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Full text of "La Sainte bible polyglotte : contenant le texte hébreu original, le texte grec des Septante, le texte latin de la Vulgate et la traduction francaise de M. L'Abbé Glaire"

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LA SAINTE BIBLE 


SELON LA VULGATE 


OUVRAGES DE M. VIGOUROUX 


Les Livres Saints et la Critique rationaliste. Hisloire el réfutation des 
objections des incrédules contre les saintes Ecritures, par F. Vicouroux, avec des 
illustrations d’après les monuments, par M. l'abbé DourrLAnp, architecte. Cinquième 
édition. 5 vol.in-89" . . 52 D c uo cc EN - M 35 fr. 


vol. In LAC RER OR CR ONU 20 fr.‏ ב תפחוס 


Manuel biblique, ow Cours d'Ecrilure sainle à l'usage des séminaires. Ancien Tes- 
tament, par F. Vicouroux. Nouveau Testament, par L. Bacuez. 11* édition. 4 vol. 


In-l9 4 . 2 ו‎ OSEE. 7 6. c ΞΕ © ‘lé fie 
Carte de la Palestine, pour l'étude de l'Ancien et du Nouveau Testament, 1 feuille 
de 0947 de haut sur 0239 de large, imprimée en quatre couleurs. 6* édition. 1 fr. 
Achetée avec 16 Manuel biblique -—— à שר כ קוה‎ . ΟΞ 


La Bible et les découvertes modernes en Palestine, en Égypte et en 
Assyrie, par F. Vicounoux ; avec cartes, plans et illustrations, d’après les monu- 


ments, par M. l'abbé DouiLLaRD, architecte. 6* édition. 4 volumes in-12. . 16 fr. 
Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques modernes, 
avec des illustrations d’après les monuments. 2° édit. 1 vol. in-12 . . . , 4 fr. 


Mélanges bibliques La Cosmogonie mosaïque d’après les Pères de 
l'Eglise, suivie d'éludes diverses relatives à l'Ancien et au Nouveau Testament 
(Les inventeurs de l'explication naturelle des miracles : Eichhorn et Paulus. — Les 


inscriptions el les mines du Sinai — Les Hélhéens de la Bible. — Le Livre des Pro- 
verbes el la Fourmi — Susanne : caraclere véridique de son histoire. — Les Sama- 
rilains au temps de Jésus-Christ. — La Bible et la critique, réponse aux Souvenirs 


d'enfance et de jeunesse de Renan), par F. Vicouroux ; avec une carte et des illustra- 
tions d'après les monuments, par M. l'abbé DouiLrAnD, architecte. 2* édition 4 volume 
HR v ₪7 שר‎ L8] בי‎ τ -0- CORDON 4 fr. 


La Sainte Bible selon la Vulgate, traduite en francais par M. l'abbé GLAIRE, 
avec introductions, notes, appendices et index archéologique, par F. Vicouroux ; seule 
approuvée après examen fait à Rome par la Sacrée Congrégation de l'Index. 4 vol. 
רמו‎ 2 lo > we ers sa ששמ‎ ^ . QU UNES — מ כ‎ 

Le Nouveau Testament in-8° se vend séparément. . . . . . . . . 6 fr. 


Sous presse : La Sainte Bible, formal in-18, caractères neufs, comprenant : 1° le texte 
de la Bible distribué en alinéas avec divisions générales et secondaires des livres sa- 
crés ; 2» des introductions; 39 des notes nombreuses ; 4? des appendices ; 5? des illus- 
trations archéologiques 5 vol. in-18. 


Nouveau Testament in-18 (nouvelle édition, caractères neufs), par MM. GLAIRE 
et Vicouroux. Seule traduction approuvée par le Saint-Siège. Avec notes nouvelles, 
— introductions, — appendices, — concorde des Evangiles, — tableau de l'histoire de 
Notre-Seigneur Jésus-Christ, — index archéologique, table des Epitres et des Evangiles 


de toute l'année. 1 vol, in-18 . . . . . . D US - ONDES NE ND: 2 fr. 
Le méme:papienteinté, ה כ קסע סס|ת‎ CCC 3 tr. 
Les Saints Évangiles, suivis des Actes des Apótres, précédés de la messe et des 
vépres. À vol. in-18, papier teinté, filet rouge . . . . . . . . . . . 0 


EN COURS DE PUBLICATION : 


La Sainte Bible polyglotte, contenant le texte hébreu, le texte grec, la Vulgate 
latine et la version française de M. Glaire, avec les différences de l'hébreu et de la 
Vulgate, des introductions, des notes, des cartes et des illustrations, par F. Viaou- 
Roux. Paris, Roger et Chernoviz. L'ouvrage formera 8 forts volumes grand in-8 raisin. 
Prix net pour les souscripteurs, le volume pris à Paris, . . . . . . . 7 τ: 


Dictionnaire de la Bible, contenant tous les noms de personnes, de lieux, de 
plantes, d'animaux, mentionnés dans les Saintes Ecritures, les questions théologi - 
ques, archéologiques, scientifiques, critiques. relatives à l'Ancien et au Nouveau Tes- 
tament, et des notices sur les commentateurs anciens et modernes avec de nombreux 
renseignements bibliographiques. Ouvrage orné de cartes, de plans, de vues des lieux, 
de reproductions de médailles antiques, de fac-similés des manuscrits, de reproductions 
de peintures et de bas-reliels assyriens, égyptiens, phéniciens, etc, publié par 
E. Vicouroux, avec le concours d'un grand nombre de collaborateurs. — Prix du fas- 
cicule, in-49, de.320 COL RC EN TON NE. CORRE 5 fr. 


BESANCON, — IMPRIMERIE JACQUIN. 


LA 


SAINTE BIBLE 


SELON LA VULGATE 
TRADUITE EN FRANÇAIS, AVEC DES NOTES 
L'ABBEÉ J.-B. GLAIRE 


Seule approuvée 


APRÈS EXAMEN FAIT A ROME PAR LA SACRÉE CONGRÉGATION DE L'INDEX 


NOUVELLE ÉDITION 


AVEC INTRODUCTIONS, NOTES COMPLÉMENTAIRES ET APPENDICES 


X‏ זז IBCGOU IO‏ ו הו 


Prétre de Saint-Sulpice 


PARIS MONTRÉAL 
A. ET R. ROGER ET F. CHERNOVIZ LIBRAIRIE BEAUCHEMIN 


Libraires-Éditeurs pe pa 
256, RUE SAINT-PAUL 


1, RUE DES GRANDS-AUGUSTINS 


IMPRIMATUR 


Besancon, le 27 avril 1905 


F. LABEUCHE, 


V; ; 
CRUE 


AVIS 


Comme on le voit dans le Rescrit apostolique qui figure parmi les piéces sui- 
vantes, Sa Saintelé Pie IX a daigné charger Son Eminence le Cardinal arche- 
véque de Bordeaux, Mgr l'archevéque de Paris et Mgr l'archevéque de Bourges, 
d'examiner notre traduction et d'en permettre la publication, pourvu qu'elle 
soit entiérement conforme à l'ancienne Vulgate latine authentique; qu'elle ne 
contienne rien de contraire à la foi et aux moeurs, et qu'elle soit accompagnée 
de notes ou de commentaires tirés des saints Pères de l'Eglise, ou de savants 
interprètes catholiques. Les trois prélats, aprés examen fait, ayant reconn 
que notre version réunissait ces diverses condilions exigées par le Saint-Père 
onf donné leur epprobation reproduite un peu plus bas. Mais, il faut bien le 
remarquer, ceite commission du Saint-Pére ne doit pas être considérée comme 
une approbation solennelle et proprement dite du Saint-Siège. Disons, en effet, 
que cette approbation solennelle n'a été jamais donnée dans l'Eglise qu'à la 
Vulgate latine, déclarée authentique par le Concile de Trente. 

Que le lecteur nous permette d'ajouter ici un mot à ce qui a été dit sur la 
littéralité de notre version dans l'Avertissement. Quelques nouvelles objections 
rendent celte addition nécessaire. 

Ainsi on a prétendu qu'en voulant catquer quelquefois les mots sur la tournure 
ou sur l'expression latine, nous ne nous sommes pas souvenu de la régle posée 
par saint Jérôme lui-même : Magis sensum è sensu, quàm ex verbo verbum trans- 
ferre (Præfat. in lib. Judith). Bossuet, Sacy, cités dans le même avertissement, 
ont déjà parfaitement répondu à celte objection. De notre cóté, nous dirons 
que, sans avoir oublié ce texte, nous nous sommes souvenu de cet autre du méme 
Père : Melius est in divinis libris transferre quod dictum est, licet non intelligas 
quar? diclum sit, quàm auferre quod. nescias (In Ezech. xx); et nous répéterons, 
avec D. Calmet, expliquant ce passage : « Il est de trop grande conséquence, 
dans la traduction d'un texte, de déterminer un sens que peut-étre l'auteur a 
voulu exprés laisser suspendu : ce n'est point exprimer son sens, c'est agir 
contre ses fins et ses intentions (Comm. littér. Præf. génér., t. T, p. 4). » 

On nous a reproché encore d'avoir reproduit avec un soin minutieux dans 
nos notes les différences les plus légéres qui se trouvent entre le latin et le 
francais, comme, par exemple, notre remarque : sont des biens, littéralement et 
par hébraisme, sont en biens, ou pour biens (Eccli., xxxix, 32). Nous l'avouons 
franchement, nous nous serions bien gardé de les faire, si nous n'avions eu un 
but utile en les faisant. Or, ce but, c'est de montrer contre les détracteurs de 
la Vulgate la fidélité avec laquelle saint Jérôme s'est attaché à reproduire, dans 
toutes ses nuances les plus fines et les plus délicates, le texte original. Ainsi, 
dans le passage de l'Ecclésiastique, le grec porte à la lettre sont en biens ou 


AVIS. 


pour biens, ce qui est un pur hébraisme que l'auteur lui-méme de ce livre a cru 
devoir respecter dans le texte grec, et que saint Jéróme, à son tour, a voulu 
conserver dans le Jatin. 

En terminant sa lettre qui accompagne le Rescrit, le R. P. Sacchéri dit qu'il 
espère que les vœux de M. Glaire seront enfin remplis, et que sa version pro- 
duira dans l'Eglise des fruits trés abondants. S'il en est ainsi, nous n'aurons, en 
effet, rien de plus à désirer en ce monde ; nos derniers jours seront pleinement 
satisfaits; et dans le cas où il ne nous sera pas permis d'achever nos autres 
travaux, nous n'en bénirons pas moins Dieu jusqu'au dernier soupir, de ce qu'il 
a bien voulu nous accorder la grâce insigne de contribuer à répandre sa divine 
parole. 


J.-B. GLAIRE. 


ammo PTS (2) 4 — 


A SA SAINTETE PIE IX 


TRÈS SAINT-PÈRE, 


Profondément affligés de voir les protestants répandre leurs Bibles parmi les 
familles catholiques avec une profusion alarmante, et par ce moyen y exercer 
beaucoup d'influence, soit en déprimant à leurs yeux nos saintes croyances, 
soit en attirant les enfants de ces familles dans leurs propres écoles, les Evéques 
soussignés, dans le vif désir d'obvier à un mal aussi grave, viennent supplier 
Votre Sainteté de vouloir bien faire examiner la Traduction francaise de l'An- 
cien Testament de M. l'abbé Glaire, et de lui accorder, s'il y a lieu, l’impri- 
matur. 

On ne saurait douter que ce ne soit là un puissant moyen d'arréter les progrés 
du mal, l'expérience ayant déjà prouvé que la publication du Nouveau Testa- 
ment du méme auteur, précédemment autorisée par le Saint-Siège, avait produit 
les fruits les plus salutaires. 

[| est incontestable que rien aujourd'hui ne peut empêcher la lecture de la 
Bible entiére dans le monde. Or n'y a-t-i! nas un grand avantage à substituer 
une version fidèle et autorisée aux traductions inexactes et dépourvues de toute 
approbation ecclésiastique ? 

Enfin une Bible francaise autorisée par le Saint-Siège 616781] aux protestants 
tout prétexte d'accuser injustement l'Eglise catholique d'empécher les Fidèles 
de lire la parole de Dieu. 

Les Evéques soussignés osent espérer que Votre Sainteté reconnaitra la légi- 
üimité de ces considérations. 

Dans cet espoir, ils la prient humblement d'agréer l'assurance de leur pro- 
fonde vénération. | 


Rome, le 5 juillet 1870. 


+ Cu.-Fr. Ev. de Séez. T AucusrE. Ev. de Meaux. 

+ Anwr.-CH. Ev. d'Angouléme. + Jos.-Ar. Ev. de Beauvais, de Noyon et 
+ J.-B. 108008. Ev. d'Arras. Senlis. 

T CHarLes. Ev. du Mens. + L.-Manik, Ev. d'Aire et Dax. 

T Pierre-Hexri. Ev. de Belley. + Louis. Ev. de Rodez. 


À cette occasion, comme Lloujours, je suis heureux de m'unir à Mgr l’évêque 
de Rodez; et je me féliciterais si j'avais pu aider le pieux et savant M. Glaire, 
qui a déjà beaucoup fait pour les Saintes Ecritures. + RÉNÉ, Ev. de Quimper. 


+ A.-René. Ev. de Saint-Denis. + F&ux. Ev. de Limoges. 

+ GasparD-MermiLLon. Ev.  d'Hébron, + R.-François. Arch. de Cambrai. 
auxil. de Genéve. + C.-Euie. Ev. d'Angers. 

+ J.-A.-M. Ev. de Mende. + EuctwE. Ev. de Chartres. 


+ L.-E. Ev. de Poitiers. + Fron. Arch. de Toulouse. 


VII APPROBATIONS. 


T Pierre. Ev. du Puy. + A-A. Durowr. Ev. d'Azoth, vic. apost 
+ M.-Josern. Ev. de Périg. et de Sarlat. de Siam. 
+ J.-François. Arch. de Reims. + Y.-M Cnoc. Ev. de Laranda, coadj. dt 
+ Jaco.-Awr. Ev. d'Amiens. Tonquin. 
+ A.-V.-FR? Ev. de Gap. T Fn.-C. Rinec. Ev. de Philippopolis, vic 
T Jos.-Eucène, Ev. d'Ottawa. apost. de Corée. 
+ Pierre. Ev. de Versailles. + ExwaNuEL-Jur. Ev. de Troyes. 
+ V.-AucusrE. Arch. de Malines. + M.-Juuen. Ev. de Digne. 
T G.-losern. Ev. de Tournai. + V.-Féux. Arch. de Sens. 
T T.-Josepu. Ev. de Namur. + AwroiwE. Ev. de Para (Brésil). 
+ Henrt. Ev. de Gand. + Perrus. Episcopus Sebni, Fluminis Ja- 
t JgAw-Jos. Ev. de Bruges. nuarii. 
T J.-CLatr. Ev. de la Guadeloupe. + ALoisius. Episc. Fortalixiensis. 
+ L.-Aswr. Ev. de Saint-Claude. - T AuGusi .. Ev. de Nevers. 
+ F.-N. Ev. de Valence. + Louis. Arch. d'Avignon. 
+ F.-ManiE. Ev. de Maurienne. + François. Ev. de Carcassonne. 
+ François. Ev. de Dijon. + J.-Josepn. Ep. Bostoniensis. 
T E.-L. CaarsoxnEAU. Ev. de Jussa, vic. + J.-Jures. Ev. de Soissons et de Laon, 
ap. du Mysore. + Iexri. Ev. de Fréjus et de Toulon. 
t F. LaourENAN. Ev. de Faviopolis, vic. + L.-Tn. Ev. de Blois. 
apost. de Pondichéry. + François. Ev. de Bayonne. 


RESCRIPTUM 


FERIA IV, DIE 22 JANUARII 1873 


In audientia SSmi PII PP. IX. habita eadem die ab infrascripto Secretario exhibi- 
tus fuit supplex libellus R. D. Joannis Baptistæ Glaire, quo humiliter petit, ut Emo 
ac Rmo D. Cardinali Archiepiscopo Burdigalensi, et [mis ac Revmis DD. Archie- 
piscopis Bituricensi, et Parisiensi Sanctitas Sua committere dignetur, versionem 
gallicam Veteris Testamenti ab ipso exaratam recognoscere, jurisque publici facien- 
dam permittere. SSmus benigne annuit juxta petita, hac tamen lege, ut hujusmodi 
versio sit omnino conformis Veteri Vulgatæ Latin: authentic, nil in ea deprehen- 
datur contra fidem, ac mores, et cum aunotationibus aut commentariis desumptis 
ex Sanctis Ecclesie Patribus, vel ex doctis catholicisque viris juxta decretum a s. In- 
dicis Congregatione die 13 Junii 1757 editum, et die 23 Junii 1817 tb eadem confir- 
matum. Insuper Sanctitas Sua declaravit, ut hæc tribus superius laudatis Archie- 
piscopis data commissio minime censeatur veluti solemnis ac propria dictæ versionis 
gallicæ Veteris Testamenti approbatio a S. Sede prolata. 


10 spilli Fr. HIERONYMUS PIUS SACCHERI 
PRESSE Ord. Praed. Sacr. Indicis Cong. ₪ 


Jegretaria Del l'Indiche 


MINERVA N? 3. 


EMO AC R"? DOMINO D. CARD. ARCHIEP. BURDIGALEN. 


EMINENTISSIME AC REVERENDISSIME DOMINE, 


Pergratum sane ac honorificum munus a SS. D. N. PP. IX (quem Deus diu sospitem 
servet) mihi est commissum ad Eminentiam Tuam Reverendissimam mittendi Res- 
criptum, quo Eadem Sanctitas Sua benigne indul-it supplici exhibito libello R. D. 
Joannis Baptistæ Glaire pro obtinenda recoguitiouc versionis gallicæ veteris Testa- 


APPROBATIONS, τὰ 


taentí ab ipso peräctæ, et pro facultate eam typis consignandi, perpensis tamen et 
omnino adhibitis certis quibusdam conditionibus in eodem Rescripto contentis. 
Eminentiam vero Tuam certiorem facio ipsum Rescriptum, dé quo agitur, in ejusdem 
versionis procemio plané inserendum esse 

Idcirco in spem adducor, D. Glaire votorum suorum adimplementum tandem con- 
sequturum, simulque fructus in Sancta Dei Ecclesia uberrimos ex hac versione ori- 
turos. 

Interim Tibi, Eminentissime Domine, felicia ac leta ex animo adprecatus sa- 
eram purpuram humiliter Tibi deosculor et ad quaque officia me paratissimum 
exhibeo. 


Datum Roma, die 26 januarii 1819, 
Eminentie tuæ Reverendissimæ 
Addictissimus 


Fr. HIERONYMUS PIUS SACCHERI 
Ord. Præd. Sacr. Indicis Congr. a Secretis, 


La méme lettre ἃ été adressée à Nos Seigneurs les Archevéques de Paris et de 
Bourges. 


Nous, CARDINAL ÁRCREVÉQUE DE BORDEAUX, 


Vu le rapport trés favorable qui nous a été fait par un savant professeur délégué 
par Nous, sur la traduction de l'Ancien Testament de M. Glaire, vicaire général et 
chanoine honoraire de notre diocèse, 

Uéclarons cette version conforme au texte latin de la Vulgate, et avons la convie- 
tion qu'elle sera d'une grande utilité pour les fidéles, et qu'elle remplacera avan- 
tageusement celles qui ont eu cours jusqu'à présent el dont aucune n'offre autant 
de garantie. 

+ FERDiNAND, Card. Donner, Archevéque de Bordeaux. 


Bordeaux, 16 6 mars 1810. 


ARCHEVÊCHÉ DE PARIS 


Sur le rapport qui nous a été fait par un savant professeur de théologie, que nous 
avions chargé d'examiner la traduction de l'Arcien Testament par M. l'abbé Glaire, 
nous déclarons exacte et conforme au texte de la Vulgate cette version en langue 
francaise, et nous en autorisons l'impression et la lecture. 


Fait à Paris, le l** mars 1813. 
T J. Hipr., 4rchevéque de Paris. 


ARCHEVÉCHÉ DE BOURGES 


Conformément au rapport qui nous a été fait par un de nos vicaires généraux, 
nous aimons à déclarer que la traduction francaise des livres de l'Ancien Testament, 
par M. l'abbé Gluire, est entièrement conforme au texte latin de la Vulgate, inter- 
prété, lorsqu'il en est besoin, par les textes originaux, et accompagné de notes expli- 
catives, ainsi que le demande le saint Concile de Trente. 

L'auteur s'est attaché à rendre cette version aussi littérale que possible. Dans son 


ἘΚ APPROBATIONS. 


. Avertissement, il répond d'avance à ceux qui seraient tentés de lui en faire un re- 
proche. Pour nous, nous voyons dans cette exactitude minutieuse, qui parfois pourra 
paraitre excessive, une qualité plutót qu'un défaut. Dans tous les cas, plus fidéle et 
plus complète que la plupart des versions françaises, celle-ci répond au besoin qui 
s'est fait sentir depuis longtemps dans notre pays, d'une traduction sûre et autorisée 
qu'on puisse mettre sans aucun danger entre les mains des fidèles. Nous l'approuvons 
en ce qui nous concerne, ct selon la teneur du Rescrit apostolique, en cate du 
22 janvier de la présente année. Wa 
+ U.-A., Archev, de Bourges, 


Bourges, le 5 mars 1813. 


JUGEMENT 


DES! CRITIQUES LES PLUS HABILES ET DES INTERPRÈTES LES PLUS SAVANTS 
DU PROTESTANTISME SUR LA VULGATE 


1. Paul Fage ou Fagius traite de demi-savants et d'impudents tous ceux qui 
osent mal parler de cette version : « Non est ergo temere nata Vulgata editio, ul 
quidam scioli stulte et impudenter clamitant (1). » 

2. Scaliger, cité, par G. Carpzov ou Carpzovius, dit que jamais personne n'a 
été plus capable de traduire l'Ecriture que saint Jéróme, à cause de l'érudition 
et de la connaissance des langues qu'il possédait : « Nemo majorem erudilionem 
et apparatum iinguarum et translationem Scripturz. attulit post Hieronymum, 
quam Hieronymus.» Sans partager entièrement l'avis de Scaliger, Carpzovius 
avoue cependant que saint Jérôme 8 surpassé de beaucou 2 lous les docteurs de 
son temps, et qu'il a donné des preuves irrécusables de ;on savoir en hébreu, 
Soit dans ses Commentaires, enrichis de notes critiques sur les lecons et va- 
riantes et les différentes interprétations du texte, soit uans ses savantes pré- 
faces, soit enfin dans tous ses autres travaux bibliques (2). 

3. Drusius loue le Concile de Trente d'avoir donné à la Vulgate !a sanction de 
son autorité, « parce que, dit-il, les versions nouvelles ne sont pas meilleures 
que cette ancienne, et qu'elles ont peut-étre de plus grands défauts (3). » 

4, Grotius, rendant raison du motif qui l'a porté à choisir la Vulgate pour en 
faire le fond de ses notes sur l'Ancien Testament, dit : > J'ai toujours beaucoup 
estimé cette version, non seulement parce qu'elle ne renferme rien de con- 
traire à la saine doctrine (nulla dogmata insalubria continet), mais encore parce 
que son auteur est plein d'éruditiou (4). » 

9. Louis de Dieu, comparant la Vulgate avec les traductions latines du Nou- 
veau Testament faites par Bèze et par Erasme, dit : « Si j'affirme que l'auteur de 
la Vulgate, quel qu'il soit, est un savant et un trés savant homme, je ne croirai 
pas avoir mal jugé. Il a des défauts, je l'avoue, il a aussi ses barbarismes; mais 
je ne puis nier que j'admire partout sa bonne foi et son jugement, méme dans 
les endroits où il parait barbare (5). » Cet auteur ne s'est pas borné à cet aveu; 
dans ses remarques tant sur l'Ancien que sur le Nouveau Testament, il appuie 
souvent la Vulgate et la défend contre ceux qui l'attaquent. 

6. Dr. Walton reconnait qu'on doit faire grand cas de la Vulgate (magni facien- 


(4) Præfat. ad collat. translat. Vet. Test. 

(2) G. Carpzovius, Crit. sacr. Proæmium, p. 21, 22. 
(3) Loca difficilia Pentateuchi. 

(4) Praefat. annotationum Vet. Test, 

(5) Notz ad Evangelia, passim. 


xiu JUGEMENT. 


dam), tant pour son antique et son long et universel usage dans l'Occident, 
que pour le savoir (doctrinam) et la fidélité (fidelitatem) de l'interprète Jérôme, 
que les plus savants prolestants (protestantium doctissimi) proclament avec 
reconnaissance comme ayant bien mérité de l'Eglise... Puis, aprés avoir cité 
comme: défenseurs de cette version, Béze, Andrews, Fage, Louis de Dieu et 
Casaubon, il ajoute : « Ces témoignages prouvent assez clairement que les pro- 
testants les plus savants, bien qu'ils n'accordent pas à la Vulgate une autorité 
souveraine, et qu'ils ne l'égalent pas aux sources primitives, en la déclarent 
exemple de toute erreur, ils ne la méprisent pas; ils lui rendent, au contraire, 
l'honneur qui lui est dû. C'est pourquoi nous l'avons irsérée dans votre édition 
de la Bible, laissant de côté les traductions latines qui ent été faites de nos 
jours, d’après des manuscrits hébreux et grecs trés récents, et auxquelles, à 
cause de leur nouveauté méme, nous n'avons pas dà convenablement donner 
une place parmi les versions que leur antiquité rend vénérables (1). » ו‎ 

7. Thomas Hartwel Horn, quoique n'ayant pas une zrande zutorité parmi les 
critiques, peut d'autant mieux étre invoqué en faveur de la Vulgate, qu'étant 
anglican, son jugement n'est pas suspect, et qu'il parle d'aprés l'opinion com- 
mune de ses coreligionnaires. Cet écrivain dit donc que, > bien que la Vulgate 
ne soit ni inspirée, ni infaillible..., il est cependant reconnu qu'elle est en géné- 
ral une version fidéle, qu'elle pa assez souvent le sens des Ecritures avec plus 
d'exactitude que les versions plus modernes..., et que, par conséquent, elle ne 
doit en aucune manière être négligée dans la critique biblique (2). » vits 

8. W. Gesenius, mort en 1842, était assurément l'hébraisant le plus habile de 
l'époque; eh bien, ce savant philologue malgré ses préjugés dogmatiques et 
son rationalisme si prononcé, combat très souvent les significations de mots 
hébreux et les interprétations données, soit par toutes les autres versions, soit 
par les commentateurs et les hébraïsants anciens et modernes, pour maintenir 
les sens assignés aux mots et aux phrases du texte original par l'auteur de la 
Vulgate, On n'a, pour s'en convaincre, qu'à parcourir son Thesaurus lingue 
hebrez et chaldææ Vet. Test. 

9. Depuis Gesenius, il a paru en Allemagne plusieurs ouvrages en faveur de 
la Vulgate; ouvrages faits par des protestants trés renommés; nous nous bor- 
nerons à citer celui de Hermann Rœnsch, intitulé : Ztala und Vulgata ; das 
Sprachidiom des urchrislichten Itala und der katholischen Vulgata. — Leipzig, 1869, 
in-8. 


J.-B. GLAIRE. 


(4) Polyglot., prolegom., X. 
(3) An Introd. to the ον itical study and. Knowledge of the holy Scriptures, vol. M, 
part. 1, p. 239. Eighth edition, 


— 325-0» (Seo oc— — 


AVERTISSEMENT 


En publiant notre traduction du Nouveau Testament avant celle de 
l'Ancien, nous avons déféré à l'avis de plusieurs évêques, d'un grand 
nombre de prétres de différents pays et du Souverain Pontife lui-méme; 
et nous l'avons fait avec d'autant plus d'empressement, qu'ils sont les 
meilleurs juges d'une pareille anticipation. Mais, par là méme, nous 
avons dà mettre en téte des éditions du Nouveau Testament un avertis- 
sement qui y devenait nécessaire, quoique sa place naturelle füt immé- 
diatement avant ia waduction de l'Ancien. Nous reproduisons donc ici 
cet avertissement, en y faisant, toutefois, des additions nécessitées par 
certaines circonstances. 

Bien que préparé à cette traduction par une étude des langues et de 
la science bibliques, continuée pendant plus de quarante années, nous 
n'aurions osé entreprendre une tâche aussi difficile, si nous n'y avions 
élé fortement engagé, et en France et en plusieurs pays étrangers, 
par des hommes dont l'autorité doit être du plus grand poids pou: 
nous. 51 donc il y a eu témérité de notre part, nous espérons trouver 
dans ces encouragements une excuse légitime. 

Nous avions d'abord pensé à reproduire la version de Sacy, avec de 
nombreux changements; mais, aprés un examen plus approfondi et 
une confrontation plus rigoureuse de cette version avec la Vulgate, 
nous avons dü renoncer à cette idée. Sacy, en effet, est moins traducteur 
que paraphraste; il semble méme, dans une multitude de passages, 
affecter de s'écarter de la lettre, sans qu'il y aitle plus léger motif qui 
puisse 1' obliger. Aussi, il faut bien le reconnaitre, si la traduction se 
recommande par une grande pureté et ure certaine élégance de style, 
elle ne laisse pas méme entrevoir qu'elle soit la représentation d'un 
texte qui.à conservé dans tout leur naturel les couleurs si vives et si 
tranchées de la composition orientale dont il émane. Ajoutons que ce 
mode de traduction libre, tout en mettant fort à l'aise le traducteur lui- 
méme, laisse souvent la pensée de l'écrivain sacré dans un vague et une 
obscurité qui ne permettent pas au lecteur de la saisir d'une manière 
claire et précise. De là vient que quand on compare Sacy avec saint 


Jéróme, on ne comprend pas toujours quel rapport il peut y avoir entre 
l'un et l'autre. 


τιν / AVERTISSEMENT. 


Quant à la traduction de Genoude, elle est trop défectueuse pour que 
nous ayons songé un seul instant à la prendre pour base de notre 
travail. L'auteur, profondément ignorant de/tout ce qui touche à nos 
divines Ecritures, a accumulé contre-sens sur contre-sens, omis une 
foule de mots importants; et, quoiqu'il semble avoir voulu se conformer 
à la Vulgate et la reproduire aussi littéralement qu'il est possible, il lui 
arrive constamment de l'abandonner pour suivre l'hébreu ou le grec, 
sans les traduire exactement, et de copier, avec une fidélité scrupu- 
leuse, la paraphrase de Sacy. | 

On comprend. aisément que. nous àyons cherché à mettre à profit les 
traductions bibliques de Bossuet. 11 y a trente-cinq ans que, sur les 
instances d'un vénérable sulpieien, M. Mollevaut, nous entreprimes de 
recueillir de ses divers ouvrages tout ce qu'il a traduit de nos saintes 
Ecritures. Ainsi nous devons beaucoup au grand évéque de Meaux; 
cependant il nous est arrivé fort souvent de donner des interprétations 
autres que les siennes. On ne saurait s'en étonner, puisque, malgré son 
érudition, d'ailleurs prodigieuse, Bossuet manquait d'une connaissance 
indispensable à tout exégète de la Bible, de la connaissance de l'hébreu. 

Mais nous devons au lecteur quelques explieations sur la nature de 
notre propre travail. Le premier devoir d'un traducteur étant de choisir 
un texte qui puisse donner toutes les garanties désirables, nous nous 
sommes entierement coniormé à i'ea1tion ae ia Vulgate donnée à Turin 
par Hyacinthe Marielti, et approuvée par un décret de la Congrégation 
de l'Index, en date du 26 juin 1850. Quant a notre traduction elle- 
méme, ce qui la caractérise surtout, c'est une rigoureuse littéralité. 
Ainsi, toutes les fois que les exigences de notre langue ne s'y sont pas 
opposées, nous avons rendu la Vulgate mot, pour mot. Or, voici les 
avantages que nous avons cru trouver dans ce genre d'interprétation. 
D'abord la Bible conserve mieux son admirable simplicité, sa noble 
concision, la richesse et la vivacité de ses images, la hardiesse de ses 
tropes; en un mot, tout le charme d'un style pittoresque; qui attache 
le lecteur, sans le fatiguer jamais. En second liéu, toutes les traductions 
autorisées ont suivi lesystème de la littéralité, et la Vulgate elle-même s'y 
est généralement conformée; car le manque de clarté qu'on lui reproche 
dans un grand nombre de passages vient précisément de ce que son 
auteur a cru devoir expliquer les textes originaux au pied de la lettre (4). 
Troisièmement, enfin, le respect même dû à la parole de Dieu nous à 
empêché d'adopter le mode d'une traduction libre, comme exposant 
continuellement le traducteur à faire prendre le change sur le vrai sens 
des écrivains sacrés, en leur prétant des idées qui ne sont pas les leurs. 


(1) Plusieurs critiques ont objecté que saint Jéróme s'est souvent éloigné du texte. 
hébreu; nous avons répondu ailleurs à cette objection; nous nous bornons à dire ici 
que le texte hébreu que lisait le saint docteur était évidemment différent du nótre 
dans plusieurs endroits. 


AVERTISSEMENT, Xy 


Que si, malgré ces motifs, on nous faisait encore le reproché d'étre 
trop littéral, nous nous croirions en être pleinement justifié par ia con- 
sidération que ce mode de traduction nous a été imposé par le traduc- 
teur sans égal, Bossuet, que nous avons pris pour modèle, et 8 qui, par 
conséquent, nous avons dû faire le plus d'emprunts possibles. Or, Bos- 
suet ne connait pas de raison suffisante d'abandonner jamais, méme au 
détriment du génie de notre langue, une littéralité qui rend le texte, 
etle texte. tout entier, dans sa simplicité, dans sa rudesse, et, le cas 
échéant, dans ses ombres et son obseurité; une littéralité qui n'autorise 
point. la. licence criminelle. d'introduire dans le texte des paraphrases 
qu'on devrait renvoyer dans les notes, pour ne point mêler ou substituer 
la pensée de l'homme à la pensée de Dieu; une littéralité qui ne veut 
pas que, par. מט‎ esprit. de ménagement. et une fausse délicatesse, on 
donne n sens vague à un terme précis; une littéralité qui exige, non 
seulement que les expressions et les tours identiques dans le texte se 
rendent de la méme sorte dans la traduction, mais encore que la figure 
du texte, son allure, sa manière d’être, sa physionomie, soient. fidèle- 
ment reproduites en conservant Lous les idiotismes grecs ou hébreux. 
Enfin, Bossuet ne connait pas de raison suffisante d'abandonner la litté- 
ralité qui, en présence du texte sacré, rejelant toules les pompes 6 
l’éloquence humaine, parle simplement, et comme de mot à mot, la 
langue des pauvres pécheurs de Galilée. Ces considérations, que Bossuet 
ἃ répandues cà et là dans ses écrits (1), se trouvent parfaitement résu- 
mées dans le passage suivant, où, en parlant de la traduction de Sacy, 
imprimée à Mons, il dit au maréchal de Bellefonds : > Je vois avec 
regret que quelques-uns affectent delire une certaine version plus à 
cause des traducteurs qu'à cause de Dieu qui parle, et paraissent plus 
touchés de ce qui vient du génie ou de l'éloquence de l’interprèté, que 
des choses mêmes. J'aime, pour moi, qu'on respecte, qu'on goûte et 
qu'on aime, dans les versions les plus simples, la sainte vérité de Dieu. 
Si la version de Mons a quelque chose de blàámable, c'est principale- 
ment qu'elle affecte trop de politesse, et qu'elle veul faire trouver, dans 
lautraduclion, un agrément que le Saint-Esprit a dédaigné dans l'ori- 
ginal. Aimons la parole de Dieu pour elle-même; que ce soil la vérité 
qui nous touche, et non les agréments dont les hommes éloquents l'au-; 


ront parée. La, traduction de Mons aurait eu quelque chose de plus 


vénérable et de plus conforme à la gravité de l'original, si. on l'avait 
faite un peu plus simple, et si les traducteurs eussent moins mélé leur 
industrie, et l'élégance naturelle de leur esprit à la parole de Dieu (2). » 

Il semble que Sacy avait sous les yeux ces paroles de Bossuet et qu'il 


(1), M. Wallon (de l'Institut), digne interprète de. Bossuet, a réuni la plupart de ces 
considérations dans les Evangiles. traduction de Bossuel, mise en ordre, Avertissement, 
passim. 

(2) Lettre xix au maréchal de Bellefonds, ₪ XXVII, p. 16, édit. de Versailles, 1818, 


avi AVERTISSEMENT. 


en sentait toute l'importance, lorsque, l'année méme dé sa mort, il 
disait à son ami Fontaine, au sujet de sa traduction de la Bible : « Que 
sais-je, si je n'ai rien fait contre les desseins de Dieu? J'ai tàché d'óter 
de l’Ecriture sainte l'obscurité et la rudesse, et Dieu, jusqu'ici, a voulu 
que sa parole fût enveloppée d'obscurités. N'ai-je donc pas sujet de 
craindre que ce ne soit résister aux desseins du Saint-Esprit, que de 
donner, comme j'ai tâché de faire, une version claire et peut-ótre assez 
exacte par rapport à la pureté du langage? Je sais bien que je n'ai 
affecté ni les agréments, ni les curiosités qu'on aime dans le monde, 
et qu'on pourrait rechercher dans l'Académie francaise. Dieu m'est 
témoin combien ces ajustements m'ont toujours été en horreur; mais je 
ne puis me dissimuler à moi-méme que j'ai tàché de rendre le langage 
de l'Ecriture clair, pur et conforme aux règles de la grammaire ; et qui 
peut m'assurer que ce ne soit pas là une méthode différente de celle 
qu'il a plu au Saint-Esprit de choisir? Je vois dans l'Ecriture que le feu 
qui ne venait pas du sanctuaire était profane et étranger, quoi qu'il püt 
étre plus clair et plus beau que celui du sanctuaire... Il ne faut pas se 
tromper dans cette belle pensée d'éditier les âmes. Il y a une grande 
différence entre contenter et édifier. Il est certain que l'on contente les 
hommes en leur parlant avec élégance; mais on ne les édifie pas tou- 
jours en cette matière (1). » 

On comprend aisément que, d’après ces considérations, nous n'ayons 
pas couru après l'élégance du style, vaine chimère qu'on n'atteindra 
jamais, dans une traduction de la Bible, sans s'écarter de la voie de la 
fidélité et de l'exactitude. Nous avions d'ailleurs un autre modèle 
que nous devions tout naturellement imiter : nous voulons parler de 
saint Jéróme. Or, le savant Pére s'est-il jamais fait un scrupule de 
s'écarter du génie de l'idiome latin, en employant des termes et des 
tours de phrases inusités dans la pure latinité classique? Et si, sans 
remonter aussi haut, nous demandions à l'Italien Martini, à l'Espagnol 
Scio, à l'Allemand Allioli et aux auteurs de la Bible anglaise catho- 
lique, pourquoi ils ont, eux aussi, sacrifié si souvent, dans leurs ver- 
sions, le génie de leur langue, et surtout l'élégance du style, ils ne 
manqueraient pas de répondre : que c'était pour ne pas étre obligés de 
sacrifier quelque chose de beaucoup plus important, le respect et la 
fidélité dus au texte sacré. Mais si notre traduction, comme toutes celles 
qui se piquent d'une rigoureuse fidélité, n'est pas d'une élégance clas- 
sique, comme on dit, elle est du moins correcte ; aussi osons-nous affirmer, 
en nous fondant sur le témoignage de plusieurs littérateurs des plus 
distingués, que ceux qui en ont critiqué certains passages ont prouvé, 
par là-méme, qu'ils avaient une connaissance bien imparfaite de notre 
langue; car nous n'avons nullement dépassé les limites tracées par des 


(V) Sainte-Beuve. Hisloire de Port-Royal. b Yi «is , 


AVERTISSEMENT. XVII 


écrivains qui jouissent d'une grande autorité dans le monde littéraire. 

Cependant, hátons-nous de le dire, partout où une trop grande litté- 
ralité ne rendait pas assez fidélement ou assez clairement la pensée de 
ces écrivains, nous l'avons abandonnée ; mais, dans ce cas méme, nous 
ne nous en sommes éloigné que le moins possible, et en reproduisant, 
dans les notes, les termes et les constructions que notre langue ne per- 
meltait pas d'introduire dans le corps du texte. D'un autre cóté, nous 
n'avons pas cru devoir nous en 6087107, en traduisant certains mots de 
plusieurs manières, puisque, dans les textes primitifs eux-mêmes, ils 
offrent réellement une variété de sens. Tel est, par exemple, le verbe 
dire (en latin dico), qui, en hébreu aussi bien qu'en chaldéen, en 
syriaque et en arabe, signifie souvent répondre, répliquer, repartir, etc., 
et auquel saint Jérôme lui-même 8 substitué tantôt inquio, tantôt aio. 
Tel est encore répondre (respondeo), mot représentant l'hébreu mana, 
primitivement élever la voix, crier; combien de fois n'échange-t-il point 
sa signification première contre celle de prendre la parole, ou parler 
avant tout autre? Et, pour ne plus citer qu'un exemple en ce genre, la 
même parlieule e£ ne réunit-elle pas, dans les quatre langues orien- 
tales que nous venons de nommer, les diverses nuances de mais, 
cependant, en outre, ensuite, ctc., tandis qu'en mille endroits elle devient 
purement pléonastique pour un traducteur francais, surtout quand elle 
marque simplement l'apodose? Enfin, on ne viole certainement pas les 
lois de la littéralité, ni en négligeant dans une traduction francaise les 
particules quia, quoniam, quand elles ne sont qu'explicatives, ou en les 
rendant par disant, en disant, lorsque, représentant le kr hébreu, le AN 
arabe, le KH persan, elles ne servent qu'à introduire dans le récit un 
discours direct; ni en substituant un nom au pronom qui le représente, 
afin d'éviter la confusion, ramphiboiogie, et, en un mot, tout ce qui 
pourrait blesser la susceptibilité de notre langue. 

Nous croyons avoir rendu plus fidélement que la plupart des traduc- 
teurs en langue vulgaire, bien des phrases tant de l'Ancien que du 
Nouveau Testament, non seulement en tenant compte de l'emploi ou , 
de l'omission de l'article déterminatif, qui existe dans l'hébreu et dans? 
le grec, et que l'auteur de la Vulgate n'a pu reproduire dans le latin ; 
| mais en conservant, aulant qu'il a été possible, l'ordre méme des mots, 
‘attendu que cet ordre influe toujours plus ou moins sur le sens du 
texte; car il est incontestable que certaines inversions, contraires à la 
marche naturelle οἱ ordinaire de la phrase, ne sont nullement arbi- 
traires et un pur effet d'euphonie, mais que le mot qui occupe la 
premiére place dans une proposition est généralement celui auquel 
l'écrivain sacré attache le plus d'importance, et par conséquent sur 
lequel il veut arrêter plus particulièrement l'esprit du lecteur (1). 


(1) Ce n'est pas seulement dans les langues bibliques que l'on trouve ces sortes 
de constructions grammaticales, c'est encore dans beaucoup d'autres idiomes, tant 


xvin AVERTISSEMENT. 


Comme un certain nombre de passages de l'Eeriture se trouvent 
diversement rendus dans les versions qui sont à l'usage des catholiques 
anglais, espagnols, italiens et allemands, nous avons emprunté de ces 
versions les sens qui nous ont paru les mieux TOMOS (4). 

L'Eglise s'opposant avec la plus grande sagesse à la publication de 
versions en langue vulgaire, quand elles ne sont pas accompagnées de 
notes tirées des saints Pères ou de savants écrivains catholiques, nous 
en avons ajouté à notre traduction; elles ont pour objet, tantót d'éclair- 
cir les passages obscurs, tantôt de justifier la Vulgate contre l'accusa- 
tion de barbarie, en montrant que les irrégularités si étranges qu'on lui 
reproche ne sont pour la plupart que de purs hébraismes, qu'elle a 
voulu conserver par respect pour le texte sacré, tantôt de réfuter les 
objections faites dans le monde par des chrétiens qui ne sont pas suf- 
fisamment instruits de ce qui touche à la religion, tantót enfin de con- 
cilier les principales contradictions apparentes de la Bible. Mais comme 
il est certaines difficultés qui, par leur nature, ne sauraient étre bien 
expliquées au moyen de simples notes, nous avons cru devoir placer 
des observations préliminaires en téte des livres oü se rencontrent ces 
difficultés. 

Beaucoup de catholiques ne rougissant point de se joindre au com- 
mun des protestants, pour déprimer la Vulgate, ou au moins pour lui 
refuser toute l'estime qui lui est due à tant de titres, nous avons cru 
devoir mettre ici les témoignages des critiques les plus habiles, et des 
interprètes les plus savants du protestantisme en faveur de cette ver- 
sion, qui a conquis d'ailleurs la vénération de tous les siècles qu'elle ἃ 
Lraversés. 

Lorsque notre version du Nouveau Testament a paru pour la première 
fois, le R. P. Grenier, missionnaire oblat, à Québec, dans le bas Canada, 
a bien voulu nous proposer quelques améliorations que nous avons 
mises à profit avec reconnaissance. La table qui termine cet avertisse- 
ment est une de ces améliorations. Ainsi c'est d’après les conseils du 
savant missionnaire que nous avons traduit en francais A table of refe- 
rences, placée à la fin des Bibles anglaises catholiques, en l'intitulant : 
Citations, par ordre alphabétique, des textes de la Bible qui établissent les 
dogmes catholiques contre les erreurs des protestants. Les catholiques 
peuvent opposer ces citations avec confiance aux protestants qui leur 
disent que leurs prétendus dogmes ne sont nullement fondés sur l'Ecri- 
türe, et qu'ils n'ont d'autre appui que les décisions imaginaires de 


de l'Orient que de l'Occident; et le francais, en particulier, en fournit de nombreux 
exemples. 

(1) Ces versions, que nous avons souvent confrontées en composant la nótre, sont 
la Bible anglaise, dont l'Ancien Testament a été publié pour la première fois à Douai 
par le Collège anglais, et le Nouveau à Reims, également par le Collège anglais; la 
Bible espagnole de Philippe Scio; la Bible italienne d Antoine Martini, et a Bible 
allemande de Josepli-Francois Allioli. 


AVERTISSEMENT. XIX 


l'Eglise romaine. C'est encore d’après ses conseils que, dans le volume 
consacré au Nouveau Testament, nous avons ajouté une noté supplé- 
mentaire dont le but est d'appuyer par des exemples celle qui a rapport 
aux expressions, les frères, les sœurs de Jésus (Matth., xi, 46 ; xii, 55, 56), 
« point très important, dit le P. Grenier, dont nos frères séparés se 
servent tous les jours pour égarer nos pauvres catholiques. » 

Nous venons de dire en quoi nous avons 1866 de mieux faire que nos 
devanciers, el par quelle voie nous avons cherché à y parvenir. Avons- 
nous atteint ce but? on en jugera. Evidemment, quant à nous, si nous 
ne pensions pas que notre travail, envisagé sous les nombreux et divers 
points de vue qu'il embrasse, réunit au moins quelques avantages de 
plus que les autres travaux de méme genre, nous n'auriens jamais eu 
l'idée de le publier, ou plutót nous l'aurions abandonné, dés que nous 
aurions reconnu l'inanité de nos efforts. Mais avons-nous réussi de 
manière à être salisfail de notre œuvre, à la juger, non plus par com- 
paraison avec les autres traductions françaises, mais avec le modèle 
dont nous avons entrepris la copie, c'est-à-dire la Vulgate, le livre que 
tout homme versé dans les matières bibliques considère comme le plus 
difficile à faire passer dans notre langue? Sous ce rapport, personne 
assurément ne jugera nolre traduction plus sévèrement que nous ne 
l'avons fait nous-méme, parce que personne n'a mieux compris toute 
l'étendue des difficultés que présente un pareil travail, non seulement 
pour le langage et pour le style, mais pour le sens exégétique et théo- 
logique. Aussi n'est-ce pas sans dessein que, dès 165 premiers mots de 
cel avertissement, nous avons déclaré que, malgré nos quarante années 
consacrées à l'étude des diverses branches de la science biblique, nous 
n'aurions pas osé entreprendre une lâche aussi difficile, si nous n'y 
avions élé fortement engagé par des hommes dont l'autorité doit être 
du plus grand poids pour nous. Nous sommes donc pleinement con- 
vaincu que dans quelques passages sur le sens desquels différent entre 
eux, et les théologiens, et les commentateurs, el les Péres eux-mémes, 
nous avons pu ne pas choisir le sentiment le mieux fondé, malgré la 
comparaison la plus minutieuse des divers moyens qu'offre à un tra- 
ducteur la critique sacrée, aussi bien que l'herméneutique et l’exégèse. 
Nous ne sommes pas moins convaincu qu'en ce qui touche au langage 
et au style, plusieurs imperfections ont pu nous échapper, les unes par 
inadvertance, les autres par suite du système de littéralité que nous 
avons adopté. 

Quant aux notes qui accompagnent notre traduction, il en est quel- 
ques-unes qui, au premier abord, paraitront peut-étre trop scientifiques; 
mais, comme cette traduction est destinée à tous les catholiques indis- 
tinctement, et par conséquent aux hommes instruits et méme aux 
savants, aussi bien qu'à ceux dont l'esprit est moins cultivé, nous avons 
cru qu'elles ne seraient pas sans quelque utilité. Encore ici, nous n'hé- : 


sx AVERTISSEMENT. 


sitons pas à lé dire, il est très possible que nous ne soyons pas toujours 
resté dans une juste mesure. 

Un dernier mot sur notre traduction. Il y a, sans contredit, dans dif: 
férentes parlies de la Bible, des passages trés difficiles à comprendre, 
puisque l'apótre saint Pierre lui-méme avoue qu'il s'en trouve dans les 
Epitres de saint Paul (II Pierre, nt, 16). Nous rappellerons donc au lec- 
teur que, comme, d’après le méme apótre, 71 n’est nas permis d'expliquer 
aucune prophétie, c'est-à-dire aucune parole inspirée de l'Ecriture, par 
une interprétation particulière, 1 devra, pour tous ceux que nous n'avons 
pu expliquer suflisamment, recourir aux pasteurs de l'Eglise qui ont 
recu lumiere et mission pour éclaircir les difficultés, comme on recourt 
ordinairement, et tout naturellement, aux jurisconsultes, par exemple, 
pour toute question de législation embarrassante, ou bien au médecin, 
pour tous les cas difficiles que peut présenter la pathologie ou toute 
autre partie de la médecine. 


J.-B. GLAIRE. 


ume σοῦ}. LU je AUT τς Gene rernm ren 


PREFACE 


La Bible, expression tirée du mot grec livre, et qui signifie elle- 
méme le /ivre par excellence, est devenue, depuis quelques siecles, 
un nom propre que l'on met en téte du recueil de nos saintes Ecri- 
tures. On appelle la Bible sainte, parce qu'elle contient la parole de 
Dieu écrite par des hommes divinement inspirés, qu'elle traite de la 
religion, chose la plus sainte et la plus sacrée; qu'elle est une source 
de vérité et qu'elle contribue puissamment à nous sanctifier, en nous 
offrant les regles de conduite les plus sages et les plus parfaites. 
Elle se compose de l'Ancien Testament, גוס‎ Ancienne Alliance que 
Dieu fit autrefois avec son ancien peuple, les Hébreux, et du Nouveau, 
qui est la Nouvelle Alliance faite parla médiation de Jésus-Christ sur 
la croix. Mais nous prenons ici ces dénominations pour les monu- 
ments ou les livres qui nous font connaitre sous leurs divers rapports 
ces deux Alliances divines. Or les livres de l'Ancien Testament sont : 
La Genése (en grec, génération, naissance), qui commence par le 
récit de l'origine du monde, l'/Zzode (en grec sortie), rapportant la 
sorlie des Israélites de l'Egypte; le Lévitique, où figure surtout la 
tribu de Lévi; les Nombres, ainsi nommés à cause des divers dénom- 
brements qui s'y trouvent; le Deutéronome (en grec, seconde loi), 
qui est en grande parlie une répétition des lois déjà connues ; Josué, 
gui lire son nom de Josué, successeur de Moïse; les Juges, dont 
l'objet srincipal est l'histoire des chefs qui gouvernerent les Israé- 


PRÉFACE.‏ אא 


lites depuis la mort de Josué jusqu'à Samuél; Ruth, contenant l'his- 
toire d'une femme moabite de ce nom, devenue fort célebre; les 
Rois, formant quatre livres dont les deux premiers ne faisaient 
qu'un autrefois sous le nom de //vre de Samuél, soit parce qu'on 
croyait que Samuél en était l'auteur, soit parce qu'il commcuce par 
la naissance de ce prophete, et qu'il contient sa vie, son gouverne- 
ment et sa mort, et dont les deux derniers ne faisaient également 
qu'un appelé Livre des Rois, parce qu'ils rapportent les actions des 
rois d'Israël et de Juda (1); les Paralipomènes (en grec, choses omises), 
qui tout en répétant un grand nombre de faits déjà contenus dans 
les Rois, renferment cependant quelques événements et quelques 
parlicularités qu'on ne trouve nulle part ailleurs dans l'Écriture; les 
deux livres d' Esdras, dont le second porte le nom de NéAémie dans 
les Bibles hébraiques; Z'obie, qui n'est que l'histoire des deux Tobie, 
pere et fils; Judith, nom tiré de celui d'une sainte veuve qui délivra 
la ville de Béthulie; Esther, nom également tiré de celui d'une Juive 
illustre, qui obtint d'Assuérus, roi de Perse, la liberté et la vie des 
Juifs; Job, contenant l'histoire et surtout les malheurs d'un homme 
ainsi appelé; les Psaumes, au nombre de cent cinquante, dits 
Psaumes de David, parce que c'est David qui en a composé la plus 
grande partie; les Proverbes, c'est-à-dire les sentences, les maximes; 
le sujet général de ce livre est en effet des leçons courtes et instruc- 
Lives, écrites par Salomon en un style concis et sentencieux ; Ecc/é- 
siaste (en grec, qui assemble) ou orateur parlant devant une assem- 
blée; nom qui désigne Salomon, comme le prouve le livre lui-même 
en plusieurs endroits; le Cantique des cantiques, c'est-à-dire, le 
plus beau des cantiques ; sainte allégorie qui nous représente l'amour 
réciproque de Dieu et de l'Église; la Sagesse, ou recueil de toutes 
sortes d'instructions qui conduisent à la vertu; l'Ecclésiastique (en 
grec, livre en usage dans l'assemblée, dans l'Eglise), qui fait l'éloge 
de la sagesse des patriarches, des prophètes, et autres personnages 
illustres du peuple hébreu, qui trace des règles de conduite et 
exhorte à l'amour de la sagesse; les Prophètes, au nombre de seize, 
dont les prophéties se rapportent principalement ou aux Juifs, ou 
aux nations étrangères, ou au Messie, et dont quatre sont appelés 
grands prophètes, et douze, petits prophètes, àcause du peu d'étendue 
de leurs prophéties; les premiers sont : /saie, Jérémie auquel on 


(1) Remarquons cependant que le deuxième de ces deux premiers livres, contenant 
l'histoire de Saül, premier roi des Hébreux, peut légitimement porter le titre dy 
Livre des Rois, aussi bien que les derniers. 


PRÉFACE. XXIII 


joint Baruch, son secrétaire, et auteur d'une prophétie, Ézéchiel, 
Daniel; les derniers : Osée, Joél, Amos, Abdias, Jonas, Michée, 
Nahum. Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie; enfin, les 
Machabées, premier et second (les troisième et quatrième étant 
apocryphes), qui contiennent l'histoire des fils de Mathathias. illustre 
héros de:la nation juive, et dont l'un des fils était surnommé Ma- 
chabée. 

Nous ne terminerons point cette préface sans rappeler que l'Écri- 
ture sainte étant la parole méme de Dieu, son divin Testament, le 
dépót de ses secrets et de ses divines volontés. elle ne saurait pro- 
fiter qu'autant qu'on la lia avecune foi vive, une humilité profonde, 
une soumission parfaite et une enliere pureté d'intention. 


J.-D. GLAIRE. 


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INTRODUCTION 


AU PENTATEUQUE 


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1: 


ANALYSE DU PENTATEUQUE. 


8I. Du Pentateuque en général. 


On appelle Pentateuque le livre dans iequel Moise, libérateur et 
législateur des Hébreux, a raconté, avec l'aide de l'inspiration divine, 
vers le xv? siecle avant notre ere, les origines du monde et l'histoire 
du peuple de Dieu jusqu'au moment où celui-ci est sur le point 
d'entrer dans la Terre Promise. 

Le Pentateuque, de πέντε, cinq, et τεῦχος, volume, est ainsi nommé 
à cause de sa division en cinq livres dans les Bibles grecques et 
latines. Les Juifs l'ont toujours appelé Thorah ou la 20 parce qu'il 
contient la législation mosaïque et que la Genèse elle-méme n'est 
qu'une introduction historique à la Loi. Nous désignons les cinq 
livres du Pentateuque par un nom tiré de leur contenu et surtout 
du sujet dont ils s'occupent d'abord, à cause de l'usage oriental de 
dénommer un livre par son commencement : 15 Genèse ou origine, 
parce qu'elle raconte en commengant la création et l'origine des 
choses; 2 Exode ou sortie, parce que le commencement et plus de 
la moitié du livre sont employés à décrire la sortie des Hébreux 
d'Egypte; 3^ Lévitique, parce que les premiers chapitres et une 
portion considérable de ce livre sont exclusivement consacrés à 
l'exposition des lois cérémonielles faites pour la tribu de Lévi; 
4 Nombres, parce qu'ils commencent par un dénombrement du 
peuple et des lévites; 5° Deutéronome ou seconde loi, parce qu'il 
contient une récapitulation, une seconde promulgation de la loi 

Ás T. | 1 


2 INTRODUCTION AU PENTATEUQUE. 


déjà donnée. — Les Hébreux désignent les cinq parties du Penta- 
teuque par le premier mot de chaque livre: Bereschith, Veelle 
schemoth, etc. 

La Genèse sert d'introduction aux quatre derniers livres du Penta- 
teuque et à toute l'histoire du peuple de Dieu. Elle nous raconte 
l'histoire du monde jusqu'àla vocation d'Abraham, et l'histoire des 
patriarches Abraham, Isaac et Jacob jusqu'à la mort de ce dernier 
en Egypte. La famille de Jacob devient un peuple en Egypte. Les 
trois livres qui suivent la Genèse nous font connaitre d'une maniere 
continue l'histoire de l'établissement de la nationalité hébraique et 
la loi qui lui est donnée. Le cinquième livre, le Deutéronome, a, 
comme la Genèse, une physionomie à part: il se compose d'une 
suite de discours dans lesquels Moïse résume, explique ou complète 
le code qu'il a imposé à Israël par l'ordre de Dieu. La Genèse pré- 
pare donc l'Exode, ie Lévitique et les Nombres, et le Deutéronome 
les récapitule. Tel est 16 plan général et l'unité du Pentateuque. 


S II. La Genese. 


La Genèse se divise en dix sections d'inégale longueur et d'inégale 
importance, mais très caractérisées. Elles sont précédées du récit 
de la création, qui sert d'introduction et comme de préface à tout 
le Pentateuque et à toute la Dible. 


Création du monde, 1-11, ὃ. 
4° Histoire des origines du monde et de l'humanité, 11, 4-1v, 26. 
9» Histoire de la descendance d'Adam, v-vi, 8. 
3 Histoire de Noé, vi, 9-1x, 29. 
4 Histoire des enfants de Noé, x-xr, 9. 
5° Histoire de Sem, xi, 10-26. 
6° Histoire de Tharé et d'Abraham, xt, 27-xxv, 11. 
7° Histoire d'Ismaél, xxv, 12-18. 
8° Histoire d'Isaac, xxv, 19-xxxv 
9% Histoire d'Ésaü, xxxvi. 
10° Histoire de Jacob, xxxvii-L. 


Ainsi, au commencement de la section 10°, nous lisons : « Voici 5 
générations de Jacob : Joseph avait dix-sept ans, etc.» Le mot généra- 
tions signifie ici purement et simplement histoire, puisque ces géné- 
rations ont été déjà énumérées, xxx; tous les fils de Jacob sont nés 
pendant la vie d'Isaac et pour ce motif leur naissance a 616 6 


INTRODUCTION AU PENTATEUQUE. 3 


dans l'histoire d'Isaac et n'est pas répétée ici. De méme, 11, 4 et sui- 
vants : « Voici les générations du ciel et de la terre, » signifie sim- 
plement : « Voici l'histoire de la création, etc. » 

Cette division est très clairement indiquée dans la Genese méme. 
Chacune des dix sections commence par ces mots: Voici les géné- 
rations. Cest pour ainsi dire le titre qui annonce aux lecteurs une 
nouvelle partie du livre. Moise emploie le mot de générations de la 
méme maniere que nous emploierions le mot d'histoire, parce que 
les généalogies forment le cadre de son histoire et que les géné- 
rations des patriarches sont en méme temps l'histoire des patriarches 
et de leur famille. La Genèse est comme un vaste tableau généa- 
logique auquel est joint le récit des événements. C'est là ce qui 
constitue l'unité de la Genèse et en explique le tissu et la compo- 
sition. 

L'auteur suit une marche uniforme et traite son sujet, dans cha- 
cune de ses dix sections, de la méme manière. Quand une généa- 
logie se subdivise en plusieurs rameaux, les rameaux secondaires, 
dont les chefs ont été nommés dans le récit des événements, 
obtiennent toujours une mention. Ces rameaux sont invariablement 
énumérés dans l'ordre inverse de leur importance et avant :a branche 
principale. Les branches secondaires sont ainsi éliminées et ne 
reparaissent plus, si ce n'est accidentellement. Le nombre d'années 
qu'a vécu chacun des patriarches de la ligne directe est constamment 
donné; ce nombre n'est point indiqué pour les lignes latérales, 
Ismaél excepté. L'auteur se contente de relever en passant quelques 
particularités de leur histoire. 1} pousse généralement l'énumération 
des descendants assez loin. 

Chaque section commence d'ordinaire par une répétition ou réca- 
pitulation. Ainsi nous lisons, Gen., xxv, 19-20 : « Voici les générations 
d'Isaac, fils d'Abraham. Abraham engendra Isaac. Celui-ci, א‎ 6 
de quarante ans, épousa Rébecca, fille de Bathuel, le Syrien de Méso- 
potamie, sceur de Laban. » Tous ces événements avaient été déjà 
racontés plus haut en détail, xxr, xxiv. Ce résumé n'est pas conforme 
ànos habitudes et à nos procédés littéraires, mais il n'en est pas 
moins très caractéristique, il sert tout à la fois de transition et 
d'avertissement, pour indiquer le passage d'un sujet à un autre et 
le commencement d'une nouvelle section. 

Voici quel est le contenu des dix sections. 

Après le préambule de la création des six jours, l'auteur raconte : 

4° La génération du ciel et de la terre, τι, 4-1v, 26, c'est-à-dire l'his- 


ᾷ INTRODUCTION AU PENTATEUQUE. 


toire primordiale de tous les êtres terrestres et de l'homme iui- 
méme, le commencement de l'histoire du monde, le paradis terres- 
tre, [a chute d'Adam et sa descendance dans la ligne de Caïn, jusqu'à 
la septieme génération. 

2% Le livre des générations d'Adam, v-vi, 8, nous fait connaître la 
descendance d'Adam dans la ligne bénie de Seth et comprend dix 
générations, jusqu'à Noé, c’est-à-dire l'histoire antédiluvienne des 
enfants de Dieu. 

3° Les générations de No£, vi, 9-1x, 29, forment une section à part, 
à cause de l'importance de ce patriarche qui est comme le second 
père de l'humanité et au nom duquel se rattache l'histoire du 
déluge. 

4 Les générations des enfants de Noé, x-xi, 9, tiges de tous 
les peuples de la terre, méritent une division particulière, qui 
est la célèbre 7aóle ethnographique de la Genèse, laquelle est 
comme le point de départ et le principe de toutes les histoires parti- 
culières. 

5° A partir de là, la Bible cesse d’être l'histoire générale de l'hu- 
manité pour devenir d'abord l'histoire de la famille de Sem, puis, en 
se restreignant de plus en plus, de la famille d'Abraham, et enfin 
seulement de l'unique famille de Jacob. La 5* section, ,זא‎ 10-26, énu- 
mere brievement les générations de Sem, en s'attachant exclusive- 
ment à la ligne principale, les autres lignes accessoires ayant été 
mentionnées dans la section précédente. L'objet de cette partie, qui, 
pour les premieres générations, n'est qu'une répétition, est de nous 
montrer que l'histoire se circonscrit et abandonne toutes les lignes 
généalogiques collatérales. La famille de Sem se perpétue jusqu'au 
jour où sa mission divine va être manifestée. 

6° Les générations de Tharé, xi, 21-xxv, 11, commencent à nous 
faire entrer dans le vif de l'histoire du peuple de Dieu, tout en don- 
nantlieu à de nouvelles éliminations, celles des freres d'Abraham 
el de leur postérité, dont la vie nous est cependant racontée autaut 
qu'il est nécessaire pour comprendre la suite des événements pos- 
térieurs ; mais la plus large place est donnée, comme il convient, à 
Abraham. Cette période est une période de pérégrinations dont 
l'objectif bien déterminé est le pays de Chanaan où se rend 16 pa- 
triarche. 

75 Les générations d'Ismaél, xxv, 12-18, sont données brièvement 
avant celles d'Isaac, selon la règle constante de l'auteur de la Ge- 
nèse, qui, comme nous l'avons mentionné plus haut, énumere tou- 


INTRODUCTION AU PENTATEUQUE. 5 


jours la postérité des personnages dont elle a parlé, mais en faisant 
précéder par la généalogie (es branches secondaires la généalogie 
de la branche principale. 

8^ Les générations d'Isaac, Yhéritier des promesses divines faites 
à Abraham, commencent aussitôt que Moïse en a fini avec Ismaël, 
le rejeton secondaire, xxv, 19-xxxv. Elles contiennent en méme 
temps l'histoire de ses deux enfants, Jacob et Ésaü, jusqu'au moment 
où Isaac meurt et où Jacob devient ainsi le chef de la famille. Cette 
section est l'histoire d'un premier séjour en Palestine. 

9 Avant de passer à l'histoire de Jacob, le personnage principal, 
Moïse, conformément à la regle qu'il suit sans exception, nous fait 
connaitre les générations d'Ésaü, xxxvi. 11 les poursuit assez loin et 
probablement jusqu'à son époque, cf. Nom., xx, 14 et suivants, ce 
qui nous prouve que l'intention de Moise, en nous fournissant tous 
ces détails, était de planter en quelque sorte des jalons et d'éclairer 
à l'avance la suite du récit du Pentateuque. 

10° Les générations de Jacob, xxxvu-r, terminent le livre de la 
Genese. Moise raconte dans cette derniere section l'établissement 
des Israélites en Egypte. Elle s'ouvre par le récit de l'événement 
dont se servit la Providence pour amener en Ezypte Joseph, qui 
devait y attirer plus tard son père et ses freres, et elle se termine 
par la mort de Jacob et de Joseph, qui y laissent leur postérité. 

« La Genèse [a donc] été rédigée sur un plan d'une entière régu- 
larité ; elle est en réalité un grand tableau généalogique accompagné 
d'un texte explicatif, un tableau généalogique où les événements 
de l'histoire primitive et de l'histoire patriarcale viennent s'inter- 
caler dans les intervalles de la ligne principale ou des lignes secon- 
daires, selon les personnages qui y jouent un róle prépondérant, et 
dans lequel les faits ainsi distribués recoivent un développement 
proportionné à leur importance dans lensemble. En un mot, dans 
le premier livre de Moise, la généalogie est le cadre de l'histoire. » 
(Εμμ. Cosquin.) 


8 II. L'Exode. 


L'Exode nous montre Israël, devenu un peuple en Egypte, opprimé 
par les Pharaons du pays et affranchi de leur joug par l'envoyé de 
Dieu, Moise, au moyen des plus éclatants miracles; la promulgation 
de la loi sur le Sinai et la construction du tabernacle. 

L'Exode se divise en trois parties : 4° les événements qui pré- 
cedent et préparent la sortie d'Egypte; ?* la sortie d'Egypte jusqu’à 


8 INTRODUCTION AU PENTATEUQUE. 


l'arrivée au Sinai ; 8° la législation du mont Sinaï et la construction 
du tabernacle. 

fre partie, מזא-ז‎ 36. Événements qui précèdent la sortie d'Egypte. 
— Cette partie se subdivise ainsi: 19 Tableau de l'oppression 
d'Israël, τ. — 2° Histoire des quarante premieres années de la vie de 
Moïse, π. — 3? Vocation de Moïse et son retour en Egypte, mr-iv. — 
4* Vaines tentatives auprés du Pharaon pour obtenir l'affranchis- 
sement d'Israël, v-vi. — 8" Description des neuf premières plaies 
qui laissent 16 Pharaon endurci, vii-x. — 6° Annonce de la dixième 
plaie, institulion de la Páque, mort des premiers-nés, départ pré- 
cipité d'Israël, xi-xir, 36. 

Ile partie, xit, 37-xvir. Sortie d'Egypte. — Elle contient quatre sub- 
divisions: — 1° Premiers campements des Hébreux; prescriptions 
pour la Páque; sanctification des premiers-nés; apparition de la 
colonne de nuée, xir, 37-xur. — 99 Passage de la mer Rouge, xiv-xv, 
21. — 3° Voyage des Israélites et premieres stations dans le désert; 
les cailles, la manne, l'eau miraculeuse, xv, 22-xvit, 7. — 4° Victoire 
remportée sur les Amalécites; visite de Jéthro, xvir, 8-xvur. 

IIl? partie, xix-xr. Promulgation de la loi sur le mont Sinai et cons- 
truction du Tabernacle. — Elle renferme quatre subdivisions : — 
19 Conclusion de lalliance entre Dieu et les Hébreux ; arrivée au 
Sinai et préparatifs pour la promulgation de la loi, xix-xx ; premieres 
lois, מזואא-זאצ‎ 19; avertissements sur l'entrée dans la terre de Cha- 
naan, xx111, 20-xxiv, 44. — 2» Prescriptions concernant la construc- 
tion de l'arche d'alliance et du Tabernacle, xxiv, 19-xxxr, 48. — 
3° Digression historique amenée par un événement qui se produisit 
alors, la défection du peuple et l'adoration du veau d'or, xxxir-xxxrv. 
— 4° Construction du Tabernacle, xxxv-xr. 


8 IV. Le Lévitique. 


Le Lévitique contient les lois qui se rapportent à l'exercice du 
culte en général et en particulier. 

On peut distinguer trois parties dans ce livre. L'Exode a déter- 
miné le lieu où seraient offerts les sacrifices et tout ce qui s'y rap- 
porte extérieurement; le Lévitique regle maintenant: 4° ce qui 
regarde les sacrifices; 2 les impuretés légales; 3° le Sabbat et les 
fétes. 

Ir Partie, 1-xr. Des sacrifices. — 1° Espèces, but, rites des sacri- 
fices, 1-vir. — 2° De la consécration des prêtres. Punition des enfants 


INTRODUCTION AU PENTATEUQUE. 1 


d'Aaron qui ont violé les prescriptions concernant le culte divin, 
vir-x. — 3? Des victimes des sacrifices ou des animaux purs et im- 
purs, XI. 

Il Partie, xu-xxn. Puretés et impuretés légales. — 4? Relevailles, 
xm. — 9» Lépreux, xurxiv. — 8° Impuretés involontaires, xv. — 
4 Entrée du grand prétre dens le sanctuaire; bouc émissaire; fête 
de l'expiation, xvi. — 5? Règles pour l'immolation des victimes: 
défense de manger le sang et la chair des animaux non égorgés, 
xvi. — 6° Prescriptions contenant le mariage, xvii. — 7° Préceptes 
moraux et religieux divers, xix-xx. — 8° De la sainteté des prétres, 
XXI-XXII. 

IlI* Partie, xxur-xxvir. Sabbat et fètes. — 4° Le sabbat etles grandes 
fètes de l'année, xxiu-xxvr. — 2? Des vœux et des dimes, xxvir. 


S V. Les Nombres. 


Les Nombres se relient étroitement au Lévitique, dont ils sont 
une suite, comme le Lévitique lui-méme est la continuation non 
interrompue de l'Exode. [15 racontent l'histoire du peuple hébreu 
depuis le départ du Sinai, la seconde année après la sortie d'Egypte, 
jusqu'à la quarantieme année; ils ne nous font pas connaitre en 
détail cette période, mais en énumèrent seulement les événements 
principaux : les révoltes successives des Israélites et la punition qui 
en fut la conséquence, les lois et ordonnances promulguées dans cet 
intervalle, et la conquéte de la Palestine située à l'est du Jourdain. 

On peut y distinguer trois parties: 4° préparation au départ du 
mont Sinai, r-x ; 2° révoltes du peuple dans le désert et faits saillants 
jusqu'au commencement de la quarantième année après la sortie 
d'Egypte, xi-xix; 3° événements accomplis et lois portées pendant 
les dix premiers mois de la quarantieme année de l'Exode, xx-xxxvi. 

1τὸ Partie, r-x. Préparatifs pour le départ du mont Sinai. — 4° Re- 
censement du peuple, ordre de campement, 1-17. — 2 Recensement 
des Lévites, mr-iv. — 3° Lois particulières, v-vi. — 4° Présents des 
chefs de tribu au Tabernacle, vir. — 5° Consécration des Lévites, vin. 
— 6° Célébration de la Pâque au Sinai, 1x, 1-14. — 79 La colonne de 
feu et de fumée, 168 trompettes pour la mise en marche, 1x, ,א-15‎ 10. 
— 8° Départ du Sinai, x, 11-36. 

II* Partie, xi-xix. Chutes et révoltes du peuple dans le désert. — 
1* Révoltes à Thabeérah ; partie du camp incendiée; cailles et Sépul- 
cres de concupiscenee, xr. — 90 Murmures de Marié et d'Aaron contre 


8 INTRODUCTION AU PENTATEUQUE, 


Moïse; châtiment de Marie, xir. — 3° Envoi des espions dans la terre 
de Chanaan, sédition à leur retour, ΧΠΙ-ΧΙΥ. — 4° Lois diverses, xv. 
— 5° Révolte de Dathan, Coré et Abiron, xvr-xvrr. — 6? Prescriptions 
diverses, XVIII-XIX. 

III* Partie, xx-xxxvr. Evénements accomplis et lois portées pendant 
les dix premiers mois de 18 quarantième année de l'Exode. — 4° Ar- 
rivée dans le désert de Sin; mort de Marie, d'Aaron, etc., xx. — 
9» Victoire remportée sur le roi chananéen Arad; les serpents de 
feu; victoire sur Og et Séhon, xxr. — 3° Balaam et ses prophéties, 
xxn-xxiv. — 4° Idolâtrie des Israélites, leur châtiment, xxv. — 
5° Nouveau recensement du peuple pour le partage de la Terre 
Promise; filles de Salphaad; Josué désigné comme successeur de 
Moïse, xxvr-xxvii. — 6» Fétes et vœux, xxvi-xxx. — 7° Victoire sur 
les Madianites, .זצאא‎ -— 8° Etablissement de Ruben, de Gad et de la 
demi-tribu de Manassé, au delà du Jourdain, .זואאא‎ — 9° Campements 
des Israélites: limites de la Terre Promise, .טזאאא-זוזצאא‎ — 10° Villes 
lévitiques, villes de refuge, xxxv. — 11% Prescriptions pour le ma- 
riage des héritières, ]טאאא‎ 


8 VI. Le Deutéronome. 


Le Deutéronome forme un tout complet. Il ne se rattache pas 
étroitement aux Nombres, comme les Nombres au Lévitique, et le 
Lévitique à l'Exode; ses divisions sont plus marquées que dans ces 
irois derniers livres. 11 se distingue aussi des autres parties du Pen- 
iateuque en ce qu'il se compose principalement, non de récits, mais 
de discours prononcés dans les plaines de Moab, vis-à-vis de Jéricho, 
.e onzième mois de la quarantieme année de l'Exode. Ces discours 
sont au nombre de trois. en ne tenant pas compte de l'interruption, 
xxix, 1 (Hébreu, xxvii, 69). Ils sont précédés d'un titre, 1, 1-5, et sui- 
vis d'une conc'usian historique, xxxr-xxxiv. 

Ie Discours. 11 sert d'introduction au Deutéronome, 1, 6-rv, 43. Le 
législateur fait d'abord un abrégé historique des événements qui se 
sont passés depuis que la loi a été donnée sur le mont Sinaï, 1, 6-1, 
puis une exhortation pressante à l'observation de la loi, ιν, 1-43. 

II* Discours. C'est la partie principale du livre, v-xxvi. Il résume 
surtout la loi mosaïque, dans ses points fondamentaux. Moïse lc 
commence en rappelant la loi et spécialement le décalogue, v-vi, 3. 
T1 développe ensuite sa pensée. 

49 Dans une premiere partie, vi, 4-xi, il rappelle aux llébreux les 


INTRODUCTION AU PENTATEUQUE. 9 


motifs qu'ils ont d'étre fideles à Dieu. Jéhovah est le seul vrai Dieu, 
le seul objet digne de leur amour et de leur respect, vr, 4-25. Ils 
doivent donc extirper le culte des idoles dans le pays de Chanaan, vit, 
par reconnaissance pour les bienfaits de Dieu, vnur, qui sont tout à 
fait gratuits de sa part, ix-x, 11. Malédiction contre les infideles, x, 
19-xi, 32. | 

2 La seconde partie du discours, xir-xxvi, résume 18 législation 
mosaïque : — 4° Droit religieux : Unité de culte, xu-xim; prohibition 
des usages paiens; défense de se nourrir de viandes impures; paye- 
ment de la dime, xiv; année sabbatique; rachat des premiers-nés, xv; 
les trois principales fêtes de l'année, xvi, 1-17. — 2^ Droit public; 
droit personnel: Ordonnances pour déraciner lidolàtrie; pouvoir 
judiciaire des prétres; du choix d'un roi, xvi, 48-xvn. Droits et de- 
voirs des prêtres et des prophètes, xvi. — Droit réel: Immunité des 
villes de refuge; des bornes; des témoins. xix. — Droit de guerre; 
exemption du service militaire; traitement des ennemis, xv; expia- 
tion d'un meurtre dont l'auteur est inconnu ; traitement des femmes 
prises à la guerre, xxt, 1-14. — 3° Droit privé : droit d'ainesse ; devoirs 
envers les enfants, xxr, 15-23; des objets perdus et trouvés; des vé- 
tements; des nids d'oiseaux; de la construction des maisons; du 
mélange des semences et des étoffes, xxu, 1-12; des vierges, xxi, 
13-30; lois diverses, entre autres surlusure, les vœux, etc., xxii; 
du divorce; des pauvres; des étrangers, xxiv; la flagellation; le lé- 
virat; poids, mesures, etc., xxv; offrandes des premiers-nés et de la 
dime, xxvi, 1-18. — Péroraison: exhortation à l'observance invio- 
lable de toutes ces prescriptions, xxvi, 16-19. 

HT: Discours, sans titre, xxvir-xxx. — Le discours final comprend 
trois parties. — 1° Engagement que devra prendre le peuple, après 
avoir conquis la Terre Proinise, sur le mont Hébal et le mont Gari- 
zim, d'être fidèle à la loi, xxvi. — 2» Bénédictions promises à l'ohéis- 
sance, menaces contre l'infidélité, xxvim. — 3° Exhortations pres- 
santes à l'observation de la loi, xxix-xxx. 

Conclusion historique, xxxi-xxxrv. — 1? Moïse désigne Josué comme 
son successeur. Avis divers, entre autres, ordre delire la loi pendant 
l'année sabbatique et de la conserver dans l'arche, xxxi. — 2° Can- 
tique de Moïse, xxxi. — 3° Bénédiction des tribus d'Israël, xxxii. — 
4° Mort et deuil de Moïse, xxxiv. 


10 INTRODUCTION AU PENTATEUQUE. 


II. 


DE L'AUTHENTICITÉ DU PENTATEUQUE. 


Les Juifs et les chrétiens ont toujours cru que Moïse, le libérateur 
etle législateur des Hébreux, était l'auteur des cinq livres du Pen- 
tateuque. Ce fait historique est prouvé par le témoignage de ce livre 
lui-même. Dans l'Exode, xvur, 14, Dieu commande à Moïse d'écrire 
non pas dans wn livre, mais dans /e livre, comme le porte le texte 
hébreu, le récit de la bataille contre les Amalécites, ce qui suppose 
l'existence d'un livre dans lequel étaient consignés les événements 
concernant l'histoire d'Israél. Le ch. xxiv, 4, de l'Exode. dit expres- 
sément: > Moïse écrivit tous les discours du Seigneur. » Le y. 7 
nomme en toutes lettres le Séfer Berith ou Livre de l'alliance, et 
Moise le lit au peuple. Moise avait donc écrit non seulement les lois, 
mais aussi les faits historiques. Le Deutéronome est plus explicite 
encore : > Moïse, y est-il dit, xxxr, 9, écrivit cette loi (ha-thórdh) et 
la donna aux prétres, fils de Lévi. » On a essayé, il est vrai, de res- 
treindre au seul Deutéronome les passages tirés de ce livre, mais 
cette restriction est contraire à l'interprétation de tous les siècles. 
— Le récit de la mort de Moïse, Deut., xxxiv, qu'on reconnait géné- 
ralement être l’œuvre d'un écrivain postérieur, peut-être de Josué, 
et qui est placé à la fin du Pentateuque comme une sorte d'appen 
dice, ne prouve nullement que Moise n'a pas écrit ce qui précede. 

Tous les livres postérieurs au Pentateuque confirment ce qu'il nous 
apprend lui-méme sur son origine mosaique. Toute l'Histoire Sainte 
présuppose le Pentateuque et les événements qui y sont racontés, 
l'origine chaldéenne de la race Israélite, le séjour en Egypte, l'Exode 
et la législation mosaique. Le mont Sinai, surlequella loi fut donnée 
au peuple de Dieu, est le berceau de sa nationalité. 

Si plus tard, le souvenir du Sinai s'éclipse devant celui de Sion, 
où Dieu habite, il n'est pas complètement oublié, car le prophète 
Elie va le visiter, et le mont Sion lui-méme est, pour ainsi dire, un 
autre Sinai : 


Le Seigneur est au milieu d'eux dans un sanctuaire, comme autrefois 
sur le Sinai. (Ps. Lxvir, 18.) 


Et de méme que Sion présuppose le Sinai, toute l'histoire juive 
présuppose la législation du Sinai. 


INTRODUCTION AU PENTATEUQUE. 11 


Et ce qu'il y a de particulièrement remarquable dans l’histoire de 
la législation hébraïque, ce qui en confirme l'antiquité et l'origine 
d'une manière frappante, c'est qu'elle n'est pas faite, comme les 
autres législations, à l'image du peuple qu'elle régit. Elle ne sort 
pas de lui, comme le fruit de l'arbre qui le porte, elle n'est pas l'ex- 
pression de ses idées et de ses penchants, elle est, au contraire, en 
opposition absolue avec ses goüts et ses inclinations, et cependant 
il s'y soumet. 11 est comme invinciblement porté à l'idolátrie, il y 
tombe souvent, il n'y persiste jamais. Qui est-ce qui l'en retire et 
l'empéche de s'y perdre? La loi. Supprimez la loi, supprimez Moise, 
supprimez le Pentateuque, et rien n'est intelligible dans son histoire. 

Les Psaumes sont tout imprégnés de la loi de Moise, ainsi que les 
livres sapientiaux. Les Psaumes descriptifs et historiques ne sont 
qu'un résumé des faits racontés par Moise. Le Psautier est le Pen- 
tateuque mis en prieres. 

Tous les prophétes connaissent les livres de Moise, et y puisent 
fréquemment. Enfin le Nouveau Testament confirme le témoignage 
de l'Ancien et Notre Seigneur lui-méme cite Moise comme l'auteur 
du Pentateuque. 

Une preuve nouvelle et importante de l'origine mosaique de ce 
livre nous est fournie par les monuments égyptiens. L'exactitude 
minutieuse du texte n'atteste pas seulement une connaissance par- 
faite de l'Egypte, mais la connaissauce de l'Egypte telle qu'elle était 
sous les Ramsès, à l'époque de l'Exode. Ce qui est dit de l'état du 
pays, des principales villes de la frontiere, de la composition de 
l'armée, est vrai de l'époque des Ramsès et non de l'époque des 
pharaons contemporains de Salomon et de ses successeurs. Or, une 
telle exactitude ne peut étre le résultat d'une tradition qui se serait 
transmise à travers une durée de plusieurs siècles; elle nous reporte 
au temps de Moise. 

Le Deutéronome, en particulier, contient de nombreuses allusions 
aux usages de l'Egypte. Il interdit aux Hébreux, Deut., iv, 15-48, les 
œuvres de sculpture qu'on prodiguait dans l'empire des pharaons, 
de peur qu'elles ne les séduisent et ne les entraînent à l’idolâtrie. Il 
défend aussi au roi, quand il y en aura un en Israél, de ramener son 
peuple en Egypte, טא‎ 16. Voilà, certes, une crainte qu'on ne peut 
avoir conçue que dans le désert, lorsque les Hébreux, naguère sortis 
de la vallée du Nil, et découragés par les privations qu'ils avaient à 
endurer, comme par les obstacles qu'ils rencontraient sur la route 
de la Terre Promise, étaient tentés de retourner dans la terre de 


42 INTRODUCTION AU PENTATEUQUE. 


Gessen. Un certain nombre de passages rappellent les usages pha- 
raoniques : — xx, 5, les chefs, schoterim, qui font penser par leur 
nom méme aux scribes égvptiens et en remplissent les fonctions en 
temps de guerre; — xxvii, 1-8, les pierres enduites de chaux dont on 
se sert pour écrire; — xxv, 2, la bastonnade infligée pour certaines 
fautes de la méme maniere que nous la représentent les monuments 
égyptiens; — xr, 10, les nombreux canaux dans lesquels on distri- 
buait l'eau du Nil et que les auditeurs, auxquels l'orateur s'adresse, 
ont vu de leurs yeux ou connaissent par le récit de leurs pères ; — 
vit, 15, et xxvur, 60, les maladies dont les Hébreux ont souffert en 
Egypte, etc. Les nombreuses prescriptions du Pentateuque contre la 
lèpre prouvent qu'elles ont été portées en un temps proche de la 
sortie d'Egypte, parce que c'est surtout à cette époque que ce mal 
terrible a été fréquent parmi les Hébreux, Deut., vir, 15 (4). 

Enfin l'authenticité du Pentateuque est confirmée par les ar- 
chaismes et les locutions qui lui sont propres. Les livres de Moise 
ont une couleur antique, qui est produite par des mots et des formes 
vieillis depuis, comme aussi par le caractere poétique de sa prose et 
la puissante originalité de sa poésie. Ces archaismes ne se ren- 
contrent déjà plus dans le livre de Josué. Le Pentateuque ne contient 
d'ailleurs d'autres mots étrangers que des mots égyptiens. Tout nous 
prouve ainsi qu'il a été écrit au temps de l'exode et qu'il est l'œuvre 
de Moise, comme l'a toujours enseigné la tradition juive et chré- 
tienne (2). 


(1) On peut voir le développement de cette preuve dans La Bible et les découvertes 
modernes, 5° édit., t. π, p. 519 et suiv.; 516 et suiv. 

(2) Pour l’éclaircissement de certaines questions importantes, concernant ie Penta- 
teuque, voir les notes placées à la fin du volume 


97990 0% טפ ל — 


LA GENESE 


CHAPITRE PREMIER. 


Création du monde et de l'homme. 
Dieu soumet toutes les créatures à 
l'homme. 


1. Aucommencement Dieu créa 
le ciel et la terre. 

2. Mais la terre était informe 
et nue, et des ténèbres étaient 
sur la face d'un abime, et l'Esprit 
de Dieu était porté sur les eaux. 

3. Or Dieu dit : Que la lumière 
soit. Et la lumière fut. 

4. Et Dieu vit que la lumière 
était bonne, et il sépara la lu- 
mière des ténèbres. 

5. Et il appela la lumiere, Jour, 
et les ténebres, Nuit : et d'un soir 
et d'un matin sefitunjourunique. 

6. Dieu dit encore : Qu'un fir- 
mament soit fait entre les eaux, 
et qu'il sépare les eaux d'avec les 
eaux. 

1. Et Dieu fit le firmament, et 


il séparales eaux qui étaient sous 
le firmament de celles qui étaient 
sur le firmament. Et il fut fait 
ainsi. 

8.0rDieu nomma le firmament, 
Ciel; et d'un soir et d'un matin se 
fit un second jour. 

9. Dieu dit ensuite : Que les 
eaux qui sont sous le ciel se ras- 
semblent en un seul lieu, et que 
la partie aride paraisse. 

10. Or Dieu nomma la partie 
aride, Terre, et les amas d'eaux, 
il les appela Mers. Et Dieu vit que 
cela était bon. 

11. Et il dit : Que la terre pro- 
duise de l'herbe verdoyante, et 
faisant de la semence, et des ar- 
bres fruitiers, faisant du fruit se- 
lon leur espece, dont la semence 
soit en eux-mêmes sur la terre. 
Et il fut fait ainsi. 

12. Et la terre produisit de 
l'herbe verdoyante, et faisant de 


CHaP. I. 1. Ps. xxxi, 6; cxxxv, 5; Ecclés., xvin, 1; Actes, xiv, 14; xvii, 24. — 
3. Hébr., xi, 3. — 7. Ps. cxxxv, 5; cxLvii, 4; Jór., x, 12; L1, 15. — 10. Job, xxxvii, 4; 


DSTI T LXXXVIII, 125 CXXXV. Ὁ. 


Ζ 


1. Au commencement; c'est-à-dire rien n'existant encore que Dieu seul. — * Voir 
à la fin du volume la note 1 sur la cosmogonie mosaique. 

3. Littér. : Que lumière soit, et lumière fut. Par lumiere, il faut entendre ici le fluide 
lumineux dont les astres sont devenus les moteurs. 

6, 7. Le mot firmament de la Vulgate, aussi bien que l'hébreu expansion, étendue 
signifie l'atmosphére, qui non seulement divise les eaux des nuées que les vapeurs 
y forment, de celles de la terre, mais qui pesant sur les eaux des mers, les main- 
tient et les affermit dans leur état liquide et dans leurs limites. 

M. Faisant du fruit; portant déjà du fruit, chargés de leurs fruits. — Selon leur 
espèce: littér. Selon son genre. Ces deux mots sont souvent confondus dans la Vul- 
gate; le texte hébreu porte partout le mème terme, que l'on rend généralement per 
espèce. 


4 LA GENÉSE. 


la semence selon son espèce, et 
desarbresfaisantdu fruit, etayant 
chacun de la semence selon son 
espèce. Et Dieu vit que cela était 
bon. 

13. Et d'un soir et d'un matin 
se fit un troisieme jour. 

14. Dieu dit aussi : Qu'il soit 
fait des luminaires dans le firma- 
ment du ciel, et qu'ils séparent 
le jour et la nuit, et qu'ils servent 
de signes pour marquer et les 
temps et les jours et les années, 

15. Qu'ils luisent dans le firma- 
ment du ciel, et qu'ils éclairent 
la terre. Et il fut fait ainsi. 

16. Dieu fit donc deux grands 
luminaires; l'un plus grand, pour 
présider au jour; l’autre moins 
grand, pour présider à la nuit; et 
les étoiles. 

47. Etilles placa dans le firma- 
ment du ciel pour luire sur la 
terre, 

18. Pour présider au jour et à 
la nuit, et pour séparer la lumiere 
et les ténèbres. Et Dieu vit que 
cela était bon. 

19. Et d'un soir et d'un matin 
se fit un quatrième jour. 

20. Dieu dit encore : Que les 


14. Ps. cxxxv, 7. — 26. Infra, v, 1; 1x, 6; I Cor., ,א‎ 7; Coloss., 


[cn. 1] 
eauxproduisentdesreptiles d'une 
âme vivante, et des volatiles sur 
la terre, sous le firmament du 
ciel. 

21. Dieu créa done les grands 
poissons, et toute àme vivante et 
ayant le mouvement, que les 
eaux produisirent selon leurs es- 
peces, et tout volatile selon son 
espèce. Et Dieu vit que cela était 
bon. 

29. Il les bénit, disant : Crois- 
sez et multipliez-vous, et rem- 
plissez les eaux de la mer : et que 
les oiseaux se multiplient sur la 
terre. 

23. Et d'un soir et d'un matin 
se fit un cinquieme jour. 

24. Dieu dit aussi : Que la terre 
produise des àmes vivantes selon 
leur espèce, des animaux domes- 
tiques, des reptiles et des bêtes 
de la terre selon leurs espèces. 
Et il fut fait ainsi. 

95. Dieu fit done les bétes de 
la terre selon leurs espèces, les 
animaux domestiques et tous les 
reptiles de la terre selon leur es- 
pece. Et Dieu vit que cela était 
bon. 

26. Il dit ensuite : Faisons un 


rir, 10. 


14. Le soleil et la lune ne sont pas, il est vrai, les deux plus grands astres, bien 
qu'ils nous paraissent tels; mais ils sont les deux plus grands luminaires, puisque, 
de tous les globes célestes, ce sont ceux qui répandent le plus de lumière. 

16. * Dieu fit deux grands luminaires. « Le soleil et la lune ne sont pas les deux 
plus grands corps célestes; ils sont néanmoins les deux plus grands luminaires (re- 
lativement à uous), puisque ce sont ceux de tous les astres qui répandent le plus 
de lumière sur la terre.» — Pour présider au jour. « Moïse dit que le soleil est des- 
tiné à présider au jour, comme la lune et les étoiles sont destinées à éclairer la 
nuit, afin d'óter aux Israélites la tentation d'adorer ces corps inanimés (comme le 
faisaient les peuples voisins) Deulér onome, IV, 19. » (DucLor.) 

20. Les Hébreux appelaient les poissons reptiles, parce qu'ils n'ont généralement 
point de pieds et qu'ils se trainent sur leur ventre. — D'une âme vivante; c'est- 
à-dire doués du principe vital, animés. 

26. Faisons marque évidemment la pluralité des personnes en Dieu. — À notre 
image, etc. L'homme est fait à l'image de Dieu en ce qu'il est doué d'une àme imma- 
térielle, immortelle, intelligente, libre, capable de sagesse, de vertu et de béatitude, 


n.]‏ .אס] 


homme à notre image et à notre 
ressemblance : et qu'il domine 
sur les poissons de la mer, sur 
les volatiles du ciel, et sur les 
bétes, et sur toute la terre et sur 
tous les reptiles qui se meuvent 
sur la terre. 

27. Et Dieu créa l'homme à son 
image : c'est à l'image de Dieu 
qu'il le créa : il les créa mále et 
femelle. 

98. Et Dieu les bénit et leur dit: 
Croissez et multipliez-vous; rem- 
plissez la terre et assujettissez-la, 
et dominez sur les poissons de la 
mer, surles volatiles du ciel et sur 
tous les animaux qui se meuvent 
sur la terre. 

29. Dieu dit encore : Voici que 


LA GENÉSE. 15 


tant de 18 semence sur la terre, et 
toutes les plantes ayant en elles- 
mêmes lasemence deleur espèce, 
pour être votre nourriture; 

30. Et à tous les animaux de la 
terre, à tous les oiseaux du ciel, 
et à tout ce qui se meut sur la 
terre et en qui est une âme vi- 
vante, pour qu'ils aient à manger. 
Et il fut fait ainsi. 

31. Et Dieu vit toutes les choses 
qu'il avait faites, et elles étaient 
tres bonnes. Et d'un soir et d'un 
matin se fit le sixième jour. 


CHAPITRE II. 


Repos du septième jour. Description du 
Paradis. Création d'Eve. Institution du 
mariage. 


je vous donne toute herbe por- 1. Ainsi furent achevés les 
91. Sap., u, 23; Eccli., xvir, 1; Matt., xix, 4. — 28. Infra, vin, 17; 1x, 1. — 29. Infra, 


IX, 9. — 91. Eccli., xxxix, 21; Marc, vir, 31. 


c'est-à-dire, de voir Dieu et d'en. jouir. — * > Dieu, dit Bossuet, a formé les autres 
animaux en cette sorte: Que la terre, que les eaux produisent les plantes et les 
animaux, et c'est ainsi qu'ils ont recu l'être et la vie. Mais Dieu, aprés avoir mis en 
ses mains toutes puissantes la boue dont le corps humain a été formé, il n'est pas 
dit qu'il en ait tiré son âme, mais il est dit qu'il inspira sur sa face un souffle de 
vie, et c’est ainsi qu'il a été fait une dme vivante. Dieu fait sortir chaque chose de 
ses principes : il produit de la terre les herbages et les arbres avec les animaux, qui 
n'ont d'autre vie qu'une vie terrestre et purement animale: mais l’ême de l'homme 
est tirée d'un autre principe, qui est Dieu. C'est ce que veut dire ce souffle de vie, 
que Dieu tire de sa bouche pour animer l'homme: ce qui est fait à la ressemblance 
de Dieu ne sort point des choses matérielles; et cette image n'est point cachée dans 
ces bas éléments pour en sortir, comme fait une statue de marbre ou de bois. L'homme 
a deux principes: selon le corps, il vient de la terre; selon l'àme, il vient de Dieu 
seul; et c'est pourquoi, dit Salomon, pendant que le corps retourne à la terre d’où 
il a. élé tiré, lesprit retourne à Dieu qui l'a donné. » 

28. * Remplissez la terre, parce que la terre est faite pour l'homme. La terre «tient 
dignement son rang [au milieu des astres] par la supréme harmonie de toutes ses 
parties et de tous ses mouvements; planéte aux allures rythmiques, elle est en 
petit le représentant des mondes. Carl Ritter caractérisait la terre comme étant la 
planéte du juste milieu. La plasticité du globe terrestre offrait, disait-il, plus d'har- 
monie que celle des autres planétes; les aspérités qui en hérissent la surfaee sont 
moins accentuées que celles qui existent sur Vénus et sur la lune. N'étant ni trop 
voisine ni trop éloignée du soleil, la terre n'est exposée qu'à une chaleur modérée; 
elle n'a qu'un seul satellite, pendant que d'autres planètes en ont jusqu'à 8 ou n'en 
ont pas du tout. Elle représente en toutes choses une sorte de terme moyen égale- 
ment éloigné de tous les extrémes et cet équilibre admirable des conditions d'exis- 
tence de la terre semble indiquer un développement individuel qui s'est harmonisé 
d'une manière définitive avec le système solaire tout entier et qui fait de la terre 
le séjour prédestiné de l'homme. > (RApav.) 


18 LA GENÉSE. 


cieux et la terre, et tout leur or- 
nement. 

2. Et Dieu eut accompli son 
œuvre le septième jour : et il se 
reposa le septième jour de tous 
les ouvrages qu'il avait faits. 

3. Et Dieu bénit le septième 
jour et le sanctifia, parce qu'en 
ce jour il s'était reposé de tout ce 
qu'il avait créé et fait. 

4. Telles furent les origines du 
ciel etde la terre, lorsqu'ils furent 
créés, au jour que le Seigneur 
Dieu fit un ciel et une terre. 

5. Et tous les arbustes de la 
campagne, avant quils eussent 
paru sur la terre, et toutes les 
herbes de la campagne, avant 
qu'elles eussent poussé : car le 
Seigneur Dieu n'avait point en- 
core fait pleuvoir sur la terre, et 
il n'y avait point d'homme pour 
cultiver la terre. 

6. Mais il s'élevait dela terre 
une source qui arrosait toute la 
surface de la terre. 

1. Le Seigneur Dieu forma donc 
l'homme du limon de la terre, et 
il souffla sur son visage un souffle 
de vie, et l'homme fut fait àme 
vivante. 

8. Or le Seigneur Dieu avait 
planté, des le commencement, 


fen. a.) 
un jardin de délices, dans lequel 


| il mit l'homme qu'il avait formé. 


9. Et le Seigneur Dieu fit sortir 
du sol toutes sortes d'arbres 
beaux à voir, et dont les fruits 
étaient doux à manger : et aussi 
l'arbre de vie au milieu du para- 
dis, et l'arbre de la science du 
bien et du mal. 

10. De ce lieu de délices sortait 
un fleuve pour arroser le paradis, 
et qui ensuite se divise en quatre 
canaux. 

11. Le nom de l'un est Phison ; 
c'est celui qui coule autour de 
la terre de Hévilath, où vient 
l'or. 

19. Et l'or de cette terre est 
excellent; c'est là aussi que se 
trouve le bdellium et la pierre 
d'onyx. 

13. Le nom du second fleuve 
est Géhon ; c'est celui qui coule 
tout autour de la terre d'Ethiopie. 

14. Le nom du troisieme fleuve 
est le Tigre ; il se répand du cóté 
de l'Assyrie. Le quatrième fleuve, 
c'est l'Euphrate. 

15. Le Seigneur Dieu prit donc 
l'homme et le mit dans le jardin 
de délices, pour le cultiver et le 
garder : 

16. Et il lui commanda, disant: 


Cuar. II. 2. Exode, xx, 11; xxxi, 17; Deutér., v, 14; Hébr., 1v, 4. — 7. 1 Cor., xv, 45. 


— 11. Eccli., xxiv, 35. 


3. Qu'il avait créé et fait, littér., qu'il avait créé pour faire; c'est-à-dire pour le 
façonner et le disposer. — * Voir à la fin du volume la note 2 sur la date de la créa- 
tion du monde, et la note 3 sur la date de la création de l'homme. 

1. * Le Seigneur Dieu forma donc l’homme, Adam, du limon de la terre. Le nom 
d'Adam, qui signifie rouge, parait rappeler l'origine terrestre de son corps, la terre 


rouge, en hébreu, adámáh, d’où il fut tiré. 


9. * L'arbre de vie et larbre de la science du bien et du mai. Noir la note sur le y 11. 

13. * Ethiopie, pays de Cousch, en Asie, non en Afrique. 

15. * Voir à la fin du volume la note 4 sur le Paradis terrestre. 

16. * EL il lui commanda, etc. « Le Seigneur, dit S. Jean Chrysostome, pour faire 
conuaitre à l'homme dés le commencement que celui qui avait créé toutes choses 
était aussi son créateur, lui imposa un commandement facile à observer... 11 lui dé- 


{cu. 1n.) 
Mange des fruits de tous les ar- 
bres du paradis : 

11. Mais quant au fruit de lar- 
bre dela science du bien et du 
mal, n'en mange pas; car au jour 
où tu en mangeras, tu mourras 
de mort. 

18. Le Seigneur Dieu dit aussi: 
Il n'est pas bon que l'homme soit 
seul; faisons-lui une aide sem- 
blable à lui. 

19. Tous les animaux de la 
terre et tous les volatiles du ciel, 
ayant donc été formés de la terre, 
le Seigneur Dieu les fit venir de- 
vant Adam, afin qu'il vitcomment 
il les nommerait : or le nom 
qu'Adam donna à toute àme vi- 
vante, est son vrai nom. 

20. Ainsi Adam, appela par 
leurs noms tous les animaux, 
tous les volatiles du ciel, et toutes 
les bêtes de la terre : mais pour 
Adam, il ne se trouvait point 
d'aide semblable à lui. 

91. Le Seigneur Dieu envoya 


LA GENÈSE. 17 


donc à Adam un profond som- 
meil ; et lorsqu'il se fut endormi, 
il prit une de ses cótes, et il mit 
de la chair à sa place. 

22. Puis le Seigneur Dieu forma 
de la côte qu'il avait tirée d'A- 
dam, une femme, et il l'amena 
devant Adam. 

93. Et Adam dit : Voilà mainte 
nant un os de mes os, et de la 
chair de ma chair : celle-ci s'appel- 
lera femme, parce qu'elle a été 
tirée d'un homme. 

24. C'est pourquoi un homme 
quittera son père et sa mère, et 
s'attachera à sa femme ; et ils se- 
ront deux dans une seule chair. 

95. Or ils étaient nus l'un et 
l’autre, c'est-à-dire Adam et sa 
femme, et ils ne rougissaient 
pas. 


CHAPITRE III. 


Tentation d'Eve par le serpent. Le péché 
et sa punition. 


1. Mais le serpent était le plus 


23. I Cor., x1, 9. — 24. Matt., xix, 5; Marc, x, 7; Ephés., v, 31; I Cor., vi, 16. 


fendit de manger du fruit d'un seul arbre et le menaca, en cas de désobéissance, 
d'un grave chátiment pour le forcer 1 reconnaitre qu'il avait un maitre à la libéralité 
duquel il devait tous les biens dont il jouissait. » 

11, Tu mourras de mort; hébraisme, pour £u mourras sans rémission, inévitablement. 
Le sens est: Tu deviendras nécessairement sujet à la mort, mortel, d'immortel que 
tu es par ta nature. — * L'arbre de (a science du bien et du mal, d’après la doctrine 
des saints Pères, fut ainsi appelé bien plus en raison du précepte dont il fut l'objet 
qu'en raison de ses propriétés naturelles. « Cet arbre est ainsi nommé, dit S. Jean 
Chrysostome, non pas parce qu'il a donné à l'homme la science du bien et du mal, 
mais parce qu'il a été l'instrument de sa désobéissance et qu'il a introduit ainsi la 
connaissance et la honte du péché... L'Ecriture appelle cet arbre l'arbre dela science 
du bien et du mal, parce qu'il devait étre pour l'homme une occasion de péché ou de 
mérite. » Ce qui est dit de l'arbre de la science du bien et du mal s'applique égale- 
ment à l'arbre de vie. 

23. En remontant à l'étymologie des mots francais homme et femme, on y découvre 
la ressemblance qui existe en hébreu entre iscA, vw, et son féminin ischschd, rendu 
dans la Vulgate par virago. Les anciens Latins, en effet, disaient Aemo au lieu de 
homo. Or la lettre À n'est qu'une aspiration qu'on a souvent transcrite par un f. 
Dans plusieurs provinces du midi, où le patois renferme une multitude d'expressions 
et méme de locutions latines, on prononce le mot femme, eme, en aspirant for- 
tement la lettre A. 


1. Par le serpent, il faut entendre dans tout le récit le démon qui a pris la forme 
de ce reptile. — * > Osons le dire, tout 8 ici en apparence un air fabuleux, dit Bos- 


A. T. 2 


48 LA GENÉSE. 


rusé de tous les animaux de la 
terre qu'avait faits le Seigneur. Il 
dit à la femme : Pourquoi Dieu 
vous a-t-il commandé de ne pas 
manger d« fruit detous les arbres 
du paradis? 

2. La femme lui répondit : Nous 
mangeons du fruit des arbres qui 
sont dans le paradis : 

3. Mais pour le fruit de l'arbre 


[cu. 1π.} 


manger, et de n'y point tou- 
cher, de peur que nous ne mou- 
rions. 

4. Mais le serpent dit à la fem- 
me : Point du tout, vous ne mour- 
rez pas de mort. 

9. Car Dieu sait qu'en quelque 
jour que ce soit que vous en 
mangiez, vos yeux s'ouvriront ; 
et vous serez comme des dieux, 


qui est au milieu du paradis, Dieu | sachant le bien et le mal. 
nous a commandé de n'en point 0. La femme donc vit que /e 


CuaP. III. 4. II Cor., xi, 3. — 6. Eccli., xxv, 33; I Tim., τι, 14. 


suet. Un serpent parle, une femme écoute; un homme si parfait et si éclairé se 
laisse entraîner à une tentation grossière; tout le genre humain tombe avec lui 
dans le péché et dans la mort: tout cela parait insensé. Mais c'est ici que com- 
mence la vérité de cette sublime sentence de S. Paul: Ce qui est en Dieu une folie 
apparente est plus sage que la sagesse des hommes... Ne regardons pas {la finesse du 
serpent] comme la finesse d'un animal sans raison, mais comme la finesse du diable, 
qui, par une permission divine, était entré dans le corps de cet animal. Comme 
Dieu paraissait à l'homme sous une forme sensible, il en était de méme des anges... 
Il était juste, l'homme étant composé de corps et d'àme, que Dieu se fit connaitre 
à lui selon l'un et l'autre, selon le sens comme selon l'esprit. Il en était de méme 
des anges, qui conversaient avec l'homme, en telle forme que Dieu permettait et 
sous la figure des animaux. Eve ne fut donc point surprise d'entendre parler un 
serpent, comme elle ne le fut pas de voir Dieu méme paraître sous une forme sen- 
sible. » — Pourquoi? > Le tentateur procéde par interrogation et tâche d'abord de 
produire un doute. La premiére faute d'Eve, c'est de l'avoir écouté et d'étre entrée 
avec lui en raisonnement. La première faute de ceux qui errent, c'est de douter. » 
(Bossukr.) 

3.* Nous mangeons, etc. « Telle fut la réponse d'Eve, où il n'y a rien que de véri- 
table, puisqu'elle ne fait que répéter le commandement du Seigneur. Il ne s'agit 
donc pas de bien répondre ou de dire de bonnes choses, mais de les dire à propos. 
Eve eut dû ne point parler du tout au tentateur, qui lui venait demander des raisons 
d'un commandement où il n'y avait qu'à obéir et non point à raisonner. » (BOossukT.) 

4. Vous ne mourrez pas de mort. Voyez un peu plus haut, u, 11. — * Le serpent 
« vit qu'Eve était éblouie de la nouveauté et que déjà elle entrait dans le doute qu'il 
lui voulait suggérer, il ne garde plus de mesures; il flatte l'orgueil, il pique et excite 
la curiosité. L'orgueil entra avec ces paroles: Vous serez comme des dieux. Celles-ci : 
Vous saurez le bien et le mal, excitèrent la curiosité. » (Bossuer.) 

6. * La femme vit... « Eve commence à regarder ce fruit défendu et c'est un com- 
mencement de désobéissance. C'est vouloir étre réduite que de se rendre si attentive 
à la beauté et au goüt de ce qui lui avait été interdit. La voilà donc occupée des 
beautés de cet objet défendu et comme convaincue que Dieu était trop sévère de 
leur défendre l'usage d'une chose si belle, sans songer que le péché ne consiste pas 
à user des choses mauvaises par leur nature, puisque Dieu n'en avait point fait ni 
n'en pouvait faire de telles, mais à mal user des bonnes. Ces regards attentifs sur 
l'agrément et sur le bon goüt de ce beau fruit firent entrer jusque dans la moelle 
des os l'amour du plaisir des sens. » — Et en donna à son mari. « Le serpent ne 
poussa pas plus loin la tentation du dehors; et content d'avoir bien instruit et per- 
suadé son ambassadeur, il laissa faire le reste à Eve séduite. Il lui avait parlé non 
seulement pour elle, mais encore pour son mari. Le démon ne se trompa pas en 
croyant que sa parole portée par Eve à Adam aurait plus d'effet que s'il la lui eût 
portée lui-même. (Adam) céda plutôt à Eve par complaisance que convaincu par 


[cn πι.} 
fruit de l'arbre était bon à man- 
ger, beau à voir et d'un aspect 
qui excitait le désir ; elle en prit, 
en mangea et en donna à son 
mari, qui en mangea. 

7. En effet leurs yeux s'ouvri- 
rent; et lorsqu'ils eurent connu 
qu'ils étaient nus, ils entrelace- 
rent des feuilles de figuier, et 
s'en firent des ceintures. 

8. Et lorsqu'ils eurent entendu 
la voix du Seigneur Dieu qui se 
promenait dans le paradis, à la 
brise du soir, Adam et sa femme 
se cachèrent de la face du Sei- 
gneur Dieu au milieu des arbres 
du paradis. 

9. Mais le Seigneur Dieu appela 
Adam, et lui dit : Où es-tu? 

10. Adam répondit : J'ai entendu 
votre voix dans le paradis; et j'ai 
eu peur, parce que j'étais nu, et 
je me suis caché. 

11. Dieu lui dit: Mais qui t'a 
appris que tu étais nu, si ce n'est 
que tu as mangé du fruit de l'ar- 
bre dont je t'avais défendu de 
manger? 

12. EtAdam répondit : Lafemme 
que vous m'avez donnée pour 
compagne m a présenté du fruit 
de l'arbre, et j'en ai mangé. 

13. Alors le Seigneur Dieu dit 


16. I Cor., xiv, 34. 


LA GENÈSE. 19 


à la femme : Pourquoi as-tu fait 
cela? Elle répondit : Le serpent 
m'a trompée, et j'ai mangé. 

14. Le Seigneur Dieu dit au ser- 
pent : Parce que tu as fait cela, 
tu es maudit entre tous les ani- 
maux de la terre : tu ramperas 
sur ton ventre, et tu mangeras 
de la terre tous les jours de ta 
vie. 

15. Je mettrai des inimitiés 
entre toi et la femme, entre ta 
postérité et sa postérité : Elle te 
brisera la tête, et toi, tu lui ten- 
dras des embáüches au talon. 

16. Il dit encore à la femme: 
Je multiplierai tes fatigues et tes 
grossesses; c'est dans la douleur 
que tu mettras au monde des 
enfants; tu seras sous la puis- 
sance de ton mari, et lui te do- 
minera. 

17. Mais à Adam, il dit : Puisque 
tu as écouté la voix de ta femme, 
et que tu as mangé du fruit dont 
je t'avais défendu de manger, 
maudite sera la terre en ton œu- 
vre; et c'est avec des labeurs que 
tu en tireras ta nourriture durant 
tous les jours de ta vie. 

18. Elle te produira des épines 
et des chardons : et tu mangeras 
l'herbe de la terre 


ses raisons. ll ne voulut point contrister cette seule et chère compagne. A la fin il 
donna dans la séduction. » (Bossuer.) 

14, 15. Le serpent est celui des animaux que l'homme a le plus en horreur, et qu'il 
désire le plus de détruire. Le démon ayant élevé le serpent au-dessus de sa condi- 
tion naturelle en l'embellissant par ses prestiges, en lui donnant une attitude plus 
noble, Dieu lui óte ses qualités, et le réduit à la condition de ramper sur le ventre. 
— Le serpent se nourrit de semences et d'insectes qui se trouvent dans la terre. — 
La malédiction que Dieu prononce ici regarde tout à la fois etle serpent et le démon. 
Cette femme qui doit briser la tête du serpent est la très sainte Vierge, qui ruina 
l'empire du démon en donnant naissance à Jésus-Christ. 

16. Tes fatigues; c'est-à-dire les incommodités qu'éprouve une femme enceinte, 


comme le malaise, les langueurs, les dégoüts, etc. — Tes grossesses; ou plutôt, les 
douleurs, les tourments de la grossesse. 


20 LA GENÉSE. 


19. C'est à la sueur de ton front 
que tu te nourriras de pain, jus- 
qu'àce que tu retournes àlaterre, 
d'oü tu as été tiré : puisque tu es 
poussière, tu retourneras à la 
poussière. 

20. Adam donna à sa femme le 
nom d'Eve, parce qu'elle était la 
mère de tous les vivants. 

21. Le Seigneur Dieu fit aussi à 
Adam et à sa fomme des tuniques 
de peau, et les en revétit. 

22. Et il dit : Voilà qu'Adam est 
devenu comme l'un de nous, sa- 
chant le bien et le mal : mainte- 
nant donc, qu'il n'avance pas sa 
main; qu'il ne prenne pas non 
plus du fruit de l'arbre de vie; 
qu'il n'en mange point, et qu'il 
ne vive point éternellement. 

29. Et le Seigneur Dieu le ren- 
voya du jardin de délices, afin 
qu illabourát la terre, de laquelle 
il fut tiré. 

24. ll renvoya donc Adam, et il 
placa àl'entrée du jardin de délices 
les Chérubins avec un glaive flam- 
boyant qu'ils brandissaient, pour 
garder la voie de l'arbre de la vie. 


CHAPITRE IV. 


Cain et Abel; leurs sacrifices. Caïn tue 
Abel. Descendants de Cain. Seth, fils 
d'Adam. Enos, fils de Seth. 


1. Or Adam connut sa femme 


(cB. 1v.] 
Eve, qui concut et enfanta Cain, 
disant : J'ai acquis un homme par 
la gráce de Dieu. 

2. Et de nouveau elle enfanta 
son frere Abel. Or Abel fut pas- 
teur de brebis, et Cain laboureur. 

3. Et il arriva aprés bien des 
jours que Cain offrait des fruits 
de la terre en présent au Sei- 
gneur. 

4. Abel aussi offrit des pre- 
miers-nés de son troupeau, et 
des plus gras : et le Seigneur re- 
garda Abel et ses dons. 

5. Mais Cain et ses dons, il ne 
les regarda pas : aussi Cain fut 
violemment irrité, et son visage 
fut abattu. 

6. Et le Seigneur lui dit : Pour- 
quoi es-tu irrité, et pourquoi ton 
visage est-il abattu? 

7. Si tu fais bien, n'en recevras- 
tu pas la récompense? et si tu 
fais mal, le péché ne sera-t-il pas 
soudain à 18 porte? Mais la con- 
cupiscence qui t'entraine vers lui 
sera sous toi, et tu la domine- 
ras. 

8. Or Cain dit à Abel son frère : 
Sortons dehors. Et lorsqu'ils 
étaient dans la campagne, Caïn 
se leva contre son frère Abel et 
le tua. 

9. Le Seigneur dit alors à Caïn : 
Où est Abel ton frère? Il répon- 


Cxar. IV. 4. Hébr , xt, 4. — 8. Sap., x, 3; Matt., xx, 35; I Jean, ri, 12; Jude, 11. 


19. Le pain est mis souvent dans l'Ecriture pour la nourriture en général.— * « La 
souffrance infligée comme chátiment à la femme et le travail que doit subir Adam 
satisfont à la régle de la justice. En elle-méme la loi du travail n'est point une loi de 
douleur et de souffrance; c'est le péché, c'est la chute d'Adam qui fait ajouter la 
peine au travail, la sueur au pain que l'homme doit manger. » (A. PELLISSIER.) 

22. Comme l'un de nous. Compar. 1, 26. 


2. * Le nom d’Abel, qui s'est conservé en assyrien sous la forme habal, signifie fis. 

4, 9. C'est la foi et la piété sincère d'Abel qui le rendirent, lui et ses dons, 
agréables à Dieu; et c'est sans doute par le manque de ces sentiments que Caiu 
n'eut pas le méme bonheur. 


[cg. tv.) 
dit : Je ne sais; suis-je le gardien 
de mon frere, moi? 

10. Mais le Seigneur lui repar- 
tit : Qu'as-tu fait? la voix du sang 
de ton frere crie de la terre jus- 
qu'à moi. 

11. Maintenant donc, maudit tu 
seras sur la terre qui a ouvert sa 
bouche et qui a recu de ta main 
le sang de ton frere. 

12. Lors méme que tu l'auras 
cultivée, elle ne te donnera pas 
ses fruits : tu seras errant et fu- 
gitif sur la terre. 

13. Mais Cain dit au Seigneur : 
Elle est trop grande, mon ini- 
quité, pour que je mérite le par- 
don. 

14. Voilà que vous me rejetez 
aujourd'hui de la face de la terre, 
je me cacherai de votre face, et 
je serai errant et fugitif sur la 
terre : quiconque donc me trou- 
vera, me tuera. 

15. Mais le Seigneur lui répon- 
dit : Non, il n'en sera pas ainsi; 
car quiconque tuera Cain, sera 
puni sept fois. Et le Seigneur mit 
un signe sur Cain, afin que qui- 
conque le trouverait, ne le tuât 
pas. 

16. Etant done sorti de la pré- 
sence du Seigneur, Cain fugitif 
habita dans le pays qui est au 
côté oriental d'Eden. 

17. Cependant Cain connut sa 
femme, laquelle conçut et en- 


LA GENÉSE. 21 


fanta Hénoch, et il bátit une ville, 
et il lui donna le nom d'Hénoch, 
tiré du nom de son fils. 

18. Or Hénoch engendra lrad, 
Irad engendra Maviaël, Maviaël 
engendra Mathusaël, et Mathusaël 
engendra Lamech, 

19. Lequel prit deux femmes : 
le nom de l’une était Ada, et le 
nom de l’autre, Sella. 

20. Et Ada enfanta Jabel, qui 
fut le père de ceux qui habitent 
sous les tentes, et des pasteurs. 

21. Et le nom de son frère était 
Jubal; c'est le pére de ceux qui 
jouent de la harpe et de l'orgue. 

22. Sella aussi engendra Tubal- 
cain, qui sut travailler avec le 
marteau, et faire loutes sortes 
d'ouvrages d'airain et de fer. La 
sceur de Tubalcain fut Noéma. 

23. Or Lamech dit à ses femmes 
Ada et Sella : Entendez ma voix, 
femmes deLamech,prétezl' oreille 
à mes paroles : j'ai tué un homme 
à cause de ma blessure, et un 
jeune homme à cause de ma 
meurtrissure. 

24. Cain sera vengé sept fois, 
mais Lamech septante fois sept 
fois. 

25. Adam connut encore sa 
femme, et elle enfanta un fils, et 
elle l'appela du nom de Seth, di- 
sant: Dieu m'a donné un autre fils 
à la place d'Abel qu'a tué Cain. 

20. Et à Seth aussi naquit un 


15. * Un signe. On ignore en quoi il consistait. 
16. * Dans le pays... Le texte original appelle ce pays la terre de Nod, mais la si- 


tuation en est inconnue. 


20. Abel paissait aussi ses troupeaux (ver. 2); mais Jabel fut le premier qui fit 
profession particuliére de conduire des troupeaux. 

22. * Toutes sorles d'ouvrages d'airain et de fer. Conformément à ce qui est dit ici, 
l'archéologie nous montre en Asie le berceau des arts métallurgiques. 

23. Le pronom personnel étant susceptible en hébreu du sens passif aussi bien que 
du sens actif, ma blessure, ma meurtrissure peuvent signifier indistinctement /a bles- 
sure, la meurtrissure que j'ui faile ou que j'ai reçue. 


92 LA GENÈSE. 


fils qu'il appela Enos; celui-ci 
commença à invoquer le nom du 
Seigneur. 


CHAPITRE V. 


Généalogie de Noé, remontant jusqu'à 
Adam, par les descendants de Seth. 


1. Voicile livre de la génération 
d'Adam. Au jour que Dieu créa 
l'homme, c'est à la ressemblance 
de Dieu qu'il le fit. 

2. Il créa un homme et une 
femme, et il les bénit : et il les 
appela du nom d'Adam, au jour 
où ils furent créés. 

3. Or Adam vécut cent trente 
ans, et il engendra un fils à son 
image et à sa ressemblance, et il 
l'appela du nom de Seth. 

4. Et les jours d'Adam, après 
qu'il eut engendré Seth, furent 
de huit cents ans ; et il eut encore 
des fils et des filles. 

5. Ainsi tout le temps que vécut 
Adam fut de neuf cent trente ans, 
et il mourut. 

6. Seth aussi vécut cent cinq 
ans, et il engendra Enos. 

7. Et Seth vécut; après qu il eut 
engendré Enos, huit cent sept 
ans, et il eut des fils et des filles. 

8. Ainsi tous les jours de Seth 
furent de neuf cent douze ans, et 
il mourut. 

9. Enos vécut quatre-vingt-dix 
ans, et engendra Caïnan, 


[cu. νοὶ] 

10. Après la naissance du- 
quel il vécut huit cent quinze 
ans, et il engendra des fils et des 
filles. 

11. Ainsi tous les jours d'Enos 
furent de neuf cent cinq ans, et 
il mourut. 

19. Cainan vécut soixante-dix 
ans, et il engendra Malaléel. 

13. Et Cainan vécut, apres qu'il 
eut engendré Malaléel, huit cent 
quarante ans, etil engendra des 
fils et des filles. 

14. Ainsi tous les jours de Cai- 
nan furent de neuf cent dix ans, 
et il mourut. 

15. Quant à Malaléel, il vécut 
soixante-cinq ans, et il engendra 
Jared. 

16. Et Malaléel vécut, après 
quil eut engendré Jared, huit 
cent trente ans, et il engendra 
des fils et des filles. 

17. Ainsi tous les jours de Mala- 
léel fureut de huit cent quatre- 
vingt-quinze ans, et il mourut. 

18. Jared vécut soixante-deux 
ans, et il engendra Hénoch. 

19. Et Jared vécut, apres qu'il 
eut engendré Hénoch, huit cents 
ans, et il engendra des fils et des 
filles. 

90. Ainsi tous les jours de Jared 
furent de neuf cent soixante-deux 
ans, et il mourut. 

91. Hénoch vécut soixante-cinq 
ans, et il engendra Mathusala. 


CuaP. V. 1. Supra, 1, 27; Infra, 1x, 6; Sag., τι, 23; Eccli., xvn, 1. — 4. I Par., 1, 1. 


9. Adam; c'est-à-dire tiré de la terre. 


5. La longue vie d'Adam ainsi que celle de tous les patriarches qui ont existé 
avant le déluge, se trouve contirmée par Manéthon et Bérose. Les Grecs supposent 
aussi, comme incontestable. que les premiers hommes vivaient incomparablement 
plus longtemps que nous. Enfin la longueur des règnes que les histoires des Indiens, 
des Chinois et des Persans assignent à leurs premiers rois, dépose également en 
faveur de la longévité des patriarches. 


[cp. vr.] 


99. Or Hénoch marcha avec 
Dieu, et vécut, apres qu'il eut en- 
gendré Mathusala, trois centsans, 
et il engendra des fils et des 
filles. 

93. Ainsi tous les jours d'Hé- 
noch furent de troiscent soixante- 
cinq ans. 

24. ll marcha donc avec Dieu, 
et il ne parut plus, parce que Dieu 
l'euleva. 

25. Mathusala aussi vécut cent 
quatre-vingt-sept ans, et il en- 
gendra Lamech. 

26. Or Mathusala vécut, apres 
qu'il eut engendré Lamech, sept 
cent quatre-vingt-deux ans, et il 
engendra des fils et des filles. 

27. Ainsi tous les jours de Ma- 
thusala furent de neuf cent soi- 
xante-neuf ans, et 11 mourut. 

28. Lamech vécut cent quatre- 
vingt-deux ans, et il engendra un 
fils. 

29. lH l'appela du nom de Noé, 
disant : Celui-ci nous consolera 
des œuvres et des travaux péni- 
bles de nos mains dans cette 
terre qu'a maudite le Seigneur. 

30. Et Lamech vécut, apres 
qu'il eut engendré Noé, cinq cent 
quatre-vingt-quinze ans, et il en- 
gendra des fils et des filles. 

31. Ainsi tous les jours de La- 
mech furent de septcentsoixante- 


LA GENESE. 23 


dix-sept ans, et il mourut. Mais 
Noé, lorsqu'il avait cinq cents 
ans, engendra Sem, Cham et Ja- 
pheth. 


CHAPITRE VI. 


Multiplieation et corruption générale des 
hommes. Prédiction du déluge. Cons- 
truction de l'arche. 


* 


1. Lorsque les hommes eurent 
commencé à se multiplier sur la 
terre, et qu'ils eurent procréé des 
filles, 

2. Les fils de Dieu voyant que 
les filles des hommes étaient 
belles, prirent leurs femmes en- 
tre toutes celles qu'ils avaient 
choisies. 

3. Et Dieu dit : Mon esprit ne 
demeurera pas dans l'homme 
pour toujours, parce qu'il est 
chair; et ses jours seront de cent 
vingt ans. 

4. Or il y avait des géants sur 
la terre en ces jours-là. Car après 
que les enfants de Dieu se furent 
approchés des filles des hommes, 
celles-ci enfanterent; et de là sont 
venus ces hommes puissants, 
fameux dés les temps anciens. 

ὃ. Mais Dieu voyant que la ma- 
lice des hommes était grande sur 
la terre, et que toutes les pensées 
de leurs cœurs étaient tournées 
au mal en tout temps, 


24. Eccli., xiv, 16 ; Hébr., xr, 5. — (παρ. VI. 5. Infra, vin, 21; Matt., xv, 19. 


22, 24. Marcher avec Dieu, hébraisme, pour: se conduire d'une maniére irrépro- 
chable, parfaitement conforme à la volonté divine. 
31. * Voir à la fin du volume la note 5 sur la longévité des patrirches. 


2. On entend communément par les fils de Dieu les descendants de Seth, auxquels 
on donna ce nom à cause de leur piété envers Dieu, et par les filles des hommes, les 
filles de la race pervertie de Cain. 

3. Parce qu'il est chair; c'est-à-dire qu'il se laisse emporter aux mouvements dé- 
réglés de la chair. — Et ses jours, etc. Les hommes, à compter du moment de cette 
menace, n'avaient plus que cent vingt ans à vivre; c'est-à-dire que Dieu leur accor- 
dait ce long temps pour faire pénitence. 


24 LA GENÈSE. 


6. Se repentit d'avoir fait 
l'homme sur la terre ; et touché de 
douleur jusqu'au fond du cœur, 

1. J'exterminerai, dit-il, 'hom- 
me que j'ai créé, de la face de la 
terre, depuis l'homme jusqu'aux 
animaux, depuis le reptile jus- 
qu'aux oiseaux du ciel; car je me 
repens de les avoir faits. 

8. Mais Noé trouva gráce de- 
vant le Seigneur. 

9. Voici les générations de Noé : 
Noé fut un homme juste et par- 
fait au milieu de tous ceux de son 
temps; il marcha avec Dieu. 

10. Ainsi, il enfanta trois fils, 
Sem, Cham et Japhet. 

11. Or la terre fut corrompue 
et remplie d'iniquité. 

19. Lors donc que Dieu eut vu 
que la terre était corrompue (car 
toute chair avait corrompu sa 
voie sur la terre), 

13. Il dit à Noé : La fin de toute 
chairest venue pour moi ; la terre 
est remplie d'iniquité à cause 
d'eux, et moi, je les exterminerai 
avec la terre. 

14. Fais-toi une arche de pièces 
de bois polies : tu feras dans 
l'arche des compartiments, et tu 
l'enduiras de bitume intérieure- 
ment et extérieurement. 

15. Et c'estainsi que tu laferas: 
La longueur de l'arche sera de 
trois cents 60110608 ; sa largeur de 


9. Eccli., xuiv, 17. 


fcx. vi.] 
cinquante coudées, et sa hauteur 
de trente coudées. 

16. Tu feras une fenétre à 
l'arche, que tu termineras par le 
haut, en la réduisant à une cou- 
dée : quant àla porte de l'arche, 
tu la mettras sur un cóté : tuy 
feras un étage dans le bas, puis 
un second et un troisième étage. 

17. Et voici que moi j'amènerai 
les eaux du déluge sur la terre, 
pour faire périr toute chair en la- 
quelle est l'esprit de vie sous le 
ciel : tout ce qui est sur la terre 
sera consumé. 

18. Mais j'établirai mon alliance 
avec toi; et tu entreras dans 
l'arche, toi et tes fils, tà femme 
et les femmes de tes fils avec toi. 

19. Et de tous les animaux de 
toute chair, tu en feras entrer 
deux dans l'arche, afin qu'ils vi- 
ventavec toi, l'un mâle et l'autre 
femelle. 

20. Des oiseaux selon leur es- 
pece, et des quadrupedes selon 
leur espece et de tout reptile de 
la terre selon son espèce; de tous 
ces animaux, dis-je, deux entre- 
ront avec toi, afin qu'ils puissent 
vivre. 

21. Tu prendras donc avec toi 
de tous les aliments, et tu les em- 
porteras dans l'arche : et ils se- 
ront tant pour toi que pour eux, 
votre nourriture. 


CET ו‎ ς ς΄ 2 MTM sm lom comm 

6. Les expressions se repenlir, étre touché jusqu'au fond du cœur, sont ici pure- 
ment métaphoriques et signifient sous les emblèmes des affections humaines, le 
décret par lequel Dieu avait arrêté qu'il punirait les hommes obstinés dans leurs 
désordres et dans leur incrédulité. 

9. Il marcha avec Dieu. Voyez v, 22, 24. 

12, 13. Toute chair; hébraisme, pour fous les hommes. Compar. Isaïe, xL, 5. 

15. * Trois cents coudées, environ 150 mètres; cinquante coudées, environ 25 mètres; 
trente coudées, environ 15 mètres, d'après la valeur de la coudée dans les derniers 
temps de l'histoire juive. 


‘cn. vir.) 


99, Et Noé fit tout ce que Dieu 
lui avait ordonné. 


CHAPITRE VII. 


Noé entre dans l'arche avec sa famille. 
Il y fait entrer les animaux. Le dé- 
luge. 

1. Or le Seigneur dit à Noé : 
Entre, toi et toute ta maison, 
dans larche; car je t'ai trouvé 
juste devant moi au milieu de 
cette généraüon. 

9. De tous les animaux purs 
prends sept couples, máles et fe- 
melles; mais des animaux im- 
purs, deux couples, mâles et fe- 
melles. 

3. Et des volatiles du ciel pa- 
reillement sept couples, mâles et 
femelles, afin qu'en soit conser- 
vée la race sur la face de toute 
la terre. 

4. Car encore sept jours, et 
après je ferai pleuvoir sur la terre 
durantquarante jours et quarante 
nuits, et j'exterminerai toutes les 
créatures que j'ai faites, de la 
surface de la terre. 

5. Noé fit done tout ce que lui 
avait ordonné le Seigneur. 

6. Or, il avait six cents ans, 
lorsque les eaux du déluge inon- 
derent la terre. 


LA GENÉSE. 25 


7. Ainsi Noé et ses fils, sa 
femme et les femmes de ses fils 
entrerent avec lui dans l'arche, à 
cause des eaux du déluge. 

8. Les animaux aussi, purs et 
impurs, les oiseaux et tout ce 
qui se meut sur la terre, 

9. Entrerent deux à deux au- 
près de Noé dans l'arche, mâle et 
femelle, comme avait ordonné 
le Seigneur à Noé. 

10. Et lorsque les sept jours 
furent passés, les eaux du déluge 
inonderent la terre. 

11. L'an six cent de la vie de 
Noé, au second mois, le dix-sep- 
tieme jour du mois, toutes les 
sources du grand abime furent 
rompues, et les cataractes du ciel 
furent ouvertes; 

19. Et la pluie tomba sur la 
terre durant quarante jours et 
quarante nuits. 

13. Ce jour-là méme, Noé, Sem, 
Cham et Japhet, ses fils, sa femme 
et les trois femmes de ses fils 
entrèrent dans l'arche; 

14. Ainsi, eux et tout animal 
selon son espèce, tous les ani- 
maux domestiques selon leur es- 
pece, et tout ce qui se meut sur 
la terre dans son genre et tout 
volatile selon son genre, tous les 


Cap. VII. 1. Hébr., xr, 7; II Pierre, ,זז‎ 5. — 7. Matt., xxiv, 38; Luc, xvii, 26; I Pierre, 


πι, 20. 


2. Selon la plupart des interprétes, dés avant le déluge, on distinguait les ani- 
maux que l'on offrait en sacrifice de ceux qu'on n'y offrait pas; les premiers se 
nommaient purs et les autres ämpurs. Quelques-uns pensent que ces dénominations 
s'appliquent aussi aux animaux qui servaient à la nourriture et à ceux dont on ne 
mangeait pas. 

11. Les meilleurs chronologistes pensent qu'avant la sortie d'Egypte le second 
mois commencait à notre vingt et un octobre. Ainsi le dix-sept du second mois 
répondait à notre six novembre. Voy. notre Abrégé d'introduction aux livres de 
l'Ancien et du Nouveau Testament, pag. 531-539, deuxième édition. 

13. Ce jour-là méme; c'est-à-dire le dix-septième du second mois (vers. 11). La 
Vulgate porte: Dans l'article (articulo) de ce jour-là; idiotisme qui en hébreu a le 
3608 que nous lui avons donné dans notre traduction. 


26 LA GENÉSE. 


oiseaux et tout ce qui s'élève 
dans l'air, 

15. Entrèrent auprès de Noé 
dans larche, deux à deux, de 
toute chair en laquelle est l'esprit 
de vie. 

16. Et ceux qui y entrerent, 
entrèrent mâles et femelles de 
toute chair, comme Dieu lui avait 
ordonné: 6616 Seigneur l'enferma 
par dehors. 

11. Etil y eut un déluge durant 
quarante jours sur la terre : et 
les eaux s'acerurent et élevèrent 
l'arche de la terre dans les airs. 

18. Car elles se répandirent im- 
pétueusement, et remplirent tout 
sur la surface de la terre : mais 
l'arche était portée sur les eaux. 

19. Et les eaux crürent prodi- 
gieusement sur la terre, et toutes 
les hautes montagnes furent cou- 
vertes sous le cielentier. 

20. L'eau s'éleva de quinze cou- 
dées au-dessus des montagnes 
qu'elle avait couvertes. 

21. Ainsi périt entierement 
toute chair qui se mouvait sur la 
terre, d'oiseaux, d'animaux do- 
mestiques, de bétes sauvages, et 
de tout reptile qui rampe sur la 
terre : tous les hommes, 

22. Et tout ce qui a un souffle 
de vie surla lerre, moururent. 

93. C'est ainsi que Dieu détrui- 
sit toute créature qui était sur 
la terre, depuis l'homme jusqu'à 
la béte, tant le reptile. que les 
oiseaux du ciel : tout disparut 


(cu. vus] 


de la terre; il ne resta que Noé 
et ceux qui étaient avec lui dans 
l'arche. 

24. Et les eaux couvrirent la 
terre durant cent cinquante jours. 


CHAPITRE VIII. 


Les eaux se retirent. Noé sort de l'arche; 
il offre un sacrifice à Dieu, et Dieu fait 
alliance avec lui. 


1. Mais Dieu s'étant souvenu de 
Noé, et de toutes les bêtes sau- 
vages, et de tous les animaux do- 
mestiques qui étaient avec lui 
dans l'arche, fit venir un vent sur 
la terre, etles eaux diminuerent. 

2. Et les sources de l'abime et 
les cataractes du ciel furent fer- 
mées, et les pluies du ciel furent 
arrétées. 

3. Et les eaux se retirerent de 
dessus la terre, allant et reve- 
nant, et elles commencerent à 
décroitre apres cent cinquante 
jours. 

4. Etl'arches'arrétaau septième 
mois, le vingt-septième jour du 
mois, sur les montagnes de l'Ar- 
ménie. 

9. Cependant les eaux allerent 
en décroissant jusqu'au dixième 
mois; car au dixième mois, le 
premier jour du mois parurent 
les sommets des montagnes. 

6. Et lorsque quarante jours 
furent passés, Noé, ouvrant la 
fenétre qu'il avait faite à l'arche, 
làcha le corbeau, 

1. Qui sortit et ne revint plus, 


9]. Sag., x, 4; Eccli., xxxix, 28; I Pierre, nt, 20. 


4. Au septième mois de l'année et non du déluge. — * Sur les montagnes de lAr- 
ménie; d'aprés une tradition fort répandue, sur le mont Ararat. La cime isolée à 
qui on ἃ donné spécialement ce nom, l'Agri-Dhga, a 5350 métres d'altitude et est 
située à 65 kilométres au sud-ouest d'Erivan. 

1. L'expression jusqu'à ce que, comme on le voit dans une foule de passages, tant 


(cu. 1x.] 


jusqu'à ce que les eaux fussent 
désséchées sur la terre. 

8. Il lâcha aussi la colombe, 
pour voir si les eaux n'étaient 
plus sur la surface de la terre. 

9. Mais comme elle ne trouva 
pas où poser son pied, elle revint 
vers lui dans l'arche, parce que 
les eaux étaient encore sur toute 
la terre : et il tendit la main, et 
l'ayant prise, il la remit dans l'ar- 
che. 

10. Etayantattendu encore sept 
autres jours, il envoya de nou- 
veau la colombe hors de l'arche. 

11. Mais elle vint à lui vers le 
soir, portant à son bec un rameau 
d'olivier ayant des feuilles vertes. 
Noé comprit donc que les eaux 
n'étaient plus sur la face de la 
terre! 

12. Il attendit cependant sept 
autres jours, et il envoya la co- 
lombe qui ne revint plus vers lui. 

13. Ainsi l'an six cent un, au 
premier mois, le premier jour du 
mois, les eaux diminuerent sur 
la terre, et Noé, ouvrant le toit 
de larche, vit que la surface de 
la terre était séchée. 

14. Au second mois, le vingt-sep- 
tieme jour du mois, la terre fut 
toute séchée. 

15. Alors Dieu parla à Noé, di- 
sani : 

16. Sors de larche, toi et ta 
femme, tes fils et les femmes de 
tes fils. 

11. Tous les animaux qui sont 
auprès de toi, de toute chair, tant 


| LA GENÈSE. 97 


parmi les volatiles que parmi les 
quadrupedes et tous les reptiles 
qui rampent sur la terre, fais-les 
sortir avec toi, et entrez sur la 
terre: Croissez et vous y multi- 
pliez. 

18. Noé sortit donc, et ses fils, 
etsa femme, et les femmes de ses 
fils avec lui. 

19. Et tous les animaux aussi, 
les quadrupedes et les reptiles qui 
rampent surlaterre, chacun selon 
son espèce, sortirent de l'arche. 

20. Or Noé bâtit un autel au 
Seigneur; et prenant de tous les 
quadrupèdes et de tous les oi- 
seaux purs, il les offrit en holo- 
causte sur l'autel. 

21. Et le Seigneur en sentit l'o- 
deur suave, et dit : Je ne maudi- 
rai plus la terre à cause des 
hommes; car les sentiments et les 
pensées du cœur de l'homme sont 
inclinés au mal dés sa jeunesse ; 
je ne frapperai done plus toute 
àme vivante, comme j'ai fait. 

22. Durant tous les jours de la 
terre, des semailles et de la mois- 
son, le froid et la chaleur, l'été et 
l'hiver, le jour et la nuit ne ces- 
seront point. 


CHAPITRE IX 


Alliance de Dieu avec Noé et sa posté- 
rité. Malédiction contre Cham et Cha- 
naan. Bénédiction en faveur de Sem et 
de Japheth. 


1. Et Dieu bénit Noé et ses fils, 
et il leur dit: Croissez, multipliez- 
vous, et remplissez la terre. 


CnaP. VIII. 17. Supra, 1, 22, 28; Infra, 1x, 1, 7. — 21. Supra, νι, 5; Matt., xv, 19. — 


CuaP. IX. 1. Supra, 1, 22, 98; ננט‎ 17. 


EE LL 


de l'Ancien que du Nouveau Testament, ne marque pas toujours qu'une chose se soit 
faite aprés un certain temps, mais simplement qu'elle ne s'est pas faite auparavant. 
22. * Voir à la fin du volume la note 6 sur le Déluge. 


98 LA GENÉSE. 


9. Soyez la terreur et l'épou- 
vante de tous les animaux de la 
terre, de tous les oiseaux du ciel 
et de tout ce qui se meut sur la 
terre; tous les poissons de la mer 
ont été mis entre vos mains. 

3. Tout ce qui se meut et vit 
sera votre nourriture : de méme 
que les légumes verts, je vous ai 
donné toutes ces choses. 

4. Excepté que vous ne mange- 
rez point de chair avec son sang. 

5. Car le sang de vos àmes, 
j'en demanderai compte à la main 
de tous les animaux, etàla main 
de l'homme, et à la main de son 
frere, je demanderai compte de 
l'àme de l'homme. 

6. Quiconque aura répandu le 
sang de l'homme, son sang sera 
répandu; car c'est à l'image de 
Dieu qu'a été fait l'homme. 

7. Pour vous, croissez et mul- 
tipliez-vous : entrez sur la terre 
et la remplissez. 

8. Dieu dit encore à Noé et à 
ses fils comme à lui : 

9. Voilà que moi j'établirai mon 
alliance avec vous, et avec votre 
postérité apres vous ; 

10. Et avec toute àme vivante, 
qui est avec vous, tant parmi les 
oiseaux, que parmi les animaux 
domestiques, et toutes les bétes 
de la terre qui sont sorties de 
l'arche et tous les animaux de la 
terre. 


[cn. 1x. 


11. J'établirai mon alliance aveo 
vous, et toute chair ne sera plus 
détruite par les eaux d'un déluge, 
car il n'y aura plus à l'avenir de 
déluge ravageant la terre. 

19. Dieu dit ensuite : Voilà le 
signe de l'alliance que j'établis 
entre moi et vous et toute âme 
vivante qui est avec vous pour 
des générations éternelles : 

13. Je placerai mon arc dans 
les nues, et il sera un signe d'al- 
liance entre moi et la terre. 

14. Et quand j'aurai couvert le 
ciel de nuages, mon arc paraitra 
dans les nues ; 

15. Et jeme souviendrai de mon 
alliance avec vous, et avec toute 
àme vivante qui anime la chair ; 
et il n'y aura plus d'eaux de dé- 
luge pour détruire toute chair. 

16. L'are sera done dans les 
nues ; je le verrai, et je me sou- 
viendrai de l'alliance éternelle 
qui est élablie entre Dieu et toute 
àme vivante de toute chair qui 
est sur la terre. 

17. Dieu dit encore à Noé : Voici 
le signe de l'alliance que j'ai éta- 
blie entre moi et toute chair sur 
la terre. 

18. Les fils de Noé qui sorlirent 
de larche, étaient donc Sem, 
Cham et Japhet : or ce méme 
Cham est le père de Chanaan. 

19. Ge sont là les trois fils de 
Noé, et c'est par eux que toute la 


3. Supra, 1, 29. — 4. Lév. xvir, 14. — 6. Matt., xxvi, 52; Apoc., xi, 10. — 7. Supra, 
1, 28; vin, 17. — 11. Isaïe, Liv, 9. — 13. Eccli, xuru, 12. 


E ———————— 


5. En hébreu comme en arabe le mot dme se prend souvent pour vie, personne, 


individu. 


13. On ne saurait conclure légitimement de ce verset que l'arc-en-ciel n'existait pas 
avant le déluge; il prouve seulement que par l'institution de Dieu, ce phénomène 
doit étre désormais un signe d'alliance qu'il fait avec les hommes. 

14. * Voir à la fin du volume la note 7 sur l'arc-en-ciel. 


45. Voyez, sur le mot chair, vi, 12. 


(ca. x.) 


race des hommes s'est répandue 
sur la terre entière. 

20. Noé agriculteur, commenca 
à cultiver la terre, et planta une 
vigne. 

91. Et ayant bu du vin, il s'eni- 
vra et se trouva nu dans sa tente. 

29. Lorsque Cham, père de 
Chanaan, eut vu cela, c'est-à-dire, 
18 nudité de son pere, il 'annonca 
à ses deux frères dehors. 

29. Mais Sem et Japhet mirent 
un manteau sur leurs épaules, et 
marchanten arriere,ilscouvrirent 
la nudité de leur pere ; ainsi leurs 
visages étaient détournés, et ils 
ne virent pas la nudité de leur 
père. 

24. Mais Noé, réveillé de son 
ivresse, lorsqu'il eut appris ce que 
lui avait fait son second fils, 

95. Dit : Maudit Chanaan! il 
sera l'esclave des esclaves de ses 
freres. 

26. Mais il ajouta : Béni le Sei- 
gneur, le Dieu de Sem! que Cha- 
naan soit son esclave. 


ὕπαρ. X. 1. I Par., 1, 5. 


LA GENÉSE. 29 


27. Que Dieu donne de l'éten- 
due 8 Japheth, et qu'il habite dans 
les tentes de Sem, et que Cha- 
naan soit son esclave. 

28. 0r Noé vécutapreésle déluge 
trois cent cinquante ans. 

29. Et tous ses jours accom- 
plirent neuf cent cinquante ans, 
et il mourut. 


CHAPITRE X. 


Dénombrement des fils de Noé. Pays que 
chacun d'eux a possédé. 


1. Voiciles générations des fils 
de Noé, Sem, Cham et Japheth : 
car il leur naquit des fils apres le 
déluge. 

2. Les fils de Japheth sont : Go- 
mer, Magog, Madai, Javan, Thu- : 
bal, Mosoch et Thiras. 

3. Les fils de Gomer : Ascenez, 
Riphath et Thogorma. 

4. Et les fils de Javan : Elisa, 
Tharsis, Cetthim et Dodanim. 

9. C'est par eux que furent di- 
visées les iles des nations dans 


21. * Ayant bu du vin. L'Arménie, où habitait alors probablement Noé, est très fa- 
vorable à la culture de la vigne. Xénophon parle de l'excellent vin de ce pays. L'Asie 
est reconnue de tous comme la patrie de la vigne. 

25. L'esclave des esclaves; hébraisme, pour 76 plus vil des esclaves. — Noé ne voulut 
pas maudire Cham qui avait recu la bénédiction de Dieu au sortir de l'arche (vers, 1), 
mais bien Chanaan, le plus méchant de ses enfants. Noé était persuadé d'ailleurs 
que Cham serait plus sensible au malheur de son fils qu'il ne l'aurait été à sa propre 
disgráce. — * Chanaan fut en effet l'esclave de ses fréres et sentit tout le poids de 
la malédiction de Noé. . 

26. * Béni le Seigneur, le Dieu de Sem! La bénédiction propre de Sem, c’est la con- 
naissance du vrai Dieu. Sa race conserva fidélement le culte du vrai Dieu dans la 
postérité d'Abraham, tandis que les descendants de Cham et de Japhet s'abandon- 
nérent à l'idolátrie. 

21. Que Dieu donne, etc., c'est-à-dire que Dieu étende la race et les possessions de 
Japhet. — * « Nous voyons cette prophétie accomplie dans les Gentils, » dit S. Jean 
zhrysostome. Nous sommes des descendants de Japhet, qui habitons dans les tentes 
de Sem; nous participons aux avantages spirituels de Sem. 


5. C'est par eux, etc., veut dire que les descendants de Japhet, énumérés aux 
vers. 2-4, se sont partagé entre eux les diverses contrées que les Hébreux appelaient 
les iles des nalions, c'est-à-dire des idolâtres (probablement les iles et les pays séparés 
dela Palestine et oü les Hébreux ne pouvaient aller que par mer); qu'ils se sont 


30 LA GENESE. 


leurs pays, chacun selon sa lan- 
gue et ses familles dans leurs na- 
tions. 

6. Les fils de Cham : Chus, Mes- 
raim, Phuth et Chanaan. 

7. Les fils de Chus : Saba, Hé- 
vila, Sabatha, Regma et Sabata- 
cha. Les fils de Regma : Saba et 
Dadan. 

8. Or Chus engendra Nemrod ; 
c'est lui qui commença à être 
puissant sur la terre. 

9. C'était un fort chasseur de- 
vant le Seigneur. De là est venu 
le proverbe : Comme Nemrod, 
fort chasseur devant le Seigneur. 

10. Le commencement de son 
royaume fut Babylone, Arach, 
Achad et Chalanné, dans la terre 
de Sennaar. 

11. De ce pays sortit Assur qui 
bâtit Ninive, les rues de cette 
ville et Chalé, 

19. Et aussi Résen entre Ni- 
nive et Chalé : c'est la grande 
ville. 

13. Quant à Mesraim, il engen- 
dra Ludim, Anamim, Laabim, 
Nephthuim, 

14. Phétrusim et Chasluim, d'ou 
sont sortis les Philistins et les 
Caphtorins. 

15. Chanaan engendra Sidon, 
son premier-né, l'Héthéen, 

16. Le Jébuséen, l'Amorrhéen, 
le Gergéséen, 


22 LiDar s Tdi 


]68. x.] 

17. L'Hévéen, l'Aracéen, le Si- 
néen, 

18. L'Aradien, le Samaréen et 
l'Amathéen : et apres cela se sont 
dispersés les peuples des Chana- 
néens. 

19. Et les limites des Chana- 
néens furent depuis Sidon en ve- 
nant à Gérara, jusqu'à Gaza; et 
en venant à Sodome, Gomorrhe, 
Adama et Séboim, jusqu'à Lésa. 

20. Ce sont là les enfants de 
Cham selon leur parenté, leurs 
langues, leurs générations, leurs 
pays et leurs nations. 

21. De Sem aussi, pere de tous 
les enfants d'Héber et frere ainé 
de Japheth, naquirent des fils. 

22. Les fils de Sem sont : Elam, 
Assur. Arphaxad, Lud et Aram. 

93. Les fils d'Aram : Us, Hul, 
Géther et Mes. 

24. Or Arphaxad engendra Salé, 
dont est né Héber. 

95. A Héber naquirent deux 
fils : le nom de l'un fut Phaleg, 
parce qu'en ses jours la terre fut 
divisée; et le nom de son frere, 
Jectan. 

26. Lequel Jectan engendra El- 
modad, Saleph, Asarmoth, Jaré, 

97. Aduram, Uzal, Décla, 

98. Ebal, Abimaël, Saba, 

29. Ophir, Hévila et Jobab : tous 
ceux-là sont les fils de Jectan. 

30. Et leur habitation s'étendit 


établis dans ces contrées chacun selon sa langue, ses familles, et qu'ils ont formé 
des nations. Remarquons que tout ceci est dit par anticipation; car ce n'est qu'après 
la construction de la tour de Babel (xr, 9) qu'a eu lieu la dispersion des familles 
et la diversité des langues. 

9. Devant le Seigneur; aux yeux du Seigneur; c'est-à-dire que le Seigneur lui- 
méme le tenait pour fort chasseur. 

10. * Arach ou Erech et Orchoé, aujourd'hui Warka, sur la rive occidentale du bas 
Euphrate, au sud-est de Babylone. 

11, * Ninive, capitale de l'Assyrie, sur le Tigre. 


[cu. x1.] 
de Messa jusqu'à Séphar, mon- 
tagne qui est à l'orient. 

31. Voilà les fils de Sem, selon 
leur parenté, leurslangues, leurs 
pays et leurs nations. 

32. Et voilà les familles de Noé, 
selon leurs peuples et leurs na- 
lions. C'est par elles qu'ont été 
divisées toutes les nations sur la 
terre après le déluge. 


CHAPITRE XI. 


Construction de la tour de Babel. Confu- 
sion des langues. Postérité de Sem. 


1. Orla terre n'avait qu'un seul 
langage et qu'une seule langue. 

2. Et lorsque les hommes par- 
tirent de l'orient, ils trouverent 
une plaine dans la terre de Sen- 
naar, et ils y habitèrent. 

9. Et l'un dit à l'autre : Venez, 
faisons des briques et cuisons-les 
au feu. Or ils se servirent de 
briques au lieu de pierres, et de 
bitume au lieu de ciment. 

4. Et ils dirent encore : Venez, 
faisons-nous une ville et une tour 
dont le faite touche au ciel; et 
rendons notre nom célèbre, avant 
que nous soyons dispersés dans 
tous les pays. 

9. Mais le Seigneur descendit 
pour voir la ville et la tour que 
bâtissaient les fils d'Adam, 

6. Et il dit : Voici un seul peu- 
ple, et un seullangage pour tous : 
ils ont commencé à faire cet ou- 
vrage, et ils n'abandonneront pas 


(βαρ. XI. 2. Sag., x, 5. — 10. I Par., 1, 17. 


LA GENÈSE. 34 


leur dessein, qu'ils ne l'aient ac- 
compli. 

7. Venez donc, descendons et 
confondons là méme leur lan- 
gage, afin que l'un n'entende pas 
la langue de l'autre. 

8. C'est ainsi que le Seigneur 
les dispersa de ce lieu dans tous 
les pays; et ils cesserent de bà- 
lir la ville. 

9. Et c'est pourquoi elle a été 
appelée du nom de Babel; parce 
que c'est là que fut confondu le 
langage de toute la terre : et de 
là le Seigneur les dispersa sur la 
face de tous les pays. 

10. Voici les générations de 
Sem : Sem avait cent ans quand 
il engendra Arphaxad, deux ans 
apres le déluge. 

11. Sem vécut, apres qu'il eut 
engendré Arphaxad, cinq cents 
ans, et il engendra des fils et des 
filles. 

12. Arphaxad vécut trente-cinq 
ans, et il engendra Salé. 

13. Et Arphaxad vécut, apres 
quil eut engendré Salé, trois 
cents trois ans, et il engendra 
des fils et des filles. 

14. Or Salé vécut trente ans, et 
il engendra Héber. 

15. Et Salé vécut, apres qu'il 
eut engendré Héber, quatre cent 
trois ans, et il engendra des fils 
et des filles. 

16. Mais Héber vécut trente- 
quatre ans, et il engendra Pha- 
leg. 


———————Ó—————M Ó€— M — 


32. C'est par elles, etc. Compar., vers. 5. — * Voir à la fin du volume la note 8 sur 


la table ethnographique. 


2. * Dans la terre de Sennaar, en Babylonie. 
gun Babel. Probablement sur l'emplacement du Birs-Nimroud actuel, sur les ruines 
de l'ancienne Babylone, capitale de la Babylonie. 


32 LA GENÈSE. 


17. Et Héber vécut, après qu'il 
eut engendré Phaleg, quatre cent 
trente ans, et il engendra des fils 
et des filles. 

18. Phaleg aussi vécut trente 
ans, et il engendra Reü. 

19. Et Phaleg vécut, apres qu'il 
eut engendré Reü, deux cent 
neuf ans, etil engendra des fils 
et des filles. 

90. Reü vécut trente-deux ans, 
et il engendra Sarug. 

21. Et Reü vécut, après qu'il eut 
engendré Sarug, deux cent sept 
ans, et il engendra des fils et des 
filles. 

22. Or Sarug vécut trente ans, 
et il engendra Nachor. 

23. Et Sarug vécut, après quil 
eut engendré Nachor, deux cents 
ans, et il engendra des fils et des 
filles. | 

24.. Nachor vécut vingt-neuf 
ans, et il engendra Tharé. 

25. Et Nachor vécut, apres qu'il 
eut engendré Tharé, cent dix- 
neuf ans, et il engendra des fils 
et des filles. 

26. Tharé vécut soixante-dix 
ans, et il engendra Abram, Na- 
chor et Aran. 

97. Mais voici les générations 
de Tharé. Tharé engendra Abram, 
Nachor et Aran. Or Aran ו‎ 
dra Lot. 


19. I Par., 


I, 19. — 26. Jos., xxiv, 2; I Par., 


[cg. xi, 


98. Aran mourut avant Tharé 
son pere, dans le pays de sa nais- 
sance, à Ur des Chaldéens. 

29. Abram et Nachor prirent 
des femmes : le nom de la femme 
d'Abram était Sarai, et le nom de 
la femme de Nachor, Melcha, fille 
d'Aran, pere de Melcha, et pere 
de Jescha. 

30. Or Sarai était slérile, et 
n'avait pas d'enfants. 

31. C'est pourquoi Tharé prit 
Abram son fils, et Lot fils d'Aran, 
et le fils de son fils, et Sarai, sa 
belle-fille, femme d'Abram son 
fils, et il les fit sortir d'Ur des 
Chaldéens pour aller dans la terre 
de Chanaan: orils vinrent jus- 
qu'à Haran, et y habitèrent. 

32. Et les jours de Tharé furent 
de deux cent cinq ans, et il mou- 
rut à Haran. 


CHAPITRE XII. 


Vocation d'Abram, et promesse qui luifest 
faite. Son entrée en Egypte. 

1. MaisleSeigneur dit à Abram : 
Sors de ton pays et de ta parenté 
et de la maison de ton père, et 
viens dans la terre que je te mon- 
trerai 

2. Et je te ferai père dune 
grande nation; je te bénirai, je 
rendrai ton nom célebre, et tu 
seras béni. 


1, 26. — 31. Jos., xxiv, 2; II Esd., 1x, 7; 


Judith, v, 7; Actes, vir, 2. — CnaP. XII. 1. Actes, vr, 3. 


28. * Ur des Chaldéens, aujourd'hui Mugheir, dans l'ancienne Chaldée, à peu près 
à moitié distance entre Babylone et l'embouchure de l'Euphrate dans le golfe Per- 
sique. Ur était une ville considérable, où l’on cultivait les sciences et les arts et la 
littérature et où l'on adorait principalement la Lune sous le nom de dieu Sin. 

31, 32. Haran est la méme ville que Charan, dont parle saint Etienne dans Act., 
vii, 2, 4, — * Haran est situé au point d'intersection oü se croisent les routes qui 
conduisent les caravanes aux gués de l'Euphrate d'une part, aux gués du Tigre de 
l'autre, sur le Bililk, affluent de l'Euphrate, dans une plaine qui était autrefois ar- 
rosée par de nombreux canaux. 


[cn. xn.] 

8. Je bénirai ceux qui te béni- 
ront, et maudirai ceux qui te 
maudiront : et EN Tor seront bé- 
nies toutes les nations de la 
terre. 

4. Abram donc sortit, comme 
lui avait ordonné le Seigneur, et 
Lot alla avec lui; or Abram avait 
soixante- quinze ans, lorsqu'il 
sortit de Haran. 

5. Ainsi, il prit Sarai sa femme 
et Lot fils de son frere, tout le 
bien qu'ils possédaient, et les 
âmes qu'ils avaient acquises à 
Haran; et ils sortirent pour aller 
dans la terre de Chanaan. Lors- 
qu'ils y furent arrivés, 

6. Abram traversa le pays 
jusqu'au lieu de Sichem, jusqu'à 
la vallée illustre. Les Chananéens 
étaient alors dans ce pays. 

7. Or le Seigneur apparut à 
Abram et lui dit : C'est à ta posté- 
térité que je donnerai ce pays. 
Et Abram bátit là un autel au Sei- 
gneur qui lui était apparu. 

8. Et de là passant jusqu'à la 
montagne qui était à l'orient de 


LA GENÉSE. 33 


Béthel, i| y dressa ses tentes, 
ayant Béthel à l'occident et Hai à 
l'orient; 11 bâtit là aussi un autel 
au Seigneur, et il invoqua son 
nom. 

9. Puis Abram s'en alla chemi- 
nant et s'avancant vers le midi. 

10. Mais il survint une famine 
en ce pays, et Abram descendit 
en Egypte pour y habiter, car la 
famine régnait dans le pays. 

11. Lorsqu'il était pres d'entrer 
en Egypte, il dit à Sarai sa 
femme : Je sais que tu es une 
belle femme ; 

12. Et que quand les Egyptiens 
te verront, ils diront: C'est sa 
femme ; et ils me tueront, et ils te 
conserveront. 

13. Dis donc, je te conjure, que 
tu es ma sœur, afin que bien 
m'arrive à cause de toi, et que 
mon âme vive grâce à toi. 

14. Lors donc qu'Abram fut 
entré en Egypte, les Egyptiens 
virent que cette femme était ex- 
trèmement belle. 

15. Et les princes en infor- 


3. Infra, xvur, 18; xxr, 18; Gal., 11, 8. — 4. Hébr., xi, 8. — 7. Infra, xir, 15; xv, 18; 
מטאא‎ 4; Deut., xxxiv, 4. — 13. Infra, xx, 11. 


9. Les 07008; pour les personnes, les individus. Compar. ΙΧ, 5. 


6. * La vallée illustre, en hébreu Moré, la vallée située entre le mont Hébal et le 
mont Garizim, au cœur méme de la Palestine. — Sichem est le site le plus beau de 
la Palestine centrale, le mieux arrosé de tout le pays; on n'y compte pas moins de 
?1 sources. Les oliviers qui croissent rendentle paysage perpétuellement vert. 

8. * A l’orient de Béthel. Béthel est sur la grande route qui conduit du nord-est 
au sud-ouest de la Palestine. Abram s'arréta sur la montagne située au levant. De là 
il put jouir du spectacle de la Terre-Sainte presque entiére: à l'est, au premier plan, 
la chaine dentelée des collines de Jéricho; dans le lointain,les montagnes de Moab; 
entre les deux, la large vallée du Jourdain; au sud et à l'ouest, l'eeil domine les 
sombres collines de la Judée; au loin, la chaine méridionale sur une pente de la- 
quelle est Hébron; vers le nord, les collines qui séparent la Judée des riches plaines 
de Samarie. 

13. Sara était véritablement sceur d'Abraham, étant fille du méme pere que lui. 
Voyez xx, 12. D'ailleurs le mot hébreu traduit par sœur signifie également cousine, 
niéce, et en général proche parente. — Et que mon áme vive; c'est-à-dire, et que je 
puisse ainsi sauver ma vie. 

15. * Pharaon n'est pas un nom propre, mais un titre. On ignore quel est le pharaon 
qui régnait en Egypte à l'époque d'Abraham. 


A. T. 3 


34 LA GENÉSE. 


merent Pharaon, et la vanterent 
devant lui; et elle fut enlevée 
pour la maison de Pharaon. 

16. Pour Abram, ils en usèrent 
bien à son égard, à cause d'elle; 
il recut méme des brebis, des 
bœufs, des ânes, des serviteurs 
et des servantes, des ânesses et 
des chameaux. 

17. Mais le Seigneur frappa 
Pharaon de très grandes plaies et 
sa maison, à cause de Sarai 
femme d'Abram. 

18. Alors Pharaon appela Abram 
et lui dit : Qu'est-ce que tu m'as 
fait? que ne m'as-tu averli que 
c'était ta femme? 

19. Pour quel motif as-tu dit 
que c'était ta sceur, afin que je 
la prisse pour ma femme? Main- 
tenant donc voilà ta femme; 
prends-la et pars. 

90. Et Pharaon donna des 
ordres à ses gens au sujet d'A- 
bram; et ils le reconduisirent, lui, 
et sa femme et tout ce qu'il avait. 


CHAPITRE XIII. 


Abram retourne d'Egypte dans la terre 
de Chanaan. Lot se sépare de lui. 
Abram recoit de nouvelles assurances 
de la protection de Dieu. 


1. Abram monta donc de lE- 
gypte, lui, sa femme et tout ce 
qu'il avait, et Lot avec lui, vers 
la région australe. 

2. Or Abram était trés riche en 
possession d'or et d'argent. 


CH. xim.) 


3. Il s'en retourna parle méme 
chemin qu'il était venu, du midi à 
Béthel, jusqu'au lieu où aupara- 
vant ilavait planté sa tente, entre 
Béthel et Hai; 

4. Au lieu où il avait fait d'a- 
bord un autel, et il invoqua là le 
nom du Seigneur. 

5. Mais Lot qui était avec 
Abram, avait aussi des troupeaux 
de brebis et de gros bétail, et des 
lentes. 

6. Et ce pays ne leur permettait 
pas de demeurer ensemble ; car 
leurs biens étaient nombreux, et 
ils ne pouvaient habiter en com- 
mun. 

7. De là il s'éleva une querelle 
entre les pasteurs des troupeaux 
d'Abram et de Lot. Or ence temps- 
là les Chananéens et les Phéré- 
séens habitaient en ce pays. 

8.'Abram dit donc à Lot : Je te 
prie, qu'il n'y ait pas de débat 
entre moi et toi, ni entre mes 
pasteurs et tes pasteurs; car nous 
sommes frères. 

9. Voici que toutle pays est de- 
vant toi : sépare-toi de moi, je te 
conjure; si tu vas à gauche, j'irai 
à droite, et si tu choisis la droite, 
je prendrai la gauche. 

10. C’est pourquoi Lot, 165 yeux 
levés, vit toute la contrée qui s'é- 
tendait le long du Jourdain, et 
qui, avant que le Seigneur eût 
détruitSodome et Gomorrhe, était 


| toute arrosée, comme le paradis 


ὕπαρ. XIII. 4. Supra, xii, 7. — 6. Infra, xxxvi, 7. 
pn—— A ——— —— ÁÉ C — d——— À—— -À——— — 


1. * Vers la région australe, dans la Palestine du sud. 


3. * Béthel. Voir plus haut, xu, 8. 


10. * Sodome et Gomorrhe étaient probablement au sud de la mer Morte, dans une 
partie qui fut submergée à l'époque de la catastrophe de ces deux villes. — Ségor 
était sans doute la première ville égyptienne qu'on rencontrait sur la frontière en 
allant du pays de Chanaan dans la vallée du Nil. — Sur le Jourdain, voir l'Intro- 
duction au livre de Josué. 


[cn. xiv.] 


du Seigneur, et comme l'Egypte, 
en venant vers Ségor. 

41. Lot choisit pour lui les en- 
virons du Jourdain, et s'éloigna de 
l'orient : c'est ainsi qu'ils se sépa- 
rerent l'un de l'autre. 

19. Abram habita dans la terre 
de Chanaan, et Lot demeura dans 
les villes qui étaient aux environs 
du Jourdain, et 11 habita dans So- 
dome. 

13. Or les habitants de Sodome 
étaient trés méchants, et tres 
grands pécheurs devant le Sei- 
gneur. 

14. Et le Seigneur dit à Abram, 
apres que Lot fut séparé de lui : 
Leve les yeux et regarde du lieu 
oü tu es maintenant, vers l'aqui- 
lon et le midi, vers lorient et 
l'occident. 

15. Tout le pays que tu aper- 
cois, je te le donnerai, à toi et à 
ta postérité pour toujours. 

16. Je ferai ta postérité comme 


LA GENÈSE. 35 


la poussière de la terre; si quel- 
qu'un d'entre les hommes peut 
nombrer la poussiere de la terre, 
il pourra aussi nombrer ta posté- 
rité. 

11. Lève-toi, et parcours le pays 
en sa longueur et en sa largeur, 
parce que c'està toi que je le dois 
donner. 

18. Levant donc satente, Abram 
vint et habita pres de la vallée de 
Mambré, qui est en Hébron, et il 
bátit là un autel au Seigneur. 


CHAPITRE XIV. 


Guerre de Chodorlahomor contre les rois 
de la Pentapole. Abram délivre Lot. 
Melchisédech bénit Abram. 


1. Or il arriva en ce temps-là 
qu'Amraphel roi de Sennaar, 
Arioch roi de Pont, Chodorlaho- 
mor roi des Elamites, et Thadal 
roi des Nations 

2. Firent la guerre à Bara roi 
de Sodome, à Bersa roi de Go- 


14. Supra, xr, 7; Infra, xv, 18; xxvi, 4; Deut., xxxiv, 4. 


15. Cette promesse de Dieu conférait à Abraham un droit authentique sur tout le 
pays de Chanaan. Quant à sa postérité, elle ne devait occuper ce pays qu'autant 
qu'elle serait fidéle, comme lui, à Dieu et à la religion. Cette condition se trouve 
clairement exprimée par l'Ecriture elle-même. Voyez en effet Lév., xvin, 26, 28; 
Deut., 1v, 25, 26; Isaie, xzvin, 18, 19. — Si l'on prend à la lettre l'expression pour 
toujours, il ne faut pas oublier que la terre de Chanaan n'est ici que la figure de la 
Chanaan céleste, que doivent posséder éternellement les vrais enfants d'Abraham, 
qui auront imité sa foi et sa vertu. — * Du reste, dans l'Ecriture, pour toujours signifie 
souvent seulement pour longtemps. 

18. * Hébron est située sur le versant de trois montagnes et dans une vallée, à une 
hauteur de 850 métres environ au-dessus de la Méditerranée, au milieu des mon- 
tagnes de Juda, dans la Palestine méridionale. C'est l'une des plus anciennes villes 
de la terre de Chanaan; elle s'appelait aussi Cariath-Arbé. La vallée au fond de 
laquelle est l'Hébron actuelle se dirige du nord au sud. Les coteaux sont encore 
aujourd'hui couverts de vignes qui produisent les plus beaux raisins de la terre de 


Juda. On y voit aussi des bosquets d'oliviers. Le tombeau des patriarches est à l'ex- 
trémité d'Hébron. 


1. * Sennaar, la Babylonie. — Pont, en hébreu Ellassar, en Babylonie. — Chodor- 
lahkomor, signifie probablement serviteur du dieu Lagamar; il était roi d'Elam et 
conquérant. — Roi des nations, en hébreu Goëm, des nomades ou du pays de Guti 
dont le site est incertain. 

2. * Baia, la mème que Ségor, autre que le Ségor mentionné Genése, xi, 10, pro- 
bablement sur la cóte orientale dela mer Morte, l'une des cinq villes de la vallée de 


36 LA GENÉSE. 


morrhe, à Sennaab roi d'Adama, 
à Séméber roi de Séboim et au 
roi de Bala, la méme que Ségor. 

3. Tous ces rois s'assemblerent 
dans la vallée des Bois, qui est 
maintenant la mer de sel. 

4. Car pendant douze ans ils 
avaient été soumis à Chodorlaho- 
mor, et àla treizieme année ils 
s'étaient séparés de lui. 

5. C'est pourquoi à la quator- 
zieme. année, Chodorlahomor 
vint, et les rois qui étaient avec 
lui ; et ils battirent les Raphaites 
et les Zuzites à Astarothcarnaim, 
et les Emites à Savé Cariathaïm, 

6. Etles Chorréens dans les mon- 
tagnes de Séir jusqu'à la plaine 
de Pharan, qui est dans le désert. 

7. Puis ils retournerent et vin- 
rent à la fontaine de Misphat, le 
méme lieu que Cadès ; et ils rava- 
gerent toute la contrée des Ama- 
lécites et des Amorrhéens qui 
habitaient à Asasonthamar. 

8. Alors partirent le roi de So- 
dome, le roi de Gomorrhe, le roi 
d'Adama, le roi de Séboim et le 
roi de Bala, la méme que Ségor : 
et ils rangèrent leur armée en 
bataille contre eux, dans la vallée 
des Bois ; 

9. C'est-à-dire, contre Chodor- 


[cH. xiv.] 


lahomor roi des Elamites, Thadal 
roi des Nations, Amraphel roi de 
Sennaar et Arioch roi de Pont : 
quatre rois contre cinq. 

10. Or la vallée des Bois avait 
beaucoup de puits de bitume. 
C'est pourquoiles rois deSodome 
et de Gomorrhe, ayant pris la 
fuite, y tombèrent, et ceux qui 
étaient restés s'enfuirent sur la 
montagne. 

41. Et ils enleverent toutes les 
richesses de Sodome et de Go- 
morrhe et tous les vivres, et ils 
s'en allerent. 

19. Ils enleverent aussi avec 
toutes ses richesses Lot, fils du 
frere d'Abram, qui habitait à So- 
dome. 

13. Et voilà qu'un homme qui 
s'était sauvé annonca cette nou- 
velle à Abram qui habitait dans 
la vallée de Mambré l'Amorrhé- 
en, frere d'Escol, et frere d'Aner; 
car ceux-ci avaient fait alliance 
avec Abram. 

14. Quand Abram eut entendu 
cela, c'est-à-dire que Lot son frere 
était captif, il prit les plus agiles 
de ses serviteurs, nés dans sa 
maison, au nombre de trois cent 
dix-huit, et poursuivit les enne- 
mis jusqu'à Dan. 


Siddim. Elle appartint à Moab du temps des prophétes, aux Arabes aprés la cap- 


tivité et à Arétas du temps des Apótres. 


5. * Astarothcarnaim, consacrée à Astarté, la déesse dela lune aux deux cornes ou 
au croissant, était située à l'est et non loin de la mer Morte. Dans les livres des 
Machabées, elle est appelée Carnaim et Carnion. — S«vé Cariathaïm était à l'est du 


Jourdain, mais sa position est inconnue. 


6. * Les Chorréens tiraient probablement leur nom du mot Khor, hou, caverne, 
parce qu'ils habitaient des cavernes. On voit encore par centaines dans les environs 
de Pétra les cavernes qu'ils ont habitées; quelques-unes sont encore habitées aujour- 


d'hui. — Séir, l'Idumée. 


1. * Misphat, le méme lieu que Cadés. Voir Nombres, xx, 1. — Asason-Thamar, ap- 
pelée aussi Engaddi, dans le désert de Juda, à l'ouest de la mer Morte. 

14. Et ils enlevérent, etc. ; c'est-à-dire quatre rois vainqueurs enlevèrent, ete. 

14, 16. Loth, son frère, hébraisme, pour son neveu, son proche parent. Compar. 


xir, 18. -- * Dan, au nord de la Palestine. 


08. xv.) 


15. Puis, ses alliés divisés, il 
fondit sur eux pendant la nuit, 
les battit et les poursuivit jusqu'à 
Hoba,quiest àlagauche de Damas. 

16. Ill reprit toutes les richesses, 
et Lot son frere avec ses riches- 
ses, de méme que les femmes et 
le peuple. 

11. Mais le roi de Sodome sortit 
au-devant de lui, lorsqu'il reve- 
nait apres la défaite de Chodorla- 
homor, et des rois qui étaientavec 
lui dans la vallée de Savé, qui est 
la vallée du roi. 

48. Mais Melchisédech roi de 
Salem, offrant du pain et du vin, 
car il était prétre du Dieu tres- 
haut, 

19. Le bénit, et dit : Béni soit 
Abram par le Dieu très haut, qui 
a créé le ciel et la terre; 

90. Et béni le Dieu tres haut, 
qui te protégeant, les ennemis 
ont été livrés entre tes mains! Et 
Abram lui donna la dime de tout. 

21. Mais le roi de Sodome dit à 
Abram : Donne-moi les àmes, et 
prends le reste pour toi. 

92. Abram lui répondit : Je leve 
ma main vers le Seigneur Dieu 
très-haut, possesseur du ciel et de 
la terre, 

98. Que depuis 16 fil de la trame 
jusqu'à la courroie d'une chaus- 
sure, je ne recevrai rien de tout 
ce qui est à toi, afin que tu ne di- 
ses pas : J'ai enrichi Abram. 

18. Hébr., 
115529; 


LA GENÉSE. 37 


24. J'excepte seulement ce que 
mes jeunes gens ont mangé, et 
les parts des hommes qui sont 
venus avec moi, Aner, Escol, et 
Mambré : ceux-ci recevront leurs 
parts. 


CHAPITRE XV. 


Dieu promet un fils à Abram. Alliance 
de Dieu avec Abram. 


1. Ges choses s'étant ainsi pas- 
sées, la parole du Seigneur se fit 
entendre à Abram dans une vi- 
sion, disant : Abram, ne crains 
pas, je suis ton protecteur et ta 
récompense grande à l'infini. 

2. Et Abram dit : Seigneur Dieu, 
que me donnerez-vous ? moi, je 
m'en irai sans enfants; car cet 
Eliézer de Damas est le fils de 
l'intendant de ma maison. 

3. Et Abram ajouta : Pour moi, 
vous ne m'avez pas donné de pos- 
térité, aussi voilà que le serviteur 
né dans ma maison sera mon hé- 
riter. 

4. Et aussitót la parole du Sei- 
gneur se fit entendre à lui, disant: 
Celui-là ne sera pas ton héritier; 
mais celui qui sortira de tes en- 
trailles, tu l’auras pour héritier. 

ὃ. Et il l'emmena dehors et lui 
dit : Regarde le ciel, et compte 
les étoiles, si tu peux. Etilajouta: 
Ainsi sera ta postérité. 

6. Abram crut à Dieu, et ce lui 
fut imputé à justice. 


vir, 1. — .פה‎ XV. 5. Rom., rv, 18. — 6. Rom., 1v, 3; Galat., ir, 6; Jac., 


15. * Damas, capitale dela Syrie, abondamment arrosée, et tout entourée de ver- 


dure, au milieu du désert. 


18. Cette oblation du pain et du vin faite par Melchisedech est une figure “bible 
du sacrifice de nos autels. — * Par son double caractère de roi et de pontile, Mel- 
chisédech représente le Messie, et il a mérité de donner son nom au sacerdoce de 
la loi nouvelle, selon l’ordre de Melchisédech. (Psawme, cix, 4; Hébreux, vi, 20.) 

21. Les ámes; c'est-à-dire les personnes. Compar. xii, 5 


38 LA GENÈSE. 


7. Le Seigneur lui dit encore : 
Je suis le Seigneur qui t'ai fait 
sortir d'Ur des Chaldéens, pour 
te donner cette terre, afin que tu 
la possèdes. 

8. Mais Abram demanda : Sei- 
gneur Dieu, d'où pourrai-je savoir 
que je dois la posséder? 

9. Et répondant, le Seigneur : 
Prends, dit-il, une génisse de 
trois ans, une chèvre de trois 
ans, un bélier de trois ans, de 
méme qu'une tourterelle et une 
colombe. 

10. Abram prenant tous ces ani- 
maux, les divisa parla moitié, et 
placa les deux parties vis-à-vis 
l'une del'autre ; mais les oiseaux, 
il ne les divisa point. 

11. Or les oiseaux descendirent 
sur les corps morts, et Abram les 
chassait. 

19. Et comme le soleil se cou- 
chait, un profond sommeil s'em- 
para d'Abram, et une terreur 
grande et sombre le saisit. 


[cu. xv.] 


13. Alors il lui fut dit : Sache 
des à présent que ta postérité 
doit étre étrangere dans un pays 
qui ne sera pas le sien; qu'on les 
réduira en servitude, et qu'on les 
opprimera durant quatre cenis 
ans. 

14. Mais la nation à laquelle ils 
seront assujettis, c'est moi qui la 
jugerai;etaprès ils sortiront avec 
de grandes richesses. 

15. Pour toi, tu iras en paix 
vers tes peres, enseveli dans une 
heureuse vieillesse. 

16. Ainsi àla quatrieme géné- 
ration, ils reviendront ici; car les 
iniquités des Amorrhéens ne 
sont pas parvenues à leur comble 
jusqu'au temps présent. 

11. Or, quand le soleil fut cou- 
ché, il se fit une obscurité téné- 
breuse, et il parut un four qui fu- 
mait, et une lampe de feu qui pas- 
sait au milieu des animaux divi- 
565. 

18. En ce jour-là le Seigneur fit 


10. Jérémie, xxxiv, 18. — 13. Actes, vir, 6. — 18. Supra, xm, 7; xui, 15; Infra, 
xxvi, 4; Deut., xxxiv, 4; 111 Rois, 1v, 21; 11 Paralip., 1x, 26. : 


8. Abraham ne doute pas des promesses divines; il demande seulement à Dieu de 
lui faire connaître la manière de les exécuter. 

43. Qu’on les véduira; c'est-à-dire tes descendants; mot représenté par £a postérité. 

45. * Tu iras... vers tes pères. La mort, d’après les idées des Hébreux, mettait fin 
au pèlerinage terrestre ; mourir, c'était retourner à ses pères, se réunir à son peuple. 
Ces locutions remarquables, qui se lisent dans tous les livres dela Bible hébraique 
et surtout dans le Pentateuque, « expriment plus qu'une inhumation ordinaire, 
dit M. Franz Delitzsch. De méme que lorsqu'il est dit que les patriarches meurent 
rassasiés de jours, on indique par là non seulement le dégoût des misères de cette 
vie, mais aussi les aspirations à une vie meilleure, de méme la réunion avec les 
ancétres n'est pas seulement la réunion des corps, mais aussi la réunion des per- 
sonnes. » 

16. * Des Amorrhéens, peuple chananéen qui, avant la conquéte de la Palestine 
par les Israélites, occupait les montagnes de Juda à l'ouest de la mer Morte, et le 
royaume de Basan avec celui de Séhon à l'est du Jourdain. 

18. * Depuis le fleuve d'Egypte, le torrent qui sépare l'Asie de l'Afrique, l'ouadi 
el-Arisch. — Jusqu'au grand fleuve d' Euphrate. L'Euphrate, un des plus grands fleuves 
de l'Asie occidentale, prend sa source dans l'Arménie, passe à Babylone et se mêle 
ensuite au Tigre avant de se jeter dans le golfe Persique. Son eau est bourbeuse, 
mais a un goüt agréable, quand elle est purifiée. L'Euphrate est souvent appelé 
simplement dans l'Ecriture « le grand fleuve, » sans l'addition du nom propre. 


[68. xvi.) 


une alliance avec Abram, disant : 
C'est à ta postérité que je donne- 
rai ce pays, depuis le fleuve d'E- 
gypte jusqu'au grand fleuve d'Eu- 
phrate ; 

19. Les Cinéens, les Généséens, 
les Cedmonéens, 

90. Les Héthéens, les Phéré- 
séens, et les Raphaites aussi. 

91. Les Armorrhéens, les Cha- 
nanéens, les Gergéséens et les Jé- 
buséens. 


CHAPITRE XVI. 


Abram épouse Agar. Fuite d'Agar. Nais- 
sance d'Ismael. 


1. Cependant Sarai femme d'A- 
bram ne lui avait pas donné d'en- 
fants; mais ayant une servante 
égyptienne du nom d'Agar, 

2, Elle dit à son mari : Voilà 
que le Seigneur m'a rendue sté- 
rile, pour que je n'aie pas d'en- 
fants; prends ma servante, peut- 
étre qu'au moins par elle j'aurai 
des enfants. Abram ayant con- 
senti à sa priere, 

3. Elle prit Agar sa servante 
égyptienne, dix ans après qu'ils 
eurent commencé d'habiter dans 
la terre de Chanaan, et elle la 
donna à son mari pour femme. 

4. 1 alla donc vers elle. Mais 
elle, voyant qu'elle avait conçu, 
méprisa sa maîtresse. 


LA GENÈSE. 39 


5. Alors Sarai dit à Abram : Tu 
agis injustement envers moi : 
c'est moi qui t'ai donné ma ser- 
vante pour femme, laquelle, 
voyant qu'elle a concu, me traite 
avec mépris. Que le Seigneur 
juge entre moi et toi. 

6. Abram lui répondant : Voilà, 
dit-il, ta servante qui est entre 
tes mains; fais d'elle ce qui te 
plaira. Sarai l'ayant donc châtiée, 
elle prit la fuite. 

7. Mais l'Ange du Seigneur 
l'ayant trouvée dans la solitude 
aupres de la source d'eau qui est 
surle chemin de Sur au désert, 

8. Lui dit: Agar, servante de 
Sarai, d’où viens-tu? et où vas- 
tu? Elle répondit : Je fuis devant 
Sarai ma maitresse. 

9. Et l'ange du Seigneur lui re- 
partit : Retourne vers ta mai- 
tresse, et humilie-toi sous sa 
main. 

10. Et de nouveau : Multipliant, 
dit-il, je multiplierai ta postérité, 
et elle sera innombrable par la 
multitude. 

41. Puis : Voilà, ajouta-t-il, que 
tu as concu et tu enfanteras un 
fils, et tu l'appelleras du nom 
d'Ismaél, parce que le Seigneur 
a en'endu ton affliction. 

12. Geseraunhomme farouche: 
sa main sera contre tous, et la 
main de tous contre lui; et c'est 


19. * Les Cinéens, tribu qui habitait au sud-est de Chanaan. Du temps de Saül, ils 
étaient mélés aux Amalécites. D'autres vivaient en nomades au nord de la Palestine, 
à l'époque des Juges. Quelques-uns habitaient dans des villes. 


2. Quoique contraire à l'institution primitive du mariage (π, 24), la pluralité des 
femmes, en vertu d'une dispensation particuliére de Dieu, fut permise aux patri- 
arches; et il semble qu'elle a duré pendant la législation mosaique: mais Jésus-Christ 
a ramené le mariage à sa première institution (Matt., xix). 

1. * Le chemin de Sur, Voir la note sur Exode, xv, 22, 

10. Mullipliant, je mulliplierai; hébraisme, pour je mulliplierui à l'infini, 

41. " Ismaël signifie Dieu 6 entendu ou exaucé, 


40 LA GENÉSE. 


vis-à-vis de tous ses frères qu'il 
plantera ses tentes. 

43. Alors elle appela le Sei- 
gneur qui lui parlait du nom de: 
Vous étes le Dieu qui m'avez 
vue. Car elle dit : Certainement 
ici j'ai vu par derrière, celui qui 
me voit. 

14. C'est pourquoi elle appela 
ce puits, le Puits du vivant et me 
voyant. Ce puits est entre Cades 
et Barad. 

15. Agar donc enfanta un fils à 
Abram qui l'appela du nom d'Is- 
maél. 

16. Abram avait quatre-vingt- 
six ans, quand Agar lui enfanta 
Ismaël. 


CHAPITRE XVII. 


Dieu apparait à Abraham; il change son 
nom et celui de Sarai. Institution de la 
Circoncision. Promesse de la naissance 
d'Isaac. 


1. Or, aprés qu'Abram eut com- 
mencé sa quatre-vingt-dix-neu- 
vieme année, ie Seigneur lui ap- 
parut, et lui dit : Je suis le Dieu 
tout-puissant : marche devant 
moi, et sois parfait. 

9. J'établirai mon alliance entre 
moi et toi, et je te multiplierai 
prodigieusement. 


[cH. xvm.] 


3. Abram tomba incliné sur sa 
face. 

4. Et Dieu lui dit : C'est moi, et 
mon alliance sera avec toi, et tu 
seras père de beaucoup de na- 
tions. 

5. Et on ne t'appellera plus du 
nom d'Abram, mais tu te nomme- 
ras Abraham; car je t'ai établi 
père de beaucoup de nations. 

6. Et je te ferai croitre prodi- 
gieusement, et je t'établirai chef 
de nations; et des rois sortiront 
de toi. 

1. Ainsi j'établirai mon alliance 
entre moi et toi, et entre ta pos- 
térité après toi dans ses généra- 
tions, par un paete éternel; afin 
que je sois ton Dieu et le Dieu de 
ta postérité apres toi. 

8. Et je te donnerai et à ta pos- 
térité la terre de ton pèlerinage, 
toute la terre de Chanaan, en pos- 
session éternelle; et je serai leur 
Dieu. 

9. Dieu dit encore à Abraham : 
Tu garderas mon alliance, toi et 
ta postérité après toi dans ses gé- 
nérations. 

10. Voici mon alliance que vous 
observerez entre moi et vous, et 
ta postérité après toi : Tout mâle 
d'entre vous sera circoncis. 


14. Infra, xxiv, 62. — Cuar. XVII. 4. Eccli., טנא‎ 20; Rom., tv, 17. — 9. Actes, vir, ὃ. 


14. * Barad, sur la route de Bersabée en Egypte, était probablement au nord du 


Djebel Helâl; 
wailich actuel. 


Cadès à lest; le Puits du vivant est vraisemblablement l'Ain Mou- 


5. Abram veut dire, père d'élévation, et Abraham, père de multitude. 


6. Saint Paul montre que ces promesses regardent proprement les enfants d'Abra- 
ham, selon l'esprit, qui imitent la foi et l'obéissance de patriarche. Voyez Rom., iv, 
11, 12; ax, 1, 8; Galat., ur, 14 et .טנטפ‎ 

10. La circoncision, qui devait distinguer extérieurement le peuple juif de tous les 
autres peuples, était aussi la figure du baptéme, qui devait nous purifier du péché 
originel et nous faire entrer ainsi dans la seconde alliance représentée par cette 
première que Dieu a faite avec Abraham. Cette circoncision était encore une figure 
d'une autre: circoncision intérieure et spirituelle; c'est-à-dire la répression de tous 
les plaisirs déréglés, et de toutes les passions. 


[cn. xvi.) 


11. Et vous circoncirez votre 
chair, afin que ce soit là un signe 
d'alliance entre moi et vous. 

12. L'enfant de huit jours sera 
circoncis parmi vous; tout mále 
en vos générations, tant le servi- 
teur né dans votre maison, que 
le serviteur acheté, sera circon- 
cis, et méme celui qui ne sera 
pas de votre race. 

13. Ainsi mon pacte en votre 
chair sera une alliance éternelle. 

14. Le mâle dont la chair n'aura 
pas été circoncise, cette àme sera 
exterminée du milieu de son 
peuple, parce qu'il aura rendu 
vaine mon alliance. 

15. Dieu dit aussi à Abraham : 
Tu n'appelleras pas ta femme Sa- 
rai, mais Sara. 

16. Je la bénirai, et d'elle je te 
donnerai un fils que je dois bénir 
aussi; et il sera chef de nations; 
et des rois de peuples sortiront 
de lui. 

17. Abraham tomba sur sa face, 
et rit, disant en son cœur : Pen- 
sez-vous qu'à un centenaire nai- 
tra un fils, et que Sara nonagé- 
naire enfantera? 

18. Et il dit à Dieu : Plaise à 
Dieu qu'Ismaél vive devant vous! 

19. Et Dieu répondit à Abra- 
ham : Sara ta femme t'enfantera 
un fils, et tu l'appelleras du nom 
d’Isaac, et je ferai de mon pacte 
avec lui et avec sa postérité apres 
lui une alliance éternelle. 

20. Pour Ismaél, je t'ai aussi 
exaucé : voilà que je le bénirai, 
que je le ferai croitre et que je le 
multiplierai grandement; il don- 


LA GENÈSE. 4A 


nera naissance à douze chefs, et 
je le ferai pere d'une grande na- 
tion. 

91. Mais mon alliance, je l'éta- 
blirai avec Isaac, que t'enfantera 
Sara en ce méme temps, l'année 
prochaine. 

22. Et lorsque fut fini le dis- 
cours de Dieu qui lui parlait, Dieu 
disparut de devant Abraham. 

93. Abraham donc prit Ismaël 
son fils, tous les serviteurs nés 
dans sa maison et tous ceux qu'il 
avait achetés, tous máles d'entre 
les hommes de sa maison, et il 
les circoncit aussitót ce jour-là 
méme, comme Dieu lui avait or- 
donné. 

94. Or Abraham avait quatre- 
vingt-dix-neuf ans, quand il cir- 
concit sa chair. 

95. Et Ismaël son fils avait ac- 
compli treize ans au moment de 
sa circoncision. 

26. Dans 16 méme jour fut cir- 
concis Abraham et Ismaël son 
fils. 

97. Et tous les hommes de sa 
maison, tant les serviteurs nés 
chez lui, que ceux qui avaient été 
achetés, et les étrangers furent 
pareillement circoncis. 


CHAPITRE XVIII. 


Apparition de trois anges à Abraham. 
Promesse de la naissance d'Isaac. Pré- 
diction de la destruction de Sodome et 
de Gomorrhe. 


1. Orle Seigneur apparut dans 
la vallée de Mambré, à Abraham, 
assis à l'entrée de sa tente dans 
la grande chaleur du jour. 


11. Lév., xir, 3; Luc, 11, 21; Rom., 1v, 11. — 19. Infra, xvii, 10; xxr, 2. — Cnr. XVIII. 


1. Hébr., xni, 2. 


15. Sarai signifie noble, princesse, et Sara, féconde, 


42 LA GENESE. 


2. Car, lorsqu'il eut levé les 
yeux, trois hommes lui apparu- 
rent se tenant pres de lui ; et lors- 
qu'il les eut vus, il courut au-de- 
vant d'eux de l'entrée de sa tente, 
et il se prosterna en terre. 

3. Et il dit : Seigneur, si j'ai 
trouvé gráce à tes yeux, ne passe 
pas au-delà de ton serviteur. 

4. J'apporterai un peu d'eau, 
et vous laverez vos pieds, et vous 
vous reposerez sous cet arbre. 

5. Je vous servirai aussi un peu 
de pain; et vous reprendrez vos 
forces, puis vous irez plus loin, 
car c'est pour cela que vous étes 
venus vers votre serviteur. Ils lui 
répondirent: Fais ce que tu as dit. 

6. Et Abraham alla en toute 
háte à sa tente vers Sara, et lui 
dit : Pétris vite trois mesures de 
fleur de farine, et fais des pains 
cuits sous la cendre. 

1. Etlui-méme courut au trou- 
peau, et en prit un veau tendre et 
excellent; et il le donna à un ser- 
viteur qui se hâta et le fit cuire. 

8. Il prit aussi du beurre et du 
lait, et le veau quil avait fait 
cuire, et le mit devant eux; et lui- 
méme se tenait debout prés d'eux 
sous l'arbre. 

9. Quand ils eurent mangé, ils 
lui demandèrent : Où est Sara ta 
femme? Il répondit : La voilà 
dans la tente. 


fcu. xvur.] 


10. L'un d'eux dit : En retour- 
nant, je viendrai vers toi en ce 
temps-ci, vous vivant encore, et 
Sara ta femme aura un fils. Ce 
qu'ayant entendu, Sara rit der- 
riere la porte de la tente. 

11. Car ils étaient tous deux 
vieux et d'un âge fort avancé, et 
Sara n'avait plus ses mois. 

19. Elle rit en cachette, disant : 
Apres que je suis devenue vieille, 
et que mon seigneur est un peu 
bien vieux, penserai-je au plai- 
sir? 

13. Mais le Seigneur dit à Abra- 
ham : Pourquoi Sara a-t-elle ri, 
disant: Est-ce que vraiment je 
dois enfanter, moi vieille? 

14. Estce quà Dieu quelque 
chose est difficile? Selon ma pa- 
role, je reviendrai vers toi, en 
ce méme temps, vous vivant en- 
core, et Sara aura un fils. 

15. Sara le nia, disant : Je n'ai 
pas ri; car elle était saisie de 
crainte. Mais le Seigneur : Il n'en 
est pas ainsi, dit-il; mais tu as ri. 

16. Lors donc que ces hommes 
furent partis delà, ils tournerent 
les yeux vers Sodome; et Abra- 
ham allaitavec eux, les recondui- 
sant. 

47. Alors le Seigneur dit : Pour- 
rai-je cacher à Abraham ce que 
je vais faire, 

18. Puisquil doit être père 


10. Supra, xvir, 19; Infra, xxr, 1; Rom., ΙΧ, 9. — 12. I Pierre, ur, 6. — 18. Supra, 


ἘΠῚ 3 ΧΙ 118: 


2, Trois hommes; c'est-à-dire, comme le prouve tout ce récit même, Dieu et deux 
anges sous une forme humaine. — Et il se prosterna; littér.: Et il adora, Le verbe 
adorer se prend souvent dans l'Ecriture pour marquer l'action simple de s’incliner, 
de se prosterner. Compar. Hébr., xi, 21. L'acte extérieur d'adoration qu'on rendait à 
Dieu n'était pas différent de l'hommage de respect qu'on rendait aux hommes, le 
sentiment intérieur pouvait les distinguer. 

3. A tes yeux, etc. Abraham parle ici au singulier, parce qu'il n'adresse la parole 
qu'à celui des trois personnages qui lui a paru le principal. 


]68. xvim.] 
d'une nation grande et trés puis- 
sante, et que DOIVENT ÉTRE BÉNIES 
en lui toutes les nations de la 
terre ? 

19. Car je sais qu'il ordonnera 
à ses enfants età sa maison apres 
lui, de garder la voie du Seigneur, 
et de pratiquer l'équité et la jus- 
tice, afin que le Seigneur accom- 
plisse à cause d'Abraham tout ce 
qu'il lui a dit. 

90. Le Seigneur dit donc : La 
clameur de Sodome et de Go- 
morrhe s'est multipliée, et leur 
péché s'est agravé outre mesure. 

91. Je descendrai, et je verrai, 
si la clameur qui est venue jus- 
qu'à moi, elles l'ont accomplie 
par leurs œuvres : s'il n'en est 
pas ainsi, que je le sache. 

99, Et ils partirent de là, et ils 
s'en allerent vers Sodome ; mais 
Abraham se tenait encore devant 
le Seigneur. 

93. Et s'approchant, il dit : Est- 
ce que vous perdrez le juste avec 
l'impie ? 

94. S'il se trouve cinquante 
justes dans la ville, périront-ils 
avec les autres? et ne pardonne- 
rez-vous pas à ce lieu à cause de 
ces cinquante justes, s'ils s'y trou- 
vent ? 

25. Loin de vous de faire cela, 
de perdre le juste avec l'impie, 
en sorte que le juste soit traité 
comme l'impie ; cela n'est pas de 
vous : vous qui jugez toute la 
terre, vous ne rendrez nullement 
ce jugement. : 

26. Le Seigneur lui répondit : 
Si je trouve à Sodome cinquante 


LA GENÈSE. 43 


justes, dans l'enceinte de la ville, 
je pardonnerai à tout ce lieu à 
cause d'eux. 

Et reprenant, Abraham dit:‏ .דפ 
Puisque j'ai déjà commencé, je‏ 
parlerai à mon Seigneur, quoi-‏ 
que je ne sois que poussiere et‏ 
cendre.‏ 

98. Et s'il y avait cinquante 
justes, moins cinq, détruiriez- 
vous, parce qu'il n'y en aurait que 
quarante-cinq, la ville entière ? 
Et le Seigneur dit : Je ne la détrui- 
rai pas, si j'en trouve là quarante- 
cinq 

29. Et il lui parla de nouveau : 
Mais s'il sen trouve là quarante, 
que ferez-vous? Dieu répondit : 
Je nela frapperai pas, à cause des 
quarante. 

30. Je vous prie, Seigneur, 
ajouta Abraham, ne vous fáchez 
point, si je parle encore : Et s'il 
s'en trouve làtrente? Le Seigneur 
répondit : Je ne le ferai pas, si 
jen trouve là trente. 

31. Puisque j'ai déjàcommencé, 
dit encore Abraham, je parlerai 
à mon Seigneur: Et s'il s'y en 
trouvait vingt? Le Seigneur ré- 
pondit : Je ne la détruirai pas, à 
cause des vingt. 

32. Je vous conjure, Seigneur, 
reprit Abraham, ne vous irritez 
pas, si je parle encore une fois : 
Et s'il s'en trouve là dix? Et le 
Seigneur dit : Je ne la détruirai 
pas à cause des dix. 

33. Et le Seigneur s'en alla, 
apres qu'il eut cessé de parler à 
Abraham, et Abraham retourna 
en sa demeure. 


22. Et ils partirent. Les deux anges qui accompagnaient Dieu vont à Sodome; 
mais Dieu, toujours sous la figure d'un homme, demeure seul avec Abraham. 


ἀὰ LA GENÈSE. 


CHAPITRE XIX. 


Lot recoit les anges à Sodome; il se sauve 
à Ségor. Destruction de Sodome et de 
Gomorrhe. Inceste des filles de Lot. 


1. Cependant les deux Anges 
vinrent à Sodome vers le soir, et 
Lot étant assis à la porte de la 
ville. Dés qu'il les eut vus, il se 
leva et alla au-devant d'eux, et se 
prosterna, incliné vers la terre. 

2. Et il dit: Je vous conjure, 
seigneurs, venez dans la maison 
de votre serviteur, et demeurez- 
y; lavez vos pieds, et des le ma- 
tin vous continuerez votre route. 
Ils répondirent : Point du tout; 
mais c'est sur la place que nous 
demeurerons. 

3. Mais il les forca par ses ins- 
tances de venir chez lui ; et lors- 
qu'ils furent entrés dans sa mai- 
son, il leur prépara un repas, et 
il fit cuire des azymes ; et ils man- 
gerent. 

4. Mais avant qu'ils allassent se 
coucher, les hommes de la ville 
environnerent la maison, depuis 
l'enfant jusqu'au vieillard, tout 
le peuple ensemble. 

5. Et ils appelerent Lot et lui 
dirent : Où sont les hommes qui 
sont entrés chez toi cette nuit? 
Amène-les ici, afin que nous les 
connaissions. 

6. Lot étant sorti vers eux, et 
ayant fermé derriere lui la porte, 
dit : 


]08. xix.] 

7. Ne faites pas, je vous prie, 
mes frères, ne faites pas ce mal. 

8. J'ai deux filles qui n'ont pas 
encore connu d'hommes : je vous 
lesamenerai, et vous ferez d'elles 
ce qui vous plaira, pourvu qu'à 
ces hommes vous ne fassiez au- 
cun mal; cer ils sont venus à 
l'ombre de mon toit. 

9. Mais ils répondirent : Retire- 
toi d'ici. Et de nouveau : Tu es 
venu ici, dirent-ils, comme étran- 
ger; est-ce pour t'ériger en juge. 
C'est donc toi-même que nous 
maltraiterons plus qu'eux. Et ils 
faisaient à Lot la plus grande vio- 
lence; et déjà ils étaient près 
d'enfoncer la porte. 

10. Mais voilà que les hommes 
avancerent la main, firentrentrer 
Lot aupres d'eux et fermerent la 
porte; 

11. Et ceux qui étaient dehors, 
ils les frappèrent d'aveuglement, 
depuis le plus petit jusqu'au plus 
grand, en sorte qu'ils ne pou- 
vaient retrouver la porte. 

12. Alorsils dirent à Lot: As-tu 
iciquelqu'un destiens, ungendre, 
ou des fils, ou des tilles? tous 
ceux qui sont à toi, fais-les sortir 
de cette ville ; 

13. Car nous détruirons ce lieu, 
parce que leur clameur s'est éle- 
vée de plus en plus devant le 
Seigneur qui nous a envoyés 
pour les perdre. : 

14. Lot étant donc sorti, parla 


CHAP. XIX. 1. Hóbr., x, 2. — 9. II Pierre, τ, 8. — 11. Sag., xix, 16. 


1. Et il se prosterna; littér.: Et il adora. Voy. xviu, 2. — * A Sodome. Voir la note 


sur Genèse, xui, 10. 


3. Des azymes; c'est-à-dire des pains ou des gâteaux faits sans levain. 

8. La proposition de Lot est en elle-méme trés coupable, mais le trouble et l'em- 
barras oü il se trouvait, et la charité qui le portait à défendre avec tant d'ardeur les 
devoirs sacrés de l'hospitalité, diminuent de beaucoup la gravité de son péché. 


[cn. [.אזא‎ 
à sesgendres, qui devaient épou- 
ser ses filles, et dit : Levez-vous, 
sortez de ce lieu; parce que le 
Seigneur détruira cette ville. Et 
il leur sembla parler comme en 
se jouant. 

15. Mais lorsqu'il fut matin, les 
Angesle pressaient, disant : Leve- 
toi, prends ta femme, et les deux 
filles que tu as, afin que tu ne 
périsses pas, toi aussi, dans le 
châtiment de la ville. 

16. Mais lui différant, ils prirent 
sa main et la main de sa femme 
et de ses deux filles, parce que le 
Seigneur lui faisait grâce. 

17. Et ils l'emmenèrent, le mi- 
rent hors de la ville; et là, ils 
lui parlerent, disant : Sauve ton 
âme; ne regarde point derrière 
toi, et ne t'arréte dans aucune 
contrée d'alentour; mais sauve- 
toi sur la montagne, de peur que 
tu ne périsses toi aussi avec les 
autres. 

18. Et Lot leur répondit : 8 
vous prie, mon Seigneur, 

19. Puisque votre serviteur a 
trouvé grâce devant vous et que 
vous avez signalé la miséricorde 
que vous m'avez faite, pour sau- 
ver mon àme, non, je ne puis 
ètre sauvé sur la montagne; il 
est à eraindre que le mal ne 


LA GENÉSE. A5 


m'atteigne, et que je ne meure. 

20. Cette ville ici près, où je 
puis m'enfuir, est petite et j'y se- 
rai sauvé; n'est-elle pas de peu 
d'étendue? et mon âme n’y vi- 
vra-t-elle pas? 

21. Etil lui répondit : Voici que 
même en cela, j'ai accueilli ta 
prière, de ne pas détruire la ville 
pour laquelle tu m'as parlé. 

22. Hâte-toi, et tu y seras sau- 
vé; car je ne pourrai rien faire 
jusquà ce que tu y sois entré. 
C'est pourquoi cette ville fut ap- 
pelée du nom de Ségor. 

23. Le soleil se leva sur la terre, 
et Lot entra dans Ségor. 

24. Le Seigneur donc fit pleu- 
voir sur Sodome et Gomorrhe du 
soufre et du feu venus du ciel 
d'auprès du Seigneur; 

95. Et il détruisit ces villes, et 
toute la contrée d'alentour, et 
tous les habitants des villes, et 
Loutes les plantes de la terre. 

26. Et la femme de Lot, regar- 
dant derriere elle, fut changée en 
une statue de sel. 

27. Or Abraham se levant le 
matin, et venant oü il avait été 
auparavant avec le Seigneur, 

98. Regarda Sodome et Go- 


morrhe, et toute la terre de cette 


contrée, et il vit une fumée qui 


17. Sag., x, 6. — 22. Sag., x, 6. — 24. Deut., xxix, 23; Isaie, זזא‎ 19; Jérémie, 1, 40; 
Ezéch., xvi, 49; Osée, xi, 8; Amos, 1v, 11; Luc, xvir, 28; Jud., 7. — 26. Luc, xvir, 32. 


— 27. Supra, xvii, 1. 


11, Ton âme; c'est-à-dire ta vie, ta personne. Compar. 1x, 5. 


22. Ségor, en hébreu Tsohar, signifie petit. — * Ce Ségor devait étre différent de 
celui de Genèse, xur, 10. Voir plus haut, xiv, 2. 

24-26. Pour traduire en mythes ou en faits purement naturels la destruction de 
Sodome et de Gomorrhe, et le changement de la femme de Lot en statue de sel, il 
faut non seulement s'inserire en faux contre la tradition aussi constante qu'uni- 
verselle des juifs et des chrétiens, mais encore violer les lois les plus sacrées de 
l'herméneutique et de l’exégèse. 

21. Et venant; la concision de la Vulgate rend cette addition indispensable pour 
16 vrai sens du texte sacré. 


46 LA GENÉSE. 


montait de la terre, comme la 
fumée d'une fournaise. 

29. Mais, lorsque le Seigneur 
détruisait les villes de cette con- 
trée, s'étant souvenu d'Abraham, 
il sauva Lot de la ruine de ces 
villes dans lesquelles il avait ha- 
bité. 

30. Et Lot sortit de Ségor; il se 
relira sur la montagne, et ses 
deux filles avec lui (car il crai- 
gnait de demeurer dans Ségor), 
et il demeura dans 18 caverne, lui 
et ses deux filles avec lui. 

31. Orl'ainéeditàla plusjeune: 
Notre père est vieux, et il n'est 
resté sur la terre aucun homme 
qui puisse nous épouser selon la 
coutume de toute la terre. 

32. Viens, et enivrons-le de vin, 
et dormons avec lui, afin que nous 
puissions par notre pere conser- 
ver une postérilé. 

33. Elles donnerent donc à leur 
pere du vin à boire cette nuit-là; 
et l'ainée vint et dormit avec son 
père; mais celui-ci ne s'apercut, 
ni quand sa fille se coucha, ni 
quand elle se leva. 

34. Et le lendemain, l'ainée dit 
à la plus jeune : Voilà que j'ai 
dormi hier avec mon père; don- 
nons-lui à boire du vin encore 
cette nuit, et tu dormiras avec 
lui, afin que nous conservions 
une postérité de notre pere. 

35. Et elles donnèrent encore 
cette nuit-là à leur père du vin à 
boire; et la plus jeune fille dor- 
mit avec lui; et encore cette fois, 


[c. xx.] 


il ne s'apercut pas quand elle se 
coucha, ou quand elle se leva. 

36. Ainsiles deux filles de Lot 
conçurent de leur père. 

91. L'ainée enfanta un fils, et 
l'appela du nom de Moab; c'est le 
pere des Moabites, jusqu'au pré- 
sent jour. 

38. La plus jeune aussi enfanta 
un fils, et l'appela du nom d'Am- 
mon, c'est-à-dire le fils de mon 
peuple; c'est le père des Ammo- 
nites, jusqu'aujourd'hui. 


CHAPITRE XX. 


Abraham se retire à Gérara. Abimélech 
enléve Sara; il la rend à Abraham. 


1. Parti de là pour la terre aus- 
trale, Abraham habita entre Ca- 
dès et Sur, et demeura comme 
étranger à Gérara. 

2. Or il dit de Sara sa femme : 
C'est ma sœur. Abimélech, roi de 
Gérara, envoya donc vers lui et 
la fit enlever. 

3. Mais Dieu vint vers Abimé- 
lech dans un songe pendant la 
nuit, et lui dit : Voilà que tu 
mourras, à cause de la femme 
que tu as enlevée; car elle a un 
mari. 

4. Or Abimélech ne l'avait pas 
touchée, et il dit : Seigneur, per- 
drez-vous une nation qui est dans 
l'ignorance, et innocente? 

5. Lui-méme ne m'a-t-il pas dit: 
C'est ma sœur? Et elle-méme n'a- 
t-elle pas dit : C'est mon frere? 
C'est dans la simplicité de mon 


m — HM — M á ——— M M M M M — 


31, 38. C'est le père, etc., est mis elliptiquement pour : C'est le père des Moabites, 
des Ammonites qui existent encore aujourd'hui. 

1. * A Gérara, aujourd'hui Khirbet el-Gerar, au sud de Gaza. Cadés, au sud de 
Chanaan, dans le désert de Sin, était sur la limite de l'Idumée. 

2, C’est ma sœur. Voyez vers. 12, et compar. xii, 13. 


[cu. xx1.] 
cœur et dans la pureté de mes 
mains que je l'ai fait. 

6. Et Dieu lui dit : Et moi aussi 
je sais que c'est avec un cœur 
simple que tu l'as fait; et c'est 
pour cela que je t'ai gardé, afin 
que tu ne péchasses pas contre 
moi, et que je n'ai pas permis que 
tu la touchasses. 

7. Maintenant donc rends à son 
mari cette femme ; parce que c'est 
un prophète, et il priera pour toi, 
ettu vivras; mais si tu nela rends 
pas, sache que tu mourras de 
mort, toi et tout ce qui est à toi. 

8. Aussitót, se levant de nuit, 
Abimélech appela tous ses servi- 
teurs, et fit entendre toutes ces 
paroles à leurs oreilles; et tous 
ces hommes furent saisis d'une 
grande crainte. 

9. Puis Abimélech appela aussi 
Abraham et lui dit : Que nous as- 
tu fait? et en quoi t'avons-nous 
offensé, pour que tu aies attiré 
sur moi et sur mon royaume un 
si grand péché? ce que tu ne de- 
vais pas faire, tu nous l'as fait. 

10. Et de nouveau se plaignant, 
il dit: Qu'as-tu vu, pouragir ainsi? 

11. Abraham répondit : J'ai 
pensé en moi-méme, disant : 
Peut-être n'y a-t-il pointla crainte 
de Dieu en ce lieu-ci, et ils me 
feront mourir à cause de ma 
femme. 

12. D'ailleurs elle est vraiment 
aussi ma sœur, étant fille de mon 
pere, quoiqu'elle ne soit pas fille 
de ma mère; et je l’ai prise pour 
femme. 

13. Or quand Dieu me fit sortir 


LA GENÈSE. 47 


de la maison de mon père, je dis 
à Sara : Tu me feras cette grâce : 
dans tous les lieux où nous irons, 
tu diras que je suis ton frère. 

14. Abimélech prit donc des 
brebis, des bœufs, des serviteurs 
et des servantes, et il les donna à 
Abraham; et il lui rendit Sara sa 
femme. 

15. Et il dit : La terre est devant 
vous ; partout où il te plaira, ha- 
bites-y. 

16. Mais à Sara il dit: Voilà que 
jai donné à ton frère mille pièces 
d'argent, pour que tu aies un 
voile sur les yeux devant tous 
ceux qui seront avec toi, et en 
quelque lieu que tu ailles : et 
souviens-toi que tu as été enle- 
vée. 

47. Mais Abraham ayant prié, 
Dieu guérit Abimélech, sa femme 
et ses servantes, et elles enfan- 
tèrent ; 

18. Car le Seigneur avait frappé 
de stérilité toute la maison d'Abi- 
mélech, à cause de Sara femme 
d'Abraham. 


CHAPITRE XXI. 


Naissance d'Isaac. Agar est chassée. Al- 
liance entre Abimélech et Abraham. 


1. Or le Seigneur visita Sara, 
comme il l'avait promis, et il ac- 
complit ce quil avait dit. 

2. Elle concut et enfanta un fils 
dans sa vieillesse, au temps que 
Dieu lui avait prédit. 

3. Abraham appela son fils que 
lui engendra Sara, du nom d'I- 
saac. 


(ΒΑΡ, XX, 12. Supra, xir, 13. — 13. Infra, xxr, 23. -— .גו‎ XXL. 1. Supra, xvu, 19; 


xvii, 10. — 2. Gal., 1v, 23; Hébr., ,זא‎ 


" Tu mourras de mort: hébraisme, vour ἐμ mourras infa lliblement, 


48 LA GENÈSE, 


4. Et il le circoncit le huitieme 
jour, comme Dieu lui avait or- 
donné, 

9. Ayant alors cent ans: car 
c'est à cet âge de son pere que 
naquit Isaac. 

6. Et Sara dit: Dieu m'a donné 
sujet de rire : quiconque l'ap- 
prendra, rira avec moi. 

7. Elle dit encore : Qui aurait 
cru qu'Abraham entendrait dire 
que Sara allaiterait un fils qu'elle 
lui a enfanté lorsqu'il était déjà 
vieux? 

8. Cependant l'enfant grandit, 
et il fut sevré; et Abraham fit un 
grand festin au jour de son se- 
vrage. 

9. Mais Sara ayant vu le fils 
d'Agar lEgyptienne se raillant 
d'Isaac son fils, elle dit à Abra- 
ham : 

10. Chasse cette servante et 
son fils; car le fils de la servante 
ne sera pas héritier avec mon fils 
Isaac. 

11. C'est avec peine qu'Abra- 
ham accueillit cette parole à 
cause de son fils. 

19. Dieu lui dit : Qu'elle ne te 
paraisse pas dure, cette parole sur 
l'enfant et sur la servante : quel- 
que chose que te dise Sara, écoute 
88 voix ; parce que c'est en Isaac 
que sera ta postérité. 

13. Mais le fils méme de la ser- 
vante, je le ferai père d'une 


xx1,]‏ .אס] 
grande nation, parce qu'il est né‏ 
de toi.‏ 

14. Abraham se leva done le 
matin, et prenant du pain et une 
outre pleine d'eau, il les mit sur 
l'épaule d’Agar, lui donna l'enfant 
et la renvoya. Celle-ci s'en étant 
allée, errait dans le désert de Ber- 
sabée. 

15. Et quand l'eau de l'outre 
fut consommée, elle porta len- 
fant sous un des arbres qui 
étaient là. 

16. Et elle s'en alla et s'assit 
vis-à-vis, aussi loin qu'un arc 
peut lancer son trait ; car elle dit : 
Je ne verrai pas mourir mon fils. 
Et assise en face, elle éleva sa 
voix et pleura. 

11. Or Dieu entendit la voix de 
l'enfant : l'ange de Dieu appela 
Agar du ciel, disant : Que fais-tu, 
Agar? ne crains point, car Dieu ἃ 
entendu la voix de l'enfant du 
lieu dans lequel il est. 

18. Lève-toi, prends l'enfant et 
le tiens parla main; car je le ferai 
père d'une grande nation. 

19. Alors Dieu lui ouvrit les 
yeux : et voyant un puits d'eau, 
elle alla et remplit l'outre, et 
donna à boire à l'enfant. 

20. Et Dieu fut avec lui: il 
grandit, demeura dans le désert, 
et devint un jeune homme ha- 
bile à tirer de l'arc. 

21. Il habita dans le désert de 


4. Supra, xvi, 10; Matt., 1, 2. — 10. Gal., 1v, 30. — 12. Rom., 1x, 7; Hébr., xr, 18. 


14. Saint Paul nous découvre le sens mystérieux qui est caché dans cette conduite 
d'Abraham, lorsqu'il dit que Sara figurait l'Eglise, et Agar la synagogue ; Ismaél les 
juifs incrédules; Isaac les fidèles circoncis ou incirconcis. Voy. Rom., 1x, 1,8; Galat., 
IV, 24 et suiv. — * Bersabée, aujourd'hui Bir es-Seba, dans l'ouadi Seba, au sud 
d'Hébron, sur la route d'Egypte, devint plus tard la frontière méridionale de la 
Palestine. 

19. * Un puits d'eau. D'après des explorations récentes, ce puits ou cette source 
serait dans l'ouadi Murveiléh. 


[cu. xxi.) 
Pharan, ev sa mere prit pour lui 
une femme de la terre d'Egypte. 

22. En ce méme temps Abimé- 
lech et Pichol, chef de son armée, 
dirent à Abraham: Dieu est avec 
toi en tout ce que tu fais. 

23. Jure donc par Dieu que tu 
ne feras pas de mal, ni à moi, ni 
àmes enfants, ni à ma race; mais 
que selon la miséricorde que j'ai 
exercée envers toi, tu l'exerceras 
envers moi et envers la terre 
dans laquelle tu as demeuré 
comme étranger. 

94. Et Abraham dit : Je le jure. 

25. Mais il se plaignit à Abimé- 
lech, à cause du puits d'eau que 
ses serviteurs lui avaient 016 avec 
violence. 

26. Abimélech repartit : Je n'ai 
pas su qui a fait cela; mais toi- 
méme, tu ne m'en as pas averti ; 
et moi je n'en ai pas oui parler, 
si ce n’estaujourd'hui. 

27. Abraham prit donc des bre- 
bis et des bœufs, et les donna à 
Abimélech, et ils firent tous deux 
alliance. 

28. Et Abraham mit sept jeunes 
brebis de son troupeau à part. 

29. Et Abimélech lui demanda : 
Que signifient ces jeunes brebis 
que tu as mises à part? 


LA GENESE. 49 


30. Maïs Abraham : Ces sept 
jeunes brebis, dit-il, tu les rece- 
vras de ma main, afin qu'elles me 
soient en témoignage que c'est 
moi qui ai creusé ce puits. 

91. C'est pourquoi ce lieu fut 
appelé Bersabée, parce que là 
l'un et l'autre jura. 

32. Cest ainsi qu'ils firent 
alliance, pour le puits du ser- 
ment. 

33. Abimélech se leva ensuite, 
et Pichol, chef de son armée, et 
ils retournèrent dans le pays des 
Philistins. Mais Abraham planta 
un bois à Bersabée, et il invoqua 
là le nom du Seigneur Dieu éter- 
nel. 

34. Etil demeura comme étran- 
ger dans la terre des Philistins, 
durant de longs jours. 


CHAPITRE XXII. 


Sacrifice d'Isaac. Dieu réitère ses pro- 
messes à Abraham. Dénombrement des 
enfants de Nachor, frére d'Abraham. 


1. Apres que ces choses se fu- 
rent passées, Dieu éprouva Abra- 
ham, et lui dit : Abraham, Abra- 
ham. Et lui répondit : Me voici. 

2. Dieu lui dit : Prends ton fils 
unique, que tu chéris, Isaac, ₪ 
va dans la terre de vision, et li 


23. Supra, xx, 13. — .שג‎ XXII. 1. Judith, virt, 22; Hébr., x1, 17. 


22. * Phicol, titre du ministre du roi, général de ses armées. 
32. Pour le puits. Le texte sacré peut signifier aussi devant, pres le puits. 


33. Dans les premiers temps ces sortes de bois servaient d'oratoires destinés au 
culte qu'on rendait au Seigneur. Voyez notre Abrégé d'introduction, etc., p. 459. Les 
idolâtres ont depuis recherché des lieux élevés, pour y planter les bois sacrés, qui 
leur servaient également de temples. 


2. Comme maitre souverain de la vie et de la mort des hommes, Dieu avait le droit 
d'exiger d'Abraham le sacrifice de son fils; mais on voit par l'événement méme qu'il 
voulait seulement éprouver et faire éclater la foi et la soumission du saint patriarche, 
afin de l'en récompenser d'une maniére digne de sa puissance infinie; c'est-à-dire 
non seulement par la conquéte des Hébreux sur les Chananéens, les Moabites et 
les Ammonites, mais encore par celle de l'Eglise chrétienne sur tous les pays du 
monde qui ont été assujettis à Jésus-Christ, dont Isaac n'était que la figure. — * Sur 


Ae Te 4 


50 LA GENÈSE. 


tu l’offriras en holocauste, sur 
une des montagnes que je te 
montrerai. 

3. Abraham s'étant donc levé 
de nuit, prépara son âne, ame- 
nant avec lui deux jeunes hom- 
mes et Isaac son fils; et lorsqu'il 
eut coupé du bois pour un holo- 
6811816, il s'en alla vers le lieu que 
Dieu lui avait prescrit. 

4. Mais le troisieme jour, les 
yeux levés, il vit le lieu de loin. 

5. Et il dit à ses serviteurs : 
Attendez ici avec làne, moi et 
mon fils nous hâtant d'aller jus- 
que-là, après que nous aurons 
adoré, nous reviendrons à vous. 

6. Il prit aussi le bois de l'holo- 
causte, et le mit sur son fils Isaac, 
mais lui-méme portait en ses 
mains le feu et le glaive. Comme 
ils s'avancaient tous deux en- 
semble, 

7. Isaac dit à son pere : Mon 
pere. Et celui-ci répondit : Que 
veux-tu, mon fils? Voici, dit-il, 
le feu et le bois; où est la victime 
de l'holocauste? 

8. Et Abraham répondit : Dieu, 
mon fils, se pourvoira lui-méme 
de la victime de l'holocauste. Ils 
s'avancaient donc ensemble. 

9. Et ils arriverent au lieu que 
Dieu lui avait indiqué. Abraham 
y bátit un autel, et déposa le bois 
dessus ; et, lorsqu'il eut lié Isaac 
son fils, il le mit sur l'autel, au- 
dessus du tas de bois. 


[cH. xxur.] 


10. Alors il étendit la main, et 
il saisit le glaive pour immoler | 
son fils. 

11. Et voilà que l'ange du Sei- 
gneur cria du ciel, disant : Abra- 
ham, Abraham. Lequel répondit : 
Me voici. 

12. Et l'ange dit : N'étends pas 
ta main sur l'enfant, et ne lui fais 
rien; je sais maintenant que tu 
crains Dieu, puisque tu n'as pas 
épargné ton fils unique à cause 
de moi. 

13. Abrabam leva les yeux et 
vit derriere lui un bélier embar- 
rassé parles cornes dans un buis- 
son; le prenant, il l'offrit en ho- 
locauste à la place de son fils. 

14. Et il appela ce lieu du nom 
de : Le Seigneur voit. D'ouü l'on 
dit encore aujourd'hui : Sur la 
montagne le Seigneur verra. 

15. Mais lange du Seigneur 
appela Abraham une seconde fois 
du ciel, disant : 

16. Par moi-méme j'ai juré, 
dit le Seigneur : parce que tu as 
fait cela, et que tu n'as pas épar- 
gné ton fils unique à cause de 
moi, 

17. Je te bénirai, et je multiplie- 
rai ta postérité comme les étoiles 
du ciel, et comme le sable qui est 
sur le rivage de la mer; ta pos- 
térité possédera les portes de ses 
ennemis, 

18. Er sERONT BÉNIES en ta posté- 
rité toutes les nations de la terre, 


10. Jacques, 11, 21. — 16. Ps. civ, 9; Eccli., xuv, 21; I Mach., u, 52; Luc, 1, 73; 
Hébr., vi, 18, 17. — 18. Supra, xit, 3; xvni, 18; Infra, xxvi, 4; Eccli., xiv, 25; Actes, 


I, 29. 


une des montagnes, sur le mont Moriah, où fut bâti plus tard le temple de Jérusalem, 
d’après une tradition très répandue. Voir la note sur IL Rois, xxiv, 16. 

11. Les portes, etc.; hébraisme, pour /es villes de ses ennemis. 

18. Cette prophétie a eu son accomplissement parfait par Jésus-Christ, qui a été 
la bénédiction de tous les peuples de la terre. 


CH. XXIII.) 


parce que tu as obéi à ma voix. 

19. Et Abraham retourna vers 
ses serviteurs, et ils s'en allèrent 
ensemble à Bersabée, et il y ha- 
bita. 

90. Ces choses s'étant ainsi pas- 
sées, on annonca à Abraham que 
Melcha aussi avait enfanté des 
fils à Nachor son frere : 

21. Hus, le premier-né, Buz, 
son frère, et Camuel, pere des 
Syriens, 

99. Cazed, Azau et aussi Phel- 
das et Jedlaph, 

93. Et Bathuel, dont naquit Ré- 
becca ; ce sont là les huit fils que 
Melcha enfanta à Nachor, frere 
d'Abraham. 

24. Sa femme du second rang, 
du nom de Roma, enfanta Tabée, 
Gaham, Tahas et Maacha. 


CHAPITRE XXIII. 


Mort de Sara. Abraham achéte une 
caverne pour l'enterrer. 


1. OrSara vécut cent vingt-sept 
ans. 

2. Et elle mourut dans la ville 
d'Arbée, qui est Hébron, dans la 
terre de Chanaan; et Abraham 
vint pour faire le deuil et pour la 
pleurer. 


LA GENESE. 51 


3. Et lorsqu'il se fut levé après 
les devoirs funéraires, il parla 
aux fils de Heth, disant : 

4. Je suis parmi vous étranger 
et voyageur : donnez-moi le droit 
de sépulture chez vous. afin que 
jensevelisse mon mort. 

ὃ. Les fils de Heth répondirent, 
disant : 

6. Ecoute-nous, seigneur, tu es 
un prince de Dieu au milieu de 
nous; ensevelis ton mort dans le 
plus beau de nos sépulcres; nul 
ne pourra t'empécher d'ensevelir 
ton mort dans son tombeau. 

1. Abraham se leva, et se pros- 
terna devant le peuple de ce 
pays, c'est-à-dire, les fils de Heth; 

8. Etilleur dit : S'il plaît à votre 
àme que j'ensevelisse mon mort, 
écoutez-moi et intercédez pour 
moi auprès d'Ephron, fils deSéor, 

9. Afin qu'il me donne la ca- 
verne double qu'il a à l'extrémité 
de son champ ; que pour un prix 
convenable, il me la livre devant 
vous, afin que j'y possede un sé- 
pulcre. 

10. Or, Ephron habitait au mi- 
lieu des fils de Heth. Ephron ré- 
pondit donc à Abraham, devant 
tous ceux qui entraientàla porte 
de la ville, disant: 


2. * Arbée, Hébron. Voir plus haut, xii, 18. 

3. Les fils de Heth; les Héthéens, descendants de Heth, fils de Chanaan. Com- 
par. x, 45. 

6. Un prince de Dieu; c'est-à-dire envoyé de Dieu, ou peut-étre mieux, un trés grand 
prince; car, dans l'Ecriture, le mot Dieu est trés souvent employé pour exprimer le 
superlatif le plus élevé. 

1, 12. Se prosterna ; littér.: adora. Voyez xvin, 2. 

9. * La caverne double. Cette caverne s'appelle en hébreu Makpelah. La caverne de 
Makpelah a été décrite par le voyageur juif Benjamin de Tudéle qui l'a visitée au 
xit siècle. On entre dans une première grotte où l'on ne remarque rien. On descend 
ensuite dans une seconde qui est également vide. On pénètre enfin dans une troi- 
sième où se trouvent six tombeaux qui, d'après les inscriptions, seraient ceux 
d'Abraham, d’Isaac, de Jacob, de Sara, de Rébecca et de Lia. Benjamin vit là aussi 
un grand nombre de tonneaux remplis d'ossements d'anciens Israélites qu'on y avait 
transportés par dévotion. 


59 LA GENÈSE. 


11. Non, il n’en sera pas ainsi, 
mon seigneur; mais toi, écoute 
plutôt ce que je dis : Je te livre 
le champ et la caverne qui est 
dans ce champ, en présence des 
fils de mon peuple; ensevelis ton 
mort. 

12. Abraham se prosterna de- 
vant le peuple de ce pays, 

43. Et dit à Ephron, le peuple 
l'environnant : Je te prie de m'é- 
couter; je donnerai l'argent pour 
le champ ; prends-le, et ainsi j'y 
ensevelirai mon mort. 

14. Et Ephron répondit : 

15. Mon seigneur, écoute-moi : 
la terre que tu demandes vaut 
quatre cents sicles d'argent; c'est 
le prix entre moi el toi; mais 
qu'est-ce que cela? ensevelis ton 
mort. 

16. Ce qu'Abraham ayant en- 
tendu, il fit peser l'argent qu'E- 
phron avait demandé, en pré- 
sence des fils de Heth, quatre 
cents sicles d'argent en monnaie 
de bon aloi et ayant cours. 

17. Et le champ jadis d'Ephron, 
dans lequel était une caverne 
double, en face de Mambré, aussi 
bien que la caverne et tous les 
arbres qui bordaient le champ de 
tous cótés, fut assuré 

18. A Abraham comme proprié- 
té sous les yeux des fils de Heth 
et de tous ceux qui entraient à la 
porte de la ville. 

19. Et ainsi Abraham ensevelit 
Sara sa femme dans la caverne 


[cH. xxiv.] 


double du champ, en face de 
Mambré ; c'est Hébron, dans la 
terre de Chanaan. 

20. Le champ donc et la ca- 
verne qui étaient dans le champ 
furent assurés à Abraham comme 
propriété de tombeau, par les fils 
de Heth. 


CHAPITRE XXIV. 


L'intendant de la maison d'Abraham va 
en Mésopotamie demander une femme 
pour Isaac; il obtient Rébecca. 


1. Or Abraham était vieux et 
plein de jours ; etle Seigneur l'a- 
vait béni en toutes choses. 

2. Et il dit au serviteur le plus 
ancien de sa maison, qui présidait 
sur tout ce qu'il avait : Pose ta 
main sous ma cuisse, 

3. Afin que je t'adjure par le 
Seigneur Dieu du ciel et de la 
lerre, que tu ne prendras pas de 
femme pour mon fils parmi les 
filles des Chananéens au milieu 
desquels j'habite ; 

4. Mais que tu iras dans mon 
pays et dans ma parenté, et que 
c'est delà que tu prendras une 
femme pour mon fils Isaac. 

5. Le serviteur répondit : Si la 
femme ne veut pas venir avec 
moi dans ce pays-ci, dois-je reme- 
ner votre fils dans le lieu d'oü 
vous étes sorti? 

6. Et Abraham dit : 1 
de jamais y remener mon fils 

1. Le Seigneur Dieu du ciel qui 
m'a tiré dela maison de mon pere 


19. Infra, xxxv, 27. — Cuar. XXIV. 2. Infra, ,תנטנא‎ 29. — 7. Supra, xu, 7; xui, 15; 


xv, 18; Infra, xxvi, 3. 


15. Le sicle d'argent pur valait environ 1 fr. 60. Voyez notre Abrégé d'introduclion 
aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, p. 541, 542. 


2. Pose ta main, etc. Cette pratique, selon plusieurs Pères de l'Eglise, renferme un 
sens mystérieux qui est un serment fait au nom du Messie, qui devait maître d'Abraham. 


[cu. xxiv.) 


et du pays de ma naissance, qui 
m'a parlé, et m'a juré, disant : 
C'est à ta postérité que je donne- 
rai ce pays, enverra lui-même 
son ange devant toi, et tu pren- 
dras de là une femme pour mon 
fils. 

8. Que si la femme ne veut 
pas te suivre, tu ne seras pas 
engagé par le serment; seule- 
ment ne remène jamais là mon 
fils. 

9. Le serviteur donc posa la 
main sous la cuisse d'Abraham 
son maitre, et il le lui jura. 

10. C'est pourquoi il prit dix 
chameaux du troupeau de son 
maitre, et s'en alla portant avec 
lui de tous ses biens; et étant 
parti, il se dirigea en Mésopota- 
mie, vers la ville de Nachor. 

11. Et lorsqu'il eut fait agenouil- 
ler ses chameaux hors de la ville, 
près du puits, sur le soir, temps 
ou les jeunes filles ont coutume 
de sortir pour puiser de l'eau, il 
dit : 

19. Seigneur Dieu de mon mai- 
tre Abraham, je vous supplie, 
venez-moi en aide aujourd'hui, 
et faites miséricorde àmon maître 
Abraham. 

13. Me voici prés de la source 
d'eau, et les filles des habitants 
de cette ville sortiront pour pui- 
ser de l'eau. 

14. Quela jeune fille donc à qui 
je dirai : Incline ta cruche, afin 
que je boive, et qui répondra : 
Bois, et je donnerai aussi à boire 
à tes chameaux, soit celle que 


LA GENÈSE. 53 


vous avez préparée à votre servi- 
teur Isaac : et c'est à cela que je 
connaitrai que vous aurez fait 
miséricorde à mon maitre. 

15. Il n'avait pas encore achevé 
ces mots en lui-méme, et voilà 
que sortit Rébecca, la fille de Ba- 
thuel, fils de Melcha, femme de 
Nachor, frere d'Abraham, laquelle 
portait une cruche sur son 
épaule ; 

16. Jeune fille fort gracieuse, 
vierge tres belle et inconnue à 
tout homme : or elle était déjà 
descendue à la fontaine, avait 
rempli sa cruche, et elle s'en re- 
tournait. 

11. Aussitótle serviteur courut 
au-devant d'elle, et dit : Donne- 
moi un peu d'eau à boire de ta 
cruche. 

18. Elle répondit : Bois, mon 
seigneur; et elle posa prompte- 
ment sa cruche sur son bras, et 
elle lui donna à boire. 

19. Et lorsqu'il eut bu, elle 
ajouta : Et méme pour tes cha- 
meaux je puiserai de l'eau, jus- 
qu'à ce que tous aient bu. 

20. Et versant sa cruche dans 
les canaux, elle courut au puits 
pour puiser de l'eau, et quand elle 
l'eut puisée, elle la donna à tous 
les chameaux. 

21. Cependant lui la contem- 
plait en silence, voulant savoir si 
le Seigneur avait rendu son 
voyage heureux ou non. 

22. Or, aprés que les cha- 
meaux eurent bu, cet homme lui 
présenta des pendants d'oreilles 


10. * Mésopotamie, contrée située entre le Tigre et l'Euphrate, l'Euphrate et le Cha- 


bour. 


22. Le sicle d'or pur valait à peu prés 23 fr. 20. Voyez Abrégé d'introduction, etc., 


p. 541, 542. 


54 LA GENESE. 


d'or, pesant deux sicles, et au- 
tant de bracelets du poids de dix 
sicles. 

93. Puis il dit : De qui es-tu 
fille? dis-le moi : y a-t-il dans la 
maison de ton père un lieu pour 
y loger? 

24. Elle répondit : Je suis la 
fille de Bathuel, fils de Melcha et 
que lui a engendré Nachor. 

95. Et elle ajouta, disant:llya 
chez nous beaucoup de foin et de 
paille, et un lieu spacieux pour 
y loger. 

96. L'homme s'inclina, et adora 
le Seigneur, 

27. Disant : Béni le Seigneur 
Dieu de mon maitre Abraham, 
qui ne lui a pas retiré sa mi- 
séricorde et sa fidélité, et qui 
m'a conduit par une voie droite 
dans la maison du frere de mon 
maitre! 

28. C'est pourquoi la jeune fille 
courut et annonca àla maison de 
sa mere tout ce qu'elle avait en- 
tendu. 

99. Or Rébecca avait un frere 
du nom de Laban, qui sortit en 
grande hâte pour aller vers 
l'homme là oü était la fontaine. 

30. Et, comme il avait vu les 
pendants d'oreilles et les brace- 
lets aux mains de sa sœur, et 
qu'il avait entendu toutes ses pa- 
roles, lorsqu'elle disait : Ainsi 
m'a parlé cet homme, il vint vers 
l'homme, qui se tenait à cóté de 
ses chameaux et prés de la source 
d'eau. 

91. Et il lui dit : Entre, béni du 
Seigneur; pourquoi restes-tu de- 
hors? J'ai préparé la maison et 
un lieu pour tes chameaux. 

32. Puis:il le fit entrer dans le 
logis, dessangla les chameaux, 


Xx1v.]‏ .אס] 


leur donna de la paille et du foin, 
etàlui-méme età ceux qui étaient 
venus avec lui, de l'eau pour la- 
ver leurs pieds. 

33. On mit aussi du pain en 88 
présence. Il dit :Je ne mangerai 
pas que je ne vous aie énoncé 
mon message. Laban lui répon- 
dit : Parle. 

34. Alors lui : Je suis, dit-il, ser- 
viteur d'Abraham. 

39. Le Seigneur a béni beau- 
coup mon maitre, et il est de- 
venu grand; car il lui a donné 
des brebis et des bœufs, de l'ar- 
gent et de l'or, des serviteurs et 
des servantes, des chameaux et 
des ânes. 

36. Et Sara la femme de mon 
maitre lui a enfanté un fils dans 
sa vieillesse, et il lui a donné 
tout ce qu'il avait. 

37. Et mon maitre m'a adjuré, 
disant : Tu ne prendras point de 
femme pour mon fils parmi les 
filles des Chananéens dans le pays 
desquels j'habite; 

38. Mais tu iras à la maison de 
mon pere, et tu prendras dans 
ma parenté une femme pour mon 
fils. 

39. Et moi j'ai répondu à mon 
maitre : Mais si la femme ne veut 
pas venir avec moi? 

40. Le Seigneur, reprit-il, en 
présence de qui je marche, en- 
verra son ange avec toi, et diri- 
gera ta voie; et tu prendras une 
femme pour mon fils dans ma 
parenté et de la maison de mon 
père. 

41. Tu seras exempt de ma ma- 
lédiction, si tu vas vers mes pa- 
rents et qu'ils te refusent. 

49. Je suis donc venu aujour- 
d'hui pres de la source d'eau, et 


CH. XXIV.] 


jai dit : Seigneur Dieu de mon 
maître Abraham, si vous avez di- 
rigé la voie dans laquelle je 
marche maintenant, 

43. Me voici prés de la source 
d'eau; que la vierge donc qui 
sortira pour puiser de l'eau, qui 
entendra de moi : Donne-moi un 
peu d'eau à boire de ta cruche, 

44. Et qui me répondra : Bois, 
loi; je puiserai ensuite de l'eau 
pour tes chameaux, soit la femme 
que le Seigneur a préparée au 
fils de mon maitre. 

45. Pendant que sans rien dire, 
j'agitais ces pensées au-dedans 
de moi-même, parut Rébecca ve- 
nant avec sa cruche qu'elle por- 
tait sur l'épaule : elle descendit à 
la fontaine et puisa de l'eau. Et 
je lui dis : Donne-moi un peu à 
boire. 

46. Elle se hâtant, descendit sa 
cruche de dessus son épaule et 
me dit : Bois, toi; je donnerai 
ensuite à boire à tes chameaux. 
Je bus, et elle abreuva les cha- 
meaux. 

#1. Je l'interrogeai alors, et je 
dis : De qui es-tu fille? Elle ré- 
pondit : Je suis fille de Bathuel, 
fils de Nachor, que lui a enfanté 
Melcha. Je lui ai donc mis les 
pendants d'oreilles pour orner 
son visage, et j'ai attaché les bra- 
celets à ses bras. 

48. Et incliné, j'ai adoré le Sei- 
gneur, bénissant le Seigneur 
Dieu de mon maitre Abraham, 
qui m'a conduit par une voie 
droite, afin de prendre la fille du 
frère de mon maitre pour son 
fils. 

49. C'est pourquoi, si vous agis- 
sez avec miséricorde et loyauté 
envers mon maitre, dites-le-moi ; 


LA GENÈSE. 55 


mais si autre chose vous plaît, 
dites-le- moi encore; afin que 
j aille à droite ou à gauche. 

90. Laban et Bathuel répondi- 
rent : C'est du Seigneur qu'est 
sortie cette parole; nous ne pou- 
vons en dehors de sa volonté, te 
dire rien autre chose. 

91. Voici Rébecca devant toi : 
prends-la, pars, et qu'elle soit la 
femme du fils de ton maitre, selon 
qua parlé le Seigneur. 

92. Ce qu'ayant entendu le ser- 
viteur d'Abraham, se proster- 
nant en terre, il adora le Sei- 
gneur. 

53. Puis, tirant des vases d'or 
el d'argent, et des vétements, il 
les donna à Rébecca en présent; 
et à ses frères et à sa mere, il of- 
frit aussi des dons. 

94. Le repas commencé, man- 
geant ensemble et buvant, ils de- 
meurerent là. Mais se levant le 
malin, ie serviteur dit : Laissez- 
moi partir, afin que j'aille vers 
mon maitre. 

do. Les frères de Rébecca et sa 
mère répondirent : Que la jeune 
fille demeure au moins dix jours 
aupres de nous, et ensuite elle 
partira. 

56. Ne me retenez pas, reprit-il, 
puisque le Seigneur a dirigé ma 
voie : laissez-moi partir, afin que 
jaille vers mon maitre. 

97. Et ils dirent : Appelons la 
jeune fille, et demandons-lui ce 
qu'elle veut. 

98. Lorsque appelée, elle fut 
venue,ilslui demandèrent : Veux- 
tu aller avec cet homme? Elle dit : 
J'irai. 

99. Ils l'envoyerent donc, elle, 
sa nourrice, le serviteur d'Abra- 
ham et ses compagnons, 


56 LA GENÈSE. 


60. Implorant des choses heu- 
reuses pour leur sœur, et disant : 
Tu es notre sœur; puisses-tu 
croître en mille et mille géné- 
rations, et puisse ta postérité 
posséder les portes de ses enne- 
mis! 

61. Ainsi Rébecca et ses ser- 
vantes étant montées sur les cha- 
meaux, suivirent le serviteur qui 
en grande hâte retournait vers 
son maitre. 

62. En ce méme temps se pro- 
menait Isaac dans le chemin 
qui mene au puits dont le nom 
est puits Du vivant et voyant; 
car il habitait dans la terre aus- 
trale. 

63. Et il était sorti pour médi- 
ter dans la campagne, le jour 
étant déjà sur son déclin : et 
comme il avait levé les yeux, 
il vit les chameaux venant de 
loin. 

64. Rébecca aussi, Isaac aperçu, 
descendit de son chameau, 

65. Et dit au serviteur : Quel 
est cet homme qui vient par la 
campagne, à notre rencontre? Et 
il lui dit : C’est mon maître. Et 
elle, prenant aussitôt son voile, 
se couvrit. 

66. Or le serviteur raconta tout 
ce qu'il avait fait, à Isaac, 

67. Qui conduisit Rébecca dans 
la tente de Sara sa mère, et la 
reçut pour femme : et il l'aima 
tellement, qu'il tempéra la dou- 
leur qu'il avait eue de la mort de 
sa mere. : 


(cH. xxv.] 


CHAPITRE XXV. 


Abraham épouse Cétura. Dénombrement 
des enfants nés de ce mariage. Mort 
d'Abraham. Postérité d'Ismael; sa mort. 
Naissance d'Esaü et de Jacob. Esaü 
vend son droit d'ainesse. 


1. Or Abraham prit une autre 
femme du nom de Cétura, 

2. Laquelle lui enfanta Zamran, 
Jecsan, Madan, Madian, Jesboc 
et Sué. 

3. Et Jecsan engendra Saba et 
Dadan. Les fils de Dadan furent 
Assurim, Latusim et Loomim. 

4. Mais de Madian naquirent 
Epha, Opher, Hénoch, Abida et 
Eldaa. Tous ceux-ci sont les fils 
de Cétura. 

5. Abraham donna tout ce qu'il 
possédait à Isaac. 

6. Mais aux fils de ses autres 
femmes, il fit des présents, les 
sépara d'Isaac, son fils, etles en- 
voya, pendant que lui vivait en- 
core, vers la région orientale. 

1. Or les jours de la vie d'Abra- 
ham furent de cent soixante- 
quinze ans. 

8. Et manquant de forces, il 
mourut dans une heureuse vieil- 
lesse, étant d'un àge fort avancé, 
et plein de jours; et il fut réuni à 
son peuple. 

9. Et Isaac et Ismaël, ses fils, 
l'ensevelirent dans la caverne 
double, qui est située dans le 
champ d'Ephron, fils de Séorl'Hé- 
théen, vis-à-vis de Mambré, 

10. Et qu'il avait acheté des fils 


62. Supra, xvi, 14. — (παρ. XXV. 1. I Par., 1, 32. 


60. Les portes de ses ennemis. Voyez xxi, 11. 
62. * Dans la terre australe, dans la Palestine méridionale. 


9. * Dans la caverne double. Voir la note sur Genèse, xxii, 9. 


08. XXV.] 


de Heth : c'est là qu'il fut enseveli, 
lui, et Sara sa femme. 

41. Et, apres sa mort, Dieu bé- 
nit Isaac son fils qui habitait près 
du puits du nom de puits Du 
vivant et voyant. 

19. Voici les générations d's- 
maél, fils d'Abraham, que lui en- 
fanta Agarl'Egyptienne, servante 
de Sara : 

13. Et voici les noms de ses fils 
selon leurs noms et leurs géné- 
rations. Le premier né d'Ismaél 
fut Nabaioth, ensuite Cédar, Ab- 
déel, Mabsam, 

14. Masma, Duma, Massa, 

15. Adar, Théma, Séthur, Na- 
phis et Cedma. 

16. Ce sont 18 les fils d'Ismaél ; 
ce sont aussi les noms de leurs 
châteaux et de leurs villes; 7/s 
ont été douze princes de leurs 
tribus. 

17. Or la vie d'Ismaél fut de 
cent trente-sept ans; et man- 
quant de forces, il mourut, et fut 
réuni à son peuple. 

18. 11 habita depuis Hévila jus- 
quà Sur, qui regarde l'Egypte, 
quand on entre en Assyrie : c'est 
en présence de tous ses freres 
quil mourut. 

19. Voici aussi les générations 
d'Isaac fils d'Abraham : Abraham 
engendra Isaac, 

20. Lequel, lorsqu'il était âgé 


LA GENESE. 57 


de quarante ans, prit pour femme 
Rébecca, fille de Bathuel, Syrien 
de Mésopotamie, et sœur de 
Laban. 

91. Or Isaac implora 16 Seigneur 
pour sa femme, parce qu'elle 
était stérile : et le Seigneur 
l'exauca, et accorda la conception 
à Rébecca. 

22. Mais ses enfants s'entrecho- 
quaient dans son sein; elle dit : 
S'il devait en étre ainsi pour moi, 
qu'était-il besoin de concevoir? 
Et elle alla, pour consulter le Sei- 
gneur, 

93. Qui répondant, dit : Deux 
nations sont dans ton sein, et 
deux peuples sortis de ton ventre 
se diviseront; un peuple surpas- 
sera l'autre peuple, et l'ainé ser- 
virale plus jeune. 

24. Déjà le temps d'enfanter 
était venu, et voilà que deux ju- 
meaux se trouvèrent dans son 
sein. 

25. Celui qui le premier sortit, 
était roux, tout hérissé de poils 
comme une peau; et il fut appelé 
du nom d'Esaü. Aussitót l'autre 
sortant, tenait de sa main le pied 
de son frère : et c'est pour cela 
qu'elle l'appela Jacob. 

26. Isaac était sexagénaire, 
quand ces enfants lui naquirent. 

27. Ceux-ci devenus grands, 
Esaü se rendit habile à chasser, 


13. I Par., 1, 29. — 23. Rom., 1x, 10. — 25. Osée, xir, 8; Matt., 1, 2. 


13. Selon leurs noms et leurs générations; c'est-à-dire selon les noms de leurs géné- 


rations. Compar. nt, 16. 


16. Ce sont aussi les noms, etc. Littér.: Et ce sont les noms par leurs châteaux el 
par leurs villes, ce que l'on interpréte par: Et ce sont les noms qui sont passés à 
leurs cháteaux et à leurs villes, ou bien qu'ils ont donnés à leurs cháteaux et à leurs 


villes. 


18. * Jusqu'à Sur. Voir la note sur Exode, xv, 22. Les descendants d'Ismaél ou les 
Bédouins nomades habitérent depuis l'Arabie Pétrée jusqu'à l'Euphrate et le long de la 
rive occidentale de l'Euphrate en remontant vers le nord jusque vis-à-vis de l'Assyrie. 


58 LA GENESE. 


et fut un homme des champs; Ja- 
cob, au contraire, homme simple, 
habitait sous les tentes. 

98. Isaac aimait Esaü, parce 
qu'il se nourrissait de sa chasse; 
et Rébecca chérissait Jacob. 

29. Or Jacob fit cuire un mets; 
Esaü étant venu vers lui des 
champs très fatigué. 

30. Dit : Donne-moi de ce mets 
roux; car je suis extrêmement 
fatigué. C'est pour ce motif qu'il 
fut appelé du nom d'Edom. 

31. Jacob lui dit : Vends-moi 
ton droit d'ainesse. 

32. Esaü répondit : Voici que je 
meurs ; à quoi me servira mon 
droit d'ainesse ? 

33. Jacob repartit : Jure-le moi 
donc. Esaü le lui jura, et il vendit 
son droit d'ainesse. 

34. C'est ainsi qu'ayant pris du 
pain et le plat de lentilles, il man- 
gea et but, et s'en alla, estimant 
peu d'avoir vendu son droit d'ai- 
nesse. 


CHAPITRE XXVI. 


Voyage d'Isaac à Gérara; son retour à 
Bersabée; son alliance avec Abimélech. 
Mariage d'Esaü. 


1. Cependant une famine étant 
survenue dans ce pays, apres la 
diselte qui était arrivée dans les 
jours d'Abraham, Isaac s'en alla 
vers Abimélech, roi des Philistins, 
à Gérara. 

2. Or le Seigneur lui apparut, 


[cH. XXVI.] 


οἱ dit : Ne descends pas en 
Egypte, mais demeure dans le 
pays que je te dirai. 

3. Restes-y comme étranger, et 
je serai avec toi, et je te bénirai; 
car c'est à toi et à ta postérité que 
je donnerai toutes ces contrées, 
accomplissant le serment que j'ai 
fait à Abraham ton père. 

4. Et je multiplierai ta postérité 
comme les étoiles du ciel; et je 
donnerai à tes descendants toutes 
ces contrées, et SERONT BÉNIES en 
ta postérité toutes 165 nations de 
la terre; 

5. Parce qu'Abraham a obéi à 
ma voix, qu'il a gardé mes pré- 
ceptes et mes commandements, 
et qu'il a observé les cérémonies 
et les lois. 

6. Isaac donc demeura à Gé- 
rara. 

1. Comme il était interrogé par 
les hommes de ce lieu sur sa 
femme, il répondit : C'est ma 
sœur; car il avait craint d'avouer 
qu'elle lui était unie par le ma- 
riage, pensant que peut-étre ils le 
tueraient à cause de sa beauté. 

8.Or,lorsque beaucoup de jours 
furent passés, et qu'il demeurait 
encore en ce méme endroit, 
Abimélech, roi des Philistins, 
regardant par la fenétre, le vit 
jouant avec Rébecca, sa femme. 

9. Et l'ayant fait venir, il dit : 
Il est évident que c'est ta femme; 
pourquoi as-tu menti, disant que 


30. Abd., 1; Hébr., xir, 16. — (παρ. XXVI. 3. Supra, xir, 7; xv, 18. — 4. Supra, xu 3; 


xvii, 18; xxu, 18; Infra, xxvii, 14. 


e ΄΄τς ἭἭ΄΄ἷ!ἵ“ἵἝ“ἵἝ5Ἕἷ τ οΘτὁοΟὕὥὥὕὠῳΔὩὡὉὈὡὩὕὥ.-.ὥ9ζῷ8-Φ-ὄ.ς----τ- ---- 


1. * Abimélech, voi des Philistins, roi de Gérare (voir plus haut note sur Genèse, 
xx, 1), dans le pays qui appartint plus tard aux Philistins. 


4. Et seront bénies, etc. Compar. xxu, 18. 


1. Isaac et Rébecca descendaient l'un et l'autre de Tharé, aieul d'Isaac et bisaieul 


de Rébecca. Voyez pour le mot sœur, xit, 13. 


[cg. xxvi.] 
c'est ta sœur? Il répondit: J'ai eu 
peur de mourir à cause d'elle. 

10. Et Abimélech reprit : Pour- 
quoi nous en as-tu imposé ? quel- 
qu'un du peuple aurait pu abuser 
de tafemme, ettu aurais attiré sur 
nous un grand péché. Et il com- 
manda à tout le peuple, disant: 

11. Quiconque touchera la 
femme de 661 homme, mourra de 
mort. 

19. Et Isaac sema en ce pays, 
et il trouva dans l'année méme le 
centuple; car le Seigneur le bé- 
nit. 

13. Ainsi cet homme.s'enrichit, 
et il allait prospérant et s'accrois- 
sant, jusqu'à ce qu'il devint ex- 
trémement puissant. 

14. ll eut aussi des possessions 
de brebis et de gros troupeaux, 
et unenombreuse famille. A cause 
de cela, les Philistins jaloux de 
lui, 

15. Comblèrent en ce temps-là 
tous les puits qu'avaient creusés 
les serviteurs de son pere Abra- 
ham, les remplissant de terre; 

16. Tellement qu'Abimélech dit 
à Isaac : Eloigne-toi de nous, 
parce que tu es devenu beaucoup 
plus puissant que nous. 

11. Et lui descendant, vint au 
torrent de Gérara pour y habiter. 

18. ll creusa de nouveau les 
autres puits qu'avaient creusés 
les serviteurs de son père Abra- 
ham, et que, celui-ci mort, les 
Philistins avaient anciennement 
comblés; et il les appela des 


LA GENÈSE. 59 


mémes noms dont auparavant 
son pere les avait nommés. 

19. Ils creusèrent aussi dans le 
torrent, etils trouvèrent de l'eau 
vive. 

20. Mais là aussi les pasteurs de 
Gérara firent une querelle aux 
pasteurs d'Isaac, disant : L'eau est 
à nous; C'est pourquoi, il donna 
à ce puits, à cause de ce qui était 
arrivé, le nom de Calomnie. 

21. Or ils creuserent un autre 
puits : et pour celui-là aussi ils se 
querellèrent, et il l'appela Inimi- 
tiés. 

22. Parti de là, il creusa un 
autre puits, pour lequel ils ne se 
disputèrent point, et il l'appeladu 
nom d'Etendue, disant : Mainte- 
nant le Seigneur nous a donné 
de l'étendue et nous a fait croitre 
sur la terre, 

23. Puis il monta de ce lieu à 
Bersabée, 

24. Où lui apparut le Seigneur 
cette nuit-là méme, disant : Je 
suis le Dieu d'Abraham ton père; 
ne crains pas, parce que je suis 
avec toi : je te bénirai, et je mul- 
tiplierai ta postérité à cause de 
mon serviteur Abraham. 

25. C'est pourquoi il bâtit là un 
autel: puis, le nom du Seigneur 
invoqué, il dressa sa tente, et or- 
donna à ses serviteurs de creuser 
unpuits. 

20. Comme en ce lieu vinrent 
de Gérara, Abimélech, Ochozath 
son ami, et Phicol chef de ses sol- 
dats, 


20-23.* Calomnie, Inimitiés, Rehoboth. En hébreu, Sitnah, Esek et Rehoboth. ReAo- 
both est dans l'ouadi Ruheibéh. A gauche de l'ouadi Ruheibéh, il y a une petite vallée 
appelée Sutnet er Ruheibéh ou s'est conservé le nom de Sitnah. 


23. * Bersabée. Voir plus haut, xxr, 14. 


26. * Phicol, c'est le titre du ministre du roi. 


60 LA GENÉSE. 


27 Isaac leur demanda : Pour- 
quoi venez-vous vers moi, homme 
que vous haissez, et que vous 
avezchassé d'aupres de vous? 

28. Ils répondirent : Nous avons 
vu qu'avec toi était le Seigneur, 
et c'est pourquoi nous avons dit: 
Qu'il y ait serment entre nous, et 
faisons alliance, 

29. Afin que tu ne nous fasses 
aucun mal, comme nous-mémes, 
nous n'avons touché à rien de ce 
qui est à toi, etnous n'avons rien 
fait qui t'offensát; mais nous t'a- 
vons renvoyé en paix, comblé de 
la bénédiction du Seigneur. 

30. Isaac donc leur fit un festin: 
et apres qu'ils eurent mangé et 
bu, 

31. Se levantle matin, ils firent 
serment de part et d'autre; en- 
suite Isaac les envoya paisible- 
ment chez eux. 

32. Mais voilà que vinrent en 
ce jour-là méme les serviteurs 
d'Isaac, lui apportant des nou- 
velles du puits qu'ils avaient 
creusé, et disant : Nous avons 
trouvé de l'eau. 

33. D'où il l'appela Abondance : 
et à la ville on a imposé le nom 
de Bersabée jusqu'au présent 
jour. 

34. Quant à Esaü, quadragé- 
naire, il prit pour femmes Ju- 
dith, fille de Béeri l'Hétéen, et 
Basemath, fille d'Elon, du méme 
lieu ; 

35. Qui toutes deux avaient 
irrité l'esprit d'Isaac et de Ré- 
becca. 


35. Infra, xxvii, 46. 


[cu. xxvi.) 


CHAPITRE XXVII. 


Jacob surprend la bénédiction d'Esaü. 
Menace d'Esaü coutre Jacob, qui se re- 
tire en Mésopotamie. 


1. Or Isaac devint vieux et ses 
yeux s'obscurcirent, et il ne pou- 
vait plus voir : il appela Esaü, 
son fils aîné, et lui dit : Mon fils. 
Celui-ci répondit : Me voici. 

2. Et son pere : Tu vois, lui dit- 
il, que je suis devenu vieux et 
que j'ignore le jour de ma mort. 

3. Prends tes armes, ton car- 
quois et ton arc, et sors dehors ; 
et quand.à la chasse tu auras 
pris quelque chose, 

4. Fais-m'en un mets comme 
tu sais que je les veux, et ap- 
porte-le-moi, afin que jele mange, 
et que mon àme te bénisse avant 
que je meure. 

9. Lorsque Rébecca eut entendu 
cela, et qu'Esaü fut allé dans les 
champs pour remplir les ordres 
de son père, 

6. Elle dit à son fils Jacob : J'ai 
oui ton pere parlant à Esaü ton 
frere, et lui disant : 

7. Apporte-moi de ta chasse 
et fais un mets, afin que je 
mange, et que je te bénisse de- 
vant le Seigneur avant que je 
meure. 

8. Maintenant donc, mon fils, 
acquiesce à mon conseil, 

9. Et courant au troupeau, 
apporte-moi deux des meilleurs 
chevreaux, afin que j'en fasse à 
ton pere un de ces mets qu'il 
mange aveo plaisir; 


33. * Bersabée. Voir la note sur Genèse, xxi, 33. 
9. * Deux des meilleurs chevreaux. Voir la note sur I Rois, xvi, 20. 


xxvir.]‏ .אס] 

10. Et que, quand tu l'auras pré- 
senté, et qu'il en aura mangé, il 
te bénisse avant qu'il meure. 

11. Celui-ci lui répondit : Vous 
savez qu'Esaü mon frère est un 
homme velu, et moi, je ne le 
suis pas : 

12. Si mon père me touche et 
me reconnaît, je crains qu'il ne 
pense que jai voulu me jouer 
de lui, et que je n'altire sur moi 
une malédiction au lieu d'une bé- 
nédiction. 

13. Alors sa mère : Sur moi 
soit, lui dit-elle, cette malédic- 
lion, ὃ mon fils seulement 
écoute ma voix; va, et apporte ce 
que j'ai dit. 

14. Il alla, l'apporta et 6 
donna à sa mère. Celle-ci prépara 
un mets, comme elle savait que 
son père les voulait. 

15. Puis elle le revétit des 
plus précieux vêtements d'Esaü 
qu'elle avait auprès d'elle dans la 
maison ; 

16. Et elle lui mit la peau des 
chevreaux autour des mains, et 
lui en couvrit la partie nue du cou. 

17. Elle lui donna ensuite le 
mets, et /uz remit les pains qu'elle 
avait fait cuire. 

18. Les ayant apportés, il dit à 
Isaac : Mon père. Et celui-ci ré- 
pondit : J'entends. Qui es-tu, mon 
fils ? 

19. Et Jacob reprit: Je suis votre 
premier-né Esaü : j'ai fait comme 
vous m'avez commandé; levez- 
vous, asseyez-vous et mangez 
de ma chasse, afin que votre âme 
me bénisse. 


LA GENESE. 61 


20. Et de nouveau Isaac à son 
fils : Comment, dit-il, as-tu pu en 
trouver si tôt, mon fils? 11 répon- 
dit : La volonté de Dieu a été que 
ce que je cherchais, est venu sou- 
dain au-devant de moi. 

21. Isaac dit encore : Approche 
d'ici, que je te touche, mon fils, 
et que je reconnaisse si tu es mon 
fils Esaü, ou non. 

22. Celui-ci s'approcha de son 
père. Or, l'ayant touché, Isaac 
dit : La voix est certainement la 
voix de Jacob; mais les mains 
sont les mains d'Esaü. 

23. Et il ne le reconnut point, 
parce que ses mains velues re- 
produisaient celles de son ainé. 
C'est pourquoi, le bénissant, 

24. ΠῚ dit : Toi, tu es mon fils 
Esaü? ll répondit : Je le suis. 

25. Alors Isaac : Apporte-moi, 
dit-il, le mets de ta chasse, ὃ mon 
fils, afin que mon àme te bénisse. 
Lorsqu'il eut mangé le mets pré- 
senté, Jacob lui présenta aussi 
du vin; l'ayant bu, 

26. Il lui dit : Approche-toi de 
moi, et donne-moi un baiser, mon 
fils. 

Il s'approcha, et il le baisa.‏ .דפ 
Et dés qu'Isaac sentit la bonne‏ 
odeur de ses vétements, le bénis-‏ 
sant, il dit : Voici que l'odeur qui‏ 
s'exhale de mon fils est comme‏ 
l'odeur d'un champ plein qu'a‏ 
béni le Seigneur.‏ 

28. Que Dieu te donne, de la 
rosée du ciel et de la graisse de 
la terre, une abondance de blé et 
de vin. 

29. Et que les peuples te ser- 


21. * L'odeur d'un champ. Les plantes en Orient sont trés aromatiques et au prin- 
emps les champs de la Palestine sont complètement couverts de fleurs. 
29. Se proslernent devant; littér.: adorent. Voyez, xvii, 2 


62 LA GENESE. 


vent, et que les tribus se pros- 
ternent devant toi : sois le sei- 
gneur de tes frères, et que les 
fils de ta mère se courbent de- 
vant toi: que celui qui te mau- 
dira, soit lui-méme maudit; et 
que celui qui te bénira, soit rem- 
pli de bénédictions. 

30. A peine Isaac avait achevé 
ces mots, et à peine Jacob était 
sorti dehors, qu'Esaü arriva, 

31. Et présenta à son père le 
mels qu'il avait apprété de sa 
chasse, disant : Levez-vous, mon 
père, et mangez de la chasse de 
votre fils, afin que votre àme me 
bénisse. 

32. Et Isaac lui demanda : Qui 
es-tu donc? Il répondit : Je suis 
votre fils premier-né Esaü. 

33. Et Isaac fut frappé d'une 
grande stupeur; et surpris au 
delà de ce que l'on peut croire, 
il dit : Qui est done celui qui m'a 
déjà apporté ce qu'il avait pris à 
lachasse, et quej'ai mangé, avant 
que tu vinsses? Je l'ai béni, et il 
sera béni. 

34. Esaü, les paroles de son 
pere entendues, poussa un grand 
cri de fureur, et consterné, il 
dit : Bénissez-moi aussi, mon 
père. 

35. 1 répondit : Ton propre 
frere est venu frauduleusement, 
et il t'à enlevé ta bénédiction. 

36. Mais Esaü repartit : C'est 
justement qu'il a été appelé du 
nom de Jacob; ear il m'a sup- 
planté déjà une autre fois : il m'a 
enlevé auparavant mon droit 
d'ainesse, et maintenant il m'a 
surpris encore ma bénédiction. 
Et de nouveau : N'avez-vous pas, 


[cu. xxvir.] 
dit-il à son pére, réservé aussi 
pour moi une bénédiction? 

91. Isaac répondit : Je l'ai éta- 
bli ton seigneur, j'ai soumis tous 
ses frères à sa domination, et je 
l'ai enrichi de blé et de vin; mais 
pour toi, mon fils, apres cela, que 
puis-je faire? 

38. Alors Esaü : Est-ce, lui dit- 
il, une seule bénédiction que vous 
avez, mon pere? Je vous con- 
jure de me bénir aussi. Et comme 
il pleurait en jetant de grands 
eris, 

39. Isaac ému lui dit : C'est dans 
la graisse de la terre et dans la 
rosée du ciel d'en haut, 

40. Que sera ta bénédiction. Tu 
vivras sur ton glaive, mais tu 
serviras ton frere; et le temps 
viendras oü tu secoueras et dé- 
lieras son joug de ton cou. 

41. Esaü haissait donc toujours 
Jacob, pour la bénédiction dont 
l'avait béni son père; et il dit en 
son cœur : Viendront les jours 
du deuil de mon père, et je tuerai 
Jacob mon frere. 

42. Cela fut rapporté à Rébecca, 
qui envoyant et appelant Jacob 
son fils, lui dit : Voilà qu'Esaü ton 
frère menace de te tuer. 

48. Maintenant donc, mon fils, 
écoute ma voix, lève-toi et fuis 
chez Laban mon frere, à Haran : 

44. Tu demeureras avec lui 
quelques jours, jusqu'à ce que 
s'apaise la fureur de ton frere, 

45. Que cesse son indignation, 
et qu'il oublie ce que tu as fait 
contre lui; apres cela j'enverrai, 
et je te ramenerai de là ici : pour- 
quoi serais-je privée de mes deux 
fils en un seul jour? 


Cuar. XXVII. 36. Supra, xxv, 34. — 39. Hébr., xi, 20. — 41. Abd., 1U. 


(cn. xxvur.] 


46. Rébecca dit encore à Isaac : 
Je suis lasse de ma vie, à cause 
des filles de Heth : si Jacob prend 
une femme originaire de ce pays, 
je ne veux plus vivre. ' 


CHAPITRE XXVIII. 


Jacob quitte la maison de son pére pour 
se retirer en Mésopotamie. Esaü épouse 
Mahéleth, fille d'Ismaél. Vision de Ja- 
cob à Béthel. 


1. C'est pourquoi Isaac appela 
Jacob, le bénit et lui commanda, 
disant : Ne prends pas une femme 
de la race de Chanaan : 

2. Mais va, et pars pour la Mé- 
sopotamie de Syrie, dans la mai- 
son de Bathuel, pere de ta mère, 
et prends delà une femme d'entre 
les filles de Laban ton oncle; 

3. Et que le Dieu tout-puissant 
te bénisse, qu'il te fasse croitre 
et qu'il te multiplie, afin que tu 
sois le père d'un grand nombre 
de peuples; 

4. Et qu'il te donne les béné- 
dictions d'Abraham, à toi et à ta 
postérité aprés toi, afin que tu 
possèdes la terre de ton pèleri- 
nage quil a promise à ton aieul. 

ὃ. Lorsqu'Isaac eut renvoyé Ja- 
cob, celui-ci étant parti, vint en 
Mésopotamie de Syrie, chez La- 
ban, fils de Bathuel, Syrien, frere 
de Rébecca sa mère. 

6. Mais Esaü, voyant que son 
pere avait béni Jacob, et qu'il 


46. Supra, xxvi, 39. — CHar. XXVIII 


XLVIII, 3. 


LA GENÉSE. 63 


lavait envoyé en Mésopotamie 
de Syrie, pour en prendre une 
femme; et qu'apres la bénédic- 
tion, il lui avait commandé, di- 
sant : Tu ne prendras point de 
femme d'entre les filles de Cha- 
naan; 

7. Et que Jacob, obéissant à 
ses parents, était allé en Syrie; 

8. Sachant aussi par expérience 
que son pere ne voyait pas avec 
plaisir les filles de Chanaan, 

9. Il alla vers Ismaél, et prit 
pour femme, outre celles quil 
avait déjà, Mahéleth, fille d'Is- 
maël fils d'Abraham, sœur de Na- 
baioth. 

10. Jacob donc, sorti de Bersa- 
bée, poursuivait son chemin vers 
Haran. 

11. Or, lorsqu'il fut venu en un 
certain lieu, et qu'il voulait s'y 
reposer, après le coucher du so- 
leil, il prit une des pierres qui 
étaient là, etla mettant sous sa 
tête, il dormit en ce méme lieu. 

12. Alors il vit en songe une 
échelle posée sur la terre, et dont 
le sommet touchait au ciel, les 
anges de Dieu aussi qui la mon- 
taient et la descendaient. 

13. Et le Seigneur appuyé sur 
l'échelle, lui disant : Je suis le 
Seigneur, le Dieu d'Abraham ton 
pere et le Dieu d'Isaac; la terre 
sur laquelle tu dors, je te la don- 
nerai, à toi et à ta postérité. 


. 9. Osée, xu, 12. — 13. Infra, xxxv, 1; 


46. * Jacob va en Mésopotamie pour une double cause: d'abord pour fuir la colère 
de son frère Esaü, et ensuite pour y épouser une femme de sa race. Rébecca n'al- 
légue naturellement à Isaac que cette sconde cause, en passant sous silence la pre- 


mière. 


10. * Bersabée. Voir la uote sur Genèse, xxi, 14. — Vers Harun. Voir la note sur 


Genèse, xi, 31-32. 


64 LA GENESE. 


14. Et elle sera, ta postérité, 
comme la poussiere de la terre, et 
tu t'étendras à l'occident et à l'o- 
rient, au septentrion et au midi; 
et SERONT BÉNIES EN TOI et en ta pos- 
térité toutes les tribus dela terre. 

15. Et je serai ton gardien par- 
tout où tuiras, et je te ramènerai 
dans ce pays, et je ne te quitterai 
point, que je n'aie accompli tout 
ce que j'ai dit. 

16. Quand Jacob fut éveillé de 
son sommeil, il dit : Vraiment le 
Seigneur est en ce lieu, et moi je 
ne le savais pas. 

17. Et, saisi d'effroi : Qu'il est 
terrible, dit-il, ce lieu-ci! Ce n'est 
autre chose que la maison de 
Dieu et la porte du ciel. 

18. Se levant donc le matin, 
Jacob prit la pierre qu'il avait 
mise sous sa téte, et l'érigea en 
monument, répandant de l'huile 
dessus, 

19. Et il appela du nom de Bé- 
thel la ville qui auparavant s'ap- 
pelait Luza. 

20. Il voua aussi un vœu, di- 
sant : Si le Seigneur Dieu est 
avec moi, s'il me garde dans le 
chemin par lequel je marche, et 
me donne du pain pour me nour- 
rir et des vétements pour me 
couvrir, 

21. Et que je retourne heu- 
reusement à la maison de mon 


(cu. xxix.] 
pere, le Seigneur sera mon Dieu; 
22. Et cette pierre, que j'ai éri- 
gée en monument, sera appelée 
Maison de Dieu; et de tout ce 
que vous m'aurez donné, Sei- 
gneur, je vous offrirai la dime. 


CHAPITRE XXIX. 


Jacob sert Laban pendant sept ans pour 
épouser Rachel; mais Laban lui donne 
Lia. Il sert encore sept ans pour avoir 
Rachel. Naissance de Ruben. 


1. Etant done parti, Jacob vint 
dans la terre d'orient. 

2. Il vit un puits dans un 
champ, et aussi trois troupeaux 
de brebis couchées aupres : car 
c'est à ce puits que s'abreuvaient 
les troupeaux; et l'entrée en était 
fermée par une grosse pierre. 

3. Or, c'était la coutume, toutes 
les brebis rassemblées, de rouler 
la pierre; et, les troupeaux abreu- 
vés, de la replacer sur l'ouverture 
du puits. 

4. Jacob demanda aux pas- 
teurs : Mes frères, d’où êtes-vous? 
Ils répondirent : De Haran. 

ὃ. Les interrogeant encore : Ne 
connaissez vous point, dit-il, La- 
ban, fils de Nachor? Ils dirent : 
Nous le connaissons. 

6. Est-il en bonne santé? 
ajouta-t-il. Π 56 porte bien, dirent- 
ils : et voici Rachel sa fille qui 
vient avec son troupeau. 


14. Deut., xii, 20; xix, 8; Supra, xxvi, 4. — 18. Infra, xxxi, 13. 


14. En toi et en ta postérité. La particule ef est ici purement explicative; le sens 
est donc: En toi, c'est-à-dire en ta postérité. Ce genre d'hébraisme, outre qu'il n'est 
pas rare dans l'Ecriture, se trouve confirmé par deux passages (xxur, 18; xxvi, 4) qui 
contiennent la même prophétie, et dans lesquels l'expression en (oi n'est pas ex- 
primée. Quant au sens de cette prédiction divine, compar. xxir, 18. 

19. * Béthel. Voir la note sur Genése, xu, 8. 


1.* Dans la terre d'Orient, des fils de l'Orient, porte le texte original, ce qui dé- 
signe la terre habitée par des nomades et ici spécialemeut la Mésopotamie. ll y a 
des Arabes nomades dans les alentours de Haran. 


|68. xxix.! 


7. Jacob reprit : Il reste encore 
beaucoup de jour, et il n'est pas 
temps de ramener les troupeaux 
aux étables; donnez auparavant. 
à boire aux brebis, et les ramenez 
ainsi aux páturages. 

8. Ils répondirent : Nous ne le 
pouvons pas. jusqu'à ce que tous 
les troupeaux soient rassemblés, 
et que nous ótions la pierre de 
louverture du puits, pour abreu- 
ver les troupeaux. 

9. Ils parlaient encore, et voilà 
que Rachel venait avec les brebis 
de son pere; car elle paissait elle- 
méme le troupeau. 

10. Quand Jacob leut vue, et 
qu'il sut qu'elle était sa cousine 
germaine, et que les brebis 
étaient de Laban son oncle ma- 
ternel, il óta la pierre qui fermait 
le puits. | 

11. Et, le troupeau abreuvé, il 
embrassa Rachel; et, la voix éle- 
vée, il pleura. 

12. Puis il lui fit connaitre qu'il 
était frère de son père et fils de 
Rébecca : or, elle se hátant, l'an- 
nonca à son père, 

13. Qui, lorsqu'il eut entendu 
que Jacob, fils de sa sœur, était 
venu, courut au-devant de lui, et 
lembrassa; et, le couvrant de 
baisers, il le conduisit dans sa 
maison. Mais les motifs de son 
voyage entendus, 

14. Il répondit : Tu es de mes 
os et de ma chair. Et apres que 
furent accomplis les jours d'un 
mois, 


LA GENÈSE. 65 


15. Il lui dit : Est-ce donc 
parce que tu es mon frere, que tu 
me serviras gratuitement? Dis 
quelle récompense tu accepte- 
ras? 

16. Or il avait deux filles; le 
nom de l'ainée était Lia, et la plus 
jeune s'appelait Rachel. 

17. Mais Lia avait les yeux 
chassieux, Rachel, un beau visage 
et un aspect gracieux. 

18. Jacob, qui aimait celle-ci, 
dit : Je te servirai pour Rachel, ta 
plus jeune fille, durant sept 
ans. 

19. Laban répondit : Il vaut 
mieux que je te la donne qu'à 
un autre homme : demeure avec 
moi. 

20. Jacob donc servit pour Ra- 
chel durant sept ans; mais ils lui 
paraissaient peu de jours, à cause 
de son grand amour. 

21. Et il dit à Laban : Donne- 
moi ma femme, puisque déjà est 
accompli le temps auquel je dois 
m approcher d'elle. 

22. Alors Laban, un grand 
nombre d'amis invités à un fes- 
tin, fit les noces. 

23. Et le soir, il conduisit Lia sa 
sa fille, aupres de Jacob, 

24. Donnant à sa fille une ser 
vante du nom de Zelpha. Lorsque, 
selon la coutume, Jacob se fut ap- 
proché d'elle, le matin venu, il re- 
connut Lia. 

25. Et il dit à son beau-pere: 
Qu'est-ce que tu as voulu faire? 
N'est-ce pas pour Rachel que je 


8. * La pierre de louverture du puits. L'orifice du puits est souvent à fleur de terre 
en Orient et on le bouche avec une pierre qu'il faut enlever pour puiser de l'eau. 

23, 24, Selon l'antique usage, le nouveau mari était couché dans une chambre, on 
lui amenait sa femme couverte d'un voile. Ainsi il fut très facile à Labau de tromper 


Jacob, en substituant Lia à Rachel. 


A. 6 


5 


66 LA GENÉSE. 


l'ai servi, m'as - tu 
trompé? 

26. Laban répondit : Ce n'est 
pas la coutume dans notre pays, 
de donner d'abord les plus jeunes 
en mariage. 

27. Acheve 18 semaine des jours 
de ce mariage, et je te donnerai 
aussi Rachel pourle travail que tu 
devras faire à mon service, pen- 
dant sept autres années. 

28. Jacob consentit à la proposi- 
tion; etla semaine s'étant passée, 
il prit pour femme Rachel, 

29. A laquelle son père avait 
donné pour servante Bala. 

30. Ayaut enfin obtenu le ma- 
riage qu'il désirait, il préféra l'a- 
mour de la seconde à la première, 
servant chez Laban pendant sept 
autres années. 

31. Mais le Seigneur, voyant 
qu'il dédaignait Lia, la rendit fé- 
conde, sa sœur demeurant sté- 
rile. 

32. Lia ayant concu, enfanta un 
fils, et elle l'appela du nom de 
Ruben, disant : Le Seigneur a vu 
mon humiliation; c'est mainte- 
nant que mon mari m'aimera. 

33. Et elle concut de nouveau, 
et enfanta un fils, et elle dit : 
Parce que le Seigneur a entendu 
que j'étais méprisée, il m'a donné 
encore celui-ci. Et elle l'appela 
du nom de Siméon. 

34. Elle conçut pourla troisième 
fois, et enfanta un autre. fils, et 
elle dit : Maintenant aussi mon 


x 


mari s'attachera à moi, puisque 
90. Μαίι., 1, 2. 


pourquoi 


[cH. xxx.] 
je lui ai enfanté trois fils; et c'est 
pourquoi elle l'appela du nom de 
Lévi. 

35. Elle concut pour la qua- 
trième fois, et enfanta un fils, et 
elle dit : A présent je célébrerai 
le Seigneur; et à cause de cela 
elle l'appela Juda : alors elle cessa 
d'enfanter. 


CHAPITRE XXX. 


Naissance de Dan, de Nephtali, de Gad, 
d'Aser, d'Issachar, de Dina et de Jo- 
seph. Aecord de Jacob et de Laban. 


1. OrRachelvoyant qu'elle était 
stérile, concut de la jalousie pour 
sa sœur, et dit à son mari : Donne- 
moi des enfants, autrement je - 
mourrai. 

2. Jacob irrité lui répondit : 
Est-ce que moi je suis comme 
Dieu, qui t'a privée du fruit de 
ton sein? 

3. Mais Rachel : J'ai, reprit-elle, 
ma servante Bala : prends-la, afin 
qu'elle enfante sur mes genoux, 
et que j'aie par elle des enfants. 

4. Elle lui donna donc en ma- 
riage Bala, qui, 

9. Son mari l'ayant prise, con- 
cut et enfanta un fils. 

6. Alors Rachel dit : Dieu a ju- 
gé en ma faveur, et a exaucé ma 
voix, me donnant un fils : et c'est 
pourquoi elle l'appela du nom de 
Dan. 

7. Et 0818, concevant de nou- 
veau, enfanta un autre fils, 

8. Au sujet duquel Rachel dit : 
Le Seigneur m'a mise aux prises 


30. L'amour de la seconde à la première, est mis d'une manière elliptique pour: 
L'amour de la seconde à l'amour de la première. 


3. L'usage de ces premiers temps était de recevoir les enfants naissante sur les 
genoux et non sur les bras. Compar. Job, ri, 12. 


.CHe xxx.] 
avec ma sœur, et Je l'ai emporté : 
et elle le nomma Nephtali. 

9. Lia, voyant qu'elle avait cessé 
d'enfanter, donna à son mari 
Zelpha sa servante, 

10. Qui, ayant mis au monde un 
fils qu'elle avait concu, 

11. Dit : Heureuse fortune! et 
cest pourquoi elle l’appela du 
nom de Gad. 

19. Zelpha aussi enfanta un 
autre fils, 

13. Et Lia dit : C'est pour mon 
bonheur; carles femmes me di- 
ront bienheureuse : à cause de 
cela elle l'appela Aser. 

14. Or Ruben étant sorti dans 
la campagne au temps dela mois- 
son des blés, trouva des mandra- 
gores qu'il porta à sa mère Lia. 
Et Rachel dit: Fais-moi part des 
mandragores de ton fils. 

15. Elle répondit : Crois-tu que 
c'est peu de m'avoir enlevé mon 
mari, si tu ne prends pas encore 
les mandragores de mon fils? Ra- 
chel reprit : Qu'il dorme avec toi 
celte nuit pour les mandragores 
de ton fils. 

16. Ainsi Jacob revenant le soir 
de la campagne, Lia sortit à sa 
rencontre, et : C'est avec moi, 
dit-elle, que tu viendras, parce 
que je 681 obtenu au prix des 
mandragores de mon fils. Et il 
dormit avec elle cette nuit-là. 

17. Or Dieu exauca ses prières ; 
car elle concut et enfanta un cin- 
quieme fils, 

18. Et elle dit : Dieu m'a donné 
une récompense, parce que j'ai 
donné ma servante à mon mari : 


LA GENÉSE. 67 


et ellel'appela du nom d'Issachar. 

19. Lia concevant de nouveau, 
enfanta un sixième fils: 

20. Alors elle dit : Dieu m'a 
douée d’un don excellent; encore 
cette fois mon mari seraavec moi, 
parce que je lui ai donné six fils; 
et c'est pourquoi elle l'appela du 
nom de Zabulon. 

21. Après Zabulon elle enfanta 
une fille du nom de Dina, 

22. Le Seigneur se souvintaussi 
de Rachel; 11 l'exauca et la rendit 
féconde. 

23. Elle conçut et enfanta un 
fils, disant : Dieu m'a retiré mon 
opprobre. 

24. Et elle l'appela du nom de 
Joseph, disant: Que le Seigneur 
me donne encore un autre fils. 

25. Or Joseph né, Jacob dit à 
son beau-père : Laisse-moi re- 
tourner dans ma patrie, et dans 
mon pays. 

26. Donne-moi mes femmes et 
mes enfants, pour lesquels je t'ai 
servi, afin que je m'en aille; tu 
sais quel a été mon service pres 
de toi. 

27. Laban lui dit : Que je trouve 
grâce devant toi; jai connu par 
mon expérience que le Seigneur 
m'a béni à cause de toi; 

28. Fixe la récompense que je 
dois te donner. 

29. Mais Jacob répondit : Tu 
sais comment je t'ai servi, et com- 
ment entre mes mains se sont 
accrues tes possessions. 

30. Tu avais peu avant que je 
vinsse chez toi, et maintenant tu 
es devenu riche; car le Seigneur 


14.* Mandragores, plante de la famille des solanées qui touche de prés à la bella- 
done. Elle a une longue racine fusiforme, épaisse, quelquefois divisée en deux 
poiutes fourchues, ce qui l'a fait comparer tantótà un homme, tantót à une femme. 


68 LA GENÈSE. 


l'a béni à mon arrivée. Il est donc 
juste qu'enfin je songe aussi à 
ma propre maison. 

31. Alors Laban lui demanda : 
Que te donnerai-je? Etlui répon- 
dit : Je ne veux rien ; mais si tu 
fais ce que je demande, je paitrai 
de nouveau et je garderai tes 
troupeaux. 

32. Parcours tous tes bestiaux, 
et sépare toutes les brebis mou- 
chetées et à toison 18010160 ; et 
tout ce qui sera noirátre, ou ta- 
cheté ou moucheté, tant parmi 
les brebis que parmi les chèvres, 
sera mà récompense. 

33. Et ma justice répondra de- 
main pour moi, quand le temps 
de l’accordsera arrivé, devant toi: 
et ce qui ne sera pas moucheté, 
ou tacheté ou noirâtre, tant parmi 
les brebis que parmi les chèvres, 
me convaincra de larcin. 

34. Laban dit : J'agrée ce que 
tu demandes. 

35. Et il sépara ce jour-là même 
les chèvres, les brebis, les boucs 
et les béliers mouchetés ou tache- 
168 ; mais tout le bétail qui était 
d'une seule couleur, à la toison 
blanche ou noire, il le remit aux 
mains de ses fils. 

36. Et il mit l'espace de trois 
journées de chemin entre lui et 
son gendre qui paissait le reste 
de ses troupeaux. 

37. Jacob donc prenant des 


[cu. xxx.] 


branches vertes de peuplier, d'a- 
mandier et de platane, les écorça 
en partie : or les écorces enle- 
vées, il parut une blancheur dans 
les endroits qui en avaient été 
dépouillés; mais les autres en- 
droits qui étaient entiers, res- 
tèrent verts; de cette maniere la 
couleur devint variée. 

38. Et il les placa dans les ca- 
naux oü on versait l'eau, afin que, 
lorsque les troupeaux viendraient 
boire, ils eussent les branches 
devant les yeux et qu'à leur as- 
pect ils conçussent. 

39. Il arriva, en effet, que dans 
la chaleur méme du coit les bre- 
bis regardaient les branches et 
faisaient des petits tachetés, mou- 
chetés et parsemés de marques 
de diverses couleurs. 

40. Jacob divisa le troupeau et 
placales branches dans les canaux 
devantles yeux desbéliers:ortous 
lesanimaux blanes ettousles noirs 
étaient pour Laban,et tous les 
autres pour Jacob, leurs trou- 
peaux étant séparés entre eux. 

41. Lors donc qu'à la premiere 
saison les brebis étaient saillies, 
Jacob plaçait les branches dans 
les canaux devant les yeux des 
béliers et des brebis, pour qu'en 
les regardant elles conçussent. 

49. Mais quand c'était l'accou- 
plement d'arriere-saison, et la 
derniere conception, il ne les y 


33. Demain; hébraisme, pour un jour, dans lavenir. — Quand le lemps, etc. Au- 
trement : Et ma justice répondra pour moi devant toi. Ce genre d'inversion était 
fréquent chez les Hébreux. — Quand le temps de l'accord; c'est-à-dire quand arrivera 
le moment d'exécuter la convention que nous avons faite. 

31, etc. La multiplication prodigieuse des troupeaux tachetés de Jacob ne s'est pas 
faite sans le concours d'un miracle; Jacob lui-méme l'a reconnu. Voyez xxxi, 9, 10, 
14, 16. Quant 8 l'artifice du patriarche, on ne saurait le trouver condamnable lorsque 
סי‎ considère l'injustice de Laban à son égard. 11 n'est donc pas étonnant que Dieu 
ui- méme le lui ait fait connaitre (xxxi, 10-13). 


[cH. xxx1.] 
plaçait pas. Aïnsi, ce qui était de 
Varrière-saison appartint à La- 
tan, et ce qui était de la premiere 
à Jacob. 

43. Celui-ci donc devint riche 
outre mesure, et ileut beaucoup 
de troupeaux, de servantes et 
de serviteurs, de chameaux et 
d'ànes. 

CHAPITRE XXXI. 


Fuite de Jacob. Laban le poursuit. 
Aliiance entre eux. 


1. Or après que Jacob eut en- 
tendu les paroles des fils de La- 
ban, qui disaient : Jacob a en- 
levé tout ce qui était à notre 
pere, et enrichi de son bien, il est 
devenu un grand personnage, 

2. Et quil eut aussi remarqué 
que le visage de Laban n était pas 
pour lui comme hier et avant- 
hier, 

3. Surtout le Seigneur lui ayant 
dit : Retourne au pays de tes 
peres et vers ta famille, et je se- 
rai avec toi, 

4. ll envoya et appela Rachel et 
Lia dans le champ où il paissait 
les troupeaux, 

5. Et illeur dit : Je vois que le 
visage de votre père n'est pas 
pour moi comme hier et avant- 
hier; mais le Dieu de mon père ἃ 
été avec moi ; 

6. Et vous-mémes vous savez 
que c'est de toutes mes forces 
que j'ai servi votre pere. 

(βαρ. XXXI. 13. Supra, xxvi, 18. 


LA GENÈSE, 69 


7. Mais votre père m'a trompé, 
et il a changé dix fois ma récom- 
pense; et cependant Dieu ne l'a 
pas laissé me nuire. 

8. Quand il a dit: Les petits 
mouchetés seront ta récompense; 
toutes les brebis avaient des pe- 
tits mouchetés; quand au con- 
traire il a dit : Tu recevras tous 
les blancs pour récompense, tous 
les troupeaux ont fait des petits 
blancs. 

9. C'est ainsi que Dieu ἃ pris 
le bien de votre pere, et me l'a 
donné. 

10. Car lorsque le temps de la 
conception des brebis fut venu, 
je levai mes yeux, et je vis en 
songe les máles couvrant les fe- 
melles, mouchetés, tachetés, et 
de diverses couleurs. 

41. Et l'ange de Dieu me dit en 
songe : Jacob. Et moi je répon- 
dis : Me voici. 

12. Il ajouta : Leve les yeux et 
vois : tous 168 mâles couvrant les 
femelles sont mouchetés, tache- 
tés et parsemés de marques de 
diverses couleurs; car j'ai vu 
tout ce que t'a fait Laban. 

13. Je suisle Dieu de Béthel, 
où tu as oint une pierre, et où 
tu m'as voué un vœu. Mainte- 
nant donc lève-toi, sors de cette 
terre, retournant dans le pays de 
ta naissance. 

14. Rachel et Lia répondirent : 
Nous reste-t-il quelque chose des 


2, 5. Comme hier et avant-hier; hébraisme, pour comme auparavant. 

9.* Dieu a pris le bien de votre père et me l'a donné. La méme chose est répétée 
au y. 16. Dans le chapitre précédent, l'acquisition des richesses de Jacob est attribuée 
à son savoir-faire et à son travail. Le y. 42 du présent chapitre nous montre com- 


ment tout se concilie: Si Dieu... 


ne m'avait protégé, peut-étre m'aurais-tu renvoyé nu, 


mais Dieu a regardé, c'est-à-dire béni mon travail. 


13. * Béthel. Voir plus haut, xm, 8 


70 LA GENÈSE. 


biens et de l'héritage de la mai- 
son de notre père? 

45. N'est-ce pas comme des 
étrangères qu'il nous a considé- 
rées et vendues; et n'a-til pas 
mangé le prix de notre vente? 

16. Mais Dieu a pris les riches- 
ses de notre pere, et nous les 
a données, à nous et à nos fils : 
ainsi, tout ce que Dieu t'a com- 
mandé, fais-le. 

11. C'est pourquoi Jacob se 
leva, et ses enfants et ses femmes 
placés sur des chameaux, il s'en 
alla, 

18. Et emporta toutes ses ri- 
chesses, tous ses troupeaux et 
tout ce qu'il avait acquis en Mé- 
sopotamie, se dirigeant vers 
15880 son père dans la terre de 
Chanaan . 

19. En ce temps-là Laban était 
allé tondre ses brebis, et Rachel 
déroba les idoles de son père. 

20. Jacob ne voulut pas avouer 
à son beau-père qu'il fuyait. 

21. Lors donc qu'il fut parti, et 
lui et tout ce qui était à lui de 
plein droit, et que. le fleuve tra- 
versé, il s'avancait vers la mon- 
tagne de Galaad, 

99. On annonça à Laban, le 
lroisième jour, que Jacob fuyait. 

93. Laban ayant pris ses frères 
avec lui, le poursuivit durant 
sept jours, et l'atteignit à la mon- 
tagne de Galaad. 

24. Et il vit en songe Dieu qui 
lui dit: Garde-toi de rien dire à 
Jacob avec dureté. 

95. Or Jacob avait déjà tendu 
sa tente sur la montagne; et 


29. Infra, xzvur, 16. 


[cH. XxxI.] 


quand Laban leut atteint avec 
ses frères, c'est sur la méme 
montagne de Galaad qu'il planta 
sa tente, 

26. Et il dit à Jacob : Pourquoi 
as-tu agi ainsi, que d'emmener 
mes filles à mon insu, comme des 
captives du glaive ? 

27. Pourquoi, moi l'ignorant, 
as-tu voulu fuir, et ne pas m'a- 
vertir, pour que je t'accompa- 
gnasse avec joie, avec des chants, 
des tambours et des harpes? 

28. Tu ne m'as laissé embrasser 
ni mes fils ni mes filles; tu as agi 
en insensé : et maintenant certes, 

29. Ma main peut te rendre le 
mal; mais le Dieu de ton pere 
m'a dit hier : Garde-toi de dire à 
Jacob rien de trop dur. 

30. Eh bien, soit, tu désirais al- 
ler vers les tiens; et la maison de 
ton pere était pour toi un objet 
de regret; pourquoi m'as-tu dé- 
robé mes dieux? 

31. Jacob répondit : Si je suis 
parti à ton insu, c'est que j'ai 
craint que tu ne m'enlevasses 
violemment tes filles. 

32. Mais quant au larein que tu 
me reproches, que celui chez qui 
tu trouveras tes dieux soit mis à 
mort devant nos freres : fouille; 
tout ce que tu trouveras à toi chez 
moi, emporte-le. Disant cela, il 
ignorait que Rachel avait enlevé 
les idoles. 

33. Laban étant donc entré dans 
la tente de Jacob, de Lia et des 
deux servantes, ne trouva rien. 
Mais quand il entra dans la tente 
de Rachel, 


931. * Vers la montagne de Galaad, située à l'est du Jourdain, au nord du Jaboc. 


Voir l'Introduction au livre de Josue. 


xxxi.]‏ .אס] 


34. Celle-ci se hátant, cacha les 
idoles sous le bát de son cha- 
meau, et elle s'assit dessus; et 
comme il fouillait toute la tente, 
et qu'il ne trouvait rien, 

35. Elle lui dit: Que mon sei- 
gneur ne se fáche point de ce que 
je ne puis meleverensaprésence; 
car ce qui est ordinaire aux 
femmes, m'arrive en ce moment. 
Ainsi elle dépista ces minutieuses 
perquisitions. 

36. Alors s'emportant, Jacob lui 
dit avec reproche : Pour quelle 
faute, et pour quel péché t'es-tu 
ainsi enflammé après moi, 

31. Et as-tu fouillé tous mes 
objets? Qu'as-tu trouvé de tout ce 
qui appartient à ta maison? Mets- 
le ici devant mes frères et tes 
freres, et qu'ils jugent entre moi 
et toi. 

38. Est-ce pour cela que j'ai été 
vingt ans avec toi? tes brebis et 
tes chèvres n'ont pas été stériles; 
je nai pas mangé les béliers de 
ton troupeau: 

39. Et pour ce qui avait été pris 
par les bétes sauvages, je ne t'en 
ai pas averti; c'est moi qui en ré- 
parais tout le dommage : tout ce 
qui avait été dérobé, c'est de moi 
que tu l'exigeais. 

40. Le jour et la nuit j'étais 
brülé par la chaleur et glacé par 
le froid; et le sommeil fuyait de 
mes yeux. 

41. C'est ainsi que pendant 
vingt ans je t'ai servi dans ta 
maison, quatorze pour tes filles, 


LA GENÉSE. 


"A 


et six pour tes troupeaux : et tu 
as changé ma récompense dix 
fois. 

42. Si le Dieu de mon père 
Abraham et la crainte d'Isaac ne 
m'avaient protégé,  peut-étre 
m'aurais-tu maintenant renvoyé 
nu; mais Dieu a regardé mon af- 
fliction et le travail de mes 
mains,et il t'a fait hier des re- 
proches. 

49. Laban lui répondit : Mes 
filles et mes fils, tes troupeaux, 
et tout ce que tu vois, sont à moi, 
que puis-je faire à mes filles et à 
mes petits-fils ? 

44. Viens donc et faisons une 
alliance, pour qu'elle soit en té- 
moignage entre moi et toi. 

49. C'est pourquoi Jacob mit 
une pierre, et l'érigea en monu- 
ment. 

46. Et il dit à ses frères : Ap- 
portez des pierres. Ceux-ci en 
ayant rassemblé firent un grand 
tas. et mangerent dessus ; 

41. Laban l'appela Monceau du 
témoin, et Jacob, Monceau du té- 
moignage, chacun selon la pro- 
priété de sa langue. 

48. Et Laban dit : Ce monceau 
sera témoin entre moi et toi au- 
jourd'hui; et c'est pourquoi onl'a 
appelé du nom de Galaad, c'est-à- 
dire, Monceau du témoin. 

49. Que le Seigneur considere 
et juge entre nous, quand nous 
serons éloignés l'un de l'autre. 

90. Si tu affliges mes filles, et si 
tu prends d'autres femmes avec 


36. T'es-tu ainsi enflammé après moi; expression elliptique dont le sens est: Pour- 
quoi Ües-tu ainsi enflammé en courant aprés moi? 


46. Par l'expression ses fréres, il faut probablement entendre les personnes de sa 
suite, et celles qui avaient accompagné Laban. 


41. * Laban parle syriaque ou araméen; Jacob parle hébreu. 


72 LA GENÈSE. 


elles, nul n’est témoin de nos pa- 
roles, excepté Dieu, qui présent, 
nous regarde. 

51. Il dit de nouveau à Jacob : 
Voilà que ce monceau et la pierre 
que j'ai dressée entre moi et toi 

52. Sera témoin: que ce mon- 
ceau, dis-je, et cette pierre soient 
en témoignage, si moi je les fran- 
chis, venant vers toi, ou si toi tu 
les dépasses, méditant le mal 
contre moi. 

53. Que le Dieu d'Abraham, le 
Dieu de Nachor, le Dieu de leur 
pere juge entre nous. Jacob donc 
jura par la crainte de son père 
Isaac ; 

54. Puis, des victimes immo- 
lées sur la montagne, il invita ses 
frères à manger du pain. Lors- 
qu'ils eurent mangé, ils demeu- 
rerent là. 

55. Mais Laban, se levant de 
nuit, embrassa ses fils et ses 
filles, el les bénit, et il s'en re- 
tourna dans sa demeure. 


CHAPITRE XXXII. 


Jacob fait annoncer son retour à Esaü; 
celui-ci vient au-devant de lui. Lutte 
de Jacob avec un ange. 


1.Jacob aussi s'en alla par le 
chemin qu'il avait pris : et les 
anges du Seigneur furent à sa 
rencontre. 

9. Quand il les eut vus, il dit : 
C'est 16 camp de Dieu ; et il appela 


Cap. XXXII. 1. Infra, xzvin, 16. 


[cH. [.זזאאא‎ 


ce lieu du nom de Mahanaim, 
c'est-à-dire camp. 

3. Mais il envoya aussi des mes- 
sagers devant lui à Esaü son frere 
dans la terre de Séir, dans la 
contrée d'Edom, 

4. Et leur commanda, disant : 
Parlez ainsi à mon seigneur 
Esaü : Voici ce que dit votre 
frère Jacob: J'ai demeuré comme 
étranger chez Laban, et j'y ai été 
jusqu'au présent jour. 

ὃ. J'ai des bœufs, des ânes, des 
brebis, des serviteurs et des ser- 
vantes; et j'envoie maintenant 
un message à mon seigneur, afin 
de trouver grâce en votre pré- 
sence. 

6. Et les messagers retour- 
nerent vers Jacob, disant : Nous 
sommes venus aupres d'Esaü, 
votre frère, et voici qu'il vient en 
grande háte au-devant de vous 
avec quatre cents hommes. 

1.Jacobeut une grande frayeur, 
et tout épouvanté, il divisa les 
gens qui étaient avec lui, de 
méme que les troupeaux, les 
brebis, les bœufs et les cha- 
meaux, en deux troupes, 

8. Disant : Si Esaü vient à une 
troupe et qu'il la batte, l'autre 
qui restera, sera sauvée. 

9. Jacob dit ensuite : Dieu de 
mon père Abraham, Dieu de mon 
pere Isaae, Seigneur qui m'avez 
dit : Retourne en ton pays et 


53. Par la crainte; c'est-à-dire par le Dieu, objet de la crainte. 
54. Manger du pain, dans la langue des Hébreux, signifie simplement prendre de la 


nourriture, faire un repas. Compar. in, 19. 


9. * Mahanaïm, à l'est du Jourdain, au nord du Jaboc. 

3. * Séir, Edom, l'Idumée. Voir la note sur Marc, ur 8. — Esaü ne s'était pas 
encore établi définitivement en Idumée, voir plus loin, xxxvr, 6, mais il y vivait alors 
en nomade, pour y faire paître ses troupeaux, et il fit plus tard la conquête du pays. 


]68. xxx.) 
au lieu de ta naissance et je te 
ferai du bien, 

10. Je suis au-dessous de vos 
miséricordes et de la fidélité que 
vous avez gardée envers votre 
serviteur. J'ai passé ce Jourdain 
n'ayant qu'un báton; et mainte- 
nant je reviens avec deux trou- 
pes. 

11. Délivrez-moi de la main de 
mon frere Esaü, car je le crains 
extrémement; de peur que, ve- 
nant, 11 ne frappe la mère avec 
les enfants. 

19. Vous avez dit que vous me 
feriez du bien, et que vous éten- 
driez ma postérité comme le sable 
de la mer, lequel par sa multi- 
tude ne peut se compter. 

13. Et, quand il eut dormi là 
cette nuit, il sépara de ce qu'il 
avait, des présents pour Esaü son 
frere : 

14. Deux cents chèvres, vingt 
boues, deux cents brebis et vingt 
béliers, 

45. Trente femelles de cha- 
meaux pleines avec leurs petits, 
quarante vaches, vingt taureaux, 
vingt ânesses et dix de leurs pe- 
tits. 

16. Et il envoya par ses servi- 
teurs chaeun des troupeaux sépa- 
rément, etil dit à ses serviteurs : 
Précédez-moi, et qu'il y ait un in- 
tervalle entre un troupeau et un 
troupeau. 

47. Etil commanda au premier, 
disant : Si tu rencontres mon 
frere Esaü, et qu'il te demande : 


LA GENÉSE. 13 


A qui es-tu? ou bien : Où vas-tu? 
ou : À qui sont ces bétes que tu 
suis? 

18. Tu répondras : A votre ser- 
viteur Jacob, qui les envoie en 
présent à mon seigneur Esaü 
lui-méme aussi vient apres nous. 

19. 11 donna pareillement des 
ordres au second, au troisième, 
et à tous ceux qui suivaient les 
iroupeaux, disant : C'est en ces 
mémes termes que vous parlerez 
àEsaü, quand vousl'aurez trouvé. 

20. Et vousajouterez: Lui-méme 
aussi votre serviteur Jacob suit 
notre chemin; car il a dit : Je l'a- 
paiserai par les présents qui me 
précèdent, et après cela je le ver- 
rai, peut-être qu'il me deviendra 
propice. 

21. C'est pourquoi les présents 
le précédèrent, mais lui-même 
demeura cette nuitlà dans le 
camp. 

29. Et lorsqu'il se fut levé de 
bonne heure, il prit ses deux 
femmes et autant de servantes 
avec ses onze fils, et passa le gué 
de Jaboc. 

93. Et ayant fait passer tout ce 
qui lui appartenait, 

24. Il demeura seul : et voilà 
qu'un homme lutta avec lui jus- 
qu'au matin. 

25. Or comme cet homme vit 
qu'il ne pouvait le vaincre, il tou- 
cha le nerf de sa cuisse, lequel 
aussitôt se dessécha. 

26. Et il lui dit : Laisse-moi; car 
déjà se lève l'aurore. Jacob répon- 


22. * Le gué de Jaboc. Jaboc, sur la rive gauche du Jourdain, s'appelle aujourd'hui 
ouadi Zerka, le bleu, à cause de la couleur de ses eaux. Il se jette dans le Jourdain, 
entre le lac de Tibériade et la mer Morte, plus prés de cette derniére. Il prend sa 
source à l'est du plateau de Galaad. Prés de son embouchure, il n'est jamais à sec, 
et en hiver, il est souvent impossible de le passer à gué. 

24. Un homme; le prophéte Osée (xii, 4) lui donne le nom d'ange. 


74 LA GENÈSE. 


dit : Je ne vous laisserai point, si 
vous ne me bénissez. 

Illui demanda donc : Quel‏ .דפ 
est ton nom? Il répondit : Jacob.‏ 

98. Mais l'homme : On ne t'ap- 
pellera plus, dit-il, du nom de Ja- 
cob, mais du nom d'Israël; parce 
que si tu as été fort contre Dieu, 
combien plus prévaudras-tu con- 
tre les hommes? 

99. Jacob lui demanda : Dites- 
moi, de quel nom vous appelez- 
vous? Il répondit : Pourquoi de- 
mandes-tu mon nom? Et il le bé- 
nit en ce méme lieu. 

30. Jacob appela ce lieu du nom 
Phanuel, disant : J'ai vu Dieu face 
à face, et mon âme a été sauvée. 

31. Et le soleil se leva aussitót 
apres qu'il eut passé Phanuel; 
mais il boitait d'un pied. 

39. C'est pour ce motif que les 
enfants d'Israél ne mangent point 
jusqu'au présent jour, le nerf qui 
se dessécha dans la cuisse de Ja- 
cob, parce que l'age toucha le 
nerf de sa cuisse, qui fut paralysé. 


CHAPITRE XXXIII. 


Rencontre de Jacob et d'Esaü. Jacob se 
retire à Socoth, et de là il se rend à 
Sichem. 


1. Mais Jacob, levant les yeux, 
vit Esaü venant, et avec lui quatre 
cents hommes ; il sépara aussitót 


[cH. xxxur.] 


les enfants de Lia, de Rachel et 
des deux servantes; 

2. Il mitl'une etl'autre servante 
et leurs enfants en avant, Lia et 
ses enfants en second lieu, mais 
Rachel et Joseph les derniers. 

9. Et lui-méme s'avancant, se 
prosterna, incliné vers la terre 
par sept fois, jusqu'à ce que son 
frère approchát. 

4. C'est pourquoi Esaü, courant 
au-devant de son frere, l'embras- 
sa; et, serrant étroitement son 
cou et le baisant, il pleura. 

5. Puis, les yeux levés, il vit les 
femmes et leurs petits enfants, et 
dit : Que signifient ceux-ci? est- 
ce à toi qu'ils appartiennent? Il 
répondit : Ce sont les petits en- 
fants que Dieu a donnés à votre 
serviteur. 

6. Et s'approchant, les servantes 
et leurs fils se prosternerent. 

1. Lia aussi s'approcha avec ses 
enfants; et quand ils se furent pa- 
reillement prosternés, Joseph et 
Rachel se prosternèrent les der- 
niers. 

8. Alors Esaü dit: Quelles sont 
ces troupes que j'ai rencontrées? 
Jacob répondit : C'est pour trou- 
ver gráce devant mon seigneur. 

9. Mais Esaü reprit : J'ai beau- 
coup de biens, mon frere, que les 
tiens restent à toi. 


——————…—…—…—…———.—…———…—………—…——û———— 


98. On ne lappellera plus, etc., c'est-à-dire : Tu ne t'appelleras plus seulement 
Jacob, tu t'appelleras aussi Israël. Ce dernier nom fut donné plus particulièrement à 
ses descendants, puisqu'ils ne furent connus que sous la dénomination d'Israélites. 

30. Comme on l'a déjà remarqué plusieurs fois, par le mot dme les Hébreux en- 
tendaient souvent la personne, l'individu méme. Comme c'était anciennement une 
opinion générale que l'on ne pouvait voir Dieu ou un ange sans en mourir, quelques 
interprétes supposent que le sens de ce passage est: J'ai vu le Seigneur, et cependant 
je n'en suis pas mort; mais il est plus naturel de croire que Jacob voulait dire par 
là que Dieu l'avait délivré de la frayeur extréme quil avait de son frére Esaü, au- 
devant duquel il alla ensuite avec plus de confiance, — " Phanuel était probablement 
entre le Djébel Adjloun et le Djébel Djeloud. 


3. Se prosterna ; littér.: adora. Voyez xvut, 2. 


[cH. xxxiv.) 


10. Jacob répondit : Non, je 
vous prie, qu'il n'en soit pas ainsi; 
mais si j'ai trouvé gráce à vos 
yeux, recevez ce petit présent de 
mes mains; car jai vu votre vi- 
sage, comme si j'eusse vu la face 
de Dieu : soyez-moi propice. 

11. Et recevez cette bénédiction 
que je vous ai apportée et que 
m'a donnée Dieu qui donne toutes 
choses. Esaü la recevant avec 
peine, son frere le pressant, 

12. Dit : Allons ensemble, et je 
t'accompagnerai dans ton che- 
min. 

13. Mais Jacob répondit : Vous 
savez, mon seigneur, que j'aiavec 
moi de petits enfants bien faibles 
encore, des brebis et des vaches 
pleines; si je les fatigue trop par 
la marche, tous mes troupeaux 
mourront en un jour. 

14. Que mon seigneur pré- 
cede son serviteur, et moi je le 
suivrai peu à peu, selon que je 
verrai que mes petits enfants le 
pourront faire, jusqu'à ce que je 
parvienne vers mon seigneur à 
Séir. 

15. Esaü repartit : Je te prie, 
que des gens qui sont avec moi, 
quelques-uns restent pour t'ac- 
compagner. Non, dit Jacob, cela 
n'est pas nécessaire : la seule 
chose dont j'ai besoin, c'est de 
trouver grâce devant vous, mon 
seigneur. 

16. Esaü donc retourna ce jour- 


LA GENÈSE. 15 


là à Séir, par le même chemin 
qu'il était venu. 

11. Et Jacob vint à Sochoth, où 
une maison bâtie et des tentes 
plantées, ilappela ce lieu du nom 
de Socoth, c'est-à-dire, tentes. 

18. Ensuite il passa à Salem, 
ville des Sichémites, dans le pays 
de Chanaan, après qu'il futrevenu 
de la Mésopotamie de Syrie; et 
il habita auprès de la ville. 

19. Et il acheta pour cent 
agneaux, des enfants d'Hémor, 
père de Sichem, une portion du 
champoüilavait planté sestentes. 

90. Puis, un autel érigé en ce 
lieu, il invoqua le Dieu tres fort 
d'Israél. 


CHAPITRE XXXIV. 


Dina, fille de Jacob, est violée par Sichem, 
fils d'Hémor. Siméon et Lévi égorgent 
les Sichémites. 


1. OrDina, fille deLia, sortitpour 
voir les femmes de cette contrée. 

2. Lorsque Sichem, fils d'Hémor 
Hévéen, prince du pays,l'eut vue, 
ill'aima passionnément ; et il l'en- 
leva et dormit avec elle, faisant 
violence à cette jeune vierge. 

3. Et son àme s'attacha forte- 
ment à elle; et il adoucit sa 
tristesse par ses caresses. 

4. Allant ensuite vers Hémor 
son père : Obtiens-moi, dit-il, 
cette jeune fille pour femme. 

9. Ce que Jacob ayant appris, 
ses fils étant absents et occupés 


11. Bénédiction. On appelait ainsi les présents, parce qu'ordinairement ils étaient 
accompagnés de bénédictions de la part de ceux qui les recevaient et de ceux qui 


les faisaient. 


11. * Socoth, sur la rive gauche et dans la vallée du Jourdain, probablement au 
sud du Jaboc. Cette localité appartint plus tard à la tribu de Gad. 

18. * A Salem, village prés de Sichem, d’après les uns ; substantif commun, signi- 
fiant, d'aprés les autres, que Jacob arriva sans accident à Sichem. 

19. * Il acheta une portion du champ. Voir la note sur Jean, iv, 5-6. 


76 LA GENÈSE. 


à paître les troupeaux, il garda le 
silence jusqu'àce qu'ils revinrent. 

6. Cependant Hémor, père de 
Sichem, étant sorti pour parler à 
Jacob, 

1. Voilà que ses fils revenaient 
de la campagne : or ayant appris 
ce qui était arrivé, ils furent très 
irrités de ce que Sichem avait fait 
une chose honteuse contre Israél, 
et de ce qu'en violant la fille de 
Jacob, il avait commis une action 
illicite. 

8. C'est pourquoi Hémor leur 
dit : L'àme de mon fils Sichem 
s'est attachée à votre jeune fille : 
donnez-la-lui pour femme : 

9. l'aisons réciproquement des 
mariages : donnez-nous vos filles, 
et prenez nos filles; 

10. Et habitez avec nous : la 
terreesten votre puissance ; culti- 
vez-la; trafiquez-y, et possédez-la. 

11. Mais Sichem lui-méme dit 
au pere et aux frères de Dina : 
Que je trouve gráce devant vous, 
et tout ce que vous aurez déter- 
miné, je 16 donnerai. 

19. Augmentez le douaire et 
demandez des présents, et je vous 
accorderai volontiers ce que vous 
demanderez : seulement don- 
nez-moi cette jeune fille pour 
femme. 

13. Les fils de Jacob, transportés 
de fureur à cause 66 0 
fait àleur sceur, répondirent avec 
ruse à Sichem et à son pere : 

14. Nous ne pouvons faire ce 
que vous demandez, ni donner 
notre sœur à un homme incir- 
concis; parce que c'est une chose 
illicite et criminelle parmi nous. 


(cR. xxxiv.] 


15. Mais nous pourrons nous 
allier à cette condition, que vous 
vouliez étre semblable à nous, et 
que tout mäle soit circoncis 
parmi vous. 

16. Alors nous donnerons et 
nous accepterons mutuellement 
nos filles et les vôtres; et nous 
habiterons avec vous, et nous 
serons un seul peuple. 

17. Mais si vous ne voulez pas 
être circoncis, nous prendrons 
notrefille et nousnous retirerons. 

18. Leur offre plut à Hémor et 
à Sichem son fils ; 

19. Et lejeune homme ne tarda 
pas d'accomplir ce que l'on de- 
mandait; car il aimait extré- 
mement la jeune fille, et il était 
de sa personne trés considéré 
dans toute la maison de son père. 

20. Etant donc venus à la porte 
de la ville, ils dirent au peuple : 

91. Ces hommes sont paisibles, 
et veulentbien habiteravec nous: 
qu'ils trafiquent en cette terre, 
et la cultivent, car spacieuse et 
étendue, elle manque de labou- 
reurs : nous prendrons leurs 
filles pour femmes, et nous leur 
donnerons les nôtres. 

99. Il y ἃ une seule chose qui 
retarde un si grand avantage, 
c'est si nous faisons circoncire 
tous nos mâles, nous conformant 
à la coutume de cette nation. 

93. Ainsi leurs richesses, leurs 
troupeaux, et tout ce qu'ils posse- 
dent, seront à nous : acquiescons 
seulement, et habitant ensemble, 
nous ferons un seul peuple. 

94. Et tous consentirent, tous 
les mâles ayant été circoncis. 


1. Contre Israël; c'est-à-dire contre Jacob, qui vient d’être nommé Jsraël, xxxu, 28, 
20. La porte de la ville était le lieu des assemblées du peuple. 


[(Η. xxxv.] 

95. Mais voilà qu'au troisieme 
jour, lorsque la douleur des plaies 
est très forte, deux des fils de 
Jacob, Siméon et Lévi, freres de 
Dina, leurs glaives pris, entrerent 
hardiment dans la ville, et tous 
les mâles tués, 

26. Massacrèrent pareillement 
Hémor et Sichem, enlevant Dina 
leur sœur delamaison de Sichem. 

97. Eux sortis, les autres fils de 
Jacob se jeterent surles morts et 
pillèrent la ville, comme ven- 
geance de l'outrage, 

98. Ravageant les brebis, le 
gros bétail et les ânes des habi- 
tants, et tout ce qui était dans les 
maisons et dans les champs; 

29. Ils emmenèrent aussi cap- 
tifs leurs petits enfants et leurs 
femmes. 

30. Cet audacieux forfait com- 
mis, Jacob dit à Siméon et à Lévi : 
Vous m'avez profondément af- 
fligé, et rendu odieux aux Chana- 
néens etaux Phérézéens habitants 
de ce pays : nous, nous sommes 
en petit nombre, mais eux réunis 
me battront, etjeseraiexterminé, 
moi et toute ma maison, 

31. Ils répondirent : Devaient- 
ils abuser de notre sœur comme 
d'une prostituée? 


CHAPITRE XXXV. 


Voyage de Jacob à Béthel. Naissance de 
Benjamin. Dénombrement des fils de 
Jacob. Mort d'Isaac. 


1. Cependant Dieu dit à Jacob : 


LA GENÉSE. 71 


Leve-toi, et monte à Béthel; de- 
meure là, etfais un autel au Dieu 
qui t'apparut, quand tu fuyais 
Esaü ton frère. 

2. Jacob donc, toute sa maison 
assemblée, dit : Jetez les dieux 
étrangers qui sont au milieu de 
vous, purifiez-vous, et changez 
vos vétements. 

3. Levez-vous et montons à 
Béthel, afin que nous fassions là 
un autel au Dieu qui m'a exaucé 
au jour de ma tribulation et quia 
été le compagnon de mon 
voyage. 

4.lls lui donnèrent donc tous 
les dieux étrangers qu ils avaient, 
etles pendants qui étaient àleurs 
oreilles; etlui les enfouit sous le 
térébinthe qui est derriere la ville 
de Sichem. 

9. Et lorsqu'ils furent partis, la 
terreur de Dieu saisit toutes les 
villes d'alentour, et on n'osa pas 
les poursuivre dans leur retraite. 

6. Jacob donc vint à Luza, qui 
est dans la terre de Chanaan, et 
surnommée Béthel, lui et tous 
ses gens avec lui. 

7. ll bátit là un autel, et il ap- 
pela ce lieu du nom de Maison de 
Dieu; car c'est là que lui apparut 
Dieu, lorsqu'il fuyait son frère. 

8. Dansle méme temps mourut 
Débora, nourrice de Rébecca, et 
elle fut ensevelie au pied de Bé- 
thel sous le chéne : et on donna 
à ce lieu le nom de Chéne de 
pleur. 


Cuap. XXXIV. 25. Infra, xuix, 6. — Cnapr. XXXV. 1. Supra, xxvii, 13. — 7. Supra, 


xxvir, 13. 


1. * Béthel. Voir plus haut, xit, 8. 


4. * Sichem. Voir la note sur Genèse, xit, 6. 


9. La terreur de Dieu; c'est-à-dive la terreur que Dieu inspira; ou bien, la terreur 


la plus grande. Coinpar. xxui, 6. 


18 LA GENÈSE. 


9. Mais Dieu apparut de nou- 
veau à Jacob, après quil fut re- 
venu de la Mésopotamie de Sy- 
rie, et il le bénit, 

10. Disant : Tu ne seras plus 
appelé Jacob, mais Israël sera ton 
nom. Et il l'appela Israël. 

11. Il lui dit aussi : Je suis le 
Dieu tout-puissant; crois et te 
multiplie; des peuples et une 
foule de nations viendront de toi, 
et des rois sortiront de tes flancs; 

12. Et la terre que j'ai donnée 
à Abraham età Isaac, je te la 
donnerai, à toi et à ta postérité 
apres toi. 

13. Et il s'éloigna de lui. 

14. Mais lui érigea un monu- 
ment de pierre au lieu où Dieu 
lui avait parlé, faisant des liba- 
tions dessus et y répandant de 
l'huile; 

15. Et donnant à ce lieu le nom 
de Béthel. 

16. Or, parti delà,il vint au 
printemps dans la terre qui con- 
duit à Ephrata. Comme Rachel y 
était en travail, 

17. À cause de la difficulté de 
l'enfantement, elle commenca à 
être en danger. Or la sage-femme 
lui dit : Ne crains point; car tu 
auras encore ce fils. 

18. Mais son âme étant pres de 
sortir par l'exces de la douleur, 
et la mort déjà s'approchant, elle 
appela son fils du nom de Bénoni, 
c’est-à-dire, fils de ma  dou- 
leur; mais son pere l'appela 


[cH. xxxv.] 
Benjamin, c'est-à-dire, fils de la 
droite . 

19. Rachel mourut donc, et elle 
fut ensevelie sur le chemin qui 
conduit à Ephrata; c'est Beth- 
léem. 

20. Et Jacob érigea un monu- 
ment sur son sépulcre : c'est le 
monument du sépulcre de Rachel, 
jusqu'au présent jour. 

21. Sorti de là, il planta sa 
tente au delà de la Tour du 
troupeau. 

22. Et pendant qu'il habitait en 
cette contrée, Ruben s'en alla et 
dormit avec Bala, seconde femme 
de son père; ce qui ne fut nul- 
lement ignoré de lui. Or, les fils 
de Jacob étaient douze : 

23. Les fils de Lia : Ruben, pre- 
mier-né, Siméon, Lévi, Juda, Is- 
sachar et Zabulon ; 

24. Les fils de Rachel : Joseph 
et Benjamin; 

98. Les fils de Bala, servante 
de Rachel : Dan et Nephtali ; 

26. Les fils de Zelpha, servante 
de Lia : Gad et Aser. Ce sont là 
les fils de Jacob qui lui naquirent 
en Mésopotamie de Syrie. 

Jacob vint aussi vers Isaac‏ .דפ 
son pere à Mambré, ville d'Arbée‏ 
(cest Hébron), en laquelle de-‏ 
meurerent comme étrangers‏ 
Abraham et Isaac.‏ 

98. Et les jours d'Isaac complé- 
terent cent quatre-vingts ans. 

29. Et, consumé par l'áge, il 
mourut; et il fut réuni à son 


10. Supra, מזאאא‎ 28. — 20. Infra, xrvnr, 7. — 22. Infra, xuix, 4. 


10. Dieu renouvelle ici à Jacob le nom d'Israël, qu'il a déjà reçu. Compar. xxxi, 18. 
19. * Ephrata, c'est Bethléem. Voir la note sur Matthieu, τι, 1. On voit encore sur 
la route de Jérusalem à Bethléem le tombeau appelé de Rachel, qui marque proba- 
blement l'emplacement de sa sépulture, quoique le monument ne soit pas celui 


qu'avait élevé Jacob. 


21. " Hébron. Voir la note sur Genèse, xut, 18. 


[cH. xxxvr.] 
peuple, vieux et plein de jours; 
et Esaü et Jacob ses fils l'ense- 
velirent. 


CHAPITRE XXXVI. 


Dénombrement des descendants d'Esaü. 


1. Voiciles générations d'Esaü ; 
cest le méme qu'Edom. 

2. Esaü prit pour femmes 
d'entreles filles des Chananéens : 
Ada, fille d'Elon l'Hétéen, et Oo- 
libama, fille d'Ana, , 111 06 
de Sébéon l'Hévéen; 

3. Et aussi Bazemath, fille d'Is- 
maël, sœur de Nabaioth. 

4. Ada enfanta Eliphaz; Baze- 
math enfanta Rahuel; 

ὃ. Oolibama enfanta Jéhus, 
Ihélon et Coré. Ce sont là les fils 
d'Esaü, qui lui naquirent dans la 
terre de Chanaan. 

6. Or Esaü prit ses femmes, ses 
fils, ses filles et toutes les àmes 
de sa maison, ses richesses, ses 
bestiaux et tout ce qu'il pouvait 
avoir dans la terre de Chanaan, 
etil s'en alla dans une autre con- 
trée, et s'éloigna de son frere 
Jacob. 

7. Car ils étaient extrêmement 
riches, et ils ne pouvaient habi- 
ter ensemble; et la terre de leur 
pèlerinage ne leur suffisait pas, 
à cause de la multitude de leurs 
troupeaux. 

8. Ainsi Esaü habita sur la mon- 
tagne de Séir : Esaü est le méme 
qu'Edom. 


LA GENÉSE. 79 


9. Or, voici les générations 
d'Esaü père des Iduméens sur la 
montagne de Séir; 

10. Et voici les noms de ses 
fils : Eliphaz, fils d'Ada, femme 
d'Esaü, Rahuel aussi, fils de Ba- 
zemath sa femme. 

11. Et les fils d'Eliphaz furent 
Théman, Omar, Sépho, Gatham 
et Cénez. 

12. Il y avait encore Thamna, 
seconde femme d'Eliphaz, fils 
d'Esaü, laquelle lui enfanta Ama- 
lech : ce sont là les fils d'Ada, 
femme d'Esaü ; 

13. Mais les fils de Rahuel : Na- 
that et Zara, Samma et Meza : ce 
sont là les fils de Bazemath, 
femme d'Esaü. 

14. Il y avait aussi les fils d'Oo- 
libama (fille d'Ana, fille e//e-même 
de Sébéon), femme d'Esaü, qu'elle 
lui enfanta: Jéhus, Ihélon et Coré. 

15. Voici les chefs des fils d'E- 
saü :les fils d'Eliphaz, premier- 
né d'Esaü:le chef Théman, le 
chef Omar, le chef Sépho, le chef 
Cénez, 

16. Le chef Coré, le chef Ga- 
tham, le chef Amalech. Ce sont 
là les fils d'Eliphaz, dans le pays 
d' Edom, et ce sont les fils d'Ada. 

17. Et voici les fils de Rahuel 
fils d'Esaü : le chef Nahath, le 
chef Zara, le chef Samma, le chef 
Meza: ce sont là les chefs issus 
de Rahuel dans le pays d'Edom ; 
et ce sont les fils de Bazemath, 
femme d'Esaü. 


6. XXXVI. 4, I Par., 1, 35. — 7. Supra, xii, 6. — 8. Jos., xxiv, 4. — 10. I Par., 1, 35. 


2. Les femmes d'Esaü sont nommées autrement (xxvi, 34). Il n'était pas rare chez 
les Hébreux de voir la méme personne porter plusieurs noms. 
6. * Il s'en alla dans une autre contrée, dans la montagne de Séir. Voir la note 


sur Genèse, xxxit, 8. 


10. Le mot fi/s comprend souvent, dans l'Ecriture, les petits-fils, les descendants. 


— Sa femme, c'est-à-dire la femme d'Esaü. 


80 LA GENÉSE. 


18. Mais voici les fils d'Ooli- 
bama, femme d'Esaü : le chef 
Jéhus, le chef Ihélon, le chef 
Coré : ce sont là les chefs issus 
d'Oolibama, femme d'Esaü, fille 
d'Ana. 

19. Ce sont là les enfants d'E- 
saü, et ce sont là leurs chefs : 
Esa est le méme qu'Edom. 

20. Voici les fils de Séir Hor- 
réen, habitants de ce pays: Lo- 
tan, Sobal, Sébéon, Ana, 

91. Dison, Eser et Disan : ce 
sontlà les chefs Horréens, fils de 
Séir, dans le pays d'Edom. 

92. Mais les fils de Lotan furent 
Hori et Héman : or, la sœur de 
Lotan était Thamna. 

93. Voici les fils de Sobal : Al- 
van, Manahat, Ebal, Sépho et 
Onam. 

94. Et voici les fils de Sébéon : 
Aia et Ana. Celui-ci est Ana, qui 
trouva les eaux chaudes dans le 
désert, pendant qu'il paissait les 
ànes de Sébéon son pere; 

25. Il eut pourfils Dison, et pour 
tille Oolibama. 

26. Or, voici les fils de Dison : 
Hamdan, Eséban, Jéthram et Cha- 
ran; 

20. I Par., 1, 38. 


(cu. xxxvr.] 


27. Et les fils d'Eser : Balaan, 
Zavan et Achan. 

28. Mais Disan eut pour fils Hus 
et Aram. 

29. Voicileschefs des Horréens: 
le chef Lotan, le chef Sobal, le 
chef Sébéon, le chef Ana, 

30. Le chef Dison, le chef Eser 
etle chef Disan : ce sont là les 
chefs qui ont commandé dans le 
pays de Séir. 

31. Mais les rois qui regnerent 
dans le pays d'Edom, avant que 
les enfants d'Israél eussent un 
roi, furent ceux-ci : 

32. Béla, fils de Béor, et le nom 
de sa ville était Denaba. 

33. Mais Béla mourut, et à sa 
place régna Jobab, fils de Zara de 
Bosra. 

34. Et quand Jobab mourut, à sa 
place régna Husam du pays des 
Thémanites. 

35. Celui-ci mort aussi, régna à 
sa place Adad, fils de Badad, qui 
battit Madian dans les champs de 
Moab; et le nom de sa ville était 
Avith. 

36. Et quand Adad mourut, ré- 
gna à sa place Semla de Masréca. 

37. Celui-ci mort aussi, régna à 


20. * Horréen. C'est le mot qui a été écrit Chorréen, Genèse, xiv, 6. Voir la note 2bid. 

31. Avant que les enfants d'Israël eussent un roi. Comme les Israélites n'ont eu 
des rois que plusieurs siècles aprés la mort de Moïse, quelques critiques supposent 
que ces paroles ont été ajoutées au texte par une main postérieure. Mais cette sup- 
position parait peu fondée; car, sans prétendre absolument que Moise ait fait cette 
réflexion par esprit prophétique, il est incontestable qu'il n'a pas vu s'accomplir de 
son temps la promesse divine, faite à Abraham, à Isaac ^t à Jacob (xvi, 6, 16; 
xxxv, 11), que des rois sortiraient de leur race. D'ailleurs n'a-t-il pas pu prendre ici 
le mot roi dans le sens vague et général de chef, gouverneur, comme il est pris, 
Juges, xvii, 6; Ps. cxvur, 46, etc., et comme il lui est donné à lui-même, Deut., 
וזצצא‎ ὃ, et vouloir dire, en conséquence, que les Iduméens eurent des rois avant que 
les Israélites formassent un peuple et l'eussent lui-même pour chef? 

33. * Bosra, ville d'Idumée (différente d'une autre Bosra située dans le pays de 
Moab), aujourd'hui El-Buseiréh, dans le district de Djebàl. Bosra fut pendant quelque 
temps la capitale de l'Idumée. On voit ses ruines à deux heures trois quarts de 
marche au sud de Toutiléh. 


[cn. xxxvi.) 
sa place Saül, du fleuve de Roho- 
both. 

38. Et quand celui-ci mourut, 
Balanan, fils d'Achobor, succéda 
au royaume. 

39. Gelui-ci mort aussi, régna à 
sa place Adar; et le nom de sa 
ville était Phaü; et sa femme s'ap- 
pelait Méétabel, fille de Matred, 
fille e/le-méme de Mézaab. 

40. Voici donc les noms des 
chefs zssus d'Esaü, selon leurs fa- 
milles et leurs demeures et leurs 
noms : le chef Thamna, le chef 
Alva, le chef Jétheth, 

41. Le chef Oolibama, le chef 
Ela, le chef Phinon, 

42, Le chef Cénez, le chef Thé- 
man, le chef Mabsar, 

43. Le chef Magdiel, le chef Hi- 
ram : ce sont là les chefs 2ssus 
d'Edom, qui habitaient dans le 
pays de leur domination : Edom 
est le méme qu'Esaü père des Idu- 
méens. 


CHAPITRE XXXVII. 


Jalousie des fils de Jacob contre Joseph, 
leur frére; ils le vendent, et il est mené 
en Egypte. 


1. Mais Jacob habita dans la 
terre de Chanaan, dans laquelle 
son pere avait été comme étran- 
ger. 

2. Et voici ses générations 
Joseph, lorsqu'il avait seize ans, 
paissait le troupeau de son pere, 
avec ses frères, étant encore en- 
fant : etil étaitaveclesfilsd Bala 
etdeZelpha, femmes de son pere; 
et il accusa ses frères auprès de 
son père d'un crime détestable. 

3. Or Israël aimait Joseph par- 


LA GENESE. 81 


dessus tous ses fils, parce que 
cest dans sa vieillesse qu'il l'a- 
vait engendré : et il lui fit une tu- 
nique d'un tissu de diverses cou- 
leurs. 

4. Ses frères donc voyant qu'il 
était aimé par son pere plus que 
tous ses autres frères, le hais- 
saient, et ne pouvaient rien lui 
dire avec douceur. 

9. 11 arriva aussi qu'il raconta 
à ses frères un songe qu'il avait 
vu; prétexte qui fut la semence 
d'une plus grande haine. 

6. Il leur dit donc : Ecoutez 
mon songe que j'ai vu : 

1. Je croyais que nous étions 
à lier des gerbes dans le champ, 
el que ma gerbe se levait et se 
tenait comme debout, et que les 
vótres, étant autour, se proster- 
naient devant ma gerbe. 

8. Ses freres lui répondirent : 
Est-ce que tu seras notre roi? ou 
serons-nous soumis à ta puis- 
sance? Ainsi ceprétexte de songes 
et de discours fournit un aliment 
à leur envie et à leur haine. 

9. Il vit encore un autre songe 
qu'il raconta à ses frères, disant : 
J'ai vu en songe comme le soleil 
et la lune et onze étoiles se pros- 
terner devant moi. 

10. Lorsqu'il 160% rapporté à 
son père et à ses frères, son père 
le reprit, et dit : Que veut dire ce 
songe que tu as vu? est-ce que 
moi, ta mère et tes frères, nous 
nous prosternerons devant toi 
sur la terre? 

41. Ainsi ses frères lui portaient 
envie, mais son père considérait 
la chose en silence. 


40. Selon leurs familles, elc., c'est-à-dire selon les noms de leurs familles et de 


leurs demeures. Compar. 11, 16, et xxv, 13. 


A: T. 


6 


82 LA GENÉSE. 


19. Et comme ses freres s'é- 
taient arrêtés à Sichem pour 
paître les troupeaux de leur père, 

43. Israël lui dit : Tes frères 
paissentles brebis dans les pâtu- 
rages de Sichem : viens, je t'en- 
verrai vers eux. Joseph répon- 
dant : 

14. Je suis prêt, il lui dit : Va, 
el vois si tout va bien pour tes 
freres et pour les troupeaux, et 
rapporte-moi ce qui se fait. En- 
voyé dela vallée d'Hébron, il vint 
à Sichem : 

18. Et un homme 16 trouva 
errant dans 18 campagne, et lui de- 
manda ce qu'il cherchait. 

16. Et lui répondit : Ce sont 
mes freres que je cherche; dis- 
moi où ils paissent les troupeaux. 

41. Et cet homme lui dit : Ils 
sont partis d'ici; et je les a1 en- 
tendus, disant : Allons à Dothain. 
Joseph alla donc après ses freres, 
et il les trouva à Dothain. 

18. Lorsque ceux-ci l'eurent 
vu de loin, avant qu'il appro- 
chát d'eux, ils projeterent de le 
tuer : 

19. Et ils se disaient mutuel- 
lement : Voici le songeur qui 
vient; 

90. Venez, tuons-le, et jetons-le 
dans une vieille citerne ; nous di- 
rons : Une béte sauvage l'a dé- 


Car. XXXVII. 22. Infra, xui, 22. 


[cg. xxxvir.] 


voré ; et alors on verra ce que lui 
servent ses songes. 

94. Mais entendant cela, Ruben 
s'efforcait de le sauver de leurs 
mains, et disait : 

22. Ne tuez pas son âme et ne 
versez pas son sang; mais jetez- 
le dans cette citerne qui est dans 
le désert, et conservez vos mains 
pures. Or il disait cela, voulant 
larracher de leurs mains, et le 
rendre à son pere. 

23. Aussitôt done qu'il fut ar- 
rivé pres de ses freres, ils le dé- 
pouillèrent de sa tunique longue, 
tissue de diverses couleurs. 

24. Et ils le jetèrent dans la 
vieille citerne, où il n'y avait pas 
d'eau. 

95. Puis s'asseyant pour man- 
ger du pain, ils virent des voya- 
geurs Ismaélites qui venaient de 
Galaad, et leurs chameaux por- 
tant des aromates, de la résine et 
du stacté en Egypte. 

26. Juda dit alors à ses freres : 
Que nous servira si nous tuons 
notre frére et nous cachons son 
sang? 

297. || vaut mieux qu'il soit 
vendu aux Ismaélites, et que nos 
mains ne soient pas souillées; car 
il est notre frère et notre chair. 
Ses frères acquiescèrent à ses dis- 
cours. 


-φ.-.ιιωιτι:-τι᾽..Ἵ-.Ἐ.Ἐ.ς.ςςςςςς---.-Ξ-  ---.-Ἐ---ς--- ὅὕ90ὅὕ-τ-- ---- 


19. * A Sichem. Voir la note sur Genése, xn, 6. 

14. * De la vallée d'Hébron. Voir plus haut, Genèse, xur, 18. 

41. * Dothain, au sud d'Engannim, aujourd'hui Djénin, au sortir de la plaine d'Es- 
drelon, sur la route qui méne de Damas dans la Palestine du sud et en Egypte. 

20. * Dans une vieille citerne. 11 y ἃ à Dothain de nombreuses citernes taillées dans 
le roc, et comme elles ont la forme d'une bouteille avec un orifice étroit, il était 
impossible à celui qui y était emprisonné d'en sortir. ὃ 

29. Son âme; c'est-à-dire lui. Voyez xvii, 2. 

25. Voyez, pour l'expression de manger du pain, xxxi, 54. — * Tous les Orientaux 
recherchent beaucoup les parfums, mais en Egypte on en faisait une consommation 
plus graude encore qu'ailleurs pour embaumer les morts. 


[cH. xxxvii.) 


28. Et des marchands Madiani- 
tes passant, ils le retirèrent de la 
citerne, et le vendirent vingt 
pieces d'argent aux Ismaélites 
qui le menerent en Egypte. 

29. Cependant Ruben étant re- 
venu à la citerne, n'y trouva pas 
l'enfant; 

30. Alors, ses vétements dé- 
chirés, il retourna vers ses frères 
et dit : L'enfant ne parait pas, et 
moi, oü irai-je? 

31. Ils prirent donc sa tunique 
et la trempèrent danslesangd'un 
chevreau qu'ils avaient tué, 

32. Envoyant des gens pour la 
porter à leur père, et pour lui 
dire: Nous l'avons trouvée ; vois si 
c'estlatunique de ton fils, ou non. 

33. Quand le pere l’eut re- 
connue, il dit : C'est la tunique 
de mon fils ; une béte farouche et 


28. Sag., x, 13. 


LA GENÉSE. 83 


cruelle l'a dévoré, une béte a dé- 
voré Joseph. 

94. Et, ses vétements déchirés, 
il se couvrit d'un cilice, pleurant 
son fils pendant longtemps. 

35. Or, tous ses enfants s'étant 
rassemblés pour adoucir la dou- 
leur de leur pere, il ne voulut pas 
recevoir de consolation, mais il 
dit : Je descendrai pleurant vers 
mon fils dans l'enfer. Et lui per- 
sévérant dans son pleur, 

36. Les Madianites vendirent 
Joseph en Egypte à Putiphar, 
eunuque de Pharaon, chef des 
soldats. 


CHAPITRE XXXVIII. 


Juda marie successivement deux de ses 
fils à Thamar. Naissance de Pharés et 
de Zara. 


1. Dans le méme temps, Juda, 


τ τ ee ——— M ι-Ὡῳὄ-Π ς΄.  ,...00ὃϑ (ὃ ὃ 0 o [i 


28. Des marchands Madianites. Comme dans le texte hébreu cette expression ne 
porte pas l'article déterminatif, beaucoup d'interprétes supposent que ces Madianites 
faisaient partie de la caravane d'Ismaélites dont il est parlé, ver. 25, 21. 

35. Par le mot enfer (hébr. scheül), il faut entendre, non le sépulcre, le tombeau 
(hébr. kéber), mais ce lieu souterrain que les Hébreux regardaient comme le séjour des 
âmes après la mort. Ainsi ce passage fournit une preuve sans réplique de la croyance 
des Juifs à la survivance des àmes. — * Une foule de passages trés clairs établissent que 
pour les Hébreux le scheól était réellement le lieu où se rendaient les àmes aprés la 
inort, et que, dans ce séjour, elles n'étaient point privées de sentiment et de vie. 
D'aprés les données que nous fournissent les Livres saints, on « descend » dans cette 
demeure au terme de la vie présente. On y entre, d'aprés la description poétique 


qui nous en est faite en divers endroits, 


par une « porte, » qui en est appelée aussi 


« la bouche » et qui peut « s'élargir sans mesure. » On pénétre ainsi dans un lieu 
« trés profond, obscur et ténébreux. » Cependant le regard de Dieu peut le sonder. 
Toutes les àmes arrivent dans le séjour des morts : c'est le lieu de réunion assigné 
à tous les hommes, « la maison destinée à tous les vivants. » Le scheól désigne 


tantót le lieu de la réunion des morts en g 
le séjour des méchants, ou plutót, tous les 


énéral, tantót le séjour des bons et tantót 
morts y descendent. Il est clair d'ailleurs 


que le nom de scheól donné indistinctement au séjour des bons et au séjour des 
méchants, dans l'Ancien Testament, n'implique en aucune facon qu'ils aient été con- 
fondus ensemble, encore moins qu'ils aient enduré les mêmes tourments. Mais il 
est certain que les ámes des justes qui étaient dans les limbes ne pouvaient pas y 
acquérir de mérites et n'y jouissaient point de la vision béatifique. C'est pourquoi 
il est dit plusieurs fois qu'on ne peut glorifier Dieu dans ce séjour des morts. 

36. * Putiphar signifie consacré à Ra, le soleil adoré comme dieu par les Egyptiens. 


1. * Odollam ou Adullai, ville qui appartint plus tard à la tribu de Juda et dans 
le voisinage de laquelle il y a de nombreuses cavernes. 


84 LA GENÈSE. 


s'éloignantdesesfrères,allaloger 
chez un homme d'Odollam, du 
nom d'Hiras. 

2. Et il vit là la fille d'un homme 
de Chanaan, du nom de διό, et 
layant prise pour femme, il 
vécut avec elle. 

3. Elle concut et enfanta un fils, 
et elle lui donna 16 nom de Her. 

4. Et ayant concu une seconde 
fois, elle nomma le fils qui naquit 
Onan. 

5. Elle en enfanta aussi un troi- 
sieme, qu'elle appela Séla : celui- 
ci né, elle cessa d'enfanter davan- 
tage. 

6. OrJuda donna à son premier- 
né Her une femme du nom de 
Thamar. 

7. Mais Her, le premier-né de 
Juda, fut tres méchant en la pré- 
sence du Seigneur ; et par le Sei- 
gneur il fut frappé de mort. 

8. Juda dit donc à Onan, son 
fils : Prends la femme de ton 
frere, et unis-toi à elle pour sus- 
citer des enfants à ton frere. 

9. Mais celui-ci sachant que les 
enfants qui naitraient de son 
union avecla femme de son frere 
ne seraient pas à lui, empéchail 
qu'elle ne devint mère, pour ne 
pas qu'il naquit des enfants du 
nom de son frere. 

10. Etc'est pourquoileSeigneur 
le frappa, parce qu'il faisait une 
:hose détestable. 

11. A cause de cela Juda dit à 


[cu. xxxvi] 


Thamarsa belle-fille : Reste veuve 
dans la maison de ton père, jus- 
quà ce que Séla mon fils soit 
devenu grand; car il craignait 
que lui aussi ne mourüt comme 
ses freres. Celle-ci s'en alla et ha- 
bita dans la maison de son père. 

12. Mais bien des jours s'étant 
écoulés, mourut la fille de Sué, 
femme de Juda, qui s'étant con- 
solé aprés le deuil, montait à 
Thamnas versles tondeurs de bre- 
bis, lui etHiras d'Odollam, pasteur 
de ses troupeaux. 

13. Or on annonca à Thamar 
que son beau-père montait à 
Thamnas pour tondre ses brebis. 

14. Celle-ci, ses habits de veu- 
vage quittés, prit un voile, et 
s'étant déguisée, elle s’assit dans 
le carrefour du chemin qui con- 
duit à Thamnas, parce que Séla 
était déjà devenu grand, etqu'elle 
ne l'avait pas eu pour époux. 

15. Lorsque Juda l'eut apercue, 
il crut que c'était une femme de 
mauvaise vie; car elle avait cou- 
vert son visage, afin qu'elle ne 
füt pas reconnue. 

16. Et s'approchant d'elle, il dit : 
Laisse-moi aller avec toi; caril ne 
savait pas qu'elle füt sa belle-fille. 
Elle répondant : Que me don- 
neras-tu pour que tu viennes avec 
moi? 

11. Il dit : Je t'enverrai un che- 
vreau de mes troupeaux. Mais 
elle reprenant: Je consentirai à ce 


XXXVIII. 2. I Par., 11, ὃ. — 4. Nom., xxvi, 19. — 7. Nom., xxvi, 19.‏ שג 


9. Du nom de son frére. Le premier-né portait le nom du frére qui était mort 
sans enfants; mais les autres enfants portaient celui du frère vivant qui était leur 


pere naturel. 


13. * Thamnas ou Thamna, dans les montagnes appelées plus tard montagnes de 


juda. 


17. * Un chevreau. Voir la note sur 1 Rois, xvi, 20. 


[cHe xxxix.] 
que tu veux, si tu me donnes un 
gage, en attendant que tu envoies 
ce que tu promets. 

48. Juda lui demanda : Que 
veux-tu que je te donne pour 
gage? Elle répondit : Ton anneau, 
ton bracelet et le báton que tu 
liens à la main. Ayant donc vu 
Juda une seule fois, cette femme 
concut, 

19. Et se levant, elle s'en alla; 
puis ayant quitté le vétement 
qu'elle avait pris, elle se revétit 
de ses habits de veuvage. 

90. Or Juda envoya le chevreau 
par son pasteur qui était d'Odol- 
lam, afin qu'il retirátle gage qu'il 
avait donné à cette femme ; celui- 
ci ne l'ayant pas trouvée, 

91. Demanda aux hommes de 
ce lieu : Oü est cette femme qui 
était assise dans le carrefour? 
Tous répondant : 11 n'y a pas eu en 
celieu de femme de mauvaise vie. 

99. [| revint vers Juda et lui 
dit : Je ne l'ai pas trouvée ; et les 
hommes méme de ce lieu m'ont 


dit que jamais là ne s'est assise 


femme débauchée. 

93. Juda répondit : Qu'elle le 
garde; elle ne peut pas au moins 
nous accuser de mensonge ; moi, 
jai envoyé le chevreau que j'a- 
vais promis, et toi, tu ne l'as pas 
trouvée. 

24. Mais voilà qu'apres trois 
mois on annonca à Juda cette 
nouvelle : Thamar ta belle-fille 
ἃ forniqué, et elle parait étre en- 
ceinte. Juda répondit : Produisez- 
la en public, afin qu'elle soit brü- 
lée. 

95. Thamar, comme elle était 
conduite au supplice, envoya 


27. Matt., 1, 3. — 30, I Par,, rr, 4. 


LA GENÈSE, 85 


vers son beau-père, disant : C'est 
de l'homme à qui sont ces gages 
que j'ai concu : vois à qui sont cet 
anneau, ce bracelet et ce bâton. 

26. Juda, les gages reconnus, 
dit : Elle est plus juste que moi, 
puisque je ne l’ai pas donnée à 
Séla mon fils. Toutefois il ne la 
connut pas depuis. 

27. Or les couches pressant, 
parurent deux jumeaux dans son 
sein; et à la sortie méme des en- 
fants, l'un présenta sa main, à 
laquelle la sage-femme lia un fil 
d'écarlate, disant : 

28. Celui-ci sortira le premier. 

29. Mais, lui retirant sa main, 
l'autre sortit; et la sage-femme 
dit: Pourquoi le mur a-t-il été 
rompu à cause de toi? Or pour 
cette raison elle lui donna 16 nom 
de Phares. 

30. Ensuite sortit son frere, à 
la main duquel était le fil d'écar- 
late; elle l'appela Zara. 


CHAPITRE XXXIX. 


Joseph mérite la confiance de son maítre 
Putiphar; mais il est accusé par sa 
femme et mis en prison. 


1. Joseph done fut mené en 
Egypte, et Putiphar Egyptien, 
eunuque de Pharaon et chef de 
l'armée, l'acheta de la main des 
Ismaélites par lesquels il avait 
été amené. 

2. Etle Seigneur fut avec lui, 
et c'était un homme prospérant 
en toutes choses : il demeura 
dans la maison de son maitre, 

3. Qui connaissait très bien que 
le Seigneur était avec lui, et que 
tout ce qu'il faisait, le Seigneur 
le dirigeait entre ses mains. 


86 LA GENÉSE. 


4. Ains: Joseph trouva gráce 
devant son maitre, et il le servait; 
préposé par lui à toutes choses, 
il gouvernait la maison qui lui 
était confiée, et tout ce qui avait 
été remis à ses soins. 

5. Et le Seigneur bénit la mai- 
son de lEgyptien à cause de 
Joseph, et il multiplia tous ses 
biens, tant à la ville que dans les 
champs. 

6. Et il ne connaissait autre 
chose que le pain dont il se nour- 
rissait. Or Joseph était beau de 
visage et d'un aspect très agréa- 
ble. 

7. C'est pourquoi, apres bien 
des jours, sa maitresse jeta les 
yeux sur Joseph et dit : Dors avec 
moi. 

8. Mais celui-ci ne consentant 
nullement à cette action crimi- 
nelle, lui répondit: Voilàque mon 
maitre, toutes choses m'ayant été 
confiées, ignore ce qu'il a dans 
sa maison : 

9. Et il n'y a rien qui ne soit en 
ma puissance, et qu'il ne m'ait 
livré, excepté vous, qui étes sa 
femme : comment donc pourrais- 
je faire ce mal, et pécher contre 
mon Dieu? 

10. Par des discours semblables 
chaque jour cette femme était 
importune à ce jeune homme, et 
lui se refusait au crime. 


Cuar. XXXIX. 20. Ps. civ, 18. 


[cu. xxxix.] 


11. Or il arriva un jour que 
Joseph, rentré dans la maison, 
s'occupait de quelque travail sans 
témoins, 

12. Et qu'elle, ayant prisle bord 
de son manteau, dit : Dors avec 
moi. Mais lui, le manteau laissé 
dans sa main, s'enfuit et sortit 
dehors. 

13. Lorsque cette femme eut 
vu le manteau dans ses mains, 
et qu'elle était méprisée, 

14. Elle appela les gens de sa 
maison et leur dit : Voilà qu'il a 
amené ici un homme hébreu pour 
nous insulter. Il est venu à moi 
pour me corrompre; et, lorsque 
j'ai poussé des cris, 

15. Et qu'il a entendu ma voix, 
il a laissé son manteau que je 
tenais, et s'est enfui dehors. 

16. Et pour preuve de sa fidé- 
lité, elle montra à son mari re- 
venu dans la maison, le manteau 
qu'elle avait retenu, 

11. Et dit : L'esclave hébreu 
que tu as amené, est venu à moi, 
pour m’insulter. 

18. Mais lorsqu'il m'a entendu 
crier, 11 a laissé son manteau, que 
je tenais, et il s'est enfui dehors. 

19. Ces plaintes entendues, le 
maitre trop crédule aux paroles 
de sa femme, fut tres irrité, 

90. Et il envoya Joseph dans la 
prison où les prisonniers du roi 


00 תכ ———_—_————— 


6. Et il ne connaissait, etc. Les uns rapportent ces paroles à Joseph, les autres avec 
plus de probabilité à l'Egyptien, dont il vient d'étre dit immédiatement que Dieu 
lavait comblé de richesses. Dans cette opinion le sens de la phrase est, ou que 
Putiphar avait tellement mis sa confiance en Joseph, qu'il n'avait point de souci, si 
ce n'est de vivre à son aise, et qu'il ne lui demandait d'autre compte que celui de 
sa dépense ordinaire, ou plutót qu'il était devenu si riche qu'il ne connaissait 
nullement sa fortune, et que d'ailleurs il s'en reposait sur Joseph au point de n'avoir 
d'autre soin que de se mettre à table et de manger. 

20.* Dans la prison de Memphis ou plutót de Tanis, capitale des rois pasteurs, 
rois d'origine étrangère qui étaient alors maitres de l'Egypte septentrionale. 


[ca. xL.] 
étaient gardés, et il était là en- 
fermé. 

91. Mais le Seigneur fut avec 
Joseph, et ayant pitié de lui, illui 
fit trouver grâce devant le chef 
de la prison, 

29. Lequel mit sous sa main 
tous les prisonniers qui étaient 
détenus daus la prison; de sorte 
que tout ce qui se faisait, était 
soumis à Joseph. 

‘93. ll ne prenait méme con- 
naissance de rien, tout ayant été 
confié à Joseph, parce que le Sei- 
gneur était avec lui, et dirigeait 
toutes ses œuvres. 


CHAPITRE XL. 


Le grand échauson et le grand panetier 
du roi d'Egypte sont mis en prison. 
Joseph explique leurs songes. 


1. Ces choses s'étant ainsi pas- 
sées,ilarriva que deux eunuques, 
l'échanson du roi d'Egypte et le 
panetier, offensèrent leur maitre. 

9. Et Pharaon, irrité contre 
eux (car l'un commandait aux 
échansons et lautre aux pane- 
tiers), 

3. Les envoya dans la prison 
du chef des soldats, où Joseph 
aussi était détenu. 

4. Mais le gardien de 18 prison 
leur donna Joseph pour les ser- 
vir.Quelque temps s'était écoulé, 
et eux étaient détenus dans la 
prison. 


LA GENÉSE. 87 


5. Or ils virent tous deux, dans 
une méme nuit, un songe qui, se- 
lon son interprétation, se rappor- 
tait à eux. 

6. Lorsque Joseph fut entré 
près d'eux le matin, et qu'il les 
eut vus tristes, 

7. Il les interrogea, disant 
Pourquoi votre visage est-il plus 
triste aujourd'hui que de cou- 
tume? 

8. Ceux-ci répondirent : Nous 
avons vu un songe, et il n'y a per- 
sonne pour nous l'interpréter. Jo- 
seph leur dit : N'est-ce pas à Dieu 
quappartient l'interprétation? 
Rapportez-moi ce que vous avez 
vu. 

9. Le grand échanson raconta 
le premier son songe : Je voyais 
devant moi qu'une vigne, 

10. Oü il y avait trois provins, 
poussait peu à peu des boutons, 
et qu'apres des fleurs, des raisins 
mürissaient, 

11. Et que la coupe de Pha- 
raon était dans ma main : je pris 
donc les raisins et les pressai 
dans la coupe que je tenais, et je 
donnai la coupe à Pharaon. 

12. Joseph répondit : Voici 
l'interprétation du songe : Les 
trois provins, ce sont trois jours 
encore, 

18. Après lesquels Pharaon se 
souviendra de ton ministère, et 
te rétablira dans ton ancienne 


9. Les incrédules ont prétendu que d’après Hérodote et Plutarque les Egyptiens 
n'avaient pas de vignes; mais le premier dit au commencement de son histoire que 
les habitants de Thébes se vantaient d'avoir été les premiers à connaitre la vigne; et 
ce dernier avoue que les rois, au moins avant Psamméticus, buvaient du vin. Dio- 
dore de Sicile dit aussi, d’après l'autorité des Egyptiens eux-mêmes, que leurs rois 
faisaient usage du vin. — * Les monuments égyptiens attestent que la vigne et le vin 
étaient trés communs en Egypte à l'époque de Joseph. 


11. * Les textes hiéroglyphiaues disent qu'on exprimait le jus des raisins dans 
les coupes. 


88 LA GENÈSE. 


charge; tu lui présenteras la 
coupe, selon ton office, comme tu 
avais coutume de le faire aupara- 
vant. 

14. Seulement souviens-toi de 
moi, quand bien t'arrivera, et 
fais-moi miséricorde en suggé- 
rant à Pharaon de me tirer de 
cette prison : 

45. Car j'ai été enlevé par 
fraude du pays des Hébreux, et 
innocent, j'ai été jeté ici dans la 
fosse. 

16. Le grand panetier voyant 
qu'il avait sagement expliqué le 
le songe, dit : Et moi aussi j'ai vu 
un songe : J'avais trois corbeilles 
de farine sur ma 1610 ; 

11. Et dans l'une des corbeilles, 
qui était la plus élevée, je por- 
tais de tous les aliments qui s'ap- 
prétent par l'art du boulanger, 
et les oiseaux en mangeaient. 

18. Joseph répondit : Voici l'in- 
terprétation du songe : Les trois 
corbeilles, ce sont trois jours 
encore, 

19. Apreslesquels Pharaon t'en- 
lèvera la tête, et te suspendra à 
une croix, et les oiseaux déchire- 
ront tes chairs. 

90. Le troisieme jour d'apres 
était le jour de la naissance de 
Pharaon, qui, faisant un grand 
festin à ses serviteurs, se ressou- 
vint, pendant le repas, du grand 
échanson et du grand panelier. 

91. Or il rétablit l'un dans sa 
charge, pour qu'il lui présentàt la 
coupe, 


[cu. xui.] 


29. Et il suspendit l’autre à 
une potence; en sorte que la 
véracité de l'interprete se trouva 
justifiée. 

23. Cependant, tout lui prospé- 
rant, le grand échanson oublia 
son interprète. 


CHAPITRE XLI. 


Songes de Pharaon expliqués par Joseph. 
Elévation de Joseph. Naissance de Ma- 
nassé et d'Ephraim. Stérilité en Egypte. 


1. Après deux ans, Pharaon vit 
un songe. Il croyait qu'il était de- 
bout sur le bord du fleuve, 

2. Duquel montaient sept va- 
ches extrémement belles et 
grasses; et elles paissaient dans 
les marécages. 

3. Sept autres vaches aussi 
sortaient du fleuve, hideuses et 
consumées de maigreur ; et elles 
paissaient sur la rive méme du 
fleuve, dans des lieux  ver- 
doyants ; 

4. Et elles dévorèrent celles 
dont la beauté et l'embonpoint 
étaient merveilleux. Pharaon s'é- 
tant réveillé, 

9. S'endormit de nouveau et 
vit un autre songe : Sept épis 
poussaient sur une seule tige, 
pleins et beaux. 

6. Et autant d'autres épis gréles 
et frappés par un vent brülant se 
levaient aussi, 

1. Dévorant toute la beauté des 
premiers. Pharaon  s'éveillant 
apres son sommeil, 

8. Et, le matin venu, frappé 


1. * Pharaon est probablement le roi pasteur Apapi II, le plus célébre des rois 
pasteurs qui s'étaient emparés de l'Egypte depuis longtemps et qui étaient d'origine 
sémitique comme Joseph. — Sur le bord du fleuve du Nil, le fleuve unique de l'Egypte, 
auquel. ce pays doit toute sa fertilité et sa richesse. 

2. * Sept vaches. La vache était consacrée à la déesse égyptienne Hathor, et celle-ci 
est souvent représentée accompagnée de sept vaches. 


[cH. ΧΙ]. 


d'épouvante, il envoya vers tous 
les devins de l'Egypte et tous les 
sages; et les ayant mandés, il 
leur raconta le songe, et il n'y en 
avait aucun qui püt linterpré- 
ter. 

9. Alors enfin le grand échan- 
son, se souvenant, dit: Je con- 
fesse ma faute. 

10. Le roi irrité contre ses ser- 
viteurs ordonna que moi et le 
grand panetier fussions ramenés 
dans la prison du chef des sol- 
dats, 

11. Où dans une seule nuit 
nous vimes chacun un songe, 
présage des choses futures. 

19. Il y avait là un jeune Hé- 
breu, serviteur du méme chef des 
soldats, et auquel ayant raconté 
nos songes, 

13. Nousentendimestout ce que 
dans la suite l'événement con- 
firma; car moi je fus rendu à ma 
charge, et lui fut suspendu à une 
croix. 

14. Aussitót par l'ordre du roi, 
on tondit Joseph qu'on avait tiré 
de la prison, et, ses vétements 
changés, on le lui présenta. 

15. Le roi lui dit : J'ai vu des 
songes, et il n'y a personne qui 
puisse les expliquer : j'ai appris 
que tu les interprètes très sage- 
ment. 

16. Joseph répondit : Sans moi, 
Dieu répondra des choses favo- 
rables à Pharaon. 

17. Pharaon raconta donc ce 
qu'il avait vu : Je croyais que j'é- 


LA GENÈSE. 89 


tais debout sur la rive du fleuve, 

18. Et que sept vaches sortaient 
du fleuve, extrêmement belles et 
aux chairs grasses; elles pais- 
saient l'herbe verte dans les ma- 
récages. 

19. Et voilà que sept autres 
vaches les suivaient, si difformes 
et si maigres, que jamais je n'en 
visdetelles danslaterre d'Egypte. 

20. Or celles-ci ayant dévoré et 
consumé les premieres, 

21. Ne donnèrent aucun signe 
desatiété ; mais elles demeuraient 
engourdies dansla méme mai- 
greur et la méme laideur. M'étant 
éveillé et de nouveau assoupi, 

22. Je vis un songe : sept épis 
poussaient sur une seule tige, 
pleins et très beaux. 

23. Sept autres aussi, gréles et 
frappés par un vent brülant s’éle- 
vaient d'un chaume ; 

24. Ils dévorèrent la beauté des 
premiers. J'ai raconté le songe 
aux devins, et il n'y a personne 
qui puisse l'expliquer. 

25. Joseph répondit : Le songe 
du roi est un : ce que Dieu doit 
faire, il l'a montré à Pharaon. 

26. Les sept vaches belles et les 
sept épis pleins sont sept années 
d'abondance, etontdansle songe 
la méme signification. 

21. Pareillement, les sept va- 
ches maigres et décharnées qui 
sont montéesaprés les premieres, 
et les sept épis gréles et frappés 
d'un vent brülant, sont sept an- 
nées d'une famine qui doit venir. 


——————————————————————————————— 


14. Les Egyptiens ne laissaient jamais croitre leurs cheveux et leur barbe, excepté 
pendant le deuil et dans l'affliction; et ils portaient toujours des habits de lin trés 
propres. Ainsi on n'aurait pas osé présenter Joseph au roi avant de l'avoir tondu et 
rasé, et de l'avoir dépouillé de ses habits pour lui en donner de convenables. Voyez 


Hérodote. 1. II. ch. 36 et 31. 


90 LA GENÈSE. 


98. Ces années s'accompliront 
dans cet ordre : 

29. Voilà que viendront dans 
toute la terre d'Egypte sept an- 
nées d'une grande fertilité, 

30. Que suivront sept autres 
années d'une si grande stérilité, 
quetoute l'abondance précédente 
sera livrée à l'oubli; car lafamine 
doil consumer toute la terre. 

31. Et la grandeur de la disette 
doit détruire la grandeur de 
l'abondance. 

32. Mais le songe que vous avez 
vu en second lieu, et qui se rap- 
porte àla méme chose, c'est un 
signecertain quelaparole de Dieu 
aura son effet et qu'elle s'accom- 
plira promptement. 

33. Maintenant donc, que le roi 
choisisse un homme sage et ha: 
bile, et qu'il le prépose sur la 
terre d'Egypte; 

34. Afin qu'il établisse des in- 
tendants dans toutes les pro- 
vinces; et que la cinquième par- 
tie des fruits des sept années d'a- 
bondance, 

35. Qui déjà maintenant vont 
venir, il l'amasse dans les gre- 
niers: et que tout le blé soit mis 
sous la puissance de Pharaon, et 
gardé dans les villes; 

36. Et qu'il soit tenu prêt pour 
la famine des sept ans qui pèsera 
sur l'Egypte, et que le pays ne soit 
pas consumé par la disette. 

37. Ce conseil plut à Pharaon et 
à tous ses ministres; 


[cu. xrr.) 


38. Et il leur demanda : Pou- 
rons-nous trouver un tel homme 
qui soit plein de l'esprit de Dieu? 

39. 11 dit donc à Joseph : Puis- 
que Dieu t'a montré tout ce que 
tu as dit, pourrai-je trouver quel- 
qu'un plus sage que toi, et méme 
semblable à toi? 

40. C'est toi qui seras préposé! 
sur ma maison, et au commande- 
ment de ta bouche, tout le peuple 
obéira; et c’est par le trône royal 
seulement que j'aurai sur toi la 
préséance. 

41. Pharaon dit encore à Joseph: 
Voici que je t'établis sur toute la 
terre d'Egypte. 

49. ἘΠῚ) óta l'anneau 46 858 main, 
et le mit à la main de Joseph : il 
le revétit aussi d'une robe de fin 
lin, et lui mit autour du cou un 
collier d'or. 

48. I le fit monter sur son se- 
cond char, un héraut criant que 
tous devant lui fléchissent le ge- 
nou, etsussent qu'il était préposé 
sur toute la terre d'Egypte. 

44. Le roi dit aussi à Joseph : 
Moi je suis Pharaon, mais sans 
ton commandement nul ne re- 
muera la main ou le pied dans 
toute la terre d'Egypte. 

45. Et il changea son nom, et 
ill'appela en langue égyptienne 
Sauveur du monde. Il lui donna 
pour femme Aseneth, fille de Pu- 
tiphar, prétre d'Héliopolis.Joseph 
sortit donc pour visiter la terre 
d'Egypte. 


(παρ. XLI. 40. Ps. civ, 21; I Mach., 1, 53; Actes, vir, 10. 


€ — .--ς-ς- ς-ς- ------ 


49. * Un collier d'or. C'était une espéce de décoration que les rois d'Egypte accor- 
daient aux hommes de mérite. Il était souvent à plusieurs rangs. On le voit au cou 
Je presque tous les personnages égyptiens dont nous avons les statues ou les bas- 


reliefs. 


45. * Héliopolis ou On, prés du village actuel de Matariéh, non loin du Caire. 


(cu. xiu.) 

46. (Or ilavaittrente ans, quand 
il fut présenté au roi Pharaon), et 
ilfitle tour de touteslesprovinces 
de l'Egypte. 

47. Cependant arriva la fertilité 
des sept années, et les blés, mis 
en gerbes, furent recueillis dans 
les greniers de l'Egypte. 

48. Toute l'abondance 8 
grains fut mise aussi en réserve 
dans chacune des villes. 

49. Et si grande fut l'abondance 
du froment, qu'il égalait le sable 
de la mer, et que la quantité sur- 
passail toute mesure. 

50. Or il naquit à Joseph, avant 
que la famine vint, deux fils que 
lui enfanta Aseneth, fille de Pu- 
tiphar, prétre d'Héliopolis. 

51. Il appela le premier-né du 
nom de Manassé, disant : Dieu 
m'afait oubliertoutes mes peines, 
et la maison de mon père. 

59. Et il appela le second du 
nom d'Ephraim, disant : Dieu m'a 
fait croitre dans la terre de ma 
pauvreté. 

53. Ainsi, les sept années de la 
fertilité de l'Egypte étant passées, 

54. Commencèrent à venir les 
sept années de disette que Joseph 
avait prédites; et dans tout l'u- 
nivers la famine prévalut; mais 
dans toute la terre d'Egypte il y 
avait du pain. 

dd. Or, l'Egypte affamée, le 
peupleeriaàPharaon, demandant 
des vivres. Pharaonleurrépondit: 
Allez à Joseph, et tout ce qu'il 
vous dira, faites-le. 

96. Cependant la famine aug- 
mentait chaque jour sur toute la 


50. Infra, xrvi, 20; xrvir, 5. 


LA GENÉSF. 91 


terre; et Joseph ouvrit tous les 
greniers; et il vendait du blé aux 
Egyptiens, car la famine pesait 
aussi sur eux. 

97. Et toutes les provinces ve- 
naient en Egypte pour acheter 
des vivres, et tempérer le mal de 
la disette. 


CHAPITRE XLII. 


Arrivée des fréres de Joseph en Egypte. 
Joseph fait arréter Siméon, et ne ren- 
voie les autres qu'à condition qu'ils 
améneront Benjamin. 


1. Or Jacob apprenant que l'on 
vendait des vivres en Egypte, dit 
à sesfils : Pourquoi étes-vous si 
négligents? 

2. J'ai appris qu'on vend du blé 
en Egypte; descendez-v, et ache- 
tez ce qui nous est nécessaire, 
afin que nous puissions vivre, 
et que nous ne soyons pas con- 
sumés par la disette. 

3. Ainsi, descendant pour ache- 
ter du blé en Egypte, les dix frères 
de Joseph 

4. (Benjamin ayant été retenu 
dans la maison par Jacob qui avait 
dit à ses freres : C'est de peur 
quen chemin il  n'éprouve 
quelque accident) 

ὃ. Entrèrent dans la terre d'E- 
gypte avec d'autres qui allaient 
pour en acheter; car la famine 
était dans la terre de Chanaan. 

6. Or Joseph était gouverneur 
dans la terre d'Egypte, et c'est 
selon sa volonté quele blé se ven- 
dait aux peuples. Lors donc que 
ses frères se furent prosternés 
devant lui 


ב e‏ רש 


6. Se furent prosternés, etc.; littér. : l'eurent adoré. Voyez xvin, 2. 


99 LA GENÈSE. 


7. Et qu’il les eut reconnus, il 
leur parlait durement, comme à 
des étrangers, leur demandant : 
D'où êtes-vous venus? Ils répon- 
dirent : De la terre de Chanaan, 
afin d'acheter ce qui est nécessaire 
à la vie. 

8. Mais cependant reconnais- 
sant ses frères, il ne fut pas re- 
connu d'eux. 

9. Et se souvenant des songes 
qu'autrefoisilavait vus, illeur dit : 
Vous étes des espions; c'est pour 
voir les endroits les plus faibles 
du pays, que vous étes venus. 

10. Ils répondirent : Il n'en est 
pas ainsi, seigneur; mais vos 
serviteurs sont venus pour ache- 
ter des vivres. 

11. Nous sommes tous fils d'un 
seul homme; c'est en gens pai- 
sibles que nous sommes venus; 
et vos serviteurs ne méditent 
rien de mal. 

12. Joseph leur repartit : Il en 
est autrement; vous êtes venus 
pour observer les places de l'E- 
gypte qui ne sont pas fortifiées. 

13. Mais eux : Nous, vos ser- 
viteurs, disent-ils, nous sommes 
douze freres, fils d'unseul homme 
dans la terre de Chanaan; le plus 
jeune est avec notre père, et 
l'autre n'est plus. 

14. C'est, reprit-il, ce que j'ai 
dit : Vous étes des espions. 

45. Dès maintenant, je vous 
éprouverai : par la vie de Pha- 
raon, vous ne sortirez pas d'ici, 
jusqu'à ce que vienne votre frere 
le plus jeune. 

16. Envoyez l'un d'entre vous, 
et qu'il l'amène, mais vous, vous 
serez dans les liens jusqu'à ce 


[cH. xum.) 


qu'il soit prouvé que ce que vous 
avez dit est vrai ou faux : autre- 
ment, parla vie de Pharaon, vous 
étes des espions. 

11. Il les mit donc en prison 
pendant trois jours. 

18. Mais, au troisième jour les 
ayant tirés de prison, il leur dit : 
Faites ceque [ 81 ditet vous vivrez ; 
car je crains Dieu. 

19. Si vous étes des gens pai- 
sibles, que l'un de vos freres soit 
enchainé dans la prison, et vous, 
allez et portez]le blé que vous avez 
acheté dans vos maisons; 

20. Maisamenez-moi votre frere 
le plus jeune, afin que je puisse 
vérifier vos paroles, et que vous 
ne mouriez pas. 118 firent comme 
il avait dit. 

91. Et ils se dirent les uns aux 
autres : C'est justement que nous 
souffrons toutceci, parce que nous 
avons péché contre notre frère, 
voyant l’angoisse de son âme, 
quand il nous priait, et nous ne 
l'avons pasécouté : c’est pour cela 
qu'est venue surnous cette tribu- 
lation. 

92. Un seul d'entre eux, Ruben 
dit : Ne vous ai-je pas dit : Ne pé- 
chez pascontrecet enfant? et vous 
ne m'avez pas écouté : voilà que 
son sang est redemandé. 

93. Or, ils ne savaient pas que 
Joseph les entendit, parce que 
c'est par interprète qu'il leur 
parlait. 

24. Mais il se retira un moment 
et pleura : puis revenu, il leur 
parla. 

95. EtprenantSiméon etleliant, 
eux présents, il commanda à ses 
ministres qu'ils emplissent leurs 


CuaP. XLII. 20, Infra, xLu1, 5. — 22. Supra, xxxvil, 22. 


]68. [.זזהזא‎ 
sacs de blé, et qu'ils remissent 
l'argent de chacun d'eux dans son 
sac, en leur donnant de plus des 
vivres pour la route : ceux-ci 

firent ainsi. 

26. Ainsi les freres de Joseph, 
emportant leur blé surleurs ânes, 
partirent. 

27. Or l'un d'eux ayant ouvert 
son sac pour donner à manger à 
3a béte dans rhótellerie, et ayant 
vu son argent à l'entrée du sac, 

28. Dit à sesfrères : Mon argent 
m'a été rendu, le voici dans le sac. 
Etonnés et troublés, ils se disaient 
mutuellement: Qu'est-ce que Dieu 
nous a fait? 

29. Cependant ils vinrent vers 
Jacob leur pere dans la terre de 
Chanaan, et ils lui raconterent 
tout ce qui leur était arrivé, di- 
sant : 

30. Le maitre de ce pays nous a 
parlé durement, et il a cru que 
nous étions des explorateurs de 
la contrée. 

31. Nous lui avons répondu : 
Nous sommes des gens paisibles, 
et nous ne dressons aucune em- 
büche. 

32. Nous sommes douze frères, 
engendrés d'un seul pere : l'un 
n'estplus, etle plus jeune est avec 
notre pere dans la terre de Cha- 
naan. 

98. 1 nous a reparti : Voici 
commentj éprouveraisi vous étes 
des gens paisibles; laissez un de 
vosfrèresauprès de moi, et prenez 
les provisions nécessaires à vos 
maisons, et vous en allez. 

34. Mais votre frere le plus 
jeune, amenez-le-moi, afin que je 
sache que vous n'étes pas des 


LA GENÈSE. 93 


espions, et que vous puissiez re- 
couvrer celui qui est retenu dans 
les liens, et qu'ensuite vous ayez 
la liberté d'acheter ce que vous 
voudrez. 

98. Ces choses dites, comme ils 
versaient leur blé, ils trouvèrent 
à lentrée des sacs chacun leur 
argent 116 ; et étant tous ensemble 
saisis d'effroi, 

36. Jacob leur père dit : Vous 
avez fait que je suis sans enfants: 
Joseph n'est plus, Siméon est re- 
tenu dans les liens, et vous enlè- 
verez Benjamin : c'est sur moi 
que tous ces malheurs sont re- 
tombés. 

91. Ruben lui répondit : Tuez 
mes deux fils, si je ne vous le ra- 
mene; remettez-le en ma main, 
et moi, je vous le rendrai. 

38. Mais Jacob : Non, dit-il, il 
ne descendra pas avec vous, mon 
fils : son frere est mort, et lui 
seul est resté; si quelque chose 
defâcheuxluiarrivait dans le pays 
oü vous allez, vous feriez des- 
cendre mes cheveux blancs avec 
douleur dans les enfers. 


CHAPITRE XLIII. 


Retour des fréres de Joseph en Egypte 
avec Benjamin. Joseph leur fait un 
festin. 


1. Cependant la famine pesait 
violemment sur toute la terre. 

2. Et les vivres qu'ils avaient 
apportés de l'Egypte, étant con- 
sommés, Jacob dit àses fils : Re- 
tournez, etachetez-nous quelques 
provisions. 

3. Juda répondit : Cet homme 
nous ἃ fait une déclaration sous 
le sceau du serment, disant : Vous 


38. Les enfers. Voyez pour le vrai sens de ce mot, xxxvi, 35. 


94 LA GENÈSE. 


ne verrez point ma face si vous 
n'amenez votre frère le plus jeune 
avec vous. 

4. Si donc vous voulez l'en- 
voyer avec nous, nous irons en- 
semble, et nous achéterons ce qui 
vous est nécessaire. 

5. Mais si vous ne voulez pas, 
nous n'irons pas; car cet homme, 
comme souvent nous l'avons dit, 
nous a fait une déclaration, di- 
sant : Vous ne verrez point ma 
face,sans votre frereleplusjeune. 

6. Israël leur dit : Pour mon 
malheur vousavez faitde maniere 
que vouslui avezindiqué que vous 
aviez encore un frère. 

7. Mais eux répondirent : Cet 
homme nous a interrogés par 
ordre sur notre famille : si notre 
pere vivait, si nous avions un 
autre frère; et nous lui avons ré- 
pondu conséquemment, selon ce 
qu'il avait demandé ; est-ce que 
nous pouvions savoir qu'il dirait : 
Amenez votre frère avec vous? 

8. Juda aussi dit à son père : 
Envoyez l'enfant avec moi, afin 
que nous partions et que nous 
puissions vivre, et que nous ne 
mourions pas, nous et nos petits 
enfants. 

9. C'est moi qui me charge de 
l'enfant; c'est à ma main que vous 
le redemanderez; si je ne le ra- 
mene, et si je ne vous le rends, 
je serai coupable envers vous à 
jamais. 

10. S'il n'était pas intervenu de 
délai, nous serions déjà revenus 
une seconde fois. 

41. Ainsi Israël leur père leur 


[,ז זא fcu.‏ 


dit : S'il le faut ainsi, faites ce 
que vous voudrez; prenez des 
meilleurs fruits de ce pays-ci dans 
vos vases, et portez à cet homme 
en présent un peu de résine, de 
miel, de storax, de stacté, de té- 
rébinthe et d'amandes. 

19. Portez aussi avec vous le 
double d'argent ; etcelui que vous 
avez trouvé dans vos sacs, repor- 
tez-le, de peur que cela n'ait été 
fait par méprise. 

19. Mais prenez aussi votre 
frère et allez vers cet homme. 

14. Que mon Dieutout-puissant 
vous le rende favorable, afin qu'il 
renvoie avec vous votre frere 
qu'il retient, et ce Benjamin; et 
moi, je serai comme privé d'en- 
fants. 

15. Ceux-ci prirent donc avec 
eux les présents, le double d'ar- 
gent et Benjamin, et ils descen- 
dirent en Egypte et se présente- 
rent devant Joseph. 

16. Lorsque Joseph les vit et 
Benjamin avec eux, il commanda 
à lintendant de sa maison, di- 
sant : Fais entrer ces hommes 
dans la maison ; tue des victimes, 
et appréte un festin; parce que 
c'est avec moi qu'ils doivent man- 
ger à midi. 

11. Celui-ci fit ce qui lui avait 
été commandé, et il introduisit 
ces hommes dans la maison. 

18. Et là, épouvantés, ils se 
dirent mutuellement : C'est à 
cause de l'argent que nous avons 
rapporté précédemment dans nos 
sacs qu'il nous a fait entrer ici, 
pourdéversersur nous une fausse 


(παρ. XLIII. 5. Supra, xri, 20. — 9. Infra, xriv, 32. 


11. * Les parfums étaient trés estimés et trés recherchés en Egypte. Voir plus haut, 


xxxvil, 25. 


[cu. xum.) 


accusation, et nous réduire vio- 
lemment en servitude, nous et 
nos ânes. 

19. C'est pourquoi, à la porte 
méme, s'approchant de l'inten- 
dant de la maison, 

90.Tls dirent: Nous vous prions, 
seigneur, de nous écouter. Nous 
sommes déjà venus ici pour ache- 
ler des vivres; 

21. Lesquels achetés, quand 
nous fümes arrivés à l'hótellerie, 
nous ouvrimes nos sacs, et nous 
trouvâmes l'argent à l'entrée des 
sacs : nous l'avonsrapporté main- 
tenant dans tout son poids. 

22. Mais nous avons rapporté 
aussi d'autre argent pour acheter 
ce qui nous est nécessaire. Nous 
ne savons pas qui a mis cet ar- 
gent dans nos bourses. 

23. Mais lui répondit : Paix avec 
vous! ne craignez point : votre 
Dieu et le Dieu de votre pere vous 
a mis des trésors dans vos sacs, 
car largent que vous m'avez 
donné, c'est moi qui l'ai en bonne 
monnaie. Et il leur amena Si- 
méon. 

24. Etles ayant introduits dans 
la. maison, il leur apporta de 
l'eau, et ils laverent leurs pieds, 
et il donna à manger à leurs 
ánes. 

25. Or eux préparaient leurs 
présents, attendant que Joseph 
entrât sur le midi; car ils avaient 
appris que c'étaitlàqu'ils devaient 
manger du pain. 

26. Joseph done entra dans sa 
maison, et ils lui offrirent les pré- 


20. Supra, xi, ὃ. 


LA GENÉSE. 95 


sents qu'ils tenaient en leurs 
mains, etils se prosternèrent, in- 
clinés vers la terre. 

27. Mais Joseph, leur ayant 
rendu leur salut avec bonté, les 
interrogea, disant : Se porte-t-il 
bien, votre vieux père dont vous 
m'aviez parlé? vit-il encore ? 

28. Ceux-ci répondirent : Il se 
porte bien, votre serviteur notre 
père, il vit encore. Et s'étant pro- 
fondément inclinés, ils seproster- 
nerent devant lui. 

29. Or Joseph, levant les yeux, 
vit Benjamin son frère utérin, et 
dit : Celui-ci est votre jeune frere 
dont vous m'aviez parlé? Et de 
nouveau : Dieu, dit-il, te soit mi- 
séricordieux, mon fils! 

30. Et il se retira précipitam- 
ment, car ses entrailles s'étaient 
émuessur son frere, et des larmes 
s'échappaient de ses yeux : en- 
trant done dans sa chambre il 
pleura. 

31. Puis, sortant de nouveau, le 
visage lavé, il se contint et dit : 
Servez des pains. 

32. Les pains servis à part pour 
Joseph, à part pour ses freres, et 
àpart pourles Egyptiens qui man- 
geaient ensemble (caril n'est pas 
permis aux Egyptiens de manger 
avec les Hébreux, et ils regardent 
comme profane un semblable re- 
pas), 

33. Ils s'assirent devant lui, le 
premier-né, selon son droit d'ai- 
nesse, et le plus jeune, selon son 
âge. Or ils étaient extrémement 
surpris, 


25. Manger du pain. Voyez pour le sens de cette expression, xxxt, 54. 


26, 28. Ils se prosternérent. Voyez xvin, 2. 


31. Servez des pains; c'est-à-dire préparez un repas. Compar. 111, 19; אאא‎ 54. 


96 LA GENÈSE. 


34. En prenant les parts qu'ils 
avaient recues de lui; car une 
part d'autant plus grande vint à 
Benjamin, qu'elle surpassait cinq 
autres parts. Ils burent dono et 
(irent grande chere avec lui. 


CHAPITRE XLIV. 


Joseph fait mettre sa coupe dans le sac 
de Benjamin. Il traite ses fréres comme 
des voleurs. Juda s'offre à demeurer 
esclave àla place de Benjamin. 


1. Or Joseph commanda à l'in- 
tendant de sa maison disant : Em- 
plisles sacs de ces hommes d'au- 
tant de blé qu'ils en peuvent con- 
tenir, et mets l'argent de chacun 
dans le haut de son sac. 

9. Mais place à l'entrée du sac 
du plus jeune ma coupe d'argent, 
et le prix du blé qu'il a donné. Et 
il fut fait ainsi. 

3. Et, au lever du matin, on les 
renvoya avec leurs ânes. 

4. Et déjà ils étaient sortis de 
la ville, et ils avaient fait un peu 
de chemin; alors Joseph ayant 
appelé lintendant de sa mai- 
son : Lève-toi, dit-il, et poursuis 
ces hommes; et quand tu les 
auras atteints, dis-leur : Pourquoi 
avez-vous rendu le mal pour le 
bien? 

5. La coupe que. vous avez dé- 
robée, est celle dans laquelle boit 
nion maitre, et avec laquelle il a 
coutume de deviner :c'est une 


]68. xLIv.] 


chose trés mauvaise que vous 
avez faite. 

6. Celui-ci fit comme il lui avait 
été ordonné; et lesayantatteints, 
il leur dit le commandement mot 
pour mot. 

7. Ils répondirent : Pourquoi 
notre seigneur parle-t-il ainsi, 
comme si vos serviteurs avaient 
commis un crime si grand? 

8. L'argent que nous avons 
trouvé dans le haut de nos sacs, 
nous l'avons rapporté de la terre 
de Chanaan : comment arrive-t-il 
done que nous avons dérobé de 
la maison de votre maitre de l'or 
ou de l'argent? 

9. Que celui, quel qu'il soit de 
vos serviteurs, auprès de qui sera 
trouvé ce que vous cherchez, 
meure, et nous, nous serons es- 
claves de notre seigneur. 

10. Il leur dit : Qu'il soit fait 
selon votre avis : que celui auprès 
de quiilsera trouvé, soit mon es- 
clave; mais vous, vous serez in- 
nocents. 

11. C'est pourquoi descendant 
promptement leurs 5805 à terre, 
chacun ouvrit le sen. 

19. L'intendant les ayant fouil- 
lés, commençant depuis le plus 
grand jusqu'au plus petit, trouva 
la coupe dans le sac de Benjamin. 

13. Ainsi eux, leurs vétements 
déchirés, et leurs ânes rechargés, 
retournerent à la ville. 


————————————Áá—— —————— ————————————————m 


34. Firent grande chère, ou se réjouirent. Le verbe inebriare du texte est susceptible 
de ces deux significations. 


5, 15. L'usage de deviner par la coupe était commun aux peuples de l'Orient et 
surtout aux Egyptiens (S. Augustin, de Civit. Dei, 1. vit, 6. 51). La traduction de la 
Vulgate, qui parait la plus conforme au texte hébreu et qui est aussi celle des Sep- 
tante, n'autorise cependant point à croire que Joseph se soit livré à des sortiléges; 
car, comme le remarque saint Thomas (2. 2, quæst. 195, art. 7), Joseph et son inten- 
dant ont pu tenir le langage que Moise leur préte, parce que les Egyptiens regar- 
daient et proclamaient Joseph comme très habile dans l'art de la divination. 


[cH. xLIV.] 
14. Et Juda le premier avec ses 
frères entra auprès de Joseph 
(car il n’était pas encore sorti du 
lieu), et tous ensemble se préci- 
pitèrent à terre devant lui. 

15. Joseph leur dit : Pourquoi 
avez-vous voulu agir ainsi? igno- 
rez-vous quil ny 8 point 
d'homme semblable à moi dans 
l'art de deviner? 

16. Et Juda : Que répondrons- 
nous à mon seigneur? lui dit-il; 
ou que dirons-nous, ou bien que 
pourrons-nous légitimement 
prétexter? Dieu a découvert li- 
niquité de vos serviteurs : nous 
voilà tous esclaves de mon sei- 
gneur, et nous, et celui aupres 
de qui a été trouvée la coupe. 

11. Joseph répondit : Loin de 
moi d'agir ainsi! Que celui qui a 
dérobé ma coupe, soit mon es- 
clave; pour vous, retournez libres 
vers votre père. 

18. Mais Juda, s'approchant 
plus pres, dit avec assurance : Je 
vous prie, mon seigneur, que 
votre serviteur fasse entendre un 
mot à votre oreille, et ne vous 
irritez point contre votre servi- 
teur; car vous êtes après Pha- 
raon, 

19. Mon seigneur. Vous avez 
au commencement demandé à 
vos serviteurs : Avez-vous un 
père ou un autre frère ? 

20. Et nous, nous avons répon- 
du à vous, mon seigneur : Nous 
avons un père qui est vieux, et 
un enfant très jeune qui lui est 
né dans sa vieillesse, et dont le 


LA GENESE. 97 


frère utérin est mort; sa mère 
n’a laissé que celui-ci, mais son 
père l'aime tendrement. 

91. Alors vous avez dit à vos 
serviteurs : Amenez-le-moi, et je 
poserai mes yeux sur lui. 

22. Et nous avons ajouté à mon 
seigneur : Cet enfant ne peut 
quitter son père ; car s’il le laisse, 
son père mourra. 

29. Et vous avez répliqué à vos 
serviteurs : Si votre frere le plus 
jeune ne vient avec vous, vous 
ne verrez plus ma face. 

24. Lors donc que nous fümes 
montés vers votre serviteur notre 
père, nous lui rapportámes tout 
ce que nous avait dit mon sei- 
gneur. 

25. Et notre pere dit : Retour- 
nez et achetez-nous un peu de 
blé. 

26. Nous lui répondimes : Nous 
ne pouvons aller : si notre frere 
le plus jeune descend avec nous, 
nous partirons ensemble ; autre- 
ment, lui absent, nous n'osons 
voir la face de cet homme. 

27. A quoi lui répliqua : Vous 
savez que ma femme m'a donné 
deux fils. 

28. L'un est sorti, et vous avez 
dit : Une bête féroce l'a dévoré; 
et jusqu ici il ne reparait point. 

29. Si vous emmenez encore 
celui-ci, et que quelque chose lui 
arrive en chemin, vous ferez des- 
cendre mes cheveux blancs avec 
douleur dans les enfers. 

30. Si j'entre donc auprès de 
votre serviteur notre pere, et que 


Cuar. XLIV. 19. Supra, xru, 13. — 23. Supra, xri, 3, Ὁ. — 28. Supra, xxxvii, 20. 33. 


28. Est sorti; l'hébreu ajoute d'avec moi. 


29, 31. Les enfers. Voyez pour le vrai sens de ce mot, xxxvil, 35. 


A LI 1t 


98 LA GENÉSE. 


l'enfant n'y soit pas (comme l'àme 
de l'un dépend de l'àme de l'au- 
tre), 

81. Et qu'il voie qu'il n'est pas 
avec nous, il mourra, et vos ser- 
viteurs feront descendre ses che- 
veux blancs avec douleur dans 
les enfers. 

32. Que je sois votre esclave, 
moi particulièrement, quil'ai regu 
sur ma foi, et qui en ai répon- 
du, disant : Si je ne le ramène, 
je serai coupable d'un crime en- 
vers mon pere à jamais. 

33. C'est pourquoi je demeure- 
rai votre esclave pour l'enfant au 
service de mon seigneur, et que 
l'enfant remonte avec ses freres; 

34. Car je ne puis revenir vers 
mon père, l'enfant absent, de 
peur que je n'assiste comme té- 
moin du malheur qui va accabler 
mon pere. 


CHAPITRE XLV. 


Joseph se fait connaitre à ses fréres. Ceux- 
ei s'en retournent vers Jacob chargés 
de présents. 


1. Joseph ne pouvait plus se 
contenir, beaucoup de personnes 
se trouvant là présentes; c'est 
pourquoi il commanda que toutes 
sortissent dehors, et qu'aucun 
étranger ne fût présent à la re- 
connaissance mutuelle. 

9. Alors il éleva la voix avec 
larmes; les Egyptiens l'entendi- 
rent et toute la maison de Pha- 
raon. : 

8. Et il dit à ses frères : Je suis 


[cu. xLv.] 


Joseph: mon pere vit-il encore? 
Ses frères ne pouvaient lui ré- 
pondre, étantsaisisd'uneextréme 
frayeur. 

4. Mais lui avec douceur : Ap- 
prochez-vous de moi, dit-il. Et 
quand ils se furent approchés bien 
près : Je suis, ajouta-t-il, Joseph 
votre frere, que vous avez vendu 
pour l'Egypte. 

9. Ne craignez point, et qu'il 
ne vous semble point pénible de 
m'avoir vendu en ces régions; 
car c'est pour votre salut que 
Dieu m'a envoyé avant vous en 
Egypte. 

6. Car il y a deux ans que la 
famine a commencé à étre sur la 
terre, et il reste encore cinq ans 
pendant lesquels on ne pourra ni 
labourer ni moissonner. 

7. Dieu m'a donc envoyé ici 
avant vous, afin que vous soyez 
conservés sur la terre, et que 
vous puissiez avoir des vivres 
pour subsister. 

8. Ce n'est point par votre con- 
seil, mais par la volonté de Dieu 
que j'ai été envoyé 101 : 11 m'a éta- 
bli comme père de Pharaon, 
maitre de toute sa maison, et 
prince dans toute la terre d'E- 
gypte. 

9. Hátez-vous, montez vers mon 
pere, et vous lui direz : Voici ce 
que vous mande votre fils Joseph : 
Dieu m'a établi maitre de toute la 
terre d'Egypte; descendez vers 
moi, ne tardez point. 

10. Vous habiterez dans laterre 


32. Supra, xni, 9. — Cuar. XLV. 4. Actes, vu, 13. — 5. Infra, r, 20 


10. * La terre de Gessen était située entre l'isthme de Suez et la branche tanitique 
du Nil. Du temps de Joseph, elle ne formait pas encore ce qu'on appelle un nome 
égyptien, mais elle était comme en dehors des divisions administratives, dans une 
région propre à nourrir des troupeaux, 


[eu. xLv.] 
de Gessen; et vous serez près de 
moi, vous et vos fils et les fils de 
vos fils; vos brebis et vos trou- 
peaux de gros bétail et tout ce 
que vous possédez. 

41. Et là je vous nourrirai (car 
il reste encore cinq années de fa- 
mine), afin que vous ne périssiez 
pas et vous et votre maison et tout 
ce que vous possédez. 

12. Voici que vos yeux et les 
yeux de mon frere Benjamin 
voient que c'est ma bouche qui 
vous parle. 

13. Annoncez à mon pere toute 
ma gloire et tout ce que vous avez 
vu en Egypte : hátez-vous et ame- 
nez-le-moi. 

14. Et lorsque l'embrassant il 
fut retombé sur le cou de Benja- 
min son frere, il pleura, Benja- 
min aussi pleurant pareillement 
sur le cou de Joseph. 

19. Joseph embrassa ensuite 
tous ses freres et pleura sur cha- 
cun d'eux ; après quoi ils osèrent 
lui parler. 

16. Et l'on entendit et l'on pu- 
blia hautement à la cour du roi: 
Les frères de Joseph sont venus; 
et Pharaon s'en réjouit et toute sa 
famille. 

11. Et il dit à Joseph qu'il com- 
mandât à ses freres, disant : Char- 
gez vos bétes et vous en allez dans 
la terre de Chanaan; 

18. Et amenez de là votre pere 
et votre parenté, et venez à moi : 
et moi je vous donnerai tous les 
biens de l'Egypte, afin que vous 


LA GENÈSE. 99 


vous nourrissiez de la moelle de 
cette terre. 

19. Ordonne aussi qu'ils pren- 
nent descharsde laterre d'Egypte 
pour le transport de leurs petits 
enfants etde leurs femmes; et dis- 
leur: Amenez votre père et hátez- 
vous de venir au plus tót. 

20. Ne laissez rien de vos meu- 
bles; car toutes les richesses de 
l'Egypte seront à vous. 

21. Et les fils d'Israél firent 
comme il leur avait été com- 
mandé. Joseph leur donna des 
chars selon l'ordre de Pharaon, 
et des vivres pour le chemin. 

22. Il ordonna qu'on leur remit 
aussi à chacun deux robes; mais 
à Benjamin il donna trois cents 
pieces d'argent avec cinq robes 
des plus belles : 

23. Envoyant à son pere autant 
d'argent et de vétements; ajou- 
tant méme dix ànes chargés de 
toutes les richesses de l'Egypte, 
et un nombre égal d'ánesses por- 
tant du blé et du pain pour le 
chemin. 

24. Il renvoya donc ses frères, 
et leur dit, lorsqu'ils partaient : 
Ne vous fáchez pas en route. 

25. Ceux-ci, montant de l'E- 
gypte, vinrent dans la terre de 
Chanaan, vers leur pere Jacob, 

26. Et lui portèrent le message, 
disant : Joseph votre fils vit en- 
core, et c'est lui qui commande 
dans toute la terre d'Egypte. Ce 
quayant entendu Jacob, il s'é- 
veilla comme d'un profond som- 


18. De (a moelle, hébr. de la graisse; c'est-à-dire des meilleures productions. 
20. Ne laissez rien, etc. Le vrai sens parait étre, conformément au texte hébreu et 
à ce qui suit immédiatement: Ne laissez rien avec regret, n'ayez aucun souci de 


Laisser, etc. 


22. Trois cents pièces d'argent; c'est-à-dire (rois cents sicles. Le sicle d'argent pur 


valait environ 1 fr. 66 cent. 


100 LA GENÈSE. 


meil; mais il ne les croyait pas. 

97. Eux au contraire lui rap- 
portaient toute la suite de la 
chose; et quand il vitles chars et 
tout ce que Joseph avait envoyé, 
son esprit se ranima. 

98. Et il dit : Il me suffit, si 
Joseph mon fils vitencore : j'irai 
et jele verrai avant que je meure. 


CHAPITRE XLVI. 


Jacob vient en Egypte; dénombrement 
de ses enfants. Entrevue de Jacob et 
de Joseph. 


1. Israël donc partit avec tout 
ce qu'il avait, vint au Puits du 
Serment; et là , des victimes im- 
molées au Dieu de son perelIsaao, 

9. Il l'entendit dans une vision 
de la nuit, l'appelant etlui disant : 
Jacob, Jacob. Il lui répondit : Me 
voici. 

3. Dieu lui dit : Je suis le Dieu 
très fort de ton père; ne crains 
point, descends en Egypte, parce 
que je te ferai père d’une grande 
nation en ce pays. 

4. Moi-même je descendrai là 
avec toi, et moi-même je t'en 
ramènerai, lorsque tu en revien- 
dras : et Joseph posera ses mains 
sur tes yeux. 

5. Jacob donc se leva du Puits 
du Serment, et ses fils le portè- 
rent avec leurs petits enfants et 
leurs femmes sur les chars que 
Pharaonavaitenvoyés pour trans- 
porter le vieillard, 


[cH. XLvI.] 


6. Et tout ce qu'il possédait 
dans la terre de Chanaan : il ar- 
riva donc en Egypte avec toute sa 
lignée, 

7. Ses fils, ses petits-fils, ses 
filles et toute sa race ensemble. 

8. Or voici les noms des fils 
d'Israël, qui entrèrent en Egypte, 
lorsqu'il vint avec ses enfants. Le 
premier-né était Ruben. 

9. Les fils de Ruben : Hénoch, 
Phallu, Hesron et Charmi. 

10. Les fils de Siméon : Jamuel, 
Jamin, Ahod, Jachin, Soharet Saül 
fils d'une Chananéenne. 

11. Les fils de Lévi : Gerson, 
Caath et Mérari. 

19. Les fils de Juda : Her, Onan, 
Séla, Phares et Zara; mais Her et 
Onan moururent dans le pays de 
Chanaan. Et naquirent à Phares, 
les fils Hesron et Hamul. 

13. Les fils d'Issachar : Thola, 
Phua, Job et Semron. 

14. Les fils de Zabulon : Sared, 
Elon et Jahélel. 

15. Ce sont là les fils de Lia 
qu'elle enfanta en Mésopotamie 
de Syrie, avec Dina sa fille; tou- 
tes les âmes deses fils et de ses 
filles furent trente-trois. 

16. Les fils de Gad : Séphion, 
Haggi, Suni, Esébon, Héri, Arodi 
et Aréli. 

417. Les fils d'Aser : Jamné, Jé- 
sua, Jessui et Béria, et aussi Sara 
leur sceur. Les fils de Béria : Hé- 
ber et Melchiel. 


ὕπαρ. XLVI. 5. Actes, vit, 15. — 6. Jos., xxtv, 4; Ps. civ, 23; Isaie, 111, 4. — 8. Exode, 
1,2; vi, 14; Nom., xxvi, 5; I Par., v, 1. 3. — 10. Exode, vi, 15; I Par., 1v, 24. — 11. I Par., 
vi, 4. — 12. I Par., i1, 3; 1v, 21. — 13. I Par, vu, 1. — 41. I Par., vu, 30. 


E ———— 


1. * Au Puits du Serment, à Bersabée. Voir note sur Genèse, xxt, 33. 

4. Posera sa main sur tes yeux; les fermera. La coutume de fermer les yeux aux 
personnes décédées est trés ancienne chez les Grecs eux-mêmes. C'étaient ordinai- 
rement les proches ou les amis les plus chers qui rendaient ce dernier devoir. 

15. Toules les âmes de ses fils; c'est-à-dire, (ous ses fils, etc. Compar. IX, b. 


CH. XLVI.] 


18. Ce sont là les fils de Zelpha 
que donna Laban à Lia sa fille, et 
qui les enfanta à Jacob : seize 
ámes. 

19. Les fils de Rachel femme de 
Jacob : Joseph et Benjamin. 

20. Et il naquit à Joseph dans 
la terre d'Egypte des fils que lui 
enfanta Aseneth, fille de Puti- 
phar, prêtre d'Héliopolis : Manas- 
sé et Ephraim. 

91. Les fils de Benjamin : Béla, 
Béchor, Asbel, Géra, Naaman, 
Echi, Ros, Mophim, Ophim, et 
Ared. 

29. Ce sont là les fils de Rachel 
qu'elle engendra à Jacob : en tout 
quatorze âmes. 

93. Les fils de Dan : Husim. 

94. Les fils de Nephtali : Jasiel, 
Guni, Jéser et Sallem. 

95. Ce sout là les fils de Bala 
que donna Laban à Rachel sa fille, 
et qu'elle enfanta à Jacob en tout 
sept ámes. 

96. Toutes les âmes qui entrè- 
rent avec Jacob en Egypte, et qui 
étaient issues de lui, sans les 
femmes de ses fils, furent soi- 
xante-six ; 

27. Mais les fils de Joseph qui lui 
naquirent dans la terre d'Egypte, 
deux âmes. Toutes les âmes de 
la maison de Jacob qui entrèrent 
en Egypte, furent soixante-dix. 

28. Or Jacob envoya Juda de- 
vant lui vers Joseph, afin qu’on 


LA GENÈSE. 101 


l'avertit, et qu'il vint à sa rencon- 
tre dans la terre de Gessen. 

29. Lorsqu'il y fut arrivé, Jo- 
seph, son char attelé, monta au 
méme lieu à la rencontre de son 
pere; et le voyant, il se jeta à 
son cou, et, au milieu des em- 
brassements, il pleura. 

30. Et le pere dit à Joseph : 
Maintenant je mourrai joyeux, 
puisque j'ai vu ta face, et que je 
te laisse vivant après moi. 

31. Mais Joseph dit à ses frères 
et à toute la maison de son père : 
Je monterai et je porterai la nou- 
velle à Pharaon, et je lui dirai : 
Mes frères et la maison de mon 
père qui étaient dans la terre de 
Chanaan, sont venus vers moi. 

32. Ce sont des hommes pas- 
teurs de brebis, et ils ont soin 
d'élever des troupeaux ; leur me- 
nu et leur gros bétail et tout ce 
qu'ils pouvaient avoir, ils l'ont 
amené avec eux. 

33. Lors donc qu'il vous appel- 
lera et demandera : Quelle est 
votre occupation ? 

34. Vous répondrez : Nous vos 
serviteurs, nous sommes des 
hommes pasteurs depuis notre 
enfance jusqu'à présent, et nous 
et nos peres. Or vous direz cela, 
afin que vous puissiez demeurer 
dans la terre de Gessen; car les 
Egyptiens détestent tous les pas- 
teurs de brebis 


20. Supra, xri, 50. — 21. I Par., vii, 6; viu, 1 — 27. Deut., x, 22. 


ידה ה 


23. Dans les généalogies les Hébreux employaient quelquefois le pluri?! pour le 
singulier. On trouve des exemples de cet idiotisme dans les anciens auteurs latins 


soit orateurs, soit poétes, soit historiens. 


26-21. * Les soixante-dix comptés au y. 21, renferment outre les soixante-sir in 
diqués au y. 26, Jacob, Joseph et ses deux fils. 


102 


CHAPITRE XLVII. 


Jacob arrive avec sa famille en Egypte. 
Pharaon leur donne la terre de Gessen. 
Maladie de Jacob. 


1. Etant donc entré, Joseph 
porta la nouvelle à Pharaon, di- 
sant : Mon père et mes frères, 
leurs brebis, leur gros bétail, et 
tout ce qu'ils possèdent, sont ve- 
nus de la terre de Chanaan; et 
voici qu'ils se sont arrêtés dans 
la terre de Gessen. 

2. Il placa aussi les cinq der- 
niers de ses frères devant le roi. 

3. Etle roi leur demanda : Quel 
genre d'occupation avez-vous? 
Ils répondirent : Nous, vos servi- 
teurs, nous sommes pasteurs de 
brebis, et nous et nos peres. 

4. C'est pour séjourner comme 
étrangers dans votre terre que 
nous sommes venus; parce qu'il 
n'y a point de pâturages pour les 
troupeaux de vos serviteurs, la 
famine augmentant chaque jour 
dans la terre de Chanaan ; et nous 
vous prions d'ordonner que nous, 
vos serviteurs, demeurions dans 
la terre de Gessen. 

5. C'est pourquoi le roi dit à 
Joseph : Ton père et tes frères 
sont venus vers toi : 

6. La terre d'Egypte est en ta 
présence : fais-les habiter dans le 
meilleur endroit, et donne-leur la 
terre de Gessen. (Que si tu sais 
qu'il y ait parmi eux des hommes 


LA GENESE. 


(ca. xLvir.] 
intelligents, établis-les maitres 
de mes troupeaux. 

7. Après cela Joseph introduisit 
son père auprès du roi, et le pla- 
ca devant lui. Jacob ayant sou- 
haité au roi toute sorte de pros- 
pérités, 

8. Et ayant été interrogé par 
lui : Quels sont les jours des an- 
nées de ta vie? 

9. Répondit : Les jours de mon 
pèlerinage sont de cent trente 
ans, courts et mauvais, et ils ne 
sont pas parvenus jusqu'aux 
jours durant lesquels mes peres 
ont fait leur pèlerinage. 

10. Et, toute sorte de prospéri- 
tés souhaitées au roi, il sortit de- 
hors. 

11. Or Joseph donna en posses- 
sion à son père et à ses frères en 
Egypte, dans le lieu le plus fer- 
tile, Ramessès, comme avait or- 
donné Pharaon. 

12. Et il les nourrissait eux et 
toute la maison de son pere, don- 
nant des vivres à chacun. 

13. Car dans tout l'univers le 
pain manquait, et la famine pe- 
sait sur la terre principalement 
d'Egypte et de Chanaan. 

14. Joseph recueillit de ces pays 
tout l'argent par la vente du blé, 
et il le porta au trésor du roi. 

15. Et lorsque l'argent eut man- 
qué aux acheteurs, toute l'Egypte 
vint à Joseph, disant : Donnez- 
nous du pain : pourquoi mourons- 


--.. ο .0ὕ.ὕθ.0.0.0....ς---:.:-.-.-ςς-ςς.ς.ς-ς-.ς-.-ς-.--υ-ώΞα--Ξς- ..0τὠὠἠ ὔ᾿-’ςς- ς-ς---τ-ὕ0Θ..----Φ--.-.:---«-----Ῥ'ρ--------------ς-ς-ς-------ςς-. 


9. * Leur pèlerinage. « 1[ appelait un pèlerinage sa vie errante sur la terre, parce 
qu'il avait le sentiment de la patrie d'au-delà. — Ceux qui tiennent ce langage, dit 
saint Paul, indiquent qu'ils cherchent la patrie, car s'ils avaient pensé seulement à 
celle d’où ils étaient sortis, ils avaient certainement le temps d'y retourner, mais ils 
en désiraient une meilleure, c'est-à-dire céleste. Hébreux, xt, 16. » (Franz DrLrTZscn.) 

41. * Ramessès. La terre de Gessen est appelée ici par anticipation Ramessés, nom 
sous lequel elle fut aussi connue plus tard, lorsque les Hébreux y eurent bâti la ville 
de ce nom, du temps de Ramsès II, leur persécuteur. Voir Exode, 1, 11. 


[cu. xrvi.] 


nous devant vous, l'argent nous 
manquant ? 

10. Celui-ci leur répondit : Ame- 
nez vos troupeaux, et je vous 
donnerai en échange des vivres, 
si vous n'avez point d'argent. 

11. Quand ils les eurent ame- 
nés, il leur donna des vivres en 
échange de leurs chevaux, de 
leurs brebis, de leurs bœufs et de 
leurs ânes; ainsi il les nourrit 
cette année-là, en échange de 
leurs troupeaux. 

18. Ils vinrent encore la seconde 
année, et lui dirent : Nous ne ca- 
cherons pas à notre seigneur que, 
l'argent nous manquant, nos 
troupeaux nous ont aussi man- 
qué ; et ce n'est pas à votre insu 
qu'excepté les corps et la terre, 
nous n'avons rien. 

19. Pourquoi donc mourrons- 
nous sous vos yeux? et nous et 
notre terre nous serons à vous : 
achetez-nous pour étre les escla- 
ves du roi, et donnez-nous des 
semences, pour ne pas que, le 
cultivateur périssant, la terre soit 
réduite en solitude. 

20. Joseph donc acheta toute la 
terre d'Egypte, chacun vendant 
ses possessions à cause de la 
grandeur de la famine ; et il l'as- 
sujettit à Pharaon, 

21. Et tous les peuples, depuis 
une extrémité del Egypte jusqu'à 
l'autre extrémité, 

22. Excepté la terre des prétres 
qui leur avait été donnée par le 
roi; car une quantité déterminée 
de vivres des greniers publics 
leur était fournie, et c'est pour 


Cuar. XLVII. 29. Supra, xxiv, 2. 


LA GENÈSE. 103 


celà qu'ils n'ont pas été contraints 
de vendre leurs possessions. 

23. Joseph donc dit au peuple : 
Voici, comme vousle comprenez, 
que Pharaon possède et vous et 
votre terre ; recevez des semences 
et semez les champs, 

24. Afin que vous puissiezavoir 
des grains. La cinquième partie, 
vous la donnerez au roi, et les 
quatre autres, je vous les laisse 
comme semence et comme nour- 
riture pour vos familles et pour 
vos enfants. 

25. Ils répondirent : Notre salut 
esten votre main ; seulement que 
notre seigneur ait égard à nous, 
et joyeux, nous servirons le roi. 

26. Depuis ce temps-là jusqu'au 
présent jour dans toute la terre 
d'Egypte, c'est aux rois que la cin- 
quieme partie est payée; et cela 
est comme passé en loi, excepté 
pour la terre des prétres, qui fut 
exempte de cette condition. 

27. Israël donchabita en Egypte, 
c'est-à-dire, dans la terre de Ges- 
sen, et la posséda : et il s'accrut 
et se multiplia extrémement. 

28. Et il y vécut dix-sept ans; 
et tous les jours de sa vie furent 
de cent quarante-sept ans. 

29. Et comme il voyait appro- 
cher le jour de sa mort, il appela 
son fils Joseph, et lui dit : Si j'ai 
trouvé grâce devant toi, mets ta 
main sous ma cuisse ; et tu auras 
pour moi cet égard et cette loyau- 
té, de ne pas m'ensevelir en 
Egypte; 

30. Mais de me laisser dormir 
avec mes peres, de me transpor- 


29. Mets ta main sous ma cuisse. Voyez note sur xxiv, 2. 


104 LA GENÉSE. 


ter hors de cette terre, et de me 
mettre dans le sépulcre de mes 
ancétres. Joseph lui répondit : 
Oui, je ferai ce que vous avez 
commandé. 

31. Et lui: Jure-le moi donc, 
dit-il. Joseph jurant, Israël adora 
Dieu, se tournant vers le chevet 
de son lit. 


CHAPITRE XLVIII. 


Jacob bénit Ephraim et Manassé ; il laisse 
à Joseph le champ voisin de Sichem. 


1. Ces choses s'étant ainsi pas- 
sées, on annonça à Joseph que 
son pere était malade; or, Joseph 
ayant pris avec lui ses deux fils, 
Manassé et Ephraim, se mit en 
chemin. 

9. Et on dit au vieillard : Voici 
votre fils Joseph qui vient vers 
vous. Or reprenant ses forces, il 
s'assit sur son lit. 

3. Et quand Joseph fut entré 
pres de lui, il dit : Le Dieu tout- 
puissant m'a apparu à Luza qui 
est dans la terre de Cbanaan , et 
il m'a béni, 

4. Et a dit : Je te ferai croitre et 
te multiplierai, et je te ferai le 
père d'une multitude de peuples; 
et je te donnerai cette terre, et à 
ta postérité apres toi, en posses- 
sion éternelle. 

5. C'est pourquoi tes deux fils 
qui te sont nés en Egypte, avant 
que je vinsse vers toi,. seront 
miens. Ephraim et  Manassé 
comme Ruben et Siméon seront 
censés à moi. 


(en. xuvint,| 


6. Maislesautresquetu aurasen- 
gendrés après eux, seront tiens, et 
ils seront appelés du nom de leurs 
freres dans leurs possessions. 

7. Car, lorsque je venais de Mé- 
sopotamie, Rachel me mourut en 
chemin méme, dans la terre de 
Chanaan, et c'était le printemps : 
jentrais à Ephrata, et je l'ense- | 
velis près du chemin d'Ephrata, 
qui est appelée d'un autre nom 
Bethléhem. 

8. Or, voyant ses fils, il lui dit: 
Qui sont ceux-ci? 

9. Joseph répondit : Ce sont 
mes fils que Dieu m'a donnés en 
ce lieu. Approche-les de moi, dit 
Jacob, afin que je les bénisse. 

10. Car les yeux d'Israél étaient 
obscurcis, à cause de sa grande 
vieillesse, et il ne pouvait voir 
distinctement. Lors done qu'ils 
furent approchés de lui, les ayant 
baisés et embrassés, 

11. Il dit à son fils : Je n'ai pas 
été privé de te voir; de plus, Dieu 
m'a montré ta postérité. 

12. Lorsque Joseph les eut re- 
tirés des bras de son père, il se 
prosterna, incliné vers la terre. 

13. Puis, il placa Ephraim à sa 
droite, c'est-à-dire, à la gauche 
d'Israél, et Manassé à sa gauche, 
c'est-à-dire à la droite de son pere, 
et 11168 approcha tous deux de lui. 

14. Israél étendant sa main 
droite,la posa sur la téte d'Ephra- 
im, le plus jeune des deux freres, 
et la gauche sur Manassé, qui 
était l'aîné, changeant ses mains 
de place. 


Car. XLVIIL 3. Supra, xxviu, 13. — 5. Supra, א‎ 90; Jos., xii, 7, 29. — 7. Supra, 


xxxv, 19. 


pnX—————————————— DAC GGILLIAU EE ecd 


1.* Ephrala, Bethléhem. Noir là note sur Genèse, xxx, 49. 


[cu. xuix.? 


45. Et Jacob bénit les fils de Jo- 
seph, et il dit : Que le Dieu en 
présence duquel ont marché mes 
peres Abraham et Isaac, le Dieu 
qui me nourrit depuis mon en- 
fance jusqu'au présent jour; 

16. Que l'ange qui m'a délivré 
de tous les maux, bénisse ces en- 
fants; que mon nom soit invoqué 
sur eux, etles noms aussi de mes 
peres Abraham et Isaac, et qu'ils 
croissent en multitude sur la 
terre. 

17. Mais Joseph, voyant queson 
père avait poséla main droite sur 
Ja téte d'Ephraim, en eut une 
grande peine, et, prenant la main 
de son pere, il tàcha de la lever 
de dessus la téte d'Ephraim et de 
la transporter sur la téte de Ma- 
nassé. 

18. Et il dit à son père : Il ne 
convient pas de faire ainsi, mon 
pere : puisque celui-ci est l'ainé, 
mettez votre main droite sur sà 
ἰδία. 

19. Mais Jacob, refusant, dit : 
Je le sais, mon fils, je le sais : ce- 
lui-ci sera aussi chef de peuples, 
et il se multipliera : mais son 
frere plus jeune, sera plus grand 
que lui, et sa postérité formera 
un grand nombre de nations. 


15. Hébr., xr, 21. — 16. Supra, xxx1, 29; xxxn, 2; Matt., xvi, 10. — 22. Jos., xv, 7; 
XVI, 1; xxiv, 8. — Cnar. XLIX. 1. Deut., xxxi, 6. — 4. Supra, xxxv, 22: I Par., v, 1. 


LA GENESE, 105 


90. Il les bénit donc en ce rno- 
ment-là, disant: En toi sera béni 
Israél, et l'on dira : Dieu te fasse 
comme à Ephraim et Manassé. 
Ainsi il mit Ephraim devant Ma- 
nassé. 

91. Et il dit à Joseph son fils : 
Voici que moi je meurs, mais 
Dieu sera avec vous, et il vous 
ramènera dans le pays de vos 
pères. 

22. Je te donne de plus qu'à 
tes frères une part que j'ai enle- 
vée à lAmorrhéen avec mon 
glaive et mon arc. 


CHAPITRE XLIX. 


Dernières paroles de Jacob. Il prédit à 
chacun de ses fils ce qui doit lui arri- 
ver. Il meurt. 


1. Or Jacob appela ses fils et 
leur dit : Assemblez-vous, afin 
que je vous annonce ce qui doit 
vous arriver dans les jours der- 
niers. 

2. Assemblez-vous, et écoutez, 
fils de Jacob, écoutez Israël votre 
père : 

3. Ruben, mon premier-né, toi 
ma force et le principe de ma dou- 
leur; premier en dons, plus grand 
en puissance, 

4. Tu ₪68 répandu comme 


, 


16. Que mon nom, etc.; c'est-à-dire qu'ils portent mon nom. 

11. La tribu d'Ephraim fut toujours une des plus nombreuses et des plus puis- 
santes d'Israél. Les anciens Péres remarquent que cette préférence du puiné à l'ainé 
figure les avantages des chrétiens sur les juifs. 


22. * De l'Amorrhéen. Voir Genèse, xv, 16. 


1. Afin que je vous annonce, etc., prouve que les bénédictions de Jacob sont aussi 
des prophéties, et qu'il bénit ses enfants non seulement comme pére, mais aussi 
comme prophéte. — Les jours derniers. Cette expression marque dans l'Ecriture des 
temps futurs, tantót plus, tantót moins éloignés. 

3. * Plus grand en puissance. Allusion à son droit d'ainesse. 

4. Parce que tu es monté, etc. Compar. xxxv, 22. —* Tu t'es répandu comme l'eau. 
Ruben ne jouit pas, en effet, de ses droits d'ainesse. La principauté et Ja dignité 


106 LA GENÉSE. 


leau; tu ne croitras pas, parce 
que tu es monté sur le lit de ton 
pere, et que tuassouillésacouche. 

5. Siméon et Lévi sont freres, 
instruments d'iniquité dans le 
combat. 

6. Que dans leur conseil n'entre 
pas mon àme, et que dans leurs 
assemblées ne se trouve pas ma 
gloire, parce que dansleurfureur, 
ils onttué un homme, et que dans 
leur résolution ils ont renversé un 
mur. 

7. Maudite leur fureur, parce 
qu'elle est opiniátre, et leur indi- 
gnation, parce qu'elle est impla- 
cable! je les diviserai dans Jacob, 
et je les disperserai dans Israél. 

8. Juda, tes frères 16 loueront; 
ta main sera sur le cou de tes en- 
nemis; les enfants de ton pere se 
prosterneront devant toi. 


[cH. [.אזזא‎ 


9. C'est le petit d'un lion, que 
Juda. Tu t'es élancé sur la proie, 
ὃ mon fils : te reposant, tu t'es 
couché comme le lion et comme 
la lionne ; qui le provoquera ? 

10. Le sceptre NE SERA PAS ÓTÉ 
de Juda, ni le prince de sa posté- 
rité, jusqu'à ce que vienne celui 
qui doit étre envoyé, et lui-méme 
sera l'attente des nations. 

11. Iliera, ὃ mon fils, à la vigne, 
son ànon, et au cep son ânesse. 
Il lavera dans le vin sa robe, et. 
dans le sang du raisin son man-( 
teau. 

12. Ses yeux sont plus beaux 
que le vin, et ses dents plus 
blanches que le lait. 

13. Zabulon habitera sur le ri- 
vage de la mer, et prés du port 
des navires, s'étendant jusqu'à 
Sidon. 


6. Supra, xxxiv, 25. — 7. Jos., xix, 1. — 9. I Par., v, 2. — 10. Matt., 11, 6; Jean, 1, 45. 


messianique, le sacerdoce et la double portion d'héritage qui étaient les priviléges 
de l'ainé furent transférés à Juda, Lévi et Joseph. Dathan et Abiron, qui furent ses 
descendants, cherchèrent en vain à les faire prévaloir, Nombres, xvi, 1. Sa tribu fut 
sans importance. 

