce genre. — Les Péres ont en-
tendu pro arcanis (et pro occullis, 1x, 1), tantôt des mystères, de la passion, de la
mort et de la résurrection de Notre-Seigneur, tantôt de la manière dont il conduit
son Église.
Arcana, pro arcanis, xwv, 1. Voir *Alamoth.
‘Ayyéleth asch-schakhar (αἰ), Vulgate, pro susceplione matutina, «la iche de
l'aurore, = xxt, 4. Ce titre indique qu'il faut chanter 16 Psaume sur l'air, connu des
Hébreux, du chant qui commencait par ces mots.
Caeticum. Voir Schir.
Carmen. Voir Veginôih. s
Commutare, Pro iis qui commulabuntur, xu, 1; חזוצצם 1; Lxxix, 4, Voir Scho-
schannim.
Confessio, confiteri, louange; louer. — In coníessione, dans le titre du
Ps. xcix, voir Thôdah. í
Corrumpas (ne), Lxxiv, 1. Voir TAaschkét! .
Deg'é. Voir Ma‘aloth.
Disperdas (ne). Voir Thaschkélh.
Doctrinam (in). Dans le titre du Ps. vix, pour l'enseignement, l'instruction.
Edoûth, témoignage, mémorial ou déclaration, mot, obscur; Vuigate, testimo-
nium, Lxxix, 1 (et ,אוו 1, où la Vulgate l'omet).
Extase, extasis, grec ἔχστασις, enlèvement hors de soi, xxx, 1. Ce mot n'a pas
de correspondant dans le texte hébreu,
Fin, finem (in). La Vulgate a traduit par ces mots, d'apres le grec, l'hébreu
lamnatséakh, qui se lit en 4616 de 55 psaumes, et signifie au chef de chœur, ou au
maítre de musique. C'est une sorte de dédicace ou d'envoi, signifiant que le psaume
doit étre remis à celui qui présidait le cheeur des Lévites pour le faire chanter. La
traduction des Septante, εἰς τὸ τέλος, in finem, est expliquée par quelques commenta-
teurs dans le sens d'une indication musicale équivalente au fortissimo de la musique
moderne. ll est plus probable que l'auteur de la version appliquait par là le psaume
à la fin des temps, c'est-à-dire au Messie.
Gittith (‘al), Vulgate : pro lorcularibus, vir, 15 Lxxx, 1; rxxxur, 1. Signification
incertaine. Cithare de Geth, telle qu'elle était en usage à Geth, ou d’après un mode
musical en usage dans cette ville philistine que David avait habilée. Les Seplante
ei, par suite, la Vulgate ont traduit comme s’il y avait 60000072 au lieu de GillAith,
APPENDICE. 3001
pour les pressoirs, dans la pensée sans doute que les psaumes où on lit ce mot
avaient été composés pour les fêtes des vendanges, Jud., ix, 21; /s., xvi, 8, 10;
Jér., xLvir, 33.
Gradus. Voir Ma‘aloth.
Héritage, Heereditas, pro ea que haereditatem consequitur. Voir Nekhilóth.
Hymne, Hymnus. Voir Schír,
Idithun (ipsi et pro); xxxviii, 45; ,זאד 1. Ce titre indique que 16 Psaume est adressé
à Idithun, l'un des trois chefs de chœur du temps de David, I Par., xvi, 4.
Immutare, ux, 1. Voir Commulare.
In finem. Voir Finem. -
Inscriptio (tituli). Voir Mikthäm.
Intellectus, intelligentia. Voir Maskil.
Lamnatséakh. Voir Menatséakh.
Laudatio, nom du Ps. cxuv. Voir Thehillâth.
Lehazkir. Voir Rememorationem.
Ma alóth, Vulgate (canticum) graduum. Nom donné à 15 Psaumes, cxix-exxxut,
et expliqué de façons très diverses. Quelques-uns ont pensé qu'il désignait un rythme
particulier, le rythme par gradation, consistant en ce que le sens avance par degrés
et monte en quelque sorte de verset en verset, comme dans le Ps, cxx:
1. Levavi oculos meos in montes,
Unde veniet auxilium mihi.
9. Auxilium meum a Domino,
Qui fecit coelum et terram.
8. Non det in commotionem pedem tuum,
Neque dormitel qui custodit te.
4. Ecce non dormilabit neque dormiet,
Qui custodit Israel.
5. Dominus custodit te,
Dominus protectio tua....
6. Dominus sustodil te ab omni malo,
Custodiat animam tuam Dominus.
7. Dominus custodiat introitum tuum et exitum tuum,
Ex hoc nunc et usque in seculum.
Le rythme par gradation est assez fréquent dans la poésie hébraique, et il se ren-
contre en particulier dans les psaumes graduels; il n'est pas certain cependant
que leur nom dérive de cette particularité. L'opinion la plus commune est que les
psaumes graduels, généralement courts, et exprimant, pour la plupart, la reconnais-
sance d'Israél envers son Dieu, sont ainsi nommés parce qu'ils étaient chantés
par les Juifs quand ils allaient en pèlerinage à Jérusalem. Ma'aló(h signifie chant
des montées; or, les voyages à Jérusalem sont appelés montées dans la Bible, à causc
de la position élevée de la ville et du temple, 1 Esd., vit, 9 et SulV« Ps. .CXXL 14;
cf. cxx, 1; cxxiv, 1-2. Cette explication est confirmée par le contenu des Psaumes
graduels et parles anciennes versions d'Aquila, de Symmaque et de Théodotion, qui
ont traduit ma‘alôlh par ἀναδάσεις.
Maëleth. Voir MakhalalA.
Maheleth. Voir Makhalath.
Makhalath, Vulgate : Maheleth, Maëlelh, Lu,1; Lxxxvi, 1, signifie probablement
maladie, et s'applique à un psaume composé à l’occasion d'une maladie.
Maskil, Vulgate : intellectus, intelligentia; maskil signifie proprement intelligens,
intelligentem faciens; poème didactique, instructif (xxxi, 8; Vulg., χχχι, 8,
je Vinstruirai, intellectum, Libi dabo. Cf. xuvr, héb., xrvir, 8). C’est le nom de 13
Psaumes : XXXI; XLI; XLI; XLIV; LI; LII; LII; LIV; LXXII; LXXVIT; LXXXVII; LXXXVIII;
CXLI.
Menathséakh, /amnatséakh, Vulg. in finem, au chef de chœur, iv, 4, et dans
91 autres Psaumes. Cf. I Par , xv, 21; 11 Par., it, 1, 17; Hab., im, 19. Voir Finem.
Mikthám, Vulgate: (ituli inscriptio (fait pour être gravé sur une stèle), nom de
6 psaumes, xv ; Lv-Lix (et du chant d'Ezéchias, /s., xxxvur, 9) Le sens de ce mot est
obscur. Quelques-uns pensent qu'il veut dire poème doré et indique l'excellence du
chant D'autres l'expliquent comm signifiant psaume d'un sens profond, caché.
3002 APPENDICE.
Mizmôr, Vulgate, psalmus, composition rythmique :destinée à être chantée avec
accompagnement de musique et spécialement de la ‘harpe. Ce nom est donné à
$1 psaumes qui ont pour objet de célébrer les louanges de Dieu.
Mouth labbén (‘al), Vulgate ; pro occullis, 1x, 1. Les Septante (et la Vüljate),
Théodotion et Aquila ont lu ‘alamôth, comme xLv, 1. Voir ‘alamôth. Le sens de ‘al
moulh labbén, « sur la mort du fils, = si cette leçon est exacte; est peut-étre I le
Ps. 1x devait se chanter sur l'air connu qu'on désignait par.ces mots.
Neginóth (δὲ ou ‘al), Vulgate : in carminibus, ; vi; Lu; Liv ; LX; in hymnis,
LXVI ; in laudibus, ,טאצ avec accompagnement d'insitusionts à cordes.
Nekhilóth ('el), Vulgate : Pro ea que hereditatem consequitur. On croit aujour-
d'hui communément que nekAilóth désigne la flûte et indique, dans le titre v, 4, que
le psaume devait étre chanté avec accompagnement de cet instrument. Les Septante
et la Vulgate ont pensé, dans leur traduction, au peuple d’Israëliqui est l'héritage
de Dieu; Deut., 1v, 205 1x, 26 ; Ps. xxvii, 9, et à l'Eglise, Act., xx, 28; Rom., viit, 17;
Gal., iv, 726 sq.
Occultis (pro). Voir ‘Alamôth.
Octava (pro). Voir Scheminith.
Oratio, nom de cinq psaumes. Voir Thephilläh.
Fsalmus, psaume. Voir Mizmór et Schiggayón.
Rememorationem (in), hébreu lehazkir, pour faire souvenir, XXXVII ; LXIX.
Sancti. Qui a sanctis longe factus est. Voir Yonath 'élem rekhogim.
Scheminith (:a/) Vulgate, pro oclava, vi, 1 ; xr, 1, à l'octave, avec des voix de
basse; Cf. 1 Par., xv, 21. — Les Pères ont entendu pro octava du dimanche, de la
régénération par la pénitence, du bonheur du ciel qui suit les sept époques que doit
durer 16 monde présent, 06.18 perfection, etc.
Schiggayón, Vulgate, psalmus, ode irrégulière et dithyrambique, nom donné
au Ps. vu.
Schir, Vulgale, canticum et hymnus, chant en général, et plus spécialement chant
d'action de grâces, soit pour un bienfait privé, xxix, soit pour des bienfaits publics,
XLV ; XLVII ; LxIv, etc. Joint souvent 8 mizmor.
Schoschannim (‘al), ou Schouschan, tix, 1. Vulgate, pro üs qui commutabun-
lur, xiiv, 1; xvin, 1. Schoschannim signifie proprement les lis, et désigne d’après
les uns un air connu, d’après d'autres, un instrument de musique. Les Septante ont
lu schéschónim au lieu de schoschannim, d'où la traduction : pro iis qui commula-
buntur, c'est-à-dire pour les hommes qui seront changés par la venue du Messie.
Sélah, 71 fois dans 39 Psaumes, La signification de ce mot. n'est pas (sûrement
connue ; c’est un signe musical qui correspond au for/e de la musique moderne ou
bien indique une pause.
Susceptio matutina, Voir ‘Ayyelelh asch-schakhar.
Thaschkhéth (αἰ), Vulgate : ne disperdas ou ne corrumpas, vi, 4, etc. Sur l'air
du chant connu sous le nom de “αὐ thaschkhelh.
Thehillim, Thehillàh, Vulgate : /audalio, nom donné par les Hébreux à la
collection des Psaumes et au Ps. cxLiv.
Thephiliah, Vulgate : oralio, prière; nom. donné aux Ps. xvi, LXXXV3; LXXXIX ;
ci, אס Cf. LXxI, 20.
Thódah, mizmor lethôdah, titre du Ps. xcix : Psaume de louange. Vulgate : Psal-
mus in confessione.
Titulus. Voir Mikihäm.
Torcularibus (pro). Voir Gittih. :
Yonath 'élem rekhogim (‘al), la colombe muette du lointain, Vulgate * quia
sanctis longe factus est, v, 1, indique l'air sur lequel le Ps. tv devait être chanté,
Les instruments de musique mentionnés dans les Psaumes sont, parmi les instruments
à corde, le kinnor et le nébel, c'est-à-dire la harpe et la lyre; parmi les instruments à
vent, les trompettes et la flüte, et parmi les instruments à percussion, le tambourin et
les cymbales. Tous ces instruments sont énumérés dans le psaume cr. La figure ci-jointe
représente des musiciens susiens, du temps d'Assurbanipal, roi de Ninive, jouant de la
harpe, de la flüte et du tambour, et suivis de chanteurs. Bas-relief retrouvé à Koyoundjik
et conservé aujourd'hui au Musée britannique, à Londres.
APPENDICE. 3005
ΟΝ ἕν, Z5 ל SN | EN, 0 SN
Ve 0 y 2 3 LENS
3 AU DIES | à À |
ti סו T ss x BN 2 x א ν n
LU E ee Ἢ i (resesss
MUSICIENS DE SUSE
Note 21, p. 1564. — POIDS ET MESURES DES HÉBREUX.
I. Poids.
L'unité de poids des Hébreux était le sic/e. — Le sicle se subdivisait en 5égah ou
lemi-sicle, de baqu‘, « diviser, partager ,כ et le 5béqah -en gérah; grain, Vulgate,
obole; il fallait dix gérah pour faire un bégah et deux bégah, pour faire un sicle.
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1. — MINE D'ANTIOCHUS IV ÉPIPHANE.
Du temps des rois, et aprés pe captivité de Bétigtóné, l'Ecriture mentionne aussi
la mine, en latin, mina, mna; en hébreu, máneh (1). Sa valeur était probablement de
(1) Pour la mine du temps des Machabées, voir Fig. 1 : Poids én plomb du Cabinet des médailles. ‘On
lit autour : BAZIAEQX ANTIOXOY OEO[Y] EIIIGANOYZ MNA (mine du roi Antiochus Théos
Bpiphane). La. Victoire, debout, entre deux étoiles, tenant dans la main droite une couronne et dans
בי gauche une palme, Mine de poids faible, pesant 516 grammes,
3994 APPENDICE.
50 sicies, ae sorte qu'il en fallait 60 pour faire un talent (1). Sous les Machabées,
elle équivalait à cent sicles. — Le talent, {alentum, était le poids le plus élevé; fl
s'appelait en hébreu kikkar, c'est-à-dire, rond, objet rond, parce qu'il avait sans
doute une forme ronde. Il valait 3,000 sicles.
Les poids étaient primitivement des
pierres, 'abdnim. Pour en assurer la ré-
gularité et prévenir les contestations ou
y mettre fin, Moise fit déposer dans le
tabernacle des étalons qu'on appelait
poids du sanctuaire. Ces étalons furent
déposés plus tard dans le temple de
Jérusalem et confiés à la garde des pré-
tres. Nous ignorons quelle était la forme
de ces étalons. Chez les Assyriens et les
Egyptiens, ils avaient la forme d'ani-
maux (2). Dans les transactions ordi-
naires, le vendeur et lacheteur se .ser-
vaient de balances, qu'ils portaient tou-
jours à la ceinture, avec des pierres d'un
2. — POIDS ASSYRIEN DE DEUX MINES poids déterminé.
(DU PALAIS DE SENNACHÉRID). Le rapport des poids hébreux avec
notre systéme décimal a été établi par
les sicles d'argent des Machabées que l'on a retrouvés et qui étaient probablement
de méme valeur que ceux de Moise.
4 Gérah — e mw LU AMI. bj eir 0 gr. 708
10 |1 Béqah ΞΞ .: 5. ee ee ee * 9 e 1 100
20 הסוב | | | ל = XN eS. edil e] δ. τ 14 200
1,000 100 DOSE 4 Mine sue" SU Qui. 108 850
60,000 6,000 3,000 60 | 1 Talent = . . 42 k. 533 gr. 100
Le Nouveau Testament mentionne une espéce de poids inconnu aux anciens Juifs,
la λίτρα ou libra (livre). C'était un poids romain qui se subdivisait en douze onces
et est estimé 326 gr. 321. Il était représenté primitivement par une masse de cuivre
qu'on appelait as et d’où vint la monnaie de ce nom.
II. Mesures.
40 MESURES DE LONGUEUR ET DE SUPERFICIE,
L Mesures de longueur dans l'Ancien Testament. — Les Hébreux, comme tous les
autres peuples de l'antiquité, se servirent d'abord, pour mesurer les longueurs, de
diverses parties du corps humain. — 19 On peut considérer comme unité de mesure
la coudée, hébreu, ammáh, équivalant à la longueur de l'avant-bras ou à la distance
du coude à l'extrémité du médius ou troisième doigt. L'évaluation n'en est pas cer-
taine; on peut l'estimer approximativement à (0m525. — 29 La coudée se divisait en
deux empans ou grands palmes, hébreu, zéreth (Septante : spithama), mot qui signi-
fie paume de la main et marque la distance comprise entre le pouce et le petit doigt
étendus(3). — 39 Le zéreth se subdivisait en trois, ééfakh ou tofakh, palmus, petit
palme, mesure-de la largeur de la main ou de quatre doigts, comme le rend quel-
(1) La mine, d'après Ezéchiel, xtv, 12, aurait valu 70 sicles, mais la leçon que nous lisons dans la
waduction. grecque du passage de ce prophète, et qui porte 50 au lieu de 70, parait préférable,
- (2) Voir Figures 2 et 4,
(3) Ex., xxvur, 16; xxxix, 19; I Sam. (I Rois), מוטא 4; Ez., χει, 13. La Vulgate a toujours traduit
zéreth par palmus, ne distinguant pas explicitement cette mesure du téfakh, ou petit palme, mais elle
a entendu par là le spithama ou grand palme, qui avait douze doigts, Vitruve, זז 1. Pour éviter la
confusion, elle a rendu 16 petit palme, féfakh, par quatre doigts, Ex., xxv, 25; xxxvu, 12, et par tres
unci2, qui équivalent à quatre doigts, 11] Rois, vir, 26; cependant, dans les autres passages, elle 8
employé le mot palmus, et Ἰὰ il faut attribuer à ce mot la valeur du petit palme,
Dee
APPENDICE. 2003
quefois la Vulgate. Le {éfakh est employé métaphoriquement pour désigner quelque
chose de trés court :
Tu m'as donné des jours de [quelques] palmes. Ps. xxxvrir, 6,
— 4» Le doigt ou pouce, hébreu, 'elsba', était le quart du féfakh ou palme et équi-
valait à l'épaisseur du doigt. Dans le texte hébreu, ce mot ne désigne une mesure
qu'en-un seul passage, et encore y est-il question de quatre doigts, c'est-à-dire d'un
téfakh. — 5e Dans le livre des Juges, pour déterminer la longueur de l'épée à double
tranchant d'Aod, il est question d'une mesure appelée en hébreu, gómed, laquelle
n'est mentionnée nulle autre part dans les Livres Saints. La Vulgate la traduit par
paume. de la muin; les versions orientales, par aune. La dimension en est incertaine,
Plusieurs savants croient qu'elle est la méme que celle de la coudée. — 69 Ezéchiel
parle dans ses prophéties, pour mesurer les bâtiments, d'une mesure particulière
de plus grande dimension que les précédentes, qánéh, calamus mensura, la canne (1).
On croit généralement qu'elle était de six coudées ou 3 mètres 15. — 79 Le mot hé-
breu, {sémed, rendu. dans la Vulgate par jugerum, est employé deux fois (2) comme
mesure agraire; il désigne l'étendue d'un champ qui peut étre labourée en un jour
par une paire de bœufs.
1 Doigt Cue 418. e e. C 79 9. 0.9 75 Ὁ ὦ 9r ἃ. δῆ, e. ג5 ἢ Om 0218
1 Téfakh ou ἢ > ὁ
4 petit palme ] neam 4 . . . . . . . . . . . 0m 0875
12 M1 ו
24 6 2 100060 — =! :]ה יההסןו שה 320
144 36 12 6 | A. Canne = {enr ! 1824 50
.זו Mesures de longueur dans le Nouveau Testament. — Les mesures particulières
que nous trouvons employées dans les Evangiles sont : une mesure spéciale aux
Hébreux, le chemin du sabbat, et deux mesures, l'une grecque et l'autre romaine,
le stade et le mille. — 1» On appelait chemin du sabbat (3) la distance qu'il était léga-
lement permis de parcourir sans violer la loi du repos prescrit ce jour-là par la loi
mosaique. Elle était de deux mille pas d'après les rabbins, envion 1392 mètres. —
20 Le stade (4) valait 600 pieds grecs ou 625 pieds romains, égaux à 125 pas romains,
en mètres, 185. Huit stades faisaient un mille. — 3° Le mille (5) était une mesure iti-
néraire d'origine romaine, ainsi nommée parce qu'elle correspondait à une distance
de mille pas. Elle équivalait à un peu plus de 1480 mètres. — 4? Les Actes des Apó-
tres mentionnent la brasse, mesure marine de 1m60 (6.
29 MESURES DE CAPACITÉ.
1e Les mesures de capacité étaient les mêmes pour les solides et pour les liquides,
avec cette seule diférence que l'unité de mesure des premiers s'appelait 'épAáA et
celle des seconds balh, mais leur contenu était identique. — 19 Le mot ’éphdh signi-
fie «mesure. » La Vulgatele rend tantôt par épAhi (1), tantôt par modius (8), tantôt par
amphora (9), tantót par mensura (10). Les rabbins, qui ont pris comme terme de com-
paraison les ceufs de poule dans les évaluations de leurs mesures de capacité, disent
que l'éphah en contenait 432. Dans notre système, sa contenance est de 38 litres 88.
— 29 Le mot bath signifie probablement aussi « mesure » : c'est celle qui, égale pour
la quantité à l'éphuh, comme nous l'avons déjà remarqué, était destinée à mesurer
(1) Ez., xL, 5-8; χει, 8 et suiv. ; xLi1, 16-19 (Apoc., xxr, 15).
(2) 1 Rois, xiv, 14; et Is., v, 10.
(3) Act,, 1, 12.
{4) Luc, xxiv, 13; Jean, vr, 19; Apoc., xxr, 16 (II Mac., xr, 5; xir, 10, 29),
(5) Matth., v, 4t.
(6) Act., xxvir, 28. La brasse d'aujourd'hui est de 1 mètre 6245 celle des anciens était, on le voit, à
peu prés la méme.
(7) Ex., xvi, 36; Lév., v, 11; Ez., χων, 10, 11 etc,
. (8). Deut, xxv, 14; Is., v, 10, etc.
(9) Zach., v. 6, 7, 8,9.
(10) Prov., xx, 10; Amos, vit, 5; Mich., vr, 10; dans ces derniers passages, S. Jérôme a rendu très
exactement le sens Au mat héhran, parce qu'il 08% employé en effet dans le sens général de mesure.
8006 APPENDICE,
Ies liquides (4). Le bath n'est pas nommé avant l'époque des rois. La Vulgate le rend
par batus (2), laguncula (3), cadus (4), metreta (5). Ce dernier mot est celui qui désigne
l'amphore attique. c'est-à-dire, la mesure grecque qui correspond exactement à la
capacité du bath, et qui est mentionnée en S. Jean (6). L'amphore de Daniel (1) est la
méme chose que le metreta ou le bath. — 39 La mesure de dix éphas s'appelait
chomer; elle reçut aussi plus tard le nom de cor. Chomer ou khómer veut dire mon-
ceau (8) ; cor signifie vase rond. La Vulgate rend toujours 16 second mot par corus (9);
elle se sert aussi ordinairement de corus pour traduire chomer (10); mais dans deux
passages (11), elle donne l'équivalent en mesures romaines, frente boisseaux. — 4o Le
demi-chomer, valant cinq éphas, avait un nom particulier, /éthek, Vulgate, corus di-
»nidius. 11 n'est nommé qu'une seule fois dans la Bible, dans Osée (12). — 50 L'éphah se
subdivisait en plusieurs mesures de moindre dimension. Et d'abord en se'áh, dont
la contenance était d'un tiers d'éphah (13); le se'áh est mentionné deux fois dans les
Evangiles (14); notre texte latin traduit d'ordinaire satum, dans l'Ancien comme dans
le Nouveau Testament (15). — 69 Le Ain, d'origine égyptienne (16), était la moitié du
se'üh, le 6e de l'éphah ou du bath. — 19 Le gomor, *ómer, Vulgate gomor, était la
dixième partie de l'éphah (11), d’où le nom de ‘issérôn ou dixième, Vulgate, decima
pars, decima, qui désigne souvent cette mesure, dans le Pentateuque (18). ἢ contenait
la ration quotidienne de manne de chaque Israélite dans le désert (19). Les rabbins
disent qu'il tenait 45 œufs et demi. — 89 Le ca^, cabus, « petit vase, coupe, » tiers
du hin, 6e partie du se‘ 4h, 18e de l'éphah (20). — 9» Enfin le log, 12? partie de l'éphah,
12e du hin (21). S. Jérôme le traduit par sextarius. — 105 Dans le dernier chapitre de
Daniel (22), que nous n'avons plus qu'en grec, il est questiou d'une mesure persane
appelée arlabe; elle équivalait à peu prés au médimne attique, c'est-à-dire à 51 li-
tres 19. — 419 L'Apocalypse (23) emploie une mesure grecque, la seule étrangère que
nous rencontrions dans le Nouveau Testament, le chœnix. On la regardait comme
équivalente à la quantité de nourriture quotidienne d'un homme sobre. On évalue le
chœnix à 1 litre 079. La Vulgate le traduit par bilibris.
99 En comparant entre elles les diverses mesures de capacité des Hébreux, on re-
marque qu'elles peuvent se diviser en deux systèmes, l'un décimal, l'autre duodé-
cimal, 19 Système décimal :
Chomer. . . 1
Bath ou épháh 10 1
Gomor . . . 100 10 1
(1) Ez., מא 11. Cf. III Rois, vit, 26, 38; 1 Esd., vir, 22, etc.
(2) 111 Rois, vir, 26, 38; I Esd., vir, 22; Ez., χων, 10, 11, 14,
(3) Is., v, 10.
(4) Dans l'Evangile de S. Lue, xvi, 6 (δάτους).
(9) 11 Par., τι, 10 ; 1v, 5.
(6) Jean, 11, 6.
(7) Dan, xiv, 2. L'amphora de la Vulgate, I Rois, τ, 24, est employée pour rendre nébe/ yaïn, une
outre de vin, qu'on lit dans le texte hébreu; Lue, xxi, 10, amphora correspond à χεράμιον, vase d'ar-
gile, vas fictile, urceus, ou bien lagena, comme traduit notre version latine dans S. Mare, xiv, 13.
(8) Ex., vri, 14, j
(9) III Rois, 1v, 32;v, 11 ; II Par., 11, 10; xxvir, ὃ; Ez., xLv, 14.
(10) Nomb., xi, 32; Ez., χων, 11, 13, 14, et Osée, 118 2.
(11) Lév., xxvi, 16, et Is., v, 10.
(12) Osée, וז 2, \ )
(13) Gen., xvrit, 6; 1 Rois, xxv, 18; III Rois, xviit, 32; IV Rois, vit, 1, 16, 18; Is., xxvit, 8.
(14) Matth., וזא 335 Lue, ,וזא 21. La forme σάτον vient du nom chaldéen de cette mesure, s'ath'a,
parce qu'au temps de Notre-Seigneur on parlait syro-chaldéen en Palestine.
(15) Excepté 111 Rois, xvitr, 32 (aratiuncula); IV Rois, vi, 1,16, 18 (modius); et Is. xx v1t, 8 ( mensura).
(16) Le mot Ain est conservé dans la Vulgate, excepté Lév., xix, 30, où il est rendu par sectarius,
*omme étant la 6° partie de l'éphah.
(17) Ex., xvi, 30.
(18) Ex., xxix, 4); Lév., xiv, 10, 21, etc.
(19) Ex., xvi, 16.
(20) Mentionné seulement IV Rois, vi, 25. |
(21) Il en est question seulement dans le Lévitique, xiv, 10 et suiv., au sujet de la loi concernant la
purifieation des lépreux.
(22) Dan, xiv, 2.
(23) Apoc., ץ 6.
APPENDICE, 3007
92» Système duodécimai :
Épháhoubath 1
Seal, oo ene 3 ו
Min. on cp. 6 2 1
Cab νυ τονε 19 5 3 ו
Lag. ope. p.12 - ל 1.7 SA ir, 0e 1 1
3e Voici maintenant le tableau combiné de toutes les mesures et de leur valeur:
1 Log == . . . . . . . . . . . . . . . . . 0 lit. 53
4 ἘΝ ΠΝ CS PRO MISSE MN וא 2 19
Πρ ν τοένινν ha wicrual 1» And το sac
12 3 $53/3;| 5 מגה = «nl esbe tous ob 12:8 loué)
24 6 bri ug'ij 000 EDR ENTRER PAU
DUREE OÙ
72 18 10 6 3 | ephahou | — . . 38 88
metreta
720 180 100 60 | 30 | 10 [!Chomer.— 338 ' go
Note 22, p. 1634. — LE MIRACLE DU CADRAN D'ÉZECHIAS.
Pendant la maladie d'Ezéchias, Isaie, pour lui donner un signe de la guérison mi-
raculeuse qu'il lui annonçait, fit rétrograder sur la demande du roi un cadran
solaire de dix lignes, Isaie, xxxvin. Ce miracle a donné lieu à des diíficultés sur les-
quelles il est nécessaire de dire quelques mots. « On doit recourir, pour expliquer ce
miracle, aux mémes hypothéses que nous avons proposées à l'occasion du miracle
de Josué, carles deux faits présentent une grande analogie. Il y a cependant entre
eux une différence qu'il convient de bien remarquer. Dans le cas de Josué, c'est le
soleil méme que la lettre du texte nous présente comme arrété dans sa marche, ce
qui suggère l'idée d'une perturbation importante dont les conséquences s'étendraient
à toute Ja terre. Dans le cas présent, les textes nous parlent surtout de la rétrogra-
dation de l'ombre sur 16 cadran, et si le soleil est une fois nommé, 1826, xxxvir, 8, il
parait considéré moins en lui-méme que dans l'effet produit par sa lumiére sur le
cadran. C'est là un phénoméne trés particulier, étroitement localisé et qui n'intéresse
pas les lois générales de l'astronomie. De là résulte que la dérogation aux lois de la
nature est moindre et plus faeile à expliquer. Il n'est donc pas nécessaire d'admelttre
quil y ait eu réellement une rétrogradation du soleil dans sa marche diurne. Sans
doute cela n’est pas impossible; mais rien ne le donne à croire, et toutes choses
s'expliquent plus facilement et plus naturellement d'une autre manière. — Il suffit
d'admettre un phénoméne local se réduisant au déplacement momentané d'une
ombre portée. Cela suppose une déviation miraculeuse des rayons lumineux qui
éclairent le cadran, et cette déviation se peut expliquer, comme pour le miracle de
Josué, soit par une aclion directe de la puissance divine sur la propagation des
rayons, soit par linterposition de corps réfracteurs ou réflecteurs dont la nature
demeure indéterminée. Quoi de difficile en tout cela, quand Dieu daigne mettre la
main à l'œuvre? Lui est-il plus difficile de dévier un rayon de lumière que de retenir
le cours d'un fleuve ou de guérir subitement une maladie? Et est-il nécessaire que le
mécanisme de l'effet produit nous soit entiérement connu pour que nous croyions,
sur bonnes preuves, à la possibilité et à la vérité de l'intervention divine? » (M. 2018-
BOURDIN.)
Note 23, p. 1636. — SECONDE PARTIE D'ISAIE, xL-Lxvi.
. Cette seconde partie date de la fin de la vie d'Isaie. Elle ne forme qu'un tout,
réguliérement divisé, dans lequel le prophète prédit aux Juifs leur délivrance de la
eaptivité de Babylone et le règne futur du Messie. C'est le livre des consolations
Cowme l'annoncent les mots par lesquels il s'ouvre et qui en sont comme le titre e
2008 APPENDICE.
le résumé : Consolez-vous, mon peuple, consolez-vous, dit votre Dieu, xv, 1. ll se par.
tage en trois séries de discours, symétriquement divisés par groupes de neuf, 3 X 3.
— Première section : xz-xLvur. Discours : 19 xr; 29 xzr; 39 xuu-xrur, 13; 49 xui, 14-
xuv, 5; 50 xLIv, 6-23; 6° xLIV, 24-x,v; 79 xtv; 89 והזא ; 90 xLvitt. — Seconde section :
xux-Lvir. Discours : 19 xx; 29 1; 30 Lr; 49 rr, 1-12; 59 rur, 13-Lur; 69 Liv; 10 Lv;
89 Lvr, 1-8; 9» Lvr, 9-Lvrn. — Troisième section : Lvrrr-txvr. Discours : 19 rvrm; 20 prx;
30 Lx; 40 Lxi; 50 Lxir; 69 χη, 1-6; 79 rxir, 7-LXIV; 80 Lxv; 90 LxvI. — On peut regarder
comme certaines les subdivisions de la seconde et de la troisième sections; au milieu
de la première, il n’est pas aussi aisé de voir où commencent et où finissent les dis-
cours particuliers. La fin de la première et de la seconde sections est marquée par le
méme verset final : 11 m'y a point de paix pour les impies, dit le Seigneur, xivin, 22;
Lvir, 21; celle de la troisiéme reproduit la méme pensée, en termes plus énergiques :
Leur ver ne mourra pas et leur feu ne s'éteindra pas, vxvr, 24.
Voici quel est le sujet de la seconde partie.« Les prophéties contenues dans ses
trois sections ne sont que des variations d'un méme thème, mais elles ont cependant
chacune une pensée fondamentale particuliére et une modalité propre, annoncée du
reste dés les premiers mots. Elles ont pour sujet principal de consoler le peuple et
de l'exhorter à la pénitence, en lui annoncant le salut qui est proche. De plus, dans
chaque section, le Prophéte établit un contraste et une sorte d'antithése qu'il met au
premier plan; dans la première, xL-xLvim, c'est la lutte de Jéhovah et des idoles,
d'Israël et des paiens; dans la seconde, xux-Lxn, c'est l'opposition entre les souf-
frances du serviteur de Jéhovah [le Messie] dans. le présent et sa glorification dans
l'avenir; dans la troisième, c'est la contradiction d'Israël lui-même, hypocrite, impie,
apostat d'une part, et de l’autre, fidèle, malheureux, persécuté. La première section
annonce la délivrance de la captivité de Babylone; cette délivrance est l'accomplis-
sement des prophéties, la honte et la ruine des idoles et de leurs adorateurs. La
seconde nous montre les humiliations profondes du serviteur de Jéhovah devenant
la source de sa gloire et élevant en même temps Israël lui-même à la hauteur de sa
vocation divine. Enfin ce n'est pas sans raison que Hahn a trouvé le résumé des idées
principales des trois sections dans les trois propositions du vers. 2 du ch. xL : Sa
malice est arrivée au terme, son iniquilé a été pardonnée, elle a recu de la main du
Seigneur une double peine pour tous ses péchés. La fin de la captivité de Babylone est,
en effet, l'idée-mére de la première section; l'expiation du péché par le sacrifice
volontaire du serviteur de Jéhovah, l'idée-mére de la seconde, et la gloire, surpas-
sant de beaucoup les souffrances expiatrices, l'idée-mére de la troisième. La pro-
messe s'éléve ainsi par degrés dans les discours 3 X 9, jusqu'à ce qu'elle atteigne
enfin son apogée, Lxv-Lxvi, oü le temps et l'éternité se confondent ensemble. »
(D&Lrrzscn.)
La première section annonce donc la délivrance des Juifs captifs par Cyrus. « Mais
ce roi terrestre ne fera que peu de choses, comparativement à ce qu'il y a à faire :
un autre joug, bien plus pénible que celui de Babylone, pèse sur Israël et sur l'hu-
manité entiére, c'est le joug du péché. Un libérateur paraitra, plus puissant que
Cyrus et que tous les rois de la terre, il délivrera son peuple de la servitude du
péché et fondera un royaume dans lequel entreront tous ceux qui voudront le servir
et reconnaitre son empire. Ce ne sera qu'une partie du peuple, au reste, qui retour-
nera à Jéhovah et sera une semence sainte, Isuie, x, 22; vi, 13. C'est à ce faible reste
que Jéhovah adresse d'une manière toute particulière ses prophéties sur l'œuvre
qu'accomplira son Serviteur... Les ch. xr-xLvur mettent en lumière la majesté de
Jéhovah qui se manifeste par la délivrance matérielle de son peuple; mais déjà
apparaissent les promesses de la délivrance spirituelle. La personne du Serviteur
de Dieu forme le centre et le point culminant dans les ch. xux-Lvn. Enfin nous
contemplons les résultats de l'œuvre du Serviteur et la félicité de ses élus, 1 -זז »
(Scnurrz.)