ὃ. Sont frères; c'est-à-dire, selon l'hébreu, ils sont bien ressemblants. Compar. 
XXXIV, 90. 

6. Homme et mur sont ici des noms collectifs, pour des Aommes, des murs. 

1. * Je les diviserai dans Jacob. Lévi et Siméon furent effectivement séparés en 
Israël. Lévi n'eut aucune part dans le partage de la Terre Promise, il ne posséda que 
48 villes dispersées. Siméon ne prospéra pas; il ne recut point de territoire à part, 
mais seulement l'aride Négeb, au sud de la Palestine et quelques villes disséminées 
dans la tribu de Juda. 

8. La première partie de cette prophétie se rapporte à la tribu de Juda, mais la 
derniere à Jésus-Christ, qui descendait de Juda selon la chair. — * Tes frères te 
loueront; Juda signifie louer. Jacob prend le nom de Juda, de méme qu'il va le faire 
de celui de la plupart de ses fréres, comme une sorte de présage de sa destinée 
future. / 

10. Cette prophétie reçut son accomplissement au temps de Jésus-Christ, qui parut 
au moment οὐ les Juifs venaient de perdre l'autorité souveraine, et qui prouva par 
ses miracles qu'il était le Messie que Dieu devait envoyer et que les nations avaient 
attendu. 

44. * Il liera à la vigne, etc. Un des traits les plus caractéristiques de la tribu de 
Juda furent ses vignobles. A Hébron, à Engaddi, à Bethléhem surtout, plus que par- 
tout ailleurs en Palestine, les flancs des collines sont tapissés de vignes avec leurs 
tours de garde et leurs murs soutenant les terrasses. L'áne sert à transporter les 
raisins. 

13. * Zabulon eut pour territoire le pays situé entre la mer Méditerrauée, Sidon ou 
sa Phénicie et le lac de Génésareth. 


[cu. xuix.] 


14. Issachar, âne robuste, cou- 
ché au milieu de son héritage. 

15. Il a vu que le repos était 
bon, et que sa terre était excel- 
lente; il a soumis son épaule aux 
fardeaux, et il s'est assujetti aux 
tributs. 

16. Dan jugera son peuple, 
aussi bien qu'une autre tribu en 
Israél. 

17. Que Dan devienne un ser- 
pent sur le chemin, un céraste 
dans le sentier, mordant le talon 
du cheval, afin que son cavalier 
tombe à la renverse. 

18. C'est votre Sarur que j'at- 
tendrai, Seigneur. 

19. Gad tout armé combattra 
devant lui; et lui-méme se revé- 
tira de ses armes en arriere. 


LA GENÈSE. 107 


20. Aser, gras est son pain, et 
il fournira des délices aux rois 

91. Nephthali, cerf échappé; 
il donne des paroles pleines de 
beauté. 

22. Joseph, fils croissant, fils 
croissantetbeau à voir : les jeunes 
filles ont couru sur la muraille. 

93. Mais ils l'ont irrité, ils l'ont 
querellé, et ils lui ont porté envie, 
ceux qui avaient des dards. 

24. Son arc s'est appuyé sur le 
fort;les liens de ses bras et de 
ses mains ont été brisés par les 
mains du puissant de Jacob; de 
là il est sorti pasteur, pierre 
d'Israël. 

25. Le Dieu de ton père sera ton 
soutien, et le Tout-Puissant te bé- 
nira des bénédictionscélestes d'en 


22. I Par., v, 1. 


14-15. Issachar, satisfait de la richesse de son territoire où est enclavée une partie 
de la plaine fertile d'Esdrelon, se rendit tributaire des étrangers pour ne pas troubler 
son repos. 

16. Dan jugera, etc. Jacob fait allusion au nom de Dan, qui signifie Juge. Il veut 
donc dire que si une autre tribu fournit des juges, des gouverneurs au peuple 
d'Israel, celle de Dan aura aussi ce privilége, quoiqu'elle ne soit pas considérable par 
sa grandeur, et que Dan lui-méme doive le jour à une des servantes de son pére. 
Il est certain que Samson, qui fut un des Juges d'Israel, appartenait à la tribu de 
Dan. 

11. * Un céraste. Le céraste est un serpent à cornes, couleur de terre, qui se cache 
dans les ornières, de sorte qu'il peut mordre facilement les passants. Le sens est que 
Dan suppléera par la ruse à ce qui lui manquera en force. C'est en effet par surprise 
qu'il s'empara de Lais, Juges, xvui, 28-29. 

18. Votre SaLur; c'est-à-dire votre Messie. 

19. Devant lui; pour devant Dan. — En arriére; placé sur la frontière, exposé aux 
incursions de l'ennemi, il saura se défendre. 

20. * Gras est son pain. Le territoire d'Aser, qui longeait la Phénicie en partant du 
Carmel, était trés fertile, et particuliérement riche en froment et en huile. La plaine 
d’Acre, qui lui appartenait, est peut-être celle qui produit la plus riche végétation 
de la Palestine et le plus beau blé. 

21. Barac de la tribu de Nephthali, timide dans le principe comme le cerf, se 
signala ensuite par sa valeur en poursuivant les Chananéens avec la vitesse du cerf, 
et après la victoire remportée sur eux, il chanta avec Debbora un cantique qui étin- 
celle en beautés de tout genre (Juges, 1v-v). — * Le cerf ou la gazelle est dans 1 Ἐ- 
criture l'embléme du guerrier rusé et argile. 

25. * Des bénédictions célestes d'en haut, des bénédictions de l'abime qui est en bas. 
Sichem (voir la note sur Genèse, xit, 6) fut le centre des possessions des enfants de 
Joseph. La plaine à l'extrémité de laquelle était bâtie Sichem, la plus large et la 
plus belle dans les montagnes d'Ephraim, était un petit grenier d'abondance, rempli 
de blé, et réalisant pleinement ces bénédictions. 


108 LA GENÈSE. 


haut, des bénédictions de l'abime 
qui est en bas, des bénédictions 
de mamelles et de sein. 

26. Les bénédictions de ton pere 
seront fortifiées par les bénédic- 
tions de ses peres jusqu'à ce que 
vienne le désir des collines éter- 
nelles; qu'elles se répandent sur 
la téte de Joseph et surla téte de 
celui qui est Nazaréen entre ses 
freres. 

27. Benjamin, loup ravissant : 
le matin, il dévorera la proie, et le 
soir, il partagera les dépouilles. 

28. Tous ceux-là sont les douze 
dans les tribus d'Israél : ainsi leur 
parla leur père, et il les bénit les 
uns apres les autres des bénédic- 
tions propres ὦ chacun d'euz. 

99. Etilleur commanda, disant; 
Je vais étre réuni à mon peuple: 
ensevelissez-moi avec mes peres 
dans là caverne double qui est 
dans 16 champ d'Ephronl'Hétéen, 

30. Vis-à-vis de Mambré dans 
la terre de Chanaan, et qu'Abra- 
ham acheta d'Ephron l'Hétéen, 
avec le champ, pour y posséder 
un sépulcre. 

31. C'est là qu'on la enseveli 
lui et Sara sa femme : là a été 
enseveli Isaac avec Rébecca sa 


[cg. 1.[ 
femme : là aussi, ensevelie, re- 
pose Lia. 

32. Les recommandations qu'il 
adressait à ses fils achevées, il 
retira ses pieds sur son lit, et 
mourut; et il fut réuni à son 
peuple. 


CHAPITRE L. 
Obsèques de Jacob. Mort de Joseph. 


1. Ce que voyant Joseph, 1} se 
jeta sur le visage de son pere, 
pleurant et l'embrassant. 

2. Et il ordonna aux médecins 
qui étaient à son service d'em- 
baumer son pere. 

3. Pendant qu'ils exécutaient 
cet ordre, quarante jours se pas- 
serent; car telle était la coutume 
pour les corps embaumés ; et l'E- 
gypte pleura Jacob pendant soi- 
xante-dix jours. 

4. Or le temps du deuil accom- 
pli, Joseph dit à la famille de 
Pharaon : ₪1 j'ai trouvé grâce 
devant vous, faites entendre aux 
oreilles de Pharaon, 

5. Que mon pére m'a adjuré, 
disant : Voici que je meurs; vous 
m'ensevelirez dans le sépulcre 
que je me suis creusé dans la 
terre de Chanaan. J'y monterai 


30. Supra, xxi, 17. — Cab. L. 5. Supra, זט זא‎ 29. 


96. Les bénédictions de ton père, etc.; c'est-à-dire aux bénédictions que je te donne 
se joindront les bénédictions que j'ai reçues de mes pères. D'autres traduisent d'après 
l'hébreu: Les bénédictions de ton pére surpassent ou surpasseront les bénédictions de 
ses peres. La Vulgate, comme le texte hébreu, met le prétérit au lieu du futur, parce 
que, dans les prédictions et les promesses prophétiques, les choses qu'on prédit et 
qu'on promet sont envisagées comme déjà accomplies. — Nazaréen; c'est-à-dire sé- 
paré, éloigné de son père, de sa maison; selon d'autres, consacré à Dieu; selon d'autres 
enfin, couronné dans la maison de Pharaon. Dans la cour des rois d'Orient, le pre- 
mier officier se nomme nazir, ou officier de la couronne. 

21. * Le soir, il partagera les dépouilles. Quoique la tribu de Benjamin fût une des 
plus petites, elle compta néanmoins parmi les plus fortes, parce qu'elle était maitresse 
des défilés qui, de son territoire, donnent accés dans les plaines adjacentes. S. Paul 
qui conquit tant de nations à l'Eglise, était Benjamite. 

29. * Dans la caverne double. Voir la note sur Genèse, xxin, 9. 


(ca. L.] 
donc, et j'ensevelirai mon pere, 
et je reviendrai. 

6. Et Pharaon lui dit : Montes-y 
et ensevelis ton père, comme tu 
as été adjuré. 

7. Joseph y montant, avec lui 
allèrent tous les anciens de la 
maison de Pharaon, tous les an- 
ciens de la terre d'Egypte, 

8. La maison de Joseph, avec 
ses frères, excepté les petits en- 
fants, les troupeaux de menu et 
de gros bétail, qu'ils laissèrent 
dans la terre de Gessen. 

9. Il eut aussi à sa suite des 
chars et des esclaves; et il se 
forma une troupe considérable. 

10. 115 vinrent àlaire d'Atad, 
qui est située au-delà du Jour- 
dain, où ils passèrent sept jours 
pleins, célébrant les funérailles 
par un deuil grand et solennel. 

41. Ce qu'ayant vu les habitants 
de laterre de Chanaan, ils dirent : 
Voilà un grand deuil parmi les 
Egyptiens. Et c'est pourquoi on 
appela ce lieu du nom de Deuil 
de l'Egypte. 

19. Les fils de Jacob firent 
donc comme il leur avait com- 
mandé ; 

13. Et le portant dans la terre 
de Chanaan, ils l’ensevelirent 
dans la caverne double, située 
vis-à-vis de Mambré, et qu'Abra- 
ham avait achetée d'Ephron l'Hé- 
théen, avec le champ, pour y pos- 
séder un sépulcre. 


LA GENÈSE. 109 


14. Et Joseph retourna en 
Egypte avee ses freres et toute sa 
suite, son père ayant été ense- 
veli. 

15. Jacob mort, les freres de 
Joseph craignant et se disant mu- 
tuellement : Pourvu qu'il ne se 
souvienne pas de l'injure qu'il a 
soufferte, et qu'il ne nous rende 
point tout le mal que nous lui 
avons fait, 

16. Ils envoyèrent vers lui, di- 
sant : Votre père nous a com- 
mandé, avant qu'il mourüt, 

17. Que nous vous disions en 
ses propres paroles : Je te conjure 
d'oublier le crime de tes freres, 
leur péché et la malice qu'ils ont 
exercée contre toi : nous aussi 
nous vous prions de pardonner 
cette iniquité aux serviteurs du 
Dieu de votre père. Ces paroles 
entendues, Joseph pleura. 

18. Et ses freres vinrent à lui, 
et inclinés, se prosternant en 
terre, ils dirent : Nous sommes 
vos serviteurs. 

19. Joseph leur répondit : Ne 
craignez point : Est-ce que nous 
pouvons résister à la volonté de 
Dieu? 

20. Vous, vous avez formé un 
mauvais dessein contre moi, mais 
Dieu l’a changé en bien, pour 
m'élever, comme vous voyez à 
présent, et pour sauver beaucoup 
de peuples. 

21. Ne craignez point : c'est 


13. Actes, vir, 16; xxii, 16. — 20. Supra, χων, 5. — 21. Supra, xrvri, 12. 


1. Les anciens, etc. (Vulg. senes, majores natu); c'est-à-dire les grands officiers de 
la cour de Pharaon, et les premiers personnages, les principaux de l'Egypte. 
10. * L'aire d'Atad, dont la situation est inconnue, était à l'est du Jourdain, d’après 


les uns, à l'ouest d'aprés les autres. 


11. Deuil de l’Egypte, en hébreu : Abel-Misraim. 
13. * Dans la caverne double, à Makpelah. Voir note sur Genèse, xx, 9. 


110 LA GENÉSE. 


moi qui vous nourrirai, vous et 
vos petits enfants; et il les con- 
sola, et il leur parla avec affection 
et douceur. 

22. Il habita donc en Egypte 
avec toute la maison de son père, 
et il vécut cent dix ans. Et il vit 
les enfants d'Ephraim jusqu'à la 
troisieme génération. Les enfants 
méme de Machir fils de Manassé 
naquirent sur les genoux de 
Joseph. 

23. Ces choses s'étant passées, 


[cu. L.] 


Joseph dit à ses frères : Après 
ma mort Dieu vous visitera et 
vous fera monter de cette terre à 
celle qu'il a jurée à Abraham, à 
Isaac et à Jacob. 

24. Et lorsqu'il les eut adjurés, 
et leur eut dit : Dieu vous visi- 
tera; emportez mes os avec vous 
de ce lieu-ci, 

95. Il mourut, cent dix ans de 
sa vie ayant été accomplis. Et 
ayant été embaumé, il fut mis 
dans un cercueil en Egypte. 


99. Nom., xxxm, 39. — 23. Hébr., xi, 12. — 24. Exode, xir, 19; Jos., xxiv, 32. 


22. Naquirent sur les genoux de Joseph. Voy. xxx, 3. 
94. * Emporlez mes os Ce commandement fut exécuté. Voir la note sur Josué, 


xxiv, 32. 


L'EXODE 


CHAPITRE PREMIER. 


Dénombrement des Israélites qui vinrent 
en Egypte; nouveau roi qui les opprime 
à cause de leur accroissement et de 
leur multiplication. Sages-femmes ré- 
compensées pour avoir sauvé les en- 
fants des Hébreux. 


1. Voici les noms des fils d'Is- 
rael qui entrèrent en Egypte avec 
Jacob : chacun y entra avec sa 
maison : 

9. Ruben, Siméon, Lévi, Juda. 

3. Issachar, Zabulon et Benja- 
min, 

4. Dan et Nephtali, Gad et Aser. 

9. Ainsi toutes les àmes deceux 
qui sont issus de Jacob étaient 
soixante-dix; mais Joseph était 


6. Joseph mort, et tous ses 
freres, et toute cette génération, 

1. Les enfants d'Israél s'accru- 
rent et se multiplierent, comme 
5115 eussent germé; et devenus 
extrémement forts, ils remplirent 
la terre. 

8. Cependant il s'éleva en 
Egypte un nouveau roi qui ne 
connaissait pas Joseph; 

9. Etil ditàson peuple: Voicique 
le peuple des enfants d'Israél est 
nombreux et plus fort que nous. 

10. Venez, opprimons-le par 
prudence, de peur qu'il ne se mul- 
tiplie, et que, s'il s'éléve contre 
nous une guerre, il ne se joigne 
à nos ennemis, et que, nous vain- 
cus, il ne sorte de la terre. 


en Egypte. 11. Il préposa donc sur eux des 


Cnar. I. 1. Genèse, xLvi, 8. — 7. Actes, vir, 17. 


5. Ainsi. Par ce mot le texte sacré reporte le lecteur à ce qu'il a dit Gen. xLvi, 27. 
— Ames. Comme nous l'avons déjà remarqué, les Hébreux se servaient de ce mot 
pour exprimer la personne, l'individu. — Soixante-dix; en y comprenant Joseph, et 
Jacob lui-même, ou bien Zaré qui figure comme chef de famille, Nombres, xxvi, 13; 
puisque d’après le texte méme, il ne s'agit dans ce nombre que des fils de Jacob, et 
non de Jacob lui-méme. 

1. La terre; c'est-à-dire le pays où ils étaient. 

8. * Un nouveau roi qui ne connaissait pas Joseph. Ce nouveau roi était très vrai- 
semblablement Ramsès II, de la xixe dynastie égyptienne, connu des Grecs sous le 
nom de Sésostris, l'un des pharaons les plus célèbres qui aient régné sur l'Egypte. 
ll occupa le trône près de soixante-dix ans. 

11. Les villes des tentes. En hébreu, les villes où se trouvaient les magasins, les 
greniers publics. — * Phithom, aujourd'hui Tell el-Maskhüta, était entourée d'un 
mur considérable de briques crues, renfermant dans son circuit quatre hectares 
de terrain environ. Cette superficie restreinte était occupée, à l'exception du temple 
de Tum et de son étroite enceinte, par des magasins ou entrepóts, faciles à recon- 
naitre, encore aujourd'hui, au milieu des ruines, parce qu'ils n'ont aucune porte 
latérale, qu'ils sont sans communication entre eux et n'ont d'acces que par leurs 
toits voütés; c'est par ces ouvertures supérieures qu'on y faisait entrer le grain. Ces 
entrepôts sont de forme rectangulaire, trés solidement bâtis et en murs de briques 


112 L'EXODE. 


chefs de travaux, pour les acca- 
bler de charges : et ils bátirent à 
Pharaon les villes des tentes, 
Phithom et Ramesses. 

12. Mais plus on les opprimait, 
plus ils se multipliaient et croi- 
saient. 

13. Et les Egyptiens haissaient 
les enfants d'Israël et les affli- 
geaient en leur insultant. 

14. Et ils rendaient leur vie 
amère par des ouvrages pénibles 
de mortier et de briques, et par 
toute espèce de servitude dont 
ils les accablaient dans des ou- 
vrages de terre. 

15. Or le roi d'Egypte parla aux 
sages-femmes des Hébreux, dont 
lune se nommait Séphora et 
l'autre Shua, 

16. Leur ordonnant : Quand 
vous accoucherez les femmes des 
Hébreux, et quele temps de l'en- 
fantement sera venu, si c’est un 
garcon, tuez-le ; si c'est une fille, 
conservez-la. 

17. Mais les sages-femmes crai- 
gnirent Dieu, et ne firent pas 
selon l’ordre du roi d'Egypte; 
mais elles conservaient les gar- 
çons. 

18. Appelées devant lui, le roi 


[cH. 11.) 


dit: Qu'est-ce que vous avez voulu 
faire, en conservant les garçons? 

19. Elles répondirent : Les 
femmes des Hébreux ne sont pas 
comme les femmes égyptiennes; 
car elles savent accoucher elles- 
mémes; aussi avant que nous 
venions vers elles, elles en- 
fantent. 

20. Et Dieu fit du bien aux sa- 
ges-femmes; et le peuple s'accrut 
et se fortifia extrémement. 

91. Et parce que les sages-fem- 
mes craignirent Dieu, il leur bátit 
des maisons. 

22. Pharaon commanda donc 
à tout son peuple, disant : Tout 
ce qui naitra du sexe masculin, 
jetez-le dans le fleuve; tout ce qui 
naitra du féminin, conservez-le. 


CHAPITRE II. 


Naissance de Moise, sa fuite dans le 
pays de Madian; son mariage avec 
Séphora. 


1. Apres cela un homme de la 
famille de Lévi sortit et prit une 
femme de sa race ; 

2. Laquelle concut et enfanta 
un fils; et le voyant beau, elle le 
cacha pendant trois mois. 

3. Mais comme elle ne pouvait 


Cuae. II. 1. Infra, vi, 20. — 2. Hébr., ,זא‎ 23. 


————————————————————————————————————————— 


de deux à trois mètres d'épaisseur. Les arsenaux de Phithom, comme ceux de Ramessès, 
étaient sans doute destinés à recueillir ou à garder les provisions de tout genre et 
spécialement de grains, qui étaient nécessaires aux pharaons pour leurs campagnes 
contre l'Asie. Le Tell el-Maskhüta actuel, l'antique Phithom, était probablement du 
temps de Moïse une ville frontière, et pour ce motif elle devait être fortifiée, afin de 
ne pas étre exposée à un coup de main de la part des nomades du désert. C'est 
ce qui explique la construction de ces murs d'enceinte qui ont duré jusqu'à nos 
jours. — La ville de Ramessès, bâtie aussi par les Hébreux, était vraisemblablement 
dans le voisinage de Phithom, puisqu'elle était également un arsenal et une place 
forte, dela terre de Gessen, mais le site en est inconnu. 

21. Il leur bâtit des maisons; c'est-à-dire il leur accorda une nombreuse famille. 
Dieu, en cela, ne voulut point récompenser leur mensonge, mais la bonté de leur 
cœur; car, comme le remarque saint Augustin, il ne laisse rien sans récompense. 


3. * Du fleuve du Nil, sans doute sur la branche tanitique, prés de la ville de Tanis. 


cH. |.זז‎ 


plus le cacher, elle prit une cor- 
beille de jonc, etl'enduisit de bi- 
tume et de poix; puis elle mit 
dedans le petit enfant, et l'ex- 
posa parmi les joncs de la rive du 
fleuve, 

4. Lasceur de l'enfant se tenant 
au loin, et considérant l'issue de 
la chose. | 

5. Or voilà que la fille de Pha- 
raon descendait pour se baigner 
dans le fleuve, et ses jeunes filles 
marchaient le long du bord de 
l'eau. Lorsqu'elle eut vu la cor- 
beille au milieu des joncs, elle en- 
voya une de ses servantes, qui 
l'apporta. 

6. Ouvrant /z corbeille, et y 
apercevant le petit enfant qui 
criait, elle eut pitié de lui, et dit : 
C'est un enfant des Hébreux. 

7. Alors la sœur de l'enfant : 
Voulez-vous, lui dit-elle, que 
j'aille, et que je vous fasse venir 
une femme des Hébreux qui 
puisse nourrir ce petit enfant? 

8. Elle répondit : Va. La jeune 
fille alla et appela sa mere, 

9. A laquelle la fille de Pharaon 
ayant parlé : Prends, dit-elle, cet 
enfant, et nourris-le-moi; c'est 
moi qui te donnerai ton salaire. 
La femme prit et nourrit l'enfant ; 
et quandil eut grandi elleleremit 
à la fille de Pharaon, 

10. Qui l'adopta pour son fils, 
et lui donna le nom de Moise, di- 
sant : C'est de l'eau que je lai tiré. 


L'EXODE. 113 


11. En ces jours-là, après que 
Moise fut devenu grand, il sortit 
vers ses freres, et il vitleur afflic- 
tion, et un Egyptien frappant un 
des Hébreux ses freres. 

12. Or lorsqu'il eut regardé cà 
et là, et qu'il eut vu qu'il n'y avait 
personne, il tua l'Egyptien et le 
cacha dans le sable. 

13. Et étant sorti le jour sui- 
vant, il apercut deux Hébreux 
qui se querellaient; et il de- 
manda à celui qui faisait l'in- 
jure : Pourquoi frappes-tu ton 
semblable? 

14. Celui-ci répondit : Qui t'a 
établi prince et juge sur nous? 
Est-ce que tu veux me tuer. 
comme hier tu as tué l'Egyptien? 
Moise eut peur, et dit : Comment 
cette chose est-elle devenue pu- 
blique? 

15. Cependant Pharaon apprit 
ce discours, et il cherchait à faire 
mourir Moïse, qui fuyant de sa 
présence, demeura dans la terre 
de Madian, et s'assit près d'un 
puits. 

16. Orle prétre de Madian avait 
sept filles, qui vinrent pour pui- 
ser de l'eau; etles canaux rem- 
plis, elles désiraient abreuver 
les troupeaux de leur pere. 

11. Les pasteurs survinrent et 
leschasserent ; mais Moise seleva, 
et les jeunes filles défendues, il 
abreuva leurs brebis. 

18. Lorsqu'ellesfureulrevenues 


5. Actes, vir, 21; Hébr., xr, 23. — 11. Hébr., ,זא‎ 24. 


9. Ses jeunes filles; les filles attachées à son service. — * La fille de Pharaon s'ap- 
pelait, d'aprés la tradition juive, Thermonthis. Elle était probablement fille de 
Séti ler, père de Ramsès II. 

18. Quelques-uns croient que Raguel était l'aieul de ces filles, et père de Jéthro, 
nommé au chap. suivant, vers. 1 et au chap. xvii, 4; mais la plupart pensent que 
c'était un seu! personnage qui portait deux noms. On lèverait lacilement les dii- 


A, T. 8 


444 
vers Raguel leur pere, il leur de- 
manda : Pourquoi étes-vous re- 
venues plus tót que de coutume? 

19. Elles répondirent : Un Egyp- 
tien nous a délivrées de la main 
des pasteurs : de plus, il ἃ méme 
puisé de l'eau avec nous, et il a 
donné à boire à nos brebis. 

20. Mais oü est-il? reprit Raguel. 
Pourquoi avez-vous laissé aller 
cet homme? appelez-le, afin qu'il 
mange du pain. 

21. Moise jura done qu'il habi- 
lerait avec lui, et il prit Séphora 
sa fille pour femme : 

22. Laquelle lui enfanta un fils 
quil appela Gersam, disant : J'ai 
été voyageur dans une terre 
étrangere. Mais elle en enfanta un 
autre qu'il appela Eliézer, disant : 
Le Dieu de mon père, mon aide, 
m'a délivré de la main de Pha- 
raon. 

23. Mais aprés bien du temps, 
le roi d'Egypte mourut, et les en- 
fants d'Israél, gémissant à cause 
de leurs travaux, vociférerent, et 
leur clameur monta de leurs tra- 
vaux jusqu'à Dieu. 

24. Et il entendit leur gémisse- 
ment, etil se souvint de l'alliance 
qu'il fit avec Abraham, Isaac et 
Jacob. 


L'EXODE. 


(ca. [.זוג‎ 


25. Et le Seigneur regarda les 
enfants d'Israël et il les reconnut. 


CHAPITRE III. 


Dieu se manifeste à Moise; il l'envoie 
pour tirer les Hébreux de l'Egypte; il 
lui déclare le nom sous lequel il veut 
étre connu. 


1. Cependant Moise paissait les 
brebis de Jéthro son beau-pere, 
prétre de Madian ; or lorsqu'il eut 
conduit le troupeau dans lin- 
térieur du désert, il vintàla mon- 
tagne de Dieu, Horeb. 

2. Et le Seigneur lui apparut 
dans une flamme de feu du milieu 
du buisson; etil voyait quelebuis- 
son brülait et ne se consumait 
point. 

3. Moïse dit donc : J'irai, et je 
verrai cette grande vision, pour- 
quoi le buisson ne se consume 
point. 

4. Mais le Seigneur, voyant qu'il 
s'avangait pour voir, l'appela du 
milieu du buisson, et dit : Moise, 
Moise. Lequel répondit : Me voici. 

5. Et le Seigneur : N'approche 
point d'ici, dit-il: ótela chaussure 
detes pieds;carlelieu dans lequel 
tu es est une terre sainte. 

6. Il ajouta : Je suis le Dieu de 
ton père, le Dieu d'Abraham, le 


21. Infra, xvi, 2, 3; 1 Par., xxi, 15. — (ΒΑΡ. III. 2. Actes, vii, 30. — 6. Matt., 


xxm, 32; Marc, xri, 26; Luc, xx, 91. 


ficultés qu'occasionne la confusion de ces deux noms, si on admettait, ce que plus 
d'une raison semble prouver d'ailleurs, que Jéthro était fils de Raguel, et par consé- 


quent beau-frére de Moise. 


20. Afin qu'il mange du pain ; hébraisme, pour prendre dela nourriture, faire un repas. 
23. * Le roi d'Egypte Ramsès 11 mourut. Il eut pour successeur son fils Mene- 
phtah Ier, 16 treizième de ses enfants; les douze aînés étaient morts avant leur père. 


1. Jéthro. Voy. ,זו‎ 18. — Horeb est appelée montagne de Dieu par anticipation; 
car elle n'a recu ce nom qu'à cause de l'apparition de Dieu à Moise. — * Le mont 
Horeb est le mont Sinai proprement dit, sur lequel Dieu, après la sortie d'Egypte, 


donna sa loi à son peuple. 


9. * Ote la chaussure de tes pieds, en signe de respect, sclou un usage encore en 


vigueur dans l'Orient. 


[cn. ur.] 


Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. 
Moise cacha sa face, car il n'osait 
pas regarder vers Dieu. 

1. Le Seigneur lui dit : J'ai vu 
laffliction de mon peuple en 
Egypte, et j'ai entendu sa clameur 
à cause de la dureté de ceux qui 
président aux travaux. 

8. Et sachantsa douleur, je suis 
descendu pour le délivrer des 
mains des Egyptiens, et pour le 
conduire de cette terre dans une 
autre terre bonne et spacieuse, 
dans une terre oü coulent du lait 
etdu miel, au pays du Chananéen, 
del'Héthéen, del'Amorrhéen, du 
Phérézéen, dePHévéenet duJébu- 
séen. 

9. La clameur des enfants d'Is- 
raél est venue jusqu'à moi, et j'ai 
vu leur affliction dont ils sont ac- 
cablés par les Égyptiens. 

10. Mais viens, et je t'enverrai 
vers Pharaon, afin que tu retires 
mon peuple, les enfants d'Israél, 
de l'Egypte. 

11. Et Moise répondit à Dieu : 
Qui suis-je, moi, pour que jaille 
vers Pharaon, et que je retireles 
enfants d'Israél de l'Egypte? 

12. Le Seigneur lui répliqua : 
Je serai avec toi, et tu auras ceci 
pour signe que je t'aurai envoyé : 


L'EXODE. 115 


Lorsque tu auras retiré mon 
peuple de l'Egypte, tu immoleras 
à Dieu sur cette montagne. 

13. Moise dit à Dieu : Voici que 
jirai vers les enfants d'Israél, et 
je leur dirai : Le Dieu de vos peres 
m'a envoyé vers vous. S'ils me 
demandent : Quel est son nom? 
que leur dirai-je? 

14. Dieu dit à Moïse : JE suis 
CELUI QUI suis. 11 ajouta : Tu diras 
ainsi aux enfants d'Israël : Cervi 
QUI EST m'a envoyé vers vous. 

15. Et Dieu dit encore à Moise: 
Tu diras ceci aux enfants d'Israël: 
Le Seigneur Dieu de vos pères, 
le Dieud'Abraham, le Dieu d'Isaac 
et le Dieu de Jacob m'a envoyé 
vers vous : c'est là mon nom pour 
l'éternité, et c'est celui qui doit 
me rappeler à la mémoire de gé- 
nération en génération. 

16. Va et assemble les anciens 
d'Israël, et tu leur diras : Le Sei- 
gneur Dieu de vos peres m'a ap- 
paru, le Dieu d'Abraham, le Dieu 
d'Isaacetle Dieu de Jacob, disant : 
Visitant, je vous ai visités, et j'ai 
vu tout ce qui vous est arrivé en 
Egypte. 

11. Et j'ai dit que je vous reti- 
rerai de l'affliction de l'Egypte 
pour vous conduire dans la terre 


10. * Vers Pharaon, Menephath Ier. 


14. * Le nom par lequel Dieu manifeste ici sa nature à Moise est celui qu'on prononce 
ordinairement Jéhovah. La prononciation Jéhovah n'est certainement pas la véritable 
prononciation du tétragramme divin; les voyelles de ce nom sont celles du mot 
Adonai que les Hébreux lisaient à la place du nom incommunicable. La plupart des 
orientalistes croient aujourd'hui que la vraie prononciation est Jahvéh ou Yahvéh. 
— Je suis celui qui suis. « Cette définition parfaite, dit S. Hilaire. rend la notion de 
nature divine par l'expression la mieux appropriée à l'intelligence des hommes. 
En effet, rien ne se concoit comme plus essentiel à Dieu que d'étre, parce que celui 
qui est l'existence méme ne peut avoir ni fin ni commencement, et que dans la 
continuité d'une béatitude inaltérable, il n'a pu et ne pourra jamais ne pas étre. » 

16. Les anciens d'Israél; probablement, les chefs des tribus, les principaux du 
peuple. — Visitant, etc., c'est-à-dire je vous ai visités avec le plus grand soin. En 
hébreu, comme en bien d'autres langues, ces sortes de répétitions donnent de l'in- 
tensité à l'idée exprimée par le verbe. 


410 L'EXODE. 


du Chananéen, de l'Héthéen, de 
l'Amorrhéen, du Phérézéen, de 
l'Hévéen et du Jébuséen, terre où 
coulent du lait et du miel. 

18. Et ils entendront ta voix; 
et tu entreras, toi et les anciens 
d'Israël, auprès du roi d'Egypte, 
et tu lui diras : Le Seigneur Dieu 
des Hébreux nous a appelés : nous 
ferons le chemin de trois journées 
dans le désert, afin que nous im- 
molions au Seigneur notre Dieu. 

19. Mais moi, je sais que le roi 
d'Egypte ne vous laissera pas 
aller, si ce n'est par une main 
puissante. 

20. Aussi j étendrai ma main, et 
jefrapperail'Egypte de toute sorte 
de prodiges que je vais faire au 
milieu d'eux : apres cela il vous 
laissera aller. 

21. Et jeferai que 00 peupletrou- 
vera grâce aux yeux des Egyp- 
tiens; et quand vous sortirez, vous 
ne vous en irez pas dépourvus. 

22. Mais chaque femme de- 
mandera à sa voisine et à son 
hótesse des vases d'argent et d'or, 
et des vétements, que vous met- 
trez, sur vos fils et vos filles, et 
vous dépouillerez l'Egypte. 


CHAPITRE IV. 


Miracles que Dieu fait en faveur de Moise. 
Moïse retourne en Egypte. Circoncision 
de son fils. Aaron se joint à lui. 


1. Répondant, Moïse dit : Ils ne 
me croiront point, et ils n'écoute- 
ront point ma voix, mais ils di- 


21. Infra, xi, 2; זא‎ 36. 


[cu. 1v.! 
ront : Non, le Seigneur ne t'a pas 
apparu. 

2. Le Seigneur lui dit donc : 
Qu'est-ce que tu tiens en ta main? 
Il répondit : Une verge. 

3. Le Seigneur ajouta : Jette-la 
à terre. Il la jeta, et elle fut chan- 
gée en serpent; desorteque Moïse 
s'enfuyait. 

4. Mais le Seigneur dit : Etends 
ta main et prends sa queue. ἢ 
l'étendit, saisit la queue, et ellefut 
changée en verge. 

ὃ. C'est afin qu'ils croient, 
ajouta-t-il, que t'a apparu le Sei- 
eneur Dieu de leurs peres, le Dieu 
d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le 
Dieu de Jacob. 

6. Et le Seigneur lui dit de 
nouveau : Mets ta main dans ton 
sein. Quand il l'eut mise dans son 
sein, il la retira lépreuse et 5/azn- 
che comme la neige. 

7.Remetsta main dans ton sein, 
ajouta le Seigneur. Il la remit, et 
il la retira une seconde fois, et 
elle était semblable au reste de sa 
chair. 

8. S'ils netecroient point, reprit 
le Seigneur, et s'ils n'entendent 
pointlelangage du premier signe, 
ils croiront à la parole du signe 
suivant. 

9. Que s'ils necroient pas méme 
à ces deux signes, et n'écoutent 
pas ta voix, prends de l'eau du 
fleuve, et répands-la sur la terre, 
et tout ce que tu auras puisé au 
fleuve sera changé en sang. 


22. Dieu, maitre souverain de toutes choses, donne cet ordre aux Israélites pour 
les dédommager de tous les maux que les Egyptiens leur avaient faits, et pour les 
payer des services qu'ils avaient rendus à l'Egypte. Compar. Sagesse, x, 11 19. 


4. Elle ful; ainsi que le reste du corps du serpent, changée, etc. 
8. * Signe a tout à la fois le sens de signe et de miracle. 


CB. τν.] 


10. Moise dit : Je vous conjure, 
Seigneur, je n'ài pas la parole 
facile depuis hier et avant-hier; 
et méme depuis que vous avez 
parlé à votre serviteur, j'ai la 
langue plus embarrassée et plus 
lente. 

11. Le Seigneur lui dit : Qui a 
faitla bouche del'homme? ou qui 
a formé le muet et le sourd, le 
voyant et l'aveugle? n'est-ce pas 
moi? 

12. Va donc, et moi je serai en 
ta bouche, et je t'enseignerai ce 
que tu dois dire. 

13. Mais lui: Je vous conjure, 
Seigneur, dit-il, envoyez celui 
que vous devez envoyer. 

14. Le Seigneur, irrité contre 
Moïse, dit : Je sais qu'Aaron ton 
frere, le Lévite, parle avec facilité ; 
voilà quil sort lui-même au 
devant de toi, et te voyant, il se 
réjouira en son cœur. 

15. Parle-lui, et mets mes pa- 
roles en sa bouche : el moi, je 
seraientabouche eten sa bouche, 
et je vous montrerai ce que vous 
devez faire. 

16. Lui parlera pour toi au 
peuple, et sera ta bouche; et toi, 
tule guideras dans les choses qui 
regardent Dieu. 

47. Prends aussi en ta main 
cette verge avec laquelle tu dois 
faire les signes. 

18. Moise s'en alla, et retourna 
vers Jéthro, son beau-pere, et lui 


Cua». IV. 12. Matt., x, 20. — 15. Infra, vir, 2 


U'EXODE. 117 


dit : Je m'en irai et je retournerai 
vers mes frères en Egypte, pour 
que je voie 8118 vivent encore. 
Jéthro lui dit : Va en paix. 

19. AinsileSeigneur dit à Moise 
à Madian : Va, et retourne en 
Egypte; car ils sont morts tous 
ceux qui cherchaient ton âme. 

20. Moïse prit donc sa femme 
et ses fils, les mit sur l’âne et 
retourna en Egypte, portant la 
verge de Dieu en sa main. 

21. Et le Seigneur lui dit pen- 
dant qu'il retournait en Egypte : 
Aie soin de faire devant Pha- 
raon tous les prodiges que j'ai mis 
en ta main ; moi, j endurcirai son 
cœur, etil ne laissera pas aller le 
peuple. 

22. Et tu lui diras : Voici ce que 
dit le Seigneur : Mon fils premier- 
né est Israël. 

23. Je t'ai dit : Laisse aller mon 
fils, afin qu'il me serve, et tu n'as 
pas voulu le laisser : voilà que 
que moi, jetuerai ton fils premier- 
pe. 

24. Or, comme Moïse était en 
chemin, le Seigneur se présenta 
à lui à l'hôtellerie, et il voulait le 
faire mourir. 

25. Séphora prit aussitôt une 
pierre très aiguë et circoncit son 
fils, puis elle toucha ses pieds et 
dit: Tu m'es un époux de sang. 

26. Et il le laissa, après qu'elle 
eut dit : Epoux de sang, à cause 
de la circoncision. 


^. 


10. Depuis hier et avant-hier ; hébraisme, pour depuis quelque temps. 

21. L'Ecriture dit souvent que Dieu fait ce qu'il permet seulement. C'est donc en 
se sens qu'il faut entendre ce qui est dit ici de l'endurcissement de Pharaon, et un 
#raud nombre de passages de la Bible, où nous trouvons la même locution. 

23, * Une rierre tres uiguë. On se servait de couteaux de silex pour faire la circon- 


sion, 


118 L'EXODE. 


97. Cependant le Seigneur dit 
à Aaron : Va à la rencontre de 
Moïse dans le désert. Et il alla 
au-devant de lui à la montagne 
de Dieu, et il l'embrassa. 

98. Et Moise raconta à Aaron 
toutes les paroles par lesquelles 
le Seigneur l'avait envoyé, et les 
miracles qu'il lui avait comman- 
dés. 

99. Ils vinrent donc ensemble, 
et ils assemblerent tous les an- 
ciens des enfants d'Israël. 

30. Et Aaron raconta toutes les 
parolesque leSeigneuravait dites 
à Moise;etilfitles miracles devant 
le peuple. 

31. Et le peuple crut. C'est 
ainsi qu'ils apprirent que le Sei- 
gneur avait visité les enfants d'Is- 
raél, et qu'il avait regardé leur 
affliction : et inclinés ils ado- 
rerent. 


CHAPITRE V. 


Moise et Aaron se présentent devant Pha- 
raon. Pharaon surcharge les Israélites 
de nouveaux travaux. Plaintes des Is- 
raélites contre Moïse et Aaron. 


4. Après cela Moïse et Aaron 
entrèrent et dirent à Pharaon : 
Voici ce que dit le Seigneur Dieu 
d'Israël : Laisse aller mon peuple, 
afin qu'il me sacrifie dans le 
désert. 

9. Mais celui-ci répondit : Qui 
est le Seigneur, pour que j'écoute 
sa voix et que je laisse aller Is- 


(cg. v.] 


rael? Je ne connais point le Sei- 
eneur, et Israël, je ne le laisserai 
pas aller. 

3. Ils dirent encore : Le Dieu 
des Hébreux nous a appelés, afin 
que nous fassions le chemin de 
trois journées dans le désert, et 
que nous sacrifiions au Seigneur 
notre Dieu, de peur que ne nous 
advienne la peste ou le glaive. 

4. Le roi d'Egypte leur répon- 
dit : Pourquoi, Moise et Aaron, 
détournez-vous le peuple de ses 
ouvrages? Allez à vos travaux. 

5. Pharaon ajouta : Le peuple 
est nombreux dans le pays : vous 
voyez que la multitude s'est in- 
sensiblement accrue; combien 
plus, si vous lui donnez reláche 
dans ses travaux? 

6. Il commanda donc en ce 
jour-là aux intendants des tra- 
vaux,et aux exacteurs du peuple, . 
disant : 

7. Vous ne donnerez plus du 
tout de paille au peuple pour faire 
des briques, comme auparavant ; 
mais qu'ils aillent eux-mémes, et 
qu'ils ramassent du chaume. 

8. Gependant vous leur impo- 
serez la quantité de briques qu'ils 
faisaientauparavant, et vous n'en 
diminuerez rien ; car ils chóment, 
etc'estpour cela qu'ils vociferent, 
disant : Allonsetsacrifions à notre 
Dieu. 

9. Qu'ils soient accablés d'ou- 
vrages et qu'ils les acccomplis- 


27. La montagne de Dieu. ΝΟΥ. ui, 1. 


1. * Dirent à Pharaon, Menephtah Ier. Les scènes racontées dans ce chapitre ct 
les suivants se passèrent à Tanis, dans la Basse-Egypte. Cette ville était située à 
droite, sur le bras du Nil, auquel elle donnait son nom. 

2. * Qui est le Seigneur? Le texte hébreu porte ici le nom propre de Dieu, Jéhovah. 
Menephtah dit : Je ne connais point Jéhovah. 

1. On pouvait employer cette paille, en la mêlant avec le mortier, pour donner 
aux briques plus de consistance, ou seulement pour les couvrir, de peur qu'étant 
promptement séchées par l'ardeur du soleil, elles ne se fendissent. 


€H. V.) 
sent, et qu'ils n'acquiescent point 
à des paroles mensongeres. 

10. Etant donc sortis, les inten- 
dants des travaux et les exacteurs 
dirent au peuple : Ainsi dit Pha- 
raon : Je ne vous donne point de 
paille. 

11. Allez et amassez oü vous 
pourrez trouver, et rien ne sera 
diminué de votre ouvrage. 

19. Et le peuple se dispersa 
dans toute la terre d'Egypte pour 
amasser de la paille. 

13. Les intendants des travaux 
aussi les pressaient, disant : Ache- 
vez votre ouvrage chaque jour, 
comme auparavant vous aviez 
coutume de faire, quand on vous 
donnait la paille. 

14. Ceux mémes qui présidaient 
aux travaux des enfants d'Israél 
furent flagellés par les exacteurs 
de Pharaon, qui leur disaient : 
Pourquoi  n'avez-vous point 
achevé le nombre de briques, ni 
hier ni aujourd'hui, comme aupa- 
ravant? 

15. Alors vinrent les préposés 
aux enfants d'Israël, et ils vocifé- 
rerent contre Pharaon, disant : 
Pourquoi agissez-vous ainsi con- 
ire vos serviteurs ? 

16. On ne nous donne point de 
paille, et l'on nous commande 
également des briques : voici que 
nous, vos serviteurs, nous 


L'EXODE. 119 


sommes déchirés de verges, et 
que l'on agit injustement contre 
votre peuple. 

11. Pharaon répondit : Vous 
chómez par oisiveté, etc'est pour- 
quoi vous dites : Allons et sacri- 
fions au Seigneur. 

18. Allez donc et travaillez; on 
ne vous donnera point de paille, 
et vous rendrez le compte accou- 
tumé de briques. 

19. Ainsi les préposés aux en- 
fants d'Israël se voyaient dans 
une fácheuse position, puisqu'il 
leur était dit: Rien ne sera dimi- 
nué des briques chaque jour. 

20. Or ils rencontrerent Moise 
et Aaron qui se trouvaient vis-à- 
vis, quand ils sortirent d'avec 
Pharaon, 

91. Et ils leur dirent : Que le 
Seigneur voie et juge; car vous 
nous avez mis en mauvaise odeur 
auprès de Pharaon et de ses ser- 
viteurs, et vous lui avez donné 
un glaive pour qu'il nous tue. 

22. Alors Moise retourna vers 
le Seigneur, et dit : Seigneur, 
pourquoi avez-vous affligé ce 
peuple? pourquoi m'avez-vous 
envoyé? 

23. Car depuis que jesuis entré 
aupres de Pharaon pourlui parler 
en votre nom, il a affligé votre 
peuple, et vous ne les avez pas 
délivrés. 


12. * Le texte original porte: Le peuple se répandit dans toute la terre d'Egypte 
pour y amasser des roseaux au lieu de paille. Ce verset signifie que, ne trouvant plus 
de paille, les Israélites recueillirent à la place et pour en tenir lieu, dans la fabri- 
eation des briques, les roseaux qui croissent en abondance sur les bords du Nil et 
des canaux qui en dérivent. Le sens précis de l'hébreu n'avait pas été bien compris, 
parce que Moïse, dans son récit, pour désigner le roseau qui pousse en Egypte sur 
les bords du Nil et des étangs, l'a appelé de son nom égyptien, gasch. 

14. Ces exacteurs, ou officiers de Pharaon préposés aux travaux, avaient eux- 
mémes sous leur propre surveillance des Hébreux chargés de les faire exécuter par 
leurs frères. 


120 L'EXODE. 


CHAPITRE VI. 


Dieu rassure Moise et console les Israé- 
lites. Descendance de Ruben, de Si- 
méon et de Lévi. 


1. Le Seigneur dit à Moise : 
C'est maintenant que tu verras ce 
que je vais faire à Pharaon; car 
par l'effet dune main puissante 
il les laissera aller, et en vertu 
d'une main forte, il les pressera 
de sortir de son pays. 

2. Le Seigneur parla encore à 
Moïse, disant : Je suis le Seigneur, 

3. Qui ai apparu à Abraham, à 
Isaac et à Jacob en Dieu tout- 
puissant; mais mon nom ADonaï, 
je ne le leur ai pas manifesté. 

4. Et j'ai fait alliance avec eux, 
afin de leur donner la terre de 
Chanaan, terre de leur pelerinage 
danslaquelleils ont été étrangers. 

5. J'ai entendu le gémissement 
des enfants d'Israël, que les Egyp- 
tiens ont opprimés; et je me suis 
souvenu de mon alliance. 

6. C'estpourquoi disaux enfants 
d'Israél : Je suis le Seigneur qui 
vous tirerai dela prison des Egyp- 
tiens, et vous délivrerai de la ser- 
vitude: et je vous rachèterai par 
un bras élevé et de grands juge- 
ments. 

7. Et je vous prendrai pour mon 
peuple, et je serai votre Dieu; 
ainsi vous saurez que c'est moi, 


[cH. vi.) 


qui suis le Seigneur votre Dieu, 
qui vous aurai tirés de la prison 
des Egyptiens, 

8. Et fait entrer dans la terre, 
sur laquelle j'ai levé la main, ju- 
rant que je la donnerais à Abra- 
ham, à Isaac et à Jacob; car je 
vous la donnerai en possession, 
moi le Seigneur. 

9. Moise raconta done toutes 
ces choses aux enfants d'Israél, 
qui ne l'écouterent pas àcause de 
l'angoisse de leur esprit et deleur 
travail très pénible. 

10. Et le Seigneur parla à Moïse, 
disant : 

11. Entre, et parle à Pharaon, 
roi d'Egypte, pour qu'il laisse sor- 
tirles enfants d'Israél deson pays. 

12. Moïse répondit devant le 
Seigneur : Voilà que les enfants 
d'Israël ne m'écoutent pas : et 
comment Pharaon m'écoutera-t- 
il, surtout moi étant incirconcis 
des lèvres? 

13. C'est ainsi que le Seigneur 
parla à Moise et Aaron et qu'il leur 
donna ses ordres pour les enfants 
d'Israél et pour Pharaon, roi d'E- 
gypte, afin qu'ils fissent sortir les 
enfants d'Israël de la terre d'E- 
gypte. 

14. Voiciles chefs des maisons 
selon leurs familles : Les fils de 
Ruben, premier-né d'Israël : Hé- 
noch et Phallu, Hesron et Charmi: 


CHaP. VI. 14. Genèse, xLvi, 9; Nom., xxvr, 5; 1 Par., v, 1. 


3. Adonai signifie Seigneur. C'est le mot que les Septante ont substitué à celui de 
Jehóva, qu'il n'est pas permis aux Juifs de prononcer. A la vérité, les anciens pa- 
triarches ont connu le nom Jéhova, mais ils n'en ont pas connu toute la puissance, 
toute l'efficacité, puisqu'ils n'ont pas vu l'accomplissement des promesses qui leur 
avaient été faites en vertu de ce divin nom. — "Sur le nom de Jéhovah, voir la note 
sur Exode, ni, 14. 

19. La locution incirconcis des lèvres, de la bouche, des oreilles, du cœur, etc., ex- 
prime une imperfection, une impureté, une indisposition dans ces parlies, soit dans: 
ic sens physique, soit dans le sens naturel. 


[(cu. vu.] 

15. C'estlàla parenté de Ruben. 
Les fils de Siméon : Jamuel, Jamin, 
Ahod, Jachin, Soar et Saül, fils 
d'une Chananéenne. C'est là la 
race de Siméon. 

16. Et voici les noms des fils de 
Lévi, selon leur parenté : Ger- 
son, Caath et Mérari. Or les an- 
nées de la vie deLévi furent cent 
trente-sept. 

A1. Les fils de Gerson : Lobni et 
Séméi, selon leur parenté. 

18. Les fils de Caath : Amram- 
15881, Hébron et Oziel : et les an- 
nées de la vie de Caath furent 
cent trente-trois. 

19. Les fils de Mérari : Moholi 
et Musi : c'est là la parenté de 
Lévi selon ses familles. 

90. Or Amram prit pour femme 
Jochabed, fille de son oncle pa- 
ternel, laquelle lui enfanta Aaron 
et Moïse. Et les années de la 
vie d'Amram furent cent trente- 
sept. 

21. Lesfilsd'Isaar: Coré, Nepheg 
et Zéchri. 

29, Les fils d'Oziel : Misaël, Eli- 
saphan et Séthri 

23. Or Aaron prit pour femme 
Elisabeth, fille d'Aminadab, sœur 
de Nahasson, laquelle lui enfanta 
Nadab, Abiu, Eléazar et Ithamar. 

24. Les fils de Coré: Aser, 
Elcana, et Abiasaph : c'est là la 
parenté des Corites. 

25. Mais Eléazar, fils d'Aaron, 
prit une femme d'entre les filles 
le Phutiel, laquelle lui enfanta 


L'EXODE. 194 


Phinéès. Ce sont là les chefs des 
familles lévitiques selon leur pa- 
renté. 

26. C'est Aaron et Moïse aux- 
quels le Seigneur commanda de 
retirer les enfants d'Israél de l'E- 
gypte, selon leurs bandes. 

27. Ce sont eux qui parlent 
à Pharaon, roi d'Egypte, pour 
qu'ils retirent les enfants d'Is- 
raël de l'Egypte : c'est Moïse et 
Aaron, 

28. Au jour où le Seigneur parla 
à Moïse dans la terre d'Egypte. 

29. Etle Seigneur parla à Moïse, 
disant : Je suis le Seigneur; dis à 
Pharaon, roi d'Egypte, tout ce que 
moi-même je te dis. 

30. Et Moïse répondit devant le 
Seigneur : Voici que je suis incir- 
concis des lèvres, comment Pha- 
raon m écoutera-t-il ? 


CHAPITRE VII. 


La verge d'Aaron changée en serpent 
Endurcissement de Pharaon. Première 
plaie, changement des eaux en sang. 


1. Et le Seigneur dit à Moise : 
Voilà que jet'ai établi le Dieu de 
Pharaon, et Aaron ton frère sera 
ton prophète. 

2. Toi, tu lui diras tout ce que 
je t'ordonne, et lui parlera à Pha- 
raon, afin qu'il laisse les enfants 
d'Israél s'en aller de son pays. 

3. Mais moi j'endurcirai son 
cœur, et je multiplierai mes si- 
gnes et mes prodiges dans laterre 
d'Egypte. 


15. I Par., 1v, 24. — 17. 1 Par., vi, 1. — 18. Nom., 1u, 19; xxvi, 57, 58; 1 Par., vi, 2; 


xxii, 12. — Cnar. VII. 2. Supra, iv, 15. 


26. Selon leurs bandes; distribués en plusieurs corps, comme des troupes réglées. 


ompar. xir, 18. 


30. * Je suis incirconcis des lèvres. Noir plus haut, 1v, 10. 


3. J'endurcirai son cœur. Voy. iv, 94. 
y. v, 


122 L'EXODE. 


4. Etil ne vous écoutera point : 
et je lancerai ma main sur l'E- 
gyte, et je retirerai mon armée et 
mon peuple, les enfants d'Israél, 
de la terre d'Egypte par de tres 
grands jugements. 

5. Etles Egyptiens sauront que 
test moi le Seigneur qui aurai 
étendu ma main sur l'Egypte, et 
retiré les enfants d'Israël du 
milieu d'eux. 

6. C'est pourquoi Moïse et Aa- 
ron firent comme avait ordonné 
le Seigneur : ainsi agirent-ils. 

7. Or Moïse avait quatre-vingts 
ans et Aaron quatre-vingt-trois, 
quand ils parlèrent à Pharaon. 

8. Et le Seigneur dit à Moise et 
à Aaron : 

9. Quand Pharaon vous dira : 
Montrez des signes, tu diras à Aa- 
ron : Prends ta verge et jette-la 
devant. Pharaon; et elle sera 
changée en serpent. 

10. Moise donc et Aaron, étant 
entrés aupres de Pharaon, firent 
comme avait ordonné le Sei- 
gneur : Aaron jetala verge de- 
vant Pharaon et ses serviteurs, et 
elle fut changée en serpent. 

11. Mais Pharaon appela les 
sages et les magiciens; et ils fi- 
rent eux aussi pareillement par 
les enchantements égyptiens et 
par certains secrets. 

19. Ils jeterent chacun leur 


11. Il. Tim., ur, 8. 


[cg. vir.) 


verge, et elles furent changées 
en serpents ; mais la verge d'Aa- 
ron dévora leurs verges. 

13. Et lecœur de Pharaon s'en- 
durcit, et il n'écouta point Moise 
et Aaron, comme avait ordonné 
le Seigneur. 

14. Or le Seigneur dit à Moïse : 
Le cœur de Pharaon s'est endurci; 
il ne veut pas laisser aller le 
peuple. 

45. Va vers lui dès le matin; 
voilà qu'il sortira pour aller vers 
l’eau; et tu te présenteras à sa 
rencontre sur la rive du fleuve : 
et la verge qui a été changée en 
serpent, tu 18 prendras en tamain, 

16. Et tu diras à Pharaon : Le 
Seigneur Dieu des Hébreux m'a 
envoyé vers toi, disant : Laisse 
aller mon peuple afin qu'il me 
sacrifie dans le désert, et jusqu’à 
présent tu n’as pas voulu écouter. 

17. Voici donc ce que dit le 
Seigneur : En ceci tu sauras que 
je suis le Seigneur : voici que je 
frapperai de la verge qui est en ma 
main l’eau du fleuve, et elle sera 
changée en sang. 

18.Les poissons même qui sont 
dans le fleuve mourront; et les 
eaux se corrompront, etles Egyp- 
tiens qui boiront de l'eau du 
fleuve, souffriront beaucoup. 

19. Le Seigneur dit aussi à 
Moise : Dis à Aaron : Prends ta 


e i —————— 


41. Que le changement opéré par les magiciens ait été réel ou simplement appa- 
rent, Pharaon aurait dû reconnaitre la toute-puissance du Dieu des Hébreux, en 
voyant la verge d'Aaron dévorer celles des magiciens. — * Les principaux magiciens 
d'Egypte qui résistèrent à Moïse s'appelaient, comme nous l'apprend S. Paul, Jannès 
et Mambrés. Les magiciens de l'Egypte ont été de tout temps célèbres dans l'anti- 
quité, et il y a toujours eu dans ce pays des psylles ou charmeurs de serpents. 

19. * On peut voir la description détaillée du changement de l'eau du Nil en sang 
et d'autres plaies d'Egypte, dans F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 
5e édition, 1889, t. 11, p. 285-341. 


(cH. νΠ|.} 
verge, et étends ta main sur les 


eaux de l'Egypte, et sur leurs 


fleuves, et sur les ruisseaux et les 
marais, et sur tous les lacs des 
eaux, afin qu'ils soient changés 
en sang, et qu'il y aitainsi du sang 
dans toute la terre d'Egypte, tant 
dans les vases de bois que dans 
les vases de pierre. 

20. Et Moise et Aaron firent 
comme lavait ordonné le Sei- 
gneur; et Aaron levant sa verge, 
frappa leau du fleuve devant 
Pharaon et ses serviteurs, et elle 
fut changée en sang. 

91. Et les poissons qui étaient 
dans le fleuve moururent; le 
fleuve se corrompit, et les Egyp- 
tiens ne pouvaient boire de l'eau 
du fleuve : et il y eut du sang 
dans toute la terre d'Egypte. 

99. Les magiciens d'Egypte 
firent pareillement par leurs en- 
chantements, et le cœur de Pha- 
raon s'endurcit, et il n'écouta pas 
Moise et Aaron, comme avait 
ordonné le Seigneur. 

23. Il se retira et il entra en sa 
maison, et ne prit pas la chose à 
cœur encore cette fois. 

94. Or tous les Egyptiens creu- 
serent autour du fleuve pour 
trouver de l'eau à boire; car ils 
ne pouvaient boire de l'eau du 
fleuve. 

95. Et il se passa sept jours en- 
tiers, aprés que le Seigneur eut 
frappé le fleuve. 


CHAPITRE VIII. 


Seconde plaie, les grenouilles; troi- 
sième, les moucherons ; quatrième, les 
mouches. Vaines promesses de Pharaon. 


1. Le Seigneur dit aussi à 


| L'EXODE. 123 


Moïse : Entre auprès de Pharaon, 
et tu lui diras : Voici ce que dit le 
Seigneur : Laisse aller mon 
peuple, afin qu'il me sacrifie : 

2. Mais si tu ne veux pas le 
laisser aller, voici que moi je 
frapperai tout ton pays de gre- 
nouilles. 

3. Car le fleuve fera jaillir des 
grenouilles, qui monteront, et 
entreront dans ta maison et dans 
la chambre où est ton lit, et sur 
ton lit. et dans les maisons de tes 
serviteurs, etau milieu de ton peu- 
ple, et dans tes fours, et sur les 
restes de tes aliments. 

4. Ainsi c'est chez toi, et chez 
ton peuple et chez tous tes ser- 
viteurs qu'entrexont les gre- 
nouilles. 

5. LeSeigneur dit donc à Moise : 
Dis à Aaron : Etends ta main sur 
les fleuves, et sur les ruisseaux 
etles marais, et fais venirles gre- 
nouilles sur la terre d'Egypte. 

6. Et Aaron étendit sa main sur 
les eaux d'Egypte, et les gre- 
nouilles monterent et couvrirent 
la terre d'Egypte. 

7. Mais les magiciens aussi fi- 
rent pareillement par leurs en- 
chantements, et ils firent venir 
les grenouilles sur la terre d'E- 
gypte. 

8. Or Pharaon appela Moise et 
Aaron et leur dit : Priez le Sei- 
gneurqu'il éloigne les grenouilles 
de moi et de mon peuple, et je 
laissererai aller le peuple, afin 
qu'il sacrifie au Seigneur. 

9. Et Moise répondit à Pharaon : 
Indique-moi quand je devrai prier 
pour toi, et pour tes serviteurs et 
pour ton peuple, afin que les gre- 


20. Infra, xvii, 5; Ps. Lxxvn, 44, — 22. Sag., xvii, 7. — παρ. VIII. 7. Sag.. xvii, ἢ. 


194 
nouilles soient chasséesloin de toi 
et de ta maison, et de tes servi- 
teurs et de ton peuple, et qu'elles 
demeurent seulement dans le 
fleuve. 

10. Celui-ci répondit : Demain. 
Or Moise : Je ferai, dit-il, selon 
ta parole, afin que tu saches qu'il 
n'y en a pointcomme le Seigneur 
notre Dieu. 

41. Etles grenouilles s'éloigne- 
ront de toi et de ta maison, et de 
tes serviteurs et de ton peuple, 
et elles demeureront seulement 
dans le fleuve. 

19. Alors Moise et Aaron sor- 
tirentdedevantPharaon ; et Moise 
cria au Seigneur, à cause de la 
promesse qu'il avait faite à Pha- 
raon touchant les grenouilles. 

13. Et le Seigneur fit selon la 
parole de Moïse ; etles grenouilles 
des maisons, et des villages et 
des champs, moururent. 

44. Et on les entassa en im- 
menses monceaux, et la terre en 
fut infectée. 

45. Or Pharaon, voyant qu'il 
lui avait été donné du relâche, 
endurcit son cœur, et il n'écouta 
pas Moïse et Aaron, comme avait 
ordonné le Seigneur. 

16. Alors le Seigneur dit à 
Moise : Dis à Aaron : Etends ta 
verge et frappe la poussiere de 
la terre, et qu'il y ait des mouche- 
rons dans toute la terre d'Egypte. 

47. Et ils firent ainsi. Aaron 
étendit donc sa main, tenant sa 
verge ; etil frappa la poussière de 
la terre, et les moucherons s'at- 
tachèrent aux hommes et aux 


L'EXODE. 


ferr. vi.) 
bétes; toute la poussiere de la 


- terre fut changée en moucherons 


par toute la terre d'Egypte. 

18. Et les magiciens firent pa- 
reillement par leurs enchante- 
ments, pour produire les mou- 
cherons, mais ils nele purent; et 
les moucherons restaientattachés 
aux hommes et aux bétes. 

19. Alors les magiciens dirent 
à Pharaon : C'estle doigtde Dieu; 
et le cœur de Pharaon s'endur- 
cit, et il n'écouta pas Moise et 
Aaron, comme avait ordonné le 
Seigneur. 

20. Le Seigneur dit aussi à 
110156 : Lève-toi au point du jour, 
et présente-toi devant Pharaon; 
car il sortira pour aller vers l’eau, 
et tu lui diras :Voici ce que dit le 
Seigneur Laisse aller mon 
peuple, afin qu'il me sacrifie. 

21. Que si tu ne le laisses pas 
aller, voicique je vais envoyersur 
toi etsurtes serviteurs, et sur ton 
peuple et en tes maisons, toute 
sorte de mouches ; et les maisons 
des Egyptiens seront remplies de 
mouches de diverses especes, et 
toute la terre en laquelle ils se- 
ront. 

29. Mais jerendrai merveilleuse 
en ce jour-là la terre de Gessen, 
en laquelle est mon peuple, de 
manière à ce qu'il n'y ait point là 
de mouches, et que tu saches que 
moile Seigneur, je suis au milieu 
de cette terre. 

93. C'est ainsi que je mettrai 
une distinction entre mon peuple 
et ton peuple : demain aura lieu 
ce prodige. 


EEE --ο-ΟοΟ'ῦ--ρ--ς--ς 


18. Les magiciens frappèrent la terre de leur verge, comme Aaron; mais ce fut 


sans succes. 


20. Les rois d'Egypte se lavaient tous les matins avant de sacrifier aux dieux 


[cn. 1x.) 

24. Et le Seigneur fit ainsi. Il 
vint des mouches tres dange- 
reuses dans les maisons de Pha- 
raon et de ses serviteurs, et dans 
toute la terre d'Egypte : ainsi la 
Lerre futinfectée par les mouches 
de cette sorte. 

95. Alors Pharaon appela Moise 
et Aaron, et leur dit : Allez et sa- 
crifiez à votre Dieu en cette 
terre-ci. 

96. Mais Moïse répondit : Cela 
ne peut se faire ainsi; car les sa- 
crifices que nous offrirons au Sei- 
gneur notre Dieu sont des abomi- 
nations pour les Egyptiens; que si 
nous tuons devant eux les 00/- 
maux quadorent les Egyptiens, 
ils nous lapideront. 

27. Nous ferons le chemin de 
trois journées dans le désert, et 
nous sacrifierons au Seigneur 
notre Dieu, comme il nous l'a or- 
donné. 

28. Et Pharaon reprit : Moi, je 
vous laisserai aller, afin que vous 
sacrifiiez au Seigneur votre Dieu 
dans le désert : cependant n'allez 
pas plus loin, priez pour moi. 

29. Moise répondit : Sorti d'a- 
vec toj, je prierai le Seigneur, et 
demainlesmouchess'éloigneront 
de Pharaon, et de ses serviteurs 
et de son peuple; cependant ne 
me trompe plus désormais, en 
ne laissant pas aller le peuple sa- 
crifier au Seigneur. 

30. Moïse done, sortit dela pré- 
sence de Pharaon, pria le Sei- 
gneur; 


24. Sag., xvi, 9. — 27. Supra, ur, 48. 


L'EXODE. 195 


31. Qui fit selon sa parole, et il 
enleva les mouches de Pharaon, 
et de ses serviteurs et de son 
peuple : il n'en resta pas méme 
une seule. 

32. Mais le cœur de Pharaon 
s'endurcit : en sorte que, pas 
méme cette fois, il ne laissa aller 
le peuple. 


CHAPITRE IX. 


Cinquiéme plaie, la peste sur les ani- 
maux; sixième, les ulcères ; septième, 
la grêle et le tonnerre. 


1. Mais le Seigneur dit à Moïse : 
Va vers Pharaon, et dis-lui : Voici 
ce que dit le Seigneur Dieu des 
Hébreux : Laisse aller mon peuple, 
afin qu’il me sacrifie. 

2. Que si tu refuses encore et 
les retiens, 

9. Voilà que ma main sera sur 
tes champs : et sur tes chevaux, 
et tes ânes, et tes chameaux, et 
tes beeufs, et tes brebis, une peste 
très dangereuse. 

4. Et le Seigneur fera une dis- 
lincüon merveilleuse entre les 
possessions d'Israél et les posses- 
sions des Egyptiens; en sorte que 
rien absolument ne périra de ce 
qui appartient aux enfants 
d'Israël. 

9. Et le Seigneur en ἃ mar- 
qué le temps, disant : Demain le 
Seigneur accomplira cette parole 
en ce pays. 

6. Le Seigneur donc accomplit 
cette parole le jour suivant : et 
tous les animaux des Egyptiens 


-------- SOEUR ΞΕ ΒΟ הרפ‎ Ὁ ה‎ 


26. * Les Egyptiens adoraient un grand nombre d'animaux comme des dieux, en 


particulier le bœuf Apis. 


6. Ce verset n'est nullement en contradiction avec le neuvième, où il est dit que 
les animaux furent atteints d'ulcéres, tandis qu'ici on les suppose tous morts. Car 


120 L'EXODE. 


moururent; mais parmi les ani- 
maux des enfants d'Israél rien 
absolument ne périt. 

7. Et Pharaon envoya voir : et 
rien n’était mort de ce que pos- 
sédait Israël. Et le cœur de Pha- 
raon s'endurcit et il ne laissa pas 
aller le peuple. 

8. Alors le Seigneur dit à Moïse 
et à Aaron : Prenez plein vos 
mains de cendre de foyer, et que 
Moïse la jette çà et là vers le ciel 
devant Pharaon ; 

9. Et qu'il y ait de la poussiere 
sur toute la terre d'Egypte; car 
il y aura sur les hommes et les 
bétes des ulceres, et de grosses 
tumeurs, dans toute la terre d'E- 
gypte. 

10. Ils prirent done de la cen- 
dre de foyer, et ils se présenterent 
devant Pharaon, et Moïse la jeta 
cà et là vers le ciel, et il se 
forma des ulceres, de grosses 
tumeurs sur les hommes et les 
bétes. 

11. Et les magiciens ne pou- 
vaient se tenir devant Moïse, à 
cause des plaies qui étaient sur 
eux et dans toute la terre d'E- 
gypte. 

12. Mais le Seigneur endurcit le 
cœur de Pharaon, et il n'écouta 
pas Moise et Aaron, comme l'a- 
vait dit le Seigneur à Moise. 

13. Le Seigneur dit encore à 
Moise : Leve-toi des le matin et 
présente-toi devant Pharaon, et 
tu lui diras : Voici ce que dit le 
Seigneur, Dieu des Hébrenx : 


Cnar, IX. 16. Rom., 1x, 17. 


[cH. 1x.) 


Laisse aller mon peuple, afin qu'i 
me sacrifie. ) 

14. Parce que, pour cette fois, 
jenverrai toutes mes plaies sur 
ton cœur, et sur tes serviteurs, 
et sur ton peuple, afin que tu 
saches que nul n’est semblable à 
moi dans toute la terre. 

15. C'est maintenant, en effet, 
qu'étendant la main, je frapperai 
ioi et ton peuple de la peste, et 
tu périras de dessus la terre. 

16. Car je t'ai établi pour mon- 
trer en toi ma puissance, et pour 
que mon nom soit publié dans 
toute la terre. 

11. Tu retiens encore mon peu- 
ple, et tu ne veux pas le laisser 
aller? 

18. Voilà que je ferai pleuvoir 
demain à cette méme heure une 
gréle extrémement abondante, 
telle qu'il n'y en a point eu en 
Egypte, du jour oü elle a été 
fondée, jusqu'au temps présent. 

19. Envoie donc des mainte- 
nant, et rassemble tes bétes et 
tout ce que tu as dans la cam- 
pagne; car les hommes et les bé- 
tes et toutes les choses qui se 
trouvent dehors, n'ayant pas été 
retirées des champs, et sur les- 
quelles sera tombée la gréle, 
mourront. 

20. Celui qui d'entre les servi- 
teurs de Pharaon craignit la pa- 
role du Seigneur, fit retirer ses 
serviteurs et ses bétes dans les 
maisons; 

21. Mais celui qui négligea le 


1» Il ne faut entendre le mot {ous que des bêtes qui étaient dans les champs, comme 
on le lit au ver. 3, où cette plaie est annoncée. 2» Le texte peut trés bien s'entendre 
de {ous les animaux, non pas pris individuellement, mais considérés par rapport à 
l'espèce elle-même, en sorte que 16 sens soit, coute espèce d'animaux. 


! cH. x.] 
discours du Seigneur laissa ses 
serviteurs et ses bétes dans les 
champs. 

99. AlorsleSeigneur ditàMoise: 
Etends ta main vers le ciel, afin 
qu'il fasse de la gréle dans toute 
laterre d'Egypte, surleshommes, 
etsur les bêtes et sur toute l'herbe 
de la campagne dans la terre d'E- 
gypte. 

93. Et Moïse étendit sa verge 
vers le ciel, et le Seigneur donna 
des tonnerres et de la gréle et 
des éclairs qui couraient de tou- 
tes parts sur la terre : c'est ainsi 
que le Seigneur fit pleuvoir de la 
gréle sur la terre d'Egypte. 

24. Et la gréle et le feu mélés 
tombaient ensemble, et /a grêle 
fut d’une telle grosseur, que ja- 
mais pareille ne parut dans toute 
la terre d'Egypte, depuis que cette 
nation a été fondée. 

95. Ainsi la grêle frappa dans 
toute la terre d'Egypte tout ce qui 
s'était trouvé dans les champs, 
depuis l'homme jusqu'à la béte; 
elle frappa aussi toute l'herbe de 
la campagne, et elle brisa tout 
arbre de la contrée. 

26. Seulement dans la terre de 
Gessen, oü étaient les enfants 
d'Israél, la gréle ne tomba pas. 

297. Alors Pharaon envoya et 
appela Moise et Aaron, leur di- 
sant : J'ai encore péché, mainte- 
nant : le Seigneur est juste; moi 
et mon peuple nous sommes les 
impies. 

28. Priez le Seigneur que ces 
tonnerres de Dieu et la gréle ces- 


23. Sag., xvi, 16; xix, 19. 


L'EXODE. 127 


sent, afin que je vous laisse aller, 
et, qu'en aucune maniere, vous 
ne demeuriez ici davantage. 

29. Moise répondit : Quand je 
serai sorti de la ville, j'étendrai 
mes mains vers le Seigneur, et les 
tonnerres cesseront, et il n'y aura 
plus de gréle; afin que tu saches 
qu'au Seigneur est la terre. 

30. Or je sais que toi-méme et 
tes serviteurs ne craignez pas en- 
core le Seigneur Dieu. 

31. Ainsi le lin et l'orge furent 
gátés, parce quel'orge était verte, 
et que le lin poussait déjà ses 
balles. 

32. Maisle froment etl'épeautre 
ne furent point gátés, parce qu'ils 
étaient tardifs. 

33. Moise done, sorü d'avec 
Pharaon et de la ville, étendit ses 
mains vers le Seigneur, et les 
tonnerres et la gréle cessèrent, 
et il ne tomba plus une goutte 
d'eau sur la terre. 

34. Or Pharaon, voyant que la 
pluie, la gréle et les tonnerres 
avaient cessé, aggrava son péché; 

39. Et son cœur et celui de ses 
serviteurs s'appesantirent et s'en- 
durcirent extrémement; et il ne 
laissa point aller les enfants d'Is- 
raél, comme avait ordonné le 
Seigneur par l'entremise de 
Moise. 

CHAPITRE X. 


Huitième plaie, les sauterelles; 
neuvième, les ténèbres. 


4. Et le Seigneur dit à Moïse : 
Entreauprès de Pharaon; car c’est 


35. Par l'entremise de Moïse, littér. par la main de Moïse. Les Hébreux se servaient 
des mots main, mains pour exprimer les idées de moyen, d'instrument, d'entre- 


mise, etc 


198 L'EXODE. 


moi qui ai endurci son cœur et 
celui de ses serviteurs, afin que 
je fasse sur lui ces signes de ma 
puissance, 

9. Et que tu racontes aux oreil- 
les de ton fils et de tes neveux, 
combien de fois j'ai brisé les 
Egyptiens et j'ai fait mes signes 
au milieu d'eux, et que vous sa- 
chiez que je suis le Seigneur. 

3. Moïse et Aaron entrèrent 
done auprès de Pharaon, et lui 
dirent : Voici ce que dit le Sei- 
gneur Dieu des Hébreux : Jusqu'à 
quand ne voudras-tu pas te sou- 
mettre à moi? Laisse aller mon 
peuple, afin qu'il me sacrifie. 

4. Que si tu résistes encore, et 
si tu ne veux pas le laisser aller, 
voilà que moi, je ferai venir de- 
main des sauterelles dans tes 
confins ; 

ὃ. Pour qu'elles couvrent la 
surface dela terre ; en sorte qu'il 
n'en paraisse rien; mais que ce 
qui sera resté apres la gréle, soit 
mangé; car elles rongeront tous 
{es arbres qui poussent dans les 
champs. 

6. Et elles rempliront tes mai- 
sons, et celles de tes serviteurs 
et de tous les Egyptiens; ni tes 
peres, ni tes aieux n'en ont vu 
autant depuis qu'ils sont nés sur 
la terre, jusqu'au présent jour. 
Et il se retira, et il sortit d'avec 
Pharaon. 

7. Mais les serviteurs de Pha- 
raon lui dirent : Jusqu'à quand 
souffrirons-nous ce scandale? 
Laissez aller ces hommes, afin 
qu ils sacrifient au Seigneur leur 
Dieu : ne voyez-vous pas que l'E- 
gypte est perdue? 


CHAP. X. 4. Sag., XVI, 9, 


]68. x.] 


8. Ils rappelèrent done Moïse et 
Aaron auprès de Pharaon, qui 
leur dit : Allez, sacrifiez au Sei- 
gneur votre Dieu : qui sont ceux 
qui doivent y aller? 

9. Moïse répondit : Nous irons 
avec nos petits enfants et nos 
vieillards, avec nos fils et nos 
filles, avec nos brebis et notre 
gros bétail; car c'est une solen- 
nité du Seigneur notre Dieu. 

10. Et Pharaon repartit : Que le 
Seigneur soit avec vous de la 
méme manière que moi, je vous 
laisserai aller, vous et vos petits 
enfants : qui doute que vous ne 
formiez de très mauvais des- 
seins ? 

11. Non, il n'en sera pas ainsi ; 
mais allez, vous autres hommes 
seulement, et sacrifiez au Sei- 
gneur; car c'est ce que vous- 
mémes avez demandé. Et aussi- 
tót ils furent renvoyés de la pré- 
sence de Pharaon. 

12. Maisle Seigneur dit à Moise: 
Etends ta main sur la terre d'E- 
gypte vers les sauterelles, afin 
qu'elles montent sur la terre, et 
quelles dévorent toute lherbe 
qui est restée apres la gréle. 

13. Et Moise étendit sa verge 
sur la terre d'Egypte, et le Sei- 
gneur fit venir un vent brülant, 
qui soufflatout ce jour-là et toute 
la nuit; et, le matin venu, le vent 
brülant fit lever les sauterelles; 

14. Qui monterent sur toute la 
terre d'Egypte; et elles s'arréte- 
rent dans tous les confins des 
Egyptiens en nombre infini, tel- 
les qu'avant ce temps-là il n'y en 
avait pas eu, et qu'à l'avenir il 
ne doit pas y en avoir. 


[cu. x1.] 

45. Ainsi, elles couvrirent la 
surface entiere de la terre, rava- 
geant tout. Toute l'herbe de la 
terre fut donc dévorée, et tout ce 
qui se trouva de fruits sur les 
arbres, fruits que la gréle avait 
laissés; de sorte qu'il ne resta 
absolument rien de vert sur les 
arbres ni dans les herbes de la 
terre, dans toute l'Egypte. 

16. C'est pourquoi Pharaon se 
hâtant appela Moïse et Aaron, et 
leur dit : J'ai péché contre le Sei- 
gneur votre Dieu, et contre vous. 

11. Mais maintenant pardon- 
nez-moi mon péché encore cette 
fois, et priez le Seigneur votre 
Dieu, afin qu'il retire de moi cette 
mort. 

18. Moise donc, sorti de la pré- 
sence de Pharaon, pria le Sei- 
gneur, 

19. Qui fit souffler de l'occident 
un vent tres violent, qui, ayant 
enlevé les sauterelles, les jeta 
dans la mer Rouge ; il n'en de- 
meura pas méme une seule dans 
tous les confins de l'Egypte. 

20. Mais le Seigneur endurcit 
le cœur de Pharaon, et il ne laissa 
pas aller les enfants d'Israël. 

91. Alors le Seigneur dit à 
Moise : Etends ta main vers le 
ciel, et qu'il y ait sur 18 terre d'E- 
gypte des ténèbres si épaisses, 
qu'on puisse les toucher. 

99. Et Moïse étendit sa main 
vers le ciel, et il se forma des 
ténèbres horribles sur l'Egypte 
entiere pendant trois jours. 

23. Personne ne vit son frere, 


23. Sag., XVII, 2; xvi, 4. 


L'EXODE. 129 


nine se remua du lieu oü il était: 
mais la lumiere était partout oü 
habitaient les enfants d'Israël. 

24. Alors Pharaon appela Moise 
et Aaron et leur dit : Allez, sacri- 
fiez au Seigneur : que vos brebis 
seulement et votre gros bétail 
demeurent, et que vos petits en- 
fants aillent avec vous. | 

25. Moïse répondit : Tu nous 
donneras aussi des hosties et des 
holocaustes que nous puissions 
offrir au Seigneur notre Dieu. 

26. Tous nos troupeaux iront 
avec nous, et il ne demeurera 
pas une corne de leurs pieds; 
c'est nécessaire pour le culte du 
Seigneur notre Dieu; d'autant 
plus que nous ignorons ce qui 
doit étre immolé, jusqu'à ce que 
nous parvenions au lieu méme. 

27. Mais le Seigneur endurcit 
le cœur de Pharaon, et il ne vou- 
lut pas les laisser aller. 

28. Et Pharaon dit à Moïse : 
Retire-toi de moi, et garde-toi de 
voir désormais ma face : car en 
quelque jour que ce soil que tu 
paraisses devant moi, tu mourras. 

29. Moïse répondit : Il sera fait 
ainsi que tu l'as dit, je ne verrai 
plus ta face. 


CHAPITRE XI. 


Prédiction de la dixième et dernière plaie, 
mort des premiers-nés des Egyptiens. 
Sortie des Israélites de l'Egypte. Pré- 
ceptes touchant la 4. 


1. Et le Seigneur dit à Moise : 
Je frapperai encore, mais d'une 
seule plaie, Pharaon et l'Egypte; 


11. Cette mort; c'est-à-dire ce fléau des sauterelles qui, en dévorant tout, devaient 


nécessairement donner la mort. 


26. Au lieu méme que le Seisneur a désigné, et où il nous instruira de ses voloutés. 


4 . 1 . 


9 


130 


et apres cela il vous laissera aller, 
il vous forcera méme de sortir. 

2. Tu diras done à tout le peu- 
ple, que chaque homme demande 
à son ami, et chaque femme à sa 
voisine, des vasesd'argent et d'or. 

3. Et le Seigneur fera trouver 
gráce à son peuple devant les 
Egyptiens. Or Moisefutun homme 
tres considérable en Egypte aux 
yeux des serviteurs de Pharaon 
et de tout le peuple. 

4. Il dit donc : Voici 66 que dit 
leSeigneur : Au milieu dela nuit, 
jentrerai en Egypte; 

ὃ. Et tout premier-né mourra 
dans la terre des Egyptiens, de- 
puis le premier-né de Pharaon, 
qui est assis sur son trône, jus- 
qu'au premier-né de la servante, 
qui tourne la meule, et jusqu'au 
premier-né des bétes. 

6. Et il y aura un grand eri dans 
toute la terre d'Egypte, tel qu'au- 
paravant il n'y en a pas eu, et 
qu'à l'avenir il ne doit pas y en 
avoir. 

7. Mais chez tous les enfants 
d'israël, depuis l'homme jusqu'à 
la béte, pas méme un chien ne 
murmurera,afin que vous sachiez 
par quel miracle le Seigneur sé- 
pare les Egyptiens d'Israël. 

8. Alors ceux-ci tes serviteurs 
descendront tous vers moi, et se 
prosternerontdevant moi, disant: 
Sors, toi ettout le peuple qui t'est 


L'EXODE. 


fcm. xu.) 
soumis:aprescelanoussortirons. 

9, Et il sortit d'avec Pharaon 
extrémement irrité. Et le Sei- 
gneur dit à Moïse : Pharaon ne 
vous écoutera pas, afin que beau- 
coup de signes se fassent dans la 
terre d'Egypte. 

10. Or Moise et Aaron firent 
devant Pharaon tous les prodiges 
qui sont écrits. Mais le Seigneur 
endurcit le cœur de Pharaon, et 
il ne laissa pas aller les enfants 
d'Israél hors de son pays. 


CHAPITRE XII. 


Cérémonie de la Pâque. 


1. Le Seigneur dit aussi à Moise 
età Aaron dans la terre d'Egypte : 

9. Ce mois sera pour vous le 
commencement des mois : il sera 
le premier dans les mois de l'an- 
née. 

3. Parlez àtoute l'assemblée des 
enfants d'Israël, et dites-leur 
Au dixième jour de ce mois, que 
chacun prenne un agneau par 
chacune de ses familles et de ses 
maisons. 

4. Mais si le nombre est trop 
petit pour qu'il puisse suffire à 
manger l'agneau, il prendra son 
voisin qui estproche desa maison, 
selon le nombre des àmes qui 
peuvent suffire à manger ]8- 
gneau. 

5. Or l'agneau sera sans tache, 


Cuar. XI. 2. Supra, ur, 22; 10/78, xii, 35, — 3. Eccli., XLv, 1. 


2. Que chaque homme demande, etc. Voy. πὶ, 22. 

5. Ayant un an (anniculus) ; ou né dans l'année. Compar. Lévit., xxii, 2T. 

8. Ceux-ci; c'est-à-dire les Israélites, synonyme d'Israél qui précède immédiate- 
ment. 


10. Qui sont écrits, racontés ici dans ce livre, et qui font partie des événements 


arrivés en Egypte. 


XII, 2. Ce mois, appelé d'abord Abib, puis Nisan, commençait à la nouvelle tuge 


du mois de mars. 


cH. XII.) 


mâle, ayant un an. Conformément 
à ce rite vous prendrez aussi un 
Aihevreau. 

6. Et vous 16 garderez jusqu'au 
quatorzieme jour de ce mois; et 
toute la multitude des enfauts 
d'Israél l'immolerà vers le soir. 

7. Ils prendront de son sang, et 
ils en mettront sur les deux po- 
teaux et surles linteaux des mai- 
sons, en lesquelles ils les mange- 
0% 

8. Εἰ 115 mangeront cette nuit- 
là les chairs róties au feu avec 
des pains azymes et avec des 
laitues sauvages. 

9. Vous n'en mangerez rien 
cru, ni cuit dans l'eau, mais seu- 
lement róti au feu; vous en man- 
gerez la tête avec les pieds et les 
intestins. 

10. Il n'en demeurera rien jus- 


qu'au matin : s'il y aquelquereste, : 


vous le brülerez au feu. 

11. Or c'est ainsi que vous le 
mangerez : Vous ceindrez vos 
reins; et vous aurez votre chaus- 
sure à vos pieds, tenant un báton 
en vos mains, et vous mangerez 
àlaháte; car c'est la Pâque, (c'est- 
à-dire) le passage du Seigneur. 

19. Et je passerai par la terre 
d'Egypte cette nuit-là, et je frap- 
perai tout premier-né danslaterre 
d'Egypte, depuis l'homme jus- 
qu'au bétail, et sur tous les dieux 
de l'Egypte j'exercerai des juge- 
ments, moi le Seigneur. 

43. Or le sang sera un signe en 
votre faveur dans les maisons où 
vous serez; Car je verrai le sang, 


L'EXODE. 131 


et je passerai au delà de vous; et 
la plaie de destruction ne vous 
atteindra pas lorsque je frapperai 
la terre d'Egypte. 

14. Ce jour sera pour vous un 
monument, et vous le célébrerez 
dans vos générations comme con- 
sacré au Seigneur par un culte 
éternel. 

15. Pendant sept jours vous 
maugerez desazymes : dès le pre- 
mier jour il n'y aura point de le- 
vain dans vos maisons ; quiconque 
mangera du pain levé, depuis le 
premier jour jusqu'au septième 
jour, son àme périra du milieu 
d'Israël. 

16. Le premier jour sera saint 
et solennel, et le septième jour 
sera vénérable parla méme solen- 
nité : vous ne ferez aucun travail 
en ces jours-là, excepté ce qui re- 
garde la nourriture. 

11. Vous observerez donc la 
féte des Azymes; car c'est en ce 
méme jour que je conduirai votre 
armée hors de la terre d'Egypte : 
ainsi vous garderez ce jour en 
vos générations par un rite per- 
pétuel. 

18. Au premier mois, le qua- 
torzieme jour du mois, vers le 
soir, vous mangerez des azymes 
jusqu'au vingt-unième jour du 
méme mois, vers le soir. 

19. Sept jours durant, on ne 
trouvera point de levain dans vos 
maisons : celui qui mangera du 
pain levé, son âme périra du mi- 
lieu de l'assemblée d'Israél, qu'il 
soit étranger ou naturel du pays. 


Cuar, XII. 18. Lév., xxi, 5; Nom., xxvi, 16. 


44. Sila Pàque des Hébreux a cessé, la Pàque chrétienne, dont la première n'était 
que la figure, durera jusqu'à la fin des temps. 


132 L'EXODE. 


20. Vous ne mangerez rien de 
fermenté ; danstoutes vos habita- 
tions vous maugerez des azymes. 

91. Or Moïse appela tous les 
anciens des enfants d'Israël et 
leur dit : Allez, et prenez un ani- 
mal par chacune de vos familles, 
et immolez la Pâque. 

22. Trempez un bouquet d'hy- 
sope dans le sang qui est sur le 
seuil de la porte, et vous en asper- 
gerez le linteau et les deux po- 
teaux, etque nul de vous ne sorte 
hors de 1a porte de sa maison 
jusqu'au matin. 

23. Car le Seigneur passera 
frappant les Egyptiens; et lors- 
qu'il verra le sang sur le linteau 
et sur les poteaux, il passera au 
delà de la porte de la maison, et 
il ne permettra pas que le destruc- 
leur entre dans vos maisons et 
vous frappe. 

24. Garde cette parole comme 
une loi éternelle pour toi et pour 
tes enfants. 

95. Et lorsque vous serez en- 
trés dansle pays que le Seigneur 
doit vous donner, comme il a 
promis, vous observerez ces cé- 
rémonies. 

26. Et quand vos enfants vous 
demanderont : Quel est ce culte 
religieux? 

27. Vous leur direz : C'est la 
victime du passage du Seigneur, 
quand il passa par-dessus les 
maisons des enfants d'Israël en 
Egypte, frappant les Egyptiens, 


]68. xm.] 


et préservant nos maisons. Alors 
le peuple profondément incliné 
adora. 

98. Et étant sortis, les enfants 
d'Israél firent commele Seigneur 
avait ordonné à Moise et à Aaron. 

29. Or il arriva au milieu de la 
nuit que le Seigneur frappa tous 
les premiers-nés dans la terre 
d'Egypte, depuis le premier-né de 
Pharaon qui était assis sur son 
tróne, jusqu'au premier-né de la 
captive qui était en prison, et 
tout premier-né des bétes. 

30. Et Pharaon se leva la nuit, 
et tous ses serviteurs et tout son 
peuple, et il s'éleva un grand cri 
en Egypte, car il n'était pas de 
maison daus laquelle ne gésit un 
mort. 

31. Pharaon ayant donc appelé 
Moise et Aaron pendant la nuit, 
leur dit: Levez-vous, et sortez du 
milieu de mon peuple, vous et les 
enfants d'Israël; allez, sacrifiez 
au Seigneur, comme vous dites. 

32. Prenez aussi vos brebis et 
votre gros bétail, comme vous 
aviez demandé, et vous en al- 
lant, bénissez-moi. 

33. Et les Egyptiens pressaient 
le peuple de sortir de leur pays 
promptement, disant : Nous 
mourrons tous. | 

34. Le peuple prit donc de la 
farine pétrie avant qu'elle fût le- 
vée, 6118 liant dansles manteaux, 
1118 mit sur ses épaules. 

35. Alors les enfants d'Israél 


22. Hébr., xr, 28. — 29. Supra, xr, 5; Sag., XVIII, 9. — 35. Supra, xi, 2. 


23. * Un bouquet d'hysope. Les feuilles de l'hysope forment une touffe chevelue 


qui la rend trés propre à servir d'aspersoir. 


35-36. * Les Hébreux demandérent des bijoux et des vétements, parce 06 + 
les objets précieux qu'il était le plus facile a'emporter. Ils leur furent donnés, par la 
p^rinission de Dieu, sous le coup de la terreur causée par la dixième plaie. Ce n'était 


[cu. xir.) 


firent comme avait ordonné 
Moïse; et ils demandèrent aux 
Egyptiens des vases d'argent et 
d'or et beaucoup de vétements. 

36. Or le Seigneur fit trouver 
gráce au peuple devant les Egyp- 
tiens, pour qu'ils les leur prétas- 
sent; et ils dépouillérent les 
Egyptiens. 

37. Et les enfants d'Israél par- 
tirent de Ramessès pour Socoth, 
environ six cent mille hommes 
de pied, sans les petits enfants. 

38. Mais une foule innombrable 
de gens de toute espece monta 
avec eux, ainsi que des brebis, du 
gros bétail et des animaux de di- 
versgenresen trés grand nombre. 

39. Ils firent cuire aussi la fa- 
rine qu'ils avaient apportée d'E- 
gypte déjà toute pétrie, et firent 
des pains azymes cuits sous la 
cendre; car ils ne pouvaient fer- 
menter, les Egyptiens les forçant 
de partir, et ne leur permettant 
de prendre aucun délai; et ils 
n'avaient pas eu la facilité d'ap- 
préter aucun aliment. 

40. Or l'habitation des enfants 
d'Israél pendant qu'ils demeure- 
rent en Egypte, fut de quatre cent 
trente ans. 

41. Lesquels accomplis, toute 
l'armée du Seigneur sortit le 
méme jour de la terre d'Egypte. 

49. Cette nuit doit étre obser- 


46. Nom., 1x, 12; Jean, xix, 36. 


L'EXODE. 133 


vée en lhonneur du Seigneur, 
quand il les retira de la terre 
d'Egypte, et tous les enfants d'Is- 
raël doivent l’observer dans 
leurs générations. 

49. Et le Seigneur dit à Moise 
et à Aaron : Voici le rite de la 
Páque : Aucun étranger n'en 
mangera. 

44. Mais tout esclave acheté 
sera circoncis, et alors il en man- 
gera. 

45. L'étranger et le mercenaire 
n'en mangeront point. 

46. C'est dans une méme mai- 
son qu'on la mangera; et vous 
ne porterez point de sa chair au 
dehors, et vous n'en romprez au- 
cun os. 

ἀπ. Toute l'assemblée d'Israél 
la fera. 

48. Que si quelqu'un des étran- 
gers veut entrer dans votre colo- 
nie et faire la Pâque du Seigneur, 
tous ses enfants mâles seront 
circoncis auparavant, et alors il 
la célébrera selon le rite; et il 
sera comme un naturel du pays; 
mais si quelqu'un n'a pas été cir- 
concis, il n'en mangera pas. 

49. La méme loi sera pour l'in- 
digene et pour le colon qui sé- 
journent chez vous. 

50. Et tous les enfants d'Israél 
firent comme avait ordonné le 
Seigneur à Moise et à Aaron. 


LLLA ——ÁÀ—À—MÀMMM—À— 


qu'une compensation partielle des immeubles considérables qu'ils laissaient, en 
partant, entre les mains des Egyptiens. Voir la note sur Ezode, 11, 22. 

31. Les incrédules prétendent que si les Israélites avaient été aussi nombreux, 
loin de fuir devant Pharaon, ils auraient tenté de s'emparer de toute l'Egypte; mais 
ils ne considèrent pas que les Israélites, quoiqu'en fort grand nombre, n'auraient pu 
espérer un grand succès de leur tentative, attendu qu'ils n'étaient nullement accou- 
tumés au métier de la guerre, ayant été au contraire accablés de travaux durant leur 
longue servitude. D'ailleurs, Dieu n'avait pas ordouné à Moïse de combattre contre 
Pharaon, mais bien de tirer son peuple de la terre d'Ezypte. 


134 L'EXODE. 


51. Et le méme jour le Sei- 
gneur retira les enfants d'Israél 
de la terre d'Egypte, selon leurs 
bandes. 


CHAPITRE XIII. 


Lois pour la consécration des premiers- 
nés et pour l'observation de la Pâque. 
Chemin par lequel Dieu conduit les 
Israélites. Colonne de nuée et de feu. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moïse, disant : 

9, Consacre-moi tout premier- 
né qui ouvre un sein parmi les 
enfants d'Israël, tant d'entre les 
hommes que d'entre les bêtes : 
car à moi sont toutes choses. 

3. Et Moïse dit au peuple : Sou- 
venez-vous de ce jour auquel 
vous êtes sortis de l'Egypte et de 
la maison de servitude; car par 
une main puissante le Seigneur 
vous a retirés de ce lieu : vous 
ne mangerez donc point de pain 
fermenté. 

4. Vous sortez aujourd'hui dans 
le mois des nouveaux grains. 

5, Et quand le Seigneur t'aura 
introduit dans la terre du Chana- 
néen, de l'Héthéen, de l'Amor- 
rhéen, de l'Hévéen et du Jébu- 
séen, terre qu'il a juré àtes peres 
qu'il tedonnerait, terre oü coulent 
du lait et du miel, tu célébreras 
cette pratique sacrée en ce mois. 

6. Pendant sept jours tu te 
nourriras d'azymes, et le sep- 
tième jour sera une solennité du 
Seigneur. 


[cm. xir.) 


! Vous mangerez des azymes 
pendant sept jours; il ne parai- 
ira point de pain fermenté chez 
toi, ni dans tous tes confins, 

8. Et tu le raconteras à ton fils 
en ce jour-là, disant ; Voilà ce 
qu'a fait pour moi le Seigneur, 
quand je suis sorti de l'Egypte. 

9. Et ce sera comme un signe 
en 18 main, et comme un monu- 
ment devant tes yeux, et afin que 
laloi du Seigneur soit toujours 
en ta bouche; car c'est avec une 
main puissante que le Seigneur 
t'a retiré de l'Egypte. 

10. Tu observeras un culte de 
cette sorte au temps marqué 
d'année en année, 

11. EtlorsqueleSeigneurt'aura 
introduit dans la terre du Chana- 
néen, comme il l'a juré à toi à tes 
pères, et qu'il te l'aura donnée, 

19. Tu sépareras pour le Sei- 
gneur tout ce qui ouvre un sein 
el ce qui est primitif dans tes 
troupeaux; tout ce que Lu auras 
du sexe masculin, tu le consacre- 
ras au Seigneur. 

13. Tu échangeras le premier- 
né de l’âne pour une brebis : que 
si tu ne le rachètes point, tu le 
tueras. Mais tout premier-né de 
l'homme d'entre tes fils, c'est 
avec de l'argent que tu le racbe- 
teras. 

14. Et quand ton fils t'interro- 
gera demain, disant : Qu'est-ce 
que ceci? tu lui répondras : Par 
une main puissante le Seigneur 


Cape. XIII. 2. Infra, xxxiv, 19; Lévit,, xxvi, 96; Nom., vii, 16; Luc, 11, 23. — 
19. Infra, xxir, 29; xxxiv, 19; Ezéch., ,טזזא‎ 30, 


51. Selon leurs bandes. Voy, vi, 26, et compar. xum, 18. 


10. D'année en année; littér. de jours en jours. Les Bébreux exprimaient quelque: 
fois l'espace d'un an, en mettant le mot jour au pluriel, 
14, Demain, hébraï:me, pour un jour, dans l'avenir. 


CH. XIV.] 


L'EXODE. 135 


nousaretirés delaterred'Egypte, | tera; emportez d'ici mes os avec 


de la maison de servitude. 

45, Car comme Pharaon s'était 
endurci, et qu'il ne voulait pas 
nous laisser aller,le Seigneur tua 
tout premier-né dans la terre d'E- 
gypte, depuis le premier-né de 
l'homme jusqu'au premier-né des 
bêtes : c'est pourquoi jimmole au 
Seigneur tout mále qui ouvre un 
sein, et je rachète tous les pre- 
miers-nés de mes fils. 

16. Ce sera donc comme un 
signe en ta main, et comme quel- 
que chose de suspendu entre tes 
yeux, pour souvenir; parce que 
par une main puissante le Sei- 
gneur nous a retirés de l'Egypte. 

47. Or, quand Pharaon eutlaissé 
aller le peuple, Dieu ne les con- 
duisit point par le chemin de la 
terre des Philistinsquiest voisine, 
pensant que peut-étre il se repen- 
tirait, sil voyait des guerres s'é- 
lever contre lui, et qu'il retourne- 
rait en Egypte. 

18. Mais il leur fit faire un dé- 
tour par la voie du désert, qui 
est prés dela mer Rouge : ainsi 
les enfants d'Israél monterent 
armés de laterre d'Egypte. 

19. Moise emporta aussi avec 
lui les os de Joseph, parce que 
Joseph avait adjuré les enfants 
d'Israél, disant : Dieu vous visi- 


vous. 

90. Partis donc de Socoth, ils 
camperent à Etham, à l'extrémité 
du désert. 

21. Orle Seigneur les précédait 
pour montrer 18 voie, le jour dans 
une colonne de nuée, et la nuit 
dans une colonne de feu; afin 
quil fût leur guide dans l'un et 
l'autre temps. 

22. Jamais la colonne de nuée 
ne disparut devant le peuple du- 
rant le jour, ni la colonne de feu 
durant la nuit, 


CHAPITRE XIV, 


Pharaon poursuit les Israélites. Les eaux 
de la mer Rouge s'ouvrent pour don- 
ner passage aux Hébreux. Les Egyp- 
tiens sont ensevelis sous les eaux. 


1. Or le Seigneur parla à Moïse, 
disant : 

2. Dis aux enfants d'Israél qu'ils 
retournent, et qu'ils campent vis- 
à-vis de Phihahiroth, qui est entre 
Magdalum et la mer, contre Béel- 
séphon : c'est la vue de ce lieu 
que vous poserez votre camp, 
près de la mer, 

3. Car Pharaon va dire des en- 
fants d'Israél : Ils sont resserrés 
dans la terre, le désert les tient 
enfermés. 

4. Et j endurcirai son cœur, et il 


16. Deut., vr, 8. — 19. Genèse, r, 24. — 21. Nom., xiv, 44; II Esdr., 1x, 19; I Cor. 


x 


20. * De Socoth. Socoth était le nom civil de Phithom. ll désigne ici la région située 
autour de cette place forte. — A Etham, lieu indéterminé qui se trouvait sur la 
route allant d'Egypte en Palestine, en longeant la mer Méditerranée. 


2. * Phihahiroth, peut-être l'Adjroud actuel. — Magdalum, forteresse dont le site 
est inconnu. — Et {a mer Rouge ou golfe de Suez, — Contre Béelséphon, probable- 
ment la montagne de Djébel-Attaka, qui se dresse à l'ouest et au nord-ouest de la 


mer Rouge. 


3. Le désert les tient enfermés, par les montagnes qui s'y trouvent, En effet, il ya 
au couchant de la mer Rouge des montagnes presque impraticables, 


136 
les poursuivra ; et je serai glorifié 
enPharaon et en toute son armée; 
et les Egyptiens sauront que je 
suis le Seigneur. Et /es enfants 
d'Israël firent ainsi. 

5. Cependant on annonca au roi 
des Egyptiens quele peuple s'était 
enfui, et le cœur de Pharaon et 
de ses serviteurs fut changé à 
l'égard du peuple: et ils dirent : 
Qu'avons-nous voulu faire en 
laissant aller Israél, pour qu'il ne 
nous servit plus? 

6. ll attela donc son char. et 
prit tout son peuple avec lui. 

7. Il emmena aussi, outre six 
cents chars d'élite, tout ce qu'il 
y eut de chars dans l'Egypte, et 
les chefs de toute l'armée. 

8. Et le Seigneur endurcit le 
coeur de Pharaon, roi d'Egypte, 
et il poursuivit les enfants d'Is- 
raël; mais eux étaient sortis par 
une main élevée. 

9. Et comme les Egyptiens sui- 
vaient leurs traces de près, ils les 
trouverent dans leur camp pres 
de la mer : toute la cavalerie et 
les chars de Pharaon et l'armée 
enliere étaient à Phihahiroth 
contre Béelséphon. 

10. Et quand Pharaon se fut ap- 
proché, les enfants d'Israél,levant 
les yeux, virent les Egyptiens 
derriere eux, et ils furent saisis 
dune grande crainte, et ils 
crierent au Seigneur, 

41. Et ils dirent à Moise : Peut- 
étre qu'il n'y avait pas de sépul- 
tures en Egypte; c'est pour cela 
que tu nous a amenés, afin que 
nous mourions dans le désert : 
qu'as-tu voulu faire en nous reti- 
rant de la terre d'Egypte? 


CuaP. XIV, 9, Jos,, xxiv, 6; I Mach., 1v, 9. 


L'EXODE, 


[cu. σιν, 

19. N'est-ce pas là le langage 
que nous te tenions en Egypte, 
disant : Retire-toi de nous, afin 
que nous servions les Egyptiens? 
car il valait beaucoup mieux les 
servir que mourir dans le désert. 

13. Or Moïseréponditau peuple: 
Ne craignez point, demeurez 
fermes, et voyez les grandes 
œuvres que le Seigneur va faire 
aujourd’hui; carles Egyptiensque 
vous voyez en ce moment, vous 
ne les verrez plus jamais. 

14. Le Seigneur combattra pour 
vous, et vous serez dans le si- 
lence. 

15. Le Seigneur dit ensuite à 
Moise : Pourquoi cries-tu vers 
moi? Dis aux enfants d'Israël 
qu'ils partent. 

16. Mais toi, éleve ta verge, et 
étends ta main sur la mer, et di- 
vise-la, afin que les enfants d'Is- 
raél marchent au milieu dela mer 
à sec. 

47. Pour moi, j'endurcirai le 
cœur des Egyptiens, afin qu'ils 
vous poursuivent, et je serai glo- 
rifié en Pharaon, et en toute son 
armée, et en ses chars et en ses 
cavaliers. 

18. Etles Egyptienssauront que 
moi, je suis le Seigneur, quand 
jaurai été glorifié en Pharaon, et 
en ses chars et en ses cavaliers. 

19. Alors l'ange de Dieu qui 
précédait le camp d'Israël, alla 
derriere eux ; et ainsi que lui, la 
la colonne de nuée, passant de 
devant en arriere, 

20. Se tint entre le camp des 
Egyptiens et le camp d'Israél; or 
la nuée était ténébreuse, et elle 
éclairait la nuit; en sorte que du- 


ἴσῃ. xiv.) 


rant tout le temps de la nuit, ils 
ne pouvaient s'approcher l'un de 
l'autre. 

91. Lors donc que Moïse eut 
étendu la main sur la mer, le Sei- 
gneur la fit retirer, un vent im- 
pétueux et brülant ayant soufflé 
toute la nuit. et illa mit à sec, et 
l'eau fut divisée. 

99. Ainsi les enfants d'Israël 
entrèrent au milieu de la mer 
desséchée; car l'eau était comme 
un mur à leur droite et à leur 
gauche. 

93. Etles poursuivant, les Ezyp- 
tiens entrèrent après eux au mi- 
lieu de la mer, ainsi que toute la 
cavalerie de Pharaon, ses chars et 
ses cavaliers. 

94. Et déjà était venue la veille 
du matin, et voilà que le Seigneur 
jetant un regard sur le camp des 
Egyptiens à travers la colonne de 
feu et de nuée, tua toute leur 
armée, 

95. Et renversa les roues des 
chars, ils furent entrainés au 
profond dela mer. Les Egyptiens 
dirent donc : Fuyons Israél, car 
le Seigneur combat pour eux 
contre nous. 

26. Et le Seigneur dit à Moise : 
Etends ta main sur la mer, afin 


L'EXODE. 137 


que les eaux retournent vers les 
Egyptiens, surleurs chars etleurs 
cavaliers. 

27. Etlorsque Moise eut étendu 
sa main contre la mer, elle re- 
tourna au premier point du jour, 
en son premier lieu; et les eaux 
vinrent à la rencontre des Egyp- 
tiens qui s'enfuyaient, et le Sei- 
gneur les enveloppa au milieu 
des flots. 

28. Ainsi les eaux retournèrent 
et couvrirent les chars et les ca- 
valiers de toute l'armée de Pha- 
raon, qui, poursuivant Israël, 
étaient entrés dans la mer 
etil ne resta pas méme un seul 
d'entre eux. 

29. Mais les enfants d'Israél 
poursuivirent leur chemin au mi- 
lieu de la mer desséchée, et les 
eaux étaient pour eux comme un 
mur à droite et à gauche : 

30. Etle Seigneur délivra en ce 
jour-là Israél dela main des Egyp- 
tiens. 

31. Et ils virent les Egyptiens 
morts sur le rivage dela mer, et 
la main puissante qu'avait éten- 
due le Seigneur contre eux: et le 
peuple craignit le Seigneur, et ils 
crurent au Seigneur et à Moise 
son serviteur. 


22, Ps. xxvm, 13; civ, 37; exui, 3; Hébr., xr, 29. — 24. Sag., XVIII, 15. 
PT Re e e e e MER ὃὃ 


21-31. Le passage de la mer Rouge tel que Moise le rapporte, est un miracle évi- 
dent que les rationalistes ont vainement cherché à expliquer d'une manière naturelle, 
Nous dirons de méme des prodiges qui ont été opérés ensuite pendant le séjour des 
Hébreux dans le désert. tels que les eaux améres adoucies, les cailles, la manne, 
l'eau sortie du rocher d'Horeb, l'apparition de Dieu sur le mont Sinai. 

24. La veille du matin; c'est-à-dire l'espace de temps compris entre le chant du 
coq et le lever du soleil. 

28. * Toute l'armée de Pharaon, mais non Pharaon lui-méme. Menephtah ne fut pas 
noyé dans la mer Rouge. 

31. * Voir à la fin du volume la note 9 sur la sortie d'Egypte. 


138 L'EXODE. 


CHAPITRE XV. 


Cantique d'action de gráces aprés le pas- 
sage de la mer Rouge. Campement à 
Mara, οὐ Moise adoucit les eaux. 


1. Alors Moise et les enfants 
d'Israél chanterent ce cantique au 
Seigneur, et dirent : Chantons le 
Seigneur, car il s'est glorieuse- 
ment signalé;ila précipité dans 
la mer le cheval et celui qui le 
montait. 

9. Ma force et ma louange, c'est 
le Seigneur; car il est devenu mon 
salut. C'est mon Dieu, et je le 
glorifierai : le Dieu de mon pere, 
et je l'exalterai. 

3. Le Seigneur est comme un 
combattant, le Tout-puissant est 
son nom. 

4. llalancéleschars de Pharaon 
et son armée dans la mer; et ses 
princes d'élite ont été submergés 
dans la mer Rouge. 

5. Les abimes les ont couverts; 
ils sont descendus au profond du 
gouffre comme une pierre. 

6. Votre droite, Seigneur, s'est 
signalée dans sa force; votre 
droite, Seigneur, a frappé l'en- 
nemi. 

7. Et par la grandeur de votre 
gloire vous avez renversé vos ad- 
versaires; vous avez envoyé votre 
colere qui les a dévorés comme 
la paille. 

8. Et au souffle de votre fu- 
reur les eaux se sont amonce- 
lées; l'onde qui coulait s'est 
arrêtée, et les abimes se sont 


(cu. xv.] 


amoncelés au milieu de la mer. 

9. L'ennemi a dit : Je poursui- 
vrai, je saisirai, je partagerai les 
dépouilles; mon âme sera 
remplie : je tirerai mon glaive; 
ma main les tuera. 

10. Votre vent a soufflé, et la 
mer les a couverts; ils se sont en- 
foncés comme le plomb dans des 
eaux impétueuses. 

11. Qui est semblable à vous 
parmi les forts, ὃ Seigneur? qui 
est semblable à vous, magnifique 
en sainteté, terrible et digne de 
louanges, faisant des prodiges? 

19. Vous avez étendu votre 
main, et la terreles a dévorés. 

13. Dans votre miséricorde vous 
avez été un guide pour le peuple 
que vous avez racheté, et vous 
l'avez porté dans votre force jus- 
qu'à votre demeure sainte. 

14. Les peuples sont montés et 
ont été irrités; les douleurs ont 
saisi les habitants de la Palestine. 

45. Alorsles princes de l'Idumée 
ont été violemment troublés; la 
peur a saisi les forts de Moab; 
tous les habitants de Chanaan ont 
été glacés d'effroi. 

16. Que l'épouvante et l'effroi 
fondent sur eux à cause de l'é- 
tendue de votre bras; qu'ils de- 
viennent immobiles comme une 
pierre, jusqu'à ce que soit passé 
votre peuple, ὃ Seigneur, jusqu'à 
ce que soit passé ce peuple que 
vous vous étes acquis. 

47. Vousles introduirez et vous 
les planterez sur la montagne de 


XV. 1. Sag.. x, 20. — 2. Isa., xit, 2; Ps. cxvi, 14.‏ .גח 


- ———————————— 


13. Ce verset et les suivants contiennent une vraie prophétie de tout ce qui devait 
arriver aux Israélites dans leur voyage, jusqu'à leur entrée dans la terre promise, 


le pays de Chanaan. 


14. Sont montés; hébraisme, pour : ont fait une sortie contre les Hébreux. 


[cH. xv.] 
votre héritage, dans votre de- 
meureinébranlable que vous avez 
faite, Seigneur; c'est votre sanc- 
tuaire qu'ont affermi vos mains. 

18. Le Seigneur régnera dans 
l'éternité, et au delà. 

19. Car Pharaon est entré à 
cheval dans la mer avecses chars 
et ses cavaliers, et le Seigneur à 
ramené sur eux les eaux de la 
mer; mais les enfants d'Israél ont 
marché à sec au milieu de la mer. 

90. Marie, prophétesse, sœur 
d'Aaron, prit donc un tambour en 
sa main, et toutes les femmes 
sortirentapres elleavec des tam- 
bours et en chœur. 

91. Elle chantait avant elles, 
disant : Chantons le Seigneur; 
caril s'est glorieusement signalé : 


L'EXODE. 139 


il a précipilé dans la mer le cheval 
et celui qui le montait. 

92. Or Moïse fit sortir Israël de 
la mer Rouge, et ils allèrent au 
désert de Sur; et ils marchèrent 
trois jours dans la solitude, et ils 
ne trouvaient pas d'eau. 

93. Et ils vinrent à Mara ; mais 
ils ne pouvaient pas boire des 
eaux de Mara, parce qu'elles 
étaient ameres; c'est pourquoi il 
lui donna un nom conforme au 
lieu, l'appelant Mara, c'est-à-dire, 
amertume. 

24. Et le peuple murmura con- 
tre Moise, disant : Que boirons- 
nous? 

95. Mais Moïse cria au Seigneur 
qui lui montra un bois : lorsqu'il 
l'eut jeté dans les eaux, elles de- 


25. Judith, v, 15; Eccli., xxxvu, 5. 


19. * Car Pharaon est entré... Le texte porte: Le cheval (pour les chevaux) de 
Pharaon sont entrés dans la mer. — Il faut remarquer qu'il n'y avait pas de cava- 
liers dans l'armée égyptienne, mais seulement des chariots portant des soldats. 

23. * Au désert de Sur. « Le mot Sur signifie en hébreu muraille. Pendant que 
nous étions à Ayoun Mouca (c'est-à-dire la Fontaine de Moise, à l'entrée du désert), 
en regardant, au delà de la plaine étincelante, les monts er-Rahah et et-Tih, qui la 
bordent, nous remarquâmes aussitôt que ce qui forme le caractère principal, sinon 
unique, de cette partie du désert, c'est cette longue chaine montagneuse en forme 
de mur, et nous ne fümes plus surpris que les [sraélites eussent appelé ce lieu 
mémorable, d'après sou trait le plus saillant, le désert de Sur ou de la Muraille. » 
(E. H. PALwER). — 175 marchèrent trois jours dans la solitude et ils ne trouvaient pas 
d'eau. « Cette notice laconique met parfaitement en relief le caractère principal de 
cette contrée à l'époque actuelle. Une plaine morte et stérile, couverte seulement de 
quelques herbes et de quelques arbustes misérables, des cailloux noircis et rayés 
par le sable, une monotonie désolante, l'absence totale d'eau, à part celle que four- 
nissent une demi-douzaine de crevasses remplies d'eau saumâtre, sur une superficie 
de 1600 kilométres carrés, tout cela ne produit que trop vivement dans l'esprit du 
veyageur l'impression d'un désert sans eau. » (H. S. PALMER). 

23. * Et ils vinrent à Marah. On s'accorde généralement à l'identifier avec Ain- 
Haouarah. La fontaine est au centre d'une petite éminence, établie sur un dépót 
calcaire ; elle a environ 1 métre 80 de circonférence et 60 centimétres de profondeur. 
La qualité de l'eau varie un peu, selon les saisons, mais elle est toujours mauvaise 
et amére. Les hommes ne peuvent la boire et les chameaux eux-mêmes ne s'y désal- 
térent que quand ils souffrent beaucoup de la soif. 

25. Lui; c'est-à-dire au peuple d'Israél. — * Lui montra un bois. On a supposé 
que ce bois était une plante appelée gharkad, dont les baies auraieut été jetées 
dans la source. Mais les baies du gharkad n'ont aucune vertu adoucissante, et les 
Israélites traversaient le désert à une saison où la plante ne les avait pas encore 
produites. Aucun bois connu ne possède la propriété de rendre potable la fontaine 
de Haouarah. 


140 


vinrent douces : là le Seigneur 
lui donna des préceptes et des 
ordonnances, et là il le tenta, 

26. Disant : Si tu écoutes la 
voix du Seigneur ton Dieu, et si 
tu fais ce qui est droit devant lui, 
et que tu obéisses à ses comman- 
dements, et que tu gardes tous 
ses préceptes, je n'aménerai sur 
toi aucune de ces maladies que 
j'ai introduites en Egypte; car 
c'est moi le Seigneur qui te gué- 
ris. 

97. Ensuite les enfants d'Israël 
vinrent à Elim, oü il y avait douze 
sources d'eaux et soixante-dix 
palmiers ; et 115 campèrent auprès 
des eaux. 


CHAPITRE XVI. 


Murmures des Hébreux. Dieu leur envoie 
des cailles et fait pleuvoir la manne. 
Préceptes touchant la manière dont la 
manne doit étre recueillie. 


1. Et ils partirent d'Elim, et 
toute la multitude des enfants 
d'Israél vint au désert de Sin, qui 
est entre Elim et Sinai, le quin- 
zieme jour du second mois apres 
qu'ils furent sortis de la terre 
d'Egypte. 

9. Et toute l'assemblée des en- 
fanis d'Israël murmura contre 
Moise et Aaron dans le désert. 

3. Et les enfants d'Israël leur 


L'EXODE. 


(cu. xvr.] 


dirent : Plût à Dieu que nous fus- 
sions morts par la main du Sei- 
gneur dans la terre d'Egypte, 
quand nous étions assis pres des 
marmites de viandes, et que nous 
mangions du pain àsatiété! Pour- 
quoi nous avez-vous amenés 
dans ce désert, pour faire mourir 
toute cette multitude de faim ? 

4. Or le Seigneur dit à Moise : 
Voici que moi, je ferai pleuvoir 
pour vous du pain du ciel; que le 
peuple sorte, et qu'il en amasse ce 
qui lui suffira pour chaque jour, 
afin que j'éprouve s'il marche en 
ma loi, ou non. 

5. Mais qu'au sixième jour ils 
apprétent ce qu'ils auront appor- 
té, et que ce soit le double de ce 
qu'ils avaient coutume d'amasser 
chaque jour. 

6. Et Moise et Aaron dirent à 
tous les enfants d'Israël : Ce soir 
vous saurez que c'est le Seigneur 
qui vous ἃ retirés de la terre d'E- 
gypte ; 

7. Et au matin vous verrez la 
gloire du Seigneur; car il a en- 
tendu votre murmure contre lui; 
mais nous, qui sommes-nous, 
pour que vous murmuriez contre 
nous? 

8. Et Moïse ajouta : Le Seigneur 
vous donnera ce soir de la chair 
à manger, et au matin du pain à 


91. Nom., זצאא‎ 9. — Cap. XVI. 1. Sag., xi, 2. 


Les enfants d’Israël vinrent à Elim. On s'accorde généralement à placer Elim‏ * .דפ 
àlouadi Gharandel; c'est une oasis située à 86 kilomètres d'Ayoun Mouca. On y‏ 
trouve des palmiers sauvages (nakhl), des tamaris et d'autres plantes du désert,‏ 
entretenues par un ruisseau perpétuel, oü coule une eau limpide. Au printemps,‏ 
c'est-à-dire à l'époque où les Hébreux se trouvaient en ce lieu-là, ce ruisseau se‏ 
subdivise, et il forme des étangs, entourés de jones où abondent des oiseaux aqua-‏ 
tiques et non aquatiques.‏ 


1. * Au désert de Sin. C'est la plaine actuelle d'el Markha, située entre les mon- 
tagnes à l'est et la mer Rouge à l'ouest. Elle a une étendue d'environ 24 kilomètres 
de long sur 5 kilométres de large. 


xvir.]‏ .אס] 


satiété. parce qu'il a entendu vos 
murmures par lesquels vous avez 
murmuré contre lui; car, nous, 
que sommes-nous? ce n'est donc 
pas contre nous qu'est votre 
murmure, mais contre le Sei- 
gneur. 

9. Moise dit aussi à Aaron : Dis 
à toute l'assemblée des enfants 
d'Israél : Approchez-vous devant 
le Seigneur; car il a entendu vo- 
tre murmure. 

10. Et lorsque Aaron parlait à 
toute lassemblée des enfants 
d'Israël, ils regarderent vers le 
désert, et voilà que la gloire du 
Seigneur apparut dans la nuée. 

||. Or le Seigneur parla à 
Moise, disant : 

12. J'ai entendu les murmures 
des enfants d'Israël, dis-leur : Ce 
soir vous mangerez de la chair, 
et au matin vous serez rassasiés 
de pain, et vous saurez que je suis 
le Seigneur votre Dieu. 

13. Le soir vint donc, et les 
68111665 montant couvrirent le 
camp : le matin aussi la rosée se 
trouva répandue autour du camp. 

14. Et lorsqu'elle eut couvert la 
surface de la terre, il apparut 
dans le désert quelque chose de 
menu et comme pilé au mortier, 
ressemblant à la gelée blanche 
sur la terre. 

15 Ce qu'ayant vu les enfants 
d'Israél, ils se dirent les uns aux 
autres : Manhu, ce qui signifie : 
Qu'est-ceci? ils ignoraient, en 


L'EXODE. 14! 


effet, ce que c'était. Moïse leur 
dit : C'est le pain que le Seigneur 
vous a donné à manger. 

16. Voici les paroles que le Sei- 
gneur ἃ ordonnées : Que chacun 
en amasse autant qu'il suffit pour 
manger : un gomor pour chaque 
téte, selon le nombre de vos 
àmes qui habitent dans leurtente: 
voilà ce que vous recueillerez. 

17. Et les enfants d'Israël firent 
ainsi, et ils en amasserent, l'un 
plus, l'autre moins. 

18. Et ils la mesurerent à la 
mesure du gomor : or celui qui 
en avait plus amassé, n'en eut 
pas davantage, et celui qui en 
avait moins amassé, n'en trouva 
pas moins, car chacun en recueil- 
lit selon ce qu'il pouvait manger. 

19. Moise leur dit aussi : Que 
nul n'en laisse pour le matin. 

20. Tous ne lécouterent pas, 
mais quelques-uns d'entre eux 
en laisserent jusqu'au matin ; or 
elle commença par fourmiller de 
vers, puis elle se corrompit; et 
Moïse fut irrité contre eux. 

21. Chacun en amassait donc le 
matin autant qu'il pouvait suffire 
pour manger ; et lorsque le soleil 
était devenu chaud, elle se fon- 
dait. 

22. Mais, au sixième jour, ils 
amassèrent le double de cette 
nourriture, c'est-à-dire, deux go- 
mors pour chaque personne : tous 
les chefs de la multitude vinrent, 
et l'annoncerent à Moïse, 


10. Eccli., χων, 3. — 19. Nom., xr, 31. — 14. Nom., xi, 7; Ps. טא‎ 24; Sag., xvi, 20; 
Jean, vi, 31. — 15. I Cor., x, 3. — 18. II Cor., vi, 15. 


13. * Le soir vint. Les cailles voyagent ordinairement la nuit. C'est donc le soir que 


Dieu les envoie à son peuple. 


16. Le gomor contenait environ trois pintes. — * En litres, le gomor contenait 


3 litres 88. 


142 

93. Qui leur dit : Voici ce qu'a 
dit le Seigneur : C'est demain le 
repos du sabbat, consacré au 
Seigneur; ce qui doit étre fait, 
faites-le aujourd’hui; et ce qui 
doit étre cuit, faites-le cuire, mais 
tout ce qui séra de reste, serrez- 
le jusqu'au matin. 

24. Ils firent donc selon qu'avait 
ordonné Moïse, et 18 manne ne se 
corrompit point; et on n'y trouva 
pas de ver. 

95. Et Moise dit : Mangez-la au- 
jourd'hui, parce que c'est le sab- 
bat du Seigneur; il ne s'en trou- 
vera pas aujourd'hui dans la 
campagne. 

26. Pendantsix jours ramassez- 
en, car au septieme jour, c'est le 
sabbat du Seigneur; c'est pour- 
quoi on n'en trouvera pas. 

27. Or vint le septième jour, et 
quelques-uns du peuple étant 
sortis pour en amasser, ils n'en 
trouvèrent point. 

98. Alors le Seigneur dit à 
Moise : Jusqu'à quand ne voudrez- 
vous point garder mes comman- 
dements et ma loi? 

29. Voyez que le Seigneur vous 
a donné le sabbat, et à cause de 
cela au sixieme jour il vous a ac- 
cordé le double de nourriture : 
que chacun demeure chez soi, 
et que nul ne sorte de son lieu au 
septième jour. 


35. II Esd., 1x, 21; Judith, v, 15. 


L'EXODE. 


[em. xvr.] 


30. Ainsi le peuple sabbatisa 8 .. 
septième jour. 

31. Et la maison d'Israël appela 
cette nourriture du nom de Man; 
elle était blanche comme une 
graine de coriandre, et son goüt, 
celui de la fleur de farine mêlée 
avec du miel. 

32. Or Moise dit : Voici les pa- 
roles qu'a ordonnées le Seigneur: 
Emplis-en un gomor, et qu'il soit 
gardé dans les générations qui 
doivent venir dans la suite, afin 
qu'elles connaissent le pain dont 
je vous ài nourris dansle désert, 
quand vous avez été retirés de la 
terre d'Egypte. 

33. Et Moise dità Aaron : Prends 
un vase et mets-y de là Manne, 
autant que peut en contenir un 
gomor; et place-le devant le Sei- 
gneur, afin de le conserver en 
vos générations, 

34. Comme a ordonné le Sei- 
gneur à Moise. Et Aaron le placa 
dans le tabernacle pour étre ré- 
servé. 

35. Or, les enfants d'Israél man- 
gèrent la Manne pendantquarante 
ans, jusqu à ce qu'ils vinrent en 
une terre habitable; c'est de cet 
aliment qu'ils furent nourris, 
jusqu'à ce qu'ils touchèrent aux 
confins de la terre de Chanaan. 

36. Or, le gomor est la dixième 
partie de l'éphi. 


RÀ 


30. Sabbalisa, c'est-à-dire observa, célébra, le Sabbat. 
31. * Comme une graine de coriandre. La coriandre est une plante ombellifère à 


petites graines rondes. 


35. Les qualités soit naturelles, soit surnaturelles de la manne, représentent dans 
un sens figuré le pain du ciel que Jésus-Christ nous donne dans le sacrement de son 
corps et de son sang, comme il nous en avertit lui-même (Jean, vi, 32 et suiv.) 

46. L'éphi contenait environ trente pintes, — * En litres. l'éphi contenait 38 litres. 


(CH. xvi.) 


CHAPITRE XVII. 


Murmures des Israélites à Raphidim. 
Dieu fait sortir l'eau du rocher. Dé- 
faite des Amalécites. 


1. Ainsi toute la multitude des 
enfants d'Israél étant partie du 
désert de Sin, et ayant fait des sé- 
jours, selon les paroles du Sei- 
gneur, ilscampèrent à Raphidim, 
où il n'y avait pas d'eau à boire 
pour le peuple, 

9. Qui querellant Moise, dit : 
Donne-nous de leau, afin que 
nous buvions. Moise leur répon- 
dit: Pourquoi me querellez-vous? 
pourquoi tentez-vousle Seigneur ? 

3. Là doncle peuple eut soif à 
cause de la pénurie d'eau, et il 
murmura contre Moise, disant : 
Pourquoi nous as-tu fait sortir de 
l'Egypte, pour nous faire mourir 
de soif, nous, nos enfants et nos 
bétes? 

4. Or Moise cria au Seigneur, 
disant : Que ferai-je à ce peuple- 


L'EXODE. 143 


ci? encore un peu, et 11 me lapi- 
dera. 

5. Et le Seigneur répondit à 
Moise : Marche devant le peuple, 
et prends avectoi des anciens d'Is- 
raél; et la verge dont tu as frappé 
le fleuve, prends-la en ta main, 
et va. 

6. Voilà que moi, je me tiendrai 
là devant toi sur la pierre d'Horeb; 
et tu frapperas la pierre, et il en 
sortira de l'eau, afin que le peu- 
ple boive. Moise fit ainsi devant 
les anciens d'Israél : 

1. Et il appela ce lieu du nom 
de Tentation, à cause de la que- 
relle des enfants d'Israël, et parce 
qu'ils avaient tenté le Seigneur, 
disant : Le Seigneur est-il parmi 
nous, ou non? 

8. Or Amalec vint, et il com- 
battait contre Israël à Raphidim. 

9. Et Moïse dit à Josué : Choisis 
des hommes, et étant sorti, com- 
bats contre Amalec ; demain moi, 
je me tiendrai au sommet de la 


CHapr. XVII. 2. Num., xx, 4. — ὃ. Supra, xiv, 21; Ps. rxxvir, 15; I Cor., x. 4. — 
δὲ πο, χχαν, Lie Judith, vs 19: 580., ΧΙ. 9. 


1. * A Raphidim, aujourd'hui l'ouadi Feiran. 


6. * Sur la pierre d'Horeb et tu frapperas la pierre. Horeb signifie « sécheresse, 
lieu aride et sans eau. » Les savants anglais distinguent le lieu de ce nom, dont il 
est question dans ce récit, du mont Horeb, où Moïse avait eu la vision du buisson 
ardent. Quant au rocher dont parle l'Exode, les moines du couvent de Sainte-Catherine 
croient le posséder dans leur voisinage, mais Raphidim, où coula l'eau miraculeuse, 
est situé dans l'ouadi Feiran, comme l'atteste une tradition antique que nous ren- 
controns déjà dans Eusèbe et S. Jérôme au iv* siècle, dans Antonin le Martyr au vire. 

8. * Raphidim signifie lieu de repos, halte. Les Israélites s'y reposaient de leurs 
fatigues, au point où l'ouadi Feiran reçoit l'ouadi Aleyat et est dominé par le Djébel 
et-Tahounéh, à 5 ou 6 kilométres au-dessus de Hési-el-Khattatin, lorsqu'ils y ren- 
contrérent pour la premiére fois une partie dela population indigéne, les Amalé- 
cites, qui venaient leur barrer le passage. C'était une tribu belliqueuse du désert, 
capable de lutter contre des forces considérables. Elle se partageait la péninsule 
avec les Madianites. Ces derniers étaient amis de Moise, gendre de l'un d'entre eux, 
Jéthro. Les Amalécites descendaient d'Abraham par un de ses arrière-petits-fils, 
Amalec, qui leur avait donné son nom. Ils occupaient le désert de Pharan, c'est- 
à-dire, selon toute vraisemblance, une partie du désert de Tih, s'étendant depuis 
l'ouadi el-Arabah, à l'est, jusque prés de l'Egypte, à l'ouest, et jusqu'aux environs 
du mont Sinai, au sud. Le nom du désert de Pharan ne subsiste plus aujourd'hui 
que dans celui de l'ouadi et del'oasis de Feiran, prés du mont Serbai, 


144 L'EXODE. 


colline, ayant la verge de Dieu 
en ma main. 

10. Josué fit comme avait dit 
Moïse, et il combattait contre 
Amalec : mais Moise et Aaron et 
Hur montèrent sur le sommet de 
la colline. 

11. Etlorsque Moise élevait les 
mains, Israël était victorieux; 
mais s'il les abaissait un peu, 
Amalec l'emportait. 

19. Or, les mains de Moise 
étaientappesanties; prenant donc 
une pierre, ils la mirent sous lui; 
il s’y assit; mais Aaron et Hur 
soutenaient ses mains des deux 
cótés. Et il arriva que ses mains 
ne se lasserentpas jusqu'au cou- 
cher du soleil. 

13. Et Josué mit en fuite Ama- 
lec et son peuple, parle tranchant 
du glaive. 

14. Or le Seigneur dit à Moise : 
Écris ceci pour souvenir dans le 
livre, et fais-le entendre à Josué; 
car j'effacerai la mémoire d’A- 
malec sous le ciel. 

45. Et Moïse bâtit un autel et 
l'appela du nom de: Le Seigneur 
est mon exaltation, disant : 

16. La main du trône du Sei- 
gneur et la guerre du Seigneur 
seront contre Amalec de généra- 
tion en génération. 


Car. XVIII. 3. Supra, u, 22. 


(ca. xvur.] 


CHAPITRE XVIII. 


Jéthro, beau-père de Moïse, vient au- 
devant des Israélites. Conseils qu'il 
donne à Moise. 


1. Or, quand Jéthro prétre de 
Madian, parent de Moise, eut ap- 
pris tout ce que Dieu avait fait à 
Moïse et à Israël son peuple, et 
que le Seigneur avait retiré Israél 
de l'Egypte, 

2. Il prit Séphora femme de 
Moise, que celui-ci lui avait ren- 
voyée, 

3. Et ses deux fils dont l'un 
s'appelait Gersam, son pere ayant 
dit : J'ai été voyageur dans uue 
terre étrangère; 

4. Et l’autre Eliézer; car le Dieu 
de mon père, avait-il dit, ful mon 
aide, et il m'a délivré du glaive 
de Pharaon. 

5.Jéthro donc, parent de Moise, 
vint, ainsi que ses fils et sa fem- 
me, vers Moïse dansle désert, où 
il avait campé pres de la mon- 
tagne de Dieu. 

6. Et il envoya vers Moïse, di- 
sant : Moi Jéthro ton parent, je 
viens à toi, ainsi que ta femme et 
tes deux fils avec elle. 

7. Moïse étant sorti au-devant 
de son parent, se prosterna et 
l'embrassa ; et ils se saluèrentmu- 


AR————————————————————————————————————————24 


44. Le livre. Ce mot étant déterminé par l'article, désigne non point un livre en 
général, mais un livre connu de Moïse; c'est sans aucun doute le Pentateuque, que 
Moise avait commencé à rédiger, et dans lequel il insérait, vraisemblablement au 
fur et à mesure qu'ils arrivaient, les événements qui devaient étre transmis à la 
postérité. 


1, 5. Parent (cognatus) de Moïse. Compar. n, 18. 

2, * Il prit Séphora. Moïse avait emmené avec lui sa femme Séphora quand il était 
retourné en Egypte, Exode, iv, 20, mais il l'avait renvoyée à son beau-pére, à cause 
des périls qu'elle aurait pu courir avec ses enfants pendant qu'il luttait contre le 
Pharaon pour obtenir la permission d'emmener le peuple dans le désert. 

9. La montagne de Dieu; c'est-à-dire, d'Horeb. Voy. un, +. 


xvni.)‏ .אס] 
tuellement par des paroles de‏ 
paix. Et lorsque Jéthro fut entré‏ 
dans la tente,‏ 

8. Moise raconta à son parent 
tout ce qu'avait faitle Seigneur à 
Pharaon et aux Egyptiens à cause 
d'Israél, et toute la peine qui lui 
était arrivée dans le chemin!, et 
que le Seigneur lesavait délivrés. 

9. Et Jéthro se réjouit de tous 
les biens qu'avait faits le Seigneur 
à Israël, de ce qu'il l'avait délivré 
de la main des Egyptiens, 

10. Et il dit: Béni le Seigneur, 
qui vous a délivrés dela main des 
Egyptiens, et de la main de Pha- 
raon ; qui a délivré son peuple de 
la main de l'Egypte. 

11. Maintenant je connais que 
le Seigneur est grand au-dessus 
de tous les dieux, parce que c’est 
en vain qu'ils ont agi insolem- 
ment contre eux. 

19. Jéthro donc, parent de 
Moise, offrit des holocaustes et 
des hosties à Dieu, et Aaron et 
tous les anciens d'Israël vinrent 
pour manger du pain avec lui de- 
vant Dieu. 

13. Or, le jour suivant Moise 
s'assit pour juger le peuple, qui 
se présentait devant Moise depuis 
le matin jusqu'au soir. 

14. Ce qu'ayant vu le parent de 
Moïse, c'est-à-dire, tout ce qu'il 
faisait avec le peuple, il dit : 
Qu'est-ce que tu fais avec le 
peuple? pourquoi es-tu seul assis, 
etle peuple attend-il depuis le 
matin jusqu'au soir? 


L'EXODE. 


145 


15. Moise lui répondit : Le peu- 
ple vient à moi demandant le ju- 
gement de Dieu; 

16. Car lorsqu'il leur arrive 
quelque différend, ils viennent à 
moi, afin que je juge entre eux 
et que je leur montre les précep- 
tes de Dieu et ses lois. 

47. Mais celui-ci : Tu ne fais 
pas, dit-il, une bonne chose : 

18. Par cetimprudent labeur tu 
te consumes, toi et tout ce peuple 
qui est avec toi : l'affaire surpasse 
tes forces; seul, tu ne pourras pas 
la soutenir. 

19. Mais écoute mes paroles et 
mes conseils, et Dieu sera avec 
toi. Sois toi-méme au peuple dans 
les choses qui regardent Dieu, 
pour rapporter les paroles qui lui 
sont adressées ; 

20. Et pour montrer au peuple 
les cérémonies et la maniere de 
l'honorer, et la voie dans laquelle 
ils doivent entrer et l’œuvre 
qu'ils doivent accomplir. 

21. Mais choisis d'entre tout le 
peuple des hommes valeureux, 
et craignant Dieu, en qui soit la 
vérité, et qui haissent l'avarice, 
et fais-en des tribuns, des chefs 
de cent, de cinquante et de dix 
hommes ; 

22. Qu'ils jugent le peuple en 
tout temps : qu'ils te rappor- 
tent tout ce qui sera plus im- 
portant, et qu'eux-mémes ju- 
gent seulement les affaires moins 
considérables; alors la charge 
sera plus légère pour toi, le far- 


11. Supra, 1, 14; v, 7; x, 10; xiv, 8. — 18. Deut., 1, 12. 


21, 25. Des tribuns, hébr. chefs de milliers. 11 est probable que, comme il y avait 
dans l'ordre militaire des officiers qui commandaient à mille, à cent, à cinquante et 
à dix soldats (Nombres, xxxi, 14), Jéthro conseille ici à Moise d'établir pour le civil 
une hiérarchie de pouvoir aur le plan de la division militaire. 


A. T. 


10 


| 
| 


146 L'EXODE. 


deau étant partagé avec d'autres. 

23. Si tu fais cela, tu rempliras 
lordre de Dieu, et tu pourras 
exécuter ses préceptes : et tout 
ce peuple retournera dans ses 
demeures en paix. 

24. Cesconseils entendus, Moise 
fit tout ce que Jéthro lui avait 
suggéré. 

25. Et ayant choisi des hommes 
vaillants de tout Israél, il les éta- 
blit princes du peuple, tribuus, 
chefs de cent, de cinquante et de 
dix hommes. 

26. Ils jugeaient le peuple en 
tout temps : mais ils rapportaient 
à Moïse tout ce qui était plus 
grave, jugeant seulement les 
affaires les plus faciles. 

27. Kt Moïse laissa aller son pa- 
rent, qui s'en retournant alla en 
son pays. 


CHAPITRE XIX. 


Les Israélites arrivent auprès de Sinai. 
Moïse monte sur la montagne. Il re- 
vient et ordonne au peuple de se pré- 
parer à recevoir les ordres du Sei- 
gneur. Dieu fait éclater sa gloire sur 
la montagne. 


1. Au troisième mois de la sor- 
tie d'Israël de la terre d'Egypte, 
en ce jour-là, ils vinrent au désert 
de Sinaï. 

2. Car partis de Raphidim et 
parvenus jusqu’à ce désert, 115 
campèrent dans le même lieu, et 
là Israël planta ses tentes vis-à- 
vis de la montagne de Sinaï. 


[cH. xix.] 


3. Or Moïse monta vers Dieu, 
et le Seigneur l'appela dela mon- 
tagne, et dit : Voici ce que tu di- 
ras à la maison de Jacob, et que 
tu annonceras aux enfants d'Is- 
1881 : 

4. Vous-mémes vous avez vu 
ce que j'ai fait aux Egyptiens, de 
quelle maniere je vous ai portés 
sur des ailes d'aigles, et que je 
vous ai pris pour moi. 

9. Si donc vous écoutez ma 
voix, et que vous gardiez mon 
alliance, vous serez pour moi une 
portion choisie d'entre tous les 
peuples; car toute la terre est à 
moi. 

6. Et vous, vous serez pour 
moi un royaume sacerdotal, et 
une nation sainte. Ce sont les pa- 
roles que tu diras aux enfants 
d'Israël. 

7. Moïse vint, et, les anciens du 
peuple assemblés, il exposa 
toutes les paroles qu'avait ordon- 
nées le Seigneur. 

8. Et tout le peuple répondit 
ensemble : Tout ce que le Sei- 
gueur a dit, nous le ferons. Or, 
quand Moise eut rapporté les pa- 
roles du peuple au Seigneur, 

9. Le Seigneur lui dit : Dès 
maintenant je viendrai à toi dans 
l'obscurité de la nuée, afin que 
le peuple m'entende te parlant, 
et quil te croie pour toujours. 
Moïse donc annonça les paroles 
du peuple au Seigneur, 

10. Qui lui dit : Va vers le peu- 


Car. XIX. 1. Nom., xxxii, 15. — 3. Actes, vir, 38. — 4. Deut., xxix, 2. — 5. Ps. 


xxii, 1. — 6. I Pierre, τι, 9. 


1. * Voir à la fin du volume la note 10 sur le mont Sinai. 
6. C'est principalement sous le regne de Jésus-Christ que les fidéles sont le sacer- 


doce royal et la nation sainte. 


9. L'oóscurité de la nuée; c'est-à-dire ia nuée obscure; dont il a déjà été parlé. 


]68. [.אזא‎ 
ple, et sanctifie-les aujourd'hui 
et demain, et qu'ils lavent leurs 

vétements. 

41. Et qu'ils soient préts pour 
le troisieme jour; car au troi- 
sieme jour, le Seigneur descen- 
dra devant tout le peuple sur la 
montagne de Sinai. 

12. Tu fixeras des limites pour 
le peuple tout autour, et tu leur 
diras : Gardez-vous de monter 
sur la montagne et d'en toucher 
les limites ; quiconque touchera 
la montagne mourra de mort. 

13. Aucune main ne le touchera, 
mais il sera lapidé, ou percé de 
traits ; soit que ce soit une bête, 
ou un homme, il ne vivra pas. 
Quand la trompette commencera 
à sonner, qu'alorsils montent sur 
la montagne. 

14. Et Moise descendit de la 
montagne vers le peuple, et le 
sanctifia. Et quand ils eurent lavé 
leurs vétements, 

45. Il leur dit : Soyez prêts pour 
le troisieme jour, et ne vous ap- 
prochez point de vos femmes. 

16. Et déjà le troisieme jour 
était venu, et le matin avait ré- 
pandu sa lumière, et voilà que 
des tonnerres commencerent à 
se faire entendre, des éclairs à 
briller et une nuée tres épaisse à 
couvrir la montagne, et le son 
d'une trompette retentissait tres 
fortement, et la peur saisit le 
peuple qui était dans le camp. 

17. Et lorsque Moise les eut 
conduits du lieu où était le camp 
à la rencontre de Dieu, ils s'ar- 


12. Hóbr., xii, 18. — 18. Deut., tv, 11. 


L'EXODE. 147 


réterent au pied de la montagne. 

18. Or toute la montagne de 
Sinai fumait, parce que le Sei- 
gneur y était descendu au milieu 
du feu, et la fumée en montait 
comme une fournaise; aussi, 
toute 18 montagne inspirait 18 ter- 
reur. 

19. Et le son de la trompette 
augmentait insensiblement de 
plus en plus et se répandait plus 
au loin. Moise parlait, et Dieu lui 
répondait. 

20. Etle Seigneur descendit sur 
la montagne de Sinai, sur le som- 
met méme de la montagne, et il 
appela Moise sur son faite. Lors 
qu'il y fut monté, 

91. Il lui dit : Descends, et ad- 
jure le peuple, de peur qu'il ne 
veuille dépasser les limites pour 
voir le Seigneur et qu'il n'en pé- 
risse une grande multitude. 

29. Que les prétres aussi qui 
s'approchent du Seigneur soient 
sanctifiés, pour ne pas qu'il les 
frappe. 

293. Et Moïse répondit au Sei- 
gneur : Le peuple ne pourra pas 
monter sur la montagne de Si- 
nai; car vous méme vous l'avez 
assuré et ordonné, disant : Mets 
deslimitesautourdelamontagne, 
et sanctifie-la. 

24. Et le Seigneur lui dit : Va, 
descends; et tu monteras toi et 
Aaron avec toi; mais que les pré- 
tres et le peuple ne passent point 
les limites, et ne montent point 
vers le Seigneur, de peur qu'il ne 
les fasse mourir. 


——  Á——— RR 


12. Mourra de mort; hébraisme, pour mourra sans rémission, infailliblement. 
23. Et sanclifie-la. Le mot sanctifier a ici, comme souvent ailleurs, le sens de 
séparer une chose de l'usage commun et ordinaire, de la déclarer sainte. 


148 L'EXODE. 


95. Moise descendit donc vers 
le peuple et il leur raconta toutes 
ces choses. 


CHAPITRE XX. 


Le Seigneur annonce au peuple ses pré- 
ceptes. Le peuple est effrayé. Moise le 
rassure. Ordre de Dieu touchant la 
construction d'un autel. 


1. Le Seigneur dit ensuite tou- 
tes ces paroles : 

2. Je suis le Seigneur ton Dieu; 
qui t'ai retiré de la terre d'Egypte, 
de la maison de servitude. 

3. Tu n'auras point de dieux 
étrangers devant moi. 

4. Tu ne te feras point d'image 
taillée au ciseau, ni aucune repré- 
sentation de ce qui est en haut 
dans le ciel, et de ce qui est en bas 
sur la terre, ni de ce qui est dans 
les eaux sous la terre. 

5. Tu ne les adoreras point, ni 
ne les honoreras : carc'est moiqui 
suis le Seigneur ton Dieu fort, 
jaloux, visitantl’iniquité des pères 
dans les enfants jusqu'à la troi- 
sième et la quatrième génération 
de ceux qui me haissent, 


[cH xx.] 

6. Et faisant miséricorde des 
milliers de fois à ceux qui m'’ai- 
ment et gardent mes préceptes. 

1. Tu ne prendras point le nom 
du Seigneur ton Dieu en vain; 
car le Seigneur ne regardera pas 
comme innocent celui qui aura 
pris le nom du Seigneur son Dieu 
en vain. 

8. Souviens-toi de sanctifier le 
jour du sabbat. 

9. Pendant six jours tu tra- 
vailleras, et tu feras tous tes ou- 
vrages. 

10. Mais au septième jour est le 
sabbat du Seigneur ton Dieu; tu 
ne feras aucunouvrage ence jour, 
ni toi, ni ton fils et ta fille, ton 
serviteur et ta servante, ta béte 
et l'étranger qui est au-dedans 
de tes portes. 

11. Car c'est en six jours que le 
Seigneur a fait le ciel et la terre, 
etla mer, ettout ce qui esten eux, 
et il s'est reposé auseptième jour; 
c'est pour cela que le Seigneur 8 
béni le jour du sabbat et l'a sanc- 
tifié. 
12. Honore ton père et ta mère 


XX. 2. Deut., v, 6; Ps. Lxxx, 11. — 4. Lév., xxvi, 1; Deut., 1v, 15; Jos., xxiv,‏ .ג 
Ps. xcvi, 7. — 7. Lév., xix, 12; Deut., v, 11; Matth., v, 33. — 8. Infra, xxxi, 13;‏ ;14 
Deut., v, 14; Ezéch., xx, 12. — 11. Genèse, 11, 2. — 12. Deut., v, 16; Matt., xv, 4;‏ 
Ephés., vi, 2.‏ 


4. L'histoire du veau d'or (xxxit) montre la sagesse de cette défense, qui a évidem- 
ment pour but d'empécher l'idolátrie (vers. 5); mais on ne saurait légitimement en 
inférer que toutes sortes de représentations et d'images soient défendues; car Moïse 
lui-même fit faire des Chérubins qu'il posa sur l'arche (xx, 18, 19); Salomon en 
placa aussi dans le sanctuaire du temple de Jérusalem; il mit méme des figures de 
bœuf, sous le vaisseau appelé la mer de fonte, et sur les socles des figures de lions, 
(11 Rois, vi, 23, vir, 29, 44). Ajoutons que les représentations de Dieu sont naturel- 
lement trés propres à réveiller et à entretenir en nous les sentiments d'amour, d'ado- 
ration, de reconnaissance, que nous lui devons, et que les images des saints nous 
excitent puissamment à l'admiration et à l'imitation de leurs vertus. 

9. Visitant; c'est-à-dire punissant dans les enfants qui imitent l'iniquité de leurs 
pères. 

10. Tes portes; hébraisme, pour tes villes. 

12. * Afin que tu sois d'une longue vie sur la terre. Dans ce passage et dans beau- 
coup d'autres, Dieu donne pour sanction à sa loi des récompenses ou des peines 


[cm. xxr.) 


afin que tu sois d'une longue vie 
sur 18 terre que le Seigneur ton 
Dieu te donnera. 

13. Tu ne tueras point. 

14. Tu ne commettras point 
d'adultere. 

15. Tu ne feras point de vol. 

16. Tu ne porteras pointde faux 
témoignage contre ton prochain. 

11. Tu ne convoiteras point la 
maison de tcn prochain, et tu ne 
désireras point sa femme, ni son 
serviteur, ni sa servante, ni son 
bœuf, ni son âne, ni aucune des 
choses qui sont à lui. 

18. Or tout le peuple entendait 
les tonnerres et le son de la trom- 
pette;ilvoyaitleséclairsetlamon- 
tagne fumante; c'est pourquoi, 
épouvantés et frappés de terreur, 
ils se tinrent au loin, 

19. Disant à Moise : Parle-nous 
toi-même, et nous écouterons; 
mais que le Seigneur ne nous 
parle point, de peur que nous ne 
mourions. 

90. Et Moise réponditau peuple: 
Ne craignez point; car c'est pour 
vous éprouver que Dieu est venu, 
et pour 416 58 crainte soit en vous, 
et que vous ne péchiez point. 

21. Le peuple donc se tint au 
loin; mais Moise s'approcha de 
lobscurité dans laquelle était 
Dieu. 


L'EXODE. 149 


22. Outre cela le Seigneur dit à 
Moise : Voici ce que tu diras aux 
enfants d'Israël : Vous avez vu 
vous-mémes que du haut du ciel 
je vous ai parlé. 

23. Vous ne vous ferez point de 
dieux d'argent, et vous ne vous 
ferez point de dieux d'or. 

24. Vous me ferez un autel de 
terre, et vous m'offrirez dessus 
vos holocaustes et vos hosties pa- 
cifiques, vos brebis et vos bœufs, 
dans tout lieu dans lequel sera la 
mémoire de mon nom; je vien- 
drai à toi et je te bénirai. 

95. Que situ me fais un autel de 
pierre, tu ne le bátiras point de 
pierres taillées; car si tu leves 
le couteau dessus, il sera souillé. 

26. Tu ne monteras point par des 
degrés à mon autel, afin que ta 
nudité ne soit pas découverte. 


CHAPITRE XXI. 


Ordonnance touchant les esclaves. Lois 
contre les homicides, etc. Peine du ta- 
lion. 


1. Voici les ordonnances que tu 
leur proposeras. 

2. Si tu achètes un esclave hé- 
breu, il te servira pendant six 
années; à la septième, il sortira 
libre sans rien donner. 

3. Qu'il s'en aille avecle méme 
vétement avec lequelil est entré; 


13. Matt., v, 21. — 17. Rom., vir, 7; xiu, 9. — 21. Deut., xvii, 16; Hébr., xir, 18. — 
24. Infra, xxvir, 8; xxxvrri, 7. — 25. Deut., מנטאא‎ 5; Jos., vii, 31. — 6085. XXI. 2. Deut., 
xv, 12; Jér., xxxiv, 14. 


temporelles. « Dans ce Testament qu'on appelle proprement Ancien et qui a été 
donné sur le mont Sinai, dit S. Augustin, on ne rencontre d'autre promesse explicite 
que celle d'une félicité terrestre. » A des hommes encore grossiers, il fallait des 
récompenses grossières. « La loi de Moïse, dit Bossuet, ne donnait à l'homme qu'une 
premiére notion de la nature de l'àme et de sa félicité... Les merveilles de la vie 
future ne furent pas alors universellement développées, et c'était au jour du Messie 
que cette grande lumière devait paraître à découvert. C'est un des caractères du 
peuple nouveau de poser pour fondement de la religion la foi de la vie future. » 


150 L'EXODF. 


sil a une femme, sa femme sor- 
tira aussi avec lui. 

4. Mais si c'est son maitre qui 
lui ἃ donné une femme, et qu'elle 
ait enfanté des fils et des filles, la 
femme et ses enfants seront à 
son maître; pour lui, il s'en ira 
avec son vétement. 

5. Que si l'esclave dit : J'aime 
mon maitre, et ma femme et mes 
enfants, je ne sortirai point pour 
étre libre : 

6. Son maitre le présentera aux 
dieux, puis il le fera approcher 
de la porte et des poteaux, per- 
cera son oreille d'une aléne; et 
il sera son esclave pour tou- 
jours. 

7. Si quelqu'un vend sa fille 
pour étre servante, elle ne sortira 
pas comme les esclaves ont cou- 
tume de sortir. 

8. Si elle déplait aux yeux de 
son maitre auquel elle avait été 
livrée, il la laissera aller; mais il 
n'aura pas le pouvoir de la ven- 
dre à un peuple étranger, s'il l'a 
méprisée. 

9. Mais s'il l'a fiancée à son fils, 
illa traitera à la maniere des 
filles libres. 

10. Que s'iLen prend une autre 
pour son fils, il procurera à la 
jeune fille un autre mariage, et 
il ne lui refusera pas ses véte- 


[cg. xxr.) 
ments et le prix de sa virginité. 

41. S'il ne fait pas ces trois 
choses, elle sortira sans donner 
aucun argent. 

12. Que celui qui frappe un 
homme, voulant le tuer, meure 
de mort. 

13. Quant à celui qui n'a pas 
dressé d'embüches, mais aux 
mains duquel Dieu l'a livré, je te 
fixerai un lieu dans lequel il de- 
vra se réfugier. 

14. Si quelqu'un tue son pro- 
chain de dessein prémédité et 
par surprise, tu larracheras de 
mon autel pour qu'il meure. 

15. Que celui qui frappe son 
père ou sa mère, meure de mort. 

16. Que celui qui vole un 
homme et le vend, convaincu de 
ce crime, meure de mort. 

17. Que celui qui maudit son 
père ou sa mère, meure de mort. 

18. Si des hommes se querel- 
lent et que l'un frappe son pro- 
chain avec une pierre ou avec le 
poing, et que celui-ci ne meure 
point, mais qu'il gise dans un 
lit; 

19. S'il se lève ensuite et qu'il 
marche dehors avec son bâton, 
celui qui l'a frappé sera innocent, 
de telle sorte cependant qu'il 
compense son travail #nterrompu 
et les dépenses des médecins. 


12. Lév., xxiv, 17. — 13. Deut., xix, 2. — 17. Lév., xx. 9; Prov., xx, 20; Matt., xv, 4; 
Marc, vu, 10. 


6. Aux dieux; hébraisme pour aux magistrats, qui rendent la justice au nom et 
à la place de Dieu. — * L'esclave était attaché un moment à la porte par l'oreille, 
Deutéronome, xv, 17, selon une coutume commune dans l'antiquité, pour marquer 
qu'il faisait désormais partie de la maison pour toujours. 

8. S'il l'a méprisée; s'il l'a corrompue, s’il en a abusé, ou bien, s'il ne veut pas 
la retenir pour lui-même. 

19. * Les dépenses des médecins. Le texte original ne mentionne point les médecins, 
parce que la médecine n'était pas alors une profession parmi les Hébreux; il dit 
seulement que celui qui a frappé dédommagera sa victime pour ce qu'il lui a fait 
perdre. 


[cu. xx1.] 

20. Celui qui frappe son esclave 
ou sa servante avec la verge, et 
quils meurent entre ses mains, 
sera coupable de crime. 

21. Mais s'ils survivent un jour 
ou deux,il ne sera pas soumis àla 
peine, parce que c'est son argent. 

29. Si des hommes se querel- 
lent, et que l'un frappe une fem- 
me enceinte, et qu'elle accouche 
à la vérité d'un enfant mort, mais 
qu'elle vive elle-méme, il sera 
soumis à une amende telle que 
le mari de la femme la demandera 
et que des arbitres l'assigneront. 

23. Mais si la mort de la femme 
s'ensuit, il rendra âme pour âme, 

24. OEil pour œil, dent pour 
dent, main pour main, pied pour 
pied, 

25. Brülure pour brülure, plaie 
pour plaie, meurtrissure pour 
meurtrissure. 

26. Si quelqu'un frappe 10511 de 
son esclave ou de sa servante, et 
quil les rende borgnes, il les 
laissera aller libres pour l'œil 
qu'il a enlevé. 

27. De méme, s'il fait tomber 
la dent de son esclave ou de sa 
servante, il les laissera pareille- 
ment aller libres. 

28. Si un bœuf frappe de la 
corne un homme et une femme, 
et qu'ils meurent, il sera lapidé, 
et l'on ne mangera point de sa 
chair, mais le maitre du bœuf 
sera innocent. 


VEXODE. 151 


29. Que si un bœuf frappait de 
la corne depuis hier etavant-hier, 
et qu'on ait averti son maitre, et 
qu'il ne l'ait pas enfermé, qu'en- 
suite le œuf ait tué un homme 
ou une femme, et le bœuf sera 
lapidé, et on fera mourir son 
maitre. 

30. Que si une amende lui est 
imposée, il donnera pour son âme 
tout ce qui sera demandé. 

31. 511 frappe aussi de la 
corne un garcon ou une fille, le 
maître sera soumis au méme ju- 
gement. 

32. S'il se jette sur un esclave 
ou sur une servante, il donnera 
trente sicles d'argent au maitre, 
mais le bœuf sera lapidé. 

33. Si quelqu'un ouvre une ci- 
terne et lacreuse, et nela couvre 
pas, et qu'il y tombe un bœuf ou 
un âne, 

34. Le maitre de la citerne ren- 
dra le prix des bétes ; mais ce qui 
aura péri sera à lui. 

89. Si 16 bœuf de quelqu'un 
blesse le beeuf d'un autre, et que 
ce beeuf meure, ils vendront le 
bœuf vivant, et ils partageront le 
prix, mais le corps du mort, ils le 
diviseront entre eux. 

36. Mais si le maître savait que 
le beeuf frappait de la corne de- 
puis hier et avant-hier, et quil 
ne lait point gardé, il rendra 
bœuf pour bœuf, mais il prendra 
le corps mort tout entier. 


24. Lév., xxiv, 20; Deut., xix, 21; Matt., v, 38. 


20. Α la jeune fille; qu'il avait épousée la premiere. 
21. Parce que c'est avec son argent qu'il les a achetés. 
28. Ame pour áme; c'est-à-dire vie pour vie. 


29. Depuis hier et avant-hier. Voy. iv, 10. 


32. Le sicle d'argent valait environ 1 fr. 60. 


152 L'EXODE. 


CHAPITRE XXII. 


Lois tou-bant le larcin, la fornication, 
l'usure, les dimes, les prémices, etc. 


1. Si quelqu'un vole un bœuf 
ou une brebis, et qu'il les tue ou 
les vende, il restituera cinq bœufs 
pour un bœuf et quatre brebis 
pour une brebis. 

2. Si le voleur est trouvé for- 
cant une maison ou la minant, et 
qu'il meure d'une blessure recue, 
celui qui l'a frappé ne sera pas 
coupable de son sang. 

3. Que s'il a fait cela, le soleil 
levé, il à commis un homicide, 
et il mourra lui-même. S'il n’a 
pas de quoi rendre pour le larcin, 
il sera vendu lui-même. 

4. Si ce qu'il a volé est trouvé 
chez lui, vivant, soit un bœuf, 
soit un âne, soit une brebis, il 
restituera le double. 

5. Si quelqu'un endommage un 
champ ou une vigne, et qu'il 
laisse aller sa bête, pour qu'elle 
paisse ce qui est à autrui, il ren- 
dra tout ce qu'il aura de meil- 
leur dans son champ, ou dans sa 
vigne, selon l'estimation du 
dommage. 

6. Si un feu qui s'élève trouve 
des épines et gagne un tas de 
gerbes, ou bien les blés sur pied 
dans les champs, celui qui a allu- 
mé le feu réparera le dommage. 

1. Si quelqu'un confie en garde 
à son ami de l'argent ou un objet 
quelconque, et qu'il soit volé à 
celui qui l'a recu, si le voleur 


[cu. xxit.] 


est trouvé, il rendra le double. 

8. Si le voleur reste inconnu. le 
maitre de la maison sera conduit 
aux dieux, et il jurera qu'il n'a 
pas étendu sa main surle bien de 
son prochain, 

9. Pour commettre le vol, soit 
d'un bœuf, soit d'un âne, d'une 
brebis, d'un vêtement et de tout 
ce qui peutporter dommage; c'est 
devant les dieux que viendra la 
cause de l’un et de l’autre; et si 
ceux-ci le condamnent, il resti- 
tuera le double à son prochain. 

10. Si quelqu'un confie en garde 
à son prochain un âne, un bœuf, 
une brebis, ou toute autre bête, et 
qu’elle meure, ou dépérisse, ou 
bien soit prise par les ennemis, et 
que personne ne l'ait vu, 

11. Interviendra le serment 
qu'il n’a pas étendu sa main sur le 
bien de son prochain, et le maître 
recevra le serment. et celui-là ne 
sera pas contraint de rendre. 

12. Que si c’est par un vol que 
la bête ἃ été enlevée, il réparera 
le dommage envers le maître. 

43. Si elle a été mangée par une 
bête sauvage, qu'il lui apporte ce 
qui sera resté, et il ne restituera 
pas. 

14. Si quelqu'un demande en 
prét à son prochain quelqu'une de 
ses bétes, et qu'elle dépérisse ou 
meure, le maître n'étant pas pré- 
sent, il sera forcé de la rendre. 

15. Que si le maitre se trouve 
présent, il ne restituera pas, sur- 
tout s'il était venu la louer, pour 
le prix de son travail. 


(βαρ. XXII. 1. II Rois, xir, 6. — 12. Genèse, xxxi, 39. 


8. Aux dieux. Voy. xxi, 6. — * Dans ce passage, comme xxi, 6, 


: meilleure tra- 


duction serait: à Dieu, c'est-à-dire, comme ont traduit les Septante, ἃ l'endroit où 
l'on rend la justice au nom de Dieu. Voir Deutéroname, 1, 11; xix, 11. 


[cu. xxm.] 

16. Si quelquun séduit une 
vierge non encore fiancée, et dort 
avec elle, il la dotera et la prendra 
pour femme. 

11. Si le père de la vierge ne 
veut pas la donner, il rendra de 
l'argent selon la dot que les vier- 
ges ont coutume de recevoir. 

18. Tu ne laisseras pas vivre 
ceux qui usent de maléfices. 

19. Que celui qui commet un 
crime avec une béte, meure de 
mort. 

90. Celui qui sacrifie à d'autres 
dieux qu'au Seigneur seul sera 
mis à mort. 

91. Tu ne contristeras point 
l'étranger, et tu ne l'affligeras 
point; car vous avez été étrangers 
vous-mémes dans la terre d'E- 
gypte. 

29. Vous ne nuirez point à la 
veuve et à l'orphelin. 

93. Si vous les offensez, ils crie- 
ront fortement vers moi, et j'en- 
tendrai leur clameur; 

94. Et ma fureur s'indignera, 
puis je vous frapperai du glaive, 
et vos femmes seront veuves et 
vos fils orphelins. 

95 Si tu prétes de l'argent à 
mon peuple pauvre qui habite 
avec toi, tu ne le presseras point 
comme un exacteur, et tu ne l'ac- 
cableras point d'usures. 

26. Si tu prends en gage de ton 
prochain un vétement, tu lui ren- 
dras avant le coucher du soleil. 

27. Car c'est le seul dont il se 
couvre, le seul vétement de sa 
chair, et il n'en a pas un autre 


L'EXODE. 


153 


dans lequel il dorme : s'il crie vers 
moi, je l'exaucerai, parce que je 
suis miséricordieux. 

28. Tu ne parleras point mal des 
dieux, et tu ne maudiras point le 
vruce de ton peuple. 

29. Tu ne différeras point à 
rendre tes dimes et tes prémices: 
tu me donneras le premier-né de 
tes fils. 

30. Pour tes bœufs aussi et tes 
brebis tu feras de méme : que 
pendant sept jours le premier-né 
soit avec sa mère, et au huitième 
jour tu me le rendras. 

31. Vous me serez des hommes 
consacrés; vous ne mangerez 
point de la chair dont les bétes 
sauvages auront déjà goüté, mais 
vous la jetterez aux chiens. 


CHAPITRE XXIII. 


Lois pour les juges. Repos de la sep- 
tième année et du septième jour. La 
célébration des trois principales fêtes 
de l'année. Dieu promet d'envoyer son 
ange devant les Israélites. 


1. Tu n'accueilleras point une 
parole de mensonge, et tu ne 
préteras pas ta main de maniere 
à dire en faveur delimpie un faux 
témoignage. 

2. Tu ne suivras point la multi- 
tude pour faire le mal; et en ju- 
gement tu n'acquiesceras pas à 
l'avis du plus grand nombre pour 
dévier de la vérité. 

3. Tu n'auras point non plus 
compassion du pauvre en juge- 
ment. 

4. Si tu rencontres le bœuf de 


16. Deut., xxir, 28. — 20. Lév., xix, 4. — 99. Zach., vir, 10. — 96. Deut., xxiv, 13. — 
28. Actes, xxv, 5. — 29. Supra, xri, 2, 12; Infra, xxiv, 19; Ezéch., xuiv, 30. — 31. Lév., 


xxm, 8. — παρ. XXIII. 4. Deut., xxii, 1. 


L— * e o ὀ - o RE 00000 D SAMU 31) 519% ef 40880 apod] 
28. * Des dieux, ou plutôt d’après l'hébreu, de Dieu. 


154 


ton ennemi, ou son 806 égaré, 
ramene-le-lui. 

5. Si tu vois 186 de celui qui 
te hait tombé sous le fardeau, tu 
ne passeras pas outre, mais tu le 
releveras avec lui. 

6. Ne fais point d'écarts dans le 
jugement du pauvre. 

7. Tu fuiras le mensonge; tu ne 
feras point mourir l'innocent et le 
juste, parce que j'ai l'impie en 
aversion. 

8. Tu ne recevras point de pré- 
sents, qui aveuglent méme les 
sages et corrompent les paroles 
des justes. 

9. Tu ne seras point fâcheux 
pourl'étranger;car vous connais- 
sez les âmes des étrangers, puis- 
que vous-mémes, vous avez été 
étrangers dans la terre d'Egypte. 

10. Pendant six aus tu semeras 
ia terre et tu en recueilleras les 
fruits. 

11. Mais à la septième année. tu 
la laisseras et tu la feras repo- 
ser, afin que les pauvres de ton 
peuple mangent, et que tout ce 
qui sera de reste, les bêtes de la 
campagne le mangent : ainsi tu 
feras pour ta vigne et pour ton 
plant d'oliviers. 

19. Pendant six jours tu travail- 
leras, mais au septième jour tu 
cesseras, afin que ton bœuf et ton 
âne se reposent,et que le fils de ta 
servante, etl'étrangerreprennent 
des forces. 


L'EXODE. 


(cH. xxtmJ.] 


13. Gardez toutes les choses que 
je vous ai dites, et vous ne jure- 
rez point par le nom des dieux 
étrangers, et on nel'entendra pas 
de votre bouche. 

14. Trois fois chaque année 
vous célébrerez des fétes en mon 
honneur. 

15. Tu garderas la solennité des 
azymes. Durant sept jourstu man- 
geras des azymes, comme je t'ai 
ordonné, au temps du mois des 
nouveaux fruits, quand tu es sorti 
de l'Egypte : tu ne paraitras pas 
en ma présence les mains vides. 

16. Tu garderas de plus la solen- 
nité de la moisson des prémices 
de ton travail, quoi que ce soit 
que tu aies semé dans ton champ ; 
et aussi la solennité à la fin de 
l'année, quand tu auras recueilli 
tous les fruits de ton champ. 

17. Trois 1018 dans l'année, pa- 
raitront tous tes mâles en pré- 
sence de moi, le Seigneur ton 
Dieu. 

18. Tu ne sacrifieras point sur 
du levain le sang de ma victime, 
et la graisse de ma solennité ne 
demeurera point jusqu'au matin. 

19. Tu apporteras les prémices 
du fruit de ta terre 08118 la mai- 
son du Seigneur ton Dieu. Tu ne 
feras point cuire un chevreau 
dans le lait de sa mere. 

20. Voilà que moi, j'enverrai 
mon ange, afin quil te précede 
et te garde dans le chemin, et 


1. Dan., xir, 53. — 8. Deut., xvi, 19; Eccli., xx, 31. — 9. Genèse, xLvi, 6. — 11. Lév., 
xxv, 4. — 15. Supra, xui, 3, 4; Infra, xxxiv, 22; Deut., xvr, 16; Eccli., xxxv, 6. — 
47. Infra, xxxiv, 23; Deut., xvr, 16. — 19. Infra, xxxiv, 26; Deut.., xiv, 24. 


-. ὁ ὁθϑὃ5ῷὋ7ὲΣῪ2λῪ}λο͵ ο ὁ ὁὁσΣσ.ι;7΄͵͵ ..:.ΣΣ.»....-0β..-ΞΣ»--ς-ς-ςςς-ς--ςς.-ς--ς - τ ἧ ςἶ-.-“- “-ἀὋἰ-- ---΄ τ το ῦῦῖς--ςςς-ς----ς-ς.-ςςςς-- 


9. Le mot áme, comme nous l'avons déjà remarqué, se prenait souvent, chez les 
Hébreux, dans le sens de personne, d'éndividu. 


15. * La solennité des azymes, Pàque. 


16. * La solennité de la moisson, la Pentecóte. 


[cH. xxiv.] 
qu'il t'introduise dans le lieu que 
j'ai préparé. 

91. Respecte-le, écoute sa voix, 
et ne pense pas à le mépriser, 
parce quil ne te pardonnera 
point, lorsque tu pécheras, et que 
mon nom est en lui. 

99, Que si tu écoutes sa voix, 
et que tu fasses tout ce que je te 
dis, je serai un ennemi pour ton 
ennemi, et j'affligerai ceux qui 
t'affligeront. 

93. Et mon ange te précédera, 
et il t'introduira chez l'Amor- 
rhéen, l'Héthéen, le Phérézéen, 
le Chananéen, l'Hévéen et le Jé- 
buséen, que j'écraserai. 

94. Tu n'adoreras point leurs 
dieux et tu ne les serviras pas; 
tu ne feras point leurs ceuvres, 
mais tu les détruiras et tu brise- 
ras leurs statues. 

95. Vous servirez le Seigneur 
votre Dieu, afin que je bénisse tes 
pains et tes eaux, et que j'enléve 
la maladie du milieu de toi. 

26. Il n’y aura ni femme infé- 
conde, ni stérile dans ta terre : je 
remplirai le nombre de tes jours. 

97. J'enverrai ma terreur en 
avant de toi, et je ferai mourir 
tout peuple chez lequel tu entre- 
ras, et je ferai tourner le dos à 
tous tes ennemis devant toi ; 

28. Envoyant d'abord les fre- 
lons, qui mettront en fuite l'Hé- 
véen, le Chananéen et l'Héthéen, 
avant que tu entres. 

29. Je ne les chasserai pas de 
devant ta face en une seule an- 


L'EXODE. 155 


née, de peur que la terre ne soit 
réduite en solitude, et que les 
bétes sauvages ne se multiplient 
contre toi. 

30. C'est peu à peu que je les 
chasserai de ta présence, jusqu à 
ce que tu croisses en nombre et 
que tu possedes cette terre. 

91. Je poserai tes limites depuis 
la mer Rouge jusqu'à la mer des 
Philistins, et depuis le désert jus- 
qu'au fleuve : je livrerai entre 
vos mains les habitants de cette 
terre, et les chasserai de votre 
présence. 

32. Tu ne feras point d'alliance 
avec eux, ni avec leurs dieux. 

33. Qu'ils n'habitent point dans 
ta terre, de peur qu'ils ne te fas- 
sent pécher contre moi, si tu sers 
leurs dieux; ce qui certainement 
serait pour toi un scandale. 


CHAPITRE XXIV. 


Les Israélites s'engagent à garder l'al- 
liance contractée avec le Seigneur. 
Moise remonte sur la montagne et y 
demeure quarante jours. 


1. Dieu dit aussi à Moise : Monte 
vers le Seigneur, toi et Aaron, 
Nadab et Abiu, et les soixante- 
dix anciens d Israël, et vous ado- 
rerez de loin. 

2. Et Moise seul montera vers 
le Seigneur, et eux ne s'appro- 
cheront pas, et le peuple ne mon- 
tera pas avec lui. 

3. Moise vint donc et raconta 
au peuple toutes les paroles du 
Seigneur et ses ordonnances, et 


22. Deut., vir, 11. — 23. Infra, xxxii, 2; Deut., vir, 22; Jos., xxiv, 11. — 28. Deut., 
vir, 20. — 32. Infra, xxxiv, 15; Deut., vir, 2. 


21. Mon nom; c'est-à-dire mon autorité, ma volonté. 
28. * Les frelons. Voir la description de la Sagesse, xui, 8-9 et Josué, xxiv, 12. 
1. * Nadab et Abiu, les deux fils ainés d'Aaron. 


156 


tout le peuple répondit d'une 
seule voix : Nous accomplirons 
toutes les paroles que le Seigneur 
a dites. 

4. Or Moise écrivit tous les dis- 
cours du Seigneur, et le matin, 
se levant, il bátitun autel au pied 
de la montagne et douze monu- 
ments selon les douze tribus d'ls- 
raël. 

5. Et il envoya les jeunes gens 
d'entre les enfants d'Israël, et ils 
offrirent des holocaustes, et ils 
immolèrent des victimes pacifi- 
ques au Seigneur, des veaux. 

6. C'est pourquoi Moise prit la 
moitié du sang et la mit dans des 
coupes; mais la partie qui restait, 
il la répandit sur l'autel. 

7. Prenant ensuite le livre de 
l'alliauce, il lut, le peuple écou- 
tant, lequel dit : Tout ce que le 
Seigneur a dit, nous le ferons, et 
nous serons obéissants. 

8. Or Moise ayant pris le sang, 
le répandit sur le peuple, et dit : 
Voici le sang de l'alliance que le 
Seigneur a faite avec vous selon 
toutes ces paroles. 

9. Alors monterent, Moise et 
Aaron, Nadab et Abiu, et les soi- 
xante-dix anciens d'Israél ; 

10. Et ils virent le Dieu d'Israél, 
el sous ses pieds comme un ou- 
vrage de pierre de saphir, et 
comme le cel, lorsqu'il est se- 
rein. 

41. Et Dieu ne lança pas sa 
main surceux des enfants d'Israél 
qui s'étaient retirés au loin ; et ils 


L'EXODE. 


fcn. xxv.] 


virent Dieu, puis ils mangèrent et 
ils burent. 

19. Or 16 Seigneur dit à Moïse : 
Monte vers moi surla montagne, 
et sois là : je te donnerailes tables 
de pierre, et la loi et les com- 
mandements que j'ai écrits, afin 
que tu les enseignes. 

13. Moise et Josué son servi- 
teur se leverent; et Moïse mon- 
tant sur la montagne de Dieu, 

14. Dit aux anciens : Attendez 
ici jusqu'à ce que nous retour- 
nions à vous. Vous avez Aaron 
et Hur avec vous; s'il naît quel- 
que question, vous leur en ferez 
le rapport. 

45. Et lorsque Moïse fut monté, 
la nuée couvrit la montagne. 

16. Et la gloire du Seigneur 
reposa sur Sinaï, le couvrant de 
la nuée pendant six jours; mais 
au septième jour il appela Moïse 
du milieu de l'obscurité. 

17. Or l'aspect de la gloire du 
Seigneur était comme un feu ar- 
dent sur le sommet de la monta- 
gne, en la présence des enfants 
d'Israël. 

18. Et Moïse étant entré au mi- 
lieu de la nuée, monta sur la 
montagne, et il fut là quarante 
jours et quarante nuits. 


CHAPITRE XXV. 


Ordonnances du Seigneur touchant l'Ar- 
che, la table des pains de proposition 
et le chandelier d'or. 


1. Etle Seigneur parla à Moise, 
disant : 


(βαρ. XXIV. 8. Hébr., 1x, 20. — 18. Deut., 1x, 9. 


—————————M————Ó————Á—————— 


40. * Comme un ouvrage de pierre de saphir et comme le ciel, c'est-à-!i * bleu clair. 
41. D'autres traduisent : Sur ceux qui avaient laissé derriére eux les enfants 
d'Israël. — C'était l'opinion commune parmi les anciens Hébreux qu'on ne pouvait 


voir Dieu sans mourir 


cH. XXV.] 


2. Disaux enfants d'Israél qu'ils 
prennent pour moi des prémices; 
vous les recevrez de tout homme 
qui les offrira de son plein gré. 

3. Or voici ce que vous devez 
recevoir : de l'or, de l'argent et 
de l'airain; 

4. De Phyacinthe, de la pour- 
pre, de l'écarlate deux fois teinte, 
du fin lin, des poils de chèvres, 

5. Des peaux de béliers teintes 
en rouges et des peaux violettes, 
et des bois de sétim ; 

6. De l'huile pour entretenir les 
luminaires, des aromates pour le 
parfum à oindre, et des parfums à 
brüler d'une excellente odeur ; 

7. Des pierres d'onyx et des 
pierres précieuses pour orner 
l'éphod et le rational. 

8. Et ils me feront un sanc- 
tuaire et j'habiterai au milieu 
d'eux : 

9. Il aura une ressemblance par- 
faite avec le tabernacle que je te 
montrerai, et avec tous les vases 
consacrés à son service : or, c'est 
ainsi que vous le ferez. 

10. Construisez une arche de 
bois de sétim, dont la longueur 
ait deux coudées et demie; la 
largeur une coudée et demie; la 


L'EXODE. 


157 


hauteur pareillement une coudée 
el demie. 

11. Puis tu la doreras d'un or 
trés pur au dedans et au dehors, 
ettuferasau-dessusunecouronne 
d'or tout autour; 

12. Et quatre anneaux d'or, que 
tu mettras aux quatre coins de 
l'arche : que deux anneaux soient 
à un côté, et deux à l'autre. 

13. Tu feras aussi des leviers de 
bois de sétim, et tu les couvriras 
d'or; 

14. Et tu les introduiras dans 
les anneaux qui sont aux cótés 
de l'arche pour qu'on la porte par 
leur moyen. 

15. Ils seront toujours dans les 
anneaux, et jamais ils n'en seront 
retirés. 

16. Ettu mettras dansl'arche le 
témoignage que je te donnerai. 

11. Tu feras aussi un propitia- 
toire d'un ortrès pur :lalongueur 
tiendra deux coudées et demie, et 
sa largeur une coudée et demie. 

18. Tu feras de plus deux ché- 
rubins d'or et ductiles des deux 
cótés de l'oracle. 

19. Qu'un chérubin soit d'un 
cóté et l'autre de l'autre. 

20. Qu'ils couvrent les deux có- 


CHAP. XXV. 2. Infra, xxxv, 5. — 9. Hébr., ix, 2. 


--------------- ==? הרי‎ 
4. * De l’hyacinthe, violet ou bleu foncé. 


9. * Le bois de sétim est l'acacia qui est assez commun dans la péninsule du Sinai. 
— Les peaux violettes sont des peaux de dugong, amphibie commun dans la mer 
Rouge. 

1. * L'éphod et le rational. Voir plus loin, xxvi, 4. 

10. La coudée hébraique avait environ un pied et demi. — * Voir à la fin du 
volume la note 11 sur l'arche d'alliance. 

16, 21. Le témoignage. C'est ainsi que la loi est souvent nommée dans l'Ecriture. 

11, 18. Le propitiatoire et l'oracle étaient une méme chose (xxxvli, 6). C'est de là 
que Dieu se rendait propice aux prières et aux vœux de son peuple, et qu'il rendait 
ses oracles au grand prêtre. — CAérubins ductiles, pour Chérubins d'un or ductile. — 
* Le propitiatoire était le couvercle de l'arche. 

20. * Qu'ils couvrent les deux côtes du propitiatoire. Les ailes étendues des Chéru- 


bins, n'ombrageant aucun symbole visible, marquaient d'une maniere frappante la 
nature invisible de Dieu. 


158 
tés du propitiatoire, étendant les 
ailes et ombrageant l'oracle; et 
qu'ils se regardent l'un l'autre, les 
visages tournés vers le propitia- 
toire, dont doit étre couverte 
l'arche, 

91. Dans laquelle tu mettras le 
témoignage que je te donnerai. 

22. C'est delà que j'ordonnerai ; 
et je te dirai au-dessus du propi- 
tiatoire, et du milieu des deux 
chérubins, qui seront l'arche du 
témoignage, tout ce que je com- 
manderai par toi aux enfants d'Is- 
raél. 

93. Tu feras aussi une table de 
bois de sétim, ayant deux coudées 
de longueur, et en largeur une 
coudée et demie. 

24. Et tu la doreras d'un or 
trés pur, et lui feras une bordure 
d'or tout autour, 

25. Et à la bordure elle-méme 
une couronne de sculpture à jour 
haute de quatre doigts, et au- 
dessus d'elle une autre couronne 
d'or. 

26. Tu prépareras aussi quatre 
anneaux d'or et tu les poseras aux 
quatre coins de cette méme table, 
un à chaque pied. 

97. Au-dessous de la couronne 
seront les anneaux d'or, pour 
quon y passe les leviers et 
qu'on puisse porter la table. 

28. Les leviers eux-mêmes, tu 
les feras aussi de bois de sétim 
et tu les doreras tout autour, pour 
porter la table. 

29. Tu prépareras encore des 
plats, des patères, des encensoirs 
et des tasses en or trés pur, dans 


L'EXODE. 


(cir. xxv.] 
lesquelles doivent être offertes les 
libations. 

30. Et tu placeras sur la table 
des pains de proposition toujours 
en ma présence. 

31. Tu feras aussi un chandelier 
ductile d'un or trés pur, sa tige, 
ses branches, ses coupes, ses 
pommes et ses lis qui en sorti- 
ront. 

32. Six branches sortiront des 
côtés, trois d'un côté et trois de 
l'autre. 

33. ll y aura trois coupes en 
forme de noix à une branche, 
ainsi qu'une pomme et un lis; et 
pareillement trois coupes en 
forme de noix, à une autre bran- 
che, ainsi qu'une pommeetun lis : 
tel sera 16 travail des six branches 
qu'on drevra faire sortir de la 
tige. 

34. Mais au chandelier lui- 
méme il y aura quatre coupes en 
forme de noix, et des pommes à 
chacune ainsi que des lis. 

35. ll y aura des pommes en 
trois endroits sous les deux bran- 
ches, qui font ensemble six, sor- 
tant d'une seule tige. 

36. Ainsi, et les pommes et les 
brauches sortiront du chande- 
lier lui-même, toutes ductiles 
d’un or très pur. 

97. Tu feras de plus sept lampes 
et tu les mettras au-dessus du 
chandelier afin qu'elles éclairent 
vis-à-vis l'une de l'autre. 

38. Et aussi que des mouchettes 
et des vases oü les lumignons 
doivent s'éteindre, soient faits 
d'un or très pur. 


30. Des pains de proposition; c'est-à-dire qui devaient être toujours exposés sur 


la table en la présence du Seigneur. 
31. Chandelier ductile. Voy. y. 18. 


{cu. xxvi.) 


39. Tout le poids du chandelier 
avec tout ce qui sert à son usage 
sera d'un talent d'or trés pur. 

40. Regarde, et fais selon le 
modele qui t'a été montré sur la 
montagne. 


CHAPITRE XXVI. 


Ordonnances du Seigneur touchant le 
tabernacle et toutes ses parties. 


1. Maisle tabernacle, c'est ainsi 
que tu le feras : Tu feras dix ri- 
deaux de fin lin retors, d'hya- 
cinthe, de pourpre et d'écarlate 
deux fois teinte, parsemés en ou- 
vrage de broderie. 

9. La longueur d'un rideau aura 
vingt-huit coudées : la largeur 
sera de quatre coudées. Tous les 
rideaux seront faits d'une seule 
mesure. 

3. Cinq rideaux seront joints 
ensemble, l'un à l'autre, et les 
autres cinq seront attachés de la 
méme manière. 

4. Tu feras de petits lacs d'hya- 
cinthe aux cótés et aux sommités 
des rideaux, afin qu'ils puissent 
s'unir l'un à l'autre. 

9. Un rideau aura cinquante 
petitslacs dechaquecóté, disposés 
de telle sorte qu'un lacs vienne 
contre un lacs, et que l'un puisse 
s'ajuster à l'autre. 

6. Tu feras aussi cinquante an- 
neaux d'or par lesquels les voiles 
des rideaux doivent étre joints, 
afin qu'il se fasse un seul taber- 
nacle. 

7. Tu feras encore onze cou- 


40. Hébr., vin, 5; Actes, vir, 44. 


L'EXODE. | 459 


vertures de poils de chèvres pour 
couvrir le dessus du tabernacle. 

8. La longueur d'une couver- 
ture aura trente coudées, et la 
larg:ur quatre. La mesure de 
toutes les couvertures sera égale. 

9. Tu en joindras cinq à part, 
et tu en uniras six l'une à l'autre, 
en sorte que tu replies la sixieme 
couverture sur le devant du toit. 

10. Tu feras de plus cinquante 
lacs au bord d'une couverture, 
afin qu'elle puisse étre jointe à 
l'autre ; et cinquante lacs au bord 
de cette autre, afin qu'elle puisse 
étre unie à une autre. 

11. Tu feras aussi cinquante 
boucles d'airain, par lesquelles 
les lacs doivent étre joints, afin 
que du tout il se fasse une seule 
couverture. 

19. Pour ce qui sera de trop 
dansles couvertures que l’on dis- 
posera pour le toit, c'est-à-dire 
une couverture qui sera de sur- 
plus, tu couvriras avec sa moitié 
le derriere du tabernacle. 

13. Et une coudée pendra d'un 
cóté et une autre de l'autre ; ce 
qui sera de surplus dans la lon- 
gueur des couvertures couvrira 
les deux cótés du tabernacle. 

14. Tu feras aussi au toit une 
autre couverture de peaux de 
béliers teintes en rouge, et sur 
celle-ci tu mettras encore une 
autre couverture de peaux vio- 
lettes. 

15. Tu feras aussi de bois de 
sétim les ais du tabernacle, qui 
se tiendront debout, 


39. D'un talent, etc. Le talent d'or valait environ 6,306 fr. 


14. * De peauz violettes, de peaux de dugong. Voir xxv, 5. 


160 L'EXODE. 


16. Qui auront chacun dix cou- 
dées en longueur, et en largeur 
une coudée et demie. 

17. Aux côtés d'un ais on fera 
deux emboitements, par lesquels 
un ais s'enchássera dans un autre 
ais ; et c'est de cette maniere que 
tous les ais seront disposés. 


18. Il y en aura vingt du côté 


méridional quiregarde le vent du 
midi. 

19. Pour ces ais, tu fondras qua- 
rante soubassements d'argent, 
de maniere que deux soubasse- 
ments soient posés au-dessous 
de chaque ais aux deux angles. 

90. Et aussi au second cóté du 
tabernacle, qui regarde l'aquilon, 
il y aura vingt ais, 

91. Ayant quarante soubasse- 
ments d'argent; deux soubasse- 
ments seront posés sous chaque 
ais. 

99. Et pour le cóté occiden- 
tal du tabernacle, tu feras six 
815, 

93. Et encore deux autres qui 
seront dressés aux angles du der- 
riere du tabernacle. 

94. Et ils seront joints depuis 
le bas jusqu'au haut, et un seul 
joint les retiendra tous. De méme 
pour les deux ais qui doivent étre 
posés aux angles, on conservera 
une semblable jointure. 

95. Or il y aura en tout huit 
ais, et leurs soubassements d'ar- 
gent seront au nombre de seize, 
en comptant deux soubassements 
pour un seul ais. 

20. Tu feras aussi des leviers 


XXVI. 30. Supra, xxv, 40.‏ גצ 


[cu. xxvi.] 


de bois de sétim, cinq pour main- 
tenir les ais à un cóté du taberna- 
cle, 

27. Et cinq autres à l'autre, et 
le méme nombre pour le cóté oc- 
cidental. 

98. Et ils seront posés en tra- 
vers au milieu des ais depuis une 
extrémité jusqu'à l'autre extré- 
mité. 

29. Tu doreras aussiles ais eux- 
mémes, et tu fondras, pour les y 
mettre, des anneaux d'or au 
moyen desquels des barres main- 
tiendront les ais; 00/7/08 que tu 
couvriras de lames d'or. 

30. Ainsi, tu dresseras le taber- 
nacle selon le modèle qui t'a été 
montré sur la montagne. 

31. Tu feras aussi un voile 
d'hyacinthe, de pourpre, d'écar- 
late deux fois teinte et de fin lin 
retors, d'un ouvrage en bro- 
derie, et tissu avec une belle va- 
riété. 

32. Tu le suspendras à quatre 
colonnes de bois de sétim, les- 
quelles seront aussi elles-mémes 
dorées, et auront des chapiteaux 
d'or, mais des soubassements 
d'argent. 

33. Or, c'est par des anneaux 
que sera attaché le voile, au-de- 
dans duquel tu placeras larche 
du témoignage, par lequel le 
Saint et le Saint des Saints seront 
divisés. 

34. Tu placeras aussi le propi- 
tiatoire surl'arche du témoignage 
dans le Saint des Saints, 

35. Et la table en dehors du 


———M———ÓÓ————M € IR M————— 


33. L'arche du témoignage; l'arche qui renferme la loi appelée témoignage. Com- 


par. xxv, 16 


[cu. xxvn.] 
voile, et vis-à-vis de la table le 
chandelier du cóté méridional du 
tabernacle; car la table sera du 
cóté de l'aquilon. 

36. Tu feras aussi à l'entrée du 
tabernacle un voile d'hyacinthe, 
de pourpre, d'écarlate deux fois 
teinte, et de fin lin retors, en ou- 
vrage de brodeur. 

31. Et tu doreras cinq colonnes 
de bois de sétim, auxquelles sera 
suspendu le voile, dont les chapi- 
teaux seront d'or etles soubasse- 
ments d'airain. 


CHAPITRE XXVII. 


Ordonnances touchant l'aautel des holo- 
caustes, le parvis du tabernacle, les 
vases sacrés, l'huile et les lampes. 


1. Tu feras encore un autel de 
bois de sétim, qui aura cinq cou- 
dées en longueur et autant en 
largeur, c'est-à-dire carré, ettrois 
coudées en hauteur. 

2. Mais les cornes en sortiront 
aux quatre angles; et tu le cou- 
vriras d'airain. 

3. Et tu feras à son usage des 
chaudières pour recevoir les cen- 
dres, des pincettes, des four- 
chettes et des brasiers; tu fe- 
ras tous ces instruments en ai- 
rain. 

4. Tu feras encore une grille 
d'airain en forme de rets : à ses 
quatre angles seront des anneaux 
d'airain, 

5. Que tu mettras au-dessous 
du foyer de l'autel : et la grille 
viendra jusqu'au milieu de l'au- 
tel. 

6. Tu feras aussi deux leviers 
d'autel de bois de sétim, que tu 
couvriras de lames d'airain : 


L'EXODE. 161 


7. Et tu 165 passeras dans les 
anneaux ; et ils seront des deux 
cótés de l'autel pour le porter. 

8. Tu ne feras point l'autel so- 
lide, mais vide et creux au de- 
dans, comme il t'a été montré sur 
la montagne. 

9. Tu feras aussi le parvis du 
tabernacle au cóté austral du- 
quel seront contre le midi des ri- 
deaux de fin lin retors : un seul 
cóté tiendra cent coudées en lon- 
gueur. 

10. Et £u y poseras vingt co- 
lonnes avec autant de soubasse- 
ments d'airain, lesquelles auront 
leurs chapiteaux avec leurs orne- 
ments d'argent. 

11. De méme aussi du cóté de 
Paquilon il y aura des rideaux de 
cent coudées de long, vingt co- 
lonneset des soubassements d'ai- 
rain de méme nombre ; leurs cha- 
piteaux avec leurs ornements se- 
ront d'argent. 

12. Mais dans la largeur du par- 
vis quiregarde l'occidentil y aura 
dans l'espace de cinquante cou- 
dées des rideaux, dix colonnes et 
autant de soubassements. 

13. De méme, danslalargeurdu 
parvis, laquelle regarde l'orient, 
il y aura cinquante coudées, 

14. Dans lesquelles seront affec- 
tésàuncóté des rideaux de quinze 
coudées, trois colonnes et autant 
de soubassements : 

15. Et de l'autre côté seront des 
rideaux ayant quinze coudées, 
trois colonnes et autant de sou- 
bassements. 

16. Mais à l'entrée du parvis on 
fera un rideau de vingt coudées 
d'hyacinthe, de pourpre, d'é- 


(βαρ. XXVII. 1. Infra, xxxvii, 6. — 8. Supra, xx, 24. 


A. T. 


11 


102 L'EXODE. 


carlate deux fois teinte et d'un 
fin lin retors, en ouvrage de bro- 
deur : cette entrée aura quatre 
colonnes et autant de soubasse- 
ments. 

17. Toutes les colonnes du par- 
vis seront revêtues tout autour 
de lames d'argent; elles auront 
des chapiteaux d'argent et des 
soubassements d'airain. 

18. En longueur le parvis aura 
cent coudées, en largeur cin- 
quante; sa hauteur sera de cinq 
coudées; et il sera fait de fin lin 
retors, et il aura des soubasse- 
ments d'airain. 

19. Tousles vases du tabernacle 
destinés à tous les usages et à 
toutes les cérémonies, tant ses 
pieux que ceux du parvis, tu les 
feras d'airain. 

20. Ordonne aux enfants d'Is- 
raël qu'ils t'apportent de l'huile 
d'oliviers tres pure, et pilée au 
mortier, afin qu'une lampe brüle 
toujours. 

91. Dans le tabernacle de témoi- 
gnage en dehors du voile qui est 
suspendu devant le témoignage. 
Et Aaron et ses fils la placeront, 
afin qu'elle éclaire jusqu'au matin 
devant le Seigneur. Ce sera un 
culte perpétuel durant leurs suc- 
cessions parmi les enfants d'Is- 
rael. 


[cu. x viu.) 


CHAPITRE XXVIII. 


Ordonnances touchant les habits ponti- 
ficaux et sacerdotaux d'Aaron et de ses 
fils. 


1. Fais aussi approcher de toi 
Aaron ton frere avec ses fils du 
milieu des enfants d'Israél, afin 
qu'ils exercent les fonctions du 
sacerdoce pourmoi:Aaron,Nadab 
et Abiu, Eléazar et Ithamar. 

2. Et tu feras un vêtement saint 
à Aaron ton frère pour la gloire et 
l'ornement. 

3. Ettu parlerasàtous les sages 
decœur, que j'airemplis del'esprit 
de prudence, pour qu'ils fassent 
à Aaron des vêtements, par les- 
quels étant sanctifié, il me servira. 

4. Or voici les vêtements qu'ils 
feront : Un rational, un éphod, 
une robe et une {unique de lin 
étroite, une tiare, et uneceinture. 
Ainsi, 115. feront des vétements 
saints à ton frére Aaron et à ses 
fils, afin qu'ils exercent les fonc- 
tions du sacerdoce, pour moi. 

5. Et ils prendront l'or, l'hya- 
cinthe, la pourpre, l'écarlate deux 
fois teinte et le fin lin. 

6. Or ils feront l'éphod d'or, 
d'hyacinthe, de pourpre, d'écar- 
latedeuxfoisteinte, etdefinlinre- 
tors, d'un ouvrage en tissu de di- 
verses couleurs. 


20. De l'huile... pilée au mortier, pour, de huile d'olives pilées, etc. 
21. Durant leurs successions; tant qu'ils se succéderont de race en race. 


4. Une robe. Il y a dans la Vulgate funicam et dans l'hébreu manteau; c'était 
l'habit de dessus. — La tunique de lin étroite se mettait immédiatement sur la chair. 
— * Pour orner l'éphod. L'éphod est décrit plus loin tout au long, xxviu, 4-14. 1] se 
composait de deux parties dont l'une couvrait la poitrine et la partie supérieure du 
corps, tandis que l'autre retombait par derriére. Les deux parties étaient attachées 
ensemble dans le haut par deux onyx, sur chacun desquels étaient gravés six des 
noms des douze tribus d'Israel. L'éphod était fixé en bas par une ceinture d'or, de 
pourpre et de lin. 11 était porté par le grand prêtre et par les simples prêtres, 1 Rois, 
xxu, 18; xiv, 28; Osée, τι, 4; nous voyons qu'il fut aussi porté par Samuel, I Rois, 
ii, 18; par David, II Rois, vi, 14; I Par., xv, 21. 


[cu. xxvm.) 


7. ll aura aux deux côtés de ses 
sommités deux bandes jointes, de 
maniere à former une seule piece. 

8. Le tissu lui-méme et tous les 
ouvrages diversseront d'or, d'hya- 
cinthe, de pourpre, d'écarlate 
deux fois teinte et de fin lin re- 
tors. 

9. Et tu prendras deux pierres 
d'onyx, et tu graveras sur elles 
les noms des fils d'Israél : 

10. Six noms sur une pierre, et 
les six autres sur une autre, selon 
l'ordre de leur naissance. 

41. Au moyen d'un travail de 
sculpteur et de la taille d'un lapi- 
daire, tu graveras sur les pierres 
les noms des fils d'Israël, apres 
les avoir enchassées dans l'or et 
les en avoir environnées; 

19. Et tu les mettras sur les 
deux cótés de l'éphod, souvenir 
pour les enfants d'Israél.'Et Aaron 
portera sur ses épaules leur nom 
devant le Seigneur, pour sou- 
venir. 

13. Tu feras encore des agrafes 
d'or. 

44. Et deux chainettes d'un or 
très pur, se tenant l'une à l'autre, 
que tu attacheras aux agrafes. 

15. Tu feras aussi le rational du 
jugement, d'un ouvrage en tissu 
de diverses couleurs, selon la tis- 
sure 46] éphod, d'or, d'hyacinthe, 
de pourpre, d'écarlate deux 
teinte et de fin lin retors. 

16. Il sera carré et double, et il 
aura la mesure d'une palme, tant 
en longueur qu'en largeur. 

47. Tu y mettras quatre rangs 
de pierres : à la premiere ran- 
gée il y aura une sardoine, une 
lopaze et une émeraude; 

18. Α laseconde, une escarbou- 
cle, un saphir et un jaspe; 


L'EXODE. 


163 

19. A la troisieme, un ligure, 
une agate et une améthyste; 

20. A la quatrième, un chryso- 
lite, un onyx, et un béryl; ils 
seront enchássés dans de l'or, se- 
lon leurs rangs. 

91. Et ils porteront les noms 
des fils d'Israël : leurs douze noms 
seront gravés, chaque nom sur 
chaque pierre, selon les douze 
tribus. 

22. Tu feras pour le rational 
des chaines se tenant l'une à 
l'autre, d'un or trés pur, 

23. Et deux anneaux d'or que 
tu mettras aux deux sommités du 
rational; 

24. Puis tu joindras les deux 
chaines d'or par les anneaux qui 
sont aux bords du rational ; 

95. Et tu attacheras les extré- 
mités des chaines elles -mémes 
aux agrafes aux deux cótés de 
l'éphod qui regarde le rational. 

96. Tu feras aussi deux anneaux 
d'or que tu mettras aux sommités 
du rational sur les bords qui sont 
vis-à-vis de l'éphod, et regardent 
sa partie de derriere. 

97. Tu feras de plus deux autres 
anneaux d'or qui devront étre 
posés aux deux cótés de l'éphod 
par en bas; 00/68 qui regardent en 
face de la jonction inférieure, afin 
que le rational puisse s'adapter 
à l'éphod. 

98. Et que le rational soit atta- 
ché par ses anneaux aux anneaux 
de l'éphod au moyen d'un ruban 
d'hyacinthe, afin que la jonction 
habilement faite se maintienne, 
et que le rational et l'éphod ne 
puissent étre séparés lun de 
l'autre. 

99. Et Aaron portera les noms 
des fils d'Israél dans le rational du 


164 L'EXODE. 


jugement sur sa poitrine, lors- 
qu'ils entrera dans le sanctuaire, 
souveniren présence du Seigneur 
pour toujours. 

30. Or tu mettras sur le ratio- 
nal du jugement : La Doctrine et 
la Vérité, qui seront sur la poi- 
urine d'Aaron, lorsqu'il entrera 
devant le Seigneur; ainsi il por- 
tera toujours le jugement des fils 
d'Israél sur sa poitrine en la pré- 
sence du Seigneur. 

31. Tu feras encore, toute de 
couleur d'hyacinthe, la tunique 
de l'éphod. 

32. Au milieu de laquelle il y 
aura dans le haut une ouverture, 
et autour d'elle un bord tissu, 
comme on à coutume d'en faire 
aux extrémités des vétements, 
pour ne pas qu'il se déchire faci- 
lement. 

33. Mais en bas, aux pieds de la 
méme tunique, tu feras tout au- 
tour comme des grenades d'hya- 
cinthe, de pourpre, d'écarlate 
deux fois teinte, en entremélant 
des sonnettes, 

34. En sorte qu'il y ait une son- 
nette d'or et une grenade, et de 
nouveau, une autre sonnette d'or 
et une grenade. 

35. Aaron en sera revétu dans 
les fonctions du ministere, afin 
qu'on entende le son, quand il 
entrera dans le sanctuaire en la 
présence du Seigneur, et qu'il en 
sortira, et qu'il ne meure point. 

36. Tu feras encore une lame 


CHAP. XXVIII. 35. Eccli., xLv, 11. 


(cg. xxvii.) 


d'un or très pur, sur laquelle tu 
graveras,en ouvrage de ciseleur: 
La sainteté est au Seigneur. 

37. Et tu la lieras avec un ru- 
ban d'hyacinthe, et elle sera sur 
la tiare, 

38. Dominant le front du pon- 
tife. Et Aaron porteralesiniquités 
de ce que les enfants d'Israél au- 
ront offert et consacré dans tous 
leurs dons et présents. Or cette 
lame sera toujours sur son front, 
afin que le Seigneur leur soit 
propice. 

39. Et tu feras la tunique étroite 
de fin lin; tu feras aussi une tiare 
de fin lin, et une ceinture, en ou- 
vrage de brodeur. 

40. Mais aux fils d'Aaron, tu 
prépareras des tuniques de lin, 
des ceintures et des tiares pour 
la gloire et l'ornement ; 

41. Et tu revétiras de tous ces 
vétements Aaron ton frere, et ses 
fils avec lui. Et tu consacreras les 
mains de tous, et tu les sancti- 
fierasafin qu'ils exercent les fonc- 
tions du sacerdoce pour moi. 

49. Tu feras aussi des calecons 
de lin, afin qu'ils couvrentla chair 
de leur nudité, depuis les reins 
jusqu'aux cuisses; 

43. Et Aaron et ses fils s'en ser- 
viront, quand ils entreront dans 
le tabernacle de témoignage, ou 
quand ils approcheront de l'autel 
pour servir dans le sanctuaire, 
afin qu'ils ne meurent point cou- 
pables d'iniquité. Ge sera une loi 


30. * Doctrine et Vérité, en hébreu Urim et Thummim, littéralement lumière et per- 


fection. 


36. La sainteté, etc., ou bien, consacré au Seigneur; c'est une chose consacrée au 
Seigneur. — * Une lame d'un or trés pur. C'était une sorte de diadéme formé d'une 


mince feuille d'or 


[cg. xxix.) 
perpétuelle pour Aaron et pour 
sa postérité apres lui. 


CHAPITRE XXIX. 


Ordonnances touchant la consécration 
des prêtres. Part qu'ils doivent avoir 
aux victimes. Sacrifice perpétuel de 
deux agneaux par jour. 


1. Mais voici ce que tu feras en- 
core pour qu'ils me soient con- 
sacrés dans le sacerdoce. Prends 
un veau du troupeau et deux bé- 
liers sans tache, 

2. Des pains azymes, une ga- 
lette sans levain, qui soit arrosée 
d'huile, et aussi des beignets sans 
levain, oints d'huile : c'est avec 
de la fleur de farine de froment 
que tu feras toutes ces choses. 

3. Et aprés lesavoir mises dans 
une corbeille, tu les offriras, 
ainsi que le veau et les deux bé- 
liers. 

4. Tu feras ensuite approcher, 
Aaron et ses fils de la porte du 
tabernacle de témoignage. Or, 
lorsque tu auras lavé le pere et 
ses fils avec de l'eau, 

9. Tu revétiras Aaron de ses 
vêtements c'est-à-dire de la £un- 
que de lin, de la robe, 66 4 
et du rational que tu lieras avec 
la ceinture. 

6. Et tu mettras la tiare sur sa 
téte, et la lame sainte sur la tiare, 

7. Et tu répandras sur sa téte 
l'huile de l'onction; et c'est par 
ce rite qu'il sera consacré. 

8. Tu feras approcher aussi ses 
fils, et tu les revétiras de tuniques 
de lin, et tu les ceindras de la 
ceinture, 


L'EXODE. 165 


9. C'est-à-dire, Aaron et ses en- 
fants; puis tu leur mettras des 
mitres ; et ils seront mes prêtres 
par un culte perpétuel. Après 
que tu auras consacré leurs 
mains, 

10. Tu feras aussi approcher le 
veau devant le tabernacle de té- 
moignage. Alors Aaron et ses fils 
poseront les mains sur sa tête, 

11. Et tu le tueras en la pré- 
sence du Seigneur, près de la 
porte du tabernacle de témoi- 
gnage. 

12. Puis, après avoir pris du 
sang du veau, tu le mettras sur 
les cornes de l'autel avec ton 
doigt; mais le reste du sang, tu 
le répandras au pied de l'autel. 

18. Tu prendras encore toute la 
graisse qui couvre les intestins, 
la membrane réticulaire du foie, 
les deux reins et la graisse qui 
est dessus, et tu les offriras en les 
brülant sur l'autel : 

14. Pour la chair du veau et sa 
peau et sa fiente, tu les brüleras 
dehors, au delà du camp, parce 
que c'est «ne hostie pour le pé- 
ché. 

15. Tu prendras aussi l'un des 
béliers, sur la téte duquel Aaron 
et ses fils poseront les mains. 

16. Lorsque tu l'auras tué, tu 
prendras de son sang, et tu le 
répandras autour de l'autel. 

11. Mais le bélier lui-méme, tu 
le couperas en morceaux, puis tu 
mettras ses intestins et ses pieds 
lavés sur sa chair coupée, et sur 
sa tête. 

18. Et tu offriras tout le bélier 


Cap. XXIX. 1. Lév., 1x, 2. — 10. Lév., 1, 3. — 13. Lév., ,זוז‎ ὃ. 
———————— ———— r—— A —— s 


9. De la tunique de lin, de la robe. Voy. xxvi, 4. 


166 


en le brülant sur l'autel : c’est 
une oblation au Seigneur, une 
odeur tres suave de la victime du 
Seigneur. 

19. Tu prendras aussi l'autre 
bélier, sur la téte duquel Aaron 
et ses fils poseront les mains. 

20. Lorsque tu l'auras égorgé, 
tu prendras de son sang et tu en 
mettras surl' extrémité de l'oreille 
droite d'Aaron et de ses fils, et 
sur.les pouces de leur main et de 
leur pied droit, et tu répandras 
le reste du sang sur lautel tout 
autour. 

91. Et lorsque tu auras pris du 
sang qui est sur lautel et de 
l'huile de l'onction, tu aspergeras 
Aaron et ses vétements, ses fils 
et leurs vétements. Eux-mémes 
et leurs vétements ainsi consa- 
crés, 

22. Tu prendras du bélier, la 
graisse, la queue, le gras qui 
couvre les entrailles, la mem- 
brane réticulaire du foie, les deux 
reins et la graisse qui est dessus 
et l'épaule droite, parce que c'est 
un bélier de consécration. 

23. De plus, une miche de pain, 
une galette arrosée d'huile et un 
beignet de la corbeille des azy- 
mes qui a été posée en la présence 
du Seigneur : 

24. Et tu mettras toutes ces 
choses sur les mains d'Aaron et 
de ses fils et tu les sanctifieras en 
élevant ces dons devant le Sei- 
gneur. 

95. Tu recevras ensuite toutes 
ces choses de leurs mains, et tu 


39. Lév., vin, 31; xxiv, 9; Matt., xit, 4. 


L'EXODE. 


[cu. xxix.] 


les brüleras sur l'autel en holo- 
causte, odeur très suave en 18 pré- 
sence du Seigneur, parce que c'est 
son oblation. 

96. Tu prendras aussi la poitrine 
du bélier au moyen duquel a été 
consacré Aaron, ettu la sancti- 
fieras apres avoir été élevée de- 
vantle Seigneur, et elle devien- 
dra ta part. 

27. Et tu sanctifieras aussi la 
poitrine consacrée, et l'épaule 
que tu as séparée du bélier 

28. Au moyen duquel ont été 
consacrés Aaron et ses fils, et elles 
deviendront la part d'Aaron et de 
ses fils, par un droit perpétuel, 
parmi les enfants d'Israél, parce 
que ce sont de leurs victimes paci- 
fiques les premieres parties qu'ils 
offrent d'abord au Seigneur. 

99. Quant au saint vétement 
dont se servira Aaron, ses fils 
J'aurontapreslui, afin qu'ils soient 
oints, en étant revétus, et que 
leurs mains soient consacrées. 

30. Pendant sept jours il servira 
à celui de ses fils qui aura été 
établi pontife à sa place, et qui 
entrera dans le tabernacle de té- 
moignage pour exercer son mi- 
nistere dans le sanctuaire. 

31. Or, tu prendras 16 bélier de 
la consécration, et tu cuiras dans 
un lieu saint sa chair, 

39. Dont mangeront Aaron et 
ses fils. Les pains aussi, qui sont 
dans la corbeille, ils les mange- 
ront dans le vestibule du taber 
nacle de témoignage. 

33. Afin que ce soit un sacrifice 


93. Une miche de pain; littér. Une rondeur de pain. 
34. Le bélier de la consécration ; le bélier qui sera offert pour la consécration. 


[cu..xxx.] 


propitiatoire, et que soient sanc- 
tifiées les mains de ceux qui les 
offrent. L'étranger n'en mangera 
point, parce qu'ils sont saints. 

34. Que s'il demeure de la chair 
consacrée ou des pains jusqu'au 
matin, tu brüleras les restes au 
feu : on ne mangera point de ces 
choses, parce qu'elles sont sanc- 
tifiées. 

35. Tu feras touchant Aaron et 
sesfils, tout ce que je t'ai ordonné. 
Pendant sept jours tu consacreras 
leurs mains, 

36. Et tu offriras chaque jour un 
veau en expiation pour le péché. 
Et tu purifieras lautel lorsque 
tu auras immolé l'hostie d'expia- 
tion, et tu l'oindras pourle sanc- 
tifier. 

31. Pendant sept jours tu puri- 
fieras l’autel, et tu le sanctifieras, 
il sera très saint; quiconque le 
touchera sera sanctifié. 

38. Voicice quetusacrifierassur 
l'autel : Deux agneaux d'un an, 
chaque jour, sans interruption, 

39. Unagneaule matin, etl'autre 
le soir; 

40. La dixième partie de l’éphi 
de fleur de farine arrosée d'huile 
pilée, qui ait pour mesure la qua- 
trième partie du hin, et du vin 
pour les libations selon la méme 
mesure, sur un agneau. 

44. Mais l’autre agneau, tu 
l'offriras vers le soir, selon le rite 
de l'oblation du matin, et selon ce 
que nous avons dit, en odeur de 
suavité. 

42. C'est un sacrifice qui sera 


38. Nom., xxvii, 3. 


L'EXODE. 


167 


offert au Seigneur, d'une oblation 
perpétuelle en vos générations. à 
la porte du tabernacle de témoi- 
gnage devant le Seigneur, oü je 
me tiendrai pour te parler. 

43. Et c'est là que j'ordonnerai 
aux enfants d'Israël, et que sera 
sanctifié l'autel par ma gloire. 

44. Je sanclifierai aussi le taber- 
nacle de témoignage avec l'autel, 
et Aaron avec ses fils, afin qu'ils 
exercent les fonctions du sacer- 
doce pour moi. 

45. Ainsi j'habiterai au milieu 
des enfants d'Israël, etje seraileur 
Dieu. 

46. Et ils sauront que c'est moi, 
le Seigneur leur Dieu qui les ai 
retirés de la terre d'Egypte, afin 
que je demeurasse parmi eux, 
moi, le Seigneur leur Dieu. 


CHAPITRE XXX. 


Ordonnances touchant l'autel du parfum, 
Demi-sicle dû par tête. Bassin d'airain. 
Parfum. 


1. Tu feras aussi pour brüler un 
parfum, un autel de bois.de sétim, 

2. Ayant une coudée de lon- 
gueur, et une de largeur, c'est-à- 
dire carré, et deux coudées en 
hauteur. Des cornes en sortiront. 

9. Or, tu le revétiras d'un or 
tres pur, tant la grille que les 
parois tout autour, et les cornes. 
Et tu y feras une couronne d'or 
tout autour, 

4. Et deux anneaux d'or sous 
la couronne, à chaque côté, pour 
qu'on y passe des leviers et que 
l'autel puisse étre porté. 


TC ET Le ENMEIELCM ורוו ב‎ 


40. D'huile pilée. Voy. xxvu, 20. — * La dixième partie de l'éphi, ou 3 litres 33, — 


La quatriéme partie du hin ou 4 litre 60. 


168 


5. Et les leviers eux-mémes tu 
les feras de bois de sétim, et tu 
les doreras. 

6. Et tu placeras l'autel contre 
le voile qui est suspendu devant 
l'arche de témoignage, devant le 
propitiatoire dont est couvert le 
témoignage, oü je te parlerai. 

7. Et Aaron y brülera le matin 
un parfum, exhalant une odeur 
suave. Quandil apprétera les lam- 
pes, ille brülera; 

8. Et quand il les placera vers 
le soir, il brülera un parfum per- 
pétuel devant le Seigneur en vos 
générations. 

9. Vous n'offrirez sur cet autel, 
ni parfum d'une autre compo- 
sition, ni oblation, ni victime; 
et vous n’y ferez point de liba- 
tions. 

10. Et Aaron fera des expiations 
sur les cornes de l'autel une fois 
par an, en y répandant le sang de 
la victime qui a été offerte pour 
le péché, et il conciliera à l'autel 
la faveur du Seigneur dans vos 
générations. Ce sera une chose 
très sainte pour le Seigneur. 

11. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

19. Quandtu aurasfaitle dénom- 
brement des enfants d'Israél, ils 
donneront chacun un prix au Sei- 
gneur pour leurs àmes, et il n'y 
aura point de plaie parmi eux, 
lorsqu'ils auront été recensés. 

13. Or voici ce que donnera qui- 
conque aura présenté son nom : 


L'EXODE. 


[cu. xxx.] 


un demi-sicle selon la mesure du 
temple. Le sicle a vingt oboles. 
La moitié d'un sicle sera offerte 
au Seigneur. 

14. Celui qui est compris dans 
le dénombrement, depuis vingt 
ans et au-dessus donnera ce prix. 

15. Le riche n'ajoutera point à 
la moitié d'un sicle, et le pauvre 
n'y diminuera rien. 

16. Et l'argent reçu qui aura 
été apporté par les enfants d'Is- 
raél, tu le donneras pour les usa- 
ges du tabernacle de témoi- 
gnage, afin qu'il soit un souvenir 
d'eux devant le Seigneur et que 
le Seigneur se montre propice à 
leurs àmes. 

17. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

18. Tu feras aussi un bassin 
d'airain avec sa base pour se la- 
ver, et tu le placeras entre le ta- 
bernacle de témoignage et l'autel. 
Or, de l'eau ayant été mise, 

19. Aaron et ses fils y laveront 
leurs mains et leurs pieds, 

90. Quand ils devront entrer 
dansle tabernacle de témoignage, 
et quand ils devront s'approcher 
de l'autel pour y offrir un parfum 
à brüler au Seigneur, 

91. De peur qu'ils ne meurent. 
Ce sera une loi perpétuelle pour 
Aaron et sa postérité durant ses 
successions. 

92. Le Seigneur parla encore à 
Moise, 

33. Disant : Prends des aroma- 


(παρ. XXX. 12. Nom., 1, 2. — 13. Lév., xxvir, 25; Nom., nr, 47; Ezéch., xLv, 12. 


6. Le témoignage; c'est-à-dire l'arche du témoignage. Voy. xxvr, 53 
9. D'une autre composition; d'une composition différente de celle des ver. 34 et suiv. 


13. * Voir la note sur Exode, xxi, 32. 


93. * Cing cents sicles ou 1 kilog. de myrrhe, résine odorante qui coule de l'arbre 
appelé bulsamodendron myrrha. — Moilié moins, c'est-à-dire deux cent cinquante 


[cg. xxx.) 
tes, cinq cents sicles de myrrhe, 
premiere et choisie, et la moitié 
moins de cinnamome, c'est-à- 
dire, deux cent cinquante sicles, 
et pareillement deux cent cin- 
quante sicles de canne; 

94. Cinq cents sicles de casse 
au poids du sanctuaire et une 
mesure de hin d'huile d'olive; 

95. Et tu feras de l'huile sainte 
d'onction, essence composée se- 
lon l'art d'un parfumeur. 

96. Puis tu en oindras le taber- 
nacle de témoignage, l'arche du 
testament, 

97. La table avec ses vases, le 
chandelier et ses ustensiles, les 
autels du parfum à brüler, 

98. Et de l'holocauste, et tous 
les objets qui appartiennent à 
leur service. 

99. Et tu sanctifieras toutes ces 
choses, et elles seront très sain- 
tes : celui qui les touchera sera 
sanctifié. 

30. Tu oindras Aaron et ses fils, 
et tu les sanctifieras, afin qu'ils 


L'EXODE. 169 


exercent les fonctions du sacer- 
doce pour moi. 

31. Et aux enfants d'Israël aussi 
tu diras : Cette huile d'onction 
me sera consacrée en vos géné- 
rations. 

32. Aucune chair d'homme n'en 
sera ointe, et tu n'en feras point 
d'autre selon sa composition, 
parce qu'elle a été sanctifiée, et 
elle sera sainte pour vous. 

33. Un homme quelconque qui 
en composera de pareille et qui 
en donnera à un étranger, sera 
exterminé du milieu de son peu- 
ple. 

34. Le Seigneur dit encore à 
Moise : Prends des aromates, du 
stacté, de l'onyx, du galbanum 
odoriférant et de l'encens le plus 
luisant, toutes ces choses seront 
de méme poids, 

39. Et tu feras un parfum à 
brüler composé selon l'art d'un 
parfumeur, mélé avec soin, pur 
et trés digne de sanctification. 

36. Et lorsqu'en les broyant tu 


sicles ou 3 kilo 1/2 de cinnamome, canne. « La canne odorante est un roseau connu 
par les botanistes sous le nom de calamus aromaticus, et le cinnamome est l'écorce 
du cinnamomum verum. » (E. RiwwEL). — Pour la myrrhe, voir aussi la note sur le 
Psaume xu, 8. 

24. * Cinq cents sicles ou 1 kilogrammes de casse, écorce du cinnamomum casia. 

34. * Du stacté, gomme odorante du síyraz officinalis. — De l’onyx. « La version 
la plus accréditée représente l'onyx comme la coquille d'un poisson habitant les 
marais de l'Inde et qui devait son odeur au nard dont il se nourrissait. Ce poisson 
se trouvait aussi dans la mer Rouge, dont les Hébreux le tiraient sans doute. L'écaille 
blanche et transparente qui le renfermait ressemblait à un ongle humain, ce qui lui 
fit donner le nom d'onyx. Onyx en grec signifie ongle. » (E. RiwwEL). — Du galbanum, 
résine tirée par incision de la ferula, arbuste qui croit en Syrie, en Arabie et en 
Abyssinie. — De l’encens, résine tirée d'un arbre de l'Arabie heureuse et de l'Inde, 
arbor thuris. — De l'encens le plus luisant. « L'encens est une gomme-résine obtenue 
par incision d'un térébinthacé nommé par les anciens TAurifera et par les modernes 
Boswellia Thurifera. Cet arbuste est originaire d'Arabie; c'était, du temps de Virgile, 
le pays de Saba qui fournissait le meilleur: India mittit ebur, molles sua thura Sabæi. 
L'Inde nous envoie l’ivoire et Saba ses encens. On distingue deux sortes d'encens: 
le meilleur, l'encens mále, est rond, blanc, onctueux, et s'enflamme facilement. 
L'encens femelle est mou, plus résineux et moins suave d'odeur. On les extrait tous 
deux en incisant l'écorce de l'arbre... L'encens brûlé seul produit une fumée âcre et 
peu agréable; aussi celui qu'emploie de nos jours le culte catholique est-il mélangé 
avec du benjoin. » (E. Rime.) 


170 


auras réduit toutes ces choses en 
une poudre tres fine, tu en met- 
tras devant le tabernacle de té- 
moignage, dans lequel lieu je 
t'apparaitrai. Ce sera pour vous 
un tres saint parfum à brüler. 

37. Vous ne ferez point de pa- 
reille composition pour votre 
usage, parce que c'est une chose 
sainte pour le Seigneur. 

38. Un homme quelconque qui 
en fera de semblable pour en res- 
pirer avec plaisir l'odeur, périra 
du milieu de ses peuples. 


CHAPITRE XXXI. 


Béséléel destiné de Dieu pour travailler 
au tabernacle. Lois touchant le sabbat. 
Les deux tables de la loi données à 
Moise. 

1. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

9. Voici, j'ai appelé nommé- 
ment Béséléel, fils d'Uri, fils de 
Hur de la tribu de Juda, 

3. Et je l'ai rempli de l'esprit de 
Dieu, de sagesse, d'intelligence 
et de science pour toute sorte 
d'ouvrage, 

4. Pour inventer tout ce qui 
peut se faire par l'art avec l'or, 
l'argent et l'airain, 

5. Avec du marbre, des pierres 
précieuses et divers bois. 

6. Et je lui ai donné pour com- 
pagnon Ooliab, fils d'Achisamech 
de la tribu de Dan. Et dans le 
cœur de tout ouvrier habile j'ai 


L'EXODE. 


fcu. xxxr.] 


mis de la sagesse, afin qu'ils fas- 
sent tout ce que je t'ai ordonné : 

7. Le tabernacle d'alliance, l'ar- 
che de témoignage, le propitia- 
toire qui est dessus, et tous les 
vases du tabernacle ; 

8. La table et ses vases, le chan- 
delier trés pur avec ses vases, et 
les autels du parfum à brüler, 

9. Et de lholocauste et tous 
leurs vases, le bassin avec sa 
base; 

10. Les vétements saints du 
ministere pour Aaron, le grand- 
prétre et ses fils, afin qu'ils s'ac- 
quittent de leur office dans les 
choses sacrées; 

11. L'huile de l'onetion, le par- 
fum à brüler composé d'aromates 
pour le sanctuaire : ainsi, ils fe- 
ront tout ce que je t'ai ordonné. 

19. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

13. Parle aux enfants d'Israël, 
et tu leur diras : Ayez soin de 
garder mon sabbat, parce qu'il 
est un signe entre moi et vous en 
vos générations, afin que vous 
sachiez que c'est moi, le Sei- 
gneur, qui vous sanctifie. 

44. Gardez mon sabbat, car il 
est saint pour vous : celui qui le 
profanera mourra de mort ; celui 
qui travaillera en ce jour-là, son 
àme périra du milieu de son peu- 
ple. 

15. Pendant six jours vous tra- 
vaillerez, au septieme jour c'est 


(βαρ. XXXI. 13. Supra, xx, 8; Ezéch., xx, 12. 


—————@— —— M ———— 


38. De ses peuples; c'est-à-dire de ses familles; car le mot du texte hébreu signifie 


l'un et l'autre. 


1. Comme on l'a déjà remarqué, les Hébreux exprimaient par le mot vase tout ce 
qui se rattache à une chose, tout ce qui sert à son usage, etc. 

13. * Mon sabbat, le repos du samedi et toutes les prescriptions concernant ce jour, 
consacré à honorer le repos de Dieu aprés la création. 


fcn. xxxm.] 
un sabbat, repos saint pour le 
Seigneur, quiconque travaillera 
en ce jour-là, mourra. 

16. Que les enfants d'Israél 
gardent le sabbat, et qu'ils le cé- 
lèbrenten leurs générations. C'est 
un pacte éternel 

47. Entre moi et les enfants 
d'Israél et un signe perpétuel; 
car c'est en six jours que le Sei- 
gneur a fait le ciel et la terre, 
et au septième il 8 cessé son 
œuvre. 

18.0Or, leSeigneur ayant achevé 
les discours de cette sorte sur la 
montagne de Sinaï, donna à Moïse 
les deux tables de pierre du té- 
moignage, écrites du doigt de 
Dieu. 


CHAPITRE XXXII. 


Le peuple adore le veau d'or. Moise 
brise les tables de la loi. Punition des 
Israélites. Moise prie pour eux. 


1. Gependant le peuple voyant 
le retard que mettait Moise à des- 
cendre de la montagne, et s'étant 
assemblé contre Aaron, dit: Leve- 
toi, fais-nous des dieux qui nous 
précedent; car pour Moise, cet 
homme qui nous a retirés de la 
terre d'Egypte, nous ignorons ce 
qui lui est arrivé. 

2. Et Aaron leur répondit : Otez 
les pendants d'or des oreilles de 
vos femmes, de vos fils et de vos 
filles, et apportez-les-moi. 

3. Et le peuple fit ce qu'il avait 


L’'EXODE. 171 


commandé, portant les pendants 
d'oreilles à Aaron. 

4. Lorsque celui-ci les eut re- 
cus, il les jeta en fonte, etil en fit 
un veau de fonte : alors ils dirent: 
Voici tes dieux, ὃ Israël, qui t'ont 
retiré de la terre d'Egypte. 

5. Ce qu'ayant vu Aaron, il bâ- 
lit un autel devant le veau, et il 
cria par la voix d'un héraut : 
Demain est une solennité du Sei- 
gneur. 

6. Et, se levant le matin, ils 
offrirent des holocaustes et des 
hosties pacifiques, et le peuple 
s'assit pour manger et pour boire, 
et ils se leverent pour jouer. 

Mais 16 Seigneur parla à‏ .ד 
Moïse, disant : Va, descends : il a‏ 
péché, ton peuple que tu as retiré‏ 
de la terre d'Egypte.‏ 

8. Ils se sont bientót écartés de 
la voie que tu leur as montrée : 
ils se sont fait un veau de fonte, 
et ils l'ont adoré; puis lui immo- 
lant des hosties, ils ont dit : Voici 
tes dieux, ὃ Israél, qui t'ont re- 
tiré de la terre d'Egypte. 

9. Et de nouveau le Seigneur 
dit à Moise : Je vois que ce peuple 
est d'un cou roide; 

10. Laisse-moi, afin que ma fu- 
reur s'irrite contre eux, et que je 
les extermine ; et je te ferai chef 
d'une grande nation. 

11. Mais Moise priaitle Seigneur 
son Dieu, disant : Pourquoi, Sei- 
gneur, votre fureur s'indigne-t- 


17. Genèse, 11, 2. — 18. Deut., 1x, 10. — (παρ. XXXII. 1. Actes, vir, 40. — 4. Ps. cv, 
19. — 6. I Cor., x, 7. — 7. Deut., 1x, 12. — 8. III Rois, xri, 28. — 9. Infra, xxxii, 3; 
Deut., 1x, 13. — 11. Nom., xiv, 13; Ps. cv, 23. 


4. * Un veau de fonte, souvenir de l'Egypte, où l'on adorait le bœuf Apis. — Voici 
les dieux. La vraie traduction est {on Dieu. Le veau d'or représentait le vrai Dieu, 
mais sous un symbole idolátrique et interdit. 

9. D'un cou roide, qui supporte difficilement le joug, indomptable. 


172 


elle contre votre peuple que vous 
avez retiré de la terre d'Egypte, 
avec une grande puissance, et 
une main forte? 

19. Que les Egyptiens, je vous 
prie, ne disent pas : C'est par ruse 
qu'il les a retirés, afin de les tuer 
sur les montagnes, et les exter- 
miner de la terre : que votre co- 
leres'apaiseet]laissez-vous fléchir 
sur la méchanceté de votre peu- 
ple. 

13. Souvenez-vous d'Abraham, 
d'Isaac et d'Israél vos serviteurs 
auxquels vous avez juré par 
vous-même, disant : Je multiplie- 
rai votre postérité comme les 
étoiles du ciel; et toute cette 
terre dont je vous ai parlé, je la 
donnerai à votre postérité, et 
vous la posséderez toujours. 

14. Et le Seigneur s'apaisa, et 
il ne fit pas à son peuple le mal 
qu'il avait dit. 

15. Ainsi, Moise retourna de la 
montagne, portant en sa main les 
deuxtables dutémoignage écrites 
des deux cótés, 

16. Et faites par l'euvre de 
Dieu ; l'écriture aussi, gravée sur 
les tables, était de Dieu. 

11. Or, Josué entendant le tu- 
multe du peuple qui vociférait, 
dit à Moise : On entend des cris 
de combat dans le camp. 

18. Moise répondit : Ce n'est 
point là le cri de ceux qui s'ex- 
hortent au combat, ni les voci- 
férations de ceux qui poussent 
leurs ennemis à la fuite; mais 
c'est la voix degens qui chantent, 
que moi j'entends. 

19. Et lorsqu'il se fut approché 
du camp, il vitle veau et les dan- 


13. Genèse, xm, 7; xv, 7; xLVIn, 16. 


L'EXODF. 


lcg. xxxi] 
ses; alors très irrité, il jeta les 
tables qu'il tenait à la main, et 
les rompit au pied de la monta- 
gne; 

20. Puis saisissant le veau qu'ils 
avaient fait, 1116 brüla, et le brisa 
jusqu’à le réduire en poudre, 
qu'il répandit dans l’eau, et il 
donna de cette poudre à boire 
aux enfants d'Israël. 

21. Il dit ensuite à Aaron : Que 
t'a fait ce peuple, pour que tu 
attirasses sur lui un très grand 
péché ? 

22. Aaron lui répondit : Que 
mon Seigneur ne soit pas indi- 
gné; car tu connais ce peuple; 
tu sais qu'il est porté au mal: 

23. Ils m'ont dit: Fais-nous des 
dieux qui nous précèdent, car 
pour ce Moise qui nous a retirés 
de la terre d'Egypte, nous ne sa- 
vons ce qui lui est arrivé. 

24. Moi, je leur ai dit : Qui de 
vous a de l'or? Ils l'ont apporté 
et me l'ont douné ; et je l'ai jeté 
dans le feu, et il en est sorti ce 
veau. 

95. Moïse voyant donc que le 
peuple avait été mis nu (car Aa- 
ron l'avait dépouillé pour une 
ignominie d'ordure, et l'avait mis 
nu au milieu de ses ennemis), 

96. Et se tenant à la porte du 
camp, dit : Si quelqu'un est au 
Seigneur, qu'il se joigne à moi. 
Et tous les enfants de Lévi se 
réunirent auprès de lui; 

27. Il leur dit : Voici ce que dit 
le Seigneur Dieu d’Israël : Que 
chaque homme mette un glaive 
sur sa cuisse : allez et revenez 
d'une porte àl'autreau travers du 
camp, et que chacun tue son 


[cu. χχχπι. 


frere, son ami, et celui qui lui est 
le plus proche. 

98. Et les fils de Lévi firent se- 
lon la parole de Moïse, etiltomba 
en ce jour-là environ vingt-trois 
mille hommes. 

29. Alors Moise dit : Vous avez 
consacré aujourd'hui vos mains 
au Seigneur, chacun sur son 
fils et sur son frère, afin que 
vous soit donnée une bénédic- 
tion. 

30. Mais le jour suivant arrivé, 
Moise parla au peuple, disant : 
Vous avez commis un trés grand 
péché; je monterai vers le Sei- 
gneur, pour voir si je pourrai en 
quelque manière détourner le 
chátiment de votre crime. 

31. Et étant retourné vers le 
Seigneur, il dit : Je vous conjure, 
ce peuple a commis un très grand 
péché, ils se sont fait des dieux 
d'or : ou remettez-leur cette 
faute, 

32. Ou, si vous ne le faites pas, 
effacez-moi de votre livre que 
vous avez écrit. 

33. Le Seigneur lui répondit : 
Celui qui aura péché contre moi, 
je l'effacerai de mon livre : 

94. Mais toi, va, et conduis ce 
peuple où je t'ai dit : mon ange te 
précédera. Pour moi, au jour de 
la vengeance, je visiterai ce péché 
qu'ils ont commis. 

39. Le Seigneur frappa donc le 


L'EXODE. 173 


peuple pour le crime du veau 
qu'avait fait Aaron. 


CHAPITRE XXXIII. 


Le peuple s'humilie et pleure son péché. 
Moise parle à Dieu face à face. Il le prie 
de lui montrer son visage. 


1. Le Seigneur parla ensuite à 
Moise, disant : Va, monte de ce 
lieu, toi et ton peuple que j'ai re- 
tiré de la terre d'Egypte, en la 
terre que j'ai jurée à Abraham, à 
Isaac et à Jacob, disant : C'est à 
ta postérité que je la donnerai; 

2. Et jenverrai pour ton pré- 
curseur, un ange, afin que je 
chasse le Chananéen, l'Amorrhé- 
en, l'Héthéen, le Phérézéen, l'Hé- 
véen et le Jébuséen, 

3. Et que tu entres dans une 
terreoü coulentdulait et du miel. 
Car je ne monterai pas avec toi, 
parce que tu es un peuple d'un 
cou roide; de peur que je ne te 
détruise dans le chemin. 

4. Or, le peuple entendant cette 
parole trés fácheuse, pleura, et 
nul ne se revétit, comme àl'ordi- 
naire, de sa parure. 

9. Ainsile Seigneur dit à Moise: 
Dis aux enfants d'Israël : Tu es 
un peuple d'un cou roide, je mon- 
terai une seule fois au milieu de 
toi, et jet'exterminerai. Des main- 
tenant, dépose tes ornements, 
afin que je sache ce que je te fe- 
rai. 


Cuap. XXXIII. 1. Genèse, xir, 7. — 2. Supra, xxxi, 34; Deut., vit, 22; Jos., xxiv, 11. 


— 3. Supra, xxxir, 9; Deut., 1x, 13. 


———————————————— — — . 


28. L'hébreu, le samaritain, les Septante, la paraphrase chaldaique, sans compter 
plusieurs pères et autres autorités, lisent seulement f£rois mille; et cette lecon parait 


la mieux fondée. 


32. Du livre, etc.; c'est-à-dire du livre, du nombre des vivants. Compar. Nombres, 
xi, 15. Suivant d'autres, du livre de vie de la prédestination. Saint Paul s'est servi 
d'une semblable expression. Voy. note sur Rom., ix, 3. 


3. D'un cou roide. Voy. note sur xxxi, 9. 


174 L'FXODE. 


6. Les enfants d'Israél dépose- 
rent donc leurs ornements dés la 
montagne d'Horeb. 

7. Moise aussi prenant le taber- 
nacle le dressa hors du camp au 
loin, et il l'appela du nom de Ta- 
bernacle d'alliance. Et tous ceux 
du peuple qui avaient quelque 
question, sortaient vers le taber- 
nacle d'alliance, hors du camp. 

8. Etlorsque Moise sortait vers 
le tabernacle, le peuple entier 
se levait, et se tenait chacun 
àla porte de son pavillon et re- 
gardait Moïse par derriere, jus- 
qu'à ce qu'il entrait dans le taber- 
nacle. 

9. Or, Moise entré dans le ta- 
bernacle d'alliance, la colonne de 
nuée descendait, et se tenait à la 
porte et le Seigneur parlait avec 
Moise, 

10. Tous voyant que la colonne 
de nuée se tenait à la porte du 
tabernacle. Et ils se tenaient eux- 
mêmes, et ils adoraient à la porte 
de leurs tentes. 

11. Or, le Seigneur parlait à 
Moïse face à face, comme a cou- 
tume de parler un homme à son 
ami. Et lorsque Moise retournait 
au camp, son serviteur Josué, 
jeune homme, fils de Nun, ne 
s'éloignait pas du tabernacle. 

19. Or, Moise dit au Seigneur : 
Vous m'ordonnez d'emmener ce 
peuple, et vous ne m'indiquez 
pas celui que vous devez envoyer 
avec moi, quoique cependant 
vous m'ayez dit: Je te connais 
nommément, et tu as trouvé 
grâce devant moi. 


19. Rom., 1x, 15. 


(cu. xxxui.] 


18. Si donc j'ai trouvé grâce en 
votre présence, montrez-moi 
votre visage, afin que je vous 
connaisse, et que je trouve grâce 
devant vos yeux : regardez votre 
peuple, cette nation. 

14. Et le Seigneur répondit : 
Ma face te précédera, et je te don- 
nerai le repos. 

15. Et Moise reprit : Si vous ne 
nous précédez vous-même, ne 
nous retirez pas de ce lieu. 

16. Car en quoi pourrons-nous 
savoir, moi et votre peuple, que 
nous avons trouvé grâce en votre 
présence, si vous ne marchez 
avec nous, afin que nous soyons 
elorifiés par tous les peuples qui 
habitent sur la terre? 

17. Or le Seigneur dit à 10186 : 
Cette parole méme que tu as 
dite, je l'accomplirai : car tu 
as trouvé grâce devant moi, et 
je te connais toi-même nommé- 
ment. 

18. Moise dit : Montrez-moi 
votre gloire. 

19. Le Seigneur répondit : Moi, 
je te montrerai toute sorte de 
biens, je prononcerai le nom du 
Seigneur devant toi, je ferai mi- 
séricorde à qui je voudrai, et je 
serai clément envers qui il me 
plaira. 

90. Et de nouveau il dit: Tu ne 
pourras voir ma face ; car l'hom- 
me ne saurait me voir et vivre. 

94. Et encore : Voici, dit-il, un 
lieu pres de moi, et tu te tiendras 
sur la pierre. 

92. Et lorsque passera ma 
gloire, je te placerai à l'ouverture 


6. * La montagne d'Horeb. Le mont Sinai. 


[cu. xxxiv.] 


de la pierre et je te couvrirai de 
ma droite, jusqu'à ce que je sois 
passé, 

93. J'ôterai alors ma main, et tu 
me verras par derrière ; mais ma 
face, tu ne la verras point. 


CHAPITRE XXXIV. 


Moise remonte sur la montagne. Dieu lui 
manifeste sa gloire et lui renouvelle 
les principales conditions de l'alliance 
faite avec son peuple. Moise descend, 
la téte environnée de rayons. 


1. Et ensuite : Taille-toi, dit-il, 
deux tables de pierre à l'instar 
des premieres, et j'écrirai des- 
sus les paroles que contenaient 
les tables que tu as rompues. 

2. Sois prét des le matin, pour 
monter aussitót sur la montagne 
de Sinai, et tu te tiendras avec 
moi sur le sommet de la monta- 
gne. 

9. Que nul ne monte avec toi, 
et que personne ne soit vu sur 
toute la montagne; que les bœufs 
méme et les brebis ne paissent 
point contre. 

4. 11 tailla donc deux tables de 
pierre, comme celles qui avaient 
été auparavant; et se levant de 
nuit, il monta sur la montagne 
de Sinaï, comme lui avait ordonné 
le Seigneur, portant avec lui les 
tables. 

9. Et lorsque le Seigneur fut 
descendu dans la nuée, Moise se 
tint avec lui, invoquant le nom 
du Seigneur. 

6. EtleSeigneur passant devant 
lui, Moise dit : Dominateur, Sei- 


UEXODE. 


175 


gneur Dieu, miséricordieux et 
clément, patient et d'une abon- 
dante miséricorde, et tres véri- 
table, 

7. Qui gardez votre miséricorde 
pour des milliers de créatures; 
qui effacez l’iniquité, les crimes 
et les péchés, et nul auprès de 
vous n'est innocent par lui- 
méme; qui rendez l'iniquité des 
peres aux fils et aux petits-fils, 
jusqu'à la troisieme et la qua- 
trième génération. 

8. Et aussitót Moise se pros- 
terna incliné vers la terre, et ado- 
rant, 

9. Dit : Si j'ai trouvé grâce en 
votre présence, Seigneur, je vous 
conjure de marcher avec nous 
(car ce peuple est d'un cou roide), 
d'effacer nos iniquités et nos pé- 
chés, et de nous prendre en pos- 
session. 

10. Le Seigneur répondit : Moi, 
je ferai alliance, tous le voyant, 
je ferai des signes, qui n'ont ja- 
mais été vus sur la terre, ni dans 
aucune nation, afin qu'il voie, ce 
peuple au milieu duquel tu es, 
l'œuvre terrible du Seigneur que 
je dois faire. 

11. Observe tout ce qu'aujour- 
d'hui je te commande ; moi-mé- 
me, je chasserai devant ta face 
l'Amorrhéen, le Chananéen, l'Hé 
théen, le Phérézéen aussi, l'Hé- 
véen et le Jébuséen. 

12. Prends garde de ne jamais 
lier des amitiés avec les habi- 
tants de cette terre, lesquelles 
soient pour toi une ruine ; 


Cap. XXXIV. 1. Deut., x, 1. — 7. Deut., v, 10; Jér., xxxi, 18; Ps. ex, ;ל‎ Deut., 
v, 9; Jér., ואאא‎ 18. — 10. Deut., v, 2; Jér., xxxr, 40. 


————— 


1. Qui rendez l’iniquilé, etc. Voy. xx, 5. 


176 L'EXODE. 


13. Mais détruis leurs autels, 
brise leurs statues et coupe leurs 
bois sacrés. 

14. N'adore point de dieu étran- 
ger. Le Seigneur, son nom est : 
jaloux ; Dieu est jaloux. 

15. Ne fais point d'alliance avec 
les hommes de ces pays-là, de 
peur que lorsqu'ils auront forni- 
qué avec leurs dieux, et qu'ils 
auront adoré leurs simulacres, 
quelqu'un ne t'invite à manger 
des victimes immolées. 

16. Tu ne prendras point de 
femmes d'entre leurs filles pour 
tes fils, de peur qu'apreés qu'elles- 
mémes auront forniqué, elles ne 
fassent forniquer aussi tes fils 
avec leurs dieux. 

11. Tu ne feras point de dieux 
jetés en fonte. 

18. Tu garderas la solennité des 
azymes. Pendant sept jours tu 
mangeras des azymes, comme je 
t'ai ordonné, au temps du mois 
des nouveaux fruits; car c'est au 
mois du printemps que tu es sorti 
de l'Egypte. 

19. Tout mále qui ouvre un 
sein, sera à moi. Le premier-né 
d'entre tous les animaux, tant 
des bœufs que des brebis, sera à 
moi. 

20. Tu rachèteras le premier-né 


[cu. xxxiv.) 


de l'àne avec une brebis ; mais si 
tu ne donnes pas de rancon pour 
lui, il sera tué. Tu rachèteras le 
premier-né de tes fils; et tu ne 
paraitras point devant moi les 
mains vides. 

91. Pendant six jours tu tra- 
vailleras; au septième jour, tu 
cesseras de labourer et de mois- 
sonner. 

22. Tu feras la solennité des 
semaines, à l'époque des prémi- 
ces des fruits de ta moisson de 
froment, et 18 solennité de la ré- 
colte, quand, le temps de l'année 
revenant, tout se serre. 

23. A trois époques de l'année 
tous tes mâles paraitront en la 
présence du tout-puissant Sei- 
gneur Dieu d'Israél. 

24. Car lorsque j'aurai enlevé 
les nations de devant ta face, et 
que j'aurai étendu tes limites, 
nul ne cherchera à surprendre ta 
terre, toi montant, et paraissant 
en la présence du Seigneur ton 
Dieu trois fois l'année. 

95. Tu ne sacrifieras point sur 
du levain le sang de mon hostie, 
et il ne restera pas le matin de la 
victime de la solennité de la Pà- 
que. 

26. Tu offrirasles prémices des 
fruits de ta terre dans la maison 


15. Supra, xxr, 32; Deut., vir, 2. — 16. 111 Rois, xr, 2; Deut., vu, 3. — 19. Supra, 
xim, 2, 12; xxm, 29. — 22. Supra, xxu, 15. — 23. Supra, xxu, 11; Deut., xvi, 16. — 
25. Supra, xxur, 18, 19. — 26. Supra, ,אא‎ 19; Deut., xiv, 21. 


13. * Coupe leurs bois sacrés. Les lieux où l'on rendait un culte idolátrique à Baal 
et à Astaroth étaient souvent entourés de bosquets sacrés oü se commettaient des 
infamies en l'honneur des idoles. Voir la note sur IV Rois, xxi, 1. 

18. Au mois du printemps; pour: Au mois où commence le printemps. — * La so- 
lennité des azymes, Pâques. 

22. La solennité des semaines était appelée ainsi, parce qu'elle devait se célébrer 
après une semaine de semaines, c'est-à-dire sept semaines après Pâques, Lévit., xxur, 
15, 16. — Le temps de l'année revenant; c'est-à-dire au moment oü l'année va recom- 
mencer, ou bien à la fin de l'année, comme on lit, xxiu, 16. — * La solennilé des 
semaines, la Pentecôte. 


[cH. xxxv.] 
du Seigneurton Dieu. Tu ne feras 
point cuire un chevreau dans le 
lait de sa mere. 

97. Le Seigneur dit encore à 

Moise : Ecris pour toi ces paroles 
par lesquelles j'ai fait alliance et 
avec toi et avec Israël. 
' 98. Il fut donc là avec le Sei- 
gneur quarante jours et quarante 
nuits : il ne mangea point de 
pain et il ne but point d'eau, et il 
écrivit sur les tables les dix pa- 
roles de l'alliance. 

29. Et lorsque Moise descendait 
de la montagne de Sinai, il tenait 
les deux tables du témoignage, 
et il ignorait que sa face était 
rayonnante de lumiere, depuis 
l'entretien du Seigneur avec lui. 

30. Or Aaron et les enfants d'Is- 
raél, voyant la face de Moise 
rayonnante, craignirent de s'ap- 
procher. 

31. Mais appelés par lui, ils re- 
vinrent, tant Aaron que les prin- 
ces de la synagogue. Et apres 
qu'il leur eut parlé, 

32. Vinrent aussi vers lui tous 
lesenfants d'Israél, auxquelsilor- 
donna toutes les choses qu'il avait 
entendues du Seigneur sur la 
montagne de Sinai. 

33. Et, ces discours achevés, il 
mit un voile sur sa face. 

34. Entré auprès du Seigneur, 
et parlant avec lui, il ótait ce 
voile jusqu'à ce qu'il en sortit, et 
c'est alors qu'il disait aux enfants 
d'Israél toutes les choses qui lui 
avaient été commandées. 

35. Ceux-ci voyaient que la face 


L'EXODE. 117 


de Moise rayonnait, lorsqu'il sor- 
tait, mais lui la voilait de nou- 
veau, s'il avait à leur parler. 


CHAPITRE XXXV. 


Moise déclare au peuple les ordonnances 
du Seigneur. Le peuple apporte ses 
offrandes. Béséléel et Ooliab sont nom- 
més pour travailler au tabernacle. 


1. Ainsi, toute la multitude des 
enfants d'Israél assemblée, il 
leur dit : Voici ce que le Seigneur 
a commandé que l'on fasse. 

2. Pendant six jours, vous tra- 
vaillerez, le septième jour vous 
sera saint, étant le sabbat et le 
repos du Seigneur; celui qui tra- 
vaillera en ce jour-là sera mis à 
mort. 

3. Vous n'allumerez de feu dans 
aucune de vos demeures au jour 
du sabbat. 

4. Moise dit encore à toute l'as- 
semblée des enfants d'Israël : 
Voici la parole qu'a ordonnée le 
Seigneur, disant : 

9. Mettez à part chez vous des 
prémices pour le Seigneur. Que 
chacun offre volontairement et 
porte de cœur au Seigneur, de 
l'or, de l'argent et de l'airain ; 

6. De l'hyacinthe, et de la pour- 
pre, de l'écarlate deux fois teinte, 
du fin lin, des poils de chevre ; 

1. Des peaux de béliers teintes 
en rouge, et des peaux violettes, 
des bois de sétim ; 

8. Del'huile pour entretenir les 
luminaires, et pour composer le 
parfum à oindre et le parfum à 
brüler d'une odeur trés suave; 


28. Supra, xxiv, 18; Deut., 1x, 9, 18; Deut., 1v, 13. — 33. II Cor., ur, 13. — 


CnaP. XXXV. 5. Supra, xxv, 2. 


T. * Des peaux violetles, des peaux de dugong. Voir plus haut, xxv, 5. 


A. 1. 


12 


418 


9. Des pierres d'onyx et des 
pierres précieuses pour l'orne- 
ment de l'éphod et du rational. 

10. Quiconque de vous estintel- 
ligent, qu'il vienne, et qu'il fasse 
ce que le Seigneur a commandé : 

11. C'est-à-dire, le tabernacle, 
son toit, et la couverture, les an- 
neaux, les ais avec les leviers, les 
pieux et les soubassements, 

19. L'arche et les leviers, le 
propitiatoire et le voile qui est 
suspendu devant lui ; 

13. La table avecles leviers, les 
vases et les pains de proposition; 

14. Le chandelier pour soutenir 
les luminaires, ses vases et les 
lampes et l'huile pour l'entretien 
des lumières; 

18. L’autel du parfum à brûler 
et les leviers, l'huile de l'onction 
etle parfum à brüler, composé 
d'aromates ; le voile à la porte du 
tabernacle ; 

16. L'autel de l'holocauste, et 
sa grille d'airain avec ses leviers 
et ses vases ; le bassin et sa base; 

11. Les rideaux du parvis avec 
les colonnes et leurs soubasse- 
ments; le voile à la porte du ves- 
tibule ; 

18. Les pieux du tabernacle et 
du parvis avec leurs cordages; 

19. Les vêtements, dont l'usage 
est pour le service du sancluaire, 
les ornements d'Aaron, le pontife, 
et ceux de ses fils, afin qu'ils 
exercent les fonctions du sacer- 
doce pour moi. 

20. Alors toute la multitude des 
enfants d'Israël étant sortie de la 
présence de Moise, 


L'EXODE. 


(cg. xxxv.] 


21. Ils offrirent d'un cœur très 
empressé et dévoué les prémices 
au Seigneur, pour faire l'ouvrage 
du tabernacle de témoignage. 
Pour tout ce qui était nécessaire 
au culte et aux vétements saints, 

92. Les hommes avec les fem- 
mes donnerent des bracelets, des 
pendants d'oreilles, des anneaux 
et des ornements de la main 
droite : tout vase d'or fut mis à 
part comme offrandes au Sei- 
gneur. 

23. Si quelqu'un avait de l'hya- 
cinthe, delapourpre, de l'écarlate 
deux fois teinte, du fin lin, des 
poils de chèvre, des peaux de bé- 
liers teintes en rouge et des 
peaux violettes, 

24. Des métaux d'argent οἱ 
d'airain, il les offrit au Seigneur, 
ainsi que des bois de sétim, pour 
les divers usages. 

25. Or les femmes habiles aussi 
donnèrent ce qu'elles avaient filé, 
l'hyacinthe,la pourpre, l'écarlate, 
le fin lin, 

26. Et les poils de chèvre, ac- 
cordant toutes ces choses de leur 
propre mouvement. 

27. Mais les princes offrirent les 
pierres d'onyx, les pierres pré- 
cieuses pourl'éphod etle rational, 

28. Les aromates et l'huile pour 
entretenir les luminaires et pour 
préparer le parfum à oindre, et 
composer le parfum à brüler 
d'une odeur trés suave. 

29. Tous les hommes et toutes 
les femmes offrirent leurs pré- 
sents d'un cœur dévoué, afin que 
fussent faits tous les ouvrages 


13. Les pains de proposition. Voy. xxv, 30. 
23. * Des peaux violettes, des peaux de dugong. Voir plus haut, xxv, =. 


29. Par l'entremise de Moïse. Voy. 1x, 35. 


[cu. xxxvi.] 
quele Seigneur avait commandés 
par l'entremise de Moise. Ainsi 
tous les enfants d'Israél dédierent 
des offrandes volontaires au Sei- 
gneur. 

30. Alors Moise dit aux enfants 
d'Israël : Voilà que le Seigneur a 
appelé nommément Béséléel, fils 
d'Uri, fils de Hur, de la tribu de 
Juda; 

31. Et il l'a rempli de l'esprit de 
Dieu, de sagesse, d'intelligence, 
de science et de toute connais- 
sance, 

32. Pourinventeret faire un tra- 
vail en or, en argent et en airain, 

33. Ainsi qu'en gravure de 
pierres et en ouvrage de menui- 
serie. Tout ce qui peut étre trou- 
vé par l'art, 

34. Il l'a mis en son cœur. 77 a 
appelé aussi Ooliab, fils d'Achisa- 
mech, de la tribu de Dan. 

35. IL les a doués tous les deux 
de sagesse, afin qu'ils exécutent 
des ouvrages de menuisier, de 
tisseur en diverses couleurs, de 
brodeur d'hyacinthe, de pourpre, 
d'écarlate deux fois teinte et de 
fin lin; qu'ils fassent de tous les 
üissus et qu'ils en trouvent des 
nouveaux de toutes sortes. 


CHAPITRE XXXVI. 


Moise fait travailler aux ouvrages que le 
Seigneur avait ordonnés. Construction 
du tabernacle. 


1. Béséléel donc et Ooliab et 
tous les hommes sages auxquels 


leSeigneur avait donné la sagesse 
et l'intelligence, pour qu'ils sus- 


L'EXODE. 119 


sent exécuter habilement, firent 
ce qui était nécessaire aux usa- 
ges du sanctuaire, et ce qu'avait 
ordonné le Seigneur. 

2. Car lorsque Moise les eut ap- 
pelés avec tous les hommes ha- 
biles auxquels ie Seigneur avait 
douné la sagesse et qui de leur 
propre mouvement s'étaient of- 
ferts pour faire l'ouvrage, 

3. Il leur livra tous les dons des 
enfants d'fsraël. Pendant qu'ils 
s'appliquaient avec ardeur à i'ou- 
vrage, chaque jour au matin le 
peuple offrait des présents votifs. 

4. C'est pourquoi les ouvriers 
forcés de venir, 

9. Dirent à Moise : Le peuple 
offre plus qu'il n'est nécessaire. 

6. Moïse commanda donc qu'il 
fût publié par la voix du hérault: 
Que ni homme ni femme n'offre 
plus rien pour l'ouvrage du sanc- 
tuaire. Et ainsi on cessa d'offrir 
des présents, 

7. Parce que ceux qui avaient 
été offerts suffisaient et surabon- 
daient. 

8. Et tous les sages de cœur 
pour accomplir l'ouvrage du ta- 
bernacle, dix rideaux de fin lin 
retors, d'hyacinthe, de pourpre, 
d'écarlate deux fois teinte, d'un 
travail varié, et selon l'art de la 
tissure en diverses couleurs. 

9. Un des rideaux avait en lon- 
gueur vingt-huit coudées, et en 
largeur quatre; il y avait une 
seule mesure pour tous les ri- 
deaux. 

10. Il joignit cinq rideaux l'un 


30. Supra, xxxi, 2. — (παρ. XXXVI. 1. Supra, xxvi, 1. — 2. I Par., xxi, 29. 
——Á——À———————— — ν΄ ὃ à 


10. 1/ joignit, etc. C'est Béséléel, nommé au vers. 1, qui est le sujet de ce verbe et 


des suivants. 


180 


à l’autre, et il attacha les cinq 
autres ensemble. 

11. Il fit aussi des lacs d'hya- 
cinthe au bord d'un rideau des 
deux cótés, et pareillement au 
bord d'un autre rideau, 

19. Afin que les laes vinssent 
l’un contre l'autre, et qu'ils se 
joignissent ensemble. 

13. C'est pourquoi il fondit aussi 
cinquante anneaux d'or qui de- 
valent attacher les lacs des ri- 
deaux, afin qu'il se fit un seul ta- 
bernacle. 

14. Il fit encore onze couvertu- 
res de poils de chevre pour cou- 
vrir le toit du tabernacle. 

15. Une couverture avait en 
longueur trente coudées, et en 
largeur, quatre coudées : toutes 
les couvertures étaient d'une 
seule mesure. 

16. Il en joignit cinq à part et 
les six autres séparément; 

11. Et il fit cinquante lacs au 
bord d'une couverture et cin- 
quante au bord d'une autre cou- 
verture, afin qu'elles fussent 
jointes ensemble ; 

18. Et de plus cinquante bou- 
cles d'airain par lesquelles devait 
étre attaché le toit, afin que de 
toutes les couvertures, il se fit 
une seule couverture. 

19. 11 fit encore une couverture 
du tabernacle, de peaux de bé- 
liers, teintes en rouge, et par- 
dessus une autre couverture de 
peaux violettes. 

20. Il fit aussi de bois de sétim 
les ais du tabernacle, qui se te- 
naient debout. 

21. La longueur d'un ais était 


L'EXODE. 


[cH. xxxvi.] 


de dix 601106068 ; et la largeur te- 
nait une coudée et demie. 

99. ll y avait deux emboite- 
ments à chaque ais, afin que l'un 
fût joint à l'autre. Ainsi fit-il pour 
tous les ais du tabernacle. 

23. De ces ais vingt étaient du 
cóté méridional contre le vent du 
midi, 

24. Avec quarante soubasse- 
ments d'argent. Deux soubasse- 
ments étaient posés sous un seul 
ais des deux côtés des angles, où 
lemboitement des côtés se ter- 
mine dans les angles. 

25. Et aussi pour le côté du ta- 
bernacle, qui regarde l'aquilon, 
il fit vingt ais, 

20. Avec quarante soubasse- 
ments d'argent, deux soubasse- 
ments pour chaque ais. 

27. Mais contre l'oceident, c'est- 
à-dire, vers cette partie du taber- 
nacle qui regarde la mer, il fit 
six ais, 

28. Et deux autres à chaque 
angle du tabernacle, par derrière; 

29. Lesquels étaient joints de- 
puis le bas jusqu'au haut, et for- 
maient un seul assemblage. Ainsi 
fit-il des deux côtés pour chaque 
angle; 

30. De maniere à ce que huitais 
fussent ensemble, et qu'ils eus- 
sent seize soubassements d'ar- 
gent; c'est-à-dire, deux soubasse- 
ments sous chaque ais. 

31. Il fit encore des leviers de 
bois de sétim, cinq pour mainte- 
nir les ais d'un cóté du taberna- 
cle, 

32. Et cinq autres pour assu- 
jettir les ais de l'autre cóté; et 


19. * De peaux violettes, de peaux de dugong. Voir xxv, ὃ. 


(cu. Χχχυπ. 
outre ceux-là, cinq autres leviers 
au cóté occidental du tabernacle 
contre la mer. 

33. Il fit aussi un autre levier 
qui passait par le milieu des ais 
depuis un angle jusqu'à l'autre 
angle. 

34. Mais les cloisons elles-mé- 
mes des ais, il les dora, leurs 
soubassements d'argent ayant été 
fondus. Et il fit leurs cercles d'or, 
par lesquels les leviers pussent 
passer, et qu'il couvrit aussi de 
lames d'or. 

35. 11 fit de plus le voile d'hya- 
cinthe et de pourpre, d'écarlate 
et de fin lin retors, d'un ouvrage 
de tisseur en diverses couleurs, 
varié et parsemé, 

36. Et quatre colonnes de bois 
de sétim, lesquelles il dora avec 
leurs chapiteaux, leurs soubasse- 
ments d'argent ayant été fondus. 

37. Il fit encore à l'entrée du 
tabernacle un voile d'hyacinthe, 
de pourpre, d'écarlate, de fin lin 
retors, en ouvrage de brodeur, 

38. Et cinq colonnes avec leurs 
chapiteaux, lesquelles il couvrit 
d'or, et il fondit leurs bases d'ai- 
rain. 


CHAPITRE XXXVII. 


Béséléel fait l'arche, la table des pains 
de proposition, le chandelier, l'autel 
du parfum, et compose le parfum lui- 
méme. 


1. Or Béséléel fit aussi l'arche 
de bois de sétim, ayant deux cou- 
dées et demie en longueur, et 
une coudée et demie en largeur; 
la hauteur aussi était d'une cou- 


L’EXODE. 481 


dée et demie ; etil la revétit d'un 
or trés pur au dedans et au de- 
hors. 

2. Et il y fit une couronne d'or 
tout autour, 

3. Jetant en fonte quatre an- 
neaux d'or pour les quatre coins 
de l'arche, deux àun cóté et deux 
à l'autre. 

4. Il fit aussi desleviers de bois 
de sétim, qu'il revétit d'or, 

9. Et qu'il passa dans les an- 
neaux qui étaient aux cótés de 
l'arche pour la porter. 

6. ll fit encore un propitiatoire, 
c'est-à-dire un oracle, d'or très 
pur, de deux coudées et demie 
en longueur, et d'une coudée et 
demie en largeur; 

1. Et aussi deux chérubins d'un 
or ductile, qu'il posa des deux 
côtés du propitiatoire : 

8. Un chérubin à la sommité 
d'un cóté, et l'autre chérubin à la 
sommité de l'autre cóté : chacun 
des deux chérubins à chacune 
des sommités du propitiatoire, 

9. Etendant leurs ailes et cou- 
vrant le propitiatoire, et se re- 
gardant l'un l'autre, et le propi- 
tiatoire. 

10. Il fit de plusla table de bois 
de sétim, qui avait en longueur 
deux coudées, en largeur une 
coudée, eten hauteur une coudée 
et demie. 

11. Et il la revétit d'un or tres 
pur, et il y fit une bordure d'or 
tout autour; 

19. Et à la bordure elle-méme, 
une couronne d'or de sculpture 
à jour de quatre doigts, et au- 


1. * Béséléel fit l'arche. Voir à la fin du volume la note 11 sur l'arche d'alliance. 


6. Un propitialoire, etc. Voy. xxv, 11. — 


lisent pas dans le texte original. 


* C'esl-à-dire un oracle. Ces mots ne se 


482 L'EXODE. 


dessus de celle-ci une autre cou- 
ronne d'or. 

13. Il fondit aussi quatre an- 
neaux d'or qu'il posa aux quatre 
côtés, un à chaque pied de la ta- 
ble, 

14. Contre la couronne; et il y 
passa les leviers, afin que la ta- 
ble pût être portée. 

15. 11 fit aussi les leviers eux- 
mêmes de bois de sétim, et il les 
revêtit d’or; 

10. Et de plus les vases d’un or 
pur pour les divers usages de la 
table, les plats, les patères, les 
encensoirs et les tasses dans les- 
quelles doivent être offertes les 
libations. 

17. Il fit encore le chandelier 
ductile d'un or trés pur. De sa 
lige sortaient les branches, les 
coupes, les pommes et les lis : 

18. Six branches sortaient aux 
deux cótés, trois d'un cóté, et 
trois de l'autre. 

19. Il y avait trois coupes en 
forme de noix à une branche, 
ainsi que des pommes et des lis, 
et trois coupes en forme de noix 
àuneautre branche, ainsi que des 
pommes et des lis. C'était le 
méme travail pour les six bran- 
ches qui sortaient de la tige du 
chandelier. 

20. Mais à la tige elle-méme 
étaient quatre coupes en forme 
de noix, et des pommes à cha- 
cune, ainsi que des lis, 

21. Et des pommes en trois en- 
droits sous les deux branches, 
qui font ensemble six branches 
sortant d'une seule tige. 


Cap. XXXVIII. 1. II Par., 1, 5. 


[cH. xxx VIN.) 


29. Ainsi, et les pommes et les 
branches sortaient du chandelier 
lui-méme, toutes ductiles d'un 
or trés pur. 

23. Il fit aussi d'un or tres pur 
les sept lampes, avec leurs mou- 
chettes, et les vases oü doivent 
s'éteindre les lumignons, 

24. Le chandelier avec tous ses 
vases pesait un talent d'or. 

25. Il fit encore l'autel du par- 
fum à brüler de bois de sétim, 
lequel avait en carré une coudée, 
et en hauteur deux : de ses an- 
gles sortaient les cornes. 

26. Et il le revétit d'un or tres 
pur, avec la grille, les parois et 
les cornes. 

27. ἘΠῚ y fit une couronne tout 
autour, et deux anneaux d'or 
sous la couronne à chaque côté, 
pour qu'on y passát des leviers, 
et que l'autel pût être porté. 

98. Mais les leviers eux-mêmes, 
il les fit de bois de sétim, et les 
couvrit de lames d'or. 

29. 11 60 0088ב‎ aussi l'huile pour 
les onetions de consécration et le 
parfum à brüler, composé d'aro- 
mates très purs, selon l'art d'un 
parfumeur. 


CHAPITRE XXXVIII. 


Construction de l'autel. des holocaustes, 
du bassin d'airain, du parvis. Quantité 
de l'or, de l'argent et de l'airain qui 
furent employés à la construction du 
tabernacle. 


1. Il fit encore l'autel de l’holo- 
causte de bois de sétim, de cinq 
coudées en carré, et de trois en 
hauteur. 


11. Chandelier ductile, pour d'un or ductile. Voy. vers. 1 et xxv, 31. 


[cu, xxxvim.] 


9. Les cornes de lautel sor- 
taient des quatre angles, et il le 
couvrit de lames d'airain. 

3. Et pour les usages de l'autel 
il prépara les divers vases d'ai- 
rain, les chaudières, les pincettes, 
les fourchettes, les crocs et les 
brasiers. 

4. Il fit aussi la grille de l'autel 
d'airain, en forme de rets, et au- 
dessous, le foyer au milieu de 
l'autel, 

5. Quatre anneaux ayant été je- 
tés en fonte pour les quatre som- 
mités de la grille, afin d'y passer 
les leviers pour porter l’autel. 

6. Il fit ces leviers eux-mêmes 
de bois de sétim, et il les couvrit 
de lames d'airain, 

7. Et il les passa dans les an- 
neaux qui saillaient sur les cótés 
de l'autel. Mais l'autel lui-méme 
n'était pas massif, mais creux, 
composé d'ais et vide au dedans. 

8. Ii fit de plus le bassin d'ai- 
rain avec sa base, des miroirs des 
femmes qui veillaient à la porte 
du tabernacle. 

9. Il fit encore le parvis, au cóté 
austral duquel étaient les rideaux 
de fin lin retors, de cent coudées. 

10. Vingt colonnes d'airain avec 
leurs soubassements; les chapi- 
teaux des colonnes et tous les 
ornements du travail étaient d'ar- 
gent. 

11. Egalement du côté septen- 
trional les colonnes, les soubas- 
sements et les chapiteaux des co- 
lonnes étaient de la méme me- 
sure, du méme travail et du 
méme métal. 


7. Supra, xxvii, 8. 


L'EXODE. 


183 


19. Mais au cóté qui regarde 
l'occident, les rideaux étaient de 
cinquante coudées, les dix colon- 
nes avec leurs soubassements 
étaient d'airain, et les chapiteaux 
descolonnesettouslesornements 
de ce travail, d'argent. 

13. Or, contre l'orientil disposa 
des rideaux decinquante coudées, 

14. Sur lesquelles un cóté ayant 
trois colonnes avec ses soubasse- 
ments prenait quinze coudées, 

15. Etl'autre cóté (puisque c'est 
entrel'unetl'autre 41} 1 entrée 
du tabernacle) prenait également 
quinze coudées par les rideaux, 
par trois colonnes et autant de 
soubassements. 

16. Tous les rideaux du parvis 
avaient été tissus de fin lin retors. 

11. Les soubassements des co- 
lonnes étaient d'airain, et leurs 
chapiteaux avec tous leurs orne- 
ments, d'argent; mais les colon- 
nes elles-mémes du parvis, il les 
revétit d'argent. 

18. Et à l'entrée du parvis, il fit 
en ouvrage de brodeur un rideau 
d'hyacinthe, de pourpre, d'écar- 
late et definliuretors lequel avait 
vingt coudées en longueur; mais 
la hauteur était de cinq coudées, 
selon la mesure que tous les ri- 
deaux du parvis avaient. 

19. Mais il y avait quatre co- 
lonnes à l'entrée avec leurs sou- 
bassements d'airain ; et leurs cha- 
piteaux etleursornements étaient 
d'argent. 

20. Il fit aussi autour du taber- 
nacle et du parvis les pieux d'ai- 
rain. 


4. Le foyer, etc. Compar. xxvi, 5. 


A1. Etaient de la méme mesure, etc , que les précédents. 


184 L'EXODE. 


91. Telles sontles parties du ta- 
bernacle du témoignage, qui fu- 
rent énumérées par lordre de 
Moise pour les cérémonies des 
Lévites par l'entremise d'Ithamar 
fils d'Aaron, le prétre, 

29. Et que Béséléel, fils d'Uri, 
fils de Hur, de la tribu de Juda, 
le Seigneur l'ordonnant par Moïse 
avait achevé, 

93. Après s'étre adjoint Ooliab, 
fils d'Achisamech de la tribu de 
Dan, qui était aussi lui-méme 
ouvrier habile en bois, tisseur en 
diverses couleurs, et brodeur en 
hyacinthe, en pourpre, en écar- 
late et en fin lin. 

94. Tout l'or qui fut dépensé 
pour le travail du sanctuaire et 
qui fut offert en dons, fut de vingt- 
neuf talents et de sept cent 
trente sicles, selon la mesure du 
sanctuaire. 

95. Orcesoffrandes furentfaites 
par ceux qui entrerent dans le 
dénombrement, depuis vingt ans 
et au-dessus, au nombre de six 
cent trois mille et cinq cent cin- 
quante portant les armes. 

96. Il y eut de plus cent talents 
d'argent, dont furent fondus les 
soubassements du sanctuaire et 
l'entréeoüle voileétaitsuspendu. 

97. Cent soubassements furent 
faits avec cent talents, uu talent 
supputé pour chaque soubasse- 
ment. 

98. Mais avec les mille sept 
cent et soixante-quinze 820708 il 


(παρ. XXXIX. 1. Supra, xxvii, 6. 


[cH. xxxix.) 


fit les chapiteaux des colonnes, 
qu'il revétit aussi d'argent. 

29. On offrit encore deux mille 
et soixante-dix talents d'airain, 
et de plus quatre cents sicles, 

30. Dont furent fondus les sou- 
bassements à l'entrée du taber- 
nacle de témoignage, l'autel d'ai- 
rain avec sa grille, tous les vases 
qui appartiennent à son usage, 

91. Les soubassements du par- 
vis, tant autour qu'à son entrée, 
et les pieux du tabernacle et du 
parvis tout autour. 


CHAPITRE XXXIX. 


Béséléel travaille aux habits pontificaux. 
Dénombrement des ouvrages faits pour 
le culte divin. 


1. Or Béséléel fit aussi d'hya- 
cinthe, de pourpre, et d'écarlate 
et de lin fin, les vétements dont 
devait étre revétu Aaron, quand 
il servait dans les lieux saints, 
comme avait ordonné le Seigneur 
à Moise. 

2. T1 fit donc l'éphod d'or, d'hya 
cinthe, de pourpre, d’écarlate 
deux fois teinte, et de fin lin re- 
tors, 

3. D'un ouvrage de tisseur en 
diverses couleurs, et il tailla des 
feuilles d'or, etles réduisit en fils, 
pour qu'elles pussent étre retor- 
dues dans le tissu des couleurs 
précédentes. 

4. 11 fit de plus les deux bords 
de l'éphod joints l'un à l'autre 
aux deux cótés des sommités, 


a ——— A —— M —— MMÓ——————— P — 


24. * Le talent d'or valait plus de 130,000 francs; le sicle d'or, environ 43 franes, 
du moins dans les derniers temps de l'histoire juive. 
26. Les soubassements des colonnes du sancluaire. — * Le talent d'argent valait 


8,500 francs. 
2. * L'éphod, Voir plus haut, xxvi, 4. 


xxxix.]‏ .אס] 

5. Et la ceinture des mêmes 
couleurs, comme avait ordonné 
le Seigneur à Moise. 

6. IL prépara aussi les deux 
pierres d'onyx, attachées et en- 
chássées dans de l'or et portant 
les noms des enfants d'Israél gra- 
vés selon l'art d'un lapidaire; 

7. Puis il les placa aux côtés de 
l'éphod, en souvenir des fils d'Is- 
raél, comme avait ordonné le 
Seigneur à Moise. 

8. Il fit encore le rational, d'un 
ouvrage de tisseur en diverses 
couleurs, selon le travail de l'é- 
phod, d'or, d'hyacinthe, de pour- 
pre, d'écarlate deux fois teinte, 
et de fin lin retors. 

9. Il le fit carré, double, de la 
mesure d'une palme. 

10. Et il posa quatre rangs de 
pierres précieuses. À la premiere 
rangée il y avait une sardoine, 
une topaze, une émeraude; 

11. A la seconde, une escar- 
boucle, un saphir et un jaspe; 

19. A la troisième, un ligure, 
une agate et une améthyste; 

13. A la quatrième, un chryso- 
lithe, un onyx et un béryl, apres 
les avoir environnés d'or et les y 
avoir enchássés, selon leurs 
rangs. 

14. Et ces douze pierres elles- 
mémes  portaient gravés les 
douze noms des tribus d'Israël, 
chaque pierre chaque nom. 

15. Ils firent aussi au rational 
deux chainettes, se tenant l'uneà 
l'autre, d un or trés-pur; 

16. Deux agrafes et autant d'an- 
neaux d'or. Or, ils poserent aux 
deux cótés du rational les an- 
neaux, 


8. * Le rational. Voir plus haut, xxvin, 4. 


L'EXODE. 


185 


17. Desquels pendaient les deux 
chaînes d'or qu'ils attachèrent 
aux agrafes qui sortaient des 
angles de l'éphod. 

18. Tout cela était ajusté devant 
et derriere, de maniere que l'é- 
phod et le rational. se tenaient 
unis l'un à l'autre, 

19. Etant serrés près de la cein- 
ture, et fortement liés par des an- 
neaux que joignaient ensemble 
un ruban d'hyacinthe, afin qu'ils 
ne fussent point lâches, et qu'ils 
ne s'écartassent pas l'un de l'au- 
tre, comme a ordonné le Seigneur 
à Moïse. 

20. Ils firent aussi la tunique de 
l'ébhod toute d'hyacinthe, 

91. Une ouverture à la partie 
supérieure vers le milieu, et un 
bord tissu autour de l'ouverture; 

22. Mais au bas, vers les pieds, 
des grenades d'hyacinthe, de 
pourpre, d'écarlate et de fin lin 
retors; 

93. Et des sonnettes d'un or pur, 
qu'ils poserententreles grenades, 
à la partie inférieure de la tu- 
nique, tout autour: 

24. Une sonnette d'or et une 
grenade; c'est revétu de ces or- 
nements que le pontife exercait 
les fonctions de son ministère, 
comme avait ordonnéle Seigneur 
à Moise. 

25. Ils firent encore les tuniques 
tissues de fin lin pour Aaron et 
ses fils, 

26. Les mitres avec leurs petites 
couronnes de fin lin ; 

97. Et aussi de fin lin, les cale- 
cons de lin, 

28. Mais la ceinture de fin lin 
retors, d'hyacinthe, de pourpre 


180 L'EXODE. 


et d'écarlate deux fois teintes, en 
broderie, comme avait ordonné 
le Seigneur à Moise. 

29. Ils firent de plus la lame de 
la sainte vénération, d'un or très 
pur, etils y écrivirent en ouvrage 
de lapidaire : La sainteté du Sei- 
gneur; 

30. Et ils la lierent à la mitre 
avec un ruban d'hyacinthe, 
comme avait ordonnéle Seigneur 
à Moïse. 

31. Ainsi, tout l'ouvrage du ta- 
bernacle et du toit de témoignage 
fut achevé ; et les enfants d'Israël 
firent tout ce qu'avait ordonné le 
Seigneur à Moise. 

32. Et ils présenterent le taber- 
nacle et son toit et toutes ses dé- 
pendances, les anneaux, les ais, 
lesleviers, les colonnes et les sou- 
bassements ; 

33. La couverture de peaux de 
béliers teintes en rouge, et l'au- 
tre couverture depeaux violettes ; 

34. Le voile, l'arche, les leviers, 
le propitiatoire; 

35. La table et ses vases et les 
pains de proposition, 

36. Le chandelier, les lampes, 
et leurs ustensiles avec l'huile; 

87. L'autel d'or, le parfum à 
oindre etle parfum à brüler, com- 
posé d'aromales ; 

38. Le voile à l'entrée du taber- 
nacle; 

39. L'autel d'airain, la grille, 
les leviers et tous ses vases; le 


[cH. xr.) 


bassin avec sa base; les rideaux 
du parvis, et les colonnes avec 
leurs soubassements; 

40. Le voile à l'entrée du par- 
vis, ses cordages et ses pieux. 
Rien ne manqua des choses que, 
pour le service du tabernacle et 
pour le toit d'alliance, Dieu avait 
commandé de faire. 

44. Et aussiles vétements dont 
les prétres se servent dans le 
sanctuaire, c'est-à-dire Aaron et 
ses fils, 

42. Les enfants d'Israël les pré- 
senterent, comme avait ordonné 
le Seigneur. 

43. Après que Moïse eut vu 
toutes ces choses achevées, il les 
bénit. 


CHAPITRE XL. 


Erection du tabernacle. Il est couvert de 
la nuée qui représentait la majesté de 
Dieu. 


1. Le Seigneur parla ensuite à 
Moise, disant : 

2. Au premier mois, au premier 
jour du mois, tu dresseras le ta- 
bernacle de témoignage; 

3 Et tu y mettras l'arche et tu 
suspendras devant elle le voile. 

4. Puis, la table portée, tu met- 
tras sur elle ce qui a été légitime- 
ment ordonné. Le chandelier sera 
placé avec ses lampes, 

5. Ainsi que l'autel d'or sur le- 
quel se brüle de l'encens devant 
l'arche du témoignage. Tu pose- 


29. La saintelé du Seigneur. Le passage parallèle diffère un peu quant à l'expres- 
sion; mais l'idée doit être la méme dans les deux endroits. Voy. xxviu, 36. — * La 
lame de la sainte vénéralion. Voir la note sur Exode, xxvin, 36. 

31. Le toit du témoignage; pour le toit du tabernacle de témoignage. 

32. Ils présentèrent à Moïse. Compar. le verset 45. 

33. * De peaux violettes, des peaux de dugong. Voir xxv, 5. 


35. Les pains de proposition. Voy. xxv, 30. 


40. Le toit d'alliance; pour, le toit du tabernacle d'alliance. 


xL.]‏ .אס] 


ras le voile à l’entrée du taber- 
nacle, 

6. Et devant le voile l'autel de 
l'holocauste ; 

7. Le bassin que tu rempliras 
d'eau, entre l'autel et le taber- 
nacle. 

8. Tu entoureras de rideaux le 
parvis et son entrée. 

9. Et, prenant l'huile de l'onc- 
tion, tu oindrasle tabernacle avec 
ses vases, afin qu'ils soient sanc- 
tifiés ; 

10. L'autel de l'holocauste et 
tous ses vases; 

41. Le bassin avec sa base : tu 
consacreras toutes choses avec 
l'huile, afin qu'elles soient tres 
saintes. 

19. Tu feras approcher Aaron et 
ses fils de la porte du tabernacle 
de témoignage, etaprès les avoir 
lavés dans l'eau, 

13. Tu les revétiras des saints 
vétements, afin qu'ils me servent, 
et que leur onction serve à un sa- 
cerdoce perpétuel. 

14. Et Moise fit tout ce qu'avait 
ordonné le Seigneur. 

15. Ainsi, au premier mois de 
la seconde année, au premier 
jour du mois fut placé le taber- 
nacle. 

16. Et Moise le dressa, et il placa 
les ais, les soubassements et les 
leviers, et il posa les colonnes; 


L'EXODE. 187 


11. Puis il étendit le toit sur le 
tabernacle, la couverture ayant 
été mise par-dessus, comme le 
Seigneur avait commandé. 

18. De plus, il placa le témoi- 
gnage dans larche, ayant posé 
les leviers au bas et l'oracle au- 
dessus; 

19. Etlorsqu'il eut porté l'arche 
dans le tabernacle, il suspendit 
devant elle le voile pour accom- 
plir l'ordre du Seigneur. 

20. 11 posa aussi la table dans 
le tabernacle de témoignage du 
côté septentrional, en dehors du 
voile, 

21. Les pains de proposition 
étant rangés devant, comme avait 
ordonné le Seigneur à Moise. 

22. Il posa de plusle chandelier 
dans le tabernacle de témoignage, 
vis-à-vis de la table, à la partie 
australe, 

23. Les lampes ayant été pla- 
cées en ordre, selon le précepte 
du Seigneur. 

24. Il mit encore l'autel d'or 
sous le toit de témoignage contre 
le voile, 

25. Et il brüla sur lui un par- 
fum d'aromates, comme l'avait 
commandé le Seigneur à Moise, 

26. Il posa de plus le voile à 
l'entrée du tabernacle de témoi- 
gnage, 

27. Et l'autel de l'holocauste 


Car. XL. 13. Supra, xxix, 35; Lév., vii, 2. — 16. Nom., vir, 4. 


13. Serve, etc. Cette onction imprimait dans les prétres de l'ancienne loi, comme 
le sacrement de l'Ordre dans ceux de la nouvelle, un caractére par lequel ils étaient 
toujours prétres pendant leur vie. D'autres expliquent le texte dans ce sens, que 
l'onction ne se fit que pour les fils d'Aaron, qui la recurent pour tous leurs succes- 
seurs; attendu que le sacerdoce étant héréditaire dans la famille d'Aaron, il n'était 
pas nécessaire de la réitérer pour chaque prétre de cette race. 

21. Les pains de proposition. Voy. xxv, 30. 


24, 21, 30, 33. Le toit de témoignage, le vestibule de témoignage, le toit d'alliance. 
Voy. xxxix, 34, 40. 


188 L'EXODE. 


dans le vestibule de témoignage, 
offrant sur lui l'holocauste et les 
sacrifices, comme le Seigneur 
avait commandé. 

28. Il placa aussi le bassin en- 
tre le tabernacle de témoignage 
et l'autel, et il le remplit d'eau. 

99. Et Moïse et Aaron et ses fils 
lavaient leurs mains et leurs 
pieds, 

30. Lorsqu'ils entraient sous le 
toit d'alliance, et s'approchaient 
de l'autel, comme avait ordonné 
le Seigneur à Moise. 

31. Il dressa aussi le parvis au- 
tour du tabernacle et de l'autel, le 
voile ayant ététendu àson entrée. 
Apres que tout fut achevé, 

39. La nuée couvrit le taber- 


39. Nom., 1x, 15; ΠῚ Rois, vri, 10. 


[cH. xr.] 


nacle de témoignage et la gloire 
du Seigneur le remplit. 

33. Et Moise ne pouvait entrer 
sous le toit d'alliance, la nuée 
couvrant tout, et la majesté du 
Seigneur brillant, parce que la 
nuée avait tout couvert. 

34. 51 quelquefois la nuée quit- 
tait le tabernacle, les enfants d'Is- 
raél partaient selon leurs bandes; 

35. Si elle restait suspendue au- 
dessus, ils demeuraient dans le 
méme lieu. 

36. Car la nuée du Seigneur re- 
posait pendant le jour au-dessus 
du tabernacle, et un feu durant 
la nuit, tous les peuples d'Israel 
le voyant de toutes leurs de- 
meures. 


36. Tous les peuples. ΝΟΥ. plus haut, xxx, 38. 


PE (he tM‏ הידיד 


LE LÉVITIQUE 


CHAPITRE PREMIER. 


Cérémonies qu'on doit observer dans les 
holocaustes de bœufs, de brebis ou de 
chèvres, de tourterelles ou de colombes. 


1. Or le Seigneur appela Moïse, 
et il lui parla du tabernacle de té- 
moignage, disant : 

9. Tu parleras aux enfants d'Is- 
raël et tu leur diras : Un homme 
d'entre vous qui offrira au Sei- 
gneur une hostie de bètes àquatre 
pieds, c’est-à-dire qui offrira des 
bœufs et des brebis comme vic- 
times, 

3. Si son oblation est un holo- 
causte, et de gros bétail, c'est un 
mâle sans tâche qu'il offrira, à la 
porte du tabernacle de témoi- 
gnage, pour fléchir 16 Seigneur; 

4. Et il mettra la main sur la 
tête de l'hostie qui sera accep- 
table, et servira à son expiation ; 

5. Puis il immolerale veau de- 
vant le Seigneur, et les fils d'Aa- 
ron, prétres, en offriront le sang. 
le répandant autour de lautel 
qui est devant la porte du taber- 
nacle ; 

6. Et, lapeau del'hostieenlevée, 


CuaP. I. 3. Exode, xxix, 10. 


ils en couperontles membres par 
morceaux, 

1. Ensuite ils mettront du feu 
sous l'autel, un tas de bois ayant 
été auparavant disposé ; 

8. Et arrangeant au-dessus les 
membres coupés, c'est-à-dire, la 
tête et tout ce qui tientau foie, 

9. Les intestins et les pieds 
ayant été auparavant lavés dans 
l'eau; puis le prétre les brülera 
sur l'autel en holocauste et en 
suave odeur pour le Seigneur. 

10. Que si l'oblation de bétes 
à quatre pieds est un holocauste 
de brebis ou de chevres, c'est un 
mâle sans tache qu'il offrira ; 

11. Et il l'immolera au côté de 
l'autel qui regarde l'aquilon, de- 
vantle Seigneur; pour son sang, 
Les fils d'Aaron le répandront sur 
l'autel tout autour; 

12. Et ils couperont les mem- 
bres, la téte et tout ce qui tient 
au foie, et ils les placeront sur le 
bois au-dessous duquel doit étre 
mis le feu. 

13. Maislesintestins etlespieds, 
ils les laveront dans l'eau. Et le 
prétre brülera toutes ces choses 


2. Dieu nous découvre lui-même la véritable raison de ces ordonnances, lorsqu'il 
dit qu'ayant distingué les Israélites de toutes les autres nations, pour en faire son 
peuple saint, il veut qu'ils s'abstiennent de tous les animaux qu'il leur a désignés 
comme impurs, afin qu'ils soient purs et saints, comme lui-méme est saint (xx, 24, 26). 
Il voulait qu'ils se souvinssent toujours de leur dignité, et de la manière dont il les 
avait séparés des autres nations, pour en faire son peuple choisi. 

10. Il offrira; c'est-à-dire l'homme qui fait l'offrande. Voy. ver. 2. 


190 LE LÉVITIQUE. 


offertes sur l'autel, en holocauste 
el en odeur trés suave pour le 
Seigneur. 

14. Mais si c'est en oiseaux que 
se fait l'oblation de l'holocauste 
au Seigneur : en tourterelles, et 
petits de colombe, 

15. Le prétre offrira la victime 
à l'autel, et lui tourrant la tête en 
arrière sur le cou, et ouvrant une 
plaie, ii fera couler le sang sur le 
bord de l'autel; 

16. Mais la vésicule du gosier 
et les plumes, il les jettera au- 
près de l’autel, du côté oriental, 
au lieu dans lequel les cendres 
ont coutume d’être répandues. 

17. 1[ lui rompra les ailes, et il 
ne ja coupera, ni ne la divisera 
par le fer, mais il la brülera sur 
l'autel, le feu ayant été mis sous 
le bois. C'est un holocauste et 
une oblation d'une tres suave 
odeur pour le Seigneur. 


CHAPITRE II. 


Cérémonies que l'on doit observer dans 
les oblations de farine et de pain, et 
dans celle des prémices. 


4. Lorsqu'un homme offrira 
une oblation de sacrifice au Sei- 
gneur, c'est de fleur de farine que 
sera son oblation; et il répan- 
dra de l'huile sur elle, et il mettra 
de l'encens ; 

2. Puis il la portera aux fils 
d'Aaron, prétres, dont l'un pren- 
dra une pleine poignée de fleur 
de farine et d'huile et tout l'en- 
cens, et il le posera comme un 
souvenir sur lautel, en odeur 
trés suave pour le Seigneur. 


II. 3. Eccli., vir, 34.‏ .ג 


[cH. m.) 


3. Mais ce qui sera de reste du 
sacrifice, appartiendra à Aaron 
et à ses fils, comme une chose 
trés sainte des oblations du Sei- 
gneur. 

4. Et lorsque tu offriras le sa- 
crifice d'une chose cuite au four, 
elle sera de fleur de farine, c'est- 
à-dire, de pains sans levain, ar- 
rosés d'huile, et de beignets azy- 
mes oints d'huile, 

9. Si ton oblation se fait d'une 
chose cuite dans la poéle, de 
fleur de farine arrosée d'huile et 
sans levain, 

6. Tu la couperas en petits 
morceaux, et tu répandras sur 
elle de l'huile. 

7. Mais si c'est d'une chose 
cuite sur le gril que se fait le sa- 
crifice, la fleur de farine sera éga- 
lement arrosée d'huile; 

8. Et l'offrant au Seigneur, tu 
laremettras aux mains du prétre, 

9. Qui, lorsqu'il l'aura offerte, 
prendra une partie du sacrifice 
comme un souvenir, et il la brü- 
lera sur l'autel, en odeur de sua- 
vité pourle Seigneur: 

10. Mais tout ce qui sera de 
reste, appartiendra à Aaron et à 
ses fils, comme une chose tres 
sainte des oblations du Seigneur. 

11. Toute oblation qui sera of- 
ferte au Seigneur, se fera sans 
levain, et rien en fait de levain et 
de miel ne sera brülé, quand on 
sacrifiera au Seigneur. 

12. Vous les offrirez seulement 
comme des prémices et des dons ; 
mais ils ne seront pas mis sur 
l'autel en odeur de suavité. 


1. Un homme, littér. Une dme. Les Hébreux employaient ce mot pour désigner un 


individu, une personne. 


[cu. ur.] 

13. Tout ce que tu offriras en 
sacrifice, tu l'assaisonneras de sel, 
et tu n'óteras pas de ton sacrifice 
le sel de l'alliance de ton Dieu. 
Dans toute oblation tu offriras du 
sel. 

14. Mais si tu offres au Seigneur 
un présent de tes premiers grains, 
des épis encore verts, tu les ró- 
tiras au feu, et tu les briseras à 
la maniere du froment, et c'est 
ainsi que tu offriras tes pré- 
mices au Seigneur, 

15. Répandant del'huile dessus, 
et mettant de l'encens, parce que 
c’est une oblation du Seigneur, 

16. Dans laquelle 16 prêtre brà- 
lera, en mémoire du présent une 
partie du froment brisé et de 
l'huile, et tout l'encens. 


CHAPITRE III. 


Cérémonies qu'on doit observer dans les 
sacrifices pacifiques. 


1. Que si son oblation est une 
hostie de sacrifices pacifiques, et 
qu'il veuille offrir d’entre les 
bœufs un mâle ou une femelle, il 
les offrira sans tâche au Sei- 
gneur; 

2. Et il mettra la main sur la 
téte de sa victime qui sera im- 
molée à l'entrée du tabernacle de 
témoignage, et les fils d'Aaron, 
prétres, répandront le sang au- 
tour de l'autel. 

3. Et ils offriront de l'hostie des 
sacrifices pacifiques en oblation 
au Seigneur, la graisse qui couvre 


LE LÉVITIQUE. 191 


les entrailles et tout ce qu'il y à 
de graisse au dedans; 

4. Les deux reins avecla graisse 
dont sont couverts les flancs, et 
la membrane réticulaire du foie 
avec les reins, 

ὃ. Et ilsles brüleront sur l'autel 
en holocauste, le feu ayant été 
mis sous le bois, en oblation de 
tres suave odeur pour le Sei- 
gneur. 

6. Mais si c'est de brebis que se 
fait l'oblation, et que ce soit une 
hostie de sacrifices pacifiques, 
soit qu'il offre un mále, ou une 
femelle, ils seront sans tâche, 

1. Si c’est un agneau qu'il offre 
devant le Seigneur, 

8. Il mettra sa main sur la tête 
de sa victime, qui sera immolée 
dans le vestibule du tabernacle 
de témoignage, et les fils d'Aaron 
en répandront le sang autour de 
l'autel, 

9. Et ils offriront de l’hostie des 
sacrifices pacifiques un sacrifice 
au Seigneur : la graisse et la 
queue entière 

10. Avec les reins, et la graisse 
qui couvre le ventre et toutes les 
entrailles, l'un et l’autre rein avec 
la graisse qui est près des flancs, 
et la membrane réticulaire du 
foie avec les reins ; 

41. Et le prétre les brülera sur 
l'autel pour l'entretien du feu et 
de l'oblation du Seigneur. 

12. Si son oblation est une chè- 
vre, et qu'il l'offre au Seigneur, 

13. 11 mettra sa main sur 8 


13. Marc., 1x, 48. — Cnar. 111. 3. Exode, xxix, 13. 


13. Le sel, par son incorruptibilité, figure la fidélité qui doit exister dans les 


alliances. 


9. La queue des brebis de l'Orient est une partie trés grasse. 


192 LE LÉVITIQUE. 


tête, et il l'immoleraàlentrée du 
tabernacle de témoignage. Et les 
fils d'Aaron en répandront le sang 
autour de l'autel; 

14. Et ils en prendront pour 
l'entretien du feu du Seigneur, la 
graisse qui couvre le ventre, et 
qui est sur toutes les entrailles, 

15. Les deux reins avec la mem- 
brane réticulaire, qui est sur eux 
près des flancs, et le gras du foie 
avec les reins; 

16. Et le prêtre les brülera sur 
l'autel pour l'entretien du feu et 
d'une tres suave odeur. Toute 
graisse appartiendra au Seigneur. 

11. Par un droit perpétuel dans 
vos générations et toutes vos de- 
meures : et vous ne mangerez 
jamais ni sang ni graisse. 


CHAPITRE IV. 


Cérémonies qu'on doit observer dans les 
sacrifices offerts pour les péchés d'i- 
gnorance. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

2. Dis aux enfants d'Israél : Un 
horome quia péché parignorance, 
et qui, touchant les commande- 
ments du Seigneur, a fait quel- 
que chose de ce qu'il a commandé 
de ne point faire; 

3. Si c'est le prétre qui a été 
oint, qui a péché, faisant faillir 
le peuple, il offrira pour son pé- 
ché, un veau sans tache au Sei- 
gneur; 

4. Et il l'amenera à la porte du 
tabernacle de témoignage devant 
le Seigneur, et il mettra la main 


[cu. 1v.] 


sur sa téte, et il l'immolera au 
Seigneur. 

5. Il prendra aussi du sang du 
veau, le portant dans le taber- 
nacle de témoignage. 

6. Et lorsqu'il aura trempé son 
doigt dans le sang, il en fera l'as- 
persion sept fois devant le Sei- 
gneur contre le voile du sanc- 
tuaire. 

7. Ensuite il mettra du méme 
sang sur les cornes de l'autel du 
parfum à brüler, trés agréable au 
Seigneur, e£ qui est dans le ta- 
bernacle de témoignage, mais 
tout le reste du sang, il le répan- 
dra au pied de lautel de l'holo- 
causte, à l'entrée du tabernacle. 

8. Et il enlèvera la graisse du 
veau, Aostie pour le péché, tant 
celle qui couvre les entrailles, 
que tout ce qui est au dedans, 

9. Les deux reins et la mem- 
brane réticulaire qui est sur eux 
prés des flancs, et la graisse du 
foie avec les reins, 

10. Comme elle s'enléve du 
veau de l'hostie des sacrifices pa- 
cifiques, et il les brülera sur l'au- 
tel de l'holocauste. 

11. Quant à la peau et à toutes 
les chairs, avec la téte, les pieds, 
les intestins, la fiente, 

12. Et le reste du corps, il les 
emportera hors du camp dans un 
lieu net, où les cendres ont cou- 
tume d'étre répandues; et il les 
brülera sur un tas de bois, et ils 
seront consumés dans le lieu des 
cendres répandues. 

13. Que si toute la multitude 


9. Un homme; littér. Une dme. Voy. 1t, 4. 


12. * Où les cendres ont coutume d’être répandues. En Orient on a coutume de porter 
les cendres hors des lieux habités en un endroit où elles s'amoncellent parfois en 


monceaux considérables. 


[en. 1v.] 
d'Israël a été dansl'ignorance, et 
que par impéritie, elle ait fait ce 
qui est contre un commandement 
du Seigneur, 

14. Et qu'ensuite elle ait re- 
connu son péché, elle offrira pour 
son péché un veau, et elle l'ame- 
nera à la porte du tabernacle. 

15. Alors les anciens du peuple 
mettront les mains sur sa téte 
devant le Seigneur. Et, le veau 
immolé en la présence du Sei- 
gneur, 

16. Le prétre qui ἃ été oint, 
portera de son sang dans le ta- 
bernacle de témoignage, 

47. Faisant de son doigt trempé 
dans ce sang sept fois l'aspersion 
contre le voile; 

18. Et il mettra du méme sang 
sur les cornes de l'autel qui est 
devant le Seigneur dans le taber- 
nacle de témoignage; mais le 
reste du sang, il le répandra au 
pied de l'autel des holocaustes, 
qui est à la porte du tabernacle 
de témoignage. 

19. Etil prendra toutela graisse 
du veau et la brülera sur l’au- 
tel; 

90. Faisant ainsi de ce veau, 
comme il a fait auparavant : et le 
prétre priant pour eux, le Sei- 
gneur leur sera propice. 

94. Mais le veau lui-méme, il 
l'emportera hors du camp, et le 
brülera comme le premier veau, 
parce que c'est pourle péché de 
la multitude. 

22. Si un prince a péché et qu'il 
ait fait par ignorance une des 
choses nombreuses qui sont dé- 
fendues par la loi du Seigneur, 


LE LÉVITIQUE. 193 


23. Et qu'ensuite il ait reconnu 
son péché, il offrira une hostie 
au Seigneur, un bouc sans tache, 
pris d'entre les chèvres. 

24. 11 mettra sa main sur sa 
téte; et lorsqu'il l'aura immolé 
dans le lieu où a coutume d'être 
immolé lholocauste devant le 
Seigneur, parce que c'est pour le 
péché, 

25. Le prétre trempera le doigt 
dans le sang de l'hostie pour le 
péché, touchant les cornes de 
l'autel de l'holocauste et répan- 
dant le reste au pied de l'autel. 

26. Mais la graisse, illa brülera 
dessus, comme on a coutume de 
faire aux victimes des sacrifices 
pacifiques : et le prétre priera 
pour lui et pour son péché, et il 
lui sera pardonné. 

97. Que si un homme d'entre 
le peuple de la terre peche par 
ignorance, de manière à faire 
quelqu'une des choses qui sont 
défendues parla loi du Seigneur, 
et à faillir, 

28. Et qu'il reconnaisse son pé- 
ché, il offrira une chèvre sans 
tache, 

29. Et il mettra la main sur la 
téte de l'hostie qui est pour le 
péché, et il l'immolera au lieu de 
l'holocauste. | 

30. Puis le prétre prendra du 
sang avec son doigt, et touchant 
les cornes de lautel de l'holo- 
causte, il répandra le reste au 


. pied de l'autel. 


31. Mais enlevant toute la 
graisse, comme elle a la coutume 
d'être enlevée des victimes des 
sacrifices pacifiques, il la brülera 


20. Comme il a fait auparavant; expression elliptique pour: Comme il a été dit 


auparavant qu'il ferait de l'autre veau. 


A. T. 


13 


194 LE LÉVITIQUE. 


sur lautel en odeur de suavité 
pourle Seigneur; etil priera pour 
lui, et il lui sera pardonné. 

32. Mais sil offre une victime 
de brebis pour le péché, que ce 
soitune brebis sans tache; 

33.1l poserala main sur sa tête, 
et il l'immolera au lieu où ont 
coutume d'étre tuées les hosties 
des holocaustes. 

34. Alors le prétre prendra de 
son sang avec son doigt, et tou- 
chant les cornes de l'aute] de l'ho- 
locauste, il répandra le reste au 
pied de l'autel, 

35. Enlevant aussi toute la 
graisse comme a coutume d être 
enlevée la graisse du bélier, qui 
est immolé dans les sacrifices pa: 
cifiques, il la brülera sur l'autel 
pour lholocauste du Seigneur; 
et il priera pour celui qui offre le 
sacrifice et pour son péché, et il 
lui sera pardonné. 


CHAPITRE V. 


Peine contre ceux qui ne découvrent pas 
au juge ce qu'ils savent, Différents sa- 
crifices d'expiation. 


1. Si un homme ἃ péché en ce 
qu'il a entendu la parole de quel- 
qu'un qui jurait, et qu'il soit té- 
moin pour avoir vu ou su la chose, 
à moins qu'il ne la dénonce, il 
portera son iniquité. 

2. Un homme qui a. touché 
quelque chose. d'impur, soit un 
animaliué par une béte sauvage, 
ou mort de soi-même, soit. tout 
reptile quelconque, et qui a ou- 


Car. V. 7. Infra, xir, 8; Luc, 11, 24. 


[cu. v.] 
blié son impureté, est coupable, 
et il a failli ; Υ̓ | 

3. Et s’il a touché quelque chose 
d'impur d'un homme; selon toute 
impureté dont il a coutume d’être 
souillé, et que l'ayant oublié, il 
le reconnaisse ensuite, il sera 
coupable de délit. 

4. Un homme qui a juré et pro- 
noncé par ses lèvres qu'il ferait 
ou mal ou bien, et qui a confirmé 
cette méme chose par serment et 
par sa parole; puis, qui l'ayant 
oublié, reconnait ensuite son dé- 
lit, | 

5. Qu'il fasse pénitence pour 
son péché, 

6. Et qu'il offre d’entre les 
troupeaux une jeune brebis, ou 
une chèvre; el le prêtre priera 
pour lui et pour son péché; 

7. Mais s'il ne peut offrir une 
brebis ou une chèvre, qu'il offre 
deux tourterelles ou deux petits 
de colombe au Seigneur, lun 
pour le péché et l'autre en holo- 
causte ; | 

8. Et il les donnera au prétre, 
qui offrant le premier pour le 
péché, lui tournera la téte du 
côté des ailes, en sorte qu'elle 
reste. attachée au cou et qu'elle 
n'en soit pas entièrement arra- 
chée. 

9. Il aspergera ensuite avec son 
sang la paroi de l'autel; mais tout 
ce qui sera de reste, il le fera dis- 
tiller au pied del'autel, parce que 
c'est pour le péché. 

10. Quant à l'autre, ille brülera 


—————————————————————————————ÉÁ———  ———— 


1. Son iniquité; c'est-à-dire la peine de son iniquité. Cette expression signifie ordi- 
nairement étre puni du dernier supplice. 

3. De délit. Le délit ou faute, différait du péché, quoiqu'on ne sache pas au juste 
en quoi consistait la différence. 


[cg. vi.] 
en holoeauste, comme cela à cou- 
tume de sefaire; etleprétrepriera 
pour cet homme et pour son pé- 
ché, et il lui sera pardonné. 

41. Que si sa main ne peut of- 
frir deux tourterelles ou deux 
petits de colombe, il offrira pour 
son péché la dixième partie d'un 
éphi de fleur de farine; il n'y mé- 
lera point d'huile, et n'y mettra 
pas un seulgrain d'encens, parce 
que c'est pour le péché; 

19. Et il la remettra au prêtre, 
qui en prenantune pleine poignée 
la brülera sur l'autel en mémoire 
de celui qui l'aura offerte, 

13. Priant pour lui et faisant 
des expiations; mais le reste, il 
l'aura comme un don. 

14. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

15. Si un homme manquant 
aux cérémonies , a péché par er- 
reur dans des choses qui sont 
consacrées au Seigneur, il offrira 
pour son délit un bélier sans tache 
pris d'entre les troupeaux, qui 
peut étre acheté deux sicles, se- 
lon le poids du sanctuaire; 

16. Et quant au dommage mé- 
me qu'il a fait, il 16 restituera, et 
il y ajoutera par-dessus la cin- 
quième partie, la remettra au 
prêtre, qui priera pour lui, en of- 
frant le bélier, et il lui sera par- 
donné. 

47. Si un homme a péché par 
.gnorance, et qu'il ait fait une 
des choses qui sont défendues 
pàr la loi du Seigneur, et que 


VI. 5. Nom., v, 7.‏ ,פאז 


LE LÉVITIQUE. 195 


coupable de péché, il ait reconnu 
son iniquité, 

18. IL offrira au prêtre un bélier 
sans tache pris d'entre les trou- 
peaux, selon la mesure et l'esti- 
mation du péché : le prétre priera 
pour lui parce qu'il l'a fait sans 
le savoir ; et il lui sera pardonné, 

19. Parce que c'est par erreur 
qu'il a failli contre le Seigneur. 


CHAPITRE VI. 


Autres sacrifices d'expiation, Lois tou- 
chant l'holocauste de chaque jour, le 
feu perpétuel, les offrandes de fleur de 
farine, celles des grands prétres au jour 
de leur onction; les hosties pour le 
péché. 

1. Le Seigneur parla à Moise di- 
sant : 

2. L'homme qui a péché, et qui, 
le Seigneur méprisé, a nié à son 
prochain le dépót qui avait été 
confié à sa foi, ou qui par violence 
à ravi quelque chose, ou a fait 
une fraude, 

3. Ou bien encore a trouvé une 
chose perdue, etle niant, s'est de 
plus parjuré, et a fait quelqu'au- 
tre des nombreux péchés dans 
lesquels ont coutume de tomber 
les hommes, 

4. Convaincu de son délit, ren- 
dra 

9. En entier tout ce qu'il a voulu 


| retenir par fraude, et par-dessus 


la cinquième partie au maître au- 
quel il avait causé le dommage. 

6. Mais pour son péché, il of- 
frira un bélier sans tache pris du 


—————————————— M a Ít—Í 


11. Que si sa main, etc., pour: S'il n'a pas le pouvoir, la faculté. — La dixième 
partie de l'éphi contenait environ trois pintes — * La dixième partie d'un epni, 
dans notre systéme actuel de mesures, équivaut à 38 litres 88. 


15. * Voir la note sur Exode, xxt, 32. 


190 LE LÉVITIQUE. 


troupeau, et il le dounera au pré- 
tre, selon l'estimation et la me- 
sure du délit; 

1. Le prétre priera pour lui de- 
vant le Seigneur, et il lui sera 
pardonné pour chacune des cho- 
ses qu'il a faites en péchant. 

8. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

9. Ordonne à Aaron et à ses 
fils : Voici la loi de l'holocauste : 
Il brülera sur l'autel toute la nuit 
jusqu'au matin; le feu sera pris 
de l'autel méme. 

10. Le prétre se vétira d'une 
tunique et de caleçons de lin; 
puis il prendra les cendres que le 
feu aura embrasées, etles mettant 
près de l'autel, 

11. Il se dépouillera de ses pre- 
miers vêtements, et en. ayant 
revétu d'autres, il emportera les 
cendres hors du camp et les fera 
consumer jusqu'au dernier reste 
dans un lieu très net. 

19. Mais toujours sur lautel 
brülera le feu que le prétre en- 
tretiendra, mettant du bois des- 
sous chaque jourle matin, et, l'ho- 
locauste posé dessus, le prétre 
brülera par dessus les graisses 
des sacrifices pacifiques. 

13. C'est là lefeu perpétuel qui 
jamais ne manquera sur l'autel. 

44. Voici la loi du sacrifice et 
des libations qu'offriront les fils 
d'Aaron devant le Seigneur et 
devant l'autel. | 

45. Le prêtre prendra une poi- 
gnée de fleur de farine, qui aura 


(CH. vi.] 


été arrosée d'huile, et tout l'en- 
cens qui aura été mis sur la fleur 
de farine, et il le brülera sur l'au- 
tel en souvenir d'une odeur très 
suave pour le Seigneur. 

16. Mais la partie restante de la 
fleur de farine, Aaron la mangera 
avec ses fils, sans levain; et il la 
mangera dans le lieu saint du par- 
vis du tabernacle. 

17. Or on n'y mettra pas de 16- 
vain, parce qu'une partie en est 
offerte pour l'holocauste du Sei- 
gneur. Ce sera une chose tres 


| sainte, comme pour le péché et 


le délit. 

18. Les mâles seulement de la 
race. d'Aaron en mangeront. Ce 
sera une loi perpétuelle en. vos 
générations, touchant les sacri- 
fices du Seigneur; quiconque 
touchera ces choses sera sanc- 
tifié. 

19. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

90. Voici l'oblation d'Aaron et 
de ses fils qu'ils doivent offrir au 
Seigneur au jour de leur onction. 
Ils offriront la dixième partie 
d'un éphi de fleur de farine, dans 
le sacrifice perpétuel, la moitié 
le matin, et la moitié le soir; 

91. Arrosée d'huile, elle sera 
frite dans une poéle. Or il l'of- 
frira chaude; en odeur tres. suave 


| pourle Seigneur, 


22. Le prétre qui de droit aura 
succédé à son père, et elle sera 
brülée tout entiere sur l'autel. 

23. Car tout sacrifice, des pré- 


11. Jusqu'au dernier veste; littér. Jusqu'à 


la cendre chaude; c'est-à-dire que le 


prétre consumera entiérement par le feu ce qui avait pu rester de bois, de chairs et 
d'os parmi les cendres avant qu'elles eussent été emportées hors du camp. — * I4 em- 
portera les cendres hors du camp. Voir plus haut, 1v, 12. 

11. Comme pour le péché, etc., c'est-à-dire comme ce que l'on olfre pour Ἢ péché. 


[cg. vu] 
tres sera consumé par le feu, et 
nul n'en mangera. 

94. OrleSeigneurparlaàMoise, 
disant : 

95. Dis à Aaron et à ses fils : 
Voici la loi de lhostie pour le 
péché : Elle sera immolée devant 
le Seigneur, au lieu où est offert 
l'holocauste. C'est une chose tres 
sainte. 

96. Le prétre qui l'offre la man- 
gera dans un lieu saint, dans le 
parvis du tabernacle. 

97. Tout ce qui en touchera la 
chair sera sanctifié. Si un vête- 
ment a été mouillé du sang de 
l'hostie, il sera lavé dans un lieu 
saint. 

28. Maisle vase de terre dans 
lequel elle aura été cuite sera 
brisé; que si le vase est d'airain, 
il sera nettoyé avec soin et lavé 
dans l'eau. 

99. Tout mále de la race sacer- 
dotale mangera de la chair de 
l'hostie, parce que c'est une chose 
trés sainte. 

30. Car quant à l'hostie qui est 
tuée pour le péché, dont le sang 
est porté dans le tabernacle de 
témoignage, pour faire l'expia- 
tion dans le sanctuaire, elle ne 
sera point mangée, mais elle sera 
brülée au feu. 


CHAPITRE VII. 


Lois sur les sacrifices offerts pour expier 
les fautes, et sur les sacrifices paci- 
fiques. Défense de manger de la graisse 
et du sang. 


1. Voici aussi la loi de l'hostie 
pour le délit, elle est très sainte : 
9. C'est pourquoi là où sera im- 
molé l'holocauste, sera aussi tuée 


30. Supra, iv, 5; Hébr., xim, 41. 


LE LÉVITIQUE. 197 


la victime pour le délit; son sang 
sera répandu autour de l'autel. 

3. On en offrira la queue et la 
graisse qui couvre les entrailles : 

4. Les deux reins, la graisse qui 
est pres des flancs et la mem- 
brane réticulaire du foie avec les 
reins ; 

ὃ. Et le prêtre les brülera sur 
l'autel : c'est l'holocauste du Sei- 
gneur pour le délit. 

6. Tout mále de la race sacer- 
dotale mangera de ces chairs dans 
un lieu saint, parce que c'est une 
chose trés sainte. 

7. Comme pour le péché est of- 
ferte l'hostie, de méme aussi 
l'hostie pour le délit : une seule 
loi sera pour les deux hosties : 
cest au prétre qui les a offertes 
qu'elles appartiendront. 

8. Le prétre qui offrela victime 
de l'holocauste, en aura la peau. 

9. Et toute offrande de fleur de 
farine qui se cuit dans le four 
ou qui s'appréte sur un gril ou 
dans la poéle, sera au prétre par 
lequel elle est offerte : 

10. Qu'elle soit arrosée d'huile 
ou qu'elle soit sèche, elle sera 
partagée entre tous les fils d'Aa- 
ron en une égale mesure. 

11. Voici la loi de l'hostie des 
sacrifices pacifiques qui est of- 
ferte au Seigneur. 

19. 51 c'est une oblation pour 
action de grâces, on offrira des 
pains sanslevain, arrosés d'huile, 
des beignets azymes, oints d'hui- 
le, de la fleur de farine cuite, des 
galettes : mêlées et  arrosées 
d'huile; 

.. 18. Etaussi des painsfermentés, 
avec l'hostie d'action de gráces, 


198 LE LÉVITIQUE. 


qui est immolée pour les sacri- 
fices pacifiques. 

14. Un de ces pains sera offert 
pour prémices au Seigneur, et il 
sera au prétre qui répandra le 
sang de l'hostie, 

15. Dont la chair sera mangée 
le méme jour, et il n'en restera 
rien jusqu'au matin. 

16. Si quelqu'un par vœu ou 
spontanément offre une hostie, 
elle. sera également mangée le 
méme jour, et si quelque chose 
en reste pour le lendemain, il 
sera permis d'en manger; 

17. Maistoutce que le troisième 
jour en trouvera, le feu le consu- 
mera. 

18. Si quelqu'un mange le troi- 
sième jour de la chair de la vic- 
time des sacrifices pacifiques, 
l'oblation deviendra nulle, et elle 
ne sera pas utile à celui qui laura 
offerte; bien plus, quiconque se 
sera souillé par un tel aliment, 
sera coupable de prévarication. 

19. La chair qui aura touché 
quelque chose d'impur, ne sera 
point mangée, mais elle sera brü- 
lée au feu; celui qui sera pur 
mangera de la victime des sacri- 
fices pacifiques. 

299: L'homme souillé qui man- 
gera de la chair de l'hostie des 
sacrifices pacifiques,laquelleaura 
été offerte au Seigneur, périra du 
milieu de ses peuples. 

91. Et celui qui aura touché quel- 
que chose d'impur d'un homme, 
ou d'une béte, ou bien de toute 
chose qui peut souiller, et qui 
mangera dela chair de cette sorte, 
périra du milieu de ses peuples. 


[cn.. vir. 


22. Le Seigneur parla encore à 
110186 , disant : 

23. Dis aux enfants d'Israël : 
Vous ne mangerez point de la 
graisse de brebis, de bœuf et de 
chevre. 

24. Quant à la graisse d'un ani- 
mal crevé, et de celui qui a été 
pris par une béte sauvage, vous 
l'emploierez à divers usages. 

25. Si quelqu'un mange de la 
graisse qui doit étreconsumée par 
le feu comme une oblation au Sei- 
gneur, il périra du milieu de son 
peuple. 

26. Vous ne prendrez pas non 
plus pour nourriture du sang 
d'aucun animal, tant des oiseaux 
que des troupeaux. 

27. Tout homme qui aura 
mangé du sang, périra du milieu 
de ses peuples. 

28. Le Seigneur parla encore à 
Moïse, disant : 

99. Parle aux enfants d'Israël, 
disant : Que celui qui offre la vic- 
time des sacrifices pacifiques au 
Seigneur, lui offre aussi en même 
temps son sacrifice, c'est-à-dire, 
ses libations. 

30. Il tiendra dans ses mains la 
graisse de l'hostie et la poitrine; 
et lorsqu'en les offrant l'une et 
lautre au Seigneur, il les aura 
consacrées, il les remettra au 
prétre, 

31. Qui brülera la graisse sur 
l'autel; mais la poitrine sera pour 
Aaron et pour ses fils. 

32. L'épaule droite des hosties 
des sacrifices pacifiques. devien- 


| dra les prémices du prêtre. 


33. Celui des fils d'Aaron qui 


20. De ses peuples. Voy. Exode, xxx, 38. 


99. Ses libations; les libations dont elle doit être accompagnée. 


[cu. vur.] 


aura offert le sang et la graisse, 
celui-là méme aura aussi l'épaule 
droite pour sa portion. 

34. Carla poitrine de l'élévation 
et l'épaule de la séparation, je les 
ai prises aux enfants d'Israél sur 
leurs hosties pacifiques, et je les 
ai données à Aaron, le prétre, et 
à ses fils, par une loi perpétuelle 
pour tout le peuple d'Israél. 

35. C'est là l'onction d'Aaron ef 
de ses fils dans les cérémonies du 
Seigneur, au jour que Moise les 
présenta pour exercer les fonc- 
tions du sacerdoce; 

36. Et c’est ce que le Seigneur a 
commandé de donneraux enfants 
d'Israél; comme culte perpétuel 
dans leurs générations. 

37. Telle est la loi de lholo- 
causte et du sacrifice pour le pé- 
ché et pour le délit, et pour la 
consécration et les victimes des 
sacrifices pacifiques; 

38. Loi que le Seigneur donna 
à Moïse sur la montagne de Sinai, 
quand il commanda aux enfants 
d'Israél d'offrir leurs oblations au 
Seigneur dans le désert de Sinai, 


CHAPITRE VIII. 


Consécration d'Aaron et de ses fils. Con- 
sécration du. tabernacle et. de tout ce 
qui devait y servir. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

2. Prends Aaron avec ses fils, 
leurs vétements, l'huile de l'onc- 
tion, le veau pour le péché, les 
deux béliers et la corbeille des 
azymes, | 

3. Et tu réuniras toute l'assem- 
blée devant la porte du taber- 
nacle. 


Cuar, VIII. 12. Eccli., χων, 18. 


LE LÉVITIQUE. 199 


4. Moise fit comme le Seigneur 
avait commandé, et, toute la mul- 
titude assemblée devant la porte 
du tabernacle, 

5. 11 dit : Voici la parole que le 
Seigneur a commandé qu'on ac- 
complisse. 

6. Et aussitótil présenta Aaron 
et ses fils. Et lorsqu'il les eut 
lavés, 

1. ll revétit le pontife de la tu- 
nique de lin de dessous, le cei- 
gnant delaceinture etle couvrant 
de la tunique d'hyacinthe, et il 
mit 16000 par-dessus. 

8. Le serrant avec la ceinture, 
il y adapta le pectoral, sur lequel 
était : La Doctrine et la Vérité. 

9. Il couvrit aussi sa téte de la 
tiare, et sur la tiare, contre le 
front, il posa la lame d'or consa- 
créepourlasanctification, comme 
lui avait ordonné le Seigneur. 

10. Il prit aussi l'huile de l'onc- 
tion, dont il oignit le tabernacle 
avec toutes ses dépendances; 

11. Et, lorsque, pour le sanc- 
tifier, il eut aspergé l'autel sept 
fois, il l'oignit ainsi que tous les 
vases et le bassin avec sa base, 
et il les sanctifia avec l'huile. 

19. Versant l'huile sur la tête 
d'Aaron, il l'oignit etle consacra. 

13. Ses fils aussi, apres les avoir 
présentés, il les revétit de tuni- 
ques de lin, les ceignit de cein- 
tures et posa des mitres sur leurs 
têtes, comme avait commandé 
le Seigneur. 

14.11 offrit encore le veau pour 
le péché : etlorsque Aaron et ses 
fils eurent mis leurs mains sur sa 
téte, 

15. ll l'immola : prenantlesang, 


200 


et y trempant son doigt, il toucha 
les cornes de l'autel tout autour ; 
l'autel purifié et sanctifié, il y ré- 
pandit le reste du sang au pied. 

16. Quant à ia graisse qui était 
sur les entrailles, à lamembrane 
réticulaire du foie et aux deux 
reins avec leurs parties grasses, 
il les brüla sur l'autel; 

17. Brülant hors du camp le 
veau avec la peau, la chair et la 
fiente, comme l'avait ordonné le 
Seigneur. 

18. 11 offrit aussi en holocauste 
le bélier; sur la téte duquel lors- 
que Aaron et ses fils eurent posé 
leurs mains, 

19. Il l'immola et il en répandit 
le sang autour de l'autel. 

20. Et le bélier lui-méme, le 
coupant en morceaux, il en brü- 
la au feu la téte, les membres et 
la graisse, 

91. Les intestins et les pieds 
ayant été auparavant lavés ; et il 
brüla le bélier tout entier sur l’au- 
tel, parce que c'était un holocaus- 
te d'une très suave odeur pour le 
Seigneur, comme il lui avait or- 
donné. 

22. 1] offrit encore le second 
bélier pour la consécration des 
prêtres; et Aaron et ses fils po- 
sèrent leurs mains sur sa tête; 

23. Lorsque Moïse l'eut immo- 
lé, prenant de son sang, il toucha 
l'extrémité del'oreille droite d'Aa- 
ron et le pouce de sa main droite 
et également de son pied. 

24. Ill présenta aussi les fils 
d'Aaron; et lorsque avec le sang 
du bélier immolé il eut touché 


31. Exode, xxix, 32; Infra, xxiv, 9. 


LE LÉVITIQUE. 


[cu. vr] 
l'extrémité de l'oreille droite de 
chacun d'eux et les pouces de la 
main et du pied droits, il répan- 
dit le reste sur l'autel tout au- 
tour; 

25. Mais la graisse, la queue, 
toute la graisse qui couvre les in- 
testins, la membrane réticulaire 
du foie et les deux reins avec 
leurs graisses et l'épaule droite, il 
les sépara. 

26. Or, prenant de la corbeille 
des azymes, qui était devant le 
Seigneur, un pain sans levain, 
une galette arrosée d'huile et un 
beignet, il les mit sur les grais- 
ses et sur l'épaule droite, 

27. Remettant à la fois toutes 
ces choses à Aaron et à ses fils. 
Apres que ceux-ci les eurent éle- 
vées devant le Seigneur, 

28. Moise les ayant recues de 
nouveau de leurs mains, les brü- 
la sur lautel de Vl'holocauste, 
parce que c'était une oblation de 
consécration, enodeurde suavité 
de sacrifice pour le Seigneur. 

29. Et il prit, l'élevant devant le 
Seigneur, la poitrine du bélier 
de la consécration pour sa part, 
comme lui avait ordonné le Sei- 
gneur. 

30. Prenant ensuite le parfum 
à oindre et le sang qui était sur 
l'autel, il fit l'aspersion sur Aaron 
et sur ses vétements, sur ses fils 
et sur leurs vétements, 

31. Et lorsqu'il les eut sancti- 
fiés dans leur vétement, il leur 
ordonna, disant: Faites cuire la 
chair devant la porte du taber- 
nacle, et là mangez-la; mangez 


28. Parce que c'était une oblation pour la consécration, et un sacrifice d'une odeur 


trés agréable au Seigneur. 


1x.]‏ .אס] 
aussi les pains dela consécration‏ 
qui ont été mis dans la corbeille,‏ 
comme m'a ordonné le Seigneur,‏ 
disant : Aaron et ses fils les man-‏ 
geront:‏ 

32. Et tout ce qui sera de reste 
de la chair et des pains le feu le 
consumera. 

33. Vous ne sortirez plus hors 
dela porte du tabernacle pendant 
sept jours jusqu'au jour oü sera 
accompli le temps de votre con- 
sécration; car c'est en sept jours 
que s'acheve la consécration, 

34. Comme il a été fait aussi 
présentement, afin quele rite du 
sacrifice füt accompli. 

35. Jour et nuit vous demeure- 
rez dans le tabernacle, observant 
les veilles du Seigneur, pour que 
vous ne mouriez pas; Car il m'a 
été ainsi ordonné. 

80. Et Aaron et ses fils firent 
tout ce que le Seigneur avait dit 
par l'entremise de Moise. 


CHAPITRE IX. 


Aaron établi Grand-prètre offre à Dieu 
divers sacrifices, tant pour lui que pour 
tout le peuple. 


1. Or, le huitieme jour venu, 
Moïse appela Aaron et ses fils, et 
les anciens d'Israél, et il dit à 
Aaron: 

2. Prends d'un troupeau de 
gros bétail un veau pour le péché 
et un bélier pour un holocauste, 
l’un et l’autre sans tache, et offre- 
les devant le Seigneur. 

3. Et tu diras aux enfants d'Is- 
raël : Prenez un bouc pour le pé- 
ché, un veau et un agneau d'un 


Cnuar. IX. 2. Exode, xxix, 1. 


LE LÉVITIQUE. 201 


an et sans tache pour un holo- 
causte, 

4. Un bœuf et un bélier pour 
des sacrifices pacifiques, etimmo- 
lez-les devantle Seigneur, offrant 
dansle sacrifice de chacun de ces 
animaux de la fleur de farine ar- 
rosée d'huile; car aujourd'hui le 
Seigneur vous apparaîtra. 

9. Ils porterent donc tout ce 
que leur avait ordonné Moise, à 
laporte dutabernacle, où pendant 
que toute la multitude se tenait 
debout, 

6. Moïse dit : Voici la parole 
qu'aordonnéeleSeigneur; accom- 
plissez-la et sa gloire vous appa- 
raitra. 

1. Et il dit à Aaron : Approche- 
toi de l'autel, etimmole pour ton 
péché; offre l'holocauste, et prie 
pour toi et pour le peuple, et 
lorsque tu auras sacrifié l'hostie 
du peuple, prie pour lui, comme 
a ordonné le Seigneur. 

8. Et aussitót Aaron s'appro- 
chant de l'autel immola pour son 
péché le veau, 

9. Dont ses fils lui présenterent 
le sang, dans lequel trempant le 
doigt, il toucha les cornes de l'au- 
tel, et il répandit lereste du sang 
au pied de l'autel. 

10. Quant à la graisse, aux 
reins, et à la membrane réticu- 
laire du foie, qui sont pour le 
péché, il les brüla sur l'autel, 
comme avait ordonné le Seigneur 
à Moise; 

11. Mais la chair et la peau, 
c'est hors du camp auil les brüla 
au feu. 


ו וו וו 


36. Par l'entremise de Moïse. Voy. Exode, 1x, 35. 


202 LE LÉVITIQUE. 


12. Il 1mmola aussi la victime 
de l'holocauste; et ses fils lui en 
présenterent le sang, qu'il répan- 
dit autour de l'autel. 

13. Ils lui présenterent aussi 
l'hostie elle-même coupée en 
morceaux avec la téte et chacun 
de ses membres; lesquelles cho- 
ses 11 brüla toutes au feu surl'au- 
tel, 

14. Les intestins et les pieds 
ayant été auparavant lavés dans 
l'eau. 

15. Et offrant le sacrifice pour 
le péché du peuple, il immola le 
bouc; et, l'autel purifié, 

16. Il fit l'holocauste, 

17. Ajoutant au sacrifice les li- 
bations, qui sont pareillement of- 
fertes, et les brülant sur l'autel, 
outre les cérémonies de l'holo- 
causte du matin. 

48. ll immola aussi 16 bœuf et 
le bélier, hosties pacifiques du 
peuple; etses fils lui présenterent 
le sang, qu'il répandit sur l'autel 
tout autour. 

19. Mais la graisse du bœuf, la 
queue du bélier, les reins avec 
leurs graisses et la membrane 
réticulaire du foie, 

20. 118 les poserent sur les poi- 
trines ; et lorsque les graisses eu- 
rent été brülées sur l'autel, 

91. Aaron sépara les poitrines 
des hosties et les épaules droites, 
les élevant devant le Seigneur, 
comme avait ordonné Moise. 

99. Et étendant les mains vers 


[cu. x.] 


le peuple, il le bénit. Or, les 0070- 
tions des hosties pour le péché, 
des holocaustes et des sacrifices 
pacifiques ainsi achevées, il des- 
cendit. 

23. Mais Moise et Aaron étant 
entrés dans le tabernacle de té- 
moignage, et ensuite étant sor- 
tis, ils bénirent le peuple. Alors 
la gloire du Seigneur apparut à 
toute la multitude; 

24. Et voilà qu'un feu sorti du 
Seigneur dévora lholocauste et 
les graisses qui étaient sur l'au- 
tel. Ce qu'ayant vu la multitude, 
ils louerent le Seigneur, tombant 
sur leur face. 


CHAPITRE X. 


Nadab et Abiu consumés par le feu du 
ciel. Le vin défendu aux prétres. Aaron 
laisse consumer toute la victime pour 
le péché. 


1. Alors Nadab et Abiu ayant 
pris les encensoirs, mirent du feu 
et de l'encens dessus, offrant de- 
vant le Seigneur un feu étranger; 
ce qui ne leur avait pas été or- 
donné. 

9. Et un feu sorti du Seigneur 
les dévora, et ils moururent de- 
vant le Seigneur. 

3. Et Moise dit à Aaron: Voilà 
ce qu'a dit le Seigneur : Je serai 
sanctifié dans ceux qui m'appro- 
chent, et je serai glorifié devant 
tout le peuple. Ge qu'entendant, 
Aaron se tut. 

4. Or, Moise ayant appelé Mi- 


23. II Machab., rr, 10. — (παρ. X. 1. Nom., rr, 4; xxvi, 61; 1 Par., xxiv, 2, 


22. Il descendit de l'autel où il était monté pour bénir le peuple. 


24. Un feu sorti du Seigneur; c'est-à-dire descendu du ciel, selon l'auteur du 
deuxième livre des Machabées (u, 40); ce qui arriva aussi à la dédicace du temple 
de Salomon (II Paralip., vn, 1); ou bien, selon plusieurs interprétes, sorti, soit du 
sanctuaire, soit de la nuée de lumière où le Seigneur était présent. 


[ca. x.) 
saél et Elisapnan fils d'Oziel, on- 
cle d'Aaron, leur dit : Allez et 
prenez vos freres de devant le 
sanctuaire, et emportez-les hors 
du camp. 

5. Et aussitót allant, il les pri- 

ent, comme ils gisaient, vétus 
de leurs tuniques de lin, et ils les 
jeterent dehors, comme il leur 
avait été commandé. 

6. Alors Moise dit à Aaron, et 
à Eléazar et à Ithamar ses fils : Ne 
découvrez pas vos tétes, et ne 
déchirez pas vos vétements, de 
peur que vous ne mouriez, et que 
lindignation ne s'élève contre 
toute l'assemblée. Que vos freres 
et toute la maison d'Israél pleu- 
rent l'incendie que le Seigneur a 
suscité ; 

7. Mais vous, vous ne sortirez 
peint de la porte du tabernacle; 
autrement vous périrez; car 
l'huile de la sainte onction est 
sur vous. Ceux-ci firent tout selon 
l'ordre de Moise. 

8. LeSeigneur ditaussiàAaron: 

9. Vous ne boirez point de vin 
et de tout ce qui peut enivrer, toi 
et tes fils, quand vous entrerez 
dansletabernacle de témoignage, 
de peur que vous ne mouriez; 
parce que c'est un précepte per- 
pétuel pour vos générations, 

10. Et afin que vous ayez la 
science de discerner entre le saint 
et le profane, entre ce qui est 
souillé et ce qui est pur, 

11. Et que vous enseigniez aux 
enfants d'Israël tout ce qui con- 
cerne mes lois que le Seigneur a 


16. II Machab., ,זז‎ 


LE LÉVITIQUE. 


203 


proclamées par l'entremise de 
Moise. 

19. Moise dit alors à Aaron, à 
Eléazar et 8 Ithamar, ses fils qui 
lui étaient restés : Prenez le sa- 
crifice qui est resté de l'oblation 
du Seigneur, et mangez-le sans 
levain pres de l'autel, parce que 
c'est une chose tres sainte. 

13. Or, vous le mangerez dans 
un lieu saint, parce qu'il vous a 
été donné, à toi et à tes fils, des 
oblations du Seigneur, comme il 
m'a été ordonné. 

14. La poitrine aussi qui a été 
offerte, et l'épaule qui a été sépa- 
rée, vous les mangerez dans un 
lieu trés pur, toi et tes fils et tes 
filles avec toi; car c'est pour toi 
et pour tes enfants qu'elles ont 
été réservées, des hosties salu- 
taires des enfants d'Israël; 

15. Parce qu'ils ont élevé de- 
vant le Seigneur l'épaule, la poi- 
trine etles graisses qui sont brü- 
lées sur l'autel, et qu'elles t'ap- 
partiennent à toi et à tes fils par 
une loi perpétuelle, comme a or- 
donné le Seigneur. 

16. Cependant, comme Moise 
cherchait le bouc qui avait été of- 
fert pour le péché, il le trouva 
entierement brülé ; or, irrité con- 
tre Eléazar et Ithamar, fils d'Aa- 
ron, qui lui étaient restés, il dit : 

17. Pourquoi n'avez-vous pas 
mangé dans le lieu saint l'hostie 
pour le péché, quiest trés sainte, 
et qui vous a été donnée, afin que 
vous portiez l'iniquité de la mul- 
titude, et que vous priiez pour 


14. Des hosties saluluires, ou, comme on l'entend généralement, des hosties paci- 
fiques, qui étaient offertes pour le salut, la paix et la prospérité. 


904 LE LÉVITIQUE. 


elle en la présence du Seigneur, 

18. Surtout puisqu'on n'a pas 
porté de son sang dans les lieux 
saints, et que vous auriez dû la 
manger dans le sanctuaire com- 
me il m'a été ordonné? 

19. Aaron répondit : La victime 
pourle péché a été offerte aujour- 
d'hui, et l'holocauste devant le 
Seigneur; mais pour moi, il m'est 
arrivé ce que tu vois. Comment 
aurais-je pula manger, ou plaire 
au Seigneur dans les cérémonies, 
avec un esprit profondément af- 
fligé? 

20. Ce qu'ayant entendu Moi- 
se, il reçut son excuse. 


CHAPITRE XI. 


Distinction des animaux purs et des 
animaux impurs. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moise et à Aaron, disant : 

9. Dites aux enfants d'Israël : 
Voiciles animaux que vous devez 
manger, d'entre tous les animaux 
de la terre : 

3. Tout ce qui a l'ongle fendu et 
qui rumine parmi les bétes, vous 
en mangerez. 

4. Pour tout ce qui rumine et 
qui ἃ un ongle, mais qui ne l'a 
pas fendu, comme le chameau et 
tous les autres, vous n'en mange- 
rez point, et vous le compterez 
parmi les bétes impures. 

5. Le chérogrylle qui rumine, 


[cn. xr.] 
mais qui n'a point l'ongle fendu, 
est impur. 

6. Le lièvre également; car il 
rumine, lui aussi, mais il n'a pas 
l'ongle fendu. 

1. Lepourceau encore, qui quoi- 
qu'il ait l'ongle fendu, ne rumine 
point. 

8. Vous ne mangerez point de 
la chair de ces bêtes , et vous ne 
toucherez pointleurscorps morts, 
parce qu'ils sont impurs pour 
vous. | 
9. Voici les bétes qui sont en- 
gendrées dansles eaux, et dont il 
est permis de manger. Tout ce 
qui a des nageoires et des écail- 
les, tant dans 18 mer que dans les 
rivières et dans les étangs, vous 
en mangerez. 

10. Mais tout ce qui n'a pas de 
nageoires et d'écailles dans 0 
qui se meut et vit dans les eaux, 
vous sera abominable, 

41. Et vous l'aurez en exécra- 
tion; vous n'en mangerez point 
la chair et vous éviterez leurs 
corps morts. 

19. Tout ce qui n'a pas de na- 
geoires etd'écailles dans les eaux 
sera impur. 

13. Voici ceux des oiseaux que 
vous ne devez pas manger, et qui 
sont à éviter pour vous : l'aigle, 
le griffon, l'aigle de mer, 

14. Le milan, le vautour, selon 
son espèce ; 

15. Tout ce qui dans l'espèce du 


(βαρ. XI. 2. Deut., xiv, 4. — 1. II Machab., vi, 18. 


5. * Le chérogrylle est le porc-épic, mais l'hébreu parait désigner le daman, animal 
de la grosseur du liévre. 

6. * Le lièvre. car il rumine. Le lièvre n'est pas un animal ruminant dans le sens 
scientifique du mot, mais ici on doit prendre le mot ruminant dans le sens large 
d'animal qui mâche sans manger et rumine du museau, non dans son acception 
physiologique d'animal à quatre estomacs. 

14. Son espèce; littér. Son genre. Voy. Genèse, 1, i. 


[cu. xr.] 


corbeau est à sa ressemblance : 

46. L'autruche, le hibou, le 
larus, lépervier selon son es- 
pece; 

47. Le chat-huant, le plongeon, 
l'ibis, 

48. Le cygne, l'onocrotale, le 
porphyrion, 

19. Le héron, le pluvier selon 
son espece; lahuppeet 18 chauve- 
souris. 

90. Tout ce qui d'entre les vo- 
latiles, marche sur quatre pieds, 
vous sera abominable. 

91. Tout ce qui au contraire 
marche, à la vérité, sur quatre 
pieds, mais a les jambes de der- 
rière plus longues, avec lesquel- 
les il saute sur la terre, 

22. Vous devez en manger; tel 
est le bruchus dans son espece, 
l'attachus, l'ophiomachus, la sau- 
terelle, chacun selon son espece. 

23. Mais tout ce qui d'entre les 
volatiles a seulement quatre 
pieds vous sera en exécration; 

24. Et quiconque touchera leurs 
corps morts, sera 8001116, il sera 
impur jusqu'au soir; 

25. Et s'il est nécessaire qu'il 
porte quelqu'un de ces animaux 
mort, il lavera ses vétements, et 
il sera impur jusqu'au coucher du 
soleil. 

26. Tout animal quia un ongle, 
mais qui ne l’a pas fendu et qui 
ne rumine pas, est impur ; et ce- 
lui. qui le touchera sera souillé. 

27. Ce qui marche sur quatre 
mains, d'entre tous les animaux 
quadrupedes qui marchent, sera 
impur : celui qui touchera leurs 
corps morts sera souillé jusqu'au 
soir. 

28. Et celui qui portera des 
corps morts de cette sorte, lave- 


LE LÉVITIQUE. 205 


ra ses vétements, etil sera impur 
jusqu'au soir, parce que toutes 
ces choses sont immondes pour 
vous. 

29. Vous compterez aussi par- 
mi les choses souillées d'entre les 
animaux qui se meuvent sur la 
terre, la belette, le rat etle croco- 
dile, chacun selon son espèce; 

30. La musaraigne, le camé- 
léon, le stellion, le lézard et la 
taupe. 

31. Tout ces animaux sont im- 
purs. Celui qui touchera leurs 
corps morts sera impur jusqu'au 
SOIT ; 

32. Et sur quoi que ce soit que 
tombe quelque chose de leurs 
corps morts, il sera souillé; que 
ce soit un vase de bois, ou un vé- 
tement, ou des peaux et des cili- 
ces; et tous les objets avec les- 
quels se fait quelque ouvrage, se- 
ront lavés dans l’eau, et seront 
souillés jusqu'au soir, et de cette 
maniere ils seront ensuite pu- 
rifiés. 

33. Mais le vase de terre dans 
l'intérieur duquel quelqu'une de 
ceschosesseratombée, serasouil- 
lé ; il doit être brisé. 

34. Toutaliment que vous man- 
gerez, s'il se répand de l'eau sur 
lui, sera impur; et toute liqueur 
quise boit dans un vase quelcon- 
que, sera impure. 

35. Et tout ce qui de tels corps 
morts tombera sur le vase, sera 
impur; que ce soient des fours, 
ou des marmites, ils seront bri- 
sés et ils seront impurs. 

36. Mais les fontaines et les ci- 
ternes et tout réservoir d'eaux 
sera pur. Celui qui touchera le 
corps mort de ces animaux, sera 
souillé. 


900 LE LÉVITIQUE. 


91. S'il tombe sur la semence, 
il ne la souillera pas. 

38. Mais si quelqu'un répand de 
l'eau sur 18 semence, et qu'après 
cela elle soittouchée parles corps 
morts, elle sera aussitót souillée. 

39. S'il meurt un animal qu'il 
vous est permis de manger, ce- 
lui qui touchera son corps sera 
impur jusqu'au soir; 

40. Et celui qui en mangera 
quelque chose ou en portera, la- 
vera ses vétements et sera impur 
jusqu'au soir. 

44. Tout ce qui rampe sur la 
terresera abominable; etl'on n'en 
prendra point pour nourriture. 

49. Tout ce qui étant quadru- 
pede, et ce qui ayant beaucoup de 
pieds marche sur la poitrine, ou 
se traine sur la terre, vous n'en 
mangerez point, parce qu'il est 
abominable. 

43. Ne souillez point vos àmes, 
et ne touchez aucune de ces cho- 
ses, de peur que vous ne soyez 
impurs. 

44. Car c’est moi qui suis le Sei- 
gneur votre Dieu : soyez saints, 
parce que moi, je suis saint. Ne 
souillez point vos âmes par aucun 


reptile qui se meut sur la terre. 


49. Car c'est moi qui suis le 
Seigneur qui vous ai retirés de la 
terre d'Egypte, afin que je fusse 
Dieu pour vous. Soyez saints, 
parce que moi, je suis saint. 

46. Telle est la loi des animaux 
et des volatiles et de toute àme 
vivante, qui se meut dans l'eau, 
et qui rampe sur la terre; 

47. Afin que vous connaissiez 
les différences de ce qui est pur et 
impur, et que vous sachiez ce que 


fcu. χα. 


vous devez manger et ce que 
vous devez rejeter 


CHAPITRE XII. 


Loi touchant la purification des femmes 
aprés leur accouchement. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

2. Parle aux enfants d'Israél et 
tu leur diras : Si une femme, 
aprés avoir concu, enfante un en- 
fant mâle, elle sera impure pen- 
dant sept jours, selon les jours 
de la séparation menstruelle, 

3. Et au huitième jour le petit 
enfant sera circoncis : 

4. Mais elle demeurera elle- 
méme trente-trois jours dans le 
sang de sa purification. Elle ne 
touchera aucune chose sainte, et 
elle n'entrera pas dans le sanc- 
tuaire, jusqu'à ce que soient ac- 
complis les jours de sa purifica- 
tion. 

5. Que si elle enfante une fille, 
elle sera impure pendant deux 
semaines, selon le rite du flux 
menstruel, et pendant soixante- 
six jours elle demeurera dans le 
sang de sa purification. 

6. Et lorsque seront accomplis 
les jours de sa purificalion, pour 
un fils ou pour une fille, elle por- 
tera un agneau d'un an pour l'ho- 
locauste, etlepetit d'une colombe 
ou bien une tourterelle pour le 
péché à la porte du tabernacle de 
témoignage, et elle les donnera 
au prétre, 

7. Qui les offrira devant le Sei- 
gneur et priera pour elle; et c'est 
ainsi qu'elle sera purifiée de la 
perte de son sang. Telle est la loi 


44, 1 Pierre, 1, 16. — Cua». XII. 2. Luc, τι, 22. — 3. Luc, u, 21; Jean, vu, 22. 


| .אס‎ xui.) 
de celle qui enfante un enfant 
mále ou une fille. 

8. Que si sa main ne trouve et 
ne peut offrir un agneau, elle 
prendra deux tourterelles ou 
deux petits de colombe, l'un pour 
lholocauste et l’autre pour le 
péché : et le prêtre priera pour 
elle, et c'est ainsi qu'elle sera 
purifiée. 


CHAPITRE XIII. 


Lois pour le discernement de la lépre 
des hommes et des habits. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moise et à Aaron, disant : 

2. L'homme dans la peau ou 
dans la chair duquel se sera for- 
mée une diversité de couleur, soit 
une pustule, ou quelque chose de 
luisant, c'est-à-dire une plaie de 
lepre, sera amené à Aaron, le 
prétre, ou à un de ses fils, quel 
qu'il soit; 

3. Qui, lorsqu'il verra la lèpre 
dans la peau, les poils devenus 
. d'une couleur blanche et l'endroit 
méme où parait la lèpre, plus en- 
foncé que la peau et le reste de 
la chair, déclarera que c'est une 
plaie de lèpre, et d’après sa déci- 
sion l'homme sera séparé. 

4. Si au contraire une blancheur 
luisante est à la peau, et qu'elle 
ne soit pas plus enfoncée que le 
reste de la chair, et que les poils 
soient de leur couleur primitive, 
le prétre le renfermera pendant 
sept jours, 

5. Et il le considérera au sep- 


8. Supra, v, 1, 11; Luc, ur, 24. 


LE LÉVITIQUE. 


207 
tieme jour; et si la lépre n'a pas 
crü davantage, et n'a point dé- 
passé dans la peau ses premieres 
limites, il le renfermera pendant 
sept autres jours. 

6. Etau septieme jour il le re- 
gardera attentivement; si la lèpre 
est plus obscure, et qu'elle n'ait 
pascrüdanslapeau,illedéclarera 
pur, parce que c'est une éruption; 
et l'homme lavera ses vêtements, 
et il sera pur. 

7. Quesi après qu'il aura été vu 
parle prétre, et déclaré pur, la 
lépre eroit de nouveau, il sera 
amené vers lui, 

8. Et il sera condamné pour 
cause d'impureté. 

9. Siune plaiede lèpre setrouve 
dans un homme, il sera amené 
au prêtre, 

10. Et le prêtre le verra. Or, 
lorsquil y aura une couleur 
blanche sur la peau, et qu'elle 
aura changé l'aspect des cheveux, 
et que la chair vive elle-même 
aura aussi paru, 

11. La lèpre sera jugée très 
ancienne et enracinée dans la 
peau. C'est pourquoi le prêtre le 
déclarera souillé, et il ne le ren- 
fermera point, parce qu'il a une 
impureté ires visible. 

12. Mais si la lèpre s'épanouit, 
courant sur la peau, et qu'elle 
couvre toute la peau depuis la tête 
jusqu'aux pieds, dans tout ce qui 
tombe sous la vue, 

13. Le prêtre le considérera et 
il jugera qu'il est attaqué d'une 
lèpre trés pure, parce qu'elle est 


3. Séparé du peuple, de la compagnie des autres hommes, 
6. Une éruption simplement; selon d'autres la gale. 


908 


toute devenue d'une couleur 
blanche, et à cause de celà, 
l'homme sera pur. 

14. Maisquandla chair viveaura 
paru en lui, 

15. Alors, au jugement du pré- 
tre ilsera souillé, etil seracompté 
parmilesimpurs ; carlachair vive, 
si elle est entachée de lèpre, est 
impure. 

16. Que si de nouveau elle est 
devenue d’une couleur blanche, 
et qu'elle couvre l'homme tout 
entier, 

17. Le prêtre le considérera et 
déclarera qu'il est pur. 

18. Mais si c'est une chair et 
une peau sur laquelle un ulcere 
s'est formé et a été guéri, 

19. Et qu'à l'endroit de l'ulcere 
il paraisse une cicatrice blanche, 
ou roussâtre, l'homme sera ame- 
né au prétre, 

20. Qui, lorsqu'il verra que 
l'endroit de la lèpre est plus en- 
foncé que le reste de la chair, et 
que les poils sont devenus d'une 
couleur blanche, il le déclarera 
souillé; car c'est une plaie de 
lepre qui s'est formée dans l'ul- 
cere. 

21. Que si le poil est de sa cou- 
leur primitive, et si la cicatrice 
est un peu obscure, et qu'elle ne 
soitpas plus enfoneée que la chair 
voisine, 11 le renfermera pendant 
sept jours. 

92. Et si toutefois elle croit, il 
décidera qu'il a la lèpre. 

93. Si au contraire elle s'est 
arrêtée 8 88 place, c'est la cicatrice 
de l'ulcere, et l'homme sera pur. 

24. Mais si c'est une chair et 
une peau que le feu aura brülée, 
et qui, étant guérie, aura une ci- 
calrice blanche ou rousse, 


LE LÉVITIQUE. 


(cu. xur.] 


95. Le prétre la considérera, et 
voilà qu'elle est devenue d'une 
couleur blanche, et que sa place 
est plus enfoncée que le reste de 
la peau : il le déclarera souillé, 
parce que c'est une plaie de lèpre 
qui s'est formée dansla cicatrice. 

26. Que si la couleur des poils 
n'est point changée, et si la plaie 
n'est pas plus enfoncée que le 
reste de la chair, et que la lèpre 
elle-même paraisse un peu obs- 
cure, il le renfermera pendant 
sept jours, 

27. Et au septième jour, il le 
regardera attentivement : si la 
lèpre ἃ crà sur la peau, il le dé- 
clarera souillé. 

28. Si au contraire la blancheur 
s'arréte à sa place, n'étant pas 
assez claire, c'est la plaie de la 
brülure; et, àcause de cela, il 
sera déclaré pur, parce que c'est 
la cicatrice de la brülure. 

99. Un homme ou une femme, si 
la lepre se produit en eux à la 
téte ou à la barbe, le prétre les 
verra, 

30. Et si toutefois cet endroit 
est plus enfoncé que le reste de 
la chair, et que le poil soit jaune 
et plus délié. que de coutume, il 
les déclarera souillés, parce que 
c'est la lepre de la téte et de la 
barbe. 

31. Si au contraire il voit l'en- 
droit de 18. tache égal à la chair 
voisine et le poil noir, il le ren- 
fermera pendant sept jours, 

32. Et au septieme jour, ille 
regardera. Sila tache n'a pas crü, 
si le poil a gardé sa couleur, et 
si l'endroit de là plaie est égal au 
reste de la chair : 

33. L'homme sera rasé, hormis 
lendroit de la tache, et il sera 


[cH. χα. 
renfermé pendant sept autres 
jours. 

34. Si, au septieme jour, la 
plaie semble s'étre arrétée à sa 
place, et n'étre pas plus enfoncée 
que le reste de la chair, il le dé- 
clarera pur; or, ses vétements 
javés, il sera pur. 

39. Si au contraire apres sa pu- 
rification déclarée, la tache croit 
de nouveau sur la peau, 

36. 11 ne recherchera plus si le 
poil est devenu d'une couleur 
jaune, parce qu'évidemment il 
est impur. 

37. Mais si la tache s'est arré- 
tée, et que les poils soient noirs, 
qu’il reconnaisse que l'homme 
est guéri, et que hardiment il le 
proclame pur. 

38. Un homme, ou une femme, 
si une blancheur parait sur leur 
peau, 

39. Le prêtre les regardera ; s'il 
découvre qu'une blancheur un 
peu obscure luit sur la peau, qu'il 
sache que ce n'est pas une lèpre, 
mais une tache de couleur blan- 
che, et que l'homme est pur. 

40. Un homme dont les cheveux 
tombent de la tête est chauve et 
pur; 

44. Et si c’est du front que tom- 
bent les cheveux, il est chauve 
par devant et pur. 

42. Si au contraire sur la partie 
chauve de derriere et sur la par- 
tie chauve de devant une couleur 
blanche ou rousse se forme, 

43. Et que le prêtre la voie, il 
le condamnera pour cause d'une 
lèpre non douteuse qui s'est for- 
mée sur la partie chauve. 

44. Quiconque donc sera enta- 
ché de la lèpre, et aura été sépa- 
ré d'aprés la décision du prétre, 

A. T. 


LE LÉVITIQUE. 


209 


49. Aura ses vétements décou- 
sus, 18 tête nue, le visage couvert 
de son vêtement, et il criera qu'il 
est souillé et impur. 

46. Pendant tout le temps qu'il 
sera lépreux et impur, il habitera 
seul hors du camp. 

47. Le vêtement de laine ou de 
lin qui aura une lèpre 

48. Dans la chaîne et la trame, 
ou certainement une peau, ou 
tout ce qui se fait de peau, 

49. S'il est souillé d'une tache 
blanche ou rousse, elle sera répu- 
tée jepre, et montrée au prêtre, 

50. Qui apres l'avoir considé- 
rée l'enfermera pendant sept 
jours ; 

91. Et au septieme jour la re- 
gardant de nouveau, s'il découvre 
qu'elle a crü, c'est une lèpre per- 
sévérante : il jugera le vétement 
souillé, ainsi que toute chose en 
laquelle sera trouvée /a tache; 

δῶ, Et à cause de cela il sera 
entierement brülé par les flam- 
mes. 

53. Que s’il voit que la tache 
n'ait pas crü, 

δά. Il ordonnera, et on lavera 
ce qui contient la lèpre, et il l'en- 
fermera pendant sept autres 
jours. 

55. Et lorsqu'il verra que son 
aspect primitif n'est pas revenu, 
et que cependant la lèpre n'a pas 
crü, il jugera le vétement impur 
et le brülera au feu, parce que la 
lèpre s'est répandue à la superfi- 
cie du vétement, ou dans l'épais- 
seur. 

56. Si au contraire l'endroit de 
la lépre est plus sombre aprés 
que le vétement aura été lavé, il 
le déchirera et le séparera du 
vétement entier. 

ape 14 


210 
97. Que s'il parait encore dans 
ces endroits qui auparavant 


étaient sans tache, une lèpre vo- 
lante et vague, il doit étre brülé 
au feu. 

58. Si elle cesse, il lavera une 
seconde fois dans l'eau les par- 
lies qui sont pures, et elles se- 
ront entièrement pures. 

59. Telle est 18 loi de la lèpre 
du vêtement de. laine et de lin, 
de la chaine et de la trame, et de 
tout objet qui est fait de peau, 
pour qu'on sache comment on 
doit déclarer qu'il est pur ou qu'il 
est souillé. 


CHAPITRE XIV. 


Lois pour la purification des lépreux. 
Lois touchant la lépre des maisons. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

2. Voici le rite du lépreux, 
quand il doit être purifié : il sera 
amené au prêtre ; 

3. Qui, étant sorti du camp, 
lorsqu'il trouvera que la lèpre est 
guérie, 

4. Ordonnera à celui qui est 
purifié qu'il offre pour lui deux 
passereaux vivants, dont il est 
permis de manger, du bois de 
cèdre, de l'écarlate et de l'hy- 
sope. 

ὃ. ll commandera aussi que 
lun des passereaux soit immolé 
dans un vase de terre sur des 
eaux vives; 

6. Mais l’autre vivant, il le trem- 
pera avec le bois de cèdre, l’écar- 


LE LÉVITIQUE. 


[cm. xrv.] 


late et l'hysope dans 16 sang du 
passereau immolé, 

7. Dont il aspergera sept fois 
celui qui doit étre purifié, afin 
quil soit légitimement purifié ; 
puis il lâchera 16 passereau vi- 
vant, pour qu'il s'envole dans la 
campagne. 

8. Et lorsque l'homme aura lavé 
ses vêtements, il rasera tous les 
poils de son corps et 1] sera lavé 
dans l’eau ; et étant purifié, il en- 
trera dans le camp, de telle sorte 
seulement qu'il demeurera hors 
de sa tente pendant sept jours; 

9. Et au septième jour il rasera 
les cheveux de sa téte, sa barbe, 
ses sourcils etles poils de tout le 
corps. Ensuite, les vêtements et 
le corps lavés une seconde fois; 

10. Au huitième jour, il prendra 
deux agneaux sans tache, et une 
brebis d'un an sans tache, et trois 
décimes de fleur de farine qui 
soit arrosée d'huile pour un sa- 
crifice, et séparément un setier 
d'huile. 
| M. Et lorsque le prêtre, puri- 
fiant l'homme, l’aura présenté, 
ainsi que toutes ces choses de- 
vant le Seigneur à la porte du 
tabernacle de témoignage, 

19. Il prendra un agneau et 
l'offrira pour le délit, et un setier 
d'huile; et toutes ces choses 
offertes devant le Seigneur, 

13. 11 immolera l'agneau où a 
coutume d'étre immolée l'hostie 
pour le péché ainsi que l’holo- 
causte, c'est-à-dire dans le lieu 
saint. Car comme dans le sacrifice 


(βαρ. XIV. 2. Matt., virt, 4. — 4. Marc, 1, 44; Luc, v, 14. 


10. Décimes, setier. Voy. Abrégé d'introduction, pag. 941. — * Un selier d'huile, 


52 centilitres. 
12. Pour le délit. Voy. v, 3. 


]68. xiv.] 
pour le péché, de méme aussi 
dans le sacrifice pour loffense, 
c'estau prêtre qu'appartient l'hos- 
tie : elle est tres sainte. 

14. Orle prétre prenant du sang 
de l’hostie qui 8 étéimmolée pour 
le délit, le mettra sur l'extrémité 
de l'oreille droite de celui qui est 
purifié, et sur les pouces de la 
main droite et du pied ; 

15. Ensuite il versera du setier 
d'huile dans sa main gauche, 

16. Trempera son doigt droit 
dans cette huile, et fera las- 
persion devant le Seigneur sept 
fois. 

11. Quant à ce qui sera de reste 
de l'huile en sa main gauche, il 
le répandra sur lextrémité de 
l'oreille droite de celui qui est 
purifié, sur les pouces de la main 
et du pied droits, et sur le sang 
qui a été répandu pourle délit, 

18. Et sur la tête de l'homme, 

19. Et il priera pour lui devant 
le Seigneur, et il offrira le sacri- 
fice pour le péché : alors ilimmo- 
lera l'holocauste, 

20. Et il le mettra sur l'autel 
avec ses libations, et l'homme 
sera purifié selon les rites. 

21. Que s'il est pauvre et que 
sa main ne puisse trouver ce qui 
a été dit, il prendra un agneau 
en oblation pour le délit, afin que 
le prêtre prie pour lui, une 
dixième partie de fleur de farine 
arrosée d'huile pour un sacrifice, 
et un setier d'huile, 

22. Et deux tourterelles ou bien 
deux petits de colombe, dont l'un 
soit pour le péché et l'autre pour 
un holocauste ; 

23. Et au huitième jour de sa 


22. Supra, v, 7, 11; xri, 8; Luc, 11, 24. 


LE LÉVITIQUE. 211 


purification, il les présentera au 
prêtre à la porte du tabernacle de 
témoignage devant le Seigneur ; 

24. Alors le prêtre, recevant 
l'agneau pour le délit et le setier 
d'huile, les élévera ensemble ; 

95. Puis, l'agneau immolé, il 
mettra de son sang sur l'extré- 
mité de l'oreille droite de celui 
qui est purifié, et sur les pouces 
de sa main et de son pied droits; 

26. Il versera aussi une partie 
de l'huile dans sa main gauche, 

27. Et, y trempant le doigt de 
la main droite, il fera l'aspersion 
sept fois devant le Seigneur: 

98. Et il touchera l'extrémité 
de l'oreille droite de celui qui est 
purifié, et les pouces de la main 
et du pied droits, à l'endroit qui 
avait été arrosé du sang répandu 
pour le délit. 

29. Mais le reste de l'huile, qui 
est dans sa main gauche, il le 
mettra sur 18 tête du purifié, afin 
quil fléchisse pour lui le Sei- 
gneur. 

30. Il offrira aussi une tourte- 
relle ou un petit de colombe; 

31. L'un pour l'offense, et l'au- 
tre pour un holocauste avec ses 
libations. 

32. Tel est le sacrifice du lé- 
preux qui ne peut pas avoir tou- 
tes les choses pour sa purifica- 
tion. 

33. Le Seigneur parla encore à 
Moise et à Aaron, disant : 

34. Lorsque vous serez entrés 
dans la terre de Chanaan que je 
vous donnerai moi-méme en pos- 
session, s'il se trouve une plaie 
de lèpre dans quelque maison, 

35. Celui à qui appartient la 


212 
maisonira, l'annoncantau prêtre, 
et il dira : 11 me semble qu'il y a 
comme une plaie de lèpre dans 
ma maison. 

36. Or, le prêtre ordonnera que 
l'on emporte tout de 18 maison, 
avant qu'il y entre et qu'il voie 
si elle est lépreuse, de peur que 
ne devienne impur tout 06 qui 
est dans la maison. Mais il entre- 
ra après, pour qu'il considère la 
lepre de la maison ; 

97. Et lorsqu'il verra sur ces 
murs. comme de. petites cavités, 
hideuses par des taches pâles ou 
rougeátres, et plus enfoncées que 
la superficie du mur, 

38. Il sortira hors de la porte de 
la maison, etaussitót il la fermera 
pour sept jours. 

39. Et, revenu au septième jour, 
il la considérera : s'il trouve que 
la lèpre ait crü , 

40. Il commandera d'arracher 
les pierres dans lesquelles est la 
lepre, et de les jeter hors de la 
ville dans un lieu immonde ; 

41. Mais de racler la maison 
elle-méme en dedans tout autour, 
et de jeter cà et là la poussière 
de la raclure hors de la ville dans 
un lieu immonde ; 

49. Puis de remettre. d'autres 
pierres au lieu de celles qui au- 
ront été ótées, et d'enduire la 
maison d'une autre terre. 

43. Mais si, après qu'on aura 
arraché les pierres, raclé la pous- 
sière, enduit avec une autre terre, 

44. Le prétre, étant entré, voit 
lalepre revenue, et les murs cou- 
verts de taches, c’est une lèpre 
persévérante, et la maison est 
impure ; 


LE LÉVITIQUE. 


[cu. xiv.] 


45. Et aussitót on la détruira, 
et on en jettera les pierres, les 
bois et toute la poussiere hors de 
la ville dans un lieu immonde. 

46. Celui qui entrera dans la 
maison, lorsqu'elle sera fermée, 
sera impur jusqu'au soir ; . 

47. Et celui qui y dormira et y 
mangera quelque chose, lavera 
ses vétements. 

48. Que, si le prétre entrant, 
voit que 18 lèpre n’a pas crû dans 
la maison, apres qu'elle aura été 
enduite de nouveau, il la purifie- 
ra, étant redevenue saine; 

49. Et pour sa purification, il 
prendra deux passereaux, du bois 
de cèdre, de l'écarlate et de l'hy- 
sope; 

50. Et, un passereau immolé 
dans un vase de terre sur des 
eaux vives, 

51. Il prendra le bois de cèdre, 
l'hysope,l'écarlate et le passereau 
vivant et tremperale tout dans le 
sang du passereau immolé et dans 
les eaux vives, et il aspergera la 
maison sept fois, 

52. Et il la purifiera tant avec le 
sang du  passsereau mm 6 
qu'avecles eaux vives, le passe- 
reau vivant, le bois de cèdre, 
l'hysope et l'écarlate. 

53. Et lorsqu'il aura laissé le 
passereau s'envoler librement 
dans la campagne, il priera pour 
la maison, et elle sera légitime- 
ment purifiée. 

54. Telle est la loi de toute lèpre 
et plaie; 

55. De la lèpre des vêtements 
et des maisons ; 

56. De la cicatrice et des pus- 
tules qui sortent, de la tache lui- 


ς--  ῖ “.ς-‏ — ———— ה 


94. Et de la plaie qui dégénére en lèpre. 


[cu. xv.] 


sante et des couleurs changées de 
diverses manieres; 

57. Afin qu'on puisse savoir 
quand une chos : est pure ou im- 
pure. 


CHAPITRE XV. 


Loi touchant les impuretés involontaires 
des hommes et des femmes. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moise et à Aaron, disant : 

9. Parlez aux enfants d'Israél 
et dites-leur : Un homme qui a la 
gonorrhée sera impur. 

3. Or, on jugera qu'il est atteint 
de cette maladie, lorsqu'à chaque 
moment s'attachera à sa chair et 
s'accroitra une humeur sale. 

4. Tout lit sur lequel il aura 
dormi, sera impur, et tout endroit 
où il se sera assis. 

9. Si quelque homme touche 
son lit, il laverases vétements, et 
lui-même, s'étant lavé dans l'eau, 
sera impur jusqu'au soir. 

6. S'il s'assied oü cet homme 
s'est assis, il lavera lui aussi ses 
vétements; et s'étant lavé dans 
l'eau, il sera impur jusqu'au soir. 

7. Celui qui aura touché sa 
chair, lavera ses vétements; et 
lui-méme s'étant lavé dans l'eau, 
il sera impur jusqu'au soir. 

8. Si un homme, en cet état, 
jette de sa salive sur celui qui est 
pur, celui-ci laverases vêtements ; 
et s'étant lavé dans l’eau, il sera 
impur jusqu’au soir. 

9. Le bát sur lequel il se sera! 
assis, sera impur; ! 

10. Et tout ce qui aura été sous ! 
celui qui a la gonorrhée sera 
souillé jusqu'au soir. Celui qui 
portera quelqu'une de ces choses, 


LE LÉVITIQUE. 


213 


lavera ses vétements; et lui- 
méme, s'étant lavé dans l'eau, 
sera impur jusqu'au soir. 

11. Tout homme qu'aura touché 
celui qui est en cet état, avant 
d'avoir lavé ses mains, lavera ses 
vétements; et s'étant lavé dans 
l'eau, il sera impur jusqu'au soir. 

19. Un vase de terre qu'il aura 
touché, sera brisé; mais un vase 
de bois sera lavé dans l'eau; 

18. Mais si celui qui endure une 
pareille maladie guérit, il comp- 
tera sept jours après sa purifica- 
tion, et, ses vétements et tout son 
corps lavés dans des eaux vives, 
il sera pur. 

14. Mais au huitieme jour, il 
prendra deux tourterelles, ou 
deux petits de colombe, et il vien- 
dra en la présence du Seigneur à 
la porte du tabernacle de témoi- 
gnage, elles donnera au prétre, 

15. Qui en sacrifiera un pour 
le péché et l'autre en holocauste; 
et le prêtre priera pour lui devant 
le Seigneur, afin qu'il soit purifié 
de sa gonorrhée. 

16. Un homme qui a usé du ma- 
riage, lavera dans l'eau tout son 
corps, et il sera impur jusqu'au 
soir. 

17. Il lavera dans l'eau le véte- 
ment etla peau qu'il avait sur lui, 
et elle sera impure jusqu'au soir. 

18. La femme dont il se sera 
approché sera lavée dans l'eau, et 
elle sera impure jusqu'au soir. 

19. Une femme, qui au retour 
du mois éprouve un écoulement 
de sang, sera séparée pendant 
sept jours. 

20: Quiconque la touchera sera 
impur jusqu'au soir; 


———— —— Áo בב‎ 07 0 τ τ ios uU 0 SDN 
19. Séparée ; c'est-à-dire éloignée des choses saintes. 


914 LE LÉVITIQUE. 


21. Et l'endroit dans lequel elle 
aura dormi, ou se sera assise 
dans les jours de sa séparation, 
sera souillé. 


22. Celui qui aura touché son | 


lit, lavera ses vêtements; et lui- 
méme, s'étant lavé dans l'eau, 
sera impur jusqu au soir. 

23. Quiconque aura touché un 
meuble, quel qu'il soit, sur lequel 
elle sesera assise, lavera ses véte- 
ments; et lui-méme , s'étant lavé 
dans l'eau, il sera souillé jusqu'au 
soir. 

24. Si un homme s'approche 
d'elle dans le temps de ses mois, 
il sera impur pendant sept jours; 
et tout lit sur lequel il dormira 
sera souillé. 

25. Une femme, qui éprouve 
pendant plusieurs jours une perte 
de sang, horsle temps menstruel, 
ou qui aprés le sang menstruel 
ne cesse pas d'avoir cette perte, 
tant qu'elle sera atteinte de cette 
maladie, sera impure, comme si 
elleétaitdansle temps menstruel. 

26. Tout lit sur lequel elle aura 
dormi, et tout meuble sur lequel 
elle aura été assise, sera souillé. 

27. Quiconque aura touché ces 
choses, lavera ses vêtements; et 
lui-méme, s'étant lavé dans l'eau, 
sera impur jusqu'au soir. 

28. Si le sang s'arréte, et cesse 
decouler, elle compterasept jours 
jusqu'à sa purification ; 

29. Et au huitième jour, elle of- 
frira pour elle au prêtre deux tour- 
terelles ou deux petits de co- 
lombes à la porte du tabernacle 
de témoignage. 

30. Le prêtre en sacrifiera un 
pour le péché et l'autre en. holo- 


[cH. xvi.] 
causte; et il priera pour elle de- 
vantle Seigneur, et pour la cause 
de son impureté. 

31. Vous instruirez donc les en- 
fants d'Israël, afin qu'ils se gar- 
dent de l'impureté, et qu'ils ne 
meurent point dans leurs souil- 
lures, lorsqu'ils auront profané 
mon tabernacle, qui est au milieu 
de vous. 

32. Telle est la loi de celui qui 
ala gonorrhée, et qui se souille 
en usant du mariage, 

33. Et de celle qui est séparée 
à cause de ses mois, ou qui 
éprouve une perte de sang conti- 
nuelle, et de l'homme qui aura 
dormi avec elle. 


CHAPITRE XVI. 


Entrée du grand prétre dans le sanc- 
tuaire. Bouc émissaire chargé des pé- 
chés du peuple. Féte de l'expiation. 


1. Or, le Seigneur parla à Moïse 
apres la mort des deux fils d'Aa- 
ron, quand, offrant un feu étran- 
ger, ils furent tués; 

9. Etillui ordonna, disant : Dis 
à Aaron ton frere, qu'il n'entre 
pas en tout temps dans le sanc- 
tuaire, qui est au dedans du voile 
devant le propitiatoire dont l'ar- 
che est couverte, de peur qu'il ne 
meure (car j'apparaitrai dans la 
nuée sur l'oracle), 

3. S'il ne fait pas auparavant 
ces choses : il offrira un veau 
pour le péché et un bélier en ho- 
locauste. 

4. Il se revétira d'une tunique 
de lin, couvrira de calecons de lin 
sa nudité; il se ceindra d'une 
ceinture de lin;il mettra une 
tiare de lin sur sa tête; car ces 


(βαρ. XVI. 1. Suora, x, 1, 2. — 2. Exode, xxx, 10; Hébr., ix, 7. 


[cH. xvr.] 


vêtements sont saints; illes revé- 
tira tous, lorsqu'il se sera lavé. 

5. Il recevra ensuite de la mul- 
titude des enfants d'Israél deux 
boucs pour le péché et un bélier 
en holocauste. 

6. Et lorsqu'il aura offert le 
veau, et qu'il aura prié pour lui 
et pour sa maison, 

7. Il présentera les deux boucs 
devant le Seigneur à la porte du 
tabernacle de témoignage; 

8. Et jetant le sort sur les deux, 
un sort pour le Seigneur, et 
l'autre pourle bouc émissaire, 

9. Celui dont le sort sera sorti 
pour le Seigneur, il l'offrira pour 
le péché; 

10. Mais celui dont /e sort sera 
sorti pour le bouc émissaire, il le 
présentera vivant devant le Sei- 
gneur pour répandre des prieres 
sur lui, et l'envoyer dans le dé- 
sert; 

41. Ges choses faites avec so- 
lennité selon les rites, il offrira le 
veau, et priant pour lui-méme et 
pour sa maison, il l'immolera : 

19. Puis, ayant pris l'encensoir 
qu'il aura rempli de charbons de 
l'autel, et prenant de la main le 
parfum composé pour étre brülé, 
il entrera au dedans du voile dans 
les lieux saints ; 

13. Afin queles parfums étant 
mis sur le feu, leur fumée et leur 
vapeur couvre l'oracle, qui est 
sur le témoignage, et qu'il ne 
meure point. 


17. Luc, 1, 10. 


LE LÉVITIQUE. 


215 


14. Il prendra aussi du sang de 
veau, et il fera l'aspersion avec 
le doigt sept fois contre le propi- 
tiatoire du cóté de l'orient, 

15. Et lorsqu'il aura immolé le 
boue pour le péché du peuple, 
il apportera son sang au dedans 
du voile, comme il a ordonné 
pour le sang du veau, afin qu'il 
fasse l'aspersion vis-à-vis de 10- 
racle, 

16. Et qu'il purifielesanctuaire 
des impuretés des enfants d'Is- 
raël, de leurs prévarications et de 
tous leurs péchés. Il purifiera se- 
lon ce rite le tabernacle de témoi- 
gnage, qui est dressé parmi eux 
au milieu des souillures de leur 
habitation. 

47. Que nul homme ne soit 
dans le tabernacle, quand le pon- 
tife entrera dans le sanctuaire, 
afin de prier pour lui-méme et 
pour sa maison et pour toute l'as- 
semblée d'Israël, jusqu'à ce qu'il 
sorte. 

18. Mais lorsqu'il sera sorti 
pour venir àl'autel qui est devant 
le Seigneur, qu'il prie pour lui- 
méme, et aprésavoir pris du sang 
du veau et du bouc, qu'il le ré- 
pande sur les cornes de l'autel 
tout autour, 

19. Et que faisant laspersion 
avec le doigt sept fois, il le pu- 
rifie et le sanctifie des impuretés 
des enfants d'Israël. 

20. Aprés quil aura purifié le 
sanctuaire,letabernacle etl'autel, 


9. Celui dont le sort, etc. Le bouc que le sort aura désigné comme devant étre 


immolé au Seigneur. 


13. Qui est sur le témoignage; pour, sur l'arche dans laquelle est le témoignage, 
c'est-à-dire la 101. Compar. Exode, xx, 16; xxvi, 93. 
18. L'autel qui, etc. C'est l'autel des parfums. 


216 


qu'il ottre alors le bouc vivant; 

94. Et, les deux mains posées 
sur sa tête, qu'il confesse toutes 
les iniquités des enfants d'Israël, 
tous leurs délits et tous leurs pé- 
chés; et les appelant sur sa tête, 
il l’enverra par un homme choisi 
pour cela, dans le désert. 

29. Et lorsque le bouc aura 
porté toutes leurs iniquités dans 
une terre solitaire, et qu'il aura 
été lâché dans le désert, 

93. Aaron retournera au taber- 
nacle de témoignage, et se dé- 
pouillant des vêtements dont il 
était auparavant revêtu, quand il 
entrait dans le sanctuaire, et les 
laissant là, 

24. Il lavera sa chair dans un 
lieu saint, et il se revétira de ses 
vétements. Etapres qu'étantsorli, 
il aura offert son holocauste et 
celui du peuple, il priera tant 
pour lui-même que pour le 
peuple; 

95. Et la graisse qui a été of- 
ferte pour les péchés, il la brülera 
sur l'autel. 

96. Quant à celui qui aura con- 
duit le bouc émissaire, il lavera 
ses vétements et son corps dans 
l'eau, et c'est ainsi qu'il entrera 
dans le camp. 

97. Maisle veau etle bouc qui 
avaient été immolés pour le pé- 
ché et dontle sang avaitété porté 
dans le sanctuaire pour que l'ex- 
piation füt accomplie, on les em- 


LE LÉVITIQUE. 


(en. x vr.] 


portera hors du camp, et on brü- 
lera au feu, tant leur peau, que 
leur chair et leur fiente; 

98. Et quiconque les aura brü- 
lées, lavera ses vétements et sa 
chair dans leau, et c'est ainsi 
qu'il entrera dans le camp. 

29. Or ceci sera pour vous une 
loi perpétuelle Au septième 
mois, au dixième jour du mois, 
vous affligerez vos âmes, vous ne 
ferez aucun travail, soit lindi- 
gene, soit l'étranger qui séjour- 
nent parmi vous. 

30. En ce jour-là sera votre ex- 
piation, et la purification de tous 
vos péchés; c'est devant le Sei- 
gneur que vous serez purifiés ; 

31. Car c'est un sabbat de repos, 
et vous affligerez vos âmes par 
un culte perpétuel. 

32. Or il fera la purification, le 
prétre qui aura été oint et dont 
les mains auront été consacrées, 
pour exercer les fonctions du sa- 
cerdoce à la place de son père : et 
il sera revêtu de la robe de lin et 
des vêtements saints, 

33. Etil purifiera le sanctuaire, 
le tabernacle de témoignage et 
l'autel, les prétres aussi et tout le 
peuple. 

34. Et ce sera pour vous une loi 
perpétuelle, que vous priiez pour 
les enfants d'Israël et pour tous 
leurs péchés une fois dansl'année. 
Moïse fit donc comme lui avait 
ordonné le Seigneur. 


27. Héb., xii, 11. — 29. Infra, xxri, 27, 28. 


δος‏ ו 


29. Affliger son âme, veut dire, dans le langage de l'Ecriture, se livrer au jeüne et 


aux autres œuvres de pénitence. 


31. C'est un sabbat de repos; c'est-à-dire un repos de repos; hébraisme, pour un 
grand repos, le repos par excellence, ou qui doit étre observé plus rigoureusement, 


plus parfaitement que les autres. 


[cu. xvu.] 


CHAPITRE XVII. 


Défense de sacrifier au Seigneur en au- 
cun autre lieu qu'à l'entrée du taber- 
nacle. Défense de manger du sang des 
animaux et dela chair des bétes mortes 
d'elles-mémes, ou tuées par d'autres 
bétes. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

2. Parle à Aaron et à ses fils et 
à tous les enfants d'Israél, leur 
disant : Voici la parole qu'a com- 
mandée le Seigneur, disant : 

3. Un homme, quel qu'il soit de 
la maison d'Israél, s'il a tué un 
bœuf, ou une brebis, ou une 
chèvre, dans le camp, ou hors du 
camp, 

4. Et qu'il ne l'ait pas présentée 
à la porte du tabernacle comme 
oblation au Seigneur, sera cou- 
pable de sang : comme s'il avait 
répandu le sang, ainsi il périra du 
milieu de son peuple. 

5. A cause de cela les enfants 
d'Israél doivent présenter au 
prêtre leurs hosties qu'ils tue- 
ront dans la campagne, 
qu'elles soient consacrées au Sei- 
gneur devant la porte du taber- 
nacle de témoignage, et qu'ils les 
immolent comme des hosties pa- 
cifiques au Seigneur. 

6. Et le prêtre répandra le sang 
sur l'autel du Seigneur à la porte 
du tabernacle de témoignage, et 
il brülera la graisse en odeur de 
suavité pour le Seigneur. 

7. Ainsi ils n'immoleront ja- 
mais plus leurs hosties aux dé- 


LE LÉVITIQUE. 


afin - 


217 
mons, avec lesquels ils ont for- 
niqué. Ce sera une loi perpé- 
tuelle pour eux et pour leurs 
descendants. 

8. Et tu leur diras à eux-mé- 
mes : Un homme de la maison 
d'Israél, et d'entre les étrangers 
qui séjournent chez vous, qui 
aura offert un holocauste ou une 
victime, 

9. Et ne l'amenera pas à la 
porte du tabernacle de témoi- 
gnage, pour qu'elle soit offerte 
au Seigneur, périra du milieu de 
son peuple. 

10. Un homme, quel qu'il soit 
de la maison d'Israël, et d'entre 
les étrangers qui séjournent 
parmi eux, s'il mange du sang, 
jaffermirai ma face contre son 
àme, et je l'exterminerai du mi- 
lieu de son peuple, 

11. Parce que l'àme de la chair 
est dans le sang; or, c'est moi qui 
vous l'ai donné, afin qu'avec lui 
vous fassiez sur lautel des ex- 
piations pour vos âmes, et que 
le sang serve ainsi à l'expiation 
de l'àme. 

19. C'est pourquoi j'ai dit aux 
enfants d'Israël : Nul d'entre vous 
ne mangera du sang, ni aucun 
d'entre les étrangers qui séjour- 
nent chez vous. 

13. Un homme quelconque 
d'entre les enfants d'Israël et 
d'entre les étrangers, qui séjour- 
nent chez vous, sil prend à la 
chasse et au filet une béte sau- 
vage ou un oiseau, dont il est 
permis de manger, qu'il répande 


———————————————————————————————————————————— 


10. J'affermirai ma face contre son áme; c'est-à-dire je ferai éclater ma colére 
contre lui. Souvent, dans l'Ecriture, la face et la coiere de Dieu sont des termes 
synonymes; de méme qu'áme et personne, individu. 

11. L'áme de la chair; la vie, le principe vitai. 


218 


son sang et le couvre de terre. 

14. Car l'âme de toute chair est 
dans le sang; c'est pourquoi j'ai 
dit aux enfants d'Israël : Vous ne 
mangerez le sang d'aucune chair, 
parce que l'àme de la chair est 
dans le sang: et quiconque en 
mangera, périra. 

15. Un homme, tant d'entre les 
indigenes que d'entre les étran- 
gers, qui mangera d'un animal 
crevé, ou pris par une béte sau- 
vage, lavera ses vétements et 
soi-méme dans l'eau, et il sera 
souillé jusqu'au soir : et c'est de 
cette maniere quil deviendra 
pur. 

16. Que s'il ne lave pas ses vé- 
tements et son corps, il portera 
son iniquité. 


CHAPITRE XVIII. 


Dieu défend aux Israélites les coutumes 
des Egyptiens, et les mariages dans 
plusieurs degrés de parenté. ll leur dé- 
fend d'offrir leurs enfants à Moloch, et 
de commettre des impuretés contre 
nature. 


1. Le Seigneur parla à Moïse, 
disant : 

9. Parle aux enfants d'Israël et 
tu leur diras: Je suis le Seigneur 
votre Dieu : 

3. Vous ne vous conduirez point 
selon la coutume de la terre 
d'Egypte, dans laquelle vous avez 
habité ; et vous n'agirez point se- 
lon les mœurs du pays dé Cha- 
naan, dans lequel je dois moi- 
méme vous introduire, et vous 
ne marcherez point dans leurs 
lois. 

4. Vous exécuterez mes ordon- 
nances, vous observerez mes 


LE LÉVITIQUE. 


fem. xvi.] 


préceptes et vous y marcherez. 
Je suis le Seigneur votre Dieu. 

5. Gardez mes lois et mes or- 
donnances; l'homme qui les ac- 
complit, vivra par elles. Je suis 
le Seigneur. 

6. Nul homme ne s'approchera 
d'une femme qui est de son sang 
pour révéler sa nudité. Je suis le 
Seigneur. 

7. Tu ne découvriras point la 
nudité de ton père et la nudité de 
ta mere : c'est ta mere; tu ne ré- 
véleras pas sa nudité. 

8. Tu ne découvriras point la 
nudité de la femme de ton pere; 
car c'est la nudité de ton pere. 

9. Tu ne révéleras point la nu- 
dité de ta sœur de père ou de 
mere, qui est née dans la maison 
ou au dehors. 

10. Tu ne révéleras point la nu- 
dité de la fille de ton fils ou de 
la fille de ta fille; parce que c'est 
ta 6. 

11. Tu nerévéleras point la nu- 
dité de la fille dela femme de ton 
pere, qu'elle a enfantée à ton 
. pere; car elle est ta sœur. 

19. Tu ne découvriras point la 
nudité de la sœur de ton père, 
parce que c'est la chair de ton 
père. 

18. Tu ne révéleras point la nu- 
dité de la sœur de 18 mère, parce 
que c'est la chair de ta mère. 

14. Tu ne révéleras point la nu- 
dité de ton oncle paternel, et tu 
ne t'approcheras point de sa 
femme, qui t'est unie par affi- 
nité. 

15. Tu ne révéleras point la nu- 
dité de ta belle-fille, parce que 
c'est la femme de ton fils, et tu 


(παρ. XVII. 14. Genèse, 1x, 4; Supra, vir, 26. — (παρ. XVIII. 5. Ezéch., xx, 11; Rom., 


Galat 1 ΤΩΣ‏ ו ה 


]68. xvni.) 


ne découvriras point son igno- 
minie. 

16. Tu ne révéleras point la nu- 
dité de la femme de ton frere, 
parce que c'est la nudité de ton 
frere. 

11. Tu ne révéleras pointla nu- 
dité de ta femme et de sa fille. 
Tu ne prendras point la fille de 
son fils et la fille de sa fille, pour 
révéler son ignominie, parce 
qu'elles sont sa chair, et une telle 
union est un inceste. 

18. Tu ne prendras point la 
sœur de ta femme conjointe- 
ment avec elle, et tu ne révéleras 
point sa nudité, elle encore vi- 
vante. 

19. Tu ne t'approcheras point 
de la femme qui ἃ ses mois, et 
tu ne révéleras point son impu- 
reté. 

20. Tu ne t'approcheras point 
de la femme de ton prochain, et 
tu ne te souilleras point par un 
mélange de sang. 

91. Tu ne donneras point de tes 
enfants pour étre consacrés à 
l'idole de Moloch, et tu ne souil- 
leras point le nom de ton Dieu. 
Je suis le Seigneur. 

22. Tu ne t'approcheras point 
d'un homme comme d'une fem- 
me, parce que c'est une abomi- 
nation. 

23. Tu ne t'approcheras d'au- 
cune béte, et tu ne te souilleras 


21. Infra, xx, 2. — 93. Infra, xx, 16. 


LE LÉVITIQUE. 219 


point avec elle. Une femme n'ira 
point vers une béte et ne s'unira 
point avec elle, parce que c'est 
un crime. 

24. Ne soyez point souillés 
d'aucune de ces choses, dont ont 
été souillées toutes les nations, 
que je chasserai moi-méme de- 
vant vous, 

25. Et dont a été souillée cette 
terre de laquelle je visiterai moi- 
méme les crimes, afin qu'elle 
vomisse ses habitants. 

26. Gardez mes lois et mes or- 
donnances, et ne faites aucune 
de ces abominations, tant l'indi- 
gene, que le colon qui séjournent 
chez vous. 

27. Car toutes ces exécrations, 
ils les ont commises, les habitants 
de cette terre qui ont été avant 
vous, et ils l'ont souillée. 

28. Prenez donc garde qu'elle 
ne vous vomisse vous aussi de 
méme, lorsque vous ferez de 
pareilles choses, comme elle a 
vomi la nation qui a été avant 
vous. 

29. Tout homme qui fera quel- 
que chose de ces abominations, 
périra du milieu de son peuple. 

30. Gardez mes commande- 
ments. Ne faites point les choses 
qu'ont faites ceux qui ont été 
avant vous et ne soyez point 
souillés par elles. Je suis le Sei- 
gneur votre Dieu 


21. * A l'idole de Moloch. Moloch, le dieu du feu, du soleil brülant, était représenté, 
d'aprés la tradition juive, sous la forme d'un taureau d'airain, dont l'intérieur était 
creux et vide. Il étendait ses bras comme un homme qui se dispose à recevoir 
quelque chose. On chauffait le monstre à blane, et on lui offrait alors en holocauste 
une innocente victime, un enfant qui était promptement consumé. Le pére assistait 
au sacrifice. Pour que les entrailles paternelles ne fussent pas trop déchirées, on 
battait, dit-on, du tambour afin d'étouffer les cris de l'enfant. 

25. Celle terre; c'est-à-dire la terre de Chanaan. 


9290 


CHAPITRE XIX. 


Respecter ses parents. Garder le sabbat. 
Lois contre l'avarice, le jurement, la 
calomnie, l'injustice et la vengeance. 
Divers autres commandements. 


1. Le Seigneur parla à Moise, 
disant : 

2. Parle à toute l'assemblée des 
enfants d'Israél, et tu leur diras : 
Soyez saints, parce que je suis 
saint, moi, le Seigneur votre 
Dieu. 

3. Que chacun craigne son 
pere et sa mère. Gardez mes 
sabbats. Je suis le Seigneur votre 
Dieu. 

4. Ne vous tournez point vers 
les idoles, et ne vous faites point 
de dieux de fonte. Je suis le Sei- 
gneur votre Dieu. 

5. Si vous immolez une hos- 
tie de sacrifices pacifiques au 
Seigneur, afin quil se laisse flé- 
chir, 

6. Au méme jour qu'elle aura 
été immolée, vous la mangerez, 
et au jour suivant; mais ce qui 
sera de reste au troisième jour, 
vous le brülerez au feu. 

7. Si quelqu'un en mange après 
deux jours, il sera profane et 
coupable d'impiété ; 

8. Et il portera son iniquité, 
parce qu'ila souillé la chose sainte 
du Seigneur, et cette àme périra 
du milieu de son peuple. 

9. Lorsque tu moissonneras les 


LE LÉVITIQUE. 


[cu. xix.] 


blés de la terre, tu ne couperas 
point jusqu'au sol, ce qui sera à 
la superficie de la terre, et tu ne 
ramasseras point les épis res- 
tants. 

10. Et, dans ta vigne, tu ne 
cueilleras point les grappes et 
les grains qui tombent, mais tu 
les laisseras recueillir aux pau- 
vres et aux étrangers. Je suis le 
Seigneur votre Dieu. 

11. Vous ne ferez point de vol, 
vous ne mentirez point, et nul ne 
trompera son prochain. 

19. Tu ne feras point de faux 
serment en mon nom, et tu ne 
souilleras point le nom de ton 
Dieu. Je suis le Seigneur. 

13. Tu ne calomnieras point 
ton prochain, tu ne l'opprimeras 
point par la violence. Le travail 
de ton mercenaire ne demeurera 
point chez toi jusqu'au matin. 

14. Tu ne maudiras point le 
sourd, et devant l'aveugle, tu ne 
mettras pas de pierre d'achoppe- 
ment; mais tu craindras le Sei- 
gneur ton Dieu, parce que c'est 
moi qui suis le Seigneur. 

15. Tu ne feras point ce qui est 
inique, et tu ne jugeras point in- 
justement. Ne considere point la 
personne du pauvre, et n'honore 
point le visage de l'homme puis- 
sant. Juge justement ton pro- 
chain. 

16. Tu ne seras point accusa- 
teur, ni médisant parmile peuple. 


Cnar. XIX. 2. Supra, ,זא‎ 44; I Pierre, 1, 16. — 9. Infra, xxii, 22. — 12. Exode, xx, 7. 
— 13. Eccli., x, 6; Deut., xxiv, 14; Tobie, 1v, 15. — 15. Deut., 1, 17; xvr, 19; Prov., 


xxiv, 23; Eccli., xri, 4 ; Jac., 11, 2. 


9. * Moi, le Seigneur votre Dieu. Beaucoup de lois et prescriptions mosaiques sont 
tomme signées par ces mots par lesquels elles se terminent. 

8. Son iniquité ; c'est-à-dire la peine de son iniquité. 

13. Le travail est mis ici pour le prix, le salaire du travail. 

16. Contre le sang, etc. Tu ne conspireras point contre sa vie. 


[cu. xix.) 
Tu ne t'éleveras point contre le 
sang de ton prochain. Je suis le 
Seigneur. 

11. Ne hais point ton frere en 
ton cœur, mais reprends-le pu- 
bliquement, afin que tu n'aies pas 
de péché à son sujet. 

18. Ne cherche point la ven- 
geance, et tu ne te souviendras 
pas del'injure de tes concitoyens. 
Tu aimeras ton ami comme toi- 
méme. Je suis le Seigneur. 

19. Gardez mes lois. Tu n'ac- 
coupleras pointla béte de somme 
avec des animaux d'une autre 
espèce. Tu ne sèmeras point 
ton champ de diverse semence. 
Tu ne te vêtiras point d'un vête- 
ment qui est tissu de fils diffé- 
rents. 

20. Si un homme dort avec une 
femme, qui soit servante, même 
nubile, mais non rachetée à prix 
d'argent, ni mise en liberté, ils 
seront battus tous deux, et ils ne 
mourront point, parce qu'elle 
n'était pas libre. 

21. Mais pour son délit, l’Aomme 
offrira au Seigneur à la porte du 
tabernacle de témoignage un bé- 
lier; 

22. Et le prétre priera pour lui 
et pour son péché devant le Sei- 
gneur; et il lui redeviendra pro- 
pice, et son péché sera remis. 

23. Quand vous serez entrés 
dans la terre, et que vous y aurez 
planté des arbres fruitiers, vous 


LE LÉVITIQUE. 


221 


les émonderez : les fruits qu'ils 
produisent vous seront impurs, 
et vous n'en mangerez point. 

24. Mais à la quatrième année 
tout leur fruit sera consacré au 
Seigneur au milieu des louanges. 

25. Et, à la cinquième année, 
vous mangerez les fruits, re- 
cueillant ceux que /es arbres por- 
teront. Je suis le Seigneur votre 
Dieu. 

26. Vous ne mangerez rien avec 
le sang. Vous ne consulterez point 
les augures, et vous n’observerez 
point les songes. 

27. Vous ne couperez point vos 
cheveux en rond, et vous ne ra- 
serez point votre barbe. 

28. Vous ne ferez point d'inci- 
sions en votre chair à cause d'un 
mort, et vous ne ferez aucune 
figure ou de marques sur vous. 
Je suis le Seigneur. 

29. Ne prostitue point ta fille, et 
afin que la terre ne soit pas souil- 
lée et qu'elle ne soit pas remplie 
d'impiété. 

30. Gardez mes sabbats, et crai- 
gnez mon sanctuaire. Je suis le 
Seigneur. 

31. Vous n'irez point vers les 
magiciens et vous ne demande- 
rez rien aux devins, pour que 
vous soyez souillés par eux. Je 
suis le Seigneur votre Dieu. 

32. Lève-toi devant une téte 
blanche, et honore la personne 
d'un vieillard : et crains le Sei- 


11, 1 Jean, 11, 11; ru, 14; Eccli., xix, 13; Matt., xvi, 15; Luc, xvii, 3. — 18. Matt., 


v, 43; xxii, 39; Luc, vi, 27; Rom., זוא‎ 9. 


19. De fils differents, litt.: De deux. 


23. Dans la terre de Chanaan que je vous ai promise. 

24. Littér. : Tout leur fruit sera sanctifié, digne de louanges au Seigneur. Dans les 
repas qui accompagnaient les sacrifices on célébrait les louanges du Seigneur. 

30. Craignez mon sanctuaire ; c'est-à-dire révérez-le, ne vous en approchez qu'au 


tant que vous en serez dignes. 


222 LE LÉVITIQUE. 


gneur ton Dieu. Je suis le Sei- 
gneur. 

33. Si un étranger habite en 
votre terre, et s'il demeure par- 
mi vous, ne lui faites point de re- 
proches; 

34. Mais qu'il soit parmi vous 
comme un indigene; et vous l'ai- 
merez comme vous-mémes; car 
vous avez été , vous aussi, étran- 
gers dans la terre d'Egypte. Je 
suis le Seigneur votre Dieu. 

35. Ne faites rien d'inique dans 
le jugement, dans la regle, dans 
le poids, dans la mesure. 

36. Que la balance soit juste, 
les poids justes, le boisseau juste 
et le setier juste. Je suis le Sei- 
gneur votre Dieu, qui vous al re- 
tirés de la terre d'Egypte. 

37. Gardez tous mes préceptes 
et toutes mes ordonnances et 
exécutez-les. Je suis le Seigneur. 


CHAPITRE XX. 


Peine de mort contre ceux qui offrent 
leurs enfants à Moloch, qui consultent 
les devins, qui maudissent leurs péres 
ou leurs méres; contre les adultéres, 
les incestueux, les abominables. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moïse, disant : 

9. Tu diras ces choses aux en- 
fants d'Israël : Si quelque homme 
d'entre les enfants d'Israël, et 
d'entre les étrangers qui habitent 
en Israél, donne de ses enfants à 
lidole de Moloch, qu'il meure de 


[cu. xx.] 
mort : le peuple du pays le lapi- 
dera, 

3. Et moi, je poserai ma face 
contre lui, et je le retrancherai du 
milieu de son peuple, parce qu'il 
a donné de ses enfants à Moloch, 
qu'il a souillé mon sanctuaire, et 
qu'il a profané mon saint nom. 

4. Que si le peuple du pays né- 
gligeant et estimant peu mon 
commandement, laisse aller 
l'homme qui a donné de ses en- 
fants à Moloch, et ne veut point 
le tuer, 

5. Je poserai ma face sur cet 
homme et sur sa parenté, et je le 
retrancherai lui et tous ceux qui 
auront consenti à ce qu'il for- 
niquât avec Moloch, du milieu de 
son peuple. 

6. Un homme qui ira vers les 
magiciens et les devins et forni- 
quera avec eux, je poserai ma 
face contre lui, et je l'extermi- 
nerai du milieu de son peuple. 

7. Sanclifiez-vous et soyez 
saints, parce que c'est moi qui 
suis le Seigneur votre Dieu. 

8. Gardez mes préceptes et exé- 
cutez-les. Je suis le Seigneur qui 
vous sanctifie. 

9. Que celui qui maudit son 
pere ou sa mere, meure de mort : 
c'estson pere et sa mere qu'il a 
maudits, que son sang soit sur 
lui. 

10. Si quelqu'un abuse de la 
femme d'un autre, et commet un 


33. Exode, xxi, 21. — (παρ. XX. 2. Supra, xvrmr, 21. — 7. I Pierre, 1, 16. — 
9. Exode, xxr, 17; Prov., xx, 20; Matt., xv, 4; Marc, vu, 10. — 10. Deut., xxir, 22; Jean, 


VIII, ὃ. 


.-.- — —MÓ— M M — ——— M—— ————— 


35. * Dans la règle, mesure de longueur; dans (a mesure, mesure de capacité pour 
g , , 


les solides et les liquides. 


36. * Le boisseau, l'éphah, contenant 38 litres 88; le selier, le hin, 6 litres 49. 


2. * A l'idole de Moloch. Voir la note sur Lévilique, xvin, 21. 


[cu. xx.] 
adultère avec la femme de son 
prochain, qu'ils meurent de mort, 
et l'homme adultere et la femme 
adultere. 

41. Que celui qui dort avec sa 
belle-mère, et découvre ligno- 
minie de son pere, meure avec 
elle : que leur sang soit sur eux. 

19. Si quelqu'un dort avec sa 
belle-fille, que lun et l’autre 
meurent, parce que c'est un crime 
qu'ils ont commis : que leur sang 
soit sur eux. 

13. Celui qui dort avec un hom- 
me comme avec une femme, l'un 
et l'autre a fait une action horri- 
ble; qu'ils meurent de mort : que 
leur sang soit sur eux. 

14. Celui qui, outre la fille de- 
venuesafemme,aépousélamère, 
a commis un crime : il sera 6 
vif avec elles, et une action aussi 
horrible ne persistera pas au mi- 
lieu de vous. 

15. Que celui qui s'approchera 
d'une béte de gros ou de menu 
bétail, meure de mort : tuez aussi 
la béte. 

16. Une femme qui ira avec une 
béte quelle qu'elle soit, sera tuée 
avec elle : que leur sang soit 
sur elles. : 

11. Si quelqu'un prend sa sœur, 
fille de son pére, ou fille de sa 
mère et voit sa nudité, et que 
cette sœur apercoive l'ignominie 
de son frère, ils ont fait une chose 
horrible: ils seront tués en la 
présence de leur peuple, parce 
qu'ils ont découvert leur nudité 
l’un à l’autre, et ils porteront leur 
iniquité. 

16. Supra, xvur, 23. 


LE LÉVITIQUE. 


223 


18. Celui qui s'approche d'une 
femme pendant ses mois et révele 
sa nudité, et qu'elle-méme se 
fasse voir en cet état, ils seront 
exterminés tous les deux du mi- 
lieu de leur peuple. 

19. Tu ne découvriras point la 
nudité de ta tante maternelle et 
de ta tante paternelle : celui qui 
le fait, met à nul'ignominie de sa 
chair; ils porteront tous deux 
leur iniquité. 

20. Celui qui s'approche de la 
femme de son oncle paternel ou 
de son oncle maternel, et révèle 
l'ignominie de sa parenté, il por- 
tera comme elle son péché : ils 
mourront sans enfants. 

21. Celui quia épouséla femme 
de son frère, a fait une chose illi- 
cite; il a révélé la honte de son 
frere: il sera ainsi qu'elle sans 
enfants. 

22. Gardez mes lois et mes or- 
donnances, et exécutez-les, afin 
qu'elle ne vous vomisse point 
aussi, la terre dans laquelle vous 
devez entrer, et vous devez ha- 
biter. 

23. Ne marchez point dans les 
10187065 nations que je dois chas- 
ser moi-méme devant vous. Car 
elles ont fait toutes ces choses, et 
je les ai eues en abomination. 

24. Mais à vous, je dis: Possédez 
leur terre que je vous donnerai 
en héritage, terre oü coulent 
du lait et du miel. Je suis votre 
Dieu, qui vous ai séparés de tous 
les autres peuples. 

25. Séparez donc, vousaussi, la 
béte pure de l'impure et l'oiseau 


21. Il sera, etc.; soit que leurs enfants ne portent point leur propre nom, mais 
celui de leur oncle; soit que Dieu refuse absolument de leur accorder des enfants. 


224 
pur de l'impur; ne souillez point 
vos àmes par les bétes, parles oi- 
seaux et par tout ce qui se meut 
sur la terre, et que je vous ai 
montré étre impur. 

26. Vous me serez saints, parce 
que je suis saint, moi le Seigneur, 
et je vous ai séparés de tous les 
autres peuples, afin que vous 
fussiez à moi. 

27. Qu'un homme ou une fem- 
me, dans lesquels se trouve un 
esprit de python ou de divination, 
meurent de mort: on les 18210018 ; 
que leur sang soit sur eux. 


CHAPITRE XXI. 


Lois pour la conduite des prétres. Défauts 
qui excluent du sacerdoce. 


1.Le Seigneur dit aussi à Moïse : 
Parle aux prêtres, fils d'Aaron, et 
tu leur diras : Qu'un prêtre ne se 
souille point à la mort de ses con- 
citoyens; 

2. Or, il y souillera, à moins 
qu'il ne s'agisse seulement de ses 


LE LÉVITIQUE. 


[cH. xx1.] 


consanguins et de ses proches, 
c'est-à-dire, de son pere et de sa 
mere, de son fils et de sa fille, de 
son frere, 

3. Et de sa sceur vierge, qui n'a 
pas été mariée à un homme ; 

4. Mais il ne se souillera pas 
non plus pour le prince de son 
peuple. 

9. Ils ne raseront point leur 
tête, ni leur barbe, et dans leur 
chair ils ne feront point d'inci- 
sions. 

6. Ils seront saints pour leur 
Dieu et ils ne souilleront point 
son nom; car ils offrent l’holo- 
causte du Seigneur, et les pains 
de leur Dieu, et c'est pour cela 
qu'ils seront saints. 

1. Ils n'épouseront point une 
femme déshonorée et une fille 
prostituée, ni celle qui a été ré- 
pudiée par son mari ; parce qu'ils 
sont consacrés à leur Dieu, 

8. Et qu'ils offrent les pains de 
proposition. Qu'ils soient done 
saints, parce que je suis saint, 


26. I Pierre, 1, 16. — 27. Deut., xvur, 11; 1 Rois, xxvii, 7. — Car. XXI. 5. Supra, 
xIX, 27; Ezéch., xriv, 20. — 7. Supra, xix, 29. 


26. * Je vous ai séparés de tous les autres peuples, afin que vous fussiez à moi. Dans 
la Terre Sainte, cette séparation devait étre surtout morale et religieuse, mais elle 
devait étre aussi physique et matérielle, afin qu'Israél püt conserver plus facilement 
le dépót de la vraie religion. Dieu subordonna tout à la mission religieuse de son 
peuple qui était la vocation principale d'Israël. Pour le mettre à l'abri de la séduction, 
il l'emprisonna en quelque sorte dans la Palestine, à l'abri de tout contact étranger. 
Il ne voulut point que cette race, qui un jour devait manifester une telle aptitude 
pour le commerce, se livrât, avant la captivité, au négoce et à l'industrie, parce que 
ses relations avec les peuples voisins auraient pu altérer la pureté de sa foi. Au sud 
et à l'est, il l'entoura d'une ceinture de déserts; au nord, il éleva devant lui les 
montagnes infranchissables du Liban. Il ne permit méme pas qu'Israél atteignit 
jusqu'aux rivages de la Méditerranée, la grande voie de communication entre les 
peuples d'alors; il échelonna sur la cóte des guerriers puissants, avec qui les Hébreux 
furent constamment en guerre et qu'ils ne purent jamais complétement subjuguer. 
De là, pour eux, la nécessité de vivre isolés dans la terre de Chanaan, en grande 
partie inaccessible à l'étranger. 

21. Un esprit de python. Cette expression, empruntée à la mythologie grecque, se 
prend ici pour un esprit de magie. 


1. On se souillait en s'approchant d'un mort, ou en le touchant, ou en l'enseve- 
lissant. 


fci. xxu.] 


moi aussi, le Seigneur qui les 
sanctifie. 

9. Si la fille d'un prétre est 
surprise en fornicalion et qu'elle 
ait déshonoré le nom de son pere, 
elle sera complètement brülée 
par les flammes. 

. . 40. Le pontife, c'est-à-dire, le 

grand-prétre parmi ses freres, 
sur la tête duquel l'huile delonc- 
tion a été répandue, dont les 
mains ont été consacrées à son 
sacerdoce et qui est revétu des 
saints vétements, ne découvrira 
pointsa tête et ne déchirera point 
ses vétements : 

41. Et il n'entrera absolument 
aupres d'aucun mort : pour son 
pere méme et pour sa mere il ne 
se souillera point. 

12. Il ne sortira point des lieux 
saints, afin qu'il ne souille pas le 
sanctuaire du Seigneur, parce 
que l'huile de la sainte onction 
de son Dieu est sur lui. Je suis le 
Seigneur. 

13. C'est une vierge qu'il pren- 
dra pour femme ; 

14. Mais il ne prendra point une 
veuve, et une femme répudiée, 
ou déshonorée, ni une prostituée, 
mais une jeune fille de son peuple. 

15. Qu'il ne mêle point le sang 
de sa race avec le vulgaire de 
sa nalion, parce que je suis le 
Seigneur qui le sanctifie. 

16. Le Seigneur parla encore à 
Moïse, disant : 

11. Dis à Aaron: Un homme de 
ta lignée dans tes familles, qui 
aura une tache, n'offrira point 
des pains à son Dieu; 


13. Ezéch., xLiv, 22. 


LE LÉVITIQUE. 995 


18. Et il ne s'approchera point 
de son ministère, s'il est aveugle, 
s'il est boiteux, s'il a le nez petit, 
ou grand, ou tortu, 

19. S'il a le pied rompu ou la 
main, 

90. S'il est bossu, s'il est chas- 
sieux, s’il a une taie sur l'ceil, s'il 
a une gale continue, ou une dar- 
tre vive sur le corps, ou une her- 
nie. 

21. Quiconque de la race d'Aa- 
ron, le prétre, aura une tache, ne 
s’approchera point pour offrir des 
hosties au Seigneur, ni des pains 
à son Dieu : 

22. Il mangera néanmoins des 
pains qui sont offerts dans le 
sanctuaire, 

93. De telle sorte seulement, 
quil n'entre pas au dedans du 
voile, et qu'il ne s'approche pas 
de l'autel, parce qu'il aune tache, 
et qu'il ne doit point souiller mon 
sanctuaire. Je suis le Seigneur 
qui vous sanctifie. 

24. Moise dit donc à Aaron, à 
ses fils et à tout Israél tout ce qui 
lui avait été commandé. 


CHAPITRE XXII. 


Défense aux prétres de toucher aux 
choses saintes, lorsqu'ils sont impurs. 
Qui sont ceux qui doivent manger les 
choses saintes. Qualité des victimes 
qu'on doit offrir. 


1. Le Seigneur parla aussi à 
Moïse, disant : 

2. Parle à Aaron et à ses fils, 
afin qu'ils s'abstiennent de ce qui 
& été consacré par les enfants 
d'Israël, et qu'ils ne souillent pas 


17. Une tache sur le corps, ou une difformité sensible. 


A. T. 


15 


296 


le nom des choses qui me sont 
consacrées, qu'ils offrent eux- 
mémes. Je suis le Seigneur. 

3. Dis à eux et à leurs descen- 
dants : Tout homme de votre 
race qui s'approchera des choses 
qui auront été consacrées etqu e 
les enfants d’Israël auront offer- 
tes au Seigneur, mais dans lequel 
est une impureté, périra devant 
le Seigneur. C'est moi qui suis ie 
Seigneur. 

4. Un homme dela race d'Aaron 
qui sera lépreux ou qui aura la 
gonorrhée ne mangera point des 
choses qui m'auront 616 consa- 
crées, jusqu'à ce qu'il soit guéri. 
Celui qui touchera un homme 
impur à cause d'un mort, et à qui 
arrivera comme il arrive dans 
l'usage du mariage, 

ὃ. Et qui touchera un reptile et 
quoi que ce soit d'impur dont le 
contact souille, 

6. Sera impur jusqu'au soir, 
et ne mangera point des choses 
qui auront été sanctifiées; mais 
lorsqu'il aura lavé sa chair dans 
l'eau, 

7. Et que le soleil sera couché, 
alors purifié, il mangera des 
choses sanctifiées, parce que c'est 
sa nourriture. 

8. lls ne mangeront point d'un 
animal crevé, et d'un animal pris 
par une béte sauvage, et ils ne 
seront point souillés par eux. 
C'est moi qui suis le Seigneur. 

9. Qu'ils gardent mes précep- 
tes, afin qu'ils ne soient point 
soumis au péché, et qu'ils ne 
meurent point dans le sanctuaire, 


LE LÉVITIQUE. 


[cH. xx.] 


lorsqu'ils l'auront souillé. Je suis 
le Seigneur qui les sanctifie. 

10. Nul étranger ne mangera 
des choses sanctifiées, celui qui 
séjourne chez un prétre et un 
mercenaire n'en  mangeront 
point. 

11. Mais celui que le prétre 
aura acheté, et le serviteur qui 
sera né dans sa maison, ceux-là 
en mangeront. 

12. Si la fille d'un prêtre épouse 
un homme du peuple, quel qu'il 
soit, elle ne mangera point des 
choses qui auront été sanctifiées, 
ni des prémices. 

19. Mais si, veuve ou répudiée 
et sans enfants, elle retourne à 
la maison de son père, elle sera 
nourrie de la nourriture de son 
pere, comme elle avait accoutu- 
mé étant jeune fille. Aucun étran- 
ger n'a le droit d'en manger. 

14. Celui qui aura mangé des 
choses sanctifiées par ignorance, 
ajoutera la cinquieme partie à ce 
qu'il ἃ mangé, et il la donnera au 
prétre pour le sanctuaire. 

15. Ils ne profaneront point les 
choses sanctifiées des enfants 
d'Israél, que ceux-ci offrent au 
Seigneur : 

16. De peur qu'ils ne portent 
l'iniquité de leur délit, lorsqu'ils 
auront mangé les choses sancti- 
fiées. Je suis le Seigneur qui les 
sanclifie. 

17. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

18. Parle à Aaron, à ses fils et 
à tous les enfants d'Israél, et tu 
leur diras : Un homme de la mai- 


Cxar. XXII. 8. Exode, xxir, 31 ; Supra, xvri, 15; Deut., xiv, 21; Ezéch., xriv, 31. 


15. Ils; c'est-à-dire ceux qui ne sont pas de la famille du prétre. Compar. vers, 13. 


[cu. xxm.) 


son d'Israél, et d'entre les étran- 
gers qui habitent chez vous qui 
présente son oblation, ou acquit- 
tant des vœux, ou faisant une 
offrande spontanée, quoi que ce 
soit qu'il présente pour l'holo- 
causte du Seigneur, 

i 19. Afin que ce soit présenté 
par vous, ce sera un mále sans 
tache d'entre les bœufs, les bre- 
bis et les chèvres. 

90. S'il a une tache, vous ne 
l'offrirez point, et il ne sera point 
acceptable. 

21. Un homme qui offre une 
victime de sacrifices pacifiques au 
Seigneur, ou acquiltantdes voeux, 
ou faisant. une offrande sponta- 
née, tant de bœufs que de brebis, 
offrira un animal sans tache, afin 
qu'il soit acceptable : il n'y aura 
aucune tache en lui. 

99. S'il est aveugle, s'il a un 
membre rompu, ou une cicatrice, 
ou des pustules, ou la gale, ou le 
farcin : vous n'offrirez pas ces ani- 
maux au Seigneur, et vous n'en 
brülerez point sur l'autel duSei- 
gneur. 

23. Tu pourras offrir volontai- 
rement un bœuf et une brebis, 
une oreille et la queue ayant été 
coupées; mais un vœu ne peut 
ètre acquitté par leur moyen. 

24. Vous n'offrirez au Seigneur 
aucun animal qui ἃ l'organe gé- 
nérateur ou froissé , ou foulé, ou 
coupé, ou arraché; et en votre 
pays ne faites absolument point 
cela. 

25. De la main de l'étranger 


LE LÉVITIQUE. 227 


votre Dieu, ni toute autre chose 
qu’il voudra donner, parce que 
toutes ces choses sont corrom- 
pues et souillées : vous ne les 
recevrez point. 

26. Le Seigneur parla encore à 
Moïse, disant : 

27. Un bœuf, une brebis etune 
chèvre, lorsqu'ils seront nés, se- 
ront sept jours sous la mamelle 
de leur mère; mais au huitième 
jour et après, ils pourront être 
offerts au Seigneur. 

28. Soit cette vache, soit cette 
brebis, elles ne seront pas immo- 
lées en un seul jour avec leurs 
petits. 

29. Si vous immolez une hos- 
tie pour action de grâces au Sei- 
gneur, afin qu'il puisse se laisser 
fléchir, 

30. Vous la mangerez le méme 
jour, il n'en demeurera rien pour 
le matin du jour suivant. Je suis 
le Seigneur. 

31. Gardez mes commande- 
ments et exécutez-les. Je suis le 
Seigneur. 

32. Ne souillez point mon nom 
saint, afin que je sois sanctifié au 
milieu des enfants d'Israél. Je suis 
le Seigneur qui vous sanctifie, 

33. Et qui vous ai retirés de la 
terre d'Egypte afin que je fusse 
votre Dieu. Je suis le Seigneur. 


CHAPITRE XXIII. 


Lois pour le sabbat et pour les fêtes de 
la Páque, de la Pentecóte, des Trom- 
pettes, de l'Expiation, des Tabernacles. 


1. Le Seigneur parla encore à 


vous n'offrirez point des pains à | Moise, disant : 


21. Deut., xv, 21; Eccli., xxxv, 14. 


ומש 


21, 28. Bœuf. Le mot étant épicène en hébreu, il désigne la vache aussi bien que 


le bœuf 


228 

2. Parle aux enfants d'Israël, et 
tu leur diras : Voici les fétes du 
Seigneur que vous appellerez 
saintes. 

3. Pendant six jours vous tra- 
vaillerez; 16 septième jour, parce 
qu'il est le repos du sabbat, sera 
appelé saint : vous neferez aucun 
ouvrage en ce jour. C'estle sabbat 
du Seigneur dans toutes vos ha- 
bitations. 

4. Voici donc les fétes saintes 
du Seigneur que vous devez cé- 
lébrer en leurs temps. 

9. Àu premier mois, au quator- 
zieme jour du mois vers le soir, 
est la Páque du Seigneur; 

6. Et au quinzieme jour de ce 
mois est la solennité des azymes 
du Seigneur. Pendant sept jours 
vous mangerez des azymes. 

1. Le premier jour sera pour 
vous trés solennel et saint; vous 
ne ferez aucune œuvre servile en 
ce jour; 

8. Mais vous offrirez un sacrifice 
avec du feu au Seigneur pendant 
sept jours; mais le septiéme 
jour sera plus solennel et plus 
saint; et vous ne ferez aucune 
œuvre servile en ce jour. 

9. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

10. Parle aux enfants d'Israél, 
et tu leur diras : Lorsque vous 
entrerez dans 18 terre que je vous 
donnerai moi-méme, et que vous 
aurez moissonné le blé, vous 
apporterez des gerbes d'épis, pré- 
mices de votre moisson, au 
prétre, 

11. Qui élévera la botte devant 


LE LÉVITIQUE. 


[cu. xxii. 


le Seigneur, le second jour du 
sabbat, afin qu'elle soitacceptable 
en votre faveur, et il la sancti- 
fiera. 

12. Et au méme jour que la 
gerbe sera consacrée, un agneau 
sans tache, d'un an, sera immolé 
pour l'hclocauste du Seigneur. 

13. Et seront offertes avec lui 
les libations : deux décimes de 
fleur de farine arrosée d'huile 
pour l'holocauste du Seigneur, et 
en odeur tres suave; et aussi 
les libations de vin, la quatrieme 
partie du hin. 

14. Vous ne mangerez ni pain, 
ni farine desséchée, ni bouillie 
provenant du blé, jusqu'au jour 
que vous en offrirez à votre Dieu. 
C'est un précepte perpétuel en 
toutes 08 66681108 etentoutes 
vos habitations. 

15. Vous compterez donc depuis 
le second jour du sabbat dans le- 
quel vous aurez offert la gerbe 
des prémices, sept semaines 
pleines, 

16. Jusqu'au jour d’après la fin 
de la septième semaine, c'est-à- 
dire, cinquante jours; et c'est 
ainsi que vous offrirez un sacrifice 
nouveau au Seigneur, 

17. De toutes vos habitations, 
deux pains de prémices de deux 
décimes de fleur de farine fer- 
mentée, que vous cuirez pour les 
prémices du Seigneur; 

18. Et vousoffrirezavecles pains 
sept agneaux sans tache d'un au, 
et un veau pris du troupeau de 
gros bétail, et deux béliers, et ils 
seront avec leurs libations pour 


Cap, XXIII. 5. Exode, xir, 18; Nom., xxvii, 16. — 15. Deut., xvi, 9. 


13. Décime, hin. Voy. Abrégé d'Introduction, etc., pag. 516, 541. 


[cn. ΧΧΠΙ.ἢ 


un holocauste, en odeur très 
suave pour le Seigneur. 

19. Vous sacrifierez aussi un 
bouc pour le péché et deux 
agneaux d'un an, hosties de sa- 
ciifices pacifiques. 

90. Et lorsquele prétrelesaura 
élevésavecles pains des prémices 
devant le Seigneur, ils devien- 
dront à son usage. 

91. Et vous appellerez ce jour 
tres solennel et très saint; vous 
ne ferez aucune ceuvre servile en 
ce jour. Ce sera une loi éternelle 
en toutes vos habitations et en 
toutes vos générations. 

99. Quand vous moissonnerez 
le blé de votre terre, vous ne le 
couperez pas jusqu'au sol, et vous 
ne ramasserez point les épis res- 
tants, mais vousles laisserezpour 
les pauvres et les étrangers. C'est 
moi qui suis le Seigneur votre 
Dieu. 

93. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

24. Dis aux enfants d'Israël : 
Au septième mois, au premier 
jour du mois, sera pour vous un 
sabbat, un souvenir, les trom- 
pettes sonnant; et il sera appelé 
saint. 

25. Vous ne ferez aucune œuvre 
servile en ce jour, et vous offrirez 
un holocauste au Seigneur. 

26. Le Seigneur parla encore à 
Moïse, disant : 

27. Au dixième jour de ce 
septième mois, sera le jour très 


LE LÉVITIQUE. 


229 


solennel des expiations, et il 
sera appelé saint; or, vous affli- 
gerez vos ámes en ce jour, et 
vous offrirez un holocauste au 
Seigneur. 

28. Vous ne ferez aucune œu- 
vre servile pendant tout ce jour, 
parce que c'est un jour de pro- 
pitiation, afin que le Seigneur 
votre Dieu vous devienne pro- 
pice. 

29. Tout homme qui ne sera 
point affligé en ce jour-là périra 
du milieu de ses peuples; 

30. Et celui qui fera quelque 
œuvre que ce soit, je le retran- 
cherai du milieu de son peuple. 

31. Vous ne ferez donc aucune 
œuvre en ce jour; ce sera une 
loi perpétuelle pour vous en tou- 
tes vos générations et en toutes 
vos habitations. 

32. C'est un sabbat de repos, et 
vous afiligerez vos âmes au neu- 
vieme jour du mois : c'est depuis 
un soir jusqu'à un soir que vous 
célébrerez vos sabbats. 

33. Le Seigeur parla encore à 
Moise, disant : 

34. Dis aux enfants d'Israël : 
Depuis le quinzième jour de ce 
septieme mois, seront les fétes 
des Tabernacles pendant sept 
jours en l'honneur du Seigneur. 

99. Le premier jour sera ap- 
pelé très solennel et très saint : 
vous ne ferez aucune œuvre ser- 
vile en ce jour. 

36. Et pendant sept jours vous 


22. Supra, xix, 9. — 24. Nom., xxix, 1. — 27. Supra, xvi, 29; Nom., xxix, 7. — 


36. Jean, vir, 37. 


24. Il sera appelé; hébraisme, pour i/ sera saint. Compar. Nomb., xxix, 1. 
21. Le septième mois de l'année sacrée commençait à la nouvelle lune de septembre. 


29. De ses peuples. Voy. Exode, xxx, 38. 


32, C’est un sabbat de repos, ctc. Voy. xvi, 29 et 31. 


230 


offrirez des holocaustes au Sei- 
gneur : le huitieme jour aussi 
sera très solennel et très saint, 
et vous offrirez un holocauste au 
Seigneur; car c'est une assem- 
blée et des réunions : vous ne 
ferez aucune œuvre servile en ce 
jour. 

37. Ce sont là les fêtes du Sei- 
gneur que vous appellerez très 
solennelles et très saintes, et vous 
y offrirez des oblations au Sei- 
eneur, des holocaustes et des liba- 
tions selon le rite de chaque jour; 

98. Outre le sabbat du Sei- 
eneur, et vos dons et les choses 
que vous offrirez en vertu d'un 
vœu, ou que vous donnerez spon- 
tanément au Seigneur. 

39. Depuis donc le quinzième 
jour du septieme mois, quand 
vous aurez rassemblé tous les 
fruits de votre terre, vous célé- 
brerez les fétes du Seigneur pen- 
dant sept jours; au premier et au 
huitième jour sera un sabbat, 
c'est-à-dire un repos. 

40. Or, au premier jour vous 
prendrez des fruits de l'arbre le 
plus beau, des petites spathes 
de palmiers, des rameaux d'un 
arbre au feuillage épais et des 
saules du torrent, et vous vous 
réjouirez devant le Seigneur 
votre Dieu: 

41. Et vous célébrerez sa solen- 
nité pendant sept jours par an : 
ce sera une loi perpétuelle en 
vos générations. Au septieme 
mois vous célébrerez ces fétes, 

49. Et vous habiterez sous les 
ombrages pendant sept jours. 
Quiconque est de la race d'Israél 
demeurera sous les tentes; 

49. Afin que vos descendants 
apprennent que c'est sous les 


LE LÉVITIQUE. 


[cH. xxiv." 


tentes que j'ai fait habiter les en- 
fants d'Israél, lorsque je les reti- 
rai de la terre d'Egypte. Je suis le 
Seigneur votre Dieu. 

44. C'est ainsi que Moïse parla 
sur les solennités du Seigneur 
aux enfants d'Israél. 


CHAPITRE XXIV. 


Lois pour l'entretien des lampes et des 
paius de proposition. Blasphémateur 
lapidé. Peine contre les blasphémateurs 
et contre les homicides. Lois du talion. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

2. Ordonne aux enfants d'Israel 
qu'ils 'apportent de l'huile d'oli- 
ves très pure et très claire pour 
entretenir des lampes perpétuel- 
lement, 

3. En dehors du voile de témoi- 
gnage dans le tabernacle d'al- 
liance. Et Aaron les disposera 
depuis le soir jusqu'au matin de- 
vant le Seigneur par un culte et 
un rite perpétuel en vos géuéra- 
tions. 

4. C'est sur le chandelier très 
pur qu'elles seront toujours pla- 
cées en la présence du Seigneur. 

ὃ. Tu prendras aussi de la fleur 
de farine, et tu cuiras avec elle 
douze pains qui auront chaeun 
deux décimes ; 

6. Tu en placeras six des deux 
cótés sur la table trés pure de- 
vant le Seigneur; 

7. Et tu mettras sur eux de 
l'encens le plus luisant, afin que 
le pain soit un monument de 


 l'oblation du Seigneur. 


8. À chaque sabbat, ils seront 
changés devant le Seigneur, 
après qu'ils auront été reçus des 
enfants d'Israël, par une alliance 
perpétuelle; 


[cH. xxv.] 

9. Et ils appartiendront à Aa- 
ron et à ses fils, afin qu'ils les 
mangent dans un lieu saint, parce 
que c'est une chose très sainte 
des sacrifices du Seigneur en ver- 
tu d'un droit perpétuel. 

10. Or voilà que le fils d'une 
femme israélite qu'elle avait eu 
d'un Egyptien parmi les enfants 
d'Israël, étant sorti, eut une que- 
relle dans le camp avec un Is- 
raélite. 

11. Et comme il blasphéma le 
nom de Dieu et le maudit, il fut 
conduit à Moise (or sa mere s'ap- 
pelait Salumith, fille de Dabri, de 
la tribu de Dan); 

12. Et on le mit en prison, jus- 
qu'à ce qu'on süt ce que comman- 
derait le Seigneur. 

13. Le Seigneur parla à Moise, 

14. Disant : Fais sortir hors 
du camp le blasphémateur; que 
tous ceux qui l'ont entendu met- 
tent leurs mains sur sa tête, et 
que tout le peuple le lapide. 

15. Et aux enfants d'Israél tu 
diras : Un homme qui maudira 
son Dieu, portera son péché: 

16. Et que celui qui blasphe- 
mera le nom du Seigneur, meure 
de mort; toute la multitude le 
lapidera, soit qu'il soit citoyen ou 
étranger. Que celui quiblasphème 
le nom du Seigneur meure de 
mort. 

17. Que celui qui frappe et tue 
un homme, meure de mort. 


LE LÉVITIQUE. 231 


18. Celui qui tuera un animal, 
en rendra un autre à sa place, 
c'est-à-dire, âme pour âme. 

19. Celui qui fera un outrage à 
quelqu'un de ses concitoyens, 
comme il aura fait, ainsi il lui se- 
ra fait : 

20. Il rendra fracture pour frac- 
ture, œil pour œil, dent pour dent. 
Quelque outrage qu'il ait fait, il 
sera obligé de le souffrir. 

21. Celui qui frappera une béte, 
en rendra une autre. Celui qui 
frappera un homme, sera puni. 

22. Qu'il y aitun jugement équi- 
table parmi vous, que ce soit un 
étranger, ou un citoyen qui ait 
péché, parce que je suis le Sei- 
gneur votre Dieu. 

23. Moise parla doncaux enfants 
d'Israël, et ils firent sortir celui 
quiavaitblasphémé hors du camp, 
et ils le lapidèrent. Et les enfants 
d'Israël firent comme avait or- 
donné le Seigneur à Moise. 


CHAPITRE XXV. 


Lois touchant le repos de la septiéme 
année et le Jubilé de la cinquantième. 
Lois contre l'usure. Ordonnance en fa- 
veur des esclaves hébreux. 


1. Le Seigneur parla à Moise 
sur la montagne de Sinai, di- 
sant : 

2. Parle aux enfants d'Israël, et 
tu leur diras : Quand vous serez 
entrés dans la terre que je vous 
donnerai moi-méme, sabbatise le 


XXIV. 17. Exode, xxr, 12. — 20. Exode, xx1, 24; Deut., xix, 21; Matt., v, 38. —‏ .פא 


XXV. 2. Exode, xxui, 10.‏ ,פאס 


12, * En prison, en un lieu où on le garda, car il n'y avait pas de prison proprement 


dite. 


18. Ame pour âme; c'est-à-dire individu pour individu, animal pour animal. 


21. Qui frappera à mort, tuera. 


2. Sabbatise le sabbat ; hébraisme, pour: Célèbre le sabbat avec une grande solennité. 


292 
le sabbat en l'honneur du Sei- 
gneur. 

. 9. Pendant six ans tu sèmeras 
ton champ, et pendant six ans tu 
tailleras ta vigne et tu recueilleras 
ses fruits; 

4. Mais à la septième année, ce 
sera le sabbat dela terre et du re- 
pos du Seigneur, tu ne semeras 
point ton champ, et tu ne tailleras 
point ta vigne. 

5. Ce quele sol produira de lui- 
méme, tu ne le moissonneras 
point, et tu ne recueilleras point 
les raisins de tes prémices comme 
ta vendange; car c'est l'année du 
repos de 18 terre; 

6. Mais ce vous sera une nour- 
riture, à toi et à ton serviteur, à 
ta servante etàton mercenaire, et 
à l'étranger qui séjourne chez toi; 

7. À tes bêtes et à tes troupeaux, 
tout ce qui naît fournira de la 
nourriture. 

8. Tu compteras aussi sept se- 
maines d'années, c'est-à-dire sept 
fois sept, qui ensemble font qua- 
rante-neuf ans. 

9. Ettu sonneras dela trompette 
au septieme mois, au dixieme 
jour du mois, temps de la propi- 
tiation dans votre terre. 

10. Et tu sanctifieras l'année 
cinquantieme et tu proclameras 
la rémission pour tous les habi- 


LE LÉVITIQUE. 


[cn. xxv.] 


tants de ta terre; car c’est le ju- 
bilé. L'homme retournera dans sa 
possession, et chacun reviendra 
dans son ancienne famille; 

41. Parce que c'est le jubilé et 
la cinquantième année. Vous ne 
semerez point, et vous ne mois- 
sonnerez point ce qui nait de soi- 
méme dans un champ, et vous ne 
recueillerez pointles prémices de 
la vendange, 

12. A cause de 18 sanctificalion 
du jubilé; mais vous mangerez 
aussitót ce qui se présentera. 

13. Enl'année du jubilé tous re- 
tourneront dans leurs posses- 
sions. 

14. Quand tu vendras quelque 
chose à ton concitoyen, ou que 
tu achèteras de lui, ne contriste 
point ton frère, mais tu achèteras 
de lui selon le nombre des années 
du jubilé, 

15. Et il te vendra selon la sup- 
putation des moissons. 

16. Plus il restera d'années 
après le jubilé, plus aussi le prix 
augmentera, et moins tu comp- 
teras de temps, moindre aussi 
sera 16 prix de l'achat; car c'est 
le temps des moissons quil te 
vendra. 

11. Naffligez point ceux qui 
sont de la même tribu que vous; 
mais que chacun craigne son 


14-16. Quand on vendait une terre, on devait tenir compte du nombre des années 
qui s'étaient écoulées, et des moissons qui avaient été recueillies entre le jubilé et 
et la vente, parce qu'on ne vendait pas la terre, mais seulement le produit des 
récoltes. — * « C'est faute de réflexion qu'on a blàmé les dispositions relatives aux 
dettes et à l'aliénation des terres. Connu de tous, prévu par l'acheteur comme par 
le vendeur, cet événement n'était une surprise pour personne. En vue de cette 
échéance, chacun réglait les conditions de l'aliénation des domaines. En annulant 
toute aliénation de liberté ou de propriété, la loi prévenait la ruine irrémédiable des 
enfants par les fautes de leur père; elle maintenait entre tous les fils d'Israél une 
sorte d'équilibre; elle substituait la vente d'un usufruit à l'aliénation irréparable du 
fond; elle allait donc au-devant de ces révoltes de l'envie et de la haine qui ont 
eusanglanté les dernières années de la république romaine. » (A. PELLISSIER.) 


(cn. xxv.] 
Dieu, parce que je suis le Sei- 
gneur votre Dieu. 

18. Exécutez mes préceptes, gar- 
dez mes ordonnances et accom- 
plissez-les, afin que vous puissiez 
habiter dans le pays sans aucune 
crainte, 

19. Et que le sol vous produise 
ses fruits, que vous puissiez man- 
ger jusqu'àsatiété, ne redoutant 
la violence de personne. 

90. Que si vous dites: Que man- 
gerons-nousenlaseptiemeannée, 
si nous n'avons pas semé, et si 
nous n'avons pas recueilli nos 
moissons? 

91. Je vous donnerai ma béné- 
diction enla sixième année, et elle 
produira les fruits de trois ans. 

99. Or, vous semerez en 18 hui- 
tieme année, et vous mangerez 
les anciens fruits jusqu'à la neu- 
vieme année; jusqu'à ce quil 
naisse quelque chose de nouveau, 
vous mangerez l'ancien. 

23. La terre aussi ne sera pas 
vendue à perpétuité, parce qu'elle 
est à moi, et que vous, vous étes 
des étrangers et mes colons. 

24. C'est pourquoi tout le pays 
de votre possession sera vendu 
sous condition de rachat. 

95. Si devenu pauvre, ton frere 
vendsa petite possession, etsi son 
proche parent la veut, il peut ra- 
cheter ce que celui-là avait vendu. 

26. Mais s'il n'a pas de proche 
parent, et qu'il puisse lui-méme 
trouver le prix pour racheter, 

27. On comptera les fruits de- 
puis le temps qu'il a vendu; et ce 
qui reste, il lerendra à l'acheteur, 
et ainsi il recouvrera sa posses- 
sion. 

28. Que si sa main ne peut trou- 
ver à rendre le prix, l'acheteur 


LE LÉViTIQUE. 


233 


possédera ce qu'il aura acheté 
jusqu'à l'année jubilaire; car en 
cette méme année toute chose 
vendue retournera à son maitre 
et à son ancien possesseur. 

29. Celui qui aura vendu une 
maison au dedans des murs d'une 
ville, aurala faculté de la racheter 
jusqu'à ce qu'une année soit ac- 
complie. 

30. S'il ne la rachète point, et 
que le cours d'une année soit ré- 
volu, l'acheteur la possédera, 
ainsi que ses descendants, à per- 
pétuité, et elle ne pourra point 
étre rachetée, méme au jubilé. 

31. Mais si la maison est dans 
un village qui n’a pas de mu- 
railles, elle sera vendue selon le 
droit rural. Si auparavant elle n'a 
pas été rachetée, au jubilé elle 
retournera à son maitre. 

32. Les maisons des Lévites, qui 
sont dans les villes, peuvent tou- 
jours étre rachetées. 

33. Si elles n'ont point été ra- 
chetées, au jubilé elles retourne- 
ront àleurs maîtres, parce que les 
maisons des villes des Lévites 
sont leurs possessions parmi les 
enfants d'Israél. 

34. Mais que leurs faubourgs ne 
se vendent pas, parce que c'est 
une possession perpétuelle. 

39. Si ton frère est devenu pau- 
vre et infirme de sa main, et si tu 
l'as recu comme un étranger etun 
voyageur, et qu'il vive avec toi, 

36. Ne reçois point d'usures de 
lui, ni plus que tu as donné. 
Crains ton Dieu afin que ton frere 
puisse vivre chez toi. 

37. Tu ne lui donneras point 
ton argent à usure, et tu n'exige- 
ras pas un surplus de fruits. 

38. Je suis le Seigneur votre 


234 


Dieu qui vous ai retirés delaterre 
d'Egypte, pour vous donner la 
terre de Chanaan, et pour être 
votre Dieu. 

39. Si pressé par la pauvreté, 
ton frère se vend à toi, tu ne l'ac- 
cableras point de la servitude des 
esclaves, 

40. Mais il sera comme un mer- 
cenaire et un colon : jusqu'à l'an- 
née jubilaire il travaillera chez 
toi, 

A4. Et ensuite il sortira avec ses 
enfants, et il retournera dans sa 
famille et dans la possession de 
ses peres ; 

49. Car c'est de moi qu'ils sont 
les esclaves, et c'est moi qui les 
ai retirés de la terre d'Egypte; 
quils ne soient point vendus 
dans la condition des esclaves. 

43. Ne l'afffige point par ta 
puissance, mais crains ton Dieu. 

44. Ayez des serviteurs et des 
servantes des nations qui sont 
autour de vous. 

45. Et quant aux étrangers qui 
séjournent chez vous, ou qui sont 
nés d'eux dans votre terre, ce 
sont eux que vous aurez pour 
serviteurs, 

46. Et que par un droit hérédi- 
taire vous transmettrez à vos 
descendants, et que vous possé- 
derez pour toujours; mais vos 
freres d'Israél, ne les opprimez 
point par votre puissance. 

47. Si la main d'un étranger et 
d'un voyageur s'est affermie chez 
vous, et que devenu pauvre ton 
frère se soit vendu à lui, ou à 
quelqu'un de sa race, 


LE LÉVITIQUE. 


[cH. xxvr.] 


48. Après la vente, il peut être 
racheté. Celui de ses frères qui 
voudra, le rachètera, 

49. Son oncle, le fils de son on- 
cle, son consanguin et son allié. 
Mais si lui-même aussi le peut, il 
se rachètera, 

50. Les années seulement étant 
supputées depuis le temps de sa 
vente jusqu'à l'année jubilaire, 
et l'argent pour lequel il a été 
vendu étant supputé selon le 
nombre des années et son ser- 
vice de mercenaire ; 

51. S'il y a beaucoup d'années 
qui restent jusqu'au jubilé, c'est 
aussi selon ces années qu'il fera 
la remise du prix. 

52. S'il y en a peu, il comptera 
avec son maitre selon le nombre 
des années, et il rendra à l'ache- 
teur ce qui est de reste des an- 
nées, 

53. Le salaire pour lequel il a 
précédemment servi étant mis 
en ligne de compte : il ne l'affli- 
gera point violemment en ta pré- 
sence. 

94. Que si par ces moyens il 
ne peut étre racheté, il sortira 
à l'année jubilaire avec ses en- 
fants, 

55. Car c'est de moi que sont 
esclaves les enfants d'Israél que 
jai retirés de la terre d'Egypte. 


CHAPITRE XXVI. 


Le Seigneur promet de grands biens à 
ceux qui observeront ses commande- 
menís; et il menace de grands maux 
ceux qui les violeront. 


4. Je suis le Seigneur votre 


Car. XXVI. 1. Exode, xx, 4; Deut., v, 8; Ps. xcvi, T. 


1. * Vous n'érigerez point de monuments et vous ne poserez point de pierre remar- 
quable. ΤΊ s'agit dans l'original d'objets idolátriques qui sont prohibés pour cette raison. 


[cu. xxvi.) 


Dieu : Vous ne vous ferez point 
d'idole ni d'image taillée au ci- 
seau; vous n'érigerez point de 
monuments et vous ne poserez 
point de pierre remarquable dans 
votre terre, pour que vous l'ado- 
riez. Car jesuisle Seigneur votre 
Dieu. 

9. Gardez mes sabbats et trem- 
blez auprès de mon sanctuaire. 
Je suis le Seigneur. 

3. Si vous marchez dans mes 
préceptes, et si vous gardez mes 
commandements et que vous les 
exécutiez, je vous donnerai les 
pluies en leurs temps, 

4. Et la terre produira sa végé- 
tation, et les arbres seront rem- 
plis de fruits. 

ὃ. Le battage des moissons at- 
teindra la vendange, et la ven- 
danges'uniraàl'ensemencement; 
et vous mangerez votre pain à 
satiété, et vous habiterez sans 
crainte votre terre. 

6. Je donnerai la paix dans vos 
confins, vous dormirez, et point 
ne sera qui vous épouvante. Je 
détruirai les méchantes bétes, et 
le glaive ne passera pas vos fron- 
tières. 

7. Vous poursuivrez vos enne- 
mis, et ils tomberont devant 
vous, 

8. Cinq des vôtres poursuivront 

cent étrangers, et cent d'entre 
vous, dix mille : vos ennemis 
tomberont par le glaive en votre 
présence. 
_ 9. Je vous regarderai et vous 
ferai croitre : vous vous multi- 
plierez, et j'affermirai mon al- 
liance avec vous. 

10. Vous mangerez les plus an- 


LE LÉVITIQUE. 


235 
ciens des anciens fruits, et, les 
nouveaux survenant, vous rejet- 
terez les anciens. 

11. Je poserai mon tabernacle 
au milieu de vous, et mon âme 
ne vous rejettera point. 

19. Je marcherai parmi vous, 
et je serai votre Dieu, et vous, 
vous serez mon peuple. 

13. Je suis le Seigneur votre 
Dieu, qui vous ai retirés de la 
terre des Egyptiens, afin que vous 
ne fussiez pas leurs esclaves, et 
qui ai brisé les chaines de vos 
cous, afin que vous marchiez la 
téte levée. 

14. Que si vous ne m'écoutez 
point, et si vous n'exécutez point 
tous mes commandements; 

15. Si vous méprisez mes lois, 
etsi vous ne tenez pas compte de 
mes ordonnances, en sorte que 
vous ne fassiez point ce qui a été 
établi par moi, et que vous ren- 
diez vaine mon alliance, 

16. Moi aussi, je ferai ceci con- 
tre vous : Je vous visiterai sou- 
dain par lindigence, et par une 
ardeur qui desséchera vos yeux 
et consumera vos àmes. En vain 
vous semerez vos semences, qui 
seront dévorées par vos ennemis. 

11. Je fixerai ma face contre 
vous, et vous tomberez devant 
vos ennemis, et vous serez assu- 
jettis à ceux qui vous haissent : 
vous fuirez, personne ne vous 
poursuivant. 

18. Mais si aprés cela méme 
vous ne m'obéissez point, j'aug- 
menterai vos chátiments d'un 
septuple à cause de vos péchés, 

19. Et je briserai lorgueil de 
votre dureté. De plus, je rendrai 


3. Deut., xxvi, 4. — 12. II Cor., vr, 46. — 14. Deut., xxviri, 15; Thren., m, 17; 


Malach., 1 2. 


236 


pour vousleciel au-dessuscomme 
le fer, et la terre d'airain. 

20. Votre travail sera employé 
en vain, la terre ne produira 
point de végétation, et les arbres 
ne donneront point de fruits. 

21. Si vous marchez en opposi- 
tion avec moi, et que vous ne 
vouliez pas m'écouter, j'augmen- 
terai vos plaies d'un septuple à 
cause de vos péchés; 

22. Et jenverrai contre vous 
les bétes de la campagne, qui 
vous consumeront, vous et vos 
troupeaux, et qui les réduiront 
tous à un petit nombre, et vos 
chemins deviendront déserts. 

23. Que si apres cela méme 
vous ne voulez point recevoir ma 
correction, mais que vous mar- 
chiez en opposition avec moi, 

24. Moi aussi, je marcherai con- 
tre vous et je vous frapperai sept 
fois à cause de vos péchés ; 

25. Et je conduirai sur vous le 
glaive vengeur de mon alliance; 
et, lorsque vous aurez fui dans les 
villes, j'enverrai la peste au mi- 
lieu de vous, et vous serez livrés 
aux mains des ennemis, 

26. Apres que j'aurai brisé le 
báton de votre pain ; en sorte que 
dix femmes cuirontles pains dans 
un seul four, et les rendront au 
poids : or, vous mangerez, et ne 
serez pas rassasiés. 

97. Mais siavec cela méme vous 


LE LÉVITIQUE. 


[cu. xxvi. 


ne m'écoutez point, et que vous 
marchiez contre moi, 

28. Moi aussi, je marcherai con- 
tre vous avec une fureur contrai- 
re, et je vous châtierai de sept 
plaies à cause de vos péchés; 

29. En sorte que vous mange- 
rez la chair de vos fils et de vos 
filles. 

30. Je détruirai voshauts lieux, 
je briserai vos simulacres. Vous 
tomberez parmi les ruines de vos 
idoles, et mon âme vous aura en 
abomination, 

31. Tellement que je réduirai 
vos villes en solitude, que je ren- 
drai déserts vos sanctuaires, et 
que je ne recevrai plus votre 
odeur très suave. 

39. Je détruirai votre terre, et 
vos ennemis seront dans l'éton- 
nement à son sujet, lorsqu'ils en 
seront les habitants; 

33. Mais vous, je vous disper- 
serai parmi les nations, et je tire- 
rai aprés vous le glaive, et votre 
terre sera déserte et vos villes 
ruinées. 

34. Alors la terre se plaira dans 
ses sabbats pendant tous les jours 
de sa solitude : quand vous serez 

39. Dans la terre ennemie, elle 
sabbatisera et se reposera dans 
les sabbats de sa solitude, parce 
qu'elle ne s'est pas reposée dans 
vos sabbats, quand vous habitiez 
en elle. 


26. Le pain est appelé báton, parce qu'il est le soutien de la vie, comme 16 báton 
»st le soutien du corps. Compar. Ezéch., iv, 16; v, 16. — Et les vendront, etc. Ellés 
es distribueront au poids et par mesure à leurs familles, mais il n'y en aura pas 
assez pour les nourrir. Comp. Ezéch., 1v, 16, 47. 

99. En sorte que vous mangerez, etc. C'est ce qui s'est vu au siège de Samarie et 


aux deux sièges de Jérusalem. 


30. * Vos hauts lieux. Voir la note sur Nombres, xxi, 41. 
35. Parce que contrairement à la loi et par avarice vous ne lui avez pas laissé le 


repos que Dieu lui avait destiné. 


[cu. xxvu.] 
36. Quant à ceux d'entre vous 
qui resteront, je donnerai de 16- 
pouvante à leurs cœurs dans les 
contrées de leurs ennemis, le 
bruit d’une feuille qui vole les 
effrayera, et ils fuiront comme si 
c'était un glaive : ils tomberont, 
personne ne les poursuivant; 

37. Et ils se précipiteront, cha- 
cun sur leurs frères, comme s'ils 
fuyaient les combats : personne 
de vous n'osera résister à vos en- 
nemis. 

38. Vous périrez parmi les na- 
tions, et la terre ennemie vous 
consumera. 

39. Que s'il en demeure encore 
quelques-uns d'entre ceux-là, ils 
sècheront dans leurs iniquités, 
dans la terre de leurs ennemis, 
et à cause des péchés de leurs 
pères et des leurs propres ils se- 
ront affligés ; 

40. Jusqu'à ce qu'ils confessent 
leurs iniquités et celles de leurs 
aieux par lesquelles ils ont pré- 
variqué contre moi, et ils ont 
marché en opposition avec moi. 

41.Je marcherai done moi aussi 
contre eux, et je les conduirai 
dans la terre ennemie, jusqu'à ce 
que rougisse leur esprit incircon- 
cis ; alors ils prieront pour leurs 
iniquités. 

42. Et je me souviendrai de 
mon alliance que j'ai faite avec 
Jacob, Isaac et Abraham. Je me 
souviendrai aussi de la terre, 

43. Qui, lorsqu'elle aura été 
abandonnée par eux, se complai- 
ra dans ses sabbats, souffrant la 
solitude à cause d'eux. Mais ils 
prieront eux-mémes pour leurs 
péchés, parce qu'ils ont rejeté 


LE LÉVITIQUE. 


237 


mes ordonnances et qu'ils ont 
méprisé mes lois. 

44. Et cependant, lors même 
qu'ils étaient dans la terre enne- 
mie, je ne les ai pas entièrement 
rejetés, et je ne les ai pas dédai- 
gnés de manière à ce qu'ils fus- 
sent consumés, et à ce que je ren- 
disse vaine mon alliance avec 
eux. Car c'est moi qui suis le Sei- 
gneur leur Dieu. 

45. Et je me souviendrai de 
mon ancienne alliance, quand je 
les ai retirés de la terre d'Egypte 
en la présence des nations, pour 
que je fusse leur Dieu. Je suis le 
Seigneur. Ce sont là les ordon- 
nances, les préceptes et les lois 
qu'a donnés le Seigneur entre lui 
etles enfants d'Israél, surla mon- 
tagne de Sinai par l'entremise de 
Moise. iti 


CHAPITRE XXVII. 


Lois touchant les vœux et les dimes. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moïse, disant : 

2. Parle aux enfants d'Israël, 
et tu leur diras : Un homme qui 
aura fait un vœu et qui aura pro- 
mis à Dieu son àme donnera, se- 
lon l'estimation, le prix. 

3. Si c est un homme depuis la 
vingtième année jusqu'à la soi- 
xantième année, il donnera cin- 
quante sicles d'argent, selon la 
mesure du sanctuaire ; 

4. Si c'est une femme, trente. 

ὃ. Mais depuis la cinquième an- 
née jusqu'à la vingtième, l'hom- 
me donnera vingt sicles, la fem- 
me, dix. 

6. Depuis un mois jusqu'à la 


oo 


3. * Cinquante sicles. Voir la note sur 22006, xxi, 32. 


238 


cinquième année, pour l'homme 
on donnera cinq sicles, pour la 
femme, trois. 

7. Un homme de soixante ans 
et au-dessus donnera quinze si- 
cles; la femme, dix. 

8. S'il est pauvre, et s'il ne peut 
payer l'estimation, il se présen- 
tera devant le prétre; et autant 
celui-ci aura estimé et aura vu 
qu'il peut payer, autant il donne- 
ra. 

9. Mais un animal, qui peut 
étreimmolé au Seigneur, si quel- 
qu'un le voue, sera saint, 

10. Etil ne pourra étre changé, 
cest-à-dire, ni un meilleur pour 
un mauvais, ni un pire pour un 
bon; que s'il le change, et celui 
qui a été changé et celui pour le- 
quelle premier a été changé sera 
consacré au Seigneur. 

11. Un animal impur, qui ne 
peut étre immolé au Seigneur, 
si quelqu'un le voue, sera amené 
devant le prétre, 

12. Qui jugeant s'il est bon ou 
mauvais, fixera le prix. 

13. Si celui qui offre veut le 
donner, il ajoutera au-dessus de 
l'estimation la cinquième partie. 

14. Si un homme voue sa mai- 
son et la consacre au Seigneur, 
le prètre considérera si elle est 
bonne ou mauvaise, et selon le 
prix qui aura été assigné par lui, 
elle sera vendue; 

15. Mais, si celui qui l’a vouée, 
veut la racheter, il donnera la 
cinquième partie de l'estimation 
en sus, et il aura la maison. 

16. Que s'il voue le champ de 
sa possession, et qu'il le consacre 
au Seigneur, c'estselonla mesure 


LE LÉVITIQUE. 


(ca. xxvur.] 


des semences que sera estimé le 
prix; si la terre est semée de 
trente boisseaux d'orge, qu'elle 
soit vendue cinquante sicles d'ar- 
gent. 

17. Si c’est dès l'année du ju- 
bilé commençant qu'il voue son 
champ, autant il peut valoir, au- 
tant il sera estimé. 

18. Mais, si c'est après quelque 
temps, le prétre supputera l'ar- 
gent, selonle nombre des années 
qui restent jusqu'au jubilé, et il 
sera fait un retranchement dans 
le prix. 

19. Que si celui qui l'a voué, 
veut racheter le champ, il ajou- 
tera la cinquième partie de l'ar- 
gent estimé, et il le possédera. 

20. Mais s'il ne veut pas le ra- 
cheter, et qu'il ait été vendu à 
quelque autre, celui qui l'avait 
voué ne pourra plus le racheter, 

21. Parce que, lorsque le jour 
du jubilé sera venu, il sera con- 
sacré au Seigneur, et qu'une pos- 
session consacrée appartient au 
droit des prétres. 

22. Si le champ a été acheté, et 
quil n'ait pas été consacré au 
Seigneur comme possession des 
aieux, 

23. Le prêtre supputera le prix 
selon le nombre des années qu'il 
y aura jusqu'au jubilé, et celui 
qui l'avait voué, donuera ce prix 
au Seigneur; 

24. Mais au jubilé, le champ 
retournera au premier maitre qui 
lavait vendu, et qui lavait eu 
pour lot de sa possession. 

25. Toute estimation se fera au 
poids du sicle du sanctuaire. Le 
sicle a vingt oboles. 


(βαρ, XXVII. 25. Exode, xxx, 13 ; Nom., m, 41; Ezéch., xtv, 12. 


[cH. xxvir.] 

26. Les premiers-nés, qui ap- 
partiennent au Seigneur, per- 
sonne ne pourra les consacrer et 
les vouer : que ce soitun bœuf ou 
une brebis, ils sont au Seigneur. 

27. Que si l'animal est impur, 
celui qui l'a offert le rachètera 
selon ton estimation, et il ajou- 
tera la cinquième partie du prix; 
s'il ne veut pas le racheter, il sera 
vendu à un autre, autant qu'il 
aura été estimé par Loi. 

28. Tout ce qui est consacré au 
Seigneur, que ce soit un homme, 
ou un animal, ou un champ, ne 
sera point vendu, et ne pourra 
étre racheté. Tout ce qui aura été 
une 1018 60258016, étant tres saint, 
sera pour le Seigneur. 

29. Rien de consacré, qui est 
offert par un homme, ne sera ra- 
cheté, mais il mourra de mort. 

30. Toutes les dimes de la terre, 


LE LÉVITIQUE. 


239 


soit des grains, soit des fruits des 
arbres, sont au Seigneur et lui 
sont consacrées. 

31. Mais si quelqu'un veut ra- 
cheter ses dimes, il en ajoutera la 
cinquième partie. 

32. Dans les dimes des bœufs, 
des brebis et des chèvres qui 
passent sous la verge du pas- 
teur, tout ce qui viendra comme 
dixieme, sera consacré au Sei- 
gneur. 

33. Ni le bon, ni le mauvais ne 
sera choisi, et il ne sera point 
changé pour un autre; si quel- 
qu'un le change, et ce qui aura 
été changé, et ce pour quoi il aura 
été changé, sera consacré au Sei- 
gneur, et ne sera pas racheté, 

34. Ce sont là les préceptes qu'a 
donnés le Seigneur à Moise pour 
les enfants d'Israël sur la mon- 
tagne de Sinai. 


LES NOMBRES 


CHAPITRE PREMIER. 


Dénombrement des Israélites capables 
de porter les armes. 


1. Et le Seigneur parla à Moise 
dans le désert de Sinai, dans le 
tabernacle d'alliance, au premier 
jour du second mois, à la seconde 
année de leur sortie d'Egypte, 
disant : 

9. Faites le dénombrement de 
toute lassemblée des enfants 
d'Israël, selon leur parenté, leurs 
maisons, et les noms de chacun, 
de tout ce qui est du sexe mas- 
culin, 

3. Depuis vingtansetau-dessus, 
de tous les hommes forts d'Israél, 
et vous les dénombrerez, selon 
leurs bandes, toi et Aaron. 

4. Etil y aura avec vous les 
princes de leurs tribus et de leurs 
maisons dans leur parenté. 

5. Ceux dont voici les noms : 
De Ruben, Elisur, fils de Sédéur; 

6. De Siméon, Salamiel, fils de 
Surisaddai; 

7. De Juda, Nahasson, fils d'A- 
minadab ; à) 


Cuar. I. 2. Exode, xxx, 12. 


8. D'Issachar, Nathanael, fils de 
Suar; 

9. De Zabulon, Eliab, fils d'Hé- 
lon. 

10. Et d'entre les fils deJoseph: 
d'Ephraim, Elisama, fils d'Amiud; 
de Manassé, Gamaliel, fils de Pha- 
dassur; 

11. De Benjamin, Abidan, fils 
de Gédéon ; 

12. De Dan, Ahiézer, fils d'Ami- 
saddai; 

13. D'Aser, Phégiel, fils d'O- 
chran; 

14. De Gad, Eliasaph, fils de 
Duel; 

15. De Nephtali, Ahira, fils 
d'Enan. 

16. C'étaient 18 les plus nobles 
princes de la multitude selon 
leurs tribus et leur parenté, et 
les chefs de l'armée d'Israél, 

17. Que prirent Moïse et Aaron 
avec toutela multitude du peuple, 

18. Et qu'ils assemblèrent au 
premier jour du second mois, les 
recensant selon la parenté, les 
maisons, les familles, la personne 
et le nom de chacun. depuis vingt . 
ans et au-dessus, 


2, Ni la multitude qui suivait le camp des Israélites, ni les esclaves ne sont compris 
dans ce dénombrement. — Leur parenté; Yhébreu porte : Leurs familles. On voit 
dans Josué (vir, 16, etc.) que les tribus étaient divisées en familles, les familles en 
maisons. Or ces maisons n'étaient elles-mêmes que des familles particulières dont 
chacune prenait le nom de son père ou de son chef. Jamais les mères ne donnaient 
leurs noms aux maisons. 

9-15. De Ruben... De Siméon, etc.; c'est-à-dire de la tribu de Ruben, de Siméon, etc. 


CH. 1.] 
19. Comme avait ordonné le 
Seigneur à Moise. Or, il y eut de 
dénombré dans le désert de Sinai, 
20. De Ruben, premier-né d'Is- 
raél, selon les générations, les fa- 
milles, les maisons et le nom de 
chacun, tout ce qui est du sexe 
masculin, depuis vingt ans et au- 
dessus, allant à la guerre, 

21. Quarante-six mille cinq 
cents. 

22. Des enfants de Siméon, se- 
lon les générations, les familles 
et les maisons de leur parenté, 
furent recensés selon le nom et 
la personne de chacun, tout ce 
qui est du sexe masculin, depuis 
vingt ans et au-dessus, allant à 
la guerre, 

23. Cinquante-neuf mille trois 
cents. 

24. Des enfants de Gad, selon 
les générations, les familles etles 
maisons de leur parenté, furent 
recensés selon le nom de chacun 
depuis vingt ans et au-dessus, 
comme pouvant tous aller aux 
combats, 

25. Quarante-cinq mille six cent 
cinquante. 

26. Des enfants de Juda, selon 
les générations, les familles et les 
maisons de leur parenté, selon le 
nom de chacun depuis vingt ans 
et au-dessus, tous ceux qui pou- 
vaient aller aux combats, 

27. Furent recensés soixante- 
quatorze mille six cents. 

28. Desenfants d'Issachar, selon 
les générations, les familles et les 
maisons de leur parenté, selon le 
nom de chacun, depuis vingt ans 
et au-dessus, tous ceux qui pou- 
vaient aller aux combats, 


LES NOMBRES. 244 


29. Furent recensés cinquante- 
quatre mille quatre cents. 

30. Des enfants de Zabulon, se- 
lon les générations, les familles 
et les maisons de leur parenté, 
furent recensés selon le nom de 
chacun, depuis vingt ans et au- 
dessus, tous ceux qui pouvaient 
aller aux combats, 

‘31. Cinquante-sept mille quatre 
cents. 

32. Des enfants de Joseph, en- 
fants d'Ephraim, selon les géné- 
rations, les familles etles maisons 
de leur parenté furent recensés, 
selon le nom de chacun, depuis 
vingt ans et au-dessus, tous ceux 
qui pouvaient aller aux combats, 

33. Quarante mille cinq cents. 

94. Ensuite, des enfants de Ma 
nassé selon les générations, les 
familles et les maisons de leur 
parenté, furent recensés selon le 
nom de chacun depuis vingt ans 
et au-dessus, tous ceux qui pou- 
vaient aller aux combats, 

88. Trente-deux mille deux 
cents. 

36. Des fils de Benjamin, selon 
les générations, les familles etles 
maisons de leur parenté, furent 
recensés par le nom de chacun, 
depuis vingt ans et au-dessus, 
tous ceux qui pouvaient aller aux 
combats, 

37. Trente-cinq mille quatre 
cents. 

38. Des enfants de Dan, selon 
les générations, les familles et 
les maisons deleurparenté, furent 
recensés par le nom de chacun, 
depuis vingt ans et au-dessus, 
tous ceux qui pouvaientaller aux 
combats, 


32. Des enfants de Joseph, etc., issus de son fils Ephraim 


A. T. 


16 


242 LES NOMBRES. 


39. Soixante-deux mille sept 
cents. 

40. Des enfants d'Aser, selon 
les générations, les familles et les 
maisons de leur parenté, furent 
recensés selon les noms de cha- 
cun, depuis vingt ans et au- 
dessus, tous ceux qui pouvaient 
aller aux combats, 

41. Quarante-un mille et cinq 
cents. 

42. Des enfants de Nephthali, se- 
lon les générations, les familles et 
les maisons de leur parenté, fu- 
rent recensés par les noms de 
chacun depuis vingt ans et au- 
dessus, tous ceux qui pouvaient 
aller aux combats, 

43. Cinquante-trois mille quatre 
cents. 

44. Tels sont ceux que dénom- 
brerent Moise, Aaron, et les douze 
princes d'Israél, chacun selon les 
maisons de sa parenté. 

45. Ainsi le nombre total des 
enfants d'Israél selon leurs mai- 
sons etleursfamilles, depuis vingt 
ans et au-dessus, qui pouvaient 
aller aux combats, fut 

40. De six cent trois mille cinq 
cent cinquante hommes. 

47. Pour les Lévites, ils ne fu- 
rent pas dénombrés dans la tribu 
de leurs familles avec eux. 

48. CarleSeigneur parlaàMoise, 
disant : 

49. Ne compte point la tribu de 
Lévi, et tu ne comprendras point 
lenombre des Lévites avecles en- 
fants d'Israél : 

50. Mais prépose-les au taber- 
nacle du témoignage, à tous ses 
vases et à tout ce qui appartient 
aux cérémonies. Eux-mémes por- 


[cu. uu.) 


teront le tabernacle et tous ses us- 
tensiles : ils seront dans le minis- 
tere, et c'est autour du tabernacle 
qu'ils camperont. 

51. Lorsqu'il faudra partir, les 
Lévites enleveront le tabernacle ; 
lorsquil faudra camper, ils le 
dresseront; tout étranger qui en 
approchera, sera mis à mort. 

52. Mais les enfants d'Israél 
poserontleur camp, chacun selon 
sesbandes, sescorpsetson armée. 

93. Et les Lévites planteront 
leurstentes autour du tabernacle, 
afin que l'indignation ne vienne 
pas sur les enfants d'Israël, et ils 
veilleront àla garde du tabernacle 
du témoignage. 

94. Les enfants d'Israël firent 
donc selon tout ce qu'avait or- 
donné le Seigneur à Moise. 


CHAPITRE II. 


Ordre que les Israélites doivent garder 
dans leurs marches et dans leurs cam- 
pements. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moise et à Aaron, disant : 

2. Les enfants d'Israël, chacun 
selon ses bandes, ses étendards, 
ses drapeaux et les maisons de sa 
parenté, camperont autour du ta- 
bernacle d'alliance. 

3. Juda plantera ses tentes vers 
l’orient selon les bandes de son 
armée, et le prince de ses enfants 
sera Nahasson, fils d'Aminadab ; 

4. Et le nombre total des com- 
battants de sa race, est de soixan- 
te-quatorze mille six cents. 

5. Près de lui campèrent ceux 
dela tribu d'Issachar ; leur prince 
fut Nathanael fils de Suar ; 

6. Et le nombre total de ses 


3. Juda; c'est-à-dire la tribu de Juda. 


[cn. i1.) 
combattants, de cinquante-quatre 
mille quatre cents. 

7. Dans la tribu de Zabulon le 
prince fut Eliab, fils d'Hélon. 

8. Toute l'armée des combat- 
tants de sarace fut de cinquante- 
sept mille quatre cents. 

9. Tous ceux qui ont été dé- 
nombrés dans le camp de Juda, 
furent cent quatre-vingt-six mille 
quatre cents; et ils sortiront les 
premiers seion leurs bandes. 

10. Dans le camp des enfants 
de Ruben vers le cóté méridio- 
nal, le prince sera Elisur, fils de 
Sédéur; 

11. Et toute l'armée deses com- 
battants qui ont été dénombrés, 
quarante-six mille cinq cents. 

12. Près de lui campèrent ceux 
de la tribu de Siméon ; leur prince 
fut Salamiel, fils de Surisaddai, 

13. Et toute l’armée de ses 
combattants qui ont été dénom- 
brés, cinquante-neuf mille trois 
cents. 

14. Dans la tribu de Gad, le 
prince fut Eliasaph, fils de Duel; 

15. Et toute l’armée de ses 
combattants qui ont été dénom- 
brés, quarante-cinq mille six cent 
cinquante. 

16. Tous ceux qui ont été re- 
censés dans le camp de Ruben 
furent cent cinquante-un mille 
quatre cent cinquante, selonleurs 
bandes ; ils marcheront au second 
rang. 

17. Alors le tabernacle de té- 
moignage sera enlevé par les 
soins des Lévites et par leurs 
bandes : de la maniere qu'il sera 
dressé, il sera aussi enlevé. Cha- 
cun marchera en sa place et en 
son rang. 

18. Vers le cóté occidental sera 


LES NOMBRES. 


243 


le camp des enfants d'Ephraim ; 
leur prince fut Elisama, fils d'Am- 
miud; 

19. Et toute l'armée de ses com- 
battants qui ont été dénombrés, 
quarante mille cinq cents. 

20. Et avec eux, la tribu des 
enfants de Manassé ; leur prince 
fut Gamaliel, fils de Phadassur; 

21. Ettoute l'armée de sescom- 
battants qui ont été dénombrés, 
trente-deux mille deux cents. 

22. Dans la tribu des fils de 
benjamin, le prince fut Abidan, 
fils de Gédéon ; 

23. Et toute l'armée de ses 
combattants qui ont été recensés, 
trente-cinq mille quatre cents. 

24. Tous ceux qui ont été dé- 
nombrés dans le camp d'Ephraim, 
furent cent huit mille cent, selon 
leurs bandes; ils marcheront les 
troisièmes. 

25. Vers la partie de l'aquilon 
ont campé les fils de Dan; leur 
prince fut Ahiézer, fils d'Ammi- 
8801081 ; 

26. Toute l'armée de ses com- 
battants qui ont été dénombrés, 
soixante-deux mille sept cents. 

27. C'est prés de Dan que plan- 
terent leurs tentes ceux de la tri- 
bu d'Aser;leur prince fut Phégiel, 
fils d'Ochran; 

28. Toute l'armée de ses com- 
battants qui ont été comptés, 
quarante-un mille cinq cents, 

29. Quant à la tribu des enfants 
de Nephthali, le prince fut Ahira, 
fils d'Enan ; 

30. Toute l'armée de ses com- 
battants, cinquante-trois mille 
quatre cents. 

31. Tous ceux qui ont été dé- 
nombrés dans le camp de Dan, 
furent cent cinquante-sept mille 


244 


six cents; et ils marcheront les 
derniers. 

39. Ce nombre des enfants d'Is- 
raél, selon les maisons de leur 
parenté et les bandes de leur ar- 
mée divisée, était de six cent trois 
mille cinq cent cinquante. 

33. Mais les Lévites n'ont pas 
été dénombrés parmi les enfants 
d'Israél ; car ainsi l'avait ordonné 
le Seigneur à Moise. 

34. Et les enfants d'Israël fi- 
rent selon tout ce qu'avait com- 
mandé le Seigneur. Ils campe- 
rent selon leurs bandes, et mar- 
cherent selon les familles et les 
maisons de leurs peres. 


CHAPITRE III. 


Dieu choisit les Lévites pour le service 
du tabernacle. Dénombrement de la 
tribu de Lévi. 


1. Voici les générations d'Aa- 
ron et de Moise, au jour que le 
Seigneur parla à Moïse sur la 
montagne de Sinai. 

2. Et voici les noms des fils 
d'Aaron : Son premier-né Nadab, 
ensuite Abiu, Eléazar et Ithamar. 

3. Tels sont les noms des fils 
d'Aaron, prétres qui furent oints, 
et dont les mains furent remplies 
et consacrées pour qu'ils exercas- 
sent les fonctions du sacerdoce. 

4. Or Nadab et Abiu moururent 
sans enfants lorsqu'ils offraient 
un feu étranger en la présence 
du Seigneur dans le désert de 
Sinai ; et Eléazar et Ithamar exer- 


LES NOMBRES. 


]68₪. π|.} 


cerent les fonctions du sacerdoce 
devant Aaron leur pere. 

ὃ. Et le Seigneur parla à Moise, 
disant : 

6. Fais approcher la tribu de 
Lévi, et fais-les tenir en la pré- 
sence d'Aaron, le prétre, afin 
qu ilsle servent, et qu'ils veillent, 

7. Qu'ils observent aussi tout 
ce qui appartient au culte de la 
multitude devant le tabernacle 
de témoignage ; 

8. Qu'ils gardent les vases du 
tabernacle, servant pour son mi- 
nistère. 

9. Et tu donneras en dons les 
Lévites 

10. À Aaron et à ses fils aux- - 
quels ils ont été accordés par les 
enfants d'Israël. Mais tu établiras 
Aaron et ses fils dansles fonctions 
du sacerdoce. L'étranger qui ap- 
prochera pour exercer le minis- 
tere, mourra. 

11. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

12. J'ai pris les Lévites d'entre 
les enfants d'Israél, à la place de 
tout premier-né qui ouvre un sein 
parmi les enfants d'Israël, et les 
Lévites seront à moi. 

13. Car tout premier-né est à 
moi, depuis que j'ai frappé les 
premiers-nés dans la terre d'E- 
gypte, j'ai consacré pour moi tout 
ce qui nait le premier en Israél, 
depuis l'homme jusqu'à la béte : 
Je suis le Seigneur. 

14. Le Seigneur parla de nou- 


Cua, III. 2. Exode, νι, 23. — 4. Lév., x, 1, 2; I Par., xxiv, 2. — 13. Exode, xui, 2; 


Infra, viu, 16. 


3. L'expression remplir les mains, signifie dans ce passage et autres semblables, 
consacrer quelqu'un, lui confier une fonclion. On a vu dans l'Exode (xxix, 24) que 
Moïse devait, dans la consécration des prêtres, leur mettre entre les mains les ins- 
truments sacrés ; ce qui se pratique encore aujourd'hui dans l'Eglise. 

1. Au culle de lu mullilude; c'est-à-dire, que doit rendre la multitude. 


CH. [.זזז‎ 
veau à Moise dans le désert de 
Sinai, disant : 

15. Dénombre les enfants de 
Lévi, selon les maisons de leurs 
peres et leurs familles, tout mâle 
d'un mois et au-dessus. 

16. Moise les dénombra, comme 
avait ordonné le Seigneur, 

17. Etfurent trouvés les enfants 
deLévi,selonleurs noms, Gerson, 
Caath et Mérari. 

18. Les fils de Gerson : Lebni et 
Séméi. 

19. Les fils de Caath : Amram, 
Jésaar, Hébron et Oziel. 

90. Les fils de Mérari : Moholi 
et Musi. 

91. De Gerson sont sorties deux 
familles, la Lebnitique et la Sé- 
méitique, 

22. Dont la population du sexe 
masculin depuis un mois et au- 
dessus dénombrée, fut de sept 
mille cinq cents. 

23. Ceux-ci camperont derrière 
le tabernacle, vers l'occident, 

24. Sous le prince Eliasaph, fils 
de Laél. 

95. Et ils auront la garde dans 
le tabernacle d'alliance, 

26. Du tabernacle lui-méme et 
de sa couverture, du voile qu'on 
tire devant la porte du toit d'al- 
liance, et des rideaux du parvis, 
ainsi que du voile qui est sus- 
pendu à l'entrée du parvis du ta- 
bernacle, et de tout ce qui appar- 
tient au ministere de l'autel, les 
cordages du tabernacle et tous 
ses ustensiles. 

27. La parenté de Caath aura 
les peuples Amramites, Jésaa- 


17. Exode, νι, 16. 


LES NOMBRES. 245 


rites, Hébronites et Oziélites. Ce 
sont là les familles des Caathites 
recensées selon leurs noms. 

28. Tous ceux du genre mascu- 
lin depuis un mois et au-dessus, 
huit mille six cents auront la 
garde du sanctuaire, 

29. Et ils camperont vers le 
cóté méridional ; 

30. Et leur prince sera Elisa- 
phan, fils d'Oziel. 

31. Ainsi ils garderont l'arche, 
la table, le chandelier, les autels, 
les vases du sanctuaire avec les- 
quels se fait le service, le voile et 
tous les objets semblables : 

32. Mais le prince des princes 
des Lévites, Eléazar fils d'Aaron 
le prétre, sera au-dessus de ceux 
qui veilleront à la garde du sanc- 
tuaire. 

39. Mais de Mérari sortiront les 
familles Moholites et Musites, re- 
censées selon leurs noms. 

34. Tous les máles depuis un 
mois et au-dessus sont au nombre 
de six mille deux cents. 

35. Leur prince est Suriel, fils 
d'Abihaiel : c'est au cóté septen- 
trional qu'ils camperont. 

36. Seront sous leur garde : les 
ais du tabernacle, les leviers, les 
colonnes et leurs soubassements, 
et tout ce qui appartient à un tel 
service; 

37. Et les colonnes autour du 
parvis avec leurs soubassements, 
et les pieux avec leurs cordages. 

38. Devant le tabernacle d'al- 
liance, c'est-à-dire vers le côté 
oriental, camperont Moise et Aa- 
ron avec ses fils, ayant la garde 


26. Du toit d'alliance; pour, du toit du tabernacle d'alliance. 
21. Aura les peuples; c'est-à-dire comprendra les familles. Voy. Exod. xxx, 38. 


246 LES NOMBRES. 


du sanctuaire, au milieu des en- 
fanis d'Israël; tout étranger qui 
s'en approchera, mourra. 

39. Tous les Lévites que dénom- 
brerent Moïse et Aaron d’après le 
commandement du Seigneur, se- 
lon leurs familles, parmi les 
máles d'un mois et au-dessus, 
furent vingt-deux mille. 

40. Le Seigneur dit encore à 
Moise : Dénombre les premiers- 
nés máles d'entre les enfants d'Is- 
raël, depuis un mois et au-dessus, 
et tu en tiendras compte. 

44. Et tu prendras pour moi les 
Lévites ἃ 18 place detout premier- 
né des enfants d'Israël; je suis le 
Seigneur; et leurs bestiaux à la 
place de tous les premiers-nés 
des bestiaux des enfants d'Israël. 

49. Moiserecensa, comme avait 
ordonné le Seigneur, les pre- 
miers-nés des enfants d'Israél ; 

49. Et les mâles, selon leurs 
noms, depuis un mois et au-des- 
sus, furent vingt-deux mille deux 
cent soixante-treize. 

44. Le Seigneur parla encore à 
Moïse, disant : 

45. Prendsles Lévites à la place 
des premiers-nés des enfants d'Is- 
raël, et les bestiaux des Lévites à 
la place de leurs bestiaux, et les 
Lévites seront à moi. Je suis le 
Seigneur. 

40. Et pour le prix des deux 
cent soixante-treize d'entre les 
premiers-nés des enfants d'Israël 


[cu. 1v.] 


qui dépassent le nombre des Lé- 
vites, 

47. Tu prendras cinq 8 
pour chaque téte, selon la me- 
sure du sanctuaire. Le sicle a 
vingt oboles. 

48. Et tu donneras largent à 
Aaron pour le prix de ceux qui 
sont de plus. 

49. Moise prit donc l'argent de 
ceux qui étaient de plus, et qu'ils 
avaient rachetés des Lévites, 

50. Pour les premiers-nés des 
enfants d'Israél, mille trois cent 
soixante-cinq sicles selon le poids 
du sanctuaire ; 

91. Et il le donna à Aaron et à 
ses fils. selon la parole que lui 
avait ordonnée le Seigneur. 


CHAPITRE IV. 


Dénombrement des emplois et des 
familles des Lévites. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moise et à Aaron, disant : 

2. Fais le dénombrement des 
fils de Caath d'entre les Lévites, 
selon leurs familles et leurs mai- 
sons, 

3. Depuis trente ans et au des- 
sus, jusqu'à cinquante ans, de 
tous ceux qui entrent, pour se 
tenir et servir dans le tabernacle 
d'alliance. 

4. Voici la fonction des fils de 
Caath : C'est dans le tabernacle et 
le Saint des saints 


41. Exode, xxx, 13; Lév., xxvir, 25; Ezéch., xLv, 12. 


39. Au lieu de vingt-deux mille, les nombres partiels (ver. 22, 28) donnent vingt- 
deux mille trois cents; mais il est probable que les trois cents ne sont pas compris 
ici dans le nombre total, parce qu'étant les premiers-nés parmi les Lévites, et appar- 
tenant déjà à Dieu en cette qualité, ils n'étaient pas échangeables contre d'autres 
premiers-nés. 

41. * Cinq sicles. Voir la note sur Exode. xxi, 32. 


CH. צז‎ .[ 


5. Qu'entreront Aaron etses fils, 
quand le camp devra étre levé, 
et ils óteront le voile qui est sus- 
pendu devant la porte, et ils en 
envelopperont l'arche du témoi- 
gnage, 

6. Et ils le couvriront encore 
d'une couverture de peaux vio- 
lettes, etils étendront par-dessus 
un drap tout d'hyacinthe, et ils 
introduiront les leviers. 

7. Ils envelopperont aussi la 
table de proposition d'un drap 
d'hyacinthe, et ils mettront avec 
elleles encensoirs, les petits mor- 
tiers, les tasses etlescoupes pour 
faire les libations; et les pains 
seront toujours sur elle; 

8. Et ils étendront par-dessus 
un drap d'écarlate qu'ils cou- 
vriront encore d'une couverture 
de peaux violettes, et ils y intro- 
duiront les leviers. 

9. Ils prendront de plus un drap 
d'hyacinthe dont ils couvriront le 
chandelier avec ses lampes, ses 
pincettes, ses mouchettes et tous 
les vases d'huile qui sont néces- 
saires pour entretenir les lampes. 

10. Et sur toutes ces choses ils 
poserontune couverture de peaux 
violettes, et ils introduiront les 
leviers. 

41. Et l'autel d'or aussi, ils l'en- 
velopperont d'un drap d'hyacin- 
the, et ils étendront par-dessus 
une couverture de peaux vio- 
lettes, et ils y introduiront les le- 
viers. 

12. Tous les vases avec lesquels 
se fait le service dans le sanc- 
tuaire, ils les envelopperont dans 


Cap. IV. 15. I Par., xv, 15. 


LES NOMBRES. 241 


un drap d'hyacinthe, et ils éten- 
dront par-dessus une couverture 
de peaux violettes, et ils introdui- 
ront les leviers. 

13. Mais ils nettoieront aussi 
l'autel de ses cendres, et ils l'en- 
velopperont dans un drap de 
pourpre, 

14. Et ils y mettront avec lui 
tous les vases dont ils se servent 
pour son ministère, c'est-à-dire 
les brasiers, les fourchettes, les 
tridents, les crocs et les pelles. Ils 
couvriront ensemble tous les va- 
ses de l'autel d'une couverture 
de peaux violettes, et ils intrc 
duiront les leviers. 

15. Or, lorsque Aaron et ses fils 
auront enveloppé le sanctuaire 
et tous ses vases, au lever du 
camp, les fils de Caath entreront 
pour les porter ainsi enveloppés; 
mais ils ne toucheront point les 
vases du sanctuaire, de peur 
quils ne meurent. Telles sont 
dans le tabernacle d'alliance les 
charges des fils de Caath, 

16. Au-dessus desquels sera 
Eléazar, fils d'Aaron,le prétre, au 
soin de qui appartient l'huile 
pour entretenir les lampes, le 
parfum de composition, le sacri- 
fice perpétuel, l'huile de l'onction 
et tout ce qui appartient au ser- 
vice du tabernacle et de tous les 
vases qui sont dans le tabernacle. 

11. Le Seigneur parla encore à 
Moise et à Aaron, disant : 

18. Ne détruisez pointle peuple 
de Caath du milieu des Lévites; 

19. Mais faites ceci pour eux, 
afin quils vivent et qu'ils ne 


7-77 ÉL 


1. La table de proposition; pour, la table des pains de proposition. Compar. Exode, 


Xxv, 30. 


948 LES NOMBRES. 


meurent point, s'ils touchent le 
Saint des saints. Aaron et ses fils 
entreront, et ils disposeront eux- 
mémes les ouvrages de tous sé- 
parément, et ils partageront ce 
que chacun doit porter. 

90. Que les autres ne voient 
nullement avec curiosité ce qui 
est dans le sanctuaire, avant qu'il 
soit enveloppé, autrement ils 
mourront. 

21. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

29. Fais aussi 16 dénombrement 
des enfants de Gerson, selon leurs 
maisons. leurs familles et leur 
parenté, 

93. Depuis trente ans et au- 
dessus jusqu'à cinquante ans. 
Dénombre tous ceux qui entrent 
et qui servent dans le tabernacle 
d'alliance. 

24. L'office de la famille des 
Gersonites est, 

95. Qu'ils portent les rideaux 
du tabernacleet le toit d'alliance, 
lautre couverture, puis la cou- 
verture violette quiestpar-dessus 
tout, et le voile qui est suspendu 
àlentrée dutabernacle d'alliance ; 

96. Les rideaux du parvis et le 
voile de l'entrée, qui est devant 
le tabernacle. Tout ce qui appar- 
tient à l'autel, les cordages et les 
vases de service, 

97. Au commandement d'Aa- 
ron et de ses fils, les fils de Ger- 
son le porteront, et chacun saura 
à quelle charge il doit être soumis. 

98. Tel est l'emploi de la famille 
des Gersonites dans le tabernacle 


(eir. 1v.] 


d'alliance: et ils seront sous 8 
main d'Ithamar, fils d'Aaron le 
prétre. 

29. Tu recenseras aussi les fils 
de Mérari selon leurs maisons et 
les familles de leurs peres, 

30. Depuis trente ans et au- 
dessus jusqu'à cinquante ans, 
tous ceux qui entrent pour l'office 
de leur ministere, et le service de 
l'alliance de témoignage. 

31. Voici leurs charges : ils por- 
teront les ais du tabernacle, ses 
leviers, ses colonnes et leurs sou- 
bassements, 

32. Et aussi les colonnes autour 
du parvis avec leurs soubasse- 
ments, leurs pieux et leurs cor- 
dages. Ils prendront le compte de 
tous les vases et des autres objets, 
et c'est ainsi qu'ils les porteront. 

33. Tel est l'office des familles 
des Mérarites et leur ministère 
dans le tabernacle d'alliance; et 
ils sont sous la main d'Ithamar, 
fils d'Aaron, le prétre. 

34. Moise done, Aaron et les 
princes de la synagogue recen- 
serent les fils de Caath, selon 
leur parenté et les maisons de 
leurs peres, 

35. Depuis trente ans et au-des- 
sus jusqu'à cinquante ans, tous 
ceux qui entrent au service du ta- 
bernacle d'alliance; 

36. Et il s'en trouva deux mille 
sept cent cinquante. 

37. C'estlà le nombre du peuple 
de Caath qui entrent dans le ta- 
bernacle d'alliance : Moise et Aa- 
ron les dénombrerent, selon la 


25. Le toit d'alliance. Voy. 11, 26. — * La couverture violette. La couverture en 
peau de dugong, animal amphibie qui vit en troupes dans la mer Rouge. 

30. L'alliance de témoignage; c'est-à-dire, l'arche d'alliance qui renferme les tables 
de la loi, appelée souvent dans l'Ecriture, (émoignage. 


cH. v.] 


parole du Seigneur, par l'entre- 
mise de Moise. 

38. Les fils de Gerson aussi fu- 
rent dénombrés selon leur pa- 
renté et les maisons de leurs 
peres, 

39. Depuis trente ans et au-des- 
sus, jusqu'à cinquante ans, tous 
ceux qui entrent pour servir dans 
le tabernacle d'alliance; 

40. Et il s'en trouva deux mille 
six cent trente. 

44. C'est là le peuple des Ger- 
sonites, que dénombrerent Moise 
et Aaron, selon la parole du Sei- 
gneur. 

49. Ensuite furent dénombrés 
les fils de Mérari selon leur pa- 
renté et les maisons de leurs pè- 
res, 

43. Depuis trente ans et au-des- 
sus, jusqu'à cinquante ans, tous 
ceux qui entrent pour accomplir 
les rites du tabernacle d'alliance; 

44. ἘΠῚ) s'en trouva trois mille 
deux cents. 

45. Tel est le nombre des fils 
de Mérari que recensèrent Moïse 
et Aaron, selon l'ordre du Sei- 
gneur, par l'entremise de Moise. 

46. Tous ceux qui furent re- 
censés d'entre les Lévites, et que 
firent recenser par leurs noms, 
Moise, Aaron et les princes d'Is- 
raél, selon leur parenté et les 
maisons de leurs peres, 

47. Depuis trente ans et au- 
dessus, jusqu'à cinquante ans, 
enirant pour le service du ta- 
bernacle et pour porter les far- 
deaux, 

48. Furent en tout huit mille 
cinq cent quatre-vingts. 

49. C'est selon la parole du Sei- 


LES NOMBRES. 


249 


gneur que Moise les recensa, cha- 
cun selon son office et ses char- 
ges, comme lui avait ordonné le 
Seigneur. 


CHAPITRE V. 


Lois touchant ceux qui doivent étre 
chassés hors du camp, touchant la 
restitution, touchant l'épreuve des 
femmes soupconnées d'adultére. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

2. Ordonne aux enfants d'Is- 
raël qu'ils jettent hors du camp 
tout lépreux, celui qui a la gonor- 
rhée et celui qui a été souillé à 
cause d'un mort: 

3. Que ce soit un homme ou 
une femme, jetez-les hors du 
camp, pour ne pas qu'ils le souil- 
lent, puisque j'habiie avec vous. 

4. Et les enfants d'Israél firent 
ainsi, et ils les jetèrent hors du 
camp, comme avait dit le Sei- 
gneur à Moise. 

5. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

6. Dis aux enfants d'Israël : Un 
homme ou une femme, lorsqu'ils 
auront commis quelqu'un des 
péchés, quiont coutume d'arriver 
aux hommes, et que par négli- 
gence, ils auront transgressé le 
commandement du Seigneur, et 
auront failli, 

7. Confesseront leur péché, et 
rendront la somme méme, et la 
cinquième partie par-dessus, à 
celui contre lequel ils auront pé- 
ché. 

8. Mais s'il n'y a personne qui 
puisse recevoir, ils la donneront 
au Seigneur, et elle appartiendra 
au prétre, outre le bélier qui est 


2. Qui a été souillé à cause d'un mort. Nov. Lévit.. .א‎ 


250 
offert pour l'expiation, afin que 
l'hostie soit propitiatoire. 

9. Toutes les prémices aussi 
qu offrent les enfants d'Israël, ap- 
partiennent au prêtre; 

10. Et tout ce qui est offert au 
sanctuaire par chacun d'eux, et 
qui est remis aux mains du 
prêtre, lui appartiendra, 

11. Le Seigneur parla encore à 
Moïse, disant : 

12. Parle aux enfants d'Israël, 
et tu leur diras : Un homme dont 
la femme aura fait une faute, et 
méprisant son mari, 

13. Aura dormi avec un autre 
homme, en sorte que son mari 
n'ait pu la découvrir, et que l'a- 
dultere soit caché, et qu'elle ne 
puisse pas étre convaincue par 
des témoins, parce qu'elle n'a 
pas été trouvée dans le crime ; 

14. Si un esprit de jalousie ex- 
cite cet homme contre sa femme, 
qui est souillée, ou accusée par 
un faux soupcon, 

15. ll l'ameénera au prêtre, et 
offrira une offrande pour elle, la 
dixieme partie d'une mesure de 
farine d'orge : il ne répandra 
point d'huile par-dessus, et il n'y 
mettra point d'encens, parce que 
c'est un sacrifice de jalousie, et 
une oblation pour découvrir un 
adultère. 

16. Le prêtre l'offrira donc et la 
présentera devant le Seigneur; 

11. ἘΠῚ prendra de l'eau sainte 
dans un vase de terre, et il y jet- 
tera un peu de terre du pavé du 
tabernacle. 

18. Et lorsque la femme sera 
debout en la présence du Sei- 


LES NOMBRES. 


(CH. v.] 
gneur, il lui découvrira la téte, 
et lui posera sur les mains le 
sacrifice du souvenir, et l'oblation 
de la jalousie: mais lui-méme 
tiendrales eaux trés ameres, sur 
lesquelles il à accumulé les ma- 
lédictions avec exécration ; 

19. Et il ladjurera, et il lui 
dira: Si un homme étranger n'a 
pas dormi avec toi, et si tu n'as 
pas été souillée, le lit de ton 
mari déserté, elles ne te nuiront 
point ces eaux trés amères sur 
lesquelles j'ai accumulé les ma- 
lédictions. 

90. Si, au contraire, tu t'es dé- 
tournée de ton mari, et si tu as 
été souillée et as été avec un 
autre homme, 

21. Tu seras sous le poids de ces 
malédictions : Que le Seigneur 
te donne en malédiction et en 
exemple àtous parmi son peuple; 
qu'il fasse pourrir ta cuisse, et 
que s'enflant, ton sein se rompe. 

99. Qu'elles entrent dans ton 
ventre ces eaux maudites, et que, 
ton sein s'enflant, ta cuisse se 
pourrisse. Et la femme répondra : 
Amen, amen. 

23. Et le prêtre écrira sur le 
livre ces malédictions, puis il 
les effacera avec les eaux tres 
ameres, sur lesquelles il a accu- 
mulé les malédictions, 

24. Et illes lui donnera à boire. 
Lorsqu'elle les aura bues, 

95. Le prétre prendra de sa 
main le sacrifice de jalousie et 
l'élevera devant le Seigneur, puis 
il le posera sur l'autel, de telle 
sorte seulement, qu'auparavant 

26. Il prenne une poignée du 


18. Le sacrifice du souvenir; le sacrifice destiné à rappeler le souvenir du crime 


dont elle est accusée. 


[cH. VI.] 


sacrifice qui est offert, et qu'il le 
brüle sur l'autel, et qu'ainsi il 
donne à boire à la femme les 
eaux tres ameres. 

97. Lorsqu'elle les aura bues, 
si elle a été souillée, et si, son 
mari méprisé, elle est coupable 
d'adultere, les eaux de malédic- 
tion la pénétreront ; et son ventre 
s'étant enflé, sa cuisse se pour- 
rira ; et cette femme sera en ma- 
lédiction et en exemple à tout le 
peuple. 

98. Que si elle n'a pas été souil- 
lée, elle n'éprouvera aucun mal, 
et elle aura des enfants. 

99. Telle est la loi de la jalou- 
sie. Si une femme s'est détour- 
née de son mari, et si elle a été 
souillée, 

30. Et que son mari poussé par 
un esprit de jalousie, l'amène en 
présence du Seigneur, et que le 
prétre lui fasse selon tout ce qui 
a été écrit, 

31. Le mari sera sans faute, et 
elle, elle recevra Je châtiment de 
son iniquité. 


CHAPITRE VI. 


Consécration des Nazaréens. Bénédiction 
que les prétres doivent donner au 
peuple. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

2. Parle aux enfants d'Israél, et 
tu leur diras : Un homme ou une 
femme, lorsqu'ils auront fait un 
vœu pour se sanctifier, et qu'ils 
auront voulu se consacrer au 
Seigneur, 

Cnar. VI. 5. Judic., xii, 5. 


LES NOMBRES. 251 


3. S'abstiendront de vin et de 
tout ce qui peut enivrer.Ils ne 
boiront point de vinaigre, qui est 
fait de vin, ni de quelque autre 
breuvage enivrant que ce soit, ni 
de rien de ce qui est exprimé du 
raisin; ils ne mangeront point 
de raisins frais, ni secs 

4. Durant tous les jours qu'ils 
seront consacrés par vou au 
Seigneur;ils ne mangeront rien 
de ce qui peut venir de la vigne 
depuis le raisin sec jusqu'au 
pepin. 

9. Durant tout le temps de sa 
séparation le rasoir ne passera 
point sur sa téte, jusqu'à ce que 
soit accompli le jour jusqu'auquel 
il est consacré au Seigneur. Il 
sera saint, laissant croitre la che- 
velure de sa téte. 

6. Durant tout le temps de sa 
consécration, il n'entrera point 
auprès d'un mort, 

7. Et il ne se souillera méme 
point aux funérailles de son 
père, de sa mère, de son frère 
et de sa sœur, parce que la con- 
sécration de son Dieu est sur sa 
téte. 

8. Durant tous les jours de sa 
séparation, il sera consacré au 
Seigneur. 

9. Mais s'il. meurt subitement 
quelqu'un devant lui, la consé- 
cration de sa téte sera souillée, 
il la rasera aussitót au jour méme 
de sa purification, et au sep- 
tième. 

10. Et au huitième jour il of- 
frira deux tourterelles, ou deux 


5. Sa séparation ; la séparation du Nazaréen. 
1. Parce que la consécration, etc. ; c'est-à-dire, parce qu'il porte sur la tête la marque 


d'un homme consacré à Dieu. 


252 LES NOMBRES. 


x 


petits de colombe au prêtre à 
l'entrée de l'alliance de témoi- 
gnage. 

41. Et le prétre en sacrifiera 
un pourle péché et l'autre en ho- 
locauste, et il priera pour lui, 
parce qu'il a péché à cause de ce 
mort; et il sanctifiera sa téte en 
ce jour-là ; 

12. Et il consacrera au Seigneur 
les jours de sa séparation, offrant 
un agneau d'un an pour le pé- 
ché ; de telle sorte cependant que 
les premiers jonrs deviennent 
inutiles, parce que sa consécra- 
tion a été souillée. 

13. Voici la loi de la consécra- 
tion : Lorsque les jours qu’il 
avait fixés par son vœu seront 
accomplis, /e prêtre l'amènera à 
la porte du tabernacle de l'al- 
liance, 

14. Et il offrira son oblation au 
Seigneur : un agneau d'un an 
sans tache en holocauste, une 
brebis d’un an, sans tache, pour 
le péché, un bélier sans tache, 
hostie pacifique ; 

15. Une corbeille de pains 
azymes, quisoientarrosés d'huile, 
des beignets sans levain, oints 
d'huile, et les libations de cha- 
cune de ces choses, 

16. Que le prétre offrira devant 
le Seigneur, et qu'il sacrifiera 
tant pour le péché que pour l'ho- 
locauste . 

17. Mais le bélier, il l'immo- 
lera comme hostie pacifique au 
Seigneur, offrant en méme temps 


18. Actes, xxi, 24. — 94. Eccli., xxxvi, 19. 


(cu. vr.] 


la corbeille d'azymes et les liba- 
tions qui sont dues par l'usage. 

18. Alors la chevelure du naza- 
réen consacrée ὦ Dieu sera rasée 
devant la porte du tabernacle 
d'alliance, et /e prêtre prendra 
ses cheveux et les mettra sur le 
feu qui se trouve au-dessous du 
sacrifice des pacifiques. 

19. Il prendra aussi l'épaule 
cuite du bélier, une miche sans 
levain de la corbeille, et un bei- 
gnet azyme, et il les remettra 
aux mains du nazaréen, apres 
que sa téte aura été rasée. 

20. Et les ayant recus une se- 
conde fois de lui, il les élèvera 
en la présence du Seigneur; ainsi 
sanclifiés ils appartiendront au 
prêtre, comme la poitrine qui 
a dü être séparée, et la cuisse; 
apres cela, le nazaréen peut boire 
du vin. 

91. Telle est laloi du nazaréen, 
lorsqu'il a voué son oblation au 
Seigneur au temps de sa consé- 
cralion, outre ce que sa main 
trouvera. Selon ce quil aura 
voué dans son esprit, ainsi fera- 
t-il pour la perfection de sa sanc- 
tification. 

22. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

93. Dis à Aaron et à ses fils : 
C'est ainsi que vous bénirez les 
enfants d'Israël, et vous leur 
direz : 

24. Que le Seigneur te bénisse 
et qu'il te garde. 

95. Que le Seigneur te montre 


14. D'un an. Voy. Exod., ,זוא‎ 5. 


21. Ce que sa main trouvera; ce qu'il pourra faire d'ailleurs de lui-même. Outre 
ce qui lui est prescrit ici, le nazaréen pourra ajouter quelque chose de surérogation, 


suivant le vœu qu'il en aura fait. 


cH. VII.] 
3a face, et qu'il ait pitié de toi. 

26. Que le Seigneur tourne son 
visage vers toi, et te donne la 
paix. 

27. Ils invoqueront ainsi mon 
nom sur les enfants d'Israél, et 
moi, je les bénirai. 


CHAPITRE VII. 


Présents des princes d'Israél après l'érec- 
tion du tabernacle et pendant les jours 
de la dédicace de l'autel. 


1. Or, il arriva qu'au jour oü 
Moise acheva le tabernacle, il le 
dressa, loignit et le sanctifia 
avec tous ses vases ainsi que 
l'autel et tous ses vases. 

2. Les princes d'Israél et les 
chefs de familles, qui étaient 
dans chaque tribu et qui com- 
mandaient à ceux qui avaient été 
dénombrés, offrirent 

3. Leurs présents devant le 
Seigneur : six chariots couverts 
avec douze bœufs. Deux chefs 
offrirent un chariot, et chacun 
d'eux un bœuf, et ils les offrirent 
en présence du tabernacle. 

4. Or, le Seigneur dit à Moise : 

9. Recois-les d'eux, pour qu'ils 
soient employés au service du 
tabernacle. et tu les donneras 
aux Lévites, selon le rang de 
leur ministere. 

6. Cest pourquoi, lorsque 
Moïse eut reçu les chariots et 
les bœufs, il les donna aux Lé- 
vites. 

7. 11 donna aux fils de Gerson 
deux chariots et quatre bœufs, 
selon ce qui leur est nécessaire. 

8. ll donna aux fils de Mérari 


Cap. VII. 1. Exode, xr, 16. 


LES NOMBRES. 


253 
les quatre autres chariots et les 
huit bœufs, selon leurs fonctions 
et leur service, sous la main d’I- 
thamar, fils d'Aaron, le prétre. 

9. Mais aux fils de Caath, il ne 
donna point de chariots et de 
bœufs, parce que c'est dans le 
sanctuaire qu'ils servent et qu'ils 
portent les fardeaux sur leurs 
propres épaules. 

10. Les chefs donc offrirent 
leur oblation devant l'autel pour 
la dédicace de l'autel, au jour 
qu'il fut oint. 

11. Et le Seigneur dit à Moise : 
Que chaque chef offre chaque 
jour ses présents pour la dédi- 
cace de l'autel. 

12. Au premier jour Nahasson, 
fils d'Aminadab, de la tribu de 
Juda, offrit son oblation : 

13. ll y avait un plat d'argent 
du poids de cent trente sicles, 
une patere d'argent de soixante- 
dix sicles, selon le poids du sanc- 
tuaire, l'un et l'autre pleins de 
fleur de farine arrosée d'huile 
pour un sacrifice; 

14. Un petit mortier de dix 
sicles d'or, plein d'encens; 

15. Un bœuf pris d'un trou- 
peau, et un bélier, et un agneau 
d'un an pour un holocauste ; 

16. Un bouc pour le péché ; 

11. Et pour le sacrifice des pa- 
cifiques, deux 200068, cinq bé- 
liers, cinq boues, cinq agneaux 
d'un an. Telle est l'oblation de 
Nahasson, fils d'Aminadab. 

18. Au second jour, Nathanaél, 
fils de Suar, chef de la tribu d'Is- 
sachar, offrit 


8. Sous la main ; hébraisme, pour sous lu puissance, sous les ordres. 


15. D'un un. Voy. Exod. xit, 5. 


254 

19. Un plat d'argent pesant 
cent trente sicles, une patere 
d'argent de soixante-dix sicles, 
selon le poids du sanctuaire, l’un 
et l’autre pleins de fleur de fa- 
rine arrosée d'huile pour un sa- 
crifice ; 

20. Un petit mortier d'or de dix 
sicles, plein d'encens ; 

21. Un bœuf pris d'un trou- 
peau, un bélier, et un agneau d'un 
an, pour un holocauste ; 

29. Et un bouc pour le péché; 

23. Et pour le sacrifice des pa- 
cifiques, deux bœufs, cinq bé- 
liers, cinq boucs, cinq agneaux 
d'un an. Telle fut l'oblation de 
Nathanaél, fils de Suar. 

24. Au troisième jour, le prince 
des enfants de Zabulon, Eliab, 
fils d'Hélon, 

25. Offrit un plat d'argent, pe- 
sant cent trente sicles, une pa- 
tere d'argent de soixante- dix 
sicles, au poids du sanctuaire, 
l'un et l'autre pleins de fleur de 
farine arrosée d'huile pour un 
sacrifice ; 

26. Un petit mortier d'or, pe- 
sant dix sicles, plein d'encens; 

27. Un bœuf pris d'un trou- 
peau, un bélier, et un agneau d'un 
an, pour un holocauste; 

98. Un bouc pour le péché; 

29. Et pour le sacrifice des pa- 
cifiques, deux 200018, cinq bé- 
liers, cinq boucs, cinq agneaux 
d'un an. Telle est l'oblation d'E- 
liab, fils d'Hélon. 

30. Au quatrième jour, le prince 
des enfants de Ruben, Elisur, fils 
de Sédéur, 

31. Offrit un plat d'argent, pe- 
sant cent trente sicles, une pa- 
tere de soixante-dix sicles, au 
poids du sanctuaire, l'un etl'autre 


LES NOMBRES. 


[cu. vu] 


pleins de fleur de farine arrosée 
d'huile pour un sacrifice; 

32. Un petit mortier d'or, pe- 
sant dix 810168, plein d'encens; 

33. Un bœuf pris d'un trou- 
peau, un bélier et un agneau d'un 
an pour un holocauste; ו‎ 

84. Un bouc pour le péché; 

39. Et pour les hosties des pa- 
cifiques, deux bœufs, cinq bé- 
liers, cinq boucs, cinq agneaux 
d'un an. Telle fut l'oblation d'Eli- 
sur, fils de Sédéur. 

36. Au cinquième jour, le prince 
des enfants de Siméon, Salamiel, 
fils de Surisaddai, 

31. Offrit un plat d'argent, pe- 
sant cent trente sicles, une pa- 
tere d'argent de soixante-dix 
sicles, au poids du sanctuaire, 
l'un et l’autre pleins de fleur de 
farine arrosée d'huile pour un 
sacrifice ; 

38. Un petit mortier d'or, pe- 
sant dix sicles, plein d'encens; 

39. Un bœuf pris d'un trou- 
peau, un bélier, et un agneau 
d'un an pour un holocauste; 

40. Un boue pour le péché; 

41. Et pour les hosties des pa- 
cifiques, deux bœufs, cinq bé- 
liers, cinq boucs, cinq agneaux 
d'un an. Telle fut l'oblation de 
Salamiel, fils de Surisaddai. 

49. Au sixieme jour, le prince 
des enfants de Gad, Eliasaph, fils 
de Duel, 

43. Offrit un plat d'argent, pe- 
sant cent trente sicles, une pa- 
tere d'argent de soixante-dix 
sicles, au poids du sanctuaire, 
l'un et l'autre pleins de fleur de 
farine arrosée d'huile pour un 
sacrifice ; 

44. Un petit mortier d'or, pesant 
dix sicles, plein d'encens: 


cu. vil. 
45. Un bœuf pris d'un trou- 

peau, un bélier et un agneau 

d'un an pour un holocauste; 

46. Un bouc pour le péché ; 

41. Et pour les hosties des pa- 
cifiques, deux bœufs, cinq bé- 
liers, cinq boucs, cinq agneaux 
d'un an. Telle fut l'oblation d'E- 
liasaph, fils de Duel. 

48. Au septième jour, le prince 
des enfants d'Ephraim, Elisama, 
fils dAmmuiud, 

49. Offrit un plat d'argent, pe- 
sant cent trente sicles, une pa- 
tere d'argent de soixante-dix 
sicles, au poids du sanctuaire, 
l'un et l'autre pleins de fleur de 
farine arrosée d'huile pour un 
sacrifice ; 

90. Un petit mortier d'or pe- 
sant dix sicles, plein d'encens; 

91. Un bœuf pris d'un trou- 
peau, un bélier et un agneau d'un 
an pour un holocauste; 

52. Un bouc pour le péché ; 

93. Et pour les hosties des pa- 
cifiques, deux 205018, cinq bé- 
liers, cinq boues, cinq agneaux 
d'un an. Telle fut l'oblation d'E- 
lisama, fils d'Ammiud. 

94. Au huitième jour, le prince 
des enfants de Manassé, Gama- 
liel, fils de Phadassur, 

99. Offrit un plat d'argent pe- 
sant cent trente sicles, une pa- 
tere d'argent de soixante-dix 
sicles, au poids du sanctuaire, 
l'un et l'autre pleins de fleur de 
farine arrosée d'huile pour un 
sacrifice ; 

90. Un petit mortier d'or pe- 
sant dix sicles, plein d'encens ; 

97. Un bœuf, pris d'un trou- 
peau, un bélier et un agneau d'un 
an pour un holocauste; 

58. Un bouc pour le péché; 


LES NOMBRES. 255 


99. Et pour les hosties des pa- 
cifiques, deux bœufs, cinq bé- 
liers, cinq boucs, cinq agneaux 
d'un an. Telle fut l'oblation de 
Gamaliel, fils de Phadassur. 

60. Au neuvième jour, le prince 
des enfants de Benjamin, Abidan, 
fils de Gédéon, 

61. Offrit un plat d'argent pe- 
sant cent trente sicles, une pa- 
6ע6)‎ d'argent de soixante-dix 
sicles, au poids du sanctuaire, 
l'un et l'autre pleins de fleur de 
farine arrosée d'huile pour un 
sacrifice ; 

62. Un petit mortier d'or pesant 
dix sicles, plein d'encens; 

63. Un bœuf, pris d'un trou- 
peau, un bélier et un agneau 
d'un an pourun holocauste ; 

64. Un bouc pour le péché ; 

65. Et pour les hosties des pa- 
cifiques, deux bœufs, cinq bé- 
liers, cinq boucs, cinq agneaux 
d'un an. Telle fut l'oblation d'A- 
bidan, fils de Gédéon. 

66. Au dizième jour, le prince 
des enfants de Dan, Ahiézer, fils 
d'Ammisaddai , 

01. Offrit un plat d'argent, pe- 
sant cent trente sicles, une pa- 
tere d'argent de soixante-dix si- 
cles, au poids du sanctuaire, l'un 
et l'autre pleins de fleur de farine 
arrosée d'huile pour un sacrifice ; 

68. Un petit mortier d'or pe- 
sant dix sicles, plein d'encens ; 

69. Un bœuf pris d'un trou- 
peau, un bélier et un agneau 
d'un an pour un holocauste ; 

10. Un bouc pour le péché; 

74. Et pour les hosties des pa- 
cifiques, deux bœufs, cinq bé- 
liers, cinq boues, cinq agneaux 
dun an. Telle fut l'oblation 
d'Ahiézer, fils d'Ammisaddai; 


256 

72. Au onzième jour, le prince 
des enfants d'Aser, Phégiel, fils 
d'Ochran, 

19. Offrit un plat d'argent pe- 
sant cent trente sicles, une pa- 
tere d'argent de soixante-dix 
sicles, au poids du sanctuaire, 
l'un et l'autre pleins de fleur de 
farine arrosée d'huile pour un 
sacrifice ; 

74. Un petit mortier d'or pe- 
sant dix sicles, plein d'encens; 

πὸ. Un bœuf, pris d'un trou- 
peau, un bélier et un agneau 
d'un an pour un holocauste; 

76. Un bouc pour le péché; 

Ti. Et pour les hosties des pa- 
cifiques, deux bœufs, cinq bé- 
liers, cinq boucs, cinq agneaux 
d'un an. Telle fut l'oblation de 
Phégiel, fils d'Ochran. 

18. Au douzieme jour, le prince 
des enfants de Nephtali, Ahira, 
fils d'Énan, 

19. Offrit un plat d'argent pe- 
sant cent trente sicles, une pa- 
tere d'argent de soixante-dix 
sicles, au poids du sanctuaire, 
l'un et l'autre pleins de fleur de 
farine arrosée d'huile pour un 
sacrifice ; 

80. Un petit mortier d'or pe- 
sant dix sicles, plein d'encens; 

81. Un boeuf pris d'un trou- 
peau, un bélier, et un agneau 
d'un an, pour un holocauste ; 

82. Un bouc pour le péché ; 

83. Et pour les hosties des pa- 
cifiques, deux bœufs, cinq bé- 
liers, cinq boucs, cinq agneaux 
dun an. Telle fut l'oblation 
d'Ahira, fils d'Enan. 

84. Ges choses furent offertes 
par les princes d'Israël à la dédi- 
cace de l'autel, au jour qu'il fut 
consacré : douze platsd'argent, 


ES NOMBRES. 


(cm. vii.) 


douze patères d'argent, douze 
petits mortiers d'or; 

85. De telle sorte qu'un plat 
était de cent trente sicles d'ar- 
gent et une palere de soixante- 
dix sicles; c'est pour tous les 
vases d'argent ensemble deux 
mille quatre cents sicles, au poids 
du sanctuaire; 

86. Douze petits mortiers d'or 
pleins d'encens, pesant chacun 
dix sicles, au poids du sanc- 
tuaire; c'est pour tout l'or cent 
vingt sicles; 

87. Douze bœufs, pris d'un 
troupeau, pour un holocauste, 
douze béliers, douze agneaux 
d'un an et leurs libations; douze 
boucs pour le péché. 

88. Pour les hosties des pa- 
cifiques, vingt-quatre bœufs, 
soixante béliers, soixante boucs, 
soixante agneaux d'un an. Ces 
choses furent offertes à la dédi- 
cace de l’autel, quand il fut oint. 

89. Or, lorsque 210156 
dans 16 tabernacle d'alliance pour 
consulter l’oracle, il entendait la 
voix de celui qui lui parlait du 
propitiatoire, qui était sur 
l'arche du témoignage entre deux 
chérubins d'oü aussi il lui par- 
lait. 

CHAPITRE VIII. 


De quelle manière le chandelier d'or doit 
étre placé. Consécration des Lévites. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

2. Parle à Aaron et tu lui diras: 
Lorsque tu auras placé les sept 
lampes, que le chandelier soit 
dressé à la partie australe. Or- 
donne donc que les lampes re- 
gardent contre le nord vis-à-vis 
de la table des pains de proposi- 


[cu. vm.) 


tion; c'est contre cette partie que 
le chandelier regarde, qu'elles 
devront luire. 

3. Et Aaron le fit, et il posa les 
lampes sur le chandelier, comme 
avait ordonné le Seigneur à 
Moise. 

4. Or voici la facon du chande- 
lier : il était d'or ductile, tant la 
tige du milieu, que tout ce qui 
sortait des deux côtés des 
branches : c’est selon le modèle 
que montra le Seigneur à Moïse, 
que Moise fit le chandelier. 

5. Le Seigneur parla encore à 
Moïse, disant : 

6. Prends les Lévites du milieu 
d'Israël, et tu les purifieras 

7. Selon ce rite : Qu'ils soient 
aspergés d'eau de purification, et 
quils rasent tous les poils de 
leur chair. Et lorsqu'ils auront 
lavé leurs vétements, et qu'ils 
seront purifiés, 

8. Ils prendront un bœuf des 
troupeaux, avec sa libation, de 
la fleur de farine arrosée d'huile: 
et toi, tu prendras un autre bœuf 
du troupeau pour le péché; 

9. Et tu feras approcher les 
Lévites devant le tabernacle d'al- 
liance, toute la multitude des en- 
fants d'Israél ayant été convo- 
quée. 

10. Et lorsque les Lévites se- 
ront devant le Seigneur, les en- 
fants d'Israël poseront leurs 
mains sur eux, 

11. Et Aaron offrira les Lévites 
en la présence du Seigneur, 
comme un don de la part des 
enfants d'Israël, afin qu'ils le 
servent dans son ministere. 

12. Les Lévites aussi poseront 


LES NOMBRES. 


257 


leurs mains sur la tête des 
bœufs, dont tu sacrifieras l'un 
pour le péché, et l’autre pour 
l'holocauste du Seigneur, afin 
que tu pries pour eux. 

13. Tu présenteras ensuite les 
Lévites devant Aaron et ses fils, 
et tu les consacreras apres les 
avoir offerts au Seigneur, 

14. Et tu les sépareras du mi- 
lieu des enfants d'Israël, afin 
qu'ils soient à moi; 

15. Et apres cela ils entreront 
dans le tabernacle d'alliance, 
pour qu'ils me servent. Et c'est 
ainsi que tu les purifieras et les 
consacreras pour l'oblation du 
Seigneur, parce qu'ils m'ont été 
donnés en don par les enfants 
d'Israël. 

16. C’est en place des premiers- 
nés qui ouvrent un sein quel- 
conque, que je les ai reçus. 

47. Car ils sont à moi, tous les 
premiers-nés des enfants d'ls- 
raël, tant des hommes que des 
bêtes. Depuis le jour que j'ai 
frappé tout premier-né dans la 
terre d'Egypte, je les ai consa- 
crés pour moi; 

18. Et jai pris les Lévites au 
lieu de tous les premiers-nés des 
enfants d'Israél ; 

19. Et j'en ai fait don à Aaron 
et à ses fils, les tirant du milieu 
du peuple, pour qu'ils me servent 
au lieu d'Israël dans le tabernacle 
d'alliance, et qu'ils prient pour 
eux, afin qu'il n'y ait pas de 
plaie sur le peuple, s'il osait ap- 
procher du sanctuaire. 

20. Or, Moïse et Aaron et toute 
la multitude des enfants d'Israël 
firent touchant les Lévites ce 


βαρ. VIII. 16. Exode, xir, 2; Supra, im, 13; Luc, 11, 23. 


A. T. 


41 


258 
qu'avait ordonné le Seigneur à 
Moise : 

21. lls furent donc purifiés, et 
ils laverent leurs vétements; et 
Aaron les éleva en la présence 
du Seigneur, et il pria pour eux, 

22. Afin que purifiés, ils en- 
irassent dans le tabernacle d'al- 
liance pour leurs fonctions de- 
vant Aaron et ses fils. Comme le 
Seigneur avait ordonné à Moise 
touchant les Lévites, ainsi il fut 
1810. 

23. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

24. Voici la loi des Lévites : 
Depuis vingt-cinq ans et au-des- 
sus, 115 entreront pour servir 
dans le tabernacle d'alliance. 

98. Et lorsqu'ils auront accom- 
pli la cinquantieme année d'áge, 
ils cesseront de servir, 

26. Et ils seront les ministres 
de leurs frères dans le tabernacle 
d'alliance, pour garder ce qui leur 
aura été confié; mais 108 fonc- 
lions elles-mémes, qu'ils ne les 
fassent point. Tu régleras ainsi 
pour les Lévites touchant leur 
garde. 


CHAPITRE IX. 


Lois pour la célébration de la Pâque. 
De la colonne de nuée. 


1. Le Seigneur. parla à Moise 
dans le désert de Sinai, à la se- 
conde année aprés qu'ils furent 


sortis de la terre d'Egypte, au | 


premier mois, disant : 
9. Que les enfants d'Israél 
fassent 18 Pâque en son temps, 
3. Au quatorzième jour de ce 


LES NOMBRES. 


[cH. 1x.] 
mois, vers le soir, selon toutes 
ses cérémonies et ses ordon- 
nances. 

4. Et Moise ordonna aux en- 
fants d'Israël qu'ils feraient la 
Pâque. 

5. Ils la firent en son temps, au 
quatorzième jour du mois, sur la 
montagne de Sinai. Les enfants 
d'Israël firent selon tout ce qu'a- 
vait commandé le Seigneur à 
Moïse. 

6. Or voici que quelques-uns, 
impurs à cause de làme d'un 
homme, et qui ne pouvaient faire 
la Pâque en ce jour-là, s'appro- 
chant de Moise et d'Aaron, 

7. Leur dirent : Nous sommes 
impurs à cause de l'àme d'un 
homme : pourquoi sommes-nous 
frustrés de pouvoir offrir. l'of- 
frande au Seigneur en son temps 
parmiles enfants d'Israél? 

8. Moise leur répondit : Atten- 
dez que je consulte le Seigneur 
sur ce qu'il ordonnera de vous. 

9. Et le Seigneur parla à Moise, 
disant : 

10. Dis aux enfants d'Israël : 
Qu'un homme dans votre nation 
qui sera impur à cause d'une 
âme, ou en voyage au loin, fasse 
la Pâque du Seigneur 

11. Au second mois, au qua- 
torzieme jour du mois, vers le 
soir ; c'est avec des azymes et des 
laitues sauvages qu'il la man- 
gera; 

19. Il n'en laissera rien jusque 
au matin et il n'en rompra point 
les os : il observera tout le rite 
de la Páque. 


(ΒΑΡ. IX. 2. Exode, xir, 3. — 12. Exode, xir, 46; Jean, xix, 36. 


6. Impurs, etc. ; c'est-à-dire, impurs pour s'étre approchés d'un corps mort. 


]68. τ 

13. Mais si quelqu'un est méme 
pur, et n'est point en voyage, et 
que cependant il ne fasse point 
la Páque, cette àme sera exter- 
minée du milieu de ses peuples; 
parce qu'il n'a pas offert de sacri- 
fice au Seigneur en son temps : 
il portera lui-méme son péché. 

14. Un voyageur aussi et un 
étranger, s'ils se trouvent chez 
vous, feront la Pâque du Seigneur 
selon ses cérémonies et ses ΟΥ- 
donnances. Ce sera un précepte 
parmi vous, tant pour l'étranger 
que pour l'indigene. 

15. Donc au jour que fut dressé 
le tabernacle, la nuée le couvrit. 
Mais depuis le soir, il y eut sur 
la tente comme une espece de 
feu jusqu'au matin. 

16. Ainsi arrivait-il toujours : 
pendant le jour la nuée couvrait 
le tabernacle, et pendant la nuit, 
comme une espece de feu. 

11. Et lorsque la nuée qui cou- 
vrait le tabernacle était enlevée, 
les enfants d'Israél partaient; et 
dans le lieu oü elle s'arrétait, là 
ils campaient. 

18. Au commandement du Sei- 
gneur ils partaient, et à son 
commandement ils dressaient le 
tabernacle. Pendanttous les jours 
que la nuée se tenait sur le ta- 
bernacle, ils demeuraient dans le 
méme lieu. 

19. Et s'il arrivait qu'elle de- 
meurát longtemps sur lui, les 
enfants d'Israél étaient en obser- 


LES NOMBRES. 


259 
vation du Seigneur, et ils ne 
partaient pas, 

20. Autant de jours que la nuée 
était sur le tabernacle. Au com- 
mandement du Seigneur, ils 
dressaient les tentes, et à son 
commandement, ils les enle- 
vaient. 

21. Si la nuée restait depuis le 
soir jusqu'au matin, et qu'aussitót 
le point du jour elle quittát le ta- 
bernacle, 118 partaient : et si apres 
un jour et une nuit elle se retirait, 
ils détendaient les tentes. 

22. Mais si elle était deux jours, 
ou un mois ou plus longtemps sur 
le tabernacle, les enfants d'Israël 
demeuraient dans le méme lieu 
et ne partaient pas; mais des 
qu'elle s'était retirée, ils levaient 
le camp. 

29. C'était sur la parole du Sei- 
gneur qu'ils plantaient les tentes, 
et sur sa parole qu'ils partaient : 
et ils étaient en observation du 
Seigneur, selon son commande- 
ment par l'entremise de Moise. 


CHAPITRE X. 


Trompettes pour donner le signal. Dé 
campement des enfants d'Israél. Moise 
prie Hobab de demeurer avec Moise. 


* 


1. Le Seigneur parla encore ‘à 
Moise, disant : 

2. Fais-toi deux trompettes d'ar- 
gent ductiles, avec lesquelles tu 
puisses convoquer la multitude, 
quand le camp devra étre levé. 

3. Et lorsque tu auras sonné 


15. Exode, xL, 16, 32; Supra, vir, 1. — 18. I Cor., x, 1. 


— ———— M ———— M —— € MM a — ρρ9Ὰ95ὺ2ὺΟὺὥ΄2΄ — —— À— 


13. Du milieu de ses peuples. Voy. ut, 21, et Exod., xxx, 38. -— Son péché; c'est-à-dire 


la peine de son péché. 


14. Pour pouvoir faire la Pâque avec les Hébreux, les étrangers devaient embrasser 


religion. Voy. Exod., xit, 43, 45, 48.‏ פטס" 


15. Sur (a lente; c'est-à-dire sur le tabernacle; le terme hébreu signifie l'un et 


l'autre. 


260 LES NOMBRES. 


les trompettes, toute la multi- 
tude s'assemblera vers toi à la 
porte du tabernacle d'alliance. 

4. Si tu sonnes une fois, les 
princes viendront vers toi, et les 
chefs de la multitude d'Israël. 

5. Mais sile son de la trompette 
se fait entendre plus prolongé et 
interrompu, ceux qui sont du 
cóté oriental leveront le camp les 
premiers. 

6. Mais au deuxième son et au 
bruit de la trompette pareil au 
premier, ceux qui habitent au 
midi enlèveront leurs tentes; et 
cest de cette maniere que les 
autres feront, les trompettes re- 
rentissant pour le départ. 

7. Et quand le peuple devra 
étre assemblé, le son des trom- 
pettes sera simple, et elles son- 
neront sans interruption. 

8. Or, les fils d'Aaron, prétres, 
sonneront des trompettes ; et ce 
sera une loi perpétuelle en vos 
générations. 

9. Si vous sortez de votre terre 
pour une guerre contre les enne- 
mis qui combattent contre vous, 
vous sonnerez bruyamment des 
trompettes, et il y aura souvenir 
de vous devant le Seigneur votre 
Dieu, en sorte que vous soyez 
délivrés des mains de vos enne- 
mis. 

10. Quand vous ferez un festin, 
ainsi que les jours de fête, et les 
calendes, vous 8026702 des 
trompettes au milieu des holo- 
caustes et des victimes pacifiques, 
afin qu’elles soient pour vous un 
souvenir de la part de votre Dieu. 


CHAP. X. 14. Supra, 1, 1. 


[cn. x.] 


Je suis le Seigneur votre Dieu. 

11. A la seconde année, au se- 
cond mois, au vingtième jour du 
mois, la nuée se leva de dessus 
le tabernacle de l'alliance ; 

12. Alors les enfants d'Israël 
partirent, selon leurs bandes, du 
désert de Sinai, et la nuée se re- 
posa dans la solitude de Pharan. 

13. Or levèrent le camp les 
premiers, selon le commande- 
ment du Seigneur par l'entremise 
de Moise, 

14. Les enfants de Juda, selon 
leurs bandes, dont le prince était 
Nahasson, fils d'Aminadab. 

15. Dans la tribu des enfants 
d'Issachar, fut prince Nathanael, 
fils de Suar. 

16. Dans la tribu de Zabulon, 
était prince Eliab, fils d'Hélon. 

11. Ainsi, le tabernacle ayant 
été enlevé, les enfants de Ger- 
son et de Mérari sortirent, le por- 
tant. | E 

18. Ensuite partirent aussi se- 
lon leurs bandes et leur rang, les 
enfants de Ruben, dont le prince 
était Hélisur, fils de Sédéur. 

19. Mais dans la tribu des en- 
fants de Siméon, le prince fut 
Salamiel, fils de Surisaddai. 

20. Et dans la tribu de Gad était 
prince Eliasaph, fils de Duel. 

21. Après, partirent aussi les 
Caathites portant le sanctuaire. 
Le tabernacle était toujours por- 
té, jusqu'à ce qu'on vint au lieu 
de l'érection. 

22. Leverent de méme le camp 
selon leurs bandes, les enfants 
d'Ephraim, dans l'armée des- 


41. Le portant, sur les six chariots que Moise leur avait donnés pour cela. 


CH. ΧΙ. 


quels le prince était Elisama, fils 
d'Ammuiud. 

93. Dans la tribu des fils de 
Manassé, le prince fut Gamaliel, 
fils de Phadassur. 

94. Et dans la tribu de Benjamin 
était chef Abidan, fils de Gédéon. 

95. Partirent les derniers de 
tout le camp, selon leurs bandes, 
les fils de Dan, dans l'armée des- 
quels le prince fut Ahiézer, fils 
d'Ammisaddai. 

96. Mais dans la tribu des en- 
fants d'Aser était prince Phégiel, 
fils d'Ochran ; 

97. Et dans la tribu des en- 
fants de Nephthali, le prince fut 
Ahira, fils d'Enan. 

28. Voilà le camp et les départs 
des enfants d'Israël, selon leurs 
bandes, quand ils sortaient. 

99. Or. Moise dit à Hobab, fils 
de Raguel, le Madianite, son pa- 
rent : Nous partons pour le lieu 
que le Seigneur doit nous don- 
ner: viens avec nous, afin que 
nous te fassions du bien, parce 
que le Seigneur a promis des 
biens à Israél. 

30. Hobab lui répondit : Je n'irai 
pàs avec toi, mais je retournerai 
en ma terre, dans laquelle je 
suis né. | 

31. Mais Moïse : Ne nous aban- 
donne pas, reprit-il; car toi, tu 
sais dans quels lieux dans le dé- 
sert nous devons camper, et tu 
seras notre guide. 

32. Et quand tu seras venu avec 
nous, tout ce qu'il y aura de meil- 
leur dans les richesses que le Sei- 


LES NOMBRES. 


261 


gneur doit nous accorder, nous 
te le donnerons. 

33. Partis donc de la montagne 
du Seigneur, ils firent le chemin 
de trois journées, et l'arche d'al- 
liance du Seigneur les précédait, 
montrant pendant trois jours le 
lieu du camp. 

34. La nuée du Seigneur aussi 
les couvrait pendant le jour, lors- 
qu'ils marchaient. 

35. Et lorsqu'on élevait l'arche, 
Moise disait : Levez-vous, Sei- 
gneur, que vos ennemis soient 
dissipés, et qu'ils fuient devant 
votreface, ceux qui vous haissent. 

36. Et lorsqu'on la posait, il di- 
sait : Revenez, Seigneur, à la 
multitude de l'armée d'Israél. 


CHAPITRE XI. 


Murmure des Israélites puni par un feu 
envoyé de Dieu. Choix de soixante-dix 
anciens pour soulager Moise. Dieu en- 
voie des cailles. 


1. Cependant il s'éleva un mur- 
mure du peuple contre le Sei- 
gneur, comme se plaignant de la 
fatigue. Le Seigneur l'ayant en- 
tendu, fut irrité; et le feu du Sei- 
gneur allumé contre eux, dévora 
l'extrémité du camp. 

9. Alors, comme le peuple cria 
vers Moise, Moise pria le Sei- 
gneur, et le feu s'éteignit. 

3. Et il appela ce lieu du nom 
d'Embrasement, parce que le feu 
du Seigneur s'y était allumé con- 
tre eux. 

4. Car une foule de gens de 
toute espèce, qui étaient montés 


35. Ps. rxvmr, 2. — (ΠΑΡ, XI. 1. Ps. Lxxvu, 19; 1 Cor., x, 10; Ps. וטא‎ 21, — 


22. Gory.x; 8. 


28. Quand ils sortaient; du lieu où ils campaient, quand ils décampaient. 
33. La montagne du Seigneur. Voy. Exod., in, 1. 


262 LES NOMBRES. 


avec eux, s'enflamma de convoi- 
(156, s'asseyant et pleurant, et les 
enfants d'Israél s'étant joints 
aussi à elle, elle dit : Qui nous 
donnera de la chair à manger? 

9. Nous nous souvenons des 
poissons que nous mangions en 
Egypte pour rien : ils nous vien- 
nent à l'esprit, les concombres, 
les melons, les poireaux, les 
ognons et les aulx. 

6. Notre âme est aride : nos 
yeux ne voient que la manne. 

7. Or la manne était comme de 
la graine de coriandre, de la cou- 
leur du bdellium. 

8. Et le peuple allait autour du 
camp, et la recueillant, il la bri- 
sait sous la meule, ou il la pilait 
dans le mortier, la cuisant dans 
la marmite, et en faisant de pe- 
tites miches d'une saveur sembla- 
ble à celle du pain pétri avec de 
l'huile. 

9. Et lorsque la rosée descen- 
dait pendant la nuit sur le camp, 
la manne aussi descendait pareil- 
lement. 

10. Moise entendit donc le peu- 
ple pleurant dans les familles, 
chacun à la porte de sa tente. 
Alors la fureur du Seigneur fut 
extrémement irritée; et la chose 
parut aussi à Moise insupporta- 
ble. 


(cg. x1.] 


41. Et il dit au Seigneur : Pour- 
quoi avez-vous affligé votre ser- 
viteur? pourquoi ne trouvé-je 
point grâce devant vous? et pour- 
quoi avez-vous mis le poids de 
tout ce peuple sur moi? 

12. Est-ce moi quiai concu toute 
cette multitude, ou qui l'ai en- 
gendrée, pour que vous me di- 
siez : Porte-les dans ton sein, 
comme la nourrice a coutume de 
porter son petit enfant, et con- 
duis-les dans la terre au sujet de 
laquelle vous avez juré à leurs 
peres? 

13. D’où aurai-je de la chair 
pour en donner à une si grande 
multitude? ils pleurent contre 
moi, disant : Donne-nous de la 
chair, afin que nous en mangions. 

14. Je ne puis seul soutenir 
tout ce peuple; parce qu'il est 
lourd pour moi. 

45. S'il ne vous en semble pas 
autrement, je demande instam- 
ment que vous me fassiez mou- 
rir, et que je trouve gráce à vos 
yeux, pour que je ne sois pas ac- 
cablé de tant de maux. 

16. Et le Seigneur répondit à 
Moise : Assemble-moi soixante- 
dix hommes d'entre les anciens 
d'Israél, que tu sais étre les an- 
ciens du peuple etles maitres; et 
tu les conduiras à la porte du ta- 


7. Exode, xvi, 14; Ps. Lxxvir, 24; Sag., xvi, 20; Jean, vi, 31. 


1. * De la graine de coriandre. Voir la note sur Exode, xvi, 31. — De la couleur du 
bdellium, c'est-à-dire blanche. Le bdellium est une gomme résineuse qui coule de la 
bdella, espéce de palmier. 

8. * Sous la meule. Voir la note sur Deutéronome, xxiv, 6. — Dans le mortier. Les 
moulins à eau et à vent ont été inventés assez tard. On avait commencé par piler 
le grain, entre deux pierres, l'une servant de mortier, l'autre de pilon, avant de 
le moudre. Un monument égyptien représente deux hommes broyant le grain dans 
un mortier. Le moulin à bras existait dès le temps d'Abraham, puisqu'il est question 
de farine fine ou farine moulue, non pilée ou broyée. Genèse, xvur, 6. On se sert 
aussi du mortier, aujourd'hui encore, dans quelques villages d'Orient. 

12. Pour laquelle vous avez juré; que vous avez promise par serment. 


[cH. xr.] 
bernacle d'alliance, et tu les feras 
rester là avec toi, 

17. Pour que je descende et 
que je te parle, que je prenne 
ton esprit et que je leur donne, 
afin qu'ils soutiennent avec toi le 
fardeau du peuple, et que toi seul, 
tu ne sois pas surchargé. 

18. Tu diras aussi au peuple : 
Sanctifiez-vous, demain vous 
mangerez de la chair. Car moi- 
méme je vous ai entendu dire : 
Qui nous donnera des aliments de 
chair? Nous étions bien en Egyp- 
te. Ainsi le Seigneur vous don- 
nera de la chair, afin que vous 
en mangiez, 

19. Non pas un jour, ni deux, 
ni cinq, ni dix, ni méme vingt. 

20. Mais pendant un mois de 
jours, jusqu'à ce qu'elle sorte par 
vosnarines, qu'elle deviennenau- 
séabonde, parce que vous avez 
rejeté le Seigneur, qui est au 
milieu de vous, et que vous avez 
pleuré devant lui, disant : Pour- 
quoi sommes-nous sortis de 
l'Egypte? 

91. Et Moïse dit : Il y a six cent 
mille hommes de pied dans ce 
peuple, et vous dites : Je leur 
donnerai des aliments de chair 
pendant un mois entier. 

22. Est-ce qu'une multitude de 
brebis et de bœufs sera tuée, pour 
suffire à leur nourriture? ou bien 
tous les poissons de la mer se- 
ront-ils réunis, afin de les rassa- 
sier? 

23. Le Seigneur lui répondit : 
Est-ce que la main du Seigneur 


LES NOMBRES, 


263 


est impuissante? Dès à présent 
tu verras si ma parole se réali- 
sera. 

24. Moïse vint donc et rapporta 
au peuple les paroles. du Sei- 
gneur, rassemblant soixante-dix 
hommes d'entre les anciens d'Is- 
raél, qu'il placa autour du taber- 
nacle. 

25. Alors le Seigneur descendit 
dans la nuée, et parla à Moise, 
prenant de l'esprit qui était en 
lui, etle donnantauxsoixante-dix 
hommes. Or, lorsque l'Esprit se 
fut reposé en eux, ils prophétise- 
rent et ne cesserent plus. 

26. Mais il était demeuré dans 
le camp deux hommes, dont l'un 
s'appelait Eldad, et l'autre Médad: 
l'Esprit se reposa sur eux; car ils 
avaient été enregistrés, et ils 
n'étaient pas sortis pour aller au 
tabernacle. 

27.Et, comme ils prophétisaient 
dans le camp, un enfant courut 
et l'annonca à Moise, disant 
Eldad et Médad prophétisent dans 
le camp. 

28. Aussitót Josué, fils de Nun, 
serviteur de Moïse, etchoisi dans 
le plus grand nombre, dit : Mon 
seigneur Moïse, empèchez-les. 

29. Mais Moïse : Pourquoi. dit- 
il, es-tu jaloux pour moi? Plût à 
Dieu que tout le peuple prophé- 
tisât, et que le Seigneur leur don- 
nât son esprit! 

30. Et Moïse revint, ainsi que 
les anciens d'Israël, dans le 
camp. 

31. Mais un vent envoyé par le 


22. Jean, vi, 10. — 23. Isaïe, rix, 1. — 31. Ps. rxxvrt, 26, 27. 


18. Ainsi le Seigneur vous donnera. Ce passage étant inintelligible dans la Vulgate; 


nous l'avons traduit d'après l'hébreu. 


264 LES NOMBRES. 


Seigneur, saisissant des cailles 
au delà de la mer, les portaet les 
abattit dans le camp, de tout cóté 
autour du camp, dansl'espace du 
chemin qu'on peut faire en un 
jour; et elles volaient en l'air à 
la hauteur de deux coudées au- 
dessus de la terre. 

32. Le peuple, se levant donc 
durant tout ce jour-là, toute la 
nuit, et le jour suivant, amassa 
des cailles, chacun au moins dix 
mesures; et ils les firent sécher 
autour du camp. 

33. La chair était encore en 
leurs dents, et cet aliment n'était 
pas achevé ; et voilà que la fureur 
du Seigneur excitée contrelepeu- 
ple, le frappa d'une tres grande 
plaie. 

34. Aussi ce lieu fut-il appelé : 
Sépulcres dela concupiscence ; là, 
en effet, on ensevelit le peuple qui 
avait désiré de /a chair. Mais sor- 
tis des Sépulcres de la concupis- 
cence, ils vinrent à Haséroth et 
y demeurerent. 


33. Ps. נטאאע‎ 30. 


Leu. xir] 


CHAPITRE XII. 


Murmure de Marie et d'Aaron contre 
Moïse. Eloge que Dieu fait de Moïse. 
Marie frappée de lèpre. 


4. Or Marie et Aaron parlèrent 
contre Moïse à cause de sa fem- 
me l'Ethiopienne, 

2. Et dirent : Est-ce par le seul 
Moise qu'a parlé.le Seigneur? Ne 
nous a-t-il pas également parlé ? 
Ce qu'ayant entendu le Seigneur, 

3. (Car Moïse était l'homme 
le plus doux de tous les hommes 
qui demeuraient sur la terre) 

4. ll dit aussitôt à Moïse, à 
Aaron et à Marie : Sortez, vous 
trois seulement, pour aller au ta- 
bernacle d'alliance. Et lorsqu'ils 
furent sortis, 

ὃ. Le Seigneur descendit dans 
une colonne de nuée, et se tint 
à lentrée du tabernacle, appe- 
lant Aaron et Marie. Lorsqu'ils 
furent venus, 

6. Il leur dit : Ecoutez mes pa- 
roles : Si quelqu'un parmi vous 


32. Littér. Amassa des cailles, qui peu, dix mesures. 


34. * Sépulcres de la concupiscence, en hébreu Qibroth Hattaavah, probablement 
l'Erweis el Ebierig actuel, éminence parfaitement adaptée pour un grand rassem- 
blement de peuple et couverte à plusieurs lieues à la ronde des vestiges d'un grand 
rassemblement et du séjour d'une grande multitude. — Haséroth parait désigner un 
campement permanent d'un peuple pasteur, comme on en trouve encore aujourd'hui 
des restes, dans le désert du Sinai. 


3. C'est uniquement la conviction et la force de la vérité qui arrachent ces paroles 
à Moïse; et s'il les a placées ici, c'est moins pour faire sentir combien son frère et 
sa sœur étaient coupables de le traiter si durement, que pour faire comprendre qu'il 
n'aurait jamais pensé à les en punir, quelque élevé qu'il füt au-dessus d'eux sous 
tant de rapports, et quelque fondé qu'il füt à le faire. Remarquons de plus que cet 
éloge ne passe pas les limites d'une modestie éclairée, et qu'il est des circonstances 
dans lesquelles les hommes méme les plus modestes croient avec raison devoir se 
justifier de fausses imputations, et, par cela méme, faire jusqu'à un certain point 
leur apologie. C'est souvent une justice qu'on se doit et qu'on doit à l'éditication 
publique. Saint Paul (II Cor., xt, 10, 23, etc.), Jésus-Christ lui-méme (Jean, x, 36) se 
louent pour détruire les mauvaises impressions que leurs ennemis et leurs persée 
cuteurs cherchaient à donner à leur sujet. 

6. Dans la vision prophétique, et non point dans une vision en général. 


[cn. הזז‎ 
est prophete du Seigneur, je lui 
apparaitrai dans la vision, ou je 
lui parlerai en songe. 

7. Mais tel n'est pas mon ser- 
viteur Moïse, qui est très fidèle 
dans toute ma maison ; 

8. Car c'est bouche à bouche 
que je lui parle, et c'est claire- 
ment et non en énigmes et en 
figures quil voit le Seigneur. 
Pourquoi donc n'avez-vous pas 
craint de décrier mon serviteur 
Moise? 

9. Et, irrité contre eux, il s'en 
alla. 

10. La nuée aussi qui était sur 
le tabernacle se retira : et voilà 
que Marie parut blanche de lèpre 
comme la neige. Or Aaron l'ayant 
regardée, et l'ayant vue couverte 
de lèpre, 

41. Dit à Moise : Je vous con- 
jure, mon seigneur, ne nous im- 
posez point un péché que nous 
avons commis follement ; 

19. Que celle-ci ne devienne 
pas comme morte, et comme 
l'avorton qui est rejeté du sein de 
sa mere; voilà que déjà la moitié 
de sa chair a été dévorée par la 
lèpre. 

13. Moïse donc cria au Sei- 
gneur, disant : Dieu, je vous con- 
jure, guérissez-la. 

14. Le Seigneur lui répondit : 
Si son pere eüt craché sur sa face, 
n'eüt-elle pas dü étre au moins 
pendant sept jours couverte de 
honte? Qu'elle soit séparée du- 
rant sept jours hors du camp, et 
apres cela elle sera rappelée. 


LES NOMBRES. 


265 

15. C'est pourquoi Marie fut 
exclue du camp durant sept 
jours ; et le peuple ne sortit pas 
de ce lieu, jusqu’à ce que Marie 
fut rappelée. 


CHAPITRE XIII. 


Arrivée des Israélites à Pharan. Moïse 
envoie considérer la terre de Chanaan. 
Murmure du peuple. Fidélité de Caleb 
et de Josué. 


1. Après cela le peuple partit 
d'Haséroth, et planta ses tentes 
dans le désert de Pharan. 

2. Et là, le Seigneur parla à 
Moïse, disant : 

3. Envoie d'entre les princes, 
un par chaque tribu, des hommes, 
qui considerent la terre de Cha- 
naan que je dois donner aux 
enfants d'Israël. 

4. Moise fit ce que le Seigneur 
avait commandé, envoyant du 
désert de Pharan des hommes 
d'entre les princes dont voici les 
noms : 

9. De la tribu de Ruben, Sam- 
mua, fils de Zéchur ; 

6. De la tribu de Siméon, Sa- 
phat, fils d'Huri ; 

7. De la tribu de Juda, Caleb, 
fils de Jéphoné ; 

8. Dela tribu d'Issachar, Igal, 
fils de Joseph ; 

9. De latribu d'Ephraim, Osée, 
fils de Nun; 

10. De la tribu de Benjamin, 
Phalti, fils de Raphu ; 

11. De 18 tribu de Zabulon, 
Geddiel, fils de Sodi ; 

12. De la tribu de Joseph, du 


Cuap. XII. 7. Hébr., mr, 2. — 8. Exode, מזוצאא‎ 11. — 10. Deut., xxiv, 9. — Cap. XIII. 
4. Deut., 1, 22. 


———————————————————————————— 


2. * Là, à Cadésbarné. Voir plus loin, xx, 1. 
12, Du sceptre; c'est-à-dire de la trihn ^'est le même mot en hébreu. 


200 LES NOMBRES, 


sceptre de Manassé, Gaddi, fils de 
Susi; 

13. Dela tribu de Dan, Ammiel, 
fils de Gémalli ; 

44. De la tribu d'Aser, Sthur, 
fils de Michaél; 

18. De la tribu de Nephthali, 
Nahabi, fils de Vapsi ; 

16. De la tribu de Gad, Guel, 
fils de Machi. 

17. Ce sont là les noms des 
hommes qu'envoya Moise, pour 
considérer la terre ; et il donna à 
Osée, fils de Nun, le nom de 
Josué. 

18. Moiseles envoya donc pour 
considérer la terre de Chanaan, 
et il leur dit : Montez par le cóté 
méridional. Or, lorsque vous se- 
rez arrivés aux montagnes, 

19. Considérez la terre, ce 
qu'elle est, et le peuple qui l'ha- 
bite, s'il est fort ou faible, s'il 
est en petit nombre, ou nom- 
breux ; 

90. Si la terre elle-même est 
bonne ou mauvaise, ce que sont 
les villes, si elles sont murées ou 
sans murs. 

91. Si le sol est gras ou stérile, 
bien boisé ou sans arbres. Forti- 
fiez-vous, et apportez-nous des 
fruits de la terre. Or, c'était le 
temps auquel les raisins précoces 
peuvent étre mangés. 

22. Lors donc qu'ils furent 


24. Deut., 1, 24. 


]08. xui.) 


montés, ils explorèrent la terre 
depuis le désert de Sin, jusqu'à 
Rohob, en entrant à Emath. 

93. Et ils montèrent vers le 
midi, et ils vinrent à Hébron, oü 
étaient Achiman, Sisai et Thol- 
mai, les fils d'Enac; car Hébron 
fut fondée sept ans avant Tanim, 
ville d'Egypte. 

24. Et avançant jusqu'au Tor- 
rent de la grappe de raisin, 
ils coupèrent une branche de 
vigne avec son raisin, que deux 
hommes porterent sur un levier. 
115 porterent aussi des grenades 
et des figues de ce lieu, 

95. Qui fut appelé Néhélescol, 
c'est-à-dire,le Torrentdelagrappe 
de raisin, parce que les enfants 
d'Israél avaient emporté de là une 
grappe de raisin. 

26. Or, les explorateurs de la 
terre, étant retournés après qua- 
rante jours, toute la contrée par- 
courue, 

97. Vinrent vers Moïse, Aaron 
ettoute l'assemblée des enfants 
d'Israël dans le désert de Pha- 
ran qui est en Cadès; et leur 
ayant parlé ainsi qu'à toute la 
multitude, ils montreérent 8 
fruits de la terre; 

98. Et ils raconterent, disant : 
Nous sommes allés dans la terre 
vers laquelle vous nous avez en- 
voyés, oü coulent, en effet, du 


17. Osée, en hébreu, signifie secourir, sauver, ou secours, sauve; et Josué dont 


Jéhova est le secours, le salut. 


39. * Sin. Voir Exode, xvi, 1. — Rohob, hébreu Beth Rechob, capitale d'un des 
petits royaumes de Syrie dont la position est inconnue. — Emath. Voir IL Rois, vni, 9. 
23. * Hébron. Voir la note sur Genèse, xiu, 23. — Tanim ou plutôt Tams, ville de 
la Basse-Egypte, à l'embouchure de la branche tanitique du Nil, célébre par sa 


fertilité. 


24. * Le Torrent de la grappe de raisin, Nahalescol, probablement la vallée duns 
laquelle est situé Hébron. Voir Genèse, xui, 23. 


[cH. xiv.) 


lait et du miel, comme on peut le 
connaitre par ces fruits ; 

29. Mais elle a des habitants 
tres forts, et des villes grandes 
et murées. Nous avons vu là la 
race d'Enac. 

30. Amalec habite au midi, 
l'Héthéen, 16 Jébuséen et l'Amor- 
rhéen dans les montagnes; mais 
le Chananéen demeure le long 
de la mer, et pres des courants 
' du Jourdain. 

91. Gependant Caleb, pour apai- 
serlemurmure du peuple, qui s'é- 
levait contre Moïse, dit: Montons, 
et possédons la terre, parce que 
nous pouvons nous en emparer. 

32. Mais les autres qui avaient 
été avec lui, disaient : Nous ne 
pouvons nullement monter vers 
ce peuple, parce qu'il est plus fort 
que nous. 

33. Et ils décrierent, parmi les 
enfants d'Israél, la terre qu'ils 
avaient examinée, disant : La 
terre que nous avons parcourue 
dévore ses habitants : le peuple 
que nous avons considéré est 
d'une haute stature. 

34. Là nous avons vu certains 
monstres des enfants d'Enac, de 
la race gigantesque : comparés à 
eux, nous paraissions comme 
des sauterelles . 


CHAPITRE XIV. 


Discours séditieux des Israélites; Dieu 
les condamne à mourir dans le désert. 
Combat contre les Chananéens et les 
Amalécites. 


1. Ainsi toute la multitude vo- 
ciférant, pleura cette nuit-là. 


LES NOMBRES. 


267 


2. Et tous les enfants d'Israël 
murmurerent contre Moise et 
Aaron, disant : 

3. Plût Dieu que nous fussions 
morts en Egypte! et plüt à Dieu 
que nous périssions dans cette 
vaste solitude, et que le Seigneur 
ne nous conduise pas dans cette 
terre, afin que nous ne tombions 
point sous le glaive, et que nos 
femmes et nos enfants ne soient 
pas amenés captifs ! Ne vaut-il pas 
mieux retourner en Egypte? 

4. Et ils se dirent l'un àl'autre: 
Etablissons-nous un chef, et re- 
tournons en Egypte. 

9. Ce qu'ayant entendu, Moise 
et Aaron tomberent inclinés vers 
laterre devant toutela multitude 
des enfants d'Israél. 

6. Mais Josué, fils de Nun, et 
Caleb, fils de Jéphoné, qui avaient 
aussi eux-mémes parcouru la 
terre, déchirerent leurs véte- 
ments, 

1. Et dirent à toute la multi- 
tude des enfants d'Israël : La 
terre dont nous avons faitle tour 
est très bonne. 

8. Si le Seigneur est propice, il 
nous y conduira et nous donnera 
cesoloücoulent dulaitet du miel. 

9. Ne soyez point rebelles 
contre le Seigneur, et ne crai- 
gnez point le peuple de cette 
terre, parce que nous pouvons 
les dévorer comme du pain 
tout secours les aabandonnés: le 
Seigneur est avec nous; ne crai- 
gnez point. 

10. Et, comme toute la multi- 
tude criait et voulait les lapider, 


CnaP. XIV. 6. Eccli, xzvi, 9; I Mac., 11, 55, 56. 


:Ξ-- --------ςςςςςςςςςς- 5 “5. δ΄ MN CS 


30. * Amalec, tribu nomade 46 ia peninsule sinaitique, entre le mont Sinai et l'Idu- 


mée, au sud 4e la Palestine. 


268 LES NOMBRES. 


la gloire du Seigneur apparut 
sur le toit d'alliance à tous les 
enfants d'Israël. 

11. Et le Seigneur dit à Moïse : 
Jusqu'à quand ce peuple m'outra- 
sera-t-il? Jusqu'à quand ne me 
croiront-ils pas, apres tous les mi- 
racles que j'ai faits devant eux? 

12. Je les frapperai donc de la 
peste, et je les détruirai entiere- 
ment : et pour toi, je te ferai 
prince sur une nation grande, et 
plus forte que n'est celle-ci. 

13. Et Moise répondit au Sei- 
eneur : C'est donc pour que les 
Egyptiens du milieu desquels 
vous avez retiré ce peuple, ap- 
prennent, eux 

14. Et les habitants de cette 
terre (qui ont oui dire que vous, 
Seigneur, vous étes au milieu 
de ce peuple, que vous y étes vu 
face à face, que votre nuée les 
couvre, que vous les précédez 
dans une colonne de nuée pen- 
dant le jour, et dans une colonne 
de feu pendant la nuit), 

15. Que vous avez fait mourir 
une si grande multitude comme 
un seul homme, et qu'ils disent : 

16. 11 ne pouvait pas introduire 
ce peuple dans la terre au sujet 
de laquelle il avait juré. C'est 
pourquoi il les a fait mourir dans 
le désert. 

17. Que la force du Seigneur 
soit donc glorifiée, comme vous 
l'avez juré, disant : 

18. Le Seigneur est patient et 
d'une abondante miséricorde, ef- 


[cn. [,ץזצ‎ 


facant l'iniquité et les crimes, et 
ne délaissant aucun innocent ; 
vous qui visitez les péchés des 
peres dans les filsjusqu'à la troi- 
sième et quatrième génération, 

19. Remettez, je vous conjure, 
le péché de ce peuple, selon la 
grandeur de votre miséricorde, 
comme vous leur avez été pro- 
pice depuis qu'ils sortirent de 
l'Egypte jusqu'en ce lieu. 

20. Et le Seigneur reprit : Je 
l'ai remis selon ta parole. 

91. Je vis, moi : et toute la 
lerre sera remplie de la gloire du 
Seigneur. 

99. Mais cependant tous les 
hommes qui ont vu ma majesté 
et les miracles que j'ai faits en 
Egypte et dans le désert, qui 
m'ont déjà tenté par dix fois, et 
n'ont pas obéi à ma voix, 

23. Ne verront pas la terre au 
sujet de laquelle j'ai juré à leurs 
pères, et qui que ce soit d'entre 
eux qui m'a outragé ne la verra 
pas. 

24. Quant à mon serviteur Ca- 
leb, qui, plein d'un autre esprit, 
m'a suivi, je l'introduirai dans 
cette terre dont il a fait le tour; 
et sa postérité la possédera. 

25. Parce que l'Amalécite et le 
Chananéen habitent dans les val- 
lées, demain levez le camp et re- 
tournez au désert parle chemin 
de la mer Rouge. 

26. Le Seigneur parla encore à 
Moise et à Aaron, disant : 

27. Jusqu'à quand cette multi- 


14. Exode, xir, 21. — 16. Exode, xxxi, 28. — 18. Ps. cir, 8; Exode, xxxiv, 1; xx, =. 


— 23. Deut., r, 35. — 24. Josué, xiv, 6. 


16. Au sujet de laquelle il avait juré. Voy. χι, 12. 


21. Je vis, moi; formule de serment qui veut dire : 


J'en jure par la vie qui est 


en moi essentiellement et nécessairement, par ma vie éternelle. 


[cn. χιν.] 
tude très méchante murmurera- 
t-elle contre moi? j'ai oui les 
plaintes des enfants d'Israél. 

98. Dis leur done : Je vis, moi, 
dit le Seigneur : Comme vous 
avez parlé, moi l'entendant, ainsi 
je vous ferai. 

99. C'est dans cette solitude 
que gésiront vos cadavres. Vous 
tous qui avez été dénombrés de- 
puis vingt ans et au-dessus, et 
qui avez murmuré contre moi, 

30. Vous n'entrerez point dans 
la terre sur laquelle j'ai levé ma 
main, que je vous la ferais habi- 
ter, excepté Caleb, fils de Jé- 
phoné et Josué, fils de Nun. 

91. Mais vos petits-enfants dont 
vous avez dit qu'ils seraient en 
proie aux ennemis, je les y in- 
troduirai, afin qu'ils voient la 
terre qui vous ἃ dépiu. 

39. Vos cadavres gésiront dans 
cettesolitude. 

33. Vos enfants seront errants 
dans le désert pendant quarante 
ans, ils porteront votre fornica- 
tion, jusqu'à ce que soient con- 
sumés les cadavres de leurs pères 
dans le désert, 

34. Selon le nombre des qua- 
rante jours pendant lesquels 
vous avez considéré la terre : un 
an sera compté pour un jour. Et 
pendant quarante ans vous rece- 
vrez la peine de vos iniquités, et 
vous saurez ma vengeance; 

39. Parce que, comme j'ai 
parlé, ainsi je ferai à toute cette 
multitude trés méchante, qui 


LES NOMBRES. 


269 


s'est élevée contre moi : elle dé- 
faillira dans cette solitude et elle 
mourra. 

36. Ainsi, tous les hommes 
qu'avait envoyés Moïse pour 
considérer la terre et qui, reve- 
nus, avaientfaitmurmurercontre 
lui toute la multitude, décriant 
la terre comme si elle était mau- 
vaise, 

31. Moururent, ayant élé frap- 
pés en la présence du Seigneur. 

38. Mais Josué, fils de Nun, et 
Caleb, fils de Jéphoné, vécurent 
seuls de tous ceux qui étaient al- 
lés pour considérer la terre. 

39. Or Moise dit toutes ces pa- 
roles à tous les enfants d'Israél, 
et le peuple selamenta beaucoup. 

40. Et voilà que, se levant de 
grand matin, ils montèrent sur 
le sommet de la montagne, et 
dirent : Nous sommes prêts à 
monter au lieu dont le Seigneur 
a parlé, parce que nous avons 
péché. 

41. Pourquoi, leur dit Moïse, 
transgressez-vous la parole du 
Seigneur, ce qui ne vous tour- 
nera pas à bien? 

42. Ne montez point (car le Sei- 
gneur n'est point avec vous), de 
peur que vous ne succombiez 
devant vos ennemis. 

43. L'Amalécite et le Chana- 
néen sont devant vous; vous suc- 
comberez sous leur glaive, parce 
que vous n'avez pas voulu obéir 
au Seigneur, et le Seigneur ne 
sera pas avec vous. 


29. Infra, xxxi, 10; Ps. cv, 26. — 30. Deut., 1, 35. — 34. Ezéch., 1v, 6; Ps. xciv, 10. 
— 36. Judith, vu, 24; I Cor., x, 10; Hébr., זז‎ 17; Jud., 5. — 42. Deut., 1, 42. 


29. * Dans cette solitude, à Cadèsbarné. Voir plus loin, xx, 1. 
30. J'ai levé ma main; j'ai juré. Compar. xi, 12. 
33. Votre fornication; c'est-à-dire la peine de votre fornication. 


2710 LES NOMBRES. 


44. Mais eux, couverts de té- 
nebres, monterent sur le sommet 
de la montagne. Mais l'arche 
d'alliance du Seigneur et Moïse 
ne sortirent point du camp. 

45. Alors descendirent l'Ama- 
lécite et le Chananéen, qui habi- 
taientsurla montagne, et les frap- 
pant et les taillant en pieces, ils 
les poursuivirent jusqu'à Horma. 


CHAPITRE XV. 


Lois touchant les sacrifices. Prémices du 
pain dues aux Lévites. Expiation des 
péchés d'omission. Violateur du sabbat. 
Frange des vétements. 


1. Le Seigneur parla à Moise, 
disant : 

9. Parle aux enfants d'Israél et 
tu leur diras : Lorsque vous serez 
entrés dans la terre de votre ha- 
bitation, que moi-méme je vous 
donnerai, 

3. Et que vous ferez une obla- 
tion au Seigneur, holocauste au 
victime, acquittant des vœux, ou 
faisant des offrandes spontanées, 
ou, dans vos solennités, brülant, 
comme une odeur de suavité 
pour le Seigneur, des bœufñs ou 
des brebis, 

4. Quiconque immolera une 
victime, offrira un sacrifice de 
fleur de farine, la dixième partie 
de l'éphi arrosée d'huile qui aura 
pour mesure le quatrième du 
hin ; 

5. Et il donnera du vin de 
méme mesure pour faire les liba- 


[cH. xv.] 


tions, soit pour l'holocauete, soit 
pour la victime. Pour chaque 
agneau, 

6. Et chaque bélier, le sacri- 
fice sera de deux décimes de 
fleur de farine, qui devra étre ar- 
rosée d'huile de la troisième par- 
tie du hin; 

7. Et il offrira du vin pour les 
libations, la troisieme partie de 
la méme mesure, en odeur de 
suavité pour le Seigneur. 

8. Mais quand tu offriras un ho- 
locauste de bœuf, ou une hostie, 
afin d'accomplir un vœu ou des 
victimes pacifiques, 

9. Tu donneras pour chaque 
bœuf trois décimes de fleur de 
farine arrosée d'huile qui doit 
avoir la moitié de la mesure du 
hin; 

10. Et du vin pour faire les li- 
bations, de méme mesure, en 
oblation d'une trés suave odeur 
pour le Seigneur. 

41. C'est ainsi que tu feras 

19. Pour chacun des bœufs, des 
béliers, des agneaux et des che- 
vreaux, 

13. Tant les indigènes que les 
voyageurs 

14. Offriront les sacrifices selon 
le méme rite. 

15. ll y aura un seul précepte, 
et une seule ordonnance, tant 
pour vous que pour les étrangers 
à votre pays. 

16. Le Seigneur parla à Moise, 
disant: 


44. Couverts de ténébres; frappés d'aveuglement. 
45. * Horma (Sephaath), au sud de Bersabée, dans le désert. Voir Juges, 1, 11. 


1. * Les chapitres xv-xix contiennent les lois promulguées et les événements sur- 
venus pendant trente-sept ans dans le désert, depuis la troisième année de la sortie 


d'Egypte jusqu'à la quarantième. 
4. Le hin vaut environ cinq pintes. 


[cn. xv.] 


17. Parle aux enfants d'Israél, 
et tu leurs diras : 

18. Lorsque vous serez arrivés 
dans la terre que je vous don- 
nerai, 

19. Et que vous mangerez des 
pains de ce pays-là, vous met- 
trez à part pour le Seigneur les 
prémices 

20. De ce que vous mangerez. 
Comme vous mettez à part les 
prémices d'aires, 

91. Ainsi vous donnerez les 
prémices de vos pátes au Sei- 
gneur. 

29. Que si par ignorance vous 
aviez omis quelqu'une de ces 
choses qu'a dites le Seigneur à 
Moise, 

23. Et qu'il vous a commandées 
par lui, depuis le jour qu'il a com- 
mencé à commander, et après ; 

94. Et si la multitude a oublié 
de le faire, elle offrira un veau 
pris d'un troupeau, holocauste 
en odeur tres suave pour le Sei- 
gneur, et son sacrifice et les li- 
bations, comme les cérémonies 
le demandent, et un bouc pour 
le péché ; 

25. Et le prêtre priera pour 
toute la multitude des enfants 
d'Israél; et il leur sera pardonné, 
parce qu'ils n'ont pàs péché volon- 
tairement; cependant offrant un 
holocauste au Seigneur pour 
eux-mémes, pour leur péché et 
leur erreur; 

26. Et il sera pardonné à tout 
le peuple des enfants d'Israël et 
aux étrangers qui séjournent par- 
mi eux, parce que c'est une faute 
de tout le peuple commise par 
ignorance. 


LES NOMBRES. 271 


27. Que si une personne en 
particulier pèche, ne le sachant 
point, elle offrira une chèvre d'un 
an pour son péché; 

28. Et le prêtre priera pour 
elle, parce que c’est sans le savoir 
qu'elle ἃ péché devant le Sei- 
gneur ; et il lui obtiendra grâce, 
et il lui sera pardonné. 

29. 11 n’y aura qu'une seule loi 
tant pour tous les indigenes que 
pour tous les étrangers qui au- 
ront péché par ignorance. 

30. Mais celui qui aura fait 
quelque chose par orgueil, soit 
que celui-là soit citoyen, ou étran- 
ger (parce que c'est contre le 
Seigneur qu'il a été rebelle), 
périra du milieu de son peuple; 

31. Car il a méprisé la parole 
du Seigneur, il a rendu son pré- 
cepte vain : c'est pourquoi il sera 
détruit, et il portera son iniquité. 

32. Or, il arriva que, comme 
les enfants d'Israël étaient dans 
le désert, et qu'ils avaient trouvé 
un homme ramassant du bois, au 
jour du sabbat, 

33. Ils le présenterent à Moïse 
et à Aaron et à toute la multi- 
tude, 

34. Quil'enfermérent en prison, 
ne sachant ce qu'ils devaient faire 
de lui. 

39. Alors le Seigneur dit à 
Moise : Que cet homme meure 
de mort, et que toute la multi- 
tude le lapide hors du camp. 

36. Et lorsqu'ils l'eurentconduit 
dehors, ils le lapidèrent, et il 
mourut, comme avait ordonné le 
Seigneur. 

37. Dieu dit aussi à Moïse : 

38. Parle aux enfants d'lsraél, 


XV. 38. Deut., xxii, 12; Matth., xxu, 5.‏ .אא 


272 
et tu leur diras qu'ils se fassent 
des franges aux coins de leurs 
manteaux, y posant des bande- 
lettes d'hyacinthe ; 

39. Que lorsqu'ils les verront, 
ils se souviennent de tous les 
commandements du Seigneur, et 
quils ne suivent point leurs 
pensées, ni leurs yeux qui se 
prostituent à divers objets ; 

40. Mais plutót, que se souve- 
nant des préceptes du Seigneur, 
ils les accomplissent, et qu'ils 
soient saints pour leur Dieu. 

41. Je suis le Seigneur votre 
Dieu qui vous ai retirés de la 
terre d'Egypte, afin que je fusse 
votre Dieu. 


CHAPITRE XVI. 


Révolte de Coré, Dathan et Abiron. Mur- 
mure du peuple. Aaron arréte l'embra- 
sement qui les consume. 


1. Or voilà que Corée, fils d'l- 
saar, fils de Caath, fils de Lévi, 
et Dathan et Abiron, les fils d'E- 
liab, et de plus Hon, fils de 
Phéleth d'entre les fils de Ruben, 

9. S'éleverent contre Moïse, 
ainsi que deux cent cinquante 
autres hommes des enfants d'ls- 
raél, princes de la synagogue, et 
qui, au temps du conseil, étaient 
nommément appelés. 

3. Comme donc ils résistaient 
à Moise et à Aaron, ils dirent : 
Qu'il vous suffise que toute la 
multitude soit une multitude de 
saints, et que le Seigneur soit au 
milieu d'eux. Pourquoi vous éle- 


LES NOMBRES. 


(cu. XVI 


vez-vous au-dessus du peuple du 
Seigneur ? 

4. Ce qu'ayant entendu Moise, 
il tomba incliné sur sa face, 

5. Et parlant à Coré et à toute 
la troupe : Demain matin, dit-il, 
le Seigneur fera connaitre ceux 
qui lui appartiennent, et il atta- 
chera à lui les saints; et ceux 
qu'il aura choisis s'approcheront 
de lui. Ϊ 

6. Faites donc ceci : Que cha- 
cun prenne son encensoir, toi, 
Coré, et tout ton conseil. 

1. Et ayant pris demain du feu, 
mettez dessus de l'encens devant 
le Seigneur, et celui qu'il aura 
choisi, celui-là méme sera saint. 
Vous vous élevez beaucoup, fils 
de Lévi. 

8. 11 dit encore à Coré : Ecoutez, 
fils de Lévi ; 

9. Est-ce peu pour vous, que 
le Dieu d'Israél vous ait séparé 
de tout le peuple, et vous ait 
attaché à lui, afin que vous le 
serviez dans le culte du taberna- 
cle, que vous assistiez devant la 
foule du peuple, et que vous 
exerciez le ministère pour le 
Seigneur? 

10. Est-ce pour cela qu'il t'a 
fait approcher de lui, toi et tous 
tes freres, enfants de Lévi, afin 
que vous vous arrogiez méme le 
sacerdoce, 

41. Et que toute ta troupe ré- 
siste au Seigneur? Qu'est-ce, en 
effet, qu'Aaron, pour que vous 
murmuriez contre lui? 


CuaP. XVI. 3. Eccli, xtv, 22; I Cor., x, 10; Jud., 11. 


————————————————————————————— Ám 


1. * Dathan et Abiron, en qualité de descendants de Ruben, prétendaient avoir 
droit au sacerdoce. Voir la note sur Genèse, xuix, 4. — Coré, descendant de Lévi, se 
joignit aux mécontents, parce qu'il était jaloux que le sacerdoce eût été donné à 
Aaron. La date de cette révolte et le lieu où elle se produisit sont iuconnus, 


fou. xvi-] 


12. Moïse envoya donc appeler 
Dathan et Abiron, fils d'Eliab. Ils 
répondirent : Nous nirons pas. 

13. Est-ce peu pour vous, que 
vous nous ayez retirés d'une 
terre où coulaient du lait et du 
miel, pour nous faire mourir 
dans le désert, si de plus vous ne 
nous dominez point ? 

14. A la vérité, vous nous avez 
conduits dans une terre, où cou- 
lent des ruisseaux de lait et de 
miel, et vous nous avez donné 
des possessions de champs et de 
vignes; est-ce que vous voulez 
aussi nous arracher les yeux? 
Nous n'irons pas. 

15. Or, Moise fort irrité, dit au 
Seigneur : Neregardez pointleurs 
sacrifices ; vous savez que je n'ai 
jamais recu d'eux pas méme un 
ànon, et que je n'ai affligé aucun 
d'eux. 

16. Et il dit à Coré : Toi et toute 
ton assemblée, tenez-vous de- 
main d'un cóté devant le Sei- 
gneur, et Aaron d'un autre. 

17. Prenez chacun vos encen- 
soirs, et mettez-y de l'encens, 
offrant au Seigneur deux cent 
cinquante encensoirs; qu'Aaron 
tienne aussi son encensoir. 

18. Lorsqu'ils eurent fait cela, 
Moise et Aaron étant présents, 

19. Et qu'ils eurent réuni contre 
eux toute la multitude à la porte 
du tabernacle, la gloire du Sei- 
gneur apparut à tous. 

20. Et le Seigneur ayant parlé 
à Moise et à Aaron, dit : 


LES NOMBRES. 


273 


21. Séparez-vous du milieu de 
cette assemblée, afin que je les 
détruise soudain. 

22. Ceux-ci tombèrent inclinés 
sur leur face et dirent : Dieu 
très fort des esprits detoute chair, 
est-ce qu’un seul péchant, votre 
colère sévira contre tous. 

23. Et le Seigneur repartit à 
Moïse : 

24. Ordonne à tout le peuple 
qu'il se sépare des tentes de Coré, 
de Dathan et d'Abiron. 

95. Et Moïse se leva, alla vers 
Dathan et Abiron, et les anciens 
d'Israël le suivant, 

26. Il dit à la multitude : Reti- 
rez-vous des tentes de ces hom- 
mes impies et ne touchez pas ce 
qui leur appartient, de peur que 
vous ne soyez enveloppés dans 
leurs péchés. 

27. Or lorsqu'ils se furent reti- 
rés de leurs tentes tout autour, 
Dathan et Abiron, sortis se te- 
naient à l'entrée de leurs pavil- 
lons avec leurs femmes, leurs 
enfants, et tous les leurs. 

28. Alors Moise dit : En ceci 
vous connaitrez que le Seigneur 
m'a envoyé pour faire tout ce 
que vous voyez, et que je n'ai 
rien produit de mon propre es- 
prit : 

29. S'ils meurent d'une mort 
ordinaire aux hommes, 66 8 
sont visités de la plaie dont tous 
les autres ont coutume d'être visi- 
tés, le Seigneur ne m'a pas en- 
voyé; 


15. Cette irritation de Moïse n'est nullement en contradiction avec la douceur qu'il 
s'est attribuée à lui-même (xit, 3); car la douceur n'exclut que la colère déplacée et 
qui dégénére en emportement; et quand Moise s'irrite, c'est toujours pour les 
intéréts de la gloire de Dieu; c'est contre l'impiété, le murmnre et la désobéissance 
üux ordres divins. 

22. Des esprils de toule chair; des esprits qui animent toute chair. 


18 ו 


274 
30. Mais si le Seigneur fat une 
chose nouvelle : si la terre ou- 
vrant sa bouche les engloutit, 
eux et tout ce qui leur appartient, 
et qu'ils descendent vivants dans 
l'enfer, vous saurez qu'ils ont 
blasphémé le Seigneur. 

31. Aussitôt qu'il cessa de par- 
ler, la terre se fendit sous leurs 
pieds; 

32. Et ouvrant sa bouche, elle 
les dévora avec leurs tentes et 
tout leur avoir; 

33. Et ils descendirent vivants 
dans l'enfer, recouverts par la 
terre, et ils périrent du milieu de 
la multitude. 

94. Cependant tout Israél qui 
se tenait là autour, s'enfuit au cri 
de ceux qui périssaient, disant : 
C'est de peur que la terre ne nous 
engloutisse aussi. 

35. En méme temps un feu sor- 
ti du Seigneur tua les deux cent 
cinquante hommes qui offraient 
de l'encens. 

36. Et le Seigneur parla à 
Moise, disant : 

37. Ordonne ἃ Éléazar, fils 
d'Aaron, le prétre, qu'il prenne 
les encensoirs, qui sont par terre 
au milieu de l'embrasement, et 
qu'il disperse le feu cà et là, parce. 
qu'ils ont été sanctifiés 

38. Par la mort des pécheurs ; 
qu'il les réduise en lames, et 
qu'il les attache à l'autel, parce 


qu'on y a offert 66 166018 810 501- 


gneur, et qu'ils ont été sanctifiés, 
afin que les enfants d'Israël les 
voient comme. un signe et un 
monument. 

39. Eléazar, le prétre, prit donc 


les encensoirs d'airain dans les- | 


LES NOMBRES. 


[cH. XVI] 


quels avaient offert 06 8 
ceux que l'embrasement dévora, 
et il les réduisit en lames, les 
attachant à l'autel, 

40. Afin que les enfants d'Isra- 


él] eussent dans la suite de quoi 


les avertir, que quelqu'un d'é- 
iranger et qui n'était pas de 
la race d'Aaron, ne devait pas 
offrir de l'encens au Seigneur, 
de peur quil ne lui arrivât ce 
qui arriva à Coré et à toute sa 
troupe, lorsque le Seigneur parla 
à Moise. 

41. Or toute la multitude des 
enfants d'Israél murmura le jour 
suivant contre Moise et Aaron, 
disant : C'est vous qui avez tué 
le peuple du Seigneur. 

42. Et comme la sédition s'éle- 
vait et que le tumulte croissait, 

43. Moïse et Aaron s'enfuirent 
au tabernacle d'aillance. Lors- 
qu'ils furent entrés, la nuée se 
couvrit, et la gloire du Seigneur 
apparut, 

44. Et le Seigneur dit à 10186 : 

45. Retirez-vous du milieu 
de cette multitude, maintenant 
méme je les détruirai. El comme 
ils étaient couchés sur la terre, 

46. Moïse dit à Aaron : Prends 
lencensoir, et ayant pris du feu 
de l'autel, mets de l'encens par 
dessus, et va aussitôt vers le 
peuple, afin que tu pries pour lui ; 
car déjà la colere est sortie du 
Seigneur, etla plaie sévitavec vio- 
lence. 

41. Aaron l'ayant fait, et ayant 
couru au milieu de la multitude 


que déjà ravageait l'embrase- 


ment, offrit de l'encens. 
48. Et se tenant entre les morts 


31. Deut., xi, 6; Ps. cv, 17, 18. — 46. Sag., xvin, 24, 


(ca. xvi. 
et les vivants, il pria pour le peu- 
ple, et la plaie cessa. 

49. Or il y eut de ceux qui fu- 
rent frappés, quatorze mille et 
sept cents hommes, outre ceux 
qui avaient péri dans la sédition 
de Coré. 

90. Et Aaron retourna vers 
Moise à là porte du tabernacle 
d'alliance, aprés que la mort se 
fut arrété. 


CHAPITRE XVII. 


Le sacerdoce est confirmé à Aaron par le 
miracle de sa verge qui fleurit. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

2. Parle aux enfants d'Israél, 
el prends d'eux des verges, une 
à une, selon leur parenté, de 
tous les princes des tribus, douze 
verges; et tu écriras le nom de 
chacun d'eux sur sa verge : 

3. Mais le nom d'Aaron sera 
dans la tribu de Lévi, et chaque 
verge contiendra séparément 
toutes les familles ; 

4. Tu les déposeras dans le 
tabernacle d'alliance, devant le 
témoignage, oü je te parlerai. 

9. Celui d'entre eux que j'aurai 
choisi, c'est celui dont la verge 
fleurira : j'arréterai ainsi les 
plaintes des enfants d'Israél qui 
les font murmurer contre vous. 

6. Et Moise parla aux enfants 
d'Israël; et tous les princes lui 
donnerent des verges, une par 
chaque tribu : ainsi il y eut douze 
verges sans la verge d'Aaron. 


CHaP. XVII. 10. Hébr., 1x, 4. 


LES NOMBRES. 210 


7. Moise les ayant déposées 
devant le Seigneur, dans le taber- 
nacle du témoignage, 

8. Et, le jour suivant, étant 
revenu, il trouva que la verge 
d'Aaron dans la famille de Lévi 
avait germé, et que des bour- 
geons s'étant développés, il était 
sorti des fleurs, qui, des feuilles 
s'étant ouvertes, s'étaient for- 
mées en amandes. 

9. Moise donc porta les verges 
de la présence du Seigneur à 
tous les enfants d'Israél; ils vi- 
rent et reçurent chacun leur 
verge. 

10. Or, le Seigneur dit à 10180 : 
Reporte la verge d'Aaron dans 
le tabernacle du témoignage, 
afin qu'elle y soit gardée comme 
un signe de la rébellion des 
enfants d'Israël, et que leurs 
plaintes se taisent devant moi, 
pour ne pas qu'ils meurent. 

11. Et Moïse fit, comme avait 
ordonné le Seigneur. 

12. Mais les enfants d'Israël di- 
rent à Moïse : Voici que nous 
sommes consumés et que tous 
nous périssons. 

13. Quiconque approche du ta- 
bernacle du Seigneur, meurt ; est- 
ce jusqu'à une entiere extermi- 
nation, que nous devons étre 
détruits ? 


CHAPITRE. XVIII. 


Fonctions des prêtres et des: Lévites. 
Prémices et dimes pour leur subsis- 
tance. 


4. Et le Seigneur dit à Aaron : 


3. Dans la tribu de. Lévi; sur la verge de la tribu de Lévi. — Toutes les familles; 


pour: les noms de toutes les familles. 


4. Devant le témoignage; c'est-à-dire l'arche du témoignage. 


210 LES NOMBRES. 


Toi et tes fils, et la maison de ton 
père avec toi, vous porterez l'ini- 
quité du sanctuaire : et toi et tes 
fils vous porterez ensemble les 
péchés de votre sacerdoce; 

2. Mais prends aussi avec toi 
tes frères de la tribu de Lévi , et 
le sceptre de ton père, et qu'ils 
l'assistent et te servent; mais toi 
et tes fils, vous servirez dans le 
tabernacle du témoignage. 

3. Les Lévites veilleront à tes 
commandements et à toutes les 
œuvres du tabernacle; en sorte 
seulement qu'ils n'approchent 
point des vases du sanctuaire, et 
de l’autel, de peur qu'eux aussi 
ne meurent et que vous ne péris- 
siez en même temps. 

4. Mais qu'ils soient avec toi, 
et qu'ils veillent à la garde du 
tabernacle et à toutes ses céré- 
monies. Un étranger ne se méle- 
ra point avec vous. 

ὃ. Veillez à la garde du sanc- 
tuaire et au ministère de l'autel. 
afin qu'il ne s'éléve point d'indi- 
gnalion contre les enfants d'Is- 
rael. 

6. C'est moi qui vous ai donné 
vos freres les Lévites, pris du mi- 
lieu des enfants d'Israél, et qui 
les ai offerts en don au Seigneur 
pour qu'ils servent dans le minis- 
lere de son tabernacle. 

7. Mais toi et tes fils, conser- 
vez votre sacerdoce ; et tout ce 
qui appartient au service de l'au- 
tel, et qui est au dedans du voile 
sera fait par le ministère des pré- 
tres. Si quelque étranger en ap- 
proche, il sera mis à mort. 


(cu. xvur.] 


8. Le Seigneur parla encore à 
Aaron : Voilà que je t'ai donné la 
garde de mes prémices. Tout ce 
qui est consacré par les enfants 
d'Israël, je te l'ai accordé à toi et 
à tes fils pour les fonctions sa- 
cerdotales; ce sera une loi per- 
pétuelle. 

9. Voici done ce que tu pren- 


dras des choses qui sont sanc- 


tifiées et qui ont été offertes au 
Seigneur. Toute oblation et sa- 
crifice et tout ce qui m'est rendu 
pour le péché et pour le délit, et 
devient une des choses tres sain- 
tes, sera pour toi et pour tes fils. 

10. C'est dans le sanctuaire que 
que tu le mangeras ; les mâles 
seulement en mangeront, parce 
que cela a été consacré pour toi. 

11. Quant aux prémices que 
les enfants d'Israél voueront, ou 
offriront spontanément, je te les 
ai données, à toi, à tes fils et à tes 
filles, par un droit perpétuel. Ce- 
lui qui est pur dans ta maison en 
mangera. 

19. Toute moelle d'huile, de 
vin, de blé, tout ce qu'ils offrent 
de prémices au Seigneur, je te 
lai donné. 

13. Tous les premiers des fruits 
que produit le sol, et qui sont 
présentés au Seigneur, seront à 
ton usage : celui qui est pur dans 
ta maison en mangera. 

14. Toul ce que les enfants 
d'Israël rendront en vertu d'un 
vœu, sera pour toi. | 

15. Tout ce qui sort le premier 
d'un sein de toute chair, qu'ils 
offrent au Seigneur, qu'il soit 


2. Et le sceptre; voy. xut, 12. 


19. Toute moelle; hébr. toute graisse; c'est-à-dire tout ce qu'il y ἃ de plus délicat, 


de plus exquis. 


[cg. xvm.) 


d'entre les hommes, ou d'entre 
les bêtes, sera à toi de plein droit : 
en sorte seulement que pour le 
premier-né d'un homme tu re- 
.coives le prix, et que tu fasses 
racheter tout animal qui est im- 
pur, 

16. Dont le rachat sera apres 
un mois, de cinq sicles d'argent, 
au poids du sanctuaire. Le sicle 
ἃ vingt oboles. 

11. Mais le premier-né d'un 
bœuf, d'une brebis et d'une che- 
vre, tu ne le feras pas racheter, 
parce que ces animaux sont con- 
sacrés au Seigneur ; tu répandras 
seulement leur sang sur l'autel, 
et tu brüleras les graisses en très 
suave odeur pour le Seigneur. 

18. Mais leur chair sera à ton 
usage, comme la poitrine consa- 
crée et l'épaule droite seront à 
toi. 

19. Je t'ai donné, à toi et à tes 
fils et à tes filles par un droit 
perpétuel toutes les prémices du 
sanctuaire qu'offrent les enfants 
d'Israël au Seigneur. C'est un 
pacte de sel à perpétuité devant 
le Seigneur pour toi et pour tes 
fils. 

90. Le Seigneur dit encore à 
Aaron : Vous ne posséderez rien 
dans la terre des enfants d'Israël, 
et vous n'aurez aucune part par- 


LES NOMBRES. 


277 
mi eux : c'est moi qui suis ta part 
et ton héritage au milieu des 
enfants d'Israél. 

91. Mais aux enfants de Lévi, 
jai donné toutes les dimes d'Is- 
raél en possession, à cause du 
ministère qu'ils remplissent pour 
moi dans le tabernacle d'alliance, 

22. Afin queles enfants d'Israél 
n'approchent plus du tabernacle, 
et ne commettent point de péché 
qui porte à la mort, 

23. Les seuls enfants de Lévi 
me servant dans le tabernacle, 
et portant les péchés du peuple. 
Ce sera une loi perpétuelle en 
vos générations. Ils ne posséde- 
ront rien autre chose, 

24. Contents de loblation des 
dimes que j'ai mises à part pour 
leur usage, et pour tout ce qui 
leur est nécessaire. 

25. Le Seigneur parla aussi à 
Moise, disant : 

26. Ordoune aux Lévites et dé- 
clare-leur : Lorsque vous aurez 
recu des enfants d'Israél les di- 
mes queje vousai données, offrez- 
en les prémicesau Seigneur, c'est- 
à-dire, la dixième partie de la 
dime, 

27. Afin qu'elle vous soit comp- 
tée comme une oblation des pré- 
mices, tant des aires, que des 
pressoirs ; 


Cap. XVIII. 16. Exode, xxx, 13; Lév., xxvi, 25; Supra, mi, 41. Ezéch., xLv, 19. — 


23. Deut., וזטא‎ 4. 


16. Dont le rachat. Ceci ne peut s'entendre que des hommes; car les animaux 
impurs se rachetaient avec une brebis, et huit jours aprés leur naissance. Compar. 
Exod., xut, 13; xxu, 30; Lévit., xxvn. 6. — * Cing sicles. Voir la note sur Exode, xxi, 32. 

19. Pacte de sel: aussi incorruptible que le sel. — * « Chez les Arabes, le sel est 
l'embléme et le symbole de l'amitié et de la fidélité. Quand ils ont mangé du sel 
avec un homme, cet homme devient pour eux inviolable. Tout Arabe (en particulier 
au Sinai), qui causerait le moindre dommage à celui avec qui il a consenti à manger 
le pain et le sel, serait regardé par ses compatriotes comme un 18626, un homme vil 


et digne d'un souverain mépris, et il ne pourrait jamais se laver d'une pareille 
lâcheté. » (PiNAnT.) 


278 


98. Et offrez au Seigneur. puis 
donnez à Aaron, le prétre, de tou- 
tes les choses dont vous recevez 
les prémices. 

99. Tout ce que vous offrirez 
des dimes, et que vous mettrez 
à part comme offrandes au Sei- 
gneur, serale meilleur etle mieux 
choisi. 

30. Tuleur diras encore : $i vous 
offrez des dimes les plus belles 
etles meilleureschoses, cela vous 
seracompté, comme si vous aviez 
donné les prémices d'une aire et 
d'un pressoir; 

31. Or, vous mangerez ces di- 
mes dans toutes vos demeures, 
tant vous que vos familles, parce 
que c'est le prix du ministère 
que vous remplissez dans le ta- 
bernacle de témoignage. 


39. Et vous ne pécherez point | 
en réservant pour vous ce qu'il y | 


a d'excellent et de gras, afin que 
vous ne souilliez pas les obla- 
tions des enfants d'Israel, et que 
vous ne mouriez point. 


CHAPITRE XIX. 


Sacrifice de la vache rousse. Eau 
d'expiation; son usage. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moise et à Aaron, disant : 

9. Voici 18 cérémonie de la vic- 
time qu'a déterminée le Sei- 
gneur. Ordonne aux enfants d'Is- 
raël qu'ils t'amenent une vache 
rousse, dans l'intégrité de l’âge, 
en laquelle il n'y ait aucune 
tache, et qui n'ait point porté le 
joug; 

3. Et vous 18 livrerez à Eléazar, 
le prétre, qui après l'avoir menée 


Cap. XIX. 3. Hébr., ,זוא‎ 


LES NOMBRES. 


[CH, XIX. | 
hors du camp, l'immolera en pré- 
sence de tous ; 

4. Et, trempant le doigt dans 
son sang, il fera laspersion 
contre la porte du tabernacle par 
sept fois. 

5. Puis il la brülera, tous le 
voyant, en livrant aux flammes 
tant sa peau et sa chair, que son 
sang et sa fiente. 

6. Le prétre jettera aussi du 

bois de cèdre, de l'hysope et de 
lécarlate deux fois teinte, dans 
la flamme qui brüle la vache. 
7. Et alors enfin, ses véte- 
ments et son corps lavés, il en- 
irera dans le camp et il sera 
souillé jusqu'au soir. 

8. Mais celui aussi qui laura 
brülée, lavera ses vétements et 
son corps, et il sera impur jus- 
qu'au soir. 

9. Et un homme pur recueillera 
les cendres de la vache, et les 
déposera hors du camp dans un 
lieu trés net, afin qu'elles soient 
àla garde de la multitude des 
enfants d'Israél,etqu'ellesservent 
pour une eau d'aspersion; parce 
que c'est pour le péché que la 
vache a été brülée. 

10. Et lorsque celui qui avait 
porté les cendres de la vache. 
aura lavé ses vétements, il sera 
impur jusqu'au soir. Les enfants 
d'Israé] et les étrangers qui ha- 
bitent parmi eux tiendront cette 
ordonnance pour sainte par un 
droit perpétuel. 

41. Celui qui aura touché le ca- 
davre d'un homme, et qui pour 
cela sera impur pendant sept 
jours, 

19. Sera aspergé de cette eau 


[cg. xx.] 
au troisième et au septième 
jour, et c'est ainsi qu'il sera pu- 
rifié. Si au troisième jour il n’a 
pas été aspergé, au septième il ne 
pourra être purifié. 

13. Quiconque aura touché le 
corps mort d'une âme humaine, 
et n'aura pas été aspergé de cette 
eau ainsi mélée, souillera le ta- 
bernacle du Seigneur, et périra 
du milieu d'Israël : parce qu'il 
n'a pas été aspergé d'eau d'ex- 
piation, il sera impur et son im- 
pureté demeurera sur lui. 

44. Voici la loi de l'homme qui 
meurt dans une tente : Tous ceux 
qui entrent dans sa tente, et tous 
les vases qui y sont, seront souil- 
lés pendant sept jours. 

15. Un vase qui n'aurait point 
de couvercle, ni d'attache par- 
dessus, sera impur. 

16. Siquelqu'un dans un champ 
touche le cadavre d'un homme 
tué, ou mort de lui-même, ou 
bien un de ses os, ou son sépulcre, 
il sera impur pendant sept jours. 

11. On prendra des cendres de 
la combustion et du péché, et l'on 
mettra de leau vive sur ces 
cendres dans un vase; 

18. Etun homme pur y ayant 
trempé de l'hysope,il en asper- 
gera toute la tente, tous les 
meubles et tous les hommes 
souillés par un tel contact 


LES NOMBRES. 


279 


19. Et de cette manière le pui 
purifiera l'impur au troisième el 
au septieme jour; et celui qui 
aura été purifié au septième jour, 
se lavera, lui et ses vétements, et 
il sera impur jusqu'au soir. 

20. Si quelqu'un n'est pas puri- 
fié selon ce rite, son àme périra 
du milieu de l'assemblée, parce 
quil a souillé le sanctuaire du 
Seigneur, et qu'il n'a pas été as- 
pergé d'eau depurification. 

91. Gette ordonnance sera une 
loi perpétuelle. Gelui aussi qui 
aura fait les aspersions de l'eau, 
lavera ses vétements. Quiconque 
aura touché l'eau de l'expiation, 
seraimpur jusqu'au soir. 

92. Tout ce que touchera un 
impur, il le rendra impur : et 
l'homme qui touchera quelqu'une 
de ces choses, sera impur jus- 
qu'au soir. 


CHAPITRE XX. 


Mort de Marie, sceur de Moise. Eaux de 
contradiction. Moise repris de sa dé- 
fiance. Le roi d'Edom refuse le passage 
aux Israélites. Mort d'Aaron; Eléazar 
lui succède. 


4. Or, lesenfants d'Israël ettoute 
la multitude vinrent dans le dé- 
sert de Sin, au premier mois; et 
le peuple demeura à Cadès. Et 
Marie mourut là, et elle fut ense- 
velie au méme lieu. 


11. De la combustion et du péché; hébraisme: de la vache brûlée pour le péché. 


1. * Les chapitres xx=xxxvi des Nombres racontent les événements accomplis et les 
lois promulguées pendant les dix premiers mois de la quarantième année de la sortie 
d'Egypte. — À Cadès. À Cadèsbarné. M. Trumbull, qui a publié un livre sur Cades- 
barné, décrit ainsi cette oasis : « Au nord-est de cet endroit pittoresque, on voit une 
petite colline rocheuse que Rowlands a regardée comme le rocher frappé par Moïse 
pour en faire sortir de l'eau. De cette éminence sort un ruisseau abondant. Un puits 
circulaire, maconné depuis le fond avec des pierres calcaires rongées par le temps, 
était le premier récipient de l'eau. Une auge en marbre était prés de ce puits. Elle 
était plus travaillée que les auges de Bersabée, mais elle accusait également un art 
primitif. Le nom de l'oasis est encore Cadès, » 


280 


9. Et comme le peuple man- 
quait d'eau, ils s'assemblerent 
contre Moise et Aaron, 

3. Et tournant à la sédition, 
ils dirent : Plût à Dieu que nous 
eussions péri au milieu de nos 
freres devant le Seigneur! 

4. Pourquoi avez-vous amené 
lassemblée du Seigneur dans 
cette solitude, pour que nous et 
nos bétes nous mourions? 

5. Pourquoi nous avez-vous 
fait monter de l'Egypte, et nous 
avez-vous amenés dans ce lieu 
détestable, qui ne peut étre semé, 
qui ne produit ni figuier, ni 
vignes, ni grenadiers, où, de 
plus, il n'y a pas méme d'eau 
pour boire? 

6. Alors Moise et Aaron, la 
multitude congédiée, entrèrent 
dans le tabernacle, tombèrent 
inclinés vers la terre, crièrent au 
Seigneur, et dirent : Seigneur 
Dieu, écoutez le cri de ce peuple, 
et ouvrez-leur votre trésor, une 
fontaine d'eau vive, afin qu'étant 
rassasiés, leur murmure cesse. 
Alors apparut la gloire du Sei- 
neur sur eux. 

7. Et le Seigneur parla à Moise, 
disant : 

8. Prends ta verge et assemble 
le peuple, toi et Aaron ton frere, 
et parlez à la pierre devant eux; 
et elle donnera de l'eau. Et 
lorsque tu auras fait sortir de 
l'eau de la pierre, toute la mul- 
tude boira et ses bêtes. 


LES NOMBRES. 


[cn. xx.] 
9. Moïse prit donc la verge qui 

était en la présence du Seigneur, 

comme il lui avait ordonné, 

10. La multitude étant assem- 
blée devant la pierre, et il leur 
dit : Ecoutez. rebelles et incré- 
dules : Pourrons-nous vous faire 
jaillir de l’eau de cette pierre? 

11. Et lorsque Moise eut élevé 
la main, frappant de la verge 
deux fois la pierre, il en sortit 
de l'eau trés abondante; en sorte 
que le peuple buvait et les bétes. 

19. Et le Seigneur dit à Moise 
et à Aaron : Parce que vous ne 
m'avez pas cru, et que vous ne 
m'avez pas sanctifié devant les 
enfants d'Israél, vous n'introdui- 
rez point ces peuples dans la 
terre que je leur donnerai. 

13. C'est là l'eau de contradic- 
tion, où les enfants d'Israël exci- 
tèrent une querelle contre le 
Seigneur, et il fut sanctifié au 
milieu d'eux. 

14. Cependant Moïse envoya de 
Cadès des messagers au roi d'E- 
dom, pour lui dire : Voici ce que 
te mande ton frère Israël : Tu sais 
tout le labeur qui nous a saisis: 

15. Comment nos pères sont 
descendus en Egypte, comment 
nous y avons habité longtemps, 
comment les Egyptiens nous ont 
affligés, nous et nos pères, 

16. Et comment, nous ayant 
crié au Seigneur, il nous a exau- 
cés, et ἃ envoyé un ange qui 
nous a retirés de l'Egypte. Voici 


Car. XX. 4. Exode, נטא‎ 3. — 9. Exode, xvir, 5, 6; Sag., xr, ἄ. — 10. Ps. rxxvir, 


15, 90; I Cor., x, 4. — 12. Deut., r, 31. 


——— — — € M ———  — —————— 


8. Ta verge; littér. La verge. En hébreu, l'article déterminatif s'emploie souveut 
pour le pronom possessif; au reste, ce pronom est exprimé dans le texte original, 
au y. 41, et le grec des Septante le porte ici méme. 

12. Sanctifier, 101, comme en bien d'autres endroits de l'Ecriture. signifie, recoa- 


naitre pour scint, traiter en saint. 


[cx. xxr.] 


qu'arrétés dans la ville de Cadès, 
qui est à tes derniers confins, 

47. Nous demandons instam- 
ment qu'il nous soit permis de 
passer par ta terre. Nous n'irons 
pas à travers les champs, ni à 
travers les vignes, nous ne boi- 
rons point l'eau de tes puits; 
mais nous marcherons par la 
voie publique, ne nous détour- 
nant ni à droite, ni à gauche, 
jusqu'à ce que nous soyons passés 
hors de tes frontières. 

18. Edom lui répondit : Tu ne 
passeras point par chez moi ; au- 
trement j'irai armé au-devant de 
toi. 

19. Et les enfants d'Israél di- 
rent : C'est par là voie battue que 
nous marcherons ; et si nous bu- 
vons ton eau, nous et nos trou- 
peaux, nous donnnerons ce qui 
est juste : il n'y aura pour le prix 
aucune difficulté ; seulement que 
nous puissions passer rapide- 
ment. 

20. Mais Edom répondit : Tu ne 
passeras point. Et aussitót il sortit 
au-devant d'eux avec une multi- 
tude infinie et une forte armée, 

91. Et il ne voulut pas écouter 
celui qui le priait d'accorder le 
passage par son territoire; c'est 
pourquoi Israël s'en détourna. 

22. Or, lorsqu'ils eurent dé- 
campé de Cadès ils vinrent à la 
montagne de Hor, qui est sur 


LES NOMBRES. 281 


les confins de la terre d'Edom, 

93. Où le Seigneur parla à 
Moise : 

94. Qu'Aaron, dit-il, aille vers 
ses peuples; car il n'entrera pas 
dans 18 terre que j'ai donnée aux 
enfants d'Israél, parce qu'il a été 
incrédule à ma parole, aux Eaux 
de contradiction. 

95. Prends Aaron et son fils 
avec lui, et tu les conduiras sur 
la montagne de Hor. 

26. Et, lorsque tu auras dé- 
pouillé le père de son vêtement, 
tu en revétiras Eléazar son fils : 
Aaron sera réuni 0 ses pères, etil 
mourra là. 

27. Moïse fit comme avait or- 
donné le Seigneur: et ils mon- 
tèrent sur la montagne de Hor 
devant toute la multitude. 

28. Et lorsqu'il eut dépouillé 
Aaron de ses vêtements il en 
revêtit Eléazar son fils. 

29. Aaron mort sur le sommet 
de la montagne, Moïse descendit 
avec Eléazar. 

30. Or toutela multitude voyant 
qu'Aaron était mort, pleura sur 
lui pendant trente jours dans 
toutes ses familles. 


CHAPITRE XXI. 


Victoire des Israélites sur les Chauanéens 
Nouveau murmure. Serpent d'airain. 
Guerre contre Séhon et contre Og. 


1. Lorsque le roi d'Arad Cha- 


25. Infra, xxxi, 38; Deut., xxxm, 50. — (ΠΑΡ. XXI. 4. Infra, xxxrm, 40. 


22-26. * A la montagne de Hor. Une tradition assez bien établie place le mont Hor 
dans les environs de Pélra. On y voit encore aujourd'hui un monument qui porte 


le nom de tombeau d'Aaron, 


24. Qu'Aaron aille vers ses peuples; c'est-à-dire vers ses familles (Ezod., xxx, 38) 


, 


“ormule qui, comme celle du y. 26, prouve évidemment que les Hébreux croyaient 


à la survivance des âmes aux corps. 


1. Arad, ville peu éloignée de Cadèsbarné, à vingt milles d'Hébron, selon Eusébe; 
mais d'autres prennent Arad pour un nom d'homme. 


282 LES NOMBRES. 


nanéen, qui habitait vers le midi, 
eut appris cela, c'est-à-dire, 
qu'Israél était venu par le che- 
min des espions, il combattit 
contre lui, et étant 0 1 
en emporta le butin. 

2. Mais Israél se liant par un 
vœu au Seigneur, dit : Si vous 
livrez ce peuple à ma main, je 
détruirai toutes ses villes. 

3. Et le Seigneur exauça les 
prieres d'Israél, et il livra le 
Chananéen qu'Israél fit périr, ses 
villes ayant été renversées ; et il 
appela ce lieu du nom de Horma, 
c'est-à-dire anatheme. 

4. Or, ils partirent aussi du 
mont Hor par la voie qui conduit 
àla mer Rouge. pour aller autour 
de la terre d'Edom. Et le peuple 
commença às ennuyer du chemin 
et de la fatigue ; 

5. Et il parla contre Dieu et 
contre Moise, et dit : Pourquoi 
nous as-tu retirés de lEgypte, 
pour que nous mourions dans le 
désert? Le pain nous manque, il 
ny ἃ pas d'eau; notre àme a 
déjà des nausées à cause de cette 
nourriture très légère. 

6. C'est pourquoi le Seigneur 
envoya contre le peuple des ser- 
pents brülants : à cause des 
blessures et de la mort d'un grand 
nombre, 


6. Judith, vir, 25; Sag., xvi, 5; I Cor., 


[cu. xxi.] 


1. On vint à Moise et on dit : 
Nous avons péché, parce que 
nous avons parlé contre le Sei- 
gneur etcontretoi : priepourqu'il 
éloigne de nous les serpents. Et 
Moise pria pour le peuple, 

8. Et le Seigneur lui dit : Fais 
un serpent d'airain, et expose- 
le comme un signe : celui qui 
ayant été blessé, le regardera, 
vivra. 

9. Moïse fit donc uN SERPENT 
D'AIRAIN et l'exposa comme un 
signe : lorsque les blessés le 
regardaient, ils étaient guéris. 

10. Or les enfants d'Israél étant 
partis, camperent à Oboth. 

41. D'où étant sortis. ils plan- 
terent leurs tentes à Jéabarim, 
dans le désert qui regarde Moab, 
contre le cóté oriental. 

12. Et partant de là, ils vinrent 
au torrent de Zared ; 

13. Le laissant, ils campèrent 
contre Arnon, qui est dans le 
désert, et s’avance sur les confins 
de l'Amorrhéen; puisqu'Arnon 
est la frontiere de Moab, divisant 
les Moabites et les Amorrhéeus. 

14. D'où il est dit dans le livre 
des guerres du Seigneur : Comme 
il a fait en la mer Rouge, ainsi il 
fera dans les torrents d'Arnon. 

45. Les rochers des torrents se 
sont inclinés, pour se reposer en 


x, 9. — 9. Jean, iri, 14. — 18. Juges, xr, 18. 


3. * Horma. Voir Juges 1, 11. 


9. Voy. sur ce serpent d'airain, Sagesse, xvi, 1, et Jean, ni, 14, 15, 
10. * Oboth, à l'entrée de l'ouadi Ithur actuel. 
1. * Jéabarim, à l'est du pays de Moab et probablement au nord de l'ouadi el- 


Ahsa. 


12. Au torrent de Zared, peut-être l'ouadi Kerak actuel. 
13. * Arnon, aujourd'hui ouadi el-Modjib, prend sa source dans les montagnes 
orientales de Moab et se jette dans la mer Morte, aprés un cours de 75 kilomètres, 


dans un lit très escarpé. 


14. Le livre des guerres du Seigneur est aujourd'hui perdu. 
15. * Ar. Ar-Moab, sur la rive gauche de l'Arnon, presque vis-à-vis d'Aroér. 


feg. [.זאצ‎ 


Ar, et pour retomber dans les 
confins des Moabites. 

16. Au sortir de ce lieu parut un 
puits, au sujet duquel le Seigneur 
dit à Moïse : Assemble le peuple, 
et je lui donnerai de l'eau. 

47. Alors Israël chanta ce can- 
tique : Que le puits monte. Ils 
chantaient tous ensemble : 

18. Le puits qu'ont creusé des 
princes, et qu'ont préparé les 
chefs de la multitude avec celui 
qui a donné la loi, et avec leurs 
bâtons. Du désert 778 vinrent à 
Matthana, 

19. De Matthana à Nahaliel, de 
Nahaliel à Bamoth; 

90. Apres Bamoth est une val- 
lée dansla contrée de Moab, pres 
dusommet de Phasga, quiregarde 
contre le désert. 

91. Or Israël envoya des mes- 
sagers à Séhon, roi des Amor- 
réhens, disant : 

99. Je demande instamment 
quil me soit permis de passer 
par ta terre : nous ne nous dé- 
tournerons point dans les champs 
et les vignes, nous ne boirons 
point l'eau des puits; c'est par la 
voie publique que nous marche- 
rons, jusqu'à ce que nous soyons 
passés hors de tes frontieres. 


LES NOMBRES. 


283 


93. Séhon ne voulut pas accor- 
der qu'Israél passát par ses con- 
fins; bien plus, son armée as- 
semblée, il sortit au devant dans 
le désert et vint à Jasa, et com- 
battit contre lui. 

24. Israël le frappa du tran- 
chant du glaive et posséda sa 
terre depuis Arnon jusqu'à Jeboc 
et aux enfants d'Ammon, parce 
que les frontières des Ammonites 
étaient gardées par une forte 
garnison. 

95.Israél prit done toutes ses 
cités et il habita dans les villes 
de l'Amorrhéen,c'est-à-dire, dans 
Hésébon et ses bourgades. 

26. La ville d'Hésébon était 
à Séhon, roi des Amorréhens 
qui combattit contre le roi de 
Moab et prit toute la terre qui 
avait été de sa domination jus- 
qu'à Arnon. 

27. C'est pourquoi on dit dans 
le proverbe : Venez à Hésébon; 
que la ville de Séhon soit bâtie 
et construite. 

28. Un feu est sorti d'Hésébon, 
une flamme, de la ville de Séhon, 
et elle a dévoré Ar des Moabites 
et les habitants des hauteurs 
d'Arnon. 

29. Malheur à toi, Moab! Tu 


21. Deut., 11, 26; Juges, xr, 19. — 24. Ps. cxxxiv, 11; Amos, 11, 9. — 29. Juges, 


xi, 24; 111 Rois, xx, 7. 


18. * Matthana, d'après Eusèbe, était à douze milles romains à l'est de Médaba. 

19. * Nahaliel, peut-être l'onadi-Enkheiléh, affluent de l'Arnon. — Bamoth, Bemoth- 
Baal (Josué, xut, 17), montagne à l'est de la mer Morte, non loin de Dibon. sur la 
frontiére de Moab, dans la tribu de Ruben. 

20. Aprés Bamoth, c'est-à-dire en sortant de Bamoth, etc. Cette interprétation nous 
a paru la plus conforme à la Vulgate; l'hébreu porte : Et de Bamoth à la vallée, 
qui, etc. — * Phasga désigne tout ou partie de la chaine des monts Abarim à l'est de 
la mer Morte. 

24. * Jusqu'à Jeboc, affluent du Jourdain, aujourd'hui ouadi-Zerka. 

25. * Hésébon, sur une colline où l'on voit encore ses ruines, à l'est du Jourdain, 
presque vis-à-vis de l'embouchure de ce fleuve. 

29. Chamos était une divinité des Moabites. — * Voir la note sur III Rois, xi, 1. 


284 
as péri, peuple de Chamos. Il ἃ 
mis ses fils en fuite et livré ses 
filles captives au roi des Amor- 
rhéens, à Séhon. 

30. Leur joug a été entierement 
détruit, depuis Hésébon jusqu'à 
Dibon; dans leur lassitude ils 
sont parvenus à Nophé et jusqu'à 
Médaba. 

31. Israël habita donc dans la 
terre de l'Amorrhéen. 

32. Or, Moise envoya des gens 
pourexplorer Jazer; ils en prirent 
les bourgades et s'emparerent 
des habitants. 

33. Ensuite, ils se détournèrent, 
et monterent par le chemin de 
Basan; mais Og, roi de Basan, 
vint à leur rencontre pour les 
combattre à Edrai . 

34. Alors le Seigneur dit à 
Moise : Ne le crains point, je l'ai 
livré à ta main, lui, tout son 
peuple et sa terre; et tu lui feras 
comme tu as fait à Séhon, roi des 
Amorrhéens, qui habitait Hé- 
sébon. 

39. Ils le frappèrent donc, et 


LES NOMBRES. 


xxn.]‏ .מס| 


lui avec ses enfants, et tout son 
peuple, jusqu'à une entière ex- 
termination, et ils possédèrent sa 
terre. 


CHAPITRE XXII. 


Les Israélites campent dans les plaines 
de Moab. Balac, roi des Moabites, en- 
voie chercher le devin Balaam. 


1. Et étant partis, ils campèrent 
dans les plaines de Moab, vis-à- 
vis de l'endroit où est situé Jé- 
richo, au delà du Jourdain. 

2. Or, Balae, fils de Séphor, 
voyant tout ce qu'avait fait Israël 
à l'Amorrhéen : 

3. Que les Moabites le crai- 
gnaient extrémement, et qu'ils 
ne pourraient en soutenir lat- 
taque, 

4. Dit aux enfants de Madian : 
Ce peuple détruira tous ceux qui 
demeurent à nos confins, de la 
méme maniere quele beeuf broute 
les herbes jusqu'aux racines. 
C'est lui qui était en ce temps-là 
roi de Moab. 

ὃ. Ill envoya donc des messa- 


33. Deut., 111, 3, et xxix, 7. — Cuap. XXII. 5. Dout., xxr, 5; Jos., xxiv, 9. 


30. * Dibon, ville des Amorrhéens, fut donnée à la tribu de Gad; Dibon-Gad devint 
sans doute alors son nom. Elle est située dans une plaine riche en pâturages, au 
nord de l'Arnon. Plus tard elle tomba au pouvoir des Moabites. — Nophé, ville in- 
connue. — Médaba, aujourd'hui Madaba, à peu de distance au sud d'Hésébon, au 
nord de Baalméon. 

32. * Pour explorer Jazer. Jazer était une ville des Amorrhéens. qui fit depuis 
partie de la tribu de Gad, plus loin, מוצצצ‎ 35, et devint une ville lévitique, Joswé, 
xxi, 39. Elle tomba plus tard au pouvoir des Moabites. Elle était située à dix milles 
romains à l'ouest de Rabbath-Ammon, à quinze milles au nord d'Hésébon. On croit 
en avoir retrouvé les ruines à es-Sir, où sont des étangs qu'on peut considérer comme 
la mer de Jaser dont parle Jérémie, ,]וזש‎ 32. 

33. * Basan, pays à l'est du Jourdain, borné au nord par le mont Hermon, à l'est 
par le pays de Gessuri et de Machati, au sud par le pays de Galaad, à l'ouest par 
la vallée du Jourdain; vaste plateau, aujourd'hui inculte, mais autrefois fertile et 
couvert en partie de foréts de chénes. — Edrai, ville capitale du royaume de Basan, 
sans eau, et d'un accés trés difficile; aujourd'hui Edra. On y voit des ruines consi- 
dérables. Edra fut donné à Manassé. 

1. * Jéricho. Voir la note sur Josué, vi, 4. 

5. Le fleuve; c'est-à-dire l'Euphrate, d'après la paraphrase chaldaique et la version 
&vahe. Ajoutons que ies Hébreux appelaient en effet l'Euphrate du nom énérique 


(cu. xxm.) 
gers à Balaam, fils de Béor, de- 
vin, qui habitait sur le fleuve du 
pays des enfants d'Ammon, pour 
l'appeler et lui dire : Voilà qu'un 
peuple est sorti de l'Egypte; il a 
couvert la surface de la terre, 
campé vis-à-vis de moi. 

6. Viens donc, et maudis ce 
peuple, parce qu'il est plus fort 
que moi: si par quelque moyen 
je pourrais le battre et le chas- 
ser de ma terre : car je sais que 
sera béni celui que tu béniras. 
et maudit celui sur qui tu accu- 
muleras les malédictions. 

7. Ainsi, les vieillards de Moab 
et les anciens de Madian allèrent, 
ayant le prix de la divinalion 
dans leurs mains. Or, lorsqu'ils 
furent venus auprès de Balaam, 
et qu'ils lui eurent raconté toutes 
les paroles de Balac, 

8. Balaam répondit : Demeu- 
rez ici cette nuit, et je vous ré- 
pondrai tout ce que m'aura dit 
le Seigneur. Ceux-ci demeurant 
chez Balaam, Dieu vint et lui 
dit : 

9. Que signifient ces hommes 
chez toi? 

10. Il répondit : Balac, fils de 
Séphor, roi des Moabites, a en- 
voyé vers moi, 

11. Disant : Voilà qu'un peuple, 
qui est sorti de l'Egypte, a cou- 


18. Infra, xx1v, 13. 


LES NOMBRES. 285 


vert la surface de la terre : viens 
et maudis-le : si par quelque 
moyen je pouvais, en le combat- 
tant, le chasser. 

12. Et Dieu dit à Balaam : Ne 
và pas avec eux, et ne maudis 
pas ce peuple, parce quil est 
béni. 

13. Balaam s'étant levé le ma- 
ün, dit aux princes : Allez en 
votre terre, parce que le Sei- 
gneur m'a défendu d'aller avec 
vous. 

14. Etant retournés, les princes 
dirent à Balac: Balaam n'a pas 
voulu venir avec nous. 

15. Dalac envoya de nouveau 
des messagers beaucoup plus 
nombreux et plus nobles que 
ceux qu'il avait d'abord envoyés. 

16. Lorsqu'ils furent venus 
chez Balaam, ils dirent : Ainsi dit 
Balac, fils de Séphor : Ne tarde 
pas à venir vers moi; 

17. Je suis prêt à t'honorer, 
ettout ce que tu voudras, je te le 
donnerai; viens, et maudis ce 
peuple . 

18. Balaam répondit : Si Balac 
me donnait sa maison pleine 
d'argent et d'or, je ne pourrais 
changer la parole du Seigneur 
mon Dieu, pour dire plus ou 
moins. 

19. Je demande instamment 


de fleuve, mais en le faisant précéder de l'article déterminatif. — * Balaam était ori- 
ginaire de Pethor, ville située dans le nord de la Mésopotamie, sur les bords de 
I Euphrate, au confluent de ce fleuve et du Sagur. Au lieu de : qui habitait sur le 
fleuve du pays des enfants d'Ammon, le texte original porte : à Pethor, qui est sur la 
rivière des enfants de son peuple, c'est-à-dire du peuple de Balaam. — Les opinions 
sont partagées sur le caractère de Balaam : 4° Philon, S. Ambroise, S. Augustin le 
regardent comme un faux prophète et un païen qui ne connaissait pas la vraie reli- 
gion et que Dieu força à bénir malgré lui Israël, au lieu de le maudire; 2e Tertullien 
et S. Jérôme au contraire le cousidérent comme un vrai prophète qui pécha seule- 
inent par avarice et par ambition, 


286 


que vous demeuriez ici encore 
cette nuit, et que je puisse sa- 
voir ce que le Seigneur me ré- 
pondra de nouveau. 

90. Dieu vint donc vers Ba- 
laam pendant la nuit, et lui dit : 
Si ces hommes sont venus t'ap- 
peler, léve-toi, et và avec eux, 
en sorte seulement que tu fasses 
ce que je t'ordonnerai. 

91. Balaam se leva le matin, 
el, son ânesse préparée, il partit 
avec eux. 

92. Alors Dieu fut irrité; et 
l'ange du Seigneur se tint sur la 
voie en face de Balaam, qui était 
monté sur son ànesse, et avait 
deux serviteurs aveo lui. 

23. L'ànesse voyant l'ange qui 
se tenait sur la voie, son épée 
lirée du fourreau, se détourna 
du chemin, et elle allait à travers 
les champs. Comme Balaam la 
frappait, et voulait la ramener 
dans le sentier, 

24. lange se tint dans le défilé 
de deux murailles, dontles vignes 
étaient entourées. 

25. L’ânesse le voyant, se pressa 
contre le mur, et froissa le pied 
de celui qui la montait. Mais 
Balaam la frappait de nouveau; 

26. Et néanmoins l'ange, pas- 
sant dans un lieu plus étroit, oü 
elle ne pouvait dévier ni à droite, 
ni à gauche, s'arréta à sa ren- 
contre. | 

27. Or, lorsque lánesse vit 
lange arrété, elle tomba. sous 
les pieds de celui qui 18 montait ; 
Balaam irrité, lui frappait plus 
fort les flancs avec son bâton. 

22. II Pierre, 11, 15. 


LES NOMBRES. 


(en. xxi] 


98. Alors le Seigneur ouvrit la 
bouche de l'ànesse, et elle dit : 
Que vous ai-je fait? Pourquoi me 
frappez-vous ? Voilà déjà trois 
fois ! 

29. Balaam répondit : Parce 
que tu l'as mérité, et que tu t'es 
jouée de moi: plüt à Dieu que 
jeusse un glaive, pour te frap- 
per! 

30. L'ánesse répliqua : Ne suis- 
je pas votre animal, sur lequel 
vousavez toujours accoutumé:de 
monter jusqu'au présent jour? 
dites si je vous ai jamais fait 
quelque chose de semblable ;. or 
Balaam répondit : Jamais. 

31. Aussitôt Dieu ouvrit les 
yeux de Balaam, et il vit l'ange 
qui se tenait sur la voie, son: épée 
tirée du fourreau, et il l'adora 
incliné vers là terre. 

89. Et l'ange à Balaam : Pour- 
quoi, dit-il, as-tu frappé trois 
fois ton ànesse ? Moi, je suis venu 
pour m'opposer à toi, parce que 
ta voie est perverse, et qu'elle 
m'est contraire : 

33. Et si 180980 ne- se fût dé- 
tournée, cédant la place à celui 
qui lui résistait, je t'aurais tué, 
et elle, elle vivrait. 

34. Balaam répondit : J'ai pé- 
ché, ne sachant pas que c'était 
vous qui vous teniez là contre 
moi : mais maintenant, s'il vous 


 déplait que j'aille, je retourne- 


rai. 
35. L'ange reprit : Va avec eux, 


et prends garde de dire autre 
. chose que ce que je t'ordonnerai. 
: ἢ alla donc avec les princes. 


22. Dieu fut irrité; à cause des mauvaises dispositions avec lesquelles Balaain se 


mit en chemin. Compar. Deutér., xxiu, à, 


[cu. xxur.] 
36. Ce que Balac ayant appris, il 
sortit à sa rencontre jusqu'à une 
ville des Moabites qui est située 
aux derniers confins d'Arnon. 

37. Et il dit à Balaam : Jai 
envoyé des messagers, pour t'ap- 
peler; pourquoi n'es-tu pas venu 
aussitót vers moi? Est-ce parce 
que je ne puis pas donner une 
récompense à ton arrivée ? 

38. Balaam lui répondit : Me 
voici : est-ce que je pourrai dire 
autre chose que ce que Dieu 
mettra en ma bouche ? 

39. Is s'en allérent donc en- 
semble, et ils vinrent dans une 
ville qui étail aux derniers con- 
fins de son royaume. 

40. Or, lorsque Balac eut tué 
des bœufs et des brebis, il en- 
voya à Balaam et aux princes qui 
étaient avec lui des présents. 

41. Mais, le matin venu, il le 
conduisit sur les hauts lieux de 
Baal, et Balaam vit la partie du 
peuple qui était aux extrémités. 


CHAPITRE XXIII. 


Balaam. bénit par deux fois les Israélites 
au lieu de les maudire. 


1. Alors Balaam dit à Balac : 
Bâtis-mot ici sept autels et pré- 
pare autant de veaux, et des 
béliers en méme nombre. 


LES NOMBRES. 287 


2. Et, lorsqu'il eut fait selon la 
parole de Balaam, ils placerent 
ensemble un veau et un bélier 
sur l'autel. 

3. Et Balaam dit à Balac: Tiens- 
toi un peu aupres de ton holo- 
eauste, jusqu'à ce que j'aille voir 
si par hasard le Seigneur se pré- 
sentera à moi; et tout ce qu'il 
me commandera, je te le dirai. 

4. Et, s'en étant allé promp- 
tement, le Seigneur se présenta. 
Et Balaam lui ayant parlé : J'ai 
dressé, dit-il, sept autels, et j'ai 
placé un veau et un bélier par- 
dessus. 

9. Mais le Seigneur lui mit une 
parole dans la bouche, et dit : 
Retourne vers Balae ettu lui diras 
ces choses. 

6. Revenu, il trouva Balac se 
tenant aupres de son holocauste, 
ainsi que tous les princes des 
Moabites ; 

7. Et employant sa parabole, 
il dit : C'est d'Aram que m'a fait 
venir Balac, roi des Moabites, 
cest des montagnes d'orient : 
Viens, a-t-il dit, et maudis Jacob; 
háte-toi et déteste Israel. 

8. Comment maudirais-je celui 


| que Dieu n’a point maudit? 


Comment détesterais-je celui que 


| le Seigneur ne déteste point? 


9. Des rochers les plus élevés 


36. * Jusqu'à une ville des Moabites. Dans l'hébreu : 


Ir Moab, ville des Moabites, 


au sud de Rabbath ou Ar-Moab, à l'est de la pointe méridionale de la mer Morte. 


41. * Sur les hauts lieux de Baal; Sur Baal, voir la note sur Juges, vi, 23. On choisis- 
sait de préférence pour l'honorer les hauts. lieux ou bamôth. Les montagnes, où l'on 
trouvait l'air frais et l'ombrage, si recherché dans ce pays brülé d'Orient, attiraient 
en foule ses adorateurs. Là, on chantait, on faisait de la musique, on brülait des 
parfums, et on se livrait à toute sorte de débauches, La montagne appartenait à Baal 
etle bocage à Aschéra, la déesse du plaisir. 

4. Par-dessus chacun de ses autels. Compar. 29 et 30. 

1. Sa parabole, c'est-à-dire la parabole, ou oracle prophétique que Dieu lui ins- 
pirait; car c'est le sens qu'a ce mot dans ce chapitre et le suivant. — * Aram, la Syric 
et la Mésopotamie à l'ouest de l'Euphrate, — Des montagnes d'Orient, mème sens. 


288 


je le verrai, et des collines je le 
considérerai. Ce peuple habitera 
seul, et il ne sera pas compté 
parmi les nations. 

10. Qui pourra compter la 
poussiere de Jacob et connaitre 
le nombre de la lignée d'Israël ? 
Meure mon âme de la mort des 
justes, et que ma fin soit sem- 
blable à la leur. 

41. Alors Balae dit à Balaam : 
Qu'est-ce que tu fais? C'est pour 
maudire mes ennemis que je t'ai 
appelé, et au contraire tu les 
bénis. 

12. Balaam lui répondit Est-ce 
que je puis dire autre chose que 
ce qu'a commandé le Seigneur ? 

13. Balac reprit donc : Viens 
avec moi dans un autre lieu, d'oü 
tu verras une partie d'Israël, et 
tu ne pourras le voir tout entier; 
de là maudis-le. 

14. Et lorsqu'il l'eut conduit 
daus un lieu tres élevé, sur le 
sommet de la montagne de Phas- 
ga, Balaam bâtit sept autels, et, 
un veau et un bélier placés par- 
dessus chacun d'eux, 

13. li dit à Balac : Tiens-toi 
ici aupres de ton holocauste, 
jusqu'à ce que j'aille à la ren- 
contre du Seigneur. 

16. Or, lorsque le Seigneur se 
fut présenté à lui, et qu'il lui eut 
mis une parole dans la bouche, 
il dit : Retourne vers 28180, et tu 
jui diras ces choses. 

11. Revenu, il le trouva se te- 
naut aupres de son holocauste, 


Cuar. XXIII. 22. Infra, xxiv, 8. 


LES NOMBRES. 


] ΧΧΠΙ.] 


ainsi que les princes des Moabites 
avec lui. Balac lui demanda : 
Qu'a dit le Seigneur ? 

18. Or, Balaam employant sa 
parabole, dit : Lève-toi, Balac, et 
préte l'oreille; écoute, fils de Sé- 
phor : 

19. Dieu n'est pas comme un 
homme, pour quil mente, ou 
comme le fils d'un homme, pour 
qu'il change. Ainsi, il a dit, et il 
ne fera pas ? il a parlé, et il n'ac- 
complira pas ? 

90. J'ai été amené pour bénir, 
et je ne puis détourner la béné- 
diction. 

91. Il n'y a point didole en 
Jacob, et on ne voit point de si- 
mulacre en Israél. Le Seigneur 
son Dieu est avec lui, et le chant 
de la victoire du roi en lui. 

22. Dieu l'a retiré de l'Egypte ; 
sa force est semblable à celle 
d'un rhinocéros. 

93. Il n'y a point d'augure en 
Jacob, ni de divination en Israél. 
On dira en son temps à Jacob et 
à Israel ce que Dieu ἃ fait. 

24. Voilà qu'un peuple se lèvera 
comme une lionne, et il se dres- 
sera comme un lion : il ne se re- 
posera pas jusqu'à ce qu'il dévore 
une proie, et qu'il boive le sang 
de ceux qu'il aura tués. 

25. Alors Balac dit à Balaam : Ne 
le maudis, ni ne le bénis. 

96. Et celui-ci répondit : Ne t'ai- 
je pas dit que tout ce que Dieu 
commanderait, je Le ferais ? 

97. Alors Balac lui dit : Viens, 


10. Nous avons déjà remarqué plus d’une fois que les Hébreux employaient tris 
souvent le mot dme pour signifier personne, individu. 


14. * Phasga. Noir plus haut, xxi, 20. 


22, * Rhinocéros. Le texte original porte : buffle sauvage. 


[cu. xxiv.] 
et je te conduirai dans un autre 
lieu, pour voir si par hasard il 
plairait à Dieu que tu les maudis- 
ses de là. 

28. Et, lorsqu'il 26005 
surle sommet dela montagne de 
Phogor, qui regarde le désert, 

29. Balaam lui dit : Bátis-moi 
ici sept autels, et prépare autant 
de veaux, et des béliers en mé- 
me nombre. 

30. Balac fit comme Balaam 
avait dit : il placa un veau et un 
bélier sur chaque autel. 


CHAPITRE XXIV. 


Balaam bénit les Israélites pour la 
troisième fois; ses prophéties. 


1. Or lorsque Balaam eut vu 
qu'il plaisait au Seigneur qu'il bé- 
nit Israél, il n'alla nullement com- 
me il était allé auparavant, pour 
chercher un augure ; mais tour- 
nant son visage vers le désert, 

2. Et levant les yeux, il vit Is- 
raél dans les tentes, campé selon 
ses tribus : et. l'esprit de Dieu 
s'emparant de lui, 

3. Et lui, employant sa para- 
bole, s'écria : Il a dit, Balaam, fils 
de Béor; il a dit, l'homme dont 
10011 fut fermé ; 

4. Il a dit, celui qui entend les 
paroles de Dieu, qui a contemplé 
la vision du Tout-Puissant, qui 
tombe, et ainsi ses yeux sont ou- 
verts : 

9. Que tes tabernacles sont 


LES NOMBRES. 289 


beaux, ὃ Jacob! et tes tentes, ὃ 
Israël ! 

6. Elles sont comme des vallées 
bien boisées, comme des jardins 
arrosés d'eaux le long des fleu- 
ves, comme des tabernacles qu'a 
dressés le Seigneur, comme des 
cedres pres des eaux. 

7. L'eau coulera de son sceau, 
et sa postérité se répandra com- 
me des eaux abondantes. Son roi 
serarejeté, à cause d'Agag, et son 
royaume lui sera enlevé. 

8. Dieu l’a retiré de l'Egypte, lui 
dont la force est semblable à celle 
du rhinocéros. Ils dévoreront les 
peuples leurs ennemis, ils brise- 
ront leurs os, et ils les perceront 
de fleches. 

9. Se couchant, il a dormi com- 
me un lion, etcomme une lionne 
que nul n'osera éveiller. Celui qui 
te bénira, sera aussi lui-méme bé- 
ni : celui qui te maudira sera com- 
pris dans la malédiction. 

10. Or, Balac irrité contre Ba- 
laam, et frappant des mains, dit : 
C'est pour maudire mes ennemis 
que je t'ai appelé, et au contraire 
tu les a bénis trois fois. 

11. Retourne en ton lieu. J'a- 
vais résolu de t'honorer magnifi- 
quement; mais le Seigneur t'a 
privé de l'honneur préparé. 

12. Balaam répondit à Balac : 
N'ai-je pas dit à tes messagers 
que tu m'as envoyés : 

13. Si Balac me donnait sa mai- 
son pleine d'argent et d'or, je ne 


Car. XXIV. 8. Supra, xxr, 22, — 13. Supra, xxr, 18. 


28. * Sur le sommet de la montagne de Phogor, au nord de Phasga, dans la chaiue 


de l'Abarim, vis-à-vis d'Hésébon. 


1. * Vers le désert, vers les plaines de Moab, où était le camp des Israélites. 
4. Et ainsi; c'est-à-dire et en tombant, Compar. 16. 


8. * Rhinocéros. Voir xxur, 22, 


A. T. 


19 


290 


pourrais aller au-delà de la paro- 
le du Seigneur mon Dieu, pour 
produire de mon propre esprit 
quelque chose de bien ou de mal; 
mais tout ce que le Seigneur 
dira, je le dirai? 

14. Cependant, allant vers mon 
peuple, je donnerai un conseil 
sur ce que ton peuple doit faire 
à celui-ci dans le dernier temps. 

15. Employant donc sa parabo- 
le, il dit encore : 11 a dit, Balaam, 
fils de Béor; il a dit, l'homme 
dont l'eeil fut fermé; 

16. Il a dit, celui qui entend les 
paroles de Dieu, qui connait la 
doctrine du Tres-Haut, et voit les 
visions du Tout-Puissant, qui, 
tombant, a les yeux ouverts. 

47. Je le verrai, mais non main- 
tenant; je le contemplerai, mais 
non de pres. Ir SE LÈVERA UNE ÉTOI- 
LE de Jacob ; et il s’élèvera une 
vierge d'Israël; et elle frappera 
les chefs de Moab et ruinera tous 
les enfants de Seth. 

18. De plus, l'Idumée sera sa 
possession ; l'héritage de Séir pas- 
sera à ses ennemis, et Israel agira 
vaillamment, 


11. Matth., 11, 2. — 24. Dan, xi, 30. 


LES NOMBRES. 


[cu. xxiv.j 

19. De Jacob sortira celui qui 
doit dominer, et perdre les restes 
de la cité. 

90. Et lorsqu'il eut vu Amalec, 
employant sa parabole, il dit : 
Amalec est le commencement 
des nations; ses derniers mo- 
ments seront frappés par la des- 
truction. 

91. ] vit aussi le Cinéen ; et 
employantsa parabole, il dit : Ton 
habitation, à la vérité, est solide; 
mais si c'est sur la pierre que tu 
as posé ton nid, 

92. Et si tu as été choisi de la 
race de Cin, combien de temps 
pourras-tu durer? Car Assur te 
prendra. 

23. Et employant sa parabole, 
il dit encore : Hélas! qui vivra, 
qnand Dieu fera ces choses? 

24. Ils viendront d'Italie dans 
des triremes ; ils vaincront les 
Assyriens; ils ruineront les Hé- 
breux, et à la fin, eux-mêmes 
aussi périront. 

25. Apres cela Balaam se leva, 
et retourna en son lieu; Balac 
aussi s'en retourna par la même 
voie qu'il était venu. 


17. Les Pères, et les interprètes chrétiens, et méme les anciens Juifs conviennent 
que cette prophétie regarde la venue du Messie. — * Tous les enfants de Seth, c'est- 
à-dire les enfants du tumulte, périphrase poétique pour désigner les belliqueux 


Moabites. 


19. De la cité, ou d'une cilé..La paraphrase chaldaique de Jérusalem, et plusieurs 
interprètes chrétiens supposent que c'est Rome, où le paganisme a été détruit par 


le dominateur de Jacob. 


20. * Amalec, tribu nomade de la péninsule sinaitique, entre le mont Sinai et 11- 


dumée, au sud de la Palestine. 
21. * Le Cinéen. Voir Genése, xv, 19. 


22. * Assur, l'Assyrie, royaume qui avait pour capitale Ninive sur le Tigre. 
24. * D'Italie. En hébreu Kittim, qui désigne proprement l'ile de Cypre et par ex- 


tension les pays à l'ouest de Cypre. 


₪ xxv.) 


CHAPITRE XXV. 


Crime des Israélites avec les filles des 
Moabites. Zéle de Phinéés. Dieu lui 
promet le sacerdoce. 


1. Or, en ce temps-là Israël de- 
meurait à Settim, et le peuple 
forniqua avec les filles de Moab, 
1 2. Qui les appelèrent à leurs 
sacrifices ; et eux en mangerent 
et ils adorèrent leurs dieux, 

3. Et Israël fut initié au culte 
de Béelphégor; et le Seigneur 
irrité, 

4. Dit à Moise : Prends tous les 
princes du peuple, et suspends- 
les à des potences à la face du 
soleil, afin que ma fureur se dé- 
tourne d'Israël. 

5. Moïse dit donc aux juges 
d'Israël : Que chacun tue ses 
proches, qui ont été initiés au 
culte de Béelphégor. 

6. Et voilà qu'un des enfants 
d'Israël entra devant ses frères 
chez une prostituée madianite, 
Moïse le voyant, ainsi que toute 
la multitude des enfants d'Israël, 
qui pleuraient devant la porte du 
tabernacle. 

7. Ce qu'ayant vu Phinéès, fils 
d'Eléazar, fils d'Aaron, le prêtre, 
il se leva du milieu de la multi- 
tude, et, un poignard pris, 

8. Il entra aprés l'Israélite, 
dans la tente de prostitution, 


LES NOMBRES. 291 


et les perca tous deux, c'est-à- 
dire l'homme et la femme dans 
les parties secrètes : et la plaie 
fut détournée des enfants d'Is- 
raél; 

9. Or, vingt-quatre mille hom- 
mes furent tués. 

10. Et le Seigneur dit à Moise : 

11. Phinées, fils d'Eléazar, fils 
d'Aaron,le prétre, a détourné ma 
colere des enfants d'Israél, parce 
quil a été animé de mon zèle 
contre eux, afin que moi-méme 
je ne détruisisse point les enfants 
d'Israël dans mon zèle. 

12. C'est pourquoi dis-lui 
Voici que je lui donne la paix de 
mon alliance; 

13. Et ce sera tant pour lui que 
pour sa postérité un pacte per- 
pétuel de sacerdoce, parce qu'il a 
été zélé pour son Dieu, et qu'il 
a expié le crime des enfants d'Is- 
rael. 

14. Or le nom de l'homme is- 
raélite, qui fut tué avec la Madia- 
nite, était Zambri, fils de Salu, 
chef de la parenté et de la tribu 
de Siméon. 

15. Et la femme madianite qui 
pareillement fut tuée, s'appelait 
Cozbi, fille de Sur, prince très 
noble des Madianites. 

16. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

17. Que les Madianites sentent 


Cnar. XXV. 3. Jos., xxi, 17; Ps. cv, 28. — 4. Deut., 1v, 3. — 5. Exode, xxxir, 21. 
— 1. Ps. cv, 30; 1 Mach., iz, 26; I Cor., x, 8. — 12. Eccli., xv, 30; I Mach., ir, 54. — 


17. Infra; xxxi, 2: 


1. * Seltim, à l'est du Jourdain, vis-à-vis de Galgala et de Jéricho placées de l'autre 


cóté du fleuve. 


3. * Béelphégor, nom d'un Baal particulier. Voir la note sur Juges, vi, 25. 

4. À la face du soleil. Selon la loi, les cadavres ne devaient demeurer à la potence 
que jusqu'au coucher du soleil. Voy. Deutér., xxt, 23; Jos., vur, 99; x, 21. 

9. Au lieu de vingt-quatre mille, saint Paul, faisant allusion à cet événement, ne 
compte que vingt-trois mille morts; mais l'apótre parle sans doute des Israélites 
qui périrent par la peste, et nullement de ceux que les juges firent mourir. 


202 
que vous étes leurs ennemis, et 
frappez-les, 

18. Parce qu'eux-mémes aussi 
vous ont traités hostilement, et 
vous ont trompés insidieusement 
parl'idole de Phogor, et par Cozbi, 
fille du chef de Madian, leur sceur, 
qui fut frappée au jour de la plaie, 
à cause du sacrilège de Phogor. 


CHAPITRE XXVI. 


Troisième dénombrement des enfants 
d'Israél. 


1. Apres que le sang des cou- 
pables eut été répandu, le Sei- 
gneur dit à Moise et à Eléazar, 
le prétre, fils d'Aaron: 

9. Faites le dénombrement 
complet des enfants d'Israél de- 
puis vingt ans et au-dessus, selon 
leurs maisons et leur parenté, de 
tous ceux qui peuvent aller aux 
combats. 

3. C'est pourquoi Moise et Eléa- 
zar,le prétre, parlerent, dans les 
plaines de Moab, sur le Jourdain, 
contre Jéricho, à ceux qui avaient 

4. Vingt ans et au-dessus, 
comme le Seigneur avait com- 
mandé, et dont voici le nombre: 

5. Ruben, premier-né d'Israël ; 
son fils Hénoch, de qui vient la 
famille des Hénochites; Phallu, 
de qui vient 18 famille des Phal- 
luites ; 

6. Hesron, de qui vient la fa- 
mille des Hesronites; et Charmi, 
de qui vient la famille des Char- 
mites. 

7. Telles sont les familles de 


LES NOMBRES. 


[cu. xxvr.] 


la race de Ruben, dont le 
nombre trouvé fut de quarante- 
trois mille et sept cent trente. 

8. Le fils de Phallu, fut Eliab; 

9. Les fils de celui-ci, Namuel, 
Dathan et Abiron. Ce sont Dathan 
et Abiron, les princes du peuple, 
qui s'éleverent contre Moise et 
Aaron, dans la sédition de Coré, 
quand ils se révoltèrent contre le 
Seigneur, 

10. Et que la terre, ouvrant 
sa bouche, dévora Coré, un grand 
nombre, étant morts; quand le 
feu brüla deux cent cinquante 
hommes. Alors il se fit un grand 
miracle, 

11. Tel que, Coré périssant, ses 
fils ne périrent pas. 

12. Les fils de Siméon selon 
leurs familles : Namuel; de lui 
vient la famille des Namuélites : 
Jamin ; de lui vient la famille des 
Jaminites : Jachin; de lui vient 
la famille des Jachinites : 

13. Zaré ; de lui vient 18 famille 
des Zaréites : Saül; de lui vient 
la famille des Saülites. 

14. Ge sont là les familles de la 
race de Siméon, dont le nombre 
total fut de vingt-deux mille deux 
cents. 

15. Les fils de Gad, selon leur 
parenté : Séphon; de lui vient la 
famille des Séphonites : Agg!; 
de lui vient la famille des Aggites : 
Suni ; de lui vient la famille des 
Sunites : 

16. Ozni; de lui vient la fa- 
mille des Oznites : Her; de lui 
vient la famille des Hérites : 


Car. XXVI. 2. Supra, 1, 2, 3. — 5. Gen., xLvi, 9; Exode, vi, 14; I Par., v, 3. —9. Supra, 


XVI, À, 2. 


oo 


18. * Phogor, pour Béelphégor. Voir plus haut, v, 3. 
3. * Contre Jéricho. Voir la note sur Josué, vi, 1. 


[cu. xxvr.] 


17. Arod; de lui vient la famille 
des Arodites : Ariel; de lui vient 
la famille des Ariélites : 

48. Telles sont les familles de 
Gad, dont le nombre total fut de 
quarante mille cinq cents. 

49. Les fils de Juda : Her et 
Onan, qui tous deux moururent 
dans la terre de Chanaan. 

90. Or, les fils de Juda furent, 
selon leur parenté : Séla, de qui 
vient la famille des Sélaites : 
Phares, de qui vient la famille des 
Pharésites : Zaré, de qui vient la 
famille des Zaréites. 

91. Mais les fils de Phares : Hes- 
ron, de qui vient la famille des 
Hesronites; et Hamul, de qui 
vient la famille des Hamulites. 

92, Telles sont les familles de 
Juda, dont le nombre total fut de 
soixante-seize mille cinq cents. 

93. Les fils d'Issachar, selon 
leur parenté : Tola, de qui vient 
la famille des Tolaites : Phua, de 
qui vient la famille des Phuaites : 

24. Jasub, de qui vient la fa- 
mille des Jasubites : Semran, de 
qui vient la famille des Semra- 
nites. 

25. Telle est la parenté d's- 
sachar, dont le nombre total fut 
de soixante-quatre mille trois 
cents. 

26. Les fils de Zabulon, selon 
leur parenté : Sared, de qui vient 
la famille des Sarédites : Elon, de 
qui vient la famille des Elonites : 
18161, de qui vient la famille des 
Jalélites. 

97. Telle est la parenté de Za- 
bulon, dont le nombre fut de 
soixante mille cinq cents. : 

98.1,68 fils de Joseph, selon 


LES NOMBRES. 


293 


leur parenté Manassé οἱ 
Ephraim. 

29. De Manassé naquit Machir, 
de qui vient la famille des Ma- 
chirites. Machir engendra Galaad, 
de qui vient la famille des Galaa- 
dites. 

90. Galaad eut des fils : Jézer, 
de qui vient la famille des Jézé- 
rites : 116166, de qui vient la famil- 
le des Hélécites : 

91. Asriel, de qui vient la famil- 
le des Asriélites : Séchem, de qui 
vient la famille des Séchémites : 

32. Sémida, de qui vient la 
famille desSémidaites; et Hépher, 
de qui vient la famille des Héphé- 
rites. 

33. Or Hépher fut père de 
Salphaad qui n'eut point de fils, 
mais seulement des filles, dont 
les noms sont: Maala, Noa, Hégla, 
Melcha et Thersa. 

34. Ge sont là les familles de 
Manassé, et leur nombre fut de 
cinquante-deux mille sept cents. 

39. Mais les enfants d'Ephraim, 
selon leur parenté, furent ceux- 
ci : Suthala, de qui vient la famil- 
le des Suthalaites : Bécher, de 
qui vient la famille des Béchéri- 
tes : Théhen, de qui vient la fa- 
mille des Théhénites. 

36. Or, le fils de Suthala fut Hé- 
ran, de qui vient la famille des 
Héranites. 

31. Telle est la parenté des file 
d'Ephraim, dontle nombre fut de 
trente-deux mille cinq cents. 

38. Ge sontlà les fils de Joseph, 
selon leurs familles. Les fils de 
Benjamin, selon leur parenté : 
Béla, de qui vient la famille des 
Bélaites : Asbel, de qui vient la 


19, Gen., xxxviu, 3, 4, — 99. Jos., נטא‎ 4. — 39. Infra, נצאא‎ 4. — 33. Ibid. 


294 


familles des Asbélites : Ahiram, 
de qui vient la famille des Ahira- 
mites. 

39. Supham, de qui vient la fa- 
mille des Suphamites : Hupham, 
jde qui vient la famille des Hupha- 
mites. 

40. Les fils de Béla : Héred et 
Noéman. De Héred vient la famil- 
le des Hérédites; de Noéman, la 
famille des Noémanites. 

44. Ce sont là les fils de Benja- 
min, selon leur parenté, dont le 
nombre fut de quarante-cinq mil- 
le six cents. 

49. Les fils de Dan, selon leur 
parenté : Suham, de qui vient la 
famille des Suhamites. Telle est la 
parenté de Dan, selonsesfamilles. 

49.. Tous furent Suhamites, 
dont 16 nombre était de soixante- 
quatre mille quatre cents. 

44. Les fils d'Aser, selon leur 
parenté : Jemna, de qui vient la 
famille des Jemnaites : Jessui de 
qui vient la famille des Jessuites : 
Brié, de qui vient la famille des 
Briéites. 

45. Les fils de Brié : Héber, de 
qui vient la famille des Hébérites. 
et Melchiel, de qui vient la famil- 
le des Melchiélites. 

46. Mais le nom de la fille d'Aser 
fut Sara. 

41. Telle est la parenté des fils 
d'Aser, et leur nombre fut de cin- 
quante-trois mille quatre cents. 

48. Les fils de Nephthali, selon 
leur parenté : Jésiel, de qui vient 

57. Exode, vi, 16. 


LES NOMBRES. 


[c xxvi. 


la famille des Jésiélites : Guni, de 
qui vient la famille des Gunites. 

49. Jéser, de qui vient la famil- 
le des Jésérites : Sellem, de qui 
vient la famille des Sellémites. 

50. Telle est la parenté des fils 
de Nephthali, selon leurs familles, 
et dont le nombre fut de quaran- 
te-cinq mille quatre cents. 

91. C'est là le nombre des en- 
fants d'Israél qui furent recensés : 
six cent et un mille sept cent 
trente. 

52. Le Seigneur parla ensuite 
à Moise, disant : 

53. La terre leur sera partagée 
selon le nombre des noms, pour 
étre leurs possessions. 

54. Au plus grand nombre tu 
donneras la plus grande partie, 
et au plus petit nombre, la moin- 
dre ; à chacun sera remise sa pos- 
session, selon quil vient d'étre 
recensé ; 

55. De manière seulement que 
ce soit le sort qui partage la terre 
aux tribus et aux familles. 

56. Tout ce qui sera échu par 
le sort, c’est ce que recevra ou le 
plus grand nombre ou le plus pe- 
tit nombre. 

57. Voici aussi le nombre des 
fils de Lévi, selon leurs familles : 
Gerson, de qui vient la famille des 
Gersonites : Caath, de qui vient la 
famille des Caathites : Mérari, de 
qui vient la famille des Mérarites. 

58. Voici les familles de Lévi: la 
famille de Lobni, la famille d'Hé- 


39. Les cinq autres fils de Benjamin dont il est parlé dans la Genèse, ,זא‎ 


étaient apparemment morts sans postérité. 


42. Au lieu de Suham, on lit dans la Genése, xLvi, 23, Husim. Voy. notre note sur 


ce mot. 


54-56. * Ces prescriptions furent observées seulement en partie, parce que quelques 
iribus conquirent pour leur propre compte une partie dela Terre Promise. 


[cH. xxvir.] 
broni, 18 famille de Moholi,la fa- 
mille de Musi, la famille de Coré. 
Mais Caath engendra Amram, 

59. Qui eut pour femme Jocha- 
bed, fille de Lévi, laquelle naquit 
en Egypte; c'est elle qui engen- 
dra à Amram, son mari, ses fils, 
Aaron et Moise, et Marie leur 
sœur. 

60. D'Aaron naquirent : Nadab, 
Abiu, Eléazar, et Ithamar ; 

61. Dont Nadab et Abiu mouru- 
rent, lorsqu'ils eurent offert un 
feu étranger devant le Seigneur. 

62. Ainsi tous ceux qui furent 
dénombrés, s'éleverent à vingt- 
trois mille du sexe masculin, de- 
puis un mois et au-dessus, parce 
qu'ils ne furent pas recensés par- 
miles enfants d'Israël, et qu'il 
ne leur fut pas donné de posses- 
sion avec les autres. 

63. C'estlàlenombre des enfants 
d'Israél, qui furent enregistrés 
par Moise et Eléazar, le prétre, 
dans les plaines de Moab, sur le 
Jourdain, contre Jéricho; 

64. Parmi lesquels il ne s'en 
trouva aucun de ceux qui avaient 
été dénombrés auparavant par 
Moïse et Aaron dans le désert de 
Sinai. 

65. Car le Seigneur avait prédit 
que tous mourraient dans le dé- 
sert. Ainsi, il ne resta pas un 
seul d'eux, si ce n'est Caleb, fils 
de Jéphoné, et Josué, fils de Nun. 


CHAPITRE XXVII. 


Loi touchant les héritages. Moise consi- 
dére la terre de Chanaan. Josué est 
nommé pour lui succéder. 


1. Or, vinrent les filles de Sal- 
phaad, fils d'Hépher, fils de Ga- 


LES NOMBRES. 


295 


laad, fils de Machir, fils de Ma- 
nassé, qui fut fils de Joseph, dont 
les noms sont Maala, Noa, Hégla, 
Melcha et Thersa, 

2. Et elles se présenterent de- 
vant Moise et Eléazar, le prétre, 
ettous les princes du peuple, à 
l'entrée du tabernacle d'alliance, 
et dirent : 

3. Notre père est mort dans 
le désert, etil n'a pas été dans la 
sédition qui fut excitée contre le 
Seigneur sous Coré, mais il est 
mort dans son péché : lui n'a pas 
eu d'enfants máles. Pourquoi son 
nom est-il 616 de sa famille, parce 
qu'il n'a pas eu de fils? Donnez- 
nous une possession parmi les 
parents de notre père. 

4. Et Moise portaleur cause au 
jugement du Seigneur, 

5. Qui lui dit : 

6. C'est une chose juste que 
demandent les filles de Salphaad : 
donne-leur une possession parmi 
lesparents deleurpéere, et qu'elles 
lui succèdent dans l'héritage; 

7. Mais aux enfants d'Israël, tu 
diras ces choses : 

8. Lorsqu'un homme mourra 
sans fils, l'héritage passera à sa 
fille : 

9. S'il n'a point de fille, il aura 
pour successeurs ses freres; 

10. Que s'il n'a pas méme de 
frères, vous donnerez l'héritage 
aux freres de son père; 

11. Mais s'il n'a pas non plus 
d'oncles paternels, l'héritage sera 
donné à ceux qui lui sont plus 
proches ; et ce sera pour les en- 
fants d'Israél une chose sainte 
par une loi perpétuelle, comme a 
ordonné le Seigneur à Moise. 


61. Lev., x, 1; Supra, ur, 4; I Par., xxiv, 2. — 64, I Cor., x, 5. — 65. Supra, xiv, 23, 24. 
— CBaP. XXVII. 1. Supra, xxvi, 32, 33; Infra, xxxvi, 1; Jos., xvii, 1. — 3. Supra, xvi, 4. 


29€ LES NOMBRES. 


19. Le Seigneur dit aussi à 
Moise : Monte sur cette montagne 
d'Abarim, et contemple de là la 
terre, que je dois donner aux 
enfants d'Israël; 

13. Et lorsque tu l'auras vue, 
tu iras, toi aussi, vers ton peu- 
ple, comme y est allé ton frère 
Aaron ; 

14. Parce que vous m'avez of- 
fensé dans le désert de Sin, à la 
contradiction de la multitude, et 
vous n'avez pas voulu me sancti- 
fier devant elle, prés des eaux; 
ce sont les eaux de contradiction 
à Cades du désert de Sin. 

15. Moise lui répondit : 

16. Que le Seigneur Dieu des 
esprits de toute chair choisisse 
un homme qui soit au-dessus de 
celte multitude, 

47. Et qui puisse sortir et en- 
trer devant eux, les faire sortir 
ou les faire entrer; afin que le 
peuple du Seigneur ne soit pas 
comme le troupeau sans pas- 
leur. 

48. Or, le Seigneur lui dit : 
PrendsJosué, fils de Nun, homme 
dans lequel est 720» Esprit, et 
pose ta main sur lui. 

19. ll se tiendra devant Eléa- 
zar, le prétre, et toute la mulü- 
tude; 

90. Et tu lui donneras des pré- 
ceptes à la vue de tous, et une 
partie de ta gloire, afin que toute 


[cu. ΧΧΥΠΙ.ἢ 


lassemblée des enfants d'Israél 
l'écoute. 

91. S'il faut entreprendre 
quelque chose, Eléazar, le prétre, 
consultera le Seigneur pour lui. 
A sa parole, Josué sortira et en- 
trera, et tous les enfants d'Israël 
avec lui, et le reste de la multi- 
tude. 

22. Moïse fit comme avait or- 
donné le Seigneur. Ainsi, lors- 
qu'il eut pris Josué, il le présenta 
devant 13168281, 16 prêtre, et toute 
la foule du peuple. 

23. Et, les mains imposées sur 
sa 1610, il déclara tout ce qu'a- 
vait commandé le Seigneur. 


CHAPITRE XXVIII. 


Lois touchant les sacrifices pour chaque 
jour, et pour les jours de féte. 


4. Le Seigneur dit aussi à 
Moise : 

2. Ordonne aux enfants d'Is- 
rael, et tu leur diras : Offrez en 
leurs temps mon oblation, les 
pains et le sacrifice consumé par 
le feu d'une odeur très suave. 

3. Voici les sacrifices que vous 
devez offrir: deux agneaux d'un 
an, sans tache, tous les jours, en 
holocauste perpétuel; 

4. Vous en offrirez un le ma- 
tin, et l'autre vers le soir : 

5. La dixieme partie d'un éphi 
de fleur de farine, qui soit arro- 


12. Deut., xxxii, 49. — 14. Supra, xx, 12; Deut., xxxi, 91. — 18, Deut., 111, 21. — 


Car. XXVIII. 3. Exode, xxix, 38. 


12. * Abarim, dans le pays de Moab, à l'est de la mer Morte. 

14. Me sanclifier. Voy. plus haut, xx, 19. — * À Cadès. Voir plus haut, xx, 1. 

16. Des esprits de toute chair. Voy. xvi, 22. 

417. Entrer et. sorlir devant eux; comme font les pasteurs qui conduisent leurs 
troupeaux; c'est-à-dire les gouverner, les diriger, les conduire. 

21. Par entrer et le sortir les Hébreux comprenaient toutes les actions, l'ensemble 


de la vie et de la conduite. 


[cu. xxvii.) 


sée d'huile trés pure, et de la 
quatrieme partie du hin. 

6. C'est l'holocauste perpétuel 
que vous avez offert sur 18 mon- 
tagne de Sinai, en odeur tres 
suave d'un sacrifice au Seigneur, 
consumé par le feu. 

7. Et vous répandrez en liba- 
tions la quatrieme partie d'un 
hin de vin pour chaque agneau, 
dans le sanctuaire du Seigneur. 

8. Et l'autre agneau, vous l’of- 
frirez de méme vers le soir, se- 
lon toutle rite du sacrifice du 
matin, et de ses libations : obla- 
lion d'une trés suave odeur pour 
le Seigneur. 

9. Mais au jour du sabbat, vous 
offrirez deux agneaux d'un an, 
sans tache, et deux décimes de 
fleur de farine, arrosée d'huile, 
pour le sacrifice, et les libations, 

10. Qui, selon les rites, sont 
répandues à chaque sabbat en 
holocauste perpétuel. 

11. Mais aux calendes, vous 
offrirez un holocauste au Sei- 
gneur : deux veaux pris d'un 
troupeau, un bélier, septagneaux 
d'un an, sans tache, 

19. Et irois décimes de fleur 
de farine, arrosée d'huile, pour 
le sacrifice de chaque veau, et 
deux décimes de fleur de farine, 
arrosée d'huile, pour chaque bé- 
lier; 

13. Et la décime d'une décime 
de fleur de farine avec de l'huile, 
pour le 


LES NOMBRES. 


sacrifice de chaque 


297 


agneau : holocauste d'une très 
suave odeur et d'un sacrifice au 
Seigneur consumé par le feu. 

14. Quant aux libations de vin 
qui doivent étre répandues pour 
chaque victime, les voici : la moi- 
üé du hin pour chaque veau, la 
troisième partie pour le bélier, 
la quatrième pour l'agneau : ce 
sera là un holocauste pour tous 
les mois quise succèdent dans le 
cours de l’année. 

15. Un bouc aussi sera offert 
au Seigneur pour les péchés en 
holocauste perpétuel avec ses li- 
bations. 

16. Mais au premier mois, au 
quatorzieme jour du mois, sera 
la Páque du Seigneur, 

17. Et au quinzième jour, la 
solennité : pendant sept jours on 
mangera des azymes. 

18. Le premier de ces jours 
sera vénérable et saint : vous ne 
ferez aucune œuvre servile en ce 
jour, 

19. Et vous offrirez un sacri- 
fice holocauste au Seigneur: deux 
veaux pris d'un troupeau, un bé- 
lier, sept agneaux d'un an, sans 
tache; 

20. Et les offrandes pour cha- 
cun, de fleur de farine qui soit 
arrosée d'huile, trois décimes 
pour chaque veau et deux dé- 
cimes pour le bélier; 

21. Et la décime d'une décime 
pour chaque agneau, c'est-à-dire, 


pour sept agneaux. 


9. Matt., xir, 9. — 16. Exode, xri, 18; Lévit., xxxi, 5. 
——————————————— áÁ—BÓ— M —— M —— s. 


11. * Auz calendes, à la nouvelle lune qui marque le commencement du mois chez 


les Hébreux. 


18. La décime était la dixième partie de l'épha ou éphi, qui était lui-même 18 
dixième partie du Aómer ou cór; or l'éphi valait environ vingt-neuf pintes et demie 


de Paris. 


21. Pour sept agneaux ; c'est-à-dire pour chacun des sept agneaux. 


298 


99. Et un bouc pour le péché 
afin qu'il serve d'expiation pour 
VOUS ; 

93. Outre l'holocauste du ma- 
lin, que vous offrirez toujours. 

24. C'est ainsi que vous ferez à 
chaque jour des sept jours pour 
lentretien du feu, et en odeur 
trés suave pour le Seigneur, la- 
quelle s'élévera de l’holocauste 
οἱ des libations de chaque vic- 
time. 

25. Le septième jour sera aussi 
trés solennel et saint pour vous : 
vous ne ferez aucune œuvre ser- 
vile en ce jour. 

26. De méme, le jour des pré- 
mices, quand vous offrirez les 
nouveaux grains au Seigneur, les 
semaines étant accomplies, sera 
vénérable et saint : vous ne ferez 
aucune œuvre servile en ce jour. 

97. Et vous offrirez un holo- 
causte en odeur trés suave pour 
le Seigneur : deux veaux pris 
d'un troupeau, un bélier, et sept 
agneaux d'un an, sans tache ; 

28. Et pour les oblations qui 
les accompagnent, trois décimes 
de fleur de farine, arrosée d'hui- 
le, pour chaque veau, deux pour 
les béliers, 

29. La décime d'une décime, 
pour les agneaux, qui font en- 
semble sept agneaux ; et un bouc, 

30. Qui est immolé pour l'ex- 
piation, outre l'holocauste per- 
pétuel et ses libations. 


Car. XXIX. 7. Lévit., xvi, 29; xxii, 21. 


-— LES NOMBRES. 


[cH. xxix.] 


91. Vous offrirez sans tache 
toutes ces victimes avec leurs 
libations. 


CHAPITRE XXIX. 


Sacrifice pour la féte des Trompettes, 
pour celle de l'Expiation, et pour celle 
des Tabernacles. 


1. Le premier jour du septième, 
mois sera aussi vénérable et saint | 


pour vous : vous ne ferez aucune 
œuvre servile en ce jour, parce 
que c'est le jour du son éclatant 
et des trompettes. 

9. Or, vous offrirez un holo- 
causte, en odeur trés suave pour 
le Seigneur : un veau pris d'un 
troupeau, un bélier, et sept 
agneaux d'un an, sans tache : 

3. Et pour les oblations qui les 
accompagnent, trois décimes de 
fleur de farine, arrosée d'huile, 
pour chaque veau, deux décimes 
pour le bélier, 

4. Une décime pour chacun des 
agneaux, qui font ensemble sept 
agneaux ; 

9. Et un bouc pour le péché, 
qui est offert pour l'expiation du 
peuple, 

6. Outre l'holocauste des ca- 
lendes avec ses oblations, et 
l'holocauste perpétuel avec les 
libations ordinaires; avec les 
mémes cérémonies, vous offri- 
rez, comme une odeur tres suave, 
un holocauste au Seigneur. 

7. Le dixième jour de ce septiè- 


26. Les semaines, etc. Voy. Lévit., xxi, 15. 
27. Cet holocauste est indépendant de celui dont parle Moïse dans le Lévitique 
(xxi, 18), et qui appartenait au sacrifice quotidien. 


1. Du son éclatant et des trompettes ; c'est-à-dire du son éclatant des trompettes ; 
figure grammaticale dont la Bible fournit un certain nombre d'exemples. — * Cette 
féte du premier jour du septième mois s'appela la fête des trompettes. 


[cg. xxix.) 


me mois sera aussi pour vous 
saint et vénérable, et vous affli- 
gerez vos âmes : vous ne ferez 
aucune œuvre servile en ce jour. 

8. Et vous offrirez un holocauste 
au Seigneur, en odeur très 
suave : un veau pris d'un trou- 
peau, un bélier, sept agneaux 
d'un an, sans tache : 

9. Et pour les oblations qui 
les accompagnent, trois décimes 
de fleur de farine, arrosée d'huile, 
pour chaque veau, deux décimes 
pour le bélier, 

10. La décime d'une décime 
pour chacun des agneaux, qui 
font ensemble sept agneaux ; 

11. Et un bouc pour le péché, 
outre ce qui a coutume d'étre 
offert pour le délit en expiation, 
et pour lholocauste perpétuel, 
avec l'oblation et les libations 
qui l'accompagnent. 

19. Mais au quinzième jour du 
septième mois, qui vous sera 
saint et vénérable, vous ne ferez 
aucune œuvre servile, mais vous 
célébrerez une solennité au Sei- 
gneur durant sept jours ; 

13. Et vous offrirez un holo- 
causte en odeur très-suave pour 
le Seigneur : treize veaux pris 
d'un troupeau, deux béliers, qua- 
torze agneaux d'un an, sans 
tache ; 

14. Et pour leurs libations, 
trois décimes de fleur de farine, 
arrosée d'huile, pour chacun des 
veaux, et deux décimes pour un 


bélier, c'est-à-dire, pour les deux | 


béliers ensemble ; 
15. Et la décime d'une décime 
pour chacun des agneaux, qui 


font ensemble quatorze agneaux ; ' 


LES NOMBRES. 299 


16. Et un bouc pour le péché, 
outre l'holocauste perpétuel, l'o- 
blation et la libation qui lac- 
compagnent. 

17. Au second jour vous offri- 
rez douze veaux pris d'un trou- 
peau, deux béliers, quatorze 
agneaux d'un an, sans tache ; 

18. Vous offrirez aussi, selon 
les rites, les oblations et les liba- 
tions pour chacun des veaux, 
des béliers et des agneaux ; 

19. Et un bouc pour le péché, 
outre lholocauste perpétuel, l'o- 
blation et les libations qui l'ac- 
compagnent. 

20. Au troisieme jour, vous 
offrirez onze veaux, deux béliers, 
quatorze agneaux d'un an, sans 
tache : 

21. Vous offrirez aussi selon 
les rites, les oblations et les liba- 
lions pour chacun des veaux, 
des béliers et des agneaux; 

22. Et un bouc pour le péché, 
outre l'holocauste perpétuel, l'o- 
blation et la libation qui l'ac- 
compagnent. 

23. Au quatrième jour, vous 
offrirez dix veaux, deux béliers, 
qualorze agneaux d’un an, sans 
tache ; 

24. Vous offrirez aussi, selon 
les rites, les oblations et les li- 
bations pour chacun des veaux, 
des béliers et des agneaux ; 

25. Et un bouc pour le péché, 
outre l'holocauste perpétuel, l'o- 
blation et la libation qui l'ac- 
compagnent. 

26. Au cinquieme jour, vous 
offrirez neuf veaux, deux béliers, 
quatorze agneaux d'un an, sans 
tache ; 


En 


12. * Une solennité, la fête des Tabernacles 


900 


97. Vous offrirez aussi, selon 
les rites, les oblations et les li- 
bations pour chacun des veaux, 
des béliers et des agneaux ; 

98. Et un bouc pour le péché, 
outre l'holocauste perpétuel, l'o- 
blation et la libation qui l'accom- 
pagnent. 

29. Au sixième jour, vous of- 
frirez huit veaux, deux béliers, 
quatorze agneaux d'un an, sans 
tache ; 

30. Vous offrirez aussi, selon 
les rites, les oblations et les 
libations pour chacun des veaux, 
des béliers et des agneaux ; 

31. Et un bouc pour le péché, 
outre l'holocauste perpétuel, l'o- 
blation et la libation qui l'ac- 
compagnent. 

39. Au septième jour, vous 
offrirez sept veaux, deux béliers, 
quatorze agneaux d'un an, sans 
tache ; 

33. Et vous offrirez, selon les 
rites, les oblations et les libations 
pour chacun des veaux, des bé- 
liers et des agneaux ; 

34. Et un bouc pour le péché, 
outre l'holocauste perpétuel, l'o- 
blation etla libation qui l'accom- 
pagnent. 

35. Au huitième jour, qui est 
très solennel, vous ne ferez au- 
cune ceuvre servile ; 

36. Vous offrirez un holocauste 
en odeur tres suave pour le Sei- 
eneur: un veau, un bélier, sept 
agneaux d'un an, sans tache; 

37. Vous offrirez aussi, selon 
les rites, les oblations et les liba- 
tions pour chacun des veaux, des 
béliers et des agneaux; 


LES NOMBRES. 


[cu. xxx.] 


38. Et un bouc pour le péché, 
outre l’holocauste perpétuel, l'o- 
blation et la libation qui l’accom- 
pagnent. 

39. Voilà ce que vous offrirez 
au Seigneur dans vos solennités, 
outre les vœux, les offrandes 
spontanées en holocauste, en 
oblation, en libation et en hos- 
ties pacifiques. 


CHAPITRE XXX. 


Lois touchant les vœux et les promesses 
faites avec serment. 


1. Et Moïse raconta aux en- 
fants d'Israél tout ce que le Sei- 
gneur lui avait commandé ; 

2. Et il dit aux princes des 
tribus des enfants d'Israël : Voici 
la parole qu'a ordonnée 16 Sei- 
gneur : 

3. Si un homme a voué un vœu 
au Seigneur, ou s'est lié par ser- 
ment, il ne rendra point vaine sa 
parole, mais il effectuera tout ce 
qu'il a promis. 

4. Si une femme a voué quel- 
que chose et s'est liée par ser- 
ment, et qu'elle soit dans la mai- 
son de son pere, et encore dans 
le jeune âge; si le père connait 
le vœu qu'elle a fait, et le ser- 
ment par lequel elle a lié son 
âme et qu'il garde le silence, elle 
est obligée à son vœu; 

9. Tout ce qu'elle a promis et 
juré, elle le mettra à effet; 

6. Mais, si, dès qu'il l apprend, 
son pere proteste contre, et ses 
vœux et ses serments seront 
nuls, et elle ne sera point obli- 
gée à tenir son engagement, par- 


35. Les autres fétes ne duraient que sept jours, mais celle des Tabernacles en 
durait huit. Aprés le premier jour, le huitième était le plus solennel. 


| 


xxxr.]‏ .זס] 


ce que son père a protesté contre. 

7. Si elle a un mari, et qu'elle 
ait voué quelque chose, et qu'une 
parole une fois sortie de sa bouche 
ait obligé son âme par serment, 

8. Et que dans le jour où son 
mari l'a appris, il n'ait pas pro- 
testé contre, elle sera obligée à 
son vœu, et elle effectuera tout 


. ce qu'elle a promis ; 


9. Mais, si l'apprenant, le mari 
proteste contre aussitót, et rend 
ainsi nulles ses promesses, et les 
paroles par lesquelles elle a lié 
son áme, le Seigneur lui sera 
propice. 

10. Une veuve et une répudiée 
effectueront tout ce qu'elles ont 
voué. 

11. Lorsqu'une femme dans la 
maison de son mari s'est liée par 
vœu ou par serment, 

19. Si son mari lapprend, et 
qu'il garde le silence, et ne pro- 
leste pas contre son engagement, 
elle effectuera tout ce qu'elle a 
promis; 

13. Mais si sur-le-champ il pro- 
teste contre, elle ne sera pas 
obligée à tenir sa promesse, 
parce que son mari a protesté 
contre ; et le Seigneur lui sera 
propice. 

14. Si elle a fait un vœu, et si 
elle s'est obligée par serment à 
aftliger son àme par le jeüne, ou 
par l'abstinence de toute sorte de 
choses, il dépendra de son mari 
qu'elle le fasse ou ne le fasse 
pas; 

Cap. XXXI. 3. Supra, xxv, 11. 


LES NOMBRES. 


301 


15. Que, si lapprenant, son 
mari garde le silence, et differe 
jusqu'au lendemain à dire son 
sentiment, tout ce qu'elle a voué 
et promis, elle l'effectuera, parce 
que dès qu'il l'a appris, il a gardé 
le silence; 

16. Mais s'il a protesté contre, 
aprés quil est venu à le savoir, 
il portera lui-même l’iniquité de 
sa femme. 

17. Telles sont les lois que le 
Seigneur a établies par Moise 
entre le mari et la femme, entre 
le pere et la fille, qui est encore 
dans le jeune âge, ou qui de- 
meure dans la maison de son 
père. 


CHAPITRE XXXI. 


Défaite des Madianites. Partage du butin. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moïse, disant : 

2. Venge d’abord les enfants 
d'Israël des Madianites, et après 
cela tu seras réuni à ton peuple. 

3. Et aussitôt Moïse : Armez, 
dit-il, pour le combat, des 
hommes d'entre vous,qui puissent 
exercer la vengeance du Sei- 
gneur sur les Madianites. 

4. Que mille hommes de chaque 
iribu soient choisis du milieu 
d'Israél pour étre envoyés à la 
guerre. 

5. Et ils donnèrent mille hom-- 
mes de chaque tribu, c'est-à- 
dire, douze mille tout préts pour 
le combat, 


14. Affliger son âme par le jeûne, etc. ; hébraisme, pour: jeüner, pratiquer l'abs- 


tinence, etc. 


2. Tu seras réuni à ton peuple. Voy. sur cette formule, xx, 24. — * Des Madianites. 
115 habitaient dans le désert à l'est des Moabites. 


802 LES NOMBRES. 


6. Que Moise envoya avec Phi- 
nées, fils d'Eléazar, le prétre; il 
lui remit aussi les vases saints et 
les trompettes pour en sonner. 

7. Lors donc qu'ils eurent 
combattu contre les Madianites, 
etremportéla victoire, ils tuèrent 
tous les mâles, 

8. Et leurs rois, Evi, Recem, 
Sur, Hur et Rébé, cinq princes de 
la nation; ils tuèrent aussi par le 
glaive Balaam, fils de Béor. 

9. Et ils prirent leurs femmes, 
leurs petits enfants, tous leurs 
troupeaux, tous leurs meubles; 
ils pillèrent tout ce qu'ils pou- 
vaient avoir. 

10. La flamme consuma tant 
les villes que les bourgades et les 
châteaux. 

11. Et 115 enlevèrent le butin 
et tout ce qu'ils avaient pris, tant 
des hommes que des bétes, 

12. Et ils les amenèrent devant 
Moise et Eléazar, le prétre, et 
toute la multitude des enfants 
d'Israël: mais tout ce qui pouvait 
être à leur usage, ils le portèrent 
au camp dans les plaines de Moab, 
prés du Jourdain, contre Jéricho. 

13. Or Moise, Eléazar, le prétre, 
et tous les princes de la syna- 
gogue, sortirent à leur rencontre 
hors du camp. 

14. Et Moise irrité contre les 
chefs de larmée, les tribuns 
et les centurions, qui venaient 
de la guerre, 


8. Jos., ,זא‎ 21. — 16. Supra, xxv, 18. — 17. Juges, xxi, 11. — 21. Lévit., 


XI, 33; xv, 11. 


(ex. xxxr.] 


15. Dit : Pourquoi avez-vous 
réservé les femmes? 

16. Ne sont-ce pas elles qui ont 
trompé les enfants d'Israël à la 
suggestion de Balaam, et vous 
ont fait prévariquer contre le 
Seigneur parle péché de Phogor. 
pour lequel aussi le peuple fut 
frappé? 

11. Ainsi, tuez-les tous, tout ce 
qui est du sexe masculin méme 
parmi les enfants; et égorgez les 
femmes qui ont connu des 
hommes; 

18. Mais les jeunes filles et 
toutes les femmes vierges, réser- 
vez-les pour vous; 

19. Et demeurez hors du camp 
pendant sept jours. Celui qui 
aura tué un homme, ou qui en 
aura touché un tué, sera purifié 
au troisième jour et au sep- 
tième. 

20. Et dans tout le butin, qu'il 
y ait, soit un vêtement, soit un 
vase, et quelque chose de destiné 
aux usages, en peaux de chèvres, 
en poils et en bois, il sera purifié. 

91. De son cóté, Eléazar, le 
prétre, parla ainsi aux hommes 
de l'armée qui avaient combattu : 
Voici le précepte de la loi qu'a 
commandé le Seigneur à Moise : 

22. L'or, l'argent, lairain, le 
fer, le plomb et l'étain, 

93. Et tout ce qui peut passer 
par les flammes, sera purifié par 
le feu. Mais tout ce qui ne peut 


v1, 28; 


10. * Les châteaux. Dans le texte original, les campements où étaient dressées les 


tentes des Moabites. 


14, 52. Les tribuns, etc. Voy. Exod., xvii, 21. 
16. Par le péché de Phogor; en vous engageant dans le culte de l'idole de Phogor, 


Compar. xxv, 18. 


| .אס]‎ xxxi.] 


supporter le feu, sera sanctifié 
par l'eau d’expiation ; 

94. Et vous laverez vos véte- 
ments au septième jour, et, pu- 
rifiés, vous entrerez ensuite dans 
le camp. 

98. Le Seigneur dit aussi à 
Moise : 

26. Faites le dénombrement de 
tout ce qui a élé pris, depuis 
l'homme jusqu'à la béte, toi, 
Eléazar, le prétre, et les princes 
du peuple, 

27. Et tu partageras également 
le butin entre ceux qui ont com- 
battu et qui sont sortis pour aller 
à la guerre, et tout le reste de la 
multitude ; 

28. Et tu sépareras la part du 
Seigneur de la part de ceux qui 
ont été à la guerre : une àme sur 
cinq cents, tant d'entre les hom- 
mes que d'entre les bœufs, les 
ànes et les brebis ; 

29. Et tu la donneras à Eléa- 
zar, le prétre, parce que ce sont 
les prémices du Seigneur. 

90. Tu prendras aussi de la 
moitié attribuée aux enfants d'Is- 
raël, la cinquantième partie des 
hommes, des bœufs, des ânes, 
des brebis, de tous les animaux, 
et tu la donneras aux Lévites, 
qui veillent à la garde du taber- 
nacle du Seigneur. 

31. Et Moïse et Eléazar firent 
comme avait ordonné le Sei- 
gneur. 

32. Or, le butin que l'armée 
avait pris fut de six cent soixante- 
quinze mille brebis, 

33. De soixante-douze mille 
bœufs, 

34. De soixante et un mille ânes, 


LES NOMBRES. 303 


359. De trente-deux mille per- 
sonnes du sexe féminin, qui n'a- 
vaient pas connu d'hommes. 

96. Et la moitié fut donnée à 
ceux qui avaient été au combat : 
trois cent trente-sept mille cinq 
cents brebis, 

31. Desquelles furent supputées 
pour la part du Seigneur six 
cent soixante-quinze brebis ; 

98. Et des trente-six mille 
bœufs, soixante-douze bœufs ; 

39. Des trente mille cinq cents 
ânes, soixante et un ânes; 

40. Des seize mille personnes, 
trente-deux personnes passèrent 
à la part du Seigneur. 

41. Et Moïse remit le nombre 
des prémices du Seigneur à Eléa- 
zar, le prêtre, comme il lui avait 
été ordonné, 

42. Pris sur la moitié des en- 
fants d'Israël, qu'il avait séparée 
pour ceux qui avaient été aux 
combats. 

43. Mais quant à la moitié qui 
était échue au reste de la multi- 
tude, c'est-à-dire de trois cent 
trente-sept mille cinq cents 
brebis, 

44, De trente-six mille bœufs, 

45. De trente mille cinq cents 
ânes, 

46. Et de seize mille personnes, 

41. Moïse prit la cinquantième 
partie, et la donna aux Lévites, 
qui veillaient dans le tabernacle 
du Seigneur, comme l'avait or- 
donné le Seigneur. 

48. Et lorsque les chefs de l'ar- 
mée, les tribuns et les centurions 
se furent approchés de Moise, ils 
dirent : 

49. Nous, tes serviteurs, nous 


ic: '""-"!"'c - ————————— HO NN 
30, 47. De la moitié, 610., de l'autre moitié du butin. = Partie; littér. téte. 


304 


avons recensé le nombre des 
combattants, que nous avons eus 
sous notre main, et il n'en a pas 
manqué méme un seul. 

90. Pour ce motif, nous of- 
frons chacun en don au Seigneur 
ce que nous avons pu trouver 
dans le butin d'or : périscélides, 
bracelets, anneaux, ornements 
de la main droite, et petits col- 
liers, afin que tu pries pour nous 
le Seigneur. 

51. Et Moise et Eléazar, le pré- 
tre, recurent tout l'or en diver- 
ses espèces, 

59. Du poids de seize mille 
sept cent cinquante sicles, des 
tribuns et des centurions. 

53. Car ce que chacun avait 
pris dans le butin était à lui. 

δέ. Et après avoir recu cet or, 
ils le porterent dans le tabernacle 
de témoignage, comme un mo- 
nument des enfants d Israël de- 
vant le Seigneur. 


CHAPITRE ]אאא‎ 


Moise donne aux tribus de Gad et de 
Ruben les terres d'au delà du Jour- 
dain. 


1. Or les enfants de Ruben et 
de Gad avaient beaucoup de trou- 
peaux, et ils possédaient en bes- 
taux d'immenses richesses. Lors 


LES NOMBRES. 


]68. xxxut.] 


donc qu'ils eurent vu que les 
terres deJazeret de Galaad étaient 
propres à nourrir des animaux, 

2. Ils vinrent vers Moïse et 
Eléazar, le prétre, et les princes 
de la multitude, et dirent : 

3. Ataroth, Dibon, Jazer, Nem- 
ra, Hésébon, Saban, Nébo et 
Béon, 

4. Terre qu'a frappée le Sei- 
gneur en la présence des enfants 
d'Israël, est une contrée tres 
fertile pour le pâturage des ani- 
maux : et nous, tes serviteurs, 
nous avons des bestiaux en très 
grand nombre : 

9. Nous prions donc, si nous 
avons trouvé gráce devant toi, 
pour que tu la donnes à tes ser- 
viteurs en possession, et que tu 
ne nous fasses point passer le 
Jourdain. 

6. Moise leur répondit : Est-ce 
que vos frères iront au combat, 
et vous, vous demeurerez ici ? 

7. Pourquoi bouleversez-vous 
les esprits des enfants d'Israél, 
afin qu'ils n'osent passer dans la 
terre que doit leur donner le 
Seigneur ? 

8. N'est-ce pas ainsi qu'ont 
agi vos peres, lorsque je les en- 
voyai à Cadesbarné pour explorer 
celte- terre? 


90. Les périscélides sont des anneaux que les femmes portent encore au bas des 
iambes dans plusieurs pays de l'Asie et de l'Afrique. 

52. * Sicles. Le sicle d'or, du moins après la captivité, avait un poids de 14 gram- 
mes 20. 


| 1.*Jazer. Voir plus haut, xxr, 32. — Galaad, le pays transjordanique au nord et 
au sud du Jaboc. 

3. * Ataroth devint une ville de la tribu de Gad. — Dibon, ville de Moab, à une 
heure environ au nord de l'Arnon. — Jazer, la ville mentionnée au y. 1. — Nemra 
ou Bethnemra, dans la vallée du Jourdain. — Hésébon, capitale de Séhon, roi des 
Amorrhéens. Voir plus haut, xxt, 25. — Saban était prés d'Hésébon et célébre par ses 
vignobles. — Nébo, à trois milles au sud-ouest d'Hésébon, sur une colline. — Béon, 
la même que Baalméon, à neuf milles romains d'Hésébon, au sud-ouest de cette ville. 

8. Cadesbarné est le méme que Cadés. Voir plus haut, xx, 1. 


(cu. χχχπ.] 


9. Car, lorsqu'il furent venus 
jusqu'à la Vallée dela grappe de 
raisin, toute la contrée parcou- 
rue, ils bouleversèrent le cœur 
des enfants d'Israél, afin qu'ils 
n'entrassent point dans le pays 
que le Seigneur leur donna. 

10. Le Seigneur, irrité, jura, 
disant : 

11. Ils ne verront pas, ces 
hommes qui sont montés de 
l'Egypte depuis vingt ans et au- 
dessus, la terre que j'ai promise 
sous serment à Abraham, Isaac 
et Jacob, et qui n'ont pas voulu 
me suivre, 

19. Excepté Caleb, fils de Jé- 
phoné, le Cénézéen, et Josué, fils 
de Nun : ceux-ci ont accompli 
ma volonté. 

13. Et le Seigneur, irrité contre 
Israél, lui fit faire un détour par 
le désert pendant quarante ans, 
jusqu'à ce que fut détruite toute 
la génération qui avait fait le mal 
en sa présence. 

14. Et voilà que vous, vous 
avez surgi à la place de vos pères, 
rejetonsetnourrissons d'hommes 
pécheurs, pour augmenter la fu- 
reur du Seigneur contre d'Israël. 

15. Si vous ne voulez point le 
suivre, il abandonnera le peuple 
dans le désert, et vous serez la 
cause de la mort de tous. 

16. Mais eux, s'approchant plus 
prés, dirent: Nous ferons des 
pares de brebis et des étables de 
bestiaux, et aussi pour nos petits 
enfants des villes fortifiées ; 

17. Mais nous-mémes, armés 


LES NOMBRES. 305 


et équipés, nous marcherons au 
combat devant les enfants d'Isra- 
él, jusqu'à ce que nous les intro- 
duisions dans leurs terres. Nos 
petits enfants, et tout ce que nous 
pouvons avoir seront dans des 
villes murées, à cause des embü- 
ches des habitants. 

18. Nous ne retournerons point 
dans nos maisons, jusqu'à ce que 
les enfants d'Israël possèdent leur 
héritage ; 

19. Et nous ne chercherons rien 
au delà du Jourdain, parce que 
nous avons déjà notre possession 
au cóté oriental de ce fleuve. 

20. Moiseleurrépondit: Si vous 
faites ce que vous promettez, 
marchez devant le Seigneur, tout 
préts au combat; 

91. Et que tout guerrier, armé, 
passe le Jourdain, jusqu'à ce que 
le Seigneur renverse ses enne- 
mis, 

22. Et que toute la terre lui soit 
soumise: alors vous serez irré- 
prochables devant le Seigneur et 
devant Israél, et vous obtiendrez 
les contrées que vous voulez, de- 
vant le Seigneur. 

23. Mais si ce que vous dites, 
vous ne le faites point, il n'y ade 
doute pour personne que vous 
ne péchiez contre le Seigneur; et 
sachez que votre péché s'empa- 
rera de vous. 

24. Bátissez donc des villes pour 
vos petits enfants, des parcs et 
des étables pour vos brebis et 
vos bestiaux ; et effectuez ce que 
vous avez promis. 


CgaP. XXXII. 9. Supra, xir, 24. — 90. Jos., 1, 14. 


11. Ils ne verront pas; littér. et par hébraisme, s'ils voient. 


16. Mais eux, etc.; c'est-à-dire les enfants de Ruben et de Gad, s'étant approchés 
de Moise qui leur tenait ce discours. Voy. vers. 1, 25. 


A. T. 


20 


906 LES NOMBRES. 


25. Alors les enfants de Gad et 
de Ruben dirent à Moise : Nous 
sommes tes serviteurs, nous fe- 
rons ce que commande notre 
maitre. 

26. Nous laisserons nos petits 
enfants, nos femmes, nos trou- 
peaux et nos bestiaux dans les 
villes de Galaad ; 

27. Mais nous tous, tes servi- 
teurs, nous marcherons à la 
guerre, tout préts, comme toi, sei- 
gneur, tu le dis. 

28. Moise ordonna donc à Eléa- 
zar, le prétre, àJosué, fils de Nun, 
el aux princes des familles, dans 
les tribus d'[sraél, et leur dit : 

29. Siles enfants de Gad et les 
enfants de Ruben passent avec 
vous le Jourdain, tous armés 
pourlaguerredevantle Seigneur, 
et que la Lerre vous soit soumise, 
donnez-leur Galaad en posses- 
sion. 

30. Mais s'ils ne veulent pas pas- 
ser armés avec vous dans la terre 
de Chanaan, qu'ils prennent par- 
mi vous des lieux d'habitation. 

31. Les enfants de Gad et les 


[cH. xxxu.] 


enfants de Ruben répondirent : 
Comme le Seigneur a dit à ses 
serviteurs, ainsi nous ferons. 

39. Nous-mémes, nous mar- 
cherons armés devantle Seigneur 
dans la terre de Chanaan, et nous 
reconnaissons que nous avons dé- 
jà recu notre possession au delà 
du Jourdain. 

33. C'est pourquoi Moise donna 
aux enfants de Gad et de Ruben, 
et à la demi-tribu de Manassé, fils 
de Joseph, le royaume de Séhon, 
roi del'Amorrheen, etle royaume 
d'Og, roi de Basan, et leur terre 
avec leurs villes d'alentour. 

34. Ainsi, les enfants de Gad re- 
construisirent Gad, Dibon, Ata- 
roth, Aroér, 

35. Etroth, Sophan, Jaser, Jeg- 
baa, 

36. Bethnemra, Betharan, villes 
fortifiées, et desétablespourleurs 
troupeaux. 

37. Mais les enfants de Ruben 
rebátirent Hésébon, Eléale, Caria- 
thaim, 

38. Nabo et Baalméon en chan- 
geant les noms, et aussi Sabama; 


25. Jos., 1v, 12. — 29. Deut., ir, 12; Jos., xiu, 8, et xxr, 4. — 33. Jos., xxir, 4. 


32. Au delà du Jourdain; ce qui est trés juste, par rapport au pays de Chanaan ; 
mais par rapport aux enfants de Gad et de Ruben qui parlaient à Moïse dans la 
terre de Galaad, c'est-à-dire du côté opposé du Jourdain, le mot au delà de la Vulgate, 
veut dire réeilement au deçà. 

33. ' Basan. Voir plus haut, xxr, 33. 

34, 31. Reconstruisirent, rebâlirent; littér., construisirent, bátirent, mais ces villes 
existaient déjà; et on sait d'ailleurs que le verbe hébreu bâtir, signifie souvent, par 
extension, veodlir, reconstruire, réparer, embellir un édifice. — * Dibon. Voir plus 
haut, xxi 30. — Ataroth, déjà wentionnée au y. 3, comme Dibon. — Aroër, sur la 
rive septentrionale de l'Arnon. 

35. * Etroth et Sovhan désignent dans l'hébreu une seule et méme ville, d'ailleurs 
inconnue. | 

36. " Bethnemra, la même que Nemra du y. 3. — Betharan est la Livias, ainsi 
nommée par 1162006 Antipas, en l'honneur de Livie, femme d'Auguste. 

31. * Hésébon. Voir plus haut, xxi, 25. — Eléale, au nord d'Hésébon, à un mille de 
distance. — Cariathaim; sa position est incertaine. 

38. * Nabo. Voir Nébo au y. 3. — Baalméon, appelée aussi Bethmaon, Béelméon 
et Béon, au nord de l'Arnon, sur la route qui mène à Bosra. Elle retomba plus tard 
au pouvoir des Moabites. — Sabama, pres d'Hésébon, renommée pour ses vignes. 


'cH. XXXIII.) 


donnantdes nomsaux villes qu'ils 
avaient construites. 

39. Or, les enfants de Machir, 
fils de Manassé, marcherent sur 
Galaad et la dévastèrent, l'Amor- 
rhéen qui l'habitait ayant été tué. 

40. Moïse donna donc la terre 
de Galaad à Machir, fils de Ma- 
nassé, qui y habita. 

41. Mais Jair, fils de Manassé, 
s'en alla, et occupa ses bourgs, 
qu'il appela Havoth Jair, c'est-à- 
dire Bourgs de Jair. 

42. Nobé alla aussi, et prit Cha- 
nath avec ses bourgades, etill'ap- 
pela de son nom, Nobé. 


CHAPITRE XXXIII. 


Demeures ou stations des Israélites dans 
le désert, depuis leur sortie jusqu'à 
leur arrivée dans les plaines de Moab. 
1. Voici les demeures des en- 

fants d'Israél, qui sont sortis de 

l'Egypte, selon leurs bandes, par 
l'entremise de Moise et d'Aaron; 

2. Lesquels Moise décrivit, selon 
les lieux de leurs campements 
qu'ils changeaientparle comman- 
dement du Seigneur. 


LES NOMBRES. 307 


3. Partis done de Ramesses, au 
premier mois, au quinzieme jour 
du premier mois, le lendemain de 
la Pâque, les enfants d'Israël, par 
une main élevée, tous les Egyp- 
tiens le voyant, 

4. Et ensevelissant leurs pre- 
miers-nés qu'avait frappés le Sei- 
gneur (or, méme sur leurs dieux 
il avait exercé sa vengeance), 

5. Camperent à Soccoth, 

6. Et de Soccoth ils vinrent à 
à Etham, qui estaux derniers con- 
fins du désert. 

1. Sortis donc de là, ils vinrent 
contre Phihahiroth, qui regarde 
Béelséphon, et ils campèrent de- 
vant Magdalum. 

8. Et partis de Phihahiroth, ils 
passerent parle milieu de la mer 
dans le désert; et marchant du- 
rant trois jours par le désert d'E- 
tham, ils camperent à Mara. 

9. Or, partis de Mara, ils vin- 
rent à Elim, où étaient douze 
sources d'eaux, et soixante-dix 
palmiers; et ils y camperent. 

10. Mais étant encore sortis de 
là, ils plantèrent leurs tentes sur 


39. Gen., r, 22. — Cap. XXXIII. .ד‎ Exode, xiv, 2. — 9. Exode, xv, 21. 


42. * Chanath, Nobé, probablement la Kanawa actuelle, dans le Hauran méridional, 
à quelques heures au nord du mont el-Klub. 


3. * Ramessès, en Egypte, dans la terre de Gessen, dans les environs de Pithom, 


aujourd'hui Tell el-Maskhüta. 


4. Même sur leurs dieux, etc. Voy. Exod., xu, 12. 


ὃ. * Soccoth, la méme ville que Pithom. 


6. * Etham, à l'entrée du désert de Sur. Voir Exode, xui, 20. 


1. * Voir notes sur Ezode, xiv, 2. 
8. * Mara. Voir Exode, xv, 23. 
9. * Elim. Voir 020006, xv, 21. 


10. * Sur la mer Rouge. Cette station n'est pas indiquée dans l'Exode. Le chemin 
que suivaient les Israélites pour se rendre d'Elim au mont Sinai les mena sur le bord 
de la mer où ils campèrent. L'étude des lieux permet de fixer cette station avec 
assez de certitude. On ne peut supposer qu'Israel descendit l'ouadi Gharandel jus- 
quà la mer. Comme il se dirigeait vers le Sinai, le seul chemin direct qui se pré- 
sentât à lui pour atteindre la mer était celui qui passe sur les hauteurs, au pied du 
Djébel Hammam-Faroun; de là, les Israélites devaient descendre vers la cóte par 
le premier sentier praticable, c'est-à-dire par l'ouadi Schebeikéh et l'ouadi Taiyibéh. 


908 LES NOMBRES 


la mer Rouge. Et partis dela mer | 
| à Céélatha; 


Rouge, 

11. Ils campèrent dans le dé- 
sert de Sin; 

19. D'où étant sortis, ils vinrent 
à Daphca. 

18. Et partis de Daphca, ils 
camperent à Alus. 

44. Or, sortis d'Alus, ils plan- 
tèrent leurs tentes à Raphidim, 
oü l'eau pour boire manqua au 
peuple. 

15. Et partis de Raphidim, ils 
camperent dans le désert de 
Sinai. 

16. Mais, sortis aussi du désert 
de Sinai, ils vinrent aux Sépulcres 
de la concupiscence. 

17. Et partis des Sépulcres de 
la concupiscence, ils campèrent 
à Haséroth. 

18. Or, de Haséroth, ils vinrent 
à Rethma. 

19. Et partis de Rethma, ils 
campèrent à Remmompharès ; 

20. D'où étant sortis, ils vinrent 
à Lebna. 

21. De Lebna, ils campèrent à 
Ressa. 


(cu. xxxi.) 
92. Etsortis de essa, ils vinrent 


23. D'où étant partis, ils cam- 
pèrent à la montagne de Sépher. 

24. Sortis de la montagne de 
Sépher, ils vinrent à Arada. 

25. Partant de là, ils camperent 
à Macéloth. 

26. Et étant partis de Macéloth, 
ils vinrent à Thahath. 

27. De Thahath, ils camperent 
à Tharé; 

28. D'où étant sortis, ils plan- 
terent leurs tentes à Methea. 

29. Et de Methca, ils campèrent 
à Hesmona. 

30. Or, partis de Hesmona, ils 
vinrent à Moséroth. 

91. Et de Moséroth, ils cam- 
pèrent à Bénéjaacan. 

32. Mais partis de Bénéjaacan, 
ils vinrent à la montagne de Gad- 
gad ; 

33. D'où étant partis ils cam- 
pèrent à Jétébatha. 

34. Et de Jétébatha, ils vinrent 
à Hébrona. 

35. Et, sortis d'Hébrona, ils 
campèrent à Asiongaber 


14. Exode, xvir, 4. — 16. Exode, xix, 2. — 17. Supra, xi, 34. — 18. Supra, xiu, 1. — 


32. Deut., x, 7. 


Aussi s'accorde-t-on à placer ce campement à l'extrémité inférieure de l'ouadi 
Taiyibéh, ou à un point quelconque du littoral, dans la plaine d'el-Mourkheiyéh, 


située au delà. 


11. Ce désert de Sin était prés de la mer Rouge; mais il y en avait un autre, que 
le texte hébreu appelle Tsin, prés de la terre promise et dont il est question au 
verset 36. — * Dans le désert de Sin. Voir Exode, xvi, 1. 

12. * Daphca, peut-étre Mafka, dans l'ouadi Maghara. 


13. * Alus, station inconnue. 


14. * Raphidim, aujourd'hui ouadi Feiran. 


15. * Dans le désert de Sinai, autour du mont Sinai proprement dit. 

16. * Sépulcres de la concupiscence. Voir plus haut, xi, 33. 

17. * Haséroth signifie campements, enclos, clôtures. Situation incertaine. 

18. * Rethma signifie genevrier. Situation incertaine, comme celle de la plupart des 


stations suivantes. 


24. * A Arada, probablement le Djébel Haradéh. 
34. * Hébrona devait étre prés d'Asiongaber. 
35. * Asiongaber, port de mer, à l'extrémilé septentrionale du golfe élanitique. 


xxxi.)‏ .אס| 


86. Partis delà, ils vinrent au 
désert de Sin; c'est Cadès. 

37. Et, sortis de Cadès, ils cam- 
perent àla montagne de Hor, aux 
derniers confins de la terre d'E- 
dom. 

38. Or, Aaron, le prétre, monta 
sur la montagne de Hor, le Sei- 
gneur l'ordonnant, et là il mou- 
rut, en l'année quaranlieme de la 
sortie des enfants d'Israël de 
l'Égypte, au cinquième mois, au 
premier jour du mois, 

39. Comme il avait cent vingt- 
trois ans. 

40. Cependant le roi d'Arad, 
Chananéen, qui habitait vers le 
midi, apprit que les enfants d'Is- 
raël étaient venus dans la terre 
de Chanaan. 

41. Or, partis dela montagne 
de Hor, ils campèrent à Sal- 
mona; 

49. D'où étant sortis, ils vinrent 
à Phunon. 

43. Et partis de Phunon, ils 
campèrent à Oboth . 

44. Et. d'Oboth ils vinrent à 
Jiéabarim, qui est aux confins 
des Moabites. 

45. Puis, partis de Jiéabarim, 
ils planterent leurs tentes à Di- 
bongad; 


LES NOMBRES. 


309 


46. D'où étant sortis, ils cam- 
pèrent à Helmondéblathaim. 

47. Et sortis de Helmondébla- 
thaim, ils vinrent aux montagnes 
d'Abarim, contre Nabo. 

48. Or, partis des montagnes 
d'Abarim, ils passerent dans les 
plaines de Moab, surle Jourdain, 
contre Jéricho. 

49. Et là ils campèrent, depuis 
Bethsimoth jusqu'à Abelsatim, 
dans les lieux les plus plats des 
Moabites, 

50. Où le Seigneur dit à Moïse : 

51. Ordonne aux enfants d'Is- 
raél, et dis-leur : Quand vous 
aurez passé le Jourdain, entrant 
dans la terre de Chanaan, 

52. Détruisez tous les habitants 
de cette terre; brisez les monu- 
ments, mettez en pieces les sta- 
tues, et ravagez tous les hauts 
lieux, 

53. Purifiant la terre, et y ha- 
bitant; car c'est moi qui vous l'ai 
donnée en possession ; 

54. Vous vous la partagerez 
parle sort. Au plus grand nombre, 
vous donnerez la partie la plus 
étendue, et au plus petit nombre, 
la partie la plusresserée. Comme 
le sort sera échu à chacun, ainsi 
sera donné lhéritage. C'est par 


36. Supra, xx, 1. — 38. Supra, xx, 25; Deut., xxxir, 50. — 52. Deut., vir, 5; Juges, 11, 2. 


36. C'est Cadès. On a pu remarquer plusieurs fois des formules semblables; elles 
ont pour but d'exprimer un nom tombé en désuétude par celui qui était usité à 
l'époque de l'écrivain sacré. — * Cadès. Voir plus haut, xx, 1. 


38. * Hor. Voir plus haut, xx, 29. 
40. Le roi d'Arad. Voy. xxi, 4. 


45. * Dibongad. Voir plus haut, xxi, 30. 


&i. * Aux montagnes d'Abarim, dans le pays de Moab, à l'est de la mer Morte. 
49. * Bethsimoth, à la pointe septentrionale de la mer Morte. — Abe/satim, ville 
de Moab, appelée aussi simplement Settim, Nombres, xxv, 1. — Abelsatim signifie 


« prairie des acacias. » 


52, 56. Les crimes horribles qui régnaient parmi les Chananéens méritaient assuré- 
ment que Dieu les traitàt avec la plus grande sévérité. — * Ravagez tous les hauts 


lieux. Voir la note sur Nombres, xxu, 41. 


910 


tribus et par familles que la pos- 
session sera partagée. 

55. Mais si vous ne voulez pas 
tuer les habitants de la terre, 
ceux qui resteront seront comme 
des clous dans vos yeux et des 
lances dans vos cótés, et ils vous 
seront contraires dans la terre de 
votre habitation ; 

56. Et ce que j'avais pensé à 
leur faire, c'est à vous que je le 
ferai. 


CHAPITRE XXXIV. 


Limites de la terre promise. Noms de 
ceux qui doivent en faire le partage. 


1. Le Seigneur parla encore à 
Moise, disant : 

9. Ordonne aux enfants d'Is- 
raél, et tu leur diras: Lorsque 
vous serez entrés dans la terre 
de Chanaan, et qu'elle vous sera 
échue en possession par le sort, 
c'est parces frontières qu'elle sera 
bornée : 

3. La partie méridionale com- 
mencera au désert de Sin, qui 
est près d'Edom; et elle aura 
pour frontiere vers l'orient la 
mer tres salée; 

4. Ces frontières environneront 
la partie australe par la montée 
du Scorpion, en sorte qu'elles 
passent à Senna, et qu'elles 
viennent depuis le midi jusqu'à 
Cadesbarné, d'oü elles iront par 
les lieux limitrophes jusqu'au 


Car. XXXIV. 3. Josué, xv, 4. 


LES NOMBRES. 


[cH. xxxiv.] 
village du nom d'Adar, et s'éten- 
dront jusqu'à Asémona ; 

5. Puis la limite ira en tour- 
nant d'Asémona jusqu'au torrent 
d'Egypte, et elle finira au rivage 
de la grande mer. 

6. Mais la partie occidentale 
commencera à la grande mer, 
et sera fermée par cette limite 
méme. 

7. Or, vers la partie septen- 
trionale, les limites commence- 
ront à la grande mer, parvenant 
jusqu'à la trés haute montagne, 

8. De laquelle elles viendront 
à Emath jusqu'aux confins de 
Sédada ; 

9. Puis, elles iront par les 
lieux limitrophes jusqu'à Zé- 
phrona, et au village d'Enan. 
Telles seront les limites dans la 
partie de l'aquillon. 

10. De là les frontières se me- 
sureront contre la partie orienta- 
le, depuis le village d'Enan jus- 
qu'à Séphama ; 

11. Et de Séphama, les limites 
descendront à Rébla, contre la 
fontaine de Daphnim : de là elles 
parviendront contre l'orient à la 
mer de Cénéreth, 

19. S'étendront jusqu'au Jour- 
dain, et enfin seront fermées par 
18 mertres salée. C'est cette terre 
que vous aurez selon ses fron- 
tieres dans son contour. 

43. Moïse ordonna donc aux en- 


————————áဗ M M a ---ς-.- - ----ς-ςς-ς-.Ῥ----΄-ς -.--------------- -. 


3. * La mer trés salée, la mer Morte. 


4. * Voir Josué, xv, 3. — Cadesbarné, Cadés. Voir plus haut, xx, 1. 
4-5. * Asémona, aujourd'hui Aseiméh. Voir Josué, xv, 4. 
8. * Emath. Voir 11 Rois, vur, 9. — Sédada, aujourd'hui Sadad, à trente milles à 


l'est de l'entrée d'Emath. 


A1. * La mer de Cénéreth est le lac de Tibériade, sur lequel on peut voir l'Intro- 


duction au livre de Josué. 


12. * Jusqu'au Jourdain. Sur le Jourdain, voir l'Introduction au livre de Josué. 


[cH. xxxv.] 
fants d'Israël, disant : Ce sera la 
terre que vous posséderez par le 
sort, et que le Seigneur a com- 
mandé qu'on donnát aux neuf 
tribus et à la demi-tribu. 

44. Car la tribu des enfants de 
Ruben, selon ses familles, et la 
tribu des enfants de Gad, selon le 
nombre de sa parenté, et aussi la 
demi-tribu de Manassé, 

15. C'est-à-dire deux tribus et 
demie, ont recu leur part au delà 
du Jourdain, contre Jéricho, à la 
partie orientale. 

16. Le Seigneur dit aussi à 
Moise : 

17. Voici les noms des hommes 
qui vous partageront la terre : 
Eléazar, le prétre, et Josué, fils de 
Nun, 

18. Et chaque prince de chaque 
tribu, 

19. Dont voici les noms : De la 
tribu de Juda, Caleb, fils de Jé- 
phoné; 

20. De la tribu de Siméon, Sa- 
muel, fils d'Ammiud ; 

91. De la tribu de Benjamin, 
Elidad, fils de Chasélon ; 

92. De la tribu des enfants de 
Dan, Bocci, fils de Jogli ; 

23. Des enfants de Joseph : de 
la tribu de Manassé, Hanniel, fils 
d'Ephod; 

24. De 18 tribu d'Ephraim, Ca- 
muel, fils de Sephtan; 

95. De la tribu de Zabulon, Eli- 
saphan, fils de Pharnach ; 

26. De la tribu d'Issachar, le 
chef Phaltiel, fils d'Ozan ; 

27. De la tribu d'Aser, Ahiud, 
fils de Salomi; 


LES NOMBRES. 


311 


98. De la tribu de Nephthali, 
Phédaël, fils d'Ammiud. 

29. Tels sont ceux auxquels le 
Seigneur ordonna de partager 
aux enfants d Israël la terre de 
Chanaan. 


CHAPITRE XXXV. 


Demeure des Lévites. Villes de refuge. 
Lois touchant les homicides. 


1. Le Seigneur dit encore ceci 
à Moise dans les plaines de 
Moab, sur le Jourdain, contre Jé- 
richo : 

2. Ordonne aux enfants d'Israël 
qu'ils donnent de leurs posses- 
sions aux Lévites, 

3. Des villes à habiter et leurs 
faubourgs d'alentour; afin qu'ils 
demeurent eux-mémes dans les 
villes, et que les faubourgs soient 
pour les troupeaux et les bes- 
tiaux. 

4. Ces faubourgs en dehors 
des murs des villes, s'étendront 
tout autour dans l'espace de mille 
pas; 

5. Contre l'orient, il y aura deux 
mille coudées; et contre le midi 
pareillement deux mille; vers la 
mer aussi, qui regarde l'occident, 
ce sera la méme mesure, et la 
partie septentrionale sera bornée 
par une semblable limite; et les 
villes seront au milieu, et au-de- 
hors les faubourgs. 

6. Or, de ces villes mémes que 
vous donnerez aux Lévites, six 
seront séparées, comme asiles 
pour les fugitifs, afin que celui 
qui aura versé 16 sang, s'y réfu- 


17. Jos., xiv, 4, 2. — (παρ. XXXV. 2. Jos., xxi, 2. 


5. * Deux mille coudées, environ mille mètres, 


312 | LES NOMBRES. 


gie; et outre ces six, il y aura qua- 
rante-deux autres villes, 

7. Cest-à-dire, en tout, qua- 
rante-huit avec leurs faubourgs. 

8. Quant à ces villes mémes 
qui seront données sur les pos- 
sessions des enfants d'Israël, on 
en prendra plus à ceux qui en au- 
ront plus, et moins à ceux qui en 
auront moins; chacun, selon la 
mesure de son héritage, donnera 
des villes aux Lévites. 

9. Le Seigneur dit à Moise : 

10. Parle aux enfants d'Israél, 
et tu leur diras : Quand vous au- 
rez passé du Jourdain dans laterre 
de Chanaan, 

41. Décidez quelles villes doi- 
vent étre des asiles pour les fugi- 
tifs, qui, sans le vouloir, auront 
versé le sang; 

19. Villes dans lesquelles, lors- 
que le fugitif y sera, le parent de 
celui qui a été tué ne pourra pas 
le tuer, jusqu'à ce qu'il se trouve 
en présence de la multitude, et 
que sa cause soit jugée. 

13. Or, deces vilies, qui seront 
séparées pour étre des asiles de 
fugitifs, 

14. Trois seront au-delà du 
Jourdain, et trois dans la terre 
de Chanaan, 

15. Tant pour les enfants d'Is- 
raél, que pour les étrangers et les 
voyageurs, afin que s'y réfugie 
celui qui, sans le vouloir, aura 
versé le sang. 1 

16. Si quelqu'un frappe avec 
le fer, et que celui qui a été 
frappé meure, il sera coupable 
d'homicide, et il mourra lui- 
méme. 

17. S'il jette une pierre, et que 


[cu. xxxv.] 


celui qui aura été frappé meure, 
il sera puni de la méme ma- 
niere. 

18. Si quelqu'un frappé avec 
du bois meurt, il sera vengé 
par le sang de celui qui l'aura 
frappé. 

19. Le parent de celui qui aura 
été tué, tuera l'homicide ; aussitôt 
qu'il l'aura pris, il le tuera. 

20. Si par haine quelqu'un 
pousse un homme, ou jette quel- 
que chose contre lui de guet- 
apens, 

91. Ou si, étant son ennemi, il 
le frappe dela main, et que celui- 
ci meure, celui qui aura frappe 
sera coupable d'homicide; le pa- 
rent de celui qui aura été tué, 
aussitót qu'il le trouvera, l'égor- 
gera. 

29. Que si c'est par hasard, et 
sans haine, 

23. Et sans inimitié, qu'il a fait 
quelqu'une de ces choses; 

24. Et que cela ait été prouvé, 
le peuple l'entendant, et que la 
question ait été agitée entre celui 
qui a frappé et le parent vengeur 
du sang, 

25. Il sera délivré, comme in- 
nocent, de la main du vengeur, 
et sera ramené par sentence dans 
la ville. dans laquelle il s'était ré- 
fugié, et il demeurera là, jusqu'à 
ce que le grand prétre qui a été 
oint de l'huile sainte, meure. 

96. Si c'est hors des limites des 
villes qui ont été assignées aux 
bannis, que l'homicide 

97. Est trouvé, et qu'il soit frap- 
pé à mort par ceiu1 qui est le ven- 
geur du sang, celui quilaura tué 
ne sera pas coupable; 


10. Deut., xix, 2; Jos., xx, 2. — 13. Deut., 1v, 41; Jos., xx, 1, 8. — 20. Deut., 


xix, 11. 


[cn. xxxvr.] 


98. Car le fugitif devait résider 
dans la ville jusqu'à la mort du 
pontife. Mais apres que celui-ci 
sera mort, l'homicide retournera 
dans sa terre. 

29. Ceci sera perpétuel et une 
loi dans toutes vos habitations. 

30. C'est d'après des témoins 
qu'un homicide sera puni : sur le 
témoignage d'un seul, nul ne sera 
condamné. 

31. Vous ne recevrez point d'ar- 
gent de celui qui est coupable du 
sang ; mais il mourra aussitót lui- 
méme. 

39. Les bannis et les fugitifs, 
avant la mort du pontife, ne pour- 
ront en aucune maniere retour- 
ner dans leurs villes, 

33. Afin que vous ne souilliez 
point la terre de votre habita- 
tion, laquelle est profanée par 
le sang des innocents; et elie ne 
peut étre purifiée que par le sang 
de celui qui a versé le sang d'un 
autre. 

34. Or, c'est ainsi que sera pu- 
rifiée votre possession, moi de- 
meurant avec vous : car c'est 
moi qui suis le Seigneur qui ha- 
bite parmi les enfants d'Israél. 


CHAPITRE XXXVI. 


Loi touchant les mariages des filles qui 
ont hérité, à défaut d'enfants mâles. 


1. Or, les princes des familles 
de Galaad, fils de Machir, fils de 
Manassé, de la race des fils de Jo- 
seph, s'approcherent, parlerent à 
Moise devant les princes d'Israél 
et dirent : 

2. C'est à toi qui es notre sei- 
gneur, que le Seigneur a ordonné 


LES NOMBRES. 313 


de partager par le sort la terre 
aux enfants d'Israël, et de donner 
aux filles de Salphaad, notre 
frère, la possession due à leur 
père. 

3. Si des hommes d’une autre 
tribu les prennent pour femmes, 
leur possession les suivra, et 
transférée à une autre tribu, elle 
sera retranchée de notre héri- 
tage : 

4. Et ainsi il arrivera que, lors- 
que le jubilé, c'est-à-dire la cin- 
quantième année de la rémission, 
sera venu, la distribution des 
sorts sera confondue, et que la 
possession des uns passera aux 
autres. 

9. Moise répondit aux enfants 
d'Israél, et, le Seigneur ordon- 
nant, il dit : C'est sagement que 
la tribu des enfants de Joseph a 
varié : 

6. Et voici la loi sur les filles 
de Salphaad, promulguée par 
le Seigneur : Qu'elles épousent 
ceux qu'elles voudront, mais 
seulement des hommes de leur 
tribu ; 

7. Afin que la possession des 
enfants d'Israël ne se mêle point 
d'une tribu en une autre. Car 
tous les hommes prendront des 
femmes de leur tribu et de leur 
parenté, 

δ. Et toutes les femmes pren- 
dront des maris dela méme tribu, 
afin quel'héritage demeure cons- 
tamment dans les familles, 

9. Et que les tribus ne se mêlent 
point entre elles, mais qu'elles 
demeurent ainsi 

10. Qu'elles ont été séparées 
par le Seigneur. Or, les filles de 


Car. XXXVI. 1, Supra, xxvir, 4. — 6. Tob., vir, 14 


314 LES NOMBRES. (cu. xxxvi.] 


Salphaad firent comme il leur 
avait été commandé : 

11. Et Maala, Thersa, Hégla, 
Melcha et Noa épouserent les fils 
de leur oncle paternel, 

19. De la famille de Manassé, 
qui fut fils de Joseph ; et la pos- 
session qui leur avait été assi- 


gnée, demeura dans la tribu et la 
famille de leur père. 

13. Tels sont les commande- 
ments et les ordonnances que 
commanda le Seigneur par l'en- 
tremise de Moise aux enfants 
d'Israél, dans les plaines de Moab, 
sur le Jourdain, contre Jéricho. 


— PSC) 742 --ὦ» 


LE DEUTÉRONOME 


CHAPITRE PREMIER. 


Récit abrégé de ce qui arriva aux Israé- 
lites depuis leur départ de Sinai jusqu'à 
leur seconde arrivée à Cadès. 


1. Voiciles paroles que Moise 
dit à tout Israél au delà du Jour- 
dain au désert, dans la plaine, 
contre la mer Rouge, entre Pha- 
ran, Thophel, Laban et Haséroth, 
où il y a beaucoup d'or; 

2. A onze journées d'Horeb, 
par la voie de la montagne de 
Séir jusqu'à Cadesbarné. 

3. En la quarantième année, au 
onzième mois, au premier jour 
du mois, Moise dit aux enfants 
d'Israël tout ce que le Seigneur 
]ui avait ordonné de leur dire ; 

4. Apres qu'il eut battu Séhon, 
roi des Amorrhéens, qui habitait 
à Hésébon, et Og, roi de Basan, 
qui demeurait à Astaroth et à 
Edrai, 

5. Au delà du Jourdain, dans la 
terre de Moab. Moise commenca 
donc à expliquer la loi et à dire : 


6. Le Seigneur notre Dieu nous 
a parlé à Horeb disant : Vous avez 
suffisamment demeuré près de 
cette montagne; 

7. Retournez, et venez à la mon- 
tagne des Amorrhéens et dans 
tous les lieux qui l’avoisinent, les 
plaines, les montagnes et les val- 
lées, contre le midi et sur le ri- 
vage de la mer, dans la terre des 
Chananéens et du Liban, jusqu'au 
grand fleuve d'Euphrate. 

8. Voilà, dit-il, que je vous l'ai 
livrée; entrez, et possédez cette 
terre, au sujet de laquelle le Sei- 
gneur a juré à vos pères, Abra- 
ham, Isaac et Jacob , qu'il la leur 
donnerait, à eux et à leur posté- 
rité apres eux. 

9. Et je vous ai dit en ce temps- 

là : 
10. Je ne puis seul vous soute- 
nir, parce que le Seigneur votre 
Dieu vous a multipliés, et que 
vous étes aujourd'hui comme les 
étoiles du ciel, en trés grand 
nombre. 


CnaP. I. 4. Nom., xxr, 24. — 10. Exode, ,זזנטא‎ 


1,5. Au delà du Jourdain. Voy. sur cette expression, Nombres, xxxn, 32. —* Pharan, 
le désert de ce nom. — Thophel, peut-être le Tabyléh actuel. — Laban, sans doute 


le Lebna de Nombres, xxxui, 22. 


2. * Horeb, le mont Sinai. — Séir, l'Idumée. — Cadesbarné ou Cadès. Voir Nombres, 


XX dE 


4. * Hésébon. Voir plus haut la note sur Nombres, χχι, 25. — Basan, voir la note 
sur Nombres, xxt, 33. — Astaroth, à l'est du Jourdain, dans le pays de Basan, devint 
une ville lévitique dans la demi-tribu de Manassé transjordanique. — Edrai. Voir 


Nombres, xxi, 33. 


6. * Ici commence le premier discours de Moise qui finit au chapitre iv, 43. 


1. * D'Euphrate. Voir Genèse, xv, 18. 


816 LE DEUTÉRONOME. 


11. (Que le Seigneur Dieu de 
vos peres ajoute à ce nombre 
beaucoup de milliers, et qu'il 
vous bénisse, comme il a dit.) 

12. Je ne puis seul soutenir vos 
affaires, et leur poids, et vos que- 
relles. 

13. Présentez d'entre vous des 
hommes sages et habiles et d'une 
conduite éprouvée dans vos tri- 
bus. afin que je les établisse vos 
princes. 

44. Alors vous m'avez répondu: 
Cest une bonne chose que tu 
veux faire. 

15. Et je pris de vos tribus des 
hommes sages et nobles, et je les 
ai établis princes, tribuns, chefs 
de cent, de cinquante et de dix 
hommes, pour vous enseigner 
toutes ces choses. 

16. Puis, je leur ordonnai, di- 
sant : Ecoutez-les, et jugez selon 
ce qui est juste, que ce soit un 
citoyen ou un étranger. 

17 . Il n'y aura aucune différence 
de personnes; vous écouterez le 
petit comme le grand; vous n'au- 
rez égard à la personne de qui que 
ce soit, parce que c’est le juge- 
ment de Dieu. Que si quelque 
chose vous paraît difficile, rap- 
portez-le-moi, et moi, je l'enten- 
drai. 

18. Et je vous ai ordonné tout 
ce que vous deviez faire. 

19. Or, partis d'Horeb, nous 
passâmes par le désert terrible et 
ires grand que vous avez vu, par 
la voie de la montagne de l'Amor- 
rhéen, commenousavait ordonné 


[cn. r.] 


le Seigneur notre Dieu. Et lorsque 
nous fümes venus à Cadesbarné, 
\ 90. Je vous dis : Vous êtes par- 
venus à la montagne de l'Amor- 
rhéen que 16 Seigneur notre Dieu 
doit nous donner. 

21. Vois la terre quele Seigneur 
ton Dieu te donne : monte, et 
possede-la, comme a dit le Sei- 
gneur notre Dieu à tes peres : ne 
crains point, et n'aie frayeur de 
rien. 

92. Alors vous vousapprochátes 
tous de moi, et vous dites : En- 
voyons des hommes, qui consi- 
derent la terre, et qu'ils nous di- 
sent par quel chemin nous devons 
monter, et vers quelles villesnous 
devons marcher. 

23. Et comme ce discours me 
plut, j'envoyai d'entre vous douze 
hommes, un de chaque tribu; 

24. Lesquels s'étant mis en che- 
min et ayant monté à travers les 
montagnes, ils vinrent jusqu'à la 
vallée de la Grappe de raisin; et, 
la terre considérée, 

25. Prenant de ses fruits, pour 
montrersa fertilité, ils nouslesap- 
porterent, et dirent : Elle est 
bonne, la terre que le Seigneur 
notre Dieu doit nous donner. 

26. Et vous ne voulütes point 
monter, mais incrédules à la pa- 
role du Seigneur notre Dieu, 

97. Vous murmurátes dans vos 
tentes, et vous dites: Le Seigneur 
nous hait, et c'est pour cela qu'il 
nous a retirés de l'Egypte, afin de 
nous livrer à la main de l'Amor- 
rhéen, et de nous détruire. : 


16. Jean, vir, 24. — 17. Lév., xix, 15; Infra, xvr, 19, 2rov., xxiv, 23; Eccli., xum, 1; 


Jac., 1 4. — 22. Nomb., xri, 3. 


15. Tribuns, etc. Voy. Exode, xvux, 21. 


24. * La vallée de la Grappe de raisin. Voir Nombres, xiu, 24, 


[cn. 1.] 

98. 0à monterons-nous? les en- 
voyés ont épouvanté nos ccurs, 
disant: C'estunetres grande mul- 
titude, et leur stature est plus 
haute que la nótre : les villes sont 
grandes et fortifiées jusqu'au ciel; 
nous avons vu là les enfants 
d'Enac. 

29. Et je vous répondis : N'ayez 
pas peur, et neles craignez point: 

30. Le Seigneur Dieu qui est 
votre guide, combattra lui-méme 
pour vous, comme il a fait en 
Egypte, tous le voyant. 

31. Et dans 16 désert (toi-même 
tu l’as vu) 16 Seigneur ton Dieu t'a 
porté, comme un homme a cou- 
tume de porter son petit enfant, 
dans toute la voie par laquelle 
vous avez marché, jusqu'à ce que 
vous soyez venus en ce lieu. 

32. Et méme alors vous n'avez 
pas cru au Seigneur votre Dieu, 

33. Qui vous a précédés dans la 
voie, et a mesuré le lieu dans le- 
quel vous deviez planter vos ten- 
tes, la nuit, vous montrant le che- 
min par le feu, et le jour, par la 
colonne de nuée. 

34. Et lorsque le Seignew eut 
entendu la voix de vos discours, 
irrité, il jura et dit : 

359. Nul des hommes de cette 
génération tres méchante ne 
verra la terre bonne, que sous le 
serment, j'ai promis à vos pères, 

80. Excepté Caleb, fils de Jé- 
phoné ; car lui la verra, et c'est à 
lui que je donnerai la terre qu'il 


LE DEUTÉRONOME. 


317 


a foulée, et à ses enfants, parce 
qu'il a suivi le Seigneur. 

31. Et elle n'est pas étonnante, 
cette indignationcontrelepeuple, 
puisque irrité méme contre moi, 
àcause de vous,le Seigneur a dit: 
Tu n'y entreras pas non plus. 

38. Mais Josué, fils de Nun, ton 
serviteur, entrera lui-méme au 
lieu de toi; exhorte-le et le for- 
tifie, car lui-même partagera au 
sort la terre à Israël. 

39. Vos petits enfants, dont vous 
avez dit qu’ils seraient emmenés 
captifs, et les enfants qui aujour- 
d'hui ignorent la différence du 
bien et du mal, ceux là entreront ; 
et c'est à eux que je donnerai la 
terre, et ils la posséderont. 

40. Mais vous, retournez et allez 
au désert par la voie de la mer 
Rouge. 

41. Et vous me répondites : 
Nous avons péché contre le Sei- 
gneur; nous monterons et nous 
combattrons, comme a ordonné 
le Seigneur notre Dieu. Ét comme 
vous marchiez en armes vers la 
montagne, 

42. LeSeigneurme dit :Dis-leur: 
Ne montez point, ni ne combattez, 
car je ne suis pas avec vous : ne 
tombez point devantvos ennemis. 

49. Je vous parlai, et vous ne 
m'écoutâtes point; mais vous op- 
posantau commandement du Sei- 
gneur, et enflés d'orgueil, vous 
montâtes sur la montagne. 

44. C'est pourquoi l'Amorrhéen, 


33. Ex., ,זווא‎ 21 ; Nomb., xiv, 14. — 35. Nomb., xiv, 23; Ps. xciv, 11. — 41. Nomb., xiv, 


40. — 42. Nomb., xiv, 42. 


28. Enacim est en hébreu le plur. d'Enac et signifie les descendants d'Enac, géant 


redoutable. Comp. Nombres, xui, 34. 


33. Par le feu; c'est-à-dire par la colonne de feu. 
4^. * Dans les montagnes du sud de la Palestine. — Horma, voir Nombres, xiv, 45. 


318 LE DEUTÉRONOME. 


qui habitait dans les montagnes, 
étant sorti et venant au-devant 
de vous, vous poursuivit, comme 
les abeilles ont coutume de pour- 
suivre, et il vous tailla en pièces 
depuis Séir jusqu'à Horma. 

45. Et comme, étant retournés, 
vous pleuriez devantle Seigneur, 
il ne vous écouta point, et il ne 
voulutpasacquiescer à votre voix. 

46. Vous demeurátes donc à Ca- 
desbarné durant un long temps. 


CHAPITRE IT. 


Voyage des Israélites depuis Cadesbarné 
jusqu'au pays de Séhon. Dieu leur dé- 
fend de combattre les Iduméens, les 
Moabites etles Amorrhéens. Défaite de 
Séhon, roi des Amorrhéens. 


1. Or, partis de là, nous vinmes 
au désert qui conduit à la mer 
Rouge, comme m'avait ditle Sei- 
gneur, etnoustournámes autour 
de la montagne de Séir, durantun 
long temps. 

2. Et le Seigneur me dit : 

3. Vousavez suffisammenttour- 
né autour de cette montagne, al- 
lez contre l'aquilon : 

4. Etordonne au peuple, disant : 
Vous passerez par les frontières 
de vos freres, les enfants d'Esaü, 
qui habitent à Séir, et ils vous 
craindront. 

9. Voyez avec soin à ne pas vous 
mettre en mouvement contre 
eux; car je ne vous donnerai pas 
de leur terre, et autant.que la 
plante d'un seul pied peut en fou- 


[ca. 11,] 
ler, parce que j'ai donné en pos- 
session à Esaü la montagne de 
Séir. 

6. Vous achèterez d'eux des vi- 
vres avec de l'argent, et vous 
mangerez ; vous puiserez de l'eau 
achetée, et vous boirez. 

1. Le Seigneur ton Dieu t'a 
béni en toute œuvre de tes mains ; 
il connait ton chemin : comment 
tu as passsé ce grand désert; le 
Seigneur ton Dieu a habité avec 
toi pendant quarante ans, et rien 
ne t'a manqué. 

8. Lorsque nous eümes passé 
à travers nos freres, les enfants 
d'Esaü, qui habitaient à Séir, 
nous sommes venus par la voie 
de la plaine, d'Elath et d'Asion- 
gaber au chemin qui conduit au 
désert de Moab. 

9. Alors le Seigneur me dit : 
Ne combats point contre les Moa- 
bites, et ne leur livre point ba- 
taille; car je ne te donnerai rien 
de leur terre, parce que c'est aux 
enfants de Lot que j'ai livré Ar 
en possession. 

10. Les Emim furent ses pre- 
miers habitants, peuple grand 
et fort, et d'une stature si haute, 
que la race des Enacim 

11. Etait regardée comme leur 
souche, de méme que celle des 
géants, et qu'ils étaient sembla- 
bles aux enfants d'Enacim. En- 
fin les Moabites les appellent 
Emim. 

19. Quant à Séir, les Horrhéens 


4. * A Séir, l'Idumée. 


8. * Elath et Asiongaber, villes situées à l'extrémité septentrionale du golfe Elani- 


tique. 


9. * Ar, capitale de Moab, au sud de l'Arnon. 

11. Enacim. Voy. 1, 28. — Emim, c'est-à-dire terreurs. 

12. * Les Horrhéens, ou Chorréens, car l'orthographe seule est différente. Habitants 
des cavernes. Voir la note sur Genèse, xiv, 6. 


[cn. n.] 


y avaient jadis habité; lesquels 
chassés et détruits, les enfants 
d'Esaü y habitèrent, comme ἃ 
fait Israël dans la terre de sa 
possession que lui a donnée le 
Seigneur. 

13. Nous levant donc pour pas- 
ser le torrent de Zared, nous 
vinmes auprès. 

14. Or, le temps pendant le- 
quel nous marchâmes de Cades- 
barné jusqu'au passage du tor- 
rent de Zared, fut de trente-huit 
ans, jusquà ce que toute la 
génération des hommes combat- 
tants eut été exterminée du 
camp, comme l'avait juré le Sei- 
gneur, 

15. Dont la main fut contre eux, 
pour qu'ils périssent du milieu 
du camp. 

16. Or, aprés que tousles com- 
battants furent tombés, 

17. Le Seigneur me parla, 
disant : 

18. Tu franchiras aujourd'hui 
les frontières de Moab, la ville 
du nom d'Ar : 

19. Et t'approchant des lieux 
voisins des enfants d'Ammon, 
garde-toi de combattre contre 
eux, et de les provoquer au com- 
bat; car je ne te donnerai point 
de la terre des enfants d'Ammon, 


LE DEUTÉRONOME. 319 


parce que c'est aux enfants de 
Lot que je l'ai donnée en pos- 
session. 

20. Elle a été réputée terre des 
géants, et en elle autrefois ont 
habité des géants que les Am- 
monites appellent Zomzommim, 

21. Peuple grand et nombreux, 
et d'une haute taille comme les 
Enacim, et que le Seigneur dé- 
truisit devant les Ammonites 
qu'il fit habiter en leur place, 

29. Comme il avait fait pour 
les enfants d'Esaü qui habitent 
à Séir, détruisant les Horrhéens, 
et leur livrant leur terre qu'ils 
possèdent jusqu'à présent. 

23. Les Hévéens aussi qui habi- 
taient à Hasérim jusqu'à Gaza, 
furent chassés par les Cappado- 
ciens, qui, sortis de Cappadoce, 
les détruisirent et habitèrent en 
leur place. 

24. Levez-vous et passez le 
torrent d’Arnon : voilà que j'ai 
livré en ta main Séhon, roi d'Hé- 
sébon,l'Amorrhéen, etcommence 
à posséder sa terre, et engage 
un combat contre lui. 

25. Aujourd'hui je commence- 
rai à envoyer la terreur et l'effroi 
aux peuples qui sont sous le ciel 
entier, afin que, ton nom oui, ils 
tremblent, et que, comme les 


13. * Zared. Voir Nombres, xxi, 12. 
14. * Cadesbarné. Voir Nombres, xx, 1. 


18. * Les frontières de Moab, l'Arnon. Voir Nombres, xxi, 13 


19. * Des lieux voisins des enfants d'Ammon. Les Ammonites, descendants de Loth, 
habitaient à l'est du Jourdain entre l'Arnon et le Jaboc. Ils paraissent avoir mené 
la vie nomade et s'étre retirés pius à l'est où ils furent repoussés. 

23. * Hasérim semble étre un nom commun désignant un ensemble de villages. — 
Gaza, ville des Philistins, à l'extrémité sud-ouest de la plaine de la Séphéla. — Les 
Cappadociens... sortis de Cappadoce. Le texte hébreu porte les Caphtorim sortis de 
Caphtor, c'est-à-dire, probablement la Créte, et non la Cappadoce, comme le croyaient 
les anciens interprétes. 

24. * L'Arnon, qui se jette dans la mer Morte, à l'est, séparait alors les Moabites 


des BE ΒΡ ΡΩΝ, Son lit est trés profond et très escarpé. — Hésébon. Voir Nombres, 
ואצ‎ 25. 


320 LE DEUTÉRONOME: 


femmes qui enfantent, ils fré- 
missent, et soient saisis par la 
douleur. 

26. J'envoyai donc des messa- 
gers du désert de Cadémoth vers 
Séhon, roi d'Hésébon, avec des 
paroles de paix, disant : 

27. Nous passerons à travers 
ta terre; nous marcherons par 
la veie publique; nous ne nous 
détournerons ni à droite ni à 
gauche. 

28. Vends-nous des vivres se- 
lon le prix, afin que nous man- 
gions : donne-nous de l’eau pour 
de l'argent, et ainsi nous boirons. 
Le tout est que tu nous accordes 
le passage, 

99. Comme ont fait les en- 
fants d'Esaü qui habitent à Séir, 
et les Moabites qui demeurent 
à Ar, jusqu'à ce que nous arri- 
vions au Jourdain, et que nous 
passions dans la terre que le Sei- 
eneur notre Dieu doit nous ac- 
corder. 

30. Mais Séhon, roi d'Hésébon, 
ne voulut point nous donner le 
passage, parce que le Seigneur 
ton Dieu avait endurci son esprit 
et fermé son cœur, afin qu'il füt 
livré en tes mains, comme tu 
vois maintenant. 

34. Alors le Seigneur me dit : 
Voilà que j'ai commencé à te li- 
vrer Séhon et sa terre : commen- 
ce à la posséder. 

39. Et Séhon sortit au-devant 
de nous avec tout son peuple 


Ic. it. ] 


pour nous combattre à Jasa: 

33. Et le Seigneur notre Dieu 
nous le livra, et nous le battimes 
avec ses fils et tout son peuple. 

34. Nous primes en ce temps- 
là toutes ses villes, nous tuámes 
les habitants, hommes, femmes 
et petits enfants, et nous n’y 
laissámes rien, 

39. Excepté les bestiaux, qui 
devinrent la part de ceux qui les 
pillèrent, et les dépouilles des 
villes que nous primes. 

36. Depuis Aroér, qui est sur 
le bord du torrent d'Arnon, ville 
qui est située dans la vallée, jus- 
qu'à Galaad, il n'y eut point de 
bourg ni de ville qui échappât à 
nos mains; le Seigneur notre 
Dieu nous les livra toutes, 

31. Excepté la terre des enfants 
d'Ammon, dont nous n'avons pas 
approché, et tout ce qui se trou- 
ve auprès du torrent de Jéboc, 
et les villes des montagnes, et 
tous les lieux que le Seigneur 
notre Dieu nous a interdits. 


CHAPITRE III. 


Défaite d'Og, roi de Basan. Partage des 
tribus de Ruben et de Gad, et de la 
demi-tribu de Manassé. Moise ne peut 
obtenir d'entrer dans la terre promise. 


4. C'est pourquoi, étant re- 
tournés, nous montâmes par le 
chemin de Basan; et Og, roi de 
Bazan, sortit à notre rencontre 
avec tout son peuple pour com - 
battre à Edrai. 


Cuar. II. 26. Nomb., xxi, 21. — 34. Amos, τι, 9. — (ΒΑΡ. 111. 1. Nomb., xxi, 33; Infra, 


CXTX le 


30. Le Seigneur ton Dieu, etc. Voy. Exode, iv, 21. 
36. * Aroér, sur lArnon, formait l'extrémité occidentale du royaume de Séhon, 


vis-à-vis d'Ar Moab. 


1. * Basan. Voir la note sur Nombres, xxi, 33. — 000% Voir Nombres, xxi, 33. 


[cu. ui] 

9. Alors le Seigneur me dit : 
Ne le crains point, parce qu'il a 
été livré en ta main avec tout 
son peuple et sa terre; et tu lui 
feras comme tu as fait à Séhon, 
roi des Amorrhéens, qui habitait 
à Hésébon. 

3. Le Seigneur notre Dieu li- 
vra done aussi en nos mains Og, 
roi de Basan, et tout son peuple; 
nous les battimes jusqu'à une 
entière extermination, 

4. Dévastant toutes ses cités 
en un méme temps (il ny eut 
point de ville qui nous échappât): 
soixante villes, toute la contrée 
d'Argob, royaume d'Og en Basan. 

5. Toutes les villes étaient for- 
lifiées de murs très hauts, et de 
portes et de verrous, outre les 
villes innombrables qui n'avaient 
point de murs. 

6. Et nous détruisimes ces 
peuples, comme nous avions fait 
àSéhon,roid'Hésébon, détruisant 
toute ville, les hommes, les 
femmes et les petits enfants. 

1. Mais les bestiaux et les dé- 


LE DEUTÉRONOME. 


321 
pouilles des villes, nous les en- 
levàmes. 

8. Nous primes donc en ce 
temps-là la terre des deux rois 
des Amorrhéens, qui étaient au 
delà du Jourdain, depuis le tor- 
rent d'Arnon jusqu'à la mon- 
tagne d'Hermon, 

9. Que les Sidoniens appellent 
Sarion, et les Amorrhéens Sanir ; 

10. Toutes les villes qui sont 
situées dans la plaine, et toute la 
terre de Galaad et de Dasan 
jusqu'à Selcha et Edrai, villes du 
royaume d'Og en Basan. 

11. Car le seul Og, roi de Ba- 
san, était resté de la race des 
géants. On montre son lit de fer 
qui est à Rabbath des enfants 
d'Ammon, ayant neuf coudées de 
longueur, et quatre de largeur, 
selonlamesure de lacoudée d'une 
main d'homme. 

12. Ainsi, nous possédâmes en 
ce temps-là la terre, depuis Aroër 
qui est sur le bord du torrent 
d'Arnon, jusquau milieu de la 
montagne de Galaad, et j'en don- 


2. Nomb., xxr, 33. — 3. Nomb., xxr, 34, 39. — 12. Nomb., xxxir, 29. 


4. Soixante villes, se rapporte, comme explicatif, aux mots précédents foules ses 
cilés ; c'est pour cela que nous avons mis entre parenthèses la phrase qui l'en détache. 
— * Toute la contrée d'Argob, appelée du temps de Notre Seigneur Trachonitide. — 
Les soixante villes furent plus tard appelées Havoth-Jair, parce qu'elles appartinrent 
à Jair, de la tribu de Manassé. L'Argob est un pays volcanique, couvert de roches 
basaltiques. 

8. * Au delà du Jourdain. Voir la note sur Nombres, xxxi, 32. — Arnon, rivière qui 
se jette dans la mer Morte, à l'est. — Hermon, chaine de montagnes au nord de la 
Palestine, ramification de l'Anti-Liban. 

11. Rabbaih des enfants d'Ammon. Moïse ajoute les derniers mots, parce qu'il y 
avait une autre ville du méme nom, située dans le pays de Moab. — La grande 
quantité d'insectes dans les pays orientaux rend les lits de métal presque indis- 
pensables. — Selon la mesure, c'est-à-dire, probablement, selon la grandeur de la 
coudée d'un homme ordinaire, et non selon la longueur prise à la mesure d'Og 
lui-même. — * Rabbalh Ammon, capitale des Ammonites, à l'est du Jourdain, au sud- 
est de Ramoth-Galaad, sur la route de Bosra du Hauran à Hésébon. — * Son lil de fer, 
probablement le sarcophage dans lequel il avait été placé après sa mort. Par fe, 
il faut entendre vraisemblableinert le basalte noir, commun dans le pays, et qui 
contient vingt pour cent de fer, d'oü vient que les Arabes appellent enceve aujour- 
d'hui le basalte du fer. 


A.. T. - 21 


322 
nai les villes à Ruben et à Gad. 

13. Mais le reste de Galaad et 
tout le Basan du royaume d'Og, 
je le livrai à la demi-tribu de Ma- 
nassé, ainsi que toute la contrée 
d'Argob : or, tout le Basan est ap- 
pelé terre de géants. 

14. Jaïr, fils de Manassé, pos- 
séda toute la contrée d'Argob, 
jusqu'aux frontieres de Gessuri 
et de Machati ; etil appela de son 
nom Basan, Havoth Jair, c'est-à- 
dire bourgs de Jair, ce qui a été 
leur nom jusqu'au présent jour. 

15.Je donnai aussi Galaad à 
Machir. 

16. Mais aux tribus de Ruben 
et de Gad, je donnai de la terre 
de Galaad jusqu'au torrent d'Ar- 
non, 18 moitié du torrent et de 
ses confins jusqu'au torrent de 
Jéboc, qui est lafrontière des en- 
fants d'Ammon; 

17. De plus, la plaine du dé- 
sert, le Jourdain, et les fron- 
tières de Cénéreth jusqu à la mer 
du désert, qui est la très salée, 
jusqu'au pied de ia montagne de 
Phasga, contre l'orient. 

18. Et je vous ordonnai en ce 
temps-là, disant : Le Seigneur 
votre Dieu vous donne cette terre 
en héritage; tous prêtsaucombat, 
précédez vos frères, les enfants 
d'Israël, vous tous, hommes forts, 

19. Sans vos femmes, vos pe- 


21. Nomb., xxvir, 18. 


LE DEUTÉRONOME. 


[cu. ur] 


tits enfants et vos bestiaux. Car 
je sais que vous avez de nom- 
breux troupeaux ; or, ils devront 
demeurer dans les villes que je 
vous ai livrées, 

20. Jusqu'à ce que le Seigneur 
accorde le repos à vos frères, 
comme il vous la accordé; et 
qu'ils possèdent, eux-mêmes 
aussi, la terre qu'il doit leur don- 
ner au delà du Jourdain : alors 
chacun retournera en sa posses- 
sion que je lui ai donnée. 

91. A Josué aussi j'ai ordonné en 
ce temps-là, disant : Tes yeux ont 
vu ce qu'a fait le Seigneur votre 
Dieu à ces deux rois : c'est ainsi 
quil fera à tous les royaumes 
dans lesquels tu dois passer. 

22. Ne les crains point; car le 
Seigneur votre Dieu combattra 
pour vous. 

23. Et je priai le Seigneur en 
ce temps-là, disant : 

24. Seigneur Dieu, vous avez 
commencé à montrer à votre ser- 
viteur votre grandeur, et votre 
main trés puissante; car il n'est 
pas d'autre Dieu ou dans le ciel 
ou sur la terre, qui puisse faire 
vos œuvres, et être comparé à 
votre puissance. 

95. Je passerai donc, et je verrai 
celte terre excellente au-delà du 
Jourdain, et cette belle mon- 
tagne, et le Liban. 


14. * Argob, Gessuri, Machali. Voir l'Introduction au livre de Josué. — Havoth Jair. 


Voir vers. 4. 


11. * La plaine du désert, la plaine de Moab. — Cénéreth devint une ville de Neph- 
tali. C'est elle qui donna son nom au lac de Cénéreth, Génésareth ou Tibériade. — 
La mer trés salée est la mer Morte, sur laquelle on peut voir l'Introduction au livre 
de Josué. — Phasga. Voir Nombres, xxi, 20. 

25. Cette belle montagne ; la montagne de Moria, sur laquelle Abraham offrit Isaac, 
et où devait être bâtie la ville de Sion et son temple, ou bien les montagnes de 
264261, plus hautes que la montagne de Moria, plus voisines du Jourdain et peu 


[cn. 1v.) 

96. Mais le Seigneur, irrité 
contre moi à cause de vous, ne 
m'exauca pas, mais il me dit : 
C'est assez pour toi, ne me parle 
plus de cela. 

1. Monte au sommet de Phas- 
ga, et promène tes yeux vers 
l'occident, et vers l'aquilon, et le 
midi, et l'orient, et regarde; car 
tu ne passeras pas le Jourdain. 

98. Ordonne àJosué, affermis-le 
el le fortifie, parce que c'est lui- 
méme qui précédera ce peuple, 
et qui leur divisera la terre que 
tu vas voir. 

29. Et nous demeurámes dans 
la vallée, contre le temple de 
Phogor. 


JHAPITRE IV. 


Exhortation à l'observation des divins 
commandements. Menaces contre ceux 
qui les violeraient. Trois villes de re- 
fuge établies en decà du Jourdain. 


1. Maintenant, Israël, écoute 
les préceptes et les ordonnances 
que moi je t'enseigne, afin que 
les pratiquant, tu vives, et que 
lu possèdes, en y entrant, la terre 
que le Seigneur Dieu de vos peres 
và vous donner. 

2. Vous n'ajouterez point à la 
parole que je vous dis, et vous 


LE DEUTÉRONOME. 323 


n'en retrancherez point: gardez 
les commandements du Seigneur 
votre Dieu que moi, je vous pres- 
cris. 

3. Vos yeux ont vu tout ce qu'a 
fait le Seigneur contre Béelphé- 
gor, comment il a brisé tous ses 
adorateurs du milieu de vous. 

4. Mais vous qui étes attachés 
au Seigneur votre Dieu, vous vi- | 
vez tous jusqu'au présent jour. | 

5. Vous savez que je vous ai 
enseigné les préceptes et les lois, 
comme m'a commandé le Sei- 
gneur mon Dieu : ainsi, vous les 
pratiquerez dans la terre que 
vous allez posséder; 

6. Vous les observerez et les ac- 
complirez par vos œuvres. Car 
telles sont votre sagesse et votre 
intelligence devant les peuples, 
afin qu'entendant parler de tous 
ces préceptes, ils disent : Voici 
un peuple sage et intelligent, une 
erande nation. 

7. Et i! n'est point d'autre na- 
tion, si grande qu'elle soit, qui 
ait des dieux s'approchant d'elle, 
comme notre Dieu, qui est pré- 
sent à toutes nos prières. 

8. Quelle est, en effet, l'autre 
nation assez illustre pour qu'elle 
ait des cérémonies, des ordon- 


21. Infra, ,אאא‎ 2; xxxiv, 4. — CHap. IV. 3. Nomb., xxv, 4. 


éloignées de Jéricho. — * Le Liban devait former la frontière septentrionale de la 
Palestine. Sur cette montagne, voir l'Introduction au livre de Josué. 


21. * Phasga. Voir Nombres, xxi, 20. 


28. La terre que tu vas voir. Compar. xxxiv, 4. 


2. Les hérétiques prétendent à tort que ce verset condamne toutes les traditions 
et les ordonnances de l'Eglise, comme étant des additions que l'on a faites à l'Ecri- 
ture. S'ils étaient conséquents, ils diraient la méme chose de toutes les autres 
parties de la Bible, et méme des autres livres du Pentateuque, où il se trouve des 
ordonnances qu'on n'était pas moins obligé de pratiquer. Le sens évident de ce 
passage est que personne ne pouvait rien faire des choses que Dieu avait défendues, 
et ne rien omettre de celles qu'il lui avait ordonnées; c'est-à-dire que toute la loi 
devait étre exactement observée par tout le peuple de Dieu. 

3. * Béelphégor, Baal adoré à Phégor par un culte impur. 


324 LE DEUTÉRONOME. 


nances justes, et toute cette loi 
que j'exposerai aujourd'hui de- 
vant vos yeux? 

9. Garde-toi done toi-méme et 

: ton âme soigneusement. N'oublie 
“point les paroles qu'ont vues tes 

JAyeux, et qu'elles ne sortent point 
de ton cœur tous les jours de ta 
vie. Tu les enseigneras à tes fils 
et à tes petits-fils, 

10. Depuis le jour que tu t'es 
trouvé devant le Seigneur ton 
Dieu à Horeb, quand le Seigneur 
me parla, disant : Assemble au- 
prés de moi le peuple, afin qu'ils 
entendent mes paroles, et qu'ils 
apprennent à me craindre tout le 
temps qu'ils vivront sur la terre. 
et qu'ilsinstruisent leurs enfants. 

11. Et vous vous approchâtes 
du pied de la montagne, qui brü- 
lait jusqu'au ciel; et il y avait sur 
elle des ténèbres, un nuage et 
une obscurité. 

19. Et le Seigneur vous parla 
du milieu du feu. Vous entendites 
la voix de ses paroles, mais de 
forme, vous n'en vites absolu- 
ment point. 

13. Il vous fit connaitre son al- 
liance, qu'il vous ordonna d'ac- 
complir, et les dix paroles qu'il 
écrivit sur deux tables de pierre. 

14.Etàmoi,ilmecommanda, en 
cetemps-là, devous enseigner des 
cérémonies et des ordonnances 
que vous deviez accomplir dans 
la terre que vous allez posséder. 

15. Gardez donc soigneusement 


11. Exode, xix, 18. — 21. Supra, 1, 31. 


[cu. 1v.] 


vos àmes. Vous n'avez vu aucune 
représentation au jour que le Sei- 
gneur vous parla à Horeb, du mi- 
lieu du feu; 

16. De peur que, séduits, vous 
ne vous fassiez quelque représen- 
tation taillée au ciseau, ou bien 
quelque image d'homme ou de 
femme; 

17. Quelque représentation de 
toutes les bêtes qui sont sur la 
terre, ou des oiseaux qui volent 
sous le ciel, 

18. Et des reptiles qui se meu- 
vent sur la terre, ou des poissons 
qui sous la terre demeurent dans 
les eaux; 

19. De peur que, les yeuxlevés 
au ciel, tu ne voies le soleil, la 
lune et tous les astres du ciel, et 
que, séduit par l'erreur, tu ne les 
adores, et tu n'offres un culte à 
des choses que le Seigneur ton 
Dieu a créées pour servir à toutes 
les nations qui sont sous le ciel. 

20. Pour vous, le Seigneur vous 
a tirés et ramenés de la fournaise 
de fer de l'Egypte, pour avoir un 
peuple héréditaire, comme il est 
au présent jour. 

91. Et le Seigneur s'est irrité 
contre moi, à cause de vos dis- 
cours, et il a juré que je ne pas- 
serai pas le Jourdain, et que je 
n'entrerai pas dans 18 terre excel- 
lente qu'il và vous donner. 

22. Voici donc que je meurs en 
ce pays; je ne passerai point le 
Jourdain; vous, vous le passerez, 


10. * Horeb, le mont Sinai. 


12-15. Ces passages prouvent clairement, contre certains incrédules, que les Hé- 


breux n'attribuaient pas de corps à Dieu. 


16. Vous ne vous fassiez, etc. Voy. Exode, xx, 4. 
16-19. * La défense de faire des statues fut si bien observée, sauf les cas d'idolátrie, 
qu'il n'existe pas, à proprement parler, d'art judaique. 


[(Η. 1v.] 


et vous posséderez cette belle 
terre. 

93. Prends garde d'oublier ja- 
mais l'alliance du Seigneur ton 
Dieu, qu'il a établie avec toi, et 
de te faire quelque représenta- 
tion taillée au ciseau des choses 
dont le Seigneur a défendu d'en 
faire, 

24. Parce que le Seigneur ton 
Dieu est un feu consumant, un 
Dieu jaloux. 

95. Si vous engendrez des en- 
fants et des petits-enfants, et que 
vous demeuriez dans cette terre, 
et que, séduits, vous fassiez quel- 
que représentation, commettant 
le mal devant le Seigneur votre 
Dieu, en sorte que vous le provo- 
quiez au courroux, 

26. J'invoque à témoin aujour- 
d'hui le ciel et la terre que bien- 
tót vous serez exterminés de la 
terre, que, le Jourdain passé, 
vous allez posséder; vous n'y ha- 
biterez pas longtemps, mais le 
Seigneur vous détruira, 

27. Et vous dispersera dans tous 
les peuples, et vous resterez en 
petit nombre parmi les nations, 
chez lesquelles le Seigneur doit 
vous conduire. 

28. Etlà vous servirez des dieux 
qui ont été fabriqués par la main 
des hommes, du bois et de la 
pierre, qui ne voient, ni n'enten- 
dent,ninemangent, ni neflairent. 
. 99. Mais, lorsque tu chercheras 
làleSeigneur ton Dieu, tule trou- 

24. Hébr., xir, 29. 


LE DEUTÉRONOME. 325 


veras, si cependant c'est de tout 
ton cœur que tu le cherches, et 
dans toute l’affliction de ton âme. 

30. Apres que te seront arrivées 
toutes les choses qui ont été pré- 
dites, tu reviendras, dans le der- 
niertemps, au Seigneurton Dieu, 
et tu écouteras sa voix, 

31. Parce que c'est un Dieu 
miséricordieux, le Seigneur ton 
Dieu; il ne t'abandonnera point, 
et il ne te détruira pas entiere- 
ment, etil n'oublierapasl'alliance 
qu'il a jurée à tes peres. 

32. Demande aux jours anciens 
qui ont été avant toi, depuis le 
jour que Dieu a créé l'homme sur 
la terre, depuis une extrémité du 
ciel jusqu'à l'autre extrémité, s'il 
a été fait jamais une chose sem- 
blable, ou si jamais il a été connu 

33. Qu'un peuple ait entendu 
la voix de Dieu, parlant du milieu 
du feu, comme tu l'as entendue, 
en conservant la vie; 

34. Si Dieu a entrepris de venir 
et de prendre pour lui une nation 
au milieu des nations, par des 
épreuves, des signes et des pro- 
diges, parla guerre, par une main 
forte, un bras étendu et d'hor- 
ribles visions, selon tout ce qu'a 
fait pour vous le Seigneur votre 
Dieu dans l'Egypte, tes yeux le 
voyant, 

35. Afin que tu susses que c'est 
leSeigneurlui-méme qui estDieu, 
et qu'il n'en 651088 d'autre quelui. 

36. Du haut du ciel il t'a fait 


.ןו 
Le Seigneur lui-même est Dieu et il n'en est pas d'autre que lui. Ce magni-‏ * .33 

fique passage du Deutéronome est comme la profession de foi des Juifs. Les Israélites 
le copient encore aujourd'hui de leurs mains sur un morceau de parchemin avec 
celui de l'Exode, xur, 2-10, 11-17, et l'attachent à leur front et au bras gauche pour 


réciter leur prière du matin. C'est la partie essentielle des phylactères. On appelle 
ce parchemin du mot hébreu par lequel il commence schema. ₪ 


326 LE DEUTÉRONOME. 


entendre sa voix pour t'instruire, 
et sur la terre il t'a montré son 
feu tres ardent, et tu as entendu 
ses paroles qui sortaientdu milieu 
du feu, 

37. Parce qu'il a aimé tes peres, 
et qu'il ἃ choisi leur postérité 
apres eux; et il t'a retiré de l'E- 
gypte, te précédantavecsa grande 
puissance, 

38. Pour détruire à ton entrée 
des nations trés grandes et plus 
fortesquetoi, et pour t'introduire, 
et te donner leur terre en posses- 
sion, comme tu vois au présent 
jour. 

39. Sache donc aujourd'hui, et 
pense en ton cœur, que c'est le 
Seigneur hii-méme qui est Dieu 
dans le ciel en haut, et sur la 
terre en bas, et qu'il n'en est pas 
d'autre. 

40. Garde ses préceptes et ses 
commandements, que moi, je te 
prescris, afin que bien t’arrive, à 
toi et à tes fils apres toi, et que 
tu demeures longtemps sur la 
terre que le Seigneur ton Dieu 
va te donner. 

41. Alors Moïse sépara trois 
villes au-delà du Jourdain vers la 
partieorientale, 

42. Afin que s'y réfugie celui 
qui sans le vouloir aura tué son 
prochain, et qui n'aura pas été 
son ennemi un ou deux jours au- 


[απ tv.) 
paravant, et qu'il puisse seretirer 
dans une de ces villes : 

43. Bosor dans le désert, qui 
est située dans Ja plate campagne 
de la tribu de Ruben; Ramoth en 
Galaad, qui est dans la tribu de 
Gad, el Golan en Basan, qui est 
dans la tribu de Manassé. 

44. Telle est la loi que Moise 
exposa devant les enfants d'ls- 
raél ; 

45. Et telles sont les lois, les 
cérémonies et les ordonnances 
quil annonca aux enfants d'Is- 
raél, quand ils furent sortis de 
l'Egypte, 

46. Au delà du Jourdain dans 
la vallée, contre le temple de Pho- 
gor dans la terre de Séhon, roi 
de l'Amorrhéen, qui habita à Hé- 
sébon, et que bhattit Moïse. Les 
enfants d'Israél aussi, sortis de 
l'Egypte, 

41. Possédèrent sa terre, et la 
terre d'Og, roi de Basan, deux rois 
des Amorrhéens qui étaient au- 
delà du Jourdain, vers le levant, 

48. Depuis Aroér qui est sut 
le bord du torrent d'Arnon, jus- 
qu'à la montagne de Sion, qui est 
appelée aussi Hermon, 

49. Toute la plaine au-delà du 
Jourdain, vers la partie orien- 
tale, jusqu'à la mer du désert, et 
jusqu'au pied dela montagne de 
Phasga. 


31. Exode, xir, 21. — 41. Nomb., xxxv, 14. — 49. Jos., xx, 8. 


41, #1, 49. Au delà du Jourdain. ΝΟΥ. Nombres, xxxn, 32. 


43. * Bosor, sur le plateau du pays des Amorrhéens, en Galaad, aujourd'hui Kesür- 
el-Bescheir, au sud-ouest de Dibon, fut enlevée plus tard aux Rubénites par les Moa- 
bites. — Ramoth Galaad, dans une position trés forte, sur une colline entourée de 
ravins profonds, couverte de vignes et d'oliviers, probablement l'es-Salt d'aujourd'hui. 
— Golan, site inconnu. 

46. * Le temple de Phogor, en hébreu Beth Phogor, ville de Moab, puis de Ruben, 

rés du Jourdain, en face de Jéricho. — ilésébon. Voir Nombres, xxt, 25. 

49. * Phasga. Voir Nombres, xxt, 20. 


68. v.] 


CHAPITRE V. 


Moïse rappelle au peuple les préceptes 
du Décalogue. 


1. Or, Moïse appela tout Israél 
et lui dit : Ecoute, Israël, les cé- 
rémonies et les ordonnances que 
moi, je vous fais entendre aujour- 
d'hui; apprenez-les et les accom- 
plissez par vos œuvres. 

2. Le Seigneur notre Dieu a fait 


avec nous une alliance à Horeb. 


3. Ce n'est pas avec nos pères 
quil a fait cette alliance, mais 
avec nous qui sommes mainte- 
nant et qui vivons. 

4. ll nous a parlé face à face 
surla montagne du milieu du feu. 

5. C'est moi qui fus l'interprète 
et le médiateur entre le Seigneur 
et vous en ce temps-là, pour vous 
annoncer ses paroles; car vous 
craignites le feu, et vous ne 
montâtes pas sur la montagne, 
et il dit : 

6. Je suis le Seigneur ton Dieu 
qui t'ai reliré de la terre d'E- 
gypte, de la maison de servitude. 

7. Tu n'auras point de dieux 
étrangers en ma présence. 

8. Tu ne te feras point d'image 
taillée au ciseau, ni de représen- 
tation de tout ce qui est dans le 
ciel en haut, et de ce qui est sur 
la terre en bas, et de ce qui se 
trouve dans les eaux sous la 
terre. 

9. Tu ne les adoreras pas et tu 


LE DEUTÉRONOME. 


327 


ne les serviras pas. Car c'est moi 
qui suis le Seigneur ton Dieu, 
Dieu jaloux, rejetant l'iniquité 
des pères sur les enfants jusqu’à 
la troisième et la quatrième gé- 
nération de ceux qui me haissent, 

10. Et faisant miséricorde dans 
plusieurs milliers de généra- 
tions, à ceux qui m'aiment et 
gardent mes préceptes. 

11. Tu ne prendras point le 
nom du Seigneur ton Dieu en 
vain : car il ne sera pas impuni, 
celui qui pour une chose vaine 
prendra son nom. 

12. Observe le jour du sabbat, 
afin de le sanctifier, comme t'a 
ordonné le Seigneur ton Dieu. 

13. Pendant six jours tu tra- 
vailleras, et tu feras tous tes ou- 
vrages. 

14. Mais le septième jour est 
celui du sabbat, c'est-à-dire le re- 
pos du Seigneur ton Dieu. Tu ne 
feras en ce jour aucun ouvrage, 
ni toi, ni ton fils, ni ta fille, 
ni ton serviteur, ni ta servante, 
ni ton bœuf, ni ton âne, ni au- 
cune de tes bêtes, nil'étrangerqui 
est au-dedans de tes portes ; afin 
que ton serviteur et ta servante 
se reposent comme toi aussi. 

15. Souviens-toi que toi-méme 
aussi tu as servi en Egypte, et 
que le Seigneur ton Dieu t'en a 
retiré par une main puissante et 
un bras étendu. C'est pourquoi il 
t'a ordonné d'observer le jour du 
sabbat. 


Cxap. V. 6. Exode, xx, 2; Lév., xxvi, 1; Ps. rxxx, 11. — 7. Exode, xx, 3; Ps. Lxxx, 10. 
— 8. Exode, xx, 4; Lévit., תטאא‎ 1; Ps. xcvi, 7. — 9. Exode, xxxiv, 14. — 11. Exode, 
xx, 1; Lév., xix, 12; Matt., v, 33. — 14. Genèse, r1, 2; Exode, xx, 10; Hébr., 1v, 4. 


—MÓ á— M — — M M M a € M —— 


1. * [ci commence le second discours de Moïse qui s'étend jusqu'au ch. xxvi et 
forme la partie principale du livre du Deutéronome. 


14. Tes portes; hébraisme, pour fes villes. 


328 

16. Honore ton pere et ta mere, 
comme t'a ordonné le Seigneur 
Lon Dieu, afin que tu vives long- 
temps, et que bien t'arrive dans 
la terre que le Seigneur ton Dieu 
va te donner. 

17. Tu ne tueras point. 

18. Tu ne commettras point 
d'adultere. 

19. Et tu ne feras point de vol. 

90. Tu ne porteras point de 
faux témoignage contre ton pro- 
chain. 

91. Tu ne convoiteras point la 
femme de ton prochain, ni sa 
maison, ni son champ, ni son 
serviteur, ni sa servante, ni son 
bœuf, ni son âne, ni aucune des 
choses qui sont à lui. 

92. Ce sont là les paroles qu'a 
dites le Seigneur à toute votre 
multitude, sur la montagne, du 
milieu du feu, de la nuée et de 
l'obscurité, avec une voix forte, 
n'ajoutant rien de plus; et il les 
écrivit sur deux tables de pierre, 
qu'il me remit. 

93. Mais vous, aprés que vous 
eütes entendu sa voix du milieu 
des ténèbres et que vous eütes 
vu la montagne embrasée, vous 
vous approchátes de moi, tous les 
princes des tribus, et les anciens, 
et vous dites : 

24. Voilà que le Seigneur notre 
Dieu nous a montré sa majesté 
et sa grandeur; nous avons en- 
tendu sa voix du milieu du feu, 
et nous avons éprouvé aujour- 
d'hui, que Dieu ayant parlé avec 
l'homme, l'homme conserve la 
vie. 

25. Pourquoi donc mourrons- 
nous, et ce tres grand feu nous 


LE DEUTÉRONOME. 


[cu. v.] 


dévorera-t-il? Car si nous enten- 
dons encore la voix du Seigneur 
notre Dieu, nous mourrons. 

26. Qu'est toute chair, pour 
qu'elle entende la voix du Dieu 
vivant, qui parle du milieu du 
feu, comme nous avons entendu, 
et qu'elle puisse vivre? 

27. Approche plutôt, toi, et 
écoute tout ce que te dira le 
Seigneur notre Dieu; tu nous le 
rapporteras ensuite, et, l'ayant 
entendu, nous le ferons. 

28. Ce qu'ayant entendu le Sei- 
gneur, il me dit : J'ai entendu la 
voix des paroles de ce peuple, 
lorsqu'ils t'ont parlé : ils ont bien 
dit toutes ces choses. 

29. Qui leur donnera d'avoir un 
esprit tel, qu'ils me craignent, et 
qu'ils gardent tous mes comman- 
dements en tout temps, afin que 
bien leur arrive, à eux et à leurs 
enfants pour jamais. 

30. Va, et dis-leur : Retournez 
en vos tentes. 

31. Mais toi, demeure ici avec 
moi, et je te dirai tous mes com- 
mandements, les cérémonies et 
les ordonnances, que tu leur en- 
seigneras, afin qu'ils les prati- 
quent dans la terre que je leur 
donnerai en possession. 

32. Gardez donc et faites ce que 
vous a ordonné le Seigneur votre 
Dieu; vous ne vous détournerez 
ni à droite ni à gauche ; 

33. Mais c'est par la voie qu'a 
prescrite le Seigneur votre Dieu 
que vous marcherez, afin que 
vous viviez et que bien vous ar- 
rive, et que vos jours soient pro- 
longés dans la terre de votre pos- 
session. 


16. Exode, xx, 12; Eccli., πὶ, 9; Matt., xv, 4; Marc, vir, 10; Eph., vi, 2. — 21. Matt., 


v, 28; Rom., vit, 7. 


(cu. vi.) 


CHAPITRE VI. 


Moïse exhorte les Israélites à aimer le 
Seigneur, et à ne jamais oublier ses 
préceptes et ses bienfaits. 


1. Voici les préceptes, les céré- 
monies et les ordonnances que le 
Seigneur votre Dieu a prescrites, 
afin que je vous les enseigne, et 
que vous les pratiquiez dans la 
terre dans laquelle vous allez 
passer pour la posséder, 

2, Afin que tu craignes le Sei- 
gneur ton Dieu, et que tu gardes, 
tous les jours de ta vie, tous ses 
commandements et ses préceptes 
que moi, je te prescris, à toi, à tes 
fils et à tes petits-fils, pour que 
tes jours soient prolongés. 

3. Ecoute, Israël, et aie grand 
soin de faire ce que t'a ordonné 
le Seigneur, afin que bien t'arri- 
ve, et que tu sois encore multi- 
plié, puisque le Seigneur Dieu 
de tes peres t'a promis une terre, 
oü coulent du lait et du miel. 

4. Ecoute, Israël, le Seigneur 
notre Dieu est l'unique Seigneur. 

5. Tu aimeras le Seigneur ton 
Dieu de tout ton cœur, de toute 
ton âme et de toute ta force. 

6. Et ces paroles que moi, je te 
prescris aujourd'hui seront dans 
ton cœur ; 

7. Tu les raconteras aussi à tes 
enfants, et tu les méditeras, assis 
en ta maison, et marchant dans 
le chemin, dormant et te levant. 

8. De plus, tu les lieras comme 
unsigne dans ta main ; ellesseront 
etse mouvront entre tes yeux; 

9. Et tu les écriras sur le seuil 


LE DEUTÉRONOME. 


329 


et sur les portes de ta maison. 

10. Et lorsque le Seigneur ton 
Dieu t'auraintroduit dans la terre 
au sujet de laquelleil a juré à tes 
peres, Abraham, [saac et Jacob, 
et quil t'aura donné des villes 
grandes et trés bonnes que tu 
n'as pas báties, 

11. Des maisons pleines de tou- 
tes richesses, et que tu n'as pas 
construites, des citernes que tu 
n'as pas creusées, des vignobles 
et des plants d'oliviers que tu 
n'as point plantés, 

12. Et que tu auras mangé et 
que tu te seras rassasié, 

13. Prends bien garde d'oublier 
le Seigneur qui t'a retiré de la 
terre d'Egypte, de la maison de 
servitude. Tu craindras le Sei- 
gneur ton Dieu, et tu ne serviras 
que lui, et c'est par son nom que 
tu jureras. 

14. Vous n'irez point apres les 
dieux étrangers de toutes les na- 
tions qui sont autour de vous, 

15. Parce qu'un Dieu jaloux, le 
Seigneur ton Dieu, est au milieu 
de toi; de peur qu'un jour la fu- 
reur du Seigneur ton Dieu ne 
s'irrite contre toi, et qu'il ne t'en- 
lève de la surface de la terre. 

16. Tu ne tenteras point le Sei- 
gneur ton Dieu, comme tu l'as 
tenté au lieu de la tentation. 

17. Garde les préceptes du Sei- 
gneur ton Dieu, les lois et les cé- 
rémonies qu'il t'a prescrites, 

18. Et fais ce qui est agréable et 
bon en la présence du Seigneur, 
afin que bien t'arrive, et que tu 
possèdes, y étant entré, la terre 


Cnar. VI. 5. Infra, xr, 13; Matt., xxi, 31; Marc, xir, 30; Luc, x, 27. — 13. Infra, x, 90- 
Matt., 1v, 10; Luc, 1v, 8. — 16. Matt., 1v, 7; Luc, 1v, 12. 


הרו[ 


1. Dormant, etc.; c'est-à-dire en te couchant pour dormir, et en te réveillant. 


330 


excellente, touchant laquelle le 
Seigneur a juré à tes pères, 

19. Qu'il détruirait tous tes en- 
nemis devant toi, comme ila dit. 

20. Et lorsque ton fils t'interro- 
gera demain, disant : Que signi- 
fient ces lois, ces cérémonies et 
ces ordonnances que nous a pres- 
crites le Seigneur notre Dieu? 

21. Tu lui diras : Nous étions 
esclaves de Pharaon en Egypte, 
et le Seigneur nous a retirés de 
l'Egypte par une main puissante ; 

29. Et il a fait des signes et des 
prodiges grands et terribles en 
Egypte contre Pharaon et toute 
sa maison en notre présence; 

93. Puis, il nous a retirés de là 
pour nous donner, aprés nous y 
avoir introduits, la terre, au sujet 
de laquelle il a juré à nos pères. 

24. Le Seigneur ensuite a or- 
donné quenous exécutions toutes 
ces lois, que nous craignions le 
Seigneur notre Dieu, afin que 
bien nous arrive tous les jours de 
notre vie, comme il en est au- 
jourd'hui. 

25. Car il nous sera miséricor- 
dieux, si nous gardons et nous 
pratiquons tous ses préceptes de- 
vantle Seigneur notre Dieu, com- 
me il nous a commandé. 


CHAPITRE VII. 


Ordre de Dieu d'exterminer les Chana- 
néens. Assurance de la protection du 
Seigneur. 


1. Lorsque le Seigneur ton Dieu 
t'aura introduit dans la terre 


ὕπαρ. VII. 1. Exode, xxi, 23; xxxi, 2. 
3. Exode, xxxiv, 16. — 5. Exode, ]אא‎ 24; 


xxvi, 18. 


LE DEUTÉRONOME. 


{cH. vir.]; 


dans laquelle tu entres pour la 
posséder, et qu'il aura détruit 
beaucoup de nations devant toi, 
l'Héthéen, le Gergézéen, l'Amor- 
rhéen, le Chananéen, le Phéré- 
zéen, l'Hévéen et le Jébuséen, 
sept nations beaucoup plus nom- 
breuses que toi et beaucoup plus 
fortes que toi, 

2. Et que le Seigneur ton Dieu 
te les aura livrées, tu les battras 
jusqu'à une entière extermina- 
tion. Tu ne feras point d'alliance 
avec elles, et tu n’auras pas pitié 
d'elles ; 

3. Tu ne contracteras pas non 
plus de mariages avec elles. Tu 
ne donneras point ta fille à son 
fils, et tu n'accepteras pas sa fille 
pour ton fils, 

4. Parce qu’elle persuadera à 
ton fils de ne pas me suivre, et 
de servir plutôt des dieux étran- 
gers ; ainsi s'irritera la fureur du 
Seigneur, et il te perdra soudain. 

5. Mais au contraire, voici ce 
que vous leur ferez : Renversez 
leurs autels, brisez leurs statues, 
coupez leurs bois sacrés, et brü- 
lez leurs images taillées au ci- 
seau : 

6. Parce que tu es un peuple 
consacré au Seigneur ton Dieu. 
C'est toi qu'a choisi le Seigneur 
ton Dieu, afin que tu sois son 
peuple particulier entre tous les 
peuples qui sont sur la terre. 

7. Ce n'est pas parce que vous 
lemportiez par le nombre sur 
toutes les nations, que le Sei- 


— 9. Exode, xxiu, 32; xxxiv, 15, 16. — 
Infra, זא‎ 3; xvi, 21. — 6. Infra, xiv, 2; 


—— M <תרררטטווווו‎ REUS, 


20. Demain; hébraisme, pour, dans l'avenir, un jour. 
5. * Coupez leurs bois sacrés. Voir la note sur Exode, xxxiv, 13. 


[cu. vu.] 


gneur s'est uni à vous, et vous a 
choisis, puisque vous étes moins 
nombreux que tous les peuples; 

8. Mais c'est parce que le Sei- 
gneur vous a aimés et qu'il a 
gardé le serment qu'il a juré à 
vos peres; c'est pour cela qu'il 
vous a retirés de l'Egypte par 
une main puissante, et qu'il vous 
a délivrés de la maison de servi- 
tude, de la main de Pharaon, roi 
d'Egypte. 

9. Ainsi, tu sauras que le Sei- 
gneur ton Dieu est lui-méme le 
Dieu fort et fidele, gardant son 
alliance et sa miséricorde à ceux 
qui l'aiment, età ceux qui gardent 
ses préceptes, jusqu'à mille gé- 
nérations; 

10. Et rendant soudain à ceux 
qui le haissent, en sorte qu'il les 
détruit, et ne diffère pas, leur 
rendant sur-le-champ ce qu'ils 
méritent. 

11. Garde donc les préceptes, 
les cérémonies et les ordon- 
nances que moi, je te commande 
. aujourd'hui de pratiquer. 

12. Si, aprés avoir entendu ces 
ordonnances, tu les gardes et les 
pratiques, le Seigneur ton Dieu 
aussi te gardera l'alliance et 8 
miséricorde quil a jurée à tes 
pères; 

13. Il t'aimera, il te multipliera, 
il bénira tes enfants, et le fruit 
de ta terre, ton blé et tes vignes, 
ton huile et ton gros bétail, les 
troupeaux de tes brebis dans la 
terre, au sujet de laquelle il a juré 
à tes pères qu'il te la donnerait. 

44. Car tu seras béni entre tous 


LE DEUTÉRONOME. 


394 
les peuples. 11 n'y aura pas chez 
toi de stérile de l'un et de l'autre 
sexe, tant dans les hommes que 
dans tes troupeaux. 

15. Le Seigneur éloignera de 
toi toute langueur; et les infir- 
mités terribles de l'Egypte que 
tu connais, il ne te les apportera 
pas, à toi, mais à tous tes en- 
nemis. 

16. Tu dévoreras tous les 
peuples que le Seigneur ton Dieu 
doit te donner. Ton cil ne les 
ménagera pas, et tu ne serviras 
point leurs dieux,afin qu'ils ne 
solent pas pour toi une ruine. 

11. Si tu dis en ton cœur : Ces 
nations sont plus nombreuses 
que moi; comment pourrai-je 
les détruire ? 

18. Ne crains point, mais rap- 
pelle-toi ce qu'a fait le Seigneur 
ton Dieu à Pharaon et à tous les 
Egyptiens, 

19. Les tres grandes plaies, 
qu'ont vues tes yeux, les signes 
et les prodiges, la main forte et 
le bras étendu, pour que le Sei- 
gneur ton Dieu te retirát de 7 E- 
gypte : ainsi fera-t-il à tous les 
peuples que tu redoutes. 

20. De plus, leSeigneurton Dieu 
enverra aussi les frelons contre 
eux, jusqu'à ce qu'il détruise et 
perde entierement tous ceux qui 
t’auront échappé et qui auront 
pu se cacher. 

21. Tu ne les craindras point, 
parce que le Seigneur ton Dieu 
est au milieu de toi, Dieu grand 
et terrible. 

22. Lui-méme, il exterminera 


14. Exode, xxr, 26. — 90. Exode, xxr, 28; Jos., xxiv, 12. 


oo 


22. Les bétes de la terre, ou des champs; c'est-à-dire les bêtes sauvages. 


832 


ces nauons en ta présence, peu à 
peu et par parties. Tu ne pourras 
pas les détruire toutes à la fois, 
de peur que les bétes de la terre 
ne se multiplient contre toi. 

93. Mais le Seigneur ton Dieu 
les mettra en ta présence, et il 
les fera mourir jusqu'à ce qu'ils 
soient entierement détruits. 

24. Et il livrera leurs rois en 
tes mains, et tu extermineras 
leurs noms de dessous le ciel; nul 
ne pourra te résister, jusqu'à ce 
que tu les aies brisés. 

95. Tu brüleras au feu leurs 
images taillées au ciseau; tu ne 
convoiteras point l'argent et l'or 
dont elles ont été faites, οἱ tu 
n'en prendras rien pour toi, de 
peur que tu ne tombes dans un 
piège, parce que c’est l'abomina- 
tion du Seigneur ton Dieu. 

96. Et tu ne porteras rien de 
lidole dans ta maison, afin que 
tu ne deviennes pas anathème, 
comme elle-méme l'est. Tu la 
détesteras comme de la fange, et 
tu l'auras en abomination comme 
de la souillure et des ordures, 
parce que c'est un anatheme. 


CHAPITRE VIII. 


Exhortation à conserver le souvenir des 
^ bienfaits du Seigneur. 


4. Prends bien garde de prati- 
quer tous les préceptes, que moi, 
je te prescris aujourd'hui,- afin 
que vous puissiez vivre, que vous 
vous multipliiez, et, qu'après y 
être entrés, vous possédiez la 


LE DEUTÉRONOME. 


[cH. vm.] 


terre au sujet de laquelle le Sei- 
gneur a juré à vos peres. 

2. Ettu te souviendras de tout 
le chemin par lequel le Seigneur 
ton Dieu t'aconduit pendant qua- 
rante ans à tvavers le désert, 
pour t'affliger, t'éprouver et faire 
connaitre ce qui se passait dans 
ton cœur: si tu garderais ses 
commandements, ou non. 

3. Il t'a affligé par la faim, et il 
ta donné pour nourriture la 
manne que tu ignorais, toi, et tes 
peres, afin de te montrer que ce 
n'est pas de pain seulement que 
l'homme vit, mais de toute pa- 
role qui sort de la bouche de 
Dieu. 

4. Ton vétement dont tu étais 
couvert, n'a pas manqué par la 
vétusté, et ton pied n'a pas été 
déchiré en dessous, et voici la 
quarantième année. 

5. C'est afin que tu penses en 
ton cœur, que comme un homme 
instruit son fils, ainsi le Seigneur 
ton Dieu t'a instruit; 

6. Afin que tu gardes les com- 
mandements du Seigneur ton 
Dieu, que tu marches dans ses 
voles, et que tule craignes. 

7. Car le Seigneur ton Dieu 
t'introduira dansune terre bonne, 
terre de ruisseaux, d'eaux, et de 
fontaines, dans les champs et les 
montagnes de laquelle jaillissent 
des sources de fleuves. 

8. Terre de blé, d'orge et de 
vignes, dans laquelle naissent 
les figuiers, les grenadiers et les 
oliviers; terre d'huile et de miel, 


25. II Mach., xir, 40. — Cua». VIII. 3. Matt., 1v, 4; Luc, 1v, 4. 


קש תססה ו 


26. Anathème, est ici la méme chose que voué à la destruction. 


4. N'a pas manqué par la vétusté; ne s'est pas usé. 


[cn. 1x.] 
9. Oà tu mangeras ton pain 
sans en manquer jamais, oü tu 
jouiras de l'abondance de toutes 
choses, dont les pierres sont du 
fer; et de ses montagnes on ex- 
ploite des mines d'airain; 
; 10. Afin que, lorsque tu auras 
mangé, et que tu te seras rassa- 
sié, tu bénisses le Seigneur ton 
: Dieu pourla terre excellente qu'il 
t'a donnée. 

41. Aie soin, et prends garde 
de n'oublier jamais le Seigneur 
ton Dieu, et de ne point négliger 
ses préceptes, ses ordonnances 
et ses cérémonies, que moi, je te 
prescris aujourd'hui ; 

19. De peur qu'après que tu 
auras mangé, et que tu seras ras- 
sasié, que tu auras bâti de belles 
maisons, et que tut'y seras établi, 

13. Et que tu auras eu des trou- 
peaux de bϾufs, et des trou- 
peaux de brebis, et une abon- 
dance d'argent et d'or de toutes 
choses, 

14. Ton cœur ne s'élève, et que 
tu ne te souviennes plus du Sei- 
gneur ton Dieu, qui t'a retiré de 
la terre d'Egypte, de la maison 
de servitude; 

15. Qui a été ton guide dans le 
désert grand et terrible, dans le- 
quel étaient des serpents au 
souffle brülant, des scorpions et 
des dipsas, et où il n'y avait abso- 
lument aucune eau; qui a fait 
jaillir des ruisseaux de la pierre 
la plus dure, 

16. Et qui t'a nourri dans le dé- 
sert d'une manne que n'ont pas 


LE DEUTÉRONOME. 


333 


connue tes pères. Et après qu'il 
l'a eu affligé et éprouvé, il a eu 
enfin pitié de toi, 

11. Afin que tu ne dises pas en 
ton cœur : C'est ma force, et la 
vigueur de ma main qui m'ont 
acquis toutes ces choses; 

18. Mais que tu te souviennes 
que c'est le Seigneur ton Dieu 
lui-méme quit'a donné des forces, 
afin qu’il accomplit ainsi l'alliance 
au sujet de laquelle il a juré à tes 
pères, comme le montre le pré- 
sent jour. 

19. Mais si, oubliant le Seigneur 
ton Dieu, tu suis des dieux étran- 
gers, et que tu les serves et les 
adores, voici maintenant que je 
te prédis que tu périras entière- 
ment. 

20. Comme les nations qu'a dé- 
iruites le Seigneur à ton entrée, 
ainsi vous aussi, vous périrez, si 
vous étes désobéissants à la voix 
du Seigneur votre Dieu. 


CHAPITRE IX. 


Moïse rappelle aux Israélites leurs mur- 
mures et leurs infidélités passées. 


1. Ecoute Israél: Tu passeras 
aujourd'hui le Jourdain, afin que 
tu possèdes des nations tres gran- 
des et plus fortes que toi, des 
villes immenses et fortifiées jus- 
qu'au ciel, 

2. Un peuple grand et d'une 
très haute stature, les enfants d'E- 
nac, que toi-même tu as vus et 
entendus, auxquels nul ne peut 
résister en face. 


15. Nomb., xx, 9; xxi, 6; Exode, xvir, 6. — 10. Exode, xvi, 44. 
ΞΘ. ——— —— "eet zo σαν 8 


13. Le dipsas, ou dipsade, est une espéce de serpent dont la blessure cause une 


soif mortelle. 


1. * Aujourd'hui, dans le sens de bientôt. 


334 


3. Tu sauras donc aujourd'hui 
queleSeigneurtonDieului-méme 
passera devant toi, feu dévorant 
et consumant, qui les brisera, les 
détruira, et les exterminera sou- 
dain devant ta face, comme il t'a 
dit. 

4. Ne dis point en ton cœur, 
lorsque le Seigneur ton Dieu les 
aura détruits en ta présence 
C'est à cause de ma justice, que le 
Seigneur m'a introduit dans cette 
terre pour la posséder, puisque 
c'est à cause de leurs impiétés 
que ces nations ont été détruites. 

5. Car ce n'est pas à cause de 
ta justice, et de l'équité de ton 
cœur, que tu entreras dans leurs 
terres pour les posséder; mais 
c'est parce que ces nations ont 
agi d'une maniere impie, que, loi 
entrant, elles seront détruites, et 
afin quele Seigneur accomplit sa 
parole, qu'il donna avec serment 
à tes peres Abraham, Isaac et Ja- 
cob. 

6. Sache donc que ce n'est pas 
à cause de ta justice, que le Sei- 
gneur ton Dieu t'a donné cette 
terre excellente en possession, 
puisque tu es un peuple d'un cou 
irés roide. 

7. Souviens-toi, et n'oublie pas 
comment tu as provoqué au cour- 
roux le Seigneur ton Dieu dans 
le désert. Depuis le jour que tu 
es sorti del'Egyptejusqu'àce lieu- 
ci, tu as toujours lutté contre le 
Seigneur. 

8. Car à Horeb méme, tu l'as 
provoqué; aussi, irrité, ila voulu 
te détruire, 


LE DEUTÉRONOME. 


[cH. 11. 


9. Quand je montai sur 18 mon- 
tagne, pour recevoir les tables de 
pierre, les tables de l'alliance que 
fit le Seigneur avec vous; et je 
demeurai constamment sur cette 
montagne pendant quarante 
jours et quarante nuits, ne man- 
geant point de pain et ne buvant 
point d'eau. | 

10. Le Seigneur me donna alors 
les deux tables de pierre, écrites 
du doigt de Dieu, et contenant 
toutes les paroles qu'il vous dit 
sur la montagne, du milieu du 
feu, quand l'assemblée du peuple 
fut réunie. 

11. Et lorsque furent passés les 
quarante jours et autant de nuits, 
le Seigneur me donna les deux 
tables de pierre, les tables de l'al- 
liance, 

19. Et il me dit : Leve-toi, et 
descends vite d'ici, parce que ton 
peuple que tu as retiré de l'E- 
gypte a abandonné aussitót la 
voie que tu lui as montrée, et ils 
se sont fait une idole de fonte. 

13. Et de nouveau le Seigneur 
me dit : Je vois que ce peuple est 
d'un cou roide; 

14. Laisse-moi, que je le brise, 
et que j'efface son nom de des- 
sous le ciel, et que je t'établisse 
sur une nation plus grande et 
plus forte que celle-ci. 

15. Or, lorsque je descendis de 
la montagne ardente, tenant les 
deux tables de l'alliance dansl'une 
et l'autre main, 

16. Et lorsque j'eus vu que vous 
aviez péché contre le Seigneur 
votre Dieu, que vous aviez fait 


Cua, IX. 8. Exode, וטא‎ 6. — 10. Exode, xxxi, 18. — 12. Exode, xxxil, TG 
וה‎ Le — A aÓPáÓ— Ó———— M——— ———À 


6. D'un cou très roide. Voy. pour cette expression, Exode, xxxii, 9. 
9. Ne mangeant, etc.; c'est-à-dire ne mangeant et ne buvant rien absolument. 


[cH. x.) 
pour vous un veau de fonte, et 
que vous aviez abandonné sitót 
sa voie qu'il vous avait montrée, 

17 Je jetai les tables de mes 
mains, et je les brisai en votre 
présence. 

18. Puis, je me prosternai de- 
vant le Seigneur, comme aupara- 
vant, ne mangeant point de pain 
pendant quarante jours et qua- 
.rante nuits, et ne buvant pas 
d'eau, àcause de tous vos péchés 
que vous aviez commis contre le 
Seigneur, et parce que vous l'a- 
viez provoqué au courroux; 

19. Car j'ai craint son indigna- 
tion et sa colere, par laquelle, 
excité contre vous, il a voulu 
vous détruire. Mais le Seigneur 
m'exauca encore cette fois. 

20. Contre Aaron aussi extré- 
mement irrité, il voulut le briser, 
mais je l'en détournai également 
par mes prières. 

91. Quant au péché que vous 
aviez fait, c'est-à-dire le veau, le 
prenant, je le brálai au feu, puis 
le brisant en morceaux, et le ré- 
duisant entierement en poudre, 
je le jetai dans le torrent qui des- 
cend de la montagne. 

99. A lembrasement aussi, à 
la tentation et aux Sépulcres de 
la concupiscence, vous avez pro- 
voqué le Seigneur; 

23. Et quand il vous envoya de 
Cadesbarné, disant: Montez etpos- 
sédez la terre que je vous ai don- 
née, vous méprisátes le comman- 
dement du Seigneur votre Dieu, 
vous ne crütes pas en lui, et vous 
ne voulütes pas écouter sa voix ; 


LE DEUTÉRONOME. 


335 
24. Mais vous avez été toujours 

rebelles, depuis le jour que j'ai 

commencé à vous connaitre. 

25. Je me tins donc prosterué 
devantle Seigneur quarante jours 
et quarante nuits, durant lesquels 
je le conjurais avec supplication 
de ne point vous détruire, comme 
il en avait menacé ; 

26. Et, priant, je dis : Seigneur 
Dieu, ne détruisez point votre 
peuple, et votre héritage, que 
vous avez racheté par votre gran- 
deur, ceux que vous avez retirés 
de l'Égypte par une main puis- 
sante. 

971. Souvenez-vous de vos servi- 
teurs Abraham, Isaac et Jacob; 
ne considérez point la dureté de 
ce peuple, ni son impiété, ni son 


péché ; 


28. De peur que les habitants 
de la terre, de laquelle vous nous 
avez retirés, ne disent: Le Sei- 
gneur ne pouvait les introduire 
dans la terre qu'il leur avait pro- 
mise, et il les 8188816 ; c'est pour 
cela qu'il les a retirés de / Egyp- 
te, afin de les faire mourir dans 
le désert. 

29. Ils sont votre peuple et vo- 
tre héritage; ce sont eux que 
vous avez retirés de l'Egypte par 
votre grande puissance et par 
votre bras étendu. 


CHAPITRE X. 


Secondes tables de la loi. Vocation des, 
Lévites. Exhortation à observer la loi. 
du Seigneur. | 


1. En ce temps-là le Seigneur 
me dit : Taille-toi deux tables de 


22. Nomb., x1, 1; xvi, 2; xxr, 5. — (ΠΑΡ. X. 1. Exode, xxxiv, +. 


21. * Le veau d'or. Exode, xxxii, 20, 


23, * Cadesbarné ou Cadés. Voir Nombres, xx, 1. 


\ 


336 
pierre, comme les premières 
étaient, et monte vers moi sur la 
montagne, et tu feras une arche 
de bois, 

2. Et j'écrirai sur ces tables les 
paroles qui étaient sur celles que 
tu as déjà brisées, et tu les place- 
ras dans l'arche. 

3. Je fis done une arche de bois 
de sétim. Et lorsque j'eus taillé 
deux tables de pierre comme les 
premieres, je montai sur la mon- 
iagne, les ayant en mes mains. 

4. Et /e Seigneur écrivit sur ces 
tables, selon ce qu'il avait d'abord 
écrit, les dix paroles qu'il vous 
adressa sur la montagne, du mi- 
lieu du feu, quand le peuple était 
assemblé, et 11 me les donna. 

ὃ. Et revenu de la montagne, 
je descendis, et je placai les ta- 
bles dans l'arche que j'avais faite; 
et elles y sont demeurées jus- 
quici, comme le Seigneur m'a 
commandé. 

6. Or les enfants d'Israël trans- 
portèrent Jeur camp de Béroth 
des enfants de Jacan à Moséra, 
oü mourut et fut enseveli Aaron, 
à la place duquel Eléazar, son 
fils, exercales fonctions du sacer- 
doce. 

De là ils vinrent à Gadgad,‏ .ד 
et parlis de ce lieu, ils camperent‏ 
à Jétébatha, terre d'eaux et de‏ 
torrents.‏ 

8. En ce temps-là, 06 Seigneur 


isépara la tribu de Lévi, afin 


| 


qu'elle portât l’arche d'alliance 
du Seigneur, qu'elle se tint de- 


6. Nomb., xxxur, 31; Nom., xx, 28, 29. 


LE DEUTÉRONOME. 


]08. x.] 
vant lui pour son ministere, et 
qu'elle bénit en son nom, comme 
elle a fait jusqu'au présent jour. 

9. A cause de cela Lévi n'a pas 
eu de part, ni de possession avec 
ses freres, parce que le Seigneur 
lui-méme est sa possession, com- 
me lui a promis le Seigneur ton 
Dieu. 

10. Pour moi, je me tins sur la 
montagne comme auparavant, 
quarante jours et quarante nuils; 
et le Seigneur m'exauça encore 
cette fois, et il ne voulut pas te 
perdre. 

11. Il me dit ensuite : Va, et 
précede le peuple, afin qu'il en- 
tre, et qu'il possede la terre que 
jai juré à ses peres de leur don- 
ner. 

19. Et maintenant, Jsraül, 
qu'est-ce que le Seigneur tou ieu 
demande de toi, si ce n’est que 
tu craignes le Seigneur ton Dieu, 
que tu marches dans ses voies, 
que tu l'aimes, que tu serves le 
Seigneur ton Dieu en tout ton 
cœur et en toute ton âme ; 

18. Et que tu gardes les com- 
mandements du Seigneur et ses 
cérémonies, que moi, je te pres- 
cris aujourd'hui, afin que bien 
l'arrive ? 

14. Voici, au Seigneur ton Dieu 
est le ciel, et le ciel du ciel, et la 
terre et tout ce qui est sur elle. 

15. Et cependant le Seigneur 
s'est uni étroitement à tes peres, 
il les a aimés, et il a choisi leur 
postérité après eux, c'est-à-dire, 


2-3. * L'arche d'alliance. Sur l'arche, voir la note 41 à la fin du volume. 
4. Les dix paroles; pour les dix commandements. 
6. Des enfants de Jacan; c'est-à-dire qui appartenait aux enfants de Jacan. 


1. * Gadgad. Voir Nombres, xxxi, 32, 


"eg. x1.] 
vous, d'entre toutes les nations, 
comme il est entierement prouvé 
aujourd'hui. 

16. Opérez donc la circoncision 
de votre cœur, et ne rendez plus 
votre cou inflexible, 

17. Parce quele Seigneur votre 
Dieu est lui-méme le Dieu des 
dieux et le Seigneur des sei- 
gneurs, le Dieu grand, puissant 
et terrible, qui n'a point égard à 
la personne, ni aux présents. 

18. [| fait justice à l'orphelin et 
à la veuve, ii aime l'étranger, et 
il lui donne la nourriture et le 
vétement. 

19. Vous donc aussi, aimez les 
étrangers, parce que vous-mémes 
aussi, vous avez été étrangers 
dans la terre d'Egypte. 

90. Tu craindras le Seigneur 
ton Dieu, et tu le serviras lui 
seul; tu t'attacheras à lui, et tu 
jureras par son nom. 

21. C'est lui-méme qui est ta 
gloire et ton Dieu ; lui qui a fait 
pour toi ces merveilles grandes 
et terribles qu'ont vues tes yeux. 

22. C'est au nombre de soixante- 
dix âmes que tes pères sont des- 
cendus en Egypte, et voilà que 
maintenant le Seigneur ton Dieu 
t'a multiplié comme les astres du 
ciel. 


CHAPITRE ΧΙ. 


Moïse continue d'exhorter les Israélites à 
observer les préceptes du Seigneur. 
Bénédiction sur ceux qui les observe- 
ront. Malédiction sur ceux qui les vio- 
leront. 


1. C'est pourquoi aime le Sei- 


gneur ton Dieu, observe ses pré- | 


ceptes et ses cérémonies, ses 


LE DEUTÉRONOME. 327 


ordonnances et ses commande- 
ments en tout temps. 

2. Reconnaissez aujourd'hui ce 
que vos fils ignorent, eux qui 
n'ont pas vu les chátiments du 
Seigneur votre Dieu, ses mer- 
veilles, sa main puissante et son 
bras étendu ; 

3. Les signes etles œuvres qu'il 
a faits au milieu de l'Egypte au 
roi Pharaon et à toute sa terre ; 

4. À toute l’armée des Egyp- 
tiens, à ses chevaux et à ses cha- 
riots : de quelle maniere les eaux 
dela mer Rouge les ont couverts, 
lorsqu'ils vous poursuivaient, et 
comment le Seigneur les a dé- 
truits jusqu'au présent jour; 

9. Ce qu'il vous a fait à vous- 
mémes dans le désert, jusqu'à ce 
que vous soyez venus en ce lieu; 

6. Et à Dathan et à Abiron, fils 
d Eliab, qui fut fils de Ruben, que 
la terre, ayant ouvert sa bouche, 
engloutit avec leurs maisons, 
leurs tentes et tout leur bien 
qu'ils avaient au milieu d'Israél. 

7. Vos yeux ont vu toutes les 
œuvres grandes que le Seigneur 
a faites, 

8. Afin que vous gardiez tous 
ses commandements, que moi, je 
vous prescris aujourd'hui, que 
vous puissiez entrer et posséder 
la terre vers laquelle vous mar- 
chez, 

9. Et que vous viviez longtemps ' 
en cette terre, que le Seigneur a! 
promise avec serment à vos pe- 
res, et à leur postérité, et où À 
coulent du lait et du miel . 

10. Car la terre dans laquelle tu 
entreras pour la posséder, n'est 


11. זו‎ Par., xix, 7; Job, xxxiv, 19; Sag., vi, 8; Eccli., xxxv, 15; Actes, x, 34; Rom., 
It, 11; Gal., 11, 6. — 20. Supra, vr, 13; Matt., 1v, 10; Luc, 1v, 8. — 55. Genèse, xLvI, 245 
Exode, 1, 5. — .ג‎ XI. 6. Nomb., xvi, 1; xvi, 32. 


AT. 


22 


338 LE DEUTÉRONOME. (ch. ki.' 


pas comme la terre d'Egypte dont 
tu es sorti, où, la semence jetée, 
on conduit comme dans les jar- 
dins, des eaux qui servent à arro- 
ser ; 

11. Mais c’est une terre de mon- 
tagnes et de plaines, qui attend 
du ciel de la pluie ; 

12. Que le Seigneur ton Dieu 
regarde toujours; et ses yeux 
sont sur elle depuis le commen- 
cement de l'année jusqu'à sa fin. 

13. Si donc vous obéissez à mes 
commandements, que moi, je 
vous prescris aujourd'hui, d'ai- 
mer le Seigneur votre Dieu, et de 
le servir en tout votre cœur et en 
toute votre àme, 

14. Il donnera à votre terre les 
premières et ies dernieres pluies, 
afin que vous recueilliez le blé, le 
vin et l'huile, 

15. Et du foin des champs pour 
nourrir vos bestiaux, et pour que 
vous-mémes, vous mangiez et 
soyez rassasiés. 

16. Prenez garde que votre 
cœur ne soit séduit, que vous ne 
vous éloigniez du Seigneur, que 
vous ne serviez des dieux élran- 
gers, et que vous ne les adoriez: 

17. Et, qu'irrité, le Seigneur 
ne ferme le ciel, que les pluies 
ne descendent pas, que la terre 
ne donne pas sa végétation, que 
vous ne soyez exterminés en peu 
de temps de la terre excellente 
que le Seigneur va vous donner. 


18. Déposez ees paroles que je 
dis dans vos cœurs et dans vos 
esprits, et suspendez-les comme 
un signe à vos mains, et placez- 
les entre vos yeux. 

19. Apprenez-les à vos enfants, 
pour qu'ils les méditent; lorsque 
tu seras assis en ta maison, 
lorsque tu marcheras dans la 
voie, que tu te coucheras et que 
tu te lèveras, 

20. Tu les écriras sur les po- 
teaux et sur les portes de ta mai- 
son; 

21. Afin que se multiplient tes 
jours et ceux de tes enfants dans 
la terre que le Seigneur a juré à 
les peres de leur donner, tant 
que le ciel sera suspendu au-des- 
sus de la terre. 

99. Car si vous gardez et si 
vous pratiquez les commande- 
ments que moi, je vous prescris, 
d'aimer le Seigneur votre Dieu, 
el de marcher dans toutes ses 
voles, vous attachant à lui, 

93. Le Seigneur détruira tou- 
tes ces nations devant votre face 
et vous les posséderez, ces na- 
tions qui sont plus grandes et 
et plus fortes que vous. 

24. Tout lieu que foulera votre 
pied sera à vous. Depuis le désert 
et depuis le Liban, depuis le 
grand fleuve d'Euphràte jusqu'à 
la mer occidentale, ce seront vos 
limites. 

25. Nul ne tiendra contre vous: 


13. Supra, x, 12. — 18. Supra, vi, 6. — 24. Josué, 1, 3. 


14. Dans la Palestine, il ne pleut ordinairement que dans deux saisons : au prin- 
temps, avant la moisson, et en automne, après les semailles. — * Les premières 
pluies désignent les pluies d'automne, qui tombent en octobre et novembre, à l'é- 
poque des semailles, et les derniéres pluies, les pluies du printemps, qui tombent 
en mars et avril. Le reste de l'année, la pluie est tout à fait exceptionnelle eu Pa- 


lestine. 


24. * Liban. Voir l'Introduction au livré de Josué. — Euphrate. Voir Genèse, xv, 18. 


[cu. xir] 


le Seigneur votre Dieu jettera la 
terreur et l'effroi sur toute la 
terre que vous devez fouler, 
comme il vous a dit. 

96. Voici que je mets aujour- 
d'hui en votre présence la béné- 
diclion et la malédiction : 

97. La bénédiction, si vous 
obéissez aux commandements 
du Seigneur votre Dieu, que moi, 
je vous prescris aujourd'hui : 

98. La malédiction, si vous 
n'obéissez pas aux commande- 
ments du Seigneur votre Dieu, 
mais si vous vous écartez de la 
voie que moi, je vous montre 
maintenant, et que vous mar- 
chiez aprés des dieux étrangers 
‘que vous ne connaissez pas. 

29. Mais lorsque le Seigneur 
ton Dieu t'aura introduit dans la 
terre vers laquelle tu chemines 
pour l'habiter, tu mettras la bé- 
nédiction sur la montagne de 
Garizim, et la malédiction sur la 
montagne d'Hébal, 

30. Qui sont au-delà du Jour- 
dain, derriere la voie qui tourne 
à l'occident, dans la terre du 
Chananéen, qui habite dans les 
plaines contre Galgala, qui est 
pres d'une vallée qui s'étend et 
s'avance au loin. 

31. Car vous, vous passerez le 
Jourdain, pour posséder la terre 


LE DEUTÉRONOME. 339 


que le Seigneur votre Dieu doit 
vous donner, afin que vous l'ayez 
et que vous la possédiez. 

32. Voyez donc à ce que vous 
accomplissiez les cérémonies et 
les ordonnances que moi, je met- 
irai en votre présence aujour- 
d'hui. 


CHAPITRE XII. 


Dieu ordonne de ruiner lidolàátrie dans 
le pays de Chanaan, de payer les dimes 
et les prémices, et de ne pas imiter les 
Chananéens. 


1. Voici les préceptes et les or- 
donnances que vous devez prati- 
quer dans le pays que le Sei- 
gneur Dieu de tes pères va te 
donner, afin que tu le possèdes 
durant tous les jours que tu mar- 
cheras sur la terre. 

2. Renversez tous les lieux 
dans lesquels les nations que 
vous allez posséder ont adoré 
leurs dieux sur les hautes mon- 
tagnes et sur les collines, et sous 
les arbres couverts de feuillage. 

3. Détruisez leurs autels, et 
brisez leurs statues, brülez au 
feu leurs lieux sacrés et réduisez 
en poudre leurs idoles : effacez 
leurs noms de ces lieux. 

4. Vous ne ferez pas ainsi en- 
vers le Seigneur votre Dieu ; 

9. Mais vous viendrez au lieu 


Cuar. XII. 3. Supra, vir, 25; 11 Mach., xir, 40. 
רת‎ 


29. * Garizim, 116000, deux montagnes d'Ephraim séparées l'une de l’autre par 
une vallée trés fertile et bien arrosée dans laquelle est bâtie la ville de Sichein, 


aujourd'hui Naplouse. 


30. * Au delà du Jourdain signifie ici à l'ouest du Jourdain. — Galgala n'est pas 
celui des bords du Jourdain, mais un autre Galgala à vingt kilométres environ au 


sud du mont Garizim. 


2. * Sur les hautes montagnes. Voir la note sur Nombres, xxi, 41. 
ὃ. Le nom du Seigneur se prend quelquefois, dans l'Ecriture, pour Dieu lui-méme, 
sa majesté, sa présence; les mots pour y habiter, qui suivent immédiatement, sem- 


blent indiquer qu'il en est de méme ici. 


340 LE DEUTÉRONOME. 


que le Seigneur votre Dieu aura 
choisi d'entre toutes vos tribus, 
pour y établir son nom, et pour 
y habiter; 

6. Et vous offrirez en ce lieu 
vos holocaustes et vos victimes, 
les dimes et les prémices de vos 
mains, vos vœux et vos dons, les 
premiers-nés de vos bœufs et de 
vos brebis. 

7. Et vous mangerez là en la 
présence du Seigneur votre Dieu, 
et vous vous réjouirez en toutes 
les choses auxquelles vous aurez 
mis la main vous et vos maisons, 
et dans lesquelles vous aura bé- 
nis le Seigneur votre Dieu. 

8. Vousne ferez pointlà ce que 
nous faisons ici aujourd'hui, 
chacun ce qui lui parait juste. 

9. Car jusqu'au présent temps 
vous n'étes pas venus dans le re- 
pos et la possession que le Sei- 
gneur votre Dieu va vous donner. 

10. Vous passerez le Jourdain 
et vous habiterez dans la terre 
que le Seigneur votre Dieu va 
vous donner, afin que vous y 
soyez en repos du cóté de tous les 
ennemis d'alentour, et que vous 
habitiez sans aucune crainte, 

11. Dans le lieu qu'aura choisi 
le Seigneur votre Dieu, pour que 
son nom y soit : c'est là que vous 
apporterez tout ce que je vous 
prescris, vos holocaustes, vos 


hosties, vos dimes et les prémices : 


de vos mains, et tout.ee qu'il y 
a de meilleur dans les présents 


[cH. | 


que vous vouerez au Seigneur. 

19. Là, vous ferez des festins 
devant le Seigneur votre Dieu, 
vous, vos fils et vos filles, vos 
serviteurs et vos servantes, et le 
Lévite qui demeure dans vos 
villes; car il n'a pas d'autre part 
et d'autre possession parmi vous. 

13. Prends garde de ne poin: 
offrir tes holocaustes en tout lieu 
que tu verras ; 

14. Mais tu offriras tes hosties 
dans celui qu'aura choisi le Sei- 
gneur en l'une de tes tribus, et 
tu feras tout ce que je t'ordonne. : 

15. Mais si tu veux manger, et 
que l'aliment dela chair te plaise, 
tue et mange, selon la bénédic- 
lion que le Seigneur ton Dieu 
l'aura donnée dans tes villes : 
que l'animal, soit impur, c’est-à- 
dire, ayant quelque tache ou étant 
mutilé, soit pur, c'est-à-dire en- 
tier et sans tache, et qui peut être 
offert, tu en mangeras, comme 
de la chèvre sauvage ou du cerf; 

16. Seulement, sans manger le 
sang,que tu répandras surlaterre 
comme l’eau. 

17. Tu ne pourras manger dans 
tes villes la dime de ton blé, de 
ton vin et de ton huile, niles pre- 


. miers-nés des troupeaux de gros 


et de menu bétail, ni rien de ce 
que tu auras voué et de ce que tu 
auras voulu offrir spontanément, 
ni les prémices de tes mains; 
18. Mais tu les mangeras devant 
le Seigneur ton Dieu, dans le lieu 


EEE ——M——— 


11, 17. Les prémices de vos mains; les prémices des ouvrages de vos moins. 

45. * Soit impur, soit pur. La Vulgate applique ici ces deux mots aux animaux, 
mais au y. 22, elle applique et avec raison les mêmes mots à ceux qui se nourrissent 
dela chair des victimes et à qui il est permis d'en manger, alors méme qu'ils 


zeraient légalement impurs. 


16. On répandait le sang des animaux comme l'eau, c'est-à-dire comme une chose 


commune et ordinaire. . 


(cH. [.זזזא.‎ 


que le Seigneur ton Dieu aura 
choisi, toi, ton fils et ta fille, ton 
serviteur et ta servante, et le Lé- 
vite qui demeure dans tes villes; 
et tu te réjouiras et tu te récon- 
forteras devant le Seigneur ton 
Dieu, en toutes les choses aux- 
quelles tu auras mis ta main. 

49. Prends garde de ne pas 
abandonner le Lévite pendant 
tout le temps que tu seras sur la 
terre. 

90. Quand le Seigneur ton Dieu 
aura étendu tes limites, comme 
il ta dit, et que tu voudras te 
nourrir de la chair que désire ton 
âme : 

94. Si le lieu que le Seigneur 
ton Dieu aura choisi, pour que 
son nom y soit, se trouve éloigné, 
tu tueras du gros et du menu bé- 
tail, que tu auras, comme je t'ai 
ordonné, et tu en mangeras dans 
les villes, comme il te plaira. 

29. Comme on mange de la 
chèvre sauvage et du cerf, ainsi 
tu t'en nourriras; et le pur et 
l'impur en mangeront en com- 
mun. 

23. Garde-toiseulementde man- 
ger le sang; car le sang tient lieu 
d'âme; et c'est pour cela que tu 
ne dois pas manger l'àme avec 
la chair, 

24. Mais tu le répandras sur la 
terre comme l'eau, 

25. Afin que bien t'arrive, à toi, 
et à tes enfants après toi, lorsque 
tu auras fait ce qui plait en la pré- 
sence du Seigneur. 

.26. Quant à ce que tu auras 
sanctifié et voué au Seigneur, tu 
le prendras, puis tu viendras au 
lieu qu'aura choisi lé Seigneur. 


LE DEUTÉRONOME. 344 


27. Et tu offriras pour tes obla- 
tions la chair et le sang sur l'au- 
tel du Seigneur ton Dieu; tu ré- 
pandras le sang des hosties sur 
l'autel; mais toi, tu te nourriras 
de la chair. 

28. Observe et écoute tout ce 
que moi, je t'ordonne ici, afin que 
bien t'arrive, à toi et à tes enfants 
apres toi pour toujours, lorsque 
tu auras fait ce qui est bon et 
agréable en présence du Seigneur 
ton Dieu. 

29. Quand le Seigneur ton Dieu 
aura détruit devant ta face les 
nations, chez lesquelles tu entre- 
ras, pour les posséder, et que tu 
les posséderas, et que tu habite- 
ras en leur terre, 

90. Prends garde de ne pas les 
imiter, apres que, toi y entrant, 
elles auront été renversées, et de 
ne pas rechercher leurs cérémo- 
nies, disant : Comme ces nations 
ont adoré leurs dieux, ainsi moi 
aussi, je les adorerai. 

31. Tu ne feras point sembla- 
blement envers le Seigneur ton 
Dieu; car toutes les abominations 
qu'abhorre le Seigneur, elles les 
ontfaites pourleurs dieux, offrant 
leurs fils et leurs filles, etles brü- 
lant au feu. 

32. Fais seulement pour le Sei- 
gneur, ce que je t'ordonne; n'a- 
joute et ne diminue rien. 


CHAPITRE XIII. 


Des faux prophétes et de la séduction 
pour entraîner à l'idolátrie. 


1. S'il s'élève au milieu de toi 


un prophéte, ou quelqu'un qui 
dise qu'il a vu un songe, qui 


20. Genèse, xxvii, 14; Exode, xxxiv, 24; Infra, xix, 8. — 29. Infra, xix, 4, 


342 


prédise un signe ou un pro- 
dige, 

2. Qu'arrive ce qu'il a annoncé, 
et qu'il te dise : Allons, et suivons 
des dieux étrangers, que tu ne 


‘connais pas, et servons-les : 


3. Tu n'écouteras point les pa- 
roles de ce prophète ou de ce 
songeur, parce que le Seigneur 
votre Dieu vous éprouve, afin 
qu'il soit démontré, si vous l'ai- 
mez ou non, en tout votre cœur 
et en toute votre âme. 

4. Ne suivez que le Seigneur 
votre Dieu, ne craignez que lui, 
ne gardez que ses commande- 
ments, et n'écoutez que sa voix; 
ne servez que lui, et ne vous at- 
tachez qu'à lui. 

5. Mais ce prophete ou cet in- 
venteur de songes sera tué, parce 
qu'il a parlé pour vous détourner 
du Seigneur votre Dieu, qui vous 
a retirés de la terre d'Ezypte, et 
vous a rachetés de la maison de 
servitude, pour te faire écarter de 
la voie que t'a prescrite le Sei- 
gneur ton Dieu : tu Óteras ainsi 
le mal du milieu de toi. 

6. Si ton frère, le fils de ta mere, 
ou ton filsou ta fille, ou ta femme 
qui repose sur ton sein, ou ton 
ami, que tu aimes comme ton 


Cuar. XIII. 9. Infra, xvi, 7. 


LE DEUTÉRONOME. 


xur.]‏ .אס] 


âme, veut te persuader, te disant 
en secret : Allons, et servons des 
dieux étrangers que tu n’as pas 
connus, ni toi ni tes pères, 

7. Les dieux de toutes les na- 
tions qui sont autour de vous, 
loin ou près, depuis le commen- 
cement jusqu'à la fin de la terre: 

8. N'aie point de déférence pour 
lui, ne l'écoute pas, et que ton 
œil ne le ménage point, en sorte 
que tu aies pitié de lui et que tu 
le caches; 

9. Mais tue-le aussitót. Que ta 
main d'abord soit surlui, et qu'en- 
suite tout le peuple y porte la 
main. 

10. Accablé de pierres, il périra, 
parce qu'il a voulu t'arracher au 
Seigneur ton Dieu, qui t'a retiré 
de la terre d'Egypte, de la maison 
de servitude; 

11. Afin que tout Israël enten- 
dant, craigne, et qu'à l'avenir, il 
ne fasse nullement rien de sem- 
blable à cela. 

19. Si dans une de tes villes 
que le Seigneur ton Dieu te don- 
nera à habiter, tu entends quel- 
ques-uns disant : 

13. Des fils de Bélial sont sortis 
du milieu de toi, ils ont détourné 
les habitants de leur ville, et ont 


CE Re RE וו‎ 
| 
| 4. La construction de tout ce verset, soit dans la Vulgate, soit dans le texte hébreu, 
construction qu'il est impossible de reproduire en francais, ne permet pas de tra- 
duction différente de la nótre. 

1. Les dieux. Ce mot est dans le texte original. 

9. Chez la plupart des anciens peuples, c'était la famille méme du coupable qui 
etait chargée de punir le crime, et cet usage subsiste encore parmi plusieurs nations. 
— Mais tue-le; non de ton autorité privée, mais aprés l'avoir déféré au juge qui, 
sur la déposition de deux ou trois témoins, le condamnera à être lapidé (xvu, 6, 7). 
— Aussitôt n'est pas dans l'hébreu, qui porte littéralement, en le tuant, tu le tueras, 
genre de répétition, qui n'a pour but que de renforcer la signification du verbe. 

13. * Bélial, signifie étymologiquement « sans valeur » et par extension, malice, 
mal. Dans le Nouveau Testament, il est devenu synonyme de Satan. Voir la note sur 
II Corinthiens, vi, 15. 


[cu. x1v.] 


dit : Allons, et servons des dieux 
étrangers que vous ne connaissez 
pas: 

14. Fais des recherches avec 
sollicitude et un grand soin; la 
vérité de la chose bien examinée, 
si tu trouves, que ce qu'on dit est 
certain, et que cette abomination 
a été réellement commise, 

15. Tu frapperas aussitót les 
habitants de cette ville du tran- 
chant du glaive, et tu la détrui- 
ras, ainsi que tout ce qui est en 
elle, jusqu'aux animaux. 

16. De plus, tout ce qu'il y aura 
de meubles, tu le rassembleras 
au milieu de ses rues, et tu le 
brüleras avec la ville elle-méme, 
de maniere à ce que tu consumes 
tout en l'honneur du Seigneur 
ton Dieu, et que ce soit un mon- 
ceau de ruines perpétuel : ainsi 
elle ne sera plus rebátie, 

11. Et il ne s'attachera rien de 
cet anatheme à ta main, afin que 
le Seigneur soit détourné de la 
colere de sa fureur, qu'il ait pitié 
detoi, et qu'ilte multiplie,e comme 
il a juré à tes peres, 

18. Quand tu écouteras la voix 
du Seigneur ton Dieu, gardant 
tous ses préceptes que moi, je te 
prescris aujourd'hui, afin que tu 


LE DEUTÉRONOME. 


343 


fasses ce qui est agréable en la 
présence du Seigneur ton Dieu. 


CHAPITRE XIV. 


Défense de se faire des incisions, et de 
se couper les cheveux dans le deuil. 
Animaux purs et impurs. Dimes, Repas 
devant le Seigneur. 


4. Soyezlesenfants du Seigneur 
votre Dieu: vous ne vous ferez 
point d'incisions; et vous ne cou- 
perez point vos cheveux à cause 
d'un mort, 

2. Parce que tu es un peuple 
consacré au Seigneur ton Dieu; 
etilt'a choisi, afin que tu sois son 
peuple particulier entre toutes 
les nalions qui sont sur la terre. 

3. Ne mangez pas ce qui est im- 
pur. 

4. Voici les animaux que vous 
devez manger : le bœuf, la brebis, 
la chevre, 

9. Lecerf, etla chevre sauvage, 
le bubale, le tragélaphe, le py- 
gargue, l'oryx, la girafe. 

6. Tout animal qui a l'ongle 
fendu en deux et qui rumine, 
vous en mangerez. 

7. Mais pour ceux qui ruminent, 
et qui n'ont pas l'ongle fendu, 
comme le chameau, le lievre, le 
chærogrylle, vous ne devez pas 


Cap. XIV. 2. Supra, vir, 6; Infra, xxvi, 18. — 3. Lév., xr, 4. 


1. * Voyez Lévitique, xix, 21; xxr, 5. 


3. Ce verset n'est nullement en opposition avec le 15e du chap. xii, où il est permis 
expressément de tuer et de manger des animaux purs et impurs sans distinction, 
parce que les mots pur et impur se prennent dans des sens différents. Ainsiil y avait 
des animaux absolument impurs, c'est-à-dire qu'il n'était permis ni de manger, ni 
d'offrir en sacrifice, tels que les lièvres, les cochons, etc., et des animaux impurs 
sous un rapport seulement, comme les cerfs, les chévres, etc., qu'on pouvait manger, 
sans qu'il füt permis de les offrir en sacrifice. On voit par cette explication, qu'au 
chap. xit, ver. 15, il s'agit de ces derniers animaux, tandis qu'ici il est question des 
premiers. 

5. Le mot pygargue doit s'entendre ici, non point d'une sorte d'aigle, mais d'une 
espèce de gazelle. 

1. * Le lièvre, Voir Lévitique, x1, 6. 


344 LE DEUTÉRONOME. 


en manger : parce que ces ani- 
maux ruminent, mais qu'ils n'ont 
pas l'ongle fendu, ils seront im- 
purs pour vous. 

8. Le pourceau aussi, puisqu'il 
a longle fendu, mais quil ne 
rumine point, sera impur; vous 
ne mangerez point de leur chair, 
et vous ne toucherez point leurs 
corps morts. 

9. Voici les bétes que vous man- 
gerez entre toutes celles qui vi- 
vent dans les eaux : celles qui 
ont des nageoires et des écailles, 
mangez-les ; 

10. Celles qui sont sans na- 
geoires et sans écailles, ne les 
mangez point, parce qu'elles sont 
impures. 

11. Mangez tous les oiseaux 
purs. 

19. Ne mangez pointles impurs: 
c'est-à-dire l'aigle, le griffon et 
l'aigle de mer, 

13. L'ixion, le vautour et le mi- 
lan, selon son espèce; 

14. Tout ce qui est de l'espece 
du corbeau; 

15. L'autruche, le hibou, le la- 
rus et l'épervier, selon son es- 
pèce; 

16. Le héron, le cygne, l'ibis, 

7. Le plongeon, le porphyrion, 
la chouette, 

18. L'onocrotale et le pluvier, 
chacun dans son espece; la huppe 
aussi et la chauve-souris. 

19. Et tout ce qui rampe sur là 
terre et qui a des ailes, sera im- 
pur, et ne se mangera pas. 

20. Mangez tout ce qui est 
pur. 


91. Exode, xxir, 19; xxxiv, 26. 


[cH. xiv.] 


21. Quant à tout animal qui est 
crevé, n'en mangez point ; donne- 
le à l'étranger qui est au-dedans 
de tes portes, afin qu'ilen mange, 
ou vends-lui, parce que toi, tu es 
le peuple saint du Seigneur ton 
Dieu. Tu ne feras point cuire un 
chevreau dans le lait de sa mère. 

22. Tu sépareras la dixieme 
partie de tous les fruits qui nais- 
sent dans la terre tous les ans; 

23. Et tu en mangeras en la 
présence du Seigneur ton Dieu, 
au lieu qu'il aura choisi, afin que 
son nom y soit invoqué, le dixiè- 
me de ton blé, de ton vin, de ton 
huile, et les premiers-nés de ton 
eros bétail et de tes brebis ; afin 
que tu apprennes à craindre 6 
Seigneur ton Dieu en tout temps. 

24. Mais lorsque le chemin sera 
trop long jusqu'au lieu qu'aura 
choisi le Seigneur ton Dieu, et 
lorsqu'il t'aura béni, et que tu ne 
pourras pas lui apporter toutes 
ces offrandes, 

25. Tu vendras tout, tu en feras 
de l'argent, puis tu le porteras 
en ta main. et tu partiràs pour 1e 
lieu qu'aura choisi le Seigneur 
ton Dieu ; 

26. Tu achèteras avec ce méme 
argent tout ce qui te plaira, soit 
en gros bétail, soit en brebis, du 
vin aussi et de là cervoise, et 
tout ce que désire ton âme ; et tu 
mangeras devant le Seigneur ton 
Dieu, et tu feras un festin, toi et 
ta maison; 

97. Et le Lévite qui est au-de- 
dans de tes portes, garde-toi de 
l'abandonner, parce qu'il n'a pas 


21, 21, 29. Tes portes; hébraisme, pour (es villes. 


]68. xv.] 


d'autre part dans ta posses- 
sion. 

98. A la troisieme année, tu 
sépareras une autre dime de tout 
ce qui te vient en ce temps, et tu 
la réserveras au-dedans de tes 
portes. 

29. Et il viendra, le Lévite qui 
n'apoint de part ni de possession 
avec toi, ainsi que l'étranger, 
lorphelin et la veuve qui sont 
au dedans de tes portes, et ils 
mangeront et se rassasieront, 
afin que le Seigneur ton Dieu te 
bénisse dans touslesouvrages de 
tes mains que tu feras. 


CHAPITRE XV. 


Année sabbatique. Affranchissement des 
esclaves. Usureé tolérée envers les étran- 
gers. Soin des pauvres. Premiers-nés 
qu'on doit offrir au Seigneur. 


1. A laseptieme année, tu feras 
la rémission, 

9. Qui sera célébrée de cette 
manière : Celui à qui il est dà 
quelque chose par son ami ou 
son prochain et son frere, ne 
pourra le redemander, parce que 
c'est l'année de là rémission du 
Seigneur. 

3. Tu l'exigeras du voyageur et 
de l'étranger : tu n'auras pas le 
pouvoir de lé redemander à ton 
concitoyen et à un de tes proches. 

4. Etil n'y aura aucun indigent 
et aucun mendiant parmi vous, 
afin que le Seigneur ton Dieu te 
bénisse dans la terre qu'il va te 
livrer en possession. 

9. Si cependant tu écoutes la 
voix du Seigneur ton Dieu, et que 


LE DEUTÉRONOME. 


345 


iu observes tout ce qu'il a com- 
mandé, et que moi aujourd'hui, 
je te prescris, il te bénira comme 
il ἃ promis. 

6. Tu préteras à beaucoup de 
nations, mais toi-méme, tu ne 
recevras de prét de personne. Tu 
domineras sur plusieurs na- 
tions, et personne ne te domi- 
nera. 

1. Si un de tes freres qui de- 
meurera au dedans des portes de 
ta ville, dans la terre que le Sei- 
gneur ton Dieu va te donner, 
tombe dans la pauvreté, tu n'en- 
durciras point ton cœur, et tu ne 
resserreras point ta main, 

8. Mais tu l'ouvriras au pauvre, 
et tu lui préteras ce dont tu ver- 
ras qu'il aura besoin. 

9. Prends garde qu'une pensée 
impie ne s'insinue en toi, et que 
tu ne dises en ton cœur : La sep- 
tieme année de la rémission ap- 
proche; et que tu ne détournes 
ainsi les yeux de ton frere pau- 
vre, ne voulant pas lui faire le 
prét qu'il demande, de peur qu'il 
ne crie contre toi au Seigneur, et 
que cela ne devienne pour toi un 
péché. 

10. Mais tu lui donneras , et tu 
ne feras rien avec ruse en soula- 
geant ses besoins pressants, afin 
que le Seigneur ton Dieu te bé- 
nisse en tout temps et en toutes 
les choses auxquelles tu auras 
mis la main. 

11. Les pauvres ne manqueront 
pas dans la terre de ton habita- 
tion ; c'est pour cela que moi, je 
t'ordonne d'ouvrir ta main à ton 


(βαρ. XV. 8. Matt., v, 42; Luc, vi, 34. — 41. Matt., xxvi, 11. 
ΞΕΕΞΕΕΕ - --- -- - 99 ΘΕ σοι θυ θυ ν DC ΚΟΝΕ κ αν τ LU 
28. A la troisiéme année; c'est-à-dire tous les trois ans. — De tes portes ; hébraisme, 


pour de tes maisons. 


346 LE DEUTÉRONOME. 


frère 1ndigent et pauvre, qui de- 
meure avec toi dans ta terre. 

12. Lorsque ton frere t'aura été 
vendu, un hébreuou unehébreue, 
et qu'il t'aura servi pendant six 
ans, tu le renverras libre à la 
septième année; 

13. Et celui que tu gratifieras 
de la liberté, tu ne souffriras nul- 
lement qu'il s'en aille les mains 
vides ; 

14. Mais tu lui donneras un via- 
lique pris de tes troupeaux, de 
ton aire, de ton pressoir, dont t'a 
béni le Seigneur ton Dieu. 

15. Souviens-toi que toi-même, 
tu as servi dans la terre d'Egypte, 
et que le Seigneur ton Dieu t'a 
délivré; c'est pour cela que moi 
je t'ordonne maintenant ces cho- 
ses. 

16. Mais s'il dit: Jene veux pas 
sorlir, parce qu'il t'aime, toi etta 
maison, et qu'il sent qu'il est bon 
pour lui d'étre chez toi, 

11. Tu prendras une alene, tu 
perceras son oreille à ia porte de 
ta maison, etil te servira jusqu'à 
jamais; pour ta servante aussi, 
tu feras pareillement. 

18. Ne détourne point tes yeux 
d'eux, quand tu les auras ren- 
voyés libres, parce qu'il t'a servi 
pendant six ans, avec le salaire 
d'un mercenaire, afin que le Sei- 
lgneur ton Dieu te bénisse dans 
tous les ouvrages que tu feras. 


[cH. xvr.] 


19. Quant aux premiers-nés, 
qui naissent dans ton gros bétail 
et parmi tes brebis, tu consacre- 
ras au Seigneur ton Dieu tout ce 
qui est mâle. Tu n'emploieras 
point au travail le premier-né du 
bœuf, et tu ne tondras point les 
premiers-nés des brebis. 

20. Tu les mangeras chaque 
année, toi et ta maison, en la 
présence du Seigneur ton Dieu, 
aulieu qu'aura choisile Seigneur. 

21. Mais s? le premier-né a une 
tache, s'il est boiteux, ou aveu- 
gle, ou difforme en quelque en- 
droit, ou mutilé, il ne sera point 
immolé au Seigneur ton Dieu ; 

22. Mais tu le mangeras au de- 
dans des portes de ta ville : tant 
le pur que l'impur en mangeront 
également, comme de la chèvre 
sauvage et du cerf. 

23. Tu prendras garde seule- 
ment de ne pas manger leur sang, 
mais tu le répandras sur la terre 
comme l'eau. 


CHAPITRE XVI. 


Des fêtes de Pâque, de la Pentecôte et 
des Tabernacles. Des juges et des ma- 
gistrats dans les villes. De la fuite de 
l'idolátrie. 

1. Observe le mois des nou- 
veaux grains, qui est le premier 
du printemps, afin que tu fasses 
la Páque du Seigneur ton Dieu, 
parce que c'est en ce mois que le 


19. Exode, xxt, 2; Jér., xxxiv, 14. — 21, Lév., xxr, 20, 21; Eccli., xxxv, 14. 


12. Hébreue. Nous avons cru devoir conserver ce mot, qui se trouve dans toutes 
les anciennes versions francaises. et qui n'est pas sans analogue dans notre langue. 

14. Dont ta béni; c'est-à-dire qu'il t'a accordés par l'effet de sa bénédiction. 

17. * Tu perceras son oreille. Voir la note sur Exode, xxi, 6. 


23. Comme l'eau. Voy. xir, 16. 


1. Qui est; littér. et il est. Eu hébreu et est souvent purement explicatif. — Les 
préparatifs ont été faits pendant la nuit; mais le départ ἃ eu lieu le lendemain de 


grand matin. 


cu. xvi.] 


Seigneur ton Dieu t'a retiré de 
l'Egypte pendant la nuit. 

2. Ainsi, tu immoleras pour la 
Páque du Seigneur ton Dieu, des 
brebis et des bœufs, au lieu 
qu'aura choisi le Seigneur ton 
Dieu pour que son nom y habite. 

3. Tu n'y mangeras point de 
pain fermenté : pendant sept 
jours tu mangeras sans levain du 
pain d'affliction, parce que c'est 
dans la frayeur que tu es sorti de 
l'Egypte, afin que tu te souvien- 
nes du jour de ta sortie de l'Egyp- 
te, tous les jours de ta vie. 

4. ll ne paraîtra point de levain 
dans tous tes confins, pendant 
sept jours, et il ne restera point 
de la chair de la victime qui aura 
été immolée le soir, au premier 
jour, jusqu'au matin. 

5. Tu ne pourras immoler la 
Pâque dans toutes les villes que 
le Seigneur ton Dieu doit te don- 
ner; 

6. Mais dans le lieu que le Sei- 
gneur ton Dieu aura choisi pour 
que son nom y habite, tu immo- 
leras la Páque, le soir, au coucher 
du soleil, temps oü tu es sorti de 
l'Egypte. 

7. Et tu feras cuire et tu man- 
geras /a victime au lieu qu'aura 
choisi le Seigneur ton Dieu, et le 
matin, te levant, tu iras dans tes 
tabernacles. 

8. Durant six jours tu mangeras 
des azymes, et au septieme jour, 
parce que c'est la réunion du 
Seigneur ton Dieu, tu ne feras 
point d'ouvrage. 


LE DEUTÉRONOME. 


341 


9. Tu compteras sept semaines 
depuis le jour que tu auras mis la 
faux dans la moisson. 

10. Et tu célébreras la féte des 
semaines en l'honneur du Sei- 
gneur ton Dieu, oblation spon- 
tanée de ta main, que tu offriras 
selon la bénédiction du Seigneur 
ton Dieu; 

11. Et tu feras des festins de- 
vant le Seigneur ton Dieu, toi, 
ton fils et ta fille, ton serviteur et 
ta servante, et le Lévite qui est 
au dedans de tes portes, l'étran- 
ger, l'orphelin et la veuve, qui de- 
meurent avec vous, au lieu 
qu'aura choisi le Seigneur ton 
Dieu, pour que son nom y habite; 

12. Et tu te souviendras que tu 
as 616 esclave en Egypte, et tu gar- 
deras et tu pratiqueras ce qui ἃ 
été ordonné. 

18. Et aussi la solennité des ta- 
bernacles, tu la célébreras pen- 
dant sept jours, quand tu auras 
recueilli de l'aire et du pressoir 
tes fruits des champs. 

14. Et tu feras des festins en ta 
solennité, toi, ton fils et ta fille, 
ton serviteur et ta servante, le Lé- 
vite aussi et l'étranger, l'orphelin 
et la veuve qui sont au dedans de 
tes portes. 

15. Pendant sept jours tu célé- 
breras des fétes en l'honneur du 
Seigneurton Dieu, aulieu qu'aura 
choisi le Seigneur; etle Seigneur, 
ton Dieu te bénira dans tous tes 
fruits des champs, et en toute 
ceuvre de tes mains, et tu seras 
dans la joie. 


en 


0 Dans tes tabernacles ; c'est-à-dire dans tes tentes. C'est le même mot en hébreu. 
8. La réunion du Seigneur; lassemblée solennelle instituée en l'honneur du Sei- 


gneur. 


11. Son nom; sa majesté, sa divinité. Dans l'Ecriture, le nom de Dieu se prend 


souvent pour Dieu lui-méme. 


948 


16. Trois fois par an tous tes en- 
fants máles paraitront en la pré- 
sence du Seigneur ton Dieu, au 
lieu qu'il aura choisi : à la solen- 
nité des azymes, àla solennité des 
\semaines, et à la solennité des ta- 
bernaeles. Ils ne paraitront point 
devant le Seigneur, les mains 
vides; 

17. Mais chacun offrira suivant 
ce qu'il aura, selon la bénédiction 
que le Seigneurson Dieu lui aura 
donnée. 

18. Tu établiras des juges et des 
magistrats à toutes tes portes, que 
le Seigneur ton Dieu t'aura don- 
nées, dans chacune de tes tribus, 
afin qu'ils jugent le peuple par un 
juste jugement, 

19. Et qu'ils n'inclinent point 
vers un cóté. Tu ne feras point 
acception de personne, tu ne re- 
cevras point de présents, parce 
que les présents aveuglent les 
yeux des sages, et changent les 
paroles des justes. 

20. Tu rechercheras justement 
ce qui est juste, afin que tu vives 
et que tu possèdes la terre que 
le Seigneur ton Dieu t'aura don- 
née. 

21. Tuneplanteras point de bois, 
ni aucun arbre pres de l'autel du 
Seigneur ton Dieu. 

22. Tu ne te feras point ét tu ne 
dresseras point de statue : choses 
que hait le Seigneur ton Dieu. 


LE DEUTÉRONOME. 


[cH. xvit.] 


CHAPITRE XVII. 


Hébreux idolátres punis de mort. Con- 
sulter les prétres dans les causes diffi- 
ciles. Election d'un roi. 


1. Tu n'immoleras pas au Sei- 
gneur ton Dieu une brebis, ni un 
bœuf dans lequel est une tache, 
ou quelque défaut, parce que 
c'estune abomination pour le Sei- 
eneur ton Dieu. 

2. Lorsqu'on aura trouvé chez 
toi, au dedans d'une de tes portes 
que le Seigneur ton Dieu te don- 
nera, un homme ou une femme, 
qui font le mal en la présence du 
Seigneur ton Dieu, et qui trans- 
gressent son alliance, 

3. De manière 8 00 qu'ils aillent, 
et servent des dieux étrangers et 
les adorent : le soleil, la lune et 
toute la milice du ciel, choses que 
je n'ai point ordonnées: 

4. Et lorsque cela t'aura été 
annoncé, et que l'ayant appris 
tu t'en seras informé exacte- 
ment, et que tu auras trouvé 
que la chose est vraie, et que 
cette abomination a été faite en 
Israél, 

5. Tu ameneras l'homme et la 
femme qui ont fait cette chose 
tres criminelle, aux portes de ta 
ville, et ils seront lapidés. 

6. C'est sur la parole de deux 
ou trois témoins que périra celui 
qui sera mis à mort. Que nul ne 


ὕπαρ. XVI. 16. Exode, xx, 48 ;. xxxiv, 20; Eccli., xxxv, 6. — 19. Exode, xxr, 8; 
Lév., xix, 45; Supra, 1, 17; Eccli., xx, 31. — Car. XVII. 6. Infra, xix, 15; Matt., xvm, 16; 


II Cor., xui, 1. 


18. À toutes tes portes; aux portes de toutes tes villes. — * Sur les portes auprès 
desquelles on rend la justice, voir 0008, xvr, 3. 

21. Cette défense avait pour but de distinguer les fsraélites des paiens, qui ordi- 
nairement n'érigeaient point d'autel et ne bâtissaient point de temple sans planter 
auprès des arbres et des bois. — * Au lieu de bois, le texte original porte Aschéra, 
c'est-à-dire, le cippe représentant la déesse Astarté. 


1 


(cu. χνπ.] 
soit tué, un seul homme rendant 
témoignage contre lui. 

7. La main des témoins le tuera 
la premiere, et la main du reste 
du peuple se lèvera la dernière, 
afin que tu 6408 le mal d'au milieu 
de toi. 

8. Si tu aperçois qu'un juge- 
ment que tu asà porter entre sang 
et sang, cause et cause, lèpre et 
lepre, est difficile et douteux, et 
et que tu voies à tes portes que les 
avis des juges sont partagés, lève- 
toi, etmonte au lieu qu'aura choisi 
le Seigneur ton Dieu. 

9. Et tu viendras vers les pré- 
ires de la race Lévitique, et vers 
le juge qu'il y aura en ce temps- 
là; tu les interrogeras, et ils te dé- 
couvriront la vérité du jugement. 

10. Or, tu feras tout ce qu'au- 
ront dit ceux qui président au lieu 
qu'aura choisi le Seigneur, et ce 
qu'ils t'auront enseigné, 

11. Selon sa loi; et tu suivras 
leur avis, et tu ne te détourneras 
point à droite ni à gauche. 

12. Mais celui qui s'enorgueil- 
lira, ne voulant pas obéir au com- 
mandement du prétre qui, en ce 
temps-là, sera ministre du Sei- 
gneur ton Dieu, ni à l'arrét du 
juge, cet homme-là mourra, et tu 
óteras le mal d'Israël; 

13. Et tout le peuple entendant 
craindra, en sorte que nul désor- 
mais ne s'enflera d'orgueil. 

14. Lorsque tu seras entré dans 
la terre que le Seigneur ton Dieu 
te donnera, que tula posséderas, 


7. Supra, xim, 9. — 9. 11 Par., xix, 8. 


LE DEUTÉRONOME. 


849 


que tu habiteras en elle, et que 
tu diras : J'établirai sur moi un 
roi, comme en ont toutes les na- 
tions d'alentour : 

15. Tu établiras celui que le Sei- 
gneur ton Dieu aura choisi du 
nombre de tes freres. Tu ne 
pourras faire roi un homme d'une 
autre nation, et qui nesoit pas tor: 
frere. 

16. Et lorsqu'il aura été établi, 
il ne multipliera point pour lui 
des chevaux, et il ne ramènera 
point le peuple en Egypte, sou- 
tenu par une nombreuse cava- 
lerie, surtout puisque le Seigneur 
vous ἃ commandé de ne jamais 
plus retourner par la méme voie. 

17. Il n'aura pas un grand nom- 
bre de femmes qui entrainent son 
esprit, ni une immense quantité 
d'argent et d'or. 

18. Apres qu'il se sera assis sur 
le tróne de son royaume, il écrira 
pour luile Deutéronome de cette 
loi dans un livre, recevant une 
copie des prétres dela tribu Lévi- 
tique ; 

19. Et il l'aura avec lui, et il le 
lira tous les jours de sa vie, afin 
d'apprendre à craindre le Sei- 
gneur son Dieu et à garder ses 
paroles et ses cérémonies, qui 
sont prescrites dans la loi. 

20. Que son cœur ne s'élève 
point par l'orgueil au-dessus de 
ses frères, et qu'il ne se détourne 
point vers le cóté droit ou le gau- 
che, afin qu'il règne longtemps, 
lui-méme et ses fils, sur Israël. 


ןוו —— 


T. La main des témoins, ete. Les témoins devaient jeter les premières pierres de 
teur propre main, et le reste du peuple continuait la lapidation. 

9. La vérité du jugement; le vrai jugement que tu dois en porter. 

18. Le Deutéronome; c'est-à-dire le double, une copie, un exemplaire, 


$60 


CHAPITRE XVIII. 


Partage des prétres et des Lévites. Dé- 
fense de consulter les devins. Prophéte 
que Dieu doit susciter. Marques pour 
distinguer les faux prophètes. 


1. Les prétres, les Lévites, et 
tous ceux qui sont de la méme 
tribu n'auront point de part et 
d'héritage avec le reste d'Israél, 
parce qu'ils mangeront des sacri- 
fices du Seigneur et de ses obla- 
tions; 

2. Et ils ne recevront rien autre 
chose de la possession de leurs 
frères ; car le Seigneur lui-même 
est leur héritage, comme il leur 
a dit. 

3. Voici le droit des prétres sur 
le peuple, et sur ceux qui offrent 
les victimes ; soit qu'ils immolent 
un bœuf ou une brebis, ils donne- 
ront au prétre l'épaule et la poi- 
trine ; 

4. Les prémices du blé, du vin, 
de l'huile et une partie de la tonte 
des brebis ; 

9. Car c'est lui que le Seigneur 
ton Dieu a choisi d'entre toutes 
les tribus, afin qu'il assiste de- 
vant le Seigneur, et qu'il exerce 
le ministere en son nom, lui et 
ses enfants pour toujours. 

6. Si un Lévite sort d'une de 
vos villes de tout Israël, dans la- 
‘quelle il habite, et qu'il veuille et 
désire venir au lieu qu'aura choisi 
le Seigneur, 


LE DEUTÉRONOME. 


(cu. xvur.] 


7. lexercera le ministère au 
nom du Seigneur son Dieu, com- 
me tous ses freres les Lévites, 
qui assisteront en ce temps-là 
devant le Seigneur. 

8. Il recevra la méme part d'a- 
liments que tous les autres, outre 
ce qu'il lui est dà dans sa ville de 
la succession paternelle. 

9. Quand tu seras entré dans la 
terre quele Seigneur ton Dieu te 
donnera, prends garde de vouloir 
imiter les abominations de ces 
nations ; 

10. Et qu'il ne se trouve au mi- 
lieu de toi personne qui purifie 
son fils ou sa fille, les faisant pas- 
ser par le feu, ou qui interroge 
des devins, et qui observe les 
songes et les augures, ni qui use 
de maléfices, 

11. Ni qui soit enchanteur, ni 
qui consulte ceux qui ont l'esprit 
de python et les devins, ou qui 
demande aux morts la vérité ; 

12. Car le Seigneur a toutes ces 
choses en abomination, et c’est à 
cause de ces sortes de crimes 
qu'il détruira ces nations à ton 
entrée. 

19. Tu seras parfait et sans ta- 
che avec le Seigneur ton Dieu. 

14. Ces nations dont tu possé- 
deras la terre, écoutent les augu- 
res et les devins; mais toi, tu as 
été instruit autrement par le Sei- 
gneur ton Dieu. 

15. Le Seigneur ton Dieu te sus- 


₪4. XVIII. 1. Nomb., xvin, 20, 23 ; Supra, x, 9; I Cor., 1x, 13. — 4. Nomb., xvii, 21. 
— 10. Lév., xx, 21. — 11. I Rois, xxvii, 7. — 15. Jean, 1, 45; Actes, rir, 22. 


14. * Python. Voir Lévitique, xx, 21. 


15. Ce verset contient une prophétie qui ne doit s'entendre que du Messie; car 
c'est à Jésus-Christ que l'Ecriture elle-même l'a appliquée (Act., 11, 22, etc.; vir, 31). 
En second lieu, les Péres de l'Eglise en ont fait la méme application. Enfin on ne 
peut appliquer cette prophétie à aucun autre personnage que Jésus-Christ sans faire 
violence au texte. | Γ᾿ 51} 2 MA | 


(cu. xix.] 
citera un PnornETE de ta nation et 
d'entre tes frères, comme moi; 
c'est lui que tu écouteras ; 

16. Comme tu as demandé au 
Seigneur ton Dieu à Horeb, quand 
l'assemblée fut réunie, et comme 
tu as dit : Que je n'entende plus 
la voix du Seigneur mon Dieu, 
et que je ne voie plus ce tres 
grand feu, afin que je ne meure 
pas. 

17. Et le Seigneur me répon- 
dit : Ils ont bien dit toutes choses. 

18. Je leur susciterai un pro- 
phète du milieu de leurs freres, 
semblable à toi, et je mettrai mes 
paroles en sa bouche, et il leur 
dira tout ce que je lui aurai or- 
donné. 

19. Or, celui qui ne voudra pas 
écouter ses paroles, qu'il dira en 
mon nom, c'est moi qui m'en 
vengerai. 

20. Mais le prophète qui, cor- 
rompu par orgueil, voudra dire 
en mon nom des choses que je ne 
lui ai pas ordonné de dire, ou qui 
parlera au nom de dieux étran- 
gers, sera mis à mort. 

91. Que si tu réponds secrète- 
ment par la pensée : Comment 
puis-je discerner la parole que le 
Seigneur n'a pas dite? 

22. Tu auras ce signe : Ce que 
ce prophéte aura prédit au nom 
du Seigneur, n'arrivant pas, le 
Seigneur ne l'a pas dit, mais c'est 
par l'enflure de son esprit que le 
prophète la inventé : et c'est 
pourquoi tu ne le craindras pas. 


LE DEUTÉRONOME. 351 


CHAPITRE XIX. 


Villes de refuge. Homicide. Défense de 
changer les bornes. Chátiment des faux 
témoins. Peine du talion. 


1. Lorsque leSeigneur ton Dieu 
aura détruit les nations dont il va 
te livrerla terre, et que tu la pos- 
séderas, et que tu habiteras dans 
les villes et dans les maisons, 

2. Tu sépareras trois villes au 
milieu dela terre que le Seigneur 
ton Dieu te donnera en posses- 
sion, 

3. Aplanissant soigneusement 
la voie; et tu partageras en trois 
parties égales toute l'étendue de 
ta terre, afin que le fugitif pour 
cause d'homicide ait dans le voi- 
sinage oü pouvoir se réfugier. 

4. Voici la loi de lhomicide 
fuyant, dont la vie doit étre con- 
servée : Celui qui a frappé son 
prochain, sans s'en apercevoir, et 
qui est reconnu pour n'avoir eu 
hier et avant-hier aucune haine 
contre lui, 

9. Mais pour étre allé simple- 
ment avec lui dans la forét couper 
du bois, si en coupant le bois la 
cognée est échappée de sa main, 
et que le fer sortant du manche 
ait frappé son ami et l'ait tué, ce- 
lui-là se réfugiera dans une des 
susdites villes, et vivra ; 

6. De peur que le plus proche 
parent de celui dont le sang a été 
versé, excité par sa douleur, ne 
le poursuive et ne l'atteigne, si le 
chemin est trop long, et ne frappe 


16. Exode, xx, 21. — 18. Jean, 1, 45. — (ΠΑΡ. XIX. 2. Nomb., xxxv, 11; Jos., xx, 2. 


20. Qui parlera. Ces deux mots se trouvent dans l'hébreu; ils sont d'ailleurs né- 


tessaires à l'intelligence de ce passage. 


4. Hier et avant-hier; hébraisme, pour, depuis quelque temps. 


352 
l'àme de celui qui ne mérite point 
la mort, parce qu'il est démontré 
qu'il n'a eu auparavant aucune 
haine contre celui qui a été tué. 

1. C'est pourquoi je t'ordonne 
de placer les trois villes dans une 
égale distance entre elles. 

8. Mais lorsque le Seigneur ton 
Dieu aura étendu tes limites, 
comme il l'a juré à tes pères, et 
quil t'aura douné toute la terre 
qu'il leur a promise, 

9. (Si cependant tu gardes ses 
commandements, etque tu fasses 
ce qu'aujourd'hui je te prescris : 
que tu aimes le Seigneur ton Dieu 
et que tu marches dans ses voies 
en tout temps) tu ajouteras trois 
autres villes, et tu doubleras ainsi 
le nombre des trois susdites 
villes, 

10. Afin qu'un sang innocent 
ne soit pas versé au milieu de la 
terre que le Seigneur ton Dieu te 
donnera pour la posséder, afin 
que tu ue sois pas coupable de 
sang . 

11. Mais si quelqu'un, haïssant 
son prochain, tend des pièges à 
sa vie, et que, se levant, 1] le 
frappe, et que, celui-ci étant 
mort, il s’enfuie dans une des 
susdites villes, 

12. Les anciens de sa ville en- 
verront, et l'enleveront du lieu 
de refuge etlelivreront à ia main 


LE DEUTÉRONOME. 


[cu. xix.] 


du parent de celui dont le sang a 
été versé, et il mourra. 

13. Tu n'auras pas pitié de lui, 
et tu óteras d'Israél le sang inno- 
cent, afin que bien t'arrive. 

14. Tu n'enléveras, et tu ne 
déplaceras point les bornes de 
ton prochain, que des prédéces- 
seurs ont posées dans ta posses- 
sion que le Seigneur ton Dieu te 
donnera dans la terre que tu re- 
cevras pour la posséder. 

15. Il ne se présentera point 
un seul témoin contre quelqu'un, 
quel que soit son péché et son 
crime; mais c'est sur la parole 
de deux ou trois témoins que 
tout sera avéré. 

16. S'il s'élève un témoin men- 
teur contre un homme, l'accu- 
sant de prévarication, 

17. Les deux qui sont en cause 
viendront devant le Seigneur en 
la présence des prétres et des 
juges qu'il y aura en ces jours-là. 

18. Et lorsqu'apres avoir fait 
la plus exacte perquisition, ils 
auront trouvé que le faux témoin 
a dit contre sou frère un men- 
songe, 

19. 115 lui rendront ce qu'il 
avait eu dessein de faire à son 
frère, et tu óteras le mal d'au 
milieu de toi, 

90. Afin que tous les 801108 en- 
tendant, éprouvent de la crainte, 


8. Genèse, xxvur, 14; Exode, xxxiv, 24; Supra, xir, 20. — 11. Nomb., ,טאאא‎ 20. — 
15. Supra, xvir, 6; Matt., xvi, 16; 11 Cor., xir, 1. — 18. Dan., xir, 62. 


——M Ó————— Ha M ——á— ————Ó—— 


12. De sa ville; de la ville natale du fugitif. La Vulgate est amphibologique, mais 
le texte hébreu ne l'est nullement. Compar. d'ailleurs, Nombres, xxxv, 24, 25. 

13. Tu óleras d'Israél le sang innocent; c'est-à-dire le crime commis par l'effusion 
du sang innocent. 

14. * Les bornes étaient considérées chez les peuples païens, Assyriens, Grecs, 
Romains, comme une sorte d'objet sacré, afin de les faire respecter. Moise se con- 
tenta de défendre de les changer. Celui qui viole cette loi est maudit plus loin, 
xxvi, 17. 


[cH. xx.] 
et qu'ils n'osent nullement faire 
de telles choses. 

91. Tu n'auras point pitié de 
lui; mais tu exigeras âme pour 
âme, œil pour 031, dent pour 
dent, main pour main, pied pour 
pied. 


CHAPITRE XX. 


Loi pour la guerre. Ordonnance pour les 
sièges des villes. Traitement envers 
les Chananéens. 


1. Lorsque tu sortiras pour la 
guerre contre tes ennemis, et 
que tu verras une cavalerie, des 
chars, et un corps d'armée enne- 
mie plus considérable que celui 
que tu auras, tu ne les craindras 
point, parce que le Seigneur ton 
Dieu est avec toi, lui qui t'a reti- 
ré de l'Egypte. 

2. Or, le combat approchant, 
le prétre se tiendra devant l'ar- 
mée, et c'est ainsi qu'il parlera, 
au peuple : 

3. Ecoute, Israël : c'est vous 
qui aujourd’hui engagez le com- 
bat contre vos ennemis; que 
votre cœur ne s'épouvante point, 
ne craignez point, ne reculez 
point, ne les redoutez point; 

4. Parce que le Seigneur votre 
Dieu est au milieu de vous, et il 
combattra pour vous contre vos 
adversaires, pour vous délivrer 
du péril. 

9. Les chefs aussi crieront cha- 
cun à la téte de son corps, l'ar- 


LE DEUTÉRONOME. 353 


mée  entendant Quel % 
l'homme qui a bâti une maison 
neuve, et qui ne lait pas encore 
dédiée? qu'il s'en aille.et retourne 
en sa maison, de peur qu'il ne 
meure à la guerre, et qu'un 
autre ne la dédie. 

6. Quel est l'homme qui a 
planté une vigne, et qui n'a pas 
fait encore qu'elle füt commune, 
pour qu'il soit permis à tous 
d'en manger? qu'il s'en aille, et 
quil retourne en sa maison, de 
peur qu'il ne meure à la guerre. 
et qu'un autre homme ne fasse 
ce qu il devait faire. 

7. Quel est l'homme qui a été 
fiancé à une fille.et qui ne l'a 
pas épousée? qu'il s'en aille et 
retourne en sa maison, de peur 
quil ne meure à la guerre, et 
qu'un autre homme ne l'épouse. 