« helativement au langage, il n'y a rien de plus achevé, de plus lumineux dans
tout l'Ancien Testament que cette trilogie de discours d'Isaie. Dans les ch. r-xxxix,
le langage du prophète est géneralement plus concis, plus lapidaire, plus plastique,
quoique déjà, là aussi, son style sache prendre toutes sortes de couleurs. Mais ici,
XL-LXVI, Où il n'est plus sur le terrain du présent, où, au contraire, il est rayi dans
un lointain avenir comme dans sa patrie, 16 langage lui-même prend en quelque sorte
le caractère de l'idéal et je ne sais quoi d'éthéré ; il est devenu semblable à un large
APPENDICE. 3009
^
fleuve; aux eaux brillantes et limpides, qui nous transporte comme dans l'éternité,
sur ses flots majestueux et en méme temps: doux et clairs. Dans deux passages seu-
lement, il est dur, trouble, lourd, c'est uir et Lvr, זטת-9 11», Le premier reflète le
sentiment de la tristesse, le second celui de la:colére. Partout, du reste, se manifeste
l'influence du-sujet traité et des sentiments qu'il produit. Dans rxim, 7, le prophète
prend le ton: du Tefilla (ou de la prière) liturgique; dans Lxm, 195-rxiv, 4, la tris-
lesse entrave le cours de sa parole; dans Lxiv,5, comme dans Jérémie, mt, 25, on
entend le ton: du Viddui (la confession) liturgique: » (DELITZSCH.)
Relativement à son contenu, la seconde partie d'Isaie est également incomparable.
Elle commence par une prophétie, xt, 3-4, qui met dans la bouche de saint Jean-
Baptiste le sujet de sa prédication; elle se termine par la prophétie de la création
d'un nouveau ciel et d'une nouvelle terre, comme la dernière page de l'Apocalypse
qui, dans le Nouveau Testament lui-même, n'a pu aller au delà ; au milieu, Lu, 13-
nur, elle annonce les souffrances et la gloire de Jésus-Christ avec autant de clarté
que si le-prophéte avait assisté à sa mort au pied de là croix et avait été témoin de
sa résurrection. Ainsi, en commencant, il se place aux premiéres années du Nou-
veau, Testament, comme les Evangélistes eux-mêmes; il décrit ensuite la mort et la
résurrection de Jésus-Christ, comme si c étaient des faits accomplis et avec la méme
clarté que saint Paul dans ses Epitres; enfin, sortant de ce monde, il pénétre dans
le ciel, comme l'Apocalypse de saint Jean, de sorte que, sans sortir des barrières où
l'enferme l'Ancien Testament, il réunit, dans sa seule personne, l'évangéliste, . l'a-
pôtre et l'écrivain apocalyptique. Les souffrances du Messie, qu'annoncent. plusieurs
psaumes de David, sont ici prédites plus expressément encore. Dans 15816, il ne nous
apparait plus seulement comme roi et fils de David; c'est le serviteur de Dieu, de
Jéhovah, qui est tout à la fois roi et pontife, parce que, persécuté à mort par les
siens, il s'immole volontairement, et Dieu le récompense de son sacrifice en le glo-
rifiant et le rendant le sauveur de son peuple et des Gentils. Isaie a légué à Israël
ses sublimes discours pour qu'ils pussent le consoler au milieu. de la captivité de
Babylone. On les ἃ comparés aux derniers discours que prononca Moise dans la
plaine de Moab et qui nous ont été conservés dans le Deutéronome; bien mieux en-
core, aux discours, de Notre-Seigneur, aprés la Céne, que nous lisons dans l'Evan-
gile de saint Jean. Par leur élévation, leur profondeur, ils comptent en effet parmi
les plus belles pages de nos Saintes Ecritures.
Note 24, p. 1953. — EXTERMINATION DE GOG ET DE SON ARMÉE,
Ezech., xxxvir-xxxix.
« Cette prophétie, est une des plus difficiles de l'Ancien Testament, dit Calmet. Il
y ena très peu qui aient plus partagé les anciens et les nouveaux interprètes. »
Voici l'explication la plus vraisemblable et la plus communément admise aujourd’hui.
— 19 006 roi de Rósch (Vulgate : chef), de Mosoch et de Thubal, dans la terre de
Magog, est un chef Scythe. Rósch désigne une peuplade scythe qui habitait les en-
virons du Taurus; Mosoch et Thubal, les Mosques et les Tibaréniens des auteurs
classiques. Gog réunit ses soldats, et, sur l'ordre de Dieu, les conduit du septentrion
contre la Palestine; il a dans son armée des habitants de presque tout le. monde
, ancien : des, Perses, des Ethiopiens et des Lybiens, des fils de Gomer et/de Thogorma,
| Cest-à-dire des. Cimmériens et des Arméniens, xxxvi, 4-9. — 2o Son but est de piller
et de dévaster la Terre Sainte redevenue prospère, 10-16. — 39 Mais cette invasion
de barbares ne servira qu'à apprendre aüx'paiens quelle est la puissance du vrai
Dieu, car il anéantira la formidable armée de Gog, 17-23. — 4e Elle périra sur les
montagnes d'Israél; xxxix, 1-8. — 5» II faudra aux habitants sept années pour brüler
les, armes des morts et sept mois pour ensevelir leurs cadavres, pendant que les
oiseaux de proie se rassasieront, de leur. chair, 9-20. — 6° Toutes les nations appren-
dront ainsi que si Dieu a puni son peuple et l'a livré aux paiens, parce qu'il avait
péché, il s'est maintenant réconcilié avec lui el ne l'abandonnera plus, 21-29; — Gog
est la figure des ennemis et des persécuteurs de l'Eglise, Apoc., xx, 7.
Dans les dernières années du vue siècle avant J,-C., les Scythes avaient fait dans
l'Asie occidentale une invasion formidable qui avait rendu leur nom redouté et exé-
cré. Chassés des montagnes du Caucase, qu'ils habitaient, par les Massagètes, ils
189
3010 APPENDICE.
étaient descendus dans l'Asie Mineure; armés de l'arc et montés sur des chevaux,
comme nous les représente Ezéchiel, xxxix, 3, et xxxvin, 15, ils avaient pris Sardes;
puis se tournant vers la Médie, ils. défirent Cyaxare, roi de ce pays; de là, ils. se
dirigèrent vers l'Egypte. Psammétique parvint à les éloigner, à force de présents;
revenant donc sur leurs pas, ils pillérent le temple d'Ascalon; mais ils furent enfim
battus et détruits, non. pas cependant sans laisser leur nom aprés eux comme un
synonyme de. terreur et d'épouvante. La tradition rattache le nom de Scythopolis,
l'ancienne Bethsan, à la scène de leur désastre. Le souvenir de leurs ravages et de
leurs. cruautés était encore récent et présent à toutes les mémoires quand écrivait
Ezéchiel; voilà pourquoi Dieu lui inspira de prendre les Scythes comme l'emblème de
la violence contre le peuple de Dieu, et de montrer dans leur défaite le signe pro«
phétique de la défaite de tous les ennemis de son nom |
Note 25, p. 2282. — MONNAIES MENTIONNÉES DANS L'ÉCRITURE.
10 La monnaie frappée était inconnue aux Hébreux avant l'époque des Machabées.
La plupart des échanges se faisaient en nature, c'est-à-dire qu'on donnait un objet à
la place d'un autre, une brebis, par exemple, en échange d'une étoffe, des sandales
pour un vase de liqueur (1). Les métaux précieux, dont on se servait aussi, n'étaient
pas marqués d'une empreinte, mais simplement divisés en lingots, barres, anneaux
ou fragments d'un poids déterminé; s'ils pesaient un talent, un sicle, etc., on les
appelait talent, siecle, etc., de sorte que 16 système monétaire correspondait exacte-
ment à celui des poids et que le nom de ces derniers était aussi celui des monnaies,
comme on peut voir par le tableau suivant, dans lequel leur valeur est évaluée d'une
maniére approximative (2).
OR. ARGENT,
('alenp = 1 TM 8.500 »
Mine — 2 eue 2.200 » 141 »
Scio — d E do eU 2, 83
BbudbD EE ו 1, 059
Gérah (obole) . - 2. ep 1i 0, 414
Le sicle est déjà mentionné dans le Pentateuque (3), de méme que le béqah ou demi-
sicle (4), le gérah ou vingtième de sicle (5), et le talent (6). Les Hébreux, dans tous
les échanges, pesaientles métaux précieux pour en déterminer exactement la vaieur,
dela même manière que le faisaient les Egyptiens, ainsi que nous l'apprennent les
monuments figurés (1). — La Genése, Josué et Job (8), mentionnent une monnaie
(1) Voir Figure 3, un marché égyptien, peint sur les piliers d'un tombeau de la v* dynastie (antérieur
à l'époque! d'Abraham). Sur le registre supérieur, dans la première scène à droite, un marenand est
assis devant un grand panier, placé sur un support et contenant trois vases. Les hiéroglyphes nous font
connaitre la conversation du marchand et de l'acheteur. « Voici pour toi de la liqueur sat douce, » dit
le premier. au second. Celui-ci, qui tient dela main droite une paire de sandales, lui répond : « Voici pour
toi des sandales solides.» Un second acheteur s'avance, portant à la main droite un petit, coffret. — Dans
la scene suivante, une femme marchande des poissons à un homme qui prépare un poisson; une nasse
placée devant lui contient quatre autres poissons. L'acheteuse porte sur son épaule un coffret carré qui
renferme ce qu'elle và donner en échange au marchand. — Sur le registre inférieur, à droite, deux ache-
teurs sont debout devant un grand panier rempli de légumes. > Donne voir, donne l'équivalent, יי le
vendeur au premier acheteur qui tient sous le bras gauche une sacoche et qui en échange présente de
la main droite au marchand un chapelet 86 verroterie; il a un autre fil de: verroterie dans la main
gauche. Le second acheteur achéte les légumes en échange d'un éventail qu'il tend de la main droite;
dans la main gauche, il a un attise-feu. — Plus loin, dans la scène suivante, nous voyons deux hommes
debout en pourparlers : l'un tient trois hamecons de la main droite. La femme qui suit porte un coffret
sur l'épaule et est en train de faire des achats à un marchand d'habits.
(2) Une pièce d'argent de 1 franc pèse 5 grammes; une pièce d'or de 5 fr., 1 gr. 6129; de 10 fr.,
8 gr..2268; de 20 fr., 6 gr. 4316; une pièce de cuivre de 0,05 cent, pèse 5 grammes,
(3) Gen,, xx, 16.
(ἢ Ex., xxx, 18.
(5) Ex., xxx, 13.
(6) Ex., xxxvii, 24. AT ו
(7) Voir Figure 4. Le monument est fruste. 42] Vel Filo 10e Md
(8) Gen., ,זזואצא 10; Jos., xxiv, 32; Job, ,זז זא 6 :
הלד 1 | a oA
APPENDICE. 3011
3, — MARCHÉ ÉGYPTIEN, DANS
3012 APPENDICE.
particulière appelée gesilâh, que la Vulgate a traduit par agneau ou brebis; 8
ignore quel en était le poids et par conséquent la valeur (4).
—— ו
4, — ÉGYPTIENS PESANT. DES MÉTAUX PRÉCIEUX, COUPÉS EN FORME D'ANNEAUX, DANS UNE BALANCE,
AVEG-DES POIDS FIGURANT UNE ANTILOPE COUCHÉE ( THEBES ).
20 Après la captivité et avant l'établissement de la dynastie hasmonéenne, les Juifs
comptaient par dariques, célébres monnaies perses, en or pur, portant d'un cóté
l'efügie du roi tenant une javeline ou un sceptre dans sa main droite et un arc dans
5.-- DARIQUE. OR (2).
la gauche; sur le revers est gravé une sorte de carré irrégulier (3). Le nom hébreu
de ces pièces est darkemón et 'adarkemón, et il est traduit dans la Vulgate par
solidus, drachma (4). L'évaluation de la darique est incertaine. Paueton l'estime
25 fr. (5).
| (1) On a souvent supposé, à cause de la traduction de la: Vulgate, que le gesitäh portait l'empreinte
* d'un agneau, mais comme la monnaie frappée était complètement inconnue à l'époque de Jacob, cette
supposition est inadmissible, Cependant il est possible que le gesitáA eüt la forme d'un agneau ou füt
équivalent à un poids figuré par un agneau, analogue aux poids assyriens et égyptiens, ayant la forme
de lions, de bœufs, de canards, etc. On explique aussi le 068/10 par la coutume de plusieurs peuples
de l'antiquité de prendre une brebis comme une sorte d'élalon monétaire,
(2) Les monnaies que nous. donnons 101 ont été dessinées par M, l'abbé Douillard et gravées par
M. Gusman, d'après les plus beaux spécimens du cabinet des médailles. de la Bibliothèque nationale.
(3) Voir Figure 5. Le roi, agenouillé, porte la couronne; il est vêtu de la/longue robe perse; sa barbe
et ses cheveux sont longs. — On attribue à Darius l'introduction de la monnaie en Perse, d'où le nom de
darique qui lui fut donné. Le type des dariques fut le méme, à peu de choses prés, pendant toute le
durée du royaume perse,
(4) I Esd;, 11, 69; vrir, 27; II. Esd., vir, 70, 71, 72; 1 Par., xxix, 7. Dans ce dernier passage, le mot
darique est, employé par anticipation, puisqu'il s'agit du temps de David; mais Esdras, qui 68% proba-
blement l'auteur des Paralipoménes, se sert du mot qui avait cours à son époque, comme nous expri-
mons quelquefois aujourd'hui en francs la valeur des monnaies anciennes; comme l'a fait la Vulgate
elle-méme pour les dariques, qu'elle a rendues par « drachmes, » II Esd., vir, 70, 71, 72.
(5) La darique était la 60* partie de la mine babylonienne et pesait 8 gr. 40.
APPENDICE. 8018
30 L'an 440 avant J.-C., Simon Machabée recut d'Antiochus VII Sidétes, δαὶ de
&yrie, le droit formel de battre monnaie (1). Nous possédons de Simon Machabée t
6. — SICLE, ARGENT, DE SIMON MAGHABÉE (2),
de plusieurs des princes qui gouvernérent après lui la Judée, des sicles et des demi-
sicles d'argent ou de bronze. Le poids moyen du sicle-est de 14 gr. 2; celui du demi-
7. — DEMI-SICLE, ARGENT. DE SIMON MACHABÉE (3).
sicle de 7 gr. 1. Ils portent d'ordinaire, d'un côté, une inscription en anciens
caractères hébreux, sic/e d'[sraél ou demi-sicle, avec l'indication de la date, et sur le
8, — GRAND BRONZE. DE SIMON MACHABÉE (4),
revers : Jérusalem la sainte, ou : l'affranchissement de Sion. En observation de la loi,
aucune de ces monnaies ne porte d'effigie humaine, mais sur les deux faces sont re-
(1) 1 Mac, xv, 6.
(2) Une coupe est représentée sur le siele, On lit autour, en vieux caracteres hébreux : Schégél Tarael,
> sicle d'Israël. Au-dessus de la coupe est la lettre aleph, employée numériquement, désignant da pre-
miére année où Simon Machabée battit monnaie. Cette année est probablement l'an 141-140 av, J.-C. —
à. (Revers). Rameau avec trois fleurs, représentant peut-être la verge d'Aaron, Zerouschalem gedoschah,
« Jérusalem sainte. »
(3) Une coupe, ornée de pierreries. KAatzi ha-schégel, « demi-sicle, » Au-dessus de la coupe, sche-
nath ὃ, > année 2 » de Simon Machabée, c'est-à-dire 140-139 avant J.-C. — À. Verge fleurie. Zerous-
chaleim ha-qedóschah, « Jérusalem la sainte, »
(4) Deux faisceaux de branches avec feuilles appelés /ou/ab, entre lesquels est un citron appelé &throg.
Schenath *arba' khatsi, > année quatrième. Demi-sicle. » — À. Un palmier portant des dattes. De
chaque côté, une corbeille remplie de fruits. Lig'ullath Tsion, > l'affranchissement de Sion, » Le /oulab,
composé de branches de palmier, de saule et de myrte, représente avec l'éfhrog, citron, les rameaux
que les Tzraélites devaient porter à la fête des Tabernacles. Lev., xxir, 40; cf. II Esd., vin, 15,
Les:corbeilles remplies de fruits figurent sans doute les offrandes des prémices, Deut, xxiv, 2; Jér.,
vi, 9.
-
8014 APPENDICE.
présentés, tantôt un vase et une verge fleurie, tantôt un palmier, des épis, une
grappe de raisin, etc. Les dernières monnaies juives sont celles du roi Agrippa et de
9, — PETIT BRONZE. DE SIMON MACHABÉE (1).
Barchochébas. Leur valeur était la méme que celle que nous avons indiquée plus
haut, au 19. Aprés la ruine de Jérusalem, les Romains firent frapper des monnaies
40. — MOYEN BRONZE. JUD/EA CAPTA (2),
représentant au revers la Judée captive sous la forme d'une femme assise sous un
palmier.
Du temps de Notre-Seigneur, on se servait surtout, en Palestine, des monnaies
grecques et romaines. Le Nouveau Testament mentionne une espèce de monnaie
juive, cinq espéces de monnaies grecques et quatre espéces de monnaies ro-
maines.
I. Monnaie juive, — Argenteus, ou monnaie d'argent (3), désigne le sicle.
11. Monnaies grecques. Elles sont toutes d'argent. — 19 La drachme (4), monnaie
11, — DRACHME. ARGENT (5).
d'argent, équivalait au denier romain; elle était la 6,000e partie du talent attique, la
1006 partie de là mine, et se divisait en 6 oboles. Au siècle de Périclès, 6116
(1) Une coupe. — à. Lig'ullath Tsion, > l'affranchissement de Sion, » — À. Faisceaux.de branches
avec feuilles (/ou/ub) entre deux citrons (ethrog). Schenath 'arba*. > année quatrième.»
(2) Tête laurée de Titus à droite. T. CAES. IMP. AVG. F. TR. P. COS. VI. CENSOR, — à. La Judée
en pleurs, assise sur des boucliers auprès d'un palmier ; derrière, une cuirasse, un bouclier, un casque
et un étendard, IVDAEA CAPTA. En exergue ₪, C, (Senatus consulto.) (77 ou 78 de notre ère),
(3) Matth., xxvt, 15; xxvii, ὃ et suiv.
(4) Lue, xv, 8, 9. |
(5) Tête de Pallas casquée, à droite. — ἢ, Chouette sur une amphore dans une couronne d'olivier, A
gauche, une ancre, ΘῈ (Des Athéniens), TIMA. NIK. APXE (Timarque Nicagoras, magistrat mo“
nétaire),
APPENDICE. 3015
d'après Letronne, 4 gr. 363 et valait environ 0,92 cent.; après Alexandre le Grand,
elle descendit jusqu'à 4 gr. 103 ou 0,87 cent. — 20 Le didrachme (1), valait deux
12, — DIDRACHME. ARGENT (2).
drachmes ou un demi-sicle ou un demi-statére. — 39 Le s{atère (3), appelé aussi té-
tradrachme, parce qu'il valait quatre drachmes, était équivalent au sicle. ἢ portait
13. — STATÈRE OU TÉTRADRACHME. ARGENT (4).
d'un côté la tête de Minerve, et de l'autre, la chouette, attribut de cette déesse, —
4* La mine, mna (5), valait, chez les Grecs, cent drachmes. — 39 Le /alent, talentum,
14. — sTATÉRE. OR (6).
τάλαντον (7), était d'or ou d'argent. Son poids et sa valeur ont beaucoup varié selon
les temps et les lieux. Le talent d'or valait dix talents d'argent. Le talent attique
d'argent était de 70 mines ou 6,000 drachmes, c'est-à-dire de 26 ker. 101 ou 5,560 fr.
environ; celui de Corinthe ou d'Egine était de 100 mines.
HI. Monnaies romaines. — 15 Le denier, en latin denarius, pièce d'argent ainsi
15. — DENIER DE L, ANTESTIUS GRACULUS. ARGENT: (8).
(4) Mattb., xvir, 23.
(2) Tête de Pallas casquée, à droite, — ἢ, Chouette dans un carré creux. Deux feuilles d'olivier. AOE,.
(3) Matth., xvi, 26.
(4) Tête de Pallas casquée, à droite. — À. Chouette sur une amphore portant la lettre de série A,
Dans le champ, deux monogrammes; ils désignent le nom de magistrats monétaires qu'il est impossible
de restituer. Le tout dans une couronne d'olivier, Tétradrachme postérieur à Alexandre le Grand,
(5) Luc, xix. 13 et suiv.
(6) Tête de Pallas casquée, à droite, — À. Chouette. Deux feuilles d'olivier et un croissant, à gauche,
A droite, AOE.,
(7) Matth., xvii, 24; xxv, 15 et suiv.; cf. Apoc., xvi, 21.
(8) Tête 06 la déesse Rome à droite, avec le casque 8116. GRAG (Graeulus). = À. Jupiter dans aa
9016 APPENDICE.
appelée parce qu'elle avait primitivement la valeur de dix as; plus tard elle en valut
seize. Elle est souvent mentionnée par les Evangélistes (1). Son poids était le méme
que celui de la drachme ou quart de sicle. Du temps de Notre-Seigneur, le denier
16. — DENIER D'AUGUSTE. ARGENT (2).
équivalait à 0,78 cent. environ. Cette monnaie représentait d'abord, d'un cóté la
déesse Rome ou la Victoire, et de l'autre un char, attelé de quatre chevaux; sous
l'empire, on la frappa à l'effigie de César (3). Elle constituait la solde quotidienne du
soldat romain, au rapport de Tacite, comme la drachme celle du soldat athénien, au
rapport de Thucydide. C'était également la paie qu'on donnait pour leur journée aux
ouvriers qui travaillaient à la vigne, d'aprés la parabole évangélique (4). C'était aussi
17. — AS DE FABIUS BUTEO. BRONZE (5).
enfin la taxe que chaque Juif était tenu de payeraux Romains comme capitation, et
que saint Matthieu appelle numisma census (6). — 29 L'assarius, diminutif d'as (1),
46, — ASSARIUS, BRONZE (8).
quadrige au galop à droite, tenant un eceptre et lançant la foudre, — L. ANTES, — ROMA (Lucius An-
testius — Roma). Vers 124 avant J.-C.
(1) Matth., xvni, 28; xx, 2, 9, 10, 13; χχιι, 19; Marc, vr, 37; xit, 15; xiv, 5; Luc, vu, 44; x, 85;
xx, 24; Jean., vi, 7; xir, 5; Apoc., צ 6. ; M d
(2) Téte laurée d'Auguste à droite, CAESARI AVGVSTO. — ἢ. Quadrige orné de la Vietcire, mar-
chant au pas à droite et surmonté de l'image d'un autre quadrige. A l'exergue : SPQR (Ser-zfus popu-
lusque Romanus).
(3) Matth., xxir, 19-24,
(4) Matth., xx, 2 et suiv.
(5) Tête laurée de Janus, — À. Proue de navire à droite, sur laquelle est posé l'oiseau appelé buteo
(héron ou cigogne), FABI. ROMA. Vers 89avantJ.-C.
(6) Matth., xx1r, 19; cf. Marc, τι, 15; Luc, xx, 24.
(7) Matth., x, 29; Luc, xit, 6.
(8) Tête radiée d'Auguste à gauche. DIVVS. AVGVSTVS. PATER, — ἢ. Un autel. IMP, T, VESP.
APPENDICE, 3017
était une monnaie de cuivre, présentant, de face, la tigure ae Janus, puis, pius tard,
celle de César, et, sur le revers, une proue de navire. 1l valait de 6 à 7 centimes. 6
1V. — QUADRANS DE SERVILIUS, BRONZE )(
Vulgate rend ἀσσάριον, par as (2), et deux 08507776, par dipondium (3). — 30 Le qua=
drans (4), était un quart d'as en cuivre et valait un peu moins de deux centimes. —
90. — LA PLUS PETITE MONNAIE DE BRONZE SOUS AUGUSTE (5).
4» Le minutum, λεπτόν (6), monnaie de cuivre, était la moitié du quadrans, comme
l'explique saint Marc (1), le huitiéme de l'as, un peu moins de 1 centime.
AVG. REST. Zmperator Titus Vespasianus Augustus restituit. Dans le champ : ₪, C, (Senatus con-
sulto). A l'exergue : PROVIDENT (NT est en monogramme),
(1) Téte d'Hercule, coiffé de la peau de lion, à droite; derrière, trois points, — ἢ, Proue de navire,
sur laquelle on lit : SERVILIVS; en haut, deux épis. — Caius Servilius ou Serveilius fut magistrat
monétaire vers 123 avant J.-C.
(2) Matth,, x, 29.
(3) Lue, xit, 6. Du temps de Notre-Seigneur, un as représentait en Palestine le prix de deux passe-
reaux, Matth., x, 29. Pour deux as (de douze à treize centimes), on avait cinq passereaux, Luc, xii, 6,
(4) Mattb., v, 26; Marc, xir, 42.
(8) Une enelume. MESSALA. APRONIVS, III. VIR. — À. GALVS. SISENNA. A, A. A. F. F, Dans
le champ : S. C. — Cornelius Sisenna, vers l'an 12 avant J.-C., üt partie d'un collége monétaire avec
Volusus Valerius Messalla, Apronius et Galus. 111 VIR signifie ériumvir; A. À, À, Ἐν F., are argento
auro flando feriundo ; S. C. senatus consulto.
(6) Luc, xir, 59; xxi, 2 ; Marc, xit, 42,
(7) Marc, xii, 42,
NOUVEAU TESTAMENT
APPENDICE
Note 1, p. 2326 et 2475 (Matt., 1, 1-17 et Lu^, πὶ, 23-33). — LA DOUBLE GÉNÉA-
LOGIE DE NOTRE SEIGNEUR EN 8. MATTHIEU ET EN S. LUC.
Pour rendre compte des différences qu'on remarque entre ces deux généalogies, il
y ἃ deux sentiments :
Le premier tient que S. Matthieu a donné la généalogie de S. Joseph, et S. Luc
celle de la sainte Vierge. Cette hypothése semble plausible pour deux raisons :
19. Il était naturel que S. Matthieu, écrivant pour les Juifs, fit voir que Jésus était
l'héritier. de David, et qu'il prouvát, par sa généalogie légale ou paternelle. qu'on
ne pouvait contester au Christ le droit de succession. Il convenait également que
S. Luc, qui écrivait pour les Gentils, considérât le Sauveur comme né de la femme,
et qu'il exposát sa généalogie réelle. Aprés avoir annoncé si expressément que Jésus
n'avait pas de père sur terre, il serait étonnant qu'il eût donné sa généalogie légale
par son pére putatif. Ajoutez que, dans le cas οὐ il aurait voulu la citer, on ne
verrait pas pourquol il n'aurait pas suivi la méme ligne que S. Matthieu.
2*Les termes employés par S. Luc : Jesus était, comme l'on croyait, fils de Joseph,qui
le fut d' Héli, se prêtent sans etfort à cette explication, soit qu'on traduise simplement :
Jésus passait pour étre fils de Joseph, lequel l’élait d'Héli, en rapportant à Joseph
le relatif qui, soit qu'on entende: Jésus était regardé comme né de Joseph, mais il
létait d'Héli, en rapportant le pronom relatif au mot Jésus énoncé précédemment.
— Dans le premier cas, il faut admeltre que Joseph tient la. place de Marie son
épouse ou qu'il est. nommé comme gendre d'Héli, mais on sait que tel était l'usage
chez les Hébreux; et S. Luc n'avait pas à craindre 06 tromper personne par cette
substitution, les chrétiens étant avertis par S. Matthieu. que le véritablé pére de
S. Joseph était Jacob, et la tradition assignant au père de la sainte Vierge préci-
sément le nom de Joachim, synonyme d'Eliachim ou d'Héli. — Dans le second cas,
les termes de la traduction écartent la difficulté et l'empéchent méme de s'offrir à
lesprit. Il est vrai que ces mots: Qui fut d'Héli, ne doivent pas s'entendre d'une
filiation stricte, mais d'une simple descendance, puisque Héli serait l'aieul de
Notre Seigneur et non son pére proprement dit; mais c'est le sens qu'on donne à
ces mots dans une foule d'endroits de l'Ecriture et le seul qui s'offre ici, si l'on
continue de rapporter à Jésus les mots qui suivent: Qui fut de Mathat, qui fut de
Dieu. ll est vrai encore que cette traduction aurait peine à s'accorder avec le grec,
si l'on s’attachait au texte recu; mais l'aecord devient facile si l'on admet une lecon
qui ne parait pas avoir moins d'autorité, celle des manuscrits du Vatican et גו |
Sinai, les plus anciens de tous.
Un second sentiment, trés ancien et très commun chez les Docteurs jusqu'au
quinzième siècle, regarde les deux généalogies comme propres à S. Joseph, et elle
en explique les différences par un usage juif, celui du lévirat. En Judée, quand une
femme restait veuve et sans enfant, elle devenait l'épouse de son beau-frére ou d'un
de ses proches, et les enfants qui naissaient de cette union prenaient le nom du
premier mari défunt; ils étaient censés les siens. De là pour un grand nombre la
pluralité des généalogies, les lignes fictives ou légales s'adjoignant aux lignes na-
turelles ou à la descendance réelle. De là pour S. Joseph une double filiation, Jacob
APPENDICE. ! 3010
étant son pere naturel indiqué par S. Matthieu, et Héli, frère utérin de Jacob et
mort avant lui sans enfant, étant son père légal. désigné par 8. Luc. De méme pour
Salathie]. (L. BACUEZz.)
Note 2, p. 2327 et 2469 (Matt., τι, 1 et Luc, 11, 8). — BETHLÉEM.
Bethléem, « la maison de pain », ainsi appelée sans doute à cause de la fertilité
de son territoire, était la patrie de David et de Notre Seigneur Jésus-Christ. Elle
appartenait à la tribu de Juda et avait été surnommée Ephrata, « la fertile », pour
la distinguer d'une autre Bethléem de la tribu de Zabulon.
« Bethléem est bâtie: [à 822 mètres d'altitude] sur un monticule qui domine une
longue vallée. Cette vallée s'étend de l'est à l'ouest: la colline du midi est couverte
d'oliviers clair-semés sur un terrain rougeátre, hérissé de cailloux; la colline du
nord porte des figuiers sur un sol semblable à celui de l’autre colline. » (CHATEAU-
BRIAND.)
« La colline occidentale a des pentes abruptes du cóté du midi et beaucoup plus
douces vers le nord; vers le couchant, elle n'est presque plus escarpée, et vers
l'orient, la pente est plus douce encore. La seconde colline, qui lui fait face de ce
cóté, est moins haute, mais plus large. La ville est ainsi partagée en deux parties
qui se répondent, et comme sur trois points elle est environnée de vallées, elle offre
aux regards un horizon très étendu et trés varié. Jadis entourée de murs, elle est
actuellement ouverte, et c'est plutót un grand village qu'une ville proprement dite.
Sa longueur de l'ouest à l'est atteint à peine neuf cents pas, et sa largcur en moyenne
ne dépasse point deux cent cinquante pas. » (V. GoÉRIN.)
Ainsi élevée sur sa double colline, avec les champs de blé et les vignobles qui
s'étendent à ses pieds, Bethléem est comme le type du village juif. Le puits, dont
David désirait boire de l'eau, est non loin de la porte. A l'est sont les collines sau-
vages où paissaient les troupeaux de David, du prophète Amos et des autres pasteurs
bethléémites.
Le climat de Bethléem est assez froid, à peu prés identique à celui de Jérusalem.
La neige y tombe de temps en temps en hiver, mais elle fond vite. L'air y est assez
vif et le vent y souffle quelquefois avec violence.
L'église de la Nativité s'élève aujourd'hui au-dessus de la grotte où est né
Jésus-Christ. Elle est située dans la partie septentrionale de la colline orientale, au-
dessus de la vallée des caroubiers. C'est dans la crypte de l'église, sous le chœur,
qu'est la grotte de la Nativité. Elle a 12 métres 40 de longueur de l'est à l'ouest sur
3 m. 90 de largeur et 3 de hauteur, et servait d'étable au temps de Notre Seigneur.
Les parois du rocher, ainsi que le pavé, disparaissent actuellement sous un revé-
tement de marbre. Dans une petite chapelle, à l'est, on voit sous l'autel une étoile
d'argent avec cette inscription : Hic de Virgine Maria Jesus Christus natus est. Tout
auprès, du côté du midi, est la chapelle de la Crèche, où l'on descend par trois
marches. On y voit une créche de marbre avec un enfant Jésus en cire. La véritable
crèche, ou plutôt les fragments qui en restent, ont été transportés à Rome en 642 et
sont conservés aujourd'hui dans la basilique de Sainte-Marie-Majeure, dans la cap-
pella del Presepe. Ces fragments sont cinq petites planches minces, d'un bois noirci
par le temps, dont les plus longues ont environ vingt-cinq centimétres de longueur.
Elles sont liées ensemble et placées dans deux belles coquilles en cristal simulant
un berceau.
A l'est de Bethléem s'étend une petite vallée, nommée Ouadi el-Scharábéh, qui
se dirige vers la mer Morte. Elle a une lieue de longueur environ et est trés fertile.
C'est là que s'élevait la Tour du Troupeau, Migdal Heder (Gen., xxxv, 21) auprès de
laquelle Jacob fit paitre ses brebis, et où, dit S. Jérôme, veillaient, à environ mille pas
de Bethléem, les bergers qui entendirent le Gloria in excelsis au moment de la Nativité
(Luc, 11, 14). Sainte Hélène fit construire en ce lieu une église dédiée aux saints Anges.
On n'y voit plus qu'une grotte formant une chapelle souterraine où l'on descend par
vingt-une marches; on y remarque les restes d'un pavé en mosaïque, des peintures
sur bois et des débris de colonnes; elle est située au milieu d'une plantation d'oliviers
entourée d'une clôture. Dans le voisinage est un champ appelé le champ de Boos
APPENDICE, חל
(Ruëh, u-u1). À dix minutesrde la grotte est le village de Deir er-Haouat ou Couven:
des pasteurs. On croit que c'est de là qu'étaient les bergers à qui !es anges annon-
cérent la naissance du Sauveur. Le village d'oü ils étaient porte aujourd'hui le nom
de Beit-Sahour; il est situé à quinze minutes vers l'est-sud au-dessous de Bethléem,
sur une colline assez basse qui s'étend de l'ouest à l'est. On y remarque d'anciennes
cavernes qui servent encore maintenant d'habitation à quelques familles ou d'abris
à quelques troupeaux.