8. Ces choses dites, ils ajoute- 
ront le reste, et ils diront au 
peuple : Quel est l'homme crain- 
tif et d'un cœur timide? qu'il s'en 
aille et retourne en sa maison, 
de peur qu'il ne jette la frayeur 
dans le cœur de ses frères, 
comme il est lui-méme frappé de 
crainte. 

9. Et lorsque les chefs de l'ar- 
mée auront cessé de parler, cha- 
cun préparera ses bataillons à 
combattre. 

10. Siquelquefoistut' approches 
pour assiéger une ville, tu lui 
offriras d'abord la paix. 


21. Exode, xx1, 23, 24; Lévit., xxiv, 20; Matt., v, 38. — (παρ, XX. 5. I Mach., ,זז‎ 56. 


— 8. Judic., vir, 3. 


9. Avant de prendre possession d'une maison nouvellement bâtie, les Hébreux 
faisaient une espèce de dédicace. Les paiens et les Romains en particulier, ne bâtis- 
saient rien sans le consacrer par des rites qui variaient selon les temps et les lieux. 

6. Les fruits des trois premiéres années passaient pour impurs; ceux de la qua- 
trième étaient consacrés au Seigneur; et aprés cela, la vigne et ses fruits étaient 
mis au rang des choses communes et ordinaires. 


A. T. 23 


354 

11. Si elle l'accepte et t'ouvre 
ses portes, tout le peuple qui est 
en elle sera sauvé, et te servira 
en te payant le tribut. 

12. Mais si elle ne veut point 
faire alliance, et qu'elle com- 
mence contre toi la guerre, tu 
l'assiégeras. 

13. Et lorsque le Seigneur ton 
Dieu l'aura livrée en ta main, tu 
frapperas tout ce qui est en elle 
du sexe masculin, du tranchant 
du glaive, 

14. Hormis les femmes, les en- 
fanis, les bestiaux, et tout le 
reste qui sera dans la ville. Tu 
partageras tout le butin à l'ar- 
mée, et tu mangeras les dépouil- 
les de tes ennemis que le Sei- 
gneur ton Dieu t'aura données. 

15. C'est ainsi que tu feras à 
toutes les cités qui sont tres 
éloignées de toi, et qui ne sont 
pas de ces villes que tu vas pos- 
séder. 

16. Mais quant à ces villes 
qui te seront données, tu ne 
laisseras vivre absolument per- 
sonne, 

17. Mais tu tueras par le tran- 
chant du glaive, savoir : l'Hé- 
théen, l'Amorréhen, le Chana- 
néen, le Phéréséen, l'Hévéen, et 
le Jébuséen, comme t'a ordonné 
le Seigneur ton Dieu; 

18. Afin qu'il ne vous appren- 
nent pas à faire toutes ces abo- 
minations qu'ils ont commises 
eux-mémes pour leurs dieux, et 
que vous ne péchiez pas contre 
le Seigneur votre Dieu. 

19. Quand tu assiégeras une 
ville longtemps et que tu l'en- 
toureras de circonvallations, afin 
de la réduire, tu ne couperas 
point les arbres du fruit desquels 


LE DEUTÉRONOME. 


(cu. xxi. 


on peut se nourrir, et tu ne dois 
point ravager avec des cognées 
la contrée d'alentour; parce que 
cest du bois et non pas des 
hommes, et quil ne peut ac- 
croître le nombre de ceux qui 
combattent contre toi. 

20. Mais si quelques-uns de ces 
arbres ne sont pas fruitiers, mais 
sauvages et propres à tous les 
autres usages, coupe-les, et cons- 
truis-en des machines, jusqu'à ce 
que tu aies pris la ville qui com- 
bat contre toi. 


CHAPITRE XXI. 


Expiation d'un meurtre dont on ignore 
lauteur. Mariage avec une captive. 
Droit des premiers-nés. Fils désobéis- 
sant. Corps détaché de la potence. 


1. Quand on trouvera dans la 
terre que le Seigneur ton Dieu va 
te donner, le cadavre d’un hom- 
me tué, et que le coupable du 
meurtre sera inconnu, 

2. Les anciens sortiront, et "e 
juges aussi, et ils mesureront la 
distance du lieu du cadavre à cha- 
cune des villes d'alentour; 

3. Puis, ayant reconnu celle qui 
est plus proche que toutes les 
autres, les anciens de cette ville- 
là prendront une génisse d'un 
troupeau, qui n'aura point porté 
le joug, ni iabouré la terre, 

4. Ils la conduiront dans une 
vallée âpre et pierreuse, qui n'a 
jamais été labourée, etn'a jamais 
recu de semence, etils couperont 
dans cette vallée le cou à la gé- 
nisse ; 

9. Alors s'approcheront 165 pré- 
ires, enfants de Lévi, que le Sei- 
gneur ton Dieu aura choisis, pour 
qu'ils le servent, qu'ils bénissent 
en son nom, et que toute affaire, 


(cu. xx1.] 


et tout ce qui est pur ou impur 
soit jugé par leurs avis. 

6. Et les anciens de cette ville 
viendront pres de celui qui aura 
été tué ; ils laveront leurs mains 
sur la génisse, qui aura été frap- 
pée dans la vallée, 

7. Et ils diront : Nos mains 
n'ont pas versé ce sang, el nos 
yeux ne l'ont pas vu; 

8. Soyez propice à votre peuple 
d'Israél, que vous avez racheté, 
6 Seigneur, et n'imputez point 
un saug innocent versé au milieu 
de votre peuple d'Israël. Et l'im- 
putation du sang sera écartée 
d'eux. 

9. Pour toi, tu seras étranger 
au sang de linnocent, qui a été 
versé, lorsque tu auras fait ce 
qu'a ordonné le Seigneur. 

10. Si tu sors pour le combat 
contre tes ennemis, et que le Sei- 
gneur ton Dieu les livre en ta 
main; que tu les emmenes cap- 
fs, 

11. Que tu voies dans 16 nombre 
des captifs une femme belle, que 
tu l'aimes, et que tu veuilles l'a- 
voir pour femme, 

12. Tu l'introduiras en ta mai- 
son; elle rasera sa chevelure, et 
coupera ses ongles; 

13. Elle quittera le vétement 
avec lequel elle ἃ été prise; et 
assise en ta maison, elle pleurera 
son père et sa mère pendant un 
mois ; et apres cela, tu viendras 
vers elle, tu dormiras avec elle, 
et elle sera ta femme. 

14. Mais si dans la suite elle ne 
se fixe point dans ton cœur, tu la 


LE DEUTÉRONOME. 355 


renverras libre, et tu ne pourras 
pas la vendre pour de l'argent, 
ni l'opprimer par ta puissance, 
parce que tu l'as humiliée. 

15. Si un homme a deux fem- 
mes, l'une chérie, l'autre odieu- 
se, et qu'elles aient eu des enfants 
de lui; que le fils de la femme 
odieuse soit le premier-né, 

16. Et que l'homme veuille par- 
tager son bien entre ses enfants, 
il ne pourra pas faire le fils de la 
femme chérie, son premier-né, 
et le préférer au fils de la femme 
odieuse ; 

11. Mais il reconnaitra le fils de 
la femme odieuse pour le pre- 
mier-né, et lui donnera le double 
de tout ce quil a; celui-là, en 
effeL, estle premier de ses enfants, 
et c'est à lui qu'est dû le droit 
d'ainesse. 

18. 51 un homme engendre un 
fils rebelle et insolent, qui n'é- 
coute point le commandement de 
son père ou de sa mère, et qui, 
ayant été repris, dédaigne d’o- 
béir, 

19. Ils le prendront et le con- 
duiront aux anciens de la ville et 
à la porte du jugement, 

20. Et ils leur diront : Notre fils 
est insolent et rebelle, il dédaigne 
d'écouter nos avertissements ; il 
passe sa vie dans la débauche, 
dans la dissolution et dans les 
festins. 

21. Le peuple de la ville le lapi- 
dera, et il mourra, afin que vous 
ótiez le mal d'au milieu de vous, 
et que tout Israël entendant, soit 
épouvanté. 


8. Et l'imputation, etc.; c'est-à-dire il ne sera pas demandé compte aux enfants 
d'Israël du sang innocent qui a été versé au milieu d'eux. 
19. La porte du jugement; la porte où se rendent les jugements. 


356 


22. Quand un homme aura 
commis un péché, qui doit étre 
puni de mort, et que condamné 
à mort, il aura été pendu à une 
potence, 

23. Son cadavre ne demeurera 
point sur le bois, mais, dans le 
même jour, il sera enseveli, par- 
ce qu'il est maudit de Dieu, celui 
qui est pendu au bois, et tu ne 
souilleras en aucune maniere la 
terre que le Seigneur ton Dieu 
t'aura donnée en possession. 


CHAPITRE XXII. 


Charité envers le prochain. Femme accu- 
sée de n'avoir pas été trouvée vierge. 
Peine contre ceux qui auront violé une 
fille. 


1. Tu ne verras point le bœuf 
de ton frere ou sa brebis égarés, 
en passant outre, mais tu les ra- 
meneras à ton frere, 

2. Quand ce frere ne serait pas 
ton parent, et que tu ne le con- 
naitrais pas; tu les conduiras 
dans ta maison, et ils seront chez 
toi, jusqu'à ce que ton frere les 
cherche et les recoive de toi. 

3. Tu feras pareillement pour 
l’âne, pour le vêtement et pour 
toute chose que ton frère aura 
perdue; si tu la trouves, tu ne la 
négligeras point, comme étran- 
gere. 

4. Situ vois que l'áne de ton 
frère, ou son bœuf est tombé dans 
le chemin, tu ne détourneras 


LE DEUTÉRONOME. 


[cH. xxi.) 


point les yeux, mais tu les relève- 
ras avec lui. 

9. Une femme ne mettra point 
un vétement d'homme, et un 
homme ne se servira point d'un 
vétement de femme; car il est 
abominable devant Dieu, celui 
qui fait cela. 

6. Si marchant dans le chemin, 
tu trouves sur un arbre ou à terre 
un nid d'oiseau, et la mere cou- 
chée surles petits ou surles œufs, 
tu ne retiendras point la mere 
avec ses petits ; 

7. Mais tu la laisseras aller en 
tenant les petits caplifs, afin que 
bien t'arrive, et que tu viveslong- 
temps. 

8. Lorsque tu auras bâti une 
maison nouvelle, tu feras un mur 
au toit tout autour, pour ne pas 
qu'il y ait du sang versé en ta 
maison, et que tu sois coupable, 
quelqu'un tombant et roulant de 
haut en bas. 

9. Tu ne sèmeras point dans ta 
vigne d'autre semence, de peur 
que la semence que tu auras se- 
mée et ce qui naît de la vigne ne 
soient pareillement sanctifiés. 

10. Tu ne laboureras point 
avecunbœæuf et un âne ensemble. 

11. Tu ne te revêtiras point 
d'un vêtement qui soit tissu de 
laine et de lin. 

12. Tu feras des cordons aux 
franges, aux quatre coins du 
manteau dont tu te couvriras. 


(βαρ. XXI. 23. Gal., ur, 13. — (βαρ. XXII. 1. Exode, xxi, 4. — 12. Nomb., xv, 38. 


2. De toi. Ces mots, qui complètent le sens de la phrase, sont virtuellement 


renfermés dans le texte original. 


9. Le sens de ce verset, qui parait le plus simple et le plus naturel, est celui-ci : 
Ne sème rien dans ta vigne, pour ne pas que cette semence et le fruit de cette 
méme vigne soient sanctifiés, c'est-à-dire consacrés à Dieu l'un et l'autre, et qu'ainsi 
ils soient perdus pour toi. D'ailleurs un pareil mélange n'était pas agréable au 
Seigneur. Compar. Lévil., xix, 19. 


[cH. xxm.] 


13. Si un homme prend une 
femme, et l'a ensuite en haine : 

14. Qu'il cherche des occasions 
pour la renvoyer, lui reprochant 
une réputation trés mauvaise, et 
qu'il dise : J'ai pris cette femme, 
et m'étant approché d'elle, je ne 
l'ai pas trouvée vierge, 

15. Son pere et sa mere la pren- 
dront, et ils porteront avec eux 
les signes de sa virginité aux an- 
ciens de la ville qui sont à la 
porte; 

16. Et le pere dira : J'ai donné 
ma fille à cet homme pour étre 
sa femme ; et, parce qu'il la hait, 

17. Hl lui reproche une répu- 
tation trés mauvaise, en sorte 
qu'il dit: Je n'ai pas trouvé ta 
fille vierge; or, voici les signes 
de la virginité de ma fille. 115 dé- 
ploiront le vétement devant les 
anciens de la ville ; 

18. Et les anciens de la ville 
prendront cet homme et le fla- 
gelleront, 

19. Le condamnant de plus à 
cent sicles d'argent qu'il donnera 
au père de la jeune fille, parce 
qu'il ἃ répandu un bruit très 
mauvais sur une vierge d'Israël : 
il l'aura pour femme, et il ne 
pourra la renvoyer durant tous 
les jours de sa vie. 

20. Que si ce qu'il reproche est 
véritable, et si la virginité n'a pas 
été trouvée dans la jeune fille, 

21. Ils la chasseront hors des 
portes de la maison de son père, 
etles hommes de cette ville la la- 
pideront, et elle mourra, parce 
qu'elle a fait une action horrible 


22. Lév., xx, 10. — 29. Exode, xxii, 16. 


LE DEUTÉRONOME. 


357 


en Israël, en forniquant dans la 
maison de son pere : ettu Óteras 
le mal d'au milieu de toi. 

22. Si un homme dort avec la 
femme d'un autre, l'un et l'autre 
mourront, c'est-à-dire l'homme 
adultère et la femme adultère; et 
tu óteras le mal d'Israël. 

23. Si un homme a fiancé une 
jeune fille vierge, et que quel- 
qu'un la trouve dans la ville, et 
qu'il dorme avec elle, 

24. Tu les conduiras l'un et 
l’autre à la porte de cette ville, 
et ils seront lapidés : la jeune 
fille, parce qu'elle n’a pas crié, 
lorsqu'elle était dans la ville; et 
l'homme, parce qu'il a humilié la 
femme de son prochain: et tu 
óteras le mal d'au milieu de toi. 

25. Mais si un homme trouve 
dans la campagne une jeune fille 
qui est fiancée, et que la prenant 
de force il dorme avec elle, il 
mourra lui seul. 

26. La jeune fille ne devra rien 
souffrir, et elle n'est pas digne 
de mort, parce que, comme un 
voleur s'élève contre son frère 
et le tue, ainsi a enduré aussi 
cette jeune fille. 

27. Elle était seule dans la cam- 
pagne, elle a crié et personne ne 
s'est trouvé là, qui 18 délivrát. 

28. Si un homme trouve une 
jeune fille, qui n'a pas de fiancé, 
et que là prenant de force, il 
dorme avec elle, et que la chose 
vienne en Jugement, 

29. Celui qui a dormi avec elle 
donnera cinquante sicles d'ar- 
gent, et il l'aura pour femme 


——————————————————————— M n a — 


19, 29. Le sicle d'argent pur valait environ 1 fr. 60. 


358 LE DEUTÉRONOME. 


parce qu'il la bumiliée; il ne 
pourra la renvoyer durant tous 
les jours de sa vie. 

30. Unhomme n'épousera point 
la femme de son père, et il ne ré- 
vélera point ce qui est caché en 
elle. 


CHAPITRE XXIII. 


Personnes qu'on ne devait point admettre 
dans l'assemblée du Seigneur. Pureté 
du camp. Usure. Vœux. 


1. Un eunuque dont les parties 
génératrices auront été froissées, 
ou amputées, ou arrachées, n'en- 
irera point dans lassemblée du 
Seigneur. 

9. Un bátard, c'est-à-dire, un 
homme né dune prostituée, 
n'entrera point dans l'assemblée 
du Seigneur, jusqu à la dixième 
génération. 

3. L'Ammonite et le Moabite 
n'entreront point dans lassem- 
blée du Seigneur, méme apres la 
dixieme génération, à jamais, 

4. Parce qu'ils n'ont pas voulu 
venir au-devant de vous avec le 
pain et l'eau, dans le chemin, 
lorsque vous êtes sortis de l'E- 
gypte; et parce qu'ils ont gagné 
contre toi Balaam, fils de Béor, 
de la Mésopotamie de Syrie, afin 
qu'il te maudit; 

5. Mais le Seigneur ton Dieu ne 
voulut point écouter Balaam, et 
il changea sa malédiction en bé- 
nédiction pour toi, parce qu'il 
t'aimait. 


[cg. xxm.] 


6. Tu ne feras point de paix 
avec eux, et tu ne rechercheras 
aucun bien pour eux durant tous 
les jours de ta vie, à jamais. 

7. Tu n'auras point l'Iduméen 
en abomination, parce qu'il est 
ton frére; ni l'Egyptien, parce que 
tu as été étranger dans sa terre. 

8. Ceux qui seront nés d'eux, à 
la troisieme génération, entre- 
ront dans l'assemblée du Sei- 
gneur. 

9. Quand tu sortiras contre tes 
ennemis pour un combat, tu te 
garderas de toute chose mau- 
vaise. 

10.S'il se trouve parmi vous 
un homme qui ἃ été souillé dans 
un songe nocturne, il sortira hors 
du camp, 

11. Et il n'y reviendra point, 
avant qu'il ne se soit lavé vers le 
soir, dans l'eau; et apres le cou- 
cher du soleil, il reviendra dans 
le camp. 

19. Tu auras un lieu hors du 
camp, oü tu iras pour les besoins 
de la nature, 

13. Portant un pieu à la cein- 
ture; et lorsque tu voudras t'as- 
seoir, tu feras un trou en rond, 
et tu couvriras de terre ce qui est 
sorti de toi, 

14. Après que tu te seras relevé 
delà (car le Seigneur ton Dieu 
marche au milieu de ton camp, 
pour te délivrer, et te livrer tes 
ennemis); ainsj, que ton camp 
soit saint, et qu'il n'y paraisse 


Cap. XXIII. 3. Néh., xir, 1. — 4. Nomb., xxi, 5; Jos., xxiv, 9. 


1. N'entrera point, etc. ; c'est-à-dire ne fera point partie du peuple d'Israël, eu ce 
sens qu'il ne jouira point des privilèges et des avantages extérieurs dont jouit 


ce peuple. 


13. De ce qui est sorti de toi; de tes excréments. C'est ce que porte l'Hébren, et c'est 


le vrai sens de la Vulgate. 


ÎcH. xxiv.] 


aucune saleté, de peur qu'il ne 
t'abandonne. 

15. Tu ne livreras point à son 
maitre l'esclave qui se sera réfu- 
gié près de toi; 

16. Il habitera avec toi dans le 
lieu quilui plaira, et il se reposera 
dans une de tes villes ; ne le con- 
triste pas. 

17. Il n'y aura point de femme 
publique d'entre les filles d'Israël, 
ni de prostitué d'entre les enfants 
d'Israél. 

18. Tu n'offriras point la récom- 
pense de la prostitution, ni le 
prix d'un chien, dans la maison 
du Seigneur ton Dieu, quoi que 
ce soit que tu aies voué, parce 
que l'un et l'autre est une abomi- 
nation aupres du Seigneur ton 
Dieu. 

19. Tu ne préteras à usure à ton 
frère, .ni argent, ni grains, ni 
quelque autre chose que ce soit ; 

20. Mais à l'étranger. Quant à 
ton frere, ce sera sans usure, que 
tu lui préteras ce dont il aura be- 
soin, afin que le Seigneur ton 
Dieu te bénisse en toutes tes ceu- 
vres, dans la terre dans laquelle 
tu entreras pour la posséder. 

91. Lorsque tu auras voué un 
vœu au Seigneur ton Dieu, tu ne 
larderas point à l'acquitter, parce 
que le Seigneur ton Dieu te le re- 
demandera ; et si tu differes il te 
sera imputé à péché. 

22. Si tu ne veux point promet- 
tre, tu seras sans péché. 

93. Mais ce qui une fois est sorti 
de tes lèvres, tu l’observeras, et 
tu feras comme tu as promis au 


LE DEUTÉRONOME. 359 


Seigneur ton Dieu ; car tu as parlé 
parta propre volonté et par ta 
bouche. 

24. Entré dans la vigne de ton 
prochain, mange des raisins au- 
tant qu'il te plaira ; mais n'en em- 
porte point dehors avec toi. 

25. Si tu entres dans les blés de 
ton ami, tu cueilleras des épis et 
tu les broieras avec la main ; mais 
tu n'en couperas pas avec la faux. 


CHAPITRE XXIV. 


Lois touchant le divorce. Gages. Lépre. 
Abandonner aux pauvres ce qui reste 
après la moisson et les vendanges. 


4. Si un homme a pris une 
femme, et qu'il l'ait eue, et qu'elle 
n'ait pas trouvé gráce à ses yeux 
àcause de quelque défaut hon- 
teux, il écrira un acte de répudia- 
tion ; il le mettra dans la main de 
cette femme, et il la renverra de 
sa maison. 

2. Et lorsque, sortie, elle aura 
épousé un autre mari, 

9. Et que celui-ci aussi concoive 
de l'aversion pour elle, lui donne 
un acte de répudiation, et la 
renvoie de sa rinaison, ou bien 
meure, 

4. Le premier mari ne pourra 
pas la reprendre pour femme, 
parce qu'elle a été souillée, et 
qu'elle est devenue abominable 
devant le Seigneur : ne fais pas 
pécher la terre que le Seigneur 
ton Dieu t'a livrée pour la possé- 
der. 

5. Lorsqu'un homme aura pris 
une femme depuis peu, il n'irà 
point àla guerre, et aucune char- 


CgaP. XXIV. 1. Matt., v, 31; xix, 7; Marc, x, 4. 


18. Le prix d'un chien; c'est-à-dire d'un prostitué (Comp. le vers. 17), selon les 


meilleurs interprètes. 


360 LE DEUTÉRONOME. 


ge publique ne lui sera imposée, 
mais il s'occupera sans aucune 
faute dans sa maison, à se réjouir 
pendant une année avec sa fem- 
me. 

6. Tu ne recevras point pour 
gage la meule de dessous et de 
dessus; parce que c'est l'àme de 
celui qui te l'offre. 

7. Si un homme est surpris em- 
bauchant son frère d'entre les 
enfants d'Israél, et que, celui-ci 
vendu, il ait reçu le prix, il sera 
mis à mort, et tu 040288 le mal 
d'au milieu de toi. 

8. Evite soigneusement de con- 
tracter la plaie de la lépre; mais 
tu feras tout ce que t'enseigne- 
ront les prétres de la race léviti- 
que, selon que je leur ai prescrit, 
et accomplis-le exactement. 


[cH. xxiv.] 


9. Souvenez-vous de ce qu'a 
faitle Seigneur votre Dieu à Marie 
dans le chemin, lorsque vous sor- 
tiez de l'Egypte. 

10. Lorsque tu redemanderas à 
ton prochain quelque chose, qu'il 
te doit, tu n'entreras point dans 
sa maison, pour emporter un 
gage, 

11. Mais tu te tiendras dehors, 
etc'est lui qui t'apportera ce qu'il 
aura. 

12. Que s'il est pauvre, le gage 
ne passera pas la nuit chez toi; 

13. Mais tu 16 lui rendras aussi- 
tôt avant 16 coucher du soleil, afin 
que dormant dans son vétement, 
il te bénisse, et que tu aies pour 
toi la justice devant le Seigneur 
ton Dieu. 

14. Tu ne nieras point le salaire 


9. Nomb., xir, 10. — 11. Exode, xxii, 26. — 14. Lév., xix, 13; Tobie, 1v, 15. 


6. L'áme; le moyen d'existence. Littér. : Parce que c'est son âme, sa vie qu'il t'a 
présentée. Selon cette construction de la Vulgate, il faut nécessairement sous-en- 
tendre : Celui qui la offert en gage la meule, etc. Nous avons déjà fait remarquer 
plus d'une fois les diverses acceptions du mot dme en hébreu. — * La meule de 
dessous et de dessus. Les Hébreux, en quittant l'Egypte, avaient emporté avec eux 
dans le désert, comme un objet indispensable, des moulins à bras, dont ils se ser- 
vaient en méme temps que de mortiers. Nombres, xi, 8. Comme il n'existait pas 
chez les Orientaux de moulins publics ni de boulangers, chaque famille devait avoir 
un moulin à bras, et comme on faisait cuire chaque jour le pain de la journée, il 
fallait moudre ainsi chaque jour le grain nécessaire. Aussi le Deutéronome avait-il 
défendu de prendre les moulins en gage, de peur que ceux qui seraient privés de 
cet objet de premiere nécessité ne fussent exposés à mourir de faim. Le moulin à 
bras se compose de deux meules superposées, dont la meule supérieure est mise en 
mouvement, par une ou deux femmes, au moyen d'une poignée. Cette poignée est 
droite. Elle est placée à un bord de la pierre supérieure qu'elle sert à faire tourner 
sur la meule inférieure. La meule supérieure est appelée en arabe rekkab, « le ca- 
valier, » comme l'appelaient autrefois les Hébreux. Elle est percée au milieu d'un 
trou, dans lequel entre une tige de fer, fixée solidement à la pierre qui repose sur 
le sol. On jette le grain par le trou, à mesure qu'il est nécessaire. La meule supérieure 
est concave dans la partie qui s'adapte à la meule inférieure, laquelle, au contraire, 
est convexe. Celle-ci est posée sur le sol. Toutes les deux sont de forme ronde. 
Aujourd'hui, en Palestine, elles sont ordinairement l'une et l'autre en lave poreuse 
du Hauran. Cette pierre est préférée, à cause de sa légèreté qui rend le travail moins 
pénible. Quelquefois la meule inférieure est en matière plus dure. Le blé, grossiè- 
rement moulu, sort d'entre les deux pierres et tombe sur la toile au-dessus de 
laquelle le moulin est placé. 

13. * Son vélement. Ce vêtement est le manteau dont les Orientaux se servent 
la nuit comme de couverture. 

14. De tes portes; hébraisme, pour de ta ville. 


xxv.]‏ .א6] 


de l'indigent et du pauvre, qu'il 
soit ton frere, ou un étranger qui 
demeure avec toi dans ta terre et 
au dedans de tes portes ; 

45. Mais tu lui rendras le jour 
méme le prix de son travail avant 
le coucher du soleil, parce qu'il 
2st pauvre, et que c'est par là 
qu'il sustente son àme, afin qu'il 
ne crie pas contre toi au Seigneur, 
et qu'il ne te soit pas imputé à 
péché. 

16. Des peres ne seront pas mis 
à mort pour des enfants, ni des 
enfants pour des peres; mais cha- 
cun mourra pour son péché. 

17. Tu ne pervertiras point le 
jugement d'un étranger et d'un 
orphelin; et tu n'óteras point, 
pour gage, à la veuve son véte- 
ment. 

18. Souviens-toi que tu as servi 
en Egypte, et quele Seigneur ton 
Dieu t'a retiré de là. C'est pour- 
quoi voici ce que je t'ordonne de 
faire : 

19. Quand tu moissonneras les 
grains dans ton champ, et que 
par oubli tu auras laissé une ger- 
be, tu ne retourneras point pour 
la prendre ; mais tu la laisseras 
emporter par l'étranger, l'orphe- 
lin et la veuve, afin que le Sei- 
gneur ton Dieu te bénisse dans 
toutes les ceuvres de tes mains. 

20. Si tu recueilles les fruits 
des oliviers, tu ne retourneras 
point pour recueillir tout ce qui 


LE DEUTÉRONOME. 361 


sera resté sur les arbres ; mais tu 
le laisserasàl'étranger, à l'orphe- 
lin et à la veuve. 

91. Si tu vendanges ta vigne, tu 
ne recueilleras point les grappes 
deraisins restantes ; mais qu'elles 
soient laissées pour l'usage de 
l'étranger, de l'orphelin et de la 
veuve. 

22. Souviens-toi que toi aussi, 
tu as servi en Egypte, et c'est 
pour cela que je t'ordonne de 
faire ces choses. 


CHAPITRE XXV. 


Peine du fouet. Frére obligé d'épouser 
la veuve de son frère. Ordre de dé- 
truire les Amalécites. 


1. S'il survient un débat entre 
quelques hommes, et qu'ils en 
appellent aux juges, celui qu'ils 
reconnaitront pour juste, ils lui 
donneront la palme de la justice, 
et celui qu'ils reconnaitront pour 
impie, ils le condamneront d'im- 
piété. 

2. Que s'ils jugent celui qui a 
péché, digne de coups, ils le ren- 
verseront, et le feront battre de- 
vant eux. C'est selon la mesure 
du péché, que sera la mesure des 
Coups; 

3. En sorte seulement, qu’elle 
n'excède pas le nombre de qua- 
rante, de peur que ton frère ne 
s'en aille ayant été horriblement 
déchiré devant tes yeux. 

4. Tu ne lieras point la bouche 


16. IV Rois, xiv, 6; II Par., xxv, 4; Ezéch., xvii, 90. — (Παρ. XXV. 3. 1] Cor., xi, 24. 


— 4, I Cor., 1x, 9; I Tim., v, 18. 


———————————————————— 


2. * Ils le renverseront. Les monuments figurés nous montrent ceux qui recoivent 
la bastonnade renversés et étendus par terre. 

3. L'historien Joséphe rapporte que l'usage s'était introduit de ne donner que 
trente-neuf coups, pour qu'on ne s'exposát pas à passer le nombre de quarante. 
Saint Paul confirme le dire de Joséphe, quand il nous apprend (II Corinth., xt, 24) 
qu'en cinq occasions il a regu quarante coups de fouet, moins un. 


362 LE DEUTÉRONOME. 


d'un bœuf qui foule tes grains 
dans l'aire. 

5. Quand deux frères habitent 
ensemble, etque l'un d'eux meurt 
sans enfants, que la femme du 
défunt n’en épouse point un au- 
tre; mais le frère de son mari la 
prendra, etil suscitera des enfants 
à son frère ; 

6. Et il appellera le fils premier- 
né d'elle du nom de son frère, 
afin que le nom de son frere ne 
soit pas effacé d'Israël. 

7. Mais s'il ne veut pas prendre 
la femme de son frere qui lui est 
due en vertu de la loi, cette fem- 
me ira à la porte de la ville, elle 
s'adressera aux anciens et dira : 
Le frere de mon mari ne veut pas 
ressusciter le nom de son frere 
en Israël, ni me prendre pour 
femme. 

8. Etaussitót ils le feront appe- 
ler, et ils l'interrogeront. S'il ré- 
pond : Je ne veux pas la prendre 
pour femme, 

9. La femme s'approchera de 
lui devant les anciens, et lui óte- 
ra la chaussure de son pied, elle 
crachera sur sa face, et dira : C'est 
ainsi qu'il sera fait à l'homme 
qui n'édifie pas la maison de son 
frere. 

10. Et il sera appelé en Israél 


du nom de Maison du déchaussé. ἡ 


11. Si deux hommes ont une 
dispute entre eux, et que l'un 
commence à quereller l'autre, et 
que la femme de l'un voulant ar- 
racher son mari dela main du plus 
fort, étende la main et saisisse 
ses parties secretes, 


[CH. xxvi.] 


19. Tu couperas sa main, et tu 
ne te laisseras fléchir par aucune 
compassion pour elle. 

13. Tu n'auras point dans ton 
sachet deux poids, l'un plus gros 
et l'autre plus petit; 

14. Et il n'y aura point dans ta 
maison un boisseau plus grand et 
un plus petit. 

45. Tu auras un poids juste et 
véritable, et il y aura chez toi un 
boisseau égal et véritable, afin 
que tu vives longtemps sur la 
terre que le Seigneur ton Dieu 
t'aura donnée; 

16. Car le Seigneur ton Dieu a 
en abomination celui qui fait ces 
choses, et il déteste toute injus- 
tice. 

11. Souviens-toi de ce que t'a 
fait Amalecdans lechemin, quand 
tu sortais de l'Egypte. 

18. Comment il marcha contre 
toi, et tailla en piecesles derniers 
de ton armée, qui, fatigués, s'é- 
taient arrétés, quand toi-méme 
tu étais épuisé de faim et de fati- 
gue, et il ne craignit pas Dieu. 

19. Lors donc que le Seigneur 
ton Dieu t'aura donné le repos, 
et qu'il t'aura assujetti toutes les 
nations d'alentour, dans la terre 
qu'il t'a promise, tu effaceras son 
nom de dessous le ciel. Prends 
garde que tu ne l'oublies. 


CHAPITRE XXVI. 


Cérémonies qui devaient s'observer, lors- 
qu'on offrait les prémices des fruits. 


1. Lorsque tu seras entré dans 
la terre que le Seigneur ton Dieu 


5. Matt., xxi, 24; Marc, xir, 19; Luc, xx, 28. — 7. Ruth, 1v, 5. — 17. Exode, xvi, 8, 


————— ידוהה ההשו E‏ 


16. Les mots ces choses se rapportent aux vers. 13, 14. 


11-18. * Voir note sur 22000, xvi, 8. 


{en xxvr.] 


va ie donner pour la posséder, 
que tu l'auras conquise et que tu 
auras habité en elle, 

9. Tu prendras les prémices de 
tous tes fruits, tu les mettras dans 
la corbeille, et tu iras au lieu que 
le Seigneur ton Dieu aura choisi, 
afin que son nom y soit invoqué, 

3. Et tu t'approcheras du prétre 
qu'il y aura en ces jours-là, et tu 
lui diras : Je déclare hautement 
aujourd'hui, en présence du Sei- 
eneur ton Dieu, que je suis entré 
dans la terre, au sujet de laquelle 
il a juré à nos peres qu'il nous la 
donnerait. 

4. Alors le prêtre prenant la 
corbeille de ta main, la déposera 
devant lautel du Seigneur ton 
Dieu, 

5. Et tu diras en présence du 
Seigneur ton Dieu : Un Syrien 
poursuivait mon pere, qui des- 
cendit en Egypte, et là, 11 séjour- 
na avec un tres petit nombre 
d'hommes ; mais il forma une na- 
tion grande, forte et nombreuse 
à l'infini. 

6. Mais les Egyptiens nous af- 
fligerent et nous persécutèrent, 
nous imposant des fardeaux trés 
lourds, 

7. Alors nous 01181108 au Sei- 
gneur le Dieu de nos peres, qui 
nous exauca, et regarda notre 
humiliation, notre labeur, et no- 
tre angoisse ; 

8. Et il nous retira de l'Egypte 
par une main forte et un bras 
étendu, par une grande terreur, 
des signes et des prodiges ; 

9. Puis il nous a introduits en 


LE DEUTÉRONOME. 363 


ce lieu et nous a livré cette terre, 
oü coulent du lait et du miel. 

10. Et c'est pour cela que main- 
tenant j'offre les prémices des 
fruits de la terre, que le Seigneur 
m'a donnée. Et tu les laisseras 
en la présence du Seigneur ton 
Dieu, et adore le Seigneur ton 
Dieu. 

11. Et tu feras un festin de tous 
les biens que leSeigneurton Dieu 
aura donnés. à toi et à ta mai- 
son, toi et le Lévite et l'étranger 
qui est avec toi. 

19. Quand tu auras accompli la 
dime de tous tes fruits, à la troi- 
sieme année des décimes, tu les 
donneras au Lévite, à l'étranger, 
à l'orphelin et à la veuve, afin 
qu'ils les mangent au dedans de 
tes portes, et qu'ils soient rassa- 
8168 ; 

13. Et tu diras en la présence 
du Seigneur ton Dieu : J'ai 016 de 
ma maison ce qui était consacré, 
et je l'ai donné au Lévite, à l'é- 
tranger, àl'orphelin et à la veuve, 
comme vous m'avez ordonné ; je 
n'ai pas négligé vos commande- 
ments, et n'ai pas oublié votre 
ordre. 

14. Je n'ai pas mangé de ces 
choses pendant mon deuil, je ne 
les ai mises à part pour aucun 
usage profane, et je n'en ai rien 
employé dans les funérailles. J'ai 
obéi à la voix du Seigneur mon 
Dieu et j'ai fait toutes choses, 
comme vous m'avez ordonné. 

15. Regardez de votre sanctu- 
aire, du haut descieux, votre de- 
meure, et bénissez votre peuple 


Cxap. XXVI. 13. Supra, xiv, 29. — 19. Is., rxir, 15; Bar., i1, 16. 


9. Dans la corbeille; destinée, consacrée à cet usage. 


ὃ. ' Un Syrien poursuwant mon pere. Héhreu 


: Mon père élas un Syrien nomade. 


364 


d'Israël, et la terre que vous nous 
avez donnée, comme vous avez 
juré à nos pères, terre où coulent 
du lait et du miel. 

16. Aujourd'hui le Seigneur ton 
Dieu t'a ordonné d'exécuter ces 
commandements et ces ordon- 
nances, de les garder et de les 
accomplir de tout ton cœur et de 
toute ton âme. 

47. Tu as choisi aujourd'hui le 
Seigneur, afin qu'il soit ton Dieu, 
afin que tu marches dans ses 
voies, et que tu gardes ses céré- 
monies, ses commandements et 
ses ordonnances, et que tu obéis- 
ses à son ordre ; 

48. Etle Seigneur t'a choisi au- 
jourd'hui, afin que tu sois son 
peuple particulier, comme il t'a 
dit, et que tu gardes tous ses pré- 
ceptes, 

19. Et qu'il t’'élève au-dessus de 
toutes les nations qu'il a créées 
pour sa louange, son nom et sa 
gloire; afin que tu sois le peuple 
saint du Seigneur ton Dieu, com- 
me il a dit. 


CHAPITRE XXVII. 


Ordre de dresser un monument au delà 
du Jourdain. Cérémonies qu'on devait 
observer en prononcant les bénédic- 
tions et les malédictions sur les monts 
Garizim et Hébal. 


1. Or Moise ordonna, et les an- 
ciens d'Israël, disant au peuple : 
Gardez tous les commandements 
que je vous prescris aujourd'hui. 

2. Et lorsque vous aurez passé 


LE DEUTÉRONOME. 


xxvi.)‏ .אס] 


du Jourdain dans la terre que le 
Seigneur ton Dieu te donnera, tu 
érigeras de grandes pierres, et tu 
les enduiras de chaux, 

3. Afin que tu puisses y écrire 
toutes les paroles de cette loi, le 
Jourdain passé, pour que tu en- 
tres dans la terre que le Seigneur 
ton Dieu te donnera, terre oü 
coulent du lait et du miel, comme 
il a juré à tes peres. 

4. Quand donc vous aurez pas- 
sé le Jourdain, érigez les pierres 
que moi, je vous prescris aujour- 
d'hui, surle mont Hébal, et tu les 
enduiras de chaux ; 

5. Et tu bátiras là un autel au 
Seigneur ton Dieu, avec des pier- 
res que le fer n'aura pas tou- 
chées, 

6. Des pierres informes et.non 
polies ; et tu offriras sur cet autel 
des holocaustes au Seigneur ton 
Dieu. 

7. Et tu immoleras des hosties 
pacifiques, et tu mangeras là, et 
tu feras des festins devant le Sei- 
gneur ton Dieu. 

8. Et tu écriras sur les pierres 
toutes les paroles de cette loi 
nettement et clairement. 

9. Alors Moise et les prétres de 
la race lévitique dirent à tout 
Israël : Sois attentif, et écoute, ὃ 
Israél: tu as été fait aujourd'hui 
le peuple du Seigneur ton Dieu ; 

10. Tu écouteras sa voix, et tu 
pratiqueras les commandements 
et les lois que moi, je te pres- 
cris, 


18. Supra, vir, 6. — παρ. XXVII. 4. Exode, xx, 25; Jos., vii, 31. 


1. * Les chapitres xxvu-xxx renferment le troisième et dernier grand discours du 


Deutéronome. 


4. * Hébal, montagne en face du Garizim, au pied de laquelle était Sichem, au- 


ourd'hui Naplouse, 


[cu. xxvi.) 


41. Or, Moise ordonna au peu- 
ple, en ce jour-là, disant : 

19. Ceux-ci se tiendront pour 
bénir le peuple, sur le mont Ga- 
rizim, le Jourdain passé : Siméon, 
Lévi, Juda, Issachar, Joseph et 
Benjamin. | 

13. Et vis-à-vis, ceux-ci se tien- 
dront pour maudire sur le mont 
Hébal : Ruben, Gad, Aser, Zabu- 
lon, Dan et Nephthali. 

14. Etles Lévites prononceront, 
et diront à tous les hommes d'Is- 
raél, à haute voix : 

15. Maudit l'homme qui fait 
une image taillée au ciseau, et 
une idole de fonte, l'abomination 
du Seigneur, l'eeuvre des mains 
des artisans, et qui la mettra 
dans un lieu secret! et tout le 
peuple répondra, et dira : Amen. 

16. Maudit celui qui n'honore 
point son père et sa mère ! et tout 
le peuple dira : Amen. 

11. Maudit celui qui déplace 
les bornes de son prochain! et 
tout le peuple dira : Amen. 

18. Maudit celui qui fait égarer 
un aveugle dans le chemin! et 
tout le peuple dira : Amen. 

19. Maudit celui qui pervertit le 
jugement d'un étranger, d'un or- 
phelin et d'une veuve! et tout le 
peuple dira : Amen. 

20. Maudit celui qui dort avec 
la femme de son père, et dé- 
couvre la couverture de son lit! 


14. Dan., 1x, 11. 


LE DEUTÉRONOME. 


365 


et tout le peuple dira : Amen. 

21. Maudit celui qui dort avec 
une béte quelconque! et tout le 
peuple dira : Amen. 

22. Maudit celui qui dort avec 
sa sœur, fille de son père ou de 
sa mere! et tout le peuple dira : 
Amen. 

23. Maudit celui qui dort avec 
sa belle-mère! et tout le peuple 
dira : Amen. 

24. Maudit celui qui frappe en 
secret son prochain! et tout le 
peuple dira : Amen. 

25. Maudit celui qui reçoit des 
présents pour verser un sang in- 
nocent! et tout le peuple dira : 
Amen. 

26. Maudit celui qui ne persé- 
vere pas dans les paroles de cette 
loi, et ne les accomplit point par 
ses ceuvres ! et tout le peuple di- 
ra : Amen. 


CHAPITRE XXVIII. 


Biens promis à ceux qui observeront la 
loi du Seigneur. Maux dont seront pu- 
nis ceux qui la violeront. 


1. Mais si tu écoutes la voix du 
Seigneur ton Dieu, en sorte que 
tu pratiques et que tu gardes tous 
ses commandements que moi, je 
te prescris aujourd'hui, le Sei- 
gneur ton Dieu t'élèvera au- 
dessus de toutes les nations qui 
sont sur la terre. 

2. Et toutes ces bénédictions 


12. * Garizim. Voir plus haut, xi, 29. 


47. * Les bornes. Voir plus haut, xix, 14. 
25. Pour verser un sang innocent. Littér. et par hébraisme : 


Pour frapper lâme 


d'un sang innocent. Nous avons déjà fait remarquer les différents sens du mot àme 


dans l'Ecriture. 


1. L'histoire atteste l'accomplissement des promesses et des menaces faites aux 


Juifs dans ce chapitre. 


366 LE DEUTÉRONOME. 


viendront sur toi, et elles te sai- 
siront, si cependant tu écoutes 
ses préceptes. 

3. Béni tu seras dans la ville et 
béni dans la campagne ; 

4. Béni sera le fruit de ton ven- 
tre, le fruit de ta terre et le fruit 
de tes bestiaux ; tes troupeaux de 
gros bétail, et les pares de tes 
brebis ; 

5. Bénis tes greniers, bénie ta 
surabondance. 

6. Béni tu seras entrant et sor- 
tant. 

7. Le Seigneur fera que tes en- 
nemis qui s'élèvent contre toi, 
tomberont en ta présence : ils 
viendront par une seule voie 
contre toi, et c'est par sept qu'ils 
s'enfuiront devant ta face. 

8. Le Seigneur enverra la béné- 
diction sur tes celliers et sur tou- 
tes les ceuvres de tes mains, et il 
te bénira dans 18 terre que tu au- 
ras recue. 

9. Il se suscitera en toi un peu- 
ple saint, comme il t'a juré, si tu 
gardes les commandements du 
Seigneur ton Dieu, et si tu mar- 
ches dans ses voies. 

10. Et tous les peuples de la 
terre verront que le nom du Sei- 
gneur est invoqué sur toi, et ils 
te craindront. 

11. Le Seigneur te fera abonder 
en tous biens, en fruit de ton sein, 
en fruit de tes bestiaux, et en fruit 
de la terre, que le Seigneur a juré 
à tes pères qu'il te donnerait. 


[cH. xxvir.] 


12. Le Seigneur ouvrira son 
excellent trésor, le ciel, pour 
quil donne la pluie à ta terre 
en son temps; et il bénira tou- 
tes les œuvres de tes mains. Et 
tu prêteras à un grand nombre 
de nations, et toi-même tu ne re- 
cevras de prêt de personne. 

13. Le Seigneur t'établira la 
téte, et non la queue; et tu seras 
toujours au-dessus, et non au- 
dessous, si cependant tu écoutes 
les commandements du Seigneur 
ton Dieu, que moi, je te prescris 
aujourd'hui;si tu les gardes et 
les pratiques, 

14. Et si tu ne t'en détournes 
ni à droite ni à gauche, et que tu 
ne suives pas des dieux étran- 
gers, el que tu ne les serves 
point. 

15. Que si tu ne veux point 
écouter la voix du Seigneur ton 
Dieu, afin de garder et de prati- 
quer tous ses commandements 
et toutes ses cérémonies, que 
moi, je te prescris aujourd'hui, 
toutes ces malédictions vien- 
dront sur toi et te saisiront. 

16. Maudit tu seras dans la 
ville, maudit dans la campagne ; 

17. Maudit ton grenier, et mau- 
dite ta surabondance ; 

18. Maudit le fruit de ton 
ventre, et le fruit de ta terre, les 
troupeaux de tes 200018 et les 
troupeaux de tes brebis. 

19. Maudit tu seras entrant, et 
maudit sortant. 


(παρ. XXVIII. 15. Lév., xxvi, 14; Lament., rr, 17; Bar., 1, 20; Mal., ri, 2. 


6. Entrant et sortant. Dans la langue des Hébreux, entrer et sortir signifie ordi- 
nairement l'ensemble de la conduite, toutes les actions de la vie. 
10. Le nom du Seigneur, etc.; ou bien : Tu portes le nom du Seigneur; tu t'appelles 


le peuple du Seigneur. 


13. Tétablira la téte, etc. Locution proverbiale dont le sens se trouve expliqué par 


les paroles suivantes. 


[cH. xxvi.] 


90. Le Seigneur enverra sur toi 
la famine et la faim, et le blàme 
sur toutes tes ceuvres, que tu fe- 
ras, jusqu'à ce qu'il te brise et te 
perde soudain, à cause de tes 
inventions détestables, par les- 
quelles tu m'auras abandonné. 

21. Que le Seigneur ajoute 
contre toi la peste, jusqu'à ce 
qu'il t'ait entierement exterminé 
de la terre dans laquelle tu 
entreras pour la posséder. 

99. Que le Seigneur te frappe 
de l'indigence, de la fievre et du 
froid, de la chaleur brülante, de 
l'air corrompu, et de la nielle, et 
qu'il te poursuive, jusqu'à ce que 
tu 6718808 . 

23. Que le ciel qui est au-des- 
sus de toi, soit d'airain, et la 
terre que tu foules, de fer. 

24. Que le Seigneur donne 
pour pluie à ta terre de la pous- 
sière, et que du ciel descende 
sur toi de la cendre, jusqu'à ce 
que tu sois brisé. 

25. Que le Seigneur fasse que 
tu tombes devant tes ennemis; 
que tu sortes par une seule voie 
contre eux, et que ce soit par 
sept que tu fuies, et que tu sois 
dispersé dans tous les royaumes 
de la terre; 

26. Et que ton cadavre serve 
de páture à tous les oiseaux du 
ciel et aux bétes de la terre, et 
quil n'y ait personne qui les 
chasse. 

21. Que le Seigneur te frappe 
de l'ulcere de l'Egypte, et qu'il 
frappe la partie du corps par la- 
quelle sortent les excréments, de 


LE DEUTÉRONOME. 367 


la gale aussi bien que de la de- 
mangeaison; en sorte que tu ne 
puisses être guéri. 

28. Que le Seigneur te frappe 
de démence, d'aveuglement, et 
de la fureur d'esprit, 

29. Et que tu tâtonnes à midi, 
comme à coutume de tâtonner 
laveugle dans les ténèbres, et 
que tu ne diriges point tes voies. 
Qu'en tout temps, tu sois en 
butte àla calomnie, que tu sois 
opprimé par la violence, et 
que tu n'aies personne qui te dé- 
livre. 

90. Que tu prennes une femme, 
et qu'un autre dorme avec elle. 
Que tu bátisses une maison, et 
que tu n'habites point en elle. 
Que tu plantes une vigne, et que 
tu nela vendanges point. 

31. Que ton bœuf soit immolé 
devant toi, et quetu n'en manges 
point. Que ton àne soit enlevé en 
ta présence, et qu'il ne te soit 
point rendu. Que tes brebis soient 
données à tes ennemis, et qu'il 
n'y ait personne qui te secoure. 

82. Que tes fils et tes filles 
soient livrés à un autre peuple, 
tes yeuxle voyant,etse desséchant 
tout le jour à leur aspect ; et qu'il 
n'y ait point de force en ta main. 

33. Qu'unpeuple que tu ignores 
mange les fruits de ta terre et 
tous tes travaux ; et que tu sois 
toujours en butte à la calomnie, 
et opprimé tous les jours, 

34. Et interdit par la frayeur 
des choses que verront tes yeux. 

35. Que le Seigneur te frappe 
d'un ulcere trés malin aux ge- 


20. Tes inventions délestables; hébr. la malice de tes actions. 
26. Aux bêtes de la terre, c'est-à-dire, aux bêtes sauvages. 
21. De l’ulcère de l'Egypte. Compar. Exod., ix, 9. 


368 


noux et aux jambes; et que tu ne 
puisses être guéri depuis la 
plante du pied jusqu’au haut de 
ta tête. 

36. Le Seigneur t'emmènera, 
toi et ton roi que tu auras établi 
sur toi, dans une nation que tu 
auras ignorée, toi et tes peres; et 
tu serviras là des dieux étran- 
gers, du bois et dela pierre. 

87. Et tu seras perdu, deve- 
nant le brocard et la fable de 
tous les peuples chez lesquels 
t'aura introduit le Seigneur. 

38. Tu jetteras beaucoup de se- 
mence dans la terre, et tu en re- 
cueilleras peu, parce que les sau- 
terelles dévoreront tout. 

39. Tu planteras une vigne et 
tu la laboureras ; mais tu ne boi- 
ras pas de vin, et tu n'en recueil- 
leras rien, parce qu'elle sera ra- 
vagée par les vers. 

40. Tu auras des oliviers dans 
tous les confins, et tu ne t'oin- 
dras pas d'huile, parce qu'ils cou- 
leront et périront. 

41. Tu engendreras des fils et 
des filles, et tu n'en jouiras pas, 
parce qu'ils seront emmenés en 
captivité. 

42. La rouille consumera tous 
tes arbres et les fruits de ta terre. 

43. L'étranger qui est avec toi 
dans ta terre s'élévera au-dessus 
de toi, et sera plus puissant; 
mais toi, tu descendras et tu se- 
ras au-dessous. 

44. Lui, te prétera à usure, et 
toi, tu ne lui préteras point. Lui 
sera la téte, et toi, tu seras la 
queue. 


38. Mich., v1, 15; Aggée, r, 6. 


- 


LE DEUTERONOME. 


[cH. xx vu] 


45. Et toutes ces malédictions 
viendront sur toi, elles te pour- 
suivront et te saisiront, jusqu’à 
ce que tu périsses, parce que tu 
n'as pas écouté la voix du Sei- 
gneur ton Dieu, ni observé ses 
commandements et les cérémo- 
nies qu'il t'a prescrites, 

46. Et elles seront pour tou- 
jours en toi et en ta postérité des 
signes et des prodiges, 

41. Parce que tu n'auras pas 
servi le Seigneur ton Dieu dans 
le contentement et la joie du 
cœur, dans l'abondance de toutes 
choses. 

48. Tu serviras ton ennemi 
que t'enverra le Seigneur, dans 
la faim et la soif, dans la nudité 
et une pénurie absolue; et il 
mettra un joug de fer sur ton 
cou, jusqu'à ce qu'il te brise. 

49. Le Seigneur aménera sur 
toi d'un pays lointain, des der- 
nieres limites de la terre, une 
nation semblable à l'aigle qui 
vole avec impétuosité, et dont 
tu ne puisses entendre la langue; 

50. Une nation tres insolente, 
qui n'ait point de déférence pour 
un vieillard, ni de pitié pour un 
enfant ; 

51. Qui dévore le fruit de tes 
bestiaux, et les fruits de ta terre, 
jusqu'à ce que tu périsses ; qui 
ne te laisse pas de blé, de vin ni 
d'huile, de troupeaux de bœufs, 
ni de troupeaux de brebis, jusqu'à 
ce qu'il te détruise, 

59. Et qu'il te brise dans toutes 
tes villes, et que soient détruites 
tes murailles fortes et élevées en 


4^4. Lui sera la téte, etc. Compar. vers. 13. 


[cH. xxvirr.] 


lesquelles tu avais confiance dans 
toute ta terre. Tu seras assiégé 
au dedans de tes portes, dans 
toute ta terre que te donnera le 
Seigneur ton Dieu ; 

53. Et tu mangeras le fruit de 
ton sein, la chair de tes fils et de 
tes filles que t'aura donnés le 
Seigneur ton Dieu, à cause de la 
détresse et de la ruine dont t'af- 
fligera ton ennemi. 

54. L'homme chez toi le plus 
délicat etle plus voluptueux refu- 
sera à son frère el à sa femme 
qui repose sur son sein, 

55. De leur donner de la chair 
de ses fils dont 11 mangera, parce 
qu'il n'aura rien autre chose pen- 
dant le siege, et dans la pénurie 
dont t'affligeront tes ennemis au 
dedans de toutes tes portes. 

56. La femme molle et délicate, 
qui ne pouvait pas marcher sur 
la terre, ni y poser la plante de 
son pied, à cause de sa mollesse 
et de sa délicatesse excessive, re- 
fusera à son mari qui repose sur 
son sein, la chair de son fils et de 
sa fille, 

91. Et l'amas des souillures qui 
sortent de son sein, et les en- 
fants qui sont nés à cette méme 
heure; car ils les mangeront en 
cachette, à cause de la pénurie 
de toutes choses pendant le siege 
et la dévastation dont t'affligera 
ton ennemi au dedans de tes 
portes. 

98. Si tu ne gardes et ne prati- 
ques toutes les paroles de cette 
loi qui sont écrites dans ce livre, 
etsi tu ne crains pas son nom 


93. Lament,, 1v, 10; Baruch., 11, 2. 


LE DEUTÉRONOME. 


369 
glorieux et terrible, c'est-à-dire le 
Seigneur ton Dieu, 

99. Le Seigneur augmentera 
tes plaies, et les plaies de ta pos- 
térité, plaies grandes et persévé- 
rantes, infirmités très cruelles, et 
perpétuelles, 

60. Et il fera retourner sur toi 
toutes les afflictions de l'Egypte, 
que tu as redoutées, et elles s'at- 
tacheront à toi ; 

61. De plus, toutes les lan- 
gueurs et les plaies qui ne sont 
point écrites dans le livre de cette 
loi, le Seigneur les amènera sur 
toi, jusqu'à ce qu'il te brise ; 

62. Et vous demeurerez en pe- 
tit nombre, vous qui auparavant 
étiez comme les astres du ciel par 
votre multitude, parce que tu 
n'auras pas écouté la voix du Sei- 
gneur ton Dieu. 

63. Et comme auparavant le 
Seigneur s'était réjoui de vous, 
vous faisant du bien, et vous 
multipliant, ainsi il se réjouira, 
vous perdant et vous détruisant, 
afin que vcus soyez enlevés de la 
terre dans laquelle tu entreras 
pour la posséder. 

64. Le Seigneur te dispersera 
dans toutes les nations depuis 
une extrémité de 18 terre jusqu'à 
lautre extrémité; et tu serviras 
là des dieux étrangers que tu au- 
ras ignorés, toi et tes peres, du 
bois et des pierres. 

65. Parmi ces nations mémes 
tu ne te reposeras pas, et il n'y 
aura pas pour la plante de ton 
pied oü se poser. Car le Seigneur 
te donnera 18 un cœur tremblant, 


————— —————— M Pa € À—— a X ue 


95. Toutes tes portes; hébraisme, pour loutes tes villes. 


AE: 


370 LE DEUTÉRONOME. 


des yeux languissants et une âme 
consumée de douleur ; 

66. Et ta vie sera comme en 
suspens devant toi. Tu craindras 
nuit et jour, et tu ne croiras pas 
à ta vie. 

67. Le matin, tu diras : Qui me 
donnera le soir? et le soir : Qui 
me donnera le matin? à cause de 
l'effroi de ton cœur, dont tu seras 
épouvanté, et à cause de ce que 
tu verras de tes yeux. 

68. Le Seigneur te ramènera 
sur des vaisseaux en Egypte, par 
la voie dont il t'a dit que tu ne la 
reverrais jamais. Là, vous serez 
vendus à vos ennemis comme 
esclaves et comme servantes, et 
il n'y aura personne qui vous 
acnete. 


CHAPITRE XXIX. 


Alliance confirmée de nouveau entre 
Dieu et Israél. Menaces contre les vio- 
lateurs de cette alliance. 


1. Voici les paroles de l'alliance 
que le Seigneur ordonna à Moise 
de faire avec les enfants d'Israël 
dans la terre de Moab, outre l'au- 
tre alliance qu'il fit avec eux à 
Horeb. 

2. Moïse donc appela toutlsraël 
et leur dit : Vous, vous avez vu 
tout ce qu'a fait le Seigneur de- 
vant vous dans la terre d'Egypte, 
à Pharaon, à tous ses serviteurs 
et à toute sa terre, 

3. Les grandes épreuves qu'ont 


[cu. xxiX.] 


vues vos yeux, ces signes et ces 
prodiges considérables, 

4. Et le Seigneur ne vous a pas 
donné jusqu'au présent jour un 
cœurintelligent,desyeux voyants 
et des oreilles qui peuvent enten- 
dre. 

ὃ. H vous 8 conduits durant 
quarante ans à travers le désert : 
vos vêtements ne se sont pas 
usés, etla chaussure de vos pieds 
n'a pas été détruite de vétusté. 

6. Vous n’avez pas mangé de 
pain, vous n'avez pas bu de vin 
et de cervoise, afin que vous sus- 
siez que c'est moi qui suis le Sei- 
eneur votre Dieu. 

7. Et vous êtes venu en ce lieu, 
et Séhon, roi d'Hésébon, est sorti, 
ainsi que Og, roi de Basan, ve- 
nant au-devant de nous pour le 
combat. Et nous les avons battus, 

8. Etnous avons pris leur terre, 
el nous l'avons remise, pour la 
posséder, à Ruben, à Gad et à la 
demi-tribu de Manassé. 

9. Gardez donc les paroles de 
cette alliance, etaccomplissez-les, 
afin que vous compreniez tout ce 
que vous faites. 

10. Vous étes tous aujourd'hui 
devant le Seigneur votre Dieu, 
vos princes, vos tribus, les an- 
ciens et les docteurs, tout le peu- 
ple d'Israél, 

11. Vos enfants et vos femmes, 
et l'étranger qui demeure avec 
vous dans le camp, excepté ceux 


(παρ. XXIX. 2. Exode, xix, 4. — 5. Supra, vir, 2. — 1. Supra, I, 4. — 8. Nomb., 


XI, 19; 7108., XXII LA 


68. * Titus vendit beaucoup de Juifs en Egypte comme esclaves aprés la prise de 
Jérusalem. Josèphe dit qu'il périt de faim douze mille Juifs, pendant qu'on faisait 
le triage pour les vendre comme esclaves. On ne vendit que ceux qui étaient âgés de 


moins de dix-sept ans. 


1. * Hésébon. Voir plus haut Nombres, xxi, 25. — Basan. Voir Nombres, XXI, 33. 


(cu. xxix.) 


qui coupent le bois, et ceux qui 
portent l'eau, 

19. Afin que tu entres dans l'al- 
liance du Seigneur ton Dieu, et 
dans le serment que te fait au- 
jourd'hui le Seigneur ton Dieu, 

13. Afin qu'il se suscite en toi 
un peuple, et que lui-méme soit 
ton Dieu, comme il t'a dit, et 
comme il a juré à tes peres, 
Abraham, Isaac et Jacob. 

14. Et ce n'est pas pour vous 
seuls que moi, je fais cette allian- 
ce et je confirme ces serments, 

15. Mais c'est pour tous ceux 
qui sont présents, et pour tous 
ceux qui sont absents. 

16. Car vous, vous savez de 
quelle maniere nous avons ha- 
bité dans la terre d'Egypte, et de 
quelle manière nous avons passé 
au milieu des nations, et qu’en 
les traversant, 

47. Vous avez vu leurs abomi- 
nations et leurs ordures, c'est-à- 
dire leurs idoles, du bois, de la 
pierre, de l'argent et de lor, 
qu'ils adoraient. 

18. Que s'il y avait parmi vous 
un homme ou une femme, une 
famille ou une tribu dont le 
cœur est aujourd'hui détourné 
du Seigneur notre Dieu, en sorte 
qu'il aille et qu'il serve les na- 
tions, et qui soit parmi vous une 
racine produisant du fiel et de 
l'amertume ; 

19. Et que quand il aura en- 
tendu les paroles de ce serment, 
il se flatte en lui-méme, disant : 
La paix sera avec moi, et je 


LE DEUTÉRONOME. 


371 
marcherai dans la perversité de 
mon cœur : alors que la racine 
bien abreuvée consume celle qui 
a soif, 

20. Et que le Seigneur ne lui 
pardonne point; mais que sa fu- 
reur et son zèle contre cet 
homme jettent la fumée la plus 
épaisse; que toutes les malé- 
dictions qui sont écrites dans ce 
livre s'arrétent sur lui; que le 
Seigneur efface son nom de des- 
sous le ciel. 


21. Et qu'il l'extermine pour: 


λ 
x 


L| 


jamais de toutes les tribus d'Is- ' 


raél, selon les malédictions, qui 
sont contenues dans le livre de 
cette loi et de l'alliance. 

22. Et la génération suivante et 
les enfants qui naitront succes- 
sivement, et les étrangers qui se- 
ront venus de loin, voyant les 
plaies de cette terre et les infir- 
mités dont l'aura affligée le Sei- 
gneur, 

23. En la brülant par le soufre 
et par l'ardeur du sel, de sorte 
qu'elle ne soit plus semée, et 
qu'elle ne pousse plus aucune 
verdure, à l'exemple de la ruine 
de Sodome et de Gomorrhe, d'A- 
dama et de Séboim, que le Sei- 
gneur renversa dans sa colere et 
sa fureur, 

24. Et toutes les nations di- 
ront : Pourquoi le Seigneur a-t-il 
fait ainsi à cette terre? qu'est-ce 
que cette immense colère de sa 
fureur? 

25. Et on leur répondra : Parce 
qu'ils ont abandonné l'alliance 


23. Genèse, xix, 24. — 24. III Rois, 1x, 8; Jér., xxi, 8. 


——————————— 


15. Pour lous ceux, etc.; c'est-à-dire pour tous ceux qui existent aujourd'hui, et 


pour tous ceux qui viendront aprés nous. 


23. ^ De Sodome. Voir la note sur Genèse, xur, 10, 


372 


du Seigneur, qu'il a faite avec 
leurs peres, quand illes a retirés 
de la terre d'Egypte; 

96. Et qu'ils ont servi des dieux 
étrangers, qu'ils les ont adorés, 
des dieux qu'ils ne connaissaient 
pas et auxquels ils n'apparte- 
naient pas; 

27. C'est pour cela que la fu- 
reur du Seigneur s’est irritée 
contre cette terre, afin qu'il ame- 
nât sur elle toutes les malédic- 
lions qui sont écrites dans ce 
livre ; 

28. Et il les a chassés de leur 
terre dans sa colère, dans sa fu- 
reur et dans sa plus grande indi- 
gnation, etilles ἃ jetés dans une 
terre étrangère, comme il est en- 
tierement prouvé aujourd'hui. 

29. Les choses cachées sont au 
Seigneur notre Dieu, celles qui 
sont manifestes, à nous et à nos 
enfants à jamais, afin que nous 
accomplissions toutes les paroles 
de cette loi. 


CHAPITRE XXX. 


Les Juifs retourneront au Seigneur, et il 
aura pitié d'eux. Les commandements 
de Dieu ne sont pas impossibles. Les 
biens et les maux proposés de sa part. 


1. Lors donc que seront venues 
sur toi toutes ces paroles, la bé- 
nédiction ou la malédiction, que 
j'ai exposées en ta présence, et 
que conduit par le repentir de 


(παρ. XXX. 5. II Machab., 1, 29. 


LE DEUTÉRONOME. 


(cu. xxx.! 


ton cœur, parmi les nations, chez 
lesquelles t'aura dispersé le Sei- 
gneur ton Dieu, 

2. Tu seras revenu à lui avec 
tes enfants, et que tu obéiras à 
ses ordres en tout ton cœur et en 
toute ton àme, comme moi, je te 
prescris aujourd'hui, 

3. Le Seigneur ton Dieu rame- 
nera tes captifs, il aura pitié de 
toi, et il te rassemblera encore 
du milieu de tous les peuples 
chez lesquels il t'avait aupara- 
vant dispersé. 

4. Quand tu aurais été dispersé 
jusqu'aux póles du ciel, le Sei- 
gneur ton Dieu t'en retirera, 

ὃ. Et il te prendra, et t'intro- 
duira dans la terre qu'ont possé- 
dée tes peres et tu en seras mai- 
tre;et tebénissantilte rendra plus 
nombreux que furent tes peres. 

6. Le Seigneur ton Dieu circon- 
cira ton cœur et le cœur de ta 
postérité, afin que tu aimes le 
Seigneur ton Dieu en tout ton 
cœur et en toute ton âme, afin 
que tu puisses vivre. 

Ἴ. Mais toutes ces malédictions, 
il les fera retourner sur tes enne- 
mis et sur ceux qui te haissent et 
te persécutent. 

8. Pour toi, tu reviendras, et tu 
écouteras la voix du Seigneur 
ton Dieu, et tu pratiqueras tous 
ses commandements que moi, je 
te prescris aujourd'hui; 


26. Auzquels ils n'appartenaient pas. Littér. : Auxquels is n'avaient pas été attri- 
bués. Toutes les nations de la terre livrées à l’idolâtrie appartenaient naturellement 
aux fausses divinités; mais le vrai Dieu, s'étant réservé Israël pour en faire son 
peuple particulier, les Israélites n'appartenaient qu'à lui seul. 

29. Ce verset, que la Vulgate a parfaitement traduit de l'hébreu, est diversement 
interprété; le sens qui nous semble le plus naturel est que ces chátiments avaieut 
666 jusque-là un secret caché en Dieu, et que Dieu le manifestait maintenant pour 
?ngager plus puissamment les Israélites à l'observation de ses commandements. 


(cu. xxx.] 

.9. Et le Seigneur ton Dieu te 
fera abonder en toutes les 
œuvres de tes mains, en en- 
fants de ton sein, en fruit de tes 
bestiaux, en fécondité de ta terre 
et en dons de toutes choses. Car 
le Seigneur reviendra pour se 
complaire en toi, en te com- 
blant de tous les biens, comme 
il s'est complu dans tes pères; 

10. Si cependant tu écoutes la 
voix du Seigneur ton Dieu, que 
tu gardes ses préceptes et ses cé- 
rémonies qui sont écrites dans 
cette loi, et que tu reviennes au 
Seigneur ton Dieu en tout ton 
cœur et en toute ton âme. 

11. Ce commandement que 
moi, je te prescris aujourd'hui, 
n'est pas au-dessus de toi, ni 
éloigné ; 

19. Ni placé dans le ciel, en 
sorte que tu puisses dire : Qui 
de nous peut monterau ciel, pour 
nous l'apporter, et pour que nous 
l'entendions et l'accomplissions 
par nos œuvres ? 

18. Il n’a pas été posé non plus 
au-delà de la mer, pour que tu 
trouves un prétexte et que tu 
dises : Qui de nous pourra passer 
la mer, et lapporter jusqu'à 
nous,afin quenouspuissions l'en- 
tendre, et faire ce qui est or- 
donné? 

14. Mais ce commandement est 
tout près de toi, dans ta bouche 
et dans ton cœur, pour que tu le 
pratiques. 


12. Rom., x, 6. 


LE DEUTÉRONOME. 313 


15. Considere que j'ai proposé 
aujourd'hui en ta présence la vie 
et le bien, et d'un autre côté la 
mort et le mal, 

16. Afin que tu aimes le Sei- 
gneur ton Dieu, que tu marches 
dans ses voies, que tu gardes ses 
commandements, ses cérémonies 
et ses ordonnances; et que tu 
vives, et qu'il te multiplie et qu'il] 
te bénisse dans la terre dans la. ! 
quelle tu entreras pour la possé- 
der. 

11. Mais si ton cœur se détour- 
ne, si tu ne veux pas écouter, et 
que, séduit par l'erreur, tu ado- 
res des dieux étrangers, et tu les 
serves, 

18. Je te prédis aujourd'hui que 
tu périras, et que tu demeureras 
peu de temps dans la terre, dans 
laquelle, le Jourdain passé, tu en- 
treras pour la posséder. 

19. J'invoque à témoin au- 
jourd'hui le ciel et la terre, que 
je vous ai proposé la vie et la 
mort, la bénédiction et la malé- 
diction. Choisis donc la vie, afin 
que tu vives, et toi et ta posté- 
rité, 

20. Que tu aimes le Seigneur 
ton Dieu, que tu obéisses à sa 
voix et que tu t'attaches à lui (car 
c'est lui-méme qui est ta vie et la 
longueur de tes jours), afin que 
tu habites dans la terre au sujet 
de laquelle le Seigneur a juré à 
tes pères, Abraham, Isaac et Ja- 
cob qu'il la leur donnerait. 


9. En dons de toutes choses. Littér.: Et en largesse de toutes choses; c'est-à-dire en 


le comblant de toute sorte de biens. 


15. Le bien, le mal; c'est-à-dire les biens, les avantages, les maux, les malheurs. 


374 


CHAPITRE XXXI. 


Moïse nomme Josué pour son succes- 
seur. ll ordonne qu'on lise la loi au 
peuple tous les sept ans. Dieu lui an- 
nonce sa mort prochaine, et lui ordonne 
de composer un cantique. 


1. Moise alla donc, et il adressa 
toutes ces paroles à tout Israél, 

2. Et il leur dit : J'ai cent vingt 
ans aujourd'hui, je ne peux plus 
sortir et entrer, surtout après que 
le Seigneur m'a dit: Tu ne passe- 
ras point ce Jourdain. 

3. Le Seigneur donc ton Dieu 
passera devant toi; lui-même dé- 
truira toutes ces nations en 8 
présence, et tu les posséderas : 
et ce Josué passera devant toi, 
comme a dit le Seigneur. 

4. Et le Seigneur leur fera com- 
me il a fait à Séhon et à Og, rois 
des Amorrhéens et à leur terre, 
et il les détruira. 

5. Lors donc qu'il vous les aura 
aussi livrés, vous leur ferez pa- 
reillement, ainsi que je vous ai 
ordonné : 

6. Agissez courageusement et 
fortifiez-vous ; ne craignez point, 
et ne tremblez pas à leur aspect, 
parce que le Seigneur lui-méme 
est ton guide, et il ne te laissera 
point, et il ne l'abandonnera 
point. 
| 7. Et Moïse appela Josué, et lui 
dit devant tout Israél : Fortifie- 
toi et sois courageux; car c'est 
toi qui introduiras ce peuple dans 
la terre que le Seigneur a juré à 
ses peres de lui donner, et c'est 
toi qui la partageras au sort. 


LE DEUTÉRONOME. 


[cu. xxxi. 


8. Et le Seigneur qui est votre 
guide, sera lui-méme avec toi ; 
il ne te laissera point, et il ne t'a- 
bandonnera point : ne crains pas 
et ne tremble pas. 

9. C'est pourquoi Moise écrivit 
cette loi, et la remit aux prétres, 
enfants de Lévi, qui portaient 
l'arche de l'alliance du Seigneur, 
et à tous les anciens d'Israél. 

10. Et il leur ordonna, disant : 
Après sept ans, à l’année de la 
rémission, à la solennité des ta- 
bernacles, 

11. Tous ceux d'Israël venant 
ensemble pour paraître en la pré- 
sence du Seigneur ton Dieu, au 
lieu qu'aura choisi le Seigneur, 
tu liras les paroles de cette loi 
devant tout Israél, qui écoutera, 

12. Et tout le peuple étant as- 
semblé, tant les hommes que les 
femmes, les petits enfants et les 
étrangers qui sont au dedans de 
tes portes, afin que les écoutant, 
ils les apprennent, et qu'ils crai- 
gnent le Seigneur votre Dieu, et 
qu'ils gardent et accomplissent 
toutes les paroles de cette loi. 

43. Et que leurs enfants aussi 
qui maintenant les ignorent, 
puissent les entendre, et qu'ils 
craignent le Seigneur leur Dieu, 
durant tous les jours qu'ils de- 
meureront dans la terre, vers la- 
quelle vous-mêmes vous allez 
pour vous en emparer, le Jour- 
dain une fois passé. 

14. Alors le Seigneur dit à 
Moïse : Voilà qu'approchent les 
jours de ta mort ; appelle Josué, 
et tenez-vous dans le tabernacle 


παρ. XXXI. 2. Nomb., xxvir, 13; Supra, ir, 27. — 4. Nomb., xxt, 24, — 5. Supra, 


vii, 2. — 7. Jos., 1, 6; III Rois, 11, 2. 


2. Entrer et sortir, à votre tête, c'est-à-dire vous conduire. 


]68. xxxi.) 
de témoignage, afin que je lui 
donne mes ordres. Moise et Jo- 
sué allèrent donc, et ils se tin- 
rent dans le tabernacle de té- 
moignage ; 

15. Et le Seigneur y apparut 
dans une colonne de nuée qui 
s'arréta à l'entrée du tabernacle. 

16. Le Seigneur dit alors à 
Moise : Voilà que toi, tu dormi- 
ras avec tes pères, et ce peuple, 
se levant, forniquera avec des 
dieux étrangers dans la terre dans 
laquelle il va entrer pour y habi- 
ter : là, il m'abandonnera, et il 
rendra vaine mon alliance, l'al- 
liance que j'ai faite avec lui. 

17. Et ma fureur s'irritera con- 
tre lui en ce jour-là; et je l'aban- 
donnerai et je lui cacherai ma 
face, et il sera dévoré : Tous les 
maux et toutes les afflictions l’en- 
vahiront, de sorte qu'il dira en ce 
jour-là : vraiment, c'est parce 
que Dieu n'est pas avec moi, que 
ces maux m'ont envahi. 

18. Mais moi je cacherai, je cé- 
lerai ma face en ce jour-là, à 
cause de tousles maux qu'il aura 
faits, parce qu'il aura suivi des 
dieux étrangers. 

19. Maintenant donc écrivez 
pour vouscecantique etapprenez- 
leaux enfants d'Israél, afin qu'ils 
le retiennent de mémoire, qu'ils 
le chantent de leur bouche, et 
que ce chant me soit un témoi- 
gnage parmi les enfants d'Israël. 

20. Car je l'introduirai dans la 
terre au sujet de laquelle j'ai juré 
à ses pères, et où coulent du lait 


LE DEUTÉRONOME. 315 


et du miel. Et lorsqu'ils auront 
mangé, et qu'ils seront rassasiés 
et engraissés, ils se tourneront 
vers des dieux étrangers et les 
serviront; ils parleront contre 
moi et rendront vaine mon al- 
liance. 

21. Aprés qu'une foulede maux 
et d'afflictions l’auront envahi, 
ce cantique lui répondra comme 
un témoignage qu'aucun oubli 
n'effacera de 18 bouche de sa pos- 
161116. Car je sais ses pensées, ce 
qu'il doit faire aujourd'hui, avant 
que je l'introduise dans la terre 
que je lui ai promise. 

22. Moise écrivit donc le canti- 
que, et il l'apprit aux enfants 
d'Israël. 

23. Or le Seigneur ordonna à 
Josué, fils de Nun, et il lui dit : 
Prends courage et sois fort; car 
c'est toi qui introduiras les en- 
fants d'Israël dans la terre que j'ai 
promise, et moi, je serai avec 
toi. 

24. Après donc que Moïse eut 
écrit les paroles de cette loi dans 
un livre, et qu'il eut achevé, 

25. Il ordonna aux Lévites qui 
portaient l'arche de l'alliance du 
Seigneur, disant : 

26. Prenez celivre, et placez-le 
à côté de l'arche de l'alliance du 
Seigneur votre Dieu, afin qu'il y 
soit un témoignage contre toi. 

27. Car moi, je connais ton 
obstination et ton cou très roide. 
Moi vivant encore, et marchant 
avec vous, vous avez toujours 
agi opiniátrément contre le Sei- 


——————————————— — —— Hà 


20. Je l'introduirai. Le singulier Le désigne le peuple d'Israél, nom collectif; voilà 
pourquoi Moise emploie le pluriel immédiatement aprés. 


table, 


21. D'un cou trés roide; qui supporte trés difficilement le joug, tout à fait indomp- 


376 


gneur; combien plus lorsque je 
serai mort? 

98. Assemblez auprès de moi 
tous les anciens selon vos tribus 
et vos docteurs, et je leur ferai 
entendre ces paroles, et j'invo- 
querai contre eux le ciel et la 
terre. 

99. Car je sais qu'aprés ma 
mort vous agirez avec iniquité, 
et que vous vous détournerez 
bien vite de la voie que je vous 
ai prescrite : et que les maux 
viendront au-devant de vous dans 
les derniers temps, quand vous 
aurez fait le mal en la présence 
du Seigneur, de manière à l'irri- 
ter par les œuvres de vos mains. 

30. Moïse prononca donc les 
paroles de ce cantique, l’assem- 
blée entière d'Israël écoutant, et 
il le récita jusqu'à la fin. 


CHAPITRE XXXII. 


Dernier cantique de Moïse. Il monte sur 
la montagne d'Abarim et considère la 
terre de Chanaan. 


4. Entendez, ὃ ciéux, ce que je 
dis ; que la terre entende les pa- 
roles de ma bouche. 


Car. XXXII. 7. Job, vir, 8. 


LE DEUTÉRONOME. 


]68. xxxi] 


2. Que ma doctrine croisse 
comme la pluie, que ma parole 
se répande comme la rosée, 
comme la pluie sur l'herbe, et 
comme les gouttes d'eau sur le 
gazon. 

3. Parce que j'invoquerai le 
nom du Seigneur; rendez gloire 
à notre Dieu. 

4. Les ceuvres de Dieu sont par- 
faites, et toutes ses voies sont 
justes : Dieu est fidele, et sans 
aucune iniquité ; il est juste et 
droit. 

5. 115 ont péché contre lui ; ain- 
si, ils n'étaient pas ses fils au mi- 
lieu de leurs souillures : généra- 
tion dépravée et perverse. 

6. Est-ce là ce que tu rends au 
Seigneur, peuple fou et insensé ? 
N'est-ce pas lui qui est ton père, 
qui t'a possédé, qui t'a fait et qui 
ἰ᾽ἃ EOM 

7. Souviens-toi des jours an- 
ciens, pense à chacune des géné- 
ralions ; interroge ton père, et il 
te le racontera; tes ancétres, et 
ils te le diront. 

8. Quand le Très-Haut divisait 
les nations, quand il séparait les 


1. * « Nous ne sommes pas ici en présence d'un peuple de pasteurs, ou d'idées de 
pasteurs sur Dieu et l'ensemble de la vie. Nous avons affaire à un homme né et 
élevé en Egypte, dont l'Arabie est la seconde patrie, la scéne de ses actions, de ses 
voyages, de ses miracles. L'esprit de sa poésie y prend sa forme et ses images. Le 
désert de l'Arabie donne partout le ton : Dieu est un rocher, un feu qui brüle et qui 
consume; il aiguise le tranchant de son épée; il décoche ses fléches altérées de sang; 
les messagers de sa colére sont des serpents, etc. La poésie de Moise est forte, pri- 
mitive, simple, comme sa vie et son caractère. Son esprit est tout différent de celui 
de Job, de David et de Salomon; l'àme énergique et zélée de Moise se révéle dans 
ce dernier chant. Les plus riantes et les plus poétiques images des Psaumes et des 
prophètes dérivent spécialement de ce chant de Moïse, qui est comme la prophétie 
primitive, le type et la règle de toutes les prophéties. » (HERDER). — « L'Eeriture 
surpasse tous (les auteurs Grecs et Romains) infiniment en naiveté, en vivacité, en 
grandeur. Jamais Homére méme n'a approché de la sublimité de Moise dans ses 
cantiques, particulièrement le dernier. » (FÉNELON). 

4. Justes; littér. jugements. Le mot hébreu traduit par judicia dans la Vulgate, 
signifie ce qui est juste, équitable. 


[(Η. xxxir.] 


enfants d'Adam, il établit les li- 
mites des peuples selon le nom- 
bre des fils d'Israél. 

9. Mais la part du Seigneur fut 
son peuple; Jacob, la corde de 
son héritage. 

10. Le Seigneur le trouva dans 
une terre déserte, dans un lieu 
d'horreur et d'une vaste solitude, 
ille conduisit par divers chemins, 
et il l'instruisit, et il le garda 
comme la prunelle de son ceil. 

11. Comme un aigle qui pro- 
voque ses petits à voler, et vol- 
tige sur eux, il a étendu ses ai- 
les, l'a pris et l'a porté sur ses 
épaules. 

19. Le Seigneur seul fut son 
guide; et il n'y avait point avec 
lui de dieu étranger. 

13. Il l'a établi sur une terre 
élevée, afin quil mangeàt les 
fruits des champs, afin qu'il sa- 
vourát le miel de la pierre, et 
l'huile du rocher le plus dur ; 

14. Le beurre du troupeau de 
gros bétail, le lait des brebis avec 
la graisse des agneaux et des bé- 
liers fils de Bazan; les boucs avec 
18 moelle du froment ; et afin qu'il 
büt le sang du raisin le plus pur. 

15. Le bien-aimé s'appesantit 
et se révolta; appesanti, engrais- 
sé, grossi, il a abandonné Dieu, 
son créateur, et il s'est 6101616 de 
Dieu son salut. 

16. 118 l'ont provoqué par des 


Of Gr xv, 14 תי‎ 


LE DEUTÉRONOME. 


371 


dieux étrangers, et par des abo- 
minations ils l'ont poussé au 
courroux. 

47. Ils ont sacrifié aux démons, 
et non à Dieu, à des dieux qu'ils 
ignoraient ; il est venu des dieux 
nouveaux, d'un jour, que n'ont 
pas adorés leurs pères. 

18. Le Dieu qui t'a engendré, 
tu l'as abandonné, et tu as oublié 
le Seigneur ton créateur. 

19. Le Seigneur a vu, et il a été 
poussé à la colere, parce que ses 
fils et ses filles l'ont provoqué. 

90. Et il a dit : Je leur cacherai 
ma face, et je considérerai leur 
fin; car c'est une génération per- 
verse et des enfants infideles. 

91. Ce sont eux qui m'ont pro- 
voqué par ce qui n'est pas Dieu 
et qui m'ont irrité par leurs vani- 
tés : et moi je les provoquerai 
par ce qui n'est pas un peuple, et 
je les irriterai par une nation in- 
sensée. 

22. Un feu s'est allumé dans 
ma fureur, et il brülera jusqu'aux 
extrémités de l'enfer; il dévorera 
la terre avec sa végétation, et il 
brülera entierement les fonde- 
ments des montagnes. 

93. J'assemblerai sur eux les 
maux, et j'épuiserai mes fleches 
sur eux. 

24. 115 seront consumés par la 
famine et les oiseaux les dévore- 
ront avec les morsures les plus 


9. En Egypte, on se servait de cordes pour mesurer les longueurs considérables. 

14. Le beurre, etc.; le beurre ou la créme faite avec du lait de vache. — Fils de 
Basan; c'est-à-dire qui étaient de Basan, pays très abondant en gras pâturages. — 
Lu moelle du froment pour la fleur du froment. 

15. Le mot hébreu que la Vulgate a rendu par bien aimé (dilectus) est un nom 
propre symbolique qui s'applique au peuple d'Israël, et dont la racine signifie étre 


droit, juste. 


21. Par leurs vanités. Cest le nom que l'Ecriture donne aux faux dieux des paiens, 


978 LE DEUTÉRONOME, 


cruelles: j'enverrai contre eux les 
dents des bétes féroces, avec la 
fureur de celles qui se trainent 
sur la terre, et qui rampent. 

25. Au dehors, le glaive les ra- 
vagera, etau dedans, l'épouvante; 
ils ravageront le jeune homme 
en méme temps que la vierge, 
l'enfant qui tete avec le vieillard. 

26. J'ai dit : Où sont-ils? je fe- 
ral cesser leur mémoire du milieu 
des hommes. 

27. Mais à cause de la colère 
des ennemis j'ai différé, de peur 
que leurs ennemis ne s'énorgueil- 
lissent, et ne disent : C'est notre 
main élevée, et non le Seigneur, 
qui a fait toutes ces choses. 

28. C'est une nation sans con- 
seil et sans prudence. 

29. Ah! que n'ont-ils de la sa- 
gesse! que ne comprennent-ils! 
que ne prévoient-ils la fin! 

30. Comment un seul en pour- 
suit-il mille, et deux en font- 
ils fuir dix mille? n'est-ce point 
parce que leur Dieu les a vendus 
et que le Seigneur les a enfer- 
més? 

31. Car notre dieu n'est pas 
comme leurs dieux, nos ennemis 
mémes en sont juges. 

39. C'est de la vigne de Sodome 


[cu. xxxi.] 


qu'est leur vigne, et des fau- 
bourgs de Gomorrhe; leur raisin 
est un raisin de fiel, et leurs 
grappes sont très ameres. 

33. C'est un fiel de dragons que 
leur vin, et un venin d'aspics in- 
curable. 

84. Tout cela n'est-il pas ren- 
fermé en moi, et scellé dans mes 
trésors? 

35. À moi est la vengeance, et 
c'est moi qui ferai la rétribution 
en son temps, afin que leur pied 
chancelle : le jour de leur perte 
est prés, et les temps se hátent 
d'arriver 

90. Le Seigneur jugera son 
peuple, et il aura pitié de ses ser- 
viteurs : il verra que leur main 
est affaiblie, que ceux mémes qui 
étaient renfermés ont 06181111. et 
que ceux qui étaient restés ont 
été consumés. 

37. Et il dira : Où sont leurs 
dieux en qui ils avaient confiance? 

38. Ils mangeaient les graisses 
de leurs victimes , et buvaient le 
vin de leurs libations : qu'ils se 
lèvent, qu'ils vous secourent, et 
que dans votre détresse il vous 
protegent. 

39. Voyez que moi je suis seul, 
et qu'il n'y a point d'autre Dieu 


29. Jér., 1x, 12. — 35. Eccli., xxvi, 1; Rom., xir, 19; Hébr., x, 30. — 36. II Mach., 
vir, 6. — 37. Jér., 11, 28. — 39. I Rois, i, 6; Tobie, xm, 2; Sag., xvi, 13; Job, x, 7; 


Sag., xvi, 45. 


30. Les a enfermés, dans les mains de leurs ennemis, 
32. * De Sodome. Voir la note sur Genèse, xim, 10. 


36. Qui étaient renfermés, dans leurs forteresses, selon les uns, dans les prisons, 
selon les autres, ou bien, selon d'autres encore dans leurs maisons; c'est-à-dire ceux 
qui n'avaient pas pris part à la guerre. — Ceux qui étaient restés; c'est-à-dire ceux 
qui avaient pris d'abord la fuite, et qui étaient revenus et s'étaient rendus à l'ennemi. 
On donne encore à cette expression plusieurs autres sens, mais celle-ci parait plus 
conforme à la Vulgate. 

39. Dans la Vulgate, les verbes sont au futur, comme ils y sont dans le texte 
original; mais en vertu d'un hébraisme, ils expriment le présent, ou plutót un temps 
indéterminé, 


[cH. ΧΧΧΊΙ.] 
que moi; moi je tue, et moi je 
fais vivre ; moi je frappe, et moi 
je guéris, et il n'y a personne qui 
puisse rien arracher de ma main. 

40. Je lèverai au ciel ma main, 
et je dirai:Je vis, moi, éternelle- 
ment. 

M. Si jaiguise mon glaive 
comme la foudre, et que ma main 
saisisse un jugement, j'exercerai 
ma vengeance sur mes ennemis, 
etàceux qui me haissent je ferai 
la rétribution. 

49. J'enivrerai mes flèches de 
sang, et mon glaive dévorera 
des chairs, à cause du sang de 
ceux qui ont été tués, et à cause 
de la captivité des ennemis à la 
téte nue. 

43. Nations, louez son peuple, 
parce qu'il vengerale sang de ses 
serviteurs, qu'il exercera sa ven- 
geance sur leurs ennemis, et qu'il 
sera propice à la terre de son 
peuple. 

44. Moise vint donc, et il récita 
toutes les paroles de ce cantique 
aux oreilles du peuple, lui et Jo- 
sué, fils de Nun. 


LE DEUTÉRONOME. 379 


45. Et il acheva tous ses dis- 
cours, parlant à tout Israél ; 

46. Et il leur dit : Appliquez 
vos cœurs à toutes les paroles 
que moi je vous certifie aujour- 
d'hui, afin que vous enjoigniez à 
vos fils de les garder et de les 
pratiquer, et d'accomplir toutes 
les choses qui sont écrites dans 
cette loi, 

47. Parce que ce n'est pas en 
vain qu'elles vous ont été pres- 
crites, mais afin que chacun de 
vous vive par elles, et que les 
pratiquant, vous demeuriez long- 
temps dans la terre dans laquelle, 
le Jourdain passé, vous allez en- 
trer pour la posséder. 

48. Or, le Seigneur parla à 
Moise, le méme jour, disant : 

49. Monte sur cette montagne 
d'Abarim, c'est-à-dire des passa- 
ges, sur la montagne de Nébo qui 
est dans la terre de Moab contre 
Jéricho ; et vois la terre de Cha- 
naan que je livrerai moi-méme 
aux enfants d'Israél pour l'occu- 
per, et meurs sur la montagne. 

90. Et, l'ayant montée, tu seras 


43. II Mach., vir, 6. — 50. Nomb., xx, 26; xxvi, 13. 


——————————— M M ——— € —À—— i À—À € —|Ü 


40. Je vis, etc. Formule de serment qui n'est propre qu'à Dieu seul. Dieu jure 
par lui-même, parce que, comme le remarque saint Paul (Hébr., vi, 13), il n'y a 
aucun étre plus graud que lui par lequel il puisse jurer. 

41. Si j'aiguise mon glaive comme la foudre; c'est-à-dire si je le rends pénétrant 
comme la foudre, si je lui donne le brillant, l'éclat éblouissant de l'éclair. 

42. Ce verset est aussi obscur dans le texte hébreu que dans la Vulgate, l'expli- 
cation qu'en donne Ménochius nous a paru la plus simple et la plus naturelle : Je 
punirai les nations, parce qu'elles ont versé le sang des lsraélites, en les tuant, 
parce qu'elles les ont emmenés en captivité, et parce qu'elles ont rasé la téte à ces 
mêmes Israélites, leurs ennemis, comme on la rase aux esclaves. Dans ces temps 
anciens, en effet, c'était la coutume de raser la tête aux captifs en signe d'escla- 
vage. 

49. Le mot hébreu Abarim est un pluriel; c'est pourquoi la Vulgate elle-même 
dit, Nombres, xxxut, 417, 48, les montagnes d' Abarim. Nébo était une des montagnes 
qui formaient la chaine des monts Abarim. — * « On ne distingue pas un sommet, 
pas la moindre cime » dans cette chaine, dit Chateaubriand. Cependant, d'après la 
description générale, le mont Nébo devait être situé près de l'embouchure du Jour- 
dain. — Contre Jéricho. Voir la note sur Josué, vi, 4. 


380 


réuni à tes peuples, comme est 
mort Aaron ton frere sur la mon- 
tagne de Hor, et il a été réuni à 
ses peuples, 

51. Parce que vous avez préva- 
riqué contre moi aux Eaux de 
contradiction, à Cades du désert 
de Sin; et que vous ne m'avez 
pas sanctifié parmi les enfants 
d'Israël. 

52. Vis-à-vis, tu verras la terre 
(et tu n'y entreras pas) que je 
donnerai moi-méme aux enfants 
d'Israél. 


CHAPITRE XXXIII. 


Moise bénit les douze tribus et prédit ce 


LE DEUTÉRONOME. 


[cH. xxxi.) 


enfants d'Israël avant sa mort. 

2. Il dit donc : Le Seigneur est 
venu de Sinai, et il s'est levé pour 
nous de Séir; il a apparu de la 
montagne de Pharan, et avec lui 
des milliers de saints. En samain 
droite était une loi de feu. 

3. Π ἃ aimé des peuples ; tous 
les saints sont dans sa main ; et 
ceux qui s'approchent de ses 
pieds recevront de sa doctrine. 

4. Moise nousa prescrit une loi, 
héritage de la multitude de Jacob. 

9. Il sera roi chezle peuple très 
juste, les princes du peuple étant 
assemblés avec les tribus d'Is- 
raël. 


qui dai CERN ror. 6. Que Ruben vive, et qu'il ne 


meure pas, mais qu'il soit en pe- 
tit nombre. 


1. Voici la bénédiction dont 
Moise, homme de Dieu, bénit les 


51. Nomb., xx, 19; xxvii, 14. — βαρ. XXXIII. 3. Sag., ri, 1; v, 5. 


51. Vous ne m'avez pas sanclifié. Voy. Nombres, xx, 12. — * A Cadès du désert de 
Sin. Voir Nombres, xx, 1. 


1. On s'accorde assez généralement à regarder ce chapitre et le suivant comme 
appartenant au livre de Josué. Autrefois, les livres saints étaient ordinairement sans 
titres et sans sommaires; ils se suivaient sans aucune division par sections. Cepen- 
dant les bénédictions contenues dans ce xxxrue chap. sont incontestablement l'œuvre 
de Moise. 

2. Le mont Séir était en Idumée, et celui de Pharan dans une région du pays des 
Ismaélites, à laquelle il donnait son nom. Pour expliquer la difficulté que semble 
offrir ce passage, il suffit de remarquer que Moise nomme les trois montagnes de 
Sinai, de Séir et de Pharan, non point par rapport à leur situation, car Pharan est 
plus prés de Sinai que Séir, quand on vient d'Egypte; mais relativement à la route 
que les Israélites firent avant d'entrer sur les confins du pays de Chanaan. Remar- 
quons encore que Moise a pu réunir ces trois lieux, parce qu'ils furent illustrés tous 
les trois par les merveilles que Dieu y opéra. 

3. Le mot peuples doit s'entendre ici, comme on l'entend en bien d'autres passages, 
d'une collection, d'une réunion nombreuse d'individus. Nous dirons donc avec les 
meilleurs interprétes, que Moise veut exprimer ici les douze tribus, les Israélites. — 
Dans sa main; c'est-à-dire sous sa garde, sous sa protection toute particuliére. — 
Ceux qui s'approchent de ses pieds, ses disciples, qui viennent recevoir ses instruc- 
tions. Anciennement, comme aujourd'hui encore dans plusieurs pays de l'Orient, 
les écoliers étaient assis aux pieds de leurs maîtres. Compar. Act., xxii, 3. Cependant 
cette locution pourrait signifier ceux qui lui sont soumis, comme porte la version 
grecque. 

5. Il sera roi; Yhébreu porte et il fut roi; ce que la plupart des interprètes juifs 
et chrétiens entendent de Moise, qui, sans porter le nom de roi, en eut toute l'au- 
torité et toutes les prérogatives. D'ailleurs le terme traduit dans la Vulgate par roi, 
signifie aussi gouverneur, chef, qui commande. Plusieurs traduisent : Elle (la loi) sera 
voi, tiendra lieu de roi; mais le texte original s'oppose à cette interprétation. — 
Chez le peuple très juste. Voy. xxxli, 45. 


]68. xxxum.] 


7. Voici la bénédiction de Juda: 
Ecoutez, Seigneur, la voix de Ju- 
da et introduisez-le auprès de son 
peuple; ses mains combattront 
pour lui, et il sera son aide con- 
ire ses adversaires. 

8. A Lévi aussi il dit : Seigneur, 
votre perfection et votre doctrine 
sont à l'homme, votre saint, que 
vous avez éprouvé par une ten- 
tation, et jugé aux Eaux de con- 
tradiction ; 

9. Qui a dit à son pere et à sa 
mere : Je ne vous connais pas; et 
à ses freres : Je ne sais qui vous 
étes; et ils n'ont pas connu leurs 
enfants. Ceux-là ont gardé votre 
parole, et ont observé votre al- 
liance, 

10. Vos ordonnances, ὃ Jacob! 
et votre loi, à Israël. Ils offriront 
de l'encens dans votre fureur, et 
un holocauste sur votre autel. 

11. Bénissez, Seigneur, sa force, 
et recevez les œuvres de ses 
mains. Frappez le dos de ses en- 
nemis, et que ceux qui le haissent 
ne se relèvent point. 

19. Et à Benjamin il dit : Le 


16. Exode, 111, 2. 


LE DEUTÉRONOME, 


381 


bien-aimé du Seigneur habitera 
avec confiance en lui; il demeu- 
rera toutle jour comme dans une 
chambre nuptiale, et il se repose- 
ra entre ses bras. 

43. A Joseph aussi il dit : Que 
la terre de Joseph soit remplie de 
la bénédiction du Seigneur, des 
fruits du ciel, de la rosée, et de 
l'abime qui est en bas ; 

14. De toutes les sortes de fruits 
que mürissent 16 soleil et la lune ; 

15. Des fruits du sommet des 
montagnes antiques et de ceux 
des collines éternelles, 

16. De tous les grains de la 
terre et de son abondance. Que 
la bénédiction de celui qui a ap- 
paru dans un buisson vienne sur 
la téte de Joseph, et sur la téte 
de celui qui est nazaréen entre 
ses freres. 

11. Sa beauté est comme celle 
du premier-né d'un taureau; les 
cornes du rhinocéros sont ses 
cornes; avec elles il fera sauter 
en lair des nations jusqu'aux 
extrémités de la terre. Telle se- 
ront les troupes nombreuses d'E- 


8. Votre perfection et votre doctrine. Compar. Exode, xxvur, 30. — A l'homme, etc. ; 
c'est-à-dire à Aaron. — Que vous avez éprouvé, etc. L'hébreu porte : Que vous avez 
éprouvé par épreuve, ou en l’éprouvant; genre de pléonasme qu'on rencontre à 
chaque page de la Bible. — Eauz de contradiction. Voy. Nombres, xx, 13. | 

9. Iis n'ont pas connu leurs enfants; ils n'ont pas été touchés de compassion pour 
eux, lorsqu'il s’est agi de venger l'outrage fait au Seigneur. (Exode, xxxit, 27, 28.) 

10. Vos ordonnances, etc. Ces mots forment évidemment un des compléments du 
verbe ont observé du verset précédent, et sont en apposition avec parole et alliance 
du méme verset 9; d'où le sens est : Ceux-là ont gardé votre parole, et ont observé 
votre alliance, qui ne sont autre chose que vos ordonnances, ó Jacob, et votre loi, 
6 Israel. Quelques traducteurs, abandonnant la Vulgate, ont rendu conformément 
à l'hébreu: J/s ont enseigné vos ordonnances à Jacob et votre loi à Israël. 

11. * Les cornes du rhinocérossontses cornes. Les montagnes d'Ephraim, héritage des 
enfants de Joseph, leur donnèrent la force prédite par Moïse. Juda devait garder le sud, 
cemme un lion caché dans sa forteresse de Sion; Ephraim, son rival, devait défendre 
le nord, semblable au taureau et au rhinocéros (ou plutót au bufle), moins belliqueux 
mais non moins puissant. Les chemins de communication entre le nord et le sud de 
la Palestine par la plaine d'Esdrelon, passaient par les défilés appartenant à Manassé, 


382 
phraim, et tels les milliers de 
Manassé, 

48. Et à Zabulon il dit : Réjouis- 
toi, Zabulon, dans ta sortie, et, 
Issachar, dans tes tabernacles. 

19. 115 appelleront des peuples 
sur la montagne ; là, ils immole- 
ront des victimes de justice. Ils 
suceront comme le lait les eaux 
débordantes de la mer, et les tré- 
sors cachés dans les sables. 

90. Et à Gad il dit : Béni Gad 
dans son étendue ! il s'est reposé 
comme un lion, puis il a saisi un 
bras et une téte. 

91. Et il a vu sa primauté, qui 
est que dans son partage était 
placé un docteur : et il a été avec 
les princes d'un peuple, et il a 
exécuté les justices du Seigneur 
et son jugement avec Israël. 

22. A Dan aussi il dit : Dan est 
le petit d'un lion, il se répandra 
de Basan au loin. 

93. Et à Nephtali il dit : Nephtali 
jouira de l'abondance etil sera 
rempli des bénédictions du Sei- 
gneur; 11 possédera la mer et le 
midi. 

94. À Aser aussi il dit : Béni 
Aser entre les fils d'Israél! qu'il 
soit agréable à ses frères, et qu'il 
trempe son pied dans l'huile. 

25. Le fer et l'airain seront sa 


LE DEUTÉRONOME. 


[cu. xxxiv.] 


chaussure. Ta vieillesse sera 
comme les jours de ta jeunesse. 

96. Il n'est pas un autre Dieu 
comme le Dieu du peuple tres 
juste; celui qui monte sur le ciel 
est ton aide. Par sa magnificence 
les nuées courent de toutes parts; 

97. Son habitacle est en haut ; 
et au-dessous sont ses bras éter- 
nels ; il chassera de ta face l'en- 
nemi, et il dira : Sois brisé. 

98. Israél habitera avec assu- 
rance et seul. L'ceil de Jacob sera 
fixé sur une terre de vin et de 
blé, et les cieux seront obscurcis 
par la rosée. 

29. Tu es heureux, Israél : qui 
est semblable à toi, peuple, qui 
es sauvé dans le Seigneur? il est 
le bouclier de ta défense, et le 
glaive de ta gloire; tes ennemis 
te renieront, et tu fouleras aux 
pieds leurs cous. 


CHAPITRE XXXIV. 


Mort de Moise. Sa sépulture. Josué lui 
succède. Eloge de Moïse. 


1. Moïse donc monta des 
plaines de Moab sur la montagne 
de Nébo au sommet de Phasga 
contre Jéricho; et le Seigneur lui 
montra toute la terre de Galaad 
jusqu'à Dan, 


Car. XXXIV. 1. Supra, ur, 21; IE Mach., τι, 4. 


18. Dans ta sortie: c'est-à-dire tes excursions, ta navigation. 

19. * Les trésors, le verre fabriqué par les Phéniciens, cachés dans le sable du Bélus. 

90. * Comme un lion. Gad eut quelque chose du caractére du lion de Juda. ll 
habita, comme un lion, dans les foréts, au sud du Jaboc, à l'est du Jourdain. Du 
temps de David, il est mentionné pour sa vaillance. 

21. Ce docteur est, selon l'opinion commune, Moïse, qui fut enterré au delà du 
J'ourdain, où la tribu de Gad avait son partage. 


99. * Basan. Voir Nombres, xxi, 33. 


24. * Dans l'huile. Voir la note sur Genèse, xix, 20. 


26. Du peuple très juste. Voy. xxxu, 15. 


1. Voy. sur l'auteur de ce chapitre, xxxi, 4. — * Nébo. Voir plus haut, xxxi, 49. 


- Phasga. Voir Nombres, xxt, 20. 


(en. xxxiv.] 


9. Tout Nephtali, la terre 
d'Ephraim et de Manassé et toute 
la terre de Juda, jusqu'à la der- 
niere mer; 

3. Et la partie australe,ainsi 
que l'étendue de la campagne de 
Jéricho ville des palmes jusqu'à 
Ségor. 

4. Et le Seigneur lui dit : Voici 
la terre au sujet de laquelle j'ai 
juré à Abraham, à Isaac et à Ja- 
cob, disant : C'est à ta postérité 
que je la donnerai. Tu l'as vue 
de tes yeux, et tu n’y passeras 
pas. 

5. Et Moise, serviteur du Sei- 
gneur, mourut là dans la terre 
de Moab, le Seigneur lordon- 
nant; 

6. Et il l'ensevelit dans la val- 
lée de la terre de Moab contre 
Phogor; et aucun homme n'a 
connu son sépulcre jusqu'au pré- 
sent jour. 

7. Moïse avait cent et vingt ans 
quand il mourut; son œil ne 


4. Genèse, xii, 1; xv, 18. 


LE DEUTÉRONOME. 383 


S'obscurcit pas, et ses dents ne 
furent pas ébranlées. 

8. Les enfants d'Israél le pleu- 
rèrent dans les plaines de Moab 
durant trente jours : ainsi furent 
accomplis les jours du deuil de 
ceux qui pleuraient Moise. 

9. Or, Josué, fils de Nun, fut 
rempli de lEsprit de sagesse, 
parce que Moise avait posé sur 
lui ses mains. Et les enfants d'Is- 
raél lui obéirent et ils firent 
comme avait ordonné le Sei- 
gneur à Moise. 

10. Et il ne s'éleva plus de pro- 
phéte en Israél comme Moise, que 
le Seigneur connüt face à face, 

11. A cause de tous les signes 
et de tous les prodiges qu'il l'en- 
voya faire dans la terre d'Egypte 
contre Pharaon, contre ses ser- 
viteurs et contre toute sa terre, 

19. Et à cause de toute cette 
main forte, et de ces grandes 
merveilles que fit Moise devant 
tout Israél 


9. La derniére mer; c'est-à-dire la mer Méditerranée. . 
3. * Jusqu'à Ségor, à l'extrémité sud de la mer Morte. 


10-12. Le sens de ces trois versets est que depuis la mort de Moise il ne parut pas 
en Israël un prophète avec lequel 16 Seigneur entretint un commerce aussi intune, 
par lequel il montrát avec autant d'éclat sa main puissante, et opérât des prodiges 
semblables aux miracles faits en Egypte, à la face de tout le peuple d'Israel. Quant 
à l'analyse grammaticale des deux derniers versets, on doit reconnaitre qu'elle est 
absolument impossible à faire. 


== .οοοπϑρεξοοοο- 


INTRODUCTION 


AU LIVRE DE JOSUÉ 


I. — LE LivRE ΡῈ Josué. 


Le livre de Josué raconte l'histoire de la conquéte de la Terre Promise et le 
partage du pays conquis entre les tribus d'Israël. De là, sa division en deux 
parties principales : 19 conquête de la Palestine, 1-x11; 2° partage du territoire, 
xiu-xxi. Il se termine par un appendice ou supplément, xxii-xxiv. 

On ne sait point d'une manière certaine quel est l'auteur du livre de Josué ; 
mais la tradition juive, consignée dans le Talmud et acceptée par un grand 
| nombre de critiques, en attribue la composition à Josué lui-méme, à l'excep- 
tion du récit de sa mort et de celle d'Éléazar. 

L'authenticité et l'intégrité du livre de Josué sont niées par les rationalistes 
contemporains. L'unité qui régne dans tout, cet ouvrage, l'uniformité du style 
et de l'exposition, dans toutes ses parlies, sont une preuve de son intégrité en 
méme temps que de son antiquité. 

Les faits qui sont racontés dans le livre de Josué sont dignes de foi, parce 
que ce sont des faits publies, connus de tous et exposés d'une manière simple, 
avec l'accent de la sincérité. Les écrivains postérieurs rendent témoignage en 
sa faveur par les emprunts qu'ils lui font. 

Josué est un des rares personnages de l'Ancien Testament auquel l'Esprit 
Saint n'ait aucun reproche à adresser. C'est un modéle de piété, de foi et de 
confiance en Dieu. Lorsque le peuple désespére de pouvoir s'emparer de la 
Palestine, Josué avec Caleb lui dit : Le Seigneur est avec nous; ne craignez 
point, Nomb., xiv, 9. Cette belle parole est comme l'explication de sa vie entière. 
Tout son livre nous montre d'ailleurs combien est justement fondée la confiance 
que nous placons en Dieu. Il contient l'accomplissement des promesses tempo- 
relles que le Seigneur avait faites aux patriarches. Il est, par rapport au Pen- 
tateuque, ce que sont les Actes par rapport aux Évangiles. Comme nous voyons 
dans les Actes l'établissement de l'Église et l'exécution des promesses de Jésus- 
Christ à ses Apôtres, nous voyons dans le livre de Josué l'établissement d'Israél 
en Chanaan et l'exécution des promesses faites à Abraham et à Moïse. 


II. — GÉOGRAPHIE DE LA PALESTINE. 


Pour comprendre le livre de Josué et en faire la lecture avec fruit, il est 
pécessaire de connaitre la géographie de la Palestine. Nous allons donc en tracer 


INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ. 385 


ici les traits principaux, ce qui aidera aussi à comprendre les autres livres de 
l'Ancien et du Nouveau Testament (1). 

La Palestine est appelée ordinairement dans la Bible, jusqu'à l'époque des 
' Rois, la terre de Chanaan, et, à partir de Saül, la terre d'Israél. Les prophètes 
lui donnent quelquefois le nom de terre de Jéhovah, Osée, 1x, 3; de Terre Sainte, 
Zach., מז‎ 19. Depuis la captivité jusqu'à la venue de Notre Seigneur, elle est 
désignée communément sous le nom de Judée. Les écrivains sacrés ne la 
nomment jamais Palestine, ce mot s'appliquant exclusivement, dans leurs écrits, 
au pays des Philistins; elle recut cette dénomination des auteurs profanes qui 
étendirent à toute la contrée la désignation qui ne convenait proprement qu'à 
la cóte occidentale, au sud du Carmel. 

« La Palestine est formée par la partie méridionale du grand plateau calcaire 
et crayeux, et dans quelques parties basaltique, qui s'étend du cours central de 
l'Euphrate à la mer Méditerranée, dans la direction du nord-est au sud-ouest. 
Ce plateau est traversé à peu prés vers son milieu, du nord au sud, par le 
bassin du Jourdain (le Ghor), de telle sorte que la Palestine est divisée par ce 
dernier en deux parties presque égales. Deux chaines de montagnes la tra- 
versent également du nord au sud : le Liban et l'Antiliban qui, séparés au nord, 
puis paraissant se réunir au sud et se fondre dans une troisiéme chaine dépen- 
dant de l'Antiliban et aboutissant au mont Hermon, se divisent de nouveau et 
se prolongent, le premier, à l'ouest du Jourdain, jusqu'à la péninsule du Sinaï; 
le second, à l'est du Jourdain, jusqu'à l'extrémité sud-ouest de l'Arabie, à 
Moka. La chaine orientale porte le nom de Galaad, de l'extrémité sud du lac de 
Tibériade jusqu'à l'extrémité nord de la mer Morte, et le long de la mer Morte 
jusqu'à son extrémité sud, ceux de Phasgah et d'Abarim. Le nom d'Abarim 
parait désigner plus particulièrement la partie sud de cette chaine et celui de 
Phasgah la partie nord. Le mont Nébo fait partie de ce systéme de montagnes. 
La hauteur des montagnes de la Palestine est moyenne. » (E. AnNAUD.) Leur plus 
grande élévation est de 900 à 1000 métres. — La Terre Promise comprenait 
1? la Palestine proprement dite, c'est-à-dire, la région située à l'ouest du Jour- 
dain, et 2? le pays à l'est du Jourdain. 


I. Palestine proprement dite. 


I. Description de la Palestine. 


La Palestine proprement dite est bornée au nord par le Liban, à l'ouest par 
la Méditerranée, au sud par le désert, à l'est par le Jourdain et la mer Morte. 
Elle s'étend du 31° 11° jusqu'au 33° 15' de latitude nord, et du 32° jusqu'au 33° 
20' de longitude est. Sa superficie est d'environ 15,500 kilométres carrés : 
223 kilomètres de Dan à Bersabée, 64 kilomètres de largeur moyenne. 

« En Palestine comme en Gréce, tous les voyageurs sont frappés de l'exiguité 
du territoire. Méme aprés tout ce qu'ils ont déjà entendu raconter, ils sont 
surpris de pouvoir, en une seule journée, se rendre de la capitale de la Judée à 


(1) Ce qui concerne la description générale de la Palestine, les montagnes, les ri- 
vières et les fleuves, étant traité ici ne sera naturellement pas répété dans les notes 
du commentaire. 


A. T. 23 


386 INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ, 


celle du royaume de Samarie; de voir, dans huit heures d'intervalle, trois loca- 
lités célébres comme Hébron, Bethléem et Jérusalem. Le contraste entre la 
pelitesse de la Palestine et la vaste étendue des empires voisins de sa frontière 
septentrionale et méridionale est presque toujours présent à l'esprit des pro- 
phétes et des psalmistes. [[ les aide à sentir plus vivement la bonté de Dieu 
envers leur patrie, quand ils chantent leurs petites collines et leurs torrents 
desséchés, qu'ils comparent aux hauts sommets du Liban et de l'Hermon et aux 
fleuves larges comme une mer de la Mésopotamie. Ce n'est pas d'ailleurs seule- 
ment par son peu d'étendue, mais aussi par son peu de largeur que cette con- 
trée est remarquable. De tous les points élevés, sa largeur est visible dans sa 
totalité, de la longue muraille des collines de Moab à l'est jusqu'à la mer Médi- 
terranée à l'ouest. » (STANLEY.) 

La Palestine est essentiellement un pays montagneux, un massif de collines 
entrecoupées seulement de quelques vallées ou gorges plus ou moins profondes, 
creusées par les pluies d'hiver et appelées aujourd'hui 000006 ; il n'y a guère de 
plaines que sur les bords de la mer Méditerranée. Elle comprend trois princi- 
paux massifs, celui des montagnes de Nephtali, nommées plus tard de Galilée; 
celui des montagnes d'Éphraim et celui des montagnes de Juda. 

Les montagnes de Galilée sont le prolongement du Liban, si célébre dans les 
Livres Saints. Le mont Liban ou « mont Blanc » s'étend au nord de la Pales- 
line, parallèlement à l'Anti-Liban, dont il est séparé par une vallée profonde, 
connue des anciens sous le nom de Cœlésyrie ou Syrie creuse. Le plus haut 
sommet du Liban, le Dhor-el-Khédif, couvert de neiges éternelles, a 3060 métres. 
L'Hermon, aujourd'hui Djébel-esch-Scheik, à l'extrémité méridionale de l'Anti- 
Liban et également couvert de neiges, n'est guère moins élevé; il est visible 
d'une grande partie de la Palestine. — Les derniéres ramifications du Liban 
meurent dans la plaine de Jezraél ou d'Esdrelon, bornée à l'est par la vallée du 
Jourdain, au sud par les montagnes d'Éphraim, et à l'ouest par le Carmel et la 
Méditerranée. 

Le Carmel, haut de 600 mètres, forme un promontoire dans la Méditerranée 
el va se perdre au sud-est, dans le massif central des montagnes d'Éphraim, 
appelées depuis montagnes de Samarie. Ces montagnes sont comme la forte- 
resse d'Israël et le cœur du pays. Elles s'étendent depuis la plaine d'Esdrelon 
jusqu'aux environs de Jérusalem et offrent de loin, du cóté de la mer, l'aspect 
d'un immense mur. Leur altitude est d'environ 700 métres. Elles se perdent à 
l'est dans la vallée du Jourdain, et à l'ouest, au sud du Carmel, dans la plaine 
de Saron, qui se développe sur le rivage de la mer, 

Le troisiéme groupe de montagnes, est celui du sud; connu sous le nom de 
Juda, il est formé par de hauts plateaux qui s'élévent, en. allant de Jérusalem 
vers Hébron, à une hauteur de mille mètres. Ils sont étroitement reliés, au nord, 
aux montagnes d'Ephraim; au sud, ils se perdent dans le désert; à l'ouest, ils 
s'abaissent de manière à former la plaine de la Séphéla ou pays bas, qu'habi- 
taient les Philistins ; à l'est, ils finissent à la mer Morte. 

A l'est du Jourdain, dans la contrée que du temps de Notre Seigneur on appe- 
lait la Pérée, court aussi une chaine de montagnes calcaires, dépendante de 
l'Hermon, et séparée de la Palestine strictement dite par le Jourdain. Le point 
le plus élevé a une altitude de 1200 mètres. Cette région, qui formait le pays de 
Basan et de Galaad, était très boisée, | 


INTRODUCTION AU LIVRE DE 1080 8. 381 


Les montagnes de la Terre Sainte en faisaient la force et la sécurité. — Un 
des traits les plus caractéristiques de ce pays, ce sont les villages qui sont la plu- 
part construits au sommet des collines. 11 n'y a presque aucune éminence qui ne 
soit couronnée de maisons habitées ou en ruines. Une ville au fond d'une vallée 
est une exception. On cherchait, pour y établir sa demeure, les endroits dont 
l'accés était le plus difficile, afin d'échapper ainsi aux surprises et aux brusques 
attaques des ennemis, contre lesquels on avait toujours besoin de se tenir en 
défiance. 

Toutes les montagnes de la Palestine, et particuliérement celles de Juda, 
étant de formation calcaire, sont percées de nombreuses cavernes, en partie 
naturelles, en partie artificielles, quelques-unes trés spacieuses. Elles servaient 
de refuge aux habitants, en temps d'invasion, et elles ont joué un róle assez 
important dans l'histoire du peuple de Dieu. 

La Terre Sainte esttraversée du nord au sud par le Jourdain. Il tire probable- 
ment son nom de larapidité de son cours. Il a trois sources principales : 4° celle 
de Banias, la Césarée de Philippe du temps de Notre Seigneur; elle jaillit du 
fond d'une grotte creusée dans le roc; 2° celle de Dan, à cinq quarts d'heure de 
Banias, à Tell-el-Khadi ; 3° celle de l'ouadi Hasbani ou d'Hasbeya, située prés du 
village de ce nom, sur l'Hermon. Il roule ses eaux d'un jaune sale à travers les 
marécages de l'Ard-el-Houléh et forme ensuite le lac Mérom ou lac élevé, appelé 
aujourd'hui Houléh, Bahr-el-Houléh. Ce lac de forme triangulaire, de sept kilo- 
mètres environ de large sur prés de quatorze de longueur, est situé à 6 mètres 
& centimètres au-dessous du niveau de la Méditerranée. Ses eaux sont douces et 
transparentes; il est couvert en partie par une plante à larges feuilles; les 
oiseaux aquatiques y abondent. 

Aprés avoir traversé le lac Houléh, le Jourdain se dirige vers le lac de Géné- 
sareth, l'un des plus beaux qui soient au monde. Il a 20 kilomètres de long sur 
10 de large; sa forme est un ovale irrégulier; il est situé à 212 metres au- 
dessous du niveau de la Méditerranée. Son eau est claire, limpide et fraiche; il 
abonde en poissons. On l'appelait aussi autrefois lac de Tibériade et mer de 
Galilée ; aujourd'hui il porte le nom de Bahr Tabariyeh. 

Au sortir du lac de Génésareth, le Jourdain précipite sa course, jusqu'à son 
embouchure dans la mer Morte, où il disparait. Il y déverse environ six millions 
de tonnes d'eau par jour. ו‎ 

Il n'a pas d'affluent proprement dit sur sa rive droite. Sur la rive gauche, il 
recoit, au-dessous du lac de Tibériade, l'Hiéromax et le Jabbok, appelés aujour- 
d'hui le Yarmouk et le Zerka. 

La vallée du Jourdain, de la mer de Galilée à la mer Morte, s'appelle 
aujourd'hui El-Ghór. On y remarque en divers endroits des traces d'anciennes 
éruptions volcaniques. 

Les traits caractéristiques du cours du Jourdain sont la profondeur de son lit 
et ses nombreuses sinuosités. De sa source au point oü il se perd, il suit une 
pente interrompue de temps en temps par des rapides et des chutes ; du lac de 
Tibériade à la mer Morte, le lieutenant Lynch descendit vingt-sept rapides. Ses 
sinuosités sont moins grandes au-dessus qu'au-dessous de la mer de Galilée. 
Leur somme totale est telle qu'elle fait plus que tripler la longueur de son cours : 
il n'est que de 97 kilomètres à vol d'oiseau, mais en réalité il en a plus de 300. 
La largeur moyenne du Jourdain est de 20 mètres; il n'est pas navigable ; il ne 


388 INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ. 


ב 


peut non plus servir pour l'irrigation, à cause de la profondeur de son lit. Il 
déborde tous les ans, à l'époque de la fonte des neiges, en mars et avril. Avant 
l'époque romaine, il n'a été couvert d'aucun pont ; on ne pouvait le franchir que 
par trois ou quatre gués, qui ont été reconnus par les explorateurs modernes : 
l'un d'eux est presque vis-à-vis de l'ouadi Zerka, l'autre vis-à-vis de Jéricho. — 
Différant en ce point, comme en tant d'autres, de tous les grands fleuves, le 
Jourdain n'a vu jamais aucune cité fleurir sur ses rives. Ses eaux sont douces 
et agréables à boire, quoique légèrement troubles. 

La mer Morte (1), dans laquelle se jette le Jourdain, n'est pas moins singu- 
liére que le fleuve qui l'alimente. Elle porte plusieurs noms qui dépeignent cha- 
cun quelqu'un de ses traits distinctifs : mer Morte, parce qu'elle ne contient 
aucun étre vivant, si l'on ne tient pas compte de quelques animaleules insigni- 
fiants; mer de sel, parce que ses eaux sont extraordinairement salées; lac 
Asphaltite, parce qu'on y rencontre beaucoup d'asphalte et de bitume. 

Cette petite mer est un des endroits les plus remarquables du monde, à cause 
de la profondeur de ses eaux, de leur salure et de la dépression de sa surface. 
Le niveau varie un peu suivant les saisons, qui lui apportent une quantité de 
liquide plus ou moins considérable. D'aprés les mesures moyennes, elle est à 
393 métres au-dessous de l'Océan. Elle est de forme oblongue, d'une longueur 
d'environ vingt-cinq lieues et de prés de quatre lieues dans sa plus grande lar- 
geur. Elle se compose de deux parties trés distinctes, la partie septentrionale, 
qui est une coupe gigantesque, et la partie méridionale, qui est une sorte de 
plaine unie. Très profonde au nord, où elle atteint jusqu'à 400 mètres, elle ne 
forme au sud qu'une sorte de lagune de cinq à six métres. L'énorme dépression 
du sol est cause que la chaleur y est trés intense et y produit une évaporation 
extraordinaire, égale en moyenne à la quantité d'eau recue. Cette évaporation 
couvre constamment le lac de vapeurs. 

La pesanteur spécifique de ses eaux n'est pas partout la méme : en moyenne, 
elles pèsent deux dixiémes de plus que l'eau distillée, ce qui permet d'y nager 
plus facilement qu'ailleurs. Cette densité considérable provient dela quantité 
de sels minéraux qui y sont en dissolution. Elle en contient 25 pour 100, tandis 
que l'eau de mer ordinaire n'en contient guére que quatre. Le sel ordinaire 
entre pour prés d'un tiers dans ces éléments minéraux, le chlorure de magné- 
sium y entre pour prés de deux et lui communique un goüt amer et nauséa- 
bond. Le chlorure de calcium, qu'elle renferme aussi, la rend huileuse au tou- 
cher. Elle est d'ailleurs limpide. Tous les éléments qui la composent se trouvent 
dans les montagnes environnantes ou dans les pays que traversent ses affluents. 

On admet généralement aujourd'hui que la mer Morte existait avant l'arrivée 
d'Abraham en Palestine. Sa forme a pu cependant étre modifiée en partie, lors 
de la catastrophe de Sodome. Les eaux du Jourdain se sont, en tout cas, tou- 
jours déchargées dans cette petite mer intérieure, qui est sans issue. L'étude 
géologique du pays a prouvé que son cours ne s'était jamais prolongé jusqu'à 
la mer Rouge. 

Les bords de la mer Morte sont désolés et stériles. Elle est encaissée, dans 


(4) « Le lac Asphaltite ne mérite pas seulement le nom de mer à cause de sa pro- 
fondeur et de sa forte salure : il a aussi son courant principal, se dirigeant du nord 
au midi en continuant le cours du Jourdain, et ses autres courants, refluant à droite 
ou à gauche, parallèlement au littoral. » (Vianns.) 


INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ. 389 


toute sa longueur, entre deux chaînes de collines élevées, coupées seulement 
par quelques affluents, qui sont, à l'est, le Zerka-Main, dont les eaux chaudes 
et sulfureuses (31° 5 à l'embouchure) viennent des sources de Callirhoé; l'Ar- 
non, aujourd'hui Ouadi- Modjib; le Beni-Hemad; au sud, le Kourahy ; à l'ouest, 
l'Ain-Djidi. Pendant la saison des pluies, le torrent de Cédron déverse aussi ses 
eaux dans la mer Morte, au nord-ouest. A l'ouest s'élévent sur ses bords de 
vraies montagnes de sel gemme. 


II. Climat, flore et faune de la Palestine. 


Il n'y a guère que deux saisons en Palestine, l'hiver et l'été caractérisés, le 
premier, par des pluies abondantes, le second, par la sécheresse. Les pluies 
commencent à la fin d'octobre ou dans les premiers jours de novembre; elles 
sont souvent accompagnées d'éclairs et de tonnerre; elles continuent plus ou 
moins réguliérement jusqu'au milieu de mars; quelquefois, mais rarement, 
elles se prolongent jusqu'à la fin d'avril. Elles viennent d'ordinaire du sud ou 
du sud-ouest, Luc, xit, 54. Il en tombe en moyenne trois fois plus à Jérusalem 
qu'à Londres. Pendant le mois de janvier et de février, une couche de quelques 
centimétres de neige couvre assez fréquemment le sol, mais non pas toutes les 
années. Il est rare de voir la glace. 

La température n'est pas la méme dans les diverses parties de la Palestine, à 
cause de la différence d'altitude et des accidents divers du pays. La plus basse 
observée à Jérusalem est de 3 degrés; la plus haute, de 33; la moyenne, de 17. 
Le mois de janvier est le plus froid, ceux de juillet et d'août les plus chauds. 
Somme toute, la température est assez uniforme dans chaque région. La chaleur, 
quoique extréme durant le milieu de l'été, surtout dans la vallée du Jourdain, 
est tempérée, dans beaucoup d'endroits, par la bise de mer, qui souffle réguliè- 
rement du nord-ouest, de dix heures du matin à dix heures du soir. La ligne 
isothermique de Jérusalem passe par Gibraltar, prés de Madére et des iles Ber- 
mudes, par la Floride, au nord de Mobile, et par la Californie. 

Entre avril et novembre, à part un petit nombre d'exceptions, le temps est 
constamment beau et le ciel sans nuages. Pendant la nuit, la rosée, dont parlent 
si souvent les auteurs sacrés, est trés abondante, au point de mouiller les cou- 
vertures des tentes comme une véritable pluie. Vers le lever du soleil, l'atmos- 
phére se refroidit considérablement, et d'épais brouillards couvrent toute la 
contrée. 

La chaleur est beaucoup plus intense dans les bas-fonds et surtout dans la 
vallée du Jourdain, à cause de la nature sablonneuse du sol, de l'absence de 
brise, des quantités considérables de vapeurs répandues dans l'atmosphère, etc. 
La moisson est d’un mois entier en avance dans le Ghor; les blés sont encore 
verts sur les hauteurs quand ils sont déjà foulés sur les bords du Jourdain. 
Près de la mer, la végétation rappelle aussi les tropiques, et la moisson s'y fait 
beaucoup plus tót que dans les distriets montagneux, mais la température y est 
beaucoup plus douce et assez semblable pendant l'hiver, à celle du midi de la 
France. 

Les tremblements de terre ne sont pas très rares en Palestine, 

La fertilité est fort inégale dans les diverses parties du pays. 

Le sud, plus rapproché du désert et plus sec, manquant de bois et d'eau, était 


300 INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ. 


moins fécond que le nord; les Hébreux l'appelaient Negeb, d'un mot qui parait 
avoir signifié primitivement sécheresse. En s'éloignant du sud, on voit l'aridité 
diminuer ; cependant l'aspect du paysage est toujours monotone et sévère : des 
collines, de forme ronde, s'élévent de tous côtés et présentent à l'oeil le roc nu, 
d'une couleur grisátre. Le printemps couvre un moment de verdure ces rochers 
chauves et remplit les ravins d’eau écumante. Aprés les pluies de novembre, 
l'herbe pousse avec vigueur, et en décembre le sol est tout couvert de végéta- 
tion; mais pendant l'été et pendant l'automne, d'Hébron jusqu'à Béthel, tout 
est aride et désolé. Les vallées de dénudation qui séparent les collines sont 
néanmoins productives : elles sont plantées de figuiers et d'oliviers et ordinai- 
rement couvertes de blés ou de dourra, dont les longues tiges, semblables à des 
roseaux, demeurent aprés la moisson, sur le sol pierreux, jusqu'à l'année sui- 
vante. Sur le versant occidental des montagnes, la végétation est plus abondante, 
parce qu'elle est entretenue par les fraiches brises qui soufflent de la mer. 

A mesure qu'on avance vers le nord, la ferlilité augmente : l'eau devient 
moins rare, et, entre les collines, s'étendent de petites plaines trés productives. 
La plaine de Jezraél est fort riche, comme celle de Saron et surtout celle de la 
Séphéla. Seul, aujourd'hui, le bois fait partout défaut, excepté sur le Carmel et 
sur les montagnes de la Galilée. Ailleurs, on ne rencontre guére que l'olivier, 
qu'on cultive pour son fruit. 

On commence les semailles en octobre, aprés les premiéres pluies, et on les 
continue jusqu'en janvier. Dans la vallée du Jourdain, la moisson commence 
quelquefois à la fin de mars; dans les montagnes de la Judée, un mois plus 
tard; dans le Liban, rarement avant juin; elle n'est pas achevée avant la fin 
de juillet sur les parties les plus élevées de cette montagne. Les vendanges se 
font à la fin d'aoüt et pendant le mois de septembre. 

La flore de la Palestine est, pour le fond, celle de l'Asie-Mineure, l'une des 
plus variées et des plus riches du globe. Grâce aux caractères si divers de la 
contrée, à la différence des altitudes et des positions, elle offre, dans la vallée 
du Jourdain, les plantes des tropiques, et ailleurs celles du bassin de la Médi- 
terranée et de l'Europe centrale. Le cédre ne se rencontre que sur le Liban; le 
chéne, quoique relativement rare, est l'arbre le pius commun en Palestine; il 
croit partout et spécialement dans le nord. Le térébinthe peut atteindre des 
proportions gigantesques, comme celui de Mambré. Sur les bords des cours 
d'eaux, les peupliers sont nombreux, ainsi que les lauriers-roses qui se couvrent 
à profusion de fleurs. On voit, cà et là, le platane, le pin,le cyprés, plus encore 
le pistachier, le jujubier, le caroubier et le sycomore, dont le bois était très 
recherché des Egyptiens pour confectionner des cercueils. L'olivier est partout 
cultivé avec soin. Le figuier produit aussi une des récoltes importantes du pays. 
On en recueille les premiers fruits, qui sont regardés comme les meilleurs, vers 
le mois de juin, les seconds en aoüt, les troisiemes quand les feuilles sont 
tombées, ce qui peut n'arriver qu'en janvier. La vigne réussit dans toutes les 
parties de la Palestine et spécialement dans le sud, dans les environs d'Hébron, 
où elle porte des raisins énormes. Presque tous les arbres fruitiers prospèrent 
dans ce pays; le pommier, le poirier, le cognassier, l'amandier, le noyer, le 
pécher, l'abricotier, le grenadier et l'oranger ne sont guère cultivés que dans les 
jardins; le bananier ne se trouve que prés de la Méditerranée; le palmier, 
autrefois si commun, a presque totalement disparu aujourd'hui; il n'en reste 


INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ. 391 


plus un seul à Jéricho, l'antique ville des palmes; il abonde cependant encore à 
Jaffa et à Caipha. Le caprier, l'acacia existent en grand nombre dans la vallée 
du Jourdain, de méme que la Balanites ægyptiaca, des fruits de laquelle les 
Arabes extraient l'huile qu'ils appellent zuk : on lui attribue des propriétés 
médicinales, et peut-étre est-ce le baume de Galaad si célébre dans l'antiquité. 

La flore palestinienne n'est. pas encore complètement étudiée : elle renferme 
de 2,000 à 2,500 plantes. 

La faune de la Palestine comprend aujourd'hui plusieurs animaux féroces : 
l'ours, la panthère, l'hyéne, le loup. Le lion, qui n'était pas trés rare avant l'ére 
chrétienne, a complètement disparu. Le sanglier habite encore le Thabor et le 
petit Hermon. Les rats abondent; les chacals de même. On y rencontre deux 
espèces de lièvres, connue sous le nom de lièvres de Syrie et d'Égypte, quelques 
cerfs et beaucoup de gazelles. Les animaux domestiques sont le chameau à une 
bosse, le cheval, l'àne, le mulet, le buffle, le bœuf de petite taille, le mouton à 
large queue, la chèvre. 

Parmi les oiseaux, on compte l'aigle, le vautour, le faucon, dont les Arabes 
se servent encore pour chasser la gazelle; le milan, le hibou, le coucou, le rossi- 
gnol de Palestine, le geai, le corbeau, le pigeon, la perdrix, la caille, l'outarde, 
la cigogne noire et blanche, — on en voit souvent des troupes par centaines, — 
le héron, le pélican, l'hirondelle, la mouette, etc. Les oiseaux chanteurs sont 
extrémement rares. 

Les reptiles sont assez nombreux. Le lézard pullule dans les murs en ruine ; 
la tortue grecque (testudo greca) habite les sources du Jourdain ; celle d'eau douce 
se multiplie abondamment dans les ruiseaux de la plaine de Jezraél, dans le 
haut Jourdain et dans les lacs; le caméléon est commun; les serpents sont 
partout; le céraste, seulement dans le sud; les grenouilles foisonnent dans les 
étangs marécageux; elles sont de grandes dimensions, mais les habitants ne 
les mangent point; le crapaud est dans tout le pays. 

Quant aux poissons, ils abondent dans le lac de Tibériade. Les espéces qu'on 
y péche le plus sont le cyprinus lepidotus, sorte de barbeau, et le poisson qu'on 
appelle mesht, qui est plat comme une sole. 

Insectes. Les lépidoptéres sont trés variés, comme les fleurs; on y voit toutes 
les espéces de papillons de l'Europe occidentale. Les abeilles sont nombreuses. 
On compte au moins trois espèces de scorpions. Les araignées, les fourmis sont 
dans toute la Palestine. Les sauterelles ravagent parfois le pays. 


H. Le pays à Vest du Jourdain. 


L'Écriture nous apprend que les enfants d'Israél occupèrent à l'est du Jour- 
dain six districts appelés Mischór, Galaad, Basan, Argob, Gessur, et Machati. 
Ils sont encore peu connus aujourd'hui, parce qu'on ne peut les visiter qu'avec 
de grandes difficultés et en s'exposant à toutes sortes de dangers. 

Au moment de la conquéte, le pays immédiatement au nord de l'Arnon était 
occupé par Séhon, roi des Amorrhéens. Il portait le nom de Mischôr, «la Plaine », 
comme traduit la Vulgate. C'est le Belka actuel, regardé par les Arabes comme 
fournissant les meilleurs páturages de la contrée. Il est bien arrosé et couvert 
d'un gazon fin et court. Il va se perdre insensiblement dans les déserts sans 


392 INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ. 


limites de l'est, qui ont toujours été le séjour de prédilection des tribus 
nomades de pasteurs. 

Au delà du Mischór, au nord d'Hésébon, était Galaad, borné à l’est par le désert 
d'Arabie, à l'ouest par le Jourdain et au nord par Basan, dont 16 séparait l'Hié- 
romax, aujourd'hui Scheriat-el-Mandhour. Il est quelquefois appelé la montagne 
de Galaad, Gen., xxx1, 25, parce que c'est en effet un pays de montagnes. Il 
avait environ 96 kilométres de longueur, et en moyenne 32 kilométres de lar- 
geur. On doit observer cependant que ses limites n'étaient pas rigoureusement 
déterminées et que, dans plusieurs passages de l'Écriture, son nom désigne la 
plus grande partie du pays à l'est du Jourdain, parce qu'il en formait la partie 
la plus considérable, Deut., xxxiv, 1. Le territoire compris entre le Jabbok et 
l'Hiéromax s'appelle aujourd'hui Djebel-Adjlàm ; l'un des pics les plus élevés de 
la chaine de ses montagnes ἃ conservé son antique dénomination et se nomme 
Djébel-Djilad : il est à 11 kilomètres environ au sud du Jabbok ; de son sommet, 
on voit toute la vallée du Jourdain et les montagnes de Juda et d'Éphraim. Ce 
lieu, admirablement disposé pour servir de point de ralliement à une armée, 
soit pour une guerre offensive, soit pour une guerre défensive, est probablement 
le site du Ramoth-Masphé de Jos., xut, 26, et du Maspha de Galaad, d'oü 
partit Jephté pour aller combattre les Ammonites, Jug., xr, 29. Le village 
voisin d'Es-Salt occupe l'emplacement de l'ancienne cité de refuge de Gad, 
Ramoth-Galaad. 

Les montagnes de Galaad ont une hauteur réelle de 600 à 900 mètres, mais 
la dépression profonde du Jourdain les fait paraitre, du cóté de l'ouest, beau- 
coup plus élevées qu'elles ne le sont en effet, tandis que, du cóté de l'est, 
l'altitude du plateau d'Arabie les rend basses en apparence. Elles forment une 
sorte de large plateau onduleux, couvert d'excellents pâturages, Nomb., xxxi, 1. 
La verdure qui les tapisse forme un contraste frappant avec l'aridité de la 
Palestine à l'ouest du Jourdain, laquelle n'a rien qui lui soit, sous ce rapport, 
comparable, excepté les hauteurs du Carmel et les montagnes de la Galilée. Au 
nord et au sud on ne rencontre point d'arbres, mais au centre et des deux 
côtés du Jabbok il y a de belles forêts de chênes et de térébinthes. Galaad pro- 
duisait autrefois en abondance le baume et d'autres aromates qu'on exportait 
en Égypte. 

Basan s'étendait au nord de Galaad et avait pour limites : à l'est Salécha, 
Gessur et Maacha, au nord le mont Hermon, et à l’ouest l'Arabah ou vallée du 
Jourdain. Il était célèbre par ses forêts de chênes et par ses taureaux, ainsi 
que par ses riches vallées et ses plantureux pâturages. 

Une partie du territoire de Basan portait le nom d'Argob, « pierreux ». On y 
comptait 60 villes fortifiées, Deut., nr, 4-5. Cette région, au temps de Notre 
Seigneur, s'appelait Trachonitide. Elle a environ 80 kilométres du sud au nord 
et 22 kilomètres de l'est à l’ouest ; sa forme est celle d'un ovale presque régu- 
lier. Les éruptions volcaniques y ont produit de grands bouleversements ; on ne 
voit partout que roches de basalte noir entassées dans la plus grande confusion, 
des fissures et des crevasses. Les voyageurs modernes y ont découvert des cités 
nombreuses qui remontent à la plus haute antiquité et avaient été trés solide- 
ment bâties. 

Au nord-est du territoire de Basan, dans le voisinage d'Argob et de la Syrie, 
était situé le district de Gessur. C'était probablement une partie de la région 


INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ. 303 


sauvage et escarpée appelée de nos jours el-Ledjah. Ses rochers lui font une 
situation très forte. 

Machati était un territoire voisin d'Argob comme Gessur, mais il nous est 
encore moins connu que ce dernier. Il s'étendait du Jourdain à Salécha et 
comprenait vraisemblablement une partie du Ledjah et du Djaulan actuel. 


III. — PARTAGE DE LA PALESTINE ENTRE LES DOUZE TRIBUS. 


Les pays que nous venons de décrire furent partagés de la manière suivante 
entre les tribus d'Israël, en remontant du sud au nord. 

Juda occupa les montagnes du sud, Jos., xvii, 5, et une petite partie de 8 
plaine de la Séphéla, dont la plus grande part demeura toujours entre les mains 
des Philistins, Jos., xv, 1-19. La ville la plus importante de la tribu de Juda 
était Hébron. Nous devons aussi mentionner Bethléem, patrie de David et de 
Notre Seigneur Jésus-Christ. 

Juda céda plus tard une partie de son domaine, avec dix-sept villes, à Siméon, 
qui forma la tribu la plus méridionale, sur les confins du désert de l'Idumée, 
Jos., xix, 1-9; cf. xv, 26, 32, 42; I Par., 1v, 24-39, 42-43. 

Dan fut enclavé en partie dans Juda; dans le partage, il recut sa portion le 
dernier, et elle fut la plus petite, Jos., xix, 40-48, ce qui l'obligea plus tard à 
aller fonder quelques établissements dans le nord, Jud., xvi, 4; Jos., xix, 47. 

A l'est de Dan et au nord de Juda était Benjamin, qui s'étendait depuis l'em- 
bouchure du Jourdain jusque près de la plaine des Philistins, Jos., xvur, 11-20. 
Son territoire formait une sorte de parallélogramme irrégulier, deux fois plus 
long que large; Jéricho en faisait partie, ainsi que Jérusalem. La citadelle de 
cette derniére ville ne fut enlevée à ses anciens possesseurs, les Jébuséens, que 
par David, qui en fit la capitale de son royaume, II Reg., tv, 6-7. 

Au nord de Benjamin, Éphraim occupa la montagne à laquelle il donna son 
nom, Jos., xvi, 1-10, c'est-à-dire le centre de la Palestine. Il s'étendait depuis 
le Jourdain, à l'est, jusqu'à la mer Méditerranée à l'ouest. Sichem, non loin de 
laquelle fut bâtie plus tard Samarie, était comme le cœur de son territoire; 
Béthel et Silo lui appartenaient. Ses montagnes de calcaire, profondément 
déchiquetées par de nombreux torrents, en rendaient l'accés difficile; Éphraim 
ressemblait à une forteresse inexpugnable. 

Les limites de la demi-tribu de Manassé cisjordanique sont indécises, Jos., 
xvi, 9; ,הצא‎ 9-12. Manassé ne parait pas avoir déterminé rigoureusement la 
frontière qui le séparait des possessions de son frère Ephraim au sud. Au nord, 
il confinait à Aser; au nord-est à Issachar. La demi-tribu cisjordanique de Ma- 
nassé n'était séparée que par le fleuve de la transjordanique, d'aprés ce que 
nous apprend Josèphe; cf. Jos., xvir, 9, 11. 

Issachar eut en partage une des parties les plus riches de la Palestine, c'est- 
à-dire la plaine d'Esdrelon, arrosée par le Cison, Jos., xix, 17-23. Il s'étendait 
du mont Carmel au Jourdain; il avait au nord 16 mont Thabor. Parmi ses villes, 
on comptait Mageddo, Jezraél, Taanach, Bethsan, surnommée la porte du 
paradis, Endor, Aphec, Jibleam. Quelques-unes de ces villes restérent cependant 


assez longtemps entre les mains des Chananéens. Le Thabor et le Gelboé étaient 
dans son domaine. 


394 INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ. 


Le terntoire de Zabulon, au nord d'Issachar, avait pour frontière, d’après 
Joséphe qui est plus précis que les livres bibliques, à l'est le lac de Génésareth, 
à l'ouest le Carmel et la Méditerranée, au sud Issachar, au nord Nephtali et Aser. 

Aser, situé à l'ouest sur le rivage de la Méditerranée, s'étendait du Carmel, au 
sud, à S/don, au nord ; il était borné au sud-est par Zabulon, à l'est par Neph- 
tali, au nord par la Phénicie, Jos., xix, 24-31. La partie de son territoire située 
sur la cóte était trés fertile et abondait en froment et en huile. 

Nephtali était, avec Aser, la plus septentrionale des tribus d'Israél, Jos., xix, 
32-39. Elle avait pour limites : à l'est, le Jourdain, le lac Mérom et le lac de 
Génésareth ; au sud, Zabulon ; à l'ouest, Aser; au nord, probablement le fleuve 
Léontés. Son territoire était le plus varié de toutes les tribus : au nord, des 
montagnes; au sud, des plaines qui sont le jardin de la Palestine. Josèphe 
décrit la plaine située sur la cóte de la mer de Galilée comme un paradis 
terrestre où règne un printemps éternel et où murissent les fruits les plus 
exquis. 

Les tribus de Ruben, de Gad et la moitié de celle de Manassé avaient recu leur 
part de territoire, avant la mort de Moise, à l'est du Jourdain, Nomb., xxxii; 
xxxiv, 14-15; Deut., 111, 12-17. Ruben et Gad possédaient de nombreux trou- 
peaux, et comme la région située de ce côté du fleuve était riche en pâturage, 
ils demandèrent et obtinrent de s’y établir. 

La plus méridionale des tribus transjordaniques était Ruben. Elle était bornée 
au sud par l'Arnon, à l'est par le désert, à l'ouest par la mer Morte, au nord 
par Gad. Son territoire était composé du Mischór et de la partie méridionale 
de Galaad, Deut., ,זז‎ 16-17 ; Nomb., xxxr, 33; Jos., ,זוא‎ 

Gad était placé au nord de Ruben, au centre des possessions israélites à l'est 
du Jourdain. Les limites de cette tribu ne sont pas connues avec précision, Jos., 
xit, 1-6. A l'est, elle était bornée par le désert d'Arabie, par « Aroer, vis-à-vis 
de Rabbah » (l'Amman actuelle), dit Josué, xir, 25; à l'ouest, par le Jourdain, 
Jos., xir, 27; au nord, sa frontière est incertaine ; elle atteignait le lac de Géné- 
sareth, Jos., xur, 27; Deut., mr, 12-13, mais elle ne possédait, jusqu'à cette 
hauteur sur les bords du fleuve, qu'une bande de terrain; ses possessions, à 
l'est, dans la montagne, ne dépassaient pas le Jabbok. Son territoire était une 
partie du pays de Galaad. 

La partie la plus septentrionale de la région à l'est du Jourdain était occupée 
par la demi-tribu de Manassé, par la famille vaillante et belliqueuse de Machir, 
qui l'avait conquise, Nomb., xxxu, 33, 39-42; Deut., ,וז‎ Jos., ,זא‎ Elle 
comprenait une partie du pays de Galaad, Basan et Argob, Jos., ,זוא‎ 
xx, 7; mais ses limites ne sont pas déterminées avec précision. Ses principales 
villes étaient Gaulon, Astaroth et Edréi, Jos., xur, 31; xx, 8; xxi, 27; I Par., 
vt, 74. 


JOSUE 


CHAPITRE PREMIER. 


Dieu promet à Josué d'étre avec lui. Jo- 
sué ordonne au peuple de se préparer 
à passer le Jourdain. 


1. Or, il arriva après la mort 
de Moise, serviteur du Seigneur, 
que le Seigneur parla à Josué, 
fils de Nun, serviteur de Moise, 
et qu'il lui dit : 

9. Moïse, mon serviteur est 
mort, lève-toi, passe le Jourdain, 
toi et tout le peuple avec toi, et 
và dans la terre que je donne- 
rai moi-méme aux enfants d'Is- 
rael. 

3. Tout lieu que la plante de 
votre pied aura foulé, je vous le 
livrerai, comme j'ai dit à Moise. 

4. Depuis le désert et le Liban 
jusqu'au grand fleuve  d'Eu- 
phrate,toutelaterre des Héthéens, 
jusqu'à la grande mer contre le 
couchant du soleil, sera votre 
limite. 

5. Nu! ne pourra vous résister 
pendant tous les jours de ta vie: 
comme j'ai été avec Moise, ainsi 
je serai avec toi, je ne te laisse- 
rai, ni ne t abandonnerai. 

6. Prends courage et sois fort, 


car c'est toi qui partageras à ce 
peuple par le sort la terre, au su- 
jet de laquelle j'ai juré à leurs 
pères que je la leur livrerais. 

1. Prends donc courage, et sois 
trés fort, afin que tu gardes et 
que tu pratiques toute la loi que 
l'a prescrite Moïse, mon servi- 
teur : ne t'en délourne ni à droite 
ni à gauche, afin que tu com- 
prennes tout ce que tu fais. 

8. Que le livre de cette loi 
ne s'éloigne point de ta bouche; 
tu le méditeras les jours et les 
nuits, afin que tu gardes et pra- 
tiques tout ce qui y est écrit: 
alors tu dirigeras ta voie et tu la 
comprendras. 

9. Voici que je te l'ordonne, 
prends courage et sois fort. Ne 
crains point, et ne t'épouvante 
point, parce que le Seigneur ton 
Dieu est avec toi en quelque 
lieu que tu 811168 . 

10. Et Josué ordonna aux 
princes du peuple, disant : Pas- 
sez par le milieu du camp, et 
commandez au peuple, et dites : 

11. Préparez-vous des vivres, 
parce qu'après trois jours vous 
passerez le Jourdain, et vous en- 


CuaP. 1, 3. Deut., ,זא‎ 24. — 5. Infra, ir, 7; Hébr., xii, 5. — 6. Deut., xxxi, 1, 23; 


Ill Rois, 11, 2. 


4. La grande mer est un des noms de la Méditerranée. — * Le Liban. Voir l'Intro- 
duction au livre de Josué. — Euphrate. Noir Genèse, xv, 18. — Toute la terre des 
Héthéens, la Syrie, qui, du temps de Josué, appartenait aux Héthéens. 

11. * Le Jourdain. Voir l'Introduction au livre de Josué, p. 381. 


300 JOSUÉ. 


trerez pour la posséder, dans la 
terre que le Seigneur votre Dieu 
va vous donner. 

19. Aux Rubénites aussi et aux 
Gadites et à 18 demi-tribu de Ma- 
nassé, il dit : 

13. Souvenez-vous de ce que 
vous ordonna Moise, serviteur 
du Seigneur, disant : Le Seigneur 
votre Dieu vous a donné le repos 
et toute cette terre. 

14. Vos femmes, vos enfants et 
vos bestiaux demeureront dans 
la terre que vous alivrée Moïse en 
decà du Jourdain; mais vous, 
passez armés devant vos frères, 
vous tous forts de la main, et 
combattez pour eux, 

15. Jusqu'à ce que le Seigneur 
donne le repos à vos freres, com- 
me il vous l'a donné à vous-mé- 
mes; et qu'ils possèdent eux aussi 
la terre que le Seigneur votre 
Dieu va leur donner : et c'est 
ainsi que vous retournerez dans 
la terre de votre possession, et 
que vous habiterez dans cette 
terre que vous ἃ donnée Moise, 
serviteur de Dieu en decà du 
Jourdain contre le levant. 

16. Et ils répondirent à Josué 
et dirent : Nous ferons tout ce que 
tu nous as ordonné ; et nous irons 
partout oü tu nous enverras. 

17. Comme nous avons obéi en 
toutes choses à Moise, ainsi nous 
t'obéirons à toi-même. Seulement 
que le Seigneur ton Dieu soit 
avec toi, comme il a été avec 
Moïse. 


[cm. [.זז‎ 


18. Que celui qui contredira ta 
parole, et qui n'obéira pas à tous 
les discours que tu lui prescriras, 
meure; seulement, toi, fortifie- 
toi, et agis courageusement. 


CHAPITRE II. 


Josué envoie deux espions pour recon- 
naitre la ville de Jéricho. Rahab les 
sauve; ils lui promettent qu'on lui con- 
servera la vie. 


1. Josué, fils de Nun, envoya 
donc de Sétim deux hommes 
comme espions secrets, et il leur 
dit : Allez et considérez la terre 
et la ville de Jéricho. Et ceux-ci 
s'étant mis en chemin, entrerent 
dans la maison d'une femme de 
mauvaise vie, du nom de Rahab, 
et se reposerent chez elle. 

2. Or, on l'annonca au roi de 
Jéricho, et on lui dit : Voilà que 
des hommes d'entre les enfants 
d'Israél sont entrés ici pendant 
la nuit pour explorer la terre. 

3. Et le roi de Jéricho envoya 
chez Rahab, disant : Fais sortir 
les hommes qui sont venus chez 
toi, et qui sont entrés dans ta 
maison ; car ce sont des espions, 
et ils sont venus considérer toute 
cette terre. 

4. Mais Rahab, prenant ces 
hommes, les cacha, et dit : Je l'a- 
voue, ils sont venus chez moi, 
mais je ne savais pas d'oü ils 
étaient : 

5. Et comme on fermait la porte 
de la ville pendantla nuit, ils sont 
sortis en méme temps; je ne sais 


14. Nomb., xxxi, 26. — (παρ. 11. 1. Hébr., xr, 31; Jac., ir, 25. — 4. Infra, vr, 11. 


19. Les Rubénites et les Gadites étaient les Israélites des tribus de Ruben et de Gad. 
14. En deçà; littér.: au delà. Voy. Nombres, xxxu, 32. 
1. * Sélim, appelé aussi Abelsatim, vis-à-vis de Jéricho, à l'est du Jourdain. — 


Jéricho. Voir la note sur Josué, vi, 6. 


"cH. [.זז‎ 


où ils sont allés : poursuivez-les 
promptement et vous les attein- 
drez. 

6. Mais elle, elle fit monter ces 
hommes sur la terrasse de sa 
maison, et elleles couvrit avec de 
la paille de lin, qui était là. 

7. Or, ceux qui avaient été en- 
voyés les poursuivirent par la 
voie qui mene au gué du Jour- 
dain; et, eux sortis, aussitót la 
porte fut fermée. 

8. Ceux qui étaient cachés ne 
dormaient pas encore, et voilà 
que Rahab monta vers eux, et 
dit : 

9. Je sais que leSeigneur vous 
a livré cette terre ; car la terreur 
de votre nom nous a saisis, et 
tous les habitants de cette terre 
sont dans l'abattement. 

10. Nous avons appris que le 
Seigneur a desséché les eaux de 
la mer Rouge, à votre entrée, 
quand vous étes sortis de l'Egyp- 
te, et ce que vous avez fail aux 
deux rois des Amorrhéens, qui 
étaient au delà du Jourdain, Sé- 
hon et Og, que vous avez tués. 

11. Et apprenant cela, nous 
avons craint fortement; notre 
cœur a défailli, et le courage nous 
a abandonnés à votre entrée ; car 
le Seigneur votre Dieu est Dieu 
aussi dans le ciel en haut, et sur 
la terre en bas. 

12. Maintenant donc, jurez-moi 


JOSUÉ. 397 


par le Seigneur, que, comme je 
vous ai fait miséricorde, ainsi 
vous ferez à la maison de mon 
pere, et que vous me donnerez 
un signe certain, 

13. Que vous sauverez mon 
père et ma mere, mes frères et 
mes sœurs et tout ce qui est à 
eux, 61 que vous arracherez ainsi 
nos àmes à la mort. 

14. Et ils lui répondirent : Que 
notre àme soit pour vous jusqu'à 
la mort, si toutefois tu ne nous 
trahis point; et lorsque le Sei- 
gneur nousaura livré cette terre, 
nous accomplirons envers toi la 
miséricorde et la fidélité. 

15. Elle les fit donc descendre 
avec une corde par la fenétre ; 
car sa maison tenait au mur de la 
ville, 

16. Et elle leur dit : Allez vers 
les montagnes, de peur qu'en re- 
venant, ils ne vous rencontrent ; 
et cachez-vous là trois jours, jus- 
qu'àce qu'ils reviennent; et alors 
vous irez par votre chemin. 

47. Ils lui répondirent : Nous ne 
manquerons pas à ce sermentpar 
lequel tu nous a adjurés, 

18. Si, nous entrant dans cette 
terre, ce cordon d'écarlate sert de 
signe, et si tu le lies à la fenétre 
par laquelle tu nous a fait des- 
cendre, et que tu assembles dans 
ta maison ton père et ta mère, 
tes freres et toute ta parenté, 


10. Exode, xiv, 21; Nomb., xx1, 24. — 12. Infra, vi, 22. 


14. Que notre dme, etc.; c’est-à-dire : Que nous périssions plutôt que de ne pas 
t'accorder la demande que tu nous fais. On a déjà remarqué plusieurs fois que 
le mot dme, en hébreu, se prend souvent pour vie, personne. 

16. * Vers les montagnes qu'on appelle aujourd'hui de la quarantaine où fut tenté 
Notre Seigneur (voir la note sur Matthieu, tv, 1). Elles sont à l'ouest de Jéricho et 
par conséquent à l'opposé du chemin qui conduit aux gués du Jourdain, chemin 
que devaient naturellement suivre ceux qui les poursuivaient, comme il est dit 
au ÿ. 1. 


398 JOSUÉ. 


19. Celui qui sortira de la porte 
de ta maison, son sang sera sur 
sa tête, et nous, nous y serons 
étrangers ; mais le sang de tous 
ceux qui seront avec toi dans ta 
maison retombera sur nous, si 
quelqu'un les touche. 

20. Que si tu veux nous trahir, 
et publier ces paroles, nous se- 
rons libres de ce serment par le- 
quel tu nous as adjurés. 

21. Et elle leur répondit : Qu'il 
soit fait ainsi que vous avez dit. 
Et les laissant aller, elle suspen- 
dit le cordon d'écarlate à la fené- 
ire. 

92. Et eux, cheminant, parvin- 
rent aux montagnes, et demeu- 
rerent là trois jours, jusqu'à ce 
querevinrent ceux qui les avaient 
poursuivis; car les cherchant 
dans tout le chemin, ils ne les 
trouvèrent pas. 

23. Et ceux-ci étant déjà entrés 
dans la ville, les espions s'en re- 
tournèrent, et descendirent de la 
montagne; puis, le Jourdain pas- 
sé, ils vinrent vers Josué, fils de 
Nun, et lui racontèrent tout ce 
qui leur était arrivé, 

24. Et ils dirent : Le Seigneur 
a livré toute cette terre en nos 
mains et tous ses habitants sont 
consternés par la frayeur. 


CHAPITRE IIL. 


Les Israélites passent le Jourdain. 


1. Ainsi, Josué se levant de 
nuit, leva le camp; et sortant de 
Sétim ils vinrent au Jourdain, 
lui et tous les enfants d'Israél, et 


Cnar. III. 7. Supra, 1, ὃ. 


(CH. ur.] 


ils demeurèrent là trois jours. 

2. Et ces trois jours écoulés, 
les hérauts passèrent par le mi- 
lieu du camp, 

3. Et, commencerent à crier : 
Quand vous verrez larche de 
l'alliance du Seigneur votre Dieu 
et les prétres de la race lévi- 
tique qui la portent, vous aussi, 
levez-vous, et marchez à leur 
suite; 

4. Et qu'il y ait entre vous et 
l'arche l’espace de deux mille 
coudées, afin que de loin vous 
puissiez voir et connaître par 
quelle voie vous devez aller, 
parce que vous n’avez pas encore 
passé par cette vole; et gardez- 
vous d'approcher de l'arche. 

9. Josué dit aussi au peuple : 
Sanctifiez-vous; car demain le 
Seigneur fera parmi vous des 
merveilles . 

6. Puis il dit aux prétres : Por- 
tez l'arche du Seigneur, et pré- 
cédez le peuple. Et ceux-ci accom- 
plissant ces ordres, la porterent, 
et marchèrent devant le peuple. 

7. Alors le Seigneur dit à Jo- 
sué : Aujourd'hui je commence- 
rai à t'exalter devant tout Israël, 
afin qu'ils sachent que, comme j'ai 
été avec Moïse, ainsi je suis avec 
toi aussi. 

8. Pour toi, commande aux 
prêtres qui portent 18106 de 
l'alliance, et dis-leur : Lorsque 
vous serez entrés dans une par- 
tie de l'eau du Jourdain, arrétez- 
vous-là. 

9. Et Josué dit aux enfants d'Is- 
raél : Approchez-vous ici, et 


1. * Sétim. Voir 1, 4. 


ur.]‏ .8ס] 


écoutez la parole du Seigneur 
votre Dieu. 

10. Et de nouveau : En cela 
vous saurez que le Seigneur Dieu 
vivant est au milieu de vous, et 
quil détruira en votre présence 
le Chananéen, l'Hétéen, l'Hévéen, 
le Phérézéen, le Gergézéen, le 
Jébuséen et l'Àmorrhéen. 

41. Voilà qne l'arche de l'al- 
liance du Seigneur de toute la 
terre marchera devant vous à 
travers le Jourdain. 

19. Préparez douze hommes 
des tribus d'Israél, un de chaque 
tribu. 

13. Et lorsque les prétres qui 
portent l'arche du Seigneur Dieu 
de toute la terre auront posé la 
plante de leurs pieds dans les 
eaux du Jourdain, les eaux d'en 
bas s'écoulerontet se dissiperont, 
mais celles qui viennent d'en 
haut se condenseront en mon- 
ceau. 

14. Ainsi le peuple sortit de 
ses tabernacles pour passer le 


JOSUÉ. 


399 
Jourdain; et les prétres qui por- 
taient l'arche de l'alliance mar- 
chaient devant lui. 

15. Mais eux étant entrés dans 
le Jourdain, et leurs pieds com- 
mencant à étre mouillés (car le 
Jourdain avait couvert ses rives 
au temps de la moisson), 

16. Les eaux qui descendaient 
S'arréterent en un seul lieu, et, 
s'élevant comme une montagne, 
elles paraissaient de loin, depuis 
la ville qui est appelée Adom 
jusqu'au lieu nommé Sarthan ; 
mais celles qui étaient au-des- 
sous, descendirent dans la mer 
du désert (qui maintenant est ap- 
pelée 76 mer Morte), jusqu'à ce 
qu'ellesfussententierementécou- 
lées. 

17. Or, le peuple marchait 
contre Jéricho, et les prétres qui 
portaient l'arche de l'alliance du 
Seigneur se tenaient sur la terre 
seche au milieu du Jourdain tout 
préts; et tout le peuple passait à 
travers le lit desséché du fleuve. 


11. Actes, vu, 45. — 15. Eccli., xxiv, 36. 


15. * Le Jourdain avait couvert ses rives au lemps de la moisson. « Le récit biblique 
correspond exactement à ce qu'on remarque encore aujourd'hui. Les Israélites tra- 
versèrent le Jourdain quatre jours avant la Pâque. Alors comme maintenant la 
moisson se faisait en avril et au commencement de mai, la moisson des orges précé- 
dant celle du froment de deux ou trois semaines. Alors, comme aujourd'hui,il y a une 
légére croissance des eaux qui est cause que le fleuve coule à cette saison à pleins 
bords et sort méme quelquefois de son lit, là où il est le moins profond, de sorte 
qu'en certains endroits l'inondation s'étend sur la partie du rivage qui est couverte 
d'arbres et de végétation. » (Dr Roginson.) « ll est d'ailleurs impossible de déter- 
miner l'endroit précis oü s'effectua le passage. Tout ce que nous savons à ce sujet, 
c'est qu'il eut lieu vis-à-vis de Jéricho. Les Israélites descendaient des hauteurs de 
Moab, probablement par l'ouadi Hesban et ils camperent dans la plaine au pied des 
montagnes, prés d'une ville appelée Sétim, qui devait tirer indubitablement son nom 
de ses bosquets d'acacias (Nombres, xxm, 48-49). De là ils se rendirent sur les bords 
du Jourdain, et ils demeurérent là, avant de passer le fleuve, à un endroit situé 
vis-à-vis, c'est-à-dire à l'est de Jéricho. » (PonTER.) 

16, 17. Il est impossible de ne pas reconnaitre dans ce passage du Jourdain un 
vrai miracle dont le but était de servir à conserver la vraie religion et à affermir 
les Israélites, la jeunesse surtout, dans la croyance à son Dieu unique, créateur et 
gouverneur de l'univers, et en particulier protecteur du peuple hébreu. — * La situa- 
tion d'Adom et celle de SartAh«n sont incertaines. 


400 


CHAPITRE IV. 


Monument dressé par Josué après le 
passage du Jourdain. 


1. Et, quand ils eurent passé, 
le Seigneur dit à Josué : 

2. Choisis douze hommes, un 
de chaque tribu, 

3. Et ordonne-leur d'emporter 
du milieu du lit du Jourdain, oü 
se sont arrétes les pieds des 
prétres, douze pierres très dures, 
que vous placerez dans l'endroit 
du camp oü vous planterez cette 
nuit les tentes. 

4. Josué appela donc les douze 
hommes quil avait choisis 
d'entre les enfants d'Israël, un 
de chaque tribu, 

5. Et il leur dit : Allez devant 
larche du Seigneur votre Dieu, 
au milieu de Jourdain, et empor- 
tez de là chacun une pierre sur 
vos épaules, selon le nombre des 
enfants d'Israël, 

6. Afin que ce soit un signe 
parmi vous. Et quand vos fils 
vous interrogeront demain, di- 
sant : Que veulent dire ces 
pierres? 

7. Vous leur répondrez : Les 
eaux du Jourdain se sont dissi- 
pées devant l'arche de l'alliance 
du Seigneur, quand elle le pas- 
sait, c'est pourquoi ces pierres 
ont été placées comme un monu- 
ment des enfants d'Israél pour 
toujours. . 

8. Les enfants d'Israël firent 
donc comme ordonna Josué, por- 


Cap. IV. 12. Nomb., xxxi, 28. 


JOSUE. 


[cH. 1v.] 


tant du milieu du lit du Jour- 
dain douze pierres, comme le 
Seigneur lui avait commandé, 
selon le nombre des enfants 
d'Israël, jusqu'au lieu dans lequel 
ils étaient campés; et c'est là 
qu'ils les placèrent. 

9. Josué placa aussi douze 
autres pierres au milieu du 
lit du Jourdain, וס‎ 
les prêtres qui portaient l'arche 
de l'alliance ; et elles sont là jus- 
qu'au présent jour. 

10. Or, les prétres qui portaient 
larche se tenaient au milieu du 
Jourdain, jusqu'à ce que füt ac- 
compli tout ce que le Seigneur 
avait ordonné à Josué d'annon- 
cer au peuple, et que lui avait 
dit Moïse. Et le peuple se hâta 
et passa le fleuve. 

11. Et lorsque tous eurent pas- 
sé, l'arche du Seigneur passa 
aussi, et les prétres marchaient 
devant le peuple. 

12. De plus, les enfants de Ru- 
ben et de Gad, et la demi-tribu 
de Manassé, armés, précédaient 
les enfants d'Israél, comme leur 
avait ordonné Moise; 

13. Et quarante mille combat- 
tants marchaient par bandes et 
par bataillons àtraversles plaines 
et les campagnes de la ville de 
1611600 . 

14. En ce jour-là le Seigneur 
exalta Josué devant tout Israél, 
afin qu'ils le craignissent comme 
ils avaient craint Moise pendant 
qu'il vivait. 

15. Et il lui dit : 


5. Le nombre des enfants d'Israél; c'est-à-dire le nombre des tribus des enfauts 


d'Israël. 


6, 21. Demain; hébraisme, pour dans l'avenir, un jour. 


fcn. v.] 

16. Ordonne aux prétres qui 
portent l'arche de l'alliance de 
monter du Jourdain. 

47. Et il leur ordonna, disant : 
Montez du Jourdain. 

18. Et lorsqu'ils furent montés, 
portant Parche de l'alliance du 
Seigneur, et qu'ils eurent com- 
mencé à marcher sur la terre 
sèche, les eaux revinrent dans 
leur lit, etelles coulaient comme 
elles avaient coutume aupara- 
vant. 

19. Or, le peuple monta du 
Jourdain le dixieme jour du pre- 
mier mois, et ils camperent à 
Galgala, vers le cóté oriental de 
la ville de Jéricho. 

20. Josué placa aussi à Galgala 
les douze pierres qu'ils avaient 
prises dans le lit du Jourdain. 

91. Et il dit aux enfants d’Is- 
raël : Quand vos fils interroge- 
ront demain leurs peres, et leur 
diront : Que veulent dire ces 
pierres? 

22. Vous les instruirez et vous 
direz : C'est à travers son lit des- 
séché qu'Israél a passé ce Jour- 
dain. 

93. Le Seigneur votre Dieu 
ayant séché les eaux en votre 
présence jusqu'à ce que vous eus- 
siez passé, 

24. Comme il avait fait aupara- 
vant àla mer Rouge, jusqu'à ce 
que nous eussions passé, 

25. Afin que tous les peuples de 
laterre connaissent la main toute- 
puissante du Seigneur, et que 


24. Exode, xiv, 21. 


JOSUÉ. 401 


vous-mémes vous craigniez aussi 
le Seigneur votre Dieu en tout 
temps. 


CHAPITRE V. 


Les Israélites recoivent la circoncision et 
font la Páque. La manne cesse. Un 
ange apparait à Josué. 


1. Quand donc tous les rois des 
Amorrhéens qui habitaient au 
delà du Jourdain, vers le cóté 
occidental, et tous les rois de Cha- 
naan qui possédaient les lieux 
voisins de la grande mer, appri- 
rent que le Seigneur avait séché 
le cours du Jourdain devant les 
enfants d'Israël, jusqu'à ce qu'ils 
eussent passé, leur cœur défaillit, 
etle courage les abandonna, par- 
ce qu'ils craignaient l'entrée des 
enfants d'Israél. 

2. Alors le Seigneur dit à Josué : 
Fais-toi des couteaux de pierre, 
et circoncis pour la seconde fois 
les enfants d'Israël. 

3. Il fit ce qu'avait commandé 
le Seigneur, et il circoncit les 
enfants d'Israël sur la colline de 
la circoncision. 

4. Or voici la cause de la se- 
conde circoncision : Tous les mà- 
les d'entrele peuple, qui sortirent 
de lEgypte, tous hommes de 
guerre, moururent dans le désert 
pendant les tres longs détours du 
chemin ; 

9. Et ils avaient été tous cir- 
concis ; mais le peuple qui naquit 
dans le désert 

6. Pendant quarante années de 


20. Galgala, est nommé ici par anticipation (Voy. y. 9). Cette figure, qu'on trouve 
assez souvent dans la Bible, est aussi employée par les auteurs profanes. C'est ainsi 
que Virgile a dit par anticipation (Enéid., 1, 2) : Lavinia littora 


1. La grande mer. Voy. 1, ^. 
4. 1. 


403 JOSUÉ. 


- 


marche dans cette très vaste so- 
litude, fut incirconcis, jusqu'à ce 
que fussent consumés ceux qui 
n'avaient pas écouté la voix du 
Seigneur, et à qui auparavant il 
avait juré qu'il neleur montrerait 
pas la terre oü coulent du lait et 
du miel. 

7. Les fils de ceux-ci succéde- 
rent à leurs pères, et furent cir- 
concis par Josué, parce qu'ils 
étaient incirconcis, comme ils 
étaient nés, et que pendant le 
chemin personne ne les avait cir- 
concis. 

8. Mais apres qu'ils furent tous 
circoncis, ils demeurèrent cam- 
pés dansle méme lieu, jusqu'à ce 
qu'ils fussent guéris. 

9. Alors le Seigneur dità Josué: 
Aujourd'hui, j'ai óté l'opprobre 
de l'Egypte de dessus vous. Et ce 
lieu a été appelé du nom de Gal- 
gala jusqu'au présent jour. 

10. Et les enfants d'Israël de- 
meurèrent à Galgala, et firent la 
Pâque, au quatorzieme jour du 
mois, vers 16 soir, dans les plaines 
de Jéricho. 

11. Et ils mangèrent des fruits 
dela terre le jour suivant, des 
pains azymes et de la farine sé- 
chée au feu de la méme année. 

19. Et la manne cessa après 


CnaP. V. 16. Exode, 11 5; Actes, vii, 33. 


]68. vr.] 


qu'ils eurent mangé des fruits de 
la terre, et les enfants d'Israël 
n'userentplus decette nourriture, 
mais ils mangerent des fruits de 
laterre de Chanaan de la présente 
année. 

13. Or, comme Josué était dans 
la campagne de la ville de Jéri- 
cho, il leva les yeux et vit un 
homme debout en face de lui, te- 
nant un glaive nu ; et il alla vers 
lui, et dit: Es-tu des nótres ou de 
nos ennemis ? 

14. Il répondit : Nullement, 
mais je suis le prince de l'armée 
du Seigneur, et maintenant je 
viens. 

15. Josué tomba incliné vers la 
terre. Et, adorant, il dit : Que dit 
mon Seigneur à son serviteur? 

16. Ote, dit-il, ta chaussure de 
tes pieds; car le lieu dans lequel 
tu es est saint. Et Josué fit com- 
me il lui avait été commandé. 


CHAPITRE VI. 


Siége et prise de Jéricho. Rahab associée 
au peuple de Dieu. Iniprécation contre 
celui qui rebátira Jéricho. 


1. Or, Jéricho était fermée et 
fortifiée, dans la crainte des en- 
fants d'Israél, et nul n'osait sor- 
tir ou entrer. 

2. Et le Seigneur dit à Josué : 


10. Au quatorzióme jour du mois. Voy. Exod., xu, 2. 


1. * Jéricho. D'après M. 66 Saulcy, > la Jéricho détruite par Josué était sur le pâté 
de mamelons qui domine l'Ain es-Sultan [la fontaine d'Elisée, voir la note sur 
IV Rois, 19, 22]; la Jéricho de Hiel [III Rois, xvi, 34], devenue la Jéricho d'Hérode, 
c'est-à-dire celle dans laquelle a séjourné Notre Seigneur Jésus-Christ, était au bas 
de la gorge qui, de Jéricho, monte à Jérusalem, c'est-à-dire à l'entrée méme de la 
plaine; la troisième Jéricho enfin, celle qui était florissante du temps d'Eusébe et 
de S. Jérôme, n'est que la Riha des Arabes, c'est-à-dire qu'elle a été bâtie dans le 
voisinage du Bordj actuel, vers le point où se dirigent les aqueducs, de construction 
arabe, dont on retrouve quelques troncons entre la fontaine d'Elisée et le Bordj, dans 
le large ravin qui sert de lit au Nahr el-Kelt, le Karith de l'Ecriture. » 


[cn. VI.) 
Voici que j'ai livré en ta main 
Jéricho et son roi et tous ses bra- 
ves guerriers. 

3. Faites le tour de la ville, 
vous tous combattants, une fois 
par jour. Ainsi ferez-vous pen- 
dant six jours. 

4. Mais, au septieme jour, que 
des prêtres portent sept trom- 
pettes dont on fait usage pendant 
le Jubilé, et qu'ils précèdent l'ar- 
che de l'alliance ; et sept fois vous 
ferez le tour de la ville, et les 
prétres sonneront des trom- 
pettes. 

5. Et lorsque le son de la trom- 
pette se fera entendre, d'abord 
prolongé, puis entrecoupé, et 
qu'il retentira à vos oreilles, tout 
le peuple ensemble poussera les 
plus grands cris, et les murailles 
dela ville s'écroulerontjusqu'aux 
fondements, et chacun entrera 
par l'endroit vis-à-vis duquel il se 
trouvera. 

6. Josué, fils de Nun, appela 
donc les prêtres et leur dit : Por- 
tez l'arche de l'alliance, et que 
sept autres prêtres portent sept 
trompettes du jubilé, et qu'ils 
marchent devant l'arche du Sei- 
gneur. 

7. Au peuple aussi il dit : Allez, 
et faites le tour de la ville, armés, 
précédant l'arche du Seigneur. 

8. Or, lorsque Josué eut achevé 
ces paroles, et que les sept pré- 
ires sonnaient des sept trom- 
pettes devant l'arche de l'alliance 
du Seigneur, 

9. Et que toute la troupe ar- 


Cnar. VI. 11. Supra, τι, 4; Hébr., ,א‎ 


JOSUÉ. 405 


mée précédait, le reste du peuple 
suivait l'arche, et tout retentis- 
sait du son des trompettes. 

10. Or, Josué avait commandé 
au peuple, disant : Vous ne crie- 
rez point, et votre voix ne sera 
point entendue, et aucun mot ne 
sortira de votre bouche, jusqu'à 
ce que vienne le jour auquel je 
vous dirai : Criez et vociférez. 

11. L'arche du Seigneur fit donc 
une fois le tour de la ville pen- 
dant le jour, et, revenue au camp, 
elle y demeura. 

12. Mais Josué s'étant levé du- 
rant la nuit, les prétres porterent 
l'arche du Seigneur, 

13. Et sept d'entre eux, lessept 
trompettes dont on fait usage 
dans le jubilé ; et ils précédaient 
l'arche du Seigneur, marchant et 
sonnant des trompettes, et le 
peuple armé allait devant eux, 
et le reste du peuple suivait l'ar- 
che et sonnait des trompettes. 

14. Et le second jour ils firent 
le tour de la ville une fois, puis 
ils revinrent dans le camp. Ainsi 
firent-ils pendant six jours. 

15. Mais le septième jour, se 
levant dès l'aurore, ils firent le 
tour de la ville, comme il leur 
avait été ordonné, sept fois. 

16. Et lorsqu'au septieme tour, 
les prétres sonnaient de la trom- 
pette, Josué dit à tout Israël : 
Poussez de grands cris; car le 
Seigneur vous a livré la ville. 

17. Et que cette ville soit ana- 
thème, et que tout ce qui 50 
trouve, soif consacré au Sei- 


4. Des prélres. L'hébreu porte sept prétres. On voit, en effet, par le verset 6, où 
on lit: sept autres prêtres, que le mot sept manque ici dans la Vulgate. 
11, Soit anathème; c'est-à-dire soil vouée à la destruction. 


40% 


gneur; que la seule Rahab, la 
femme de mauvaise vie, vive 
avec tous ceux qui sont à elle 
dans sa maison ; car elle ἃ caché 
les messagers que nous avons 
envoyés. 

18. Mais vous, prenez garde 
que vous ne touchiez à aucune 
des choses qui vous ont été dé- 
| fendues, que vous ne soyez cou- 
» pables de prévarication, et que 
' tout le camp d'Israél ne soit sous 
le péché, et n'éprouve de la dis- 
gráce. 

49. Ainsi, que tout ce qu'il y 
aura d'or et d'argent, et de vases 
d'airain et de fer, soit consacré 
au Seigneur et déposé dans ses 
irésors. 

20. Tout le peuple donc pous- 
sant de grands cris, et les trom- 
pettes sonnant, quand la voix et 
le son eurent retenti aux oreilles 
de la multitude, les murs sou- 
dain s'écroulerent, chacun monta 
par le lieu qui était vis-à-vis de 
lui, et ils prirent la ville. 

91. Et ils tuèrent tout ce qui s'y 
trouvait, depuis l'homme jusqu'à 
la femme, depuis l'enfant jus- 
qu'au vieillard. Les bœufs aussi, 
et les brebis et les ânes, ils les 
frapperentdutranchantdu glaive. 

299. Mais Josué dit aux deux 
hommes qui avaient été envoyés 
comme espions : Entrez dans la 


JOSUÉ. 


(cu. vi.] 


maison de la femme de mauvaise 
vie, et faites-la sortir, ainsi que 
tout ce qui est à elle, comme 
vous lui avez assuré par serment. 

93. Et les deux jeunes hommes 
étant entrés, firent sortir Rahab, 
son père et sa mère, ses frères 
aussi, tout ce qui leur apparte- 
nait et toute sa parenté, et les 
firent demeurer hors du camp 
d'Israël. 

24. Mais la ville et tout ce qui 
s'y trouvait, ils les brülèrent, 
excepté l'or, l'argent, les vases 
d'airain et de fer, qu'ils consacrè- 
rent pour le trésor du Seigneur. 

οὗ, Quant à Rahab, la femme 
de mauvaise vie, àla maison de 
son père et à tout ce qu'elle avait, 
Josué leur conserva la vie, et ils 
ont habité au milieu d'Israël jus- 
qu'au présent jour, parce qu'elle 
cacha les messagers quil avait 
envoyés pour explorer Jéricho. 
En ce ce temps-là, Josué fit une 
imprécation, disant : 

26. Maudit devantle Seigneur; 
l'homme qui relèvera et rebátira 
la ville de Jéricho ! Que ce soit 
sur son premier-né qu'il en jette 
les fondements, et que ce soit 
sur le dernier de ses enfants 
qu'il en pose les portes. 

27. Le Seigneur fut donc avec 
Josué, et son nom se répandit 
sur toute la terre. 


20. Hébr., xri, 30; II Mach., xir, 15. — 22. Supra, 1, 1, 14. — 23. Héb., xr, 3l. — 


94. Infra, viri, 2. — 26. ΠῚ Rois, xvi, 34. 


20. Les murs, etc. 11 est vraisemblable que Dieu excita tout à coup un tremblement 
de terre par lequel ces murs furent subitement renversés. 

26. Que ce soit, etc.; c'est-à-dire que son premier-né périsse quand on jettera les 
fondements de la nouvelle Jéricho, et son dernier-né lorsqu'on en posera les portes. 
C'est une prophétie qui s'est vérifiée sous le règne d'Achab, en la personne de Hiel et 
de ses fils, Abiran et Ségub. Voy. IT Rois, טא‎ 34. 

21. * Voir à la fin du volume la note 12 sur l'explication naturelle du passage du 


Jourdain et de la prise de Jéricho. 


[cu. vn.] 


CHAPITRE VII. 


Les Israélites attaquent la ville de Hai. 
Ils sont repoussés avec perte. Crime 
d'Achan découvert et puni. 


1. Or, les enfants d'Israël trans- 
gresserent le commandement, et 
s'approprierent de lanatheéme; 
car Achan, fils de Charmi, fils de 
Zabdi, fils de Zaré, de la tribu de 
Juda, prit quelque chose de l'a- 
natheme, et le Seigneur fut 
irrité contre les enfants d'Israél. 

9. Et lorsque Josué envoya de 
Jéricho des hommes contre Hai, 
qui est près de Béthaven, au 
côté oriental de la ville de Béthel. 
il leur dit : Montez, et explorez 
la terre. Ceux-ci, accomplissant 
ses ordres, explorerent Hai. 

3. Et, revenus, ils lui dirent : 
Que toutle peuple ne monte point, 
mais que deux ou trois mille 
hommes aillent, et détruisent la 
ville : pourquoi tout le peuple se 
fatiguerait-il en vain contre des 
ennemis trés peu nombreux? 

4. 11] monta donc trois mille 
combattants, qui aussitót tour- 
nant le dos, 

9. Furent battus par les habi- 
tants de la ville de Hai; et il 
tomba trente-six hommes d'entre 
eux; etles ennemis les poursui- 
virent depuis la porte jusqu'à 
Sabarim, et ils les taillerent en 
pieces, pendant qu'ils fuyaient à 
travers les versants; et le cœur 
du peuple fut saisi d'une grande 
crainte et s'écoula comme l'eau. 


- CnaP. VIL. 1. Infra, xxii, 20; I Par., n1, 7. 


JOSUÉ. 


405 
6. Mais Josué déchira ses véte- 
ments et tomba, incliné vers la 
terre devant l'arche du Seigneur 
jusqu'au soir, tant lui que tous 
les anciens d'Israël ; etils mirent 
de la poussière sur leurs têtes, 

7. Et Josué dit : Hélas! Sei- 
gneur Dieu, pourquoi avez-vous 
voulu que ce peuple passát le. 
fleuve du Jourdain, pour nous 
livrer aux mains de l'Amorrhéen 
et nous perdre? Oh! que ne som- 
mes-nous demeurés au delà du 
Jourdain comme nous avions 
commencé! 

8. Mon Seigneur Dieu, que di- 
rai-je, voyant Israél tournant le 
dos devant ses ennemis? 

9. Les Chananéens lappren- 
dront et tous les habitants de la 
terre, et réunis ensemble, ils 
nous envelopperont, et ils efface- 
ront notre nom de la terre; et 
que ferez-vous pour votre grand 
nom? 

10. Et le Seigneur dit à Josué : 
Lève-toi et pourquoi es-tu cou- 
ché 1a face contre terre? 

11. Israél a péché et il a trans- 
gressé mon alliance; ils ont pris 
quelque chose de l'anatheme ; ils 
l'ont dérobé, ils ont menti, et ils 
l'ont caché parmi leurs bagages. 

12. Israël ne pourra pas tenir 
devant ses ennemis, et il les 
fuira, parce qu'il s'est souillé par 
l'anatheme : je ne serai plus avec 
vous, jusqu'à ce que vous détrui- 
siez celui qui est coupable de ce 
crime. 


1. De l’anathème; c'est-à-dire de ce qui avait été mis sous l'anathème, de ce qui 
était voué à la destruction, ou consacré au Seigneur. 

2. * Béthel. Voir Genèse, xij, 8. Auprès de Béthel sont les ruines de Khirbet el- 
Koudeiréh qui marquent, d'aprés M. Victor Guérin, l'emplacement de Hai. 


ἀ06 


13. Léve-toi, sanctifiele peuple, 
et dis-leur : Sanctifiez-vous pour 
demain; car voici ce que dit le 
Seigneur Dieu d'Israël : L'ana- 
thème est au milieu de toi, Israël; 
tu ne pourras tenir devant tes 
ennemis, jusqu'à ce que dispa- 
raisse d'au milieu de toi celui qui 
s'est souillé de ce crime. 

14. Vous viendrez des le matin, 
chaeun dans votre tribu; et 
quelle que soit la tribu que le 
sort désigne, elle viendra divisée 
en ses familles, la famille en 
maisons, etla maison en hommes. 

15. Et quiconque aura été sur- 
pris dans ce crime, sera consumé 
par le feu avec tout ce qui lui 
appartient, parce qu'il a trans- 
eressé l'alliance du Seigneur, et 
qu'il a commis un forfait dans Is- 
raël. 

16. C'est pourquoi Josué, se le- 
vant des le matin, fit venir Israél 
selon ses tribus, et la tribu de 
Juda fut trouvée coupable. 

11. Et lorsqu'elle se fut pré- 
sentée selon ses familles, la fa- 
mille de Zaré fut trouvée cou- 
pable. Et Josué la présentant 
aussi par maisons, il trouva celle 
de Zabdi coupable. 

18. Et divisant la maison de 
Zabdi par chaque homme, il 
trouva coupable Achan, fils de 
Charmé, fils de Zabdi, fils de Zaré, 
de la tribu de Juda. 

19. Alors Josué dit à Achan: 
Mon fils, rends gloire au Sei- 
gneur Dieu d'Israël; confesse et 


JOSUÉ. 


[cH. vir.] 


et déclare-moi ce que tu as fait; 
ne le cache pas. 

90. Et Achan répondit à Josué, 
et lui dit : C'est vraiment moi qui 
ai péché contre le Seigneur Dieu 
d'Israëi; et c'est absolument 
ainsi que j'ai agl : 

91. Fai vu parmi les dépouilles 
un manteau d'écarlate, fort 
beau, et deux cents sicles d'ar- 
gent, et une règle d'or de cin- 
quante sicles; et, les convoitant, 
je les pris et les cachai dans la 
terre au milieu de ma tente; 
mais largent, je le couvris de 
terre dans une fosse. 

22. Josué envoya donc des ser- 
viteurs, qui, courant à la tente 
d'Achan, trouverent toutes les 
choses cachées dans le méme 
lieu, et l'argent aussi. 

93. Et les enlevant de la tente, 
ils les apporterent à Josué et à 
tous les enfants d'Israël, et les 
jeterent devant le Seigneur. 

94. Or, Josué et tout Israél avec 
lui prenant Achan, fils de Zaré, 
l'argent, le manteau et la règle, 
d'or; ses fils aussi et ses filles, 
ses bœufs, ses ânes et ses brebis, 
sa tente elle-méme et tous ses 
meubles, les conduisirent dans 
la vallée d'Achor, 

95. Où Josué dit : Parce que tu 
nous a troublés, que le Seigneur 
te trouble en ce jour-ci. Et tout 
Israël le lapida, et tout ce qui 
était à lui, fut consumé par feu. 

96. Et ils amassèrent sur lui un 
grand monceau de pierres, qui 


13. Lév., xx, 7; Nomb., xi, 18; Supra, ur, 5; I Rois, xvr, 5. — 26. II Rois, xvii, 11. 


A —— — ———À 


21. * Deux cents sicles. Voir la note sur Exode, xxi, 32. 


23. Devant le Seigneur ; 
24. * Dans la vallée d' Achor. 


c'est-à-dire devant l'arche du Seigneur. 
Cette vallée, dans le voisinage de Hai, au 1 nord de 


Jéricho, ne peut être exactement déterminée. 


[cæ. vin. | 


est demeuré jusqu'au présent 
jour. Ainsi fut détournée d'eux 
la fureur du Seigneur. Et ce lieu 
a été appelé du nom de vallée 
d'Achor jusqu'aujourd'hui. 


CHAPITRE VIII. 


Prise de la ville de Hai. Bénédictions et 
malédictions prononcées sur les monts 
Hébal et Garizim. 


1. Or, le Seigneur dit à Josué : 
Ne crains pas et ne t'effraie pas : 
prends avec toi toute la multi- 
tudedes combattants, ette levant, 
monte à la ville de Hai : Voilà 
que j'ai livré en ta main son roi et 
son peuple, sa ville et sa terre. 

2. Et tu feras à la ville de Hai 
et à son roi, comme tu as fait à 
Jéricho et à son roi, mais le butin 
et tous les animaux, vous les 
prendrez pour vous : dresse une 
embuscade à la ville par derriere. 

3. Josué se leva donc et toute 
l'armée de combattants avec lui 
pour monter vers Hai, et il en- 
voya la nuit trente mille hommes 
choisis des plus vaillants, 

4. Et il leur ordonna, disant : 
Dressez une embuscade derriere 
la ville, et ne vous éloignez pas 
trop; et vous serez tous préts; 

9. Pour moi et le reste de la 
multitude qui est avec moi, nous 
avancerons du cóté opposé contre 
la ville. Et lorsqu'ils sortiront 
contre nous, comme déjà nous 
avons fait, nous fuirons, et nous 
tournerons le dos, 

6. Jusqu'à ce que, nous pour- 
suivant, ils soient entrainés plus 


JOSUÉ. 


407 


loin hors de la ville; car ils croi- 
ront que nous fuyons comme au- 
paravant. 

1. Ainsi, nous fuyant et eux 
nous poursuivant, vous vous lè- 
verez del'embuscade, et vous ra- 
vagerez la ville; et le Seigneur 
votre Dieu lalivrera en vos mains. 

8. Et lorsque vous l'aurez prise, 
mettez-y le feu; et c'est ainsi que 
vous ferez toutes choses, comme 
jai commandé. 

9. Et Josué les envoya, et ils 
allerent au lieu de l'embuscade, 
et se tinrent entre Béthel et 
Hai, au cólé occidental de la 
ville de Hai; mais Josué, cette 
nuit-là, demeura au milieu du 
peuple; 

10. Et, se levant au point du 
jour, il fit la revue de ses gens, 
et il monta avec les anciens à la 
téte de l'armée, protégé par le 
secours des combattants. 

11. Et, lorsqu'ils furent arri- 
vés, et qu'ils eurent monté du 
cóté opposé de la ville, ils s'ar- 
réterent au cóté septentrional de 
la ville, entre laquelle et eux était 
la vallée. 

19. Mais il avait choisi cinq 
mille hommes et les avait placés 
en embuscade entre Béthel et 
Hai, àla partie occidentale de la 
méme ville. 

13. Quant à tout le reste de 
l'armée, il se dirigeait en bataille 
rangée vers l'aquillon, en sorte 
que les derniers de cette multi- 
tude atleignaient au côté occi- 
dental de la ville. Josué partit 


Cap. VIII. 2. Supra, vr, 24. — 5. Supra, vit, +. 


1. * Hai. Voir plus haut, vu, 2. 
9. * Béthel. Voir Genèse, xu, 8. 


12. De la méme ville; c'est-à-dire de Hai. 


408 


donc cette nuit là, et s’arrêla au 
milieu de la vallée. 

14. Ce qu'ayant vu le roi de 
Hai, il se hâta des le matin, et 
sortit avec toutes les troupes de 
la ville, et dirigea l'armée vers 
le désert, ignorant que derriere 
il y avait une embuscade. 

15. Or, Josué et tout Israél 
abandonnerent ce lieu, et fei- 
gnant la peur, ils s'enfuirent par 
la voie du désert. 

16. Mais ceux de Hai poussant 
tous ensemble de grands cris, et 
s'encourageant muluellement les 
poursuivirent; et, comme ils se 
furent éloignés de la cité, 

17. Et que pas méme un seul 
ne resta dans la ville de Hai et de 
Béthel, afin de poursuivre Israël 
(comme ils étaient sortis précipi- 
tamment, laissant leurs villes 
ouvertes), 

18. Le Seigneur dit à Josué : 
Leve le bouclier qui est dans ta 
main contre la ville de Hai, parce 
que je te la livrerai. 

19. Et lorsqu'il eut levé le bou- 
clier contre la ville, ceux qui 
étaient cachés en embuscade, se 
leverent aussitót, et marchant 
vers la ville, ils la prirent et y 
mirent le feu. 

20. Mais les hommes dela ville 
qui poursuivaient Josué, regar- 
dant et voyant que la fumée de 
la ville montait jusqu'au ciel, ne 
purent plus fuir ni d'un. cóté, 
ni de lautre, surtout lorsque 
ceux qui avaient feint une fuite 
et se dirigeaient vers le dé- 
sert, résisterent trés fortement 


JOSUÉ. 


(ca. vur.] 


à ceux qui les poursuivaient. 

21. Alors Josué et tout Israël, 
voyant que la ville était prise, et 
que la fumée montait de la ville, 
se retournèrent et battirent les 
hommes de Hai, 

22. Attendu que ceux-mémes 
qui avaient pris et brülé la cité, 
étant sortis de la ville au-devant 
des leurs, commencerent à frap- 
per les ennemis au milieu d'eux. 
Comme donc des deux cótés les 
ennemis étaient taillés en pieces, 
de maniere que pas un seul d'une 
si grande multitude ne fut sauvé, 

23. 115 prirent aussi vivant le 
roi de la ville de Hai, et le pré- 
sentèrent à Josué. 

24. Ainsi, tous ceux qui avaient 
poursuivi Israël se dirigeant vers 
le désert, ayant été tués, et étant 
tombés sous le glaive dans le 
méme lieu, les enfants d'Israél 
revinrent et ravagerent la ville. 

95. Or, ceux qui, en ce méme 
jour, succombèrent, depuis 
l'homme jusqu’à la femme, 
étaient au nombre de douze mille 
hommes, tous de la ville de Hai. 

90. Quant à Josué, tenant son 
bouclier, il ne baissa pas la main 
qu'il avait élevée, jusqu'à ce que 
tous les habitants de Hai fussent 
tués. 

27. Et pour les bestiaux etle bu- 
tin de la ville, les enfants d'Israël 
se les partagèrent, comme avait 
ordonné le Seigneur à Josué. 

98. Et Josué mit le feu à la ville 
et en fit un monceau de ruines 
éternel; 

29. Il en suspendit aussi le roi 


14. Vers le désert; vers la plaine de Galgala, d’où les Israélites étaient partis. 


29. La loi ordonnait de descendre les 


Deut., xxi, 23. 


pendus avant le coucher du soleil. Voy. 


]68. 1x.) 
à la potence jusqu'au soir et au 
coucher du soleil. Ensuite Josué 
ordonna, 6% on descendit son ca- 
davre de la croix; on le jeta à 
l'entrée méme de la ville, en éle- 


vant sur lui un monceau de pier- | 
res qui est demeuré jusqu'au pré- | 


sent jour. 

30. Alors Josué bâtit un autel 
au Seigneur Dieu d'Israél sur le 
mont Hébal, 

31. Comme avait ordonné 
Moïse, serviteur du Seigneur, 
aux enfants d'Israël, et comme 
il est écrit dans le livre de la 
loi de Moïse : Un autel de pier- 
res non polies que le fer n’a pas 
touchées ; et il offrit dessus 
des holocaustes au Seigneur, et 
il immola des victimes pacifi- 
ques. 

32. Et il écrivit sur les pierres 
le Deutéronome delaloi de Moise, 
que celui-ci avait exposé devant 
les enfants d'Israél. 

33. Or tout le peuple et les an- 
ciens, les chefs et les juges étaient 
debout des deux cótés de l'arche, 
en présence des prétres qui por- 
taient l'arche de l'alliance du Sei- 
eneur, l'étranger comme l'indi- 
gene. Une moitié était pres du 
mont Garizim, et l'autre moitié 
prés du mont Hébal, comme avait 
ordonné Moise, serviteur du Sei- 
gneur. Et d'abord il bénit le peu- 
ple d'Israël. 

34. Apres cela il lut toutes les 
paroles de bénédiction et de ma- 


31. Exode, xx, 25; Deut., xxvir, 5. 


JOSUÉ. 


409 
lédiction, et tout ce qui était écrit 
dans le livre de la loi. 

39. Il ne laissa rien, sans le 
rappeler, de tout ce que Moise 
avait commandé ; mais il retraca 
toutes choses devant toute la 
multitude d'Israël, les femmes, 
les petits enfants et les étrangers 
qui demeuraient parmi eux. 


CHAPITRE IX. 


Les Gabaonites surprennent Josué. On 
fait alliance avec eux. Leur artifice est 
reconnu. On les condamne à porter le 
bois, et à porter l'eau dans la maison 
du Seigneur. 


1. Ces événements appris, tous 
les rois d'au delà du Jourdain, 
qui demeuraient dans les monta- 
gnes, dans les plaines, dans les 
lieux maritimes et sur le rivage 
de la grande mer ; ceux aussi qui 
habitaient près du Liban, l'Héthé- 
en, etl'Amorrhéen,le Chananéen, 
le Phérézéen, l'Hévéen et le Jé- 
buséen, 

2. Se réunirent tous ensemble 
pour combattre contre Josué et 
Israël, dun méme cœur et d'un 
méme esprit. 

3. Mais ceux qui habitaient à 
Gabaon, apprenant tout ce qu'a- 
vait fait Josué à Jéricho et à 
Hai, 

4. Et imaginant une ruse, pri- 
rent avec eux des vivres, mettant 
de vieux sacs sur leurs ànes et 
des outres de vin rompues et re- 
cousues, 


————— ————————ÓÓPMÁÓ—— r— a —Q 


30-33. * Garizim, Hébal. Voir Deutéronome, ΧΙ, 90. 


1. La grande mer; c'est-à-dire la mer Méditerranée. — * Dans les plaines. La Vul- 
gate traduit ainsi le mot Schephéla ou Séféla, qui désigne proprement la plaine des 


Philistins. Voir la note sur Juges, xv, 5. 


3. * A Gabaon. Voir la note sur 111 Rois, 1n, &. 


40 


5. Et des chaussures très vieil- 
les, et qui, pour preuve de leur 
vétusté, étaient couvertes de pie- 
ces; ils étaient eux-mémes vétus 
de vieux habits : les pains aussi 
qu'ils portaient pour provisions 
de voyage, étaient durs et brisés 
en morceaux. 

6. C'est ainsi qu'ils vinrent vers 
Josué, qui alors se trouvait au 
camp de Galgala, et qu'ils lui di- 
rent et en méme temps à tout 
Israél: Nous sommes venus d'une 
terre lointaine, désirant faire la 
paix avec vous. Et les hommes 
d'Israël leur répondirent et di- 
rent : 

7. Peut-être que vous habitez 
dans la terre qui nous est due par 
le sort, et que nous ne pouvons 
faire alliance avec vous. 

8. Mais eux à Josué : Nous 
sommes vos serviteurs, dirent-ils. 
Et Josué leur demanda : Qui étes- 
vous? Et d’où venez-vous? 

9. Ils répondirent : C'est d'une 
terre très lointaine que sont ve- 
nus vos serviteurs, au nom du 
Seigneur ton Dieu; car nous 
avons appris la renommée de sa 
puissance, tout ce qu'il a fait en 
Egypte, 

10. Et aux deux rois des Amor- 
rhéens, qui étaient au delà du 
Jourdain, Séhon, roi d'Hésébon, 
et Og, roi de Basan, qui était à 
Astaroth. 

11. Et les anciens et tous les 
habitants de notre terre nous ont 


JOSUÉ. 


[cn. 1x.] 


dit : Prenez en vos mains des 
provisions pour ce tres long 
voyage, et allez au-devant d'eux, 
et dites : Nous sommes vos servi- 
teurs, faites alliance avec nous. 

12. Voyez ces pains, quand 
nous sommes sortis de nos mai- 
sons, pour venir vers vous, nous 
les avons pris chauds; mainte- 
nant ils sont devenus secs et ré- 
duits en poudre par une excessi- 
ve vétusté. 

13. Et ces outres de vin, nous 
les avons remplies neuves, main- 
tenant elles sont rompues et dé- 
cousues; et les vétements que 
nous portons, et les chaussures 
que nous avons aux pieds, sont 
usés à cause de la longueur d'un 
trop long chemin, et presque en- 
tierement détruits. 

14. Ils prirent donc de leurs vi- 
vres et ils n'interrogeérent point 
l'oracle du Seigneur. 

15. Et Josué fit la paix avec 
eux, et, l'alliance contractée, il 
promit qu'ils ne seraient pas 
tués : les princes dela multitude 
aussi le leur jurerent. 

16. Mais après trois jours de 
l'alliance faite, ils apprirent qu'ils 
habitaient dans le voisinage, et 
qu'ils allaient se trouver au mil- 
lieu d'eux. 

17. Et les enfants d'Israël le- 
verent le camp, et ils arriverent 
letroisieme jour dans leurs villes, 
dont les noms sont, Gabaon, Ca- 
phira, Béroth et Cariathiarim. 


CnaP. 1X. 10. Nomb., xxr, 24. — 15. II Rois, xxi, 2. 


10. * Voir Deutéronome, 1, ^. 


44. Ils. 11 faut entendre par ce mot les principaux d'Israël. 

1T. * Gabaon. Voir III Rois, 111, 4. — Caphira ou Caphara aujourd'hui Kefir, devint 
une ville de Benjamin. — Béroth, ainsi nommé à cause de ses sources, au nord de 
Jérusalem. — Cariathiarim, au nord-ouest de Jérusalem. Voir Juges, xvin, 12. 


[cu. x.) 


18. Cependantils ne les tuerent 
point, parce que les princes de 
la multitude le leur avait juré au 
nom du Seigneur Dieu d'Israël. 
C'est pourquoi tout le peuple 
murmura contre les princes, 

19. Qui leur répondirent : Nous 
leur avons juré au nom du Sei- 
gneur Dieu d'Israél, et c'est pour 
cela que nous ne pouvons les 
toucher. 

20. Seulement, voici ce que 
nous leur ferons : Qu'à la vérité 
ils soient conservés à la vie, de 
peur que la colère du Seigneur 
ne s'élève contre nous, si nous 
nous parjurons; 

21. Mais qu'ils vivent de telle 
sorte qu'ils coupent du bois et 
quils portent de l'eau pour l'u- 
sage de toute la multitude. Pen- 
dant que les princes disaient ces 
choses, 

22. Josué appela les Gabaoni- 
tes, et leur dit : Pourquoi avez- 
vous voulu nous surprendre par 
fraude, jusqu'à dire : Nous habi- 
tons fort loin de vous, tandis 
que vous étes au milieu de nous? 

23. C'est pourquoi vous serez 
sous la malédiction, et jamais il 
ne manquera quelqu'un de votre 
race pour couper du bois et porter 
de l'eau dans la maison de mon 
Dieu. 

24. Ceux-ci répondirent : Il a 
été annoncé à vos serviteurs, 
que le Seigneur votre Dieu avait 
promis à Moise, son serviteur, 
quil vous livrerait toute cette 
terre, et qu'il en détruirait tous 


JOSUÉ. AU 


les habitants. Nous avons donc 
beaucoup craint, et nous avons 
pourvu à notre vie, poussés par 
la terreur de votre nom, et nous 
avons formé ce dessein. 

25. Mais maintenant nous som- 
mes en ta main, fais-nous ce qui 
te paraît bon et juste. 

26. Josué fit donc comme il 
avait dit; et il les délivra de la 
main des enfants d'Israël, afin 
qu'ils ne fussent pas tués. 

97. Et en ce jour-là il déclara 
qu'ils étaient au service de tout 
le peuple et de lautel du Sei- 
gneur, pour couper du bois et 
porter de l'eau dans le lieu que 
le Seigneur aurait choisi; ce 
quils ont fait jusqu'au présent 
temps. 


CHAPITRE X. 


Siège de Gabaon. Josué marche à son se- 
cours. Il arrête le soleil, fait mourir les 
rois vaincus, et prend plusieurs villes. 


1. Lorsque Adonisédec, roi de 
Jérusalem, eut appris ces choses, 
savoir, que Josué avait pris Hai et 
qu'il l'avait détruite (car comme 
il avait fait à Jéricho et à son 
roi, ainsi fit-il à Hai et à son 
roi), et queles Gabaonites avaient 
passés aux Israélites, et qu'ils 
étaient leurs alliés, 

2. Il en eut une grande crainte; 
car Gabaon était une grande ville 
et une des cités royales, et plus 
grande que la ville de Hai et 
tous ses guerriers étaient tres 
vaillants. | 

3. 400156060 , roi de Jérusa- 


* Jérusalem. Voir la note 15 à la fin du volume. — Hai. Voir plus haut, vir, 2. 


h * Gabaon. Voir la note sur HI Rois, ur, 4 


3. * Hébron. Voir la note sur Genèse, xui, 18. — Jérimoth, ville de la ו‎ de Juda, 


sur une haute colline, à 


trois heures d'Eleuthéropolis. — Lachis, plus tard ville de 


412 JOSUÉ. 


lem, envoya donc vers Oham, roi 
d'Hébron, vers Pharam, roi de 
Jérimoth, vers Japhia aussi, roi 
de Lachis, et vers Dabir, roi d'E- 
glon, disant : 

4. Montez vers moi, et me por- 
tez secours, afin que nous rédui- 
sions Gabaon, parce qu'elle a 
'passé à Josué et aux enfants d'Is- 
rael. 

5. S'étant donc assemblés, les 
cinq rois des Amorrhéens, le roi 
de Jérusalem, le roi d'Hébron, le 
roi de Jérimoth, le roi de Lachis, 
le roi d'Eglon, montèrent ensem- 
ble avec leurs armées , ils campè- 
rent pres de Gabaon et l'assié- 
gerent. 

6. Mais les habitants de Ga- 
baon, la ville assiégée, envoyè- 
rent à Josué, qui alors était au 
camp prés de Galgala, et lui 
dirent : Ne retire pas tes mains 
auxiliaires de tes serviteurs 
monte aussitót, délivre-nous, et 


[cu. x.] 


porte-nous secours; car tous les 
rois des Amorrhéens qui habi- 
tent dans les montagnes se sont 
réunis contre nous. 

7. Et Josué monta de Galgala, 
et avec lui toute larmée des 
combattants, hommes très vail- 
lants. 

8. Et le Seigneur dit à Josué : 
Ne les crains point ; car je les ai 
livrés en tes mains : nul d'entre 
eux ne pourra te résister. 

9, C'est pourquoi Josué mon- 
tant de Galgala pendant toute la 
nuit, fondit soudainement sur 
eux; 

10. Et le Seigneur les mit en 
déroute à la face d'Israél; il en 
fit un grand carnage à Gabaon, 
il les poursuivit par la voie de 
la montée de Béthoron, et les 
tailla en pieces jusqu'à Azéca et 
à Macéda. 

11. Et lorsqu'ils fuyaient les 
enfants d'Israél, et qu'ils étaient 


Juda, à l'entrée de la plaine de la Séphéla, au nord-ouest et non loin d'Eglon. — 
Eglon, aujourd'hui Adjlan, sur la route de Jérusalem à Gaza, à quatre heures au 
sud-ouest d'Eleuthéropolis. 

10-11. * Par la voie de la montée de Béthoron... Dans la descente de Béthoron. « Une 
large vallée, toute couverte de champs de blé, part de la plaine de Saron et se 
dirige tout droit vers les hauteurs, qui ont ici un caractère plus hardi et atteignent 
une élévation plus qu'ordinaire. Cette vallée est la vallée d'Aialon ou des Certs, 
dont le nom survit encore dans un petit village, situé au sud. La vallée est légère- 
ment interrompue par une petite éminence sur laquelle s'éléve le village. de Beit- 
Nouba. Aprés avoir passé par deux autres villages, Beit-Siréh et Beit-Likhi, on 
franchit une autre éminence et un autre village. A partir de là, la vallée se rétrécit 
et l'on commence à monter graduellement. On voit à ses pieds, sur une élévation, 
le village de Beit-ur el-tahti, reconnaissable à ses palmiers; au sommet, à l'extrémité 
orientale du défile, est situé le village de Beit-ur el-foka. Ce défilé est le passage de 
Béthoron-le-Bas et de Béthoron-le-Haut, « la Maison des Cavernes. » Il y a encore 
des traces de ces cavernes, quoique pas assez peut-être pour justifier un tel nom. 
On dit qu'il existe trois ou quatre cavernes trés profondes dans une colline qui est 
immédiatement au sud de Béthoron-le-Haut. De Béthoron-le-Haut, une autre descente 
et une autre montée conduisent à une autre éminence qui commande les hauteurs 
au-dessus d'El-Gib, le village moderne qui retient sous cette forme le nom de Ga- 
baon. De là une descente en pente douce mène à ce village lui-même. » (SrANLEY.) 

11 * > La plupart des commentateurs, dit Calmet, entendent (ce verset) d'une 
gréle d'une grosseur et d'une dureté extraordinaire. D'autres prennent à 18 lettre 
[grandes pierres]. » Le texte et les versions parlent positivement de pierres de 
gréle. 


[cn. x.] 


dans la descente de Béthoron, le 
Seigneur lanca du ciel sur eux 
de grosses pierres jusqu'à Azéca : 
et il en mourut beaucoup plus 
par les pierres de gréle, que les 
enfants d'Israél n'en avaient tués 
par le glaive. 

19. Alors Josué parla au Sei- 
gneur, dans le jour qu'il livra 
lAmorrhéen en présence des 
enfants d'Israël, et il dit devant 
eux : Soleil, ne te meus point 
contre Gabaon, ni toi, lune, contre 
la vallée d'Aialon. 

13. Et le soleil et la lune s'ar- 
réterent, jusqu'à ce qu'une nation 
se fut vengée de ses ennemis. 
Cela n'est-il pas écrit dans le 
livre des Justes? C'est pourquoi 
le soleil s'arréta au milieu du 
ciel, et ne se hâta point de se 
coucher durant l'espace d'un 
jour. 

14. Il n'y eut point avant ni 
apres un aussi long jour, le Sei- 
gneur obéissant à la voix d'un 
homme etcombattant pour Israël. 

15. Et 10506 retourna avec tout 
Israél au camp de Galgala. 

16. Car les cinq rois s'étaient 
enfuis et s'étaient cachés dans la 
caverne de la ville de Macéda. 

11. Et l'on annonça à Josué que 
les cinq rois avaient été trouvés 
cachés dans la caverne de la ville 
de Macéda. 

18. Et Josué ordonna à ceux 
qui l'accompagnaient, et dit 
Roulez de grandes pierres à l'ou- 
verture de la caverne, et placez 


JOSUÉ. 443 


des hommes intelligents qui gar- 
dent ceux qui y sont enfermés. 

19. Pour vous, ne vous arrétez 
point, mais poursuivez les enne- 
mis, et taillez en pièces tous les 
derniers des fuyards; et ne les 
laissez point entrer dans les for- 
teresses de leurs villes, eux que 
le Seigneur votre Dieu a livrés 
en vos mains. 

20. Les ennemis donc ayant été 
taillés en pieces dans un grand 
carnage, et presque détruits jus- 
qu'à une entière extermination, 
ceux qui purent échapper à Israél 
entrèrent dans les villes forti- 
fiées. 

91. Et toute l'armée retourna 
vers Josué à Macéda, oü alors 
était le camp, saine et sauve, et 
en nombre complet : et nul n'osa 
murmurer contre les enfants 
d'Israél. 

22. Et Josué ordonna disant : 
Ouvrez l'entrée de la caverne, et 
amenez-moi les cinq rois qui y 
sont cachés. 

93. Etles serviteurs firent com- 
me il leur avait été commandé ; 
et ils lui amenèrent de la caverne 
les cinq rois, le roi de Jérusalem, 
le roi d'Hébron, le roi de Jéri- 
moth, le roi de Lachis, le roi d'E- 
glon. 

24. Et lorsqu'ils eurent été 
amenés, il appela tous les hom- 
mes d'Israël, et il dit aux princes 
de l’armée, qui étaient avec lui : 
Allez, et mettez les pieds sur les 
cous de ces rois. Lorsque ceux-ci 


Cuar. X. 13. Eccli., xzvr, 5; Is., xxvnr, 21. 


13. * Voir à la fin du volume la note 13 sur le miracle du soleil arrêté par Josué. 

11." Dans la caverne de... Macéda. « Nous ne connaissons pas d'une manière précise 
la position de Macéda, mais elle était probablement située à l'endroit où les der- 
nières pentes des montagnes se confondent avec la plaine. » (STANLEY.) 


414 


furent allés, et pendant qu'ils 
foulaient leurs cous aux pieds, 
après les avoir terrassés, 

25. Il leur dit de nouveau : Ne 
craignez point, et ne vous épou- 
vantez pas, prenez courage et 
soyez forts; car ainsi fera le Sei- 
gneur à tous vos ennemis contre 
lesquels vous combattrez. 

26. Et Josué les frappa et les 
tua, et les suspendit à cinq po- 
leaux; et ils furent suspendus 
jusqu'au soir. 

27. Et lorsque le soleil se cou- 
chait il ordonna à ceux qui l'ac- 
compagnaient de les descendre 
des poteaux. Ceux-ci les ayant 
descendus, les jetèrent dans la 
caverne, dans laquelleilss'étaient 
cachés, et mirent à l'entrée de 
grandes pierres, qui sont demeu- 
rées jusqu'à présent. 

28. En ce méme jour aussi Jo- 
sué prit Macéda et la frappa du 
tranchant du glaive; et il tua son 
roi et tous ses habitants, et il n'y 
laissa pas méme les moindres 
restes. Ainsi, il fitau roi de Macé- 
da comme il avait fait au roi de 
Jéricho. 

29. Or, il passa avec tout Israël 
de Macéda à Lebna, et il combat- 
tait contre elle. 


27. Deut., xxr, 23. — 30. Supra, vi, 2. 


JOSUÉ. 


x.]‏ .זוס] 


90. Et le Seigneur la livra avec 
son roi aux mains d'Israël ; ils 
frappèrent du tranchant du glaive 
la ville et tous ses habitants ; 115 
n y laissèrent aucun reste. Aïnsi, 
ils firent au roi de Lebna, comme 
ils avaient fait au roi de Jéricho. 

31. De Lebna il passa à Lachis 
avec tout Israël; et, son armée 
étant rangée tout autour, il l'at- 
taquait. 

32. Et le Seigneur livra Lachis 
aux mains d'Israël, et il la prit le 
second jour, et il frappa du tran- 
chant du glaive, toute àme qui 
avait été en elle, comme il avait 
fait à Lebna. 

33. En ce temps-là monta Ho- 
ram, roi de Gazer, pour secourir 
Lachis. Josué le battit avec son 
armée jusqu'à une. derniere ex- 
termination. 

34. Etil passa de Lachis à Eglon 
et l'assiégea; 

35. Et il la prit d'assaut le méme 
jour; etil frappa du tranchant du 
glaive toutes les àmes qui étaient 
en elle, selon tout ce qu'il avait 
fait à Lachis. 

36. Il monta aussi avec tout 
Israel d'Eglon à Hébron, et com- 
battit contre elle. 

97. 11 la pritetlafrappa du tran- 


26. * Josué... les suspendit à cing poleaux. La maniére dont Josué traite les rois 
vaincus, qu'il fait pendre, était commune dans l'antiquité. Le pharaon Aménophis II, 
par exemple, immole de sa main sept des prisonniers qu'il avait faits au voisinage 
de l'Euphrate et il en attache ensuite les cadavres à l'avant du vaisseau qui le ramène 
triomphalement dans sa capitale. ἃ son retour, six des cadavres sont suspendus 
en face des murs de Thébes, ainsi que les mains coupées aux morts sur les champs 
de bataille. La septième victime est envoyée jusqu'à Napata, au fond de l'Ethiopie, 
pour y être exposte de la même manière. 

21. De les descendre, etc. Voy. viu, 29. 

29. " Lebna, vile royale des Chananéens, dans la plaine de la Séphéla, entre 
Macéda et Lachis, au sud-ouest de cette dernière ville. Son site précis est d'ailleurs 
inconnu. 

33. * Gazer. Voir 111 Rois, 1x, 16. 


[cu. x1.] 


chant du glaive, ainsi que son roi 
et toutes les autres villes de cette 
contrée, et toutes les àmes qui y 
étaient demeurées ; il n’y laissa 
aucuns restes : comme il avait 
fait à Eglon, ainsi fit-il à Hébron, 
faisant passer par le glaive tout 
ce qu'il trouva. 

38. De là revenu à Dabir, 

39. Il la prit et la ravagea; il 
frappa aussi du tranchant du 
glaive son roi et toutes les villes 
d'alentour : il n'y laissa aucuns 
restes : comme il avait fait à Hé- 
bron et à Lebna et à leurs rois, 
ainsi fit-il à Dabir et à son roi. 

40. C'est pourquoi Josué frappa 
toute la terre des montagnes, du 
midi et de la plaine, et Asédoth 
avec ses rois : il n'y laissa aucuns 
restes; mais tout ce qui pouvait 
respirer, il le tua, comme lui 
avait ordonné le Seigneur Dieu 
d'Israél, 

41. Depuis Cadesbarné jusqu'à 
Gaza. Toute la terre de Gosen jus- 
qu'à Gabaon, 

49. Et tous leurs rois et leurs 
contrées, il les pritet les ravagea 
d'une seule attaque ; car le Sei- 
gneur Dieu d'Israél combattit 
pour lui. 


JOSUÉ. 415 


43. Et il retourna avec tout Is- 
raél au lieu du camp, à Galgala. 


CHAPITRE XI. 


Victoires de Josué sur le roi d'Asor, et 
sur plusieurs autres rois ligués contre 
Israél. 


1. Lorsque Jabin, roi d'Asor, 
eut appris ces choses, il envoya 
vers Jobab, roi de Madon, vers le 
roi de Séméron, versle roi d'Ach- 
saph, 

9. Et aussi vers les rois de l'a- 
quilon, qui habitaient dans les 
montagnes et dans la plaine, 
contre le midi de Cénéroth, dans 
les campagnes mémes et dans les 
contrées de Dor, prés de la mer; 

3. De plus, vers le Chananéen 
à l'orient et àl'occident, vers l'A- 
morrhéen, l'Héthéen, le Phéré- 
zéen, le Jébuséen dans les mon- 
tagnes ; vers l'Hévéen aussi qui 
habitait au pied de l'Hermon, 
dans la terre de Maspha. 

4. Ils sortirent tous avec leurs 
troupes, peuple très nombreux, 
comme le sable qui est sur le ri- 
vage de la mer, etavec une gran- 
de multitude de chevaux et de 
chars. 

5. Et tous ces rois vinrent en- 


38. * Dabir, appelée Cariath-Sépher ou ville des livres. Voir Juges, 1, 11-12. 

41. * Cadesbarné ou Cadès. Voir note sur Nombres, xx, 1. — Gaza, l'une des cinq 
grandes villes des Philistins, au sud-ouest de la Séphéla, sur la route entre l'Egypte 
et la Syrie, dont elle était la clef. Climat chaud, puits excellents, palmiers et oliviers. 


— Gosen, au sud de la tribu de Juda. 


1. * Asor, ville trés forte sur une éminence, non loin du lac Mérom et de la ville 
de Cédés, probablement le Tell Khoreibéh actuel. — Madon, Séméron, Achsaph, si- 


tuation inconnue. 


2. * Dans les montagnes de Nephthali. — Cénéroth, prés du lac de Génésareth. — 
Dor, au pied du Carmel, prés de (a mer Méditerranée. 

4. * Avec une grande mullitude de chevaux et de chars. Les chariots des Chana- 
néens n'étaient pas des chariots armés de faux, comme on l'a dit quelquefois, car 
ces derniers étaient inconnus en Asie, avant Cyrus; ils étaient garnis de fer, comme 
les chars égyptiens, faits en bois avec des clous et des coins de métal. 

5. * Auprés des eauz de Mérom. Le lac Mérom, aujourd'hui el-Houléh, au nord du 


lac de Tibériade. 


410 JOSUÉ. 


semble auprès des eaux de Mé- 
rom, pour combattre eontre Is- 
raél. 

6. Alors le Seigneur dit à Josué: 
Ne les crains point; car demain, 
à cette méme heure, moi-même 
je les livrerai tous pour être bat- 
tus en présence d'Israël : tu cou- 
peras les nerfs des jambes de 
leurs chevaux, et tu brüleras 
leurs chars au feu. 

7. Et Josué vint soudainement 
et toute son armé avec lui, con- 
tre eux auprès des eaux de Mé- 
rom, et ils fondirent sur eux, 

8. Et le Seigneur les livra aux 
mains d'Israël. Ils les battirent et 
les poursuivirent jusqu'à la 
grande Sidon, jusqu'aux eaux de 
Maséréphoth et jusqu à la cam- 
pagne de Masphé, laquelle est à 
sa partie orientale. Il les battit 
tous de telle sorte qu'il n'en 
laissa aucun reste ; 

9. Et il fit comme lui avait or- 
donné le Seigneur, il coupa les 
nerfs des jambes de leurs che- 
vaux, et brüla les chars au feu. 

10. Et étant retourné aussitót il 
prit Asor, et frappa de son glaive 
le roi de cette ville; car Asor an- 
ciennement tenait le premier 
rang entre tous ces royaumes. 

11. 11 frappa toutes les âmes 
qui s'y trouvaient, et il n'y laissa 
aucun reste ; maisil ravagea tout 


[cu. xr.] 
jusqu'à une derniere extermina- 
tion; et la ville elle-méme, il la 
détruisit par un incendie. 

19. Quant à toutes les cités 
d'alentour et à leurs rois,il les 
prit, les battit et les détruisit, 
comme lui avait ordonné Moise, 
serviteur du Seigneur. 

13. Israël mit le feu à toutes 
les autres villes, excepté à celles 
qui étaient situées sur les col- 
lines et sur les hauteurs;il ne 
consuma entierement par les 
flammes que la seule Asor, qui 
était très fortifiée. 

14. Mais tout le butin de ces 
villes et les bestiaux, les enfants 
d'Israël se les partagérent, tous 
les hommes ayant été tués. 

15. Comme le Seigneur avait 
ordonné à Moise, son serviteur, 
ainsi ordonna 110186 à Josué, et - 
celui-ci accomplit tout; il n'o- 
mit aucun des commandements, 
ni méme une seule parole de ce 
que le Seigneur avait commandé 
à Moise. 

16. C'est pourquoi Josué prit 
toute la terre montagneuse et 
méridionale, la terre de Gosen, 
la plaine, la région occidentale, 
la montagne d'Israél et ses cam- 
pagnes. 

17. Et la partie de la montagne 
qui monte vers Séir jusqu'à 
Baalgad parla plaine du Liban, 


XI. 12. Deut., vir, 1. — 15. Exode, xxxiv, 11; Deut., vir, 1.‏ ג 


€ MÀ M  —— — M M M M — M —— 


8. La grande; non point qu'il y en eüt une plus petite, mais elle était véritable- 
ment grande par son étendue, son antiquité et ses richesses. — Masphé; même nom 
de lieu que Maspha du verset 3. — * Sidon, au nord de Tyr, port sur la Méditerranée, 
capitale de la Phénicie avant Tyr, qui devint dans la suite plus importante. — Les 
euux de Masérépholh sont inconnues comme Masphé. 

16. * La terre montagneuse et méridionale, les montagnes de Juda. — Gosen. Voir 
x, 41. — La montagne d'Israël, probablement la montagne d'Ephraim. 

41. * Baalgad, ville située au pied de l'Hermon, appelée aussi Baal-Hermon, peut- 
être la méme qui devint plus tard Césarée de Philippe. 


‘cH. “ΧΕΙ 


au-dessous de la montagne d'Her- 
mon : il prit tous leurs rois, les 
battit et les tua. 

18. Pendant longtemps Josué 
combattit contre ses rois. 

19. Il n'y eut pas de ville qui 
se rendit aux enfants d'Israël, ex- 
cepté l'Hévéen qui habitait à Ga- 
baon; car il les prit toutes en 
combattant. 

90. L'arrét du Seigneur, en ef- 
fet, avait été que leurs cœurs se- 
raient endurcis, qu'ils combat- 
traient contre Israël et qu'ils 
succomberaient, qu'ils ne méri- 
teraient aucune clémence, et 
qu'ils périraient, comme avait 
ordonné le Seigneur à Moise. 

91. En ce temps-là Josué vint, 
et il tua les Enacim des mon- 
tagnes d'Hébron, de Dabir, d'A- 
nab, et de toute la montagne de 
Juda et d'Israël, et il détruisit 
leurs villes. 

92. Il ne laissa aucun de la race 
des Enacim, dans la terre des 
enfants d'Israél, excepté dans les 
villes de Gaza, de Geth et d'A- 
zot, dans lesquelles seules il en 
fut laissé. 


JOSUÉ. 


417 


23. Josué donc prit tout le 
pays, comme avait dit le Sei- 
gneur à Moïse, et il le livra en 
possession aux enfants d'Israël, 
selon leurs parts et leurs tribus; et 
le pays se reposa des combats. 


CHAPITRE XII. 


Dénombrement des rois vaincus par les 
Israélites. 


1. Voici les rois que battirent 
les enfants d'Israél, et dont ils 
posséderent la terre au delà du 
Jourdain, vers le levant, depuis 
le torrent d'Arnon jusqu'à la 
montagne d'Hermon, et toute la 
contrée orientale qui regarde le 
désert. 

9. Séhon, roi des Amorrhéens 
qui habita à Hésébon, et qui rè- 
gna depuis Aroer, qui est située 
sur le bord du torrent d'Arnon, 
au milieu de la vallée, et dans la 
moitié de Galaad jusqu'au tor- 
rent de 18200, qui est la frontière 
des enfants d Ammon; 

3. Et depuis le désert jusqu'à 
la mer du Cénéroth contre l'o- 
rient, et jusqu'à la mer du dé- 


19. * Gabaon. Voir 111 Rois, 111, 4. 


20. Que leurs cœurs, etc. Voy. Exod., 1v, 21. | 

21, 22. Enacim. Voy. Deutér., 1, 28. — * Hébron. Voir la note sur Genèse, xui, 18. 
— Dabir. Voir xi, 38. — Anab, ville dela montagne de Juda, au sud d'Hébron. 

22. * Gaza, Geth, Azoth, trois des principales villes des Philistins. 

23. Selon leurs parts et leurs (ribus; figure grammaticale usitée chez les Grecs aussi 
bien que chez les Hébreux, pour, selon les parls de leurs tribus. — * Josué prit donc 
tout le pays, mais les Israélites ne conservèrent pas toutes leurs conquêtes et plu- 
sieurs villes restèrent au pouvoir des Chananéens. 


ὶ 


1. * Arnon, rivière qui formait la frontière septentrionale du pays de Moab; elle 
prend sa source dans les montagnes orientales de Moab et se jette dans la mer 


Morte. 


3." Hésébon, capitale du royaume des Amorrhéens, au nord de Madaba. — Aroer, 
sur l'Arnon, formait la frontiere méridionale de Séhon. — Galaad. Sur ce pays, voir 


l'introduction au livre de Josué. — Jaboc, Voir la note sur Genèse, xxxii, 22 


--. 


₪ E La mer de Cénéroth, c'est-à-dire de Génésareth ou lac de Tibériade. — La mer 
du désert, la mer Morte. — Bethsimoth. Voir Nombres, xxxi, 49. — Asédc tA, pays 
abondant en eaux. Ce n'est pas un nom de lieu. — PAasga. Voir Nombres, xxi, 20. 


A. T. 


21 


418 JOSUÉ. 


sert, qui est la mer très salée, 
vers le cóté oriental, par la voie 
qui mène à Bethsimoth; et de- 
puis la partie australe qui est 
au-dessous d'Asédoth, jusqu'à 
Phasga. 

4. Les limites d'Og, roi de Ba- 
san, qui était des restes des Ra- 
phaim, et qui habita à Astaroth 
et à Edrai, et qui regna à la 
montagne d'Hermon, à Salécha 
et dans tout le Basan, s'étendaient 
jusqu'aux frontieres 

5. De Gessuri, de Machati et de 
la moitié de Galaad : frontieres 
de Séhon, roi d'Hésébon. 

6. Moise, servileur du Sei- 
gneur, et les enfants d'Israël bat- 
tirent ces rois, et Moise livra 
leur terre en possession aux Ru- 
bénites, aux Gadites età la demi- 
iribu de 218 8886 . 

1. Voici les rois du pays que 
battirent Josué 61 les enfants 
d'Israël au-delà du Jourdain, du 
côté occidental, depuis Baalgad 
dans la campagne du Liban jus- 
qu'à la montagne dont une par- 
tie s'élève vers Séir : et Josué le 


[cu. xm.] 


donna en possession aux tribus 
d'Israël, à chacune sa part, 

8. Tant au milieu des mon- 
tagnes, que dans la plaine et la 
campagne. Dans Asédoth, dans 
le désert et au midi, étaient l'Hé- 
théen et l'Amorrhéen, le Chana- 
néen et le Phérézéen, l'Hévéen 
et le Jébuséen : 

9. Un roi de Jéricho, un roi de 
Hai, laquelle est à cóté de Béthel, 

10. Un roi de Jérusalem, un roi 
d'Hébron, 

11. Un roi de Jérimoth, un roi 
de Lachis, 

12. Un roi d'Eglon, un roi de 
Gazer , 

18. Un roi de Dabir, un roi de 
Gader, 

14. Un roi d'Herma, 
d'Héred , 

15. Un roi de Lebna, un roi 
d'Odullam, 

16. Un roi de Macéda, un roi de 
Béthel, 

47. Un roi de Taphua, un roi 
d'Opher, 

18. Un roi d'Aphec, un roi de 
Saron, 


un roi 


4. Des restes, etc., c'est-à-dire de la race des Raphaim, qui étaient des géants. — 


* Voir Deutéronome, 1, 4. 


5. * Gessuri, Machati, Galaad. Voir l'Introduction au livre de Josué, p. 392. 
8. * Dans la plaine des Philistins, la Séphéla. Voir la note sur Josué, 1x, 1. 


9. Ce verset et les suivants ne sont que l'explicatif des mots, voici les noms des 
vois que Josué battit, etc., du verset 1; c'est donc comme si l'auteur sacré avait dit: 
Ainsi, Josué battit un roi de Jéricho, un roi de Hai, etc. — Laquelle est à côté de 
Béthel. y avait une autre Hai qui appartenait aux Ammonites. — * Jéricho. vir 
plus haut, vu, 1. — Hai. Voir vu, 2. — Béthel. Voir Genèse, xir, 8. 

11. + Jér imoth; Lachis. Voir plus haut, x, ὃ. 

12. * Eglon. Voir plus haut, x, ὃ. — GB. Voir 111 Rois, 1x, 16. 

13. * Dabir. Voir xi, 38. — Gader, aujourd'hui Djedour, entre, Bethléem et Hébron. 

14. * Herma ou Horma. Voir Nombres, xiv, 45. — Héred, en hébreu Arad, au sud 
d'Hébron, au nord-est de Moladah. 

15. * Lebna. Voir plus haut, x, 29. — Odullam, Adullam, Odollam. Voir 1 Rois, 
XXII, À. 

16. * Macéda. Voir plus haut, x, 17, — Béthel. Voir Genèse, xu, 8. 

I1. * Taphua, Opha, sites inconnus. 

18. * Aphec, position inconnue. — Saron, dans la plaine de ce noin, qui s'étend de 
Césarée à Jaffa, 


19. Un roi de Madon, un roi 
d'Asor, 

90. Un roi de Séméron, un roi 
d'Achsaph, 

91. Un roi de Thénac, un roi de 
Mageddo, 

99. Un roi de Cadès, un roi de 
Jachanan du Carmel, 

93. UnroideDor, et delaprovin- 
ce de Dor, un roi des nations de 
Galgal, 

24. Un roi de Thersa : en tout, 
trente-un rois. 


CHAPITRE XIII. 


Dieu ordonne à Josué de partager aux 
Israélites les terres qu'il avait con- 
quises. Partage des terres d'au delà du 
Jourdain fait par Moise. 


1. Josué était vieux et d'un âge 
fort avancé, et le Seigneur lui dit: 
Tu es vieux, et méme tres avan- 
cé en âge, et une terre très éten- 
due est restée, qui n'a pas été en- 
core divisée par le sort : 

9. Savoir, toute la Galilée, la 
terre des Philistins et toute celle 
de Gessuri, 

3. Depuis le fleuve fangeux qui 
arrose l'Egypte jusqu'aux confins 


cu. xi] JOSUÉ. 


419 


d'Accarou, contre l’aquilon,; la 
terre de Chanaan qui est partagée 
entre les cinq princes des Philis- 
tins, celui de Gaza, celui d'Azot, 
celui d'Ascalon, celui de Geth et 
celui d'Accaron. 

4. Mais au midi sont les Hé- 
véens, toute la terre de Chanaan, 
Maara des Sidoniens, jusqu à 
Aphéca et jusqu'aux frontières 
des Amorrhéens, 

9. Et jusqu'aux pays qui leur 
sont voisins; de plus, la contrée 
du Liban contre l'orient, depuis 
Baalgad, au-dessous de 18 monta- 
gne d'Hermon, jusqu'à ce qu'on 
entre à Emath ; 

6. La contrée de tous ceux qui 
habitent sur la montagne, depuis 
le Liban jusqu'aux eaux de Masé- 
réphoth, et tous les Sidoniens. Je 
suis celui qui les exterminerai de 
la face des enfants d'Israël. Que 
cela entre donc dans la part de 
l'héritage d'Israël, comme je t'ai 
ordonné. 

7. Et maintenant partage la 
terre en possession aux neuf 
tribus, et à la demi-tribu de Ma- 
nassé, 


19. * Madon, inconnue. — Asor. Voir ,זא‎ 1. 


20. * Séméron, Achsaph, inconnus. 


21. * Thénac, Thaanach, au sud-ouest de la plaine d'Esdrelon. — Mageddo, au nord 


de Thaanach, dans la plaine d'Esdrelon. 


22. * Cadés. Voir Juges, 1v, 6. — Jachanan du Carmel, site inconnu. 
23. Plusieurs rois de cette époque ne régnaient que sur la ville qu'ils habitaient. — 


* Dor. Voir xi, 2. — Galgal, site inconnu. 


24.* Thersa, site inconnu. — Voir à la fin du volume la note 44 sur le droit de 
conquéte des Hébreux et sur l'extermination des Chananéens en Palestine. 

2. * La Galilée, dans la Palestine du nord. — La terre des Philistins, la plaine de 
la Séphéla au sud-ouest de la Palestine. — Gessuri. Voir l'Introduction au livre de 


Josué, p. 392. 


3. * Le fleuve fangeux, le ruisseau d'Egypte, l'ouadi el-Arisch, qui sépare l'Egypte 
de la Palestine. — Accaron, l'une des cinq grandes villes des Philistins, dans la plaine 
de la Séphéla, ainsi que Gaza, Azot, Accaron et Geth. 

4. Tous ces pays et les suivants sont l'énumération détaillée de /a terre trés éten- 


due, etc., dont il est parlé au 1er verset. 


5. * Depuis Baalgad. Voir plus haut, ,זא‎ 11. — Emath. Voir 11 Rois, vut, 9 
6. * Maséréphoth, Sidon. Voir plus haut, xi, 8. 


£20 JOSUÉ. 


8. Avec laquelle Ruben et Gad 
»osséderent déjà la terre que leur 
ilivrée Moise, serviteur du Sei- 
zneur, au delà des courants du 
Jourdain, du cóté oriental, 

9. Depuis Aroer, qui est située 
surla rive du torrent d'Arnon, 
et au milieu de la vallée ; de plus, 
toutela campagne de Médaba, jus- 
qu'à Dibon; 

10. Et toutesles villes de Séhon, 
roi de l'Amorrhéen, lequel a ré- 
gné à Hésébon, jusqu'aux fron- 
tières des enfants d Ammon: 

11. Galaad, les confins de Ges- 
suri et de Machati; toute la mon- 
tagne d'Hermon , et toutle Basan, 
iusqu'à Salécha, 

12. Tout le royaume d'Og en 
Basan, lequel a régné à Astaroth 
et à Edrai, et qui était des restes 
des Raphaim; et Moise les battit 
et les détruisit. 

13. Cependant les enfants d'Is- 
raél ne voulurent pas extermi- 
ner ceux de Gessuri et de Ma- 
chati; aussi ont-ils habité au 
milieu d'Israél jusqu'au présent 
jour. 

14. Mais àla tribu de Lévi, Mozse 
ne donna point de possession, 
parce que les sacrifices et les 
victimes du Seigneur Dieu d'ls- 
raélsont son héritage, comme lui 
a dit /e Seigneur. 

15. Moise donna donc des pos- 


(cH. xur.] 


sessions à la tribu des enfants 
de Ruben, selon sa parenté. 

16. Et sa limite fut depuis 
Aroer, qui est située sur la rive 
du torrent d'Arnon, et au milieu 
de la vallée du méme torrent, 
toute la plaine qui conduit à Mé- 
daba, 

11. Hésébon, et tous leurs vil- 
lages qui sont dans 18 campagne ; 
Dibon aussi, Bamothbaal, la ville 
de Baalméon, 

18. Jassa, Cédimoth, Méphaath, 

19. Cariathaim, Sabama, Sara- 
thasar sur la montagne dela val- 
lée, 

20. Bethphogor et Asédoth, 
Phasga et Bethiésimoth, 

21. Et toutes les villes de la 
plaine, tous les royaumes de Sé- 
hon, roi de l'Amorrhéen, qui ré- 
gna à Hésébon, que Moise battit 
avec les princes de Madian, Hévi, 
Résem, Sur, Hur et Rébé, chefs 
de Séhon, habitants de cette ter- 
re. 
22. Et les enfants d'Israël firent 
mourir par le glaive Balaam le 
devin, fils de Béor, avec tous les 
autres qui furent tués. 

23. Et le Jourdain devint la li- 
mite des enfants de Ruben. C'est 
là la possession des villes et des 
villages des Rubénites, selon leur 
parenté. 

24. Moïse donna aussi à 18 tribu 


63%. XIII. 8. Nomb., xxxi, 33. — 14. Nomb., xvi, 20. — 24. Nomb., xxxi, ὃ. 


9. * Dibon. Voir Nombres, xxi, 30. — Aroer est au sud et non loin de Dibon. — 
Médaba ou Madaba au nord de Dibon et au sud d'Hésébon. 

11. * Voir la note sur Nombres, xxi, 33. 

12. Des restes, etc. Voy. xu, 4. — * Astaroth. Voir Deutéronome, 1, 4. == Edraï. Voir 
Nombres, xxi, 33. 

15. * Pour le partage de la Palestine entre les douze tribus, voir l'Introduction au 
livre de Josué, p. 393. Pour la tribu de Ruben, voir 2070 , p. 394. 

24. * Sur le territoire donné à la tribu de Gad, voir l’Introduction au livre de 
Josué, p. 394. 


fen. xiv.] 
de Gad et à ses enfants, selon leur 
parenté, une possession dont voi- 
ci la division : 

95. Sa limite fut Jaser, toutes les 
villes de Galaad, et la moitié de la 
terre des enfants d'Ammon, jus- 
qu'à Aroer, qui est contre Rabba, 

26. Depuis Hésébon jusqu'à Ra- 
moth, Masphé et Betonim, et de- 
puis Manaim jusqu'aux confins de 
Dabir; 

97. De plus, dans la vallée de 
Betharan, de Bethnemra, de So- 
coth et de Saphon, reste du 
royaume de Séhon, roi d'Hésé- 
bon; sa limite est aussi le Jour- 
dain jusqu'à l'extrémité de la mer 
de Cénéreth, au delà du Jourdain, 
du cóté oriental. 

98. Voilà la possession des en- 
fants de Gad, selon leurs familles, 
voilà les villes et les villages de 
ces familles. 

29. Moise donna aussi à la demi- 
tribu de Manassé et à ses enfants, 
selon leur parenté, une posses- 
sion, 

30. Dont voici le commence- 
ment : Depuis Manaim, tout Ba- 
san, tous les royaumes d'Og, roi 
de Bazan, tous les bourgs de Jair 
qui sont en Dasan, soixante villes; 

31. Et la moitié de Galaad, As- 
taroth et Edrai, villes du royau- 
me d'Og, en Basan, aux enfants 
de Machir, fils de Manassé, c'est- 
d-dire à la moitié des enfants 


JOSUÉ. : 421 


de Machir, selon leur parenté. 

32. Moïse partagea cette posses- 
sion dans la plaine de Moab, au 
delà du Jourdain, contre Jéricho, 
du côté oriental. 

33. Mais à la tribu de Lévi, il ne 
donna pas de possession, parce 
que le Seigneur Dieu d'Israél est 
lui-même sa possession, comme 
il lui a dit. 


CHAPITRE XIV 


Caleb demande Hébron pour son héritage 
et l'obtient. 


1. Voici ce qu'ont possédé les 
enfants d'Israél dans la terre de 
Chanaan que leur donnèrent 
Eléazar, le prétre, et Josué, fils de 
Nun et les princes des familles de 
chaque tribu d'Israél, 

2. Disiribuant tout par le sort, 
comme avait ordonné leSeigneur 
par lentremise de Moise, aux 
neuf tribus et à la demi-tribu de 
Manassé. 

3. Car aux deux autres tribus 
et à l’autre demi-tribu, Moïse 
avait donné au delà du Jourdain 
une possession ; à l'exception des 
Lévites qui ne recurent aucune 
terre comme leurs freres ; 

4. Mais en leur place succédè- 
rent les fils de Joseph, divisés en 
deux tribus, Manassé et Ephraim ; 
etles Lévites ne recurent point 
d'autre part dans la terre de 
Chanaan que des villes pour les 


33. Nomb., xvii, 20. — (ΒΑΡ. XIV. 2. Nomb., xxxiv, 13. 


25. * Jaser ou Jézer. Voir Nombres, xx1, 32. 


21. De plus, etc., c'est-à-dire que la limite, ou le partage de Gad (ver. 25) fut aussi, 


s'étendait aussi dans la vallée, etc. 


z9. * Sur le territoire donné à la demi-tribu de Manassé transjordanique, voir l'In- 


troduction au livre de Josué, p. 394. 


31. La moitié de Galaad, etc., est un des compléments directs de Moïse donna aussi, 
du verset 29. — C'est-à-dire à la moitié; car Machir était une famille particulière de 
Manassé (Nombr., xxvi, 29). L'autre moitié recut son partage au delà du Jourdain. 


422 
habiter, et leurs faubourgs pour 
leurs bétes de somme et leurs 
troupeaux. 

5. Comme le Seigneur avait or- 
donné à Moise, ainsi firent les 
enfants d'Israël, et ils partagèrent 
la terre. 

6. C'est pourquoi les enfants 
de Juda vinrent trouver Josué à 
Galgala; et Caleb, fils de Jéphoné, 
le Cénézéen, lui dit : Tu sais ce 
que le Seigneur a dit de moi et 
de toi à Moise, homme de Dieu, 
à Cadesbarné. 

7. J'avais quarante ans, lorsque 
Moise, serviteur du Seigneur, 
m'envoya de Cadesbarné, pour 
considérer la terre, et que je lui 
rapportai ce qui me paraissait 
vrai. 

8. Mais mes frères qui étaient 
montés avec moi, ont dissous le 
cœur du peuple; et néanmoins 
moi, je suivis le Seigneur mon 
Dieu. 

9. Et Moise jura en ce jour-là, 
disant : La terre que ton pied a 
foulée sera ta possession et la 
possession de tes enfants pour 
toujours, parce que tu as suivi 
le Seigneur mon Dieu. 

10. Le Seigneur m'a donc ac- 
cordé la vie, commeil a promis 
jusqu'au présent jour. 1 y 8 
quarante-cinq ans que le Sei- 


JOSUÉ. 


[cu. xv.) 


gneur dit cette parole à Moise, 
quand Israél allait à travers le 
désert : aujourd'hui j'ai quatre- 
vingt-cinq ans, 

11. Aussi fort que je l'étais au 
lemps que je fus envoyé pour 
explorer /e pays : la vigueur de 
ce temps-là a persévéré jusqu'au- 
jourd'hui, tant pour combattre 
que pour marcher. 

12. Donne-moi donc cette mon- 
tagne, que ma promise le Sei- 
gneur, toi-méme l'entendant, sur 
laquelle sont des Enacim, des 
villes grandes et fortifiées; pour 
voir sile Seigneur sera avec moi, 
et si je pourrai les exterminer 
comme il m'a promis. 

13. Et Josué le bénit, et il lui 
livra Hébron en possession. 

14. Et depuis, Hébron a été à Ca- 
leb, fils de Jéphoné, le Cénézéen, 
jusqu'au présent jour, parce qu'il 
suivit le Seigneur Dieu d'Israél. 

15. Hébron était appelée aupa- 
ravent du nom de Cariatharbé : 
Adam, le plus grand entre les 
Enacim, y est enterré : et le pays 
se reposa des combats. 


CHAPITRE XV 


Partage de la tribu de Juda. Prise de 
Cariath-Sépher. Villes de la tribu de 
Juda. 


1. Ainsi le lot des enfants de 


6. Nomb., xiv, 24. — 11. Eccli., תטזא‎ 11. — 15. Supra, ΣΙ, 23. — (ΒΑΡ. XV. 1. Nomb., 


XXXIV, ὃ. 


6. * Cadesbarné. Voir Nombres, xx, 1. 


8. Ont dissous le ceur du peuple, en y jetant l'épouvante. 

12. Josué avait déjà défait les Enacim (x1,21), race de géants, mais ceux qui restèrent 
chez les Philistins purent revenir à Hébron, et en rétablir les villes, pendant que 
Josué était occupé dans les autres extrémités du pays. 

13. * Hébron. Voir la note sur Genèse, xur, 18. 

15. * Cariatharbé: Adam, etc. Le texte original doit se traduire: « Cariath, (ville) 
d'Arbé, homme trés grand parmi les Enacim. » Adam signifie homme. 


1. * Sur le territoire de la tribu de Juda, voir l'Introduction au livre de Josué, 


p. 393. 


[cu. xv.] 


Juda, selon leur parenté, fut celui- 
ci : Depuis la frontiere d'Edom, 
le désert de Sin contre le midi, 
jusqu'à l'extrémité de la contrée 
australe. 

2. Le commencement de ce 
pays est à la pointe de la mer 
tres salée, et à cette langue de 
mer qui regarde le midi ; 

3. Et il sort contre la montée 
du Scorpion, et passe à Sina; 
puis, monte vers Gabesbarné, et 
parvient à Esron, montant vers 
Addar, et faisant le tour de 
Carcaa, 

4. Et delà traversant Asémona, 
et arrivant jusqu'au torrent d'E- 
gypte, et ses limites seront la 
grande mer : ce seront là ses con- 
fins du cóté méridional. 

5. Mais à l'orient, le commen- 
cement sera la mer très salée 
jusqu'à l'extrémité du Jourdain, 
et tout ce qui regarde vers 18- 
quilon, depuis lalangue de mer 
jusquau méme fleuve du Jour- 
dain. 

6. Sa frontière monte à Beth- 
Hagla, et passe de laquilon à 
Beth-Araba, montant vers la 
pierre de Boén, fils de Ruben, 

7. S'étendant jusqu'aux fron- 
tieres de Débéra, de la vallée 
d'Achor, contre l'aquilon, regar- 
dant Galgala qui est vis-à-vis de 
la montée d'Adommim, du cóté 


IOSUÉ. 423 


austral du torrent; elle passe les 
eaux qui sont appelées Fontaine 
du Soleil, et se termine à la Fon- 
taine du Rogel. 

8. Elle monte aussi par la val- 
lée du fils d'Ennom du cóté du 
Jébuséen au midi, c'est-à-dire de 
Jérusalem: et de là montant jus- 
qu'au sommet de la montagne, 
qui est contre Géennom, à l'oc- 
cident, à l'extrémité de la vallée 
des Raphaim, contre l'aquilon, 

9. Elle passe depuis le sommet 
de la montagne jusqu'à la fon- 
taine de Nephtoa, et arrive jus- 
qu'aux bourgs de la montagne 
d'Ephron; elle incline ensuite 
vers Baala, qui est Cariathiarim, 
c'est-à-dire, Ville des Forêts; 

10. Elle tourne de Baala contre 
loccident jusqu'à la montagne 
de Séir, passe au cóté de la mon- 
tagne de Jarim, vers l'aquilon, à 
Cheslon, descend à Bethsamès, 
et passe à Thamna ; 

11. Elle parvient contre la par- 
tie septentrionale d'Accaron, par 
le cóté, incline ensuite vers Sé- 
chrona, passe la montagne de 
Baala, parvient jusqu'à Jebnéel, 
et se termine contre l'occident 
par la grande mer. 

19. Telles sont les limites des 
enfants de Juda, de tous cótés, 
selon leur parenté. 

13. Mais à Caleb, fils de Jépho- 


2. * La mer très salée, la mer Morte. — Cette langue de mer, la pointe méridionale 
de la mer Morte, qu'on appelle el-Lischan, « la langue ». 


3. * Voir Nombres, xxxiv. 4. 


&,* Voir Nombres, xxxiv, 4, 5. — Le torrent d'Egypte est le fleuve fangeuz, plus 
haut, xiii, 3. — La grande mer, la Méditerranée. 

1. * De la vallée d'Achor. Voir plus haut, vir, 24. 

9. La fontaine de Nephtoa, probablement les Etangs de Salomon, prés de la 


source d'Etan. 
41. * Accaron. Voir plus haut, xur, 3. 


13. Cariath-Arbé du père d'Enac; c'est-à-dire ville du père d'Enac. — * Voir plus 


haut, xiv, 15. 


424 


né, Josué donna en partage, au 
milieu des enfants de Juda, Ca- 
riath-Arbé du père d'Enac, la 
même qu'Hébron. 

14. Et Caleb extermina de cette 
ville les trois enfants d'Enac, Sé- 
sai, Ahiman et. Tholmai, de la 
race d'Enac. 

15. Et montant. de là, il vint 
vers les habitants de Dabir, qui 
auparavant était appelée 68- 
riath-Sépher, c'est-à-dire Ville 
des lettres. 

16. Et Caleb dit : Celui qui at- 
taquera Cariath-Sépher, et la 
prendra, je lui donnerai Axa, ma 
fille, pour femme. 

17. Othoniel, fils de Cénez et 
jeune frère de Caleb, la prit, et 
Caleb lui donna sa fille Axa pour 
femme. 

18. Axa, lorsqu'ils allaient en- 
semble, fut engagée par son mari 
à demander à son pere un champ ; 
or, elle soupira pendant qu’elle 
était montée sur l'àne; alors Ca- 
leb : Qu'as-tu? lui dit-il. 

19. Et elle répondit : Accorde- 
moi une grâce : c’est une terre 
située au midi et aride, que tu 
m'as donnée, ajoutes-y une terre 
arrosée. Caleb lui en donna une 
arrosée en haut et en bas. 

90. Telle est la possession de la 
tribu des enfants de Juda, selon 
leur parenté. 

91. Et aux extrémités de la 
terre des enfants de Juda, le long 
des frontières d'Edom, au midi, 
étaient les villes : Cabséel, Eder, 
Jagur, 

99. Cina, Dimona, Adada, 

14. Juges, 1, 20. 


JOSUÉ. 


[cu. xv.] 
93. Cades, Asor, Jethnam, 
94. Ziph, Télem, Baloth, 
95. Asor la nouvelle, Carioth, 
Hesron, qui est la méme qu'Asor, 

26. Amam, Sama, Molada, 

97. Asergadda, | Hassémon, 
Bethphélet, 

98. Hasersual, Bersabée, Ba- 
ziothia, 

99. Baala, Jim, Esem, 

30. Eltholad, Césil, Harma, 

31. Sicéleg, Médéména, Sen- 
senna, 

39. Lébaoth, Sélim, Aen et 
Remmon : en tout vingt-neuf vil- 
les et leurs villages; 

33. Et dans les plaines : Estaol, 
Saréa, Aséna, 

34. Zanoé, Engannim, Taphua, 
Enaim, 

35. Jérimoth, Adullam, Socho, 
Azéca, 

36. Saraim, Adithaim, Gédéra, 
et Gédérothaim : quatorze villes 
et leurs villages ; 

31. Sanam, Hadassa, Magdal- 
gad, 

38. Déléan, Masépha, Jecthel, 

39. Lachis, Bascath, Eglon, 

40. Chebbon, Léhéman, Céthlis, 

M. Gidéroth, Bethdagon, Naa- 
ma et Macéda : seize villes et 
leurs villages ; 

49. Labana, Ether, Asan, 

43. Jephtha, Esna, Nésib, 

44. Ceila, Achzib et Marésa : 
neuf villes et leurs villages ; 

45. Accaron avec ses bourgs et 
ses petits villages, 

46. Depuis Accaron jusqu'à la 
mer, tout ce qui s'étend vers 
Azot et ses bourgades; 


oo 


15. * Dabir, Cariathsépher. Voir Juges, 1, 11, 12. 


32. * Aen et Remmon. Voir xix, 1. 


[cg. χντ.] 

47. Azot avec ses bourgs et ses 
petits villages; Gaza avec ses 
bourgs et ses petits villages, jus- 
qu'au torrent d'Egypte, etla gran- 
de mer est sa limite; 

48. Et dans la montagne : Sa- 
mir, Jéther, Socoth, 

49. Danna, Chariathsenna, qui 
est la méme que Dabir, 

50. Anab, istémo, Anim, 

54. Gosen, Olon et Gilo : onze 
villes et leurs villages, 

59. Arab, Ruma, Esaan, 

53. Janum, Beththaphua, Aphé- 
ca, 

54. Athmatha, Cariath-Arbé, 
qui est la méme qu'Hébron, et 
Sior : neuf villes et leurs villages; 

55. Mahon, Carmel, Ziph, Jota, 

56. Jezraél, Jucadam, Zanoé, 

57. Accain, Gabaa et Thamna : 
dix villes et leurs villages. 

58. Halhul, Bessur, Gédor, 

59. Mareth, Béthanoth et Elté- 
con : six villes et leurs villages; 

60. Cariathbaal, qui est la 
méme que Cariathiarim, ville des 
Foréts, et Arebba : deux villes et 
leurs villages; 

61. Dans le désert : Betharaba, 
Meddin, Sachacha, 

62. Nebsan, la ville de sel et 
Engaddi : six villes et leurs villa- 
ges. : 

63. Quant au Jébuséen, habi- 
tant de Jérusalem, les enfants de 
Juda ne purent le détruire; et le 
Jébuséen a habité avec les en- 
fants de Juda dans Jérusalem jus- 
qu'au présent jour. 


JOSUÉ. 


425 


CHAPITRE XVI. 


Partage de la tribu d'Ephraim. 


1. Etlelot échu aux enfants de 
Joseph fut depuis le Jourdain, 
contre Jéricho, et les eaux de ce 
fleuve, à l'orient, le désert qui 
monte de Jéricho à la montagne 
de Béthel, 

9. Ets'avance de Béthel à Luza, 
passe par la frontiere d'Archi à 
Ataroth, 

3. Et descend à l'occident pres 
de la frontiere de Jéphlet, jus- 
qu'aux frontières de Béth-horon 
la basse, et jusqu'à Gaser; et ses 
contrées finissent à la grande 
mer. 

4. Or, c'est là ce qu'ont possédé 
les enfants de Joseph, Manassé et 
Ephraim. 

5. Et la frontiere des enfants 
d'Ephraim, selon leur parenté, 
devint ainsi que leur possession, 
contre lorient, Ataroth Addar, 
jusqu'à Beth-horon la haute; 

6. Et ses confins s'avancent jus- 
quàla mer; mais Machméthath 
regarde l'aquilon, fait le tour des 
frontieres, contre l'orient, à Tha- 
nathsélo, et passe de l'orient à 
Janoé. 

7. La frontière descend encore 
de Janoé à Atharoth et à Naara- 
tha; puis elle parvient à Jéricho, 
et s'avance jusqu'au Jourdain ; 

8. De Taphua elle passe contre 
la mer jusqu'à la Vallée des ro- 
seaux et se termine àla mer trés 


62. * La ville de sel, dans le désert de Juda, devait étre à l'extrémité méridionale 


de la mer Morte. 


1. * Sur le territoire donné à la tribu d'Ephraim, voir l'Introduction au livre de 


Josué, p. 393. 


3. Et ses contrées: c'est-à-dire l'étendue du lot, du pays assigné à Joseph. 


426 JOSUÉ. 


salée; telle est la possession de 
la tribu des enfants d'Ephraim, 
selon leurs familles. 

9. Mais les villes qui étaient au 
milieu de la possession des en- 
fants de Manassé, furent distrai- 
tes pour les enfants d'Ephraim, 
ainsi que leurs villages. 

10. Et les enfants d'Ephraim ne 
tuerent point le Chananéen, qui 
habitait dans Gazer; mais le Cha- 
nanéen a habité au milieu d'E- 
phraim jusqu'à ce jour, comme 
tributaire. 


CHAPITRE XVII. 


Partage de la tribu de Manassé. 


1. Mais un lot échut à la tribu 
de Manassé (car c'est le premier- 
né de Joseph), à Machir, premier- 
né de Manassé et pere de Galaad, 
qui fut un homme belliqueux et 
qui eut la possession de Galaad 
et de Basan, 

9. Au reste des enfants de Ma- 
nassé, selon leurs familles, aux 
enfant d'Abiézer, aux enfants 
d'Hélec, aux enfants d'Esriel, aux 
enfants de Séchem, aux enfants 
d'Hépher et aux enfants de 
Sémida : ce sont là les enfants 
mâles de Manassé, fils de Joseph, 
selon leur parenté. 

3. Mais Salphaad, fils d'Hépher, 
fils de Galaad, fils de Machir, fils 
de Manassé, n'avait pas de fils, 
mais des filles seulement, dont 


[cu. xvir.] 


voici 168 noms : Maala, Noa, Hé- 
gla, Melcha et Thersa. 

4. Elles viurent en présence 
d'Eléazar, le prétre, de Josué, fils 
de Nun, et des princes, disant : 
Le Seigneur a ordonné par l'en- 
tremise de Moise qu'on nous don- 
nât une possession au milieu de 
nos freres. Et Josué leur donna 
selon l'ordre du Seigneur une 
possession au milieu des freres 
de leur père. 

ὃ. Ainsi échurent dix portions 
à Manassé, outre la terre de Ga- 
laad et de Basan au delà du Jour- 
dain. 

6. Carles filles de Manassé pos- 
sédèrent un héritage au milieu 
de ses enfants; mais la terre de 
Galaad tomba dans le lot des au- 
ires enfants de Manassé. 

7. Or, la frontière de Manassé 
fut depuis Aser jusqu'à Machmé- 
thath, qui regarde Sichem, et elle 
s'avance à droite pres des habi- 
bants de la fontaine de Taphua. 

8. Car, c'est dans le lot de Ma- 
nassé qu'était tombée la terre de 
Taphua, qui, située pres des fron- 
tieres de Manassé, estaux enfants 
d'Ephraim. 

9. Et la frontiere de la Vallée 
des roseaux descend au midi du 
torrent des cités d'Ephraim, qui 
sont au milieu des villes de Ma- 
nassé : la frontiere de Manassé 
est depuis le septentfion du tor- 
rent, et elle va finir à la mer; 


(βαρ. XVII. 2. Nomb., xxvi, 30. — 3. Nomb., ,זנטאא‎ 1; xxxvi, 11. 


1. * Sur le territoire donné à la demi-tribu de Manassé cisjordanique, voir l'Intro- 


duction au livre de Josué, p. 393. 


2. Au reste des enfants de Manassé... aux enfants d'Epher; ces mots se rattachent 
à échut (vers. 1) dont ils sont le complément. 


4. Des princes; des chefs du peuple. 


5. Dix portions; littér.: dix cordes. Voy. Deutér., xxxu, 9. 
6. Des autres, etc., qui étaient restés au delà du Jourdain. 


[(Η. xvi.) 

10. En sorte que la possession 
d'Ephraim est du cóté du midi, et 
celle de Manassé du côté de l'a- 
quilon, que la mer termine l'une 
et l'autre, et qu'elles s'unissent 
dans la tribu d'Aser du cóté de 
l'aquilon, et dans la tribu d'Issa- 
char du cóté de l'orient. 

11. L'héritage de Manassé en 
Issachar et en Aser, fut Betsan et 
ses bourgades, Jéblaam avec ses 
bourgades, les habitants de Dor 
avec leurs bourgs, les habitants 
d'Endor aussi avec leurs bourga- 
des; pareillement, les habitants 
de Thénac avec leurs bourgades, 
les habitants de Mageddo avec 
leurs bourgades, et la troisième 
partie de la ville de Nopheth. 

19. Les enfants de Manassé ne 
purent détruire ces villes; mais 
le Chananéen commenca à habi- 
ter dans son pays. 

13. Mais apres que les enfants 
d'Israël se furent fortifiés, ils sou- 
mirent les Chananéens, et se les 
rendirent tributaires; mais ils ne 
les tuerent pas. 

14. Or, les enfants de Joseph 
parlerent à Josué, et dirent: Pour- 
quoi m'as-tu donné la possession 
d'un seullot et d'un seul héritage, 
puisque je forme une si grande 
multitude, et quele Seigneur m'a 
béni? 


JOSUÉ. 497 


15. Josué leur répondit : Si tu 
es un peuple nombreux, monte à 
la forét, et fais-toi de l'espace en 
l'abattant dans la terre du Phéré- 
zéen et des Raphaim, puisque la 
possession de la montagne d'E- 
phraim est étroite pour toi. 

16. Les enfants de Joseph lui 
répondirent : Nous ne pourrons 
monter jusqu'aux montagnes, 
parce que les Chananéens qui ha- 
bitent dans le pays plat dans le- 
quel sont situées Bethsan avec 
ses bourgades, et Jezraël qui oc- 
cupe le milieu de la vallée, se 
servent de chars armés de fers. 

11. Et Josué répondit à la mai- 
son de Joseph, Ephraim et Ma- 
nassé : Tu es un peuple nombreux 
et d'une grande force; tu n'auras 
pas seulement un lot; 

18. Mais tu passeras à la mon- 
tagne, et en abattant les arbres, 
tu te feras de l'espace pour y ha- 
biter; et tu pourras aller au delà, 
lorsque tu auras détruit le Cha- 
nanéen, que tu dis avoir des 
chars armés de fers, et étre tres 
fort. 


CHAPITRE XVIII. 


Tabernacle à Silo. Partage de la tribu 
de Benjamin. 


|. Tous les enfants d'Israël 
s'assemblerent à Silo, et là ils 


19. Les Chananéens avaient été d'abord chassés de ces villes, mais ils les reprirent 


plus tard, et s'y fortifiérent de nouveau. 


16. * Chars armés de fers. Voir plus haut, x1, 4. 


1. * Silo, aujourd'hui Seiloün. Sur une espéce de Tell ou monticule, on voit les 
ruines d'un village moderne. A l'est et au nord, l'horizon est fermé par des collines 
nues de calcaire gris, où poussent des figuiers; au sud, le plateau va mourir dans 
une plaine. Une vallée profonde court, au nord, derrière les ruines ; sur ses flancs sont 
des tombeaux taillés dans le roc. — Là ils dressérent le tabernacle de témoignage. 
Silo, d'aprés les Juifs, fut, pendant 369 ans, la demeure du Tabernacle et de l'arche. 
Au-dessous du sommet de la colline, au nord des ruines, il y a une sorte de rectangle 
irrégulier, penchant un peu vers l'ouest, élevé au-dessus des terrasses construites 
pour l'exploitation agricole. Le rocher a été grossièrement taillé en deux escarpes 


498 JOSUÉ. 


dresserent le tabernacle de té- 
moignage, et la terre leur fut sou- 
mise. 

2. Or, étaient restées sept tri- 
bus des enfants d'Israél, lesquel- 
les n'avaientpas encorereculeurs 
possessions. 

3. Josué leur dit : Jusqu'à quand 
languirez- vous. dans linaction, 
et n'entrerez-vous pas, pour la 
posséder, dans la terre que le Sei- 
gneur Dieu de vos pères vous a 
donnée? 

4. Choisissez de chaque tribu 
trois hommes, afin que je les en- 
voie, et qu'ils aillent, et parcou- 
rent cette terre; qu'ensuite ils la 
décrivent, selon le nombre de 
chaque multitude, et qu'ils me 
rapportent ce qu'ils auront décrit. 

9. Divisez entre vous la terre 
en sept parties : que Juda soit 
dans ses limites du cóté austral, 
et Joseph du cóté de l'aquilon. 

6. Décrivez la terre qui est au 
milieu d'eux en sept parts; en- 
suite vous viendrez ici vers inoi, 
afin que, devant 16 Seigneur vo- 
tre Dieu, je jette pour vous ici le 
sort, 

7. Parce quil n'y à point de 


[cu. xvi.) 
part parmi vous pour les Lévites, 
mais quele sacerdoce du Seigneur 
est leur héritage. Quant à Gad, 
à Ruben et à la demi-tribu de Ma- 
nassé, déjà elles avaient recu au 
delà du Jourdain, au côté orien- 
tal, leurs possessions, que leur 
donna Moïse, serviteur du Sei- 
eneur. 

8. Lorsque ces hommes se fu-| 
rent levés pour aller décrire la 
terre, Josué leur ordonna, disant: 
Parcourez la terre, décrivez-la, et 
revenez vers moi, afin qu'ici, de- 
vant le Seigneur, à Silo, je jette 
pour vous le sort. 

9. C'est pourquoi ils allerent; et 
parcourant la terre avec soin, ils 
la divisèrent en sept parts, écri- 
vant dans un livre; puis ils re- 
vinrent au camp, à Silo, vers Jo- 
sué, 

10. Qui jeta les sorts devant le 
Seigneur, àSilo, et divisala terre 
aux enfants d'Israël en sept parts. 

41. Or, le premier sort tomba 
sur les enfants de Benjamin, se- 
lon leursfamilles, pour qu'ils pos- 
sédassent la terre située entre les 
enfants de Juda et les enfants de 
Joseph. 


paralléles, sur une étendue de plus de 120 métres; une cour, de 23 métres de large 
et de 1 métre 50 de profondeur au-dessous de la surface extérieure, est entre les 
deux. Il y a donc là une place suffisante pour la cour du Tabernacle. D'aprés la 
Mischna, la partie inférieure du Tabernacle de Silo était en pierre; une tente était 
dressée au-dessus. C'est ce qui a porté la commission scientifique anglaise, qui a 
exploré la Palestine, à supposer que cet endroit était celui où Dieu avait si longtemps 
habité. Quand on visite les lieux, on ne peut guère douter, en effet, qu'on ne soit là 
sur l'emplacement du Tabernacle. Au pied se déroule un immense amphithéâtre 
ovale, d'où tout 16 peuple pouvait voir la tente où habitait le Seigneur. 

4. Selon le nombre de chaque multitude; c'est-à-dire suivant le nombre des tribus 
qui n'ont pas recu leur lot. 

6. La terre qui est au milieu d'eux, signifie probablement le reste de la terre, 
la terre qui reste à partager. Plusieurs critiques veulent qu'on lise dans la Vulgate 
aliam, l'autre, au lieu de mediam, qui tient le milieu. 

8. Se furent levés; hébraisme, pour se furent préparés, disposés. 

11. * Sur le territoire de la tribu de Benjamin, voir l'introduction au livre de 
Josué, p. 393. 


]64. xix.] 


19. Et leur frontiere fut vers 
laquilon à partir du Jourdain; 
s'avancant pres du 6016 septen- 
trional de Jéricho, et de là mon- 
tant contre l'occident vers les 
montagnes, et parvenant jus- 
qu'au désert de Bethaven; 

13. Puis, passant vers le midi 
pres de Luza, qui est la méme 
que Béthel, elle descend à Ata- 
roth-Addar versla montagne qui 
est au midi de Beth-horon la 
basse; 

14. Et s'abaisse en tournant 
contre la mer, au midi de la mon- 
tagne qui regarde Beth-horon 
contre l'Africus ; enfin elle se ter- 
mine à Cariath-Baal, qui est ap- 
pelée aussi à Cariathiarim, ville 
des enfants deJuda : telle est son 
étendue contre la mer, à l'occi- 
dent. 

15. Mais du cóté du midi, sa 
frontière s'avance de Cariathia- 
rim contrela mer et parvient jus- 
qu'à la source des eaux de Neph- 
toa. 

16. Et elle descend vers la par- 
tie de la montagne qui regarde 
la vallée des enfants d'Ennom, et 
qui est contre le cóté septentrio- 
nal, à l'extrémité de la vallée des 
Raphaim. Elle descend aussi à 
Géennom (c'est-à-dire ia vallée 
d'Ennom), à cóté du Jébuséen, au 
midi, et 6116 parvient à la fontaine 
de Rogel, , 

17. Passant devant l'aquilon, 
et allant à Ensemes, c'est-à-dire, 
Fontaine du soleil, 

18. Elle passe jusqu'aux ter- 


βαρ. XVIII. 13. Genése, xxvi, 19. 


JOSUÉ. 


&29 
ires, qui sont vis-à-vis de la 
montée d'Adommim; elle des- 
cend à Abenboen, c'est-à-dire la 
pierre de Boen, fils de Ruben: 
elle passe du cóté de l'aquilon 
jusquaux campagnes, et des- 
cend dans la plaine; 

19. Elle s'avance vers l'aqui- 
lon au dela de Beth-hagla, et 
elle se termine à la langue de la 
mer tres salée du cóté de l'aqui- 
lon, au bout du Jourdain, vers le 
cóté austral, 

20. Qui la termine du cóté de 
lorient : telle est la possession 
des enfants de Benjamin, selon 
leurs frontieres d'alentour et 
leurs familles. 

91. Ses villes étaient : Jéricho, 
Beth-hagla, la vallée de Casis, 

22. Beth-Araba, Samaraim, Bé- 
thel, 

23. Avim, Aphara, Ophéra, 

24. Le village d'Emona, Ophni 
el Gabée : douze villes et leurs 
villages ; 

25. Gabaon, Rama, Béroth, 

26. Mesphé, Caphara, Amosa, 

27. Récem, Jaréphel, Taréla, 

28. Sala, Elaph, Jébus, qui est 
Jérusalem, Gabaath et Cariath : 
quatorze villes et leurs villages. 
Telle estla possession des enfants 
de Benjamin, selonleurs familles. 


CHAPITRE XIX. 


Partage des six autres tribus. 


1. Le deuxième sort sortit pour 
les enfants de Siméon, selon leur 
parenté, et l'héritage fut 


13. * Ataroth-Addar, aujourd'hui ed-Dâriéh. 
1. * Sur le territoire donné à la tribu de Siméon, voir l'Introduction au livre de 


Josué, p. 393. 


430 JOSUE. 


9. Pour eux au milieu de la 
possession des fils de Juda : Ber- 
sabée, Sabée, Molada; 

3. Hasersual, Bala, Asem, 

4. Eltholad, Bétul, Harma, 

5. Sicéleg, Bethmarchaboth, 
Hasersusa, 

6. Béthlébaoth et Sarohen : 
treize villes et leurs villages; 

7. Aïn, Remmon, Athar et Azan: 
quatre villes et leurs villages; 

8. Toutes les bourgades autour 
de ces villes jusqu'à Baalath, 
Béer, Ramath contre la partie 
australe. Tel est l'héritage des 
enfants de Siméon, selon leur 
parenté, 

9. Dans la possession et le par- 
tage des enfants de Juda, parce 
qu'il était trop grand pour eux : 
et c'est pour cela que les enfants 
de Siméon eurent leur posses- 
sion au milieu de leur héritage. 

10. Le troisieme sort échut aux 
enfants de Zabulon, selon leur 
parenté; et la frontière de leur 
possession s'étendait jusqu'à Sa- 
rid ; 

11. Elle monte de la mer et de 
Mérala, et elle parvient à Deb- 
baseth, jusqu'au torrent qui est 
contre Jéconam ; 

19. Elle retourne de Sared 
contre l'orient, aux confins de 
Césélethabor, s'avance près Da- 
béreth et monte contre Japhié ; 


[cH. xix.] 
13. De là, elle passe jusqu'à la 
partie orientale de Géthhépher et 
Thacasin, et s'avance vers Rem- 
mon, Amthar et Noa. 

14. De plus, elle fait, à l'aqui- 
lon, le tour d'Hanaton, et elle est 
terminée parla vallée de Jeph- 
tahel, 

19. Par Cathed, Naalol, Sémé- 
ron, Jédala et Bethléem; douze 
villes et leurs villages. 

16. C'est là l'héritage de la 
tribu des enfants de Zabulon, se- 
lon leur parenté; ce sont leurs 
villes et leurs bourgades. 

11. Cest pour Issachar, selon 
sa parenté, que sortit le qua- 
trième sort; 

48. Et son héritage fut Jezraël, 
Casaloth, Sunem, 

19. Hapharaim, Séhon, Anaha- 
rat, 

29. Rabboth, Césion, Abès. 

21. Rameth, Engannim, 
hadda,et Bethphésès ; 

22. Et sa frontiere parvient jus- 
qu'à Thabor, Séhésima et Bethsa- 
mes; et se termine au Jourdain : 
seize villes et leurs villages. 

23. Telle est la possession des 
enfants d'Issachar, selon leur pa- 
renté; telles sont les villes et 
leurs bourgades. 

24. Le cinquieme sort échut 
aux enfants d'Aser, selon leur 
parenté; 


En- 


7. * Ain, Remmon. Dans le texte original, Ain-Remmon est une seule ville qui 


devint ville sacerdotale. 


9. Dans la possession; c'est-à-dire que l'héritage des enfants de Siméon (vers. 8) 
fut pris sur le territoire des enfants de Juda, parce qu'il était trop considérable 
pour eux. — Le partage; littér.: (a corde, Voy. Deulér., xxxu, 9. 

10. * Sur le territoire de la tribu de Zabulon, voir lIntroduction au livre de 


Josué, p. 394. 


11. * Sur le territoire de la tribu d'Issachar, voir l'Introduction au livre de 


Josué, p. 393. 


24. " Sur le territoire assigné à la tribu d'Aser, voir l'Iutroduction au livre de 


Josué, p. 394, 


[cu. xix.) 

25. Et leur frontière fut Hal- 
cath, Chali, Béthen, Axaph, 

96. Elmélech, Amaad et Mes- 
sal; et elle parvient jusqu'au Car- 
mel de la mer, jusqu'à Sihor et 
Labanath ; 

27. Et elle retourne contre l'o- 
rient à Bethdagon; elle passe 
jusqu'à Zabulon et à la vallée de 
Jephthael, contre laquilon, jus- 
qu'à Bethémec et Néhiel. Elle s'a- 
vance, vers la gauche, vers Cabul, 

98. Abran, Rohob, Hamon et 
Cana, jusqu'à Sidon la grande; 

29. Puis elle retourne vers 
Horma, jusqu'à la ville tres for- 
lifiée de Tyr, et jusqu'à Hosa; et 
elle est terminée, à la mer, au 
territoire d'Achziba, 

30. Amma, Aphec et Rohob : 
vingt-deux cités et leurs villages. 

31. Telle est la possession des 
enfants d'Aser, selon leur pa- 
renté; telles sont les villes et 
leurs bourgades . 

32. Aux enfants de Nephthali 
échut le sixième sort, selon leurs 
familles ; 

33. Et leur frontière commence 
à Héleph et Elon, va à Saananim 
et à Adami, qui est la même que 
Néceb,etàJebnaéljusqu'àLécum, 
el s'avance jusqu'au Jourdain ; 

34. Et la frontiere retourne, 


JOSUÉ. 431 


contre l'occident,à Azanoth-Tha- 
bor, et de là s'avance vers Hu- 
cuca, et passe à Zabulon, contre 
le midi, à Aser, contre l'occident, 
et à Juda, vers le Jourdain, contre 
le levant. 

35. Les villes très fortifiées sont 
Assédim, Ser, Emath, Reccath, 
Cénéreth, 

36. Edéma, Arama, Asor, 

37. Cédès, Edrai, Enhasor, | 

38. Jéron, Magdalel, Horem,| 
Bethanath et Bethsames : dix-| 
neuf villes et leurs villages. 

39. Telle est la possession de 
la tribu des enfants de Nephthali, 
selon leur parenté ; telles sont les 
villes et leurs bourgades. 

40. C'est pour 18 tribu des en- 
fants de Dan, selon leurs familles, 
que sorlit le septieme sort; 

41. Et la frontiere de sa posses- 
sion fut Saraa, Esthaol et Hirsé- 
més, c'est-à-dire, ville du soleil, 

42. Sélébin, Aialon, Jéthéla, 

43. Elon, Themna et Acron, 

44. Elthécé, Gébbéhon et Ba- 
laath, 

45. Jud, Bané, Barach, Ge- 
thremmon, 

46. Méjarchon, et Arecon, avec 
la frontière qui regarde Joppé, 

47. Et elle est terminée par 
cette limite. Mais les enfants de 


26. Carmel de la mer; c'est-à-dire qui est sur la mer. Le Carmel, en effet, était 


voisin de la Méditerranée. 
28. Sidon la grande. Voy. x1, 8. 


30. Amma, Aphec et Rohob sont attribut de /eur frontière fut, du vers. 25. 
32.* Sur le territoire de la tribu de Nephtali, voir l'introduction au livre de 


Josué, p. 394. 


38. Diz-neuf villes. Ce nombre est moindre que celui des noms qui précédent. Il 
est trés probable qu'on a séparé des noms qui devraient étre réunis, ou que les 
copistes se sont trompés en écrivant les nombres. 

40. * Sur le territoire de la tribu de Dan, voir l'Introduction au livre de 


Josué, p. 393. 


41. Elle est terminée; c'est-à-dire la frontière des enfants de Dan (vers. 41). — 
* Lésem-Dan, au nord de la Palestine, à l'endroit où sort l'une des trois sources du 


432 JOSUÉ. 


Dan monterent et combattirent 
contre Lésem, la prirent, la frap- 
pèrent du tranchant du glaive, 
en prirent possession et habite- 
rent en elle, lui donnant le nom 
de Lésem-Dan, du nom de Dan 
leur pere. 

48. Telle est la possession de 
la tribu des enfants de Dan, selon 
leur parenté ; telles sont les villes 
et leurs bourgades. 

49. Or, lorsqu'il eut achevé de 
partager par le sort la terre à 
chacun, selon sa tribu, les enfants 
d'Israél donnerent en possession 
à Josué, fils de Nun, au milieu 
d'eux, 

90. Selon le commandement 
du Seigneur, la ville qu'il avait 
demandée, Thamnath-Saraa, sur 
la montagne d'Ephraim, et il bátit 
la ville et il y habita. 

51. Telles sont les possessions 
que partagèrent au sort Eléazar, 
le prétre,Josué, fils de Nun, et les 
princes des familles et des tribus 
des enfants d'Israél, à Silo, de- 
vant le Seigneur, à la porte du 
tabernacle de témoignage. C'est 
ainsi qu'ils partagerent la terre. 


CHAPITRE XX. 


Villes de refuge marquées par l'ordre 
du Seigneur. 


1. Ensuite le Seigneur parla à 


]08. xx.] 


Josué, disant : Parle aux enfants 
d'Israël, et dis-leur : 

2. Séparez les villes des fugitifs 
dont je vous ai parlé par l'entre- 
mise de Moise, 

3. Afin que s'y réfugie quicon- 
que aura frappé une àme par 
mégarde, et qu'il puisse échapper 
à la colère du proche parent, qui 
est le vengeur du sang. 

4. Et lorsqu'il se sera réfugié 
dans une de ces villes, il se pré- 
sentera devant la porte de la 
ville, etil dira aux anciens de 
cette ville, ce qui peut le prouver 
innocent : et ainsi ils le recevront 
et lui donneront un lieu pour 
habiter. 

9. Et lorsque le vengeur du 
sang le poursuivra, ils ne le li- 
vreront point entre ses mains, 
parce que c'est en lignorant 
quil 8 frappé son prochain, et 
que, deux ou trois jours aupa- 
ravant, il n'était pas prouvé qu'il 
füt son ennemi. 

6. Etil habitera dans cette ville, 
jusqu'à ce qu'il comparaisse en 
jugement pour rendre compte 
de son action, et que meure le 
grand prétre qu'il y aura en ce 
temps-là; alors reviendra l'homi- 
cide, et il rentrera dans sa ville 
et dans sa maison, de laquelle il 
avait fui. 

7. Ils désignerent donc Cédès 


Cnap. XX. 2. Nomb., xxxv, 10; Deut., xix, 2. 


Jourdain, servit souvent depuis à marquer l'extrémité septentrionale de la Palestine, 
dans la locution si souvent répétée dans l'Ecriture : « Depuis Dan jusqu'à Bersabée. » 

50. IL bâtit, etc. On a déjà remarqué qu'en hébreu bdfir une maison, une ville, 
signifie aussi y faire des agrandissements, des embellissements, etc. — * Thamnath- 
Sara, aujourd'hui Tibnéh, à deux heures et demie de marche environ au nord-ouest 
de Djifnéh, l'ancienne Gophna, au milieu des montagnes d'Ephraim. 


3. Aura frappé une áme; hébraisme pour aura tué un homme, une personne. 
7. Cédés, etc. C'est ainsi que porte le texte hébreu; la Vulgate dit par hypallage : 
Cédès dans la Galilée de la montagne de Nephthali. — * Cariatharbé. Voir Genèse, xi, 18. 


{cu. xxi.] 


en Galilée, sur la montagne de 
Nephthali, Sichem, sur la monta- 
gne d'Ephraim, et Cariatharbé, 
qui estla méme qu'Hébron, sur 
la montagne de Juda. 

8. Et au delà du Jourdain, 
contre la partie orientale, ils dé- 
terminerent Bosor qui est située 
dans la plaine du désert, de la 
tribu de Ruben, Ramoth en Ga- 
laad, de la tribu de Gad, et Gau- 
lon en Basan, de la tribu de Ma- 
nassé. 

9. Ces villes furent établies 
pour tous les enfants d'Israél, et 
pour les étrangers, qui habi- 
taient parmi eux, afin que celui 
qui, pas mégarde, aurait frappé 
une âme, s'y réfugiàt, et ne 
mourüt pas de là main du pa- 
rent, désirant venger le sang 
versé, jusqu'à ce qu'il se pré- 
sentât devant le peuple, pour dé- 
fendre sa cause. 


CHAPITRE XXI. 


Villes données aux Lévites pour leurs 
demeures. 


1. Alors vinrent les princes des 
familles de Lévi vers Eléazar, le 
prêtre, vers Josué, fils de Nun, et 
vers les chefs des familles de 
chaque tribu des enfants d'Israél. 

2. Et ils leur parlèrent à Silo, 
dans la terre de Chanaan, et di- 
rent : Le Seigneur a ordonné 
par l'entremise de Moise, qu'on 
nous donnàt des viles pour ha- 


JOSUE. 


433 


biter, et leur faubourgs pour 
nourrir les bétes. 

3. Et les enfants d'Israël don- 
nèrent de leurs possessions, selon 
l'ordre du Seigneur, les villes et 
leurs faubourgs. 

4. Et le sort assigna à la fa- 
mille de Caath, pour les enfants 
d'Aaron,le prétre, treize villes 
des tribus de Juda, de Siméon et 
de Benjamin; 

5. Et aux auíres enfants de 
Caath, c'est-à-dire aux Lévites 
qui restaient, dix villes des tribus 
d'Ephraim, de Dan, et de la demi- 
tribu de Manassé. 

6. Mais pour les enfants de 
Gerson, le sort décida qu'ils re- 
cevraient des villes au nombre 
de treize, des tribus d'Issachar, 
d'Aser, de Nephthali et dela demi- 
tribu de Manassé. 

1. Et pour les enfants de Méra- 
ri, selon leur parenté, douze 
villes des tribus de Ruben, de 
Gad et de Zabulon. 

8 Les enfants d'Israël donne- 
rent aux Lévites ces villes et 
leurs faubourgs, comme avait 
ordonné le Seigneur par l'entre- 
mise de Moise, les distribuant à 
chacun par le sort. 

9. Josué donna les villes des 
tribus des enfants de Juda et de 
Siméon, dont voici les noms : 

10. Aux enfants d'Aaron d'en- 
treles familles de Caath de la 
race lévitique (car le premier sort 
sortit pour eux), 


8. Deut., 1v, 43. — .גא‎ XXI. 2. Nomb., xxxv, 2. — 9. I Par., vi, 55. 


8. * Bosor. Voir Deutéronome, 1v, 43. 


2. Silo dans la terre; littér.: Silo de la terre. Compar. xx, 1. 
4, 5. ll y avait plusieurs branches dans la famille de Caath; la plus distinguée était 
celle d'Aaron, qui possédait le sacerdoce; en dehors de cette branche, il ne pouvait 


y avoir que de simples Lévites. 


A. T. 


28 


434 

11. Cariatharbé du pere d'Enac, 
qui est appelée Hébron, sur la 
montagne du Juda, et ses fau- 
bourgs tout autour. 

12. Pour ses champs et ses vil- 
:ages, il les avait donnés à Caleb, 
fils deJéphoné, pourles posséder. 

13. Il donna done aux enfants 
d'Aaron, le prétre, Hébron, ville 
de refuge, et ses faubourgs, ainsi 
que Lobna avec, ses faubourgs ; 

14. Jéther, Estémo, 

15. Holon, Dabir, 

16. Ain, Jéta et Bethsamès, avec 
leurs faubourgs : neuf villes des 
deux tribus, comme il a été dit. 

17. De la tribu des enfants de 
Benjamin : Gabaon, Gabaé, 

18. Et Anathoth et Almon avec 
leurs faubourgs : quatre villes. 

19. Toutes ces villes des en- 
fants d'Aaron, le prétre, forment 
ensemble le nombre de treize 
avec leurs faubourgs. 

20. Quant aux autres enfants 


12. Supra, xiv, 14. 


——M—M ו‎ 


JOSUÉ. 


(CH. xxr. 


de Caath de la race lévitique, se- 
lon leurs familles, voici la pos- 
session qui leur fût donnée : 

91. De la tribu d'Ephraim, les 
villes de refuge, Sichem avec ses 
faubourgs, sur la montagne d'E- 
phraim, Gazer, 

99. Et Cibsaim et Beth-horon 
avec leurs faubourgs : quatre 
villes; 

23. Dela tribu de Dan, Elthéco, 
Gabathon, 

24. Et Aialon et Gethremmon, 
avec leurs faubourgs : quatre 
villes ; 

95. Mais de la demi-tribu de 
Manassé, Thanach et Gethrem- 
mon, avec leurs faubourgs : deux 
villes. 

26. En tout dix villes et leurs 
faubourgs furent donnés aux en- 
fants de Caath, d'un rang infé- 
rieur. 

27. 1] donna aussi de la demi- | 
tribu de Manassé, aux enfants de 


11. Du père d'Enac. Voy. xv, 13. — * Cariatharbé. Voir Genèse, xur, 18 et plus 


haut, xiv, 15. 


13. * Lobna, la méme que Lebna. Voir plus haut, x, 29. 

14. * Jéther, dans les montagnes de Juda, à 24 milles d'Eleuthéropolis. — EstAémo, 
appelée aussi Esthamo et Istémo, dans les montagnes de Juda, au sud d'Hébron. 

19. * Holon ou Olon (plus haut, xv, 51), dans les montagnes de Juda. — Dubir. 


Voir x, 38. 


16. Des deux tribus, de Juda et de Siméon. — * Ain, peut-étre Ain-Rimmon, xix, T. 
— Jéta ou Jota (xv, 55), aujourd'hui Youttah ou Jutta, au sud d'Hébron. — Bethsa- 
més, aujourd'hui Ain-Schems, à 20 kilométres environ à l'ouest de Jérusalem. 

11. * Gabaon. Voir HI Rois, ur, 4. — Gabaé ou Gabéé (xvm, 24), au nord de Jéru- 


salem, différente de Gabaa, patrie de Saül. 


18. * Anatoth, aujourd'hui Anata, à peu de distance au nord de Jérusalem. — 


Almon, inconnue. 


21. * Sichem, dans les montagnes d'Ephraim, dans la vallée qui sépare le mont 
Garizim du mont Hébal. — Gazer, entre Béthoron et la Méditerranée. 

22. * Cibsaim, ville inconnue. — Beth-Aoron. Voir x, 10. 

23. * Elthéco, Gabathon, villes non retrouvées. 

24. * Aialon. Voir x, 12. — Gethremmon, site inconnu. 

25. * Thanach. Voir xu, 21. — Gethremmon. La liste parallèle de I Paralipomènes, 
VI, 10, porte Balaam, qui est la méme ville que Jeblaam, dont le site est incertain. 

26. D'un rang inférieur aux prètres. Voy. la note des vers. 4, 5. 

21. * Gaulon en Basan, site inconnu en Gaulonitide. --- Bosra, en hébreu Beeschtera, 
est l'Astaroth dont il est parlé Deutéronome, 1, 4. : 


[cx. xxr.] 


Gerson, de la race lévitique, les 
villes derefuge, Gaulon en Basan, 
et Bosra, avec leurs faubourgs : 
deux villes; 

98. De la tribu d'Issachar, Cé- 
sion, Dabéreth, 

29. Et Jaramoth et Engannim, 
avec leurs faubourgs : quatre 
villes; 

30. De la tribu d'Aser, Masal, 
Abdon, 

31. Et Helcath et Rohob, avec 
leurs faubourgs : quatre villes; 

39. Et aussi de la tribu de 
Nephthali, les villes de refuge, 
Cédès en Galilée, Hammoth-Dor et 
Carthan, avec leurs faubourgs : 
trois villes; 

99. En tout, aux familles de Ger- 
son, treize villes avec leurs fau- 
bourgs. 

34. Mais aux enfants de Mérari, 
lévites d'un rang inférieur, et se- 
lon leurs familles, furent données 
de la tribu de Zabulon, Jecnan, 
Cartha, 

35. Et Damna et Naalol: quatre 
villes avec leurs faubourgs; 

90. De la tribu de Ruben, au 


JOSUÉ. 435 


delà du Jourdain, contre Jéricho, 
les villes de refuge, Bosor dans 
le désert, Misor, Jaser, Jethson, 
et Méphaath : quatre villes avec 
leurs faubourgs; 

31. De la tribu de Gad, les vil- 
les de refuge, Ramoth en Galaad, 
Manaim, Hésébon et Jazer : qua- 
ire villes avec leurs faubourgs ; 

38. En tout, aux enfants de Mé- 
rari, selon leurs familles et leur 
parenté, douze villes. 

39. Ainsi, toutes les villes des 
Lévites au milieu de la possession 
des enfants d'Israël furent au 
nombre de quarante-huit, 

40. Avec leurs faubourgs, cha- 
cune ayant été distribuée selon 
les familles. 

41. Le Seigneur Dieu donna 
ainsi à Israël toute la terre qu'il 
avait juré de livrer à leurs pères; 
et ils la possédèrent et ils y habi- 
terent. 

42. Etil leur donna la paix avec 
toutes les nations d'alentour; et 
nul de leurs ennemis n'osa leur 
résister; mais tous furent soumis 
àleur domination. 


0 * Césion. Inconnu. — Dabéreth, aujourd'hui Debouriéh, au pied du mont Thabor, 
à l'ouest. 

29. * Jaramoth, appelée Rame!h, xix, 21, aujourd'hui Raméh. — Engannim, aujour- 
d'hui Djénin, à l'entrée de la plaine d'Esdrelon. 

30. * Masal, nommée Messal, xix, 26, sur la Méditerranée, prés du Carmel, — 
Abdon, inconnue. 

31. * Helcath ou Halcath (xix, 25), site incertain. — Rohob, également inconnue, 

32. * Cédés. Voir Juges, iv, 6. — Hammoth-Dor, peut-être aux sources thermales 
prés de Tibériade. — Carthan, inconnue. 

34. * Jecnan. Voir Jachanan, xit, 22. — Cartha, non retrouvée 

35. * Damna et Naalol, inconnues. 

36. Quatre villes; il y en a cependant cinq d'énumérées dans la Vulgate. Jaser, qui 
est dans la version grecque, ne se trouve pas dans l'hébreu. D'un autre côté, Miso» 
est considérée, en plusieurs endroits de l'Ecriture, comme un nom commun qui 
signifie plaine. Le nombre douze, qu'on lit un peu plus bas au vers. 38, et plus haut 
au vers. 7, et, surtout ces mots : Bosor, qui est située dans la plaine du désert (xx); 
justifient cette supposition. — * Bosor, inconnue. — Misor, plaine inconnue. — Jaser, 
peut-être Jassa, xiu, 18. — Jethson, inconnue. — Méphaath, inconnue. 

31. * Ramoth en Galaad, au milieu des montagnes de Galaad. — Menaim au nord 
du Jaboc. — Hésébon. Voir Nombres, xxt, 25. — Jazer. Voir xui, 25, 


436 JOSUÉ. 


43. Pas méme une seule parole 
de tout ce que Dieu avait promis 
de.leur donner, ne fut' vaine; 
mais toutes furent exactement 
accomplies. 


CHAPITRE XXII. 


Retour des tribus de Ruben et de Gad, 
et de la demi-tribu de Manassé. Mo- 
nument qu'elles élévent sur le bord 
du Jourdain. 


1. Dans le méme temps, Josué 
appela les Rubénites et les Gadi- 
‘tes et la demi-tribu de Manassé, 

2. Et leur dit: Vous avez fait 
tout ce que vous a ordonné Moise, 
serviteur du Seigneur : à moi 
aussi, vous m'avez obéi en toutes 
choses, 

3. Et dans ce long temps, vous 
n'avez pas abandonné vos freres 
jusqu'au présent jour, gardant le 
le commandement du Seigneur 
votre Dieu. 

4. Puis done que le Seigneur 
votre Dieu a donné à vos freres le 
repos et la paix, comme il a pro- 
mis, retournez et allez dans vos 
tabernacles et dans la terre de 
possession. que vous a livrée 
Moise, serviteur du Seigneur, au 
delà du Jourdain ; 

ὃ. En sorte seulement que vous 
gardiez attentivement et que 
vous accomplissiez par vos œu- 
vres le commandement et la loi 
que vous a prescrite Moïse, ser- 


viteur du Seigneur, que vous 81- | 


miez le Seigneur votre Dieu, que 
vous marchiez dans toutes ses 
voles, que vous observiez ses 


[cH. [,זנצא‎ 


commandements, que vous vous 
attachiez à lui, et que vous le 
serviez en tout votre cœur et en 
toute votre âme. 

6. Et Josué les bénit et 165 ren- 
voya; et ils retournèrent dans 
leurs tabernacles. 

7. Quant à la demi-tribu de Ma- 
nassé, Moise lui avait donné une 
possession en Basan; et c'est pour 
cela que Josué donna à l'autre 
demi-tribu un lot parmi ses au- 
tres frères, au delà du Jourdain, 
vers la partie occidentale. Lors- 
quilles renvoya dans leurs ta- 
bernacles, apres les avoir bénis, 

8. Il leur dit : Retournez en vos 
demeures avec beaucoup de biens 
et de richesses, avec de l'argent 
et de l'or, de l'airain, du fer et 
beaucoup de vétements; parta- 
gez avec vos frères le butin rem- 
porté sur les ennemis. 

9. Ainsi, les enfants de Ruben, 
les enfants de Gad et la demi-tri- 
bu de Manassé s'éloignerent des 
enfants d'Israél de Silo, qui est 
située en Chanaan, pour venir à 
Galaad, terre de leur possession, 
quils avaient obtenue, selon le 
commandement du Seigneur par 
l'entremise de Moise. 

10. Et lorsqu'ils furent revenus 
aux digues du Jourdain, dans la 
terre de Chanaan, ils bâtirent 
près du Jourdain un autel d'une 
immense grandeur. 

41. Lorsque les enfants d'Israël 
leurent appris, et que des mes- 
sagers fidèles leur eurent rappor- 
té que les enfants de Ruben, de 


Cuar. XXII. 4. Nomb., xxxi, 85; Supra, xui, 8. 


1. Au delà du Jourdain. Voy. sur cette expression, Nombr., xxxu, 32. — * Basan. 


Voir la note sur Nombres, xxi, 33. 


9. Des enfants d'Israël de Silo: c'est-à-dire qui étaient à Silo. 


[eu. xxu.] 
Gad et de là demi-tribu de Ma- 
nassé avaient bâti un autel dans 
la terre de Chanaan, sur les di- 
gues du Jourdain vis-à-vis des 
enfants d'Israël, 

19. Ils s'assemblerent tous à 
Silo, pour monter et combattre 
contre eux. 

13. Et cependant ils envoyèrent 
vers eux, dans la terre de Ga- 
laad, Phinéès, fils d'Eléazar, le 
prétre, 

14. Et dix princes dw peuple 
avec lui, un de chaque tribu. 

18. Lesquels vinrent vers les 
enfants de Ruben, de Gad et de 
la demi-tribu de Manassé, dans la 
terre de Galaad, et leur dirent : 

16. Voici ce que mande tout le 
peuple du Seigneur : Quelle est 
cette transgression? Pourquoi 
avez-vous abandonné le Seigneur 
Dieu d'Israél, bátissant un autel 
sacrilége, et vous éloignant de 
son culte? 

17. Est-ce peu pour vous, que 
vous ayez péché à Béelphégor, 
que jusqu'au présent jourlatache 
de ce crime demeure sur nous, 
et qu'un grand nombre d'entre 
le peuple ait succombé? 

18. Et vous, aujourd'hui, vous 


avez abandonné le Seigneur, et. 


demain contre tout Israël sa co- 
lere sévira. 

19. Que si vous eroyez que la 
terre de votre possession est im- 
pure, passez àla terre dans la- 
quelle est le tabernacle du Sei- 
gneur, ét habitez parmi nous; 
seulement, ne vous éloignez 


JOSUÉ. 437 


point du Seigneur et de notre so- 
ciété, en bátissant un autel, outre 
l'autel du Seigneur notre Dieu. 

20. Est-ce qu'Achan, fils de Za- 
ré, ne viola pas le commande- 
ment du Seigneur, et que la co- 
lere du Seigneur ne tomba pas 
sur tout le peuple d'Israél? Et lui 
était un seul homme; et plüt à 
Dieu que, seul, il eüt péri dans 
son crime! 

21. Et les enfants de Ruben et 
de Gad, et la demi-tribu d'Israël 
répondirent aux princes de la lé- 
gation d'Israël : 

22. Le tres fort Dieu Seigneur, 
le trés fort Dieu Seigneur, lui- 
méme le sait, et Israél aussi le 
comprendra : si c’est dans un es- 
prit de prévarication que nous 
avons construit cet autel, que /e 
Seigneur ne nous garde point, 
mais qu'il nous punisse présente- 
ment; 

29. Et si nous l'avons fait dans 
l'intention d'y offrir des holo- 
caustes, un sacrifice et des vic- 
limes pacifiques, que lui-même 
instruise et juge; 

24. Etsi ce n’est pas plutôt dans 
la pensée et dans le but de dire : 
Demain, vos enfants diront à nos 
enfants : Qu'importe à vous et au 
Seigneur Dieu d'Israël? 

25. Le Seigneur a misune borne 
entre nous et vous, à enfants de 
Rubenet enfants de Gad 16 fleuve 
du Jourdain; et c'est pour cela 
que vous n'avez point de part 
dans le Seigneur. Et à cette occa- . 
sion vos enfants détourneront 


17. Nomb., xxv, 3; Deut., 1v, 3. — 20. Supra, vr, 1. 


11. * A Béelphégor. Voir la note sur Nombres, xxv, 3. 
25. Dans le Seigneur ou avec le Seigneur; vous n'êtes pas de son peuple; vous 
n'avez point part à son alliance, à ses sacrifices, à son héritage. Compar. vers. 27. 


438 JOSUÉ. 


nos enfants de la crainte du Sei- 
gneur. Ainsi nous avons mieux 
pensé, 

26. Et nous avons dit : Dres- 
sons-nous un autel, non pour of- 
frir des holocaustes ou des vic- 
times, 

97. Mais en témoignage entre 
vous et nous, entre notre race et 
votre lignée, que nous servirons 
le Seigneur, qu'il est de notre 
droit d'offrir des holocaustes, des 
victimes et des hosties pacifiques, 
el qu'en aucune maniere vos en- 
fants ne diront demain à nos en- 
fants : Il n'y a point de part pour 
vous dans le Seigneur. 

98. Que s'ils veulent le dire, ils 
leur répondront : Voici l'autel du 
Seigneur, qu'ont fait nos peres, 
non pour des holocaustes ni pour 
un sacrifice, mais en témoignage 
entre nous et vous. 

99. Loin de nous, le crime de 
nous séparer du Seigneur, et de 
quitter ses traces, en dressant un 
autel, pour offrir des holocaustes, 
des sacrifices et des victimes, hors 
l'autel du Seigneur notre Dieu, 
qui a été dressé devant son taber- 
nacle. 

30. Ces paroles entendues, Phi- 
nées, le prétre, et les princes de 
la légation d'Israél, qui étaient 
avec lui, s'apaiserent, et accueil- 
lirent du meilleur cceur les paro- 
les des enfants de Ruben, de Gad 
et de la demi-tribu de Manassé. 

31. Alors Phinéès, le prêtre, fils 
d'Eléazar, leur dit : Maintenant 
nous savons que le Seigneur est 
avec nous, puisque vous étes 
étrangers à cette prévarication, 


Teu. xxur.] 


et que vous avez délivré les en- 
fants d'Israél de la main du Sei- 
gneur. 

32. Après cela, il revint avec 
les princes du peuple d'auprès 
des enfants de Ruben et de Gad, 
de la terre de Galaad, confins de 
Chanaan, vers les enfants d'Israël, 
et il leur fit son rapport. 

33. Or, ce discours plut à tous 
ceux qui l'entendirent, et les en- 
fants d'Israél louerent Dieu, et 
ils ne dirent plus qu'ils monte- 
raient contre eux, qu'ils les com- 
battraient, et qu'ils détruiraient 
la terre de leur possession. 

34. Et les enfants de Ruben et 
les enfants de Gad appelerent 
l'autel qu'ils avaient dressé, Notre 
témoignage que, c'estleSeigneur 
lui-méme qui est Dieu. 


CHAPITRE XXIII. 


Josué exhorte les enfants d'Israël à ob- 
server la loi du Seigneur. Maux dont 
il les menace, s'ils deviennent infideles. 


1. Or, beaucoup de temps s'é- 
tant écoulé, aprés queleSeigneur 
eut donné la paix à Israël, et 
toutesles nationsà l'entour ayant 
été soumises, enfin Josué, étant 
déjà très vieux et d'un âge fort 
avancé, 

2. Appela tout Israél, les an- 
ciens, les princes, les chefs et les 
magistrats, et leur dit : Je suis 
vieux, et d'un áge tirés avancé; 

9. Et vous, vous voyez tout ce 
qu'a faitle Seigneur votre Dieu 
à toutes les nations d'alentour, 
comment il a lui-méme combattu 
pour vous; i 

4. Et maintenant qu'il vous a 


31. De la main du Seigneur; c'est-à-dire de ses coups, de ses châtiments. 
4. Beaucoup de nations; à vaincre, à soumettre. 


[cu. xxi.) 


partagé au sort toute cette terre, 
depuis la partie orientale du Jour- 
'dain jusqu'à la grande mer, et 
quil reste encore beaucoup de 
-nations, 

5. Le Seigneur votre Dieu les 
exterminera, et les 01078 de de- 
vant votre face, et vous posséde- 
rez cette terre, comme il vous a 
promis. 

6. Seulement, fortifiez - vous, 
soyez attentifs à garder tout ce 
qui est écrit dans le livre de la 
loi de Moise, et ne vous en détour- 
nez ni à droite ni à gauche, 

7. Afin que, lorsque vous serez 
entrés chez les nations qui doi- 
ventse trouver au milieu de vous, 
vous ne juriez pas au nom de 
leurs dieux, que vous ne les ser- 
viez pas, et que vous ne les ado- 
riez point; 

8. Mais que vous vous attachiez 
au Seigneur votre Dieu, ce que 
vous avez fait jusqu'à ce jour. 

9. Et alors le Seigneur Dieu en- 
lèvera en votre présence des na- 
lions grandes et trés fortes, et 
nul ne pourra vous résister. 

10. Un seul d'entre vous pour- 
suivra mille hommes de vos en- 
nemis, parce que le Seigneur 
votre Dieu lui-même combattra 
pour vous, comme il a promis. 

11. Seulement, ayez le plus 
grand soin d'aimer le Seigneur 

, votre Dieu. 
19. Que si vous voulez vous at- 
, tacher aux erreurs de ces nations 


βαρ. XXIII. 44. III Rois, τι, 2. 


JOSUÉ. 439 


qui demeurent parmi vous, vous 
mêler avec ellespardesmariages, 
et vous unir par des liens d'ami- 
tié, 

13. Sachez, dès maintenant, 
que le Seigneur votre Dieu ne les 
détruira pas devant votre face, 
mais elles seront pour vous une 
fosse, un filet, et un obstacle à 
votre côté, et des épines dans vos 
yeux, jusqu'à ce qu'il vous enlève 
et vous extermine de cette terre 
excellente qu'il vous a livrée. 

14. Voici que moi aujourd'hui, 
jentre dans la voie de toute la 
terre, et vous reconnaitrez de 
tout cœur, que de toutes les pa- 
roles que le Seigneur a promis 
d'accomplir en votre faveur, au- 
cune n'a été dite en vain. 

15. Gomme donc il a accompli 
par ses œuvres tout ce qu'il a pro- 
mis, et que toutes choses ont été 
prospères, ainsi il amènera sur 
vous tous les maux dont il vous 
a menacés, jusqu'à ce qu'il vous 
enlève et vous extermine de cette 
terre excellente qu'il vous a li- 
vrée, 

16. Parce que vous aurez violé 
l'alliance du Seigneur votre Dieu 
qu'il a faite avec vous, que vous 
aurez servi des dieux étrangers, 
et que vous les aurez 800168 ; sou- 
dain et promptement s'élevera 
contre vouslafureurduSeigneur, 
et vous serez enlevés de cette 
terre excellente qu'il vous a li- 
vrée. 


— ——————— M MÀ ———— ÓÀ—À HÀ 


14. Aujourd'hui; hébraisme, pour bientôt. — Dans la voie de toute la terre; la voie 
que tout le monde prend, où tous les hommes sont obligés d'entrer, la voie de la 


mort. 


16. Ces prédictions ont été accomplies pendant la captivité de Babylone, et surtout 


depuis la mort de Jésus-Christ. 


440 JOSUÉ. 


CHAPITRE XXIV. 


Josué rappelle aux enfants d'Israél tout 
ce que Dieu a fait pour leurs pères et 
pour eux. 115 promettent de demeurer 
attachés au Seigneur. Mort de Josué et 
d'Eléazar. 

1. Et Josué assembla toutes les 
tribus d'Israël à Sichem, et il ap- 
pela les anciens, les princes, les 
juges et les magistrats; et ils se 
ünrent en la présence du Sei- 
gneur; 

2. Et i1 parla ainsi au peuple : 
Voici ce que dit le Seigneur Dieu 
d'Israël : C'est au delà du fleuve 
qu'ont habité vos peres dés le 
commencement, Tharé, pered'A- 
braham et de Nachor, et ils ont 
servi des dieux étrangers. 

3. Je pris donc votre pere Abra- 
ham du pays de la Mésopotamie, 
et je l'amenai dans la terre de 
Chanaan, et je multipliai sa race. 

4. Et je lui donnai Isaac, et à 
Isaac ensuite Jacob et Esaü. Quant 
à ceux-ci, je donnai à Esaü la 
montagne de Séir, pour la possé- 
der; mais Jacob et ses fils des- 
cendirent en Egypte. 

9. Et j'envoyai Moïse et Aaron, 
et je frappai l'Egypte d'un grand 
nombre de signes et de prodiges. 

6. Et je vous retirai, vous et 
vos peres de l'Egypte, et vous 
vintes à la mer. Alors les Egyp- 
tiens poursuivirent vosperesavec 


[cg. xxiv.] 


des chars et de la cavalerie jus- 
qu'à la mer Rouge. 

7. Maisles enfants d'Israél criè- 
rent au Seigneur, qui mit des té- 
nèbres entre vous et les Egyp- 
liens, e£ amena sur eux la mer, 
et les couvrit. Vos yeux ont vu 
tout ce que j'ai fait en Egypte, et 
vous avez habité dans le désert 
pendant longtemps; 

8. Après cela, je vous ai intro- 
duits dans la terre de l'Amor- 
rhéen, qui habitait au delà du 
Jourdain. Et lorsqu'ils combat- 
taient contre vous, je les livrai 
en vos mains; et vous avez pos- 
sédé leur terre, et vous les avez 
tués. 

9. Cependant se leva Balae, fils 
de Séphor, roi de Moab, et il com- 
battit contre Israël. Il envoya et 
appela Balaam, fils de Béor, pour 
vous maudire; 

10. Et moi, je ne voulus point 
l’écouter; mais au contraire je 
vous bénis par lui, et je vous dé- 
livrai de sa main. 

11. Vous passâtes le Jourdain 
et vous vintes à Jéricho. Alors 
combattirent contre vous les 
hommes de cette ville, l'Amor- 
rhéen, le Phérézéen, le Chana- 
néen, l'Héthéen, le Gergéséen, 
l'Hévéen et le Jébuséen, et je les 
livrai en vos mains. 

19. De plus, j'envoyai devant 
vous des frelons, et je les chassai 


CHaP. XXIV. 2. Genèse, xi, 26. — 3. Genèse, xi, 31. — 4. Genèse, xxi, 2; xxv, 26; 
xxxvi, 8; xLvi, 6. — 5. Exode, rr, 10. — 6. Exode, xir, 37; xiv, 9. — 8. Nomb., xxr, 24. 
— 9. Nomb., xxi, 5. — 11. Supra, 1x, 18; vi, 1; xr, 3. — 19. Exode, xxur, 28; Deut., 


vit, 20; Supra, x1, 20. 


1. * A Sichem, au centre de la Palestine. Voir la note sur Genése, xit, 6. 

1. Et les couvrit; c'est-à-dire (e Seigneur, ou plutôt /a mer; car il arrive souvent 
en hébreu que le complément d'un verbe qui précède, sert de sujet au verbe qui 
suit, sans que rien dans la phrase indique ce double emploi. 

M. * Vous vintes à Jéricho. Voir la note sur Josué, vi, 1. 


[cn. xxiv.] 


de leur pays, les deux rois des 
Amorrhéens, non par ton épée, 
ni par ton arc. 

13. Je vous donnai une terre 
dans laquelle vous n'avez pas tra- 
vaillé, et des villes que vous n'a- 
vez pas báties, pour que vous y 
habitiez; des vignes, et des lieux 
couverts d'oliviers que vous n'a- 
vez pas plantés. 

14. Maintenant donc craignez 
le Seigneur, et servez-le avec un 
cœur parfait et très sincere; en- 
levez les dieux qu'ont servis vos 
peres dans la Mésopotamie et 
dans l'Egypte, et servez le Sei- 


gneur. 
15. Si, au contraire, c'est un 
malà vos yeux que de servir le 


Seigneur, l'option vous est don- 
née. Choisissez aujourd'hui ce 
qui vous plait, et voyez qui vous 
devez servir plutót, ou les dieux 
qu'ont servi vos peres dans la 
Mésopotamie, ou les dieux des 
Amorrhéens, dans la terre des- 
quels vous habitez; pour moi et 
ma maison, nous servirons le Sei- 
gneur. 

16. Et le peuple répondit, et 
dit : Loin de nous que nous aban- 
donnions le Seigneur, et que nous 
servions des dieux étrangers. 

11. Le Seigneur notre Dieu lui- 
méme nous a retirés, nous et nos 
peres, de la terre d'Egypte, de la 
maison de servitude; il a fait, 


14. I Rois. vir, 3; Tobie, xiv, 10. 


JOSUÉ. 


4i 
nous le voyant, de grands pro- 
diges, et il nous a gardés dans 
tout le chemin par où nous avons 
marché, et parmi tous les peuples 
chez lesquels nous avons passé. 

18. Etil a chassé toutes les na- 
tions, l'Amorrhéen habitant de la 
terre dans laquelle nous, nous 
sommes entrés. Nous servirons 
donc le Seigneur, parce que c'est 
lui qui est notre Dieu. 

19. Et Josué dit au peuple : 
Vous ne pourrez pas servir le 
Seigneur; car c'est un Dieu saint 
et fort jaloux, et il ne pardonnera 
pas vos crimes et vos péchés. 

20. Si vous abandonnez le Sei- 
gneur et servez des dieux étran- 
gers, il se tournera, vous afflige- 
ra et vous renversera, après qu'il 
vous aura donné des biens. 

21. Le peuple répliqua à Josué : 
Il n'en sera nullement comme tu 
dis; mais nous servirons le Sei- 
gneur. 

22. Et Josué au peuple : Vous 
êtes témoins, repartit-il, que vous 
choisissez vous-mémes 16 Sei- 
gneur pour le servir. Ils répon- 
dirent : Témoins. 

23. Maintenant donc, reprit-il, 
ótez les dieux étrangers d'au mi- 
lieu de vous, et inclinez vos 
cœurs devant le Seigneur Dieu 
d'Israël. 

24. Et le peuple répondit à Jo- 


sué : C'est le Seigneur notre Dieu 


19. Vous ne pourrez pas, etc. 11 est évident que Josué ne veut pas dire aux Israé- 
lites qu'il leur est impossible de servir le Seigneur, puisque dans les versets précé- 
dents il les exhorte si fortement à le faire; son but est simplement de les engager 
à réfléchir plus sérieusement sur leur promesse, et à raminer leur courage; E 
comme s'il leur eût dit: Vous promettez de servir le Seigneur, mais le pourrez-vous 
avec votre penchant si prongnee pour l’idolâtrie, et avec votre si grande facilité à 
vous y laisser entrainer? Serez-vous assez fermes et assez courageux pour persé- 
vérer dans les sentiments qui vous animent aujourd' hui? 


442 JOSUÉ. 


que nous servirons, et nous obéi- 
rons à ses préceptes. 

95. Josué fit donc alliance en ce 
jour-là, et il proposa au peuple 
des préceptes et des ordonnances 
à Sichem. 

26. Il écrivit aussi toutes ces 
iparoles dans le livre de la loi du 
Seigneur, et il prit une tres 
grande pierre, et il la placa sous 
le chéne qui était dans le sanctu- 
aire du Seigneur, 

27. Et il dit à tout le peuple : 
Voici que cette pierre vous sera 
en témoignage, qu'elle a entendu 
toutes les paroles que le Seigneur 
vous a dites, de peur que dans la 
suite vous ne vouliez le nier, et 
mentir au Seigneur votre Dieu. 

98. Et il renvoya le peuple cha- 
cun en sa possession. 

29. Et après cela mourut Josué, 
fils de Nun, à l’âge de cent dix ans; 

30. Et on l’ensevelit dans les 
limites de sa possession, à Tam- 


(cu. xxiv.] 


nathsaré, qui est située sur la 
montagne d'Ephraim, vers la 
partie septentrionale de la mon- 
tagne de Gaas. 

31. Ainsi, Israël servit le Sei- 
gneur durant tous les jours de 
Josué et des anciens qui vécurent 
longtemps aprés Josué, et qui 
connaissaient toutes les œuvres 
du Seigneur quil avait faites en 
Israél. 

32. Les os de Joseph aussi, que 
les enfants d'Israél avaient em- 
portés de l'Egypte, on les ense- 
velit à Sichem, dans la partie du 
champ que Jacob avait achetée 
des fils d'Hémor, pere de Sichem, 
pour cent jeunes brebis, et qui 
devint la propriété des enfants de 
Joseph. 

33. Eléazar, fils d'Aaron, mou- 
rut aussi, et on l'ensevelit à Ga- 
baath, ville de Phinées, son fils, 
qui lui fut donnée en la monta- 
gne d'Ephraim 


32. Genèse, L, 24; Exode, xim, 19; xxxii, 19, 


26, Par sanctuaire, on peut entendre, avec plusieurs commentateurs, une tente 
ou un sanctuaire passager qu'on avait dressé sous ce chêne, pour y placer l'arche 
durant le peu de temps qu'elle fut à Sichem. 

29-33. On peut admettre que la fin de ce chapitre a été insérée dans ce livre par 
une main étrangere, mais autorisée. On aura voulu sans doute réunir en un méme : 
corps d'ouvrage tout ce qui avait rapport à l'histoire de Josué, comme il parait qu'on 


à fait pour Moise. 


30. * Thamnathsaré. Voir plus haut, xix, 50. 
32. * A Sichem. Le tombeau de Joseph est prés de Sichem, au sud-est, à cóté du 


puits de la Samaritaine. 


33. * A Gabaath de Phinéès, prés de Thamnathsaré, au sud-ouest de Silo. 


— — 000(9e00oo«——— 


INTRODUCTION 


AU LIVRE DES JUGES 


Le livre des Juges nous raconte les traits les plus saillants de l'histoire du 
peuple de Dieu, depuis la mort de Josué jusque vers l'époque de Samuel, 
qui établit Saül premier roi d'Israël. Il est précédé d'une sorte d'introduc- 
tion renfermant deux parties. La première, r-it, 5, trace le tableau de l'état 
politique d'Israél, aprés la mort de Josué, relativement aux Chananéens, qui 
n'avaient pas été expulsés de leurs anciennes possessions; la seconde, rr, 6-11, 6, 
dépeint l'état religieux des Hébreux, qu'elle nous montre vacillant constam- 
ment entre la fidélité et l'infidélité, prospéres quand ils servent le vrai Dieu, 
châtiés quand ils tombent dans l'idolâtrie, jusqu'à ce qu'ils fassent pénitence. 

Les Juges d'Israél, mentionnés dans le livre qui porte leur nom, sont au 
nombre de treize ou de quatorze, selon que l'on compte ou non parmi eux 
Abimélech, qui usurpa le pouvoir royal à Sichem. L'auteur sacré ne nous les 
fait pas tous connaitre en détail; il ne raconte un peu longuement que la vie 
de sept d'entre eux, en se contentant d'énumérer les autres. De là sept sections : 
1? Othoniel, nr, 7-11 ; 2° Aod (et Samgar), ni, 12-31; 3° Débora et Barac, 1v-v: 
4» Gédéon, vi-vin, 32; 5° Abimélech (Thola et Jair), vur, 33-x, 5; 6° Jephté 
(Abesan, Ahialon et Abdon), x, 6-xi; 7? Samson, xin-xvi. 

Deux appendices terminent le livre. Le premier nous raconte l'histoire de 
l'idolátrie des Danites, xvir-xvni, et le second le crime des habitants de Gabaa, 
qui amena la guerre des autres tribus contre celle de Benjamin et l'anéantisse- 
ment presque total de cette dernière, xix-xxi. Ces deux événements n'ont aucune 
relation nécessaire avec le corps de l'ouvrage; ils y sont joints comme supplé- 
ments, parce qu'ils se sont passés dans la méme période, le premier, un peu 
avant, le second, un peu aprés [ἃ mort de Josue. 

Si l'on ne tient pas compte de ce double appendice, le livre des Juges forme 
un tout homogène, dont une pensée unique constitue l'unité. Nous n'avons là, 
sans doute, qu'une série de portraits, mais ils ont tous été peints par le méme 
arliste et dans le but de former une seule galerie. L'introduction en est comme 
le vestibule nécessaire, qui prépare et explique ce qui suit. Le cadre de tous 
les récits est identique, et il nous révèle clairement le dessein de l’auteur, indi- 
qué d'ailleurs dans l'introduction : c'est de prouver par des exemples qu'Israël 
est heureux tant qu'il est fidèle à son Dieu; malheureux, dés qu'il l'abandonne; 
pardonné, dés qu'il se convertit. Ainsi le corps de l'ouvrage n'a point d'autre 
but que de démontrer la thèse posée, 11, 11-19, et la conclusion pratique qui en 
découle, c'est la nécessité, pour le pécheur, de reconnaitre sa faute et de revenir 
à son Dieu. 


ven 


AA INTRODUCTION AU LIVRE DES JUGES. 


L'unité du livre des Juges, qui se manifeste si bien dans le plan adopté par 
l'auteur, est la preuve qu'il est l'œuvre d'un seul écrivain. 

On peut fixer approximativement la date du livre des Juges. 1* Comme la 
mort de Samson forme la fin du récit et que la durée de l'oppression des Phi- 
listins est indiquée, xur, 1, il en résulte que l'ouvrage ne peut pas avoir été 
écrit avant la victoire de Samuel sur ces ennemis du peuple de Dieu, I Rois, 
vir, 1-14. De plus, les mots : > En cetemps là il n'y avait pas de roi en [sraél, » 
qui se lisent plusieurs fois dans les Juges, supposent la royauté déjà établie 
en Israél; nous ne pouvons donc pas placer l'époque de la composition des 
Juges avant l'avénement de Saül au trône. 2° D'autre part, comme il est dit 
expressément, 1, 21, que les Jébuséens sont encore dans Jérusalem avec les 
Benjamites, et que nous savons par II Rois, v, 6-7, que cette tribu chananéenne 
fut chassée par David, au commencement de son règne, de la cité dont il devait 
faire la capitale de son royaume, il suit de ces données que l'auteur a écrit 
avant cel événement. 

La tradition talmudique attribue à Samuel le livre des Juges; quoique cette 
tradition ne puisse pas être établie rigoureusement, elle s'accorde bien avec les 
faits que nous venons de rappeler et ne manque pas de vraisemblance. 

Ce livre nous fait connaitre la suite de l'histoire du peuple de Dieu, et les 
merveilles qu'opére le Seigneur en faveur d'Israél. C'est un des écrits inspirés 
dans lesquels la Providence se manifeste avec le plus d'éclat. — Ce que Dieu 
fait pour délivrer les enfants d'Abraham de leurs ennemis est, d'aprés tous les 
Péres, l'image de ce que devait faire Jésus-Christ, pour nous affranchir des liens 
du péche. — Enfin le livre des Juges renferme un grand nombre d'exemples 
propres à nous exciter au bien et à nous prémunir contre le mal. Voir le cha- 
pitre x1 de l'Epitre de S. Paul aux Hébreux. 


LES JUGES 


CHAPITRE PREMIER. 


La tribu de Juda est nommée pour mar- 
cher à la téte des autres tribus. Défaite 
d'Adonibézec. Prise de Jérusalem. Plu- 
sieurs tribus épargnent les Chananéens. 


1. Après la mort de Josué, les 
enfants d'Israél consulterent le 
Seigneur, disant : Qui montera 
devantnous contre le Chananéen, 
et sera le chef de la guerre? 

2. Etle Seigneur répondit : Juda 
montera; voilà que j'ai livré la 
terre en ses mains. 

3. Alors Juda dit à Siméon, son 
frere : Monte avec moi dans mon 
lot; et combats contre le Chana- 
néen, afin que moi-même j'aille 
dans ton lot. Et Siméon alla avec 
lui. 

4. Et Juda monta, et le Seigneur 
livra le Chananéen et le Phéré- 
zéen en leurs mains, et ils bat- 
tirent à Bézec dix mille hommes. 

5. Ils trouvèrent ensuite Ado- 
nibézec à Bézec ; ils combattirent 
contre lui, et défirent le Chana- 
néen et le Phérézéen. 


Cuar. I. 10. Jos., xv, 14. 


6. Or, Adonibézec s'enfuit; 
l'ayant poursuivi, ils le prirent et 
couperent les extrémités de ses 
mains et de ses pieds. 

1. Et Adonibézec dit : Soixante- 
dix rois, les extrémités de leurs 
mains et de leurs pieds ayant été 
coupées, ramassaient sous ma 
18216 les restes des aliments : 
comme j'ai fait, ainsi Dieu m'a 
rétribué. Et ils l'emmenèrent à 
Jérusalem, et il y mourut. 

8. Or, les enfants de Juda ayant 
attaqué Jérusalem, la prirent et la 
frappérentdutranchant du glaive, 
livrant aux flammes toute la ville. 

9. Et ensuite descendant, ils 
combattirent contre le Chana- 
néen, qui habitait dans les mon- 
tagnes, et vers le midi, et dans 
les plaines. 

10. Et Juda, marchant contre 
le Chananéen, qui habitait à Hé- 
bron (dont le nom fut ancienne- 
ment Cariath-Arbé), battit Sésai, 
Ahiman et Tholmai. 

11. Puis, parti de là, il alla vers 
les habitants de Dabir, dont l'an- 


2. Juda, etc. La tribu de Juda donnera l'exemple aux autres. Elle était la plus 
nombreuse et la plus vaillante (Gen., xux, 8). — La terre des Chananéens. = 
3. Les deux tribus de Juda et de Siméon étaient voisines; leurs lots étaient en 


quelque sorte les mémes. 


4. * Bézec, ville chananéenne, capitale d'Adonibézec, devint aussi ville de Juda. 

6. Et coupèrent, etc. Ce genre de supplice était usité chez les anciens; il avait pour 
but de mettre les prisonniers hors d'état de porter les armes 

9. * Dans les plaines des Philistins, la Séphéla. 


10. * Hébron. Voir Genése, xui, 18. 


11-12. * Cariath-Sépher ou Dabir, dans le Négeb, au sud d'Hébron, probablement 


446 LES JUGES. 


cien nom était Cariath-Sépher, 
c'est-à-dire Ville des lettres. 

19. Alors Caleb dit : Celui qui 
attaquera Cariath-Sépher, et la 
ravagera, jelui donnerai ma fille 
Axa pour femme. 

13. Or, comme Othoniel, fils 
de Cénez, et frere puiné de Caleb, 
la prit, il lui donna Axa, sa fille, 
pour femme. 

414. Axa étant en chemin, son 
mari l'avertit de demander à son 
pere le champ. Et comme elle 
soupirait, pendant qu'elle était 
montée sur l'àne, Caleb lui dit : 
Qu'as-tu? 

15. Et elle répondit : Accorde- 
moi une gráce ; puisque c'est une 
lerre aride que tu m'as donnée, 
donne-m'en aussi une arrosée par 
des eaux. Caleb donc lui en donna 
une arrosée par le haut et arrosée 
par le bas, 

16. Or, les enfants d'un Cinéen, 
parent de Moise, monterent de 
la Ville des palmes, avec les en- 
fants de Juda, au désert de leur 
lot, lequel est vers le midi d'A- 
rad, et habiterent avec eux. 


20. Nomb., xiv, 24; Jos., xv, 14. 


fcm. 1.] 

47. Cependant Juda s'en alla 
avec Siméon, son frere; ils atta- 
querent ensemble le Chananéen 
qui habitait à Séphaath, et ils le 
tuerent. Et la ville fut appelée du 
nom d'Horma, c'està-dire ana- 
thème. 

18. Juda prit aussi Gaza avec 
ses confins, Ascalon et Accaron 
avec leurs frontières. 

19. Etle Seigneur futavec Juda, 
et Juda posséda les montagnes ; 
mais il ne put détruire les habi- 
tants de la vallée, parce qu'ils 
avaient une grande quantité de 
chars armés de faux. 

20. EL ils donnèrent, comme 
Moïse avait dit, Hébron à Caleb, 
qui en extermina les trois fils 
d'Enac. 

21. Mais les enfants de Benja- 
min ne détruisirent pas le Jébu- 
séen, habitant de Jérusalem; 
ainsi, le Jébuséen a habilé avec 
les enfants de Benjamin à Jérusa- 
lem, jusqu'au présent jour. 

22. La maison de Joseph aussi 
monta vers Béthel; et le Sei- 
gneur fut avec eux. 


la Dháheriyéh d'aujourd'hui, sur une éminence au nord de laquelle est une vallée 
où l'on remarque plusieurs sources jaillissant les unes sur le flanc de la colline, les 
autres dans le fond du ravin. 

14. Le champ. L'article déterminatif qu'on lit dans le texte hébreu suppose un 
champ particulier, bien connu, ou un champ dont on a déjà parlé. Dans la première 
supposilion, ce serait probablement le champ attenant à la terre aride qu'Axa avait 
recu de son beau-pére; et dans la seconde, l'auteur sacré ne ferait que rappeler le 
champ déjà mentionné au livre de Josué (xv, 18); et par conséquent ce fait ne se 
trouverait rapporté ici que par récapitulation. 

16. Au désert de leur lot; au désert qui était échu en partage aux enfants, à la 
tribu de Juda. — Avec eux: littér. avec lui; c'est-à-dire Juda, considéré comme 
tribu, ou selon que porte l'hébreu, comme peuple. — * La ville des Palmes, Jéricho. 
— Arad. Voir la note sur Nombres, xxi, 1. — Cinéen. Voir Genèse, xv, 19. 

11. A Séphaath, aujourd'hui Sebaita. On y voit des ruines assez considérables, 
entre autres celles de trois églises et d'une tour. Il y avait deux réservoirs d'eau. 

18. * Gaza, Ascalon, Accaron, trois des cinq grandes villes des Philistins, dans la 
plaine de la Séphéla. La conquéte de Juda ne fut pas durable, 

19. * Chars armés de faux. Noir Josué, Xr, 4. 

22, * Béthel. Voir Genèse, xt, 8. 


[.ז . א6] 

93. Car, comme ils assiégeaient 

la ville, qui auparavant était ap- 
pelée Luza, 

24. lls virent un homme sor- 
tant de la cité, et ils lui dirent: 
Montre-nous l'entrée de la ville, 
et nous te ferons miséricorde. 

95. Lorsque cet homme la leur 
eut montrée, ils frappèrent la 
ville du tranchant du glaive; 
mais cet homme et toute sa pa- 
renté, ils les renvoyèrent. 

96. Cet homme renvoyé, s'en 
alla dans la terre d'Hetthim, et 
il bátit là une ville et l'appela 
Luza, laquelle est ainsi appelée 
jusqu'au présent jour. 

97. Manassé aussi ne détruisit 
pas Bethsan et Thanac avec leurs 
bourgades, ni les habitants de 
Dor, ni Jéblaam, ni Mageddo avec 
ses bourgades; et le Chananéen 
commenca à habiter avec eux. 

98. Mais lorsqu Israël se fut 
fortifié, il les rendit tributaires, 
et il ne voulut pas les détruire. 

99. Ephraim de méme ne tua 
pas le Chananéen, qui habitait à 
Gazer, mais 76 Chananéen habita 
aveclui. 

30. Zabulon ne détruisit pas 


LES JUGES. 447 


les habitants de Cétron et de Naa- 
lol; mais le Chananéen habita au 
milieu de lui et lui devint tribu- 
taire. 

31. Azer aussi ne détruisit pas 
les habitants d'Accho et de Si- 
don, ni Ahalab, ni Achazib, ni 
Helba, ni Aphec, ni Rohob; 

32. Mais il habita au milieu du 
Chananéen, habitant de cette 
terre, et il ne le tua pas. 

33. Nephthali aussi ne détruisit 
pasles habitants de Bethsamès. et 
deBéthanath ; maisil habita parmi 
le Chananéen habitant de cette 
terre; et les Bethsamites, et les 
Béthanites lui furent tributaires. 

34. L'Amorrhéen resserra les 
enfants de Dan sur la montagne, 
et il ne leur donna pas lieu de 
s'étendre dans la plaine; 

35. Et il habita sur la montagne 
d'Harès, que l'on interprète mon- 
tagne de téts, dans Aialon et Sa- 
lébim. Et la puissance de la 
maison de Joseph s’accrut, et l'A- 
morrhéen lui devint tributaire. 

80. Or, la frontiere de l'Amor- 
rhéen fut depuis la montée du 
Scorpion, le rocher et les lieux 
plus élevés. 


26. * Hetthim, les Héthéens, alors maitres de la Syrie. 


21. * Belhsan, non loin du Jourdain, à l'est du mont Gelboé. — Thanac, au sud de 
Mageddo. — Jéblaam, dans le voisinage d'Engannim, au sud de cette ville. — 
Mageddo, daus la plaine d'Esdrelon. 

29. Le Chananéen. Ce mot est répété dans l'hébreu; il détruit ainsi l'amphibologie 
qui se trouve dans la Vulgate. — Avec lui; c'est-à-dire avec Ephraim. Voy. la note 
précédente. — * Gazer, à l'ouest de Béthoron, au nord-est d'Accaron. 

31. * Accho, appelée aussi Aere, S. Jean d'Acre et Ptolémaide, ville phénicienne et 
port de mer sur la Méditerranée, prés du mont Carmel, à l'embouchure du Bélus, 
au sud de Tyr. — Sidon, première capitale de la Phénicie, sur la Méditerranée, au 
nord de Tyr. — Ahalab, ville inconnue, mentionnée seulement ici. — Achazib, 
Ecdippe, au nord d'Accho, sur la Méditerranée. — Helba, non retrouvée. — Aphec, 
Rohob, sites inconnus. 

33. * Bethsamés. Voir Josué, xxt, 10. — Béthanath, inconnue. 

35. La puissance; littér. (a main. Le mot hébreu réunit ces deux significations. — 
* Aialon. Voir Josué, x, 11. 

/ 36. Le rocher, ou (a pierre, désigne probablement Pétra, la capitale de l'Arabie 
étrée, 


448 LES JUGES. 


CHAPITRE II. 


Un envoyé de Dieu reprend les Israé- 
lites d'avoir épargné les Chananéens. 
Infidélité des Israélites depuis la mort 
de Josué. 


1. Or, lange du Seigneur 
monta de Galgala au lieu des 
pleurants, et dit: Je vous ai reti- 
rés de l'Egypte, je vous ai intro- 
duits dans la terre pour laquelle 
j'ai fait serment à vos pères, et 
j'ai promis que je ne rendrais ja- 
mais vaine mon alliance avec 
vous; 

2. À condition seulement que 
vous ne feriez point d'alliance 
avec les habitants de cette terre; 
mais que vous renverseriez leurs 
autels; et vous n'avez pas voulu 
entendre ma voix; pourquoi 
avez-vous fait cela? 

3. C’est pourquoi je n'ai pas 
voulu les exterminer de votre 
face, afin que vous les ayez pour 
ennemis, et que leurs dieux vous 
soient en ruine. 

4. Lorsque l'ange du Seigneur 
disait ces paroles à tous les en- 
fants d'Israél, ceux-ci éleverent 
leur voix et pleurerent, 

5. Et on appela ce lieu du nom 
de Lieu de pleurants, ou de 
larmes; et ils immolerent là des 
victimes au Seigneur. 
|. 6. Josué renvoya donc le peu- 
ple, et les enfants d'Israél s'en 


Cuap. II. 6. Jos., xxiv, 28. 


[cur. 114) 


allèrent, chacun en sa possession, 
pour l'occuper. 

7. Et ils servirent le Seigneur 
durant tous les jours de Josué 
et les anciens qui vécurent long- 
temps après lui, et qui avaient 
connu toutes les œuvres du Sei- 
gneur, qu'il avaitfaites en faveur 
d'Israél. 

8. Or, Josué, fils de Nun, servi- 
teur du Seigneur, mourut âgé 
de cent dix ans; 

9. Et on l'ensevelit dans les 
bornes de sa possession à Tham- 
nathsaré, sur la montagne d'E- 
phraïm, vers la partie septentrio- 
nale du mont Gaas. 

10. Et toute cette génération 
futréunie à ses pères ; et d’autres 
hommes s'élevèrent qui ne con- 
naissaient point le Seigneur, ni 
les œuvres qu'il avait faites en 
faveur d'Israël. 

11. Et les enfants d'Israël firent 
16 malenla présence duSeigneur, 
et ils servirent les Baalim. 

12. Et ils abandonnerentle Sei- 
gneur Dieu de leurs peres, qui les 
avait retirés de la terre d'Egypte, 
et ils servirent des dieux étran- 
gers, et les dieux des peuples qui 
habitaient autour d'eux, et ils les 
adorerent, et exciterent le Sei- 
gneur à la colere, 

13. L'abandonnant et servant 
Baal et Astaroth. 

14. Et 16 Seigneur irrité contre 


1. Au lieu des pleurants; au lieu qui fut appelé depuis Lieu de pleurants (vers. 4, 5). 
— * Galgalu, à l'ouest du Jourdain, entre ce fleuve et la ville de Jéricho. 


9. * Thamnathsaré. Noir Josué, xix, 50. 


11. Baalim, plur. hébr. de Baal, c'est-à-dire maitre, seigneur, désigne les idoles de 
ce faux dieu. — * Sur Baal et les Baalim, voir la note sur Juges, vi, 25. Le siège 
principal du culte de Baal était en Phénicie et à Tyr, mois il était adoré, avant la 
conquête de Josué, dans tout le pays de Chanaan. 

13. * Astaroth. Noir la note sur Juges, ur, 1. 


[cn. 1u.] 
les Israélites, les livra aux mains 
de pillards, qui les prirent et les 
vendirent aux ennemis qui habi- 
taient tout autour; ainsi ils ne pu- 
rent résister à leurs adversaires; 

15. Mais partout οἱ ils auraient 
voulu aller, la main du Seigneur 
était sur eux, comme il a dit et 
leur a juré : et ils furent violem- 
ment affligés. 

16. Et le Seigneur suscita des 
juges pour ies délivrer des mains 
des dévastateurs; mais ils ne 
voulurent pas les écouter, 

17. Forniquant avec des dieux 
étrangers, et les adorant. Bien- 
tôt ils abandonnerent la voie par 
laquelle avaient marché leurs 
pères; et entendant les comman- 
dements du Seigneur, ils firent 
tout le contraire. 

18. Et lorsque 16 Seigneur sus- 
citait des juges, sa miséricorde 
fléchissait durant les jours de ces 
juges; il écoutait les gémisse- 
ments des affligés, et il les déli- 
vrait du carnage des dévasta- 
leurs. 

19. Mais après que le juge était 
mort, ils retombaient, et faisaient 
des choses bien pires que n'en 
avaient fait leurs peres, suivant 
des dieux étrangers, les servant 
et les adorant. 115 n'abandonne- 
rent point leurs inventions, ni la 
vole trés rude par laquelle ils 
avaient accoutumé de marcher. 

90. Aussi, la fureur du Sei- 
gneur fut irritée contre Israél, et 


LES JUGES. 


449 


il dit: Parce que cette nation a 
rendu vaine mon alliance, que 
j'avais faite avec ses pères, et 
qu'elle a dédaigné d'entendre ma 
voix, 

21. Eh bien, moi je ne détrui- 
rai point les nations que Josué a 
laissées, lorsqu'il est mort, 

22. Afin que par elles j'éprouve 
Israél, en voyant s'ils gardent la 
voie du Seigneur, comme l'ont 
gardée leurs peres, et s'ils y mar- 
chent, ou non. 

23. Le Seigneur laissa donc 
toutes ces nations, et ne voulut 
point les détruire aussitót, c'est 
pourquoi il ne les livra pas aux 
mains de Josué. 


CHAPITRE III. 


Servitude des Israélites sous Chusan; 
Othoniel est leur libérateur. Servitude 
sous Eglon ; Aod lesen délivre. Samgar, 
troisiéme juge d'Israel. 

1. Voici les nations que le Sei- 
gneur laissa, pour instruire par 
elles Israël et tous ceux qui ne 
connaissaient pas les guerres des 
Chananéens ; 

2. Afin que dans la suite leurs 
enfants apprissent à combattre 
contre les ennemis, et qu'ils s'ac- 
coutumassent à livrer bataille : 

3. Les cinq satrapes des Philis- 
üns, tous les Chananéens, les 
Sidoniens et les Hévéens qui ha- 
bitaient sur la mont Liban, depuis 
la montagne de Baal-Hermon 
jusqu'à l'entrée d'Emath. 


19. Leurs inventions; leurs égarements d'esprit et de cœur; selon le texte hébreu, 
leurs actions mauvaises. 

3. Les cinq satrapes, etc. Ces mots se rapportent à : Voici les nations, etc. du 1er ver- 
set dont ils sont l'explicatif; mais ils sont à l'accusatif, parce qu'on peut les consi- 
dérer aussi comme complément du verbe, qui les précède immédiatement, livrer 
bataille, ou abandonner (vers. 1). — * Baal-Hermon. Noir Josué, xt, 11. — Emalh. 
Voir II Rois, vit, 9. 


A. T. 29 


450 


4. Or, il les laissa, afin que par 
eux il éprouvât Israël, en voyant 
s’il écouterait les commande- 
ments du Seigneur, qu'il avait 
donnés à leurs peres par l'entre- 
mise de Moise, ou non. 

ὃ. C'est pourquoi les enfants 
d'Israël habiterent au milieu du 
Chananéen, de l'Héthéen, de l’A- 
morrhéen, du Phérézéen, de l'Hé- 
véen et du Jébuséen ; 

0. Ils prirent pour femmes, 
leurs filles, et ils donnèrent eux- 
mémes leurs propres filles à leurs 
fils, et ils servirent leurs dieux. 

7. Ainsi, ils firent le mal en la 
présence du Seigneur, et ils ou- 
blierent leur Dieu, servant les 
Baalim et les Astaroth. 

8. Or, irrité contre Israél, le 
Seigneur {+ livra aux mains de 
Chusan Rasathaim, roi de Méso- 
potamie, et ils le servirent pen- 
dant huit ans. 

9. Et ils crierent au Seigneur, 
qui leur suscita un sauveur qui 


LES JUGES. 


[ca. nr.) 


les délivra, Othoniel, fils de Cé- 
nez, frère puiné de Caleb. 

10. Et l'esprit du Seigneur fut 
en lui, et il jugea Israël. Il s'en 
alla au combat, et le Seigneur 
livra en ses mains Chusan Rasa- 
thaim, roi de Syrie, et il le sub- 
jugua. 

11. Et le pays se reposa durant 
quarante ans, et Othoniel, fils de 
Cénez, mourut. 

12. Mais les enfants d'Israël 
recommencèrent à faire le mal 
en la présence du Seigneur, qui 
fortifia contre eux Eglon, roi de 
Moab, parce qu'ils firent le mal 
en sa présence. 

13. Et il joignit à lui les enfants 
d'Ammon et d'Amalec ; et il alla 
et battit Israél, et il se rendit 
maitre de la ville des Palmes. 

14. Et les enfants d'Israél ser- 
virent Eglon, roi de Moab, pen- 
dant dix-huit ans; 

15. Et après cela ils crièrent au 
Seigneur, qui leur suscita un 


1. Baalim. Voy. n, 11. — Astaroth, plur. fém. hébr., signifie les idoles de la divinité, 
qui dans le texte original se produit sous la forme aschtoreth, ou mieux haschthoreth, 
et dans la Vulgate sous celle d’Astarthé. L'hébreu lit ici aschéroth, qui veut dire bois 
sacré, parce qu'on l'adorait plus particulièrement dans les bois. — * Astoreth ou As- 
tarté avait beaucoup de traits de ressemblance avec Vénus. Elle est souvent nommée 
dans le livre des Juges, en compagnie de Baal. Il y avait d'ailleurs plusieurs Astoreths 
ou Astartés, comme il y avait plusieurs Baals : chaque Baal avait son Astarté, la 
multiplieation du dieu impliquant la multiplication de la déesse. De méme que Baal 
était quelquefois le ciel, Astarté était aussi la terre fécondée par le ciel. Mais de 
nombreux indices montrent aussi qu'elle est souvent la lune,'embléme de la beauté 
féminine, de méme que le soleil, qui fait pousser les plantes et dessèche, est le sym- 
bole de la force et dela destruction; elle est le principe passif et productif, la mère, 
comme Baal est le principe actif et générateur, le pére. Une figurine en albátre du 
Musée du Louvre représente Astarté portant un croissant d'or au-dessus de sa téte, 
mais on la représente le plus souvent sous la forme d'un pieu symbolique. 

8. * Chusan-Rasathaim ne nous est connu que par ce passage du livre des Juges. 

9. Un sauveur qui les délivra; ce qui semblerait donner à ce verbe le mot Seigneur 
pour sujet. Mais voy. Josué, XxIv, 1. 

13. Sur Amalec, voir Exode, xvii, 8. — * La ville des Palmes, probablement Jéri- 
cho. 

15. * Aod... se servait des deux mains comme de la droite. Aod n'était pas le seul 
Israélite habitué à se servir également des deux mains dans le combat. Les Ben- 
jamites, à la tribu desquels appartenait Aod, étaient célèbres comme archers 6 
comme frondeurs, comme également habiles à se servir de la main gauche et de la 


(cu. π|.} 


sauveur du nom d'Aod, fils de 
Géra, fils de Jémini, qui se ser- 
vait des deux mains comme dela 
droite. Or, les enfants d'Israél en- 
voyerent par lui des présents à 
Eglon, roi de Moab. 

16. Aod se fit un glaive à deux 
tranchants, qui avait au milieu 
une garde de la longueur de la 
paume de la main, et ille ceignit 
sous son sayon, sur la cuisse 
droite. 

17. Et il offrit les présents à 
Eglon, roi de Moab. Or, Eglon 
était extrémement gros. 

18. Lors donc qu'il lui eut of- 
fert. les présents, il suivit ses 
compagnons qui étaient venus 
avec lui. 

19. Puis, revenu de Galgala, où 
étaient les idoles, il dit au roi: 
J'ai une parole secrète pour vous, 
ὃ roi. Et le roi commanda le 
silence, et tous ceux qui étaient 
autour de lui étant sortis, 

90. Aod s'approcha de lui : or, 
il était assis dans sa chambre 
d'été, seul; Aod lui dit donc : Fai 
une parole de Dieu pour vous. Le 
roi aussitót se leva de son tróne. 

91. Et Aod étendit la main gau- 


LES JUGES. 451 


che, et prit le glaive de dessus sa 
cuisse droite, et l'enfonca dans 
son ventre, 

22. Si fortement, que la poi- 
gnée suivit le fer dans la blessure, 
et s'y trouva très resserrée par 
la graisse extrémement épaisse. 
Il ne retira donc point le glaive, 
mais il le laissa dans le corps, 
comme il était, lorsqu'il eut porté 
le coup : et aussitôt les excré- 
ments renfermés dans le ventre 
s'échappeérent par les conduits 
naturels. 

93. Or, Aod, ayant fermé avec 
le plus grand soin les portes de 
la chambre, et y ayant mis les 
verrous, 

24. Sortit par le derriere. Ce- 
pendant. les serviteurs du roi 
étant venus, virent les portes de 
18 chambre fermées, et ils dirent : 
Peut-être satisfait-il à un besoin 
dans la chambre d'été. 

25. Et ayant attendu longtemps 
jusqu'àen étre troublés, et voyant 
que personne n'ouvrait, ils pri- 
rent la clef; et ouvrant, ils trou- 
verentleur maitre étendu sur la 
terre, mort. 

26. Mais Aod, pendant que 


main droite, et capables de frapper un cheveu avec leur fronde, Jud., xx, 16; 1 Par., 
xu, 2. Mucius Scævola, qui se rendit célèbre chez les Romains par un acte semblable 
à celui d'Aod, était aussi gaucher; et c'est la signification méme de son surnom de 
Scaevola. 

19. * De Galgala. Voir ut, 1. — Où étaient les idoles, cest peut-être un nom de 
lieu, Pesilim. Au y. 26, nous lisons 16 lieu des idoles. 

19-22. Si on était obligé de justifier cette conduite d'Aod, on pourrait dire qui! 
croyait, d'aprés les préjugés du temps, et le droit de la guerre, beaucoup plus ri- 
goureux à cette époque reculée qu'il ne l'est aujourd'hui, qu'il lui était permis de 
recourir à un pareil stratagéme. N'est-il pas possible d'ailleurs que Dieu ait suscité 
ce général pour sauver son peuple, sans lui inspirer ce meurtre? — * Chez tous les 
peuples et dans tous les temps, on a admiré le sang-froid, l'audace, le courage et 
le dévouement qu'indiquent, dans leurs auteurs, des actes comme ceux d'Aod, 
quoique ces actes ne soient pas de tout point irrépréhensibles. Les Athéniens ont 
€: ies louanges d'Harmodius et d'Aristogiton, les Romains ont glorifié Mucius 

cævola. 

26. * Séirath, localité inconnue de la montagne d'Ephraim. 


452 


ceux-ci étaient dans le trouble, | 


s'enfuit et traversa le lieu des 
idoles, d’où il était revenu. Il 
vint à Séirath ; 

97. Et aussitôt il sonna de la 
irompette sur la montagne d'E- 
phraim, et les enfants d'Israél 
descendirent avec lui, marchant 
lui-méme en téte. 

28. Il leur dit : Suivez-moi ; car 
le Seigneur a livré nos ennemis, 
les Moabites, en nos mains. Et 
ils descendirent aprés lui, et ils 
occuperent les gués du Jourdain, 
par lesquels on va à Moab ; et ils 
ne laissèrent passer personne. 

99. Mais ils tuerent en ce 
temps-là environ dix mille Moa- 
bites, tous hommes forts et vail- 
lants; nul d'entre eux ne put 
échapper. 

30. Ainsi Moab fut humilié en 
ce jour-là sous la main d'Israél; 
et le pays se reposa durant 
quatre-vingts ans. 

31. Apres Aodil y eut Samgar, 


Cnar. IV. 2. I Rois, xz, 9. 


LES JUGES. 


]08. rv.] 
fils d'Anath, qui défit six cents 
hommes d'entre les Philistins 
avec un soc de charrue : et lui 
aussi défendit Israël. 


CHAPITRE V. 


Servitude sous Jabin. Debbora et Barac 
défont Sisara, général des troupes de 
Jabin. 

1. Et les enfants d'Israël re- 
commencèrent à faire le mal en 
la présence du Seigneur apres 
la mort d'Aod, 

2. Et le Seigneur les livra aux 
mains de Jabin, roi de Chanaan, 
qui régna dans Asor ; or, il avait 
pour général de son armée uu 
homme du nom de Sisara; et 
lui-méme habitait à Haroseth des 
nations. 

3. Etles enfants d'Israélcrierent 
au Seigneur; car Jabin avail 
neuf cents chars armés de faux ; 
et pendant vingt ans il les avait 
violemment opprimés. 

4. Or, c'était Debbora, prophé- 


28. Personne; c'est-à-dire aucun des Moabites. —- * 11 n'y avait pas de ponts sur le 
Jourdain; on ne pouvait le passer qu'à gué. 
ΘΠ ἃ D'entre les Philistins. Sur les Philistins, voir la note sur Juges, xiu, 4. 


2. Asor; rebátie par quelque descendant de l'ancien Jabin. Compar. Josué, xt, 10, 11. 
-- Haroseth des nations; ville ainsi nommée, parce qu'il y avait beaucoup de gens 
de diverses nations, ou parce qu'eile était peuplée de Chaaanéens et de peuples 
idolâtres, ou enfin parce qu'elle se trouvait dans la Galiiée des nations. 

3. * Neuf cents chars armés de faux. Le texte hébreu porte : neuf cents chars de 
^er, et non armés de faux. Voir la note sur Josué, xi, 4. 

4. * Debbora signifie abeille. De méme que biche, chatte, sont aujourd'hui des termes 
de tendresse, les noms d'animaux gracieux ont toujours été employés comme noms 
de femmes. Juhel signifie biche; Se5ia, IV Rois, xi, 1, et Tabitha ou Dorcas, Act., 1x, 36, 
qazelle; Rachel, agneau ou brebis; Séphora, femme de Moïse, oiseau. Nous trouvons 
méme un nom de femme, celui de [8 mère du roi Joakim, IV Rois, xxiv, 8, Nohesta, 
qui signifie serpent, par allusion sans doute au serpent d'airain érigé par Moïse dans 
le désert et qu'Ezéchias avait fait détruire, dont le nom était Nohestan, IV Rois, 
xiu, 4. Comme noms d'hommes empruntés aux animaux, on trouve Caleb, chien, 
désignant différents personnages, Oreb, corbeau, Zeb, loup, Aia, vautour, Snal, 
chacal, Jonas, colombe, Ariel, lion de Dieu. Cf. Léon, etc. Le nom de Debbora était 
aussi celui de la nourrice de Rébecca. Il correspond au grec et au latin Melissa, 
à l'allemand Imma, qui signifie oussi abeille. 


[cx. τν.] 


tesse, femme de Lapidoth, la- 
quelle jugeait le peuple en ce 
temps-là. 

9. Et elle s'asseyait sous un 
palmier, qui était appelé de son 
nom, entre Rama et Béthel sur 
la montagne d'Ephraim; et les 
enfants d'Israél montaient vers 
elle, pour tous les jugements. 

6. Elle envoya et appela Barac, 


LES JUGES. 453 


fils d'Abinoem de Cédès de Neph- 
thali, et elle lui dit : Le Seigneur 
Dieu d'Israël te l'ordonne, va, et 
conduis l’armée sur la montagne 
de Thabor, et tu prendras avec 
toi dix mille combattants des 
enfants de Nephthali et des en- 
fants de Zabulon : 

7. Or moi-même je t’amènerai 
à l'endroit du torrent de Cison, 


5. * Rama, probablement au sud-ouest de Béthel. — Béthel. Voir Genèse, xi, 8. 

6. * Cédes de Nephthali. « Les villes de la région (montagneuse de Nephthali) ont 
toutes ce trait commun de ressemblance qu'elles sont situées sur des rochers élevés 
au milieu des collines, au-dessus de vallées vertes et 81812168. De ces villes, la plus 
remarquable est Cédés de Nephthali, la patrie de Barac... Le village moderne cou- 
ronne la cime de la colline. Les fragments de colonnes qu'on rencontre sur cette 
colline, les tombeaux de toute espéce dans la vallée au-dessous et sur la place du 
village, les ruines de deux bâtiments considérables sur cette méme place, forment 
lensembie le plus considérable de vestiges archéologiques de toutes les villes de 
Galilée. La plaine verdoyante qui s'étend au nord et au sud de la colline et de la 
place du village est toute parsemée de térébinthes, assez nombreux pour servir 
d'illustration à la scène du campement de Jahel, sous des arbres de méme espèce, 
dans ce même lieu. » (STANLEY.) — Conduis l’armée sur la montagne de Thabor. Le 
Thabor est situé dans la tribu d’Issachar, sur la limite de Zabulon. Il se distingue par 
sa forme et par sa végétation abondante des autres montagnes de la Palestine. Vu du 
sud-ouest, il se dresse devant le spectateur comme un dôme gigantesque, complé- 
tement isolé. Il faut prés d'une heure de marche pour en atteindre la cime. Ses 
flancs sont couverts d'arbres propres à cacher les hommes qui s'y réfugient. Le 
sommet, dont on peut faire le tour en une demi-heure, est couvert en partie d'arbres, 
en partie de pelouses. 1/0511 domine de là toute la plaine d'Esdrelon : aucun mouve- 
ment des Chananéens ne pouvait échapper à Barac et à Débora. Les chars de Sisara 
ne pouvaient d'ailleurs y atteindre les Hébreux. — « Les cótés du Thabor sont iné- 
gaux, escarpés, d'une pente raide, couverts d'arbres odoriférants et d'arbrisseaux qui 
s'élévent dans les interstices des rochers; partout οὐ peut croitre l'herbe, la terre est 
tapissée de verdure et de fleurs. Les sentiers sont presque impraticables, et quelque 
bons que soient les chevaux, ils ont la plus grande peine à se tirer de certains pas- 
sages scabreux... Les écrivains qui ont assuré que [le sommet] se termine en pain de 
sucre se sont trompés. C'est un plateau d'environ une demi-heure d'étendue, où l'on 
ne rencontre que de l'herbe fort élevée, des broussailles, des arbustes, de petits 
bocages sur les points les plus éminents, et d'énormes tas de pierres... Le gibier 
fourmille partout; les endroits touffus et les creux des rochers servent de repaire à 
des panthères, des sangliers et autres animaux sauvages. » (DE GÉRAMB.) 

T. * A l'endroit du torrent de Cison, dans la plaine d'Esdrelon ou de Jezraél. La 
plaine a environ dix lieues de longueur du Carmel à la vallée du Jourdain, et cinq 
lieues de largeur, entre les montagnes de Gelboé et celles de Nazareth. Elle est iné- 
gale, surtout au levant et au couchant. C'est de Mageddo, oü était Sisara, daus la 
direction de Nazareth, au nord, qu'elle est le plus large etle plus unie. Mageddo, qui 
commande l'entrée de la plaine, au sud-ouest, Bethsan qui la commande à l'est, 
demeurérent des forteresses jusqu'au temps des Romains, sous le nom de Legio et 
de Scythopolis. Du temps de Sisara, les Chananéens habitaient encore en grand 
nombre dans ces deux villes, et devaient y étre les maitres. — Le torrent de Cison 
prend sa source sur le versant nord-est du Thabor; il arrose dans toute sa longueur, 
du nord-est au nord-ouest, la plaine d'Esdrelon et se jette dans la Méditerranée au 
nord du mont Carmel. Il a un grand nombre d'affluents, qui sont complètement 
à eec en été, mais forment des torrents considérables au moment des pluies, 


454 


Sisara, prince de l'armée de Ja- 
bin, ses chars et toute sa mul- 
titude, et je les livrerai en ta 
main. 

8. Et Barac lui répondit : Si 
vous venez avec moi, j'irai; si 
vous ne voulez pas venir avec 
moi, je n'irai pas. 

9. Debbora lui repartit : J'irai 
assurément avec 101 ; mais pour 
cette fois la victoire ne te sera 
point attribuée, parce que c'est 
dans la main d'une femme que 
sera livré Sisara. C'est pourquoi 
Debbora se leva et s'en alla avec 
Barac à Cédès. 

10. Barac, ayant mandé Zabu- 
lon et Nephthali, monta avec dix 
mille combattants, accompagné 
de Debbora. 

11. Or Haber le Cinéen s'était 
retiré depuis longtemps de tous 
ses autres frères, les Cinéens, fils 
d'Hobab, parent de Moise, et il 
avait tendu ses tabernacles jus- 
qu'à la vallée qui est appelée 
Sennim, et qui était près de Cé- 
dès. 

19. Et l'on annonça à Sisara, 
que Barac, fils d'Abinoem, était 
monté sur la montagne de Tha- 
bor. 

13. Et il assembla ses neuf 
cents chars armés de faux, et 
toute son armée qui vint de Ha- 


15. Ps. rxxxir, 10. 


LES JUGES. 


[cu. 1v.] 


roseth des nations au torrent de 
Cison. 

14. Alors Debbora dit à Barac : 
Lève-toi; car c'est le jour auquel 
le Seigneur a livré Sisara en tes 
mains : voilà que lui-méme est 
ton guide. C'est pourquoi Barac 
descendit de la montagne de 
Thabor, et dix mille combattants 
avec lui. 

15. Et le Seigneur épouvanta 
Sisara, tous ses chars et toute sa 
multitude, par le tranchant du 
glaive, à l'aspect de Barac; de 
telle sorte que Sisara s'élancant 
de son char, s'enfuit à pied, 

16. Que Barac poursuivit les 
chars qui s'enfuyaient et l'armée, 
jusqu'à Haroseth des nations, et 
que toute la multitude des enne- 
mis périt jusqu'à une entiere 
extermination. 

11. Mais Sisara fuyant parvint 
à la tente de Jahel, femme d'Ha- 
ber le Cinéen. Car il y avait paix 
entre Jabin, roi d'Azor, et la mai- 
son d'Haber le Cinéen. 

18. Jahel étant done sorti au- 
devant à la rencontre de Sisara, 
lui dit : Entre chez moi, mon sei- 
gneur; entre, et ne crains point. 
Sisara entré dans son tabernacle, 
et couvert par elle, de son man- 
teau, 

19. Lui dit : Donnez-moi, je 


11. * Le Cinéen. Voir la note sur Genése, xv, 19. — Sennim, signifie changer la 
tente, proprement charger les montures (pour changer de campement). Sennim est 
donc probablement un lieu οὐ campaient d'ordinaire les caravanes. 

18. De son manteau, selon l'hébreu, de la couverture. On sait que dans la langue 
sacrée, l'article déterminatif se met souvent pour le pronom possessif. Mais on ne 
sait au juste si ce pronom doit se rapporter à Sisara ou à Jahel. — * Les Orientaux 
se sont toujours servis pour dormir de leur manteau. « Ces gens-ci, écrivait du 
Maroc Eugène Delacroix, ne possèdent qu'une couverture dans laquelle ils marchent, 
ils dorment, et où ils seront un jour ensevelis. » 

19. * Jahel ouvrit l'outre du lait, lui donna à boire. « Les Bédouins savent préparer 
le lait 081116 d'une manière délicieuse; cette préparation est appelée Jében; on l'offre 


[cn. v.] 


vous prie, un peu d'eau, parce 
que jai une grande soif. Jahel 
ouvrit l'outre du lait, lui donna à 
boire et le couvrit. 

90. Alors Sisara lui dit : Tenez- 
vous devant la porte de votre ta- 
bernacle; et lorsque quelqu'un 
viendra, vous interrogeant, et 
disant: Est-ce qu'il n'y a point ici 
quelqu'un? Vous répondrez : Il 
n'y a personne. 

91. C'est pourquoi, Jahel, fem- 
me d'Haber prit le clou du taber- 
nacle, prenant également le mar- 

-teau ; et étant entrée secrètement 

et en silence, elle posale clou sur 
la tempe de sa téte, et apres la- 
voir frappé avec le marteau, elle 
lui enfonca dans le cerveau jus- 
qu'à terre : et Sisara joignant le 
sommeil à la mort défaillit et 
mourut. 

22. Et voilà que Barac, pour- 
suivant Sisara, arrivait; et Jahel 
étant sortie à sa rencontre, lui 
dit : Viens, et je te montrerai 
l'homme que tu cherches. Lors- 
que celui-ci fut entré chez elle, il 
vit Sisara étendu mort, etle clou 
enfoncé dans sa tempe. 

93. Dieu humilia done en ce 
jour-là Jabin, roi de Chanaan, de- 
vant les enfants d'Israél, 

94. Qui croissaient tous les 
jours, et qui d'une main forte op- 
primaient Jabin, roi de Chanaan, 


LES JUGES. 


455 
jusqu'à ce qu'ils l'eurent entière- 
ment détruit. 


CHAPITRE V. 
Cantique de Debbora. 


1. Or, Debbora et Barac, fils 
d'Abinoem, chanterent en cejour- 
là, disant : 

2. Vous qui des enfants d'Israél 
avez volontairement offert vos 
âmes au péril, bénissez le Sei- 
gneur. 

3. Ecoutez, rois; prétezl' oreille, 
princes; c'est moi, c'est moi qui 
chanterai le Seigneur; je célébre- 
rai par des hymnes le Seigneur 
Dieu d'Israël. 

4. Seigneur, lorsque vous sor- 
tiez de Séiret que vous passiez par 
les régions d'Edom, la terre s'é- 
mut, et les cieux etles nuées ver- 
serent goutteà goutte leurs eaux. 

9. Les montagnes s'écoulerent 
devant la face du Seigneur, et le 
Sinai devant la face du Seigneur 
Dieu d'Israél. 

0. Aux jours de Samgar, fils 
d'Anath, aux jours de Jahel, les 
sentiers se reposèrent, et ceux 
qui y entraient, marcherent par 
des routes détournées. 

7. Les forts manquèrent en Is- 
raël, et se reposèrent, jusqu'à ce 
que se levát Debbora, qu'elle se 
levát mère en Israël. 


aux hótes, mais on la considére généralement comme un mets délicat. Je sais par 
expérieuce qu'elle est trés rafraichissante pour le voyageur accablé par la fatigue et 
la chaleur, mais elle a aussi un effet soporifique étrange. Ce ne fut pas sans doute 
sans connaitre ses effets probables que Jahel donna à son hóte épuisé ce breuvage 
séducteur, qui devait lui procurer un sommeil profond et de bonne durée. » (CoxpEn.) 

21. Le clou, probablement, le clou principal, le plus gros; l'hébreu porte le pieu 
de la tente. — Quant à la conduite de Jahel envers Sisara, il est au moins des cir- 
constances qu'on ne saurait justifier, par exemple son mensonge formel, son manque 
de bonne foi; choses mauvaises en elles-mémes. Mais cela n'empéche point de 
rendre justice à ses intentions, qui étaient incontestablement pures et louables. 
Voyez ce que nous avons dit en parlant d'Aod, rr, 19, 


456 LES JUGES. 


8. Le Seigneur a choisi de nou- 
velles guerres, il a renversé lui- 
méme les portes des ennemis; 
est-ce qu'un bouclier et une lance 
paraissaient parmi les quarante 
mille d'Israël? 

9, Mon cœur aime les princes 
d'Israél: vous qui volontairement 
vous étes offerts au danger, bé- 
nissez le Seigneur. 

10. Vous qui montez sur des 
ânes brillants, qui siégez dans le 
jugement et qui marchez dans la 
voie, parlez. 

11. Que là oü les chars ont été 
brisés et l'armée des ennemis 
étouffée on raconte les justices 
du Seigneur, sa clémence envers 
les forts d'Israél. Alors le peuple 
du Seigneur descenditaux portes, 
et il acquit la principauté. 

19. Lève-toi, lève-toi, Debbora, 
lève-toi, lève-toi, et dis un can- 
tique. Leve-toi, Barac, saisis tes 
captifs, fils d'Abinoem. 

13. Ils ont été sauvés les débris 
du peuple, le Seigneur a com- 
battu parmi les forts. 

14. Un Aéros sorti. d'Ephraim 
les a détruits dans Amalec, et 
apres lui un autre est sorti de 
Benjamin contre tes peuples, ὃ 
Amalec : des princes sont descen- 
dus de Machir, et des querriers 
de Zabulon, pour conduire l'ar- 
mée au combat. 

15. Les chefs d'Issachar ont été 


[ca v.] 
avec Debbora, et ont suivi les 
traces de Barac, qui s'est jeté 
dans le danger comme dans un 
précipice et un abime. Ruben 
étant divisé contre lui-méme, une 
dispute s'est élevée entre les ma- 
gnanimes. 

16. Pourquoi habites-tu entre 
deux limites pour entendre les 
cris aigus des troupeaux? Ruben 
étant divisé contrelui-méme, une 
dispute s'est élevée entre les 
magnanimes. 

11. Galaad se reposait au delà 
du Jourdain, et Dan vaquait à ses. 
vaisseaux : Aser habitait sur le 
rivage de la mer etse tenait dans 
les ports. 

48. Mais Zabulon et Nephthali 
offraient leurs âmes à la mort 
dans la région de Méromé. 

19. Des rois sont venus, et ont 
combattu; les rois de Chanaan 
ont combattu à Thanach près des 
eaux de Mageddo, et toutefois, 
butinant, ils n'ont rien emporté. 

90. On acombattu du ciel contre 
eux;les étoiles, demeurant dans 
leur rang et dans leur cours, ont 
combattu contre Sisara. 

91. Le torrent de Cison a en- 
traîné leurs cadavres; le torrent 
de Cadumim, le torrent de Cison : 
mon âme, foule aux pieds. les 
forts. 

99. La corne des chevaux est 
tombée, les plus vaillants des en- 


"————— —À ——M——À——— —1O AAA S0 :————— —— À—— Ó—MáÁ— Á—— m n — 


8. Est-ce que; littér. si. Cette particule est souvent en hébreu interrogative, ou 
négative; on pourrait donc traduire aussi: Ni lance ni bouclier ne paraissaient. 
10. Dans la Palestine, les juges et les principaux du pays n'avaient que des ânes 


pour monture, Voy. X, 4; xit, 14. 


414. Ce verset, qui est différent dans l'hébreu et aussi obscur que dans la Vulgate 
par sa concision, se traduit diversement; nous avons choisi l'interprétation qui nous 


a paru la plus conforme au texte latin. 


91. * Le torrent de Cadumim; c'est-à-dire le torrent des combats. Le torrent de 
Cison s'appelle aujourd'hui Nahr el-Mukatta, /a rivière du Massacre. 


[cx. vi.) LES JUGES. 457 
nemis fuyant avec impétuosité et | t-il à revenir? pourquoi les pieds 


se renversant précipitamment. des chevaux de ses quadriges 
293. Maudissez la terre de Mé- | tardent-ils? 
roz, dit l'ange du Seigneur; mau- 29. Une des femmes de Sisara, 


dissez ses habitants, parce qu'ils | plus sage que les autres, répon- 
ne sont pas venus au secours du | dit à sa belle-mère ces paroles : 
Seigneur, en aide à ses plus vail- 30. Peut-étre que maintenant il 
lants. partage des dépouilles, et que la 

94. Bénie entre les femmes, | plus belle des femmes est choi- 
Jahel, femme d'Haber, le Cinéen! | sie pour lui; on donne à Sisara 
et qu'elle soit bénie dans son ta- | des vétements de diverses cou- 
bernacle. - leurs pour butin, et on lui amasse 

95. A Sisara demandant de | un assortiment varié pour orner 
l'eau, dans la coupe des princes, | son cou. 
elle donna du lait, et elle présen- 31. Ainsi périssent tous vos en- 
ta du beurre. nemis, Seigneur! mais que ceux 

26. Elle a mis la main gauche | qui vous aiment, brillent, comme 
au clou, et la main droite à des | le soleil resplendit à son lever. 
marteaux d'ouvriers, et elle 8 | 32. Et le pays se reposa durant 
frappé Sisara, cherchant à sa tête | quarante ans. 
un endroit pour la blessure, et | 
lui percant fortement la tempe. CHAPITRE VI. 

97. Il tomba à ses pieds, défail- | Servitude des Israélites sous les Madia- 
lit et mourut; il se roulait à ses nites; Gédéon est choisi de Dieu pour 
pieds, et il gisait inanimé et | l^ délivrer. 
digne de pitié. 1. Maisles enfanis d'Israél firent 

28. Regardant par la fenêtre, | le mal en la présence du Sei 
sa mère poussait des cris per- | gneur, qui les livra à la main de 
cants, et de sa chambre, elle | Madian pendant sept ans, 
disait : Pourquoi son char differe- 2. Et ils furent trés opprimés 


33. * Méroz, probablement le Kephr Murs actuel. 

24-21. Voyez ce que nous avons dit de l'action de Jahel, iv, 91. 

26. Au clou. Voy. 1v, 21. — A des marteaux; dans lhébreu, ἃ un marteau d'ou- 
vriers. 

31. * Le cantique de Debbora est d’une belle et forte poésie; c’est un des monuments 
littéraires les plus remarquables de l'antiquité, mais ce qui le caractérise surtout, 
c’est que la prophétesse le consacre à la louange du Dieu des combats qui a vaincu 
par Israél, et non à la glorification des vainqueurs : les chefs et les soldats ne pa- 
raissent qu'au second plan; c'est Dieu qui tient la première place. Cet admirable 
cantique se compose de trois parties, chacune de trois strophes : I. Introduction, 
v, 2-8; 19 Adresse du poème, 2-3; 20 Puissance de Jéhovah, gage de victoire pour les 
Hébreux fidèles, 4-5; 39 Malheurs d'Israël avant Debbora, 6-8. — 11. Préparatifs du 
combat, 9-17; 1o Nouvelle exhortation à tous ceux qui doivent chanter et bénir Jého- 
,תפצ‎ 9-12; 2° Enumération des combattants, 19-15c; 3° Reprochesaux tribus qui n'ont 
pas secouru leurs frères, 154-17. — 111. Tableau du combat et de ses suites, 18-31; 
4° Description de la bataille, 18-22; 2» Malédiction de Méroz, bénédiction de Jahel, 
23-21; 3° Inquiétude et illusions de la mère et des femmes de Sisara; souhait fiual, 
28-31. — Herder appelle ce poème « le plus beau chant héroïque des Hébreux... 
Chez Debbora, dit-il, tout est présent, vivant, agissaut. » 


438 LES JUGES. 


par eux. Ils se firent des antres 
et des cavernes dans les mon- 
tagnes, et des lieux très fortifiés 
pour se défendre. 

3. Lorsqu'Israél avait semé, 
montaient Madian et Amalec et 
tous les autres peuples des na- 
tions orientales ; 

4. Et plantant chez eux leurs 
tentes, comme ils étaient au mi- 
lieu des moissons, ils ravageaient 
tout jusqu'à Gaza; et ils ne lais- 
saient absolument rien en Israél, 
de tout ce qui était nécessaire à 
la vie, ni brebis, ni bœufs, ni 
ânes. 

5. Car ils venaient eux-mêmes 
et tous leurs troupeaux avec 
leurs tabernacles ; et comme des 
sauterelles, cette multitude in- 
nombrable d'hommes et de cha- 
meaux remplissait tout, rava- 
geant tout ce qu'elle touchait. 

6. Israel fut donc tres humilié 
en présence de Madian. 

7. Et il cria au Seigneur, de- 
mandant secours contre les Ma- 
dianites . 

8. Le Seigneur leur envoya un 
homme, prophète, qui leur dit : 
Voici ce que dit le Seigneur Dieu 


(cg. vi.] 


d'Israél: C'est moi qui vous ai 
fait monter de l'Egypte, et qui 
vous ai retirés de la maison de 
servitude ; 

9. Je vous ai délivrés de la main 
des Egyptiens, et de tous les en- 
nemis qui vous affligeaient; je 
les ai chassés à votre entrée, et je 
vous ai livré leur terre. 

10. Et j'ai dit : Je suis le Sei- 
gneur votre Dieu, ne craignez 
point les dieux des Amorrhéens 
dans la terre desquels vous habi- 
tez. Et vous n'avez pas voulu 
écouter ma voix. 

11. Or, vint l'ange du Seigneur 
et 11 s'assit sous le chêne qui était 
à Ephra et qui appartenait à 
Joas, pere de la famille d'Ezri. Et 
comme Gédéon, son fils, battait 
et vannait du blé dans le pressoir 
pour échapper à Madian, 

12. L'ange du Seigneur apparut 
et lui dit : Le Seigneur est avec 
toi, ὃ le plus fort des hommes! 

13. Et Gédéon lui répondit : Je 
vous conjure, mon seigneur, si 
le Seigneur est avec nous, pour- 
quoi tout cela a-t-il fondu sur 
nous? Oü sont ses merveilles que 
nous ont racontées nos peres? 


3. * Tous les autres peuples des nations orientales. En hébreu, Bené-Qédem, ou F'ils 
de l'Orient, désignent toujours dans la Bible les Arabes nomades ou Bédouins qui 
habitent l'Arabie déserte, depuis la Pérée jusqu'à l'Euphrate. Juges, vt, 3, 33; vit, 12; 
Job, 1, 3; III Rois, v, 10; Isaie, xt, 14; Jérémie, xux, 28 (où Bené-Qédem désigne spé- 
cialement les Bené-Qédar ou habitants du Hauran); Ezéchiel, xxv, 4, 10. 

4. Des moissons; littér. des herbes; hébr., du produit de la terre. — * Jusqu'à Gaza. 
Voir Josué, x, 41. 

11. * Ephra, localité située à l'ouest du Jourdain, dans la tribu de Manassé, mais 
dont la position précise est inconnue. — Dans le pressoir. Les pressoirs, en Palestine, 
se composaient de deux espèces de cuves, de niveau différent. On foulait les raisins 
dans la cuve supérieure, etle jus coulait, par une rigole creusée dans la pierre, dans 
la cuve inférieure, généralement plus grande, et oà l'on pouvait cacher hommes et 
provisions. Afin de n'étre pas remarqué par les Madianites, qui ródaient déjà peut- 
étre aux alentours, Gédéon dépiquait les épis, non dans l'aire, mais dans le pressoir, 
et renfermait probablement ensuite le grain dans la cuve destinée à recevoir le vin. 

11-24. Quoi qu'en disent les incrédules et les mythologues de nos jours, il n'y a 
rien dans l'histoire de Gédéon qui, en bonne critique, autorise à la regarder comme 
un lissu de faussetés et d'aventures ridicules, ni comme une pure fiction mythique. 


[cg. vr.] 


car ils ont dit : Le Seigneur nous 
a retirés de l'Egypte. Mais main- 
tenant le Seigneur nous a aban- 
donnés, et nous a livrés à la 
main de Madian. 

14. Et le Seigneur le regarda 
et dit: Vaavec cette tienne force, 
et tu délivreras Israél de la main 
de Madian. Sache que je t'ai en- 
voyé. 

15. Gédéon répondant, dit : Je 
vous conjure, mon seigneur, 
comment délivrerai-je Israël? 
Voilà que ma famille est la der- 
nière en Manassé, et que moi je 
suis le plus petit dans la maison 
de mon père. 

16. Et le Seigneur lui dit : Moi- 
même, je serai avec toi, et tu 
battras Madian comme un seul 
homme. 

17. Alors Gédéon : Si j'ai, dit-il, 
trouvé gráce devant vous, don- 
nez-moi un signe que c'est vous 
qui me parlez. 

18. Et ne vous retirez point 
d'ici, jusqu'à ce que je retourne 
vers vous, portant mon sacrifice, 
et vous l'offrant. L'ange lui ré- 
pondit : Oui, jattendrai ton re- 
tour. 

19. C'est pourquoi Gédéon en- 
tra chez lui, et fit cuire un che- 


Cuar. VI. 14, I Rois, xir, 11. 


LES JUGES. 459 


vreau et des pains azymes d'une 
mesure de farine, et placant la 
chair dans la corbeille, et le jus de 
la chair dans la marmite, il porta 
le tout sous le chéne, et le lui 
offrit. 

20. L'ange du Seigneur lui dit : 
Prends la chair et les pains azy- 
mes, et pose-les sur cette pierre, 
et verse le jus dessus. Lorsqu'il 
eut fait ainsi, 

21. L'ange du Seigneur étendit 
le bout de la verge qu'il tenait à 
la main, et il toucha la chair et 
les pains azymes : etle feu monta 
de la pierre, et consuma la chair 
et les pains azymes ; mais l'ange 
du Seigneur disparut de devant 
ses yeux. 

22. Et Gédéon, voyant que c'é- 
lait l'ange du Seigneur, dit : Ηό- 
las! Seigneur mon Dieu, j'ai vu 
l'ange du Seigneur face à face. 

23. Et le Seigneur lui répon 
dit : Paix avec toi! ne crains 
point, tu ne mourras pas. 

24. Gédéon bâtit donc là un 
autel au Seigneur et il l'appela 
Paix du Seigneur, jusqu'au pré- 
sent jour. Et lorsqu'il était encore 
à Ephra, qui est à la famille 
d'Ezri, 

95. Le Seigneur lui dit en cette 


14. Va avec cette tienne force. Nous avons cru devoir conserver cette locution, qui 
se trouve dans toute les anciennes versions françaises, et qu'aucune autre ne saurait 


convenablement remplacer. 


19. * Un chevreau. Voir la note sur I Rois, xvi, 20. 

20-21. * Pour lui offrir à manger, parce qu'il ne savait pas que c'était un ange, 
disent les uns; pour offrir un sacrifice à Dieu, disent les autres, en plus grand 
nombre. Mais les détails donnés, Jug., vi, 19, indiquent un repas, uon un sacrifice, 
car dans le sacrifice on n'apportait pas la victime cuite. 

24. Jusqu'au présent, etc. 1| y a devant cette expression l'ellipse de la phrase : E4 


il a été ainsi appelé. Compar. 1, 26. 


25.* Baal. Baal était le principal dieu chananéen, Baal signifie Je Seigneur, le 
Maitre, et ce nom devait étre un des noms primitifs du vrai Dieu. On le représenta 
d'abord sous la forme d'une pierre conique, .voir la note sur IV Rois, ,זוז‎ 2. Dans les 


460 LES JUGES. 


nuit-là : Prends le taureau de 
ton père et un autre taureau de 
sept aus, et tu détruiras l’autel 


de Baal, qui est à ton père; et le | 


bois qui est autour 06 1 
coupe-le. 

26. Tu bâtiras aussi un autel au 
Seigneur ton Dieu sur le sommet 
de cette pierre, sur laquelle tu as 
déjà posé le sacrifice; et tu pren- 
dras avec toi le second taureau, 
et tu offriras un holocauste sur 
un amas d'arbres que tu auras 
coupés de ce bois. 

27. Gédéon ayant donc pris dix 
hommes de ses serviteurs, fit 
comme lui avait ordonné le Sei- 
gneur. Mais craignant la maison 
de son pére et les hommes de 
cette ville-là, il ne voulut pas le 


[cu. vi.) 


cette ville se furent levés au ma- 
tin, ils virent l'autel de Baal dé- 
truit, le bois coupé, et le second 
taureau mis sur l'autel qui venait 
d'étre báti. 

29. Alors ils se dirent les uns 
aux autres : Qui a fait cela? Et 
comme ils cherchaient partout 
l'auteur du fait, on leur dit : C'est 
Gédéon, fils de Joas, qui a fait 
toutes ces choses. 

30. Et ils dirent à Joas : Fais 
venir ton filsici, afin qu'il meure, 
parce qu'il a détruit l'autel de 
Baal, et qu'il a coupé le bois. 

31. Joas leur répondit : Est-ce 
que vous étes les vengeurs de 
0881, pour que vous combattiez 
pour lui? Que celui qui est son 
ennemi, meure avant que la lu- 


mière de demain ne vienne. S'il 
est dieu, qu'il se venge lui-méme 
de celui qui a démoli son autel. 


faire pendant le jour, mais il ac- 
complit toutes choses de nuit. 
28. Et lorsque les hommes de 


derniers temps, on le figura la téte entourée de rayons. C'était en effet le soleil 
divinisé, et aussi la nature considérée comme dieu. On distingua un grand nombre 
de Baals, qu'on considéra peu à peu comme des dieux différents, mais qui n'étaient 
en réalité que des personnifications des attributs du Baal principal ou bien ce Baal 
honoré en des lieux différents. Considéré comme présidant aux traités et aux alliances, 
il devint Baal-Berith, Juges, 1x, 4; comme roi, il prit chez les Ammonites le nom de 
Moloch, Milcom ou Malkom; comme dieu des mouches, ces insectes si nombreux et 
si désagréables en Palestine, il fut appelé Béelzébub, IV Rois, r, 2. Sur le mont 
Hermon, on l'appelait Baalhermon, Juges, 11, 3, et Baalgad : à Hazor, il devenait 
Baalhazor, 1] Rois, xur, 23; à Peor ou Phégor, Béelphégor; comme maître des cieux, 
c'était Baal-samaim; comme dieu-soleil, c'était Baal-salakh, le dieu qui lance ses 
rayons ou Baal-haman, le dieu flamboyant. Le Baal, père des autres Baals, quand 
le souvenir de l'unité primitive de Dieu eut été oubliée, fut appelé avec l'article, 6 
Baal par excellence. Il. exerca son influence sur les fruits de la terre, et les autres 
Baals, qui étaient censés plus jeunes, représentèrent les influences spéciales du 
soleil sur la terre. — On célébrait son culte avec une grande pompe, puisque du 
temps du prophète Elie, sous Achab, le texte sacré nous parle de quatre cent cin- 
quante prêtres de Baal et de quatre cents prêtres d'Aschéra, 111 Rois, xvin, 19-40; 
Jérémie, n, 28. Ses autels étaient nombreux, Jérémie, x, 13; 11] Rois, מטא‎ 32; 
IV Rois, xi, 18. On lui offrait des holocaustes et méme des victimes humaines, Jéré- 
mie, xix, 5. Les sacrificateurs exécutaient autour de l'autel des danses frénétiques, 
accompagnées de cris sauvages : ils se meurtrissaient eux-mémes et s'enlevaient avec 
des instruments tranchants des lambeaux de chair pour attirer l'attention du dieu, 
var la vue de leur corps ensanglanté, 11] Rois, xvin, 26-28. La nature et le soleil 
étaient adorés par les Moabites et parles Ammonites, sous le nom de Moloch. 

26. On peut supposer qu'il n'est parlé que du second taureau, que parce que c'est 
;elui que Gédéon immola en holocauste pour les péchés de la nation; tandis quil 
vait offert avec 16 premier un sacrifice particulier pour lui et pour sa famille. 


[cn. vir.) 


32. Depuis ce jour Gédéon fut 
appelé Jérobaal, parce que Joas 
avait dit : Que Baal se venge de 
celui qui a démoli son autel. 

33. Ainsi, tout Madian, Amalec 
et les peuples orientaux se réu- 
nirent, et passant le Jourdain, ils 
camperent dans la vallée de Jez- 
raél. 

34. Mais l'esprit du Seigneur 
remplit Gédéon, qui sonnant de 
latrompette, convoqua la maison 
d'Abiézer, afin qu'elle le suivit. 

98. Et il envoya des messagers 
à tout Manassé, qui, lui aussi, le 
suivit; et il envoya d'autres mes- 
sagers à Aser, à Zabulon et à 
Nephthali qui vinrent à sa rencon- 
ire. 

36. Alors Gédéon dit à Dieu : Si 
vous sauvez par ma main Israël, 
comme vous avez dit, 

37. Je mettrai cette toison dans 
l'aire: s’il y a dela rosée sur la toi- 
son seule, et sur toute la terre de 
la sécheresse, je saurai que c’est 
par ma main, comme vous avez 
dit, que vous délivrerez Israél. 

38. Et il fut fait ainsi. Et se le- 
vant de nuit, et pressant la toi- 
son, il remplit une conque de ro- 
sée. 


LES JUGES. 461 


39. Et Gédéon dit de nouveau 
à Dieu : Que votre fureur ne s'ir- 
rite point contre moi, si je fais 
encore une fois une tentative, er 
demandant un signe dans la toi- 
son.Je demande que la toison 
seule soit sèche, et que toute la 
terre soit mouillée de rosée. 

40. Et Dieu fit en cette nuit-là, 
comme il avait demandé : et il y 
eut de la sécheresse sur la toison 
seule, et de la rosée sur toute la 
terre. 


CHAPITRE VII. 


Gédéon, avec trois cents hommes, défait 
les Madianites. 


1. Ainsi Jérobaal, c'est-à-dire, 
Gédéon, se levant de nuit, et tout 
le peuple avec lui, vint à la fon- 
taine qui est appelée Harad. Or, 
le camp de Madian était dans la 
vallée vers le cóté septentrional 
de la colline fort élevée. 

2. Et le Seigneur dità Gédéon : 
Il y a avec toi un peuple nom- 
breux ; mais Madian ne sera point 
livré en ses mains; de peur qu'Is- 
raél ne se glorifie contre moi, et 
ne dise : C'est par mes propres 
forces que j'ai été délivré. 

3. Parle au peuple, et, tous 


(ΒΑΡ. VII. 3. Deut., xx, 8; I Mach., ur, 56. 


33. * Ils campèrent dans la vallée de Jezraél. La plaine de Jezraél a toujours exercé 
sur les enfants du désert une fascination irrésistible. De temps immémorial, au com- 
mencement du printemps, ils traversent le Jourdain et se dirigent vers Bethsan, 
qui, pour eux, est comme la porte du ciel. La plaine de Jezrael est bien en effet un 
petit paradis et digne de son nom de « semence de Dieu. » Elle charme tous les 
voyageurs par la richesse de son sol et l'exubérance de sa végétation. Cette exu- 
bérance est telle, qu'un homme à cheval y disparait presque au milieu des hautes 
herbes. En avril, le blé ondule dans la vaste campagne. 


1. Vers le côté septentrional de la colline fort élevée. Cette colline porte dans l'hé- 
breu le nom de mont Moréh; c'est le petit Hermon, au nord du mont Gelboé. Les 
habitants l'appellent aujourd'hui Duhy. 

3. * Parle au peuple, conformément à la loi du Deutéronome, xx, 8. — De la mon- 
tagne de Galaad. 1] n'est pas douteux que Gédéon ne campát sur le mont Gelboé, 
sur le versant septentrional, à l'extrémité occidentale. Le texte porte à la vérité, le 


462 LES JUGES, 


l'entendant, publie : Que celui qui 
est craintif et timide s'en retour- 
ne. Et vingt-deux mille hommes 
du peuple se retirèrent de la 
montagne de Galaad et s'en re- 
tournèrent; et seulement dix 
mille restèrent. 

4. Alors le Seigneur dit à Gé- 
déon : Le peuple est encore nom- 
breux; mène-les près de l'eau, et 
là, je les éprouverai : et celui 
dont je te dirai, qu'il aille avec 
toi, que celui-là parte; que celui 
à qui je défendrai d'aller, s'en re- 
tourne. 

5. Et lorsque le peuple fut des- 
cendu pres de l'eau, le Seigneur 
dit à Gédéon : Ceux qui de la 
langue laperont leau comme 
les chiens ont coutume de laper, 
tu les mettras à part; mais ceux 
qui, les genoux courbés, boiront, 
seront d'un autre côté. 

6. Or, le nombre de ceux qui 
laperent l'eau, leur main la por- 
tant à leur bouche, fut de trois 
cents hommes; mais tout le reste 
dela multitude avait bu, le genou 
fléchi. 

7. Et le Seigneur dit à Gédéon : 
C'est par les trois cents hommes 
qui ont lapé l'eau que je vous dé- 
livrerai, et queje livrerai en votre 
main Madian; mais que tout le 
reste dela multitude s'en retour- 
ne dans ses foyers. 


(cn. vir.] 

8. C'est pourquoi, ayant pris 
des vivres et des trompettes en 
proportion du nombre de. ces 
hommes, il ordonna au reste de 
la multitude de se retirer dans 
ses tabernacles; et lui-même 
avec les trois cents hommes se 
réserva pour le combat. Or le 
camp de Madian était en bas dans 
la vallée. 

9. La méme nuit, le Seigneur 
lui dit : Lève-toi, et descends 
dans le camp, parce que je les ai 
livrés en ta main ; 

10. Mais si tu crains d'aller seul, 
que Phara, ton serviteur, descen- 
de avec to . 

11. Etlorsque tu auras entendu 
ce qu'ils disent, tes mains se for- 
tifieront, et tu descendras plus 
rassuré dans le camp des enne- 
mis. ll descendit done, lui et 
Phara, son serviteur, dans la par- 
tie du camp oü étaient les postes 
des hommes armés. 

19. Or, Madian et Amalec et 
tous les peuples orientaux étaient 
couchés épars dans la vallée, 
comme une multitude de saute- 
relles :les chameaux aussi étaient 
innombrables comme le sable 
qui est sur le rivage de la mer. 

13. Et lorsque Gédéon se fut 
avancé, quelqu'un racontait ainsi 
à son voisin un songe qu'il avait 
vu: J'ai vu un songe; or, je voyai; 


A ——— ——————— 


mont Galaad, mais il ne peut étre question des montagnes de Galaad, situées à l'est 
du Jourdain, puisque nous verrons tout à l'heure les Madianites obligés de traverser 
le Jourdain pour passer à l'est. Il faut donc ou que Galaad füt un des noms du 
mont Gelboé, ou que Galaad soit écrit ici pour Gelboé. 

5. * Près de l'eau de la fontaine d'Ain-Harod, aujourd'hui Ain-Djaloud, source 
abondante au pied du mont Gelboé, au nord-ouest. Elle sort de dessous un gros 
rocher, creusé intérieurement comme une caverne, et surplombant au-dessus du 
grand bassin, de forme demi-circulaire, où l'eau se répand en nappe, et où jouent 
de nombreux poissons. Elle se divise ensuite en deux canaux. 

41. Tes mains, etc. Tu deviendras plus fort; tu te sentiras plus de vigueur. 

13. A la tente, principale, celle du roi, selon l'historien Josèphe; ou bien à 4 


]68. vir.] 


comme un pain d'orge cuit sous 
la cendre rouler, et descendre 
dans le camp de Madian, et lors- 
qu'il est parvenu à la tente, il l'a 
frappée, l'a renversée et jetée 
entierement à terre. 

14. Celui à qui il parlait répon- 
dit : Cela n'est pas autre chose 
que le glaive de Gédéon, fils de 
Joas, homme d'Israël ; car le Sei- 
gneur alivré en ses mains Madian 
et tout son camp. 

15. Et lorsque Gédéon eut en- 
tendu le songe et son interpréta- 
tion, il adora ; et il retourna au 
camp d'Israél, et dit : Levez- vous, 
car le Seigneur a livré en nos 
mains le camp de Madian. 

16. Alors il divisa les trois cents 
hommes en trois parties, et il mit 
des trompettes en leurs mains, 
et des cruches vides et des lampes 
au milieu des cruches. 

11. Etil leur dit : Ce que vous 
me verrez faire, faites-le : j'en- 
trerai dans une partie du camp, 
et ce que je ferai, imitez-le. 

18. Quand la trompette sonnera 
dans ma main, vous aussi sonnez 
autour du camp, et criez ensem- 
ble : Au Seigneur et à Gédéon! 

19. Gédéon entra done et les 
irois cents hommes qui étaient 
aveclui, dans une partie du camp, 
les veilles du milieu de la nuit 
commencant, puis, les gardes 
étant réveillés, ils commencèrent 


99. Ps. Lxxxi, 10. 


LES JUGES. 


463 


à sonner des trompettes, et à 
heurterleurs cruches l'une contre 
l'autre. 

20. Et ayant sonné autour du 
camp en trois endroits, et ayant 
brisé les cruches, ils tinrent les 
lampes de la main gauche, son- 
nant des trompettes de la droite, 
et ils crierent : Le glaive du Sei- 
gneur et de Gédéon! 

21. Se tenant chacun à son 
poste autour du camp des enne- 
mis. C'est pourquoi tout le camp 
fut troublé; et vociférant et hur- 
lant ils s'enfuirent. 

22. Et néanmoinsles trois cents 
hommes continuaient à sonner 
des trompettes. Alors le Seigneur 
envoya le glaive dans tout le 
camp, etils se tuaient les uns les 
autres. 

23. Fuyant jusqu'à Bethsetta 
et au bord d'Abelméhula en Teb- 
bath. Mais les hommes d'Israël 
des tribus de Nephthali, d'Aser et 
de toute la tribu de Manassé, 
criant ensemble, poursuivaient 
Madian. 

24. Et Gédéon envoya des mes- 
sagers sur toute la montagne d'E- 
phraim, disant : Descendez à la 
rencontre de Madian, et empa- 
rez-vous des eaux jusqu'à Beth- 
béra et jusqu'au Jourdain. Et 
tout Ephraim cria et s'empara 
des eaux et du Jourdain jusqu'à 
Bethbéra. 


tente; car en hébreu, comme en francais, l'article déterminatif se met souvent pour 


le pronom possessif. 


23. * Bethsetta, peut-être la Chouttah actuelle. — A4belméhula, patrie d'Elisée, était 
dans la tribu d'Issachar, au sud de Bethsan, sur la route qui conduit de l'extrémité 
occidentale du lac de Génésareth à Sichem. — Tebbath, localité inconnue. 

94. * Emparez-vous des eaux, des gués. l| n'y avait sur le Jourdain ni ponts ni 
barques. Il fallait donc chercher nécessairement, pour le passer, les endroits oü l'eau 
était peu profonde. — Jusqu'à Bethbéra, peut-étre le Bethabura de Jean, r, 18. 


464 

95. Et ayant pris deux hommes 
de Madian, Oreb et Zeb, ils tué- 
rent Oreb, au rocher d'Oreb, mais 
Zeb au pressoir de Zeb. Et ils 
poursuivirent Madian, portant 
les tétes d'Oreb et de Zeb à Gé- 
déon au delà des courants du 
Jourdain. 


CHAPITRE VIII. 


Gédéon apaise les enfants d'Ephraim. ll 
met à mort Zébéé et Salmana. Il fait 
faire un éphod. Mort de Gédéon. 


1. Et les hommes d'Ephraim 
lui dirent : Qu'est-ce que tu as 
voulu faire, en ne nous appelant 
point, lorsque tu allais au com- 
bat contre Madian? le querellant 
fortement et lui faisant presque 
violence. 

2. Gédéon leur répondit : Qu'ai- 
je donc pu faire de semblable à 
ce que vous-mémes avez fait? 
Une grappe de raisin d'Ephraim 
ne vaul-elle pas mieux que les 
vendanges d'Abiézer. 

3. Gest en vos mains que le 
Seigneur a livré les princes de 
Madian, Oreb et Zeb. Qu'ai-je 
pu faire de semblable à ce que 
vous-mémes avez fait? Lorsqu'il 
leur eut dit cela, l'esprit dont ils 


25. Ps. rxxxit, 12; Isaie, x, 26. 


LES JUGES. 


[en.. vri.] 


étaient animés contre lui s'apaisa. 

4. Et lorsque Gédéon fut venu 
au Jourdain, il le passa avec les 
trois cents hommes qui étaient 
avec lui; mais à cause de leur 
lassitude, ils ne pouvaient pour- 
suivre les fuyards. 

9. Et il dit aux hommes de Soc- 
coth : Donnez, je vous prie, des 
pains aux gens qui sont avec moi, 
parce qu'ils ont défailli, afin que 
nous puissions poursuivre Zébéé 
et Salmana, rois de Madian. 

6. Les princes de Soccoth ré- 
pondirent : Peut-être que les pau- 
mes des mains de Zébéé et de 
Salmana sont en ta main, et c'est 
pour cela que tu demandes que 
nous donnions des pains à ton 
armée. 

7. Gédéon leur répliqua : Lors 
done que le Seigneur aura livré 
Zébéé et Salmana en mes mains, 
je déchirerai votre chair avec les 
épines et les ronces du désert. 

8. Et de là, montant, il vint à 
Phanuel; et il dit aux hommes de 
ce lieu des choses semblables; et 
ceux-ci lui répondirent, comme 
avaient répondu les hommes de 
Soccoth. 

9. C'est pourquoi il leur dit à 


25. Deux hommes. Voy. vir, 3. — Au rocher, etc., [c'est-à-dire que ce rocher et ce 
pressoir portérent dans la suite, l'un et l'autre, le nom du prince qui y avait été 
tué. — * Le pressoir se composait d'une cuve supérieure et d'une cuve inférieure. 
Voir la note plus haut, vi, 11. Zeb s'était caché dans la cuve inférieure d'un pressoir 
et c'est là qu'il fut tué. : 


1-3, * Cet épisode est raconté par anticipation pour en finir d'un coup avec les 
Ephraimites, dont l'auteur vient de faire connaitre les exploits dans la prise d'Oreb 
et de Zeb. Les plaintes des Ephraimites ne peuvent avoir été exprimées que lorsque 
l'expédition fut finie. 

2. Une grappe, etc. Le sens est : La tribu d'Ephraim ne vaut-elle pas mieux à elle 
seule que toute la famille des Abiézérites à laquelle j'appartiens? ou bien encore: 
5e que vous venez de faire ne vaut-il pas mieux que mon exploit? J'ai commencé 
,& guerre, et vous l'avez achevée. 

9. * Soccoth, aujourd'hui Tell-Derala, 


[cn. vi.) 


eux aussi : Lorsque je serai reve- 
nu en paix victorieux, je détrui- 
rai cette tour. 

10. Mais Zébéé et Salmana se 
reposaientavec toute leur armée ; 
car il était resté quinze mille 
hommes de toutesles troupes des 
peuples orientaux, cent vingt 
mille guerriers, tirant le glaive, 
ayant été taillés en pieces. 

11. Et Gédéon, montant par la 
voie de ceux qui demeuraient 
dans les tabernacles, vers la par- 
[16 orientale de Nobé et de Jeg- 
baa, battit le camp des ennemis, 
qui étaient en sécurité, et ne soup- 
connaient rien de fácheux. 

12. Or Zébéé et Salmana s'en- 
fuirent; et Gédéon, les poursui- 
vant, les prit, toute leur armée 
ayant été mise en désordre. 

13. Etrevenant du combatavant 
le lever du soleil, 

14. Il prit un jeune garcon d'en- 
tre les hommes de Soccoth, et il 
l'interrogea sur les noms des 
princes et des anciens de Soccoth, 
et il écrivit soixante - dix - sept 
hommes. 

15. IL vint ensuite à Soccoth, 
et il leur dit : Voici Zébes et Sal- 
mana, au sujet desquels vous 


LES JUGES. 465 


m'avez insulté, disant : Peut-étre 
que les mains de 26266 et Sal- 
mana sont en tes mains, et c'est 
pour cela que tu demandes que 
nous donnions des pains à tes 
hommes qui sont las et qui ont 
défailli. 

16. Il prit donc les anciens de 
la ville, et les épines et les ron- 
ces du désert et il en déchira et 
mit en pièces les hommes de Soc- 
coth. 

17. ll renversa aussi la tour de 
Phanuel, les habitants de la ville 
ayant été tués. 

18. Et il dit à 26266 et à Salma- 
na: Comment étaient leshommes 
que vous avez tués au Thabor? 
Ils répondirent : Semblables à 
toi, et l'un d'eux, comme le fils 
du roi. 

19. Gédéon leur repartit : C'é- 
taient mes freres, les fils de ma 
mere. Le Seigneur vit! si vous 
les aviez conservés, je ne vous 
tuerais pas. 

20. Et il dit à Jéther son pre- 
mier-né : Lève-toi, et tue-les. Jé- 
ther ne tira pas son glaive, car il 
craignait, parce qu'il était encore 
jeune. 

21. Alors Zébéé et Salmana di- 


Cua». VIII. 11. Osée, x, 14. — 21. Ps. rxxxu, 12. 


16. Les hommes. Il est trés probable que par ce mot il faut entendre les seuls per- 
sonnages dont on vient de parler; car si Gédéon avait voulu faire mourir tous les 
habitants de Soccoth, il n'aurait pas demandé les noms des principaux de la ville. 

19. Le Seigneur vit! formule de serment que l'on rend assez ordinairement par 
vive le Seigneur! et qui équivaut à : Je jure que. 

21. Bulle ou petite boule, était un ornement d'or, d'argent ou d'autre métal que 
portaient au cou les personnes aussi bien que les animaux. Le correspondant en 
hébreu est traduit dans la Vulgate par collier, cercle (torques), au vers. 26 de ce 
méme chapitre, et par petite lune ou croissant (lunulæ), au chap. ur, vers, 18, d'Isaie. 
— * « L'usage d'orner le cou des chameaux n'est pas perdu, dit M. de Saulcy, et dans 
18 Syrie, quand on rencontre de ces animaux harnachés, on est à peu près assuré 
d'avance qu'on leur verra un collier. Celui-ci est fréquemment formé de fils d'une 
petite coquille blanche du genre des porcelaines, et qui sert de monnaie sous le nom 
de cauri, sur toute la côte occidentale d'Afrique. Je ne puis affirmer positivement 
que j'aie rencontré des chameaux portant suspendu à leur collier un croissant de 


A. 7L. 30 


466 LES JUGES. 


rent: Lève-toi, toi-même, etfonds 
sur nous; parce que la force de 
l'homme esten proportion de son 
âge. Gédéon se leva, et tua Zébéé 
et Salmana; il prit ensuite les or- 
nements et les bulles dont on a 
coutume d'orner le cou des cha- 
meaux des rois. 

22. Et tous les hommes d'Israël 
dirent à Gédéon : Commande- 
nous, toi, ton fils etle fils de ton 
fils, parce que tu nous a délivrés 
de la main de Madian. 

29. Gédéon leur répondit : Je 
ne vous commanderai point, et 
mon fils ne vous commandera 
point; mais le Seigneur vous 
commandera. 

24. Il leur dit encore : Je vous 
fais une seule demande : Donnez- 
moi les pendants d'oreilles de 
votre butin. Car les Ismaélites 
avait coutume de porter des pen- 
dants d'oreilles en or. 

25. Geux-ci répondirent : Nous 
les donnerons tres volontiers. Et 
étendant sur la terre le manteau, 
ils y jetèrent les pendants d'oreil- 
les du butin. 

26. Or, le poids des pendants 
d'oreilles demandés fut de mille 
sept cents sicles d'or, sansles or- 
nements, les colliers, et le véte- 
ment de pourpre dont les rois de 
Madian avaient coutume de se 
servir, et outre les carcans d'or 
des chameaux. 


(cit. viit,] 

27. Et Gédéon en fit un éphod, 
et il le mit dans sa ville d'Ephra. 
Et tout Israël tomba dans l’idolà- 
trie à cause de cet éphod, qui de- 
vint une ruine pour Gédéon et 
pour toute sa maison. 

28. Mais Madian fut humilié 
devant les enfants d'Israél, et il 
ne put plus lever la téte ; mais le 
pays se reposa pendant quarante 
ans que Gédéon gouverna. 

29. C'est pourquoi Jérobaal s'en 
alla et habita en sa maison; 

30. Et il eut soixante-dix fils 
qui vinrent de lui, parce qu'il 
avait plusieurs femmes. 

31. Mais sa seconde femme 
qu'il avait à Sichem, lui enfanta 
un fils du nom d'Abimélech. 

32. Et Gédéon, fils de Joas, mou- 
rut dans une heureuse vieillesse, 
et il fut enseveli dans le sépulere 
de Joas son père à Ephra de la 
famille d'Ezri. 

33. Mais apres que Gédéon fut 
mort, les enfants d'Israél se dé- 
tournerent, et forniquèrent avec 
Baal. Et 115 fireut alliance avec 
Baal, afiu qu'il füt leur dieu; 

34. Et ils ne se souvinrent point 


. du Seigneur leur Dieu, qui les 


avait délivrés de leurs ennemis 
d'alentour ; 

35. Et ils ne firent point miséri- 
corde à la maison de Jévobaal Gé- 
déon, en proportion de tout le 
bien qu'il avait fait à Israël. 


cuivre, je crois cependant bien me le rappeler. Ce que tout le monde sait aussi bien 
que moi, c'est que l'usage de ces croissants de cuivre s'est conservé dans le harna- 
chement i1nilitaire de la cavalerie moderne. » 

26. * Mille sept cents sicles d'or. Le sicle, du moins aprés la captivité, avait comme 
poids la valeur de 14 grammes 20; 1700 sicles équivalaient donc à 24 kilogr. 140 
grammes. Avec ce poids, Gédéor üt sans doute fabriquer non seulement un éphod, 


mais plusieurs autree objets sacrés. 


27, Voy. sur l'éphod, ornement sacré, Exode, xxvur, 4. 
32. Ephra de la famille; c'est-à-dire qui appavtenait à la famille, 


33. * Baal, Voir la note sur Juges, vi, 29. 


|ca. 1x.] 


CHAPITRE IX. 


Abimélech se fait déclarer roi. Les Si- 
vhémites lui dressent des embüehes. Il 
prend Sichem. Il est tué au siège de 
Thébés. 

1. Or, Abimélech, fils de Jéro- 
baal, s'en alla à Sichem vers les 
freres de sa mere, etil leur parla, 
ainsi qu'à toute la parenté de la 
maison du pere de sa mére, di- 
sant : 

2. Dites à tous les habitants de 
Sichem : Lequel est le meilleur 
pour vous, que soixante-dix 
hommes, tous fils de Jérobaal, 
vous commandent, ou qu'un seul 
homme vous commande? et con- 
sidérez en méme temps que je 
suis votre os et votre chair. 

3. Et les frères de sa mère rap- 
portèrent à son sujet toutes ces 
paroles aux hommes de Sichem, 
et ils firent pencher leur cœur 
pour Abimélech, disant : C'est 
notre frere. 

4. Et ils lui donnèrent soixante- 
dix 576/65 pesant d'argent du tem- 
ple de Baalberith. Abimélech 
réunit à lui avec cet argent des 
hommes misérables et vaga- 
bonds; et ils le suivirent. 

5. Alors il vint dans la maison 
de son pere à Ephra, et il tua ses 
freres, fils de Jérobaal, soixante- 


LES JUGES. 467 


dix hommes, sur une seule pier- 
re : mais il resta Joatham, le fils 
de Jérobaal le plus petit, et il fut 
caché. 

6. Or, tous les hommes de Si- 
chem s'étant assemblés, et toutes 
les familles dela ville de Mello, 
ils allérent, et établirent roi Abi- 
mélech prés du chéne qui était à 
Sichem. 

1. Lorsque cela fut annoncé à 
Joatham, il alla, et se tint au som- 
met de la montagne de Garizim, 
et, la voix élevée, il cria et dit : 
Ecoutez-moi, hommes de Sichem, 
et qu'ainsi Dieu vous entende. 

8. Les arbres ailerent pour oin- 
dre e£ établir sur eux un roi, et 
ils dirent à l'olivier : Commande- 
nous. 

9. L'olivier leur répondit : Est- 
ce que je peux abandonner mon 
huile dont les dieux et les hom- 
mes se servent, et venir pour étre 
promu, parmi les arbres? 

10. Les arbres dirent ensuite au 
figuier : Viens, et regne sur nous. 

11. Le figuier leur répondit : 
Est-ce que je puis abandonner 
ma douceur et mes fruits trés 
suaves, et aller pour étre promu 
parmi tous les autres arbres? 

12. Alors les arbres dirent à la 
vigne: Viens, etcommande-nous. 

13. La vigne leur répondit : 


1. * A Sichem. Voir la note sur Genèse, xi, 6. 

4. Le mot sicle est ici comme en bien d'autres endroits, sous-entendu, pour son 
poids et sa valeur. — * Soixante-dix sicles d'argent font prés d'un kilogramme. — 
Baalberith, le Baal de l'alliance. Voir la note sur Juges, vi, 25. 

1. * Le mont Garizim est coupé dans le bas par une ligne de rochers blancs à pic. 
A un endroit, devant Sichem, le rocher s'avance en forme de triangle. Au-dessous, 
dans le roc, il y a des cavernes. C'est sur ce rocher triangulaire que Joatham pro- 


nonca son apologue. 


1-15. * Cette fable rappelle celle des membres et de l'estomac que Ménénius 
Agrippa adressa au peuple romain révolté, Tite-Live, ו‎ 30; La Fontaine, |. ii, 


fable ir. 


13. Qui réjouit Dieu; expression figurée, qui doit se prendre dans le méme sens 


468 


Est-ce que je puis abandonner 
mon vin, qui réjouit Dieu et les 
hommes, et étre promu parmi 
tous les autres arbres? 

14. Et tous les arbres dirent au 
buisson : Viens, et regne sur 
nous. 

15. Le buisson leur répondit : 
Si vraiment vous me constituez 
votre roi, venez et reposez-vous 
sous mon ombre; mais si vous 
ne voulez pas, qu'un feu sorte du 
buisson, et qu'il dévore les cedres 
du Liban. 

16. Maintenant donc, est-ce 
justement et sans péché que vous 
avez constitué sur vous Abimé- 
lech roi? avez-vous bien agi en- 
vers Jérobaal et envers sa mai- 
son? et avez-vous payé de retour 
les bienfaits de celui qui a com- 
battu pour vous, 

11. Qui alivré son àme aux pé- 
rils, pour vous délivrer de la 
main de Madian, 

18. Vous qui maintenant venez 
de vous élever contre la maison 
de mon père, qui avez tué ses fils, 
soixante-dix hommes sur une 
seule pierre, et constitué roi sur 
les habitants de Sichem, Abimé- 
lech, fils de sa servante, parce 
qu'il est votre frere? 

19. Si donc, c'est justement et 
sans péché, que vous avez agi en- 
vers Jérobaal et sa maison, ré- 


LES JUGES. 


[cH. 1x.] 


jouissez-vous aujourd'hui en Abi- 
mélech, et que lui se réjouisse en 
vous. 

20. Mais si c'est méchamment, 
qu'un feu sorte de lui, qu'il con- 
sume les habitants de Sichem et 
la ville de Mello; qu'un feu sorte 
des hommes de Sichem et de la 
ville de Mello, et qu'il dévore Abi- 
mélech. 

21. Lorsqu'il eut dit ces choses, 
il s'enfuit et s'en alla à Béra; et 
il habita là par la crainte d'Abi- 
mélech son frère. 

22. C'est pourquoi Abimélech 
regna sur Israël pendaut ivois 
ans. 

23. Mais le Seigneur envoya un 
esprit trés mauvais entre Abimé- 
lech et les habitanls de Sichem, 
qui commencèrent à le détester, 

24. Et à rejeter le crime du 
meurtre des soixante-dix fils de 
Jérobaal, etl'effusion deleursang 
sur Abimélech leur frère et sur 
tousles autres princes de Sichem, 
qui l'avaient aidé. 

25. Ils lui dressèrent donc des 
embüches au sommet des mon- 
tagnes; et pendant qu'ils atten- 
daient son arrivée, ils exercaient 
des brigandages, faisant du butin 
sur les passants. Et on l'annonca 
à Abimélech. 

26. Gependant Gaal. fils d'Obed, 
vint avec ses freres et passa à 


que, l'odeur des victimes est une odeur agréable au Seigneur, que les parfums le 
récréent. D'ailleurs il est probable qu'au lieu de Dieu, il faut les dieux, comme le 
porte la Vulgate elle-même dans le passage parallèle (vers. 9). Alors, Joatham a très 
bien pu se servir de cette expression, puisque les paiens auxquels il parlait, croyaient 
que leurs dieux prenaient réellement plaisir à la fumée des victimes et à l'odeur de 
leurs parfums et de leurs libations. 

16. Est-ce justement, etc.; littér. si justement, voy. v, 8. 

11. Qui a livré, etc.; c'est-à-dire qui a exposé sa vie. 

21. * Béra, dans la tribu de Juda, selon les uns; Béeroth, dans la tribu de iJeujamin, 
selon les autres. 

25. * Au sommet des montagnes d'Hébal et de Garizim. 


[cn. 1x.] 


Sichem. A son arrivée, les habi- 
tants de Sichem rassurés, 

27. Sortirent dans les champs, 
ravageant les vignes, et foulant 
aux pieds les raisins; puis, des 
chœurs de chantants formés, ils 
entrerent dans le temple de leur 
dieu, et, au milieu des mets et 
des coupes, ils maudissaient 
Abimélech, 

98. Gaal, fils d'Obed, criant: Qui 
est Abimélech, et quelle est Si- 
chem, pour que nous le servions? 
N'est-il pas le fils de Jérobaal, et 
n'a-t-il pas constitué Zébul, son 
serviteur, prince sur les hommes 
d'Hémor, père de Sichem? Pour- 
quoi donc le servirions-nous? 

99. Plût à Dieu que quelqu'un 
mit ce peuple sous ma main, pour 
que j'enlevasse du monde Abi- 
mélech ! Et on dit à Abimélech : 
Assemble une multitude de trou- 
pes, et viens. 

30. Car Zébul prince de la ville, 
ayant entendu les discours de 
Gaal, fils d'Obed, fut tres irrité, 

31. Et il envoya en cachette 
vers Abimélech, disant : Voilà, 
Gaal, fils d'Obed, est venu à Si- 
chem avec ses freres, et ils atta- 
quent la ville contre toi. 

32. C'est pourquoi lève-toi pen- 
dant la nuit avec le peuple qui 
est avec toi, et cache-toi dans là 
campagne ; 

33. Et de grand matin, le soleilse 
levant,fonds sur la ville; or,lors- 
. qu'ilsortiraavecson peuple contre 
toi, fais-lui ce que tu pourras. 

34. C'est pourquoi Abimélech 


I ES JUGES. 


469 


seleva avec toute son armée pen- 
dant la nuit, et tendit des em- 
büches près de Sichem, en quatre 
endroits. 

35. Or, Gaal, fils d'Obed, sortit, 
et se tint à l'entrée de la porte de 
la ville. Mais Abimélech se leva, 
et toute son armée avec lui, du 
lieu de l'embuscade. 

36. Et lorsque Gaal eut vu ce 
peuple, il dit à Zébul : Voici une 
multitude qui descend des mon- 
tagnes. Zébul lui répondit : Tu 
vois les ombres des montagnes 
comme des têtes d'hommes, et tu 
es trompé par cette illusion. 

37. Et de nouveau Gaal dit : 
Voici un peuple qui descend des 
hauteurs de la terre, et un seul 
bataillon vient par la voie qui re- 
garde le chène. 

38. Zébul lui répondit : Où est 
maintenant ta bouche avec 18- 
quelle tu disais : Qui est Abimé- 
lech, pour que nous le servions? 
N'est-ce pas ce peuple que tu mé- 
prisais? Sors et combats contre 
lui. 

39. Gaal s'en alla donc, le peu- 
ple de Sichem le regardant, et il 
combattit contre Abimélech, 

40. Qui le poursuivit pendant 
qu'il fuyait et le chassa dans la 
ville; et nombre des siens suc- 
comberent jusqu'à la porte de la 
ville. 

41. Et Abimélech s'arréta à Ru- 
ma; mais Zébul chassa Gaal et 
ses gens de la ville, il ne souffrit 
pas qu'ils y demeurassent. 

42. Orle jour suivant le peuple 


98. Sur les hommes d'Hémor; sur la famille d'Hémor. 

31. I/s attaquent la ville contre toi; c'est-à-dire ils pressent la ville de se déclarer 
contre toi; ou bien ils s'y fortifient pour résister contre toi. 

31. Le chéne; probablement celui dont il est parlé au vers. 6. 

41. * Ruma, probablement l'el-Arma d'aujourd'hui. 


470 


sortit dans la campagne. Lors- 
qu'on l'eut annoncé à Abimélech 

43. Il prit son armée et la divisa 
en trois corps, tendant des em- 
büches dans les champs. Et voy- 
ant que le peuple sortait de la 
ville, il se leva et fondit sur eux 

44. Avec son bataillon, atta- 
quant et assiégeant la ville; mais 
les deux autres bataillons pour- 
suivaient les ennemis fuyant ca 
et là dans la plaine. 

45. Or, pendant tout ce jour-là, 
Abimélech attaquait la ville qu'il 
prit, tuant ses habitants et détrui- 
sant la ville elle- méme, de ma- 
niere à y semer du sel. 

46. Ce qu'ayant appris ceux qui 
habitaient dans la tour de Sichem, 
ils entrerent dans le temple de 
leur dieu Berith, oü ils avaient 
fait alliance avec lui; et c’est de 
cette alliance qu'avait reçu son 
nom lé lieu qui était très fortifié. 


47. Abimélech aussi, apprenant | 


que les hommes de la tour de 
Sichems'étaientréunisensemble, 

48. Monta sur la montagne de 
Selmon avec tout són peuple, et 
saisissant la 1180116 il coupa une 
branche d'arbre, et là mettant 
sur son épaule il dit aux siens : 
Ce que vous me voyez faire, faites- 
le vite. 

49. Goupant donc à l'envi des 


LES JUGES. 


(ca. [.אז‎ 


branches d'arbres, ils suivaient 
leur chef ; et environnant 18 for- 
teresse, 118 l'incendierent ; et de 
cette manière il arriva que par 
lafumée et par lefeu il périt mille 
personnes, tant hommes que 
femmes, qui demeuraient dans 
la tour de Sichem. 

50. Ensuite Abimélech, partant 
delà, vint à la ville de Thébès, 
qu investissant, il assiégeait avec 
son armée. 

51. Or, il y avait au milieu de 
la ville une tour élevée, dans la- 
quelle s'étaient réfugiés ensem- 
ble les hommes et les femmes et 
tous les princes de la ville, la 
porte étant bien fermée, et ils se 
tenaient sur le toit de 18 tour, 
derriere les parapets. 

59. Et Abimélech, s'avangant 
près de la tour, combattait vail- 
lamment; et, s'approchant de la 
porte, 11 s'efforcait d'y mettre le 
feu. 

53. Et voilà qu'une femme, je- 
tant d'en haut un morceau de 
meule, frappa la tête d'Abimélech 
el brisa son crâne. 

54. llappelaaussitótson écuyer, 
et il lui dit : Tire ton glaive, et 
frappe-mói, de peur qu'on ne dise 
que c'est par une femme que j'ai 
été tué. L'écuyer, exécutant ses 
ordres, le tua. 


(βαρ. IX. 53. II Rois, xr, 21. — 54. 1 Rois, xxxi, 4; I Par., x, ₪ 


4 בור‎ "n 


45. Le sel jeté en grande quantité dans un terrain le rend stérile. C'est pour cela 
que l'Écriture dit wne terre de sel, une terre salée, pour désigner une terre stérile. 
Les auteuts profanes emploient quelquefois la méme locution. 

46, Berith en hébreu signifie pacte, alliance. 

50. * Thébès, aujourd'hui Tübas, était sur la route qui conduit de Sichem à Bethsan, 
à quatre heures de marche de Sichem, àu nord-est. 

54. L'histoire profane loue quelques serviteurs qui ont rendu un pareil service à leürs 
maîtres; tandis que Dävid fit mourir l'Amalécite, qui se vantait de l'avoir rendu à S&ül 
sur son instante prière. Le christianisme condamne également 66101 qui demande 6 
service et celui qui le rend. —* Une mort éomme celle d'Abimélech, reçue de là main 
d'une femme, était considérée comme particulièrement ifnominieusé, Voir ἢ Rois, xi, 21. 


[cn. x.] 
55. Abimélech mort, tous ceux 

d'Israël qui étaient avec lui re- 

tournèrent en leurs demeures. 

56. Ainsi Dieu rendit le mal 
qu'Abimélech avait commis con- 
tre son père, ayant tué ses 
soixante-dix frères. 

57. Aux Sichémites aussi, ce 
qu'ils avaient fait fut rendu, et la 
malédiction de Joatham, fils de 
Jérobaal, vint sur eux. 


CHAPITRE X. 


Thola 6% Jair, juges d'Israél. Servitude 
sous les Philistins et ies Ammonites. 


1. Après Abimélech, parut 
comme chef en Israël, Thola, fils 
de Phua, oncle paternel d'Abi- 
mélech, homme de la tribu d'Is- 
sachar, qui habita à Samir de la 
montagne d'Ephraïm ; 

9. Et il jugea Israël pendant 
vingt-trois ans; et il mourut, et 
fut enseveli dans Samir. 

3. À Thola succéda Jair Galaa- 
dite qui jugea Israël pendant 
vingt-deux ans, 

4 Ayant trente fils qui mon- 
taientsur trente poulains d'ánes- 
ses, et étaient princes de trente 
villes dans la terre de Galaad, qui 
ont été appelées de son nom, 
Havoth-Jair, c'est-à-dire villes de 
Jair, jusqu'au présent jour. 

5. Jair mourut ensuite, et il fut 
enseveli dans un lieu dont le nom 
est Camon. 

6. Mais les enfants d'Israél ajou- 
tant aux anciens péchés des nou- 


LES JUGES. 471 


veaux, firentle mal en la présence 
du Seigneur, et servirent des 
100165 , les Baalim, les Astaroth, 
les dieux de Syrie, de Sidon, de 
Moab, des enfants d'Ammon et 
des Philistins; et ils abandonnè- 
rent le Seigneur, etnel'adorerent 
point. 

1. Le Seigneurirrité contre eux, 
les livra aux mains des Philistins 
et des enfants d'Ammon. 

8. Et tous ceux qui habitaient 
au delà du Jourdain, dans la terre 
de l'Amorrhéen, qui est en Ga- 
laad, furent affligés et violem- 
ment opprimés pendant dix-huit 
ans ; 

9. En sorte que les enfants 
d'Ammon, passant le Jourdain, 
ravageaient Juda, Benjamin et 
Ephraïm : ainsi, Israël fut extrè- 
mement affligé. 

10. C'est pourquoi criant au 
Seigneur, ils dirent : Nous avons 
péché contre vous, parce que 
nous avons abandonné le Sei- 
gneur notre Dieu, et nous avons 
servi les Baalim, 

41. Le Seigneur leur répondit : 
N'est-ce pas que les Egyptiens, 
les Amorrhéens, les enfants 


| d'Ammon, les Philistins, 


19. Les Sidoniens aussi, et 
Amalec et Chanaan vous ont 
opprimés, que vous avez crié 
vers moi, et que je vous ai dé- 
livrés de leur main ? 

13. Et cependant vous m'avez 
abandonné, et vous avez adoré 
des dieux étrangers : c'est, pour- 


1. Samir de la montagne; pour Samir, dans la montagne. 
3. Jair Galaadite. Compar. Nombr., xxvi, 29. 
4. Qui montaient, etc. Voy. v, 10. — * Havoth-Jair, dans le pays d'Argob. Voir 


Deutéronome, wm, 4. 
5, * Camon, dans le pays de Galaad. 


6. * Les Baalim. Voir la note sur Juges, vi, 23. 


472 LES JUGES. 


quoi je ne recommencerai plus à 
vous délivrer. 

14. Allez, etinvoquez les dieux 
que vous avez choisis ; qu'ils vous 
délivrent eux-mêmes dans le 
temps de l'angoisse. 

45. Et les enfants d'Israél di- 
rent au Seigneur : Nous avons 
péché, faites-nous vous-même, 
en retour, tout ce qu'il vous 
plaira; seulement pour cette 
heure délivrez-nous. 

16. Disant cela, ils jetèrenthors 
de leur territoire les idoles des 
dieux étrangers, et ils servirent 
le Seigneur Dieu, qui fut sensible 
à leurs misères. 

47. C'est pourquoi les enfants 
d'Ammon, jetant de grands cris, 
planterent leurs tentes en Galaad ; 
et les enfants d'Israël, s'étant 
réunis contre eux, camperent à 
Maspha. 

18. Et les princes de Galaad se 
dirent les uns aux autres : Le 
premier d'entre nous qui com- 
mencera à combattre contre les 
enfants d'Ammon, sera le chef du 
peuple de Galaad. 


CHAPITRE XI. 


Jephté, choisi pour être chef des Israé- 
lites, combat les Ammonites, et les dé- 
fait. Son vœu. 


4. En ce temps-là fut Jephté 
Galaadite, homme très fort, et 
guerrier, fils d'une femme de 
mauvaise vie, lequel naquit de 
Galaad. 

9. Or Galaad eut une femme 


Cap. XI. 7. Genèse, xxvi, 27. 


[cg. x1. 


dont il eut des fils, qui après 
qu'ils eurent grandi, chasserent 
Jephté, disant : Tu ne pourras 
pas être héritier dans la maison 
de notre père, parce que c’est 
d'une autre mère que tu es né. 

3. Et Jephté les fuyant et les 
évitant, habita dans la terre de 
Tob. Alors se joignirent à lui des 
hommes dénués de tout et exer- 
cant des brigandages, et ils le 
suivaient comme leur chef. 

4. Encestemps-làcombattaient 
les enfants d'Ammon contre 
Israël. 

ὃ. Et comme ils le pressaient 
vivement, les anciens de Galaad 
allèrent, pour amener Jephté de 
la terre de Tob, à leur secours ; 

6. Et 115 lui dirent : Viens, sois 
notre chef, et combats contre les 
enfants d'Ammon. 

7. Jephté leur répondit: N'étes- 
vous point ceux qui me haïssez, 
et qui m'avez jeté hors de la mai- 
son de mon père? Et maintenant 
vous êtes venus vers moi, con- 
traints par la nécessité. 

8. Et les princes de Galaad 
dirent à Jephté : C'est pour ce 
motif que nous venons mainte- 
nant vers toi, afin que tu marches 
avec nous, que tu combattes 
contre les fils d'Ammon, et que 
tu sois le chef de tous ceux qui 
habitent en Galaad. 

9. Jephté leur demanda en- 
core : Si vraiment vous étes 
venus vers moi, pour que je 
combatte pour vous les enfants 


11." Maspha de Galaad, au nord-est de Jabès-Galaad. 


3. * La terre de Tob. Elle est inconnue, mais elle était probablement située sur les 
eoufins du royaume des Ammonites, si méme elle n'en faisait pas partie. 


[cn. [.זא‎ 


d'Ammon, et 81 le Seigneur les 
livre en mes mains, est-ce moi 
qui serai votre prince? 

10. Ils lui répondirent : Le 
Seigneur qui entend ceci, est lui- 
méme médiateur et témoin que 
nous exécuterons nos promesses. 

11. Cest pourquoi Jephté s'en 
alla avec les princes de Galaad, 
et tout le peuple le fit son prince. 
Mais Jephté dit toutes ces paroles 
devant le Seigneur à Maspha; 

12. Et il envoya des messagers 
au roi des enfants d'Ammon, 
pour dire de sa part : Qu'importe 
à moi et à toi, pour que tu sois 
venu contre moi, afin de ravager 
ma terre? 

13. Le roi leur répondit : C'est 
parce qu'israël, quand il est 
monté d'Egypte, a pris ma terre, 
depuis les confins d'Arnon jus- 
qu'au Jaboc et jusqu'au Jourdain: 
maintenant donc, rends-la moi 
en paix. 

14. Jephté donna de nouveau 
sa réponse par les messagers, et 
il leur commanda de dire au roi 
d'Ammon : 

18. Voici ce que dit Jephté : 
Israél n'a pas pris la terre de 
Moab, ni la terre des enfants 
d'Ammon : 

16. Mais, quand il monta de 
l'Egypte, il marcha à travers le 
désert jusqu'à la mer Rouge, et 
il vint à Cadès. 


LES JUGES. 3 


17. Et il envoya des messagers 
au roi d'Edom, disant : Laisse- 
moi passer par ta terre. Et le roi 
ne voulut point acquiescer à ses 
prieres. ll envoya aussi vers le 
roi de Moab, qui lui-méme dédai- 
gna de donner passage. C'est 
pourquoi il demeura à Cadès. 

18. Puis, il cótoya la terre 
d'Edom et la terre de Moab, vint 
contre le cóté oriental de Moab, 
et campa au delà del'Arnon ; mais 
il ne voulut pas entrer dans le 
territoire de Moab; car l'Arnon est 
la frontiere de la terre de Moab. 

19. Cest pourquoi Israël en- 
voya des messagers à Séhon, roi 
des Amorrhéens, qui habitait à 
Hésébon, etils lui dirent : Laisse- 
nous passer par ta terre jusqu'au 
fleuve. 

20. Séhon, lui aussi, méprisant 
les paroles d'Israël, ne le laissa 
point passer par son territoire; 
mais ayant assemblé une multi- 
tude innombrable, il sortit contre 
lui à Jasa, et il résistait forte- 
ment. 

21. Mais le Seigneur le livra 
avec toute son armée aux mains 
d'Israél, qui le battit et qui pos- 
séda toute la terre de l'Amor- 
rhéen, habitant de cette contrée. 

92. Et toutes ses frontieres, 
depuis l’Arnon jusqu'au Jaboc, et 
depuis le désert jusqu'au Jour- 
dain. 


13. Nomb., xxr, 24. — 17. Nomb., xx, 14. — 18. Nomb., xxr, 43 


41. Jephté dit, etc. 11 renouvela les assurances que les princes de Galaad lui avaient 
données, et, de son cóté, il prit solennellement Dieu à témoin de la fidélité avec 


laquelle il tiendrait ses engagements. 


13. * Arnon, rivière qui forme la frontière septentrionale de Moab, plus bas, y. 18, 
et se jette dans la mer Morte après un cours de 75 kilomètres. — 0000. Voir la note 


sur Genèse, xxxi, 22. 
16. * Cadés. Voir Nombres, xx, 4. 


19. Jusqu'au fleuve; c'est-à-dire jusqu'au Jourdain, — * Hésébon, Voir Nombres, xxi, 25, 


474 


93. Ainsi, le Seigneur Dieu 
d'Israël renversa l'Amorrhéen, 
Israél son peuple combattant 
contre lui, et toi maintenant, tu 
veux posséder sa terre? 

94. Ce que possede  Chamos 
ton dieu, net'est-il point 60 légi- 
timement? Or, ce que le Seigneur 
notre Dieu a acquis comme vain- 
queur, viendra en notre posses- 
sion. 

25. A moins que tu vailles 
mieux que Balac, fils de Séphor, 
roi de Moab, et que tu nous 
montres qu'ilse soit plaint d'Is- 
raël, et qu'il ait combattu contre 
lui, 

96. Quand il habita à Hésébon 
et dans ses bourgades, à Aroer, 
et dans ses villages, ou dans 
toutes les villes près du Jourdain, 
pendant trois centsans. Pourqttoi, 
pendant un si long temps, n'as- 
tu rien tenté au sujet de cette 
réclamation? 

27, Ainsi, ce n'est pas moi qui 
suis én faute avec toi, mais c'est 
toi qui agis mal envers moi, me 
déclarant des guerres injustes. 


95. Nonib., xxii, 2. 


LES JUGES. 


[cn. xr.] 


Que le Seigneur, arbitre. de ce 
jour, juge entre Israël et entre 
les enfants d'Àmmon. 

28. Mais le roi des enfants 
dAmmon ne voulut point ac- 
quiescer aux paroles de Jephté, ' 
quil lui avez mandées par les 
messagers. 

29. Et l'esprit du Seigneur vint 
sur Jephté ; et Jephté parcourant 
Galaad, et Manassé, de méme 
que Maspha de Galaad, et de là 
passant jusqu aux enfants d'Am- 
mon, 

30. Il voua un vœu au Sei- 
gneur, disant : Si vous livrez les 
enfants d'Ammon en mes mains, 

31. Quiconque le premier sor- 


| tira des portes de ma maison, et 
| viendra à ma rencontre, lorsque 
| je retournerai en paix dw pays 


des enfants d'Ammon, je l’offrirai 


| en holocauste au Seigneur. 


32. Jephté passa ensuite chez 
les enfants d'Ammon, pour eom- 
battre contre eux ; et le Seigneur 


les livra en ses mains. 


838, frappa aussi d'une très 
grande plaie vingt villes, depuis 


94. * Chamos ton dieu. Voir la note sur 11] Rois, xr, T. — Ton dieu. Les Israélites 
n'attribüent qu'à léur Dieu unique üne véritable divinité : ils traitent de faux dieux 
tous céux qu'adorent les nations étrangères. Quand Jephté dit Chamos, ton Dieu, 
ii parle le langage diplomatique. Cette expression n'est donc pas une profession de 
foi δὲ ne prouvé pas que Jephté croyait à la divinité de Chamos. Elle prouve seule- 
ment que lé juge d'istaél voulait parler au roi des Ammonites un langage qui lui 
fût agréable, afin d'en obtenir la paix qu'il sollicitait. 

96. * A Hésébon. Voir Nombres, xxi, 25. — A Aroer, sur l'Arnon, qui formait lo 
frontière méridionalé du royaütae de Béhon. 

31-40. Contre le sentiment de tous les anciens, plusieurs interprétes modernes pré- 
tendent que la fille de Jephté ne fut pas réellement immolée, mais seulement con- 
sacrée au service du sanctuaire. Quelque opinion qu'on adopte, on ne peut rien con- 
clure contre la divinité de là religion des Hébreux. Car le vœu de Jephté est un fait 
qui lui est entièrement personnel. Il n'était pas commandé par la loi, puisque la loi 
au contraire défendait si expressément le sacrifice de victimes humaines, C’est un fait 
isolé, et auquel le grand prêtre el là majorité du peuple ne prirent aucune part. 

33.* Depuis Aroer, non pas probablement Aroer sur l'Arnon, mais Aroer de Gad, 
à l'est de Rabbath-Ammon, jusqu'à l'entrée de Mennith, au sud, et jusqu'à Abel, qui 
est plantée de vignes ou Abél-Keraniim, sûr là route qui và d'Aroer à Bosra. 


[cu. xu.] 


Aroer jusqu'à l'entrée de Men- 
nith, et jusqu'à Abel, qui est 
plantée de vignes; etles enfants 
d'Ammon furent humiliés par les 
enfants d'Israél. 

34. Or, Jephté retournant à 
Maspha, dans sa maison, sa fille 
unique, car il n'avait pas d'autres 
enfants. vint au-devant de lui 
avec des chœurs et des tambours. 

35. L'ayant vue, il déchira ses 
vêtements, et dit : Hélas! ma 
fille, tu m'as trompé, ettoi-méme 
tu t'es trompée; car j'ai ouvert 
ma bouche au Seigneur, et je ne 
pourrai pas faire autre chose. 

36. Sa fille lui répondit : Mon 
père, si vous avez ouvert votre 
bouche au Seigneur, faites-moi 
tout ce que vous avez promis, là 
vengeance et la victoire sur les 
ennemis vous ayant été accor- 
dées, 

81. Elle dit encore à son père : 
Accordez-moi seulement ce que 
je vous demande avec prière : 
Laissez-moi pendant deux mois 
parcourir les montagnes et pleu- 
rer ma virginité avec Mes com- 
pagnes. 

38. Jephté lui répondit : Va. 
Et il la laissa pendant deux mois. 
Et lorsqu'elle s'en fut allée, avec 
ses amies et ses compagnes, elle 
pleurait sa virginité sur les mon- 
tagnes, 

39. Or, deux mois achevés, elle 
revint vers son père; et il fit à 
son égard, selon ce qu'il avait 
voué; et elle ne connut point 
d'homme. De là vint l'usage en 


LES JUGES. 


Galaad est un fügitif d'Ephraïm, 


475 


Israël, et la coutume a toujours 
été conservée, 

40. Qu'apres le cours d'une 
année, les filles d'Israël s'assem- 
blent pour pleurer la fille de 
Jephté Galaadite pendant quatre 
jours. 


CHAPITRE XII. 


Guerre entre Ephraim et Galaad. Mort 
de Jephté. Abésan, Ahialon, Abdon, 
juges d'Israél. 


1. Mais voilà que dans Ephraim 
s'éleva une sédition; car les 
hommes de cette tribu passant 
vers laquilon, dirent à Jephté : 
Pourquoi marchant au combat 
contre les enfants d'Ammon, n'as- 
tu pas voulu nous appeler, afin 
que nous allassions avec toi? 
Aussi incéndiérons-nous tà mai 
son. 

9. Jephté leur répondit : Nous 
avions un grand débat moi et 
mon peuple éontre les enfants 
d'Ammon; je vous ai appelés, 
pour me donner dü secours, et 
vous ne l'avez pas voulu faire. 

3. Cé que voyant, j'ai inis mon 
áme en mes mains, j'ai passé 
chez 165 enfants d'Ammon, et le 
Seigneur les a livrés en mes 
mains.En quoi ai je mérité que 
vous vous éleviez Contre moi 
pour me faire la guérre? 

4. C'est pourquoi ayant appelé 
à lui tous les hommes de Galaad, 
il combattit contre Ephraim : et 
les hommes dé Galaad battirent 
Ephraim, parce qu'il avait dit : 


35. J'ai ouvert ma bouche au Seigneur; j'ai prononcé un vœu fait au Seigneur, 
81. On regardait comme un malheur de mourir sans laisser de postérité; 
40. Après le cours d’une année; c'est-à-dire chaque année, 


3. J'ü1 mis mon âme, eté.; hébraïsmé, pour j'ai exposé ma vie. 


476 
et il habite au milieu d'Ephraim 
et de Manassé. 


5. Et les Galaadites occupèrent | 


les gués du Jourdain, par lesquels 
Ephraïm devait revenir; et lors- 
quil y venait quelqu'un de l'ar- 
mée d'Ephraïm, fuyant, et qu'il 
disait : Je vous conjure de me 
permettre de passer, les Galaa- 
dites lui répondaient : Est-ce que 
tu es Ephrathéen? lequel disant : 
Je ne le suis pas, 

6. Ils lui demandaient : Dis 
donc Schibboleth, ce qu'on inter- 
prète par Epi. Il répondait Sib- 
boleth, ne pouvant pas expri- 
mer épi avec la même lettre. Et 
aussitôt, après l'avoir saisi, on 
l'égorgeait au passage même du 
Jourdain. Or, il périt en ce temps 
quarante - deux mille hommes 
d' Ephraim. 

7. Ainsi, Jephté Galaadite jugea 
Israël pendant six ans; et il mou- 
rut et fut enseveli dans sa ville 
de Galaad. 

8. Apres lui Abésan de Beth- 
léhem jugea Israël. 

9. Il eut trente fils et autant de 


(παρ. XIII. 1. Supra, x, 6. 


LES JUGES. 


[cu. xir.] 
filles, qu וג‎ maria, les établissant 
hors de chez lui; et il reçut pour 
ses fils des femmes en méme 
nombre,les admettant dans sa 


- maison. Abésan jugea Israël pen- 


dant sept ans; 

10. Et il mourut et fut enseveli 
à Bethléhem. 

11. À Abésan succéda Ahialon 
Zabulonite; et il jugea Israël 
pendant dix ans; 

19. Et il mourut et fut enseveli 
dans Zabulon. 

13. Après lui, Abdon, fils d'f- 
lel, Pharathonite, jugea Israél; 

14. Il'eut quarante fils, et d'eux 
trente petits-fils, qui montaient 
sur soixante-dix poulains d'à- 
nesses; et il jugea Israél pendant 
huit ans; 

15. Et il mourut et fut enseveli 
à Pharathon de la terre d'E- 
phraim, sur la montagne d'Ama- 
lec. 


CHAPITRE ΧΠΙ. 


Servitude des Israélites sous les Phitis- 
tins. Naissance de Samson. 


1. Et de nouveau les enfants 


6. Ne pouvant pas exprimer, etc.; c'est-à-dire, ne pouvant pas exprimer le mot 
schibboleth, qui signifie épi, en prononcant comme il faut la lettre sch; car, en 
hébreu, ces trois caractères ne forment qu'une seule lettre ou articulation. Remar- 
quons que les Ephrathéens n'étaient pas tués parce qu'ils ne savaient pas prononcer 
le mot schibboleth, mais parce qu'ils étaient des ennemis de guerre, et d'une guerre 
injuste faite à Jephté et aux Israélites, leurs fréres. La prononciation de ce mot 
était seulement une marque à laquelle on reconnaissait s'ils disaient vrai, quand 
ils niaient qu'ils fussent Ephrathéens. 

1. * Galaad ou Maspha de Galaad. 

13. Pharathonite; de Pharathon. Voy. vers. 15. 


1. * Aux mains des Philistins. Les Philistins étaient originaires de Créte et avaient 
émigré de la ville de Caphtor ou Cydonia. Ils formaient une grande confédération 
qui, sous Ramsès 111, roi d'Egypte, avait envahi la Syrie. Ramsès ΠῚ les battit 
et en établit les restes dans le pays qui prit depuis leur nom. A la fin de la xxe dy- 
nastie égyptienne, profitant de la faiblesse des pharaons, ils devinrent seuls maîtres 
de toute la riche plaine de la Séphéla. Ils possédèrent ainsi, près de la Méditerranée, 
trois villes, Gaza au sud, Azot au nord, Ascalon, au centre. Dans l'intérieur des 
terres, ils avaient aussi deux autres villes principales, Geth et Accaron. Ces cinq 


Tcu. [.זוזא‎ 


d'Israél tirent le mal en la pré- 
sence du Seigneur, qui les livra 
aux mains des Philistins pendant 
quarante ans. 

2. Or, il y avait un certain 
homme de Saraa, et de la race 
de Dan, du nom de Manué, ayant 
une femme stérile, 

3. A qui l'ange du Seigneur 
apparut, et dit: Tu es stérile et 


sans enfants; mais tu concevras > 


et tu enfanteras un fils. 

4. Prends donc bien garde de 
ne point boire de vin, et de cer- 
voise, et de ne manger rien d'im- 
pur, 

59. Parce que tu concevras et 
tu enfanteras un fils dont le ra- 
soir ne touchera pas la téte; car 
il sera nazaréen de Dieu, depuis 
son enfance et dés le sein de sa 
mère ; et c'est lui qui commen- 
cera à délivrer Israél de la main 
des Philistins. 

6. Et étant venue vers son 
mari, elle lui dit: L'homme de 
Dieu est venu vers moi, ayant le 
visage d'un ange, et inspirant la 
plus grande terreur. Lorsque je 
lui ai demandé qui il était, d'ou 


. LES JUGES. 


477 


il venait, et de quel nom il s'ap- 
pelait, il n'a pas voulu me le 
dire. 

7. Mais il m'a répondu ceci : 
Voilà que tu concevras et enfan- 
teras un fils : prends garde de 
ne point boire de vin ni de cer- 
voise, et de ne rien manger d'im- 
pur; car l'enfant sera nazaréen 
de Dieu depuis son enfance, du 
sein de sa mère jusqu'au jour de 
sa mort. 

8. C'est pourquoi Manué pria 
le Seigneur et dit : Je vous con- 
jure, Seigneur, que l'homme de 
Dieu, que vous avez envoyé, 
vienne de nouveau, et qu'il nous 
enseigne ce que nous devons 
faire de l'enfant qui doit naitre. 

9. Et le Seigneur exauca Ma- 
nué priant, et de nouveau appa- 
rut l'ange de Dieu à sa femme, 
assise dansla campagne. Or, Ma- 
nué son mari n'était pas avec 
elle. Et lorsqu'elle eut vu l'ange, 

10. Elle se hâta, courut à son 
mari, et le lui annonca, disant : 
Voilà que m'a apparu l'homme 
que j'avais vu auparavant. 

11. Manué se leva et suivit sa 


3. Genèse, xvi, 11; I Rois, 1, 20; Luc, 1, 31. — 4. Nomb., vr, 3, 4. 


villes, encore aujourd'hui subsistantes, Geth exceptée, étaient les chefs-lieux de cinq 
principautés puissantes, gouvernées par cinq seranim ou princes confédérés. C'est 
du nom des Philistins que les Egyptiens et les Grecs, qui les connurent avant les 
habitants de l'intérieur des terres, tirérent la dénomination de Palestine, sous 
laquelle la terre de Chanaan est encore aujourd'hui désignée. 

2. * De Saraa. Saraa est actuellement un village de trois cents habitants, qui a 
gardé son ancien nom, à peine modifié sous la forme Sarah. Il est placé sur une 
colline en forme de pain de sucre, à l'entrée d'une vallée. Les flanes de la colliue 
sont percés de grottes sépulcrales. Une source est à peu de distance, au-dessous du 
village. 

3. Les grâces que Dieu a accordées à Samson et les faveurs qu'il lui a faites 
n'avaient pas pour objet de le récompenser de sa vertu, mais de protéger et de dé- 
fendre son peuple contre la tyrannie et l'oppression de ses ennemis. 

9. Nazaréen de Dieu; c'est-à-dire consacré à Dieu en qualité de nazaréen. 

6. L'homme de Dieu. C'est ainsi que porte l’hébreu. Il parait que Manué et sa 
femine avaient déjà une connaissance quelconque de cet homme de Dieu : c’est du 
moins ce que prouve l'article déterminatif que l'écrivain sacré affecte d'employer ici. 


418 LES JUGES. 


femme; puis, venant vers l'hom- 
me, il lui dit : Vous étes celui 
qui avez parlé à cette femme? Et 
il répondit : Je le suis. 

19. Et Manué à lhomme 
Quand, dit-il, votre parole sera 
accomplie, que voulez-vous que 
fasse l'enfant? ou de quoi devra- 
t-il s'abstenir? 

13. Et l'ange du Seigneur ré- 
pondit à Manué : Que ta femme 
s’abstienne de toutes les choses 
que je lui ai indiquées; 

14. Qu'elle ne mange rien de 
ce qui nait de la vigne; qu'elle ne 
boive point de vin ni de cervoise; 
qu'elle ne mange rien d'impur; 
et que ce que je lui ai ordonné, 
elle l'accomplisse et le garde. 

15. Alors Manué dit à l'ange 
du Seigneur : Je vous conjure 
d'acquiescer à mes prières; et, 
puissions-nous vous préparer un 
chevreau. 

16. L'ange lui répondit : Quand 
tu me presserais, jene mangerais 
pas de tes pains ; mais si tu veux 
faire un holocauste, offre-le au 
Seigneur. Et Manué ne savait pas 
que ce füt l'ange du Seigneur. 

47. Il lui dit encore : Quel est 
votre nom, afin que, si vos pa- 
roles s'accomplissent, nous vous 
honorions? 

18. L'ange lui répondit : Pour- 


18. Genése, xxxir, 29. 


(cu. xm.] 


quoi demandes-tu mon nom, qui 
est admirable? 

19. Manué prit donc le chevreau 
et les libations, et les placa sur 
le rocher, les offrant au Seigneur 
qui fait les merveilles : or, lui- 
méme et sa femme regardaient. 

20. Et lorsque la flamme de 
l'autel montait vers le ciel, l'ange 
du Seigneur monta pareillement 
dans la flamme. Ce qu'ayant vu 
Manué et sa femme, ils tomberent 
inclinés vers la terre. 

21. Et l'ange du Seigneur n'ap- 
parut plus à leurs yeux. Et aus- 
sitót Manué comprit que c'était 
l'ange du Seigneur. 

22. Et il dit à sa femme : Nous 
mourrons de mort, parce que 
nous avons vu le Seigneur. 

93. Sa femme lui répondit : Si 
le Seigneur voulait nous faire 
mourir, il n'aurait pas recu de nos 
mains d'holocaustes et de liba- 
tions, il ne nous aurait pas mon- 
tré toutes ces choses, et il n'au- 
rait pas dit ce qui doit arriver. 

24. Elle enfanta donc un fils, 
et elle l'appela du nom de Sam- 
son. Et l'enfant grandit, et le Sei- 
gneur le bénit. 

25. Et l'esprit du Seigneur com- 
menca à étre avec lui, dans le 
camp de Dan, entre Saraa el Es- 
thaol. 


13, 14. Que ta femme s'abstienne, etc. Les verbes de ces deux versets étant au fé- 
minin en hébreu, ne peuvent avoir pour sujet que la mére de Samson, et non Sam- 


son lui-méme. 


15. * Un chevreau. Voir la note sur I Rois, xvi, 20. 
19. Sur le rocher, qui se trouvait à l'endroit méme de la campagne où était 


Manué. 


22. Nous mourrons de mort; hébraisme pour : nous mourrons infailliblement. 
24. Samson, en hébreu Schismchón, paraît être un diminutif de 500670030, 1 


[cn. xiv.] 


CHAPITRE XIV. 


Samson épouse une Philistine, elle le 
trahit; il la quitte, et se retire chez 
son père. 


4. Ensuite Samson descendit à 
Thamnatha; et voyant là une 
femme d’entre les filles des Phi- 
listins, 

9. Il monta, et il l'annonca à 
son pere et à sa mère, disant : 
J'ai vu à Thamnatha une femme 
d'entre les filles des Philistins, 
que je vous prie d'accepter pour 
mon épouse. 

3. Son pere et sa mere lui ré- 
pondirent : Est-ce qu'il n'y a point 
de femme parmi les filles de tes 
freres, et dans tout mon peuple, 
puisque tu veux prendre une 
femme d'entre les Philistins qui 
sont incirconcis? Et Samson dit 
à son pere : Acceptez-la pour moi, 
parce qu'elle a plu à mes yeux. 


LES JUGES. 419 


4. Mais ses parents ne savaient 
pas que la chose se faisait par le 
Seigneur, et qu'il cherchait une 
occasion contre les Philistins ; car 
en ce temps-là les Philistins do- 
minaient sur Israél. 

9. C'est pourquoi Samson des- 
cendit avec son père et sa mere 
àThamnatha. Et, lorsqu'ils furent 
arrivés aux vignes de la ville, 
parut le petit d'un lion furieux et 
rugissant, et il vint à la rencontre 
de Samson. 

6. Mais l'Esprit du Seigneur 
s'empara de Samson, qui déchira 
le lion comme il aurait mis un 
chevreau en pièces, n'ayant abso- 
lument rien dans la main; et il 
ne voulut pas le déclarer à son 
père et à sa mère. 

7. Et il descendit, et il parla à 
la femme qui avait plu à ses yeux. 

8. Et, après quelques jours, re- 
venant pour l'épouser, il se dé- 


1. * 4 Thamnatha. Thamnatha, aujourd'hui Tibnéh. Tibnéh n'est plus qu'un mon- 
ceau de ruines, éparses sur les flanes d'une colline hérissée de hautes herbes, de 
chardons et de lentisques. Une partie de ses débris a été transportée plus loin et 
a servi à bâtir le village actuel d'el-Bridje. Elle a perdu maintenant ses riches vi- 
gnobles. De gros blocs de pierres, disséminés aux alentours, sont, avec ces vieux 
décombres, rongés et couverts de lichens, le seul souvenir qui nous reste de Tham- 
natha. — Samson descendit. On a fait une difficulté contre ce verset, parce qu'il y 
est dit que Samson descendit de Saraa à Thamnatha, mais cette expression est 
exacte. « Il fallait descendre, ce qui est effectivement vrai, le village actuel de Saraa 
étant situé sur une colline plus élevée que Tibnéh, » dit M. Guérin. 

2. * Une femme d'entre les Philistins. Du temps de Samson, Thamnatha était au 
pouvoir des Philistins. Du moins les Philistins y habitaient-ils en nompre et y agis- 
saient-ils en maitres. 

9. * Parut le petit d'un lion. Thamnatha est à une heure à l'ouest de Bethsamés 
Ce fut en descendant de Bethsamés à Thamnatha, peut-étre dans la gorge méme, 
prés du torrent qu'il avait à traverser, que Samson rencontra et tua le lionceau. 
C'est aussi dans ce massif montueux qu'il prit plus tard les trois cents chacals avec 
lesquels il brüla les blés des Philistins. Ces lieux abondaient autrefois en bétes 
fauves, comme l'attestent les noms que portaient les villages des alentours, Lebaoth 
ou les lionnes, Saalbim ou les chacals. 

6. L'Esprit du Seigneur ne signifie pas ici c'inspration divine, ou l'amour de la 
vertu, mais cet esprit de force dont le Seigneur remplit Samson pour combattre et 
vaincre les Philistins, qui étaient les ennemis d'Israel. L'Ecriture elle-même nous 
apprend que la force de Samson n'était pas naturelle, mais qu'elle lui était donnée 
de Dieu d'une maniére miraculeuse, bien qu'il y ait eu des hommes doués d'une 
force de corps prodigieuse. 

8. * Et aprés quelques jours, etc. « On sait que les abeilles fuient les cadavres, 


480 
tourna pour voir le corps du lion, 
et voilà qu'un essaim d'abeilles 
était dans la gueule du lion, et 
un rayon de miel. 

9. Ayant pris ce rayon dans ses 
mains, ille mangeait en chemin; 
et étant arrivé chez son pere et 
sa mere, il leur en donna une 
partie, qu'eux-mémes aussi man- 
gerent; mais cependant il ne 
voulut pas leur déclarer qu'il 
avait pris le miel dans la gueule 
du lion. 

10. Son pere descendit donc 
chez cette femme, et il fit pour 
son fils Samson un festin; car 
c'est ainsi que les jeunes gens 
avaient coutume de faire. 

11. Or, lorsque les habitants de 
ce lieu l'eurent vu, ils lui donne- 
rent trente jeunes hommes pour 
étre avec lui. 

19. Samson leur dit : Je vous 
proposerai une énigme; si vous 
me l'expliquez pendant les sept 
jours du festin, je vous donnerai 
trente vétements de dessous et 
autant de tuniques; 

13. Mais si vous ne pouvez pas 
l'expliquer, c'est vous qui me 
donnerez trente vêtements de 


LES JUGES. 


[cH. xiv.] 


dessous et des tuniques en même 
nombre. Ils lui répondirent : 
Propose l'énigme afin que nous 
l'entendions. 

14. Alors Samson leur dit : De 
celui qui mangeait est sortie une 
nourriture, et du fort est sorti de 
la douceur; et ils ne purent point 
pendant trois jours expliquer 
l'énigme. 

15. Mais, lorsqu'approchait le 
septième jour, ils dirent à la fem- 
me de Samson : Gagne ton mari 
par tes caresses, et persuade-lui 
de te donner la signification de 
l'enigme; que si tu ne veux pas 
le faire, nous te brülerons, toi et 
la maison de ton pere; est-ce 
que tu ne nous as appelés aux 
noces que pour nous dépouil- 
ler? 

16. Elle répandait des larmes 
auprès de Samson, et se plaignait, 
disant : Tu me hais et tu nejm’ai- 
mes point; c'est pour cela que tu 
ne veux pas m'expliquer l'énigme 
que tu as proposée aux fils de mon 
peuple. Mais Samson répondit : 
Je ne l'ai point voulu dire à mon 
père et à ma mère; et je pourrai 
te l'expliquer? 


mais elles ne fuient pas les ossements desséchés. L'expression aprés quelques jours 
est plus d'une fois employée dans la Sainte Ecriture pour désigner un espace de 
temps considérable et méme quelques années. Samson peut étre resté plusieurs 
mois fiancé avec la jeune fille, qui était peut-être encore trop jeune. Hérodote, v, 114, 
raconte que les abeilles firent du miel dans le crâne d'Onésilos, tyran de l'ile de 
Cypre, dont la tête avait été suspendue par les habitants d'Amathonte. » (STOLBERG.) 
— Les bois de Palestine sont remplis d'innombrables essaims d'abeilles sauvages 
qui n'habitent pas seulement des creux d'arbres, mais rassemblent aussi, faute 
d'autres places, leurs provisions de miel dans les fentes des rochers et dans les ca- 
vernes souterraines, sans autre but que de s'abriter à leur ombre. 

11. C'était anciennement la coutume de donner à l'époux, pour laecompagner, 
un certain nombre plus ou moins considérable de jeunes hommes. Les Grecs les 
appelaient paranymphes. Ce sont probablement ceux que l'Evangile désigne sous le 
nom d'amis de l’époux. 

12. * Pendant les sept jours du festin. Les fètes qui accompagnaient les mariages 
duraient une semaine entière et on les égayait par toute espèce de divertissements. 

14. * Le goût des Orientaux pour les énigmes et les jeux de mots est un des traits 
saillants de leur caractère, 


]68. xv.] 

47. Ainsi, pendantles sept jours 
du festin elle pleurait devant iui; 
et enfin le septieme jour, comme 
elle lui était importune, il lui 
expliqua. Elle aussitót la fit con- 
naitre à ses concitoyens. 

18. Et eux dirent à Samson le 
septieme jour avant le coucher 
du soleil : Quoi de plus doux que 
du miel, etdeplus fort que lelion? 
Et Samson leur répondit : 51 vous 
n'aviez pas labouré avec ma gé- 
nisse, vous n'auriez pas décou- 
vert mon énigme. 

19. Cest pourquoi l'esprit du 
Seigneur s'empara de Samson. et 
il descendit à Ascalon : et là il tua 
trente hommes dont il donna les 
vétements qu'il leur avait pris à 
ceux qui avaient expliqué l'énig- 
me. Et étant tres irrité il monta à 
la maison de son père. 

20. Or, sa femme prit pour 
mari un de ses amis, un de ceux 
qui l'avaient accompagné à ses 
noces. 


CHAPITRE XV. 


Samson met le feu aux moissons des 
Philistins. 11 bat mille Philistins avec 
une mâchoire d'àne. 


1. Mais peu de temps aprés, 
lorsque les jours de la moisson 


LES JUGES. 


481 
des blés approchaient, Samson 
vint, voulant voir sa femme ; et il 
lui apporta un chevreau. Or, 
comme il voulait, selon 18 coutu- 
me, entrer dans sa chambre, son 
pere l'empécha, disant : 

2. J'ai pensé que tu la haissais, 
et c'est pour cela que je l'ai don- 
née à ton ami. Mais elle a une 
sœur qui est plus jeune et plus 
belle; qu'elle soit ta femme au 
lieu d'elle. 

3. Samson lui répondit : Dès 
ce jour, il n'y aura pas de faute 
en moi contre les Philistins, si je 
vous fais du mal. 

4. IL aila donc, et il prit trois 
cents renards ; illiales queues des 
uns aux queues des autres, et at- 
tacha des torches au milieu. 

5. Mettant le feu aux torches, 
il làeha les renards, afin qu'ils 
courussent çà et là. Ceux-ci allè- 
rent dans les moissons des Philis- 
tins, lesquelles une fois embra- 
8668 , et les blés déjà amassés et 
ceux qui étaient encore sur pied, 
furent brülés ; tellement que la 
flammeconsuma mémeles vignes 
ef les plants d'oliviers. 

6. Alors les Philistins dirent : 
Qui a fait cela? On leur répondit: 
Samson, gendre du Thamna- 


19. * Ascalon, l'une des cinq grandes villes des Philistins, sur la Méditerranée, au 
rord de Gaza et au sud d'Azot, dans une position très forte et trés fertile. 


4. * Il lui apporta un chevreau. Voir la note sur I Rois, xvr, 20. 


3. Il m'y aura plus, etc.; c'est-à-dire je ne serai point coupable envers les Philistins. 

4. Les renards dont il est ici question sont les schacals, espèce d'animaux qui 
tiennent le milieu entre le renard ordinaire, le chien et le loup. On les rencontre par 
troupes dans la Palestine; ils cherchent la société des hommes, et se laissent prendre 
facilement. 

9. * Dans les snoissons des Philistins. Les cinq villes des Philistins étaient situées 
dans une vaste plaine que le texte hébreu appelle Séphéla ou le pays bas. Sur le ri- 
vage de la mer Méditerranée s'étend une large bande de sable stérile. mais tout le 
reste de la plaine n'est qu'un immense champ de blé, d'un rapport merveilleux, 
parsemé cà et là de légers mamelons, couverts de jardins verdoyants et de riches 
vergers. 


A. T. 91 


482 


théen, parce que celui-ci a enle- 
vé sa femme et l'a donnée à un 
autre, a fait ces choses. Alors 
les Philistins montèrent et brü- 
lerent tant la femme que som 
père. 

7. Samson leur dit : Quoique 
vous ayez fait cela, je tirerai en- 
core de vous vengeance, et alors 
je demeurerai tranquille. 

8. Il les frappa, en effet d'une 
plaie, en sorte que saisis de stu- 
peur, ils mettaient la jambe sur 
la cuisse. Apres cela, descendant, 
il habita dans la caverne du rocher 
d'Etam. 

9. Les Philistins montant donc 
dans la terre de Juda, camperent 
dans ce lieu, qui, dans la suite, 
fut appelé Léchi, c'est-à-dire, 
Màchoire, où leur armée fut dis- 
sipée. 

10. Des hommes de la tribu de 
Juda leur dirent : Pourquoi avez- 
vous monté contre nous? Ils ré- 
pondirent: C'est pour lier Samson 
que nous sommes venus et pour 
lui rendre ce qu'il a fait contre 
nous. 

11. Il descendit donc trois mil- 
le hommes de Juda à la caverne 

du rocher d'Etam, et ils dirent à 

| Samson : Tu ne sais pas que les 

 Philistins nous commandent? 
Pourquoi as-tu voulu faire cela? 
Il leur répondit : Comme ils m'ont 
fait, ainsi je leur ai fait. 

19. C'est pour te lier, repren- 
nent-ils que nous sommes venus, 


LES JUGES. 


(cn. xv.) 


et pour te livrer aux mains des 
Philistins. Et Samson : Jurez , leur 
dit-il, et promettez-moi, que vous 
ne me tuerez pas. 

13. Ils répondirent : Nous nete 
tuerons pas; mais nous te livre- 
rons enchainé, Et ils le lierent 
avec deux cordes neuves, et ils 
l'enlevèrent du rocher d'Etam. 

14. Lorsqu'il fut arrivé au lieu 
de 18 Mâchoire et que les Philis- 
tins, vociférant, furent venus à 
sa rencontre, l'Esprit du Seigneur 
s'empara de lui; et comme le lin 
ἃ coutume de se consumer à l'o- 
deur du feu, ainsi les liens dont 
il avait été lié, se briserent et se 
détacherent. 

15. Et saisissant une máchoire 
d'âne, c'est-à- dire une mandibule 
d'àne, qu'il trouva et qui était 
à terre, il en tua mille hommes. 

16. Et il dit : Avec la mâchoire 
de l'àne, avec la mandibule du 
poulain des ânesses je les ai dé- 
truits, et j'ai frappé mille hom- 
mes. 

11 Et lorsqu'il eut fini de chan- 
ter ces paroles, il jeta de sa main 
la mandibule, et appela ce lieu du 
nom de Ramathléchi, qu'on in- 
terprète par Elévation de mà- 
choire. 

18. Et pressé violemment par 
la soif, il cria au Seigneur, et 
dit : C'est vous qui avez mis dans 
la main de votre serviteur cette 
délivrance prodigieuse, et cette 
victoire; voici que je meurs de 


m —— án €—Ó— á— —MM — ——— ———— — à 


8. On met souvent la jambe sur la cuisse, quand on est pensif, inquiet, interdit. 
L'hébreu porte: Et il les frappa jambe sur cuisse; ce qui peut être une expression 
proverbiale désignant une défaite entière. — * Dans la caverne du rocher d'Etam. 
Cette caverne était probablement une des nombreuses excavations qu'on trouve à 
l'extrémité orientale de la plaine de la Séphéla, dans les derniers contreforts des 
montagnes de Juda, vers Lekiéh et Deir-Dubban. 

14. A l'odeur du feu; aux approches, au moindre contact du feu, 


[cH. xvi.] 


soif, et je tomberai entre les 
mains des incirconcis. 

19. C'est pourquoi le Seigneur 
ouvrit la dent molaire dans la 
mâchoire d'àne, et il en sortit de 
l’eau; et Samson en ayant bu, 
ranima ses esprits, et reprit ses 
forces. C'est pour cela que jus- 
qu'au présent jour on a appelé 
ce lieu du nom de Fontaine de 
l''nvoquant sortie de la machoire. 

90. Et Samson jugea Israél aux 
jours des Philistins pendant vingt 
ans. 


LES JUGES. 483 


vit une femme de mauvaise vie, 
et il entra chez elle. 

2. Lorsque les Philistinsl'eurent 
appris, et que le bruit se fut 
répandu chez eux, que Samson 
était entré dans la ville, ils l'en- 
vironnèrent, mettant des gardes 
à la porte de la ville, et atten- 
dant là, toute la nuit, en silence, 
pour le tuer, le matin venu, lors- 
qu'il sortirait. 

3. Mais Samson dormit jus- 
qu'au milieu de la nuit; et se 
levant alors il prit les deux bat- 


tants dela porte avec ses poteaux 
et son verrou, et les ayant mis 
sur ses épaules, il les porta sur 
le sommet de la montagne qui 
regarde Hébron. 

4. Apres cela il aima une 


CHAPITRE XVI. 


Samson enléve les portes de Gaza. Dalila 
lui coupe les cheveux. Il renverse sur 
lui le temple de Dagon. 


1. Il alla aussi à Gaza, et là il 


19. * Fontaine de l'invoquant. Elle ne devait pas étre éloignée d'Etam 


1. * Gaza. Noir Josué, x, 41. 

3. * IL prit les deux battants de la porte avec ses poteaux et son verrou. « Les portes 
des villes sont ordinairement cintrées; elles sont gardées et fermées la nuit. Elles 
sont larges, massives, à deux battants (Isaie, xLv, 1), construites en bois solide et bar- 
dées de fer (Acles, xit, 10). Une forte barre de fer, formant crochet à l'une de ses extré- 
mités, est suspendue à un lourd anneau de méme métal, fixé à un fort montant solide- 
ment encastré dans la muraille de chaque cóté de la porte. Quand la porte est fermée, 
le crochet des arcs-boutants entre dans un anneau de fer, attaché derrière chaque 
battant, de sorte que la porte est capable de résister à une forte pression venant du 
dehors. La serrure est massive, de fer travaillé, et la clef à longue poignée, fort 
lourde, est portée à la ceinture par le gardien de la porte ou suspendue à un clou 
dans le petit appartement qui est tout près. Il fallut la force de Samson, pour ar- 
racher les portes de Gaza de leurs gonds, avec les deux montants, barre et tout, et 
les porter au sommet de la colline qui regarde Hébron. Une tour quelquefois deux, 
flanquent la porte. Des banes sont fixés de chaque cóté de l'entrée et souvent occupés 
por des gardes, qui vivent dans des appartements ouvrant sur le porche. Ce porche 
est le rendez-vous favori des habitants, spécialement des plus riches, qui y sont 
attirés par la brise fraiche qui souffle à travers la porte ombragée, et par la distrac- 
tion qu'ils trouvent à voir aller et venir constamment hommes et bétes... Les juges 
et méme le gouverneur se rendent souvent en ce lieu pour régler les affaires les plus 
importantes : les causes civiles et criminelles y sont souvent discutées et jugées... 
Les portes de la ville sont fermées au coucher du soleil ou bientót aprés. Quelques- 
unes d'entre elles ont, dans un de leurs battants, une petite porte, qui demeure 
ouverte une heure ou méme plus aprés le coucher du soleil, pour permettre aux 
piétons accidentellement en retard d'entrer dans la ville ou d'en sortir. On peut la 
faire ouvrir aussi plus tard, moyennant un backschisch. Mais les animaux doivent 
rester dehors et les voyageurs attardés sont ainsi fréquemment forcés de camper 
hors des murs, quand ils n'arrivent pas à la porte avant le coucher du soleil. » 
(Van LENNEP.) — Hébron. Voir la note sur Genèse, xi, 18, 

4. * La vallée de Sorec. La vallée qui sépare Bethsamès de Saraa est trés proba- 


484 


femme, qui habitait dans la val- 
lée de Sorec, et s'appelait Dalila. 

5. Et les princes des Philistins 
vinrent vers elle, et dirent 
Trompe Samson, et apprends de 
lui comment il a une si grande 
force, et de quelle maniere nous 
pourrions le vaincre, et après 
l'avoir lié, le tourmenter. Que si 
tu fais cela, nous te donnerons 
chacun mille et cent pieces d'ar- 
gent. 

6. Dalila dit donc à Samson : 
Dis-moi, je te conjure, d’où te 
vient ta trés grande force, et 
quel est le lien, dont étant lié, tu 
ne pourrais t'échapper? 

1. Samson lui répondit : Si on 
me lie avec sept cordes de boyau 
non sèches, maisencore humides, 
je serai faible comme tous les 
autres hommes. 

8. Les satrapes des Philistins 
luiapporterentseptcordescomme 
il avait dit, dont elle le lia ; 

9. Et, une embuscade ayant été 
placée chez elle, et attendant 
dans la chambre lissue de la 
chose, elle lui cria: Les Philis- 
tins sur toi, Samson! Et lui, rom- 
pit les cordes, comme quelqu'un 
romprait un fil tordu avec le re- 
but de l'étoupe, lorsqu'il sent 10- 
deur du feu; et on ne connut 
point d'où venait sa force. 

10. Alors Dalila lui dit : Voilà 
que tu t'es joué de moi, et tu as 
dit faux : au moins maintenant 


LES JUGES. 


[cH. xvi.] 


indique-moi avec quoi tu devrais 
étre lié. 

11. Samson lui répondit : Si je 
suis lié avec des cordes neuves, 
qui jamais n'ont été mises en 
œuvre, je serai faible et sem- 
blable aux autres hommes. 

12. Dalilale lia encore avec ces 
cordes, et cria : Les Philistins sur 
toi, Samson! une embuscade 
ayant été disposée dans la cham- 
bre. Et lui rompit les cordes 
comme des fils de toiles. 

13. Et Dalila lui dit de nou- 
veau:Jusqu'à quand me trom- 
peras-tu, etdiras-tu faux ? montre 
par quoi tu dois être lié. Samson 
lui répondit: Si tu entrelaces les 
sept tresses des cheveux de ma 
téte avec le fil de la trame, et que 
tu enfonces dans la terre le clou 
entouré de ces tresses, je serai 
faible. 

14. Ce que Dalila ayant fait, 
elle lui dit : Les Philistins sur 
toi, Samson! Et lui, sortant de 
son sommeil, arrachale clou avec 
les tresses de cheveux et le fil de 
la trame. 

15. Et Dalila lui dit : Comment 
dis-tu que tu m'aimes, puisque 
ton cœur n'est pas avec moi? Par 
trois fois tu m'as menti, et tu n'as 
pas voulu dire d’où vient ta très 
grande force . 

16. Et comme elle lui était im- 
portune, et que pendant bien des 
jours elle se tint constamment 


blement la vallée qu'habitait Dalila. Les plants de vigne de la vallée de Sorec étaient 


les plus célébres de la Palestine. 


5. Pièces ; c’est-à-dire sicles. Voy. Genèse, ,א‎ 


13. Si lu entrelaces, etc. Pour bien comprendre la fin de ce verset, il faut supposer 
que Samson partageait ordinairement ses cheveux en sept tresses, et qu'il était alors 
couché par terre auprès de Dalila, qui faisait de la toile sur son métier. Quant au 
clou que le texte hébreu détermine par l'article, c'était probablement le principal 
parmi ceux qui servaient à soutenir le métier. 


[cg. x v1.] 
attachée aupres de lui, ne lui 
accordant point de temps pour 
le repos, sou âme défaillit, et se 
lassa jusqu'à la mort. 

17. Alors découvrant la vérité 
de la chose, il lui dit : Jamais fer 
n'a monté sur ma téte, parce que 
je suis nazaréen, c'est-à-dire, 
consacré à Dieu des le sein de 
ma mere; si ma téte est rasée, 
ma force se retirera de moi; je 
deviendrai faible, et je serai 
comme tous les autres hommes. 

18. Or, Dalila, voyant quil lui 
lui avait confessé tout son cœur, 
envoya vers les princes des Phi- 
listins, et leur manda : Montez 
encore une fois, parce que main- 
tenant il m'a ouvert son cœur. 
Etils monterent, après avoir pris 
avec eux l'argent qu'ils avaient 
promis. 

19. Ainsi, elle le fit dormir sur 
ses genoux, et reposer la téte sur 
son sein. Elle appela aussi un 
barbier, etil rasa les sept tresses 
de ses cheveux : alors elle com- 
menca à le chasser et à le repous- 
ser d'aupres d'elle; car aussitót 
sa force se retira de lui. 


LES JUGES. 485 


20. Et elle dit: Les Philistins 
sur toi, Samson! Et lui, sortant 
de son sommeil, dit en son cœur: 
Je sortirai, comme j'ai fait aupa- 
ravant, et je me dégagerai, ne 
sachant pas que le Seigneur s'é- 
tait retiré de lui. 

21. Lorsque les Philistins l'eu- 
rent pris, ils arrachèrent aussitôt 
ses yeux, le conduisirent à Gaza 
lié de chaines, et lenfermant. 
dans la prison, ils lui firent tour- 
ner la meule. 

22. Et déjà ses cheveux com- 
mencaient à revenir, 

23. Lorsque les princes des 
Philistins s'assemblerent pour 
immoler des hosties solennelles 
à Dagon leur dieu,et faire des 
festins, disant : Notre Dieu 8 li- 
vré Samson notre ennemi en nos 
mains. 

24. Ce que le peuple aussi 
voyant, il louait son Dieu, et di- 
sait les mémes choses : Notre 
dieu a livré en nos mains notre 
ennemi, qui a ruiné notre terre 
et a tué un grand nombre de Phi- 
listins. 

25. Or, comme ils se réjouis- 


21. * Ils lui firent tourner la meule. On ne peut imaginer d'occupation plus fasti- 
dieuse et plus fatigante. Aussi celui qui était obligé de s'y livrer était considéré 
comme la plus malheureuse des créatures, et chez les peuples anciens, on condam- 
nait souvent les captifs à tourner la meule, comme Samson. Il est donc impossible 
de rien concevoir de plus humiliant pour le héros israélite que cette besogne de 
femme et d'esclave. Sur le moulin à bras, voir la note sur Deutéronome, xxiv, 6. 

23. * Dagon leur dieu. Dagon était le dieu principal des Philistins. Sur cette idole, 
voir la note sur I Rois, v, 3. 

25-21. Jouait en chantant et en dansant, pour les amuser, selon l'usage de ce 
temps-là. — * La description suivante de Shaw permet de se rendre bien compte des 
faits racontés ici: «Il y a dans ce pays-ci [en Afrique] plusieurs palais et Don-wánas, 
comme ils appellent les cours de justice, qui sont bàtis [comme les anciens enclos 
sacrés] lesquels étaient entourés les uns en partie seulement, les autres tout à fait, de 
bâtiments avec des cloîtres par-dessus. Les jours de fête, on couvre la place de sable, 
afin que les pello-waan ou lutteurs ne se fassent point de mal en tombant, pendant 
que les toits des cloitres d'alentour fourmillent de spectateurs. J'ai souvent vu à Alger 
plusieurs centaines de personnes dans ces sortes d'occasions surle toit du palais du 
Dey qui, de méme que plusieurs autres grands édifices, a un cloitre avancé qui res- 
semble à un grand appegtis, n'étant soutenu dans le milieu ou sur le devant que 


486 LES JUGES. 


saient au milieu des festins, les 
repas étant déjà pris, ils ordon- 
nerent que Samson füt appelé, 
et qu'il jouát devant eux. Samson 
ayant été amené de la prison, 
3ouait devant eux, et ils le firent 
tenir debout entre les deux co- 
ionnes. 

26. Samson dit à l'enfant qui 
dirigeait ses pas : Laisse-moi tou- 
cher les colonnes par lesquelles 
toute la maison est soutenue, et 
m appuyer contre elles, et me re- 
poser un peu. 

27. Or la maison était pleine 
dhommes et de femmes, et là 
étaient tous les princes des Phi- 
listins, et environ trois mille per- 
sonnes de l'un et de l'autre sexe, 
regardant, du toit et de la terras- 
se, Samson qui jouait. 

98. Mais, Samson, le nom du 
Seigneur invoqué, dit : Seigneur 
Dieu, souvenez-vous de moi, et 
rendez-moi maintenant ma pre- 
miere force. mon Dieu, afin que je 
me venge de mes ennemis, et que, 
pour la perte de mes deux yeux, 
je tire une seule vengeance. 

99. Et saisissant les deux co- 
lonnes sur lesquelles était ap- 
puyée la maison, tenant lune 
d'elles de la main droite, et l'au- 
ire de la main gauche, 


(cu. xvm.] 


30. Il dit: Meure mon àme avec 
les Philistins; et, les colonnes 
fortement ébranlées, la maison 
tomba sur tous les princes et sur 
Loute la multitude qui était là, et 
il en tua beaucoup plus en mou- 
rant, qu'il n'en avait tué aupara- 
vant, lorsqu'il vivait. 

31. Or, ses frères et toute sa 
parenté descendant en ce lieu. 
prirent son corps et l'enseveliren* 
entre Saraa et Esthaol dans le 
sépulcre de son père Manué. Et 
il jugea Israél pendant vingt ans 


CHAPITRE XVII. 
Idole de Michas. 


1. Il y eut en ce temps-là un 
certain homme de la montagne 
d'Ephraim, du nom de Michas, 

2. Qui dit à sa mere : Les mille 
et cent sicles d'argent, que vous 
aviez mis à part, et au sujet des- 
quels, vous aviez juré, moi l'en- 
tendant, voici que je les ai, et 
qu'ils sont avec moi. Sa mere lui 
répondit : Béni soit mon fils par 
le Seigneur! 

3. Michas les rendit donc à sa 
mere, qui lui avait dit : J'ai con- 
sacré et voué cet argent au Sei- 
gneur, afin que mon fils le re- 
coive de ma main, et qu'il fasse 


par un ou deux piliers. C'est dans de semblables bâtiments ouverts, que les bachas, 
les cadis et les autres grands officiers s'assemblent et s'asseyent au milieu de leurs 
gardes et de leurs conseillers, pour administrer la justice et pour régler les affaires 
publiques de leur province. Ils y font aussi des festins, comme les principaux d'entre 
les Philistins en faisaient dans le temple de Dagon. De sorte qu'en supposant que 
ce temple était construit à peu prés comme les bátiments dont je viens de parler, il 
est aisé de concevoir comment Samson, en faisant tomber les piliers qui soutenaient 
le cloitre, le renversa, « et tua plus de Philistina en sa mort qu'il n'en avait fait 
mourir en sa vie. » 

98. Je tire une seule vengeance; je me venge en une seule fois du mal qu'ils m'ont 
fait en m'arrachant les deux yeux. 

31. * Esthaol, aujourd'hui Aschoua. — Dans le sépulcre dont loualy (tombeau) 
de Scheikh Gherib actuel, occupe probablement l'emplacement. 


[cu. xvur.] 


une image taillée au ciseau et 
une idole de fonte ; et maintenant 
je te le remets. 

4. ll les rendit donc à sa mere, 
qui prit deux cents sicles d'argent 
et les donna à un orfévre, afin 
qu'il en fit une image taillée au 
ciseau et une idole de fonte, qui 
demeura dans la maison de Mi- 
chas. 

5. Michas aussi éleva séparé- 
ment dans sa maison un petit 
temple au dieu, et fit un éphod, 
des théraphim, c'est-à-dire un 
vêtement sacerdotal, el des ido- 
les; puis il remplit la main d'un 
de ses fils; et celui-ci devint son 
prétre. 

6. En ces jours-là il n'y avait 
point de roi en Israél, mais cha- 
cun faisait tout ce qui lui sem- 
blait juste. 

7. ll y eut aussi un autre jeune 
homme deBethléhem de Juda, par 
sa parenté; et lui était Lévite, et 
il habitait là. 

8. Sorti de la ville de Bethlé- 
hem, il voulut voyager partout 
où il trouverait pour lui un avan- 
tage. Et lorsqu'il fut venu à la 
montagne d'Ephraim, chemin 
faisant, et qu'il se fut un peu dé- 
tourné jusqu'à la maison de Mi- 
chas, 

9. Michas lui demanda d’où il 
venait. Il répondit : Je suis Lé- 
vite de Bethléhem de Juda, et 
je vais pour habiter oü je pour- 


LES JUGES. 


481 


rai, οἱ oü je verrai qu'il me sera 
utile. 

10. Et Michas dit : Demeure 
chez moi, et sers-moi de pere et 
de prétre ; je te donnerai chaque 
ennée dix szcles d'argent, un dou- 
ble vétement et ce qui est néces- 
saire pour la vie. 

11. ll consentit, et il demeura 
chez lui, et il fut pour lui comme 
un de ses enfants. 

12. Et Michas remplit sa main, 
et il garda ce jeune homme com- 
me prétre chez lui, 

13. Disant : Je sais que Dieu me 
fera du bien, puisque j'ai un pré- 
tre de la race Lévitique. 


CHAPITRE XVII. 


Six cents hommes de ]a tribu de Dan 
vont s'établir à Lais. Ils enlévent le 
prétre et l'idole de Michas. 


1. En ces jours-là il n’y avait 
point de roi en Israël, et la‘tribu 
de Dan se cherchait une posses- 
sion pour y habiter ; car jusqu'à 
ce jour elle n'avait pas recu de 
lot parmi les autres tribus. 

2. Les enfants de Dan envoye- 
rent donc cinq hommes de leur 
race et de leur famille, des plus 
vaillants de Saraa et d'Esthaol, 
pour explorer la terre, et l'exa- 
miner avec soin; et ils leur di- 
rent : Allez et considérez la terre. 
Lorsque ceux-ci, s'étant mis en 
chemin, furent venus à la mon- 
tagne d'Ephraim, et qu'ils furent 


5, 12. 11 remplit la main, etc. Voyez sur le sens de cette expression, Nombres, ai, 3. 
— * Il fil un éphod. Voir Exode, xxvin, 4. — C'est-à-dire un vélement sacerdotal et 
des idoles. Cette explication est ajoutée au texte original dans notre Vulgate. 

7. Par sa parenté; du côté de sa mère; c'est-à-dire, qu'il appartenait à la tribu de 
Juda par sa mère; car par son père il était de la race de Lévi. Ainsi l'écrivain sacré 
fait ici cette remarque, dans le but d'expliquer pourquoi il demeurait à Bethléhem, 
ville de la tribu de Juda, laquelle n'était pas du nombre des villes assignées aux 
Lévites. Au lieu de par sa parenté, l'hébreu, plus explicite, dit : de la famille de Juda. 


488 LES JUGES. 


entrés dansla maison de Michas. 
ils s'y reposerent ; 

3. Et reconnaissant la voix du 
jeune Lévite, et se trouvant dans 
son logis, ils lui demandèrent : 
Qui t'a amené ici? qu'y fais-tu? 
pour quel motif as-tu voulu y 
venir ? 

4. ll leur répondit : Michas a 
fait pour moi telle et telle chose, 
et il m'a loué moyennant un sa- 
laire, pour que je lui serve de 
prêtre. 

5. Or, ils le prierent de consul- 
ter le Seigneur, afin qu'ils pus- 
sent savoir s'ils feraient un heu- 
reux voyage, et si leur entreprise 
aurait son effet. 

6. Il leur répondit : Allez en 
paix, le Seigneur regarde votre 
voie, etle chemin par lequel vous 
allez. 

7. S'en allant donc, les cinq 
hommes vinrent à Laïs, et ils 
virent que le peuple y habitait 
sans aucune crainte, selon la 
coutume des Sidoniens, en sé- 
curité et tranquille, personne 
absolument ne s'opposant à lui, 
ayant de grandes richesses, loin 
de Sidon, et séparé de tous les 
hommes. 

8. EL étant retournés vers leurs 
frères à Saraa et à Esthaol, ils 
répondirent à ceux qui leur de- 
manderent ce qu'ils avaient fait : 

9. Levez-vous, montons vers 
eux, car nous avons vu la terre 
tres riche ettres fertile; ne mettez 
point de négligence, et ne diffé- 


]08. xvir.] 


rez point. Allons, et possédons-la, 
il n'y aurà aucun labeur. 

10. Nous entrerons chez des 
gens en sécurité, dans une con- 
irée trés étendue, et le Seigneur 
nous livrera un lieu dans lequel 
il n'y ἃ manque d'aucune chose 
de ce qui est produit sur la terre. 

11. Ils partirent donc de la fa- 
mille de Dan, c'est-à-dire de Sa- 
raa et d'Esthaol, six cents hom- 
mes, munis d'armes de guerre, 

19. Et, montant, ils demeurè- 
rent à Cariathiarim de Juda; le- 
quellieu, depuis cetemps-là,recut 
le nom de Camp de Dan, et ii est 
derriere Cariathiarim. 

13. De là ils passèrent à 18 mon- 
tagne d'Ephraim. Et lorsqu'ils 
furent venus à la maison de Mi- 
chas, 

14. Les cinq hommes qui aupa- 
ravant avaient été envoyés pour 
considérer la terre de Lais, dirent 
à tous leurs autres freres : Vous 
savez qu'en ces maisons-là il y a 
un ephod, des théraphims, une 
image taillée au ciseau, et une 
idole de fonte; voyez ce qui vous 
plait. 

15. Lors donc qu'ils se furent. 
un peu détournés, ils entrèrent 
dans la maison du jeune Lévite 
qui était dans la maison de Mi- 
chas ; et ils 16 saluerent avec des 
paroles de paix. 

16. Cependant, les six cents 
hommes, tels qu'ils étaient ar- 
més, se tenaient devant la porte. 

11. Mais ceux qui étaient entrés 


1.* A Lais. Voir y. 27. — Sidon, capitale de la Phénicie, avant Tyr; port de mer 


sur la Méditerranée. 


8. * A Saraa. Voir plus haut, xiu, 2. — À Esthaol. Voir xvi, 31. 

12. * Cariathiarim, la ville des fourrés, probablement aujourd'hui Erma, entre les 
hautes montagnes de Juda et les collines plus basses. 

44. * Un éphod. Voir la note sur Exode, xxvin, 4. 


[cu. xvin.) 


dans la maison du jeune homme 
s'efforcaient d'enlever l'image 
taillée au ciseau, l'éphod, les thé- 
raphims et l'idole de fonte; et le 
prétre se tenait devant la porte, 
les six cents hommes tres vail- 
lants se tenant non loin de là. 

18. Ceux done qui étaient en- 
trés enleverent l'image taillée au 
ciseau, l'éphod, les idoles, et celle 
de fonte. Le prétre leur dit : Que 
faites-vous? 

19. Ils lui répondirent : Tais- 
toi, et mets ton doigt sur ta bou- 
che; et viens avec nous, afin que 
nous t'ayons pour père et pour 
prétre. Lequel est le meilleur 
pour toi, que tu sois prétre dans 
la maison d'un homme, ou dans 
une tribu et une famille en Is- 
rael? 

90. Ce qu'ayant entendu, il ac- 
quiesca à leurs paroles, prit l'é- 
phod, les idoles et l'image taillée 
au ciseau, et partit avec eux. 

21. Lorsqu'ils étaient en che- 
min, et qu'ils avaient fait aller 
devant eux les enfants, les bes- 
liaux et tout ce qui était pré- 
cieux, 

22. Et que déjà ils étaient loin 
dela maison de Michas, les hom- 
mes qui demeuraient dans la mai- 
son de Michas, s'appelant les uns 
les autres, les suivirent, 

23. Et se mirent à crier après 
eux. Ceux-ci s'étant retournés, 
dirent à Michas : Que demandes- 
tu? Pourquoi eries-tu ὃ 

24. Il répondit : Vous m'avez 


! 
i 


LES JUGES. 


489 


enlevé mes dieux que je me suis 
faits, mon prétre, et tout ce que 
j'ai, et vous dites : Qu as-tu? 

25. Et les enfants de Dan lui 
dirent : Prends garde que tu ne 
nous parles davantage, que des 
hommes excités par la colere ne 
viennent contre toi, et que toi- 
méme tu ne périsses avec toute 
ta maison. 

26. Et ils continuèrent ainsi 
leur chemin commencé. Mais Mi- 
chas, voyant qu'ils seraient plus 
forts que lui, s'en retourna à sa 
maison. 

27. Gependant les six cents 
hommes emmenèrent le prétre 
el ce que nous avons dit plus 
haut; et ils vinrent à Lais, chez 
un peuple tranquille et en sécu- 
rité, et ils les frappèrent du tran- 
chant du glaive, et livrèrent la 
ville aux flammes, 

28. Personne absolument ne 
portant secours aux habitants de 
Lais, parce qu'ils habitaient loin 
de Sidon, et qu'ils n'avaient avec 
quelque homme que ce soit au- 
cune société et aucun commerce. 
Or, la ville était située dans la 
contrée de Rohob; et l'ayant re- 
construite, ils y habitèrent, 

29. Appelant cette ville du nom 
de Dan, selon 16 nom de leur pere 
qu'avait engendré Israél, elle qui 
auparavant était appelée Lais. = 

30. Ils érigèrent pour eux l'i- 
mage taillée au ciseau, et Z/s éta- 
blirent Jonathan, fils de Gersam, 
fils de Moise, et ses fils prétres 


| 21. * Lais. Ville de la frontiére septentrionale de la Palestine, à une des sources 
du Jourdain; aujourd'hui Tell el-Kadi. Il n'y a actuellement qu'un moulin. 
38. * Rohob n'est connu que vaguement d’après l'indication donnée ici. Il était au 


sud d'Emath, sur la route de cette ville. 


30. Fils de Gersam; c'est-à-dire petit-fils ou descendant; car le mot fils en hébreu 
est susceptible de ces différentes significations. 


490 


dans la tribu de Dan, jusqu'au 
jour de leur captivité. 

91. Et l'idole de Michas demeu- 
ra parmi eux pendant tout le 
temps que la maison de Dieu fut 
à Silo. En ces jours-là il n'y avait 
point de roi dans Israél. 


CHAPITRE XIX. 


Outrage fait à la femme d'un Lévite par 
les habitants de Gabaa. 


1. Il y eut un certain homme 
Lévite, habitant sur le cóté de la 
montagne d'Ephraim, et qui prit 
une femme de Bethléhem de 
Juda, 

2. Laquelle le quitta; et étant 
retournée dans la maison de son 
pere à Bethléhem, elle demeura 
chez lui pendant quatre mois. 

3. Mais son mari la suivit, vou- 
lant se réconcilier avec elle, la 
gagner par ses caresses, et la ra- 
mener chez lui; il avait avec lui 
un serviteur et deux ânes. Sa 
femme l'accueillit et l'introduisit 
dans 18 maison de son père. Lors- 
que son beau-père eut apprit sa 
venue, et qu'il l'eut vu, il alla au- 
devant de lui tout joyeux, 

4. Et il 'embrassa. Or, le gen- 
dre demeura dans la maison du 
beau-pere pendant trois jours, 
mangeant avec lui et buvant fa- 
milierement. 

5. Mais au quatrième jour, se 
levant de nuit, il voulut partir. 
Son beau-père le retint, etlui dit : 
Goüte d'abord un peu de pain, et 
fortifie ton estomac, et ensuite tu 
partiras. 


LES JUGES. 


[cn. xix.] 


6. Ils s'assirent donc ensemble, 
et ils mangèrent et burent. Et le 
père de la jeune fille dit à son 
gendre : Je te prie de demeurer 
aujourd'hui, et que nous nous ré- 
jouissions ensemble. 

7. Mais lui, se levant, commen- 
ça à vouloir partir; mais néan- 
moins son beau-père le retint par 
ses efforts et le fit demeurer chez 
lui. 

8. Mais, le matin venu, le Lé- 
vite préparait son voyage; et son 
beau-père de nouveau : Je te prie, 
lui dit-il, prends un peu de nour- 
riture, et, tes forces réparées, at- 
tends que le jour soit plus avan- 
cé, ensuite tu partiras. Ils man- 
gerent donc ensemble. 

9. Et le jeune homme se leva, 
pour aller avec sa femme et son 
serviteur. Son beau-père lui dit 
de nouveau : Considère que le 
jour est plus incliné vers le cou- 
chant, et qu'il s'approche du soir; 
demeure chez moi encore aujour 
d'hui, passe un jour joyeux, et 
demain tu partiras pour aller à ta 
maison. 

10. Son gendre ne voulut pas 
acquiescer à ses paroles; mais il 
partit aussitót, et vint contre Jé- 
bus, qui est appelée d'un autre 
nom Jérusalem, prenant avec lui 
deux ânes chargés et sa seconde 
femme. 

11. Et déjà ils étaient pres de 
Jébus, et le jour se changeait en 
nuit, lorsque le serviteur ditàson 
maitre : Venez, je vous conjure, 
dirigeons-nous vers la ville des 
Jébuséens, et demeurons-y. 


31. La maison de Dieu, signifie le saint tabernacle. — * Fut à Silo. Voir la note 


sur Josué, XVIII, 1. 
1. * Belhléhem. Noir Ruth, t, 4. 


[. זוע .6₪] 


12. Son maitre Iui répondit : Je 
n'entrerai point dansla ville d'une 
nation étrangere, qui n'est point 
des enfants d'Israël ; mais je pas- 
serai jusqu'à Gabaa ; 

13. Et lorsque j'y serai parve- 
nu, nous y demeurerons, ou au 
moins dans la ville de Rama. 

14. Ils passèrent donc Jébus, et 
ils continuaient le chemin com- 
mencé, et le soleil se couchait 
pour eux près de Gabaa, qui est 
dans la tribu de Benjamin; 

45. EL ils se dirigèrent vers cette 
ville pour y demeurer. Lorsqu'ils 
y furent entrés, ils s'assirent sur 
la place de la ville, et nul ne vcu- 
lut leur donner l'hospitalité. 

16. Mais voilà que parut un 
homme vieux, revenant de la 
campagne et de son travail, sur 
le soir, qui lui aussi était de la 
montagne d'Ephraim, et qui ha- 
bitait comme étranger à Gabaa. 
Or, les hommes de la contrée 
étaient enfants de Jémini. 

17. Et, les yeux levés, ce vieil- 
lard vit le Lévile assis avec ses 
bagages sur la place de la ville, 
et il lui demanda : D'oü viens-tu? 
et oü vas-tu? 

18. Celui-ci lui répondit : Nous 
sommes partis de Bethléhem de 
Juda, et nous nous rendons à no- 
ire demeure, qui est sur le côté 
de la montagne d'Ephraim, d'oü 
nous étions allés à Béthléhem; et 
maintenart nous allons à la mai-, 


Cap. XIX. 22. Genèse, xix, ὃ. 


12. * Gabaa, aujourd’hui Tuleil el-Fül. 


LES JUGES. 


401 


son de Dieu, et nul ne veut nous 
recevoir sous son toit, 

19. Quoique nous ayons de la 
paile et du foin pour la páture 
des ânes, et du pain et du vin 
pour mon usage, et celui de votre 
servante, et du serviteur qui est 
avec moi : nous n'avons besoin 
de rien, si ce n'est d'un logement. 

20. Le vieillard lui répondit : 
La paix soit avec vous! c'est moi 
qui donnerai tout ce qui est né- 
cessaire, seulement, je te prie, 
ne demeure point sur la place. 

91. Et il l'introduisit dans sa 
maison, etil donna à manger aux 
ânes ; et aprés qu'eux-mémes eu- 
rent lavé leurs pieds, il leur don- 
na un repas. 

22. Pendant qu'ils mangeaient, 
et qu'apres la fatigue du chemin 
ils redonnaient des forces à leurs 
corps en mangeant et en buvant, 
il vint des hommes de cette ville, 
fils de Bélial (c'est-à-dire sans 
joug); et environnant la maison 
du vieillard, ils se mirent à frap- 
per àla porte, criant au maitre 
de la maison, et disant : Fais sor- 
tir l’homme qui est entré dans ta 
maison, afin que nous en abu- 
sions. 

23. Alors 16 vieillard sortit vers 
eux et dit : Gardez-vous, mes 
frères, gardez-vous de faire ce 
mal : cet homme est entré sous 
mon toit hospitalier, et renoncez 
à cette folie : 


18. À la maison de Dieu; auprès du saint tabernacle, qui est à Silo; ou bien à Silo où 
est le tabernacle; car quelquefois Silo elle-même est appelée maison de 0100. Voy. xx, 18. 

19. Par l'expression volre servante, 16 Lévite désigne sa propre femme. 

92. Sans joug; c'est-à-dire ne pouvant supporter aucun joug. indisciplinés, indomp: 
tables. Selon l'étymologie, Bélial signifie sans ulililé, vaurien, Compar. notre note sur 


Il Corinth., νι, 15. 


492 LES JUGES. 


24. J'ai une fille vierge et cet 
homme a sa seconde femme; je 
les amènerai vers vous, afin que 
vous les humiliez, et que vous 
assouvissiez votre passion; seu- 
lement, je vous conjure, ne com- 
mettez pas ce crime contre nature 
sur cet homme. 

\ . . . 

| 25. Ils ne voulaient pas acquies- 
cer à ses paroles. Ce que voyant 
16 Lévite il leur amena sa femme, 
et la livra à leurs outrages; lors- 
quils en eurent abusé pendant 
toute la nuit, ils la renvoyèrent 
le matin. 

26. Mais cette femme, les ténè- 
bres de la nuit se retirant, vint à 
la porte de la maison où demeu- 
rait son seigneur, et là elle tomba 
par terre. 

Le matin venu, 16 Lévite se‏ .דש 
leva, et ouvritla porte, pour ache-‏ 
versaroute commencée : et voilà‏ 
que sa femme gisait devant la‏ 
porte, les mains étendues sur le‏ 
seuil.‏ 

28. Pensant qu'elle reposait, il 
lui dit : Lève-toi et marchons. 
Elle ne répondant rien, il comprit 
qu'elle était morte; il la prit, la 
mit sur l'àne et retourna en sa 
maison. 

29. Lorsqu'il y fut entré, il prit 
le glaive, et coupant par mor- 

(παρ. XX. 1. Osée, 1x, 9. 


[cu. xx.] 


ceaux le cadavre de sa femme 
avec ses os en douze parts, il les 
envoya dans tous les confins d'Is- 
raël. 

30. Ce que chacun ayant vu, 
tous s'écriaient : Jamais chose pa- 
reille n'a été faite en Israël, de- 
puis le jour que nos pères sont 
montés de l'Egypte jusqu'au 
temps présent : prononcez une 
sentence, et décidez ensemble ce 
qu'il faut faire. 


CHAPITRE XX. 


Les Israélites vengent sur les enfants de 
Benjamin l'injure faite au Lévite. 


1. C’est pourquoi tous les en- 
fants d'Israël sortirent, et s'étant 
réunis ensemble comme un seul 
homme, depuis Dan jusqu'à Ber- 
sabée, 208 se rendirent, ainsi que 
la terre de Galaad, vers le Sei- 
gneur, à Maspha; 

2. Tous les chefs du peuple et 
toutes les tribus d'Israél vinrent 
ensemble dans 1888612166 du 
peuple de Dieu, quarante mille 
combattants à pied. 

3. (Et les enfants de Benjamin 
n'ignorerent pas que les enfants 
d'Israël étaient montés àMaspha.) 
Et le Lévite, mari de la femme 
qui avait été tuée, interrogé com- 


29. Le glaive; le texte hébreu porte, 76 couteau. — Dans tous les confins; dans tous 
les lieux occupés par les enfants d'Israël; c'est-à-dire qu'il envoya une part dans 
chacune des tribus d'Israël. 

1. Depuis Dan jusqu'à Bersabée; depuis une extrémité du pays jusqu'à l'autre; 
Dan étant située à l'extrémité septentrionale de la terre de Chanaan, et Bersabée à 
l'extrémité méridionale. — La terre de Galaad; expression elliptique pour les hahi- 
tants de la terre de Galaad; ce qui veut dire 1c1 la tribu qui était au delà du Jour- 
dain. — Le peuple d'Israél s'assembla souvent à Maspha, et on lit dans le premier 
livre des Machabées (III, 46) que cette ville était un lieu de prières. 

2. Les chefs du peuple; littér. : les angles du peuple; ceux qui étaient comme les 
pierres angulaires qui soutenaient tout l'édifice de la nation. Cette métaphore est 
souvent employée dans l'Ecriture. 


]68. xx.] 


ment un si grand crime avait été 
commis, 

4. Répondit : Je vins dans la 
ville de Gabaa de la tribu de Ben- 
jamin avec ma femme, et j'y lo- 
geai; 

5. Et voilà que des hommes de 
cette ville environnerent pen- 
dant la nuit la maison dans la- 
quelle je demeurais, voulant me 
tuer, et tourmentant ma femme 
avec une fureur incroyable inspi- 
rée par la passion; enfin elle est 
morte. 

6. L'ayant prise, je la coupai 
par morceaux, et j'envoyai les 
parts dans tous les confins de 
votre possession, parce que ja- 
mais une action si horrible et un 
si grand forfait n'ont été commis 
dans Israél. 

7. Vous étes tous ici présents, 
enfants d'Israél, décidez ce que 
vous devez faire. 

8. Et tout le peuple qui était 
là, répondit comme avec la voix 
d'un seul homme : Nous ne re- 
tournerons point dans nos taber- 
nacles, ni personne n'entrera en 
sa maison ; 

9. Mais voici ce que nous ferons 
tous ensemble contre Gabaa : 

10. Qu'on choisisse dixhommes 
sur cent d'entre toutes les tribus 
d'Israël, cent sur mille, et mille 
sur dix mille, afin qu'ils portent 
à l'armée des vivres, et que nous 
puissions combattre contre Ga- 
baa de Benjamin, et lui rendre 
selon son crime, ce qu'elle mé- 
rite. 

11. Ainsi, tout Israél se rendit 
auprès de la ville, comme un seul 


LES JUGES. 


493 


homme, dans un méme esprit, et 
une méme résolution. 

12. Et ils envoyèrent des mes- 
sagers à toute la tribu de Benja- 
min, pour dire : Pourquoi une 
action si horrible s'est-elle trou- 
vée parmi vous? 

13. Livrez-nous les hommes de 
Gabaa qui ont commis cette in- 
famie, afin qu'ils meurent et que 
le mal soit enlevé d'Israél. Les 
Benjamites ne voulurent point 
entendre l’ordre de leurs frères 
les enfants d'Israël; 

44. Mais ils vinrent de toutes 
les villes qui étaient de leur lot, 
à Gabaa pour la secourir, et pour 
combattre contre tout le peuple 
d'Israél. 

15. Et il se trouva vingt-cinq 
mille Benjamites, tirant le glaive, 
outre les habitants de Gabaa, 

16. Qui étaient sept cents hom- 
mes très vaillants, combattant 
de la main gauche comme de la 
droite, et jetant les pierres dans 
les frondes avec tant de süreté, 
qu'ils pouvaient frapper méme 
un cheveu, sans que le coup de 
la pierre portât le moins du mon- 
de en un autre endroit. 

47. Il se trouva aussi, sans les 
enfants de Benjamin, quarante 
mille hommes d'Israël, tirant le 
glaive et préparés au combat, 

18. Et qui, se levant, vinrent à 
la maison de Dieu, c’est-à-dire à 
Silo; et ils consultèrent Dieu, et 
dirent : Qui sera dans notre ar- 
mée le prince du combat contre 
les enfants de Benjamin? Le Sei- 
gneur leur répondit : Que Juda 
soit votre chef. 


4. * Gabaa. Voir xix, 12. 


18. * A Silo. Silo est mis ici par erreur; il s'agit de Béthel, 


404 


19. Et aussitót les enfants d'Is- 
raél, se levant dès le matin, cam- 
pèrent près de Gabaa; 

20. Et de là s'avancant au com- 
bat contre Benjamin, ilscommen- 
cerent à assiéger la ville. 

21. Mais les enfants de Benja- 
min étant sortis de Gabaa, tue- 
renten ce jour-là vingt-deux mille 
hommes des enfants d'Israél. 

292. Les enfants d'Israël, se con- 
fiant en leur force et en leur 
nombre, serangerent de nouveau 
en bataille, dans le méme lieu 
dans lequel ils avaient combattu 
auparavant ; 

23. De manière cependant 
qu'auparavant ils montèrent et 
pleurèrent devant le Seigneur 
jusqu'à la nuit, qu'ils le consul- 
tèrent et dirent : Dois-je aller 
encore en avant pour combattre 
contre les enfants de Benjamin, 
mes freres, ou non? le Seigneur 
leur répondit : Montez à eux, et 
engagez la bataille. 

24. Et lorsque le jour suivant, 
les enfants d'Israël se furent 
avancés au combat contre les en- 
fants de Benjamin, 

25. Les enfants de Benjamin 
sortirent avec impétuosité des 
portes de Gabaa, et les rencon- 
trant, ils en firent un si grand 
carnage, qu'ils tuèrent dix-huit 
mille hommes, tirant le glaive. 

26. C’est pourquoi tous les en- 
fants d'Israël vinrent à la maison 
de Dieu, et, assis, ils pleuraient 
devant le Seigneur. Ils jeunèrent 
ce jour-là jusqu'au soir, et ils lui 
offrirent des holocaustes et des 
victimes pacifiques ; 


31. * Béthel. Voir Genèse, xit, 8. 


LES JUGES. 


[cu. xx.] 


27. Et ils le consultèrent sur 
leur situation. En ce temps-là 
l'arche du Seigneur était en ce 
lieu, 

28. Et Phinées, fils d'Eléazar, 
fils d'Aaron était préposé sur la 
maison de Dieu. 115 consulterent 
done le Seigneur et dirent : De- 
vons-nous sortir encore au com- 
bat contre les enfants de Benja- 
min, nos freres, ou rester en re- 
pos? Le Seigneur leur répondit : 
Montez, car demain je les livrerai 
en vos mains. 

29. Alors les enfants d'Israël 
placerent des embuscades autour 
de la ville de Gabaa. 

30. Et pour la troisieme fois, 
comme pour la premiere et la se- 
conde, ils firent avancer leur ar- 
mée contre les enfants de Benja- 
min. 

31. Mais les enfants de Benja- 
min aussi sortirent audacieuse- 
ment de la ville et poursuivirent 
très loin leurs ennemis qui 
fuyaient; en sorte qu'ils en bles- 
serent, comme au premier et au 
second jour, qu'ils taillèrent en 
pieces ceux qui prenaient la fuite 
par les deux chemins, dont l'un 
se prolongeait jusqu'à Béthel, et 
l’autre jusqu'à Gabaa, et qu'ils 
tuèrent environ trente hommes ; 

32. Car ils pensaient qu'ils les 
tailleraient en pièces comme de 
coutume. Mais les enfants d'Is- 
raél, feignant adroitement une 
fuite, avaient le dessein de les 
éloigner de la ville, et de les at- 
lirer, en paraissant fuir, dans les 
susdits chemins. 

33. C'est pourquoi tous les en- 


33. * Baalthamar, ville de la tribu de Benjamin, dans les environs de Gabaa. 


xx.)‏ .אס] 
fants d'Israël s'étant levés de‏ 
leurs postes, étendirent leurs li-‏ 
gnes dans le lieu qui est appelé‏ 
Baalthamar. L'embuscade aussi‏ 
qui était autour de la ville, com-‏ 
menca à se montrer peu à peu,‏ 
Et à s'avancer par la partie‏ .34 
occidentale de la ville. Mais de‏ 
plus, dix autres mille hommes,‏ 


choisis entre tout Israél, provo- 


‘quaient les habitants de la ville 


au combat. Ainsi, la guerre con- 
tre les enfants de Benjamin aug- 
menta; etils ne comprirent point 
que la mort les pressait de toule 
part. 

35. Le Seigneur donc les frappa 
en présence des enfants d'Israél, 
qui tuèrent, en ce jour-là, vingt- 
cinq mille et cent hommes, tous 
euerriers, tirant le glaive. 

36. Or, les enfants de Benja- 
min, lorsqu'ils virent qu'ils 
étaient inférieurs, commencèrent 
à fuir. Ce qu'apercevant les en- 
fants d'Israél, ils leur firent place 
pour fuir, afin qu'ils arrivassent 
à l'embuscade préparée près de 
la ville. 

31. Et ceux qui étaient embus- 
qués, s'étant levés soudainement 
de leur retraite, et ayant taillé 
en pièces Benjamin qui fuyait, 
entrerent dans la ville et la frap- 
pèrent du tranchant du glaive. 

38. Or les enfants d'Israël 
avaient donné pour signal à ceux 
qu'ils avaient mis en embuscade, 
qu'après qu'ils auraient pris la 
ville, ils allumeraient un feu, afin 
que, la fumée s'élevant en haut, 
ils montrassent que la ville avait 
été prise. 


LES JUGES. 


495 


39. Lorsque les enfants d'Is- 
raël placés au milieu du combat 
s'en aperçurent (car les enfants 
de Benjamin pensèrent qu'ils 
fuyaient, et ils les poursuivaient 
plus vivement, après avoir taillé 
en pièces trente hommes de leur 
armée), 

40. Et qu'ils virent comme une 
colonne de fumée s'élever de la 
ville, tandis que Benjamin aussi 
regardant en arriere, s'apercut 
que la ville était prise, et que les 
flammes étaient portées dans les 
airs, 

41. Les Israélites qui aupara- 
vant avait feint une fuite, faisant 
volte-face, résistaient plus forte- 
ment. Ce qu'ayant vu, les enfants 
de Benjamin prirent la fuite, 

49. Et commencèrent à aller 
dans la voie du désert, les enne- 
misles poursuivantméme jusque- 
là; mais en outre ceux qui avaient 
incendié la ville, vinrent à leur 
rencontre. 

43. Et ainsi il arriva que de l'un 
et de l'autre côté, ils étaient tail- 
lés en pieces par les ennemis 
el on ne faisait nullement de 
quarüer aux mourants. Ils tom- 
berent, et restèrent terrassés, au 
côté oriental de la ville de Gabaa. | 

44. Or, il y eut qui furent tués 
en ce méme lieu, dix-huit mille 
hommes, et tous tres forts com- 
battants. 

45. Ce qu'ayant vu ceux qui 
étaient restés de Benjamin, ils 
s'enfuirent dans le désert, et ils 
allaient vers le rocher dont le 
nom est Remmon. Dans cette 
fuite aussi, comme ils étaien: 


34. Choisis. Ce mot se lit dans l'hébreu, et il est nécessaire pour donner le véri- 


table sens de la phrase, 


496 LES JUGES. 


errants cà et là, prenant divers 
chemins, les enfants d'Israël en 
tuèrent cinq mille; et comme ils 
passaient plus loin, ils les pour- 
suivirent, et en tuerent encore 
deux autres mille. 

40. Et ainsi il arriva que tous 
ceux de Benjamin qui tombèrent 
en divers lieux,étaient au nombre 
de vingt-cinq mille, guerriers très 
portés à la guerre. 

47. C'est pourquoi de toute 
l'armée de Benjamin, il resta qui 
purent s'échapper et s'enfuir 
dans le désert, six cents hommes; 
et ils demeurérent au rocher de 
hemmon pendant quatre mois. 

48. Mais les enfants d'Israël 
étant revenus, frappèrent du 
glaive tout ce qui restait dans la 
ville, depuisleshommes jusqu'aux 
bétes; mais toutes les villes et 
les bourgades, une flamme dévo- 
rante les consuma. 


CHAPITRE XXI. 


Ruine de Jabés-Galaad. Filles données 
aux Benjamites. 


1. Les enfants d'Israél jurèrent 
aussi à Maspha, et dirent : Nul 
de nous ne donnera aux enfants 
de Benjamin de ses filles pour 
femmes. 

9. Et ils vinrent tous à la 
maison du Dieu, à Silo, et, assis 


[cu. [.זאא‎ 
en sa présence jusqu'au soir, ils 
commencerent à pleurer avec de 
grands cris, disant : 

3. Pourquoi, Seigneur Dieu 
d'Israél, est-il arrivé dans votre 
peuple ce malheur, qu'aujour- 
d'hui une tribu ait été retranchée, 
au milieu de nous? 

4. Mais le jour suivant, se 
levant au point du jour, ils cons- 
truisirent un autel, ils y offrirent 
des holocaustes et des victimes 
pacifiques, et ils dirent : 

5. Qui d'entre toutes les tribus 
d'Israël n'est pas monté avec 
l'armée du Seigneur? Car ils s'é- 
laient engagés par un grand ser- 
ment, lorsqu'ils étaient à Maspha, 
de tuer ceux qui y auraient 
manqué. 

6. Et touchés de repentir par 
rapport à leur frère Benjamin, 
les Israélites commencèrent ἃ 
dire : Une tribu a été retranchée 
d'Israél. 

7. D'où prendront-ils des 
femmes? Car tous ensemble 
nous avons juré que nous ne 
leur donnerions point nos filles. 

8. C'est pourquoi ils dirent : 
Qui est celui d'entre toutes les 
tribus d'Israél, qui n'est pas 
monté versle Seigneur à Maspha? 
Et voilà que les habitants de Ja- 
bes-Galaad se trouvèrent n'avoir 
pas été avec l'armée. 


AT. * Au rocher de Remmon,- à 15 milles romains au nord de Jérusalem, d’après 
2 , 


Eusébe. 


1. Jurérent aussi à Maspha; ce mot aussi de la Vulgate donne au prétérit yurèrent 
le sens du plus-que-parfait qui se trouve dans le texte original, et qui rattache ainsi 
ce serment à l'assemblée que les Israélites avaient tenue à Maspha. Voy. xx. 

6. Leur frère Benjamin; c'est-à-dire leurs frères de la tribu de Benjamin. Ici, 
comme souvent ailleurs, le fondateur de la tribu se prend pour la tribu elle-méme. 

8. * Jabés-Galaad, ville de Galaad, dans le voisinage;de Pella. La situation exacte 
de cette ville n'est pas connue. Peut-étre était-elle située à Ed-Deir, prés de l'ouadi 
Yabés, à cinq heures de marche au sud-est de Bethsan. 


[cu. xx1.] 


9. (Dans 16 temps méme que 
les enfants d'Israél étaient à Silo, 
nul d'eux ne s'y trouva). 

10. C'est pourquoi ils envoye- 
rent dix mille hommes tres forts, 
et ils leur ordonnerent, disant : 
Allez, et frappez les habitants de 
Jabes-Galaad du tranchant du 
glaive, tant les femmes que leurs 
petits enfants. 

11. Et voici ce que vous devrez 
observer: Tuez tout ce qui est du 
sexe masculin, et les femmes 
qui ont connu des hommes ; mais 
les vierges, réservez-les. 

12. Et il se trouva à Jabes-Ga- 
laad quatre cents vierges qui 
n'avaient pas connu de lit 
d'homme, et ils les emmenerent 
au camp à Silo, dans la terre de 
Chanaan. 

13. Ils envoyèrent ensuite des 
messagers aux enfants de Ben- 
jamin, qui étaient au rocher de 
Remmon, et ils leur ordonnèrent 
de les recevoir en paix. 

14. Et les enfants de Benjamin 
vinrent en ce temps-là, et on 
leur donna pour femmes des 
filles de Jabes-Galaad; mais on 
n'en trouva point d'autres qu'on 
pût leur donner de la méme ma- 
niere. 

15. Et tout Israél éprouva une 
grande douleur, et fit pénitence 
du meurtre d'une des tribus d'Is- 
rael. 

16. Et les anciens dirent : Que 
ferons-nous pour les autres qui 


XXI. 11. Nomb., xxxi, 17, 18.‏ .אס 


LES JUGES. 497 


n’ont pas reçu de femmes? Toutes 
les femmes en Benjamin sont 
tombées à la fois, 

17. Et nous devons avec un 
grand soin et un grand zèle, 
pourvoir à ce qu’une des tribus 
d'Israël ne soit pas détruite. 

18. Cependant nous ne pouvons 
leur donner nos filles, liés par le 
serment et la malédiction dans 
laguelle nous avons dit : Maudit 
celui qui donnera de ses filles 
pour femmes à Benjamin! 

19. Ils prirent donc cette ré- 
solution, et ils dirent : Voici que 
la solennité anniversaire du Sei- 
gneur est à Silo, qui est située 
au septentrion de la ville de bé- 
thel, et au cóté oriental de la voie 
qui de Béthel s'étend jusqu'à Si- 
chem et au midi de la ville de 
Lébona. 

20. Et ils ordonnerent aux en- 
fants de Benjamin, et dirent : Al- 
lez, et cachez-vous dans les vi- 
gnes. 

21. Et iorsque vous verrez les 
filles de Silo s'avancer pour for- 
mer des danses, selon la coutume, 
sortez soudainement des vignes, 
prenez parmi elles chacun votre 
femme, et allez dans la terre de 
Benjamin. 

22. Et lorsque leurs peres et 
leurs freres viendront se plaindre 
de vous, et vous accuser, nous 
leur dirons: Ayez pitié d'eux ; car 
ils ne les ont pas enlevées par le 
droit des combattants et des vain- 


16. Sont tombées à la fois, sous les coups du glaive. Voy. vers. 10, 11. 

19. * Béthel. Voir Genése, xu, 8. — Lébona, ville au nord de Silo. 

20. * Cachez-vous dans les vignes. Les vignes qui, du temps de Josué et des Juges, 
étaient aux environs de Silo, ont aujourd'hui disparu. Avec la ruine du village, la 
désolation s'est répandue sur les collines d'alentour. 


A. T. 


2 


498 LES JUGES. 


queurs; mais quand ils ont de- 
mandé à les avoir, vous ne les 
avez pas données; ainsi c'est de 
votre cóté qu'est la faute. 

93. Et les enfants de Benjamin 
firent comme il leur avait été 
commandé; et, selon leur nom- 
bre, chacun enleva une des filles 
qui formaient des danses, pour 
en faire sa femme; et ils s'en al- 


(cu. xxr.] 
lèrent dans leurs possessions, 


 rebâtissant les villes et. y habi- 


tant. 

24. Les enfants d'Israël aussi 
retournerent, selon leurs tribus 
et leurs familles, dans leurs ta- 
bernacles. En ces jours-là, il n’y 
avait point de roi en Israél, mais 
chacun faisait ce qui lui paraissait 
juste. 


23. Rebátissant. C'est le sens qu'exige l'article qui se trouve en hébreu devant le 
mot villes. Les villes dont il est ici question existaient déjà; et d'ailleurs, comme 
nous l'avons remarqué dans un autre endroit (Nombr., xxxn, 34), le verbe hébreu 
bálir, signifie souvent par extension rebátir, reconstruire, reslaurer, embellir un 


édifice, 


INTRODUCTION 


AU LIVRE bE RUTH 


Le petit livre qui porte le nom de Ruth a pour objet principal de nous faire 
connaitre la généalogie de David, le fondateur de la race royale, et celle de 
Jésus-Christ. Cette généalogie, qui n'est point donnée par le livre des Rois, se 
lit ici, rv, 18-21; elle est incomplète, car de Pharés, fils de Juda, jusqu'à David, 
elle ne comprend que dix membres, ce qui est insuffisant pour un intervalle de 
six à huit siécles; mais l'auteur ἃ voulu nous indiquer seulement les principaux 
ancêtres du grand roi, et établir qu'il descendait de Juda, fils de Jacob. 
L'histoire d'une Moabite, Ruth, a fourni à l'écrivain sacré l'occasion de raconter 
l'origine du véritable fondateur de la monarchie israélite. Elle vivait du temps 
des Juges; c'est pourquoi ce livre est considéré comme une sorte d'appendice 
ou de supplément au livre méme des Juges. Il est d'ailleurs impossible de fixer 
à quelle date précise se sont passés les événements mentionnés dans Ruth. Des 
critiques ont pensé que c'était pendant les invasions des Madianites qu'avait eu 
lieu la famine dont parle 1, 1; Josèphe dit que Booz vivait du temps d'Héli, 
aprés la mort de Samson. On ne peut résoudre la question. Nous ne savons 
pas davantage quel est l'auteur de cet écrit. Le style ne ressemble ni à celui 
du livre des Juges ni à celui des deux premiers livres des Rois. Plusieurs l'ont 
attribué à Samuel, d'autres à Ézéchias, mais sans preuves. Il a été probable- 
ment composé peu aprés la mort de David, puisque la généalogie finale 
s'arrête à ce roi, tv, 22. 

Le livre de Ruth nous fait pénétrer dans l'intérieur d'une famille bethléhémite 
et nous trace un tableau achevé de la vie domestique. C’est une ravissante 
idylle d'une incomparable fraicheur, d'une grâce charmante, d'une délicate 
sobriété de touche, une œuvre d'art exquise. Le plus habile poéte n'aurait pu 
imaginer des caractères mieux harmonisés et mieux choisis. Quelle belle figure 
que celle de Booz, homme de foi, plein de l'idée de Dieu, dont la pensée est 
présente à tous les détails de sa vie, diligent et soigneux dans la culture de 
ses terres, bon pour ses serviteurs, condescendant envers eux, aimé de tous; 
libéral envers les étrangers, respectant le droit des autres et observant la loi, 
jusque dans son amour pour Ruth, sa parente! — Quelle touchante et sympa- 
thique figure que celle de cette Moabite, d'un dévouement si généreux pour sa 
belle-mére et pour la mémoire de son époux, d'une modestie si simple, d'une 
patience si grande dans le support de la pauvreté, d'une docilité si candide aux 
avis de Noémi! Cette étrangère, adoptée par le peuple de Jéhovah, à cause de 
ses vertus, destinée à devenir un des ancétres du Messie, n'est pas seulement 
pour nous un beau caractére : elle est le gage de notre vocation à la foi, pour 


500 INTRODUCTION AU LIVRE DE RUTH. 


nous, gentils, qui avons été appelés comme elle de l'erreur à la vérité. — 
Noémi est le type de la mère de famille, de la femme forte que devait chanter 
plus tard l'auteur des Proverbes; c'est la femme religieuse, fidèle à remplir ses 
devoirs avec tact, sagesse et prudence, comptant toujours sur Dieu, dans l'ad- 
'versité comme dans la prospérité. — Et pour faire contraste à ces figures si 
attachantes, Orpha, qui n'est point méchante, mais qui n'a pas le cœur assez 
généreux pour suivre jusqu'au bout sa belle-mére, la quitte aprés l'avoir em- 
brassée et renonce ainsi à la vraie religion, comme sans s'en douter, pour 
retourner chez elle, vers son peuple et « vers ses dieux, » et demeurer paienne. 

« Le petit livre de Ruth, dit Roos, est placé au milieu de livres remplis de 
récits de guerres et d'autres grands événements comme une peinture gracieuse 
et incomparable d'honnéteté, de décence, de sagesse et de droiture... Cette 
belle histoire renferme des types de toutes les vertus nécessaires dans la vie 
domestique et sociale. C'est la gloire éternelle du Dieu d'Israél d'avoir été 
honoré, au milieu de la liberté dont son peuple jouissait à cette époque, par 
tant de chasteté, de justice, d'amour, de bienséance. Qu’étaient donc Noémi, 
Booz, Ruth? C'étaient des paysans. Combien charmante est leur éloquence! 
Combien touchante leur amitié! Combien délicate leur conduite! Quelle pru- 
dence et quel jugement ils manifestent | 


rm RÀ MÀ à 


RUTH 


CHAPITRE PREMIER. 


iElimélech se retire dans le pays de Moab. 
Il y meurt. Ses fils s'y marient. Noémi 
sa femme avec Ruth, sa bru, retourne 
à Bethléhem. 


1. Aux jours d'un juge, lorsque 
les juges gouvernaient, il y eut 
une famine sur la terre. Or, un 
homme s'en alla de Bethléhem 
de Juda, pour voyager dans le 
pays de Moab, avec sa femme et 
ses deux enfants. 

2. Cet homme s'appelait Elimé- 
lech, sa femme Noémi, et ses 
deux fils, l'un Mahalon et l'autre 
Chélion; ils étaient Ephrathéens 
de Bethléhem de Juda. Or, étant 
entrés dans le pays de Moab, ils 
y demeurerent. 

3. Et Elimélech, mari de Noémi, 
mourut; et elle resta avec ses 
fils, 

4. Qui prirent des femmes moa- 
bites, dont l'une s'appelait Orpha, 
etl'autre Ruth. Etils demeurerent 
là pendant dix ans, 

5. Puisils moururent tous deux, 


c'est-à-dire Mahalon et Chélion : 
et cette femme resta seule privée 
de ses deux enfants et de son 
mari. 

6. Elle se leva donc pour aller 
du pays de Moab dans sa patrie 
avec l’une et l’autre de ses belles- 
filles; car elle avait appris que le 
Seigneur avait regardé son peu- 
ple et lui avait donné dela nour- 
riture. 

1. C'est pourquoi elle sortit du 
lieu de son pèlerinage avec l'une 
et l'autre de ses belles-filles; et 
s'étant déjà mise en chemin pour 
retourner dans la terre de Juda, 

8. Elle leur dit : Allez en 18 mai- 
son de votre mère, que le Sei- 
gneur vous fasse miséricorde, 
comme vous l'avez faite à ceux 
qui sont morts, et à moi. 

9. Qu'il vous donne de trouver 
du repos dans les maisons des 
maris qui doivent vous échoir. 
Et elle les embrassa. Et elles, la 
voix élevée, se mirent à pleurer, 

10. Et à dire : Nous irons avec 
vous chez votre peuple. 


1. De Juda, est ajouté à Bethléhem, parce qu'il y avait un autre Bethléhem dans la 
tribu de Zabulon. — * Bethléhem, gracieux village,à deux heures environ de Jérusalem 
au sud, báti sur une double colline, tapissée de vignes et d'oliviers. Voir la note sur 
Malthieu, τι, 1. — Moab, à l'est de la mer Morte. 

2. Ephrathéens, veut dire ici hommes d'Ephrata, ou de Bethléhem, qui s'appelait 
anciennement Ephrata; et non point hommes de la tribu d'Ephraim, comme en plu- 


sieurs autres endroits. 


6. Du pays de Moab, selon le texte hébreu, ne peut se rattacher qu'au verbe a//er; 


mais il y a amphibologie dans la Vulgate. 


8. Allez, etc. Les femmes demeuraient dans des appartements séparés de ceux des 
hommes; ainsi les filles habitaient dans l'appartemeut de leurs mères, 


502 RUTH. 


11. Noémi leur répondit : Re- 
tournez, mes filles, pourquoi ve- 
nez-vous avec moi? Est-ce que 
j'ai encore des fils dans mon sein, 
pour que vous puissiez espérer 
de moi des maris? 

19. Retournez, mes filles, et 
allez-vous-en; je suis déjà usée 
de vieillesse, etnullement propre 
au lien conjugal. Quand méme 
je pourrais concevoir cette nuit 
et enfanter des fils, 

13. Si vous vouliez les attendre 
jusqu'à ce qu'ils eussent grandi 
et achevé les années de puberté 
vous seriez vieilles avant de les 
épouser. Non, mes filles, je vous 
prie; parce que votre angoisse 
pèse trop sur moi, et la main 
du Seigneur est sortie contre 
moi. 

14. Ainsi, la voix élevée, elles 
se mirent de nouveau à pleurer. 
Orpha embrassa sa belle-mère, 
et s'en retourna; Ruth s'attacha 
à sa belle-mère; 

15. Et Noémi lui dit : Voilà ta 
belle-sœur qui est retournée à 
son peuple et à ses dieux, va avec 
elle. 

16. Ruth répondit : N'insistez 
point auprès de moi, pour que je 
vous quitte et que je m'en aille, 
car partout où vous irez, j'irai; 
et là oü vous demeurerez, moi 
aussi je demeurerai. Votre peuple 
est mon peuple, et votre Dieu 
mon Dieu. 

11. Et la terre qui vous recevra 
mourante, jy mourrai; et c'est 
là que je prendrai le lieu de ma 


(cn. 11.] 


sépulture. Que le Seigneur me 
fasse ceci et qu'il ajoute cela, si 
ce n'est pas la mort seule qui me 
sépare de vous. 

18. Noémi voyant donc que 
Ruth avait opiniátrément résolu 
d'aller avec elle, ne voulut plus 
s'y opposer, ni lui persuader de 
retourner vers les siens. 

19. Et elles partirent ensemble, 
et elles vinrent à Bethléhem. En- 
trées dans la ville, le bruit s'en 
répanditpromptementparmi tous 
les habitants, et les femmes di- 
saient : Voilà cette Noémi. 

20. Noémi leur dit : Ne m'appe- 
lez point Noémi (c'est-à-dire belle); 
mais appelez-moi Mara (c'est-à- 
dire amère), parce que le Tout- 
Puissant m'a remplie d'une gran- 
de amertume. 

21. Je suis sortie pleine, et 
le Seigneur m'a ramenée vide. 
Pourquoi done m'appelez-vous 
Noémi, moi que le Seigneur à hu- 
miliée et que le Tout-Puissant a 
affligée. 

29. Noémi vint donc avec Ruth, 
la Moabite, sa belle-fille, de la 
terre de son pèlerinage ; et elle re- 
vint à Bethléhem, quand on com- 
mencait à moissonner les orges. 


CHAPITRE IT. 


Ruth va glaner dans les champs de Booz. 
Booz la comble de bonté. 


1. Or Elimélech, mari de Noé- 
mi, avait un parent, homme puis- 
sant et de grandes richesses, du 
nom de Booz. 


11. Que le Seigneur, etc. Bien que les mots du texte hébreu différent un peu de 
ceux de la Vulgate, le sens est le méme; il exprime une formule de serment usitée 
dans ces anciens temps, mais abrégée ici par l’auteur sacré. C'est comme si l'on 
disait: Que le Seigneur me punisse de tels et tels maux'et d'autres encore. 


feu. u.] RUTH. 503 


9. Et Ruth, la Moabite, dit à sa | traces des moissonneurs; et de- 
belle-mère : Si vous ordonnez, | puis le matin jusqu à présent elle 
j'irai dans le champ, et je recueil- | est. dans le champ, et elle n'est 
lerailes épis qui auront échappé | pas méme retournée un moment 
des mains des moissonneurs, | dans sa maison. 
partout oü je trouverai gráce de- 8. Et Booz dit à Ruth : Ecoute, 
vant un pere de famille, bon pour | mafille, ne va point dans un autre 
moi. Noémi lui répondit : Va, ma | champ pour glaner, etne t'éloigne 


fille. point de ce lieu; mais joins-toi à 
3. C'est pourquoi elle s'en alla, | mes jeunes fiiles. 
et elle recueillait les épis derriere 9. Et là où elles moissonneront, 


les moissonneurs. Or, il arriva | suis-les. Car j'ai commandé à 
que ce champ avait un maître du | mes serviteurs que personne ne 
nom de Booz, qui était de la pa- | t'inquiète; et méme si tu as soif, 
renté d'Elimélech. va oü sont les vases, et bois de 

4. Et voilà que lui-méme venait | l'eau dont mes serviteurs eux- 
de Bethléhem, et il dit aux mois- | mémes boivent. 


sonneurs : Le Seigneur soit avec 10. Ruth, tombant sur sa face, 
vous! Ceux-ci lui répondirent : | et se prosternant contre terre, 
Le Seigneur vous bénisse! lui dit: D'oü me vient cela, que 


5. Alors Booz dit au jeune hom- | j'aitrouvé gráce devant vos yeux, 
me qui était à la téte des mois- | et que vous daigniez me connai- 
sonneurs : À qui est cette jeune | tre, moi femme étrangere? 
fille ?- 11. Booz lui répondit : On m'a 

6. Il lui répondit : C’est cette | rapporté tout ce que tu as fait 
Moabite qui est venue avec Noé- | pour ta belle-mère après la mort 
mi du pays de Moab. de ton mari, et que tu as quitté 

1. Elle a demandé de recueillir | tes parents et la terre où tu es 
les épis restants, en suivant les | née, et que tu es venue chez un - 


2. Dans le champ; voisin du lieu oü elles se trouvaient. — * Les épis qui auront 
échappé des mains des moissonneurs. La récolte du froment commence ordinairement 
en Palestine vers la fin de mai. Les moissonneurs, prenant les épis de la main 
gauche, les coupent de la main droite avec une faucille, ou bien les arrachent avec 
la main par la raciue; on les lie en gerbes avec un lien fait de la paille méme qu'on 
vient de couper et on les laisse, ainsi liés, sur place. Hommes et femmes travaillent 
aujourd'hui, comme du temps de Ruth, à cette opération. Ils avancent en diagonale 
à travers le champ qu'ils moissonnent. Ce ne sont pas les cultivateurs ordinaires 
qui moissonnent, ce sont des hommes pris à gage pour la journée. 

3. * Elle recueillait les épis derriére les moissonneurs. Aujourd'hui comme du temps 
de Ruth, « les plus pauvres parmi le peuple, la veuve et l'orphelin, se voient souvent 
à la suite des moissonneurs, recueillant les épis qui ont été laissés en arrière. » 
(VAN LENNEP.) 

8. Mes jeunes filles; c'est-à-dire les jeunes filles qui me servent. 

9. * Et méme si tu as soif, va où sont les vases et bois de l’eau dont mes serviteurs 
eux-mêmes boivent. Les moissonneurs sont toujours trés altérés, aussi vont-ils boire 
souvent à une eruche d'eau qu'on garde cachée à l'ombre d'un arbre ou dans des 
broussailles. Les peintures égyptiennes représentant la moisson nous montrent pres- 
que toujours des outres d'eau destinées aux ouvriers. Tantót une femme les leur 
apporte, tantót on les voit boire à longs traits. 


504 RUTH. 


peuple, qu'auparavant tu ne con- 
naissais pas. 

12. Que le Seigneur te rende 
selon tes œuvres et que tu re- 
çoives une pleine récompense du 
Seigneur Dieu d'Israël, vers le- 
quel tu es venue, et sous les ailes 
duquel tu t’es réfugiée. 

13. Ruth répondit : J'ai trouvé 
grâce devant vos yeux, mon sei- 
gneur, qui m'avez consolée, et 
vous avez parlé au cœur de votre 
servante, de moi qui ne suis pas 
semblable à vos servantes. 

14. Booz lui dit encore : Quand 
ce sera l'heure de manger, viens 
ici, et mange du pain, et trempe 
ton morceau dans le vinaigre. 
C'est pourquoi elle s'assit au côté 
des moissonneurs, prit des grains 
rôtis pour elle, mangea, se ras- 
sasia et emporta le reste. 

15. Et ensuite elle se leva pour 
recueillir les épis, selon la cou- 
tume. Or, Booz ordonna à ses 
serviteurs, disant : Quand elle 
voudrait moissonner avec vous, 
ne l'empéchez point : 


fcH. 11.] 


16. Et méme jetez de vos ger- 
bes à dessein, et faites en sorte 
qu'il en reste, afin qu'elle glane 
sans honte, et que lorsqu'elle gla- 
nera, personne ne la reprenne. 

11. ₪16 glana donc dans le 
champ jusqu'au soir; puis frap- 
pant d'une verge ce qu'elle avait 
recueilli et le secouant, elle trou- 
va environ la mesure d'un éphi, 
c'est-à-dire trois boisseaux. 

18. Et, les portant, elle retour- 
na à la ville, et les montra à sa 
belle-mère; de plus elle lui pré- 
senta et lui donna le reste de ce 
qu'elle avait mangé et dont elle 
s'était rassasiée. 

19. Et sa belle-mère lui deman- 
da: Où as-tu glané aujourd'hui, 
et où as-tu travaillé? Qu'il soit 
béni, celui qui a eu pitié de toi! 
Et elle lui indiqua chez qui elle 
avait travaillé; et elle lui dit que 
cet homme s'appelait du nom de 
Booz. 

20. Noémi lui répondit : Béni 
soit-il du Seigneur, puisque la 
méme bonté qu'il avait eue pour 


13. Qui ne suis pas semblable; qui suis au-dessous. 


14. Chez les anciens, le vinaigre figurait ordinairement dans les repas des gens de 
la campagne. — * Quand le moment du repas est venu, les moissonneurs se réunis- 
sent tous ensemble, à l'ombre d'un arbre, autour d'un plat fourni par le propriétaire 
du champ. Les mets préférés sont le /eben ou lait aigre, des grains rótis, la salade 
ou des mets vinaigrés, nourriture peu substantielle mais rafraichissante et par là 
méme trés agréable au milieu de la chaleur qui dévore les travaiileurs. Sur les épis 
rótis, voici ce que dit un voyageur: « Je rencontrai entre Acre et Seyde un berger 
qui conduisait le plus grand troupeau de chèvres que j'eusse encore vu dans le 
pays. ll dinait avec des épis de froment à moitié mürs, qu'il mangeait, aprés les 
avoir fait rótir, d'aussi bon appétit que les Turcs font leur pi//aus. Il nous régala du 
méme mets et nous offrit à boire du lait tout chaud. 1] est parlé de ces épis ainsi 
rótis dans le livre de Ruth, preuve que cette nourriture est fort ancienne dans 
l'Orient. Elle est pareillement en usage en Egypte, avec cette différence que les 
pauvres gens substituent aux épis de froment ceux du blé de Turquie et du millet. 
Les premiers hommes qui usèrent de cette nourriture, ignoraient les raffinements 
de l'art, et vraisemblablement ceux qui s'en servent les ignorent encore. Cependant 
je mets beaucoup de différence entre du bon pain de froment et ces épis rótis. » 
(Fa. HassELQUiIST.) 

AT. L'éphi contenait environ trente pintes. — * En litres: 38 litres 88. — Quand la 
quantité d'orge ou de froment est petite, on sépare le grain de l'épi en le battaut 
avec un báton et on le vanne au moyen d'un courant d'air qui emporte le chaume. 


]. [.זזז‎ 
les vivants, il l'a gardée aussi 
pour les morts. Et de nouveau, 
elle dit : Cet homme est notre 
parent. 

21. Alors Ruth : Il m'a, dit-elle, 
ordonné encore ceci, de me join- 
dre à ses moissonneurs, jusqu'à 
ce que tous les grains seraient 
recueillis. 

92. Sa belle-mère lui répondit : 
Il vaut mieux, ma fille, que tu 
sortes avec ses jeunes filles pour 
moissonner, afin que personne 
ne t'inquiète dans le champ d'un 
autre. 

93. C'est pourquoi elle se joignit 
aux jeunes filles de Booz, et mois- 
sonna avec elles, jusqu'à ce que 
les orges et le froment eussent 
été serrés dans les greniers. 


CHAPITRE 1II. 


Ruth va se coucher aux pieds de Booz. 
Booz lui promet de l'épouser. 


1. Or, aprés que Ruth fut re- 
tournée près de sa belle-mère, 
elle entendit d'elle : Ma fille, je 
chercherai pour toi du repos, et 
je pourvoirai à ce que bien t'ar- 
rive. 


RUTH. 505 


2. Ce Booz, aux jeunes filles 
duquel tu t'es jointe dans le 
champ, est notre parent; et cette 
nuit il vanne l'aire de l'orge. 

3. Lave-toi donc, parfume-toi, 
revéts-toi de tes plus beaux ha- 
bits, et descends dans l'aire : que 
cet homme ne te voie point, jus- 
qu'à ce qu'il ait fini de manger et 
de boire. 

4. Mais quand il ira dormir, 
remarque le lieu, où il dort; et 
tu viendras , et tu découvriras la 
couverture dontil est couvert du 
côté des pieds, puis tu te couche- 
ras, et tu demeureras là; mais 
lui-méme te dira ce que tu dois 
faire. 

9. Ruth répondit : Tout ce que 
vous ordonnerez, je le ferai. 

6. Elle descendit donc dans 
laire, et elle fit tout ce que sa 
belle-mère lui avait commandé. 

7. EL lorsque Booz eut mangé 
et bu, et qu'il fut devenu plus 
gai, et qu'il fut allé dormir pres 
du tas de gerbes, elle vint secrè- 
tement, et, la couverture écartée 
du cóté des pieds, elle se coucha. 

8. Et voilà qu'au milieu méme 
de la nuit cet homme fut effrayé 


2. Il vanne l'aire de l'orge; pour il vanne l'orge de l'aire, ou dans l'aire. — Quand 
on se reporte à la simplicité des mœurs de ces anciens temps, et que l'on examine 
sans prévention l'ensemble de ce récit, on est loin de le trouver scandaleux comme 
l'ont trouvé quelques incrédules, affectant une chasteté, qu'ils n'avaient peut-étre 
pas dans le cœur. 

1. * Et quil fut allé dormir près du tas de gerbes. Depuis le moment où le blé 
commence à étre transporté sur l'aire jusqu'au jour oü il en est enlevé, aprés avoir 
été battu et vanné, le propriétaire dort la nuit à cóté de ses gerbes, dont quelques- 
unes lui servent de couche et le garantissent de la rosée de la nuit. Il est nécessaire 
de garder ainsi la récolte pour la garantir contre les voleurs, si l'aire n'est pas 
éloignée d'un village, ou pour la mettre à l'abri des ravages des sangliers, quand on 
est loin des lieux habités. Dans les parties montagneuses de la Palestine, les cerfs 
et les ours sont aussi à redouter pour les monceaux de blé. Sur les bords du Jour- 
dain, les cultivateurs sont souvent obligés de couper les récoltes avant qu'elles soient 
entiérement müres, pour les dérober aux Bédouins qui viennent du désert, s'em- 
parent des grains, les chargent sur leurs chameaux ou leurs chevaux et les em- 
portent. 


506 
et se troubla, lorsqu'il vit une 
femme couchée à ses pieds, 

9. Etil lui dit: Qui es-tu? Et elle 
lui répondit : Je suis Ruth, votre 
servante : étendez votre couver- 
turesur votre servante, parce que 
vous étes mon parent. 

10. Et lui : Ma fille, dit-il, tu es 
bénie du Seigneur, et tu as sur- 
passé la première miséricorde 
parla derniere, parce que tu n'as 
pas recherché les jeunes gens, 
pauvres ou riches. 

11. Ne crains donc point; mais 
tout ce que tu me diras, je le fe- 
rai pour toi; car tout le peuple 
qui habite au dedans des portes 
de ma ville sait que tu es une 
femme de vertu. 

12. Et je ne désavoue pas que 
je sois parent; mais il y en a un 
autre plus proche que moi. 

13. Repose-toi cette nuit, et le 
matin venu, s'il veut te retenir 
par le droit de parenté, c'est une 
bonne chose; mais sil ne veut 
pas, moi, sans aucun doute, je 
te prendrai, le Seigneur vit! Dors 
jusqu'au matin. 

14. C'est pourquoi elle dormit 
à ses pieds jusqu'à l'éloignement 
de la nuit. C'est pourquoi elle se 
leva avant que les hommes se re- 
connussent mutuellement, et 
Booz dit : Prends garde que per- 
sonne ne sache que tu es venue 
ici. 

15. Et de nouveau : Etends dit- 
il, ton manteau dont tu te cou- 


RUTH. 


[cu. 1v.] 
vres, et tiens-le de l'une et l'au- 
tre main. Et, Ruth létendant et 
letenant, il mesura six boisseaux 
d'orge et les mit sur elle ; et elle, 
les portant, entra dans la ville, 

16. Et vint vers sa belle-mere, 
qui lui dit: Qu'as-tu fait, ma fille? 
Et elle lui raconta tout ce que cet 
homme avait fait pour elle, 

17. Et elle ajouta : Voici six 
boisseaux d'orge quil m'a don- 
nés, et il a dit : Je ne veux pas 
que tu retournes les mains vides 
vers ta belle-mère. 

18. Et Noémi dit : Attends, ma 
fille, jusqu'à ce que nous voyons 
quelle fin aura la chose; car cet 
homme n'aura point de repos 
qu'il n'ait accompli ce qu'il a dit. 


| 


1 CHAPITRE IV. 


Booz épouse Ruth, Elle devient mére 
d'Obed, aieul de David. 


1. Booz donc monta à la porte 
de la ville et s'y assit. Et lorsqu'il 
vit passer le parent dont il a été 
parlé auparavant, il lui dit : Dé- 
tourne-toi un peu ,-et assieds-toi 
ici, l'appelant par son nom. Celui- 
ci se détourna et s'assit. 

2. Or, Booz, prenant dix hom- 
mes d'entreles anciens de la ville, 
leur dit : Asseyez-vous ici. 

3. Et, eux s'étant assis, il dit à 
son parent : Noémi, qui est reve- 
nue du pays de Moab, vendra la 
partie du champ de notre frere 
Elimélech. 


10. La premiére miséricorde; la bonté, la charité que tu as eue pour ton mari et 
ta belle-mère. — La dernière; le zèle que tu mets à faire revivre la mémoire et le 
nom de ton premier mari, eu épousant un parent ágé préférablement à un jeune 
homme, que tu devrais naturellement rechercher étant jeune toi-méme. 


13. Le Seigneur vit! Voy. Juges, viu, 19. 


3. Notre frère; c'est-à-dire notre parent. 


(cn. 1v.] 

4. J'ai voulu que tu l'apprisses, 
et tele dire devant tous ceux qui 
sont assis ici et devant les an- 
ciens de mon peuple. Si tu veux 
le posséder parle droit de paren- 
té, achete-le et possede-le; mais 
si cela te déplait, déclare-le moi. 
afin que je sache ce que je dois 
faire; car il n'y a aucun parent, 
excepté toi, qui es le premier, et 
moi qui suis le second. Mais lui 
répondit : C'est moi qui achèterai 
le champ. 

5. Booz lui dit : Quand tu auras 
acheté le champ de la main de la 
femme, tu devras aussi épouser 
Ruth, la Moabite, qui fut la fem- 
me du défunt, afin que tu fasses 
revivre le nom de ton parent dans 
son héritage. 

6. Il répondit : Je cède le droit 
de parenté; car je ne dois pas 
éteindre la postérité de ma fa- 
mille; use toi-méme du privilege 
dont je déclare me priver volon- 
tairement. 

7. Or, c'était une ancienne cou- 
tume en Israël entre les parents, 
que quand l’un cédait son droit à 
l'autre, afin que la cession füt va- 
lide, un homme déliait sa chaus- 
sure et la donnait à son parent. 
C'étaitlàle témoignage de la ces- 
sion en Israél. 

8. Booz dit done à son parent : 
Ote ta chaussure. Et aussitót illa 
délia de son pied. 

9. Mais Booz aux anciens et 
à tout le peuple : Vous, dit-il, 
vous étes témoins aujourd'hui, 
que je possede tout ce qui a ap- 


RUTH. 507 


partenu à Elimélech, à Chélion 
et à Mahalon, Noémi 06 le li- 
vrant; 

10. Et que je prends en mariage 
Ruth, la Moabite, fernme de Ma- 
halon, afin que je fasse revivre 
le nom du défunt dans son héri- 
tage, pour ne pas que son nom 
disparaisse de sa famille, de ses 
freres et de son peuple. Vous, dis- 
je. vous étes témoins de cette 
chose. 

11. Tout le peuple qui était à la 
porte répondit, ainsi que les an- 
ciens : Nous sommes témoins; 
que 16 Seigneur fasse cette femme 
qui entre dans ta maison, comme 
Rachel et Lia qui ont élevé la 
maison d'Israél, afin qu'elle soit 
un exemple de vertu dans Ephra- 
ta, et qu'elle ait un nom célèbre 
dans Bethléhem ; 

12. Et que ta maison devienne 
comme la maison de Phares, que 
Thamar enfanta à Juda, par la 
postérité que le Seigneur te don- 
nera de cette jeune fille. 

19. C'est pourquoi Booz prit 
Ruth et la reçut pour femme; il 
s'approcha d'elle, et le Seigneur 
lui donna de concevoir et d'en- 
fanter un fils. 

14. Et les femmes dirent à Noé- 
mi : Béni le Seigneur qui n'a pas 
souffert que ta famille manquát 
d'un héritier dont le nom. serait 
nommé dans Israël, 

15. Et que tu n'aies pas wn en- 
fant qui console ton âme, etpren- 
ne soin de ta vieillesse! car il est 
né de ta belle-fille qui te chérit, 


IV. 7. Deut., xxv, 1. — 12. Genèse, xxxvi, 29.‏ .אס 


5. De la main de la femme; c'est-à-dire Noémi. 
41. * Comme Rachel et Lia, les épouses de Jacob. Voir Genèse, xxix-Xxx. 


508 RUTH. [cH. 1v.] 


et qui ve vaut beaucoup mieux 48. Voici les générations de 

que si tu avais sept fils. Pharès : Phares engendra Esron. 
16. Et Noémi ayant pris l'enfant 19. Esronengendra Aram, Aram 

le mit sur son sein, et elle faisait | engendra Aminadab, 

l'office denourrice et de porteuse. 20. Aminadab engendra Nahas- 
17. Or, les femmes voisines la | son, Nahasson engendra Salmon. 

félicitaient et disaient : Il est né 91. Salmon engendra Booz, 


un fils à Noémi ; elles l’appelèrent | Booz engendra Obed, 
du nom d'Obed : c’est le pere d'I- 99. Obed engendra 1881, Isai 
sai, pere de David. engendra David. 

18. I Par., 11, 5; 1v, 1 ; Matth., 1, 4. 


11. Elles appelèrent. Ce sont les voisines de Noémi qui nommerent l'enfant. Le 
latin de la Vulgate est amphibologique, mais l'hébreu ne l'est nullement. 


M À—Ó——7 .5 9 Te οι 


INTRODUCTION 


AUX LIVRES DES ROIS 


Les livres que nous nommons livres des Rois forment deux ouvrages distincts, 
quoique étroitement liés entre eux. Ils ont chacun un nom particulier dans la 
Bible hébraique. Les deux premiers livres portent le nom de Samuel, et aux 
deux derniers est réservé le titre de livres des Rois. 

Les deux premiers livres des Rois ou livres de Samuel ne formaient primiti- 
vement qu'un seul livre, lequel fut partagé en deux par les Septante et par la 
Vulgate. Ils portent le nom de Samuel, dans le texte hébreu, non parce que ce 
juge en est l'auteur, mais parce qu'il est le premier personnage qui apparait 
sur la scène : c'est son histoire qui nous est d'abord racontée, puis celle des 
deux rois qu'il a sacrés, Saül et David. 

Les deux premiers livres des Rois se divisent en trois grandes sections : 
1° Enfance et judicature de Samuel, I Rois, 1-xi1; 2° histoire du règne de Saül, 
;זאאא-מוא‎ 3? histoire du règne de David, II Rois, r-xxiv. La première section 
nous apprend comment le régime monarchique s'introduisit en Israél ; la seconde 
nous montre dans Saül ce que ne doit pas être un roi d'Israël, et la troisième 
nous fait voir dans David l'idéal du roi théocratique. De la naissance de Samuel 
aux dernières années de David, au moment où s'arréte notre narrateur, il 
s'écoula probablement un peu plus de cent ans. 

Lesdeux premiers livres des Rois entrent dans de longs détails sur les faits qu'ils 
racontent, excepté dans quelques passages qui ont la forme abrégée de chro- 
niques ou d'annales; ils contiennent une véritable biographie des trois person- 
nages que l'auteur nous présente, en se permettant seulement quelques répéti- 
lions, comme on en trouve dans Homére et dans tous les écrivains Orientaux. 

L'unité de composilion est attestée par l'unité de plan et par le langage qui 
est toujours le méme, généralement semblable à celui des écrits antérieurs, 
mais avec un certain nombre de mots et de locutions nouvelles. 

L'auteur des deux premiers livres des Rois n'est pas le méme que celui 
du troisième et du quatrième. Ces deux livres forment un tout complet; les 
derniers chapitres du second forment méme une sorte d'appendice qui montre 
que l'auteur était arrivé au terme de son ceuvre. — Le plan des deux écrivains 
n'est pas le méme. Le plus ancien a écrit plutót des biographies que des annales; 
il entre dans une foule de détails circonstanciés et peu importants en apparence ; 
le plus récent raconte briévement; il ne développe pas, il omet beaucoup de 
faits. — Le style des troisiéme et quatriéme livres des Rois se distingue enfin 
de celui du premier et du second par des néologismes et des aramaismes parti- 
culiers. L'historien de Saül et de David est au contraire un des meilleurs écri- 


510 INTRODUCTION AUX LIVRES DES ROIS. 


vains en prose de l’âge d'or de la littérature hébraïque. Il tient parmi les prosa- 
teurs le méme rang qu'Isaie et Joël parmi les prophètes. Il n'a point les 
archaïsmes du Pentateuque, mais il y a cependant moins de différence entre 
Moise et lui qu'entre le poéte Lucain et Virgile; il n'a pas non plus ce qu'on a 
appelé les provincialismes de l'auteur des Juges, qu'on a supposé avoir vécu 
dans le nord de la Palestine; il est supérieur à l'auteur des Paralipomènes, qui 
appartient à l’âge d'argent, et aussi à l'auteur des troisième et quatrième livres 
des Rois, chez qui l'on trouve un certain nombre de chaldaismes, tandis qu'on 
n'a pu en découvrir plus de six dans les deux livres de Samuel. Il y a quelques 
expressions qui lui sont propres; il est le premier qui appelle Dieu:« Le 
Seigneur des armées » ou Jéhovah Sabaoth; mais cette dénomination devient 
trés fréquente à partir de cette époque, et on la retrouve dans les deux derniers 
livres des Rois, comme dans les autres écrivains de la méme époque. 

Du reste, l'auteur des livres de Samuel n'est pas nommé dans la Sainte Écri- 
ture, non plus que dans Joséphe et la Mischna. La Ghemara de Babylone, la 
premiére, et par suite, plusieurs Péres, les attribuent à Samuel, quoiqu'on y 
lise le récit d'événements postérieurs à la mort de ce prophéte. Parmi les Juifs 
et les modernes, quelques-uns ont eru que Samuel était l'auteur des vingt-quatre 
premiers chapitres du premier livre et que le reste avait été composé par les 
prophétes Gad et Nathan; d'autres critiques en ont attribué la composition, les 
uns à David, les autres à Isaïe, Jérémie, Ézéchias ou Esdras. Cependant toutes 
ces hypothéses ne reposent sur aucun fondement solide : nous ignorons quel en 
est l'auteur, et tout ce qu'ilest permis d'affirmer, c'est qu'ils ont été trés proba- 
blement rédigés peu de temps aprés la mort de Salomon. 

Les 115 et IV* livres des Rois, n'en forment réellement qu'un, partagé en 
deux par les Septante et par la Vulgate. Ils contiennent l'histoire de 427 ans, 
selon la chronologie ordinairement recue, c'est-à-dire depuis l'avénement de 
Salomon, en 1045, jusqu'à la destruction du temple, en 588. On leur a donné 
le nom de livres des Rois, parce qu'ils s'occupent principalement de l'histoire 
des rois depuis la mort de David jusqu'à la captivité. Ils se partagent en trois 
sections : 19 règne de Salomon, III Rois, r-xr (1015-975); 2° histoire des 
royaumes séparés de Juda et d'Israél, 11] Rois, xn-IV Rois, xvit (975-721); 
3° histoire du royaume de Juda depuis la ruine du royaume d'Israél jusqu'à la 
captivité de Babylone, IV Rois, xvir-xxv (721-588). Ils commencent là où s'ar- 
rétent les deux livres de Samuel, mais ils forment une œuvre indépendante et 
complète, comme le prouvent l'unité du plan, la manière particulière de pré- 
senter les faits et le style propre de l'écrivain. 

Ils nous montrent tour à tour les rois fidèles à Dieu récompensés de leur 
fidélité et les infidéles punis de leurs péchés, mais non rejetés comme Saül. 
Les fautes de Salomon sont chátiées en la personne de son fils Roboam qui 
perd dix tribus, mais conserve Jérusalem et la tribu de Juda. Les successeurs 
de Roboam portent aussi le poids de leurs iniquités ou sont protégés par le 
Seigneur, selon qu'ils le méritent. Israël expie par la déportation son incurable 
idolátrie; Juda satisfait à la vengeance divine par la captivité de Babylone. 

Pour faire ressortir l'intervention de la Providence dans le gouvernement de 
son peuple, l'auteur des derniers livres des Rois fait surtout des extraits d'ou- 
vrages antérieurs plus développés, mais en les coordonnant et les disposaut 
selon le plan qu'il s'était tracé, de manière à faire une œuvre pleine d'unité, 


INTRODUCTION AUX LIVRES DES ROIS. 511 


La marche qu'il suit est toujours uniforme : il décrit le commencement, le carac- 
tère et la fin de chaque régne; il indique la mort et la sépulture de chaque roi 
en termes à peu prés identiques; il apprécie les actions des princes d'aprés la 
loi de Moise et marque avec soin la chronologie. 

Le Talmud et un grand nombre d'anciens commentateurs ont regardé 
Jérémie comme l'auteur du troisiéme et du quatriéme livre des Rois. Plusieurs 
modernes adoptent cette opinion, en se fondant sur la ressemblance de langage 
et d'idées qu'on remarque entre cet ouvrage et les écrits du prophéte. Cette 
opinion, sans étre certaine, est trés vraisemblable, car elle a pour elle la tradi- 
tion en méme temps que la similitude du style. 

L'exactitude des livres des Rois par rapport aux événements politiques est 
universellement reconnue, et la découverte des inscriptions assyriennes, dans 
ces dernières années, l'a confirmée d'une manière éclatante. La seule partie de 
cette histoire sacrée qui soit attaquée par les ennemis de la foi est celle qui 
raconte la mission des prophètes, leurs prédictions et leurs miracles : ils les 
traitent de mythes ou de légendes, mais sans autres motifs que la négation du 
surnaturel, oubliant ou ne voulant pas admettre que Dieu peut révéler à 
l'homme un avenir qui pour lui est sans voiles, et commander à la nature dont 
il est l'auteur | 


LES ROIS 


I ROIS 


CHAPITRE PREMIER. 


Elcana et ses deux femmes. Anne obtient 
du Seigneur un fils qui est nommé Sa- 
muel. Eile le consacre au Seigneur. 


1. Il y eut un homme de Rama- 
thaimsophim, de la montagne 
d'Ephraim, et son nom était El- 
cana, fils de Jéroam, fils d'Eliu, 
fils de Thohu, fils de Suph : il 
était Ephrathéen ; 

2. Et il avait deux femmes; le 
nom d'une était Anne, et le nom 
de la seconde Phénenna. Or Phé- 
nenna eut des fils, mais Anne n'a- 
vait pas d'enfants. 

3. Et cet homme montait de sa 
ville aux jours prescrits, nour 
adorer et sacrifier au Seigneur 
des armées à Silo. Or il y avait là 
les deux fils d'Héli, Ophni et Phi- 
nées, prêtres du Seigneur. 

4. Vint donc le jour, et Elcana 
offrit un sacrifice, etil donna des 
portions à Phénenna, sa femme, 
et à tous ses fils et à ses filles; 


5. Mais à Anne il donna une 
seuleportionavec tristesse, parce 
quil chérissait Anne. Or, le Sei- 
gneur l'avait frappée de stéri- 
lité. 

6. Sa rivale l'affligeait aussi et 
la tourmentait violemment, au 
point de lui reprocher que le Sei- 
gneur lavait frappée de stéri- 
lité. 

1. C'est ainsi qu'elle faisait cha- 
que année, lorsque, le temps re- 
venant, ils montaient au temple 
du Seigneur, et c'est ainsi qu'elle 
la provoquait. Or, Anne pleurait 
el ne prenait pas de nourriture. 

8. Elcana, son mari, lui dit 
donc : Anne, pourquoi pleures- 
tu? d'où vient que tu ne manges 
pas? et pour quel motif ton cœur 
est-il affligé? Est-ce que moi je 
ne vaux pas mieux pour toi que 
dix fils? 

9. Mais Anne se leva après 
qu'elle eut mangé et bu à Silo. 
Et, Héli, le prétre, étant assis sur 


1. Ephrathéen; ou de la tribu d'Ephraim, mais par le domicile seulement, car par 
la naissance, il était de la tribu de Lévi. Compar. Ruth, 1, 11. — Ramathaimsophim 
que l'on identifie avec Neby-Samouil, au nord de Jérusalem. 

2. Il avait deux femmes; ce que la loi tolérait alors pour éviter de plus grands 


maux. 


3. Les jours prescrits, ou fixés, déterminés; c'est-à-dire les jours consacrés aux 
rois grandes solennités de l'année, Páques, Pentecóte et la féte des Tabernacles. — 
Le Tabernacle était à Silo depuis le temps de Josué. Voy. Josué, xviu, 1. — * Silo. 


Voir Josué, xvin, 1. 
1. * Au temple, ou Tabernacle. 


ἴση. 1. 


son siége devant la porte du tem- 
ple du Seigneur, 

10. Anne, qui avait le cœur 
dans lamertume, adressa des 
prieres au Seigneur, pleurant 
abondamment, 

11. Et elle voua un vœu, disant: 
Seigneur des armées, siabaissant 
votre regard, vous voyez l'afflic- 
lion de votre servante, si vous 
vous souvenez de moi; si vous 
n'avez pas oublié votre servante, 
et que vous donniez à votre es- 
clave un enfant mále, je le don- 
nerai au Seigneur pour tous les 
jours de sa vie, et le rasoir ne 
montera jamais sur sa téte. 

19. Or, il arriva, que, comme 
elle multipliait ses prieres devant 
le Seigneur, Héli observait sa 
bouche. 

19. Mais Anne parlait en son 
cœur, ses lèvres seules étaient 
en mouvement, et sa voix n'était 
pas du tout entendue. Héli donc 
la jugea ivre, 

14. Et il lui dit : Jusqu'à quand 
seras-tu | ivre? Laisse reposer 
quelque temps le vin qui t'enivre. 

15. Anne répondant : Nulle- 
ment, dit-elle, mon seigneur; car 
je suis une femme très malheu- 
reuse; le vin et tout ce qui peut 
enivrer, je n'en ai pàs bu ; mais 
jai répandu mon àme en la pré- 
sence du Seigneur. 

16. Ne prenez pas votre ser- 
vante pour une des filles de Bé- 
lial; parce que c'est dans l'exces 
de ma douleur et de mon afflic- 


I ROIS. 513 


tion que j'ai parlé jusqu'à pré- 
sent. 

17. Alors Héli lui répliqua : Va 
en paix, et que le Dieu d'Israël 
t’accorde la demande que tu lui 
as faite. 

18. Et Anne répondit : Plàt à 
Dieu que votre servante trouvàt 
grâce à vos yeux! Et la femme 
sen alla en son chemin; elle 
mangea, et ses traits n’éprouvè- 
rent plus aucun changement. 

19. Apres cela, ils se leverent 
le matin, et ils adorèrent devant 
le Seigneur; puis ils s'en retour- 
nerent et vinrent dans leur mai- 
son à Ramatha. Or, Elcana connut 
Anne sa femme, et le Seigneur 
se souvint d'elle. 

20. Et, il arriva qu'apres une 
révolution de jours, Anne concut, 
puis enfanta un fils, et elle lui 
donna le nom de Samuel, parce 
qu'elle l'avait demandé au Sei- 
gneur. 

21. Or, Elcana, son mari, monta 
au temple, ainsi que toute sa 
maison, pour immoler au Sei- 
gneur l'hostie solennelle, et s'ac- 
quitter de son vœu; 

22. Mais Anne n'y monta point ; 
car elle dit à son mari : Je n'irai 
pas, jusqu'à ce que l'enfant soit 
sevré, et que je le conduise, afin 
qu'il paraisse en la présence du 
Seigneur, et qu'il y demeure per- 
pétuellement. 

23. Et Elcana, son mari, lui 
répondit : Fais ce qui te semble 
bon, et demeure jusqu'à ce que 


——————— M— M M M M 


16. * Bélial. Voir Deutéronome, xui, 13. 


19. * Ramatha, 1a méme ville que Ramathaimsophim. 
20. Une révolution, etc.; littér. un cercle de jours; c'est-à-dire, selon nous, une 
année. 11 est incontestable que le mot jour, mis au pluriel, se prend quelquefois en 


hébreu pour une année. 


A. T. 


33 


514 
tu le sevres; et je prie pour que 
le Seigneur accomplisse sa pa- 
role. Sa femme demeura donc, 
et elle allaita son fils, jusqu'à ce 
qu'elle le sevrát. 

24. Et elle l'amena avec elle, 
après qu'elle l'eut sevré, en pre- 
nant trois veaux, trois boisseaux 
de farine et une cruche de vin; 
ainsi elle l'amena dans la maison 
du Seigneur à Silo. Or, l'enfant 
était encore un tout petit enfant. 

25. Et ils immolèrent le veau, 
et présenterent l'enfant à Héli. 

20. Et Anne dit : Je vous con- 
jure, mon seigneur, votre àme 
vit, seigneur! c’est moi qui suis 
cette femme qui me suis tenue 
devant vous ici, priant le Sei- 
gneur. | 

97. C'est pour cet enfant que 
j'ai prié, et le Seigneur m'a ac- 
cordé ma demande que je lui ai 
faite. 

28. C'est pour cela aussi que 
moi je l'ai donné au Seigneur, 
pour tous les jours pour lesquels 
il aura été donné au Seigneur. 
Ainsi ils adorèrent là le Seigneur, 
et- Anne pria et dit : 


1 ROIS. 


(cu. 11] 


CHAPITRE II. 


Cantique d'actions de grâces d'Anne, mère 
de Samuel. Désordre des enfants d'Héli. 
Samuel sert devant le Seigneur. Héli 
reprend trop faiblement ses enfants. 
Dieu lui fait prédire la ruine de sa mai- 
son. 


1. Mon àme a tressailli d'allé- 
gresse dans le Seigneur, et ma 
force a été exaltée en mon Dieu; 
ma bouche s'est dilatée sur mes 
ennemis, parce que je me suis 
réjouie dans votre assistance. . 

2. Il n’est pas de saint comme 
est le Seigneur; car il n'en est 
pas d'autre en dehors de vous, et 
il n'est pas de fort comme notre 
Dieu. 

3. Ne multipliez point des pa- 
roles hautaines en vous glorifiant; 
que les anciens discours s'éloi- 
gnent de votre bouche, parce 
que le Seigneur est le Dieu des 
sciences, et que c'est pour lui que 
sont préparées les pensées. 

4. L'arc des forts a été vaincu, 
et les faibles ont été ceints de 
force. 

9. Ceux qui auparavant regor- 


24. Trois veaux. La version grecque, et les Pères qui l'ont suivie, de méme que 
le syriaque et l'arabe, lisent un veau de trois ans; et dans la suite de ce chapitre 
on n'en voit qu'un d'immolé; d'un autre cóté l'Ecriture parle eu plusieurs endroits 
d'animaux de trois ans qu'on choisissait pour les sacrifices. En somme il faudrait un 
bien léger changement dans le texte original pour obtenir ce sens. 

21. C’est pour cet enfant, etc.; c'est-à-dire c'est pour obtenir cet enfant, que j'ai 

Ne: 

28. Je l'ai donné au Seigneur, etc. Je viens de l'offrir au Seigneur avec le désir 
qu'il lui reste consacré pendant tout le temps pour lequel je le lui ai voué, pendant 
toute sa vie. Anne parle ainsi, parce que les enfants n'étaient pas tenus d'accomplir 
ces sortes de vœux faits par leurs parents. 


1. Ma force; littér. ma corne. Chez les ancieus la corne était un symbole de la 
force et de la puissance. — Ma bouche s'est dilatée, ouverte pour répondre à mes 
ennemis. Phénenna, sa rivale, l'insultait auparavant à cause de sa stérilité. 

3. C'est pour lui; ou peut-étre : C'est par lui; ce qui s'accorderait mieux avec ce 
qui précède immédiatement. Remarquons aussi que la particule hébraïque, rendue 
ici dans la Vulgate par le datif, signifie souvent par, quand elle se trouve jointe à 
un verbe passif. 


[cn. n.] 
geaient se sont loués pour du 
pain; et les affamés ont été ras- 
sasiés, jusque là qu'une femme 
stérile a enfanté un grand nom- 
bre d'enfants, et que celle qui en 
avait beaucoup est tombée dans 
la langueur. 

6. C'est le Seigneur qui fait 
mourir et qui fait vivre, qui 
conduit aux enfers et qui en ra- 
mène. 

7. C'est le Seigneur qui fait le 
pauvre et qui enrichit, qui abais- 
se et qui relève. 

8. 11 fait sortir de la poussière 
l'indigent, et du fumier il élève 
le pauvre, afin qu'il s'asseye avec 
les princes, et qu'il occupe un 
trône de gloire ; car au Seigneur 
appartiennent les pôles de la ter- 
re, et il a posé sur eux l’univers. 

9. Il gardera les pieds de ses 
saints, et les impies se tairont 
dans les ténèbres, parce que ce 
n'est point par sa propre force 
que l'homme se fortifiera. 

10. C'est le Seigneur que re- 
douteront ses ennernis, et c'est 
sureux-mémes qu'il tonnera dans 
les cieux. Le Seigneur jugera les 
confins de la terre, il donnera 
l'empire à son roi, et il élèvera la 
puissance de son christ. 


I ROIS. 915 


11. Aprés cela, Elcana s'en alla 
à Ramatha dans sa maison ; mais 
l'enfant servait en la présence du 
Seigneur et devant Héli, le prétre. 

12. Or, les fils d'Héli étaient des 
fils de Bélial, ne connaissant point 
le Seigneur, 

13. Nile devoir des prétres en- 
vers le peuple; car quiconque 
avait immolé une victime, le ser- 
viteur du prétre venait, tandis 
que les chairs cuisaient, et il avait 
la fourchette à trois dents en sa 
main, 

14. Et il la plongeait dans la 
chaudiere, ou dans le chaudron, 
ou dans la marmite, ou dans le 
pot; et tout ce qu'enlevait la four- 
chette, le prétre l'emportait pour 
lui. C'est ainsi qu'ils faisaient à 
tous ceux d'Israël qui venaient à 
5110. 

15. Méme avant qu'on brulàt 
la graisse, le serviteur du prétre 
venait, et disait à celui qui immo- 
lait : Donne-moi de la chair, afin 
que je la fasse cuire pour le pré- 
tre; car je ne recevrai pas de 
toi de la chair cuite, mais de la. 
crue. 

16. Et celui qui immolait lui 
disait: Que la graisse d'abord soit 
brülée aujourd'hui, selon l'usage, 


Cuar. II. 6. Deut., xxxi, 39; Tobie, זוא‎ 2: Sag., xvi, 13. 


——— ——M 


6. * Aux enfers, en hébreu scheôl. Voir la note sur Genèse, xxxvu, 35. 
9. Il gardera, etc.; 11 conduira leurs pas, les préservera des pièges. 


40. Par son christ, le paraphraste chaldéen et les meilleurs interprètes entendent 
le Messie. — * C'est pour la première fois que le nom de Messie ou Christ apparait 
dans la Sainte Ecriture. « Le paraphraste chaldéen et les meilleurs interprétes, dit 
Calmet, entendent ceci du Messie et de son royaume sur l'Eglise. 1/ donnera la force 
à son roi, dit Jonathan, e£ i multipliera le royaume de son Messie. On l'expiique 
aussi de David, qui a été une des plus expressives images de Jésus-Christ. Anne, ou 
plutôt le Saint-Esprit, pouvait avoir en vue en mème temps ces deux grands objets : 
le changement de l'état présent des Hébreux de patriarcal en monarchique, et le 
règne glorieux du Messie. » Les sentiments exprimés par Anne dans son cantique sont 
si beaux que la sainte Vierge se les est appropriés en partie dans son Magnificat. 

12. * Bélial. Voir Deutéronome, xui, 13. 


516 
et prenez pour vous tout autant 
qu'en désire votre âme. Et celui- 
ci, répondant, lui disait : Point 
du tout; car tu m'en donneras 
maintenant, ou bien j'en prendrai 
de force. 

11. Ainsi le péché des enfants 
d'Héli était très grand devant le 
Seigneur, puisqu'ils détournaient 
les hommes des sacrifices du Sei- 
gneur. 

18. Cependant devant la face 
du Seigneur servait Samuel, en- 
fant revétu d'un éphod de lin. 

19. Et sa mere lui faisait une 
petite tunique qu'elle lui appor- 
tait aux jours prescrits, montant 
avec son mari, pour immoler 
l'hostie solennelle. 

20. Et Héli bénit Elcana et sa 
femme et dit à Elcana : Que le 
Seigneur te rende une postérité 
par cette femme pour l'intérét de 
ce que tu as prété au Seigneur. 
Et ils s'en allèrent dans leur de- 
meure. 

21. Le Seigneur visita donc 
Anne, et elle concut et enfanta 
trois fils et deux filles, et l'enfant 
Samuel devint grand devant le 
Seigneur. 

22. Or, Héli était fort vieux; et 
il apprit tout ce que faisaient ses 


I ROIS. 


[cu. m.] 


fils à tout Israél, et comment ils 
dormaient avec les femmes qui 
veillaient à la porte du taber- 
nacle, 

23. Et il leur demanda : Pour- 
quoi faites-vous des choses de 
cette nature, choses trés mau- 
vaises, que j'apprends moi-méme 
de tout le peuple? 

24. Cessez, mes enfants; car il 
n'est pas honorable le bruit qui 
est parvenu jusquà moi, que 
vous faites transgresser le peu- 
ple du Seigneur. 

25. Si un homme peche contre 
un homme, Dieu pourra étre apai- 
sé pour lui; mais si c'est contre 
le Seigneur qu'un homme peche, 
qui priera pour lui? Et ils n'écou- 
tèrent pas la voix de leur pere, 
parce que le Seigneur voulut les 
perdre. 

26. Cependant l'enfant Samuel 
avançail et croissait, et plaisait 
autant au Seigneur qu'aux hom- 
mes. 

27. Or, il vint un homme de 
Dieu vers Héli, et il lui dit : Voi- 
ci ce que dit le Seigneur : Ne me 
suis-je pas ouvertement révélé à 
la maison de ton père, lorsqu'ils 
étaient en Egypte, dans la mai- 
son de Pharaon? 


18. * D'un éphod, Voir la note sur 22006, xxv, 1. 


19. Aux jours prescrits. Voy. 11, 3. 


25. Mais si c'est contre le Seigneur, ete. Les fautes d'un homme contre un autre 
homme sont plus faciles à pardonner, parce qu'elles regardent Dieu d'une maniére 
en quelque sorte moius directe; mais si nous l'attaquons immédiatement en pro- 
fanant son nom, en souillant ses mystères, en rendant méprisables sa religion et 
ses cérémonies, qui s'intéressera à nous réconcilier avec lui? quels moyens em- 
ploierons-nous pour fléchir sa justice? Ainsi, bien que notre pardon ne soit pas en 
ce cas impossible, il devient au moins d'une plus grande difficulté. — Parce que le 
Seigneur, etc. Parce que le Seigneur voulut les abandonner à eux-mémes, et qu'il ne 
leur donna pas ces gráces extraordinaires, qui auraient triomphé de la dureté de 
leur cœur, mais dont ils s'étaient rendus indignes par leurs infidélités, et en com- 
blant la mesure de leurs crimes. Compar. Exod., 1v, 21; Rom., 1x, 18. 

21. Un homme de Dieu; c'est-à-dire un prophète. Compar. ix, 6. — * Ton gère 
Aatou. 


[cn. 11.] 


- 98. Je l'ai choisi entre toutes 
les tribus d'Israél pour mon pré- 
tre, afin qu'il montát à mon autel, 
qu'il brülát pour moi de l'encens, 
et qu'il portât un éphod devant 
moi; et j'ai donné à la maison de 
ton pere de tous les sacrifices des 
enfants d'Israél. 

29. Pourquoi avez-vous jeté 
sous vos pieds ma victime et mes 
présents que j'ai ordonné d'offrir 
dansle temple, et as-tu plus ho- 
noré tes fils que moi, pour que 
vous mangeassiez les prémices 
de tous les sacrifices d'Israél mon 
peuple? 

30. C'est pour cela que le Sei- 
eneur Dieu d'Israël dit : Parlant, 
j'ai parlé, afin que ta maison et la 
maison de ton père servit en ma 
présence pour toujours. Or, le 
Seigneur dit maintenant : Loin 
de moi cela! mais quiconque 
m'aura glorifié, je 16 glorifierai; 
ceux au contraire qui me mépri- 
sent, seront avilis. 

31. Voici que des jours vien- 
dront, et je couperai ton bras, et 
le bras de la maison de ton père, 
en sorte qu'il n'y ait point de 
vieillard dans ta maison. 

32. Et tu verras ton rival dans 


30. III Rois, 11, 91. 


I ROIS. 517 


16 temple, au milieu de toutes les 
prospérités d'Israël; et il n'y aura 
de vieillard dans ta maison en 
aucun jour. 

39. Cependant je n'enléverai 
pas entièrement de mon aute! 
tout homme issu de toi; mais je 
ferai que tes yeux s'éteindront, 
et que ton àme se desséchera : 
et une grande partie de ta maison . 
mourra, lorsqu'elle sera parve- 
nue 8 l’âge viril. 

34. Or, ce qui en sera pour toi 
le signe, est ce qui doit arriver à 
tes deux fils, Ophni et Phinées : 
en un seul jourils mourront tous 
les deux. 

35. Et je me susciteraiun prêtre 
fidèle qui agira selon mon cœur 
et mon àme; et je lui édifierai 
une maison fidele, et il marchera 
devant mon christ, tous les 
jours. 

36. Or, il arriva, que quiconque 
sera resté dans ta maison, vien- 
dra, afin qu'on prie pour lui et 
qu'il offre une pièce d'argent, et 
une miche de pain, et qu'il dise : 
Admettez-moi, je vous conjure, 
à une fonction sacerdotale, afin 
que je mange une bouchée de 
pain. 


28. De tous les sacrifices; littér. de toutes les choses des sacrifices, de tout ce qui 


revenait au prêtre dans les sacrifices. 


30. Parlant, j'ai parlé. Nous avons déjà remarqué que ce genre de répétition avait 
pour but de donner à l'expression de la force et de l'énergie. 

35. Ce prêtre est Sadoc, dans la famille duquel demeura constamment le souve- 
rain sacerdoce. — * Devant mon christ, mon oint, c'est-à-dire le roi, qui devait étre 
sacré par l'onction de l'huile. Cette prophétie annonce l'institution de la royauté en 


Israél. 


36. Viendra, comme un simple Israélite demander au prêtre de prier pour lui en 
présentant pour ses offrandes, non point un bœuf, un veau, ou une brebis; mais un 
pain et une petite piéce d argent comme les personnes les plus pauvres. 


| 
| 


CHAPITRE IIT. 


Le Seigneur déclare à Samuel les juge- 
ments qu'il va exercer contre Héli. Sa- 
muel les découvre à Héli. Samuel re- 
connu prophéte daus Israél. 


1. Or l'enfant Samuel servait 
le Seigneur devant Héli, et la 
parole du Seigneur était pré- 
cieuse en ces jours-là; il ny 
avait pas de vision manifeste. 

2. Il arriva donc un certain 
jour qu'Héli était couché en son 
lieu (or ses yeux étaient obscur- 
cis, et il ne pouvait pas voir); 

3. Avant que la lampe de Dieu 
füt éteinte, Samuel dormait dans 
le temple du Seigneur, oü était 
l'arche de Dieu. 

4. Et le Seigneur appela Sa- 
muel, qui répondant, dit : Me 
voici. 

5. Alors il courut à Héli et dit : 
Me voici; car vous m'avez appelé. 
Héli répondit : Je ne t'ai pas ap- 
pelé; retourne-t'en, et dors. Et il 
s'en alla, et il dormit. 

6. Mais le Seigneur recom- 
menca à appeler de nouveau Sa- 
muel. Et Samuel, se levant, s'en 
alla vers Héli et dit: Me voici, 
parce que vous m'avez appelé. 
Et Héli répondit : Je ne t'ai pas 
appelé, mon fils; retourne-t'en 


iet dors. 


7. Or, Samuel ne connaissait 
pas encore le Seigneur, et la pa- 


I ROIS. 


[cH. m.] 


role du Seigneur ne lui avait pas 
été révélée. 

8. Et le Seigneur recommenca., 
et il appela encore Samuel pour 
la troisieme fois. Et Samuel, se 
levant, s'en alla vers Héli, 

9. Et dit: Me voici, parce que 
vous m'avez appelé. Héli comprit 
donc quele Seigneur appelaitl en- 
fant, etildit à Samuel. Va,et dors : 
et si dans la suite il t'appelle, tu 
diras: Parlez, Seigneur, parce que 
votre serviteur écoute. Samuel 
s'en alla donc et dormit en son 
lieu. 

10. Et le Seigneur vint, et s'ar- 
réta; puis il appela, comme il 
avait appelé par deux fois : Sa- 
muel, Samuel. Et Samuel répon- 
dit : Parlez, Seigneur, parce que 
votre serviteur écoute. 

11. Alors le Seigneur dit à Sa- 
muel : Voici que moi je vais 
faire entendre une parole dans 
Israël; et quiconque l'entendra, 
ses deux oreilles tinteront. 

12. En ce jour-là, je susciterai 
contre Héli tout ce que j'ai dit 
sur sa maison : je commencerai 
et j'achèverai. 

13. Car je lui ai prédit que je 
devais juger sa maison à jamais, 
pour cause d'iniquité, parce qu'il 
savait que ses fils agissaient in- 
dignement, et qu'il ne les a pas 
corrigés. 

14. C'est pour cela que j'ai juré 


1. Précieuse, ou vare; c'est-à-dire qu'il y avait peu de prophètes. — * 17 n'y avait 


pas de vision manifeste, fréquente. 


2. Or ses yeux, etc. Cette fin de verset est évidemment une parenthèse; c'est pour 
cela que nous l'avons mise entre deux crochets. 

3. * La lampe de Dieu, le chandelier à sept branches, w'éfait pas encore éteinte, 
t'est-à-dire qu'il ne faisait pas encore jour. — Dans le temple, dans le tabernacle. 

1. Ne connaissant pas encore le Seigneur. Comme c'était la première fois que Dieu 
parlait à Samuel, le jeune prophète ne distinguait pas sa voix de celle d'un homme, 


romme il sut la distinguer ensuite. 


[cg. 1v.] 
àla maison d'Héli, que l'iniquité 
de sa maison ne sera jamais ex- 
piée par des victimes et par des 
offrandes. 

15. Or, Samuel dormit jusqu'au 
matin, et il ouvrit les portes de 
la maison du Seigneur. Et Samuel 
craignait de déclarer la vision à 
Héli. 

16. Héli appela donc Samuel 
et dit : Samuel, mon fils? Celui-ci 
répondant, dit : Je suis pré- 
sent. 

17. Et il l'interrogea : Quel est 
le discours que t'a tenu le Sei- 
gneur? Je te prie de ne point me 
le céler. Que Dieu te fasse ceci, 
et quil ajoute cela, si tu me 
caches quelqu'une de toutes les 
paroles qui t'ont été dites. 

18. Samuel lui déclara donc 
toutes les paroles, et ne les lui 
cacha pas. Et Héli répondit : Il 
estle Seigneur; qu'il fasse ce qui 
est bon à ses yeux. 

19. Or, Samuel grandit, et le 
Seigneur était avec lui, et nulle 
de ses paroles ne tomba par 
terre. 

20. Et tout Israël connut depuis 
Dan jusqu'à Bersabée que Sa- 
muel était un fidèle prophète du 
Seigneur. 

91. Et le Seigneur continua à 
apparaitre à Silo, parce que le 
Seigneur s'était révélé à Samuel 
à Silo, selon la parole du Sei- 
gneur. Et le discours de Samuel 
parvint à tout Israél. 


I ROIS. 919 


CHAPITRE IV. 


Guerre des Philistins. Les Israélites font 
venir l'archequi est prise. Mort d'Ophni, 
de Phinéès, d'Héli et de la femme de 
Phinéés. 

1. Or il arriva en ces jours-là, 
queles Philistinsserassemblèrent 
pour le combat; et Israël sortit 
au devant des Philistins pour la 
bataille, et il campa près de la 
pierre du Secours. Mais les Phi- 
listins vinrent à Aphec, 

2. Et ils rangerent leur armée 
en bataille en face d'Israël. Or, 
le combat engagé, Israël tourna 
le dos aux Philistins; et il y eut 
de taillés en pièces dans ce com- 
bat cà et là, à travers les champs, 
environ quatre mille hommes. 

3. Et le peuple revint dans le 
camp, et les anciens d'Israël 
dirent : Pourquoi le Seigneur 
nous a-t-il frappés aujourd'hui, 
devant les Philistins? Apportons 
prés de nous de Silo, l'arche de 
l'alliance du Seigneur, et qu'elle 
vienne au milieu de nous, afin 
qu'elle nous sauve de la main de 
nos ennemis. 

4. Le peuple envoya donc à 
Silo, etils en apporterent l'arche 
de lalliance du Seigneur des 
armées, assis sur les chérubins; 
et les deux fils d'Héli, Ophni et 
Phinéès, étaient avec l'arche de 
l'alliance de Dieu. 

ὃ. Et lorsque l'arche de l'al- 
liance du Seigneur fut venue 


17. Que Dieu te fasse ceci, etc. Voy. Ruth, 1, 11. 

19. Ne tomba par terre, ne demeura sans étre accomplie. 

20. * Depuis Dan jusqu'à Bersabée. Voir la note sur Juges, xx, 1. 

4. * Près de la pierre du Secours, en hébreu, Aben-Ezer, localité probaplement 
située entre Maspha et Sen-Aphec, probablement au nord-ouest et non loin de Jéru- 


salem. 


3. * Apportons... de Silo l'arche de l'alliance. Voir la note sur Josué, xvur, 4. 


520 I ROIS. 


dans le camp, tout Israël cria 
d'un grand cri, et la terre re- 
tentit. 

6. Et les Philistins entendirent 
le bruit de la clameur et dirent : 
Quel est le bruit de cette grande 
clameur dans le camp des Hé- 
breux? Et ils connurent que l'ar- 
che du Seigneur était dans le 
camp. 

7. Alors les Philistins craigni- 
rent, disant : Dieu est venu dans 
le camp. Et ils gémirent, disant: 

8. Malheur à nous! car il n'y 
eut pas une si grande allégresse 
hier et avant-hier; malheur à 
nous! Qui nous sauvera de la 
main de ces dieux suprémes? ce 
sont ces dieux qui ont frappé l'E- 
gypte de toute sorte de plaies 
dans le désert. 

9. Prenez courage, et ‘soyez 
hommes de cœur, Philistins; ne 
servez pas les Hébreux comme 
eux vous ont servis; prenez cou- 
rage et combattez. 

10. Les Philistins combattirent 
donc, et Israël fut taillé en piè- 
ces, et chacun s’enfuit dans son 
tabernacle; et il se fit un très 
grand carnage, et il tomba du 
cóté d'Israél trente mille hommes 
de pied. 

11. De plus, l'arche deDieu fut 
prise, etles deux fils d'Héli, Ophni 
et Phinées moururent aussi. 

12. Or, un homme de Benjamin 
accourant de l'armée, vint à Silo, 
ce jour-là, ayant son vêtement 
déchiré, et la tête couverte de 
poussière. 

18. Et lorsque cet homme arri- 


1v.]‏ .זוס] 


va, Héli était assis sur son siège, 
tourné vers le chemin; car son 
cœur tremblait de crainte pour 
l'arche de Dieu. Mais, 661 homme, 
après qu'il fut entré, donna la 
nouvelle à la ville ; et toute la ci- 
té poussa des hurlements. 

14. Et, Héli entendit le bruit de 
la clameur et dit : Quel est le 
bruit 66 ce tumulte? Et cethomme 
se hâta, et vint, et donna la nou- 
velle à Héli. 

15. Or, Héli avait quatre-vingt- 
dix-huit ans, et ses yeux étaient 
obscurcis, et il ne pouvait pas 
voir. 

16. Et cet homme dit à Héli : 
C'est moi qui suis venu de la ba- 
taille, et moi qui me suis enfui 
de l'armée aujourd'hui. Héli lui 
demanda : Qu'a-t-il été fait, mon 
fils? 

17. Celui qui donnait la nou- 
velle répondant : Israël, dit-il, a 
fui devant les Philistins et il a été 
fait une grande ruine dans le 
peuple; et de plus vos deux fils, 
Ophni et Phinéès, sont morts, et 
l'arche de Dieu a été prise. 

48. Lorsque cet homme eut 
nommé l'arche de Dieu, Héli tom- 
ba de son siege à la renverse près 
de la porte, et, la téte brisée, il 
mourut. C'était un homme vieux 
et très avancé en 880 ; et il jugea 
lui-même Israëlpendantquarante 
ans. 

19. Or, sa belle-fille, femme de 
Phinéès, était enceinte et près 
d'enfanter; et ayant appris la 
nouvelle que l'arche de Dieu avait 
été prise, et que son beau-père 


à 


8. * Ces dieux. Les Philistins ne connaissaient pas le Dieu unique d'Israël et 8 


croyaient qu'il en adorait plusieurs. 


12. Un homme de Benjamin: c'est-à-dire de la tribu de Benjamin. 


[ca. v.] 
était mort, ainsi que son mari, 
elle se baissa et enfanta; car les 
douleurs subites l'avaient saisie. 

90. Mais au moment méme de 
sa mort, celles qui se tenaient au- 
prés d'elle, lui dirent : Ne crains 
point, car tu as enfanté un fils. 
Et elle ne répondit pas, et n'y fit 
pas même attention. 

91. Et elle appela son fils Icba- 
bod, disant : La gloire d'Israël a 
été transférée, parce que l'arche 
de Dieu fut prise, et à cause de 
son beau-père et de son mari; 

29. Et elle dit : La gloire d'Is- 
raél a été transférée, parce que 
l'arche de Dieu avait été prise. 


CHAPITRE V. 


L'arche du Seigneur est placée dans le 
temple de Dagon. Cette idole est ren- 
versée. Plaie dont Dieu frappe les Phi- 
listins. Ds sont obligés de renvoyer 
l'arche. 


1. Or, les Philistins prirent l'ar- 
che de Dieu, et la transportèrent 
de la pierre du Secours à Azot. 


παρ. V. 6. Ps. rxxvir, 66. 


21. Ichabod, signifie proprement sans gloire; c'est comme si elle eüt dit : 


plus de gloire. 


I ROIS. 521 


2. Ainsi les Philistins prirent 
l'arche de Dieu, et ils la porterent 
dans le temple de Dagon, et la 
placerent auprès de Dagon. 

3. Et lorsque les Azotiens se 
furent levés le lendemain au point 
du jour, voilà que Dagon gisait 
renversé contre terre devant l'ar- 
che du Seigneur: et ils prirent 
Dagon, et le rétablirent à sa place. 

4. Et de nouveau se levant de 
matin le jour suivant, ils trou- 
verent Dagon gisant sur sa face 
contre terre, devant larche du 
Seigneur; mais la téte de Dagon 
et les deux paumes de ses mains 
coupées étaient sur le seuil de la 
porte, 

ὃ. Et le trone seul de Dagon 
était demeuré à sa place. Pour ce 
motif, les prétres de Dagon et 
tous ceux qui entrent dans son 
temple, ne mettent pas le pied 
sur le seuil de la porte de Dagon 
à Azot jusqu'au présent jour. 

6. Or, la main du Seigneur s'ap- 
pesantit sur les Azotiens, et il les 


Il ny a 


1. * De la pierre du Secours, Aben-Ezer. Voir plus haut I Rois, 1v, 1. — Azot, une 
des cinq grandes villes des Philistins, dans la plaine de la Séphéla, au nord d'As- 
calon. 

2. Dagon, est un diminutif du mot hébreu dág, poisson. On ne sait ni quel dieu 
les Philistins adoraient sous ce nom, ni quelle était sa forme, l'Ecriture n'étant pas 
explicite à cet égard. Seulement, Diodore de Sicile (1. 11, c. rv) dit qu'à Ascalon, ville 
célèbre des Philistins, on adorait la déesse Derkeío sous ja figure d'une femme qui 
avait tout le bas d'un poisson. — * Nous connaissons maintenant par divers monu- 
ments figurés de l'antiquité la forme sous laquelle était représenté Dagon : il était 
homme par la partie supérieure et poisson par la partie inférieure. 

6. * IL frappa, etc. On croit communément que le mal dort Dieu (rappa les Phi- 
listins, ce furent les hémorrhoides. — Fourmillérent de rats. Le rat des champs à 
courte queue, comme il est appelé par les naturalistes, est trés commun dans toute 
l'Asie occidentale. Il se propage trés abondamment, malgré tous les ennemis acharnés 
à le détruire. Cependant le nombre n'en diminue pas. On le voit dans toutes les 
terres cultivées, courant à travers champs, et emportant le grain afin de l'emma- 
gasiner pour l'hiver. Cet animal est susceptible de se multiplier en si grande quan- 
tité qu'il peut nuire quelquefois sensiblement aux récoltes; aussi ses ravages sont- 
ils généralement redoutés. 


522 I ROIS. 


désola; et 11 frappa Azot et ses 
confins à la partie la plus secrete 
du corps. Et les villages et les 
champs au milieu de cette con- 
trée fourmillèrent de rats qui na- 
quirent, et la confusion causée 
par une grande mortalité régna 
dans la ville. 

7. Cependant les hommes d’A- 
20% voyant une plaie de cette 
sorte, dirent : Quel'arche du Dieu 
d'Israël ne demeure pas chez 
nous, parce que sa main pèse sur 
nous et sur Dagon notre Dieu. 

8. Et ils envoyèrent chercher, 
et rassemblérent tousles satrapes 
des Philistins auprès d'eux, et 
dirent : Que ferons-nous de l'ar- 
che du Dieu d'Israél? Et les Gé- 
théens répondirent : Que l'arche 
du Dieu d'Israël soit conduite au- 
tour du pays. Et ils conduisirent 
l'arche du Dieu d'Israël autour 
du pays. 

9. Or, eux la conduisant ainsi, 
la main du Seigneur faisait dans 
chaque cité un très grand car- 
nage, et il frappait les hommes 
de chacune de ces villes, depuis 
le petit jusqu'au grand, et leurs 
intestinssortant, se pourrissaient. 
Aussi les Géthéens tinrent con- 
seil et se firent des sièges de 
peaux. 

10. Ils envoyèrent done l'arche 
de Dieu à Accaron. Et lorsque 
l'arche de Dieu fut venue à Acca- 
ron, les Accaronites s'écrierent, 
disant : Ils nous ont amené l'ar- 
che du Dieu d'Israél, pour qu'elle 
nous tue, nous et notre peuple. 

11. C'est pourquoi ils envoyè- 
rent chercher et rassemblèrent 


[cH. vr.] 


tous 165 satrapes des Philistins, 
qui dirent : Renvoyez l'arche du 
Dieu d'Israél, et qu'elle retourne 
en son lieu, et qu'elle ne nous tue 
pas avec notre peuple. 

19. Car la frayeur dela mort se 
répandait dans chaque ville, et la 
main de Dieu devenait extréme- 
ment pesante ; les hommes aussi, 
qui n'étaient pas morts, étaient 
frappés à la partie la plus secrete 
du corps; et le cri lamentable de 
chaque cité montait jusqu'au 
ciel. 


CHAPITRE VI. 


Les Philistins renvoient l'arche. Elle ar- 
rive à Bethsameés. Bethsamites frappés 
de mort pour l'avoir regardée. 


1.,L'arche du Seigneur fut donc 
dans le pays des Philistius pen- 
dant sept mois. 

2. Et les Philistins appelerent 
les prétres et les devins, disant : 
Que ferons-nous de larche du 
Seigneur? indiquez-nous com- 
ment nous la renverrons en son 
lieu. Ceux-ci répondirent : 

3. Si vous renvoyez l'arche du 
Dieu d'Israël, ne la renvoyez 
point vide; mais rendez-lui pour 
le péché ce que vous devez, et 
alors vous serez guéris; et vous 
saurez pourquoi sa main ne se 
retire pas de vous. 

4. Les Philistins reprirent : 
Qu'est-ce que nous devons lui 
rendre pour le péché ? Et les pré- 
tres répondirent : 

5. Vous ferez, selon le nombre 
des provinces des Philistins, cinq 
anus d'or, et cinq rats d'or, parce 
qu'il n'y a eu qu'une méme plaie 


10. * Accaron, l'une des cinq grandes villes des Philistins. 
M. * Les satrapes des Philistins, leurs chefs, dont le vrai titre était seranim. 


[cu. vr.] 


pour vous tous et pour vos satra- 
pes. Vous ferez donc des repré- 
sentations de vos anus, et des 
représentations des rats qui ont 
ravagé la terre; et vous donnerez 
gloire au Dieu d'Israél; peut-étre 
qu'il relèvera sa main de dessus 
vous, de dessus vos dieux, et de 
dessus votre terre. 

6. Pourquoi aggravez-vous vos 
cœurs comme l'Egypte et Pha- 
raon aggraverent leur cour? 
n'est-ce pas apres qu'il eüt été 
frappé, qu'illes renvoya, et qu'ils 
s'en allèrent ? 

7. Maintenant donc prenez et 
faites un char neuf, et attelez à 
ce char deux vaches nourrices, 
et auxquelles on n'a pas imposé 
ce joug, etrenfermez leurs veaux 
dans l'étable. 

8. Puis, vous prendrez l'arche 
du Seigneur, et vous la placerez 
sur le char; mais les objets d'or 
que vous lui aurez payés pour le 
péché, vous les mettrez dans le 
coffret, à cóté d'elle; et laissez-la 
aller. 

9. Et vous regarderez; et si 
toutefois elle monte, par la route 
de ses confins, vers Bethsames, 
c'est lui-méme qui nous a fait ce 
grand mal; mais sinon, nous 
saurons que ce n'est nullement 


Cxapr. VI. 6. Exode, xir, 31. 


I ROIS. 


523 


sa main qui nous a touchés, mais 
que c’est arrivé par hasard. 

10. Les Philistins firent donc de 
cette manière; et prenant deux 
vaches qui allaitaientleurs veaux, 
ils les attelèrent au char, et ren- 
fermèrent leurs veaux dans l'éta- 
ble. 

11. Puis, ils placerent l'arche 
de Dieu sur le char et le coffret 
qui contenait les rats d’or et les 
représentations des anus. 

49. Or, les vaches allaient tout 
droit par la route qui mène à 
Bethsamès, et marchaient par le 
méme chemin, s'avancant et mu- 
gissant; et elles ne s'écartaient 
ni à droite ni à gauche ; mais les 
satrapes des Philistins suivirent 
aussi jusqu'aux frontieres de 
Bethsames. 

13. Cependant les Bethsamites 
moissonnaient le froment dans 
la vallée; et, levant les yeux, ils 
virent l'arche, et ils se réjouirent, 
lorsqu'ils l'eurent vue. 

14. Et le char vint dans le 
champ de Josué, le Bethsamite, 
et s'arréta là. Oril y avait là une 
grande pierre; et ils couperent 
en morceaux le bois du char, et 
ils mirent les vaches dessus 
comme un holocauste au Sei- 
gneur. - 


7. Prenez et faites; c'est-à-dire prenez de quoi faire. — Nourrices. C'est le sens de 
l'hébreu, et le mot fetus, de la Vulgate, signifie souvent, dans les auteurs latins, 
des vaches qui ont mis bas. -- * Un char neuf. Les chars orientaux actuels, appelés 
arabas, sont probablement semblables à ceux qui étaient en usage alors chez les 
Philistins et les Hébreux et qui étaient tirés par une paire de bœufs. C'est le seul 
véhicule à roues aujourd'hui employé en Palestine. Les roues sont en bois massif et 
solidement fixées à un essieu, qui tourne en méme temps qu'elles, sous le corps du 
char, en produisant uu bruit strident. Elles sont quelquefois entourées elles-mêmes 
de bandes de fer, attachées par des clous à grosses têtes. 

8. Pour le péché, que vous avez commis. Compar. vers. 4. 

9. C'est lui-méme; le Scigneur nommé au vers. précédent. 

12. * A Bethsamés, ville de la tribu de Juda. Voir Josué, xxi, 16. 


524 

45. Mais les Lévites descendi- 
rent l'arche de Dieu et le coffret 
qui était auprès d'elle, et ils les 
placèrent sur la grande pierre. 
De leur côté, les Bethsamites of- 
frirent des holocaustes et immo- 
lèrent des victimes en ce jour-là 
au Seigneur. 

16. Etles cinq satrapes des Phi- 
listins le virent, et ils retournè- 
rent à Accaron en ce jour-là. 

17. Or, voiciles cinq anus d'or 
que les Philistius rendirent pour 
le péché au Seigneur : Azot en 
donna un; Gaza, un; Ascalon, 
un ; Geth, un; Accaron, un; 

18. /Is rendirent aussi les rats 
d'or, selon le nombre des villes 
des Philistins, des cinq provinces, 
depuis la ville murée jusqu'au 
village qui était sans mur, et jus- 
qu'à la grande Abel, sur laquelle 
ils placerent l'arche du Seigneur, 
qui a été jusqu'à ce jour dans le 
champ de Josué, le Bethsamite. 

19. Or, Je Seigneur frappa des 


I ROIS. 


(cu. vir.] 


hommes de Bethsamès, parce 
qu'ils avaient regardé l'arche du 
Seigneur; etil frappa d'entre le 
peuple soixante-dix hommes, et 
cinquante mille du bas peuple. Et 
le peuple pleura, parce que le 
Seigneur avait frappé le peuple 
d'une grande plaie. 

20. Et les hommes de Bethsa- 
mes dirent : Qui pourra subsister 
en la présence du Seigneur, ce 
Dieu saint? et chez qui montera- 
t-il de chez nous? 

21. Ils envoyerent donc des 
messagers aux habitants de Ca- 
riathiarim, disant : Les Philistins 
ont ramené l'arche du Seigneur, 
descendez, et ramenez-la chez 
vous. 


CHAPITRE VII. 


Transport de l'arche à Cariathiarim. Sa- 
muel exhorte le peuple à retourner au 
Seigneur. Il délivre Israél des mains 
des Philistins. 


1. Les hommes de Cariathiarim 


11. Voici les cinq anus, est pour : Voici les noms des cinq villes qui offrirent les 
cing anus : genze d’ellipse qui n'est pas rare dans l'Ecriture. — * Azof, Gaza, As- 
cation, Geth, Accaron. Ce sont les cinq principales villes des Philistins, qui formaient 
une sorie de confédération gouvernée par cinq seranim ou princes. 

18. Ils rendi» ent. L'accusatif mures aureos suppose nécessairement que ce verbe 
est sous-entendu. Peut-étre aussi que l'auteur de la Vulgate, par un genre de cons- 
truction qui lui est assez familier, a-t-il voulu mettre ces deux mots à l'accusatif en 
en faisant un complément direct de ce méme verbe is rendirent, exprimé au verset 
précédent. — La grande Abel est le nom qui fut donné à une pierre sur laquelle on 
déposa l'arche, après la mort des Bethsamites racontée au vers. 19. 

19. Parce qu'ils avaient regardé, avec une curiosité défendue par la loi sous peine 
de mort (Nombr., 1v, 20). — * Il frappa... soixante-dix hommes et cinquante mille 
hommes. Qv croit assez communément «ue le chiffre de cinquante mille hommes est 
une interpolation, parce que, contrairement à l'usage, le chiffre soixante-dix est 
placé avant celui de cinquante mille; que, de plus, 11 n'y avait pas à Bethsamès ni 
autour de Bethsamés une population de cinquante mille habitants et qu'enfin il ne 
peut pas étre ici question d'un rassemblement extraordinaire du peuple, parce que 
l'arche arriva d'une manière inopinée, au moment de 18 moisson. Le mot bas peuple 
ne se lit pas dans l'original hébreu. 

21. * Cariathiarim, au nord-ouest de Jérusalem, sur la route de Jaffa à Jérusalem, 
dans les montagnes. 


1. Ils sanctifiérent; c'est-à-dire consacrèrent par l'onction sainte, ou appliguérent 
au minislére des Lévites, ou simplement disposérent, préparérent Eléazar, en le puri- 


[cH. vu.] 
vinrent donc, ramenerent l'arche 
du Seigneur, et la transportèrent 
dans la maison d’Abinadad à Ga- 
baa : mais ils sanctifièrent Eléa- 
zar, son fils, afin qu'il gardât 
l'arche du Seigneur. 

2. Et il arriva que depuis le 
jour où larche du Seigneur de- 
meura à Cariathiarim, les jours 
se multiplierent (car c'était déjà 
la vingtieme année); et toute la 
maison d'Israël se reposa à l'abri 
du Seigneur. 

3. Et Samuel s'adressa à toute 
la maison d'Israël, disant : Si 
c'est en tout votre cœur que vous 
revenez au Seigneur, Ôtez d'au 
milieu de vous les dieux étran- 
gers, les Baalim et les Astaroth, 
et préparez vos cœurs pour le 
Seigneur, ne servez que lui, et il 
vous délivrera de la main des 
Philistins. 

4. Les enfants d'Israél enlevè- 
rent donc les Baalim et les Asta- 
roth, et ne servirent que le Sei- 
gneur. 

9. Or Samuel dit : Rassemblez 
tout Israél à Masphath, afin que 
je prie pour vous le Seigneur. 

6. Et ils s'assemblerent à Mas- 
phath; ils puiserent de l'eau, et 
la répandirent en la présence du 
Seigneur; ils jeunèrent aussi en 


I ROIS. 925 


avons péché contre le Seigneur. 
Et Samuel jugea les enfants d'Is- 
raél à Masphath. 

1. Cependant les Philistins ap- 
prirent que les enfants d'Israél 
s'étaient assemblés à Masphath, 
et les satrapes des Philistins mon- 
terent vers Israël. Ce qu'ayant 
appris les enfants d'Israël, ils crai- 
gnirent à l'aspect des Philistins. 

8. Et ils dirent à Samuel : Ne 
cessez point de crier pour nous 
vers le Seigneur notre Dieu, afin 
qu’il nous sauve de la main des 
Philistins. 

9. Samuel prit donc un agneau 
encore à la mamelle, et loffrit 
tout entier en holocauste au Sei- 
gneur, et Samuel cria vers le Sei- 
gneur pour Israél, et le Seigneur 
lexauca. 

10. Or, iL arriva que, tandis que 
samuel offrait l'holocauste, les 
Philistins engagerent la bataille 
contre Israël; mais le Seigneur 
tonna avec un grand éclat ce jour- 
là sur les Philistins, et les épou- 
vanta, et ils furent taillés en piè- 
ces à la face d'Israël. 

11. Et les hommes d'Israël, 
étant sortis de Masphath, pour- 
suivirent les Philistins, et ils les 
battirent jusqu'au lieu qui était 
au-dessous de Bethchar. 


ce jour, et ils dirent là : Nous 12. Or, Samuel prit une pierre, 


Cnar. VII. 3. Deut., vi, 13; Matth., 1v, 10. — 10. Eccli., זא‎ 20. — 11. Eccli., טא‎ 21. 


fiant des souillures extérieures en l'obligeant à s'abstenir des plaisirs sensuels, à 
laver ses vétements; en un mot, en le soumettant à tous les genres de puritication 
usités en pareil cas. — * Gabaa ne désigne probablement pas ici une ville parti- 
culière, mais une hauteur, la partie la plus élevée de Cariathiarim. 

3. Les Baalim et les Astaroth. Noy. Juges, ni, 1. 

5. * Masphath ou Maspha est probablement la Nebi-Samouil actuelle, à l'extrémité 
occidentale de la tribu de Benjamin. Elle domine tout le pays à l'ouest de Jérusalem. 
Elle est à deux heures de distance de cette derniére ville et à une demi-heure de 
Gabaon. 

11. * Bethchar, dont le nom signifie la maison de l'agneau, était vraisemblable- 
ment au sud-ouest de Maspha. 


526 
etla posa entre Masphath et entre 
Sen ; et il appela ce lieu du nom 
de Pierre du secours, et il dit : 
C'est jusqu'ici que le Seigneur 
nous à secourus. 

13. Ainsi, les Philistins furent 
humiliés, et ils n'entreprirent 
plus de venir sur les frontières 
d'Israél. C'est pourquoi la main 
du Seigneur fut sur les Philistins, 
pendant tous les jours de Samuel. 

14. Et les villes que les Philis- 
tins avaient enlevées à Israél, 
furent rendues à Israél, depuis 
Accaron jusqu'à Gelh, de méme 
que leurs confins : ainsi il délivra 
Israël de la main des Philistins ; 
et la paix était entre Israél et 
l'Amorrhéen. 

15. Samuel jugeait aussi Israél 
pendant tous les jours de sa vie; 

16. Et il s'en allait chaque an- 
née parcourant Béthel, Galgala et 
Masphath, et il jugeait Israël dans 
les susdits lieux. 

47. Il retournait ensuite à Ra- 
matha, car là, était sa maison, et 
là il jugeait Israël ; il bátit là aussi 
jun autel au Seigneur. 


CHAPITRE VIII. 


Samuel établit ses enfants juges d'Israël. 
Les Israélites demandent un roi. Sa- 
muel leur présente le droit du roi. Ils 
persistent dans leur demande. 


1. Or, il arriva que, lorsque 


I ROIS. 


[cg. [.זזוץ‎ 


Samuel fut devenu vieux, il éta- 
blit ses fils juges d'Israël. 

2. Le nom de son fils premier- 
né fut Joel, et le nom du second, 
Abia; ils étaient juges à Bersa- 
bée 

3. Mais ses fils ne marcherent 
pas dans ses voies; mais ils se 
portèrent à l'avarice, reçurent 
des présents et ils pervertirent 
le jugement. 

4. Tous les anciens d'Israél, 
s'étant donc assemblés, vinrent 
vers Samuel à Ramatha, 

9. Etlui dirent : Voilà que vous 
étes devenu vieux, et vos fils ne 
marchent pas dans vos voies; 
élablissez sur nous un roi, afin 
quil nous juge, comme en ont 
toutes les nations. 

6. Ge discours déplut à Samuel, 
parce qu'ils avaient dit : Donnez- 
nous un roi, afin qu'il nous juge. 
Et Samuel adressa des prieres au 
Seigneur. 

7. Mais le Seigneur dit à Sa- 
muel : Ecoute la voix du peuple 
en Lout ce qu'ils te disent; car ce 
n'est pas toi qu'ils ont rejeté, 
mais moi, afin que je ne regne 
pas sur eux. 

8. Selon toutes leurs œuvres 
qu'ils ont faites depuis le jour 
que je les ai retirés de l'Egypte, 
jusqu'à ce jour; comme ils m'ont 
abandonné etont servi des dieux 


CnaP. VIII. 5. Osée, xir, 10; Actes, xri, 21. 


14. De méme que leurs confins. La Vulgate porte ef terminos suos; accusatif qui 
dépend de la préposition usque, en sorte que ces confins seraient ceux d'Accaron et 
de Geth; ou plutót, comme nous le supposons dans notre version, cet accusatif dé- 
pend du verbe {ulerant, en vertu d'un genre de construction qui a été déjà si- 
gnalé, vi, 18. 

16. * Béthel. Voir Genèse, xui, 8. — üalgala, peut-être celle qui était prés du Jour- 
dain, peut-étre aussi une ville qui était au sud-ouest de Silo. — Masphath. Voir vir, ὃ. 


2. * Bersabée. Voir la note sur Genèse, xxt, 14. 
4. * Ramatha ou Ramathaimsophim. Voir 1, 4, 


[c5. 1x.] 
étrangers, ainsi ils te font à toi 
aussi. 

9. Maintenant donc écoute leur 
voix; cependant avertis-les et 
dis-leur d'avance, le droit du roi, 
qui doit régner sur eux. 

10. C'est pourquoi Samuel dit 
toutes ces paroles au peuple, qui 
lui avait demandé un roi, 

41. Et il ajouta : Voici le droit 
du roi, qui doit vous gouverner : 
Il prendra vos enfants, les em- 
ploiera à ses chars, et s'en fera 
des cavaliers, et des avant-cou- 
reurs de ses quadriges, 

19. Et il les établira ses tri- 
buns, ses centurions, les labou- 
reurs deseschamps, les moisson- 
neurs de ses grains, et les for- 
geurs de ses armes et de ses 
chariots. 

13. Et de vos filles aussi il fera 
ses parfumeuses , ses cuisinieres 
et ses boulangeres. 

14. Vos champs mémes, vos vi- 
gnes et vos plants d'oliviers les 
meilleurs, il les prendra et les 
donnera à ses serviteurs. 

15. Mais de plus 11 lèvera la di- 
me de vos grains, et des revenus 
de vos vignes, pour donner à ses 
eunuques et à ses serviteurs. 

16. Il enlèvera aussi vos servi- 
teurs, vos servantes, l'élite de 
vos jeunes gens, et vos ânes, et 
il les empioiera à des travaux 
pour lui. 

17. Vos troupeaux mémes, il 
en lèvera la dime, et vous vous 
serez ses serviteurs. 


I ROIS. 


527 


18. Et vous crierez, en ce jour- 
là, à cause de votre roi, que vous 
vous serez choisi : et le Seigneur 
ne vous exaucera point, en ce 
jour-là, parce que vous avez de- 
mandé pour vous un roi. 

19. Or le peuple ne voulut pas 
entendre la voix de Samuel ; mais 
ils dirent : Point du tout; car il y 
aura un roi sur nous, 

90. Et nous serons, nous aussi 
comme toutes les nations : et no- 
tre roi nous jugera, et il sortira 
devant nous, et il combattra dans 
nos guerres pour nous. 

91. Et Samuel entendit toutes 
les paroles du peuple, et il les 
dit aux oreilles du Seigneur. 

22. Mais le Seigneur dit à Sa- 
muel : Ecoute leur voix, et établis 
sur eux un roi. Samuel dit donc 
aux hommes d'Israél : Que cha- 
cun s'en aille en sa ville. 


CHAPITRE IX. 


Saül cherche les ánesses de son pére. 1] 
và trouver Samuel. Samuel le retient 
chez lui. 


1. Or, 11 était un homme de la 
tribu de Benjamin nommé Cis, 
fils d'Abiel, fils de Séror, fils de 
Béchorath, fils d'Aphia, fils d'un 
homme de Jémini, courageux et 
robuste. 

2. Et il avait un fils du nom de 
Saül, distingué et bon; et il n'é- 
tait pas dhomme parmi les en- 
fants d'Israél meilleur que lui; 
de l'épaule et de la téte il surpas- 
sait tout le peuple. 


12. Ses tribuns, ses centurions. Voy. Exode, xvi, 21. 
18. A cause de. C'est le vrai sens de l'expression hébraique, qui, à la rigueur et au 
pied de 18 lettre, signifie de la face de (a facie), comme a traduit la Vulgate. 


1. D'un homme de Jémini; c'est-à-dire dela race de Benjamin. 
2. De la téte; littér.: d'au-dessus de l'épaule. 


528 I ROIS. 


3. Or les ánesses de Cis, pere 
de Saül, s'étaient perdues; et Cis 
dit à Saül, son fils : Prends avec 
toi un des serviteurs, et, te le- 
vant, va, et cherche les ânesses. 
Ceux-ci ayant passé parla mon- 
tagne d'Ephraim, 

4. Et par la terre de Salisa, et 
ne les ayant point trouvées, pas- 
serent aussi par la terre de Sa- 
lim, et elles n'y étaient pas; et 
aussi par la terre de Jémini, et 
ils ne les rencontrerent pas du 
tout. 

5. Mais lorsqu'ils furent venus 
dans la terre de Suph, Saül dit au 
serviteur qui étaitaveclui : Viens, 
et relournons-nous-en, de peur 
que mon pere n'ait laissé 8 
ânesses, et qu'il ne soit inquiet 
sur nous. 

6. Le serviteur lui dit : Voilà 
qu'il y a un homme de Dieu dans 
cette ville, homme célebre, tout 
ce quil dit arrive certainement. 
Maintenant donc allons là; peut- 
étre nous renseignera-t-il sur la 
route, à cause de laquelle nous 
sommes venus. 

7. Alors Saül ditàson serviteur: 
Eh bien, nous irons : que porte- 
rons-nous àl'homme de Dieu? Le 
pain a manqué dans nos pane- 
tières, nous n'avons pas de pré- 
sent pour donner à l'homme de 
Dieu, ni quelque autre chose que 
ce soil. 

8. Le serviteur répondit de 
nouveau à Saül, et dit : Voici que 


]68. ix.] 


se trouve dans ma main la qua- 
trième partie d'un statère d'ar- 
gent, donnons-la à l'homme de 
Dieu, afin qu'il nous indique no- 
tre route. 

9. (Autrefois dans Israél ainsi 
parlaient tous ceux qui allaient 
consulter Dieu : Venez, et allons 
au voyant; car celui qui est ap-' 
pelé prophète aujourd'hui, se 
nommait autrefois voyant.) 

10. Alors Saül dit à son servi- 
teur : Ta parole est excellente. 
Viens, allons. Et ils allèrent dans 
la ville, dans laquelle était l'hom- 
me de Dieu. 

11. Et lorsqu'ils montaient la 
pente de la ville, ils trouverent 
des jeunes filles, qui sortaient 
pour puiser de l'eau, et ils leur 
demanderent : Est-il ici le voyant? 

12. Celles-ci répondant, leur 
dirent : Il est ici : le voici devant 
toi, hàte-toi maintenant; car il 
est venu aujourd'hui dansla ville, 
parce qu'il y aaujourd'hui un sa- 
crifice pour le peuple sur le haut 
lieu. 

13. Entrant dans la ville, vous 
le trouverez aussitót, avant qu'il 
monte le haut lieu pour manger; 
car le peuple ne doit pas man- 
ger, jusqu à ce qu'il vienne, parce 
que c'est lui qui bénit l'hostie, et 
que c'est aprés cela que mangent 
ceux qui ont été appelés. Montez 
donc maintenant, parce qu'au- 
jourd'hui vous le trouverez. 

14. Et ils montèrent à la ville. 


4. * Salisa était, d'après Eusèbe, à 15 milles romains au nord de Lydda ou Dios- 


polis. — Sulim, inconnue. 


5. * La terre de Suph, le pays où était situé Ramathaimsophim. 

1. C'est un usage presque général en Orient de ne point se présenter devant quel- 
qu'un de distingué sans lui offrir un présent. 

8. * La quatrième pariie d’un statàre d'argent. Le texte original porte le quart d'un 


sicle. c'est-à-dire envirou 70 centimes, 


(cg. 1x.] 


Et comme ils marchaient au mi- 
lieu de la ville, parut Samuel, 
sortant au-devant d'eux, pour 
monter sur le haut lieu. 

15. Or, le Seigneur avait ouvert 
l'oreille de Samuel, un jour avant 
que n'arrivát Saül, disant : 

16. A cette heure méme qui est 
maintenant, demain j'enverrai 
vers toi un homme de la terre de 
Benjamin, et tu l'oindras chef sur 
mon peuple d'Israël; et il sauvera 
mon peuple de la main des Phi- 
listins, parce que j'ai regardé 
mon peuple; car leur clameur est 
venue jusqu'à moi. 

11. Et lorsque Samuel eut re- 
gardé Saül, le Seigneur lui dit : 
Voici l'homme dont je t'avais par- 
lé, c'est celui-là qui régnera sur 
mon peuple. 

18. Or Saül s'approcha de Sa- 
muel au milieu de la porte, et 
dit : Indique-moi, je te prie, oü 
estla maison du voyant. 

19. Et Samuel répondit à Saül, 
disant : C'est moi qui suis le 
voyant : monte devant moi sur le 
haut lieu, afin que vous mangiez 
avec moi aujourd'hui, et je t'eu- 
verrai le matin; et tout ce qui est 
dans ton cœur, je te l'expliquerai. 

20. Et quant aux ànesses que 
tu as perdues, il y a trois jours, 
ne sois pas inquiet, parce qu'elles 
sont retrouvées. Et à qui seront 
toutes les meilleures choses d'Is- 
raël? N'est-ce pas à toi et à toute 
la maison de ton père? 

21. Mais Saül répondant, dit : 
Est-ce que je ne suis pas, moi, 

CnaP. 1X. 15. Actes, xii, 21. 


J ROIS. 


529 
fils de Jémini, de la plus petite 
tribu d'Israël, etma parenté n'est- 
elle pas la dernière entre toutes 
les familles de la tribu de Benja- 
min? Pourquoi donc m'avez-vous 
tenu ce discours? 

99. C'est pourquoi Samuel pre- 
nant Saül et son serviteur. les 
introduisit dans la salle à man- 
ger, et leur donna place à la téte 
de ceux qui avaient été invités; 
car ils étaient environ trente per- 
sonnes. 

93. Et il dit au cuisinier : Donne 
la portion, que je t'ai donnée, et 
que je t'ai commandé de mettre 
à part auprès de toi. 

24. Or, le cuisinier prit une 
épaule, et la placa devant Saül. 
Et Samuel dit: Voici ce qui est 
resté, mets-le devant toi, et man- 
ge, parce que c'est à dessein qu'on 
l’a conservé pour 101, quand j'ai 
invité le peuple. Et Saül mangea 
avec Samuel en ce jour-là. 

95. Apres cela, ils descendirent 
du haut lieu dans la ville, et Sa- 
muel parla avec Saül sur la ter- 
rasse, et il prépara un lit à Saül, 


| et Saül dormit. 


26. Lorsque le matin, ils se 
furent levés, et que déjà il faisait 
jour, Samuel appela Saül sur la 
terrasse, disant : Léve-toi, et je, 
t'enverrai. Et Saül se leva, et ils 
sortirent tous deux, c'est-à-dire 
lui-méme et Samuel. 

27. Et lorsqu'ils descendaient 
àlextrémité de la ville, Samuel 
dit à Saül : Dis à ton serviteur 
qu'il nous précède, et qu'il passe 


21. Fils de Jémini; pour: de la tribu de Benjamin. 
22. * La salle à manger est ce qui est appeié le Aaut lieu aux y. 13, 19, 25, parce 
qu'elle était dans une partie élevée de l'appartement. 


A. T. 


34 


ὅ40 I ROIS. 


outre; mais toi, demeure un peu, 
afin que je te révèle la parole de 
Dieu. 


CHAPITRE X. 


Samuel sacre Saül. Saül prophétise. ll 
est élu roi par le sort, reconnu par le 
peuple; il se retire à Gabaa. 


1. Or, Samuel prit le petit vase 
d'huile et le répandit sur 18 téte 
de Saül, puis il le baisa et dit: 
Voilà que le Seigneur t'a oint 
comme prince sur son héritage 
et tu délivreras son peuple des 
mains de ses ennemis, qui sont 
autour de lui. Et ceci sera pour 
toi le signe que Dieu t'a oint 
comme prince : 

2. Lorsque tu t'en seras allé 
aujourd'hui d'auprés de moi, tu 
irouveras deux hommes pres du 
sépulcre de Rachel, dans les con- 
fins de Benjamin, au midi, et ils 
te diront : Elles ont été trouvées 
les ânesses que tu étais allé re- 
chercher, mais, les ànesses, lais- 
sées de côté, ton père est inquiet 
sur vous, et il dit : Que ferai-je 
au sujet de mon fils? 

3. Et lorsque tu t'en seras allé 
de là, que tu auras passé outre, 
et que tu seras venu au chéne de 
Thabor, là te rencontreront trois 
hommes, montant vers Dieu à 
Béthel : l'un portant trois che- 
vreaux, lautre trois miches de 
pain, etl'autre portant une cruche 
de vin. 


CHAP. X. 1. Actes, xii, 21. 


[cH. x.] 
4. Et lorsqu'ils auront salué, 
ils te donneront deux pains, οἱ tu 
les recevras de leur main. 

ὃ. Apres cela tu viendras sur 
la colline de Dieu, oü est une 
garnison de Philistins; etlorsque 
tu seras entré là dans 1a ville, tu 
auras à ta rencontre une troupe 
de prophètes, descendant du 
haut lieu, et précédés de psalté- 
rions, de tambours, de flütes et 
de harpes, et les prophètes eux- 
mémes prophétisant. 

0. Et l'esprit du Seigneur se 
saisira de toi, et tu prophétiseras 
avec eux, et tu seras changé en 
un autre homme. 

7. Quand donc tous ces signes 
te seront arrivés, fais tout ce que 
ta main renconirera, parce que 
le Seigneur est avec toi. 

8. Et tu descendras avant moi 
à Galgala (car moi-méme je des- 
cendrai vers toi) afin que iu 
offres une oblation, et que tu im- 
moles des victimes pacifiques. 
Tu attendras pendant sept jours, 
jusquà ce que j'arrive pres de 
toi, et je te montrerai ce que tu 
dois faire. 

9. C'est pourquoi, lorsqu'il eut 
détourné son épaule, pour s'en 
aller d'auprés de Samuel, Dieu 
changea son cœur en un autre; 
et tous ces signes arrivereut en 
ce jour-là. 

10. Et ils arrivèrent à la sus- 
dite colline, et voilà une bande 


1. Les rois recevaient l'onction sainte comme les prêtres et les prophètes. Cet 
usage est passé dans l'église chrétienne, quoiqu'il n'ait été ni uniforme ni universel. 

3. * Thabor. Voir Juges, 1v, 6. — Béthet. Voir Genèse, xit, 8. 

5. La colline de Dieu était une hauteur qui dominait la ville de Gabaa; on la nom- 
mait probablement ainsi, parce qu'il y avait un autel, ou parce que les prophètes y 


tenaient leurs assemblées. 


1. Tout ce que (a main rencontrera, c'est-à-dire tout ce qui se présentera à faire. 


06. x] 
de prophetes à sa rencontre ; 
alors l'esprit du Seigneur se sai- 
sit de lui, et il prophétisa au mi- 
lieu d'eux. 

11. Or tous ceux qui l'avaient 
connu hier et avant-hier, voyant 
quil était avec des prophetes, 
etqu'il prophétisait,s' entredirent: 
Qu'est-ce qui est arrivé au fils de 
Cis? est-ce que Saül est aussi du 
nombre des prophètes? 

19. Et l'un répondit à l'autre, 
disant : Et qui est leur père? 
C'est pourquoi est passé en pro- 
verbe : Est-ce que Saül est aussi 
parmi les prophètes ὃ 

13. Mais il cessa de prophéti- 
ser, et il vint au haut lieu. 

14. Et l'oncle de Saül lui dit, à 
lui et à son serviteur : Oü étes- 
vous allés? Ils répondirent 
Chercher les ànesses; et comme 
nous ne les avons pas trouvées, 
nous sommes venus vers Sa- 
muel. 

18. Son oncle lui dit encore : 
Fais-moi connaître ce que 8 
dit Samuel. 

16. Et Saül répondit à son 
oncle : ll nous a appris que les 
ánesses avaient été trouvées. 
Mais il ne lui découvrit rien du 
discours sur la royauté, que lui 
avait tenu Samuel. 

47. Après cela, Samuel con- 
voqua tout le peuple auprès du 
Seigneur à Maspha, 


12. Infra, xix, 24. — 19. Supra, vint, 19. 


I ROIS. 531 


18. Et il dit aux enfants d'Is- 
raél : Voici ce que dit le Sei- 
gneur Dieu d'sraél: C'est moi 
qui ai retiré Israél de l'Egypte, 
et qui vous ai délivrés de la main 
des Egyptiens, et de la main de 
tous les rois qui vous affli- 
geaient. 

19. Mais vous aujourd'hui, 
vous avez rejeté votre Dieu, qui 
seul vous a sauvés de tous vos 
maux et de toutes vos tribula- 
tions, et vous avez dit : Point 
du tout; mais établissez un roi 
sur nous. Maintenant donc, te- 
nez-vous devant le Seigneur, 
selon vos tribus, et selon vos 
familles. 

20. Et Samuel fit approcher 
toutes les tribus d'Israël, et le 
sort tomba sur la tribu de Ben- 
jamin. 

21. Il fit donc approcher la 
tribu de Benjamin et ses fa- 
milles, et la famille de Métri 
tomba au sort, et le sort arriva 
jusqu'à Saül, fils de Cis. Ils le 
chercherent donc, mais il ne se 
trouva pas. 

22. Et ils consultèrent après 
cela le Seigneur, pour savoir 
s’il devait venir en ce lieu-là. Et 
le Seigneur répondit : Voilà qu'il 
est caché dans sa maison. 

23. C'est pourquoi ils cou- 
rurent, et ils l'enleverent de là; 
et il se tint debout au milieu du 


11. Hier et avant-hier; hébraïsme pour : auparavant. 
12. Qui est leur pére? c'est-à-dire le pére des autres prophétes, ou le maitre, qui 
inspire les autres prophétes? Dieu, qui dispense le don de prophétie, n'a-t-il donc 


pu faire de Saül un prophète ? 


21. Le mot sort est évidemment sous-entendu dans ce verset; ce n'est qu'en le 
restituant, que le sens de la Vulgate devient intelligible, et la construction des 


phrases réguliere. 
23. De la téle. Voy. 1x, 2. 


532 


peuple et il se trouva plus grand 
que tout le peuple de l'épaule et 
de la téte. 

24. Et Samuel dit à tout le 
peuple : Certes, vous voyez quel 
est celui qu'a choisi le Seigneur, 
et qu'il n'y en a point de sem- 
blable dans tout le peuple. Alors 
tout le peuple s'écria et dit : Vive 
le roi! 

25. Or, Samuel dit au peuple 
la loi du royaume, et il l'écrivit 
dans le livre, et il le déposa de- 
vant le Seigneur, et Samuel ren- 
voya tout le peuple chacun dans 
sa maison. 

26. Mais Saül aussi s'en alla 
dans sa maison à Gabaa; et s'en 
alla avec lui la partie de l'ar- 
mée dont Dieu avait touché le 
cœur. 

97. Au contraire, les enfants 
de Bélial dirent : Est-ce qu'il 
pourra nous sauver, celui-là? Et 
ils le mépriserent, et ils ne lui 
apportèrent point de présents; 
mais Saül feignait de ne pas en- 
tendre. 


I ROIS, 


[cH. [,1א‎ 


CHAPITRE XI. 


Les Ammonites assiègent Jabés de Ga- 
laad. Saül va au secours de cette ville, 
et les met en fuite. ll est de nouveau 
reconnu roi à Galgala. 


1. Et il arriva environ un mois 
apres que Naas, roi des Ammo- 
nites, monta et commença à com- 
battre contre Jabès-Galaad. Et 
tous les hommes de Jabes dirent 
à Naas : Acceptez-nous comme 
alliés, et nous vous servirons. 

9. Et Naas, l'Ammonite, leur 
répondit : L'alliance que je ferai 
avec vous, sera que je vous arra- 
cherai à tous l'oeil droit et que je 
vous rendrai lopprobre de tout 
Israël. 

3. Et les anciens de Jabès lui 
répliquerent : Accordez-nous sept 
jours, afin que nous envoyions 
des messagers dans tous les con- 
fins d'Israél, et s'il n'y a personne 
pour nous défendre, nous vien- 
drons à vous. 

4. Les messagers vinrent donc 
à Gabaa, patrie de Saül, et rap- 


24. * Ce qui est dit 1 Rois, x, 1, que Saül fut sacré par Samuel sur l'ordre de Dieu 
n'est pas en opposition. comme on l'a prétendu, avec 1 Rois, x, 20-25, où Saül est 
choisi par le sort. David fut aussi sacré d'abord par le méme prophéte et reconnu 
plus tard par le peuple Saül est secrètement désigné par Dieu avant de l'étre publi- 
quement dans l'assemblée du peuple. 

25. Le livre. L'article déterminatif qui est dans l'hébreu marque un livre parti- 
culier; ce livre s'est perdu, comme beaucoup d'autres. — Par la loi du royaume, 
on peut entendre les ordonnances de Moïse touchant les rois (Deut., xvi, 15-20), 
ou, d’après l'historien Joséphe, ce que Samuel a dit un peu plus haut (vin, 11-18), 
ou de nouveaux réglements dressés par Samuel pour le bon gouvernement du 
royaume, ou simplement l'acte méme de l'élection solennelle du roi Saül, que 
Samuel écrivit. — Devant le Seigneur; c'est-à-dire dans le tabernacle ou prés de 
l'arche. 

26. * Gabaa, de la tribu de Benjamin, n'était pas loin de Ramathaimsophim. 

21. * Bélial. Voir Deutéronome, xu, 13. 


*. * Jabés-Galaad. Voir Juges, xxi, 8. 

ἐς * Gabaa de Saül est la même ville que Gabaa de Benjamin, selon les uns; ditlérente, 
selon les autres. Gabaa de Saül est certainement le Tell el-Foul actuel, à une heure 
et demie de marche de Machmas; Gabaa tout court (en hébreu Geba) vis-à-vis de 
Machimas, xiv, 4-5, est certainement le Djeba actuel. D'après plusieurs, Gabaa de 
Beujamin est la méme que cette dernière et cette opinion parait la mieux fondée, 


CH. XI.] 


portèrent ces paroles, le peuple 
l'entendant; alors tout le peuple 
éleva sa voix, et pleura. 

9. Et voilà que Saül venait de 
la campagne, suivant les bœufs, 
et il dit : Qua le peuple, qu'il 
pleure? Et on lui raconta les pa- 
roles des hommes de Jabès. 

6. Or, l'esprit du Seigneur se 
saisit de Saül, lorsqu'il eut enten- 
du ces paroles, et sa fureur fut 
très irritée. 

7. Et prenant run et l’autre 
bœufs, il les coupa en morceaux, 
et les envoya dans tous les con- 
fins d'Israél par la main des mes- 
sagers, disant : Quiconque ne 
sortira pas et ne suivra pas Saül 
et Samuel, c'est ainsi qu'il sera 
fait à ses bœufs. Ainsi la crainte 
du Seigneur saisit le peuple, 
et ils sortirent comme un seul 
homme. 

8. Et 8007 en fit la revue à Bé- 
zech, et il y eut trois cent mille 
enfants d'Israél; mais des hom- 
mes de Juda, trente mille. 

9. Et ils dirent aux messagers 
qui étaient venus : C'est ainsi que 
vous direz aux hommes qui sont 
à Jabès-Galaad : Demain, le salut 
sera pour vous, lorsque le soleil 
sera devenu chaud. Les messa- 
gers vinrent donc, et apporterent 
cette nouvelle aux hommes de 


Cap. XI. 12. Supra, x, 21. 


I ROIS. 


533 
Jabès, qui se livrèrent à la joie. 

10. Et ils dirent : Demain nous 
nous donnerons à vous, et vous 
nous ferez tout ce qui vous plaira. 

11. Or, il arriva, que lorsque le 
lendemain fut venu, Saül parta- 
gea le peuple en trois parties; et 
il entra au milieu du camp pen- 
dantla veille du matin, et il battit 
Ammon, jusqu'à ce que le soleil 
füt devenu chaud. Ceux qui échap- 
pèrent furent dispersés, de ma- 
nière qu'il n'en resta pas deux en- 
semble. 

19. Alors le peuple dit à Sa- 
muel : Quel est celui qui a dit : Est- 
ce que Saül régnera sur nous? 
Donnez-nous ces hommes, et 
nous les tuerons. 

13. Et Saül répondit : Personne 
ne sera mis à mort en ce jour, 
parce que le Seigneur a accordé 
aujourd'hui le salut dans Israël. 

14. Mais Samuel dit au peuple : 
Venez, et allons à Galgala, et 
proclamons-y de nouveau la 
royaulé. 

15. Et tout le peuple alla à Gal- 
gala, ct ils y firent Saül roi 
devant le Seigneur, à Galgala; et 
ils immolèrent là des victimes pa- 
cifiques devant le Seigneur. Et 
Saül se livra là, ainsi que tous les 
peuples d'Israél, à une joie très 
grande. 


1. Par la main des messagers. Nous avons déjà remarqué que les Hébreux se ser- 
vaient des mots main, mains, pour exprimer les idées de moyen, d'instrument, d'en- 
(remise, etc. 

8. Dans ces temps anciens, lorsqu'on proclamait la guerre, on appelait tout ce qui 
était en état de porter les armes. Il ne faut donc pas s'étonner si l'armée de Saül, 
qui était composée d'Israélites accourus de tous les points de la Palestine, présentait 
un aussi grand nombre de combattants. — * Bézech, aujourd'hui Ibzik, sur la route 
de Sichem à Bethsan. 

A1. La veille du matin. Voy. Exode, xi, 24. 


14, * Gulgala, probablement la ville de ce nom à l'ouest du Jourdain, à l'est de 
Jéricho. 


534 I] ROIS. 


CHAPITRE XII. 


Samuel prend tout le peuple à témoin de 
l'innocence de sa conduite. Il lui re- 
présente toutes les miséricordes du 
Seigneur, et ses propres infidélités. Il 
lexhorte à ne s'attacher qu'au Sei- 
gneur. 


1. Or Samuel dit à tout Israél : 
Voilà que j'ai entendu votre voix, 
selon tout ce que vous m'avez dit, 
et j'ai établi sur vous un roi. 

2. Et maintenant ce roi marche 
devant vous ; pour moi, j'ai vieilli, 
et j'ai blanchi; mais mes fils sont 
avec vous. C'est pourquoi, ayant 
vécu devant vous depuis ma jeu- 
nesse jusqu'à ce jour, me voici 
en votre présence. 

3. Dites de moi devant le Sei- 
gneur et devant son christ, si j'ai 
pris le bœuf ou l'àne de personne, 
si jai calomnié qui que ce soit, 
si j'ai opprimé quelqu'un, si j'ai 
recu un présent de la main de 
personne, je le dédaignerai au- 
jourd'hui et je vous le rendrai. 

4. Et ils lui répondirent : Vous 
ne nous avez point calomniés, ni 
opprimés, et vous n'avez pris de 
la main de quelqu'un quoi que ce 
soit. 

5. Il leur dit encore : Le Sei- 
gneur est témoin contre vous, et 
son christ aussi est témoin en ce 
jour, que vous n'avez trouvé dans 
ma main quoi que ce soit. Et ils 
répondirent : Témoin. 


(cu. xm.] 


6. Alors Samuel dit au peuple : 
Le Seigneur qui a fait Moise et 
Aaron, et qui a retiré nos pères 
de la terre d'Egypte. 

7. Maintenant donc comparais- 
sez, que je vous attaque en juge- 
ment devant le Seigneur, pour 
toutes les misérieordes du Sei- 
gneur, qu'il vous a faites, à vous 
et à vos peres, 

8. Par la manière dont Jacob 
entra en Egypte, dont vos pères 
crierent vers le Seigneur, dont le 
Seigneur envoya Moise et Aaron, 
et dont il retira vos pères de l'E- 
gypte, et dont il les établit dans 
ce lieu-ci. 

9. Ils oublierent le Seigneur 
leur Dieu, et il les livra àla main 
de Sisara, chef de la milice d'Ha- 
sor, à la main des Philisüns, et à 
la main du roi Moab, qui combat- 
tirent contre eux. 

10. Mais ensuite ils crierent 
vers le Seigneur et dirent : Nous 
avons péché, parce que nous 
avons abandonné le Seigneur, et 
nous avons servi les Baalim et 
les Astaroth : mais maintenant 
délivrez-nous de la main de nos 
ennemis, el nous vous servirons. 

11. Et leSeigneur envoya Jéro- 
baal, Badan, Jephté et Samuel, 
etil vous délivra de la main de 
vos ennemis d alentour, et vous 
avez habité cette terre avec assu- 
rance. 

19. Cependant voyant que Naas, 


Cua». XII. 3. Eccli., xLVI, 92, — 8. Genèse, xLvi, 5. — 9. Judic., 1v, 2. — 11. Judic., 


vi, 18. — 19. Supra, vii, 19; x, 19. 


3. * Devant son christ, devant le roi. 


6. Le Seigneur. Devant ce mot est sous-entendu : Ainsi le témoin est. 


9. * D'Hasor ou Asor. Voir Josué, xi, 1. 


10. * Les Baalim. Voir note sur Juges, vi, 25. — Les Astaroth. Voir note sur 


Juges, 11, 7. 


19. * L'auteur sacré assigue ici une nouvelle cause de l'élévation de Sai à la 


]08. xn.] 


roi des enfants d'Ammon, était 
venu contre vous, vous m'avez 
dit : Point du tout; mais un roi 
nous gouvernera, lorsque le Sei- 
eneur votre Dieu régnait sur 
vous. 

13. Maintenant donc il est là vo- 
tre roi que vous avez choisi et 
demandé : voilà que le Seigneur 
vous ἃ donné un roi. 

14. Si vouscraignezle Seigneur, 
et que vous le serviez, si vous en- 
Lendez sa voix, et que vous n'ex- 
aspériez point la bouche du Sei- 
gneur, vous suivrez, et vous et 
le zoi qui vous gouverne, le Sei- 
gneur votre Dieu; 

15. Maissi vous n'écoutez point 
18 voix du Seigneur, et que vous 
exaspériez ses paroles, la main 
du Seigneur 5618 5111 vous, et sur 
VOS peres. 

16. Mais de plus, prenez garde 
maintenant, et voyez cette gran- 
de chose que va faire le Seigneur 
en votre présence. 

17. N'est-ce pas la moisson du 
froment aujourd'hui? J'invoque- 
rai le Seigneur, et il lancera des 
tonnerres et des pluies; et vous 
saurez, et vous verrez que vous 
avez fait un grand mal en la pré- 
sence du Seigneur, demandant 
un roi au-dessus de vous. 

18. Et Samuel cria vers le Sei- 


I ROIS. 935 


gneur, et le Seigneur lanca des 
tonnerres et des pluies en ce jour- 
là. 

19. Et tout le peuple craignit le 
Seigneur et Samuel, et le peuple 
entier dit à Samuel : Priez pour 
vos serviteurs le Seigneur votre 
Dieu, afin que nous ne mourions 
pas ; car nous avons ajouté à tous 
nos autres péchés ce mal, que 
nous avons demandé pour nous 
un roi. 

20. Mais Samuel répondit au 
peuple : Ne craignez point; c'est 
vous qui avez fait tout ce mal; 
mais cependant ne vous retirez 
pas en arrière du Seigneur, mais 
servez le Seigneur en tout voire 
cœur. 

91. Et ne vous tournez point 
vers les choses vaines qui ne vous 
serviront pas, et qui ne vous 
délivreront pas, parce qu'elles 
sont vaines. 

22. Et le Seigneur n'abandon- 
nera pas son peuple, à cause de 
son grand nom, parce que le 
Seigneur a juré de vous faire son 
peuple. 

23. Mais loin de moi ce péché 
contre le Seigneur, que je cesse 
de prier pour vous ; mais je vous 
enseignerai la voie bonne et 
droite. 

94. Ainsi, craignez le Seigneur, 


royauté. Les deux causes pour lesquelles les Hébreux désirent un roi, savoir la cu- 
pidité des enfants de Samuel, I [1ois, vir, 3-5, et les menaces d'invasion des Ammo- 
nites, 1 Rois, xit, 12, 13, ne s'excluent point, comme on l'a affirmé : elles concordent 
parfaitement ensemble; seulement l'historien ne s'est pas cru obligé de les faire 
connaitre en méme temps, mais quand il en a trouvé l'occasion. 

14. N'exaspériez point la bouche du Seigneur. La phrase hébraïque correspondante 
a été rendue ailleurs dans la Vulgate par : Ne soyez pas incrédules, ou rebelles à la 
parole, ou à l’ordre du Seigneur. 

11, 18. Des tonnerres; littér. des voix; le tonnerre est assez souvent appelé /a voix 
de Dieu dans l'Ecriture. 

91. Les choses vaines; c'est-à-dire ies faux dieux, qui n'ont point d'existence réelle, 
et qui par là méme ne peuvent rien pour les hommes. 


536 I ROIS. 


et servez-le en vérité et de tout 
votre cœur ; car vous avez vu les 
grandes choses qu'il a faites par- 
mi vous. 

25. Que si vous persévérez dans 
votre malice, et vous et votre roi 
vous périrez ensemble. 


CHAPITRE XIII. 


Guerre entre les Philistins et les Israé- 
lites. Jonathas défait la garnison de 
Gabaa. Les Philistins assemblent leur 
armée, Saül offre des sacrifices contre 
lordre du Seigneur. Samuel lui dé- 
clare que Dieu l'a rejeté. 


1. Saül avait un an, lorsqu'il 
commenca à régner, et il régna 
pendant deux ans sur Israél. 

9. Et il se choisit trois mille 
hommes d'Israél; or, il y en avait 
deux mille avec Saül à Machmas, 
et sur la montagne de Béthel, et 
mille avec Jonathas à Gabaa-Ben- 
jamin; pour le reste du peuple, 
il renvoya chacun dans son taber- 
nacle. 

3. EtJonathas battit la garnison 
des Philistins, qui était à Gabaa. 
Lorsque les Philistins l'eurent ap- 
pris, Saül sonna de la trompette 


[cH. xm.] 


dans tout le pays, disant : Que 
les Hébreux entendent. 

4. Or tout Israël apprit cette 
nouvelle : Saül a battu la garni- 
son des Philistins; et Israél se 
leva contre les Philistins. Le 
peuple cria donc après Saül à 
Galgala. 

5. Et les Philistins s'assemble- 
rent pourcombattre contre Israël, 
avec irente mille chariots, six 
mille cavaliers et le reste de la 
multitude, semblable au sable 
nombreux qui est sur le rivage 
de la mer. Et, montant, ils cam- 
perent à Machmas, vers l'orient 
de Béthaven. 

6. Lorsque les hommes d'Israël 
virent qu'ils étaient ainsi resser- 
rés (car le peuple était affligé), 
ils se cachèrent dansles cavernes, 
dans les lieux retirés, dans les 
rochers méme, dans les antres et 
dans les citernes. 

7. Mais les Hébreux passèrent 
le Jourdain e£ vinrent dans la 
terre de Gad et de Galaad. Et 
comme Saül était à Galgala, tout 
le peuple qui le suivait, était 
épouvanté. 


1. Avait un an; littér. était fils d'un an. On lévera facilement les difficultés, autre- 
ment insolubles, qu'offre ce verset, si on le traduit, conformément à l'hébreu, par : 
Saül était fils ou âgé d'un an dans son végne; et il avait régné deux ans ; et si ensuite 
on rattache la première partie aux événements rapportés dans les chapitres précé- 
dents, et la seconde à ce qui suit dans celui-ci; car, dans cette supposition, le sens 
sera : Saül avait régné un an, quand, aprés la défaite des Ammonites et la levée du 
siège de Jabès, il fut reconnu de tout le peuple à Galgala; et il avait régné deux ans, 
lorsqu'il choisit trois mille hommes d'Israel, etc. 

9. Gabaa-Benjamin; Gabaa de la tribu de Benjamin. — * Machmas, au nord-est de 
Jérusalem, aujourd'hui Moukmas. — Béthel. Voir Genèse, xu, 8. — Gabaa de Ben- 
jamin. Voir plus haut, xr, 4. 

3. * Gabaa, en hébreu Geba, n'est pas Gabaa de Saül, mais l'actuel Djeba, vis-à-vis 
de Machmas. 

3, 1. Par Hébreux, plusieurs entendent ceux d'au delà du Jourdain, suivant la signi- 
fieation primitive de ce mot. Cette interprétation parait assez probable. 

4. Le peuple, etc.; c'est-à-dire le peuple suivit Saül à Galgala en eriant, ou bien, 
selon le texte original, il s'assembla auprès de Saül à Galgala. — * À Galgata dans 
la plaine du Jourdain. 

9. * Bélhaven était à l'est de Béthel. 


xui.]‏ .א6] 


8. Et il attendit durant sept 
jours, selon l'ordre de Samuel, 
et Samuel ne vint point à Galgala, 
etle peuple se détacha de Saül. 

9. Saül dit: Apportez-moi l'ho- 
locauste et les hostes pacifiques. 
Et il offrit l'holocauste. 

10. Et comme il achevait d'of- 
frir l'holocauste, voilà que Sa- 
muel arrivait; et Saül sortit au- 
devant de lui pour le saluer. 

11. Et Samuel lui demanda : 
Qu'avez-vous fait? Saül répondit: 
Parce que [ 81 vu que le peuple se 
détachait de moi, et que vous 
n'étiez pas venu, selon les jours 
marqués, mais que les Philistins 
s'étaient assemblés à Machmas, 

19. J'ai dit : Maintenant les 
Philistins descendront vers moi 
à Galgala, et je n'ai point apaisé 
la face du Seigneur. Poussé par la 
nécessité, j'ai offert l'holocauste. 

13. Et Samuel dit à Saül 
Vous avez agi en insensé, et 
vous n'avez pas gardé les com- 
mandements du Seigneur votre 
Dieu, quil vous a prescrits. Si 
vous n'aviez point fait cela, le 
Seigneur aurait déjà maintenant 
établi votre règne sur Israël 
pour toujours; 

14. Mais votre regne ne sub- 
sistera plus désormais. Le Sei- 
gneur s'est cherché un homme 
selon son cœur; et le Seigneur 
lui à ordonné d'étre chef sur son 
peuple, parce que vous n'avez pas 
observé ce qu'a ordonné le Sei- 
gneur. 


CnuaP. XIII. 14. Actes, xir, 22. 


I ROIS. 


537 


15. Or, Samuelseleva, et monta 
de Galgala à Gabaa-Benjamin. 
Et le reste du peuple, monta 
après Saül au-devant du peuple 
des Philistins qui les attaquait, 
tandis qu'ils venaient de Gal- 
gala à Gabaa sur la colline de 
Benjamin. Et Saül fit la revue 
du peuple, qui se trouvait avec 
lui au nombre d'environ six cents 
hommes. 

16. Ainsi Saül et Jonathas, son 
fils, et tout le peuple qui se trou- 
vait avec eux, étaient à Gabaa- 
benjamin ; mais les Philistins s'é- 
taient postés à Machmas. 

17. Alors sortirent pour piller 
trois bataillons de Philistins. Un 
batailon allait en face de la 
voie d'Ephra, vers la terre de 
Sual ; 

18. Mais l'autre s'avancait par 
la voie de Béthoron, et le troi- 
sieme avait tourné vers ie che- 
min du territoire qui domine la 
vallée de Séboim, contre le dé- 
sert. 

19. Or, il ne se tronvait point 
de forgeron dans toute la terre 
d'Israël; car les Philistins avaient 
pris ces mesures, de peur que 
les Hébreux ne fissent des glai- 
ves ou des lances. 

20. Tout Israël descendait donc 
chez les Philistins, paur aiguiser 
chacun son soe de charrue, son 
hoyau, sa cognée et son sarcloir. 

21. C'est pourquoi les tran- 
chants des 5005 de charrue, des 
hoyaux, des fourches et des co- 


————————————————————————————————————————————————— 


17. * Ephra, à l'est de Béthel. — Sua, ainsi nommé probablement des chacals qui 


y abondaient, n'a pas été retrouvé. 


18. * Béthoron, ville d'Ephraim, sur la route qui conduisait au pays des Philistins 


et en Egypte. — Séboim, inconnu. 


538 ו‎ ROIS. 


gnées étaient émoussés jusqu'à 
la pointe qu'il fallait redresser. 

22. Et lorsque fut venu le jour 
du combat, il ne se trouva ni 
épée, ni lance dans la main de 
tout le peuple qui était avec Saül 
el Jonathas, excepté dans celle 
de Saül et de Jonathas, son fils. 

93. Or, la garnison des Phi- 
listins sortit, pour passer vers 
Machmas. 


CHAPITRE XIV. 


Jonathas, accompagné de son écuyer, 
attaque les Philistins. Erreur répandue 
dans leur camp. Saül les poursuit. Jo- 
nathas en danger de périr pour avoir 
violé, sans le savoir, le serment de son 
pére. Victoire de Saül. 


1. Et il arriva un certain jour 
que Jonathas, fils de Saül, dit au 
jeune homme, son écuyer : Viens 
et passons jusqu à la garnison 
des Philistins, qui est au delà 
dece lieu. Maisil ne déclara point 
cela à son pere. 

9. Or, Saül demeurait àl'extré- 
mité de Gabaa, sous le grena- 
dier qui était à Magron; et le 
peuple était avec lui, au nombre 
d'environ six cents hommes. 

3. Et Achias, fils d'Achitob., 
frère d'Ichabod, fils de Phinéès 
qui était né d'Héli, prêtre du Sei- 
gneur à Silo, portait un ephod. 
Mais le peuple aussi ignorait oü 
était allé Jonathas. 

4. Or, il y avait entre les mon- 


(βαρ. XIV. 3. Supra, tv, 21. 


xiv.]‏ .אס] 


tées par lesquelles Jonathas s'ef- 
forçait de passer jusqu'à la gar- 
nison des Philistins, des pierres 
très hautes des deux côtés, et 
des rochers de part et d'autre 
coupés à pic en forme de dents : 
le nom de l'un était Bosès, et le 
nom de l'autre, Séné. 

9. Un des rochers avancait vers 
l'aquilon, vis-à-vis de Machmas. 
et l'autre vers le midi, contre 
Gabaa. 

6. Or. Jonathas dit au jeune 
homme, son écuyer : Viens, pas- 
sons jusqu'à la garnison de ces 
incirconcis; peut-être que 8 
Seigneur agira pour nous, parce 
quil n'est pas difficile au Sei- 
gneur de sauver avec un grand 
ou avec un petit nombre. 

7. Et son écuyer lui répondit : 
Faitestoutce qui vous plaira; allez 
où vous désirez, et je serai avec 
vous partout où vous voudrez, 

8. Et Jonathas reprit: Voici que 
nous allons vers ces hommes- 
là. Lors donc que nous leur appa- 
raitrons, 

9. S'ils nous parlent de cette 
sorte : Demeurez-là, jusqu'à ce 
que nous allions à vous, demeu- 
rons à notre place et ne montons 
pas vers eux. 

10. Mais s'ils disent : Montez 
vers nous, montons, parce que 
le Seigneur les a livrés en nos 
mains: cesera pour nous lesigne. 

41. Ils apparurent donc sou- 


2. * Magron, probablement l'el-Mighram actuel, au nord de Tell el-Foul et au sud 
de Machmas. — Sal demeurait à l'extrémité de Gabaa de Saül. 

3. * Un éphod. Voir note sur Exode, xxv, 1. 

4-9. * Machmas, Gabaa. Voir וזא‎ 23. Entre Machmas et Gabaa (Djeba), il y 8 un 
ravin trés profond, appelé aujourd'hui l'ouadi Soueimt et l'on y remarque des 


rochers coupés à pic. 


]68. xiv.] 


dain l'un et l'autre à la garnison 
des Philistins; et les Philistins 
dirent: Voici les Hébreux qui 
sortent des cavernes dans les- 
quelles ils étaient cachés. 

19. Et les hommes de la gar- 
nisen parlèrent à Jonathas et à 
son écuyer, et dirent : Montez 
vers nous, et nous vous montre- 
rons quelque chose. Alors Jona- 
thas dit à son écuyer : Montons, 
suis-moi; car le Seigneur les a 
livrés aux mains d'Israél. 

13. Jonathas monta donc, grim- 
pant avec les mains et les pieds, 
et son écuyer derriere lui. C'est 
pourquoi les uns tombaient de- 
vant Jonathas; les autres, son 
écuyer qui le suivait,les tuait. 

14. Ce fut là la premiere dé- 
faite des Philistins, dans laquelle 
Jonathas et son écuyer tuèrent 
environ vingt hommes, dans la 
moitié d'un arpent, laquelle une 
paire de bœufs a coutume de la- 
bourer en un jour. 

15. Et il fut fait un miracle 
danslecamp et danslacampagne; 
et aussi tous les gens de leur 
garnison, qui étaient venus pour 
piller, furent frappés de stupeur, 
et le pays fut troublé : ainsi il ar- 
riva comme un miracle de Dieu. 

16. Et les sentinelles de Saül, 
qui étaient à Gabaa-Benjamin, 
regardèrent, et voilà une multi- 
tude étendue par terre, et une 
autre fuyant çà et là. 


12. I Mach., 1v, 30. 


I ROIS. 539 


17. Alors Saül dit au peuple 
qui était avec lui: Cherchez, et 
voyez qui est sorti de notre 
camp. Or, lorsqu'on eut cherché, 
on trouva que Jonathas et son 
écuyer n'y étaient pas. 

18. Saül dit donc à Achias : 
Approchez larche de Dieu (car 
l'arche de Dieu était en ce jour-là 
avec les enfants d'Israël). 

19. Et pendant que Saül par- 
lait au prêtre, un grand tumulte 
s'éleva dans le camp des Philis- 
tins; et il se fortifiait peu à peu, 
puis il retentissait plus distincte- 
ient. Alors Saül dit au prétre : 
Retirez votre main. 

20. Saül jeta un grand cri, 
ainsi que tout le peuple qui était 
avec lui; et ils vinrent jusqu'au 
lieu du combat : et voilà que le 
glaive de l'un avait été tourné 
contre l'autre, οἱ qu'il y avait eu 
un trés grand carnage. 

21. Mais les Hébreux aussi qui 
avaient été avec les Philistins hier 
et avant-hier, monterent avec 
eux dans le camp. retournèrent 
pour étre avec les Israélites qui 
étaient avec Saül et Jonathas. 

22. De méme tous les Israélites 
qui s'étaient cachés dans la mon- 
lagne d'Ephraim, apprenant que 
les Philistins avaient fui, s'unirent 
aux leurs pour 16 combat. Or, il y 
avait avec Saül environ dix mille 
hommes. 

23. Et le Seigneur sauva en 


16. * Gabaa-Benjamin. Noir xi, 4. 


11. De notre camp; littér. : d'auprés de nous, d'avec nous. 

19. Relirez, ou fermez votre main. Le prêtre priait les mains élevées et étendues. 
Saül pensa que le Seigneur s'était déjà assez déclaré en sa faveur, pour que le prétre 
cessát ses prières, et qu'il ne fallüt plus qu'une prompte exécution, 

21. Hier et avant-hier, hébraisme, pour depuis deux ou trois jours. 


540 I ROIS. 


ce jour-là Israël; et le combat 
parvint jusqu'à Béthaven. 

24. Et les hommes d'Israél se 
réunirent en ce jour-là; mais 
Saül adjura le peuple, disant : 
Maudit l'homme qui mangera du 
pain avant le soir, jusqu'à ce que 
je me sois vengé de mes enne- 
mis! Et tout le peuple ne mangea 
pas de pain. 

25. Et tout le bas peuple du 
pàys vint dans le bois dans le- 
quel il y avait du miel sur la face 
des champs. 

26. Le peuple entra donc dans 
ce bois, et il parut du miel qui 
coulait, et nul ne porta la main à 
sa bouche; car le peuple craignait 
le serment. 

27. Mais Jonathas n'avait pas 
entendu, lorsque son père adju- 
rait le peuple; il étendit donc 
lextrémité de la baguette qu'il 
tenait à la main, et il la trempa 
dans un rayon du miel, puis il 
porta sa main à sa bouche, et ses 
yeux devinrent brillants . 

28. Mais quelqu'un du peuple 
prenant la parole, dit : Votre père 
a lié par serment le peuple, di- 
sant : Maudit l'homme qui man- 
gera du pain aujourd'hui! (or le 
peuple était défaillant.) 

99. Et Jonathas répondit : Mon 
pere a troublé le pays : Vous avez 
vu, vous-mémes, que mes yeux 
sont devenus brillants, parce que 
jài goüté un peu de ce miel; 

30. Qu'eut-ce été, si le peuple 


[cH. xiv.] 


eüt mangé du butin de ses enne- 
mis, qu'il a trouvé ? La défaite des 
Philistins n'eüt-elle pas été plus 
grande ? 

31. Les Hébreux battirent donc 
en ce jour-là les Philistins depuis 
Machmas jusqu'à Aialon. Mais le 
peuple fut tres fatigué, 

32. Et s'étant tourné du côté 
du butin, il prit des brebis, des 
bœufs et des veaux; ils les tuèrent 
sur la terre, et le peuple les man- 
gea avec le sang. 

33. Mais on l'annonca à Saül, 
en disant que le peuple avait pé- 
ché contre le Seigneur, en man- 
geant de la chair avec le sang. 
Et Saül dit: Vous avez prévari- 
qué, roulez près de moi une 
grande pierre. 

34. Et Saül ajouta : Répandez- 
vous çà et là dans le peuple, et 
dites-leur, que chacun m'amene 
son bœuf et son bélier; tuez-les 
sur cette pierre, et mangez-en, et 
vous ne pécherez pas contre le 
Seigneur, en mangeant la chair 
avec le sang. C'est pourquoi tout 
le peuple amena son bœuf par la 
main jusqu'à la nuit; et ils les 
tuèrent là. 

35. Or, Saül bátit un autel au 
Seigneur ; et ce fut alors pour la 
premiere fois qu'il commença à 
bâtir un autel au Seigneur. 

36. Saül dit ensuite : Fondons 
sur les Philistins pendant la nuit, 
et ravageons-les jusqu'à ce que 
brille la lumiere du matin, et n'en 


24. Comme nous l'avons déjà remarqué, les Hébreux disaient manger du pain, 
pour manger en général, faire un repas; d'autant que dans leur langue, le mot pain 
se prend pour tout aliment, pour une nourriture quelconque. 

25. Dans le bois, qui se touvait en cet endroit. 

26. Nul ne porta; n'osa prendre du miel avec sa main, 6118 porter ensuite à sa bouche. 

81. * Depuis Machmas jusqu'à Aialon, il y a au moins cinq heures de marche. 
Aialon, au sud-ouest de Machmas, conduit au pays des Philistins. 


[ca. xiv.] 
laissons pas un seul homme. Et 
le peuple répondit : Tout ce qui 
parait bon à vos yeux, faites-le. 
Alors le prétre dit: Approchons- 
nous ici de Dieu. 

81. Et Saül consulta le Sei- 
gneur: Est-ce que je poursuivrai 
les Philistins? et les livrerez-vous 
aux mains d'Israël? Et il ne lui 
répondit point en ce jour-là. 

38. Et Saül dit: Faites venir ici 
tous les chefs du peuple; sachez 
et voyez par qui a eu lieu le pé- 
ché en ce jour. 

39. Le Seigneur, sauveur d's- 
raél, vit! Si c'est par Jonathas, 
mon fils, quil a été commis, il 
mourra sans rémission. Sur quoi 
nul d'entre tous ne le contredit. 

40. Et il dit à tout Israël : Sé- 
parez-vous, vous d'une part, et 
moi, avec Jonathas, mon fils, je 
serai del'autre part. Et le peuple 
répondit à Saül: Ce qui parait 
bon à vos yeux, faites-le. 

41. Et Saül dit au Seigneur 
Dieu d'Israël : Faites connaitre 
pourquoi est-ce que vous n'avez 
pas répondu à votre serviteur 
aujourd'hui? Si c'est en moi ou 
en Jonathas mon fils qu'est cette 
iniquité, montrez-le; ou si cette 
iniquité est dans votre peuple, 
montrez votre sainteté. Et Jona- 
thas et Saül tombèrent au sort, et 
le peuple 50111 

42. Alors Saül dit : Jetez le sort 


I ROIS. 541 


entre moi et entre Jonathas, 
mon fils. Et Jonathas tomba au 
sort. 

43. Or, Saül dit à Jonathas : 
Indique-moi ce que tu as fait. Et 
Jonathas le lui indiqua, et dit : 
Je n'ai fait que goüter avec l'ex- 
trémité de la baguette. qui était 
en ma main, un peu de miel, et 
voici que je meurs. 

44. Et Saül répondit : Que Dieu 
me fasse ceci, et qu'il ajoute 
cela, si tu ne meurs de mort, Jo- 
nathas. 

45. Mais 16 peuple dit à Saül : 
Quoi donc! Jonathas mourra, lui 
qui a procuré le salut à Israel par 
cette grande victoire? Cela ne se 
peut : le Seigneur vit!il ne tom- 
bera pas un cheveu de sa téte sur 
la terre, parce qu'il a agi avec 
Dieu aujourd'hui. Le peuple déli- 
vra donc Jonathas, pour qu'il ne 
mourüL pas. 

46. Après cela Saül se retira, 
et il ne poursuivit pas les Philis- 
üns: or, les Philistins s'en allèrent 
chez eux. 

47. Et Saül, son règne sur Is- 
rael affermi, combattait aux alen- 
tours contre tous ses ennemis, 
contre Moab, contre les enfants 
d'Ammon, contre Edom, contre 
les rois de Soba et contre les Phi- 
listins; et partout oü il se portait, 
il était vainqueur. 

48. Ensuite, son armée assem- 


38. Les chefs; littér.: les angles. Voy. Juges, xx, 2. 

39, 45. Le Seigneur, sauveur d'Israél, vit! Voy. Juges, vut, 19. 

41. Montrez votre sainteté, en faisant connaitre, et en punissant le coupable. 
D'autres traduisent : sanctifiez-le, c'est-à-dire le peuple, en lui découvrant le cou- 
pable, parce qu'en l'exterminant il recouvrera la sainteté, qu'il avait perdue par le 


péché commis. 


4^4. Que Dieu me fasse ceci, etc. Voy. Ruth, 1, 11. 


41. * Soba, partie de la Syrie. 


48. * Amalec, tribu nomade de la presqu'ile du Sinai, entre le mont Sinai et l'Idu- 


née, au sud de la Palestine. 


542 
blée, 11 battit Amalec, et délivra 
Israël de la main de ses dévasta- 
teurs. 

49. Or, les fils de Saül furent 
Jonathas, Jessui et Melchisua: et 
les noms de ses deux filies étaient, 
le nom de l'ainée, Mérob, et le 
nom de la plus jeune, Michol; 

50. Et le nom de la femme de 
Saül, Achinoam, fille d'Achimaas; 
et le nom du prince de sa milice, 
Abner, fils de Ner, oncle paternel 
de Saül. 

91. Mais Cis fut père de Saül, 
et Ner père d'Abner, fils d'Abiel. 

92. Mais il y eut une puissante 
guerre contre les Philistins, du- 
rant tous les jours de Saül; car 
tout homme qu'il avait vu vail- 
lant et propre au combat, il l'as- 
sociait à lui. 


CHAPITRE XV. 


Guerre contre les Amalécites. Saül épar- 
gne leur roi. Samuel lui reproche sa 
désobéissance, et lui déclare que Dieu 
l'a rejeté. 11 fait venir Agag et le coupe 
en morceaux. li se sépare de Saül. 


1. Et Samuel dit à Saül : Le 
Seigneur m'a envoyé pour vous 
oindre comme roi sur son peuple, 
Israël : maintenant donc écoutez 
la voix du Seigneur. 

2. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : J'ai passé en revue 
tout ce qu'a fait Amalec à Israël, 
comment il lui résista dansle che- 
min, lorsqu'il montaitde l'Egypte. 


(βαρ. XV. 2. Exode, xvi, ὃ. 


I ROIS. 


[cn. xv.] 


3. Maintenant donc va et bats 
Amalec et détruis tout ce qui est 
à lui : ne l'épargne point, et ne 
désire rien de ce qui lui appar- 
üent; mais tue depuis l'homme 
jusqu'à la femme, jusqu'au petit 
enfant, et celui qui est à la ma- 
melle, jusqu'au bœuf, à la brebis, 
au chameau et à l’âne. 

4. C'est pourquoi Saül ordonna 
au peuple, etilles recensa comme 
des agneaux ; et il y eut deux cent 
mille hommes de pied et dix mille 
de la tribu de Juda. 

9. Et quand Saül fut venu jus- 
qu'à la ville d'Amalec, il dressa 
des embuscades sur le bord du 
torrent. 

6. Et Saül dit au Cinéen : Allez, 
retirez-vous, et descendez loin 
d'Amalec, de peur que je ne t'en- 
veloppe avec lui; car tu as fait 
miséricorde à tous les enfants 
d'Israél, lorsqu'ils montaient de 
l'Egypte. Et le Cinéen se retira du 
milieu d'Amalec. 

7. Et Saül battit Amalec depuis 
Hévila jusqu'à ce qu'on vienne à 
Sur, qui est vis-à-vis de l'Egypte. 

8. Et il prit Agag, roi d'Amalec, 
vivant; mais tout le peuple, il le 
tua par le tranchant du glaive. 

9. Et Saül et le peuple épar- 
gnerent Agag, les meilleurs trou- 
peaux de brebis et de bœufs, les 
vêtements, les béliers et tout ce 
qui était beau, et ils ne voulurent 
pas les détruire; mais lout ce qui 


6. Il paraît qu'il y avait un Cinéen auprès de Saül; c'est ce qui explique ce chau- 
gement de nombre dans le méme verset. Or les Cinéens, descendants de Jéthro, 
parent de Moise, avaient montré beaucoup d'attachement aux Israélites. Voisins des 
Amalécites, ils s'étaient mélés avec eux; c'est pour cela que Saül les engage à se 
séparer de ce peuple, qu'il avait ordre d'exterminer. 

7. * Depuis Hévila jusqu'à ce qu'on vienne à Sur, Voir Genèse, xxv, 18. 


CH. xv.] 
était vil et meprisable, voilà ce 
qu'ils détruisirent. 

10. Or, la parole du Seigneur 
se fit entendre à Samuel, disant : 

11. Je me repens d'avoir établi 
Saül roi, parce qu'il m'a aban- 
donné, et qu'il n'a pas accompli 
mes paroles par ses œuvres. Et 
Samuel fut contristé, et il cria 
vers le Seigneur pendant toute la 
nuit. 

19. Et lorsque Samuel se fut 
levé de nuit pour aller vers Saül 
au matin, on annonca à Samuel 
que Saül était venu surle Carmel, 
qu'il s'était érigé un arc de tri- 
omphe, et que, retournant, il était 
passé et descendu à Galgala. Sa- 
muel vint donc vers Saül, et Saül 
offrait un holocauste au Seigneur 
des prémices des dépouilles qu'il 
avait emportées d'Amalec. 

43. Et quand Samuel fut venu 
vers Saül, Saüllui dit : Béni soyez- 
vous du Seigneur! J'ai accompli 
la parole du Seigneur. 

14. Et Samuel demanda : Quelle 
est cette voix de brebis, qui re- 
tentit à mes oreilles, et de beeufs, 
que j'entends ? 

15. Et Saül répondit : On lesa 
amenés d'Amalec; car le peuple 
a épargné les meilleures brebis 
etles meilleurs bœufs, pour qu'ils 
fussent immolés au Seigneur vo- 
ire Dieu; mais le reste nous l'a- 
vons tué. 

16. Mais Samuel dit à Saül : 
Laissez-moi, et je vous déclarerai 
ce que le Seigneur m'a dit pen- 


ὃ ROIS. 943 


dant cette nuit. Et il lui répondit : 
Parlez. 

11. Et Samuel dit : Est-ce que, 
quand vous étiez petit à vos yeux, 
vous n'étes pas devenu chef par- 
miles tribus d'Israél?Le Seigneur 
vous a méme oint comme roi sur 
Israël ; 

18. De plus, il vous a lancé dans 
la voie, et il a dit : Va, et tue les 
pécheurs d'Amalec, et tu combat- 
iras contre eux jusqu'à leur en- 
tière extermination. 

19. Pourquoi donc n'avez-vous 
pas écouté la voix du Seigneur; 
mais, que vous étant tourné du 
cólé du butin, vous avez fait le 
mal sous les yeux du Seigneur? 

20. Et Saül répondit à Samuel : 
Au contraire, j'ai écouté la voix 
du Seigneur, et j'ai marché dans 
la voie dans laquelle m'a lancé le 
Seigneur, et j'ai amené Agag, roi 
d'Amalec, et j'ai tué Amalec. 

21. Mais le peuple a pris dans 
le butin des brebis et des bœufs, 
prémices de ceux qui ont été tail- 
lés en pièces, pour les immoler 
au Seigneur son Dieu à Galgala. 

22. Et Samuel repartit : Est-ce 
que le Seigneur veut des holo- 
caustes et des victimes, et non 
pas plutôt qu’on obéisse à la voix 
du Seigneur? Car lobéissance 
est (meilleure) que des victimes, 
et écouter vaut mieux qu'offrir 
de la graisse de béliers. 

23. Car c'est comme un péché 
de magie que de résister, et com- 
me un crime d'idolàátrie, que de 


22. Eccli., 1v, 17; Osée, vi, 6; Matth., 1x, 13; xit, 7. 


12. * Carmel, ville de Juda, dont les ruines encore existantes ont conservé le nom 
antique, à environ trois heures au sud-est d'Hébron, entre Ziph et Maon. — Un arc 
de triomphe. Le texte original porte une main, c'est-à-dire un cippe, une pierre des- 
tinée à conserver le souvenir de la victoire de Saül. 


544 


ne vouloir pas se rendre. Parce 
donc que vous avez rejeté la pa- 
role du Seigneur, le Seigneur 
vous ἃ rejeté, afin que vous ne 
soyez plus roi. 

24. Et Saül répondit à Samuel : 
J'ai péché, parce que j'ai prévari- 
qué contre la parole du Seigneur 
et vos paroles, craignant le peuple 
et obéissant à sa voix. 

25. Mais maintenant portez, je 
vous prie, mon péché, et retour- 
nez avec moi, afin que j'adore le 
Seigneur. 

26. Et Samuel répliqua à Saül : 
Je ne retournerai pas avec vous, 
parce que vous avez rejeté la pa- 
role du Seigneur, et que le Sei- 
gneur vous a rejeté, afin que 
vous ne soyez plus roi sur Israél. 

27. Et Samuel se tourna pour 
s'en aller, mais Saül saisit le 
coin de son manteau, qui se dé- 
chira, 

28. Et Samuel lui dit : Le Sei- 
gneur a déchiré le royaume d'Is- 
raél, en vous l'ótant aujourd'hui, 
et il l'a livré à votre prochain, 
meilleur que vous. 

29. Or.leTriomphateurenIsraél 
n'épargnera point, et il ne sera 
pas touché de repentir; car ce 
n'est pas un homme pour qu'il se 
repente. 

30. Mais Saül reprit : J'ai péché; 
mais honorez-moi maintenant 
devant les anciens de mon peuple 


28. Infra, xxvn, 17. 


I ROIS. 


[cu. xvr.] 


et devant Israél et retournez avec 
moi, afin que j'adore le Seigneur 
votre Dieu. 

31. Samuel donc, retournant, 
suivit Saül; et Saül adora le Sei- 
gneur. 

32. Alors Samuel dit : Amenez- 
moi Agag, roi d'Amalec. Et on 
lui présenta Agag, fort gras et 
tremblant. Et Agag dit : Est-ce 
ainsi que la mort amère sépare? 

33. Et Samuel répondit: Comme 
ton glaive a privé des femmes de 
leurs enfants, ainsi ta mere sera 
sans enfants parmi les femmes. 
Et Samuel le coupa en morceaux 
devant le Seigneur à Galgala. 

34. Or, Samuel s'en alla à Ra- 
matha; mais Saül monta en sa 
maison à Gabaa. 

35. Et Samuel ne vit plus Saül 
jusqu'au jour de sa mort ; cepen- 
dant Samuel pleurait Saül, parce 
que le Seigneur se repentait de 
l'avoir établi roi sur Israél 


CHAPITRE XVI. 


Samuel est envoyé de Dieu à Bethléhem 
pour sacrer David. Saül est tourmenté 
par le malin esprit; David le soulage 
par le son de sa harpe. 


1. Ktle Seigneur dit à Samuel: 
Jusqu'à quand pleureras-tu Saül, 
puisque je l'ai rejeté, afin qu'il ne 
regne plus sur Israël ? Remplis ta 
corne d'huile, et viens, afin que 
je t'envoie vers 1881, le Bethléhé- 


25. Portez mon péché devant le Seigneur, en le priant de me le pardonner. 

21. * Son manteau. Voir plus loin, xxvii, 14. 

28. Votre prochain; c'est-à-dire David. Voy. xxvur, 11. 

32. Est-ce ainsi, etc. Faut-il que la mort me sépare de tout? 

33. Agag avait été un tyran cruel et sanguinaire; Dieu le punit ici trés justement 


pour ses forfaits. 


34.* A Ramatha, Ramathaimsophim. Voir plus haut, 1, 1. — 4 Gabaa, Tell el- 


Foul. Voir xi, 4. 


[cg. xvi.] 


mite ; car Je me suis choisi un roi 
entre ses fils. 

2. Et Samuel répondit : Com- 
ment irai-je? car Saül l'appren- 
dra, etil me tuera. Et le Seigneur 
dit : Tu prendras un veau du 
troupeau en ta main, et tu diras: 
C'est pour l'immoler au Seigneur 
que je suis venu. 
| 9. Et tu appelleras 1581] pour la 
victime, et je te montreraice que 
tu dois faire, et tu oindras celui 
que je te désignerai. 

4. Samuel fit donc comme lui 
avait dit le Seigneur. Et il vint en 
Betkléhem, et les anciens de 8 
ville furent surpris, venant au- 
devant de lui, et ils dirent: Votre 
entrée est-elle pacifique? 

9. Et il répondit : Pacifique; 
c'est pour immoler au Seigneur 
que je suis venu ; sanctifiez-vous, 
et venez avec moi, afin que j'im- 
mole. Il sanctifia donc Isai et ses 
fils, et il les appela au sacrifice. 

6. Lorsqu'ils furent entrés, il 
vit Eliab, et il dit : Est-ce le christ 
du Seigneur qui est devant lui? 

7. Et le Seigneur dit à Samuel: 
Ne regarde point son visage, ni 
la hauteur de sa stature, parce 
que je l'ai rejeté, et que moi 
je ne juge point selon le regard 
de l'homme; car l'homme voit 


I ROIS. 


545 
ce qui parait, mais le Seigneur 
regarde le cœur. 

8. Et Isai appela Abinadab, et 
l'amena devant Samuel, lequel 
dit : Ce n'est point non plus celui- 
là que le Seigneur a choisi. 

9. Or, Isai amena Samma, dont 
Samuel dit : Méme celui-là, le 
Seigneur ne l’a pas choisi. 

10. C'est pourquoi Isai amena 
ses sept fils devant Samuel; et 
Samuel dit à Isai : Le Seigneur 
n'a pas choisi parmi ceux-ci. 

11. Alors Samuel dit à Isai : Tes 
fils sont-ils là au complet? Isai 
répondit : Il reste encore un petit 
enfant; et il pait les brebis. Et 
Samuel dit à Isai : Envoie, et 
amene-le ; car nous ne nous met- 
trons pas à table avant que celui- 
là ne vienne ici. 

12. 11 envoya donc, et il l'ame- 
na. Or, il était roux, d'un bel 
aspect, et d'un visage agréable; et 
le Seigneur dit : Lève-toi, oins-le; 
car c'est celui-là. 

19. Samuel prit donc la corne 
d'huile, et l'oignit au milieu de 
ses frères : et l'esprit du Seigneur 
descendit sur David des ce jour- 
là et à jamais ; et Samuel se le- 
vant s'en alla à Ramatha. 

14. Mais l'esprit du Seigneur se 
retira de Saül, et un esprit malin, 


(βαρ. XVI. 7. Ps. vii, 10. — 13. II Rois, vir, 8; Ps. Lxxvu, 10; Lxxxvin, 21; Actes, " 


vil, 46; xim, 22. 


3. Pour la viclime; c'est-à-dire pour manger la victime. Dans les sacrifices paci- 
fiques on mangeait la meilleure partie de la victime avec ses amis. 

4. * Bethléhem. Voir la note sur Ruth, 1, 1. 

14. La plupart des Pères et des anciens commentateurs croient que Saül était 
réellement possédé du démon; mais beaucoup de modernes pensent qu'il était 
simplement frappé de manie. Le premier sentiment est plus conforme au texte. 
Cependant on peut dire que la mélancolie a eu aussi quelque part à l’état où se 
trouvait ce prince; la mélancolie étant la cause immédiate du mal de Saül, la mu- 
sique était un moyen propre à la dissiper; mais le démon pouvait fort bien remuer 


et augmenter cette humeur noire, à laquelle le tempérament de Saül parait avoir été 
trés sujet. 


A. T. ν 35 


546 I ROIS. 


envoyé par le Seigneur, le tour- 
mentait. 

15. Etles serviteurs de Saül lui 
dirent : Voici qu'un esprit malin, 
envoyé de Dieu, vous tourmente. 

16. Que notre seigneur com- 
mande, et vos serviteurs, qui 
sont devant vous, chercheront un 
homme sachant toucher la harpe, 
afin que, quand l'esprit malin, 
envoyé par le Seigneur, vous au- 
ra saisi, il en joue de sa main, et 
que vous souffriez plus patiem- 
ment. 

17. Et Saül dit à ses serviteurs : 
Procurez-moi quelqu'un qui tou- 
che bien la harpe, et amenez-le- 
moi. 

18. Et répondant, un des servi- 
teurs dit : Voilà que j'ai vu le fils 
d'Isai le Bethléhémite, sachant la 
toucher, homme d'une très gran- 
de force, belliqueux , prudent en 
paroles, et homme doué de beau- 
té ; et le Seigneur est avec lui. 

19. Saül envoya donc des mes- 
sagers à Isai, disant : Envoie-moi 
David, ton fils, qui est dans la 
prairie. 

20. C'est pourquoi Isai prit un 
âne chargé de pains, une cruche 
de vin et un chevreau, et illesen- 
voya par lentremise de David 
son fils à Saül. 

91. Et David vint vers Saül et 
se présenta devant lui : mais Saül 


(cH. xvir.] 


l'aima beaucoup, et il devint son 
écuyer. 

92. Et Saül envoya vers Isai, 
disant : Que David se tienne en 
ma présence; car ila trouvé grâce 
à mes yeux. 

23. Ainsi toutes 108 fois que 
l'esprit malin saisissait Saül, 
David prenait la harpe et la 
touchait de sa main, et Saül 
était soulagé, et il se trouvait 
mieux; car l'esprit malin se re- 
tirait de lui. 


CHAPITRE XVII. 


Guerre des Philistins contre Israél. In- 
sultes de Goliath. David abat ce géant 
d'un coup de fronde. 


1. Or les Philistins assemblant 
leurs troupes pour le combat, se 
réunirent à Socho de Juda, et ils 
camperent entre Socho et Azéca 
sur les confinsde Dommim. 

2. Mais Saül et les enfants d'Is- 
raël, s'étant assemblés, vinrent 
dans la Vallée du térébinthe, et 
rangèrent leur armée en bataille 
pour combattre contre les Philis- 
tins. 

3. Et les Philistins se tenaient 
sur la montagne d'un côté, et Is- 
raël se tenait sur la montagne 
de l'autre côté, et la vallée était 
entre eux. 

4. Et il sortit du camp des Phi- 
listins un homme de père incon- 


20. * Un chevreau. « Il est digne de remarque que dans presque toutes les descrip- 
tions de l'hospitalité donnée à un hôte de passage, c'est, non pas un agneau, mais 
un chevreau, qui est tué pour la circonstance, et c'est ce qui a lieu encore aujourd'hui. 
La chair du bouc n'est pas comparable à celle du mouton, mais le chevreau est 
tendre et délicat, surtout quand il est bouilli dans le lait. » (VAN LENNEP.) 

1. * Socho de Juda, aujourd'hui Schouwekéh, près de la Séphéla où habitaient les 
Philistins. — Azéca était aussi une ville de Juda. — Dommim, en hébreu Ephes- 
Dammim (dans I Paralipoménes, xi, 13, Phesdomim), dans la vallée d'Elah ou du Té- 
rébinthe. 

2. * La vallée du Térébinthe, l'ouadi es-Sumt, prés de Socho, ou une vallée voisine. 

4. * De la hauteur de six coudées et d'un palme. Environ trois mètres. 


fcu. xvin.] 


nu, du nom de Goliath, de Geth, 
de la hauteur de six coudées et 
d'un palme; 

9. Et un casque d'airain était 
sur sa téte, et il était vétu d'une 
cuirasse à écailles; or,le poids de 
sa cuirasse était de cinq mille 
sicles d'airain; 

0. Et il avait des bottes d'airain 
sur les jambes, et un bouclier 
d'airain couvrait ses épaules. 

1. Mais la hampe de sa lance 
éiait comme un ensouple de tis- 
serands; mais le fer lui-méme de 
sa tance pesait six cents sicles 
de fer; et son écuyer le précé- 
dait ; 

8. Et, se présentant, il criait 
devant les pha'anges d'Israël, et 
leur disait : Pourquoi êtes-vous 
venus, préparés au combat? Est- 
ce que moi je ne suis pas Philis- 
lin, et vous serviteurs de Saül? 
Choisissez un homme d'entre 
vous, et qu'il descende pour un 
combat singulier ; 

9. S'il peutcombattre avec moi, 
et qu'il me tue, nous serons vos 
esclaves; mais si moi j'ai le des- 
sus et que je le tue, c'est vous 
qui serez esclaves, et qui nous 
servirez. 

10. Et le Philistin disait : C'est 
moi qui ai défié les troupes d'Is- 
raël aujourd'hui : donnez-moi un 
homme, et qu'il engage avec moi 
un combat singulier. 

11. Mais Saül et tous les Israé- 
lites, entendantles paroles d'un 


Car. XVII. 12. Supra, xvi, 1. 


I ROIS. 


541 


! tel Philistin, étaient étonnés et 
avaient une grande peur. 

12. Or, David était fils de cet 
homme Ephrathéen, dont il a été 
parlé plus haut, de Bethléhem- 
Juda, dont le nom était Isai, qui 
avait huit fils, et qui était aux 
jours de Saül un homme vieux, 
et très avancé en âge parmi les 
hommes. 

13. Mais ses trois plus grands 
fils suivirent Saül au combat ; et 
les noms de ses trois fils qui al- 
lèrent à la guerre, étaient Eliab, 
le premier-né, le second Abina- 
dab, et le troisieme Samma. 

14. Or, David était le plus petit. 
Ainsi, les trois plus grands ayant 
suivi Saül, 

15. David s'en alla, et revint 
d'auprés de Saül pour paitre le 
troupeau de son pere à Bethlé- 
hem. 

16. Cependant le Philistin s'a- 
vançait le matin et le soir, et il 
se présenta pendant quarante 
jours. 

11. Or Isai dit à David, son 
fils : Prends pour tes frères un 
éphi de grains rôtis et ces dix 
pains, et cours au camp vers tes 
frères ; 

18. Mais ces dix fromages, tu 
les porteras au tribun; et tu visi- 
teras tes frères pour voir s'ils se 
portent bien, et sache avec qui ils 
ont été classés. 

19. Or, Saül et les fils d'Isai, et 
tous les enfants d'Israél combat- 


tnt RR ABRE | 


9. * Cing mille sicles d'airain, Environ 60 kilogrammes. 
1. * Six cents sicles, environ 7 kilogrammes 500 grammes, 
47. * Un éphi, 38 litres 88. — Les Israélites qui faisaient la guerre devaient s'ap- 


provisionner eux-mêmes, 
18. Au tribun. Voy. Exode, xvii, 21, 


₪ 9 


548 I ROIS. 


taient dans la Vallée du térébinthe 
contre les Philistins. 

20. C'est pourquoi David se leva 
le matin, confia le troupeau à un 
gardien, et s'en alla chargé, com- 
me lui avait ordonné Isai. Et il 
vint au lieu Magala, et vers l'ar- 
mée, qui, sortie pour la bataille, 
poussait les cris du combat. 

21. Car Israél avait rangé son 
armée; et vis-à vis, les Philistins 
s'étaient préparés. 

22. David, laissant done tout 
ce qu'il avait apporté aux mains 
du gardien des bagages, courut 
au lieu du combat; et il deman- 
dait si tout allait bien pour ses 
freres. 

23. Et comme il leur parlait en- 
core, parut montant du camp des 
Philistins, cet homme de pere 
inconnu, du nom de Goliath, Phi- 
listin, de Geth; et comme il disait 
les mémes paroles, David enten- 
dit. 

94. Or, tous les Israélites ayant 
vucet homme, s'enfuirent devant 
lui, le craignant. 

95. Et quelqu'un d'Israël dit : 
Est-ce que vous n'avez point vu 
cet homme qui est monté? c'est 
pour défier Israél qu'il est monté. 
Aussi le roi enrichira-t-il de gran- 
des richesses l'homme qui le tue- 
ra, lui donnera-t-il sa fille, et 
rendra-t-il la maison de son pere 
exempte du tribut en Israél. 

26. Et David parla aux hommes 
qui étaient avec lui, disant : Que 
sera-t-il donné à l'homme qui 


[cn. xvir.] 


tuera ce Philistin, et qui ótera 
l'opprobre d'Israël? Car qui est 
ce Philistin incirconcis, qui a dé- 
fié l'armée du Dieu vivant? 

27. Et le peuple lui répétait la 
méme parole, disant : Voilà ce 
qui sera donné à l'homme qui 
l'aura tué. 

28. Ce qu'ayant entendu Eliab, 
son frere ainé, David parlant avec 
les autres, il fut irrité contre lui; 
et il dit : Pourquoi es-tu venu, 
pourquoi as-tu laissé ce peu de 
brebis dans le désert? Moi je 
connais ton orgueil et la mé- 
chanceté de ton cœur; car c'est 
pour voir la bataille que tu es 
descendu. 

29. Et David dit : Qu'ai-je fait? 
Est-ce que ce n'est pas une pa- 
role? 

30. Et il se détourna un peu de 
lui vers un autre, et il lui dit la 
méme parole. Etle peuple lui ré- 
pondit comme auparavant. 

31. Or les paroles que David 
dit furent entendues et rappor- 
tées en la présence de Saül. 

32. Et comme il fut amené de- 
vant Saül, il lui dit : Que le cœur 
de personne ne s'abatte à cause 
de cet homme; moi, votre servi- 
teur, j'irai, et [6 combattrai contre 
le Philistin. 

33. Et Saül dit à David : Tu ne 
peux pas résister à ce Philistin, 
nicombattre contre lui, parce que 
tu es un enfant, et que celui-là 
est un homme de guerre depuis 
sa jeunesse. 


90. * Magala n'est pas un nom propre, mais désigne le campement des Israélites. 

23. Leur; c'est-à-dire à ceux qu'il interrogeait. 

29. N'est-ce pas, etc. Est-ce autre chose qu'une simple parole qui ne saurait tirer 
à conséquence? — * Ou plutôt : N'est-il pas permis de dire une parole et de prendre 


quelques informations ? 


[ἐπ. xvm.] 


34. Et David répondit à Saül : 
Votre serviteur paissaitle trou- 
peau de son père, et venait le 
lion ou l'ours, et il emportait un 
bélier du milieu du troupeau; 

35. Et je les poursuivais, et les 
attaquais, et j'arrachais /a proie 
de leur gueule ; et eux se levaient 
contre moi, alors je les prenais à 
la gorge, je les étranglais et je 
les tuais: 

86. Car moi, votre serviteur, 
j'ai tué un lion et un ours ; il sera 
donc aussi, ce Philistin incircon- 
cis, comme l'un d'eux. Mainte- 
nant j'irai, et j'enlèverai l'oppro- 
bre du peuple; car qui est ce 
Philistin incirconcis, qui a osé 
maudire l’armée du Dieu vivant? 

81. Et David ajouta : Le Sei- 
gneur qui m'a délivré des griffes 
du lion et des griffes de l'ours, 
lui-méme me délivrera de lamain 
de ce Philistin. Or, Saül dit à 
David : Va, et que le Seigneur 
soit avec toi. 

38. Et Saül revétit David de ses 
vétements, et il mit un casque 
d’airain sur sa tête, et l'arma 
d'une cuirasse. 

39. David donc s'étant ceint de 
son glaive sur son vétement, 
commença à essayer si, armé, il 
pourrait marcher; caril n'en avait 
pas la coutume. Et David dit à 
Saül: Je ne puis marcher ainsi, 
pàrce que je n'en ai pas l'habi- 
tude. Et il déposa ces armes. 

40. Et il prit son báton qu'il 
avait toujours en ses mains, et il 
se choisit cinq pierres du torrent 
tres polies, et il les mit dans sa 


94. Eccli., xLvir, 3. 


I ROIS. 549 


panetière de berger, qu'il avait 
avec lui, et il prit en sa main sa 
fronde, et il s'avanca contre le 
Philistin. 

41. Or, le Philistin allait mar- 
chant. et s'approchant contre Da- 
vid, et son écuyer devant lui. 

42. Et lorsque le Philistin eut 
regardé et qu'il eut vu David, il 
le méprisa; car il était jeune. 
roux et d'un bel aspect. 

49. Et le Philistin dit à David : 
Est-ce que je suis un chien, que 
tu viens à moi avec ce bâton ? Et 
le Philistin maudit David par ses 
dieux, 

44. Et il dit à David : Viens à 
moi, et je donnerai ta chair aux 
oiseaux du ciel et aux bétes de 
la terre. 

45. Mais David répondit au 
Philistin: Toi, tu viens à moi avec 
un glaive, une lance et un bou- 
clier ; mais moi, je viens à toi au 
nom du Seigneur. des armées, 
du Dieu des troupes d'Israél, que 
tu as défiées 

46. Aujourd'hui; le Seigneur te 
livrera à ma main ; je te battrai, 
et [6 t'enléverai 18 tête, et je don- 
nerai aujourd'hui les cadavres du 
camp des Philistins aux oiseaux 
du ciel et aux bétes de la terre, 
afin que toute la terre sache qu'il 
yaun Dieu en Israél, 

47. Et que toute cette multitude 
reconnaisse que ce n'est pas avec 
un glaive, ni avec une lance que 
le Seigneur sauve; car la guerre 
est à lui, et il vous livrera en nos 
mains. 

48. Lors donc que le Philistin 


l—— s—————————  —À——————— ÓÓDÓLUOELL!LEALLULLYLI[LLOALwLIALLL OAEL,SLoÓO COGAÁizIOGSé|SÉlóÍÉÉ !Á8'/'/ //6(4/!/4/6 0 94 4 À 5——— A 


34. * Le lion ou l'ours. Les animaux féroces étaient autrefois communs en Palestine. 


550 I ROIS. 


se fut levé, et lorsqu'il venait et 
s'approchait contre David, David 
se háta, et courut au combat vis- 
à-vis du Philistin. 

49. Et il mit sa main dans la 
panetière, et il prit une pierre et 
la lanca avec la fronde, qu'il fit 
tourner, et il frappa le Philistin 
au front, et la pierre s'enfonca 


dans son front, et il tomba sur sa 


face contre terre. 

90. Ainsi David l'emporta sur 
le Philistin avec la fronde et la 
pierre, et tua le Philistin ainsi 
frappé. Et comme il n'avait point 
d'épée en sa main, David 

91. Courut, se jeta sur le Philis- 
tin, prit son glaive, et le tira du 
fourreau, puisille tua et trancha 
sa téte. Or, les Philistins voyant 
que le plus fort d'entre eux était 
mort, s'enfuirent. 

52. Et les hommes d'Israël et 
de Juda, se levant, pousserent de 
grands cris, et poursuivirent les 
Philistins, jusqu'à ce qu'ils fus- 
sent venus à la vallée, et jus- 
qu'aux portes d'Accaron, et les 
blessés des Philistins tombèrent 
dans la voie de Saraim, jusqu'à 
Geth et jusqu'à Accaron. 

53. Et les enfants d'Israël, re- 

50. Eccli., xrvir, 4; 1 Mach., 1v, 30. 


[cH. xvur.} 


tournant après qu'ils eurent 
poursuivi les Philistins, s'empa- 
rèrent de leur camp. 

54. Mais David, prenant la tête 
du Philistin, l'apporta. à Jérusa- 
lem ; mais ses armes, illes déposa 
dans son tabernacle. 

58. Or, dans le temps où Saül 
vit David sortant contre le Philis- 
lin, il demanda à Abner, prince 
de la milice : De quelle famille 
descend ce jeune homme, Abner? 
Et Abner répondit : Votre âme 
vit, ὁ roi! si je le connais. 

56. Et le roi reprit : Demande, 
toi, de qui est fils ce jeune homme. 

57. Et lorsque David fut reve- 
nu, apres avoir tué le Philistin, 
Abner le prit et l'introduisit de- 
vant Saül, ayant la téte du Phi- 
listin à la main. 

93. Et Saül lui demanda : De 
quelle famille es-tu, ὃ jeune 
homme? Et David répondit : Je 
suis le fils de votre serviteur Isai, 
le Bethléhémite. 


CHAPITRE XVIII 


Amitié de Jonathas et de David. Jalousie 
de Saül contre David. David épouse 
Michol, seconde fille de Saül. 


1. Et il arriva, lorsqu'il eut 


52. * Accaron, Geth, deux des cinq grandes villes des Philistins. — Saraïm, dans 
16 texte original, désigne probablement les portes de Geth et d'Accaron. 

54. * A Jérusalem. La citadelle de cette ville était encore occupée par les Jébu- 
séens, mais la ville était sans doute déjà en la possession des Israelites. — Dans son 
tabernacle, dans le Tabernacle de Dieu, non la demeure de David. 

55. Votre áme vit! c'est-à-dire je jure par votre àme. Compar. 1, 25 et Juges, vur, 19. 
— Bien que David eût eu déjà des rapports avec Saül, il ἃ pu n'être pas reconnu 
de lui, à cause de l'aliénation mentale du prince. Quant à Abner, qui avait vu aussi 
David auparavant, il feignit probablement de ne pas le reconnaître, pour ne pas 
affliger Saül en lui montrant l'état de son dérangement d'esprit. — * L'auteur lui- 
méme rattache, xvir, 12 à xvi, 18-22, en disant, au verset 12: David, fils de cet homme 
Ephrathéen dont il a été parlé plus haut. On peut d'ailleurs observer que Saül de- 
mande-quelle-est la-famille de David, non qui il est. 

1. Le mot âme, comme nous l'avons déjà remarqué, se prend souvent, dans l'Ecri- 
ture, pour personne, individu. | 


[cn. xvin.] 


achevé de parler à Saül, que l'âme 
de Jonathas s'attacha étroitement 
à l'âme de David, et Jonathas 
l'aima comme son àme. 

9. Et Saül le prit en ce jour-là, 
et il ne lui accorda pas de retour- 
ner dans la maison de son père. 

3. Or David et Jonathas firent 
alliance; car Jonathas laimait 
comme son âme. 

4. Aussi Jonathas se dépouilla 
de la tunique dont il était revêtu, 
etil la donna à David avecle reste 
de ses vêtements, jusqu'à son 
glaive et son arc, et jusqu'à son 
baudrier. 

5. David allait aussi partout où 
l'envoyait Saül, et il se conduisait 
prudemment; de plus, il le pré- 
posa sur les hommes de guerre, 
et il était agréable aux yeux de 
tout le peuple, et surtout en la 
présence des serviteurs de Saül. 

6. Or, lorsque David revint, 
après avoir tué le Philistin, les 
femmes sortirent de toutes les 
villesd'Israél, chantantetformant 
des danses, au-devant du roi Saül, 
avec des tambours de réjouis- 
sance, et avec des sistres. 

7. Et elles chantaient, jouant et 
disant : Saül en a tué mille, et 
David dix mille. 

8. Mais Saül fut très irrité, et 
cette parole déplut à ses yeux, et 
il dit : Elles ont donné dix mille 
hommes à David, et à moi, elles 
m'en ont donné mille; que lui 


I ROIS. 551 


reste-t-il à avoir, si ce n'est la 
royauté ? 

9. Ainsi Saül, depuis ce jour-là, 
neregarda jamais plus David d'un 
bon ceil. 

10. Mais aprés le jour suivant, 
lesprit malin, envoyé de Dieu, 
saisit Saül, et il prophétisait au 
milieu de sa maison; mais David 
touchait la harpe de sa main com- 
me tous les jours; et Saül tenait 
sa lance, 

11. Et il la jeta, pensant qu'il 
pourrait percer David avec la 
muraille; et David se détourna 
de devant lui par deux fois. 

19. Alors Saül craignit David, 
parce que le Seigneur était avec 
David, tandis qu'il s'étaitretiré de 
lui. 

13. Saül l'éloigna donc de lui, 
etillefittribunsur millehommes; 
et il sortait etil entrait en la pré- 
sence du peuple. 

14. En toutes ses voies aussi, 
David agissait prudemment, et le 
Seigneur était avec lui. 

15. C'est pourquoi Saül vit qu'il 
étaittres prudent, et ilcommenga 
à se garder de lui. 

16. Mais tout Israël et Juda ai- 
mait David; car c'était lui qui en- 
trait et sortait devant eux. 

11. Et Saül dit à David : Voici 
ma fille ainée Mérob; c'est elle 
que je te donnerai pour femme; 
seulement sois courageux, et 
combats les combats du Seigneur. 


Cnar. XVIII. 7. Infra, xxi, 11; Eccli., xLvir, 7. 


6. * Sistres, instruments de musique trés communs dans l'antique Egypte, consistant 
dans des anneaux de métal passés dans des cordes métalliques et qu'on agite en cadence. 
Il n'est pas certain que le mot hébreu employé ici signifie sistre. 

10, Il prophélisail; c'est-à-dire qu'agité par l'esprit malin, il contrefaisait les pro- 
phétes, en parlant avec un certain enthousiasme. 

13. Tribun. Voy. Exode, xvni, 21. — Il sorlaif, etc., c'est-à-dire qu'il menait le peuple 


à la guerre, et le ramenait, 


552 
Or, Saül pensait en lui-méme, 
disant: Que ma main ne soit pas 
contre lui, mais que la main des 
Philistins soit sur lui. 

18. Mais David répondit à Saül : 
Qui suis-je, moi, ou quelle est ma 
vie, ou quelle est la parenté de 
mon père en Israël, pour que je 
devienne gendre du roi? 

19. Or, le temps vint que Mé- 
rob, fille de Saül, devait étre don- 
née à David, et elle fut donnée 
pour femme à Hadriel, le Mola- 
thite. 

90. Mais Michol, la seconde fille 
de Saül, aima David. Et on l'an- 
nonca à Saül, et cela lui plut. 

91. Et Saül dit : Je la lui don- 
nerai, afin qu'elle devienne sa 
ruine, et que la main des Phi- 
listins soit sur lui. Saül dit donc 
à David : Cest à deux condi- 
lions que tu seras mon gendre 
aujourd'hui. 

22. Alors Saül commanda à ses 
serviteurs : Parlez à David, sans 
que je paraisse, disant : Voilà que 
tu plais au roi, et tous ses servi- 
teurs t'aiment. Maintenant donc 
sois le gendre du roi. 

93. Et les serviteurs, de Saül 
dirent aux oreilles de David toutes 
ces paroles. Et David répondit : 
Croyez-vousquece soit peu, d'être 
le gendre du roi? Pour moi, je 
suis un homme pauvre et de nulle 
considération. 

94, Et les serviteurs de Saül le 
rapporterent, disant : Telles sont 
les paroles qu'a dites David. 

95. Mais Saül répondit : C'est 
ainsi que vous parlerez à David : 


I ROIS. 


(cg. xix.] 
Le roi n'a pas besoin de douaire, 
mais seulement de cent prépuces 
de Philistins, afin que vengeance 
soitfaite des ennemis du roi. Mais 
Saül pensait livrer David aux 
mains des Philistins. 

26. Et lorsque les serviteurs de 
Saül eurent rapporté à David les 
paroles que Saül avait dites, le 
discours plut à David, puisqu'il 
devenait gendre du roi. 

27. Aussi, après peu de jours, 
David, se levant, s'en alla avec 
les hommes qui étaient sous lui; 
el il tua parmi les Philistins deux 
cents hommes, et il apporta leurs 
prépuces, et les compta au roi, 
afin quil 106 son gendre. C'est 
pourquoi Saül lui donna Michol 
sa fille pour femme. 

28. Et Saül vit et comprit que 
le Seigneur étaitavec David. Pour 
Michol, fille de Saül, elle aimait 
David. 

29. Et Saül commenca à crain- 
dre davantage David; et Saül de- 
vint ennemi de David tous les 
jours. 

30. Et les princes des Philistins 
sorlirent; mais des le commen- 
cement de leur sortie, David se 
conduisait plus prudemment que 
tous les serviteurs de Saül, et son 
nom devint très célèbre. 


CHAPITRE. XIX. 


Jonathas 878156 son père, qui voulait 
tuer David. Saül s'irrite contre David, 
qui se retire auprès de Samuel. 


1. Or, Saül parla à Jonathas, 
son fils, et à tous ses serviteurs, 
pour qu'ils tuassent David. Mais 


25. Qui n'a pas besoin de douaire. Chez les Hébreux, c'était le mari qui donnait le 


dot à sa femme. 


30. Sortirent, hébraisme, pour : se mirent en campagne. 


[cu. xix.] 


Jonathas, fils de Saül, aimaitbeau- 
coup David. 

9, Aussi Jonathas l'annonca-t-il 
à David, disant : Saül mon père 
cherche à te tuer; c'est pourquoi 
veille sur toi, je te prie, des le 
matin; tu resteras dans un lieu 
secret, et tu te cacheras. 

3. Pour moi, sortant, je me 
tiendrai près de mon père dans 
le champ, partout oü tu seras; et 
moi-même je parlerai de toi à 
mon pere, et tout ce que je ver- 
rai, je te l'annoncerai. 

4. Jonathas donc parla bien de 
David à Saül, son pere, et il lui 
dit : Ne péchez pas, ὃ roi, contre 
votre serviteur David, parce qu'il 
n'a pas péché contre vous, et ses 
œuvres vous sont tres avanta- 
geuses. 

5. Etil a mis son àme en sa 
main, et a tué le Philistin, et 
le Seigneur a donné le salut à 
tout Israél par une grande vic- 
toire. Vous lavez vu, et vous 
vous étes réjoui. Pourquoi donc 
péchez-vous contre un sang inno- 
cent, tuant David qui est sans 
faute? 

6. Lorsque Saül eut entendu ce- 
la, apaisé par la voix deJonathas, 
il jura : Le Seigneur vit! il ne 
sera pas tué. 

7. C'est pourquoi Jonathas ap- 
pela David, et il fui fit connaitre 
toutes ces paroles; ensuite Jona- 
thas introduisit David auprès de 


I ROIS. 553 


Saül; et David fut devant lui, 
comme hier et avant-hier. 

8. Mais la guerre fut déclarée 
denouveau;et David, étant sorti, 
combattit contre les Philistins; et 
il les frappa d'une grande plaie; 
et ils s'enfuirent devant lui. 

9. Et le mauvais esprit, envoyé 
du Seigneur, s'empara de Saül; 
or, il était assis dans sa maison, 
et il tenait sa lance; mais David 
touchait la harpe de sa main. 

10. Et Saül s'efforca de percer 
David de sa lance contre la mu- 
raille; et David se détourna de 
devant Saül; quand à la lance, 
sans faire de blessure, elle donna 
dans la muraille; et David s'en- 
fuit, et il fut sauvé cette nuit-là. 

11. Saül envoya donc ses gar- 
des en la maison de David pour 
s'assurer de lui et le tuer des le 
matin. Lorsque Michol, sa femme, 
l'eut annoncé à David, disant : 
Si tu ne te sauves cette nuit, de- 
main iu mourras, 

12. Elle le descendit par la fe- 
nétre; David done s'en alla et 
s'enfuit, et il fut sauvé. 

13. Cependant Michol prit la 
statue, et la posa sur le lit, mit la 
peau velue de chèvre à sa tête, et 
la couvrit de vétements. 

14. Or Saül envoya des.archers 
pour enlever David ; et on répon- 
dit qu'il était malade. | 

15. Et Saül envoya de nouveau 
des messagers, pour voir David, 


5. Il a mis son âme en sa main; c'est-à-dire, il a exposé sa vie aux plus grands 


dangers. 


1. Hier et avant-hier; hébraisme, pour auparavant. 


13. On ne sait ce qu'était cette statue. L'hébreu porte es théraphim, mot qui dé- 
signe ordinairement des idoles; dans tous les cas, il doit étre pris ici au singulier. 
Deux savants rabbins, Abarbanel et Abendana, prétendent qu'anciennement les 
femmes avaient dans leur appartement des représentations à la ressemblance de leurs 
maris, afin de les avoir en quelque sorte toujours présents. 


554 


disant : Apportez-le-moi dans le 
lit, afin qu'il soit tué. 

16. Et lorsque les messagers 
furent venus, le simulacre ‘fut 
trouvé sur le lit, etla peau de 
chèvre à sa tête. 

11. Et Saül demanda à Michol : 
Pourquoi m'as-tu ainsi trompé, 
et as-tu laissé mon ennemi s'en- 


fuir? Et Michol répondit à Saül : 


Parce que lui-méme m'a dit : 
Laisse-moi aller, autrement je te 
tuerai. 

18. Ainsi David fuyant fut sau- 
vé, et il vint vers Samuel à Ra- 
matha, et il lui raconta tout ce 
que lui avait fait Saül; et ils s'en 
allèrent, lui et Samuel, et ils de- 
meurerent à Naioth. 

19. Or, la nouvelle en fut por- 
tée à Saül par des gens qui di- 
rent : David est à Naioth en Ra- 
matha. / 

20. 0801 envoya donc des ar- 
chers pour enlever David; quand 
ceux-ci virent la bande des pro- 
phètes qui prophétisaient, et Sa- 
muel qui les présidait, l'Esprit du 
Seigneur s'empara aussi d'eux, 
et ils commencèrent eux aussi à 
prophétiser. 

21. Ce qui ayant été annoncé à 
Saül, il envoya encore d'autres 
messagers ; Or, ceux-ci aussi pro- 
phétiserent. Et de nouveau Saül 
envoya de troisièmes messagers, 


Car. XIX. 24. Supra, x, 12. 


I ROIS. 


[cu. xx.] 


qui eux aussi prophétisèrent. Et 
Saül fut irrité par la colère, 

22. Il s'en alla aussi lui-même 
à Ramatha, vint jusqu'à la grande 
citerne, qui est à Socho, interro- 
gea et dit : En quel lieu sont Sa- 
muel et David? Et illui fut répon- 
du : Voilà qu'ils sont à Naioth en 
Ramatha. 

98. Et il s'en alla à Naioth en 
Ramatha, et l'esprit du Seigneur 
s'empara aussi de lui, et il allait 
marchant, et il prophétisait, jus- 
qu'à ce qu'il vint à Naioth de Ra- 
matha. 

24. Et il se dépouilla aussi lui- 
méme de ses vétements, et il pro- 
phétisa avec tous les autres de- 
vant Samuel; et il se coucha nu 
durant tout ce jour-là et la nuit; 
d'où est venu le proverbe : Est-ce 
que Saül est parmi les prophètes? 


CHAPITRE XX. 


Jonathas et David renouvellent leur al- 
liance. Saül cherche toujours à perdre 
David. Jonathas en donne avis à David. 


1. Or, David s'enfuit de Naioth, 
qui est en Ramatha, et étant ve- 
nu, il dit devant Jonathas : Qu'ai- 
je fait? quelle est mon iniquité, 
et quel est mon péché contre ton 
père, puisqu'il cherche mon âme? 

9. Jonathas lui répondit : ADieu 
ne plaise! tu ne mourras pas; car 
mon pere ne fait rien de grand ni 


18. * Ramatha, Ramathaimsophim, 1, 4. — Naioth signifie habitations et désigne les 
écoles de prophétes qui avaient été fondées par Samuel. 
19, 23. En Ramatha; c'est-à-dire prés de Ramatha. 


20. * Prophétiser, 


prendre part aux exercices des écoles des prophètes et proba- 


blement surtout aux priéres et aux louanges en l'honneur de Dieu. 


92. * Socho, lieu inconnu. 


24. Nu; c'est-à-dire dépouillé de ses vétements de dessus. 
4. En Ramatha. Voy. xix, 19. — Il cherche mon âme; hébraisme, pour ἐξ cherche à 


m'óter la vie. 


[cu. xx.] 
de petit, s'il ne me l'a fait savoir 
auparavant. C'est donc la seule 
parole que mon pere m'ait célée? 
Cela ne sera nullement. 

3. Et il jura de nouveau à Da- 
vid. Et celui-ci dit : Ton père sait 
certainement que jai trouvé 
gráce à tes yeux, et il dira : Que 
Jonathas ne sache point ceci, de 
peur qu'il ne soit contristé. Bien 
plus, le Seigneur vit, et ton àme 
vit! car c'est d'un seul pas (pour 
ainsi dire) que moi et la mort nous 
'Sommes séparés. 
^ 4. Et Jonathas répondit à Da- 
vid : Tout ce que me dira ton 
àme, je le ferai pour toi. 

5. David dit alors à Jonathas : 
Voici que les calendes sont de- 
main, et moi d'apres l'usage, j'ai 
coutume de m'asseoir auprès du 
roi pour manger; laisse-moi donc 
aller me cacher dans la campagne 
jusqu'au soir du troisième jour. 

6. Si, regardant, ton père me 
demande, tu lui répondras : Da- 
vid m'à demandé d'aller promp- 
tement à Bethléhem, sa ville; 
parce que là les victimes solen- 
nelles sont présentées pour tous 
ceux de sa tribu. 

7. S'il dit : Bien, la paix sera 
faite avec ton serviteur; mais s'il 
s'irrite, sache que sa malice est 
à son comble. 

8. Fais donc miséricorde à ton 
serviteur, puisque tu m'as fait 


I ROIS. 


595 
faire, à moi, ton serviteur, l'al- 
liance du Seigneur avec toi; mais 
s'il est quelque iniquité en moi, 
tue-moi toi-méme, et ne m'intro- 
duis point auprès de ton père. 

9. Et Jonathas dit : Loin de toi 
une pareille chose; car il ne peut 
pas se faire, que je sache d'une 
maniere certaine que la malice 
de mon pere contre toi est à son 
comble, et que je ne t'en informe 
point. 

10. Et David répondit à Jona- 
thas : Qui m'informera, si par ha- 
sard ton père répond durement 
à mon sujet? 

41. Et Jonathas dit à David : 
Viens, et sortons dehors dans la 
campagne. Etlorsqu'ils furent sor- 
tis tous deux dans la campagne, 

12. Jonathas dit à David : Sei- 
gneurDieu d'Israél, si jedécouvre 
le dessein de mon père demain, 
ou après-demain, et qu'il y ait 
quelque chose de bon pour Da- 
vid, et que je n'envoie aussilôt 
vers toi, et que je ne t'en donne 
point connaissance, 

13. Que le Seigneur fasse ceci 
à Jonathas, et qu'il ajoute cela. 
Mais si la malice de mon pere 
persévère contre toi, j'ouvrirai 
ton oreille, et je te laisserai par- 
tir, afin que tu ailles en paix, et 
que le Seigneur soit avec toi, 
comme il a été avec mon père. 
14. Etsi je vis, tu useras envers 


5. Les calendes; c'est-à-dire la néoménie, ou fête de la nouvelle lune (Nombr., 
xxvm 11-15), qui était célébrée par des sacrifices et un festin sacré. — Jusqu'au 
soi du lroisième jour, parce que le second jour était le jour du sabbat, et qu'il 
n'était pas permis, ce jour-là, de faire de longs voyages. D'un autre cóté David ne 
pouvait pas savoir avant ce terme la disposition du roi à son égard. 

6. * Les victimes solennelles, annuelles. 

13. Que le Seigneur fasse ceci, etc. Voy. Ruth, τ, 11. 

1&, La miséricorde du Seigneur, c'est-à-dire la miséricorde semblable à celle du 
Seigneur, la plus grande possible. 


956 


moi de la miséricorde du Sei- 
gneur; mais si je meurs, 

15. Tu ne retireras point à ja- 
mais ta miséricorde de ma mai- 
son, quand le Seigneur aura ex- 
terminé de la terre les ennemis 
de David jusqu'au dernier. Que 
le Seigneur enleve Jonathas de 
sa maison, et qu'il tire vengeance 
des ennemis de David. 

16. Jonathas fit donc alliance 


avec la maison de David, et le 


Seigneur tira vengeance des en- 
nemis de David. 

11. Et Jonathas renouvela ses 
serments à David, parce qu'il 
laimait; car il l'aimait comme 
son âme. 

18. Et Jonathas lui dit : Demain 
sontles calendes, et ons'enquerra 
de toi ; 

19. Car on s'enquerra de ta 
place jusqu'après demain. Tu 
descendras donc, te hátant, et tu 
viendras dans le lieu oü tu dois 
étre caché, au jour auquel il est 
permis de travailler, ettu te tien- 
dras pres de la pierre dont lenom 
est Ezel. 

20. Et moi je décocherai trois 
fleches pres dela pierre, et je les 
lancerai, comme m’exerçant à 
atteindre le but. 

21. J'enverrai aussi mon servi- 


I ROIS. 


(cn. xx.] 


teur, lui disant : Va, et apporte- 
moi les flèches. 

22. Si je dis à mon serviteur : 
Voici que les flèches sont en deçà 
de toi, prends-les; viens toi- 
même à moi, parce que la paix 
est avec toi, et il n’y a rien de 
mal ; le Seigneur vit! Mais si je 
parle ainsi à mon serviteur : Voici 
que les flèches sont au delà de 
toi; va en paix, parce que le Sei- 
gneur te laisse aller. 

93. Quant à la parole que nous 
avons dite, moi et toi, que le 
Seigneur soit entre moi et toi 
pour toujours. 

24. David done se cacha dans 
la campagne, et vinrent les ca- 
lendes, et le roi s'assit pour man- 
ger du pain. 

25. Et lorsque le roi se fut assis 
(selon la coutume) sur son siege 
pres dela muraille, Jonathas se 
leva; Abner s'assit à cóté de Saül, 
etla place de David parut vide. 

96. Et Saül ne dit rien en ce 
jour-là; car il pensait que peut- 
étre il était arrivé à David de 
n'étre pas pur, et de n'avoir pas 
été purifié. 

97. Et lorsque fut venu le se- 
cond jour apres les calendes, la 
place de David parut encore vide. 
Et Saül demanda à Jonathas, son 


——————————Mm 


15. Qu'il tire vengeance des ennemis; littér. : qu'il demande de la main des ennemis, 
σι demande compte à la main des ennemis. Compar. Genèse, 1x, 5. 

18. Demain sont les calendes. ΝΟΥ͂. vers. ὃ. 

19. On s'enquerra de (a place; on demandera pourquoi elle est vide, et que tu ne 
l'occupes point. — Au jour où il est permis de travailler; c'est-à-dire le lendemain 
du sabbat, le troisième jour du mois. 

91. Mon serviteur; littér. dans le texte originel, 76 servileur, mais, comme nous 
lavons déjà remarqué, l'article se met trés souvent, en hébreu, pour le pronom 
05865811. D'ailleurs toute la suite du discours justifie pleinement notre traduction. 

22. Le Seigneur vit! Voy. Juges, vu, 19. 

24. Manger du pain; dans l'hébreu Je pain. Voy. xiv, 24. 

25. * Près de ta muraille. La place d'honneur en Orient est vis-à-vis la porte. 

26. Il n'était pas permis de participer au festin des sacrifices, quand on avait con- 
tracté une impureté légale. 


[cH. xx.] 


fils : Pourquoi le fils d'Isai n'est- 
il point venu, ni hier, ni aujour- 
d'hui, pour manger? 

98. EtJonathas répondit à Saül: 
Il m'a demandé instamment d'al- 
ler à Bethléhem, 

99. Et il a dit : Laissez-moi 
aller, parce qu'il y a un sacrifice 
solennel en ma cité, un de mes 
, frères m'a appelé; maintenant 
donc, si j'ai trouvé gráce à vos 
yeux, j'irai aussitót, et je verrai 
mes frères. C'est pour cette rai- 
son qu'il n'est pas venu àla table 
du roi. 

30. Or, Saül irrité contre Jona- 
thas, lui dit: Fils d'une femme 
qui ravit volontiers un homme, 
est-ce que j'ignore que tu aimes 
le fils d'Isai, à ta confusion, et à 
la confusion de ton ignominieuse 
mere? 

31. Car durant tous les jours 
que le fils d'ITsai vivra sur la terre, 
tu ne seras pas affermi, ni toi, ni 
ton royaume. C'est pourquoi, en- 
vole des maintenant, et amene- 
le-moi, parce que c'est un fils de 
mort. 

32. Mais Jonathas répondant à 
Saül, son père, dit : Pourquoi 
mourra-t-il ? qu'a-t-il fait? 

99. Et Saül saisit sa lance pour 
le frapper. Et Jonathas comprit 
qu'il avait été arrété par son pere 
de tuer David. 

34. Jonathas done se leva de 
table dans une colère de fureur, 
et il ne mangea pas de pain le 
second jour des calendes; car il 
était contristé au sujet de David, 
parce queson perel'avaitoutragé. 


I ROIS. 


591 
35. Et lorsque le matin fut ve- 
nu, Jonathas vint à la campagne, 
selon la convention faite avec 
David, et un petit serviteur avec 
lui, 

90. Et il dit à son serviteur : 
Va, et apporte-moi les fleches que 
je tire. Et lorsque le serviteur 
eut couru,il tira une autre fleche 
au delà du serviteur. 

37. C'est pourquoi le serviteur 
vint à l'endroit du trait qu'avait 
lancé Jonathas; et Jonathas cria 
derriere le serviteur, et dit : La 
voilà la fleche, là-bas, au delà de 
toi. 

38. Et Jonathas cria encore 
derriere le serviteur, disant : 
Hâte-toi vite, ne t'arréte point. 
Or le serviteur de Jonathas re- 
cueillit les flèches, et les apporta 
à son maitre; 

39. Quant à ce qui se faisait, il 
l'imenorait entierement; car Jona- 
thas et David seulement savaient 
la chose. 

40. Ensuite Jonathas donna ses 
armes au serviteur, et lui dit : 
Va, et porte-ies à la ville. 

41. Et lorsque le serviteur s'en 
fut allé, David se leva du lieu, 
qui regardaitle midi, et tombant 
incliné vers la terre, il se pros- 
terna par trois fois ; et, s'embras- | 
sant l'un l'autre, ils pleurerent 
ensemble, mais David beaucoup 
plus. 

49. Jonathas donc dit à David : 
Va en paix; tout ce que nous 
avons juré tous deux, au nom du 
Seigneur, disant : Que le Seigneur 
soit entre moi et toi, et entre ma 


31. Fils de mort; hébraisme pour voué à la mort, digne de mort. 
34. Une colère de fureur; hébraisme pour une colère furieuse. 
41. Et il se prosterna; littér. : et il adora. Voy. Genèse, xvut, 2. 


558 I ROIS. 


postérité et ta postérité pour tou- 
jours.... 

43. Et David seleva et s'en alla; 
mais Jonathas rentra dans la ville. 


CHAPITRE XXI. 


David va à Nobé vers le grand-prétre 
Achimélech, et se retire auprès d'Achis, 
roi de Geth. 


1. Or, David vint à Nobé vers 
Achimélech, le prétre; et Achimé- 
lech fut tout étonné de ce que 
David était venu. Et il lui dit : 
Pourquoi es-tu seul, et que per- 
sonne n'est avec toi? 

9. Et David répondit à Achimé- 
lech, le prétre : Le roi m'a donné 
un ordre, et il a dit : Que per- 
sonne ne sache la chose pour la- 
quelle tu es envoyé par moi, et 
quels sont les commandements 
que je t'ai donnés; car j'ai même 
assigné un rendez-vous à mes 
serviteurs en tel et tel lieu. 

3. Maintenant doncsi vous avez 
quelque chose sous la main, mé- 
me cinq pains, donnez-les-moi, 
ou bien tout ce que vous trouve- 
TZ. 

4. Et le prétre répondant à Da- 
vid, lui dit : Je n'ai point de pains 
pour le peuple sous la main, seu- 


(βαρ. XXI. 6. Matth., xit, 3, 4. 


[eu. xxr.] 


lement au pain saint. Est-ce que 
tes serviteurs sont purs, surtout 
par rapport aux femmes? 

5. Et David répondit au prêtre; 
et il lui dit : Certainement, s'il 
s’agit de femmes; nous nous som- 
mesabstenus depuis hier etavant- 
hier, quand nous sommes partis, 
elles vases des serviteurs étaient 
purs. À la vérité, cette route ἃ 
été souillée, mais elle sera sanc- 
tifiée elle-même aujourd'hui dans 
les vases. 

6. Le prêtre lui donna donc du 
pain sanctifié ; caril n'y avait point 
là de pain, si ce n'est seulement 
les pains de proposition, qui 
avaient été enlevés de devant le 
Seigneur pour y placer des pains 
chauds. 

7. Or, il y avait en ce jour-là 
un certain homme des serviteurs 
de Saül, au dedans du tabernacle 
du Seigneur; et son nom était 
Doëg l’Iduméen, le plus puissant 
des pasteurs de Saül. 

8. David demanda donc à Achi- 
mélech : Avez-vous ici sous la 
main une lance ou un glaive? 
parce que je n'ai pas porté avec 
moi mon glaive, ni mes armes; 
car la parole du roi pressait. 


1. * Nobé est placé ordinairement au nord de Jérusalem et à peu de distance de 
cette ville, mais sa position est incertaine. 

4. Est-ce; littér. si, particule qui, en hébreu, exprime, outre le doute, l'interro- 
gation et la négation. " 

5. Par Les vases des serviteurs, les uns entendent les vêtements, les autres tous les 
objets qu'avaient les serviteurs avec eux, et qui pouvaient contracter quelque im- 
pureté légale; d'autres enfin leurs propres corps; car saint Paul prend quelquefois 
le mot vase en ce sens. — Cette route a été souillée; métonymie, pour : nous avons 
contracté des souillures légales sur cette route, — Mais elle sera sanctifiée elle- 
méme, etc.; c'est-à-dire (en vertu de la méme métonymie), nous nous sanctifierons, 
nous nous purifierons de ces souillures mémes, contractées dans nos vétements, ou 
dans nos autres objets, ou dans nos corps. 

6. Les pains de proposition. Voy. Exode, xxv, 30. 

8. Avez-vous; littér. s? vous. Voy. verset 4, 


[cu. xxu.] 

9. Et le prétre répondit : Voici 
le glaive de Goliath, le Philistin, 
que tu as tué dans la Vallée du 
térébinthe ; il est enveloppé dans 
le manteau derriere l'éphod : si 
tu veux l'emporter, emporte-le ; 
car il n'y en a point ici d'autre 
que celui-là. Et David dit : Il n'y 
en a point d'autre semblable à 
celui-là, donnez-le moi. 

10. C'est pourquoi David se le- 
va, et s'enfuit en ce jour-là de 
devant Saül, et vint vers Achis, 
roi de Geth. 

11. Et les serviteurs d'Achis lui 
dirent, lorsqu'ils eurent vu David; 
N'est-ce pas ce David, le roi de 
la terre? N'est-ce pas pour lui 
qu'on chantait dans les chœurs, 
en disant : Saül en a tué mille, et 
David dix mille? 

12. Mais David recueillit ces pa- 
roles en son cœur, et il craignit 
beaucoup de la part d'Achis, roi 
de Geth ; 

13. Aussi il changea de visage 
devant eux; et il tombait entre 
leurs mains, etil se heurtait con- 
tre les battants de la porte, et sa 
salive découlait sur sa barbe. 

14. Et Achis dit à ses serviteurs: 
Vous avez vu un homme insensé; 
pourquoi l'avez-vous amené vers 
moi? 


11. Supra, xvirr, 1; Eccli, xLvir, 1. 


I ROIS. 959 


15. Est-ce que les furieux nous 
manquent, que vous avez intro- 
duit celui-ci, pour qu'il délire, 
moi présent? Est-ce que cet hom- 
me entrera dans ma maison? 


CHAPITRE XXII. 


Retraite de David dans la caverne d'O- 
dollam, et de là auprés du roi de Moab. 
Il revient dans le pays de Juda. Saül 
fait tuer tous les prétres de Nobé. Abia- 
thar se sauve, et se retire auprès de 
David. 


1. David s'en alla donc de là, et 
il s'enfuit dans la caverne d'Odol- 
lam. Lorsque ses frères l'eurent 
appris et toute la maison de son 
pere, ils descendirent vers lui en 
cet endroit. 

2. Et se réunirent auprès de lui 
tous ceux qui étaient dans la dé- 
tresse, accablés de dettes, et mé- 
contents; et il devint leur chef; 
et il y eut avec lui environ quatre 
cents hommes. 

9. Et Pavid partit de là pour 
Maspha qui est en Moab; et il dit 
au roi de Moab : Que mon pere 
et ma mère, je vous prie, demeu- 
rent avec vous, jusqu'à ce que je 
sache ce que fera Dieu à mon 
égard. 

4. Et il les laissa auprès du 
roi de Moab, et ils demeurèrent 


9. Mon manteau, littér. le manteau. Voy. xx, 21. — * Derrière l'éphod. Sur l'éphod, 


voir la note sur Exode, xxv, 1. 


10. * Geth, l'une des cinq villes principales des Philistins, 
11. Le roi de la terre; c'est-à-dire comme le roi de son pays; ou plutôt le roi de 
ce pays-ci, selon les conditions du combat dans lequel il a terrassé Goliath. 


Voy. xvi, 9. 


1. * Odollam, probablement aujourd'hui Aid-el-ma. Près des ruines de l'ancienne 
cité, il y a une caverne suffisamment grande pour que David y ait habité. 


3. * Maspha en Moab, site inconnu. 


4. * Dans la forteresse de Maspha de Mo 


autres, 


ab, selon les uns, d'Odollam, selon les 


500 


aupres de lui pendant tous les 
jours que David fut dans la forte- 
resse. 

5. Cependant Gad le prophète 
dit à David : Ne demeure point 
dans la forteresse, pars, et va 
dans la terre de Juda. Et David 
partit, et il vint dans la forét de 
Haret. 

6. EtSaül appritque David avait 
paru, ainsi que des hommes qui 
étaient avec lui. Or, lorsque Saül 
demeurait à Gabaa, et qu'il était 
dans le bois qui est à Rama, te- 
nant sa lance àla main, et que 
tous ses serviteurs lenviron- 
naient, 

7. Il dit à ses serviteurs qui 
étaient auprès de lui : Ecoutez 
maintenant, enfants de Jémini : 
Est-ce que le fils d'Isai vous don- 
nera à tous des champs et des vi- 
gnes, et vous fera-t-il tous tribuns 
et centurions, 

8. Puisque vous avez tous cons- 
piré contre moi, et qu'il ny ἃ 
personne qui me renseigne ; sur- 
tout quand mon fils méme a fait 
alliance avec le fils d'Isai? Il n'en 
est pas d'entre vous qui plaigne 
mon sort, ni qui m'averlisse; à 
cause que mon fils a suscité con- 
tre moi mon serviteur, qui me 
dresse des embüches jusqu au- 
jourd'hui. 

9. Mais, répondant, Doég l'Idu- 
méen qui était présent, et le pre- 
mier entre les serviteurs de Saül : 
J'ai vu, dit-il, le fils d'Isai.à Nobé, 


I ROIS. 


[cu. xxi. 


chez Achimélech, le prétre, fils 
d'Achitob, 

10. Lequel 8 consulté le Sei- 
gneur pour lui, lui a donné des 
vivres, et lui a méme donné le 
glaive de Goliath le Philistin. 

11. Le roi donc envoya ehercher 
Achimélech, le prétre, fils d'Achi- 
tob, et toute la maison de son 
père, des prêtres qui étaient à 
Nobé ; lesquels tous vinrent vers 
le roi. 

12. Et Saül dit à Achimélech : 
Ecoute, fils d'Achitob. Et Achimé- 
lech répondit : Je suis présent, 
seigneur. 

13. Et Saül lui dit : Pourquoi 
as-tu conspiré contre moi, toi ef 
le fils d'Isai? Pourquoi lui as-tu 
donné des pains et un glaive, et 
as-tu consulté Dieu pour lui, afin 
qu'il s'élevàt contre moi, insidia- 
teur persévérant jusqu'aujour- 
d'hui? 

14. Et Achimélech, répondant 
au roi, dit : Qui parmi vos servi- 
teurs est comme David, fidele, 
gendre du roi, marchant à votre 
commandement, et honorable 
dans votre maison? 

18. Est-ce aujourd'hui que j'ai 
commencé à consulier Dieu pour 
lui? Loin de moi! Que le roi ne 
soupconne point son serviteur, 
ni toute la maison de mon père 
d'une pareille chose; car votre 
serviteur ne sait de cette affaire 
rien de petit ou de graud. 

16. Et le roi dit: Tu mourras de 


M M—— —— MÀ  ——  — — M — ———— 


5. * Haret, inconnu. 
6. * Gabaa, Tell el-Foul. Voir xt, 4. 


1. Enfants de Jémini; c'est-à-dire Benjamites. — Tribuns et centurions. Voy. 


Exode, xvin, 21. 


15. Que le roi, etc.; littér.: Que Le roi ne soupçonne point contre son servileur une 
pareille chose, dans toute la maison de mon père. 
16. Tu mourras de mort; hébraisme, pour tu mourras infailliblement. 


[cH. xxu.) 


mort, Achimélech, toi et toute la 
maison de ton père. 

17. Puis le roi dit aux gardes 
qui l'environnaient : Tournez- 
vous, et tuez les prétres du Sei- 
gneur; carleur main est avec Da- 
vid; sachant qu'il s'était enfui, 
ils ne me l'ont point déclaré. Mais 
les serviteurs du roi ne voulurent 
pas étendre leurs mains sur les 
prétres du Seigneur. 

18. Alors le roi dit à Doég : 
Tourne-toi, et jette-toi sur les 
prétres. Et, s'étant tourné, Doeg 
l'Iduméen se jeta sur les prêtres, 
etiltua ence jour-làquatre-vingt- 
cinq hommes vétus d'un éphod 
de lin. 

19. Ensuite il frappa Nobé, la 
cité des prétres, du tranchant du 
glaive, égorgeant hommes et 
femmes, petits enfants et les en- 
fants à la mamelle, bœuf, âne et 
brebis. 

20. Mais un des fils d'Achimé- 
lech, dont le nom était Abiathar, 
s'étant échappé, s'enfuit vers Da- 
vid. 

21. Et il lui annonca que Saül 
avait tué les prétres du Seigneur. 

22. Et David dit à Abiathar : Je 
savais en ce jour que puisque 
Doég l'Iduméen était là, il averti- 
rait certainement Saül : c’est moi 
qui suis coupable de /a mort de 
toutes les âmes de /a maison de 
ton père. 

23. Demeure avec moi, et ne 
crains point : si quelqu'un cher- 
che mon àme, il cherchera aussi 


I ROIS. 


561 


ton àme, et tu seras sauvé avec 
moi. 


CHAPITRE XXIII. 


David délivre Céila. Il se retire au désert 


de Ziph. Saül le poursuit dans le désert 
de Maon. 


1. Et on apporta une nouvelle 
à David en disant : Voilà que les 
Philistins attaquent Céila, et qu'ils 
pillent les aires. 

2. David donc consulta le Sei- 
gneur, disant : Est-ce que j'irai 
et que je battrai ces Philistins? Et 
le Seigneur répondit à David : 
Va, et tu battras les Philistins, et 
tu sauveras Céila. 

3. Et les hommes qui étaient 
avec David lui dirent : Voilà que 
nous, étant en Judée, nous crai- 
gnons, combien plus, si nous 
allons à Céila contre les troupes 
des Philistins? 

4. De nouveau donc David con- 
sulta le Seigneur, qui lui répon- 
dit : Lève-toi et va à Céila; car 
c'est moi qui livrerai les Philis- 
tins à ta main. 

9. David donc s'en alla et ses 
hommes à Céila, et il combattit 
contre les Philistins, et il amena 
leurs bestiaux, et il frappa ses 
ennemis d'une grande plaie : 
ainsi David sauva les habitants: 
de Céila. | 

6. Or, dans le temps qu'Abia- 
thar, fils d'Achimélech, s'enfuyait 
vers David à Céila, il était des- 
cendu ayant un éphod avec lui. 

1. Gependant on annonca à Saül 


——Ó————M——MM—MM— וי‎ VU 


17. Gardes; littér., émissaires; c'est-à-dire ceux qui faisaient la fonction de mes- 
sagers ou de coureurs. — Leur main est avec David; c'est-à-dire ils donnent la main 
à David; ils l'aident, ils favorisent ses vues. 


23. Cherche mon âme. Voy. xx, 1. 


1. * Céila était dans le voisinage du pays des Philistins Josué, xv, 44. 


A. T: 


36 


562 


que David était venu 8 Céila, et 
Saül dit : Dieu l'a livré en mes 
mains, et il est enfermé, étant 
entré dans une ville, où il y a des 
portes et des serrures. 

8. Saül done ordonna à tout le 
peuple de descendre au combat 
à Céila, et d'assiéger David et ses 
hommes. 

9. Lorsque David eut su que 
Saül préparait secrètement sa 
perte, il dit à Abiathar, le prétre : 
Revétez-vous de l'éphod. 

10. Et David dit : Seigneur, 
Dieu d'lsraél, votre serviteur a 
entendu dire que Saül se dispose 
à venir à Céila, pour détruire la 
ville à cause de moi; 

11. Est-ce que les hommes de 
Céila me livreront en ses mains? 
et Saül descendra-t-il, comme vo- 
tre serviteur l'a appris? Seigneur 
Dieu d'Israél, indiquez-le à votre 
serviteur. Et le Seigneur répon- 
dit : Il descendra. 

19. David dit encore : Est-ce 
que les hommes de Céila me li- 
vreront, moi et les hommes qui 
sont avec moi aux mains de Saül? 
Et le Seigneur répondit : 115 vows 
livreront. 

13. David donc se leva, ainsi 
queses hommes, au nombre d'en- 
viron six cents, et sortis de Céila, 
ils erraient cà et là, incertains; 


Cuar. XXIII. 19. Infra, xxvi, 1. 


I ROIS. 


[cH. xxi.) 


et l'on annonca à Saül que David 
s'était enfui .de Céila et s'était 
sauvé : pour cette raison, Saül 
feignit de ne pas sortir. 

14. Or, David se tenait dans le 
désert, dans des lieux très sûrs, et 
il demeura sur la montagne de la 
solitude de Ziph, montagne om- 
bragée : Saüi le cherchait cepen- 
dant tous les jours; et Dieu ne le 
livra pas en ses mains. 

15. Et David s'aperqut que Saül 
était sorti pour chercher son âme. 
Mais David était dans le désert de 
Ziph, dans la forét. 

16. Et Jonathas, fils de Saül, se 
leva, et s'en alla vers David dans 
la forét et fortifia ses mains en 
Dieu, et lui dit : 

47. Necrains point; car la main 
de mon pere Saül méme ne te 
trouvera pas; et tu règneras sur 
Israél, et moi je serai le second 
après toi; mais mon père méme 
sait cela. 

18. Ils firent donc l'un et l'autre 
alliance devant le Seigneur; et 
David demeura dans la forét; 
mais Jonathas retourna en sa 
maison. 

19. Cependant les Ziphéens 
montèrent vers Saül à Gabaa, di- 
sant : Ne voilà-t-il pas que David 
est caché parmi nous dans les 
lieux les plus sürs de la forét, sur 


9. * Revétez-vous de l'éphod. Sur l'éphod, voir la note sur Exode, xxv, 1. 
11, 12. Est-ce que; littér. si, qui exprime souvent en hébreu une interrogation ou 


une négation. 


14. Ombragée, par les arbres dont elle était couverte. — * Dans le désert de Juda, 
qui s'étend entre les montagnes de Juda et la rive occidentale de la mer Morte. — 
La solitude de Ziph était la partie du désert de Juda située dans les environs de la 
ville de Ziph, au sud-est d'Hébron, au nord de Carmel et de Maon. 

16. Fortifia ses mains, etc. 1] l'encouragea soit par le souvenir des promesses de 
Dieu, soit par le renouvellement de leur alliance faite au nom de Dieu. 

19. * A Gabaa, Tell el-Foul. Voir xr, 4. — Sur La colline d'Hachila. Elle se trouvait 
entre Zioh et Maon. — Qui est à la droite, c'est-à-dire au midi du désert de Ziph. 


]68. xxiv.] 


la colline d'Hachila, qui est à la 
droite du désert. 

90. Maintenant donc, comme 
votre âme a désiré que vous des- 
cendiez, descendez ; mais ce sera 
ànous à lelivrer aux mains du 
roi. 

21. Et Saül répondit : Bénis 
soyez-vous du Seigneur, parce 
que vous avez été affligés de mon 
sort. 

22. Allez donc, je vous prie, 
préparez £owt avec une grande 
diligence, agissez avec beaucoup 
de soin, et considérez le lieu oü 
est son pied, ou qui l'aura vu; 
car il pense de moi, que je lui 
tends adroitement des piéges. 

23. Considérez et voyez tous 
les lieux secrets dans lesquels il 
se cache, puis revenez vers moi 
avec quelque chose de certain, 
afin que j'aille avec vous. Quand 
il se serait enfoncé dans la terre, 
je le chercherai parmi tous les 
mille de Juda. 

24. Ainsi les Ziphéens se le- 
vant s'en allèrent à Ziph avant 
Saül : or, David et ses hommes 
étaient dans le désert de Maon, 
dans les plaines, à la droite de 
Jésimon. 

25. Saül alla donc ainsi que ses 


I ROIS. 563 


gens pour le chercher; et on 
l'annonca à David, et aussitôt il 
descendit vers le rocher, et il de- 
meurait dans le désertdeMaon; ce 
qu ayant appris Saül,il poursuivit 
David dans le désert de Maon. 

26. Et Saül cótoyait la monta- 
gne d'un cóté ; mais David et ses 
hommes cótoyaient la montagne 
de l'autre. Or, David désespérait 
de pouvoir se sauver de la face 
de Saül; car Saül et ses hommes 
environnaient en forme de cou- 
ronne David et ses hommes, pour 
les prendre. 

27. Et un messager vint vers 
Saül, disant : Hátez-vous, et ve- 
nez, parce que les Philistins se 
sont jetés sur le pays. 

98. Saülretourna donc, cessant 
de poursuivre David, et il marcha 
àlarencontre des Philistins ; c'est 
pour cela qu'on appela ce lieu le 
Rocher qui divise. 


CHAPITRE XXIV. 


David se retire dans la caverne d'Engaddi. 
Saül y entre seul; David coupe le bord 
de son manteau. Saül reconnait l'inno- 
cence de David. 


4. David monta donc de là, et 
il habita dans les lieux les plus 
sürs d'Engaddi. 


23. Parmi tous les mille, etc.; c'est-à-dire parmi tous les hommes de Juda; ou bien 
avec tous les hommes, toutes les troupes de Juda. Les tribus étaient divisées par 
maisons et familles formant ensemble mille hommes. 

24. * Maon. La ville de ce nom, à deux heures au sud de Ziph, donnait son nom 
au désert qui l'entourait. — À /a droite (au midi) de Jésimon, nom commun en hébreu, 
qui signifie désert; ici le désert de Ziph, comme au verset 19. 

28. Le Rocher qui divise, ou qui divisa; parce qu'en cet endroit l'esprit de Saül et 
de ses gens se trouva divisé, partagé, pour savoir s'il devait aller au secours de son 
pays, ou continuer à poursuivre David. Ou plutôt : Le Rocher qui sépara, le lieu où 
Saül fut obligé de se séparer et d'abandonner la poursuite de David; ou bien tout 
simplement le rocher qui séparait Saül de David, puisqu'il ne fallait que le passer 
pour s'emparer de David. 

1. * D'Engaddi, ville amorrhéenne, qui appartint à la tribu de Juda, à l'ouest de 
la mer Morte. Ses alentours abondaient en vignes, en palmiers et en baumiers. Elle 
s'appelait aussi Asason-Thamar. 


₪ 


2. Et lorsque 5801 fut revenu, 
aprés avoir poursuivi les Philis- 
tins, on lui porta une nouvelle, 
en disant : Voilà que David est 
dans le désert d'Engaddi. 

3. Saül donc, prenant trois mille 
hommes choisis de tout Israél, 
alla pour chercher David et ses 
hommes, méme sur les rochers 
les plus escarpés, qui sont acces- 
sibles seulement aux chamois. 

4. Etil vint aux parcs de brebis, 
qui s'offraient à lui pendant qu'il 
était en chemin; et il y avait là 
une caverne, dans laquelle entra 
Saül pour un besoin naturel : or, 
David et ses hommes étaient ca- 
chés dans la partie intérieure de 
la caverne. 

9. Et les serviteurs de David lui 
dirent : Voici le jour dont le Sei- 
gneur vous a dit : C’est moi qui 
te livrerai ton ennemi, afin que 
tu lui fasses comme il plaira à tes 
yeux. David se leva donc, et cou- 
pa sans bruit le bord du manteau 
de Saül. 

6. Après cela David frappa sa 
poitrine de ce qu'il avait coupé 
le bord du manteau de Saül. 

7. Et il dit à ses hommes : Que 
le Seigneur me soit propice, afin 
que [6 necommette point ce crime 
contre mon seigneur, le christ du 
Seigneur, que de porter ma main 
sur lui, parce qu'il est le christ 
du Seigneur. 

8. Et David réprima ses hom- 
mes par ses paroles, et 11 ne per- 
mit pas qu'ils s'élevassent contre 


564 I ROIS. 


(cu. xxiv.] 


Saül : or, Saül se levant de la ca- 
verne, continuait son chemin 
commencé. 

9. Or David se leva aussi apres 
lui; et, sorti dela caverne, il cria 
derriere Saül, disant : Mon sei- 
gneur roi! Et Saül regarda der- 
riere lui, et David, s'inclinant 
penché vers la terre, se proster- 
na, 

10. Et dit à Saül : Pourquoi 
écoutez-vous les paroles d'hom- 
mes qui disent : David cherche 
votre perte? 

11. Voilà qu'aujourd'hui vos 
yeux ont vu que le Seigneur vous 
ἃ livré à ma main daus la caver- 
ne; et jai pensé à vous tuer, 
mais mon œil vous a épargné ; 
car j'ai dit : Je n'étendrai pas ma 
main sur mon seigneur, parce 
que c'est le christ du Seigneur. 

12. Bien plus, mon père, voyez, 
et reconnaissez le bord de votre 
manteau dans ma main, et que 
quand j'ai coupé l'extrémité de 
votre manteau, je n'ai pas étendu 
ma main sur vous ; remarquez et 
voyez quil n'y a pas de mal en 
ma main, ni d'iniquité, et que je 
n'ai pas péché contre vous ; mais 
vous, vous tendez des embüches 
à mon âme, pour la détruire. 

13. Que le Seigneur juge entre 
moi et vous, et que le Seigneur 
me venge de vous ; mais que ma 
main ne soil pas sur vous. 

14. Comme il est dit aussi dans 
l'ancien proverbe : C'est DES IMPIES 
que sorlira limpiété : que ma 


2. * Dans le désert d'Engaddi, près de la ville. Il y a dans ce désert de nombreuses 
cavernes. 

6. Frappa sa poitrine. Ce remords que David éprouve pour avoir coupé le bord du 
manteau de Saül s'explique facilement, quand on considère que les Hébreux et en 
général les Orientaux regardaient leurs rois comme des représentants directs de la 
divinité. 


[“η. xxv.] 
main donc ne soit pas sur vous. 
15. Qui poursuivez-vous, roi 
d'Israël? qui poursuivez-vous? 
cest un chien mort que vous 
poursuivez, et une puce. 

16. Que le Seigneur soit juge, 
et qu'il juge entre moi et vous; 
qu'il voie et juge ma cause et 
qu'il me délivre de votre main. 

47. Or, lorsque David eut ache- 
vé de tenir ces discours à Saül, 
Saül dit : N'est-ce point là ta voix, 
mon fils David? Et Saül éleva sa 
voix, et pleura; 

18. Puis il dit à David : Tu es 
plus juste que moi, toi; car toi, 
tu m'as fait du bien, et moi, jet'ai 
rendu du mal. 

19. C'est méme toi qui m'as 
montré aujourd'hui le bien que 
tu m'asfait : commentle Seigneur 
m'a livré à ta main, et comment 
tu ne m'as point tué. 

90. Qui, en effet, lorsqu'il a 
trouvé son ennemi, le laisse aller 
dans une bonne voie? Mais que 
le Seigneur te paie de retour, 
pour ce que tu as fait aujourd'hui 
à mon égard. 

91. Et maintenant comme je 
sais que tres certainement tu dois 
régner, et que tu dois avoir en ta 
main le royaume d'Israël, 

29. Jure-moi par le Seigneur 
que tu ne détruiras point ma race 
apres moi, et que tu n'óteras pas 
mon nom de la maison de mon 
père. 

93. Et Davidle jura à Saül. Saül 
donc s'en alla en sa maison; et 
David et ses hommes monterent 
dans des lieux plus sürs. 


I ROIS. | 565 


CHAPITRE XXV. 


Mort de Samuel. David se retire dans le 
désert de Pharan. Nabal lui refuse des 
vivres : Abigail apaise David. Nabal 
meurt. David épouse Abigail et Achi- 
noam, et Michol est donnée à Phalti. 


1. Or, Samuel mourut, et tout 
Israél fut assemblé ; et ils le pleu- 
rerent, et ils l'ensevelirent dans 
sa maison à Ramatha. Et David, 
selevant, descendit dansle désert 
de Pharan. 

2. Or il y avait un homme dans 
la solitude de Maon, et sa posses- 
sion était sur le Carmel; et cet 
homme était très riche, et il avait 
trois mille brebis et mille chè- 
vres : et il arriva que l’on tondait 
son troupeau sur le Carmel. 

3. Or, le nom de cet homme 
était Nabal, etle nom de safemme 
Abigail; et cette femme était trés 
prudente et belle; mais son mari 
était dur, très méchant et rusé : 
or, il était de la race de Caleb. 

4. Lors done que David eut ap- 
pris dans le désert que Nabal ton- 
dait son troupeau, 

5.llenvoyadixjeunes hommes, 
et leur dit: Montez sur le Carmel, 
et vous irez vers Nabal, et vous 
le saluerez en mon nom pacifi- 
quement; 

6. Et vous direz : Que la paix 
soit avec mes frères et avec toi; 
et que la paix soit en ta maison, 
et que la paix soit sur tout ce que 
tu as. 

1. Jai appris que tes pasteurs, 
qui étaient avec nous au désert, 
tondaient 20% troupeau : jamais 


XXV. 1. Infra, xxvi, 3; Eccli., xzvi, 23.‏ .שג 


1. * Ramatha, Ramathaimsophim. Voir r, 4. 
2. * Carmel, ville de Juda. Voir plus haut, xv, 12. — Maon. Voir xxm, 24. 


566 1 ROIS. 


nous ne les avons inquiétés, et 
jamais il ne leur a rien manqué 
de leur troupeau, pendant tout 
le temps qu'ils ont été avec nous 
sur le Carmel. 

8. Interroge tes serviteurs, et 
ils te le diront. Maintenant donc, 
que tes serviteurs trouvent grâce 
à tes yeux; car nous sommes ve- 
nus dans un bon jour : tout ce 
que ta main trouvera, donne-le à 
tes serviteurs et à ton fils David. 

9. Ainsi lorsque les serviteurs 
de David furent venus, ils dirent 
à Nabaltoutes ces paroles au nom 
de David, puis ils gardèrent le 
silence. 

10. Mais Nabal, répondant aux 
serviteurs de David, dit : Qui est 
David? et qui est le fils d'Isai? Au- 
jourd'hui les serviteurs qui fuient 
leurs maitres s'augmentent. 

11. Je prendrai donc mes pains, 
mon eau, la chair des bétes que 
j'ai tuées pour mes tondeurs, et 
je les donnerai à des hommes qui 
sont je ne sais d'où? 

12. C'est pourquoiles serviteurs 
de David revinrent par leur che- 
min, et, étant retournés, ils vin- 
rent et lui rapportèrent toutes les 
paroles que Vabal avait dites. 

13. Alors David dit à ses servi- 
teurs : Que chacun se ceigne de 
son glaive. Et ils se ceignirent 
chacun de leur glaive, David lui- 
méme se ceignit de son épée; et 
environ quatre cents hommes 
suivirent David; mais deux cents 
resterent pres des bagages. 

14. Mais un des serviteurs de 


]08. xxv.] 
Nabal lannonca à Abigail, sa 
femme, disant : Voilà que David 
a envoyé des messagers du dé- 
sert, pour bénir notre maitre, et 
il les a repoussés. 

15. Ces hommes ont été assez 
bons pour nous, et ne nous ont 
point inquiétés, et rien n'a jamais 
péri de 20s troupeaux, pendant 
tout le temps que nous nous som- 
mes trouvés avec eux dans le dé- 
sert. 

16. Ils étaient comme une mu- 
raille pour nous, tant la nuit que 
le jour, durant tous les jours que 
nous avons fait paitre au milieu 
d'eux les troupeaux. 

17. C'est pourquoi considérez 
et pensez à ce que vous ferez; 
parce que la malice est à son 
comble contre votre mari et con- 
tre votre maison, et que lui-mé- 
me est un fils de Bélial, en sorte 
que personne ne peut lui parler. 

18. Abigail donc se hâta, et elle 
prit deux cents pains, deux outres 
de vin, cinq béliers cuits, cinq 
mesures de grains rótis, cent 
grappes de raisins secs et deux 
cents panerées de figues sèches: 
elle les plaga sur les ânes; 

19. Et elle dit à ses serviteurs : 
Précédez-moi; voici que je vous 
suivrai par derriere : mais à son 
mari Nabal, elle n'en dit rien. 

20. Lors donc qu'elle fut mon- 
tée sur son âne, et qu'elle des- 
cendait au pied de la montagne, 
David et ses serviteurs descen- 
daient à sa rencontre; et elle- 
méme alla au devant d'eux. 


8. Dans un bon jour; un jour de joie. C'était la coutume de faire des réjouissances 


dans le temps de la tonte des troupeaux. 


11. Fils de Bélial. ΝΟΥ. Juges, xix, 22. 


18. * Cinq mesures, hébreu seim, environ 595 litres, 


[cn. xxv.] 

91. Et David dit : Vraiment, 
c'est en vain que jai conservé 
tout ce qui était à lui dans le dé- 
sert, et que rien n'a péri de tout 
ce qui lui appartenait; et il m'a 
rendu le mal pour le bien. 

99. (ue Dieu fasse ceci aux en- 
nemis de David, et qu'il ajoute 
cela, si de tout ce qui lui appar- 
tient, je laisse jusqu'au matin 
un seul urinant contre une mu- 
raille. 

23. Mais lorsqu'Abigail eut vu 
David, elle se háta, descendit de 
son áne, tomba sur sa face de- 
vant David, et se prosterna sur 
la terre; 

24. Puis elle se jeta à ses pieds, 
et dit: Sur moi soit, mon sei- 
gneur, cette iniquité : que votre 
servante, je vous conjure, parle 
à vos oreilles, et écoutez les pa- 
roles de votre servante. 

95. Que mon seigneur roi n'ar- 
réte pas son cœur sur cet homme 
inique de Nabal, puisque, selon 
son nom, il est insensé, et qu'il y 
a folie en lui; mais moi, votre 
servante, je n'ai pas vu, mon sei- 
gneur, les serviteurs que vous 
avez envoyés. 

96. Maintenant donc, mon sei- 
gneur, le Seigneur vit, et votre 
âme vit! Je Seigneur qui vous a 
empéché de venir dans du sang, 
et qui vous a sauvé votre main; 
et maintenant qu'ils deviennent 


] ROIS. 567 


comme Nabal, vos ennemis, et 
ceux qui cherchent la perte de 
mon seigneur. 

27. C'estpourquoi, recevezcette 
bénédiction que votre servante 
vous aapportée, à vous, mon sei- 
gneur, et donnez-la aux servi- 
teurs qui vous suivent, vous, mon 
seigneur. 

28. Remettez l'iniquité de votre 
servante; car le Seigneur vous 
fera trés certainement à vous, 
mon seigneur, une maison fidele, 
parce que, mon seigneur, vous 
combattez les combats du Sei- 
gneur : quil ne se trouve donc 
point de malice en vous durant 
tous les jours de votre vie. 

29. Car 811 s'élève un jour un 
homme qui vous persécute, et 
cherche votre âme, 1816 de mon 
seigneur sera gardée, comme 
dans le faisceau des vivants, au- 
près du Seigneur votre Dieu; 
mais l’âme de vos ennemis tour- 
noiera, comme du tournoiement 
rapide de la fronde. 

30. Lors donc que le Seigneur 
vous aura fait à vous, mon sei- 
gneur, tous les biens qu'il a pré- 
dits de vous, et qu'il vous aura 
établi chef sur Israël, 

31. Ce ne sera pas pour vous 
un sujet de soupir, ni un scrupule 
de conscience pour mon seigneur, 
d'avoir versé un sang innocent, 
et de vous étre vengé vous-mé- 


22. Que Dieu fasse ceci, etc. Voy. Ruth, 1, 41. — Un seul urinant, etc. Beaucoup 
d'interprétes entendent cette expression du chien, mais Bochart et aprés lui les 
meilleurs critiques l'entendent de l'homme; et il faut convenir que tous les passages 
de l'Ecriture οὐ elle se trouve favorisent le sentiment de ces derniers. 

26. Le Seigneur vit, et votre âme vit! Voy. Juges, vin, 19. — De venir dans du 
sang; de venir pour verser du sang. — Vous a sauvé votre main; c'est-à-dire a pré- 


servé votre main de le verser. 


27. Cette bénédiction; c'est-à-dire ce présent. Voy. Genèse, xxxii, 11. 


29. Cherche votre âme. Voy. xx, 4. 


568 I ROIS. 


me : et lorsque le Seigneur aura 
fait du bien à mon seigneur, vous 
vous souviendrez de votre ser- 
vante. 

32. Et David répondit à Abigail : 
Béni le Seigneur Dieu d'Israël, 
qui vous a envoyée aujourd'hui 
à ma rencontre! et bénie votre 
parole! 

33. Et bénie vous-même, qui 
m'avez empêché de venir pour 
du sang, et de me venger de ma 
main! 

34. Autrement, leSeigneurDieu 
d'Israél vit! lequel m'a empéché 
de vous faire du mal : si vous n'é- 
tiez venue si vite à ma rencontre, 
il ne serait pas resté à Nabal, jus- 
qu'àla lumiere du matin, un seul 
urinant contre une muraille. 

35. David donc recut de sa main 
tout ce qu'elle lui avait apporté, et 
il lui dit : Allez en paix dans votre 
maison; voilà que j'ai entendu 
votre voix, et honoré votre face. 

36. Or, Abigail vint vers Nabal ; 
et voilà qu'il y avait un festin 
dans sa maison, comme le festin 
du roi, et le cœur de Nabal était 
joyeux; car Nabal était fort ivre; 
et elle ne lui dit pas une parole 
grande ou petite jusqu'au matin. 

37. Mais au point du jour, quand 
Nabal fut revenu de son ivresse, 
sa femme lui rapporta ces choses, 
et son cœur mourut intérieure- 


(cu. xxv.) 


ment, et il devint lui-même com- 
me une pierre. 

38. Et lorsque dix jours furent 
passés, le Seigneur frappa Nabal, 
et il mourut. 

39. Lorsque David eut appris 
que Nabal était mort, il dit : Béni 
le Seigneur qui a jugé la cause 
de mon opprobre, venant de la 
main de Nabal, et qui a préservé 
son serviteur du mal! car le Sei- 
gneur a rejeté la malice de Nabal 
sur sa tête. David envoya donc, 
et il parla à Abigail, afin de la 
prendre pour femme. 

40. Et les serviteurs de David 
vinrent vers Abigail sur le Car- 
mel, et ils lui parlerent, disant : 
David nous a envoyés vers vous, 
désirant de vous prendre pour 
femme. 

41. Abigail se levant se pros- 
terna, inclinée vers la terre, et 
dit : Voicita servante; qu'elle soit 
servante pour laver les pieds des 
serviteurs de mon seigneur. 

49. Et Abigail se hâta, et elle se 
leva, monta sur son àne, et cinq 
jeunes filles, ses suivantes, allè- 
rent avec elle; et elle suivit les 
messagers de David; et elle de- 
vint sa femme. 

43. Mais David prit aussi Achi- 
noam de Jezraél; et l'une et l'au- 
tre fut sa femme. 

44. Or, Saül donna Michol, sa 


37. Fut revenu de son ivresse; littér. : Eut digéré le vin. — Mourut, c'est-à-dire fut 


glacé d'effroi. 


39. De la main. Nous avons déjà remarqué que les Hébreux employaient le mot 
main pour exprimer les idées de moyen, d'instrument, d'entremise, etc. 

40. * Sur le Carmel, à la ville de Carmel, comme au verset 2. 

41. Ta servante. Abigail parle aux envoyés de David comme si lui-méme eüt été 


présent. 


43. David avait déjà Achinoam, comme le prouve le verbe hébreu, qui est au plus- 
que-parfait, et le soin que prend fidélement l'auteur sacré de toujours nommer 
Achinoam avant Abigail. — * De Jezraél, ville des montagnes de Juda, 

45. * De Gallim, ville située entre Gabaa et Jérusalem. 


[cg. xxvi.) 
fille, femme de David, 8 Phalti, 
fils de Lais, qui était de Gallim. 


CHAPITRE XXVI. 


David se retire vers le désert de Ziph. 
Saül vient l'y chercher. David entre la 
nuit dans sa tente, et emporte sa lance 
et sa coupe. Saül reconnait l'innocence 
de David. 


1. Cependant les Ziphéens vin- 
rent vers Saül à Gabaa, disant : 
Voici que David est caché sur la 
colline d'Hachila, qui est vis-à-vis 
du désert. 

9. Et Saül se leva, et descendit 
au désert de Ziph, et avec lui trois 
mille hommes de l'élite d'Israël, 
pour chercher David dans le dé- 
sert de Ziph. 

3. Et Saül campa à Gabaa d'Ha- 
chila, qui était vis-à-vis de la so- 
litude, sur le chemin; mais David 
habitait dans le désert. Or, voyant 
que Saül était venu après lui dans 
le désert, 

4. Il envoya des espions, et il 
apprit que Saül y était venu très 
certainement. 

5. David se leva donc secrète- 
ment, et il vint au lieu où était 
Saül; et lorsqu'il eut vu le lieu 
où dormait Saül, ainsi qu'Abner, 
fils de Ner, prince de sa milice, 
et Saül dormant dans sa tente, 
et toute la multitude autour de 
lui, 

6. David parla à Achimélech 
l'Héthéen, et à Abisai, fils de Sar- 
via, frere de Joab, disant : Qui 


CxaP. XXVI. 1. Supra, xxi, 19, 


I ROIS. 


569 


descendra avec moi vers Saül, 
dans le camp? Et Abisai dit : Moi, 
je descendrai avec toi. 

1. David done et Abisai vinrent 
vers le peuple pendant la nuit, 
et ils trouvèrent Saül couché et 
dormant dans sa tente, sa lance 
fichée dans la terre, près de sa 
téte, et méme Abner et le peuple 
dormant autour de lui. 

8. Et Abisai dit à David : Le 
Seigneur a enfermé ton ennemi 
aujourd'hui dans tes mains; 
maintenant donc je le percerai de 
la lance contre la terre une fois, 
et il n'y aura pas besoin d'un se- 
cond coup. 

9. Et David répondit à Abisai : 
Ne le tue pas; car qui étendra sa 
main sur le christ du Seigneur, et 
sera innocent? 

10. Et David ajouta : Le Sei- 
gneur vit! à moins que le Sei- 
gneur ne le frappe, ou que son 
jour ne soit venu de mourir, ou 
que, descendant au combat, il ne 
périsse ; 

11. Que le Seigneur me soit 
propice, afin que je n'étende pas 
ma main sur 16 christ du Seigneur; 
maintenant donc, prendslalance, 
qui est près de sa 1616, et sa cou- 
pe, et allons-nous-en. 

12. David prit donc la lance, et 
la coupe d’eau, qui était auprès de 
la tête de Saül, et ils s'en allè- 
rent; et il n'y eut personne, qui 
les vit, qui entendit, et qui s'é- 
veillàt; mais tous dormaient, 


1. * A Gabaa, Tell el-Foul. Voir xt, 4. — La colline d'Hachila. Voir xxt, 19. 


2. * Ziph. Voir xxii, 14. 


12. Un profond sommeil du Seigneur; c'est-à-dire envoyé par le Seigneur; ou bien 
16 mot Seigneur exprime-t-il, ici; comme le mot Dieu en bien des endroits, le super- 
latif; en sorte que le sens serait un tres profond sommeil. 


570 


parce qu un profond sommeil du 
Seigneur s'était emparé d'eux. 

13. Et lorsque David eut passé 
de l'autre cóté, et qu'il se fut 
arrété au loin sur le sommet de 
la montagne, et qu'il y avait un 
grand intervalle entre eux, 

14. David cria au peuple et à 
Abner, fils de Ner, disant : Est-ce 
que tu ne répondras pas, Abner? 
Et répondant, Abner dit : Qui 
es-tu, toi qui cries, et qui troubles 
le roi? 

15. Et David dit à Abner : Est- 
ce que tu n'es pas homme? et 
quel autre est semblable à toi en 
Israél? Pourquoi donc n'as-tu pas 
gardé ton seigneur, le roi? car il 
est entré quelqu'un de la multi- 
tude pour tuerle roi ton seigneur. 

16. Ce n'est pas bien, ce que 
tu as fait; le Seigneur vit! Vous 
étes des fils de mort, vous qui 
n'avez pas gardé votre seigneur, 
lechrist du Seigneur: maintenant 
donc, vois où est la lance du roi, 
et où est la coupe d'eau, qui était 
près de sa tête ? 

47. Or, Saül connut la voix de 
David, et dit: N'est-ce pas ta voix, 
mon fils David? Et David répon- 
dit : Ma voix, mon seigneur roi. 

18. Et il ajouta : Pour quel motif 
mon seigneur persécute-t-il son 
serviteur? Qu'ai-je fait? ou quel 
mal est-il en ma main? 

19. Maintenant donc, écoutez, 
je vous prie, mon seigneur roi, 
les paroles de votre serviteur : Si 


I ROIS. 


]08. xxvr.] 


le Seigneur vous excite contre 
moi, qu'il respire l'odeur d'un 
sacrifice ; mais si ce sont les fils 
des hommes, ils sont maudits en 
la présence du Seigneur, eux qui 
m'ontrejeté aujourd'hui, afin que 
je n’habite point dans l'héritage 
du Seigneur, disant : Va, sers des 
dieux étrangers. 

20. Et maintenant, que mon 
sang ne soit point versé sur la 
terre devant le Seigneur, parce 
que le roi d'Israël est sorti pour 
chercher une puce, comme on 
poursuit la perdrix sur les mon- 
tagnes. 

91. Et Saül dit : J'ai péché, re- 
viens, mon fils David ; car je ne 
te ferai plus de mal, parce que 
mon âme a été précieuse à tes 
yeux aujourd'hui : car il parait 
que j'ai agi en insensé, et que j'ai 
ignoré beaucoup de choses. 

99. Et répondant, David dit : 
Voici la lance du roi; qu'un de: 
serviteurs du roi passe ici, et qu'il 
la prenne. 

23. Mais le Seigneur rendra à 
chacun selon sa justice et sa foi; 
car le Seigneur vous a livré au- 
jourd'hui à ma main, et je n'ai 
pas voulu étendre ma main sur 
le christ du Seigneur. 

24. Et comme votre âme a été 
aujourd'hui élevée à mes yeux, 
ainsi soit élevée mon âme aux 
yeux du Seigneur, et quil me 
délivre de toute angoisse. 

95. Saül donc dit à David : Bénis 


16. Des fils de mort. Voy. xx, 31. 


19. Qu'il respire, etc., c'est-à-dire qu'il ait pour agréable un sacrifice que je lui offre, 
en épargnant mon ennemi, et en souffrant sans murmure tout ce qu'il me fait souffrir. 

20. Devant le Seigneur; parce que le Seigneur étant témoin de ma mort ne man- 
quera pas de la venger, à cause de mon innocence. 

25. Tu achèveras, etc.; littér. e£ certainement faisant tu feras; ce qui est un pur 


hébraisme. 


[cH. xxvi.) 


sois-tu, mon fils David; et tu 
achèveras certainement ce que 
tu feras, et tu pourras beaucoup. 
Or, David s'en alla en son chemin, 
et Saül retourna en sa demeure. 


CHAPITRE XXVII. 


David seretiredenovveau auprès d'Achis, 


roi de Geth, qui lui donne Siceleg. Il 
fait des courses sur les ennemis d'Is- 
raél. 


1. Et David dit en son cœur : Je 
tomberai enfin un jour dans les 
mains de Saül. Ne vaut-il pas 
mieux que je m'enfuie, et que je 
me sauve dans la terre des Philis- 
tins, afin que Saül perde l'espoir 
etcesse de me chercher dans tous 
les confins d'Israél? Je fuirai donc 
ses mains. 

9. Ainsi David se leva, et s'en 
alla, lui etsix cents hommes avec 
lui, vers Achis, fils de Maoch, roi 
de Geth. 

9. Et David habita avec Achis à 
Geth, lui et ses hommes, chaque 
homme et sa maison ; et David et 
ses deux femmes, Achinoam de 
Jezraél et Abigail, femme de Na- 
bal du Carmel. 

4. Et l'on annonca à Saül que 
David s'était enfui à Geth, et il ne 
continua plus à le chercher. 

ὃ. Or David dit à Achis : Si j'ai 
trouvé gráce à vos yeux, qu'il me 
soit donné un lieu dans une des 
villes de ce pays, afin que j'y ha- 
bite; car pourquoi votre servi- 
teur demeure-t-il dans la cité du 
roi avec vous? 


I ROIS. 571 


6. Ainsi donc, Achis lui donna 
en ce jour-là Siceleg : et c’est 
pour cette raison que Siceleg est 
devenue la possession des rois de 
Juda juqu'à ce jour. 

7. Or, le nombre des jours pen- 
dant lesquels David habita dans 
le pays des Philistins fut de qua- 
tre mois. 

8. Et David monta, ainsi que ses 
hommes, et ils pillaient Gessuri, 
Gerzi, et les Amalécites ; car ces 
cantons étaient habités dans ce 
pays depuis longtemps, sur le 
chemin de Sur jusqu'à la terre 
d'Egypte. 

9. Et David frappait toute la 
contrée, et il ne laissait vivant 
ni homme, ni femme ; et enlevant 
brebis, beeufs, ànes, chameaux et 
vêtements, il s'en retournait et 
venait vers Achis. 

10. Or, Achis lui demandait : 
Sur qui es-tu tombé aujourd’hui? 
David répondait : Sur le midi de 
Juda, sur le midi de Jéraméel, et 
sur le midi de Céni. 

11. 11 ne laissait en vie ni hom- 
me ni femme, et il n'en amenait 
point 8 Geth, disant : C'est de peur 
qu'ils ne disent contre nous : Da- 
vid a fait ces choses; et c'est à 
cela qu'il s'est arrété durant tous 
les jours qu'il habita dans le pays 
des Philistins. 

12. Ainsi Achis se confia à Da- 
vid, disant : Il a fait beaucoup de 
maux àson peuple Israél; il sera 
donc pour moi un serviteur per- 
pétuel. 


5. * Geth, l'une des cinq principales villes des Philistins. 

6. * Siceleg, au sud de Juda. Sa situation exacte n'est pas connue. 

8. Sur le chemin; littér. à ceux qui vont, quand on va, en allant. — * Gessuri, 
Gerzi désignent des nomades habitant le désert d'Arabie, comme les Amalécites. 

10. * Jéraméel, de la tribu de Juda. — Céni, le pays habité par les Cinéens, au sud 


de Juda. 


572 I ROIS. 


CHAPITRE XXVIII. 


Dernière guerre des Philistins contre 
Saül. David s'engage à y accompagner 
le roi de Geth. Saül consulte une pytho- 
nisse, qui évoque Samuel. 


1. Or, il arriva, en ces jours-là, 
que les Philistins assemblerent 
leurs troupes, pour se préparer à 
la guerre contre Israël; et Achis 
dit à David : Sache bien que tu 
viendras avec moi dans mon 
camp, toi et tes hommes. 

2. Et David répondit à Achis : 
Maintenant vous saurez ce que 
votre serviteur doit faire. Achis 
dit encore à David : Et moi je t'é- 
tablirai garde de ma personne 
pour toujours. 

9. Or, Samuel était mort, tout 
le peuple d'Israël l'avait pleuré, 
et ils l'avaient enseveli à Rama- 
tha, sa ville. Et Saül avait chassé 
les magiciens et les devins de son 
pays. 

4. Et les Philistins s'assem- 
blèrent et vinrent, et ils cam- 
pèrent à Sunam ; mais Saül aussi 
assembla tout Israël, et vint à 
Gelboé. 

5. Et Saül vit le camp des Phi- 
listins, et il eraignit, et son cœur 
fut tout saisi d'épouvante. 

6. Et il consulta le Seigneur, et 
le Seigneur ne lui répondit point, 


[cH. xxvi. 


ni par des songes, ni par les pré- 
tres, ni par les prophetes. 

7. Alors Saül dit à ses servi- 
teurs : Cherchez-moi une femme 
ayant un esprit de python, et j'i- 
rai à elle, et je l'interrogerai. Et 
ses serviteurs lui répondirent : Il 
y a à Endor une femme qui a un 
esprit de python. 

8. Il changea donc son habille- 
ment, se revêtit d'autres véte- 
ments, et s'en alla, lui et deux 
hommes avec lui, et ils vinrent 
vers la femme pendant la nuit, et 
il lui dit : Devine pour moi par 
l'esprit de python, et évoque-moi 
celui que je te dirai. 

9. Et la femme lui répondit : 
Voilà que tu sais tout ce qu'a fait 
Saül, et de quelle maniere il a 
exterminé de la terre les magi- 
ciens etles devins ; pourquoi donc 
tends-tu des pièges à mon âme, 
pour que je sois tuée? 

10. Et Saül lui jura par le Sei- 
gneur, disant : Le Seigneur vit! 
il ne t'arrivera rien de mal àcause 
de ceci. 

11. Et la femme lui demanda : 
Qui t'évoquerai-je? Il répoudit : 
Evoque-moi Samuel. 

19. Or, quand la femme eut vu 
Samuel, elle s'écria à haute voix, 
et dit à Saül : Pourquoi m'en avez- 
vous imposé? car vous étes Saül. 


Lévit., xx, 27; Deut., xvii, 11;‏ .1 — .23 זא XXVIII. 3. Supra, xxv, 1; Eccli.,‏ .ג 
Actes, xvi, 16.‏ 


3. Samuel était mort. Le verbe en hébreu est au plus-que-parfait; d'ailleurs cette 
mort a été déjà rapportée. Voy. xxv, 1. — * Ramatha, Ramathaimsophim. Voir 1, 4. 

4. * Sunam ou Sunem, dans la plaine d'Esdrelon, au nord de Jezraél, au sud de 
Naim. — Gelboé, au sud-est de Jezrael. 

1. Un esprit de python. Voy. note sur Lévitique, xx, 21. — * Endor, au nord-est 
de Naim, en face du mont Thabor. 

12. Les Péres de l'Eglise, la plupart des juifs et des interprétes catholiques sou- 
tiennent que par une intervention surnaturelle du pouvoir de Dieu, Samuel a réelle- 
ment apparu en personne à Saül. Ce sentiment est d'ailleurs plus conforme à la 
lettre de l'Ecriture et à tout le contexte. 


"CH. Χχνπι.] 


13. Alors le roi lui dit : Ne crains 
point; qu'as-tu vu? Et la femme 
répondit àSaül:Ce sont des dieux 
que j'ai vus montant de la terre. 

14. Et il lui demanda : Quelle 
est sa forme? Elle répondit : Un 
vieillard est monté, et il est cou- 
vert d'un manteau. Et Saül com- 
prit que c'était Samuel, et il s'in- 
clina sur sa face vers la terre, et 
il se prosterna. 

15. Or Samuel dit à Saül : Pour- 
quoi m'avez-vous troublé, de 
sorte que jefusse évoqué? Et Saül 
répondit: Je suis dans une grande 
contrainte; puisque les Philistins 
combattent contre moi, que Dieu 
s'est retiré de moi, et quil n'a 
point voulu m'entendre ni par 
l'entremise des prophètes, ni par 
des songes; je vous ai donc ap- 
pelé, pour que vous me montriez 
ce que je dois faire. 

16. Et Samuel répliqua : Pour- 
quoi m'interrogez-vous, puisque 
le Seigneur s'est retiré de vous, 
et qu'il est passé à votre rival? 

47. Car le Seigneur vous fera, 
comme ila dit par mon entremise, 
et il divisera votre royaume en 
larrachant de votre main, et il 
le donnera à votre parent David, 

18. Parce que vous n'avez pas 
obéi àla voix du Seigneur, et vous 
n'avez pas accompli la colere de 


45. Eccli., xLvi, 23. 


I ROIS. 


513 


sa fureur contre Amalec; c'est 
pour cela que ce que vous souf- 
frez, le Seigneur vous l'a fait au- 
jourd'hui. 

19. Et le Seigneur abandonnera 
aussi Israél avec vous aux mains 
des Philistins; mais demain vous 
et vos fils vous serez avec moi; 
et méme le camp d'Israël, le Sei- 
gneur le livrera aux Philistins. 
.90. Et aussitôt Saül tomba et 
resta étendu sur la terre; car il 
avait été épouvanté des paroles 
de Samuel, et il n'y avait pas de 
force en lui, parce qu'il n'avait 
pas mangé de pain durant tout 
ce jour-là. 

91. C'est pourquoi cette femme 
vint vers Saül (car il était fort 
troublé), et elle lui dit : Voilà que 
votre servanteaobéi à votre voix, 
et j'ai mis mon âme en ma main, 
et jai écouté vos paroles, que 
vous m'avez dites. 

22, Maintenant donc écoutez, 
vous aussi, la voix de votre ser- 
vante, et je mettrai devant vous 
une bouchée de pain, afin que 
mangeant, vous repreniez vos 
forces, et que vous puissiez faire 
la route. 

93. Saül refusa, et dit : Je ne 
mangerai point. Mais ses servi- 
teurs et 18 femme le contraigni- 
rent, et enfin, leur voix écoutée, 


13. Ce sont des dieux. Le mot Elóhim, qui signifie proprement le vrai Dieu, se 
donne aux fausses divinités, aux anges, aux juges, aux magistrats; et quoiqu'il soit 
au pluriel par sa forme grammaticale, on l'emploie pour désigner une seule personne 
à laquelle on veut donner les marques d'un grand honneur et d'un grand respect, 
comme ici la pythonisse à Samuel. 

14. * D'un manteau, le long vétement supérieur que portaient les prophètes. 

18. La colère de sa fureur. Voy. xx, 34. 

20. * « ll est évident, dit trés justement M. Munk, que l'auteur de ce récit, ainsi que 
ceux pour qui il écrivait, croyaient à l'existence du prophète au delà de la tombe et 
à un séjour où les [âmes] se réunissaient après la mort. » 

21. J'ai mis mon áme en ma main. ΝΟΥ͂. xix, 5. 


574 


il se leva de terre, el s'assit sur 
le lit. 

94. Or, cette femme avait un 
veau gras en sa maison, elle se 
hâta, et le tua; puis prenant de 
la farine, elle la pétrit, et fit cuire 
des pains azymes, 

95. Et elle les mit devant Saül 
et devant ses serviteurs. Lors- 
qu'ils eurent mangé, ils se levè- 
rent, et marcherent durant toute 
cette nuit. 


CHAPITRE XXIX. 


Les princes des Philistins obligent Achis 
de renvoyer David à Siceleg. 


1. Toutes les troupes des Phi- 
listins s'assemblerent done à A- 
phec; mais Israël aussi campa 
près de la fontaine de Jezraël. 

9. Or, les satrapes des Philistins 
marchaient avec des compagnies 
de cent et de mille hommes; 
mais David et seshommes étaient 
à l'arriere-garde avec Achis. 

3. Les princes des Philistins 
dirent à Achis : Que veulent dire 
ces Hébreux? Et Achis répondit 
aux princes des Philistins : Est-ce 
que vousne connaissez pas David, 
qui a été serviteur de Saül, roi 
d'Israél, qui est avec moi depuis 
nombre de jours et méme d'an- 
nées, et dans lequel je n'ai rien 
trouvé, depuis le jour qu'il s'est 
réfugié auprès de moi jusqu'à ce 
jour-ci ? 

Car. XXIX. 4, I Par., xir, 19. 


I ROIS. 


[cu. xxix.] 


4. Mais les princes des Philistins 
s'irriterent contre lui, et lui di- 
rent : Que cet homme s'en re- 
tourne; qu’il demeure dans son 
lieu, dans lequel vous l'avez éta- 
bli, et qu'il ne descende pas avec 
nous au combat, afin qu'il ne 
devienne point notre ennemi, 
lorsque nous aurons commencé 
à combattre ; car comment pour- 
ra-t-il apaiser son seigneur autre- 
ment qu'avec nos têtes ? 

ὃ. N'est-ce pas ce David, en 
l'honneur duquel on chantait 
dans les chœurs : Saül a frappé 
sur ses mille, et David sur ses dix 
mille ? 

6. Achis donc appela David, et 
lui dit: Le Seigneur vit! tu es 
droit et bon en ma présence, et 
ta sortie et ton entrée est avec 
moi dans le camp ; et je n'ai trou- 
vé en toi rien de mal, depuis le 
jour que tu es venu vers moi jus- 
qu'à ce jour-ci; mais tu ne plais 
pas aux satrapes. 

7. Retourne-t'en donc, et va en 
paix, et n'offense pas les yeux 
des satrapes des Philistins. 

8. Et David demanda à Achis : 
Qu'ai-je donc fait, et qu'avez-vous 
trouvé en moi, votre serviteur, 
depuis le jour que j'ai été en vo- 
tre présence jusqu'à ce jour-ci, 
pour que je ne vienne point, et 
que je ne combatte point contre 
les ennemis de mon seigneur roi? 

9. Mais répondant, Achis dit à 


a — M MM ——————————— —— 


1. * Près de la fontaine de Jezraël. C'est probablement la fontaine d'Ain-Harod, dé- 
erite note sur Juges, vu, 5. — Aphec était à l'ouest de Naim, au nord-ouest de Sunem. 

6. Le Seigneur vit! Achis jure par le Seigneur ou Jéhova pour donner plus d'assu- 
rance à David, ou parce qu'il reconnaissait le Dieu des Hébreux, sinon comme la 
seule divinité, du moins comme semblable à celles qui étaient en grand nombre 
chez les paiens. — Par l'expression l'entrée et la sortie, les Hébreux entendaient 
toutes les actions, l'ensemble de la conduite. 


‘CH. XXX.] 


David : Je sais que tu es bon à 
mes yeux comme un ange de 
Dieu ; mais les princes des Philis- 
tins ont dit: 11 ne montera point 
avec nous au combat. 

10. Ainsi lève-toi, des le matin, 
toi et les serviteurs de ton sei- 
gneur qui sont venus avec toi; 
et lorsque vous vous serez levés 
pendant la nuit, et qu'il aura 
commencé à faire jour, partez. 

11. C'est pourquoi David se leva 
pendant la nuit, lui et ses hom- 
mes, pour partir dès le matin, et 
retourner dans la terre des Philis- 
tins; mais les Philistins monte- 
rent à Jezraél. 


CHAPITRE XXX. 


David, à son retour, trouve Siceleg pillée 
par les Amalécites. Il les poursuit, les 
défait, reprend sur eux le butin et le 
partage à ses troupes et aux anciens de 
Juda. 


1. Or, lorsque David et ses 
hommes arrivèrent à Siceleg, au 
troisième jour, les Amalécites 
avaient fait une irruption du cóté 
austral, contre Siceleg, avaient 
battu Siceleg et l'avaient mise à 
feu. 

2. Et ils avaient emmené les 
femmescaptives, et depuis le plus 
petit jusqu'au grand : ils n'avaient 
tué personne; mais ils avaient 


XXX. 1. I Par., xir, 90.‏ ,שג 


I ROIS. 515 


tout emmené avec eux, et ils s'en 
allaient par leur chemin. 

3. Lors donc que David et ses 
hommes furent arrivés à la ville, 
et quils eurent trouvé qu'elle 
avait été mise à feu, et que leurs 
femmes, leurs fils et leurs filles 
avaient été emmenées captives, 

4. David et le peuple qui était 
avec lui éleverent leurs voix, et 
pleurèrent jusqu'à ce que les lar- 
mes leur manquerent. 

9. Car méme les deux femmes 
de David, Achinoam de Jezraél, 
et Abigail, femme de Nabal du 
Carmel, avaient étó emmenées 
captives. 

6. Et David fut très contristé ; 
car le peuple voulait le lapider, 
parce que l’âme de chacun était 
dans lamertume à cause de ses 
fils et de ses filles ; mais David se 
fortifia dans leSeigneur son Dieu. 

7. ἘΠῚ dit à Abiathar, le prêtre, 
fils d'Achimélech : Approchez-moi 
l'éphod. Et Abiathar approcha 
l'éphod de David. 

8. Et David consulta le Sei- 
gneur, disant: Poursuivrai-je ces 
brigands, et les prendrai-je, ou 
non? Et le Seigneur lui répondit : 
Poursuis, car, sans doute, tu les 
prendras, et tu recouvreras le 
butin. 

9. David s'en alla donc, lui et 


1. * Du côlé austral, dans la Palestine du sud. — Siceleg. Voir xxvii, 6. 


3. A la ville; c'est-à-dire à Siceleg. 


1. Approchez-moi léphod. C'est la traduction littérale de la Vulgate et du texte 
hébreu, que les uns expliquent par : Donnez-moi, attachez-moi l'éphod, et les autres 
par : Mettez, revétez l'éphod pour moi, c'est-à-dire, afin de consulter le Seigneur 
pour moi. — * Sur l'éphod lui-même, voir la note sur Exode, xxv, 1. 

8. David consulta le Seigneur; ou par lui-méme, revétu de l'éphod, ou par Abiathar 


Voy. le vers. 1 


9. * Bésor. Ce torrent devait passer près de Siceleg au sud et se jeter dans la Mé- 


diterranée au sud de Gaza. 


510 


les six cents hommes qui étaient 
avec lui, et ils vinrent jusqu'au 
torrent de Bésor; et quelques-uns 
fatigués s'arréteérent. 

10. Mais David les poursuivit 
avec quatre cents hommes ; car 
deux cents s'étaient arrétés, qui, 
fatigués, ne pouvaient passer le 
torrent de Bésor. 

41. Et ils trouverent un Egyp- 
tien dans la campagne, et ils l'a- 
menèrent à David, et ils lui don- 
nèrent du pain pour manger, et 
de l'eau pour boire ; 

12. Et de plus une partie d'une 
panerée de figues sèches et deux 
grappes de raisins secs. Lorsqu'il 
eut mangé ces choses, ses esprits 
revinrent, et il fut restauré ; car 
il n'avait pas mangé de pain ni bu 
d'eau pendant trois jours et trois 
nuits. 

18. C'est pourquoi David lui 
demanda : À qui es-tu? et d'où 
es-tu ? et où vas-tu? Celui-ci ré- 
pondit : Je suis un jeune Egyp- 
tien, esclave d'un Amalécite; mais 
mon maitre m'a abandonné, par- 
ce que je tombai malade avant- 
hier. 

14. Car nous, nous avons fait 
une sortie vers la région australe 
du Céréthien, et contre Juda, et 
vers le midi de Caleb, et nous 
avons mis Siceleg à feu, 

15. Et David lui dit : Peux-tu 
me conduire vers cette troupe? 
L'Egyptien répondit : Jurez-moi 
par Dieu, que vous ne me tuerez 
point, et que vous ne me livrerez 
point aux mains de mon maitre, 


I ROIS. 


[cu. xxx.) 


et moi je vous conduirai vers 
cette troupe. Et David lui jura. 

16. Et lorsque l'Egyptien l'eut 
conduit, voilà que les Amalécites 
étaient couchés sur la face de 
toute la terre, mangeant et bu- 
vant, et comme célébrant un 
jour de féte, pour tout le butin, 
et les dépouilles qu'ils avaient 
enlevés de la terre des Philistins, 
et de la terre de Juda. 

11. Et David les battit depuis le 
soir jusqu'au soir du jour suivant, 
et il n'en échappa aucun, sinon 
quatre cents jeunes hommes qui 
étaienl montés surles chameaux, 
et s'étaient enfuis. 

18. David donc reprit tout ce 
que les Amalécites avaient em- 
porté, ainsi il reprit ses deux 
femmes. 

19. Et rien ne manqua, depuis 
le petit jusqu'au grand, tant des 
fils que des filles, ni des dépouil- 
les; car tout ce qu'ils avaient pris, 
David le ramena entierement. 

20. Il retira donc tous les trou- 
peaux de menu et de gros bétail, 
et les fit marcher devant lui; et 
on disait: Voici le butin de Da- 
vid. 

91. David vint ensuite vers les 
deux cents hommes, qui, fati- 
gués, s'étaient arrétésetn'avaient 
pu suivre David, et à qui il avait 
commandé de rester au torrent 
de Bésor; ceux-ci sortirent au- 
devant de David et du peuple qui 
était avec lui. Or, David s'appro- 
chant du peuple, le salua pacifi- 
quement. 


14. * Céréthien, Crétois, tribu philistine. — Ca/eb possédait Hébron et ses dépen- 


dances. 


16. Sur la face de toule la terre, c'est-à-dire dans toute la campagne, dans laquelle 


is étaient dispersés. 


[cH. xxxi.] 


22 Mais tout homme très mé- 
chant et inique, d’entre les hom- 
mes qui étaient allés avec David, 
répondant, dit: Parce qu'ils ne 
sont pas venus avec nous, nous 
ne leur donnerons rien du butin 
que nous avons repris; mais que 
chacun se contente de sa femme 
et de ses enfants; et, lorsqu'ils les 
auront recus, qu'ils se retirent. 

23. Mais David dit : Ce n'est pas 
ainsi, mes frères, que vous dispo- 
serez des biens que le Seigneur 
nous a livrés, il nous a conservés, 
eta mis en nos mainsles brigands 
qui étaient sortis violemment 
contre nous; 

24. Et nul ne vous écoutera sur 
cette parole; car égale sera la 
part de celui qui est descendu au 
combat, et de celui qui est resté 
près des bagages, et ils partage- 
ront également. 

25. Or, c'est ce qui a été fait 
depuis ce jour-là, et dans la suite 
établi, fixé, et comme une loi 
dans Israël jusqu'à ce jour. 

26. David donc vint à Siceleg, 
et il envoya des dons du butin 
pris aux anciens de Juda, ses pro- 
ches, disant : Recevez cette béné- 


₪89. XXXI. 2. I Par., x, 2, 5. 


I ROIS. 971 


diction du butin des ennemis du 
Seigneur; 

27. A ceux qui étaient à Béthel, à 
ceux qui étaient à Ramoth vers le 
midi, à ceux qui étaient à Jéther, 

28. À ceux qui étaient à Aroer, 
à ceux qui étaient à Séphamoth, 
à ceux qui étaient à Esthamo, 

29. À ceux qui étaient à Ra- 
chal, à ceux qui étaient dans les 
villes de Jéraméel, à ceux qui 
étaient dans les villes de Céni, 

30. À ceux qui étaient à Arama, 
à ceux qui étaient sur le lac d'A- 
san, à ceux qui étaient à Athach, 

31. A ceux qui étaient à Hébron, 
et aux autres qui étaient dans les 
lieux dans lesquels avaient de- 
meuré David, lui-méme, et ses 
hommes. 


CHAPITRE XXXI. 


Combat des Philistins contre Israël. Mort 
de Saül et de ses fils. 


1. Cependant les Philistins com- 
battaient contre Israél; et les 
hommes d'Israël s'enfuirent de- 
vant les Philistins, et tomberent 
morts surla montagne de Gelboé. 

2. Etles Philistins fondirent sur 


הו וו ו ——————————— 


26. Cette bénédiclion; ce présent. Voy. Genèse, ווצצצ‎ 11. 

27. * Béthel. Voir Genèse, xu, 8. — lamoth, daus le Négeb ou désert du sud de la 
Palestine. — Jélher, dans les montagnes de Juda, ville sacerdotale. Josué, xxI, 14. 

28. * Aroer de Juda, dans l'ouadi Ararah. Il n'en reste plus que quelques murs. 
Ces ruines sont à trois heures au sud-est de Bersabée, — Séphamoth, vilie inconnue, 
— Esthamo, appelée aussi Esthémo et Isthémo, ville sacerdotale des montagnes de 


Juda, au sud d'Hébron. Josué, XXI, 14. 


29. * Rachal, ville inconnue. Les Septante lisent, et sans doute avec raison, Carmel, 
la ville dont il est parlé plusieurs fois plus haut dans l'histoire de Nabal et d'Abigail, 


xxv, 2. — Jéraméel, Céni. Voir xxvi, 10. 


30. * Arama ou Horma-Séphaath. Voir Nombres, xiv, 45. — Sur le lac d'Asan. Lieu 
inconnu. Divers manuscrits et diverses versions lisent Bor ou Ber Asan, c'est-à-dire 


le puits d'Asan. — AtAhach, inconnu. 


31. * Hébron. Voir la note sur Genèse, xit, 18, 


1. * Gelboë. Voir xvnt, 4. 
A. 1: 


37 


| 


578 


Saül et ses fils, et tuèrent Jona- 
thas, Abinadab et Melchisua, fils 
de Saül. 

3. Et tout le poids de la bataille 
tomba sur Saül; et les archers le 
poursuivirent, et il fut griève- 
ment blessé par les archers. 

4. Alors Saül dit à son écuyer : 
Tire ton glaive et frappe-moi, de 
peur que ces incirconcis ne vien- 
nent, et ne metuent, en se jouant 
de moi. Et son écuyer ne voulut 
pas; car il avait élé épouvanté 
d'une trop grande terreur; c'est 
pourquoi Saül saisit son glaive 
et se jeta dessus. 

ὃ. Ce qu'ayant vu son écuyer, 
c'est-à-dire que Saül était mort, 
il se jeta lui aussi sur son épée 
et mourut avec lui. 

6. Saül mourut donc, en méme 
temps que ses trois fils, son 
écuyer, et tous ses hommes, en 
ce jour-là. 

7. Or, les hommes d'Israël qui 
étaient au delà de la vallée et au 
delà du Jourdain, voyant que les 
Israélites avaient fui, et que Saül 
était mort ainsi que ses fils, aban- 
donnèrent leurs cités et s'enfui- 
rent; et les Philistins vinrent et 
y habitèrent. 


4. 1 Par., x, 4. — 11. 11 Rois, τι, 4. 


I ROIS. 


(cH. xxxr.] 


8. Mais, le jour suivant arrivé, 
les Philistins vinrent pour dé- 
pouillerceux qui avaient été tués, 
et ils trouvèrent Saül et ses trois 
fils étendus sur la montagne de 
Gelboé. 

. 9. Et ils coupèrent la tête de 
Saül, et le dépouillèrent de ses 
armes; puis, ils envoyèrent dans 
laterre des Philistins tout autour, 
pour que la nouvelle fut portée 
dans le temple des idoles, et par- 
mi les peuples. 

10. Et ils déposèrent ses armes 
dans le temple d'Astaroth ; mais 
son corps, ils le suspeudirent au 
mur de Bethsan. 

11. Lorsque les habitants de 
Jabès-Galaad eurent appris tout 
ce que les Philistins avaient fait 
à Saül, 

12. Tous les hommes les plus 
valllants se leverent, et marchè- 
rent pendant toute la nuit, et ils 
enleverentle cadavre de Saül, et 
les cadavres de ses fils du mur 
de Bethsan ; puis, ils vinrent à Ja- 
bès-Galaad, et les brülèrent là. 

18. Et 115 emportèrent leurs os, 
et les ensevelirent dans le bois de 
Jabès, et ils jeûnèrent pendant 
sept jours. 


6. * Sur les causes de ce châtiment de Saül, voir I Paralipomènes, x, 13. 

10. Le temple d’Astaroth. Voy. Juges, ut, 1. — * L'Astaroth des Philistins s'appelait 
proprement Atergatis ou Derketo, voir la note sur I Rois, v, 2, mais elle ne différait 
guére d'Astarté que par ia forme. — Bethsan, appelée depuis Scythopolis, était située 
à l'ouest et non loin du Jourdain, au sud du lac de Tibériade. 


41. * Jabés-Galaad. Noir Juges, xxi, 8. 


13. Ils jeünérent; eu signe de deuil. Le jeûne et 16 deuil étaient comme inséparables; 


le deuil ordinaire était de sept jours. 


[cu. 1.] 


II ROIS. 519 


II ROIS 


CHAPITRE PREMIER. 


David apprend la fuite d'Israél et la mort 
de Saül et de Jonathas. Il fait mourir 
celui qui se vantait d'avoir tué Saül. 
Plainte de David sur la mort de Saül 
et de Jonathas. 


1. Or, il arriva, après que Saül 
fut mort, que David revint de la 
défaite d'Amalec, et qu'il demeu- 
ra à Siceleg pendant deux jours. 

2. Mais au troisieme jour, il 
parutun homme, venant du camp 
de Saül, le vétement déchiré et 
la téte couverte de poussière; et 
des qu'il arriva aupres de David, 
il tomba sur sa face, et se pros- 
terna. 

3. Et David lui demanda : D'où 
viens-tu ? Celui-ci lui répondit : 
Je me suis échappé du camp d'Is- 
rael. 

4. David lui demanda encore : 
Qu'est-ce qui a été fait? Apprends- 
le moi. Il répondit : Le peuple 
s'est enfui de la bataille, et beau- 
coup d'entre le peuple, ayant suc- 
combé, sont morts ; et Saül méme 
et Jonathas son fils ont péri. 

ὃ. Et David dit au jeune homme 
qui lui apportait la nouvelle : 


D'oü sais-tu que Saül est mort, et 
Jonathas son fils? 

6. Et le jeune homme qui lui 
apportaitla nouvelle lui répondit: 
Je suis venu par hasard sur la 
montagne de Gelboé, et Saül était 
appuyé sur sa lance ; or, les cha- 
riots et les cavaliers s'avancaient 
vers lui, 

1. Et s'étant retourné, et me 
voyant, il m'a appelé. Et quand 
je lui eus répondu : Me voici, 

8. Il me demanda : Qui es-tu ? 
Et je lui répondis : Je suis Ama- 
lécite. 

9. Alorsil me dit : Jette-toi sur 
moi, et tue-moi, parce que je suis 
en proie aux angoisses, et que 
toute mon àme est encore en moi. 

10. Me jetant donc sur lui, je 
letuai;car je savais qu'il ne pou- 
vait pas vivre après son désastre; 
alors je pris le diadème qui était 
sur sa tête, et le bracelet de son 
bras, et je les apportai ici à vous, 
mon seigneur. 

11. Mais David prenant ses vé- 
tements, les déchira; ce que firent 
aussi tous les hommes qui étaient 
avec lui. 

12. Et ils furent dans le deuil, 


4. Qu'est-ce qui a été fait? Que s'est-il passé? Qu'est-il arrivé? littér.: Quelle chose; 
car le terme hébreu que la Vulgate a rendu ici par parole, signifie aussi cAose, 


affaire. 


6. Saül était appuyé, etc. L'Amalécite dit ce qu'il veut pour s'attribuer le prétendu 
mérite d'avoir tué l'ennemi de David; car, comme on l'a vu au chapitre précédent, 
Saül s'était jeté sur son glaive pour se tuer lui-même. 

10. Les hommes, surtout ceux qui étaient élevés en dignité, portaient des bracelets 
de méme que les femmes. On sait que les Romains en donnaient aussi bien que des 
couronnes d'or à ceux qui s'étaient distingués par leur valeur dans les combats. 

11. Déchirer ses vétements était une marque de deuil commune aux anciens 


peuples. 


580 II ROIS. 


et ils pleurèrent et ils jeûnèrent 
jusqu'au soir, au sujet de Saül, 
de Jonathas, son fils, du peuple 
du Seigneur et de la maison d'Is- 
raél, parce qu'ils avaient suc- 
combé au glaive. 

13. Et David dit au jeune hom- 
me qui lui avait apporté la nou- 
velle : D'où es-tu? Il répondit : Je 
suis fils d'un étranger, d'un Ama- 
lécite. 

14. Et David lui dit : Pourquoi 
n'as-tu pas craint de lever ta 
main, pour tuer le christ du Sei- 
gneur? 

15. Et David appelant un de ses 
serviteurs, dit : Approche-toi, 
jette-toi sur lui. Le serviteur le 
frappa, et il mourut. 

16. Et David ajouta : Ton sang 
sur ta téte! car ta bouche a parlé 
contre toi, disant : C'est moi qui 
ai tué le christ du Seigneur. 

17. Alors David fit entendre 
cette complainte sur Saül et sur 
Jonathas, son fils 

48. (Et il ordonna qu'on ensei- 
gnât l'arc aux enfants de Juda, 
comme il est écrit dans le Livre 
des Justes), el il dit : Considère, 
ὃ Israël, ceux qui sont morts sur 


Cuap. I. 14. Ps. civ, 15. 


(ca. 1.] 


tes hauts lieux, couverts de bles- 
sures. 

19. Les illustres, ὃ Israël, ont 
été tués sur tes montagnes : 
comment des forts sont-ils tom- 
bés ? | 

20. Ne lannoneez pas dans 
Geth, ne l'annoncez pas dans les 
carrefours d'Ascalon, de peur que 
les filles des Philistins ne se li- 
vrent à la joie, et que les filles 
des incirconcis ne bondissent 
d'allégresse. 

21. Montagnes de Gelboé, que 
ni pluie, ni rosée ne viennent 
sur vous : qu'il n'y ait point de 
champs de prémices, parce que 
là a été jeté un bouclier de forts, 
le bouclier de Saül, comme s'il 
n'avait pas été oint avec l'huile. 

22. La flèche de Jonathas n'est 
jamais retournée en arriere, sans 
avoir du sang de ceux qui ont été 
tués, et de la graisse des forts, et 
le glaive de Saül n'est pas revenu 
en vain. 

23. Saül et Jonathas, aimables 
et beaux dans leur vie, méme à 
leur mort, n'ont pas été séparés; 
plus rapides que des aigles, plus 
forts que des lions. 


18. L'arc. 11 nous paraît très simple et très naturel de considérer ce mot, qui a fort 
embarrassé les commentateurs, comme le titre de la complainte ou élégie de David, 
parce que l'auteur y fait surtout l'éloge de l'arc de Saül et de celui de Jonathas. Les 
écrivains profanes en ont souvent usé ainsi dans leurs compositions. — * Tes hauts 
lieux, les lieux élevés. x 

20. * Geth, l'une des cinq villes principales des Philistins, au pied des montagnes 
de Juda. — Ascalon, dans la plaine de la Séphéla, sur la Méditerranée, ville forte 
des Philistins 

91. Comme s'il n'avait pas été, etc. Quelques interprétes rapportent ces paroles au 
bouclier de Saül; mais la plupart les appliquent à Saül lui-méme, qui avait été oint 
ou sacré avec l'huile sainte. — * Gelboë. Voir I Rois, xvitt, 4. 

92. Sans avoir du sang. C'estla seule traduction admissible; car, outre que le con- 
texte l'exige, ce passage est un de ceux dans lesquels la Vulgate, à l'exemple de la 
Version grecque, donne aux particules hébraiques leur sens le plus ordinaire, bien 
qu'elles y aient leur signification moins usitée. 


[cu. [.זז‎ 

94. Filles d'Israél, pleurez sur 
Saül, qui vous revétait d'écarlate 
au milieu des délices, et vous 
fournissait de l'or pour votre pa- 
rure. 

95. Comment des forts sont-ils 
tombés dans la bataille? Jonathas 
a été tué sur tes hauteurs. 

96. Je pleure sur toi, mon frere, 
Jonathas, de la plus grande beau- 
té, aimable au-dessus de l'amour 
des femmes. Comme une mère 
aime son fils unique, ainsi moi je 
te chérissais. 

97. Comment des forts sont-ils 
tombés, et des armes guerrières 
ont-elles péri? 


CHAPITRE II. 


David est sacré roi de Juda, et Isboseth, 
fils de Saül, est établi roi d'Israél. Com- 
bat entre l'armée de David et celle d'Is- 
boseth. David est victorieux. 


1. Et apres cela David consulta 
le Seigneur, disant : Est-ce que 
je monterai dans une des villes 


(παρ, II. 4. 1 Mach., זז‎ 57. 


II ROIS. 


581 


de Juda? Et le Seigneur lui dit : 
Monte. Alors David demanda : 
Oü monterai-je? Et le Seigneur 
lui répondit : A Hébron. 

2. David donc monta, et ses 
deux femmes Achinoam , Jezraé- 
lite, et Abigail, femme de Nabal 
du Carmel. 

3. Mais David mena aussi les 
hommes qui étaient avec lui, 
chacun avec sa maison ; et ils de- 
meurerent dans les villes d'Hé- 
bron. 

4. Alors vinrent les hommes de 
Juda, et ils oignirent là David, 
afin qu'il régnát sur la maison de 
Juda. Et on annonca à David que 
les hommes de Jabès-Galaad 
avaient enseveli Saül. 

5. David donc envoya des mes- 
sagers aux hommes de Jabès-Ga- 
laad, et leur dit : Bénis soyez du 
Seigneur, vous qui avez fait cette 
miséricorde à votreseigneur 5811], 
et l'avez enseveli! 

6. Et maintenant le Seigneur 


21. * L'élégie de David sur la mort de Saül et de Jonathas portait le nom de chant 
de l'arc. Elle est composée avec beaucoup d'art. Il y a dans l'original deux vers 
d'introduction et deux de conclusion; les derniers mots du y. 19 sont les mémes 
que les premiers du y. 21. Les vers du y. 21 sont plus courts, comme terminant le 
poème. — L'élégie elle-méme renferme cinq strophes très distinctes par le sens. La 
première et la seconde, la quatrième et la cinquième, sont de quatre vers ; la troi- 
sième formant le milieu, a six vers et est ainsi de tous points la plus longue. — 
Introduction, 18-19 : Théme de l'élégie. — 1re strophe, 20 : La douleur ne doit pas 
éclater, afin de ne pas réjouir les ennemis. — 2e strophe, 21 : Malédiction contre 
Gelboé, où les héros sont tombés. — 3e strophe, 22-23 : Eloge commun de Jonathas 
et de Saül. Les deux parties de cette strophe médiale sont symétriques. — 4* strophe, 
24: Eloge particulier de Saül; les filles d'Israël doivent le pleurer. — Répétition du 
refrain,25. — 5e strophe, 25c-26 : Eloge particulier de Jonathas, son ami. — Conclu- 
sion et refrain, 27. — On peut comparer, au point de vue littéraire, le poéme de 
David à l'ode xx du I* livre d'Horace, et à l'élégie de Malherbe à Duperrier sur la 
mort de sa fille. 


1. * A Hébron. Voir la note sur Genèse, ,זוא‎ 

9. * Abigail. Voir I Rois, xxv. 

3. Dans les villes d'Hébron; c'est-à-dire dans la ville d'Hébron et dans les villages 
qui en dépendaient. 

4. * Jabès-Galaad. Voir Juges, xxt, 8. 

6. Celle action; littér. : cette parole, Voy. 1, 4. 


582 


vous rendra miséricorde et fidé- 
lité; mais moi aussi je vous ren- 
drai gráces de ce que vous avez 
fait cette action. 

7. Que vos mains se fortifient, 
et soyez des fils de courage ; car, 
quoique votre seigneur Saül soit 
mort, néanmoins la maison de 
Juda m'a oint pour son roi. 

8. Mais Abner, fils de Ner, 
prince de l'armée de Saül, prit 
Isboseth, fils de Saül, et lui fit 
parcourir le camp. 

9. Et il l'établitroi sur Galaad, 
sur Gessuri, sur Jezraél, sur 
Ephraim, sur Benjamin et sur 
tout Israël. 

10. Isboseth, fils de Saül, avait 
quaranteans, lorsqu'il commenca 
àrégner sur Israél, et il régna 
deux ans; mais la seule maison 
de Juda suivait David. 

11. Et le nombre des jours que 
David demeura, régnant à Hébron 
sur la maison de Juda, fut de sept 
ans et six mois. 

19. Et Abner, fils de Ner, sortit 
du camp, et les serviteurs d'Isbo- 
seth, fils de Saül, pour venir à 
Gabaon. 

13. Mais Joab, fils de Sarvia, 
etles serviteurs de David sorti- 
rent, et les rencontrèrent près de 
la piscine de Gabaon. Et lorsqu'ils 
se furent assemblés, ils se postè- 


Il ROIS. 


[ca. 11.] 
rent en droite ligne, ceux-ci d'un 
côté de la piscine, et ceux-là de 
l'autre. 

44. Alors Abner dità Joab : Que 
les jeunes hommes se lèvent, et 
qu'ils  escarmouchent devant 
nous. Et Joab répondit : Qu'ils se 
lèvent. 

15. Ils se leverent donc, et ils 
passèrent au nombre de douze de 
Benjamin, du côté d'Isboseth, fils 
de Saül, et de douze d'entre les 
serviteurs de David. 

16. Et chacun, ayant pris par la 
tête son concurrent, enfonca son 
glaive dans le cóté de son adver- 
saire, et ils tomberent ensemble; 
et on appela ce lieu du nom de 
Champ des forts à Gabaon. 

47. Etil s'éleva une guerre tres 
violente en ce jour-là; et Abner 
fut mis en fuite et les hommes 
d'Israël par les serviteurs de 
David. 

18. Or étaient là les trois fils 
de Sarvia, Joab, Abisaï et Asaél; 
et Asaël fut un coureur très agile, 
comme un des chevreuils qui de- 
meurent dans les forêts. 

19. Aussi Asaël poursuivait Ab- 
ner, et il ne se détourna ni à 
droite ni à gauche, ne cessant de 
poursuivre Abner. 

20. C'est pourquoi Abner regar- 
da derriere lui, et dit : Es-tu Asaél, 


| .וו ה" 


1. Fils de courage; hébraisme, pour courageur. 

9. * Sur Galaad, sur Gessuri; Voir l'introduction à Josué, p. 392. — Sur Jezraël, 
ville d'Issachar, aujourd'hui Zerin, dans une forte position, à l'extrémité de la vallée 
formée par le Nahr-Djaloud entre le petit Hermon et les montagnes de Gelboé. Elle 
commande toute la plaine d'Esdrelon. 

10. IL régna deux ans; en paix. Cette restriction est d'autant plus nécessaire 
qu'isboseth régna tant que David résida à Hébron, c'est-à-dire, sept ans et demi 
(vers. 11). Elle se trouve d'ailleurs expliquée, par le vers. 15: du chap. ni, où on lit 
qu'il y eut une longue guerre entre la maison de 88111 et celle de David. On peut 
ajouter que les cinq dernieres années d'Isboseth furent plutót les années d'Abner que 
les siennes; car ce général ne lui laissa que le nom de roi. 

12, * A Gabaon. Voir la note sur III Rois, nt, 4. 


[cm. [.חז‎ 
toi? Et il répondit : Oui, je le 
suis. 

91. Et Abner lui dit: Va à droite 
ou à gauche, et saisis un de ces 
jeunes hommes et prends pour toi 
ses dépouilles. Mais Asaél ne vou- 
lut pas cesser de le poursuivre. 

99. Et Abner parla de nouveau 
à Asaël : Retire-toi, ne me suis 
point, pour ne pas que je sois 
forcé de te percer contre la terre; 
car je ne pourrai lever ma face du 
cóté de Joab ton frere. 

93. Asaël dédaigna de l'enten- 
dre, et ne voulut pas se détour- 
ner. Abner donc, retournant sa 
lance, le frappa dans l'aine, le 
transperca, et il mourut dans le 
méme lieu ; et tous ceux qui pas- 
saient par ce lieu dans lequel 
Asaél était tombé et était mort, 
s'arrétaient. 

94. Or, Joab et Abisai poursui- 
vant Abner qui s'enfuyait, le so- 
leil se coucha; et ils vinrent jus- 
qu'à la colline de l'aqueduc, qui 
est vis-à-vis de la vallée, sur le 
chemin du désert de Gabaon. 

25. Et les enfants de Benjamin 
s'assemblerent auprès d'Abner; 
et réunis en un seul bataillon, ils 
s'arrêtèrent sur le haut d'un ter- 
tre. : 

26. Alors Abner cria à Joab, et 
dit : Est-ce jusqu'à la derniere 
extermination que ton glaive 
tranchant sévira? Ignores-tu que 
le désespoir est dangereux? Jus- 
qu'à quand ne diras-tu pas au 
peuple, qu'il cesse de poursuivre 
ses freres? dosi 

27. Et Joab lui répondit : Le 
Seigneur vit! si tu avais parlé, ce 


II:ROIS.- 


983 


matin se serait retiré le peuple 
qui poursuit son frere. 

28. Joab donc sonna de la trom- 
pette, et toute l'armée s'arrêta; 
etils ne poursuivirent plus Israël, 
etils n’engagèrent pas le combat. 

29. Or, Abner et ses hommes 
s'en allèrent à travers les plaines, 
pendant toute cette nuit-là, et ils 
passèrent le Jourdain, et, tout 
Béthoron traversé, ils vinrent au 
camp. 

30. Quant à Joab, étant revenu, 
apres avoir laissé Abner de cóté, 
il assembla tout le peuple ; et il 
manqua des serviteurs de David 
dix-neuf hommes, sans compter 
Asaël. 

91. Maisles serviteurs de David 
frappèrent de Benjamin et des 
hommes qui étaient avec Abner 
trois cent soixante, qui même 
moururent. 

92. Et ils emportèrent Asaël, et 
l'ensevelirent dans le sépulcre de 
son père à Bethléhem ; et Joab 
etles hommes qui étaient avec 
lui marchèrent pendant toute la 
nuit, et au point du jour ils par- 
vinrent à Hébron. 


CHAPITRE III. 


Longue guerre entre la maison de David | 
et celle de Saül. Abner quitte le parti 
d'Isboseth pour prendre celui de David. 
Il est tué en trahison par Joab; David 
pleure sa mort. 


1. Ill se fit donc une longue 
guerre entre la maison de Saül 
et la maison de David. David s'a- 
vancant, et toujours plus fort que 
lui-méme, mais la maison de Saül 
décroissant de jour en jour. 


29. * Béthoron, ville d'Ephraim, sur la route qui conduisait au pays des Philistins, 


584 

9, Et des fils naquirent à David 
à Hébron; et son premier-né fut 
Amnon, d'Achinoam la Jezraélite; 

3. Et apres lui Chéleab d'Abi- 
₪811, femme de Nabal du Carmel; 
puis 16 troisième, Absalom , fils 
de 18868 , fille de Tholmai, roi 
de Gessur ; 

4. Ensuite le quatrieme, Ado- 
nias, fils d'Haggith, et le cinquiè- 
me, Saphathia, fils d'Abital ; 

5. Et le sixieme, Jéthraam d'E- 
gla, femme de David ; ceux-là 
naquirent à David à Hébron. 

6. Lors donc que la guerre était 
entre la maison de Saül et la 
maison de David, Abner, fils de 
Ner, gouvernait la maison de 
Saül. 

7. Mais Saül avait eu une 
femme du second rang, du nom 
de Respha, ₪116 d'Aia. Et Isboseth 
dit à Abner : 

8. Pourquoi t’es-tu approché 
de la femme du second rang de 
mon pére? Abner, tres irrité à 
cause des paroles d'Isboseth, ré- 
pondit : Est-ce que je suis une 
téte de chien, moi l'adversaire de 
Juda aujourd'hui, qui ai fait mi- 
séricorde à la maison de Saül, 
ton pere, à ses freres et à ses 
proches, et qui ne t'ai point livré 


Il ROIS, 


[cH.n.] 


aux mains de David, tandis que 
toi, tu as recherché aujourd'hui 
contre moi ce que tu aurais à 
reprendre au sujet de cette fem 
me ? 

9. Que Dieu fasse ceci à Abner, 
et qu'il lui ajoute cela, si je n'agis 
pas avec David, comme le Sei- 
gneur lui a juré, 

10. Afin que le royame soit 
transféré de la maison de Saül, et 
que le tróne de David soit élevé 
sur Israél et sur Juda, depuis Dan 
jusqu'à Bersabée. 

11. Et il ne put rien répondre 
à Abner, parce qu'il le craignait. 

19. Abner envoya donc des 
messagers à David de sa part, 
disant : ἃ qui est la terre? et pour 
dire: Fais amitié avec moi, et ma 
main sera avec toi, et je ramène- 
rai à toi tout [sraël. 

13. David répondit : Très bien; 
moi je ferai amitié avec toi, mais 
je demande de toi une seule cho- 
se, disant : Tu ne verras point 
ma face, avant que tu aies amené 
Michol, fille de Saül; car c'est 
ainsi que tu vieudras et me ver- 
ras. 

14. David ensuite envoya dez 
messagers à 1820801 , fils de 
Saül, disant : Rends-moi ma 


Cua. III. 2. I Par., ax, 1. — 14. I Reg., xviii, 21. 


(———--—-A———^—^—^———^——^————————————————MÀÓ—À =... ——— — 


3. * Gessur. Voir l'introduction au livre de Josué, p. 392-393. 

1, 8. La femme du second rang, que les auteurs latins désignent par le mot con- 
cubine, était une femme très légitime et avait les droits d'épouse, quoiqu'à certains 
égards elle fût inférieure à la maitresse de la maison. C'est pour cela qu'Iaboseth ; 
reproche à Abner de l'avoir épousée. 1] n'était pas permis, en effet, à un simple par- 
ticulier d'épouser la veuve d'un roi; et en le faisant, on attentait à la royauté, on 
se déclarait concurrent du roi régnant. Cet usage existait non seulement chez les : 
Hébreux, mais aussi chez d'autres peuples. 

9. Que Dieu fasse, ete. Voy. Ruth, 1, 11. 
10. Dan et Bersabée sont les deux extrémités de la Palestine. — * Depuis Dan 
jusqu'à Bersabée. Voir la note sur Juges, xx, 1. : * 
13. A qui est la terre? À qui appartient tout ce pays, sinon à toi? — Ma main sera 

avec toi. Voy. 1 Rois, xxn, 11. 


[cu. ur.] 


femme Michol, que j'ai épousée 
pour cent prépuces de Philistins. 

15. Isboseth donc envoya, et 
l'enleva à son mari , Phaltiel, fils 
de Lais. 

16. Et son mari 18 suivait, pleu- 
rant, jusqu'à Bahurim ; et Abner 
lui dit: Va, et retourne-t'en. Et 
il s'en retourna. 

17. Abner adressa aussi la pa- 
role aux anciens d'Israël, disant : 
Tant hier qu'avant-hier, vous 
cherchiez David, pour qu'il ré- 
gnát sur vous. 

18. Maintenant donc agissez, 
puisque le Seigneur a parlé à 
David, disant : C'est par la main 
de mon serviteur David que je 
sauverai mon peuple Israél de la 
main des Philistins, et de,tous ses 
ennemis. 

19. Abner parla aussi à /a tribu 
de Benjamin. Et il s'en alla pour 
dire à David à Hébron, tout ce 
qui avait paru bon à Israél et à 
tout Benjamin. 

20. Et il vint vers David à Hé- 
bron avec vingt hommes; et Da- 
vid fit à Abner, el à ses hommes 
qui étaient venus avec lui, un 
festin. 

21. Et Abner dit à David : Je me 
lèverai, afin que j'assemble près 
de vous, mon seigneur le roi, 
tout Israël, et que je fasse avec 
vous alliance, et que vous régniez 
sur tous, comme votre àme le 
désire. Lors donc que David eut 


91. III Rois, 11, 5. 


II ROIS, 585 


reconduit Abner, et que celui-ci 
s'en fut allé en paix, 

22. Aussitót les serviteurs de 
David etJoab vinrent, après avoir 
taillé en pieces des voleurs, et 
avec un trés grand butin; mais 
Abner n'était pas avec David à 
Hébron, parce que déjà il l'avait 
quitté, et qu'il était parti en paix. 

93. Et Joab et toute l'armée qui 
était avec lui vinrent après; c'est 
pourquoi la nouvelle fut portée à 
Joab par des gens qui racontè- 
rent : Abner, fils de Ner, est venu 
près du roi, et le roi l’a renvoyé, 
et il s'en est allé en paix. 

94. Et Joab entra chez le roi, et 
dit : Qu'avez-vous fait? Voilà 
qu'Abner est venu vers vous; 
pourquoi l'avez-vous renvoyé, et 
qu'il s'en est allé , et s'est retiré? 

25. Ignorez-vous qu'Abner, fils 
de Ner, n'est venu vers vous que 
pour vous troinper, et pour savoir 
votre sortie et votre entrée, et 
connaitre tout ce que vous faites? 

26. C'est pourquoi Joab, étant 
sorti d'avec David, envoya des 
messagers après Abner, et le fit 
revenir de la citerne de Sira, Da- 
vid l'ignorant. 

27. Et lorsqu'Abner fut retour- 
né à Hébron, Joab l'amena à part 
au milieu dela porte, pour lui 
parler, en trahison, et là il le 
frappa dans l'aine, etil le tua pour 
venger la mort d'Asaél, son frère. 

28. Lorsque David eut appris ce 


16. * Bahurim, localité de Benjamin, sur le chemin de Jérusalem à Jéricho, prés du 


mont des Oliviers. 


11. Tant hier qu'avant-hier; hébraisme, pour : depuis un certain temps, depuis 


assez longtemps. 


23. La nouvelle de l'entrevue de David et d'Abner (vers. 20, 21). 
26. * La citerne de Siru était, d’après Joséphe, à vingt stades d'Hébron, au nord. 


586 II ROIS. 


qui s'était passé , il dit : Je suis 
innocent, moi et mon royaume à 
jamais devant le Seigneur, du 
sang d'Abner, fils de Ner; 

29. Mais qu'il retombe sur la 
tête de Joab et sur toute la mai- 
son de son père ; et que ne man- 
que point dans la maison de Joab 
quelquun ayant la gonorrhée, 
quelqu'un infecté de la lèpre, 
quelqu'un tenant le fuseau, quel- 
qu'un tombant sous le glaive , et 
quelqu'un dépourvu de pain. 

30. Ainsi Joab et Abisai, son 
frère, tuèrent Abner, parce qu'il 
avait tué Asaël, leur frère, à Ga- 
baon, dans le combat. 

31. David donc dit à Joab et à 
tout le peuple qui était avec lui : 
Déchirez vos vêtements, ceignez- 
vous de sacs, et pleurez aux fu- 
nérailles d'Abner : or, le roi Da- 
vid suivait le cercueil. 

32. Et lorsqu'on eut enseveli 
Abner à Hébron, David leva sa 
voix et pleura sur le tombeau 
d'Abner; et tout le peuple aussi 
pleura. 

33. Et le roi se lamentant, et 
pleurant Abner, dit : Ce n'est 
nullement comme ont coutume 
de mourir les láches, qu'est mort 
Abner. 

34. Tes mains n'ont pas été 


liées, et tes pieds n'ont pas été: 
chargés de fer; mais comme on: 


[cu. 1v.] 


a coutume de tomber devant des 
fils d'iniquité, ainsi tu es tombé. 
Alors tout le peuple redoubla de 
pleurs sur lui. 

35. Et lorsque toute la multi- 
tude fut venue pour prendre de 
la nourriture avec David, le jour 
étant encore brillant, David jura, 
disant : Que Dieu me fasse ceci, 
et qu'il ajoute cela, si avant le 
coucher du soleil je goüte du 
pain ou de quelque autre chose! 

36. Ettout le peuple entendit, et 
ils agréerent tout ce que le roi fit 
en la présence de tout le peuple. 

37. Et toute la multitude con- 
nut, et tout Israël en ce jour-là, 
qu'il n'avait pas été décidé par le' 
roi qu'Abner, fils de Ner. serait 
tué. 

38. Le roi dit aussi à ses servi- 
teurs : Est-ce que vous ignorez 
qu'un prince et un grand est 
tombé aujourd'hui en Israël? 

39. Pour moi, je suis encore 
faible, quoique ointroi; mais les 
fils deSarvia sont durs pour moi : 
que le Seigneur rende à celui qui 
fait le mal, selon sa malice. 


CHAPITRE IV. 


Baana et Réchab, serviteurs d'Isboseth, 
apportent à David la téte de ce prince, 
et David les fait mourir. 

1. Or, Isboseth, fils de Saül, 
apprit qu'Abner avait succombé 


99. Tenant le fuseau; comme les femmes; Peor à-dire mou, efféminé, ou comme 
l'eunuque que l'on occupe à filer et à faire de la toile. 


30. * À Gabaon. Voir III Rois, m, 4. 


31. Ceignez-vous de sacs de deuil. Ce sac de deuil, que l'on portait aussi dans la 
pénitence et dans une extréme pauvreté, était une espéce de cilice ou de haire, de 
couleur noire ou brune, et faite de poils de chameau ou de chèvre, 

34. Des fils d'iniquité; hébraisme, pour, iniques, méchants. 

39. Que Dieu me fasse, etc. Voir Ruth, x, 11. 

39. Quoique; c'est le sens qu'a ici, comme en plusieurs endroits de l'Ecriture, la 


particule ef. 


1, Ses mains perdirent leurs forces; il perdit courage. 


[cu. 1v.] 
à Hébron, et ses mains perdirent 
leur force, et tout Israël fut trou- 
blé. 

9. Cependant il y avait deux 
hommes, chefs de voleurs, au- 
pres du fils de Saül; le nom de 
Tun était Baana, et le nom de 
l'autre, Réchab, fils de Remmon, 
le Bérothite, des fils de Benja- 
min, puisque Béroth aussi était 
réputée de Benjamin. 

3. Et les Bérothites s'enfuirent 
à Géthaim, et ils ont été là 
comme étrangers jusquà ce 
temps-ci. 

4. Or, Jonathas, fils de Saül, 
avait un fils, infirme des pieds; 
ilavait cinq ans, quand vint de 
Jezraël la nouvelle touchant Saül 
et Jonathas; c'est pourquoi sa 
nourrice, le prenant, s'enfuit; 
et, comme elle se hátait de fuir, 
il tomba, et devint boiteux ; et il 
eut pour nom Miphiboseth. 

5. Etant donc venus, les fils de 
Remmon, le Bérothite, Réchab 
et Baana, entrèrent, à la chaleur 
du jour, dans la maison d'Isbo- 
seth, qui dormait sur son lit à 
midi; etla portiere de la maison, 
vannant du blé, s'endormit. 


6. Ils entrèrent donc dans la 
prenant. 


maison secrètement, 
des épis de froment; et Réchab 
et son frère le frapperent à l’aîne, 
et s'enfuirent, 

7. Ainsi lorsqu'ils furent entrés 
dans la maison, Isboseth dormait 
sur son lit dans sa chambre à 


Cape. IV. 10. Supra, 1, 14. 


II ROIS. 


587 


coucher; et, le frappant, ils le 
tuerent ; puis, sa téte enlevée, ils 
s'en allèrent par la voie du dé- 
sert, durant toute la nuit, 

8. Et ils apportèrent la tête, 
d'Isboseth à David à Hébron, et 
ils dirent au roi: Voici la téte 
d'Isboseth, fils de Saül, votre en- 
nemi, qui cherchait votre âme : 
et le Seigneur a vengé aujour- 
d'hui mon seigneur le roi de 
Saül et de sa race. 

9. Mais David répondant à Ré- 
chab età Baana son frère, fils de 
Remmon, le Bérothite, il leur 
dit: Le Seigneur vit, lui qui a 
délivré mon âme de toute an- 
goisse! 

10. Celui qui m'avait annoncé 
et dit : Saül est mort, et qui pen- 
sait qu'il annonçait une heureuse 
nouvelle, je le pris et le tuai à Si- 
celeg, lui à qui il fallait donner 
une récompense pour son mes- 
sage; 

11 Combien plus maintenant 
que des hommes impies ont tué 
l'homme innocent, dans sa mai- 
son, sur son lit, demanderai-je 
son sang à votre main, et vous 
enlèverai-je de la terre! 

12. C'est pourquoi David or- 


-donna à ses serviteurs, et ils les 


tuerent; et coupant leurs mains 
et leurs pieds, ils lessuspendirent 
à la. piscine, à Hébron; mais la 
téte d'Isboseth, ils la prirent et 
lensevelirent dans le sépulcre 
d'AbneràHébron. 


ne 


2. * Béroth, ancienne ville des Gabaonites, au nord de Jérusalem, 


3. * Géthaïm, inconnue. 
4. * De Jezraél. Voir plus haut, ,טז‎ 4. 


8. Cherchait votre dme. Voy. 1 Rois, xx, 1, 


| 


| 


588 


CHAPITRE V. 


David est sacré roi sur tout Israél. 1] 
prend Jérusalem. Hiram, roi de Tyr, 
lui envoie des messagers. Victoires de 
Javid sur les Philistins. 


1. Et toutes les tribus d'Israël 
vinrent vers David à Hébron, di- 
sant: Nous voici, nous sommes 
votre os et votre chair. 

2. Mais et hier et avant-hier, 
lorsque Saül était roi sur nous, 
vous meniez et rameniez Israël; 
mais le Seigneur vous a dit : C'est 
toi qui seras le pasteur de mon 
peuple Israël, et c’est toi qui seras 
chef sur Israél. 

3. Et les vieillards d'Israël 
vinrent aussi vers le roi à Hé- 
bron, et le roi David fit alliance 
avec eux à Hébron devant le Sei- 
gueur, et ils oignirent David roi 
sur Israël. 

4. David était ágé de trente 
ans, lorsqu'il commença à ré- 
gner, et il régna quarante ans. 

5. À Hébron, il régna sur Juda 
sept ans et six mois; mais à Jé- 
rusalem, il régna trente-trois ans 
sur tout Israël et Juda. 

6. Et le roi s'en alla, et tous 


II ROIS. 


]08. v.] 


ceux qui étaient avec lui, à Jé- 
rusalem, contre les Jébuséens, 
habitants du pays: et ceux-ci 
dirent à David : Vous n'entrerez 
pas ici, à moins que vous n'en- 
leviezles aveugles et les boiteux, 
disant par la : David n'entrera 
pas ici. 

7. Mais David prit la citadelle 
de Sion, qui est la cité de David. 

8. Car David avait proposé en 
ce jour-là une récompense à ce- 
lui qui battrait les Jébuséens, 
toucherait les gouttières des 
toits, et enlèverait les aveugles 
et les boiteux, haissant l'àme de 
David. C'est pourquoi l'on dit en 
proverbe : Un aveugle et un boi- 
teux n'entreront point dans le 
temple. 

9. Or, David habita dans 18 ci- 
tadelle, et il l'appela Cité de Da- 
vid ; etil bátit tout autour, depuis 
Mello et au dedans. 

10. Et il allait, avançant et 
croissant; et le Seigneur Dieu 
des armées était avec lui. 

11. Hiram, roi de Tyr, envoya 
aussi des messagers à David, des 
bois de cedre, des charpentiers 
et des tailleurs de pierres pour 


V. 4. I Par., xi, 1. — 4, III Rois, 11, 11. — 11. I Par., xiv, 1.‏ סג 


———————————————————————————————  ὕὕά........Ὄ--Ἐ... 


9. Hier et avant-hier. Voy. ni, 41. — Vous meniez au combat. 

3. Fil alliance avec eux. David s'engagea à conduire le peuple suivant les lois de 
Dieu (Deutér., xvu, 44 et suiv.); et les anciens, au nom de tout le peuple, lui jurérent 
obéissance. — Devant le Seigneur; probablement devant l'arche du Seigneur, qu'on 
fit venir, ou devant un autel qu'on érigea, en y faisant les cérémonies et les sacri- 
fices accoutumés : on voit, en effet, plus tard un autel érigé à Hébron, où Absalom 
vint de Jérusalem, pour sacrifier. (II Rois, xv, 1-12.) 

6. Les Jébuséens étaient encore maitres de la citadelle sur la montagne de Sion. 
— A moins que vous n'enleviez, etc. On peut supposer avec quelque probabilité que 
les Jébuséens placèrent sur les murs les aveugles et les boiteux de la ville pour faire 
insulte aux Hébreux, et pour leur montrer qu'on les craignait si peu, qu'on ne 
voulait leur opposer que de semblables soldats. 

1. Qui est appelée aujourd'hui. — * La cité de David, Jérusalem. Jérusalem devint 
ainsi la capitale du royaume. Voir à la fin du volume la note 15 sur Jérusalem. 


8. Dans le temple. Hébreu : 


dans la maison. 


à. Mello était la vailée qui séparait la basse ville de la citadelle. 


(cu. v.] 


les murailles; et ils bátirent une 
maison à David. 

12. Et David connut que le Sei- 
gneur l'avait confirmé roi sur 
Israél, et qu'il avait élevé son 
royaume sur son peuple Israël. 

13. David prit donc encore des 
femmes du second et du premier 
rang de Jérusalem, apres qu'il 
fut venu d'Hébron ; et il naquit à 
David d'autres fils et des filles ; 

14. Et voici les noms de ceux 
qui lui naquirent à Jérusalem : 
Samua, Sobab, Nathan, Salomon, 

15. Jébaar, Elisua, Népheg, 

16. Japhia, Elisama, Elioda et 
Eliphaleth. 

17. Les Philistins donc appri- 
rent qu'on avait oint David com- 
me roi sur Israël, etils montèrent 
tous pour chercher David; lors- 
que David l'eut appris, il descen- 
dit dans la forteresse. 

18. Or, les Philistins, venant, 
se répandirent dans la vallée de 
Raphaim. 

19. Et David consulta le Sei- 
gneur, disant : Monterai-je contre 
les Philistins, et les mettrez-vous 
en ma main? Et le Seigneur dit 
à David : Monte, parce que les 
livrant, je mettrai les Philistins 
en ta main. 

20. David donc vint à Baal-Pha- 


II ROIS. 589 


rasim, et il les battit là, et il dit : 
Le Seigneur a dispersé mes enne- 
mis devant moi, comme se dis- 
persent les eaux. C’est pour cela 
que ce lieu fut appelé du nom de 
Baal-Pharasim. 

91. Et les Philistins laisserent 
làleurs images taillées au ciseau, 
que David et ses hommes empor- 
terent. 

22. Etles Philistins recommen- 
cerent encore à monter, et ils se 
répandirent dans la vallée de 
Raphaim. 

23. Alors David consulta le Sei- 
gneur : Monterai-je contre les 
Philistins, et les livrerez-vous en 
mes mains? Le Seigneur répon- 
dit: Ne monte pas contre eux, 
mais tourne derriere eux, et tu 
viendras contre eux vis-à-vis des 
poiriers. 

94. Et lorsque tu entendras le 
bruit de quelqu'un qui marche 
au haut des poiriers, tu engage- 
ras la bataille, parce qu'alors 
marchera le Seigneur devant ta 
face pour battre le camp des 
Philistins. 

95. C'est pourquoi David fit 
comme lui avait ordonné le Sei- 
gneur, et il battit les Philistins 
depuis Gabaa jusqu'à ce qu'on 
arrive à Gézer. 


13. I Par., ur, 4, 2. — 18. I Par., xiv, 9. — 20. Isaie, xxvi, 21. 


13. Des femmes du second et du premier rang. Voy. uit, 1. 

19. Je mettrai. Comme nous l'avons déjà remarqué, le verbe hébreu rendu par 
donner dans la Vulgate, signifie proprement poser, mettre dans la main. 

20. Baal-Pharasim ; ou possesseur de dispersions; hébraisme, pour, lieu de disper- 
sions. Là, en effet, les Philistins furent 81 bien dispersés, mis en déroute, qu'ils 
laissérent méme leurs dieux. — * Baal-Pharasim était dans la tribu de Juda et dans 
la vallée de Raphaim, au sud-ouest de Jérusalem. 

25. * Gabaa, Djeba. Voir I Rois, xi- ^. — Gézer, Gazer. Voir 111 Rois, 1x, 16. 


500 II ROIS. 


CHAPITRE VI. 


David va prendre l'arche à Cariathiarim. 
Oza est frappé de mort pour l'avoir 
touchée. David la laisse dans la maison 
d'Obédédom, puis la transfère à Jéru- 
salem. Il est raillé par Michol. 


1. Or, David rassembla de nou- 
veau tous les hommes choisis 
d'Israël, au nombre de trente 
mille. 

2. Et David se leva et s’en alla, 
et tout le peuple qui était avec 
lui d'entre les hommes de Juda, 
pour amener l'arche de Dieu, sur 
laquelle fut invoqué le nom du 
Seigneur des armées, assis entre 
les chérubins au-dessus d'elle, 

3. Et ils mirent l'arche de Dieu 
sur un char neuf; et ils l'enle- 
verent de la maison d'Abinadab, 
qui était à Gabaa ; or, Oza et Ahio, 
fils d'Abinadab, conduisaient le 
char neuf. 

4. Et lorsqu'ils l'eurent empor- 
tée de la maison d'Abinadab, qui 
était à Gabaa, gardant l'arche de 
Dieu, Ahio précédait l'arche. 

ὃ. Mais David et tout Israél 
jouaient devant le Seigneur de 
toutes sortes d'instruments, des 
harpes, des lyres, des tambours, 
des sistres et des cymbales. 

6. Mais, après qu'ils furent ve- 
nus à l'aire de Nachon, 028 éten- 
dit la main sur l'arche de Dieu 
et la retint, parce que les bœufs 
regimbaient et la firent pencher. 

1. Et le Seigneur fut irrité d'in- 
dignation contre Oza, etle frappa 


(cu. vi.] 
à cause de sa témérité; et il 
mourut là auprès de l'arche de 
Dieu. 

8. Or, David fut contristé, parce 
que le Seigneur avait frappé Oza. 
Et ce lieu a été appelé du nom de 
Chátiment d'Oza jusqu'à ce jour. 

9. Et David craignit beaucoup 
le Seigneuren ce jour-là, disant : 
Comment entrera chez moi l'ar- 
che du Seigneur? 

10. Et il ne voulut pas faire 
venir chez lui l'arche du Seigneur 
dans la cité de David ; mais il la 
fit venir dans la maison d'Obédé- 
dom, le Géthéen. 

11. Et l'arche du Seigneur de- 
meura dans la maison d'Obédé- 
dom, le Géthéen, durant trois 
mois, et le Seigneur bénit Obé- 
dédom, et toute sa maison. 

19. Etl'on annonca au roi David 
que le Seigneur avait béni Obédé- 
dom et tout ce qui lui appartenait, 
à cause de l'arche de Dieu. David 
donc s'en alla, et amena l'arche 
de Dieu de la maison d'Obédé- 
dom en la cité de David avec joie; 
et David avait avec lui sept 
chœurs et un veau pour victime. 

19. Et lorsque ceux qui por- 
taientl'arche du Seigneur avaient 
fait six pas, il immolait un bœuf 
et un bélier. 

14. Et David dansait de toutes 
ses forces devant le Seigneur ; et 
il était ceint d'un éphod de lin. 

15. Et David et toute la maison 
d'Israél conduisaient l'arche du 
testament du Seigneur avec des 


Cuar. VI. 2. I Par., נוא‎ Ὁ. — 4. I Rois, vir, 1. — 8. 1 Par. «zr, 11. — 12. I Par, 


xv, 25. — 13. I Par., xv, 26. 


3, 4. * Gabaa à Cariathiarim. Voir 1 Rois, vit, 1. 
19. Un veau pour victime; littér.: une victime de veau. 
14. * Il était ceint d'un éphod. Sur l'éphod, voir la note sur Exode, xxv, 4 


[cg. vir. 


cris de joie et au son de la trom- 
pette. 

10. Et lorsque l'arche du Sei- 
gneur fut entrée dans la cité de 
David, Michol, fille de Saül, re- 
gardant par la fenétre, vit le roi 
David sautillant et dansant de- 
vant le Seigneur; et elle le mé- 
prisa en son Cœur, 

47. Et ils introduisirent l'arche 
du Seigneur, et ils la mirent en 
sa place, au milieu du tabernacle 
que David avait dressé; et David 
offrit des holocaustes et des sacri- 
fices pacifiques devant le Sei- 
gneur. 

18. Et quand il eut achevé d'of- 
frir les holocaustes et les sacrifi- 
ces pacifiques, il bénit le peuple 
au nom du Seigneur des armées. 

19. Et il distribua à toute la 
multitude d'Israél, tant aux hom- 
mes qu'aux femmes, à chacun 
une galette de pain, et un mor- 
ceau de viande de 20301 rótie, et 
de la fleur de farine frite dans 
l'huile; ettout le peuple s'en alla, 
chacun en sa maison. 

90. Et David s'en retourna pour 
bénir sa maison ; et Michol, fille 
de Saül, étant sortie au-devant 
de David, dit : Qu'il a été glorieux 
aujourd'hui le roi d'Israél, se 
découvrant devant les servantes 
de ses serviteurs! car il s'est dé- 
pouillé, comme si un de ses bouf- 
fons se dépouillait. 


Cap. VII. 2. I Par., xvir, 1. 


II ROIS. ‘891 


21. Et David répondit à Michol : 
Devant le Seigneur, qui m'a 
choisi plutót que ton pere et que 
toute ta maison, et qui m'a or- 
donné d'étre chef sur le peuple 
du Seigneur en Israél, 

92. Je jouerai, et je passerai 
pour plus vil que je n'ai passé; 
et je serai humble à mes yeux ; 
et devant les servantes dont tu 
as parlé, je paraitrai plus glo- 
rieux. 

23. Ainsi, il n'est point né de 
fils à Michol, fille de Saül, jus- 
qu'au jour de sa mort. 


CHAPITRE VII. 


David se propose de bátir un temple au 
Seigneur. Nathan lui déclare que cet 
honneur sera réservé à son fils. Pro- 
messes en faveur de David. David re- 
mercie le Seigneur des biens dont il 
la comblé, et le conjure d'accomplir 
ses promesses. 


1. Or il arriva que lorsque le 
roi se fut établi en sa maison, el 
que le Seigneur lui eut donné le 
repos de toutes parts du cóté de 
tous ses ennemis, 

2. Il dit à Nathan le prophète : 
Vois-tu que jhabite dans une 
maison de cèdre, et que l'arche 
de Dieu est placée au milieu des 
peaux ? 

3. Et Nathan répondit au roi : 
Tout ce qui est en votre cœur, 
allez, faites-le, parce que le Sei- 
gneur est avec vous. 


20. Il s'est dépouillé de ses vêtements de dessus; il avait gardé sa tunique, sur 
laquelle était attaché l'éphod. — Un de ses bouffons. La Vulgate elle-même indique 
assez clairement ce sens; mais le texte hébreu le détermine positivement par l'ur- 
ticle qui se met souvent pour le pronom possessif. 


2. Au milieu des peaux. Les tentes se faisaient anciennement avec des peaux de 
bêtes, et en particulier le tabernacle ou la tente qui couvrait l'arche du Seigneur 


était en partie de peaux. 


592 II ROIS. 


4. Or il arriva pendant cette 
nuit-là, que voilà que la parole 
du Seigneur vint à Nathan, di- 
sant : 

9. Va, et dis à mon serviteur 
David : Voici ce que dit le Sei- 
gneur : Est-ce que tu ne me báti- 
ras point une maison pour l'ha- 
biter ? 

6. Car je n'ai pas habité dans 
une maison, depuis le jour que 
j'ai retiré les enfants d'Israël de 
la terre d'Egypte, jusqu'à ce jour- 
ci; mais je marchais dans un ta- 
bernacle, dans une tente. 

7. Dans tous les lieux par où 
j'ai passé avec tous les enfants 
d'Israël, est-ce que j'ai jamais dit 
à une des tribus d'Israël, à la- 
quelle j'ai ordonné de conduire 
mon peuple Israél, disant : Pour- 
quol ne m'avez-vous pas báti une 
maison de cèdre ? 

8. Et maintenant tu diras ceci 
à mon serviteur David : Voici ce 
que dit le Seigneur des armées : 
C'est moi qui t'ai tiré des pâtu- 
rages, lorsque tu suivais les trou- 
peaux, afin que tu fusses chef sur 
mon peuple Israël ; 

9. Et j'ai été avec toi dans tous 
les lieux oü tu as marché, et j'ai 
tué tous tes ennemis devant toi, 
et jai rendu ton nom grand, 
comme le nom des grands qui 
sont sur la terre. 


8. I Rois, xvi, 11; Ps. rxxvu, 70. — 12. 


(en. vu.) 


10. Et je fixerai un lieu à mon 
peuple Israël, et je le planterai, 
et il y habitera, et il ne sera plus 
troublé ; et des fils d'iniquité ne 
recommenceront pas à l'affliger, 
comme auparavant, 

11. Depuis le jour que j'ai établi 
des juges sur mon peuple Israél; 
et je te donnerai le repos du cóté 
de tous tes ennemis ; et le Sei- 
gneur t'annonce qu'il te fera une 
maison. 

12. Et lorsque tes jours seront 
accomplis, et que tu dormiras 
avec tes peres, je te susciterai 
un fils apres toi, lequel sortira de 
tes entrailles, et j'affermirai son 
regne. 