Les coutumes et les mœurs antiques se sont conservées jusqu'à présent à Bethléem
«Le costume des Bethléémites, s'il faut en croire l'opinion commune, dit le P. de
Géramb, est 8 peu prés ce qu'il était au temps de Notre Seigneur Jésus-Christ. Celui
des femmes, soit à la ville, soit aux environs, m'a particulièrement frappé. Elles sont
habillées absolument comme la sainte Vierge, dans les tableaux qui la représentent;
ce sont, non seulement les mêmes formes de vêtements, mais les mêmes couleurs :
robe bleue, manteau rouge, ou robe rouge, manteau bleu, et un voile blanc .par-
dessus. La première fois qu'il m'arriva d'apercevoir de loin une Bethléémite portant
dans ses bras un petit enfant, je ue püs m'empêcher de tressaillir : il me semblait
voir venir à moi Marie et l'enfant Jésus. — Une autre fois, mon émotion ne.fut pas
moins vive: je voyais un vieillard à cheveux blancs et barbe blanche, conduisant un
âne le long de la montagne sur laquelle Bethléem est située; il était suivi d'une jeune
femme habillée de bleu et de rouge, et parée d'un voile blanc. J'étais à Bethléem ;
je me crus au temps de Gésar-Auguste. Un instant, les deux personnages furent pour
moi Joseph et Marie, venant, pour obéir aux ordres du prince, se faire enregistrer.
— Le costume des paysans reporte aussi la pensée vers des souvenirs touchants:
il est, assure-t-on, tout à fait semblable à celui des bergers du temps de la naissance
du Sauveur, et dâte de plus de deux mille ans. C'est une espèce de chemise ou tu-
nique serrée autour du corps par une courroie, et un manteau par-dessus. Point.de
chaussure: on va ordinairement pieds nus. »
Note 3, p. 2528 (Matt., 11, 2). — L'ÉTOILE DzS M^GES.
S. Matthieu rapporte que des mages vinrent à Bethléem pour adorer Jésus-Christ,
et qu'ils y furent conduits par une étoile qui allait devant eux et qui s'arréta à
lendroit oü était l'enfant. Or, disent les adversaires de nos divines Ecritures,
personne n'ignore que les étoiles, à raison de leur immense élévation, ne peuvent
indiquer une ville, pas méme un pays, bien moins encore une maison.
La difficulté des incrédules tombe d'elle-méme, dés que l'on considére que le
terme asíer employé dans le texte grec, et le mot latin stella de la Vulgate, sont sus-
ceptibles non seulement du sens d'étoile proprement dite, mais encore d'un simple
météore lumineux qui, vu à une certaine distanee, a toutes les apparenees d'une
étoile... Le mot grec aster se trouve employé par Homère dans le sens d'un météore,
auquel il compare la descente de Minerve sur la terre. Aristote s'en ést également
servi avec la méme signification... « Nous pouvous méme, sans sortir de notre
langue, dit Bullet, donner un exemple de cette double acception. On appelle parmi
nous étoile un météore qui parait souvent en été en forme d'une étoile qui tombe
(étoile filante), et ce n'est pas seulement le peuple qui parle ainsi; nos philosophes,
qui se piquent d'une grande exactitude dans leurs expressions, ne s'expliquent
point autrement. Les Arabes appellent aussi étoiles ces météores lumineux qui sem-
blent tomber du ciel. » (J.-B. Grains.) -
Note 4, p. 2330 (Matt., ,זו 22). — LA GALILÉE.
La Galilée, « cercle, circuit », qui joue un si grand rôle dans l'histoire évangélique,
est à peine mentionnée dans l'Ancien Testament. On l'appelait « la Galilée (ou le
cercle, l'habitation) des Gentils » (Matt., iv, 15), parce que les Gentils ou paiens y
habitaient en grand nombre. A l'époque des Machabées, ils y étaient plus nombreux
-
APPENDICE. 3091
que les Juits eux-mêmes. Ils venaient princrpalement de la Phénicie et étaient attirés
par la richesse de cette fertile contrée.
Au commencement, on ne donnait le nom de Galilée qu'à la partie haute du pays,
qui s'étend vers l'ouest au nord du lac de Tibériade, et qui était occupée par les tribus
d'Aser, de Zabulon et d’Issachar (d'où l'application de la prophétie d'Isaie faite par
S. Matthieu, 1v, 14-16). Après la captivité, les Juifs reprirent peu à peu possession
du pays, en s'établissant d'abord au sud, mais la population fut toujours une popu-
lation mixte. ₪
Du temps de Jésus-Christ, la Galilée formait une province particulière et 56 1%
en Galilée supérieure et en Galilée inférieure. Joséphe nous a laissé une description
des deux Galilées : « Au couchant, dit-il, elles ont pour limites les frontières du ter-
ritoire de Ptolémais et le Carmel, montagne appartenant autrefois aux Galiléens et
maintenant aux Tyriens; au midi, la Samarie et Scythopolis (voir la note sur la
Décapole) jusqu'aux rives du Jourdain; au levant, l'Hippéne et la Gadaritide, ainsi
que la Gaulanitide et les frontières du royaume d'Agrippa; au septentrion enfin,
Tyr et toute la région des Tyriens. La Galilée inférieure se développe en longueur
depuis Tibériade jusqu'à Zabulon, qu'avoisine sur la cóte Ptolémais, et, en largeur,
depuis le bourg de Xaloth, situé dans la Grande Plaine, jusqu'à Bersabée, où com-
mence la Galilée supérieure. Celle-ci s'étend de là en largeur jusqu'à Baka, qui la
sépare du pays des Tyriens, et en longueur depuis Thella, bourg voisin du Jourdain,
jusqu'à Meroth. » | :
Les montagnes les plus hautes de la Galilée inférieure s'élévent à peine à six cents
métres au-dessus de la. Méditerranée. « Parsemées d'innombrables vallées généra-
lement trés fertiles, elles étaient elles-mémes autrefois cultivées jusqu'à leur sommet,
et sur leurs pentes s'étageaient de belles plantations d'oliviers, de figuiers, de vignes
et d'autres arbres fruitiers que des broussailles ont en partie remplacées depuis
longtemps; à leur pied croissaient, comme maintenant encore, du blé, de l'orge et
d'autres céréales. » (V. GUÉRIN.)
Note 5, p. 235) (Mall, 11, 23). — NAZARETH.
Nazareth, dont le nom signifie vraisemblablement « rejeton », est une bourgade
de.Galilée qui n'est pas mentionnée une seule fois dans l'Ancien Testament. Elle doit
toute sa célébrité au séjour qu'y a fait Notre Seigneur. 08/16 en étages sur un amphi-
théâtre entouré de toutes parts de collines, elle est à 210 mètres environ au-dessus
de la plaine d'Esdrelon. C'est un des endroits les plus agréables et les plus gracieux
de la Palestine. Ses maisons à toits plats et toutes en pierre, avec leurs murs d'un
blanc. éblouissant, sont encadrées dans la verdure. Partout des jardins, des oliviers,
des figuiers et des cactus.
Sur l'emplacement de la maison de la sainte Vierge s'éléve aujourd'hui l'église de
l'Aunonciation, au sud de la ville. Cette église a été construite dans sa forme actuelle
en 1130; elle a reçu divers embellissements en 1817. La maison qu'avait habitée la
sainte Famille fut transportée miraculeusement à Lorette à la fin du פוווצ siècle. Elle
était auparavant à l'endroit qui porte aujourd'hui le nom de Chapelle de l’Annon-
cialion, dans la erypte de l'église, du même nom. > Cette chapelle est divisée par
un mur en deux parties. La première partie contient lautel de l'Annonciation. En
face de l'autel, à gauche, on voit deux colonnes en granit qui marquent, selon la
tradition, la place où se tenaient l'ange Gabriel et Marie à l'heure de l'Annonciation.
L'autel, fort simple, orné seulement d'un tableau moderne représentant l’Annoncia-
lion, est entouré de lampes d'argent, et sur la table de granit qui forme la paroi du
fond, on lit ces mots : VERBUM CARO RIG FACTUM EsT. À droite de l'autel, une petite
porte conduit dans une arrière-salle (chapelle de S. Joseph), où l'on trouve un autre
, autel adossé au précédent, et orné d'un tableau représentant la Fuite en Egypte,
(Sur l'autel on lit cette inscription : Hic ERAT sUBDITUS iLLIS.) De là un escalier de
quelques marches monte dans une petite chambre taillée dans le roc, qui représente
la cuisine de la sainte Vierge. » (ISAMBERT.)
Au nord-est de l'église de l'Annonciation, dans le quartier musulman actuel, est
situé l'Atelier de S. Joseph. On croit qu'une église avait été construite sur cet empla-
APPENDICE.
tes Croisés. Il. n’en reste que quelques débris, sur une, partie desquels
ו ont élevé une chapelle de 1858 à 1859. Il est impossible de savoir au
juste comment était disposé ce lieu du temps de Notre Seigneur. \
A quatre minutes de Nazareth, au nord-est, est la Fontaine de la Vierge, dont la
source est enfermée aujourd'hui dans la partie septentrionale de l'église de 5 Gabriel
qui appartient aux Grecs. L'eau passe dans un canal devant l'autel de l'église, à
gauche, et est ainsi conduite à la Fontaine proprement dite, où l'on voit toujours
des femmes qui viennent y remplir de grandes urnes à forme antique. Cette eau est
bonne et abondante et. sert à arroser les jardins de Nazareth en méme temps qu'elle
abreuve ses habitants. Comme c'est l'unique fontaine qu'on rencontre dans toute Ja
localité, on ne saurait douter que la sainte Vierge et l'enfant Jésus ne s'y soient
rendus souvent
3022
Note 6, p. 2332 (Matt., ut, 7). — LES PHARISIENS.
Les Pharisiens ne passaient pas pour alléger le joug de la loi. En général, leur
doctrine était exacte. Cependant Notre Seigneur leur reproche de s'écarter, sur des
points importants, de la justice et de la vérité : « Ce sont des aveugles, dit-il, et
des conducteurs d'aveugles. » Tandis qu'ils poussaient jusqu'au scrupule l'exactitude
aux petites choses, ils se mettaient peu en peine du grand précepte de la charit®.
Is disaient: « OEi! pour œil et dent pour dent, » ce que S. Augustin appelle justt?4
injustorum. lls comptaient pour peu de chose les fautes intérieures. Ils éludaient
certaines obligations par des subtilités. Ils en exagéraient d'autres au-delà de toute
mesure, surtout la loi du sabbat.
Leur caractére était bien plus répréhensible que leur enseignement. Sauf un petit
nombre, dont la vertu contrastait avec les défauts de la secte, entre autres Nico
dème, neveu de Gamaliel, ils étaient orgueilleux, fiers de leur savoir, pleins de pré
tention, de dédain pour leurs fréres, insensibles aux faiblesses et aux besoins du
prochain, avares, hypocrites. Ils disaient et ne faisaient point. Ils affectaient l'aus
térité, le jeûne, les ablutions fréquentes, les longues prières; mais tout cela pat
amour-propre et par intérêt. Il leur fallait partout les premières places et les témoi
gnages de respect. Ils rendaient eux-mêmes des honneurs aux prophètes, quand ils
étaient morts; mais durant leur vie, quand ceux-ci les reprenaient de leurs vices,
ils les persécutaient et cherchaient à les perdre. lls passaient les mers et parcou
raient le monde pour faire des prosélytes, mais dans la seule vue de les attacher à
leur secte et de leur inoculer leurs principes et leurs vices. En somme, Notre Seigneur
leur préférait les publicains, quoique odieux au peuple et regardés, dit Tertuilien
comme des pécheurs de profession. Aussi les frappe-t-il, peu de temps avant sa mort
des plus terribles malédictions. De leur cóté, les pharisiens ne pouvaient le souffrir,
lis étaient jaloux de sa réputation, de son influence et de ses miracles. Aprés lui
avoir tendu toutes sortes de pièges et lui avoir suscité toutes sortes d'oppositions
ils finirent par le faire attacher à la croix. (L. BACUEZ.)
Note 7, p. 2332 (Matt., ux, 7). — LES SADDUCÉENS.
L'origine du nom des Sadducéens est douteuse. D'aprés la tradition commune ues
Juifs, les Sadducéens étaient ainsi appelés de Sadoc, disciple d'Antigone de Socho,
lequel avait recu la loi orale de la bouche de Simon le Juste, le dernier membre de
la Grande Synagogue. Quoi qu'il en soit, du temps de Notre Seigneur, la secte des
Sadducéens se composait surtout des membres de l'aristocratie juive. Sur la plupart
des points, ils étaient en opposition avec les Pharisiens. Ceux-ci affirmaient que
Moise, outre la loi écrite, avait donné aux lsraélites une loi orale, qui s'était con-
servée par tradition. Les Sadducéens le niaient. Leur priucipale erreur, qui leur est
reprochée expressément dans l'Evangile, consistait à rejeter le dogme de la résurrec-
tion des morts. 115 n'admettaient pas non plus l'existence des anges. Les Sadducéens
disparaissent de l'histoire avec le premier siécle et cédent la place aux Pharisiens
dont les croyances deviennent bientôt tout à fait prédominantes parmi les Juifs.
AbPENDICE. 3023
Note 8, p. 2334 (Matt., 1v, 18). — LA MER DE GALILÉE OU LAC DE TIBERIADE
ET DE GÉNÉSARETH.
« Ce lac, auquel les Hébreux donnaient aussi le nom de mer, comme à tous les amas
d'eau un peu considérable, s'appela. d'abord 100 de Cennérelh, de Génésarelh ou de
Génésur : dénominations qui, bien que diverses, ne désignaient qu'une seule et même
ville, מט seul et méme pays à l'extrémité méridionale de la Galilée. On le nommait
encore mer de Galilée, parce que vers le nord et l'orient il était enveloppé de cette
province. {l ne prit le nom de Tibériade que lorsqu'Hérode eut fait bâtir cette ville,
sur l'emplacement, dit-on, de Génésareth, en l'honneur de Tibère, lors de l'élévation
de-ce prince à l'empire. — Quoique dépouillé des villes, des villages et des magni-
‘ques maisons! qui l'embellissaient il y a deux mille ans, et malgré la nudité des
montagnes qui l'entourent, ce lac n'en offre pas moins encore aujourd'hui un aspect
délicieux. Bordé de tous côtés de lauriers-roses, qui inclinent leurs branches toufïues
et fleuries sur la tranquille surface de ses ondes limpides, il présente l'image char-
mante d'un immense miroir encadré dans une guirlande de verdure et de fleurs.
C'est une miniature du lac de Genève. » (Dg GÉRAMB.)
Tous ceux qui l'ont visité ont été ravis d'admiration par sa beauté. « La mer de
Galilée, large d'environ une lieue à l'extrémité méridionale, s'élargit insensiblement,
dit Lamartine, les montagnes qui la resserrent [au sud] s'ouvrent en larges golfes
des deux cótés, et lui forment un vaste bassin [ovale], où elle s'étend et se déve-
loppe dans un lit d'environ quinze à douze lieues de iour. Ce bassin n'est pas
régulier dans sa forme, les montagnes ne descendent pas partout jusqu'à ses
ondes: tantót elles s'écartent à quelque distance du rivage et laissent entre elles et
cette mer une petite plaine basse, fertile et verte comme ג1 plaine de Génésareth;
tantôt elles se séparent et s'entr'ouvrent pour laisser pénétrer ses flots bleus dans
des golfes creusés à leur pied et ombragés de leur ombre.
» La main du peintre le plus suave ne dessinerait pas des contours plus arrondis,
plus indécis et plus variés que ceux que la main créatrice a donnés à ces eaux et à
668 montagnes; elle semble avoir préparé la scène évangélique pour l'œuvre de grace,
de paix, de réconciliation et d'amour qui devait une fois s'y accomplir. A: l'orient,
les montagnes forment, depuis les cimes du Gelboé, qu'on entrevoit du côté du midi,
jusqu'aux cimes du Liban, qui se montrent au nord, une chaine serrée, mais ondulce
et flexible, dont les sombres anneaux semblent de temps en temps prêts à se dé-
tendre et se brisent méme çà et là pour laisser passer un peu de ciel.
» Au bout du lae, vers le nord, cette chaine de montagnes s'abaisse en s'éloignant;
on distingue de loin une plaine qui vient mourir dans les flots, et, à l'extrémité de
cette plaine, une masse blanche d'écume qui semble rouler d'assez haut dans la mer.
C'est le Jourdain qui se précipite de là dans le lac. Toute cette extrémité nord de la
mer de Galilée est bordée d'une lisière de champs qui paraissent cultivés.
» Les bords de la mer de Galilée, de ce cóté dela Judée, n'étaient, pour ainsi dire,
qu'une seule ville. Les débris multipliés devant nous et la multitude des villes et la
magnificence des constructions que leurs fragments mutilés témoignent, rappellent
à ma mémoire la route qui longe le pied du Vésuve, de Castellamare à Portici.
' Comme là, les bords du lac de Génésareth semblaient porter des villes au lieu de
inoissons et de forêts. » (LAMARTINE.)
Note 9, p. 2358 (Mait., xu, 46). — LES FRÈRES DU SAUVEUR.
Matt., xit, 46, ses rréres, c'est-à-dire ses cousins ou ses proches en général. Chez
les Hébreux, comme chez les autres peuples de l'antiquité, le mot frére se prenait
souvent dans ce sens plus étendu Ainsi dans la 662686, xiu, 8, Abraham et Lot sont
appelés fréres; cependant Lot n'était que le neveu d'Abraham, puisque celui-ci était
frère d'Aran, le père de Lot (Gen., xi, 21). De méme dans la Genèse, xxix, 15, Laban
est dit frére d'Abraham; mais ce méme Laban était petit-fils de Nachor, le propre
irére d'Abraham, et, par conséquent, son petit-neveu. Dans le livre de Tobie, vn, ἃ,
3024 APPENDICE.
Raguel donne le nom de frère à Tobie, son véritable cousin (vers. 2). Dans le méme
livre, vir, 9, le jeune Tobie, parlant à la fille de Raguel. qui était simplement sa
cousine, lui dit: Ma sœur. On peut voir d'autres exemples daus le Lévilique, xxv, 48;
Deutéron,, v, 4, 8, etc. Pour n'en citer qu'un seul pris d'un autre peuple, nous ferons
remarquer que, dans Quinte-Curce, Amyntas est appelé frére d'Alexandre, bien qu'il
ne fût que son cousin germain, du côté de son père. Ainsi l'Evangile a pu donner le
nom de frères et de sœurs de Jésus à des personnes qui étaient simplement) ses
proches; mais la-t-il donné réellement? ll nous semble qu'il n'y a pas lieu: d'en
douter. — Toute l'antiquité chrétienne, comme le remarque justement D. Calmet,
a toujours cru que Marie avait conservé sa virginité aprés, comme avant et pendant
lenfantement miraculeux de son divin fils Jésus. Quant à l'objection de quelques
anciens hérétiques, tels qu'Eunomius et Helvidius, prédécesseurs des protestants et
| des rationalistes modernes, nous y avons suffisamment répondu. (page 2), par des
arguments qu'une saine critique ne saurait légitimement récuser. Toutefois nous
croyons devoir en ajouter ici un nouveau en faveur de ceux de nos lecteurs qui ne
sont pas étrangers à la philologie sacrée. Tl est certain que le terme hébreu becór,
rendu dans le texte grec par prôtotokos, et, dans la Vulgate, par primogenitus ou
premier-né, signifie proprement, comme phéler réhem (ou simplement phéter), qui
lui sert souvent d'explicatif, fente, ouverture, et ce qui fend, ce qui ouvre un. sein
(quod aperit vulvam). Or il ny a rien là qui prouve que la trés sainte Vierge ait eu
d'autres enfants aprés Jésus-Christ. — Nous ajouterons, avec Aberlé (Dict. della
Théol. cathol.), que si ces frères de Jésus-Christ, dont parle l'Evangile, avaient été
ses véritables frères selon la chair, il serait très singulier que jamais Marie n'eüt été
appelée leur mére; il serait tout à fait inconcevable que Jésus eüt recommandé sur
la croix sa mère à saint Jean (Jean, xix, 26, 21), tandis qu'ayant d'autres fils, c'eüt
été le devoir naturel de ceux-ci de la recueillir, et ils n'y auraient certainement pas
manqué. — On ne voit daus le Nouveau Testament, comme fils de Marie, que Jésus,
et c'est précisément par opposition avec ceux qui sont appelés ses fréres, qu'il est
désigné comme le fils de Marie (Marc, vr, 3). — La manière dont Jésus, du haut de
la croix, recommande sa mére à saint Jean prouve encore qu'il. était le fils unique
de Marie, car il est dit littéralement : Voilà le fils de vous; avec l’article détermi-
natif, qui aurait évidemment manqué, s'il y avait encore d'autres fils de Marie. — Un
nouvel argument en faveur de notre thése est la possibilité de démontrer quelle fut,
en dehors de la trés sainte Vierge, la véritable mére de ceux qui sont appelés les
frères du Sauveur. Saint Matthieu cite (xxvii, 56), parmi les femmes présentes au
crucifiement, une Marie, mère de Jacques et de Joseph; saint Marc le dit également
(xv, 40), et, de plus, il distingue ce Jacques d'un autre Jacques, fils de Zébédée, par
le surnom de 76 petit (o0 mikros) ou le mineur. Comme il ne parait en général dans
le Nouveau Testament que deux Jacques, il n'y a pas de doute que le premier ne
soit celui que saint Paul nomme (Galat., 1, 19) le frère du Seigneur, celui à qui sa
position comme premier évéque de Jérusalem, donnait alors une haute importance;
celui enfin dont l'épitre fait partie du Nouveau Testament. — Saint Jude, au com-
mencement de son 'épitre, se nomme /rère de ce Jacques. Ainsi on trouve dans le
Nouveau Testament pour trois des frères du Seigneur, Jacques, Joseph-et Jude, une
Marie qui est leur mère, et qui est différente de la mère de Jésus. Or, cette Marie est,
sans aucun doute, identique avec la Marie nommée par saint Jean (xix. 25) la femme
de Cléophas et la sœur de la mère du Seigneur. Cléophas, ou selon une autre: forme
de ce méme nom, Alphée, était par conséquent le pére de Jacques, de Joseph et. de
Jude; et, en effet, Jacques est, en plusieurs circonstances (Matt., x, 35 Marc; ut, 48;
Luc, νι, 15; Act., 1, 18), nommé 76 fils d'Alphée. Pour Simon ou Siméon, il est expres-
sément désigne comme le fils de Cléophas par Hégésippe, le plus ancien historien de
l'Eglise. 11 est donc incontestable que les quatre frères de Jésus étaient simplement
ses cousins du côté de sa mère; et si, d'après la donnée d'Hégésippe, Cléophas tait
un frère. de; saint Joseph, ils l'étaient aussi vraisemblablement du côté paternel, —
On a objecté que deux, sœurs vivantes n'ont pas pu porter le méme now. Mais il
fallait prouver que cela n'avait jamais lien chez les Juifs, surtout dans les derniers
temps. Cet usage existait incontestablement chez les Latins, puisque, sur les quatre
filles qu'avait Octavie, la sœur de l'empereur Auguste, et. qui vécurent en méme
temps, deux se nommaient, sans autre surnom, Marcella, et les deux autres Octavie.
— On a dit encore que, d'aprés saint Hilaire, saint Epiphane, Théophilacte et plu-
— 4
3095 איה
sieurs autres anciens, saint Joseph avait eu des enfants d'une autre femme avant son
mariage avec la sainte Vierge, et que ce sont ces enfants que l'Ecriture appelle lea
fréres de Jésus-Christ. Origéne remarque à ce sujet que c'est le faux évangile de
saint Pierre ou celui de saint Jacques qui ἃ donné lieu à cette opinion. Il est certain
qu'elle n'est nullement fondée sur la tradition, et il est trés vraisemblable que ceux
qui, l'ont adoptée l'ont fait uniquement parce qu'ils ont cru devoir prendre ici le
mot-frére dans sa signification propre, en l'étendant seulement aux fréres de lits
différents. Les interprètes ont donc pu avec raison dresser le tableau généalogique
suivant, lequel montre que les prétendus fréres de Jésus n'étaient que ses cousins.
Anne. — Joachim.
ן
Cléophas ou 410266, — Marie. Marie. = Joseph.
|
Jacques, Joseph, Jude, Siméon, Jésus,
apôtre. Spa évéq.
e
Jérusalem.
Nos adversaires, nous ne l'ignorons pas, ont opposé à nos arguments des dif-
ficultés plus ou moins spécieuses; mais ils sont forcés de convenir que ces difficultés
ne dépassent pas les limites de l'hypothése, et que sous ce rapport méme notre
sentiment est le mieux fondé en raisons. Quoi qu'il en soit, nous avons pour nous
toute l'antiquité chrétienne, qui a toujours cru que Marie avait conservé 0 RES
après avoir enfanté Jésus-Christ. Or, un pareil témoignage, si on consu ih ἃ uo
critique, doit l'emporter sur toutes les hypothéses, méme les plus séduisantes.
(J.-B. GLAIRE.)
Note 10, p. 2358 (Matt., xit, 8). — LES PARABOLES DE L'ÉVANGILE.
« La beauté et le charme, même littéraire, des paraboles de l'Evangile m'ont attiré...
La parabole évangélique est un petit drame, et je n'hésite pas à dire qu'à considérer
la vérité des caractéres et de l'action, ces drames sont plus vivants et plus animés
que les apologues les plus admirés. Ils représentent la vie du monde et de la terre
aussi bien que s'ils n'étaient pas destinés à nous enseigner la vie du ciel... Les ca-
ractères que j'admire dans les paraboles évangéliques [sont] la variété des détails,
la vivacité de l'action, et, de plus, l'élévation et la pureté de la morale; c'est là
ce qui fait la divine supériorité de la parabole évangélique sur l'apologue oriental...
La lecon que donne la fable est d'une morale médiocre et toute mondaine: la lecon
évangélique indique à l'homme la voie à suivre pour arriver au ciel. La parabole a
toutes les formes et tous les agréments de la fable; elle a de plus une morale toute
divine... Nulle part ce caractère de la parabole, égale à l'apologue pour la forme,
supérieure pour la morale, n'éclate mieux que dans les grandes paraboles de l'enfant
prodigue ou du mauvais riche. L'enfat prodigue est passé en tradition dans la lit-
érature; le mauvais riche est entré dans la peinture, dont il est devenu un des
sujets favoris... L'action est vive et frappante; elle grave profondément dans l'esprit
la morale qu'elle contient; c'est un drame que personne n'oublie une fois qu'il l'a
vu et qui rappelle à chacun de nous la lecon qu'il exprime... ll y a dans les auteurs
anciens bien des récits allégoriques destinés à exprimer des vérités morales ou méta-
physiques. La Gréce aimait ces mythes, à ce point méme qu'elle en oubliait le sens
pour la forme; Platon se servait souvent de ces fables symboliques; mais il n'y a
aucun de ces récits mythologiques qui, même dans Platon, puissent étre comparés
aux paraboles évangéliques. Ils n'ont ni la simplicité ravissante, ni la vérité expres-
sive, ni l'utilité et la clarté morale de la parabole. א (SaiNrT-MaRC GIRARDIN.)
190
HISTOIRE
DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST
SELON LES QUATRE ÉVANGILES
| S. Matth. | S. Marc. S. Luc. S. Jean.
t. Préface à Théophile. | ל | Sopa ae 3 Uude os
PREMIÈRE PARTIE
wie cachée de Notre Seigneur : Scs trente premiéres années
9. Le Verbe : sa génération éternelle, τ δέπας π΄. SION copier ΗΕ 1 1-14
3. S. Jean Baptiste annoncé à Zacharie. 1... - . . 4 4919) 4 5-25
4. Annonciation de la sainte Vierge. ULTRI ITA 1 26-38
5. La Visitation. .. 5 e 9» * * δ... 1 39-56
6. Naissance de saint Jean-Baptiste. DEAL ΡΊΔΕ RAS 1 51-80
7. Soupcons de saint Joseph. 1 19-25
8. Naissance du Sauveur. «teu vo MANIERE
9. Circoncision. «m VIN. Omita כ 1
10. Adoration des Mages. 2 1-12
11. Présentation au temple. | +... sr V הו
19. Fuite en Egypte. Massacre des Innocents. | 2 13-18
13 Genéalogies. 1 4T PEN L9 24-95
14. Retour d'Egypte. 219-23 Mi. ἘΠ τὶ
45. Jésus parmi les docteurs. —— δδ)Ὃᾳὔά [ τ: 1: si etel ey J^. HEU
16-54 vie A Nazareus ו של AIRES US Rs GEAR nre fet ΠΕΣ 2 50-52
17. Prédication et baptéme de saint Jean. 3 1-10] 1 1-6 3 1-14 98
18. 1er témoignage de S. Jean à .א ₪. 311-12! 1 7-8 3 15-11 |. 1.15
19. Daptéme du Sauveur. 313-11| | 9-11, 3 21-23
20. Jeûne et tentation au désert. 4 1-10| 112-13| 4 1-13
21. Second témoignage de Jean-Baptiste. — | - «ss | ..... | ..... | 8
22. Troisième témoignage. eue τ ee וי
DEUXIÈME PARTIE
Vie publique de Notre Seigneur : Sa prédication
(An 30-33.)
93. Premiers disciples à la suite de N. S. PAPE AN IEEE ||
25. Jésus fait son premier miracle à Cana. 9 Ἐ UU, 21028 0U4EA
25. ἢ} se retire à Capharnaüm. Ἐπ 030 41303 #9 “5.16
Première Pâque.
96. Jésus-Christ se rend à Jérusalem. SALUE | UT | RERUM. συν
27. || chasse les vendeurs du temple, es. |... ee ANNEE)
JÉSUS-CHRIST SELON L'ÉVANGILE. 30?7
S. Matth. S. Marc.
28. Ses paroles et sa conduite aprés cette
action. 5 C-o m n. ecole
29. Son entretien avec Nicodème. societe
30. 4e témoignage de Jean-Baptiste. | ..... |... ..
31. Emprisonnement de S. Jean-Baptiste. 1% 3-4 Ὁ 17-18
32. Entretien avec la Samaritaine. {| «| .....
33. Retour en Galilée. & 12 4 14
34. Second miracle à Cana. | +. . .. S ἴον... Ὁ
35. Retour à Capharnaüm. 4 13-16 | 122
36. Prédication aux alentours. 4 17 sortait,
37. Synagogue de Nazareth. ΠῚ ..... |...
38. Démoniaque de Capharnaüm. ה[
39. Belle-mére de saint Pierre guérie. 8 14-11 | 4 29-34
40. Tournée dans la Galilée, 4 23-25 | 1 35-39
41. Avis aux disciples. 5כל-819 | ₪
49. Péche miraculeuse de S. Pierre. 4 18-22 | 1 16-20
43. Tempête apaisée. 8 23-26 | 4 36-40
44. Possédés de Gadare. 8 38-34 | ὃ 1-20
45. Retour à Capharnaüm. gr 2
46. Guérison d'un Paralytique. 9 2-8 2 2-19
47. Vocalion de S. Matthieu. 9 9-48 | 2 13-11
48. Fille de Jaïre et hémorrhoisse. 918-26 | 5 21-43
49. Deux aveugles guéris. 9 27-31
50. Possédé muet. 9 ו 4
51. ד ^7 1 - :== .מס הטטק סתטגוק Die sn. à ג עב ME te D 1-41
52. Epis rompus le jour du sabbat. 12 18 PROS [501 1-Ὁ
53. Main aride guérie le jour du sabbat. 12 9-14 | 3 4-16! 6 1
54. Miracles et bonté du Sauveur. 12 15-96 | 8 1-12
אנחה.6.כם des Apôtres. . |00 [-----. 3 13-19 | 6 6
56. Sermon sur la montagne. 5 1-1 | n 617-19
57. Lépreux guéris. 8 2-4 1 40-45 | ὃ 12-44
58. Serviteur du centurion guéri. S513. | cg 7 1-10
59. Le fils de la veuve de Naim ressuscité. 6 | . .... estate M ILES
60. Disciples de saint Jean-Baptiste devant
Notre Seigneur. || 1201... 7 18-35
61. .א 5., Simon et la pécheresse. | ..... wu ong 7 36-50
62. Les femmes pieuses et leurs libéralités. | ..... | . . .. 8 2
63. Ses parents veulent s'emparer de lüi. προ | 20-2
64. Démoniaque aveugle et muet. 12 99-50 | 3 22-25 | 11 14-32
65. Blasphéme contre le Saint-Esprit. 12 30
66. Signes de Jonas. 12 39-41
67. Ninivites et reine de Saba. 12 42
68. Esprit immonde chassé de son repaire. | 12 43
69, Beatus venter! 12 45-50 |." T8 90-8
10. Parabole de la semence, 18. 8599} 4 23-25] 8 8
71. Lampe sous le boisseau. 9 15 4 21 8 16
72. Zizanie. 13 24-43
73. Graine qui germe. >)
74. Sénevé. 13 31-32 | 4 30-34
15. Levain. | 13 33
76. Trésor caché, 13 44
17. Perle. 13 45-46
78. Filet. 13 41-54
19. Jésus revient à Nazareth, 13 53-58] 6 1-6
5028 CONCORDE DES ÉVANGILES.
S. Matth. S. Marc. S. Luc. S. Jean
80. Discours aux apôtres; mission. 9 35-14 | 6. 7-13 | 9 1-6
81, Mort de saint Jeau-Baptiste. 14 1-12| 6 14-29 | 9 9
82, Multiplication des cinq pains. 14 13-21 | 6 30-44 | 9 109-17 | 6 1-15
83. Jésus fuit les honneurs et marche sur les
flots. 14 22-36 CAES ו ΩΣ 6 46-21
8%. Promesse de l'Eucharistie. Ὁ ele JUS ae ו 6 22-72
Troisième Pâque (Jean, vr, 4).