19. C'est lui qui bátira une 
maison à mon nom, et j'établirai 
fermement le tróne de son royau- 
me pour toujours. 

14. Moi je serai son pere, et lui 
sera mon fils ; et s'il fait quelque 
chose iniquement, je le chátierai 
avec une verge d'homme, et avec 
des plaies des enfants des hom- 
mes. 

15. Mais ma miséricorde, je ne 
la retirerai pas de lui, comme je 
l'ai retirée de Saül, que j'ai écarté 
de ma face. 

16. Et ta maison sera fidele, et 
ton royaume éternellement de- 
vant ta face, et ton tróne sera 
ferme à jamais. 


III Rois, vii, 19. — 13. III Rois, v, 5. — 


14. 1 Par., מזאא‎ 10; Hébr., 1, 5. — 15. Ps. rxxxvirt, 4, 31. — 10. Héb., 1, 8. 


10. Je le planterai; c'est-à-dire je l'établirai. 


11. Il te fera une maison; hébraisme, pour: il t'accordera une nombreuse famille. 

13. J'établirai, etc. Les dernières paroles de cette promesse prises à la lettre ne 
peuvent s'appliquer qu'au Messie, dont le règne est un règne éternel, tandis que la 
postérité de Salomon finit avec Sédécias. Compar. Dan., u, 44; Luc, 1, 32, 33. 

14. Je serai son pére et lui sera mon fils, ne peut s'appliquer qu'à Jésus-Christ, le 
fils de David par excellence. Compar. Ps. u, 1; Hebr., 1, 5. — Je le châtierai, non 
dans la sévérité de ma justice, mais humainement, par des chàtiments que les 
hommes emploient quand ils veulent seulement corriger les coupables. 


[cu. vir.] 


17. C'est selon toutes ces paro- 
les, et suivant toute cette vision, 
que Nathan parla à David. 

18. Or, le roi David entra, et 
il s'assit devant le Seigneur et 
dit : Que suis-je moi, Seigneur 
Dieu, et quelle est ma maison, 
pour que vous m'ayez conduit 
jusque-là? 

19. Mais cela méme a paru peu, 
en votre présence, Seigneur Dieu, 
si vous ne parliez aussi de la mai- 
son de votre serviteur pour un 
long avenir; car c'est la loi d'A- 
dam, Seigneur Dieu. 

20. Que pourra done encore 
ajouter David, pour vous parler? 
car vous, Seigneur Dieu, vous 
connaissez votre serviteur. 

91. A cause de votre parole et 
selon votre cœur vous avez fait 
toutes ces grandes œuvres, afin 
d'en donner connaissance à votre 
serviteur. 

22. C'est pour cela que vous 
avez été exalté, Seigneur Dieu; 
car nul n'est semblable à vous, 
et il n'y a point de Dieu hors 
vous, selon tout ce que nous 
avons entendu de nos oreilles. 

23. Mais quelle est la nalion 
sur la terre comme votre peuple 
d'Israël, à cause de laquelle Dieu 
est allé pour la racheter comme 

son peuple, pour se faire un 
nom, et pour opérer au milieu 
d'eux des cuvres grandes et 
terribles sur la terre, à la face de 
votre peuple, que vous vous étes 


IL ROIS. 593 


racheté de l'Egypte, frappant une 
nation et son dieu. 

24. Car vous vous êtes assuré 
de votre peuple Israél comme 
d'un peuple perpétuel; et vous, 
Seigneur Dieu, vous étes devenu 
leur Dieu. 

25. Maintenant donc, Seigneur 
Dieu, suscitez pour toujours la 
parole que vous avez dite sur 
volre serviteur et sur sa mai- 
son, et faites comme vous avez 
parlé, 

20. Afin que votre nom soit 
exalté à jamais, et que l'on dise: 
Le Seigneur Dieu des armées est 
Dieu sur Israél. Et la maison de 
votre serviteur David sera fer- 
mement établie devant le Sei- 
gneur, 

27. Parce que c'est vous, Sei- 
gneur des armées, Dieu d'Is- 
rael, qui avez ouvert l'oreille de 
votre serviteur, disant : Je te 
bâtirai une maison; à cause de 
cela votre serviteur a trouvé son 
cœur pour vous adresser cette 
prière. 

28. Maintenant donc, Seigneur 
Dieu, vous êtes Dieu, et vos pa- 
roles seront véritables; car vous 
avez dit à votre serviteur ces 
bonnes choses. 

29. Commencez-donc, et bé- 
nissez la maison de votre servi- 
teur, afin qu'elle soit à jamais 
devant vous, parce que c'est 
vous, Seigneur Dieu, qui avez 
parlé, et c'est de votre bénédic- 


18. Et il s'assit; ou bien : se lint, demeura un certain temps; car la Vulgate est 
susceptible de ces deux sens aussi bien que le texte hébreu. 

19. Mais cela méme, etc. Ce serait peu de chose à vos yeux que d'avoir fait de moi 
un roi puissant, si vous ne promettiez encore à ma postérité un empire éternel. — 
* La loi d'Adam, de l'homme. Adam n'est pas ici un nom propre. 

20. Car vous connaissez. Le terme hébreu signifie aussi aimer, faire 06 quelqu'un 
un objet de prédilection. 11 semble que ce sens se lie mieux avec ce qui précède. 


2. T- 


38 


594 


tion que sera bénie la maison de 
votre serviteur à jamais. 


CHAPITRE VIII. 


Victoires de David sur divers peuples. 
Thoü, roi d'Emath, lui envoie son fils 
pour le féliciter. Dénombrement des 
principaux officiers de David. 


1. Or, il arriva aprés cela que 
David battit les Philistins et les 
humilia; et David 648 le frein du 
tribut de la main des Philistins. 

2. Il battit aussi Moab et les 
mesura au cordeau, les faisant 
coucher par terre; or, il en me- 
sura deux cordeaux, l'un pour les 
tuer, l'autre pour leur conserver 
la vie; et Moab fut assujetti à 
David lui payant tribut. 

3. De plus, David battit Ada- 
rézer, fils de Rohob, roi de Soba, 
quand il partit pour dominer sur 
le fleuve d'Euphrate. 

4. Et David, apres lui avoir pris 
mille sept cents cavaliers et 
vingt mille hommes de pied, 
coupa les nerfs des jambes à tous 
les chevaux des chariots; mais 
il en laissa pour cent chariots. 

Vint aussi la Syrie de Da- 
mas, pour porter secours à Ada- 
rézer, roi de Soba; et David tua 


(παρ. VIII. 4. I Par., xvi, 4. 


II ROIS. 


(ca. vui.) 


de la Syrie vingt-deux mille 
hommes. 

6. Et David mit une garnison 
dans la Syrie de Damas; et la 
Syrie devint tributaire de David; 
et le Seigneur conserva David 
dans tous les lieux oü il alla. 

7. Et David enleva les armes 
d'or qu'avaient les serviteurs d'A- 
darézer, et les porta à Jérusalem. 

8. Et de Beté et de Béroth, 
villes d'Adarézer, le roi David 
enleva une trés grande quantité 
d'airain. 

9. Or, Thoü, roi d'Emath, ap- 
prit que David avait battu toutes 
les forces d'Adarézer; 

10. Alors il envoya Joram son 
fils vers le roi David, pour le sa- 
luer, en le félicitant, et lui rendre 
gráce de ce qu'il avait vivement 
attaqué Adarézer, etl'avait battu; 
car Thoü était ennemi d'Adaré- 
zer; et dans la main de Joram 
étaient des vases d'or, des vases 
d'argent et des vases d'airain, 

11. Que le roi David consacra 
aussi au Seigneur, avec l'argent et 
l'or qu'il avait consacrés de toutes 
les nations qu'il avait soumises, 

19. De la Syrie, de Moab, des 
enfants d'Ammon, des Philistins, 


2. Moab; c'est-à-dire les Moabites. — Les mesura, etc. Aprés avoir rassemblé les 
captifs en un lieu, et les avoir fait coucher par terre, il les partagea en deux parties, 
dont l'une devait étre mise à mort, et l'autre conserver la vie. D'aprés le droit de 
la guerre de ces temps, David pouvait les tuer tous, ou les transporter dans des 


pays étrangers. 


3. * Soba. Partie de la Syrie, voisine d'Emath et de Damas. — L’Euphrate. Voir 


Genèse, xv, 18. 


5. * La Syrie de Damas, le royaume de Syrie qui avait pour capitale Damas. 

8. * Belé porte le nom de Thébath dans le passage parallèle de I Paralipomènes, 
xviit, 8. C'était une ville de l'Aram-Soba, entre Alep et Palmyre. — Béroth, confondue 
souvent à tort avec Beyrouth, était aussi une ville de l'Aram-Soba, peut-être le Ber- 


eitàn actuel, dans la Cœlésyrie. 


9. * Emath ou Hamath, ville et pays habité par les Amathéens, tribu chananéenne 
ou héthéenne. La ville était bátie sur l'Oronte. Sous les Séleucides, elle porta le 
nom d'Epiphanie de Syrie. Aujourd'hui Hamah. 


(cu. 1x.] 
d'Amalec et des dépouilles d'A- 
darézer, fils de Rohob, roi de 
Soba. 

13. David se fit encore un nom, 
lorsque, la Syrie prise, il fut re- 
venu dans la vallée des Salines, 
où il tailla en pièces dix-huit 
mille hommes. 

14. Et il mit des gardes dans 
l'Idumée, et il établit une garni- 
son; et toute l'Idumée devint 
assujettie à David; et le Sei- 
gneur conserva David dans tous 
les lieux oü il alla. 

15. Ainsi David régna sur tout 
Israél; il rendait aussi des juge- 
ments et 18 justice à tout son 
peuple. 

16. Mais Joab, fils de Sarvia, 
commandait larmée, et Josa- 
phat, fils d'Ahilud, tenait les re- 
gistres; 

17. Et Sadoc, fils d'Achitob, 
et Achimélech, fils d'Abiathar, 
étaient prétres, et Saraias, scribe; 

18. Mais Banaias, fils de Joiada, 
commandait les Céréthiens et 
les Phéléthiens ; mais les fils de 
David étaient prétres. 


CHAPITRE IX 


David fait venir aupres de lui Miphi- 
boseth, fils de Jonathas. 


1. Et David dit: Penses-tu 
quil y ait quelquun qui soit 


{L ROIS. | 595 


resté de la maison de Saül, afin 
que je lui fasse miséricorde à 
cause de Jonathas? 

2. Or il y avait de la maison de 
Saül un serviteur du nom de 
Siba; lorsque le roi l'eut appelé 
prés de lui, i| lui dit : Es-tu 
Siba? Et celui-ci répondit : Oui, je 
suis votre serviteur. 

3. Et le roi reprit : Est-ce qu'il 
reste quelqu'un de la maison de 
Saül, afin que j'use envers lui de 
la miséricorde de Dieu? Et Siba 
répondit au roi : Il reste le fils de 
Jonathas, infirme des pieds. 

4. Où est-il? demanda David. 
Et Siba au roi : Voilà, répondit-il, 
quil est dans la maison de Ma- 
chir, fils d'Ammiel, à Lodabar. 

ὃ. Le roi David envoya donc, et 
le fit venir de la maison de Ma- 
chir, fils d'Ammiel, de Lodabar. 

6. Mais lorsque Miphiboseth , 
fils de Jonathas, fils de Saül, fut 
venu pres de David, il tomba sur 
sa face et se prosterna. Et David 
lui dit : Miphiboseth. Lequel ré- 
pondit : Me voici, votre servi- 
teur. 

7. Et David lui dit : Ne crains 
point, parce que je te ferai entiè- 
rement miséricorde, à cause de 
Jonathas, ton pere, et je te ren- 
drai tous les champs de Saül, ton 
pere, et tu mangeras toujours du 
pain à ma table. 


13. * La vallée des Salines est très probablement la plaine au sud de la mer 
Morte, appelée aujourd'hui le Ghor. Les Iduméens avaient sans doute profité du 
moment où les Israélites faisaient la guerre contre la Syrie pour envahir leur pays. 

18. * Les Céréthiens et les Phéléthiens, probablement des soldats mercenaires de 
la tribu céréthienne (voir I Rois, xxx, 14) et du pays des Philistins. — Prétres signifie 
ici, comme III Rois, 1v, 5, amis ou conseillers du roi. 


1. Et David dit en lui-même, se dit en lui-même. — Penses-lu n'est pas dans 
lhébreu, où on lit simplement : N'est-il pas, etc. 

3. De la miséricorde de Dieu. Voy. 1 Rois, xx, 14, 

4. * Lodabar, ville du pays de Galaad. 


596 II ROIS. 


8. Miphiboseth, se prosternant 
devant lui, dit : Qui suis-je, moi 
votre serviteur, pour que vous 
ayez regardé un chien mort, sem- 
blable à moi? 

9. C'est pourquoi le roi appela 
Siba, serviteur de David, et lui 
dit : J'ai donné au fils de ton mai- 
ire tout ce qui était à Saül, et 
toute sa maison. 

10. Laboure done la terre pour 
jui, toi, tes fils et tes serviteurs ; 
et tu apporteras au fils de ton 
maitre des aliments pour se nour- 


rir; mais Miphiboseth, fils de ton 


maitre, mangera toujours du 
pain à ma table. Or Siba avait 
quinze fils et vingt serviteurs. 

41. Et Siba dit au roi : Comme 
vous avez commandé , mon mai- 
tre, le roi, à votre serviteur, ainsi 
fera votre serviteur; et Miphibo- 
seth mangera à ma table, comme 
l'un des fils du roi. 

12, Or, Miphiboseth avait un fils 
très jeune, du nom de Micha ; et 
toute la parenté de la maison de 
Siba servait Miphiboseth. 

13. Et Miphiboseth habitait à 
Jérusalem, parce qu'il était nourri 
habituellement de la table du roi; 
et il était boiteux de l'un et de 
l'autre pied. 


CHAPITRE X. 


Le roi des Ammonites outrage les mes- 
sagers de David. Défaite des Ammo- 
nites et des Syriens. 

1. Or, il arriva après cela que 
le roi des enfants d'Ammon mou- 


CuaP. X. 2. I Par., xix, 2. 


[cu. x.] 
rut, et Hanon, son fils, régna en 
sa place. 

2. Et David dit : Je ferai miséri- 
corde à Hanon, fils de Naas, 
comme son pere m'a fait miséri- 
corde. David envoya donc, le con- 
solant par ses serviteurs de la 
mort de son père. Mais lorsque 
les serviteurs de David furent 
venus dans la terre des enfants 
d'Ammon, 

3. Les princes des enfants 
d'Ammon dirent à Hanon leur 
seigneur : Pensez-vous que ce 
soit pourl'honneur de votre pere, 
que David vous ait envoyé des 
consolateurs, et que ce ne soit 
pas pour s'enquérir de la ville, 
lexplorer et la détruire, que 
David a envoyé ses serviteurs 
vers vous? 

4. C'est pourquoi Hanon prit 
les serviteurs de David, rasa la 
moitié de leur barbe, coupa la 
moitié de leurs vétements jus- 
qu'au haut des cuisses, et les 
renvoya. 

9. Lorsque cela eut été annoncé 
à David, il envoya au-devant 
d'eux; car ces hommes étaient 
très honteusement confus, et 
David leur manda : Demeurez à 
Jéricho jusqu'à ce que votre bar- 
be croisse, et alors revenez. 

6. Mais les enfants d'Ammon, 
voyant qu'ils avaient fait injure 
à David, envoyèrent prendre à 
leur solde des Syriens de Rohob, 
et des Syriens de Soba, vingt 
mille hommes de pied, mille 


5. * A Jéricho. Voir la note sur Josué, νι, 4. 
6. * Rohob. Voir Juges, xvi, 28. — Soba. Voir plus haut, vit, 3. — Maacha ou Ma- 
chati. Voir l'Introduction au livre de Josué, p. 393. — 19/00, pays inconnu, mentionné 


seulement ici. 


]68. x.] 
du roi de Maacha, et douze mille 
d'Istob. 

7. Ce qu'ayant appris David, il 
envoya Joab et toute l'armée de 
ses guerriers. 

8. Les enfants d'Ammon sorti- 
rent donc, et rangèrent leur ar- 
mée en bataille devant l'entrée 
méme de la porte, mais les Sy- 
riens de Soba et de Rohob, d'Is- 
tob et de Maacha, étaient séparé- 
ment dans la plaine. 

9. Joab donc, voyant que la ba- 
taille était préparée contre lui et 
par devant et par derriere, prit 
de toute l'élite d'Israël, et rangea 
son armée en bataille contre les 
Syriens ; 

10. Mais le reste du peuple, il 
le confia à Abisai son frere, qui 
le rangea en bataille contre les 
enfants d'Ammon. 

11. Et Joab dit : Si les Syriens 
prévalent contre moi, tu me seras 
en aide; mais si les enfants 
d'Ammon prévalent contre toi, je 
te secourrai. 

19. Sois homme courageux, et 
combattons pour notre peuple, et 
la cité de notre Dieu : mais le 
Seigneur fera ce qui est bon à ses 
yeux. 

13. C'est pourquoi Joab et le 
peuple qui était avec lui engage- 
rent 16 combat contre les Syriens, 
qui aussitót s'enfuirent devant 
lui. 

14. Mais les enfants d'Ammon 
voyant que les Syriens avaient 


II ROIS. 597 


fui, s’enfuirent aussi eux-mêmes 
devant Abisai, et ils entrèrent 
dans la ville; et 1082 s'en re- 
tourna aprés la défaite des en- 
fants d'Ammon, et vint à Jéru- 
salem. 

15. Les Syriens donc, voyant 
qu'ils avaient succombé devant 
Israël, s'assemblerent tous. 

16. Et Adarézer envoya pour 
faire venir les Syriens, qui étaient 
au delà du fleuve, et il amena 
leur armée; or, Sobach, maitre 
de la milice d'Adarézer, était leur 
prince. 

11. Lorsque cela eut été annon- 
cé à David, il réunit tout Israël, 
passale Jourdain, et vint à Hé- 
lam; et les Syriens rangèrent 
leur armée en bataille contre 
David, et combattirent contre 
lui. 

18. Et les Syriens s'enfuirent 
devant Israél, et David tua des 
Syriens sept cents hommes qui 
étaient sur les chariots, et qua- 
rante mille cavaliers; etil frappa 
Sobach, prince de la milice, le- 
quel mourut sur-le-champ. 

19. Or, tous les rois qui étaient 
venus au secours d'Adarézer, 
voyant qu'ils étaient vaincus par 
Israël, furent épouvantés, et cin- 
quante-huit mille hommes s'en- 
fuirent devant Israël. Et ils firent 
la paix avec Israél, et ils les ser- 
virent; et les Syriens craignirent 
de donner encore secours aux 
enfants d'Ammon. 


8. De la porte de Médaba, petite ville du voisinage. Voy. I Paralip., xix, 1. 
12. La cité de notre Dieu; Jérusalem, nouvelle capitale du royaume de Juda. 
14. Dans la ville de Médaba. Compar. vers. 8. 


16. * Au delà du fleuve de l'Euphrate. 
M. * Hélam, ville inconnue. 


כ רש 


CHAPITRE XI. : 


David tombe en adultère avec Bethsa- 
bée, femme d'Ürie. Il donne ordre à 
Joab d'exposer Urie au danger. Après 
la mort d'Urie, Bethsabée épouse David. 


1. Or, il arriva qu'au retour de 
l'année, au temps que les rois 
ont coutume d'aller à la guerre, 
David envoya Joab et ses servi- 
teurs avec lui et tout Israél, et il 
ravagerent les enfants d'Ammon 
et assiégèrent Rabba ; mais David 
demeura à Jérusalem. 

9. Pendant que ces choses se 
passaient, il advint que David se 
levait de son lit apres midi, et 
qu'il se promenait sur la terrasse 
du palais; or il vit une femme 
qui se baignait vis-à-vis sur sa 
terrasse ; et cette femme était fort 
belle. 

3. Le roi donc envoya, et de- 
manda quelle était cette femme. 
Et on lui annonça que c'était 
Bethsabée, fille d'Eliam, femme 
d'Urie, l'Héthéen. 

4. C'est pourquoi David, ayant 
envoyé des messagers, l'enleva. 
Lorsqu'elle fut entrée aupres de 
lui, il dormit avec elle : et aussi- 
tót elle se purifia de son impu- 
reté ; 

5. Et elle retourna en sa mai- 
son, apres avoir conçu. Et en- 
voyant, elle annonca à David, et 
dit : J'ai concu. 

6. Or, David envoya vers Joab, 
disant : Envoie-moi Urie, l'Hé- 


II. ROIS. 


[cu. x1.] 


théen. Et Joab envoya Urie à Da- 
vid. 

7. Et Urie vint vers David; et 
David demanda si Joab allait 
bien ainsi que le peuple, et com- 
ment la guerre était conduite. 

8. Puis David dit à Urie : Va en 
ta maison, et lave tes pieds. Et 
Urie sortit de la maison du roi, 
et les mets du roi le suivirent. 

9. Mais Urie dormit devant la 
porte de la maison du roi avec 
les autres serviteurs de son sei- 
gneur, et il ne descendit point en 
sa maison. 

10. Et on l'annonca à David, 
en disant : Urie n'est pas allé en 
sa maison. Et David demanda à 
Urie : Est-ce que tu ne viens pas 
d'un voyage? pourquoi n'es-tu 
pas descendu en ta maison? 

41. Et Urie répondit à David : 
L'arche de Dieu, et Israël, et 
Juda, habitent dans les pavillons, 
et mon seigneur Joab, et les 
serviteurs de mon seigneur de- 
meurent sur la face de la terre, 
et moi, j'entrerai en ma maison, 
pour manger et boire, et pour 
dormir avec ma femme? Par 
votre salut, et par le salut de 
votre âme, je ne ferai pas cette 
chose. 

19. David donc dit à Urie : De- 
meure ici encore aujourd'hui, et 
demain je te renverrai. Urie de- 
meura à Jérusalem ce jour-là et 
le lendemain. 


13. Alors David l'appela pour 
(ΒΑΡ. XI. 4. I Par., xx, 1. — 4. Lév., xv, 18. 


oo 


1. * Rabba, Rabbath Ammon, sur le Nahr-Amman, au nord d'Hésébon, sur la 
route de Bosra, capitale des Ammonites. 

8. Comme on ne portait ni bas ni souliers, mais simplement des sandales, et que 
quelquefois méme on allait nus pieds, la sueur et la poussière rendaient nécessaire 
l'usage de se laver les pieds. C'était d'ailleurs un soulagement qu'on prenait volon- 
tiers au retour d'un voyage. 


[(π. x1.) 
qu'il mangeát devant lui et qu'il 
bát, etill'enivra. Urie étant sorti 
le soir, dormit dans son lit avec 
les serviteurs de son seigneur, 
et il ne descendit pas en sa mai- 
son. 

44. Il arriva donc le matin 
que David écrivit une lettre à 
joab, et lenvoya par la main 
d'Urie, 

15. Ecrivant dans la lettre : 
Placez Urie au premier rang dans 
la bataille, là où le combat est le 
plus fort; et abandonnez-le, afin 
que, frappé, il périsse. 

16. Comme donc Joab assié- 
geait la ville, il placa Urie dans le 
lieu où il savait qu'étaient les 
hommes les plus vaillants. 

47. Et les hommes, étant sortis 
de la cité, combattaient contre 
Joab, et dans la multitude des 
serviteurs de David plusieurs 
tombèrent, et Urie, l'Héthéen, 
mourut aussi. 

18. C'est pourquoi Joab envoya, 
et annonca à David tous les évé- 
nements du combat, 

19. Et il ordonna au messa- 
ger, disant : Lorsque tu auras 
achevé au roi tout ton récit de la 
guerre, , 

20. Si tu vois qu'il s'indigne et 
dise : Pourquoi vous étes-vous 
approchés du mur pour com- 
battre? est-ce que vous ignoriez 
que beaucoup de traits sont lan- 
cés du haut du mur? 

91.Qui frappa Abimélech, fils de 
Jérobaal? n'est-ce pas une femme 


21. Juges, Ix. 


II ROIS. 


599 
qui lanca du mur sur lui un mor- 
ceau de meule, et le tua à Thé- 
bes? Pourquoi vous êtes-vous ap- 
prochés du mur? tu diras : Votre 
serviteur Uriel'Héthéen esttombé 
mort aussi. 

22. Le messager donc partit, et 
il vint et raconta à David tout ce 
que lui avait ordonné Joab. 

23. Et le messager dit à David : 
Les hommes ont prévalu contre 
nous, et ils sont sortis sur nous 
dans la campagne; mais nous, 
ayant fait une irruption, nous les 
avons poursuivis jusqu'àla porte 
de la ville. 

24. Et les archers ont lancé des 
traits contre vos serviteurs du 
haut du mur; et il est mort des 
serviteurs du roi, et, qui plus est, 
votre serviteur Urie, l'Héthéen, 
est mort. 

95. Et David répondit au mes- 
sager : Tu diras ceci à Joab : Que 
cela ne t'abatte point; car di- 
vers est 16 succès de la guerre; 
c'est maintenant celui-ci, et 
maintenant celui-là que dévore 
le glaive: anime tes combattants 
contre la ville, afin que tu la dé- 
truises, et encourage-les. 

26. Or, la femme d'Urie apprit 
qu'Urie, son mari, était mort, et 
elle le pleura. : 

277. Mais, le deuil passé, David 
envoya, et il l'introduisit en sa 
maison; alors elle devint sa 
femme, et elle lui enfanta un fils. 
Or, cette action qu'avait faite Da- 
vid déplut au Seigneur. 


15. Au premier rang dans la bataille; littér.: en face de la guerre. 
18. Les événements. Nous avons déjà remarqué que le terme hébreu traduit ici 
dans la Vulgate par parole, signifie aussi chose, a/faire, événement, etc. Compar. 


vers. 21. 


600 I ROIS. 


CHAPITRE XII. 


Nathan reprend David de son péché. Ce 
prince le confesse et en obtient le par- 
don. Mort du fils qui était le fruit de 
son crime. Naissance de Salomou. Prise 
de Rabbath. Rigu.urs exercées contre 
les Ammonites. 


1. Le Seigneur done envoya 
Nathan vers David; et lorsque 
Nathan fut venu vers lui, il lui 
dit : Deux hommes étaient dans 
une ville, l'un riche et lautre 
pauvre. 

2. Le riche avait des brebis et 
des bœufs en très grand nombre; 

3. Mais le pauvre n'avait ab- 
solument rien, hors une brebis 
ires petite, qu'il avait achetée et 
nourrie, et qui avait grandi chez 
lui en méme temps que ses en- 
fants, mangeant de son pain, bu- 
vant de sa coupe, et dormant sur 
son sein, et elle était pour lui 
comme une fille. 

4. Mais un étranger étant venu 
chez le riche, et s'abstenant de 
prendre de ses brebis et de ses 
bœufs, pour faire un festin à cet 
étranger, qui était venu chez lui, 
il enleva la brebis de l'homme 
pauvre, et appréta un mets à 
l'homme qui était venu chez lui. 

5. Or, fortement irrité d'indi- 
gnation contre cet homme, Da- 
vid dit: Le Seigneur vit! c'est un 
fils de mort, l'homme qui a fait 
cela. 

6. Il rendra la brebis au qua- 
druple, parce qu'il a fait cette ac- 
tion, et qu'il n'a pas épargné /a 
pauvreté. 


[cu. xm.] 


7. Alors Nathan dit à David: 
C'est vous qui êtes cet homme. 
Voici ce que dit le Seigneur Dieu 
d'Israël : C'est moi qui t'ai oint 
roi sur Israël, et moi qui t'ai dé- 
livré de la main de Saül ; 

8. Et je t'ai donné la maison de 
ton seigneur et les femmes de 
ton seigneur sur ton sein; je t'ai 
donné aussi la maison d'Israél et 
de Juda; et si ce sont là de pe- 
tites choses, je t'en aurais ajouté 
de beaucoup plus grandes. 

9. Pourquoi donc as-tu méprisé 
la parole du Seigneur pour faire 
le mal en ma présence? Tu as 
frappé du glaive Urie, l'Héthéen, 
tu as pris sa femme pour en faire 
ta femme, et tu l'as tué par le 
glaive des enfants d'Ammon. 

10. Pour cette raison le glaive 
ne s'éloignera jamais de ta mai- 
son, parce que tu m'as méprisé, 
et que tu as enlevé la femme 
d'Urie, l'Héthéen, afin qu'elle fût 
ta femme. 

11. C'est pourquoi voici ce que 
dit le Seigneur : Voilà que moi je 
susciterai sur toi du mal de ta 
propre maison ; et j'enléverai tes 
femmes à tes yeux, et jeles don- 
nerai à ton prochain, et il dormi- 
ra avec tes femmes aux yeux de 
ce soleil. 

19. Car toi tu as agi secrète- 
ment; mais moi, j'accomplirai 
cette parole en la présence de 
tout Israél, et en la présence du 
soleil. 

13. Et David dit à Nathan : J'ai 
péché contre le Seigneur. Et Na- 
than répondit à David : Le Sei- 


XII. 6. Exode, xxu, 1. — 11. Infra, xvi, 22. — 13. Eccli., XLVII, 183.‏ ,שג 


5. C'est un fils de mort. Voy. 1 Rois, xx, 31. 
13. A transféré, éloigné, c'est-à-dire pardonné. 


xu.]‏ .אס]. 


gneur aussi a transféré votre pé- 
ché; vous ne mourrez point. 

14. Cependant, parce que vous 
avez fait blasphémer les enne- 
mis du Seigneur, à cause de cette 
action, le fils qui vous est né 
mourra de mort. 

15. Ensuite Nathan retourna en 
sa maison. Le Seigneur frappa 
aussi le petit enfant qu'avait en- 
fanté la femme d'Urie à David, et 
il fut désespéré. 

16. Et David pria le Seigneur 
pour le petit enfant, et David 
jeûna entierement, et, étant en- 
tré à part, il demeura couché sur 
la terre. 

17. Mais vinrent les anciens de 
sa maison pour le forcer à se le- 
ver de terre; David ne voulut 
point, et il ne prit pas avec eux 
de nourriture. 

18. Or, il arriva au septième 
jour que l'enfant mourut; et les 
serviteurs de David craignirent 
de lui annoncer que le petit en- 
fant était mort; carils dirent : 
Voilà que lorsque le petit enfant 
vivait encore, nous lui parlions, 
et il n'écoutait pas notre voix; 
combien plus s'affligera-t-il, si 
nous lui disons : Il est mort, le 
petit enfant? 

19. Lors donc que David eut vu 
ses serviteurs parlant tout bas, il 
comprit que le jeune enfant était 
mort; et il dit à ses serviteurs : 
Est-ce qu'il est mort, l'enfant? 


11 ROIS, 601 


Ceux-ci lui répondirent : Il est 
mort. 

20. David donc se leva de terre, 
se lava et s'oignit; puis lorsqu'il 
eut changé de vétement, il entra 
dans la maison du Seigneur et il 
adora; et il vint en sa maison, et 
il demanda qu'on lui servit du 
pain, etil mangea. 

21. Alors ses serviteurs lui de- 
mandèrent: Qu'est-ce que vous 
avez fait? à cause de l'enfant, 
vous avez jeüné et vous pleuriez, 
lorsqu'il vivait encore, mais, 
lenfant mort, vous vous étes 
levé, et vous avez mangé du 
pain. 

22. David répondit : A cause de 
l'enfant, pendant qu'il vivait en- 
core, j'ai jeüné et j'ai pleuré; 
car je disais : Qui sait si le Sei- 
gneur ne me le donnera point, et 
si l'enfant ne vivra point? 

23. Mais maintenant qu'il est 
mort, pourquoi jeünerais-je? 
Est-ce que je pourrai encore le 
faire revenir? Moi j'irai plutót à 
lui; mais lui ne reviendra pas à 
moi. 

24. Et David consola Bethsabée 
sa femme, il s'approcha d'elle et 
dormit avec elle; et elle engen- 
dra un fils, et il l'appela du nom 
de Salomon, et le Seigneur l'ai- 
ma; 

25. Et 11 envoya par l'entremise 
de Nathan, le prophète, et il l'ap- 
pela du nom d'Aimable au Sei- 


14. Mourra de mort; hébraisme, pour : mourra infailliblement, sans vémission. 

20. Se lava, s'oignit, ete, C'était l'usage à la fin du deuil. David n'avait pas con- 
iracté d'impureté légale, parce qu'il n'était pas entré dans la chambre du mort, et 
quil n'avait pas assisté aux funérailles; par conséquent il pouvait se rendre au 
tabernacle du Seigneur sans une purification proprement dite. — Du pain; hébraisme, 
pour nourriture en général, aliments. — * Dans la maison du Seigneur, le Taber- 
nacle. 

21. Qu'est-ce que vous 1vez fait. Voy. xi, 15, 


602 II ROIS. 


gneur, parce que le Seigneur l’ai- 
ma. 

96. Or, Joab combattait contre 
Rabbath des enfants d'Ammon, 
et il attaquait vivement la ville 
royale. 

27. Et Joab envoya des messa- 
gers à David, disant: J'ai com- 
battu contre Rabbath, et la ville 
des eaux doit étre prise. 

98. Maintenant donc, assem- 
blez le reste du peuple, assiégez 
la ville et prenez-la, de peur que, 
lorsque la ville aura été détruite 
par moi, la victoire ne soit attri- 
buée à mon nom. 

99. C'est pourquoi David as- 
sembla tout le peuple, et partit 
contre Rabbath, et après qu'il eut 
combattu, il la prit. 

30. Et ii δία 16 diadème du roi 
de sa téte, pesant un talent d'or, 
et ayant des pierreries trés pré- 
cieuses ; et il fut mis sur la tête 
de David. Mais il emporta aussi 
le très grand butin de la ville ; 

31. Et amenant ses habitants, il 
les scia, fit passer sur eux les 
chariots armés de fer, les parta- 


96. T'Par.; xx, 4. 


gea avec des couteaux, et les fit 
passer dans le moule des briques; 
ainsi fit-il à toutes les villes des 
enfants d'Ammon. Ensuite David 
revint et toute l'armée à Jérusa- 
lem. 


CHAPITRE XIII. 


Amnon, fils de David, commet un inceste 
avec Thamar, sœur d'Absalom. Son 
amour se change en haine contre elle. 
Absalom fait tuer Amnon, et se sauve 
chez Tholomai, roi de Gessur. 


1. Or, il arriva apres cela, 
qu'Amnon, fils de David, s'éprit 
d'amour pour 18 sceur d'Absalom, 
fils de David, femme très belle, 
du nom de Thamar; 

2. Et il l'aimait éperdument, à 
un tel point, qu'à cause de son 
amour il était malade, parce que 
comme elle était vierge, il lui 
paraissait difficile de rien faire 
déshonnétement avec elle. 

3. Or, Amnon avait un ami, du 
nom de Jonadab, fils de Semmaa, 
frère de David, homme très pru- 
dent, 

4. Lequel lui demanda : Pour- 
quoi, fils du roi, maigris-tu ainsi 


96. * Rabbath-Ammon. Voir Deutéronome, ut, 11 et plus haut, xr, 1. 


(cu. χα. 


21. * La ville des eaux, la partie basse de Rabbath-Ammon qui était sur le bord du 
Nahr-Amman. 

30. Pesant, etc. ; littér. : talent d'or par le poids. Le mot talent est un appositif de 
diadéme et par conséquent représente l'accusatif, comme complément du verbe óta. 
Ce genre de construction n'est pas rare dans la Vulgate. Il est probable qu'il s'agit ici, 
non du talent hébraique, mais du syriaque, qui avait cours à Rabbath, ou Rabba, 
capitale des Ammonites, et qui pesait tout au plus le quart du premier. On sait 
généralement d'ailleurs que chez les anciens le poids du talent était différent selon 
les divers pays où l'on s'en servait. Ainsi ce diadéme qui fut mis sur la tête de David 
pendant la cérémonie de son sacre pouvait ne peser que 22 livres; ce qui, certes, ne 
surpassait pas les forces de ce prince. Les savants ont fait d'autres hypothèses plus 
ou moins probables pour expliquer cette difficulté. — * L'une de ces hypothéses les 
plus vraisemblables, c'est que le diadéme n'avait pas le poids matériel d'un talent, 
mais avait une valeur d'un talent, étant orné de pierres précieuses (environ 
130,000 francs), le mot qui est traduit par poids dans la Vulgate signifiant aussi 
valeur. 

31. Dans le moule des briques; c’est-à-dire, selon la plupart des interprètes, dans 
des fours à briques. " ia 


[cu. xum.) 
chaque jour? pourquoi ne me le 
dis-tu point? Et Amnon lui ré- 
pondit : J'aime Thamar, la sœur 
de mon frère Absalom. 

5. Jonadab lui dit : Couche-toi 
sur ton lit et feins une maladie ; 
et lorsque ton pere viendra pour 
te visiter, dis-lui : Que Thamar, 
ma sœur, vienne, je vous prie, 
afin qu'elle me donne de la nour- 
riture, et qu'elle me fasse un 
mets, pour que je mange de sa 
main. 

6. C'est pourquoi Amnon se 
coucha, et commenca à feindre 
d'étre malade; et lorsque le roi 
fut venu pour le visiter, Amnon 
dit au roi : Que Thamar, ma 
sœur, vienne, je vous conjure, 
afin qu'elle fasse sous mes yeux 
deux petits bouillons, et que je 
prenne de la nourriture de sa 
main. 

7. David donc envoya à la mai- 
son de Thamar, disant : Venez à 
la maison d'Amnon, votre frère, 
et faites-lui un mets. 

8. Et Thamar vint à la maison 
d'Amnon, son frère ; celui-ci était 
couché; et elle, prenant de la fa- 
rine, 18 pétrit, et la délayant, elle 
fit cuire sous ses yeux deux pe- 
tits bouillons. 

9. Et prenant ce qu'elle avait 
fait cuire, elle le versa et le posa 
devant lui, et il ne voulut pas en 
manger; et Amnon dit: Faites re- 
tirer tout le monde. Et lorsqu'on 
eut fait retirer tout le monde, 

10. Amnon dit à Thamar : Porte 
le mets dans lachambre, afin que 
je le mange de ta main. Thamar 


IT ROIS. 603 


donc prit les deux petits bouillons 
qu'elle avait faits, et les porta à 
Amnon son frère dans la cham- 
bre. 

11. Et lorsqu'elle lui eut pré- 
senté le mets, il la saisit, et dit : 
Viens, repose avec moi, ma sceur. 

12. Thamar lui répondit : Non, 
mon frere, ne me fais pas vio- 
lence; car cela n'est pas permis 
en Israël ; ne fais pas cette folie. 

13. Car moi, je ne pourrai sup- 
porter mon opprobre, et toi, tu 
seras comme un des insensés en 
Israël ; mais plutôt parle au roi, 
etil ne me refusera pas à toi. 

14. Or, il ne voulut point ac- 
quiescer à ses prières, mais plus 
fort, il lui fit violence, et il reposa 
avec elle. 

15. Aussitôt Amnon la prit en 
très grande haine, de sorte que 
la haine dont illa haissait était 
plus grande que l'amour dont il 
l'avait aimée auparavant. Aussi 
Amnon lui dit: Lève-toi et va-t'en. 

16. Thamar lui répondit : Le 
mal que tu fais maintenant en me 
chassant, est plus grand que celui 
que tu as fait auparavant. Et il ne 
voulut pas l'écouter ; 

17. Mais, ayant appelé le jeune 
homme qui le servait, il dit : 
Eloigne celle-là de moi, fais-la 
sortir, et ferme la porte après elle. 

18. Thamar était vétue d'une 
robe trainante, car c'est de cette 
sorte de vétements que les filles 
du roi, qui étaient vierges, fai- 
saient usage. C'est pourquoi son 
serviteur la mit dehors, et ferma 
la porte derriere elle. 


9. Elle le versa dans un vase, ou un plat. 


13. Il ne me refusera pas à toi; construction elliptique, pour : 1] ne refusera pas 


de me donner à toi en mariage. 


604 


19. Thamar, répandant de la 
cendre sur sa téte, déchirant sa 
robe trainante, et les mains po- 
sées sur sa téte, allait marchant 
et criant. 

90. Or, Absalom, son frere, lui 
demanda : Est-ce qu'Amnon, ton 
frere, a dormi avec toi? Mais 
maintenant, ma sœur, garde le 
silence, c'est ton frere ; n'afflige 
pas ton cœur pour cela. C'est 
pourquoi Thamar demeura, se 
desséchant, dans la maison d'Ab- 
salom, son frere. 

21. Mais lorsque le roi David 
eut appris ces choses, il fut très 
contristé, et il ne voulut point 
contrister l'esprit d'Amnon, son 
fils, car il le chérissait, parce qu'il 
était son premier-né. 

29. Or, Absalom ne dit rien à 
Amnon, ni mal, ni bien ; car Ab- 
salom haïssait Amnon, parce 
qu'il avait violé Thamar, sa sœur. 

23. Mais il arriva, après un in- 
tervalle de deux ans, qu'on ton- 
dait les brebis d'Absalom, à Baal- 
hasor près d'Ephraim; et Absalom 
appela tous les fils du roi. 

94. Et il vint vers le roi, et lui 
dit: Voilà qu'on tond les brebis 
de votre serviteur, je prie le roi 
quil vienne avec ses serviteurs 
chez son serviteur. 

25. Et le roi répondit à Absa- 
lom : Non, mon fils, ne demande 
pas que nous venions tous, et 
que nous te génions. Mais, com- 
me Aósalom le pressait, et qu'il 
ne voulait pas y aller, il le bénit. 


Il ROIS. 


[ca. xur.] 


26. Alors Absalom lui dit : Si 
vous ne voulez pas venir, je vous 
prie qu'au moins Amnon, mon 
frère, vienne avec nous. Et le roi 
lui répondit : Il n'est pas néces- 
saire qu'il aille avec toi. 

27. C'est pourquoi Absalom lui 
fit des instances, et David laissa 
aller avec lui Amnon et tous les 
fils du roi. Or, Absalom avait 
préparé un festin comme un fes- 
tin de roi. 

28. Et Absalom avait ordonné 
à ses servileurs, disant : Faites 
attention, lorsqu'Amnon sera 
troublé par le vin, et que je vous 
dirai : Frappez-le , et le tuez ; ne 
craignez point; car c'est moi qui 
vous l'ordonne. Fortifiez-vous, et 
soyez des hommes courageux. 

29. Les serviteurs d'Absalom 
firent donc contre Amnon, com- 
me leur avait ordonné Absalom. 
Et tous les fils du roi se levant 
monterent chacun sur leur mule, 
et s'enfuirent. 

30. Et comme ils poursuivaient 
encore leur chemin, le bruit en 
vint jusqu'à David ; on dit : Absa- 
lom a tué tous les fils du roi; il 
n'en est pas resté méme un seul. 

31. C'est pourquoi le roi se le- 
va, et déchira ses vétements, et 
tomba sur la terre; et tous ses 
serviteurs qui étaient prés de lui 
déchirèrent leurs vêtements. 

89. Or, Jonadab, fils de Sem- 
maa, frere de David, prenant la 
parole, dit : Que mon seigneur le 
roi ne croie pas que tous les jeu- 


19. Comme nous l'avons déjà fait observer, on déchirait ses vétements en signe 


de deuil et de douleur. 


23. * Baalhasor, ville de la tribu d'Ephraim. — Près d’Ephraïm, ville inconnue. 

32. Il avait été mis dans la bouche d'Absalom; c'est-à-dire probablement, qu'Ab- 
salom avait proféré le serment, ou avait donné l'ordre de détruire Amnon. L'hébreu 
est susceptible de ces deux sens ; le chaldéen porte dans le cœur d'Absalom. 


xiv.]‏ .אס] 
nes hommes fils du roi aient été‏ 
tués: Amnon seul est mort, parce‏ 
qu'il avait été mis dans la bouche‏ 
d'Absalom, depuis le jour qu'il fit‏ 
violence à Thamar, sa sceur.‏ 

33. Maintenant donc, que mon 
seigneur le roi ne mette point 
cela en son esprit, disant : Tous 
les fils du roi ont été tués, puis- 
qu'Amnon seul est mort. 

34. Mais Absalom s'enfuit, et 
la jeune sentinelle leva ses 
yeux, et regarda; et voilà qu'un 
peuple nombreux venait par un 
chemin détourné du cóté de la 
montagne. 

35. Or, Jonadab dit au roi: 
Voici les fils du roi qui viennent: 
selon la parole de votre servi- 
teur, ainsi il est arrivé. 

36. Et lorsqu'il eut cessé de 
parler, parurent les fils du roi; 
et, entrant, ils éleverent leurs 
voix et pleurerent; mais le roi 
aussi et tous ses serviteurs pleu- 
rerent d'un tres grand pleur. 

87. Ainsi Absalom fuyant s'en 
alla auprès de Tholomai, fils 


d'Ammiud, roi de Gessur. David | 
pleura done son fils, tous les. 


jours. 


38. Or, Absalom, lorsqu'il se 
fut enfui, et qu'il fut venu à 


Gessur, fut là pendant trois ans. 

39. Et le roi David cessa de 
poursuivre Absalom, parce qu'il 
s'était consolé de la mort d'Am- 
non. 


CHAPITRE XIV. T 


Joab obtient de David le retour d'Absa- 
lom, et celui-ci revient à Jérusalem. 
Joab obtient encore qu'il paraisse en 
présence de David. 


1. Mais Joab, fils de Sarvia, 


II ROIS. 


605 
comprenant que le cœur du roi 
était tourné vers Absalom, 

2. Envoya à Théeua, et fit ve- 
nir de là une femme sage, et lui 
dit: Feins de pleurer, et revéts- 
toi d'un vétement de deuil ; et ne 
t'oins pas d'huile, afin que tu sois 
comme ‘une femme qui depuis 
longtemps pleure un mort ; 

3. Et tu entreras chez le roi, 
et tu lui tiendras un tel discours. 
Or, Joab mit les paroles en sa 
bouche. 

4. C'est pourquoi, lorsque 8 
femme de Thécua fut entrée chez 
le roi, elle tomba devant lui sur 
la terre, et se prosterna, et dit : 
Sauvez-moi, ὃ roi! 

8. Et le roi lui demanda : 
Qu'as-tu? Celle-ci répondit 
Hélas! je suis une femme veuve, 
car mon mari est mort. 

6. Or, votre servante avait 
deux fils, qui se sont disputés 
l'un contre l'autre dans la cam- 
pagne, et il n'y avait personne 
qui pût les empêcher, et l'un a 
frappé l'autre, et l'a tué. 

7. Et voilà que toute la parenté, 
s'élevant contre votre servante, 
dit: Livre celui qui a frappé son 
frere, afin que nous le mettions 
à mort, pour l’âme de son frère 
quil a tue, et que nous détrui- 
sions i'héritier; et ils cherchent 
à éteindre l'étincelle qui m'a été 
laissée, afin quil ne survive 
point de nom à mon mari, ni des 
restes de lui sur la terre. 

8. Et le roi dit à cette femme : 
Va en ta maison, et moi je don- 
nerai des ordres pour toi. 

9. Et la femme de Thécua dit 
au roi : Que l'iniquité, mon sei- 


31. Gessur. Voir l'Introduction au livre de Josué, p. 392-393. 


606 II ROIS. 


gneur roi, soit sur moi et sur la 
maison de mon père; mais que le 
roi et son tróne soient innocents. 

10. Et le roi reprit: Amène- 
moi celui qui te contredira, et 
il ne recommencera pas à te por- 
ter atteinte. 
|; 41. Elle répondit : Que le roi 
se souvienne du Seigneur son 
Dieu, afin que les proches du 
sang ne se multiplient pas pour 
le venger, et qu'en aucune ma- 
nière ils ne tuent mon fils. Le roi 
dit: Le Seigneur vit! il ne tom- 
bera pas de cheveu de ton fils sur 
la terre. 

12. La femme reprit donc : 
Que votre servante dise une pa- 
role à mon seigneur, le roi. Et 
il répondit : Parle. 

13. Et la femme dit : Pourquoi 
avez-vous pensé une pareille 
chose contre le peuple de Dieu, 
et pourquoi le roi a-t-il dit cette 
parole, pour pécher, en ne rap- 
pelant pas celui qu'il a banni? 

14. Nous mourons tous, et 
nous nous écoulons sur la terre 
comme les eaux qui ne revien- 
nent point : et Dieu ne veut pas 
qu'une àme périsse ; mais il tem- 
porise, pensant que celui qui a 
été rejeté ne doit pas périr entiè- 
rement. 


xiv.]‏ .אס] 


15. Maintenant donc, je suis 
venue pour dire à mon seigneur 
le roi cette parole, le peuple pré- 
sent. Et votre servante a dit: Je 
parlerai au roi, pour voir s'il ac- 
complira de quelque maniere la 
parole de sa servante. 

16. Et le roi a écouté, pour dé- 
livrer sa servante de tous ceux 
qui voulaient exterminer de l'hé- 
ritage de Dieu moi et mon fils en 
méme temps. 

17. Que votre servante donc 
puisse dire : Que la parole de 
mon seigneur le roi s'accom- 
plisse comme un sacrifice. Car 
comme est un ange de Dieu, 
ainsi est mon seigneur le roi, 
quil ne s'émeut ni de la béné- 
diction, ni de la malédiction : 
d'oü le Seigneur votre Dieu 
méme est avec vous. 

18. Et répondant, le roi dit à la 
femme : Ne me cache point la 
chose que je te demande. Et la 
femme lui répondit: Parlez, mon 
seigneur le roi. 

19. Et le roi dit : Est-ce que la 
main de Joab n'est pas avec toi 
en toutes ces choses? La femme 
répondit, et dit : Par le salut de 
votre àme, mon seigneur le roi! 
il ny a rien ni à gauche ni à 
droite de tout ce qu'a dit mon 


CuaP. XIV. 14. Ezéch., xvii, 32; xxxri, 11. 


41. Les proches du sang, étaient les plus proches parents, qui, selon la loi, étaient 


les vengeurs obligés du sang versé. 


13. Contre le peuple de Dieu. Le peuple aimait Absalom, et le regardait comme 


l'héritier naturel du trône. — Et pourquoi le roi, etc.; ce qui signifie : 


Pourquoi le 


roi m'a-t-il parlé de manière à tomber en faute, puisque d'un côté, il m'accorde la 
gráce de mon fils, meurtrier de son frére, et que de l'autre, il refuse à son peuple 
le retour d'Absalom, qui n'est pas plus coupable que mon fils ? 

16. Le roi a écouté, pour délivrer sa servante; hyperbate, pour : Le roi a écouté sa 


servante pour la délivrer. 


17. S'accomplisse comme un sacrifice promis à Dieu; ou bien : 


devienne comme un 


sacrifice agréable à Dieu. — Qu'il ne s'émeut, etc.; qui ne se laisse ébranler ni par 


les éloges, ni par le blàme des hommes, 


Îcx. xiv.] 


seigneur le roi; car votre servi- 
teurJoab lui-méme m'a ordonné, 
etlui-méme a mis dans la bouche 
de votre servante toutes ces pa- 
roles. 

20. Votre serviteur Joab m'a 
ordonné de tourner ainsilaforme 
de ces paroles; mais vous, mon 
seigneur le roi, vous étes sage, 
comme est sage uu ange de 
Dieu, en sorte que vous compre- 
nez toutes choses sur la terre. 

91. Et le roi dit à Joah : Voilà 
qu'apaisé, j'ai accompli ta pa- 
role : va donc, et rappelle le 
jeune Absalom. 

22. Alors Joab, tombant sur sa 
face contre terre,se prosterna, 
et souhaita toute sorte de pros- 
périté au roi; puis Joab dit : Au- 
jourd'hui votre serviteur a com- 
pris que j'ai trouvé gráce à vos 
yeux, mon seigneur le roi: car 
vous avez accompli la parole de 
votre serviteur. 

93. Joab donc se leva, et s'en 
alla à Gessur, et il amena Absa- 
lom à Jérusalem. 

24. Mais le roi dit : Qu'il retour- 
ne en sa maison, et qu'il ne voie 
point ma face. C'est pourquoi 
Absalom retourna en sa maison, 
et ne vit pas la face du roi. 

25. Or, il n'y avait pas d'hom- 
me en tout Israël comme Absa- 
lom, beau et trés agréable: depuis 
la plante du pied jusqu'à la téte, 
il n'y avait en lui aucun défaut. 

26. Et quand il tondait ses che- 
veux (or, on le tondait une fois 
dans lannée, parce que sa che- 
velure chargeait sa téte), il pesait 


Il ROIS. 


607 


les cheveux de sa tête avec deux 
cents sicles, selon le poids public. 

27. Or, il naquit à Absalom 
trois fils, et une fille, du nom de 
Thamar, d'une élégante beauté. 

98. Et Absalom demeura à Jé- 
rusalem pendant deux ans, et il 
ne vit pas la face du roi. 

29. C'est pourquoi il envoya 
vers Joab pour l'envoyer vers le 
roi; Joab ne voulut pas venir 
vers lui. Et lorsqu'il eut envoyé 
une seconde fois, et que celui-ci 
eut refusé de venir vers lui, 

30. Il dit à ses serviteurs : Vous 
savez que 16 champ de Joab, près 
de mon champ, conlient une 
moisson d'orge : allez donc et 
mettez-le à feu. Les serviteurs 
d'Absalom mirent donc à feu la 
moisson. Et les serviteurs de 
Joab, venant, aprés avoir déchiré 
leurs vétements, dirent : Les ser- 
viteurs d'Absalom ont mis une 
partie du champ à feu. 

31. Alors Joab se leva, et vint 
vers Absalom en sa maison, et 
dit : Pourquoi tes serviteurs ont- 
ils mis ma moisson à feu? 

32. Et Absalom répondit à Joab: 
J'ai envoyé vers toi, te conjurant 
de venir vers moi, que je t'en- 
verrais vers le roi, et que tu lui 
dirais : Pourquoi suis-je venu de 
Gessur ? Il valait mieux pour moi 
d’être là: je vous conjure donc, 
que je voie la face du roi ; que 
s'il se souvient de mon iniquité, 
qu'il me tue. 

33. C'est pourquoi étant entré 
chez le roi, Joab lui déclara tout; 
et Absalom fut appelé; il entra 


26. Deux cents sicles; probablement babyloniens; ce qui ferait trente ou trente et 
une onces. — Le poids public ; l'hébreu porte : le poids du roi, qui ne différait pas du 
premier avant la captivité de Babylone, selon de trés savants critiques. 


608 II ROIS. 


chez le roi, et se prosterna sur la 
face de la terre devant lui; et le 
roi embrassa Absalom. 


CHAPITRE XV. 


Absalom se fait proclamer roi à Hébron. 
David s'enfuit de Jérusalem. Ethai Gé- 
théen s'attache à lui. 
l'arche à Jérusalem avec les grands 
prêtres. Il y renvoie aussi Chusai pour 

| détruire les conseils d'Achitophel. 


| 1. Ainsi, après cela, Absalom se 

procura des chariots, des cava- 
liers et cinquante hommes qui le 
précédaient. 

2. Et, se levant des le matin, 
Absalom se tenait à l'entrée de la 
porte ; et tout homme qui avait 
une affaire telle, qu'il venait au 
jugement du roi, Absalom l'ap- 
pelait à lui, et demandait : De 
quelle ville es-tu ? Celui-ci répon- 
dant, disait : Moi votre serviteur, 
je suis de telle tribu d'Israël. 

3. Et Absalom lui répondait : 
Tes paroles me paraissent bonnes 
et justes; mais il n'y a personne 
établi par le roi, qui puisse t'en- 
tendre. Absalom ajoutait : 

4. Qui m'établira juge sur la 
terre, pour que viennent à moi 
tous ceux qui ont une affaire, et 
que je juge justement ? 

5. Mais aussi lorsqu'un homme 
s'approchait de lui, pourle saluer, 
il étendait sa main et, le prenant, 
il l'embrassait. 

6. Et il faisait cela à tout Israél 


venant au jugement, pour être 
entendu par le roi, et il sollicitait | 


- 


David renvoie ' 


[cH. xv.] 


les cœurs des hommes d'Israël. 

7. Mais après quarante ans, 
Absalom dit au roi David : Per- 
mettez que j'aille, et je m'acquit- 
terai de mes vœux que j'ai voués 
au Seigneur à Hébron. 

8. Car vouant, votre serviteur 
a voué, lorsqu'il était à Gessur 
de Syrie, disant : Si le Seigneur 
me ramène à Jérusalem, je sacri- 
fierai au Seigneur. 

9. Et le roi David lui répondit : 
Va en paix. Et il se leva, et il alla 
à Hébron. 

10. Mais Absalom envoya des 
explorateurs dans toutes les tri- 
bus d'Israël, disant : Aussitôt que 
vous entendrez le son de la trom- 
pette, dites : Absalom règne dans 
Hébron. 

11. Or, il alla avec Absalom 
deux cents hommes de Jérusa- 
lem, appelés, allant d'un cœur 
simple, et ignorant entierement 
le motif. 

19. Absalom fit venir aussi 
Achitophel, le Gilonite, conseiller 
de David, de sa ville de Gilo. Et 
comme il immolait les victimes, 
la conjuration devint puissante, 
et le peuple accourant, augmen- 
tait auprès d'Absalom. 

13. IL vint donc un messager 
vers David, disant : Tout Israël 
suit de tout cœur Absalom. 

14. Et David dit àses serviteurs 
qui étaient avec lui à Jérusalem : 
Levez-vous, fuyons; car il n'y 
aura point de moyen pour nous 
d'échapper à la face d'Absalom : 


. De la porte du palais. — D'une tribu; c'est-à-dire d'une telle tribu, qu'il désignait 


par son nom. 


6. A lout Israël; à tous ceux d'Israël qui venaient pour demander la justice au 


roi. 


1. * A Hébron. Voir la note sur Genése, xur, 18. : 
12. * Gilo, dans les montagnes de Juda, au sud d' res 


(cu. xv.) 
hátez-vous de sorlir, de peur 
qu'arrivant, il ne nous prévienne, 
et ne lance sur nous la ruine, et 
ne frappe la ville du tranchant du 
glaive. 

15. Et les officiers du roi lui 
répondirent : Tout ce qu'ordon- 
nera notre seigneur, le roi, nous, 
vos serviteurs, nous l'exécute- 
rons de bon gré. 

16. Le roi done sortit et toute 
sa maison, à pied ; et le roi laissa 
dix femmes du second rang pour 
garder la maison. 

11. Et le roi étant sorti et tout 
Israél, à pied, il s'arréta loin de 
la maison ; 

18. Et tous ses serviteurs mar- 
chaient près de lui, et les légions 
des Céréthiens et des Phéléthiens, 
et tous les Géthéens, combattants 
valeureux, six cents hommes de 
pied, qui l'avaient suivi de Geth, 
précédaient le roi. 

19. Or, le roi dit à Ethai, le Gé- 
théen : Pourquoi viens-tu avec 
nous? retourne et demeure avec 
le roi, parce que tu es étranger, 
et que tu es 50111 de lon pays. 

20. C'est hier que tu es venu, 
et aujourd'hui tu seras contraint 
de sortir avec nous? Pour moi, 
j'irai où je dois aller; retourne, 
et ramène avec toi tes freres, et 
le Seigneur te fera miséricorde 
et justice, parce que tuas montré 
du zele et de la fidélité. 


II ROIS. 609 


21. Et Ethaï répondit au roi : 
Le Seigneur vit, et mon seigneur 
le roi vit! en quelque lieu que 
vous soyez, mon seigneur, le roi, 
soit en la mort, soit en la vie, là 
sera votre serviteur. 

99. Alors David dit à Ethai : 
Viens, et passe. Et Ethai, le Gé- 
théen, passa, et tous les hommes 
qui étaient avec lui, et le reste de 
lamultitude. 

29. Et tous pleuraient à haute 
voix, et tout le peuple passait; le 
roi aussi traversait le torrent de 
Cédron, et tout le peuple mar- 
chait le long de la voie qui re- 
garde vers le désert. 

24. Or, vint Sadoc, le prétre, 
et tous les Lévites avec lui, por- 
tant l'arche de l'alliance de Dieu, 
et ils dépostrent l'arche de Dieu; 
et Abiathar monta, jusqu'à ce 
qu'eüt entièrement passé tout le 
peuple qui était sorti de la ville. 

25. Alors le roi dit à Sadoc: 
Reporte l'arche de Dieu dans la 
ville. Si je trouve grâce aux 
yeux du Seigneur, il me ramè- 
nera, et il me la montrera, ainsi 
que son tabernacle. 

26. Mais 511 me dit : Tu ne me 
plais point, je suis prét, qu'il 
fasse ce qui est bon devant lui. 

27. Et le roi dit à Sadoc, le 
prêtre : 0 voyant, retourne dans 
la ville en paix; et qu'Achimas, 
ton fils, et Jonathas, fils d'Abia- 


18. * Des Céréthiens et des Phéléthiens. Voir plus haut, vin, 18. — Geth, l'une des 


cinq principales villes des Philistins. 
22. Passe le torrent de Cédron. 


28." Le torrent de Cédron, à l'est et au sud de Jérusalem; il est presque toujours 
à sec, méme en hiver, et ne coule un peu qu'au moment des pluies. — Vers Le désert, 
la parlie septentrionale du désert de Juda où passe la route qui conduit de Jérusalem 


à Jéricho. 


21. Voyant. Ce mot servait anciennement à désigner les prophétes; il convenait 
aussi au grand-prétre, qui consultait le Seigneur et rendait des oracles en son nom. 


A. T. 


39 


610 


thar, vos deux fils, soient avec 
vous. 

98. Voilà que moi, je me ca- 
cherai dans les plaines du désert, 
jusquà ce que vienne de vous 
une parole me metlant au cou- 
rant. 

29. Sadoc donc et Abiathar re- 
porterent l'arche de Dieu à Jéru- 
salem, et demeurerent là. 

30. Cependant David gravis- 
sait la pente de la montagne des 
Oliviers, montant et pleurant, 
marchant nu-pieds, et la téte 
couverte; et aussi tout le peuple 
qui était avec lui,la téte cou- 
verte, montait pleurant. 

34. Or, on annonça à David 
qu'Achitophel était dans la con- 
juration avec Absalom, et David 
dit : Je vous prie, Seigneur, ren- 
dez insensés les conseils d'Achi- 
Lophel. 

32. Or, lorsque David gravis- 
sait le sommet de la montagne, 
sur lequel il devait adorer le 
Seigneur, voilà qu'accourut au- 
devant de lui Chusai, l'Arachite, 
le vêtement aäéchiré et la tête 
pleine de terre. 

33. Et David lui répondit : Si tu 
viens avec moi, tu me seras à 
charge; 

34. Mais si tu retournes à la 
ville, et que tu dises à Absalom : 
Je suis votre serviteur, Ó roi; 
comme j'ai été le serviteur de 
votre pere, ainsi je serai votre 
serviteur, tu dissiperas les con- 
seils d'Achitophel. 


XVI. 3. Infra, xix, 21.‏ ג 


IL ROIS. 


[cH. xvi.] 


35. Or, tu as avec toi Sadoc et 
Abiathar, prêtres; et, toute pa- 
role quelconque que tu auras 
ouïe de la maison du roi, tu la 
feras connaître à Sadoc et à Abia- 
thar, prêtres. 

36. Il y a aussi avec eux leurs 
deux fils, Achimas, fils de Sadoc, 
et Jonathas, fils d'Abiathar, et 
vous m'enverrez par eux toute 
parole que vous aurez ouie. 

37. Chusai donc, ami de Da- 
vid, étant venu dans la ville, Ab- 
salom aussi entra à Jérusalem. 


CHAPITRE XVI. 


Siba, serviteur de Miphiboseth, calomnie 
son maître auprès de David. Séméi 
outrage David. Absalom entre dans Jé- 
rusalem. Chusai se présente devant lui. 
Absalom abuse des femmes de son père 


1. Or, lorsque David eut dé- 
passé un peu le haut de la mon- 
tagne, parut à sa rencontre 
Siba, serviteur de Miphiboseth, 
avec deux ànes, qui étaient char- 
gés de deux cents pains, et de 
cent grappes de raisins secs, et 
de cent panerées de figues 
sèches, et d'une outre de vin. 

2. Etle roi dità Siba: Que veut 
dire cela? Et Siba répondit : Les 
ânes sont pour les serviteurs du 
roi, afin qu'ils y montent; les 
pains et les figues pour nourrir 
vos serviteurs; mais le vin, pour 
boire, si quelqu'un tombe en dé- 
faillance dans le désert. 

9. Et le roi reprit : Où est le 
fils de ton seigneur? Et Siba ré- 


28. * Dans les plaines du désert, prés du Jourdain. 
30. * La montagne des Oliviers, à l’est de Jérusalem. 


31. Insensés ; c'est-à-dire nuls, inutiles. 


32.* Le sommet de !4 montagne des Oliviers, 


(cn. xvi.) 


pondit au roi : ll est demeuré à 
Jérusalem, disant : Aujourd'hui 
la maison d'Israël me rendra le 
royaume de mon pere. 

4. Le roi dit encore à Siba : 
Tout ce qui était à Miphiboseth 
est à toi. Et Siba répondit : Je 


| prie, que je trouve grâce devant 


vous, mon seigneur le roi. 

5. Le roi David vint donc jus- 
qu'à Bahurim ; et voilà qu'en sor- 
tait un homme de la parenté de 
la maison de Saül, du nom de 
Séméi, fils de Géra; et sortant, 
il s'avancait maudissant, 

6. Et il jetait des pierres contre 
David et contre tous les servi- 
teurs du roi David : or, tout le 
peuple et tous les combattants 
marchaient à droite et à gauche 
à cóté du roi. 

1. Et Séméi parlait ainsi lors- 
quil maudissait le roi : Sors, 
sors, homme de sang et homme 
de Bélial. 

8. Le Seigneur t'a rendu tout 
le sang de la maison de Saül, 
parce que tu t'es emparé du 
royaume en sa place; et le Sei- 
gneur a mis le royaume en la 
main d'Absalom ton fils; et voilà 
que t'accablent tes propres maux, 
parce que tu es un homme de 
sang. 

9. Alors Abisai, fils de Sarvia, 
dit au roi : Pourquoi ce chien 
mort maudit-il mon seigneur le 
roi? J'irai, et lui couperai la tête. 


5. III Rois, 11, 8. 


II ROIS. 


611 
10. Et le roi répondit : Qu'im- 
porte à moi et à vous, fils de 
Sarvia? Laissez-le maudire; car 
le Seigneur lui a ordonné qu'il 
maudisse David. Et quel est celui 
qui osera dire : Pourquoi a-t-il 
fait ainsi? 

11. Et le roi dit à Abisai et à 
tous ses serviteurs : Voilà que 
mon fils, qui est sorti de mes 
entrailles, cherche mon àme; 
combien plus maintenant un 
fils de Jémini! Laissez-le, qu'il 
maudisse selon l'ordre du Sei- 
gneur; 

12. Peut-étre que le Seigneur 
regardera mon affliction, et que 
le Seigneur me rendra quelque 
bien pour cette malédiction d'au- 
jourd'hui. 

18. C'est pourquoi David allait 
par son chemin et ses gens avec 
lui; mais Séméi marchait du 
méme cóté, sur la créte de la 
montagne, maudissant, lancant 
des pierres contre lui, et répan- 
dant de la poussiere en l'air. 

14. Et ainsi le roi vint, et tout 
le peuple avec lui, accablé de 
lassitude, et ils reprirent là des 
forces. 

15. Cependant Absalom et tout 
son peuple entrerent à Jérusa- 
lem, et Achitophel aussi avec 
lui. 

16. Or, lorsque Chusai, l'Ara- 
chite, ami de David, fut venu 
vers Absalom, il lui dit: Je vous 


3. * Bahurim, peut-être l'actuel Almit, où il y a beaucoup de citernes taillées dans 
le roc, avec des ouvertures trés étroites. Voir plus loin, xvn, 18. 


1. * Bélial. Voir Deuléronome, xim, 13. 


8. Tes propres mauz; c'est-à-dire les maux que tu fais aux autres. 
11. Cherche mon dme. Voy. 1 Rois, xx, 1. — Un fils de Jémini; un Benjamite; un 


homme de la tribu de Saül. 


613 II ROIS. 


salue, ὃ roi; je vous salue, ὃ roi. 

17. Et Absalom : Est-ce là, lui 
dit-il, ta reconnaissance envers 
ton ami? pourquoi n'es-iu pas 
allé avec ton ami? 

18. Et Chusai répondit à Absa- 
lom : Point du tout, parce que je 
serai àcelui que le Seigneura élu, 
ainsi que tout ce peuple, et tous 
ceux d'Israël, et c'est avec lui que 
je demeurerai. 

19. Mais pour ajouter encore 
ceci : Qui vais-je servir? N'est-ce 
pas le fils du roi? Comme jai 
obéi à votre père, ainsi je vous 
obéirai. 

20. Or Absalom dit à Achito- 
phel : Délibérez sur ce que nous 
devons faire. 

21. Et Achitophel dit à Absa- 
lom : Approchez-vous des fem- 
mes de votre pere, qu'il a laissées 
pour garder la maison, afin que, 
lorsque tout Israël aura oui que 
vous avez déshonoré votre pere, 
leurs mains se forüfienl avec 
vous. 

92. Ils dresserent donc une 
tente pour Absalom sur la ter- 
rasse, et il s'approcha des fem- 
mes de son pere devant tout Is- 
raél. 

93. Et les conseils qu'Achito- 
phel donnait en ces jours-là, 
étaient comme si quelqu'un con- 
sultait Dieu. Tel était tout conseil 
d'Achitophel, et lorsqu'il était 
avec David, et lorsqu'il était avec 
Absalom. | 


22, Supra, ,זא‎ 


(cH. xvir.] 


CHAPITRE XVII. 


Achitophel conseille de poursuivre David ; 
Chusai détruit ce conseil, et fait aver- 
tir David, qui passe le Jourdain. Achi- 
tophel se pend. Absalom poursuit David. 
David recoit des rafraichissements. 


1. Achitophel donc dit à Absa- 
lom : Je me choisirai douze mille 
hommes, et me levant, je pour- 
suivrai David en cette nuit. 

2. Et, fondant sur lui (car il est 
las et de mains défaillantes), je le 
frapperai ; et lorsqu'aura fui tout 
le peuple qui est avec lui, je frap- 
perai le roi désolé. 

3. Et je ramenerai tout le peu- 
ple, comme un seul homme ἃ 
coutume de revenir; car c'est un 
seul homme que vous cherchez 
vous-méme ; ettoutlepeuple sera 
en paix. 

4. Et sa parole plut à Absalom 
et à tous les anciens d'Israél. 

5. Mais Absalom dit : Appelez 
Chusai, l'Arachite, et écoutons ce 
que lui aussi dira. 

6. Et lorsque Chusai fut venu 
vers Absalom, Absalom lui dit : 
Achitophela dit cette parole; de- 
vons-nous l'exécuter ou non? 
quel conseil donnes-tu ? 

7. Et Chusaï répondit à Absa- 
lom : Ce n'est pas un bon conseil 
qu'a donné Achitophel cette fois. 

8. Et Chusai ajouta encore : 
Vous savez que votre pere et les 
hommes qui sont avec lui sont 
très vaillants, et d'un cœur outré, 


21. Leurs mains se forlifient avec vous; hébraïsme, pour: ils s'attachent si forte- 


ment à votre parti. 


9. Désolé; c'est-à-dire abandonné, seul, comme porte l'hébreu. 
8. Il ne restera point dans la plaine sans défense, mais il cherchera quelque en- 
droit où il sera en sûreté et pourra se défendre, 


ἴση. xvrr.] 


comme si une ourse était furieu- 
se, ses petits lui ayant été ravis 
dans la forêt ; et votre père aussi, 
homme de guerre, ne restera 
point avec le peuple. 

9. Peut-étre est-il maintenant 
caché dans les cavernes, ou en 
un autre lieu qu'il aura voulu; 
et si quelqu'un, quel qu'il soit, 
tombe au commencement, on 
lapprendra, et quiconque l'ap- 
prendra, dira: Il ἃ été fait une 
grande plaie sur le peuple qui 
suivait Absalom. 

10. Et tous les plus vaillants, 
dont le cœur est comme celui du 
lion, seront saisis d'effroi; car 
tout le peuple d'Israél sait que 
votre pere est vaillant, et que 
tous ceux qui sont avec lui sont 
vigoureux. 

11. Mais ceci me semble étre 
un bon conseil : que tout Israél 
s'assemble pres de vous, depuis 
Dan jusqu'à Bersabée , comme le 
sable innombrable de la mer, et 
vous, vous serez au milieu d'eux. 

19. Et nous fondrons sur David, 
en quelque lieu que nous le trou- 
vions, et nous le couvrirons 
comme la rosée a coutume de 
tomber sur la terre; quant aux 
hommes qui sont avec lui, nous 
n'en laisserons pas méme un 
seul. 

13. Que s'il entre en quelque 
ville, tout Israël environnera 


II ROIS. 613 


cette ville de cordes; et nous 
lentrainerons dans le torrent, 
afin qu'on n'en trouve pas méme 
une petite pierre. 

14. Alors Absalom dit et tous 
les hommes d'Israél : Le conseil 
de Chusai, l'Arachite, est meilleur 
que le conseil d'Achitophel. Ainsi 
par la volonté du Seigneur fut 
dissipé le conseil utile d'Achito- 
phel, afin que le Seigneur ame- 
nátle malheur sur Absalom. 

15. Et Chusai dit à Sadoc et à 
Abiathar, prétres : C'est de cette 
maniere qu'Achitophel ἃ donné 
conseil à Absalom et aux anciens 
d'Israél, et moi j'ai donné tel et 
tel conseil. 

16. Maintenant donc, envoyez 
vite, et annoncez à David, disant: 
Ne demeurez point cette nuit 
dans les plaines du désert; mais 
passez au delàsans délai, de peur 
que le roi ne soit englouti, et 
tout le peuple qui est avec lui. 

17. Or Jonathas et Achimaas 
étaient pres de la fontaine de Ro- 
gel : la servante vint, et les aver- 
tit, etils partirent pour rapporter 
au roi David le message ; car ils 
ne pouvaient étre vus, ou entrer 
dans la ville. 

18. Mais un certain enfant les 
vit, et en donna avis à Absalom : 
or, eux, d'un pas précipité, en- 
trèrent dans la maison d'un cer- 
tain homme de Bahurim, lequel 


11. * Depuis Dan jusqu'à Bersabée. Voir la note sur Juges, xx, 1. 
12. Comme la rosée, 616. Construction elliptique, pour : Comme la rosée qui tombe 


sur la terre, la couvre. 


16. Au delà; sur l'autre rive du Jourdain. 

47. La servante, probablement de Sadoc ou d'Abiathar, laquelle vint à la fontaine 
sous prétexte de puiser de l'eau ou de laver du linge. — Car ils ne pouvaient, etc. ; 
c’est-à-dire il leur était défendu de se montrer et d'entrer dans la ville. — * La fon- 
laine de Rogel, aujourd'hui Puits de Job, au sud-ouest de Jérusalem. 

18. Un puits. C'était une citerne, alors sans eau, et dont l'embouchure était à 


ûeur de terre. — * Voir plus haut, xvi, 5. 


614 Il ROIS. 


avait ur puits dans sa cour, et 
ils y descendirent. 

19. Cependant la femme prit sa 
sa couverture, et l'étendit sur le 
juits, comme pour faire sécher 
de l'orge mondé ; et ainsi fut ca- 
chée la chose. 

90. Et lorsque les serviteurs 
d'Absalom furent venus dans la 
maison, ils dirent à cette femme : 
Où sont Achimaas et Jonathas? 
Et la femme leur répondit : Ils 
ont passé à la hâte, apres avoir 
goüté un peu d'eau. Mais ceux 
qui les cherchaient, ne les trou- 
vant point, retournèrent à Jéru- 
salem. 

91. Et lorsquils s'en furent 
allés, Achimaas et Jonathas mon- 
tèrent hors du puits, et, che- 
minant, ils l'annoncerent au roi 
David, et dirent : Levez-vous, 
et passez le fleuve; car Achi- 
tophel a donné tel conseil contre 
vous. 

99. David donc se leva, et tout 
10 peuple qui était avec lui, et ils 
passerent le Jourdain jusqu'à ce 
que le jour parüt, et il n'en de- 
meura pas méme un seul qui ne 
passát le fleuve. 

93. Mais Achitophel, voyant que 
son conseil n'avait pas été suivi, 
sella son âne et se leva, et s'en 
alla en sa maison et en sa ville ; 
et, sa maison réglée, il se pendit, 
et il fut enseveli dans le sépulcre 
de son père. 

94. Ensuite David vint dans le 
camp, et Absalom passa le Jour- 


[cH. Xvurr.] 
dain, lui et tous les hommes d'Is- 
rael avec lui. 

95. Et Absalom établit Amasa 
sur l'armée au lieu de Joab. Or 
Amasa était fils d'un homme qui 
s'appelait Jétra, de Jezraél, qui 
avait été avec Abigail, fille de 
Naas, sœur de Sarvia, laquelle 
fut mere de Joab. 

26. Et Israël campa avec Absa- 
lom dans la terre de Galaad. 

27. Et lorsque David fut venu 
dans le camp, Sobi, fils de Naas, 
deRabbath des enfants d' Ammon, 
et Machir, fils d'Ammihel de Lo- 
dabar, et Berzellai, le Galaadite, 
de Rogelim, 

98. Lui offrirent des lits, des 
tapis, des vases de terre, du blé, 
de l'orge, de la farine, des grains 
rótis, des fèves, des lentilles, des 
pois grillés. 

99. Du miel, du beurre, des 
brebis, et des veaux gras ; et ils 
les donnerent à David et au peu- 
ple qui était avec lui pour man- 
ger : Car ils supposèrent que le 
peuple était abattu par la faim et 
par la soif dans le désert. 


CHAPITRE XVIII. 


Victoire de l'armée de David contre Ab- 
salom, qui, en s'enfuyant, demeure sus- 
pendu à un arbre. Joab le perce. David 
pleure sa mort. 


1. Ainsi David, son peuple pas- 
sé en revue, établit sur eux des 
tribuns et des centurions. 

2. Et il mit une troisième partie 
de ses troupes sous la main de 


o —— M —— τι͵ — ——— ———— 


95. Avait été avec Abigail. D'autres traduisent, avait épousé Abigail; mais ni la 
Vulgate, ni l'hébreu ne le disent. — Naas est le méme qu'sai, que portent ici 
quelques exemplaires de la version grecque. D'ailleurs la généalogie de Naas qui 
figure ici est celle qu'on donne à Isai dans 1 Paralip., 11, 13, 15, 16. 

Rabbath-Ammon. Voir Deutéronome, πὶ, 11, — Lodabar, ville du pays de‏ * .דפ 
Galaad, — Rogelim, ville du pays de Galaad.‏ 


(cu. xvrr.] 


Joab, une troisieme partie sous 
la main d'Abisai, fils de Sarvia, 
frère de Joab, et une troisième 
parüe sous la main d'Ethai, qui 
était de Geth; et le roi dit au 
peuple: J'irai moi aussi avec vous. 

3. Et le peuple répondit : Vous 
ne sortirez point; car si nous 
fuyons, ils n'attacheront pas 
beaucoup d'importance à nous; 
et si la moitié de nous tombe, ils 
n'y prendront pas assez d'intérét, 
parce que vous seul, vous étes 
compté pour dix mille. Il vaut 
donc mieux que vous nous soyez 
un appui dans la ville. 

4. Le roi leur dit : Je ferai ce 
qui vous semble bon. Le roi donc 
s'arrêta pres de la porte : et le 
peuple sortait selon ses bandes, 
par cent et par mille. 

5. Et le roi commanda à Joab, 
et à Abisai, et à Ethai, disant : 
Sauvez-moi mon fils Absalom. Et 
tout le peuple entendit le roi or- 
donnant à tous les chefs en faveur 
d'Absalom. 

6. C'est pourquoi le peuple sor- 
tit dans la plaine contre Israél, et 
le combat se fit dans la forét d'E- 
phraim. 

7. Et là le peuple d'Israël fut 
taillé en pièces par l'armée de 
David; et il y eut une grande dé- 
faite en ce jour-là, vingt mille 
hommes furent tués. 

8. Or, le combat s'étendit sur la 


II ROIS. 615 


face de toute la terre, ceux du 
peuple que 18 forêt détruisit, 
étaient beaucoup plus nombreux 
que ceux que dévora le glaive en 
ce jour-là. 

9. Mais il advint qu'Absalom 
rencontrales serviteurs de David, 
étant assis sur son mulet; et tan- 
dis que le mulet entrait sous le 
chéne touffu et grand, la téte 
d'Absalom s'embarrassa dans le 
chêne ; et, lui étant suspendu en- 
tre le ciel et la terre, le mulet sur 
lequel il était assis passa outre. 

10. Or, quelqu'un vit cela, et 
l'annonca à Joab, disant : J'ai vu 
Absalom suspendu au chéne. 

11. Et Joab dit à l'homme qui le 
lui avait annoncé : Si tu l'as vu, 
pourquoi ne l'as-tu point percé 
contre la terre? Je t'aurais donné 
dix sicles d'argent et un baudrier. 

19. Celui-ci dit à Joab : Quand 
vous peseriez en mes mains mille 
sicles d'argent, je ne porterais 
nullement ma main sur le fils du 
roi; Car, comme nous l'avons oui, 
le roi vous a ordonné à vous, à 
Abisai et à Ethai, disant : Conser- 
vez mon fils Absalom. 

13. Mais si j'avais agi ainsi au- 
dacieusement contre mon âme, 
cela n'aurait pu étre nullement 
caché au roi; et vous, seriez-vous 
contre ἐμ 

14. Et Joab dit : Non pas comme 
tu veux, mais je l'attaquerai de- 


6. * Dans la forêt d'Ephraim, à l'est du Jourdain, selon les uns, à l'ouest, selon 


les autres. 


8. Sur la face de toute lu terre; c'est-à-dire dans tout le pays. 

9. Le chéne, etc. Ce chéne était distingué de tous les autres arbres, c'est pour cela 
que l'écrivain sacré l'a fait précéder de l'article. 

11, 12. Le sicle d'argent avait chez les Hébreux le même poids que le sicle d'or, 
environ 14 grammes 177. Quant à la valeur comme monnaie, le sicle d'argent pur 
représentait environ 4 fr. 60 et le sicle d'or pur, environ 23 tr. 20. 

14. Non pas, etc. Construction elliptique, ponr : 17 n'en sera pas comme, etc. Com- 


par. Mat{h,, xxvi, 29. 


616 II ROIS. 


vant toi. Joab donc prit trois 
dards en sa main, et les enfonca 
dans le cœur d'Absalom ; et com- 
me il respirait encore, suspendu 
au chéne, 

18. Accoururent dix jeunes 
écuyers de 108, et, le frappant, 
ils le tuerent. 

16. Or Joab sonna de la trom- 
pette, et retint le peuple, afin 
qu'il ne poursuivit point Israël, 
qui fuyait, voulant épargner la 
multitude. : 

11. Et ils emportèrent Absalom 
et le jeterent dans la forêt, dans 
la grande fosse, et ils porterent 
sur lui un très grand monceau 
de pierres; mais tout Israël s'en- 
fuit en ses tabernacles. 

18. Or, Absalom avait érigé 
pour lui, lorsqu'il vivait encore, 
un monument qui est dans la 
Vallée du roi; car il avait dit : Je 
n'ai point de fils, et ce sera là un 
souvenir de mon nom. Et il ap- 
pela le monument de son nom; 
et on l'a appelé la Main d'Ahsa- 
lom jusqu'à ce jour. 

19. Alors Achimaas, fils de Sa- 
doc, dit : Je courrai, et j annonce- 
rai au roi que le Seigneur lui a 
fait justice, en le délivrant de la 
main de ses ennemis. 

90. Joab lui dit : Tu ne seras 
point messager en ce jour; mais 
tu annonceras dans un autre : je 
ne veux pas que tu portes aujour- 
d'hui la nouvelle; car le fils du 
roi est mort. 


[cH. xvur.] 


91. Joab dit donc à Chusi : Va, 
et annonce au roi ce que tu as 
vu. Chusi se prosterna devant 
Joab, et courut. 

29. Achimaas, fils de Sadoc, 
dit encore à Joab : Qui empéche 
que je ne coure, moi aussi, apres 
Chusi? Et Joab lui dit : Pourquoi 
veux-tu courir, mon fils? tu ne 
seras pas porteur d'une bonne 
nouvelle. 

93. Achimaas répondit : Mais 
enfin si je courais? Et il lui dit : 
Cours. Achimaas donc, courant 
par une voie plus courte, devanca 
Ghusi. 

24. Cependant David était assis 
entre les deux portes; et la sen- 
tinelle qui était au faite de la 
porte surle mur, levant]les yeux, 
vit un homme courant seul. 

95. Et, criant à haute voix, elle 
averlit le roi; et le roi dit : S'il est 
seul, une bonne nouvelle est en 
sa bouche. Or, celui-ci se hátant, 
et approchant de plus pres, 

90. La sentinelle vit un autre 
homme courant, et criant haut 
du faite, elle dit : Je vois un 
autre homme courant seul. Et le 
roi dit : Gelui-ci aussi est un bon 
messager. 

27. Mais la sentinelle : Je vois, 
dit-elle, la course du premier 
comme la course d'Achimaas, fils 
de Sadoc. Et le roi dit : C'est un 
homme de bien, et c'est en por- 
tant une bonne nouvelle qu'il 
vient. 


18. * Dans la Vallée du roi, probablement la Vallée de Cédron. On y voit encore 
aujourd'hui un monument qu'on appelle 16 tombeau d'Absalom. ll date seulement 
de l'époque grecque. Néanmoins il peut se trouver à l'endroit où Absalom avait fait 
élever son monument, qui devait étre un cippe en pierre. 

24. Entre les deux portes; c'est-à-dire entre la porte intérieure qui regardait la 
ville, et la porte extérieure qui regardait la campagne. 

25. S'il est seul, etc. ; car s'ils étaient vaincus, ils reviendraient en nombre. 


[(Η. xix.] 


98. Et criant, Achimaas dit 
au roi: Salut, ὃ roi! Et, se pros- 
ternant devant le roi, incliné 
vers la terre, il dit: Béni le Sei- 
gneur votre Dieu, qui a enfermé 
les hommes qui ont levé leurs 
mains contre mon seigneur le 
roi. 

29. Et le roi demanda : La 
paix est-elle avec mon fils Absa- 
lom? Et Achimaas répondit : 0 
roi, jai vu un grand tumulte, 
lorsque Joab, votre serviteur, 
m'envoyait, moi, votre serviteur: 
je ne sais pas autre chose. 

30. Et le roi : Passe, dit-il, et 
attends ici. EL lorsque celui-ci eut 
passé, et qu'il s'arrétait, 

31. Parut Chusi, et venant, il 
dit : J'apporte une bonne nou- 
velle, mon seigneur le roi; car 
le Seigneur aujourd'hui a jugé 
en votre faveur, en vous déli- 
vrant de la main de tous ceux 
qui se sont élevés contre vous. 

39. Et le roi dit à Chusi : La 
paix est-elle avec mon fils Absa- 
lom? Chusi lui répondant : Qu'ils 
deviennent, dit-il, comme le 
jeune prince, les ennemis de 
mon seigneur le roi, et tous ceux 
qui s'élèvent contre lui pour le 
mal. 

33. C'est pourquoi le roi con- 
trist monta dans la chambre 
au-dessus de la porte, et pleura. 
Et il disait en montant : Mon fils 
Absalom! Absalom mon fils! qui 
est-ce qui me donnera que je 


CaaP. XVII. 33. Infra, xix, 4. 


II ROIS. 617 


meure moi-même pour toi? Ab- 
salom mon fils! mon fils Absa- 
lom! 


CHAPITRE XIX. 


David contiuue de pleurer Absalom. Joab 
l'oblige de se montrer à son peuple. La 
tribu de Juda le raméne à Jérusalem. 
Il pardonne à Séméi. 1[ reçoit Miphibo- 
seth. Berzellaï lui laisse son fils. Mur- 
mure d'Israël contre Juda. 


1. Or, on annonça à Joab que 
le roi pleurait, et qu'il se lamen- 
tait sur son fils. 

2. Et la vietoire, en ce jour-là, 
fut changée en deuil pour tout le 
peuple : car le peuple en ce jour 
entendit qu'on disait : Le roi 
pleure sur son fils. 

3. Et le peuple évita ce jour-là 
d'entrer dans la ville, comme a 
coutume de l’éviter le peuple 
qui a été défait et qui s'enfuit de 
la bataille. 

4. Or, le roi couvrit sa tête, et 
il eriait à haute voix : Mon fils 
Absalom! Absalom mon fils! 
mon fils! 

9. Joab donc, étant entré pres 
du roi dans la maison, dit : 
Vous avez aujourd'hui répandu 
la confusion sur le visage de 
tous vos serviteurs, qui ont 
sauvé votre âme, etl'Àme de vos 
fils et de vos filles, et l'àme de 
vos épouses et de vos femmes. 

6. Vous aimez ceux qui vous 
haissent, et haissez ceux qui 
vous aiment; et vous avez mon- 
tré aujourd'hui que vous ne son- 


29. La paix; c'est-à-dire /a santé, ou la vie. Nous avons déjà remarqué que par 
le mot paix, les Hébreux entendaient souvent toute sorte de prospérités. 

4. Couvrit sa lêle; comme cela se pratiquait dans le deuil. 

9. Par épouses, il faut entendre ici les femmes du premier rang, et par femmes, 


celles du second. 


618 IT ROIS. 


gez pas à vos officiers et à vos 
serviteurs ; et je reconnais main- 
tenant avec vérité que si votre 
fils Absalom vivait, et que nous 
eussions tous succombé, cela 
vous serait agréable. 

7. Maintenant donc levez-vous, 
paraissez, et en leur parlant, 
vontentez vos serviteurs : car je 
vous jure par le Seigneur que, si 
vous ne sortez, il n'en demeurera 
pas même un seul avec vous cette 
nuit; et ce sera pour vous pire 
que tous les maux qui sont venus 
sur vous depuis votre adoles- 
cence jusqu'à présent. 

8. Le roi se leva donc et s'assit 
à la porte; et l'on annonça à tout 
le peuple que le roi était assis à 
la porte; et toute la multitude 
vint devant le roi; mais Israël 
s'enfuit dans ses tabernacles. 

9. Et tout le peuple dans toutes 
les tribus d'Israël s'animait à 
l'envi, disant: Le roi nous a dé- 
livrés de la main de nos enne- 
mis, lui-méme nous a sauvés de 
la main des Philistins; et mainte- 
nant 11 fuit de son pays à cause 
d'Absalom. 

10. Et Absalom, que nous 
avons oint pour étre au-dessus 
de nous, est mort à la guerre. 
Jusqu'à quand garderéz-vous le 
silence, et ne ramènerez-vous 
point le roi? 

11. Or, le roi David envoya à 
Sadoc et à Abiathar, prétres, 
disant : Parlez aux anciens de 
Juda, disant : Pourquoi venez- 


(βαρ. XIX. 16. III Rois, 11, 8. 


[cH. xix.] 


vous les derniers pour ramener 
le roi dans sa maison? (Or, la pa- 
role de tout Israél était venue 
jusqu'au roi en sa maison.) 

19. Vous étes mes freres, vous 
étes mon os et ma chair : pour- 
quoi ramenez-vous le roi les der- 
niers? 

13. Et dites à Amasa : N’es-tu 
pas mon os et ma chair? Que 
Dieu me fasse ceci, et qu'il ajoute 
cela, si tu n'es le maitre de la 
milice devant moi, en tout temps, 
à la place de Joab! 

14. Et il s'attira le cœur de tous 
les hommes dé Juda, comme ἐκ 
cœur dun seul homme; et ils 
envoyèrent au roi, disant : Re- 
venez, vous et tous vos servi- 
teurs. 

15. Le roi donc retourna, et 
vint jusqu'au Jourdain; et tout 
Juda vint jusqu'à Galgala pour 
rencontrer le roi, et pour le con- 
duire au delà du Jourdain. 

16. Or Séméi, fils de Géra, fils 
de Jémini, de Bahurim, se háta, 
et descendit avec les hommes de 
Juda, àla rencontre du roi David, 

17. Avec mille hommes de Ben- 
jamin, et Siba, le servileur de la 
maison de Saül; et ses quinze fils 
et vingt serviteurs étaient avec 
lui; et, traversant le Jourdain 
avant le roi, 

> 48. Ils passèrent à gué, afin de 
conduire au delà la maison du 
roi et pour agir selon son com- 
mandement : or, Séméi, fils de 
Géra, prosterné devant le roi, 


8. Israël; c'est-à-dire les Israélites qui avaient suivi Absalom. 

18. Que Dieu me fasse ceci, etc. Voy. Ruth, 1, 11. 

16. Séméi, le méme qui avait maudit David. Voy. chap. xvi, 5-8. — Fi/s de Jémini ; 
Benjamite, dela tribu de Benjamin. — * De Bahurim. Voir plus haut, xvi, ὃ. 


ἴω. xix.) 
lorsque déjà il ava t passéle Jour- 
 dain, 

19. Lui dit : Mon seigneur, ne 
considérez point mon iniquité, et 
ne vous souvenez pas des in- 
jures de votre serviteur au jour, 
mon seigneur le roi, que vous 
étes sorti de Jérusalem, et ne 
la mettez pas en votre cœur, ὁ 
roi; 

20. Car moi, votre serviteur, je 
connais mon péché, et c'est pour- 
quoi aujourd'hui je suis venu le 
premier de toute la maison de 
Joseph, et je suis descendu à la 
rencontre de mon seigneur le 
roi. 

91. Mais Abisai, fils de Sarvia, 
répondant, dit : Est-ce que pour 
ces paroles, Séméi ne sera pas 
mis à mort, puisqu'il a maudit le 
christ du Seigneur? 

22. Et David répondit : Qu'im- 
porte à moi et à vous, fils de Sar- 
via? Pourquoi me devenez-vous 
aujourd'hui des ennemis? Est-ce 
donc aujourd'hui quun homme 
sera mis à mort en Israél ? Est-ce 
que j'ignore que je suis devenu 
aujourd'hui roi sur Israél? 

93. Etle roi dit à Séméi : Tu ne 
mourras point. Et il lui jura. 

24. Miphiboseth aussi, fils de 
Saül, descendit àla rencontre du 
roi, les pieds non lavés et la bar- 
be non rasée; et il n'avait point 
lavé ses vêtements depuis le jour 


21, Supra, xvi, 3. 


II ROIS. 619 


que le roi était sorti jusqu'au jour 
de son retour en paix. 

95. Et lorsqu'il fut venu à la 
rencontre du roi à Jérusalem, le 
roi lui dit : Pourquoi n'es-tu pas 
venu avec moi, Miphiboseth ? 

26. Et, répondant, il dit: Mon 
seigneur le roi, mon serviteur 
m'a méprisé, et je lui ai dit, moi, 
votre serviteur, quil préparât 
mon âne, afin que montant des- 
sus je m'en allasse avec le roi; 
car moi, votre serviteur, je suis 
boiteux. 

27. Et de plus, il m'a accusé, 
mol, votre serviteur, devant 
vous, mon seigneur le roi. Mais 
vous, mon seigneur le roi, vous 
étes comme un ange de Dieu; 
faites ce qui vous est agréable. 

28. Car toute la maison de mon 
père n'a mérité que la mort de 
mon seigneur le roi; cependant 
vous m'avez placé, moi, votre 
serviteur, parmi les convives de 
votre table. Quel sujet ai-je donc 
d'une juste plainte, et que puis- 
je encore réclamer du roi? 

29. Le roi donc lui dit : Pour- 
quoi parles-tu encore? ce que 
j'ai dit est arrêté : toi et Siba, par- 
tagez les possessions. 

30. Et Miphiboseth répondit au 
roi : Qu'il prenne méme tout, 
puisque mon seigneur le roi est 
revenu pacifiquement dans sa 
maison. 


20. La maison de Joseph se prend, tantôt pour toute la maison d'Israël, tantôt pour 
la maison d'Israél, distinguée de la maison de Juda. C'est dans ce dernier sens qu'elle 


se prend ici. 


26. M'a méprisé; c'est-à-dire a méprisé mes ordres. 

29. Il. est probable que David a cru voir quelque chose de suspect dans la conduite 
de Miphiboseth; voilà pourquoi il ne lui rend que la moitié de ses biens, et laisse 
l'autre moitié à Siba, qui paraissait être trés affectionné et au roi et à son gouverne- 


ment, 


620 II ROIS. 


91. 01201181 aussi, le Galaadite, 
descendant de Rogelim, condui- 
sit le roi de l'autre cóté du Jour- 
dain, prét à l'accompagner aussi 
au delà du fleuve. 

32. Or Berzellai, le Galaadite, 
était très vieux, c'est-à-dire, oc- 
togénaire; ce fut lui qui fournit 
des vivres au roi, quand il de- 
meurait dans le camp; car il fut 
un homme tres riche. 

33. C'est pourquoi le roi dit à 
Berzellai : Viens avec moi, afin 
que tu vives en repos avec moi à 
Jérusalem. 

34. Et Berzellai répondit au roi: 
Quel est le nombre des jours de 
ma vie, pour que je monte avec 
le roi à Jérusalem? 

35. Je suis octogénaire aujour- 
d'hui. Mes sens ont-ils quelque 
vigueur, pour discerner le doux 
et l'amer? Ou le manger et le 
boire peuvent-ils donner du plai- 
sir à votre serviteur? ou bien 
puis-je écouter encore la voix 
des chanteurs et des chanteuses? 
Pourquoi votre serviteur serait-il 
à charge à mon seigneur le roi? 

36. Moi, votre serviteur, j'irai 
un peu au delà du Jourdain avec 
vous; je n'ai pas besoin de ce 
changement. 

37. Mais je vous conjure, que 
je puisse, moi votre serviteur, 
retourner et mourir dans ma 
ville, et étre enseveli pres du sé- 
pulcre de mon père et de ma 
mère. Mais voici votre serviteur 


32. Supra, xvii, 28; III Rois, rr, 7. 


[cu. xix.] 


Chamaam, qu'il aille lui-méme 
avec vous, mon seigneur le roi, 
et faites pour lui tout ce qui vous 
semble bon. 

38. C'est pourquoi le roi lui dit : 
Que Chamaam vienne avec moi, 
et je ferai pour lui tout ce qui te 
plaira, et tout ce que tu deman- 
deras, je te l'accorderai. 

39. Et lorsque tout le peuple et 
le roi eurent passé le Jourdain, 
le roi baisa Berzellai et lui sou- 
haita toute sorte 66 68 ; 
et celui-ci s'en retourna en sa 
demeure. 

40. Le roi donc passa à Galgala, 
et Chamaam avec lui : mais tout 
le peuple de Juda avait conduit le 
roi au delà du fleuve, etla moitié 
seulement du peuple d'Israél s'y 
était trouvée. 

41. C'est pourquoi tous les 
hommes d'Israël, accourant au- 
près du roi, lui dirent: Pourquoi 
nos freres, les hommes de Juda, 
vous ont-ils enlevé, et ont-ils con- 
duit le roi et sa maison au delà 
du Jourdain, et tous les hommes 
de David avec lui? 

49. Et chaque homme de Juda 
répondit aux hommes d'Israél : 
Parce que le roi m'est plus pro- 
che; pourquoi vous irritez-vous 
de cela? Est-ce que nous avons 
mangé quelque chose venant du 
roi? ou nous a-t-on donné des 
présents ? E 

43. Et un homme d'Israël ré- 
pondit aux hommes de Juda, et 


31. * Rogelim, ville du pays de Galaad. 


36. Ce changement, de vie, de situation; ou, selon l'hébreu, cette rétribution, celte 


récompense. 


42. M'est plus proche. David était en effet de la tribu de Juda. 
43. Nous sommes, etc. ; puisque nous sommes dix tribus contre une, celle de Juda. 


[cu. xx.] 
dit : Nous sommes auprès du roi 
dix fois plus, que vous ; ainsi Da- 
vid nous appartient plus qu'à 
vous. Pourquoi nous avez-vous 
fait injure, et n'avons-nous pas 
été avertis les premiers pour ra- 
mener notre roi? Mais les hom- 
mes de Juda répondirent plus 
durement aux hommes d'Israél. 


CHAPITRE XX. 


Séba excite un nouveau soulèvement 
contre David. Joab prend ombrage de 
la confiance que David témoigne à 
Amasa, et le tue. Il va assiéger Abéla, 
οὐ Séba s'était retiré. Séba est mis à 
mort. 


1. Il arriva aussi que là était 
un homme de Bélial, du nom de 
Séba, fils de Bochri, homme de 
Jémini, et il sonna de la trom- 
pette, et dit : Nous n'avons point 
de part avec David, ni d'héritage 
avec le fils d'Isai; retourne en 
tes tabernacles, ὃ Israël. 

9. Et tout Israél se sépara de 
David, et suivit Séba, fils de Bo- 
chri; mais les hommes de Juda 
resterent pres de leur roi, de- 
puis le Jourdain jusqu'à Jérusa- 
lem. 

3. Et lorsque le roi fut venu en 
sa maison à Jérusalem, il prit les 
dix femmes qu'il avait laissées 
pour garder la maison, les donna 
en garde, leur fournissant les 


XX, 9. III Rois, rr, 5.‏ .ג 


II ROIS. 621 


aliments; et il ne s'approcha plus 
d'elles : mais elles étaient enfer- 
mées jusqu'au jour de leur mort, 
vivant en veuves. 

4. Or, le roi dit à Amasa : Ap- 
pelle prés de moi tous les hom- 
mes de Juda pour le troisieme 
jour, et toi, sois présent. 

9. Amasa donc s'en alla pour 
appeler Juda, et il tarda au delà de 
l'ordre que lui avait donné le roi. 

6. Or David dit à Abisai 
Maintenant Séba, fils de Bochri, 
nous affligera plus qu'Absalom : 
prends doncles serviteurs de ton 
seigneur, et poursuis-le, de peur 
qu'il ne trouve des villes forti- 
fiées, et qu'il ne nous échappe. 

7. Les hommes de Joab sorti- 
rent donc avec lui, les Géréthiens 
aussi et les Phélétiens; et tous les 
hommes vigoureux sortirent de 
Jérusalem pour poursuivre Séba, 
fils de Bochri. 

8. Et lorsqu'ils furent près de 
la grande pierre qui est à Ga- 
baon, Amasa, venant, les ren- 
contra. Or, Joab était vétu d'une 
tunique étroite, selon la mesure 
de son habit, et par-dessus ceint 
d'un glaive pendant à ses cótés 
dans son fourreau, et fait de ma- 
nière qu'il pouvait par un léger 
mouvement sortir et frapper. 

9. C'est pourquoi Joab dit à 
Amasa : Salut, mon frère. Et de 


- Littér.: Je suis, etc. Le singulier qui existe dans les verbes et les pronoms de ce 
verset, aussi bien dans le texte original que dans la Vulgate, ne saurait étre repro- 
duit en francais, sans fausser évidemment le sens. 


1. * Homme de Jémini signifie, par abréviation, en supprimant le premier élément du 
nom propre Ben (fils), homme de la tribu de Benjamin; ce qui, dans l'hébreu comme 
dans la Vulgate, s'exprime par 6/8 de Jémini, ainsi qu'on l'a déjà vu dans un certain 
nombre de passages. — * Belial. Voir Deutéronome, xii, 13. 

1. * Les Céréthiens et les Phéléthiens. Voir plus haut, vri, 18. 

8. * A Gabaon. Voir la note sur 111 Rois, 111, 4. 


032 II. ROIS. 


sa main droite, il prit le menton 
d'Amasa, comme pour le baiser. 

10. Or Amasa ne prit point 
garde au glaive qu'avait Joab, 
qui le frappa dans le côté, et ré- 
pandit ses entrailles sur la terre; 
et il ne 16 frappa point d'un se- 
cond coup, et Amasa mourut. En- 
suite Joab et Abisai son frère 
poursuivirent Séba, fils de Bo- 
chri. 

11. Gependant quelques hom- 
mes des compagnons de Joab, s'é- 
tant arrétés prés du cadavre d'A- 
masa, dirent : Voilà celui qui a 
voulu être de la suite de David à 
la place de Joab. 

19. Et Amasa, couvert de sang, 
gisait au milieu de la voie. Mais 
un certain homme vit que tout le 
peuple s'arrétait pour le voir; il 
poussa Amasa de la voie dans le 
champ, et le couvrit d'un véte- 
ment, afin que les passants ne 
s'arrétassent pas à cause de lui. 

13. Amasa donc ôté de la voie, 
tout homme passait, suivant 
Joab, pour poursuivre Séba, fils 
de Bochri. 

14. Mais celui-ci avait passé à 
travers toutes les tribus d'Israël, 
à Abéla et à Bethmaacha ; et tous 
les hommes choisis s'étaient as- 
semblés auprès de lui. 

15. C'est pourquoi 7000 et les 
siens vinrent, et l'assiégèrent à 
Abéla et à Bethmaacha; et ils 
environnerent la ville de fortifi- 
cations, et la ville fut investie : 


[cu. xx.] 


or, toute la multitude qui était 
avec Joab s'efforcait de détruire 
les murs. 

16. Et une femme sage de la 
ville s'écria : Ecoutez, écoutez; 
dites à Joab : Approche-toi d'ici, 
et je te parlerai. 

17. Lorsque 1082 se fut appro- 
ché d'elle, elle lui dit : C'est toi 
qui es Joab? Et celui-ci répondit : 
Moi. Elle lui parla ainsi : Ecoute 
les paroles de ta servante. Joab 
répondit : J'écoute. 

18. Et elle de nouveau : Ce 
mot, dit-elle, se disait dans un 
ancien proverbe: Ceux qui in- 
terrogent, qu'ils interrogent à 
Abéla; et c'est ainsi qu'ils arri- 
vaient au but. 

19. N'est-ce pas moi qui ré- 
ponds la vérité en Israél, et toi, 
tu demandes à bouleverser une 
cité, et à détruire une mère en 
Israël ? Pourquoi renverses-tu 
l'héritage du Seigneur? 

20. Et répondant, Joab dit : 
Loin de moi, loin de moi cela! 
je ne renverse, ni ne démolis. 

21. La chose n'est pas ainsi; 
mais un homme de la montagne 
d'Ephraim, Séba, fils de Bochri 
par son surnom, a levé sa main 
contre le roi David : livrez-le 
seul, et nous nous retirerons de 
la ville. Et la femme dit à Joab : 
Voilà que sa téte te sera envoyée 
par-dessus le mur. 

99. Elle s'avanca donc vers 
tout le peuple, et parla sage- 


— M— — Ὃ΄-΄“ρ“ππ.-ςῆὩῸδρ1πἨτπ1πππττἀυλιτττοοωης1πΠ1.11ι.3..ς.ςᾺἃΛΔἃἄὑὕῃ΄ἈΓ[ Ρ, τ. “----«΄-ῖῖ5 


9. Et de sa main droite, etc. Telle étaitla coutume des Orientaux. 

44. * Abéla, ville de Nephtali. — Bethmuacha, ville proche d'Abéla et même proba- 
blement jointe à elle. 

18. Et c'est ainsi, etc. On arrivait à son but, on terminait facilement ses affaires, 
quand on s'en rapportait aux habitants de celte ville, célébre par sa sagesse. C'est 
lexplication qui, au milieu de bien d'autres, nous a paru la plus simple et la plus 
naturelle 


(cu. xxi.] 


ment; et ayant coupé la téte de 
Séba, fils de Bochri, ils la jeterent 
à Joab. Et celui-ci sonna de la 
trompette, et ils se retirèrent 
de la ville, chacun en ses taber- 
nacles; mais Joab retourna à Jé- 
rusalem pres du roi. 

93. Joab donc fut chef de 
toute l'armée d'Israël, mais Ba- 
naïas, fils de Joiada, des Céré- 
thiens et des Phéléthiens, 

94. Et Aduram, des tributs; et 
Josaphat, fils d'Ahilud, tenait les 
registres. 

95. Siva était scribe, et Sadoc 
et Abialhar, prétres. 

96. Mais Ira, le Jairite, était 
prétre de David. 


CHAPITRE XXI. 


Famine de trois ans dans Israël. David 
livre aux Gabaonites sept personnes de 
la famille de Saül. Piété de Respha en- 
vers le corps de ces princes. David les 
fait ensevelir. Guerre contre les Philis- 
tins. 


1. Il y eut aussi une famine, 
dans les jours de David, pendant 
trois ans continuels: et David 
consulta l'oracle du Seigneur. Et 
le Seigneur dit : C'est à cause de 
Saül et de sa maison de sang, 
parce qu'il a tué les Gabaonites. 

2. Les Gabaonites donc appe- 
lés, le roi leur dit (or, les Gabao- 
nites n'étaient point des enfants 
d'Israël, mais les restes des 


IT ROIS. 623 


Amorrhéens; car les enfants d'Is- 
raël leur avaient fait serment, et 
Saül voulut les frapper par zèle, 
comme pour les enfants d'Israël 
et de Juda); 

3. David donc dit aux Gabao- 
nites : Que ferai-je pour vous, et 
quelle sera la réparation envers 
vous, afin que vous bénissiez 
l'héritage du Seigneur? 

4. Et les Gabaonites lui répon- 
dirent : Ce n’est pas pour nous 
une question d'argent et d'or, 
mais une question contre Saül et 
contre sa maison; et nous ne 
voulons pas qu'aucun homme 
d'Israél soit tué. Le roi leur dit : 
Que voulez-vous donc que je 
fasse pour vous? 

ὃ. 115 dirent au roi : Nous de- 
vons tellement exterminerl'hom- 
me qui nous a brisés et opprimés 
injustement, qu'il ne reste pas 
méme un seul de sa race dans 
tous les confins d'Israél. 

6. Que sept hommes de ses fils 
nous soient donnés, afin que nous 
les crucifiions au Seigneur à Ga- 
baa de Saül, autrefois l'élu du 
Seigneur. Et le roi dit : Oui, je 
vous les donnerai. 

7. Et le roi épargna Miphibo- 
seth, fils de Jonathas, fils de Saül, 
à cause du serment du Seigneur 
qui avait été fait entre David et 
Jonathas, fils de Saül. 

8. C'est pourquoi le roi prit les 


23. Supra, vir, 16. — Cuap. XXI. 2. Jos., 1x, 25. — 7. I Rois, xvi, 3. 


26. * Préire, conseiller intime de David. 


2. Leur avaient fait serment de leur conserver la vie. 

6. Gabaa de Saül; c'est-à-dire Gabaa, résidence de Saül. Saül, en effet, y avait 
résidé avant et aprés son élévation au trône. — * Voir I Rois, xi, 4. 

8. Les cinq fils de Michol, etc. Le mot Michoi parait être une faute de copiste; car 
on lit plus haut (I Rois, xvur, 19) que ce fut Mérob, sœur de Michol, qui épousa 
Hadriel, le Molathite, que Michol eut pour mari Phalti, fils de Lais (I Rois, xxv, 44), 
et qu'elle mourut sans enfants (II. Rois, vi, 23). Les Juifs et la plupart des con:uen- 


624 
deux fils de Respha, fille d'Aia, 
qu'elle avait enfantés à Saül, Ar- 
moni et Miphiboseth, et les cinq 
fils de Michol, fille de Saül, qu'elle 
avait engendrés à Hadriel, fils de 
Berzellai, lequel était de Molath; 

9. Et il les livra aux mains des 
Gabaonites, qui les crucifièrent 
sur la montagne, devant le Sei- 
gneur; et ces sept hommes tom- 
bèrent morts ensemble dans les 
premiers iours de la moisson, la 
moisson de l'orge commençant. 

10. Or, Respha, fille d'Aia, pre- 
nant son cilicc, l'étendit sous elle 
surle rocher, depuis le commen- 
cement de la moisson jusqu'à ce 
que l'eau du ciel tombât sur eux; 
et elle ne laissa pas les oiseaux 
les déchirer pendant le jour, ni 
les bétes sauvages pondant la 
nuit. 

41. Et l'on annonca à David ce 
que Respha, fille d'Aia, femme 
du second rang de Saül, avait 
fait. 

19. Et David s'en alla, et prit 
les os de Saül et de Jonathas, son 
fils, chez les hommes de Jabès- 
Galaad, qui les avaient enlevés 
furtivement de la place de Beth- 
san, oü les Philistins les avaient 
suspendus, lorsqu'on eut tué 
Saül à Gelboé ; 

13. Et il apporta de là les os de 


II ROIS. 


(ex. xxr.] 


Saül et les os de Jonathas, son 
fils ; et, recueillantles os de ceux 
qui avaient été attachés d wne 
croix, 

14. On les ensevelit avec les os 
de Saül et de Jonathas, son fils, 
dans la terre de Benjamin, sur 
un cóté, dans le sépulcre de Cis, 
son pere ; et on fit tout ce que le 
roi avait ordonné ; et Dieu rede- 
vint propice à la terre aprés cela. 

15. Or il se fit de nouveau une 
guerre des Philistins contre Is- 
raél, et David descendit et ses 
serviteurs avec lui, et ils combat- 
tirent contre les Philistins. Or, 
David défaillant, 

16. Jesbibénob, qui était de la 
race d'Arapha, dont le fer de la 
hache pesait trois cents onces, et 
qui était ceint d'un glaive neuf, 
s'efforca de frapper David. 

17. Mais Abisai, fils de Sarvia, 
le défendit, et ayant frappé le 
Philistin, le tua. Alors les servi- 
teurs de David jurèrent, disant : 
Maintenant vous ne sortirez plus 
avec nous àla guerre, afin que 
vous n'éteigniez pas la lampe 
d'Israël. 

18. Et la seconde guerre fut à 
Gob, contre les Philistins ; alors 
Sobochai de Husati tua Saph, de 
la descendance d'Arapha, de la 
race des géants. 


12. 3 Rois, χχχι, 12. — 16. I Rois, xvir, 7. — 18. 1 Par., xx, 4. 


————@ 33 —— 


tateurs chrétiens croient, d'aprés la version chaldaique, que ce fut Mérob qui en- 
fanta ces ciuq fils à Hadriel, et que Michol les lui eleva. 

9. Sur la montagne voisine de Gabaa. — Devant le Seigneur, probablement en pré- 
sence de l'autel qui était sur cette montagne. — * Dans les premiers jours de la 


moisson... de l'orge, au mois d'avril. 


10. * Son cilice, vètement en étoffe grossière et en forme de sac. — Jusqu'à ce que 


l'eau du ciel tombät sur eux, en octobre. 
12. Jabés-Galaad. Voir Juges, xxi, 8. 


16. * De la race d'Arapha, des Raphaim ou géants. — Trois cents onces, hébreu : 


trois cents sicles ou environ 40 kilogr. 


18. * Gob, Geth ou Gazer. — De IHusati ou Hosa, ville de la tribu de Juda. 


[cg. [.זנצצ‎ 


19. La troisieme guerre fut 
aussi à Gob, contre les Philistins, 
en laquelle Adéodatus, fils de Sal- 
tus, tisseur en diverses couleurs, 
Bethléhémite, tua Goliath, le Gé- 
théen, dont la hampe de la lance 
était comme un ensouple de tis- 
serands. 

20. Une quatrième guerre fut 
à Geth, en laquelle était un hom- 
me très grand, qui avaitsix doigts 
en ses mains et en ses pieds, 
c'est-à-dire vingt-quatre et 11 ti- 
rait son origine d'Arapha. 

91. Etil blasphéma Israël; mais 
Jonathan, fils de Samaa, le frere 
de David, le tua. 

29. Ces quatre hommes étaient 
nés d'Arapha, à Geth, et ils tom- 
berent sous la main de David et 
de ses serviteurs. 


CHAPITRE XXII. 


Cantique de David pour remercier Dieu 
de l'avoir délivré de tous ses enne- 
mis. 


1. Or, David dit au Seigneur les 
paroles de ce cantique, au jour 
où le Seigneur le délivra de la 
main de tous ses ennemis et de 
la main de Saül. 

2. Et il dit : Le Seigneur est 
mon rocher, et ma force, et mon 
sauveur. 

3. Dieu est mon fort, j'espére- 
rai en lui; il est mon bouclier, 


II ROIS. 


625 
l'appui de mon salut; c'est lui qui 
m'élève, et qui est mon refuge ; 
mon Sauveur, vous me délivre- 
rez de l'iniquité. 

4. J'invoquerai le Seigneur, 
digne de louanges, et je serai dé- 
livré de mes ennemis. 

9. Parce que les brisements de 
la mort m'ont environné, les tor- 
rents de Bélial m'ont épouvanté. 

6. Les liens de l'enfer m'ont 
environné, les lacs de la mort 
m'ont enveloppé. 

1. Dans ma tribulation, j'invo- 
querai le Seigneur, et c'est vers 
mon Dieu que je crierai, et il 
exaucera ma voix de son temple, 
et mon cri viendra jusqu'à ses 
oreilles. 

8. La terres'est émue et a trem- 
blé; les fondements des monta- 
gnes ont été agités et ébranlés, 
parce que le Seigneur s'est irrité 
contre elles. 

9. Une fumée est montée de 
ses narines, 61 un feu sorti de sa 
bouche dévorera; des charbons 
en ont été allumés. 

10. Il a incliné les cieux, et il 
est descendu, et un nuage obs- 
cur était sous ses pieds. 

11. Il à monté sur des chéru- 
bins, et il a pris son vol, et il s'est 
élancé sur des ailes de vent. 

19. Il ἃ mis des lénèbres autour 
de lui pourse cacher; il a fait dis- 


Cuar. XXII. 2. Ps. xvir, 3. — 4. Ps. xvur, 4. 


19. * Adéodatus, Dieudonné, est la traduction de l'hébreu Elkhanan. — Saltus, nom 


propre traduit; en hébreu Jair. . 


20. * Geth, une des cinq grandes villes des Philistins. 
22. Elaient nés d'Arapha; c'est-à-dire qu'ils étaient de la race d'Arapha. 


5. Bélial ; c'est-à-dire Je démon, prince de fer. Voy. II CorintA., νι, 15. 


6 * 
XXXVII, 39. 


Les liens de l'enfer, en hébreu scheól. Voir sur le scAeól la note sur Genèse, 


11. Sur des ailes de rent. Cette expression peint admirablement bien la prompti- 
tude avec laquelle Dieu vint délivrer David de la main de ses ennemis. 


A. le 


40 


020 
liller des eaux des nuées des 
cieux. 

13. A la lumiere qui éclate en 
sa présence, des charbons de feu 
se sont allumés. 

14. Le Seigneur tonnera du 
ciel, et le Très-Haut élèvera sa 
voix. 

45. Il a lancé des flèches, et il 
les a dissipés ; la foudre, et il les 
à consumés. 

16. Alors ont paru les abimes 
de la mer, les fondements du 
moude ont été mis à nu, à la me- 
nace du Seigneur, au souffle du 
vent de sa colere. 

47. ll a envoyé d'en haut, et il 
m'a pris, et il m'a retiré d'un 
gouffre d'eaux. 

18. 1[ m'a délivré de mon enne- 
mi tres puissant, et de ceux qui 
me haissaient, parce qu'ils étaient 
plus forts que moi. 

19. 11 m'a prévenu au jour de 
mon affliction, et le Seigneur s'est 
fait mon appui. 

90. Et il m'a mis au large ; il 
m'a délivré, parce que je lui ai 
plu. 

91. Le Seigneur me rétribuera 
selon ma justice, et il me rendra 
selon la pureté de mes mains, 

22. Parce que j'ai gardé les 
voies du Seigneur, et que je n'ai 
pas agi avec impiété en m'éloi- 
gnant de mon Dieu. 

93. Tous ses jugements sont 
devant mes yeux, et je n'ai point 
éloigné ses préceptes de moi. 


39. Ps. cxi, À. 


1 ROIS. 


(cg. xxit.] 


24. Et je serai parfait avec lui, 
et je me garderai de mon iniqui- 
té. 

95. Et le Seigneur me rendra 
selon ma justice, et selon la pu- 
reté de mes mains devant ses 
yeux. 

26. Avec un saint vous serez 
saint, et avec un fort, parfait. 

97. Avec un homme excellent, 
vous serez excellent, et avec un 
pervers, vous agirez selon sa 
perversilé. 

28. Vous sauverez un peuple 
pauvre, et par vos yeux vous hu- 
milierez les superbes. 

99. Parce que c'est vous, Sei- 
gneur, qui êles ma lampe; vous, 
qui illuminez mes ténèbres. 

30. Car avec vous je courrai 
tout prêt au combat; avec mon 
Dieu, je franchirai un mur. 

31. Dieu, sa voie est sans tache, 
la parole du Seigneur est éprou- 
vée par le feu; il est le bouclier 
de tous ceux qui espèrent en 
lui. 

32. Qui est Dieu, excepté le 
Seigneur? et qui est le fort, ex- 
cepté notre Dieu? 

33. Le Dieu qui m'a revétu de 
force, et qui m'a aplani ma voie 
parfaite ; 

34. Egalant mes pieds aux cerfs, 
et m'établissant sur mes lieux 
élevés ; 

35. Instruisant mes mains au 
combat, et rendant mes bras 
comme un arc d'airain. 


€Ó€——————————ÓÓ———————————————— M שש‎ áH— n — n! 


16. Les abimes, le fond. C'est ainsi que l'on traduit généralement, d'aprés l'hébreu, 
le mot e/fusiones, qui signifie plutót écoulements, débordements. 

21. Excellent; vertueux, juste, et selon l'hébreu, pur. — Avec un pervers, etc., c'est- 
à-dire, d'aprés l'hébreu, que vous poursuivrez dans les sentiers détournés celui qui 


8'y engagera. 


35. Ma voie parfaite, pour : la voie parfaite dans laquelle je marche, 


[cu. xxur.] 


36. Vous m avez donné le bou- 
clier de votre salut, et votre bonté 
m'a multiplié. 

31. Vous agrandirez mes pas 
sous moi, et mes talons ne chan- 
celleront point. 

38. Je poursuivrai mes enne- 
mis, et je les briserai; et je ne 
reviendrai point jusqu'à ce que je 
les détruise. 

39. Je les détruirai etles brise- 
rai, de manière qu'ils ne se re- 
lèvent point, ils tomberont sous 
mes pieds. 

40. Vous m'avez revêtu de force 
pour le combat, vous avez fait 
plier sous moi ceux qui me résis- 
taient. 

41. Vous m'avez livré mes en- 
nemis par derriere; ceux qui nie 
haissaient, et je les exterminerai. 

42. 115 crieront, et il n'y aura 
personne qui les sauve; /s crie- 
ront vers le Seigneur, et il ne les 
exaucera pas. 

43. Je les dissiperai comme de 
la poussiere de la terre, et je les 
broierai comme de la boue de 
rues et les briserai. 

44. Vous me sauverez des con- 
tradictions de mon peuple; vous 
me garderez pour chef de nations; 
un peuple que j'ignore me ser- 
vira. ; 

45. Des fils d'étranger me ré- 
sisteront; en écoutant de leurs 
oreilles, ils m'obéiront. 


> 49. Ps. xvii, 49. — 50. Rom., xv, 9. 


IT ROIS. 627 


46. Des fils d'étranger se sont 
dispersés, et ils seront resserrés 
dans leurs défilés. 

41. Le Seigneur vit, et béni 
mon Dieu! etle Dieu fort de mon 
salut sera exalté ; 

48. Vous, le Dieu qui me don- 
nez des vengeances, et qui abat- 
tez des peuples sous moi; 

49. Qui m'arrachez à mes enne- 
mis et qui m'élevez au-dessus de 
ceux qui me résistent : vous me 
délivrerez de l'homme inique. 

90. A cause de cela, je vous 
confesserai, Seigneur, parmi les 
nations, et je chanlerai votre 
nom, 

51. Qui exalte les victoires de 
son roi, et qui fait miséricorde à 
son christ, David, età sa postérité 
pour toujours. 


CHAPITRE XXIII. 


Dernières paroles de David. Noms des 
plus vaillants hommes de son armée. 


1. Mais voici les dernières pa- 
roles de David. David, fils d'Isai, 
aparlé ; l'homme institué le christ 
du Dieu de Jacob, l'excellent 
psalmiste d'Israël, a dit : 

2. L'Esprit du Seigneur s'est 
faitentendre par moi, et sa parole 
par ma langue. 

3. Le Dieu d'Israël m'a dit; le 
Fort d'Israél a parlé : le domina- 
teur des hommes, le juste domi- 


36. M'a mulliplié, pour faire face à tous mes ennemis qui sont si nombreux. 

50. Le nom de Dieu se prend souvent pour Dieu lui-méme. Ainsi, c'est ce inot qui 
est le sujet des verbes exalle, fait miséricorde, du verset suivant. 

91. Les victoires; littér. : les saluts, les délivrunces, mot qui en hébreu se prend 
pour les victoires remportées par un secours extraordinaire de Dieu. 


3. Le dominaleur des hommes; selon d'autres: Un dominaleur; mais le sens revient 
au méme; ce dominateur est 16 Messie, dont l'un des principaux caractères est d'être 
reuipli de la crainte de Dieu. Voy. fsaïe, xt, 3. - 


628 II ROIS. 


nateur dans la crainte de Dieu 
sera 

4. Comme 18 lumière de l'au- 
rore, qui, au soleil levant, le ma- 
tin, brille sans nuages, et comme 
l'herbe qui germe de la terre par 
les pluies. 

9. Et ma maison n'était pas si 
grande devant Dieu, pour qu'il fit 
avec moi un pacte éternel, ferme 
en toutes choses et assuré; car 
ce pacte est tout mon salut et 
toute ma volonté ; et rien n'en 
provient qui ne porte ses fruits. 

6. Mais les prévaricateurs se- 
ront exlirpés tous comme des 
épines quel'onn'arrache pas avec 
les mains. 

7. Et si quelqu'un veut les tou- 
cher, il s'arme de fer, et d'un bois 
de lance, et brülées par le feu, 
elles sont consumées jusqu’à 
néant. 

8. Voici le nom des braves de 
David. Celui qui était assis dans 
la chaire, le plus sage, le premier 
entre les trois; c'est lui qui, 
comme le petit ver le plus tendre 
du bois, tua huit cents hommes 
en une seule fois. 

9. Apres lui, Eléazar, Ahohite, 
fils de son oncle paternel, était 
entre les trois braves qui étaient 
avec David, lorsqu'ils insultèrent 
les Philistins, et qu'ils s'assem- 
blerent en ce lieu pour le combat. 


Cuar. XXIII. 8, I Par., xr, 10. 


[cu. xxur.] 


10. Etlorsque les hommes d'Is- 
raél eurent monté, lui se présen- 
ta, et battit les Philistins, jusqu'à 
ce que sa main se lassät et de- 
meurât attachée à son glaive; et 
le Seigneur donna une grande 
victoire à Israél en ce jour-là, et 
le peuple, qui avait fui, retourna 
pour enlever les dépouilles des 
morts. 

11. Et après lui venait Semma, 
fils d'Agé, d'Arari. Et les Philis- 
üns s’assemblèrent au poste; 
car il y avait là un champ plein 
de lentilles. Et lorsque le peuple 
se fut enfui devant les Philistins, 

12. Semma se tint au milieu 
du champ, le défendit et battit 
les Philistins ; et le Seigneur ac- 
corda une grande victoire. 

13. Et déjà auparavant étaient 
descendus les trois qui étaient les 
premiers entre les trente, et ils 
étaient venus au temps de la 
moisson vers David, dans la ca- 
verne d'Odollam ; mais le camp 
des Philistins était placé dans la 
Vallée des Géants. 

14. Et David était dans la forte- 
resse; mais l’armée des Philis- 
tins était alors à Bethléhem. 

15. David donc fit un souhait, 
et dit : Oh! si quelqu'un me don- 
nait à boire de l'eau de la citerne 
qui est à Bethléhem, près de la 
porte: 


4. Ce verset est diversement interprété, nous avons adopté le sens qui nous a paru 
le plus conforme à la Vulgate expliquée dans ce que le latin a d'amphibologique 


d'aprés le texte original. 


8. * Comme le petit ver, etc. Les critiques s'accordent à reconnailre que le texte 
a été ici altéré et qu'il faut lire, d'après le y. 18 et I Paralipomènes, xi, 11: à brandit 


ou leva sa lance et tua, etc. 


13. * Odollam. Voir 1 Rois, xxu, 1. — Dans (a Vallée des Géants, 0008 la vallée des 


Rapüaïm. Voir 1E Rois, v. 20. 


14, La forteresse; la caverne mentionnée dans le verset précédent, 


(cu. xxur.] 


16. Les trois braves passerent 
donc à travers le camp des Phi- 
listins, et puiserent de l'eau dans 
la citerne de Bethléhem qui était 
près de la porte, et l'apporterent 
à David ; et David n'en voulut pas 
boire, mais il l'offrit en libations 
au Seigneur, 

47. Disant: Que le Seigneur me 
soil propice, pour que je ne fasse 
pas cela : boirai-je le sang de ces 
hommes qui sont allés /a cher- 
cher, et le péril de leurs àmes?lIl 
ne voulut donc pas boire. Voilà 
ce que firent ces trois hommes 
très vigoureux. 

18. Abisaï aussi, frère de Joab, 
fils de Sarvia, était le premier de 
trois autres : c’est lui qui leva sa 
lance contre trois cents, qu'il tua; 
il était renommé parmi ces trois, 

19. Et le plus noble d'entre ces 
irois, et leur chef; mais il n'at- 
leignait pas les premiers. 

20. Ensuite Banaias de Cabséel, 
fils de Joiada, homme tres vail- 
lant, et aux grands exploits; c'est 
Jui qui tua les deux lions de 
Moab, et lui qui descendit et tua 
le lion au milieu de la citerne, 
dans les jours de la neige. 

21. C'est lui qui tua l'Egyptien : 
homme digne d'étre en spectacle 
et ayant en main une lance ; c'est 
pourquoi, lorsqu'il fut descendu 
vers lui avec sa verge, il arracha 
de force la lance de la main de 
l'Egyptien, et le tua de sa lance. 

22. Voilà ce que fit Banaias, fils 
de Joiada. 

23. Et il était renommé entre 


II ROIS. 


620 


les trois vaillants les plus nobles 
entre les trente; cependant il 
n'atteignait pas 168 trois premiers; 
et David le fit son conseiller in- 
time. 

24. Asaël, frère de Joab, était 
entre les trente; Eléhanan de 
Bethléhem, fils del'oncle paternel 
d'Asaél ; 

95. Semma de Harodi, Elica de 
Harodi, 

26. Héles de Phalti, Hira, fils 
d'Accès de Thécua; 

297. Abiézer d'Anathoth, Mobon- 
nai de Husati, 

28. Selmon,l'Ahohite, Maharai, 
le Nétophathite ; 

29. Héled, fils de Baana, lui 
aussi Nétophatite, Ithai, fils de 
Ribai de Gabaath des enfants de 
Benjamin; 

90. Banai, 16 Pharathonite, Hed- 
dai du torrent de Gaas, 

91. Abialbon, l'Arbathite, Az- 
maveth de Béromi, 

32. Eliaba de Salaboni. Les fils 
de Jassen, Jonathan, 

33. Semma d'Orori ; Ahiam, fils 
de Sarar, l'Arorite ; 

94. Eliphélet, fils d'Aasbai, fils 
de Machati; Eliam, fils d'Achito- 
sphel, le Gélonite, 

39. Hesrai du Carmel, Pharai 
d'Arbi, 

86. Igaal, fils de Nathan de So- 
ba, Bonni de Gadi, 

37. Sélec d'Ammoni, Naharai, 
le Bérothite, écuyer de Joab, fils 
de Sarvia, 

38. Ira, le Jéthrite, Gareb, lui 
aussi Jéthrite, 


20. Les uns prennent ici le mot /ion dans son sens propre; les autres prétendent 


qu'il désigne des guerriers. 


21. * D'Anatoth, ville sacerdotale de Benjainin, au nord-est de Jérusalem 
29. Gabaath des enfants de Benjamin; c'est-à-dire dela tribu de Benjamin. 


630 
39. Urie, l'Héthéen. En tout 
trente-sept. 


CHAPITRE XXIV. 


David fait faire le dénombrement du 
peuple. Il en est repris par le prophéte. 
Peste que Dieu euvoie dans Israël. 


1. Et la fureur du Seigneur re- 
commenca à s'irriter contre Is- 
rael, etil excitaparmi eux, David, 
disant : Va, dénombre Israél et 
Juda. 

2. Le roi dit donc à Joab, prince 
de son armée : Parcours toutes 
les tribus d'Israél, depuis Dan 
jusqu'à Bersabée, et dénombrez 
tout le peuple, afin que j'en sache 
le nombre. 

3. Et Joab répondit au roi : Que 
le Seigneur votre Dieu multiplie 
votre peuple encore autant qu'il 
est maintenant, et que de nou- 
veau, il le centuple en la pré- 
sence de mon seigneur le roi : 
mais que veut faire mon seigneur 
le roi par une chose de cette na- 
ture? 

4. Mais la parole du roi l'em- 
porta sur les paroles de Joab et 
des princes de l'armée; et Joab 


JU ROIS. 


(cm. xxiv.: 


de la présence du roi, pour dé- 
nombrer le peuple d'Israél. 

5. Et lorsqu'ils eurent passé le 
Jourdain, ils vinrent à Aroér, à la 
droite de 18 ville qui est dans la 
vallée de Gad, 
> 6. Puis, par Jazer ils passèrent 
en Galaad, et dans la terre infé- 
rieure d'Hodsi; et ils vinrent dans 
les foréts de Dan. Tournant en- 
suite près de Sidon, 

7. [ls passèrent près des mu- 
railles de Tyr, et de toute la 
terre de l'Hévéen et du Chana- 
néen, et ils vinrent au midi de 
Juda, à Bersabée. 

8. Et, toute la terre examinée, 
ils se trouverent, apres neuf 
mois et vingt jours, à Jérusalem. 

9. Joab donc donna le dénom- 
brement du peuple au roi, et il se 
trouva d'Israël huit cent mille 
hommes forts, qui pouvaient ti- 

rer l'épée; et de Juda, cinq cent 
mille combattants. 

10. Mais le cœur de David fut 
pris de remords, aprés que le 
peuple eut été dénombré, et Da- 
vid dit au Seigneur : J'ai beau- 
coup péché en cette action; mais 
je vous prie, Seigneur, écartez 


sortit, et les princes des soldats, *| l'iniquitéde votreserviteur, parce 


CHAP. XXIV. 1.1 Par. xx 1. 


1. Εἰ il excita. Comme nous l'avons déjà remarqué, l'Ecriture dit souvent que 


Dieu fait ce qu'il permet seulement. D'ailleurs le dénombrement d'Israël n'étant point 
par lui-méme un mal, Dieu a pu y exciter David, sans participer à la malice du 
démon, qui y porta ce prince, ni aux mauvaises dispositions par lesquelles il déplut 
à Dieu en l'exécutant. Dans l'endroit parallèle des Paralipoménes (I, xxi, 4), on lit : 
Satan au lieu du Seigneur. 

2. Dénombrez. Ce pluriel est mis ici, parce que Joab ne devait pas faire seul le d i- : 
nombrement. — * Depuis Dan jusqu'à Bersabée. Voir la note sur Juges, Xx, 1. . 

5. * Aroér de Gad est différente d'Aroér sur l'Arnon ; elle était à l'est de Rabbath- 
Ammon. | 

6. * Jazer. Voir Nombres, xxi, 32. — Dans la terre inférieure d'Hodsi. Il faut corriger 
les noms propres qui ont été défigurés par les copistes et lire : à Cadès (ville) des 
léthéens, dans la Cœlésyrie. — Dan, au nord de la Palestine, à l'une des sources 
du Jourdain. — Sidon, sur la Méditerranée, en Phénicie, au nord de Tyr. | 

1." Tyr, capitale de la Phénicie, sur la Méditerranée. 


[cu. xx1v.] 


que j'ai agi tout à fait en insensé. 

11. C'est pourquoi David se 
leva le matin, et la parole du 
Seigneur fut adressée à Gad, le 
prophete et le voyant de David, 
disant: 

12. Va, et parle à David : Voici 
ce que dit le Seigneur : L'option 
de trois choses t'est donnée ; choi- 
sis celle que tu voudras, afin que 
je te la fasse. 

13. Lors done que Gad fut venu 
vers David, il lui annonca, di- 
sant: Ou une famine vous vien- 
dra sur la terre durant sept ans; 
ou vous fuirez vos ennemis du- 
rant trois mois, et eux vous 
poursuivront; ou bien une peste 
sera pendant trois jours dans 
votre terre. Maintenant donc dé- 
libérez, et voyez quelle parole je 
dois porter en réponse à celui 
qui m'a envoyé. 

14. Et David répondit à Gad : 
Je suis dans une tres grande an- 
goisse, mais il vaut mieux que 
je tombe dans les mains du Sei- 
gneur (car ses miséricordes sont 
sans nombre), que dansles mains 
des hommes. 

15. Et le Seigneur envoya une 
peste en Israél, depuis le matin 
jusqu'au temps marqué; et il 
mourut d'entre le peuple, depuis 
Dan jusqu'à Bersabée, soixante- 
dix mille hommes. 

16. Et, lorsque l'ange du Sei- 
gneur eut étendu sa main sur 
Jérusalem pour la détruire, le 


14. I Par., xxt, 13; Dan., xri, 23. 


II ROIS. 


631 


Seigneur eut pitié de son afflic- 
tion, et dit à l'ange qui frappait 
le peuple: Il suffit, maintenant 
retiens ta main. Or, l'ange du Sei- 
gneur était alors pres de l'aire 
d'Aréuna, le Jébuséen. 

11. Et David dit au Seigneur, 
quand il vit l'ange tuant le peu- 
ple : C'est moi qui ai péché et qui 
ai agi iniquement : ceux-ci, qui 
sont les brebis, qu'ont-ils fait ? 
Que votre main, je vous conjure, 
se tourne contre moi et conire 
la maison de mon père. 

18. Or, Gad vint vers David en 
ce jour-là, et lui dit : Montez, et 
élevez au Seigneur un autel dans 
l'aire d'Aréuna, le Jébuséen. 

19. Et David monta selon la 
parole de Gad, que lui avait or- 
donnée le Seigneur. 

20. Et regardant, Aréuna aper- 
cut le roi et ses serviteurs venir 
vers lui; 

21. Et il sortit et se prosterna 
devant le roi, le visage incliné 
vers la terre, et il dit : Quelle 
raison y a-t-il pour que mon sei- 
gneur le roi vienne vers son ser- 
viteur? David lui répondit : C'est 
pour acheter de toi l'aire et bâtir 
un autel au Seigneur, afin que 
cesse la tuerie qui ravage le 
peuple. 

22. Et Aréuna dit à David : Que 
mon seigneur le roi prenne, et 


qu'il offre comme il lui plait : | 


vous avez les bœufs pour l'ho- 
locauste, le char, et les jougs 


16. * Près de l'aire d'Aréuna, sur le mont Moriah. La colline sur laquelle fut bâti 
le Temple n'est nommée Moriah que II Paralipoménes, 1n, 1, mais ce nom est passé 
dans l'usage courant, surtout à cause de la tradition qui identifie cette colline avec 
le mont Moriah où Abraham voulut offrir Isaac en sacrifice, Genèse, xxu, 2, 

22. Pour servir de bois; pour faire le bücher. p 


632 


de bœufs, pour servir de bois. 

93. Le roi Aréuna donna toutes 
ces choses au roi; et Aréuna dit 
au roi : Que le Seigneur votre 
Dieu recoive votre vœu. 

24. Le roi, lui répondant, dit : 
Pas du tout comme vous vou- 
lez; mais jachèterai de vous, 
selon le prix, et je n'offrirai 
point au Seigneur mon Dieu des 


III ROIS, 


[.ז .68] 


0100808168 qui ne me coûtent 
rien. David donc acheta l'aire et 
les bœufs cinquante sicles d'ar- 
gent. 

25. Et David bátit là un autel 
au Seigneur, et il offrit des ho- 
locaustes et des sacrifices paci- 
fiques. Et le Seigneur devint pro- 
pice à la terre, et la plaie fut 
écartée d'Israél. 


III. ROIS 


CHAPITRE PREMIER. 


Abisag réchauffe David dans sa vieillesse. 
Adonias forme un parti pour se faire 
déclarer roi. Salomon est établi succes- 
seur de David. 1[ pardonne à Adonias. 


1. Or, le roi David était devenu 
vieux, et il comptait un grand 
nombre de jours de vie; et 
quoiqu'il füt couvert de véte- 
ments, il ne se réchauffait pas. 

9. Ses serviteurs lui dirent 
donc : Cherchons pour notre sei- 
gneur le roi une jeune fille 
vierge, afin qu 'elle se tienne de- 
vant le roi, qu'elle le soigne, 
dorme sur son sein, et réchauffe 
notre seigneur le roi. 


3. Ils chercherent donc une 
jeune fille, belle, dans tous les 
confins d'Israël; et ils trouvèrent 
Abisag, la Sunamite, et ils l'ame- 
nerent au roi. 

4. Or, c'était une fille tres belle, 
et elle dormait avec le roi, et 
elle le servait; mais le roi ne la 
connut pas. 

9. Cependant Adonias, fils 
d'Haggith, s'élevait, disant : C'est 
moi qui régnerai. Et il se pro- 
cura des chars et des cavaliers, 
et cinquante hommes pour cou- 
rir devant lui. 

6. Jamais son père ne le re- 
prit, disant : Pourquoi as-tu fait 
cela? Or, Adonias était aussi tres 


24. Pas du tout, etc. Construction elliptique. Voy. xvur, 14. — * Cinquante sicles 
d'argent. Voir la note sur 11 Rois, xviu, 11, 12. 
25. A la terre; c'est-à-dire au pays d'Israël, 


2. Quelques incrédules se sont récriés contre un tel reméde, le jugeant aussi sin- 


gulier que peu conforme aux lois de l'honnéteté. Mais il est certain que la trans- 
piration d'une personne saine peut contribuer à réchauffer et à réparer un tem- 
pérament froid et épuisé. L'expérience de tous les jours prouve que des hommes 
maladifs qui épousent des femmes jeunes et saines acquièrent une meilleure santé. 
Quant à l'honnéteté du moyen, elle serait suffisamment établie par la supposition 
d'un mariage. Or, puisque laloi permettait la polygamie, par quel motif pourrait-on 
rejeter cette supposition? Ajoutons qu'Adonias, ayant voulu épouser Abisag, fut 
aceusé d'aspirer au tróne (III Rois, u, 21, 22); mais on n'aurait pu lui imputer une 
pareille prétention, si Abisag n'eüt été une des femmes légitimes de David; car les 
femmes d'un roi défunt ne pouvaient épouser qu'un roi. Voy. notre note sur 
II Rois, in, 8. | 


[cn. 1.[ 
beau, et le second apres Absa- 
lom. 

. 7. Et il avait des entretiens avec 
Joah, file de Sarvia, et avec Abia- 
ihar, le prêtre, qui soutenaient le 
parü d'Adonias. 

8. Mais Sadoc, le prêtre, Ba- 
naias, fils de Joiada, Nathan, le 
prophète, Séméi, Réi, et la force 
de l'armée de David, n'étaient 
pas avec Adonias. 

9. Adonias, ayant donc immolé 
des béliers, des veaux et toutes 
les victimes grasses, pres de la 
pierre de Zohéleth, qui était voi- 
sine de la fontaine de Rogel, ap- 
pela tous ses freres, fils du roi, 
et tous les hommes de Juda, ser- 
viteurs du roi. 

10. Mais Nathan, le prophète, 
Banaias, tous les hommes vigou- 
reux, et Salomon, son frere, il ne 
les appela point. 

11. C'est pourquoi Nathan dit à 
Bethsabée, mère de Salomon : 
Avez-vous oui dire qu'Adonias, 
fils d'Haggith, a été fait roi, et 
notre seigneur David l'ignore? 

12. Maintenant donc venez, et 
recevez un conseil de moi : sau- 
vez voire vie et celle de votre fils 
Salomon. 

43. Allez, et entrez chez le roi 
David, et dites-lui : N'est-ce pas 
vous, mon seigneur le roi, qui 
avez juré, à moi votre servante, 
disant : Salomon ton fils régnera 
après moi, et c'est lui qui sera 


IIl ROIS. 633 


assis sur mon trône ? Pourquoi 
donc Adonias règne-t-il ? 

14. Et tandis que vous parlerez 
encore au roi, moi je viendrai 
après vous, et je compléterai vos 
discours. 

15. C'est pourquoi Bethsabée 
entra chez le roi, dans sa cham- 
bre : or, leroi était fort vieux, et 
Abisag, la Sunamite, le servait. 

16. Bethsabée s'inclina et se 
prosterna devant le roi. Le roi 
lui dit : Que veux-tu? 

11. Bethsabée répondant, dit : 
Mon seigneur, c'est vous qui avez 
juré par le Seigneur votre Dieu 
à votre servante : Salomon ton 
fils régnera apres moi, et c'est 
lui qui sera assis sur mon tróne. 

18. Et voilà qu'Adonias règne, 
vous, mon seigneur le roi, l'igno- 
rant. 

19. ll aimmolé des bœufs, tou- 
tes les victimes grasses, et un 
grand nombre de béliers; et il a 
appelé tous les enfants du roi, 
méme Abiathar,le prétre, etJoab, 
prince dela milice ; mais Salomon 
votre serviteur, il ne l'a pas ap- 
pelé. 

20. Cependant, mon seigneur 
le roi, c'est sur vous que sont 
fixés les yeux de tout Israél, afin 
que vous leur déclariez, mon sei- 
gneur le roi, qui doit étre assis 
sur votre tróne aprés vous. 

21. Car il arrivera que, lorsque 
mon seigneur le roi se sera en- 


8. Séméi, différent de celui qui avait maudit David et qui fut mis à mort par l'ordre 


de Salomon. 


9. * La fontaine de Rogel. Aujourd'hui Puits de Job, Bir Éyàb, situé à 18 jonction 
de la vallée d'Hinnom et de la vallée du Cédron. Il est appelé aussi Puits de Néhémie 
(II Machabées, 1, 19-22). 11 a 38 mètres de profondeur. 

13. La plupart des interprètes croient que David fit cette promesse à Bethsabée 
aprés la mort du premier fils qu'il avait eu d'elle, afin de la consoler de ceite 


perte. 


634 
dormi avec ses pères, nous se- 
rons, moi et mon fils Salomon, 
des criminels. 

99. Bethsabée parlant encore 
avec le roi, Nathan, le prophète 
vint. 

93. Et on l'annonca au roi, en 
disant : Nathan le prophète est 
là. Et lorsqu'il fut entré en pré- 
'sence du roi, et qu'il se fut pros- 
terné devant lui, incliné vers la 
terre, 

94. Nathan dit . Mon seigneur 
le roi, est-ce vous qui avez dit : 
Qu'Adonias regne après moi, et 
que ce soit lui qui soit assis sur 
mon tróne? 

95. Parce qu'il est descendu 
aujourd'hui, il ἃ immolé des 
bœufs et des victimes grasses et 
un grand nombre de béliers, et il 
a appelé tous les fils du roi, les 
princes de l'armée, et méme 
Abiathar, le prétre; et ils ont 
mangé et bu avec lui, disant : 
Vive le roi Adonias! 

96. Mais moi, votre serviteur, 
et Sadoc, le prêtre, et Banaïas, 
fils de 101808 , et Salomon, votre 
serviteur, il ne nous a pas appe- 
lés. 

97. Est-ce de mon seigneur le 
roi que cela vient, et ne m'avez- 
vous point déclaré, à moi, votre 
serviteur, qui était celui qui de- 
vait étre assis sur le tróne de mon 
seigneur le roi, après lui? 

98. Et le roi David répondit, 
disant : Appelez auprès de moi 
Bethsabée. Bethsabée étant en- 


III ROIS. 


[cu. 1.] 


trée devant le roi, et se tenant 
devant lui, 

29. Le roi jura, et dit : Le Sei- 
gneur vit, lui qui a délivré mon 
âme de toute angoisse! 

30. Comme je l'ai juré par le 
Seigneur Dieu d'Israél, disant : 
Salomon ton fils régnera apres 
moi, et c'est lui qui sera assis sur 
mon tróne en ma place, ainsi fe- 
rai-je aujourd'hui. 

31. Bethsabée, le visage baissé 
vers la terre, se prosterna devant 
le roi, disant : Que mon Seigneur 
David vive à jamais! 

39. Le roi David dit encore : 
Appelez Sadoc le prétre, Nathan 
le prophete, et Banaias, fils de 
Joiada. Lorsqu'ils furent entrés 
devant le roi, 

33. I leur dit: Prenez avez vous 
les serviteurs de votre maitre ; 
faites monter Salomon mon fils 
sur ma mule, et conduisez-le à 
Gihon ; 

34. Et que Sadoc le prétre, et 
Nathan le prophete, l'oignent, en 
ce lieu, roi d'Israél ; et vous son- 
nerez de la trompette, et vous 
direz : Vive le roi Salomon! 

35. Et vous monterez après lui; 
etil viendra, et il s'assiéra sur 
mon tróne, et c'est lui qui régne- 
ra en ma place, et je lui ordonne- 
rai d’être chef sur lsraél et sur 
Juda. 

36. Et Banaias, fils de Joiada, 
répondit au roi, disant : Amen ; 
que le Seigneur Dieu de mon 
seigneur le roi parle ainsi. 


33.* A Gihon. La fontaine de Gihon, aujourd'hui Fontaine de la Vierge, à 
lest de Jérusalem. Elle alimenta plus tard deux grands réservoirs placés dans la 
vallée (II Paralipomènes, xxxu, 30; xxxur, 14). C'était sans doute un lieu de réunion, 
comme la fontaine de Rogel et la plupart des sources en Orient. 

36. Que le Seigneur, etc., c'est-à-dire confirme ce que vous avez dit vous-même. 


cu. 1.) 

37. Comme le Seigneur a été 
avec mon seigneur le roi, ainsi 
soit-il avec Salomon, et qu'il éle- 
ve son tróne encore plus haut 
que le irône de mon seigneur, le 
roi David. 

38. Sadoc, le prétre, descendit 
done, ainsi que Nathan le pro- 
phète, Banaias, fils de Joïada, les 
Céréthiens et les Phéléthiens ; et 
ils firent monter Salomon sur la 
mule du roi David, et ils le con- 
duisirent à Gihon. 

39. Et Sadoc, le prêtre, prit la 
corne d'huile du tabernacle, et 
oignit Salomon; et ils sonnerent 
de la trompette, et tout le peuple 
dit : Vive le roi Salomon! 

40. Et toute la multitude monta 
apres lui, et une troupe de jou- 
eurs de flüte et de gens qui se 
réjouissaient d'une grande joie, 
et la terre retentit de leur cla- 
meur. 

. 44. Or, Adonias entendit, et tous 

ceux qui avaient été invités par 
lui ; mais le festin était déjà ache- 
vé; et Joab aussi, ayant oui le 
son de la trompette, dit : Que 
veut dire cette clameur de la ville 
en tumulte ? 

42. Joab parlant encore, Jona- 
tbas, fils d'Abiathar le prétre, 
vint. Adonias lui dit: Entre, par- 
ce que tu es un homme vaillant, 
et nous annoncant de bonnes 
choses. 

49. Et Jonathas répondit à 
Adonias : Nullement, car notre 


III ROIS. 


635 


seigneur, le roi David, a établi 
roi Salomon; 

44. Et il a envoyé avec lui Sa- 
doc le prétre, Nathan le pro- 
phète, Banaias, fils de Joiada, les 
Céréthiens et les Phéléthiens, et 
ils l'ont fait monter sur la mule 
du roi. 

45. Et Sadoc le prétre, et Na- 
than le prophète, l'ont oint roi à 
Gihon; et ils sont montés de là 
en se réjouissant; et la ville a 
retenti. C'est là le bruit que vous 
avezentendu. 

46. Et Salomon méme est déjà 
assis sur le tróne du royaume. 

47. Et les serviteurs du roi, 
étant entrés, ont félicité notre 
seigneur, le roi David, disant : 
Que Dien étende le nom de Salo- 
mon plus que votre nom, et qu'il 
élève son tróne au-dessus de 
votre tróne. Et le roi a adoré le 
Seigneur dans son lit, 

48. Et a dit: Béni le Seigneur 
Dieu d'Israél, qui a fait asseoir 
aujourd'hui mon fils sur mon 
tróne, mes yeux le voyant! 

49. Ils furent donc effrayés, e« 
ils se levèrent, tous ceux qui 
avaient été invités par Adonias 
et chacun s'en alla en sa voie. 

90. Mais Adonias, craignant Sa- 
lomon, se leva et s'en alla, et sai- 
sit la corne de l'autel. 

51. Et on l'annonca à Salomon, 
en disant : Voilà Adonias, qui, 
craignant le roi Salomon, s'est 
attaché à la corne de l'autel, di- 


38. * Les Céréthiens et les Phéléthiens. Voir 11 Rois, vut, 18. 
48. A fait asseoir. Nous avons déjà remarqué que le verbe hébreu rendu dans la 
Vulgate par donner, a souvent, comme ici, sa signification primitive, celie de mettre, 


poser. 


90. La loi n'autorisait pas à regarder l'autel comme un asile pour les criminels, 
puisqu'elle ordonnait qu'on em arrachât tout coupable d'homicide volontaire. 


(Exode, xxi, 14) 


636 IIl ROIS. 


sant: Que le roi Salomon me 
jure aujourd'hui qu'il ne frap- 
perapointson serviteur du glaive. 

52. Et Salomon dit: S'il est un 
homme de bien, il ne tombera 
pas méme un seul de ses che- 
veux sur la terre; mais s'il se 
trouve du mal en lui, il mourra. 

93. Le roi Salomon envoya 
donc, et le fit retirer de l'autel. 
Et, étant entré, il se prosterna 
devant le roi Salomon; et Salo- 
mon lui dit: Va en ta maison. 


CHAPITRE II. 


Derniers avis de David à Salomon. Ado- 
nias est mis à mort. Abiathar est relé- 
gué. Joab est tué au pied de l'autel. 
Séméi est puni de mort. 


1. Or, approcherent les jours 
oü David devait mourir, et ils or- 
donna à Salomon, son fils, di- 
sant : 

2. Moi j'entre dans la voie de 
toute la terre : fortifie-toi, et sois 
homme. 

3. Observe les commandements 
du Seigneur ton Dieu, afin que 
tu marches dans ses voies, que 
tu gardes ses cérémonies, ses 
préceptes, ses ordonnances et ses 
lois, comme il est écrit dans la 
loi de Moise, afin que tu com- 
prennes tout ce que tu feras et 
toutes tes démarches, 

4. Afin que le Seigneur con- 
firme les paroles qu'il a pronon- 


[cH. 10] 


cées à mon sujet, disant : Si 
tes enfants gardent leurs voies, 
et qu'ils marchent devant moi 
dans la vérité, en tout leur cœur 
et en toute leur âme, un homme 
ne te sera pas enlevé du tróne 
d'Israél. 

ὃ, Toi aussi, tu sais ce que m'a 
fait Joab, fils de Sarvia, et ce qu'il 
a fait à deux chefs de l'armée 
d'Israél, à Abner, fils de Ner, et 
à Amasa, fils de Jéther, qu'il a 
tués ; et il a versé en paix du sang 
de guerre; et il a mis du sang de 
combat sur le baudrier qui était 
à ses reins et sur la chaussure 
qui était à ses pieds. 

6. Tu feras done selon ta sa- 
gesse, et tu ne laisseras pas des- 
cendre en paix sescheveux blancs 
dans les enfers. 

7. Mais tu rendras grâce aux 
fils de Berzellai, le Galaadite, et 
ils mangeront à ta table : car ils 
ont couru au-devant de moi, 
quand je fuyais devant Absalom, 
ton frère. 

8. Tu as aussi auprès de toi 
Séméi, fils de Géra, fils de Jé- 
mini, de Bahurim, qui m'a mau- 
dit de la malédiction la plus 
cruelle, quand. je m'en allais au 
camp : mais, parce qu'il descen- 
dit au-devant de moi, lorsque je 
traversai le Jourdain, je lui jurai 
par le Seigneur, disant : Je ne 
te tuerai point par le glaive. 


Cuap. IL 3. Deut., xvii, 19. — 5, 11 Rois, i, 27; xx, 10. — 7. 11 Rois, xix, 31. — 


8. II Rois, xvi, 5; xix, 19. 


3. Toutes les démarches; littér. : partout où tu te tourneras. 
4. Un homme, etc.; c'est-à-dire un homme de ta race ne sera pas exclu du trône 
d'Israël; au contraire, ce sera toujours un de tes descendants qui l'occupera. Voy. 


chap. 1x, ὃ. 


6. Et tu ne laisseras pas, etc. Voy. Genèse, xxxvit, 35; ,זנ‎ 
8. * Dahurim. Noir la note sur 11 Rois, xvi, 5. 


[cn. n.] 


9. Pour toi, ne souffre pas 
qu'il n'éprouve aucun dom- 
mage. Mais tu es un homme 
sage, en sorte que tu sais ce que 
tu lui feras, et tu feras descen- 
dre ses cheveux blancs avec du 
sang dans les enfers. 

10. David dormit donc avec 
ses peres, et il fut enseveli dans 
la cité de David. 

41. Or, les jours durant les- 
quels David régna sur Israél 
furent de quarante années : à 
Hébron, il régna sept ans, et à 
Jérusalem, trente-trois ans. 

19. Et Salomon s'assit sur le 
tróne de David, son pere, et son 
regne s’affermit puissamment. 

13. Et Adonias, fils d'Haggith, 
entra chez Bethsabée, mère de 
Salomon. Elle lui demanda : Ton 
entrée ici est-elle pacifique? Il 
lui répondit : Pacifique. 

14. Etil ajouta: J'ai un mot pour 
vous. Elle lui dit: Parle. Et lui : 

45. Vous savez, dit-il, que le 
royaume était à moi, et que tout 
Israël m'avait mis à sa tête 
comme roi; mais le royaume a 
été transféré, et il a passé à mon 
frère; car c'est par le Seigneur 
qu'il lui a été attribué. 

16. Maintenant donc, je ne vous 
fais qu'une seule prière ; ne cou- 
vrez pas ma face de confusion. 
Bethsabée lui dit : Parle. 

11. Et Adonias lui dit : Je vous 
prie de dire à Salomon, le roi (car 


10. Actes, 11, 29. — 11. I Par., xxix, 27. 


WI ROIS. 


| 631 
il ne peut rien vous refuser), qu'il 
me donne Abisag, la Sunamite, 
pour femme. 

18. Et Bethsabée dit : Bien; je 
parlerai moi-méme pour toi au roi. 

19. Bethsabée vint donc auprès 
du roi Salomon, afin de lui parler 
pour Adonias; et le roi se leva 
au-devant d'elle, puis il s'assit 
sur son trône; et un trône fut 
placé pour la mère du roi, la- 
quelle s'assit à sa droite. 

20. Et elle lui dit : Je n'ai 
qu'une petite priere à te faire; ne 
couvre pas ma face de confusion. 
Et le roi lui dit : Demandez, ma 
mère; car il n'est pas juste que 
j écarte votre face. 

91. Bethsabée lui dit : Qu'A- 
bisag, la Sunamite, soit donnée à 
Adonias, ton frère, pour femme. 

22. Et le roi Salomon répondit 
et dit à sa mere : Pourquoi de- 
mandez-vous Abisag, la Sunami- 
te, pour Adonias? Demandez 
aussi pour lui le royaume; car il 
est mon frere ainé, et il a déjà 
pour lui Abiathar, le prétre, et 
Joab, fils de Sarvia. 

93. C'est pourquoi le roi Salo- 
mon jura par le Seigneur, disant : 
Que Dieu me fasse ceci, et qu'il 
ajoute cela, si ce n'est pas contre 
son àme qu'Adonias a dit cette 
parole. 

24. Et maintenant le Seigneur 
vit, lui, qui m'a affermi, qui m'a 
placé sur le tróne de David, mon 


9. Avec du sang; c'est-à-dire : feints de sang; ou, après avoir versé son sang par 


une mort violente. 


11. * A Hébron. Voir la note sur Genèse, xur, 18. 
23. Que Dieu me fasse, etc. Voy. Ruth, 1, 48. — Contre son âme; hébraisme, pour 


contre 81 vie, ou sa personne, lui-même. 


21. Mu fait une maison; c'est-à-dire, m'a accordé une nombreuse famille, Compar, 


Lxode, 1, 21, 


638 III. ROIS. 


père, et qui m'a fait une maison, 
comme il l'avait dit ! aujourd'hui 
Adonias sera mis à mort. 

25. Et le roi Salomon envoya 
Banaias, fils de Joiada, quile tua, 
et il mourut. 

20. Le roi dit aussi à Abiathar, 
le prétre : Va à Anathoth, dans 
ton champ; à la vérité, tu es un 

‘homme de mort; mais aujour- 
 d'hui je ne te tuerai point, parce 
lque tu as porté l'arche du Sei- 
gneur Dieu devant David, mon 
père, et que tu as supporté le 
labeur danstoutes les choses dans 
lesquelles mon père l'a enduré. 

27. Salomon relégua donc Abia- 
(har, pour quil ne füt plus le 
prétre du Seigneur, afin que la 
parole que le Seigneur avait dite 
fütaccomplie surla maison d'Héli 
à Silo. 

98. Or cette nouvelle vint à 
Joab, parce qu'il avait passé à 
Adonias, et qu'il n'avait pas passé 
à Salomon : 1082 donc s'enfuit 
daus le tabernacle du Seigneur, 
et saisit la corne de l'autel. 

29. Et l'on annonca au roi Sa- 
lomon que Joab s'était enfui dans 
le tabernacle du Seigneur, et 
qu'il était pres de 1 811101 ; et Salo- 
mon envoya Danaias, fils de Joia- 
da, disant : Va, et tue-le. 

30. Et Banaias vint au taberna- 
cle du Seigneur, et dit à Joab : 
Voici ce que dit le roi : Sors. Joab 
répondit : Je ne sortirai point, 


(cu. 1.) 


mais [6 mourrai ici. Banaïas rap- 
porta cette parole au roi, disant : 
Voilà ce qu'a dit Joab, et voilà ce 
qu'il m'a répondu. 

31. Et le roi lui dit : Fais comme 
il a dit : tue-le et l'ensevelis ; et 
tu écarteras de moi et de la mai- | 
son de mon père un sang inno- 
cent qui ἃ été versé par Joab. 

32. Et le Seigneur fera retomber 
son sang sur sa tête, parce qu'il 
a tué deux hommes justes, meil- 
leurs que lui, et qu'il les a tués 
par 16 glaive, mon père David 11- 
gnorant : Abner, fils de Ner, prin- 
ce de la milice d'Israël, et Amasa, 
fils de Jéther, prince de l’armée 
de Juda ; 

33. Et leur sang retombera sur 
la tête de 1082 et sur la tête de 
sa postérité pour jamais. Mais 
qu'à David et à sa postérité, à sa 
maison et à son trône, soit une 
paix éternelle par le Seigneur. 

34. C'est pourquoi Banaias, fils 
de Joiada, monta ; et ayant atta- 
qué Joab, il le tua; et il fut en- 
seveli en sa maison, dans le dé- 
sert. 

35. Et le roi établi Banaias, fils 
de Joiada, sur l'armée au lieu de 
Joab, et il mit Sadoc, le prétre, à 
la place d'Abiathar. 

36. Le roi envoya aussi, et ap- 
pela Séméi, et lui dit : Bâtis-toi 
une maison dans Jérusalem, et 
demeures-y, et n'en sors point 
pour aller ici et là. 


27. I Rois, rr, 31. — 32. II Rois, ,זז‎ 21; xx, 10. 


rH M M MH M —— 


25. Envoya Banaïas; littér.: envoya par la main de Banaias. Le mot main indique 
souvent en hébreu l'instrument, le moyen, l'entremise. 

26. Un homme de mort, est un hébraisme qui, comme un fils de mort, signifie : 
digne de mort. — * Anatholh, ville sacerdotale de Benjamin, prés de Jérusalem, au 


nord-est de cette ville. 


21. Afin que fàt accomplie, etc. Voy. 1 Rois, n, 32. 
28. Et saisit ia corne de l'autel. Voy. 1, 50. 


CH. 111.) 
37. Or, au Jour où tu sortiras, 
ettu passeras le torrent de Cé- 
dron, sache que tu seras tué et 
que ton sang sera sur ta tête. 

38. Séméi dit au roi : Cette pa- 
role est juste. Comme mon sei- 
gneur le roi a dit, ainsi fera votre 
serviteur. C'est pourquoi Séméi 
demeura longtemps à Jérusalem. 

39. Mais il arriva, après trois 
ans, que les esclaves de Séméi 
senfuirent vers Achis, fils de 
Maacha, roi de Geth; et on an- 
nonca à Séméi que ses esclaves 
étaient allés à Geth. 

40. Et Séméi seleva, scelia son 
âne, et s'en alla vers Achis, à 
Geth, pour redemander ses escla- 
ves, et les ramena de Geth. 

44. Or, on annonca à Salomon 
que Séméi avait été de Jérusalem 
à Geth, et qu'il était revenu. 

42. Et envoyant, il l'appela, et 
lui dit : Ne t'ai-je pas juré par le 
Seigneur, et dit par avance : Au 
jour oü, étant sorti, tu iras ici et 
là, sache que tu mourras ? Et tu 
m'as répondu : Elle est juste la 
parole que j'ai entendue. 

43. Pourquoi donc n'as-tu pas 
gardé le serment du Seigneur, et 
l'ordre que je t'avais donné ? 

44. Et le roi dit à Séméi : Tu 
sais toi-méme tout le mal que 
lon cœur te reproche d'avoir fait 
à David, mon père : le Seigneur 


Cuar. III. 1. II Par., 1, 1. 


III ROIS. 


639 


a fait retomber ta malice sur ta 
téte. 

45. Et le roi Salomon sera béni, 
et le trône de David sera stable 
devant le Seigneur à jamais. 

46. C'est pourquoi Salomon 
commanda à Banaïas, fils de Joia- 
da; et Banaias sortit, frappa Sé- 
méi; et 11 mourut. 


CHAPITRE III. 


Salomon épouse la fille de Pharaon. Il 
demande à Dieu la sagesse. Dieu lui 
donne par surcroit les richesses et la 
gloire. Jugement qu'il porte entre deux 
femmes. 


1. La royauté fut donc affermie 
dans la main de Salomon ; il s'u- 
nit par alliance à Pharaon, roi 
d'Egypte; car il prit sa fille, et il 
lamena dans la cité de David, 
jusqu'à ce quil eût achevé de 
bátir sa maison, et la maison du 
Seigneur, et le mur de Jérusalem 
tout autour. 

2. Cependant le peuple immo- 
lait surles hauts lieux ; caril n'a- 
vait pas été bâti de temple au 
nom du Seigneur jusqu'à ce jour. 

3. Or, Salomon aima le Sei- 
gneur, marchant selon les pré- 
ceptes de David son pere, excepté 
qu'il sacrifiait sur les hauts lieux, 
et qu'il brülait de l'encens. 

4. C'est pourquoi il s'en alla à 
Gabaon pour y sacrifier ; car c'é- 


31. * Le torrent de Cédron qui forme la vallée à l'est et au sud-est de Jérusalem. 
39. * Geth, l'une des cinq grandes villes des Philistins. 
43. Le serment du Seigneur; c'est-à-dire le serment fait au Seigneur. 


1.* A Pharaon, roi d'Egypte. Ce roi d'Egypte n'est pas connu d'une manière cer- 
laine. C'était probablement Psousennès II, pharaon de la xxie dynastie, qui résidait 


à Tanis. 


4..* Gabaon, aujourd'hui e/-Djib, était bâtie sur une des nombreuses collines qui 
s'élévent en forme de mameions, au-dessus du plateau de la terre de Benjamin, et 
portait un nom expressif, comme Gaba, Geba, Rama, Ramath, tout autant de mots 


640 


tait le haut lieu le plus grand; 
Salomon offrit mille hosties en 
holocauste sur cetautel à Gabaon. 

5. Orle Seigneur apparut à Sa- 
lomon en songe pendant la nuit, 
disant : Demande-moi ce que tu 
veux que je te donne. 

6. Et Salomon répondit : Vous 
avez fait à David mon pere, vo- 
tre serviteur, une grande miséri- 
corde, selon qu'il a marché en 
votreprésence dansla vérité, dans 
la justice οἱ dans la droiture de 
cœur envers vous; vous lui avez 
conservé cette grande miséri- 
corde; et vous lui avez donné un 
fils qui devait étre assis sur son 
trône, comme il l'est aujourd'hui. 

7. Et maintenant, Seigneur 
Dieu, vous avez fait régner votre 
serviteur en la place de David, 
mon père : mais mol, je suis un 
petit enfant, ignorant mon en- 
trée et ma sortie. 

8. Et votre serviteur est au 
milieu du peuple que vous avez 
choisi; d'un peuple infini, qui ne 
peut étre nombré ni supputé à 
cause de sa multitude. 

9. Vous donnerez donc à votre 
serviteur un cœur docile, afin 
qu'il puisse juger votre peuple 
et discerner entre le bien et le 
mal; car qui pourra juger ce 
peuple-ci, ce peuple vôtre, si 
nombreux? 


ΠῚ ROIS. 


[cH. 1π.} 


10. Elle plut donc aux yeux du 
Seigneur la parole par laquelle Sa- 
lomon avait demandé une telle 
chose. 

11. Et le Seigneur dit à Salo- 
mon : Parce que tu as demandé 
cette chose, et que tu n'as point 
désiré pour toi des jours nom- 
breux, ni des richesses, ou les 
ámes de tes ennemis, mais que 
tu as demandé pour toi la sa- 
gesse, afin de discerner ce qui 
est juste , | 

19. Voilà que j'ai fait envers 
toi selon tes paroles, et je t'ai 
donné un cœur sage et intelli- 
gent, tellement que nul avant 
toi n'a été semblable à toi, et 
qu'après toi il ne s'en élèvera 
point. 

13. Mais méme ce que tu n'as 
point demandé, je te l'ai donné, 
les richesses et la gloire, eu sorte 
que personne n'aura été sem- 
blable à toi parmi les rois dans 
tous les jours passés. 

14. Or, situ marches dans mes 
voies, et que tu gardes mes pré- 
ceptes et mes commandements, 
comme a marché ton pére, je 
prolongerai tes jours. 

18. Ainsi s'éveilla Salomon, et 
il comprit que c'était un songe; 
et, lorsqu'il fut venu à Jérusa- 
lem, il se présenta devant l'arche 
de l'allance du Seigneur, offrit 


9. II Par., 1, 10. — 13. Sag., vir, 11; Matt., vi, 29. 


qui, comme Gabaon, désignent des lieux élevés. Gabaon était située sur la partie 
la plus septentrionale d'une de ces collines, vis-à-vis de Maspha, placée au sud, sur 
une autre éminence. La route qui conduit à la mer, à Jaffa, par Béthoron, passe à 
peu de distance, au nord de l'élévation sur laquelle est bâtie el-Djib. Les flancs de la 
colline, disposés en terrasses, sont couverts de vignes et d'oliviers. A l'est, une source 
abondante sort d'un rocher et forme un large réservoir. Un peu plus bas, au milieu 
des oliviers, se trouvait un étang considérable, dont on voit encore les ruines. C'étaient 
sans doute les « grandes eaux de Gabaon, » dont parle le prophète Jérémie, xui, 12. 

7. Mon entrée et ma sortie. Voy. 1 Rois, xxix, 6. 

414. Les ámes; c'est-à-dire la vie, pour la détruire, 


[cn. 1v.] 


des holocaustes, sacrifia des vic- 
times pacifiques, et fit un grand 
festin à tous ses serviteurs. 

16. Alors vinrent deux femmes 
de mauvaise vie vers le roi, et se 
présentèrent devant lui; 

47. Et l’une dit: Je vous con- 
jure, mon seigneur : moi et cette 
femme, nous habitions dans une 
même maison, et j'ai enfanté 
auprès d'elle dans la chambre. 

48. Mais le troisième jour 
après que moi j'ai enfanté, elle a 
enfanté, elle aussi, et nous étions 
ensemble, nul autre n'était dans 
la maison, excepté nous deux. 

19. Or le fils de cette femme 
est inort pendant la nuit; car en 
dormant elle l'a étouffé. 

90. Et, se levant daus le si- 
lence d'une profoude nuit, elle a 
pris mon fils à mon côté, pen- 
dart que je dormais, moi, votre 
servante, et l’a placé sur son 
sein: mais son fils, qui était mort, 
elle l'a posé sur mon sein. 

21. Et lorsque je me suis levée 
le matin pour donner du lait à 
mon fils, il a paru mort; et, le 
considérant plus attentivement 
au grand jour, j'ai reconnu que 
ce n'était pas le mien que j'avais 
enfanté. 

22. Et l'autre femme répondit : 
Il wen est pas ainsi que tu dis; 
mais ton fils est mort, et le mien 
vit. Àu contraire, celle-là disait : 
Tu mens; car c'est mon fils qui 
vit, et le tien est mort. Et c'est 
de cette maniere qu'elles dispu- 
taient devant le roi. 

93. Alors le roi dit : Celle-ci 


ΠῚ ROIS. 


64: 


dit: Mon fils vit, et le tien est 
mort; et celle-là répond : Non; 
mais c'est ton fils qui est mort, 
et le mien vit. 

24. Le roidit donc: Apportez- 
moi un glaive. Et lorsqu'on eut 
apporté le glaive devant le roi, 

25. Coupez, dit-il, l'enfant vi- 
vant en deux parties, et donnez 
la moitié à l'une et la moitié à 
l'autre. 

26. Alors 18 femme dont le fils 
était vivant dit au roi (car ses en- 
trailles furent émues pour son 
fils) : Je vous conjure, seigneur, 
donnez-lui l'enfant vivant, et ne 
le tuez point. Au contraire, l'autre 
disait : Qu'il ne soit ni à moi ni à 
toi; mais qu'il soit partagé. 

27. Le roi répondit, et dit : 
Donnez à celle-ci l'enfant vivant, 
et quil ne soit point tué; car 
c'est elle qui est sa mere. 

28. C'est pourquoi tout Israél 
apprit le jugement qu'avait rendu 
le roi; et ils craignirent le roi, 
voyant que la sagesse de Dieu 
était en lui pour rendre la justice. 


CHAPITRE IV. 


Principaux officiers de Salomon. Eten- 
due de sa domination. Sagesse de ce 
prince. 

1. Or le roi Salomon régnait 
sur tout Israël; 

2. Et voici les principaux offi- 
ciers qu'il avait : Azarias, fils de 
Sadoc, le prétre; 

3. Elihoreph et Ahia, fils de 
Sisa, étaient scribes; Josaphat, 
fils d'Ahilud, tenait les registres; 

4. Banaias, fils de Joiada, com- 


4. * Sadoc et Abiathar étaient grands prétres. D'aprés l'explication de Théodoret, 
Abiathar, qui s'était déclaré pour Adonias conire Salomon, conserva le titre de 
grand prêtre, mais l'exercice du souverain pontificat appartiut à Sadoc. 


A. T. c— 


41 


͵ 
| 


042 IL ROIS. 


mandait l’armée; Sadoc et Abia- 
thar étaient prêtres; 

5. Azarias, fils de Nathan, 
prêtre, commandait à ceux qui 
étaient toujours auprès du roi; 
Zabud, fils de Nathan, était ami 
du roi; 

6. Et Ahisar, intendant de la 
maison; et Adoniram, fils d'Abda, 
surintendant des tributs. 

7. Et Salomon avait douze pré- 
posés sur tout Israël, qui four- 
nissaient les vivres au roi et à 
sa maison; car à chaque mois 
dans l’année, chacun donnait 
tout ce qui était nécessaire. 

8. Voici leurs noms : Benhur 
était préposé sur la montagne 
d'Ephraim; 

9. Bendécar, à Maccès, à Sa- 
lébim, à Bethsamès, à Elon et à 
Béthanan ; 

10. Benhésed, à Aruboth : So- 
cho était à lui, et toute la terre 
d'Hépher. 

11. Bénabinadad, à qui était 
tout le Néphat-Dor, avait Tapheth, 


[cH. 1v. 


fille de Salomon, pour femme. 

12. Dana, fils d'Ahilud, gouver- 
nait Thanae, Mageddo, et tout 
le Bethsan, qui est près de Sar- 
thana, au-dessous de Jezraél, de- 
puis Bethsan jusqu'à Abelméhula 
vis-à-vis de Jecmaan. 

13. Bengaber était à Ramoth- 
Galaad; et il avait les bourgs de 
Jair, fils de Manassé , en Galaad ; 
cest lui qui était préposé dans 
toute la contrée d'Argob, qui est 
en Basan, sur soixante cités 
grandes et murées, qui avaient 
des verrous d'airain. 

14. Ahinadab, fils d'Addo, était 
préposé sur Manaïm ; 

45. Achimaas, sur Nephthali; 
et lui aussi eut Basémath, fille de 
Salomon, en mariage ; 

16. Baana, fils d'Husi, sur Ase 
et sur Baloth ; 

11. Josaphat, fils de Pharué, sur 
Issachar ; 

18. Séméi, fils d'Ela, sur Benja- 
min ; 


19. Gaber, fils d'Uri, surlaterre Ὁ 


9. * Ami du roi, son conseiller. 


6. * Adoniram. D'aprés l'opinion la plus généralement admise, cet Adoniram est 
le méme que l'Aduram qui fut lapidé par le peuple au commencement du régne de 
Roboam, 111 Rois, xu, 18. — Surintendant des íribufs. Jusqu'à. cette époque, les 
Israélites n'avaient été tenus qu'à payer la dime, à offrir les premiers fruits et à 
racheter les premiers-nés; c'étaient là des redevances religieuses; il n'y avait aucun 
impót proprement dit. | 

10. Socho était à lui; c'est-à-dire qu'il était aussi préposé sur Socho. -- Arubol/, 
ville de Juda, proche sans doute de Socho. 

11. Avait Tapheth, etc. Ceci est dit par anticipation, parce que Salomon n'avait 
pas alors de fille nubile. Cette observation est applicable au vers. 15. 

12. * Abelméhula. Voir la note sur Juges, vit, 23. 

13. Les bourgs. C'est lexplication de la première partie du mot Avofth-jair de la 
Vulgate; mot dont la terminaison 7 αἴ)" est un nom propre d'homme. Voy. Juges, x, 4. 
— * Ramoth-Galaad. Noir Deuléronome, 1v, 43. — Argob. Noir la note sur Deuté- 
ronome, ut, 4. — Les bourgs de Jaiv. Voir Juges, x, 4. — Basan. Voir Nombres, xxt, 33. 

19. * On voit que cette division du royaume en douze parties ne correspondait 
pas à la division en douze tribus, parce que le territoire, les revenus et la population 
des douze tribus étaient trop inégaux pour astreindre chacune d'elles à fournir la 
méme quantité d'impóts. Pour répartir les charges avec plus d'équité, on avait tenu 
compte de la population, de la richesse et de la plus ou moins grande fertilité de 
chaque partie du pays, et l’on avait partagé le royaume en douze sections, parce que 
chacune d'elles devait entretenir Ja maison royale uu des douze mois de l'année. 


1v.]‏ . אס| 


de Galaad, sur la terre de Séhon, 
roi des Amorrhéens, et d'Og, roi 
de Basan, sur tout ce qui était en 
cette terre. 

20. Juda et Israél étaient in- 
nombrables comme le sable de 
la mer par leur multitude, man- 
geant, buvant et se réjouissaut. 

91. Or, Salomon avait sous sa 
domination tous les royaumes, 
depuis le fleuve de la terre des 
Philistins jusqu’à la frontière 
d Egypte ; iis lui offrirent des pré- 
senis et le servirent durant tous 
les jours de sa vie. 

99. Or, les vivres de Salomon 
étaient chaque jour trente cors 
de fleur de farine et soixante cors 
de farine ordinaire ; 

23. Dix bœufs gras, vingt beeufs 
de páturage, cent béliers, outre 
la venaisor des cerfs, des che- 
vreuils, des bubales et de la vo- 
laille. 

24. Car c'est lui qui dominait 
sur toute la contrée qui était au 
delà du fleuve, depuis Taphsa 
jusqu'à Gaza, et sur tous les rois 
de ces contrées; et il avaitla paix 
de toutes parts alentour. 

25. Et Juda et Israë! habitaient 
sans aucune crainte, chacun sous 
sa vigne et sous son figuier, de- 
puis Dau jusqu'à Bersabée, du- 


ΠῚ ROIS. 


643 


rant tous les jours de Salomon. 

26. Et Salomon avait quarante 
mille écuries pour les chevaux 
des chariots, et douze mille cava- 
liers. 

21. Les susdits préposés par le 
roi les nourrissaient ; mais ils 
fournissaient aussi ce qui était 
nécessaire à la table du roi Salo- 
mon avec un grand soin et en son 
temps. 

28. Ils portaient aussi lorge 
et la paille pour les chevaux et 
les bestiaux, au lieu où était le 
roi, selon l’ordre qu'ils avaient 
recu. 

29. Dieu donna aussi à Salomon 
une sagesse et une prudence tres 
ezande, et une étendue de cœur, 
comine le sable qui est sur le ri- 
vage de la mer. 

30. Et la sagesse de Salomon 
surpassait la sagesse de tous les 
Orientaux et de tous les Egyp- 
tiens ; 

31. l1 était plus sage que tous 
les hommes, plus sage qu'Ethan 
l'Ezrahite, qu'Héman, Chalcol et 
Dorda, enfants de Mahol; et il 
élait renommé dans toutes les 
nations des environs. 

32. Salomon dit trois mille pa- 
raboles, et ses cantiques furent 
au nombre de mille et cinq. 


CnAP. iV. 21. Eccli., xLvir, 15. — 26. II Par., 1x, 25. — 34. Eccli., xzvur, 16. 


———À — —MÀ— A. n — 


21. * Le fleuve de la terre des Philistins, le ruisseau d'Egypte, l'ouadi el-Arisch. 
22. * Le corus, ou kór, appelé aussi chomer, mesure pour les matières sèches, 


valait environ 388 litres, 


23.* On a ca:culé, d’après les diverses données du texte, que la cour de Salomon 
se composait d'environ quatorze mille personnes. 

24. Du fleuve; c'est-à-dire de l'Euphrate. — * Thaphsa, Thapsaque, sur l'Euphrate, 
à un gué important de ce fleuve. — G«za. Voir Josué, xi, 41. 

25. * Depuis Dan jusqu'à Bersabée. Voir 18 note sur Juges, xx, 1. 


26. Quarante mille écuries. L'hébreu porte ici le méme nombre; mais dans le 
passage parallèle, 1] Paralip., 1x, 25, on y Kt quatre au lieu de quarante. 1] » 
616 trés facile à un copiste de confondre ces deux mots à cause de leur peu de 
différence, 


644 


33. Et il discourut sur les ar- 
bres, depuis le cèdre qui est sur 
le Liban, jusqu'à l'hysope qui 
sort de la muraille, et traita des 
bestiaux, des oiseaux, des reptiles 
et des poissons. 

34. Et on venait de chez tous 
les peuples pour entendre la sa- 
gesse de Salomon, et de la part 
de tous les rois de la terre qui 
apprenaient sa sagesse. 


CHAPITRE V. 


Alliance entre Hiram et Salomon. Hiram 
lui fournit les bois nécessaires pour la 
construction du temple. Salomon choi- 
sit dans Israél ceux qui devaient tra- 
vailler à cet édifice. 


1. Hiram, roi de Tyr, envoya 
aussi sesserviteurs versSalomon; 
car il apprit qu'on l'avait oint roi, 
en la place de son père, parce 
qu Hiram avait toujours été l'ami 
de David. 

2. Or Salomon envoya vers Hi- 
ram, disant : 

3. Vous savez le désir de David 
mon père, et qu'il n'a pu bâtir 
une 1naison au nom du Seigneur 
son Dieu, à cause des guerres qui 
le menagaient de toutes parts, 
jusqu'à ce que le Seigneur eüt 
mis ses ennemis sous la plante 
de ses pieds. 


III ROIS. 


[cu. v.] 


4. Mais maintenant le Seigneur 
mon Dieu m'a donné la paix alen- 
tour ; et il n'y a ni adversaire, ni 
obstacle fácheux. 

9. C'est pourquoi je pense à 
bátir un temple au nom du Sei- 
gneur mon Dieu, comme a parlé 
le Seigneur à David, mon pere, 
disant : Ton fils, que je mettrai 
en ta place sur ton tróne, sera 
celui qui bátira une maison à mon 
nom. 

6. Ordonnez donc que vos ser- 
viteurs coupent pour moi des 
cedres du Liban, et que mes ser- 
viteurs soient avec les vôtres; 
quant à la récompense de vos 
serviteurs, je vous la donnerai 
telle que vous la demanderez ; 
car vous savez que parmi mon 
peuple, il n'est pas dhomme qui 
sache couper le bois comme les 
Sidoniens. 

7. Lors donc qu'Hiram eut en- 
tendu les paroles de Salomon, il 
se réjouit beaucoup, et dit : Béni 
aujourd'hui le Seigneur Dieu, qui 
a donné à David un fils trés sage 
pour gouverner ce très grand 
peuple! 

8. Et Hiram envoya vers Salo- 
mon, disant : J'ai entendu tout 
ce que vous m'avez mandé; je 
ferai tout ce que vous désirez 


Cnar. V. 5. 11 Rois, vu, 13; I Par., xxi, 10. 


33. * L'hysope qui sort de la muraille n'est pas l'hysope proprement dite, mais une 
espèce de mousse dont les feuilles lancéolées ressemblent à celles de l'hysope, d'après 
plusieurs naturalistes. D’après d’autres, il s'agit de l'hysope ordinaire. 


3. Ses ennemis. Il est évident que c'est le mot que représente le pronom eux, les 
de la Vulgate et de l'hébreu; puisqu'il s'agit dans ce passage des guerres que David 
avait à soutenir de toutes parts. 

6. * Des cédres. Le bois de cèdre était particulièrement estimé dans l'antiquité et 
méritait de l'étre. On peut l'employer avec grand avantage dans les œuvres d'archi- 
tecture. On le regardait comme incorruptible; il est du moins d'une grande durée. 
li peut servir à toute sorte d'usages et c'est comme l'arbre par excellence pour les 
constructions. Le tronc d'un des cèdres séculaires qui subsistent encore sur le Liban 
a treize mètres quatre-vingts centimètres de circontérence. 


[cR. vr.] 
pour les bois de cèdre et de sa- 
pin. 

9. Mes serviteurs les porteront 
du Liban à la mer, et moi je les 
ferai mettre en radeaux sur la 
mer, jusquau lieu que vous 
m'aurez marqué ; je les y ferai 
aborder; vous les enlèverez, et 
et vous me fournirez tout ce qui 
me sera nécessaire pour nourrir 
ma maison. 

^0. C'est pourquoi Hiram don- 
nait à Salomon des bois de cèdre 
et de sapin, selon tous ses désirs. 

11. Et Salomon fournissait à 
Hiram, pour nourrir sa maison, 
vingt mille cors de froment et 
vingt cors d'huile trés pure 
voilà ce que Salomon livrait 
chaque année à Hiram. 

19. Le Seigneur donna aussi 
la sagesse à Salomon, comme il 
le lui avait dit: et il y avait paix 
entre Hiram et Salomon, et ils 
firent tous deux alliance. 

13. Et le roi Salomon choisit 
des ouvriers de tout Israél, et la 
taxation était de trente mille 
hommes. 

14. Et il les envoyait au Liban 
touràtour, dix mille chaque mois, 
de sorte qu'ils étaient deux mois 
dans leurs maisons; et Adoniram 
était préposé à cette taxation. 

15. Salomon avait soixante-dix 


III ROIS. 645 


mile hommes qui portaient des 
fardeaux, et quatre-vingt mille 
qui taillaient des pierres sur la 
montagne, 

16. Sans les préposés qui pré- 
sidaient à chaque ouvrage, au 
nombre de trois mille trois cents, 
et qui donnaient les ordres au 
peuple et à ceux qui faisaient 
l'ouvrage. 

17. Et. le roi leur ordonna de 
prendre de grandes pierres, des 
pierres de prix, pour les fonde- 
ments du temple, et de. les 
équarrir; 

18. Et les macons de Salo- 
mon et les macons d'Hiram les 
taillèrent; or ceux de Giblos 
préparèrent les bois et les pierres 
pour bátir la maison du Seigneur. 


CHAPITRE VI. 


Description du temple báti par 
Salomon. 


1. lL arriva donc, à la quatre 
cent quatre-vingtième année de 
la sortie des enfants d'Israél de 
la terre d'Egypte, à la quatrieme 
année du regne de Salomon sur 
Israël, au mois de Zio (c'est le 
second mois de l'année), que l'on 
commença à bâtir la maison du 
Seigneur. 

2. Or la maison que bátissait 


12. Supra, mr, 12. — ΒΑΡ. VI. 1. II Par., ur, 1. 


11. Cors. Voy. pour ce mot, iv, 22. 


14. * Adoniram. Voir la note sur III Rois, iv, 6. — Les bois coupés sur le Liban 
étaient transportés par mer 8 Joppé ou Jaffa, II Paralipoménes, 11, 16, et de là par 


terre à Jérusalem. 


19. * Sur la montagne, sur le mont Bezétha, au nord de Jérusalem, dans les car- 
rières appelées depuis royales, dont une entrée est en face de la Grotte de Jérémie. 

18. * Giblos, Gebal, appelée par les Grecs Byblos, au nord de Beyrouth, était la 
ville de la cóte de Phénicie la plus rapprochée de la forét des cédres. 


1. Le mois de Zio ou Zif commençait à la nouvelle lune d'avril. 
2. * Vingt coudées. La coudée valait un peu plus de cinquante centimètres. 


646 


au Seigneur le roi Salomon avait 
soixante coudées en longueur, 
vingt coudées en largeur et 
trente coudées en hauteur. 

3. Et le portique devant le 
temple était de vingt coudées de 
longueur, sélon la mesure de la 
largeur du temple, et il avait dix 
coudées de largeur, devant la 
face du temple. 

4. Et il fit au temple des fe- 
nétres obliques. 

ὃ. Et il bátit sur la muraille 
du temple des étages, tout au- 
tour, à côté des murailles de la 
maison à l'entour du temple et de 
loracle; et il fit 606685 8 
alentour. 

6. L'étage d'en bas avait cinq 
coudées de largeur, l'étage du 
milieu six coudées de largeur, 
et le troisieme étage avait sept 
coudées de largeur. Mais il mit 
des poutres à la maison tout au- 
tour en dehors, de sorte qu'elles 
n'étaient pas attachées aux murs 
du temple. 

7. Or, lorsque la maison se 
bátit, cest de pierres taillées et 
bien préparées qu'elle fut bâtie. 
Et ni marteau, ni cognée, ni au- 
cun instrument de fer ne fut en- 
tendu dans la maison, pendant 
qu'on la bátissait. 

8. La porte du cóté du milieu 


12. II Rois, vir, 16. — 13. I Par., xxr, 9. 


III ROIS. 


(cu. vi.] 
était à la partie droite de la mai- 
son, et l'on montait par un esca- 
lier tournant à l'étage mitoyen, 
et de l'étage mitoyen au troi- 
sieme. 

9. Ainsi il bátit la maison et 
l'acheva, et il la couvrit de lam- 
bris de cèdre. 

10. Et il bâtit un étage au-des- 
sus de tout l'édifice, de cinq 
coudées de hauteur, et il couvrit 
la maison de bois de cedre. 

11. Et la parole du Seigneur 
fut adressée à Salomon, disant : 

19. Voici la maison que tu bà- 
lis; si tu marches dans mes pré- 
ceptes, si tu exécutes mes lois 
et que tu gardes tous mes com- 
mandements, en y marchant, je 
confirmerai pour toi la parole 
que j'ai dite à David ton pere. 

13. Jhabiterai au milieu des 
enfants d'Israël, et je n'aban- 
donnerai point mon peuple Is- 
raël. 

14. Ainsi Salomon bâtit la mai- 
son du Seigneur, et l'acheva. 

15. Et il lambrissa les mu- 
railles de la maison en dedans, 
d'ais de cédre, depuis le pavé de 
la maison jusqu'au haut des mu- 
railles et jusqu'au plafond, et il 
le couvrit de bois de cedre en de- 
dans, et il couvrit le pavé de la 
maison de plauches de sapin. 


3. * Et le portique, le vestibule ou pronaos. 

5. Il bátit sur la muraille; c'est-à-dire à côté de la muraille; 1[ adossa contre la 
muraille. Le texte hébreu est susceptible de ce sens. — L'oracle. Voy. Exode, xxv, 18. 
— * Dans les livres des Rois, la Vulgate traduit par oracle un des mots hébreux qui 


désignent le Saint des Saints. 


8. Au côté droit de la maison; littér. et par hébraïsme : Au côté de la maison 


droite. 


19. Voici la maison que tu bális, conformément à mes ordres; maintenant, si tu 
marches, etc. C'est la seule explication qui nous a paru ne point faire violence au 
texte original fidèlement reproduit daus la Vulgate. 


[cu. vi.] 

16. Il lambrissa aussi les vingt 
coudées, au fond du temple, 
d'ais de cèdre, depuis le pavé 
jusqu'au haut, et il fit le lieu in- 
iérieur de l’oracle pour le Saint 
des saints. 

41. Or, le temple lui-méme 
était de quarante coudées de- 
vant la porte de l'oracle. 

18. Et toute la maison était au 
dedans revétue de cèdre, ayant 
des contours et des jointures fai- 
tes avec art, et des moulures sail- 
lantes : tout était revétu de lam- 
bris de cedre; et aucune pierre 
ne pouvait paraitre dans la mu- 
raille. 

19. Quant à 1028010, c'est au 
milieu du temple, dans la partie 
la plus intérieure, qu'il l'avait 
fait, pour y mettre l'arche de 
l'alliance du Seigneur. 

90. Or l'oracle était de vingt 
coudées de longueur, de vingt 
coudées de largeur, et de vingt 
coudées de hauteur, et il le cou- 
vrit et revétit d'or trés pur; mais 
l'autel, 11 le couvrit de bois de 
cedre. 

91. La maison aussi devant 
loracle, 1 la couvrit d'un or 
tres pur, et il attacha les lames 
d'or avec des clous d'or. 

29. Et il n'y avait rien dans le 
temple qui ne füt couvert d'or: 
et il couvrit aussi d'or tout l'au- 
tel de l’oracle. 


IIl ROIS. = 647 


23. Et il fit dans l'oracle deux 
chérubins de bois d'olivier, de 
dix coudées de hauteur. 

24. L'une des ailes d'un chéru- 
bin était decinqcoudées, etl'autre 
aile de ce chérubin était de cinq 
coudées ; c'est-à-dire qu'il y avait 
dix coudées depuis l'extrémité 
d'une des ailes jusqu'à l'extrémité 
de l'autre aile. 

25. Le second chérubin était 
aussi de dix coudes, des mêmes 
dimensions, et il n'y avait qu'un 
seul ouvrage pour les deux ché- 
rubins, 

26. C'est-à-dire que le premier 
chérubin avait la hauteur de dix 
coudées, et le second pareille- 
ment. 

2/1. Et il placa les chérubins au 
milieu du temple intérieur; or 
les chérubins étendaient leurs 
ailes; l'une des ailes du premier 
chérubin touchait une muraille, 
et l'aile du second chérubin tou- 
chait l’autre muraille, et leurs 
autres ailes se joignaient ensem- 
ble au milieu du temple. 

28. Il couvrit aussi d’or les ché- 
rubins. 

29. Et toutes les murailles du 
temple, il les orna alentour de 
sculptures variées et d'un con- 
tour; et il y ₪) des chérubins, des 
palmes et des peintures variées 
qui semblaient se détacher de la 
muraille et en sortir. 


16. Les vingt coudées; celles, sans doute, dont il est question au vers. 2. — ] 
fit, etc., ou bien: IL fit du lieu intérieur de l'oracle le Saint des saints. — Le lieu; 
littér. : la maison. Les Hébreux se servaient souvent de ce dernier mot pour exprimer 
le dedans d'une chose. — L'oracle. Voyez Exode, xxv, 18. 

11. Le temple lui-méme était la partie du temple comprise entre le vestibule et le 


Saint des saints, et appelé le Saint. 
19, 90. * L'oracle, le Saint des saints. 


21. * La maison devant 17070016, le Saint, qui précédait le Saint des saints. 
92. L'autel de l'oracle; c'est-à-dire qui était devant l'arche. 
29. * Qui semblaient se détacher de la muraille et en sortir, des bas-reliefs. 


648 IT ROIS. 


30. Mais même le pavé de la 
maison , il le couvrit d'or, en de- 
dans et en dehors. 

34. Et à l'entrée de l'oracle, il 
fit de petites portes de bois d'oli- 
vier, et des poteaux à cinq angles; 

32. Et deux portes en bois d'oli- 
vier; et il y sculpta des figures 
de chérubins, des palmes, et des 
bas-reliefs tres saillants; et il 
couvrit d'or tant les chérubins 
que les palmes et le reste. 

33. Il fit à l'entrée du temple 
des poteaux de bois d'olivier 
quadrangulaires. 

34. Et deux portes de bois de 
sapin de cóté et d'autre : chaque 
porte avait deux battants, et elle 
s'ouvrait, ayant ces deux battants 
unis ensemble. 

35. Et il sculpta des chérubins, 
et des palmes, et des moulures 
très saillantes, et il couvrit le tout 
de lames d'or, d'un travail fait à 
la regle et à l'équerre. 

36. Il bâtit aussi le parvis inté- 
rieur de trois rangs de pierres 
polies et d'un rang de bois de 
cedre. 

91. C'est à la quatrieme année, 
que fut fondée la maison du Sei- 
gneur, au mois de Zio ; 

38. Et la onzieme année, au 
mois de Bul (c'est le huitième 
mois), la maison fut entierement 
achevée, et dans tous ses ouvra- 
ges, et dans tout ce qui devait y 
servir; et Salomon la bâtit en 
sept ans. 


Car. VII. 1. Infra, 1x, 10. 


(cu. vrr.] 


CHAPITRE VII. 


Description au palais de Salomon. Divers 
ouvrages faits pour le temple. 


1. Quant à sa maison, Salomon 
la bátit et l'acheva entierement 
en treize ans. 

9. Il bátit aussi la maison de la 
forét du Liban, qui avait cent 
coudées de longueur, cinquante 
coudées de largeur et trente cou- 
dées de hauteur, et quatre gale- 
ries entre des colonnes de bois 
de cedre; car il avait coupé du 
bois de cèdre pour les colonnes. 

3. Et il revétit de lambris de 
bois de cèdre toute la voûte, qui 
était soutenue par quarante-cinq 
colonnes. Or chaque rang avait 
quinze colonnes, 

4. Placées vis-à-vis l'une de 
l'autre, 

5. Et se regardant en face, une 
égale distance étant entre les 
colonnes; et sur les colonnes 
étaient des poutres carrées entiè- 
rement égales. 

6. Et il fit le portique des co- 
lonnes de cinquante coudées de 
longueur, et de trente coudées 
de largeur, et un autre portique 
en face du plus grand, et des co- 
lonnes et des architraves sur les 
colonnes. 

7. Il fit aussi le portique du 
tróne dans lequel est le tribunal, 
et il le couvrit de bois de cedre, 
depuis le pavé jusqu'au haut. 


—— ——— — M M — M ————— 


31. A la quatrième. etc. Voy. vers. 1. 


38. Bul. Ce mois commencait à la nouvelle lune d'octobre. — * Voir à la fin du 
volume la note 16 sur le Temple de Salomon. 


2. * La maison de la forét du Liban, ainsi nommée, non parce qu'elle était cons- 
truite dans le Liban, mais parce qu'on y avait prodigué le bois de cédre. 


[cn. vm.] 

8. Et il y avait au milieu du 
portique une petite maison, d'un 
semblable ouvrage, danslaquelle 
on s'asseyait pour juger. ἢ fit 
aussi pour la fille de Pharaon 
(que Salomon avait épousée) une 
maison d'un ouvrage tel que ce 
portique méme. 

9. Tout était de pierres d'un 
grand prix, lesquelles avaient été 
sciées d'une certaine forme et 
d'une certaine mesure, tant en 
dedans qu'en dehors, depuis le 
fondement jusqu'au haut des mu- 
railles, mais en dehors jusqu'au 
grand parvis. 

10. Les fondements aussi 
étaient de pierres de prix, de 
grandes pierres de dix ou de huit 
coudées. 

11. Et au-dessus étaient des 
pierres de prix, taillées d'une 
méme mesure, et ainsi du cedre. 

12. Le grand parvis était rond, 
et de trois rangs de pierres tail- 
lées, et d'un rang de cèdre dolé; 
etilen était ainsi dansle parvis in- 
térieur dela maison du Seigneur, 
et dans le portique de la maison. 

13. Le roi Salomon envoya 
aussi pour faire venir de Tyr Hi- 
ram, 

14. Fils d'une femme veuve de 
la tribu de Nephthali, et d'un père 
Tyrien, ouvrier en bronze, rempli 
de sagesse, d'intelligence et de 
science, pour faire toute sorte 
d'ouvrages en airain. Hiram, 
étant donc venu vers le roi Salo- 
mon, fit tous ses ouvrages. 


8. Supra, int, 1. — 15. Jérémie, ,זז‎ 


III ROIS. 649 


15. Ainsi, il fit deux colonnes 
d'airain, chaque colonne de dix- 
huit coudées de hauteur ; et une 
ligne de douze coudées entourait 
l'une et l'autre colonne. 

16. Il fit aussi deux chapiteaux 
d'airain, jetés en fonte, lesquels 
devaient étre placés sur la téte 
des colonnes : un chapiteau était 
de cinq coudées de hauteur, et 
l'autre chapiteau de cinq coudées 
de hauteur, 

11. Et en forme de rets et de 
chaines entrelacées lune dans 
l'autre avec un art admirable. 
Les deux chapiteaux des colonnes 
étaient jetés en fonte ; il y avait 
sept rangs de réseaux à un chapi- 
teau, et sept rangs de réseaux à 
l'autre chapiteau. 

1S. Et il fit les colonnes et deux 
rangs autour de chacun des ré- 
seaux, pour qu'ils couvrissent les 
chapiteaux qui étaient sur le 
sommet des grenades : c'est de 
cette manière qu'il fit pour le se- 
cond chapiteau. 

19. Mais les chapiteaux qui 
étaient au haut des colonnes, 
dans le parvis, étaient faits en 
facon de lis, de quatre cou- 
dées. 

20. Et il y avait encore d'autres 
chapiteaux, au sommet des co- 
lonnes, au-dessus, selon la me- 
sure de la colonne, contre les 
réseaux : mais les grenades, au 
nombre de deux cents, étaient 
disposées en rangs autour du se- 
cond chapiteau. 


——————————————————— 


8. On s’asseyail. Selon l'hébreu, i] s'asseyait; c'est-à-dire Salomon. 


11. Et ainsi du cédre, expression elliptique, pour : 


au-dessus. 


Il y avait également du cèdre 


20. Selon la mesure, etc.; c'est-à-dire proportionnés à la grosseur de la colonne. 


650 II ROIS. 


91. rt 11 placa les deux colon- 
nes dans le portique du temple, 
et lorsqu'il eut placé la colonne 
droite, il l'appela du nom de Ja- 
chin : il érigea de méme la se- 
conde colonne, et il lui donna le 
nom de Booz. 

29. Et sur la tête des colonnes, 
il mit l'ouvrage fait en forme de 
lis; et l'ouvrage des colonnes fut 
achevé. 

23. Il fit aussi la grande mer 
jetée en fonte, de dix coudées 
d'un bord jusqu'à autre bord : 
elle était toute ronde: sa hauteur 
avait cinq coudées, et un cordon 
de trente coudées l'environnait 
tout autour. 

24. Et une sculpture au-dessous 
du bord entourait cette mer, l'en- 
vironnant dans /espace de dix 
coudées; deux rangs de sculptu- 
res striées avaient été jetées en 
fonte. 

95. Et cette mer était posée sur 
douze bœufs, dont trois regar- 
daient l'aquilon , trois l'occident, 
trois le midi et trois l'orient ; et 
la mer était sur ces bœufs, dont 
toute la partie de derriere était 
cachée en dedans. 

26. Or, lépaisseur du bassin 
était de trois pouces, et son bord, 
comme le bord d'une coupe et 
comme la feuille d'un lis épanoui; 
il contenait deux mille bats. 


99 II Dar- ἵν, ὦ. 


[cu. vm.] 


27. Il fit aussi dix bases d'ai- 
rain, chacune de quatre coudées 
de longueur, de quatre coudées 
de largeur et de trois coudées 
de hauteur. 

98. L'ouvrage lui-méme des 
bases était à jour, et il y avait 
des sculptures entre les jointu- 
res; 

99. Et entre les couronnes et 
les entre-lacs, des lions, des 
bœufs et des chérubins ; et dans 
les jointures également au-dessus 
et au-dessous, des lions, des 
bœufs, et comme des courroies 
d'airain qui pendaient. 

30. Et à chaque base étaient 
quatre roues d'airain et des es- 
sieux d'airain ; et aux quatre có- 
tés au-dessous du bassin, comme 
de petites épaules jetées en fonte, 
et se regardant l'une l'autre. 

31. De plus, louverture du 
bassin en dedans était à son ex- 
trémité supérieure : ce qui en 
paraissait au dehors était d'une 
coudée et tout rond, et le tout 
avait une coudée et demie; mais 
dans les angles des colonnes, il y 
avait diverses ciselures, et les 
entre-colonnements étaient car- 
rés et non ronds. 

32. Les quatre roues aussi, qui 
étaient aux quatre angles de la 
base, se joignaient ensemble par- 
dessous la base; chaque roue 


91. Jachin, en hébreu : 
la force. 


il établira, il affermira. — Booz; c'est-à-dire en lui est 


23. Toute ronde; absolument ronde. C'est le vrai sens de l'expression pléonastique 
vonde autour, qui se trouve également dans le texte hébreu. 


26.* Le bat équivaut à 38 litres 88. 


27. Bases ou socles; espèce de caisses dans lesquelles on mettait des bassins pleins 


d'eau pour les besoins du temple. 


30. Ces petites épaules étaient une sorte de consoles ou de supports ayant la forme 


d'une épaule. 


[ca. vm.; 
avait de hauteur une coudée et 
demie. 

33. Or, les roues étaient telles 
qu'elles ont coutume de se faire 
à un char; et leurs essieux, leurs 
rais, leurs jantes et leurs moyeux 
avaient été tous jetés en fonte. 

34. Etces quatre petites épaules 
aussi, qui étaient à chacun des 
quatre angles de chaque base, 
avaient été fondues de la base 
méme, et y étaient jointes. 

35. Au haut dela base il y avait 
un certain rond d'une demi-cou- 
dée, travaillé de maniere que le 
bassin püt y étre placé dessus; 
il avait ses ciselures et diverses 
sculptures qui saillaient. 

36. Hiram grava de plus dans 
les entre-deux des jozntures, qui 
étaient d'airain, et aux angles, 
des chérubins, des lions et des 
palmes, comme un homme qui 
est debout, en sorte que ces cho- 
ses paraissaient, non point cise- 
lées, mais ajoutées tout autour. 

37. Il fit de cette manière les 
dix bases d'une méme fonte, de 
méme mesure, et de sculpture 
entièrement semblable. 

38. Il fit aussi dix bassins d'ai- 
rain; chaque bassin contenait 
quarante bats et était de quatre 
60110608 ; et il posa chaque bassin 
sur chaque, c'est-à-dire, sur les 
dix bases. 

39. Et il placa les dix bases, 
cinq à la partie de droite du tem- 
ple, et cinq à la gauche ; mais la 
mer, illa posa à la partie droite 


III ROIS. 651 


du temple, contre l'orient, vers 
le midi. 

40. Hiram fit aussi les chaudie- 
res, les écuelles et les petits 
seaux, et il acheva tout l'ouvra- 
ge du roi Salomon dansle temple 
du Seigneur. 

41. Il fit deux colonnes et les 
deux cordons des chapiteaux sur 
les chapiteaux des colonnes ; et 
les deux réseaux, pour couvrir 
les deux cordons qui étaient sur 
les chapiteaux des colonnes; 

42. Etles quatre cents grenades 
dans les deux réseaux, deux 
rangs de grenades dans chaque 
réseau, pour couvrir les cordons 
des chapiteaux qui étaient sur 
les sommets des colonnes ; 

49. Et les dix bases, et les dix 
bassins sur les bases ; 

44. Et la mer unique, et les 
douze bœufs sous la mer; 

45. Et les chaudieres, et les 
écuelles et les petits seaux : tous 
les vases qu Hiram fit au roi Salo- 
mon pour la maison du Seigneur, 
étaient d'airain fin. 

46. C'est dans le pays plat du 
Jourdain que le roi les fit fondre 
dans la terre argileuse, entre 
Sochoth et Sarthan. 

47. Et Salomon placa tous les 
vases ; mais, à cause de leur mul- 
titude, on ne pesa pas l'airain. 

48. Et Salomon fit tousles vases 
pour la maison du Seigneur, l'au- 
tel d'or. et la table d'or, sur la- 
quelle devaient étre placés les 
pains de proposition; 


35. Ce rond était probablement un rebord autour de la base, lequel soutenait le 
bassin. Comp. le vers. 31, dont celui-ci n'est guére que la répétition. 

46. * Dans la terre argileuse. La partie de la vallée du Jourdain qui s'étend du 
lac de Tibériade à la mer Morte est un terrain argileux. 

48. * Les pains de proposition. Voir Exode, xxv, 30 et Lévitique, xxiv, 5-9, 


652 III ROIS. 


49. Et les chandeliers d'or, cinq 
à droite et cinq à gauche, contre 
l'oracle, d'or pur; de méme que 
les fleurs delis et les lampes d'or 
au-dessus, et aussi les pincettes 
d'or, 

50. Les cruches, les fourchettes, 
les pateres, les petits mortiers et 
les encensoirs, d'un or très pur : 
les gonds des portes de la maison 
intérieure du Saint des saints, et 
des portes de la maison du tem- 
ple, étaient d'or. 

51. Ainsi Salomon acheva tout 
ce qu'il faisait pour la maison du 
Seigneur, et il porta ce que David 
son pere avait consacré d Dieu, 
l'argent, l'or et les vases, et il les 
déposa dans les trésors de la mai- 
son du Seigneur. 


CHAPITRE VIII. 


Dédicace du temple de Salomon. Salo- 
mon offre à Dieu sa prière et bénit le 
peuple. Nombre des victimes immolées 
dans cette solennité. 


1. Alors s'assemblerent tous les 
anciens d'Israél avec les princes 
des tribus, et les chefs des famil- 
les des enfants d'Israël, auprès 
du roi Salomon dans Jérusalem, 
pour transporter l'arche de l'al- 
liance du Seigneur de la cité de 
David, c'est-à-dire, de Sion. 

9. Et tout Israél vint ensemble 
aupres du roi Salomon, dans le 
mois d'Ethanim, au jour solen- 
nel : c'est le septième mois. 


[cH. vr. | 


3. Tous les anciens d'Israél 
vinrent donc, et les prétres em- 
portèrent l'arche, 

4. Et ils emporterent l'arche 
du Seigneur, et le. tabernacle 
d'alliance, et tous les vases du 
sanctuaire qui étaient dans le 
tabernacle ; et les prêtres et les 
lévites les portaient. 

5. Or le roi Salomon, et toute 
la multitude d'Israël, qui. était 
venue auprès de lui, marchait 
avec lui devant l'arche, et ils im- 
molaient des brebis et des bœufs, 
sans prix et sans nombre. 

6. Et les prêtres portèrent l'ar- 
che de l’alliance du Seigneur en 
son lieu, dans l’oracle du temple, 
dans le Saint des saints, sous les 
ailes des chérubins. 

7. Car les chérubins étendaient 
leurs ailes au-dessus du lieu de 
l'arche, et ils couvraient l'arche, 
et les leviers par en haut. 

8. Et comme les leviers pas- 
saient en dehors, et que leurs 
extrémités paraissaient hors du 
sanctuaire devant l'oracle, ils ne 
paraissaientplus extérieurement, 
et ils sont demeurés là jusqu'au 
présent jour. 

9. Or, il n'y avait rien autre 
chose dans larche que les deux 
tables de pierre que Moise y avait 
mises à Horeb, quand le Seigneur 
fit alliance avec les enfants d'Is- 
raél, lorsqu'ils sortirent de la 
terre d'Egypte. 


51. II Par., v, 1. — CuaP. VIII. 1. II Par., v, 2. — 9. Exode, xxxiv, 21; Hébr., 


IX, 4. 


49. * Les chandeliers d'or avaient chacun sept branches en y comprenant la tige, 
de laquelle se dégageaient trois séries de branches superposées. 


9. Ethanim, nommé aussi Tischri, et qui commençait à la nouvelle lune de sep- 
tembre, était le septième mois de l'année sainte ou sacrée, et le premier de l’année 


civile. 


vu]‏ .אס] 

40. Mais il arriva que, quand 
les prêtres furent sortis du sanc- 
tuaire, la nuée remplit la maison 
du Seigneur ; 

11. Et les prêtres ne pouvaient 
pas s'y tenir, ni remplir leur mi- 
nistere à cause de la nuée ; car la 
gloire du Seigneur avait rempli 
la maison du Seigneur. 

42. Alors Salomon dit : Le Sei- 
gneur a dit qu'il habiterait dans 
la nuée. 

13. O Dieu, jai báti cette mai- 
son pour votre demeure, et pour 
votre tróne tres affermi à jamais. 

14. Et le roi tourna sa face, et 
bénit toute l'assemblée d'Israël : 
car toutel'assemblée d'Israél était 
présente. 

15. Et Salomon dit : Béni le 
Seigneur Dieu d'Israél! lui qui a 
parlé de sa bouche à David mon 
pere, et par ses mains a accom- 
pli sa parole, disant : 

16. Depuisle jour que j'ai retiré 
de l'Egypte mon peuple Israél, je 
n'ai point choisi de ville d'entre 
toutes les tribus d'Israël, afin 
qu'on me bâtit une maison et que 
mon nom y füt; mais j'ai choisi 
David, afin qu'il füt chef de mon 
peuple Israël. 

47. Et David mon pere voulut 
bátir une maison au nom du Sei- 
gneur Dieu d'Israél ; 

18. Mais le Seigneur dit à David 
mon pere : Quand tu as pensé en 
ton cœur à bâtir une maison à 


12. II Par., vi, 1. — 17. 11 Rois, vir, 5. 


III ROIS. 653 


mon nom, tu as bien fait, en t'oc- 
cupant de cela en ton esprit. 

19. Cependant ce ne sera pas 
toi qui me bátiras une maison ; 
mais ton fils, qui sortira de tes 
flanes, sera celui qui bátira une 
maison à mon nom. 

20. Le Seigneur a continué la 
parole qu'il a dite : j'ai succédé à 
David mon père, je me suis assis 
surle tróne d'Israél, comme l'a 
dit le Seigneur, et j'ai bâti une 
maison au nom du Seigneur 
Dieu d'Israél. 

91. Et j'ai établi là le lieu de 
l'arche, dans laquelle est l'alliance 
du Seigneur, qu'il fit avec nos 
pères, quand ils sortirent de la 
terre d'Egypte. 

22. Or Salomon se tint debout 
devant lautel du Seigneur, en 
présence de toute l'assemblée 
d'Israël, et il étendit ses mains 
vers le ciel, 

23. Et il dit : Seigneur Dieu 
d'Israël, il n'y a point de Dieu 
semblable à vous en haut, dans 
le ciel, et en bas, sur la terre : 
c'est vous qui conservez l'alliance 
et 18 miséricorde à vos serviteurs, 
qui marchaient devant vous en 
tout leur cœur ; 

24. Qui avez gardé à votre ser- 
viteur, David mon pere, ce que 
vous lui avez promis : vous l'avez 
dit de votre bouche et accompli 
par vos mains, comme ce jour le 
prouve. 


10. La nuée dans laquelle le Seigneur, selon sa promesse, devait habiter. Voy. 


le vers. 12. 


15, 24. Le mot mains est mis ici par hébraisme, pour, puissance. 


23-53. * La prière de Salomon est une œuvre littéraire, en méme temps qu'un 
monument de sa piété ; le roi fait à Dieu sept demandes pour sept cas dans lesquels 
le peuple l'invoquera dans sonTemple, et chaque demande se termine par cette 
sorte de refrain : Exaucez-les dans le ciel. 


654 


95. Maintenant donc, Seigneur 
Dieu d'Israél, conservez à votre 
serviteur David, mon père, ce que 
vous lui avez promis, disant : On 
ne t’enlèvera pas devant moi 
un homme qui doit s'asseoir sur 
le tróne d'Israél, pourvu néan- 
moins que tes fils gardent leur 
voie, afin qu'ils marchent devant 
moi, comme toi tu as marché en 
ma présence. 

26. Εἰ maintenant, Seigneur 
Dieu d'Israél, qu'elles soient ac- 
complies, les paroles que vous 
avez ditesà votreserviteur, David 
mon pere. 

27. Est-il donc croyable que 
Dieu habite véritablement sur la 
terre? Car, si le ciel et les cieux 
des cieux ne vous peuvent con- 
tenir, combien moins cette mai- 
son que j'ai bâtie? 

28. Mais portez vos regards sur 
la prière de votre serviteur, et 
sur ses supplications, Seigneur 
mon Dieu : écoutez l'hymne et la 
prière que votre serviteur fait 
devant vous aujourd'hui, 

29. Afin que vos yeux soient 
ouverts sur cette maison nuit et 
jour; sur la maison de laquelle 
vous avez dit : Mon nom sera 18 ; 
afin que vous exauciez la priere 
que vous fait en ce lieu votre 
serviteur; 

30. Afin que vous exauciez la 
priere de votre serviteur, et de 
votre peuplelsraël, quelque chose 
qu'ils demandent en ce lieu : et 
vous exaucerez dans le lieu de 


95. II Rois, vir, 12. — 29. Deut., xii, 11. 


IT ROIS. 


[cu. vim] 


votre habitation, dans le ciel, et 
lorsque vous aurez exaucé vous 
serez propice. 

31. Si un homme peche contre 
son prochain, s'il a quelque ser- 
ment par lequel il s'est lié, et 
qu'il vienne à cause de ce ser- 
ment devant votre autel, dans 
votre maison, 

32. Vous écouterez dans le ciel, 
et vous agirez et vous jugerez 
vos serviteurs, condamnant l'im- 
pie, ramenant sa voie sur sa tête, 
justifiant le juste, et lui rendant 
selon sa justice. 

33. Si votre peuple Israël fuit 
devant ses ennemis (parce qu'il 
lui arrivera de pécher contre 
vous), et que, faisant pénitence 
et rendant gloire à votre nom, ils 
viennent, et vous prient et vous 
implorent dans cette maison, 

94. Exaucez-les dans le ciel, et 
remettezle péché de votre peuple 
Israél, et ramenez-les dans la 
terre que vous avez donnée à 
leurs peres. 

35. Si le ciel est fermé, s'il ne 
pleut point à cause de leurs pé- 
chés, et que, priant en ce lieu, ils 
fassent pénitence pour honorer 
votre nom, et qu'ils se convertis- 
sent, et quittent leurs péchés à 
cause de leur affliction, 

90. Exaucez-les dans le ciel, et 
remettez les péchés de vos servi- 
teurs et de votre peuple Israél : 
montrez-leur la voie droite par 
laquelle ils doivent marcher ; et 
répandez de la pluie sur votre 


25. On ne Üenlévera pas, etc. Voy. chap. um, &, et ix, 5. 
21. Les cieux des cieux; superlatif, exprimant l'étendue la plus grande qu'on puisse 


imaginer, l'immensité. 


32. Sa voie; c'est-à-dire, sa manière d'agir, sa conduite. 


[cn. νι. IIl ROIS. 655 


terre que vous avez donnée à 49. Vous lexaucerez dans le 
votre peuple en possession. ciel, dans votre demeure stable, 
87. Si une famine se lève sur | et vous ferez toutes les choses 
la terre, ou une peste, ou un air | pour lesquelles l'étranger vous 
corrompu, ou la rouille, ou la | invoquera, afin que tous les peu- 
sauterelle ou la nielle, et que | ples de la terre apprennent à 
votre peuple soit affligé par son | craindre votre nom, comme /e 
ennemi, assiégeant ses portes, | fait votre peuple Israël, et qu'ils 
par toute sorte de plaies et toute | éprouvent que votre nom a été 
sorte d'infirmités ; invoqué sur cette maison que j'ai 
| 38.Danstoutanathemeettoute | bâtie. 
imprécation qui arrivera à un 44. Si votre peuple sort pour la 
homme, quel qu'il soit, de votre | guerre contre ses ennemis, et 
peuple [5088] : 51 quelqu'un recon- | que, dans la voie, partout où 
naît la plaie de son cœur, et qu'il | vous les aurez envoyés, ils vous 
éteude ses mains dans cette mai- | prient, touraés vers la cité que 
sou, vous avez choisie, et vers la mai- 
39. Vous l'exaucerez dans le | son que j'ai bâtie à votre nom, 
ciel, dans le lieu de votre habita- 45. Vous exauczrez aussi daus 
tion; vous lui redeviendrez pro- | le ciel leurs prières et leurs sup- 
pice, et vous ferez en sorte d'ac- | plications, et vous leur ferez jus- 
corder à chacun selon toutes ses | tice. 
voies, comme vous verrez son 46. Que s'ils pèchent contre 
cœur (parce que vous seul, vous | vous (car il n'y a point d'homme 
connaissez le cœur de tous les | qui ne peche), e* qu'irrité, vous 
enfants des hommes), les livriez aux reins de leurs 
40. Afin qu'ils vous craignent | ennemis, qu'ils soient emmenés 
durant tous les jours qu'ils vi- | captifs dans la terre des ennemis, 
vront sur la face de la terre que | ou près ou loiu ; 
vous avez donnée à nos peres. 41. Qu'ils fassent pénitence en 
44. De pius, lorsque l'étranger | leur cœur dans le lieu de la cap- 
lui-méme, qui n'est point de vo- | tivité, et que, convertis, ils vous 
tre peuple Israél, viendra d'une | prient dans leurcaptivité, disant: 
terre lointaine, à cause de votre | Nous avons péché, nous avons 
nom (car on entendra parler de | agi iniquement, nous nous som- 
votre grand nom, de votre main | mes conduits en impies ; 
puissante, et de votre bras 48. Qu'ils reviennent à vous en 
42. Etendu en tous lieux): lors | tout leur cœur et en toute leur 
donc qu'il viendra, et qu'il priera | âme dans 18 terre de leurs eune- 
en ce lieu, mis, dans laquelle ils ont été em- 


46. II Par., vr, 36; Eccl., vir, 21; 1 Jean, 1, 8. 


— HÀ € הלקת‎ M ————— 


43. Votre demeure stable; littér. : la solidité, la stabilité de voire demeure; dans 
lhébreu, 76 lieu de votre demeure. 

44. Tournés, etc. Q'a toujours été l'usage des Juifs éloignés de Jérusalem de se 
tourner du côté de cette ville pour faire leur prière, Compar. le verset 46, Daniel, vi, 10, 


656 III ROIS. 


menés captifs, et qu'ils vous 
prient, tournés du côté de leur 
terre que vous avez donnée à 
leurs pères, de la ville que vous 
avez choisie, et du temple que 
j'ai bâti à votre nom, 

49. Vous exaucerez dans le ciel, 
dansle lieu stable de votre trône, 
leurs prières et leurs supplica- 
tions ; vous leur ferez justice ; 

90. Vous deviendrez propice à 
votre peuple qui ἃ péché contre 
vous, en pardonnant toutes leurs 
iniquités par lesquelles ils ont 
prévariqué contre vous, et vous 
leur ferez miséricorde devant 
ceux qui les auront emmenés cap- 
tifs, afin qu'ils aient pitié d'eux. 

91. Car c'est votre peuple et 
votre héritage, que vous avez re- 
tirés de l'Egypte, du milieu de la 
fournaise de fer. 

92. Que vos yeux soient ouverts 
aux supplications de votre servi- 
teur et de votre peuple Israél, 
afin que vous les exauciez dans 
toutes les choses pour lesquelles 
ils vous invoqueront. 

53. Car c’est vous qui les avez 
séparés de tous les peuples de la 
terre pour votre héritage, comme 
vous l'avez dit par Moise, votre 
serviteur, lorsque vous avez reti- 
ré nos peres de l'Egypte, ὃ Sei- 
gneur Dieu. 

δά. Or, il arriva que, lorsque 
Salomon, priant le Seigneur, eut 
achevé toutes ces prieres et ces 
supplications, il se leva de devant 
l'autel du Seigneur; car il avait 
mis les deux genoux en terre, et il 
avaitétendu les mains vers leciel. 

55. Il se tint donc debout, et il 


[cH. vnr.] 


bénit toute l'assemblée d'Israël, 
à haute voix, disant : 

56. Béni le Seigneur, qui a don- 
né du repos à son peuple Israél, 
selon tout ce qu'il a dit! Il n'est 
pas méme tombé une seule parole 
touchant tous les biens qu'il nous 
a promis par Moise son serviteur. 

97. Que le Seigneur notre Dieu 
soit avec nous, comme il a été 
avec nos pères, ne nous aban- 
donnant point, et ne nous reje- 
tant point ; 

98. Mais qu'il incline nos eceurs 
vers lui, afin que nous marchions 
dans toutes ses voies, et que 
nous gardions ses commande- 
ments, ses cérémonies, et toutes 
les ordonnances qu'il a prescrites 
à nos peres; 

99. Et que ces mémes paroles, 
par lesquelles j'ai prié devant le 
Seigneur, approchent du Sei- 
gneur notre Dieu, jour et nuit, 
afin qu'il fasse justice à son ser- 
viteur et à son peuple Israël cha- 
que jour; 

60. Afin que tous les peuples 
dela terre sachent que c'est le 
Seigneur qui est Dieu, et qu'il n'y 
en a point d'autre, excepté lui. 

61. Que notre cœur aussi soit 
parfait avec le Seigneur notre 
Dieu, afin que nous marchions 
dans ses décrets, et que nous 
gardions toujours ses comman- 
dements, comme nous faisons 
encore aujourd'hui. 

62. Ainsi le roi et tout Israël 
avec lui immmolaient des vic- 
times devant le Seigneur. 

63. Et Salomon tua les hosties 
pacifiques qu'il immola au Sei- 


56. I n'est pas tombé, etc.; c'est-à-dire qu'il n'est pas une seule parole qui ait été 


vaine, sous étre accomplie. 


(cu. [.צז‎ 


gneur, vingt-deux mille bœufs et 
cent vingt mille brebis; et le roi 
et les enfants d'Israël dédièrent 
le temple du Seigneur. 

θά. En ce jour-là, le roi 
consacra le milieu du parvis 
qui était devant la maison du 
Seigneur; car il offrit là l'holo- 
causte, le sacrifice, et la graisse 
des hosties pacifiques, parce que 
l'autel d’airain qui était devant 
le Seigneur était trop petit et ne 
pouvait contenir l'holocauste, le 
sacrifice et la graisse des hosties 
pacifiques. 

65. Salomou üt donc en ce 
temps-là la féte célebre, et tout 
Israël avec lui, une grande mul- 
titude étant accourue depuis l'en- 
trée d'Emath jusqu'au fleuve d'E- 
geypte, devant le Seigneur notre 
Dieu, durant sept jours et sept 
sept jours, c'est-à-dire durant 
quatorze jours. 

06. Et, au huitième jour, il 
renvoya les peuples, qui, bénis- 
sant le roi, s'en allèrent dans 
leurs tabernacles avec allégresse 
et le cœur joyeux, pour tous les 
biens qu'avait faits le Seigneur à 
David son serviteur et à Israël 
son peuple. 


CHAPITRE IX. 


Le Seigueur apparait une seconde fois à 
Salomon. Ce prince donne vingt villes 
au roi de Tyr. Il bâtit plusieurs villes 
et s'assujettit plusieurs peuples. ll en- 
voie une flotte au pays d'Ophir. 


1. Or, il arriva que lorsque 
Salomon eut achevé l'édifice de 


ΠῚ ROIS. 


657 
la maison du Seigneur, l'édifice 
du roi, et tout ce qu'il avait 
souhaité et voulu faire, 

2. Le Seigneur lui apparut une 
seconde fois, comme 1] lui avait 
apparu à Gabaon. 

3. Et le Seigneur lui dit : J'ai 
exaucé ta prière et tes supplica- 
tions que tu as faites devant 
moi : j'ai sanctifié cette maison 
que tu as bâtie, afin que j'y éta- 
blisse mon nom à jamais ; et mes 
veux et mon cœur seront là tous 
les jours. 

4. Toi aussi tu marches devant 
moi comme a marché ton père, 
dans la simplicité de cœur et 
dans l'équité ; et si tu fais tout ce 


| que je t'ai ordonné, et que tu 


gardes mes lois et mes ordon- 
nances, 

9. J'établirai le trône de ton 
règne sur Israël à jamais, comme 
je l'ai promis à David ton père, 
disant : Un homme de ta race 
ne sera pas 016 du trône d'Israël. 

6. Mais si vous vous détournez 
entièrement, vous et vos fils, ne 
me suivant pas, et ne gardant 
pas mes commandements et mes 
cérémonies que je vous ai expo- 
868 ; et si vous vous en allez, et 
que vous serviez des dieux étran- 
gers et que vous les adoriez, 

7. J'enlèverai Israël de la sur- 
face de la terre que je lui ai don- 
née; et le temple que j'ai consa- 
cré à mon nom, je le rejelterai 
loin de ma présence, et Israël de- 
viendra le brocard et la fable de 
tous les peuples. 


(βαρ. IX. 2. Supra, ri, 5; II Par., vir, 12. — 5. HI Rois, vir, 12, 16. 


ו — 


65. * Emath. Voir 11 Rois, vin, 9. — Jusqu'au fleuve d'Egyple ou ruisseau d'Egypte, 


l'ouadi el-Arisch. 
2. * Ga^aon. Voir 11] Rois, in, 4, 
A 01 


42 


θὺ8 וו‎ ROIS. 


8. Et cette maison sera en 
exemple; et quiconque passera 
auprès d'elle sera étonné, sif- 
(lera, et dira : Pourquoi le Sei- 
gneur a-t-il fait ainsi à cette 
terre et à cette maison? 

9. Et on répondra : Parce qu'ils 
ont abandonné le Seigneur leur 
Dieu, qui a retiré leurs peres de 
l'Egypte, et qu'ils ont suivi des 
dieux étrangers, et qu'ils les ont 
adorés et servis : c'est pour cela 
que le Seigneur à amené sur eux 
ce malheur. 

10. Or, vingt ans s'étant écou- 
lés après que Salomon eut bâti 
les deux maisons, c'est-à-dire la 
maison du Seigneur et la maison 
du roi, 

11. (Hiram, roi de Tyr, four- 
nissant à Salomon des bois de 
cedre et de sapin, et de l'or tout 
autant qu'il en avait besoin) alors 
Salomon donna à Hiram vingt 
villes dans la terre de Galilée. 


(cu. 1x.] 


19. Et Hiram sortit de Tyr pour 
voir les villes que lui avait don- 
nées Salomon, et elles ne lui 
plurent pas, 

13. Et il dit : Sont-celà les villes 
que vous m'avez données, mon 
frère? Et il les appela terre de 
Chabul, jusqu'à ce jour. 

14. Hiram envoya aussi au roi 
Salomon cent vingt talents d'or. 

15. Telle est la somme des dé- 
penses que Salomon fit pour bá- 
lir la maison du Seigneur, sa 
maison, Mello, les murs de Jéru- 
salem, Héser, Mageddo et Gaser. 

16. Pharaon, roi d'Egypte, 
monta, et prit Gazer et la mit à 
feu; et il battit le Chananéen qui 
habitait dans la ville, et il la 
donna pour dot à sa fille, femme 
de Salomon. 

17. Salomon rebátit donc Ga- 
zer et Béthoron la basse, 

18. Baalath et Palmyre, dans la 
terre du désert. 


8. Deut., xxix, 24; Jérémie, xxr, 8. — 10. II Par., viu, 1. 


10. Aprés qu'il eut báti, c'est-à-dire aprés qu'il eut commencé à bátir. En confron- 
tant les divers passages oü il est parlé de ces bátiments, on voit que la construction 
du temple a duré sept ans et demi, et celle du palais de Salomon douze et demi. 

11. * Dans la terre de Galilée, probablement dans la tribu de Nephthali, au nord, 
prés de la Phénicie. 

13. Selon l'historien Josèphe, Chabul signifie en phénicien désagréable, qui ne 
plait pas; mais cette explication est aussi incertaine que les autres qui ont été 
données de ce mot. — Devant l'expression jusqu'à ce jour, il y a ellipse de la phrase 
comme on les a appelées; ellipse qu'on a pu déjà remarquer assez souvent. 

14, 28. Le talent d'or valait environ 131,850 fr. 

15. * Mello, travaux de fortification ou citadelle. — Héser ou Hazor, situé au pied 
du Liban, commandait la frontière de la Palestine du côté de la Syrie. — Mageddo, 
entre le mont Thabor et la mer Méditerranée, était la clef de la plaine d'Esdrelon, 
et là se sont livrées, dans tous les temps, les batailles d'où a dépendu le sort de 
la Palestine. 

16. * Gazer, prés d'Abou-Chouché, à quatre kilométres environ de Khoulda, à droite 
de la route qui va de Jaffa à Jérusalem. 

17. * Salomon mit son royaume à l'abri des ennemis, du côté du sud, en fortifiant 
Gazer et Béthoron, qui dominaient les défilés par lesquels on pénétrait du pays des 
Philistins dans la tribu de Juda. 

18. * Baalath, ville de Dan. — Palmyre, la ville des Palmes, en plein désert, est 
au pied d'une chaine de collines qui court du sud-ouest au nord-est. Elle est arrosée 
par deux sources peu abondantes, mais qui entretiennent les palmiers auxquels elle 
doit son noin. Cette ville eut une trés grande importance commerciale, 


fes. x.] 

19. Et il fortifia tous les bourgs 
qui lui appartenaient et qui 
$taient sans mur, et les villes des 
chars, et les villes des cavaliers, 
et tout ce qu'il lui plut de bátir 
dans Jérusalem, sur le Liban, et 
dans toute la terre de sa puis- 
sance. 

20. Quant à tout le peuple qui 
était demeuré des Amorrhéens, 
des Héthéens, des Phérézéens, 
des Hévéens et des Jébuséens, 
qui ne sont point des enfants 
d'Israël, 

21. Et quant à leurs enfants, 
qui étaient demeurés dans la 
terre, c’est-à-dire ceux que les 
Israélites n’avaient pu extermi- 
ner, Salomon les a faits tribu- 
taires jusqu'à ce jour. 

22. Mais pour les enfants d'Is- 
raél, Salomon établit qu'aucun 
ne servirait; mais ils étaient ses 
hommes de guerre; et 11 en fit 
ses ministres, ses principaux of- 
ficiers, les chefs de son armée et 
les commandants de ses chars et 
de ses chevaux. 

23. Or, les principaux officiers 
préposés à tous les travaux de 
Salomon étaient au nombre de 
cinq cent cinquante, qui avaient 
le peuple sous eux, et qui com- 
mandaient les travaux entrepris. 

24. Or la fille de Pharon monta 
de la cité de David en sa mai- 
son, que lui avait bâtie Salo- 


II] ROIS. 


659 


mon ; ce fut alors que le roi bátit 
Mello. 

25. Salomon offrait aussi trois 
fois chaque année des holocaustes 
et des victimes pacifiques sur 
l'autel qu'il avait báti au Seigneur, 
et il brülait du parfum devant le 
Seigneur; etle temple avait été 
achevé. 

26. Le roiSalomon équipa aussi 
une flotte à Asiongaber, qui est 
pres d'Ailath, sur le rivage de la 
mer Rouge, dans la terre d'Idu- 
mée. 

27. Et Hiram envoya sur cette 
flotte ses serviteurs, matelots, et 
connaissant la mer, avec les ser- 
viteurs de Salomon. 

28. Et lorsqu'ils furent venus 
en Ophir, ils y prirent quatre cent 
vingt talents d'or et les apporte- 
rent au roi Salomon. 


CHAPITRE X. 


La reine de Saba vient trouver Salomon. 
Sagesse et richesses de ce prince. Des- 
cription du trône qu'il fit faire. . 


1. Mais la reine de Saba aussi, 
ayant appris la renommée de Sa- 
lomon au nom du Seigneur, vint 
l'éprouver par des énigmes. 

2. Et étant entrée dans Jérusa- 
lem avec une suite nombreuse, 
des richesses, des chameaux qui 
portaient des aromates, de l'or 
en quantité infinie et des pierres 
précieuses, elle vint vers le ro:: 


24. II Par., vin, 11, — (ΒΑΡ, X. 1. II Par., 1x, 4; Matt., xir, 42; Luc, xr, 31. 


26. * Asiongaber fut sur le golfe élanitique ou oriental de la mer Rouge ce qu'est 
devenu Suez de nos jours sur le golfe occidental. 


28. * Ophir, probablement Abhira, dans l'Inde, à l'embouchure de l'Indus. 


1. La renommée de Salomon au nom da Seigneur; c'est-à-dire la renommée de Sa- 
lomon acquise par tout ce qu'il avait fait pour le nom du Seigneur. — * Saba, capi- 
tale des Sabéens, dans l'Arabie heureuse, où l'on trouve de l'or, des pierres pré- 
cieuses, de l'encens et des parfums en abondance. 


660 | III. ROIS. 


Salomon, et tui dit tout ce qu'elle 
avait en son cœur. 

3. Et Salomon l'instruisit sur 
toutes les paroles qu'elle lui avait 
proposées, el il n'y a point de 
mot qui püt étre caché au roi, et 
sur lequel il ne lui répondit. 

4. Or la reine de Saba, voyant 
toute la sagesse de Salomon, la 
maison quil avait bâtie, 

ὃ. Les mets de sa table, les lo- 
gemenis de ses serviteurs, les 
divers ordres de ceux qui le ser- 
valent et leurs vétements, ses 
échansons, et les holocaustes 
quii offrait dans la maison du 
Seigneur, n'avait plus son esprit; 

6. Et elle dit au roi : Il est véri- 
table le récit que j'ai oui, dans 
mon pays, 

1. De vos entretiens et de votre 
sagesse; et je n'ai pas cru ceux 
qui me parlaient, jusqu'à ce que 
je sois venue moi-méme et que 
jaie vu de mes yeux ; et j'ai re- 
connu que la moitié ne m'avait 
pas été annoncée. Votre sagesse 
et vos œuvres sont plus grandes 
que la rumeur que j'ài entendue. 

8. Heureux vos sujets, et heu- 
reux vos serviteurs, qui sont tou- 
jours devant vous et qui écoutent 
votre sagesse ! 

9. Béni soit le Seigneur votre 
Dieu, à qui vous avez plu, et qui 
vous a placé sur le trône d Israël, 
parce que le Seigneur a aimé Is- 
raël pour jamais, et qu'il vous a 

41 IT Par., 1x, 40; 


[cu. x.] 
établi roi pour rendre les juge- 
ments et la justice. 

10. La reine de Saba donna 
donc au roi cent vingt talents 
d'or, des parfums en très grande 
quantité, et des pierres précieu- 
ses : on n'apporta jamais depuis 
à Jérusalem des parfums aussi 
nombreux que ceux que donna 
la reine de Saba au roi Salomon. 

11. (Mais aussila flotte d'Hiram, 
qui portait de l'or d'Ophir, appor- 
ta d'Ophir des bois odorants en 
très grande quantité et des pierres 
précieuses. 

12. Et le roi fit de ces bois odo- 
rants les balustres de la maison 
du Seigneur et de la maison du 
roi, des harpes et des lyres pour 
les chantres : on n'a point apporté 
et on n'a point vu de tels bois 
odorants jusqu'au présent jour.) 

13. Or le roi Salomon donna à 
la reine de Saba tout ce qu'elle 
voulut et ce qu'elle lui demanda, 
outre ce qu'il lui offrit de lui- 
méme avec une munificence 
royale. Et la reine s'en retourna 
et s'en alla en son pays avec ses 
serviteurs. 

14. Or, le poids de l'or quon 
apportait à Salomon chaque an- 
née était de six cent soixante-six 
talents d'or, 

15. Sans ce que lui apportaient 
les hommes préposés aux tributs, 
les marchands, tous ceux qui 
vendaient des choses recher- 


5. N'avait plus son esprit; était ravie, hors d'elle-màme. 

11. * Des bois odoranís, du bois de santal. 

14. * Six cent soixante-six talents d'or, environ 283,000 kilogrammes ou 87,800,000 
francs. Le calife Haroun al-Reschid avait un revenu annuel d'environ 289,000,000 de 


franes. 


15. * Arabie, 16 pays qui s'étend au sud et à l'est de la Palestine jusqu'à la mer 


Rouge. 


{cu. x.] 


chées, tous les rois d'Arabie et 
tous les chefs du pays. 

16. Le roi Salomon fit aussi 
deux cents grands boucliers d'un 
or très pur : il donna pour chaque 
bouclier six cents sicles d’or. 

47. Et 11 fit trois cents petits 
boucliers d'un or éprouvé ; trois 
cents mines d'or revétaient cha- 
que bouclier; et le roi les placa 
dans la maison du bois du Liban. 

18. Le roi Salomon fit aussi un 
grand trône d'ivoire, et il le re- 
vétit d'un or très jaune. 

19. Ce tróne avait six degrés : 
le haut était arrondi par derriere, 
et il y avait deux mains, l'une 
d'un cóté et l'autre de l'autre, qui 
tenaient le siége, et deux lions 
auprès de chaque main ; 

90. Et douze lionceaux étaient 
surles dix degrés, d'un cóté et 
de l'autre : il n'a pas été fait un 
tel ouvrage dans aucun royaume. 

91. Mais aussi tous les vases où 


ΠῚ ROIS. 661 


le roi Salomon buvait étaient 
d'or, et toute la vaisselle de la 
maison du bois du Liban était 
d'un or tres pur. L'argent n'était 
réputé d'aucun prix aux jours de 
Salomon, 

22. Parce que la flotte du roi 
avec celle du roi Hiram, allait une 
fois tous les trois ans, en Tharsis, 
rapportant de 1a ce l'or, de l'ar- 
gent, des dents d'éléphant, des 
singes et des paons. 

23. Le roi Salomon surpassa 
donc tous les rois du monde en 
richesses et en sagesse. 

24. Et toute la terre désirait 
voir la face de Salomon, pour 
écouter sa sagesse que Dieu avait 
mise en son Cœur. 

25. Et chacun lui envoyait des 
présents, des vases d'argent et 
dor, des vêtements, des armes 
de guerre, des parfums, des che- 
vaux et des mulets, à chaque 
année. 


16. Six cents sicles d'or. Voy. 11 Rois, xvur, 11. 


16-17. * Salomon fit aussi deux cents grands boucliers d'or... el trois cents petits 
boucliers. Dans l'antiquité, il y avait des boucliers de deux formes et de deux gran- 
deurs; les grands, en quadrilatères voütés; les petits, plus ou moins arrondis. Les 
uns et les autres étaient sans doute de bois et revétus de plaques d'or du poids de 
six cents sicles pour les uns, de trois mines pour les autres. Ces boucliers conte- 
naient donc pour plus de dix millions de francs d'or. Un talent équivaut à soixante 
mines, une mine à cinquante sicles, et un sicle à quatorze grammes vingt centig. 

11. La mine d'or valait 630 fr. 60 cent. — * Dans la maison du bois du Liban. 
Voir vir, 2. 

20. Aucun. C'est le vrai sens du mot fout en hébreu, quand il est joint à une né- 
gation. 

22. * La flotte du roi... allait... en Tharsis. Le texte hébreu porte simplement que 
les vaisseaux de la flotte étaient des vaisseaux de Tharsis, c'est-à-dire des vaisseaux 
de fort tonnage, de ceux dont se servaient les Phéniciens pour aller à Tartessus en 
Espagne, de méme que les Anglais appellent aujourd'hui Indiamen leurs grands 
vaisseaux, qu'ils aillent ou non dans l'Inde. Quelques-uns ont cru, il est vrai, que 
Salomon avait envoyé des vaisseaux et à Ophir et à Tartessus, mais le texte ne le 
dit point, et il n'est pas d'ailleurs vraisemblable que les Phéniciens aient fait béné- 
ficier les Hébreux du commerce qu'ils faisaient en Espagne. Les Phéniciens en rap- 
portaient de l'argent et de l'étain, et ces métaux ne sont point nommés parmi les 
objets reçus par Salomon. 1] Peralipoménes, ix, 21, semble dire, il est vrai, que la 
flotte de Salomon allait à Tharsis, mais on ne doit entendre par là l'Espagne, 
puisque II Paralipomènes, xx, 36, nous lisons que la flotte de Tharsis partait d'Asion- 
gaber, d'où il n'était pas possible de se rendre en Espagne. 


662 


26. Et Salomon rassembla un 
grand nombre de chars et de ca- 
valiers, et on lui disposa quatorze 
cents chars et douze mille cava- 
liers, etilles placa dans les villes 
fortifiées, et prés du roi dans Jé- 
rusalem. 

27. Et il fit qu'il y avait à Jéru- 
salem une aussi grande abon- 
dance d'argent que de pierres, et 
il procura une multitude de cè- 
dres, semblable à celle des syco- 
mores, qui naissent dans les plai- 
nes. 

98. Et l'on amenait des chevaux 
pour Salomon, de l'Egypte et de 
Coa ; car les marchands du roi les 
achetaient à Coa, et les lui ame- 
naient pour un prix convenu. 

29. Or, il sortait un attelage de 
quatre chevaux d'Egypte pour 
six cents sicles d'argent, et un 
cheval pour cent cinquante : et 
cest de cette maniere que tous 
les rois des Héthéens et de Syrie 
lui vendaient des chevaux. 


CHAPITRE XI. 


Salomon se laisse aller à l'amour des 
femmes. Elles le font tomber dans 
lidolátrie. Ennemis que Dieu lui sus- 
cite. Le prophéte Ahias promet à Jéro- 
boam le royaume des dix tribus. Mort 
de Salomon. Roboam lui succède. 


1. Orleroi Salomon aima beau- 


III ROIS. 


[cn. xr.] 


coup de femmes étrangères, la 
fille de Pharaon aussi, et des 
Moabites, des Ammonites, des 
Iduméennes, des Sidoniennes et 
des Héthéennes, 

2. De nalions dont le Seigneur 
avait dit aux enfants d'Israél : 
Vous ne vous approcherez point 
d'elles, et (es hommes d'entre 
elles ne s'approcheront point de 
vos filles; car très certainement 
elles pervertiront vos cœurs, 
pour que vous suiviez leurs 
dieux. C'est pourquoi Salomon 
s’attacha à ces femmes par un 
très ardent amour. 

3. Et il eut sept cents femmes 
qui étaient comme reines, et 
trois cents du second rang; et 
ses femmes pervertirent son 
cœur. 

4. Et lorsqu'il était déjà vieux, 
son cœur fut dépravé par les 
femmes, en sorte qu'il suivait des 
dieux étrangers; et son cœur ne 
fut point parfait devant le Sei- 
gneur son Dieu, comme le cœur 
de David son père. 

5. Mais Salomon servait As- 
larthé, déesse des Sidoniens, et 
Moloch, idole des Ammonites. 

6. Ainsi Salomon fit ce qui ne 
plaisait pas au Seigneur, et il n'a- 
cheva pas de suivre le Seigneur, 
comme David son père. 


26. II Par., 1, 14. — παρ. XI. 1. Deut., xvir, 11; Eccli., xLvir, 21. — 2. Exode, xxxiv, 16. 


96. * Voir plus haut, iv, 26.. 


21. * Des sycomores à figues. Voir la note sur Luc, xix, 4. — Dans les plaines des 
iPhilistins, la Séphéla. Voir la note sur Josué, 1x, 1. 

28. * Coa, ville ou région inconnue qui devait être sur la frontière de l'Egypte et 
de la Palestine. D'aprés d'autres, c'est la Cilicie. 

29. * Six cents sicles d'argent, ou près de 1,700 francs. — Cent cinquante sicles ou 
1425 francs environ. — Un attelage de quatre chevaux. Le texte original porte seule- 
ment : un char, sans parler des quatre chevaux. — Héthéens. Les Héthéens étaient 
alors trés puissants en Syrie et leur domination s'étendait jusqu'à l'Euphrate. 


2. Vous ne vous approcherez, etc. Voy. Exode, xxxiv, 16, d'où cette citation est prise. 
8. * Astarthé. Noir note sur Juges, 11, 1. — Moloch. Voir note sur Lévitique, xvut, 21, 


[cn. x1.] 

7. C'est alors que Salomon 18- 
üt un temple à Chamos, idole 
des Moabites, sur la montagne 
qui est contre Jérusalem, et à 
Moloch, idole des enfants d'Am- 
mon. 

8. Et c'est de cette maniere 
qu'il fit pour toutes ses femmes 
étrangères, qui brülaient de 
l'encens et sacrifiaient à leurs 
dieux. 

9. Aussi le Seigneur fut-il ir- 
rité contre Salomon, de ce que 
son esprit s'était détourné du Sei- 
gneur Dieu d'Israël, qui lui avait 
apparu une seconde fois, 

10. Et qui lui avait ordonné à 
ce sujet de ne point suivre des 
dieux étrangers: et il ne garda 
pas ce que lui commanda le Sei- 
gneur. 

11. C'est pourquoi le Seigneur 
dit à Salomon : Puisque tu as ce 
péché en toi, et que tu n'as point 
gardé mon alliance et mes pré- 
ceptes que je t'ai prescrits, je dé- 
chirerai et diviserai ton royaume, 
et je le donnerai à ton serviteur. 

19. Cependant, je ne le ferai 
pas durant tes jours, à cause de 
David, ton père; mais c'est ve- 
nant de la main de ton fils que 
je le diviserai; 

13. Et je n'óterai pas tout le 
royaume: mais je donnerai une 
iribu à ton fils, à cause de David, 


9, Supra, 1x, 2. — 12. Infra, xit, 15. — 15. 


III ROIS. 663 


mon serviteur, et de Jérusalem, 
que j'ai choisie. 

14. Or le Seigneur suscita pour 
ennemi à Salomon, Adad, l'Idu- 
méen de la race royale, qui était 
dans Edom. 

15. Car lorsque David était 
dans llIdumée, et que Joab, 
prince de la milice, eut monté 
pour ensevelir ceux qui avaient 
été tués, et qu'il eut tué tout 
mâle dans l'Idumée 

16. (Car Joab y demeura six 
mois et toute l'armée d'Israël, 
pendant quil tuait tout mâle 
dans l’Idumée), 

17. Adad s'enfuit, lui et des 
Iduméens, serviteurs de son 
pere, avec lui, pour entrer en 
Egypte; or Adad était alors un 
petit enfant. 

18. Et lorsqu'ils furent sortis de 
Madian, 115 vinrent à Pharan; 
puis ils prirent avec eux des 
hommes de Pharan, et ils en- 
trèrent en Egypte, auprès de 
Pharaon, roi d'Egypte, qui donna 
à Adad une maison, lui assigna 
des vivres, et lui attribua une 
terre. 

19. Et Adad trouva tout à fait 
grâce devant Pharaon, tellement 
qu'il lui donna pour femme la 
sœur germaine de sa propre 
femme, de Taphnès, la reine. 

20. Et cette sœur de la reine lui 


II Rois, vint, 14. 


1. * La nature et le soleil étaient adorés par les Moabites sous le nom de Chamos, 
comme ils étaient adorés par les Ammonites sous le nom de Moloch. L'un et l'autre 
étaient le méme dieu que Baal sous des noms différents. Chamos était aussi un des 
dieux des Ammonites. — Sur la montagne qui est contre Jérusalem, la montagne du 
Scandale (IV Rois, xxur, 13), au sud de Jérusalem. 

11. A ton servileur; c'est-à-dire à un de tes serviteurs. 

18. * De Madian. Le pays àl'est du golfe élanitique. —- Pharan, le désert de Feiran, 
dans le Sinai. 

19. * Devant Pharaon. Ce pharaon est inconnu. 


664 III ROIS. 


enfant un fils, Génubath, et 
Taphné le nourrit dans la maison 
de Pharaon; ainsi Génubath ba- 
bitait auprès de Pharaon avec ses 
enfants. 

21. Lorsqu'Adad eut appris, en 
Egypte, que David s'était en- 
dormi avec ses péres, et que 
Joab, prince de la milice, était 
mort, il dit à Pharaon : Laissez- 
moi aller, afin que je retourne en 
mon pays. 

22. Et Pharaon lui dit : Mais de 
quoi manques-tu chez moi, pour 
que tu cherches à aller en ton 
pays? Et Adad 1ui répondit : De 
rien; mais je vous conjure de me 
laisser aller. 

23. Dieu suscita aussi pour en- 
nemi à Salomon, Razon, fils d'E- 
liada, qui s'était enfui d'aupres 
d'Adarézer, roi de Soba, son sei- 
gneur, 

24. Qui assembla des hommes 
contre David, et devint chef de 
voleurs, lorsque David les tuait; 
et ils allèrent à Damas, ils y ha- 
biterent, et l'établirent roi à Da- 
mas. 

95. Et il fut ennemi d'Israël 
durant tous les jours de Salo- 
mon. Voilà le mal que fit Adad, 
et sa haine contre Israël; ainsi, 
il régna en Syrie. 

96. Jéroboam aussi, fils de 
Nabath, Ephrathéen, de Saréda, 
serviteur de Salomon, dont la 
mere, femme veuve, avait pour 
nom Sarva, leva la main contre 
le roi. 


26. II Par., זוא‎ 6. — 29. II Par., x, 15. 


xr.)‏ .זוס] 


27. Et lacause de sa révolte est 
est que Salomon avait báti Mello, 
et comblé l'abime de la cité de 
David son pere. 

28. Or Jéroboam était un 
homme fort et puissant; et Sa- 
lomon, voyant ce jeune homme 
d'un bon naturel et laborieux, 
l'établit intendant des tributs de 
toute la maison de Joseph. 

29. Il arriva donc en ce temps- 
là que Jéroboaïm sortit de Jérusa- 
lem, et qu'Aias, le Silonite, le 
prophète, couvert d'un manteau 
neuf,le rencontra dans le che- 
min; or eux deux seulement 
étaient dans la campagne. 

30. Et Ahias, prenant son man- 
teau neuf dont il était couvert, le 
coupa en douze parts, 

91. Et dit à Jéroboam : Prenez, 
pour vous ces dix lambeaux; 
car le Seigneur Dieu d'Israél dit 
ceci : Voilà que moi je diviserai 
le royaume venant de la main de 
Salomon, et que je te donnerai 
dix tribus. 

32. Mais une tribu lui restera, 
à cause de mon serviteur David, 
et de la ville de Jérusalem, que 
jài choisie d'entre toutes les tri- 
bus d'Israél; 

33. Parce que Salomon m'a 
abandonné, et qu'il a adoré As- 
tarthé , déesse des Sidoniens, 
Chamos, dieu de Moab, et Moloch, 
dieu des enfants d'Ammon; et 
qu'il n'a point marché dans mes 
voles, pour pratiquer la justice 
devant moi, mes préceptes et 


24. * À Damas, capitale de la Syrie, sur l'Abana, qui, par ses eaux abondantes, fait 


la fertilité et la richesse de cette ville. 
26. * De Scréda, ville inconnue. 
21. * Mello. Voir plus haut, 1x, 15. 


[cH. xi.] 


mes ordonnances, comme David, 
son pere. 

94. Je n'óterai pas tout le 
royaume de sa main; mais je 
l'en laisserai chef durant tous les 
jours de sa vie, à cause de David, 
mon serviteur, que j'ai choisi, 
qui a gardé mes commandements 
et mes préceptes. 

35. Mais j'óterai le royaume de 
la main de son fils, et je te don- 
nerai dix tribus ; 

36. Et quant à son fils, je lui 
donnerai une tribu, afin qu'il 
demeure une lampe à David, mon 
serviteur, tous les jours, devant 
moi dans la ville de Jérusalem, 
que j'ai choisie, afin que mon 
nom soit là. 

91. Mais, toi, je te prendrai, et 
iu régneras sur tout ce que désire 
ton âme, et tu seras roi sur Is- 
raé]. 

38. ₪1 donc tu écoutes tout ce 
que je t'ordonne, et si tu marches 
dans mes voies, et que tu fasses 
ce qui est droit devant moi, gar- 
dant mes commandements et mes 
préceptes, comme a fait David, 
mon serviteur, je serai avec toi, 
el je te bâtirai une maison fidèle, 
comme j'ai báti à David une mai- 
son, et je te livrerai Israél ; 

39. Et j'affligerai en cela la race 

=. XII. 1. II Par., x, 1. 


Il] ROIS. 


665 


de David, mais non pour tou- 
jours. 

40. Salomon voulut donc tuer 
Jéroboam, qui s'enfuit en Egypte 
vers Sésac, roi d'Egypte, et fut 
en Egypte jusqu'à la mort de Sa- 
lomon. 

41. Quant au reste des actions 
de Salomon, à tout ce qu'il a fait, 
età sa sagesse, voilà que tout 
est écrit dans le Livre des actions 
des jours de Salomon. 

42. Orles jours durant lesquels 
Salomon régna dans Jérusalem 
sur tout Israël, furent de quarante 
ans. 

43. Et Salomon dormit avec ses 
peres, et il fut enseveli dans la 
cité de David son père, et Ro- 
boam son fils régna en sa place. 


CHAPITRE XII. 


Roboam donne lieu à la séparation des 
dix tribus, qui choisissent Jéroboam 
pour roi. Roboam se prépare à faire la 
guerre à Jéroboam. Le prophéte Sé- 
méias le lui défend. Culte impie des 
veaux d'or établi par Jéroboam. 


1. Or Roboam vint à Sichem ; 
car c'est là que tout Israël s'était 
assemblé pour l'établir roi. 

2. Mais Jéroboam, fils de Na- 
bath, pendant qu'il était encore 
réfugié en Egypte, loin de la pré- 


36. Une lampe; une postérité qui brille comme une lampe illustre. — On a déjà 
remarqué que le nom de Dieu se prend souvent pour la majesté divine, Dieu lui- 


méme. 


38. Je te bâlirai une maison; hébraisme, pour 


famille. 


: je t'aecorderai une nombreuse 


40. * Sésac, pharaon de la xxue dynastie, réunit l'Egypte entière sous son pouvoir 
ella gouverna avec vigueur. ll n'était pas de la méme dynastie que le beau-pére 


de Salomon. Voir pius loin, xiv, 25. 


41. Ce livre, perdu depuis longtemps, était probablement une espèce de journal 
de l'histoire de Salomon, les mémoires de sa vie, les annales de son régne, comme 
il s'en écrivait chez les Perses, les Babyloniens, etc. 


1. * Vint à Sichem, au centre dela Palestine. Voir la note sur Genèse, xi, 6 


666 III ROIS. 


sence du roi Salomon, ayant ap- 
pris sa mort, revint de l'Egypte. 

3. Car on envoya et on l'appela. 
Jéroboam vint donc, et toute la 
multitude d'Israël; et ils parle- 
rent à Roboam, disant : 

4. Votre père nous a imposé un 
joug trés dur : vous donc mainte- 
nant, tempérez un peu le gou- 
vernement trés dur de votre pere, 
et le joug trés pesant qu'il nous a 
imposé, et nous vous servirons. 

9. Roboam leurrépondit : Allez 
jusqu'au troisième jour, et reve- 
nez vers moi. Or, lorsque le peu- 
ple s'en fut allé, 

6. Le roi Roboam tint conseil 
avec les anciens qui étaient au- 
près de Salomon son pere, lors- 
qu'il vivait encore,etil demanda : 
Quel conseil me donnez-vous, 
afin que je réponde à ce peuple? 

7. Ceux-ci répondirent : Si vous 
obéissez maintenant à ce peuple, 
si vous vous soumettez el que 
vous cédiez à leur demande, et 
que vous leur disiez des paroles 
de douceur, ils vous seront sou- 
mis pour toujours. 

8. Roboam abandonna le con- 
seil que les anciens lui avaient 
donné, et consulta les jeunes 
gens qui avaient été nourris avec 
lui et qui étaient auprès de lui; 

9. Et il leur dit : Quel conseil 
me donnez-vous, afin que je ré- 
poude à ce peuple, qui m'a dit : 
Allégez le joug qu'a imposé votre 
père sur nous? 


15. Supra, x1, 31. 


]68. xm.] 


10. Et ces jeunes gens qui 
avaient été nourris avec lui, lui 
répondirent : C'est ainsi que vous 
parlerez à ce peuple qui vous a 
parlé, disant : Votre père a appe- 
santi notre joug ; vous, soulagez- 
nous. C'est ainsi que vous leur 
parlerez : Mon plus petit doigt 
est plus gros que le dos de mon 
père. 

11. Ainsi donc mon père ἃ im- 
posé sur vous un joug pesant; 
mais moi j'ajouterai à votre joug: 
mon père vous ἃ déchirés avec 
des verges; mais moi je vous 
déchirerai avec des scorpions. 

19. Jéroboam vint donc, et tout 
le peuple, vers Roboam, le troi- 
sieme jour, comme Roboam l'a- 
vali déclaré, disant : Revenez 
vers moi au troisième jour. 

13. Etle roi répondit au peuple 
des choses dures, abandonnant le 
conseil que les anciens lui avaient 
donné, 

14. Et il leur parla selon le con- 
seil des jeunes gens, disant : Mon 
père a appesanti votre joug; mais 
moi j'ajouterai à votre joug : mon 
père vous ἃ déchirés avec des 
verges; mais moi je vous déchi- 
rerai avec des scorpions. 

15. Et le roi n'écouta point le 
peuple, parce que le Seigneur 
s'était détourné de lui, pour effec- 
tuer la parole qu'il avait dite par 
l'entremise d'Ahias, le Silonite, à 
Jéroboam, fils de Nabath. 

16. C'est pourauoi Je peuple, 


΄ 


A. Des scorpions; c'est-à-dire des courroies garnies de pointes, à leur extrémité; 


ou bien des verges garnies d'épines. 


16. David est mis ici pour la famille de David, pour la race royale. — 18+ 
père de David. — Voyez votre maison; c'est-à-dire faites vos affaires, ayez soin de 


vous-méue. 


[cu. xir.] 
voyant que 16 roi n'avait point 
voulu les écouter, lui répondit, 
disant : Quelle part avons-nous 
avec David? ou quel héritage 
avec le fils d'Isai? Va dans tes 
tabernacles, Israël; maintenant 
voyez votre maison, ὃ David. Et 
Israël s'en alla dans ses taberna- 
cles. 

47. Mais c'est sur tous les en- 
fants d'Israël qui demeuraient 
dans les villes de Juda, que régna 
Roboam. 

18. Le roi Roboam envoya en- 
suite Aduram, qui était surinten- 
dant des tributs ; et tout Israël le 
lapida, et 11 mourut. Or le roi 
Roboam, se hátant, monta sur 
son char, et s'enfuit à Jérusalem. 

19. Et Israël s'est tenu séparé 
de la maison de David jusqu'au 
présent jour. 

20. Or il arriva que, lorsque 
tout 152861 eut oui que Jéroboam 
élait revenu, on envova, et on 
l'appela, l'assemblée s'étant réu- 
nie, et on l'établit roi sur tout 
Israél, et nul ne suivit la maison 
de David, excepté la seule tribu 
de Juda. 

21. Mais Roboam vint à Jéru- 
salem, assembla toute la maison 
de Juda et 18 tribu de Benjamin, 
au nombre de cent quatre-vingt 
mille hommes de guerre choisis, 
pour combattre contre la maison 
d'Israël, et remettre le royaume 
à Roboam, fils de Salomon. 

22. Alors la parole du Seigneur 


IIT ROIS. 667 


fut adressée à Séméias, homme 
de Dieu, disant : 

23. Parle à Roboam, fils de 
Salomon, roi de Juda, à toute la 
maison de Juda et de Benjamin, 
et au reste du peuple, disant : 

24. Voici ce que dit le Sei- 
gneur : Vous ne monterez point 
et vous ne ferez point la guerre 
contre vos frères, les enfants 
d'Israël : que chaque homme re- 
tourne en sa maison, car c'est 
par moi qu'a été fait ceci. Ils 
écoutèrent la parole du Seigneur, 
et ils s’en retournèrent comme 
leur avait ordonné le Seigneur. 

25. Or Jéroboam bâtit Sichem 
sur la montagne d'Ephraim, et il 
y habita; et, étant sorti de là, il 
bátit Phanuel. 

96. Et Jéroboam dit en son 
cœur : Maintenant le royaume 
retournera à la maison de David, 

27. Si ce peuple monte à Jéru- 
salem pour sacrifier dans la mai- 
son du Seigneur : et le cœur de 
ce peuple se tournera vers son 
seigneur Roboam, roi de Juda, et 
ils me tueront et retourneront à 
lui. 

98. Et, ayant réfléchi müremeut 
à son dessein, il fit deux veaux 
d'or, et dit au peuple: Ne montez 
plus à Jérusalem; Israél, voici 
tes dieux qui t'ont retiré de la 
terre d'Egypte. 

29. Or il en placa un à Béthel 
et l'autre à Dan. 

30. Et cela devint un sujet de 


22. 1] Par., xr, 2. — 28. Tobie, 1, 5; Exode, xxxr, 8. 


18. * Aduram, Adoniram. Voir la note sur III Rois, 1v, 6. 
25. 101, comme en plusieurs autres passages, bá/ir signifie rebátir, faire des agran- 


dissements, des embellissements. 


28. * Les veaux d'or étaient aussi une représentation du vrai Dieu. 
29, * Bélhel. Voir Genèse, xu, 8. — Dan. Voir Josué, xix, #1. 


668 וז‎ ROIS. 


péché; car le peuple allait pour 
adorer ce veau jusqu'à Dan. 

41. Et il fit des temples sur les 
hauts lieux, et des prétres des 
derniers du peuple, qui n'étaient 
point d'entre les enfants de Lévi. 

32. ll ordonna aussi un jour 
solennel dans le huitième mois, 
le quinzième jour du mois, à 
limitation du jour de solennité 
qui se célébrait en Juda. Et, mon- 
tant à l'autel, il fit de méme à Bé- 
thel pour sacrifier aux veaux 
qu'il avait fabriqués; et il établit 
dans Béthel les prétres des hauts 
lieux qu'il avait bâtis. 

33. Et il monta à l’autel qu'il 
avait construit dans Béthel, le 
quinzième jour du huitième 
mois, qu'il avait établi selon son 
gré; et il fit une solennité aux 
enfants d'Israël, et monta à l'au- 
tel pour brüler de l'encens. 


CHAPITRE XIII. 


Un prophéte prédit devant Jéroboam la 
naissance de Josias et la destruction 
des hauts lieux. Ce prophéte est tué 
par un lion pour avoir désobéiau com. 
mandement de Dieu. Jéroboam per- 
siste dans son impiété. 


1. Et voilà qu'un homme de 
Dieu vint avec les paroles du Sei- 
gneur, de Juda à Béthel, Jéro- 
boam étant pres de l'autel et je- 
tant de l'encens. 

9. Et il s'écria contre l'autel, 
avec les paroles du Seigneur, et 
il dit: Autel, autel, le Seigneur 
ditceci: Voilà qu'un fils naitra 


[cu. xir.] 


dans la maison de David, du nom 
de Josias, et il immolera sur toi 
les prétres des hauts lieux, qui 
maintenant brülent sur toi de 
l'encens, et il brülera sur toi des 
os d'hommes. 

3. Et il donna en ce jour-là ce 
signe, disant : Ceci sera le signe 
que le Seigneur a parlé : Voilà 
que l'autel sera brisé, et que sera 
répandue la cendre qui est sur 
lui. 

4. Or lorsque le roi eut entendu 
la parole que l'homme de Dieu 
avait dite en criant contre l'autel 
à Déthel, il étendit sa main 
de dessus lautel, disant : Saisis- 
sez-le. Et sa main qu'il avait 
étendue contre le prophéte se 
sécha, et il ne put pas la retirer 
à lui. 

5. L'autel aussi se brisa, et la 
cendrese répanditdel'autel, selon 
le signe que l'homme de Dieu 
avait prédit avec les paroles du 
Seigneur. 

6. Alors le roi dit à l'homme 
de Dieu : Implore la face du Sei- 
gneur ton Dieu, et prie pour 
moi, afin que ma main me soit 
rendue. Et l'homme de Dieu pria 
la face du Seigneur, el la main 
du roi revint à lui, et elle devint 
comme elle était auparavant. 

7. Or le roi dit à l'homme de 
Dieu : Viens avec moi en ma mai- 
son pour diner, et je te donuerai 
des présents. 

8. Et l'homme de Dieu répondit 
au roi: Quand vous me doune- 


31. II Par., x1, 15. — Cnar. XIII. 2. IV Rois, זואא‎ 16. $i 


A € M — HH οῬὄΟῬΚς..βρ.σ:... 


31. * Sur les hauis lieux. Voir la note sur Nombres, xxu, #1. 


1. Jetant de l'encens; c'est-à-dire encensant. — 1, 2, 5. Avec ies paroles du Seigneur; 
avec les propres paroles du Seigueur, porteur des propres paroles du Seigneur. 


[cu. xir.] 


riez la moitié de votre maison, je 
n'irai point avec vous, et je ne 
mangerai point de pain ni ne 
boirai point d'eau en ce lieu; 

9. Car c'est ainsi qu'il m'a été 
commandé avec les paroles du 
Seigneur, qui a donné cet ordre : 
Tu ne mangeras point de pain, 
Lu ne boiras point d'eau, et tu ne 
retourneras point par la voie par 
laquelle tu es venu. 

10. Il s'en alla donc par une 
autre voie, et il ne retourna pas 
par le chemin par lequel il était 
venu à Béthel. 

11. Or un certain vieux pro- 
phète habitait à Béthel, et ses 
fils vinrent vers lui, et lui racon- 
ièrent toutes les œuvres qu'avait 
faites l'homme de Dieu ze jour- 
là à Béthel; et les paroles qu’il 
aväit dites au roi, ils les racon- 
tèrent à leur père. 

12. Et leur père leur dit : Par 
quelle voie s'en est-il allé? Ses 
fils lui montrerent la voie par 
laquelle s'en était allé l'homme 
de Dieu qui était venu de Juda. 

19. Et il dit à ses fils : Préparez- 
moi l’âne. Et lorsque ceux-ci 
l'eurent préparé, il monta dessus. 

14. Et il s'en alla apres l'homme 
de Dieu, et il le trouva assis sous 
le térébinthe, et il lui dit : Es-tu 
l'homme de Dieu qui es venu de 
Juda? Celui-ci répondit: Je le suis. 

45. Viens, dit-il, avec moi en ma 
maison pour manger du pain. 

16. L'homme de Dieu lui ré- 
pondit : Je ne puis retourner ni 


III ROIS. 


669 


aller avec toi, et je ne mangerai 
point de pain et ne boirai point 
d'eau en ce lieu ; 

17. Parce que le Seigneur m'a 
parlé avec les paroles du Sei- 
gneur, disant : Tu ne mangeras 
point de pain et ne boiras point 
d'eau là, et-tu ne retourneras 
point par la voie par laquelle tu 
seras allé. 

18. Cet homme lui répondit : 
Moi aussi, je suis prophete, sem- 
blable à toi, et un ange m'a parlé 
avec les paroles du Seigneur, di- 
sant : Ramène-le avec toi en ta 
maison, afin qu'il mange du pain 
et qu'il boive de l’eau. 1116 trompa, 

19. Et le ramena avec lui : 1] 
mangea donc du pain en sa mai- 
son, et il but de l'eau. 

20. Et, lorsqu'ils étaient assis à 
table, la parole du Seigneur fut 
adressée au prophète qui l'avait 
ramené, 

21. Et il cria à l'homme de Dieu 
qui était venu de Juda, disant : 
Voici ce que dit le Seigneur : 
Parce que tu n'as pas été obéis- 
sant àla parole du Seigneur, et 
que tu n'as point gardé le com- 
mandement que t'a prescrit le 
Seigneur ton Dieu, 

22. Et que tu es retourné, et 
que tu as mangé du pain et bu de 
l'eau dans le lieu dans lequel je 
t'ai ordonné de ne point manger 
de pain et de ne point boire d'eau, 
ton cadavre ne sera pas porté 
dans le sépulere de tes peres. 

23. Lors donc qu'il eut mangé 


9. Il m'a été commandé avec les paroles du Seigneur ; c'est-à-dire le commandement 
que j'ai recu était l'expression méme du Seigneur. 
11. Parce que, etc. Parce que le Seigneur m'a parlé directement, m'a fait entendre 


568 propres paroles. 


21, 26. La parole; littér., (a bouche, et par un genre de métonymie trés usité en 
hébreu, /a parole, le commandement, qui sort de la bouche. 


670 111 ROIS. 


et bu, le vieux prophète sella son 
âne pour le prophète qu'il avait 
ramené. 

24. Et lorsque celui-ci s'en fut 
allé, uu lion le rencontra et le 
tua, et son cadavre était étendu 
dans le chemin : l'âne se tenait 
auprès de lui, et le lion se tenait 
auprès du cadavre. 

25. Et voilà que des hommes 
qui passaient virent son cadavre 
étendu sur la voie, et le lion qui 
se tenait auprès du cadavre. Etils 
vinrent, et le publièrent dans la 
ville dans laquelle ce vieux pro- 
phète demeurait. 

26. Ce qu ayant appris, ce pro- 
phète qui l'avait détourné de sa 
vole, dit : C'est l'homme de Dieu 
qui a été désobéissant à la parole 
du Seigneur, et le Seigneur l'a 
livré au lion, qui l'a brisé et l'a 
tué, selon la parole que le Sei- 
gneur lui avait dite. 

97. Et il dit à ses fils : Sellez- 
moi l'àne. Lorsque ceux-ci l'eu- 
rent sellé, 

28. Et que lui s'en fut allé, il 
trouva le cadavre étendu sur la 
voie, et l'àne et le lion qui se te- 
naient aupres du cadavre : le lion 
ne mangea pas du cadavre et ne 
fit pas de mal à l'àne. 

29. Le prophète prit donc le ca- 
davre de l'homme de Dieu, le mit 
sur làne, et le ramena dans la 
ville du vieux prophète, pour le 
pleurer. 

(βαρ. XIV. 2. Supra, ,זא‎ 31. - 


(ca. xiv.] 


30. Et il mit son cadavre dans 
son sépulcre ; et ils le pleurèrent, 
disant : 116185 hélas ! mon frère! 

31. Et lorsqu'ils l'eurent pleuré, 
il dit à ses fils : Lorsque je serai 
mort, ensevelissez-moi dans le 
sépulcre dans lequel l'homme de 
Dieu est enseveli ; mettez mes os 
auprès de ses os. 

32. Car certainement il arrivera 
ce qu'il a prédit avec les paroles 
du Seigneur, contre lautel qui 
est à Béthel, et contre tous les 
temples des hauts lieux qui sont 
dans les villes de Samarie. 

33. Après cela, Jéroboam ne 
revint point de ses voies très 
mauvaises ; mais au contraire, il 
fit des derniers du peuple des 
prêtres des hauts lieux : à qui- 
conque le voulait il remplissait 
sa main, et celui-ci devenait prè- 
ire des hauts lieux. 

34. Et c'est pour ce motif que 
pécha la maison de Jéroboam, et 
qu'elle fut détruite et exterminée 
de la surface de la terre. 


CHAPITRE XIV. 


Jéroboam envoie sa femme consulter le 
prophète Ahias sur la maladie de son 
fils. Mort de Jéroboam. Nadub lui suc- 
cède. Sésac, roi d'Egypte, pillele temple 
de Jérusalem. Roboam meurt. Abiam 
règne à sa place. 


1. En ce temps-là, Abia, fils de 
Jéroboam, fut malade, 
9. Et Jéroboam dit à sa femme: 


32. Avec les paroles; en se servant des propres paroles. Comp. vers. 1, 9. — * Les 
villes de Samarie. Sur Samarie, voir la note sur 111 Rois, xvr, 24. Samarie donna son 


nom à tout le pays. 


33. IL remplissait sa main soit des victimes qui devaient ètre ollertes en sacrilice, 
soit des instruments sacrés de son ministère. C'était la formule usitée pour la con- 


sécration des prêtres. 


c 


2, * Va à Sito. Sur Silo, voir la note sur Josué, xvur, 5 


[cH. xtv.] 


Lève-toi, change de vêtement, 
pour qu'on ne sache point que tu 
es femme de Jéroboam, et va à 
Silo, oü est Ahias le prophete, 
qui m'a dit que je devais régner 
sur ce peuple. 

3. Prends aussi en ta main dix 
pains, une galette et un vase de 
miel, et va vers lui ; car lui-méme 
lindiquera ce qui doit arriver à 
cet enfant. 

4. La femme de Jéroboam fit 
comme il avait 016 ; et, se levant, 
elle alla à Silo, et vint dans la 
maison d'Ahias ; mais celui-ci ne 
pouvait voir, parce que ses yeux 
s'étaient obscurcis à cause de sa 
vieillesse. 

5. Or le Seigneur dit à Ahias : 
Voilà que la femme de Jéro- 
boam vient te consulter sur son 
fils qui est malade : tu lui diras 
ceci et cela. Comme donc elle 
entrait, et dissimulait qui elle 
était, 

6. Ahias entendit le bruit de 
ses peds lorsqu'elle entrait à la 
porte, et il dit: Entrez, femme de 
Jéroboam : pourquoifeignez-vous 
d’être une autre? Pour moi, je 
vous suis envoyé comme un mes- 
sager funeste. 

- 7. Allez, et dites à Jéroboam : 
Voici ce que dit le Seigneur Dieu 
d'Israël : Je t'ai élevé du milieu 
du peuple, et je t'ai établi chef 
sur mon peuple Israël; 

8. Et j'ai divisé le royaume de 
la maison de David et tel'ai don- 
né; ettu n'as point été comme 
mon serviteur David, qui a gardé 


10. Infra, xv, 29. 


ROIS. 671‏ זז 


mes commandements, et qui m'a 
suivi en tout son cœur, faisant 
tout ce qui était agréable en ma 
présence ; 

9. Mais tu as fait plus de maux 
que tous ceux qui ont été avant 
toi, et tu t'es fait des dieux étran- 
gers et jetés .en fonte, pour me 
provoquer au courroux, et tu 
m'as rejeté derrière toi. 

10. C'est pourquoi voilà que 
jaménerai des maux sur la mai- 
son de Jéroboam, et je frapperai 
de Jéroboam celui qui urine con- 
ire une muraille, celui qui est 
renfermé, et celui qui est le der- 
nier dans Israël ; et [6 nettoyerai 
les restes de la maison de Jéro- 
boam, comme on a coutume de 
nettoyer le fumier, jusqu'à ce que 
tout soit net. 

11. Ceux de Jéroboam qui 
mourront dans la ville, les chiens 
les mangeront, et ceux qui mour- 
ront dans la campagne, les oi- 
seaux du ciel les dévoreront, 
parce que c'est le Seigneur qui a 
parlé. 

12. Vous donc, levez-vous, et 
allez en votre maison ; et, à l'en- 
trée méme de vos pieds dans la 
ville, l'enfant mourra, 

13. Et tout Israël le pleurera et 
l'ensevelira; car c'est le seul de 
Jéroboam qui sera porté dans un 
sépulcre, parce qu'il a été trouvé 
en lui quelque chose de bon par 
le Seigneur Dieu d'Israël dans la 
maison de Jéroboam. 

14. Mais le Seigneur s'est établi 
un roi sur Israël, qui frappera la 


9. Derrière toi; littér. derrière ton corps. 
10. Celui qui urine, etc. Voy. 1 Rois, xxv, 


22, — Celui qui est renfermé. Voy. Deu- 


léronome, xxxii, 36. — Le dernier des descendants de Jéroboam. 


672 ΠῚ ROIS. 


maison de Jéroboam en ce jour 
et en ce temps; 

15. Etle Seigneur Dieu frappera 
Israël comme le roseau a coutu- 
me d'étre agité dans l'eau, et il 
arrachera Israél de la bonne terre 
qu'il a donnée à leurs peres, et il 

'les dispersera au delà du fleuve, 
' parce qu'ils se sont fait des bois 
sacrés pour irriter le Seigneur. 

16. Etle Seigneur livrera Israel 
à cause des péchés de Jéroboam, 
qui a péché et qui a fait pécher 
Israél. 

11. C'est pourquoi la femme de 
Jéroboam se leva, s'en alla, et 
vint à Thersa ; et lorsqu'elle en- 
trait sur le seuil de la porte de 
sa maison, l'enfant mourut, 

19. Et on l'ensevelit. Et tout 
Israël le pleura, selon la parole 
du Seigneur qu'il avait dite par 
lentremise de son serviteur 
Ahias, le prophète. 

19. Mais le reste des actions de 
Jéroboam, comment il combatlit, 
et comment il régna, voilà que 
cest écrit dansle Livre des ac- 
tions des jours des rois d'Israél. 

20. Or les jours durant lesquels 
Jéroboam régna furent de vingt- 
deux ans, et il dormit avec ses 
peres, et Nadab, son fils, régna 
en sa place. 

21. Cependant Roboam, fils de 


91. II Par., xir, 13. — 26. Supra, x, 16. 


[CH. xiv.] 


Salomon régnait sur Juda. Ro- 
boam avait quarante-un ans lors- 
quil commenca à régner, et il 
régna dix-sept ans dans la ville 
de Jérusalem, que le Seigneur 
avait choisie d'entre toutes les 
tribus d'Israél pour y établir son 
nom. Or le nom de sa mère était 
Naama, l'Ammanite. 

22. Et Juda fit le mal aux yeux 
du Seigneur, et ils l'irriterent au 
delà de tout ce qu'avaient fait 
leurs peres, dans les péchés dont 
ils s'étaient rendus coupables, 

23. Car ils se firent, eux aussi, 
des autels, des statues et des bois 
sacrés sur toute colline élevée et 
sous tout arbre couvert de feuil- 
lage. 

24. Il y eut aussi des efféminés 
dans leur terre, et ils commirent 
toutes les abominations de ces 
nations que le Seigneur avait dé- 
truites devant la face des enfants 
d'Israél. 

25. Or en la cinquième année 
du règne de Roboam, Sésac, roi 
d'Egypte, monta à Jérusalem, 

26. Et il enleva les trésors de 
la maison du Seigneur et les tré- 
sors du roi, et il pilla tout, même 
les boucliers d'or qu'avait faits 
Salomon, , 

27. En la place desquels le roi 
Roboam fit des boucliers d'airain, 


15. Au delà du fleuve de l'Euphrate. — * Ils se sont fait des bois sacrés. Voir la 


note sur Exode, xxxiv, 13. 
17. * Thersa, site inconnu. 


19, 29. Le Livre, etc. Voy. chap. xi, 41. 


21, 31. L'Ammanite; l'hébreu porte l'Ammonite, du pays des Ammonites. 

23. * Sur toute colline élevée. Voir la note sur Nombres, xxu, 41. 

24. Des efféminés; c'est-à-dire des prostitués. Voy. Deutér., xxu, 17. 

25. * Sésac, fondateur de la xxiv dynastie égyptienne, était d'origine étrangère et 
avait épousé Karamat, fille du pharaon Pisebkhan 19. 1] nous a conservé sur ses 
monuments à Karnak le souvenir de ses victoires sur le royaume de Juda. 

21,28. Les scutaires étaient ce que nous appelons les gardes du corps. 


]68. xv.] 


etilles mit entre les mains des 
chefs des scutaires, et de ceux qui 
veillaient devant la porte de la 
maison du roi. 

28. Et lorsque le roi entrait 
dans la maison du Seigneur, ceux 
dont l'office était de marcher de- 
vantlui portaient ces boucliers, 
et ensuite ils les reportaient dans 
l'arsenal des scutaires. 

29. Mais le reste des actions de 
Roboam, et tout ce qu'il a fait, 
voilà que c'est écrit dans le Livre 
des actions des jours des rois de 
Juda. 

30. Et il y eut guerre entre Ro- 
boam et Jéroboam durant tous 
leurs jours. 

31. Et Roboam dormit avec ses 
peres, et il fut enseveli avec eux 
dans la cité de David. Le nom 
de sa mère était Naama lAm- 
manite, et Abiam son fils régna 
en sa place. 


CHAPITRE XV. 


Abiam imite l’impiété de Roboam. Il meurt 
et est remplacé par Asa son fils, qui 
imite la piété de David. Josaphat son 
fils lui succède. Nadab est tué par Baasa, 
qui régne en sa place. 


1. Ainsi en la dix-huitieme 
année du regne de Jéroboam, fils 
de Nabath, Abiam régna sur 
Juda. 

2. Il régna trois ans dans Jéru- 
salem ; le nom de sa mère était 
Maacha, fille d'Abessalom. 

3. Et il marcha dans tous les 
péchés que son pére avait com- 


ΠῚ ROIS. 673 


mis avant lui, et son cœur n'était 
point parfait avec le Seigneur 
son Dieu, comme le cœur de Da- 
vid son pere. 

4. Mais, à cause de David, le 
Seigneur son Dieu lui donna une 
lampe dans Jérusalem, en sorte 
qu'il suscita son fils apres lui, et 
maintint Jérusalem, 

9. Parce que David avait fait ce 
qui était droit aux yeux du Sei- 
gneur, et qu'il ne s'était point 
détourné ἀθ tout ce qu'il lui avait 
commandé, durant tous les jours 
de sa vie, excepté le fait touchant 
Urie, l'Héthéen. 

6. Cependant il y eut guerre 
entre Roboam et Jéroboam, pen- 
dant tout le temps de la vie de 
Roboam. 

7. Mais le reste des actions d'A- 
biam, et tout ce qu'il fit, n'est-ce 
pas écrit dans le Livre des actions 
des jours des rois de Juda? Et il 
yeut une bataille entre Abiam et 
Jéroboam. 

8. Et Abiam dormit avec ses 
pères, et on l'ensevelit dans la 
cité de David; et son fils Asa ré- 
gna en sa place. 

9. Ainsi en la vingtième année 
de Jéroboam, roi d'Israél, Asa, roi 
de Juda, régna. 

10. Et 11 régna quarante-un ans 
dans Jérusalem. Le nom de sa 
mere était Maacha, fille d'Abessa- 
lom. 

41. Et Asa fit ce qui était droit 
en la présence du Seigneur, com- 
me David son père; 


CuaP. XV. 2. II Par., xui, 2. — 5. II Rois, xr, 4. — 7. II Par., xri, 3. — 8. II Par., 


XIV, 4. 


4. Une lampe. Voy. xti, 36. 
T. Le livre, ec. Voy. ch. xi, 41. 


10, 13. Mère est probablement mis ici par hébraisme pour grund'mère, 


A. T. 


42 


374 III ROIS. 


19. Et il chassa les efféminés 
du pays, et le purifia de toutes les 
souillures des idoles que ses peres 
avaient fabriquées. 

13. De plus, il éloigna même sa 
mere Maacha, afin qu'elle ne füt 
pas préposée aux sacrifices de 
Priape, et à son bois sacré qu'elle 
avait consacré ; et il renversa sa 
caverne, et il brisa 16 simulacre 
très obscene, et le brüla dans le 
torrent de Cédron. 

14. Mais il ne détruisit pas les 
hauts lieux. Toutefois le cœur 
d'Asa fut parfait avec le Seigneur 
durant tous ses jours; 

15. Il porta aussi ce qu'avait 
consacré son pere, et qu'il avait 
voué dans la maison du Seigneur, 
de l'argent, de l'or, et des vases. 

16. Or il y eut guerre entre 
Asa et Baasa, roi d'Israël, durant 
tous leurs jours. 

17. Et Baasa, roi d'Israël, vint 
contre Juda et bâtit Rama, afin 
que personne ne püt sortir ou 
entrer du côté d'Asa, roi de Juda. 

18. C'est pourquoi Asa, pre- 
nant tout largent et l'or qui 
étaient demeurés dans les trésors 
de la maison du Seigneur et 
dans les trésors de la maison du 
roi, les mit entre les mains de ses 
serviteurs, et les envoya à Béna- 
dad, fils de Tabremon, fils d'Hé- 


41. II Par., xvi, 1. 


[cu. xv.] 
zion, roi de Syrie, qui habitait à 
Damas, disant : 

19. Il y a alliance entre moi et 
vous, et entre mon pere et votre 
père : c'est pourquoi je vous ai 
envoyé des présents, de l'argent 
et de l'or, et je vous prie de ve- 
nir, et de rendre vaine l'alliance 
que vous avez avec Baasa, roi 
d'Israél, afin qu'il se retire loin 
de moi. 

20. Bénadad, écoutant le roi 
Asa, envoya les princes de son 
armée contre les villes d'Israël, 
et ils prirent d'assaut Ahion, Dan, 
Abel maison de Maacha, et 
Cennéroth tout entière, c'est-à- 
dire toute la terre de Nephthali. 

91. Ge qu'ayant appris, Baasa 
cessa de bâtir Rama, et revint à 
Thersa. 

22. Or le roi Asa envoya un 
messager dans tout Juda, disant : 
Que personne ne soit exempté. 
Et on emporta les pierres de 
Rama et les bois avec lesquels 
Baasa avait báti, et le roi Asa en 
construisit Gabaa en Benjamin, 
et Maspha. 

23. Mais le reste de toutes les 
actions d'Asa, tous ses traits de 
courage, tout ce qu'il fit, et les 
villes qu'il bátit, n'est-ce pas écrit 
dans le Livre des actions des 
jours des rois de Juda? Cepen- 


13. * Dans letorrentde Cédron, à l'est et au sud-est de Jérusalem. — Au lieu de Priape, 


l'original porte Aschéra ou Astarté. 


14, * Les hauts lieux. Voir la note sur Nombres, xxu, 41. 
11. * Bátit, reconstruisit Rama, aujourd'hui er-Ram, au nord de Jérusalem. 


18. * A Damas. Voir plus haut, xi, 24. 


20. * Cennéroth. Voir Deutéronome, ur, 11. — Pour Ahion et Abel maison de Maacha, 
voir IV Rois, xv, 29. — Pour Dan, voir Josué, xix, #1. E. P. \ 
22. Ne soit exempté, de venir à Rama. — * Gabaa en Benjamin. Voir 1 Rois, Xt, 4. 


— Maspha, au nord de Jérusalem. 


23, 31. Le Livre, etc. Voy. chap. ,א‎ 


68. XVI.) 


dant dans le temps de sa vieil- 
lesse, il souffrit de ses pieds ; 

94. Et il dormit avec ses peres, 
etil fut enseveli avec eux dans 
la cité de David son pere. Et Jo- 
saphat, son fils, régna en sa 
place. 

95. Or N&dab, fils de Jéroboam, 
régna sur Israël la seconde an- 
née d’Asa, roi de Juda; et il ré- 
gna deux ans sur Israël. 

96. Et il fit ce qui est mal en la 
présence du Seigneur, et il mar- 
cha dans les voies de son pere 
et dans les péchés par lesquels il 
fit pécher Israél. 

97. Mais Baasa, fils d'Ahias, de 
la maison d'Issachar, lui tendit 
des embüches et le tua pres de 
Gebbethon, qui est une ville des 
Philistins; vu que Nadab et tout 
Israél assiégeaient Gebbethon. 

98. Baasa tua donc Nadab, et 
il régna en sa place, la troisième 
année d'Asa, roi de Juda. 

29. Et lorsque Baasa fut devenu 
roi, il tua toute la maison de Jé- 
roboam : il n'en laissa pas méme 
une seule âme de sa race, jusqu'à 
ce qu'il l'eàt exterminée, selon la 
parole que le Seigneur avait dite 
par l'entremise de son serviteur 
Ahias, le Silonite, 

30. À cause des péchés que Jé- 
roboam avait commis et par les- 
quels il avait fait pécher Israël, et 
à cause du péché par lequel il 
avait irrité le Seigneur Dieu d'Is- 
rael. 

31. Mais le reste des actions de 
Nadab, et tout ce qu'il fit, n'est- 
ce pas écrit dans le Livre des ac- 


ΠῚ ROIS. 


675 


tions des jours des rois d'Israél? 

32. Et il y eut guerre entre Asa 
6% Baasa, roi d'Israël, durant tous 
leurs jours. 

33. La troisieme année d'Asa, 
roi de Juda, Baasa, fils d'Ahias, 
régna sur tout Israél à Thersa 
pendant vingt-quatre ans. 

34. Et il fit le mal devant le 
Seigneur, et il marcha dans la 
voie de Jéroboam et dans les 
péchés par lesquels il avait fait 
pécher Israël. 


CHAPITRE XVI. 


Jéhu prédit à Baasa la ruine de sa famille. 
Mort de Baasa. Ela lui succéde. Zambri 
tue Ela et se fait roi d'Israël. Amri est 
choisi roi par le peuple. Zambri se brüle 
dans son palais. Mort d'Amri; Achab 
lui succéde et épouse Jézabel. 


1. Orla parole du Seigneur fut 
adressée à Jéhu, fils d'Hanani, 
contre Baasa, disant : 

2. Quand je t'ai élevé de la 
poussiere, et je t'ai établi chef 
sur mon peuple Israél, toi au 
eontraire, tu as marché dans la 
voie de Jéroboam, et tu as fait 
pécher mon peuple Israél, pour 
m'irriter par leurs péchés : 

3. Voilà que moi, je moisscn- 
nerai la postérité de Baasa et la 
postérité de sa maison, et je ferai 
de ta maison ce que j'ai fait de la 
maison de Jéroboam, fils de 
Nabath. 

4. Celui de la race de Baasa 
qui mourra daus la ville, les 
chiens le mangeront, et celui qui 
mourra dans la campagne, les oi- 
seaux du ciel le mangeront. 


24. II Par., xvir, 1. — 29. Infra, xxr, 22; Supra, xiv, 10. — Car. XVI. 4. Supra, 


xiv, 41. 


21. * Gebbethon, ville lévitique de la tribu de Dan. 


676 III ROIS. 


5. Mais le reste des actions de 
Baasa, et tout ce qu'il fit, et ses 
combats, n'est-ce pas écrit dans 
le Livre des actions des jours des 
rois d'Israël? 

6. Baasa dormit donc avec ses 
pères, et il fut enseveli à 1110788 ; 
et Ela son fils régna en sa place. 

1. Mais lorsque par l'entremise 
de Jéhu le prophete, fils d'Hana- 
ni, la parole du Seigneur eut été 
adressée contre Baasa, contre sa 
maison, et contre tout le mal 
quil avait fait devant le Sei- 
gneur, pour lirriter par les 
œuvres de ses mains, afin que sa 
maison devint comme la maison 
de Jéroboam, 20056 pour ce mo- 
tif méme 16 tua, c'est-à-dire, Jéhu, 
fils d'Hanani le prophete, 

8.Lavingt-sixiemeannée d'Asa, 
roi de Juda, Ela, fils de Baasa, ré- 
gna sur Israél à Thersa pendant 
deux ans; 

9. Car son serviteur Zambri, 
chef de la moitié de sa cavalerie, 
se révolta contre lui ; or Ela était 
à Thersa buvant et ivre, dans la 
maison d'Arsa, gouverneur de 
Thersa. 

10. Zambri donc se jetant sur 
lui, le frappa et le tua la vingt- 
septieme année d'Asa, roi de 
Juda, et il régna en sa place. 

11. Et lorsqu'il fut roi et qu'il 
fut assis sur son tróne, il tua 
toute la maison de Baasa, et il ne 
laissa d'elle aucun urinant contre 
une muraille, ni ses proches, ni 
ses amis. 

12. Ainsi Zambri détruisit toute 


5. II Par., xvi, 4. — 10. IV Rois, 1x, 31. 


[CH. XVI. | 


la maison de Baasa, selon la pa- 
role que le Seigneur avait dite à 
Baasa par l'entremise de Jéhu le 
prophète, 

13. À cause de tous les péchés 
de Baasa et des péchés d'Ela son 
fils, qui avaient péché et fait 
pécher tout Israël, provoquant 
le Seigneur Dieu d'Israël par 
leurs vanités. 

14. Mais le reste des actions 
d'Ela, et tout ce qu'il fit, n'est-ce 
pas écrit dans le Livre des actions 
des jours des rois d'Israel? 

15. La vingtseptieme année 
d'Asa, roi de Juda, Zambri régna 
pendant sept jours à Thersa : or 
l'armée d'Israél assiégeait Gebbe- 
thon, ville des Philistins. 

16. Et lorsqu'il eut appris que 
Zambri s'était révolté et avait tué 
le roi, tout Israél se donna pour 
roi Amri, qui était prince de la 
milice d'Israél, et en ce jour-là 
dans le camp. 

17. Amri monta donc, et tout 
Israël avec lui, de Gebbethon, et 
ils assiégeaient Thersa. 

18. Or Zambri, voyant que la 
ville allait étre prise d'assaut, en- 
tra dans le palais et se brüla avec 
la maison.royale : et il mourut 

19. Dans ses péchés qu'il avait 
commis, faisant le mal devant le 
Seigneur, et marchant dans la 
voie de Jéroboam et dans le péché 
par lequel il avait fait pécher 15- 
rael. 

20. Mais le reste des actions de 
Zambri, de ses embüches et de sa 
tyrannie, n'est-ce pas écrit dans 


11. Urinant contre une muraille. Voy. 1 Rois, xxv, 22. 
13, 26. Vanités. C'est le nom que l'Ecriture donne aux idoles. 
14, 20, 21. Le Livre, etc. Voy. chap. xi, 41. 


(cn. xvi.] 
le Livre des actions des jours des 
rois d'Israël? 

91. Alors le peuple d'Israël fut 
divisé en deux parties : la moitié 
du peuple suivait Thebni, fils de 
Gineth, pour l'établir roi, et l'au- 
tre moitié. Amri. 

99. Maisle peuple qui était avec 
Amri l'emporta sur le peuple qui 
était avec Thebni, fils de Gineth; 
or Thebni mourut, et Amri ré- 
gna. 

93. Depuis la trente-unième 
année d'Asa, roi de Juda, Amri 
régna sur Israél pendant douze 
ans : à Thersa, il régna six 
ans. 

94. Et il acheta la montagne de 
Samarie à Somer, pour deux ta- 
lents d'argent ; et il la bátit, et il 
appela la ville qu'il avait cons- 
truite Samarie, du nom de Somer, 
le maitre de la montagne. 

95. Mais Amri fit le mal en la 
présence du Seigneur, et il agit 
méchamment, plus que tous ceux 
qui furent avant lui. 

90. Et il marcha dans toute la 
voie de Jéroboam, fils de Nabath, 
et dans ses péchés par lesquels 
il avait fait pécher Israél, pour 
irriter le Seigneur Dieu d'Israël 
par ses vanités. 

97. Mais le reste des actions 
d'Amri et les combats qu'il don- 
na, n'est-ce pas écrit dansle Livre 


34. Jos., vr, 26. 


E IH ROIS. 677 


des actions des jours des rois 
d'Israël ? 

98. Et Amri dormit avec ses 
peres et fut enseveli à Samarie, 
et Achab, son fils, régna en sa 
place. 

29. Mais Achab, fils d'Amri, 
régna sur Israél la trente-huitie- 
me année d'Asa, roi de Juda. Et 
Achab, fils d'Amri, régna sur Is- 
raël à Samarie pendant vingt- 
deux ans. 

30. Et Achab, fils d'Amri, fit le 
mal en la présence du Seigneur 
plus que tous ceux qui furent 
avant lui. 

31. Et il ne lui suffit pas de mar- 
cherdans les péchés deJéroboam, 
fils de Nabath; de plus, il prit 
pour femme Jézabel, fille d'Eth- 
baal, roi des Sidoniens, et il alla, 
et servit Baal et l'adora. 

39. Et il éleva un autel à Baal 
dans le temple de Baal qu'il avait 
bâti à Samarie, 

33. Et il planta le bois sacré; et 
Achab ajouta à son œuvre en 
irritant le Seigneur Dieu d'Israël 
plus que tous les rois d'Israël qui 
furent avant lui. 

34. Pendant ses jours, Hiel, de 
Béthel, bâtit Jéricho : il en jeta 
les fondements sur Abiram, son 
premier-né, et il en posa les por- 
tes sur Ségub, son dernier fils, 
selon la parole que le Seigneur 


24. * Samarie, bâtie sur une hauteur, au nord de Sichem, au milieu d'une plaine 
ceinte d'une couronne de montagnes, se trouvait dans une position plus forte encore 
que celle de Jérusalem. Elle était élevée d'environ deux cents métres au-dessus des 
vallées environnantes et occupait un site délicieux. 

31. * Baal. Voir la note sur Juges, vt, 25. 

33. * Et il planta le bois sacré. Voir la note sur Exode, xxxiv, 13. 

34. Pendant ses jours; c'est-à-dire pendant le régne d'Achab. Voy. pour le reste du 
verset, Josué, vi, 26. — * Hiel bátit Jéricho. Voir la note sur Josué, vt, 1. — Bélhel 
est à peu de distance de Jéricho. Voir Genése, xu, 8. 


678 


avait dite par l'entremise de Jo- 
sué, fils de Nun. 


CHAPITRE XVII. 


Elie déclare à Achab qu'il ne pleuvra 
point jusqu'à ce que Dieu l'ordonne 
par sa bouche. Ce prophéte est nourri 
par les corbeaux. Il multiplie miracu- 
leusement à Sarephta l'huile et la farine 
chez une veuve. Le fils de cette veuve 
meurt, Elie le ressuscite. 


4. Et Elie, le Thesbite, un des 
. habitants de Galaad, dit à Achab : 
Il vit, le Seigneur Dieu d'Israël, 
en la présence duquel je suis ! il 
n'y aura pendant ces années-ci 
ni rosée ni pluie que selon les 
paroles de ma bouche. 

9, Et la parole du Seigneur fut 
adressée à Elie, disant : 

3. Retire-toi d'ici; va contre 
l'orient, et cache-toi pres du tor- 
rent de Carith, qui est contre le 
Jourdain ; 

4. Et là tu boiras au torrent ; et 
jai ordonné aux corbeaux qu'ils 
te nourrissent là. 

5. Elie s'en alla donc, et fit se- 
lon la parole du Seigneur, et 
lorsqu'il s'en fut allé, il s'assit 
pres du torrent de Carith, qui est 
contre le Jourdain. 

0. Et les corbeaux lui appor- 
taient du pain et de la chair le 


IIl ROIS. 


[cH. xvir.] 


matin, également du pain et de 
la chair le soir, et il buvait au 
torrent. 

7. Mais après quelques jours le 
torrent se sécha; car il n'avait 
pas plu sur la terre. 

8. La parole du Seigneur lui fu‘ 
donc adressée, disant : 

9. Lève-toi, et va à Sarephta, 
ville des Sidoniens, et tu demeu- 
reras là; car j'ai ordonné là à une 
femme veuve qu'elle te nourrisse. 

10. Il se leva et s'en alla à Sa- 
rephta. Et lorsqu'il fut venu à la 
porte de la ville, il apercut une 
femme veuve qui ramassait du 
bois; et il l'appela, et lui dit : 
Donne-moi un peu d'eau dans le 
vase, afin que je boive. 

11. Et lorsque celle-ci allait 
pour en apporter, il cria derriere 
elle, disant : Apporte-moi aussi, 
je te prie, un peu de pain en ta 
main. 

12. Elle lui répondit : Le Sei- 
gneur ton Dieu vit! je n'ai point 
de pain, mais seulement dans la 
cruche autant de farine qu'une 
main peut en contenir, et un peu 
d'huile dans le flacon. Voilà que 
je ramasse deux morceaux de 
bois, pour que j'entre et que je 
fasse du pain pour moi et pour 


Cuar. XVII. 1. Eccli., תונזה‎ 1; Jacques, v, 17. — 10. Exc, 1v, 26. 


4. Il vit, etc. Voy. Juges, vur, 19. — Pendant ces années-ci; c’est-à-dire, pendant 
trois ans et demi, selon saint Luc (1v, 25) et saint Jacques (v, 17). — * Le Thesbite, 
de Thesbé, sur une hauteur à l'ouest du lac Mérom. Il habitait dans le pays de 


Galaad, à l'est du Jourdain. 


3. * Le torrent de Carith, d'après l'opinion commune, est l'ouadi Kelt actuel, qui 
débouche prés de Jéricho et est profondément creusé entre deux montagnes sauvages, 


où abondent les corbeaux. 


9. * Sarephta ou Sarepta, ville phénicienne, port de mer sur la Méditerranée, entre 


Sidon et Tyr; renommée pour ses vins. 


10. Le vase destiné à cet usage. À moins qu'ici, comme souvent ailleurs, l'article 
déterminatif ne soit mis pour le pronom possessif, et que le vrai sens ne soit {on 


vase. 


12. EL que nous mourions ensuite de faim, n'ayant plus rien à mauger. 
q ,nà&y P 


[cH. xvi.) 


mon fils, afin quenous mangions, 
et que nous mourions. 

13. Elie lui dit : Necrains point; 
mais va, et fais comme tu as dit; 
cependant fais pour moi aupara- 
vant, avec ce peu de farine mé- 
me, un petit pain cuit sous la 
cendre, et apporte-le-moi ; mais 
pour toi et pour ton fils, tu en 
feras ensuite. 

14. Car voici ce que dit le Sei- 
gneur Dieu d'Israël : La cruche 
de la farine ne manquera point, 
et le flacon de l'huile ne diminue- 
ra point, jusqu'au jour oü le Sei- 
gneur doit donner de la pluie sur 
la face de la terre. 

15. Cette femme s'en alla donc, 
et fit selon la parole d'Elie; et il 
mangea lui-méme, et elle et sa 
maison ; et depuis ce jour-là 

16. La cruche de farine ne man- 
qua point, et l'huile du flacon ne 
diminua point, selon la parole 
que le Seigneur avait dite par 
l'entremise d' Elie. 

11. Or il arriva ensuite que le 
fils de cette femme, mere de fa- 
mille, fut malade ; et sa maladie 
fut très violente, en sorte qu'il ne 
restait pas en lui un souffle. 

18. Cette femme dit donc à Elie: 
Qu'importe àmoi et à toi, homme 
de Dieu? Es-tu entré chez moi 
pour renouveler la mémoire de 
mes péchés et pour faire mourir 
mon fils? 

19. Et Elielui répondit : Donne- 
moi ton fils. Etille prit de dessus 
son sein, le porta dans la cham- 
bre où lui-même demeurait, et 
il le mit sur son lit. 


III ROIS. 679 


20. Puis il cria au Seigneur et 
dit : Seigneur mon Dieu, même 
la veuve chez laquelle moi-même 
en tout cas je suis nourri, vous 
l'avez affligée au point de faire 
mourir son fils ? 

91. Et il s'étendit et se rapetissa 
sur l'enfant jusqu'à sa mesure, 
par trois fois, puis il cria au Sei- 
gneur et dit : Seigneur mon Dieu, 
je vous conjure, que l'àme de cet 
enfant retourne en son corps. 

29. Et le Seigneur exauca 8 
voix d'Elie, et l'àme de l'enfant 
retourna en lui, et il revécut. 

93. Alors Elie prit l'enfant, le 
mena de sa chambre au bas de la 
maison, le remit à sa mere, et lui 
dit : Vois, ton fils vit. 

24. Etla femme répondit à Elie: 
Maintenant je reconnais en cela 
que tu es un homme de Dieu, et 
que la parole du Seigneur en ta 
bouche est véritable. 


CHAPITRE XVIII. 


Le Seigneur envoie Elie devant Achab. 
Elie persuade à Abdias d'aller annoncer 
son arrivée à Achab. Entrevue d'Achab 
et d'Elie. Elie fait descendre le feu du 
ciel sur son sacrifice, et met à mort 
les faux prophétes de Baal; il promet 
de la pluie et elle tombe. 


1. Apres bien des jours, la pa- 
role de Dieu fut adressée à Elie, 
en la troisième année, disant : Va, 
et montre-toi à Achab, afin que je 
donne de la pluie surla surface de 
la terre. 

2. Elie alla donc pour se mon- 
trer à Achab; cependantla famine 
était grande dans Samarie. 

3. Et Achab appela Abdias, in- 


91. Son corps; littér. ses entrailles; hébr. son intérieur. 


1. La troisième année; très probablement de son séjour à Sarephta. 


680 


iendant de sa maison ; mais Ab- 
dias craignait fort le Seigneur ; 

4. Car, lorsque Jézabel tuait les 
prophètes du Seigneur, lui prit 
cent prophètes qu'il cacha dans 
les cavernes, cinquante dans 
l'une et cinquante dans l'autre, 
et il les nourrit de pain et d'eau. 

ὃ. Achab dit donc à Abdias : Va 
dans le pays, à toutes les sources 
d'eaux et à toutes les vallées, 
pour voir si nous pourrons trou- 
ver de l'herbe, sauver des che- 
vaux et des mulets, et si les bêtes 
ne périront pas totalement. 

6. Ils se partagerent donc les 
contrées pour les parcourir 
Achab allait par une voie, et Ab- 
dias par une autre séparément. 

7. Et lorsque Abdias était en 
chemin, Elie vint à sa rencontre 
lorsque Abdias l'eut reconnu, il 
tomba sur sa face et dit : Est-ce 
vous, Elie, mon seigneur? 

8. Il lui répondit : C'est moi. 
Va, et dis à ton maitre : Elie est 
là. 

9. Alors Abdias : En quoi ai-je 
péché, dit-il, puisque vous me li- 
vrez, moi, votre serviteur, à la 
main d'Achab, pour qu'il me tue? 

10. Le Seigneur votre Dieu vit! 
il n'y a point de nation ou de 
royaume où mon seigneur n'ait 
envoyé, vous cherchant, et, tous 
lui répondant : Il n'est pas ici, il 
a adjuré chaque royaume et cha- 
que nation que vous n'aviez pas 
été trouvé. 

11. Et vous Maio vous 


III ROIS. 


(cu. xvrim.) 


me dites : Va, et dis à ton maître : 
Elie est là. 

12. Et lorsque je me serai éloi- 
ené de vous, l'Esprit du Seigneur 
vous transportera en un lieu que 
jignore ; et étant entré, j'averti- 
rai Achab, et ne vous trouvant 
pas, il me tuera : or votre servi- 
teur craint le Seigneur depuis 
son enfance. 

13. Ne vous a-t-on pas rappor- 
té, à vous, mon seigneur, ce que 
je fis lorsque Jézabel tuait les 
prophètes du Seigneur, et que je 
cachai d'entre les prophètes du 
Seigneur, cent hommes dans les 
cavernes, cinquante puis cin- 
quante, et que je les nourris de 
pain et d'eau? 

14. Et vous maintenant, vous 
me dites: Va, et dis à ton maitre : 
Elie est là; est-ce pour qu'il me 
tue ? 

15. Et Elie lui répondit : Il vit 
le Seigneur des armées, devant 
le visage duquel je suis! je parai- 
trai aujourd'hui devant Achab. 

16. Abdias alla done à la ren- 
contre d'Achab, et l'avertit; et 
Achab vint à la rencontre d'Elie. 

11. Et lorsqu'il le vit, 11 deman- 
da : Es-tu celui qui troubles Is- 
raël? 

18. Et Elie lui répondit : Ce n'est 
pas moi qui ai troublé Israël, 
mais vous et la maison de votre 
pere, qui avez abandonné les 
commandements du Seigneur, et 
qui avez suivi Baal. 

19. Cependant envoyez mainte- 


18. * Baal. Voir la note sur Juges, νι, 25. 


19. * Sur la montagne du Carmel, du côté de la plaine d'Esdrelon. D'après la tra- 


dition, au sud-est du côté de la plaine ; 


là le rocher se termine par une muraille à 


pie, et l'on pouvait voir de loin tout ce qui s'y passait. De grands bloes de pierres 
qui s'y trouvent purent servir à ériger l'autel. L'eau n'en est pas éloignée. 


[cn. xvii.] 


nant, et faites assembler devant 
moi tout Israël sur la montagne 
du Carmel, et les quatre cent cin- 
quante prophètes de Baal, et les 
quatre cents prophètes des bois 
sacrés qui mangent de la table 
Jézabel. 

20. Achab envoya vers tous les 
enfants d'Israël, et il assembla les 
prophètes sur la montagne du 
Carmel. 

91. Or Elie, s'approchant de 
tout le peuple, dit: Jusqu'à quand 
boiterez-vous des deux côtés? Si 
le Seigneur est Dieu, suivez-le ; 
mais si c'est Baal, suivez-le. Et le 
peuple ne lui répondit pas un 
mot. 

22. Et Elie dit encore au peu- 
ple : Moi, prophète du Seigneur, 
je suis demeuré seul; mais les 
prophètes de Baal sont quatre 
cent cinquante hommes. 

93. Qu'on nous donne deux 
bœufs, et qu'eux se choisissent 
un bœuf, et que le coupant par 
morceaux, ils le mettent sur le 
bois, et qu'ils ne mettent point 
de feu dessous ; et moi je sacri- 
fierai l'autre beeuf, je le mettrai 
aussi sur le bois, mais je ne met- 
trai point de feu dessous. 

24. Invoquez les noms de vos 
dieux, et moi, j'invoqueraile nom 
de mon Seigneur; et que le Dieu 
qui exaucera par le feu, soit, lui 


III ROIS. 684 


seul, Dieu. Tout le peuple répon- 
dant, dit : La proposition est tres 
bonne. 

25. Elie dit donc aux prophètes 
deBaal: Choisissez-vous un bœuf, 
et sacrifiez les premiers, parce 
que vous étes en plus grand 
nombre, etinvoquez les noms de 
vos dieux ; mais ne mettez point 
de feu dessous. 

26. Lorsqu'ils eurent pris le 
bœuf qu'il leur avait donné, ils 
sacrifièrent, et 115 invoquaient 
le nom de Baal depuis le matin 
jusqu à midi, disant : Baal, exau- 
cez-nous. Mais il n’y avait point 
de voix, ni personne qui répon- 
dit : cependant ils sautaient par- 
dessus l'autel qu'ils avaient fait. 

27. Et comme il était déjà 
midi, Elie les raillait, disant 
Criez plus haut, car il est Dieu, 
et il parla peut-être 2 quelqu'un, 
ouilest dans une hótellerie, ou 
en chemin, ou du moins il dort, 
qu'on le réveille. 

28. Ils criaient donc à haute 
voix, et ils se faisaient des inci- 
sions, selon leur coutume, avec 
leurs couteaux et leurs lancettes, 
jusqu'à ce qu'ils fussent couverts 
de sang. 

29. Mais après que midi fut 
passé, et, qu'eux prophétisant, 
fut venu le temps auquel le sacri- 
fice avait coutume d'étre offert, 


91. Mais si Baal. Bossuet a dit : Ou si un poisson, pour : Ou s'il lui demande un 


poisson (Voy. notre note sur Luc, xr, 11). 


93, 25, 26. Le verbe faire, dans la Vulgate comme dans le texte hébreu, s'emploie 
souvent pour faire un sacrifice, sacrifier ; c'est évidemment le sens qu'il a ici. 
94. Qui exaucera par le feu; construction elliptique, pour : Qui fera connaitre par 


le moyen du feu, qu'il exauce. 


96. Qu'il leur avait donné; c'est-à-dire qu'Achab ou tout autre leur avait donné. — 
* Jis sautaient par-dessus l'autel. I] s'agit d'une danse sacrée qui faisait partie du 


culte de Baai. 


28. * Ils se faisaient des incisions. Certains derviches ont encore conservé ces usages 


sanglants. 


082 


comme aucune voix n'était en- 
tendue, et que personne ne ré- 
pondait et n'était attentif à ceux 
qui priaient, 

30. Elie dit à tout le peuple : 
Venez vers moi. Et le peuple s'é- 
tant approché de lui, il rétablit 
l'autel du Seigneur, qui avait été 
détruit. 

31. Et il prit douze pierres, se- 
lon le nombre des tribus des en- 
fants de Jacob, à qui avait été 
adressée la parole du Seigneur, 
disant : Israél sera ton nom. 

32. Et il bâtit de ces pierres 
un autel au nom du Seigneur; il 
fit une rigole, comme entre deux 
petits sillons autour de l'autel. 

33. Et il rangea le bois, et il 
coupa le bœuf par morceaux et 
le mit sur le bois, 

34. Et il dit : Remplissez quatre 
cruches d'eau, et répandez-les 
sur l'holocauste et sur le bois. Et 
de nouveau il dit : Faites encore 
cela une seconde fois. Et lorsqu'ils 
l'eurent fait une seconde fois, il 
dit : Faites encore cette méme 
chose une troisième fois. Et ils la 
firent une troisieme fois, 

35. Et les eaux couraient au- 
tour de l'autel, et la fosse de la 
rigole était remplie. 

36. Et lorsque déjà il était 
temps que l'holocauste füt offert, 
Elie leprophéte s'approchant, dit: 
Seigneur Dieu d'Abraham, 41- 
saac et de Jacob, montrez aujour- 
d'hui que vous étes le Dieu d'Is- 
raél,et que moi je suis votre ser- 
viteur, et quec'est par votre ordre 
que j'ai fait toutes ces choses. 


CuaP. XVIII. 31. Genèse, xxxi, 28. 


III ROIS. 


[cH. xvm.] 

31. Exaucez-moi, Seigneur, 
exaucez-moi, afin que ce peuple 
apprenne que vous étes le Sei- 
gneur Dieu, et que c'est vous qui 
avez converti leur cœur de nou- 
veau. 

38. Or le feu du Seigneur tom- 
ba, et dévora l'holocauste, le bois 
et les pierres, la poussière méme, 
et l'eau qui était dans la rigole 
autour de l'autel. 

39. Ce que toutle peuple ayant 
vu, il tomba sur sa face, et dit : 
C'est le Seigneur qui est Dieu, 
c'est le Seigneur qui est Dieu. 

40. Alors Elie leur dit : Prenez 
les prophètes de Baal, et qu'il 
n'en échappe pas méme un seul 
d'entre eux. Lorsqu'ils les eurent 
pris, Elie les mena au torrent de 
Cison, et il les tua là. 

41. Ensuite Elie dit à Achab : 
Montez, mangez et buvez; car 
voici le bruit de la grande pluie. 

49. Achab monta pour manger 
et pour boire. Or Elie monta sur 
16 sommet du Carmel, et incliné 
vers la terre, il mit sa face entre 
ses genoux, 

49. Et il dit à son serviteur: 
Monte, et regarde conire la mer. 
Lorsque celui-ci eut monté et re- 
gardé, il dit : Il n'y a rien. Et de 
nouveau Elie lui dit: Retourne 
par sept fois. 

44. Mais la septième fois, voilà 
qu'un petit nuage, comme une 
trace de pied d'homme, s'élevait 
de la mer. Elie dit : Monte, et dis 
à Achab : Attelez votre char, et 
descendez pour ne pas que la 
pluie vous surprenne. 


40. * Au torrent de Cison. Voir Juges, 1v, 1. 
4^4. * De la mer Méditerranée sur laquelle s'avance 16 mont Carmel. 


[cn. xix.] 


45. Et comme il se tournait 
d'un cóté et d'un autre, voilà 
les cieux couverts de ténèbres, 
et des nuées, et un vent, et une 
grande pluie. Montant donc, 
Achab s’en alla à Jezrahel : 

46. Et 18 main du Seigneur fut 
sur Elie; et, les reins ceints, il 
courait devant Achab, jusqu'à ce 
qu'il vint à Jezrahel. 


CHAPITRE XIX. 


Jézabel veut faire mourir Elie. Le pro- 
phéte se retire à la montagne d'Horeb. 
Le Seigneur l'envoie sacrer Hazaél roi 
de Syrie, et Jéhu roi d'Israél. Elisée 
recoit l'esprit de prophétie, et s'attache 
à Elie. 


1. Or Achab annonca à Jézabel 
tout ce qu'avait fait Elie, et de 
quelle maniere il avait tué par le 
glaive tous les prophètes. 

9. Et Jézabel envoya un messa- 
ger à Elie, disant : Que les dieux 
me fassent ceci, et qu'ils ajoutent 
cela, si demain à cette heure, je 
ne mets ton âme comme l'âme 
de chacun d'eux! 

3. Elie craignit donc, et, se le- 
vant, il sen alla partout où le 
portait son désir; or il vint à 
Bersabée en Juda, etlà il renvoya 
son serviteur, 

4. Etil fit dans le désert le che- 
min d'une journée. Or lorsqu'il 
fut venu, et qu'il se fut assis sous 
un genièvre, il demanda pour son 


III ROIS, 


683 


âme de mourir, et il dit : C'est 
assez pour moi, Seigneur, prenez 
mon âme; car je nesuis pas meil- 
leur que mes peres. 

5. Et il se jeta par terre, et s'en- 
dormit à l'ombre du genièvre; et 
voilà qu'un ange du Seigneur le 
toucha, et lui dit: Lève-toi, et 
mange. 

6. Il regarda, et voilà auprès 
de sa tête un pain cuit sous la 
cendre et un vase d’eau; il man- 
gea donc et but, et de nouveau il 
s'endormit. 

7. Et l'ange du Seigneur revint 
une seconde fois, le toucha, et 
lui dit : Lève-toi, et mange; car il 
te reste un grand chemin. 

8. Et, lorsqu'il se fut levé, il 
mangea et but; etil marcha, forti- 
fié par cette nourriture, quarante 
jours et quarante nuits, jusqu'à 
Horeb, la montagne de Dieu. 

9. Or, lorsqu'il fut arrivé là, il 
demeura dans 18 caverne ; et voilà 
que la parole du Seigneur lui fut 
adressée, et lui dit : Que fais-tu 
ici, Elie? 

10. Or lui répondit : Je brüle 
d'un grand zéle pour vous, Sei- 
neur Dieu des armées, parce que 
les enfants d'Israël ont aban- 
donné votre alliance; ils ont dé- 
truit vos autels, ils ont tué vos 
prophètes par le glaive, et je suis 
resté moi seul, et ils cherchent 
mon âme pour la détruire. 


46. Les reins ceints; ayant retroussé sa robe jusqu’à la ceinture, pour n'en être 


pas embarrassé en courant. 


2. Me fassent ceci, etc. Voy. Ruth, τ, 17. — Je ne mette, etc.; c'est-à-dire je ne te 
mette dans l'état où tu as mis ces prophètes. 

3. * Bersabée. Voir la note sur Genèse, xxi, 14. 

4. * Dans le désert du Sinai.— Genièvre. Dans l'hébreu : genét. 

8. La montagne de Dieu. Voy. Exode, wt, 1. 

10, 14. Je brüle d'un grand zèle; littér. Je suis zélé de zèle; hébraisme. Cette répé- 
tition du méme mot donne de l'énergie à l'expression. — Mon âme; autre hébraisme, 


pour ma vie. 


684 


11. Alors le Seigneur lui dit : 
Sors, et tiens-toi sur la montagne 
devant le Seigneur : et voilà que 
le Seigneur passa, et un vent 
violent et impétueux renversant 
des montagnes et brisant des 
rochers devant le Seigneur, et le 
Seigneur n'était point dans le 
vent; et aprés le vent, un trem- 
blement de terre, et le Sei- 
gneur n'était pas dans le tremble- 
ment ; 

19. Et après le tremblement, 
un feu, et le Seigneur n'était 
point dans le feu; et après le 
feu, vint le souffle d'une brise lé- 
gere. 

13. Ce qu'ayant entendu, Elie 
couvrit son visage de son man- 
teau, et étant sorti,il se tint à 
l'entrée de la caverne; et voilà 
qu'une voix vint à lui, disant : 
Que fais-tu là, Elie? Et lui répon- 
dit : 

14. Je brüle d'un grand zele 
pour vous, Seigneur Dieu des 
armées, parce que les enfants 
d'Israél ont abandonné votre al- 
liance; ils ont détruit vos autels, 
ils ont tué vos prophètes par le 
glaive, et je suis resté moi seul, 
et ils cherchent mon âme pour 
la détruire. 

15. Et le Seigneur lui dit : Va, 
et retourne en ta voie par le dé- 
sert, à Damas; et, lorsque tu y 
seras arrivé, tu oindras Hazaél 
roi sur la Syrie. 


III ROIS. 


[cg. xix.] 


16. Tu oindras encore Jéhu, fils 
de Namsi, roi sur Israél; mais 
Elisée, fils de Saphat, qui est d'A- 
belméhula, tu l'oindras prophete 
en ta place. 

17. Et il adviendra que qui- 
conque aura échappé au glaive 
d'Hazaél, Jéhu le tuera; et qui- 
conque aura échappé au glaive de 
Jéhu, Elisée le tuera. 

18. Et je me réserverai dans 
Israél sept mille hommes dont 
les genoux n'ont pas fléchi de- 
vant Baal, et toute bouche qui ne 
la pas adoré en baisant ses 
mains. 

19. Etant donc parti de là, Elie 
trouva Elisée, fils de Saphat, qui 
labourait avec douze paires de 
bœufs ; et lui-même était un de 
ceux qui labouraient avec les 
douze paires de bœufs. Et lors- 
qu'il fut venu vers Elisée, il jeta 
son manteau sur lui. 

20. Elisée aussitôt, ses bœufs 
abandonnés, courut après Elie, et 
dit : Que j'embrasse, je vous prie, 
mon père et ma mere, et alors 
je vous suivrai. Et il lui répon- 
dit: Va, et reviens; car j'ai fait 
pour toi ce que j'avais à faire. 

91. Elisée, ayant quitté Elie, 
prit une paire de bœufs et les 
tua; et avec la charrue des bœufs 
il fitcuire la chair, et la donna au 
peuple, et ils mangerent; alors, 
se levant, il s'en alla, suivit Elie ; 
etil le servait. 


CnaP. XIX. 14. Rom., xr, 3. — 16. IV Rois, 1x, 2. — 18, Rom., xr, 4. 


15. * A Damas. Voir plus haut, xt, 24. 


.6. * Abelmehula. Voir la note sur Juges, vit, 93. 
18. Et toute bouche, etc. L'écrivain sacré par une belle figure personnifie ici la 


bouche; le sens est donc : 


Et qui n'ont pas adoré Baal, en baisant leur main. 


C'était en effet la coutume des paiens de porter la main à la bouche pour la baiser. 
— * Sur Baal, voir la note sur Juges, vi, 25. 


[cn. xx.] 


CHAPITRE XX. 


Siége de Samarie par Bénadad. Défaite de 
son armée. Seconde défaite de l'armée 
des Syriens. Achab fait alliance avec 
Bénadad. Il en est repris par un pro- 
phète. 


1. Or Bénadad, roi de Syrie, as- 
sembla toute son armée, et tren- 
te-deux rois avec lui, des che- 
vaux et des chars; puis montant, 
il combattait contre Samarie, et 
l'assiézeait. 

2. Et envoyant dans la ville des 
messagers à Achab, roi d'Israél, 

3. ll dit: Voici ce que dit Bé- 
nadad : Votre argent et votre or 
est à moi; vos femmes et vos en- 
fants les meilleurs sont à moi. 

4. Et le roi d'Israël lui répon- 
dit : Selon votre parole, ὃ roi 
mon seigneur, je suis à vous, 
moi et tout ce que j'ai. 

9. Et revenant, les messagers 
dirent : Voici ce que dit Bénadad, 
qui nous à envoyés vers vous : 
Vous me donnerez votre argent, 
votre or, vos femmes et vos fils. 

6. Demain donc, à cette méme 
heure, j'enverrai mes serviteurs 
vers vous, et ils fouilleront votre 
maison et la maison de vos ser- 
viteurs, et tout ce qui leur plaira, 
ils le prendront en leurs mains et 
l'emporteront. 

1. Mais le roi d'Israél appela 
tous les anciens du pays, et dit : 
Considérez et voyez qu'il nous 
tend un piege; car il m'a envoyé 
pour mes femmes, pour mes fils, 
pour mon argent et mon or, et 
je n'ai pas refusé. 

8. Tous les anciens et tout le 
peuple lui répondirent : Ne l'é- 


III ROIS, 


685 


coutez point, et nelui cédez point. 

9. C'est pourquoi Achab répon- 
dit aux messagers de Bénadad : 
Dites à mon seigneur le roi : Tout 
ce que vous m'avez demandé, à 
moi votre serviteur, au commen- 
cement, je le ferai, mais, quant à 
ceci, je ne le puis faire. 

10. Et, étant revenus, les mes- 
sagers firent leur rapport à Bé- 
nadad, et Bénadad les envoya de 
nouveau, et dit : Que les dieux 
me fassent ceci, et qu'ils ajoutent 
cela, si la poussiere de Samarie 
suffit pour remplir 16 creux de la 
main de tout le peuple qui me 
suit! 

11. Et répondant, le roi d'Is- 
raël dit: Dites-lui : Que celui qui 
a mis sa ceinture, ne se glorifie 
point comme celui qui l'a ótée. 

12. Or il arriva que lorsque 
Bénadad reçut cette réponse, il 
buvait, lui etles autres rois, dans 
leurs pavillons, et il dit à ses 
serviteurs : Investissez 18 ville. 
Et ils l'investirent. 

13. Et voilà qu'un prophete, 
sapprochant d'Achab, roi d'Is- 
raél,lui dit : Voici ce que dit le 
Seigneur : Sans doute que tu as 
vu toute cette multitude innom- 
brable? voilà que moi je la livre- 
rai en ta main aujourd'hui, afin 
que tu saches que c'est moi qui 
suis le Seigneur. 

14. Et Achab lui demanda : Par 
qui? Et il lui répondit : Voici ce 
que dit le Seigneur : Par les 
serviteurs des princes des pro- 
vinces. Achab ajouta: Qui com- 
mencera le combat? Et le pro- 
phéte répondit : Toi. 

15. Achab fit donc la revue des 


10. * Que les dieux, 610, Voir Ruth, 1, 11, 


680 ΠῚ ROIS. 


serviteurs des princes des pro- 
vinces, et il trouva le nombre de 
deux cent trente-deux; et après 
eux, il fit la revue du peuple de 
tous les enfants d'Israël, et 1] en 
trouva sept mille. 

16. Et ils sortirent à midi. Ce- 
pendant Bénadad buvait, ivre, 
dans son pavillon, et avec lui les 
trente-deux rois qui étaient ve- 
nus à son secours. 

47. Or les serviteurs des princes 
des provinces sortirent au pre- 
mier rang. C'est pourquoi Béna- 
dad envoya; et on lui annonca, 
en disant : Ce sont des hommes 
sortis de Samarie. 

18. Et lui répondit : Si c'est 
pour la paix qu'ils viennent, sai- 
sissez-les vivants; si c'est pour 
combattre, prenez-les vivants. 

19. Les serviteurs des princes 
des provinces sortirent donc, et 
le reste de l'armée suivait ; 

20. Et chacun d'eux frappa celui 
qui venait contre lui; alors les 
Syriens s'enfuirent, et Israél les 
poursuivit. Bénadad, roi de Syrie, 
s'enfuit aussi à cheval avec ses 
cavaliers. 

91. Et méme le roi d'Israél, 
étant sorti, frappa les chevaux et 
les chariots, et frappa la Syrie 
d'une grande plaie. 


[cH. xx.] 

22. (Alors le prophète, s'appro- 
chant du roi d'Israël, lui dit : Al- 
lez, fortifiez-vous, sachez et voyez 
ce que vous devez faire ; car l'an- 
née suivante le roi de Syrie mon- 
lera contre vous.) 

23. Mais les serviteurs du roi de 
Syrie lui dirent : Cesont les dieux 
des montagnes, que leurs dieux, 
et c'est pourquoi ils nous ont 
vaincus ; il vaut donc mieux que 
nous combattions contre eux 
dans les plaines, et nous l'empor- 
terons sur eux. 

24. Vous donc, faites cette cho- 
86-01 : éloignez tous les rois de 
votre armée, et mettez des offi- 
ciers en leur place ; 

95. Rétablissez le nombre de 
ceux de vos soldats qui ont suc- 
combé, et autant de chevaux que 
les premiers chevaux, et autant 
de chariots que vous avez eu de 
chariots auparavant; et nous 
combattrons contre eux dans les 
plaines, et vous verrez que nous 
l'emporterons sur eux. Il crut leur 
conseil, et il fit ainsi. 

26. Ainsi après qu'un an fut 
passé, Bénadad fit la revue des 
Syriens, etil monta à Aphec pour 
combattre contre Israél. 

27. Les enfants d'Israél furent 
aussi passés en revue; et, des 


22. Le prophéte, dont il a été parlé au verset 13. 


26. * A Aphec. Il existait plusieurs Aphec en Palestine. Celui dont il est question 
ici était situé à l'est du Jourdain, sur la grande route de la Palestine à Damas, et son 
nom s'est probablement conservé dans l'el-Fik actuel, avec lequel on l'identifie com- 
munément. EI-Fik est à peu de distance, à moins d'une heure de marche et vis-à-vis 
du milieu du lac de Tibériade à l'est, à l'endroit où commence l'ouadi et le ruisseau 
du méme nom, qui se dirige à l'ouest vers le lac. Ce ruisseau est alimenté par trois 
sources, qui jaillissent d'un rocher. C'est autour de ce rocher qu'est bâti le village, 
en forme de croissant. Burckhardt l'a trouvé habité par deux cents familles. Cette 
localité a toujours été une station importante pour les caravanes. On remarque 
encore dans les alentours de grandes plantations d'oliviers. Sa situation, ses sources 
d'eau vive et les arbres des environs nous expliquent comment les avmées, de 
méme que les voyageurs, y fixaient volontiers leur camp. 


[en xx] 
vivres pris, ils partirent de leur 
côté,etcampèrent vis-à-vis d'eux, 
comme deux petits troupeaux de 
chèvres, au lieu que les Syriens 
couvraient toute la terre. 

28. (Alors s'approchant, un 
homme de Dieu dit au roi d'Israël: 
Voici ce que dit le Seigneur : 
Parce que les Syriens ont dit : 
C'est le Dieu des montagnes que 
le Seigneur, et il n’est pas le Dieu 
des vallées, je mettrai toute cette 
grande multitude en ta main, et 
vous saurez que c'est moi qui 
suis le Seigneur.) 

29. Or durant sept jours ceux- 
ci etceux-là rangerent les armées 
en bataille, lune vis-à-vis de 
l'autre, mais au septieme jour la 
bataille fut engagée, et les en- 
fants d'Israél tuerent, parmi les 
Syriens, cent mille hommes de 
pied en un seul jour. 

30. Et ceux qui étaient restés 
s'enfuirent dans la ville d'Aphec, 
etle mur tomba sur vingt-sept 
mille hommes qui étaient restés. 
Quant à Bénadad, fuyant, il entra 
dans la ville, et se retira dans 
une chambre, qui était dans sa 
chambre ; 

31. Et ses serviteurs lui dirent: 
Voilà que nous avons oui dire 
que les rois de la maison d'Israël 
sont cléments : mettons donc des 


III ROIS. 687 


sacs sur nos reins et des cordes 
à nos têtes, et sortons vers le roi 
d'Israël ; peut-être qu'il sauvera 
nos âmes, 

32. Ils ceignirent donc de sacs 
leurs reins, mirent des cordes à 
leurs têtes, vinrent vers le roi 
d'Israël, et lui dirent : Votre ser- 
viteur Bénadad dit : Je vous prie, 
que mon âme vive. Et lui répon- 
dit : S'il vit encore, il est mon 
frère. 

33. Ce que les Syriens prirent 
pour un heureux présage ; et, se 
hâtant, ils saisirent cette parole 
de sa bouche et dirent : Bénadad 
est votre frere. Et il leur répon- 
dit : Allez, et amenez-le-moi. Bé- 
nadad sortit donc vers Achab, qui 
le fit monter sur son char. 

34. Et Bénadad lui dit : Je vous 
rendrai les villes que mon pere a 
prises à votre pere; et faites-vous 
des places publiques dans Damas, 
comme s'en fit mon pere dans 
Samarie; et moi, ainsi allié, je 
me retirerai d'auprés de vous. 
Achab fit donc alliance, et le lais- 
sa aller. 

39. Alors un certain homme 
d'entre les fils des prophètes dit 
à son compagnon avec la parole 
du Seigneur : Frappe-moi. Mais 
comme celui-ci ne voulut pas le 
frapper, 


30. Dans une chambre, qui était dans sa chambre; c'est-à-dire dans un cabinet trés 
retiré. 

31. Des sacs. Voy. 1] Rois, 11 31. — Des cordes à nos têtes. La coutume de se 
mettre des cordes à la téte ou au cou, dans les disgráces, était anciennement com- 
mune parmi les Syriens, et méme parmi les Egyptiens. 

34. * Dans Damas. Voir plus haut, xi, 24. — Les places publiques qu'Achab demande 
à établir à Damas ne peuvent étre que des emplacements de bazars, oü les Israélites 
pussent s'établir pour faire le commerce. 

35. Les fils des prophètes; c'est-à-dire les disciples des prophètes. — Avec /a parole 
du Seigneur. Voy. chap. xut, 1. — Frappe-moi. Le prophète voulait paraître blessé 
devant Achab, afin de l'intéresser davantage par cette action symbolique, et de tirer 
plus facilement de sa bouche la confession de sa faute et sa propre condamnation. 


688 


36. Il lui dit : Parce que tu n'as 
pas voulu écouter la voix du Sei- 
gneur, tu t'éloigneras de moi, et 
le lion te tuera. Lorsqu'il fut un 
peu éloigné de lui, le lion le trou- 
va et le tua. 

37. Mais rencontrant aussi un 
autre homme, il lui dit : Frappe- 
moi. Get homme 16 frappa et le 
blessa. 

38. Le prophète s'en alla donc, 
et vint à la rencontre du roi dans 
la voie, et il changea, en y ré- 
pandant de la poussière, son vi- 
sage et ses yeux. 

39. Et lorsque le roi fut passé, 
il cria apres lui, et dit: Votre ser- 
viteur est sorti pour combattre 
de pres, et, comme un homme 
s'est enfui, quelqu'un me l'a ame- 
né, et a dit : Garde cet homme; 
et, s'il s'échappe, ton âme sera 
pour son âme, ou tu pèseras un 
talent d'argent. 

40. Mais tandis que moi, trou- 
blé, je me tournais ici et là, il a 
subitement disparu. Et le roi d'Is- 
raël lui dit : C'est ton jugement 
que Loi-méme tu as prononcé. 

41. Mais lui aussitôt essuya la 
poussiere de son visage, et le roi 


CHAP. XX. 42. Infra, xxr, 35. 


ΠῚ ROIS, 


xxi.]‏ .אס] 


d'Israél reconnut qu'il était du 
nombre des prophètes. 

42. IL dit au roi: Voici ce quo 
dit le Seigneur : Parce que tu as 
laissé échapper de ta main un 
homme digne de mort, ta vie se- 
ra pour sa vie, et ton peuple pour 
son peuple. 

43. Le roi d'Israël retourna 
donc en sa maison, dédaignant 
d'entendre, et, plein de fureur, il 
vint dans Samarie. 


CHAPITRE XXI. 


Naboth refuse de vendre sa vigne à Achab. 
Jézabel fait condamner Naboth à être 
lapidé. Elie fait de terribles menaces à 
Achab, et détourne de dessus lui les 
maux dont il était menacé. 


1. Or après ces événements, en 
ce même temps, Naboth, le Jezra- 
hélite, avait une vigne qui était 
dans Jezrahel, près du palais d'A- 
chab, roi de Samarie. 

2. Achab parla à Naboth, di- 
sant : Donne-moi ta vigne, afin 
que je me fasse un jardin po- 
tager, parce qu'elle est voisine, 
et je te donnerai en sa place 
une vigne meilleure, ou, 851 tu 
juges plus commode pour toi, le 


36. Le lion. C'est un lion connu, puisque le texte hébreu emploie l'article déter- 
minatif; probablement celui dont il a été déjà question au chap. xir, 24-26, 28. Cette 
punition semble bien sévére; mais n'est-elle pas suffisamment justifiée par le refus 
formel de ce prophète d'obéir à ce qu'il savait parfaitement être la volonté de Dieu ? 

39. Ton âme, etc. ; ta vie répondra pour la sienne. —* Tu pèseras un talent d'argent, 
8,500 francs. Il est dit : tu péseras, dans le sens de : £u paieras, parce que, l'argent 
n'étant pas monnayé, on le pesait. 

49. Un homme digne de mort; c'est-à-dire Bénadad. 


1. Une vigne qui, laquelle. Les éditions ordinaires de la Vulgate portent Jequel 
(Naboth); mais celle de Turin, que nous suivons, comme étant ]a seule approuvée 
par le Saint-Siège, lit conformément au contexte, laquelle. Nous exposerons dans 
notre grand commentaire les raisons qui militent en faveur de cette dernière leçon. 
— * Jezrahel, ville frontière d'Issachar, à l'extrémité orientale de la plaine d'Esdrelon, au 
nord d'Engannim, au sud de Sunem et de Naim. Par sa situation Jezrahel est la clef de 
la plaine du coté de l'est. 


[cu. xxi. 
prix en argent, selon ce qu'elle 
vaut. 

3. Naboth lui répondit : Que le 
Seigneur me soit propice, pour 
que je ne vous donne point l'hé- 
ritage de mes peres! 

4. Achab vint done en sa mai- 
son, indigné et frémissant, à 
cause dela parole que lui avait 
répondue Naboth, le Jezrahélite, 
disant:Je ne vous donnerai point 
l'héritage de mes pères. Et, se 
jetant sur son lit, il tourna sa face 
vers la muraille, et ne mangea 
point du pain. 

5. Mais Jézabel, sa femme, en- 
ira auprès de lui, et lui dit 
Qu'est-ce que cela? Pourquoi vo- 
tre âme est-elle contristée? et 
pourquoi ne mangez-vous point 
du pain? 

6. Il lui répondit : J'ai parlé à 
Naboth, le Jezrahélite, et je lui ai 
dit : Donue-moi ta vigne, en ac- 
ceptant de l'argent, ou si cela te 
plait, je te donnerai une vigne 
meiileure en sa place. Et lui m'a 
répondu : Je ne vous donnerai 
poiut ma vigne. 

7. Jézabel, sa femme, lui dit 
donc : Vous avez une grande au- 
Lorité et vous gouvernez bien le 
royaume d'Israél. Levez-vous et 
mangez du pain, et ayez l'esprit 
calme ; c'est moi qui vous donne- 
rai la vigne de Naboth, le Jezra- 
héiite. 

8. Cest pourquoi elle écrivit 
des lettres au nom d'Achab, et 
les scella de l'anueau du roi, et 


III ROIS. 


689 


elle les envoya aux anciens et 
aux grands qui étaienl dans la 
ville de Naboth, et habitaient avec 
lui. 

9. Orle sens de ces lettres était 
celui-ci : Publiez un jeüne, et fai- 
tes asseoir Naboth entre les pre- 
miers du peuple, 

10. Et subornez contre lui deux 
hommes, fils de Bélial, et qu'ils 
disent ce faux témoignage : Il 8 
blasphémé Dieu et le roi ; ensuite 
menez-le hors de /a ville, lapidez- 
le, et qu'ainsi il meure. 

11. Ses concitoyens donc, les 
anciens et les grands qui habi- 
taient avec lui dans la ville, firent 
comme leur avait ordonné Jéza- 
bel, et comme il était écrit dans la 
lettre qu'elle leur avait envoyée : 

12. Ils publièrent un jeûne, et 
firent asseoir Naboth entre les 
premiers du peuple. 

18. Et deux hommes, fils du 
diable, ayant été amenés, ils les 
firent asseoir en face de lui; mais 
ceux-ci, comme hommes diabo- 
liques, rendirent contre lui ce 
témoignage devant la multitude : 
Naboth a blasphémé Dieu etle roi. 
C'est pourquoi on l'amena hors 
de la ville, et on le lapida. 

14. Et ils envoyerent à Jézabel, 
disant : Naboth a été lapidé, et il 
est mort. 

15. Or il arriva que, lorsque Jé- 
zabel eut appris que Naboth avait 
été lapidé et qu'il était mort, elle 
dit à Achab : Levez-vous, et pre. 
nez possession de la vigne de Na- 


3. Que le Seigneur, etc., c'est-à-dire que le Seigneur me garde de donner, etc. 

4, 9, 1. On a déjà remarqué que manger du pain, dans la langue des Hébreux, signi- 
fiait simplement manger, prendre de la nourriture. 

10 Fils de Bélial; appelés un peu plus bas (vers. 13) fils du diable. Voy. Juges, xix, 
22, 0% Π Corinth., vi, 15. — Il a blasphémé; littér. il a béni; mais bénir sc dit souvent 


dans l'Ecriture par antiphrase. 


À, T. 


44 


090 IH ROIS. 


both, le Jezrahélite, qui n’a pas 
voulu se rendre à votre désir, ni 
vous la donner en acceptant de 
l'argent ; car Naboth ne vit plus, 
mais il est mort. 

16. Lorsque Achab eut appris 
cela, c'est-à-dire que Naboth était 
mort, il se leva, et 11 
dans la vigne de Naboth, le Jez- 
rahélite, pour en prendre posses- 
sion. 

11. La parole du Seigneur fut 
donc adressée à Elie, le Thesbite, 
disant : 

18. Leve-toi, et descends à la 
rencontre d'Achab, roi d'Israél, 
qui est dans Samarie : car voilà 
quil descend dans la vigne de 
Naboth pour en prendre posses- 
sion. 

19. Et tu lui parleras, disant : 
Voici ce que dit le Seigneur : Tu 
as tué, et de plus +0 88 pris pos- 
session. Et aprés cela, tu ajoute- 
ras : Voici ce que dit le Seigneur: 
En ce méme lieu dans lequel les 
chiens ont léché le sang de Na- 
both, ils lécheront aussi ton sang. 

20. Et Achab dit à Elie : Est-ce 
que tu m'as trouvé ton ennemi ? 
Elie lui répondit : Je vous ai trou- 
vé tel, parce que vous vous êtes 
vendu pour faire le mal en la 
présence du Seigneur. 

91. Voilà que j'amènerai des 
maux sur toi; je moissonnerai ta 
postérité, et je tuerai d'Achab ce- 
lui qui urine contre une muraille, 
celui qui est renfermé, et celui 
qui est le dernier dans Israél. 

29. Et je rendrai ta maison 


[cu. xxr.] 


comme la maison de Jéroboam, 
fils de Nabath, et comme la mai- 
son de Daasa, fils d'Ahia, parce 
que tu as agi de maniere à pro- 
voquer mon courroux , et que tu 
as fait pécher Israël. 

23. Mais le Seigneur a parlé 
aussi de Jézabel, disant : Les 
chiens mangeront Jézabel dans la 
campagne de Jezrahel. 

24. Si Achab meurt dans la 
ville, les chiens mangeront sa 
chair; et s'il meurt dans la cam- 
pagne, les oiseaux du ciel le man- 
geront. 

25. Ainsi, il n'y eut point un 
autre semblable à Achab, qui se 
vendit pour faire le mal en la 
présence du Seigneur; car Jéza- 
bel, sa femme, l'excita, 

26. Et il devint tellement abo- 
minable, qu'il suivait les idoles 
qu'avaient faites les Amorrhéens, 
que le Seigneur extermina à la 
face des enfants d'Israël. 

27. Cest pourquoi, lorsque 
Achab eut entendu ces paroles, il 
déchira ses vétements, couvrit 
sa chair d'un cilice, jeüna et dor- 
mit avec le sac, et marcha la téte 
baissée. 

28. Et la parole du Seigneur fut 
adressée à Elie, le Thesbite, di- 
sant : 

29. N'as-tu pas vu Achab humi- 
lié devant moi? Puis donc qu'il 
s'est humilié à cause de moi, je 
n'amenerai pas le malheur en ses 
jours, mais pendant les jours de 
son fils, je porterai le malheur 
dans sa maison. 


Cua». XXI. 19. Infra, xxi, 38. — 21. IV Rois, 1x, 8. — 22. Supra, xv, 29; Supra, xvr, 3. 
— 93. IV Rois, 1x, 36. — 29. IV Rois, 1x, 26. 


21. Voilà que, etc. Ce sont les paroles du Seigneur qu'Elie reprend. — Celui qui 
urine, etc. Voy. 1 Rois, xxv, 22. — Le dernier, des descendants d'Achab, 


"cH. ΧΧΠ.Ϊ 


CHAPITRE XXII. 


Achab et Josaphat se liguent contre les 
Syriens. Les faux prophétes d'Achab 
prédisent la victoire; Michée lui prédit 
sa mort. Achab meurt. Ochozias lui suc- 
cède. Josaphat meurt aussi, et Joram 
règne à sa place. 


1. Trois ans se passèrent donc 
sans guerre entre la Syrie et Is- 
raël. 

9. Mais, en la troisième année, 
Josaphat, roi de Juda, descen- 
dit vers le roi d'Israël. 

3. (Et le roi d'Israël dit à ses 
serviteurs : Ignorez-vous que la 
ville de Ramoth en Galaad est à 
nous, et nous négligeons de l'en- 
lever de la main du roi de Sy- 
rie?) 

4. Et il demanda à Josaphat : 
Viendrez-vous avec moi pour 
combattre contre Ramoth-Ga- 
laad ? 

ὃ. Et Josaphat répondit au roi 
d'Israël : Comme je suis, ainsi 
vous êtes vous-même mon 
peuple et votre peuple sont une 
seule chose, et ma cavalerie est 
votre cavalerie. Il dit encore au 
roi d'Israël : Consultez, je vous 
| prie, aujourd'hui la parole du 
J Seigneur. 

6. Le roi d'Israél assembla donc 
les prophétes, environ quatre 
cents hommes, et il leur dit : 
Dois-je aller combattre contre 


Car. XXII. 1. II Par., xvii, 1. 


III ROIS. 691 


Ramoth-Galaad, ou me tenir en 
repos? Ceux-ci lui répondirent : 
Montez, et le Seigneur la mettra 
dans la main du roi. 

7. Mais Josaphat lui demanda : 
N'y a-til pas ici quelque pro- 
phéte du Seigneur, afin que 
nous le consultions par lui? 

8. Et le roi d'Israël répondit à 
Josaphat : 1 est demeuré un 
homme par qui nous pouvons 
consulter le Seigneur; mais, 
moi, je le hais, parce qu'il ne me 
prophétise point du bien, mais 
du mal : c'est Michée, fils de 
Jemla. Josaphat lui dit : Ne par- 
lez pas ainsi, ὃ roi. 

9. Le roi d'Israël appela donc 
un certain eunuque, et lui dit : 
Háte-toi d'amener Michée, fils de 
Jemla. 

10. Mais le roi d'Israël et Josa- 
phat, roi de Juda, étaient assis 
chacun sur leur tróne, vétus avec 
une magnificence royale, dans 
une aire pres de la porte de Sa- 
marie, et tous les prophètes pro- 
phétisaient en leur présence. 

11. Sédécias, fils de Chanaana. 
se fit aussi des cornes de fer, et 
dit : Voici ce que dit le Seigneur: 
Tu agiteras la Syrie avec ces 
cornes, jusqu'à ce que tu l'aies 
détruite. 

12. Et tous les prophètes pro- 
phétisaient de méme, disant 
Montez contre Ramoth-Galaad, 


3. * Ramoth-Galaad. Voir Deutéronome, iv, 43. 
9. Comme je suis, etc., c'est-à-dire, je suis dans les mémes dispositions que vous; 


ma volonté est la vôtre. 


8. Ce Michée est différent de l'un des douze petits Prophètes, et qui ne vécut que 
longtemps aprés. C'était le seul prophéte du vrai Dieu qui füt resté à Samarie. Elie 
et Elisée demeuraient dans des solitudes et des lieux écartés avec leurs disciples. 

10. * Près de la porte de Samarie. Cette porte était située à l'ouest de la ville et 
dominait toute la plaine située au-dessous et la plaine de Saron jusqu'à la Méditerranée, 


693 ΠῚ ROIS. 


et marchez heureusement, et le 
Seigneur 18 mettra dans la main 
du roi. 

13. Or le messager qui était 
allé pour appeler Michée, lui 
parla, disant : Voilà que les pa- 
roles des prophètes prédisent 
unanimement au roi de bonnes 
choses : que votre parole soit 
done semblable à la leur, et dites 
de bonnes choses. 

14. Michée lui répondit : Le 
Seigneur vit! tout ce que m'aura 
dit le Seigneur, c'est ce que je 
dirai. 

15. Michée vint donc vers le 
roi, et le roi lui dit : Michée, de- 
vons-nous aller contre Ramoth- 
Galaad pour combattre, ou nous 
reposer? Celui-ci lui répondit : 
Montez, marchez heureusement, 
et le Seigneur la mettra dans la 
main du roi. 

16. Mais le roi lui dit : Je t'ad- 
jure de nouveau et encore de 
nouveau de ne me dire que ce 
qui est vrai, au nom du Seigneur. 

17. Alors il 101 dit : Jai vu 
tout Israël dispersé dans les 
montagnes, comme des brebis 
qui n'ont point de pasteur; et le 
Seigneur a dit : Ceux-ci n'ont pas 
de maitre; que chacun retourne 
dans sa maison en paix. 

18. (Le roi d'Israël dit donc à 
Josaphat : Ne vous ai-je pas dit 
quil ne me prophétise point du 
bien, mais du mal?) 

19. Mais Michée continuant, 
dit : C'est pourquoi écoutez la 
parole du Seigneur : J'ai vu le 


[cu. xxr.] 


Seigneur assis sur son tróne, et 
toute l'armée du ciel se tenant 
près de lui à droite et à gauche; 

20. Et le Seigneur a dit : Qui 
trompera Achab, roi d'Israël, 
afin quil monte et qu'il suc- 
combe à Ramoth-Galaad ? Et l'un 
dit de telles choses, et l'autre au- 
trement. 

21. Mais l'esprit malin sortit, 
et se tint devant le Seigneur, et 
dit : C'est moi qui le tromperai. 
Le Seigneur lui dit : En quoi? 

22. Et il répondit : Je sortirai, 
et je serai un esprit menteur 
dans la bouche de tous ses pro- 
phètes. Etle Seigneur dit : Tu le 
tromperas et tu prévaudras. Sors, 
et fais ainsi. 

23. Maintenant donc, voilà que 
le Seigneur a mis un esprit de 
mensonge dans la bouche de 
tous vos prophètes qui sont ici, 
et le Seigneur a prononcé contre 
vous malheur. 

24. Or Sédécias, fils de Cha- 
naana, s'approcha et frappa Mi- 
chée sur la joue, et dit : Est-ce 
donc moi que l'esprit du Sei- 
eneur ἃ quitté, et t'a-t-il parlé à 
toi? 

95. Et Michée dit : Vous le ver- 
rez au jour méme où vous ein- 
trerez dans une chambre, qui est 
dans une chambre, pour vous 
cacher. 

26. Alors le roi d'Israël dit: 
Prenez Michée, et qu'il demeure 
chez Amon, gouverneur de la 
ville, et chez Joas, fils d'Amélech, 

27. Et dites-leur : Voici ce que 


16. Au nom du Seigneur. D'autres rattachent ces mots à Je t'adjure. Le roi s'est 
apercu de l'ironie de Michée, c'est pourquoi il insiste si fortement pour obtenir une 


vraie prédiction. 


25. Qui est dans une chambre. Voy. chap. xx, 30. 


[cg. xxu.] 
dit le roi: Envoyez cet homme 
dans la prison, et sustentez-le 
d'un pain de tribulation et d'une 
eau d'angoisse, jusqu'à ce que je 
revienne en paix. 

28. Et Michée dit : Si vous re- 
venez en paix, le Seigneur n'a 
point parlé par moi. Et il ajouta: 
Peuples, tous {ant que vous êtes, 
écoutez. 

99. Le roi d'Israël monta donc, 
et Josaphat, roi de Juda, contre 
Ramoth-Galaad. 

30. C'est pourquoi le roi d'Ts- 
1861 dit à Josaphat: Prenez vos 
armes, entrez au combat, et re- 
vétez-vous de vos vêtements. 
Mais le roi d'Israél changea ses 
vétements, puis entra au com- 
bat. 

31. Or le roi de Syrie avait or- 
donné aux trente-deux comman- 
dants de ses chariots, disant : Ne 
combattez point contre un petit 
et un grand, quel quil soit, si 
ce n'est contre le roi d'Israël 
seul. 

32. Lors donc que les comman- 
dants des chariots eurent vu Jo- 
saphat, ils supposèrent que c'é- 
tait le roi d'Israél; et, se préci- 
pitant, ils combattaient contre 
lui; alors Josaphat jeta un grand 
cri; 

33. Et les commandants des 
chariots reconnurent que ce n’é- 
tait pas le roi d'Israël, et ils le 
laissèrent. 


38. Supra, xxr, 19. 


ΠῚ ROIS. 693 


34. Mais uu certain homme 
tendit son arc, tirant une fleche 
à laventure, et par hasard, il 
frappa le roi d'Israél entre le pou- 
mon et l'estomac. Mais le roi dit 
au conducteur de son char : 
Tourne ta main, et retire-moi de 
l'armée, parce que je suis grieve- 
ment blessé. 

35. Le combat fut donc engagé 
ce jour-là, et le roi d'Israël se 
tenait sur son char en face des 
Syriens, et il mourut vers le soir; 
orle sang de la plaie coulait dans 
l'intérieur du char. 

36. Et le héraut, avant que le 
soleil füt couché, sonna de la 
trompette dans toute l’armée, 
disant : Que chacun retourne en 
sa ville et en sa terre. 

37. Le roi mourut donc, et il 
fut porté à Samarie ; ainsi, on en- 
sevelit le roi à Samarie. 

98. Et on lava son char dans la 
piscine de Samarie, et les chiens 
léchèrent son sang, et on lava 
les rénes, selon la parole que le 
Seigneur avait dite. 

39. Mais le reste des actions 
d'Achab, et tout ce qu'il fit, la 
maison d'ivoire qu'il bátit, et 
toutes les villes qu'il construisit, 
n'est-ce pas écrit dans le Livre 
des actions des jours des rois 
d'Israël ? 

40. Achab dormit donc avecses 
pères, et Ochozias. son fils, ré- 
gna en sa place. 


———— € ὠ ἔ 


38. * Dans la piscine. 11 n'y avait pas de source dans la ville de Samarie, bâtie sur 
une hauteur, mais seulement une piscine. La fontaine de la ville était au bas de 8 


montagne au sud-est. 


39. Toutes les villes, est au génitif dans la Vulgate, comme complément du mot 
resle qui précède. — N'est-ce pas écrit, etc. Compar. chap. xi, 41. — * La maison 


d'ivowe, ornée intérieurement d'ivoire. 


694 III ROIS. 


41. Or Josaphat, fils d'Asa, avait 
commencé à régner sur Juda la 
quatrieme année d'Achab, roi 
d'Israél. 

42. 1] avait trente-cinq ans lors- 
quil commenca à régner, et il 
régna vingt-cinq ans dans Jéru- 
salem. Le nom de sa mère était 
Azuba, fille de Salai. 

43. Et il marcha dans toute la 
voie d'Aza son pere , et il ne s'en 
détourna point, et il fit ce qui 
était droit en la présence du Sei- 
gneur. 

44. Cependant il ne détruisit 
pas les hauts lieux ; car le peuple 
sacrifiait encore et brülait de l'en- 
cens sur les hauts lieux. 

45. Et Josaphat eut la paix avec 
le roi d'Israél. 

46. Mais le reste des actions de 
Josaphat, et ses œuvres qu'il fit, 
el ses combats, n'est-ce pas écrit 
dans le Livre des actions des jours 
des rois de Juda? 

47. Mais aussi les restes des 
efféminés qui étaient demeurés 
dans les jours d'Asa son pere, il 
les enleva de la terre. 

48. Et i1 ny avait point alors de 
roi établi dans Edom. 


[cH. xxn.] 


49. Or le roi Josaphat avait 
construit des flottes sur la mer, 
lesquelles firent voile vers Ophir, 
pour en apporter Vor ; et elles ne 
purent pas y aller, parce qu'elles 
furent brisées à Asiongaber. 

50. Alors Ochozias, fils d'Achab, 
dit à Josaphat : Que mes servi- 
teurs aillent sur les vaisseaux 
avec les vótres. Mais Josaphat ne 
voulut pas. 

51. Et Josaphat dormit avec ses 
pères, et il fut enseveli avec eux 
dans la cité de David, son père; 
et Joram, son fils, régna en sa 
place. 

89. Or Ochozias, fils d'Achab, 
avait commencé à régner sur Is- 
raël dans Samarie la dix-septième 
année de Josaphat, roi de Juda, 
et il régna deux ans sur Israël. 

53. Et il fit le mal en la pré- 
sence du Seigneur; il marcha 
dans la voie de son père et de 
sa mère, et dans la voie de Jéro- 
boam, fils de Nabath, qui fit pé- 
cher Israél. 

54. Il servit aussi Baal et l'ado- 
ra, et il irrita le Seigneur Dieu 
d'Israél, selon tout ce que son 
pere avait fait. 


4^. * Les hauts lieux. Voir la note sur Nombres, xxu, 41. 

41. Efféminés, c'est-à-dire prostitués. Voy. Deutér., xxi, 17. 

49. * A Asiongaber, port sur la mer Rouge, à l'extrémité septcat..onale du golfe 
Elanitique. — Ophir, pays de l'Inde, à l'embouchure de l'Indus. 

54. * Il servit aussi Baal. Sur Baal, voir la note sur Juqes, vi, 23. 


(cu. 1.] 


IV ROIS. 695 


IV ROIS 


CHAPITRE PREMIER. 


Moab secoue le joug d'Israél. Ochozias 
envoie consulter Béelzébub sur sa ma- 
ladie. Elie lui prédit qu'il mourra. Ce 
prince envoie des gens pour se saisir 
d'Elie. Mort d'Ochozias. Joram lui suc- 
cède. 


1. Or, après la mort d'Achab, 
Moab se révolta contre Israël. 

9. Et Ochozias tomba par la fe- 
nétre de sa chambre haute qu'il 
avait à Samarie, et il fut malade, 
et il envoya des messagers, leur 
disant : Allez, consultez Béelzé- 
bub, le dieu d'Accaron, pour sa- 
voir si je pourrai réchapper de 
cette maladie. 

3. Mais un ange du Seigneur 
parla à Elie, le Thesbite, disant : 
Lève-toi, et monte à la rencontre 
des messagers du roi de Samarie, 
et tu leurs diras : Est-ce qu'il n'y 
a pas un Dieu dans Israël, pour 
que vous alliez consulter Béelzé- 
bub, le dieu d'Accaron? 

4. C'est pourquoi voici ce que 
dit le Seigneur: Tu ne descendras 
point du lit sur lequel tu es mon- 
té; mais tu mourras de mort. Et 
Elie s'en alla. 

9. Et les messagers revinrent 
vers Ochozias. Il leur dit : Pour- 
quoi étes-vous revenus ? 

6. Mais eux lui répondirent : 
Un homme est venu à notre ren- 
contre, et nous a dit : Allez, et 


retournez vers le roi qui vous a 
envoyés, et vous lui direz : Voici 
ce que dit le Seigneur : Est-ce 
parce qu'il n'y a pas un Dieu dans 
Israél, que tu envoies pour que 
soit consulté Béelzébub, le dieu 
d’Accaron? C'est pourquoi tu ne 
descendras point du lit sur lequel 
tu es monté ; mais tu mourras de 
mort. 

7. Le roi leur demanda : Quelle 
figure et quel vétement a cet 
homme qui est venu à votre ren- 
contre, et qui vous a dit ces paro- 
les? 

8. Et ceux-ci lui répondirent : 
C'est un homme couvert de poil, 
et ceint sur les reins d'une cein- 
ture de peau. Le roi dit : C'est 
Elie, le Thesbite. 

9. Et il envoya vers lui un chef 
de cinquante so/dats, et les cin- 
quante soldats qui étaient sous 
lui. Ge chef monta vers Elie, et il 
lui dit pendant qu'il était sur le 
sommet dela montagne : Homme 
de Dieu, le roi commande que 
vous descendiez. 

10. Et répondant, Elie dit au 
chef des cinquante so/dats : Si je 
suis homme de Dieu, qu'il des- 
cende un feu du ciel, et qu'il te 
dévore, toi et tes cinquante. C'est 
pourquoiil descendit un feu du 
ciel, et il le dévora, lui et les cin- 
quante qui étaient avec lui. 

11. Et de nouveau le roi lui en- 


2. * Béelzébub, le Baal ou le dieu des mouches. Voir la note sur Juges, νι, 25. — 
Sur Samarie, voir la note sur 11] Rois, xvi, 24. — Accaron, l'uue des cinq grandes 
villes des Philistins, dans la plaine de la Séphéla, 


696 


voya un autre chef de cinquante 
soldats, et cinquante soldats avec 
lui. Celui-ci dit à Elie: Homme de 
Dieu, voici ce que dit le roi : Háte- 
toi, descends. 

19. Et répondant, Elie dit : Si 
moi je suis homme de Dieu, qu'il 
descende un feu du ciel, et qu'il 
(6 dévore, toi et tes cinquante. Il 
descendit donc un feu du ciel, et 
il le dévora, lui et ses cinquante. 

13. Il envoya encore un troi- 
sième chef de cinquante so/dats, 
etles cinquante soldats qui étaient 
avec lui. Celui-ci, étant venu de- 
vant Elie, fléchitles genoux, l'im- 
plora, et dit : Homme de Dieu, 
ne dédaignez point mon âme et 
les âmes de vos serviteurs qui 
sont avec moi. 

14. Voilà qu'il est descendu un 
feu du ciel, 61118 dévoré les deux 
premiers chefs de cinquante so/- 
dats et les cinquante so/dats qui 
étaient avec chacun d'eux ; mais 
maintenant je vous conjure d'a- 
voir pitié de mon âme. 

15. Orl'ange du Seigneur parla 
à Elie, disant: Descends avec lui, 
ne crains point. Il se leva donc, 
et descendit avec lui vers le roi, 

16. Et il lui dit: Voici ce que 
dit le Seigneur : Parce que tu as 
envoyé des messagers pour con- 
sulter Béelzébub, le dieu d'Acca- 


IV ROIS. 


[cn. 11.) 
ron, comme s'il n'y avait pas un 
Dieu dans Israël que tu pusses 
consulter, tu ne te lèveras point 
du lit sur lequel tu es monté, 
mais tu mourras de mort. 

17. Il mourut donc, selon 8 


parole du Seigneur qu'avait dite 


Elie. Et Joram, son frère, régna 
en sa place, la seconde année de 
Joram, fils de Josaphat, roi de 
Juda : car Ochozias n'avait point 
de fils. 

18. Mais le reste des actions 
qu'Ochozias a faites, n'est-il pas 
écrit dans le Livre des actions des 
jours des rois d'Israél? 


CHAPITRE II. 


Enlévement d'Elie. Ce prophéte promet 
à Elisée de lui communiquer son esprit; 
il lui laisse son manteau. Elie sépare 
les eaux du Jourdain, et rend saines 
celles de Jéricho. Quarante entants sonb 
dévorés pour s'étre moqués de ce pro- 
phéte. 


1. Or il arriva, lorsque le Sei- 
gneur voulut enlever Elie au ciel 
dans le tourbillon, qu'Elie et Eli- 
sée sortaient de Galgala. 

2. Et Elie dit à Elisée : Demeure 
ici, parce que le Seigneur m'a 
envoyé jusqu'à Béthel. Elisée lui 
répondit : Le Seigneur vit, et vo- 
tre àme vit! je ne vous abandon- 
nerai pas. 118 allérent donc à Βό- 
thel, 


11. Régna ; commença à régner. — La seconde année de Joram. Pour concilier cette 
date avec celle qu on lit au ch. rir, 1, il faut ou admettre une faute de copiste, ou 
supposer que, suivant un usage consacré non seulement parmi les Hébreux, mais 
parmi plusieurs autres peuples de l'Orient, Josaphat s'était associé son fils Joram, 
et qu'il l'avait fait la seizieme année de scn règne. Dans cette hypothèse, en effet, 
sa dix-huitiéme année était réellement la deuxième de son fils. Ajoutons qu'il parait 
probable, par quelques circonstances rapportées ci-aprés, que cette association eut 
effectivement lieu. 


1. Le tourbillon. C'est ainsi que porte l'hébreu et ici et au verset 11. Ce qui in- 
dique un tourbilion particulier qui n'était pas entierement inconnu. — * De Galgala, 
eu sud-ouest de Silo. 

2. Le Seigneur vit, etc. Voy. Juges, vur, 19. — * Béthel. Voir Genese, xu, 8. 


[cu. n.] 


3. Et les enfants des prophètes 
qui étaient à Béthel sortirent vers 
Elisée, et lui dirent : Ne sais-tu 
pas qu'aujourd'hui le Seigneur 
t’'enlèvera ton maître? Elisée ré- 
pondit : Je le sais; gardez le si- 
lence. 

4. Elie dit encore à Elisée : De- 
meure ici, parce que le Seigneur 
m'a envoyé à Jéricho. Et celui-ci 
répondit : LeSeigneur vitet votre 
âme vit! je ne vous abandonne- 
rai pas. Or lorsqu'ils furent arri- 
vés à Jéricho, 

5. Les fils des prophètes qui 
élaient à Jéricho s'approcherent 
d'Elisée, et lui dirent : Ne sais-tu 
pas que le Seigneur aujourd'hui 
t'enlevera ton maitre? 1] leur ré- 
pondit : Je le sais; gardez le si- 
lence. 

6. Mais Elie dit à Elisée : De- 
meure ici, parce que le Seigneur 
m'a envoyé jusqu'au Jourdain. 
Elisée lui répondit : Le Seigneur 
vit et votre àme vit! je ne vous 
abandonnerai point. Ils allèrent 
donc tous deux ensemble, 

7. Et cinquante hommes des 
fils des prophètes les suivirent, 
lesquels s'arréterent vis-à-vis 
d'eux au loin; mais eux étaient 
tous deux debout sur le Jourdain. 

8. Alors Elie prit son manteau 
et le plia, et frappa les eaux, qui 
se diviserent d'un cóté et de l'au- 
tre, et ils passèrent tous deux à 
sec. 

9. Et lorsqu'ils eurent passé, 
Elie dit à Elisée : Demande-moi 
ce que tu veux que je fasse pour 
toi, avant que je sois enlevé d'au- 


IV ROIS. 


697 


pres de to1. Et Elisée dit : Je de- 
mande avec instance que votre 
double esprit passe en moi. 

10. Elie répondit : C'est une 
chose difficile que tu m'as deman- 


dée. Cependant, si tu me vois 


lorsque je serai enlevé d'aupres 
de toi, tu auras ce que tu as de- 
mandé; mais,si tu ne me vois 
pas, tu ne l'auras point. 

11. Et, lorsqu'ils poursuivaient 
leur chemin,et que marchant, ils 
s'entretenaient, voilà un char de 
feu et des chevaux de feu qui les 
séparèrent l'un de l'autre; et Elie 
monta au ciel dans le tourbillon. 

12. Or Elisée le voyait et criait : 
Mon pere, mon pere, vous le char 
d'Israél et son conducteur. Apres 
cela il nele vit plus; et il prit ses 
vêtements et les déchira en deux 
parts. 

13. Et il ramassa le manteau 
d'Elie qui était tombé pour lui; et 
revenu, il s'arréta sur la rive du 
Jourdain, 

14. Et avec le manteau d'Elie 
qui était tombé pour lui, il frappa 
les eaux, et elles ne furent point 
divisées. Alors il dit: Oü est le 
Dieu d'Elie maintenant? Et il frap- 
pa les eaux, et elles se partage- 
rent d'un cóté et de l'autre, et Eli- 
sée passa. 

15. Voyant cela, les fils des pro- 
phètes qui étaient à Jéricho, vis- 
à-vis, dirent : L'esprit d'Elie s'est 
reposé sur Elisée. Et, venant à 
sa rencontre, ils se prosternèrent, 
inclinés vers la terre, 

16. Et ils lui dirent : Voilà qu'a- 
vec tes serviteurs sont cinquante 


Cnar. 11. 11. Eccli., xtvnr, 13; 1 Mac., ,זז‎ 58. 


— M  — a t 


4. * A Jéricho. Voir la note sur Josué, νι, 1. 
5. Les fils des prophètes; c'est-à-dire les disciples des prophètes. 


698 


hommes forts qui peuvent aller 
et chercher ton maitre : car peut- 
être que l'Esprit du Seigneur l'au- 
ra enlevé et jeté quelque partsur 
une des montagnes ou dans une 
des vallées. Elisée répondit 
N'envoyez point. 

17. Mais ils le pressèrent jus- 
qu'à ce qu'il consentit et qu'il 
dit : Envoyez. [15 envoyerent 
donc cinquante hommes, qui, 
l'ayant cherché pendant trois 
jours, ne le trouvèrent point. 

18. Et ils revinrent vers Eli- 
sée, qui habitait à Jéricho, et il 
leur dit: Ne vous avais-je pas 
dit : N'envoyez point? 

19. Les hommes de la ville 
dirent aussi à Elisée : Voilà que 
l'habitation de cette ville est 
excellente, comme vous-méme, 
seigneur, le voyez; mais les 
eaux sont tres mauvaises, et la 
terre stérile. 

90. Et Elisée répondit : Appor- 
tez-moi un vase neuf, et mettez-y 
dusel. Lorsqu'ilsl'eurent apporté, 

91. Etant sorti vers la fontaine, 
il jeta le sel dans l'eau, et dit : 
Voici ce que dit le Seigneur : J'ai 
rendu ces eaux saines, et il n'y 
aura plus en elles de mort ni de 
stérilité. 

29, Ces eaux donc ont été 
saines jusqu'à ce jour, selon la 
parole qu'Elisée dit. 


IV ROIS. 


[cir. ur.] 


23. Or il monta de là à Béthel ; 
et, lorsqu'il montait par la voie, 
de petits enfants sortirent de la 
ville et le raillaient, disant 
Monte, chauve; monte, chauve. 

24. Lorsqu' Elisée eut regardé, 
il les vit, et les maudit au nom 
du Seigneur; et deux ours sor- 
tirent du bois, et déchirèrent 
quarante-deux de ces enfants. 

95. Elisée s'en alla ensuite sur 
la montagne du Carmel, et de là 
il revint à Samarie. | 


CHAPITRE TII. 


Le roi de Moab refuse de payer le tribut 
au roi d'Israél. Ce prince marche contre 
lui avec le roi de Juda et celui d'Edom. 
Elisée délivre leur armée prés de mou- 
rir de soif. Les Moabites sont vaincus. 


1. Or, Joram, fils d'Achab, ré- 
gna sur Israël dans Samarie, la 
dix-huitieme année de Josaphat, 
roi de Juda; et il régna douze 
ans. 

9. Et il fit le mal devant le Sei- 
gneur, mais non comme son pere 
et sa mère, car il détruisit les 
statues de Baal qu'avait faites 
son pere. 

9. Cependant il resta attaché 
aux péchés de Jéroboam, fils de 
Nabath, qui avait fait pécher Is- 
raël, et il ne s'en éloigna point. 

4. Or Mésa, roi de Moab, nour- 
rissait des troupeaux nombreux, 


19-92. * La fontaine d'Elisée est trés abondante et sort au pied de la montagne de 
la Quarantaine. 

93. * Il monta de là à Béthel. On se rend directement de Jéricho à Béthel par la 
montagne de la Quarantaine. 

9. * Les statues de Baal. Sur le dieu Baal, voir la note sur Juges, vi, 25. Dans les 
sanctuaires qui lui étaient consacrés, Baal était représenté par une pierre ou un 
morceau de bois conique, consacré au soleil, Ezéchiel, xvi, 17; IV Rois, x, 26. On 
le voit figuré sous cette forme sur certaines monnaies romaines de l'époque im- 
périale. 

4. * Mésa, roi de Moa, a laissé uue stèle retrouvée en 1869 prés de Dibou dans 
laquelle il raconte une partie de ses guerres avec les Israélites. 


"CH. [,זז1‎ 
et payait au roi d'Israël cent 
mille agneaux et cent mille bé- 
liers avec leurs toisons. 

5. Mais, lorsqu'Achab fut mort, 
il rompit le traité qu'il avait fait 
avec le roi d'Israél. 

6. Le roi Joram sortit donc en 
ce jour-là de Samarie, et il re- 
censa tout Israël. 

1. Et il envoya à Josaphat, roi 


de Juda, disant : Le roi de Moab. 


s'est retiré de moi; venez avec 
moi pour combattre contre lui. 
Josaphat répondit : Je monterai : 
qui est à moi est à vous; mon 
peuple est votre peuple, et mes 
chevaux, vos chevaux. 

8. 11 ajouta : Par quel chemin 
monterons-nous? Et Joram ré- 
pondit : Par le désert d'Idumée. 

9. Le roi d'Israél et le roi de 
Juda et le roi dEdom marchèrent 
donc, et ils firent des circuits 
dans le chemin durant sept 
jours : et il n'y avait point d'eau 
pour l'armée, et pour les bétes 
qui les suivaient. 

10. Alors le roi d'Israël dit : 
Hélas! hélas! hélas! le Seigneur 
nous a assemblés, trois rois, 
pour nous livrer entre les mains 
de Moab. 

11. Et Josaphat demanda : Y a- 
t-il ici un prophète du Seigneur, 
afin que nous implorions le Sei- 
gneur par lui? Et un des servi- 
teurs du roi d'Israél répondit : Il 
y ἃ ici Elisée, fils de Saphat, qui 
versait de l’eau sur les mains 
d' Elie. 


IV ROIS. 


699 


19. Et Josaphat dit: La parole 
du Seigneur est en lui. Et le roi 
d'Israél descendit vers lui, ainsi 
que Josaphat, roi de Juda, et le 
roi d'Edom. 

13. Or Elisée dit au roi d'Is- 
raël : Qu'importe à moi et à 
vous? Allez aux prophètes de 
votre pere et de votre mère. Et 
le roi d'Israél lui dit: Pourquoi 
le Seigneur a-t-il assemblé ces 
irois rois pour les livrer entre 
les mains de Joab? 

14. Et Elisée lui dit : 1 vit, le 
Seigneur des armées, en la pré- 
sence duquel je suis! si je ne 
respectais la personne de Josa- 
phat, roi de Juda, je n'aurais pas 
même fait attention à vous, et je 
ne vous aurais pas regardé. 

15. Mais maintenant amenez- 
moi un joueur de psaltérion. Et 
pendant que le joueur de psai- 
térion chantait, la main du Sei- 
gneur fut sur Elisée, et il dit : 

16. Voici ce que dit le Sei- 
gneur : Faites dulit de ce torrent 
des fosses et des fosses. 

17. Car voici ce que dit le Sei- 
gneur : Vous ne verrez pas de 
vent,ni de pluie, et ce lit sera 
rempli d'eau, et vous boirez, 
vous, et vos familles et vos bétes. 

18. Et ceci est peu aux yeux du 
Seigneur : de plus,il livrera les 
Moabites entre vos maius. 

19. Et vous attaquerez vive- 
ment toute cité fortifiée, toute 
ville importante; vous couperez 
par le pied tout arbre fruitier; 


8. * Par le désert d'Idumée. On pouvait se rendve dans le pays de Moab par deux 
routes. La. premiere passait au nord de la mer Morte; on traversait le Jourdain 
à gué; la seconde passait au sud de la mer Morte par l'Idumée. C'est cette dernière 


que prennent les rois alliés. 


14. Si je ne respectais, etc.; littér. Si je ne rougissais du visage, etc. 


100 


vous boucherez toutes les sour- 
ces d'eaux; et tout champ le plus 
fertile, vous le couvrirez de 
pierres. 

20. Il arriva donc le matin, 
quand on a coutume d'offrir le 
sacrifice, que des eaux venaient 
sur la voie d'Edom, et la terre fut 
remplie d'eaux. 

91. Or tous les Moabites, ap- 
prenant que les rois étaient mon- 
tés pour combattre contre eux, 
convoquerent tous ceux qui 
étaient ceints par-dessus d'un 
baudrier, et ils se tinrent sur les 
frontieres. 

99, Et, se levant de grand ma- 
tin, et le soleil paraissant déjà 
vis-à-vis des eaux, les Moabites 
virent à l'opposite les eaux rou- 
ges comme le sang; 

93. Et ils dirent : C'est le sang 
du glaive; les rois se sont battus 
l'un contre l'autre, et ils se sont 
taillés en pièces mutuellement : 
maintenant, va au butin, Moab. 

24. Et ils marchèrent vers le 
camp d'Israël; mais Israël, se 
levant, battit Moab, et Moab s’en- 
fuit devant Israël. Ils vinrent 
donc ceux qui avaient vaincu, et 
ils battirent Moab; 

95. Ils détruisirent les villes, 
et jetant chacun leur pierre, ils 
remplirent tout champ le plus 
fertile; ils bouchèrent toutes les 
sources d'eaux, couperent par le 
pied tous les arbres fruitiers, en 
sorte qu'il ne resta que les mu- 
railles faites d'argile; la ville fut 
investie par les frondeurs, et en 
grande partie, abattue. 

96. Lorsque le roi de Moab eut 
vu cela, c'est-à-dire que les en- 


IV ROIS. 


Len. 1v.) 


nemis avaient prévalu, il prit 
avec lui sept cents hommes ti- 
rant 16266 pour qu'ils se jetas- 
sent sur le roi d'Edom ; mais ils 
ne le purent pas. 

97. Et alors, saisissant son fils 
le premier-né qui devait régner 
après lui, 11 l'offrit en holo- 
causte sur 16 mur, et il y eut une 
grande indignation parmi les 
enfants d'Israél; et aussitót ils 
se retirerent de lui, et ils retour- 
nerentenleurterre. = 


CHAPITRE IV. 


Elisée augmente l'huile d'une pauvre 
femme. 11 obtient de Dieu un enfant à 
une pauvre Sunamite : cet enfant meurt, 
et il ressuscite. Il adoucit l'amertume 
de quelques herbes, et rassasie cent 
personnes avec quelques pains. 


1. Orune certaine femme d'en- 
tre les femmes des prophètes 
criait à Elisée, disant : Ton servi- 
teur, mon mari, est mort; et toi, 
tu sais que ton serviteur fut crai- 
gnant le Seigneur : et voilà qu'un 
créancier vient, afin de prendre 
mes deux fils pour le servir. 

9. Elisée lui dit : Que veux-tu 
que je fasse pour toi? Dis-moi, 
qu'as-tu dans ta maison? Et elle 
répondit: Je n'ai, moi taservante, 
dansma maison qu'un peu d'huile 
dont je m'oins. 

3. 11 lui dit : Va, emprunte de 
tes voisines un grand nombre de 
vases vides, 

4. Puisrentre, etferme ta porte, 
lorsque tu seras dedans, toi et tes 
fils; verse decette huile danstous 
ces vases; el quand ils seront 
pleins, tu les emporteras. 

5. C'est pourquoi cette femme 


a ——— 
21. Qui élaient ceints, elc.; c'est-à-dire qui portaient les armes. 


[cn. 1v.] 
s'en alla et ferma la porte sur 
elle et sur ses fils; ceux-ci lui pré- 
sentaient les vases, et elle y ver- 
sait "huile. 

6. Et lorsque les vases furent 
pleins, elle dit à son fils : Apporte- 
moi encore un vase, Et il lui ré- 
pondit : Je n'en ai point. Et l'huile 
s'arréta. 

7. Or cette femme vint et ra- 
conta éout à l'homme de Dieu. Et 
lui : Va, dit-il, vends l'huile, et 
rends à ton créancier ce qui lui 
est dû; mais toi et tes fils, vivez 
avec le reste. 

8. Or un certain jour arriva, et 
Elisée passait par Sunam: or il y 
avait là une femme considérable, 
laquelle le retint pour qu'il man- 
₪68 du pain ; et comme il passait 
souvent par là, il allait loger chez 
elle pour manger du pain. 

9. Cette femme dit à son mari : 
Je m'apercois que c'est un saint, 
cel homme de Dieu qui passe par 
chez nous fréquemment. 

10. Faisons-iui donc une petite 
chambre, et mettons-y ט‎ 116, une 
table, un siége et un chandelier, 
afin que, lorsqu'il viendra chez 
nous, il demeure là. 

41. Uncertain jour arriva donc, 
et Elisée venant, alla loger en 
cette chambre et s'y reposa. 

19. Et il dit à Giézi, son servi- 
leur : Appelle cette Sunamite. 
Lorsque Giézi l'eut appelée, et 
qu'elle se tenait devant lui, 

13. 11 dit à son serviteur : Dis- 
lui : Voilà que tu nous as servis 
soigneusement; que veux-tu que 


IV ROIS, 704 


je fasse pour toi? As-tu quelque 
affaire, et veux-tu que je parle au 
roi ou au prince de la milice? Elle 
lui répondit : J'habite au milieu 
de mon peuple. 

14. IL dit encore : Que veut-elle 
donc que je fasse pour elle? Et 
Giézi répondit : Ne cherchez pas; 
car elle n'a point de fils, et son 
mari est vieux. 

15. C'est pourquoi ii ordonna 
del'appeler; et lorsqu'elle eut été 
appelée, et qu'elle se tenait de- 
vant la porte, 

16. Il lui dit : Dans ce temps et 
à cette méme heure, si tu vis en- 
core, tu auras en ton sein un fils. 
Mais elle répondit : Non, je te prie, 
mon seigneur, homme de Dieu, 
non, ne ments pas à ta servante. 

17. Et cette femme concut, et 
elle enfania un fils dans le temps 
etàla méme heure qu'Eliséeavait 
dit. 

18. Orl'enfant grandit; etcom- 
me il arriva un certain jour qu'il 
était sorli vers son pere, vers les 
moissonneurs, 

19. Il dit à son père : J'ai mal 
à la tête, j'ai mal à la téte. Celui- 
ci dit à son serviteur : l'reuds cet 
enfant, et conduis-le à sa mère. 

20. Lorsque le serviteur l'eut 
pris et l'eut conduit à sa mère, 
celle-ci le mitsur ses genoux jus- 
qu'à midi, et il mourut. 

21. Or elle monta et le placa 
sur le lit de l'homme de Dieu, et 
elle ferma la porte; et, étant sor- 
tie, 

22. Elle appela son mari, et dit : 


13. J'habite au milieu de mon peuple ; je vis tranquille au milieu des miens; je suis 
contente de ma situation; par conséquent je n'ai besoin d'aucune recommandation 


auprès du roi. 


19. * J'ai mal à (a téle. Il avait dà ètre frappé d'une insolation.,. 


102 IV ROIS. 


Envoie avec moi, je te conjure, 
un de tes serviteurs etuneânesse, 
pour que je coure jusqu'à l'hom- 
me de Dieu, et je reviendrai. 

23. Son mari lui demanda : Pour 
quel motif vas-tu vers lui? Au- 
jourd'hui ce ne sont point des ca- 
lendes ni un sabbat. Elle répon- 
dit : J'irai. 

24. Et elle sella l’ânesse, et 
ordonna à son serviteur : Con- 
duis, et hâte-toi, ne me retarde 
point en allant, et fais ce que je 
t'ordonne. 

25. Elle partit donc, et vint vers 
l'homme de Dieusurla montagne 
du Carmel; et lorsque l'homme 
de Dieu l'eut vue en face de lui, 
il dit à Giézi son serviteur: Voilà 
cette Sunamite. 

20. Va donc à sa rencontre, et 
dis-lui : Tout va-t-il bien pour 
vous, pour votre mari et pour 
votre fils? Elle répondit : Bien. 

97. Et, lorsqu'elle fut venue 
vers l'homme de Dieu surlamon- 
tagne, elle saisit ses pieds, et Gié- 
zi s’'approcha pour l'écarter. Mais 
l'homme de Dieu dit : Laissez-la: 
car son àme est dans l'amertume, 
et le Seigneur me l'a caché et ne 
me l'a point fait connaitre. 

98. Cette femme lui dit : Ai-je 
demandé un fils à mon seigneur? 
Ne l'ai-je pas dit : Ne me trompe 
point? 

29. Elisée dit à Giézi : Ceins tes 
reins, et prends mon báton en ta 
main, et va. Si un homme te ren- 
contre, ne le salue point; et si 
quelqu'un te salue, nelui réponds 


[ci. 1v.] 


point, et mets mon bâton sur la 
face de l'enfant. 

30. Or la mere de l'enfant dit : 
Le Seigneur vit et ton àme vit! Je 
ne te quitterai point. Il se leva 
donc et la suivit. 

31. Or Giézi était allé devant 
eux, et il avait mis le bâton d'Eli- 
sée sur la face de l'enfant; mais 
il n'y avait en lui ni parole ni sen- 
timent. Aussi il retourna à la ren- 
contre de son maitre, et il le lui 
annonça, disant : L'enfant ne s'est 
pas levé. 

32. Elisée entra donc dans la 
maison, et voilà que l'enfant mort 
gisait sur son lit. 

93. Et étant entré, il ferma la 
porte sur lui et sur l'enfant, et 
adressa des prières au Seigneur. 

34. Puis il monta sur le lit et 
se coucha sur l'enfant; et il mit 
sa bouche sursa bouche, ses yeux 
sur ses yeux, et ses mains sur ses 
mains; et il se courba sur lui, et 
la chair de l'enfant fut échauffée. 

35. Or étant revenu du lit, il se 
promena dans la maison une fois 
ici et une fois là, et il monta et 
se coucha sur l'enfant; et l'enfant 
281118 56711018 6611 ouvritles yeux. 

36. Cependant Elisée appela 
Giézi, et lui dit : Appelle cette 
Sunamite. Elle ayant été appelée, 
entra auprès d'flisée, et Elisée 
dit : Emmène ton fils. 

37. Cette femme vint, et se jeta 
àses pieds, et se prosterna jus- 
qu'à terre; et elle prit son fils et 
sorlit. 

98. Et Elisée retourna à Galga- 


23. * Des calendes, de la nouvelle lune. Le jour de la nouvelle lune était sauctifió 
par les 1578611168 d'après les prescriptions de la loi. 
38. Les fils des prophèles; c'est-à-dire les disciples des prophètes, — * À Galgala, 


au sud-ouest de Silo. 


(cu. v.] 
la. Or la famine était sur laterre, 
et les fils des prophètes habi- 
taient auprès de lui; il dit donc à 
l'un de ses serviteurs : Prends la 
grande marmite, et fait cuire un 
mets pour les fils des prophètes. 

39. Et l'un d'eux sortit dans la 
campagne pour cueillir des her- 
bes des champs; et il trouva 
comme une vigne sauvage, et il 
en cueillit des coloquintes sauva- 
ges, et il remplit son manteau ; 
et, étant revenu, il les coupa par 
morceaux dans la marmite pour 
le mets; car il ne savait ce que 
c'était. 

40. Il les versa ensuite de la 
marmite pour les serviteurs d'E- 
lisée ; mais lorsqu'ils eurent goü- 
16 de ce meis, ils crierent, disant : 
La mort est dans la marmite, 
homme de Dieu. Et ils ne purent 
manger. 

41. Mais Elisée : Apportez, dit- 
il, de la farine. Et lorsqu'ils en 
eurent apporté, il 18 mit dans la 
marmite , et dit : Versez-en pour 
la troupe, afin qu'ils en mangent. 
Et il n'y eut plus aucune amertu- 
me dans la marmile. 

49. Or un certain homme vint 
de Baalsalisa, portant à l'homme 


IV ROIS. 703 


de Dieu des pains des prémices, 
vingt pains d'orge et du blé nou- 
veau dans sa besace. Elisée dit à 
son serviteur : Donne au peuple, 
afin qu'il mange. 

43. Et son serviteur lui répon- 
dit : Qu'est-ce que cela pour que 
jeleserve àcent hommes? Elisée 
dit de nouveau: Donne au peu- 
ple, afin qu'il mange; car voici 
ce que dit le Seigneur : Ils man- 
geront, et il en restera. 

44. Il mit done Jes pains devant 
eux, et ils mangèrent, et il en 
resta, selonla parole duSeigneur. 


CHAPITRE V. 


Naaman est guéri de la lèpre par 16 pro- 
phéte Elisée. Giézi est frappé de cette 
maladie pour avoir recu des présents 
de Naaman. 


1. Naaman, prince de la milice 
du roi de Syrie, était un homme 
puissant auprès de son maitre et 
honoré ; car c'est par lui que le 
Seigneur avait sauvé la Syrie : 
or il était vaillant et riche, mais 
lépreux. 

2. Cependant des voleurs 
étaient sortis de Syrie, etavaient 
emmené captive de la terre d'Is- 
raél une petite fille qui était au 


39. * La coloquinte produit des fruits de la grosseur d'une orange. C'est un violent 
purgatif. 
42. * Baalsalisa, dans le district de Salisa, prés de Galgala, aujourd'hui Djildjilia. 


1. * Naaman, prince de la milice du roi de Syrie, Bénadad. Il habitait Damas, et, 
d'aprés l'historien Joséphe, c'était lui qui avait tué le roi Achab d'Israel par une 
flèche tirée au hasard, 11] Rois, xxit, 34. Son souvenir est toujours vivant à Damas. 
> D'après la tradition, la maison même qu'il habitait est aujourd'hui un hôpital de 
lépreux. Nous avons visité, dit le Dr Guibout, cette antique maison de Naaman, 
devenue, pour consacrer le souvenir de sa guérison miraculeuse, une léproserie. 
Nous y avons vu une douzaine de malheureuses femmes, défigurées par cette horrible 
maladie: le visage monstrueusement difforme, le front, les paupières, le nez, les 
lèvres, les joues d'un développement énorme, d'une épaisseur hideuse, d'une teinte 
violacée et sanieuse repoussante. Telle est la lépre tuberculeuse, hypertrophique et 
ulcéreuse, à marche lente, désorganisant l'économie, incurable et mortelle. Tel était, 
sans doute, l'état de Naaman, quand Elisée le guérit. » (Jérusolem, Le Caire, 
Damas, 1889, p. 293). 


704 


service de la femme de Naaman. 

3. Celle-ci dit à sa maitresse : 
Plût à Dieu que mon seigneur 
füt allé vers le prophète qui est à 
Samarie ! assurément, il l'aurait 
guéri de la lèpre qu’il a. 

4. C'est pourquoi Naaman entra 
auprès de son maître, et lui dit : 
Ainsi et ainsi a parlé une fille de 
la terre d'Israél. 

ὃ. Et le roi de Syrie lui dit : Va, 
et jenverrai une lettre au roi 
d'Israël. Lorsque Naaman fut 
parti, et qu'il eut pris aveclui dix 
talents d'argent, six mille sicles 
d'or et dix rechanges de véte- 
ments, 

6. Il porta au roi d'sraél 8 
lettre du roi de Syrie en ces 
termes : Lorsque vous recevrez 
cette lettre, sachez que je vous 
envoie Naaman, mon serviteur, 
afin que vous le guérissiez de sa 
lèpre. 

7. Et lorsque 16 roi d'Israël eut 
lu la lettre, il déchira ses véte- 
ments, et dit : Suis-je Dieu, moi, 
pour que je puisse tuer et faire 
vivre, puisque ce roi envoie vers 
moi, afin que je guérisse un 
homme de sa lèpre ? Remarquez 


IV ROIS. 


[cu. v.) 


et voyez quil cherche des occa- 
sions contre moi. 

8. Lorsque Elisée, l'homme de 
Dieu, eut appris cela, c'est-à-dire 
que le roi d'Israël avait déchiré 
ses vêlements, il envoya vers lui, 
disant : Pourquoi avez-vous dé- 
chiré vos vêtements? Qu'il vien- 
ne à moi, et qu'il sache qu'il y a 
un prophète dans Israël. 

9. Naaman vint donc avec ses 
chevaux et ses chars, et se tint à 
la porte dela maison d'Elisée. 

10. Et Elisée lui envoya un mes- 
sager, disant : Va, et lave-toi sept 
fois dans le Jourdain, et ta chair 
sera guérie, et tu deviendras net. 

11. Naaman irrité se retirait, 
disant : Je croyais qu'il sortirait 
vers moi, et que, se tenant de- 
bout, il invoquerait le nom du 
Seigneur son Dieu, qu'il touche- 
rait de sa main l'endroit de la le- 
pre et me guérirait. 

12. Est-ce qu'Abanà et Phar- 
phar, fleuves de Damas, ne sont 
pas meilleurs que toutes les eaux 
d'Israël, pour que je m'y lave et 
que je devienne net? Comme 
done il s'était tourné, et qu'il s'en 
allait indigné, 


5. Le {alent d'argent valait à peu prés 4,414 fr. 50; et le sicle d'or environ 10 fr. 51. 
— Dix rechanges de vélemenls ; ou dix vélements de rechange; c'est-à-dire dix tuniques 
et dix manteaux; car les vétements ordinaires étaient la tunique et le manteau. 
(Compar. Juges, xiv, 12). La coutume des Orientaux, de ne point porter des habits 
justes au corps, permettait d'en offrir méme à des personnes qu'on ne connaissait pas. 

12. * Abana et Pharphar. « Quelques-uns croient que l'Abana est l'Oronte; d'autres 
que c'est le Chrysorrhoas des Grecs et le Barrada des Musulmans. Des savants non 
moins estimables pensent devoir appliquer la dernière de ces dénominations au 
Pharphar. Peut-être ne serait-il pas déraisonnable de conjecturer que le Pharphar 
et l'Abana ne sont que deux branches d'un méme fleuve. Quoi qu'il en soit de ces 
opinions, c'est surtout au Barrada que Damas doit la beauté et la fertilité de sa 
plaine. Sa source est au mont Liban. 11 se divise aujourd'hui en sept branches : ce 
sont autant de rivières! qui arrosent les jardius du dehors, pénètrent par divers 
canaux dans ceux de l'intérieur, fournissent de l'eau aux bains qui sont en grand 
nombre, aux fontaines publiques, aux bassins, au chàteau-fort, se réunissent ensuite 
à peu de distance de Damas, coulent en un seul fleuve peudant quelques lieues et 
vont se perdre dans un grand lac que les Arabes appellent Behairat-el-Mardi, la mer 
du Pré. » (DE Ginams.) 


[cu. v.) 

18. Ses serviteurs s’approchè- 
rent de lui, et lui dirent : Père, 
quand même le prophète vous 
aurait dit une chose importante, 
vous auriez dû certainement la 
faire; combien plus lorsqu'il vous 
a dit maintenant : Lave-toi, et tu 
deviendras net. 

14. Il descendit et se lava dans 
le Jourdain, sept fois, selon la 
parole de l'homme de Dieu, et sa 
chair fut rendue comme la chair 
d'un petit enfant, et il devint net. 

15. Et, étant retourné vers 
l'homme de Dieu avec toute sa 
suite, il vint et s'arréta devant 
lui, et dit: Je sais certainement 
qu'il n'y a point d'autre Dieu dans 
loute la terre, si ce n'est dans 
Israël. C'estpourquoijeteconjure 
de recevoir une bénédiction de 
ton serviteur. 

16. Mais Elisée lui répondit : Il 
vit, le Seigneur devant lequel je 
suis! je ne la recevrai pas. Et 
quoique Naaman fit instance, il 
n'y consentit nullement. 

17. Et Naaman dit : Comme tu 
veux ; mais, je te conjure, accor- 


Cuar. V. 14. Luc, iv, 21. 


IV ROIS, 


705 


de à moi, ton serviteur, d'empor- 
ter la charge de deux mulets de 
terre; car, à lavenir, ton servi- 
teur n'offrira plus d'holocauste 
ou de victime à des dieux étran- 
gers, mais seulement au Sei- 
gneur. 

18. La seule chose pourlaquelle 
je désire que tu pries le Seigneur 
pour ton serviteur, c'est que 
quand mon seigneur entrera dans 
le temple de Remmon pour ado- 
rer, en s'appuyant sur ma main, 
sij'adore dans le temple de Rem- 
mon, lui adorant dans le méme 
lieu, le Seigneur me pardonne 
cette action, à moi, ton serviteur. 

19. Elisée lui répondit : Va en 
paix. Il s'en alla donc d'aupres de 
lui, dansle plus beau temps de la 
terre. 

20. Alors Giézi, serviteur de 
l'homme de Dieu, dit : Mon maitre 
ἃ épargné ce Naaman de Syrie 
au point de ne pas accepler ce 
qu'il a apporté. Le Seigneur vit! 
je courrai aprés lui, et jerecevrai 
de lui quelque chose. 

21. Ainsi Giézi suivit à la trace 


13. Le mot pére était en Orient un titre d'honneur et une marque d'affection. Les 
Grecs etles Romains ont imité cet usage. 

15. Si ce n’est dans Israël; construction elliptique, pour : Si ce n'est celui qui est 
dans Israël. — Une bénédiction, c'est-à-dire un présent. Voy. Genèse, xxxui, 11. 

18, 19. Les interprétes anciens et nouveaux justifient généralement, quoique di- 
versement, la demande de Naaman, et par là méme la réponse d'Elisée. Selon le 
plus grand nombre, Naaman pouvait consciencieusement accompagner le roi dans 
le temple de Remmon, lui préter son bras pour s'appuyer et se prosterner, en se 
prosternant lui-méme; attendu que c'était là un service purement civil qu'il rendait 
à son maitre, sans nul égard, nulle considération pour l'idole. Et si, malgré cela, 
il croit devoir implorer lindulgence du Seigneur, c'est qu'il craint que son action, 
quoique licite en elle-méme, ne puisse faire une impression fácheuse sur ceux qui 
ne l'apprécieraient pas à sa juste valeur. Nous devons ajouter que le texte hébreu 
peut parfaitement s'entendre d'un fait qui a déjà eu lieu. Or, dans ce cas. toute dif- 
ficulté disparaitrait entierement. 

19. Dans le plus beau temps; littér.: dans le temps choisi; c'est-à-dire au prin 
temps; car c'est ainsi que la Vulgate a reudu la même expression hébraïque dans 
la Genèse, ch. xxxv. 


A. T. 4b 


706 IV ROIS. 


Naaman; et lorsque Naaman le 
vit courant vers lui, il sauta de 
son char àsa rencontre, et de- 
manda : Tout va-t-il bien? 

22. Et celui-ci répondit : Bien. 
Mon maitre m'aenvoyé vers vous, 
disant : Tout-à-l'heure sont venus 
vers moi, de la montagne d'E- 
phraim, deux jeunes hommes 
d'entre les fils des prophètes 
donne-leur un talent d'argent et 
deux vétements de rechange. 

23. Et Naaman répondit : Il 
vaut mieux que tu prennes deux 
talents. Et il le forca; il lia donc 
deux talents d'argent dans deux 
sacs et deux vétements; il en 
chargea ses deux serviteurs, qui 
les porterent méme devant Giézi. 

24. Et comme le soir était déjà 
venu, il les prit de leurs mains 
et les serra dans sa maison; puis 
il renvoya ces hommes, et ils 
s'en allerent. 

25. Mais lui-même, étant entré, 
se tint devant son maitre; et 
Elisée demanda : D'où viens-tu, 
Giézi? Giézi répondit : Votre ser- 
viteur n'a été nulle part. 

26. Mais Elisée répliqua : Mon 
esprit n'était-il pas avec toi lors- 
que l'homme est revenu de son 
char à la rencontre? Maintenant 
donc tu as reçu l'argent, tu as 
recu aussi des vétements pour 
acheter des plants d'oliviers, des 
vignes, des brebis, des bœufs, des 
serviteurs et des servantes. 

27. Mais la lèpre méme de Naa- 
man s'attachera à toi et à toute 
ta race pour toujours. Et il sortit 
d'auprés de son maitre, lépreux 
et blanc comme neige. 


(cu. vi. | 


CHAPITRE VI. 


Elisée fait revenir sur l'eau le fer d'une 
cognée. I] découvre au roi d'Israél les 
desseins du roi de Syrie contre lui. Le 
roi de Syrie envoie des soldats pour 
arrêter le prophète; il assiège Samarie 
et y cause une grande famine. 


4. Or, les fils des prophètes di- 
rent à Elisée : Voilà que ce lieu 
dans lequel nous habitons avec 
vous est étroit pour nous. 

2. Laissez-nous aller jusqu'au 
Jourdain, afin que chacun prenne 
son bois de la forét, et que nous 
nous bátissions là un lieu pour y 
habiter. Elisée répondit : Allez. 

3. Et l'un d'eux dit: Venez donc 
vous aussi avec vos serviteurs. 
Il répondit : J'irai. 

4. Et il s'en alla avec eux. Et 
lorsqu'ils furent venus au Jour- 
dain, ils coupèrent leur bois. 

ὃ. Mais il arriva que, comme 
l'un d'eux abattait son bois, le fer 
de la cognée tomba dans l'eau; 
et celui-là s'écria et dit : Hélas! 
hélas! hélas! mon seigneur, c'é- 
tait leméme que j'avais emprun- 
té. 

6. Alors l'homme de Dieu dit : 
Où est-il tombé? Et il lui montra 
l'endroit. E/isée coupa donc un 
morceau de bois et le jeta là, et 
le fer nagea, 

7. Et il dit : Prends-le. Celui-ci 
étendit la main et le prit. 

8. Orle roi de Syrie combattait 
contre Israël, et il tint conseil 
avec ses serviteurs, disant : Pla- 
cons une embuscade en ce lieu-ci 
et en celui-là. 

9. Cest pourquoi l'homme de 


32. Un talent d'argent..... deux vétements, etc. Voy. verset 5. 
26. L'homme; Naaman. L'article, qui manque dans l'hébreu, est dans le grec. 


[cu. vi.] 


Dieu envoya vers le roi d'Israél, 
disant : Gardez-vous de passer 
en ce lieu-là, parce que les Sy- 
riens y sont en embuscade. 

10. C'est pourquoi le roi d'Israél 
envoya au lieu que lui avait dit 
l'homme de Dieu, et il l'occupa 
le premier, et il s'y abrita non 
pas une fois, ni deux fois. 

11. Et le cœur du roi de Syrie 
fut troublé de cela; et, ses servi- 
teurs convoqués, il dit : Pourquoi 
ne me découvrez-vous point qui 
est celui qui me trahit aupres du 
roi d'Israël? 

12. Et l'un de ses serviteurs dit: 
Point du tout, mon seigneur le 
roi; mais Elisée le prophète, qui 
est en [sraél, découvre au roi 
d'Israél toutes les paroles que 
vous dites dans votre chambre. 

43. Et il leur dit: Allez, voyez 
où il est, afin que j'envoie et que 
je le prenne. Ils lui annoncèrent 
done, disant : Voilà qu'il est à 
Dothan. 

14. Il y envoya donc des che- 
vaux, des chariots et une forte ar- 
mée; ceux-ci, étant arrivés du- 
rant la nuit, investirent la ville. 

15. Or, se levant au point du 
jour, et étant sorti, le serviteur 
de l'homme de Dieu vit une ar- 
mée autour de la ville, des che- 
vaux et des chariots, et il l'an- 
nonca à Elisée, disant : Hélas ! hé- 
las! hélas! mon seigneur, que fe- 
rons-nous? 

16. Mais Elisée lui répondit : 
Ne crains point; car il y en a un 


IV ROIS. 


107 


plus grand nombre avec nous 
qu'avec eux. 

11. Et lorsque Elisée eut prié, 
il dit : Seigneur, ouvrez ses yeux, 
afin quil voie. Et le Seigneur ou- 
vritles yeux du serviteur, et il 
vit; et voilà la montagne pleine 
de chevaux et de chariots de feu 
autour d'Elisée. 

18. Cependant les ennemis des- 
cendirent vers lui, et Elisée pria 
le Seigneur, disant : Frappez, je 
vous conjure, ce peuple d'aveu- 
glement. EtleSeigneurles frappa 
pour qu'ils ne vissent point, selon 
la priere d'Elisée. 

19. Alors Elisée leur dit : Ce 
n'est pas là le chemin, et ce n'est 
pas là la ville; suivez-moi, et je 
vous montrerai l’homme que 
vous cherchez. Ils les mena donc 
dans Samarie. 

20. Et lorsqu'ils furent entrés 
dans Samarie, Elisée dit : Sei- 
gneur, ouvrez leurs yeux, afin 
quils voient. Et le Seigneur ou- 
vrit leurs yeux, et ils virent qu'ils 
étaient au milieu de Samarie. 

91. Et le roi d'Israél dit à Eli- 
sée, lorsqu'il les vit : Les tuerai- 
je. mon père? 

22. Mais Elisée répondit : Vous 
ne les tuerez point; car vous ne 
les avez pas pris avec votre 
glaive, et avec votre arc, pour 
que vous les fassiez périr; mais 
mettez du pain et de l’eau devant 
eux, afin qu'ils mangent et qu'ils 
boivent, et qu'ils aillent vers leur 
maitre. 


10. Non pas une fois, ni deux fois; c'est-à-dire souvent. 
13. * Dothan, Dothain. Voir Genèse, xxxvii, 11. 


22. Pour que vous les fassiez péri. Le droit rigoureux de la guerre permettait au 
vainqueur de faire mourir tous les ennemis vaincus qui tombaient entre ses moins, 
mais les lois naturelles de l'humanité lui commandaient de conserver la vie à ceux 
qui se rendaient et imploraient sa clémence. 


708 IV ROIS. 


23. ]| leur fut done servi un 
grand repas; ils mangèrent et ils 
burent; puis il les renvoya, et 
ils s'en allèrent vers leur maitre, 
et il ne vint plus de voleurs de 
Syrie dans la terre d'Israél. 

24. Mais il arriva apres cela 
que Bénadad, roi de Syrie, as- 
sembla toute son armée, monta 
et assiégea Samarie. 


95. Et il vint une grande fa- 


mine dans Samarie ; et elle fut si 
longtemps assiégée, qu'une téte 
d'âne était vendue quatre-vingt 
sicles d'argent; et la quatrième 
partie d'un cab de fiente de co- 
lombes, cinq sicles d'argent. 

26. Et comme le roi d'Israël 
passait le long du mur, une cer- 
taine femme lui cria, disant : 
Sauvez-moi, mon seigneur le 
roi. 

297. Le roi répondit : Le Sei- 
gneur ne 16 sauve pas : au 
inoyen de quoi puis-je te sauver? 
au moyen de l'aire ou du pres- 
soir? Et le roilui demanda : Que 
veux-tu dire? Elle lui répondit : 

28. Cette femme-ci m'a dit : 
Donne ton fils, afin que nous le 
mangions aujourd'hui, et nous 
mangerons mon fils demain. 

29. Nous avons donc fait cuire 
mon fils, et nous l'avons mangé. 
Je lui ai dit le jour suivant : 
Donne ton fils, afin que nous le 
mangions. Et elle a caché son 
fils. 

30. Ce qu'ayant entendu le 


[cH. vu] 


roi, il déchira ses vêtements; et 
il passait le long du mur; et tout 
le peuple vit le cilice dont il était 
couvert intérieurement sur sa 
chair. 

31. Et le roi dit : Que Dieu me 
fasse ceci, et qu'il ajoute cela, 
si la tête d'Elisée, fils de Saphat, 
demeure sur lui aujourd'hui! 

32. Or Elisée était assis dans sa 
maison, et les vieillards étaient 
assis avec lui. C'est pourquoi /e 
roi envoya en avant un homme; 
et, avant que ce messager arri- 
vât, Elisée dit aux vieillards : 
Savez-vous que ce fils du meur- 
trier a envoyé ici pour qu'on me 
coupe la tête? Voyez donc, lors- 
que viendra le messager, fermez 
la porte, etne lelaissezpasentrer: 
car voilà que le bruit des pieds 
de son seigneur s'entend der- 
riere lui. 

33. Elisée leur parlant encore, 
parut le messager, qui venait à 
lui. Or il dit : Eh bien, ce mai si 
grand vient du Seigneur : qu'at- 
tendrai-je de plus du Seigneur? 


CHAPITRE VII. 


Elisée prédit une grande abondance de 
vivres dans Samarie. Les Syriens pren- 
nent la fuite et laissent toutes leurs 
provisions. Un officier du roi qui n'avait 
pas cru à la prédiction d'Elisée est 
étoutfé à la porte de la ville. 


1. Or Elisée dit : Ecoutez la pa- 
role du Seigneur: Voici ce que 
dit le Seigneur : A ce temps-ci, 


25. Le sicle d'argent valait environ 1 fr. 47 c., et le cab ou 00 ou kab, mesure 
pour les matières sèches contenait, à peu près 1 lit. 581. 

31. Que Dieu me fasse, etc. Voy. Ruth, 1, 11. 

32. Joram était fils d'Achab, le meurtrier de Naboth. 


1, 16. Statére. C'est par ce mot que le sicle est rendu quelquefois dans ia Vulgate. 


— * Le boisseau, environ 13 litres. 


[cu. vr.) 


demain, le boisseau de fleur de 
farine sera à un statere, etdeux 
boisseaux d'orge à un statère, à 
la porte de Samarie. 

9. Un des chefs de l'armée, sur 
la main duquel le roi s'appuyait, 
répondant, dit à l'homme de 
Dieu : Quand le Seigneur ferait 
méme des cataractes dans le ciel, 
ce que tu dis pourrait-il étre? 
Elisée répliqua : Tu le verras de 
tes yeux, et tu n'en mangeras 
point. 

3. Or quatre hommes lépreux 
étaient à l'entrée de la porte, qui 
se dirent l'un et l'autre : Pour- 
quoi voulons-nous étre ici jus- 
qu'à ce que nous mourions? 

4. Si nous voulons entrer dans 
Ja ville, nous mourrons de faim; 
si nous restons ici, il nous faut 
mourir. Venez donc, et nous 
passerons au camp des Syriens. 
S'ils nous épargnent, nous vi- 
vrons ; et s'ils veulent nous tuer. 
nous mourrons tout de méme. 

5. Ils se levèrent donc le soir 
pour venir au camp de Syrie; et 
lorsqu'ils furent venus à la tête 
du camp de Syrie, ils n'y trou- 
verent personne. 

6. Car le Seigneur avait fait 
entendre dans le camp de Syrie 
un bruit de chariots, de chevaux 
et dune armée innombrable; et 
les Syriens s'étaient dit l'un à 
l'autre : Le roi d'Israél a engagé 


IV ROIS. 


709 


à prix d'argent contre nous les 
rois des Héthéens et des Egyp- 
tiens, etils sont venus sur nous. 

7. Ils se leverent donc et s'en- 
fuirent dans les ténèbres, et 
laisserent leurs tentes, leurs 
chevaux et leurs ànes, et ils s'en- 
fuirent, désirant sauver seule- 
ment leurs âmes. 

8. Ainsi lorsque ces lépreux 
furent venus à la tête du camp. 
ils entrèrent dans un tabernacle, 
ils mangèrent et burent; et ils en 
enleverent de l'argent, de l'or et 
des vétements, et ils s'en al- 
lèrent et les cacherent; et étant 
encore retournés, ils entrerent 
dans un autre tabernacle, et en 
emportant deschosessemblables, 
ils les cacherent. 

9. Et ils se dirent l’un à l'autre: 
Nous ne faisons pas bien; car 
c'est un jour de bonne nouvelle. 
Si nous nous taisons, et que nous 
ne voulions point l'annoncer jus- 
qu'au matin, nous serons accu- 
sés de crime. Venez, allons et 
lannoncons à la cour du roi. 

10. Et lorsqu'ils furent venus à 
la porte de la ville, ils leur ra- 
conterent, disant : Nous avons 
été au camp de Syrie, et nous n'y 
avons pas trouvé un seul homme, 
mais seulement des chevaux et 
des ánes attachés et des tentes 
plantées. 

11. Les gardes de la porte allè- 


2, 19. Le méme mot hébreu rendu ici dans la Vulgate par chef de l'armée (dux), 
est traduit quelquefois ailleurs par prince (princeps). Or ce terme hébreu qui dérive 
d'une racine signifiant (rois, désigne peut-être un officier qui tenait le troisième 
rang dans le royaume, de méme qu'un guerrier d'élite qui montait avec deux autres 
sur un char pour combattre. 

6. * Les rois des Héthéens et des Egyptiens. Les Héthéens au nord, dans la Syrie 
jusqu'à l'Euphrate et au sud les Egyptiens, étaient à cette époque les peuples les 
plus puissants parmi les voisins d'Israél. 


ἴ. Leurs ámes; c'est-à-dire leurs vies, ou leurs personnes; car le terme hébreu 
signifie l'un et l’autre, 


710 IV ROIS. 


rent donc et l’annoncèrent au pa- 
lais du roi intérieurement. 

19. Le roi se leva dans la nuit, 
et dit à ses serviteurs : Je vous 
dis ce qu'ont fait les Syriens. Ils 
savent que nous souffrons de la 
faim, et c'est pour cela qu'ils sont 
sortis deleur camp et se sont ca- 
chés dans la campagne, disant : 
Lorsqu'ils sortiront de la ville, 
nous les prendrons vivants, et 
alors nous pourrons entrer dans 
la ville. 

43. Or un de ses serviteurs ré- 
pondit : Prenons les cinq chevaux 
qui sont restés dans la ville (par- 
ce qu'il n'y a seulement que ceux- 
là dans toutela multitude d'Israël; 
car les autres ont été consumés), 
et en envoyant, nous pourrons 
aller àla découverte. 

14. On amena donc deux che- 
vàux ; et le roi envoya au camp 
des Syriens, disant : Allez et 
voyez. 

15. Ils allèrent donc apres les 
Syriens jusqu'au Jourdain; mais 
voilà que toute la voie était pleine 
de vétements et d'armes que les 
Syriens avaient jetés, parce qu'ils 
étaient Lroublés; et étant reve- 
nus, les messagers en donnèrent 
avis au roi. 

16. Alors le peuple étant sorti, 
pilla le camp de Syrie; etur bois- 
seau de fleur de farine fut donné 
pour un statère, et deux bois- 
seaux d'orge pour un statère, se- 
lon la parole du Seigneur. 


(βαρ. VIII. 1. Supra, 1v, 35. 


[cH. vit. | 


17. Or le roi avait établi à la 
porte de la ville le prince sur la 
main duquel il s'appuyait, et la 
foule du peuple l'écrasa sous les 
pieds à l'entrée de la porte, et il 
mourut, selon que lavait dit 
l'homme de Dieu, quand le roi 
était descendu chez lui. 

18. Ainsi , il arriva selon la pa- 
role de l'homme de Dieu, qu'il 
avait dite au roi, lorsqu'il affirma: 
Deux boisseaux d'orge seront à 
un statère, et un boisseau de 
fleur de farine à un statère, à ce 
méme temps, demain, à la porte 
de Samarie ; 

19. Et lorsque le chef de l'armée 
eut répondu à l’homme de Dieu : 
Quand le Seigneur ferait des ca- 
taractes dans le ciel, ce que vous 
dites pourrait-il se faire? il lui 
répliqua : Tu le verras de tes 
yeux, et tu n'en mangeras point. 

20. Il lui arriva donc comme il 
avait été prédit, et le peuple l'é- 
crasa sous les pieds à la porte, et 
il mourut. 


CHAPITRE VIII. 


La Sunamite revient dans Israél aprés 
les sept années de famine. Elisée va à 
Damas et prédit la mort de Bénadad et 
le règne d'Hazaél. Joram, fils de Josa- 
phat, régne sur Juda. Révolte des Idu- 
méens. Mort de Jorara, Ochozias lui 
succède. 


1. Or Elisée parla à cette femme 
dont il avait ressuscité le fils, di- 
sant : Leve-toi, va, toi et ta mai- 
son, et fais ton séjour partout oü 


13. La mullitude; c'est-à-dire le peuple. 


15. * Jusqu'au Jourdain. Les Syriens allaient passer le Jourdain par la route de 


Bethsan pour retourner à Damas. 


11. * A la porte de la ville. ll n'y avait à Samarie qu'une porte, située à l'ouest de 


lu ville. 


[cH. vin.] IV ROIS. 711 
tu trouveras; car le Seigneur a | cèrent l’arrivée du prophète, di- 
appelé la famine, et elle viendra | sant : L'homme de Dieu est venu 
sur la terre pendant sept ans. ici. 

2. Gette femme se leva, et fit 8. Et le roi dit à Hazaël : Prends 
selon la parole de l'homme de | avec toi des présents, et va à la 
Dieu, et, s'en allant avec sa mai- | rencontre de l'homme de Dieu, et 
son, elle séjourna dans la terre | consulte par lui le Seigneur, di- 
des Philistins durant un grand | sant : Si je pourrai échapper de 
nombre de jours. cette maladie. 

3. Etlorsque les sept années de 9. Hazaël aila donc à la rencon- 
famine furent passées, cette | tre de l'homme, de Dieu, ayant 
femme revint de laterre des Phi- | avec lui des présents et de toutes 
listins ; et elle sortit pour récla- | les bonnes choses de Damas, la 
mer auprès du roi sa maison et | charge de quarante chameaux. 
ses champs. Et, lorsqu'il se fut présenté de- 

4. Le roi alors parlait avec Gié- | vant Elisée, il dit: Ton fils Béna- 
zi, serviteur de l'homme de Dieu, | dad, roi de Syrie, m'a envoyé 
disant : Raconte-moi toutes les | vers toi, disant : Si je pourrai étre 
grandes œuvres qu'a faites Elisée. | guéri de cette maladie. 

5. Et comme Giézi racontait au 10. Et Elisée lui répondit : Va, 
roi de quelle maniere il avait res- | dis-lui: Vous guérirez; mais le 
suscité le mort, parut la femme | Seigneur m'a montré qu'il mour- 
dont il avait ressuscité le fils, ré- | ra de mort. 
clamant auprès du roi sa maison 11. Etil s'arréta avec lui, et il se 
et ses champs. Et Giézi dit : Mon | troubla tellement que son visage 
seigneur le roi, c'est cette femme, | rougit; etl'homme de Dieu pieura. 
et c'est son fils qu'a ressuscité 19. Hazaél lui demanda : Pour- 
Elisée, quoi mon seigneur pleure-t-il? Et 

6. Etle roi interrogea la femme, | Elisée lui répondit : Parce que ie 
qui lui raconta fout; et le roi lui | sais quels maux tu dois faire aux 
donna un eunuque, disant: Fais- | enfants d'Israël. Tu mettras à feu 
lui rendre tout ce qui est à elle, | leurs villes fortifiées, tu tueras 
et tous les revenus des champs, | par le glaive leurs jeunes hoin- 
depuis le jour qu'elle a quitté le | mes, tu écraseras leurs enfants, 


pays jusqu'à présent. et tu couperas en deux leurs 
7. Elisée vint aussi à Damas; et | femmes enceintes. 
Bénadad, roi de Syrie, était ma- 13. Hazaël dit : Qui suis-je donc, 


lade, et ses serviteurs lui annon- | moi ton serviteur, un chien, pour 


3. Sa maison et ses champs, confisqués pendant son absence. 

1. * A Damas. Voir ΠῚ Rois, xi, 24. 