85. La vraie pureté est intérieure. 15 1-20| 7 8
86. Chinanéenne aux environs de Tyr. 15 91-28 | 7 0
87. Sourq 0011066 guéF-69 D] le pes 7 32-31
88. Multiplieation des sept pains. 15 31-39 | 8 4-10
89. On demande des signes. 16 1-4 8 11-13
90. Levaim des pharisiens. 16 5-12 | 8 14-21
91. Aveugle guéri à Bethsaide. NE 8122-26
92. Pierre, fondement de l'Eglise. 16 13-20 | 8 21-30 | 41
93. Passion prédite; Pierre repris. 16 21-28 | 8 31-39 4..9.22-81
94. Transtiguration. 17 1-13| 9 1-6
95. Lunalique guéri. 17 14-20 | 9 13-28. | 31-43
96. Nouvelle prédiction de la Passion. 17 21-22 | 9 29534119 44945
97. Dernier séjour à Capharnaüm; di-
drachme. 17 23-36
98. Rivalité des apôtres. 18 1-5 | 9 32-10 | 9 46-50
99. Scandale. 18 6-11| 9 41-50
100. Drebis perdue; drachme; prodigue. ו 19 1-32
101. Correction fraternelle. 18 15-90
102. Pardon des injures. 18 21-35 |
103. Fête des tabernacles. Jésus à Jérusalem. | + . . . . ELSE 9 51 7 2-10
104. Il passe par là Samarie. εἰ ὦ epe iei ean P EARS
105. Les dix lépreux. COCO) «ἰδία ΡΝ MIRE
106. Il préche au temple : ses ennemis di-
visés. οὗτος perna. 7 11-53
107. Il revient au temple. Femme adultére. | ..... soc | SEE
£08. [| affirme:sa divinité 07 |] UNIES e ci. ו Me EE 8 12-50
109. Guérison de l'aveugle ué. PITT, ER On essere 9. 1-41
410. Bon pasteur. Spese iege niteat hy ddr me δ 10 1
111. Mission des 72 disciples et retour. 2 שק | «ge mu ae M
112. N. S. rend grâces à son Père. || 25-30 | τ c I dLOT- OE
140. .]הסימה מ ^ | 1] "'".. Dress Ἢ 3ouced sa PU DOC:
114. Jésus chez Marthe et Marie. — [| ..... en ne tlL0,38-42
115. Maniére de prier : persévérance. סיב DICO] S ee roD Edna?
116. .א S. chez un pharisien : Ve/ | ..... pete lo dd. dz 4
117. Exhortation : Riche qui a fait une bonne
récolte. egentes mede TEASE
118. Pénitence, figuier stérile; parabole. — | ..... ἘΠΕ 2h el AO RAR
119. Porte étroite. Piège d'Hérode. 2331-99 | . : Ten
120. Notre Seigneur chez un pharisien un jour {ll
de Sabbat. 10 37-42 | ..... | 14. 4-35
191. Féte de la dédicace. .. | ל
122. L'économe infidèle. «99. 9 Le co ee e PRG
123. Le mauvais riche, ! es s ois | ...:.|
124. Avénement du règne de Dieu. capes ו |
125. Prière; veuve; pharisien et publicain. eed... | 18 17-14
126. Mariage et célibat. 19 1-12 | 10 1-12 | 16 8
197. .א S. hénit des enfants. 19 13-15 | 10 13-16 | 18 15-17
128. Jeune homme bon, mais riche, 19 16-26 | 10 17-27 | 18 13-21
JÉSUS-CHRIST SELON L'ÉVANGILE. 8029
S. Matth. S. Marc. S. Luc. S. Jean.
199. Récompense assurée aux apótres. 19 27-30 | 10 28-31 | 18 28-30
130. Ouvriers de la vigne 20 1-16 .
131. Maladie et résurrection de Lazare. elec eel +... ..3Π} 0, 6d 6520s 58
TROISIÈME PARTIE
Derniers jours du Sauveur : Sa vie souíírante et glorteuse
(An 33, mars-avril.)
49 PRÉLUDES
132. Mauvais desseins des Juifs. . 66} . ..9}9 10} 8.45. 9290910 46460156
133. Jésus annonce sa passion. 20 17-19 | 10 32 18 31-34
134. Demande des fils de Zébédée. 20 20-28 | 10 35-45
135. Aveugles de Jericho. 20 29-34 | 10 46-53 | 18 35-43
136. Zachée. .|.h lub 1187204 20 0
1987. Parabole dé» fides. | | . . . delle. כ C0 MM S 2T
138. Jésus chez Lazare à Béthanie. — — | ..... 14 3 Quas? , Manto
139. Repas chez Simon. 26 6-13| 15 3-9 4
140. SEMAINE ΒΑΙΝΤΕ. Dimanche. Entrée à
Jérusalem. 21 1-11 | 11 1-11 | 19 29-14 | 12 12-19
141. Retour à Béthanie. 21 11 1413
142. Lundi. Jésus rentre à Jérusalem. Fi-
guier maudit. 41 11-19 | 11 12-14
143. I chasse les vendeurs du temple. 21 12-16 | 11 15-18 | 19 45-48
15%. Reto à Béthanie, | . . . - . 1... 4..}..... 14 19
1435. Mardi. Figuier desséché. 21 20-22 | 11 20-26
146. « Par quelle autorité ? » 21 23-21| 11 21-33 | 20 1-8
147. Les deux fils. 21 28-32
148. Les locataires de là vigne. 21 33-46 | 12 1-12 | 20 9-19
149. Les invités aux noces. 21 1-14
150. Les hérodiens et l'impót. 22 15-22 | 12 13-11 | 20 20-26
151. Les sadducéens et la résurrection, 22 23-33 | 12 18-21 | 20 21-40
152. Le grand commandement. 22 34-40 | 12 98-34
153. Le Christ, Fils et Seigneur. 22 41-46 | 12 35-31 | 20 41-44
154. Sur les scribes et les pharisiens. 29 1-39 | 12 38-40 | 20 45-41
155. La veuve etsesdeux deniers. . —.. . | . . . .. 12 41-44 | 21 1-4
156. Prophétie sur Jérusalem. 24 1-51|13 1-37] 21 5-28
157. Parabole des dix vierges, 25 1-13
158. Parabole des talents. 25 14-30
159. Le jugement dernier. . 20 31-46
160. Des Gentils veulent voir Jésus. «οἱ sl.23hlnade D 250 42494 ָ 2690-36
161. Réflexion de saint Jean. כ ל | 1236-50
169. Jésus prédit sa mort prochaine. 26 1-2
163. Mercredi. Conspiration contre Jésus. | 26 3-5 | 14 1- 2|22 1-2
164. Judas s'engage à livrer son maitre. 26 14-16 | 14 10-11 | 22 6
Quatrième Pâque.
165. Jeudi. Cène légale. 26 17-20 | 14 17-25 | 22 14-18
166. Le Sauveur lave les pieds des apôtres sd... | .. 6, 0
167. Institution de l'Eucharistie. 26 26-28 | 14 22-24 | 22 19-20
168. Quel sera le traitre? 26 21-25 | 44 18-21 | 99 21-23 | 13 21-22
169. Notre Seigneur l'indique à Pierre. |... .. ss. | 371019 | 0
170. Prétention et débat des apôtres, solos | ..... 8
171. Commandement nouveau. “οἷο se | oce caps 1! 5
2020 CONCORDE DES ÉVANGILES.
S. Matth. S. Marc. S. Luc. S. Jean.
472. Fuite des apótres et reniement de Pierre
. prédits. 26 31-35 | 14 21-31 | 99 81-33 8
173. Discours aprés la Céne. οἷο non . Miete 8b a10129712221-19| Sf 60
474. Prière solennelle du Sauveur. efe tene) | epie lex leti] ete eme mE
$* PASSION
175. Jardin des Oliviers. 26 36 14 32 22 39-40 18 1
176. Prière et agonie du Sauveur. 26 31-46 | 1# 32-42 | 22 41-46
177. Arrestation du Sauveur. 20 41-56 | 14 33-52 | 22 41-53 18 2-12
418. Il est conduit devant Anne. א CN 1 = er USE La 18 13-14
179. Et aussitót aprés, devant Caiphe. 20 51-58 | 14 53-54 | 92 54 {δ 15-16
480. Ibest interrogé et souffleté., . { . . . ||... een 2. [718 19-93
481. Faux témoins. 20 60-62 | 14 55-61
182. 1] se dit fils de Dieu et est condamné. | 26 63-63 | 14-61-65
183. Reniement et repentir de S. Pierre. 26 69-15 | 14 66-72 | 22 55-62 | 18 95-21
184. Outrages faits au Sauveur durant la
nnt, ΠΡ ORI s ER tes dede cq asl Meg eds 22 63-65
485. Vendredi. Sanhédrin. 21 1 15.4 22 66-11
186. Jésus amené à Pilate, 94 9 15 1 23.4 18 98
187. Mort de Judas. 21 3-10
188. Jésus devant Pilate. 2111-14 | 15 2-5 |23 2-5.|48 29-38
189. Jésus devant Hérode; — b || | —— {ὺ MAJ. sse d mers 23 6-12
190. Barabbas préféré à Jésus. 27 15-26 | 15. 6-15 | 23 13-25 | ₪8 0
191. Flagellation et couronnement d'épines. | 27 26-31 | 15 15-20 | . «ὦν 19 3
492. Ecce homo; - δὶ 0t | gr-zt 11 T 91-5/ ב «i5. δ. ἡ πον eal 8
193. Nouvel interrogatoire de Pilate.. | 22 | inst Ki $0019
194. Condamnation du Sauveur. 27 26 15 15 23.23 19 13-16
195. Simon de Cyrene. 21 32 15 21 23 25
356. Saintes femmes. | — | ל Ie... ... | PAS ΔΙ τῆ
197. Cracifiement. 21 32-38 | 15 22-38 | 23 33 19 17-24
198. La mére de Jésus. bbs |] 000 19 25-21
199. Insultes au Sauveur. 27 39-44 | 15 29-32 | 23 25-39
200. Le bon larron. LE e «ss | 23: 40-43
201. Dernier soupir du Sauveur. 21 50 15 37 23 46 19 28-30
202. Ténèbres et autres prodiges, 27 45-53 | 19 33-38 | 23 44-45
903. Centurion et autres spectateurs. 27 54-56 | 19 39-41 | 23 41-49
904. Le.côté ouvert: 19 | 3-12 CET 2l. LC | « ESOS 850 «5« 1o |]
205. Sépulture. 27 51-61 | 15 49-47 | 23 50-55 | 19. 38-42
206. Garde du Sépulcre. 27 62-66
207. Les saintes femmes achètent des aro-
mates. EEG ee ere ein
208. Samedi. Repos; achats d'aromates le
EU n ων. PAL κὸν ΡΥ AEST SENE 16 4
8. GLORIFICATION
209. Dimanche. Résurrection. Saintes femmes
au tombeau. 28 1-2 |16 2-4 | 24 1-2 [20 1
910. Apparition d'anges. 28 9-1 |16 5-1 |94 4-8
211. Pierre et Jean au sépulere. ו 24 19 20 3-10
219. Jésus apparait à Madeleine. —. —. | ..... 46 9-19. |; οὐ 6. 1520:431-18
213. Il apparait aux saintes femmes. 28 8-10
214. Les gardes et les princes des prétres. | 28 11-15
215.08pparttjoa à Pierre, | 2. : . eleven .....| 24 35
216. Apparition d'Emmaüs. ele 16 12-13 | 24 13-35
917. Apparition aux dix apôtres. Seres oss A 9% 36-43 1 20 19-23
JÉSUS-CHRIST SELON L'ÉVANGILE. 3)31
S. Matth. S. Marc. S. Luc. S. Jean.
ARMAR. ἀμ o otim
. Apparition à Thomas et aux dix autres. | ..... | ..... | . .... | 9
. Apparition du lac de Tibériade. ה | .....| 21 4
. Apparition sur une montagne de Ga-
lilée. 28 16-20
. Apparition à Jérusalem; dernières pa-
roles de Jésus. e. | 16 14-18 | 24 44-50
. Ascension. .....| 69 24 51-53
. Travaux des apôtres. ..... | 16 20
ΜῊΝ 20 30-31
. Epilogue. ... ..... -
(L. Bacug.)
CITATIONS PAR ORDRE ALPHABETIQUE
DES TEXTES DE LA BIBLE QUI ÉTABLISSENT LE DOGME CATHOLIQUE
CONTRE LES ERREURS DES PROTESTANTS
ABsoLuTION. Le pouvoir de donner l'absolution promis et accordé aux pasteurs de
l'Église : Matth., xvr, 19; xvii, 18. Jean, xs, 22, 23.
ANGES. Nous sommes confiés à leurs soins : Matth., xvi, 10. Hébr., 1, 14; voy,
aussi : Exod., xxii, 20, 21. Ps. xc, 11, 12, elc. ; ils offrent nos prières : Apoc., VII,
3, 4; ils prient pour nous: Zachar., 1,19; nous sommes en communion avec eux :
Ilébr., xu, 22; ils ont été honorés par les serviteurs de Dieu : Josué, v, 13 à 16,
et invoqués : Genése, נוא 15, 16. Osee, xu, 4. Apoc., 1, 4.
BaperEMF. ll est prescrit par le Christ : Malth., xxvi, 19; nécessaire au salut :
Jean, 11, 5; administré par les apôtres avec de l'eau : Actes, viu, 36, 38; x, 47,
48; de plus, Éphés., v, 26. Hébr., x, 22. I Pierre, ut, 20, 21. — Pour le baptême des
enfants : Luc, xvi, 16, comparé avec Jean, 111, 5.
BIENHEUREUSE VIERGE MARIE. Voy. VIERGE MARIE (LA BIENHEUREUSE).
BoNNES ŒUVRES. Voy. OEUVRES (BONNES).
CHEFS OU GOUVERNEURS DE L'ÉGLISE ET LEUR AUTORITÉ : Deuléron., xvit, 8, 9, etc.
Matth., xvi, 17, 18; מונצצא 18, 19, 20. Luc, x, 16. Jean, xiv, 16, 17, 26; xvi, 13;
xx, 21, etc. Ephés., 1v, 11, 12, etc. Hébreux, xui, 7, 17. 1 Jean, iv, 6.
CnnisT (LE). Il est le Fils unique de Dieu, le vrai Fils de Dieu par nature, le seul en-
gendré de Dieu : Matth., xvi, 16. Jean, 1, 14; ut, 16, 18. Rom., vin. 32; 1 Jean,
ιν, 9; — le méme Dieu que son Pére et égal à lui : Jean, v, 18, 19, 23; x, 30;
XIV. 9, etc.; מטא 14, 15; xvi, 10; Philipp., x, 9. 6: vrai Dieu. : Jean; n MS XX,
28, 29. Actes, xx, 25. Rom., 1x, 5. Tite, it, 13. I Jean, וז 16; v, 20; de plus : Isaie,
IX, 6; xxxv, 4, 5. Matth., 1, 23. Luc, 1, 16, 17. Hébr., 1, 8; — il est le Créateur de
toutes choses : Jean, t, 3, 10, 11. Coloss., 1, 5, 16, 17. Hébr., t, 2, 10, 41, 12; in, 4; le
Seigneur de la gloire : 1 Corinth., τι, 8; le Roi des rois et Seigneur des seigneurs:
Apocal., xvii, 14; xis, 16 : le premier et le dernier, l'alpha et l'oméga, le commen-
cement et la fin, le Tout-Puissant : Apocal., 1, 8, 17, 18; m, 8; xxi, 12, 13; Il est
mort pour tous : Jean, ut, 13, 17. Rom., v, 18. II Corinth., v, 14, 15. 1 Timoth., 11,
3, 4, 5, 6; Hébr., τι, 9. I Jean, τι, 1, 2; méme pour les réprouvés : Rom., xiv, 15.
I Corinth., vin, 11. II Pierre, τι, 1.
COMMUNION SOUS UNE SEULE ESPÈCE. Elle est suffisante pour le salut : Jean, vi, 51,
92, 58, 59; le corps et le sang de Jésus-Christ sont maintenant inséparables : Ro-
mains, vi, 9; mention d'une espéce seulement : Luc, xxiv, 30, 31. Actes, 1t, 42,
46; xx, 7. I Corinth., x, 17.
CoNCILES DE L'ÉGLISE (LES) assemblés au nom du Christ sont assistés par le Christ :
Matth., xxvi, 20, et par le Saint-Esprit: Actes, xv, 28; leurs décrets doivent être
soigneusement observés par les fidèles : Actes, xv, 41; xvi, 4; voy. CHEFS ou
GOUTERNEURS DE L'ÉGLISE.
Conression DES PÉCHÉS : Nombr., v, 6, 7; Malth., 11, 6. Actes, xix, 18. Jacques, v,
16; l'obligation de la confession est une conséquence du pouvoir judiciaire de
2033
CITATIONS PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE.
lier et de délier, de retenir les péchés, donné aux pasteurs de l'Église du Christ ;
Matth., xvur, 18. Jean, xx, 22, 23.
CONFIRMATION. Elle a été administrée par les apôtres : Actes, viu, 15, 17; xix, 6;
voy. aussi II Corinth., 1, 21, 22. Hébreux, νι, 2.
COoNTINENCE. Elle est possible : Matth., xix, 11, 12; le vœu qu'on en fait engage :
Deutéron., xxii, 21; la violation du vœu est condamnable.; 1 Timoth., v, 12; la
pratique en est recommandée : I Corinth., vit, 8, 27, 37, 40; pour des motifs qui
regzardent particulièrement le clergé : vers. 32, 33, 35.
ÉCRITURE SAINTE. Elle est difficile à comprendre, et beaucoup en corrompent le
sens pour leur propre perte : M Pierre, πι, 16; elle ne doit pas s'expliquer par une
interprétation particulière : Il Pierre, τ, 90; elle est corrompue par les héré-
tiques : Malth., xix, 11. I Corinth., vi, 9; 1x, 5; xr, 27. Galat., v, 17. Hébreux,
XH 2l.
ÉcusE (v') DE Jésus-Curisr. Elle subsistera à jamais : Malth., xvi, 18; xxvi, 2).
Jean, xiv, 46; 17.. 08. κυνε 9; nxsr, 9, 7; rxxxvil, 9, 4, 29, 36, 37; צאצ0 13,
14. Isaie, 1X; 7; 11v, 9, 10; rix, 20, 215 1x, 15, 18, etc.; Ext, 6. Jérém., xxxr. 35,
36; xxxi, 17, etc. Éxéch., xxxvir, 21, 26. Daniel, 1t, 44; l'Église est Le royaume
du Christ, : Luc, 1, 33. Daniel, w, 44; 76 cité du grand Roi : Ps. xLviIr, 2: son
repos et son, habitation ἃ jamais : Ps. oxxxt, 13, 14 ; la maison du Dieu vivant :
I Timoth., ut, 15; le bercail, dont le Christ est le berger : Jean, x, 16; le corps
dont le Christ est chef : Coloss., 1, 18: Ephés., v, 23; l'épouse dont il est l'époux :
Éphés., v, 31, 32; toujours soumise à lui : v, 24; toujours aimée. et chérie. de
lui : v, 25, 29: et unie à lui d'une union indissoluble : v, 31, 32 ; l'Église est.la
colonne et le fondement (ou. le puissant appui) de la vérité : Y Timoth., ur, 15; le
pacte de Dieu avec elle est un pacte, éternel de paix : Exéch., xxxvu, 96;
pacte confirmé par un serment solennel, immuable comme celui fait avec Noé :
Isaie, iv, 9; comme celui fait avec le jour et avec la nuit pour toutes les géné-
rations : Jérém., xxxin, 20, ?1: Dieu sera son éternelle lumière : Isaie, Lx, 18,
19; tous ceux qui se réuniront contre elle tomberont; et la nation qui ne voudra
pas la servir” périra : Isaie, vx, 12, 15, 17; — l'Église est toujours une : Cantiq.,
vi, 8, Jean, x, 16. Éphés., 1v, 4, 5; toujours visible : Isaie, τι, 2, 3. Michée, 1v, 1, 2.
Matth., v, 14; elle s'étend partout et enseigne un grand nombre de nations:
Ps. 11, 8; xxr, 28. Isaie, ,אהזא 6; Liv, 1, 3: Daniel, n, 35, 44. Malach., 1, 11, etc. ;
— l'Église est infaillible en matière de foi : c'est une conséquence des pro-
messes divines qui lui ont été faites : voy. en particulier : Matth, xvr, 18;
xvni, 19, 20. Jean, xiv, 16, 17, 26; xvi, 18. 1 Timoth., ni, 14, 19. 150/06, xxxv, 8;
Liv, 9, 10; ,או 19, 20, 21, etc.
EsPRIT-SAINT. Voy. SAINT-ESPRIT (LE).
ÉTERNITÉ DES PEINES DE L'ENFER : Ma'/fh., ni, 12; xxv, 41, 46. Marc., 1x, 42 à 47.
Luc., nr, 17. Il Thessal., 1, 7, 9. Jude, 6, "i. Apocal., xiv, 10, 11; xx, 10 ,, voy; aussi
Isaie, XXXIH, 14.
EUCHARISTIE. Le présence réelle du corps et du sang de Jésus-Chrst, et la £rans-
substantiation prouvées par : Matth., xxvt, 26 à 28. Marc, xiv, 22, 24. Luc, ,אא
Jean, v1, 51,52, etc. I Corinth., x, 16; ,זא 23 à 29.
ÉVÈQUES. Voy. CHEFS DE L'ÉGLISE.
EXTREME-ONCTION : Jacques, v, 14, 13.
FEMMES. Elles ne doivent ni précher ni enseigner : I Corinth., xiv, 34, 35. 1 Ti-
moth., 11, 2 à 12.
For. La vraie foi est nécessaire au salut : Marc, xvi, 16 ; Actes, tr, 47; vv, 19 ; Hébreux,
xr, 6; — la foi sans les bonnes œuvres est une foi morte : Jacques, 11, 44, 17,
20, etc., la foi seule ne justifie pas : vers. 24, mais la foi agissant par la charité <
Galat., v, 6; la foi n'implique pas l'assurance absolue de l'état de gráce, et beau-
coup moins encore du salut éternel: Rom., xi, 20, 22. I Corinth., 1x, 27; x, 12.
Philipp., ,זו 12. Apocal., ut, 11.
3031 CITATIONS PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE.
GOUVERNEURS DE L'ÉGLISE. Voy. CHEFS DE L'ÉGLISE.
IMAGES recommandées par Dieu : Exode, xxv, 18, etc. Nombres, xxi, 8, 9, et placees
des deux côtés du propitiatoire, dans le sanctuaire : Exode, xxxvi, 7; et dans
le temple de Salomon : II Paralip., n1, 10, 11. IIl Rois, vi, 23, 32, 35; et cela par
une ordonnance divine : I Paralip., xxvii, 18; honneur relatif aux images du
Christ et des saints autorisé : Hébreux, ΧΙ, 21; voy. aussi: 11 Rois, vi, 12 à 15.
II Paralip., v, 2, etc. Ps. xcvi, 5. Philipp., τι, 10.
INDULGENCES. Le pouvoir de les accorder : Malth., xvi, 18, 19; l'usage de ce peuvoir:
1 Corinth., u, 6 à 8, 10.
INTERCESSION DES SAINTS. VOy. SAINTS.
JÉSUS-CHRIST. Voy. CHRIST (LE).
JEUNE. Il est recommandé dans l'Écriture : Joël, 1 12; pratiqué par les serviteurs
de Dieu : I Esdras, vii, 23. 1] Esdras, 1, 4. Daniel, x, 9,3, 1, 12, etc.; il porte Dieu
à la miséricorde : Jonas, 111, 5, etc.; il est d'une grande efficacité contre ledémon:
Marc, 1x, 28; il doit être observé par tous les enfants de Jésus-Christ : Matthieu,
IX, 19. Marc, 11, 20. Luc, v, 35; voy. encore : Actes, xii, 35 xiv, 22. Il Corinth., NI,
5, ΧΙ, 27; jeûne du Christ de quarante jours : Matth., 1v, .ל
LIBRE ARBITRE : 000056, 1V, T. Deutéron., xxx, 19. Ecclésiastique, xv, 14; il résiste sou-
vent à la grâce de Dieu : Proverb., 1, 24, etc. Isaie, v, 4. Éxéch., xvi, 23, 31,32;
xxxii, 11. Mat£h., xxut, 37. Luc., xut, 34. Actes, vu, 51. Hébreux, xi, 15. II Pierre,
ur, 9. Apocal., Xx, 4.
MARIAGE, sacrement représentant l'union indissoluble de Jésus-Christ et de l'Eglise:
Éphésiens. v, 32; voy. aussi I Thessalon., 1v, 3 ἃ 5; le mariage ne doit être dissous
que par la mort : Genèse, τι, 24. Matth., xix, 6. Marc, x, 11, 12. Luc, xvi, 18.
Romains, vit, 2, 3. I Corinth., vu, 10, 11, 39.
MESSE. Le sacrifice de la messe figuré d'avance : Genèse, xiv, 18; prédit : Malachie,
1, 10 11; institué et célébré par Jésus-Christ lui-même : Luc, xxi, 19, 20; attesté :
1 Corinth., x, 16, 18, 21. Hébreux, xut, 10; voy. EUCHARISTIE, etc.
OEUVRES (BONNES). Les bonnes œuvres sont méritoires: Genése, 1v, 7; xxm, 16 à 18.
Ps. xvu, 21, 23, 24; xvm, 8, 11. Mat(h., v, 11, 19; x, 42; xvi, 27. I Corinth., 111, 8.
VW Timoth., 1v, 8.
ORDRES (LES SAINTS). Ils ont été institués par Jésus-Christ : Luc, Xxit, 19. Jean, xx,
22, 23; conférés par l'imposition des mains : Actes, vi, 65 xii, 3; XIV, 22; ils
donnent la grâce : I Timoth., tv, 14. II Timoth., 1, 6.
PAPE οὐ ÉVÉQUE, chef des autres évêques; saint Pierre fut élevé à cette dignité par
l'ordonnance de Jésus-Christ : Matth., xvi, 18, 19. Luc, xxit, 31, 32. Jean, xxi, 15,
16, 17, etc.; voy. aussi : Matth., x, 2. Actes, v, 29. Galat., τι, Ἴ, 8.
PÉCHÉ ORIGINEL : Job, χιν, 4. Ps. L, 7. Romains, v, 12, 15, 19. 1 Corinth., xv, 21, 22.
Éphésiens, τι, 3.
PÉNITENCE, sacrement, Voy. ABSOLUTION, CONFESSION.
PRIÈRES POUR LES MORTS : II Machab., xi, 43, etc.
PURGATOIRE ou état moyen des âmes souffrant pour un temps en expiation de leurs
péchés; il est prouvé, par les textes nombreux de l'Écriture, qui afSrment que
Dieu rendra à chacun selon ses œuvres; de telle sorte que ceux qui meurent étant
coupables méme des moindres fautes, n'échappent pas au chátiment. Pour cela
voy. encore Matth., xu, 36. Apocal., xxi, 27; de méme que Malth., v, 25, 26. Luc,
xir, 58, 59. I Corinth., ur, 18 à 15. I Pierre, ,זז 20.
RELIQUES MIRACULEUSES : 1 Rois, π, 13, 14; xur, 21. Matth., 1x, 20, 91. Actes, xix,
M, 12.
SaiNTE-ÉCRITURE. VOy. ÉCRITURE SAINTE.
SAINT-ESPRIT (LE). Sa divinité : Actes, v, 3, 4; xxvir, 25, 26. I Corinth., 11, 10, 115
vi, 11, 19, 20; voy. aussi : Matth., xit, 31, 32. Actes, xi, 2; xx, 98, etc. Il Corinth.,
CITATIONS PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE. 3035
EP a
xin, 13; et la forme solennelle du baptême : Matthieu, xxvii, 19, 20; il procède
du Père et du Fils : Jean, xv, 26.
SaiNTS. Les saints qui ont quitté ce monde nous secourent par leurs prières : Luc,
XVI, 9. I Corinth., xiu, 8. Apocal., v, 8; nous sommes en communion avec eux :
Hébreux, xu, 22, 23; ils ont un pouvoir sur les nations: Apocal., it, 26, 27; v, 10;
ils connaissent ce qui se passe parmi nous : Luc, xv, 10. 1 Corinth., xut, 12.
| Jean, πὶ, 2; ils sont donc avec le Christ dans le ciel avant la résurrection gé-
nérale : 11 Corinth., v, 1, 6 à 8. Philipp., 1, 23, 24. Apocal.,1v, 4: vi, 95 vir, 9, 13, 14,
15, etc.; xiv, 1, 8, 4; xix, 1, 4, 6; xx, 4; pour leur invocation, il faut consulter
soit les textes cités au sujet des anges, soit ceux qui, en montrant le grand pou-
voir qu'ont auprès de Dieu les priéres-de.ses serviteurs, nous autorisent par là
méme à réclamer leurs prières. Pour cela voy. Exode, xxxit, 11, 14. I /iois, vit,
8 à 10. Job, xiu, 7, 8. Romains, xv, 30. Éphés., vi, 18, 19. I Thessalon., v, 25. Hé-
breux, xim, 18. Jacques, v, 16.
TRADITIONS APOSTOLIQUES : 1 Corinth., xt, 2. II Thessalon., τι, 5, 14; 11, 6. II Tàmoth.,
I, 13; r1, 2; ui, 14; voy. encore Deutéron., xxxi, % Ps. xix, 5, 7.
TRANSSUBSTANTIATION. Voy. EUCHARISTIE.
Triniré de personnes en Dieu : Ma£th., xxvii, 19. II Corinth., xut, 13. 1 Jexn, v, 7.
ViE&RGE MARIE (LA BIENHEUREUSE). Sa dignité : Luc, 1, 28, 42; toutes les générations
des vrais chrétiens lappelleront bienheureuse : Luc. r, 48; pour les droits
qu'elle a d'être vénérée et invoquée, voy. ce qui est dit au sujet des anges et
des saints.
INDEX ARCHÉOLOGIQUE,
HISTORIQUE
ET GÉOGRAPHIQUE .
DE L'ANCIEN ET DU NOUVEAU TESTAMENT (9
Exc P e a
A
ABANA, fleuve. IV Rois, v, 12.
ABARIM, montagne. Nombres, xxvit, 12;
Deut, xxxit, 49.
ABDÉMÉLECH, nom
XXX VIII, 1.
ABDÉNAGO. Étymologie et sens de ce
mot. Dan., 1, 7.
ABDON, ville inconnue. Josué, xxr, 30.
ABEILLES DE SAMSON. Juges, xiv, 8.
ABEL, fils d'Adam. Genèse, rtv, ל
ABEL (la grande), pierre 1 Rois, vr, 18.
ABELA, ville. Il Rois, xx Alt
ABELMAIM ou ABELA, ‘ville. IT Paralip.,
d'un esclave. Jér.,
XVI, 4.
ABELMAISON DE MAACHA, ville. IV Rois,
XV 20)
ABELMÉHULA, ville. Juges, vir, 23.
ABBLSATIM ou SETTIM campement des
Hébreux. Nombres, xxxmiir, 49.
ABJA, prêtre juif. Voir Zacharic.
ABIATHAR, grand prêtre. III Rois, tv, 4.
Marc, 11, 26.
ABIB, plus tard Nisan, un des mois du ca-
lendrier hébraique. Exode, XII, 2.
ABILÈNE, ABILA, pays, ville. Luc, 111, 1.
ABIME, enfer. Luc, VIII, 31.
ABIMÉLECH, roi de Gérare. Genèse, XXVI,
ABÍRON, descendant de Ruben. Nombres,
xvI, 1. Voir note sur Genèse, של 4.
ABIU, fils d'Aaron. Exode, xxiv,
ABOMINATION DE LA DESOLATION,
probablement une idole. Matth., xxiv,
15.
ABRAM, ABRAHAM. Étymologie de ces
noms Genèse, xvi, 5. Dieu d'Abraham.
Matth., xxu, 32. — Sein d'Abraham.
Luc, xvi, 32. — Être d'Abraham. Jean,
VIII, 58.
ABSINTHE en Palestine. Prov., v, 4.
ACACIAS (vallée des). Joël, rr, 18.
ACCARON, ville. Josué, χη, 3.
ACCHO, ville. Juges, 1, 31.
ACHAB, nom d'un faux prophète. Jér.,
8
ACHABOR, nom d'homme. Jér., xxvr, 22.
ACHAIE, province de la Grèce. Actes,
ו
ACHAIQUE, nom d'homme. 1 Cor., xvi,
15.
ACHAZIB, ville. Juges, 1, 31. 1
ACHILA (la. colline d'). I Rois, xxr, 19.
ACHOR, nom d'une vallée. Josué, vir, 24.
Osée, rr, 15.
ACHSA PH, localité inconnue. Josué, xr, 4.
ACRABATHANE, nom de lieu. 1 Mach.,
V0:
ACTES DES APOTRES. Voir
tion à ce livre.
Étymologie de ce nom. Genése, ו
l'introduc-
T.
ADAM, ville de la Pentapole. Osée, xr, 8.
ADAR, mois du calendrier hébraique.
| Esdr., vi. 13.
ADARSA, ville de la tribu d'Éphraim.
] Mach., VII, 40.
ADAZER. Voir Adarsa.
ADDUS, ville de la Palestine méridionale.
Ι Mach. SEXIIDMJ
DEN ER nom d'homme. II Rois, xxt,
ADIADA, ville de la Palestine méridionale.
I Mach., xir, 38.
ADOM, ville inconnue. Josué, rir, 16.
ADONAI, un des noms divins Exode, VI,
3.
ADOR, ville de la Palestine méridionale.
I Mach., xir, 20.
ADRAMÉLECH, faux dieu. IV Rois, xvu,
31.
ADRIATIQUE (mer). Actes, xxvi, 21.
ADRUMETTE, port de mer. Actes, מזטאא
2:
ADURAM, ADONIRAM, ville. III Rois, tv,
6 II Paralip., xt, 9
(1) Cet Index à pour but de faciliter la recherche des notes qui accompagnent la traduc-
tion de l'Ancien et du Nouveau Testament. A cet effet, il contient, par ordre alphabétique,
tous les noms d'bommes, de lieux et de choses auxquels ces notes se rattachent, et il
marque, à la suite de chaque mot, le passage du texle où ce mot est annoté.
INDEX ARCHÉOLOGIQUE.
1: ANETH, anis, plante. Matth., xx111, 23.
AFFRANCHIS, Actes, vi, 9.
AFRICUS, vent du 5.-0. Ez., xx, 46.
AFRIQUE (I), contrée d'Arabie. Nahum,
Itt, 9.
AGABUS, prophète. Actes, xr, 28.
AGARÉNIENS (les), tribu à l'est de Ga-
laad. Ps. xxxi, T.
AGNEAU PASCAL. Voir Päque.
AGRAFE D'OR, marque de
I Mach., x, 89.
AGRIPPA IL Actes, xxv, 13.
AHALAB, ville inconnue. Juges, 1, 31.
AHAVA, localité inconnue. 1 Esdr., viri, 15.
AHICAM, nom d'homme. Jér., xxvi, 24.
AIALON, ville. Josué, x, 12:
AIATH, ville de Palestine, Isaie, x, 28.
AIGLE, Ses meeurs. Job, xxxix, 30. Matth.,
XXIV. 28.
AILA ou ELATH, ville. IV Rois, xvi, 6.
AILATH, port. 11 Paralip.. vri, 1T.
AIN-REMMON, ville. Josué, xix, 1.
AION ou AHION, ville. IV Rois, xv, 29.
ALCIME, prétre juif. | Mach., vrr. 5.
ALEXANDRE, roi de Macédoine. 1 Mach , 1,
distinction,
1
ALEXANDRE, contemporain de ₪. Paul.
] Tim., 1, 20,
ALEXANDRE BALAS, roi de
I-Mach.,.x, ls;xI, 11,418;
ALEXANDRIE, ville. Actes, XxvII, 6.
ALEXANDRINS, juifs d'Alexandrie. Actes,
Ὁ מ
ALMON, ville inconnue. Josué, xxr, 18.
ALOES, bois aromatique, Ps. xuiv, 9.
ALUS, campement des Hébreux. Nombres,
XXGUI 10.
AMALEC, tribu au sud de la Palestine
Nombres, xim, 30; I Rois, xiv, 48.
AMAN, Esth., 111, 1.
AMANA, montagne. Cant., 1v, 8.
AMASIAS, prêtre idolàtre. Amos, vir, 10.
AMMAUS, nom de ville I Mach., ix, 50.
AMMON (les enfants d') Deut., 11, 19.
AMORRHÉENS (les), un des peuples du
pays de Chanaan. Genése, xv, 16.
AMPHIPOLIS, ville de Macédoine. Actes,
xvi, À.
AMPLIAT, nom. d'homme, Rom., xvi. 8.
AMULETTES, ornemenít. superstitieux.
Isaie, 111, 20.
ANA, ville inconnue. IV Rois, xvi, 34.
ANAB, ville. Josué, ,זא 21.
ANAMÉLECH, faux dieu. IV Rois, xvi, 31.
ANANIE, grand prêtre juif. Actes, xxii, 2.
ANANIE, époux de Saphire. Actes, v, 2.
ANATHOTH ou ANATOTH. ville de Pales-
tine. Josué, xxi, 18; II Rois, xxxiu, 21;
ΠῚ Rois, 1r, 26 ; Isaie, x, 30; Jér., 1, 1.
ANCIENS (les), chez les Égyptiens. Genèse,
IV, 1. — Chez les Hébreux Exode, rmi,
16. Les anciens du peuple. Matth., xvi,
21; Luc, vir, 3. — Anciens (tradition des).
Matth., xv, 2. — Anciens, prétres. Actes,
XV, 4; א 30; xx, 11.
ANDRONIQUE, gouverneur d'Antioche, II
Mach.. 1v. 31.
ANDRONIQUE, nom d'homme 1] Mach.,
'v, 99 ; Rom., xvi, 1.
Syrie.
3037
ANGÉ (les montagnes d'). Judith, ,זז 19,
ANIMAUX symboliques ‘Apoc., 1v, 6.
ANNE, grand prêtre. Luc, rir, 2.
ANNEAU ‘aux narines. Prov., xr, 99, —
Servant de sceau, Jér., xxtt, 24. — passé
dans le nez. Ez., xvi, 12.
ANNEAU D'OR. Jac., זז 2.
ANTIMOINE. Son usage en Orient. Jér,
IV, 30.
ANTIOCHE, capitale de la Syrie. ‘Actes,
X599.
ANTIOCHE de PISIDIE, ville de Phrygie.
Actes, xiu, 14.
ANTIOCHIDE, nom de femme. 1] Mach.,
Iv, 90.
ANTIOCHUS III LE GRAND. Son titre de
roi d'Asie. I Mach., vin, 6. — Sa mort.
II Mach., 1v, 1.
ANTIOCHUS IV EPIPHANE, roi de Syrie.
ו ve
ANTIOCHUS V EUPATOR, roi de Syrie.
I Mach.. vr. .ד
ANTIOCHUS VII SIDÈTES, roi de Syrie.
I Mach., xv, 1, 9, 27.
ANTIPAS, évêque Apoc., rm, 5.
ANTIPATER, nom d’homme. 1 Mach., זזצ
16.
ANTIPATRIDE, ville de Palestine. Actes,
XXII, 31.
APHARSATHACHÉENS (les). I. Esdr., 1v,
9.
APHARSÉENS (les). 1 Esdr , 1v, 9.
APHEZC, position inconnue. Josué, xir, 18.
APHEM, ville située dans la Palestine sep-
tentrionale Juges, r, 31.
APHEC, ville située dans la Palestine cen-
trale. 1 Rois, xxix. 1.
APHEC, ville située à l'est du lac de Tibé-
riade. 111 Rois, xx, 26.
APOCALYPSE. Voir Jean
APOLLO, nom d'homme. Rom., xvr, 10.
APOLLONIE, ville de Macédoine. Actes,
XVI, 1.
APOLLONIUS, gouverneur de la Cœlésyrie.
I Mach , x, 69.
APOLLONIUS, fils de "'harsée. I Mach.,
IN,
fils de Mnesthée. II Mach., ו
IMP.
APOLLONIUS, fils de Gennéus. II Mach ,
.2 וא
ARRLEODBANES, nom d'homme. II Mach.,
ses
APOLOGUE de JOATHAM Juges, 1x, 1.
APPIA, nom de femme. Philém., 9.
AQUEDUC du roi (LU). II Esdr., m, 14.
AQUILA, juif converti. Actes, xvii, 2.
AR, ville. Nombres, xxt, 15 ; Deut., 11, 9.
ARABES, Actes, 11, 11.
ARABIE. Sa position géographique. II Pa-
relie, IX, 14; 111 Rois, x, 15; Galat., 1,
ARACH, ville sur le bas Euphrate. Genèse,
x0.
ARAD, ville. Nombres, xxr, 1.
ARAD, ile sur les côtes de Phénicie. Ez.,
xxvn, 8.
9038
ARADA, campement des Hébreux. Nom-
bres, ,]אא 24.
ARADE ou ARADON, ile près des côtes de
Syrie. I Mach., xv, 23.
ARAM, pays à l'ouest de l'Euphrate. Nom-
bres, xxi, 7.
ARAPHA (la race d', race de géants.
II Rois, xxr, 16, 22.
ARARAI ancienne Arménie. 15810, xXXVIII,
38.
ARATUS, poète grec. Actes, xvir, 28.
ARBATES, nom de lieu. 1 Mach., v, 23.
ARBÉE. Voir Hébron.
ARBRE (I) de la science du bien et du
mal. Genèse, 11, 17.
ARC (chant de lI). II Rois, 1, 18. 27.
ARC-EN-CIEL. Voir note 7, p. 2982.
ARCHE D'ALLIANCE Voir note 11, p. 2986.
ARCHELAUS Matth., 11, 22.
ARCHIPPE, diacre. Coloss., 1v, 17; Phi-
lém , 2.
ARCTURUS, la grande ourse. Job, 1x, 9;
Amos, v, 8.
ARÉTAS, roi arabe. II Mach., v, 8;
ΠΡ ΟΡ". πὶ. 99:
ARÉUNA, son aire sur le mont Moriah.
II Rois, xxiv, 16.
ARGENT, richesse,
Voir Mammon.
ARGOB, la Trachonitide. Deut., 111, 4.
ARGOB, nom d'homme. IV Rois, xv, 25.
ARIÉ, nom d'homme. IV Rois, xv, 33.
ARIEL, nom symbolique de Jérusalem.
Isaie, XXIX, 1.
ARIMATHIE, ville de Palestine. Matth.,
XXVII, 51.
ARIOCH, nom d'homme. Dan., 11, 14.
ARISTARQUE, nom d'homme. Actes, xIx,
99.
ARISTOBULE, précepteur de Ptolémée VI.
I Mach., r, 10.
ARISTOBULE, nom d'homme. Rom., xvi,
dieu des richesses.
ARMAGÉDON, montagne. Apoc., XVI, 16.
AMEN (montagnes de l'). Genèse, vit,
ARNON, rivière. Nombres, xxt, 13 ; Deut ,
I, 24; 111, 8; Josué. xm, 1; Juges, xI,
13; Isaie, xvi, 2; Jér., זא vim, 20.
AROER, ville située sur l'Arnon. Nombres,
xxxn, 34; Deut., 11, 36; Josué, xn, 2;
xut, 9; Juges, 5 26; IV Rois, x, 33;
1 Paralip., v, 9; Jér., "XL vir, 49. Aroer
(les cités d). Isaie, xvit. 2.
AROER, ville de Juda. I Rois, XXX US.
AROER, ville de Gad. Juges, xr, 33; II
Rois, xxiv, 5.
ARPHAD, ville. IV Rois, xvir, 34; Isaie,
xe
ARPHAXAD.
Judith.
ARSACES, Mithridate Ier, roi des Parthes.
I Mach., xiv, 2, 3.
ARTAXERXES ler, Longuemain. I Esdr.,
Voir introduction au livre de
ARTANERNES LE GRAND. Esth., xir, 2.
ARTÉMAS, RAN Tite, ru, 12.
AS, monnaie. Matth., v, 26; Marc., xit, 42.
ATHEN RLUPR nom d'homme.
INDEX ARCHÉOLOGIQUE.
ASAN, lieu inconnu. 1 Rois, Xxx, 30.
ASARAMEL, localité inconnue. I Mach.,
XIV, 21.
ASARHADDON, roi d'Assyrie. IV Rois,
XIX, 31.
ASASON- THAMAR, ou Engaddi, ville. Ge-
nèse, ,טזא 1; IL Paralip., xx. 2.
ASCALON, ville. Jüges; "D 18S XLV T1
II Bois, 1, 20.
ASCHÉRA, fausse divinité. IV Rois, xxi,
1; Isaie, xvir, 8.
ASÉDOTH, Josué, XII, 3.
ASÉMONA, ville. Nombres,
Josué, xv, 4.
ASÉNAPHAR, nom d'homme. Esdr., 1v, 10.
ASIARQUE. Actes, XIX
ASIE PROCONSULAIRE Actes, 1 9.
ASIMA, faux dieu. IV Rois, xvir, 30.
ASIONGABER, campement des Hébreux.
Nombres, xxx, 35. — Port de mer.
III Rois, 1x. 20 ; ,זזאא 49.
ASMODÉE. démon. Tob. MIT:
ASMONÉENS, surnom des
I Mach., 11, 1.
ASOR, ville. Josué, xr, 1;
Iv Rois, xv, 29.
ASOR-HADDAN, roi de "Ninive. I Esdr.,
TV. τὰ
ASOR, contrée de l'Arabie. Jér., XLIx,. 28.
ASPIC, serpent Ps xc, 13; Isaie, xr, 8.
ASSIDÉENS, Juifs fidèles. ] Mach., Ir 49.
ASSON, port de Mysie. Actes, xx, 13;
ibid , xxvil, 13.
ASSUÉRUS, Xerxès 19 I Esdr, 1v. 6;
Esth., r, 1. Voir introduction au livre
d'Esther.
ASSUR. l'Assyrie. Nombres, xxiv, 22.
ADIT idoles d'Astarthé. Juges, 2
] Rois, ,אאא 10.
ASTAROTI! ville. Deut., 1, 4.
ASTAROTHCARNAIM, Ville. Genèse, xiv,
XXXIV, 4;
Machabées.
Juges, , Iv, 2;
ASSRCRITÉ nom d'homme. Rom., xvi,
14.
ATAD l'aire d"). Genèse, r, 10.
ATAROTH., ville Nombres xxxi, 3.
ATAROTHADDAR, ville. Josué, xvii, 13.
ATHACH., lieu inconnu. 1 Rois, xxx, 30.
ATHENES. Actes, xvir, 15.
I Mach.,
98.
ATHLÉTES. I Cor.. 1x, 25.
ATTALE II PHILADELPHE, roi de Cappa-
doce. I Mach., xv, 22.
AUGURES, espèce de devins. Isaie, 11, 6.
AUGUSTA (la cohorte). Actes, xxvir, 1.
AUTEL D'AIRAIN (1 Ez., ix, 2.
AUTRUCHE Son cri. Job, xxx, 29. — Ses
moeurs. 100. xxxix, 13-18.
AZAEL ou Hazaël, roi de Damas. Amos, 1,
4.
AZARIAS, pseudonyme de l'ange Raphaél.
Tob., v, 18.
AZAR!AS, nom d'homme. I Mach., v, 45.
AS:CHA, ville de Juda. I Rois, XVII, 1:
Jém xxx]
AZOR (la plaine d'), à l'ouest du lac Mé-
rom. I Mach., xr, 67.
INDEX ARCHÉOLOGIQUE.
AZOT, ville. Josué, xr, 22;
Actes, viii, 40.
AZYMES (les), fête. Matth,
I Rois, v, 1;
XXVI, 11.
B
BAAL, BAALIM, idoles. Juges, 11, 11; vi,
95 ; IV Rois, 11, 2; Rom.. ΧΙ, 4.
BAAL-HERMON., pic de l'Hermon. 1 Para-
lip; v.,28:
BAALBERTTH. I Juges, 1x, 4.
BAALHASOR, ville. II Rois, xir, 23.
DAALATH, ville. III Rois, 1x. 18.
BAALGAD, ou BAAL-HERMON, ville. Jo-
sué, XI, 17.
BAAL-PHARASIM, nom de lieu. II Rois,
v, 20.
BAALSALISA, nom de lieu, IV Rois, 1v,
43.
BAALTHAMAR, ville. Juges, xx, 33.
BABEL. Son emplacement. Genèse, ΧΙ, 9.
BABYLONE. IV Rois, xvit, 24. — Sa ruine.
Isaie, x, 20. — Tapis de Babylone.
13810, xiv, 11. — Son emplacement et
fertilité de ses terres. Jér., Li, 13, 25.
— Nom symbolique de Rome. I Pierre,
v, 13; Apoc , xiv, 8; XVII, 5.
BABYLONIE (la). Sa stérilité actuelle. Jér.,
L, 38.
BABYLONIENS (les). I Esdr., 1v, 9.
BACCHIDE, général syrien. I Mach., vit, 8.
BAHEN, objet offert en présent. I Mach.,
XII, 91.
BAHURIM, nom de lieu.
XVI, 5 ; xvi, 18.
BALA, ville moabite. Voir Ségor.
BALAAM, devin. Nombres, ,]אא 5.
BALAATH ou BAALATH, ville. Il Para-
lip., virt, 6.
BALDAD, un des amis de Job. Job, vri, 1.
BALISTES, machines de guerre. I Mach,
vi, 51.
BALTASSAR, nom chaldéen de Dauiel. —
Forme et sens de ce mot Dan., 1, 1.
BALTASSAR, fils de Nabonide. Dan., v, 1.
BAMOTH, montagne. Nombres, xx1, 19.
BANDELETTES dont on enveloppait les
morts. Jean, xt, 44.
BARABBAS, voleur. Matt., xxvir, 16.
BARACHIE, pére de Zacharie. Matth.,
XXIII, 35.
BARAD, ville. Genèse, xvi, 14.
BARASA, ville du Hauran. I Mach., v, 26.
BARBARES (les). Actes, xxvii, 1; Rom..
1, 14.
BARILS d'huile. Luc, xvr, 6.
BABJÉSU. Actes, ΧΠΙ, 6.
BARTHÉLEMY (saint), apôtre. Voir Natha-
naàl. n. Nom-
BASAN, pays à l'est du Jourdai
bres, xxI, 33.
BASCAMAN, ville de Galaad. I Mach.,
XIII, 23.
BASILIC, serpent. Ps. xc, 13; 15810, xr, 8;
xxx, 6.
BAT, mesure de capacité. 11| Rois, vil,
II Rois, nt, 16;
3030
BAUME de Judée. Sa réputation. Eccli.,
xxIv, 20.
BAUME de. Galaad. Ez., xxvii,
Résine.
BDELLIUM, gomme résineuse. Nombres,
XI, 1;
BÉAN, ville. 1 Mach., v, 4.
BÉATITUDES (montagne des), Matth., v,
1: Jean, vit, 10.
BEELPHEGOR, faux dieu. Nombres, xxv,
3: Deut., 1v, 3; Juges, vr, 95.
BEELSÉPHON, massif au POI ouest de la
mer Rouge. Exode, xiv, 2.
BÉELZÉBUB, faux dieu. IV Rois, r 2:
nom d'une idole des Philistins. Matth. ,
.א 251
BÉHÉMOTH,
19.
BEL ou BÉLUS, roi et divinité des Baby-
loniens 18810, xcvi, À.
BÉLIAL Deut., xi, 49: Rois, xxm, 5; II
Corinth., vi, 15. — Les fils de Bélial,
Juges, xix, 22; II Corinth , vi, 15.
Le démon. lI Cor., vt, 45.
WDR machine de guerre. I Mach.,
11. Voir
lhippopotame. Job, xr, 10-
BÉNAD AD, nom de plusieurs rois de Syrie.
168, xi1x, 271304 mó8:' 1. ₪
BÉNENNOM ou GÉENNOM, vallée au sud
de Jérusalem. II Paralip., טצא 3;
ΧΎΧΙ 6.
BEN-HINNOM (la vallée de) ou Géennom,
lieu de sacrifices humains. Tsaic, PNIS.
BEON ou BAALMEON, ville. Nombres,
AXXII, 2, 98.
BÉRA, ville. Juges, 1x, 21.
BERCAIL. Jean, x 51
BÉRÉE, ville de Macédoine. I Mach. 5
4 : Actes, טא 10.
BÉRÉNICE, femme d' Agrippa. Actes,
13.
BÉRODACH BALADAN,
IV Rois, xx, 12.
BÉROTH, ville.
ד VIII 8.
BERSABÉE, ville située au sud de la Pales-
tine. Genèse, XXI, 14; IV Rois, xx111, ὃ.
BÉSÉCATH, ville. IV Rois, xxi, 4.
BÉSÉLÉEL, constructeur de l'Arche d' 8
liance. Exode, xxvi, 1. Voir note 11,
la fin du volume.
BESOR, torrent. I Rois, xxx, 9.
BESRA, ville. Josué, xxt, 27. Voir Asta-
roth.
BETCHAR, nom de lieu. I Rois, vir, 11.
BETÉ ou THEBATH, ville. 11 'Rois, VIII,
8: I Paralip., מזוטצ 8,
BÉTE (la). Apoc , XI, 1
BETHACAREM, ville de Palestine. Jér.,
VENUS
BETHAMATH, ville inconnue Juges, 1, 33.
BÉTHANIE, village non loin de Jérusalem.
Matth , xxr, 11.
BÉT HANIE, localité sur les bords du Jour-
dain. Jean, 1, 98.
BETHARAN, ville. Nombres, xxxit, 36.
BETHAVEN, ville de Béthel. Osée, iv,
15; I Rois, ,זוא 5,
roi de Babylone.
Josué, 1x, 17; II Rois,
ΕΣ
3040
BETHBÉRA, localité située sur
dain. Juges, vir, 24.
BETHBESSEN, nom de ville. 1 Mach., ix,
le Jour-
62.
BÉTHEL, auparavant LUZA. Genèse, Xil,
8; Josué, vir 2; ΠῚ Rois, xvi. 44.
Sa position géographique. II Paralip.,
xi, 19. Jér., xrvin, 43.
BÉTHER, montagne. Cant., 11.
BETHGAUL, ville beso EC PE, XLVIHI,
ZR MAN
BETHLEEM. Ruth, 1, 43 Matth., 11, 4. —
(La citerne de). I Paralip., xi, 11.
BETHMAACHA, ville. ἢ Rois, xx, 14.
BETHMAON, ville moabite. Jér., xrvirt, 23.
BETHNEMRA ou NEMRA, ville. Nom-
bres, ΧΧΧΙΙ, 36.
BETHORON, ville. Josué, x, 10; I Rois,
xnr, 18; 11 Rois, n, 21. — Sa position
stratégique. 11 Paralip., vu, 5; 1 Mach.,
XVI, 24.
BETHPHAGÉ, village près de Béthanie.
Matth., xxi, 1.
BETHSAIDE, ville de Galilée, Matth., xt,
21.
bETHPHOGOR ou PHOGOR, ville. Deut.,
IV, 46.
BETHSAMES, ville. 16; IV
Rois, xiv, 11.
BETHSAN, la Scythopolis des Grecs. Jüges,
1. 2 1. 1 ΒΌϊ5., ΧΧΙ 10-11
Τ Mach , xu; 29.
BETHSETTA, ville. Juges, vir, 23.
BETHSIMOTH, campement des Hébreux.
Nombres, xxxHt, 4".
BETHSUR, ville. 11 Paralip., xr, 1.
BETHSURA, Bethsur, ville de la tribu de
Juda. I Mach., 1v, 61; 1[ Mach., xr, 65.
BÉTHULIE, ville. Judith, vi, 7.
BETHZACHARA, nom de lieu. I Mach.,
Josué, XXI,
v, 52;
Vati σῶς
BETHZÉCHA, nom de ville.I Mach., vit, 19.
BETSER, tranche de métal servant de
monnaie Job, xxit, 24.
BÉZEC, ville. Juges, TU
BÉZECH, nom de lieu. 1 Rois, xi, 8.
BÉZÉTHA, mont. ΠῚ Rois, v, 15.
BEURRE en Orient. Prov., xxx, 33.
BIBLIOTHÈQUE du roi. Antiquité et dé-
couverte. I Esdr., v, 11.
BICHE ou GAZELLE. "Prov., ד
BLANC, symbolisme de cette couleur. Isaié,
I..18. — Vêtements. Actes, x, 30.
BOEUF en Orient. Prov.. xxr, 31.
BOIS qui rendit potables les eaux de Ma-
rah. Exode, xv, 25.
BOIS odorants Apoc., xvi, 12.
BOIS sacré. Exode, xxxiv, 12 ; IV Rois,
XXI, 1. — Symboles idolátriques. 1| Pa-
ralip., XxxIII, 3.
BOISSEAU, mesure de capacité. Lévitique,
xix, 36; IV Rois, vr, 1 ; Matth., v, 15.
BONSPORTS, port de Crète. Actes, XXVII,
8007. colonne du temple. II Rois, vir, 91.
BORITH, plante. Jór., 11, 23.
BORNES d héritages Deut., XIX, 14,
BOSOR, ville de Galaad. Deut., 1v, 43.
INDEX ARCHÉOLOGIQUE.
BOSOR, ville inconnue de la tribu de Ru-
ben. Josué, xxr, 36.
BOSPHORE, pays inconnu. Abd., τ, 20.
BOSRA, ville de 11000166. Genèse, xxxv,
BIB Isaie, XXXIV, 6.
BOSRA, ville du Häuran. Jér., xrvir, 24.
00% représentant le démon. Son culte.
15810, xu, 91 ; xxxrv, 44.
BOUCLIERS d'or de Salomon. III Rois, x,
16.
BOUQUET de MYRRHE. Cant., 1, 19.
Su. mesure delongueur. Actes, XXVII,
2
BRIDE des chevaux. Zach., χιν, 90:
BRIQUE ‘molle. Son emploi, Exode, v, 7,
JO EZ ERU MC
BRUCHUS, chenille, Jér: |
BUB Le
XVI,
BUBASTE, ville de la Basse Égypte. Ez.,
Xxx, ir
BUL, nom d'un mois du calendrier hé-
braique. III Rois, vr, 38.
BULLE, ornement. 10508, vim, 24;
BUFFLE, bœuf sauvage Amos, νι, 10.
BYTHINIE, province. Actes, xvi; 1.
τὴ, 4.
espèce d'antilope. |. Paralip.,
C
CAA'TH. Sa postérité. 10506, xxr, 4
CAB, kab ou qab, mesure de capacité.
IV Rois, vr, 25.
CABANES de garde. Ps. Lxxvitr,
Tour,
CACHET ‘terre à). Job, ,זא אא 14.
CADES, ville-de Nephtali. I Mach.; xr, 63.
CADES, ville frontière de l'Idumée. Ge-
nèsC. xXx. 1 : — ou Cadesbarné, campe-
ment des Hébreux. Nombres. xx, 4.
CADRAN d Ezéchias. fsaïe, XXXVIII.
CADUMIM (le torrent de). Juges, v, 21.
CAIPHE, prince des prêtres. ? Ma. th., XXVI,
Yi; Jean, xr, 49.
CAIUS, nom d'homme: Rom., xvi, 23; I,
Cor; 1.114
CALANO, ville de Babylonie. 15810, x, 9.
CALEB. Ses possessions. I Rois, xxx, 14.
CALEB, fils d'Hur. I Paralip., 11, 50.
CALENDES juives. Nombres, זוא EUR
Í Rois, XX, 5; IV Rois. tv, 33/1!
CALLISTHÈNE, nom d'homme. I Mach.,
VIII, 33.
CAMON, nom delieu. Juges, x, 5.
GANA, Village de Gälilée. “Joan, 1t, 1.
CANATH. ville Nombres, xxx, ₪
CANDACE, reine d'Éthiopie. Actes, virt, 23.
CANNE. plante. Son usage. 1saie, וו 24,
CAPH 3RNAUM. Matth., 1v, 13.
CAPHARSALAMA, lieu inconnu. I Mach.,
vit, 31.
CAPHETÉTRA. partie de l'enceinte de Jé-
rusalem I Mach , 87:
CAPHIRA, ville. Josué, TX le
CAPPADOCE (la), pays de l'Asie Mineure.
Actes, τι, 9.
1. Voir
GAPPADOCIENS ou CAPHTORIM;- Deut.,
In, 24.
INDEX ARCHEOLOGIQUE. 2041
CARCAN, ornement de femme. Isaie, 111, 4.
CAREX, espèce de jonc. Job, vu, 11.
ו ville. Nombres, xxxn, 91.
Jér., xrvirr.,
CARIATH- ARBE,
CARÍATHIARIM, ville. Josué, 1x, 17 ; Ju-
es, XvIII, 12; Jér., xxvi. 20.
CARIATH-SÉPHER ou DABIR, ville. Ju-
ges, 1, 11; ; Josué, x: 198.
CARIE, province de l'Asie
aT Mach., xv, 23.
CARIOTH, ville moabite. Jér., xLvIII, 24,
4.
CARMEL, ville. I Rois, xv, 12. — Montagne.
III Rcis, xvii, 19 ; 11 Paralip., xxvi, 10.
CARNAIM ou CARNION, ville située à
l'est de la mer Morte. 1 ‘Mach. v, 26.
CAROUBIER, arbre. Luc, xv, 16.
CARPUS, nom d'homme. 11 Tim., 1v, 10,
CARTHA, ville inconnue. Josué, xxr, 34.
CARTHAN, ville inconnue. Josué, xxt, 32.
CASBON ou CASPHOR, ville du pays de
Galaad. | Mach , v, 26.
CASLEU, nom d'un mois dans le calen-
drier hébraïque. II Mach., r, 51.
CASPHIN, nom de ville. 1 Mach.,
CASSE, plante. Exode, xxx, 24.
CASTORS (les). Actes, xxvir, 41.
CAUDA, ile. Actes, xxvii, 16.
CAVERNES, lieux de refuge. 18816, 11, 10 ;
Jér., xrvim, 28 ; xLIX, 16.
CAVERNES des TROGLODYTES. Job, xxx,
ville. Josué, xiv, 15;
Mineure.
XIF, 13.
6.
CAVERNE DOUBLE, tombeau patriarcal.
Son emplacement. Genése, xxi, 9.
CÉDAR, nom de lieu. Ps cxix, 5. — Ré-
gion de l'Arabie déserte. Jér., xr1x, 28.
CÈDRE. III Rois, v, 6.
CÉDRON (le torrent de). Ii Rois, xv, 23;
III Rois, ,זז 31. — Vallée. Jean, xvi, 4.
CÉDES, ville. Juges, 1v, 6.
CEILA, ville. 1 Rois xxi, 1.
CEINDRE ses reins. Luc. xir, 35.
CEINTURE. Forme et usage de ce véte-
ment. Jér., xri, 1.
CELLIER chez les anciens. Cant., 1, 3.
CENACLE. Marc, xiv, 15.
CENCHRÉE, port de Corinthe. Actes, xvilI,
18; Rom , xvi, 1.
CENDÉBÉE, nom de ville. I Mach., xv, 38.
CENDRES chaudes (le supplice des), usité
chez les Perses. 11 Mach., xur, 5. — Cou-
tume de 165 répanûre. Lévitique, Iy, 12.
CENE (la) de N.-S. Jean, xiv, 4.
CÉNÉRETH (la mer de), le lac de Tibériade.
Nombres, xxxiv, 11 ; Deut , rit, 11. Voir
introduction au livre. de Josué.
CÉNÉROTH. ville. Josué, x1, 2.
CÉNI, pays des Cinéens. 1 Rois, xxvur, 10.
CENTURION. Matth.. vin, 5.
CÉPHAS, S. Pierre. Galates. 11, 9.
as instrument de supplice. Actes, XVI,
2 MR serpent à cornes. Genèse, xLIX,
CÉRÉTHIENS, tribu philistine. [ Rois, xxx,
14 ; IL. Rois, vii, 18.
CÉSAR (Auguste). Luc, τὰ, 1.
CÉSAR (Tibére). Matth., XXE LM TS
ni, 1.
CÉSAR (Néron). Actes, xXàv4/11.
CESARÉE de Philippe, ville de Palestine.
Matth., xvr, 13.
CÉSARÉE (Caesarea Augusta), ville de Pa-
lestine. Actes, xi. 90.
CÉSION, ville inconnue. Josué, xxi, 28.
CÉTHIM (la terre de), l'ile de Chypre. Isaie,
,ודצ 19 427; TMach:,1r, 1.
CHACAL. Son cri. Job, xxx, 29, — Cha-
c 5 de Samson. Juges, xv, 4.
CHALDÉENS (les), habiles astrologues.
15810, xLvi, 13.
CHAM (la terre de). Ps. σιν, 23.
CHAMAAM, nom d'homme. Jér. וד
CHAMOS, fausse divinité, Nombres, ἜΣΤΙ
29; Juges, xi, 24 ; ΠῚ Rois, x1, 7 ; Jér.,
XLVIU, T.
CHANAAN, fils de Cham. Genèse, 1x, 25.
— Terre de Chanaan. Voir description et
partage dans l'Introduction au livre de
Josué.
CHANANÉENS. Leur extermination. Voir
note 14, p. 2988.
CHANDELIERS D'OR. 111 Rois, vir, 49.
CHARACA, vile ou camp retranché.
II Mach., xu, 17.
CHARCA MIS, ville. II Paralip., xxxv, 20;
Isaie, x, 9.
CHARIOTS communs en Orient. I Rois,
VIRE
CHARMEURS de serpents. Jér., vum, 17.
CHARS de guerre. Josué, xr, 4.
CHASPHIA, localité inconnue. I Esdr.,
vit, 11.
CHAUSSURES. II Rois, x1, 8. — Voir San-
dales. /
CHÉBRON ou HÉBRON,
I Mach., v, 65.
CHEF de festin. Eccli., xxxInx, 1.
CHELMAD, nom de province. Ez., xxvil,
22:
CHENÉ, en Mésopotamie. Ez., xxvir, 23.
CHÉRÉAS, nom d'homme. II Mach., x, 32.
CHÉROGRYLLE, porc-épic. Lé vitique, XI,
Luc,
ville de Juda.
CHÉRUBINS. I Paralip., xxvi, 18.
CHEVAL en Orient. Prov., Seu Bla
CHÈVRE. Son lait. Prov., XXVII, 23.
CHEVREAU de l'hospitalité. I Rois, xvt,
20.
CHIEN chez les Hébreux. Eccli, xri, 22.
CHIEN, terme de mépris. Apoc., xxi, 15.
CHIEN- LOUP. Ps. rvin, 7.
CHIO, ile. Actes, xx, 15.
CHLOÉ, nom de femme. I Cor., 1, 11. i
CHOBAR, fleuve. Ez., 1, 4. |
CHODCHOD, matière brillante, Ez., טאאא |
CHODORLAOMOR, roi d'Elam. Genèse,
XIV, ἢ.
CHOBRRÉENS, peuplade des environs de
Pétra Genèse, xiv, 6.
CHRIST, le Messie. I Rois, זז 10.
CHRIST, le Roi. [ Rois, 11, 35.
CHUB, nom de peuple, Ez , xxx, 5.
191
3042
CHUSA, trésorier d'Hérode Antipas. Luc,
VIIT, 3.
CHUSAN-RASATHAIM, roi. Juges, rir, 8.
CHYPRE, ile de la Méditerranée. 1 Mach.,
X2.
CIBSAIM, ville inconnue. Josué, xxr, 22.
CILICE. Il Rois, xxr, 10.
CILICIE, province de l'Asie Mineure. Actes,
VI 97
CINÉENS, peuplade au sud-est de Chanaan.
Genèse, xv, 19; I Rois, xv, 6.
CINNAMOME, la cannelle. Eccli.; xxiv,
20.
CIRCONCISION, sens spirituel. Genèse,
X Vir, 40): LUC, 110215
UISON. torrent, Juges, 1v, 1.
ITÉ SAINTE (la). Apoc. j XI, p.
CITÉ (la grande) Apoc., xr. 8
CITERNES, leur forme. Genèse, XXXVII,
20.
CLAUDE, empereur romain. Actes, xr, 28.
CLAUDE Lysias Actes, xx111, 26.
CLAUDIE. nom de femme. 11 Tim., 1v, 21.
CLÉMENT (saint). Philip., 1v, as
CLÉOPATRE, reine de Syrie. I Mach., x,
δὴ.
CLEOPHAS, disciple de N.-S. Luc, xxiv,
18.
CNIDE, ville de la Carie. Actes, ,אא 1.
COA, ville ou région. 11] Rois, x, 28.
COCYTE, fleuve fabuleux. Job, xx, 33.
COELÉSYRIE, province de Syrie. 1 Mach,
ἘῸΝ
COEUR DE PIERRE. Ez., xr, 19.
COHORTE romaine. Matth., xxvi, 21;
Jean, xVII, 3, 12.
COLLIER d'or, décoration en usage à la
cour des Pharaons. Genèse. ΧΕΙ. 42.
COLOQUINTE, plante. IV Rois, 1v. 59.
COLOSSE. COLOSSIENS. Voir introduction
à l'Épitre aux Colossiens.
CONCUBINE. 11 Rois, πὶ, T.
CONSEIL, tribunal souverain.
DD Ex INO
COO, ile et ville de la Carie. I Mach., xv,
pa
CORBEAUX, oiseaux. Luc. xit, 24.
CORDEAU à mesurer. Michée, 11, 5.
COR descendant de Lévi. Nombres, XVI,
Matth , v,
CORIANDRE, plante. Exode, xvi, 31.
CORINTHE, ville grecque. Actes, XVIII. À.
CORINTHIENS. Voir Introduction aux Epi-
tres aux Corinthiens.
9 > (les dix) de la bête. Apoc , XVII,
COROZAIN, bourgade de Galilée. Matth.,
xI221*
COS, ile. Actes, xxr, 1.
COSMOGONIE mosaique. Voir note 1,
p. 39715.
COUDEE. mesure de longueur. Exode,
χαν. LOL
COUDÉE. III Rois, vi, 2.
COUPS de bastonnade. Deut., xxv, 2, 9.
COURONNE d'épines. Matth.. xxvrr, 29.
ΠΟΙ ner données en tributs. I Mach.
x2
INDEX ARCHÉOLOGIQUE.
COUSSINS. Er.,
ἘΠῚ 18.
CRESCENT, nom d'hommes. 11 Tim., iv,
Leur usage cn Orient.
10.
CRÉATION DU MONDE. Sa date. Voir
note 2, p. 2918.
CRÉATION DE L'HOMME. Sa date. Voir
note 3, p. 2918.
CRÈTE, ile. Actes, xXvIL, 7.
CRÉTOIS (les). Actes, Ir 44.
CREVER LES YEUX, genre de supplice.
IVSROIS EI TE
CRISPE, chef de synagogue. Actes, xvi,
8.
CROIX (supplice de la). Matth., xxvir, 26.
— Croix (la) de N.-S.. ibid., 32. — Croix
(la), tombeau des suppliciés, ibid., 58.
CRUCIFIXION. Matth, xxvir, 35.
CUMIN, plante. [saie, xx vint, 25, 27 ; Matth.,
XXII, 23.
CUTHA. ville. IV Rois, xvit, 24.
CYMBALE, instrument de musique. I Cor.,
xnr. 1.
CYPRE, arbrisseau. Cant., 1, 13.
CYRENE, pour Kyr, nom de pays. IV Rois,
xvi, 9. — Province soumise à l'Assyrie.
Amos, r 3. — Province d'Égypte.
I Mach. 3 Xv 99.
CYRÉNÉENS, juifs de Cyrène. Actes, vi, 9.
CY ἈΙΧῸΣ, gouverneur de la Syrie. Luc,
ו
CYRUS, roi de Perse. II Paralip., XXXV,
226 Isaie, XLIV, 28.
D
DABÉRETH, ville. Josué, xxr, 28.
DABIR ou CARIATH-SÉPHER, ville. Josué,
x, 398; Juges, r, 11.
DAGON, faux dieu. Juges, xv1, 23 ;
Ὡς
DAIM. Sa timidité. Isaie, xr, 14.