10. Vous guérirez; c'est-à-dire votre maladie n'est pas mortelle, vous ne mourrez 
pas de cette maladie. On voit en effet au verset 15 que Bénadad ne mourut que parce 
qu'Hazaél l'étouffa. Cette explication donnée par un certain nombre d'interprétes est 
loin de les satisfaire tous. On ferait entierement disparaitre la difficulté que présente 
cette réponse d'Elisée, si conformément au texte hébreu, mais contrairement aux 
anciennes versious, on traduisait: Noa, vous ne guérirez point. 


712 
faire cette grande chose ? Et Eli- 
sée répondit : Le Seigneur m'a 
fait voir que tu seras roi de Syrie. 

14. Lorsque Hazaël se fut retiré 
d'aupres d'Elisée, il vint vers son 
maitre, qui lui demanda : Que t'a 
dit Elisée? Et celui-ci répondit : 
Il m'a dit que vous recouvrerez 
la santé. 

15. Et lorsque vint le jour sui- 
vaut, il prit la couverture du lit, 
il la trempa dans l'eau, et il l'é- 
tendit sur la face du roi; et, le roi 
mort, Hazaél régna en sa place. 

16. La cinquième année de Jo- 
ram, fils d'Achab, roi d'Israél, et 
de Josaphat, roi de Juda, Joram, 
fils de Josaphat, régna sur Juda. 

11. Il avait trente-deux ans 
lorsqu'il commenca à régner, et 
il régna huit ans dans Jérusalem. 

18. Et il marcha dans les voies 
des rois d'Israél, comme y avait 
marché la maison d'Achab; car 
sa femme était fille d'Achab; et il 
fit ce qui est mal en la présence 
du Seigneur. 

19. Or le Seigneur ne voulut 
pas perdre Juda, à cause de Da- 
vid, son serviteur, puisqu'il lui 
avait promis qu'il lui donnerait 
une lampe, à lui et à ses fils, tous 
les jours. 


IV ROIS, 


[cgm. vur.] 


20. Durant les jours de Joram, 
Edom se retira, pour ne pas étre 
sous Juda, et s'établit un roi. 

91. Et Joram vint àSéira et tous 
ses chariots avec lui, et il se leva 
pendant la nuit, et battit les Idu- 
méens qui l'avaient environné, 
et ceux qui commandaient leurs 
chariots; etlepeuple s'enfuit dans 
ses tabernacles. 

22. Edom se retira donc, pour 
ne pas étre sous Juda, jusqu'à ce 
jour. D'après cela Lobna se retira 
en ce temps-là. 

23. Quand au reste des actions 
de Joram, et tout ce qu'il a fait, 
n'est-ce pas écrit dans le Livre 
des actions des jours des rois de 
Juda? 

24. Et Joram dormit avec ses 
peres, et il fut enseveli avec eux 
dans la cité de David, et Ocho- 
zias, son fils, régna en sa place. 

25. La douzième année de Jo- 
ram, fils d'Achab, roi d'Israël, ré- 
gna Ochozias, fils de Joram, roi 
de Juda. 

26. Ochozias avait vingt-deux 
ans quand il commença à régner, 
etilrégna un an dans Jérusalem : 
le nom de sa mère était Athalie, 
fille d'Amri, roi d'Israël. 

27. Et il marcha dans les voies 


11. II Par., xxi, 5. — 19. II Rois, vir, 16. — 20. II Par., xxr, 8. — 25. II Par., xxr, 4. 


16. La cinquième année, etc., c'est-à-dire la cinquième année de Joram, roi d'Israól 
Josaphat étant roi de Juda, Joram son fils commença à régner sur Juda conjointe- 
ment avec son père. Compar. chap. 1, 17. Ainsi la cinquième année regarde Joram, 
roi d'Israël, mais non point Josaphat, roi de Juda. 

19. Qu'il lui donnerait, etc. Voy. 111 Rois, xi, 36; xv, 4. 


21. * Séira, inconnu. 


22. Devant jusqu'à ce jour, il faut suppléer; et il n’y a pas été. C'est un genre 
d'ellipse très usité en hébreu. — * Lobna, Lebna. Noir Josué, x, 29. 

23. Dans le Livre, etc. Voy. 111 Rois, xi, 41. 1 

26. lille d'Amri; c'est-à-dire pelile-fille; le terme hébreu signifie l'un et l'autre. 


Elle était fille d'Achab, fils d'Amri. 


21. Car il fut genalre, etc.; c'est-à-dire qu'il avait épousé une femme de la famille 


d'Achab, 


[. אז .₪ 


de la maison d'Achab, et il fit ce 
qui est mal devant le Seigneur, 
comme la maison d'Achab; car il 
fut gendre de la maison d'Achab. 

98. Il alla aussi avec Joram, fils 
d'Achab, pour combattre contre 
Hazaël, roi de Syrie, à Ramoth- 
Galaad; et les Syriens blesserent 
Joram, 

29. Qui revint à Jezrahel pour 
étre guéri, parce que les Syriens 
lavaient blessé à Ramoth, lors- 
qu'il combattait contre Hazaël, 
roi de Syrie. Or Ochozias, fils de 
Joram, roi de Juda, descendit 
pour voir Joram, fils d'Achab, à 
Jezrahel, parce qu'il y était ma- 
lade. 


CHAPITRE IX. 


Jéhu est sacré roi d'Israél, et recoitl'ordre 
d'exterminer la maison d'Achab. Il tue 
Joram. Ochozias est tué par ses gens, 
et Jézabel est précipitée par sa fenétre. 


1. Or le prophète Elisée appela 
un des enfants des prophètes, et 
lui dit : Ceins tes reins, prends ce 
petit vase d'huile en ta main et 
va à Ramoth-Galaad. 

2. Et lorsque tu seras arrivé là, 
tu verras Jéhu, fils de Josaphat, 
fils de Namsi; et, étant entré, tu 
le feras sortir du milieu de ses 
freres, et tu l'introduiras dans 
une chambre secrète. 

3. Ettenant le petit vase d'huile, 
tu la répandras sur sa téte, et tu 
diras : Voici ce que dit le Sei- 
gneur : Je t'ai oint roi sur Israël. 


IV ROIS. 


713 
Et tu ouvriras la porte, et tu t'en- 
fuiras, et tu ne resteras pas là. 

4. Le jeune homme, serviteur 
du prophète, s'en alla donc à Ra- 
moth-Galaad, 

9. Et il y entra : or, voilà que 
les princes de l'armée étaient as- 
sis; et il dit à Jéhu : Fai un mot 
pour vous, ὃ prince. Et Jéhu de- 
manda : Pour qui d'entre nous 
tous? Et celui-ci répondit : Pour 
vous, Ô prince. 

6. Alors il se leva, et il entra 
dans sa chambre, et le jeune 
homme répandit lhuile sur sa 
téte, et dit: Voici ce que dit le 
Seigneur, Dieu d'Israël : Je t'ai 
oint roi sur le peuple du Seigneur, 
Israél, 

1. Et tu frapperas la maison 
d'Achab, ton seigneur, et je ven- 
gerai le sang de mes serviteurs, 
les prophètes, et le sang de tous 
les serviteurs du Seigneur, de la 
main de Jézabel. 

8. Et je perdrai toute la maison 
d'Achab, et je tuerai d'Achab, ce- 
lui qui urine contre une muraille, 
celui qui est renfermé, et celui 
qui est le dernier dans Israël. 

9. Et je rendrai la maison d'A- 
chab comme la maison de Jéro- 
boam, fils de Nabath, et comme 
la maison de Baasa, fils d'Ahia. 

10. Et Jézabel elle-méme, les 
chiens la mangeront dans la cam- 
pagne de Jezrahel, et il n'y aura 
personne qui l'ensevelisse. Et il 
ouvrit la porte et s'enfuit. 


Car. IX. 2. ΠῚ Rois, xix, 16. — 8. ΠῚ Rois, xxi, 21. — 9. III Rois, xiv, 10; 


XVI, 3. 


98. * A Ramoth-Galaad. Noir Deutéronome, 1v, 43. 
29. * Jezrahel. Voir plus haut, III Rois, xxi, 4. 


8. Celui qui urine, etc. Voy. I Rois, xxv, 22. — Celui qui est renfermé. Voy. Deutér., 
וצצצ‎ 36, — Le dernier des descendants d'Achab. 


714 


11. Mais Jéhu sortit vers les 
serviteurs de son maître, qui lui 
demandèrent : Tout va-t-il bien? 
Pourquoi cet insensé est-il venu 
vers vous? Jéhu leur dit : Vous 
connaissez cet homme et ce qu'il 
a pu dire. 

19. Mais ceux-ci répondirent : 
C'est quelque chose de faux, mais 
au moins racontez-le nous. Jéhu 
leur dit : 11 m'a dit ceci et cela, 
et il a ajouté : Voici ce que dit le 
Seigneur : Je t'ai oint roi sur Is- 
raël. 

13. C'est pourquoi ils se hâtè- 
rent, et chacun prenant son man- 
teau, ils le mirent sous les pieds 
de Jéhu, pour représenter un tri- 
bunal; puis ils sonnerent de la 
trompette, et dirent : Jéhu est 
roi. 

14. Jéhu, fils de Josaphat, fils 
de Namsi, conspira donc contre 
Joram : or Joram avait assiégé 
Ramoth-Galaad, lui et tout Israël, 
contre Hazaël, roi de Syrie; 

15. Et il était revenu pour se 
guérir à Jezrahel d'une blessure, 
parce que les Syriens l'avaient 
blessé, lorsqu'il combattait contre 
Hazaël, roi de Syrie; et Jéhu dit : 
Sil vous plait, que personne ne 
sorte, fuyant de la ville, afin qu'il 
n'aille et ne l'annonce à Jezrahel. 

16. Et il monta et partit pour 
Jezrahel; car Joram était là ma- 
lade; et Ochozias, roi de Juda, 
était descendu pour visiter Jo- 
ram. 

11. La sentinelle donc qui était 
sur la tour de Jezrahel, vit la 
troupe de Jéhu qui venait, et dit : 


14. Supra, viri, 28. 


IV ROIS. 


[cH. 1x.] 


J'apercois une troupe, et Joram 
dit : Prends un chariot et euvoie 
à leur rencontre, et que celui qui 
ira dise : Tout va-t-il bien? 

18. Celui donc qui était monté 
surle char, alla à la rencontre de 
Jéhu, et dit : Voici ce que dit le 
roi : Tout est-il en paix? Et Jéhu 
répondit : Qu'importe à toi et à 
la paix? passe, etsuis-moi. La seu- 
tinelle l'annonca aussi, disant : 
Le messager est allé vers eux, et 
il ne revient point. 

19. Joram envoya encore un 
second chariot avec des chevaux ; 
et 76 messager alla vers eux. et 
dit : Voici ce que dit le roi : Est- 
ce la paix? Et Jéhu répondit 
Qu'importe à toi et à la paix? 
Passe, et suis-moi. 

90. Or la sentinelle l'annonca, 
disant : Il est allé jusqu'à eux, et 
il ne revient point; mais la dé- 
marche de quelqu'un qui vient, 
est comme la démarche de Jéhu, 
fils de Namsi; car il marche avec 
précipitation. 

91. Et Joram dit : Attelle mon 
char. Et l'on attela son char, et 
Joram, roid'Israél, sortit, et Ocho- 
zias, roi de Juda, chacun dans 
son char, et ils sortirent à la ren- 
contre de Jéhu, et le trouvèrent 
dans le champ de Naboth, le 
Jezrahélite. 

22. Et lorsque Joram eut vu dé- 
hu, il dit : Est-ce la paix, Jéhu? 
Mais celui-ci répondit : Quelle est 
cette paix? Les fornications de 
Jézabel votre mere et ses enchan- 
tements nombreux subsistent en- 
core. 


17. Prends... envoie. Joram s'adresse ou à la sentinelle ou plus probablement à 
quelque serviteur qui se trouvait prés de lui, 


"cR. [.אז‎ 


93. Or Joram tourna sa main, 
et, fuyant, il dit à Ochozias : C'est 
un piége, Ochozias. 

24. Mais Jéhu tendit son arc de 
sa main et frappa Joram entre les 
épaules ; et la flèche sortit par son 
cœur, et 811851104 il tomba surson 
char. 

95. Alors Jéhu dit à Badacer, 
chef de l’armée : Prends-le et 
jette-le dans le champ de Naboth, 
leJezrahélite; car je me souviens, 
quand moi et toi, assis sur un 
char, nous suivions Achab, son 
pere, que le Seigneur leva sur 
lui ce fardeau, disant : 

96. Je jure, si pour le sang de 
Naboth et pour le sang de ses fils, 
que j'ai vu hier verser, dit le Sei- 
gneur, je ne te rends point la pa- 
reille dans ce champ, dit le Sei- 
gneur. Maintenant donc, prends- 
le, et jette-le dans le champ, se- 
lon la parole du Seigneur. 

97. Or Ochozias, roi de Juda, 
ayant vu cela, s'enfuit par le che- 
min de la maison du jardin, et 
Jéhu le poursuivit et dit : Méme 
celui-là, frappez-le sur son char. 
Et ils le frapperent à la montée 
de Gaver, qui est presde Jéblaam, 
et Ochozias s'enfuit à Mageddo et 
mourut là. 


IV. ROIS. 


745 


98. Et ses serviteurs le place- 
rent sur son char, et le portèrent 
à Jérusalem, et lensevelirent 
dans le sépulcre avec ses pères 
dans la cité de David. 

29. La onzième année de Joram, 
fils d'Achab, Ochozias régna sur 
Juda, 

30. Et Jéhu vint à Jezrahel. Or 
Jézabel, ayant appris son arrivée, 
peignit ses yeux avec du noir et 
orna sa tête, puis elle regarda 
par la fenêtre 

31. Jéhu qui entrait à la porte, 
et dit : Est-ce que la paix peut 
être avec Zambri qui a tué son 
maitre? 

32. Et Jéhu leva sa face vers la 
fenétre, et demanda : Qui est 
celle-là? Et deux ou trois eu- 
nuques se pencherent vers lui. 

33. Et Jéhu leur dit : Précipitez- 
la en bas. Et ils la précipitèrent, 
et la muraille fut arrosée de son 
sang, et la corne des chevaux la 
foula. 

34. Et lorsque Jéhu fut entré 
pour boire et pour manger, il dit : 
Allez, et voyez cette maudite, et 
ensevelissez-la, parce qu'elle est 
fille de roi. 

35. Et lorsqu'ils furent allés 
pour l'ensevelir, ils ne trouvèrent 


26. III Rois, xxr, 22. — 31. III Rois, χνι, 10. 


23. Tourna sa main; c'est-à-dire tourna bride. 

95, Chef de l'armée. Voy. chap. vu, 2. — Fardeau. Dans le langage prophétique de 
la Bible, 05 mot signifie la prédiction d'un malheur terrible et accablant. 

26, Dens les formules de serment, le mot 7urer se sous-entend trés souvent. 

$1. * Gaver et Jéblaam, d'après ce qui est dit ici, devaient être entre Jezrahel et 


Mageddo à l'entrée des montagnes. 


29, Régna comme associé à la royauté; il ne fut mis en possession du royaume 
que lannée suivante, douziéme de Joram, roi d'Israél, comme il est dit au chap. 


vui, 25. 


30.* Avec du noir, du henné, préparé avec les feuilles du cyperus. 

31. Zambri avait tué Ela, son roi et son maitre, et il était mort en se brülant dans 
son palais (1H Rois, xvt, 9, 10, 18). Jézabel donne donc le nom de Zambri à Jéhu 
pour lui reprocher son crime, et le menacer d'un sort sewblable au sien. 


716 


que le crâne, les pieds et l'extré- 
mité des mains. 

36. Et étant revenus, ils l'an- 
noncerent à Jéhu. Or Jéhu dit : 
C'est la parole du Seigneur, qu'il 
ἃ prononeée par son serviteur 
Elie, le Tesbite, disant : Dans la 
campagne de Jezrahel, les chiens 
mangeront la chair de Jézabel, 

37. Et la chair de Jézabel sera 
comme un fumier sur la face de 
la terre, dans la campagne de 
Jezrahel; et tous ceux qui passe- 
ront diront : Est-ce là cette Jéza- 
bel? 


CHAPITRE X. 


Jéhu fait mourir les fils d'Achab et les 
fréres d'Ochozias. ll extermine les faux 
prophétes de Baal, détruit son temple, 
et brüle sa statue. Hazaél remporte de 
grands avantages sur Israël. Mort de 
Jéhu. Joachaz lui succède. 


1. Or Achab avait soixante-dix 
fils dans Samarie : Jéhu écrivit 
done des lettres, et il les envoya 
à Samarie aux grands de la ville, 
aux anciens et à ceux qui éle- 
vaient les enfants d'Achab, di- 
sant : 

2. Aussitôt que vous aurez re- 
cu ces lettres, vous qui avez les 
enfants de votre maitre, les chars, 
les chevaux, les villes fortes et 
les armes, 

3. Choisissez le meilleur et ce- 
lui qui vous plaira davantage, 
d'entre les fils de votre maitre, 
et mettez-le sur le tróne de son 
pere, et combattez pour la mai- 
son de votre maitre. 


36. III Rois, xx1, 23. 


36. * Jezrahel. Voir III Rois, xxt, 4. 
1. Les corbeilles préparées pour cela. 


IV ROIS. 


[cg. x.] 


4. Ceux-ci furent saisis d'une 
grande crainte, etils dirent : Voilà 
que deux rois n'ont pu subsister 
devant lui, et comment nous, 
pourrons-nous résister? 

5. Les intendants de la maison 
du roi, les chefs de la ville, les 
anciens et ceux qui élevaient /es 
princes, envoyèrent donc vers 
Jéhu, disant : Nous sommes vos 
serviteurs, tout ce que vous nous 
commanderez, nous le ferons; 
nous ne nous établirons point de 
roi : tout ce qu'il vous plait, faites- 
le. | 

6. Or il leur écrivit des lettres 
une seconde fois, disant : Si vous 
étes à moi, et que vous vouliez 
m'obéir, coupez les tétes des fils 
de votre maitre, et venez vers 
moi à cette méme heure demain, 
à Jezrahel. Or, les fils du roi, 
soixante-dix individus étaient éle- 
vés chez les grands de la ville. 

7. Et lorsque les lettres leur fu- 
rent parvenues, ils prirent les fils 
du roi, et tuerent ces soixante- 
dix individus; ils mirent leurs 
tétes dans les corbeilles, et les 
envoyerent à Jezrahel. 

8. Orle messager vint et l'an- 
nonca à Jéhu, disant : Ils ont ap- 
porté les tétes des enfants du roi. 
Jéhu répondit : Mettez-les en deux 
tas àl'entrée de la porte jusqu'au 
matin. 

9. Et lorsqu'il fit jour, il sortit, 
et s'arrétant, il dit à tout le peu- 
ple : Vous étes justes; si c'est 
moi qui ai conspiré contre mon 


8. * A l'entrée de la porte. L'usage d'exposer à la porte des villes les têtes des en- 


nemis tués existe encore en Orient. 


[cu. x.] 
maître, et s1 je l'ai tué, qui est ce- 
lui qui a frappé tous ceux-ci? 

10. Voyez donc maintenant 
qu'il n'est tombé par terre aucune 
des paroles du Seigneur, que le 
Seigneur a prononcées contre la 
maison d'Achab, et que le Sei- 
gneur a fait ce qu'il a dit par l'en- 
tremise de son serviteur Elie. 

11. Jéhu frappa donc tous ceux 
qui restaient de la maison d'A- 
chab dans Jezrahel, tous les 
grands de sa cour, ses familiers 
et ses prétres, jusqu'à ce qu'il ne 
demeurát pas de restes de lui. 

12. Et il se leva et il vint à Sa- 
marie ; et lorsqu'il fut venu pres 
dela Cabane des pasteurs, en son 
chemin, 

13. ll trouva les frères d'Ocho- 
zias, roi de Juda, et il leur de- 
manda : Qui étes-vous? Ceux-ci 
répondirent : Nous sommes les 
freres d'Ochozias, et nous som- 
mes descendus pour saluer les fils 
du roi et les fils de la reine. 

14. Et Jéhu dit : Prenez-les vi- 
vants. Et, lorsqu'ils les eurent 
pris vivants, ils les égorgèrent 
sur une citerne pres de la Cabane, 
au nombre de quarante-deux 
hommes, et il n'en resta pas un 
seul. 

15. Et lorsqu'il fut parti de là, 
il trouva Jonadab, fils de Réchab, 
à sa rencontre ; et il lui souhaita 
toute sorte de prospérités. Il lui 
demanda ensuite : Est-ce que ton 
cœur est droit, comme mon cœur 
avec ton cœur? Et Jonadab ré- 
pondit : Il l'est. S'il l'est, reprit-il, 


IV ROIS: 717 


donne ta main. Celui-ci lui donna 
sa main. Alors Jéhu le fit monter 
auprès de lui dans son char. 

16. Et il lui dit : Viens avec 
moi, et vois mon zele pour le Sei- 
gneur. Et l'ayant mis dans son 
char, 

11. Il les conduisit à Samarie. 
Or il tua tous ceux qui étaient 
restés d'Achab à Samarie, jus- 
qu'au dernier, selon la parole que 
le Seigneur avait dite par Elie. 

18. Ensuite Jéhu assembla tout 
le peuple, et il leur dit : Achab a 
honoré un peu Baal; mais moi je 
l'honorerai davantage. 

19. Maintenant donc, appelez 
vers moi tous les prophètes de 
Baal, tous ses serviteurs et tous 
ses prétres ; qu'il n'y en ait aucun 
qui ne vienne ; car c'est un grand 
sacrifice que je veux faire à Baal : 
quiconque y manquera, ne vivra 
plus. Or, Jéhu faisait cela insi- 
dieusement pour perdre les ado- 
rateurs de 2881 ; 

20. Et il dit : Sanctifiez un jour 
solennel en l'honneur de Baal ; et 
il y invita ; 

21. Il envoya donc dans tous 
les confins d'Israël, et tous les 
serviteurs de Baal vinrent, et il 
ne s'en trouva pas même un seul 
qui ne vint. Ainsi ils entrerent 
dans le temple de Baal; et la 
maison de Baal fut remplie depuis 
une extrémité jusqu'à l'autre ex- 
trémité. 

22. Il dit ensuite à ceux qui 
gardaient les vétements : Appor- 
tez des vétements à tous les ser- 


Caar. X. 10. 11] Rois, xxr, 29. — 18, III Rois, xvi, 31. 


15. * Réchab. Sur les Réchabites, voir Jérémie, xxxv. 


18. * Baal. Voir la note sur Juges, vi, 25. 


20. Sanclifiez; c'est-à-dire célébrez, observez comme saint. 


118 


viteurs de Baal. Εἰ ils leur appor- 
tèrent des vêtements. 

93. Et Jéhu, étant entré avec 
Jonadab, fils de Réchab , dans le 
temple de Baal, dit aux adora- 
teurs de Baal: Cherchez, et voyez 
que personne parmi vous ne soit 
des serviteurs du Seigneur; mais 
qu'il n'y ait que les seuls servi- 
teurs de Baal. 

24. Ils entrerent donc dans le 
temple pour sacrifier des victimes 
etdes holocaustes : or Jéhu s'était 
préparé dehors quatre-vingts 
hommes, etil leur avait dit : Qui- 
conque s'échappera d'entre les 
hommes que je remettrai moi- 
méme en vos mains, l'àme de ce- 
lui-ci sera pour l'àme de celui-là. 

95. Il arriva donc que, lorsque 
l'holocauste eut été achevé, Jéhu 
donna cet ordre à ses soldats et 
à ses officiers : Entrez, tuez, et 
qu'aucun n'échappe. Et les offi- 
ciers et les soldats les frapperent 
du tranchant du glaive, et les je- 
terent dehors; ensuite ils allè- 
rent dans la ville oü était le tem- 
ple de Baal, 

96. Et ils enlevèrent la statue 
de Baal du temple, et ils 18 brà- 
lerent, 

97. Etla réduisirent en poudre. 
Ils détruisirent aussi le temple 
de Baal, et firent à sa place des 
latrines qui ont subsisté jusqu'à 
ce jour. 


30. Infra, xv, 12. 


IV ROIS. 


]68. x.] 
28. C'est ainsi que Jéhu exter- 
mina Baal du milieu d'Ísraél ; 

29. Mais quant aux péchés de 
Jéroboam, fils de Nabath, qui fit 
pécher Israël, il ne s'en écarta 
pas, et il n'abandonna pas les 
veaux d'or qui étaient à Béthel et 
à Dan. 

30. Le Seigneur ditdonc àJéhu: 
Parce que tu as fait avec zèle ce 
qui était droit et plaisait à mes 
yeux, et que tout ce qui était en 
mon cœur, tu l'as fait contre la 
maison d'Achab, tes enfants, jus- 
qu'à la quatrieme génération, se- 
ront assis sur le tróne d'Israél. 

31. Cependant Jéhu n'eut pas 
soin de marcher dans la loi du 
Seigneur Dieu d'Israël en tout 
son cœur, et il ne s'écarta par des 
péchés de Jéroboam, qui avait 
fait pécher Israél. 

32. En ces jours-là, le Seigneur 
commenca à se lasser d'Israél, et 
Hazaël les battit sur toutes les 
frontieres d'Israél, 

33. Depuis le Jourdain, vers le 
côté oriental, ruinant toute la 
terre de Galaad, Gad, Ruben et 
Manassé, depuis Aroér, qui est 
sur le torrent d'Arnon, et Galaad, 
et Basan. 

34. Mais le reste des actions de 
Jéhu, tout ce qu'il a fait, et son 
courage, n'est-ce pas écrit dans 
le Livre des actions des jours des 
rois d'Israël? 


24. L'âme, etc. L'âme ou la vie de celui qui laissera échapper un de ces hommes 
me répondra de la vie del'homme qui se sera échappé. 

96. * La statue de Baal. Noir la note sur IV Rois, ur, 2. 

99. * À Béthel et à Dan. Noir III Rois, xu, 29. 


33. * Aroer, sur l'Arnon, qui séparait Israél de Moab, appartint à Ruben. Sa position 
sur l'Arnon est indiquée, pour qu'on ne la confonde point avec Aroer de Gad et Aroer 
de Juda. — Basan. Voir Nombres, xx1, 33. 

34. Dans le livre, etc. Voy. 111 Rois, xi, 41. 


[cg. x1.] 

35. Et Jéhu dormit avec ses pe- 
res, et on l'ensevelit à Samarie, 
et Joachaz, son fils, régna en sa 
place. 

36. Or les jours durant lesquels 
Jéhu régna sur Israël, en Sama- 
rie, furent de vingt-huit ans. 


CHAPITRE XI. 


Athalie fait mourir toute la race royale, 
et usurpe la couronne. Joas est sauvé 
de ce carnage, et établi ensuite sur le 
trône. Athalie est mise à mort. 


1. Cependant Athalie, mère 
d'Ochozias, voyant son fils mort, 
se leva et tua toute la race 
royale. 

9. Mais Josaba, fille du roi Jo- 
ram, sœur d'Ochozias, prenant 
Joas, fils d'Ochozias,le déroba du 
milieu des enfants du roi, que 
l'on tuait, ainsi que sa nourrice, 
l'enleva de sa chambre à coucher, 
et le cacha aux yeux d'Athalie, 
afin qu'il ne füt pas tué. 

3. Et il fut six ans avec sa 
nourrice en secret dans la mai- 
son du Seigneur; cependant 
Athalie régnait sur la terre. de 
Juda. 

4. Or, en la septieme année, 
Joïada envoya, et, prenant les 
centurions et les soldats, 11 les 
introduisit prés de lui dans le 
temple du Seigneur, et 11 fit al- 
liance avec eux ; et, les adjurant 
dans la maison du Seigneur, il 
leur montra le fils du roi; 

5. Et il leur ordonna, disant : 
Voici ce que vous devez faire: 

6. Qu'une troisième partie de 
vous entre au jour du sabbat, et 


IV ROIS. 


719 


qu'elle fasse sentinelle à la mai- 
son du roi. Mais qu'une troi- 
sième partie soit à la porte de 
Sur; et qu'une troisieme partie 
soit à la porte qui est derriere 
l'habitation des  scutaires, οἵ 
vous ferez sentinelle à la maison 
de Messa. 

7. Que les deux parties d'entre 
vous, qui toutes sortiront au jour 
du sabbat, fassent sentinelle à 
la maison du Seigneur auprès 
du roi. 

8. Et vous l'entourerez, ayant 
les armes en vos mains : mais si 
quelqu'un entre dans l'enceinte 
du temple, qu'il soit tué : et vous 
serez avec le roi lorsqu'il en- 
trera et qu'il sortira. 

9. Et les centurions firent se- 
lon tout ce que leuravait ordonné 
Joïada, le prêtre; et prenant cha- 
cun leurs hommes qui entraient 
au jour du sabbat, avec ceux qui 
sortaient au jour du sabbat, ils 
vinrent près de Joiada, le prêtre, 

10. Qui leur donna les lances 
et les armes du roi David, qui 
étaient dans la maison du Sei- 
gneur. 

11. Et ils se tinrent debout, 
chacun ayant les armes à la 
main, depuis le cóté droit du 
temple jusqu'au côté gauche de 
l’autel et du temple, autour du 
roi. 

12. Joiada présenta ensuite le 
fils. du roi, et il mit sur lui le 
diadème et le témoignage; ils le 
firent roi et loignirent; puis 
frappant des mains, ils dirent : 
Vive le roi! 


CHAP. XI. 1. II Par., xxi, 10. — 4. II Par., xxi, 1. 


6, 19. Les scutaires; que nous appelons aujourd'hui gardes du corps. 
12. Le lémoignage; c'est-à-dire la 101, le livre de Ja loi, 


720 

13. Or Athalie entendit la voix 
du peuple qui accourait, et en- 
trant vers la foule dans le temple 
du Seigneur, 

14. Elle vit le roi, qui était sur 
le tribunal, selon la coutume, et 
les chantres et les trompettes 
pres de lui, et tout le peuple de 
la terre se réjouissant, et son- 
nant des trompettes; alors elle 
déchira ses vétements, et s'é- 
cria : Conspiration! Conspira- 
tion! 

15. Alors Joiada ordonna aux 
centurions qui commandaient les 
troupes, disant : Emmenez-la 
hors de l'enceinte du temple; et 
que quiconque la suivra, soit 
frappé par le glaive. Car le prétre 
avait dit : Qu'elle ne soit pas 
tuée dans le temple du Seigneur. 

16. Ils mirent donc la main sur 
elle, et la trainerent par le che- 
min de la porte des chevaux, 
pres du palais; et elle fut tuée là. 

41. Joiada fit donc lalliance 
entre le Seigneur, entre le roi et 
entre le peuple, afin qu'il füt le 
peuple du Seigneur; et entre le 
roi et le peuple. 

18. Et tout le peuple de la 
terre entra dans le temple de 
Baal, et ils détruisirentsesautels, 
brisèrent complètement ses sta- 
tues : et Mathan lui-même, le 
prêtre de Baal, ils le tuerent de- 
vant l’autel. Et le prêtre mit des 
gardes dans la maison du Sei- 
gneur. 

19. Et il prit les centurions, 


IV ROIS. 


[cu. xu.) 


les légions de Céreth et de Phé- 
leth, et tout le peuple de la 
terre, et ils conduisirent le roi 
hors de la maison du Seigneur, 
et vinrent par le chemin de la 
porte des scutaires au palais; et 
s'assit sur le tróne des rois. 

20. Et tout le peuple de la terre 
se réjouit, et la ville demeura en 
paix; mais Athalie périt par le 
glaive dans la maison du roi. 

21. Or Joas avait sept ans lors- 
qu'il commenca à régner. 


CHAPITRE XII. 


Joas fait réparer le temple. Hazaél vient 
assiéger Jérusalem. Mort de Joas. Ama- 
sias lui succède. 


|. En la septieme année de 
Jéhu, régna Joas; et pendant 
quarante ans il régna dans Jéru- 
salem : le nom de sa mere était 
Sébia de Bersabée. 

2. Or Joas fit ce qui était droit 
devant le Seigneur, pendant tous 
les jours que l'instruisit Joiada, 
le prétre. 

3. Cependant il n'abolit pas les 
hauts lieux; car le peuple sacri- 
fiait encore et brülait de l'encens 
surles hauts lieux. 

4. Et Joas dit aux prétres : 
Quant à tout l'argent des choses 
saintes qui sera apporté dans le 
temple du Seigneur, par les pas- 
sants, qui est offert pour prix 
d'une âme, et qu'ils portent 
spontanément, et au gré de leur 
cœur dans le temple du Sei- 
gneur, 


44. * Le tribunal désigne ici une sorte d'estrade où le roi se plaçait par honneur. 
18. Et le prétre; c'est-à-dire le pontife Joiada. 
19. * Les légions de Céreth et de Phéleth. Voir II Rois, vin, 18. 


1. * De Bersabée. Voir Ja note sur Genèse, xxt, 14. 
9. * Les hauta lieux, Voir la note sur Nombres, xxu, 44, 


(cu. xir | 


5. Que les prétres le prennent, 
chacun selon son rang, et qu'ils 
réparent la maison du Seigneur, 
s'ils voient quelque chose qui ait 
besoin de réparation. 

6. Mais jusqu'à la vingt-troi- 
sieme année du roi Joas, les 
prétres n'avaient point fait les 
réparations du temple. 

7. Le roi Joas appela donc 
Joiada le pontife, et les prétres, 
leur disant: Pourquoi ne faites- 
vous point les réparations du 
temple? Ne recevez donc plus 
d'argent selon votre rang; mais 
rendez-le pour les réparations de 
la maison du Seigneur. 

8. Et il fut défendu aux prétres 
de recevoir à l'avenir de l'argent 
du peuple et de réparer la mai- 
son du Seigneur. 

9. Et Joiada, grand prétre, prit 
un coffre, et y fit une ouverture 
par-dessus, et il le placa pres de 
lautel, à la droite de ceux qui 
entraient dans la maison du Sei- 
gneur; et les prétres qui gar- 
daient les portes, y déposaient 
tout l'argent qui était apporté au 
temple du Seigneur. 

10. Lorsqu'ils voyaient qu'il y 
avait trop d'argent dans le tronc, 
le scribe du roi montait et le 
pontife, et ils versaient et comp- 
talent l'argent qui était trouvé 
dans la maison du Seigneur; 

11. Et ils le déposaient, en le 
comptant et en 16 mesurant, dans 
la main de ceux qui étaient à la 
tête des maçons de la maison du 


IV ROIS. 721 


Seigneur, et qui l'employaient 
pour les charpentiers, pour ces 
mêmes maçons qui travaillaient 
dans la maison du Seigneur, 

12. Et faisaient les réparations, 
et pour ceux qui taillaient les 
pierres; et pour acheter du bois 
et des pierres qu'on taillait, 
de manière à achever la restau- 
ration de la maison du Seigneur, 
en tout ce qui exigeait des dé- 
penses pour rétablir cette mai- 
son. 

13. Cependant on ne faisait 
point avec cet argent les cruches 
du temple du Seigneur, des 
fourchettes, des encensoirs, des 
trompettes, ni aucun vase d'or et 
d'argent, avec l'argent qui était 
apporté au temple du Seigneur; 

14. Car c'est à ceux qui fai- 
saient 16 travail, qu'il était donné, 
afin que le temple du Seigneur 
füt restauré. 

15. Kt lon n'en demandait 
point compte aux hommes qui le 
recevaient pour le distribuer aux 
ouvriers; mais ils l'employaieut 
de bonne foi. 

16. Quant à l'argent donné pour 
un délit, et à l'argent donné pour 
des péchés, on ne le portait point 
dans le temple du Seigneur, 
parce qu'il appartenait aux prè- 
tres. 

17. Alors Hazaël, roi de Syrie, 
monta, et 1l combattit contre 
Geth, et il la prit, et il tourna sa 
face pour monter vers Jérusa- 
lem. 


1. Rendez-le; rendez celui que vous avez recu. 
11. En le comptant et en le mesurant; littér.: selon le nombre et la mesure. Les 


auciens Hébreux n'avaient point d'argent monnayé pour leur commerce ; ils divi- 
saient l'or et l'argent en lingots plus ou moins forts. 


1i, * Gelh, une des cinq principales villes des Philistins. 


A. T. 


«6 


122 

18. C'est pourquoi Joas, roi de 
Juda, prit toutesles choses sanc- 
tifiées, qu'avaient consacrées au 
Seigneur Josaphat, Joram et 
Ochozias, ses peres, rois de Juda, 
el que lui-méme avait offertes, 
et tout largent qui put étre 
trouvé dans les trésors du temple 
du Seigneur et dans le palais du 
roi; et il l'envoya à Hazaél, roi 
de Syrie, et Zazaél se retira de 
Jérusalem. 

19. Mais le reste des actions 
de Joas, et tout ce qu'il a fait, 
n'est-ce pas écrit dans le Livre 
des actions des jours des rois de 
Juda? 

90. Or ses serviteurs se le- 
verent, et conspirèrent entre 
eux; et ils frapperent Joas en sa 
maison de Mello, à la descente 
de Sella. 

91. Josachar fils de Sémaath, et 
Jozabad, fils de Somer, ses 
serviteurs, le frappèrent, et il 
mourut; et on l'ensevelit avec 
ses peres dans la cité de David, 
et Amasias, son fils, régna en sa 
place. 


CHAPITRE XIII. 


Impiété de Joachaz, roi d'Israél. Il est 
batlu par le roi de Syrie. Joas, son fils, 
lui succède. Mort d'Elisée et d'Hazael. 


1. En la vingt-troisieme année 
de Joas, fils d'Ochozias, roi de 
Juda, Joachaz, fils de Jéhu, régna 
sur Israël dans Samarie, pendant 
dix-sept ans. 

9. Il fit le mal devant le Sei- 


IV ROIS. 


[cu. xur.] 
geur, et il suivit les péchés de 
Jéroboam, fils de Nabath, qui fit 
pécher Israél, et il ne s'en dé- 
tourna point. 

3. Et la fureur du Seigneur 
fut irritée contre Israël, et il les 
livra à la main d'Hazaél, roi de 
Syrie, et à la main de Béna- 
dad, fils 011828861, durant tous ses 
jours. 

4. Or Joachaz implora la face 
du Seigneur, et le Seigneur l'é- 
couta; car il vit l'angoisse d'Is- 
raél, parce que le roi de Syrie les 
avait brisés. 

ὃ. Et le Seigneur donna un 
sauveur à Israël, et il fut délivré 
dela main du roi de Syrie; et les 
enfants d'Israël habitèrent dans 
leurs tabernacles comme hier et 
avant-hier. 

6. Cependant ils ne s'écar- 
tèrent pas des péchés de la mai- 
son de Jéroboam, qui fit pécher 
Israël; mais.ils y marcherent, 
puisque méme le bois sacré de- 
meura toujours en Samarie. 

7. Et il ne resta de peuple à 
Joachaz que cinquante cavaliers, 
dix chariots et dix mille hommes 
de pied; car le roi de Syrie les 
avait tués et réduits comme la 
poussiere dans un battage d'aire. 

8. Mais le reste des actions de 
Joachaz, tout ce qu'il a fait, et 
son courage, n'est-ce pas écrit 
dans le Livre des actions des 
jours des rois d'Israël? 

9. Et Joachaz dormit avec ses 
peres, et on l'ensevelit à Sama- 


19. Dans le livre, etc. Voy. III Rois, x1, 41. 
20. * δὼ maison de Mello, probablement la citadelle de Jérusalem. — Se//a, inconnu, 


3. Durant (ous ses jours; c'est-à-dire tant que Joachaz vécut. Voy. le vers. 22. 
9. Hier et avant-hier; hébraisme, pour : auparavant. 
6. * Le bois sacré. Voir la note sur Exode, xxxiv, 13. 


[cu. x1.] 
rie; et Joas, son fils, régna en sa 
place. 

10. En la trente-septième an- 
née de Joas, roi de Juda, Joas, 
fils de Joachaz, régna sur Israél 
dans Samarie, pendant seize ans; 

11. Et il fit le mal devant le 
Seigneur : il ne se détourna pas 
de tous les péchés de Jéroboam, 
fils de Nabath, qui fit pécher Is- 
raël; mais il y marcha. 

19. Mais le reste des actions de 
Joas, tout ce qu'il a fait, et son 
courage, et comment il combat- 
tit contre Amasias, roi de Juda, 
n'estce pas écrit dans le Livre 
des actions des jours des rois 
d'Israël ? 

18. Et Joas dormit avec ses 
peres; mais Jéroboam s'assit sur 
son tróne. Or Joas fut enseveli à 
Samarie avec les rois d'Israél. 

14. Cependant Elisée était ma- 
lade de la maladie méme dont il 
mourut; et Joas, roi d'Israél, 
descendit vers lui, et il pleurait 
devant lui, et disait : Mon père, 
mon père, vous le char d'Israël 
et son conducteur. 

15. Et Elisée lui dit : Apportez- 
moi un arc et des flèches. Et 
lorsqu'il lui eut apporté un arc 
et des fleches, 

16. Elisée dit : Mettez votre 
main sur cet arc. Et lorsque le 
roi eut mis sa main, Elisée mit 
ses mains sur les mains du roi, 

11. Et dit : Ouvrez la fenétre 
qui regarde l'orient. Et lorsqu'il 
leut ouverte, Elisée dit : Jetez 


(παρ. XIII. 21. Eccli., ,טא‎ 


IV ROIS. 723 


une flèche. Et il 18 jeta. Et Elisée 
reprit : Flèche de salut du Sei- 
gneur, flèche de salut contre la 
Syrie; et vous frapperez la Syrie 
à Aphec, jusqu'à ce que vous 
l'exterminiez. 

18.11 dit encore: Prenez les 
fleches. Lorsque le roi les eut 
prises, il lui dit de nouveau : 
Frappez la terre avec un dard. 
Et lorsqu'il eut frappé trois fois, 
et qu'il se fut arrété, 

19. L'homme de Dieu s'irrita 
contre lui et dit : Si vous eussiez 
frappé la terre cinq fois, ou six 
fois, ou sept fois, vous auriez 
frappé la Syrie jusqu'à l'extermi- 
nation; mais maintenant vous la 
frapperez par trois fois. 

20. Elisée mourut donc, et on 
lensevelit. Or des voleurs de 
Moab vinrent sur la terre d'Is- 
raél en cette méme année. 

21. Or quelques hommes en- 
terrant un mort virent les vo- 
leurs, et jetèrent le cadavre dans 
le sépulcre d'Elisée. Lorsque le 
cadavre eut touché les os d'Eli- 
sée, l'homme revécut, et se tint 
sur ses pieds. 

22. Hazaél, roi de Syrie, affligea 
done Israél durant tous les jours 
de Joachaz ; 

23. Et le. Seigneur eut pitié 
d'eux, et il revint à eux à cause 
de son alliance qu'il avait faite 
avec Abraham, Isaac et Jacob : il 
ne voulut pas les perdre, ni les 
rejeter entierement jusqu'a 
temps présent. 


11. Il ne se délourna pas de lous les péchés; c'est-à-dire il ne se détourna d'aucun 
péché; car en hébreu, comme nous l'avons déjà remarqué, le mot (out, suivi d'une 


négation, signifie, aucun, pas un seul, nul. 


41. * A Aphec. Voir la note sur ΠῚ Rois, xx, 26. 


724 

24. Cependant Hazaël, roi de 
Syrie, mourut, et Bénadad, son 
fils, régna en sa place. 

25. Mais Joas, fils de ו‎ 
reprit de la main 66 4 
fils d'Hazael, les villes qu'Hazaél 
avalt prises de la main de Joa- 
chaz, son père, par le droit de la 
guerre. Joas le battit par trois 
fois, et il rendit les villes d'Israél. 


CHAPITRE XIV. 


Amasias fait mourir les meurtriers de son 
pére; il bat les Iduméens, et il est vain- 
cu par Joas, roi d'Israël. Mort de Joas. 
Jéroboam lui succède. Amasias est tué 
par les siens. Azarias régne après lui. 
Mort de Jéroboam. Zacharias régne en 
sa place. 


1. En la seconde année de 
Joas, fils de Joachaz, roi d'Israél, 
régna Amasias, fils de Joas, roi 
de Juda. 

2. 1] avait vingl-cinq ans lors- 
quil commenca à régner; et il 
régna vingt-neuf ans dans Jéru- 
salem ; le nom de sa mere était 
Joadan de Jérusalem. 

3. Et il fit ce qui était droit de- 
vant le Seigneur, cependant non 
pas comme David, son pere. Il fit 
selon tout ce que Joas son père 
avait fait; 

4. Si ce n'est seulement qu'il 
n'abolit point les hauts lieux, car 
le peuple sacrifiait encore et brü- 
‘ait de lencens sur les hauts 
lieux. 

5. Et lorsqu'il eut obtenu le 


Cnae: XIV. 2. 1] Par., xxv, 


IV ROIS. 


4. — 6. Deut., 


[cH. x1v.] 


royaume, 11 frappa de mort ses 
serviteurs qui avaient tué le roi, 
son pere; 

6. Mais les enfants de ceux qui 
avaient commis le meurtre, il ne 
les tua point, selon ce qui est 
écrit au livre de la loi de Moise, 
et comme a ordonné le Seigneur, 
disant : Des pères ne mourront 
pas pour des enfants, et des en- 
fanis ne mourront point pour des 
pères; mais chacun mourra pour 
son péché. 

7. Ce fut lui qui battit Edom 
dans la vallée des Salines, £uant 
dix mille hommes, et il prit le 
rocher dans cette bataille, et il 
l'appela du nom de Jectéhel, jus- 
qu'au présent jour. 

8. Alors Amasias envoya des 
messagers vers Joas, fils de Joa- 
chaz, fils de Jéhu, roi d'Israël, di- 
sant : Venez, et voyons-nous. 

9. Et Joas, roi d'Israël, envoya à 
son tour vers Amasias, roi de 
Juda, disant: Le chardon du Li- 
ban envoya vers le cèdre qui est 
au Liban, disant: Donnez votre 
fille à mon fils pour femme. Et 
les bétes de la forét qui sont au 
Liban passèrent, et foulèrent aux 
pieds le chardon. 

10. Vous l'aves emporté sur 
Edom, en le battant, et votre 
coeur vous a élevé. Soyez content 
de celle gloire, et restez dans 
votre maison. Pourquoi provo- 
quez-vous un malheur, pour que 


xxiv, 16; Ezech., xvii, 20. 


1. Edom; c'est-à-dire les Iduméens, descendants d'Esaü, appelé aussi Edom (Ge- 


nése, xxv, 90). 


— Jectéhel; c'est-à-dire obéissance à Dieu, selon les uns, ou 4 sera 


soumis, assujetti par Dieu, suivant d'autres; ou bien, c'est le nom de celui qui le 
premier prit le rocher. — Devant jusqu'au présent jour, il faut suppléer l'ellipse, non 


qu'il a conservé. — * 


Le rocher est la traduction de Pétra, capitale de l'Idumée, en 


hébreu Séla. C'est cette ville qui a donné son nom à l'Arabie-Pétrée. — Sur la vallée 


des Salines, voir 11 Rois, vir, 13. 


[cn. xiv.] 
vous tombiez, vous et Juda avec 
vous? 

11. Mais Amasias ne l'écouta 
pas; et Joas, roi d'Israél, monta 
contre lui, et ils se virent, lui et 
Amasias, roi de Juda, à Bethsa- 
mes, ville de Juda. 

19. Et Juda fut vaincu par Is- 
raél, et ils s'enfuireut, chacun 
dans leurs tabernacles. 

13. Mais Joas, roi d'Israël, prit 
à Bethsamés, Amasias, roi de 
Juda, fils de Joas, fils d'Ochozias, 
et l'emmena à Jérusalem; et il 
perça le mur de Jérusalem, de- 
puis la porte d'Ephraim jusqu'à 
la porte de l'angle, espace de 
quatre cents coudées. 

14. Et il emporta tout l'or et 
l'argent, tous les vases qui furent 
trouvés dans la maison du Sei- 
gneur, et dans tous les trésors du 
roi, et les otages, et il retourna à 
Samarie. 

13. Mais le reste des actions de 
Joas, et son courage avec lequel 
il combattit contre Amasias, roi 
de Juda, n'est-ce pas écrit. dans 
le Livre des actions des jours des 
rois d'Israël? 

46. Et Joas dormit avec ses 
pères, et fut enseveli à Samarie 
avec les rois d'Israël; et Jéro- 
boam, son fils, régna en sa place. 

11. Mais Amasias, fils de Joas, 


21. II Par., xxvi, 1. — 25. Jon., 1, 1. 


IV ROIS. 725 


roi de Juda, vécut quinze ans 
aprés que fut mort Joas, fils de 
Joachaz, roi d'Israél. 

18. Mais le reste des actions 
d'Amasias n'est-il pas écrit dans 
le Livre des actions des jours des 
rois de Juda? 

19. Et il se fitune conspiration 
contre lui à Jérusalem; mais lui 
s'enfuit à Lachis. Et on envoya 
apres lui à Lachis, et on le tua là. 

20. On transporta son cadavre 
sur les chevaux, et il fut ense- 
seveli avec ses pères dans la 
cité de David. 

21. Tout le peuple prit ensuite 
Azarias, âgé de seize ans, et ils 
l'établirent roi en la place de son 
père Amasias. 

22. Ce fut lui qui bâtit Elath, et 
la rendit à Juda, apres que le roi 
se fut endormi avec ses pères. 

29. En la quinziéme année d'A- 
masias, fils de Joas, roi de Juda, 
Jéroboam, fils de Joas, roi d'Is- 
raél, régna à Samarie, e£ 77 régna 
quarante-un ans; 

24. Et il fit le mal devant le 
Seigueur. Il ne s'écarta pas de 
tous les péchés de Jéroboam, fils 
de Nabath, qui fit pécher Israël. 

25. C'est lui qui rétablit les li- 
mites d'Israël depuis l'entrée 
d'Emath jusqu'à la mer du dé- 
sert, selon la parole que le Sei- 


41. * Bethsamés, aujourd'hui Ain-Schems, au nord-ouest de Jérusalem. 

13. * Quatre cents coudées, environ 200 mètres. 

15. Dans le Livre, etc. Voy. III Rois, xi, 41. 

19. * Lachis, à l'entrée de la plaine des Philistins, ἃ l'est, au sud-ouest d'Eleuthé- 


ropolis. 


22. * Elath, à la pointe septentrionale du golfe Elanitique. 

24. De tous les péchés; c'est-à-dire d'aucun péché. ΝΟΥ. xur, 11. 

25. * Emath. Voir ΠῚ Rois, vin, 9. — La mer du désert, la mer Morte. — sonas, le 
petit prophète de ce nom. — Gelh qui est en Opher, au nord-est de Nazareth, sur 


une colline. 


726 


gneur Dieu d'Israël avait dite par 
son serviteur Jonas, le prophète, 
fils d'Amathi, qui était de Geth, 
qui est en Opher. 

96. Gar. le Seigneur vit l'afflic- 
tion tres amere d'Israél, et qu'ils 
étaient consumés jusqu'à ceux 
qui étaient renfermés dans la 
prison, et jusqu'aux derniers du 
peuple, et qu'il n'y avait personne 
qui secourüt Israél. 

Et le Seigneur ne dit pas‏ .דפ 
qu'il effacerait le nom d'Israël de‏ 
dessous le ciel; mais il les sauva‏ 
parla main de Jéroboam, fils de‏ 
Joas.‏ 

98. Mais le reste des actions de 
Jéroboam, tout ce qu'il a fait, 
son courage avec lequel il com- 
battit, et comment il rendit Da- 
mas et Emath à Juda en Israél, 
n'est-ce pas écrit dans le Livre 
des actions des jours des rois 
d'Israël ? 

99. Et Jéroboam dormit avec 
ses peres, les rois d'Israél, et Za- 
charie, son fils, régna en sa 
place. 


CHAPITRE XV. 


Azarias, roi de Juda, devient lépreux. 
Joathan gouverne en sa place. Zacha- 
rias,roi d'Israél, est tué par Sellum,qui 
s'empare du tróne. Manahem succéde 
à Sellum, et a pour successeur Pha- 
céia, et aprés lui Phacée. Théglathpha- 
lasar transporte en Syrie une grande 
partie des Israélites. Osée succède à 
Phacée, et Achaz à Joathan, roi de Juda. 


1. En la vingt-septième année 
de Jéroboam, roi d'Israël, régna 


Cuar. XV. 5. II Par., xxvi, 21. 


p————————M— ICS — 


98. * Damas. Voir 111 Rois, x1, 24. 


IV ROIS. 


[cu. xv.] 
Azarias, fils d'Amasias, roi de 
Juda. 

2. Il avait seize ans lorsqu'il 
commença à régner, et il régna 
cinquante-deux ans dans Jérusa- 
lem : le nom de sa mère était Jé- 
chélie de Jérusalem. 

3. Et il fit ce qui était agréable 
devant le Seigneur, selon tout ce 
que fit Amasias, son père. 

4. Cependant il ne démolit pas 
les hauts lieux, et le peuple sa- 
crifiait encore et brülait de l'en- 
cens sur les hauts lieux. 

5. Mais le Seigneur frappa le 
roi, et il fut lépreux jusqu'au jour 
de sa mort, et il habitait dans la 
maison retirée, séparément : ce- 
pendant Joathan, fils du roi, gou- 
vernait le palais, et jugeait le 
peuple de la terre. 

6. Mais le reste des actions 
d'Azarias , et tout ce qu'il a fait, 
n'est-ce pas écrit dans le Livre 
des actions des jours des rois de 
Juda? 

7. Et Azarias dormit avec ses 
pères, et on l'ensevelit avec ses 
ancétres daus la cité de David, et 
Joathan, son fils, régna en sa 
place. 

8. En la trente-huitième année 
d'Azarias, roi de Juda, Zacharie, 
fils de Jéroboam, régna sur Israël 
à Samarie pendant six mois. 

9. Et il fit le mal devant le Sei- 
gneur, comme avaient fait ses 
pères, et il ne s'écarta pas des pé- 
chés de Jéroboam, fils de Nahath, 
qui fit pécher Israël. 


5. La maison retirée; littér. la maison libre. Dans le passage parallèle, 1] Paralip., 
xxvi, 21, on lit {a maison séparée. L'hébreu porte dans les deux endroits, /a maison 


d'infirmilé, de maludie. 


[cu. xv.] 


10. Or Sellum, fils de Jabes, 
conspira contre lui; il le frappa 
publiquement, et il le tua; et il 
régna en sa place. 

11. Mais le reste des actions de 
Zacharie n'est-il pas écrit dans le 
Livre des actions des jours des 
rois d'Israël? 

19. Voici la parole du Seigneur 
qu'il avait dite à Jéhu, disant : 
Tes enfants jusqu'à la quatrieme 
génération seront assis sur le 
tróne d'Israél. Et il fut fait ainsi. 

13. Sellum, fils de Jabès, régna 
la trente-neuvième année d'Aza- 
rias, roi de Juda; mais il régna 
un mois seulement à Samarie. 

14. Car Manahem, fils de Gadi, 
monta de Thersa, vint à Samarie, 
frappa Sellum, fils de Jabes, à Sa- 
marie, le tua, et régna en sa place. 

15. Mais le reste des actions de 
Sellum, et sa conspiration par la- 
quelle il tendit des embüches, ne 
sont-ils pas écrits dans le Livre des 
actions des jours desrois d'Israël? 

16. Ce fut alors que Manahem 
frappa Thapsa, et tous ceux qui 
y étaient, et ses confins depuis 
Thersa; car ses habitants ne lui 
avaient pas voulu ouvrir /es por- 
tes; etil entua toutes les femmes 
enceintes et les coupa en deux. 

11. En la trente-neuvieme an- 
née d'Azarias, roi de Juda, Ma- 
nahem, fils de Gadi, régna sur 


12. Supra, x, 30. 


IV ROIS. 


727 


Israël à Samarie pendant dix ans. 

18. Et il fit le mal devant le 
Seigneur, et il ne s'écarta pas des 
péchés de Jéroboam, fils de Na- 
bath, qui fit pécher Israël durant. 
tous ses jours. 

19. Phul, roi des Assyriens, 
vint dans la terre d'Israël, et Ma- 
nahem lui donna mille talents 
d'argent, afin qu'il le secourût et 
qu'il affermit son règne. 

20. Et Manahem leva cet argent 
dans Israél sur tous les puissants 
et les riches, afin de donner au 
roi des Assyriens cinquante sicles 
d'argent par téte : le roi des Assy- 
riens retourna aussitôt, et il ne 
demeura point dans le pays. 

21. Mais le reste des actions de 
Manahem, et tout ce qu'il a fait, 
n'est-ce pas écrit dans le Livre des 
actions des jours des rois d'Israël? 

22. Et Manahem dormit avec 
ses peres, et Phacéia, son fils, 
régna en sa place. 

23. En la cinquantième année 
d'Azarias, roi de Juda, Phacéia, 
fils de Manahem, régna sur Israël 
à Samarie pendant deux ans. 

24. Et il fit ce qui était mal de- 
vant le Seigneur, et il ne s'écarta 
pas des péchés de Jéroboam, fils 
de Nabath, qui fit pécher Israël. 

25. Or Phacée, fils de Romélie, 
chef de son armée, conspira con- 
tre lui, et il le frappa à Samarie 


16. * Thapsa, la Tafsah actuelle, au sud de Sichem. 


19. * Phul, roi des Assyriens, est le méme que Téglathphalasar du y. 29. Téglath- 
phalasar lIT, roi d'Assyrie, régna dix-huit ans, de 145 à 728 avant J-C., d'après les 
annales assyriennes, qui racontent ses campagnes contre Israël et énumérent parmi les 
villes dont il s'empara quelques-unes de celles qui sont nommées dans 16 quatrième livre 
des Rois. 

20. * Cinquante sicles d'argent par tête. Voir la note sur II Rois, xvi, 11-12. 


25. Chef de son armée. Voy. vit, 2, — * D'après le texte hébreu, Argob et Arié sont 
des noms d'homme, - 


728 IV ROIS. 


dans la tour de la maison royale, 
prés d'Argob et pres d'Arié, et 
avec lui, cinquante hommes 
d'entre les enfants des Galaadites, 
et il le tua et régna en sa place. 

26. Mais le reste des actions de 
Phacéia, et tout ce qu'il a fait, 
n'est-ce pas écrit dans le Livre 
des actions des jours des rois 
d'Israël ? 

27. En la cinquante-deuxième 
année d'Azarias, roi de Juda, 
Phacée, fils de Romélie, régna 
sur Israël à Samarie pendant 
vingt ans. 

28. Et il fit le mal devant le 
Seigneur, et il ne s'écarta pas des 
péchés de Jéroboam, fils de Na- 
bath, qui fit pécher Israél. 

29. Dans les jours de Phacée, 
roi d'Israël, vint Théglathpha- 
lasar, roi des Assyriens, et il prit 
Aion, et Abelmaison de Maacha 
et Janoé, Cédès, Asor, Galaad, la 
Galilée, et toute la terre de Neph- 
thali, et en transporta les habi- 
tants chez les Assyriens. 

30. Mais Osée, fils d’Ela, cons- 
pira, tendit des embüches à Pha- 
cée, fils de Romélie, le frappa et 
le tua ; et il régna en sa place, la 
vingtieme année de Joathan, fils 
d'Ozias. 

31. Mais le reste des actions de 
Phacée, et tout ce qu'il a fait, 
n'est-ce pas écrit dans le Livre 
des actions des rois d'Israel? 

32. En laseconde année de Pha- 
cée, fils de Romélie, roi d'Israél, 


32. II Par., נטאא‎ À. 


[cH. xvi; 


régna Joatham, fils d'Ozias, roi 
de Juda. 

33. Il avait vingt-cinq ans lors- 
qu'il commenca à régner, et il 
régna pendant seize ans dans 
Jérusalem : le nom de sa mère 
était Jérusa, fille de Sadoc. 

34. Il fit ce qui était agréable 
devant le Seigneur, et tout ce 
qu Ozias, son pere, avait fait. 

88. Cependant il n'abolit pas les 
hauts lieux ; car le peuple sacri- 
fiait encore et brülait de l'encens 
sur les hauts lieux : ce fut lui 
qui bátit la porte de la maison 
du Seigneur, la plus haute. 

36. Mais le reste des actions de 
Joatham, et tout ce qu'il a fait, 
n'est-ce pas écrit dans le Livre 
des actions des jours des rois de 
Juda? 

3. En ces jours-là, le Seigneur 
commenca à envoyer contre Juda 
Rasin, roi de Syrie, et Phacée, 
fils de Romélie. 

38. Et Joatham dormit avec ses 
pères; et il fut enseveli avec eux 
dans la cité de David, son pere, et 
Achaz, son fils, régna en sa place. 


CHAPITRE XVI. 


Achaz se livre au culte des idoles. Il est 
assiégé dans Jérusalem par Rasin et par 
Phacée, 1] appelle à son secours Thé- 
glathphalasar. Il fait dresser dans le 
temple un autel conforme à celui de 
Damas. Il meurt et Ezéchias lui suc- 
cède. 


1. En la dix-septième année de 
Phacée, fils de Romélie, régra 


29. * Aion ou Ahion, ville de Nephthali de méme que Abelmaison de Maacha, en 
hébreu Abelbethmaacha, qui était probablement située sur une colline à l'est de 
l'ouadi Desdarah. — Junoé est identifié par quelques-uns avec Yanün, au sud-est de 
Naplouse. — Cédés de Nephthali. Voir la note sur Juges, 1v, 6. — Asor, non loin de 
Jédés et du lac Mérom, dans la tribu de Nephthali, sur une émiuence. 


[cu. xv. 


Achaz, fils de Joatham, roi de 
Juda. 

9. Achaz avait vingt ans lors- 
quil commenca à régner, et il 
régna seize ans à Jérusalem : il 
ne fit point ce qui était agréable 
en la présence du Seigneur son 
Dieu, comme David son pere; 

3. Mais il marcha dans la voie 
des rois d'Israël; de plus il con- 
sacra méme son fils, le faisant 
passer par le feu, selon le culte 
des idoles des nations qu'avait 
dissipées le Seigneur devant les 
enfants d'Israël. 

4. Il immolait aussi des vic- 
times, et offrait de l'encens sur 
les hauts lieux, sur les collines, 
et sous tout arbre couvert de 
fevillage. 

5. Alors Rasin, roi de Syrie, 
et Phacée, fils de Romélie, roi 
d'Israël, monterent à Jérusalem 
pour livrer bataille, et quoiqu'ils 
tinssent Achaz assiégé, ils ne pu- 
rent pas le vaincre. 

6. En ce temps-là, Rasin, roi 
de Syrie, rendit Aila à la Syrie, 
et chassa les Juifs d'Aila; et les 
Iduméens vinrent à Aila, et ils y 
ont habité jusqu'à ce jour. 

7. Alors Achaz envoya des 
messagers à Théglathphalasar, roi 
des Assyriens, disant : Je suis 
votre serviteur et votre fils; 
montez, sauvez-moi de la main 
du roi de Syrie et de la main du 
roi d'Israél, qui se sont levés 
ensemble contre moi. 


IV ROIS. 


729 


8. Et ayant amassé largent et 
lor qui put étre trouvé dans la 
maison du Seigneur et dans les 
irésors du roi, il envoya au roi 
des Assyriens des présents. 

9. Celui-ci acquiesca à sa vo- 
lonté : le roi des Assyriens, en 
effet, monta à Damas, et la rava- 
gea; il en transféra les habitants 
à Cyrene, mais il tua Rasin. 

10. Alors le roi Achaz alla à la 
rencontre de Théglathphalasar, 
roi des Assyriens, à Damas; et 
lorsqu'il eut vu l'autel de Damas, 
le roi Achaz en envoya au prétre 
Urie le modèle et la représenta- 
tion d'après tout le travail de cet 
autel. 

41. Urie, le prêtre, construisit 
donc l'autel; selon tout ce que le 
roi Achaz avait ordonné de Da- 
mas, ainsi fit le prêtre Urie, jus- 
quà ce que le roi Achaz vint de 
Damas. 

12. Et lorsque le roi fut venu 
de Damas, il vit cet autel, et il le 
révéra; puis il monta, et immola 
les holocaustes, et son sacrifice ; 

13. Et il fit des libations, et ré- 
pandit le sang des hosties paci- 
fiques quil avait offertes sur 
l'autel. 

14. Quant à l'autel d'airain qui 
était devant le Seigneur, il le 
transféra de devant la face du 
temple, de la place de l'autel et 
de la place du temple du Sei- 
gneur, et il 16 mit à côté de l'au- 
tel, vers l'aquilon. 


(παρ. XVI. 2. II Par., xxvrrm, 1. 5. Isaie, vu, 1. 


————————ÓMá———— MU 


6. * Aila, Elath, à la pointe septentrionale du golfe Elanitique. 

1. * Téglathphalasar. Voir plus haut, xv, 19. 

9. * Damas. Voir la nole sur III Rois, xi, 24. — Cyréne. L'hébreu porte Kyr et non 
pas Cyréne, c'est-à-dire le pays arrosé par le fleuve Kyr qui prend sa source en 
Arménie, se réunit ensuite à l'Araxe et se jette dans la mer Caspienue. 


130 


45. Le roi Achaz ordonna 
aussi à Urie, le prétre, disant : 
Offre sur le grand autel l'holo- 
causte du matin et le sacrifice du 
soir, l'holocauste du roi et son 
sacrifice, l'holocauste de tout le 
peuple, leurs sacrifices et leurs 
libations; mais tout le sang des 
holocaustes et tout le sang des 
victimes, tu le répandras sur cet 
autel; et quant à l'autel d'airain, 
il sera préparé selon ma volonté. 

16. Ainsi Urie, le prétre, fit 
tout selon ce qu'avait ordonné le 
roi Achaz. 

17. Or le roi Achaz enleva les 
bases ciselées et le bassin qui 
était dessus, et il óta la mer de 
dessus les bœufs d'airain, qui la 
soutenaient, et il la mit sur le 
pavé, qui était de pierre. 

18. Méme le Musach du sabbat, 
qu'il avait báti dans le temple, 
et l'entrée extérieure du roi, il 
les transporta dans le temple du 
Seigneur, à cause du roi des As- 
syriens. 

19. Mais le reste des actions 
d'Achaz, qu'il a faites, n'est-il pas 
écrit dans le Livre des actions 
des jours des rois de Juda? 

90. Et Achaz dormit avec ses 
peres, et fut enseveli avec eux 


IV ROIS. 


[cu. xvir.] 


dans la cité de David, et Ezé- 
chias, son fils, régna en sa place. 


CHAPITRE XVII. 


Siège de Samarie par Salmanasar. La 
ville est prise, et les Israélites trans- 
portés dans l'Assyrie. Colonies en- 
voyées dans Samarie à la place des Is- 
raélites. 


1. En la douzième année d'A- 
chaz, roi de Juda, Osée, fils d'Ela, 
régna à Samarie sur Israél pen- 
dant neuf ans. 

2. Et il fit 16 mal devant le Sei- 
gneur, mais non comme les rois 
d'Israël qui furent avant lui. 

3. Salmanasar, roi des Assy- 
riens, monta contre lui, et Osée 
fut asservi à Salmanasar, roi des 
Assyriens, et il lui payait des tri- 
buts. 

4. Mais, le roi des Assyriens, 
ayant découvert qu'Osée s'effor- 
6816 de se révolter contre lui, 
avait envoyé des messagers à 
Sua, roi d'Egypte, pour ne point 
payer des tributs au roi des Assy- 
riens, comme il avait coutume 
tous les ans, il l'assiégea, et l'en- 
voya lié en prison. 

5. Il parcourut ensuite tout le 
pays; et montant à Samarie, il 
l'assiégea pendant trois ans. 


(βαρ. XVII. 3. Infra, xvru, 9; Tobie, 1, 2. 


. M M M———ÓÓ 


18. Le Musach du sabbat; c'est-à-dire qui servait le jour du sabbat. Le mot Musach 
signifie en hébreu qui est couvert; la version grecque l'a rendu par le fondement du 
siège, c'est-à-dire la base sur laquelle était porté le siège du roi. Ce siege, qui pro- 
bablement était couvert de tapis, orné de draperies, et qui était placé dans le parvis 
du temple, fut transporté dans le parvis des prêtres. — À cause du roi des Assyriens. ' 
qui aurait trouvé inconvenant que le roi priát au milieu du peuple. 


3. * Salmanasar, roi des Assyriens, successeur de Téglathphalasar et prédécesseur 
de Sargon, régna de 121 à 123 ou 122 avant J.-C. Dans les inscriptions assyriennes, 
Sargon s'attribue la prise de Samarie dont le siège avait été commencé par Sal- 
manasar. 

4. * Sua ou Schabak, roi éthiopien qui était devenu maitre de l'Egypte, en 125. Il 
appartient à la xxve dynastie égyptienne. 1] alla trop tard au secours des Israëlites 
et fut battu par les Assyriens apres la chute de Samarie. - 


{cu. χνπ.] 

6. Or, en la neuvième année 
d'Osée, le roi des Assyriens prit 
Samarie, et transféra Israël chez 
les Assyriens, et les conduisit en 
Hala et en Habor, près du fleuve 
de Gozan, dans les villes des 
Medes. 

7. Et cela arriva parce que les 
enfants d'Israël avaient péché 
contre le Seigneur leur Dieu, qui 
les avait retirés de l'Egypte et de 
la main de Pharaon, roi d'Egypte, 
et parce qu'ils adorerent des 
dieux étrangers. 

8. Et ils marchèrent selon les 
coutumes des nations que le Sei- 
gneur avait exterminées en la 
présence des enfants d'Israél, et 
selon les coutumes des rois d'Is- 
raël, parce qu'ils avaient fait de 
méme que ces nations. 

9. Et les enfants d'[sraél offen- 
serent le Seigneur leur Dieu 
par des actions qui n'étaient pas 
droites, et ils se bâtirent des 
hauts lieux dans toutes leurs 
villes, depuis la Tour des gardes 
jusqu'à la Cité fortifiée. 

10. Et ils se firent des statues, 
et des bois sacrés sur toute col- 


IV ROIS. 731 


line haute, et sous tout arbre 
touffu ; 

41. Et ils brülaient là de l'en- 
cens sur des autels, à la maniere 
des nations que 16 Seigneur avait 
transportées loin de leur face, 
et ils firent des actions trés mau- 
vaises en irritant le Seigneur. 

12. Et ils adorerent les impu- 
retés, au sujet desquelles le Sei- 
gneur leur avait ordonné de ne 
pas faire cette chose. 

13. Le Seigneur protesta dans 
Israél et dans Juda par l'entre- 
mise de tous les prophètes et des 
voyants, en disant : Revenez de 
vos voies trés mauvaises, et gar- 
dez mes préceptes et mes céré- 
monies, selon toute la loi que 
jai prescrite à vos pères, et 
comme je vous l'ai envoyé dire 
parl'entremise de mes serviteurs, 
les prophètes. 

14. Et ils n'écouterent point ; 
mais ils rendirent leur cou in- 
flexible, comme le cou de leurs 
peres, qui ne voulurent pas obéir 
au Seigneur leur Dieu. 

15. Et ils rejeterent ses lois, et 
l'alliance qu'il fit avec leurs pères, 


6. Infra, xvii, 10, — 13. Jérémie, xxv, 5. 
10.0 O20 00 0 ρει, Re + 


6. En Hala, etc. Ce passage assez obscur, et que nous avons traduit littéralement 
de la Vulgate, parait signifier d'apres l'hébreu : En Hala, et sur le Habor, fleuve du 
pays de Gozan, et dans les villes des Médes. L'endroit parallèle, ch. xvin, est absolu- 
ment le méme dans le texte original, mais non point dans la Vulgate. Quant à 
la différence qui se trouve dans I Paralip., v, 26, nous pensons qu'elle ne peut 
provenir que d'une faute de copiste. — * Samarie fut prise l'an 121 avant J.-C. — 
Les inseriptions cunéiformes ont fourni sur les pays mentionnés ici des lumiéres 
nouvelles. Hala estla Chalcitide entre Anthémuse et le pays de Gozan en Mésopotamie. 
— Le Habor est un affluent de l'Euphrate, appelé encore aujourd'hui Khabour. Sa 
principale source est à l'ouest de Mardin. 1] se jette dans l'Euphrate à Kerkésiah. — 
Gozan, limitrophe de la Chalcitide, était en Mésopotamie. 

9. * Depuis la Tour des gardes jusqu'à la Cité fortifiée, depuis le plus petit village 
ou une maison isolée jusqu'aux grandes villes. 

10. * Des statues, des cippes de Baal et d'Astaroth. — Et des bois sacrés. Voir la note 
sur Exode, זוצצצ‎ 13. 

12. Les impuretés; seion l'hébreu : Les ordures; c'est-à-dire les idoles. 

18. Les vanités, C'est encore un nom que l'Ecriture donne aux idoles 


132 


et les déclarations par lesquelles 
il protesta contre eux; ils suivi- 
rent aussi les vanités, et agirent 
vainement; ils suivirent les na- 
tions qui étaient autour d'eux, et 
au sujet desquelles le Seigneur 
leur avait ordonné de ne pas 
faire comme elles-mêmes fai- 
saient. 

16. Et ils abandonnèrent tous 
les préceptes du Seigneur leur 
Dieu; et ils se firent deux veaux 
de fonte et des bois sacrés, ado- 
rerent toute la milice du ciel, et 
servirent Baal ; 

17. Puis ils consacrèrent leurs 
fils et leurs filles par le feu; et ils 
se livraient à des divinations et 
aux augures, et ils s'abandonne- 
rent à faire le mal devant le Sei- 
gneur, en sorte qu'ils l'irriterent. 

18. Le Seigneur donc fut extré- 
mement irrité contre Israél, et il 
les óta de sa présence, et il ne 
demeura que la tribu de Juda 
seulement. 

19. Or Juda lui-méme ne garda 
point les commandements du 
Seigneur sou Dieu; mais il mar- 
cha dans les erreurs qu'lsraél 
avait commises. 

20. Et le Seigneur rejeta toute 


21. LI Rois, xir, 19. — 23. Jér., xxv, 9. 


IV ROIS. 


[cir. xvir.] 


la race d'Israét; et il les affligea, 
et les livra àla main des pillards, 
jusqu'à ce qu'il les rejetàt de de- 
vant sa face; 

91. Ce qui commenca dès le 
temps méme. qu'Israél se sépara 
dela maison de David, et qu'ils 
établirent pour leur roiJéroboam, 
fils de Nabath; car Jéroboam sé- 
para Israël d'avec le Seigneur, 
et leur fit commettre un grand 
péché. 

29. Et les enfants d'Israël mar- 
chèrent dans tous les péchés que 
Jéroboam avait commis, etils ne 
s’en écartèrent point, 

23. Jusqu'à ce que le Seigneur 
ótàt Israël de sa face, comme 1 
avait dit par l'entremise de tous 
ses serviteurs, les prophètes; et 
Israel fut transféré de sa terre 
chez les Assyriens, jusqu'à ce 
jour. 

24. Or leroi des Assyriens ame- 
na des habitants de Babylone, de 
Cutha, d'Ava, d'Emath et de Sé- 
pharvaim, et les établit dans les 
villes dela Samarie, en la place 
des enfants d'Israél : et ils possé- 
derent la Samarie, et habiterent 
dans ses villes. 

95. Or lorsqu'ils commencèrent 


LODELITIdITCLCOOULU'UDCEIOILLGOLZSZSLU‏ 2ש2ת7תשת- LONG ND‏ ו וו" 


18. IL Les δία, etc. Il les éloigna de la terre qu'il leur avait donnée, ou du temple 
oü il se rendait en quelque sorte présent à eux. — La tribu de Juda seulement. 
Sous le nom de Juda, on comprenait Benjamin et Lévi, tribus qui, s'étant unies à 
celle de Juda, ne firent avec elle qu'un seul et méme corps en s'établissant dans le 


royaume de Juda. 


20. Toute la race d'Israël; c'est-à-dire les dix tribus d'Israél, qui abandonnérent le 


culte du Seigneur. 


23. Devant jusqu'à ce jour, il faut suppléer l'ellipse, où il est resté. 

94. * Le roi des Assyriens, Sargon, successeur de Salmanasar. — Babylone, la capi- 
tale de la Chaldée sur l'Euphrate. — Cutha, aujourd'hui Tell Ibrahim, à 16 kilomètres 
au nord-est de Babylone. — Ava, inconnue. — Emath, sur l'Oronte, dans la Cœælé- 
syrie. — Sépharvaim ou les deux Sippara, aujourd'hui Tell Abou-Habba, au sud- 
ouest de Bagdad, un peu à l'est du lit actuel de l'Euphrate, autrefois sur l'Euphrate 
méme. Les ruines couvrent une surface de plus de trois kilomètres de circonférence. 


[cH. xvir.) 
à y habiter, ils ne craignaient pas 
le Seigneur; etle Seigneur en- 
voya contre eux les lions qui les 
tuaient. 

26. On lannonca au roi des 
Assyriens, et on lui dit : Les 
nations que vous avez transfé- 
rées, et que vous avez fait habiter 
dans les villes de la Samarie, 
ignorent les lois du Dieu de ce 
pays; et le Seigneur a envoyé 
contre eux les lions qui les tuent, 
parce qu'ils ignorent le culte du 
Dieu de ce pays. 

297. Aussi le roi des Assyriens 
ordonna, disant : Envoyez làl'un 
des prétres que vous en avez 
emmenés captifs; quil aille et 
habite avec eux, et qu'il leur 
apprenne les lois du Dieu de ce 
pays. 

98. Ainsi, lorsque fut venu l'un 
des prétres qui avaient été em- 
menés captifs de Samarie, il ha- 
bita à Béthel, et il leur apprenait 
comment il devaient honorer le 
Seigneur. 

29. Mais chaque nation se fa- 
briqua son dieu, et elles le mirent 
dans les temples des hauts lieux 
qu'avaient faits les Samaritains, 
chaque nation dans ses villes, 
dans lesquelles elle habitait. 

30. Car les hommes de Baby- 


34. Genèse, xxxm, 28. 


26. * Au roi des Assyriens, Sargon. 
28. * Béthel. Voir Genèse, xir, 8. 


IV ROIS. 733 


lone firent Sochothbénoth ; mais 
les hommes de Chuta firent Ner- 
gel, etles hommes d'Emath firent 
Asima. 

91. Or les Hévéens firent Né- 
bahaz et Tharthac; mais ceux qui 
étaient de Sépharvaim brülaient 
leurs enfants au feu en l'honneur: 
d'Adramélech et d'Anamélech, 
dieux de Sépharvaim; 

32. Et néanmoins ils adoraient 
le Seigneur. Mais ils se firent des 
derniers d'entre eux des prétres 
des hauts lieux, et ils les éta- 
blissaient dans les temples des 
hauts lieux. 

33. Ainsi, quoiqu'ils adorassent 
le Seigneur, ils servaient aussi 
leurs dieux, selon la coutume des 
nations du milieu desquelles ils 
avaient été transférés en Sa- 
marié. 

34. Jusqu'au présent jour ils 
suivent leur ancienne coutume : 
ils ne craignent pointle Seigneur, 
et ne gardent point ses céré- 
monies, ses ordonnances, ni sa 
101, nile commandement qu'avait 
prescrit le Seigneur aux enfants 
de Jacob, qu'il surnomma Israël : 

359. Et il avait fait avec eux al- 
liance, et leur avait commandé, 
disant : Ne craignez point les 
dieux étrangers, ne les adorez 


39. Chaque nation; littér. et par hébraisme : nation et nation. 


30. * Sochothbénoth, probablement Zirbanit, la déesse « qui doune une postérité », 
adorée à Babylone. — Nergel ou Nergal, le dieu-lion, est appelé dans les documents 
cunéiformes, « le dieu des hommes de Cutha ». — Asima, représenté, selon les Tal- 
mudistes, sous la forme d'un bouc sans poils, est encore inconnu. 

31. * Nébahaz el Tharthac avaient, disent les Rabbins, le premier, la forme d'un 
chien, le second, celle d'un àne, mais leurs noms n'ont pas été retrouvés par les 
savants modernes. — Adramélech et Anamélech sont Adar-mélek et Anu ou Oannès- 
mélek, dieux souvent nommés dans les inscriptions assyriennes. Adar est un dieu 
solaire. Anu était le démiurge. On le représentait moitié homme, moilié poisson, 


734 


point, ne les servez point et ne 
leur sacrifiez point; 

36. Mais ne craignez que le Sei- 
gneur votre Dieu, qui vous a re- 
tirés de l'Egypte par une grande 
puissance et par un bras étendu; 
n'adorez que lui, et ne sacrifiez 
qu'à lui. 

37. Les cérémonies aussi, et les 
ordonnances, et la loi et le com- 
mandement qu'il a écrits pour 
vous, gardez-les, afin que vous 
les pratiquiez tous les jours; et ne 
craignez pas les dieux étrangers. 

38. Etl'alliance qu'il a faite avec 
vous, ne l'oubliez point, et n'ho- 
norez point des dieux étrangers; 

39. Mais craignez le Seigneur 
votre Dieu, et il vous arrachera 
lui-même à la main de tous vos 
ennemis. 

40. Or, ils n'écouterent point; 
mais ils agissaient selon leur an- 
cienne coutume. 

41. Ainsi ces nations ont craint, 
à la vérité, le Seigneur; mais 
néanmoins elles ont servi leurs 
idoles; car leurs fils etleurs petits- 
fils font jusqu'au présent jour 
comme ont fait leurs pères. 


CHAPITRE XVIII. 


Ezéchias rétablit le culte du Seigneur 
dans sa pureté. Sennachérib s'avance 
contre Jérusalem. Discours impies et 
menacants de Rabsacès, officier de 
Sennachérib. 


1. En 18 troisième année d'Osée, 


IV ROIS. 


(cu. xvn.] 
fils d'Ela, roi d'Israél, régna Ezé- 
chias, fils d'Achaz, roi de Juda. 

9. Il avait vingt-cinq ans lors- 
qu'il commenca à régner, et il 
régna vingt-neuf ans dans Jéru- 
salem : le nom de sa mère était 
Abi, fille de Zacharie. 

3. Et il fit ce qui était bon de- 
vant le Seigneur, selon tout ce 
qu'avait fait David son père. 

4. C'est lui qui détruisit les 
hauts lieux, renversa les statues, 
coupa les bois sacrés, et brisa le 
serpent d'airain qu'avait fait Moi- 
se, parce que jusqu'à ce temps-là 
les enfants d'Israél lui brülaient 
de l'encens, et il l'appela du nom 
de Nohestan. 

5. C'est dans le Seigneur Dieu 
d'Israël qu'il espéra : aussi après 
lui il n'y eut pas de semblable à 
lui entre tous les rois de Juda, ni 
méme parmi ceux qui furent 
avant lui ; 

6. Et il s'attacha au Seigneur, 
et il ne s'écarta pas de ses traces, 
et il pratiqua ses commande- 
ments qu'avait prescrits le Sei- 
gneur à Moise. 

7. C'est pourquoi le Seigneur 
était méme avec lui, et dans 
toutes les choses qu'il entrepre- 
nait il se conduisait sagement. Il 
secoua aussi le joug du roi des 
Assyriens, et ne lui fut pas as- 
servi. 

8. C'est lui qui frappa les Phi- 
listins jusqu'à Gaza, et tous leurs 


XVIII 1. II Par., xxvii, 21; xxix, 1. — 4. Nomb., xxr, 9.‏ .ג 


36. Ne craignez que lui, etc. C'est le vrai sens de l'hébreu et de la Vulgate; il est 


commandé par la construction. 


4. Nohestan. Ce mot en hébreu signifie fait d'airain, ou, selon d'autres, serpent 


d'airain. 


6. De ses traces; c'est-à-dire de ses voies. 


8. * Jusqu'à Gaza. Voir Josué, xi, 44. 


'cH. [.זוזטא‎ 


confins, depuis la Tour des gardes 
jusqu'à la Cité fortifiée. 

9. La quatrieme année du roi 
Ezéchias, qui était la septieme 
année d'Osée, fils d'Ela, roi d'Is- 
raél, Salmanasar, roi des Assy- 
riens, monta à Samarie, l'assié- 
gea, 

10. Et la prit. Or c'est apres 
trois ans, en la sixieme année 
du roi Ezéchias, c'est-à-dire la 
neuvième année d'Osée, roi d'Is- 
raél, que Samarie fut prise; 

11. Etleroi des Assyriens trans- 
féra Israël chez les Assyriens, et 
les établit en Hala et en Habor, 
fleuves de Gozan, dans les villes 
des Mèdes, 

19. Parce qu'ils n'écouterent 
point la voix du Seigneur leur 
Dieu, qu'ils transgresserent son 
alliance : tout ce qu'avait ordonné 
Moise, serviteur du Seigneur, ils 
ne l'écouterent point ni ne le 
suivirent. 

13. La quatorzieme année du 
roi Ezéchias, Sennachérib, roi 
des Assyriens, monta vers toutes 
les villes de Juda fortifiées, et les 
prit. 

14. Alors Ezéchias, roi de Juda, 


IV ROIS. 135 


envoya des messagers au roi des 
Assyriens, à Lachis, disant : J'ai 
péché, retirez-vous loin de moi, 
et tout ce que vous m'imposerez, 
je le supporterai. C'est pourquoi 
le roi des Assyriens imposa à 
Ezéchias, roi de Juda, trois cents 
talents d'argent et trente talents 
d'or. 

15. Et Ezéchias donna tout l'ar- 
gent qui avait été trouvé dans 
la maison du Seigneur et dans 
les trésors du roi. 

16. En ce temps-là Ezéchias 
rompit les battants des portes du 
temple du Seigneur, et les lames 
d'or que lui-méme y avait atta- 
chées, et il les donna au roi des 
Assyriens. 

17. Or le roi des Assyriens en- 
voya ensuite Tharthan, Rabsaris 
et Rabsacès, de Lachis à Jérusa- 
lem, vers le roi Ezéchias, avec 
une forte armée; et lorsqu'ils 
eurent monté, ils vinrent à Jéru- 
salem, ils s'arrétérent près de 
l'aqueducdela piscinesupérieure, 
qui est sur la voie de Champ de 
Foulon. 

18. Et ils demanderent le roi : 
or sortirent vers eux, Eliacim, 


10. Supra, xvii, 6; Tobie, 1, 2. — 13. II Par., xxxi, 1; Eccli., xzvir, 20; Isaie, xxxvi, 1. 


11. Fleuves. Ce pluriel parait être une faute de copiste. Voy. au reste pour la ditfi- 
culté que présente ce passage, chap. xvir, 6. 

13. * Sennachérib, roi des Assyriens, fils et successeur de Sargon, occupa le tróne 
de Ninive, de l'an 105 à l'an 681 avant J.-C. La campagne contre la Palestine eut lieu 
probablement en 701. Le nom de Sennachérib signifie : « le dieu Sin (la lune) a mul- 
tiplié les frères. » 

14. * Lachis, aujourd'hui Oumm-Lakis, ville au sud-ouest de la tribu de Juda, à 
l'ouest d'Eglon, sur la route de Jérusalem à Gaza. On a trouvé dans les ruines du 
palais de Sennachérib à Ninive un bas-relief représentant ce monarque recevant à 
Lachis les tributs des Juifs. — Trois cents talents d'argent, environ 2,500,000 francs, 
el trente talents d'or, ou à peu prés 4,000,000. 

11. * Tharthan, Rabsaris et Rabsacès ne sont pas des noms propres, mais des titres 
de dignité assyriennes. Le {harthan est le général de l'armée; Rabsaris est vraisem- 
blablement le chef des eunuques ou des officiers de la maison du roi et Rabsacès est 
le grand échauson. — Sur /a voie du champ de Foulon, dans le voisinage sans doute 
de la porte actuelle de Jaffa, à l'ouest de Jérusalem. 


796 


fils d'Helcias, intendant de la 
maison du roi, Sobna, le scribe, 
et Joahé, fils d'Asaph, qui tenait 
les registres. 

19. Et Rabsacès leur dit : Dites 
à Ezéchias : Voici ce que dit le 
grand roi, le roi des Assyriens : 
Quelle est cette confiance qui 
vous soutient? 

20. Peut-étre que vous avez 
formé le dessein de vous prépa- 
reraucombat. En qui mettez-vous 
votre confiance, pour que vous 
osiez vous révolter ? 

21. Espérez-vous en ce bâton 
de roseau et cassé, l'Egypte 
bâton qui, si un homme s'appuie 
dessus, étant brisé, entrera dans 
sa main et la percera? Ainsi est 
Pharaon, roi d'Egypte, pour tous 
ceux qui se confient en lui. 

99. Que si vous me dites : C'est 
dans le Seigneur notre Dieu que 
nous avons confiance, n'est-ce 
pas celui dont Ezéchias a détruit 
les autels et les hauts lieux, et a 
ordonné à Juda et à Jérusalem: 
C'est devant cet autel que vous 
adorerez dans Jérusalem? 

23. Maintenant donc passez vers 
mon seigneur, le roi des Assy- 
riens, et je vous donnerai deux 
mille chevaux, et voyez si vous 
trouverez des cavaliers pour eux. 

24. Et comment pourriez-vous 
résister devant un seul satrape 


des derniers serviteurs de mon 


maitre? Est-ce que vous avez con- 
fiance dans l'Egypte, à cause de 
ses chars et de ses cavaliers? 


IV ROIS. 


(cn. xvm.] 


25. Mais est-ce donc sans la 
volonté du Seigneur que je suis 
monté en ce lieu pour le détrui- 
re? Le Seigneur m'a dit : Monte 
dans cette terre et ravage-la. 

26. Or Eliacim, fils d'Helcias, 
Sobna et Joahé, dirent à Rabsa- 
ces : Nous vous prions de parler 
à vos serviteurs en syriaque, 
parce que nous entendons cette 
langue, et de ne pas nous parler 
en hébreu, le peuple, qui est sur 
le mur, écoutant. 

27. Et Rabsacès leur répondit : 
Est-ce donc vers ton maitre et 
vers toi que mon maitre m'a en- 
voyé pour dire ces paroles, et non 
pas plutót vers les hommes qui 
sont sur le mur, pour qu'ils man- 
gent leurs excréments et boivent 
leur urine avec vous? 

98. C'est pourquoi Rabsaces se 
tint debout et cria d'une voix 
forte en langue judaique : Ecou- 
tezles paroles du grand roi, du 
roi des Assyriens. 

29. Voici ce que dit le roi : 
Qu'Ezéchias ne vous séduise 
point : car il ne pourra pas vous 
arracher à ma main. 

30. Et qu'il ne vous donne point 
de confiance dans le Seigneur, 
disant : Le Seigneur nous déli- 
vrera certainement, et cette ville 
ne sera point livrée à la main du 
roi des Assyriens. 

31. N'écoutez point Ezéchias ; 
car voici ce que dit le roi des 
Assyriens : Faites avec moi ce qui 
vous est utile : sortez vers moi, 


21. * Pharaon. Le roi d'Egypte était Tharaca, qui ne donna en effet à Ezéchias 


aucun secours efficace. 


21. Leur répondit, en s'adressant au principal d'entre eux. 
30. Et qu'il ne vous donne, etc.; c'est-à-dire ne vous livrez point à celte confiance 
qu'il veut vous donner. — Nous délivrera certainement; littér. et par hébraisme, 


délivrant, il nous délivrera, 


[cu. xix.] 
et chacun mangera de sa vigne et 
de son figuier, et vous boirez des 
eaux de vos citernes, 

32. Jusqu'à ce que je vienne et 
que je vous transfère dans une 
terre qui est semblable à votre 
terre, dans une terre qui porte 
du fruit, et fertile en vin, une 
terre de pain et de vignes, une 
terre d'oliviers, d'huile et de 
miel, et vous vivrez, et vous ne 
mourrez point. N'écoutez point 
Ezéchias, qui vous trompe, di- 
sant: Le Seigneur nous délivrera. 

33. Est-ce que les dieux des 
nations ont délivré leur terre de 
la main du roi des Assyriens ? 

34. Oü est le dieu d'Emath et 
d'Arphad? oü est le dieu de Sé- 
pharvaim, d'Ana et d'Ava? Est- 
ce qu'ils ont délivré Samarie de 
ma main? 

35. Quels sont ceux, parmi tous 
les dieux des nations, qui ont 
arraché leur pays à ma main, 
pour que le Seigneur puisse arra- 
cher Jérusalem à ma main? 

36. C'est pourquoi le peuple se 
tut, et ne lui répondit rien ; caril 
avait recu ordre du roi de ne pas 
lui répondre. 

31. Et Eliacim, fils d'Helcias, 
intendant de la maison, Sobna, 
le scribe, et Joahé, fils d'Asaph, 


Cab. XIX. 1. Isaie, xxxvi, 1. 


IV ROIS. 737 


qui tenait les registres, vinrent 
vers Ezéchias, leurs vêtements 
déchirés, et ils lui rapportèrent 
les paroles de Rabsacès. 


CHAPITRE XIX. 


Ezéchias envoie vers Isaïe. Ce prophète 
console Ezéchias. Sennachérib marche 
contre l'Ethiopie et blasphème de nou- 
veau contre le Seigneur. Ezéchias prie 
le Seigneur. Isaïe prédit la défaite de 
Sennachérib, et un ange du Seigneur 
extermine l’armée de ce prince. 


1. Ce qu'ayant entendu le roi 
Ezéchias, il déchira ses véte- 
ments, se couvrit d'un sac, et 
entra danslamaison du Seigneur. 

2. Et il envoya Eliacim, inten- 
dant de sa maison, Sobna, le 
scribe, etles anciens d'entre les 
prétres, couverts de sacs, à Isaie, 
le prophète, fils d'Amos, 

3. Lesquels dirent : Voici ce 
que dit Ezéchias : C'est un jour 
de tribulation, de reproche et 
de blasphème, que ce jour : des 
enfants sont venus jusqu'à l'en- 
fantement, et celle qui est en 
travail n'a pas de forces. 

4. Peut-étre que le Seigneur 
ton Dieu entendra toutes les pa- 
roles de Rabsacès, qu'a envoyé 
le roi des Assyriens, son maitre, 
pour insulter le Dieu vivant, et 
l'attaquer par les paroles que le 


34. Dans l'endroit parallèle, Isaie (xxxvr, 19) ne parle ni d'Ana, ni d'Ava; mais il 
les nomme (xxxvi, 13) dans la lettre de Sennachérib à Ezéchias. — * Emath. Voir la 
note sur IL Rois, vig, 9. — Arphad, aujourd'hui Tell-Erfàád, au nord d'Alep, ville 
souvent mentionnée dans les inscriptions assyriennes. — Sépharvaim. Voir plus 
haut, xvii, 24. — Ana et Ava, villes inconnues. 


3. Des enfants, etc. Belle figure, par laquelle Ezéchias compare sa situation et 
celle de son peuple à une femme en travail, dont les forces épuisées ne lui permet- 
tent pas de se délivrer, et qui, par conséquent, à moins d'un secours extraordinaire, 
n'a que la mort à attendre. 

4. Peut-étre que le Seigneur... entendra; c'est-à-dire montrera qu'il a entendu. — 
Les restes, du royaume de Juda. 


A. T. 41 


138 
Seigneur ton Dieu a entendues : 
fais donc une priere au Seigneur 
pour les restes qui ont été re- 
trouvés. 

8. Les serviteurs du roi Ezé- 
chias vinrent donc vers Isaïe. 

6. Et Isaïe leur répondit : Vous 
direz à votre maitre : Voici ce 
gue dit le Seigneur : Ne crains 
point à cause des paroles que tu 
as entendues, par lesquelles 
m'ont blasphémé 168 serviteurs 
du roi des Assyriens. 

1. Voilà que moi je lui enverrai 
un esprit, et il apprendra une 
nouvelle, etil retournera dans sa 
terre, et je l'abattrai par le glaive 
dans sa terre. | 

8. Rabsacès s’en retourna donc, 
ei il trouva le roi des Assyriens 
assiégeant Lobna; car il avait su 
qu'il s'était retiré de devant La- 
chis. 

9. Et lorsque Sennachérib eut 
entendu, au sujet de Tharaca, 
roi d'Ethiopie, des gens disant : 
Voilà qu'il est sorti pour com- 
batlre contre vous, et qu'il allait 
marcher contre ce roi, il envoya 
des messagers à Ezéchias, en 
disant : 

10. Vous direz ceci à Ezéchias, 
roi de Juda : Que votre Dieu, en 
qui vous avez confiance, ne vous 
séduise pas, et ne dites point : 
Jérusalem ne sera point livrée 
aux mains du roi des Assyriens. 

11. Car vous-méme, vous avez 
appris ce que les rois des Assy- 
riens ont fait à tous les pays, 


IV ROIS. 


(cu. xix.] 
comment ils les ont ravagés : 
est-ce donc que seul vous pourrez 
échapper? 

19. Est-ce que les dieux des 
nations ont délivré tous ceux 
qu'ont ravagés mes peres, c'est- 
à-dire Gozan, Haran, Réseph, et 
les enfants d'Eden, qui étaient 
en Thélassar? 

13. Où est le roi d'Emath, le 
roi d'Arphad, le roi de la ville de 
Sépharvaim, d'Ana et d'Ava? 

14. C'est pourquoi, lorsqu'Ezé- 
chias eut recu la lettre de Senna- 
chérib dela main des messagers, 
et qu'il 'eut lue, il monta dans le 
temple, et étenditla lettre devant 
le Seigneur, 

15. Et i1 pria en sa présence, 
disant : Seigneur Dieu d'Israël, 
qui étes assis sur les chérubins, 
c'est vous qui êtes le seul Dieu 
de tous les rois de la terre; c'est 
vous qui avez fait le ciel et la 
terre. 

16. Inclinez votre oreille et 
écoutez; ouvrez vos yeux, Sei- 
gneur, et voyez : écoutez toutes 
les paroles de Sennachérib, qui a 
envoyé pour incriminer devant 
nous le Dieu vivant. 

17. Hl est vrai, Seigneur, les 
rois des Assyriens ont détruit les 
nations et toutes leurs terres, 

18. Et ils ont jeté leurs dieux 
dansle feu ; car ce n'étaient point 
des dieux, mais des ouvrages de 
mains d'hommes, de bois et de 
pierre, et ils les ont détruits. 

19. Maintenant donc, Seigneur 


19. * 00200. Voir plus haut, xvu, 6. — Haran, ville de Mésopotamie, -- Réseph, 
ville de Mésopotamie, voisine de Nisibe et d'Amid. — Eden, inconnu. — Thélassar, 


ville de Babylonie. 


13, * Emath. Noir IL Rois, vut, 9. Pour les autres villes, voir plus haut, xvur, 34. 
41. Toutes leurs terres; littér, les terres de toutes, 


[ct. xix.] 


notre Dieu, sauvez-nous de la 
main de ce roi, afin qu'ils 
sachent, tous les royaumes de la 
terre, que c'est vous qui étes le 
seul Seigneur Dieu. 

90. Or Isaie, fils d'Amos, en- 
voya vers Ezéchias, disant : Voici 
ce que dit le Seigneur Dieu 
d'Israël : La prière que tu m'as 
faite touchant Sennachérib, roi 
des Assyriens, je l'ai entendue. 

21. Voici la parole que le Sei- 
gneur a dite de lui : Elle t'a mé- 
prisé et elle t'a raillé, la vierge, 
fille de Sion, derriere toi elle a 
secoué la tête, la fille de Jérusa- 
lem. 

22. Qui as-tu insulté et qui as-tu 
blasphémé? contre qui as-tu 
élevé la voix, et porté en haut les 
yeux? contre le saint d'Israél. 

93. Par l'entremise de tes ser- 
viteurs tu as insulté le Seigneur, 
et tu as dit : Avec la multitude 
de mes quadriges je suis monté 
sur le haut des montagnes, au 
sommet du Liban : j'ai coupé par 
le pied ses hauts cèdres et ses sa- 
pins les plus beaux. Je suis méme 
entré jusqu'à l'extrémité de ses 
limites, et la forét de son Car- 
mel, 

24. C'est moi qui l'ai coupée 
par le pied. Et j'ai bu des eaux 
étrangères, et j'ai séché par les 
traces de mes pieds toutes les 
eaux fermées. 

25. N'as-tu done point oui dire 
ce que des le commencement 
j'ai fait? Dès les jours anciens je 


iV 5. 139 


l'aa préparé, et c'est maintenant 
que je l'ai exécuté; et des villes 
de combattants fortifiées seront 
comme des collines ruinées. 

26. Et ceux qui y sont dedans, 
faibles de main, ont tremblé et 
ont été confondus: ils sont deve- 
nus comme le foin d'un champ, 
comme l'herbe verte des toits et 
qui seche avant de venir à ma- 
turité. 

27. Ta demeure, ton entrée, ta 
sortie, et ton chemin par oü tu 
es venu, je les ai sus d'avance, et 
méme ta fureur contre moi. 

28. Tu as été furieux contre 
moi, et ton orgueil est monté à 
mes oreilles : c'est pourquoi je 
mettrai un cercle à tes narines et 
un mors à tes lèvres, et je te ra- 
menerai par la voie par laquelle 
tu es venu. 

29. Mais pour toi, Ezéchias, 
voici un signe : Mange cette an- 
née ce que tu trouveras; en la 
seconde année, ce qui naitra de 
soi-même; mais, en la troisième 
année, semez et recueillez, plan- 
tez des vignes et mangez-en le 
fruit. 

30. Et tout ce qui sera de reste 
de la maison de Juda, jettera des 
racines en bas et fera desfruits en 
haut. 

31. Car de Jérusalem sortiront 
des restes, et ce qui sera sauvé de 
la montagne de Sion : le zèle du 
Seigneur des armées fera cela. 

32. C'est pourquoi voici ce que 
dit le Seigneur du roi des Assy- 


25. Dieu reproche à Sennachérib d'attribuer à sa puissance la destruction des 
royaumes et des villes, que lui-méme avait préparée depuis longtemps, et qu'il 
avait insensiblement amenée, en se servant de lui comme d'un instrument pour les 
punir de leurs péchés. — Des collines ruinées; littér. une ruine de collines. 

28. * Des bas-reliefs assyriens représentent des ennemis vaincus ayant réellement 


un mors aux lèvres. 


740 IV ROIS. 


riens : Il n'entrera point dans 
cette ville, il ne lancera point 
contre elle de fléche ; pas un bou- 
clier ne 100002028, et pas un re- 
tranchement ne l'entourera. 

33. 11 retournera par la voie pat 
laquelle il est venu; et il n'en- 
trera point dans cette ville, dit le 
Seigneur. 

34. Je protégerai cette ville, et 
je là sauverai à cause de moi et 
à cause de mon serviteur David. 

35. Il arriva donc en cette nuit- 
là qu'il vint un ange du Seigneur, 
et qu'il tua dans le camp des As- 
syriens cent quatre-vingt mille 
hommes. Et lorsqu'au point du 
jour il se fut levé, il vit tous les 
corps des morts et, se retirant, il 
s'en alla. 

36. Ainsi s'en retourna Senna- 
chérib, roi des Assyriens, et il 
demeura à Ninive. 

37. Et lorsqu'il adorait dans le 
temple Nesroch, son dieu, Adra- 
mélech et Sarasar, ses fils, le frap- 
pèrent du glaive, et s'enfuirent 
dans la terre des Arméniens, et 
 Asarhaddon, son fils, régna en sa 
place. 


CHAPITRE XX. 


Maladie d'Ezéchias. Rétrogradation de 
l'ombre du soleil sur l'horloge d'Achaz. 
Message du roi de Babylone. Ezéchias 
est repris d'avoir montré ses trésors à 
ces étrangers. Mort d'Ezéchias. Manassé 
lui succède. 


1. En ces jours-là, Ezéchias fut 
malade jusqu'à la mort; alors 


(cu. xx.] 
vint vers lui Isaïe, le prophète, 
fils d'Amos, et il lui dit : Voici ce 
que dit 16 Seigneur Dieu : Donne 
des ordres à ta maison; car iu 
mourras, toi, et tu ne vivras pas. 

2. Ezéchias tourna sa face vers 
la muraille, et pria le Seigneur 
disant : 

3. Je vous conjure, Seigneur, 
souvenez-vous, je vous prie, com- 
ment j'ai marché devant vous 
dans la vérité et avec un cœur 
parfait, et comment j'ai fait ce 
qui vous est agréable. Et Ezéchias 
pleura d'un grand pleur. 

4. Et avant qu'Isaie eüt franchi 
la moitié du vestibule, la parole 
du Seigneur lui fut adressée, di- 
sant : 

ὃ. Retourne, et dis à Ezéchias, 
chef de mon peuple: Voici ce que 
dit le Seigneur Dieu de David, 
votre pere : J'ai entendu ta prière 
et j'ai vu tes larmes; et voilà que 
je ₪81 guéri, dans trois jours tu 
monteras au lemple du Seigneur. 

6. Et j'ajouterai quinze années 
à tes jours; et même je te déli- 
vrerai de la main du roi des As- 
syriens, toi et cette ville, et je 
protégerai cette ville, à cause de 
moi, et à cause de David, mon 
serviteur. 

7. Alors Isaïe dit aux serviteurs 
du roi : Apporlez-moi une pane- 
rée de figues. Lorsqu'ils la lui 
eurent apportée et qu'ils l'eurent 
mise sur l’ulcère du roi, il fut 
guéri. 


35. Tobie, 1, 21; Eccli., xzvin, 24; Isaie, xxxvi, 36; I Mach., vir, 41; II Mach., 
virt, 19. — 37. Tobie, 1, 24. — (ηλρ. XX. 1. II Par., xxxi, 24; Isaie, xxxv, 1. 


—— M HW —— M  — —— ————— Οῤ-Ἰ 


36. * Ninive, capitale de l'Assyrie, sur le Tigre. — Sennachérib vécut encore dix- 


sept ou dix-huit ans aprés son retour en Assyrie. 
31. * Asarhaddon succéda à son pére en 681 et régna jusqu'en 668. Son nom 


signifie « le dieu Assur a donné un frère. » 


[cn. xx.] 


8. Or Ezéchias avait dit à Isaie: 
Quel sera le signe que le Sei- 
gneur me guérira, et que je mon- 
terai dans trois jours au temple 
du Seigneur? 

9. Isaie lui répondit : Voici de 
la part du Seigneur le signe que 
le Seigneur accomplira la parole 
quil a dite : Voulez-vous que 
l'ombre dw soleil monte de dix 
lignes, ou qu'elle rétrograde 
d'autant de degrés? 

10. Et Ezéchias dit : Il est facile 
que l'ombre croisse de dix lignes; 
et je ne désire pas que cela se 
fasse; mais qu'elle retourne en 
arriere de dix degrés. 

11. C'est pourquoi Isaie, le pro- 
phète, invoqua le Seigneur, et il 
ramena lombre par les lignes 
par lesquelles déjà elle était des- 
cendue dans l'horloge d'Achaz, de 
dix degrés en arriere. 

19. En ce temps-la Bérodach 
Baladan, fils de Baladan, roi des 
Babyloniens, envoya des lettres 
et des présents à Ezéchias ; car il 
avait appris qu'il avait été ma- 
lade. 

13. Or Ezéchias se réjouit à 
leur arrivée, et il leur montra la 
maison de ses aromates, son or, 


12. Isaie, xxxix, 1. 


IV ROIS. 144 


son argent, ses divers parfums, 
et aussi ses essences, la maison 
de ses armes, et tout ce qu'il 
avait dans ses trésors. Et il n'y 
eut rien qu'Ezéchias ne leur mon- 
trât dans son palais et dans tout 
son domaine. 

14. Mais Isaie, le prophète, 
vint vers le roi Ezéchias, et lui 
demanda : Qu'ont dit ces hom- 
mes, et d’où sont-ils venus vers 
vous? Ezéchias lui répondit 
C'est d'une terre lointaine qu'ils 
sont venus vers moi, de Baby- 
lone. 

15. Mais Isaie reprit : Qu'ont- 
ils vu dans votre maison? Ezé- 
chias répondit : lls ont vu tout 
ce qui est dans ma maison; il 
ny a rien que je ne leur aie 
montré dans mes trésors. 

16. C'est pourquoi Isaie dit à 
Ezéchias : Ecoutez la parole du 
Seigneur : 

11. Voilà que des jours vien- 
dront, et que sera emporté à Ba- 
bylone tout ce qui est dans ta 
maison, et tout ce que tes pères 
y ont amassé jusqu'à ce jour; il 
n'en restera rien, dit le Sei- 
gneur. 

18. Mais on prendra méme de 


11. Les Péres et aprés eux le plus grand nombre des interprétes enseignent que 
le soleil rétrograda; mais d'autres, se fondant sur le texte méme, soutiennent que 
c'est seulement l'ombre du soleil; c'est-à-dire que les rayons solaires, par une in- 
flexion miraculeuse, firent rejeter en arrière l'ombre formée par le style du cadran. 
A la vérité, l'auteur de l'Ecclésiastique (xuvni, 26) dit que c'est le soleil qui rétrograda; 
mais ces derniers interprétes expliquent ce passage par le premier; d'autant plus 
qu'Isaie (xxxviir, 8) semble justifier leur explication, puisqu'il dit dans le même verset: 
Je fera revenir en arrière l'ombre des lignes, et : Le soleil revint en arrière de dix 
lignes. 

13. * Bérodach Baladan. Le véritable nom est Merodachbaladan, « le dieu Mérodach 
à donné un fils ». C'était un roi de la basse Chaldée qui était devenu roi de Babylone 
et qui était en guerre avec Sennachérib. 

13. La maison; ou la chambre, ou l'armoire, ou tout autre lieu de cette nature; 
car le terme hébreu maison est susceptible de ces divers sens. — La maison de ses 
armes; son arsenal; selon d'autres, ses vases, ou ses meubles. 


742 IV ROIS. 


tes fils, qui sortiront de toi, que 
tu engendreras, et ils seront eu- 
nuques dans le palais du roi de 
Babylone. 

19. Ezéchias répondit à Isaie: 
Elle est bonne, la parole du Sei- 
gneur, que tu as dite : qu'il y ait 
paix et vérité durant mes jours. 

20. Mais le reste des actions 
d'Ezéchias, et tout son courage, 
comment il fit la piscine et l'a- 
queduc, et comment il introdui- 
sit les eaux dans la ville, n'est-ce 
pas écrit dans le Livre des ac- 
tions des jours des rois de Juda? 

91. Et Ezéchias dormit avec ses 
peres, et Manassé, son fils, régna 
en sa place. 


CHAPITRE XXI. 


Impiété de Manassé. Menaces du Seigneur 
contre Jérusalem. Mort de Manassé. 
Amon lui succède. Il est tué par ses 
serviteurs. Josias régne en sa place. 


1. Manassé avait douze ans 
lorsqu'il commenca à régner, et 
il régna cinquante-cinq ans dans 
Jérusalem : le nom de sa mere 
était Haphsiba. 

9. Et il fit le mal devant le Sei- 


(βαρ. XXI. 1. II Par., זנאאא‎ 1. — 3 


[.זאא .68] 


| gneur, selon le culte des idoles 


des nations que le Seigneur avait 
exterminées àla face des enfants 
d'Israél. 

3. Et il en revint à bâtir les 
hauts lieux qu'avait détruits Ezé- 
chias son pere, il dressa des au- 
tels à Baal; il fit planter des bois 
sacrés, comme avait fait Achab, 
roi d'Israél ;11 80108 401116 milice 
du ciel, et la servit. 

4. ll construisit aussi des au- 
tels dans la maison du Seigneur, 
de laquelle le Seigneur avait dit: 
C'est dans Jérusalem que j'établi- 
rai mon nom. 

5. Et i1 construisit des autels 
àtoute la milice du ciel dans les 
deux parvis du temple du Sei- 
gneur. 

6. Et il fit passer son fils par le 
feu, il aima les divinations, ob- 
serva les augures, et établit des 
pythoniens et multiplia les arus- 
pices, pour faire le mal devant le 
Seigneur, et l'irriter. 

7. 11 mit aussi l'idole du bois 
sacré qu'il avait planté, dans le 
temple du Seigneur, dont le Sei- 
gneur avait dit à David et à Salo- 


. II Par., xxxim, 3. — 4, 11 Rois, vir, 10, — 
1. II Rois, vir, 26; 111 Rois, vint, 16; 1x, 5. 


20. * Il fit la piscine et l'agueduc, probablement l’aqueduc souterrain taillé dans 
le roc, qui conduit l'eau de la Fontaine de la Vierge, au sud-est de Jérusalem, dans la 
piscine de Siloé, au sud de la ville. Voir les notes sur 11 Paralip., xxxit, 80 et sur 
Jean, 1x, 11. 


3. Et il en revint à bâtir: littér. Il retourna et il bátit; hébraisme, pour : 7 7 
de nouveau, il rebátit. — * Baal. Voir la note sur Juges, vi, 25. — Les hauts lieux. 
Voir la note sur Nombres, xxi, 41. — Des bois sacrés. Voir la note sur Exode, xxxiu, 13. 

6. Des pythoniens, ou ayant un esprit de python. Voy. Lévit,, xx, 21. 

1. * L'idole du bois sacré. Cette idole est appelée dans le texte hébreu Aschéra, dont 
le pluriel est Aschéroth. Voir la note sur Juges, ur, T. Aschéra signifie /a bonne ou 
l’'heureuse déesse. Aschéra n'est sans doute qu'un nom d'Astarté. Du moins est-elle 
la compagne inséparable de Baal. Là oü il y avait un autel à Baal, il y avait aussi 
une image d'Aschéra, un pieu symbolique qui la représentait, qui était l'objet d'un 
culte impur qu'on lui rendait dans le temple ou dans les bosquets sacrés qui l'en- 
touraient. Ce sont ces bosquets sacrés que Dieu avait si souvent commandé à son 
peuple de détruire. MN 


‘cu, xx1.] 


mon, son fils: C'est dans ce 
temple, et dans Jérusalem, que 
jai choisie d'entre toutes les tri- 
bus d'Israél, que j'établirai mon 
nom pour jamais. 

8. Ét je ne ferai plus que le 
pied d'Israél se meuve dehors de 
la terre que j'ai donnée à leurs 
peres; si cependant ils mettent à 
exécution tout ce que je leur ai 
ordonné, etla loi tout entiere 
que leur a prescrite mon servi- 
teur Moise. 

9. Or eux n'ont point écouté ; 
mais ils ont été séduits par Ma- 
nassé, pour faire le mal plus que 
les nations qu'a brisées le Sei- 
gneuràlaface des enfants d'Israël. 

10. Le Seigneur a parlé en- 
suite par l'entremise de ses ser- 
viteurs, les prophètes, disant : 

11. Parce que Manassé, roi de 
Juda, a fait ces abominations, 
bien plus mauvaises que tout ce 
qu'ont fait les Amorrhéens avant 
lui, et qu'il a fait pécher méme 
Juda par ses impuretés, 

19. C'est pourquoi le Seigneur 
Dieu d'Israél, dit ceci : Voilà que 
moi j'amènerai des maux sur Jé- 
rusalem et sur Juda; en sorte 
que quiconque les entendra, ses 
deux oreilles tinteront. 

13. J'étendrai sur Jérusalem le 
cordeau de Samarie, et le poids 
de la maison d'Achab, et j'efface- 
rai Jérusalem comme on a cou- 
tume d'effacer les tablettes; et 
en l'effacant, je tournerai et pas- 


11. Jér., xv, 4. 


IV ROIS. 


743 


serai souvent le style sur sa face. 

14. Et j'abandonnerai les restes 
de mon héritage, et je les livre- 
rai aux mains de leurs ennemis, 
et ils seront un objet de ravage 
et de rapine pour tous ceux qui 
les haissent, 

15. Parce qu'ils ont fait le mal 
devant moi, et qu'ils ont conti- 
nué à m'irriter, depuis le jour 
que leurs peres sortirent de l'E- 
gypte, jusqu'à ce jour. 

16. De plus, Manassé répandit 
méme une quantité prodigieuse 
de sang innocent, au point d'en 
remplir Jérusalem jusqu'à la 
bouche, outre les péchés par les- 
quels il fit pécher Juda, pour faire 
le mal devant le Seigneur. 

17. Mais le reste des actions de 
Manassé et tout ce qu'il a fait, 
et le péché qu'il a commis, n'est- 
ce pas écrit dans le Livre des ac- 
tions des jours des rois de Juda? 

18. Et Manassé dormit avec ses 
peres, et il fut enseveli dans le 
jardin de sa maison, dans le jar- 
din d'Oza; et Amon, son fils, ré- 
gna en sa place. 

19. Amon avait vingt-deux ans 
lorsqu'il commenca à régner; il 
régna aussi deux ans à Jérusa- 
lem : le nom de sa mère était 
Messalémeth, fille de Harus de 
Jétéba. 

20. Et il fit le mal en la pré- 
sence du Seigneur, comme avait 
fait Manassé, son père. 

21. Et il marcha dans toutes les 


13. D'effacer les tablettes; c'est-à-dire ce qui est écrit sur ies tablettes. — * Le cordeau 
pour mesurer. — Le poids, le niveau, le fii à plomb, 

16. Jusqu'à la bouche; c'est-à-dire entièrement, 

11. Dans le Livre, etc. Voy. 111 Rois, x1, 41. 


21. Les impurelés. Voy. xvu, 12. 


744 


voies par lesquelles avait marché 
son pere; il servit les impuretés 
qu'avait servies son père, et il 
les adora, 

99. Et il abandonna le Seigneur 
Dieu de ses pères, et il ne marcha 
pas dans la voie du Seigneur; 

23. Et ses serviteurs lui dres- 
serent des embüches, et tuerent 
le roi dans sa maison. 

24. Mais le peuple tua tous 
ceux qui avaient conspiré contre 
le roi Amon, et ils établirent 
pour leur roi, Josias, son fils, en 
sa place. 

95. Mais le reste des actions 
que fit Amon, n'est-il pas écrit 
dans le Livre des actions des 
jours des rois de Juda? 

96. On l'ensevelit en son sé- 
pulcre dans le jardin d'Oza; et 
Josias, son fils, régna en sa place. 


CHAPITRE XXII. 


Piété de Josias. On trouve dans le temple 
le livre dela loi. Josias, effrayé en en- 
tendant la lecture de ce livre, consulte 
la prophétesse Holda. 


1. Josias avait huit ans lors- 
qu'il commenca à régner, et il 
régna trente-un ans à Jérusa- 
lem : le nom de sa mere était 
Idida, fille de Hadaia de Bésé- 
cath. 

9. Et il fit ce qui était agréable 
devant le Seigneur, et marcha 
dans toutes les voies de David, 
son pere, et il ne se détourna ni 
à droite ni à gauche. 
| 3. Or la dix-huitieme année du 
‘roi Josias, le roi envoya Saphan, 
fils d'Aslia, fils de Messulam, le 

Cnapr. XXII. 1. I] Par, xxxiv, 1. 


IV ROIS. 


[cH. xxi! 


scribe du temple du Seigneur, 
lui disant : 

4. Va vers Helcias, le grand 
prêtre, afin qu'on fasse fondre 
l'argent qui a été porté au temple 
du Seigneur, que les portiers du 
temple ont recueilli du peuple; 

ὃ. Et qu'il soit donné par les 
préposés de la maison du Sei- 
gneur aux ouvriers, et que ceux- 
ci le distribuent à ceux qui 
travaillent, dans le temple du 
Seigneur, à faire les réparations 
du temple, 

6. C'est-à-dire aux charpen- 
tiers, aux maçons, et à ceux qui 
réparent les brèches, et afin 
qu'on achete du bois et des pierres 
des carrieres, pour réparer le 
temple du Seigneur. 

7. Cependant, qu'on ne leur 
compte pas largent qu'ils re- 
coivent; mais qu'iis l’aient en 
leur pouvoir, et selon leur bonne 
foi. 

8. Or Helcias, le pontife, dit à 
Saphan, le scribe : J'ai trouvé le 
Livre de la Loi dans 18 maison du 
Seigneur. Et Helcias donna le 
volume à Saphan, qui le lut. 

9. Saphan, le scribe, vint aussi 
vers le roi, et lui rendit compte 
de ce qu'il lui avait ordonné, et il 
dit : Vos serviteurs ont fondu 
l'argent qui a été trouvé dans la 
maison du Seigneur, et ils l'ont 
donné pour qu'il fût distribué 
aux ouvriers par les préposés 
aux travaux du temple du Sei- 
gneur. 

10. Saphan, le scribe, raconta 
aussi au roi, disant : Helcias, le 


1. * Bésécath, ville de la plaine de Juda. 


8, Le livre de la loi; probablement le Deutéronome, écrit de la main de Moïse, 


icu. xxii.] 
prétre, m'a donné un Livre. 
Lorsque Saphan l'eut lu devant 
le roi, 

41. Et quele roi eut entendu les 
paroles du livre de la loi du Sei- 
gneur, il déchira ses vétements. 

19. Et il ordonna à Helcias, le 
prétre, à Ahicam, fils de Saphan, 
à Achobor, fils de Micha, à Sa- 
phan, le scribe, et * Asaias, ser- 
viteur du roi, disant : 

13. Allez, et consultez le Sei- 
gneur sur moi, sur le peuple et 
sur tout Juda, touchant les pa- 
roles de ce volume qui a été 
trouvé; car la grande colère du 
Seigneur s'est allumée contre 
nous, parce que nos pères n'ont 
point écouté les paroles de ce 
Livre, pour faire ce qui a été 
écrit pour nous. 

14. C'est pourquoi Helcias, le 
prétre, Ahicam, Achobor, Saphan 
et Asaïas, allèrent vers Holda, la 
prophétesse, femme de Sellum, 
fils de Thécua, fils d'Araas, le 
gardien des vétements, laquelle 
demeurait à Jérusalem dans la 
Seconde; et ils lui parlerent. 

15. Et Holda leur répondit : 
Voicice que dit le Seigneur Dieu 
d'Israël : Dites à l'homme qui 
vous a envoyés vers moi: 

16. Le Seigneur dit ceci : Voilà 
que moi j'amènerai des maux 
sur ce lieu et sur ses habitants, 
accomplissant toutes les paroles 
de la Loi, qu'alues le roi de Juda, 

17. Parce qu'ils m'ont aban- 
donné, qu'ils ont sacrifié à des 
dieux étrangers, et qu'ils m'ont 
irrité par toutes les œuvres de 

Cuar. XXII. 1. II Par., xxxiv, 28. 


IV ROIS. 


-- M — — M Ha M ——— M —À —À 


745 


leurs mains; mon indignation 
s'allumera en ce lieu, et elle ne 
s'éteindra pas. 

18. Mais au roi de Juda, qui 
vous a envoyés pour consulter 
le Seigneur c'est ainsi que vous 
direz : Voici ce que dit le Sei- 
gneur Dieu d'Israél : Parce que tu 
as écouté les paroles du volume, 

19. Que ton cœur en a été 
épouvanté, et que tu t'es humilié 
devant le Seigneur, ayant en- 
tendu mes paroles contre ce lieu 
et ses habitants, c'est-à-dire qu'ils 
seraient un objet de stupeur et 
de malédiction; et parce que tu 
as déchiré tes vétements et pleuré 
devant moi, et que moi je t'ai 
écouté, dit le Seigneur: 

20. C'est pourquoi je te réunirai 
à tes peres, et tu seras conduit 
au sépulcre en paix, afin que tes 
yeux ne voient point tous les 
maux que je vais amener sur ce 
lieu. 


CHAPITRE XXIII. 


Josias ayant assemblé tout le peuple, 
renouvelle l'alliance avec le Seigneur. 
Il détruit le reste de l'idolátrie, et or- 
donne la célébration de la Pàque. ll est 
tué dans un combat. Joachaz lui suc- 
cède. Joachim est mis à la place de 
Joachaz. 


1. Et ils rapporterent au roi ce 
qu'elle avait dit. Et le roi envoya, 
el tous les anciens de Juda et de 
Jérusalem s'assemblèrent près 
de lui. 

2. Et le roi monta dans le 
lemple du Seigneur, ainsi que 
tous les hommes de Juda et tous 
ceux qui habitaient dans Jérusa- 


———————————————————————————M 


14. Seconde; nom qui se trouve encore dans le prophéte Sophonie, r, 10. On l'en- 
tend communément d'une seconde enceinte de la ville faite par Ezéchias ou Manassé. 


“40 
lem avec lui, les prétres, les pro- 
phètes et tout le peuple, depuis 
le petit jusqu'au grand, et il lut, 
tous l'écoutant, toutes les paroles 
du livre de l'alliance, qui avait 
été trouvé dans la maison du 
Seigneur. 

3. Et le roi se tint debout dans 
la tribune, et fit l'alliance devant 
le Seigneur, afin qu'ils mar- 
chassent à la suite du Seigneur, 
qu'ils observassent ses préceptes, 
ses lois et ses cérémonies en 
tout leur cœur et en toute leur 
âme, et qu'ils rétablissent toutes 
les paroles de l'alliance qui 
étaient écrites dans ce livre; et 
le peuple acquiesça à l'alliance. 

4. Alors le roi ordonna à Hel- 
cias, le pontife, aux prétres du 
second ordre, et aux portiers, de 
jeter hors du temple du Seigneur 
tous les vases qui avaient appar- 
tenu à Baal, au bois sacré et à 
toute l'armée du ciel, et il les 
brüla hors de Jérusalem, dans la 
vallée de Cédron, etil en emporta 
la poussiere à Béthel. 

5. Et il détruisit les aruspices 
qu'avalent établis les rois de 
Juda pour sacrifier sur les hauts 
lieux, dans les villes de Juda et 


4. Eccli., XLIX, ὃ. 


IV ROIS. 


[,זזנא .68] 


autour de Jérusalem, et ceux qui 
brülaient de l'encens à Baal, au 
Soleil, à la Lune, aux douze 
signes et à toutela milice du ciel. 

6. Et il fit emporter le bois 
sacré de la maison du Seigneur 
hors de Jérusalem, dans la vallée 
de Cédron, où il le brüla et le 
réduisit en poussiere quil jeta 
sur les sépulcres du petit peuple. 

7. 11 détruisit aussi les petites 
maisons des  efféminés, les- 
quelles étaient dans la maison 
du Seigneur, et dans lesquelles 
les femmes tissaient comme des 
tentes pour le bois sacré. 

8. Et il assembla tous les pré- 
tres des villes de Juda, et il pro- 
fana les hauts lieux où sacri- 
fiaient les prétres, depuis Gabaa 
jusqu'à Bersabée, et il détruisit 
les autels des portes, à l'entrée 
de la porte de Josué, prince de la 
ville, laquelle était à la gauche 
de la porte de la ville. 

9. Cependant les prétres des 
hauts lieux ne montaient point à 
l'autel du Seigneur dans Jérusa- 
lem; mais seulement ils man- 
geaient des azymes au milieu de 
leurs freres. 

10. Le roi profana aussi To- 


-/-/- קת של ד --נעּ.ץ.; :46 pM UM‏ 


4. * Dans la vallée de Cédron qui entoure Jérusalem à l'est et au sud-est. — Béthel 
n'est pas à une trés grande distance de Jérusalem. Voir Genèse, xit, 8. 

1. Dans la maison, etc.; c’est-à-dire dans le parvis du temple. — Dans lesquelles. 
Tel est le sens de l'hébreu et du grec. Comme des lentes, etc.; littér. comme des 
maisonneltes du bois sacré. 

8. Il profana, etc. (Voyez de quelle manière aux vers. 14, 16, 20), afin qu'on ne 
püt plus y faire de prières. — À la gauche; pour ceux qui entraient dans 18 ville, 
comme portent le chaldéen et le grec. — La porte de la ville; probablement la porte 
principale; car il n'y a pas d'autre moyen d'expliquer l'article déterminatif qui se 
trouve dans le texte original. — * Gabaa, Djeba, ville de la tribu de Benjamin, au 
nord de Jérusalem. Voir 1 Rois, x1, 4. — Bersabée, à l'extrémité méridionale de la 
Palestine. Voir Genèse, xxi, 14. 

10. * À Moloch. Voir la note sur Lévitique, xviu, 21. — Dans la vallée du fils d'En- 
nom, à l'ouest et au sud de Jérusalem. 


[cu. xxur.] 


pheth, qui est dans la vallée du 
fils d'Ennom, afin que personne 
ne consacrát son fils ou sa fille 
par le feu à Moloch. 

11. Il enleva aussi les chevaux 
qu'avaient donnés les rois de 
Juda au Soleil, à l'entrée du 
temple du Seigneur, prés de la 
sallede Nathanmélech,l'eunuque, 
qui était à Pharurim ; mais les 
chariots du Soleil, il les brüla au 
feu. 

19. Les autels mêmes qui 
étaient sur le toit de la chambre 
d'Achaz, qu'avaient faits les rois 
de Juda, et les autels qu'avait faits 
Manassé dans les deux parvis du 
temple du Seigneur, le roi les dé- 
truisit, et il répandit les cendres 
dans le torrent de Cédron. 

43. Le roi profana aussi les 
hauts lieux qui étaient à Jérusa- 
lem, du côté droit de la montagne 
du Scandale, que Salomon, roi 
d'Israël, avait bâtis à Astaroth, 
idole des Sidoniens, à Chamos, le 
scandale de Moab, et à Melchom, 
l'abomination des enfants d'Am- 
mon. 

14. Et il brisa les statues et 
coupa les bois sacrés, et il rem- 
plit ces lieux-là d'os de morts. 

15. En outre, quant à l'autel 
méme qui était à Béthel, et le 
haut lieu qu'avait bâti Jéroboam, 
fils de Nabath, qni fit pécher Is- 
rael, il détruisit et cet autel et ce 
haut lieu; il les brüla et les ré- 


13. III Rois, x1, 7. — 15. III Rois, xri, 32. — 17. III Roi 


IV ROIS. 747 


duisit en poussière, et il mit aussi 
le feu au bois sacré. 

16. Et, se tournant, Josias vit 
là les sépulcres qni étaient sur 
la montagne, et il envoya et il 
prit les os de ces sépulcres, et les 
brüla sur l'autel, et il le profana, 
selon la parole du Seigneur, qu'a- 
vait dite l'homme de Dieu qui 
avait prédit ces choses. 

17. Et il demanda : Quel est ce 
tombeau qne je vois? Et les ci- 
toyens de cette ville lui dirent : 
C'est le sépulcre de l'homme de 
Dieu qui vint de Juda, et qui pré- 
dit ce que vous avez fait sur l'au- 
tel de Béthel. 

18. Et il dit : Laissez-le, que 
personne ne remue ses os. Et ses 
os demeurèrent intacts, avec les 
os du prophète qui était venu de 
Samarie. 

19. De plus, tous les temples 
mémes des hauts lieux qui 
étaient dans les villes de Sama- 
rie, qu'avaient faits les rois d'Is- 
raël pour irriter le Seigneur, Jo- 
sias les détruisit; et il leur fit se- 
lon tout ce qu'il avait fait à Bé- 
thel. 

90. Et il tua tous les prétres 
des hauts lieux qui étaient là 
préposés aux autels, et il brüla 
des ossements humains sur ces 
autels, etil retourna à Jérusalem. 

91. Et il ordonna à tout le 
peuple, disant : Faites une Páque 
du Seigneur votre Dieu, selon ce 


8, XIII, 2. — 21. II Par., xxxv, 1. 


11. * A Pharurim, dans l'intérieur des portiques du Temple. 


12. Le toit, c'est-à-dire la terrasse. 


13. La montagne du Scandale; dans lhébreu, de La corruption, de la perdition, 
c'est la montagne des Oliviers, ainsi appelée, à cause de l'idolátrie qui s'y pratiquait. 
* Voir ΠῚ Rois, xi, 7. — À Astaroth. Voir la note sur Juges, 11 7. — À Chamos. 
Voin la note sur III Rois, XI, 1. — A Melchom, à Moloch. 
16. L'homme de Dieu, qui, etc. Voy. III Rois, xin, 2. 


748 IV ROIS. 


qui est écrit dans le livre de cette 
alliance ; 

29. Car il n'a été fait aucune 
Pâque depuis les jours des juges 
qui jugèrent Israël, et pendant 
tous les jours des rois d'Israél et 
des rois de Juda, 

28. Comme à la dix-huitième 
année du roi Josias a été faite 
cette Páque du Seigneur dans 
Jérusalem. 

24. Mais aussi ceux qui avaient 
un esprit de python, les devins 
etles figures des idoles, les im- 
puretés et les abominations qui 
avaient été dans la terre de Juda 
et de Jérusalem, Josias les fit 
disparaitre pour accomplir les 
paroles de la loi qui sont écrites 
dans le livre que trouva Helcias, 
le prétre, dans le temple du Sei- 
gneur. 

25. 11 n'y a point eu avant Jo- 
sias de roi semblable, qui soit re- 
tourné comme lui au Seigneur 
en tout son cœur, en toute son 
âme, et en toute sa force, selon 
toute la loi de Moïse, et apres lui, 
il n'y en a pas eu de semblable à 
lui. 

26. Cependant le Seigneur ne 
revint point de la colère de sa 


[cu. xxur.] 


grande fureur, dont fut irritée sa 
fureur contre Juda, à cause des 
sujets d'irritation qu'avait provo- 
qués en lui Manassé. 

27. C'est pourquoi le Seigneur 
dit: Juda aussi, je l'óterai de de- 
vant ma face, comme j'en ai Ôté 
Israël, et je rejetterai cette ville, 
que j'ai choisie, Jérusalem et 
cette maison dont j'ai dit : Mon 
nom sera là. 

28. Mais le reste des actions de 
Josias, et tout ce qu'il a fail, 
n'est-ce pas écrit dans le Livre 
des actions des jours des rois de 
Juda? 

29. Aux jours de Josias, Pha- 
raon Néchao, roi d'Egypte, monta 
contre le roi des Assyriens, vers 
le fleuve d'Euphrate, et Josias, le 
roi, alla à sa rencontre; et il fut 
tué à Mageddo, lorsqu'il l'eut vu. 

80. Et ses serviteurs l'enle- 
verent mort de Mageddo, le por- 
terent à Jérusalem et l'enseve- 
lirent dans son sépulcre. Alors le 
peuple du pays prit Joachaz, fils 
de Josias; et ils l'oignirent, et 
létablirent en la place de son 
père. 

31. Joachaz avait vingt-trois 
ans lorsqu'il commença à régner, 


21. Infra, xxiv, 2. — 29. II Par., xxxv, 20. — 31. II Par., xxxvi, 2. 


"0/1 7 . -΄ιἰἨ 7ε’οὸὔὰὺὔυ. 


99. Et pendant lous les jours. Ces derniers mots sont au génitif, dans la Vulgate, 
probablement, comme complément de Pâque qui précède, mais le sens revient au 
méme. 

24. * Un esprit de python. Voir Lévitique, xx, 2 

26. Les traducteurs qui n'ont pas reproduit ces pléonasmes de la Vulgate et de 
l'hébreu ont singulièrement diminué la force et l'energie du sens. 

39. Lorsqu'il l'eut vu; c'est-à-dire lorsqu'il lui eut livré un combat. — * Néchao II, 
pharaon de la xxvi® dynastie, régna depuis 611 jusqu'à 605 environ avant J.-C. — 
Mageddo barrait les voies du Liban et pouvait à volonté ouvrir ou fermer la route 
aux armées qui marchaient vers l'Euphrate. Aussi joua-t-elle dans toutes les guerres 
des Egyptiens en Asie un róle prédominant. Elle avait été le point de ralliement des ἡ 
forces chananéennes et le poste avancé des peuples du nord contre les attaques 
venues du sud. Une bataille perdue sous ses murs livrait la Palestine entière aux 
mains du vainqueur et lui permettait de continuer sa marche vers la Ceelésyrie. 


[cg, xxiv.] 


et il régna trois mois à Jérusa- 
lem : le nom de sa mere était 
Amital, fille de Jérémie de Lobna. 

39. Et il fit le mal devant le Sei- 
gneur, selon tout ce que ses peres 
avaient fait. 

33. Et Pharaon Néchao l'en- 
chaina à Rébla, qui est dans la 
terre d'Emath, afin qu'il ne ré- 
gnât point à Jérusalem, et il im- 
posa une amende au pays de cent 
talents d'argent et un talent d'or. 

34. Et Pharaon Néchao établit 
roi Eliacim, fils de Josias, en la 
place de Josias, son pere, et il 
changea son nom en Joakim : or 
il prit Joachaz et le conduisit en 
Egypte, etil y mourut. 

35. Joakim donna à Pharaon 
l'argent et l'or, puisqu'il avait 
taxé le pays par tête, afin qu'ils 
fussent apportés ensemble selon 
lordre de Pharaon; et il exigea 
de chacun, selon ses moyens, 
tant l'argent que l'or du peuple 
du pays, pour donner à Pharaon 
Néchao. 

36. Joakim avait vingt-cinq ans 
lorsqu'il commença à régner, et 
il régna onze ans à Jérusalem : 
le nom de sa mère était Zébida, 
fille de Phadaïa de Ruma. 

37. Et il fit le mal devant le 
Seigneur, selon tout ce qu'avaient 
fait ses peres. 


XXIV. 2. Supra, xxii, 27.‏ .א 


IV ROIS. 


749 


CHAPITRE XXIV. 


Joakim est assujetti au roi de Babylone. 
Il meurt; Joachin lui succéde. Nabucho- 
donosor assiège Jérusalem, dont les 
principaux habitants sont transportés 
à Babylone. Sédécias est mis à la place 
de Joachin. 


1. Dans les jours de Joakim, 
Nabuchodonosor,roide Babylone, 
monta contre Juda, et Joakim lui 
fut assujetti durant trois ans; 
et ensuite il se révolta contre 
lui. 

9. Et le Seigneur envoya les 
voleurs des Chaldéens, les vo- 
leurs de Syrie, les voleurs de 
Moab et les voleurs des enfants 
d'Ammon, et il les envoya contre 
Juda pour l'exterminer, selon la 
parole que le Seigneur avait dite 
par ses serviteurs, les prophètes. 

3. Or ceci arriva par la parole 
du Seigneur contre Juda, pour 
lóter de devant lui, à cause de 
tous les péchés que Manassé fit, 

4. Et à cause du sang de l'in- 
nocent qu'il versa; car il remplit 
Jérusalem de sang innocent. C'est 
pour ce motif que le Seigneur ne 
voulut point se rendre propice. 

5. Mais le reste des actions de 
Joakim, et tout ce qu'il a fait, 
n'est-ce pas écrit dans le Livre 
des actions des jours des rois de 


33. * Rébla, sur l'Oronte, à environ douze heures au sud-ouest d'Emese, dans une 
plaine trés fertile. — Emath. Voir II Rois, vur, 9. — Cent talents d'argent et un talent 
d'or. Le talent d'argent valait 8,500 francs et le talent d'or 131,850 francs. 

34. En hébreu, Eliacim, ou plutôt Eliakim, signifie Dieu établit, et Joakim, ou Jé- 
hoakim, le Seigneur (Jéhova) établit. Ce changement de nom marquait le domaine que 
le roi d'Egypte prétendait conserver sur le roi de Juda. 

36. * Ruma, probablement el-Arma, Juges, 1x, 41. 


i Nabuchodonosor ou plus exactement Nabuchodorosor, dont le nom signifie : 
« Dieu Nébo, protège la couronne », fils de Nabopolassar, roi de Babylone, régna 
de 601 à 561 avant J.-C. 11 fut un grand conquérant et un grand bâtisseur, 


150 


Juda? Et Joakim dormit avec ses 
pères; 

6. Et Joachin, son fils, régna en 
sa place. 

7. Et le roi d'Egypte ne recom- 
mença plus à sortir de son pays; 
car le roi de Babylone avait em- 
porté, depuis le torrent d'Egypte 
jusqu’au fleuve d'Euphrate, tout 
ce qui était au roi d'Egypte. 

8. Joachin avait dix-huit ans 
lorsqu'il commenca à régner, et 
il régna trois mois à Jérusalem : 
le nom de sa mere était Nohesta, 
fille d'Elnathan de Jérusalem. 

9. Et il fit le mal devant le Sei- 
gneur, selon tout ce qu'avait fait 
son pere. 

10. En ce temps-là les servi- 
teurs de Nabuchodonosor, roi de 
Babylone, monterentàJérusalem, 
et la ville fut entourée de forlifi- 
cations. 

41. Nabuchodonosor, roi de Ba- 
bylone, vint aussi avec ses servi- 
teurs pour l’attaquer. 

12. Et Joachin, roi de Juda, sor- 
lit vers le roi de Babylone, lui, sa 
mère, ses serviteurs, ses princes 
et ses eunuques; et le roi de Ba- 
bylonele reçut la huitième année 
de son regne. 

13. Et il emporta de Jérusalem 
tous les trésors de la maison du 
Seigneur, et les trésors de la mai- 
son du roi; et il brisa tous les 
vases d'or que Salomon, roi d'Is- 
raél, avait faits dans le temple du 


IV ROIS. 


(ca. xxiv.] 


Seigneur, selon la parole du Sei- 
gneur. 

14. Et il transféra toute la ville 
de Jérusalem, tous les princes et 
tous les forts de larmée, au 
nombre de dix mille, en captivité, 
et aussi tous les ouvriers et tous 
les lapidaires, et rien ne fut laissé, 
excepté les pauvres du peuple 
du pays. 

15. Il transféra aussi à Baby- 
lone Joachin, la mere du roi, les 
femmes du roi, ses eunuques; et 
les juges du pays, il les emmena 
en captivité de Jérusalem à Ba- 
bylone. 

16. Il transféra encore tous les 
hommes vigoureux, au nombre 
de sept mille, les ouvriers et les 
lapidaires au nombre de mille, 
tous les hommes courageux et 
guerriers; et le roi de Babylone 
les emmena captifs à Babylone. 

17. H établit, en 18 place de Joa- 
chin, Matthanias son oncle, et il 
lui imposa le nom de Sédécias. 

18. Sédécias avait vingt-un ans 
d'âge lorsqu'il commença à ré- 
gner, et il régna onze ans à Jé- 
rusalem : le nom de sa mère 
était Amital, fille de Jérémie, de 
Lobna. 

19. Et il fit le mal devant le 
Seigneur, selon tout ce qu'avait 
fait Joakim. 

90. Car le Seigneur s'irritait 
contre Jérusalem et contre Juda, 
jusqu'à ce qu'il les rejetât de de- 


10, Dan., 1, 4. — 15. II Par., xxxvi, 10; Esth., 11, 6; xr, 4. — 17. Jér., טאאא‎ 45 135 1. 


1. * Le torrent d'Egypte, l'ouadi el-Arisch.— Euphrate, le fleuve qui arrose Babylone. 
14. Toute, etc.; c'est-à-dire la plupart des habitants. Compar. ch. xxv, 18, 19. — 
Les lapidaires. C'est ainsi que saint Jérôme explique le mot hébreu qui signifie à là 
lettre qui enferme, qui enclôt, et que les uns traduisent par serrurier, d'autres par 


magon, d'autres par orfèvre, etc. 


11. Matthanias; c'est-à-dire don du Seigneur (de Jéhova). — Sédécias, c'est-à-dire 
justice du Seigneur, Voy. sur ce changement de nom. chap. ,וצצ‎ 


(cu. xxv.] 
vant sa face; et Sédécias se déta- 
cha du roi de Babylone. 


CHAPITRE XXV. 


Dernier siège de Jérusalem par Nabucho- 
donosor. Sédécias est pris et emmené 
à Babylone. Nabuzardan met le feu à 
la ville. et en transporte les habitants. 
Godolias est établi gouverneur du pays. 
Le peuple s'enfuit en Egypte. Joachin 
est en faveur auprès d'Evilmérodach. 


1. Or il arriva en 18 neuvième 
année du regne de Sédécias, au 
dixième jour, au dixième mois, 
que Nabuchodonosor, roi de Ba- 
bylone, vint, lui et toute son ar- 
mée, contre Jérusalem ; et ils l'in- 
vestirent, et y construisirent tout 
autour des fortifications. 

2. Ainsi la ville fut enfermée et 
fortifiée jusqu'àla onzième année 
du roi Sédécias, 

3. Au neuvième jour du mois, 
et la famine régna dans la ville ; 
et il n'y avait pas de pain pour le 
peuple du pays. 

4. Et une brèche fut faite à la 
ville, et tous les hommes de 
guerre s'enfuirent durant la nuit, 
par la voie de la porte qui est 
entre le double mur près de la 
porte du jardin du roi (or les 
Chaldéens assiégeaient tout au- 
tour la ville) : c'est pourquoi 
Sédécias s'enfuit par la voie qui 
conduit aux plaines du désert. 

5. Et larmée des Cbaldéens 
poursuivit le roi, et le prit dans 
la plaine de Jéricho; et tous les 


fV ROIS. 751 


combattants qui étaient avec lui 
furent dispersés et l'abandon- 
nerent. 

6. Ayant donc pris le roi, ils 
l'amenerent au roi de Babylone 
à Réblatha, lequel prononca 
contre lui un arrét. 

7. Quant aux fils de Sédécias, 
il les tua devant lui, puis il lui 
creva les yeux, le chargea de 
chaines et l'emmena à Babylone. 

8. Au cinquième mois, au sep- 
tieme jour du mois, c'est la dix- 
neuvieme année méme du roi de 
Babylone, Nabuzardan, chef d'ar- 
mée, serviteur du roi de Baby- 
lone, vint à Jérusalem. 

9. Et il brüla la maison du 
Seigneur et 18 maison du roi, et 
il consuma les maisons de Jéru- 
salem, et toute espèce de maison. 

10. Toute larmée des Chal- 
déens, qui était avec ce chef de 
soldats, détruisit les murs de 
Jérusalem tout autour. 

11. Quant à lautre partie du 
peuple qui était restée dans la 
ville, et aux transfuges qui 
avaient passé au roi de Babylone, 
et au reste du bas peuple, Nabu- 
zardan, prince de la milice, les 
transporta à Babylone. 

19. Et il laissa d'entre les 
pauvres les vignerons et les la- 
boureurs. 

13. Mais les colonnes d’airain 
qui étaient dans le temple du 
Seigneur, et les bases, et la mer 


Cap. XXV, 1. Jérémie, xxxix, 4; 111, 4. — 9. Ps. Lxxin, 7. — 13. Jér., xxvir, 19. 


4. * Le jardin du roi, au sud de Jérusalem, dans la vallée de Ben-Hinnom. 
3. * Dans la plaine de Jéricho. Dans la plaine située entre la ville de Jéricho et le 


Jourdain. 


6. * Réblatha, Rebla. Voir plus haut, xxii, 33. 

T. * Lui creva les yeux. Les bas-reliefs assyriens représentent des rois crevant eux- 
mêmes les yeux avec une lance à leurs ennemis vaincus, 

9 * Le temple fut brülé en 588 avant J.-C, 


152 
d'airain qui était dans la maison 
du Seigneur, les Chaldéens les 
briserent, et ils transporterent 
tout l'airain à Babylone. 

14. Les marmites d'airain aussi, 
de méme que les pelles, les tri- 
dents, les coupes, les petits 
mortiers, et tous les vases d'airain 
avec lesquels on faisait le service 
dans le temple, ils les empor- 
tèrent. 

15. Le prince de la milice em- 
porta également les encensoirs 
et les patères, ce qui était d'or, 
à part, et ce qui était d'argent, à 
part. 

16. C'est-à-dire les deux co- 
lonnes, la mer et les bases 
qu'avait faites Salomon dans le 
temple du Seigneur; il n'y avait 
pas de poids pour l'airain de 
tous ces vases. 

17. L'une des colonnes avait 
dix-huit coudées de hauteur, et 
le chapiteau d'airain de dessus, 
était de trois coudées de hauteur: 
et il y avait un réseau et des gre- 
nades sur le chapiteau de la 
colonne; le tout était d'airain : 
la seconde colonne aussi avait un 
semblable ornement. 

18. Le prince de la milice em- 
‘mena aussi Saraias, le premier 
prétre, et Sophonias, second 
prétre, et les trois portiers. 

19. Et un eunuque de la ville 
qui commandait aux hommes de 


ι 


ΙΝ ROIS. 


(cu. xxv.] 
guerre, et cinq hommes qui 
étaient toujours devant le roi, 
quil trouva dans la ville, et 
Sopher, le prince de l'armée, qui 
exercait les jeunes soldats pris 
d'entre le peuple du pays, et 
soixante hommes du bas peuple, 
qui avaient été trouvés dans la 
ville. 

20. Nabuzardan, chef des sol- 
dats, les ayant pris, les amena au 
roi de Babylone à Réblatha. 

21. Et le roi de Babylone les 
frappa et les tua à Réblatha, dans 
la terre d'Emath; ainsi Juda fut 
transféré hors de son pays. 

22. Quant au peuple qui était 
resté dans la terre de Juda, qu'a- 
vait laissé Nabuchodonosor, roi 
de Dabylone, il mit à sa téte 
Godolias, fils d'Ahicam, fils de 
Saphan. 

23. Ge qu'ayant appris tous les 
chefs des soldats, eux et les 
hommes qui étaient avec eux, à 
savoir quele roi de Babylone avait 
établi Godolias pour gouverneur, 
Ismaël, fils de Nathanias, Joha- 
nan, fils de Carée, et Saraia, 
fils de Thanéhumeth, le Nétopha- 
thite, et Jézonias, fils de Maacha- 
thi, vinrent vers Godolias à 
Maspha, eux et tous les leurs. 

94. Et Godolias leur jura, à eux 
et aux leurs, disant : Ne craignez 
point de servir les Chaldéens; 
demeurez dans cette terre, et 


17. IIl Rois, vir, 15; II Par., ni, 15; Jérémie, Lu, 21. 


15. Ce qui était d'or, à part, et ce qui était d'argent, à part; ou bien fant ce qui 
était d'or que ce qui était d'argent; littér., ce qui était d'or, d'argent, etc. 
16. Il m'y avait pas de poids avec lequel on püt peser tous ces vases, à cause de 


leur énorme pesanteur. 


11. * La coudée était d'environ un demi-mètre. 
19. Sopher; l'hébreu porte le sopher, c'est-à-dire Le scribe, l'écrivain. 


21. * Emath. Voir IL Rois, vut, 9. 


23. * Maspha, ville au nord de Jérusalem, 


[cH. xxv.] 


servez le roi de Babylone, et vous 
serez bien. 

25. Or il arriva, au septième 
mois aprés, qu'Ismaél, fils de Na- 
thanias, fils d'Elisama, de la race 
royale, vint à Maspha, et dix 
hommes avec]lui; etils frapperent 
Godolias, qui mourut, et aussi 
les Juifs et les Chaldéens qui 
étaient avec lui. 

26. Et se levant, tout le peuple, 
depuis le petit jusqu'au grand, 
et les chefs des soldats, vinrent 
en Egypte, craignant les Chal- 
déens. 

27. Mais il arriva qu'en la 
trente-septième année de la cap- 
tivité de Joachin, roi de Juda, au 
douzieme mois, au vingt-sep- 


IV ROIS. 


753 
tième jour du mois, Evilméro- 
dach, roi de Babylone, en l'année 
méme qu'il commença à régner 
tira Joachin, roi de Juda, de pri- 
son. 

28. Et il lui parla avec bonté, 
et il mit son tróne au-dessus du 
tróne des rois qui étaient aupres 
de lui à Babylone. 

29. Et il changea ses vêtements 
quil avait eus dans la prison; 
et Joachin mangea toujours du 
pain en sa présence tous les jours 
de sa vie. 

30. Il lui assigna aussi sans 
interruption des vivres, qui 
même lui étaient donnés chaque 
jour par le roi, tous les jours de 
sa vie. 


21. * Evilmérodach, successeur de Nabuchodonosor, occupa deux ans 16 trône de 


Babylone, de 561 à 559 avant J.-C. 


29. Mangea du pain. Voy. sur cette expression, 1 Roës, xiv, % 


48 


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INTRODUCTION 


AUX LIVRES 


DES PARALIPOMENES 


Les deux livres des Paralipoménes forment en réalité un seul ouvrage, qui 
était compté comme un livre unique, par les anciens, dans le canon de l'Ancien 
Testament. Il a été partagé en deux par les Septante, et leur division a été con- 
servée dans la Vulgate. Le premier livre se termine à la fin du règne de David. 
Cette histoire porte en hébreu le nom de Dibré hayyámtm, que l'on traduit par 
Chroniques. Nous l'appelons Paralipomènes, du titre grec que lui donnèrent les 
Septante, c'est-à-dire suppléments, pour indiquer qu'elle suppléait aux omissions 
des livres des Rois. C'était surtout comme complétant ces derniers qu'elle avait 
excité l'attention des anciens; ils avaient trés justement remarqué que c'était 
de là qu'elle tirait son importance. 

L'auteur des Paralipoménes a omis un grand nombre de faits rapportés dans 
les livres des Rois, de même qu'il en a raconté qu'on ne lit point dans ces 
derniers. Les omissions comme les additions font voir clairement quel a été le 
but qu'il se proposait : il a voulu montrer les rapports de Dieu avec son peuple; 
comment le Seigneur a récompensé par la prospérité la fidélité à sa loi; com- 
ment il a puni par l'adversité l’idolätrie et le péché. Et parce que l'observation 
des prescriptions du culte mosaique était la marque sensible de l'obéissance 
d'Israël à Jéhovah, l'auteur des Paralipoménes s'attache principalement à faire 
ressorlir ce cóté de son sujet, afin d'inspirer à ses fréres une grande aversion 
pour l'idolàtrie et de les porler à remplir toujours exactement leurs devoirs en- 
vers le Seigneur. De là vient qu'il a mentionné, par exemple, dans l'élévation 
de Joas au trône, la part qu'y prirent les Lévites, circonstance passée sous si- 
lence dans IV Rois, qu'il considére surtout au point de vue religieux l'épisode 
de la translation de l'arche à Jérusalem, envisagée au contraire de préférence 
sous le rapport politique dans II Rois, etc. Quant à sa prédilection pour les gé- 
néalogies, elle s'explique par le besoin qu'on en eut aprés la captivité, lors- 
qu'il écrivit son ouvrage. 

Les Paralipoménes ont été écrits aprés la captivité, puisqu'ils rapportent l'édit 
de Cyrus qui y mit fin, et qu'ils contiennent la généalogie de Zorobabel jusqu'à 
ses petits-fils. La mention des dariques ou monnaies perses de Darius prouve 
qu'ils datent de la domination persane et non de l'époque des Séleucides. On peut 
tirer la méme conclusion du nom de birah, qui est donné au temple, parce qu'un 
auteur postérieur à Néhémie n'aurait pu désigner ainsi la maison de Dieu, sans 
coufusion et sans équivoque : Néhémie, en effet, avait construit à Jérusalem, a 


756 INTRODUCTION AUX LIVRES DES PARALIPOMÈNES. 


l'imitation des villes de la Perse, une birah ou forteresse, distincte du temple, 
laquelle fut appelée plus tard Baris et citadelle Antonia. 

La tradition attribue généralement à Esdras la composition des Paralipo- 
ménes, et ce que nous venons de constater sur l'époque de leur rédaction est 
en parfait accord avec ce témoignage. Il est confirmé par l'identité de la con- 
clusion de 1] Par., xxxvi, 22-23, et du commencement de I Esd., 1, qui donne 
également l'édit de Cyrus, mais d'une manière plus complète. On trouve, de 
plus, dans les Paralipoménes et le livre d'Esdras, le méme goût pour les généa- 
logies, pour tout ce qui tient au culte et à la tribu de Lévi; des locutions par- 
tieuliéres qui ont une signification propre à ces deux ouvrages, tels que kam- 
mischpál, « selon la loi de Moise », et de nombreux chaldaismes. 

Les tables généalogiques formant la première partie des Paralipoménes sont 
extraites, soit du Pentateuque et des livres historiques antérieurs contenus dans 
la Sainte Ecriture, soit de documents extrabibliques. 

Dans la seconde partie, I Par., x-II Par., xxxvi, contenant les annales des rois 
de Juda, de David à la captivité, l'auteur indique, aprés la mort de chaque roi, 
où il a puisé les renseignements qui le concernent. 

Le soin avec lequel l'auteur des Paralipoménes indique les sources dont il 
s'est servi est une garantie de son exactitude et de la diligence avec laquelle il 
a recueilli tous les renseignements propres à lui faire connaitre la vérité, indé- 
pendamment méme de l'inspiration qui le mettait à l'abri de toute erreur. 
C'est là un point digne de remarque, parce que, de tous les livres que contient 
la Bible hébraique, les Chroniques sont ceux dont l'autorité est le plus violem- 
ment attaquée par les rationalistes contemporains. 

« Une partie considérable des faits racontés par ce livre lui est commune avec 
les livres historiques canoniques plus anciens, et les termes qu'il emploie sont 
souvent identiques, ou à peu prés, aux termes employés dans ces derniers; une 
autre parlie, également importante, lui est propre. Au temps oü la critique né- 
gative dominait dans les études bibliques, on expliquait les ressemblances entre 
les Rois et les Paralipomènes en admettant que l’auteur de ceux-ci avait pris 
dans les premiers tout ce qui leur était conforme, mais que tout ce qui était 
différent et lui appartenait à lui seul était de son invention ou bien le résultat 
de contre-sens, de remaniements, d'embellissements ou d'altérations volontaires. 
La valeur historique des Chroniques a été vengée de ces soupcons injustes. 
On reconnait maintenant que l'auteur a travaillé partout d'aprés les sources et 
qu'il n'est pas possible de lui attribuer des fictions ou des falsifications volon- 
taires. » (DILLMANN.) 

« Le soin avec lequel il a compulsé ses sources est démontré d’une manière 
évidente par la comparaison des récits qu’il a en commun avec les livres de 
Samuel et des Rois. Non seulement, dans ces passages parallèles, les relations 
concordent sur tous les points essentiels, mais là où elles offrent des variantes, 
les Chroniques donnent, quant aux faits, des détails plus précis et plus dévelop- 
pés; quant à la forme, les différences sont sans portée : elles consistent seule- 
ment dans l'expression et le style, ou bien s'expliquent par le but parénétique 
et didactique de l'historien. 

» Ce but parénétique n'a d'ailleurs jamais porté atteinte à la vérité objective 
des faits, comme le prouve une étude attentive et minutieuse du texte; il a 
seulement communiqué à la narration une empreinte subjective ou personnelle, 


INTRODUCTION AUX LIVRES DES PARALIPOMÉNES. 791 


qui lui est particuliére et la distingue de l'exposition objective des livres des 
Rois. Il résulte de là que nous sommes en droit de conclure... que, dans les par- 
ties oü l'auteur a utilisé des documents aujourd'hui perdus, le chroniqueur n'a 
pas été moins exact; qu'il n'a pas reproduit moins fidélement les listes chrono- 
logiques qui lui sont propres, ainsi que les additions. » (Kzrr.) 

On allégue contre la véracité des Paralipoménes l'exagération évidente, dit-on, 
de certains chiffres : 1? l'énormité des sommes d'or et d'argent recueillies par 
David, I Par., xxir, 44; xxix, 4; ou offertes par les principaux du peuple, xxix, 
7, pour la construction du temple; 2? le nombre excessif des soldats d'Abia, 
400,000, et de Jéroboam, 800,000, dont 500,000 furent tués, II Par., xim, 3, 17; 
3° des soldats d'Asa, 580,000, et de Zara, roi d'Éthiopie; 1,000,000, 11 Par., xiv, 
8, 9; 4° des soldats de Josaphat, plus de 1,160,000, II Par., xvi, 14-19; 5° des 
femmes et des enfants emmenés prisonniers par Phacée, roi d'Israél, du temps 
d'Achaz, 200,000, 1] Par., xxvur, 8. 

On ne saurait disconvenir que ces chiffres sont trés considérables. Cependant 
il faut remarquer, relativement à la grande quantité de métaux précieux ras- 
semblée par David et donnée par ses sujets, qu'il est impossible d'en déterminer 
la valeur réelle, parce que nous ignorons quel était alors le vrai poids du sicle; 
que si néanmoins on en trouve le nombre excessif, ainsi que celui des autres 
passages, on peut admettre qu'il a été altéré, soit par l'inadvertance des copistes, 
soit par l'impuissance où ils ont été de lire dans leurs manuscrits les véritables 
chiffres. 

Des altérations de ce genre existent dans divers livres des Saintes Écritures, 
Dieu n'ayant pas voulu faire de miracle pour en préserver le texte sacré. 
Ainsi, d’après 1 Rois, xiu, 5, les Philistins mettent en campagne 30,000 chariots 
et 6,000 cavaliers. Comme il est contre toute vraisemblance qu'un pays aussi 
petit que celui des Philistins pût posséder 30,000 chars de guerre, tandis que 
les plus grands empires ne les avaient point; comme, par cavaliers, on en- 
tend dans la Bible les soldats combattant sur des chars; comme enfin nous sa- 
vons par les usages de l'Égypte, que chaque chariot portait deux hommes, il en 
résulte qu'au lieu de 30,000 il faut lire 3,000, ainsi qu'on l'admet généralement 
aujourd'hui. De méme, il est dit, I Rois, vt, 19, que Dieu frappa à Bethsamès 
« 70 hommes, 50,000 hommes » (telle est la phrase hébraique), pour avoir regardé 
indiscrétement l'arche renvoyée par les Philistins. La réunion des deux nombres 
juxtaposés, réunion contraire, par la forme, à tous les usages de la langue hé- 
braique, indique déjà à elle seule que nous avons là deux lecons, placées l'une 
à cóté de l'autre par les copistes, qui ont ignoré quelle était la véritable, et 
dans l'incertitude, ont conservé les deux. On reconnait assez communément, à 
cette heure, que la variante 50,000 est peu vraisemblable, parce qu'il est contre 
toute probabilité que Bethsamés comptât 50,000 habitants, et il aurait fallu 
qu'elle en possédát un bien plus grand nombre, pour qu'il en périt autant en 
cette circonstance. — De méme que dans les livres des Rois, il est possible que 
des chiffres soient altérés dans ceux des Paralipoménes. Il est aussi facile de 
s'expliquer le fait dans les seconds que dans les premiers. 

Ces erreurs purement matérielles proviennent de la confusion 6₪ 858 
lettres hébraiques entre elles. S. Jéróme et les rabbins nous apprennent que les 
anciens Hébreux exprimaient les nombres, non pas tout au long, mais par de 
simples lettres de l'alphabet, ayant, comme en grec, la valeur de chiffres. Leur 


708 INTRODUCTION AUX LIVRES DES PARALIPOMÈNES. 


témoignage est confirmé par les monnaies des Machabées, où les nombres sont 
en effet écrits en lettres. Si nous n'avons pas de preuve directe que cet usage 
était de toute antiquité, nous en avons du moins une preuve indirecte décisive 
dans le système de numération des Hellènes. Ils le recurent tout fait des Phéni- 
ciens. Il ne concorde pas avec leur propre alphabet, tel qu'on le perfectionna 
plus tard, mais avec l'alphabet hébreu, il a donc été de tout temps en usage 
chez les habitants de la Palestine. Or, plusieurs des lettres hébraiques étant 
très ressemblantes par la forme, les fausses lectures des copistes étaient à peu 
prés inévitables. 

Les remarques que nous venons de faire n'expliquent pas seulement les 
chiffres des Paralipoménes, qui paraissent trop élevés, mais aussi les diver- 
gences qu'on observe entre les nombres donnés par ce livre et les autres parties 
de la Bible. 


LES 


PARALIPOMENES ? 


= = 


I PARALIPOMENES 


Mesraïm, Phut, et Chanaan. 

9. Mais les fiis de Chus, Saba, 
et Hévila, Sabatha, et Regma, et 
Sabathacha. Or les fils de Regma 
sont Saba et Dadan. 

10. Mais Chus engendra Nem- 
rod; celui-ci commença à étre 
puissant sur la terre. 

11. Or Mesraim engendra Lu- 
dim, Anamim, Laabim, et Neph- 


CHAPITRE PREMIER. 


Généalogie d'Adam jusqu'à Noé, et de- 
puis Noé jusquà Abraham. Enfauts 
d'Abraham. Postérité d'Esaü. 


1. Adam, Seth, Enos, 

2. Cainan, Malaléel, Jared, 

3. Hénoch, Mathusalé, Lamech, 
4. Noé, Sem, Cham et Japheth. 
5. Les fils de Japheth sont Go- 


mer, et Magog, et Madai, et Ja- 
van, Thubal, Mosoch, Thiras ; 

6. Or les fils de Gomer, Asce- 
nez, Riphath et Thogorma ; 

1. Mais les fils de Javan, Elisa 
et Tharsis, Cethim et Dodanim ; 

8. Les fils de Cham, Chus, 


tuim, 

19. Ainsi que Phétrusim et 
Casiuim, desquels sont sortis 
Philistiim et Caphtorim. 

13. Or Chanaan engendra Si- 
don, son premier-né, ainsi que 
Heth, et 


Cua». I. 1, Gen., 1, 1; 1v, 25; v, 6, 9. — 10. Gen., x, 8. 


a Les Paralipomènes contiennent un certain nombre de passages qui paraissent 
contradictoires aux endroits paralléles qu'on trouve dans d'autres livres; nous es- 
sayerons de concilier les plus frappants, en renvoyant pour tous les autres aux 
ouvrages des commentateurs. 


1. Adam, Seth, etc., c'est-à-dire Adam engendra Seth, Seth engendra Enos, et ainsi 
de suite jusqu'à Noé. 

1-4. * Généalogie des patriarches depuis Adam jusqu'à Noé et ses fils, à l'exclusion 
des descendants de Cain. 

3. Mathusalé est écrit dans la Genèse Mathusala. Les Paralipomères contiennent 
des noms propres qui se lisent autrement que dans d’autres livres sacrés. Cette 
différence vient probablement, dans les uns, de la prononciation qui a varié, dans 
les autres, de la faute des copistes, dans d'autres, enfin, de ce que certains person- 
nages et certains lieux portaient différents noms, ou de ce que la signilication de 
leur nom pouvait s'exprimer par plusieurs mots. 

4. Noé engendra Sem, Cham et Japhet. 

9-7. * Descendants de Japhet, fils de Noé. 

8-16. * Descendants de Cham, fils de Noé, 


“00 I PARALIPOMÈNES. 


14. Le Jébuséen, l'Amorrhéen, 
le Gergéséen, 

15. L'Hévéen, 
Sinéen, 

16. Ainsi que l'Aradien, le Sa- 
maréen et l'Amathéen. 

17. Les fils de Sem sont : Elam, 
Assur, Arphaxad, Lud, Aram, 
Hus, Hul, Géther et Mosoch. 

18. Or Arphaxad engendra 58- 
lé, qui lui-méme engendra Hé- 
ber. 

19. Mais à Héber naquirent 
deux fils : le nom de l'un fut Pha- 
leg, parce qu'en ses jours la 
terre fut divisée; et le nom de 
son frere, Jectan. 

20. Or Jectan engendra Elmo- 
dad, Saleph, Asarmoth et Jaré, 

91. Ainsi qu'Adoram, Huzal, 
Décla, 

99. Et aussi Hébal, Abimaél, 
Saba, et de plus 

23. Ophir, Hévila, et Jobab; 
tous ceux-là sont les fils de Jec- 
tan : 

24. Sem engendra donc Ar- 
phaxad, Salé, 

95. Héber, Phaleg, Ragaü, 

26. Sérug, Nachor, Tharé, 

97. Abram : c'est le méme 
qu'Abraham. 

98. Or les enfants d'Abraham 
sont Isaac et Ismahel. 

99. Et voici leurs générations. 


lAracéen, le 


(cg. 1.] 
Le premier-né d'Ismahel fut Na- 
baioth, ensuite Cédar, Adbéel, 
Mabsam, 

90. Masma, Duma, Massa, Ha- 
dad et Théma, 

31. Jétur, Naphis, Cedma; ce 
sont là les fils d'Ismahel. 

32. Mais les fils que Cétura, 
femme du second rang d'Abra- 
ham, enfanta, sont Zamran, Jec- 
san, Madan, Madian, Jesboc et 
Sué ; et les fils de Jecsan, Saba et 
Dadan; et les fils de Dadan, As- 
surim, Latussim et Laomim. 

33. Or les fils de Madian sont 
Epha, Epher, Hénoch, Abida, 
Eldaa; tous ceux-là sont fils de 
Cétura. 

34. Mais Abraham engendra 
Isaac, dont les fils furent Esaü et 
Israël. 

98. Les fils d'Esaü, Eliphaz, 
Rahuel, Jéhus, Ihélom et Coré; 

36. Les fils d'Eliphaz, Théman, 
Omar, Séphi, Gathan, Cénez, 
Thamna, Amalec. 

31. Les fils de Rahuel, Nahath, 
Zara, Samma, Méza. 

38. Les fils de Séir : Lotan, 
Sobal, Sébéon, Ana, Dison, Eser, 
Disan. 

39. Les fils de Lotan : Hori, Ho- 
mam. Or la sceur de Lothan était 
Thamna. 

40. Les fils de Sobal : Alian, 


47. Gen., x, 22; x1, 10. — 27. Gen., x1, 26. — 29. Gen., xxv, 13. — 33. Gen., xxv, 4. 


— 34. Gen., xxv, 19. — 33. Gen., xxxvi, 10. 


11-21. * Descendants de Sem, fils de Noé. 
91. C'est le même, etc. Voy. Genèse, xvn, 5. 


28-34. * Descendants d'Abraham. 


32. Femme du second rang. Voy. 11 Rois, ur, 1. 

35-54. * Descendants d'Esaü; rois et princes d'Idumée. 

40. Les fils d'Ana : Dison. Dans les récits généalogiques, ce pluriel s'emploie quel- 
quefois pour le singulier; mais comme le mot fils signifie aussi enfant des deux 
sexes, il pourrait se prendre ici dans ce dernier sens et comprendre Oolibama, qui 
figure comme fille d'Ana dans la Genése, xxxvi, 25. 


fei. 11.] 


Manahath, Ebal, Séphi et Onam. 
Les fils de Cébéon : Aia, et Ana. 
Les fils d'Ana : Dison. 

41. Les fils de Dison : Ham- 
ram, Eséban, Jéthran, et Charan. 

49. Les fils d'Eser : Balaan, 
Zavan, Jacan. Les fils de Disan : 
Hus, et Aran. 

43. Voici les rois qui régnerent 
dans la terre d'Edom, avant qu'il 
y eüt un roi sur les enfants d'Is- 
raél : Balé, fils de Béor, et le nom 
de sa ville était Dénaba. 

44. Mais Balé mourut, et régna 
à sa place Jobab, fils de Zaré de 
Bosra. 

45. Et lorsque Jobab fut mort, 
régna à sa place Husam, de la 
terre des Thémanites. 

40. Husam mourut aussi, et 
régna à sa place Adad, fils de Ba- 
dad, qui défit les Madianites dans 
la terre de Moab : et le nom de 
sa ville était Avith. 

47. Et lorsqu'Adad lui-même 
fut mort, régna à sa place Semla, 
de Masréca. 

48. Mais Semla aussi mourut, 
et régna à sa place Saül, de Ro- 
hoboth, qui est située pres du 
fleuve. 

49. Saül mort aussi, régna à sa 
place Balanan, fils d'Achobor. 

50. Mais celui-ci aussi mourut, 
et régna à sa place Adad, dont le 
nom de la ville fut Phaü ; et sa 
femme s'appelait Méétabel, fille 


I PARALIPOMÉNES. 


761 


de Matred, fille elle-même de 
Mézaab. 

51. Or, Adad mort, des chefs, 
au lieu des rois, commencèrent 
à gouverner en Edom : le chef 
Thamna, le chef Alva, le chef 
Jétheth, 

52. Le chef Oolibama, le chef 
Ela, le chef Phinon, 

53. Le chef Cénez, le chef 
Théman, le chef Mabsar, 

54. Le chef Magdiel, le chef 
Hiram ; ce sont là les chefs issus 
d'Edom. 


CHAPITRE II. 


Enfants de Jacob. Postérité de Juda 
jusqu'à David. Enfants de Caleb. 


1. Or les fils d'Israél sont : Ru- 
ben, Siméon, Lévi, Juda, Issa- 
char et Zabulon, 

2. Dan, Joseph, Benjamin, 
Nephthali, Gad et Aser. 

3. Les fils de Juda : Her, Onan 
et Séla; ces trois lui naquirent de 
la fille de Sué, Chananéenne. 
Mais Her, le premier-né de Juda, 
fut méchant devant le Seigneur, 
qui le frappa de mort. 

4. Or Thamar, belle-fille de 
Juda, lui enfanta Phares et Zara. 
Tous les fils de Juda furent au 
nombre de cinq. 

ὃ. Phares eut deux fils : Hes- 
ron et Hamul. 

6. Et les fils de Zara furent 


Cnar. Il. 1. Gen., xxix, 32; xxx, 5; xxxv, 23. — 3. Gen., xxxvri, 3; xLvi, 12. — 


4. Infra, 1v, 1; Matt., 1, 3. 


4^. * Bosra. Voir Genèse, xxxvi, 33. 


48. Pres du fteuve de ce nom (Genése, xxxvi, 31), selon les uns, prés du fleuve 


d'Euphrate, selon les autres. 
54. D'Edom; le méme qu'Esaü. 


1-2. * Fils de Jacob. 


3-5. * Descendants de Juda et de Pharès. 


6-8. * Descendants de Zara, 


“Ὁ 


Zamri, Ethan, Eman, ainsi que 
Chalchal et Dara ; cinq en tout. 

7. Les fils de Charmi : Achar, 
qui troubla Israél, et pécha par 
le larcin de l'anatheme; 

8. Les fils d'Ethan, Azarias ; 

9. Mais les fils d'Hesron, qui 
lui naquirent : Jéraméel, Ram, 
et Calubi. 

10. Or Ram engendra Amina- 
dab; Aminadab engendra Nahas- 
son, prince des fils de Juda. 

11. Nahasson aussi engendra 
Salma, duquel est né Booz. 

19. Or Booz engendra Obed, 
qui lui-méme engendra Isai. 

13. Mais Isai engendra son 
premier-né Eliab; le second, 
Abinabad; le troisieme, Simmaa; 

14. Le quatrieme, Nathanaél; 
le cinquième, Raddaï; 

15. Le sixième, Asom; le sep- 
tième, David; 

16. Dont les sœurs furent Sar- 
via et Abigaïl; les fils de Sarvia, 
trois : Abisaï, Joab et Asaël. 

17. Or Abigail enfanta Amasa, 


62 ז‎ PARALIPOMÈNES. 


[cn. [.זז‎ 


dont le père fut Jéther, l'Ismahé- 
lite. 

18. Or Caleb, fils d'Hesron, prit 
une femme du nom d'Azuba, 
dont il engendra Jérioth ; et ses 
fils furent Jaser, Sobab et Ardon. 

19. Mais lorsque Azuba fut 
morte, Caleb prit pour femme 
Ephratha, qui lui enfanta Hur. 

90. Or Hur engendra Uri; οἱ 
Uri engendra Bézéléel. 

91. Aprés cela, Hesron s'unit à 
la fille de Machir, pére de Galaad; 
et il la prit, lorsqu'il avait 
soixante ans : elle lui enfanta 
Ségub. 

22. Mais Ségub aussi engendra 
Jair; et il posséda vingt-trois 
villes dans la terre de Galaad. 

93. Et Gessur et Aram prirent 
les villes de Jair, et Canath, et 
ses bourgades, soixante villes. 
Tous ceux-là étaient les fils de 
Machir, père de Galaad. 

94. Mais aprés qu'Hesron fut 
mort, Caleb s'unit 8 Ephratha ; 
Hesron eut encore pour femme 


1. Jos., vit, 1. — 9. Ruth, 1v, 19. — 13. I Rois, xvi, 6; vin, 9; xvir, 12, 


E — MM M M M a M —— a —— ---- — MÀ αἜ 


7, 8. Les fils. Voy. 1, 40. 

9-41. * Descendants d'Hesron. 

18. Caleb, dont il est question ici aux vers. 19, 24, 42, 46, 48, 49 est le méme que 
Calubi, du vers. 9. 

91. Père de Galaad. Comme Galaad est à la fois un nom de personne et un nom 
de lieu, et que le mot hébreu pére signifie aussi prince, souverain, on peut traduire 
par souverain, prince du pays de Galaad, puisque sa postérité y eut sa demeure. 
Ce double emploi de noms propres dans ce verset et dans plusieurs autres vient de 
ce que les premiers habitants de la terre promise prirent le nom des lieux qu'ils 
habitaient, ou de ce qu'ils appelérent ces lieux du nom qu'ils portaient eux-mémes, 
ou enfin de ce que leurs descendants donnèrent à leur père le nom de la ville qui 
fut possédée par sa postérité. 

23. Et ses bourgades, soixante villes; littér. et ses bourgs de soixante villes; ce qui 
parait inintelligible. Le grec porte : Et ses villages, soixante villes, etc., et l'hébreu: 
Et ses filles, soizante villes. Or les filles d'une ville sont ordinairement les bourgs, 
les villages qui en dépendent. Il faut remarquer de plus que village, bourg, se con- 
fondent quelquefois dans les récits géographiques avec le mot ville, qui signifie 
alors tout simplement un assemblage de maisons plus ou moins considérables. 
jompar., iv, 32. — Tous ceux-là, etc. D'autres traduisent : Tous ces pelils bourgs 
appartenaient aux enfants de Machir; en supposant que le latin fil est au génitif 
singulier, mis par énallage pour le pluriel. 


[cn. ti. 


Abia, qui lui enfanta Ashur, père 
de Thécua. 

95. Or il naquit des fils à Jéra- 
méel, premier-né d'Hesron 
Ram, son premier-né, ensuite 
Buna, Aram, Asom et Achia. 

96. Et Jéraméel prit encore une 
autre femme : Atara, qui fut 
mere d'Onam. 

27. Mais, de plus, les fils de 
Ram, fils ainé de Jéraméel, fu- 
rent Moos, Jamin et Achar. 

28. Or Onam eut pour fils Sé- 
méi et Jada. Les fils de Séméi 
sont Nadab et Abisur. 

29. Et le nom de la femme d’A- 
bisur était Abihail, laquelle lui 
enfanta Ahobban et Molid. 

30. Or les fils de Nadab furent 
Saled et Apphaim. Quant à Saled, 
il mourut sans enfants. 

31. Mais le fils d'Apphaim fut 
1681 ; lequel Jési engendra Sésan. 
Or Sésan engendra Oholaï, 

39. Et les fils de Jada, frère de 
Séméi, furent Jéther et Jonathan. 
Mais Jéther aussi mourut sans 
enfants. 

33. Or Jonathan engendra Pha- 
leth et Ziza. Voilà quels ont été 
les fils de Jéraméel. 

34. Pour Sésan, il n'eut point 
de fils, mais des filles, et un es- 
clave égyptien nommé Jéraa, 

35. Et il lui donna sa fille pour 
femme, laquelle lui enfanta 
Ethéi. 

36. Or Ethéi engendra Nathan, 
et Nathan engendra Zabad. 


I PARALIPOMÉNES. 


763 


37. Zabad aussi engendra Oph- 
lal, et Ophlal engendra Obed. 

38. Obed engendra Jéhu, Jéhu 
engendra Azarias. 

39. Azarias engendra Helles, 
et Hellés engendra Elasa. 

40. Elasa engendra Sisamoi; 
Sisamoï engendra Sellum. 

M. Sellum engendra Icamia, 
mais Icamia engendra Elisama. 

42. Or les fils de Caleb, frère 
de Jéraméel, furent Mésa, son 
premier-né ; c'est le père de 
Ziph, et les fils de Marésa, père 
d 'Hébron ; 

43. Et les fils d'Hébron furent 
Coré, Taphua, Récem et Samma. 

44. Or Samma engendra Ra- 
han, pere de Jercaam, et Récem 
engendra Sammai. 

49. Le fils de Sammai fut 
Maon, et Maon fut père de Beth- 
sur. 

46. Or Epha, femme du second 
rang de Caleb, enfanta Haran, 
Mosa et Gézez. Et Haran engen- 
dra Gézez. 

47. Mais les fils de Jahaddai 
furent Régom, Joathan, Gésan, 
Phalet, Epha et Saaph. 

48. Maacha, femme du second 
rang de Caleb, enfanta Saber, et 
Tharana. 

49. Mais Saaph, pere de Mad- 
ména, engendra Sué, pere de 
Machbéna, et pere de Gabaa. Or 
la fille de Caleb fut Achsa. 

50. Voici quels furent les fils 
de Caleb, fils d'Hur, premier-né 


49. Les fils de Marésa, c'est-à-dire ses descendants. Voy. pour Ziph, Marésa et 


Hébron, le vers. 91. 
42-55. * Descendants de Caleb. 


46. Haran engendra un fils, nommé aussi Gézez, comme son oncle. 

41. Jahaddai ne se trouvant dans aucune des généalogies précédentes, quelques- 
uns le confondent avec Mosa, du vers. 46; d'autres veulent que ce soit son fils. 

50, 51. Ce Caleb, fils d'Hur, est différent du précédent, qui eut Hesron pour père, 


764 


d'Ephratha : Sobal, père de Ca- 
riathiarim ; 

51. Salma, père de Bethlé- 
hem; Hariph, père de Bethga- 
der. 

52. Or Sobal, père de Cariathia- 
rim, eut des fils. Il voyait la 
moitié des lieux de repos. 

53. Et des familles de Cariathia- 
rim sont venus les Jéthréens, 
les Aphuthéens, les Sémathéens, 
les Maséréens. C'est d'eux que 
sont sortis les Saraites et les Es- 
thaolites. 

54. Les fils de Salma, Beth- 
léhem et Nétophathi, les Cou- 
ronnes de la maison de Joab, et 
la Moitié du lieu de repos de 
Sarai. 

55. Et les familles des scribes 
habitant à Jabes, chantant et 
jouant des instruments, et de- 
meurant dans des tabernacles. 
Ce sont les Cinéens, qui sont 
venus de Calor, pere de la mai- 
son de Réchab. 


1 PARALIPOMENES. 


[cu. 11] 


CHAPITRE III. 


Descendants de David et des rois de 
Juda ses successeurs. 


1. Or voici les fils qtreut Da- 
vid, qui lui naquirent à Hébron : 
lainé, Amnon, fils d'Achinoam 
de Jezrahel; le second, Daniel, 
fils d'Abigail du Carmel; 

9. Le troisiéme, Absalom, fils 
de Maacha, fille de Tholmai, roi 
de Gessur;le quatrième, Adonias, 
fils d'Aggith ; 

3. Le cinquième, Saphatias, 
qu'il eut d'Abital; le sixième, Jé- 
thraham, fils d'Egla, sa femme. 

4. Il lui naquit donc six 8 à 
Hébron, oü il régna sept ans et 
un mois. Mais il régna trente- 
trois ans à Jérusalem. 

5. Or, à Jérusalem, voici les 
fils qui lui naquirent : Simmaa, 
Sobab, Nathan, Salomon, quatre 
qu'il eut de Bethsabée, fille d'Am- 
miel; 


Cuae. III. 1. 11 Rois, rir, 2. — 5. 11 Rois, v, 14. 


et de Caleb, fils de Jéphoné, dont la fille se nommait Axa (Josué, xv, 16). — Caria- 
thiarim, Bethléhem, Bethgader, Nélophath, sont des noms de villes. Voy. pour ces 
noms et le mot père, le vers. 21. 

52. IL voyait, etc., hébraisme, pour ἐξ jouissait de la moitié d'un canton appelé 
le repos. D'autres traduisent l'hébreu par : Les fils de Sobal... furent Haroé, Hatsi, 
Hammenuhoth, noms propres dont la Vulgate représente la signification. 

54. Les fils, c'est-à-dire les descendants. — Bethléhem et Nétophathi, c'est-à-dire 
les habitants de ces villes. — Les Couronnes est la traduction pure et simple de 
lhébreu Hataroth, que beaucoup d'interprétes prennent pour un nom propre. — 
La Moilié, etc., est encore la traduction de l'hébreu, qui porte, comme au vers. 52, 
avec une légère différence : Hatsi Hammanahthi. — Sarai. En hébreu, le mot corres- 
pondant Tsorhi est probablement le même nom que Tsorhathi, du vers. 53, et que 
la Vulgate a rendu par Saraite, c'est-à-dire un nom de peuple formé de Tsorha, ville 
située dans les plaines de Juda, mais qui fut habitée par les Danites. 

55. Chantant, etc. C'est la signification de trois mots hébreux qui paraissent être 
des noms propres. -- * Les noms hébreux traduits par chantant, jouant des instru- 
menls el demeurant dans des tabernacles ou des tentes, sont Tirathim, Schirmathim 
et Soukhathim. — Jabès, situation inconnue. — Calor ou Chaleur est la traduction 
latine du nom propre hébreu Hammath. 


1-9. * Fils de David. 
3. Sa femme du premier rang. Comp., vers. 9. 


(cu. 1v.) 


6. De plus Jébaar et Elisama, 

7. Eliphaleth, Nogé, Népheg et 
Japhia, 

8. Comme aussi Elisama, Eliada 
et Eliphéleth : en tout, neuf. 

9. Ce sont là tous les fils de Da- 
vid, outre les fils de ses femmes 
du second rang; et ils eurent 
une sœur, Thamar. 

10. Or le fils de Salomon fut 
Roboam, dont le fils Abia engen- 
dra Asa; de celui-ci aussi est 
né Josaphat, 

11. Père de Joram, qui engen- 
dra Ochozias, duquel est né Joas; 

12. Dont le fils Amasias engen- 
dra Azarias. Or le fils d'Azarias, 
Joathan, 

13. Procréa Achaz, pere d'Ezé- 
chias, dont naquit Manassé. 

14. Mais Manassé aussi engen- 
dra Amon, pere de Josias. 

15. Orles fils de Josias furent : 
le premier-né, Johanan; le se- 
cond, Joakim ; le troisième, Sé- 
décias ; le quatrième, Sellum. 

16. De Joakim naquit Jécho- 
nias, puis Sédécias. 

47. Les fils de Jéchonias furent 
Asir, Salathiel, 

18. Melchiram, Phadaïa, Senné- 
ser et Jécémia, Sama et Nadabia. 

19. De Phadaia sont nés Zo- 
robabel et Séméi. Zorobabel en- 


Ι PARALIPOMÉNES. 165 


gendra Mosollam, et Hananias et 
Salomith leur sœur; 

90. Et encore, Hasabas, Ohol, 
Barachias, Hasadias et Josabhe- 
sed : en tout, cinq. 

91. Or le fils d'Hananias fut 
Phaltias, pere de Jéséias, dont le 
fils fut Raphaia, et le fils de celui- 
ci, Arnan, duquel naquit Obdis, 
dont le fils fut Séchénias; 

99. Le fils de Séchénias, Sé- 
méia, dont les fils furent Hattus, 
Jégaal, Baria, Naaria et Saphat; 
au nombre de six. 

23. Les fils de Naarias, Elioénai, 
Ezéchias et Ezricam ; trois. 

94. Les fils d'Elioénai : Oduia, 
Eliasub, Phéléia, Accub, Johanan, 
Dalaïa et Anani; sept. 


CHAPITRE IV. 


Descendants de Juda. Enfants de Siméon. 


1. Les fils de Juda : Phares. 
Hesron, Charmi, Hur et Sobal. 

2. Or Raia, fils de Sobal, engen- 
dra Jabath, dont naquirent Ahu- 
mai et Laad; ce sont là les fa- 
milles de Sarathi. 

3. Voici aussi la lignée d'Etam: 
Jezrahel, Jéséma et Jédébos. De 
plus, le nom de leur sœur fut 
Asalelphuni. 

4. Or Phanuel fut père de Gé- 


16. Matt., 1, 11. — Car. IV. 1. Gen., xxxvii, 3; xLvi, 12; Supra, m, 4; Matt., 1, 3. 


10-16. * Rois de la maison de David depuis Roboam jusqu'à la captivité de Ba- 


bylone. 
47-24. * Descendants du roi Jéchonias, 


22. * Sir descendants de Séchénias, et non six fils de Séméias. Cependant le 
syriaque et l'arabe portent Hazarias pour sixième fils. 
23. Le fils. En hébreu, les fils; ce qui est la vraie leçon 


1, 4. Les fils, c’est-ë dire les descendants. 


1-25. * Descendants de Juda. 


2. De Sarathi, ou piutót des Saraïles. Voy. ו‎ 


3. La lignée d'Etam; dans l'hébreu, Je père d'Etam ou des habitants d 


ainsi des vers. suiv. Voy. u, 2* 


'Etam; et 


166 


dor, et Eser, père d'Hosa; ce 
sont là les fils d'Hur, premier-né 
d'Ephratha, et père de Bethlé- 
hem. 

ὃ. Mais Assur, pere de Thécua, 
avait deux femmes : Halaa et 
Naara. 

6. Or Naara lui enfanta Oozam, 
Hépher, Themani et Ahasthari; 
ce sont là les fils de 8818 ; 

7. Maisles fils de 118188 : Séreth, 
15882 et Ethnan. 

8. Et Cos engendra Anob et So- 
boba, et la famille d'Aharéhel, 
fils d'Arum. 

9. Mais Jabes fut plus illustre 
que ses frères; et sa mère lui 
donna le nom de Jabès, disant : 
C'est parce que je l'ai enfanté 
dans la douleur. 

10. Or Jabès invoqua le Dieu 
d'Israël, disant : O si, me bénis- 
sant, vous me bénissiez, et si 
vous étendiez mes limites; si vo- 
tre main était avec moi, et si 
vous faisiez que je ne sois pas 
opprimé par la malice ! Et Dieu 
lui accorda ce qu'il demanda. 

11. Quant à Caleb, frere de Sua, 
il engendra Mahir, qui fut pere 
d'Esthon. 

12. Or Esthon engendra Beth- 
rapha, Phessé, et Téhinna, le 
pere de la ville de Naas : ce sont 
‘là les hommes de la ville de Ré- 
cha. 

13. Mais les fils de Génez furent 


21. Gen., xxxvi, ὃ. 


i PARALIPOMÉNES. 


(cu. 1v.] 


Othoniel et Saraia. Et les fils 
d'Othoniel : Hathath et Maonathi. 

14. Maonathi engendra Ophra; 
mais Saraia engendra Joab, le 
pere de la Vallée des ouvriers ; 
car là étaient des ouvriers. 

15. Or les fils de Caleb, fils de 
Jéphoné, furent Hir, Ela et Na- 
ham. De plus, les fils d'Ela : Cé- 
nez. 

16. Les fils de Jaléléel aussi fu- 
rent Ziph, Zipha, Thiria, et As- 
raël ; 

17. Et les fils d'Ezra : Jéther, 
Méred, Epher et Jalon; il engen- 
dra encore Marie, Sammai et 
Jesba, pere d'Esthamo. 

18. Sa femme aussi, Judaia, 
enfanta Jared, pere de Gédor, 
Héber, pere de Socho, et Icu- 
thiel, pere de Zanoé ; or voilà les 
fils de Béthie, fille de Pharaon, 
que Méred prit pour femme. 

19. Et les fils de sa femme 
Odaia, sœur de Naham, père de 
Céila, furent Garmi, et Esthamo, 
qui était de Machathi. : 

90. De méme les fils de Simon 
furent Amnon et Rinna, fils d'Ha- 
nan, et Thilon. Et les fils de Jési : 
Zoheth et Benzoheth. 

9]. Les fils de Séla, fils de Ju- 
da: Her, pere de Lécha, et Laada, 
pere de Marésa, et les familles 
de la maison de ceux qui tra- 
vaillent le fin lin dans la Maison 
du serment; 


10. Si me bénissant, etc., hébraisme, pour si vous me combliez de bénédiclions. 

12. Les hommes de la ville, c'est-à-dire qui ont peuplé la ville. 

14. * Pére de la vallée des ouvriers, c'est-à-dire fondateur de la colonie de Gé haras- 
chim ou vallée des ouvriers. Cette vallée, mentionnée aussi dans II. Esdras, xt, 32, 
parait avoir été située dans le voisinage de Jérusalem, au nord. 


15. Les fils. Voy., sur ce pluriel, 1, 40. 


90. Fils d'Hanan; c'est-à-dire qu'il eut de sa femme, Hanan. 
21. * La Maison du serment est un nom propre : Beth Aschbea, anta 


[cu 1v.] 1 PARALIPOM NES. 767 


99. Celui qui ἃ fait arrêter le 29. Dans Bala, dans Asom, dans 
soleil, et les hommes de Men- | Tholad, 
songe, et le Sur, et l'Incendiaire, 30. Dans Bathuel, dans Horma 
qui furent princes dans Moab, et | et dans Sicéleg, 
qui revinrent à Lahem : or ces 31. Dans Bethmarchaboth, dans 
paroles sont anciennes. Hasarsusim, dans Bethbérai et 


93. Cesontlàles potiers habi- | dans Saarim : ce furent leurs 
tant dans des plantationset dans | villes jusqu'au roi David. 


des haies, aupres du roi, pour 32. Leurs villages aussi furent 
ses ouvrages, etqui ont demeuré | Etam, Aén, Remmon, Thochen 
là. et Asan : cinq villes. 

94. Les fils de Siméon furent 33. Et toutes les bourgades aux 
Namuel, Jamin, Jarib, Zara, et | environs de ces villes jusqu'à 
Saül, Baal furent à eux : voilà leur 


95. Dont lefils, Sellum, dont le | habitation, et la distribution de 
fils, Mapsam, dont le fils, Masma. | leurs demeures. 


26. Les fils de Masma : Hamuel, 34. De plus, Mosobab, Jemlech, 
dont le fils, Zachur , dont le fils, | et Josa, fils d'Amasias, 
Séméi. 35. Joël, et Jéhu, fils de Josabia, 
97. Les fils de Séméi furent au | fils de Saraia, fils d'Asiel, 
nombre de seize, et ses filles, au 36. Elioéónai, Jacoba, Isuhaïa, 
nombre de cinq; mais ses frères | Asaia, Adiel, Ismiel et Banaia, 
n'eurent pas beaucoup d'enfants, 31. Ainsi que Ziza, fils de Sé- 


et toute leur parenté ne put éga- | phéi, fils d'Allon, fils d'Idaia, fils 
ler le nombre des enfants deJuda. | de Semri, fils de Samaia; 


28. Or ils habitèrent dans Ber- 38. Ceux-là sont les princes re- 
sabée, dans Molada, dans Hasar- | nommés dans leurs familles ; et 
- suha], ils se multiplierent extrémement 


24. Gen., xLvI, 10. 


29. Celui qui, etc. L'hébreu porte ici des noms propres dont la Vulgate donne lo 
signification. — Ces paroles, ou ces choses sont anciennes; c'est-à-dire probablement : 
Voilà quel était anciennement l'ordre des familles dans les villes de Juda; voilà 
comment ce pays fut partagé aux diverses familles de la postérité de Juda. D'autres 
traduisent: Or ce sont des choses anciennes; ce qui est faux grammaticalement; car, 
dans l'hébreu, le substantif paroles ou choses étant déterminé par l'article, et l'adjectif 
anciennes ne l'étant point, le premier de ces mots représente nécessairement le sujet 
de la proposition, et le second l'attribut. — * Voici les noms propres qu'on lit dans 
le texte hébreu : « Et Jokim, et les hommes de Cozéba et Joas, et Saraph, qui rè- 
gnèrent sur Moab, et Jaschubilahem. » 

93. Plantations, haies ou enceintes sont encore la traduction de mots hébreux que 
plusieurs interprétes croient étre des noms propres. — * On rend ainsi communé- 
ment l'hébreu : « Ce sont les potiers et les habitants de Netaim et de Gédéra. » La 
position de Netaim est inconnue. Gédéra est la ville de la plaine de Juda mentionnée 
dans Josué, xv, 36 et indiquée plus loin, xit, 44, comme la patrie de Jézabad. 

24-43. * Descendants de Siméon. 

26. Les fils. Voy., sur ce pluriel, 1, 40. 

32. Villes. Voy. i, 21. 

38. La maison de leurs alliances; la maison qui provint de leurs alliances par 
mariage, les familles qui sortirent d'eux, 


- 


768 


dans la maison de leurs alliances. 

39. Et ils partirent pour péné- 
trer dans Gador, jusqu'à l'orient 
de la vallée, afin de chercher des 
páturages pour leurs troupeaux. 

40. Et ils trouvèrent des pâtu- 
rages abondants et excellents, et 
une terre tres spacieuse, paisible 
et fertile, dans laquelle s'étaient 
établis des descendants de Cham. 

41. Ceux-ci donc, que plus haut 
nous avons désignés nommé- 
ment, vinrent aux jours d'Ézé- 
chias, roi de Juda, attaquèrent 
leur tabernacles, et les habitants 
qui s'y trouverent; et ils les ont 
détruits jusqu'au présent jour; 
et ils y ont habité en leur place, 
parce qu'ils ont trouvé là méme 
de très abondants pâturages. 

49. Parmi les mêmes fils de 
Siméon, cinq cents hommes s'en 
allèrent à la montagne de Séir, 
ayant pour chefs Phaltias, Naaria, 
Raphaia et Osiel, fils de Jési; 

43. Et ils défirent les restes qui 
avaient pu échapper des Amalé- 
cites; et ils ont habité dans ce 

pays, en leur place, jusqu'à ce 
jour. 
CHAPITRE V. 


Descendants de Ruben, de Gad et de la 
demi-tribu de Manassé. 


1. Voici les fils de Ruben, 
premier-né d'Israél (car c'est lui 
qui était son premier-né; mais 


1 PARALIPOMÉNES. 


(cu. v.] 
lorsqu'il eut violé le lit nuptial 
de son pere, son droit d'ainesse 
fut donné aux fils de Joseph, fils 
d'Israél; et Ruben ne fut plus ré- 
puté premier-né. 

9. Quant à Juda, qui était le 
plus vaillant parmi ses freres, 
des princes ont germé de son 
tronc; mais le droit d'ainesse fut 
attribué à Joseph). 

3. Voici donc les fils de Ruben, 
premier-né d'Israël : Enoch et 
Phallu, Esron et Carmi. 

4. Les fils de Joël : Samaia, 
dont le fils, Gog, dont le fils, Sé- 
méi, 

5. Dont le fils, Micha, dont le 
fils, Réia, dont le fils, Baal, 

6. Dont le fils, Bééra, que 
Thelgathphalnasar, roi des Assy- 
riens, emmena captif, et qui fut 
prince dans la tribu de Ruben. 

7. Mais ses frères et toute sa 
parenté, quand ils furent dénom- 
brés, avaient pour chefs Jéhiel et 
Zacharie. 

8. Or Bala, fils d'Azaz, fils de 
Samma, fils de Joël, habita lui- 
méme à Aroér, jusqu'à Nébo et 
Béelméon. 

9. Il habita aussi contre le cóté 
oriental jusqu'à l'entrée du dé- 
sert et jusqu'au fleuve d'Eu- 
phrate; car ils possédaient un 
grand nombre de bestiaux dans 
la terre de Galaad. 

10. Mais, dans les jours de 


Car. V. 1. Gen., xxxv, 22; xuix, 4. — 3. Gen., טעה‎ 9; Exode, vi, 14; Nomb., 


XXVI, 5. 


——— וו ה 


41. Ils les ont détruits, 660. ; 6111086, pour : Et ils n'ont plus existé jusqu'à ce jour. 


1-10. * Descendants de Ruben. 


8. * Aroér de Ruben, sur l'Arnon, vis-à-vis d'Ar-Moab. 

9. * Plusieurs commentateurs traduisent : Jusqu'à l'entrée du désert qui s'étend de 
l'Euphrate aux frontières du pays de Galaad, car rien u’indique que jamais les Ru- 
bénites se soient étendus jusqu'à l'Euphrate. 


v.]‏ .8ס] 
Saül, ils combattirent contre les‏ 
Agaréens, les tuerent et habi-‏ 
tèrent en leur place dans leurs‏ 
tabernacles, dans toute la con-‏ 
trée qui regarde Galaad.‏ 

11. Quant aux enfants de Gad, 
ils habiterent vis-à-vis d'eux 
dans la terre de Basan, jusqu'à 
Selcha. 

19. Joël était à la tête, et Sa- 
phan, le second; mais Janai et 
Saphat dans Basan. 

13. Et leurs frères, selon les 
maisons de leur parenté, étaient 
Michaél, Mosollam, Sébé, Jorai, 
,Jachan, Zié et Héber, sept en 
tout. 

14. Ceux-ci furent fils d'Abihail, 
fils d'Huri, fils de Jara, fils de 
Galaad, fils de Michaël, fils de 
Jésési, fils de Jeddo, fils de Buz. 

15. Leurs freres furent encore 
les fils d'Abdiel, fils de Guni, cAa- 
cun chef de maison dans ses fa- 
milles. . 

16. Et ils habiterent en Galaad, 
dans Basan, et ses bourgades, et 
dans tous les faubourgs de Sa- 
ron, jusqu'aux limites. 

47. Tous ceux-ci furent dénom- 
brés dans les jours de Joathan, 
roi de Juda, et dans les jours de 
Jéroboam, roi d'Israël. 

18. Les enfants de Ruben, de 
Gad, et de la demi-tribu de Ma- 
nassé, furent des gens de guerre, 
portant des boucliers et des 


11-11. * Descendants de Gad. 


1 PARALIPOMÉNES. 


769 


glaives, tendant l'arc, et formés 
aux combats, au nombre de qua- 
rante-quatre mille sept cent 
soixante, marchant à la bataille. 

19. Ils combattirent contre 
les Agaréens; mais les Ituréens, 
Naphis et Nodab 

20. Leur donnèrent du se- 
cours. Et les Agaréens furent li- 
vrés.entre leurs mains, ainsi que 
tous ceux qui avaient été avec 
eux, parce quils invoquèrent 
Dieu, lorsqu'ils combattaient; et 
il les exauca, parce qu'ils avaient 
cru en lui. 

21. Et ils prirent tout ce que 
possédaient ces peuples : cin- 
quante mille chameaux, deux 
cent cinquante mille brebis, 
deux mille ànes, et cent mille 
âmes d'hommes. 

22. De plus, beaucoup de bles- 
sés succomberent: car c'était la 
guerre du Seigneur. Et ils habi- 
terent là en leur place jusqu'à la 
transmigration. 

23. Les enfants de la demi-tribu 
de Manassé aussi possédèrent le 
pays depuis les confins de Ba- 
san jusqu'à Baal, Hermon et Sa- 
nir, et la montagne d'Hermon, 
parce que leur nombre était 
grand. 

24. Et voici les princes de la 
maison de leur parenté : Epher, 
Jési, Eliel, Ezriel, Jérémie, Odoia, 
et Jédiel, hommes tres braves, 


12. Mais Janaï, etc., étaient les premiers dans la terre de Basan. 

18. Tendant l'arc; c'est-à-dire qu'ils étaient archers. 

18-22. * Guerre entre les tribus transjordaniques et diverses tribus arabes. 

24. Mille âmes d'hommes; hébraisme, pour mille personnes. 

22. La guerre du Seigneur; c'est-à-dire trés sanglante, terrible, ou bien dans 
laquelle le Seigneur montra une protection particulière. 

23-26. * La demi-tribu de Manassé transjordanique. 

23. * Baal, Hermon désignent une seule et unique montagne, probablement un pic 


de l'Hermon. 
.ה‎ 


49 


770 


et puissants, et princesrenommés 
dans leurs familles. 

95. Cependant ils abandon- 
nèrent le Dieu de leurs pères, et 
forniquerent, en allant. après 
les dieux des peuples de ce pays 
que Dieu avait détruits devant 
eux. 

26. Mais le Dieu d'Israél suscita 
lesprit de Phul, roi des Assy- 
riens, et l'esprit de Thelgathphal- 
nasar, roi d'Assur; et il transféra 
Ruben, Gad et la demi-tribu de 
Manassé, et les emmena à Lahéla, 
à Habor, à Ara, et sur le fleuve 
de Gozan, jusqu'à ce jour. 


CHAPITRE VI. 


Postérité de Lévi. Descendants d'Aaron. 
Fonctions des prétres et des Lévites. 
Villes qui leur furent assignées pour 
demeures. 


1. Les fils de Lévi furent Ger- 
son, Caath et Mérari; 

9. Les fils de Caath, Amram, 
Isaar, Hébron et Oziel ; 

3. Les fils d'Amram, Aaron, 
Moise et Marie; les fils d'Aaron 
Nadab et Abiu, Eléazar et Itha- 
mar. 

4. Eléazar engendra Phinées, 
et Phinéès engendra Abisué. 

5. Abisué engendra Bocci, et 
Bocci engendra Ozi. 

6. Ozi engendra Zaraias, et 
Zaraias engendra Méraioth. 


I PARALIPOMENES. 


[cu. vi.] 


7. Méraioth engendra Amarias, 
et Amarias engendra Achitob. 

8. Achitob engendra Sadoc, et 
Sadoc engendra Achimaas. 

9. Achimaas engendra Azarias, 
Azarias engendra Johanan. 

10. Johanan engendra Azarias: 
ce fut lui qui remplit les fonctions 
du sacerdoce dans la maison que 
bátit Salomon à Jérusalem. 

11. Or Azarias engendra Ama- 
rias, et Amarias engendra Achi- 
Lob. 

12. Achitob engendra Sadoc, et 
Sadoc engendra Sellum. 

13. Sellum engendra Helcias, 
et Helcias engendra Azarias. 

14. Azarias engendra Saraias, 
et Saraias engendra Josédec. 

15. Or Josédec sortit du pays, 
quand le Seigneur déporta Juda 
et Jérusalem par l'entremise de 
Nabuchodonosor. 

16. Les fils de Lévi furent donc 
Gerson, Caath et Mérari ; 

17. Les fils de Gerson, Lobni et 
Séméi; 

18. Les fils de Caath, Amram, 
Isaar, Hébron et Oziel; 

19. Les fils de Mérari, Moholi 
et Musi. Mais voici la parenté des 
enfants de Lévi, selon leurs fa- 
milles : 

90. Gerson, dont le fils, Lobni, 
dont le fils, Jahath, dont le fils, 
Zamma, 


Cap. VI. 1. Gen., xvi, 11; Infra, xxii, 6, — 10. Exode, ט‎ 16. 


26. Et il les emmena, etc.; éllipse, pour : Et ils ont demeuré là jusqu'à ce jour. — 
* Sur Phul et Telgathphalnasar ou plutôt Théglathphalasar, ainsi que sur les lieux 
de la déportation, voir IV Rois, xv, 19, 29; xvii, 6. — Lahéla est Hala. 


1-15. * Descendants d'Aaron jusqu'à la captivité de Babylone. 

15. La tribu de Juda, et le peuple de Jérusalem. — Par l'entremise; littér., par la 
main. Les Hébreux, comme nous l'avons déjà remarqué, se servaient des mots main, 
mains, pour exprimer les idées de moyen, d'instrument, d'entremise, etc. 

16-30. * Lévites descendant de Gerson, de Caath et de Mérari. 


feu. vil ὁ 1 PARALIPOMÉNES. 771 

91. Dont le fils, Joah, dont le | Caath : Héman, le chantre, fils de 
fils, Addo, dont le fils, Zara, dont | Johel, fils de Samuel, 
le fils, Jethrai ; 34. Fils d'Elcana, fils de Jéro- 

99. Les fils de Caath : Amina- | ham, fils d'Eliel, fils de Thohu, 
dab, son fils, dont le fils, Coré, 35. Fils de Suph, fils d'Elcana, 
dont le fils Asir, fils de Mahath, fils d'Amasa, 

93. Dont le fils, Elcana, dont 36. Fils d'Elcana, fils de Joël, 
le fils, Abiasaph, dont le fils, | fils d'Azarias, fils de Sophonias, 
Asir, 31. Fils de Thahath, fils d'Asir, 

94. Dont le fils, Thahath, dont | fils d'Abiasaph, fils de Coré, 
le fils, Uriel, dont le fils, Ozias, 38. Fils d'Isaar, fils de Caath, 
dont le fils, Saül. ! fils de Lévi, fils d'Israél. 

25. Les fils a’Elcana : Amasai, | 39. Et son frère Asaph, qui se 
Achimoth, tenait à sa droite; Asaph, fils de 

96. Et Elcana ; les fils d'Elcana : | Barachias, fils de Samaa, 
Sophai, son fils, dont le fils, Na- 40. Fils de Michaël, fils de Ba- 
hath, saias, fils de Melchias, 

27. Dont le fils, Eliab, dont le 44. Fils d'Athanai, fils de Zara, 
fils, Jéroham, dont le fils, Elcana. | fils d'Adaia, 

28. Les fils de Samuel : le pre- 42. Fils d'Ethan, fils de Zamma, 
mier-né, Vasseni, et Abia ; | fils de Séméi, 

29. Mais les fils de Mérari, Mo- 43. Fils de Jeth, fils de Gerson, 
holi, dont le fils, Lobni, dont le | fils de Lévi ; 
fils, Séméi, dont le fils, Oza, 44. Mais les fils de Mérari, leurs 

30. Dont le fils, Sammaa, dont | freres, qui se tenaient à la gau- 
le fils, Haggia, dont le fils, Asaia. | che, étaient : Ethan, fils de Cusi, 

31. Voilà ceux que David éta- | fils d'Abdi, fils de Maloch, 
blit sur les chantres dela maison | 45. Fils d'Hasabias, fils d'Ama- 
du Seigneur, depuis que l'arche ! sias, fils d'Helcias, 
eut été placée. | 46. Fils d'Amasai, fils de Boni, 

39. Et ils servaient devant le | fils de Somer, 
tabernacle de témoignage, chan- | 47. Fils de Moholi, fils de Musi, 
tant, jusqu'à ce que Salomon eût ' fils de Mérari, fils de Lévi. 


bâti la maison du Seigneur dans | 48. Les Lévites, leurs frères, 

Jérusalem; mais ils exerçaient ce | étaient aussi désignés pour tout 

ministère suivant leur rang. le service du tabernacle de la 
33. Or voici ceux qui servaient | maison du Seigneur. 

avec leurs fils d’entre les fils de 49. Mais Aaron et ses fils of- 


28. Le premier-né, Vasseni; mais on lit I Rois, vui, 2 : Le nom de son fils premier-né 
fut Joél, et le nom du second. Abia. C'est ainsi qu'on traduit la Version grecque; et, 
en effet, Vassen? signifie en hébreu e£ 16 second. Les Versions syriaque et arabe ont 
remis Joël dans le texte. 

31-48. * Aucétres d'Hémanu, d'Asapnh et d'Ethan, chantres du temple. 

39. Son frére; c'est-à-dire parent d'Héman (vers. 33), puisqu'il descendait de 
Gerson, fils de Lévi, comme Héman, quoique par une branche différente. 

49-53. * Grands-prétres issus d'Aaron, 


719 
fraient ce qui se brüle sur l'autel 
de l'holocauste et sur l'autel du 
parfum, pour toute l'euvre du 
Saint des Saints, et afin qu'ils 
priassent pour Israél, selon tout 
ce qu'avait ordonné Moise, servi- 
teur de Dieu. 

50. Or ceux-ci sont les fils 
d'Aaron : Eléazar, son fils, dont le 
fils, Phinées, dont le fils, Abisué, 

51. Dont le fils, Bocci, dont le 
fils, Ozi, dont le fils, Zaraias, 

52. Dont le fils, Méraioth, dont 
le fils, Amarias, dont le fils, 
Achitob, 

53. Dont le fils, Sadoc, dont le 
fils Achimaas. 

54. Et voici leurs habitations 
dans les bourgs et les environs, 
c'est-à-dire les habitations des 
enfants d'Aaron,selonles familles 
des Caathites; car c'est à eux 
qu'elles étaient échues par le 
sort. 

55. Onleur donna donc Hébron, 
dans la terre de Juda, et ses fau- 
bourgs tout autour ; 

56. Mais les campagnes de la 
ville et les villages, on les donna 
à Caleb, fils de Jéphoné. 

57. Quant aux fils d'Aaron, on 
leur donna les villes de refuge, 
Hébron, et Lobna et ses fau- 
bourgs ; 

58. Jéther aussi οἱ Esthémo, 
avec leurs faubourgs; et méme 
Hélon et Dabir, avec leurs fau- 
bourgs, 

59. Et encore Asan et Beth- 
sémes, et leurs faubourgs ; 


56. Jos., xx1, 12. — 66. Jos., xx1, 21. 


I PARALIPOMÈNES. 


[cH. vi.] 


60. Et de la tribu de Benjamin, 
Gabée et ses faubourgs, Almath 
avec ses faubourgs, comme aussi 
Anathoth avec ses faubourgs; en 
tout, treize villes, selon leurs fa- 
milles. 

61. Mais aux enfants de Caath, 
qui restaient de sa famille, on 
donna en possession, sur la demi- 
tribu de Manassé, dix villes ; 

62. Et aux enfants de Gersom, 
selon leurs familles, sur la tribu 
d'Issachar, sur la tribu d'Aser, 
surlatribu de Nephthali, et sur la 
tribu de Manassé, en Basan, treize 
villes. 

63. Quant aux enfants de Mé- 
rari, on leur donna par le sort, 
selon leurs familles, sur la tribu 
de Ruben, sur la tribu de Gad, 
et sur la tribu de Zabulon, douze 
villes. 

64. Ainsi les enfants d'Israél 
donnèrent aux Lévites ces villes 
et leurs faubourgs ; 

65. Et ils donnerent par le sort 
sur la tribu des enfants de Juda, 
et sur la tribu des enfants de Si- 
méon, et sur la tribu des enfants 
de Benjamin, ces mémes villes 
qu'ils appelèrent de leurs noms, 

66. Et pour ceux qui étaient 
dela famille des enfants de Caath, 
il y eut des villes dans leur terri- 
toire de la tribu d'Ephraim. 

67. Ils leur donnèrent donc 
des villes de refuge, Sichem avec 
ses faubourgs, dans la montagne 
d'Ephraim, et Gazer avec ses fau- 
bourgs; 


94-84. * Villes sacerdotales et lévitiques. 


64. Ces villes; celles dont l'écrivain sacré vient de parler. L'article déterminatif 
qui est dans le texte hébreu ne permet aucun autre sens. 
61. Sichem est la seule ville de refuge, parmi les suivantes. 


[cn. vir.] 


68. Jecraaam aussi avec ses 
faubourgs, et Béthoron égale- 
ment; 

69. En outre, Hélon avec ses 
faubourgs, et Gethremmon de la 
méme maniere. 

70. Mais sur la demi-tribu de 
Manassé, Aner et ses faubourgs, 
etBaalam et ses faubourgs, furent 
donnés, savoir, à ceux qui res- 
taient de la famille de Caath. 

71. Et aux enfants de Gersom, 
sur la famille de la demi-tribu de 
Manassé, ce fut Gaulon en Basan 
et ses faubourgs, et Astharoth 
avec ses faubourgs ; 

79. Sur la tribu d'Issachar, 
Gédes et ses faubourgs, et Da- 
béreth avec ses faubourgs ; 

πὸ. Ramoth aussi et ses fau- 
bourgs, et Anem avec ses fau- 
bourgs ; 

74. Mais sur la tribu d'Aser, 
Masal avec ses faubourgs, et 
Abdon également; 

19. Hucac aussi et ses fau- 
bourgs, et Rohob avec ses fau- 
bourgs; 

16. Mais sur la tribu de Neph- 
thali, Cédès en Galilée et ses 
faubourgs, Hamon avec ses fau- 
bourgs, et Cariathaim et ses fau- 
bourgs. 

Ti. De plus, aux enfants de 
Mérari, qui restaient encore, fu- 
rent donnés, sur la tribu de Za- 
bulon, Remmono et ses fau- 
bourgs, et Thabor avec ses fau- 
bourgs; 

18. Au delà du Jourdain, vis-à- 

Cap. VII. 1. Gen., טא‎ 13. 


I PARALIPOMÉNES. 


773 
vis de Jéricho, contre l'orient du 
Jourdain, ce fut sur la tribu de 
Ruben : Bosor, dans le désert, 
avec ses faubourgs, et Jassa avec 
ses faubourgs ; 

19. Cadémoth aussi et ses 
faubourgs, et Méphaat avec ses 
faubourgs ; 

80. De méme que sur la tribu 
de Gad, Ramoth en Galaad et ses 
faubourgs, et Manaim avec ses 
faubourgs; 

81. Et de plus, Hésébon avec 
ses faubourgs, et Jézer avec ses 
faubourgs. 


CHAPITRE VII. 


Postérité d'Issachar, de Benjamin, de 
Nephthali, de Manassé, d'Ephraim et 
d'Aser, 


1. Or les fils d'Issachar furent : 
Thola et Phua, Jasub et Siméron ; 
quatre. 

2. Lesfils de Thola : Ozi, Raphaia, 
Jériel, Jémai, Jebsem et Samuel, 
princes dans les maisons de leurs 
familles. C'est de la race de Thola 
que, dans les jours de David, 
furent dénombrés des hommes 
trés braves, au nombre de vingt- 
deux mille six cents. 

3. Les fils d'Ozi : Izrahia, du- 
quel naquirent Michaél, Obadia, 
Johel et Jésia, tous cinq princes. 

4. Et il y avait avec eux, dans 
leurs familles et leurs peuples, 
préts au combat, des hommes 
tres braves, au nombre de trente- 
six mille, car ils eurent beaucoup 
de femmes et d'enfants. 


18. * Bosor. Voir Deutéronome, 1v, 43. 
1-5. * Descendants d'Issachar. 


3, 10, 12. Les fils. Voy., sur ce pluriel, 1, 40. 
4. Leurs peuples; l'hébreu porte : {a maison de leurs pères, la maison paternelle, 


774 I PARALIPOMÈNES. 


5. Leurs frères aussi, dans toute 
Ia parenté d'Issachar, étaient très 
vigoureux pour combattre; il y 


en eut quatre-vingt-sept mille de : 


dénombrés. 

6. Les fils de Benjamin furent 
Béla, Béchor et Jadihel; trois, 

7. Les fils de Béla : Esbon, Ozi, 
Oziel, Jérimoth et Urai; cinq 
princes de familles, et très vigou- 
reux pour combattre : or leur 
nombre fut de vingt-deux mille 
et trente-quatre ; 

8. Les fils de Béchor : Zamira, 
Joas, Eliézer, Elioénai, Amri, Jé- 
rimoth, Abia, Anathoth et Al- 
math : tous ceux-là furent fils de 
Béchor. 

9. Or on en dénombra, selon 
leurs familles, comme princes 
dans leur parenté, trés braves 
pour les combats, vingt mille et 
deux cents. 

10. De plus, les fils de Jadihel : 
Balan; et les fils de Balan : Jéhus, 
Benjamin, Aod, Chanana, Zéthan, 
Tharsis et Ahisahar , 

11. Tous ceux-là furent fils de 
Jadihel, princes dansleur parenté, 
hommes trés braves, au nombre 
de dix-sept mille et deux cents, 
marchant aux combats. 


6. Gen., xLvi, 21. — 13. Gen., xLvi, 24. 


(om. vir.) 


19. Sépham aussi et Hapham 
furent les fils de Hir; et Hasim, 
les fils d'Aher; 

13. Mais les fils de Nephthali : 
Jasiel, Guni, Jéser et. Sellum, fils 
de Bala. 

14. Or le fils de Manassé fut 
Esriel; et sa femme du second 
rang, laSyrienne, enfanta Machir, 
père de Galaad. 

15. Et Machir prit des femmes 
pour ses fils Happhim et Saphan; 
et il eut une sœur du nom de 
Maacha; mais le nom du second 
fut Salphaad ; et il naquit à Sal- 
phaad des filles. 

16. Et Maacha, femme de Ma- 
chir, enfanta un fils qu'elle ap- 
pela du nom de Phares : or le 
nom du frère de Phares fut Sares, 
et les fils de Sarès : Ulam et 
Récen. 

17. Mais le fils d'Ulam fut 
Badan; ceux-là sont les fils de 
Galaad, fils de Machir, fils de 
Manassé. 

18. Sa sœur, Reine, enfanta 
Homme-beau, et Abiézer et Mo- 
hola. 

19. Et les fils de Sémida étaient 
Ahir, Séchem, Léci et Aniam; 

20. Mais les fils d'Ephraim : 


6-11. * Descendants de Benjamin. 


43. Fils de Bala; dont la mère était Bala. Genèse, xvi, 25. 
14-19. * Descendants de Manassé, établis à l'ouest du Jourdam 
15. Le mot second, qui se trouve également dans l'hébreu, semble ne pouvoir se 
rapporter qu'à Saphan, qui précède; et, par conséquent, Salphaad était un de ses 
e 


noms. 


16. Maacha. La sceur et la femme de Maacha portaient le méme nom. 
18. Reine et Homme-beau sont la traduction de deux noms propres qui se lisent 
dans le texte hébreu. — * Reine est en hébreu Hammoléketh et Homme-beau est 


Ischhod. 


20, 21. Nous avons traduit le plus littéralement possible, et autrement que plus 
haut (vt, 50-53), parce que beaucoup d'interprétes prétendent que tous les person- 
nages ici nommés sont les fils immédiats d'Ephraim. 


20-29. * Descendants d'Ephraim. 


[cu. vir.! 
Suthala, Bared, son fils, Thahath, 
son fils, Elada, son fils, Thahath, 
son fils, le fils de celui-ci, Za- 
bad, 

91. Etle fils decelui-ci, Suthala, 
et le fils de celui-ci, Ezer, ainsi 
qu'Elad; mais les hommes indi- 
genes de Geth les tuèrent, parce 
qu'ils étaient descendus pour en- 
vahir leurs possessions. 

99. C'est pourquoi Ephraim, 
leur pere, les pleura pendant 
un grand nombre de jours; et 
ses frères vinrent pour le con- 
soler. 

93. Et il s'approcha de sa 
femme, qui conçut et eut un fils, 
et qui l'appela du nom de Béria, 
parce qu'il était né au milieu des 
maux de sa maison. 

24. Mais sa fille fut Sara, qui 
bâtit Béthoron la Basse et la 
Haute, et Ozensara. 

95. Il eut encore pour fils, 
Rapha, Réseph, et Thalé, duquel 
naquit Thaan, 

96. Qui engendra Laadan; et 
le fils de celui-ci fut Ammiud, qui 
engendra Elizama, 

Duquel est né Nun, qui eut‏ .דפ 
pour fils Josué.‏ 

98. Leur possession et leur 
habitation furent Béthel avec ses 
filles, Noran, contre l'orient, et 
contre le cóté occidental, Gazer 
et ses filles, comme aussi Sichem 
avec ses filles, jusqu'à Aza avec 
ses filles. 


30. Gen., xLvi, 17. 


I PARALIPOMÈNES. 


775 

29. Leur possession fut aussi, 
près des fils de Manassé, Bethsan 
et ses filles, Thanach et ses 
filles, Mageddo et ses filles, Dor 
et ses filles : c'est en ces lieux 
qu'habiterent les fils de Joseph, 
fils d'Israël. 

30. Les fils d'Aser furent Jemna, 
Jésua, Jessui et Baria, et Sara 
était leur sœur; 

31. Mais les fils de Bari : 
Heber et Melchiel : c'est lui qui 
est pere de Barsaith. 

32. Or Héber engendrà Jeph- 
lat, Somer et Hotham, et Suaa, 
leur sceur. 

33. Les fils de Jéphlat furent 
Phosech, Chamaal et Asoth; ce 
sont là les fils de Jéphlat. 

34. Mais les fils de Somer : Ahi, 
Roaga, Haba et Aram. 

35. Et les fils d'Hélem, son 
frere : Supha, Jemna, Selles et 
Amal. 

36. Les fils de Supha : δυό, 
Harnapher, Sual, Béri et Jamra, 

91. Bosor, Hod, Samma, Sa- 
lusa, Jéthran et Béra. 

38. Les fils de Jéther : Jéphoné, 
Phaspha et Ara. 

39. Et les fils d'Olla : Arée, Ha- 
niel et Résia. 

40. Tous ceux-là sont les fils 
d'Aser, et les princes des fa- 
milles, chefs distingués et les 
plus braves des chefs : le nombre 
de ceux d'un âge propre à la 
guerre était de vingt-six mille. 


24. * Bátit, reconstruisit, fortifia. Sur Béthoron, voir Josué, x, 10-11. 


98. Ses filles. Voy. 11, 23. 


29. Bethsan et les noms suivants sont à laccusatif dans la Vulgate, comme les 
compléments de possession et d'habitation du verset précédent, parce qu'en hébreu, 
comme quelquefois en latin, les noms d'action gouvernent ce cas. 


30-40. * Descendants d'Aser. 


776 I PARALIPOMÉNES. 


CHAPITRE VIII. 


Descendants de Benjamin jusqu'à Saül. 
Enfants de Saül. 


1. Or Benjamin engendra Balé 
son premier-né, Asbel le second, 
Ahara le troisième, 

9. Nohaa le quatrième, et Ra- 
pha le cinquieme. 

3. Et les fils de Balé furent Ad- 
dar, Géra et Abiud, 

4. Abisué aussi, Naaman, et 
Ahoé; 

5. Mais encore Géra, Séphu- 
phan et Huram. 

6. Ceux-là sont fils d'Ahod, et 
princes des familles habitant à 
Gabaa, lesquels furent transférés 
à Manahath : 

7. C'est-à-dire Naaman, et 
Achia, et Géra; lui-méme, Ahod, 
les transféra, et il engendra Oza 
et Ahiud. 

8. Mais Saharaim engendra 
dans la contrée de Moab, après 
qu'il eut renvoyé Husim et Bara, 
ses femmes. 

9. Il engendra donc de Hodes, 
sa femme, Joab, Sébia, Mosa et 
Molchom : 

10. Jéhus aussi, et Séchia, 
et Marma ; ceux-là sont ses fils et 
princes dans leurs familles. 

11. Or Méhusim engendra Abi- 
tob et Elphaal. 

42. Mais les fils d'Elphaal sont 
Héber, Misaam, et Samad : celui- 
ci bátit Ono, et Lod et ses filles, 


[cn. vur.] 

13. Baria et Sama turent prin- 
ces des familles habitant à Aia- 
lon : ce sont eux qui chassèrent 
les habitants de Geth. 

14. De plus, Ahio, Sésac, Jéri- 
moth, 

15. Zabadia, Arod, Héder, 

16. Michaél, Jespha et Joha, 
sont les fils de Baria, 

17. Et Zabadia, Mosollam, Hé- 
zéci, Aéber, 

18. Jésamari, Jezlia et Johab, 
les fils d'Elphaal; 

19. Jacim, Zéchri, Zabdi, 

90. Elioénai, Séléthai, 1 

21. Adaia, Baraia et Samarath, 
les fils de Séméi ; 

22. Jespham, Héber, Eliel, 

98. Abdon, Zéchri, Hanan, 

94. Hanania, Ælam, Anatho- 
thia, 

25. Jephdaia et Phanuel, les 
fils de Sésac ; 

26. Samsari, Sohoria, Otholia, 

97. Jersia, Elia et Zéchri, les 
fils de Jéroham. 

28. Ce sont là les patriarches 
et les princes des familles qui 
ont habité à Jérusalem. 

99. Mais à Gabaod habitèrent 
Abigabaaon, dont le nom de la 
femme était Maacha ; 

30. Son fils, premier-né, Ab- 
don, et les autres, Sur, Cis, Baal 
et Nadab, 

31. Et aussi Gédor, Ahio, Za- 
cher et Macelloth ; 

39. Et Macelloth engendra Sa- 
maa; et ils habiterent vis-à-vis 


Cua». VIII. 1. Gen., xrvi, 21; Supra, vir, 6. — 29. Infra, 1x, 35. 


1-28. * Descendants de Benjamin. 


7. Notre traduction, empruntée d'Allioli, et qui n'exige qu'un léger changement 
de ponctuation, est la seule qui présente un sens admissible. 


12. Et ses filles. Voy. vu, 28. 


29-40. * Généalogie de la famille de Saül. 


32, Avec leurs fréres; avec ceux qui étaient de leur branche, 


[cH. [.צז‎ 
de leurs freres, à Jérusalem, 
avec leurs freres. 

33. Or Ner engendra Cis, et 
Cis engendra Saül. Mais Saül en- 
gendra Jonathan, Melchisua, Abi- 
nadab et Esbaal. 

34. Et le fils de Jonathan fut 
Méribbaal, et Méribbaal engendra 
Micha. 

35. Les fils de Micha furent 
Phithon, Mélech, Tharaa et Ahaz, 

36. Et Ahaz engendra 10808 , et 
Joada engendra Alamath, Az- 
moth et Zamri : or Zamri engen- 
dra Mosa; 

37. Et Mosa engendra Banaa, 
dont le fils fut Rapha, de qui 
est né Elasa, qui engendra Asel. 

38. Or Asel eut six fils de ces 
noms: Ezricam, Bocru, Ismaël, 
Saria, Obdia et Hanan : tous 
ceux-là furent fils d'Asel. 

39. Mais lesfils d'Esec, sonfrere: 
Ulam, le premier-né, Jéhus, le 
second, et Eliphalet, le troisième. 

40. Et les fils d'Ulam furent 
des hommes trés vigoureux et 
lendant l'are avec une grande 
force; ayant beaucoup de fils et de 
petits-fils, jusqu'à cent cinquante. 
Tous ceux-là sont les fils de Benja- 
min. | 

CHAPITRE IX. 


Premiers habitants de Jérusalem après 
le retour de la captivité. Noms des 
prêtres et des Lévites qui revinrent au 
tempie. Généalogie de Saül. 


4. Tout Israël fut donc dénom- 
33. I Rois, xiv, 51; Infra, 1x, 39. 


I PARALIPOMÈNES. 777 


bré, et leur nombre total a été 
écrit dans le Livre des rois d'Is- 
raël et de Juda; et ils furent 
transportés à Babylone à cause 
de leur péché. 

2. Or ceux qui habitèrent les 
premiers dans leurs possessions 
et dans leurs villes furent [5- 
raël, les prêtres, les Lévites et 
les Nathinéens. 

3. Il demeura à Jérusalem des 
enfants de Juda et des enfants 
de Benjamin, et méme des en- 
fants d'Ephraim et de Manassé : 

4. Othéi, fils d'Ammiud, fils 
d'Amri, fils d'Omrai, fils de 
Bonni, l’un des fils de Phares, 
fils de Juda ; 

5. Et de Siloni : Asaia, le pre- 
mier-né, et ses autres fils; 

6. Mais des fils de Zara : Jé- 
huel et leurs freres, au nombre 
de six cent quatre-vingt-dix ; 

7. Et des fils de Benjamin : 
Salo, fils de Mosollam, fils d'O- 
duia, fils d'Asana; 

8. Et Jobania, fils de Jéroham, 
et Ela, fils d'Ozi, fils de Mochori ; 
et Mosollam, fils de Saphatias, 
fils de Rahuel, fils de Jébanias, 

9. Et leurs frères, selon leurs 
familles, au nombre de neuf cent 
cinquante-six. Tous ceux-là fu- 
rent princes de familles, dans les 
maisons de leurs pères. 

10. Mais d'entre les prêtres, il y 
eut Jédaia, Joiarib et Jachin ; 

11. Azarias aussi, fils d'Helcias, 


40. Il y avait une sorte d’arcs qui étaient tellement forts, solides, que souvent les 
soldats faisaient assaut de force pour les tendre. 


1-34. * Les premiers habitants de Jérusalem. 
2. Israël; les Israélites, le peuple. — Nathiaéens; c'est-à-dire donnés, consacrés aux 


plus bas services du temple. 


10-13. * Premiers prétres établis à Jérusalem. 


718 I PARALIPOMÈNES. 


fils de Mosollam, fils de Sadoc, 
fils de Maraioth, fils d'Achitob, 
pontife de la maison de Dieu. 

19. De plus, Adaias, fils de Jé- 
roham, fils de Phassur, fils de 
Melchias ; et Maasai, fils d'Adiel, 
fils de Jezra, fils de Mosollam, fils 
de Mosollamith. fils dà'Emmer; 

13. Ainsi que leurs freres, prin- 
ces dansleursfamilles, au nombre 
de mille sept cent soixante, d'une 
trés grande force pour faire l'ou- 
vrage du ministère dans la maison 
de Dieu. 

14. Et d'entre les Lévites, il y 
eut Séméia, fils d'Hassub, fils 
d'Ezricam, fils d'Hasébia, l’un des 
fils de Mérari ; 

15. Bacbachar aussi, charpen- 
tier, Galal, et Mathania, fils de 
Micha, fils de Zéchri, fils d'Asaph; 

16. Et Obdia, fils de Séméias, 
fils de Galal, fils d'Idithun; et 
Barachia, fils d'Asa, fils d'Elcana, 
qui habita dans les villages de 
Nétophati. 

17.Quantaux portiers, c'étaient 
Sellum, Aecub, Telmon et Ahi- 
mam; et leur frère Sellum était 
leur chef. 

18. Jusqu'à ce temps-là, à la 
porte du roi, vers l'orient, des 
fils de Lévi faisaient la garde 
tour à tour. 

19. Or Sellum, fils de Coré, fils 
d'Abiasaph, fils de Coré, avec ses 
freres et la maison de son pere, 
c'est-à-dire les Corites préposés 
aux ouvrages du ministère, 
étaient les gardiens des vesti- 


[cH. 1x.] 


bules du tabernacle; et leurs fa- 
milles gardaient tour à tour l'en- 
trée du camp du Seigneur. 

20. Or Phinéès, fils d'Eléazar, 
était leur chef devant le Seigneur. 

91. Et Zacharie, fils de Mosol- 
lamia, était portier àla porte du 
tabernacle de témoignage. 

22. Tous ceux-là, choisis pour 
portiers aux différentes portes, 
étaient au nombre de deux cent 
douze, enregistrés dans leurs 
propres villages : David et Sa- 
muel, le Voyant, les établirent à 
cause de leur fidélité, 

23. Tanteux que leurs fils, pour 
veiller à leur tour aux portes de 
la maison du Seigneur et du ta- 
bernacle. 

24. Les portiers étaient vers 
les quatre vents, c'est-à-dire à 
l'orient, à l'occident, à l'aquilon 
et au midi. 

95. Et leurs frères demeuraient 
dans leurs bourgades, et ils ve- 
naient en leurs sabbats depuis un 
temps jusqu'à un temps. 

26. C'est à ces quatre Lévites 
que fut confié le nombre entier 
des porliers; et ils veillaient sur 
les chambres et sur les trésors de 
la maison du Seigneur. 

27. Ils demeuraient méme au- 
tour du temple du Seigneur, 
pendant leur garde, afin que, 
lorsque le temps était venu, ils 
ouvrissent eux-mêmes les portes 
le matin. 

98. A leur classe apparte- 
paient aussi ceux qui étaient 


14-34. * Premiers lévites établis à Jérusalem; leurs fonctions. 

22. Le voyant; c'est-à-dire le prophéte. Voy. I Rois, ix, 9. 

25. En leurs sabbats; aux sabbats qui leur étaient assignés. — Depuis un temps, etc.; 
depuis un temps de la semaine jusqu'à l'autre temps; c'est-à-dire depuis le commen- 


cement de la semaine jusqu'à la fin. 


x.]‏ .א6] 
chargés des vases servant au‏ 
culte; car c'était en certain‏ 


nombre qu'étaient apportés les 
vases et qu'ils étaient remportés. 

29. Parmi eux encore se trou- 
vaient ceux qui, ayant la garde 
des ustensiles du sanctuaire, pre- 
naient soin de la fleur de farine, 
du vin, de l'huile, de l'encens et 
des aromates. 

30. Mais les fils des prétres 
composaient les parfums àoindre 
avec les aromates. 

91. Et Mathathias le Lévite, le 
premier-né de Sellum, le Corite, 
était préposé pour ce qu'on fai- 
sait frire dans la poéle. 

32. Or c'est parmi les enfants 
de Caath, leurs freres, que se 
trouvaient ceux qui étaient char- 
gés des pains de proposition, afin 
d'en préparer toujours de nou- 
veaux à chaque sabbat. 

33. Ce sont là les chefs des 
chantres parmi les familles des 
Lévites, qui demeuraient dans 
les chambres dw temple, afin que, 
jour et nuit, sans interruption, 
ils remplissent leur ministere. 

34. Les chefs des Lévites, 
princes dans leurs familles, de- 
meurerent à Jérusalem. 

35. Mais c'est à Gabaon que 
s'établirent Jéhiel, dont le nom 
de la femme était Maacha ; 

36. Son fils premier-né, Abdon, 
et les autres, Sur, Cis, Baal, Ner 
et Nadab, 

37. Gédor, Ahio, Zacharie et 
Macelloth. 


I PARALIPOM NES. 


779 


38. Or Macelloth engendra Sa- 
maan ; ceux-là habitèrent vis-à- 
vis de leurs freres, à Jérusalem, 
avec leurs freres. 

39. Mais Ner engendra Cis, et 
Cis engendra Saül, et Saül en- 
gendra Jonathan, et Melchisua, et 
Abinadab, et Esbaal. 

40. Et le fils de Jonathan fut 
Méribbaal; et Méribbaal engendra 
Micha. 

44. Or les fils de Micha furent 
Phithon, Mélech, Tharaa et Ahaz. 

49. Et Ahaz engendra Jara, et 
Jara engendra Alamath, Azmoth 
et Zamri ; mais Zamri engendra 
Mosa. 
> 43. Pour Mosa, il engendra 
Banaa, dont le fils Raphaia en- 
gendra Elasa, de qui est né Asel. 

44. Or Asel eut six fils de ces 
noms : Ezricam, Bocru, Ismaël, 
Saria, Obdia, Hanan ; 66 sont là 
les fils d'Asel. 


CHAPITRE X. 


Mort de Saül et de ses enfants. 


1. OrlesPhilistins combattaient 
contre Israël, et les hommes d'Is- 
raél s'enfuirent devant les Pales- 
tiniens ; et ils tomberent blessés 
sur la montagne de Gelboé. 

2. Et lorsque les Philistins se 
furent approchés, poursuivant 
Saül et ses fils, ils tuèrent Jona- 
than, Abinadab et Melchisua, fils 
de Saül. 

3. Et lecombat s'aggrava contre 
Saül; et les archers l'atteigni- 


CHAP. 1x. 35. Supra, vir, 29. — 39. Supra, vin, 33. — (ΠΑΡ. X. I Rois, xxxi, 1. 


35-44. * Généalogie de la famille de Saül. 


38. Avec leurs fréres; avec ceux qui étaient de leurs branches, 


1. Palestiniens. C'est, dans le texte hébreu, le méme mot que Philistins. 


780 


rent, et le blesserent de leurs 
traits. 

4. Alors Saül dit à son écuyer : 
Tire ton glaive et tue-moi, de 
peur que ces incirconcis ne 
viennent et ne se moquent de 
moi. Mais son écuyer, saisi de 
crainte, ne voulut pas le faire. 
Saül prit donc son glaive et se 
jeta dessus. 

9. Lorsque son écuyer eut vu 
cela, c'est-à-dire que Saül était 
mort, il se jeta aussi lui-méme 
sur son glaive, et mourut. 

6. Saül périt donc et ses trois 
fils, et toute sa maison tomba à 
la fois. 

7. Ce qu'ayant vu les hommes 
d'Israél qui habitaient dans les 
plaines, ils s’enfuirent ; et Saül 
et ses fils étant morts, ils aban- 
donnerent leurs villes, et se dis- 
persèrent çà et là, et les Phi- 
listins vinrent et y habitèrent. 

8. Le second jour, les Philis- 
tins, enlevant les dépouilles de 
ceux qu'on avait taillés en pièces, 
trouverent Saül et ses fils gisant 
sur la montagne de Gelboé. 

9. Et, lorsquils leurent dé- 
pouillé, qu'ils lui eurent coupé 
la tête et pris ses armes, ils l'en- 
voyerent dans leur pays, pour 
qu'il fût porté de côté et d'autre, 
et quil füt montré dans les 
temples des idoles et aux peuples. 

10. Mais ses armes, ils les con- 
sacrerent dans le temple de leur 


I PARALIPOMÈNES. 


Ten. xr.] 


dieu, et ils attacherent sa téte 
dans le temple de Dagon. 

11. Lorsque les hommes de 
Jabès-Galaad eurent appris cela, 
savoir, tout ce que les Philistins 
avaient fait à Saül, 

12. Tous ceux d'entre eux qui 
étaient forts se levèrent, prirent 
les cadavres de Saül et de ses 
fils, et les apporterent à Jabès; 
et ils ensevelirent leurs os sous 
le chêne qui était à Jabès, et ils 
jeünérent durant sept jours. 

13. Saül mourut done à cause 
de ses iniquités, parce qu'il avait 
violé le commandement que le 
Seigneur lui avait prescrit, et 
qu'il ne l'avait point gardé, mais 
que, de plus, il avait consulté la 
pythonisse. 

14. Et il n'avait point espéré 
dans le Seigneur : c’est pourquoi 
Dieu le tua, et transféra son 
royaume à David, fils d'Isai. 


CHAPITRE XI. 


David sacré roi d'Israël. Siège de Jéru- 
salem. Joab géneral des armées de 
David. Noms des plus vaillants hommes 
qui étaient avec David. 


1. Tout Israel s'assembla donc 
pres de David à Hébron, disant : 
Nous sommes votre os et votre 
chair. 

2. Hier méme et avant-hier, 
lorsque Saül régnait encore, 
vous étiez celui qui menait Israél 
au combat et le ramenait; car 


13. Exode, מנטא‎ 14; I Rois, xv, 3; I Rois, xxvirt, 8. — Cua». XI. 1. II Rois, v, 1. 


10. * Dans le temple de leur dieu, oà l'on adorait aussi la déesse Astarté. Voir 
I Rois, xxxi, 10. — Sur Dagon, voir I Rois, v, 2. — Au lieu de ces détails, l'auteur de 
I Rois, χχχι, 9-10, en donne d'autres. Les deux récits se complètent mutuellement. 


41. * Jabés- Galaad. Voir I Rois, xxxi, 11. 


1. * Hébron. Voir Genèse, xiu, 18. 


2. Hier et avant-hier; hébraisme, pour 27 y a peu de temps. 


[cn. xi.] 
cest à vous que le Seigneur 
votre Dieu a dit : C'est toi qui 
seras le pasteur de mon peuple 
Israél, et c'est toi qui seras son 
prince. 

3. Tous les anciens d'Israël 
vinrent donc vers le roi à Hé- 
bron; et David fit avec eux al- 
liance devant le Seigneur; et ils 
loignirent roi sur Israél, selon 
la parole que le Seigneur avait 
dite par l'entremise de Samuel. 

4. Et David alla, et tout Israël. 
à Jérusalem, c'est-à-dire Jébus, 
où se trouvaient les Jébuséens, 
habitants du pays. 

5. Et ceux qui habitaient dans 
Jébus dirent à David : Vous n'en- 
trerez pas ici. Mais David prit la 
citadelle de Sion, qui est la cité 
de David, 

6. Et il dit : Quiconque frap- 
pera le premier un Jébuséen sera 
prince et chef de l'armée. Joab, 
fils de Sarvia, monta donc le pre- 
mier, et il fut fait prince. 

1. Or David habita dans la cita- 
delle, et c'est pourquoi elle fut 
appelée la cité de David. 

8. Et il bátit la ville autour, 
depuis Mello jusqu'à l'enceinte ; 
et Joab répara le reste de la 
ville. 

9. Et David avancait, allant et 
croissant; et le Seigneur des ar- 
mées était avec lui. 


I PARALIPOMÉNES. 781 


10. Voici les premiers des hom- 
mes braves de David qui l'ont 
aidé à se faire roi sur tout Israél, 
selon la parole que le Seigneur 
avait dite à Israel; 

11. Et voici le nombre des 
hommes vigoureux de David: 
Jesbaam, fils d'Hachamoni, le 
premier entre les trente; c'est lui 
qui leva sa lance sur trois cents 
ennemis qu'il blessa en une seule 
fois. 

19. Et apres lui, Eléazar l'A- 
hohite, fils de son oncle, était 
entre les trois puissants. 

13. C'est lui qui se trouva avec 
David à Phesdomim, quand les 
Philistins s'assemblerent en ce 
lieu pour le combat: or la cam- 
pagne de cette contrée était 
pleine d'orge, et le peuple s'était 
enfui devant les Philistins. 

14. Mais eux s'arréteérent au 
milieu du champ, et le défen- 
dirent; et, lorsqu'ils eurent 
frappé les Philistins, Dieu donna 
une grande victoire à son peuple. 

15. Ainsi trois d'entre les trente 
princes vinrent au rocher sur le- 
quel était David, à la caverne 
d'Odollam, quand les Philistins 
eurent campé dans la vallée de 
Raphaim. 

16. Or David était dans la for- 
teresse, et une garnison de Phi- 
listins à Bethléhem. 


10. II Rois, xxr, 8. — 16. II Rois, xxii, 14. 


3. Par l'entremise; littér., par la main. Voy. vi, 15. 
4. * Jérusalem. Sur cette ville, voir la note 15 à la fin du t. t, p. 769. 


8. * Mello. Voir II Rois, v, 9. 


13. * Phesdomim, dans la vallée du Térébinthe. Voir 1 Rois, xvit, 4. 

14. Victoire; littér., salut, délivrance, mot qui, en hébreu, se prend pour une 
vicloire remportée par un secours extraordinaire de Dieu. 

45. * Odollam. Voir 1 Rois, xxu, 1. — Raphaïm. Voir 11 Rois, v, 48. 

16. La forteresse; la caverne mentionnée au verset précédent. — * Bethlehem. Voir 


]a note sur Ruth, 1, 4. 


782 I PARALIPOMÉNES. 


17. David donc forma un sou- 
hait et dit: O si quelquun me 
donnait de l'eau de la citerne de 
Béthléhem, qui est àla porte! 

18. Ainsi ces trois hommes 
passerent par le milieu du camp 
des Philistins, puiserent de l'eau 
à la citerne de Bethléhem, la- 
quelle était àla porte, et l'appor- 
tèrent à David, afin qu'il bût; 
mais il ne voulut pas, et il l'of- 
frit volontiers au Seigneur, 

19. Disant : Loin de moi que je 
fasse cela en la présence de 
Dieu, et que je boive le sang de 
ces hommes! parce que c'est au 
péril de leurs àmes qu'ils ont ap- 
porté cette eau. Et, pour ce mo- 
tif, il ne voulut point boire. 
Voilà ce que firent ces trois 
hommes très vigoureux. 

90. Abisaï aussi, frere de Joab, 
était lui-méme le premier des 
trois : c’est lui qui leva sa lance 
contre trois cents ennemis quil 
blessa, et lui qui était le plus 
renommé entre les trois, 

91. Illustre entre ces trois se- 
«onds, et chef : cependant il n'at- 
teignait pas les trois premiers. 

29. Banaias de Cabséel, fils de 
Joiada, était un homme très vi- 
goureux, qui avait fait beaucoup 
d'exploits : c'est lui qui tua les 
deux Ariel de Moab: et lui qui 
descendit et tua le lion au milieu 
dela citerne au temps de la neige. 

93. C'est lui aussi qui tua l'E- 


(cu. x.] 


gyptien dont la stature était de 
cinq coudées, et qui avait une 
lance comme une ensouple de 
tisserands; il descendit donc vers 
lui avec sa verge, et il lui arracha 
la lance qu'il tenait en sa main, 
et il le tua de sa lance. 

24. Voilà ce que fit Banaïas, fiis 
de Joiada, qui était très re- 
nommé entre les trois guerriers 
vigoureux, 

25. Et le premier entre les 
trente : cependant il n'atteignait 
pas les trois premiers. Or David 
le mit près de son oreille. 

26. Mais les hommes les plus 
vaillants dans larmée étaient 
Asaél, frere de Joab, et Elcha- 
nan, fils de son oncle paternel 
de Bethléhem, . 

97. Sammoth, l'Arorite, et Hel- 
les, le Phalonite, 

98. Ira, 16 Thécuite, fils d'Accès; 
Abiézer d'Anathoth, 

99. Sobbochai, l'Husathite, Ilai, 
l'Ahohite, 

30. Maharai, le Nétophathite, 
Héled, fils de Baana, le Nétopha- 
thite, 

31. Ethai, fils de Ribai, de Ga- 
baath, des fils de Benjamin; 
Banaia, le Pharatonite, 

32. Huraï, du torrent de Gaas, 
Abiel, l'Arbathite, Azmoth, le 
Bauramite, Éliaba, le Salabonite. 

33. Les fils d'Assem, le Gézo- 
nite, étaient Jonathan, fils de 
Sagé, l'Ararite, 


וו 


17. * De la citerne de Bethléhem. > I1 est probable que cette citerne est celle qui 
devait se trouver à la porte orientale de la ville et qui est aujourd'hui entre la ville 
et l'église de la Nativité, au lieu où la colline penche vers le sud. L'eau en est trés 


bonne. » (MisLin.) 


20. Des trois, qui formaient une autre classe de braves dans l’armée de David. 

22. Ariel, en hébreu, veut dire lon de Dieu; la Vulgate l’a rendu par lions, 11 Rois, 
xxii, 20, qui, selon les uns, désigne de vrais lions, et selon les autres, des guerriers, 

25. Le mil, etc.; l'admit dans son conseil secret, 


CH. XII.] 


34. Ahiam, fils de Sachar, l'Ara- 
rite, 

35. Eliphal, fils d'Ur; 

36. Hépher, le Méchérathite, 
Ahia, le Phélonite, 

87. Hesro, du Carmel, Naarai, 
fils d'Asbai, 

38. Joël, frère de Nathan, Miba- 
har, fils d'Agarai; 

39. Sélec, l'Ammonite, Naarai, 
le Bérothite, écuyer de Joab, fils 
de Sarvia ; 

40. Ira, le Jéthréen, Gareb, le 
Jéthréen, 

41. Urie, l'Héthéen, Zabad, fils 
d Oholi, 

49. Adina, fils de Siza, le Rubé- 
nite, prince des Rubénites, et 
trente avec lui ; 

48. Hanam, fils de Maacha, et 
Josaphat, le Mathanite, 

44. Ozia, l'Astharothite, Samma 
et Jéhiel, les fils d'Hotham, l'Aro- 
rite, 

45. Jédihel, fils de Samri, et 
Joha, son frere, le Thosaite ; 

46. Éliel, le Mahumite, et Jéri- 
bai, et Josaia, le fils d'Elnaém, et 
Jethma, le Moabite, Eliel, et Obed, 
et Jasiel de Masobia. 


CHAPITRE XII. 


Dénombrement de ceux qui se joignirent 
à David pendant la persécution de Saül, 
et de ceux qui vinrent lui déférer la 
royauté à Hébron, aprés la mort de ce 
prince. 


1. Ceux-ci aussi vinrent vers 
David à Sicéleg, lorsqu'il fuyait 


I PARALIPOMÉNES. 


783 


encore Saül, fils de Cis; c'étaient 
des hommes tres forts et d'excel- 
lents combattants, 

2. Tendant larc, et des deux 
mains jetant les pierres de la 
fronde et dirigeant les flèches : 
ils étaient freres de Saul, de la 
tribu de Benjamin. 

3. Le premier était Ahiézer, 
ensuite Joas, les fils de Samaa, le 
Gabaathite, puis Jaziel, et Phallet, 
lesfils d'Azmoth, Barachaet Jéhu, 
l'Anathothite ; 

4. De plus Samaias, le Gabao- 
nite, le plus vaillant parmi les 
trente, et qui les commandait ; 
Jérémie, Jéhéziel, Johanan, et 
Jézabad, le Gadérothite ; 

5. Eluzai, Jérimuth, Baalia, Sa- 
maria et Saphatia, l'Haruphite; 

6. Elcana, Jésia, Azaréel, Joé- 
zer, et Jesbaam de Caréhim ; 

7. De plus 10618 et Zabadia, les 
fils de Jéroham, de Gédor. 

8. Mais d'entre les Gaddites 
aussi passèrent à David, lorsqu'il 
était caché dans le désert, des 
hommestres vigoureux, et excel- 
lentscombattants, tenant un bou- 
clier et unelance; leur face était 
comme 18 face d'un lion, et ils 
étaient agiles comme des che- 
vreuils sur les montagnes. 

9. Ezer était le premier, Ob- 
dias,le second, Eliab, letroisieme, 

10. Masmana, le quatrième, Jé- 
rémie, le cinquieme, 

11. Ethi, le sixieme, Eliel, le 
septième, 


44. * L'Arorite, d'Aroér de Juda. Voir I Rois, xxx, 28. 


1. * Sicéleg, au sud de la tribu de Juda. 


2. Tendant l'arc; c'est-à-dire qu'ils étaient archers. — Fréres de Saül; c'est-à-dire 


)Jarents. 


4. * Le Gabaonite. Voir note sur III Rois, nr, 4. 


1aut, 1v, 23. 


— Le Gadérothite, voir plus 


“84 


- 12. Johanan, le huitième, Elzé- 
bad, le neuvieme, 

13. Jérémie, le dixième, Mach- 
banai, le onzième. 

14. Ceux-là,fils de Gad, étaient 
princes de l'armée: le moindre 
commandait cent soldats; et le 
plus grand, mille. 

15. Ce sont eux qui passerent 
le Jourdain au premier mois, 
quand il aaccoutumé de déborder 
sur ses rives, et qui mirent en 
fuite tous ceux qui demeuraient 
dans les vallées, vers le côté 
oriental et occidental. 

16. Il y en eut aussi qui vinrent 
méme de Benjamin et de Juda 
dans la forteresse, dans laquelle 
se trouvait David. 

17. Et David sortit au-devant 
d'eux, et dit : Si c’est pacifique- 
ment que vous étes venus vers 
moi, afin de me secourir, que 
mon cœur s'unisse à vous; mais 
si vous me tendez un piége dans 
l'intérêt de mes ennemis, quoi- 
que je n'aie point d'iniquité en 
mes mains, que le Dieu de nos 
peres voie et juge. 

18. Alors un espritremplit Ama- 
sai, le premier entre les trente, et 
ilrépondit: Nous sommes à vous, 
6 David, et avec vous, 0 fils d'Isai. 
Paix, paix à vous, et paix à vos 
partisans! car votre Dieu vous 
aide. David les recut donc et 165 
établit chefs des troupes. 

19. Ill y en eut aussi de Manassé 
qui passerent à David, quand il 

Car. XII. 19. I Rois, xxix, 4. 


I PARALIPOMÉNES. 


[cH. xi.] 


venait avec les Philistins contre 
Saül pour se battre; mais il ne 
combattit pas avec eux, parce 
qu'un conseil ayant été tenu, les 
princes des Philistins le renvoyè- 
rent, disant : Au péril de notre 
tête, il retournera vers son mai- 
tre, Saül. 

20. Quand donc il revint àSicé- 
leg, passèrent à lui de Manassé, 
Ednas, Jozabad, Jédihel, Michaël, 
Ednas, Jozabad, Eliu et Salathi, 
chefs de mille soldats en Manassé. 

21. Ge sont eux qui donnèrent 
du secours à David contre les vo- 
leurs; car ils étaient tous des 
hommes tres braves; et ils furent 
faits princes dans l'armée. 

22. Enfin il venait tous les 
jours des troupes vers David, 
pour le secourir, jusque-là que 
leur grand nombre devint comme 
une armée de Dieu. 

23. Voici aussi le nombre des 
princes de l’armée qui vinrent 
vers Davidlorsqu'ilétaitàHébron, 
pour lui transférer le royaume de 
Saül, selon la parole du Seigneur: 

24. Les fils de Juda, portant le 
bouclier et la lance, six mille 
huit cents, prêts au combat. 

95. D'entre les fils de Siméon, 
tres braves pour combattre, sept 
mille cent. 

26. D'entre les fils de Lévi, 
quatre mille six cents. 

27. De plus, Joiada, prince de 
la race d'Aaron, et avec lui trois 
mille sept cents hommes. 


14 et suiv. Fils; c'est-à-dire descendants. 


15. Le premier mois commençait à la nouvelle lune de mars. 

18. Un esprit; une heureuse inspiration. — Remplit; littér. revétit. 

21. * Les voleurs, les Amalécites qui attaquèrent et pillérent Sicéleg pendant que 
David accompagnait Achis, roi de Geth. Voir I Rois, xxx, 1-10. 

22. Armée de Dieu; hébraisme, pour l’armée la plus puissante. 


[cn. xui] 


98. Sadoc aussi, jeune homme 
d'un excellent naturel, et la mai- 
son de son pere, vingt- deux 
princes. 

99. Mais d'entre les fils de Ben- 
jamin, freres de Saül, trois mille 
hommes; car une grande partie 
d'entre eux suivait encore la 
maison de Saül. 

30. Et d'entre les fils d'E- 
phraim, vingt mille huit cents, 
d'une tres grande force, hom- 

jmes renommés dans leur pa- 
renté. 

31. Et de la demi-tribu de Ma- 
nassé, dix-huit mille vinrent, 
chacun selon son nom, pour éta- 
blir David roi. 

32. Comme aussi 2 vint d'entre 
les fils d'Issachar des hommes 
instruits, qui connaissaient tous 
les temps, afin d'ordonner ce que 
devait faire Israél: les princi- 
paux étaient au nombre de deux 
cents, et tout le reste de leur 
iribu suivait leur conseil. 

33. Mais ceux de Zabulon qui 
sortaient pour le combat, et qui 
se tenaient dans la bataille munis 
d'armes guerrières, vinrent au 
nombre de cinquante mille au 
secours de David, sans duplicité 
de cœur. 

34. Et de Nephthali, mille prin- 
ces, et avec eux des hommes ar- 
més d'une lance et d'un bouclier, 
au nombre de trente-sept mille. 

35. De Dan aussi, préparés au 
combat, vingt-huit mille six 
cents ; 


I PARALIPOMÉNES. 


785 


36. Et d'Aser, sortant pour le 
combat, et en bataille provo- 
quant /ennemi, quarante mille. 

37. Mais au delà du Jourdain, 
des fils de Ruben et de Gad, et 
de la demi-tribu de Manassé, 
munis d'armes guerrieres, cent 
vingt mille. 

38. Tous ces hommes de guerre, 
disposés à combattre, vinrent 
avec un cœur parfait à Hébron, 
pour établir David roi sur tout 
Israël; et de plus tout le reste 
d'Israël avait un méme cœur 
pour que David fût fait roi. 

39. Et ils furent là près de 
David durant trois jours, man- 
geant et buvant; car leurs frères 
avaient éout préparé ; 

40. Mais de plus, ceux qui 
étaient proche d'eux, jusqu'à 
Issachar, àZabulon et à Nephthali, 
apportaient des pains sur les 
ânes, les chameaux, les mulets 
et les bœufs, pour qu'ils s'en 
nourrissent; de la farine, des 
figues, des raisins secs, du vin, 
de l'huile, des bœufs et des bé, 
liers en toute abondance; car 
c'était une joie en Israël. 


CHAPITRE XIII 


L'arche est amenée de Cariathiavim. 
Oza est frappé de mort. L'arche est 
déposée dans la maison d'Obédédom.: 
1. Or David tint conseil avec 

les tribuns, les centurions et 

tous les princes, 
9. Et il dit à toute l'assemblée 
d'Israël : Si elles vous plaisent, 


29. Frères; c'est-à-dire parents. Compar., vers. 2. 
31. Chacun selon son nom ; chacun ayant été désigné nominativement. 
40. Pains; hébraisme, pour aliments, nourriture en général. 


1. * Les lribuns, les centurions, etc. L'hébreu porte : Avec les chefs de mille et de 
cent hommes, c'est-à-dire avec tous les chefs. 


Ἄς d. 


00 


786 


et si c'est du Seigneur, notre 
Dieu, qu'elles viennent, les pa- 
roles que je vais dire, envoyons 
à nosautresfreres dans toutes les 
contrées d'Israél, et aux prétres 
et aux Lévites qui habitent dans 
les faubourgs des villes, afin 
qu'ils s'assemblent près de nous, 

3. Et que nous ramenions l'ar- 
che de notre Dieu chez nous ; car 
nous ne nous en sommes pas OC- 
cupés aux jours de Saül. 

4. Et toute la multitude ré- 
pondit, qu'il en füt ainsi; car ce 
discours avait plu à tout le 
peuple. 

5. David rassembla donc tout 
Israél, depuis Sihor d'Egypte 
jusqu'à l'entrée d'Emath, afin 
que l'on ramenát l'arche de Dieu 
de Cariathiarim. 

6. Et David monta, et tout 
homme d'Israél, vers lacolline de 
Cariathiarim, qui est en Juda; 
pour en apporter l'arche du Sei- 
gneur Dieu, assis sur les chéru- 
bins, où son nom a été invoqué. 

7. On mit donc l'arche de Dieu 
surun char neuf, en la retirant 
de la maison d'Abinadab : et Oza 
| et son frère conduisaient le char. 
| 8. Or David et tout Israël 
jouaient devant Dieu de toute 
leur force, au milieu des can- 
liques, des harpes, des psal- 
ilérions, des tambours, des 


1 PARALIPOMÈNES. 


[ci xiv. 


cymbales et des trompettes. 

9. Mais, lorsqu'on fut parvenu 
à l'aire de Chidon, 028 tendit sa 
main pour soutenir l'arche ; car 
un bœuf bondissant l'avait fait un 
peu pencher. 

10. C'est pourquoi le Seigneur 
fut irrité contre Oza, et le frappa, 
parce qu'il avait touché l'arche : 
etil mourutlàdevantle Seigneur. 

11. Et David fut contristé de 
ce que le Seigneur avait divisé 
Oza ; et il appela ce lieu : Divi- 
sion d’Oza, comme il a été appelé 
jusqu'au présent jour. 

12. Et il craignit le Seigneur 
en ce moment-là, disant : Com- 
ment pourrai-je introduire chez 
moi l'arche de Dieu? 

13. Et pour ce motif, il ne la 
conduisit point chez lui, c'est- 
à-dire dans la cité de David : mais 
il la fit conduire en la maison 
d'Obédédom, le Géthéen. 

14. L'arche de Dieu demeura 
ainsi dans la maison d'Obédédom 
pendant trois mois, et le Seigneur 
bénit sa maison et tout ce qu'il 
avait. 


CHAPITRE XIV. 


Message d'Hiram à David. Femmes et 
enfants de David. Ses victoires contre 
les Philistins. 


1. Hiram, roi de Tyr, envoya 
aussi des messagers à David, et 


(παρ. XIII. 5. II Rois, vr, 2. — CBar. XIV. 1. II Rois v, 11. 


5. * Sihor d'Egypte, le ruisseau d'Egypte, l'ouadi el-Arisch. — Cariathiarim, dans 
les montagnes, au nord-ouest de Jérusalem, sur la route qui conduit de cette ville 


à Jaffa. 
8. * Psallérions, espèces de harpe. 


9. Un bœuf, etc. Dans 16 passage parallèle, 1] Rois, νι, 6, la Vulgate porte comme 
l'hébreu, dans les deux endroits : Les bœufs regimbaient. 
11. Dans l'Ecriture, diviser quelqu'un veut dire souvent séparer son corps de son 


âme, lui óter la vie. 


1, Des magons, ete. ; littér. des ouvriers de murailles el de bois. 


cH. xv.) 


des bois de cedre, et des macons, 
et des charpentiers, pour lui 
bátir une maison. 

9. Et David reconnut que le 
Seigneur l'avait confirmé roi sur 
Israél, et quil avait élevé son 
royaume sur son peuple Israél. 

3. Il prit encore d'autres fem- 
mes à Jérusalem, et il engendra 
des fils et des filles. 

4. Or voici les noms de ceux 
qui lui naquirent à Jérusalem: 
Samua et Sobad, Nathan et Sa- 
lomon, 

5. Jébahar, Elisua, et Elipha- 
let, | 

6. Noga aussi, et Napheg et 
Japhia, 

7. Elisama, Baaliada et Eli- 
phalet. 

8. Orles Philistins, apprenant 
que David avait été oint comme 
roi sur tout Israël, montèrent 
tous pour le chercher : ce 
qu'ayant appris David, il sortit 
au-devant d'eux. 

9. Cependant les Philistins, ve- 
nant, se répandirent dans la 
vallée de Raphaim. 

10. Alors David consulta le 
Seigneur, disant : Monterai-je 
contre les Philistins, et les livre- 
rez-vous en ma main 7 Et le Sei- 
gneur lui répondit : Monte, et je 
les livrerai en ta main. 

11. Lors done que ceux-ci eu- 
rent monté à Baalpharasim, David 
les battitlà, et dit: Le Seigneur 
ἃ dispersé mes ennemis par ma 
main, comme les eaux se dis- 


3. II Rois, v, 13. — 8. II Rois, v, 11. 


9. * Raphaim. Voir IL Rois, v, 18. 
1. Baalpharasim. Voy. IL Rois, v, 20. 


I PARALIPOMÉNES. 


787 


persent : et c'est pourquoi celieu 
fut appelé Baalpharasim. 

12. Et les Philistins laisserent 
là leurs dieux, et David comman- 
da qu'ils fussent brülés. 

13. Les Philistins firent encore 
une autre fois irruption, et se ré- 
pandirent dans la vallée. 

14. Et David consulta Dieu de 
nouveau; et Dieu lui dit : Ne 
monte pas apres eux, mais éloi- 
gne-toi d'eux; et tu viendras 
contre eux, vis-à-vis des poiriers. 

15. Et lorsque tu entendras le 
bruit de quelqu'un qui marche au 
haut des poiriers, alors tu sorli- 
ras pour la bataille; car Dieu 
sortira devant toi pour battre le 
camp des Philistins. 

16. David fit donc comme Dieu 
lui avait ordonné; et il battit le 
camp des Philistins, depuis Ga- 
baon jusqu'à Gazer. 

11. Ainsi le nom de David se 
répandit dans toutes les contrées, 
et le Seigneur inspira la terreur 
de ce prince à toutes les nations. 


CHAPITRE XV. 


Transport de l'aiche de la maison d'Obé- 
dédom. Michol se moque de David. 


1. Il se construisit aussi des 
maisons dans la cité de David, et 
il bâtit un lieu pour larche de 
Dieu, et il lui dressa un taber- 
nacle. 

2. Et il dit: Il n'est pas permis 
que l'arche de Dieu soit portée 
par d'autres que par les Lévites 


12. * Leurs dieux, des idoles de bois sculpté. Voir II Rois, v, 21. 
16. * Gabaon. Voir note sur III Rois, in, 4. — Gazer. Voir note sur {Π Rois, 1x, 46, 


188 
que le Seigneur a choisis pour la 
porter et pour le servir à jamais. 

3. Et il assembla tout Israël à 
Jérusalem, afin que larche de 
Dieu füt portée en son lieu qu'il 
lui avait préparé. 

4. Il assembla aussi 
d'Aaron et les Lévites. 

5. D'entre les fils de Caath, ce 
fut Uriel, le prince, et ses freres, 
au nombre de cent vingt. 

6. D'entre les fils de Mérari, 
Asaia, le prince, et ses freres, au 
nombre de deux cent vingt. 

7. D'entre les fils de Gersom, 
Joël, le prince, et ses frères, au 
nombre de cent trente. 

8. D'entre les fils d'Elisaphan, 
Séméias, le prince, et ses frères, 
au nombre de deux cents. 

9. D'entre les fils d'Hébron, 
Eliel, le prince, et ses freres, au 
nombre de quatre-vingts. 

10. D'entre les fils d'Oziel, Ami- 
nadab, le prince, et ses freres, au 
nombre de cent douze. 

11. David appela done Sadoc et 
Abiathar, prétres, et les Lévites 
Uriel, Asaia, Joël, Séméias, Eliel 
et Aminadab, 

12. Et il leur dit: Vous qui étes 
les princes des familles de Lévi, 
sanctifiez-vous avec vos freres, 
et apportez l'arche du Seigneur 
Dieu d'Israél au lieu qui lui a été 
préparé; 

13. De peur que, comme la pre- 
miere fois, le Seigneur nous frap- 


les fils 


1 PARALIPOMÉNES. 


[cu. xv.) 
pa, parce que vous n'étiez pas 
présents, il n'arrive aussi main- 
tenant de méme, si nous faisons 
quelque chose qui n'est point 
permis. 

14. Les prêtres se sanctifièrent 
donc, et les Lévites, afin de porter 
l'arche du Seigneur Dieu d'Israél. 

15. Etles fils de Lévi portèrent 
l'arche de Dieu, comme l'avait 
ordonné Moïse, d’après la parole 
du Seigneur, sur leurs épaules, 
avec les leviers. 

16. Et David dit aux princes des 
Lévites d'établir d'entre leurs fre- 
res les chantres avec des instru- 
ments de musique; savoir, des 
nables, des lyres et des cymbales, 
afin que retentit bien haut un 
bruit de joie. 

17. Ils établirent donc les Lé- 
vites, Héman, fils de Joël; et, 
d'entre ses frères, Asaph, fils de 
Barachias; mais, d'entre les fils 
de Mérari et d'entre leurs freres, 
Ethan, fils de Casaia, 

18. Et avec eux leurs frères; et 
au second rang, Zacharie, Ben, 
Jaziel, Sémiramoth, Jahiel, Ani, 
Eliab, Banaias, Maasias, Matha- 
thias, Eliphalu, Macénias, Obédé- 
dom et Jéhiel, portiers. 

19. Or les chantres, Héman, 
Asaph et Ethan, jouaient des cym- 
bales d'airain. 

20. Mais Zacharie, Oziel, Sémi- 
ramoth, Jahiel, Ani, Eliab, Maa- 
sias et Banaïas, chantaient sur des 


CHAP. XV. 13. Supra, xui, 10. — 15. Nomb., 1v, 15. 


4. Il assembla, sous-entendu dans la Vulgate, est exprimé dans l'hébreu. 
12. Sanclifiez-vous; c'est-à-dire purifiez-vous des impuretés légales que vous pour- 


riez avoir contractées. 


13. La première fois; au premier transport. Voy. xir, 1 et suiv. 
16. * Des nables, en hébreu nébel, instrument à cordes, comme la lyre. 
?0. * Les choses mystérieuses. Plusieurs interprètes traduisent l'original : avec des 


voix de soprano. 


(cn. xvi.) 
nables les choses mystérieuses; 

91. Et Mathathias, Eliphalu, Ma- 
cénias, Obédédom, Jéhiel et Oza- 
ziu, chantaient sur des harpes, 
pour l'octave, un chant de vic- 
toire. 

99, Quant à Chonénias, prince 
des Lévites, il présidait à la pro- 
phétie, pour commencer le pre- 
mier la symphonie; car il était 
tres habile. 

93. Barachias et Elcana étaient 
portiers de l'arche. 

24. Sébénias, Josaphat, Natha- 
naél, Amasai, Zacharie, Banaias 
et Eliézer, prétres, sonnaient des 
trompettes devant l'arche de 
Dieu : Obédédom aussi et Jéhias 
étaient portiers de l'arche. 

95. Ainsi David et tous les an- 
Gens d'Israél, et les tribuns, al- 
lerent pour transporter l'arche de 
l'alliance du Seigneur, de la mai- 
son d'Obédédom ὦ Jérusalem, 
avec allégresse. 

96. Et, comme Dieu avait aidé 
les Lévites qui portaient l'arche 
de l'alliance du Seigneur, on im- 
mola sept taureaux et sept bé- 
liers. 

27. Or David était revêtu d'une 
robe de fin lin, ainsi que tous les 
Lévites qui portaient 18616, et 
les chantres, et Chonénias, le 


I PARALIPOMÉNES. 789 


prince de la prophétie au milieu 
des chantres; mais David avait 
de plus un éphod de lin. 

98. Et tout Israél conduisait 
larche d'alliance du Seigneur, 
avec des cris de joie, faisant re- 
tentir le son d'un clairon, et des 
trompettes, ainsi que des cym- 
bales, des nables et des harpes. 

29. Et, lorsque l'arche de l'al- 
liance du Seigneur fut arrivée 
jusqu à la cité de David, Michol, 
fille de Saül, regardant par la fe- 
nétre, vitle roi David dansant et 
jouant, et elle le méprisa en son 
cœur. 


CHAPITRE ,וא‎ 


L'arche est mise aans le tabernacle de 
Sion. Cantique qui fut chanté dans 
cette cérémonie. Lévites établis pour 
chanter devant le Seigneur. 


1. On apporta donc l'arche de 
Dieu, et on la placa au milieu du 
tabernacle que David lui avait 
dressé; et l'on offrit des holo- 
caustes et dessacrifices pacifiques 
devant Dieu. 

2. Et lorsque David eut achevé 
d'offrir les holocaustes et les sa- 
crifices pacifiques, il bénit le 
peuple au nom du Seigneur. 

3. Et il distribua à chacun en 
particulier, depuis l'homme jus- 


25. II Rois, vr, 12. — (παρ. XVI. 1. II Rois, vi, 1T. 


21. Pour l'octave, ou dans, pendant l’octave; selon beaucoup d'interprétes, à huit 
cordes; selon quelques-uns, pour la huitième bande des musiciens. L'hébreu est 


aussi diversement rendu. 


22. A la prophétie; c'est-à-dire, probablement, au chant de la prophétie. Comme 
le mot hébreu rendu dans la Vulgate par prophétie signifie aussi élévation, trans- 
port, les uns ont traduit par à /élévation de la voix, au chant, à la musique, et les 
autres par au transport de l'arche, ou à tout ce qui devait étre transporté. 

21. Le prince de la prophétie, גוס‎ qui présidait au chant de la prophétie. Voy. 
vers. 22. — * Un éphod. Voir la note sur Exode, xxv, 1. 


3. * Bubale, espèce d'antilope. Le mot hébreu traduit par bubale désigne probable- 
ment un morceau de viande rótie, du bœuf sans doute. 


790 I PARALIPOMÈNES. 


qu'à la femme, une miche de 
pain, un morceau de viande de 
bubale rótie, et de fleur de fa- 
rine frite dans l'huile. 

4. Et il établit devant l'arche 
du Seigneur des Lévites qui de- 
vaient le servir, rappeler le sou- 
venir de ses œuvres, glorifier et 
louer 16 Seigneur Dieu d'Israël : 

9. Asaph, le premier, et son 
second, Zacharie; ensuite Jahiel, 
Sémiramoth, Jéhiel, Mathathias, 
Eliab, Banaias et Obédédom; 
Jéhiel, pour les instruments de 
psaltérions et pour les lyres, et 
Asaph, pour jouer des cymbales. 

6. Or Banaias et Jaziel, prétres, 
devaient sonner continuellement 
de la trompette devant l'arche de 
l'alliance du Seigneur. 

7. En ce jour-là, David fit 
Asaph premier chantre, pour 
chanter ainsi que ses freres les 
louanges du Seigneur. 

8. Glorifiez le Seigneur, et in- 
voquez son nom : faites con- 
naître ses œuvres parmi les 
peuples. 

9. Chantez-le et jouez du psal- 
térion en son honneur; et racon- 
lez toutes ses merveilles. 

10. Louez son saint nom : qu'il 
se réjouisse, le cœur de ceux qui 
cherchent le Seigneur. 

11. Cherchez le Seigneur et sa 
force : cherchez sa face sans 
cesse. 

12. Souvenez-vous de ses mer- 
veilles qu'il a faites, de ses pro- 
diges, et des jugements de sa 
bouche, 


[cu. xvi.] 


13. Postérité d'israél, son ser- 
viteur, enfants de Jacob, son 
élu. 

14. 1] est le Seigneur notre 
Dieu : ses jugements sont sur 
toute la terre. 

15. Souvenez-vous à jamais de 
son alliance, et de la parole qu'il 
ἃ prescrite pour mille généra- 
tions, 

16. Qu'il a conclue avec Abra- 
ham, et de son serment à Isaac; : 

17. Et il a fait de ce serment 
un précepte pour Jacob, et une 
alliance éternelle avec Israél, 

18. Disant: Je te donnerai la 
terre de Chanaan pour corde de 
votre héritage, 

19. Lorsqu'ils étaient en petit 
nombre, faibles et étrangers 
dans cette terre. 

20. Et ils passerent de nation 
en nation, et d'un royaume à un 
autre peuple. 

21. 11 ne permit pas que quel- 
qu'un les outrageàt; et il punit 
méme des rois à cause d'eux. 

22. Ne touchez point à mes 
oints, et ne maltraitez pas mes 
prophètes. 

23. Chantez le Seigneur, /00/- 
tants de toute la terre : annoncez 
de jour en jour son salut. 

24. Racontez parmi les nations 
sa gloire, et parmi tous les peu- 
ples ses merveilles. 

25. Parce que le Seigneur est 
grand, digne de louanges infi- 
nies, et plus terrible que tous les 
dieux. 

26. Car tous les dieux des 


8. Ps. civ, 1; Isaïe, xi, 4. — 22. Ps. civ, 15. — 93. Ps. xcv, 1, 


8, Ses œuvres; ainsi porte l'hébreu; Vulgate, ses inventions. 
18. Nous avons déjà remarqué qu'en Egypte on se servait de cordes pour mesurer 


les longueurs considérables. 


[cg. xvi.] 


peuples sont des idoles; mais le 
Seigneur a fait les cieux. 

27. La gloire et la majesté sont 
devant lui :la force et la joie, 
dans le lieu qu'il habite. 

98. Familles des peuples, ap- 
portez au Seigneur; apportezau 
Seigneur la gloire et la puissance. 

29. Donnez au Seigneur la 
gloire due à son nom : apportez 
un sacrifice, et venez en sa pré- 
sence, et adorez le Seigneur 
dans une sainte parure. 

30. Que toute la terre tremble 
devant sa face; car c'est lui qui a 
fondé l'univers inébranlable. 

31. Que les cieux se réjouis- 
sent; que la terre tressaille de 
joie, et qu'on dise parmi les na- 
tions : Le Seigneur règne. 

32. Que la mer mugisse et 
toute sa plénitude; que les 
champs tressaillent de joie, et 
tout ce qui est en eux. 

33. Alors les arbres de la forét 
chanteront des louanges devant 
le Seigneur, parce qu'il est venu 
pour juger la terre. 

34. Glorifiez le Seigneur, parce 
qu'il est bon, parce que sa misé- 
ricorde est éternelle ; 

35. Et dites Sauvez-nous, 
Dieu, notre Sauveur; rassem- 
blez-nous, et délivrez-nous des 
nations, afin que nous glorifiions 
votre saint nom, et que nous 
tressaillions de joie au milieu de 
vos cantiques. 

36. Béni le Seigneur Dieu 
d'Israël, de siècle en siecle! et 


I PARALIPOMÈNES. 791 


que tout le peuple dise : Amen, 
et un hymne au Seigneur. 

31. C'est pourquoi David laissa 
là, devant larche du Seigneur, 
Asaph et ses freres, afin qu'ils 
servissent continuellement en la 
présence de l'arche, tous les 
jours, chacun à leur tour. 

38. Mais Obédédom et ses 
frères étaient au nombre de 
soixante-huit; et Obédédom, fils 
d'Idithun, et Hosa, ils les établit 
portiers. 

39. H établit en outre Sadoc 
comme prêtre, et ses frères 
comme prétres devant le taber- 
nacle du Seigneur, sur le lieu 
élevé qui était à Gabaon, 

40,. Afin d'offrir des holo- 
caustes au Seigneur sur l'autel 
de l'holocauste, continuellement, 
le matin et le soir, selon tout ce 
qui est écrit dans la loi que le 
Seigneur a prescrite à Israél. 

44. Apres Sadoc étaient Hé- 
man et Idithun, et les autres, 
désignés chacun par son nom, 
pour glorifier le Seigneur, di- 
sant : Sa miséricorde est éter- 
nelle. 

42. Héman et Idithun jouaient 
aussi de la trompette et tou- 
chaient les cymbales, et tous les 
instruments de musique, pour 
chanter Dieu; mais les fils d'ldi- 
thun, David les établit portiers. 

43. Ensuite tout le peuple s'en 
retourna en sa maison, ainsi que 
David, pour bénir aussi sa mai- 
son. 


29. La gloire due à son nom; dans l'hébreu, ἴα gloire de son nom. — Dans une 
sainte parure; hébr., dans une parure de sainteté, seul sens admissible. 

39. * A Gabaon. Voir note sur III Rois, ut, 4. 

43. Pour bénir aussi, etc. David avait déjà béni le peuple. Voy. II Rois, vi, 48. : 


792 I PARALIPOMENES. 


CHAPITRE XVII. 


David conçoit le dessein de bâtir un 
temple au Seigneur. Nathan lui déclare 
que cet honneur est réservé à son fils. 
Prière de David à cette occasion. 


1. Or, lorsque David habitait 
en sa maison, il dit au prophete 
Nathan : Voilà que, moi, j'ha- 
bite dans une maison de cèdre, 
et l'arche de l'alliance du Sei- 
gneur est sous des peaux. 

9. Et Nathan dit à David : 
Tout ce qui est en votre cœur, 
faites-le; car Dieu est avec vous. 

3. Mais, en cette nuit-là, la 
parole de Dieu se fit entendre à 
Nathan, disant : 

4. Va, et dis à David, mon ser- 
viteur : Voici ce que dit le Sei- 
gneur : Ce n'est pas toi qui me 
bâtiras une maison pour l’ha- 
biter. 

ὃ. Car je n'ai point demeuré 
dans une maison depuis le temps 
que j'ai retiré Israël de l'Egypte 
jusqu'à ce jour-ci; mais j'ai été 
toujours changeant les lieux du 
tabernacle, et dans une tente, 

6. Demeurant avec tout [5- 
raél. Ai-je jamais parlé méme 
à l'un des juges d'Israël, à qui 
j'avais ordonné de conduire mon 
peuple, et lui ai-je dit : Pourquoi 
ne m'avez-vous point bâti une 
maison de cèdre ? 

1. Maintenant donc tu parleras 
ainsi à mon serviteur David : 
Voici ce que dit le Seigneur des 


Cnar. XVII. 1. II Rois, vir, 2. 


[cn. xvir.] 
armées : C'est moi qui t'ai pris, 
lorsquau milieu des páturages 
tu paissais ton troupeau, pour 
que tu fusses le chef de mon 
peuple Israël ; 

8. Et j'ai été avec toi partout 
où tu es allé, et j'ai tué tous tes 
ennemis devant toi, et je t'ai fait 
un nom, comme celui d'un des 
grands qui sont célebres sur la 
terre. 

9. Et j'ai donné un lieu à mon 
peuple Israél : il y sera planté, 
et il y habitera, et il ne sera 
plus agité; et des fils d'iniquité 
nelaccableront pas comme au- 
paravant, 

10. Depuis les jours que j'ai 
donné des juges à mon peuple 
Israél, et que j'ai humilié tous 
tes ennemis. Je t'annonce donc 
que le Seigneur doit te bátir une 
maison. 

41. Et lorsque tu auras rempli 
tes jours pour aller vers tes 
peres, je susciterai après toi uw» 
prince de ta race, qui sera de tes 
propres fils, et j'affermirai son 
regne. 

12. C'est lui qui me bátira une 
maison, et j'affermirai son tróne 
à jamais. 

13. Moi, je serai son père, et 
lui sera mon fils, et je ne reti- 
rerai point ma miséricorde de 
lui, comme je l'ai retirée de celui 
qui a été avant toi. 

14. Et je létablirai dans ma 
maison et dans mon royaume 


1. Sous des peaux. Voy. 11 Rois, vii, 2. 


6. * Une maison de cédre. Le bois de cédre devait étre employé pour la construction 


du temple. 


9. Il y sera planté. Pour l'explication de ces mots et de plusieurs autres qui pour- 
raient embarrasser dans les versets suivants, voy. Il Rois, vit, 10 et suiv. 


(cu. xvur.] 
jusqu'à jamais, et son trône sera 
tres ferme à perpétuité. 

15. C'est selon toutes ces pa- 
roles et selon toute cette vision, 
que Nathan parla à David. 

16. Et lorsque le roi David fut 
venu, et qu'il se fut assis devant 
le Seigneur, il dit : Qui suis-je, 
moi, Seigneur mon Dieu, et 
quelle est ma maison, pour me 
faire de telles gráces? 

17. Mais cela méme a paru 
peu en votre présence; et c'est 
pourquoi vous avez parlé à votre 
serviteur de sa maison, pour 
l'avenir aussi, et vous m'avez 
rendu plus considéré que tous 
les autres hommes, Seigneur 
mon Dieu. 

18. Que peut ajouter de plus 
David, lorsque vous avez ainsi 
glorifié votre serviteur, et que 
vous l'avez connu? 

19. Seigneur, c'est à cause de 
votre serviteur que, selon votre 
cœur, vous en avez agi d'une 
manière si magnifique, et que 
vous avez voulu que toutes 
ces grandes œuvres fussent con- 
nues. 

20. Seigneur, nul n’est sem- 
blable à vous, et il n’y a point 
d'autre Dieu hors vous, entre 
tous ceux dont nous avons oui 
parler. 

21. Car quel est l'autre peuple 
semblable à votre peuple Israël, 
nation unique sur la terre, vers 
laquelle Dieu est allé pour la 
délivrer et s’en faire un peuple, 
et pour chasser par sa puissance 
et par des terreurs les nations, 


XVIII. 1. II Rois, vint, À.‏ .שג 


I PARALIPOMÉNES. 793 


devant la face de ce peuple qu'il 
avait délivré de l'Egypte? 

22. Et vous avez établi votre 
peuple Israél pour étre votre peu- 
ple à jamais; et vous, Seigneur, 
vous étes devenu son Dieu. 

23. Maintenant donc, Seigneur, 
que la parole que vous avez 
dite à volre serviteur, et tou- 
chant sa maison, soit confirmée 
pour toujours, et faites comme 
vous avez parlé. 

24. Que votre nom demeure et 
soit exalté à jamais, et que l'on 
dise : Le Seigneur des armées est 
le Dieu d'Israél, et la maison de 
David son serviteur subsiste tou- 
jours devant lui. 

25. Car c'est vous, Seigneur 
mon Dieu, qui avez ouvert l'o- 
reille de votre serviteur, pour 
lui apprendre que vous lui bà- 
tiriez une maison; et c'est pour 
cela que votre serviteur a trouvé 
confiance pour prier devant vous. 

26. Maintenant donc, Seigneur, 
vous étes Dieu; car vous avez 
promis à votre serviteur ces si 
grands bienfaits. 

27. Vous avez commencé à bé- 
nir la maison de votre serviteur, 
afin qu'elle soit toujours devant 
vous; car vous, Seigneur, la bé- 
nissant, elle sera bénie à jamais. 


CHAPITRE XVIII. 


Diverses victoires de David. Thoü, roi 
d'Hémath, lui envoie son fils pour le 
féliciter. Dénombrement des principaux 
offieiers de David. 


1. Or il arriva apres cela que 
David battit les Philistins et les 


M  —— —— € —— M  — — ——‏ הממור 


1. Ses filles; c'est-à-dire ses bourgs, etc. Voy. vn, 28. 


794 I PARALIPOMÈNES. 


humilia, qu'il enleva Geth et ses 
filles de la main des Philistins, 

9. Qu'il battit aussi Moab, et 
que les Moabites devinrent servi- 
teurs de David, lui offrant des 
présents. 

3. En ce ce temps, David battit 
encore Adarézer, roi de Soba, 
contrée d'Hémath, lorsqu'il alla 
pour étendre son empire jus- 
qu'au fleuve d'Euphrate. 

4. David lui prit donc mille 
quadriges, et sept mille cavaliers, 
et vingt mille hommes de pied ; 
il coupa les nerfs des jambes à 
tous les chevaux des chariots, 
excepté cent quadriges qu'il ré- 
serva pour lui. 

9. Or vint encore le Syrien de 
Damas, pour porter secours à 
Adarézer, roide Soba ; mais David 
lui tua aussi vingt-deux mille 
hommes. 

6. Et il mit des soldats dans 
Damas, pour que la Syrie aussi 
lui füt assujettie et offrit des 
présents. Et le Seigneur l'assista 
daus tous les lieux oü il alla. 

7. David prit aussi les carquois 
d'or qu'avaient les serviteurs 
d'Adarézer, et il les porta à Jéru- 
salem; 

8. Et, de plus, une grande quan- 
tité d'airain de Thébath et de 
Chun, villes d'Adarézer, avec quoi 
Salomon fit la mer d'airain, et les 
colonnes, et les vases d'airain. 


(cu. xvrr.] 

9. Or, lorsque Thoü, roi d'Hé- 
math, eut appris que David avait 
battu toute l'armée d'Adarézer, 
roi de Soba, 

10. Il envoya Adoram, son fils, 
au roi David, pour lui demander 
la paix, et lui témoigner sa joie 
de ce qu'il avait battu et vaincu 
entierement Adarézer; car Thoü 
était ennemi d'Adarézer. 

11. Mais quant à tous les vases 
d'or, d'argent οἱ d'airain, David, 
le roi, les consacra au Seigneur 
avec largent et l'or qu'il avait 
pris sur toutes les nations, tant 
sur l'Iduméen, Moab et les en- 
fants d'Ammon, que sur les Phi- 
listins et Amalec. 

12. De plus, Abisai, fils de Sar- 
via, battit Edom dans la vallée 
des Salines; c’est-a-dire dix-huit 
mille /dwméens. 

13. Et il établit en Edom une 
garnison, pour que l'Idumée fût 
assujettie à David ; etle Seigneur 
conserva David dans tous les 
lieux où il alla. 

14. David régna donc sur tout 
Israél, etil rendait des jugements 
et la justice à tout son peuple. 

15. Mais Joab, fils de Sarvia, 
commandait l'armée ; etJosaphat, 
fils d'Ahilud, tenait les registres. 

16. Et Sadoc, fils d'Achitob, et 
Abimélech, fils d'Abiathar, étaient 
prétres, et Susa, scribe. 

17. Mais Banaias, fils de Joia- 


2. Serviteurs de David; c'est-à-dire assujettis à David. 

3. * Soba. Voir IL Rois, vux, 3. — Hémath. Voir II Rois, vii, 9. 

4. * Quadriges signifie simplement ici chars de guerre. 

8. * Thébath, appelé Beté II Rois, vut, 8. Voir la note 7070. — Chun est nommée ici 


au lieu de Béroth qu'on lit II Rois, vir, 8. 


M. * Amalec, tribu nomade de la péninsule du Sinai, voisine de l’Idumée 

12. * Dans la vallée des Salines. Voir note sur 11 Rois, vni, 13. 

17. Auprès du roi; littér. et par hébraisme, à {a main, c'est-à-dire au côté du roi. 
— * Des Céréthiens et des Phélétiens. Noir note sur II Rois, vi, 18. 


[cu. xix.] 


da, commandait les légions des 
Céréthiens et des Phélétiens ; 
mais les fils de David étaient les 
premiers auprès du roi. 


CHAPITRE XIX. 


Le roi des Ammonites outrage les messa- 
gers de David. Défaite des Ammonites 
et des Syriens. Seconde défaite des 
Syriens. 


4. Or il arriva que Naas, roi des 
enfants d'Ammon, mourut, et 
que son fils régna à sa place. 

2. Et David dit : Je ferai miséri- 
corde à Hanon, fils de Naas, parce 
que son père m'a rendu service. 
David envoya donc des messagers 
pour le consoler de la mort de 
son pere. Lorsque ceux-ci furent 
arrivés dans le pays des enfants 
d'Ammon, pour consoler Hanon, 

3. Les princes des enfants 
d'Ammon dirent à Hanon : Vous, 
peut-étre, vous pensez que Da- 
vid, pour l'honneur de votre pere, 
a envoyé ces 7nessagers, afin de 
vous consoler; et vous ne remar- 
quez pas que c'est pour explorer, 
sonder et scruter votre territoire 
que sont venus vers vous ses 
serviteurs. 

4. Ainsi Hanon rasa la téte et 
la barbeaux serviteurs de David, 
coupa leurs tuniques depuis le 
haut des cuisses jusqu'aux pieds, 
et les renvoya. 

5. Lorsque ceux-ci s'en furent 
allés, et qu'ils eurent mandé cela 


XIX. 1. II Rois, x, 1.‏ ג 


I PARALIPOMÈNES. 795 


à David, il envoya à leur ren- 
contre (car ils avaient enduré un 
grand outrage), et il ordonna 
quils demeurassent à Jéricho, 
jusqu'à ce que leur barbe eût crû, 
et qu'alors ils revinssent. 

6. Or les enfants d'Ammon, 
voyant que tant Hanon que le 
restejdu peuple avaient fait injure: 
à David, envoyèrent mille talents 
d'argent, pour se procurer, de la 
Mésopotamie, de la Syrie de 
Maacha, et de Soba, des chariots 
et des cavaliers. 

1. Ils réunirent donc à eux 
trente-deux mille chariots, et le 
roi de Maacha avec son peuple. 
Lorsqu'ils furent venus vis-à-vis 
de Médaba, ils campèrent. Les 
enfants d'Ammon, s'étant aussi 
assemblés de leurs villes, vinrent 
au combat. 

8. Ce qu'ayant appris David, 
il envoya Joab et toute l'armée 
des hommes vaillants ; 

9. Et, étant sortis, les enfants 
d'Ammon rangerent leur armée 
en bataille pres de la porte de la 
ville; mais les rois qui étaient 
venus à leur secours se tinrent 
séparément dans la campagne. 

10. Ainsi Joab, s'apercevant 
que la guerre se faisait contre 
lui, et par devant et par derrière, 
choisit des hommes très braves 
de tout Israël, et marcha contre 
les Syriens. 

11. Mais le reste du peuple, il 


6. Le talent d'argent valait environ 4,414 fr. 50 c. — * Maacha. Voir l'Introduction 
au livre de Josué, p. 393. — Soba. Voir 11 Rois, vin, 3, 


1. * Médaba, au sud-est d'Hésébon. 


9. * Pres de la porte de la ville de Rabba. Voir plus loin, xx, 4. 
11. Il le mit sous la main ; c'est-à-dire sous la conduite. Nous avons déjà remarqué 
que le verbe hébreu rendu par donner daus la Vulgate signifie proprement : poser, 


mettre. 


796 


le mit sous la main d'Abisai, son 
frère; et ils marcherent contre 
les enfants d'Ammon ; 

12. Et il dit : Siles Syriens me 
vainquent, tu me seras en aide; 
mais si les enfants d'Ammon 
lemportent sur toi, j'irai à ton 
secours. 

13. Fortifie-toi et agissons cou- 
rageusement pour notre peuple 
et pour les villes de notre Dieu, 
et le Seigneur fera ce qui est bon 
en sa présence. 

14. Joab marcha donc, et le 
peuple qui 61811) 8706 lui, au com- 
bat contre les Syriens, et il les 
mit en fuite. 

15. Or les enfants d'Ammon, 
voyant que les Syriens avaient 
fui, s'enfuirent, eux aussi, de- 
vant Abisai, son frere, et ils en- 
trèrent dans la ville; et Joab 
lui-même retourna à Jérusalem. 

16. Mais les Syriens, voyant 
quiis avaient succombé devant 
Israël, envoyèrent des messa- 
gers, et firent venir les autres 
Syriens qui étaient au delà du 
fleuve : or Sophach, prince de la 
milice d'Adarézer, était leur chef. 

47. Lorsque cela eut été an- 
noncé à David, il assembla tout 
Israél, passa le Jourdain, fondit 
sur eux et rangea en face son 
armée en balaille, eux combat- 
tant de leur cóté. 

18. Gependant les Syriens s'en- 


(παρ. XX. 1. II Rois, x, 7; xi, À. 


I PARALIPOMÉNES. 


(cn. xx.] 


fuirent devant Israël, et David 
tua des Syriens sept mille kom- 
mes qui étaient sur les chariots, 
quarante mille de pied, et So- 
phach, général de cette armée. 

19. Or les serviteurs d'Adaré- 
zer, voyant qu'ils étaient vaincus 
par Israël, passèrent à David et 
lui furent assujettis; et la Syrie 
ne voulut plus donner secours 
aux enfants d'Ammon 


CHAPITRE XX. 


Prise de Rabba. Rigueurs exercées contre 
les Ammonites. Victoires remportées 
sur les Philistins. 


1. Or il arriva qu'après le cours 
d'une année, au temps que les 
rois ont coutume d'aller à la 
guerre, Joab assembla l’armée, 
l'élite de la milice, et ravagea la 
terre des enfants d'Ammon ; puis 
il alla et assiégea Rabba ; mais 
David demeura à Jérusalem pen- 
dant que Joab battit Rabba et la 
détruisit. 

2. Or David enleva la couronne 
delatéte de Melchom, et il y trou- 
va un talent d'or pesant et des 
pierreries trés précieuses, et il 
sen fit un diadéme; il enleva 
aussi une grande quantité de dé- 
pouilles de la ville ; 

3. Mais le peuple, qui y était, il 
l'en retira, et fit passer sur eux 
les traineaux, les herses et les 
chars armés de fers; en sorte 


1. * La terre des enfants d'Ammon. Voir la note sur Deutéronome, x, 19. — Rabba 
ou Rabbath Ammon, capitale des Ammonites, au nord d'Hésébon. 
2. Voy., pour ce verset, II Rois, נא‎ 30. — * Melchom. Le texte original porte: 


leur roi, comme II Rois, xu, 30, d’après l'orthographe et la vocalisation des Massorètes, 
mais dans les deux passages, on peut lire, comme l'a fait iei S. Jéróme, Melchom, 
dieu des Ammonites, et l'on s'explique alors plus facilement qu'une idole put porter 
une couronne du poids d'un talent, c'est-à-dire d'une quarantaine de kilogrammes. 
David eu tira de quoi faire pour lui un diadème. 


CH ΧΧΙ. 


qu'ils fussent coupés en deux et 
broyés : ainsi fit David à toutes 
les villes des enfants d'Ammon, 
et il revint avec tout son peuple 
à Jérusalem. 

4. Apres cela, on entreprit une 
guerre à Gazer contre les Philis- 
tins, en laquelle Sobochai de Hu- 
sathi tua Saphai de la race des 
Raphaim, et il les humilia. 

5. On fit encore contre les Phi- 
listins une autre guerre, en la- 
quelle Adéodat, fils de Saltus, 
Bethléhémite, tua le frere de Go- 
liath, le Géthéen, dont le bois de 
la lance était comme une en- 
souple de tisserands. 

6. Mais, de plus, il arriva une 
autre guerre à Geth, en laquelle 
était un homme très grand, qui 
avait six doigts, c'est-à-dire, en 
tout vingt-quatre; qui lui-méme 
aussi était sorti de la race de Ra- 
pha. 

7. Gelui-ci blasphéma Israël ; et 
Jonathan, fils de Samaa, frere de 
David, le tua. Ce sont là les en- 
fants de Rapha, à Geth, lesquels 
tombèrent sous la main de David 
et de ses serviteurs. 


CHAPITRE XXI. 


David fait faire le dénombrement de son 
peuple; il en est repris par le pro- 
phète Gad. Peste que Dieu envoie en 
Israël. 


1. Or Satan s'éleva contre Is- 


rael, et excita David à dénombrer 


Israël. 
9. Et David dit à Joab et aux 


I PARALIPOMÈNES. 


797 


princes du peuple : Allez, et dé- 
nombrez Israël, depuis Bersabée 
jusqu'à Dan, et apportez-moi le 
nombre, afin que je le sache. 

3. Et Joab répondit : Que le Sei- 
gneur accroisse son peuple au 
centuple de ce qu'il est : est-ce, 
mon seigneur roi, que tous ne 
sont pas vos serviteurs? Pour- 
quoi mon seigneur recherche-t-il 
ce qui sera imputé à péché à Is- 
rael? 

4. Mais la parole du roi préva- 
lut, et Joab sortit et parcourut 
tout Israél, et il revint à Jérusa- 
lem. 

9. Et il donna à David le nombre 
de tous ceux qu'il avait visités, et 
le nombre total d'Israél se trouva 
onze cent mille hommes d'Israël, 
tous tirant le glaive; mais de Ju- 
da, quatre cent soixante-dix mille 
guerriers. 

6. Car, pour Lévi et Benjamin, 
Joab neles dénombra point, parce 
que c'était à regret qu'il exécutait 
l'ordre du roi. 

1. En effet, ce qui avait été com- 
mandé déplut à Dieu, et il frappa 
Israél. 

8. Et David dit à Dieu : J'ai pé- 
ché grièvement en faisant cela. 
Je vous conjure, effacez l'iniqui- 
té de votre serviteur, parce que 
j'ai agi en insensé. 

9. Alors le Seigneur parla à Gad, 
le Voyant de David, disant : 

10. Va et parle à David, et dis- 
lui : Voici ce que dit le Seigneur : 
Je te donne l'option de trois cho- 


4. II Rois, xxr, 18. — Cap. XXI. 1. II Rois, xxiv, 1; Infra, xxvii, 24. 


4. Les Raphaim étaient des géants. 


2. * Depuis Bersabée jusqu'à Dan. Depuis l'extrémité méridionale de la Palestine 


jusqu'à l'extrémité septentrionale. 


798 


ses ; choisis celle que tu voudras, 
et je te la ferai. 

11. Lors donc que Gad fut venu 
vers David, il lui dit : Voici ce 
que dit le Seigneur : Choisis ce 
que tu voudras : 

19. Ou, durant trois ans, une 
famine; ou, durant trois mois, 
fuir devant les ennemis et ne 
pouvoir pas éviter leur glaive; ou 
que, pendant trois jours, le glaive 
du Seigneur et une peste regnent 
dans le pays, et qu'un ange du 
Seigneur tue dans tous les con- 
fins d'Israél. Maintenant dono, 
vois ce que je dois répondre à 
celui qui m'a envoyé. 

13. Et David dit à Gad : De tou- 
tes parts les angoisses me pres- 
sent; mais il vaut mieux pour 
moi que je tombe dans les mains 
du Seigneur (parce que ses misé- 
ricordes sont sans nombre), que 
dans les mains des hommes. 

14. Le Seigneur envoya donc 
une peste en Israél, et il mourut 
d'Israël soixante-dix mille hom- 
mes. 

45. ll envoya aussi un ange à 
Jérusalem pour la frapper; et, 
lorsqu'elle était frappée, le Sei- 
gneur le vit, et fut touché de com- 
passion àcause de la grandeur du 
mal ; 11 commanda donc à l'ange 
qui frappait : Il suffit; qu'à l'ias- 
tant ta main s'arréte. Or l'ange 
du Seigneur se tenait a/ors pres 
de l'aire d'Ornan, le Jébuséen. 

16. Et David, levant ses yeux, 


12. II Rois, xxiv, 13. 


PARALIPOMÉNES.‏ ז 


(cu. xx1.] 


vit l'ange du Seigneur debout 
entre le ciel et la terre, et un 
glaive nu en sa main, et tourné 
contre Jérusalem; alors lui aussi 
bien que les anciens, revétus de 
cilices, tomberent inclinés vers la 
terre. 

11. Et David dit à Dieu : N'est-ce 
pas moi qui ai commandé de dé- 
nombrer le peuple? C'est moi qui 
ai péché ; c'est moi qui ai fait le 
mal; mais ce troupeau, qu'a-t-il 
mérité? Seigneur mon Dieu, je 
vous conjure, que votre main se 
lourne contre moi et contre la 
maison demon père; mais que 
votre peuple ne soit pas frappé. 

18. Or l'ange du Seigneur or- 
donna à Gad de dire à David qu'il 
montát et dressät un autel au 
Seigneur Dieu dans l'aire d'Or- 
nan, le Jébuséen. 

19, David monta donc, suivant 
la parole que Gad lui avait dite au 
nom du Seigneur. 

20. Mais lorsqu'Ornan eut levé 
les yeux, et qu'il eut vu l'ange du 
Seigneur, ainsi que ses quatre 
fils, ils se cacherent; car, en ce 
moment-là, il battait du blé dans 
son aire. 

21. Lors donc que David venait 
vers Ornan, Ornan l’aperçut, et 
s'avanca de l'aire au-devant de 
lui, puis se prosterna devant lui, 
incliné vers la terre. 

22. Et David lui dit : Donne-moi 
la place de ton aire, afin que j'y 
bâtisse un autel au Seigneur; en 


P—‏ ..... סו וו" 


12. Un ange du Seigneur; d'autres traduisent /'ange du Seigneur. Le texte hébreu 
est ici amphibologique comme la Vulgate; mais, au verset 15, 11 dit expressément 
que le Seigneur envoya un ange et non point son ange. 

15. * Prés de l'aire d'Ornan, à l'endroit oà fut bàti ensuite le temple de Jérusalem. 


Voir IL Rois, xxiv, 16. 


[cu. xxu.] 
sorte que tu recoives autant d'ar- 
gent qu'elle vaut, et que la plaie 
soit détournée du peuple. 

93. Or Ornan répoudit à David: 
Prenez, et que mon seigneur le 
roi fasse ce qui lui plait : et je lui 
donne aussi les bœufs pour l'ho- 
locauste, les herses pour le bois, 
et le blé pour le sacrifice; je lui 
donne tout cela avec plaisir. 

24. Et le roi David lui dit : Pas 
du tout, la chose ne se fera point 
ainsi, mais je donnerai autant 
d'argent qu'elle en vaut; car je 
ne dois pas te l'óter, et offrir ainsi 
au Seigneur des hoiocaustes qui 
ne me coütent rien. 

95. David donna donc à Ornan, 
pour la place de l'aire, six cents 
sicles d'or d'un poids trés juste. 

26. Et il bâtit là un autel au 
Seigneur, et il offrit des holo- 
caustes et des sacrifices pacifi- 
ques ; et il invoqua le Seigneur, 
qui l’exauça par le moyen du 
feu descendu du ciel sur lautel 
de l'holocauste. 

27. Et le Seigneur ordonna à 
l'ange, et il remit son glaive dans 
le fourreau. 

98. Aussitôt done David, voyant 
que le Seigneur lavait exaucé 
dans l'aire d'Ornan, le Jébuséen, 
immola dans ce lieu des vic- 
times. 

29. Mais le tabernacle du Sei- 
gneur que Moïse avait fait dans 


26. 11 Par., u1, 1. — 29. Exode, xxxvi, 2. 


I PARALIPOMÈNES. 


790 


le désert, et l'autel des holo- 
caustes, étaient àcette époque au 
haut lieu de Gabaon. 

30. Et David n'eut pas la force 
d'aller jusqu'à lautel pour y 
prier Dieu, parce qu'il avait été 
frappé d'une trop grande crainte 
en voyant le glaive de l'ange du 
Seigneur. 


CHAPITRE XXII. 


David prépare toutes les choses néces- 
saires pour bâtir le temple du Sei- 
gneur. 11 ordonne à Salomon et aux 
princes d'Israél de s'employer à cette 
entreprise. 


1. Et David dit : C'est la mai- 
son de Dieu, et c'est l'autel pour 
l'holocauste d'Israël. 

2. Etil ordonna qu'on assem- 
blàt tous les prosélytes de la 
terre d'Israël, et il prit parmi 
eux destailleurs de pierre, pour 
tailler des pierres et les polir, afir. 
que la maison de Dieu fût bâtie. 

3. David prépara aussi beau- 
coup de fer pour les clous des 
portes et pour les gonds et 
joints, et un poids d'airain in- 
nombrable. 

4. On ne pouvait de méme es- 
timer les bois de cèdre que les 
Sidoniens et les Tyriens avaient 
apportés à David. 

9. Et David dit : Salomon, mon 
fils, est un enfant très jeune et 
délicat; et la maison que je veux 


25. * Six cents sicles d'or. Le sicle d'or valait environ 43 francs 50. Le texte de 
11 Rois, xxiv, 24, porte cinquante sicles d'argent. Dans l'un des deux textes, le 
chiffre a été altéré par les transcriptions des copistes. 


1. David, ayant vu le feu du ciel consumer l'holocauste (I Paral., xxr, 26), fut per- 
suadé que Dieu avait choisi ce lieu pour qu'il y élevât un autel à la gloire de son 


nom. 


2. Les prosélyles; c'est-à-dire les Chananéens que les Israélites avaient conservés 
parmi eux, à la condition qu'ils renonceraient à l'idolàtrie, et qu'ils les serviraient. 


800 


bátir au Seigneur doit étre telle, 
qu'on en parle dans tous les 
pays : je lui préparerai donc 
toutes les choses nécessaires. Et 
c'est pour ce motif qu'avant sa 
mort il prépara toutes les dé- 
penses. 

6. Et il appela Salomon, son fils, 
et lui ordonna de bâtir une mai- 
son au Seigneur Dieu d'Israël. 

1. David dit done à Salomon : 
Mon fils, il a été dans ma volonté 
de bátir une maison au nom du 
Seigneur mon Dieu; 

8. Mais la parole du Seigneur 
s est fait entendre à moi, disant : 
Tu as versé beaucoup de sang, 
et tu as combattu un grand nom- 
bre de combats : tu ne pourras 
pas bâtir une maison à mon 
nom, tant de sang ayant été versé 
devant moi. 

9. Un fils qui te naitra sera 
un homme tres tranquille; car 
je le mettrai en repos du cóté de 
tous ses ennemis d'alentour; et 
pour ce motif il sera appelé Pa- 
cifique; et je donnerai en Israél 
paix et repos durant tous ses 
jours. 

10. C'est lui qui bátira une 
maison à mon nom; lui sera 
mon fils, et moi, je serai son 
père, et j'affermirai le trône de 
son royaume sur Israël pour 
toujours. 

41. Maintenant donc, mon fils, 
que le Seigneur soit avec toi, 


1 PARALIPOMÉNES. 


[cu. [.זנא+‎ 


prospere, et bátis une maison au 
Seigneur ton Dieu, comme il l'a 
dit de toi. 

12. Que le Seigneur te donne 
aussi la sagesse et l'intelligence, 
afin que tu puisses régir Israél 
et garder la loi du Seigneur ton 
Dieu ; 

13. Car tu pourras profiter, 
alors que tu garderas les com- 
mandements et les ordonnances 
que le Seigneur a prescrit à Moise 
d'enseigner àIsraél:fortifie-toi, et 
agis courageusement; ne crains 
point, et ne t'épouvante pas. 

14. Voilà que moi, dans ma 
pauvreté, j'ai préparé, pour les 
dépenses de la maison du Sei- 
gneur, cent mille talents d'or et 
un million de talents d'argent ; 
mais il n'y a pas de poids pour 
lairain et pour le fer; car la 
quantité surpasse fout calcul: j'ai 
préparé des bois et des pierres 
pour tous les usages. 

15. Tu as aussi un grand nom- 
bre d'ouvriers, de tailleurs de 
pierres, de macons, et des ou- 
vriers en bois et de tous les mé- 
tiers, tres habiles à faire des ou- 
vrages 

16. En or, en argent, en airain 
et en fer, qui sont sans nombre. 
Leve-toi donc, et fais, et le Sei- 
gneur sera avec toi. 

11. David ordonna aussi à 
tous les princes d'Israél d'aider 
Salomon, son fils. 


Cua». XXII. 10. II Rois, vir, 13, 14; III Rois, v, 5; Hébr., 1, ὃ. 


9. * Il sera appelé Pacifique. C'est la signification du nom de Salomon. 


14. Le talent d'or valait à peu prés 6,306 fr., et le talent d'argent environ 4,414 fr. 50. 

16. Qui sont sans nombre; c'est-à-dire dont la quantité est innombrable. La Vulgate 
porte littér. : duquel (fer) il m'est pas de nombre. Dans le sens grammatical, le pro- 
nom relatif se rapporte seulement à fer, qui précède immédiatement; mais, dans 
le sens logique, il se rapporte aussi à airain (voy. vers. 14), et méme, selon le texte 
hébreu, aux mots or et argent. 


ICH. XXIII. 
48. Vous voyez, dit-il, que le 
Seigneur votre Dieuest avec vous, 
et qu'il vous ἃ donné le repos 
alentour, qu'il a livré tous vos 
ennemis en vos mains, et que la 
terre est soumise devant le Sei- 
gneur et devant son peuple. 

19. Disposez donc vos cœurs et 
vos àmes à chercher le Seigneur 
votre Dieu : levez-vous, et bà- 
tissez le sanctuaire au Seigneur 
Dieu, afin que l'arche de l'alliance 
duSeigneur etles vases consacrés 
au Seigneur soient transportés 
dans la maison qui sera bâtie au 
nom du Seigneur. 


CHAPITRE XXIII. 


David établit Salomon roi sur Israël. Il 
regle l'ordre et les fonctions des Lé- 
vites, destinés aux divers offices de la 
maison du Seigneur. ; 


1. David donc, vieux et plein 
de jours, établit Salomon, son 
fils, roi sur Israél. 

2. Et ilassembla tousles princes 
d'Israël, et les prêtres et les Lé- 
vites. 

3. Et les Lévites furent dé- 
nombrés depuis trente ans et 
au-dessus, et il s'en trouva trente- 
huit mille. 

4. On en choisit et on en dis- 
tribua, pour le service de la 
maison du Seigneur, vingt-quatre 
mille; mais les gouverneurs et 
les juges étaient au nombre de 
six mille. 

5. Il y avait aussi quatre mille 


I PARALIPOMÉNES. 801 


portiers et autant de joueurs de 
psaltérion, chantant les louan- 
ges du Seigneur sur les instru- 
ments que David avait faits pour 
chanter. 

6. Et David les distribua selon 
les classes des fils de Lévi ; sa- 
voir : Gerson, Caath et Mérari. 

7. Les fils de Gerson étaient 
Léédan et Séméi. 

8. Les fils de Léédan : le prince 
Jahiel, Zéthan et Joël; trois. 

9. Les fils de Séméi : Salomith, 
Hosiel et Aran, trois. Ce sont là 
les princes des familles de Léé- 
dan. 

10. Etles fils de Séméi : Léheth, 
Ziza, Jaüs et Baria. Ce sont là les 
fils de Séméi, quatre. 

11. Léheth était donc le pre- 
mier, Ziza le second : or Jaüs et 
Baria n'eurent pasbeaucoup d'en- 
fants; c'est pourquoi ils furent 
comptés comme une seule fa- 
mille et une seule maison. 

12. Les fils de Caath : Amram, 
Isaar, Hébron et Oziel, quatre. 

13. Les fils d'Amram : Aaron et 
Moise. Or Aaron fut séparé pour 
servirdansle Saint des saints, lui 
et ses enfants à jamais, et pour 
offrir l'encens au Seigneur selon 
son rite, et pour bénir son nom 
perpétuellement. | 

14. Les enfants de Moise, 
l'homme de Dieu, furent aussi 
comptés dans la tribu de Lévi. 

15. Les fils de Moise furent Ger- 
som et Eliézer. 


CuHaP. XXIII. 6. Supra, vi, 1. — 13. Supra, vi, 3; Hébr., v, 4. — 15. Exode, ir, 22; 


xvri, 3, 4. 


5. * Psaltérion, instrument de musique à cordes. 
6. Selon les classes, etc. Les descendants de Lévi étaient partagés en vingl-quatre 
classes ou bandes, qui venaient chacune à son tour dans le temple, pour y chanter 


les louanges du Seigneur. Compar., xxv. 9. 


13. Son vile; c'est-à-dire Je rite qu'il avait prescrit. 


AJ. 


o1 


802 


16. Les fils de Gersom : Subuel, 
le premier. 

17. Or les fils d'Eliézer furent 
Rohobia, le premier; et Eliézer 
n'eut point d'autres fils ; mais les 
fils de Rohobia se multiplierent 
extrémement. 

18. Les fils d'Isaar : Salomith, 
le premier. 

19. Les fils d'Hébron : Jériaü, le 
premier; Amarias, le second; 
Jahaziel, le troisieme ; Jecmaam, 
le quatrième. 

20. Les fils d'Oziel : Micha, le 
premier, et Jésia, le second. 

91. Les fils de Mérari : Moholi 
et Musi. Les fils de Moholi : Eléa- 
zar et Cis. 

99. Or Eléazar mourut et n'eut 
pas de fils, mais des filles ; et les 
fils de Cis, leur freres, les épou- 
serent. 

93. Les fils de Musi furent Mo- 
holi, Eder et Jérimoth, trois. 

94. Ce sontlà les fils de Lévi 
selon leur parenté et leurs fa- 
milles, princes, qui, à leur tour, 
et suivant le dénombrement qui 
en avait été fait, tête par tête, 
accomplissaient les œuvres du 
ministère de la maison du Sei- 
gneur, depuis vingt ans et au- 
dessus. 

25. Car David dit : Le Seigneur 


I PARALIPOMÈNES. 


[cH. xxm.] 


Dieu d'Israël a donné le repos à 
son peuple, et l'habitation de Jé- 
rusalem à jamais. 

26. Il ne sera pas de l'office des 
Lévites de porter désormais le 
tabernacle, et tous ses vases des- 
tinés au ministère. 

27. C'est aussi selon les der- 
nières ordonnances de David que 
sera compté le nombre des en- 
fants de Lévi, depuis vingt ans et 
au-dessus. 

28. Et ils seront sous la main 
des fils d'Aaron pour le culte de 
la maison du Seigneur, dans les 
vestibules, dans les chambres, 
dans le lieu de la purification, 
dans le sanctuaire, et dans tou- 
tes les œuvres du ministère du 
temple du Seigneur. 

29. Mais les prêtres auront l’in- 
tendance sur les pains de propo- 
sition, sur le sacrifice de fleur de 
farine, sur les beignets azymes, 
sur la poéle, sur ce qui doit étre 
róti, et sur lous les poids et 
toutes les mesures. 

30. Quant aux lévites, qu'ils 
soient prêts le matin à louer et 
à chanter le Seigneur, et égale- 
ment le soir, 

31. Tant à l'oblation des holo- 
caustes du Seigneur qu'aux jours 
de sabbat, aux calendes et autres 


16, 17. Les fils, etc. Nous avons déjà remarqué que, dans les récits généalogiques, 
les Hébreux, et aprés eux les Latins, employaient quelquefois le pluriel de fifs pour 
le singulier. — Le premier, ou la téte, le chef de famille, comme porte l'hébreu. 

92. Leurs fréres; c'est-à-dire leurs cousins; hébraisme dont on a déjà vu plusieurs 
exemples. 0 

24. Depuis vingt ans et au-dessus. Auparavant (voy. vers. 3), et d'aprés la loi 
mosaique (Nombres, 1v, 3), les Lévites n'étaient enrólés qu'à l’âge de trente ans, 
parce que l'arche et le tabernacle devant étre transportés d'un lieu en un autre, 
leurs fonctions et leur service étaient beaucoup plus pénibles. 

31. Selon le nombre; des cantiques qu'ils devaient chanter. Telle est l'explication 
de plusieurs savants interprètes; mais, à notre avis, selon le nombre se rapporte aux 
Lévites eux-mêmes, qui devaient officier dans le temple selon leur nombre; cesie 
à-dire tous, sans exception. Ainsi cette expression, aussi bien que la suivante, con- 
tinuellement devant le Seigneur, se rattache grammaticalement à qu’ils soient préls, 


ca. xxiv.) 


solennités, selon 16 nombre etles 
cérémonies prescrites pour cha- 
que chose; qu’ils soient conti- 
nuellement devant le Seigneur. 

32. Qu'ils aient soin de garder 
le tabernacle d'alliance, le rite 
du sanctuaire, et le respect en- 
vers les enfants d'Aaron, leurs 
freres, pour remplir leur minis- 
tere dans la maison du Seigneur. 


CHAPITRE XXiV. 


David régle l'ordre et les fonctions des 
prétres et des Lévites. 


1. Or voici quelle fut la classi- 
fication des fils d'Aaron. Les fils 
d'Aaron étaient Nadab, Abiu, 
Eléazar et Ithamar. 

2. Mais Nadab et Abiu mouru- 
rent avant leur père, sans en- 
fants ; etEléazar et Ithamar exer- 
cerent les fonctions du sacerdoce. 

3. David les divisa donc, c'est- 
à-dire Sadoc, d'entre les fils 
d'Eléazar, et Ahimélech, d'entre 
les fils d'Ithamar, selon leurs 
classes et leur ministère. 

4. Mais il se trouva beaucoup 
plus de fils d'Eléazar parmi les 
princes, que de fils d'Ithamar. Il 
leur répartit donc, savoir : aux 
fils d'Eléazar, seize princes, selon 
leurs familles, et aux fils d'Itha- 


I PARALIPOMÈNES. 


803 


mar, selon leurs familles et leurs 
maisons, huit. 

9. Il partagea encore l'une et 
l'autre famille au sort; car il y 
avait des princes du sanctuaire, 
et des princes de Dieu, tant 
d'entre les fils d'Eléazar, que 
d'entre les fils d'Ithamar. 

6. Séméias, fils de Nathanaél, 
le scribe de la tribu de Lévi, 
les enregistra devant le roi, les 
princes, Sadoc, le prétre, Ahimé- 
lech, fils d'Abiathar, et devant 
les princes des familles sacerdo- 
tales et lévitiques, prenant une 
maison qui était à la téte des 
auires, celle d'Eléazar, et une 
autre maison qui avait sous elle 
les autres, celle d'Ithamar. 

7. Ainsi le premier sort sortit 
pour Joiarib; le second, pour 
Jédéi ; 

8. Le troisième, pour Harim ; 
le quatrième, pour Séorim ; 

9. Le cinquième, pour Melchia ; 
le sixieme, pour Maiman ; 

10. Le septième, pour Accos ; 
le huitième, pour Abia ; 

11. Le neuvième, pour Jésua ; 
le dixième, pour Séchénia ; 

12. Le onzième, pour Eliasib ; 
le douzième, pour Jacim ; 

13. Le treizième, pour Hoppha; 
le quatorzième, pour Isbaab; 


(βαρ. XXIV. 2. Lév., x, 2; Nomb., ui, 4. 
oo 


du vers. 30. Au reste, ce genre de construction est tout à fait dans le génie de la 
langue hébraïque. 

32. Les enfants d'Aaron; qui étaient prêtres. Leurs frères; c'est-à-dire appartenant 
à leur tribu. 


4. Les tribus étaient divisées en familles, et les familles en maisons, qui n'étaient 
elles-mêmes que des familles particulières dont chacune prenait le nom de son chef 
(Josué, vit, 16, etc.). 

ὃ. Princes du sanctuaire; c'est-à-dire chefs du service sacré du sanctuaire. — 
Princes de Dieu; peut signifier ou trés grands princes (Compar. Genèse, xxur, 6), 
ou chefs en tout ce qui regardait Dieu et la religion, ou enfin chefs des juges, puisque 
l'hébreu Elohim, Dieu, veut dire aussi juges (Compar. II Paral., xix, 11). 


804 


14. Le quinzième, pour Belga; 
le seizieme, pour Emmer ; 

15. Le dix-septieme, pour Hé- 
zir;le dix-huitieme, pour Aph- 
ses ; 

16. Le dix-neuvième, pour 
Phétéia; le vingtieme, pour Hé- 
zéchiel ; 

47. Le vingt-unieme, pour 
Jachin ; le vingt-deuxième, pour 
Gamul ; 

18. Le vingt-troisième, pour 
Dalaïau ; le viugt-quatrieme, pour 
Maaziaü. 

19. Telles sont leurs classes, 
selon leurs fonctions, afin qu'ils 
entrent dans la maison du Sei- 
gneur suivant le rite qui leur est 
prescrit, sous la main d'Aaron 
leur père, comme avait ordonné 
le Seigneur Dieu d'Israël. 

20. Quant aux autres fils de 
Lévi, d'entre les fils d'Amram, 
était Subaél, et d'entre les fils de 
Subaél, Jéhédéia. 

21. De plus, d'entre les fils de 
Rohobia, le prince Jésias. 

29. Or le fils d'Isaar était Salé- 
. moth, et le fils de Salémoth, 
Jaath, 

93. Dont le fils Jériaü fut le 
premier; Amarias, le second; 
Jahaziel, le troisième; Jecmaan, 
le quatrieme. 

94. Le fils d'Oziel, Micha; le 
fils de Micha, Samir. 

95. Le frere de Micha était Jé- 
sia, et le fils de Jésia, Zacharie; 


I PARALIPOMÈNES. 


[cn. xxv.) 


96. Les fils de Mérari, Moholi 
et Musi; le fils d'Osiaü, Benno. 

27. Le fils de Mérari fut encore 
Oziaü, ainsi que Soam, Zachur et 
Hébri ; 

28. Mais le fils de Moholi fut 
Eléazar, qui n'eut point d'en- 
fants ; 

29. Et le fils de Cis, Jéraméel. 

30. Les fils de Musi furent Mo- 
holi, Eder et Jérimoth. Ce sont là 
les fils de Lévi, selon les maisons 
de leurs familles. 

31. Or ceux-ci aussi, tant les 
grands que les petits, jetèrent 
les sorts, comme leurs freres, les 
fils d'Aaron, devant David, le 
roi, et devant Sadoc, Ahimélech, 
et les princes des familles sacer- 
dotales et lévitiques : le sort les 
partagea tous également. 


CHAPITRE XXV. 


David régle l'ordre des chantres et des 
musiciens. 


1. Ainsi David et les chefs de 
l’armée séparèrent pour le mi- 
nistere les fils d'Asaph, d'Hé- 
man et d'dithun, afin qu'ils 
chantassent des prophéties sur 
des harpes, des psaltérions et 
des cymbales, s'acquittant, selon 
leur nombre, de l'emploi à eux 
assigné. 

2. D'entre les fils d'Asaph, Za- 
chur, Joseph, Nathania et Asaré- 
la, fils d'Asaph, étaient sous la 


90. Quant aux autres fils de Lévi; c'est-à-dire qui n'appartenaient pas à la famille 
d'Aaron, la seule chargée des fonctions sacerdotales (xxi. 13). 
30. Les maisons de leurs familles. Voy. le verset 4. 


31. Les grands, etc.; ou bien Jes anciens et les plus jeunes. — Jetèrent, etc. C'est- 
à-dire que les Lévites tirérent au sort, comme l'avaient fait les prétres, pour savoir 
dans quel ordre ils exerçaient leurs fonctions. — Le sort, etc. Tous, sans distinction 
de condition, d'âge ou de famille, reçurent uniquement par le sort le rang et la 
classe qui leur furent assignés pour leur ministère. 


Jen. xx v.] 


main d'Asaph, qui chantait des 
prophéties à côté du roi. 

3. Pourldithun les fils d'Idithun 
étaient Godolias, Sori, Jéséias, 
Hasabias, Mathathias, six sous la 
main de leur père, Idithun, qui 
chanteit des prophéties sur la 
‘harpe à la tête de ceux qui glo- 
rifiaient et louaient le Seigneur. 
| 4. Quant 8 Héman, les fils d'Hé- 
man étaient Bocciaü, Mathaniaü, 
Oziel, Subuel, Jérimoth, Hana- 
nias, Hanani, Eliatha, Geddelthi, 
Romemthiézer, Jesbacassa, Mel- 
lothi, Othir, Mahazioth. 

5. Tous ceux-là étaient fils 
d'Héman, le Voyant du roi dans 
les paroles de Dieu, pour exalter 
sa puissance : et Dieu donna à 
Héman quatorze fils et trois filles. 

6. Tous avaient été distribués 
sous la main de leur père, c'est- 
à-dire d'Asaph, d'Idithun et d'Hé- 
man, pour chanter dans le temple 
du Seigneur, sur des cymbales, 
des psaltérions et des harpes, 
et pour remplir les ministères de 
la maison du Seigneur, à côté du 
roi. 

7. Or le nombre de ceux-ci, 
avec leurs frères, qui, tous habi- 
les, enseignaient les cantiques du 
Seigneur, était de deux cent 
quatre-vingt-huit. 

8. Et ils jetèrent les sorts pour 
leurs classes sans distinction, 
tant le grand que le petit, le sa- 
vant de méme que celui qui man- 
quait de savoir. 

9. Le premier sort donc sortit 


] PARALIPOMÈNES. 


805 


pour Joseph, issu d'Asaph ; le se- 
cond, pour Godolias, tant pour 
lui que pour ses fils et ses frères, 
au nombre de douze ; 

10. Le troisieme, pour Zachur, 
ses fils et ses freres, au nombre 
de douze ; 

11. Le quatrième, pour Isari, 
ses fils et ses freres, au nombre 
de douze ; 

12. Le cinquième, pour Natha- 
nias, ses fils et ses frères, au 
nombre de dcuze ; 

13. Le sixieme, pour Bocciaü, 
ses fils el ses freres, au nombre 
de douze: 

14. Le septieme, pour Isrééla, 
ses fils et ses frères, au nombre 
de douze ; 

15. Le huitième, pour Jésaia, 
ses fils et ses frères, au nombre 
de douze ; 

16. Le neuvième, pour Matha- 
nias, ses fils et ses freres, au nom- 
bre de douze ; 

17. Le dixième, pour Séméias, 
ses fils et ses frères, au nombre 
de douze ; 

18. Le onzième, pour Azaréel, 
ses fils et ses frères, au nombre 
de douze ; 

19. Le douzième. pour Hasa- 
bias, ses fils et ses frères, au 
nombre de douze; 

20. Le treizième, pour Subaël, 
ses fils et ses frères, au nombre 
de douze ; 

21. Le quatorzième, pour Ma- 
thathias, ses fils et ses frères, au 
nombre de douze ; 


3. Six. Il manque un nom pour faire six. Un manuscrit hébreu et la version arabe 
portent Séméia, qu'on lit au vers. 17, tant dans le texte hébreu que dans la Vulgate. 
5. Voyant ou prophète signifie ici musicien, chantre. — Dans les paroles de Dieu; 
c'est-à-dire pour chanter les paroles de Dieu, les psaumes et les prophéties. La puis- 
sance; littér. {a corne, qui, chez les Hébreux, était, en effet, le symbole de la force 


et de la puissance. 


806 


99. Le quinzième, pour Jéri- 
moth, ses fils et ses frères, au 
nombre de douze ; 

23. Le seizième, pour Hananias, 
ses fils et ses frères, au nombre 
de douze ; 

24. Le dix-septième, pour Jes- 
bacassa, ses fils et ses frères, au 
nombre de douze; 

95. Le dix-huitième, pour Hana- 
ni, ses fils et ses frères, au nom- 
bre de douze; 

26. Le dix-neuvième, pour Mel- 
lothi,ses fils et ses frères, au nom- 
bre de douze; 

27. Le vingtieme, pour Eliatha, 
ses fils et ses freres, au nombre 
de douze; 

28. Le vingt et unième, pour 
Othir, ses fils et ses freres, au 
nombre de douze; 

99. Le vingt-deuxieme, pour 
Geddelthi, ses fils et ses freres, 
au nombre de douze; 

30. Le vingt-troisieme, pour 
Mahazioth, ses fils et ses freres, 
au nombre de douze ; 

34. Le vingt-quatrieme, pour 
Romemthiézer, ses fils et ses frè- 
res, au nombre de douze. 


CHAPITRE XXVI. 


Ordre des portiers du temple et des gardes 
des trésors, et des vases sacrés. Ordre 
des Lévites destinés à remplir les fonc- 
tions de chefs et de juges en Israël. 


1. Voici la distribution des por- 
tiers : dentre les Gorites, Mésé- 
lémia, fils de Coré, d'entre les fils 
d'Asaph. 

9. Les fils de Mésélémia furent 


1 PARALIPOMÈNES. 


(cg. xxvt.] 


Zacharie, le premier né, Jadihel, 
le second, Zabadias, le troisième, 
Jathanaél, le quatrieme; 

3. Ælam, le cinquième, Joha- 
nan, le sixieme, Elioénai, le sep- 
tième ; 

4. Mais les fils d'Obédédom, Sé- 
méias, le premier-né, Jozabad, 
le second, Joaha, le troisieme, 
Sachar, le quatrième, Nathanael, 
le cinquième; 

5. Ammiel, le sixième, Issachar, 
le septième, et Phollathi, le hui- 
tième, parce que le Seigneur le 
bénit. 

6. Or à Séméi, son fils, naqui- 
rent des fils, chefs de leurs famil- 
les; car ils étaient des hommes 
trés forts. 

7. Les fils donc de Séméi furent 
Othni, Raphaël, Obed, Elzabad et 
ses freres, hommes tres forts; 
Eliu aussi et Samachias. 

8. Tous ceux-là étaient d'entre 
les fils d'Obédédom : eux, leurs 
fils et leurs freres, très forts pour 
remplir leur ministère, étaient 
soixante-deux de la maison d'O- 
bédédom. 

9. Or les fils de Mésélémia et 
leurs freres, très robustes, étaient 
dix-huit. 

10. Mais d'Hosa, c'est-à-dire 
d'entre les fils de Mérari, est venu 
Semri, le prince (car, comme il 
n'avait pas de premier-né, son 
pere l'avait établi prince). 

41. Helcias était le second ; Ta- 
bélias, le troisieme; Zacharie, le 
quatrieme. Tous ces fils et les 
freres d'Hosa étaient treize. 


5. Dieu bénit Obédédom en lui donnant une famille trés nombreuse (Voy, vers. 8), = 
à cause du séjour de l'arche sainte dans sa maison (II Rois, vi, 11). 

10. C'est-à-dire d'entre les fils, etc., signifie qu'Hosa descendait de Mérari. — Le 
premier-né d'Hosa était mort ou incapable d'exercer les droits d'ainesse. 


[CH. XXVI.) 


19. Ceux-là furent distribués 
comme portiers, de telle sorte 
que les chefs des gardes, ainsi que 
leurs freres, servaient toujours 
dans la maison du Seigneur. 

13. Les sorts furent donc jetés 
sans distinction, et par les petits 
et par les grands, selon leurs fa- 
milles, pour chacune des portes. 

14. Ainsilaporte orientale échut 
à Sémélias. Mais à Zacharie son 
fils, qui était un homme tres sage 
et habile, advint par le sort le 
côté septentrional; 

15. Tandis qu'à Obédédom et à 
ses fils, ce fut le côté du midi, dans 
laquelle partie de la maison était 
le conseil des anciens; 

16. A Séphim et à Hosa, le cóté 
de l'occident, prés dela porte qui 
conduit à la voie de la montée : 
garde contre garde. 

17. Mais à lorient étaient six 
Lévites, et vers l'aquilon, quatre 
par jour; vers le midi, également 
quatre par jour; etlà oü se tenait 
le conseil, ils servaient deux à 
deux. : 

18. De plus, dans les petites 
chambres des portiers à l'occi- 
dent,il y en avait quatre sur la 
Joie; deux par chaque chambre. 


I PARALIPOMÈNES. 


807 


19. Telle était la distribution 
des portiers, fils de Coré et de 
Mérari. 

20. Or Achias était préposé sur 
les trésors de la maison de Dieu, 
et les vases sacrés. 

21. Les fils de Lédan sont les fils 
du Gersonnien. De Lédan vien- 
nent les princes de familles, Lé- 
dan, et le Gersonnien, Jéhiéli. 

22. Les fils de Jéhiéli et Zathan 
et Joél, ses fréres, étaient prépo- 
sés sur les trésors de la maison 
du Seigneur, 

93. Avec les Amramites, les 
Isaarites, les Hébronites et les 
Oziélites. 

24. Or Subaël, fils de Gersom, 
fils de Moise, était préposé aux 
trésors ; 

95. De méme que ses freres 
Eliézer, dont le fils, Rahabia, dont 
le fils, Isaie, dont le fils, Joram, 
dont le fils, Zechri, dont le fils, Sé- 
lémith. 

26. Sélémith lui-même et ses 
frères étaient préposés sur les 
trésors des choses saintes que le 
roi David consacra, ainsi que les 
princes des familles, les tribuns, 
les centurions et les chefs de 
l'armée, 


13. Les sorts, etc. Compar. xxv, 8. 


15. * Le conseil des anciens. Le texte original porte : 76 maison des collections. C'était 
probablement une sorte de dépôt de provisions pour le service du culte. 

16. L'historien Joséphe (Antiq., 1. XV, c. xiv) parle d'une hauteur ou espèce de 
chaussée qui conduisait du palais du roi au temple. — * Garde contre garde signifie 
vraisemblablement que les postes de garde se faisaient face. 

A1. * Où se tenait le conseil, où était le magasin des provisions, 

21. Les fils de Lédan sont, etc. C'est le seul sens admissible de la Vulgate, expliquée 
par l'hébreu. — Sont les fils du Gersonnien; c'est-à-dire appartiennent à la famille de 
Gerson. Lédan, en effet, était fils de Gerson et père de Jahiel, qui s'écrit aussi Jéhiel 
et Jéhiéli. Or Jéhiéli est appelé ici le Gersonnien, parce qu'il était petit-fils de Gerson. 
Voy. xxm, 1, 8. 

23. Avec est exprimé dans le texte original par une particule qui signifie plus ordi- 
nairement à; voilà pourquoi la Vulgate met au datif Amramites, etc. 

25. Les frères est mis pour /e frère, de même qu'on a déjà vu plusieurs fois dans 
les récits généalogiques /es fils au lieu du fils. 


808 I PARALIPOMÈNES. 


27. Comme provenant des guer- 
res et du butin des combats, et 
qu'ils avaient consacrés pour la 
restauration et les meubles du 
temple du Seigneur. 

28. Samuel,le Voyant, consacra 
aussi toutes ces choses, de méme 
que Sail, fils de Cis, Abner, fils' de 
Ner, et Joab, fils de Sarvia : tous 
ceux qui les consacrerent le firent 
par l'entremise de Sélémith et de 
ses freres. 

29. Quant aux 158811105, Choné- 
nias était à leur téte, ainsi que ses 
fils, pourles choses de dehors tou- 
chant Israél, pour les instruire et 
les juger. 

30. Mais d'entre les Hébronites, 
Hasabias et ses freres, hommes 
très forts, au nombre de mille 
sept cents, étaient à la téte des 
Israélites au delà du Jourdain, 
contre l'occident, pour toutes'les 
œuvres qui avaient rapport au 
Seigneur, et pour le service du 
roi. 

31. Or le prince des Hébronites, 
selon leurs familles et leur pa- 
renté, fut Jéria. En la quaran- 
tième année du règne de David, 
ils furent recensés, et ils se 
trouverent à Jazer-Galaad, eux, 
hommes très forts, 

39. Et ses freres, qui étaient 
dans la force de l’âge, au nombre 
de deux mille sept cents princes 
de familles. Or David, 16 les 
préposa aux Rubénites, aux Ga- 
dites et à la demi-tribu de Ma- 


[cu. xxvir.] 


nassé pour tout le service de 
Dieu et du roi. 


CHAPITRE XXVIT. 


Division du peuple en douze bandes pour 
servir tour à tour auprés du roi. Noms 
des chefs des tribus. Officiers de la 
maison de David. 


1. Or les enfants d'Israél, sui- 
vant leur nombre, les princes de 
familles, les tribuns, les centu- 
rions, et les préposés qui, selon 
leurs bandes, servaient le roi, 
entrant et sortant à chaque mois 
dans l'année, étaient chacun à la 
tête de vingt-quatre mille Ao- 
mes. 

2. Au premier mois, Jesboa, 
fils de Zabdiel, était à la tête de 
la première bande, et sous lui 
étaient vingt-quatre mille Aom- 
mes. 

3. Il était d’entre les fils de 
Pharès, et le prince de tous les 
princes dans l’armée, au premier 
mois. 

4. Dudia, l'Ahohite, avait la 
bande du second mois, et apres 
lui était un second du nom de 
Macelloth, qui dirigeait une par- 
tie de l'armée de vingt- quatre 
mille Aommes. 

5. De plus, le chef de la troi- 
sieme bande, au troisieme mois, 
était Banaïas, le prêtre, fils de 
Joiada, et dans sa division étaient 
vingt-quatre mille hommes. 

6. C'est ce méme Banaias, le 
plus vaillant parmi les trente, et 


31. * Jazer-Galaad, Jazer du pays de Galaad. Voir Nombres, xxi, 32. 
32. Et ses fréres; c'est-à-dire la parenté de Jéria, mentionné au verset précédent. 


1. On croit communément que ces préposés remplacaient les princes de famille, 
quand ceux-ci étaient empéchés de remplir leur charge. : 
6. Son fils, etc.; c'est-à-dire qu'il commandait la bande de son pére, sous lui, ou en 


son absence. 


[cH. [.זזטצא‎ 


au-dessus des trente. Amizabad, 
son fils, était aussi à la téte de 
sa bande. 

7. Le quatrième chef, au qua- 
trieme mois, était Asahel, frere 
de Joab, et Zabadias, son fils, 
aprèslui ; et danssa bande étaient 
vingt-quatre mille Aomes. 

8. Le cinquième, au cinquième 
mois, Samaoth, le Jézerite; et 
dans sa bande étaient vingt-qua- 
tre mille hommes. 

9. Le sixième, au sixième mois, 
Hira, fils d'Accès, 16 Thécuite ; et 
dans sa bande étaient vingt-qua- 
tre mille hommes. 

10. Le septième, au septième 
mois, Helles, le Phallonite, d'en- 
tre les fils d'Ephraïm ; et dans sa 
bande étaient vingt-quatre mille 
hommes. 

11. Le huitiéme, au huitieme 
mois, Sobochai, le Husathite, de 
la race de Zarahi; et dans sa 
bande étaient vingt-quatre mille 
hommes. 

19. Le neuvieme, au neuvieme 
mois, Abiézer, l’Anathothite, 
d'entre les fils de Jémini; et dans 
sa bande étaient vingt- quatre 
mille hommes. 

13. Le dixième, au dixième 
mois, Marai, le Nétophathite, de 
la race de Zarai; et dans sa bande 
étaient vingt-quatre mille hom- 
mes. 

44. Le onzième, au onzième 
mois, Banaïas, le Pharatonite, 
d'entre les fils d'Ephraim; et 
dans sa bande étaient vingt- 
quatre mille hommes. 


Cua». XXVII. 24. Supra, xxr, 2. 


I PARALIPOMÉNES. 


800 


15. Le douzième, au douzième 
mois, Holdaï, le Nétophathite, de 
la race de Gothoniel; et dans sa 
bande étaient vingt-quatre mille 
hommes. 

16. Quant aux tribus d'Israël, 
à la tête des Rubénites, était le 
chef, Eliézer, fils de Zechri; à la 
téte des Siméonites, le chef Sa- 
phatias, fils de 2188088 ; 

17. A la tête des Lévites, Hasa- 
bias, fils de Camuel; à la tête des 
Aaronites, Sadoc; 

18. A la tête de Juda, Eliu, 
frère de David; à la tête d’Issa- 
char, Amri, fils de Michaël ; 

19. A 18 téte des Zabulonites, 
Jesmaias, fils d'Abdias ; à la tête 
des Nephthalites, Jérimoth, fils 
d'Ozriel ; 

20. A la téte des fils d'Ephraim, 
Osée, fils d'Ozaziu; à la téte de 
la demi-tribu de Manassé, Joél, 
fils de Phadaïa ; 

21. Et à la tête dela demi-tribu 
de Manassé en Galaad, Jaddo, fils 
de Zacharie; mais à la téte de 
Benjamin, Jasiel, fils d'Abner; 

22. Et à la 1616 de Dan, Ezrihel, 
fils de Jéroham. Voilà les princes 
des enfants d'Israél. 

23. Mais David ne voulut pas 
les dénombrer au-dessous de 
vingt ans, parce que le Seigneur 
avait dit qu'il multiplierait les 
enfants d'Israél comme les étoiles 
du ciel. 

94. Joab, fils de Sarvia, avait 
commencé à dénombrer ; mais il 
n'acheva pas, parce que pour 
cela était tombée la colère du 


16. Les chefs dont les noms suivent étaient chargés de la direction civile de lenrs 
tribus, tandis que les précédents étaient purement militaires. 


810 


Seigneur sur Israël; et c'est pour- 
quoi le nombre de ceux qui 
avaient été recensés n'a pas été 
relaté dans les fastes du roi Da- 
vid. 

95. Le surintendant des tré- 
sors du roi était Azmoth, fils 
d'Adiel; quant aux trésors des 
villes, des bourgs et des tours, 
Jonathan, fils d'Osias, en avait la 
garde; 

26. Mais aux travaux de la 
campagne et aux laboureurs qui 
travaillaient la terre, présidait 
Ezri, fils de Chélub. 

97. À ceux qui cultivaient les 
vignes, c'était Séméias, le Roma- 
thite; mais aux celliers où on 
metle vin, Zabdias, l'Aphonite. 

28. Aux plants d'oliviers, aux 
figuiers, qui étaient dans les 
plaines, Balanan, le Gédérite, et 
aux magasins d'huile, Joas. 

29. Mais aux troupeaux qui 
paissaient en Saron, fut préposé 
Sétrai,le Saronite, et aux bœufs 
dans les vallées, Saphat, fils 
d'Adli ; 

30. Sur les chameaux, , 1 
l'Ismahélite, et sur les ânes, 
Jadias, le Méronathite; 

31. Et sur les brebis, Jaziz l'A- 
garéen. Tous ceux-là étaient les 
intendants des biens du roi Da- 
vid. 

32. Mais Jonathan, oncle de 
David, homme sage et savant, 
était un de ses conseillers; lui 
etJahiel, fils dà Hachamoni, étaient 
auprès des enfants du roi. 

33. Achitophel aussi était con- 


XXVIII. 3. II Rois, vir, 13.‏ .גצ 


{ PARALIPOMÈNES. 


[cu. xxvnr.] 


seiller du roi; Chusai, l'Arachite, 
favori du roi. 

34. Aprés Achitophel étaient 
Joiada, fils de Banaias, et Abia- 
thar; mais le prince de l'armée 
du roi était Joab. 


CHAPITRE XXVII. 


David exhorte les principaux d'Israél et 
Salomon, son fils, à être fidèles au 
Seigneur. Il donne à Salomon le plan du 
temple et de toutes les choses destinées 
à son usage. 


1. David convoqua donc tous 
les princes d'Israél, les chefs des 
tribus et les préposés de ses 
troupes, lesquels servaient le 
roi; comme aussi les tribuns et 
les centurions, et ceux qui étaient 
à la 1616 des biens et des posses- 
sions du roi, ses enfants avec 
les eunuques, les puissants; de 
méme que les plus vigoureux 
dans l'armée, e£ les réunit à Jéru- 
salem. 

2. Alors le roi, s'étant levé et 
se tenant debout, dit : Ecoutez- 
moi, mes freres et mon peuple : 
jai pensé à bátir une maison 
dans laquelle reposerait l'arche 
de l'alliance du Seigneur, l'es- 
cabeau des pieds de notre Dieu, 
et, pour la bátir, jai tout pré- 
paré. 

3. Mais Dieu m'a dit : Tu ne bà- 
tiras point une maison à mon 
nom, parce que tu es un homme 
de guerre, et que tu as versé le 
sang. 

4. Cependant le Seigneur Dieu 
d'Israél m'a choisi dans toute la 


28.* Aux figuiers, c'est-à-dire aux sycomores qui produisent des figues. Voir 
note sur Luc, xix, 4. — Dans les plaines des Philistins. Voir la note sur Josué, ix, 4. 


[cH. xxvm.] 
maison de mon pere pour que 
je fusse roi sur Israël à jamais; 
car c'est dans Juda qu'il a choisi 
des princes : en outre c'est dans 
la maison de Juda qu'il a choisi la 
maison de mon père, et entre les 
fils de mon père, il lui a plu deme 
choisir pour roi sur tout Israél. 

5. Mais c’est aussi parmi mes 
fils (car le Seigneur m'a donné 
beaucoup de fils) qu'il a choisi 
Salomon, mon fils, pour qu’il 
5 8551} sur le trône du règne du 
Seigneur sur Israél ; 

6. Et il m'a dit : Salomon, ton 
fils, bátira ma maison et mes 
parvis ; car c’est lui que j'ai choi- 
si pour mon fils, et c'est moi qui 
serai son pére. 

7. Et j'affermirai son règne à 
jamais, s'il persévère à accom- 
plir mes préceptes et mes or- 
donnances comme aujourd'hui 
méme. 

8. Maintenant donc, devant 
toute l'assemblée d'Israél, et no- 
ire Dieu lentendant, gardez et 
recherchez tous les commande- 
ments du Seigneur notre Dieu, 
afin que vous possédiez la terre 
qui est remplie de biens, et que 
vous 18 laissiez à vos fils après 
vous pour jamais. 

9. Et toi, Salomon, mon fils, 
connais le Dieu de ton père, et 
sers-le, avec un cœur parfait et 
un esprit qui agit volontaire- 
ment; car le Seigneur scrute 
tous les cœurs et pénètre toutes 


5. Sag., 1x, 7. — 9. Ps. vu, 10. 


I PARALIPOMÈNES. 


811 


les pensées des esprits. Si tu le 
cherches, tu le trouveras; mais 
si tu l'abandonnes, il te rejettera 
pour jamais. 

10. Maintenant done que le 
Seigneur t'a choisi pour bátir la 
maison du sanctuaire, sois fort, 
et agis. 

11. Or David donna à Salomon, 
son fils, le plan du portique du 
temple, des celliers, du cénacle, 
des chambres secrètes, de la 
maison de propitiation ; 

19. Comme aussi de tous les 
parvis quil avait en vue, des 
chambres tout autour, pour les 
trésors de la maison du Seigneur, 
et pour les trésors des choses 
saintes ; 

19. Dela distribution des pré- 
tres et des Lévites pour tous les 
ouvrages de la maison du Sei- 
gneur, et pour le soin de tous les 
vases consacrés au service du 
temple du Seigneur. 

14. Π lui donna l'or, selon le 
poids voulu, pour chaque vase 
de service ; de plus, le poids de 
l'argent, selon la diversité des 
vases et des ouvrages en argent, 

15. Et encore lor pour les 
chandeliers d'or et pour leurs 
lampes, selon la mesure de cha- 
que chandelier et des lampes. De 
méme aussi pour les chandeliers 
d'argent et pour leurs lampes, il 
remit le poids de l'argent, selon 
la diversité de leur mesure. 

16. Il donna encore l'or pour 


11. La maison de propitiation; c'est-à-dire le propitiatoire. Voy. Exode, xxv, 11. 
12. Des choses saintes, ou consacrées au temple. Voy. xxvr, 29, 26. 

14. Selon le poids, etc.; c'est-à-dire autant qu'il en fallait pour faire les vases, etc 
16. Les tables, etc.; les tables sur lesquelles on mettait les paius de proposition, 


Voy. Exode, xxv, 30. 


812 


les tables de proposition, selon la 
diversité des tables, et également 
de l'argent, pour les autres tables 
d'argent. 

17. De plus, pour les four- 
chettes, les fioles, les encensoirs 
d'un or tres pur, et pour les pe- 
lits lions, il distribua le poids 
pour chaque petit lion, selon la 
grandeur de leur mesure. De 
méme aussi pour les lions d'ar- 
gent, il mit à part un poids d'ar- 
gent différent. 

18. Mais pour l'autel sur lequel 
se brüle le parfum, il donna de 
lor trés pur, pour qu'on en fit 
une représentation du quadrige 
et des chérubins, étendant leurs 
ailes et couvrant l'arche de l'al- 
liance du Seigneur. 

19. Toutes ces choses, dit Da- 
vid, me sont venues écrites de la 
main du Seigneur, afin que je 
comprisse tous les ouvrages de 
ce modèle. 

90. David dit encore à Salomon, 
son fils : Agis courageusement, 
fortifie-toi, et fais; ne crains point 
et ne t'épouvante pas; car le 
Seigneur mon Dieu sera avec toi : 


I PARALIPOMÈNES. 


[cH. xxix.] 


il ne te laissera et ne t'abandon- 
nera point que tu n'aies achevé 
tous les ouvrages pour le service 
de la maison du Seigneur. 

21. Voilàla division des prétres 
et des Lévites, lesquels sont au- 
près de toi pour tous les services 
de la maison du Seigneur; ils 
sont prêts, et ils saventaccomplir 
tes ordres, les princes aussi bien 
que le peuple. 


CHAPITRE XXIX. 


Offrandes de David et des principaux 
d'Israël pour la construction du temple. 
David loue le Seigneur et le prie pour 
son peuple et pour son fils. Seconde 
onction de Salomon. Mort de David. 


1. Ensuite David, le roi, dit à 
toute l'assemblée ; Dieu a choisi 
uniquement Salomon, mon fils, 
encore jeune et délicat, quoique 
l’œuvre soit grande; car ce n'est 
paspourunhomme que se prépare 
cette habitation, mais pour Dieu. 

2. Pour moi, j'ai préparé de 
toutes mes forces les dépenses 
de la maison de mon Dieu; l'or 
pour les vases d'or, l'argent pour 
les vases d'argent, l'airain pour 


11. Pour chaque, etc., 


évident que saint Jéróme a lu ici dans l'hébreu kefir au lieu de kefór; 


littér. et par hébraisme pour un lion et un lion. — Il est 


car dans I Es- 


dras, 1, 10, et vri, 27, il a rendu ce méme mot kefór par coupe. — * D’après plusieurs 
commentateurs, kefôr signifie un vase muni d'un couvercle. Si la leçon ion était la 
vraie, ce mot pourrait signifier un poids en forme de lion, car on donnait aux poids 
en Orient la forme de lions et d'autres animaux. 

18. Les traducteurs de la Vulgate donnent généralement pour antécédent à chéru- 
bins le mot quadrige; mais le texte hébreu, moins vague et moins amphibologique 
que la version latine, s'y oppose entièrement. C'est pour éviter cette faute que nous 
avons ajouté et en italique. — Dieu est souvent représenté dans la Bible, porté sur 
un char que conduisent des animaux ailés. — * Les chérubins sont considérés comme 
portant le Seigneur et c’est d’une manière figurée qu'ils sont appelés son char. 


1. Salomon, quoiqu'ayant environ vingt-deux ans, était jeune par rapport à David, 
et par rapport à un travail qui exigeait tous les secours de la nature, de l'art, du 
savoir, de la prudence, et d'une grande expérience. 

2} Antimoine. Le mot hébreu signifie une espèce de noir avec lequel les femmes 
d'Orient se peignent les yeux. Compar. IV Rois, ix, 39. — * Marbre de Paros, S. Jé- 
róme traduit ainsi les mots pierres blanches qu'on cite dans l'original. 


[cu. xxix.] 


ceux d'airain, 16 fer pour ceux de 
fer, le bois pour ceux de bois, des 
pierres d'onyx, d'autres sembla- 
bles àlantimoine, d'autres de di- 
verses couleurs, enfin toute sorte 
de pierres précieuses, et du 
marbre de Paros en trés grande 
quantité. 

3. Et, par-dessus ces choses que 
jai offertes pour la maison de 
mon Dieu, je donne de mon 
propre bien de l'or et de l'argent 
pour le temple de mon Dieu, 
outre ce que jai préparé pour 
son sanctuaire : 

4. Trois mille talents d'or, de 
l'or d'Ophir, et sept mille talents 
d'argent trés pur, pour en revé- 
tir les murailles du temple. 

5. Et partout oü il est besoin 
d'or et partout où il est besoin 
d'argent, queles ouvrages soient 
faits d'or et d'argent par les 
mains des ouvriers; et si quel- 
qu'un fait spontanément une of- 
frande, qu'il remplisse sa main 
aujourd'hui, et qu'il offre ce qu'il 
voudra au Seigneur. 

6. C'est pourquoi les princes des 
familles et les grands des tribus 
d'Israél le promirent, ainsi que 
les tribuns, les centurions et les 
intendants des possessions du roi. 

7. Et ils donnèrent pour les ou- 
vrages de la maison de Dieu cinq 
mille talents d'or et dix mille so- 
lides, dix mille talents d'argent, 
dix-huit mille talents d'airain, 
ainsi que cent mille talents de fer. 

8. De méme tous ceux chez qui 
on trouva des pierres précieuses 


CnaP. XXIX. 15. Sag., ,זז‎ 5. 


I PARALIPOMÈNES. 


les donnèrent pour le trésor de 
la maison du Seigneur, par l'en- 
tremise de Jahiel, le Gersonite. 

9. Et le peuple se livra à l'allé- 
gresse en promeltant spontané- 
ment ses offrandes, parce quil 
les offrait de tout cœur au Sei- 
gneur; et aussi, David, le roi, 
se réjouit d'une grande joie. 

10. Etil bénitle Seigneur devant 
toute la multitude, et il dit : Sei- 
gneur, Dieu d'Israël, notre père, 
vous êtes béni de siècle en siècle. 

11. À vous, Seigneur, est la 
magnificence, la puissance, la 
gloire et la victoire; à vous la 
louange ; car tout ce qui est dans 
le ciel et sur la terre est à vous; 
à vous, Seigneur, est le regne, et 
c'est vous qui étes au-dessus de 
tous les princes. 

12. À vous les richesses et à 
vous la gloire; c'est vous qui do- 
minez sur toutes les créatures : 
en votre maison sont la force et 
la puissance; en votre main la 
grandeur et lempire sur toutes 
choses 

13. Maintenant donc, ὃ notre 
Dieu, nous vousglorifions, etnous 
louons votre nom illustre. 

14. Qui suis-je, et qui est mon 
peuple pour que nous puissions 
vous cffrir toutes ces choses? 
Tout est à vous, et c'est de votre 
main que nous avons recu ce que 
nous vous avons donné; 

15. Car nous sommes des voya- 
geurs et des étrangers devant 
vous comme tous nos peres. Nos 
jours passent comme l'ombre sur 


* 


4. Très pur; littér. très éprouvé par le feu. — * Or d'Ophir signifie or d'excellente 


qualité. 


1. Le solide des Romains pesait un demi-sicle d'or hébraïque. 


814 


la terre, et rien ne les retient. 

16. Seigneur notre Dieu, tou- 
tes ces richesses que nous avons 
préparées pour bâtir une mai- 
son à votre saint nom sont de 
votre main, et à vous sont toutes 
choses. 

11. Je sais, mon Dieu, que 
vous sondez les cœurs et que 
vous aimez la simplicité, c’est 
pourquoi, moi aussi, je vous ai 
offert toutes ces choses dans la 
simplicité de mon cœur, et plein 
d'allégresse; et votre peuple qui 
se trouve ici, jel'ai vu avec une 
grande joie vous offrir ses pré- 
sents. 

18. Seigneur Dieu d'Abraham, 
d'Isaac et d'Israël, nos pères, 
conservez éternellement cette 
volonté de leur cœur, et que 
toujours ce sentiment de vénéra- 
tion pour vous persévere. 

19. Donnez aussi à Salomon, 
mon fils, un cœur parfait, afin 
qu'il garde vos commandements, 
vos témoignages et vos cérémo- 
nies, et qu'il les accomplisse 
tous; et qu'il bâtisse la maison 
dont j'ai préparé les dépenses. 

20. Or David ordonna à toute 
l'assemblée : Bénissezle Seigneur 
notre Dieu. Et toute l'assemblée 
bénit le Seigneur Dieu de leurs 
pères; ils s'inclinerent, et ils ado- 
rerent Dieu et ensuite le roi. 

91. Et ils immolerent des vic- 
times au Seigneur; et ils lui of- 
frirent des holocaustes le jour 


22. III Rois, 1, 34. — 27. III Rois, τι, 11. 


I PARALIPOMÉNES. 


[cH. xxix.] 


suivant : mille taureaux, mille 
béliers et mille agneaux, avec 
leurs libations, et en accomplis- 
sant tout le rite : il y en eut très 
abondamment pour tout Israël. 

22. Et ils mangerent et burent 
devant le Seigneur en ce jour-là 
avec une grande allégresse. Et 
ils oignirent une seconde fois Sa- 
lomon, fils de David. Or, ils l’oi- 
gnirent pour le Seigneur comme 
prince, et Sadoc, comme pontife. 

93. Ainsi Salomon s'assit sur 
le tróne du Seigneur, comme roi, 
à la place de David, son pere, et 
il plut à tous ; et tout Israël lui 
obéit. 

24. Et tous les princes mêmes, 
les puissants, et tous les fils du 
roi David donnèrent la main et 
se soumirent à Salomon, le roi. 

25. Le Seigneur éleva donc Sa- 
lomon sur tout Israël, etil donna 
à son regne une gloire telle que 
n'en eut avant lui aucun roi d'Is- 
raél. 

26. Ainsi David, fils d'Isai, ré- 
gna sur tout Israël; 

27. Et les jours pendant les- 
quels il régna sur Israël furent 
quarante années : il régna sept 
ans à Hébron, et à Jérusalem, 
trente-trois ans. 

98. Et il mourut dans une heu- 
reuse vieillesse, plein de jours, 
et dans les richesses et dans la 
gloire; et Salomon son fils régna 
en sa place. 

29. Or les actions de Dii; le 


19. Les lois de Dieu souvent appelées dans l'Ecriture ses témoignages. 

20. Et adorérent, etc. Comme nous l'avons déjà remarqué, l'acte extérieur d'ado- 
ration qu'on rendait à Dieu n'était pas différent de l'hommage de respect qu'on ren- 
dait aux hommes, le sentiment intérieur seul pouvait les distinguer. - 


29. Ces livres ont été perdus. 


]68. 1.[ 
roi, les premieres et les der- 
nières, sont écrites dans le Livre 
de Samuel, le Voyant, et dans le 
Livre de Nathan, le prophète, et 
dans le volume de Gad, le Voyant, 


PARALIPOMÈNES,.‏ זו 


815 


30. Et l’histoire de tout son 
règne, de sa force, et des temps 
qui ont passé de son vivant, soit 
en Israël, soit dans tous les 
royaumes de la terre. 


II PARALIPOMENES 


CHAPITRE PREMIER. 


Sacrifice de Salomon sur l'autel de Ga- 
baon. Dieu lui donne la sagesse, la 
gloire et les richesses. 


1. Salomon, fils de David, fut 
donc affermi dans la royauté, et 
le Seigneur son Dieu était avec 
lui; et Je Seigneur Yéleva très 
haut. 

9. Et Salomon donna des or- 
dres à tout Israél, aux tribuns, 
aux centurions, aux autres chefs, 
aux magistrats et aux princes 
des familles; 

3. Et il s'eu alla avec toute la 
multitude au haut lieu de Ga- 
baon, où étaitle tabernacle de l'al- 
liance de Dieu, que fit Moise, 
serviteur de Dieu, dans le désert. 

4. Quant à l'arche de Dieu, Da- 
vid l'avait amenée de Cariathia- 
rim au lieu qu'il lui avait préparé, 
et où il lui avait dressé un taber- 
nacle, c'est-à-dire à Jérusalem. 

ὃ. Mais l'autel d'airain qu'avait 
fait Béséléel, fils d'Uri, fils de 


Hur, était resté là devant le ta- 
bernacle du Seigneur; et Salo- 
mon alla le chercher, lui et toute 
l'assemblée. 

6. Et Salomon monta sur l'au- 
tel d'airain devant le tabernacle 
de l'alliance du Seigneur, et il y 
offrit mille hosties. 

7. Or voilà qu'en cette nuit 
méme Dieu lui apparut, disant : 
Demande ce que tu veux que je 
te donne. 

8. Alors Salomon dit à Dieu : 
C'est vous qui avezfait une grande 
miséricorde à David, mon pere, 
et qui m'avez établi roi à sa place. 

9. Maintenant donc, Seigneur 
Dieu, qu'elle s'accomplisse, la 
promesse que vous avez faite à 
David, mon pere : car c'est vous 
qui m'avez établi roi sur votre 
peuple, qui est aussi innombra- 
ble que la poussiere de la terre. 

10. Donnez-moi de 18 sagesse et 
del'intelligence, enfin que j'entre 
et sorte devant votre peuple ; car 
qui peut juger dignement ce 


Cnar. I. 1. III Rois, ri, 1. — 4. II Rois, vi, 17; 1 Par., xvi, 1. — 5. Exode, xxxvi, 1. 


— 10. Sag., 1x, 10. 


30. Des temps, etc.; c'est-à-dire des événements qui se sont passés de ses temps. 
— Tous les royaumes de la terre; dans tous les royaumes voisins de la terre d'Israël. 


3. * Gabaon. Voir note sur 111 Rois, ui, 4. 


4. * De Cariathiarim. Voir 1 Paralipomènes, xui, 5. 


5. Là; c'est-à-dire à Gabaon, 


10. Afin que J'entre, etc. Voy. Nombr., xxvii, 11; Deutér., xxviu, 6 


816 


peuple qui est vótre, et qui est si 
grand? 

11. Alors Dieu répondit à Salo- 
mon : Parce que cela a plu de 
préférence à ton cceur, et que tu 
ne m as point demandé desriches- 
ses, ni des biens, ni de la gloire, 
niles àmes de ceux qui te hais- 
sent, ni des jours de vietrès nom- 
breux; mais que tu as demandé 
de la sagesse et delascience, afin 
que tu puisses juger mon peuple 
sur lequel je t'ai établi roi : 

12. La sagesse et la science te 
sont données; et quant à des 
richesses, à des biens, à de la 
gloire, je t'en donnerai de telle 
sorte, que nul parmi les rois, ni 
avant toi, ni apres toi, n'aura été 
semblable à toi. 

13. Salomon vint donc du haut 
lieu de Gabaon à Jérusalem, de- 
vant le tabernacle d'alliance, et 
il régna sur Israël. 

14. Et il rassembla des chars 
et des cavaliers; on lui disposa 
mille quatre cents chariots et 
douze mille cavaliers, et il les fit 
mettre dans les villes des qua- 
driges, et prés du roi à Jérusa- 
lem. 

15. Et le roi rendit l'or et l'ar- 
gent communs comme les pierres 
dans Jérusalem, et les cèdres 
comme les sycomores qui crois- 
sent dans les plaines en grande 
quantité. 


II PARALIPOMÉNES. 


(cH. 11.] 


16. Maisles chevaux lui étaient 
amenés d'Egypte et de Coa par 
les marchands du roi, qui y al- 
laient et les achetaient, 

11. Un attelage de quatre che- 
vaux, six cents s?cles d'argent, et 
un cheval, cent cinquante; et 
c'estainsi que dans tous lesroyau- 
mes des Héthéens, et par tous 
les rois de Syrie, la vente se pra- 
tiquait. 


CHAPITRE II. 


Salomon demande à Hiram, roi de Tyr, 
un homme habile pour conduire l'en- 
treprise de la construction du temple, 
et le prie de lui envoyer les bois néces- 
saires pour cet édifice. Ouvriers des- 
tinés à cet ouvrage. 


1. Salomon résolut de bátir une 
maison au nom du Seigneur, et 
un palais pour lui. 

2. Et il dénombra soixante-dix 
mille hommes portant des far- 
deaux sur les épaules, quatre- 
vingt mille pour tailler les pierres 
dans les montagnes, et leurs 
préposés, trois mille six cents. 

3. ll envoya aussi vers Hiram, 
roi de Tyr, disant : Comme vous 
avez agi avec David, mon père, et 
comme vous lui avez envoyé des 
bois de cèdre pour bâtir une 
maison dans laquelle il a habité, 

4. Ainsi faites avec moi, afin 
que je bátisse une maison au 
nom du Seigneur mon Dieu, et 
que je la consacre à brüler de 


14. III Rois, x, 26. — (παρ. 11. 3. III Rois, v, 2. 


11. Demander, chercher l'àme de quelqu'un est un hébraisme qui signifie désirer Lut 


ôter, chercher à lui ôter La vie. 


14. Les villes des quadriges; c'est-à-dire les villes destinées à loger les équipages. 
15. * Comme les sycomores à figues. Voir Luc, xix, 4. 


16. * Coa. Voir note sur III Rois, x, 28. 


11. * Héthéens. Voir note sur III Rois, x, 29. 


4. A consumer; littér. à fumiger, exposer à la fumée, 


[cu. u.] 


l'encens devant lui, à consumer 
des aromates, à une exposition 
des pains perpétuelle, à des ho- 
locaustes le matin et le soir, ainsi 
qu'aux sabbats, aux néoménies 
et aux solennités du Seigneur 
notre Dieu à jamais ; lesquelles 
choses ontété ordonnées à Israél. 

5. Car la maison que je désire 
bátir est grande, parce que notre 
Dieu est grand au-dessus de tous 
les dieux. 

6. Qui pourra donc étre capa- 
ble de lui bátir une maison digne 
de lui? Si le ciel et les cieux des 
cieux ne peuvent le contenir, qui 
suis-je, moi, pour pouvoir lui 
bátir une maison? Aussi est-ce 
seulement pour brüler de l’en- 
cens devant lui. 

7. Envoyez-moi donc un homme 
qui s'entende à travailler lor, 
l'argent, l'airain, le fer, la pour- 
pre, l'écarlate et l'hyacinthe, et 
qui sache faire des ciselures, avec 
les ouvriers que j'ai auprès de 
moi dans la Judée et à Jérusa- 
lem, et que David mon pere a 
préparés. 

8. Mais envoyez-moi aussi des 
bois de cèdre, de genièvre, et 
des pins du Liban; car je sais 
que vos serviteurs s'entendent à 
couper les bois du Liban, et mes 
serviteurs seront avec vos servi- 
teurs, 

9. Afin quel'on me prépare une 
grande quantité de bois: carla 
maison que je veux bátir est tres 
grande et magnifique. 


PARALIPOMÉNES.‏ זז 


817 


10. Aprés cela, aux ouvriers 
qui doivent couper les bois, à 
vos serviteurs, je donnerai pour 
leur nourriture vingt mille cors 
de blé, autantde mesures d'orge: 
vingt mille métrètes de vin, et 
de plus vingt mille mesures 
d'huile. 

11. Or Hiram, roi de Tyr, dit 
dans une lettre qu'il envoya à Sa- 
lomon : Parce que le Seigneur a 
aimé son peuple, c'est pourquoi 
il vous a fait régner sur lui. 

12. Et il ajouta, disant : Béni le 
Seigneur, Dieu d'Israél, qui a fait 
le ciel et la terre, qui a donné à 
David, le roi, un fils sage. habile, 
sensé, prudent, pour bâtir une 
maison au Seigneur et un palais 
pour lui-même! 

43. Je vous envoie donc un 
homme prudent et d'un très 
grand savoir, Hiram, mon pere, 

14. Fils d'une femme d'entre les 
filles de Dan, dont le pere était 
Tyrien : il sait travailler l'or, l'ar- 
gent, l'airain, le fer, le marbre, 
les bois, et méme la pourpre, 
l'hyacinthe, le fin lin et l'écar- 
late; il sait encore graver toute 
sorte de figures, et inventer in- 
génieusement ce qui est néces- 
saire pour un ouvrage : 4 tra- 
vaillera avec vos ouvriers et avec 
ceux de mon seigneur David, 
votre père. 

15. Ainsi le blé, l'orge, l'huile 
etle vin que vous avez promis, 
mon seigneur, envoyez-les à vos 
serviteurs. 


10. Cors. Voy. pour ce mot, 111 Rois, tv, 22. 

13. Mon père: qui est comme père, qui est pour moi un père. Compar. Genése, xtv, 8; 
Juges, xvr, 10. D'autres prétendent à tort que cette expression est purement la tra- 
duction de l'hébreu Aói, nom propre et surnom d'Hiram; car au ch. 1v, 16, au lieu 
de 46%, on lit Abiv, c'est-à-dire le père de lui (Salomon). 


À. T. 


59 


| 


818 


16. Pour nous, nous couperons 
tous les bois du Liban qui vous 
seront nécessaires, et nous les 
ferons conduire en radeaux, par 
mer à Joppé, mais ce sera à vous 
de les transporter à Jérusalem. 

11. Salomon dénombra donc 
tous les hommes prosélytes qui 
étaient dans la terre d'Israél, de- 
puis le dénombrement qu'en 
avait fait David, son pere, et il 
s'en trouva cent cinquante mille 
et trois mille six cents. 

18. Il en établit soixante-dix 
mille pour porter des fardeaux 
sur les épaules, quatre-vingt mille 
pour tailler les pierres dans les 
montagnes, mais trois mille et 
six cents préposés aux ouvrages 
du peuple. 


CHAPITRE III. 


Salomon commence à bâtir le temple, 
Plan de cet édifice. Description des 
chérubins qui étaient dans le sanc- 
tuaire, et des colonnes qui étaient aux 
deux cótés de la porte du temple. 


1. Ainsi Salomon commenca à 
bâtir la maison du Seigneur à Jé- 
rusalem, sur la montagne de Mo- 
ria, qui avait été montrée àDavid, 
son pere, au lieu qu'avait préparé 
David dans l'aire d'Ornan, le Jé- 
buséen. 


Il PARALIPOMÉNES. 


[cH. ur] 


2. Or 1] commenca à bátir au 
second mois, à la quatrieme an- 
née de son règne. 

3. Et voici les fondements que 
jeta Salomon pour bátirla maison 
du Seigneur: // luidonna soixante 
coudées de longueur, suivant la 
première mesure, et vingt cou- 
dées de largeur. 

4. De plus, 7/ 06/0, devant la 
facade, le portique qui s'étendait 
selon la mesure de la largeur de 
la maison, à la longueur de vingt 
coudées; mais sa hauteur était de 
cent vingt coudées ; et Salomon 
le fit dorer en dedans d'un or tres 
pur. 

ὃ. 11 lambrissa aussi Ja partie 
de 18 maison la plus grande d'ais 
de bois de sapin, et il attacha sur 
le tout des lames de l'or le plus 
fin; etil y grava des palmes et 
comme de petites chaines entre- 
lacées les unes dans les autres. 

6. Il fit aussi le pavé du temple 
d'un marbre trés précieux, avec 
beaucoup de décorations. 

1. L'or des lames dont il couvrit 
la maison, les poutres, les po- 
teaux, les murailles et les portes, 
était très fin; et il grava des ché- 
rubins sur les murailles. 

8. Il fit aussi la maison du Saint 
des saints, lui donnant une lon- 


CuaP. III. 1. INT Rois, vr, 1; II Rois, xxiv, 25; I Par., xxi, 26. 


16. * Joppé, aujourd'hui Jaffa, port sur la Méditerranée, à une douzaine d'heures de 


marche de Jérusalem. 
11, Prosélytes. Voy. 1 Paralip., xxu, 2. 


1. * La montagne de Moria, à l'est de Jérusalem, dans laquelle elle fut depuis en- 
clavée, au-dessus du versant occidental du torrent de Cédron. 


2. Au second mois. Voy. 111 Rois, νι, 22. 


3. La premiére ou l'ancienne mesure était celle dont on se servait du temps de Moise 
et de Salomon, c'est-à-dire avant la captivité de Babylone; elle avait un palme de 
plus que la coudée de Babylone. — * La coudée ordinaire avait 525 millimètres de 


longueur, 


9. La maison la plus grande, c'est-à-dire le Saint. 
8. * Le talent pesait 43 kilogrammes et demi. 


[cu. 1v. | 


gueur selon la largeur de la mai- 
son, de vingt coudées, et une lar- 
geur également de vingt coudées; 
etillacouvrit de lames d'or, d'en- 
viron six cents talents. 

9. Il fit de plus des clous d'or, 
de maniere que chaque clou pe- 
sait cinquante sicles; les cham- 
bres d'en haut aussi, il les couvrit 
d'or. 

10. Il fit encore dans la maison 
du Saint des saints deux chéru- 
bins, d'un travail de statuaire ; et 
il les couvrit d'or. 

41. Les ailes des chérubins 
avaient vingt coudées d'étendue, 
en sorte qu'une aile avait cinq 
coudées et touchait la muraille 
de la maison, et que l'autre, qui 
avait cinq coudées, touchait 8 
de l'autre chérubin. 

19. De méme une aile de cet 
autre chérubin avait cinq cou- 
dées, et touchait la muraille ; et 
son autre aile, de cinq coudées, 
touchait l'aile de l'autre chéru- 
bin. 

13. Ainsi les ailes des deux 
chérubins étaient déployées, et 
avaient vingt coudées d'étendue ; 
et ils étaient eux-mémes droits 
sur leurs pieds, et leurs faces 
étaient tournées vers la maison 
extérieure. 

14. Il fit aussile voile d'hyacin- 
the, de pourpre, d'écarlate et de 
lin fin, et il y tissa des chérubins: 

15. Et de plus, devant la porte 
du temple, deux colonnes qui 
avaient trente-cinq coudées de 


ΗΠ PARALIPOMENES. 


819 


hauteur; et leurs chapiteaux 
étaient de cinq coudées. 

16. “ fit de méme comme de. 
petites chaines dans l'oracle, et il 
les mit sur les chapiteaux des co- 
lonnes, ainsi que cent grenades 
qu'il entrelaça dans les chaines. 

17. Etles colonnes elles-mémes, 
il les mit dans le vestibule du 
temple, l'une à droite, l'autre à 
gauche : il appela celle qui était 
à droite, Jachin, et celle qui était 
à gauche, Booz. 


CHAPITRE V. 


Description de l'autel des holocaustes, 
de la mer d'airain, des conques, chan- 
deliers, tables et autres vaisseaux et 
ouvrages du temple. 


1. Il fit aussi un autel d'airain 
de vingt coudées de longueur, de 
vingt coudées de largeur, et de 
dix coudées de hauteur : 

2. Et la mer d'airain, jetée en 
fonte, de dix coudées d'un bord 
jusqu'à l'autre, était toute ronde: 
elle avait cinq coudées de hau- 
teur, et un cordon de trente cou- 
dées entourait sa circonférence. 

3. De plus, une représentation 
de bœufs était au-dessous de la 
mer, et certaines ciselures au de- 
hors entouraiént comme en deux 
rangs la partie la plus large de la 
mer dans un espace de dix cou- 
dées. Or ces bœufs avaient été 
jetés en fonte. 

4. Et la mer elle-même était po- 
866 sur douze bœufs, dont trois 
regardaient l'aquilon, et trois 


14. Matt., xxvii, 51. — 15. Jérémie, Lu, 20. — גצ‎ IV. 2. III Rois, vir, 23. 


9. * Le sicle pesait 14 grammes 30, 


10. Le mot maison signifie ici par hébraisme le lieu, l'espace intérieur, le dedans. 
13. La maison extérieure; c'est-à-dire le Saint et le parvis. 
11, Sur Jachin et Booz, voy. 111 Rois, vu. 24. 


820 
autres l'occident; or trois autres, 
le midi, et les autres, l’orient, 
tous ayant la mer posée sur eux : 
or la partie de derriere des bœufs 
était en dedans sous la mer. 

5. L'épaisseur de la mer avait la 
mesure d'un palme, et son bord 
était fait comme le bord d'une 
coupe, ou d'un lis épanoui : etelle 
contenait trois mille métrètes. 

6. Mais il fit aussi dix conques, 
etil en mit cinq à droite et cinq à 
gauche, pour qu'on y lavát tout 
ce qui devait étre offert en holo- 
causte; mais c'est dans la mer 
que les prétres se lavaient. 

7. [fit en outre dix chandeliers 
d'or, selon la forme d’après la- 
quelle ilavait ordonné de lesfaire; 
et il les mit dans le temple, cinq 
à droite et cinq à gauche; 

8. Et de plus dix tables; et il les 
mit dans le temple, cinq à droite 
et cinq à gauche, ainsi que cent 
fioles d'or. 

9. IL fit encore le parvis des 
prélres, et 18 grande basilique, et 
à la basilique des portes qu'il cou- 
vrit d'airain. 

10. Quant à la mer, il la mit du 
cóté droit contre l'orient, vers le 
midi. 

11. Hiram fit aussi les chau- 
dieres, les grandes fourchettes et 
les fioles, et il acheva tout l'ou- 
vrage du roi dans la maison de 
Dieu; 

12. C'est-à-dire les deux colon- 
nes, les architraves, les chapi- 
teaux, et les espèces de réseaux 


PARALIPOMÈNES.‏ זז 


(cn. 1v.] 


qui couvraient les chapiteaux 
par-dessus les architraves. 

13. 11 fit encore les quatre cents 
grenades et les deux réseaux, de 
manière que deux rangs de gre- 
nades étaient attachés ensemble 
à chacun des réseaux qui cou- 
vraient les architraves etles cha- 
piteaux des colonnes. 

14. Il fit aussi les bases d'airain, 
et les conques quil superposa 
aux bases; 

15. La mer unique, et aussi les 
douze bœufs sous la mer, 

16. Et les chaudieres, et les 
grandes fourchettes, et les fioles. 
Hiram, son père, fit à Salomon 
tous les vases pour la maison du 
Seigneur, d'un airain très pur. 

11. C'est dans la contrée du 
Jourdain que le roi les jeta en 
fonte, dans la terre argileuse, 
entre Sochoth et Sarédatha. 

18. Or la multitude de ces vases 
étaitinnombrable; en sorte qu'on 
ignorait le poids de l'airain. 

19. Ainsi Salomon fit tous les 
vases de la maison de Dieu, ainsi 
que l'autel d'or, les tables, et sur 
elles les pains de proposition. 

20. ZI fit encore d'un or trés pur 
les chandeliers avec leurs lampes, 
pour luire devant l'oracle, selon 
16 υἱίθ ; 

91. Ainsi que certains fleurons, 
les lampes et les pincettes d'or : 
loutes ces choses furent faites 
d'un or trés pur. 

22. Il fit aussi les cassolettes, 
les encensoirs, les fioles et les pe- 


5. * Un palme, 8 centimètres. — Metréte, 38 litres 88. 
9. La grande basilique; le parvis du peuple, plus grand que le parvis des prétres. 


16. Son pére. Voy. ch. ni, 12. 


Ai. * Dans la terre argileuse. Voir III Rois, vir, 46. 
19. Et sur elles, etc.; hébraisme pour, sur lesquelles étaient, on mettait, etc, 


[cn. v.] 
tits mortiers, d'un or tres pur. Et 
il cisela les portes du temple inté- 
rieur, c'est-à-dire du Saint des 
saints; et les portes du temple à 
lextérieur étaient d'or. Et ainsi 
fut achevé tout l'ouvrage que fit 
Salomon pour la maison du Sei- 
gneur. 


CHAPITRE V. 


Cérémonie du transport de l'arche dans 
le sanctuaire. 


1. Salomon donc apporta tout 
ce qu'avait voué David, son pere, 
l'argent, l'or et tous les vases, et 
il les mit dans les trésors de la 
maison de Dieu. 

9. Apres quoi, il assembla les 
anciens d'Israél, tous les princes 
des tribus et les chefs des fa- 
milles des enfants d'Israël à Jé- 
rusalem, pour amener l'arche 
de lalliance du Seigneur de la 
cité de David, qui est Sion. 

3. C'est pourquoi tous les hom- 
mes d'Israél vinrent aupres du 
roi au jour solennel du septième 
mois. 

4. Et lorsque tous les anciens 
d'Israël furent venus, les Lévites 
enlevèrent l'arche, 

5. Etl'apporterent avec tous les 
ornements du tabernacle. Mais 
les vases du sanctuaire, qui 
étaient dans le tabernacle, ce fu- 
rent les prétres qui les porterent 
avec les Lévites. 

6. Or le roi Salomon, tout le 
peuple d'Israél, et tous ceux qui 


PARALIPOMÈNES. 41‏ זז 


s'assemblerent devant l'arche, 
immolaient des béliers et des 
bœufs sans nombre : tant était 
grande, en effet, la multitude des 
victimes. 

7. Les prêtres portèrent donc 
l'arche de l'alliance du Seigneur 
en son lieu, c'est-à-dire, dans l'o- 
racle du temple, dans le Saint des 
saints, sous les ailes des chéru- 
bins ; 

8. En sorte que les chérubins 
étendaient leurs ailes sur le lieu 
dans lequel l'arche avait été mise, 
et la couvraient elle-méme avec 
ses leviers. 

9. Quant aux leviers avec les- 
quels on portait l’arche, parce 
qu'ils étaient un peu plus longs, 
leurs tétes paraissaient devant le 
sanctuaire; mais si quelqu'un 
était un peu en dehors, il ne pou- 
vait pas les voir. Ainsi l'arche ἃ 
été là jusqu'au présent jour. 

10. Il n'y avait rien dans l'ar- 
che, si ce n’est les deux tables que 
Moise y mit à Horeb, quand le 
Seigneur donna sa loi aux en- 
fants d'Israél sortant d'Egypte. 

11. Or les prétres étaient sortis 
du sanctuaire (car tous les prétres 
qui purent.se trouver là furent 
sanclifiés; et en ce temps-là les 
classes et l'ordre des ministères 
n'avaient pas été encore distri- 
bués entre eux), 

19. Tant les Lévites que les 
chantres, c’est-à-dire ceux qui 
étaient sous Asaph, sous Héman. 


Cuna». V. 1. III Rois, vir, 51. — 2. III Rois, vin, + 


3. * Septième mois, partie de septembre et partie d'octobre. 

11. Furent sanctifiés; c'est-à-dire purifiés. L'ordre établi par David (I Paral., xxiv 
et suiv.), n'avait pas encore été exécuté; et c'est pourquoi beaucoup de prêtres 
n'étaient pas encore purifiés, et n'avaient pu par là méme entrer dans l'exercice de 


leurs fonctions. 


822 


sous Idithun, leurs fils et leurs 
frères, revétus de fin lin, faisaient 
retentir des cymbales, des psal- 
térions et des harpes, se tenant 
au cóté oriental del'autel; et avec 
eux cent vingt prétres sonnaient 
des trompettes. 

13. Ainsi tous ensemble chan- 
tant avec des trompettes, des 
voix, des cymbales, des orgues 
et d'autres instruments de divers 
genres, et élevant la voix dans 
les airs, un bruit s'entendait au 
loin, en sorte que, lorsqu'ils eu- 
rent commencé à louer le Sei- 
gneur, et à dire : Rendez gloire 
au Seigneur, parce qu'il est bon, 
parce que sa miséricorde est éter- 
nelle, la maison de Dieu fut rem- 
plie d'une nuée; 

14. En sorte que les prétres ne 
pouvaient s'y tenir, ni remplir 
leur ministere à cause de la 
nuée; car la gloire du Seigneur 
avait rempli la maison de Dieu. 


CHAPITRE VI. 


Priére de Salomon au jour de la dédicace 
du temple. 


4. Alors Salomon dit : Le Sei- 
gneur a promis qu'il habiterai 
dans une nuée; 

9. Et moi j'ai élevé une maison 
à son nom, afin qu'il y habitàt à 
perpétuité. 

3. Et le roi tourna sa face et 
bénit toute la multitude d'Israël 
(car toute la foule était debout et 
attentive), et il dit : 

4. Béni soit le Seigneur Dieu 
d'Israél, qui a mis à effet ce 


Cnar. VI. 1. III Rois, vri, 12. 


PARALIPOMÈNES.‏ זז 


(cm. vr.) 
qu'il promit à David, mon père, 
disant : 

5. Depuis le jour que j'ai re- 
tiré mon peuple de la terre d'E- 
gypte, je n'ai point choisi de ville 
d'entre toutes les tribus d'Israél 
pour y bátir une maison à mon 
nom, et je n'ai choisi aucun autre 
homme pour qu'il füt chef sur 
mon peuple Israél ; 

6. Mais j'ai choisi Jérusalem 
pour que mon nom y soit, et j'ai 
choisi David pour l'établir sur 
mon peuple Israel. 

7. Et lorsqu'il fut dans la vo- 
lonté de David mon pere de bà- 
tir une maison au nom du Sei- 
gneur Dieu d'Israël, 

8. Le Seigneur lui dit : Puisque 
ta volonté a été de bâtir une 
maison à mon nom, tu as certai- 
nement bien fait d'avoir une pa- 
reille volonté ; 

9. Gependant ce ne sera pas 
toi qui bátiras la maison; mais 
ton fils, qui sortira de tes flancs, 
bátira lui-méme la maison à mon 
nom. 

10. Le Seigneur accomplit donc 
sa parole qu'il avait dite : et 
moi, je me levai à la place de 
David, mon pere; je me suis 
assis sur le tróne d'Israél comme 
l'a dit le Seigneur, et j'ai bàti 
la maison au nom du Seigneur 
Dieu d'Israël. 

11. Jy ai mis l'arche, dans la- 
quelle est l'alliance du Seigneur 
qu'il a faite avec les enfants d'Is- 
raél. 

12. Il se tint donc devant l'au- 
tel du Seigneur, en face de toute 


6, Pour que mon nom. Voy. 111 Rois, xi, 36. 


(ca. vi.] 
la multitude d'Israél, et il éten- 
dit ses mains; 

13. Car Salomon avait fait une 
estrade d'airain, et il l'avait pla- 
666 au milieu de la basilique : elle 
avait cinq coudées de longueur, 
cinq coudées de largeur et trois 
coudées de hauteur; et il s'y tint 
debout; puis, les genoux fléchis 
en face de toute 18 multitude d’Is- 
raél, et les mains levées au ciel, 

44. Il dit : Seigneur Dieu d'Is- 
raél, il n'est pas un Dieu sem- 
blable à vous, dans le ciel et sur 
la terre; vous qui conservez l'al- 
liance etla miséricorde à vos ser- 
viteursqui marchent devant vous 
de tout leur cœur; 

45. Vous qui avez exécuté en 
faveur de votre serviteur David, 
mon père, toutes les paroles que 
vous lui aviez dites, et qui avez 
mis à effet ce que vous lui aviez 
promis de bouche, comme le pré- 
sent temps le prouve. 

16. Maintenant donc, Seigneur 
Dieu d'Israél, accomplissez en 
faveur de votre serviteur, mon 
père David, tout ce que vous lui 
avez promis, disant : ll ne man- 
quera pas devant moi d'homme, 
sorti de toi, qui soit assis sur le 
trône d'Israël, pourvu cependant 
que tes fils gardent leurs voies, 
et qu'ils marchent dans ma loi, 
comme toi-méme tu as marché 
devant moi. 

47. Et maintenant, Seigneur 
Dieu d'Israël, qu'elle soit confir- 
mée, la parole que vous avez dite 
à votre serviteur David. 


14. II Machab., rr, 8. 


PARALIPOMÉNES.‏ זז 


823 


18. Est-il donc croyable que 
Dieu habite avec les hommes sur 
la terre? Si le ciel et les cieux des 
cieux ne vous contiennent point, 
combien moins cette maison que 
jai bâtie! 

19. Aussi a-t-elle été faite seu- 
lement pour que vous considé- 
riez, Seigneur mon Dieu, votre 
serviteur et ses supplications, et 
que vous écoutiez les prières que 
répand devant vous votre servi- 
teur; 

20. Pour que vous ouvriez les 
yeux sur cette maison pendant 
les jours et les nuits, sur ce lieu 
en lequel vous avez promis que 
votre nom serait invoqué, 

21. Et que vous exauceriez la 
demande que votre serviteur 
vous y adresse ; et pour que vous 
exauciez les prières de votre ser- 
viteur et de votre peuple Israël. 
Quiconque priera en ce lieu, 
exauceze de votre demeure, 
c'est-à-dire des cieux, et soyez- 
lui propice. 

22. Si quelqu'un peche contre 
son prochain, et qu'il vienne 
prét à jurer contre lui, et qu'il 
se lie par la malédiction devant 
l'autel dans cette maison, 

23. Vous écouterez du ciel, et 
vous jugerez vos serviteurs, de 
telle sorte que vous rameniez la 
voie de l'homme inique sur sa 
propre téte, et que vous vengiez 
le juste, lui rendant selon sa 
justice. 

24. Si le peuple d'Israël est 
vaincu par ses ennemis (car ils 


22. Il s'agit probablement d'un homme qui, étant accusé d'avoir offensé son pro- 
chain, vient au temple prêter serment contre son accusateur, qu'il est innocent, et se 
souhaiter la malédiction dans le cas où il serait coupable, . 


824 


pécheront contre vous), et que, 
convertis, ils fassent pénitence, 
invoquent votre nom, et prient 
en ce lieu, 

95. Vous l'exaucerez du ciel; 
pardonnez le péché de votre peu- 
ple Israél, et ramenez-les dans 
la terre que vous leur avez don- 
née, à eux et à leurs pères. 

26. Si, le ciel fermé, il ne tombe 
point de pluie à cause des péchés 
du peuple; s'ils prient en ce lieu 
et qu'ils rendent gloire à votre 
nom, et se convertissent de leurs 
péchés, lorsque vous les aurez 
affligés, 

97. Exaucez-les du ciel, Sei- 
gneur, et pardonnez les péchés 
de vos serviteurs et de votre peu- 
ple Israël; enseignez-leur la bon- 
ne voie par laquelle ils doivent 
marcher, et donnez de la pluie 
à la terre que vous avez donnée 
à votre peuple pour la posséder. 

28. S'il se léve sur la terre une 
famine, une peste, la rouille, l'a- 
ridité, la sauterelle et la chenille, 
et que les ennemis, après avoir 
ravagé les contrées, assiégent 
les portes de la ville, et que toute 
sorte de plaies et d'infirmités 
nous accable; 

29. Si quelqu'un de votre peu- 
ple Israël prie, reconnaissant sa 
plaie et son infirmité, et qu'il 
étende ses mains en cette mai- 
son, 

30. Vous l'exaucerez du ciel, 
c'est-à-dire de votre demeure 
élevée ; soyez propice, et rendez 
à chacun selon ses voies, que 


II PARALIPOMÈNES. 


[cn. vi.] 


vous savez qu'il à en son cœur 
(car vous seul vous connaissez 
les cœurs des enfants des hom- 
mes); 

31. Afin qu'ils vous craignent et 
qu'ils marchent dans vos voies, 
pendant tous les jours qu'ils vi- 
vent sur la face de la terre que 
vous avez donnée à nos pères. 

32. Méme l'étranger qui n'est 
point de votre peuple Israél, s'il 
vient d'une terrelointaine à cause 
de votre grand nom, et à cause 
de votre main puissante, de votre 
bras étendu, et qu'il vous adore 
en ce lieu, 

33. Vous l'exaucerez du ciel, 
votre demeure inébranlable, et 
vous ferez toutes les choses pour 
lesquelles cet étranger vous in- 
voquera, afin que tous les peu- 
ples de là terre sachent votre 
nom, et qu'ils vous craignent 
comme /e fait votre peuple Is- 
raél, et qu'ils reconnaissent que 
votre nom a été invoqué sur cette 
maison que j'ai bátie. 

34. Si votre peuple sort pour 
la guerre contre ses ennemis, et 
que dans la voie dans laquelle 
vous les aurez envoyés, ils vous 
adorent, tournés vers la voie 
dans laquelle est cette ville que 
vous avez choisie, et la maison 
que j'ai bátie à votre nom, 

35. Vous exaucerez du ciel 
leurs prieres et leurs supplica- 
tions, et veuillez les venger. 

36. Que 8118 pèchent contre 
vous (car il n'y a point d'homme 
qui ne peche), que si vous étes 


28. Infra, xx, 9. — 36. III Rois, vin, 46; Eccl., vir, 21; I Jean, 1, 8. 


28. L'aridité; la sécheresse, qui fait perdre aux plantes leurs couleur. Littér. la 
jaunisse; ce que porie aussi la version grecque. La Vulgate a traduit ailleurs (lI Rois, 
vir 31) le méme mot hébreu par air corrompu. 


[cg. vir.] 
irrité contre eux, et que vous 
les livriez àleurs ennemis, et que 
ceux-ci les emmènent captifs 
dans une terre lointaine, ou bien 
qui est proche, 

37. Et que, convertis en leur 
cœur, dans la terre dans laquelle 
ils auront été emmenés captifs, 
ils fassent pénitence, et vous 
prient dans la terre de leur capti- 
vité, disant : Nous avons péché, 
nous avons fait l'iniquité, et nous 
avons agi injustement, 

38. Et qu'ils reviennent à vous 
en tout leur cœur et en toute 
leur àme dans la terre de leur 
captivité, dans laquelle ils ont 
été emmenés, et qu'ils vous ado- 
rent, tournés du cóté de la terre 
que vous avez donnée à leurs 
peres, dela ville que vous avez 
choisie, et dela maison que j'ai 
bátie à votre nom, 

39. Vous exaucerez du ciel, 
c'est-à-dire de votre demeure 
stable, leursprières; veuillezfaire 
justice, et pardonner votre peu- 
ple, quoique pécheur: 

40. Car vous étes mon Dieu. 
Que vos yeux soient ouverts, je 
vous en conjure, et que vos 
oreilles soient attentives à la 
prière qui se faiten ce lieu. 

44. Maintenant donc, levez- 
vous, Seigneur Dieu, pour établir 
ici votre repos, vous et l'arche de 
votre puissance ;.que vos prétres, 
Seigneur Dieu, soient revétus de 
salut, et que vos saints se réjouis- 
sent en vos biens. 


PARALIPOMÉNES.‏ זז 


825 

49. Seigneur mon Dieu, ne 
détournez pas la face de votre 
christ : souvenez-vous des mi- 
séricordes de David, votre servi- 
teur. 


CHAPITRE VII. 


Le feu descend du ciel pour consumer 
les victimes ; la majesté de Dieu rem- 
plit le temple. La solennité continue 
pendant sept jours. On célébre ensuite 
la féte des tabernacles. Le Seigneur 
apparait à Salomon. 


1. Lorsque Salomon eut ache- 
vé de se répandre en prières, le 
feu descendit du ciel, et consuma 
les holocaustes et les victimes ; 
et 18 majesté du Seigneur remplit 
la maison. 

2. Et les prêtres mêmes ne 
pouvaient entrer dans le temple 
du Seigneur, parce que la majesté 
du Seigneur avait rempli le tem- 
ple du Seigneur. 

3. Mais tous les enfants d'Israël 
aussi virent descendre le feu et 
la gloire du Seigneur sur la mai- 
son; et tombant, inclinés vers la 
terre, sur le pavé qui était de 
pierre, ils adorèrent et louèrent 
le Seigneur : Parce qu'il est bon, 
parce que sa miséricorde est éter- 
pelle. 

4. Or le roi et tout le peuple 
immolaient des victimes devant 
le Seigneur. 

9. Le roi Salomon tua donc 
vingt-deux mille bœufs et cent 
vingt mille béliers; et le roi dé- 
dia, ainsi que tout le peuple, la 
maison du Seigneur. 


41. Ps. cxxxi, 8. — (ΠΑΡ. VII. 4. II Mach., τι, 8. — 5. 111 Rois, vri, 63. 


41. Revétus de salut; c'est-à-dire comblés de vos gráces et de votre protection. 

42. Ne détournez pas; ne repoussez pas, ne rejetez pas. — Votre christ; votre oint, 
le roi que vous avez choisi, et qui vous a été consacré par l'onction sainte, — Des 
miséricordes, des bontés de David. D'autres traduisent de vos bontés pour David. 


896 


6. Orles prétres étaient appli- 
pliqués à leurs fonctions, et les 
Lévites jouaient des instruments 
propres aux cantiques du Sei- 
gneur qu'a composés le roi David 
pour louer le Seigneur : Parce 
que sa miséricorde est éternelle ; 
chantant les hymnes de David 
sur leurs instruments ; mais les 
prêtres sonnaient des trompettes 
devant eux, et tout Israël était 
debout. 

7. Salomon cons.cra aussi le 
milieu du parvis devant le tem- 
ple du Seigneur; car il avait 
offert là les holocaustes et les 
graisses des hosties pacifiques, 
parce que l'autel d'airain quil 
avait fait ne pouvait tenir les 
holocaustes, les sacrifices et les 
graisses. 

8. Salomon fit done en ce 
temps-là la solennité pendant 
sept jours, ettout Israél avec lui : 
assemblée trés grande, venue 
depuis l'entrée d'Emath jusqu'au 
torrent d' Egypte. 

9. Et au huitième jour, il fit 
une réunion, parce quil avait 
dédié l'autel durant sept jours, et 
quil avait célébré la solennité 
durant sept jours. 

10. Ainsi, au vingt-troisieme 
jour du septieme mois, il ren- 
voya dans leurs tabernacles les 
peuples se livrant à l'allégresse, 
et se réjouissant du bien qu'a- 
vait fait le Seigneur à David, 


11. III Rois, 1x, 4. 


PARALIPOMÉNFS.‏ זז 


(cu. vir.) 


à Salomon et à Israël son peuple. 

11. Salomon acheva donc la 
maison du Seigneur, la maison 
du roi, et tout ce qu'il s'était 
proposé en son cœur de faire 
dans la maison du Seigneur et 
dans sa propre maison, et il pros- 
péra. 

12. Or le Seigneur lui apparut 
pendaut la nuit, et dit : J'ai en- 
tendu ta prière, et choisi ce lieu 
pour moi, comme une maison 
de sacrifice. 

13. Si je ferme le ciel, et qu'il 
ne tombe point de pluie; si j'or- 
donne et je commande à la sau- 
terelle de dévorer la terre, et si 
jenvoie une peste à mon peuple, 

14. Mais que, converti, mon 
peuple, sur qui a été invoqué 
mon nom, me prie, et qu'il re- 
cherche ma face, et quil fasse 
pénitence de ses voies trés mau- 
vaises, alors moi je les exaucerai 
du ciel, et je pardonnerai leurs 
péchés, et je purifierai leur terre. 

15. Mes yeux aussi seront ou- 
verts, et mes oreilles attentives 
à la priere de celui qui priera en 
ce lieu; 

16. Car j'ai choisi et j'ai sanc- 
tifié ce lieu, afin que mon nom 
y soit à jamais, et que mes yeux 
et mon cœur y demeurent cons- 
tamment tous les jours. 

47. Et toi-même, si tu marches 
devant moi comme a marché Da- 
vid ton père; si tu fais selon tout 


6. Sur leurs instruments; littér. par le moyen de leurs mains; c'est-à-dire en pincant 
des instruments avec leurs mains, avec leurs doigts. 

8. Aprés la féte de la dédicace du temple qui dura sept jours, Salomon célébra la 
solennité des tabernacles qui tombait à ce méme temps. — * Depuis l'entrée d'Emath 
jusqu'au torrent d'Egypte. L'entrée d'Emath marque la frontière septentrionale du 
royaume de Salomon, et le torrent d'Egypte, la frontière méridionale. 


[cB. vui.) 


ce que je t'ai ordonné, et que tu 
gardes mes lois et mes ordon- 
nances, 

18. J'élèverai le trône de ton 
regne comme je l'ai promis à Da- 
vid, ton père, disant : On n’enlè- 
vera pas à ta race un homme qui 
doit étre prince en Israél. 

19. Mais si vous vous détour- 
nez, et que vous abandonniez 
mes lois et mes préceptes que je 
vous ai proposés, et que, vous 
en allant, vous serviez des dieux 
étrangers et les adoriez, 

20. Je vous arracherai de ma 
terre que je vous ai donnée; et 
cette maison que j'ai consacrée 
à mon nom, je la rejetterai de 
ma face, et je la livrerai en pro- 
verbe et en exemple à tous les 
peuples. 

91. Ainsi cette maison sera en 
dérision à tous ceux qui passe- 
ront, et ils diront, frappés d'éton- 
nement : Pourquoi le Seigneur 
a-t-il fait ainsi à cette terre et à 
cette maison? 

22. Et l'on répondra : Parce 
qu'ils ont abandonné 16 Seigneur 
Dieu de leurs pères, qui les retira 
de la terre d'Egypte, et qu'ils ont 
pris des dieux étrangers, et qu'ils 
les ont adorés et servis: c'est 
pour cela que sont venus sur 
eux tousces maux. 


Car. VIII. 4. III Rois, 1x, 10. 


PARALIPOMÈNES.‏ זז 


CHAPITRE VIII. 


Salomon bátit plusieurs villes. Il rend 
tributaires les restes des Chananéens; 
règle le service des prêtres et des Lé- 
vites, et envoie une flotte à Ophir. 


1. Or, vingt ans s'étant accom- 
plis aprés que Salomon eut bâti 
la maison du Seigneur et sa pro- 
pre maison, 

2. Il bâtit les villes qu'Hiram 
lui avait données, et y fit habiter 
les enfants d'Israël. 

3. Il s'en alla aussi à Emath- 
Suba, et s'en empara. 

4. Et il bátit Palmyre dans le 
désert, et les autres villes trés 
fortifiées, il les bátit en Emath. 

5. Il construisit aussi Béthoron 
la haute, et Béthoron la basse, 
villes murées, ayant des portes, 
des verrous et des serrures ; 

6. Et de plus Balaath, toutes 
les villes trés fortes qui étaient 
à Salomon, toutes les villes des 
quadriges, et les villes de la ca- 
valerie : tout ce que Salomon 
voulut et décida, il le bâtit. 
dans Jérusalem, et sur le Liban, 
et dans tout le pays de sa domi- 
nation. 

7. Quant à tout le peuple qui 
était resté des Héthéens, des 
Amorrhéens, des Phérézéens, des 
Hévéens et des Jébuséens, qui 


18. On n'enlévera pas, etc. Voy. III Rois, τι, 4. 
2. Comme nous l'avons déjà remarqué, bdtir signifie quelquefois rebátir, faire des 


agrandissements, des embellissements. 


3. * Emath-Suba ou Soba est, d'après l'opinion la plus commune, 18 ville d'Emath 
(Voir II Rois, viu, 9), désignant ici le royaume dont cette ville était la capitale. 

4. * Palmyre. Voir note sur III Rois, 1x, 18. 

9. * Les deux Béfhoron, placées à l'entrée des défilés qui conduisaient dans le pays 
des Philistins et en Egypte, étaient pour cette raison trés importantes. 

6. Les villes des quadriges. Voir ch. 1, 14. — * Balaath ou Baalath, ville de la tribu 


de Dan. 


828 


n'étaient point de la race d'Is- 
raél, 

8. Mais des enfants et des des- 
cendants de ceux que les enfants 
d'Israél n'avaient point tués, Sa- 
lomon les rendit dépendants 
et tributaires jusqu'à ce jour. 

9. Pour les enfants d'Israël, il 
ne les employa pas à travailler 
aux ouvrages du roi; car c'é- 
taient des hommes de guerre, 
les premiers chefs et les com- 
mandants de ses quadriges et de 
sa cavalerie. 

10. Or tous les princes de l'ar- 
mée du roi Salomon étaient au 
nombre de deux cent cinquante, 
qui instruisaient le peuple. 

11. Quant à la fille de Pharaon, 
il la transporta de la cité de Da- 
vid dans la maison qu'il lui avait 
bâtie; car le roi dit : Ma femme 
n'habitera pas dans la maison de 
David, roi d'Israél, parce quelle 
a été sanctifiée, du moment que 
l'arche du Seigneur y est entrée. 

19. Alors Salomon offrit des 
holocaustes au Seigneur sur l'au- 
tel du Seigneur, qu'il avait cons- 
truit devant le portique, 

13. Pour qu'on y offrit chaque 
jour des sacrifices, selon le com- 
mandement de Moise, aux jours 
du sabbat, aux calendes, et aux 
jours de féte, trois fois par an, 
cest-à-dire à la solennité des 
azymes, à la solennité des se- 


11. III Rois, rr, 1. 


PARALIPOMÉNES.‏ זז 


[cg. vin.) 


maines et à la solennité des ta- 
bernacles. 

14. Et il établit, selon les pres- 
criptions de David, son père, les 
devoirs des prétres dans leur 
ministere, les Lévites dans leur 
ordre, pour chanter des louanges 
et servir devant les prétres, sui- 
vant le rite de chaque jour, et les 
portiers, d’après la distribution 
qui en avait été faite pour chaque 
porte; ainsi, en effet, l'avait or- 
donné David, l’homme de Dieu. 

15. Touchant les commande- 
ments du roi, ni les prétres ni 
les Lévites n'omirent rien de 
tout ce qu'il avait ordonné, et 
par rapport à la garde des tré- 
sors. 

16. Salomon eut toutes les dé- 
penses préparées depuis le jour 
qu'il jeta les fondements de la 
maison jusqu'au jour où il l'a- 
cheva. 

17. Alors Salomon alla à Asion- 
gaber et à Ailath, sur le bord de 
la mer Rouge, qui est dans la 
terre d'Edom. 

18. Or Hiram lui envoya, par 
l'entremise de ses serviteurs, des 
vaisseaux et des matelots con- 
naissant la mer, et ils allèrent 
avec les serviteurs de Salomon à 
Ophir, et ils emporterent de là 
quatre cent cinquante talents 
d'or, et ils les portèrent au roi 
Salomon. 


10. Instruisaient, etc.; c'est-à-dire dirigeaient le peuple dans les travaux, ou d'aprés 
le texte hébreux, lui commandaient, le gouvernaient. 

13. * Aux calendes, au commencement du mois, à la nouvelle lune. — À la solen- 
nilé des azymes, Pâques; à La solennité des semaines, Pentecôte. 

11 * A Asiongaber et à Ailath, ports sur la mer Rouge, à l'extrémité septentrionale 


du golfe Elanitique. 


18, * Ophir, probablement Abhira, dans l'Inde. à l'embouchure de l'Indus, 


-04. IX.) 


CHAPITRE IX. 


La reine de Saba vient voir Salomon. 
Richesses de ce prince. Description de 
son tróne. Mort de Salomon. Roboam 
lui succède. 


4. La reine de Saba aussi, ayant 
appris la renommée de Salomon, 
vint à Jérusalem pour l'éprouver 
par des énigmes, avec de grandes 
richesses, et des chameaux qui 
portaient des aromates, et une 
grande quantité d'or, et des 
pierres précieuses. Et lorsqu'elle 
fut venue vers Salomon, elle lui 
dit tout ce qui était en son cœur. 

2. Et Salomon lui expliqua tout 
ce qu'elle avait proposé, et il n'y 
eut rien qu'il ne lui éclaircit. 

3. Après qu'elle eut vu ces 
choses, c'est-à-dire la sagesse de 
Salomon et la maison qu'il avait 
bâtie, 

4. Ainsi que les mets de sa ta- 
ble, les logements de ses servi- 
teurs, les emplois de ceux qui le 
servaient, et leurs vêtements; 
de plus, ses échansons, leurs ha- 
bits, et les victimes qu'il immo- 
lait dans la maison du Seigneur, 
son esprit n'était plus en elle, à 
cause de son étonnement. 

ὃ. Et elle dit au roi : 1] est vé- 
ritable, le récit que j'avais oui 
dans mon pays, de vos vertus et 
de votre sagesse. 

6. Je n'ai pas cru à ceux qui 
me parlaient, jusqu'à ce que je 
sois venue moi-méme, que mes 
yeux aient vu, et que j'aie re- 
connu que la moitié de votre 


PARALIPOMÈNES.‏ זז 


829 


sagesse ne m'avait pas été racon- 
166 : vous avez surpassé la re- 
nommée par vos vertus. 

1. Heureux vos sujets, et heu- 
reux vos serviteurs, qui sont de- 
vant vous en tout temps, et qui 
écoutent votre sagesse ! 

8. Béni soit le Seigneur votre 
Dieu, qui a voulu vous placer sur 
son tróne, roi du Seigneur votre 
Dieu. Parce que Dieu aime Israél, 
et qu'il veutle conserver à jamais, 
c'est pour cela qu'il vous a établi 
roi sur lui, pour rendre les ju- 
gements et la justice. 

9. Or elle donna au roi cent 
vingt talents d'or, des aromates 
en trés grande quantité, et des 
pierres précieuses : il n'y a pas 
eu d'aromates tels que ceux que 
donna la reine de Saba à Salo- 
mon. 

10. Mais aussi les serviteurs 
d'Hiram avec les serviteurs de 
Salomon apportèrent de l'or d'O- 
phir, des bois odorants, et des 
pierres très précieuses. 

11. Le roi fit avec ces bois odo- 
rants des degrés dans la maison 
du Seigneur et dans la maison 
du roi, et aussi des harpes et des 
psaltérions pour les chantres : 
jamais on n'a vu dans la terre 
de Juda de tels bois. 

19. Or le roi Salomon donna 
à la reine de Saba tout ce qu'elle 
voulut et ce qu'elle demanda, et 
beaucoup plus qu'elle ne lui avait 
apporté ; et la reine, s'en retour- 
nant, s'en alla en son pays avec 
ses serviteurs. 


(ΒΑΡ. IX. 1. III Rois, x, 1; Matt., xit, 42; Luc, xi, 34. 


———— ÀÓÀ 


4. * Saba. Voir ΠΙ Rois, x, 1. 


4. Son esprit, etc ; elle était ravie, hors d'elle-même. 


830 


13. Or le poids de l'or qu'on 
apportait à Salomon chaque an- 
née était de six cent soixante-six 
talents d’or, 

14. Outre la somme que les 
députés de diverses nations et 
les marchands avaient accoutu- 
mé d'apporter, ainsi que tous 
les rois d'Arabie, et tous les gou- 
verneurs des provinces, qui ap- 
portaient de l'or et de l'argent à 
Salomon. 

15. Le roi Salomon fit donc 
deux cents lances d'or, d'une 
somme de six cents sicles d'or, 
qui étaient dépensés pour chaque 
lance ; 

16. Et de plus trois cents bou- 
cliers d'or de trois cents szc/es d'or 
avec lesquels chaque bouclier 
était couvert; et le roi les placa 
dans l'arsenal, qui était planté 
d'un bois. 

17. Le roi fit encore un grand 
tróne d'ivoire, et le revétit d'un 
or trés pur ; 

18. Et de plus six degrés par 
lesquels on montait au tróne, un 
marchepied d'or, deux petits bras 
de chaque cóté, et deux lions qui 
étaient pres des deux petits bras, 

19. Et aussi douze autres petits 
lions qui étaient sur les six de- 
grés, d'un cóté et de l'autre : il 
n'y a pas eu un tel tróne dans 
aucun royaume. 


II PARALIPOMENES. 


[cu. 1x.) 


20. Tous les vases de la table 
du roi étaient également d'or, et 
tous les vases de la maison du 
bois du Liban aussi d'un or très 
pur; car l'argent, au jour de Sa- 
lomon, était réputé comme rien, 

21. Attendu que les vaisseaux 
du roi allaient en Tharsis avec les 
serviteurs d'Hiram une fois tous 
les trois ans; et ils apportaient 
de là de l'or, de l'argent, de 11-᾿ 
voire, des singes, et des paons. 

22. Le roi Salomon surpassa 
donc tous les rois de la terre en 
richesse et en gloire. 

93. Et tous les rois de la terre 
désiraient voir la face de Salo- 
mon, pour écouter la sagesse que 
Dieu avait mise en son ceur; 

24. Et ils lui envoyaient des 
présents, des vases d'argent et 
d'or, des vétements, des armes, 
des aromates, des chevaux et des 
mulets, à chaque année. 

95. Salomon eut encore qua- 
rante mille chevaux dans des 
écuries, douze mille chars et au- 
tant de cavaliers, et il les placa 
dans les villes des quadriges, et 
où était le roi, dans Jérusalem. 

26. Il exerca aussi sa puissance 
sur tous les rois, depuis le fleuve 
d'Euphrate jusqu'à la terre des 
Philistins et jusqu'aux frontieres 
d'Egypte. 

27. Et il procura une abon- 


43. * Six cent soixante-six talents d'or. Voir III Rois x, 14. 
14. * Arabie, le pays qui s'étend à l'est et au sud de la Palestine jusqu'à la mer 


Rouge. 


16. Avec lesquels, etc., c'est-à-dire qu'on employait trois cents sicles d'or pour cou- 
vrir un seul bouclier. — Qui était planté; qui était entouré. Au lieu de dans l'arse- 
nal, etc., l'hébreu porte, comme la Vulgate elle-même dans III Rois, vu, 11 : Dans 
la maison du bois du Liban. — * Boucliers. Voir III Rois, x, 16-17. 

19. Aucun. Comme nous l'avons déjà remarqué, le mot fout signifie en hébreu, au- 
cun, pas un, quand il est joint à une négation. 

21. * Les vaisseaux du roi allaient en Tharsis. Voir 11] /lois, x, 22. 

27. * Des sycomures à figues. Voir Luc, xix, 4. 


[cu. x.] 


dance d'argent dans Jérusalem 
comme celle des pierres, et une 
multitude de cèdres, semblable à 
celle des sycomores qui sont 
produits dans les plaines. 

98. Or on lui amenait des che- 
vaux d'Egypte et de tous les pays. 

29. Mais le reste des actions 
de Salomon, des premieres et 
des dernieres, est écrit parmi les 
paroles de Nathan, le prophete, 
dans les livres d'Ahias, le Silo- 
nite, et aussi dans la vision 
d'Addo, le Voyant, contre Jéro- 
boam, fils de Nabath. 

30. Or Salomon régna à Jéru- 
salem sur tout Israél, pendant 
quarante ans. 

31. Et il s'endormit avec ses 
peres; et on l'ensevelit dans la 
cité de David; et Roboam, son 
fils, régna à sa place. 


CHAPITRE X. 


Séparation des tribus. Roboam demeure 
roi de Juda et de Benjamin. 


1. Or Roboam partit pour Si- 
chem; car c'est là que tout Israël 
s'était assemblé pourl'établir roi. 

2. Ge qu'ayantapprisJéroboam, 
fils de Nabath, qui était en Egypte 
(car il avait fui là de devant Sa- 
lomon), il revint aussitót. 

3. On l'appela donc, et il vint 
avec tout Israël, et ils parlèrent 
à Roboam, disant : 

4. Votre père nous a opprimés 
sous un joug très dur; mais vous, 
commandez-nous avec plus de 
douceur que votre père, qui a 


Cab. X. 1. 111 Rois, xii, 4. 


PARALIPOMÈNES,‏ וז 


831 
imposé sur nous une lourde ser- 
vitude, et allégez quelque chose 
de ce fardeau, afin que nous vous 
servions. 

ὃ. Il leur dit: Après trois jours, 
revenez vers moi. Et, lorsque le 
peuple s'en fut allé, 

6. Il tint conseil avec les an- 
ciens qui s'étaient tenus devant 
son pere, Salomon, pendant qu'il 
vivait encore, disant : Quel con- 
seil me donnez-vous, afin que je 
réponde au peuple? 

7. Ils lui dirent : Si vous plai- 
sez à ce peuple, et que vous 
lapaisiez par des paroles dou- 
ces, ils vous serviront en tout 
temps. 

8. Mais Roboam abandonna le 
conseil des anciens, et commenca 
à traiter avec les jeunes gens 
qui avaient été nourris avec lui, 
et qui étaient toujours à sa 
suite. 

9. Et il leur dit: Que vous en 
semble ? ou que dois-je répondre 
à ce peuple, qui m'a dit : Adou- 
cissez le joug que nous a imposé 
votre pere? 

10. Mais ceux-ci lui répondi- 
rent comme des jeunes gens qui 
avaient été nourris avec lui dans 
les délices, et dirent : C'est ainsi 
que vous parlerez au peuple qui 
vous ἃ dit : Votre père a aggravé 
notre joug ; mais vous, allégez-le; 
et vous lui répondrez : Mon plus 
petit doigt est plus gros que le 
dos de mon père. 

11. Mon pere vous a imposé un 
joug pesant, et moi, j'y ajouterai 


1. * Sichem, au centre de la Palestine. Voir Genése, xit, 6. 
6. Qui s'étaient tenus, etc.; qui avaient été du conseil de son père. 
11. Avec des scorpions. Voy. 111 Rois, xu, 411. 


832 


un poids plus pesant. Mon pere 
vous a déchirés avec des verges, 
mais moi, je vous déchirerai avec 
des scorpions. 

12. Jéroboam vint donc et tout 
le peuple, vers Roboam, le troi- 
sieme jour, comme il leur avait 
ordonné. 

13. Etle roi répondit des choses 
dures, abandonnant le conseil 
des anciens ; 

14. Et il leur dit selon le désir 
des jeunes gens : Mon pere 
vous a imposé un joug pesant, 
que je rendrai moi-méme plus 
pesant : mon père vous a déchi- 
rés avec des verges, mais moi, 
je vous déchirerai avec des scor- 
pions. 

15. Et 11 n'acquiesca pas aux 
prieres du peuple; car il était 
dans la volonté de Dieu que füt 
accomplie sa parole qu'il avait 
dite par l'entremise d'Athias, le 
Silonite, à Jéroboam, fils de 
Nabath. 

16. Or tout le peuple, le roi 
lui ayant dit des choses si dures, 
lui parla ainsi : Nous n'avons 
point de part avec David, ni d'hé- 
ritage avec le fils d'Isai. Re- 
tourne dans tes tabernacles, Is- 
raél; mais vous, David, prenez 
soin de votre maison. Et Israël 
s'en alla dans ses tabernacles. 

11. Mais quant aux enfants d'Is- 
raél qui habitaient dans les vil- 
les de Juda, Roboam régna sur 
eux. ; 

18. Le roi Roboam envoya en- 


II PARALIPOMÉNES. 


]68. xi.] 


suite Aduram, qui était surin- 
tendant des tributs; et les en- 
fants d'Israël 16 lapidèrent, et 
il mourut. Or le roi Roboam se 
hâta de monter sur son char, et 
s'enfuit à Jérusalem. 

19. Et Israël s'est tenu séparé 
dela maison de David jusqu'à ce 
jour. 


CHAPITRE XI. 


Dieu défend à Roboam de faire la guerre 
aux dix tribus. Les prétres, les Lévites 
ettous ceux qui craignent Dieu viennent 
vers Roboam. Enfants de ce prince. 


1. Roboam vint donc à Jéru- 
salem, et il convoqua toute la 
maison de Juda et de Benjamin, 
cent quatre-vingt mille hommes, 
choisis et guerriers, pour com- 
battre contre Israél et ramener à 
lui son royaume. 

2. Alors la parole du Seigneur 
fut adressée à Séméias, homme 
de Dieu, disant : 

3. Dis à Roboam, fils de Salo- 
mon, roi de Juda, et à tout le 
peuple d'Israél qui est dans Juda 
et Benjamin : 

4. Voici ce que dit le Seigneur: 
Vous ne monterez pas, vous ne 
combattrez pas contre vos frè- 
res : que chacun retourne en sa 
maison, parce que cela s'est fait 
par ma volonté. Ceux-ci, lors- 
quils eurent entendu la parole 
du Seigneur, s'en retournèrent, 
et n'avancerent pas contre Jéro- 
boam. 

5. Ainsi Roboam habita àJéru- 


15. 11] Rois, xr, 29. — .ג‎ XI. 1. III Rois, xir, 21. 


16. Nous n'avons point de part, etc. Voy. III Rois, xn, 16. 
48. * Aduram, Adoniram. Voir III Ross, 1v, 6. 


3. Dans Juda et Benjamin; c'est-à-dire dans les tribus de Juda et de Benjamin. 


[cH. x1.]. 
salem, et bâtit des villes murées 
dans Juda. 

6. Il construisit done Bethlé- 
bem, Etham, Thécué, 

7. Et aussi Bethsur, 
Odollam ; 

8. De plus Geth, Marésa, Ziph, 

9. Et même Aduram, Lachis, 
et Azéca, 

10. Saraa aussi, et Aïalon, et 
Hébron, qui étaient dans Juda et 
Benjamin, villes très forlifiées. 

11. Et quand il les eut fermées 
de murs, il y mit des gouver- 
neurs et des magasins de vivres, 
c'est-à-dire d'huile et de vin. 