DALMANUTHA, village des environs du
lac de Tibériade. Marc, vin, 10.
DALMATIE, contrée. II Tim., 1v, 10.
DAMARIS, Grecque convertie. Actes, XVII,
34.
DAMAS, capitale de la Syrie. Genèse, xiv,
5; UI Rois, xt, 24. Actes, 1x, 2.
DAMNA, ville inconnue. Josué, xxr, 35.
DAN, ville situóe au nord de la Palestine.
Genése, XIV, 14 ; II Rois, ./ ΕΖ,
xxvi, 19.
D APHCA, campement des Hébreux. Nomb.,
כל AU, 12.
DAPHNÉ, localité voisine d'Antioche. 1]
Mach., 1v,,33.
DARIQUE, monnaie perse. I Esdr., vri, 21.
DARIUS. le Perse. 1] Esdr., xit, 22.
DARIUS CODOMAN, roi de Perse. I Mach.,
154.
DATHAN, descendant de Ruben. Nombres,
xvi. 1. Voir note sur Genèse, xLIx, 4
DATHEMAN., forteresse. 1 Mach., v, 9.
DAVID (maison de) Luc, r, 69.
DEBBORA. prophétesse. Juges, IV, 4. —
Son cantique. Juges, v, 31.
; I Rois,
INDEX ARCHEOLOGIQUE. 3043
JEBLATHAIM, ville moabite. Jér., א
22.
DÉCAPOLE (la). Matth., 1v, 25.
DÉCIME, mesure de capacité. Nombres,
XXVIN, 13.
DÉDAN, ville de l'Idumóée. Jér., xLix, 8.
DÉDAN, nom d'une tribu issue d'Abraliam.
Ez xxvi, (10.
DÉDAN, nom d'une tribu issue de Chus.
Ez., xxvi, 20.
DÉDANIM, région de l'Idumée. 15816, xxi,
19.
DÉDICACE des maisons. Deut., xx, 5. —
(Féte de la). Jean. x, 32.
DÉLOS, ile de la mer Égée. I Mach., xv,
23
DÉLUGE. Voir note 6, p. 2982.
DÉMAS. nom d'hommce. Coloss., 1v, 14.
DÉMÉTRIUS I SOTER, roi de Syrie. IMach.,
uu 1: 1010, x. 2. 50.
DÉMÉTRIUS II NICATOR, roi de Syrie.
I Mach., x, 67.
DÉMÉTRIUS, nom d'homme. Actes, xix, 24;
III Jean, 12.
DÉMON du Midi. Ps. xc, 6.
DEMOPHON, nom d'homme. II Mach.,
ןוק
DESERT de Juda, de Ziph. I Rois, xxii, 14.
DÉSERT de Maon. I Rois, xxi, 24.
DÉSERT de l'Idumée, IV Rois, rir, 8.
DÉSERT de la Quarantaine. Mattl., 1v, 1.
DENIER, monnaie. Matth , xvm, 28.
DENYS (saint) l'Aréopagite. Actes. x VII, 34.
DERBE, ville de l'Asie Mineure. Actes,
XIv. 6.
DEUIL. Manière de le prendre et de lc
quitter. 11 Rois. 1, 11 ; xir, 20. — Public.
Isaie, xv, 2-3; Zach., xii, 12.
DEVIN, homme doué de sagacité. Isaie, 111,
2
DIANE, déessc. Actes, xix, 24, 28.
DIBON, DIBON-GAD, ville. Nombres, xxt,
SÜSPEXXII, C35 sale, xv, 2.
DIDYME, surnom de l'apótre saint Thomas.
Jean, xi, 16.
DIEU inconnu. Actes, xvu. 23.
DIÉVÉENS ou DIVÉENS (les). | Esdr., 1v, 9.
DINÉENS (les), habitants de Din. I Esdr.,
IV, 9.
DIOSCORUS, nom d'un mois dans le calen-
drier grec. II Mach., xi, 21.
DIOTRÈPHE, nom d'homme 11] Jean, 9.
DIPLOIDE, vêtement. Baruch, v, 2.
DIPSAS ou DIPSADE, serpent. Deut., vit,
15
DISCIPLES (les 72) de N.-S. Luc, x, 1.
DISPERSION (Juifs de la). Jean, vu, 35.
DIVISION administrative sous Salomon. III
Rois, tv, 19.
DIVORCE chez les Juifs. Mal., 11, 16.
DOMMIN ou PHESDOVIM, ville. I Rois,
XVII, 1 ; I Paralip., xr, 13.
DONS du Saint-Esprit. Leur signification.
Isaie, xr, 2-3.
DOR, ville. Josué, x1. 2.
DORCAS. Voir Tabithe.
HORE (porte). Matth., xxr, 10 ; Actes, rir,
— —————————————————————————————————————————————————————————
DOSITHÉE, lieutenant de Judas Machabée.
II Mach.. xir, 19.
DOSITHÉE, autre personnage. 1] Mach.,
XII, 35
DOTHAIN, localité située au sud-est de
la plaine d'Esdrclon. Genèse, xxxvii, 11.
DOUAIRE, chez les Hébreux. I Rois, xvii,
29:
DRACHME, voir Darique. — Monnaies.
Luc., xv. 8; Matth., xvir, 23.
DRAGON, serpent brülant. Sag., xvr, 10.
DRAGON, cétacé. Ps. cir, 26; ץצ
DROITE (rue). Actes, 1x, 11.
DRUSILLE, femme. Actes, xxIII, 24.
DUMA, ville inconnue. 15810, xxr, 11-12.
DURA, plaine de Babylone. Dan., ri, 1.
E
ÉCARLATE (manteau d'). Matth., xxvit,
28
ECBATANE (le château d, en Médie
1 ה
ÉCOLE ROYALE de Babylone. Dan., 1, 4.
ECRASEMENT des enfants par les Assy-
riens 13816, xui, 16.
EDEN, lieu inconnu. 1% Rois, xix, 12.
EDOM ou SÉIR, l'Idumée. Genèse, xxxi, 3.
Voir la note sur Marc, 111, 8.
EDRAL, capitale de Basan. Nombres, ΧΧΙ, 33.
EGLON, ville. Josué, x, 3.
EGYPTE. Morcellement du territoire. Isaie,
XIX, à
ELAM. la Susiane. 15810, xi, 11.
ELAMITES (les). I Esdr.. iv, 9.
ELASA, personnage inconnu. Jér., xxix, 2.
ELATH, ville. Deut., n, 8; IV Rois, xiv, 22.
ELCES. village de Galilée. Nahum, 1, 1.
ÉLÉALÉ, ville. Nombres, xxxii 3; Isaie,
Xv, 4.
ÉLÉAZAR Son exploit. | Mach., vr, 43.
ÉLÉAZAR, scribe. Son martyre. 11 Mach
v1, 18.
ÉLÉPHANTS. Leurs goüts et leur force
I Mach.. vi, 34, 31.
ÉLEUTHERE, fleuve. 1 Mach., x1, 7.
ELIE. Son retour. Mal., 1v, 5. — Prophète.
Matth., xr, 14; Luc, 1v, 26; Jean, 1, 21;
Apoc., ΧΙ, 3.
ÉLIM, campement des Hébreux. Exode, xv,
21
,
ÉLISABETH, mère de S. Jean-Baptiste. Luc,
109:
ÉLISÉE, prophète. Luc, 1v, 21.
ELMATHAN, nom d'homme. Jér., xxvr. 22
ELOHIM. Emploi de ce nom divin. ] Rois,
xxvii, 13.
ELTHÉCO, ville inconnue. Josué, xxr, 23
ELYMAIDE, province de Perse. 1 Mach.,
VI, À.
EMATH, ville et pays. Nombres, xxxiv, 8 ;
IL Rois, vii, 9; IV Rois, xvii, 24; [1 Pa-
ralip., vir. 8 ; Isaïe, x. 9.
EMATH-SUBA, ville. II Paralip., vii, 3.
EMIM, race de géants. Deut.. 11, 41.
EMMAUS, bourg de Juda. I Mach., 111, 40;
Luc, xxiv, 13,
3044
ENAC. géant. Deut., 1, 28.
ENCENS. Sa provenance et ses espèces.
Exode, xxx. 34.
ENCHANTEMENTS magiques. Ps. vit, 5, 6.
ENCHANTEUR. Isaie, 111. 3.
ENDOR. nom de lieu. I Rois, xxvrrt, 7.
ENFOUISSEMENT des récoltes Jér., +4.
ENGADDI, ville I Rois, xxiv, 1. — Désert.
TR OTS SV 2 EIZ ΠΛ RAIDE
ENGALLIM, à l'embouchure du Jourdain.
7 10.
ENGANNIM, ville. Josué, xxr, 29.
ENIGME. Usage qu'en font les Orientaus.
Juges, xiv, 14.
ENNOM (la vallée du fils d"). IV Rois, ΧΧΤΙ,
10
ENNON, localité des bords du Jourdain.
Jean. זז 23
ENSEVEL!SSEMENT des morts chez les
Juifs. Actes, v, 6.
EPAPHRAS, nom d'homme. Coloss.. 1, 1
EPAPHRODITE, nom d'homme. Philip., It
25
ÉPAULE des Philistins (1), partie du littoral
méditerranéen. Isaie, xr, 14.
ÉPÉNETE, nom d' homme. Rom., xvr, 5.
rPERVIER. Ses mœurs: Job, xxxix, 26.
EPHAH, mesure de capacité. Lévitique, אזצ
36
ÉPHÉBIE, établissement destiné aux jeunes
gens. II Mach., 1v, 9
ÉPHÈSE, ville de l'Asie Mineure. Actes,
ΠΟΙ Ἐν. 92: יי
ÉPHI, mesure de capacité. Exode, ,טא 36.
EPHOD, ornement du grand prétre. Exode,
xxvi, +.
EPHRA, nom de lieu. Juges, vr, 11; I Rois,
xut d rl
EPHRAIM. Puissance de cette tribu. Deut.,
את
EPHRATA (Bethléem). Genése, xxxv, 19.
Voir la note sur Matthieu, 11, 1.
EPHREM, ville de la Palestine. Jean, ΧΙ,
51,
EPHRON, ville. II Paralip., vir, 8 ; 11 Mach.,
v, 46.
ÉPICURIENS, secte de philosophes. Actes,
xvir, 18.
ÉPIMÉNIDE, poète grec. Tite, 1, 12.
EPIS arrachés. Matth., xm, 1.
EPOUX, épouse, mariage chez les Juifs.
Matth 6
ÉRASTE, nom d'homme. Actes, xix, 22;
Rom.. xvi, 23.
ERCHUEENS (les). Esdr., 1v, 9.
ESCABEAU. Matth., xxir, 14.
ESCLAVES juifs. Deut., xxvim, 68;
traite des). I Mach., זז 41.
ESDRAS, nom d'homme. Mach., vri, 23.
ESPAGNE. Ses relations avec les Romains.
I Mach., vrir, 3; Rom., xvi, 24.
ESTHAOL, nom de lieu. Josué. xvr. 31.
ESTHÉMO, ESTHAMO ou ISTHEMO, ville.
Josué, xxt, 14; I Rois, xxx, 28.
ESTHER. Esth., 11, 1.
ETAM, rocher. Juges, xv, 8.
ETHAM, premier cempement des Hébreux.
Exode, xin, 20.
— (la
INDEX ARCHÉOLOGIQUE.
ETHANIM, ou TISCHRI, nom d'un pops du
calendrier hébraïque ΠῚ Rois, vir, 2.
ÉTHIOPIE, pays de Cousch, en Afrique.
Genèse, 11, 13. — Ses rclations avec l'É-
gypte. Nahum III, 8.
ÉTIENNE (saint). Actes, vi, 5. — Ibid., vu,
ὍΝ
ÉTOILE des Mages. Voir note 3, p. 3020.
ETROTH, ou SOPHAN, ville inconnue.
Nomb., ,ןא אא
EUBULE, nom d'homme. II Tim. TIVA.
EUMENE II, roi de Pergame. Ses relations
avec les Romains. 1 Mach. , VIII, 8.
EUNICE. nom de fenime. II Tim., pa
EUNUQUES. Leur condition à la cour. Jér.,
XXIX, 2
EUPHRATE, fleuve. Genèse, xv, 18; Apoc.,
ΤΕ A
EUPOLEMUS, prêtre juif. I Mach., vir, 17.
EUTYQUE, nom d'homme, Actes, xx, 9.
EVANG.LE de saint Paul. Rom., 11, 16.
EVAPORATION sur la mer Morte. Sag., x,
7l:
EVILMERODACH, roi de Babylone. IV Rois,
vera PATER T [Sao urine aL
EVODIE, diaconesse. Philip., 1v, 2.
EXACTEURS égyptiens, surveillants des tra-
vaux. Exode, v, 14.
EXCREMENTS d'animaux. Leur
comme combustible. Ez., 1v, 15.
EZECIAS, nom d'homme. Soph., 1, 1,
emploi
F
FALARIQUES flèches incendiaires. I Mach ,
VITRO le
FAMILLE hébraïque. Nombres, r, 2.
o gouverneur romain. Actes, XXXIII,
FE ME, emploi de ce mot chez les anciens.
Jean, 1, 4. — Femmes qui suivaient N.-
S. Luc, xxii, 49. — Femme revétue du
soleil. Apoc., xir, 1.
pere gouverneur romain. Actes, XXIV,
FÊTE DES TROMPETTES. Nombres, xxIx,
1"
FÉTES QUINQUENNALES (les). II Mach.,
Iv, 18.
FÉTE, la féte par excellence chez les Juifs,
celle de 28006. Matth., xxvir, 15.
FEU, supplice du feu. Dan, mr, ὃ,
Brasior pour se chauffer en plein air.
Marc, xiv, 54. :
FIGUES (récoltes des). Cant , 11, 13.
FIGUIER séché, figues. Matth., xxr, 19;
Luc, xm, 6; Apoc., vr, 13.
FILLES des hommes, de la race de Cain.
Genèse, vi, 2.
FILS de Dieu, descendants deSeth. Genèse,
vi, 2
FILS DE L'ORIENT (les),
les Bédouins nomades.
Jér., xr1x, 28.
FILS de l'époux. Matth., 1x, 15. — Fils da
la perdition. Jean, xvit, 19. — Fils du
siècle, de la lumière. Luc, ΧΥ͂Ι, 8.
les Arabes ou
Isaie, xr, 14;
INDEX ARCHÉOLOGIQUE.
FIN du monde. Apoc., xxi, 5.
FLAGELLATION (supplice de
xxii, 16.
FLEUVE d'Égypte ou de la terre des Phi-
listins. Genèse, xv, 18; III Rois, tv, 21;
virt, 65.
FLUTE, instrument de musique. L Cor.,
xIv, 1. — Voir joueurs de flüte.
FONTAINE de l'invoquant. Juges, xv, 19.
— De Gihon. II Paralip , xxxi 30. —
Du Dragon. 1] Esdr , 11, 13.
FONTAINE SCELLÉE (la). Cant., 1v, 12.
FORÊT du roi (la), parc royal. II Esdr ,
la). Luc,
II. 8.
FORTUNAT, nom d'homme. 1 Cor., xvi,
155
FORTUNE (la), divinité chananéenne, Isaie,
ταν 1.
FORUM D'APPIUS. Actes, xxvii, 15.
FOULON (le champ du). IV Rois. xvi, 17.
FOURMI en Orient. Prov., vt. 6-8.
FRANGES de vêtements. Matth., 1x, 20.
FREIN à la bouche des prisonniers de
guerre. Job, xxx, 11.
FRELONS, insectes. Josué, xxiv, 12 ; Sag,,
XH, 9,9.
FRÈRES (les) de N.-S. Voir note 9,
p. 3023.
FRUITS (les premiers). Deut., xx, 6.
FUMIER sur lequel Job était assis. Job, 11,
1. Voir note 18, p. 2993.
G
GABAA de Saül, de Benjamin, ville. Juges,
שה dB oS, xm; ἀν xIngpSoexhv. 25
IV Rois. xxi, 8.
GABAATH, ville. Josué. xxiv, 33; Isaie,
x, 29. Voir note sur ] Rois, ,זא 4.
GABAÉ ou GABÉE, ville Josué, xxr, 11.
GABAON. ville. HI Rois, 111, 4.
GABATHON, ville inconnue. Josué, xxr, 23.
GABIM, localité inconnue. Isaie, x, 31.
GABRIEL, archange. Luc, 1, 19.
GAD, caractere de cette tribu.
זזצצא 20.
GADER. ville. Josué, xir, 13.
GADGAD, campement des Hébreux. Nom-
bres, xxxrl, 32.
GAIUS, nom d'homme.
ibid., xx, 4.
GALAAD, montagne. Genèse, xxxi, 21.
Voir l'introduction au livre de 10806. —
Pays. Nombres, xxx11, 1. — Nom d'hom-
me et de lieu. [ Paralip., 11, 21. — (les
troupeaux de). Cant., 1v, 1.
GALATIE, province de l'Asie/Mineure. Ses
relations avecles Romains. 1 Mach., vit,
2; Actes xvn, 23. — (Galates. Voir
Introduction à l'épitre aux Galates.
GALBANUM, résine Exode, xxx, 34.
GALERIE du Temple Jean, x, 23.
GALGAL, site inconnu. Josué, xir, 23.
GALGALA, ville située dans la Palestine
centrale. Deut., xr, 30. — Ville située
près de Jéricho. Juges, 11, 1; I Rois,
ΣΙ, 14; xi, 4; Michée, vi, 5.
Deut.,
Actes, XIX; 120;
3045
GALLLEE.
p. 3020.
GALLIM, ville. 1 Rois, xxv, 44; Isaie, x,
30.
GALLION. proconsul. Actes, xvru, 12.
GAMALIEL, docteur juif. Actes, v, 34.
GAMARIAS, personnage inconnu. 16%
XXIX, 3.
GAREB, nom de lieu. Jér., xxxi, 39.
GARIZIM, montagne. Deut., xr, 29; Juges,
Ix, 1; lI Mach ,. v, 23; Jean, 1v; 20.
GAULON, ville. Josué, xxr. 21.
GAVER, nom de lieu IV Rois, 1x, 21.
GAZA, ville. Deut.. 11, 23; Josué, x, 44.
GAZABAR, titre d'emploi. 1 Esdr.. 1, 8.
GAZARA, ville du pays des Philistins.
IMMach xtv5134
GAZELLE. Sa timidité. Isaie, ,זוא 14.
GAZER, ville. Josué, xxr, 21: Juges, r, 29.
GAZER, ou GÉZER, ou GÉZERON, ville de
la tribu d'Éphraim. I Mach., 1v, 15.
GAZOPHYLACIUM, tronc. Marc, xm, 41
GEBAL, nom de lieu. Ps. LXXxII, 8. —
Ville de Phénicie, Ez., xxvir, 9.
GEBBETHON, ville. HI Rois, xv, 27.
GÉDOR. forteresse appelée aussi Cédron
I Mach , xvi, 8.
GÉENNOM. Voir Béennom.
GÉHENNE. vallée de Géennom, prés de
Jérusalem, enfer. Matth., v, 22. — Fils
de la Géhenne. Matth., xxrm, 15
GELBOÉ, montagne..Juges, vir, 3; I Rois,
ΧΧΨΙΙ, 4. — Fontaine. Juges, vir, 1.
GENÉSAR on GÉNÉSARETH, ville, pays,
situés sur les bords du lac de ce nom.
Matth., χιν, 34.
GENET. Abondance de cette plante. Job,
DOUÉ
GENTILS. Colos., zx, 1.
GERARA, ville Genèse. xx, 1.
GERARE, ville. IT Paralip., xiv, 14.
GÉRASA ou GERGÉSA, ville de la Pales-
tinc. Matth., vri, 28.
GERRENIENS (les), les habitants de Gé-
rara. II Mach. , xim, 24.
GERZI, dans l'Arabie. I Rois, xxvir, 8.
GESSEN (la terre de), habitée par Jacob
et sa descendance. Genèse, xzv, 10.
GESSURI. Deut., x, 14. Voir l'Introduction
au livre de Josué. 1 Rois, xxvii, 8.
GETH, ville du pays des Philistins. Josué,
XD
GETH en Opher, ville de la Galilée. IV
Rois, xtv, 25.
GETHREMMON, site inconnu. Josué, xxi,
94.
GETHSÉMANI, jardin, grotte. Matth,
XXVI, 36.
GIBLOS, ville. ΠῚ Rois, v. 18.
GIHON (la fontaine de). ΠῚ Rois, 1, 33.
GILO, ville. II Rois, Av, 12.
GLAIVE. Luc, 11, 35.
GNIDE. Ile voisine de Rhodes. I Mach.,
XV, 23.
GOATHA, peut-être le Golgotha. Jér.,
XXXI, 39.
GOB, ville. II Rois, xxr, 18.
GODOLIAS, gouverneur de la Judée pour
Josue, xii 2. Voir note 4
«016
les Chaldéens.
12: XD, 5.
GOG, nom d'homme. Ez., xxx vint, 9. — Son
extermination. Voir note 24, p. 3009.
JET, XXII. וו XENINS
GOLAN, ville. D::+,1v, 43.
GOLGOTHA ou le Calvaire. Matth... xxvu,
33.
GOMER. Ses descendants. Ez . זנטאאא 6. |
GOMOR, mesure de capacité. Exode xv',
16.
GOMORRHE, ville située au sud dela mer
Morte. Genèse, xii, 10
GORTYNE, ville de l'ile de Crète. 1 Mach.,
xv, 23.
GOSEN, ville. Josué, x, 41.
GRAVURE, dans l'antiquité. Job, xix, 22.
GRECE. Actes, xx. 2.
GRECS. Actes, vi, 1; ibid., Ix, 29.
GRENADE. Cant., 1v, 3.
GROTTE du Gallicante ou des pleurs de
saint Pierre. Matth., xxvr, 75.
4 7 du tombeau de Lazare. Jean, ΧΙ;
GUERRE. Droit du vainqueur. IV Rois,
VI, 22.
GUÉS du Jourdain. Juges, 11, 31; vi, 24.
aue aim localité inconnue. lI Paralip ,
XXVI,
GYWNASES. Leur destination. 1 Mach., 1,
13.
H
HABOR, affluent de l'Euphrate. IV Rois,
XVII, 6.
HACELDAMA le champ du sang. Matth.,
xxvII, 8; Actes, 1, 19.
HADRACH, ville de Syrie. Zach , 1x, 1
HAI, ville. Josué, vir, 2; Jér., xLIX, 3.
HAIE, servant de clóture. Isaie, ἵν: 2.
HALA, nom de pays. IV Rois, xvir, 6.
HALICARN ASSE, ville de Carie. ] Mach.,
SAT
HAMVÉ\H (la tour). II Esdr., זז 1.
HAMMOTH-DOR, ville. Josué, xxr, 32.
HANAÉEL (la tour d). ἢ Esdr., n1;
Jér , xxx1, 38.
HANANIAS, nom d'homme. Jér., xxvrir, 4.
HANES, ville d'Egypte. Isaie, xxx, 4.
HARAN, situation de cette ville. Genèse,
x1, 31: IV Rois, xix, 12; Ez., xxvir, 23.
HARET, site inconnu. 1 Rois, XXII, 5.
HAROSETH, ville. Juges, Iv, 2.
HARPE. Job, xxi, 41; l Cor. , XIV, T.
HASÉRIM, diverses localités. Deut. 1123.
HASEROTH, campement des Hébreux.
Nombres, ΧΙ. 34: xxxii, 11.
HAUTS LIEUX. Nombres, xxu, 41; Ez,
VI. 3 ; XVI, 31.
HAVOTH-JAIR, villes. Juges, x, 4.
HAZER (maison de Tichon), près du Hau-
ran. Ez., xLvit, 16.
HÉBAL. montagne. Deut., xi, 29; xxvit, 4
HÉBREUX. Voir introduction à l'Épitre
aux Hébreux.
HÉBRON, ville située dans la Palestine
méridionale, Genèse, xir, 18; Luc, 1, 39.
INDEX ARCHÉOLOGIQUE.
HEBRONA, campement des Hébreux.
Nomb., XXXIII, 34.
HÉLAM, ville inconnue. II Rois, x, 17.
HELBA, ville inconnuc. Juges, 1, 31.
HELCATH ou HALCATH,- site incertain.
Josué, xxi, 31.
HELCIAS, nom d'homme. Jér. ו
HÉLODORE, personnage syrien. 11 Mach...
1
HELIOPOLIS, ou ON. ville d'Egypte, si-
tuee ren loin du Caire. Genèse, ,זא 45,
— Son temple. 15810, xix, 19.
HELMINTHIASIS, maladie dont mourut
Antiochus Épiphane. II Mach., xr, 9.
HÉLON, ville moabite. Jér., XLVIH, 21.
HÉMORROIDES, fléau des Philistins.
I Rois, v, 6.
HERCULE, dieu tutélaire de Tyr. II Mach.,
ιν, 9.
HÉRED, ville. Josué, xir, 14.
HÉRISSON, animal. Isaïe, xiv, 23.
HERMAS, nom d'homme. Rom., xvr, 14.
HERMES, nom d'homme. Rom., xvi, 14.
HERMOGÈNE, nom d'homme. זר Tim., 1,
15.
HERMON (T), montagne. Deut., זז 8; Ps.
Lxxxvil, 13.
HÉRODE LE GRAND, Hérode Antipas et
Hérode Agrippa. Matth., 1, 1; Actes,
xir, 1
HÉRODIADE. Matth., xiv, 3. — La fille
d'Hérodiade, ibid., 6.
HÉRODIENS, partisans d'Héroae. Matth.,
XXII, 16.
HÉRODION, nom d'homme. Rom., xvi, 11.
HÉSÉBON, ville. Nombres, xxt, 25; Josué,
xr. 2: 6 XV, 4: Jér., ונא 2.
HÉTHALON, ville inconnue Ez. ΧΙ IE
HÉTEÉENS (les) ou HETTIM, peuple de
Chanaan. Genèse, xxii, 3; ἸΠ Rois, x,
99. — Puissance de ce peuple. IV Rois,
VII.
HEURES (manière dont les anciens comp-
taient les). Luc, xxr, 44.
HÉZER ou Hazor, ville, 11] Rois, 1x, 15.
HIBOU, oiseau. Ps. xci, 7.
HIÉRAPOLIS, ville de Phrygie. Colos., 1v,
13.
HIN, mesure de capacité. Exode, xxix, 40;
Ez. PRIVADA
HIÉRON. Voir Temple.
HIRCAN-TOBIE, personnage juif. II Mach.,
TIT
HODSI, nom de pays. II Rois, xxiv, 6.
HOLDAI, nom d'homme. Zach., vr, 10.
HOR. montagne. Nombres, xx, 22.
HOREB, montagne du Sinai. Exode, πι, 1.
— Pierre. Exode, xvi, 6.
HORMA, HERMA. ou ARAMA, localité du
désert où les Hébreux essuyèrent une dé-
faite. Nombres, xiv, 45; Josué, xit, 14;
I Rois, xxx, 30.
HORRÉEN. Genèse. xxxvi, 20. Voir Chor-
réen. Genése, xiv, 6.
HOSANNA, mot pour acclamer.
ΧΙ. 09!
HOTE, hótellerie. Luc, x, 34, 35. — Maitre
d'hótel. Jean, 11, 8.
Matth.,
-— τῶν m
INDEX ARCHÉOLOGIQUE.
HUILE. Isaie, 1, 6. — Employée avec le vin
pour panser les blessures. Luc, x, 34,
HUS (la terre de). Job, 1, 1. Voir l'intro-
duction à Job.
HYACINTHE, couleur.
Mach., 1v, 25.
HYMÉNÉE, nom d'homme. 1 Tim., 1 20.
HYMNE, chant d'action de gráces. Matth.,
XXVI, 30.
HYSOPE (bouquet d') aspersoir servant
dans les sacrifices mosaiques. Exode, xir,
22; III Rois, rv, 33. — Plante, Jean,
xix, 29.
Exode, xxv, 4;
ICONE, ville de l'Asie Mineure. Actes, xi,
51
IDAIA, nom d'homme. Zach., vr, 10.
IDOLATRIE. Participation au culte. IV
Rois, v, 18.
IDOLES, servant de trophées. Isaïc, x, 10.
— Portées aux processions. Ibid., זא
1
IDOLES ASSYRO-CHALDÉENNES. Ba-
ruch. vr, passim.
IDUMEE. Marc, πὶ, 8.
ILLYRIE, contrée. Rom., xv, 19.
IMAGES. Leur prohibition chez les Hé- |
breux. Deut.. iv, 12.
|
IMMORTALITÉ. Croyance à ce dogme. I
Rois, xxvit, 20.
IMPURETÉ légale chez les Juifs. I Rois,
XX, 26.
INCISIONS, rites du culte de Baal. III
Rois, xvi. 28.
INNOCENTS /saints). Matth., rr, 16.
INSCRIPTIONS cunéiformes. Dan., 1v, 27.
ISMAEL, fils d Agar. Genèse, xvI. 11.
ISMAELITES (les), tribu nomade de l'Ara-
bie. Ps. אאא 1.
ISMAHEL, nom d'un prince. Jér., xr, 8.
ISRAEL, ISRAELITES. Origine de ces
noms. Genèse. xxxir, 28.
JSTOB, pays inconnu. II Rois, x, 6.
ITALIQUE (cohorte). Actes, x, 1.
ITURÉE, région montagneuse à l'est de la
Palestine Luc, mir, 1.
IVRAIE, plante. Matth., xir, 25, 29, 4
J
JABES, localité inconnue. I Paralip.. τι, 55.
JABES-GALAAD, ville. Juges, xxi, 8.
JABNIE, nom de lieu. lI Paralip., xxvi, 6.
JABOC, JEBOC, affluent du Jourdain. Ge-
nèse, xxxi, 22; Nombres, xxi, 24.
JACOB. Son voyage en Mésopotamie. Ge-
nèse, xxvir, 46. — Son testament. Ge-
nése, XLIX.
JACHANAN du Carmel ou JECNAN, site
inconnu. Josué, xir, 22 ; xxr, 34.
JACHIN, colonne du temple. III Rois, vit,
21
JACQUES (saint) le Majeur. Actes, ,זזא 2.
JACQUES (saint) le Mineur, Matth., xir,
3047
55; Actes, xir, 17. Voir Introduction à
son Epitre.
JAHADDAI, nom d'homme. I Paralip., 11,
41.
JAIRE, chef de synagogue. Matth., ix,
18; Mare, v, 22.
JALOUSIE (idole de la). Ez., vint, 3.
JAMBES rompues aux suppliciés. Jean,
xix, 14.
JAMNIA, ville du pays des Philistins.
I Mach., 1v, 15.
JANNES, nom d'homme. II Tim., 111. 8.
JANOE. ville. IV Rois, xv. 29.
JAPHET, fils de Noé. Genèse, x. 5.
JARAMOTH ou RAMETH, ville.
550 OS
JARDIN DU ROI. Son emplacement. Jér.,
XXXIX, 4. .
JARDIN FERME (le). Eccl., 11, 5.
JASA, ville moabite. Jér., xrvim, 21.
JASER, ville. Nombres, xxr, 32; Josué,
xx1202
JASON, personnage juif. 1 Mach, vuir, 17.
JASON le Cyrénéen, historien. 1I Mach., 11,
24.
JASON, père d'Onias III. II Mach., 1v, 7.
JASON, nom d'homme Actes, xvir, 5.
JAZER, ville. Nombres, xxr, 32; Josué,
.XXI, 31; Isaie, xvr, 8.
JEABARIM, campement des
Nombres. xxt, 11.
JEAN-BAPTISTE (saint). Matth., mr, 1;
ibid., 4.
JEAN (saint), apótre. Voir introductions à
son Eavngile, à ses Epitres et à son
Apocalypse.
JEAN HYRCAN, prince des Juifs et grand
prêtre | Mach., xvi, 1.
JEAN-MARC. Actes, xir, 12.
JEANNE. femme de Chusa. Luc, virt, 3.
JÉBLAAM ou BALAAM, ville. Juges, T,
21; IV Rois, 1x, 21; 1 Paralip, vi, 10.
JEBUS, ancien nom de Jérusalem. Zach.,
צן 1
JEHOVAH. Prononciation et sens de ce nom
divin. Exode, mr, 14.
JEPHTÉ (la fille de). Juges, xt, 31.
JÉRAMÉEL. ville. I Rois, xxvit, 10.
JÉRÉMIE. Ses écrits perdus. II Mach., 11, 1.
JÉRICHO, ville de Palestine. Luc, x, 30.
Josué, vr, 1. — Prise de cette ville.
Voir note 12, p. 2986.
JÉRIMOTH, ville. Josué, rx. 3.
JÉROME, nom d'hommo. II Mach., rm, 1.
JÉRUSALEM. Voir note 15, p. 2989. —
Sa topographie. Voir note 17, p. 2992.
JÉSANA, ville. II Paralip., xr, 19.
JÉSUS. Signification de ce nom, Matth., r,
21. — Généalogie de N.-S. Jésus-Christ.
Voir note 1, p. 3018. — Jésus avancait
en áge Luc, ir 52. — Jésus, roi des
Juifs. Matth, xxvir, 37; Jean, xix. 19.
— Jésus (date de sa mort). Ibid., 50. —
Son corps est gardé par un centurion.
Ibid., 54.
JÉTA ou JOTA, ville. Josué, xxr, 16.
JÉTHER, ville. Josué, xxr, 14; I Rois,
xXX, 21. /
Josué,
Hébreux.
9048
JETHSON, ville inconnue. Josué, ΧΧΙ, 36.
JEZRAEL ou JEZRAUEL, vallée et plaine.
Juges, vi, 33; Osée, 11, 22. — Fontaine
Juges, vr 5; I Rois, xxix, 1; 11 Rois,
a. 9. — Ville. 111 Rois, xxt, 1.
JEZABEL, nom de femme. Apoc., 11, 20.
JOAKIM, nom d'homme Baruch, 1. 7.
JOARIB, père de Mathathias 1 Mach , n, 1.
JONAS, prophéte. Matth., vir, 39, 40.
JONATHAN, pour JOHANAN. Jér., xr, 8.
JONATHAS, un des Machabées. Son habi-
leté politique. I Mach., 1x,28.
JONATHAS. Son souverain pontilicat. 1
Mach; x; 21.
JOPPÉ. Jaffa. II Paralip., 11, 16; Actes,
TX 80.
JOSAPHAT (la vallée de). Joël, ,זז 2.
JOSEPH. Son tombeau. Josué, xxiv, 32.
JOSEPH, nom d'homme. 1 Mach., v, 18
JOSEPH, personnage de la parenté des
Machabées lI Mach , vir. 22
JOSEPH ou JOSES, cousin de N.-S. Matth.,
xim. DD.
JOSEPH d'Arimathie ensevelit le corps de
N.-S. Matth., xxvir, 59.
JOSEPH, père nourricier de N.-S. Luc, 11.
99:
JOSEPH Barsabas, un des 72 disciples.
Actes, I, 23.
JOSEPH, surnommé Barnabé. Actes, iv,
36.
JOSEPH, patriarche. Hébr., xr, 22.
JOSIAS, nom d'homme. Zach., vr, 10.
JOUEUR de flüte. Matth., 1x. 23.
JOURDAIN. Voir l'introduction au livre de
Josué. — Ses crues, Josué, mr 15;
Eccli., xxiv, 36. — Passage de ce fleuve.
Voir note 12, p. 2986. — Vallée qu'il
traverse ΠῚ Rois, vir, 465 Matth., ΠΙ, 5.
JUDA (le désert de). I Mach., ir, 29.
JUDAS Iscariote. Matth., x, 4.
JUDAS le Galiléen ou le Gaulonite. Actes,
M reote
JUDE (saint), apótre. Matth., xir, 55. Voir
Introduction à son épitre.
JUDE Barsabas. Actes, xv, 22.
JUDÉE (désert de). Matth., ur, 1.
JUDÉE. Actes 1, 8.
JUGEMENT, tribunal. Matth., v, 21, 22. —
Jugements chez les Romains. Actes, xvi,
JUIFS exorcistes. Actes, xix, 13.
JULIE, nom de femme. Rom., xvr, 15.
JUNIE, nom de femme. Rom , xvi, 1.
JUSTE, nom d'homme. Colos., 1v, 11.
JUPITER hospitalier. l1 Mach., vr, 2.
Honoré à Lystre. Actes, xiv, 11.
K
KALI, herbage comestible. Job, xxx, 4.
KARITIH, torrent. 11] Rois, xvrr, 3.
KOR, mesure de capacité. Luc, xvi, 1.
INDEX ARCHÉOLOGIQUE.
L
LABAN טס LEBNA, ville. Nombres, xxxii,
29 -Deufosr 4: Josue 29.
LAC (de Génésarcth) Voir note 8, p. 3023.
LACEDÉMONIENS (les). Leurs relations
de parenté avec les Juifs. II Mach., v, 9.
LACHIS, ville. Josué, x, 3; IV Rois, xiv,
19; xvi, 145 Il Paralip., xxx11, 9 ; Jér.,
XXXIV, 1.
LAHÉLA, ville. 1 Paralip., v, 26.
LAIS, ville. Juges, xvni, 2T.
LAISA, site inconnu./Isaie, x, 30; 1 Mach,
DX).
LAIT caillé. Juges, 1v, 19.
LAME d'or du grand prétre, sorte de dia-
deme Exode, xxvi, 36.
LAMIE, démon nocturne. Isaie, xxxiv, 14.
LAMPE de Dieu (la). le chandelier à sept
branches. | Rois, nr, 3; Matth , xxv, ὃ.
LAMPSAQUE, ville de Mysie. I Mach., xv,
23.
LANCE. Jean, xix. 34.
LANGUE d'Azot (la). II Esdr., xii, 24.
LAODICÉE, ville de Phrygie. Gol.. xt, 4.
LASTHÈNE, personnage crétois. I Mach,
x1, 91.
LAVEMENT des pieds en Orient. Cant, v,
3
LAZARE, mendiant. Luc, xvr, 20.
LAZARE, ami de Jésus (son tombeau).
Jean. xr, 33.
LÉBONA, ville. Juges, xxr, 19.
LEGION, corps de troupes chez les Ro-
mains. I Mach., 1x, 12 ; Matth., xxvi,
ל Marc Vnd
LÉPREUX. Matth.. vii, 2.
LÉSEM-DAN, ville Josué. xix. 41.
LÉVI. saint Matthieu, apôtre. Voir, Intro-
duction à l'Évangile de saint Matthieu.
LÉ VI, fils d'Alpbée. Mare, 11, 14.
LÉVIATHAN, le crocodile. Job, xr, 18-28;
XT
LÉVITES (les). Leurs classes. Paralip.,
XXII, 6.
LEVRAUT, daman de Syrie. Prov., xxx,
26.
LÉZARD. Prov., xxx, 28.
LIBAN (le). Deut., 111, 25. Voir Introduc-
tion au livre de Josué. .
LIBYE, province à l'ouest de l'Égypte.
Nahum, rrr, 9.
LIBYE, province de l'Afrique septentrio-
nale. Actes, r1, 10.
LICORNE, bœuf sauvage. 15810, xxxiv, 1.
LICTEURS, officiers publics. Actes, XVI,
LIERRE de Jonas. Jon., tv, 6.
LIERRE, plante servant au culte de Bac-
chus. Il Mach , vr, 7.
LIÈVRE, animal impur chez les Juifs. Lé-
vitique, xr, 6.
LIN. Sa culture et ses usages en
Isaie, xix, 9.
LIN, premier successeur de Pierre. 11 Tim.,
IV, 21
Égypte.
INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 3049
LIS, ornement de femme. Judith, x, 3.
LIT de table. Tob., ,וז 3.
LITHOSTROTOS, pavé de pierres. Jean,
xIX. 13.
LIVRE, poids. Jean, xir, 3.
LOBNA, ville II Paralip., xxr, 10.
LODABAR, ville. II Rois, vir, 18; טא
2
LOIDE, aienle de Timothée. 11 Tim., 1, 5.
LONGÉVITÉ des patriarches. Genèse, v,
5; Exode, xx, 12. Voir note 5, p. 2981.
LUC, évangéliste. Voir l'Introduction au
troisiéme évangile.
LUCIFER. Signification de ce mot. Isaie,
X512.
LUCIUS CALPURNIUS PISON, consul de
Rome. I Mach., xv, 16.
LUCIUS de Cyréne. Actes, זזא 1 ; Rom.,
XVI, 21
LUITH, ville moabite. Isaie, xv, 5.
LUNE, son influence sur la température.
PSMcXx GO.
LYCAONIE, province de l'Asie Mineure.
Actes, xiv, 6.
LYCIE, province voisine de la Pamphylie.
I Mach., xv :
LYDDE, localité située dans la tribu de
Benjamin. Actes, 1x, 32.
LYDIE, province d'Egypte. Ez., xxx, 5.
LYDIE, marchande. Actes, xvr, 14.
LYSANIAS. Luc, מז 1.
LYSIAS, général syrien. I Mach , 111. 32.
LYSIMAQUE, personnage juif. II Mach.,
Iv, 29.
LYSTRE, ville de Lycaonie. Actes, xiv, 6.
M
MAACHA, territoire du pays de Basan. Jér.,
SUE
MACÉDA, ville. Josué, x. 17.
MACÉDOINE, pays au nord de la Grèce.
Actes, XvI,.9 ; M Cor., 1x,:2:
MACHA BÉE, surnom de la famille de Ma-
thathias I Mach., ri, 1.
MACHATI ou MAACHA. Deut., nr, 14.
Voir l'intreduction au livre de Josué.
MACHMAS, ville. I Rois, xi, 2; xiv
315 Isaie, x, 28 ; 1 Mach., 1x, 13.
MADABA, ville moabite. I Mach., 1x. 36.
MADIAN, pays. Actes, vir, 29.
MADIANITES. Nombres, xxxi, 9 ; ILE Rois,
X1, 18.
MADON, localité inconnue. Josué, xr, 1.
MAGALA, nom de lieu. I Rois, xvrr, 20.
MAGDALUM, forteresse. Exode, xiv, 9
.זר
MAGÉDAN, Magdala, ville de la Galilée.
Matth., xv, 39.
MAGEDDO (le champ de), 1] Paralip.,
XXXV 22.
MAGEDDON ou MAGEDDO, ville. Josué,
xm, 21; Juges, r, 27; 11] Rois, 1x, 45 ;
IV Rois. זזזאא 29; Zach., זא 41.
MAGICIENS dela cour de Pharaon. Exode,
SIL.
MAGIE (la) en Chaldéc. Dan., ,זז 2, 10.
9
CRT)
8
MAGISTRATS. Luc, xxi, 4.
MAGOG, nom de pays. Ez., xxxvii, 2.
MAGOG. Ap., xx, 1.
MAGRON, nom de lieu. I Rois, xiv, 2.
MAHANAIM, nom de lieu. Genèse, xxxii,
2.
MAISON renversée par Samson. Juges,
XVI, 25
MAISON DU SOLEIL. Matariéh. Jér., א
13.
MAITRE D'HOTEL. Jean, 11, 8.
MALADIE de Job. Description et effets.
Job, xxx, passim.
MALASAR, titre de dignité. Dan., 1. 11.
MALLO ou MALLUS, ville de Cilicic.
II Mach., 1v, 30.
MALTE, ile. Actes, xxvi, 1.
MAMBRÉ, torrent, Judith. 11, 14.
MAMBRES, magicien. 11 Tim., xx, 8.
MAMMON, richesses. Luc , xvi, 9, 43.
MANAHEN, docteur d'Antioche. Actes
XIII; ME
MANAIM, village. Josué. xxr, 31.
MANDRAGORE, plante. Genése, xxx, 14;
Cant., זט 13.
MANNE. Exode, xvi. 36.
MANTEAU des femmes.
Matth., v, 40.
MAOZIM, nom d'une divinité. Dan.. xr, 38.
MARA. MARAH, campement des Hébreux
Exode, xv, 23.
MARC, évangéliste. Voir Introduction à son
vangile.
MARC (Jean). Actes, xi, 12; ] Pierre, v;
13
MARDOCHEE. Esth , 11, 5. |
MARESA, ville. Il Paralip., xiv, 9; II
Mach.. xir, 35
MARIAGE. Coutumes orientales.
xA 12:
MARIE-MADELEINE. Matth , xxvir. 55.
MARIE, mére de Jacques ct de Joseph.
Matth., xxvir, 56
MARTHE, sœur de Lazare. Luc. x, 36.
MASAL ou MESSAL, ville. Josué, xcu Sys
MASALOTH, ville. [ Mach., 1x, 2.
MASÉRÉPHOTH, localité inconnue. Josué,
SIUS.
MASPHA ou MASPHE, ville inconnue.
Josué, ΧΙ, 8.
MASPHA, ville de la tribu de Benjamin.
1 Mach , m, 46.
MASPHA de Galaad, ville. Juges, x, 17:
I Mach., v, 35.
MASPHA ou MASPHATH, ville de Benja-
min. I Rois, vit, 5; 111 Rois, xv, 22.
MASPHA en Moab, site inconnu. I Rois.
XXIE:S. :
MATHIAS, apôtre. Actes, r, 23.
MATTHANA, localité du désert. Nombres,
Gant evo E:
Juges
XXI, 18.
MATTHIEU, apótre et évangéliste. Voir In-
troduction à son Évangile.
MEDABA, ville. Nombres, xxr, 30; Josué,
xil, 9; 1] Rois, x, 8; Isaie, xv, 12.
MEDEMENA, localité inconnue. lsaie, x, 31.
MEDES (les). Leurs relations avec les
Perses. I Mach., vir, 8; Actes, ,זז 9.
9050
MELCHIAS, nom d'homme. Jér., xxxvii, 6.
MELCHOM, dieu des Ammonites. I Pa-
LAND xx ΘΕ XEIX M
MELCOM. Voir MOLOCH.
MELLO, vallée. II Rois, v, 9. — Citadelle.
III Rois, rx, 15.
MÉLOTHI, ville. Judith, 1r, 13.
MEMPHIS, capitale de l'Egypte. Isaie, xix,
13: ΒΖ 5x93 19.
MÉNÉLAUS, frère de Simon. II Mach., 1v,
23.
MENTHE. Matth., xxii, 23.
caue ville inconnue. Josué, xxi,
MEUHAATH. ville moabite. Jér., xr.vrri, 94.
MER (de Galilée) Voir note 8, p. 2023.
M divinité babylonienne. Jér.,
MÉRÓM, lac. Josué, xr, 5.
MÉROZ, nom de licu. Juges, v, 23.
MERRHA, ville d'Arabie. Baruch. 111, 23.
MER ROUGE Station des Hébreux. Nom-
bres, xxxi. 10.
MÉSA, roi de Moab. II Rois, ΠΙ, ₪
MÉSOPOTAMIE, contrée d'Asie. Genèse,
xxiv, 10; Actes, 11,9:
MESSIE. Le dominateur. 11 Rois, xxr, 3.
MESURE (la premiere), ancienne coudée.
II Paralip., rir, 2.
MESURES hébraiques. Isaie, v, 10. Voir
note 21, p. 3003.
MESURES chaldéennes. Dan., xiv,
note 21, p. 3003.
MESURE. Matth., xir, 33; Jean, 11, 6.
:METALLURGIE. Job, xxvur, 2.
'METEOROLOGIE (questions de).
XXXVII.
METRETE. Sa capacité. II Paralip., 1v, 5.
MEULE et moulin à bras. Deut., xxiv, 6;
Juges, xvi, 21. — (Le bruit de la). Eccl.,
Xil, 4.
MICHEL, archange. Ap., xit, 1.
MIEL, en Palestine. Prov., v, 3. — Son
emploi en médecine. Ibid., xvr, 24.
MIGDOL, ville d'Egypte. Ez. , XxiX, 10.
MIGRON, localité de la tribu de Benjamin.
Isaie, x, 28.
MIKTHAM. Voir note 20, p. 3001.
MILET, localité inconnue au sud d'Ephèse.
Actes, xx, 15.
MINE. Somme d'argent. Luc, xix, 13.
MINE d'or. III Rois, x, 11.
MINES métallifères. Leur
Job, xxvi, 1.
MIROIRS de bronze. Job, טאאא 18.
MIROIRS métalliques. Isaie, 1m, 23.
MISACH, signification inconnue. Dan., 1, T.
MISOR, "plaine inconnue. Josué, xxi, 6.
MISPHAT ou CADES, ville. Nombres, xx, 1.
MITRE, coiffure de cérémonie. Judith, x, 3.
MITYLENE, ville de Lesbos. Actes, xx, 44.
MNASON, de Chypre. Actes, xxr, 46.
MODIN, ville 0 la Palestine méridionale.
I Mach., In:
MOISE, poète Deut., xxxit, 1.
MOISSON (époque de la). Isaie, xvi, 4.
MOISSONNEURS en Palestine. Ruth, זז
III, passim.
9. Voir
Job,
exploitation.
INDEX ARCHÉOLOGIQUE.
MOLOCH, idole des Ammonites, dieu du
feu. Lévitique, xvin, 21; III Rois, xr,
7; Actes, vir, 43.
MONNAIES HEBRAIQUES. I Mach.,
Voir note 25, p. 3010.
MONT des Béatitudes, au nord-ouest de
Tibériade. Matth., v, 1; — de la trans-
figuration, Matth., xvir, 1; — de la pré-
cipitation, Luc, rv, 29.
MONTAGNE du testament. [saïe, xiv, 13.
MONUMENTS prohibés chez les Juifs. Lé-
vitique, xxvi, 1.
MORASTHIE, localité de la tribu de Juda.
Michée, 1, 1.
MORIA (la montagne de). II Paralip., מזז
1. — Etat actuel de ce mont. Jér., xxvi,
xv, 6.
18.
MEAE à broyer le grain. Nombres,
XI,
MOSEL, lieu inconnu. Ez., xxvir, 19.
MOSOCH, nom de peuple. Ez., xxvi, 13.
MOULIN. ' Matth., XVII, 6; xxtv, #1.
MOUSTIQUES. Ps. CIV, 81.
MUR de BRIQUES, ville moabite.
XLVIII, 31.
MURIER, sycomore à figues. Ps. rxxvir,
47; Luc, xvii, 6.
MUSACH, nom hébreu. IV Rois, xvi, 18.
MYNDOS, ville de Carie. I Mech.. xv, 23.
MYRRHE, résine odorante. Exode, xxx,
23; Ps. xr1y, 8, 9; Jean, xix, 99.
MYSIE, province de l'Asie Mineure. Actes,
XVI, T.
Jér.,
N
NAALOL, ville inconnue. Josué, xxr, 35.
NAAMAN, officier syrien. IV Rois, v, 1;
Luc, 1v, 21.
NAASSON, localité inconnue. Tob., 1, 1.
NABLE, instrument de musique. I Paralip.,
xv, 16.
NABO ou NEBO, ville. Nombres. xxxir, 3,
38; Isaie, xv, 2; Jér., xrvim, 1. — Mon-
tagne. Deut., xxxir, 49. — Divinité des
Babyloniens. "Isaie, XLVI, 14.
NABUCHODONOSOR. IV Rois, xxiv, 1. —
Ses campagnes. Jér., xxr, 2. — Ses suc-
cesseurs. lbid., XXVII, 1. — Sa maladie.
Daniel, 1v, 30,
NABUSEZBAN, titre de dignité. Jér.,
xxxIx, 13.
NABUTIÉENS (les). Leur origine. 1 Mach.,
NABUZARDAN, général babylonien. Jér.,
xxxix, 8.
NADAB, fils d'Aaron. Exode, xxiv, 1.
NAHALIEL, localité du désert. Nombres,
XXI, 10.
NAIM, ville de Galilée. Luc, vir, 11, 12.
NAIOTH, écoles de prophètes. I Rois, xix,
18,
NAISSANCE du roi. Comment elle était
fètée en Orient. II Mach., vr, 1.
NANÉE, la Diane des Grecs. II Mach.,
13.
NAPHTE, huile minérale, Dan., 111, 46.
INDEX ARCHÉOLOGIQUE.
NARCISSE, nom d'homme. Rom., xv1, 11.
NARD, parfum. Marc, xiv, 3
NATHANAEL, l'ap;tre saint Barthélemy.
Jean, r, 45.
NATHINEENS /les), serviteurs du Temple.
I Paralip., 1x, 2; I Esdr., vu, 17,
NAZAREEN. Signification de ce mot Ge-
nèse, xLIX, 26; Juges. 11א 5. — Les
Nazaréens, leur manière de vivre. La-
ment., Iv, 7. Voir Nomb., vi.
NAZARETH. Voir note 5, p. 3024.
NEBAHAZ, faux dieu. IV Rois. טא 31.
NECHAO 18, roi d'Egypte. IV Rois, xxii,
29: JOD XLVI) 9$! XLVIE,U:
NEIGE. Son emploi comme réfrigérant.
Prov., xxv, 13. — (Chute de). lbid.,
XXVI. d.
NEMRA ou BETHNEMRA, ville. Nombres,
XXXIE9.
NEMRIM. ville prés de la mer Morte. Isaie,
xv, 6.
NÉOMÉNIE, féte de la nouvelle lune.
Nomb., xxvir, 11; 1 Rois, xx, 5.
NÉRÉE, nom d'homme. Rom., xvi, 45.
NEPHTHALI (la terre de). Isaie, 1x, 4.
NEPHTOA (la fontaine de). Josué, xv, 9.
NÉRÉGEL-SÉRÉSER, titre de dignité. Jér.,
XXXIX, ὃ.
NERGEL ou NERGAL, faux dieu. IV Rois,
XVII, 20.
NESROCH, divinité
XXXVIIL, 38.
NETOPHATHI, ville de Juda. Jér., xr, 8.
NICANOR, général syrien. ] Mach., 111, 38.
NICANOR, gouverneur de Chypre. II Mach.,
XII, 2.
NICANOR, diacre. Actes, vr, 5.
NICODEME, membre du Sanhédrin. Jean,
11}.
NICOLAITES, hérétiques. Ap., 11, 6.
NICOLAS, diacre. Actes, vi, ₪
NICOPOL'S. Tite, 111, 12. 3
NIGELLE, plante. lsaie, xxvii, 25, 21.
NIL. Source de fertilité. 15810, xix, 5. —
Ses canaux. Ez., xxx, 12.
NINIVE, capitale de l'Assyrie. Genèse, x,
11. — Sa ruine. Tob., xiv, 6; Jonas, 1,
2; ΠΙ, 3. — Canaux qui la traversaient.
Nahum, m, 8. — Époque de sa ruine.
Ibid., rir, 19.
NITRE. Son usage dans l'antiquité. Prov.,
xxv, 20. — Son gisement. Jér., 11, 22.
NO, ville de Thèbes. Jér., xLvi, 25.
NOBE, nom de lieu. I Rois, xxi, 1.
NOIR. espèce de fard. IV Rois, 1x, 31.
NOPHE, ville inconnue Nombres, xxi, 30.
NUAGE DE ROSEE. Isaie, xvii, 2.
NUMÉNIUS, nom d'homme. I Mach., xm,
16.
NY MPHAS, nom de femme. Col , tiv, 45.
assyrienne. 6
0
020111, campement des Hébreux. Nomb.,
xx1,10:
ODAREN, nom d'une tnbu arabe. I Mach,
ix, 66.
3054
ODOLLAM, ODULLAM ou ADULLAM,
ville de Juda. Genèse, xxxvii, 1; I Rois,
xxm, 1; 1] Mach.. זז 38.
OFFRANDE des bois. II Esdr., x, 34.
OISEAUX DE NUIT dans les cavernes.
Baruch, vr, 21.
OLIVIERS (la montagne des). Il Rois, xv,
30; Matth., xxr, 1; xxiv, 3.
OLON ou HOLON, ville. Josué, xxt, 15.
OLYMPIADE, nom d'homme. Rom., xvi,
15.
ONAGRE, âne sauvage. Job, ΧΙ, 5 ; xxxix,
:ו cim; 1.
ONCTION royale. I Rois, x, 1, 24.
ONESIME, esclave de Philémon. Col., tv,
ἢ:
ONESIPHORE, éphésien. II Tim , 1, 16.
ONIAS. Les quatre grands prétres de ce
nom 1 Mach, xii, 1.
ONO. campagne. II Esdr., vr, 2.
ONYX, coquille odorante. Exode, xxx, 34.
OPHA, site inconnu. Josué, xr, 11.
OPHAZ, pays inconnu. Jér., x, 9.
OPHEL, colline du Temple. II Paralip.,
XXVII, 3.
OPHIR, pays de l'Inde. III Rois, 1x, 98 ;
xxii, 49. — Son identification. 11 Paralip.,
vri, 16.
ORACLE du temple. IIl Rois, vi, 5, 19.
ORFEVRES en Orient. Mal., rir, 3.
ORGUE. Job, xz, 12.
ORIENT (terre d), la Mésopotamie. Ge-
nèse, xxIX, À. .
ORIENT, nom du Messie. Zach., 111, 8 ; vr,
12
ORION. constellation. Amos, v, 8.
ORNEMENTS. II Rois, τ, 10.
ORNEMENTS de la main droite, bracelets.
Judith, x, 3.
ORONAIM, ville moabite. Isaie, xv, 5 ; Jér.,
XLVIII, 3.
ORTHOSIADE, ville de Phénicie. I Mach,
XV, 81.
ORYX, bœuf sauvage. Isaïc, 11, 20.
OSÉE, premier nom de Josué. Nombres,
xni, 17.
OURS en Syrie. Prov., xvi, 12.
OUTRE. Matth., 1x. 17.
OZIAS (son rang dans la généalogie de
N.-S.). Matth., 1, 8.
P .
PACTE de sel. Nombres, xvri, 19.
PALESTINE, description et partage. Voir
Introduction au livre de Josué. — Les
sites montagneux. Ez., xxxvi, 12,
PALESTINIENS, Philistins. I Paralip., x, 1.
PALME. Sa longueur. 1] Paralip., tv, 5.
PALMES (la ville des). Juges, 1, 16.
PALMIER. Cant., vir, 8.
PALMYRE. ville. 11] Rois, 1x, 18.
PAMPHYLIE, province et ville de Cilicie.
I Mach., xv, 23 ; Actes, 11, 10.
PAPHOS, port de l'ile de Chypre. Actes,
xri, 6.
PAPYRUS (barques de). Isaie, xvix, 2.
3052
PAQUE. Matth., xxvi, 2.
PARABOLE. Voir note 10, p. 3025.
PARADIS TERRESTRE. Voir note 4, t. I,
JAUNE
PARALYTIQUE. Matth., vir, 6.
PARASCEVE, veille du sabbat.
xxvII, 62.
PARFUMS. Usage qu'en font les Orien-
| taux. Genèse, ,]טאאא 25.
PARMENAS, diacre. Actes. vr, 5.
PARTHES, peuple d'Asie. Actes, rr, 9.
PARVIS. Ps. xxvirt, 2.
PATARE. ville de Lycie. Actes, xxr, 7.
PATROBE, nom d'homme. Rom., XVI, 4.
PAVILLON ou RIDEAU, moustiquaire,
Judith, x, 19 : xiu, 10 ; χιν, 13.
PAVILLONS de Cédar. Cant. 303147
PECHE (instruments de) en Egypte. Isaie,
EXON
PERSE sur les murailles. Ez.,
Matth.,
XXI,
PÉDERINAGE de cette vie. Genèse, xLvil,
PELICAN, oiseau. Ps. xc1, 1.
PELUSE, "ville d' Egypte. Ez., XXX
PENTECOTE. Actes, πὶ 1.
PERES (aller, retourner vers ses). Gen?se,
xv, 15. — Signification de ce mot en
Orient. IV Rois, v, 13.
PERGAME, ville de la grande Mysic. Ap.,
11, 12%
PERGB,
XIII, 9e
PERISCELIDES, parures des
Nomb., xxxi, 50 ; Isaie, rir, 20.
PERSÉE, dernier roi de Macédoine. I Mach.,
PERSEPOLIS, une des capitales de la
Perse. II Mach., rx. 2.
PERSES (les). Voir MEDES.
PERSIDE, nom d'homme. Rom., xvi, 2.
PHALANGE, corps 66 treupes chez les Ma-
cédoniens. 1 Mach., 1x, 12
PHANUEL, situation de cette localité. Ge-
nése, XXXII 90.
; apitaln de la Pamphylie. Actes,
femines.
PIIARA, ville de la tribu d'Ephraim.
I Mach., 1x, 50.
PHARAN, désert. Deut., 1, 1; Hab., nr, 3.
— Montagne. Deut., xxxui, 2.
PHARAON, titre des rois égyptiens. Ge-
nese, xr, 19. — Le Pharacn du patriar-
che Joseph. Genèse, וא 1. — Les Pha-
raons de Moise. Exode. 1, 8; 11, 23; ut,
10. — Psousennès 11. III Rois, 111, 1. —
Le Pharaon d'Ezéchias. IV Rois, xvi, 21.
PHARAON Apries, Ephrée, ou Ophra. Jér.,
XXXVII, 45 XLIV, 30.
PHARISIENS. Matth., ur, 7. Voir note 6,
p. 3022.
PHARPHAR, fleuve. IV Rois, v, 12.
PHARURIM, endroit des portiques du Tem-
ple. IV Rois, xxu, 11.
PHASELIDES ou PHASELIS, ville de Lycie.
I Mach.. xv, 23.
PHASERON, nom
1 Mach., 1x, 66.
PHASGA, chaine de montagnes. Nombres,
xu 20.
d'une tribu arabe.
INDEX ARCHÉOLOGIQUE.
PHASSUR, nom d'homme. Jér., xx, 1; Xx1, 4.
PHATURES, canton de la Haute Egypte.
1
PHELETHIENS. ]I Rois, vir, 18.
PHENICE. port de Crète. Actes, xxwir, 12.
PHENICIE. Son commerce avec l'Égypte.
Isaie, xxir, 3; Actes, xr, 19.
PHESDOMIM ou DOMMIM, ville. 1 Rois,
xvi, 1; I Paralip., xr, 13.
PHETROS, la Haute Egypte. Isaie, ,זא 11.
PHICOL, titre du ministre d'Abimélech.
Genèse, XXI, 22.
PHIHAHIRO TH, deuxième campement des
Hébreux. Exode, XIV, 2.
PHILADELPHIE, ville de Lydie. Ap., n, 7.
PHILARQUE, nom d'homme. Il Mach.
VIII, 32.
PHILEMON. Voir l'Épitre de ce e 4 1.
PHILETE, personnage juif. II Tim., AT
PHILIPPE, א ו syrien. 1 "Mach ;
IIT 9255V
PHILIPPE m ΣΙ de Macédoine. I Mach.,
VIII, 5.
PHILIPPE, diacre. Actes. vi, 5.
PHILIPPES, ville de Macédoine. Actes, x v1,
19.
PHILISTINS. Leur terre. Josué, 3111, 2. —-
Leur histoire. Juges. xir, 1.
PHILOLOGUE, nom d'homme. Rom , xvr,
15.
PHITHOM, ville bátie par les Hébreux dans
la terre de Gessen. Exode, 1, 11.
PHLEGON, nom d'homme Rom., xvi, 14.
PHOEBE, diaconesse. hom. αν.
PHOGOR, montagna. Nombres, zxilt, 28.
— Ville. Voir Bethpiio gor.
PHRYGIE, province de PAsie Mineure
orientale. Actes, 11, 10.
PHUL, roi d'Assyriec. IV Rois, xv, 19.
EHE: PHURIM, sorts. Esth., In EX,
PHY LACTÈRES, bandes de parchemin.
Matth , Xxxll, 9
PIERRE pour la circoncision, couteau de
silex Exode. 1v. 25
PIERRE DU SECOURS. I Rois, rv, 1.
PIERRE DU DESERT, capitale de l'Arabie
Pétrée. Isaie. xvi. 1.
PIERRE ANGULAIRE (la) Isaie, xxvii, 16.
PIERRES à peser. Prov., xvr, 11.
PIERRE (saint). Matth., xvr. 18.
PILA. nom de lieu. Soph., 1, 11.
PISCINE inférieure. Isaïe, xxir, 9. — An-
cienne. Ibid., זצא 11.
PISCINE supérieure. Son
Isaie, vit, 3.
PISCINE probatique. Jean. v, 2.
PISIDIE, province de l'Asie Mineure. Actes,
XIV. 23.
PLACES publiques, bazars. 11] Rois, xx,
emplacement,
34.
PLAIES d' Egypte.
Sag., XVI-XIX.
PLA'E de Job. Job, rr, 1.
PLAT. Matth., xxvi, 23.
PLATANE. arbre. Eccli., ,טזאא 19.
PLEUREUSES. Leur rôle dans les funéraii-
les? ΤΟ 1x47.
Notes égyptologiques.
INDEX ARCHÉOLOGIQUE.
PLUIE en Palestine. Deut., xr, 44. — En
Egypte Zach., xiv. 18.
PLUIES de saison. Job, xxxix, 23. — Fin
des pluies Cant., 11, 11; Jér., 111, 2.
POELE DE FER Son emploi Ez., 1v, 3.
POIDS public ou du Roi. 11 Rois, xtv. 26
POIDS (mesures et) hébraiques. Voir
note 21, p. 3003.
POINTS CARDINAUX. Job, xxii, 9.
POISSON de Tobie. Tob., vr, 2, 8-9.
POISSON de Jonas. Jon., 11, 4.
POMMES de Sodome. Sag , x, 7.
PONCE-PILATE. Matth., xxvir, 2 ; Luc, xii,
T.
PONT (le), province de l'Asie Mineure.
Actes, rr, 9
PONT, Larsa en Babylonie. Genèse, xiv, 1.
PORTE (la) des Poissons. IT Paralip.. xxx111
14; Il Esdr , i11, 3. — De la vallée IT Esdr.,
11, 13. — Du fumier. lbid. — De la fon-
taine. 1] Esdr., τι, 14. — Du troupeau.
I] Esdr., 111, 1. — Ancienne. 1] Esdr.,
nr, 6. — Des eaux. II. Esdr., 111, 26
Des chevaux. II Esdr., nr, 28. — Des
Juges. 11 Esdr., 117, 30. — D'Ephraim.
II Esdr., xir, 38. — De la prison. Ibid. —
De la fille de la multitude. Cant., vir, 4.
— D'argile (la). Jér., xix, 2. — Haute de
Benjamin. lbid., xx, 2. — Neuve. lbid.,
xxvI, 10. — De Benjamin, lbid , xxxvit,
13. — Du milieu. lbid., xxxix, 3. —
Entre les deux murs. Ibid., xxxix, +
PORTES, lieu de justice. Deut., xvr, 18;
Juges, xvi, 3. — La structure et le ser-
vice des portes. Juges, xvr, 3. — Lieu
d'exposition des suppliciés. IV Rois, x, 8.
PORTES D'AIRAIN, chez les Assyriens.
l|saie. ,טא 2.
PORTES de Jérusalem. Voir
ול OUO
PORTIQUE du temple. III Rois, vr, 3.
PORTIQUE de Salomon. Jean, x, 23.
POTEAUX pour la suspension des cadavres.
Josué, x, 26.
POURPRE marine. I Mach., iv, 23.
PREPOSES au service du roi. I Paralip.,
XXVII, 1.
PRESENTS. Leur usage en Orient. I Rois,
note 17,
IX.
PRESENTS diplomatiques. I Mach., x1v, 24.
rRESSOIR. Juges, vi, 11; vir, 25; [saie,
Iv. 2; Matth., xxr, 33.
2RESSOIR à vin. Prov., ur, 10.
PRETOIRE. Matth , xxvir, 27.
PRETRE (grand\. Matth., xxvi, 3.
l'RINCE (des prêtres). Matth, 11, 4; xxr,
23 — Du sanctuaire de Dieu. I Paralip ,
XXIY, 5.
PRIS!:ILLE, femme d'Aquila. Actes, .א
PRISON (de saint Jean-Baptiste). Matth.,
ΧΙ ΡΝ
PRISQUE, voir Priscille.
PHOCORE diacre. Actes, vi, 5.
PROPHETES. Matth., vir, 15; Actes, xv,
32.
PROPHETES (faux). Matth., xxiv, 11.
PROPHETES (les fils des). IV Rois, 1v, 38.
PROPHETISER. I Rois, xix, 20.
היו .
3059
PROPITIATOIRE,
Exode. xxv, 18.
PROPOSITION (les pains de). Exode, xxv,
30.
PROSÉLYTES (les). 1 Paralip., xxir, 9. —
Leur situation chez les Juils. Ez., X1v, 7;
Matth . xxur, 145; Actes, τι. 11.
PSALTERION, instrument de musique.
| Paralip., תנזצ 8.
PTOLEMAIDE. plus tard Saint-Jean-d'Acre
I Mach. v. 15: Actes, אא 1.
PTOLEMEE VI. Esth., xr, 1.
PTOLEMEE MACRON, personnage syrien.
I Mach.. rir, 38. :
PTOLEMÉE PHILOMÉTOR, roi d'Égypte.
I Mach . x, 51.
PTOLEMÉE. fils d'Abobi. I Mach., xvr, 11.
PUBLICAINS, collecteurs d'impóts. Matth
v, 46.
PUDENS, sénateur romain. II Tim., Iv, 21.
couvercle de l'arche.
י
PUITS du vivant. Genèse, xvi, 14. — Du
serment, à Bersabée Genèse, xxr, 32. —
De la calomnic. Genèse, xxvi, 20. — Du
feu sacré. Son emplacement. II Mach., 1,
19%
PUITS. Luc., xiv, 5.
PURIFICATION, Jean, im, 6 ; 111, 25.
PUTIPHAR, eunuque de Pharaon. Sens éty-
mologique de ce nom. Genése, xxxvir,
36.
PYGARGUE. espèce de gazelle. Deut., x1v, 5.
PYGMEES, troupes de Phénicie. Ez., xxvi,
du
PYTHON (esprit de). Lévitique, xx, 27;
Actes, xvi, 16.
PYTHONIENS. Leur popularité. 15810, 1
19.
Q
QUARANTAINE (Désert de la). Matth., tv,
1. — (Montagne de la). Josué, ir, 16;
Matth., 1v, 1.
QUARTUS, chrétien de Corinthe. Rom.,
xvi, 23.
QUESTION ou TORTURE. Ses effets phy-
siques Eccli., xxr, 11.
QUINTUS MEMMIUS, romain. II Mach., ΧΙ,
34.
QUIRINUS, voir Cyrinus,
R
RABBA ou RABBATH-AMMON, ville.
Debt: ximo ו HEURoOlIsy σα, τ χα 21;
ו
RABBI Jean, 1, 38.
RABSACES, dignitaire assyrien. IV Rois,
XVIII, 1T.
RABSARES, titre de dignité. Jér., xxxix,
RABSARIS, dignitaire assyrien. IV Rois,
xvi, 11.
RACHAL, ville. I Rois, xxx, 29.
RA'HEL (son tombeau) Matth., 1 48.
RAGES, ville. Tob., r, 16.
RAGES, ville. Tob., uz, 7.
3054
RAMA, nom doe lieu. di 1v, 5; III Rois,
Xv, ₪ II Paralip., xvr, 1. — Ville de la
tribu de Benjamin ae x, 29;
RAHAB, nom de ἔρθη). Jac., 11, 25.
RAMATHA ou RAMATHAIMSOPHIM, ville.
I Rois, 1, 1, 19.
RAMESSES, ville construite par les Hé-
breux dans la terre de Gessen. Genése,
xLvII, 11 ; Exode, 1, 41 ; Nombres, xxxiii,
3
RAMOTHR, ville de la Palestine méridionale.
I Rois, xxx, 21.
RAMOTH-GALAAD,
Josué, xxi, 31.
RAPHAEL, ange de Tobie. Tob., 111, 25.
RAPHAIM, géants. I Paralip., xxr, 4.
RAPHAIM (la vallée de). 15816, xvir, 5.
RAPHIDIM, campement des Hébreux.
Exode, xvir, 4, 8; Nombres, xxxin, 14.
RAPHON, ville de la Décapole. I Mach., v,
QUE
RATIONAL, ornement du grand prêtre.
Exode, xxviir, 4.
RATS, en Palestine. I Rois, v, 6.
RÉBLA ou RÉBLATHA, ville.
ΧΧΤΙΠΙ τον 0», ΧΈΧΙΝ de
REBMAG, titre de dignité. Jér., xxxix, 3.
RÉCHABITES (les). Leur origine et leur
genre de vie. Jér.. xxxv, 32.
RÉEMA, province de l'Arabie Heureuse.
Ez , xxvi, 22.
REINE DU CIEL, la déesse Astarté. Jér.,
vir, 18.
REINE DU MIDI, reine de Saba. Matth ,
xi, 42.
REMMON (le rocher de). Juges, xx, 47.
REMMON, ville de la Palestine méridio-
nale. Zach.. xiv, 10.
REMPHAN, fausse divinité. Actes, vir, 43.
RENARDS de Samson. Voir Chacals.
REPHAIM, trérassés. Isaie, x1v, 9.
RÉSEPH. ville. IV Rois, χιχ, 19.
RÉSERVOIRS d'eaux sous le Jardin fern;é.
Eccl., rr, 6.
RÉSINE. Son emploi en médecine
virt, 22.
RES TAURATION d'Israël.
ville. Deut., 1v, 43;
IV Rois,
Jér.,
Ez, תשא 1-
RETHMA, campement des Hébreux. Nomb.,
XXXIII, 18.
RHÉGIUM, localité située dans le royaume
de Naples. Actes, xxvii, 13.
RHINOCÉROS. Job, xxxix, 9.
RHODE, jeune fille. Actes, xir, 13.
RHODES, ile de la Méditerranée et ville
du méme nom. I Mach., xv, 23; Actes,
XXX
ROBE nuptiale. Matth., xxi, 11.
ROBE blanche donnée à N.-S. par Hérode.
Luc הזד
ROGEL (la fontaine de).
ΧΥΙΙ, 11.
ROGELIM, nom de lieu. Il Rois, xvi, 21.
ROGOMMELECH, nom d'homme. Zach.,
VIL. 2.
ROHOB, ville de Syrie. Nombres, xri, 22;
Juges, xvin, 28.
ROHOB, ville inconnue. Josué, xxr, 31.
III. Rois, 1, 9;
INDEX ARCHÉOLOGIQUE.
ROUE du potier. Eccli., xxxvur, 32.
ROUGE. Symbolisme de cette couleur.
Isaie, r. 8.
ROULEAU, écrit. Esth.,
RUE, plante. Luc, xr, 42.
RUFUS, fils de Simon de Cyrène.
VA 91 : Rom, xvi, 13.
ΠΟ ville. Juges, 1x, 41; IV Rois, xxii,
36.
IX, 26.
Marc,
S
SABA, province del'Arabie Heureuse. Ez ,
xxvH, 22; Ps. rxxr, 15: Matth., xm,
42. — Ville. III Rois, x, 4.
SABA, contrée voisine de l'Idumée. Ez.,
xxvi, 23
SABAMA, ville moabite. Nombres, xxxil,
38; Isaie, xvr, 8.
SABAN, ville Nombres, XXXII, 3.
SABARIM, ville. Ez., x, vu, 16.
SABA'TH, nom d'un mois dans le calendrier
hébraïque. 1 Mach., xvr, 44.
SABBAT. Luc , xxiv, 1.
SABOT des chevaux. Isaie, v, 28.
SACRIFICE d'Abraham. Genèse. xxir, 2.
SACRIFICES humains chez les Chana-
néens. Sag., זא 4, ὃ. — A Carthage.
Lb EIE
SADDUCÉENS. Matth., ur, 7; Voir note 7,
p. 3022.
SADOC, grand prêtre. III Rois. 1v, 4.
SAFRAN, plante aromatique. Cant. ., IV, 14.
SAINT D'ISRAEL 15910, r, 4.
SALAMINE, port de l'ile de Chypre. Actes,
XIII, D:
SALEM, village situé pres de Sichem. Ge-
nèse, xxxiv, 18. — Jérusalem. Héb,
vit, 1.
SALIM, localité inconnue. 1 Rois, Ix, 4.
SALINES (la vallée des). 11 Rois, vir, 13.
SALINES (les), à l'ouest de la mer Morte.
Ez., xr vim, 11.
SALISA, nom de lieu. I Rois, ΙΧ, 4.
SALMANA. nom d'homme. Osée, x, 14.
SALMANASAR, jo d'Assyrie. IV Rois,
xvit, 3; Tob.,
SALOMÉ, Sinis ds Zébédée. Marc, xv,
40.
SALOMON. Personnel de sa cour. III Rois,
Iv, 23. — Sa prière. III Rois, vir, 23.
SALTUS, nom propre. II Rois, xxr, 19
SAMARIE. III Rois, xvi, 24. — La porte
de Samarie. 11] Rois, xxir, 10; IV Rois,
vn, 11. — La piscine de Samarie. ILE
Rois, xxi, 38. — Le pays de Samarie.
I Esdr., 1v. 10; Actes, 1, 8; vim, 5.
SAMARITAINS. Matth., 1x, 5.
SAMBUSQUE, espèce de harpe. Dan., 111, 5.
SAMIR, nom de lieu. Juges, x, 1.
2 ile pres del'Asie Mineure. I Mach ,
23; Actes, xx, 15.
SAMOT HRACE. ile de la mer Égée. Actes,
sew AUS
SAMSON. Son tombeau. Juges, xvi, 31.
SAMUEL. Evocation de son ombre. I Rois,
xxvII, 12; Actes, זז 24.
INDEX ARCHÉOLOGIQUE.
BANABALLAT,
Esdr.. 11, 10.
BANCTIFIER. Sens de ce mot. 1 Esdr.,
xit, 46.
SANDALES. Matth., ri, 11; Marc, vi, 9.
SANGLIER. Ps. Lxxix, 1L.
SANIR, l'Hermon. Cant., 1v, 8; Ez , xxvir,
chef de la Samaric. 1
5.
SARA, mère d'[Ísaac. Rom., 1v, 19. Voir
Sarai.
SARAA, village. Juges, xii, 2.
SARAI, nom de peuple. 1 Paralip., 11, 5*
SARAI, Sara. Etymologie de ces noms.
Genèse, xvi, 15.
SARAIAS, nom d'homme. Jér., 1.1, 59.
SARASAR, nom d'homme. Zach., vir, 2.
SARDES, métropole de la Lydie. Ap., 111,
1.
SAREDA, ville inconnuc. 111 Rois. xr, 26.
SAREPHTA ou SAREPTA, ville. 111 Rois,
מנטא 19; Luc, 1v, 26.
SARGON, roi d'Assyrie. IV Rois, xvir, 24;
Isaie, xx, 1, 4 ; xxt, 1-10, 13-16.
SARON, ville. Josué, xi, 18. — Plaine.
Isaie, xxxii, 9.
SARTHAN, lieu inconnu. Josué, ur, 16
SASSABASAR, nom chaldéen. 1 Esdr.. 1, 8.
SATRAPES, chefs des Philistins. I Rois,
V3.
SAUL. Son élévation. I Rois, xix, 12. —
Sa manie. ] Rois, xv, 14. — Son châti-
ment. I Paralip., x, 13.
SAUL. Depuis l'apótre saint Paul. Actes,
XO ROTE
SAULE. arbre. Ps. cxxxvI1, 2.
SAUTERELLES. Prov., xxx, 21; Joël, 1,
4365 I9 X5 14.8 50011190.
SAVE CARIATHAIM, ville. Genèse, xiv, 5.
SCEAU chez les Orientaux. Eccl., xvir, 18.
SCEAU des livres. Isaie, xxix. 11.
SCENOPEGIE, féte des Tabernacles. Jean,
Ait CA
SCEVA, prince des prêtres. Actes, χιχ, 14.
SCHACALS. Juges, xv, 4.
SCHEMA, mot hébreu commencant le pas-
sage écrit sur les phylactéres. Deut , Ix,
35
9.
SCHENE, mesure de distance. II Mach.,
XI. 5.
SCHEOL, séjour des àmes aprés la mort.
Genèse, xxxvi, 35.
SCORPION. Eccli., xxvi, 10.
SCRIBE. Sens de ce mot. I Esdr., vir, 6 ;
Bite x57 Matth., Ir, 4.
SCRIBE (d'Ephése), fonctionnaire. Actes,
ו
garde du corps. III Rois, xiv, הש
SCYTHES (les). Leur barbarie. II Mach ,
IV, 47; CoL, mi, 11.
SEBOIM, localité inconnue. I Rois, xii,
לו
SEBOIM, ville de la Pentapole. 00560, xr, 8.
SECOND de Thessalonique. Actes, xx, 4.
SEDADA, ville. Nombres, xxxiv, 8; Ez.,
xLvi, 19.
SEDECIAS, nom d'un faux prophète, Jér.,
XxIx, 21.
3055
SEGOR, ville. 01080, xii, 10.
SEGOR, ou BALA, ville moabite. Genèse,
xiv. 2; xix, 22; Deut, xxxiy, 3.
SEGOR, ville de la Palestine méridionale.
Isaie, xv, 5.
SEIR ou IDUMÉE, contrée. Genèse, xiv,
6; xxxii, 3. — Montagne. Deut., xxxill,
2. Voir la note sur Marc, rir, 8.
SEIRA, localité inconnue. IV Rois, vri, 21.
SEIRATH. localité inconnue. Juges, 111, 26.
SELEUCIDES (ére des). I Mach., r, 41.
SELEUCIE prés de la mer, ville voisine
d'Antioche. 1 Mach., xr, ὃ ; Actes, xiii, 4.
SELEUCUS IV Philopator, roi de Syrie. II
Mach., rij, 3.
SELLA, inconnu. IV Rois, xir, 20.
SEM. fils de Noé. Genèse, 1x, 26.
SEMAIA, faux prophéte. II Esdr., vr, 10.
SEMAILLES en Palestine. Prov., xx, 4.
SEMET, nom d'homme. 111 Rois, r, 8.
SEMEIAS, nom d'un faux prophéte. Jér.,
XXIX, 24.
SEMERON, localité inconnue. Josué, xr, 1.
— (La montagne de) 11 Paralip., xii, +.
SENEVE, plante. Matth., xir, 31.
SENNAAR (la terre de), en Babylonie. Ge-
nèse, ,א ,15816 ;2 ,זא
SENNACHERIB, roi d'Assyrie. IV Rois,
XVIII, 13; Tob., 1, 18.
SENNIM. lieu de campement Juges, tv, 11.
SEPARATION du peuple juif. Lévitique,
xx, 26.
SEPHAATH, ville, Juges, r, 17.
SEPHAMOTH, ville inconnue. I Rois, xxx,
8
28.
SEPHARVAIM, ville IV Rois, xvir, 24.
SEPHATA, ville. 1] Paralip., x1v, 10.
SEPHET, ville. Tob., 1, 1.
SEPHELA (la plaine de). Josué, 1x, 1. —
Sa fertilité. Juges, xv, 5.
SEPHORA, femme de Moise. Exode, ,א
2
SEPULCRE. Matth., vri, 98.
SEPULCRE (saint). Matth.. xxvir, 60.
SEPULCRES de la concupiscence, Nom-
bres, xr, 34.
SEPULCRES taillés. Isaie, xx1r, 16.
SERAPHIN. Signification de ce mot. Isaie,
V2
SERGIUS Paulus, proconsul en Chypre.
Actes, xit, T.
SERON, général syrien. I Mach , זז 13.
SERPENTS en Palestine. Amos, v, 19.
SESAC, nom d'un pharaon. 11] Rois, xi,
40; xiv, 25.
SETIER, mesure de capacité. Lévitique,
xiv, 10.
SETIM (bois de), acacia. Exode, xxv, 5.
SETIM ou ABELSATIM, ville. Josué, 11, 1.
SETIM, à l'est du Jourdain. Michée, vi, 5. :
SETTIM, campement des Hébreux. Nom-
bres, xxv, 1.
SICAIRES, assassins. Actes, xxI, 38.
SICELEG, ville I Rois. xxvii, 6.
SICHAR, ville de Samarie. Jean, 1v, 5.
SICHEM, ville de la Palestine centrale. Ge-
nèse, xil, 6; Josué, xxr, 21. — La mo-
derne Naplouse, en Samarie. Actes, vir, 16,
3056
SICLE (valeur du) d'argent. Genèse, xxiii,
15. — D'or. Genèse, xxiv, 22; Exode,
xxxvii, 24; Nombres, xxxi, 52; IL Rois,
xvri. 11. — Son poids. II Paralip , 111, 9.
SICYONE, ville d'Achadie. | Mach., xv, 23.
SIDE. ville de Pamphylie. 1 Mach., xv, 25.
SIDON, ville. Josué, xr, 8; Juges, 1, 1
Rois. xxiv, 6; Ez., xxvrm, 24; Marc.
III, ὃ.
SIESTE. Cant., r, 6.
LN D'EGYPTE, ouadi.
| Paralip. Xt,
SIDRAGU: Signification inconnue. Dan., 1,
SIL AS ou SILVAIN, pon de saint
Paul. Actes, xv, 22 ; I1 Cor.. xr, 19.
SILO Emplacement du tabernacle. Josué,
xvni, 1. — Les vignes de Silo. Juges,
XVI, 20.
SILOE (tour de). Luc, xri, 4. --- (Piscine).
Jean. xr, 41.
SIMEON (le vieillard. Luc, u. 25.
SIMON, intendant du temple. Il Mach.,
III, 4.
SIMON, pére de saint Jacques le Mineur.
Matth., וזא 55.
SIMON 16 lépreux. Matth., xxvt, 6.
SIMON de Cyrene. Matth., xxvir. 32.
SIMON le Magicien. Actes, vim, 9.
SIMON le Noir, docteur d'Antioche. Actes,
dept) do
SIN (le désert de). Exode, xvr, !
הדא UE
SINA. le mont Sinai. Actes, vri, 3.
SINAI. Voir note 10, p. 2984.
SION, état actuel de ce mont.
18. — Cité. Héb., xri. 22.
SIRA (la citerne de). IE Rois, 11, 26.
SIS, nom de lieu. 11 Paralip., xx, 16.
SISTRES, instrument de musique. I Rois,
XVIII, 6.
SIVAN, nom d'un mois dans le calendrier
hébraique. Baruch, 1, 8.
SMYRNE, ville d'Ionie Ap., 11, >.
SOBA, province. 1 Rois, xtv, 41;
VIII, 3.
FODNA, officier de la cour. Isaie, xxir, 12-
: Nombres,
JOD DUST,
II Rois,
SODE fleuve. Baruch,
SOCCOTH, la ville de 0 Exode,
xit, 20.
SOCCOTH, ville située à l'est du Jourdain.
Juges, vir, ὃ.
50010. ville. I Rois, xvir, 1.
SOCOTH, ville de la tribu de Gad. Genèse,
XXXI LT
SOCOTIIBENOTH ,
IV Rois, xvit, 30.
SODO»E, ville située au sud de la mer
Morte. Genèse, xir, 10; Matth., x, 15.
SODOME, d mystique de Rome paienne.
SOEUR A Voir note 9, p. 3024.
SOLEIL (arrêt du) par Josué. Voir note 13,
p: 2987
SOLENNITES juives. Exode, xxxiv, 18.
SOLIDE, poids. 1 Paralip.. xx1x, 1.
SOPATER ou SOSIPATER, de Béréc.
divinité | assyrienne.
INDEX ARCHÉ LOGIQUE.
e
Actes, xx, 4, Rom, xvi, 21 ; 11 Mach.,
XII, 19
SOPHAN ou ETRHROTII, ville inconnue.
Nomb., xxXn, 35.
SOREC, vallée. "Juges, XVI, 4.
SOR'TIE d'Egypte. "Voir note $9. ASE
SOSTHENE, Corinthien. Actes, xvilt, 4T.
SOSTRATE, chef syrien. 11 Mach , 1v, 27.
SOUFFLET, pour la purification des mé-
taux. Jér , vi, 29.
STACHYS, nom d'homme. hom., xvi, 9.
PAD gomme odorante. Exode, xxx,
H : Eccli., XXIV, 21.
STADE. mesure de longueur. Jean, ΧΙ, 18.
STATERE, monnaie. 1V Rois, vi, 1;
Matth., xvir, 26
STATUES CHALDÉENNES. Leur gran-
decur. Dan., זז 4.
שק chrétien de l'Achaie. I Cor.,
sr MpUZANAL, personnage persan.
»sar
STOICIENS, 1 Actes, xvm, 18.
STYLE, instrument pour écrire. Jér., viu,
8
SUA ou SCHABAK, roi d'Ethiopie. IV Rois,
וא 4.
SUAL. nom de lieu. 1 Rois, xim, 11.
SUGCIN, sorte d'émail. Ez., 1, 4.
7 ₪ féminin de Salomon. Cant.,
vis 12:
SUNAM Qu SUNEM, nom de lieu. I Rois,
XXVIII,
SUPH (la ais de). I Rois, 1x, 5.
SUR (le désert de). Genése, xxvr, 18. Voir
la note sur Exode, xv, 22.
SURINTENDANT. III Rois, 1v, 6.
SUSANECHÉENS (les). 11 Esdr , iv. 9.
SUSE. capitale de la Susiane. Esth, 1, 2;
Dan., vr, 3.
SUZANNE, nom de femme. Luc, virr, 3.
SYCOMORE, figuier-mürier. Luc, xix, 4;
Ill Rois, x, 21; Luc, xIx, 4^; Amos, vit,
14.
SYENE, ville de la Haute-Egypte. Ez.,
xxIx. 10.
SYNAGOGUE. Matth., 1v, 23; Actes, XIII,
5; — (chef de la). Mare, v, 22; Actes,
ΧΠῚ 10:
SYNTYCHE, nom d'homme. Philip., rv, 2
SYRACUSE, capitale de la Sicile. Actes,
XXVIII. 12.
SYRIE de Damas. 11 Rois, vurr, 5 ; Matth.,
IV, 24.
T
TABEEL, nom d'homme. Isaie, vir, 6.
TABITHE, femme de la ville de Joppé.
Actes. 1x, 36
TABLE ethnographique. Voir note 8,
9953.
TABLE ‘de change). Matth., xxr, 12.
TABLETTES (à écrire). Luc; r, 63111
TALENT. Matth., XVIII, 24 ; xxv, 15
TALENT d'argent. Sa valeur. Exode,
xxxvi, 26. /
INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 2057
TALENT d'or. Sa valeur. Exode, xxv, 39 ;
xxxvur, 24: III Rois, 1x, 14. — Son
poids. Il Rois, xit, 90 ; 11 Paralip., 111, 8.
TAMARIS, plante. Jér., XVI, 6.
TANIN ou TANIS, ville de la Basse Egypte.
Nombres, xim, 23 ; Isaie, XIx, 11.
TAPHETH, nom de femme. III Rois, 1v, 11.
TAPHNIS. Ses ruines. Jér., ,וזא 9.
TAPHSAR, titre de gouverneur. Jér., LI,
21.
TAPHNA, site inconnu. Josué, xir, 11.
TARSE, capitale de la Cilicie. Actes, ΙΧ,
30.
TAVERNES (les trois), sur la voie Ap-
pienne. Actes, xxviIr, 15.
TEBBATH, localité inconnue. Juges, vil,
23.
TEMPÊTE en Orient. Isaie, xxi, 1.
TEMPLE de Salomon. III Rois, Ix, 10. Voir
note 16, p. 9991 ; Matth., xxr, 12. — Sa
reconstruction. Jean, II, 90.
TENEBRES extérieures. Matth , vin, 12.
TENTE. 11 Rois, vri, 2; Ps. cru, 2.
TEREBINTHE (la vallée du). I Rois, xvir,
o xBeclis xxrv, 92.
TERRE DU MIDI, l'Idumée. 18810, xxt, 14.
TERTIUS, secrétaire de saint Paul. Rom.,
XVII 22.
TERTULLUS, avocat. Actes, xxiv, 1.
TETRARQUE. Matth., xiv, 1.
THABOR (le mont). Juges, tv, 6.
THALASSE, presde Bonsports. Actes, xxi,
8
THAMNAS ou THAMNA, localité située
dans les montagnes de Juda. Genèse,
XXXVIIL, 19.
THAMNATHA, ville. Juges, xiv,
I Mach., 1x, 50.
THAMNATH-SARA, ville. Josué, xix, 50.
THANAC, ville. Juges, r, 2T.
THAPHSA, ville située sur
111 Rois, 1v, 24.
THAPSA, ville de Palestine. IV Rois, xv, 16.
THARSIS. III Rois, x, 22 ; Isaie, 11, 16.
THARTHAC, faux dieu. IV Rois, xvir, 31.
THARTHAN, dignitaire assyrien. IV Rois,
XVn הב Xx, i.
THATHANAL, gouverneur perse. I Esdr.,
1, 2, 5;
l'Euphrate.
V. 3.
METH, ou Beté, ville. 1 Paralip., xvii,
Tries, ville. Juges, 1x, 50; Nahum, rit,
THÈGUE, ville de la tribu de Juda. Jér.,
vi, 1. — (Le désert de). II Paralip., xx,
30; 1 Mach., 1x, 33.
THELASSAR, ville. IV Rois, xix, 12.
THEMAN, ville de l'Idumée. Jér., ,זא 1.
TUE ou THAANACH, ville. Josué, XII,
THEODAS, faux prophète. Actes, v, 25
THEOPHILE, nom d'homme. Luc, 1 .
THERAPHIM, idoles. I Rois, xix, pu
Osée. rr, 4.
THERPHALÉENS (les). I Esdr., iv, 9.
THERSA, site inconnu. Josué, xit, 24.
THESBITE (le), de Thesbé, patrie d'Elie.
IT Rois, xvit, 1.
TII ESSALONIQUE,
Actes, XVIL, 1.
THOGORMA, nom d'une contrée d'Asic.
Ez., xxvir, 14.
THOPHEL, localité. Deut., 1, 1.
THOPO, nom de ville. I Mach., ix, 50.
THUBAL, nom de peuple. Ez., xxvii, 13.
THUMMIM, mot hébreu gravé sur le ra-
tional. Exode, xxvi, 30.
THYATIRE, ville de Lydie. Actes, אא 14.
THYPHON, vent d'entre est et nord. Actes,
xxvi, 14.
THYRSES, branches de verdure portées
dans les réjouissances publiques. 11 Mach.,
XUI
TIBÈRE (César). Luc, rr, 1.
TIBERIADE, ville de Galilée. Jean, vr, 23.
TIMON, diacre. Actes, vr, 5
TIMOTHÉE, général syrien. I Mach., , 6
TIMOTHÉE, nom d'homme. I Mach ,
TIMOTHÉE, disciple de S. Paul. yi in-
troduction aux Epitres pastorales.
TITAN (les fils de). Judith, xvr, 8.
TITE. II Cor., 11, 15. Voir Introduction aux
Epitres pastorales.
TITE Juste, Corinthien. Actes, xxii, ἢ
TITUS Manilius, Romain. II Mach., xr, 34.
TOB (la terre de). Juges, xt, 3.
TOBIE, nom d'homme. Zach., vr, 10.
TOIT. Marc, 11, 4.
TOPHETA, lieu situé prés de Jérusalem.
Isaie. xxx, 33 ; Jér., vir. 31.
TORRENT d Egypte. _Josué, Ἐν κα;
4; IV Rois, xxiv, 11; {saie, ,זוטאא
TORRENT de la uber de raisin. Nom-
bres, xii, 24.
TOUR, son usage en agriculture. Isaie, 1v,
2
vile de Macédoinc.
TOURBILLON du Midi,
Zach., 1x, 14.
מצצא dans le désert. IT Paralip., כ
TOURS de Jérusalem. Voir note 17, p. 2992.
TOURTERELLE en Palestine. Cant., 11, 12.
TRACHONITE la), pays situé au sud de
l'Antiliban. Luc, nt, 1.
TRADITION. Matth. SEXO
TRÉSOR. Matth., xxvi, 6.
TRIBUN. Marc, vi, 21 ; Jean, xvrirt, 12.
TRIBUNAL du roi. IV Rois, xt, 14.
TRIBUNS, chefs militaires. Exode, טא
21.
TRIBUS israélites. Territoire échu à cha-
cune d'elles. Voir Introduction au livre
de Josué. à;
TRIPHOENE, nom d'homme. Rom.,
violente tempéte.
XVI,
12,
TRIPHOSE, nom d'homme. Rom., xvi, 12.
TRIPOLI, ville de Phénicie. 11 Mach.,
NUE
TROAS ou TROADE, port près de l'Ielles-
pont. Actes, xvi, 8 ; IL Cor., 11, 12.
TROGLODYTES. II Paralip., xit, 3.
TRONC. Marc, זא 41.
TROPHIME, chrétien d'Ephèse. Actes, xx,
4.
TRYPHON, officier syrien. I Mach., ΧΙ,
39. — Sa cruauté. Ibid., x1, 31.
192
3058
TSALTSAL, mouche. Isaie, אא 1.
TSIN, désert. Nombres, xxxiir, 11.
TUBIANEENS (les) juifs de
ΠΕ ΒΟΙΝ TNT:
TUBIN, localité du pays de Galaad. 1 Mach.,
Voile
TUNIQUE, Matth., v, 40.
TYCHIQUE, chrétien d'Asie. Actes, xx, 4.
TYR. Il Rois, xx1v, 7. — Sa position to-
pographique, Sa ruine. Isaie, תזואא 1-
18. — "Tyr, métropole de Sidon. Ibid ,
4. — Son opulence. Sa ruine. Ez., XXVL,
2: Marc, rir, 8.
TYRAN, nom d'homme. II Mach., iv, 40;
Actes, xix, 9.
Tubin.
U
ULAI. fleuve. Dan., vut, 2.
UR, ville de Chaldée. Genèse, xr, 28.
URIE, nom d'homme. [saie, viu, 2.
CRI prophete. Jér. , XXVI, 20.
URIM, mot hébreu gravé sur le rational.
Exode, xxvi, 30,
V
VALLÉE des géants. IT Rois, xx11t, 43
VALLÉE des ouvriers. 1 Paralip., 1x, 14.
— De larmes. Ps. .אאא
VALLEE DE VISION, Jérusalem. Isaie, xxit,
1-14.
VALLÉE (la) illustre. Sa situation. Genese,
xit, 6.
VALLÉE du roi. 1! Rois,
VASES de terre. Leur
ו
VASES égyptiens emportés par les Israé-
lites. Exode, 111, 22; xm, 35.
VASTHI. femme d'Assuérus.
Voir l'introduction à Esther.
VEAU D'OR. Exode, xxxi, 4; ΠῚ Rois,
xir, 28.
VEAU gras. Luc, xv, 22.
xvit, 18.
usage particulier.
Estliz5 1,9.
INDEX ARCHÉOLOGIQUE.
VEILLE DE LA NUIT. Matth., xtv, 25,
VENT violent. Ses effets. Ps. XVII, us
VENTES 5 Borg chez les Juifs. Lévi-
tique, xxv, 14.
VENTRILOQUES. Isaie, xxIX, 4.
YER MILL N chez les anciens. Sag., xiii,
4
VESCE, plante. Isaie, xxvriz, 25, 27.
VETEMENT DE NUIT. θοὰς, XXIV, 13;
Juges, rv, 18.
VIGNE, 'VIN en Egypte. Genèse, xr, 9, 11;
— Dans la tribu de Juda. Genése. XLIX,
11. — Vin artificiel. Isaie, v, 11; Jean,
XV, 1.
VIPERES en Arabie. 18816, xxx, 6.
VISION du char. Ez., 1, 4-28.
VOILE du temple Matth., xxvu, 51.
VOYAGES dans l'antiquité. Eccli., xxxiv,
12
VOYANT. II Rois, xv, 21.
X
XANTHICUS, nom d'un mois dans le ca-
lendrier macédonien. 11 Mach., xr, 30.
Z
ZABADÉENS. I Mach.,
théens.
ZABULON (la terre de). Isaie, 1x, 1.
ZACHARIE, prophète Matth., xxr, 35.
ZACHAR!E, père de Jean-Baptiste. Luc,
xi, 91. Voir Nabu-
ΤΣ
ZACHÉE, nom d'homme. lI Mach., x, 19.
ZAMBRI, nom de province Jér., xxv, 23
ZARA, pharaon. ll Paralip., xiv, 9.
ZARED. torrent. Nombres, xxt, 12.
ZEBEDEE, père de Jean et Jacques. Matth.,
xx, 20.
ZENAS, juif converti. Tite. 111, 13.
ZIO ou ZIV, nom d'un mois du calendrier
hébraique. HI Rois, vi, 1.
TABLE DES MATIÈRES
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Judith (Introduction) . .
Esther (Introduction) . . .'poilepbowal) 8
Job (Introduction) . Mic; e
Les Psaumes TUE bé uemiT iust
Les Proverbes de Salomon Vice rerums diomkiT 6 5% 4
L’Ecclésiaste (Introduction). . . Π SHT ἡ
Cantique des cantiques br dS מ
La Sagesse (observations préliminaires)
L'Ecclésiastique (observations préliminaires . . . . . . ,
Les Prophètes (observations préliminaires) . . . . . .
Isaie (Introduction) :
Jeremie (fntroduetian). . . . . ./. tm honinihanreld.jniex
Lamentations de Jérémie (Introduction) . . . . . . . .
Baruch (observations générales) . . . . . . . . «
Ezéchiel (Introduction)
3060 TABLE DES MATIÈRES.
Partage de la terre d’Israël d’après la description d'Ezéchiel (chap. x,v-xuvur) 1974
Daniel introduction) «5-18. 1 291 XI dents os 000000 0 0 1968
3 üstreduetion). Ποὺ 0 ב השרי XS
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Amos (Introduction) 6] ΠΕ ΕΠ’. > 4 )1 1] FES 2068
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Jonas (Introduction) ב ב שת ו ρος τ Ie EE
Michée(Introduction] 2 7 שו ו ןש שב OTI ER ELE
Nahum (Introduction) LN stu PIS
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Sophonie (Introduction) RMS Jes Dr o à rds. te Tet NOTER EC LO,
Aggée (Introduétion) . . . . . . . . τοῦ Nee MEC ODER LL
Zacharie (Introduction) . . . . כ . L WEIT cM τ
Malachie (Introduction) . ...... : לו ו un Ash
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Il Machabées (Introduction) . . Ὁ τὴν Ἐν ἔτος Ἀν כפינר eco cy GU
Dédicace de la Traduction du Horse: Lu 7 state Les T. OR E ל
Lettres épiscopales. . . . 2291
Jugement des critiques les uS ues εἰ des interpretis fes pias tavi d du
protestantisme)sur la Vulgate-. «. « * «i € ISO. VOLANT ו ו ל שו
Avertissement. de la seconde édition. « 4 « v s של שה שש V מל ET)
Avertissement de, lafpremière édition + €. « « «& 5.5 שש = ANRT
Préface" 2309
Table des bites οἱ Ex die qui se a dan IP Eglise ΓΝ toute / année
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LES EvANGILES . ttis : πὰς ו
Evangile selon saint Matthieu ו um שי eee te le τ... 2:2}
Evangile selon saint Marc (Introduction) . . . . . . . . LV 1.77983
Eyangile selon’saint Lue (Introduction) . τ * 4 « . 5 ה 5 1 ב
Evangile selon saint Jean (Introduelion) - . . . . . . . .. ... . 9581
Agles des Apôtres.(Introduction) + : * 3 :.* : . τς 5 S ππΠ
L'EPrrRE DE SAINT PAUL. — Saint Paul . . . . OM Or ed or co RO
Epitre de saint Paul aux Romains 0 שור םס ו ו oo DE
Première épitre de saint Paul aux Corinthiens Ππ e: Ts el RENS τσ δῦ
Deuxième épitre de saint Paul aux Corinthiens (Introduction) . . . . . . 8
Epitre de saint Paul aux Galates (Introduction) . . . . . . .. . . . 9119
Epitre de saint Paul aux Ephésiens (Introduction). . . . . . . . . , . 2192
Epitre de saint Paul aux Philippiens (Introduction) . . . . . . . . . . 92806
Epitre de saint Paul aux Colossiens (Introduction) . . . . . . . . . . 9814
Epitre de saint Paul aux Thessaloniciens (Introduction) . . . . . . . . 92823
LES EPÎTRES PASTORALES . . . LE ME DRAC o © δ:
Première épitre de saint Paul à Timothée (introduction } PME
Deuxième épitre de saint Paul à Timothée (Introduction). | . . . . . . 2845
Epitre ge saint Paul ב Tite (Introduction). 4°"... (TOR
Epitre de saint Paul à Philémon (Introduction) . . . . . . . . . . . 9855
Epitre de saint Paul aux Hébreux (Introduction) . . . . . . . . . . 9860
Lrs EPÎTRES CATHOLIQUES . . . ב ME mare Vie Ne aude Me UI unio V
Epitre de saint Jacques (Introduetion) m וק א וש UE
Premiere épitre de saint Pierre (Introduction) 5 NOD
DbeuxiemexepitrevdessaintsPierredIntroduetion) 9-292290 7 72 0 2 202208
Première épitre .de.saint Jean- (Introduction 7 "0115. OPEN n e T EE
Deuxième épitre de saint Jean (Introduction) M :502 0: בו
‘Troisième ‘épitre de saint#Jean τ CRE τὺ, TN Or 020
TABLE DES MATIÉRES.
9001
Epitre de saint Jude (Introduction). - EE AC 5
Apocalypse de saint Jean (Introduction) 2933
APPENDICE. — Notes complémentaires : : 228529115
Histoire de Notre-Seigneur Jésus-Christ selon TS TD SES : . 3026
Citations des textes de la Bible qui établissent le dogme catholique . . . . 3032
. כ ה ה vo on o ov o v ἢ On Se à! + à 3036
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