19. Mais ?/ établit aussi dans 
chaque ville un arsenal de bou- 
cliers et de lances, et il fortifia 
ces villes avec le plus grand soin; 
et il régna sur Juda et Benjamin. 

13. Orles prétres et les Lévi- 
tes qui étaient dans tout Israél, 
vinrent auprès de lui, de toutes 
leurs demeures, 

14. Abandonnant les faubourgs 
et leurs possessions, et passant 
dans Juda et à Jérusalem, parce 
que Jéroboam οἱ ses enfants 
les avaient chassés, afin qu'ils 
n'exercassent pas les fonctions 
du sacerdoce du Seigneur. 

15. Jéroboam se constitua lui- 
méme des prétres pour les hauts 
lieux, pour les démons, et pour 
les veaux qu'il avait faits. 

16. Mais de plus, dans toutes 
les tribus d'Israél, tous ceux qui 
avaient mis leur cœur à chercher 
le Seigneur Dieu d'Israél, vin- 


Socho, 


PARALIPOMÉNES.‏ זז 


899 
rent à Jérusalem pour immoler 
leurs victimes devant le Seigneur 
Dieu de leurs pères. 

17. Et ils fortifièrent le royau- 
me de Juda, et ils affermirent 
Roboam, fils de Salomon, durant 
trois ans; car ils marchèrent 
dans les voies de David et de Sa- 
lomon, durant trois ans seule- 
ment. 

18. Or Roboam épousa Maha- 
lath, fille de Jérimoth, fils de Da- 
vid, et encore Abihail, fille d'E- 
liab, fils d'Isai, 

19. Laquelle lui enfanta Jéhus, 
Somoria et Zoom. 

20. Après celle-ci, il prit encore 
Maacha, fille d'Absalom, laquelle 
lui enfanta Abia, Ethaï, Ziza et 
Salomith. 

21. Or Roboam aima Maacha, 
fille d'Absalom, plus que toutes 
ses femmes du premier et du se- 
cond rang; car il avait épousé 
dix-huitfemmes du premierrang, 
et soixante du second ; et il avait 
engendré vingt-huit fils et soi- 
xante filles. 

22. Mais il établit en téte Abia, 
fils de Maacha, chef sur tous ses 
freres; car c'est lui qu'il pensait 
faire roi, 

23. Parce qu'il était plus sage 
et plus puissant que tous ses frè- 
res dans tous les confins de Juda 
et de Benjamin et dans toutesles 
villes murées ; et il leur donna 
des vivres en abondance, et il 
leur chercha un grand nombre de 


.femmes. 


—————————————— M 


6. * Bethléhem. Voir note sur Ruth, 1, 4. 


1. * Bethsur, ville de Juda, sur une éminence, auprès de la Fontaine de St-Philippe, 
dominant la route qui mène à Hébron. Elle joua un grand rôle dans les guerres des 


Machabées. 


9, * Aduram, ville de Juda. à l'ouest d'Hébron. 


ACT 


aJ 


834 il PARALIPOMÈNES. 


CHAPITRE XII. 


Invasion de Sésac, roi d'Egypte. Mort de 
Roboam. Abia lui succède. 


1. Et lorsque le royaume de 
Roboam fut fortifié et affermi, 
il abandonna 18 loi du Seigneur, 
lui et tout Israël avec lui. 

2. Mais à la cinquième année 
du regne de Roboam, Sésac, roi 
d'Egypte, monta à Jérusalem 
(parce que les Israélites avaient 
péché contre le Seigneur) 

3. Avec mille et deux cents cha- 
riots et soixante mille cavaliers ; 
et le bas peuple qui était venu 
d'Egypte avec lui était sans nom- 
bre; 11 se composait de Libyens, 
de Troglodytes et d'Ethiopiens. 

4. Et il prit les villes les plus 
fortifiées dans Juda, et il vint jus- 
qu'à Jérusalem. 

9. Or Séméias, le prophète, vint 
trouver 16 roi Roboam et les prin- 
ces de Juda, qui s'étaient réunis 
à Jérusalem, fuyant Sésac, et il 
leur dit : Voici ce que dit le Sei- 
gneur : Vous, vous m'avez aban- 
donné, et moi, je vous ai aban- 
donnés à la main de Sésac. 

6. Alors, consternés, les princes 
d'Israël et le roi dirent : Il est 
Juste, le Seigneur. 

7. Et lorsque le Seigneur vit 
qu'ils étaient humiliés, la parole 
du Seigneur fut adressée à Sé- 


Car. XII. 13. ΠῚ Rois, xiv, 21. 


XIV,-25. 


[cir xir.] 


méias, disant : Puisqu'ils se sont 
humiliés, je ne les exterminerai 
point, je leur donnerai un peu de 
secours, et ma fureur ne s'épan- 
chera pas sur Jérusalem par la 
main de Sésac ; 

8. Cependant ils le serviront, 
afin qu'ils sachent la différence 
de mon service et du service du 
royaume des nations. 

9. C'est pourquoi Sésac, roi d'E- 
gyple, se retira de Jérusalem 
après avoir enlevé les trésors de 
la maison du Seigneur et de la 
maison du roi, et il emporta tout 
avec lui, méme les boucliers d'or 
qu'avait faits Salomon, 

10. A la place desquels le roi en 
fit d'airain, et les remit aux chefs 
des scutaires qui gardaientle ves- 
tibule du palais. 

11. Et lorsque le roi entrait dans 
la maison du Seigneur, les scu- 
taires venaient et les prenaient, 
puis ils les reportaient de nou- 
veau dans leur arsenal. 

19. Ainsi donc, parce qu'ils s'é- 
taient humiliés, la colère du Sei- 
gneur fut détournée d'eux, et ils 
ne furent pas entierement dé- 
truits, attendu qu'il se trouva en- 
core dans Juda de bonnes œu- 
vres. 

13. Le roi Roboam se fortifia 
done dans Jérusalem, et y régna; 
or il avait quarante et un ans 
quand il commenca à régner, et 


2. * Sésac, fondateur de la xxi dynastie égyptienne. Voir la note sur 11] 


3. Troglodytes; mot grec qui signifie ceux qui se cachent, qui demeurent dans des 


cavernes. 


8. Du royaume: l'hébreu lit des royaumes. 


9. * Les boucliers d'or qu'avaient faits Salomon avec l'or que sa flotte lui avait rap- 
porté d'Ophir. Voir la note sur 111 Rois, x, 16-17. 
13, L'Ammanile; l'hébreu porte l'Ammonite, du pays des Ammonites, 


(cu. xur.] 


il régna dix-sept ans à Jérusalem, 
ville que le Seigneur avait choi- 
sie d'entre toutes les tribus d'Is- 
raél pour y établir son nom : or 
le nom de sa mere était Naama, 
l'Ammanite. 

14. Mais il fit le mal, et ne pré- 
para point son cœur pour cher- 
cher le Seigneur. 

15. Or les actions de Roboam, 
les premieres et les dernieres, 
sont écrites dans les livres de Sé- 
méias, le prophete, et d'Addo, le 
Voyant, et rapportées exacte- 
ment : et Roboam et Jéroboam 
se firent la guerre durant tous 
leurs jours. 

16. Et Roboam dormit avec ses 
pères, et il fut enseveli dans la 
cité de David ; et Abia, son fils, 
régna en sa place. 


CHAPITRE XIII. 


Guerre entre Abia, roi de Juda, et Jéro- 
boam, roi d'Israél. Défaite de Jéro- 
boam. 


1. En la dix-huitieme année du 
regne de Jéroboam, Abia régna 
sur Juda. 

2. Il régna trois ans à Jérusa- 
lem, et le nom de sa mère était 
Michaia, fille d'Uriel de Gabaa; et 
il y eut guerre entre Abia et Jéro- 
boam. 

3. Et comme Abia préparait le 
combat, et qu'il avait des hommes 
tres vaillants, et quatre cent mille 
guerriers choisis, Jéroboam ran- 


ji PARALIPOMÉNES 


895 


gea vis-à-vis en bataille une ar- 
mée de huit cent mille hommes, 
qui eux aussi étaient trés forts 
aux combats. 

4. Abias'arréta donc surla mon- 
tagne de Séméron, qui était en 
Ephraim, et il dit: Ecoutez, Jéro- 
boam, et tout Israël. 

5. Est-ce que vous ignorez que 
le Seigneur Dieu d'Israël a donné 
à David un royaume sur Israël 
pour toujours, à lui et à ses fils, 
par un pacte de sel? 

6. Et Jéroboam, fils de Nabath, 
serviteur de Salomon, fils de Da- 
vid, s'est levé et s'est révolté 
contre son seigneur ; 

7. Et se sont réunis à lui des 
hommes de néant, fils de Bélial, 
et ils ont prévalu contre Roboam, 
fils de Salomon : or Roboam était 
sans expérience, d'un cœur crain- 
üf, eL il ne put leur résister. 

8. Maintenant donc, vous dites 
que vous pourrez résister au 
royaume du Seigneur, qu'il pos- 
sede par les fils de David, et que 
vous avez une grande multitude 
de peuple et des veaux d'or que 
Jéroboam vous a fails pour vos 
dieux. 

9. Et vous avez chassé les pré- 
ires du Seigneur, fils d'Aaron, et 
les Lévites; et vous vous étes fait 
à vous-mémes des prétres comme 
tous les peuples de la terre : qui- 
conque vient, et consacre sa main 
avec un taureau d'entre les 


Cuar. XIII. 1. III Rois, xv, 2. — 3. III Rois, xv, 1. — 6. III Rois, xr, 26. — 9. III Rois, 


xir, 34. 


4. * Sur la montagne de Séméron, probablement la montagne sur laquelle était bâtie 
Samaraim (Josué, xvin, 22), dans le voisinage de Béthel. 
9. Pacte de sel; aussi incorruptible que le sel, perpétuel. 


1. Fils de Bélial. Voy. Il Corinth., νι, 45. 


9. Avec un taureau, etc.; c'est-à-dire par l'immolation d'un jeune taureau pris dans 


an troupeau de יס‎ |. 


856 
bœufs, et avec sept béliers, est 
fait prétre de ceux qui ne sont 
point dieux. 

10. Mais notre Seigneur est 
Dieu, et nous ne l'abandonnons 
pas : des prêtres d'entre les fils 
d'Aaron servent le Seigneur, et 
les Lévites sont à leur place. 

11. On offre aussi des holo- 
caustes au Seigneur chaque jour, 
le soir et le matin, ainsi qu'un 
parfum composé selon les pré- 
ceptes de la loi, et l'on expose 
des pains sur la table très pure; 
nous avons le chandelier d'or et 
ses lampes, pour qu'elles soient 
loujours allumées le soir : car 
nous, nous gardons fidelement 
les préceptes du Seigneur notre 
Dieu, que vous, vous avez aban- 
donné. 

42. Ainsi dans notre armée, le 
chef, c'est Dieu, et ses prétres qui 
sonnentdestrompettes, etlesfont 
relentir contre vous. Enfants d'Is- 
raél, ne combattez point contre 
le Seigneur Dieu de vos peres; 
car cela ne vous est point avan- 
lageux. 

13. Pendant qu'il disait ces cho- 
ses, Jéroboam lui tendait par der- 
riere des embüches; et, comme 
il se tenait en face des ennemis, 
il entourait de son armée Juda 
qui l'ignorait. 

14. Mais Juda, ayant tourné la 
têle, vit que la guerre le mena- 
çait par devant et par derriere; 
et il cria vers le Seigneur, et les 


II PARALIPOMÈNES. 


(cu. xui.) 


prétres commencerent à sonner 
des trompettes. 

15. Alors tous les hommes de 
Juda poussèrent de grands cris; 
or voici que, comme ils criaient, 
Dieu épouvanta Jéroboam et tout 
Israël, qui se trouvait en face 
d'Abia et de Juda. 

16. Ainsi les enfants d'Israël 
s'enfuirent devant Juda, et Dieu 
les livra en sa main. 

17. Abia les frappa, donc ainsi 
que son peuple, d'une grande 
plaie, et il tomba, blessés, du 
côté d'Israël, cinq cent mille des 
hommes forts. 

18. Et les enfants d'Israél fu- 
rent humiliés en ce temps-là, el 
les enfants de Juda reprirent en- 
tièrement courage, parce qu'ils 
avaient espéré dans le Seigneur 
Dieu de leurs peres. 

19. Or Abia poursuivit Jéro- 
boam fuyant, et il prit de ses 
villes : Béthel et ses filles, Jésana 
avec ses filles, Ephron aussi et 
ses filles. 

20. Et Jéroboam ne fut plus 
assez fort pour résister dans les 
jours d'Abia; Dieu le frappa, et 
il mourut. 

21. Ainsi Abia, son empire af- 
fermi, prit quatorze femmes, et 
procréa vingt-deux fils et seize 
filles. 

22. Le reste des actions, des 
voies et des œuvres d'Abia est 
écrit très exactement dans le 
livre d'Addo, le prophète. 


10. Sont à leur place; à leurs fonctions; ils accomplissent leur ministère. 
11. * Cinq cent nulle des hommes forts. Le nombre doit avoir été grossi par les 


transcripteurs du texte. 


19. Ses filles. Voy. 1 Paralip., viz, 28. — * Béthei, au nord de Jérusalem. Jésana et 
Ephron étaient dans le voisinage, vers la limite des royaumes de Juda et d'Israél. 


fci, xiv.] 


CHAPITRE XIV. 

Mort d'Abia. Asa lui succède. Zara, roi 
d'Ethiopie, vient l'attaquer. Asa rem- 
porte sur lui la victoire. 

1. Abia dormit ensuite avec 
ses peres, et on l'ensevelit dans 
la cité de David, et son fils Asa 
régna en sa place; et, durant ses 
jours, la terre se reposa pendant 
dix ans. 

2. Or Asa fit ce qui était bon 
et agréable en la présence de 
son Dieu : il détruisit les autels 
du culte étranger et les hauts 
lieux; 

3. Il brisa aussi les statues, 
coupa les bois sacrés ; 

4. Etcommanda à Juda de cher- 
cher le Seigneur Dieu de leurs 
peres, et d'observer la loi et tous 
les commandements. 

5. Et il enleva de toutes les 
villes de Juda les autels et les 
temples, et il régna en paix. 

6. Il bátit aussi des villes forti- 
fiées dans Juda, parce qu'il était 
tranquille, et qu'aucune guerre 
ne s'était élevée de son temps, 
le Seigneur lui accordant la paix. 

7. C'est pourquoi il dit à Juda : 
Bátisscns ces villes, entourons- 
les de murs, et fortifions-les de 
tours, de portes et de serrures, 
pendant que tout est en repos du 
cóté des guerres, parce que nous 
avons cherché le Seigneur Dieu 
le nos pères, et qu'il nous a 


Caar. XIV. 1. III Ros, xv, 8. 


PARALIPOMÉNES.‏ זז 


837 


donné la paix tout autour. [ls bà- 
tirent donc, et, pendant la cons- 
truction, il n'y eut aucun empé- 
chement. 

8. Or Asa eut dans son armée 
trois cent mille Aomes de Juda. 
portant des boucliers et des 
piques; mais de Benjamin deux 
cent quatre-vingt mille scutaires 
et archers : tous ces hommes 
étaient tres vaillants. 

9. Cependant Zara, l'Ethiopien, 
sortit contre eux avec son armée 
d'un million d'hommes et trois 
cents chariots, et il vint jusqu'à 
Marésa. 

10. Mais Asa alla au-devant de 
lui, et rangea son armée en ba- 
taille dans la vallée de Séphata, 
qui est pres de Marésa; 

11. Et il invoqua le Seigneur 
soa Dieu, et dit : Seigneur, il n'y 
a pour vous aucune différence 
de secourir avec un petit nombre 
ou un trés grand nombre: se- 
courez-nous, Seigneur notre 
Dieu, car c'est en vous et en 
votre nom qu'ayant confiance, 
nous sommes venus contre cette 
multitude. Seigneur, vous étes 
notre Dieu; qu'un homme ne 
l'emporte pas sur vous. 

19. C'est pourquoi le Seigneur 
épouvanta les Ethiopiens devant 
Asa et Juda; et les Ethiopiens 
s'enfuirent. 

13. Et Asa les poursuivit, ainsi 
que le peuple qui était avec lui, 


6, 7. Bátir, comme on l'a déjà remarqué, signifie souvent, dans la Bible, reódtir. 
faire des agrandissements, des embellissements. 

9. * Zara, l'Ethiopien, est, d’après plusieurs égyptologues, Osorkon Ie", pharaon de 
la xxne dynastie égyptienne, qui succéda à Sésac, le vainqueur de Roboam. — Ma- 


résa se trouvait entre Hébron et Azot. 


10. * Séphata, dans le territoire de la tribu de Juda. 


808 
jusqu'à Gérare; et les Ethiopiens 
périrent jusqu'à une entière ex- 
termination, parce qu'ils furent 
brisés, le Seigneur les taillant en 
pieces, pendant que ‘l'armée 
d'Asa combattait. Ainsi Jes /sraé- 
lites remporterent beaucoup de 
dépouilles, 

14. Et ils frappèrent toutes les 
villes autour de Gérare; car une 
grande terreur avait saisi tout le 
monde ; et ils pillerent les villes, 
et emporterent un grand butin. 

15. Mais détruisant méme les 
pares de brebis, ils prirent une 
multitude infinie de menu bétail 
et de chameaux, et ils revinrent 
à Jérusalem. 


CHAPITRE XV. 


Prédiction du prophète Azarias. Zèle 
d'Asa contre l'idolätrie. Renouvelle- 
me^it de l'alliance avec le Seigneur. Asa 
óte l'autorité à sa mère, qui avait élevé 
une idole. 


1. Or Azarias, fils d'Oded, l'es- 
prit de Dieu étant venu en lui, 

9. Sortit à la rencontre d'Asa, 
et lui dit : Ecoutez-moi, Asa, et 
vous, Juda et Benjamin. Le Sei- 
gneur à été avec vous, parce 
que vous avez été ayec lui. Si 
vous le cherchez, vous le trouve- 
rez, mais si vous l'abandonnez, 
il vous abandonnera. 


ll PARALIPOMÉNES. 


[cu. xv.] 


3. Il se passera un grand 
nombre de jours en Israél, sans 
vrai Dieu, sans prêtre enseignant 
et sans loi. 

4. Et lorsque dans leur an- 
goisse ils reviendront au Sei- 
gneur Dieu d'Israël, et qu'ils le 
chercheront, ils le trouveront. 

5. En ce temps-là, il n'y aura 
point de paix pour l'entrant et le 
sortant, mais des terreurs de 
toutes parts sur tous les habi- 
tants de la terre; 

6. Car une nation combattra 
contre une nation, et une ville 
contre une ville, parce que le 
Seigneur les troublera de toutes 
sortes d'angoisses. 

7. Vous donc, fortifiez-vous, et 
que vos mains ne s'affaiblissent 
point; car il y aura une récom- 
pense pour votre ceuvre. 

8. Lorsqu'Asa eut entendu cela, 
c'est-à-dire les paroles et la pro- 
phétie d'Azarias, fils d'Oded, le 
prophète, il se fortifia, et enleva 
les idoles de toute la terre de 
Juda et de Benjamin, et des villes 
quil avait prises, du mont 
Ephraim, etil dédia lautel du 
Seigneur qui était devant le por- 
tique du Seigneur. 

9. Et il assembla tout Juda et 
Benjamin, et avec eux les étran- 
gers venus d'Ephraim, de Ma- 


—— — — M ——— ——— — —  »ὲ-»..0ς’ΡῬἉωςα».ο..-.. ᾽-“-ὕ. 


44. * Gérare, aujourd'hui Khirbet el-Gerah, au sud de Gaza. 


3. Les uns entendent ce qui est dit dans ce verset, du royaume d'Israél, c'est-à-dire 
des tribus qui avaient dés lors substitué au culte du vrai Dieu un culte superstitieux 
et idolàtrique : d'autres, du temps où les Juifs furent captifs à Babylone ; d'autres enfin, 
de l'état présent des Juifs depuis la mort de Jésus-Christ, à cause du rapport frap- 
pant qu'il y a entre cette prophétie d'Azarias et celle d'Osée, τι, 4, 5, qui regarde cer- 
tainement l'état présent des Juifs. 

5. Par l'expression entrer et sortir, les Hébreux entendaient toutes les actions et 
toutes les situations de la vie. 

8. * Il dédia. Dans le texte original, il renouvela, répara l'autel du Seigneur, l'autel 
des hclocaustes qui avait été érigé une soixantaine d'années auparavant et avait sans 
doute besoin de réparations. 


]68. xvi.] 


nassé, et de Siméon; car plu- 
sieurs s'étaient réfugiés d'Israél 
vers lui, voyant que le Seigneur 
son Dieu était avec lui. 

10. Et lorsqu'ils furent venus 
à Jérusalem le troisieme mois, 
l'an quinzième du règne d'Asa, 

11. Ils immolèrent au Seigneur 
en ce jour-là, parmi les dépouilles 
etle butin qu'ils avaientemmené, 
sept cents 200015 et sept mille 
béliers. 

12. Et 16 roi entra selon la cou- 
tume pour confirmer l'alliance, 
afin qu'ils cherchassent le Sei- 
gneur Dieu de leurs péres de 
tout leur cœur et de toute leur 
áme. 

13. Or, si quelqu'un, dit-il, ne 
cherche pas le Seigneur Dieu d'Is- 
raël, qu'il meure, depuis le plus 
petit jusqu'au plus grand, depuis 
l'homme jusqu'à la femme. 

14. Et ils le jurèrent au Sei- 
gneur avec une voix forte au mi- 
lieu des cris de joie, au bruit de 
la trompette et au son des clai- 
rons, 

15. Tous ceux qui étaient dans 
la Judée, avec exécration; car 
c'est en tout leur cœur qu'ils ju- 
rèrent, et avec leur entière vo- 
lonté qu'ils chercherent le Sei- 
gneur; et ils le trouverent, et le 
Seigneur leur donna le repos à 
l'entour. 

16. Asa déposa Maacha, mere 
du roi, de l'autorité souveraine, 
parce qu'elle avait élevé dans un 
bois sacré un simulacre de Priape, 
qu'il brisa entierement ; et l'ayant 


II PARALIPOMÈNES. 


899 


mis en pieces, il le brüla dans le 
torrent de Cédron. 

11. Mais les hauts lieux restè- 
rent en Israël; cependant le cœur 
d'Asa fut parfait durant tous ses 
jours. 

18. Et les choses que son pere 
avait vouées ainsi que lui-même, 
il les porta dans la maison du 
Seigneur : del'argent, de l'or et 
différentes espèces de vases. 

19. Oril n'y eut point de guerre 
jusqu'à la trente-cinquieme an- 
née du regne d'Asa. 


CHAPITRE XVI. 


Asa appelle à son secours le roi de Sy- 
rie contre Baasa, roi d'Israël, et il en 
est repris par le prophéte Hanani. 
Maladie et mort d'Asa. 


1. Mais à l'année trente-sixième 
de son regne, Baasa, roi d'Israël, 
monta en Juda, et environna d'un 
mur Rama, afin que nul du royau- 
me d'Asa ne püt sürement sortir 
et entrer. 

2. Asa prit donc de l'argent et 
de l'or des trésors de la maison du 
Seigneur, et des trésors du roi, 
etenvoya à Bénadad, roi de Syrie, 
qui habitait à Damas, disant : 

3. ll y 8 une alliance entre 
moi et vous; mon pere aussi et 
le vótre ont entretenu la con- 
corde; c'est pourquoi je vous ai 
envoyé de l'argent et de l'or, afin 
que, rompant l'alliance que vous 
avez faite avec Baasa, roi d'Israél, 
vous l'obligiez à s'éloigner de 
moi. 

4. Cette nouvelle reçue, Béna- 


16. * Un simulacre de Priape. Dans l'hébreu, un pieu d'Aschéra ou Astarté, — 66- 
dron, vallée à l'est et au sud-est de Jérusalem. 

1. * Rama, aujourd'hui er-Ram, au nord de Jérusalem. 

4. * Abelmaim est appelé ailleurs simplement Abéla, 11 Rois, xx, 14. Toutes lcs 


810 
dad envoya les princes de ses 
armées contre les villes d'Is- 
raël, lesquels frappèrent Ahion, 
et Dan, et Abelmaim, et toutes 
les villes de Nephthali murées. 

9. Lorsque Baasal'eut appris, il 
cessa de bâtir Rama, et inter- 
rompit son ouvrage. 

6. Or le roi Asa prit tout Juda 
avec lui, et ils enlevèrent les 
pierres de Rama et les] bois 
qu'avaient préparés Baasa pour 
bàtir, et il en bâtit Gabaa et 
Maspha. 

7. En ce temps-là, Hanani, le 
prophéte, vint vers Asa, roi de 
Juda, et lui dit : Parce que vous 
avez eu confiance dans le roi de 
Syrie, et non dans le Seigneur 
votre Dieu, c'est pourquoi l'armée 
du roi de Syrie s'est échappée de 
votre main. 

8. Est-ce que les Ethiopiens et 
les Libyens n'étaient pas beau- 
coup plus nombreux en quadri- 
ges, en cavaliers et en une mul- 
litude considérable? Et comme 
vous aviez cru au Seigneur, il les 
livra en votre main. 

9. Car les yeux du Seigneur 
contemplent toute la terrre, et ils 
donnent de la force à ceux qui 
d'un cœur parfait croient en lui. 
Vous avez donc agi follement, et 
à cause de cela dès à présent des 
guerres s'éleveront contre vous. 

10. Mais Asa, irrité contre le 


βαρ. XVI. 8. Supra, xiv, 9. 


PARALIPOMÉNES.‏ זז 


[cu. xvn.] 


Voyant, commanda qu'il füt mis 
dans les chaines ; car il avait été 
très indigné de ses paroles; et 
iltua en ce temps-là un grand 
nombre de personnes d'entre le 
peuple. 

11. Or les actions d'Asa, les 
premieres et les dernieres, sont 
écrites dans le Livre des rois de 
Juda et d'Israél. 

19. Asa fut aussi malade, la 
irente-neuvieme année de son 
regne, d'une douleur aux pieds 
très violente, et dans son infir- 
mité il ne chercha point le Sei- 
gneur; mais il se confia davan- 
tage en l'art des médecins. 

13. Et il dormit avec ses peres; 
et il mourut l'an quarante et 
unieme de son règne. 

14. Et on l'ensevelit dans son 
sépulere qu'il s'était creusé dans 
la cité de David ; et on le mit sur 
son lit rempli d'aromates et d'es- 
sences de femme de mauvaise 
vie, composées selon l'art des 
parfumeurs, et on les brüla sur 
lui en trés grand appareil. 


CHAPITRE XVII 


Josaphat succède à Asa. Sa piété, ses 
grands biens. Soin qu'il prend de faire 
instruire le peuple. Dénombrement de 
ses troupes et de ses officiers. 


1. Or Josaphat, son fils, régna 
en sa place, et prévalut contre 
Israél. 


villes mentionnées ici sont au nord de la Palestine, et ce sont les premières que ren- 
contra l'armée de Bénadad en envahissant Israël du côté de Dan. 
1. * Hanani est probablement le pére de Jéhu, qui annonca à Baasa la chüte de sa 


maison, III Rois, xiv, 1. 


10. Les chaines; littér. (e nerf, mot qui signifie proprement des liens faits avec des 
nerfs, mais qui s'applique aussi aux cordes, aux chaines, aux menottes, et aux col- 
liers qu'on mettait aux criminels. —* Le Voyant, 16 prophète Hanani, 

14. D'essences de femmes, etc. Compar. Proverb., vn, 11. 


[cu. xvu.] 

2. Et il établit des légions de 
soldats dans toutes les villes de 
Juda qui étaient entourées de 
murs, et il posta des garnisons 
dans la terre de Juda et dans les 
villes d'Ephraim qu'avait prises 
Asa, son pere. 

3. Et le Seigneur fut avec Josa- 
phat, parce qu'il marcha dans 
les premieres voies de David, son 
père, et il n'espéra pas dans les 
Baalim, 

4. Mais dans le Dieu de son 
pére; et il marcha dans ses pré- 
ceptes, et non selon les péchés 
d'Israél. 

5. Et le Seigneur affermit le 
royaume en sa main, οἱ tout 
Juda donna des présents à Josa- 
phat; et 31 lui vint d'immenses 
richesses et beaucoup de gloire. 

6. Et, son cœur ayant pris de 
la hardiesse à cause des voies 
du Seigneur, il enleva de Juda 
méme les hauts lieux et les bois 
sacrés. 

7. Or, la troisième année de 
son regne, ilenvoya d'entre ses 
princes, Benhail, Obdias, Zacha- 
rie, Nathanaël et Michée, pour 
instruire dans les villes de Juda. 

8. Et avec eux les Lévites Sé- 
méias, Nathanias et Zabadias, 
Asaél, Sémiramoth et Jonathan, 
Adonias, Tobias et Thobadonias, 
et avec eux Elisama et Joran, 
prétres. 

9. Et ils instruisaient le peuple 
en Juda, ayant le livre de la loi 


PARALIPOMENBE.‏ זז 


841 
du Seigneur; ainsi ils parcou- 
raient toutes les villes de Juda, 
et ils enseignaient le peuple. 

10. C'est pourquoi la crainte du 
Seigneur se répandit dans tous 
les royaumes des nations qui 
étaient aux environs de Juda, et 
ils n'osaient pas combattre contre 
Josaphat. 

11. Mais les Philistins méme 
apportaient des présents à Josa- 
phat, et un impót d'argent : les 
Arabes aussi lui amenaient des 
troupeaux, sept mille sept cents 
béliers, et autant de boucs. 

12. Josaphat devint donc puis- 
sant, et s'éleva jusqu'à un tres 
haut point de grandeur; et il 
bâtit dans Juda des maisons en 
forme de tour, et des villes mu- 
rées. 

13. Et il prépara beaucoup 
d'ouvrages dans les villes de Ju- 
da; et il y avait aussi dans Jé- 
rusalem des hommes de guerre 
et vigoureux, 

14. Dont voici le nombre, se- 
lon les maisons et les familles de 
chacun : Dans Juda, les princes 
de l'armée étaient, Ednas, le chef, 
et avec lui étaient trois cent mille 
hommes tres vigoureux. 

15. Apres lui était Johanan, le 
prince, et avec lui deux cent 
quatre-vingt mille ones ; 

16. Aprés celui-ci, Amasias, 
fils de Zéchri, consacré au Sei- 
gneur, et avec lui deux cent mille 
hommes braves. 


3. Les premières voies, etc.; c'est-à-dire la conduite irréprochable que David avait 
tenue avant de commettre les péchés dont il se rendit ensuite coupable; car, quoi- 
qu'il les ait expiés par une sincére pénitence, c'est néanmoins ce qui donne lieu de 
distinguer particulièrement ses premières voies. — Dans les Baalim. Voy. Juges, 
1,41. 

9. * Lelivre dela loi du Seigneur, le Pentateuque, qui contient laloi donnée par Dieu 
à Moise, 


842 


17. A sa suite venait Eliada, 
vigoureux dans les combats, et 
aveclui deux cent mille Aommes, 
tenant un arc et un bouclier. 

18. Après celui-ci était encore 
Jozabad, et avec lui cent quatre- 
vingt mille soldats préts à com- 
battre, 

19. Tous ceux-là étaient sous 
18 main du roi, outre les autres 
qu'il avait placés dans les villes 
murées, 08118 tout Juda. 


CHAPITRE XVIII. 


Josaphat fait alliance avec Achab. 115 se 
liguent ensemble contre les Syriens. 
Les faux prophétes promettent la vic- 
toire à Achab. Michée prédit la mort 
de ce prince. Bataille oà Achab est 
blessé et meurt. 


4. Josaphat fut donc riche, très 
illustre, et allié avec Achab. 

9. Et il descendit après quel- 
ques années vers lui à Samarie; 
et à son arrivée Achab tua un 
grand nombre de béliers et de 
bœufs, à cause de lui et de tout 
le peuple qui était venu avec lui, 
et il lui persuada de monter à 
Ramoth-Galaad. 

3. Achab, roi d'Israël, dit donc 
à Josaphat, roi de Juda: Venez 
avec moi à Ramoth-Galaad. Celui- 
ci lui répondit : Comme je suis, 
vous étes vous-méme : comme 
est votre peuple, ainsi est mon 
peuple ; et nous serons avec vous 
dans cette guerre. 

4. Et Josaphat dit au roi d'Is- 


II PARALIPOMÉNES. 


]68. xvi] 


raél : Consultez, je vous en con- 
jure, des à présent, la parole du 
Seigneur. 

5. Le roi d'Israël assembla donc 
quatre cents hommes, prophètes, 
et il leur dit : Devons-nous aller 
àRamoth-Galaad pourcombattre, 
ou nous tenir en repos? Mais 
ceux-ci : Montez, dirent-ils, et le 
Seigneur la livrera en la main du 
roi. 

6. Et Josaphat demanda : N'y 
a-t-il point ici uu prophéte du 
Seigneur, afin que nous le con- 
sultions aussi? 

7. Et le roi d'Israël répondit à 
Josaphat: 11 y a un homme par 
qui nous pouvons consulter la 
volonté du Seigneur; mais moi, 
je le hais, parce qu'il ne me pro- 
phétise point du bien, mais du 
mal en tout temps : or c'est Mi- 
chée, fils de Jemla. Et Josaphat 
dit : O roi, ne parlez pas ainsi. 

8. Le roi. d'Israél appela donc 
un des eunuques, et lui dit : Ap- 
pelle à l'instant Michée, fils de 
Jemla. 

9. Or le roi d'Israél et Josa- 
phat, roi de Juda, étaient assis 
chacun surleur tróne, vétus avec 
une magnificence royale; et ils 
étaient assis dans une aire, pres 
dela porte de Samarie, et tous 
les prophètes prophétisaient de- 
vant eux. 

10. Alors Sédécias, fils de Cha- 
naana, se fit des cornes de fer, 
et dit: Voici ce que dit le Sei-, 


 Cnar. XVIII. 1. IV Reg., viri, 18; Infra, xxi, 6. | 


9. * A Samarie. Voir la note sur III Rois, xvr, 24. — Ramoth-Galaad. Noir Deutéro- 


nome, 1v, 43. 


3. Comme je suis, etc. Je suis dans les mêmes dispositions que vous, nous ne fai- 


sous qu'un; mon neuple est votre peuple. 


40. * Près de la porte de Samarie. Noir 111 Rois, xxu, v. 


[cH. xvir.] 


gneur : Tu agiteras avec ces cor- 
nes la Syrie, jusqu'à ce que tu 
l'aies détruite. 

11. Et tous les prophètes pro- 
phétisaient de méme, et disaient: 
Montez à Ramoth-Galaad, et vous 
prospérerez, et le Seigneur les 
livrera à la main du roi. 

19. Or le messager qui était 
allé pour appeler Michée lui dit : 
Voilà que les paroles des prophe- 
tes annoncent unanimement de 
bonnes choses au roi; je vous 
prie donc que votre parole ne 
differe point des leurs, et dites 
des choses favorables. 

13. Michée lui répondit : Le 
Seigneur vit! tout ce que m'au- 
ra dit mon Dieu, c'est ce que je 
dirai. | 

14. Il vint donc vers le roi, et 
le roi lui dit : Michée, devons- 
nous aller à Ramoth-Galaad pour 
combattre, ou nous tenir en re- 
pos? Michée lui répondit : Mon- 
lez, car toutes choses seront pros- 
pères, et les ennemis seront li- 
vrés en vos mains. 

15. Et le roi reprit : Je t'adjure 
de nouveau et encore de nou- 
veau de ne me dire que ce qui 
est vrai, au nom du Seigneur. 

16. Alors Michée dit : J'ai vu 
tout Israél dispersé dans les mon- 
tagnes, comme les brebis sans 
pasteur; et le Seigneur a dit: 
Ceux-ci n'ont point de maîtres ; 
que chacun retourne dans sa 
maison en paix. 

11. Etle roi d'Israël dit à Josa- 
phat: Ne vous ai-je pas dit que 
cet homme ne me prophétise rien 
de bien, mais des choses qui sont 
mauvaises? . 


II PARALIPOMÉNES. 


843 


18. Mais Michée : C'est pour- 
quoi, dit-il, écoutez la parole du 
Seigneur: J'ai vule Seigneur as- 
sis sur son tróne, et toute l'ar- 
inée du ciel se tenant près de lui, 
à droite et à gauche. 

19. Et le Seigneur a dit : Qui 
trompera Achab, roi d'Israél, afin 
qu'il monte et qu'il succombe à 
Ramoth-Galaad? Comme l'un di- 
sait d'une maniere, et l'autre 
d'une autre, 

20. L'esprit malin s'avanca, et 
sarréta devant le Seigneur, et 
lui dit : C'est moi qui le trompe- 
rai. Et le Seigneur : En quoi, lui 
dit-il, le tromperas-tu ? 

21. Et celui-ci répondit : Je sor- 
tirai, et je serai un esprit men- 
teur dans la bouche de tous ses 
prophètes. Et le Seigneur dit: 
Tu le tromperas, et tu prévau- 
dras ; sors, et fais ainsi. 

22. Maintenant donc voilà que 
le Seigneur a mis un esprit de 
mensonge dans la bouche de tous 
vos prophétes, et le Seigneur a 
prononcé contre vous des mal- 
heurs. 

93. Or Sédécias, fils de Cha- 
naana, s'approcha, frappala joue 


de Michée et dit : Par quelle voie’ 


l'Esprit du Seigneur a-t-il passé 
de moi en £oi pour te parler? 

24. Et Michée répondit : Vous 
le verrez vous-méme, le jour que 
vous entrerez dans une chambre 
au sortir d'une chambre pour 
vous cacher. 

25. Alors le roi d'Israël or- 
donna, disant : Prenez Michée, 
et conduisez-le à Amon, prince 
de la ville, et à Joas, fils d'Amé- 
lech, 


24. * Dans une chambre. Voir III Rois, xx, 30. 


T —. 


844 

96. Et vous leur direz : Voici 
ce que dit le roi : Envoyez cet 
homme dans la prison, et don- 
nez-lui un peu de pain et un peu 
d'eau, jusqu'à ce que je revienne 
en paix. 

Et Michée dit : Si vous re-‏ .דפ 
venez en paix, le Seigneur n'a‏ 
point parlé par moi. Et il ajouta:‏ 
Peuples, écoutez tous.‏ 

98. Ainsi le roi d'Israél et Jo- 
saphat, roi de Juda, montèrent à 
Ramoth-Galaad. 

99. Et le roi d'Israël dit à Jo- 
saphat : Je changerai d'habit, et 
cest ainsi que j'irai au combat; 
mais, vous, revétez-vous de vos 
vétements. Ainsi, son habit chan- 
gé, le roi d'Israél vint au com- 
bat. 

30. Or le roi de Syrie ordonna 
aux chefs de sa cavalerie, disant: 
Ne combattez point contre le plus 
petit ou contre le plus grand, 
mais seulement contre le roi d'Is- 
raël. 

31. C'est pourquoi, lorsque les 
chefs de la cavalerie virent Josa- 
phat, ils dirent : C'est le roi d'Is- 
raël. Et ils l'environnerent en 
combattant; mais lui cria vers 
le Seigneur, et /e Seigneur le 
secourut, el les écarta de lui; 

39. Car, comme les chefs de 
la cavalerie virent que ce n'était 
point le roi d'Israël, ils le laissè- 
rent. 

88. Or il arriva qu’un homme 
du peuple lança une flèche au 
hasard, et qu'il frappa le roi d'Is- 
raél entre le cou et les épaules; 
mais Achab dit au conducteur de 
son char : Tourne ta main, et 


PARALIPOMENES.‏ זז 


xix.)‏ .זו6] 


tire-moi de la bataille, parce que 
je suis blessé. | 

34. Et la guerre fut terminée 
en ce jour-là. Or le roi d'Israël se 
tint sur son char en face des Sy- 
riens, jusqu'au soir, et il mourut 
au soleil couchant. 


CHAPITRE XIX. 


Josaphat est repris d'avoir donné du se- 
cours à Achab. Il fait la visite de ses 
Etats, et y établit des juges. 

1. Mais Josaphat, roi de Juda, 
retourna paisiblement en sa mai- 
son à Jérusalem. 

2. Jéhu, le Voyant, fils d'Hana- 
ni, vint à sa rencontre, et lui dit: 
Vous donnez du secours à l’impie, 
et vous vous liez d'amitié avec 
ceux qui haissent le Seigneur ; 
et c'est pour cela certainement 
que vous méritiez la colère de 
Dieu. 

3. Mais de bonnes cuvres ont 
été trouvées en vous, parce que 
vous avez enlevé les bois sacrés 
de la terre de Juda, et que vous 
avez préparé votre cœur pour 
chercher le Seigneur Dieu de vos 
pères. 

4. Josaphat habita donc à Jé- 
rusalem , et il sortit de nouveau 
vers le peuple, depuis Bersabée 
jusqu'à la montagne d'Ephraim, 
et il les rappela au culte du Sei- 
gneur, le Dieu de leurs pères. 

5. Et il établit des juges pour 
le pays danstoutes les villes de 
Juda fortifiées, pour chaque lieu 
en particulier. 

6. Et il ordonna aux juges : 
Prenez garde, dit-il, à tout ce que 
vous ferez; car ce n’est pas la jus- 


&. Il sortit, etc.; il visita son peuple en parcourant le pays. = * Depuis Bersabée, 


Voir Genèse, xxi, 14. 


xx.]‏ .אס] 


lice d'un homme que vous exer- 
cez, mais celle du Seigneur, et 
tout ce que vous aurez jugé re- 
tombera sur vous. 

7. Que la crainte du Seigneur 
soit avec vous, et faites tout avec 


_soin; car il n’y a dans 16 Seigneur 


* 


' notre Dieu, ni iniquité, ni accep- 


lion de personnes, ni désir de 
présents. 

8. Josaphat établit aussi dans 
Jérusalem des Lévites, des pré- 
tres, et des princes des familles 
d'Israël, afin de juger le jugement 
et la cause du Seigneur pour ses 
habitants. 

9. Et il leur ordonna, disant : 
C'est ainsi que vous agirez dans 
la crainte du Seigneur, fidè- 
lement et avec un cœur par- 
fait. 

10. Quant à toute cause (qui 
vous viendra) de vos frères qui 
habitent dans leurs villes, entre 
parenté et parenté, partout où il 
sera question de loi, de comman- 
dement, de cérémonies, d'ordon- 
nances, faites-la leur connaître, 
afin qu'ils ne pèchent point con- 


II PARALIPOMÈNES. 


$45 
tre le Seigneur, et que sa colere 
ne vienne point sur vous et sur 
vos frères; agissant donc ainsi, 
vous ne pécherez point. 

11. Or Amarias, le prétre, vo- 
tre pontife, présidera dans les 
choses qui regardent Dieu, et Za- 
badias, fils d'Ismael, chef dans 
la maison de Juda, sera préposé 
sur les ouvrages qui appartien- 
nent au service du roi. Vous avez 
aussi pour maîtres les Lévites 
devant vous; fortifiez-vous et 
agissez avec soin, et le Seigneur 
sera avec vous, vous comblant de 
biens. 


CHAPITRE XX. 


Les Moabites, les Ammonites et leurs 
alliés marchent contre Josaphat. Ce 
prince a recours à Dieu, et ses enne- 
mis se tuent entre eux. 1[ fait alliance 
avec Ochozias, et il en est repris. 


1. Après cela les enfants de 
Moab 6% les enfants d'Ammon, 
et avec eux des Ammonites, 
s'assemblerent contre Josaphat 
pour combattre contre lui. 

9. Et des messagers vinrent 


Deut., x, 11; Sag., vr, 8; Eccli., xxxv, 15; Actes, x, 34; Rom., r1, 11;‏ .ד XIX.‏ .גח 
Gal., 1t, 6; Ephés., vi, 9; Coloss., ir, 25; I Pierre, 1, 11.‏ 


8. Afin de juger, etc. L'hébreu porte : Pour le jugement du Seigneur et la plaidoirie, 
c'est-à-dire, comme on l'explique assez généralement, tant pour les causes religieuses 
qui concernaient les lois de Dieu et son culte que pour les causes purement civiles, 
de quelque nature qu'elles fussent. 

10. Dans la Vulgate, l'expression vos fréres est au génitif, comme complément de 
loute cause; cest pourquoi nous avons mis qui vous viendra entre parenthéses. 


1. Des Ammonites. Comme les Ammonites étaient les mémes que les enfants d'Am- 
mon, il s'agit peut-étre ici des Iduméens, qui, n'ayant osé déclarer la guerre à Jo- 
saphat, dont ils étaient tributaires, prirent le nom d'Ammonites pour satisfaire leur 
haine contre les Hébreux. Ce qui donne quelque probabilité à cette explication, c'est 
qu'aux versets 10. 22, 23 de ce méme chap. on voit les habitants de Séir, c'est-à-dire 
les Iduméens mélés aux enfants d'Ammon et de Moab. * 1[ est plus croyable qu'Az- 
moniles est une fausse lecture pour Maonites, habitants d'une partie de l'Idumée. 

2. De la mer Morte ou lac Asphaltite. — De la Syrie; c'est-à-dire des contrées des 
Moabites et des Ammonites, lesquelles sont aussi appelées Syrie dans le sens large 


de ce mot. — * Asason Thamar, qui est Engaddi, dans le désert de Juda, à l'ouest de 
la mer Morte. 


840 


et l'annoncérent à Josaphat, di- 
sant : Une grande multitude 
vient contre vous des lieux qui 
sont au delà de la mer et de la 
Syrie, et voilà qu'ils s'arrétent à 
Asasonthamar, qui est Engaddi. 

3. Or,Josaphat, saisi de crainte, 
s'appliqua entièrement à prier le 
Seigneur, et publia un jeûne 
dans tout Juda. 

4. Et Juda s'assembla pour 
prier le Seigneur, et méme tous 
sorlirent de leurs villes pour 
l'implorer. 

9. Et lorsque Josaphat se fut 
levé au milieu de Juda et de Jé- 
rusalem dans la maison du Sei- 
gneur, devant le parvis nou- 
veau, 

6. Il dit: Seigneur Dieu de nos 
peres, c'est vous qui étes Dieu 
dans le ciel, et qui dominez sur 
tous les royaumes des nations : 
dans votre main sont la force et 
la puissance, et personne ne peut 
vous résister. 

7. N'est-ce pas vous, notre 
Dieu, qui avez tué tous les habi- 
tants de cette terre devant votre 
peuple Israél, et qui l'avez don- 
née à la postérité d'Abraham, 
votre ami pour toujours? 

8. Et ils y ont habité, et ils y 
ont construit un sanctuaire à 
votre nom, disant : 

9. S'il fond sur nous des maux, 
un glaive de jugement, une peste 
et une famine, nous nous tien- 
drons en votre présence devant 
cette maison, dans laquelle a été 
invoqué votre nom, et nous crie- 
rons vers vous dans nos tribu- 


(βαρ. XX. 10. Deut., 11, 1. 


PARALIPOMÉNES.‏ ןז 


(cH. xx.] 
lations, et vous nous exaucerez, 
el vous nous sauverez. 

10. Maintenant donc, voilà que 
les enfants d'Ammon et de Moab, 
et les habitants de la montagne 
de Séir, au milieu desquels vous 
ne permíites pas à Israël de. pas- 
ser lorsqu'ils sortaient d'Egypte; 
mais ils se détournèrent d'eux, 
et ils ne les tuerent pas. 

11. Voilà que ces peuples agis- 
sent tout autrement, et ils s'ef- 
forcent de nous chasser de la 
possession que vous nous avez 
donnée. 

12. Ὁ notre Dieu, ne les juge- 
rez-vous pas? Certes, nous n'a- 
vons pas une assez grande force 
pour que nous puissions résister 
à cette multitude qui vient fondre 
sur nous. Mais, comme nous 
ignorons ce que nous devons 
faire, il ne nous reste qu'à diri- 
ger nos yeux vers vous. 

13. Or tout Juda était debout 
devant le Seigneur, avec leurs 
petits enfants, leurs femmes et 
leurs autres enfants. 

14. Là était aussi Jahaziel, fils 
de Zacharie, fils de Banaias, fils 
de Jéhiel, fils de Mathanias, Lé- 
vite de la famille d'Asaph; et 
l'Esprit de Dieu descendit sur lui 
au milieu de la multitude; 

15. Et il dit : Ecoutez, vous 
tous, Juda, et vous qui habitez 
Jérusalem, et vous aussi, roi Jo- 
saphat: Voici ce que vous dit le 
Seigneur : Ne craignez point, et 
ne redoutez point cette mulli- 
tude; car ce n'est pas volre com- 
bat, mais celui de Dieu. 


10. Les habitants de lu montagne de Séir. Voy. verset 23. — * La montagne de Seir 


est le pays d'Edom ou Idumée, 


]08. xx.] 


16. Demain vous descendrez 
contre eux; car ils doivent mon- 
ter par le coteau du nom de Sis, 
et vous les trouverez à l'extré- 
mité du torrent qui est contre le 
désert de Jéruel. 

17. Ce ne sera pas vous qui 
combattrez; mais seulement 
soyez résolus, et vous verrez le 
secours du Seigneur sur vous, Ô 
Juda et Jérusalem : ne craignez 
point et ne vous effrayez point; 
demain vous marcherez contre 
eux, et le Seigneur sera avec 
vous. 

18. Josaphat donc, et Juda, et 
tous les habitants de Jérusalem, 
tomberent inclinés vers la terre 
devant le Seigneur, et l'ado- 
rerent. 

19. Et les Lévites d'entre les 
enfants de Caath et d'entre les 
enfants de Coré louaient le Sei- 
gneur Dieu d'Israél avec une voix 
forte et élevée. 

20. Et lorsqu'au matin ils se 
furent levés, ils sortirent par le 
désert de Thécué; et, lorsqu'ils 
étaient en marche, Josaphat, 
debout au milieu d'eux, dit : 
Ecoutez-moi, hommes de Juda, 
et vous tous, habitants de Jéru- 
salem : mettez votre confiance 
dans le Seigneur votre Dieu, et 
vous serez en sürelé; croyez à 
ses prophètes, et toutes choses 
seront prosperes. 

91. Et il donna ses avis au 
peuple, et il établit les chantres 


Ps. "oxxxv, 1‏ ןל 


PARALIPOMÉNES.‏ זז 


847 


du Seigneur pour le louer dans 
leurs diverses bandes, marcher 
devant larmée, et d'une voix 
unanime dire: Rendez gloire au 
Seigneur, parce que sa miséri- 
corde est éternelle. 

22. Et lorsqu'ils eurent com- 
mencé à chanter ainsi des louan- 
ges, le Seigneur tourna tous les 
desseins des ennemis contre eux- 
mêmes, c'est-à-dire des enfants 
d'Ammon et de Moab, et des ha- 
bitants de la montagne de Séir 
qui étaient sortis pour combattre 
contre Juda; et ils furent battus. 

23. Car les fils d'Ammon et de 
Moab se leverent contre les ha- 
bitants de la montagne de Séir, 
pour les massacrer et les exter- 
miner; etlorsqu'ils eurentachevé, 
s'élant aussi tournés contre eux- 
mêmes, ils tombèrent sous leurs 
coups mutuels. 

24. Or, lorsque Juda fut venu 
à léchauguette qui regarde le 
désert, il vit de loin tout le pays 
dans une grande étendue plein 
de cadavres, et qu'il ne restait 
personne qui eüt pu échapper à 
la mort. 

25. Josaphat vint dono, et tout 
le peuple avec lui, pour enlever 
les dépouilles des morts; et ils 
trouvèrent, parmi les cadavres, 
des meubles divers, des véte- 
ments aussi et des vases très 
précieux, et ils les pillèrent; en 
sorte qu'ils ne purent tout em- 
porter, ni enlever durant trois 


16. * Sis, aujourd'hui probablement Chasasah, est un passage qui conduit d'En- 
gaddi sur les plateaux élevés du désert de Juda. — Le désert de Jéruel s'étend entre 


le désert de Thécué et la mer Morte. 


20, * Le désert de Thécué tirait son nom de la ville de Thécué, dans le désert de 
Juda, au sud de Jérusalem et de Bethléhem. 
21. Les chantres étaient divisés en vingt-quatre bandes ou classes, 


848 


jours les dépouilles, à cause de 
la quantité du butin. 

26. Or, le quatrième jour, ils 
s'assemblerent dans la vallée de 
la Bénédiction; car, parce qu'ils 
y avaient béni le Seigneur, ils 
appelèrent ce lieu vallée de Bé- 
nédiction, jusqu'au présent jour. 

27. Ensuite tout homme de 
Juda, et tous les habitants de Jé- 
rusalem, et Josaphat à leur téte, 
retournèrent à Jérusalem dans 
une grande allégresse, parce que 
le Seigneur leur avait donné de 
la joie au sujet de leurs ennemis. 

28. Ils entrèrent donc à Jérusa- 
lem dans la maison du Seigneur 
avec des psaltérions, des harpes 
et des trompettes. 

29. Mais la terreur du Seigneur 
fondit sur tous les royaumes des 
pays voisins, lorsqu'ils eurent 
appris que le Seigneur avait com- 
battu contre les ennemis d'Israel. 

30. Et le royaume de Josaphat 
se reposa, et Dieu lui donna la 
paix alentour. 

31. Josaphat régna donc sur 
Juda; etil avait trente-cinq ans, 
lorsqu'il commença à régner : or 
il régna vingt-cinq ans à Jérusa- 
lem; et le nom de sa mere était 
Azuba, fille de Sélahi. 

32. Et il marcha dans les voies 
de son père Asa, et il ne s'en dé- 
tourna point, faisant ce qui était 
agréable devant le Seigneur. 

33. Cependant il ne détruisit 
pas les hauts lieux, et le peuple 
n'avait pas encore dirigé son 


II PARALIPOMÈNES. 


(cu. xxr.] 


ceur vers le Seigneur Dieu de 
ses peres. 

34. Or le reste des actions de 
Josaphat, des premieres et des 
dernieres, est écrit dans l'his- 
toire que Jéhu, fils d'Hanani, a 
insérée dans les Livres des rois 
d'Israél. 

88. Après cela, Josaphat, roi 
de Juda, contracta amitié avec 
Ochozias, roi d'Israél, dont les 
œuvres furent très impies. 

36. Et il contribua à ce qu'ils 
fissent des vaisseaux, qui iraient 
à Tharsis; ils firent donc une 
flotte à Asiongaber. 

37. Mais Eliézer, fils de Dodaü 
de Marésa, prophétisa à Josaphat, 
disant : Parce que vous avez fait 
aliance avec Ochozias, le Sei- 
gneur Dieu a frappé vos œuvres, 
et vos vaisseaux ont été brisés, 
et ils n'ont pu aller à Tharsis. 


CHAPITRE XXI 


Mort de Josaphat. Joram lui succède, et 
il imite l'impiété des rois d'Israél. Les 
Iduméens se révoltent contre lui. Lettre 
qu'il recoit du prophète Elie. Soulève- 
ment des Philistins et des Arabes. Mort 
de Joram. 


1. Or Josaphat dormit avec ses 
pères, et il fut enseveli avec eux 
dans la cité de David, et son fils 
Joram régna en sa place. 

2. Joram eut pour freres les 
fils de Josaphat, Azarias, Jahiel, 
Zacharie, Azarias, Michaél et Sa- 
phatia; tous ceux-là furent fils 
de Josaphat, roi de Juda. 


35. III Rois, xxii, 45. — Cnar. XXI. 1. III Rois, xxr, 51. 


26. Ils appelérent... jusqu'au présent jour, Voy. 111 Rois, 1x, 13. — * Vallée de Bénée 
diction, en hébreux Beraka, dans le désert de Thécué, non loin d'Engaddi. 
36. * Asiongaber, port de la mer Rouge, à l'extrémité septentrionale du golfe Ela- 


uitique. — Sur Tharsis, voir III Rois, x, 22, 


[cg. χχι. 


3. Et leur pere leur donna 
beaucoup de présents en argent 
et en or, ainsi que des pensions, 
et des villes tres fortifiées dans 
Juda; mais le royaume, il le re- 
mit à Joram, parce qu'il était le 
premier-né. 

4. Joram se leva donc sur le 
royaume de son pére, et, lors- 
qu'il se fut affermi, il tua par le 
glaive tous ses frères et quel- 
ques-uns des princes d'Israël. 

9. Joram avait trente-deux ans 
lorsqu'il commença à régner, et 
il régna huit ans à Jérusalem. 

6. Et il marcha dans les voies 
des rois d'Israél, comme avait fait 
la maison d'Achab: car la fille 
d'Achab était sa femme, et il fit 
le mal en la présence du Sei- 
gneur. 

7. Cependant le Seigneur ne 
voulut point perdre la maison 
de David, à cause de l'alliance 
qu'il avait faite avec lui, et parce 
quil lui avait promis qu'il lui 
donnerait une lampe à lui et à 
ses fils en tout temps. 

8. En ces jours-là, Edom se ré- 
volta pour n'étre pas assujetti à 
Juda, et il s'établit un roi. 

9. Et lorsque Joram eut passé 
en ldumée avec ses principaux 
chefs et toute la cavalerie qui 
était avec lui, il se leva pendant 
la nuit, et il battit Edom qui l'a- 
vait environné, et tous les chefs 
de sa cavalerie. 

10. Cependant Edom s'est ré. 
volté jusqu'à ce jour pour n'étre 


II PARALIPOMÉNES. 


849 
pas sous la domination de Juda. 

En ce temps-là Lobna aussi se 

retira pour n'étre pas sous sa 

main; car il avait abandonné le 

Seigneur Dieu de ses pères; 

11. Et de plus il fit méme des 
hauts lieux dans les villes de 
Juda, et il fit forniquer tous les 
habitants de Jérusalem, et préva- 
riquer Juda. 

12. Or on lui apporta des lettres 
du prophète Elie, dans lesquelles 
il était écrit : Voici ce que dit le 
Seigneur Dieu de David, votre 
père : Parce que tu n'as pas 
marché dans les voies de Josa- 
phat, ton père, et dans les voies 
d'Asa, roi de Juda, 

13. Mais que tu es entré dans 
le chemin des rois d'Israél, que 
tu as fait forniquer Juda et les 
habitants de Jérusalem, ayant 
imité la fornication de la mai- 
son d'Achab, et que de plus tu as 
tué tes fréres mémes, la maison 
de ton pere, meilleure que toi, 

14. Voilà que le Seigneur te 
frappera d'une grande plaie, avec 
ton peuple, tes fils, tes femmes, 
et tout ce qui t'appartient; 

15. Mais toi, tu seras malade 
d'une très cruelle langueur, jus- 
qu'à ce que tes entrailles sortent 
peu à peu chaque jour. | 

16. Le Seigneur suscita donc 
contre Joram l'esprit des Philis- 
üns et des Arabes, qui confinent 
avec 168 Ethiopiens ; 

47. Et ils montèrent dans la 
terre de Juda, et ilsla ravagerent, 


1. Une lampe; une postérité, brillant comme une lampe, c'est-à-dire illustre. 

8. Edom; se prend ici pour l'Idumée et le peuple Iduméen. 

10. * Loóna, ville forte de la tribu de Juda. 

16. * Des Arabes qui confinent avec les Ethzopiens, c'est-à-dire qui habitent le sud de 


l'Arabie. 
ATIS 


94 


850 II PARALIPOMÈNES. 


et ils pillerent tout objet qui fut 
trouvé dans la maison du roi, 
et de plus, ils emmenérent ses 
fils et ses femmes; et il ne lui 
resta de fils que Joachaz, le plus 
jeune de tous. 

18. Et par dessus tout cela, le 
Seigneur le frappa d'une maladie 
d'intestins incurable. 

19. Or un jour succédant à 
un autre jour, et des espaces de 
temps se déroulant, un cours de 
deux années fut accompli; alors, 
ainsi consumé par un si long dé- 
périssement, quil répandait 
même ses entrailles, il fut quitte 
de la maladie en méme temps 
que de la vie. ll mourut donc 
de cette infirmité tres cruelle, et 
le peuple ne l'ensevelit point se- 
lon la coutume, en le brülant, 
comme il avait fait à ses ancétres. 

20. Il avait trente-deux ans 
lorsqu'il commenca à régner, et 
il régna huit ans à Jérusalem; et 
il ne marcha pas droit. Or on 
l'ensevelit dans la cité de David, 
mais non pas dans le sépulcre 
des rois. 


CHAPITRE XXII. 


Ochozias succède à Joram; il est tué, 
ainsi que Joram, roi d'Israél, par Jéhu. 
Athalie fait mourir tous les eníants 
d'Ochozias. Joas seul est sauvé de ce 
carnage. 


1. Orles habitantsde Jérusalem 
établirent roi, en sa place, Ocho- 


xxm.)‏ .אס] 


2188, le plus jeune de ses fils; car 
tous les ainés qui étaient avant 
lui, les voleurs Arabes quiavaient 
fait une irruption dans le camp, 
les avaient tués : ainsi régna 
Ochozias, fils de Joram, roi de 
Juda. 

2. Ochozias avait quarante- 
deux ans lorsqu'il commença à 
régner et il ne régna qu'un an 
à Jérusalem; et le nom de sa 
mere était Athalie, fille d'Amri. 

3. Mais ce prince aussi entra 
dans les voies de la maison d'A- 
chab; car sa mère le porta à se 
conduire d'une maniere impie. 

4. Il fit donc le mal en la pré- 
sence du Seigneur, comme la 
maison d'Achab; car ceux-mémes 
qui y appartenaient furent ses 
conseillers aprés la mort de son 
père, pour sa perte. 

ὃ. Et il marcha selon leurs 
conseils, et il alla avec Joram, fils 
d’Achab, roi d'Israël, à la guerre 
contre Hazaël, roi de Syrie, à Ra- 
moth-Galaad ; etles Syriens bles- 
serent Joram, 

6. Qui revint pour se faire gué- 
rir àJezrahél; car il avait recu 
beaucoup de blessures dans le 
susdit combat. Ainsi Ochozias, 
fils de Joram, roi de Juda, des- 
cendit pour voir Joram, malade 
à Jezrahél. 

7. Car il fut dans la volonté de 
Dieu contre Ochozias, qu'il vint 
vers Joram ; et, lorsqu'il fut venu, 


Car. XXII. 4. IV Rois, vi, 25. — 2. IV Rois, vii, 26. 


19. Et le peuple, etc. Compar. le texte du chap. xvr, 44. 


2. Quaran’e-deux. On lit IV Rois, vin, 26 : Vingt-deux; ce qui est la vraie leçon. 
5. * Ramoth-Galaad. Noir Deutéronome, 1v, 43. 


6. 627660. Voir 111 Rois, xxi, +. 


1. Il sortit. C'est ainsi que porte l'hébreu, la Vulgate dit : Et qu’il sortait; ce qui 


laisse la phrase inachevée. 


(cu. xxu.) 
il sortit avec lui contre Jéhu, fils 
de Namsi, que le Seigneur avait 
oint pour détruire la maison 
d'Achab. 

8. Comme donc Jéhu s'en allait 
pour détruire la maison d'Achab, 
il trouva les princes de Juda et 
les fils des freres d'Ochosias qui 
le servaient, et il les tua. 

9. Et cherchant aussi Ochosias 
lui-méme, il le surprit caché dans 
Samarie; et, aprés qu'on le lui 
eut amené, il le tua : or on l'en- 
sevelit, parce quil était fils de 
Josaphat, qui avait cherché le 
Seigneur en tout son cœur ; mais 
il n'y avait plus d'espérance qu'il 
régnât quelqu'un de la race 
d'Ochosias, 

10. Attendu qu'Athalie, samere, 
voyant que son fils était mort, se 
leva, et tua toute la race royale 
de la maison de Joram. 

11. Mais Josabeth, fille du roi, 
prit Joas, fils d'Ochosias, et le dé- 
roba du milieu des enfants du roi, 
lorsqu'on les massacrait, et elle 
le cacha, avec sa nourrice, dans 
la chambre des lits : or Josabeth, 
qui l'avait caché, était fille de Jo- 
ram, femme de Joiada, le pontife, 
et sceur d'Ochosias ; et c'est pour 
cela qu'Athalie ne fit pas mourir 
Joas. 

19. Ce prince fut caché avec 
eux dans la maison de Dieu, du- 
rant les six années que régna 
Athalie sur la terre de Juda. 


PARALIPOMÉNES 851‏ זז 


CHAPITRE XXIII. 


Joiada fait reconnaitre Joas pour roi de 
Juda; il fait tuer Athalie; il engage le 
peuple à renouveler l'alliance avec le 
Seigneur. 


1. Or, en la septième année, 
Joiada, plein d'un nouveau cou- 
rage, prit les centurions; à savoir, 
Azarias fils de Jéroham, Ismahél 
fils de Johanan, Azarias fils d'O- 
bed, Maasias fils d'Adaias, et Eli- 
saphat fils de Zéchri, et fit alliance 
avec eux; 

2. Lesquels, parcourant la Ju- 
dée, assemblerent les Lévites de 
toutes les villes de Juda et les 
princes des familles d'Israél, puis 
ils vinrent à Jérusalem. 

3. Toute cette multitude fit 
donc un traité dans la maison 
de Dieu. avec le roi, et Joiada 
leur dit : Voilà que le fils du 
roi régnera, comme 18 dit le 
Seigneur touchant les fils de Da- 
vid. 

4. Voici donc ce que vous fe- 
rez : 

ὃ. Une troisième partie de vous, 
prêtres, Lévites et portiers, qui 
venez pour le jour du sabbat, 
sera aux portes; mais une troi- 
sième partie auprès du palais du 
roi, et une troisieme à la porte 
qui est appelée du Fondement; 
quant à tout le reste du peuple, 
quil soit dans les parvis de la 
maison du Seigneur. 


10. IV Rois, xi, 1. — βαρ. XXIII. 1. IV Rois, xr, 4. 


12. Avec eux; avec Joïada, le pontife, et les prêtres. 
1. * Les centurions, ceux qui commandaient à cent hommes. 


2. D'Israél; c'est-à-dire de Juda. L'auteur des Paralipomènes, qui écrivait dans un 
temps où le royaume d'Israël était détruit et dispersé, et où Juda et ceux qui s'y 
étaient joints représentaient tout Israél et toute la race de Jacob, emploie en effet 
quelquefois Israël pour Juda, attendu que de son temps il ne pouvait pas y avoir 
d'équivoque. 


852 


6. Que personne n'entre dans 
la maison du Seigneur, si ce n'est 
les prétres et ceux qui font le ser- 
vice d'entre les Lévites : que 
ceux-là seulement entrent, parce 
qu'ils sont sanctifiés; et que tout 
le reste du peuple observe les 
veilles du Seigneur. 

7. Mais que les Lévites en- 
tourent le roi, ayant chacun leurs 
armes (et si quelque autre entre 
dans le temple, qu'il soit tué), et 
qu'ils soient avec le roi, lorsqu'il 
entrera, et qu'il sortira. 

8. Les Lévites donc et tout Juda 
firent selon tout ce que leur avait 
ordonné Joiada, le pontife; et ils 
prirent chacun les hommes qui 
étaient sous eux, et qui venaient, 
selon l'ordre du sabbat, avec ceux 
qui avaient accompli le sabbat, 
et qui devaient sortir; attendu 
que Joiada, le pontife, n'avait]pas 
laissé aller les bandes qui, à 
chaque semaine, avaient cou- 
tume de se succéder. 

9. Et Joiada, le prétre, donna 
aux centurions les lances, les 
boucliers et les peltes du roi Da- 
vid, qu'il avait consacrés dans la 
maison du Seigneur. 

10. Et il placa toute la multi- 
tude de ceux qui tenaient des 
sabres depuis le cóté droit du 
temple jusqu'au cóté gauche du 
temple, devant l'autel et 6 
temple, autour du roi. 


PARALIPOMÈNES.‏ זז 


[cH. xxur.] 


11. Ensuite, ils amenèrent le 
fils du roi, et ils mirent sur lui le 
diademe et le témoignage; c'est- 
à-dire ils mirent en sa main la loi 
pour quil la tint, et l'établirent 
roi : de plus, Joiada, le pontife, 
et ses fils l'oignirent, lui souhai- 
terent du bien et dirent : Vive le 
roi! 

12. Lorsque Athalie eut entendu 
cela; savoir, la voix de ceux qui 
accouralent et louaient le roi, 
elle entra vers le peuple dans le 
temple du Seigneur. 

13. Et, lorsqu'elle eut vu le 
roi qui était sur son estrade, 
à l'entrée, les princes, les trou- 
pes autour de lui, tout le peu- 
ple de la terre se réjouissant, 
sonnant des trompettes et fai- 
sant retentir des instruments 
de divers genre, et qu'elle eut 
entendu la voix de ceux qui 
louaient le roi, elle déchira ses 
vétements, et dit : Trahison! tra- 
hison! 

14. Or le pontife Joiada, étant 
sorti vers les centurions et les 
princes de l'armée, leur dit : Em- 
menez-la hors de l'enceinte du 
temple, et qu'elle soit tuée de- 
hors par 16 glaive. Et le prêtre or- 
donna qu'elle ne füt pas tuée dans 
la maison du Seigneur. 

15. Ils mirent donc leurs mains 
sur son cou; et lorsqu'elle fut 
entrée dans la porte des che- 


6. Observe, etc.; c'est-à-dire: qu'il veille dans les parvis du temple à ce que per- 
sonne du parti d'Athalie ne vienne pour tuer Joas. 

8. Ils prirent, etc.; c'est-à-dire qu'ils prirent à la fois et les hommes qui à leur 
tour entraient en semaine et ceux qui en sortaient. — * Les lévites servaient par se- 
maine, d'après les règlements faits par David, I Paralip., xxiv-xxvi. 

11. C'est-à-dire ils mirent en sa main la loi pour qu'il la tint. Cette phrase ne se 
trouvant dans le texte hébreu, ni ici, ni dans le passage parallèle IV Rois, xr, 12, 
nous l'avons prise pour un simple explicatif de ils mirent sur lui le témoignage; 
d'autant mieux que la conjonction et est quelquefois, dans la Bible, purement ex- 
plicative, et que de plus le témoignage signifie trés souvent la loi, le livre de la loi. 


[cn. xxiv.] 
vaux de la maison du roi, ils la 
tuèrent là. 

16. Or Joiada fit une alliance 
entre lui, tout le peuple et le roi, 
afin qu'ils fussent le peuple du 
Seigneur. 

17. C'est pourquoi tout le 
peuple entra dans la maison de 
Baal, et ils la détruisirent: ils bri- 
serent aussi ses autels et ses si- 
mulacres : et Mathan lui-méme, 
le prêtre de Baal, ils le tuèrent 
devant l'autel. 

18. Joiada établit aussi des pré- 
posés dans la maison de Seigneur, 
sous la main des prêtres et des 
Lévites, que David distribua dans 
la maison du Seigneur, afin que 
l'on offrit des holocaustes au Sei- 
gneur, comme il est écrit dans la 
loi de Moise, avec joie et avec des 
cantiques, selon les prescriptions 
de David. 

19. Et il établit encore les por- 
tiers aux portes de la maison du 
Seigneur, afin qu'il n'y entrât 
personne d'impur en quoi que ce 
füt. 

20. Et il prit les centurions, les 
hommes les plus braves, les 
princes du peuple, et tout le bas 
peuple du pays; et ils firent des- 
cendre le roi de la maison du 
Seigneur, puis entrer par la porte 
supérieure dans la maison du roi ; 
et ils le placèrent sur le trône 
royal. 

91. Alors tout le peuple du 
pays se réjouit, et la ville se re- 
posa : or Athalie fut tuée par le 
glaive. 


Cuar. XXIV. 4, IV Rois, xi, 21; xr, +. 


1. * De Bersabée. Voir Genèse, xxi, 14. 
3. Des Baalim. Voy. Juges, τι, 14. 


PARALIPOMÉNES., 853‏ זז 


CHAPITRE XXIV 


Piété de Joas; il répare la maison du 
Seigneur, puis il abandonne le culte 
du Seigneur, fait lapider Zacharie, et 
est assassiné. Amasias lui succede. 


1. Joas avait sept ans quand il 
commença à régner, et il régna 
quarante ans à Jérusalem; le nom 
de sa mère était Sébia de Ber- 
sabée. 

2. Et il fitce qui est bon devant 
16 Seigneur, durant tous les jours 
de Joiada, le prétre. 

3. Or Jofada lui fit prendre deux 
femmes, dont il engendra des fils 
et des filles. 

4. Aprés quoi, il plut à Joas de 
réparer la maison du Seigneur. 

9. Et il assembla les prétres et 
les Lévites, et il leur dit : Sortez 
dans les villes de Juda, et ras- 
semblez chaque année, de tout 
Israél, de l'argent pour les répa- 
rations du temple de votre Dieu, 
et faites-le promptement. Mais les 
Lévites agirent avec beaucoup de 
négligence. 

6. Et le roi appela Joiada, le 
prince, et lui dit: Pourquoi n'as- 
tu pas eu soin d'obliger les Lé- 
vites à apporter de Juda et de Jé- 
rusalem l'argent qui a été imposé 
par Moise, serviteur du Seigneur, 
afin que toute la multitude d'Is- 
rael l'apportát pour le tabernacle 
de témoignage ? 

7.Car la très impie Athalieet ses 
fils avaient détruit la maison de 
Dieu, et de tout ce qui avait été 
consacré dans le temple du Sei- 


854 


gneur ils avaient orné le temple 
des Baalim. 

8. Etleroileur ordonna de faire 
un coffre, et ils le mirent prés de 
la porte dela maison du Seigneur, 
en dehors. 

9. Et on publia, en Juda et à Jé- 
rusalem, que chacun apporterait 
au Seigneur le prix que Moise, 
serviteur de Dieu, avait imposé 
sur tout Israél dans le désert. 

10. Et tous les princes se ré- 
jouirent. ainsi que tout le peuple; 
et, étant entrés, ils le portèrent 
dans le coffre du Seigneur, et ils 
y en jetèrent tellement, qu'il fut 
rempli. 

11. Et lorsqu'il était temps de 
porter le coffre devant le roi par 
les mains des Lévites (parce qu'ils 
voyaient beaucoup d'argent), en- 
traient le scribe du roi et celui que 
le premier prétre avait désigné ; 
et ils vidaient l'argent qui était 
dans le coffre : pour le coffre, ils 
le reportaient en son lieu, et c'est 
ainsi qu'ils faisaient chaque jour, 
et que fut amassé un argent in- 
fini, 

19. Que donnèrent le roi et 
Joiada àceux qui présidaient aux 
ouvrages de la maison du Sei- 
gneur; mais ceux-ci louaient avec 
cet argent des tailleurs de pierre 
et des ouvriers pour tous les ou- 
vrages, afin qu'ils réparassent la 
maison duSeigneur, comme aussi 
des artisans qui travaillaient le 
fer et l'airain, afin que ce qui avait 
commencé de tomber 166 6. 


9, Exode, xxx, 12. 


PARALIPOMÉNES.‏ זז 


[ca. xxiv.) 


18. Ainsi ceux qui travaillaient 
agirent avec activité ; les crevas- 
ses des murailles étaient bou- 
chées par leurs mains; et ils ré- 
tablirent la maison du Seigneur 
en son premier état, et firent 
qu'elle se maintint solidement. 

14. Et lorsqu'ils eurent achevé 
tous les ouvrages, ils porterent 
devant le roi et Joïada le reste de 
l'argent, dont on fit les vases du 
temple pour le service et pour les 
holocaustes, comme aussi des 
fioles, et tous les autres vases d'or 
et d'argent; et l'on offrit des ho- 
locaustes dans la maison du Sei- 
gneur continuellement durant 
tous les jours de Joiada. 

15. Or Joïada vieillit plein de 
jours, et il mourut lorsqu'il était 
âgé de cent trente ans; 

16. Et on l'ensevelit avec les 
rois dans la cité de David, parce 
qu'il avait fait du bien à Israel et 
à sa maison. 

11. Après que Joïada fut mort, 
les princes de Juda vinrent et se 
prosternerent devant le roi, qui, 
séduit par leurs soumissions, les 
écouta. 

18. Et ils abandonnèrent le 
temple du Seigneur Dieu de leurs 
pères, et s'attachèrent au culte 
des bois sacrés et des images 
taillées au ciseau ; et 18 colere du 
Seigneur s'alluma contre Juda et 
contre Jérusalem, à cause de ce 
péché. 

19. Et il leur envoyait des pro- 
phètes pour qu'ils revinssent au 


16. À Israël; c'est-à-dire à Juda; car il n'avait aucune relation avec les Israéiites, 
livrés alors à l'idolátrie. Voy. ch. xxu, 2. — Sa maison; la maison de David, à la- 
quelle Joiada fit, en effet, du bien, en mettant Joas sur le tróne. 

18. * Des bois sacrés, en hébreu des Ascherim, symboles idolâtriques. 


[cn. xxv.] 


Seigneur; mais ils ne voulaient 
point les écouter. 

20. C'est pourquoi l'Esprit de 
Dieu remplit Zacharie, le prêtre, 
fils de Joïada, et il se tint en pré- 
sence du peuple, etleur dit : Voi- 
ci ce que dit le Seigneur Dieu : 
Pourquoi transgressez-vous le 
précepte du Seigneur, ce qui ne 
vous servira pas, et avez-vous 
abandonné le Seigneur, de ma- 
niere qu'il vous abandonnät? 

91. Ceux-ci s'assemblèrent 
contre lui, et lui jetèrent des 
pierres, selon l’ordre du roi, dans 
le parvis de la maison du Sei- 
gneur. 

29. Et Joas ne se souvint point 
de la miséricorde que lui avait 
faite Joiada, pere de Zacharie; 
mais il tua son fils, qui, comme il 
mourait, dit : Que le Seigneur 
voie et qu'il tire vengeance. 

93. Or, lorsque l'année se fut 
écoulée, l'armée de Syrie monta 
contre lui, et elle vint en Juda et 
à Jérusalem; elle tua tous les 
princes du peuple, et elle envoya 
tout le butin au roi à Damas. 

24. Et certes, quoiqu'il ne fût 
venu qu'un trés petit nombre de 
Syriens, le Seigneur livra en leurs 


mainsunemultitudeinfinie, parce | 


qu'ils avaient abandonné le Sei- 
eneur Dieu de leurs pères ; contre 
Joas aussi, ils exercerent d'igno- 
minieux chátiments. 

95. Et, s'en allant, ils le lais- 
serentdans degrandeslangueurs; 
ses serviteurs mémes s'éleverent 
contre lui pour vengerle sang du 
fils de Joiada, le prétre, et ils le 
tuèrent dans son lit : on l'ense- 
velit dans la cité de David, mais 


PARALIPOMÉNES.‏ זז 


855 


non dans le tombeau des rois. 

26. Or ceux qui conspirèrent 
contre lui sont Zabad, fils de Sem- 
maath, l'Ammanite, et Jozabad, 
fils de Sémarith, la Moabite. 

27. Ce qui regarde ses fils, la 
somme d'argent amassée sous 
lui, etlerétablissement de la mai- 
son de Dieu, est écrit avec plus de 
soin dans le Livre des rois; or 
Amasias, son fils, régna en sa 
place. 


CHAPITRE XXV. 


Amasias achéte des troupes du roi d'Is- 
raél; il défait les Iduméens, est vaincu 
par Joas, roi d'Israël, et est tué par ses 
propres sujets. 


1. Amasias avait vingt-cinq ans 
lorsqu'il commenca à régner, et 
il régna vingt-neuf ans à Jéru- 
salem : le nom de sa mère était 
Joadan de Jérusalem. 

2. Et il fit le bien enla présence 
du Seigneur, mais non avec un 
cœur parfait. 

3. Et, lorsqu'il vit son empire 
affermi, il fit égorger les servi- 
teurs qui avaient tué le roi son 
père ; 

4. Mais leurs enfants, il ne les 
tua point, commeilest écrit dans 
le Livre de la loi de Moïse, où le 
Seigneur a ordonné, disant : Des 
pères [ne seront pas mis à mort 
pour des enfants, ni des enfants 
pour des pères; mais chacun 
mourra pour son péché. 

5. Amasias assembla donc Ju- 
da, et il les établit par familles, 
tribuns et centurions dans tout 
Juda et Benjamin; et il les re- 
censa depuis vingt ans et au- 
dessus, et il trouva trois cent 


22, Matt., xxii, 35. — 23. IV Rois, xir, 17. — (παρ. XXV, 1. IV Rois, xiv, 2. — 4. Deut., 


xxiv, 16; IV Rois, xiv, 6; Ezéch., xvii, 20. 


856 


mille jeunes hommes qui pou- 
vaient sortir pour les combats, 
et porter une lance et un bou- 
clier. 

6. 11 engagea aussi cent mille 
hommes robustes d'Israël au prix 
de cent talents d'argent. 

7. Or un homme de Dieu vint 
vers lui, et dit : O roi, que l'ar- 
mée d'Israél ne sorte pas avec 
vous; car Dieu n'est point avec 
Israel, ni avec les enfants d'E- 
phraim. 

8. Que si vous croyez que la 
guerre consiste dans la force de 
l'armée, Dieu fera que vous serez 
vaincu par vos ennemis; car c'est 
à Dieu à secourir et à mettre en 
fuite. 

9. Et Amasias demanda à 
l'homme de Dieu : Que sera-t-il 
donc fait des cent talents que j'ai 
donnés aux soldats d'Israël? Et 
l'homme de Dieu lui répondit : 
Le Seigneur a de quoi pouvoir 
vous donner beaucoup plus que 
ces cent talents. 

10. C'est pourquoi Amasias sé- 
para l'armée qui lui était venue 
d'Ephraim, afin qu'elle retournát 
ensonlieu ; maisc'est violemment 
irritées contre Juda que ces 
troupes retournèrent dans leur 
contrée. 

41. Or Amasias, conduisit son 
peuple résolüment ; il alla dans 
la vallée des Salines, et il battit 
les enfants de Séir au nombre de 
dix mille. 


PARALIPOMÉNES.‏ זז 


[cg. xxv.] 


19. Et les enfants de Juda pri- 
rent dix autres mille hommes ; 
ils les amenèrent sur le pie du 
rocher, et les précipitèrent du 
haut en bas, et tous furent 
brisés. 

13. Mais larmée qu'Amasias 
avait renvoyée, afin qu'ellen'allàt 
pas avec lui au combat, se ré- 
pandit dans les villes deJuda, de- 
puis Samarie jusqu'à Béthoron, 
et, trois mille hommes tués, elle 
enleva un grand butin. 

14. Or Amasias, aprés avoir 
taillé en pieces les Iduméens et 
avoir emporté les dieux des en- 
fants de Séir, en fit des dieux pour 
lui-même ; il les adorait, et leur 
brülait de l'encens. 

45. C'est pourquoi le Seigneur, 
irrité contre Amasias, envoya 
vers lui un prophétepourlui dire: 
Pourquoi avez-vous adoré les 
dieux qui n'ont pas délivré leur 
peuple de votre main? 

16. Comme le prophète disait 
ces choses, Amasias lui répondit : 
Est-ce que tu es conseiller du roi? 
Tais-toi, de peur que je ne te tue. 
Alors le prophete se retirant : Je 
sais, dit-il, que Dieu a résolu de 
vous tuer, parce que vous avez 
fait ce mal, et que de plus vous 
n'avez pas voulu acquiescer àmes 
conseils. ₪ 

17. Ainsi Amasias, roi de Juda, 
ayant pris une détestable résolu- 
tion, envoya vers Joas, fils de 
Joachaz, fils de Jéhu, roi d'Israël, 


.. — — — M —— € M M ———— 


1. Un homme de Dieu; un prophète. — Ni avec les enfants d'Ephraim; littér, et non 
avec tous les enfants d'Ephraim; ce qui, en vertu d'un hébraisme que nous avons 
déjà fait remarquer, signifie, pas un seul, aucun des enfants d'Ephraim. Or sous le 
3om d'enfants d'Ephraim l'écrivain sacré comprend les dix tribus d'Israël, entre les- 
quelles la tribu d'Ephraim tenait le premier rang. 

41. * Dans la vallée des Salines. Voir II Rois, vin, 13, 

13, * Béthoron. Voir plus haut, vi, 5, 


fen. xxvi.) 


disant : Venez, et voyons-nous 
mutuellement. ו‎ 

18. Mais 1088 renvoya les mes- 
sagers, disant : Le chardon qui 
est au Liban envoya vers le cedre 
du Liban, disant : Donnez votre 
fille à mon fils pour femme ; et 
voilà que les bétes qui étaient 
dans la forét du Liban passè- 
rent et foulèrent aux pieds le 
chardon. 

19. Vous avez dit : J'ai battu 
Edom, et c'est pourquoi votre 
cœur s'élève jusqu'à lorgueil. 
Demeurez en votre maison 
pourquoi provoquez-vous un 
malheur pour que vous tombiez, 
et vous et Juda avec vous? 

20. Amasias ne voulut pas l'é- 
couter, parce que la volonté du 
Seigneur était qu'il fût livré dans 
les mains des ennemis, à cause 
des dieux d'Edom. 

91. 1088, roi d'Israël, monta 
donc, et les deux armées se mi- 
rent en présence. Or Amasias, roi 
de Juda, était campé à Bethsamès 
de Juda ; 

22. Et Juda tomba devant Is- 
raël, et s'enfuit dans ses taber- 
nacles. 

23. Pour Amasias, roi de Juda, 
fils de Joas, fils de Joachaz, Joas, 
roi d'Israël, le prit dans Bethsa- 
mes, et l'emmena à Jérusalem; 
et il détruisit aussi son mur, de- 
puis la porte d'Ephraim jusqu'à 
la porte de l'angle, espace de 
quatre cents coudées. 

24. Il emporta encore tout l'or 


Cap. XXVI. 1. IV Rois, xiv, 91. 


PARALIPOMÈNES. 857‏ זז 


et l'argent et tous les vases qu'il 
avait trouvés dans la maison de 
Dieu et chez Obédédom, et méme 
dans les trésors de la maison 
royale; 11 ramena aussi à Samarie 
les fils des otages. 

25. Or Amasias, fils de Joas, roi 
de Juda, vécut quinze ans apres 
que fut mort Joas, fils de Joachaz, 
roi d'Israél. 

26. Mais le reste des actions 
d'Amasias, des premieres et des 
dernieres, est écrit dans le Livre 
des rois de Juda et d'Israél. 

27. Aprés qu'Amasias eut aban- 
donné le Seigneur, on lui tendit 
des embüches dans Jérusalem ; 
et, comme il se fut enfui à 
Lachis, on envoya, et on le 
tua là. 

98. Et le rapportant sur lesche- 
vaux,onl'ensevelitavecses peres 
dans la cité de David. 


CHAPITRE XXVI. 


Ozias succède à Amasias; sa piété. Guerre 
contre les Philistins, les Arabes et les 
Ammonites. Nombre des troupes d'O- 
zias. Il porte la main à l'encensoir et 
est frappé de lépre. Joatham régne à 
sa place. 


1. Ensuite tout le peuple de 
Juda établit son fils Ozias, àgé de 
seize ans, roi en la place d'Ama- 
sias, son père. 

2. C'est lui qui bátit Ailath, et la 
rendit à la domination de Juda, 
apres que le roi se fut endormi 
avec ses peres. 

3. Ozias avait seize ans quand 


21. * Belhsamés, ville frontière de la tribu de Juda, non loin d'Accaron. 
21. * Lachis, ville de la tribu de Juda, aujourd'hui Oum-Lakis. 


2. * Ailath, à l'extrémité septentrionale du golfe élanitique. 


΄ 


858 


il commenca à régner, et il régna 
cinquante-deux ans à Jérusalem ; 
le nom de sa mère était Jéchélie 
de Jérusalem. 

4. Etil fit ce qui était droit aux 
yeux du Seigneur, selon tout ce 
qu'avail fait Amasias, son père. 

5. Et il chercha le Seigneur aux 
jours de Zacharie, qui comprenait 
et voyait Dieu; et comme il cher- 
chait le Seigneur, le Seigneur le 
dirigea en toutes choses. 

6. Enfin il sortit et combattit 
contre les Philistins; 11 détruisit 
le mur de Geth, le mur de Jabnie 
et le mur d'Azot : il bátit des villes 
dans Azot et chez les Philistins. 

1. Et Dieu l'aida contre les Phi- 
listins et contre les Arabes qui ha- 
bitaient dans Gurbaal, et contre 
les Ammonites. 

8. Orles Ammonites donnaient 
des présents à Ozias, et son nom 
se répandit jusqu'à l'entrée de 
l'Éeypte, à causede sesfréquentes 
victoires. 

9. Et Ozias bâtit des tours à Jé- 
rusalem sur la porte de l'angle et 
sur la porte dela vallée, etd'autres 
surle méme cóté du mur, et il les 
fortifia. 

10. Il bátitencore des tours dans 
le désert, et il creusa plusieurs ci- 


II PARALIPOMÈNES. 


[cH. xxvi] 
ternes, parce qu'il avait beaucoup 
de troupeaux, tant dans la cam- 
pagne que dans la vaste étendue 
du désert. Il eut aussi des vignes 
et des vignerons sur les mon- 
tagnes et sur le Carmel ; car c'était 
un homme adonné à l'agricul-. 
ture. 

11. Or l'armée de ses guerriers 
qui marchaient aux combats était 
sous la main de Jéhiel, le scribe, 
Maasias, le docteur, et sous la 
main de Hananie, qui était un des 
chefs de l'armée du roi. 

19. Le nombre complet des 
princes dans les familles des 
hommes forts était de deux mille 
six cents. 

13. Et sous eux toute l'armée 
était de trois cent sept mille cinq 
cents soldats, qui était propres à 
la guerre, et qui combattaient 
pour le roi contre les ennemis. 

14. Or Ozias disposa pour eux, 
c'est-à-dire pour toute l'armée, 
des boucliers, des lances, des 
casques, des cuirasses, des arcs 
et des frondes à jeter des pierres. 

15. Et il fit dans Jérusalem des 
machines de divers genres, qu'il 
placa dans les tours et dans tous 
les angles des murs, pour lancer 
les fleches et les grosses pierres; 


5. Zacharie; c'était probablement le fils de celui qui fut lapidé sous Joas (xxiv, 


20, 91). — Qui comprenait, etc. L'hébreu porte : 


Qui comprenait dans les visions de 


Dieu, c'est-à-dire savant dans les prophéties et sachant les expliquer. Compar. Da- 


niel, 1, 11. 


6. * Geth, ville des Philistins, au pied des montagnes de Juda. — Jabnie, dans la 
Séphélah, à l'ouest d'Accaron. — Azot, au sud de Jabnie et au nord d'Ascalon. 


1. * Gurbaal, localité inconnue, 


9. * La porte de l'angle, probablement la porte nord-ouest. — La porte de la vallée, 
sans doute la porte de l'ouest, correspondant à la direction de la porte actuelle de 
Jaffa. 

40. Ces tours servaient de retraite aux pasteurs et à leurs troupeaux dans les ir- 
ruptions des Arabes et des voleurs. — Le Carmel dont il s'agit ici n'est pas le Carmel, 
situé sur la Méditerranée près du Cison, dans le royaume d'Israël, mais celui qui se 
trouvait dans le pays de Juda. — * Dans le désert de Juda. — Dans la campagne 
dans la plaine des Philistins, la Séphélah. 


[cn. xxvn.] 


et son nom se répandit au loin, 
parce que le Seigneur l'aidait et 
le fortifiait. 

16. Mais, lorsqu'il eut été ainsi 
affermi, son cœur s'éleva pour sa 
perte, et il négligea le Seigneur 
son Dieu ; et, étant entré dans le 
temple du Seigneur, il voulut brü- 
ler de l'encens sur l'autel du par- 
fum. 

47. Mais aussitôt entra après lui 
Azarias, le prêtre, et avec lui 
quatre-vingts prêtres du Sei- 
gneur, hommes très forts; 

48. Ils s’opposèrent au roi, et 
dirent : Il ne vous appartient pas, 
Ozias, debrüler del'encens devant 
le Seigneur; mais c'est aux 
prétres, c'est-à-dire aux enfants 
d'Aaron, qui ont été consacrés 
pour ce ministere. Sortez du sanc- 
tuaire, et ne nous méprisez point, 
parce que cette action ne vous 
sera pas imputée à gloire par le 
Seigneur Dieu. 

19. Mais Ozias, irrité, tenant un 
encensoir à la main pour brûler 
de l'encens, menacait les prétres. 
Et aussitôt la lèpre se forma sur 
son front, devant les prêtres, dans 
la maison du Seigneur, près de 
l'autel du parfum. 

20. Et lorsque Azarias, le pon- 
life, et tous les autres prêtres eu- 
rent jeté les yeux surlui, ils virent 
la lépre sur son front, et ils le 
chassèrent promptement. Mais 
lui-même, épouvanté, se háta de 
sortir, parce qu'il sentit sur-le- 
champ la plaie du Seigneur. 


91. Le roi, Ozias, fut donc lé- 


PARALIPOMÉNES,‏ זו 


859 


preux jusqu'au jour de sa mort; 
et il habita dans une maison sé- 
parée, plein de la lèpre, à cause 
de laquelle il avait été chassé de 
la maison du Seigneur. Cepen- 
dant Joatham, son fils, gouverna 
la maison du roi, et il jugeait le 
peuple de la terre. 

22. Mais le reste des actions 
d'Ozias, des premières et des der- 
nieres, 15816, le prophète, fils 
d'Amos, l'a écrit. 

23. Et Ozias dormit avec ses 
pères, et on l'ensevelit dans le 
champ des sépulcres royaux, 
parce qu'il était lépreux; et Joa- 
tham, son fils, régna en sa place. 


CHAPITRE XXVII. 


Piété de Joatham. Sa victoire sur les 
Ammonites. Achaz lui succède. 


1. Jonatham avait vingt-cinq 
ans quand il commença à régner, 
et il régna seize ans à Jérusalem; 
le nom de sa mère était Jérusa, 
fille de Sadoc. 

2. Et il fit ce qui était droit de- 
vant le Seigneur, selon tout ce 
qu'avait fait Ozias, son pere, ex- 
cepté qu'il n'entra point dans le 
temple du Seigneur; mais le 
peuple péchait encore. 

3. Ce fut lui qui bátit la grande 
porte de la maison du Seigneur, 
et sur le mur d'Ophel il fit beau- 
coup de constructions. 

4. Il bâtit aussi des villes sur les 
montagnes de Juda, et, dans les 
bois, des cháteaux et des tours. 

9. Ce fut lui qui combattit con- 


18. Exode, xxx, 7 et suiv. — 21. IV Rois, xv, 5. — (βαρ. XXVII. 1. IV Rois, XOU: 
a ὁ esae SIUE UR. à ἀκ וו‎ 


16. * 17 négligea, en hébreu : il pécha contre le Seigneur. 
3. * Ophel, le versant méridional de la colline sur laquelle était construit 16 Temp.e. 


5. Dix mille cors. Voy. III Rois, iv, 22, 


860 


tre le roi des enfants d'Ammon, 
etilles vainquit; et les enfants 
d'Ammon lui donnèrent en ce 
temps-là cent talents d'argent, 
dix mille cors de froment et au- 
tant d'orge : c'est là ce que lui 
donnèrent les enfants d'Ammon 
en l'année seconde et troisième. 

6. Et Joatham s'affermit, parce 
qu'il avait dirigé ses voies devant 
le Seigneur son Dieu. 

7. Mais si 10 reste des actions de 
Joatham, tous ses combats, et ses 
œuvres sont écrits dans le Livre 
des rois d'Israël et de Juda. 

8. Il avait vingt-cinq ans, lors- 
quil commenca à régner, et il 
régna seize ans dans Jérusalem. 

9. Et Joatham dormit avec ses 
peres, et on l'ensevelit dans la 
cité de David, et Achaz, son fils, 
régna en sa place. 


CHAPITRE XXVIII. 


Impiété d'Achaz. Les Syriens et les Israé- 
lites ravagent le royaume de Juda. Un 
prophéte oblige les Israélites à ren- 
voyer les captifs de Juda. Les Assyriens 
marchent contre Achaz. 1] meurt et 
Ezéchias lui succède. 


1. Achaz avait vingt ans quand 
il commença à régner, et il régna 
seize ans à Jérusalem. Il ne fit 
point ce qui était droit en la pré- 
sence du Seigneur, comme David 
son père; 

2. Mais il marcha dansles voies 
des rois d'Israél; de plus il fon- 
dit méme des statues aux Baa- 
lim. 

8. C'est lui qui brüla de l'en- 
cens dans la vallée de Bénennom, 


Car. XXVIII. 1. IV Rois, xvi, 2. 


II PARALIPOMÉNES. 


(ca. xxvii.) 


et qui fit passer ses enfants par 
le feu, selon les coutumes des 
nations que détruisit le Seigneur 
àlarrivée des enfants d'Israél. 

4. 1] sacrifiait aussi et brülait 
du parfum sur les hauts lieux, sur 
les collines et sous tout arbre 
couvert de feuillage. 

ὃ. Et le Seigneur son Dieu le 
livra ἃ la main du roi de Syrie, qui 
lebattit, etenlevadesonroyaume 
un grand butin, et l'emporta à 
Damas: ilfutlivréaussiaux mains 
du roi d'Israél, et frappé d'une 
grande plaie. 

6. Car Phacée, fils de Romélie, 
tua cent vingt mille hommes de 
Judaenunseuljour, toushommes 
de guerre, parce qu'ils avaient 
abandonné le Seigneur Dieu de 
leurs peres. 

7. En méme temps, Zéchri, 
homme puissant d'Ephraim, tua 
Maasias, fils du roi; Ezrica, chef 
de la maison du roi, et méme 
Elcana, le second après le roi. 

8. Et les enfants d'Israél pri- 
rent d'entre leurs frères deux 
cent mille femmes, jeunes gar- 
cons et jeunes filles, et un bu- 
lin infini, qu'ils porterent à Sa- 
marie. 

9. A cette époque il y avait là 
un prophète du nom d'Oded, 
qui, étant sorti à la rencontre de 
larmée qui venait à Samarie, 
leur dit : Voilà que le Seigneur 
Dieu de vos pères, irrité contre 
Juda, l'a livré en vos mains, et 
vous les avez tuéscruellement, en 
sorte que votre cruauté est par- 
venue jusqu au ciel. 


3. * Dans (a vallée de Bénennom ou de la Géhenne au sud de Jérusalem. 


[cu. xxvur.] 

10. De plus, vous voulez vous 
assujettir les enfants de Juda et 
de Jérusalem comme esclaves et 
servantes, ce qu'il ne faut nulle- 
ment faire; car vous avez péché 
en cela contre le Seigneur votre 
Dieu. 

11. Mais écoutez mon conseil, 
et ramenez les captifs que vous 
avez amenés d'entre vos freres; 
car une grande fureur du Sei- 
gneur est imminente pour vous. 

12. C'est pourquoi des hommes 
d'entre les princes des enfants 
d'Ephraim, Azarias, fils de Joha- 
nan, Barachias, fils de Mosolla- 
moth, Ezéchias, fils de Sellum, et 
Amasa, fils d'Adali, se présente- 
rent contre ceux qui venaient du 
combat, 

13. Et leur dirent : Vous ne 
ferez point entrer ici vos captifs, 
de peur que nous ne péchions 
contre le Seigneur. Pourquoi 
voulez-vous ajouter à nos péchés, 
et combler nos anciens crimes ? 
car c'est un grand péché, et la 
colère de la fureur du Seigneur 
est suspendue sur Israël. 

14. Alors les hommes de guerre 
renvoyerent le butin et tout ce 
qu'ils avaient pris devant les 
princes et toute la multitude. 

15. Et les hommes que nous 
avons mentionnés ci-dessus se 
leverent, et, prenant les captifs 
et tous ceux qui étaients nus, ils 
les vétirent des dépouilles ; et, 
lorsqu'ils les eurent vétus, chaus- 
sés, ranimés, en leur donnant à 
manger et à boire, oints à cause 


II PARALIPOMÈNES. 861 


de leur fatigue, et qu'ils en eu- 
rent pris soin, ils mirent sur des 
chevaux ceux qui ne pouvaient 
marcher et qui étaient d'un corps 
faible, et ils les amenèrent à Jéri- 
cho, la ville des palmes, vers leurs 
frères, puis ils retournerent eux- 
mémes à Samarie. 

16. En ce temps-là, le roi Achaz 
envoya vers le roi des Assyriens; 
demandant du secours. 

11. Et les Iduméens vinrent, 
et battirent beaucoup d'hommes 
de Juda, et enleverent un grand 
butin. 

18. Les Philistins se répan- 
dirent aussi dans les villes de la 
plaine et au midi de Juda, et ils 
prirent Bethsamès, Aialon, Gadé- 
roth, Socho, Thamnan et Gamzo, 
avec leurs bourgades, et ils y 
habitérent ; 

19. Car le Seigneur avait hu- 
milié Juda à cause d'Achaz, roi 
de Juda, parce qu'il avait eu le 
Seigneur en mépris. 

20. Le Seigneur amena aussi 
contre lui Thelgathphalnasar, roi 
des Assyriens, qui lerenversa, et, 
personne ne résistant, le ruina. 

21. Achaz donc, ayant dépouillé 
la maison du Seigneur etla mai- 
son du roi et des princes, donna 
des présents au roi des Assyriens, 
et cependant cela ne lui servit de 
rien. 

22. De plus, dansletemps méme 
de sesangoisses, il augmenta son 
mépris pour le Seigneur : lui- 
méme, de son propre mouve- 
ment, le roi Achaz 


15. Se levérent; hébraisme, pour se préparérent, se disposérent. — * Jéricho, à l'est 
de Jérusalem, dans la plaine et non loin du Jourdain. 

18. * De la plaine de la Séphélah. Voir la note sur Juges, xv, 5. 

20. * Thelguthphalnasar, Téglathphalasar, roi d'Assyrie. Voir IV Rois, xvi, 1. 


862 


93. Immola des victimes aux 
dieux de Damas, à ceux qui l'a- 
vaient frappé, et il dit : Les dieux 
des rois de Syrie leur donnent du 
secours; moi, je les apaiserai par 
mes hosties, et ils m'assisteront; 
tandis qu'ils m'ont été à ruine, à 
moi et à tout Israël. 

24. C'est pourquoi, tous les va- 
ses de la maison de Dieu pillés et 
brisés, Achaz ferma les portes du 
temple de Dieu, et il se fit des 
autels dans tous les coins de Jéru- 
salem. 

95. Il construisit aussi des au- 
tels dans toutes les villes de Juda 
pour y brüler de l'encens, et il 
provoqua au courroux le Sei- 
gneur Dieu de ses pères. 

26. Mais le reste de ses actions 
et de toutes ses œuvres, des pre- 
mieres et des dernieres, est écrit 
dans le Livre des rois de Juda et 
d'Israél. 

Et Achaz dormit avec ses‏ .דפ 
peres, et il fut enseveli dans la‏ 
cité de Jérusalem; et on ne le mit‏ 
pas dans les sépulcres des rois‏ 
d'Israél. Et Ezéchias, son fils,‏ 
régna en sa place.‏ 


CHAPITRE XXIX. 


Ézéchias fait rouvrir et purifier le temple, 
et rétablir le culte du Seigneur. 


4. Ézéchias commença donc à 
régner à l’âge de vingt-cinq ans, 
et il en régna vingl-neuf dans 
Jérusalem; le nom de sa mère 
était Abia, fille de Zacharie. 

9. Et il fit ce qui était agréable 


Car. XXIX. 1. IV Rois, xvi, 2. 


II PARALIPOMÈNES. 


]08. xxix.) 


en la présence du Seigneur, selon 
tout ce qu'avait fait David son 
père. 

3. C'est lui qui, au premier 
mois de la première année deson 
règne, ouvrit les battants des 
portes de la maison du Seigneur, 
et les rétablit; 

4. ἘΠῚ fit venir les prêtres et 8 
Lévites, et les assembla sur la 
place orientale. 

9. Et il leur dit: Ecoutez-moi, 
Lévites; sanctifiez-vous, purifiez 
la maison du Seigneur Dieu de vos 
peres, et ótez toute impureté du 
sanctuaire. 

6. Nos peres ont péché, et ils 
ont fait le mal en la présence du 
Seigneur notre Dieu, en l'aban- 
donnant : ils ont détourné leurs 
faces du tabernacle du Seigneur, 
et ils ont montré le dos. 

7. Ils ont fermé les portes qui 
étaient dans le portique, et ont 
éteint les lampes; ils n'ont pas 
brülé d'encens, et n'ont pas of- 
fert d'holocaustes dans le sanc- 
tuaire au Dieu d'Israél. 

8. C'est pourquoi la fureur du 
Seigneur a été excitée contre 
Juda et Jérusalem ; il les a livrés 
à la commotion, à la mort et au 
sifflement, comme vous-mémes 
le voyez de vos yeux. 

9. Voilà que nos peres sont 
tombés sous le glaive, que nos 
fils, nos filles et nos femmes ont 
été emmenés captifs à cause de 
ce crime. 

10. 11 me plait donc maintenant 
que nous contractions alliance 


—————— ווה 


23. Achaz dans son aveuglement s'imagina que les dieux de Damas étaient cause 


de ses premiers malheurs. 


8. Au sifflement; c'est-à-dire à la dérision, au mépris. 


Ica. xxix.] 


avec le Seigneur Dieu d'Israél, et 
il détouruera de nous la fureur 
de sa colere. 

11. Mes enfants, ne soyez point 
négligents : le Seigneur vous a 
choisis pour vous tenir devant 
lui, le servir, l'adorer et brüler 
pour lui de l'encens. 

19. Ainsi se leverent les Lé- 
vites, Mahath, fils d'Amasai, et 
Joël, fils d'Azarias, d'entre les 
descendants de  Caath; mais 
d'entre les descendants de Mé- 
rari, Cis, fils d'Abdi, et Azarias, 
fils de Jalaléel; et d'entre les 
descendants de Gersom, Joah, fils 
de Zemma, et Eden, fils de Joah; 

13. Mais d'entre les descendants 
d'Elisaphan, Samri et Jahiel; 
comme aussi les descendants 
d'Asaph, Zacharie 61 Mathanie ; 

14. Et d'entre les descendants 
d'Héman, Jahiel et Séméi; mais 
aussi les descendants d'Idithun, 
Séméias et Oziel. 

15. Et ils assemblèrent leurs 
frères, puis ils se sanctifiérent et 
entrérent, suivant l'ordre du roi et 
le commandement du Seigneur, 
pour purifier la maison de Dieu. 

16. Les prétres aussi entrerent 
dans le temple du Seigneur pour 
le sanctifier, et ils óterent toute 
impureté qu'ils trouvèrent au 
dedans, dans le vestibule de 18 
maison du Seigneur, et que les 
Lévites enievèrent et emportè- 
rent dans le torrent de Cédron. 

47. Or ils commencèrent au 
premier jour du premier mois à 
purifier, et au huitième jour du 
même mois ils entrèrent dans le 
portique du temple du Seigneur : 


I PARALIPOMÈNES. 


863 


ils purifièrent le temple durant 
huit jours; et, au seizième jour 
du même mois, ils achevèrent ce 
qu'ils avaient commencé. 

18. 115 entrérent aussi auprès 
du roi Ezéchias, et lui dirent : 
Nous avons sanctifié toute la 
maison du Seigneur, l'autel de 
l'holocauste, etses vases, etméme 
la table de proposition avec tous 
ses vases, 

19. Et tous les meubles du 
temple, qu'avait souillés le roi 
Achaz, durant son regne, apres 
qu il eut prévariqué ; et voilà que 
tout a été posé devant l'autel du 
Seigneur. 

20. Etle roi Ezéchias, se levant 
au point du jour, réunit tous les 
princes de la ville, et monta à la 
maison du Seigneur; 

21. Et ils offrirent ensemble 
sept taureaux et sept béliers, 
sept agneaux el sept boucs, pour 
le péché, pour le royaume, pour 
le sanctuaire, pour Juda, et il dit 
aux prétres descendants d'Aaron 
d'offrir ces victimes sur l'autel du 
Seigneur. 

22. Ils tuërent donc les tau- 
reaux, et les prétres prirent le 
sang et le répandirent sur l'au- 
tel; ils tuèrent aussi les béliers, 
et ils en répandirent le sang sur 
l'autel; ils immolèrent aussi les 
agneaux, et ils répandirent sur 
l'autel le sang. 

23. Ils firent avancer les boucs 
pour le péché, devant le roi et 
toute la multitude, etils poserent 
leurs mains sur eux ; 

24. Et les prétres les immo- 
lèrent, et en répandirent le sang 


"E —————————— dH——— —!9‏ ו 


16. * Dans le torrent de Cédron, à l'est et au sud-est de Jérusalem. 
18. La table de proposition. Voy. Nombres, 1v, 3. 


864 


devant l'autel pourl'expiation de 
tout Israël; car c'est pour tout 
Israél que le roi avait commandé 
que l'holocauste se fit, et pour le 
péché. 

25. Il établit aussi les Lévites 
dansla maison du Seigneur, avec 
des cymbales, des psaltérions et 
des harpes, selon les prescrip- 
tions du roi David, de Gad, le 
Voyant, et de Nathan, le pro- 
phéte; attendu que c'était un 
ordre du Seigneur par l'entre- 
mise de ses prophètes. 

96. Ainsi les Lévites s'y trou- 
verent, tenant les instruments 
de David, et les prétres les trom- 
pettes. 

27.EtEzéchiascommanda qu'on 
offritles holocaustes sur l'autel ; 
et, lorsque l'on offrait les holo- 
caustes, ils commencèrent à 
chanter deslouangesauSeigneur, 
à sonner des trompettes, et à 
faire retentir divers instruments 
que David, roi d'Israél, avait pré- 
parés. 

98. Or, toute la multitude ado- 
rantle Seigneur, les chantres et 
ceux qui tenaient les trompettes 
étaient à leur devoir, jusqu'à ce 
que l'holocauste fût achevé. 

29. Et lorsque l'oblation fut fi- 
nie, le roi s’inclina, et tous ceux 
qui étaient avec lui, et ils ado- 
rerent. 

30. Et Ezéchias et les princes 
ordonnerent aux Lévites de louer 


PARALIPOMÈNES.‏ וז 


(cH. xxix.| 


le Seigneur avec les paroles de 
David et d'Asaph, le Voyant; et 
ils le louèrent avec une grande 
joie, et, le genou courbé, ils ado- 
rerent. 

31. Mais Ezéchias ajouta en- 
core ceci : Vous avez rempli vos 
mains pour le Seigneur ; appro- 
chez, et offrez des victimes et 
des louanges dans la maison du 
Seigneur. Toute la multitude of- 
frit donc des hosties, des louan- 
ges et des holocaustes avec un 
cœur dévoué. 

39. Quant au nombre des holo- > 
caustes qu'offrit la multitude, ce 
furentsoixante-dix taureaux, cent 
béliers, et deux cents agneaux. 

33. Et ils consacrerent au Sei- 
gneur six cents bœufs et trois 
mille moutons. 

34. Or les prétres étaient en 
petit nombre, et ils ne pouvaient 
suffire à enlever la peau des ho- 
locaustes : c'est pourquoi les Lé- 
vites, leurs freres, les aidèrent 
jusqu'à ce que l'ouvrage tüt 
achevé et que les prêtres fussent 
sanctifiés; car les Lévites sont 
sanctifiés avec un rit plus facile 
que les prétres. 

35. On offrit donc un trés grand 
nombre d'holocaustes, les grais- 
ses des hosties pacifiques, et les 
libations des holocaustes, et l'on 
rétablit entierement le culte de 
la maison du Seigneur. 

36. Et Ezéchias se livra à l'allé- 


26. Les instruments de David, c'est-à-dire que David avait!fait faire. 
34. La peau des holocaustes; ellipse, pour, la peau des victimes destinées aux ho- 


locaustes. 


36. De ce que, etc.; l'hébreu porte simplement : De ce que le Seigneur avait pré- 
paré pour le peuple; car la chose avait eu lieu en un instant. Ainsi Ezéchias et le 
peuple se réjouirent de ce que le Seigneur avait si promptement rétabli son culte, 
et disposé les esprits de maniere à les faire passer tout d'un coup de l'adoration des 


idoles à celle du vrai Dieu. 


xxx.]‏ .א6] 
gresse, ainsi que tout le peuple,‏ 
de ce que le service du Seigneur‏ 
était entierement rétabli; car il‏ 
avait plu que cela se fit soudai-‏ 
nement.‏ 


CHAPITRE XXX. 


Ézéchias invite Israël et Juda à venir à 
Jérusalem pour célébrer la Páque. On 
la célébre avec beaucoup de solennité. 


1. Ezéchias envoya aussi vers 
tout Israël et Juda, et il écrivit des 
lettres à Ephraim et à Manassé, 
afin de les inviterà venir àla mai- 
son duSeigneuràJérusalem, pour 
faire la Páque du Seigneur, Dieu 
d'Israël. 

2. Un conseil du roi, des princes 
et de toute l'assemblée du peuple 
ayant donc été tenu à Jérusalem, 
ils décidèrent qu'ils feraient la Pà- 
que au second mois; 

3. Car ils n'avaient pu la faire 
en son temps, parce que les prè- 
tres qui pouvaient exercer n'a- 
vaient pas été sanctifiés, et que 
le peuple ne s'était pas encore as- 
semblé à Jérusalem. 

4. Lachose plut au roi et àtoute 
la multitude. 

9. Et ils décidèrent qu'ils en- 
verraient des messagers dans tout 
Israël, de Bersabée jusqu’à Dan, 
pour qu'on vint faire la Pâque du 
Seigneur Dieu d'Israél dans Jéru- 
salem; car beaucoup ne l'avaient 
pas faite, comme il est prescrit. 

6. Les messagers partirent donc 
avec les lettres par le commande- 
ment du roi et des princes, et 8 
passèrent dans tout Israël et Juda, 
publiant suivant ce quele roiavait 


PARALIPOMÈNES.‏ זז 


865 
commandé : Enfants d'Israël, re- 
venez au Seigneur Dieu d'Abra- 
ham, d'Isaac et d'Israél, et il re- 
viendraauxrestes qui ontéchappé 
à la main du roi des Assyriens. 

7. Ne soyez pas comme vos 
pères et vos frères, qui se sont 
retirés du Seigneur Dieu de leurs 
peres, qui les a livrés à la mort, 
comme vous-mémes le voyez. 

8. N'endurcissez pas vos cœurs 
comme vos péres; donnez les 
mains au Seigneur, et venezà son 
sanctuaire qu'il a sanctifié pour 
jamais : servez le Seigneur Dieu 
de vos péres, et la colere de sa 
fureur se détournera de vous. 

9. Car, si vous revenez au Sei- 
gneur, vos frères et vos fils trou- 
veront miséricorde devant les 
maitres qui les ont emmenés 
captifs, et ils reviendront en cette 
terre ; car il est clément et misé- 
ricordieux, le Seigneur votre 
Dieu, et il ne détournera point 
sa face de vous, si vous revenez à 
lui. 

10. Ainsi les courriers allaient 
rapidement de ville en ville dans 
toute la terre d'Ephraim et de Ma- 
nassé, jusqu'à Zabulon, ces peu- 
ples les raillant et les insultant. 

11. Cependant quelques hom- 
mes d'Azer, de Manassé et de Za- 
bulon, acquiesçant au conseil 
donné, vinrent à Jérusalem. 

19. Quant à Juda, la main du 
Seigneur y fut de maniere à leur 
donner un seul cœur, pour qu'ils 
fissent, selon le commandement 
du roi et des princes, la parole du 
Seigneur. 


1. * 4 Ephraim et à Manassé, c'est-à-dire aux habitants du royaume d'Israel qui 
n'avaient pas été emmenés en captivité par le roi d'Assyrie. 
5. * De Bersabée jusqu'à Dan. Voiv la note sur Juges, xx. 1. 


A. T. 


50 


866 

13. Beaucoup de peuples donc 
s’assemblèrent à Jérusalem, pour 
faire la solennité des azymes, au 
second mois. 

14. Et, selevant, ils détruisirent 
les autels qui étaient à Jérusalem, 
et mettant en pieces toutes les 
choses dans lesquelles on brülait 
de lencens aux idoles, ils les 
jetèrent dans le torrent de Cé- 
dron. 

15. Ils immolèrent donc la Pä- 
que le quatorzième jour du se- 
cond mois. De plus les prétres et 
les Lévites, enfin sanctifiés, of- 
frirent des holocaustes dans la 
maison du Seigneur. 

16. Etilsse tinrent en leurrang, 
selon les prescriptions et la loi de 
Moïse, l'homme de Dieu ; mais les 
prétres recevaient le sang qui de- 
vait étre répandu, des mains des 
Lévites, 

17. Parce qu'une foule nom- 
breuse n'était pas sanctifiée; et 
c'est pour cela que les Lévites im- 
molèrent la Pâque pour ceux qui 
ne s'étaient pas empressés de se 
sanctifier au Seigneur. 

18. Comme aussi une grande 
partie du peuple d'Ephraim, de 
Manassé, d'Issachar de Zabulon, 
qui n'avait pas été sanctifiée, man- 
gea la Páque, non suivant ce qui 
est écrit; et Ezéchias pria pour 
eux, disant : Le Seigneur, qui est 
bon, se montrera propice 

19. Atous ceux qui en tout leur 
cœur cherchent le Seigneur Dieu 
de leurs peres, et il ne leur im- 
putera point de n'étre pas sanc- 
tifiés. 


II PARALIPOMÈNES. 


[cu. xxsr.. 

20. Le Seigneur l'exauca, et s'a- 
paisa pour le peuple. 

21. Et les enfants d'Israél qui se 
trouvèrent à Jérusalem firent la 
solennité des azymes durant sept 
jours, dans une grande joie, 
louant le Seigneur chaque jour 
aussi bien que les Lévites et les 
prétres, sur les instruments qui 
répondaient à leur fonction. 

22. Et Ezéchias parla au cœur 
de tous les Lévites quiavaientune 
intelligence parfaite de ce qui re- 
garde le Seigneur; et ils man- 
gèrent, durant les sept jours de 
la solennité, immolant des vic- 
times de sacrifices pacifiques, et 
louant le Seigneur Dieu de leurs 
pères. 

23. Et il plut à toute la multi- 
tude de célébrer encore sept 
autres, jours, ce qu'ils firent aussi 
avec une grande joie; 

24. Car Ezéchias, roi de Juda, 
avait donné à la multitude mille 
taureaux et sept mille brebis : et 
les princes avaient donné au 
peuple mille taureaux et dix mille 
brebis. Ainsi une trés grande 
multitude de prétres se purifia. 

25. Et tout le peuple de Juda fut 
comblé de joie, tant les prétres 
et les Lévites, que toute la foule 
qui était venue d'Israél, les pro- 
sélytes mêmes de la terre d'Israël, 
et ceux qui habitaient en Juda. 

96. Et il se fit une grande so- 
lennité àJérusalem, telle qu'il n'y 
en avait pas eu dans cette ville 
depuis les jours de Salomon, fils 
de David, roi d'Israël. 

97. Orles prétres et les Lévites 


21. La formule de bénédiction se trouve, Nomórés, vi, 24. Il ne paralt pas par ce 
passage que les Lévites eussent le droit de bénir le peuple. Si on les confond ici 
avec les prêtres qui bénissaient, c'est, sans doute, parce qu'ils priaient avec eux, ou 


[cu. xxxi.] 
se leverent pour bénir le peuple; 
et leur voix fut exaucée, et leur 
priere parvint jusqu'àla demeure 
sainte du ciel. 


CHAPITRE XXXI. 


Les Israélites brisent les idoles et ren- 
versent leurs autels. Offrandes des pré- 
mices et des dimes. Réglement pour 
le ministère des prêtres et des Lévites. 


1. Lorsque ces choses eurent 
été faites selon les rites, tous ceux 
d'Israël qui se trouvèrent dans les 
villes deJudasortirentetbriserent 
tous les simulacres ; ils coupèrent 
les bois sacrés, démolirent les 
hauts lieux, et détruisirent les 
autels, non seulement dans tout 
Juda et Benjamin, mais aussi dans 
Ephraim et dans Manassé, jus- 
qu'à ce qu'ils eussent tout ren- 
versé, et tous les enfants d'Israél 
retournerent dans leurs posses- 
sions et dans leurs villes. 

2. Or Ezéchias établit les classes 
sacerdotales et Lévitiques selon 
leurs divisions, chacun dans son 
office propre, et cela, tant parmi 
les prétres que parmi les Lévites, 
pour offrir des holocaustes et des 
sacrifices pacifiques, afin d'exer- 
cer leur ministère, de louer Dieu 
et de chanter aux portes du camp 
du Seigneur. 

3. Quant à la part du roi, c'était 
de son propre bien qu'on offrait 
toujours l'holocauste le matin et 
le soir comme aussi aux jours du 
sabbat, aux calendes et à toutes 
les autres solennités, ainsi qu'il 


PARALIPOMÉNES. 867‏ זז 


est écrit dans la loi de Moise. 

4. ll ordonna aussi au peuple 
qui habita:t à Jérusalem de don- 
ner des parts aux prétres et aux 
Lévites, afin qu'ils pussent vequer 
à la loi du Seigneur. 

9. Ce qui ayant retenti aux 
oreilles de la multitude, les en- 
fants d'Israél offrirent un tres 
grand nombre de prémices en 
blé, en vin, en huile et méme en 
miel; ils offrirent encore la dime 
de tout ce que produit la terre. 

6. De méme aussi les enfants 
d'Israél et de Juda qui habitaient 
dans les villes de Juda offrirent 
des dimes de bœufs et de brebis, 
et des dimes de choses sanctifiées 
qu'ils avaient vouées au Seigneur 
leur Dieu; et, portant toutes ces 
choses, ils en firent un trés grand 
nombre de monceaux. 

1. C'est au troisième mois qu'ils 
commencèrent à faire ces mon- 
ceaux, et au septième mois qu'ils 
les achevèrent. 

8. Et lorsque le roi et les prin- 
ces de sa cour furent entrés, ils 
virent les monceaux, et bénirenl 
le Seigneur et le peuple d'Israël. 

9. Alors Ezéchias demanda aux 
prétres et aux Lévites pourquoi 
ces monceaux étaient ainsi dépo- 
565. 

10. Le premier prêtre, Azarias 
qui était de la race de Sadoc, 
répondit : Depuis que l'on a com- 
mencé à offrir ces prémices dans 
la maison du Seigneur, nous en 
avons mangé, et nous nous en 


bien parce qu'ils joignaient à la voix des prétres leurs acclamations ou le son de 


leurs instruments. 


1. * Ils coupérent les bois sacrés, les symboles de la déesse Astarté. 
T. 175 commencèrent, etc.; littér., iis Jelérent les fondements. L'hébreu contient aussi 


rette image. 


868 


sommes rassasiés ; mais il en est 


resté beaucoup, parce que le Sei- 


gneur a béni son peuple; et cette 
abondance que vous voyez sont 
les restes. 

11. Ezéchias ordonna donc que 
lon préparât des greniers dans 
la maison du Seigneur. Lorsqu'on 
l'eut fait, 

12. On y porta fidèlement tant 
les prémices que les dimes et 
tout ce qu'on avait voué; et Cho- 
nénias, le Lévite, y fut préposé, 
ainsi que Séméi, son frère, en se- 
cond. 

13. Après lequel Jahiel, Azarias, 
Nahath, Asaël, Jérimoth, Jozabad, 
Eliel, Jesmachias, Mahath et Ba- 
naïas, furent aussi préposés sous 
la main de Chonénias et de Séméi, 
son frère, par l’ordre du roi Ezé- 
chias, et d'Azarias, le pontife de 
la maison de Dieu, auxquels tout 
appartenait. 

14. Or Coré, le Lévite, fils de 
Jemna, portier àla porte orien- 
tale, était préposé sur ce qu'on 
offraitspontanémentau Seigneur, 
et sur les prémices, et les autres 
choses consacrées dans le Saint 
des saints. 

15. Sous sa direction étaient 
Eden, Benjamin, Jésué, Séméias, 
Amarias aussi et Séchénias, dans 
les villes des prêtres, pour distri- 
buer fidèlement des parts à leurs 
frères, aux petits et aux grands; 

16. Et, outre les enfants mâles, 
depuis trois ans et au-dessus, à 
tous ceux qui entraient dans 16 
temple du Seigneur; et tout ce 
qui chaque jour était nécessaire 


PARALIPOMÈNES.‏ זו 


(cu. xxxir.] 


dans le ministère et dans les d?- 
vers offices, selon leurs divisions; 

11. C’est aux prêtres selon leurs 
familles, aux Lévites, depuis vingt 
ans et au-dessus, par troupes et 
selon leurs rangs et leurs classes; 

48. Et à toute 18 multitude, tant 
aux femmes qu'à leurs enfants 
de l'un et de l’autre sexe, qu'on 
donnait des vivres sur les choses 
qui avaient été consacrées. 

19. Et il y avait méme d'entre 
les descendants d'Aaron des hom- 
mes établis dans la campagne et 
dans les faubourgs de chaque 
ville, pour distribuer des parts à 
tous les mâles de la race des pré- 
tres et des Lévites. 

20. Ezéchias fit donc tout ce que 
nous avons dit dans tout Juda, et 
il accomplit ce qui est bon et droit 
et vrai devant le Seigneur son 
Dieu, 

91. Dans tout ce qui concerne 
le service de la maison du Sei- 
gneur, selon la loi et les cérémo- 
nies, voulant chercher son Dieu 
de tout son cœur; et il le fit, et il 
prospéra. 


CHAPITRE XXXII. 


Sennachérib s'avance contre Jérusalem. 
Ezéchias exhorte son peuple. Blasphé- 
mes de Sennachérib. Un ange exter- 
mine son armée. Gloire d'Ezéchias et 
sa mort. Manassé lui succède. 


1. Après ces choses si fidele- 
ment exécutées, Sennachérib, roi 
des Assyriens, vint et entra dans 
Juda; il assiégea les villes forti- 
fiées, voulant les prendre. 

2. Lorsqu'Ezéchias eut vu cela, 


CHar. XXXIL 1. IV Rois, xvi, 13; Eccli., xzvin, 20; Isaie, xxxvi, 1. 


1. * Sennachérib, roi d'Assyrie. Voir IV Rois, xvi, 13. 


fem. xxxit.] II PARALIPOMÉNES. 869 


savoir que Sennachérib était ve- 9. Après que ces choses se fu- 
nu, et que tout l'effort de laguerre | rent passées, Sennachérib, roi des 
était tourné contre Jérusalem, Assyriens, envoya ses serviteurs 


3. ll tint conseil 8166108 princes | à Jérusalem (car lui-même assié- 
et les hommes les plus braves, | geait Lachisavectouteson armée) 
pour boucher les sources des fon- | vers Ezéchias, roi de Juda, et vers 
taines qui étaient hors de 18 ville : | tout le peuple qui était dans la 


l'avis de tous l'ayant décidé, ville, disant : 
4. Il assembla une très grande 10. Voici ce que dit Sennaché- 


sources, et le ruisseau qui coulait | avez-vous confiance, pour de- 


multitude, et il boucha toutes les | rib, roi des Assyriens : En qui 
au milieu du pays, disant : C'est | meurer ainsi assiégés dans Jéru- 


de peur que les rois des Assyriens | salem? 
ne viennent, et ne trouvent une 11. Est-ce qu'Ezéchias ne vous 
abondance d'eau. trompe pas pour vous livrer à 


5. ll bátit aussi avec grand soin | la mort parla faim et la soif, vous 
toutle mur qui avait été ruiné, | assurant que le Seigneur votre 
et il construisit les tours au des- | Dieu vous délivrera de la main du 
sus, et en dehors de l'autre mur; | roi des Assyriens? 


il restaura Mello dans la cité de 12. N'est-ce pas cet Ezéchias 
David, et il fit des armes de tout | qui a détruit ses hauts lieux et 
genre et des boucliers; ses aufels, et qui a ordonné à 


6. Et il établit ensuite des chefs | Juda et à Jérusalem, disant : C'est 
de combattants dans l’armée; | devant un seul autel que vous 
puis il les convoqua sur la place | adorerez, et c'est sur cet autel 
de la porte de la cité, et il parla | que vous brülerez de lencens? 
à leur cœur, disant : 13. Est-ce que vous ignorez ce 

1. Agissez courageusement, et | que j'ai fait, moi et mes peres. à 
forüfiez-vous : ne craignez point, | tous les peuples de la terre? Est- 
et ne redoutez pointle roi des As- | ce que les dieux des nations et de 
syriens, ni toute cette multitude | toute la terre ont été assez forts 
qui est avec lui; carily a un plus | pour délivrer leur pays de ma 
grand nombre avec nous qu'avec | main? 
lui. | 44. Quel est celui de tous les 

8. Car avec lui est un bras de | dieux des nations que mes peres 
chair; avec nous le Seigneur no- | ont ravagées, qui ait pu délivrer 
ire Dieu, qui est notre aide et | son peuple de ma main, pour que 
combat pour nous. ₪6 le peuple | méme votre Dieu puisse vous dé- 
fut 1011116 par ces paroles d'Ezé- | livrer de ma main? 
chias, roi de Juda. | 15. Qu Ezéchias ne vous trompe 


4. Que les rois, etc.; c'est-à-dire que si les rois des Assyriens viennent, ils ne 
(rouveut pas, eie. — * Il boucha loutes les sources. Voir plus bas, vers. 30. 

5. Il bátit. pour εἰ rebátit. Voy. 111 Rois, xit, 25. — * Mello, voir IL Rois, v, 9. 

9. * £achis, ville 4e la tribu de uda, sur la route d'Hébron à Gaza. Sennachérib 
s'était fait représenter dans uu bas-relief de son palais de Ninive recevant les tri- 
buts de Lachis, aprés la prise de cette place. 


870 
donc point, et que par une vaine 
persuasion il ne vous joue point : 
ne le croyez pas. Car si aucun 
dieu de toutes les nations et de 
tous les royaumes n'a pu déli- 
vrer son peuple de ma main ni 
de celle de mes pères, consé- 
quemment méme votre Dieu ne 
pourra pas vous délivrer de ma 
main. 

16. Mais les serviteurs de Sen- 
nachérib dirent encore beaucoup 
d'autres choses contre le Sei- 
gneur Dieu et contre Ezéchias, 
son serviteur. 

17. Il écrivit aussi des lettres 
pleines de blasphemes contre le 
Seigneur Dieu d'Israél, et il dit 
contre lui : Comme les dieux des 
autres nations n'ont pu délivrer 
leur peuple de ma main, ainsi 
méme le Dieu d'Ezéchias ne 
pourra pas délivrer son peuple de 
cette main. 

18. De plus, d'une voix forte 
et en langue judaique, il criait 
contre le peuple qui était sur les 
murs de Jérusalem, pour l'épou- 
vanter et prendre la ville. 

19. Ainsi il parla contre le 
Dieu de Jérusalem comme con- 
tre les dieux des peuples de la 
terre, ouvrages des mains des 
hommes. 

90. Le roi Ezéchias donc, et 
Isaie, le prophète, fils d'Amos, 
prierent en opposition à ce blas- 
pheme, et poussèrent des cris 
jusqu'au ciel. ו‎ 

91. Et le Seigneur envoya un 
ange qui frappa tout homme vi- 


PARALIPOMÉNES.‏ זז 


[cu. xxxir.] 


goureux, guerrier etle prince de 
l'armée du roi des Assyriens; et 
Sennachérib retourna avec igno- 
minie en son pays. Or, lorsqu'il 
fut entré dans la maison de son 
dieu, ses fils, qui étaient sortis 
de ses entrailles, le tuèrent par le 
glaive. 

22. Le Seigneur sauva ainsi 
Ezéchias etles habitants de Jéru- 
salem de la main de Senna- 
chérib, roi des Assyriens, et de 
la main de tous, etil leur donna 
le repos alentour. 

23. Beaucoup méme portaient 
des hosties et des sacrifices au 
Seigneur à Jérusalem, et des 
présents à Ezéchias, roi de Juda, 
qui a été exalté après cela devant 
toutes les nations. 

24. En ces jours-là, Ezéchias 
fut malade jusqu'à la mort, et 
il pria 16 Seigneur, et Ze Sei- 
gneur l'exauca, 6111 lui en donna 
un signe. 

25. Mais Ezéchias ne rendit pas 
à Dieu selon les biens qu'il avait 
reçus, parce que son cœur s'é- 
leva, et la colère du Seigneur 
salluma contre lui, contre Juda 
et contre Jérusalem. 

26. Mais ensuite il s' humilia 
autant lui-méme que les habi- 
tants de Jérusalem, de ce que 
son cœur s'était exalté : et c'est 
pourquoi la colère du Seigneur 
ne vint point sur eux dans les 
jours d'Ezéchias. 

2/1. Or Ezéchias fut riche et trés 
illustre; 11 s'amassa beaucoup de 
trésors d'argent, d'or, de pierres 


91. Tobie, 1, 24. — 24. IV Rois, xx, 1; Isaie, xxxvii, 1. 


23. Des hosties et des sacrifices; pour des hosties de sacrifices, destinées à des sacri- 
fices; figure grammaticale usitée dans la Bible. 
24. Voir sur la maladie et la guérison miraculeuse d'Ezéchias, III Rois, xx. 


[cg. xxxmr.) 


précieuses, d'aromates, d'armes 
de tout genre, et de vases de 
grand prix. 

98. Il avait aussi des magasins 
de blé, de vin et d'huile, des écu- 
ries pour toute sorte de gros bé- 
tail, et des parcs pour des trou- 
peaux. 

29. Et il bátit des villes pour 
lui; car il avait des troupeaux de 
brebis et de gros bétail innom- 
brables, parce que le Seigneur 
lui avait donné des biens en très 
grande abondance. 

30. C'est ce méme Ezéchias qui 
boucha la fontaine supérieure des 
eaux de Gihon, et les détourna 
sousterre versl'occidentdela ville 
de David; en toutes ses ceuvres il 
fit heureusement ce qu'il voulut. 

31. Cependant dansle message 
des princes de Babylone qui 
avaient été envoyés vers lui pour 
s'informer du prodige qui était 
arrivé sur la terre, Dieu l'aban- 
donna pour le tenter et pourfaire 
connaitre tout ce qui était en son 
cœur. 

32. Mais le reste des actions 
d'Ezéchias et de ses miséricordes 
est écrit dans la vision d’Isaïe, le 
prophète, fils d'Amos, et dans le 
Livre des rois de Juda et d'Israël. 

33. Ezéchias dormit avec ses 
pères, et on l'ensevelit au dessus 
du sépulcre des fils de David : 


PARALIPOMÈNES. 871‏ זז 


tout Juda célébra ses funérailles, 
et tous les habitants de Jéru- 
salem; et Manassé son fils régna 
en sa place. 


CHAPITRE XXXIII. 


Impiété de Manassé, sa captivité, son re- 
pentir, son retour à Jérusalem, sa mort. 
Amon lui succéde. Impiété de ce prince; 
ilest mis à mort, et Josias règne à sa 
place. 


1. Manassé avait douze ans 
quand il commenca à régner, et 
il régnacinquante-cinqans àJéru- 
salem. 

2. Or il fit le mal devant le Sei- 
gneur, suivant les abominations 
des nations que le Seigneur avait 
détruites devant les enfants d'Is- 
rael. 

9. Et il en revint à restaurer les 
hauts lieux qu'avait démolis Ezé- 
chias, son père ; il construisit des 
autels aux Baalim, il fit des bois 
sacrés, et il adora toute la milice 
du ciel, et la servit. 

4. Il bâtit aussi des autels dans 
lamaison du Seigneur, delaquelle 
le Seigneur avait dit : C'est dans 
Jérusalem que sera mon nom 
éternellement. 

5. Or il les bâtit à toute l’armée 
du ciel, dans les deux parvis du 
temple du Seigneur. 

6. Et il fit passer ses fils par le 
feu dans la vallée de Bénennom : 


CHAP. XXXIII. 1. IV Rois, xxi, 1. — 4. II Rois, vir, 10. 


30. * Qui boucha la fontaine, etc. Ces mots semblent mentionner le percement du 
canal souterrain taillé dans le roc qu'on a découvert ces dernières années et qui 
conduit les eaux de la Fontaine appelée aujourd'hui de la Vierge, au sud-est de Jé- 
rusalem, dans la piscine de Siloé, Voir la note sur Jean, 1x, 11. 

31. Du prodige, etc. Voy. IV Rois, xx, 8-11. 


3. Baalim. Voy. Juges, u, 11. — * Des bois sacrés, des aschéra, des symboles du 


culte de la déesse Astarté. 


4. Le nom de Dieu se prend souvent pour la majesté divine, Dieu lui-méme. 
6. " Dans la vallée de Bénennom. appelée aussi Géennom, Ghé-ben-Hinnomon, vallée 


872 


il ohservait les songes, il suivait 
les augures, il s'adonnait à l'art 
magique, il avait avec lui des ma- 
giciens et des enchanteurs, et 
il commit de grand maux devant 
le Seigneur, jusqu'à l'irriter. 

7. ll mit aussi une image taillée 
au ciseau et une statue de fonte 
dans la maison du Seigneur, de 
laquelle Dieu avait dit à David et 
à Salomon, son fils : C'est dans 
cette maison et dans Jérusalem, 
que j'ai choisie d'entre toutes les 
tribus d'Israël, que j'établirai mon 
nom pour jamais. 

8. Et je ne ferai pas mouvoir 
le pied d'Israël de la terre que 
j'ai livrée à leurs pères, pourvu 
seulement qu'ils aient soin d'ac- 
complir ce que je leur ai ordonné, 
toute la loi, les cérémonies et les 
ordonnances, que je leur ai 
données par l'entremise de Moise. 

9. Manassé séduisit donc Juda 
et les habitants de Jérusalem, en 
sorte qu'ils firent plus de mal que 
toutes les autres nations que le 
Seigneur avait exterminées de la 
face des enfants d'Israél. 

10. Et Dieu lui parla, à lui et à 
son peuple, et ils ne voulurent 
point faire attention. 

11. C'est pourquoi Dieu amena 
sur eux les princes de l'armée 
du roi des Assyriens; ils prirent 

7. III Rois, vir, 18. 


II PARALIPOMÈNES. 


[cH. xxxur.) 


donc Manassé, et apres l'avoir lié 
de chaines et lui avoir mis des 
entraves, ils l'emmenerent à Ba- 
bylone. 

19. Lorsque Manassé se trouva 
dans cette détresse, il pria le Sei- 
gneur son Dieu, et fit beaucoup 
pénitence devant le Dieu de ses 
peres. 

13. Et il l'implora, et le supplia 
avec instance; et le Seigneur 
exauca sa priere, et le ramena à 
Jérusalem dans son royaume; et 
Manasséreconnutque le Seigneur 
était le vrai Dieu. 

14. Après cela, il bâtit un mur 
hors de la cité de David, à l'occi- 
dent de Gihon, dans la vallée, de- 
puis l'entrée de la porte des Pois- 
sons, à travers l'enceinte, jusqu'à 
Ophel, et il l'éleva tres haut : il 
établitaussi des princes del'armée 
dans toutes les villes de Juda for- 
tifiées ; 

15. Etil enleva les dieux étran- 
gers et le simulacre dela maison 
du Seigneur, comme aussi les 
autels qu'il avait faits sur la mon- 
tagne de la maison du Seigneur 
et dans Jérusalem, et il jeta tout 
hors de la ville. 

16. De plus il restaura l'autel 
du Seigneur, et il immola des- 
sus des victimes et des hosties 
pacifiques et de louange; et il 


des fils d'Hennom, située au sud-ouest et au sud de Jérusalem, laquelle, par sa pro- 
fondeur et son escarpement, rend la ville imprenable de ce cóté. Elle sépare le mont 
Sion du mont du Mauvais Conseil. 

11. * Les princes de l'urmée du roi des Assyriens, le roi de Ninive Assurbanipal, fils 
d'Asaraddon et petit-fils de Sennachérib. Il monta sur le tróne en 668 avant J.-C. et 
mourut vers l'an 626. Il fit conduire Manassé à Babylone, parce qu'il en était aussi 
roi et y avait réprimé la révolte d'un de ses fréres qu'il en avait établi gouverneur. 

14. * Gihon, au sud-est de Jérusalem. — La porte des Poissons était à l'extrémité 
orientale du mur méridional de la ville. 

.16. De louange; c'est-à-dire d'action de grâces. Voy. pour la construction gram- 
maticale, ch, xxxi, 23. 


[cg. xxxiv.] 


ordonna à Juda de servir le Sei- 
gneur Dieu d'Israél. 

11. Cependant le peuple immo- 
lait encore sur les hauts lieux au 
Seigneur son Dieu. 

48. Mais le reste des faits de 
Manassé, sa supplication à son 
Dieu, et les paroles des Voyants 
qui lui parlaient au nom du Sei- 
gneur Dieu d'Israël, sont conte- 
nus dans /e Livre des actions des 
rois d'Israél ; 

19. De plus, sa prière à Dieu, et 
la maniere dontilfut exaucé, tous 
ses péchés, le mépris de Dieu, 
comme aussi les endroits dans 
lesquels il bátit des hauts lieux, 
et fit des bois sacrés et des statues, 
avant qu'il fit pénitence, sont 
écrits parmi les paroles d'Hozai. 

20. Manassé dormit donc avec 
ses peres, et on l'ensevelit dans 
sa maison; et son fils Amon ré- 
gna en sa place. 

21. Amon avait vingt-deux ans 
lorsqu'il commença à régner, et 
ilrégna deux ans dans Jérusalem. 

22. Et il fitle mal en la présence 
du Seigneur, comme avait fait 
Manassé son père, et il sacrifia à 
toutes les idoles que Manassé 
avait fabriquées, et il les servit. 

23. Et il ne révéra point la face 
du Seigneur, comme la révéra 
Manassé son père, et il commit 
des crimes beaucoup plus grands. 

24. Or ses serviteurs, ayant 
conspiré contre lui, le tuèrent 
dans sa maison. 

25. Mais le reste du peuple, 


(βαρ. XXXIV. 1. IV Rois, xxi, 1. 


PARALIPOMÈNES.‏ זז 


873 


aprés avoir taillé en pieces ceux 
qui avaient tué Amon, établit roi 
Josias, son fils, en sa place. 


CHAPITRE XXXIV. 


Piété de Josias. Il répare le temple, où on 
trouve le livre de la loi. Il envoie con- 
sulter la prophétesse Olda. Renouvelle- 
ment de l'alliance avec le Seigneur. 


1. Josias avait huit ans lorsqu'il 
commenca à régner, et il régna 
trente et un ans à Jérusalem. 

2. Et il fit ce qui était droit en 
la présence du Seigneur, et il 
marcha dans les voies de David, 
son pere, et il ne se détourna ni 
à droite ni à gauche. 

3. Or, la huitième année de son 
règne, quoiqu'il fût encore un 
enfant, il commença à chercher 
le Dieu de son père David; et, la 
douzième année après qu'il eut 
commencé à régner, il purifia 
Juda et Jérusalem des hauts lieux, 
des bois sacrés, des simulacres 
el des images taillées au ciseau. 

4. Et on détruisit devant lui les 
autels des Baalim, et quant aux 
simulacres qui avaient été posés 
dessus, on les démolit; les bois 
sacrés aussi, et lesimages taillées 
au ciseau, il les coupa, et les mit 
en pieces, puis il en dispersa les 
débris sur les tombeaux de ceux 
qui avaient accoutumé de leur 
immoler des victzmes. 

5. Outre cela, il brüla les os des 
prétres sur les autels des idoles, 
et il purifia Juda et Jérusalem. 

6. Mais de plus, dans les villes 


19. Parmi les paroles, etc.; dans le livre du prophète Hozai. Au lieu d'Hozai, le grec 
porte des Voyants; le terme hébreu vient, en effet, du verbe voir et représente dans 
ra forme grammaticale le participe présent avec une des terminaisons plurielles. 


6. Tout ce qui avait rapport au culte des idoles, 


874 
de Manassé, d'Ephraim et de Si- 
méon, jusqu'à Nephthali, il ren- 
versa tout. 

7. Et lorsqu'il eut détruit les 
autels et les bois sacrés, brisé en 
morceaux les images taillées au 
ciseau, et démoli touslestemples 
dans toute la terre d'Israël, il re- 
vint à Jérusalem. 

8. Ainsi, l'an dix-huit de son 
regne, la terre ayant été déjà pu- 
rifiée, et le temple du Seigneur, 
il envoya Saphan, fils d'Esélie, et 
Maasias, prince dela ville, et Joha, 
fils de Joachaz, qui tenait les re- 
gistres, pour réparer la maison 
du Seigneur son Dieu ; 

9. Lesquels vinrent vers Hel- 
cias, le grand prétre, et ayant 
recu de lui l'argent qui avait été 
porté en la maison du Seigneur, 
et que les Lévites et les portiers 
avaient recueilli de Manassé et 
d'Ephraim, de tous les restes 
d'Israél, de tout Juda aussi et de 
benjamin, et des habitants de Jé- 
rusalem, 

10. Ils le remirent entre les 
mains de ceux qui présidaient aux 
ouvriers dans la maison du Sei- 
gneur, pour restaurer le temple 
et réparer toutes les ruines. 

11. Mais ceux-ci le donnèrent 
aux ouvriers et aux tailleurs de 
pierres, afin qu'ils en achetassent 
des pierres des carrieres, et des 
bois pour les assemblages de l'é- 
difice et pour la charpente des 
maisons qu'avaient détruites les 
rois de Juda. 

12. Et ils faisaient fidèlement 


PARALIPOMENES.‏ זז 


fcH. xxxiv.] 


toutes ces choses. Or étaient pré- 
posés à ceux qui travaillaient, 
Jahath et Abdias, d'entre les fils 
de Mérari ; Zacharie et Mosollam, 
d'entre les fils de Caath, qui pres- 
saient l'ouvrage; tous Lévites sa- 
chant jouer des instruments. 

13. Mais au-dessus de ceux qui 
portaientles fardeaux pour divers' 
usages, étaient des scribes et des 
maitres portiers d'entre les Lé- 
vites. 

14. Or, comme l’on transférait 
l'argent qui avait été déposé dans 
le temple du Seigneur, Helcias, le 
prétre, trouva le livre de la loi du 
Seigneur, écrit de la main de 
Moise. 

15. Et il dit à Saphan, le scribe : 
J'ai trouvé le livre de la loi dans 
la maison du Seigneur, etil le lui 
remit. 

16. Et Saphan porta le volume 
au roi, et il lui annonça, disant : 
Tout ce que vous avez mis en la 
main de vos serviteurs, le voilà 
qui s'accomplit. 

11. Pourl'argent qui a été trou- 
vé dans la maison du Seigneur, 
ils l'ont fondu ; puis il a été donné 
aux préposés des ouvriers et de 
ceux qui font les divers ouvrages. 

18. Outre cela Helcias, le prétre, 
m'a remis ce livre. Lorsqu'il + 
lu, le roi présent, 

19. Et lorsque le roi eut entendu 
les paroles de la loi, il déchira 
ses vêtements ; 

20. Et 1] ordonna à Helcias, à 
Ahicam, fils de Saphan, à Abdon, 
fils de Micha, à Saphan, le scribe, 


44. Ecrit de la main, etc. Compar. IV Rois, xxir, 8. Selon d’autres : 


par la main, etc. 


donnée (la loi) 


16. Tout ce que vous avez mis, etc.; hébraisme, pour {out ce que vous avez com- 


mandé. 


[cg. xxxiv.] 
et à Asaas, serviteur du roi, di- 
sant: 

21. Allez, et priez le Seigneur 
pour moi et pour les restes d'Is- 
raël et de Juda, au sujet de toutes 
les paroles de ce livre qui a été 
trouvé; carla colere du Seigneur 
s’est épanchée sur nous, parce 
que nos pères n'ont point écouté 
les paroles du Seigneur, afin d'ac- 
complir tout ce qui a été écrit 
dans ce volume. 

99. Helcias donc s'en alla, et en 
même temps ceux qui avaient été 
envoyés par le roi vers Olda, la 
prophétesse, femme de Sellum, 
fils de Thécuath, fils de Hasra, le 
gardien des vêtements, laquelle 
demeurait à Jérusalem, dans la 
Seconde; et ils lui dirent les pa- 
roles rapportées plus haut. 

23. Olda leur répondit : Voici 
ce que dit le Seigneur Dieu d'Is- 
raél : Dites à l'homme qui vous 
a envoyés vers moi : 

24. Le Seigneur dit ceci : Voilà 
que moi j'aménerai sur ce lieu et 
sur ses habitants des maux, et 
toutes les malédictions qui sont 
écrites dans ce livre qu'on a lu 
devant le roi de Juda; 

25. Parce qu'ils m'ont abandon- 
né, et qu'ils ont sacrifié à des 
dieux étrangers, pour me provo- 
quer au courroux par toutes les 
œuvres de leurs mains, c'est pour- 
quoi mon courroux s'épanchera 
sur ce lieu, et il ne s'apaisera 
point. 

26. Quant au roi de Juda qui 
vous a envoyés pour implorer le 


28. IV Rois, xxi, 1. 


PARALIPOMÉNES.‏ זז 


875 


Seigneur, vous lu: rez : Voici ce 
que dit le Seigneur Dieu d'Israél : 
Parce que tu as écouté les paroles 
de ce volume, 

27. Que ton cœur a été attendri, 
que tu t'es humilié en la présence 
de Dieu, au sujet de ce qui a été 
dit contre ce lieu et les habitants 
de Jérusalem, que tu as révéré 
ma face, déchiré tes vétements, 
et pleuré devant moi, moi aussi 
je t'ai exaucé, dit le Seigneur. 

98. Car bientót je te réunirai à 
tes peres, et tu seras porté dans 
ta sépulture en paix, et tes yeux 
ne verront pas tout le mal que je 
vais amener sur cette ville et sur 
ses habitants. C'est pourquoi ils 
rapporterent au roi toutce qu'elle 
avait dit. 

29. Or le roi, tous les anciens 
de Juda et de Jérusalem convo- 
qués, 

30. Monta à la maison du Sei- 
gneur, et aussi tous les hommes 
de Juda et les habitants de Jéru- 
salem, les prétres et les Lévites, 
et tout le peuple, depuis le plus 
petit jusqu'au plus grand; les- 
quels écoutant dans la maison du 
Seigneur, le roi lut toutes les pa- 
roles du volume; 

31. Et, setenant debout sur son 
tribunal, il fit l'alliance devant le 
Seigneur, afin qu'il marchát apres 
lui, qu'il gardát ses préceptes, ses 
lois et ses ordonnances en tout 
son cœur et en toute son âme, et 
qu'il fit tout ce qui était écrit dans 
ce volume qu'il avait lu. 

32. Il adjura aussi à ce sujet 


33. Dans la Seconde. Voy. IV Rois, xxn, 44. 
31. Son tribunal ; probablement l'estrade que Salomon avait fait mettre dans le 


emple, Voy. vi, 13. 


870 
tous ceux qui s'étaient trouvés 
dans Jérusalem et Benjamin; et 
les habitants de Jérusalem firent 
selon l'alliance du Seigneur Dieu 
de leurs pères. 

33. Josias enleva donc toutes 
les abominations de toutes les 
contrées des enfants d'Israël, οἱ il 
fit que tous ceux qui restaient 
encore en Israël servirent le Sei- 
eneur leur Dieu. Ainsi, durant 
tous ses jours, ils ne se sépare- 
rent point du Seigneur Dieu de 
leurs peres. 


CHAPITRE XXXV. 


Pàque célébrée à Jérusalem sous Josias. 
Ce prince attaque 16 roi d'Egypte et est 
tué dans le combat. 


1. Josias fit ensuite à Jérusalem 
la Páque du Seigneur, laquelle 
fut immolée le quatorzieme jour 
du premier mois; 

2. Et il établit les prétres en 
leurs fonctions, etles exhorta à 
servir dans lamaison duSeigneur. 

3. Aux Lévites aussi, par l'en- 
seignement desquels tout Israël 
était sanctifié au Seigneur, il dit : 
Mettez l'arche dans le sanctuaire 
du temple qu'a bâti Salomon, fils 
de David, roi d'Israél, car vous 
ne la porterez plus du tout; mais 
maintenant, servez le Seigneur 
votre Dieu et son peuple Israél. 

4. Préparez-vous donc dans 
vos maisons el vos familles, se- 
lon la distribution de chacun de 
vous, ainsi que l'a ordonné Da- 
vid, roi d'Israël, et que l’a écrit 
Salomon, son fils. 

5. Et servez dans le sanctuaire, 
selon les familles et les classes 
lévitiques ; 


CHAP. XXXV, 1. IV Rois, xxr, 21. 


PARALIPOMÈNES.‏ זז 


[cH. xxxv.] 


0. Et, sanctifiés, immolez la 
Páque; et préparez vos freres 
aussi, afin qu'ils puissent faire 
selon les paroles qu'a dites le 
Seigneur par l'entremise de 
Moise. 

1. Outre cela Josias donna à 
tout le peuple qui s'était trouvé 
là à la solennité dela Páque, des 
agneaux et des chevreaux de ses 
troupeaux, trente mille 26/65 du 
reste de son bétail, et trois mille 
bœufs: c'était du bien entiere- 
ment du roi. 

8. Ses officiers aussi offrirent 
ce quils avaient spontanément 
voué, tant au peuple qu'aux 
prétres et aux Lévites. Or Hel- 
cias, Zacharie et Jahiel, princes 
de la maison du Seigneur, don- 
nèrent aux prêtres, pour faire la 
Pâque, deux mille six cents £é£es 
de menu bétail mélé et trois cents 
bœufs. 

9. Mais Chonénias, Séméias, et 
même Nathanaël, ses frères, de 
plus Hasabias, Jéhiel et Jozabad, 
princes des Lévites, donnèrent 
aux autres Lévites, pour célébrer 
la Pâque, cinq mille fêtes de 
menu bétail et cinq cents bœufs. 

10. Le service fut donc pré- 
paré, et les prêtres se tinrent à 
leurs fonctions, et les Lévites 
aussi selon leurs classes, d'apres 
l'ordre du roi. 

11. Ainsi la Páque fut immo- 
lée; les prétres répandirent de 
leur propre main le sang, et les 
Lévites écorchèrent les holo- 
caustes. 

19. Et ils les séparèrent pour 
les donner dans les maisons et 
dans les familles de chacun, et 


[cu. xxxv.] 


pourlesoffrirauSeigneur,comme 
il est écrit dans lelivre de Moise; 
des bœufs aussi, ils firent pareil- 
lement. 

13. Et ils firent rótir la Pâque 
sur le feu, d'apres ce qui est 
écrit dans la loi; mais les vic- 
times pacifiques, ils les firent 
cuire dans les chaudieres, dans 
les pots et dans les marmites, et 
les distribuerent en hâte à tout 
le peuple ; 

14. Et ils en préparèrent en- 
suite pour eux et pour les pré- 
tres : car les prétres furent occu- 
pés jusqu'à la nuit à l'oblation 
des holocaustes et des graisses ; 
de là, les Lévites n'en prépa- 
rerent pour eux, et pour les pré- 
tres, fils d'Aaron, que les derniers. 

15. Les chantres, fils d'Asaph, 
se tenaient aussi dans leur rang, 
d’après le commandement de 
David, d'Asaph, d'Héman et d'l- 
ditun, prophètes du roi. Les por- 
tiers veillaient à chaque porte, 
de maniere qu'ils ne s'écartaient 
pas un seul moment de leur mi- 
nistére; c'est pour cela que les 
Lévites. leurs frères, leur prépa- 
rerent des aliments. 

16. Tout le culte du Seigneur 
fut done accompli selon les rites 
en ce jour-là, pour faire la Páque, 
et pour offrir des holocaustes sur 
lautel du Seigneur, d'apres le 
commandement du roi Josias. 

A7. Et les enfants d'Israél qui 
s'étaient trouvés là firent la 


20. IV Rois, ,זווצא‎ 29. — 22. Zach., xir, 41. 


PARALIPOMÉNES.‏ זז 


877 
Pâque en ce temps, et la solen- 
nité des azymes durant sept 
jours. 

18. Il n’y eut point de Páque 
semblable à celle-ci en Israël, 
depuis les jours de Samuel le 
prophète; et méme aucun de 
tous les rois d'Israël ne fit la 
Páque comme Josias pour les 
prétres,les Lévites, tout Juda et 
Israél qui s'était trouvé là, et pour 
tous ceux qui habitaient dans Jé- 
rusalem. 

19. C'est à la dix-huitieme an- 
née du regne de Josias que cette 
Pâque fut célébrée. 

20. Après que Josias eut res- 
tauré le temple, Néchao, roi d'E- 
gypte, monta pour combattre à 
Charcamis près de l'Euphrate : et 
Josias marcha à sa rencontre. 

21. Mais celui-ci, lui ayant en- 
voyé des messagers, dit : Qu'im- 
porte à moi et à vous, roi de 
Juda? Ce n’est pas contre vous 
que je viens aujourd'hui ; mais je 
combats contre une autre mai- 
son, vers laquelle Dieu m'a or- 
donné de marcher en hâte. Ces- 
sez d'agir contre Dieu, qui est 
avec moi, de peur qu'il ne vous 
tue. 

22. Josias ne voulut point re- 
tourner; mais il prépara contre 
lui un combat, et il n'acquiesca 
pas aux paroles de Néchao, sor- 
ties dela bouche de Dieu; mais il 
s'avanca pour combattre dans le 
champ de Mageddo 


30. * Néchao. Voir IV Rois, xxin, 99. — Charcamis, sur la rive occidentale de l'Eu- 
phrate, aujourd'hui Djérablous, à moitié chemin entre le village de Sadjour et Bi- 
redjik. Elle avait été la capitale des Héthéens; tombée au pouvoir des Assyriens, elle 
était demeurée l'entrepót général du commerce entre l'Asie occidentale et l'Assyrie. 

32. * Dans le champ de Mageddo, dans la plaine d'Esdrelon, pres de la ville de 


Mageddo. 


878 


95. £tlà, blessé par les archers, 
il dit à ses serviteurs : Tirez-moi 
de la bataille, parce que je suis 
grievement blessé. 

24. Ils le transporterent de son 
char dans un autre char qui le 
suivait, selon la coutume des 
rois, et ils le portèrent à Jérusa- 
lem, et il mourut, et fut enseveli 
dans le mausolée de ses pères; 
et tout Juda et Jérusalem le pleu- 
rèrent ; 

95. Jérémie surtout, dont les 
chantres et les chanteuses ré- 
pètent tous jusqu'au présent 
jour les lamentations sur Josias; 
et cela a prévalu comme loi en 
Israél: voilà qu'onle trouve écrit 
dans les lamentations. 

26. Mais le reste des actions de 
Josias, et ses miséricordes qui 
sont ordonnées par la loi du Sei- 
gneur, 

27. Comme aussi ses œuvres, 
les premières et les dernières, 
sont écrites dans le Livre des rois 
de Juda et d'Israël. 


CHAPITRE XXXVI. 


Joachaz, successeur de Josias, est mené 
en Egypte. Joakim, son successeur, est 
transporté à Babylone. Joachin lui suc- 
cède, et subit le même sort. Sédécias 
règne à la place de Joachin. Nabucho- 
donosor renverse Jérusalem. Cyrus per- 
met aux Juifs d'y retourner. 


1. Le peuple du pays prit donc 


PARALIPOMÉNES.‏ וז 


[cH. xxxvi.) 


Joachaz, fils de Josias, et l'établit 
roi en la place de son pere à Jé- 
rusalem. 

2. Joachaz avait vingt-trois ans 
lorsqu'il commenca à régner, et 
il régna trois mois à Jérusalem. 

3. Mais le roi d'Egypte, étant 
venu à Jérusalem, le déposa, et 
condamna le pays à cent talents 
d'argent et à un talent d'or. 

4. Et il établit Eliakim, son 
frère, roi en sa place sur Juda 
et sur Jérusalem, et il changea 
son nom en Joakim ; mais Joa- 
chaz lui-méme, il le prit avec 
lui et l'emmena en Egypte. 

9. Joakim avait vingt-cinq ans 
lorsqu'il commença à régner, et 
il régna onze ans à Jérusalem ; 
mais il fit le mal devant le Sei- 
gneur son Dieu. 

6. Contre lui monta Nabucho- 
donosor, roi des Chaldéens, et il 
l'emmena enchainé à Babylone, 

7. Dans laquelle il transporta 
aussi les vases du Seigneur, et il 
les mit dans son temple. 

8. Mais le reste des actions de 
Joakim, et de ses abominations 
qu il fit, et ce qui futdécouvert en 
lui, est contenu dans le Livre des 
rois de Juda et d'Israël. Joachin 
son fils régna en sa place. 

9. Joachin avait huit ans lors- 
qu'il commenca à régner, et il ré- 
gna trois mois et dix jours à Jéru- 


Car. XXXVI, 41. IV Rois, xxim, 30. — 4. Matt., 1, 11. 


25. Les lamentations sur Josias sont différentes de celles qu'on lit aujourd'hui à la 
fin des prophéties, et dans lesquelles il n'y a rien qui se rapporte directement à Jo- 
sias. Ainsi les lamentations dont il s'agit ici ne sont pas parvenues jusqu'à nous. 

26. Ses miséricordes ; c'est-à-dire sa piété, sa justice, conformes à ce qui est ordonné 


par la loi du Seigneur. 
3.* Le voi d'Egypte, Néchao. 


^. Voy. sur les noms Eliakim et Joakim, IN Rois, xxu, 34. 


6. * Nabuchodonosor. Voir 1V Rois, xxiv, 1. 


9. Huit uns. On lit au quatrième Livre des Rois (xxiv, 8) dix-huit, c'est aussi ce 


]68. xxxvi.] 


salem, et il fit le mal en la pré- 
sence du Seigneur. 

10. Et lorsque le cours de l'an- 
née fut révolu, le roi Nabuchodo- 
nosor envoya des íroupes qui 
lemmenerent à Babylone, em- 
portant en méme temps les vases 
les plus précieux de la maison 
du Seigneur. Or il établit Sédé- 
cias, son oncle, roi sur Juda et 
sur Jérusalem. 

11. Sédécias avait vingt et un 
ans lorsqu'il commenca à régner, 
et il régna onze ans à Jérusalem. 

12. Et il fit le mal en la présence 
du Seigneur son Dieu, et il ne 
rougit point en face de Jérémie, 
le prophète, qui lui parlait par 
l'ordre du Seigneur. 

13. Π se détacha méme du roi 
Nabuchodonosor, qui l'avait ad- 
juré par Dieu; il endurcit sa téte 
et son cœur pour ne point retour- 
ner au Seigneur Dieu d'Israél. 

14. Et méme tous les princes 
des prétres, et le peuple, préva- 
riquèrentiniquement suivant tou- 
tes les abominations des nations, 
et profanèrent la maison du Sei- 
gneur, qu'il avait sanctifiée pour 
lui à Jérusalem. " 

15. Orle Seigneur Dieu de leurs 
peres s'adressait à eux par l'en- 
tremise de ses envoyés, se levant 
durant la nuit, et les avertissant 
chaque jour, parce qu'il ména- 


PARALIPOMÈNES.‏ וז 


879 


geait son peuple et sa demeure. 

16. Mais eux se moquaient des 
envoyés de Dieu, faisaient peu de 
cas de ses paroles, et raillaient 
les prophètes, jusqu'à ce que la 
fureur du Seigneur montát contre 
son peuple, et qu'il n'y eüt aucun 
remede. 

11. Car il amena contre eux le 
roi des Chaldéens, qui tua leurs 
jeunes hommes par le glaive dans 
la maison de son sanctuaire; et 
il n'eut pitié ni de l'adolescent, 
ni dela vierge, ni du vieillard, 
ni méme de l'homme décrépit: 
mais il les livra tous entre ses 
mains, 

18. Et quant à tous les vases 
de la maison du Seigneur, tant 
les grands qne les petits, et les 
trésors du temple, du roi et des 
princes, il les transporta à Baby- 
lone. 

19. Les ennemis incendierent 
la maison de Dieu, détruisirent 
le mur de Jérusalem; brülerent 
toutes les tours; et tout ce qu'il 
y avait de précieux, ils le détrui- 
sirent. 

20. Si quelqu'un avait échappé 
au glaive, conduit à Babylone, il 
était esclave du roi et de ses en- 
fants, jusqu'à ce que régnât le 
roi de Perse, 

21. Et que füt accomplie la pa- 
role du Seigneur annoncée par la 


10. 1V Rois, xxiv, 11; Jér., xxxvir, 1. — 18. IV Rois, xxv, 14, 15. 


que portent icile manuscrit grec Alexandrin et les versions syriaque et arabe. Si on 
veut conserver la lecon huit, on peut dire que Joachin avait huit ans quand il com- 
menca à régner avec son père, mais qu'il en avait dix-huit lorsqu'il commença à ré- 
gner seul. 

12. L'ordre; littér. ἰα bouche. Voy. III Rois, xur, 24. 

13. Se levant, etc. Par cette belle figure l'écrivain sacré compare le Seigneur à un 
pére de famille, vigilant et soigneux, qui envoie de grand matin ses serviteurs au 
travail; nous montrant ainsi la tendre sollicitude de Dieu qui ne néglige rien pour 
ouvrir les yeux à son peuple et le ramener à lui. 


880 


bouche de Jérémie, et quela terre 
célébrát ses sabbats; car pendant 
tous les jours de la désolation, 
elle fit le sabbat, jusqu'à ce que 
fussent accomplis les soixante-dix 
ans. 

22. Mais en 18 premiere année 
de Cyrus, roi des Perses, pour ac- 
complir la parole du Seigneur 
qu'il avait dite par la bouche de 
Jérémie, le Seigneur suscita l'es- 
prit de Cyrus, roi des Perses, qui 


PARALIPOMENES.‏ זו 


[cu. xxxvi.) 


commanda de publier dans tout 
son royaume wn édit, méme par 
écrit, disant : 

23. Voici ce que dit Cyrus, roi 
des Perses : Le Seigneur Dieu du 
ciel m'a donné tous les royaumes 
de la terre, et lui-même m'a or- 
donné de lui bâtir une maison 
dans Jérusalem, qui est dans la 
Judée. Qui d'entre vous est de tout 
son peuple? Que le Seigneur son 
Dieu soit avec lui, et qu'il monte. 


22. 1 Esd., 1, 4 et νι, 3; Jérémie, xxv, 12; xxix, 10. 


22. Ce verset et le suivant sont les mêmes que ceux qui se trouvent à la tête du pre- 
mier livre d'Esdras, où l'on voit la suite de cet édit. — * Cyrus, roi de Perse, vers 
560 avant J.-C., s'empara de Babylone en 538 et périt, d’après Hérodote, dans une 


bataille en 529. 


23. Est de son peunle; littér. est duns (out son peupée, 


ron SOS (Geo m 


INTRODUCTION 


AU 


PREMIER LIVRE D'ESDRAS 


Les livres que nous appelons premier et second d'Esdras portent, dans la 
Bible hébraïque, des noms, tout à fait distincts : le premier seul a le titre 
d'Esdvas; le second a celui de Néhémie, comme l'indique, du reste, notre Vul- 
gate où nous lisons : JVéhémie ou second d'Esdras. Ce sont les Juifs qui sont 
cause qu'on a rangé ces deux histoires tout à fait distinctes sous une méme dé- 
nomination, parce qu'ils ne les comptaient que pour une, dans leur canon de 
la Sainte Écriture, afin que le nombre des livres ne 06088581 pas celui des lettres 
de leur alphabet. Ils se relient d'ailleurs intimement l'un à l'autre : le premier 
nous fait connaitre le commencement, et le second la fin de la restauration 
d'Israél dans la Terre Promise. 

A partir de la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, nous n'avons plus 
d'histoire suivie du peuple juif. Nous savons seulement comment finit la capti- 
vité par le livre d'Esdras, et nous connaissons quelques-uns des fails qui sui- 
virent, par le livre de Néhémie et les deux livres des Machabées. — La pre- 
miére année de Cyrus, 536 avant J.-C., un premier groupe de captifs, conduit 
| par Zorobabel et le grand-prétre Josué, retourna en Judée. L'année suivante, 
535, on commenca à faire les préparatifs pour la reconstruction du temple; 
mais, par suite de nombreux obstacies, cet édifice ne put être achevé que la 
sixieme année de Darius, fils d'Hystaspe, c'est-à-dire, en 516. Soixante-dix 
ans plus tard environ, la septième année d’Artaxercès Longuemain, en 459, 
le scribe Esdras ramena en Judée d'autres captifs, avec l'autorisation de pré- 
cher la loi, d'instituer des juges;et des chefs du peuple selon les prescriptions 
mosaiques, et d'organiser le service du temple. Le premier livre d'Esdras em- 
brasse une période d'environ quatre-vingt ans. 

Après treize ans écoulés, la vingtiéme année d'Artaxercés, 445 avant J.-C., 
Néhémie obtint de ce prince, dont il était échanson, la permission de se rendre 
à Jérusalem et de rebâtir les murs et les portes de la ville. Il réalisa ses pro- 
jets, malgré les vives oppositions des peuples voisins, ennemis d'Israél. C'est 
ainsi que par la protection des rois perses, Cyrus, Darius et Artaxercés Lon- 
guemain, el grâce au patriotisme et à la piété de Zorobabel, de Jésus, fils de 
Josédec, d'Esdras et de Néhémie, Juda recouvra sa patrie, sa capitale et le 
temple du vrai Dieu. 

Le premier livre d'Esdras a toujours été attribué à celui dont il porte le nom. 
Esdras parle d'ailleurs à la premiére personne dans plusieurs versets de la se- 
conde partie. 


AP. 26 


882 INTRODUCTION AU PREMIER LIVRE .תק‎ 


On objecte contre l'authenticité du livre d'Esdras l'emploi successif de la troi- 
sième et de la première personne dans la seconde partie. On convient qu'il est 
facile d'expliquer l'emploi de la troisième personne au chap. vii, 1-10, parce 
qu'Esdras devait d'abord se faire connaitre; mais on prétend qu'il est impos- 
sible de rendre raison de l'emploi de cette troisiéme personne au chap. x, aprés 
qu'il a fait usage de la première personne, à partir de vu, 28, jusqu'à 1x. Il suit 
de là, assure-t-on, que l'auteur de ce livre n'est pas Esdras, mais un écrivain 
plus récent qui a inséré dans son récit un fragment d'Esdras, c'est-à-dire vir, 
97-1x. — En réalité, on ne peut rien conclure du passage d'une personne à 
l'autre, parce que ce changement était dans les usages des Juifs, comme le 
prouvent divers endroits des Livres Saints. 

Esdras fut le premier des scribes ou docteurs de la loi, e£ comme le réorga- 
nisateur d'Israél, le Moise du retour de la captivité. Ce fut lui, avec Néhémie et 
les plus anciens scribes, qui fixa le canon de la Bible hébraique et qui jeta les 
fondements définitifs de l'institution des synagogues, en convoquant le peuple 
à des réunions publiques, pour lui enseigner la loi. Désormais les scribes con- 
tinuent le rôle des prophètes; ils expliquent au peuple la parole de Dieu 6 
l'exhortent à la mettre en pratique. 


ESDRAS 


I D'ESDRAS 


CHAPITRE PREMIER. 


Cyrus permet aux Juifs de retourner à 
Jérusalem et d'y rebátir le temple. Il 
leur rend les vases sacrés. 


1. En la premiere année de Cy- 
rus, roi des Perses, afin que füt 
accomplie la parole du Seigneur, 
annoncée par la bouche de Jéré- 
mie, le Seigneur suscita l'esprit 
de Cyrus, roi des Perses, et fit 
publier dans tout son royaume 
un édit, méme par écrit, disant : 

2. Voici ce que dit Cyrus, roi 
des Perses : Le Seigneur Dieu du 
ciel m'a donné tous les royaumes 
de la terre, et lui-même m'a or- 
donné de lui bâtir une maison à 
Jérusalem, qui est dans la Judée. 

3. Quiest parmi vousdetoutson 
peuple? Que son Dieu soitaveclui; 
qu'il monte à Jérusalem, qui est 
en Judée, et qu'il bâtisse la mai- 
son du Seigneur Dieu d'Israél; 


c'est le Dieu qui est à Jérusalem; 

4. Et que tous les autres, dans 
tous les lieux oü ils habitent, les 
hommes de son lieu, l'aident en 
argent, en or, en biens et en trou- 
peaux, outre ce qu'ils offrent vo- 
lontairement au temple de Dieu 
qui est à Jérusalem. 

9. Alors se levèrent les princes 
des peres de Juda et de Benjamin, 
les prétres, les Lévites, et tous 
ceux dont Dieu suscita l'esprit, 
pour monter afin de bâtir le 
temple du Seigneur qui était à 
Jérusalem. 

6. Et tousceux qui étaient dans 
les environs mirent en leurs 
mains des vases d'argent et d'or, 
les biens, les troupeaux, et les 
meubles, outre ce qu'ils avaient 
spontanément offert. 

7. Le roi Cyrus remit aussi les 
vases du temple du Seigneur, que 
Nabuchodonosor avait emportés 


Cuae. I. 1. II Par., xxxvi, 22; Jér., xxv, 12; xxix, 10, 


1. * Cyrus. Voir II Paralip., xxxvi, 22, 


3. De son peuple; littér. de tout son peuple. 


4. Cyrus permet à tout Juif qui veut retourner à Jérusalem de recevoir de ceux 
de l'endroit qu'il habite tous les secours qu'il en pourra tirer pour le rétablissement 
du temple. Il n'était pas permis de faire des collectes d'argent, ni d'en emporter dans 
des provinces éloignées sans la permission du prince. — Les hommes de son lieu; qui 
demeurent dans le méme lieu que lui. D'autres traduisent : /'assistent de leur lieu, 
dans le lieu où ils sont; mais le texte original ne permet nullement cette interpré- 
tation. 

5. Les princes des péres; c'est-à-dire les chefs des familles paternelles. 

6. Ils mirent en leurs mains; littér. aidérent leurs mains, 165 


884 
de Jérusalem, et qu'il avait mis 
dans 16 temple de son dieu. 

8. Or Cyrus, roi des Perses, les 
rendit par l'entremise de Mithri- 
date, fils de Gazabar, etles comp- 
tà à Sassabasar, prince de Juda. 

9. EL en voici le nombre : Trente 
fioles d'or, mille fioles d'argent, 
vingt-neuf couteaux, trente cou- 
pes d'or; 

10. Quatre cent dix coupes d'ar- 
gentdusecondordre ; milleautres 
vases. 

11. Tous les vases d'or et d'ar- 
gent, cinq mille quatre cents 
Sassabasar lesremporta tous avec 
les Juifs qui montaient de la trans- 
migration de Babylone à Jéru- 
salem. 


CHAPITRE II. 


Dénombrement des enfants d'Israól qui 
retournèrent de Babylone en. Judée 
avec. Zorobabel. 

1. Voici les fils de la province 


Cap. II. 1. 11 Esd., vir, 6. 


I] D'ESDRAS. 


(cu. 11] 


qui monterent d'entre les captifs 
qu'avait transportés à Babylone, 
Nabuchodonosor, roi de Baby- 
lone, et qui retournèrent à Jéru- 
salem et en Juda, chacun dans sa 
ville. 

2. Ceux qui vinrent avec Zoro- 
babel et Josué sont : Néhémias, 
Saraia, Rahélaia, Mardochai, Bel- 
san, Mesphar, Béguai, Réhum et 
Baana. Nombres des hommes du 
peuple d'Israël. : 

3. Les fils de Pharos, deux mille 
cent soixante-douze ; 

4. Les fils de Séphatia, trois 
cent soixante-douze ; 

9. Les fils d'Aréa, sept cent 
soixante-quinze ; 

6. Les fils de Phahath-Moab, 
des fils deJosué : Joab, deux mille 
huit cent douze; 

7. Les fils d'Elam, mille deux 
cent cinquante-quatre ; 

8. Les fils de Zéthua, neuf cent 
quarante-cinq ; 


8. * Gazabar est probablement un nom commun qui signifie trésorier. — Sassaba- 
sar. On croit communément que c'est le nom chaldéen de Zorobabel, qui ramena les 
captifs de Babylone en Judée. 

10. Du second ordre; de qualité inférieure; ou d'une autre sorte, ou enfin, d'apres 
le grec, le syriaque et l'arabe, doubles; c'est-à-dire d'une grandeur double de celle 
des coupes d'or. 

11. Au lieu de 5,400 vases, on n'en trouve que 2,499 aux versets précédents; c'est, 
sans doute, que l'écrivain sacré n'y ἃ énuméré que les principaux. 

1. De la province: c'est-à-dire de la Judée, réduite en province de l'empire d'Assyrie 
(v, 8); selon d'autres, de la province de Babylone; c'est-à-dire les Juifs nés à Baby- 
lone. — * Fils de la province signifie hommes originaires de Judée. De méme dans les 
versets suivants, fils veut dire ceux qui sont originaires de Bethléem, de Jéricho, etc, 

2. Ce Néhémias est probablement différent de l'auteur du second livre d'Esdras. 

3. Dans tout ce chapitre, quand le nom de /i/s est joint à un nom d'homme, comme 
depuis ce verset jusqu'au 20e inclusivement, i] signifie les descendants, et lorsqu'il 
est joint à un nom de ville, comme depuis le verset 21e jusqu'au 35e inclusivement, 
il désigue les habitants de cette ville. Néanmoins d'habiles interprétes veulent que 
Phalath-Moab soit un nom de lieu. 

6. Josué : Joab. C'est aussi ce que porte ici l'hébreu; mais dans le passage paral- 
lèle Hi. Esdr. vit, 11, il lit Josué et Joab; ce. qui montre que ce sont deux personnes 
différentes. Dans cette hypothèse, Josué et Joab seraient contemporains et les prin- 
cipaux descendants de Phalath-Moab. Cependant, selon d’autres, Josué-Joab était un 
seul individu de ja famille de Josué, mais de la branche de 1082, un de ses des- 


cendauts. , 


{cs. 11] 

9. Les fils de Zachaï, sept cent 
soixante ; 

10. Les fils de Bani, six cent 
quarante-deux ; 

11. Les fils de Bébai, six cent 
vingt-trois: 

19. Les fils d'Azgad, mille deux 
cent vingt-deux : 

13. Les fils d'Adonicam, six cent 
soixante-six ; 

14. Les fils de Béguai, deux mille 
cinquante-six ; 

15. Les fils d'Adin, quatre cent 
cinquante-quatre ; 

16. Les fils d'Ather, qui étaient 
d'Ezéchias, quatre-vingt-dix-huit; 

17. Les fils de Bésaiï, trois cent 
vingt-trois ; 

18. Les 
douze; 

19. Les fils áà'Hasum, deux cent 
vingt-trois ; 

20. Les fils de Gebbar, quatre- 
vingt-quinze ; 

91. Les fils de Bethléhem, cent 
vingt-trois ; 

29. Les hommes de Nétupha, 
cinquante-six ; 

23. Les hommes d'Anathoth, 
cent ving-huit ; 

24. Les fils d'Azmaveth, qua- 
rante-deux ; 

95. Les fils de Cariathiarim, de 
Céphira et de Béroth, sept cent 
quarante-trois ; 

26. Lesfils deRama et de Gabaa, 
Six cent vingt et un ; 

97. Les hommes de Machmas, 
cent vingt-deux; 

98. Les hommes de Béthel et de 
Hai, deux cent vingt-trois ; 

29. Les fils de Nébo, cinquante- 
deux ; 


fils de Jora, cent 


I D'ESDRAS. 


885 


30. Les fils de Megbis, cent 
cinquante-six ; 

31. Les fils d'un autre Elam, 
mille deux cent cinquante-quatre; 

32. Les fils de Harim, trois cent 
vingt ; 

33. Les fils de Lod, de Hadid et 
d'Ono, sept cent vingt-cinq; 

34. Les fils de Jéricho, trois cent 
quarante-cinq ; 

35. Les fils de Sénaa, trois mille 
six cent trente. 

96. Les prétres : Les fils de 
Jadaia, dans la maison de Josué, 
neuf cent soixante-treize ; 

31. Les fils d'Emmer, mille 
cinquante-deux ; 

38. Les fils de Pheshur, mille 
deux cent quarante-sept ; 

39. Les fils de Harim, mille dix- 
sept. 

40. Les Lévites : Les fils de Josué 
et de Cedmihel, fils d'Odovia, 
soixante-quatorze. 

41. Les chantres : Les fils d'A- 
saph, cent vingt-huit. 

49. Les fils des portiers : Les 
fils de Sellum, les fils d'Ater, les 
fils de Telmon, les fils d'Accub, 
les fils de Hatitha, les fils de 
Sobai, tous ensemble, cent trente- 
neuf. 

43. Les Nathinéens : Les fils de 
Siha, les fils de Hasupha, les fils 
de Tabbaoth, 

44. Les fils de Géros, les fils de 
Siaa, les fils de Phadon, 

49. Les fils de Lébana, les fils 
de Hagaba, les fils d'Accub, 

46. Les fils de Hagab, les fils de 
Semlai, les fils de Hanan, 

A1. Les fils de Gaddel, les fils 
de Gaher, les fils de Raaïa, 


———— היה 


31. D'un autre Elam. ll est parlé d'un premier Elam au verset 7. 


43. Les Nathinéens. Voy. 1 Paralip., 1x, 


836 I D'ESDRAS. 


48. Les fils de Rasin, les fils de 
Nécoda, les fils de Gazam, 

49. Les fils d'Aza, les fils de 
Phaséa, les fils de Bésée, 

50. Les fils d'Aséna, les fils de 
Munim, les fils de Néphusim, 

51. Les fils de Bacbuc, les fils 
de Hacupha, les fils de Harhur, 

59. Les fils de Besluth, les fils 
de Mahida, les fils de Harsa, 

53. Les fils de Bercos, les fils de 
Sisara, les fils de Théma, 

54. Les fils de Nasia, les fils de 
Hatipha, 

55. Les fils des serviteurs de 
Salomon, les fils de Sotai, les fils 
de Sophéret, les ils de Pharuda, 

56. Les fils de Jala, les fils de 
Dercon, les fils de Geddel, 

57. Les fils de Saphatia, les fils 
de Hatil, les fils de Phochéreth, 
qui étaient d'Asebaim, les fils 
d'Ami; 

58. Tous les Nathinéens et les 
fils des serviteurs de Salomon, 
trois cent quatre-vingt-douze. 

59. Et ceux qui monterent de 
Thelmala, Thelharsa, Chérub, 
Adon et Emer, et qui ne purent 
faire connaitre la maison de leurs 


63. II Esd., vir, 65. 


[cy. 11.] 
peres et leur race, s'ils étaient 
d'Israël, sont : 

60. Les fils de Dalaia, les fi's de 
Tobie, lesfils de Nécoda, six cent 
cinquante-deux. 

61. EL d'entrelesfils des prêtres: 
les fils de Hobia, les fils d'Accos, 
les fils de Berzellai, qui prit parmi 
les filles de Berzellai,le Galaadite, 
une femme, et fut appelé de leur 
nom; 

62. Ceux-ci cherchèrent l'écrit 
de leur généalogie et ne le trou- 
verent pas, etils furent rejetés du 
sacerdoce. 

63. Et Athersatha leur dit qu'ils 
ne mangeraient point de ce qui 
est trés saint, jusqu à ce qu'il 
s'élevàt un prétre instruit et par- 
fait. 

64. Toute la multitude, comme 
un seul homme, était du nombre 
de quarante-deux mille trois cent 
soixante, 

65. Outre leurs serviteurs et 
servantes, qui étaient sept mille 
trois cent trente-sept; et parmi 
eux les chantres et les chanteuses 
étaient deux cents ; 

66. Leurs chevaux sept cent 


59. Thelharsa, etc., sont des noms de lieux, selon la plupart des interprétes, et des 
noms d'hommes, suivant quelques-uns. 

-63. Athersatha; c'est-à-dire Néhémias (Compar. II Esdr., vir, 9; x, A); selon quel- 
ques-uns, Zorobabel. Athersatha a toujours été considéré comme. un mot chaldéen, 
signifiant échanson; on lit en effet, II Esdr., 1, 14 : Car moi (Néhémias) j'étais l'échan- 
son du roi; mais, suivant les partisans de la nouvelle exégèse, c'est un terme persan 
signifiant sévére, dur ou qui craint Dieu; ou bien un mot zend dont le sens est com- 
mandant, gouverneur. — De ce qui est très saint, c'est-à-dire de ce qui était consacré et 
réservé aux prétres; littér. du Saint des saints; locution qui est une des formules du 
superlatif en hébreu. Dans le passage parallèle II Esdras, vir, 65, on lit au pluriel, 
des choses trés saintes. 

64. Le total 42,360 se retrouve aussi dans IT Esdras, vir, 26; mais les sommes par- 
tielles des versets précédents étant réunies ne donnent que le nombre 29,818. Cette 
différence vient trés probablement de ce que sur les 42,360 personnes prétes à re- 
tourner en Judée d'aprés la permission de Cyrus, il s'en trouva beaucoup qui ne 
lurent pas comprises dans le dénombrement, parce qu'elles ne purent produire des 
preuves authentiques de leur généalogie. 


[cn. [.זזז‎ 
trente-six; leurs mulets, deux 
cent quarante-cinq; 

67. Leurs chameaux, quatre 
cent tente-cinq; leurs ánes, six 
mille sept cent vingt. 

68. Et des princes des péres, 
étant entrés dans le temple du 
Seigneur, qui est à Jérusalem, 
firent spontanément les dons 
dans la maison de Dieu, pour la 
construire en son lieu. | 

69. Ils donnèrent, selon leurs 
facultés, pour les dépenses de cet 
ouvrage, soixante et un mille so- 
lides d'or, et cinq mille mines 
d'argent, et cent vétements sa- 
cerdotaux. 

0. Les prétres donc, les Lévites, 
ceux du peuple, les chantres, les 
portiers et les Nathinéens, habi- 
terent dans leurs villes, et tout 
Israél dans ses cités. 


CHAPITRE III. 


On rétablit l'autel des holocaustes. On 
célèbre la féte des tabernacles. On jette 
les fondements du temple. 


1. Et déjà était venu le septieme 
mois,etles enfants d'Israél étaient 
en leurs cités : le peuple s'assem- 
bla donc comme un seul homme 
dans Jérusalem. 

2. Et Josué, fils de Josédec, se 
leva, et ses frères prêtres, Zoro- 
babel, fils de Salathiel, et ses fre- 
res, et ils bátirent l'autel du Dieu 
d'Israél, pour y offrir des holo- 
caustes, comme il est écrit dans 


I D'ESDRAS. 


887 


la loi de Moise, homme de Dieu. 

3. Or ils placèrent l'autel de 
Dieu sur ses bases, les peuples de 
la terre cherchant à les effrayer, 
et ils offrirent sur cet autel l'holo- 
causte au Seigneur matin et soir. 

4. Et ils firent 18 solennité des 
tabernacles comme il est écrit, et 
l'holocauste tous les jours avec 
ordre, selon 16 précepte, l'œuvre 
du jour en son jour. 

ὃ. Et apres cela fut offert l'ho- 
locauste perpétuel, tant dans les 
calendes que dans toutes les so- 
lennités du Seigneur, qui lui é- 
taient consacrées, et dans toutes 
celles dans lesquelles on offrait 
volontairement un présent au 
Seigneur. 

6. Des le premier jour du sep- 
tieme mois, ils commencèrent à 
offrir un holocauste au Seigneur; 
or le temple de Dieu n'était pas 
encore fondé. 

1. Ils donnèrent de l'argent aux 
tailleurs de pierres etaux macons; 
comme aussi à manger et à boire 
et de l'huile aux Sidoniens et aux 
Tyriens, afin qu'ils portassent 
des bois de cedre du Liban à la 
mer de Joppé, selon ce que leur 
avait ordonné Cyrus, roi de Perse. 

8. Or, la seconde année de leur 
arrivée au temple de Dieu à Jéru- 
salem, le second mois, Zorobabel, 
fils de Salathiel, et Josué, fils de 
Josédec, et les autres d'entre leurs 
frères, les prêtres et les Lévites, 


68. En son lieu; dans le lieu οὐ elle était autrefois. 


69. Solides. Voy. I Paralip., xxix, 1. 


1. * Les Juifs fournissent du blé, du vin et de l'huile aux Sidoniens et aux Tyriens, 
comme avait fait Salomon pour le méme motif, 11] Rois, v, 20 et suiv.; II Paral., 
1, ד‎ et suiv., c'est-à-dire pour qu'ils portent les bois de cèdre du Liban, qui étaient 
exploités par les Phéniciens, au moyen des navires qu'ils avaient en grand nombre, 
tandis que les Juifs n'en avaient point, jusqu'àSoppé, aujourd'hui Jaffa, le port le 
plus rapproché de Jérusalem. ᾿ 


888 


et. tous ceux qui élaient venus de 
la captivité à Jérusalem, commen- 
cerent, et ils établirent des Lévi- 
tes depuis vingt ans et au-dessus, 
pour presser louvrage du. Sei- 
gneur. 

9. Et Josué, et. ses fils, et ses 
freres, Cedmihel et ses fils, et les 
fils de Juda, comme un seul hom- 
me, furent. Loujours présents, 
pour presser ceux qui faisaient 
l'ouvrage dans 16 temple de Dieu : 
les fils de Hénadad, leurs. fils et 
leurs freres, les Lévites /e furent 
aussi. 

10. Le temple du Seigneur étant 
donc. fondé par les maçons, les 
prêtres se présenterent avec leurs 
ornements et leurs trompettes, 
et. les Lévites, fils d'Asaph, avec 
leurs cymbales, afin. de louer Dieu 
par l'entremise de David, roi d'Is- 
raél. 

41. Or ils chantaient des hym- 
nes, et ils rendaient gloire au Sei- 
gneur : Parce qu'il est bon, parce 
que.sa miséricorde esi. éternelle 
sur Israël. Tout le. peuple, aussi 
poussait de grands cris, en louant 
le Seigneur, parce. que le temple 
du Seigneur était fondé. 

19.. Et le. plus grand, nombre 
des; prêtres et. des Lévites, et les 
princes, des pères, et les anciens 
qui avaient vu le temple aupara- 

vant, lorsqu'il fut fondé, et. qui 
avaient, ce temple-ci devant les 
yeux, pleuraient en. criant; οἱ 
beaucoup, poussant des cris de 
joie, élevaient la voix. 


L D'ESDRAS. 


[cu. ]ץז‎ 


13. Et personne ne pouvait re- 
connaître la voix de la clameur 
de ceux qui se réjouissaient, et la 
voix du pleur du peuple; car le 
peuple poussait confusément de 
grands cris, et là voix s'entendait 
au loin. 


CHAPITRE IV. 


Les Samaritains accusent les Juifs devant 
Artaxerxes. Ce prince défend de rebáàtir 
Jérusalem. 


1. Or les ennemis de Juda et de 
Benjamin apprirent. que les en- 
fants de la captivité bâtissaient 
un temple au Seigneur Dieu d'Is- 
rael : 

2. Et s'approchant de Zorobabel 
et des princes des pères, ils leur 
dirent : Nous bátirons avec vous, 
parce que, comme vous, nous 
cherchons votre Dieu : voilà que 
nous, nous avons immolé des vic- 
times depuisles jours d'Asor-Had- 
dan, roi d'Assur, qui nous amena 
ici. 

3. Zorobabel leur répondit, 
ainsi que Josué et tous les autres 
princes. des. peres. d'Israël : Ce 
n'est pas à vous et à nous de ,bä- 
tir ensemble une maison à notre 
Dieu ; mais nous seuls nous bâti- 
rons au Seigneur . notre, Dieu, 
comme nous l'a ordonné Cyrus, 
roi des Perses. 

4, ll. arriva. done que le peuple 
du pays empèchait les mains du 
peuple. de Juda, et le troublait 
pendant qu'il bátissait. 

5. Ensuite on gagna contre eux 


i Les princes des pères; c'est-à-dire les chefs des familles. 


> Les. princes, des pères. Voy. la note précédente. — * Asor-Haddan est Asaraddon, 

roi i Ninive, fils et successeur de Sennachérib. Il régna de l'an 681 avant J. 6 jus- 
qu'à l'an; 668. Il avait envoyé des captifs dans la Samarie. 

5. * Durant les jours de Cyrus, c'est-à-dire le temps que régna encore Cyrus ou 


{cu tv. 
des conseillers, pour détruire leur 
dessein durantles jours de Cyrus, 
roi des Perses, et jusqu'au regne 
de Darius, roi des Perses. 

6. Or, sous le règne d'Assuérus, 
et au commencement de son re- 
ene, ils écrivirent une accusation 
contre les habitants deJuda et de 
Jérusalem; 

1. Et aux jours d'Artaxerxés, 
Bésélam-Mithridate et Thabéel et 
les autres qui étaient dans leur 
conseil, écrivirent à Artaxerxes, 
roi des Perses : or lalettre d'accu- 
sation était écrite en syriaque, et 
on la lisait en la langue de Syrie. 

8. Réum-Béeltéem et Samsaï, le 
scribe, écrivirent une lettre de 
Jérusalem au roi Artaxerxes, en 
ces termes : | 

9. Réum-Béeltéem et Samsaï, le 
scribe, etleurs autres conseillers, 
Dinéens,Apharsathachéens,Ther- 
phaléens, Apharséens, Erchué- 
ens, Babyloniens, Susanéchéens, 
Diévéens, et Elamites, 


l D'ESDRAS. 


889 


10. Et tous les autres des na- 
lions qu'a lransportées Aséna- 
phar, le grand et le glorieux, et 
qu'il a fait habiter en paix dans 
les villes de Samarie et dans les 
autres contrées au delà du fleuve. 

11, (Voici la copie de la lettre 
qu'ils lui envoyèrent) : ἃ Artaxer- 
xès roi, vos serviteurs, les hom- 
mes qui sonl au delà du fleuve, 
disent salnt. 

12. Qu'il soit connu du roi que 
les Juifs qui sont montés de chez 
vous vers nous, sont venus à Jé- 
rusalem, ville rebelle et très mé- 
chante, qu'ils bâtissent, construi- 
sant ses murs et rétablissant les 
maisons. 

18. Maintenant donc, qu'il soit 
connu du roi que si cette ville est 
bâtie et ses murs restaurés, ils 
ne payeront ni tribut, ni impôt, 
nirevenus annuels; et cette perte 
retombera jusque sur le roi. 

14. Or, nous souvenant du sel 
que nous avons mangé dans le 


environ 5 ans, jusqu'au règne de Darius Ie', fils d'Hystaspe, en tout environ quatorze 
ans. 

6. * Assuérus, Xerxes Ier, fils et successeur de Darius I*r, régna de 485 à 465 avant 
J.-C. Il épousa Esther. 

7. * Artazerzés Ie", surnommé Longuemain, fils et successeur de Xerxes Ier, réena 
de 465 à 424 avant J.-C. 

9. * Dinéens, probablement les anciens habitants de la ville de Din, au nord de la 
Susiane. — Apharsathachéens, les Parétakenes d'Hérodote, 1, 101, sur les confins de 
la Perse et de la Médie. — Therphaléens, les Tapoures de Ptolémée, vi, 2, 6, qui ha- 
bitaient à l'est de l'Elymaide. — Apharséens, habitants de Hafarti, c’est-à-dire de la 
Susiane. — Efchuéens, les gens d'Erech, Genèse, x, 10, aujourd'hui Warka, dans la 
Chaldée, sur la rive occidentale du bas Euphrate. — Babyloniens, les gens transportés 
de Babylone, l'antique capitale de la Chaldée, sur l'Euphrate, oü les Juifs avaient été 
captifs. — Susanéchéens, les habitants de la ville de Suse, capitale de la Susiane, 
sur la rivière Ulai ou Choaspe. — Diévéens, dans la lecon primitive de l'hébreu, les 
Déens, c'est-à-dire Dæens des Grecs (Hérodote, τ, 125), tribu de montagnards qui ha- 
bitaient le nord de la Perse. — Elamiles, habitants du pays d'Elam, au nord du 
golfe Persique. 

10. * Samarie donne ici son nom à tout le pays dont elle était la capitale. Sur la 
ville ellé-même, voir la note sur III Rois, xvi, 24, — Asénaphar est une altération 
du nom d'Asaraddon (verset 2), ou du nom d'Assurbanipal, son fils. 
^41. * Au delà du fleuve de l'Euphrate. 

14. Le sel'se prend ici pour nourriture en général. et méme, selon beaucoup d'inter- 
prètes, pour entretien, salaire, parce qu'alors, non seulement la paye des ouvriers, 


800 


palais, et parce que nous regar- 
dons comme un crime les offen- 
ses faites au roi, c'est pourquoi 
nousavons envoyé, et nous avons 
averti le roi, 

15. Afin que vous regardiez 
dans les livres des histoires de 
vos peres; car vous trouverez 
écrit dans les annales, et vous 
apprendrez que cette ville est 
une ville rebelle et funeste aux 
rois et aux provinces, et que des 
guerres sont fomentées en elle 
depuis les jours anciens : c'est 
pourquoi la cité elle-méme a été 
détruite. 

16. Nous annoncons done au 
roi que, si cette ville est rebátie 
et ses murs restaurés, vous n'au- 
rez pas de possession au delà du 
fleuve. 

17. Le roi envoya une réponse 
à Réum-Béeltéem, et à Samsai, 
le scribe, aux autres habitants 
de Samarie qui étaient dans leur 
conseil,et à tous ceux d'au delà 
du fleuve, disant salut et paix. 

18. L'accusation que vous nous 
avez envoyée a été lue claire- 
ment devant moi, 

19. Et il a été ordonné par 


I D'ESDRAS. 


[c. 1v.] 


moi, et on ἃ examiné, et on a 
trouvé que cette ville, depuis les 
jours anciens, se révolte contre 
les rois, et que les séditions et 
les guerres sont formentées en 
elle ; 

20. Car il y a eu aussi des rois 
très puissants à Jérusalem, qui 
ont même dominé sur toute la 
contrée qui est au delà du fleuve; 
ils recevaient un tribut, un im- 
pôt et des revenus. 

91. Maintenant donc, écoutez 
ma décision : Empêchez ces hom- 
mes, afin que cette ville ne soit 
pas bâtie, jusqu'à ce que cela ait 
été commandé par moi. 

22. Prenez garde de remplir 


cet ordre avec négligence, et que 


peu à peu le mal ne s'accroisse 
contre les rois. 

23. C'est pourquoi la copie de 
l’édil du roi Artaxerxes fut lue 
devant Réum-Béeltéem et Sam- 
sai, le scribe, et leurs conseil- 
lers; et ils allèrent en grande 
háte à Jérusalem vers les Juifs, 
et les repoussèrent avec un bras 
fort. | 

24. Alors fut interrompu l'ou- 
vrage de la maison du Seigneur 


des soldats et les gages des serviteurs, mais aussi les honoraires des officiers de la 
cour, se payaient en partie avec du sel. 

16. * Si Jérusalem est relevée de ses ruines et fortifiée, le roi de Perse perdra toutes 
ses possessions à l'ouest de l'Euphrate, parce que les habitants de Jérusalem sont 
des séditieux, toujours préts à se révolter et à souffler le feu de la révolte, et lorsque 
leur ville sera fortifiée, ils pourront tenir téte au roi de Perse. 

23. Avec un bras fort; c'est-à-dire par la violence et la force, littér. par hébraisme 
et chaldaisme, avec un bras et force. 

24. * Ce verset devrait commencer le chapitre suivant, parce qu'il se rapporte à 
ce qui suit et non à ce qui précède. La lettre qui vient d’être rapportée et qui fut 
adressée à Artaxerxes Ier (465 à 424) est postérieure aux événements dont parlent 
le verset 24 et le chapitre v, qui nous reportent à la seconde année de Darius Ier, 
fils d'Hystaspe, c'est-à-dire à l'an 522, puisque ce prince règna de 523 à 485 avant 
J.-C. La lettre des Samaritains a été insérée dans le chapitre 1v pour montrer dans 
un tableau d'ensemble toutes les difficultés que les ennemis du peuple de Dieu lut 
avaient suscitées; au vers. 24, l'historien revient en arrière pour reprendre le fil des 
événements. La lettre parle des murailles et des fortifications de Jérusalem; le cha- 
pitre v s'occupe de la reconstruction du Temple. = 


[cg. v.] 
à Jérusalem, et l'on n'y travailla 
pas jusqu'à la seconde année du 
regne de Darius, roi des Perses. 


CHAPITRE V. 


Aggée et Zacharie exhortent les Juifs à 
continuer la construction du temple. 
Les officiers de Darius en informent ce 
prince. 


1. Or Aggée, le prophète, et 
Zacharie, fils d'Addo, prophéti- 
serent, prophétisant aux Juifs 
qui étaient en Judée et à Jérusa- 
lem, au nom du Dieu d'Israël. 

9, Alors seleverent Zorobabel, 
fils de Salathiel, et Josué, fils de 
Josédec, et ils commencèrent à 
bâtir le temple de Dieu à Jérusa- 
lem, et avec eux les prophètes 
de Dieu qui les aidaient. 

3. Or, en ce temps-là, vinrent 
vers eux Thathanai, qui était chef 
audelàdufleuve, et Stharbuzanai, 
et leurs conseillers, et c'est ainsi 
quils leur dirent : Qui vous a 
donné le conseil de bátir cette 
maison et de restaurer ses murs? 

4. À quoi nous répondimes ez 
leur disant quels étaient les noms 
des hommes auteurs de cette 
construction. 

8. Or l'eil de leur Dieu fut 
sur les anciens des Juifs, et ils 
ne purent les empécher. Et il leur 
plut que laffaire füt renvoyée à 
Darius, et qualors ils répon- 
draient à cette accusation. 


I D'ESDRAS. 891 


6. Copie delalettre que Tha- 
thanai, chef de la contrée au 
delà du fleuve, et Stharbuzanai 
et ses conseillers Arphasachéens, 
qui étaientau delà du fleuve, en- 
voyerent à Darius, le roi. 

1. La parole qu'ils lui avaient 
envoyée était écrite ainsi : A Da- 
rius, le roi, toute paix. 

8. Qu'il soit connu du roi que 
nous sommes allés dans la pro- 
vince de Judée, dans la maison 
du grand Dieu que l'on bâtit de 
pierres non polies et dont on pose 
les bois sur les murailles. Or cet 
ouvrage s'élève avec diligence 
et s’accroît entre leurs mains. 

9. Nous avons donc interrogé 
les vieillards, et c'est ainsi que 
nous leur avons dit : Qui vous a 
donné le pouvoir de bâtir cette 
maison et de rétablir ces murs? 

10. Mais nous leur avons aussi 
demandé leurs noms, afin de 
vous les indiquer, et nous avons 
écrit les noms des hommes qui 
sont les princes parmi eux. 

41. Or ils nous ont répondu 
ces paroles, disant : Nous som- 
mes serviteurs du Dieu du ciel et 
de la terre; nous bâtissons le 
temple qui était construit beau- 
coup d'années avant celles-ci, et 
que le grand roi d'Israél avait 
bâti et construit. 

12. Mais après que nos pères 
eurent provoqué au courroux le 


1. * Aggée, le prophéte et Zacharie, fils d'Addo. Ce sont les auteurs sacrés de ce 
nom, qui occupent le dixième et le onzième rang dans la collection des écrits des 


petits prophétes. 


3. * Thathanaï était le gouverneur perse des possessions du grand roi à l'ouest du 
fteuve de l'Euphrate. — Stharbuzanai était probablement son secrétaire, en tous cas 
le principal des officiers qui l'avaient accompagné. 

5. * Les officiers persans consentirent à ce que le travail fût continué en attendant 


la décision de Darius. 


6. * Arphasachéens, sans doute les Apharsathachéens mentionnés plus haut, tv, 9. 
1. La parole, etc.; la lettre qu'ils lui avaient envoyée était écrite en ces termes. 


892 T D'ESDRAS. 


Dieu du ciel, il les livra entre les 
mains de Nabuchodonosor, roi de 
Babylone, Chaldéen ; et 11 détrui- 
sit méme cette maison, et trans- 
porta son peuple à Babylone. 

13. Or, à la premiere année de 
Cyrus, roi de Babylone, le roi Cy- 
rus publia un édit afin que cette 
maison de Dieu füt bátie. 

14. Et méme les vases d'or et 
d'argent du temple de Dieu, que 
Nabuchodonosor avait enlevés du 
temple qui était à Jérusalem, et 
qu'il avait apportés dans le tem- 
ple de Babylone, le roi Cyrus les 
tira du temple de Babylone, et 
ils furent donnés à un nommé 
Sassabasar, qu'il établit méme 
prince. ij 

15. Et il lui dit : Prends ces 
vases, et va, et mets-les dans le 
temple qui est à Jérusalem, et 
que la maison de Dieu soit bâtie 
en son lieu. 

16. Alors done ce Sassabasar 
vint, et posa les fondements du 
temple de Dieu à Jérusalem, et, 
depuis ce temps-là jusqu'à pré- 
sent, on le bâtit, et il n'est pas 
encore achevé. 

17. Maintenant donc, s'il sem- 
ble bon au roi, qu'il recherche 
dans la bibliothèque du roi, qui 


[cu. vi.] 


est à Babylone, s'il a été ordonné 
par le roi Cyrus que la maison de 
Dieu serait rebâtie à Jérusalem, 
et quil nous envoie la volonté 
du roi sur cela. 


CHAPITRE VI. 


Darius confirme l'ordonnance. de Cyrus 
en faveur des Juifs. Le temple est 
achevé. On en fait la dédicace et on cé- 
lèbre la Pâque. 


4. Alors le roi Darius ordonna; 
et l'on examina dans la biblio- 
thèque des livres qui étaient con- 
servés à Babylone ; 

9. Et il se trouva à Ecbatane, 
qui est un château dans la pro- 
vince de Médie, un volume, et 
l'édit suivant v était écrit : 

3. À la premiere année du roi 
Cyrus, le roi Cyrus a ordonné que 
la maison de Dieu, qui est ἃ Jéru- 
salem, füt bâtie dans un lieu δὰ 
l'on püt immoler des hosties, et 
que l'on posât des fondements qui 
supportentla hauteur de soixante 
coudées et la largeur de soixante 
coudées, 

4. Trois rangs de pierres non 
polies, et autant de rangs de bois 
nouveaux : or les dépenses se- 
ront fournies par la maison du 
roi. 


13. * La première année de Cyrus, roi de Babylone. 1] s'agit de la première année 
du règne de Cyrus en Babylonie, non en Perse, vers 536 avant J.-C. 


185. En son lieu. Voy. τι, 68. 


41. * Dans la bibliothèque du roi. Les bibliothèques remontaient à la plus haute 
antiquité dans la Babylonie et la Chaldée, et on a retrouvé ces derniéres années une 
partie des livres qu'elles renfermaient. 


9. * I] se trouva à Ecbatane. Le document cherché ne fut pas trouvé à Babylone, 
mais on y apprit sans doute qu'il avait été transporté à Ecbatane où on le retrouva 
en effet. Ecbatane, située en Médie dans le voisinage de la ville actuelle d'Hamadan, 
fut la résidence d'été des rois perses et parthes. Le cháteau devait étre la partie de 
la ville qui renfermait le palais royal et était par conséquent le mieux fortifiée. 
Ecbatane avait été bâtie par Déjocès, roi des Médes, et elle fut rebâtie et agrandie 
par Arphaxad ou Phraorte, qui succéda à Déjocés et regna de 690 à 655 avant J.-C. 

3. * Soizante coudées, environ trente mètres. La longueur de l'édifice n'est pas 
indiquée, 


(cu. vi.] 

5. Et que de plus les vases d'or 
et d'argent du temple de Dieu, 
que Nabuchodonosor avait en- 
levés du temple de Jérusalem et 
qu'il avait apportés à Babylone, 
soient rendus et rapportés dans 
le temple à Jérusalem en leur lieu, 
et ils ont été mis dans le temple 
de Dieu. 

6. Maintenant donc, Thathanai, 
chef de la contrée qui est au delà 
du fleuve, Stharbuzanai, et vos 
conseillers Arphasachéens, qui 
êtes au delà du fleuve, retirez- 
vous loin des Juifs, 

7. Et laissez faire ce temple de 
Dieu par le chef des Juifs et par 
leurs anciens, afin qu'ils bátissent 
cette maison de Dieu en son lieu. 

8. Et j'ai aussi ordonné ce qui 
doit être fait par ces anciens des 
Juifs, afin que la maison de Dieu 
soit bâtie, savoir que sur le trésor 
du roi, c'est-à-dire sur les tributs 
qui sont apportés de la contrée 
au delà du fleuve, oz prenne le 
montant des dépenses, et qu'on 
le donne soigneusement à ces 
hommes, afin que l'ouvrage ne 
soit pas empêché. 

9. Que, sil est nécessaire, on 
leur donne et des veaux, et des 
agneaux, et des chevreaux, pour 
holocauste au Dieu du ciel, du fro- 
ment, du sel, du vin et de l'huile, 
selon le rite des prétres qui 
sont à Jérusalem, que cela leur 


1 D'ESDRAS. 


805 
soit donné chaque jour, afin qu'il 
n'y ait de plainte de personne, 

10. Et qu'ils offrent dés obla- 
tions au Dieu du ciel, et qu'ils 
prient pour la vie du roi et de ses 
fils. 

11. Par moi done a été porté ce 
décret : Que pour tout homme 
quichangera ce commandement, 
le bois soit pris de sa maison, et 
et qu'il soit élevé et attaché à ce 
bois, et que sa maison soit con- 
fisquée. 

12. Qu'ensuite le Dieu qui 8 fait 
habiter là son nom détruise tous 
les royaumes et le peuple qui 
auraétendu sa main pourrésister, 
et pour détruire cette maison de 
Dieu qui est à Jérusalem. Moi 
Darius j'ai rendu ce décret, et je 
veux quil soit soigneusement 
exécuté. 

13. Ainsi Thathanai, chef de la 
contrée au delà du fleuve, Sthar- 
buzanai et ses conseillers, exécu- 
lerent avec soin ce que Darius, le 
roi, avait ordonné. 

14. Cependant les anciens des 
Juifs bâtissaient, et ils réussis- 
saient, selon la prophétie d'Ag- 
gée, le prophète, et de Zacharie, 


fils d'Addo; ainsi ils. bâtirent et 


construisirent, le Dieu d'Israël le 


commandant, Cyrus, Darius et 


Artaxerxes, rois des Perses, le 
commandant aussi. 
15. Et ils acheverent cette mai- 


9. Qu'on leur donne, est certainement sous-entendu, puisque les mots veauz, 
agneaux, etc., sont à l’accusatif dans la Vulgate. 

14. * Artaxerzés Ier n'ayant régné qu'aprés Darius et le temple ayant été achevé 
la 6* année de Darius, en 516, le nom d'Artaxerxés a dü étre mis ici par Esdras à 
cause de l'édit que ce dernier roi publia en faveur du temple de Jérusalem et qui est 
mentionné plus loin, vir, 42-26. Voir en particulier 15-17, 19-20. 

15. Le mois d’Adar commençait à la nouvelle lune de février. — * Ada était le 
douzième mois de l'année hébraïque, et la sixième année du règne de Darius corres- 


pond à l'an 516 avaut J.-C. 


ἢ 


804 I D'ESDRAS. 


son de Dieu au troisieme jour du 
mois d'Adar, qui est la sixième 
année du regne de Darius, le roi. 

16. Alors les enfants d'Israél, 
les prétres et les Lévites, et tout 
le reste des fils de la transmigra- 
tion, firent la dédicace de la mai- 
son de Dieu dans la joie. 

17. Et ils offrirent pour la dé- 
dicace de la maison de Dieu cent 
' veaux, deux cents béliers, quatre 
cents agneaux, et douze boucs de 
chèvres pour le péché de tout 
Israël, selon le nombre des tribus 
d'Israél. 

18. Et ils établirent les prétres 
en leurs ordres, et les Lévites en 
leurs classes, sur les œuvres de 
Dieu dans Jérusalem, comme il 
est écrit dans le Livre de Moise. 

19. Et les enfants d'Israël de la 
transmigration firent la Pâque 
au quatorzieme jour du premier 
mois ; 

20. Car les prétres avaient été 
purifiés, ainsi que les Lévites, 
comme un seul homme; tous fu- 
rent purs pour immoler la Páque 
pour tous les enfants de la trans- 
migration, pour les prétres leurs 
freres, et pour eux-mémes. 

91. Et les enfants d'Israél qui 
étaient retournés de la transmi- 


Cnar. VI. 18. Nomb., ui, 6; vr, 9. 


fcit. vit. 
gration la mangèrent, ainsi que 
tous ceux qui s'étaient séparés 
de la corruption des nations de 
la terre afin de chercher le Sei- 
gneur Dieu d'Israël. 

29. Etils firent la solennité des 
azymes durant sept jours dans la 
joie, parce que le Seigneur les 
avait réjouis, et avait tourné le 
cœur du roi d'Assur vers eux, 
afin qu'il aidât leurs mains dans 
l’œuvre dela maison du Seigneur 
Dieu d'Israél. 


CHAPITRE VII. 


Esdras est envoyé en Judée par Ar- 
taxerxés. Edit de ce prince en faveur 
des Juifs. 

1. Or, après ces choses, sous 
le regne d’Artaxerxès, roi des 
Perses, Esdras, fils de Saraias, fils 
d'Azarias, fils de Helcias, 

2. Fils de Sellum, fils de Sadoc, 
fils d'Achitob, 

3. Fils d'Amarias, fils d'Azarias, 
fils de Maraioth, 

4. Fils de Zarahias, fils d'Ozi, 
fils de Bocci, 

5. Fils d'Abisué, fils de Phinées, 
fils d'Eléazar, fils d'Aaron, prêtre 
dés le commencement, 

6. Esdras lui-méme monta de 
Babylone, et il était scribe habile 


18. En leurs classes. Voy. 1 Paralip., xxut, 6. — Comme il est écrit, etc. Voy. Nom- 
bres, 11, 6; vri, 9-15. 

22. * La solennité des azymes, la féte de Páques. — Du roi d'Assur, de Darius, roi 
de Perse, qui est appelé roi d'Assyrie, parce qu'il était maitre de ce pays, dont le 
nom était si connu en Israél. Il désigne ici la Babylonie, parce que du temps de la 
domination perse, la Babylonie, qui formait une des provinces les plus importantes 
du royaume du grand roi, s'appelait Assyrie, ainsi que nous l'apprennent Xénophon 
et d'autres auteurs grecs. 

1. * Arlazerzés I* Longuemain (465-424 avant J.-C.). 

6. * Il était scribe. Esdras est le premier qui porte ce titre, dont le sens est : savant 
dans la science de la loi mosaique ou dans l'explication des Ecritures, comme l'ex- 
plique plus bas le vers. 12. 

6, 9. La main; c'est-à-dire la protection visible. 


[cu. vir.) 
dans la loi de Moise, que le Sei- 
gneur Dieu a donnée à Israél; et 
le roi lui accorda toute sa de- 
mande, à cause que la main du 
Seigneurson Dieu était sur lui. 

1. Or il monta des enfants d'Is- 
raél, des fils des prétres, des fils 
des Lévites, des chantres, des 
portiers et des Nathinéens, à Jé- 
rusalem, la septième année du roi 
Artaxerxes. 

8. Et ils vinrent à Jérusalem au 
cinquième mois ; c'estla septième 
année du roi; 

9. Parce qu’au premier jour du 
premier mois, Esdras commença 
à monter de Babylone, et, au 
premier jour du cinquième mois, 
il vint à Jérusalem, à cause que 
la main favorable de son Dieu 
était sur lui. 

10. Car Esdras disposa son cœur 
à rechercher la loi du Seigneur, 
et à faire et à enseigner en 
Israël les préceptes et les ordon- 
nances. 

11. Or voici la copie de la let- 
tre contenant l'édit que donna le 
roi Artaxerxes à Esdras, le prêtre 
instruit dans les paroles et les 
préceptes du Seigneur et dans 
ses cérémonies en Israél : 

19. Artaxerxes, roi des rois, à 
Esdras, le prétre, scribe de la loi 
du Dieu du ciel, trés instruit, sa- 
lut. 

13. Il ἃ été ordonné par moi que 
quiconque dans mon royaume 
est du peuple d'Israél, et de ses 
prétres et de ses Lévites, et à qui 


I D'ESDRAS. 


895 


il plaira de monter à Jérusalem, 
aille avec toi : 

14. Car tu es envoyé de la part 
du roi et de ses sept conseillers, 
afin que tu visites la Judée et Jé- 
rusalem , selon la 101 deton Dieu. 
qui est en ta main ; 

15. Et afin que tu portes l'ar- 
gent et l'or que le roi et ses con- 
seillers ont spontanément offerts. 
au Dieu d'Israël, dont le taber- 
nacle est à Jérusalem. | 

16. Et tout l'argent et l'or que 
tu trouveras dans toute la pro- 
vince de Babylone, que le peuple 
voudra offrir, et ce que quelques- 
uns d'entre les prétres auront 
spontanément offert à la maison 
de leur Dieu, qui est à Jérusalem, 

47. Prends-le librement, et 
achète soigneusement avec cet 
argent des veaux, des béliers, des 
agneaux, des sacrifices et leurs 
libations, et offre-les sur l'autel 
du temple de votre Dieu, qui est 
à Jérusalem. 

18. Mais de plus, s'il te plait, à 
toi et à tes freres, de faire quel- 
que chose avec le reste de l'argent 
et de l'or, faites-le selon la vo- 
lonté de Dieu. 

19. Les vases aussi qui te sont 
donnés pour le service de la mai- 
son de ton Dieu, mets-les en la 
présence de Dieu à Jérusalem ; 

20. Mais quant à toutes les au- 
tres choses donton a besoin pour 
la maison de ton Dieu, quelque 
considérable que soit ce qu'il sera 
nécessaire que tu dépenses, il te 


1. * La seplième année, en 459 avant J.-C. 


10. Les préceptes et les ordonnances. C'est ainsi que l'on traduit généralement; mais 
le texte hébreu porte au singulier et sans l'article déterminatif, pr écepte et ordonnance. 


14. De la part; 


littér. de /a face, ou bien, selon le chaldéen qui est ici le texte 


original, de devant. — * De ses sept conseillers. Le roi de Perse avait sept conseillers 
ou ministres qui étaient les plus grands dignitaires de l'Etat, 


800 
sera douné du trésor et du fisc du 
roi, 

91. Etpar moi. Moi, Artaxerxes, 
le roi, j'ai établi et j'ai ordonné à 
tous les gardes du trésor public 
qui sont au delà du fleuve, disant : 
Que tout ce que vous demandera 
Esdras, le prétre, le scribe de la 
loi du Dieu du ciel, vous le don- 
niez sans délai, 

22. Jusqu'à cent talents d'ar- 
gent, et jusqu'à cent cors de fro- 
ment, et jusqu'à centbats de vin, 
et jusqu'à cent bats d'huile: mais 
du sel sans mesure. 

93. Que tout ce qui appartient 
au culte du Dieu du ciel soit 
fourni soigneusement dans la 
maison du Dieu du ciel, de peur 
qu'il ne s'irrite contre leroyaume 
du roi et de ses fils. 

94. À vous aussi nous faisons 
savoir, par rapport à tous les pré- 
tres, Lévites, chantres, portiers, 
Nathinéens et ministres de cette 
maison de Dieu, que vous n'avez 
le pouvoir d'imposer sur eux ni 
impóts, ni tribut, ni vivres. 

95. Or toi, Esdras, selon la sa- 
gesse de ton Dieu laquelle est 
en ta main, établis des juges, et 
des présidents, afin qu'ils jugent 
tout le peuple qui est au delà du 
fleuve, c'est-à-dire ceux qui con- 
naissent la loi de ton Dieu ; mais 
les ignorants, enseigne-les libre- 
ment. - 

26. Et quiconque n'observera 
point la loi de ton Dieu, et la loi 


I D'ESDRAS. 


(cu. vitr.] 


du roi soigneusement, il y aura 
contrelui une condamnation, soit 
à la mort, soit à l'exil, soit à la 
confiscation de ses biens, ou cer- 
tainement à la prison. 

27. Bénile Seigneur, Dieu de 
nos peres, qui a mis dans le coeur 
du roi de glorifier la maison du 
Seigneur qui est à Jérusalem, 

28. Et qui a incliné sa miséri- 
corde vers moi devant le roi et 
ses conseillers, et devant tous les 
puissants princes du roi! Et moi, 
fortifié par la main du Seigneur 
mon Dieu, laquelle était sur moi, 
j'ai asssemblé les princes d'Israël 
pour monter avec moi. 


CHAPITRE VIII. 


Dénombrement de ceux qui revinrent de 
Babylone avec Esdras. Esdras envoie 
rassembler des Lévites; il arrive à Jé- 
rusalem. 


1. Voici donc les princes des fa- 
milles, et la généalogie de ceux 
qui sont montés avec moi sous le 
regne d'Artaxerxes, roi de Baby- 
lone : 

2. D'entre les fils de Phinées, 
Gersom; des fils d'Ithamar, Da- 
niel; des fils de David, Hattus ; 

3. D'entre les fils de Séchénias, 
qui étaient fils de Pharos, Zacha- 
rias: etavec lui furent dénombrés 
cent cinquante hommes ; 

4. D'entre les fils de Phahath- 
Moab, Elioénai, fils de Zaréhé, et 
avec lui deux cents hommes ; 

9. D'entre les fils de Séchénias, 


21. * Au delà du fleuve de l'Euphrate. 


22, Voy. pour cors et bals, 111 Rois, vit, 26; xxiv, 22. 

25. En (a main; en ta possossion, que tu possèdes. 

2 et suiv. Les fils, c'est-à-dire les descendants. 

3. L'auteur remarque que ce Séchénias était de la race de Pharos, pour le dis«. 
tinguer d'un autre Séchénias dont il est parlé au vers. 5, th 


4, Phahath-Moab. Voy. n, 6. 


(cs. νπι.] 
le fils d'Ézéchiel, et avec lui trois 
cents hommes; 

6. D'entre les fils d'Adan, Abed, 
fils de Jonathan, et avec lui cin- 
quante hommes ; 

7. D'entre les fils d'Alam, Isaïe, 
fils d'Athalias, et avec lui soi- 
xante-dix hommes ; 

8. D'entre les fils de Saphatias, 
Zébédia, fils de Michael, et avec 
lui quatre-vingts hommes; 

9. D'entre les fils de Joab, Obé- 
dia, fils de Jahiel, et avec lui deux 
cent dix-huit hommes ; 

10. D'entre les fils de Sélomith, 
le fils de Josphia, et avec lui cent 
soixante hommes; 

11. D'entreles fils de Bébai, Za- 
charie, fils de Bébai, et avec lui 
vingt-huit hommes; 

12. D'entre le fils d'Azgad, Jo- 
hanan, fils d'Eccétan, et avec lui 
cent dix hommes ; 

13. D'entre les fils d'Adonicam. 
qui étaient les derniers, et voici 
leurs noms : Eliphéleth, Jéhiel, 
Samaias, et avec eux soixante 
hommes; 

14. D'entre les fils de Bégui, 
Uthai et Zachur, et avec eux soi- 
xante-dix hommes. 

15. Or je les assemblai près du 
fleuve qui coule vers Ahava, et 
nous demeuràmes là trois jours; 
et je cherchai parmi le peuple et 
les prétres des fils de Lévi, et je 
n'en trouvai point là. 

16. C'est pourquoi j'envoyai 


| D'ESDRAS. 


807 
Eliézer, Ariel, et Séméias, Elna- 
than, Jarib, et un autre Elnathan, 
Nathan, Zacharias, et Mosollam, 
les princes; Joiarib et Elnathan, 
les sages. 

11. Et jeles envoyai vers Eddo. 
qui est le premier dulieu de Chas- 
phia, et je mis en leur bouche les 
paroles qu'ils devaient dire à 
Eddo, et à ses frères Nathinéens, 
dans lelieu de Chasphia, afin qu'ils 
nous amenassent les ministres de 
la maison de notre Dieu. 

18. Et ils nous amenèrent, par 
la main favorable de notre Dieu, 
laquelle était sur nous, unhomme 
tres savant d'entre les fils de Ma- 
holi, fils de Lévi, fils d'Israél, et 
Sarabia, et ses fils, et ses frères, 
au nombre de dix-huit; 

19. Et Hasabia, et avec lui [5816 
d'entre les fils de Mérari, et ses 
freres, et ses fils, au nombre de 
vingt; 

20. Et d'entre les Nathinéens 
que David et les princes avaient 
établis pour le service des Lévi- 
tes, deux cent vingt Nathinéens : 
tous ceux-ci étaient appelés par 
leurs noms. 

21. Or je publiai là le jeüne 
pres du fleuve Ahava, afin de 
nous affliger devant le Seigneur 
notre Dieu, et afin de lui de- 
mander la voie droite pour nous, 
pour nos fils, et pour tout ce qui 
était à nous ; 

22. Car jeus honte de deman- 


——— MÀ M € i à 


13. * Aha»a est inconnu. C'était probablement un canal dérivé de l'Euphrate, dans 
les environs de Babylone. Cest là que se forma la caravane, pour se mettre en route 


vers la Palestine. 


11. * Chasphia, localité inconnue, mais qui était certainement dans le voisinage 
de Babylone. — Les Nathinéens étaient ceux que David et les chefs d'Israël avaient 
voués au service du Temple et des Lévites, pour y remplir les bas offices. 

20. Etaient appelés par leurs noms ; dans l'hébreu, marqués, tracés par noms, nomi- 
nalivement ; probablement dans une liste qu'Eddo (vers. 17), dressa et envoya à Esdras, 


Ac. 


97 


80S 


der au roi du secours et des ca- 
valiers pour nous défendre de 
l'ennemi dans le chemin, parce 
que nous avions dit au roi : La 
main de notre Dieu est favorable 
à tous ceux qui le cherchent sin- 
cerement; et son empire, et sa 
fureur, sur tous ceux qui l'aban- 
donnent. 

23. Or nous jeünàmes et nous 
priàmes notre Dieu pour cela : et 
tout nous advint heureusement. 

24. Et je séparai douze des 
princes des prétres, Sarabia et 
Hasabia, et avec eux dix de leurs 
freres; 

25. Et je leur pesai l'argent, 
lor et les vases consacrés de la 
maison de notre Dieu, qu'avaient 
offerts le roi, ses conseillers, ses 
princes et tous ceux d'Israël qui 
avaient été trouvés ; 

26. Je pesai aussi en leurs 
mains six cent cinquante talents 
d'argent, cent vases d'argent, et 
cent talents d'or, 

97. Et vingt coupes d'or qui 
pesaient mille drachmes, et deux 
vases d'un airain brillant excel- 
lent, beaux comme l'or. 

98. Et je leur dis : Vous étes 
les saints du Seigneur, et les 
vases sont saints, ainsi que l'ar- 
gent et l'or qui ont été spontané- 
ment offerts au Seigneur Dieu de 
nos peres. 

99. Veillez, et gardez-les jus- 
qu'àce que vous les pesiez de- 
vant les princes des prêtres, des 
 Lévites, et devant les chefs des 


1 D'ESDRAS. 


(cH. vitt.; 


famillesd'IsraélàJérusalem, pour 
le trésor de la maison du Sei- 
gneur. 

30. Or les prétres et les Lé- 
vites reçurent le poids de lar- 
gent, de l'or et des vases, pour 
les porter à Jérusalem dans la 
maison de notre Dieu. 

31. Nous partimes donc du 
fleuve d'Ahava le douzième jour 
du premier mois pour aller à Jé- 
rusalem ; et la main de notre 
Dieu fut sur nous, et nous déli- 
vra de la main de l'ennemi, et 
de celui qui tendait des piéges 
dans le chemin. 

32. Et nous vinmes àJérusalem, 
et demeuràmes là trois jours. 

33. Mais au quatrième jour, 
l'argent fut pesé, et l'or et les 
vases, dans la maison de notre 
Dieu par la main de Mérémoth, 
fils d'Urie, le prétre; et avec lui 
était Eléazar, fils de Phinéès, et 
avec eux Jozabed, fils de Josué, 
et Noadaia, fils de Bennoia, fils 
de Bennoi, le Lévite, 

34. Selon le nombre et le poids 
du tout; ainsi tout poids fut écrit 
en ce temps-là. 

35. Mais les fils de la transmi- 
gration qui étaient venus de la 
captivité, offrirent des holocaus- 
tes au Dieu d'Israël, douze veaux 
pour tout le peuple d'Israél, qua- 
tre-vingt-seize béliers, soixante- 
dix-sept agneaux, douze boucs 
pour le péché : le tout en holo- 
causte au Seigneur. 

36. Or ils donnèrent les édits 


22. Favorable; littér. et par hébraisme en bonlé, avec bonté, c'est-à-dire bonne. 
Compar. vu, 9; virr, 18; Il Esdr., 11, 8, 48. D'autres font rapporter l'expression de la 
Vulgate in bonitate à qui le cherchent et traduisent avec sincérité, sincèrement. 

21. * Drachmes. Le texte original porte dariques, mounaie perse qui tirait son nom 
de Darius. La valeur de la darique est estimée 25 francs environ. 

36, Qui élaient auprès; littér. de la présence, 


[eu. 1x.) 


du roi aux satrapes qui étaient 
auprès du roi, et aux chefs au 
delà du fleuve, et ils exalterent 
le peuple et la maison de Dieu. 


CHAPITRE IX. 


Esdras apprend que plusieurs Israélites 
ont pris des femmes étrangères. Prière 
qu'il adresse au Seigneur en cette oc- 
casion. 


1. Et, aprés que ces choses fu- 
rent accomplies, les princes s'ap- 
prochèrent de moi, disant: Le roi 
d'Israël, les prêtres et les Lévites, 
ne sont pas séparés des peuples 
dela terre et de leurs abomina- 
tions, c'est-à-dire du Chananéen, 
de l'Héthéen, du Phérézéen, du 
Jébuséen, de lAmmonite, du 
Moabite, de l'Egyptien et de l'A- 
morrhéen ; 

2. Car ils ont pris de leurs fil- 
les pour eux et pour leurs fils, et 
ils ont mêlé la race sainte avec 
les peuples de la terre; la main 
même des princes et des magis- 
trats a été la premiere dans cette 
transgression. 

3. Et quand j'eus oui cette pa- 
role, je déchirai mon 1nanteau 
et ma tunique, et j'arrachai les 
cheveux de ma téte et ma barbe, 
et je m'assis, abattu de cha- 
grin. 

4. Alors s'assemblerent auprès 
de moi tous ceux qui craignaient 
la parole du Dieu d'Israél, à cause 


[ D'ESDRAS. 


899 


de la transgression de ceux qui 
étaient venus de la captivité, et 
j'étais assis triste jusqu'au sacri- 
fice du soir. 

9. Et, au sacrifice du soir, je 
me levai de mon affliction; et, 
mon manteau et ma tunique dé- 
chirés, je courbai mes genoux et 
jétendis mes mains vers le Sei- 
gneur mon Dieu. 

6. Et je dis : Mon Dieu, je suis 
confondu, et je rougis de lever 
ma face vers vous; parce que 
nos iniquités se sont multipliées 
sur notre téte, et nos péchés se 
sont accrus jusqu'au ciel, 

1. Depuis les jours de nos pe- 
res; mais aussi nous - mêmes 
nous avons péché grievement 
jusqu'à ce jour, et à cause de nos 
iniquités, nous avons été livrés, 
nous, nos rois et nos prétres, à 
la main des rois de la terre, au 
glaive, et à la captivité, au pil- 
lage, à la confusion de notre vi- 
sage, comme 0z le voit encore 
en ce jour. 

8. Mais maintenant notre prière 
s'est un peu et pour un mo- 
ment élevée vers le Seigneur 
notre Dieu, afin qu'un reste nous 
füt laissé, qu'un pieu nous fût 
donné en son saint lieu, que 
notre Dieu éclairát nos yeux, et 
qu'il nous donnát un peu de vie 
dans notre servitude, 

9. Parce que nous sommes es- 


—————————————————————— 


1. * Leurs abominations, les actes de culte idolátrique. 

4. * Au sacrifice du soir, au moment oü l'on offrait le soir un sacrifice dans le 
Temple. 

8. Afin qu'un reste, etc. La plupart des Juifs étaient demeurés captifs et dispersés. 
Ceux qui étaient revenus de Babylone ne formaient encore qu'un trés petit nombre; 
c'était comme une poiguée de gens rechappés d'un naufrage général. — Un pieu; 
c'est-à-dire une demeure fixe et durable. — Un peu de vie plus heureuse; car bien 
que les Juifs ne fussent pas en captivité, ils étaient encore à quelques égards en 
servitude, puisqu'ils continuaient à vivre sous la dépendance de leurs maitres. 

9. Une haie; un enclos, pour un abri sûr. — * Devant le roi des Perses. Le texte ori- 


900 1 D'ESDRAS. 


claves, et qu'en notre servitude 
notre Dieu ne nous a point dé- 
laissés ; mais il aincliné sur nous 
sa miséricorde devant le roi des 


Perses, pour nous donner la vie, | 


élever la maison de notre Dieu, 
construire ses solitudes, et pour 
nous donner une haie dans Juda 
et Jérusalem. 

10. Et maintenant, notre Dieu, 
que dirons-nous après cela? Puis- 
que nous avons abandonné les 
commandements 

11. Que vous nous avez pres- 
crits par l'entremise de vos ser- 
viteurs les prophètes, disant : La 
terre dans laquelle vous entrez 
pour la posséder, est une terre 
impure, selon l'impureté des peu- 
ples et des autres terres, à cause 
desabominations de ceux quil'ont 
remplie, d'une extrémité jusqu'à 
l'autre extrémité, de leur souil- 
lure. 

12. Maintenant donc ne donnez 
point vos filles à leurs fils, et n'ac- 
ceptez point leurs filles pour vos 
fils, et ne cherchez jamais leur 
paix et leur prospérité; afin que 
vous soyez forts, et que vous man- 
giez les biens de cette terre, et 
que vous ayez vos fils pour héri- 
tiers à jamais. 

13. Et apres tout ce qui est ve- 
nu sur nous, à cause de nos œu- 
vres très mauvaises et de notre 
grand péché, vous, Seigneur 
notre Dieu, vous nous avez déli- 
vrés de notre iniquité, et vous 


βαρ. IX. 12. Deut., vir, 3. 


[cu. x.] 


nous avez donné le salut comme 
on le voit aujourd'hui, 

14. Afin que nous ne revinssions 
pas à rendre vains vos comman- 
dements, et que nous ne nous 
unissions point par les mariages 
avec les peuples livrés à ces abo- 
minations. Etes-vous irrité entiè- 
rement contre nous, en sorte que 
vous ne laissiez point des restes 
de nous pour notre conservation? 

15. Seigneur Dieu d'Israél, vous 
étes juste, puisque nous avons été 
laissés pour étre sauvés, comme 
on le voit en ce jour. Voici que 
nous sommes devant vous dans 
notre péché; car on ne peut pas 
subsister devant vous apres cela. 


CHAPITRE X. 


Repentir des Israélites. Esdras leur or- 
donne de renvoyer les femmes étran- 
geres. Dénombrement de ceux qui 
avaient commis cette prévarication. 


1. Ainsi donc Esdras priant, 
implorant, pleurant, etétendu de- 
vant le temple de Dieu, une très 
grande assemblée d'hommes, de 
femmes et d'enfants d'Israél se 
réunit auprès de lui, et le peuple 
pleura d'un grand pleur. 

2. Alors Séchénias, fils de Jéhiel, 
d'entre les enfants d'Elam, ré- 
pondit à Esdras: Nous avons pré- 
variqué contre notre Dieu, et nous 
avons pris des femmes étrangères 
des peuples de la terre; et main- 
tenant, si on a du repentir de 
cela en Israél, 


ginal porte les rois de Perse, au pluriel, parce qu'il ne s'agit pas seulement d'Ar- 
taxerxés, mais aussi de Cyrus et de Darius, qui non seulement avaient autorisé la 
reconstruction du Temple, mais y avaient contribué par leurs dons. 

14. Afin que nous, etc.; littér. afin que nous ne revinssions pas el que nous ne ren- 
dissions pas; hébraisme pour, afin que nous ne rendissions pas de nouveau, 


‘CH. x.] 


3. Faisons alliance avec le Sei- 
eneur notre Dieu, en sorte que 
nous rejetions toutes les femmes, 
ét'eeux qui sont nés d'elles, sui- 
vantla volonté du Seigneur et de 
ceux qui craignent le précepte du 
Seigneur notre Dieu : qu'il soit 
fait selon la loi. 

4. Leve-toi, c'est à toi d'ordon- 
ner, ét nous, nous serons avec 
toi; sois fort et agis. 

5. Esdras donc se leva, et ad- 
jura les princes des prétres et des 
Lévites, et tout Israel, afin qu'ils 
fissent selon cette parole, et ils 
jurèrent. 

6. Et Esdras se leva devant la 
maison de Dieu, et s'en alla à la 
chambre de Johanan, fils d'Eliasib, 
et il y entra: 11 ne mangea point 
de pain et ne but point d'eau; car 
il pleuraitlatransgression deceux 
qui étaient venus de la captivité. 

7. Alors fut envoyée une voix 
en Juda et à Jérusalem, pour que 
tous les fils de la transmigration 
se rassemblassent à Jérusalem; 

8. Et pour que quiconque ne se- 
rait point venu dans trois jours, 
suivant le conseil des princes et 
des anciens, tout son bien lui füt 
616, etqu'il fût lui-même rejeté de 
l'assemblée de la transmigration. 

9. Tous les hommes de Juda et 
de Benjamin s’assemblèrent donc 
à Jérusalem dans les trois jours; 
c'étaitle neuvième mois, au ving- 
‘ième jour du mois, et tout le 


1 D'ESDRAS. 901 


peuple se tint sur 18 placé de la 
maison de Dieu, tremblant àcause 
de leurs péchés et des pluies. 

10. Alors Esdras le prêtre! 6 
leva, et leur dit : Vous avez trans- 
eressé, et vous avez pris des 
femmes étrangeres, pour ajouter 
au péché d'Israël. 

11. Or maintenant rendez gloire 
au Seigneur Dieu de vos peres, 
et faites ce qui lui plait : séparez- 
vous des peuples de la terre et 
des femmes étrangères. 

19. Et toute la multitude ré- 
pondit, et ditavec une voix forte : 
Qu'il soit fait selon la parole que 
vous nous avez dite. 

13. Cependant, parce. que le 
peuple est nombreux, que c'est 
un temps de pluie, que nous ne 
pouvons rester dehors, et: que 
l'ouvrage n'est pas d'un jour ni 
de deux (ear nous avons grande- 
ment péché en cette chose), 

14. Que des princes soient éta- 
blis dans toute la multitude, et 
que tous ceux qui dans nos villes 
ont pris des femmes étrangères, 
viennent en des temps marqués, 
et avec eux des anciens de chaque 
ville et les juges aussi, jusqu'à ce 
que soit détournée de nous la co- 
lere de notre Dieu provoquée à 
cause de ce péché. 

15. AinsiJonathan, fils d'Azahel, 
et Jaasia, fils de Thécué, furent 
présentés pour 6618, et Mésollam 
et Sébéthai, Lévites, les aidèrent. 


6. L'expression manger d» pain et. boire de l'eau veut dire en hébreu simplement 
manger et boire, prendre de la nourriture. 

1. Une voir; c'est-à-dire une annonce, un avis. 

9. Le neuviéme mois, nommé Casleu, commencait à la nouvelle lune de novembre. 
— La saison rendait les pluies plus incommodes; peut-être aussi que ces pluies étant 
trés abondantes et orageuses, les Juifs les regardaient comme une marque: de la 
‘colère divine. — * Les pluies sont souvent considérables à cette époque de l'année 
à Jérusalem et tombent quelquefois à torrente, / 


7 


902 Í- D'ESDRAS. 


16. Et les fils de la transmigra- 
tion firent ainsi: Et Esdras; le pré- 
tre, etles hommes princes des fa- 
milles, s'en àllerent'dans les niai- 
sons de leurs peres, et tous selon 
leurs noms, et ils s'établirent au 
premier jour du dixieme mois 
pour s'informer de la chose. 

47. Or. 115: n'achevèrent! dé dé- 
nomórer les hommes qui avaient 
prisdesfemunesétrangeres, qu'au 
premier jour ג‎ premier mois. 

18. Et il se trouva d'entre les 
fils des prêtres! qui avaient pris 
des femmes étrangéres : d'entre 
les fils deJosué;les fils deJosédec, 
et ses frères, Maasia, Eliézer, Ja- 
rib et Godolia. 

19.115 donnerent leurs mains 
pour: chasser leurs femmes, et 
pour offrir pour leur péché un 
bélier d'entre leurs brebis. 

20. Et.d'entre les fils d'Emmer, 
Hanani et Zébédia ; 

21. Et d'entre les fils de Harim, 
Maasia, Elia, Séméia, Jéhiel et 
Ozias; 

22. Et d'entre les fils de Phe- 
shur, Elioénai. Maasia, Ismaël, 
Nathanaél, Jozabed et Elasa ; 

23. Et d'entre les fils des Lé- 
vites, Jozabed, et. Séméi, Célaia 
(c'est. le méme que Calita), Pha- 
taia, Juda et Eliézer ; 

24.Et d'entre les chantres, Elia- 
'Sib;et d'entrelesportiers; Sellum, 
Télem et Uri; 

95! Et d'Israël: d'entre les fils 
de Pharos, Réméia, Jézia, Mel- 
chia, Miamin, Eliézer, Melchia et 
"Banéa; 


(ca. x,! 

26. Et d'entre les fils. d'Elam, 
Mathania, Zacharias, Jéhiel, Abdi, 
Jérimoth.et Élia ; 

27. Et d'entre les fils de Zéthua, 
Elioénai, Eliasib, Mathania, Jéri- 
muth, Zabad et. Aziza ; 

28. Et d’entre les. fils, de. Bé- 
bai, Johanan, Hanania,. Zabbai, 
Athalai ; 

29. Et d’entre les üls de. Bani, 
Mosollam, Melluch, Adaïa; Jasub, 
Saal et Ramoth ; 

30. ELd'entre Jes fils de 1 
Moab, Edna, 6.8181, Banaïas,Maa- 
sias, Mathanias, Béséléel, Bennui, 
et Manassé ; 

91. Et d'entre les fils de Hérem, 
Eliézer, Josué, Melchias, Sépia, 
Siméon, 

92. Benjamin, Maloch, Sama- 
rias; 

33. Et d'entre les fils d'Hasom, 
Mathanai, Mathatha, Zabad, Eli- 
phéleth, Jermaï, Manassé, Séméi ; 

34. D’entre les fils de. Bani, 
Maaddi, Amram, Vel, 

35. Banéas,. Badaias, Chéliaü, 

30. Vania, Marimuth, Eliasib, 

91. Mathanias, Mathanai, Jasi, 
38. Et Bani, Bennui, Séméi, 


39. Et Salmias, Nathan, Adaias, ‘ 


40. Et Mechnedebai, Sisai,Saral, 

41. Ezrel, Sélémiaü; Séméria, 

49. Sellum, Amaria, Joseph ; 

43. D'entre les. fils .de..Nébo, 
Jéhiel, Mathathias, Zabad, Zabina, 
Jeddu, Joel et Banaia. 

44. Tous ceux-ci avaient, pris 
des femmes étrangères, et il y 
eut de ces femmes qui avaient 
enfanté des fils: 


16. Le dixième mois, appelé Tébéth, commençait à la nouvelle lune de. décembre. 
A^. * Qui avaient. enfanté. des fils, c'est-à-dire qu'on renvoya. méme les. femmes 
étrangères qui, avaient des enfants, quoique cette circonstance eût pu fournir à leurs 


époux un prétexte pour les garder, 


- mit ב‎ 


INTRODUCTION 


AU LIVRE DE NÉHÉMIE 


OU SECOND LIVRE D'ESDRAS 


Ce livre porte le nom de Néhémie, parce que celui-ci y raconte lui-méme, 
à la premiére personne, son voyage à Jérusalem et ce qu'il y a fait. Le titre, 
il est vrai, pourrait étre pris daus le sens d'histoire de Néhémie, mais la forme 
du récit prouve que Néhémie est l'auteur de sa propre histoire et que c'est une 
sorte d'autobiographie. ll ne se propose point d'ailleurs directement de ra- 
conter sa vie : il veut surtout faire connaitre la restauration de Jérusalem et 
du culte, pour montrer l'accomplissement des promesses de Dieu. Il a, dans 
ses priéres, une locution qu. lui est familiére et qui revient souvent : « Mon 
Dieu, souvenez-vous de moi en bien » (v, 19; vr, 14; xir, 14, 22, 29, 31). 
C'est le dernier mot du livre et comme la signature de l'auteur. 

Néhémie, fils d'Helchias, échanson du roi des Perses, Arlaxerxès Longuemain, 
ayant appris à Suse dans quel triste état était la ville de Jérusalem, s'adresse 
d'abord à Dieu par la priére et par le jeüne, et demande ensuite au roi la 
permission d'alier restaurer les portes et les murs de la capitale de la Judée. 
Il l'obtient et part en 445 av. J.-C. 

Le but de son livre est de faire connaitre ce qu'il a fait pour son peuple, 
en partie par lui-méme, en partie avec l'aide de son contemporain, Esdras. 
Son récit se rattache ainsi étroitement à celui d'Esdras et complète le premier 
livre de ce nom. 

Le récit s'ouvre par une introduction qui nous apprend pourquoi et comment 
l'auteur fit le voyage de Jérusalem, 1-11, 10. Le corps de l'ouvrage se partage 
en trois sections : 1* Reconstruction des murs et des portes de Jérusalem, 
n, 44-vi; 2° Mesures prises par Néhémie pour la prospérité de Juda et de sa 
capitale, vir-xi1; 3° Nouvelles mesures, dans le méme but, pendant un second 
voyage de Néhémie à Jérusalem, xur. 

I. Arrivé pour la premiére fois à Jérusalem, il fait l'inspection des lieux et 
exhorte ses frères à se mettre aussitôt à l’œuvre. Des obstacles lui sont suscités 
par les ennemis des Juifs, par les usuriers et par Sanaballat et ses complices, 
qui essaient de le prendre dans un piège et d'attenter à ses jours ; il triomphe 
heureusement de toutes les difficultés. 

II. Il prend des mesures pourla défense de Jérusalem et pour la prospérité 
religieuse et politique de la ville et da peuple. — Des gardes sont placés 
aux portes de Jérusalem pour prévenir les surprises. Dans une assemblée du 
peuple, au septiéme mois, Néhémie lit la loi aux Juifs pendant la célébration 


904 II D'ESDRAS. 


de la féte des Tabernacles. Cette lecture est suivie d'un jeüne expiatoire et 
de la promesse, par serment, d'observer les prescriptions mosaiques, en par- 
ticulier pour tout ce qui regarde le culte. Divers moyens sont employés pour 
augmenter la population de Jérusalem. Les murs de la ville sont solen- 
nellement consacrés. Les événements racontés dans les deux premiéres sec- 
tions du livre de Néhémie remplissent un intervalle de douze ans, de l'an 445 à 
433 av. J.-C. 

III. Néhémie étant retourné à la cour d'Artaxercés la 32° année du règne de 
ce roi, 433 av. J.-C., en revint pour réprimer les abus qui, pendant son 
absence, s'étaient introduits par rapport au culte, aux mariages et à l'obser- 
vation de la loi. Nous ignorons combien de temps avait duré cette absence ; 
nous ignorons également comment se termina sa vie. Josèphe dit qu'il mourut 
dans un âge avancé. Le second livre des Machabées, ir, 13, nous apprend qu'il 
avait formé une bibliothéque des Livres Saints. 


[cu. 1.] 


NEHEMIAS, OU II D'ESDRAS 


3. Et ils me répondirent : Ceux 
qui sont restés et qui ont été 
laissés de la captivité là dans la 
province, sont dans une grande 
affliction et dans l'opprobre ; et 


CHAPITRE PREMIER. 


Néhémias apprend le triste état de Jé- 
rusalem. Priére qu'il adresse au Sei- 
gneur. 


1. Paroles de Néhémias, fils de 
Helchias. Etil arriva au mois de 
Casleu, en l'année vingtième, que 
j'étais dans le cháteau de Suse. 

9. Et Hanani, un de mes freres, 
vint, lui et des hommes de Juda; 
et je les interrogeai sur ceux des 
Juifs, quiétaientrestés dela capti- 
vité, et qui vivaient encore, et 
sur Jérusalem. 


le mur de Jérusalem est tombé, 
et ses portes ont été brülées au 
feu. 

4. Lorsque j'eus oui de telles 
paroles, je m'assis, je pleurai, et 
je gémis durant plusieurs jours ; 
je jeünais, et je priais devant la 
face du Dieu du ciel. 

5. Et je dis : Je vous prie, Sei- 
eneur, Dieu du ciel, fort, grand 


Cnar. 1. 5. Dan., 1x, 4. 


͵.ς-Ξ3-.----- Ῥ͵ Ἀ σατοποσοοάὦ,;...’--.- -.-‏ ו ו ווה 


1. Casleu. Voy. Y Esdr., 1x, 4. — * En l’année vingtième du règne d’Artaxerxès Lon- 
guemain, l'an 450 avant J.-C. — Suse, capitale de la Susiane, sur le fleuve Ulai. 

3. * Le mur de Jérusalem est tombé. Nous ne savons rien des quatorze années qui 
suivirent l'arrivée d'Esdras avant l'arrivée de Néhémie en Palestine. Ce verset sup- 
pose ou que dans cet intervalle les ennemis des Juifs avaient renversé les murs de 
Jérusalem et brülé ses portes, au moins en partie reconstruites, ou bien, comme 
lont dit beaucoup de commentateurs, que Néhémie croyait que la capitale de la 
Judée avait été complètement relevée de ses ruines depuis le retour de la captivité, 
et qu'il apprend avec douleur qu'elle est encore dans l'état où l'avait mise l'armée 
de Nabuchodonosor. 


C8. 11.] 


et terrible, qui gardez l'alliance 
et la miséricorde avec ceux qui 
vous aiment et qui gardent vos 
commandements, 

6. Que vos oreilles deviennent 
attentives et vos yeux ouverts 
pour entendre la prière de votre 
serviteur, que je fais aujourd'hui 
devant vous, nuit et jour, pour 
les enfants d'Israël, vos servi- 
teurs ; et je confesse les péchés 
des enfants d'Israël, par lesquels 
ils ont péché contre vous : moi 
et 18 maison de mon père, nous 
avons péché. 

7. Nous avons été séduits par 
la vanité, et nous n'avons pas 
gardé votre commandement, vos 
cérémonies, et les ordonnances 
que vous avez prescrites à Moise, 
votre serviteur. 

8. Souvenez-vous de la parole 
que vous avez confiée à Moise, 
votre serviteur, disant : Lorsque 
vous aurez transgressé, moi je 
vous disperserai parmi les peu- 
ples : 

9. Et si vous revenez à moi, 
el que vous gardiez mes pré- 
ceptes, et que vous les accom- 
plissiez, quand méme vous auriez 
été emmenés jusqu'aux extré- 
mités du ciel, je vonsrassemblerai 
delà,etje vous ramèneraiaulieu 
que j'ai choisi pour que mon nom 
y habite. 


II D'ESDRAS. 


905 

10. Et ceux-ci sont vos servi- 
teurs et votre peuple, que vous 
avez rachetés par votre grande 
force et par votre main puissante. 

11. Je vous conjure, Seigneur, 
que votre oreille soit attentive à 
la priere de votre serviteur, et à 
la prière de vos serviteurs, qui 
veulent craindre votre nom ; et 
dirigez votre serviteur aujour- 
d'hui, et donnez-lui miséricorde 
devant cet homme :car moi j'étais 
l'échanson du roi. 


CHAPITRE II. 


Néhémias obtient d'Artaxerxés la per- 
mission d'aller à Jérusalem et de la 
rebâtir. Il va à Jérusalem et exhorte 
les Juifs à en relever les murs. 


1. Orilarriva au mois de Ni- 
san, en la vingtieme année du 
rol Artaxerxes, que le vin était 
devant lui ; et je pris le vin, et je 
le donnai au roi, et j'étais comme 
languissant devant sa face. 

2. Et le roi me dit : Pourquoi 
ton visage est-il triste, quoique 
je ne te voie point malade? Ce 
n'est pas en vain, mais je ne sais 
le mal qui est en ton cœur. Et 
je craignis beaucoup et extréme- 
ment. 

3. Et je dis au roi : Roi, vivez 
éternellement. Pourquoi mon vi- 
sage ne serait-il pas triste, puis- 
que la ville, maison des tombeaux 


9. Le nom de Dieu est pris ici, comme quelquefois ailleurs, pour la majesté, l'essence 
divine, Dieu lui-méme. 

11. L'échanson du roi.— * Néhémie fait connaitre les fonctions qu'il remplissait 
auprès d'Artaxerxés pour expliquer comment il ne pouvait quitter Suse sans l'autorisation 
royale. 


1. * Au mois de Nisan, mars-avril, en la vingtiéme année, 450 avant J.-C. Comme 
ce qui est raconté au chapitre Ier s'était passé au mois de Casleu (novembre-dé- 
cembre) de la même vingtième année, il en résulte que Néhémie ne fait pas com- 
mencer l'année au mois de Nisan, selon l'ancienne coutume hébraique, mais ep au- 
tomue, selon un usage répandu en Orient. 


906 


de mes pères, est déserte, et que 
ses portes ont été brülées au feu. 

4. Et le roi me dit : Que de- 
mandes-tu ? Alors je priai le Dieu 
du ciel, 

5. Et je répondis au roi : S'il 
semble bon au roi, et si votre 
serviteur est agréable devant 
votre face, que 76 roi m'envoie 
en Judée, dans la ville du sé- 
pulcre de mon père, et je la rebà- 
tirai. 

6. Alors le roi me demanda, et 
la reine qui était assise auprès 
de lui : Jusqu'à quel temps du- 
rera ton voyage, et quand re- 
viendras-tu? Et il fut agréable 
devant la face du roi de m'en- 
voyer; et je lui marquai le temps. 

7. Puis je dis au roi : S'il sem- 
ble bon au roi, qu'il me donne 
des lettres pour les chefs de la 
contrée au delà du fleuve, afin 
qu ils me fassent conduire jusqu'à 
ce que je sois arrivé en Judée; 

8. Et une lettre pour Asaph, 
gardien de la forêt du roi, afin 
quil me donne des bois, et que 
je puisse couvrir les portes de la 
tour de la maison, et les murs 


II D'ESDRAS. 


]68. 11.) 


de la ville, et la maison dans la- 
quelle j'entrerai. Et le roi me les 
donna, à cause que la main favo- 
rable de mon Dieu était avec 
moi. 

9. Et je vins vers les chefs de 
la contrée au delà du fleuve, et 
je leur donnai les lettres du roi. 
Or le roi avait envoyé avec moi 
des princes de la milice, et des 
cavaliers. 

10. Et Sanaballat, l'Horonite, et 
Tobie, le serviteur Ammanite, 
lapprirent, et ils furent saisis 
d'une grande affliction, parce qu'il 
était venu un homme qui cher- 
chait la prospérité des enfants 
d'Israël. 

44. Et je vins à Jérusalem, et je 
fus là trois jours. 

19. Et je me levai pendant la 
nuit, et un petit nombre d'hom- 
mes avec moi, et je ne dis à per- 
sonne ce que Dieu avait mis en 
mon cœur de faire àJérusalem ; et 
je n'avais pas de béte avec moi, si 
ce n'est l'animal sur lequel j'étais 
assis. 

13. Or je sortis par la porte de 
la vallée pendant la nuit, et de- 


6. * La reine ne mangeait pas publiquement avec le roi, mais elle mangeait avec 
lui en particulier, comme nous le voyons dans le livre d'Esther et comme nous 
l'attestent les monuments anciens. — Je lui marquai le temps, douze ans, ainsi qu'il 
résulte de ce qui est dit plus loin, v, 44; xir, 6. 

8. * De la forét du roi, dans le texte original; du paradis, c'est-à-dire du pare 
royal. Divers commentateurs ont soupconné que ce parc royal était les jardins 
d'Etham, arrosés par les étangs appelés Etangs de Salomon, au sud de Jérusalem. — 
Les portes de la tour de la maison. Ces mots sont obscurs. Il s'agit ou des portes du 
parvis du Temple, ou des portes de la forteresse qui était au nord du Temple et fut 
connue du temps des Machabées, qui la reconstruisirent, sous le nom de Báris; ce 
nom rappelle celui de Biráh qu'on lit ici dans l'original et qui est traduit Báris, dans 
le grec. 

10. * Sanaballat était sans doute le chef de la Samarie. Il est appelé l'Horonite, 
parce qu'il était originaire d'Horonaim, ville moabite, ou plutót de l'une des deux 
Bethoron, la haute ou la basse, qui faisaient partie de la tribu d'Ephraim. — Tobie 
est désigné comme le serviteur Ammanile, soit parce qu'il était d'origine ammonite, 
soit parce qu'il avait été esclave chez les Ammonites. 

13. * La porte de la vallée, qui conduisait à la vallée de Benhinnom, devait être 
à l'ouest de la ville de Jérusalem, à peu près à l'endroit où est aujourd'hui la porte 


(cu. tin. ] 


vant la fontaine du dragon, et à 
la porte du fumier ; et je consi- 
dérais létmur de Jérusalem abat- 
tu, et. ses portes consumées par 
le feu. 

44. Je passai done à la porte de 
la fontaine, et àl'aquedue du roi, 
etil n'yavait pas d'endroit pour 
que la bête sur laquelle j'étais 
assis passát. 

15. Et je montai par le torrent 
pendant la nuit, et je considérais 
16 ;יטג‎ et, revenant, j'arrivai à 
la porte de la vallée, et je re- 
tournai. 

16.0rlesmagistratsnesavaient 
où j'étais allé, ni ce que je faisais; 
bien plus, aux Juifs mêmes, aux 
prètres, aux grands, aux magis- 
trats, et à ceux qui faisaient l'ou- 
vrage, je n'avais rien révélé jus- 
que là. 

11. Jeleur dis alors : Vouscon- 
naissez lafflietion dans laquelle 
nous sommes, puisque Jérusalem 
est déserte, et que ses portes ont 
été consumées par le feu : venez, 
et bâtissons les murs de Jérusa- 
lem, et ne soyons plus désormais 
un opprobre. 


it D'ESDRAS. 


907 

18. Et je leur montrai que la 
main. de mon Dieu était bonne 
pour moi, et les paroles du roi, 
qu'il m'avait adressées; et je dis : 
Levons-nous, et bâtissons. Et 
leurs mains furent affermies dans 
le bien. 

19; Or Sanaballat, l'Horonite, el 
Tobie, le serviteur Ammanite, et 
Gossem, l’Arabe, lapprirent, et 
ils nous raillerent, nous mépri- 
serent, el dirent : Qu'est-ce que 
vousfaites? Ne vousrévoltez-vous 
point contre le roi? 

20. Et jeleur rendis réponse 
et leur dis: Le Dieu du ciel lui- 
méme nous aide, et nous, nous 
sommes ses serviteurs : levons- 
nous et bátissons; mais pour vous 
il n'y a ni part, ni droit, ni souve- 
nir en Jérusalem. 


CHAPITRE III. 


Dénombrement de ceux qui travaillèrent 
à rebâtir les murs de Jérusalem. 


1. Or Eliasib, le grand prêtre, 
se leva, et ses freres, les prétres, 
et ils bâtirent la porte du trou- 
peau;eux-mêmeslasanctifièrent, 


de Jaffa. — Devant la fontaine du dragon. Cette fontaine n'est menlionnée sous ce 
nom que dans ce. passage. C'est probablement la fontaine appelée aujourd'hui 
le Bir-Eyub, à qui l'on avait donné le nom de fontaine du Dragon, au temps 
d'Esdras, à cause de quelque grand serpent qu'on avait trouvé sans doute dans son 
voisinage. — La porte du fumier ou Porte Sterquiline était au sud de Jérusalem. 


Elle existe encore sous ce nom, mais à une autre place, et conduit à la vallée d'Hin- 


nom. On y voit aussi beaucoup de fumier dans les environs. Voir, pour la description 
de la topographie de Jérusalem à cette époque, la note 17à la fin du volume. 

14.* A ia. porte de la fontaine. C'était probablement une porte située au sud du 
mont Sion qui menait à la Fontaine et à l'étang de Siloé. — L'aqueduc du roi est 
sans doute l’aqueduc, souterrain creusé dans le roc vif, qui conduit l'eau de la Fon- 
laine de la Vierge à la Fontaine et à l'étang de Siloé ou l'aqueduc dit inférieur. — 
Il n'y avait pas d'endroit... Le chemin était obstrué par les ruines et les décombres 
accumulés. 

15. Par le torrent du Cédron, 


1. * La porte du troupeau est la porte actuelle de Saint-Etienne ou du moins elle 
était dans le voisinage de cette derniére, au nord-est de la ville, au nord du Temple. 
C'est par là qu'on amenait au Temple les vietimes qu'on devait y immoler et aujour- 
d'hui encore les Bédouins introduisent souvent par cette porte les brebis qu'ils vont 


908 
en établirent les battants et la 
sanctifierent jusqu'à la tour de 
cent coudées, jusqu'à la tour Ha- 
nanéel. 

2. Et pres de lui bâtirent les 
hommes de Jéricho; près de lui 
aussi bátit Zachur, fils d'Amri. 

3. Quant à la porte des Pois- 
sons, ce sont les fils d'Asnaa qui 
la bátirent; eux-mêmes 18 cou- 
vrirent, et en établirent les bat- 
tants, les serrures et verrous, et 
près d'eux bátirent Marimuth, fils 
d'Urie, et les fils de Accus. 

4. Pres de lui bâtit Mosollam, 
fils de Barachias, fils de Mésézé- 
hel; et pres d'eux bâtit Sadoc, fils 
de Baana. 

5. Et pres d'eux bátirent les Thé- 
cuens; mais les grands d'entre 
eux ne soumirent pas leurs cœurs 
dans l'ouvrage de leur Seigneur. 

6. Mais la porte ancienne, ce 
sont Joiada, fils de Phaséa, et Mo- 
sollam, fils de Bésodia, qui Ja bà- 
tirent; eux-méines la couvrirent, 
et en établirent les portes, les 
serrures et les verrous. 

7. Et près d'eux bátirent Mel- 
tias le Gabaonite, et Jadon le Mé- 
ronathite, hommes de Gabaon et 


It D'ESDRAS. 


(cu. ur] 


de Maspha, pour le chef qui était 
dans la contréé au delà du fleuve. 

8. Et pres de lui bâtit Eziel, fils 
d'Araia, orfévre ; et près de lui 
bâtit Ananias, fils du parfumeur; 
et ils laisserent Jérusalem jus- 
qu'au mur de la rue large. 

9. Et pres de lui bâtit Raphaïa, 
fils de Hur, prince d'un bourg de 
Jérusalem. 

10. Et près de lui bâtit Jédaïa, 
fils d'Haromaph, contre sa mai- 
son; et pres de lui bâtit Hattus, 
fils d'Hasébonia. 

11. Melchias, fils de Hérem; et 
Hasub; fils de Phahath-Moab, bà- 
lirent la moitié de la rue et la 
tour des fours. 

12. Et pres de lui bâtit Sellum, 
fils d'Alohés, prince de la moitié 
d'un bourg de Jérusalem, lui et 
ses filles. 

13. Pour la porte de la vallée, 
Hanum la bátitavee les habitants 
de Zanoé : eux-mémes la bátirent 
et en établirent les battants, les 
serrures, les verrous, et mille 
coudées dans le mur jeu la 
porte du fumier. 

14. Mais la porte du füiniditi 
Melchias, fils de Réchab, prince 


vendre dans la ville. — La tour de cent coudées, 


en hébreu la tour Hamméah, dont 


le nom signifie cent. Elle devait étre située entre la porte du troupeau et l'angle 
nord-ouest de la ville. — La tour Hananéel était placée entre l'angle nord-est et 
l'angle nord-ouest du mur de Jérusalem. 

2. * Les hommes de Jéricho... Ce verset et les suivants énumèrent les noms ou 
le lieu d'origine de ceux qui contribuërent à la rééditfication des murailles de la 
ville, en commencant par les habitants de Jéricho. 

3. ' La porle des Poissons tirait vraisemblablement son nom du voisinage du 
marché aux poissons, oü les Tyriens vendaient du poisson de mer, comme il est dit 
plus loin, xiu, 16. Cette porte est aussi mentionnée xi, 39; II Paral., xxxum, 14 et 
Sophonie, 1, 10. Sa position n'est pas connue avec certitude, mais on peut supposer 
qu 'elle était au nord de la ville. 

5. Ne soumirent pas, etc.; c'est-à-dire ne voulurent pas se soumettre, s'abaisser 
jusqu'à travailler, etc. 

6. * La porte ancienne, à l'angle nord-est. 

1. Pour le chef; hébr. pour le tróne, ou le siége, le tribunal du gouverneur. 

8. Et ils laissérent, etc.; ils ne bâtirent pas la partie de Jérusalem qui s'étendait 
jusqu'au mur. ete., parce qu'elle n'avait pas été détruite, , 


(ca. ur] 


du boi rg de Bethacharam, la bà- 
tit;lui-méme la bátit, et en établit 
les baitants, les serrures et les 
VeITOLS. 

15. Et la porte de la fontaine, 
Sellum, fils de Cholhoza, prince 
du village de Maspha, la bâtit ; 
lui-même la bâtit, la couvrit et en 
établit les battants, les serrures et 
les verrous, ainsi que les murs de 
la piscine de Siloé, jusqu'au jar- 
din du roi, et jusqu'aux degrés qui 
descendent de la cité de David. 

16. Apres lui bâtit Néhémias, 
fils d'Azboc, prince de la moitié 
du bourg de Bethsur, jusgu'en 
face du sépulcre de David, jus- 
qu'à la piscine qui a été construite 
avec un grand travail, et jusqu'à 
la maison des forts. 

11. Après lui bâtirent les Lé- 
vites, Réhem, fils de Benni; 
apres lui bàtit Hasébias, prince de 
la moitié du bourg 6₪6 dans 
son bourg. 

18. Après lui bâtirent leurs 
freres, Bavai, fils d'Enadad, prince 
de la moitié de Céila. 

19. Et prés de lui Azer, fils de 
Josué, prince de Maspha, bâtit la 
seconde mesure contre la montée 
de l'angle le plus fort. 

20. Aprés lui, Baruch, fils de 
Zachai, bâtit la seconde mesure 
sur la montagne, depuis l'angle 
jusquà la porte de la maison 
d'Eliasib, le grand prétre. 


II D'ESDRAS. 


909 


21. Apres lui Mérimuth, fils 
d'Urie, fils de Haccus, 281) la se- 
conde mesure depuis la porte 
de la maison d'Eliasib, aussi loin 
que s'étendait la maison d'É- 
liasib. 

22. Et apres lui bátirent les 
prétres, hommes des plaines du 
Jourdain. 

23. Après lui bâtit Benjamin, 
et Hasub contre sa maison; et 
près de lui bâtit Azarias, fils de 
Maasias, fils d'Ananias, contre sa 
maison. 

24. Après lui, Bennui, fils de 
Hénadad, bâtit la seconde me- 
sure, depuis la maison d'Azarias 
jusquau tournant et jusqu'à 
l'angle; 

95. Phalel, fils d'Ozi, contre le 
tournant et la tour qui, élevée, 
avance hors dela maison du roi, 
c'est-à-dire dans le parvis de la 
prison; aprés lui, Phadaia, fils de 
Pharos. 

26. Mais les Nathinéens habi- 
taient à Ophel, jusqu'en face de 
la porte des eaux, vers l'orient, 
et de la tour qui avancait au 
dehors. 

27. Après lui, les Thécuens bà- 
tirent un second espace vis-à-vis, 
depuis la tour grande et haute. 
jusqu'au mur du temple. 

28. Mais en haut, depuis la 
porte des chevaux, les prétres bà- 
tirent, chacun contre sa maison ; 


15. * Les murs de la piscine de Siloé. Sur la piscine de Siloé, voir la note de 


Jean, 1x, 11. 


16. * Bethsur. Voir IT Paralipoménes, xi, 1. — La piscine qui a élé construite avec 
un grand travail et Jusqu'à la maison des forts. La Vulgate a traduit iciles noms 
propres, celui de la piscine qui s'appelait Asouiah, et celui de Beth-Gibborim, 


22. Hommes; hébraisme, pour habitants. 


26. * Ophel. Voir 11 Paralipoménes, xxvii, 3. — La porte des eaux, à l'est de Jéru- 


salem. 


28. * Depuis la porte des chevaux, à l'est du côté du Temple, 


910 

29. Après eux, Sadoc, fils d'Em- 
mer, bâtit contre sa maison. Et 
apres lui bátit Sémaia, fils de Sé- 
chénia, garde de la porte orien- 
tale. 

30. Apres lui, Hanania, fils de 
Sélémia, et Hanun, sixieme fils 
de Séleph, bâtirent un second 
espace; après lui, Mosollam , fils 
de Barachias, bâtit contre sa tré- 
sorerie. Apres lui bâtit Melchias, 
fils de l'orfévre, jusqu'à la mai- 
son des Nathinéens et de ceux 
qui vendaient des hardes, contre 
la porte des juges, et jusqu'à la 
chambre de l'angle. 

31. Et entre la chambre de 
l'angle, à la porte du troupeau, 
bâtirent les orfévres et les mar- 
chands. 


CHAPITRE IV. 


Les ennemis des Juifs veulent les empé- 
cher de rebâtir les murs de Jérusalem. 
Ordre que Néhémias donna pour se 
garantir de leur violence. 


1. Or il arriva que lorsque Sa- 
naballat eut appris que nous bà- 
tissions le mur, il fut tres irrité, 
et, extrémement ému, il raillales 
Juifs, 

9. Et dit devant ses freres et 
une grande foule de Samaritains : 
Que font ces Juifs imbéciles? 
Est-ce que les nations les laisse- 
ront faire? Est-ce qu'ils sacri- 
fieront et achèveront en un seul 
jour? Est-ce qu'ils pourront bátir 
en tirant d'entre des monceaux 


D'ESDRAS.‏ זו 


(cu. 1v.] 


de poussière les pierres qui ont 
été brülées? 

3. Mais méme Tobie, l'Amma- 
nite, qui était près de lui, dit : 
Qu'ils bátissent; et si un renard 
monte, il franchira leur mur de 
pierre. 

4. Ecoutez, ὃ notre Dieu, parce 
que nous sommes devenus un 
objet de mépris, détournez l'op- 
probre sur leur téte, et livrez-les 
au mépris dans une terre de cap- 
tivité. 

9. Ne couvrez point leur ini- 
quité, et que leur crime ne soit 
point effacé de devant votre face; 
car ils ont raillé ceux qui bâtis- 
saient. 

6. C'est pourquoi nous bátimes 
le mur; et nous unimes le tout 
jusqu'à la moitié, et le cœur du 
peuple fut excité à travailler. 

7. Or il arriva que lorsque Sa- 
naballat, Tobie, les Arabes, les 
Ammanites, et ceux d'Azot, eu- 
rent appris que les crevasses du 
mur de Jérusalem étaient bou- 
chées, et que les brèches com- 
mencaient à étre fermées, ils fu- 
rent extrémement irrités ; 

8. Et ils s'assemblerent tous à 
la fois pour venir et combattre 
contre Jérusalem, et nous dresser 
des embüches. 

9. Et nous priâmes notre Dieu, 
et nous mimes des gardes sur le 
mur, jour et nuit, contre eux. 

10. Or Juda dit : Elle est af- 
faiblie, la force de celui qui 


30. Sa trésorerie; c'est-à-dire le logement qu'il occupait comme trésorier. — * La 
porte des Juges. Les Septante ont traduit la porte Maphekad. Ce n'était pas une porte 
de la ville, mais du temple. — La chambre de l'angle était la salle haute d'une tour 
située probablement à l'angle sud-est, à l'endroit où se terminait le mur d'Ophel. 

31. * À la porte du troupeau. C'est là qu'on avait commencé à bâtir, comme le dit 
le premier verset du chapitre. Le mur était donc ainsi complet autour de la ville. 


10. De celui qui porte; de ceux qui portent la terre et les pierres. 


(cn. 1v.) 
porte; il y a trop de terre et 
nous ne pourrons pas bâtir le 
mur. 

11. Et nos ennemis ont dit : 
Qu'ils ne sachent pas, mais qu'ils 
ignorentle moment oü nous vien- 
drons au milieu d'eux, où nous 
les tuerons, et oü nous ferons 
cesser l'ouvrage. 

19. Mais il arriva que les Juifs 
qui habitaient pres d'eux étant 
venus vers nous et nous l'ayant 
dit par dix fois, de tous les lieux 
d'oü ils étaient venus vers nous, 

13. Je plaçai dans l'endroit, 
derriere le mur, tout autour, le 
peuple en ordre, avec leurs glai- 
ves, leurs lances et leurs arcs. 

14. Alors je regardai attentive- 
ment, puis je me levai, et je dis 
aux grands, aux magistrats et au 
reste du peuple: Ne craignez point 
devant eux. Souvenez-vous du 
Seigneur, le grand et le terrible, 
et combattez pour vos frères, vos 
fils, vos filles, vos femmes et vos 
maisons. 

15. Or il arriva que, lorsque 
nos ennemis apprirent que nous 
avions été avertis, Dieu dissipa 
leur 608611 ; et nous retournàmes 
tous aux murs, chacun à son ou- 
vrage. 

16. Et il arriva que, depuis ce 
jour-là, la moitié des jeunes hom- 
mes faisait l'ouvrage, et l'autre 
moitié était préte au combat; et 
les lances et les boucliers, et les 
arcs etles cuirasses, etles princes, 


II D'ESDRAS. 


911 
étaient derriere eux, dans toute 
la maison de Juda; 

11. La moitié de ceux qui bà- 
tissaient au mur, qui portaientles 
fardeaux, et qui les chargeaient, 
faisait d'une main l'ouvrage, et 
de l'autre tenait le glaive; 

18. Car chacun de ceux qui bâ- 
tissaient était ceint de son épée 
aux reins. lls bátissaient donc, et 
ils sonnaient de la trompette au- 
pres de moi, 
| 19. Et je dis aux grands, aux 
magistrats et au reste du peuple: 
L'ouvrage estgrand et delongue 
étendue, et nous sommes sé- 
parés sur le mur, loin l'un de 
l'autre ; 

20. En quelque lieu que vous 
entendiez le son de la trompette, 
accourez-y vers nous, notre Dieu 
combattra pour nous. 

21. Et nous-mémes faisons 
l'ouvrage; et que la moitié de 
nous tienne la lance, depuis l'as- 
cension de l'aurore jusqu'à ce 
que sortent les astres. 

22. En ce temps-là aussi je dis 
au peuple : Que chacun, avec son 
serviteur, reste au milieu de Jé- 
rusalem; et remplacons - nous 
pendant la nuit et le jour pour 
travailler. 

23. Or, moi, mes freres et mes 
serviteurs, et les gardes qui 
étaient derriere moi, nous ne 
quittions point nos vétements, et 
chacun se dépouillait seulement 
pour se laver. 


11. De ceux qui bátissaient, etc. On ne peut expliquer ces participes mis au génitif 
dans la Vulgate qu'en les considérant comme suppléments du mot /a moitié, qui se 
trouve dans le verset précédent, et qui est en méme temps sujet des singuliers 
faisait, lenait, car, sans cette supposition, ces singuliers deviennent eux-mêmes 


inexplicables. ' 


23. Pour se laver, par un motif de propreté, ou de soumission à la loi, qui imposait 


des purilications en certaines circonstances, 


912 


CHAPITRE V. 


Murmures des pauvres contre les riches. 
Exhortations de Néhémias aux riches. 
Son désintéressement. 


1. Alors il se fit une grande 
clameur du peuple et de ses 
femmes contre leurs freres, les 
Juifs. 

2. Et il y en avait qui disaient: 
Nos fils et nos filles sont en trop 
grand nombre; recevons du blé 
pour le prix que nous en retire- 
rons, mangeons et vivons. 

3. Et il y en avait qui disaient : 
Engageons nos champs, nos 
vignes et nos maisons, et rece- 
vons du blé contre la famine. 

4. D'autres disaient encore : 
Empruntons de l'argent pour les 
tributs du roi, et engageons nos 
champs et nos vignes. 

9. Et pourtant, comme est la 
chair de nos freres, ainsi est 
notre chair, et comme sont leurs 
fils, de méme aussi nos fils. 
Voilà que nous, nous réduisons 
nos fils et nos filles en servitude; 
il y ἃ de nos filles esclaves, et 
nous n'avons pas de quoi nous 
puissions les racheter; et quant 
à nos champs et à nos vignes, 
des étrangers les possèdent. 

6. Et je fus extrémement irrité 
quand j'ouis leur clameur selon 
ces paroles : 

7. Et mon cœur réfléchit en 
moi; je fis des reproches aux 
grands et aux magistrats, el je 
leur dis : Exigez-vous l’usure de 


il D'ESDRAS. 


[cu. v.] 
vos freres? Et je réunis contre 
eux une grande assemblée, 

8. Et je leur dis: Nous avons 
racheté, comme vous le savez, 
les Juifs nos freres, qui avaient 
été vendus aux Gentils, selon que 
nous lavons pu; et vous, vous 
vendrez donc vos freres, et nous 
les racheterons? Et ils se turent, 
et ils ne trouvèrent rien à ré- 
pondre. 

9. Et je leur dis : Ce n'est pas 
bien ce que vous faites; pour- 
quoi ne marchez-vous pas dans 
la crainte de notre Dieu, afin 
quil ne nous soit point fait de 
reproches par les nations qui 
nous sont ennemies? 

10. Pour moi, et mes freres et 
mes serviteurs, nous avons prété 
au grand nombre de l'argent et 
du blé : soyons unanimes à ne 
point le redemander, et concé- 
dons l'argent étranger qui nous 
est di... 

11. Rendez -leur aujourd'hui 
leurs champs et leurs vignes, 
leurs plants d'oliviers et leurs 
maisons : bien plus, mêmx le 
centieme de l'argent, du blé, du 
vin et de l'huile que vous avez 
coutume d'exiger d'eux, donnez- 
le pour eux. 

19. Et ils répondirent : Nous 
les rendrons, et nous ne leur 
demanderons rien, et nous fe- 
rons ainsi que vous dites. Alors 
jappelai les prétres, et les adju- 
rai de faire selon ce que j'avais 
dit. 


|. Contre leurs frères, les Juifs, qui, étant riches, ne leur donnaient aucun secours. 
4. Engageons; c'est ce verbe, exprimé au verset précédent qui gouverne les accu- 


satifs domus, etc., de la Vulgate. 


11. Donnez-le pour eux. En dédommagement des usures que vous exigez d'eux, 
payez pour eux le centième de l'argent, etc., qu'ils doivent payer au roi, comme 


tribut. 


708. VI.] 


13. De pius, je secouai mon 
vêtement, et je dis : Que Dieu 
secoue ainsi, hors de sa maison 
et de ses travaux, tout homme 
qui n'aura point accompli cette 
parole; qu'il soit ainsi secoué et 
dénué de tout. Et toute la multi- 
tude dit : Amen. Et ils louèrent 
Dieu. Le peuple fit donc comme 
il avait élé dit. 

14. Or depuis le jour oü le roi 
m'avait ordonné d'étre chef dans 
la terre de Juda, depuis l'an 
vingt jusqu'à l'an trente-deux du 
roi Artaxerxes, pendant douze 
ans, moi et mes freres nous n a- 
vons pas mangé les vivres qui 
étaient dus aux chefs. 

15. Mais les premiers chefs qui 
avaient été avec moi surchar- 
gerent le peuple, et recurent de 
lui, en pain, en vin et en argent, 
quarante sicles chaque jour; et 
méme leurs serviteurs oppri- 
maient le peuple. Mais moi, je 
n'ai point fait ainsi, à cause de la 
crainte de Dieu; 

16. Bien plus, j'ai travaillé à 
laréparation du mur, je n'ai pas 
acheté de champ, et tous mes 
serviteurs étaient assemblés pour 
le travail. 

17. Les Juifs aussi et les magis- 
trats, cent cinquante hommes, 
et ceux qui venaient à nous des 
nauons qui sont autour de nous, 
élaient à ma table. 

18. Or on m'apprétait tous les 
jours un bœuf, six béliers choi- 
sis, sans compter les volailles; 


II D'ESDRAS. 913 


et tous les dix jours je donnais 
des vins divers, et beaucoup 
d'autres choses : de plus, je n'ai 
pas méme demandé les vivres 
dus à ma charge de chef; car le 
peuple était fort appauvri. 

19. Mon Dieu, souvenez-vous 
de moi en bien, selon tout ce que 
jài fait à ce peuple. 


CHAPITRE VI. 


Les ennemis des Juifs s'efforcent inutile- 
ment de surprendre et d'intimider Né- 
hémias. Il achéve les murs de Jérusa- 
lem. 


1. Or il arriva que lorsque Sa- 
naballat, Tobie, Gossem l'Arabe, 
et tous nos autres ennemis, eu- 
rent appris que j'avais bâti le 
mur, et qu'il n'y restait plus de 
brèche (jusqu'à ce temps-là, ce- 
pendant, je n'avais pas mis les 
battants aux portes), 

2. Sanaballat et Gossem en- 
voyèrent vers moi, disant: Viens, 
et faisons alliance ensemble dans 
les petits bourgs, dans la cam- 
pagne d'Ono. Mais ils songeaient 
à me faire du mal. 

3. Je leur envoyai donc des 
messagers, disant : Je fais un 
grand travail; ainsi je ne puis 
descendre, de peur quil ne soit 
négligé lorsque j'irai et descen- 
drai vers vous. 

4. ΟΥ 115 renvoyerent vers moi, 
d'après cette parole, par quatre 
fois, et je leur répondis selon 8 
premiere parole. 

9. Alors Sanaballat m'envoya, 


13. Mon vétement. Le terme hébreu aussi bien que le mot latin de la Vulgate signi- 
fie proprement sein, poitrine, et par extension la partie du vétement qui les couvre. 
14. * Depuis lan vingt jusqu'à l’un trente-deur du roi Artaxerxes, de 450 à 438 


avant J.-C. 


2.* Dans la campagne d'Ono, dans la tribu de Benjamin, au nord de Jérusalem. 


A. T. 


8 


914 
pour la cinquieme fois, son ser- 
viteur, qui avait en sa main une 
lettre écrite en ces termes : 

6. PARMI LES NATIONS, On à appris, 
et Gossem a dit, que toi et les 
Juifs vous songez à vous révolter, 
que pour celà tu bátis le mur, 
que tu veux t'élever jusqu'à étre 
roi sur eux, et que pour ce mo- 


tif, 


7. Tu as même aposté des pro- 
phètes pour t'annoncer dans Jéru- 
salem, disant : Il y a un roi en 
Judée. Le roi va apprendre ces 
choses; e'estpourquoi viens main- 
tenant, afin que nous tenions con- 
seil ensemble. 

8. Et j'envoyai vers eux disant: 
I n'a pas été fait selon ces pa- 
roles que tu dis; mais c'est dans 
ton cœur que tu inventes toi- 
méme ces choses. 

9. Car tous ces gens nous épou- 
vantaient, pensant que nos mains 
cesseraient le travail et que nous 
nous reposerions. Pour ce motif, 
je fortifiai davantage mes mains. 

10. J'entrai ensuite secrétement 
dans la maison de Sémaia, fils de 
Dalaia, fils de Métabéel, et il me 
dit : Consultons entre nous dans 
la maison de Dieu, au milieu du 
temple, et fermons les portes de 
la maison, parce qu'ils doivent ve- 
nir pour te tuer, et c'est dans la 


II D'ESDRAS. 


(cu. vi.] 
nuit qu'ils doivent venir pour te 
détruire. 

11. Et je répondis : Est-ce que 
quelqu'un semblable à moi fuit? 
Et quel homme comme moi en- 
trera dans le temple et vivra? Je 
n'y entrerai pas. 

12. Et je compris que Dieu ne 
l'avait pas envoyé, mais qu'il m'a- 
vait parlé en feignant d'étre pro- 
phète, et que Tobie et Sanaballat 
l'avaient gagné; 

13. Car il avait reçu un salaire, 
afin que j'agisse et, épouvanté, 
je péchasse, et qu'ils eussent un 
mal à me reprocher. 

14. Souvenez-vous de moi, Sei- 
gneur, en considérant ces œuvres 
de Tobie et de Sanaballat; mais 
souvenez-vous aussi de Noadie, 
le prophète, et de tous les autres 
prophétes qui m'épouvantaient. 

15. Or le mur fut achevé le 
vingt-cinquième jour du mois 
d'Elul, en cinquante-deux jours. 

16. Il arriva donc, lorsque tous 
nos ennemis l'eurent appris, que 
toutes les nations qui étaient au- 
tour de nous craignirent et furent 
consternées en elles-mémes, et 
qu'elles reconnurent que c'était 
par Dieu qu'avait été fait cet ou- 
vrage. 

17. Mais, de plus, en ces jours- 
là, beaucoup de lettres des prin- 


9. Je forlifiai, etc., c'est-à-dire, je me suis appliqué au travail avec encore plus de 
courage et plus d'ardeur. , 

10. Sémaia, était de la race sacerdotale (I Paral., xxiv, 18); mais un faux prophète, 
vendu à Sanaballat et aux Samaritains (vers. 12). 

11. Semblable à moi; un chef du peuple comme moi. — Et quel homme, étant 
laïque, comme moi, pourrait entrer dans le temple, sans être puni de mort pour sa 
témérité? Ceux qui prétendent que Néhémias était prétre entendent ainsi ce passage: 
Quel homme dans ma position chercherait à se réfugier dans le temple pour sauver 
sa vie? 

14. En considérant, etc.; littér. : Eu égard à Tobie et à Sanabullat, selon leurs 
œuvres lelles. 

15. Elu! commençait à la nouvelle lune d'août. 


CH. vir.] 
cipaux des Juifs étaient envoyées 
àTobie,et Tobie leur en adressait, 

18. Car il y en avait beaucoup 
en Judée qui lui avaient prété ser- 
ment, parce qu'il était gendre de 
Séchénias, fils d'Aréa, et que Jo- 
hanan, son fils, avait épousé la 
fille de Mosollam, fils de Bara- 
chias, 

19. Et ils le louaient méme de- 
vant moi, et lui rapportaient mes 
paroles; et Tobie envoyait des 
lettres pour m'épouvanter. 


CHAPITRE VII. 


Néhémias établit des gardes dans Jéru- 
salem. Recensement des Juifs qui 
étaient venus avec Zorobabel. Offrande 
faite au temple. 


1. Or, après que 16 mur fut cons- 
truit , et que j'eus posé les bat- 
tants, et que jeus recensé les 
portiers, les chantres et les Lé- 
vites, 

9. J'ordonnai à Hanani, mon 
frère, et à Hananias, prince de la 
maison de Jérusalem (car lui me 
paraissait comme un homme vrai, 
et craignant Dieu plus que les 
autres), 

3. Et je leur dis : Que les portes 
de Jérusalem ne soient point ou- 
vertes jusqu'à la chaleur du soleil. 
Et, comme ils étaient encore pré- 
sents, les portes furent fermées 
et barrées, et je mis pour gardes 
les habitants de Jérusalem, cha- 
cun à son tour, et chacun contre 
sa maison. 

4. Or la cité était trés large et 
très grande, etle peuplepeunom- 


II D'ESDRAS. 915 


breux au milieu d'elle, et il n'y 
avait point de maisons báties. 

9. Et Dieu mit en mon cœur 
d'assembler les grands, les magis- 
trats et le peuple, pour les recen- 
ser; et je trouvaile livre du re- 
censement de ceux qui étaient 
montés la premiere fois, et il fut 
trouvé écrit en ce livre : 

6. Ceux-ci sont les fils de la 
province qui monterent de la cap- 
üvité des émigrants, quavait 
transportés Nabuchodonosor, roi 
de Babylone, et qui retournèrent 
à Jérusalem et dans la Judée, 
chacun dans sa ville. 

7. Geux qui vinrent avec Zoro- 
babel, sont Josué, Néhémias, Aza- 
rias, Raamias, Nahamani, Mardo- 
chée, Belsam, Mespharath, Bé- 
goai, Nahum, Baana. Nombre des 
hommes du peuple d'Israél : 

8. Les fils de Pharos, deux mille 
cent soixante-douze ; 

9. Les fils de Saphatia, trois 
cent soixante-douze ; 

10. Les fils d'Aréa, six cent cin- 
quante-deux ; 

11. Les fils de Phahath-Moab, 
fils de Josué, et ceux deJoab,deux 
mille huit cent dix-huit ; 

19. Les fils d'Elam, mille deux 
cent cinquante-quatre ; 

13. Les fils de Zéthua, huit cent 
quarante-cinq ; 

14. Les fils de Zachai, sept cent 
soixante ; 

15. Les fils de Bannui, six cent 
quarante-huit ; 

16. Les fils de Bébai, six cent 
vingt-huit ; 


Cuar. VII. 1. Eccli., xxix, 15. --:6. I Esdr., n1, 4, 


5. D'assembler; littér. et par hébraisme, e£ j'assemblai. 
6. Les fils de lu province, ete. Voy. I Esdr., n, 1. 
8. Voy. pour ce verset et les suivants, 1 Esdr., 11, 3. 


910 Ii. D'ESDRAS. 


47. Les fils d'Azgad, deux mille 
lrois cent vingt-deux ; 

18. Les fils d'Adonicam, six cent 
soixante-sept; 

19. Les fils de Béguai, deux 
mille soixante-sept ; 

20. Les fils d'Adin, six cent cin- 
quante-cinq ; 

21. Les fils d'Ater, fils d'Hézé- 
cias, quatre-vingt dix-huit ; 

22. Les fils de Hasem, trois cent 
vingt-huit ; 

23. Les fils de Bésai, trois cent 
vingt-quatre ; 

24. Les fils de Hareph, cent 
douze ; 

25. Les fils de Gabaon, quatre- 
vingt-quinze ; 

90. Les fils de Bethléhem et 
de Nétupha, cent quatre-vingt- 
huit; 

97. Les hommes d'Anathoth, 
cent vingt-huit ; 

98. Leshommes de Bethazmoth, 
quarante-deux ; 

29. Les hommes de Cariathia- 
rim, de Céphira et de Béroth, sept 
cent quarante-trois ; 

30. Les hommes de Rama et de 
Géba, six cent vingt et un ; 

31. Les hommes de Machmas, 
cent vingt-deux ; 

32. Les hommes de Béthel et de 
Hai, cent vingt-trois ; 

39. Les hommes d'un autre 
iNébo, cinquante-deux ; 

34. Les hommes d'une autre 
Elam, mille deux cent cinquante- 
quatre ; : 

95. Les fils de Harem, trois cent 
vingt; 

36. Les fils de Jéricho, trois cent 
auarante-cinq ; 


(cH. vir.] 


31. Les fils de Lot, de Hadid et 
d'Ono, sept cent vingt et un ; 

38. Les fils de Sénaa, trois milie 
neuf cent trente. 

39. Les prêtres :les fils d'Idaia, 
en la maison de Josué, neuf cent 
soixante-treize ; 

40. Les fils d'Emmer, mille cin- 
quante-deux ; 

41. Les fils de Phashur, mille 
deux cent quarante-sept; 

42. Les fils d'Arem, mille dix- 
sept. Les Lévites : 

48. Les fils de Josué et de Ced- 
mihel, fils 

44. D'Oduia, soixante-quatorze. 
Les chantres : 

49. Les fils d'Asaph, cent qua- 
rante-huit. 

46. Les portiers : les fils de 
Sellum, les fils d'Ater, les fils de 
Telmon, les fils d'Accub, les fils 
de Hatita, les fils de Sobai, cent 
trente-huit. 

A1. Les Nathinéens : les fils de 
Soba, les fils de Hasupha, les fils 
de Tebbaoth, 

48. Les fils de Céros, les fils de 
Siaa, les fils de Phadon, les fils 
de Lébana, les fils de Hagaba, les 
fils de Selmai, 

49. Les fils de Hanan, les fils 
de Geddel, les fils de Gaher, 

50. Les fils de Raaia, les fils de 
Rasin, les fils de Nécoda, 

51. Les fils de Gézem, les fils 
d'Asa, les fils de Phaséa, 

52. Les fils de 20881, les fils de 
Munim, les fils de Néphussim, 

53. Les fils de Bacbuc, les fils 
de Hacupha, les fils de Harhur; 

54. Les fils de Besloth, les fils 
de Mabida, les fils de Harsa, 


33. D'un aulre Nébo; c'est-à-dire différente de l'autre ville de Nébo, mentionnée 


dans les Noinbres, xxxu, 3; 19206, xv, 2, etc. 


(cg. vu] 


55. Lesfils de Bercos, les fils de 
Sisara, les fils de Théma, 

56. Les fils de Nasia, les fils de 
Hatipha, 

51. Les fils des serviteurs de Sa- 
lomon, les fils de Sothai, les fils 
de Sophéreth, les fils de Pharida, 

58. Les fils de Jahala, les fils de 
Darcon, les fils de Jeddel, 

59. Les fils de Saphatia, les fils 
de Hatil, les fils de Phochéreth, 
qui était né de Sabaim, fils 
d'Amon. 

60. Tous les Nathinéens et les 
fils des serviteurs de Salomon 
étaient trois cent quatre-vingt- 
douze. 

61. Mais ceux qui montèrent de 
de Thelmela, Thelharsa, Chérub, 
Addon et Emmer, et qui ne 
purent faire connaitre la maison 
de leurs pères et leur race, s'ils 
étaient d'Israël, sont : 

62. Les fils de Dalaia, les fils 
de Tobie, les fils de Necoda, six 
cent quarante-deux. 

63. Et d'entre les prétres, les 
fils de Habia, les fils d'Accos, les 
fils de Berzellai, qui prit une 
femme d'entre les filles de Ber- 
zellaï, 16 Galadite ; et il fut appelé 
de leur nom. 

64. Ceux-ci chercherent leur 
écrit au recensement et ne le 
trouvèrent pas, et ils furent re- 
jetés du sacerdoce. 

65. Et Athersatha leur dit qu'ils 
ne mangeraient point de choses 
très saintes, jusqu'à ce qu'il s'éle- 
verait un prêtre instruitet éclairé. 


II D'ESDRAS. 917 


66. Toute la multitude était 
comme un seul homme, au nom- 
bre de quarante-deux mille trois 
cent soixante, 

67. Sans leurs serviteurs et 
leurs servantes, qui étaient sept 
mille trois cent trente-sept; et 
parmi eux les chantres et les 
chanteuses, deux cent quarante- 
cinq; 

68. Leurs chevaux, sept cent 
trente-six ; leurs mulets, deux 
cent quarante-cinq ; 

69. Leurs chameaux, quatre 
cent trente-cinq; leurs ânes, six 
mille sept cent vingt. 

Jusqu'ici on a rapporté ce qui était 
écrit dans le mémoire du déenombrement ; 
dans ce qui suit, c'est l'histoire de Néhé- 
mias que l'on fait. 

10. 0r quelques-uns des princes 
des familles contribuèrent à l'ou- 
vrage. Athersatha donna au 
trésor mille drachmes d'or, cin- 
quante fioles, et cinq cent trente 
tuniques sacerdotales, 

11. Et des princes des familles 
donnèrent au trésor de l’œuvre 
vingt mille drachmes d'or et deux 
mille deux cents mines d'argent. 

12. Et ce que le reste du peuple 
donna fut vingt mille drachmes 
d'or, deux mille mines d'argent, 
et soixante-sept tuniques sacer- 
dotales. 

13. Et les prêtres, les Lévites, 
les portiers, les chantres, le reste 
du peuple, les Nathinéens et tout 
Israël, habiterent dans leurs 
villes. 


61. Thelharsa, etc. Voy. I Esdr., n, 59. 
64. * Leur écrit, leur inscription. 


65. Sur Athersatha, et de choses très saintes. Voy. 1 Esdr., τι, 63. 

69. Cette parenthèse ne se trouve ni dans l'hébreu, ni dans aucune autre des an- 
ciennes versions. Il y a de bons manuscrits latins qui ne 1» »ortent pas, d'autres 
la lisent à la marge. — Jusqu'ici, c'est-à-dire depuis le vers. 6, jusqu'au vers. 69. 


918 


CHAPITRE VIII. 


Esdras lit la loi devant le peuple. Célé- 
bration de la féte des tabernacles. 


1. Et le septieme mois était ve- 
nu, et les enfants d'Israél étaient 
dans leurs villes. Or tout le peu- 
ple s'assembla comme un seul 
homme dans la place qui est de- 
vant la porte des eaux; et ils di- 
rent à Esdras,le scribe, d'apporter 
le livre de la loi de Moise que le 
Seigneur avail prescrite à Israél. 

2. Esdras, le prêtre, apporta 
donc la loi au premier jour du 
septième mois devant la multi- 
tude des hommes et des femmes, 
et devant tous ceux qui pouvaient 
la comprendre. 

3. Et il lut dans 16 livre claire- 
ment, sur la place qui était de- 
vant la porte des eaux, depuis le 
matin jusqu'au milieu du jour. 
en la présence des hommes, des 
femmes et des sages; et les 
oreilles de tout le peuple étaient 
attentives à la lecture du livre. 

4. Et Esdras, le scribe, se tint 
debout sur une estrade en bois 
qu'il avait faite pour parler; et 
se tinrent aussi debout près de 
lui Mathathias, Séméia, Ania, 
Uria,Helcia et Maasia, à sa droite ; 
et, à sa gauche, Phadaia, Misaël, 
Melchia, Hasum, Hasbadana, Za- 
charie et Mosollam. 

5. Et Esdras ouvrit le livre de- 
vant tout le peuple; car il était 
élevé au-dessus de tout le peuple; 
et, lorsqu'il l'eut ouvert, tout le 
peuple se tint debout. 


1] D'ESBRAS. 


[cu. vus.) 


6. Et Esdras bénitle Seigneur 
le Dieu grand; et tout le peuple 
répondit, Amen, amen, élevant 
ses mains; et ils s'inclinerent et 
adorerent Dieu, inclinés vers la 
terre. 

7. Cependant Josué, Bani, Sé- 
rébia, Jamin, Accub, Septhai, 
Odia, Maasia, Célita, Azarias, Jo- 
zabed,Hanan, Phalaia, les Lévites, 
faisaient faire silence au peuple 
pour entendre la loi; et le peu- 
ple se tenait debout à sa place. 

Et ils lurent dans le livre de‏ .ה 
la loi de Dieu distinctement et‏ 
clairement pour que lon com-‏ 
prit; et l'on comprit lorsqu'ils‏ 
lisaient.‏ 

9. Or Néhémias (c'est Athersa- 
tha) dit, ainsi qu'Esdras, prétre 
et scribe, et les Lévites qui inter- 
prétaient la loi à tout le peuple : 
Le jour est sanctifié au Seigneur 
notre Dieu; ne vous lamentez 
pas, et ne pleurez pas; car tout 
le peuple pleurait, pendant qu'il 
entendait les paroles de la loi. 

10. Et il leur dit : Allez, man- 
gez des viandes grasses, et bu- 
vez du vin mélé de miel, et en- 
voyez des parts à ceux qui ne 
s'en sont point préparé, parce que 
cest le saint jour du Seigneur; 
et ne vous altristez point; car la 
joie du Seigneur est notre force. 

11. Or, les Lévites faisaient 
faire silence parmi tout le peuple, 
disant : Soyez en silence, parce 
que le jour est saint, et ne vous 
affligez point. 

12. C'est pourquoi tout le peu- 
ple s'en alla pour manger et 


1. Le sepliéme mois commençait à la nouvelle lune de septembre. — * La porte des 


eaux, à lest de Jérusalem. 
9. Athersatha. Voy. Y Esdr., τι, 63. 


[cH. 1x.] 
pour boire, pour envoyer des 
parts et pour faire grande ré- 
jouissance, parce qu'ils avaient 
compris les paroles qu'il leur 
avait enseignées. 

13. Et, au second jour, les prin- 
ces desfamilles de tout le peuple, 
les prétres et les Lévites, s'as- 
semblèrent auprès d'Esdras, le 
scribe, afin qu'il leur interprétât 
les paroles de la loi. 

14. 115 trouverent écrit dans la 
loi, queleSeigneuravait ordonné, 
par l'entremise de Moise, que les 
enfants d'Israél habitassent dans 
les tabernacles au jour solennel, 
au septième mois, 

15. Et qu'ils proclamassent et 
publiassent une annonce dans 
toutes leurs villes et dans Jéru- 
salem, disant Sortez sur la 
montagne, et apportez des feuil- 
les d'olivier, des feuilles du bois 
le plus beau, des feuilles de 
myrte, des rameaux de palmiers, 
et des feuilles des bois touffus, 
afin de faire des tabernacles, 
comme il est écrit. 

16. Ainsi, le peuple sortit, et 
ils en apporterent. Et ils se firent 
des tabernacles, chacun sur la 
lerrasse de sa maison, dans son 
vestibule, et dans les parvis de 
la maison de Dieu, sur la place 
de la porte des eaux et sur la 
place de la porte d'Ephraim. 

11. Toute l'assemblée de ceux 
qui étaient revenus de la capti- 
vité fitdonc des tabernacles, et ils 
habitèrent dans ces tabernacles : 


II D'ESDRAS. 


919 
or, les enfants d'Israél n'avaient 
pas fait cette féte pareillement 
depuis les jours de Josué, fils de 
Nun, jusqu'à ce jour. Ainsi, il y 
eut une allégresse tres grande. 

18. Or Esdras lut dans le livre 
de la loi de Dieu chaque jour, de- 
puis le premier jour jusqu'au 
dernier jour, et ils firent une so- 
lennité durant sept jours, et une 
réunion au huitième jour, sui- 
vant le rite. 


CHAPITRE IX. 


Pénitence du peuple. Priére que les Lé- 
vites font à Dieu. Renouvellement de 
l'alliance. 


1. Or, au vingt-quatrieme jour 
de ce mois, les enfants d'Israél 
s'assemblerent dans le jeûne, 
dans des sacs, et ayant de la terre 
sur eux. 

2. Et la race des enfants d'Is- 
raél fut séparée de tout fils 
étranger ; et ils se tinrent debout, 
et ils confessaient leurs péchés 
et les iniquités de leurs peres. 

3. Ainsi ils se leverent pour 
se tenir debout, ils lurent dans 
le volume de la loi du Seigneur 
leur Dieu quatre fois dans le jour, 
et quatre fois ils confessaient 
leurs péchés et adoraient le Sei- 
gneur leur Dieu. 

4. Or sur l'estrade des Lévites 
se leverent Josué, Bani, Ced- 
mihel, Sabania, Bonni, Sarébias, 
Bani et Chanani, et ils crierent 
avec une voix forte vers le Sei- 
gneur leur Dieu. 


————————————————————— 


1. Dans le jeüne, etc., c'est-à-dire jeünant, revétus de cilices, et ayant de la pous- 


eiére sur la tête. 


2. De tout fils étranger; hébraisme, pour de tout étranger. 
3. Ils confessaient. C'est le vrai sens de la Vulgate aussi bien que de l'hébreu. 
Seulement l'expression leurs péchés est sous-entendue ici, tandis qu'elle est exprimée 


dans le verset précédent. 


920 וז‎ D'ESDRAS. 


5. Et les Lévites Josué, Ced- 
mihel, Bonni, Hasebnia, Sérébia, 
Odaia, Sebnia, Phathahia, dirent: 
Levez-vous; bénissezle Seigneur 
votre Dieu depuis l'éternité jus- 
qu'à léternité; qu'ils bénissent 
donc le nom sublime de votre 
gloire en toute bénédiction et 
louange. 

6. C'est vous-méme, Seigneur, 
vous seul qui avez fait le ciel, et 
le ciel des cieux, et toute leur 
milice; la terre, et tout ce qui 
est en elle; les mers, et tout ce 
qui est en elles; et c'est vous qui 
vivifiez toutes choses, et l'armée 
du ciel vous adore. 

7. C'est vous-même, Seigneur 
Dieu, qui avez choisi Abram, qui 
l'avez retiré du feu des Chal- 
déens, et qui lui avez donné le 
nom d'Abraham. 

8. Et vous avez trouvé son 
cœur fidele devant vous, et vous 
avez fait avec lui alliance pour 
lui donner la terre du Chana- 
néen, de l'Héthéen, de l'Amor- 
rhéen, du Phérézéen, du Jébu- 
séen et du Gergéséen, pour la 
donner à sa postérité; et vous 
avez accompli vos paroles, parce 
que vous étes juste. 

9. Et vous avez vu l'affliction 
de nos pères en Egypte, et vous 


(βαρ. IX. 7. Genèse, xr, 31. 


(CH. Ix.] 
avez entendu leur cri sur la mer 
Rouge. 

10. Et vous avez fait éclater 
des signes et des merveilles sur 
Pharaon, et sur tous ses servi- 
leurs, et sur toutle peuple de 
ce pays; car vous avez connu 
quils avaient agi insolemment 
contre eux, et vous vous étes fait 
un nom comme il est encore en 
ce jour. 

41. Et vous avez divisé la mer 
devant eux, et ils ont passé au 
milieu de la mer à sec; et ceux 
qui les poursuivaient, vous les 
avez jetés au fond, comme une 
pierre dans de grandes eaux. 

12. Et dans une colonne de 
nuée, vous avez été leur guide 
pendant le jour, et dans une co- 
lonne de feu pendant la nuit, afin 
que leur apparüt la voie dans la- 
quelle ils entraient. 

13. Vous étes descendu aussi 
sur la montagne de Sinai, et vous 
avez parlé avec eux du haut du 
ciel; et vous leur avez donné des 
ordonnances justes et une loi de 
vérité, des cérémonies et des 
bons préceptes. 

14. Et vous leur avez montré 
votre sabbat sanctifié, et vous 
leur avez prescrit et des com- 
mandements et des cérémonies, 


5. Depuis l'éternité, etc.; de siècle en siècle, toujours. — Le nom de votre gloire; 
hébraïsme, pour votre nom glorieux. 

Du feu. Selon une tradition des Juifs, les Chaldéens voulurent faire brûler‏ .ד 
Abraham. Saint Jéróme semble avoir rejeté d'abord cette tradition comme fabuleuse,‏ 
mais il l'a adoptée plus tard. Cependant on entend communément ici par le feu des‏ 
Chaldéens, la ville Ur ou Our qui en hébreu signifie en effet feu, flamme. — Le nom‏ 
d'Abraham. ΝΟΥ. Gen., xvi, 5.‏ 

10. * Des signes et des merveilles sur Pharaon par les plaies d'Egypte, racontées 
dans l'Exode, et par tous les miracles qui accompagnèrent la sortie d'Egypte et le 
séjour dans le désert du Sinai. 

14. Vous leur avez montré, etc. Vous leur avez enseigné que le sabbat était con- 
sacré à honorer votre saint nom. à 


‘CH. [.אז‎ 


et une loi, par l'entremise de 
Moise, volre serviteur. 

15. Vous leur avez donné aussi 
un pain du ciel dans leur faim, et 
vous avez fait jaillir de l'eau d'une 
pierre pour eux, lorsqu'ils avaient 
soif; et vous leur avez dit qu'ils 
entreraient, pour la posséder, 
dans la terre sur laquelle vous 
avez levé la main, jurant que 
vous la leur donneriez. 

16. Mais eux et nos pères ont 
agi insolemment; ils ont rendu 
leur cou inflexible, et ils n'ont 
pas écouté vos commandements. 

17. Et ils n'ont pas voulu en- 
tendre, et ils ne se sont pas sou- 
venus de vos merveilles que vous 
aviez faites pour eux; ils ont 
méme rendu leur cou inflexible; 
et ils ont établi un chef, pour re- 
tourner à leur servitude comme 
par rébellion. Mais vous, Dieu 
propice. clément et miséricor- 
dieux, ayant de la longanimité 
et une abondante miséricorde, 
vous ne les avez point aban- 
donnés, 

18. Lors méme qu'ils se firent 
un veau jeté en fonte, et qu'ils 
dirent : C'est là votre Dieu qui 
vous a tirés de l'Egypte, et qu'ils 
firent de grands blasphèmes. 

19. Mais vous, dans vos misé- 
ricordes sans nombre, vous ne 
les avez point abandonnés dans 
le désert; la colonne de nuée ne 
se relira point d'eux pendant le 
jour pour les conduire dans leur 
voie, nila colonne de feu pendant 
la nuit pour leur montrer le che- 


II D'ESDRAS. 921 


min par lequelils devaient mar 
cher. 

20. Et vous leur avez donné 
votre bon esprit pour les ensei- 
gner, vous n'avez pas retiré votre 
manne de leur bouche, et vous 
leur avez donné de leau dans 
leur soif. | 

21. Pendant quarante ans vous 
les avez nourris dans le désert, et 
rien ne leur a manqué: leurs véte- 
ments ne vieillirent pas, et leurs 
pieds ne furent pas déchirés. 

22. Et vous leur avez donné des 
royaumes et des peuples, et vous 
leur avez distribué des lots, et ils 
possédèrent la terre de Séhon, et 
la terre du roi d'Hésébon, et la 
terre d'Og, roi de Basan. 

29. Et vous avez multiplié leurs 
fils comme les étoiles du ciel, et 
vous les avez conduits dans la 
terre dont vous aviez dit à leurs 
peres qu'ils y entreraient et la 
posséderaient. 

24. Et les fils sont venus, et ils 
ont possédé la terre; et vous avez 
humilié devant eux les habitants 
de cette terre, les Chananéens, et 
vous les avez livrés en leur main, 
eux et leurs rois, et les peuples 
de cette terre, pour qu'ils leur 
fissent comme il leur plairait. 

25. C'est pourquoi ils prirent 
des villes fortifiées et une terre 
fertile, et ils posséderent des mai- 
sons pleines de toute sorte de 
biens, des citernes faites par 
d'autres, des vignes, des plants 
d'oliviers, et beaucoup d'arbres 
portant des fruits; etils ont man- 


——————————————————— 


16, 11. Inflexible; qui se refuse à supporter le joug; image tirée d'un animal in- 


domptable. 


18. * Un veau jeté en fonte, 16 vean d'or. 


22. * Hésébon. Voir Nombres, xxt, 25. — Basan. Voir Nombres, xxt, 33. 


922 


gé et ils ont été rassasiés, et ils 
se sont engraissés, et ils ont 
abondé en délices par votre 
grande bonté. 

26. Mais ils vous ont provoqué 
au courroux; ils se sont retirés 
de vous; ils ont rejeté votre loi 
derrière eux, tué vos prophètes 
qui les conjuraient de revenir à 
vous, et ils ont fait de grands 
blasphèmes. 

97. Et vous les avez livrés à la 
main de leurs ennemis, qui les 
ont opprimés. Et dans le temps 
deleur tribulation,ils ont crié vers 
vous, et vous les avez entendus 
du ciel; et, selon vos miséricor- 
des sans nombre, vous leur avez 
donné des sauveurs pour les sau- 
ver de la main de leurs ennemis. 

98. Et, lorsqu'ils ont été en re- 
pos, ils ont de nouveau fait le 
mal en votre présence; et vous 
les avez délaissés dans la main 
de leurs ennemis, qui s'en sont 
rendus maitres; ils se sont en- 
suite tournés vers vous et ont 
crié vers vous, et vous les avez 
exaucés du ciel, et vous les avez 
délivrés dans vos miséricordes, 
en bien des temps divers. 

29. De plus, vous les avez pres- 
sés de venir à votre loi; mais ils 
ont agi insolemment; ils n'ont 
pas écouté vos commandements, 
et ils ont péché contre vos ordon- 
nances dans lesquelles l'homme 
qui les pratiquera, trouvera la 
vie; mais ils ont tourné l'épaule 
en arriere; ils ont rendu leur cou 


II D'ESDRAS. 


[cH. 1x.] 


inflexible, et n'ont pas écouté. 

30. Vous les avez attendus pen- 
dant bien des années, et vous les 
avez pressés par votre esprit, par 
l'entremise de vos prophètes; 
mais ils n’ont pas écouté, et vous 
les avez livrés en la main des 
peuples de la terre. 

31. Mais, dans vos miséricordes 
innombrables, vous ne les avez 
point exterminés ni abandonnés, 
parce que vous étes un Dieu de 
miséricorde et de clémence. 

39. Maintenant donc, notre 
Dieu, le grand, le fort, le terrible, 
qui gardez l'alliance et la misé- 
ricorde, ne détournez point de 
votre face tout le mal qui nous ἃ 
accablés, nous, nos rois, nos 
princes, nos prétres, nos pro- 
phètes, nos pères, et tout votre 
peuple, depuis les jours du roi 
d'Assur jusqu'à ce jour. 

33. Pour vous, vous étes juste 
dans tout ce qui vous est venu 
sur nous; car vous avez accompli 
la vérité, mais nous, nous avons 
agi avec impiété. 

34. Nos rois, nos princes, nos 
prétres et nos péres n'ont pas 
pratiqué votre loi, et n'ont pas 
écouté vos commandements et 
vos décrets que vous leur avez 
intimés. 

35. Et méme au milieu de leurs 
royaumes, et malgré la grande 
bonté que vous leur avez témoi- 
gnée, et dans la terre trés étendue 
et fertile que vous leur avez li- 
vrée, ils ne vous ont pas servi, et 


————————————————————————————————————————————————— — tu 


Des sauveurs, les juges d'Israël, qui affranchirent le peuple de l'oppression. |‏ * .דפ 
Depuis les jours du roi d'Assur, Téglathphalasar et ses successeurs qui em-‏ * .32 


menèrent les Israélites en captivité. 


33. Vous avez accompli la vérité, en réalisant vos promesses. 
35. La grande bonté, etc. D'autres traduisent conformément à l'hébreu : Ies biens 


abondants, ou l'abondance des biens. 


[cu. x.] 
ilis ne sont pas revenus de leurs 
inclinations tres mauvaises. 

36. Voilà que nous-mémes au- 
jourd'hui nous sommes esclaves, 
ainsi que la terre que vous aviez 
donnée à vos peres, afin qu'ils en 
mangeassent le pain et qu'ils 
jouissent des biens qui sont en 
elles, et nous-mémes, nous som- 
mes esclaves dans cette terre. 

91. Et ses fruits se multiplient 
pour les rois que vous avez placés 
sur nous à cause de nos péchés, 
et ils dominent sur nos corps et 
sur nos bétes, selon leur volonté, 
et nous sommes dans une grande 
tribulation. 

38. À cause donc de toutes ces 
choses, nous-mêmes nous faisons 
une alliance, nous l'écrivons, et 
nos princes, nos Lévites et nos 
prêtres la signent. 


CHAPITRE X. 


Noms des signataires de l'alliance. Divers 
règlements touchant l'observation des 
lois. 


4. Or, lessignataires furent Né- 
hémias Athersatha, fils d'Ha- 
chélai, et Sédécias, 

2. Saraïas, Azarias, Jérémie, 

3. Pheshur, Amarias, Melchias, 

4. Hattus, Sébénia, Melluch, 

5. Harem, Mérimuth, Obdias, 

6. Daniel, Genthon, Baruch, 

7. Mosollam, Abia, Miamin, 

8. Maazia, Belgai, Séméia : ceux- 
là furent les prétres. 

9. Mais les Lévites : Josué, fils 
d'Azanias ; Bennui, des fils de Hé- 
nadad, Cedmihel, 

10. Et leurs freres, Sébénia, 
Odaia, Célita, Phalaia, Hanan, 


II D'ESDRAS. 


923 

11. Micha, Rohob, Hasébia, 

19. Zachur, Sérébia, Sabania, 

13. Odaia, Bani, Baninu. 

14. Les chefs du peuple : Pha- 
ros, Phahathmoab, Elam, Zéthu, 
Bani, 

15. Bonni, Azgad, Bébai, 

16. Adonia, Bégoai, Adin, 

17. Ater, Hézécia, Azur, 

18. Odaia, Hasum, Bésai, 

19. Hareph, Anathoth, Nébai, 

20. Megphias, Mosollam, Ha- 
Zir, | 
91. Mésizabel, Sadoc, Jeddua, 

22. Pheltia, Hanan, Anaia, 

93. Osée, Hanania, Hasub, 

24. Alohès, Phaléa, Sobec, 

25. Réhum, Hasebna, Maasia, 

96. Echaia, Hanan, Anan, 

27. Melluch, Haran, Baana. 

28. Et le reste du peuple, les 
prêtres, les Lévites, les portiers 
et les chantres, les Nathinéens, et 
tous ceux qui s'étaient séparés 
des peuples de la terre pour la 
loi de Dieu, leurs femmes, leurs 
fils et leurs filles, 

29. Tousceux qui pouvaientétre 
éclairés, répondant. pour leurs 
frères; les grands aussi; enfin 
tous ceux qui venaient pour pro- 
mettre et jurer qu'ils marche- 
raient dans la loi de Dieu, qu'il 
avait donnée par lentremise de 
Moise, serviteur de Dieu, qu'ils 
accompliraient et  garderaient 
tous les commandements du Sei- 
gneur notre Dieu, et ses ordon- 
nances et ses cérémonies, 

30. Que nous ne donnerions 
point nos filles au peuple du pays, 
et que nous ne prendrions point 
leurs filles pour nos fils. 


31. Ils dominent sur nos corps par les corvées qu'ils exigent de nous, 


4, Athersatha. Voy. I Esdr., n, 63. 


924 

31. De plus, quant aux peuples 
du pays qui importent des objets 
de vente de toute sorte de choses 
de consommation, au jour du 
Sabbat, pour les vendre, nous ne 
les accepterons pas d'eux pendant 
le Sabbat, et en un jour sanctifié. 
Nous abandonnerons aussi la sep- 
tième année et l'exaction de toute 
main. 

32. Et nous établirons pournous 
comme préceptes de donner par 
an la troisième partie d'un sicle, 
pour l'euvre de la maison de 
notre Dieu. 

33. Pour les pains de proposi- 
lion, et pour le sacrifice perpé- 
tuel, pour l'holocauste perpétuel 
dans les sabbats, dans les ca- 
lendes, dans les solennités, et 
dansleschoses sanctifiées et pour 
le péché, afin que l'on prie pour 
Israél, et pour le service de la 
maison de notre Dieu. 

34. Nous jetàmes donc les sorts, 
pour l'offrande des bois, entreles 
prétres, les Lévites et le peuple, 
afin qu'ils fussent apportés dans 
la maison de notre Dieu, selon les 
maisons de nos pères, à des temps 


II D'ESDRAS. 


(cH. x.] 
marqués, depuis les temps d'une 
année jusqu à une autre année, 
afin qu'ils brülassent sur l'autel 
du Seigneur notre Dieu, comme 
il est écrit dans la loi de Moïse. 

35. Nous promimes aussi et 
nous jurâmes, que nous apporte- 
rions les prémices de notre terre 
et les prémices de tous les fruits 
de tout arbre, d'année en année, 
dans la maison du Seigneur, 

36. Et les premiers-nés de nos 
fils et de nos troupeaux, comme 
il est écrit dans la loi, et les pré- 
mices de nos bœufs et de nos bre- 
bis, pour être offerts dans 18 mai- 
son de nolre Dieu, aux prétres 
qui servent dans la maison de 
notre Dieu; ] 

31. Les prémices aussi de nos 
aliments et de nos libations, et 
les fruits de tout arbre, de la vi- 
gne aussi bien que de l'olivier. 
nous les apporterons aux prétres, 
pour le trésor de notre Dieu, et 
la dixieme partie de notre terre 
aux Lévites. Eux-mémes, les Lé- 
vites recevront de toutes les villes 
les dimes de nos travaux. 

38. Et le prétre, fils d'Aaron, 


31. Un jour sanctifié ; consacré à quelque fête religieuse. — Nous abandonnerons, eto.; 
c'est-à-dire pendant chaque septiéme année nous ne cultiverons pas la terre, nous 
ne sémerons pas, etc. Voy. Lévit., xxv, 4 et suiv. — Nous abandonnerons, ete.; c'est- 
à-dire nous n'exigerons d'aucune main, qu'elle paye ce qui nous sera dû. Compar. 
Deutér., xv, 2. 

33. Les choses sanctifiées; probablement lhuile, l'encens, etc.; selon d'autres, ce 
sont les sacrifices pacifiques, ou bien les autres fétes. — * Pour le péché. Le sacrifice 
expiatoire du péché. 

34. * Pour l'offrande des bois nécessaires aux sacrifices dans le temple. Avant la 
captivité, les Gabaonites ou Nathinéens étaient chargés de procurer le bois pour 
les besoins du culte, mais maintenant ils n'étaient plus assez nombreux et les Juits 
furent obligés de le fournir à tour de róle. 

35. Nous promimes et nous jurámes. Ces deux verbes, exprimés au vers. 29, sont 
sous-entendus ici. Ils ne sauraient dépendre de nous jelämes le sort (vers. 34), parce 
que l'offrande des prémices dont il s'agit ici était expressément ordonnée par la loi. 

38. Et le prélre, etc. ; c'est-à-dire qu'il y aura toujours un prêtre chargé d'inspecter 
les dimes que les Lévites recevront, afin d'en prendre la dixième partie pour les 
prétres, selon ce qui est prescrit par Moïse (Nombr., xvin, 26, 21). — Par le lieu où 
on garde le trésor, lieu que souvent on appelle simplement £résor, on entend des 


(cn. [.זצ‎ 
sera avec les Lévites dans les 
dimes des Lévites; et les Lévites 
offriront la dixieme partie de 
leur dime dans la maison de notre 
Dieu, au lieu où on garde le tré- 
sor, dans la maison du trésor. 

39. Car c’est au lieu où on garde 
le trésor que les enfants d'Israël 
et les enfants de Lévi apporteront 
les prémices du froment, du vin 
et del'huile; etlà serontles vases 
sanctifiés, les prétres, les chan- 
tres, les portiers et les ministres, 
et nous n'abandonnerons pas la 
maison de notre Dieu. 


CHAPITRE XI. 


Noms des Juifs qui demeurérent dans 
Jérusalem, Villes habitées par les tri- 
bus de Juda et de Benjamin. 


1. Or les princes du peuple ha- 
biterent dans Jérusalem; mais le 
reste du peuple jeta le sort, afin 
que l'on prit une partie sur dix, 
laquelle devait habiter dans Jéru- 
salem, la ville sainte, mais les 
neuf autres parties dans les autres 
villes. 

2. Et le peuple bénit tous les 
hommes qui s'étaient spontané- 
ment offerts pour habiter dans 
Jérusalem. 

3. Voici donc les princes de la 
province qui habiterent dans Jé- 
rusalem et dans les villes de Juda. 
Or chacun habita dans sa posses- 
sion, dans ses villes, Israél, les 
prétres, les Lévites, les Nathi- 
néens, et les fils des serviteurs 
de Salomon. 


II D'ESDRAS. 


925 


4. Ainsi habiterent dans Jéru- 
salem des fils de Juda et des fils 
de Benjamin. D'entre les fils de 
Juda, Athaias, fils d'Aziam, fils de 
Zacharie, fils d'Amarias, fils de 
Saphatias, fils de Malaléel. D'entre 


. les fils de Phares, 


5. Maasia, fils de Baruch, fils de 
Cholhoza, fils d'Hazia, fils d'Adaia, 
fils de Joiarib, fils de Zacharie, fils 
du Silonite. 

6. Tous ces fils de Phares, 
qui- habiterent dans Jérusalem, 
étaient quatre cent soixante-huit 
hommes vaillants. 

1. Or voiciles fils de Benjamin: 
Sellum, fils de Mosollam, fils de 
Joéd, fils de Phadaia, fils de Colaia, 
fils de Masia, fils d'Ethéel, le fils 
d'Isaie. 

8. Et apres lui Gebbai, Sellai : 
neuf cent vingt-huit. 

9. Et Joél, fils de Zéchri, leur 
préposé, et Juda, fils de Sénua, le 
second sur la ville. 

10. Et d'entre les prêtres, Idaia, 
fils de Joiarib, Jachin, 

11. Saraia, fils d'Helcias, fils de 
Mosollam, fils de Sadoc, fils de 
Méraioth, fils d'Achitob, prince de 
la maison de Dieu, 

12. Et leurs freres, faisant les 
ouvrages du temple : huit cent 
vingt-deux. Et Adaïa, fils de 16- 
roham, fils de Phélélia, fils d'Amsi, 
fils de Zacharie, fils de Pheshur, 
fils de Melchias, 

13. Et ses freres, les princes des 
pères : deux cent quarante-deux. 
Et Amassai, fils d'Azréel, fils d'A- 


espèces de greniers ou de magasins dans lesquels on rassemblait toutes les choses 
saintes et toutes celles qui étaient consacrées au service du temple. 

9. Du Silonite. L'article déterminatif qui se trouve dans le texte hébreu ne permet 
pas une autre traduction. ll s'agissait sans doute d'un homme de Silo, assez connu 
d'ailleurs pour que l'écrivain sacré n'eüt pas besoin de le désigner par son nom propre, 

13. Les princes des pères ; c'est-à-dire les princes des familles 


990 


hazi, fils de Mosollamoth, fils 
d'Emmer, 

14. Et leurs frères, trés puis- 
sants : cent vingt-huit, etleur pré- 
posé, Zabdée, fils des puissants. 

15. Et d'entre les Lévites, Sé- 
méia, fils d'Hasub, fils d'Azaricam, 
fils d'Hasabia, fils de Boni, 

16. Et Sabathai et Jozabed éta- 
blis sur tous les ouvrages qui se 
faisaientau dehors àla maison de 
Dieu, étant d'entre les princes des 
Lévites, 

17. Et Mathania, fils de Micha, 
fils de Zébédéi, fils d'Asaph, prince 
pour louer et glorifierleSeigneur 
dans la prière ; et Becbécia, le se- 
cond d'entre ses freres, et Abda, 
fils de Samua, fils de Galal, (ils 
d'Idithun. 

18. Tous les Lévites, dans la 
ville sainte, furent deux cent 
quatre-vingt-quatre. 

19. Et les portiers, Accub, Tel- 
mon, et leurs freres, qui gardaient 
les portes, cent soixante-douze. 

90. Et les autres d'Israël, les 
prétres et les Lévites, étaient dans 
toutes les villes de Juda, chacun 
dans sa possession. 

21. Et les Nathinéens, qui habi- 
taient dans Ophel; et Siaha et 
Gaspha étaient d'entre les Nathi- 
néens. 

| 22. Etle chef des Lévites à Jéru- 
י‎ salem était Azzi, fils de Bani, fils 
de Hasabia, fils de Mathanias, fils 
de Micha. D'entre les fils d'Asaph 
étaient les chantres, dans le mi- 


21. * Dans Ophel. Voir plus haut, 1v, 26. 


II D'ESBRAS, 


(en. xr.) 


nistere ae la maison de Dieu. 

23. Car il y avait le commande- 
ment du roi à leur sujet, et un 
ordre observé parmi les chantres 
tous les jours. 

94. Mais Phathahia, fils de Mé- 
sézebel, d'entre les fils de Zara, 
le fils de Juda, étaient sous la 
main du roi, pour toutes les af- 
faires du peuple, 

25. Et pour les maisons dans 
toutes leurs contrées. Des fils de 
Juda habiterent à Cariatharbé et 
enses filles, àDibon et en ses filles, 
à Cabséel et en ses bourgades, 

90. À Jésué, à Molada, à Beth- 
phaleth, 

97. À Hasersual, à Bersabée et 
en ses filles, 

98. A Sicéleg, à Mochona et en 
ses filles, 

29. À Remmon, à Saraa, à Jéri- 
muth, 

30. A Zanoa, à Odollam et dans 
leurs villages, à Lachis et en ses 
contrées, à Azéca et en ses filles. 
Et ils demeurèrent à Bersabée 
jusqu'à la vallée d'Ennom ; 

31. Mais les fils de Benjamin, 
depuis Géba, Mechmas, Hai, Bé- 
thel et ses filles, 

39. Anathoth, Nob, Anania 

99. Asor, Rama, Géthaim, 

34. Hadid, Séboim, Neballat, 
Lod, 

35. Et Ono, la vallée des Ou- 
vriers. 

36. Et les Lévites avaient des 
portions de Juda et de Benjamin. 


25. Comme nous l'avons déjà remarqué, Les filles d'une ville sont ordinairement 


les bourgs, les villages qui en dépendent. 
33. * Asor, prés de Jérusalem, au nord. 


35. * La vallée des Ouvriers. Voir la note sur I Paralip., 1v, 14. 
36. Des Lévites, etc. Un certain nombre de Lévites avaient leurs possessions dans 


les tribus de Juda et de Benjamin. 


[cH. xir.) 


CHAPITRE XII. 


Noms des principaux d'entre les prétres 
et les Lévites qui revinrent avec Zoro- 
babel. Dédicace des murs de Jérusalem. 


1. Or voici les prétres et les 
Lévites qui monterent avec Zoro- 
babel, fils de Salathiel, et avec 
Josué : Saraia, Jérémie, Esdras, 

9. Amaria, Melluch, Hattus, 

9. Sébénias, Rhéum, Mérimuth, 

4. Addo, Genthon, Abia, 

5. Miamin, Madia, Belga, 

6. Séméia et Joïarib, Idaia, Sel- 
«ἘΠῚ, Amoc, Helcias, 

7. 10818. Ceux-là furent les prin- 
ces des prêtres etleursfrères dans 
les jours de Josué. 

8. Mais les Lévites étaient Jé- 
sua, Bennuï, Cedmihel, Sarébia 
Juda, Mathanias, préposés pour 
les hymnes, eux et leurs frères ; 

9. Et Becbécia, et Hanni, et leurs 
freres, chacun dans son office. 

10. Or. Josué engendra Joacim, 
et Joacim engendra Eliasib, Elia- 
sib engendra Joiada, 

11. Joiada engendra Jonathan, 
et Jonathan engendra Jeddoa. 

19. Et, dans lestours deJoacim, 
étaient prêtres et princes des fa- 
milles : de Saraia, Maraia ; de Jé- 
rémie, Hananias ; 

13. D'Esdras, Mosollam ; d'Ama- 
rias, Johanan ; 

14. De Milicho, Jonathan; de 
Sébénias, Joseph ; 

15. De Haram, Edna; de Ma- 
raioth, Helci; 

16. D'Adaia, Zacharie; de Gen- 
ihon, Mosollam ; 

47. D'Abia, Zéchri; de Miamin 
et de Moadia, Phelti ; 


II D'ESDRAS. 927 


18. De Belga, Sammua ; de Sé- 
maia, Jonathan; 

19. De Joiarib, Mathanai; de 
Jodaia, Azzi; 

20. De Sellai, Célai; d'Amoc, 
Héber; 

21. D'Helcias, Hasébia; d'Idaia, 
Nathanael. 

22. Les Lévites, dans les jours 
d'Eliasib, de Joiada, de Johanan 
et de Jeddoa, ont été écrits prin- 
ces de familles, et les prétres, 
sous le regne de Darius, le Perse. 

23. Les fils de Lévi, priuces 
des familles, ont été écrits dans 
le Livre des actions des jours, et 
jusqu'aux jours de Jonathan, fils 
d'Eliasib. 

24. Et les princes des Lévites, 
Hasébia, Sérébia, Josué, fils de 
Cedmihel, et leurs frères, selon 
leur tour, pour louer et glorifier 
le Seigneur, suivant le comman- 
dement de David, homme de 
Dieu, et pour faire également 
leur service par ordre. 

25. Mathania et Becbécia, Obé- 
dia, Mosollam, Telmon, Accub, 
étaient gardes des portes, et des 
vestibules devant les portes. 

26. Ceux-là furent dans . 
jours de Joacim, fils de Josué 
fils de Josédec, et dans les jours 
de Néhémias, le chef, et d'Esdras, 
le prétre et le scribe. 

27. Mais à la dédicace du mur 
de Jérusalem, on rechercha les 
Lévites de tous les lieux pour les 
amener à Jérusalem, et pour faire 
la dédicace et des réjouissances 
en action de grâces, au milieu 
des cantiques, des cymbales, des 
psaltérions et des harpes. 


22. * Darius, le Perse, Darius II, surnommé Nothus, qui régna de l'an 424 à l'an 404 


avant J.-C 


998 


98. Or les fils des chantres 
s’assemblèrent de la campagne 
d'autour de Jérusalem, des vil- 
lages de Néthuphati, 

29. De la maison de Galgal, et 
des contrées de Géba et d'Azma- 
veth, parce que les chantres s'é- 
taient bâti des villages autour de 
Jérusalem. 

30. Et les prétres et les Lévites 
se purifierent, puis ils purifierent 
le peuple, les portes, et le mur. 

31. Or je fis monter les princes 
de Juda sur le mur, et j'établis 
deux grands chœurs de ceux qui 
chantaient des louanges. Ils al- 
lèrent à droite, sur le mur, vers 
la porte du fumier. 

32. Et Osaias alla apres eux, et 
a moitié des princes de Juda, 

33. Et Azarias, Esdras et Mo- 
sollam, Juda et Benjamin, et Sé- 
néia et Jérémie. 

34. Et d'entre les fils des prétres 
avec des trompettes : Zacharie, 
fils de Jonathan, fils de Séméia, 
fils de Mathania, fils de Michaia, 
fils de Zéchur, fils d'Asaph ; 

35. Et ses freres, Séméiïa et 
Azaréel, Malalai, Galalai, Maai, 
Nathanael, Judas et Hanani, avec 
les instruments de David, homme 
de Dieu; et Esdras, le scribe, 
était devant eux à la porte de la 
fontaine. 

36. Or ils montèrent, vis-à-vis 
d'eux, sur les degrés de la cité de 
David, au montant du mur sur 
la maison de David, et jusqu'à 


D'ESDRAS.‏ זז 


[cn. xm.] 


la porte des eaux, vers l'orient. 

37. Et le second chœur de ceux 
qui rendaient grâces à Dieu allait 
à l'opposite, et moi après eux, et 
la moitié du peuple sur le mur et 
sur la tour des fourneaux, et jus- 
qu'au mur le plus large, 

38. Puis surla porte d'Ephraim, 
sur la porte ancienne et sur la 
porte des poissons, et sur la tour 
d'Hananéel, et sur la tour d'E- 
math, etjusqu'à la porte du trou- 
peau; et ils s'arréterent àla porte 
dela prison. 

39. Or les deux chœurs de 
ceux qui chantaient des louanges 
s'arréterent dans la maison de 
Dieu, et moi, et la moitié des 
magistrats avec moi; 

40. Et les prêtres, Eliachim, 
Maasia, Miamin, Michéa, Elioé- 
nai, Zacharie et Hanania, avec 
des trompettes; 

41. Et Maasia, Séméia, Eléazar, 
Azzi, Johanan, Melchia, Elam et 
Ezer. Et les chantres chantèrent 
avec éclat, et Jézraia leur pré- 
posé ; 

49. Et ils immolerent en ce 
jour-là de grandes victimes, et 
ils se livrerent à l'allégresse ; car 
Dieu les avait remplis d'une 
grande joie; mais leurs femmes 
aussi el leurs enfants se réjoui- 
rent, et la joie de Jérusalem fut 
entendue au loin. 

43. De plus, ils choisirent en ce 
jour-là des hommes pour les 
chambres du trésor, pour les liba- 


30. Se purifièrent, etc., selon les prescriptions de la loi. Voy. Nombres, vni, 6, 1 
31. * Vers la porle du fumier, au sud de Jérusalem. 
35. Ses frères; c'est-à-dire les frères de Zacharie. — * À la porte de (a fontaine, 


au sud-est de Jérusalem. 


38. * La porte d'Ephraim, au nord de Jérusalem. — La porte ancienne, à l'angle au 
nord-est. — La porte des poissons, au nord. — La porte du troupeau, au nord-est. — 


La porte de la prison, à l'est. 


CH, xu] 
tions, pour 168 prémices, et pour 
les dimes, afin que par eux les 
princes de la cité amenassent, 
avec la pompe d'une action de 
gráces, les prétres et les Lévites, 
parce que Juda était dans l'allé- 
gresse à cause des prétres et des 
Lévites qui étaient présents. 

44. Et ils garderent l'obser- 
vance de leur Dieu et l'obser- 
vance de l'expiation; de méme 
les chantres et les portiers, sui- 
vant le commandement de Da- 
vid et de Salomon son fils, 

45. Parce que dans les jours de 
David et d'Asaph, dès le commen- 
cement, étaient établis les princes 
des chantres qui dans des canti- 
ques louaient et gloritiaient Dieu. 

46. Et tout Israel, dans les jours 
de Néhémias, donnait leurs parts 
aux chantres et aux portiers cha- 
que jour; ils sanctifiaient aussi 
les Lévites, et les Lévites sancti- 
fiaient les fils d'Aaron. 


CHAPITRE XIII. 


Néhémias, qui était allé vers Artaxerxes, 
trouve à son retour à Jérusalem plu- 
sieurs désordres auxquels il remédie. 


1. En ce jour-là, on lut dans le 
volume de Moise, le peuple écou- 


Cnar. XIII. 1. Deut., xxii, 3. 


D'ESDRAS. 999‏ זו 


tant, et on y trouva écrit que les 
Ammonites et les Moabites ne 
devaient jamais entrer dans l'as- 
semblée de Dieu. 

2. Parce qu'ils ne vinrent point 
à la rencontre des enfants d'Is- 
raël avec du pain et de l'eau, et 
qu'ils amenerent contre eux Ba- 
laam, pour les maudire; et notre 
Dieu changea la malédiction en 
bénédiction. 

3. Or il arriva que, lorsqu'ils 
eurent entendu la loi, ils sépa- 
rerent tout étranger d'Israél. 

4. Et avant cet événement, 
Eliasib, le prêtre, avait été pré- 
posé sur le trésor de la maison 
de notre Dieu, et il était allié de 
Tobie. 

ὃ. Il lui fit donc un grand tré- 
sor; etlàil y en avait qui posaient 
devant lui les présents, l'encens, 
les vases, etla dime du blé, du vin 
et de l'huile, les parts des Lévites, 
des chantres et des portiers, etles 
prémices sacerdotales. 

6. Or pendant tout cela je n'étais 
pas à Jérusalem, parce qu'en l'an 
trente-deuxieme | d'Artaxerxes, 
roi de Babylone, je vins aupres 
du roi, et, au bout d'un certain 
temps, je priai le roi; 


46. Sanclifier signifie proprement en hébreu séparer un objet de l'usage commun 
et profane pour l'employer à un usage sacré et divin. Mais, en employant l'hypallage, 
l'écrivain sacré attribue ici à la personne un sens qui appartient à la chose. Ainsi, 
au lieu de dire que le peuple d'Israél sanctitia les dimes pour les Lévites, il dit qu'il 
sanctifia les Lévites, D'où il suit que le sens de ce passage est que le peuple d'Israël 
donna aux Lévites ce qui leur était dû des choses saintes d’après la loi (Nombr., xvii), 
et que les Lévites à leur tour donnèrent aux prêtres une partie de ce qu'ils rece- 
vaient, toujours d'aprés la loi mosaique. 

4. Avant; c'est le sens de super, expliqué par l'hébreu. 

5. Il lui fit; littér. i4 se fit. L'hébreu peut signifier l'un et l'autre; mais par les 
vers. 1 et 8, on voit que c'est Eliasib qui fità Tobie un trésor. 

6. Au bout d'un cerlain lemps, littér. à lu fin de jours. L'absence de l'article déter- 
minatif dans le texte hébreu ne permet aucune traduction opposée à la nótre. — 
Je priai le roi, de me permettre de retourner à Jérusalem. 


iM us 09 


930 

j. Et je vins à Jérusalem, et je 
compris le mal qu'avait fait Elia- 
sib à Tobie, en lui faisant un tré- 
sor dans le vestibule de la maison 
de Dieu. 

8. Etlemalme paruttrès grand; 
et je jetai au loin les vases de la 
maison de Tobie hors du trésor; 

9. Et j'ordonnai, et l'on purifia 
les trésors, et j'y reportai les 
vases de la maison de Dieu, le sa- 
crifice et l'encens. E 

10. Je connus aussi queles part 
des Lévites ne leur avaient point 
élé données, et que chacun des 
Lévites, des chantres et de ceux 
qui servaient, avait fui en sa con- 
trée ; 

11. Et je plaidaila cause contre 
les magistrats, et je dis : Pour- 
quoiabandonnons-nouslamaison 
de Dieu? Je les rassemblai donc, 
61 les fis demeurer à leur poste. 

12. Et tout Juda apportait la 
dime du froment, du vin et de 
l'huile, dans les greniers. 

13. Et nous établimes sur les 
greniers Sélémias, le prétre, et 
Sadoc, le scribe, et Phadaias d'en- 
tre les Lévites; et, auprès d'eux, 
Hanan, fils de Zachur, fils de Ma- 
thanias, parce qu'ils furent recon- 
nus fideles, et les parts de leurs 
freres leur furent confiées. 

14. Souvenez-vous de moi mon 
Dieu, pour cela, et n'effacez point 
mes miséricordes que j'ai faites 
dans la maison de mon Dieu et 
dans ses cérémonies. 

15. En ces jours-là, je vis en 


II D'ESDRAS. 


a 
fcH. XII. | 


Juda des hommes foulant des 
pressoirs pendant le sabbat, por- 
tant les gerbes, chargeant sur les 
ânes du vin, des raisins, des figues 
et toute sorte de fardeaux, et les 
apportant à Jérusalem au jour 
du sabbat, et je leur dis expres- 
sément de vendre au jour auquel 
il est permis de vendre. 

16. Les Tyriens aussi demeu- 
raient dans la ville, y apportant 
des poissons et toute espèce d'ob- 
jets de vente, et ils les vendaient 
dans les jours du Sabbat aux en- 
fants de Juda dans Jérusalem. 

17. Alors je fis des reproches 
aux grands de Juda, et je leur 
dis : Quelle est cette chose mau- 
vaise que vous faites? et pour- 
quoi profanez-vous le jour du 
sabbat? 

18. Est-ce que nos peres n'ont 
pas fait ces choses, et notre Dieu 
n'a-t-il pas fait venir powr cela 
tout ce mal sur nous et sur cette 
ville? Et vous, vous ajoutez le 
courroux sur Israël en violant le 
sabbat. 

19. Il arriva donc que, lorsque 
les portes de Jérusalem furent en 
repos au jour du sabbat, je dis, 
et on ferma les portes, et j'or- 
donnai qu'on ne les ouvrit point 
jusqu'apres 16 sabbat; et je placai 
de mes serviteurs aux portes, afin 
que personne n'apportàt de far- 
deau au jour du sabbat. 

90. Et les marchands, et ceux 
qui vendaient toute espece d'ob- 
jets de vente, demeurèrent hors 


9. Les trésors. Voy. sur ce mot, x, 38. 


44. Mes miséricordes; c'est-à-dire mes actes de bonté, mes bonnes œuvres. 
15. * Toutes les œuvres énumérées ici sont interdites le jour du sabbat 
19. Au jour du sabbat. Selon l'hébreu et les Septante : avant le sabbat; c'est-à-dire 


le soir qui précédait le sahbat. 


CH. xni.] 


de Jérusalem une et deux fois. 

91. Et je leur déclarai, et leur 
dis: Pourquoi demeurez-vous en 
face du mur? Si vous faites cela 
une seconde fois, je mettrai la 
main sur vous. C'est pourquoi 
depuis ce temps-làils ne revinrent 
point pendant le sabbat. 

292. Je dis aussi aux Lévites 
qu'ils se purifiassent, et qu'ils 
vinssent pour garder les portes et 
sanctifier le jour du sabbat. Et 
pour cela souvenez-vous donc de 
moi, mon Dieu, et pardonnez-moi 
selon 18 multitude de vos miséri- 
cordes. 

93. Mais méme en ces jours-là 
je vis des Juifs épousant des 
femmes Azotéennes, Ammonites 
et Moabites. 

24. Et leurs enfants parlaient à 
demi la langue d'Azot et ne sa- 
vaient point parler la langue 
juive, et ils parlaient selon la 
langue d'un peupleet d'un peuple. 

25. Et je leur fis des reproches 
et 168 maudis : jefrappai aussi des 
hommes d'entre eux, etleurrasai 
les cheveux ; et je les adjurai en 
Dieu, de ne point donner leurs 
filles à leurs fils et de ne point 
prendre leurs filles pour leurs fils 
ni pour eux-mémes, disant: 


26. 111 Bois, ut, 1» זה‎ 1: χα 4. 


D'ESDRAS.‏ זו 


991 


90. N'est-ce point de cette ma- 
niere qu'a péché Salomon, roi 
d'Israél? Et certes parmi les na- 
tions qui sont si nombreuses il 
n'y avait point de roi semblable à 
lui, et il était chéri de son Dieu, 
et Dieul'établitroi sur tout Israél ; 
eh bien, c'est lui que les femmes 
étrangères entraînèrent dans le 
péché. 

27. Est-ce que nous aussi, dé- 
sobéissant, nous ferons tout ce 
mal si grand, que de prévariquer 
contre notre Dieu, et d'épouser 
des femmes étrangeres? 

28. Or entre les fils de Joiada, 
le fils d'Eliasib, le grand prétre, 
était un gendre de Sanaballat, 
l'Horonite, et je le chassai d'au- 
pres de moi. 

99. Gardez un souvenir, Sei- 
gneur mon Dieu, contre ceux qui 
souillent le sacerdoce et le droit 
sacerdotal et lévitique. 

30. Ainsi je les purifiai de tous 

les étrangers, et j'établis selon 
leurs rangs, les prétres et les 
Lévites, chacun dans son minis- 
tere, 
31. Et pour l'offrande des hois 
dans les temps fixés, et pour les 
prémices. Mon Dieu, souvenez- 
vous de moi en bien. Amen. 


24. La langue d'Azot; la langue de leurs mères, dialecte de l'hébreu. — La langue 
juive; le pur juif. — * La langue d'Azot devait étre la langue des Philistins, c'est- 
à-dire une langue aryenne pour le fonds, puisque les Philistins étaient de race 
aryenne, et par conséquent trés différente des langues hébraique et araméenne, 


au moins à l'origine. Par la suite des temps, elle avait dû adopter beaucoup de mots 
sémitiques. 


roO ) ל‎ 9 1x, CO 0-0 


INTRODUCTION 


AU LIVRE DE TOBIE 


Le livre de Tobie a été composé en chaidéen, d'aprés S. Jéróme; il l'a été 
en hébreu, d'aprés un certain nombre de critiques; en grec, d'aprés quelques 
autres. Cette dernière opinion est fausse. Quant aux deux premières, on 
n'apporte aucun argument décisif en faveur de l'une ni de l'autre; les savants 
modernes penchent cependant plus communément pour l'original hébreu. 

Quoi qu'il en soit, le texte primitif est perdu. Un texte chaldéen, découvert 
en 1877, et publié en 1878, n'est certainement pas le texte original. Les an- 
ciennes versions de ce livre sont sensiblement différentes les unes des autres ; 
les noms propres ne se ressemblent pas toujours entre eux, et la critique ne 
peut réussir, en plus d'un cas, à découvrir quelle était la lecon authentique. 
La plupart des objections qu'on fait contre cette histoire n'ont pas d'autre 
fondement que les altérations provenant de la variété des lecons ou des négli- 
gences des copistes. 

Le nom de Tobie est en hébreu Tobiyah. Il signifie : « Jéhovah est bon. » 

La réalité de son histoire est attestóe par les détails minutieux du récit, 
par la généalogie du principal personnage, qui est longuement donnée dans le 
texte grec le plus complet, par les renseignements précis sur la géographie, l'his- 
toire, la chronologie, etc. 

Plusieurs critiques modernes retardent jusqu'au temps d'Adrien, qui régna 
de 117 à 138 de notre ère, la composition du livre de Tobie. Ils s'appuient sur 
des raisons futiles, tirées de la tendance qu'ils attribuent à l'auteur, celle, par 
exemple, de montrer que l'ensevelissement des morts est une ceuvre agréable 
à Dieu, comme si l'on avait eu besoin d'attendre l'époque de l'empereur Adrien 
pour soupconner que c'était là un acte de charité ! 

La tradition ἃ toujours attribué à Tobie pére et fils la rédaction de leur 
histoire : 1° parce que, dans toutes les versions (celle de S. Jérôme, et en 
partie, le nouveau texte chaldéen exceptés), Tobie parle à la première personne, 
depuis le chapitre r** jusqu'au commencement de l'histoire de Sara. Le texte 
grec, xir, 20, porte que l'ange Raphaél commanda à Tobie d'écrire son histoire, 
et l'on ne peut douter qu'il n'ait obéi à cet ordre, comme l'insinue le verset 
suivant, xit, 1, dans les éditions grecques. Le livre de Tobie a donc été écrit 
trés: probablement dans les premiers temps qui suivirent la déportation des 
Israélites du nord en Assyrie, puisque c'est à celte époque que vivait le héros 
de cette histoire, et qu'il en est vraisemblablement l'auteur. Les deux derniers 
versets, xiv, 16-17, sont d'une main étrangère, — Le concile de Trente a 
déclaré contre les protestants le livre de Tobie canonique. 


INTRODUCTION AU LIVRE DE TOBIE. 933 


Ce livre forme un tout parfaitement coordonné et disposé avec un art admi- 
rable. Il est partagé en six sections formant autant de tableaux : Vertus et 
épreuves de Tobie; vertus et épreuves de Sara; voyage du jeune Tobie en 
Médie; son mariage avec Sara; son retour à Ninive; conclusion : manifestation 
de l'ange Raphaél, derniéres annés de Tobie. 

L'histoire de Tobie nous offre un parfait modéle de la vie domestique et 
renferme les exemples les plus instructifs et les plus touchants de toutes sortes 
de vertus. 

Son but direct est d'apprendre aux Juifs à honorer Dieu, au milieu méme 
des païens, pour leur faire connaitre la vérité, comme le chante Tobie dans 
son cantique d'actions de gráce, qui peut étre considéré comme l'épilogue de 
son livre, xr, 3-4. 

Mais en méme temps que l'auteur poursuit ce but élevé, il en atteint un 
autre, presque sans y penser, celui d'édifier ses lecteurs, non pas seulement 
ceux qui vivaient, comme lui et avec lui, captifs au milieu des Assyriens, mais 
ceux de tous les temps et de tous les lieux, par sa patience, et par des exemples 
de toutes les vertus. — « [Le livre de Tobie] nous offre un tableau intime des 
vertus, des souffrances et des joies de l'exil de Tobie. Ce n'est pas le froid récit 
d'événements fortuitement rapprochés, mais le tableau plein de simplicité et 
de grandeur des épreuves d'un homme juste et miséricordieux. Tobie est un 
second Job, dont les malheurs et le salut sont liés à des événements qui font 
en méme temps de son histoire le manuel des [époux]. L'exemple du jeune 
Tobie montre comment doivent se contracter et se célébrer les unions agréables 
à Dieu. L'humanité, l'amour paternel, la piété filiale, la douceur et la probité 
des deux Tobie sont le développement de la pensée fondamentale du livre ; 
la confiance en Dieu ne peut tourner à la confusion du juste. Ainsi ce livre 
devient le livre élémentaire des parents qui veulent fonder une famille agréable 
à Dieu et marcher courageusement au devant des épreuves de la vie. » (HawE- 
BERG.) — Mais il n'est pas seulement le guide des péres et des méres, il ren- 
ferme aussi des exemples et des enseignements pour tous; l'aumóne y est 
recommandée avec insistance, 1, 16-17; 11, 4-2; tv, 7-12, 17; xit, 8-9; le grand 
précepte de la charité y est donné sous forme négative, tv, 16; la prière revient 
constamment pour attirer les bénédictions de Dieu sur toutes les affaires 
importantes, 1v, 20; m1, 1-6, 11, 13-23; vi, 18 ; vni, 6-10, etc. ; la fuite de tout 
péché est recommandée comme celle du seul mal véritable, iv, 23, etc. — 
L'intervention d'un ange, envoyé de Dieu, est un des traits principaux du livre 
de Tobie, qui nous révéle ainsi, d'une maniére manifeste, la doctrine des anges 
gardiens. — Cette histoire est, comme celle de Job, une justification de la 
Providence. 

« L'histoire de Tobie est un des plus beaux monuments de la littérature 
juive. Les caractéres sont trés simples, mais dessinés avec une grande habileté. 
Le pieux et infortuné Tobie, sa femme également pieuse, mais impatiente et 
un peu acariâtre, sont des personnes réelles. Fort simple, le récit est trés 
heureusement disposé. » (NcLDESE.) 


TOBIE 


CHAPITRE PREMIER. 


Origine de Tobie. Sa fidélité à la loi. Nais- 
sance de son fils. Il demeure fidèle dans 
sa captivité. Situation où il se trouve 
sous Salmanasar, sous Sennachérib, et 
aprés la mort de ce prince. 


1. Tobie, de la tribu et de la 
ville de Nephthali (qui est dans la 
haute Galilée, au-dessus de Naas- 
son, derriere le chemin qui con- 
duit à l'occident, ayant à gauche 
la ville de Séphet), 

2. Lorsqu'il eut été fait captif 
dans les jours de Salmanasar, roi 
des Assyriens, quoique se trou- 
vant en captivité, n'abandonna 
pas la voie de la vérité ; 

3. En sorte que tout ce qu'il 
pouvait avoir, il en faisait part 
chaque jour à ses compagnons de 
captivité, ses frères, qui étaient 
de sa race. 

4. Et quoiqu'il füt plus jeune 
que tous ceux de la tribu de 
Nephthali, il ne fit rien de puéril 
dans ses actions. 


5. Enfin, lorsque tous allaient 
vers les veaux d'or que Jéroboam 
avait faits, étant roi d'Israël, lui 
seul fuyait la compagnie de tous; 

6. Et il se rendait à Jérusalem 
au temple du Seigneur, et là il 
adorait le Seigneur Dieu d'Israél, 
offrant fidèlement toutes ses pré- 
mices et ses dimes; 

En sorte que dans la troi-‏ .ד 
sieme année il donnait toute sa‏ 
dime aux prosélytes et aux étran-‏ 
gers.‏ 

8. Ces choses et autres sem- 
blables, selon la loi de Dieu, 
jeune enfant, il les observait. 

9. Mais, lorsqu'il fut devenu 
homme, il prit pour femme Anne 
de sa tribu, et il engendra d'elle 
un fils auquel il imposason nom; 

10. Il lui apprit dès l'enfance à 
craindre Dieu et à s'abstenir de 
tout péché. 

41. Ainsi, lorsque dans sa cap- 
tivité, il fut arrivé avec sa femme 
et son fils dans 18 ville de Ninive, 
0% il se trouva avec toute sa tribu, 


Cua». I. 2. 17 Rois, xvit, 3; xvin, 9. — 5. III Rois, xir, 28. 


1. * Première section : Vertus et épreuves de Tobie, 1-11, 6. — Tobie signifie en 
hébreu > Jéhovah est bon.» —.De la ville de Nephthali. I] faut entendre d'une ville de 
la tribu de Nephthali, parce quil n'y avait pas de ville qui portàt ce nom. D'après 
plusieurs modernes, Tobie pouvait être originaire de Cadès de Nephthali, ainsi sur- 
nommée pour la distinguer de Cadès d'Issachar. — Naasson est inconnue. — Sé- 
phet, d'aprés l'opinion commune, est la ville encore aujourd'hui importante de 
Safed, où il y a une nombreuse colonie juive, dans un climat trés sain, à cause de 
sa situation qui est la plus élevée de la Galilée, à 845 mètres d'altitude. 

2. * Dans les jours de Salmanasar, roi des Assyriens, qui régna de 121à 123 ou 122 
avant J.-C. 

11. Où il se trouva. Ces mots nous paraissent nécessaires pour le vrai sens du 


[cn. 1.] 

12. (Quoique tous mangeassent 
des aliments des Gentils), il veilla 
sur son àme, et ne se souilla ja- 
mais de leurs aliments. 

13. Et parce qu'il se souvint de 
Dieu en tout son cœur, Dieu lui 
fit trouver gráce en la présence 
du roi Salmanasar. 

14. Et Je roi lui 4ouna pouvoir 
‘aller partout où il voudrait, 
ayant la liberté de faire tout ce 
qu'il voudrait. 

15. Il se rendait donc verstous 
ceux qui étaient en captivité, 
et leur donnait des avis salu- 
taires. 

16. Mais, étant revenu à Ra- 
ges, ville des Mèdes, comme il 
avait de ce dont il avait été ho- 
noré par le roi, dix talents d'ar- 
gent, 

17. Et que parmi la foule nom- 
breuse de sa race, il voyait Gabé- 
lus, qui était de sa tribu, dans le 
besoin,illui donna sous son seing 
ledit poids d'argent. 

18. Or, aprés beaucoup de 
temps, le roi Salmanasar étant 
mort, comme Sennachérib, son 


TOBIÉ. 


935 
fils, régnait à sa place, et que les 
enfants d'Israël étaient odieux à 
ses yeux, 

19. Tobie chaque jour allait 
parmi toute sa parenté; il les 
consolait, et distribuait de ses 
biens à chacun, selon qu'il pou- 
vait. 

20.Ilnourissaitceuxquiavaient | 
faim, fournissait des vétements à 
ceux qui étaient nus, et, plein de 
sollicitude, il donnait la sépulture 
à ceux qui étaient morts ou qui 
avaient été tués. 

21. Enfin, lorsque le roi Senna- 
chérib fut revenu, fuyant loin de 
la Judée la plaie que Dieu avait 
fait: autour de lui, pour son blas- 
phème, et qu'irrité, il tuait un 
grand nombre d'entre les enfants 
d'Israél, Tobie ensevelissait leurs 
corps. 

22. Or, dès qu'on l'eut annoncé 
au roi, il commanda qu'il fût tué, 
et il prit tout son bien. 

93. Mais Tobie, fuyant avec 
son fils et avec sa femme, dé- 
nué de tout,fut tenu caché, parce 
que beaucoup le chérissaient. 


21. IV Rois, xix, 35; Eccli., ,וטא‎ 24; 11 Machab., vin, 19. 


texte. D'abord la construction méme de la phrase semble s'opposer à ce qu'on rattache 
l'expression avec toute sa tribu aux mots avec sa femme et son fils. En second lieu, 
il est certain que la tribu de Nephthali, à laquelle appartenait Tobie, avait été déjà 
auparavant transportée en Assyrie par Théglatphalasar, qui en était le roi. Voy. 
IV Rois, xv, 29. — * Avec toute sa tribu, peut mieux s'entendre avec tout ce qui restait 
de sa tribu en Palestine, car Téglathphalasar n'avait pas déporté absolument tous 
les Nephthalites. — Ninive, capitale de l'Assyrie, sur le Tigre. 

12. Des aliments des Gentils; c'est-à-dire des viandes défendues par la loi aux 
Juifs (Lévit., xt). 

16. De ce dont, etc.; des appointements attachés à son emploi. — * Ragès, aujour- 
d'hui Rei, s'élevait non loin de l'emplacement actuel de Téhéran. On y voit encore 
des restes de fortifications antiques. Elle est mentionnée comme une ville trés an- 
cienne dans le Zend Avesta et son nom se lit dans les inscriptions cunéiformes de 
Darius, fils d'Hystaspe. Séleucus Nicator la rebâtit et lui donna le nom d'Europos. 
Les Mongols la détruisirent presque complètement en 1220. 

18. * Sennachérib, roi de Ninive, régna de l'an 705 à l'an 681 avant J.-C. 1] n'était 
pas fils de Samanasar, mais de Sargon. Ce nom de Salmanasar a été altéré par les 
copistes, comme le prouve le texte grec, qui porte Enémessaros. 

21. La plaie, etc.; la destruction miraculeuse de son armée, Voy. IV Rois, xix, 35, 36. 


936 TOBIE. 


24. Or, après quarante-cinq 
jours, le roi fut tué par ses fils, 

95. Et Tobie retourna en sa 
maison, et tout son bien lui fut 
rendu. 


CHAPITRE I. 


Zèle de Tobie pour ensevelir les morts. Il 
devient aveugle. Sa constance au mi- 
iieu de son affliction. Reproches que 
sa femme lui fait. 


1. Or, après cela, comme c'était 
le jour de la féte du Seigneur, un 
bon repas fut préparé dans la 
maison de Tobie, 

2. ll ditàsonfils : Va et amène 
ici quelques-uns de notre tribu 
qui craignent Dieu, afin qu'ils 
fassent bonne chère avec nous; 

3. Et lorsque son fils s'en fut 
allé, et qu'il fut revenu, il lui 
annonça qu'un des enfants d'Is- 
rael égorgé gisait sur la place. 
Et aussitót, s'élancant de son lit 
de table et laissant le repas, il 
arriva à jeun pres du corps ; 

4. Et lenlevant, il le porta 
dans sa maison secrètement, afin 
que, lorsque le soleil serait cou- 


[cu. π.} 
ché, il l'ensevelit avec précau- 
tion. 

5. Etlorsqu'ileutcachéle corps, 
il mangea son pain avec douleur 
et tremblement, 

6. Se rappelant cette parole 
qu'avait dite le Seigneur par 
Amos, le prophète : Vos jours de 
féte se changeront en lamentation 
et en pleur. 

7. Et lorsque le soleil fut cou- 
ché, il alla l'ensevelir. 

8. Or tous ses proches le blà- 
maient, disant : Déjà à cause de 
cela on a commandé de te tuer, 
el à peine as-tu échappé à l'arrét 
de rsort, et, de nouveau, tu en- 
sevais les morts? 

9. Mais Tobie, craignant plus 
Dieu que le roi, enlevaitles corps 
de ceux qui avaient été tués, les 
cachait dans sa maison, et les en- 
sevelissait au milieu des nuits. 

10. Or il arriva un jour que, 
s'étantlassé parl'ensevelissement 
et venant en sa maison, il se cou- 
cha au pied dela muraille, et s'en- 
dormit; 

11. Puis, pendant qu'il dormait, 


94. IV Rois, xix, 37; IL Par., xxxit, 21; [saie, xxxvi, 38, — Cnar. II. 6. Amos, van, 10; 
1 Mach., 1, 44. — 9. Supra, 1, 21. 


94. * Après quarante-cinq jours. Les différents textes de Tobie donnent un nombre 
de jours différents. Ces jours ne s'appliquent pas d'ailleurs au temps qui s'écoula 
depuis le retour de Sennachérib dans ses états, après la destruction de son armée 
en Palestine, mais au temps qui s'écoula depuis la spoliation de Tobie. 


1. Repas; proprement le premier de la journée. 

3. De son lit de table. Les anciens Hébreux se mettaient à table couchés sur des 
lits. Cependant cet usage n'était pas universel parmi eux. 

10. La muraille de sa maison. Tobie, n'ayant pu se purifier de l'impureté légale 
qu'il avait contractée en touchant les morts, demeura hors de sa maison. 

11, * Un nid d'hirondelles. Ces oiseaux étaient des hirondelles, d'après la traduc- 
tion de S. Jérôme, des passereaux, d’après l'ancienne Italique et les textes grecs, 
qui ne parlent point non plus de nid. La cécité ne fut pas instantanée, d'aprés les 
versions grecques; mais les excréments qui étaient chauds, en tombant sur les 
yeux, ouverts, ajoutent le Codex Vaticanus et autres, produisirent dans les yeux une 
inflammation et une taie, laquelle, par la maladresse des médecins, dégénéra en 
perte compléte de la vue. S. Jéróme a résumé tous les détails fournis par les autres 
textes dans les deux mots : 11 devint aveugle. 


.11 .מס] 


il tomba d'un nid d'hirondelles 
de la fiente chaude sur ses yeux, 
et il devint aveugle. 

19. Or Dieu permit que cette 
épreuve lui arrivát précisément, 
pour que l'exemple de sa patience 
füt offerte à ses descendants, 
comme celle du saint homme Job. 

13. Car, comme dès son en- 
fance, il avait toujours craint 
iDieu, et gardé tous ses comman- 
dements, il ne s'attrista point, e£ 
ne murmura point contre Dieu 
de ce que cette plaie de cécité 
lui était venue; 

14. Maisildemeurainébranlable 
dans la crainte de Dieu, rendant 
gráce à Dieu tous les jours de sa 
vie. 

15. Car, comme les rois insul- 
taient au bienheureux Job, ainsi 
ses parents et ses alliés raillaient 
sa conduite, disant : 

16. Où est ton espérance pour 
laquelle tu faisais des aumónes 
et des sépultures? 

17. Mais Tobie les reprenait, di- 
sant : Ne parlez point ainsi; 

18. Parce que nous sommes en- 
fants des saints, et que nous at- 
tendons cette vie que Dieu doit 
donner à ceux qui ne détournent 
jamais leur fidélité de lui. 

19. Or Anne, sa femme, allait 
faire de la toile chaque jour, et 
le vivre que parle travail de ses 
mains elle pouvait gagner, elle 
l'apportait. 

20. D'où il arriva qu'ayant recu 
un chevreau, elle l'apporta à la 
maison ; 

21. Et lorsque son mari eut en- 


TOBIE, 


937 
tendu le cri du chevreau bélant, 
il dit : Prenez garde qu'il n'ait été 
dérobé; rendez-le à ses maitres, 
parce qu'il ne nous est pas permis 
de manger ce qui a été dérobé ou 
d'y toucher. 

29. A cela sa femme, irritée, 
répondit : Ton espérance a été 
manifestement vaine; et tes au- 
mónes se montrent maintenant. 

93. Ainsi c'est par ces discours 
et d'autres semblables que sa 
femme 16 blámait. 


CHAPITRE III. 


Prière de Tohie et de Sara fille de Raguel. 
Le Seigneur les exauce, et envoie à leur 
secours l'ange Raphaël. 


1. Alors Tobie gémit, et com- 
mença à prier avec larmes, 

2. Disant : Vous êtes juste, Sei- 
gneur, ettous vos jugements sont 
droits, el toutes vos voies sont 
miséricorde, vérité et justice. 

3. Et maintenant, Seigneur, 
souvenez-vous de moi, et ne tirez 
point vengeance de mes péchés, 
et ne vous rappelez point mes 
offenses ou celles de mes pères. 

4. Parce que nous n'avons point 
obéi. à vos préceptes, c'est pour 
cela que nous avons été livrés au 
pillage, à la captivité, à la mort, 
à la risée età l'insulte chez toutes 
les nations parmi lesquelles vous 
nous avez dispersés. 

5. Et maintenant, Seigneur, vos 
jugements sont grands, parce 
que nous n'avons point agi selon 
vospréceptes, etquenousn'avons 
point marché sincerement devant 
vous. 


22, Job., 11, 9. — Cuar. 111. 4. Deut., xxvii, 15. 


== M — M ÀÀ M ÀÀ MÀ M MÀ M MÀ M uM ...--..-.. A M ae 00..0.....ὕ....... e ——À—À—ÀÀÀ 


2. Justice; littér. jugement, arrêt juste. 


998 


6. Et maintenant, Seigneur, 
faites-moi selon votre volonté, 
et ordonnez que mon âme soit 
recue en paix; car il est avanta- 
geux pour moi de mourir, plu- 
tót que de vivre. 

7. Or en ce méme jour il arriva 
que Sara, fille de Raguel, qui de- 
meurait à Rages, ville des Médes, 
entendit elle-méme un reproche 
outrageant d'une des servantes 
de son père, 

8. De ce qu'elle avait été don- 
née à sept maris, et que le démon 
du nom d'Asmodée les avait tués 
aussitót qu'ils s'étaient approchés 
d'elle. 

9. Comme donc elle reprenait 
cette jeune fille pour quelque 
faute qu'elle avait faite, elle lui 
répondit, disant : Que nous ne 
voyious plus de toi fils ou fille sur 
la terre, meurtriere de tes maris! 

10. Est-ce que tu veux me tuer 
aussi, comme tu as déjà tué sept 
maris? A cette parole, Sara monta 
dans la chambre haute de sa mai- 
son, et pendant trois jours et 
trois nuits elle ne mangea ni ne 
but ; 

11. Mais persévérant dans la 


TOBIE, 


]68. [.זוז‎ 
priere, elle priait Dieu avec lar- 
mes qu'il la délivrát de cet op- 
probre. 

19. Or il arriva le troisieme 
jour que, tandis qu'elle achevait 
sa prière, bénissant le Seigneur, 

13. Elle dit : Béni est votre nom, 
Dieu de nos peres, qui, apres que 
vous étes irrité, faites miséri- 
corde, et qui au temps de la tri- 
bulation remettez les péchés à 
ceux qui vous invoquent. 

14. C'est vers vous, Seigneur, 
que je tourne ma face, et vers 
vous que je dirige mes yeux. 

15. Je vous demande, Seigneur, 
que vous me détachiez du lien de 
cet opprobre, ou que vous me 
retiriez de dessus la terre. 

16. Vous savez, Seigneur, que 
je n'ai jamais désiré un mari, et 
que j'ai conservé mon àme pure 
de tout mauvais désir. 

17. Jamais je ne me suis mêlée 
à ceux qui se divertissent, et je 
n'ai pas fait société avec ceux 
qui marchent imprudemment. 

18. Et j'ai consenti à recevoir 
mon mari dans votre crainte, et 
non pour ma passion, 

19. Et ou moi j'ai été indigne 


1. Ragés; le grec lit Ecbathane. D'un autre cóté on voit dans la Vulgate (1x, 3, 6) 
que Tobie, étant arrivé chez Raguel, envoie Raphaél à Ragés vers Gabélus. Pour 
faire disparaître cette espèce de contradiction de la Vulgate, on dit qu'il y avait deux 
villes du nom de Ragès. On pourrait dire encore que Raguel et sa fille habitaient 
Ragès, quand les sept maris furents tués par le démon; mais qu'après ce fàcheux 
événement, ils changèrent d'habitation; ils avaient en effet plus d'une raison de 
s'éloigner d'un lieu qui leur rappelait de si tristes souvenirs. — * La leçon du grec 
est préférable. Raguel habitait Ecbatane. Ecbatane, aujourd'hui Hamadan, était la 
capitale de la Médie. Fondée par Déjocés et entourée de sept murailles, de hauteur 
et de couleur différentes, elle servit de résidence d'été aux rois Achéménides et 
plus tard aux rois Parthes. Située au milieu de hautes montagnes, le climat en est 
trés froid. Son altitude est de prés de 1800 métres. — Au verset 7 commence la 
deuxième partie de cette histoire qui, jusqu'au verset 23, nous fait connaitre les 
vertus et les épreuves de Sara, fille de Raguel. 

8. * Asmodée parait étre le démon de la concupiscence. D'aprés les uns, il vient du 
perse azmüden, > tenter », d’après les autres de l'hébreu schámad, « perdre. » 

10. * La chambre haute, l'endroit principal de la maison. ; ; 


[ci. 1v.) 
d'eux, ou peut-étre eux n'étaient- 
ils pas dignes de moi, parce que 
peut-étre c'est pour un autre 
mari que vous m'avez réservée. 
| 90. Car vos conseils ne sont 
point au pouvoir de l'homme. 

21. Mais quiconque vous ho- 
nore est assuré que sa vie, si elle 
passe par l'épreuve, sera cou- 
ronnée; mais, sil est dans la 
tribulation, il sera délivré, et 
sil éprouve un chátiment, il 
pourra parvenir à votre miséri- 
corde. 

22. Gar vous ne vous plaisez 
point à notre perte, puisqu'après 
la tempéte vous faites le calme, 
et qu après les larmes et les sou- 
pirs vous répandez la joie. 

23. Que votre nom, Dieu d'Is- 
raél, soit béni dans les siecles! 

24. En ce temps-là les prières 
de tous les deux furent exaucées 
en la présence du Dieu souve- 
rain; 

95. Et le saint ange du Sei- 
gneur, Raphaél, fut envoyé pour 
les guérir tous deux, eux dont 
les prieres avaient été présentées 
au Seigneur en méme temps. 


CHAPITRE IV. 


Instructions de Tobie à son fils. Il l'aver- 
tit de la somme qu'il a mise entre les 
mains de Gabélus. 


1. Ainsi, comme Tobie croyait 
que sa priere était exaucée, et 


TOBIE. 


939 
quil pourrait mourir, il appela 
vers lui Tobie, son fils, 

2. Et lui dit : Ecoute, mon fils, 
les paroles de ma bouche, et 
pose-les dans ton cœur, comme 
un fondement. 

3. Lorsque Dieu aura recu mon 
àme, ensevelis mon corps; tu 
honoreras aussi ta mere tous les 
jours de sa vie; 

4. Car tu dois te rappeler quels 
et. combien grands ont été les 
périls qu'elle a essuyés, à cause 
de toi, en son sein, 

9. Et quand elle aura aussi elle- 
méme achevé le temps de sa vie, 
ensevelis-la prés de moi. 

6. Mais tous les jours de ta vie 
aie Dieu dans l'esprit, et garde- 
toi de consentir jamais au péché, 
et de négliger les préceptes du 
Seigneur notre Dieu. 

7. Fais 'aumóne de ton bien, 
et ne détourne ta face d'aucun 
pauvre; car il arrivera aussi que 
la face du Seigneur ne se détour- 
nera pas non plus de toi. 

8. Comme tu le pourras, ainsi 
sois miséricordieux. 

9. Si tu as beaucoup, donne 
abondamment; si tu as peu, 
méme de ce peu, aie soin de 
donner de bon cœur. 

10. Car tu t'amasseras ainsi le 
trésor d'une bonne récompense 
au jour de la nécessité, 

11. Parce que l'aumóne délivre 


IV. 3. Exode, xx, 12; Eccli., vir, 29. — 7. Prov., x, 9; Eccli., 1v, 1; xiv, 13;‏ אס 
Luc, xiv, 13. — 8. Eccli., xxxv, 12. — 11. Eccli., xxix, 15.‏ 


24. * Ici commence la troisiéme section de Tobie, ur, 24-vr, 9, laquelle raconte le 


voyage du jeune Tobie en Médie. 


25. * Raphaël, > Dieu guérit », prend une forme humaine pour conduire, sous le 


nom d'Azarias, le jeune Tobie. 


4. A cause de toi, lorsque tu étais dans son sein. 
41. Parce que l'aumóne, etc. L'aumóne faite avec de bonnes intentions nous mérite 


940 


de tout péché et de la mort, et 
qu'elle ne laissera point l’âme 
aller dans les ténèbres. 

19. L'aumóne sera le sujet 
d'une grande confiance devant 
le Dieu très haut, pour tous ceux 
qui la font. 

13. Garde-toi, mon fils, de 
toute fornication, et, hors ta 
femme, ne te permets jamais de 
connaitre le crime. 

14. Ne laisse jamais lorgueil 
dominer dans ton esprit ou dans 
ta parole; car c'est par l'orgueil 
que toute perdition a pris com- 
mencement. 

15. Quiconque t'aura fait un 
travail, rends-lui aussitót son sa- 
laire ; et que le salaire du merce- 
naire ne demeure en aucune ma- 
niere chez toi. 

16. Ce que tu serais fáché qu'un 
autre te fit, prends garde de ja- 
mais le faire à un autre. 

11. Mange ton pain avec les 
pauvres et avec les indigents, et 
de tes vétements couvre ceux 
qui sont nus. 

18. Mets ton pain et ton vin sur 
le tombeau du juste, et n'en 
mange et n'en bois point avec 
les pécheurs. 

19. Demande toujours conseil 
à un sage. 

20. Bénis Dieu en tout temps. 
et demande-lui qu'il dirige tes 


TOBIE. 


(cn. v.] 


voies, et que tous tes conseils 
demeurent en lui persévéram- 
ment. 

91. Je t'avertis aussi, mon fils, 
que, lorsque tu étais encore petit 
enfant, jai donné dix talents 
d'argent à Gabélus, qui demeure 
à Ragès, ville des Medes; et j'ai 
son seing chez moi: 

29. Et c'est pourquoi cherche 
comment tu parviendras jusqu'à 
lui, tu recouvreras le susdit poids 
d'argent et tu lui rendras son 
seing. 

23. Ne crains point, mon fils; 
nous menons, à la vérité, une vie 
pauvre; mais nous aurons beau- 
coup de biens, si nous craignons 
Dieu, si nous nous retirons de 
tout péché, et si nous agissons 
bien. 


CHAPITRE V. 


L'ange Raphaël s'engage à accompagner 
le jeune Tobie jusqu'à 8869 ; larmes 
de sa mére; confiance de son pére. 


1. Alors Tobie répondit à son 
pere, et dit: Tout ce que vous 
m'avez ordonné, je le ferai, mon 
père. 

2. Mais comment pourrai - je 
retirer cet argent, je l'ignore : 
cet homme ne me connait point, 
et moi je ne le connais point, 
quelle marque lui donnerai-je? 
Mais je ne sais pas méme le 


13. I Thess., 1v, 3. — 14. Genèse, mr, 5. — 15. Lév., xix, 13; Deut., xxiv, 14. — 
16. Matt., vir, 12; Luc, vi, 31. — 17. Luc, xiv, 13. — 23. Rom., viu, 11. 


une augmentation dela gráce divine, et nous améne ainsi à la conversion et à la 
pénitence, qui nous délivre en effet de tout péché et nous sauve de la mort éternelle. 
13. De connaitre le crime; c'est-à-dire de commettre l'adultére. 
18. Cette coutume de mettre de la nourriture sur les tombeaux, pratiquée chez les 
Hébreux, et méme parmi les chrétiens pendant plusieurs siécles, était une aumóne 
que l'on faisait aux vivants, afin de les engager à prier pour les morts. 


91, * Voir plus haut, 1, 11. 


2. Quelle marque, etc.; pour me faire connaitre à lui. 


Ceres 


[cn. v.] 
chemin par où l'on peut aller là. 

3. Alors son pere lui répondit, 
et dit: J'ai méme son seing en 
mon pouvoir;lorsque tu le lui 
montreras, il te rendra aussitót 
l'argent. 

4. Mais va maintenant, et 
cherche-toi quelque homme fi- 
dele qui puisse aller avec toi, en 
lui assurant sa récompense, afin 
que tu recoives cet argent pen- 
dant que je vis encore. 

5. Alors Tobie, étant sorti, 
trouva un jeune homme magni- 
fique, debout, ceint, et comme 
prét à marcher. 

6. Et, ignorant que ce fül un 
ange de Dieu, il le salua, et 
lui dit : D'où es-tu, bon jeune 
homme? 

7. Et celui-ci répondit : Je suis 
des enfants d'Israél. Alors Tobie 
lui demanda : Connais-tu le che- 
min qui conduit au pays des Me- 
des? 

8. Il lui répondit : Je le con- 
nais; j'ai parcouru fréquemment 
tous ces chemins, et j'ai demeuré 
chez Gabélus, notre frère, qui 
reste à Ragès, ville des Mèdes, 
laquelle est située sur la mon- 
tagne d'Ecbatane. 

9. Tobie lui dit : Attends-moi, 
je te supplie, jusqu'à ce que j'aie 
annoncé tout cela à mon père. 

10. Alors Tobie, entrant rap- 


porta tout cela à son père. Sur 


TOBIE. 


941 


quoi plein d'admiration, son père 
demanda qu'il entrát auprès de 
lui. 

11. Etant donc entré, il salua 
Tobie, et dit : Que la joie soit 
avec vous toujours. 

12. Et Tobie répondit : Quelle 
joie auraije, moi qui suis tou- 
jours dans les ténèbres, et qui ne 
vois point la lumiere du ciel? 

13. Le jeune homme lui ré- 
pliqua : Ayez bon courage, dans 
peu vous serez guéri par Dieu. 

14. Et Tobie lui dit : Pourras- 
tu conduire mon fils chez Ga- 
bélus, à Ragès', ville des Mè- 
des? Et lorsque tu seras de re- 
tour, je te remettrai ta récom- 
pense. 

15. Alors l'ange lui dit : Oui, je 
le mènerai et le ramènerai vers 
vous. 

16. Et Tobie répondit : Je te 
prie, dis-moi : de quelle maison 
ou de quelle tribu es-tu? 

17. L'ange Raphaël lui dit: Est- 
cela race du mercenaire que vous 
cherchez, ou bien le mercenaire 
lui-méme qui doit conduire votre 
fils? 

18. Mais, de peur que jene vous 
rende inquiet, je suis Azarias, fils 
du grand Ananias. 

19. Et Tobie répondit : Tu es 
d'une race illustre. Mais je te prie 
de ne point te fácher, parce que 
jai voulu connaitre ta race. 


5. Quand les Orientaux se mettent en route, ils retroussent leurs longs vétements 


avec une ceinture. 


1. L'ange, ayant pris la forme d'Azarias (voy. vers. 18), et par conséquent le repré- 
sentant, et tenant sa place, a pu sans blesser la vérité se qualifier d'enfant d'Israël. 
C'est ainsi qu'un autre ange disait à Jacob : Je suis le Dieu de Béthel, parce qu'il re- 
présentait le Seigneur et parlait en son nom (Genèse, xxxi, 13). 

18. Azarias veue dire Dieu aide, et Ananias, Dieu est propice, miséricordieux. L'ange 
pouvait d'autant mieux prendre ces deux noms, qu'ils conviennent parfaitement à 
la mission divine qu'il remplissait vis-à-vis de Tobie, 


942 


90. Alors l'ange Jui dit : Oui, je 
mènerai en bonne santé, et je 
ramènerai en bonne santé votre 
fils. 

91. Et, répondant, Tobie dit : 
Voyagez heureusement, que Dieu 
soit avec vous dans votre che- 
min, et que son ange vous accom- 
pagne. 

22. Alors, tout ce qu'ils devaient 
porter en route ayant été préparé, 
Tobie dit adieu à son père et à sa 
mere, et ils s'en allèrent tous deux 
ensemble. 

23. Et lorsqu'ils furent partis, 
la mère commença à pleurer et à 
dire : Tu nous a óté le bâton de 
notre vieillesse, et tu l'as éloigné 
de nous. 

24. S'il n'avait jamais été, cet 
argent pour lequel tu l'as en- 
voyé ! 

25. Car notre pauvreté nous suf- 
fisait, en sorte que nous pouvions 
regarder comme une grande ri- 
chesse de voir ziotre fils. 

26. Tobie lui répondit : Ne 
pleure point; notre fils arrivera 
là sauf, etil reviendra sauf vers 
nous, et tes yeux le verront; 

27. Car je crois qu'un bon 
ange de Dieu l'accompagne, et 


CnaAP. V. 23. Infra, x, 4. 


TOBIE. 


(cm. vi.] 
qu'il dispose bien tout ce qui se 
rapporte à lui, et qu'ainsi il re- 
viendra avec joie vers nous. 

98. A cette parole, sa mere cessa 
de pleurer, et elle se tut. 


CHAPITRE VI. 


Le jeune Tobie étant en route, un pois- 
son veut le dévorer. Tobie le prend 
par ordre de l'ange. L'ange lui con- 
seille d'épouser Sara, fille de Raguel. 


1. Tobie partit donc, et lechien 
le suivit; et il s'arrêta à la pre- 
miere hótellerie pres du fleuve 
du Tigre. 

2. Et il alla pour laver ses 
pieds, et voilà qu'un poisson 
énorme sortit pour le dévorer. 

3. Épouvanté de ce poisson, 
Tobie cria d'une voix forte, di- 
sant : Seigneur, il s'élance sur 
moi ! 

4. Et l’ange lui dit : Saisis-le 
par les ouies, et tire-le à toi. Ce 
qu'ayant fait, il le tira à terre, et 
le poisson commenca à palpiter à 
ses pieds. 

5. Alors l'ange lui dit : Éventre 
ce poisson, et réserve-t'en le 
cœur, le fiel et le foie, parce que 
ces choses sont nécessaires pour 
des remedes utiles. 


—  — —— a a — M — a MH M — 


95. Notre pauvreté, etc. Le peu que nous avons nous suffisait, et nous aurions dû 
regarder comme une richesse le bonheur de voir notre fils avec nous. 


1. * Le soir de la première journée du voyage, Tobie et son conducteur s'arrétérent 
sur les bords du Tigre, soit le fleuve célébre de ce nom, qui traversait l'ancienne 
Ninive, ce qui impliquerait que l'Israélite demeurait sur la rive droite, soit le grand 
ou le petit Zab, atfluents du Tigre, à l'est, à qui on donnait aussi ce nom. 

2. * Un poisson énorme. C'était probablement un brochet. Ce poisson atteint sou- 
vent la grosseur d'un homme et peut devenir trés vieux. Il est trés vorace; on a 
trouvé quelquefois dans ses entrailles des membres humains. La téte est grosse' 
l'ouverture de la bouche large et s'étend presque jusqu'aux yeux. On le rencontre dans 
le Tigre; sa chair est excellente; il est assez gros pour servir plusieurs jours de 
nourriture à des voyageurs, vi, 6; il a des nageoires et des écailles et remplit ainsi 
les conditions prescrites par la loi pour que les Juifs puissent en manger, Lévitique, 
xi, 9 -10;il a des ouies, comme le suppose le texte. 


cu. νι] 

6. Ce qu'ayant fait, il rótit de 
seschairs qu'ils emporterentpour 
la route ; ils salèrent le reste, qui 
leur devaitsuffire jusqu'à ce qu'ils 
arrivassent à Ragès, ville des 
Mèdes. 

7. Alors Tobie interrogea l'an- 
ge, etlui dit : Jete conjure, Aza- 
rias, mon frere, de me dire à 
quels remèdes servira ce que tu 
as commandé de conserver de ce 
poisson. 

8. Et, répondant, l'ange lui dit : 
Si tu mets une petite partie du 
cœur sur des charbons, la fumée 
qui en sort chasse toute sorte de 
démons, soit dun homme, soit 
d'une femme, en sorte qu'ils ne 
s'en approchent plus. 

9. Et le fiel est bon pour oin- 
dre les yeux où il y a une taie, et 
il les guérit. 

10. Ensuite Tobie lui dit : Oü 
veux-tu que nous logions? 

11. Et, répondant, l'ange dit : 
Il y a ici, du nom de Raguel, un 
homme, ton proche, de ta tribu : 
or cet homme a une fille du nom 
de Sara, et il n'a pas de garcon ni 
aucune autre fille qu'elle. 

19. Tout son bien t'est dû; 
mais il faut que tu la prennes en 
mariage. 


TOBIE. 943 


18. Demande-la donc à son 
pere, el il te la donnera pour 
femme. 

14. Alors Tobie lui répondit, et 
dit : J'entends dire qu'elle a été 
donnée à sept maris, et qu'ils sont 
tous morts ; et j'ai oui dire aussi 
qu'un démon les a tués. 

15. Je crains donc que cela ne 
m'arrive, et que, comme je suis 
fils unique de mes parents, je ne 
conduise la vieillesse de mon pere 
et de ma mere avec tristesse dans 
les enfers. 

16. Alors lange Raphaël lui 
dit : Ecoute-moi, et je te montre- 
rai qui sont ceux sur qui 16 démon 
ἃ du pouvoir. 

17. Or ceux qui embrassent le 
mariage de manière qu'ils ban- 
nissent Dieu de leur cœur et de 
leur esprit, et qu'ils s'abandon- 
nent àleur passion, de méme que 
le cheval et le mulet, qui n'ont 
pas d'intelligence, le démon a pou- 
voir sur eux. 

18. Mais toi, apres que tu l'au- 
ras épousée, étant entré dans la 
chambre à coucher, sois continent 
vis-à-vis d ellependant troisjours, 
et ne t'occupe avec elle d'aucune 
autre chose que de prieres. 

19. Et, dans cette nuit méme, 


CHAP. VI. 12. Nomb., xxvi, 8; xxxvi, 8. 


———————————M———— d — M . 


6. * A Ragés. Voir plus haut, mi, 1. 

8-9. * L'ange ordonna à Tobie de saisir le poisson par les ouies, et, quand ils en 
eurent mangé, il lui recommanda de garder une partie du cœur, pour chasser le 
démon, et le fiel, pour guérir la taie des yeux. Les interprètes catholiques sont di- 
visés sur la question de savoir s'il s'agit ici de propriétés naturelles ou surnaturelles 
de ces orgaues. Il s'agit plus vraisemblablement ici de propriétés miraculeuses que 
Dieu leur confère, afin que son ange puisse conserver jusqu'à la fin l'incognito et 
remplir néanmoins la mission secourable qui lui a été confiée. 

9. Il les guérit. Devant ces mots, il y a évidemment sous-entendu si on les oint 
avec ce fiel. Les ellipses de ce genre sont trés communes dans le style de l'Ecri- 
ture. 

10. * Quatrième section. Mariage du jeune Tobie avec Sara, vr, 10-1x. 

15. Dans les enfers. Voy. sur le vrai sens de cette expression, Gen., xxxvi, 88 


944 TOBIE. 


si le roe du poisson est brûlé, le 
démon sera mis en fuite. 

20. Et la seconde nuit, tu seras 
admis à la société des saints pa- 
triarches. 

21. Mais la troisième nuit, tu 
recevras la bénédiction de Dieu, 
afin que soient procréés de vous 
des enfants très sains. 

22. Or, la troisième nuit passée, 
tu recevras cette vierge avec la 
crainte du Seigneur et par le dé- 
sir d'avoir des enfants, plutôt que 
poussé par la passion, afin que 
dans la race d'Abraham tu ob- 
tiennes une bénédiction en en- 
fants. 


CHAPITRE VIT. 


Mariage du jeune Tobie avec Sara, 
fille de Raguel. 


1. Ils entrèrent donc chez Ra- 
guel, et Raguel les reçut avec 
joie. 

2. Et Raguel, jetant les yeux 
sur Tobie, dit à Anne, sa femme: 
Comme ce jeune homme ressem- 
ble à mon cousin ! 

3. Et après qu'il eut dit cela, il 
demanda : D'où êtes-vous, mes 
jeunes frères? Et eux répondi- 
rent : Nous sommes de la tribu 
de Nephthali, de la captivité de 
Ninive. 

4. Et Raguel leur dit : Connais- 
sez-vous Tobie, mon frere? ls lui 
répondirent : Nous le connais- 
sons. 

5. Etcomme Raguel disait beau- 
coup de bien de Tobie, l'ange lui 
dit : Tobie, dont vous vous infor- 


| 8. vir.] 


mez, est le pere de ce jeune 
homme. 

6. Et Raguel se précipita, et le 
baisa avec larmes, et, pleurant 
sur son cou, 

7. ll dit : Que la bénédiction 
soit sur toi, mon fils; car tu es le 
fils d'un bon et excellent homme. 

8. Et Anne, sa femme, et Sara, 
leur fille, commencèrent à pleu- 
rer. 

9. Or, après qu'ils eurent parlé, 
Raguel ordonna qu'on tuát un bé- 
lier et qu'on préparáàt le festin; et, 
comme il les engageait à se met- 
tre à table, 

10. Tobie dit : Moi, je ne man- 
gerai point ici d'aujourd'hui, et, 
je ne boirai point, si auparavant 
vous ne m'accordez ma demande, 
et si vous ne promettez de me 
donner Sara, votre fille. 

11. Cette parole entendue, Ra- 
guel fut épouvanté, sachant ce 
qui était arrivé aux sept maris 
qui s'étaient approchés d'elle, et 
il commença à craindre qu'à ce- 
lui-ci aussi il n'arrivàt pareille- 
ment : et, comme il hésitait, ne 
donnant à la demande de Tobie 
aucune réponse, 

12. L'ange lui dit : Ne craignez 
point de donner votre fille à ce 
jeune homme, parce que c'est à 
lui, qui craint Dieu, qu'est due 
votre fille pour épouse; c'est pour 
cela qu'un autre n'a pu l'avoir. 

13. Alors Raguel dit : Je ne 
doute point que Dieu n'ait admis 
en sa présence mes prières et mes 
larmes. 


20-22. Dans la seconde et la troisième nuit, que vous passerez de méme dans la 
continence et la prière, tu parliciperas à l'esprit, à la vertu des saints patriarches, 
et à la bénédiction qui consiste en une postérité nombreuse d'enfants de la race 


d'Abraham. 


011. VIII.) 

14. Et je crois qu'il a fait que 
vous vinssiez vers moi, unique- 
ment afin que cette fille se mariât 
dans sa parenté, selon la loi de 
Moise : ainsi maintenant n'aie au- 
cun doute que je ne te la donne. 

15. Et, prenant la main droite 
de sa fille, il la mit dans la main 
droite de Tobie, disant : Que le 
Dieu d'Abraham, le 16000 6 
^et le Dieu de Jacob soit avec 
vous ; que lui-méme vous unisse, 
et qu'il accomplisse sa bénédic- 
tion en vous. 

16. Et, ayant pris du papier, ils 
firent l'écrit de mariage. 

17. Et après cela ils mangèrent, 
bénissant Dieu. 

18. Et Raguel appela vers lui 
Anne, sa femme, et lui ordonna 

de préparer une autre chambre. 
ες 49. Elle y introduisit Sara, sa 
fille, et celle-ci pleura. 

20. Et elle lui dit : Aie bon cou- 
rage, ma fille; que le Seigneur du 
ciel te donne de la joie, au lieu 
de la peine que tu as soufferte. 


CHAPITRE VIII. 


Tobie et Sara passent la première nuit 
de leurs noces en prières. Tobie n'é- 
prouve aucun accident fácheux. Raguel 
en bénit Dieu, et leur fait célébrer 
leurs noces. 


1. Or, aprés qu'ils eurent soupé, 


TOBIE. 


945 
ils introduisirentle jeune homme 
aupres d'elle. 

2. C'est pourquoi Tobie, se sou- 
venant des paroles de l'ange, tira 
de son havre-sac une partié du 
foie du poisson, et la mit sur des 
charbons ardents. 

3. Alors l'ange Raphaél se sai- 
sit du démon, et l'enchaina dans 
le désert dela haute Egypte. 

4. Alors Tobie exhorta la vier- 
ge, et lui dit : Sara, lève-toi, et 
prions Dieu aujourd'hui et de- 
main, et aprés-demain, parce que 
durant ces trois nuits nous som- 
mes unis à Dieu: et, la troisieme 
nuit passée, nous vivrons dans 
notre mariage : 

9. Car nous sommes enfants des 
saints, et nous ne devons pas 
nous marier comme les nations 
qui ignorent Dieu. 

6. S'étant donc levés en méme 
temps, ils priaient Dieu instam- 
menttous les deux ensemble pour 
quune vie sauve leur füt ac- 
cordée. 

1. Et Tobie dit:Seigneur Dieu de 
nos pères, qu'ils vous bénissent, 
les cieux et la terre, la mer, les 
fontaines et les fleuves et toutes 
les créatures qui s'y trouvent. 

8. C'est vous qui avez fait Adam 
du limon de la terre, et qui lui 
avez donné pour aide, Eve. 


Cuap. VII. 14. Nomb., xxxvi, 6. — (Παρ. VIII. 8. Genèse, 11, 7. 


14. * Selon la loi de Moise, qui prescrivait que lorsqu'il n'y avait que des filles dans 
une famille, elles se mariassent dans leur propre tribu. 

16. Du papier, ou un livre, comme porte le grec. 

19. Celle-ci pleura. La suite prouve que c'est en effet Sara qui pleura. Remarquons 
de plus que, dans les écrivains sacrés comme dans les auteurs arabes, le complément 
d'un verbe sert trés souvent de sujet au verbe suivant, quand ce dernier n'en a 


aucun autre d'exprimé. 


3. L'ange Raphael, usant de la puissance que Dieu lui avait donnée, enleva à As- 
modée tout pouvoir de nuire, et le relégua dans un lieu où il lui était impossible 
d'exercer sa méchanceté. — * Dans le désert de la haute Egypte, dans la Thébaïde, 


4. Nous sommes, etc. Nous devons nous unir à Dieu par la prière. 


Av. 


60 


946 TOBIE. 


9. Et maintenant, Seigneur, 
vous savez, vous, que ce n'est 
point pour cause de passion que 
je prends ma sœur pour épouse, 
mais par le seul désir d'une pos- 
térité dans laquelle soit béni votre 
nom dans les siècles des siècles. 

10. Sara dit aussi : Ayez pitié 
de nous, Seigneur, ayez pilié 
de nous, et que nous vieillissions 
tous deux ensemble en bonne 
santé. 

11. Et il arriva, vers le chant 
des coqs, que Raguel commanda 
qu'on fit venir ses serviteurs ; 
et 115 s’en allèrent avec lui en 
même temps pour creuser un 
sépulcre. 

12. Car il disait : Peut-être qu'il 
lui sera arrivé comme aux autres 
sept hommes qui se sont appro- 
chés d'elle. 

13. Et, lorsqu'ils eurent préparé 
la fosse, Raguel, revenu vers sa 
femme, lui dit : 

14. Envoie une de tes servantes 
et qu'elle voie s'il est mort, afin 
que je l'ensevelisse avant que le 
jour paraisse. 

15. Et celle-ci envoya une de 
ses servantes, laquelle, étant 
entrée dans la chambre, les 
trouva tous deux saufs et très 
sains, dormant auprès lun de 
l'autre. 

16. Et, revenue, elle annonca 
cette bonne nouvelle, et ils bé- 
nirent le Seigneur, c'est-à-dire 
Raguel et Anne, sa femme, 


[cm. vi. | 


17. Et ils dirent : Nous vous 
bénissons, Seigneur Dieu d'Is- 
raël, parce qu'il n'est pas arrivé 
comme nous pensions. 

18. Car vous avez exercé envers 
nous votre miséricorde, vous avez 
chassé loin de nous l'ennemi qui 
nous persécutait; 

19. Et vous avez eu pitié de 
deux enfants uniques. Faites, 
Seigneur, qu'ils vous bénissent 
davantage, et qu'ils vous offrent. 
un sacrifice pour la louange qui 
vous est due et pour leur vie 
sauve, afin que toutes les na- 
lions sachent que c'est vous qui 
étes le seul Dieu dans toute la 
terre. 

20. Et aussitót Raguel ordonna 
à ses serviteurs de remplir la 
fosse qu'ils avaient faite, avant 
que le jour parüt. 

91. Il dit aussi à sa femme 
d'appréter un repas, et de pré- 
parertout ce qui était nécessaire 
pour là nourriture des voya- 
geurs. 

22. Il fit aussi tuer deux vaches 
grasses et quatre béliers, et pré- 
parer un festin pour tous ses voi- 
sins et tous ses amis. 

23. Raguel conjura ensuite 
Tobiede demeurer deux semaines 
chez lui. 

24. Or de tout ce qu'il possé- 
dait, Raguel donna la moitié à 
Tobie, et il fit un écrit, afin que 
la moitié qui resterait apres leur 
mort devintla propriété de Tobie. 


11. Cogs. Le mot dela Vulgate signifie proprement les petits des animaux. — * Pour 
creuser un sépulcre, afin d'enterrer immédiatement Tobie qu'on supposait mort, 
parce qu'on n'avait pas coutume de conserver les cadavres. 

19. * Qu'ils vous offrent un sacrifice, non pas un sacrifice proprement dit, qu'on ne 
pouvait pas offrir hors de la Palestine, mais un sacrifice de louange ou d'actions de 


grâces, comme dans le Psaume xuix, 24. 


24. Aprés leur mort; c'est-à-dire la mort de Raguel et de sa femme. 


[68. x.) 


CHAPITRE IX. 


L'ange va trouver Gabélus, recoit de lui 
l'argent, et l'amène aux noces de To- 
bie. 

1. Alors Tobie appela vers lui 
l'ange, qu'il croyait certainement 
étre un homme, et lui dit : Aza- 
rias, mon frere, je demande que 
tu écoutes mes paroles. 

2. Quand je me livrerais à toi 
comme esclave, je ne serais pas 
dignement reconnaissant de tes 
soins. 

3. Cependant, je te conjure de 
prendre des bétes et des servi- 
teurs, et d'aller vers Gabélus, à 
Rages, ville des Mèdes, de lui 
rendre son écrit, de recevoir de 
luil'argent, et de le prier de venir 
à mes noces: 

4. Car tu sais toi-même que mon 
pere compte les jours; or si je 
tarde un jour de plus, son âme 
sera contristée. 

5. Certainement tu vois aussi 
de quelle maniere Raguel m'a 
conjuré de demeurer ici, et que 
je ne puis rejeter ses instances. 

6. Alors Raphaél, prenant qua- 
tre des serviteurs de Raguel et 
deux chameaux, s'en alla à Ra- 
ges, ville des Medes; et, trouvant 
Gabélus, il lui rendit son écrit et 
recut de lui tout l'argent. 

1. ll Jui raconta aussi touchant 
Tobie tout ce qui s'était passé, et 


TOBIE, 


947 


il le fit venir avec lui aux noces. 

8. Or, lorsque Gabélus fut entré 
dans la maison de Raguel, 1] 
trouva Tobie à table; mais, celui- 
ci s'élancant, ils s'embrasserent 
l'un l'autre; et Gabélus pleura et 
bénit Dieu, 

9. Et dit : Que le Dieu d'Israël 
te bénisse, parce que tu es le 
fils dun homme excellent et 
juste, craignant Dieu, et faisant 
l'aumóne. 

10. Que l'on dise aussi la béné- 
diction sur ta femme et sur tes 
parents ; 

11. Et que vous voyiez vos fils, 
les fils de vos fils, jusquà la 
troisième et la quatrième géné- 
ration, et que votre race soit 
bénie du Dieu d'Israël, qui règne 
dans les siècles des siècles. 

12. Et, tous ayant répondu 
Amen, ils s'approcherent pour le 
festin ; mais c'est méme avec 8 
crainte du Seigneur qu'ils célé- 
brerent le festin des noces. 


CHAPITRE X. 


Inquiétude du père et de la mère du 
jeune Tobie. Raguel et le jeune Tobie 
se séparent. 

1. Mais, comme Tobie différait 
de revenir à cause de son ma- 
riage, son pere Tobie était inquiet, 
disant : Penses-tu pourquoi mon 
fils est en retard, ou pourquoi il 
est retenu là? 


2. Je ne serais pas, etc.; ma personne et mes services d'esclave ne seraient pas 
un prix tout à fait digne des services que tu m'as rendus, c'est-à-dire : je ne pourrais 


reconnaitre dignement, etc. 
3. * A Ragés. Voir plus haut, τ, 16. 
8. A table; littér. couché. Voy. u, 3. 


10. Que l’on dise, elc. Que l'on prononce des bénédictions sur ta femme, etc.; c'est- 
à-dire, que l'o.. proclame heureux ta femme et tes parents. 


1. Disant en lui-même, se disant en lui-même. Compar. II Rois, 1x, 1. — * Les cha- 
pitres x et xi forment la cinquième section et racontent le retour de Tobie à Ninive. 


Q8 TOBIE. 


2. Penses-tu que Gabélus soit 
mort, et que personne ne pourra 
lui rendre l'argent? 

3. ll commenca donc à s’at- 
trister extrémement, lui-même, 
et Anne sa femme avec lui; et 
ils commencèrent tous deux à 
pleurer ensemble de ce qu’au 
jour marqué leur fils ne revenait 
point vers eux. 

4. Sa mere pleurait donc avec 
des larmes qu'elle ne pouvait 
retenir, et elle disait : Hélas, 
hélas, mon fils! pourquoi t'avons- 
nous envoyé en pays étranger, 
toi, la lumiere de nos yeux, le 
bâton de notre vieillesse, le sou- 
lagement de notre vie, l'espé- 
rance de notre postérité ? 

5. Ayant en toi seul toutes 
choses réunies, nous ne devions 
pas t'envoyer loin de nous. 

6. Tobie lui disait : Tais-toi, 
ne te trouble point, notre fils est 
en bonne santé ; ilest tres fidèle, 
cet homme avec qui nous l'avons 
envoyé. 

7. Mais cela ne pouvait en au- 
cune maniere la consoler; car sor- 
tant chaque jour, elle regardait 
de tous côtés, et parcourait les 
chemins par lesquels il lui sem- 
blait qu'il devait revenir pour le 
voir venir de loin, si elle pouvait. 

8. Cependant Raguel disait à 
son gendre : Demeure ici, et moi, 
jenverrai des nouvelles de ta 
santé à Tobie, ton père. 

9. Tobie lui dit : Je sais parfai- 
tement que mon père et ma inere 

CHAP. X. 4. Supra, v, 23. 


[cH. ΣΙ. 


comptent maintenant les jours, et 
leur esprit est tourmenté en eux. 

10. Enfin, comme Raguel priait 
Tobie avec beaucoup d'instances, 
et que celui-ci ne voulait en au- 
cune maniere l'entendre, il lui 
remit Sara, et la moitié de tous 
ses biens en serviteurs, en ser- 
vantes, en troupeaux, en cha- 
meaux, en vaches et en une 
grande quantité d'argent, et il le 
laissa aller plein de santé et se 
réjouissant, 

11. Disant : Que l'ange saint du 
Seigneur soit en votre chemin, 
et quil vous conduise exempts 
de tout mal; que vous puissiez 
trouver tout parfaitement bien 
auprès de vos parents, et que mes 
yeux voient vos enfants, avant 
que je meure. 

12. Et les parents, prenant leur 
fille, la baisèrent et la laisserent 
aller, 

13. L'avertissant d'honorer son 
beau-père et sa belle-mère, d'ai- 
mer son mari, de diriger sa fa- 
mille, de gouverner sa maison, et 
de se conserver elle-même irré- 
prochable. 


CHAPITRE XL. 


Le jeune Tobie et Raphaël arrivent à Ni- 
nive. Tobie recouvre la vue. Sara ar- 
rive, on célèbre la noce. 


1. Comme ils s'en retournaient, 
ils arriverent à Charan, qui est à 
moitié chemin, en allant vers Ni- 
nive, le onzieme jour, 

9. Et l'ange dit : Tobie, mon 


1. * Charan ne désigne pas ici la ville de ce nom située en Mésopotamie, mais une 
autre ville à l'est de Ninive et d'ailleurs inconnue, située peut-être sur la frontière 


de la Médie et de l'Assyrie. 


2, * Tobie n'avait pu quitter sa jeune femme et prendre les devants, tant qu'on était 


CH. [זא‎ 
frère, tu sais comment nous avons 
laissé ton père. 

3. C'est pourquoi, s'il te plait, 
allons en avant, et que tes do- 
mestiques nous suivent à pas 
lents, avec ta femme et avec les 
animaux. 

4. Et comme il leur plut d'aller 
ainsi, Raphaël dit à Tobie : Prends 
avec toi du fiel du poisson; car il 
te sera nécessaire. Tobie prit donc 
de ce fiel, et ils s'en allèrent. 

ὃ. Or Anne était assise tous les 
jours prés du chemin, sur le som- 
met de la montagne, d’où elle 
pouvait regarder de loin; 

6. Et, tandis que delà elle guet- 
tait son arrivée, elle le vit de loin. 
et aussitót elle reconnut son fils 
qui venait; et, courant, elle l'an- 
nonca à son mari, disant : Voilà 
ton fils qui vient. 

1. Et Raphaël dit à Tobie : Or, 
dès que tu seras entré dans ta mai- 
son, aussitót adore le Seigneur 
ton Dieu; et, lui rendant grâces, 
approche de ton père, baise-le, 

8. Et aussitót frotte les yeux de 
ton pere avec ce fiel de poisson 
que tu portes avec toi; car sache 
qu'àlinstant les yeux de ton pere 
s'ouvriront, et que ton pere verra 
la lumière du ciel, et qu'à ton as- 
pect il se réjouira. 

9. Alors courut devant eux le 
chien qui avait été avec eux pen- 
dant le chemin; et, comme un 
messager qui arrive, il témoignait 
sa joie encaressant avec sa queue. 

10. Et, se levant, le père de 


TOBIE. 


949 


Tobie, aveugle, se mit à courir, 
heurtant de ses pieds; et, don- 
nant la main à un serviteur, il 
alla au-devant de son fils; 

11. Et, le recevant, ille baisa et 
sa mère le baisa avec lui; et ils 
commencerent tous deux à pleu- 
rer de joie. 

12. Puis, ayantadoré Dieu, et lui 
ayant rendu gráces, ils s'assirent. 

13. Alors Tobie, prenant du fiel 
du poisson, en frotta les yeux de 
son père. 

14. Et il attendit environ une 
demi-heure, et la taie commenca 
à sortir de l’œil comme la men- 
brane d’un œuf : 

15. Tobie,lasaisissant,l'arracha 
de ses yeux, et recouvra aussitôt 
la vue. 

16. Et ils glorifiaient Dieu, c'est- 
à-dire lui-méme, et sa femme et 
tous ceux qui le connaissaient. 

17. Et Tobie disait : Je vous bé- 
nis, Seigneur Dieu d'Israél, parce 
que c'est vous qui m'avez châtié, 
et vous quim'avez sauvé; et voilà 
que moi, je vois Tobie, mon fils. 

18. Et, après sept jours, Sara 
aussi, la femme de son fils, entra, 
ettoute 18 famille en bonne santé, 
avec les troupeaux, leschameaux, 
et la dot considérable de l'épouse, 
et de plus avec l'argent qu'il avait 
reçu de Gabélus. 

19. Et Tobie raconta à ses pa- 
rents tous les bienfaits dont Dieu 
l'avait comblé par l'entremise de 
l'homme qui l'avait conduit. 

20. Ensuite vinrent Achior et 


en Médie, probablement parce que ce pays, mal soumis aux Assyriens, était mal 
disposé à l'égard de gens qui se rendaient à Ninive. Il avait donc fallu que l'ange 
Raphaël et Tobie restassert avec Sara pour la protéger, elle et ses biens. Arrivés 
sur le sol assyrien, ils pouvaient sans inconvénient hâter leur marche, en la laissant 


suivre à petites journées. 


15. Tobie: le fils, selon la Vulgate; le grec ne détermine ni 16 père, ni le fils. 


950 
Nabath, cousins de Tobie, se ré- 
jouissant auprès de Tobie, et le 
félicitant de tous les biens dont 
Dieu l’avait comblé ostensible- 
ment. 

91. Et, durant sept jours, fai- 
sant des festins, tous se réjouirent 
d'une grande joie. 


CHAPITRE XII. 


Tobie veut récompenser Raphaël. Celui- 
ci découvre qui il est, et disparaît de 
devant eux. 


1. Alors Tobie appela vers lui 
son fils, et lui dit: Que pouvons- 
nous donner à cet homme saint 
qui est venu avec toi? 

2. Tobie, répondant, dit à son 
pere : Mon père, quelle récom- 
pense lui donnerons-nous? ou 
qu'est-ce qui pourra être digne 
de ses bienfaits ? 

3. ll m'a mené et ramené en 
bonne santé; c'est lui-même qui 
a reçu l'argent de Gabélus; lui 
qui m'a fait avoir ma femme, et 
qui a écarté d'elle le démon; il a 
causé de la joie à ses parents, il 
m'a arraché à un poisson dévo- 
rant, il vous a fait voir à vous- 
méme lalumière du ciel, et par lui 
nous avons été remplis de toute 
sorte de biens. Que pourrons-nous 
lui donner de convenable pour 
cela? 

4. Mais je vous prie, mon pere, 
de lui demander si, par hasard, il 
juge digne de prendre pour lui 
la moitié de tout ce qui a été ap- 
porté. 


TOBIE. 


[cu. xrm.] 
5. Et l'appelant, c'est-à-dire le 
père et le fils, ils le prirent à part, 
et se mirent àle prier de daigner 
accepter la moitié de tout ce qu'ils 
avaient apporté. 

6. Alors il leur dit en secret : 
Bénissez le Dieu du ciel, et ren- 
dez-lui gloire devant tous les vi- 
vants, parce qu'il a exercé envers 
vous sa miséricorde. 

7. Car il est bon de cacher le 
secret d'un roi; mais révél et 
publier les ceuvres de Dieu, c'est 
une chose honorable. 

8. La prière est bonne avec le 
jeûne, et l'aumóne vaut mieux 
que de tenir cachés des trésors 
d'or, 

9. Parce que l'aumóne sauve de 
la mort, et c'est elle qui lave les 
péchés et fait trouver la miséri- 
corde et la vie éternelle. 

10. Mais ceux qui commettent 
le péché et liniquité sont les 
ennemis de leur âme. 

11. Je vous manifeste donc la 
vérité, et je ne vous cacherai 
point une chose qui est secrète. 

12. Quand tu priais avec larmes, 
que tu ensevelissais les morts, 
que tu laissais ton repas, que tu 
cachais les morts durant le jour 
en ta maison, et que, durant la 
nuit, tu les ensevelissais, c'est 
moi qui ai présenté ta prière au 
Seigneur. | 

13. Et parce que tu étais agréa- 
ble au Seigneur, il a été néces- 
saire que la tentation t'éprouvát. 
14. Et maintenant le Seigneur 


1. * Sixième section et conclusion de l'histoire, x-xiv; manifestation de l'ange 


Raphaël et dernières années de Tobie. 
9. De la mort; éternelle. Voy. 1v, 2. 


11. Une chose; littér. une parole. Comme nous l'avons déjà remarqué, dans l'Ecri- 
ture le mot parole se prend très souvent dans le sens de chose, fait, événement. 


12. Ton repas. Voy. u, 1. 


[cu. xur.] 
m'a envoyé pour te guérir, et 
pour sauver Sara, la femme de 
ton fils, du démon. 

15. Car je suis l'ange Raphaël, 
l'un des sept qui nous tenons 
devant le Seigneur. 

16. Et, losqu'ls eurent en- 
tendu ces paroles, ils furent trou- 
blés, et, tremblants, ils tombèrent 
à terre sur leur face. 

17. Et l'ange leur dit : Paix à 
vous ! ne craignez point. 

18. Car lorsque j'étais avec 
vous, c'est par la volonté de 
Dieu que j'y étais : bénissez-le et 
chantez-le. 

19. Je paraissais, il est vrai, 
manger avec vous et boire; mais 
moi, c'est d'une nourriture invi- 
sible et d'une boisson qui ne peut 
être vue par les hommes que je 
fais usage. 

20. Il est donc temps que je 
retourne vers celui qui m'a en- 
voyé; mais, vous, bénissez Dieu, 
et racontez toutes ses merveilles. 

91. Et, lorsqu'il eut dit ces 
choses, il fut enlevé de leur pré- 
sence, etils ne purent plus le voir. 

99. Alors, prosternés pendant 
trois heures sur leur face, ils bé- 
nirent Dieu, et, s'étant levés, ils 
racontèrenttoutes ses merveilles. 


CHAPITRE XIII. 
Cantique de Tobie. 


1. Alors, ouvrant la bouche, 


TOBIE. 951 


Tobie, le vieux, bénit le Seigneur, 
et dit : Vous êtes grand, Seigneur, 
dans l'éternité, et dans tous les 
siecles est votre regne ; 

2. Parce que vous frappez et 
vous guérissez; vous amenez aux 
enfers, et vous en ramenez, et il 
n'v a personne qui puisse fuir 
votre main. 

3. Rendez gloire au Seigneur, 
enfants d'Israél, et, en la présence 
des nations, louez-le, 

4. Parce qu'il vous a dispersés 
parmi les nations qui l'ignorent, 
uniquementafin que vous-mémes 
leur racontiez ses merveilles, et 
que vous leur fassiez savoir qu'il 
n'y a aucun autre Dieu tout- 
puissant, hors lui. 

9. C'est lui qui nous a châtiés 
à cause de nos iniquités, et c'est 
lui qui nous sauvera à cause de 
sa miséricorde. 

6. Considérez done ce qu'il 
nous a fait, et avec crainte et 
tremblement rendez-lui gloire; 
et exaltez le roi des siècles dans 
vos œuvres. 

7. Et moi, dans la terre de ma 
captivité, je lui rendrai gloire, 
parce qu'il a manifesté sa majesté 
sur une nation pécheresse. 

8. Convertissez-vous donc à 
lui, pécheurs; pratiquez la jus- 
tice devant Dieu, croyant qu'il 
exercera envers vous sa miséri- 
corde. 

9. Pour moi, et mon àme, c'est 


Cuar. XIII. 2. Deut., xxx1r, 39; I Rois, 1, 6; Sag., xvi, 13. 


15. Raphaël; mot hébreu qui signifie Dieu a guéri. 


1 et suiv. Ce cantique est en méme temps une véritable prophétie, dans laquelle 
Tobie annonce la délivrance des Israélites, et le rétablissement de Jérusalem, ou 
plutót l'établissement de l'Eglise et la conversion future du peuple juif. 

2. Aux enfers. Voy., sur le sens de cette expression, Genèse, xxxvi, 35 

9. Moi el mon âme; c'est-à-dire tout mon être, 


952 TOBIE. 


en lui que nous nous livrerons à 
l'allégresse. 

10. Bénissez le Seigneur, vous 
tous ses élus; célébrez des jours 
de réjouissance, et rendez-lui 
gloire. / י‎ 

11. Jérusalem, cité de Dieu, le 
Seigneur t'a chátiée à cause des 
œuvres de tes mains. 

12. Rends gloire au Seigneur 
pour les biens qu'il t'a faits, et 
bénis le Dieu des siècles, afin 
qu'il rebátisse en toi son taber- 
nacle, qu'il rappelle à toi tous les 
caplifs, et que tu te réjouisses 
dans tous les siècles des siècles. 

13. Tu brilleras d’une lumière 
éclatante, et tous les peuples de 
la terre t'adoreront. 

14. Les nations viendront de 
loin vers toi, et, t'apportant des 
présents, elles adoreront en toi le 
Seigneur, et elles tiendront ta 
terre pour sainte; 

15. Car elles invoqueront le 
grand nom en toi. 

16. Maudits seront ceux qui 
t'auront méprisée, et condamnés 
seront ceux qui t'auront blas- 
phémée; mais bénis seront ceux 
qui t’auront bâtie. 

17. Pour toi tu te réjouiras en 
tes enfants, parce que tous se- 
ront bénis, et qu'ils seront réunis 
au Seigneur. 

18. Heureux tous ceux qui 
t'aiment, et qui se réjouissent de 
ta paix : 

19. Mon àme, bénis le Seigneur, 


14. Isaie, Lx, 9. — 21. Apoc., xxr. 19 


(cg. xiv.] 
parce qu'il ἃ délivré Jérusalem, 
sa cité, de toutes ses tribula- 
tions, lui, le Seigneur notre Dieu. 

20. Je serai heureux, s'il y a des 
restes de ma race pour voir la 
splendeur de Jérusalem. 

91. Les portes de Jérusalem 
seront báties de saphirs et d'é- 
meraudes, et toute l'enceinte de 
ses murs, de pierres précieuses. 

22, Toutes ses places publiques 
seront pavées de pierres blanches 
et pures, et l'on chantera dans ses 
rues Alleluia. 

23. Béni le Seigneur, qui l'a 
exaltée! et que son règne soit 
dans 108 siècles dessiècles. Amen. 


CHAPITRE XIV. 


Dernières paroles de Tobie. Il prédit la 
ruine de Ninive et le rétablissement de 
Jérusalem. Le jeune Tobie sort de Ni- 
nive. Sa mort. 


1. Ainsi furent achevées les 
paroles de Tobie. Et, après qu'il 
eut recouvré la vue, Tobie vécut 
quarante-deux ans, et il vit les 
fils de ses petits-fils. 

2. Et, ayant accompli cent 
deux ans, il fut enseveli honora- 
blement dans Ninive. 

3. Car.à cinquante-six ans il 
perdit la lumiere des yeux, et 
il la recouvra étant sexagénaire. 

4. Mais tout le reste de sa vie 
se passa dans la joie; et moyen- 
nant un grand progrès dans la 
crainte de Dieu, il mourut en 
paix. 


11. Jérusalem ne fut détruite que plus de 70 ans apres la mort de Tobie, qui, 
comme prophète, emploie le prétérit pour le futur, 

19. Son tabernacle; c'est-à-dire son temple. 

14. Pour sainte; littér. et par hébraisme pour sanctification, suintelé. 

15, Le grand nom; c'est-à-dire le grand Dieu. Voy. 1] Esdras, 1, 5, 


]68. xiv.] 


5. Or, à heure de sa mort, il 
appela vers lui Tobie, son fils, et 
sept jeunes hommes, ses petits- 
fils, et il leur dit : 

6. Dans peu arrivera la ruine 
de Ninive; car la parole de Dieu 
n'est pas sans effet; et nos freres 
qui ont été dispersés hors de la 
terre d'Israël y reviendront. 

7. Et toute la terre déserte 
d'Israél sera repeuplée, et la 
maison de Dieu, qui y a été 
brûlée, sera rebâtie de nouveau; 
et là reviendront tous ceux qui 
craignent Dieu, 

8. Et les nations abandonne- 
ront leurs idoles, elles viendront 
à Jérusalem, et elles y habiteront. 

9. Et tous les rois de la terre 
se réjouiront en elle, adorant le 
roi d'Israël. 

10. Ecoutez donc, mes enfants, 
votre père : Servez le Seigneur 
dans la vérité, et cherchez à faire 
ce qui lui est agréable. 

11. Quant à vos enfants, re- 
commandez-leur de faire des 
œuvres de justice et des aumó- 
nes, de se souvenir de Dieu, et 
de le bénir en tout temps dans 
la vérité et de toutes leurs forces. 

12. Maintenant donc, mes en- 
fants, écoutez-moi, et ne demeu- 


Car. XIV. 6. 1 Esd., rir, 8. 


TOBIE. 


953 
rez point ici; mais au jour quel- 
conque oü vous aurez enseveli 
votre mère auprès de moi dans 
un seul sépulcre, dès ce moment, 
dirigez vos pas en sorte que 
vous sortiez d'ici; 

19. Car je vois que l'iniquité 
de cette ville lui amenera sa fin. 

14. Ainsi il arriva qu'apres la 
mort de sa mere, Tobie sortit de 
Ninive avec sa femme, ses fils, et 
les fils de ses fils, et il retourna 
chez son beau-père et sa belle- 
mere; 

15. Et il les trouva en parfaite 
santé, dans une heureuse vieil- 
lesse, et il eut soin d'eux, et 
ferma lui-même leurs yeux: il 
recueillit tout l'héritage de la mai- 
son de Raguel, et il vit jusqu'à 
la cinquième génération les fils 
de ses fils. 

16. Et, ayant accompli quatre- 
vingt-dix-neuf ans, il mourut 
dans la crainte du Seigneur, et 
ses fils l'ensevelirent avec joie. 

11. Touie sa parenté et toute 
sagénération persévérerent dans 
la bonne vie et dans une con- 
duite sainte, de telle maniere 
qu'ils furent aimés de Dieu et 
des hommes, et de tous ceux qui 
habitaient dans le pays. 


5. Ses petits- fils; littér. fils de lui; c'est-à-dire du jeune Tobie. 
6. * Dans peu arrivera la ruine de Ninive. Elle eut lieu en 606. La capitale de l'As- 
syrie fut prise et dévastée par Nabopolassar, roi de Babylone, pére de Nabuchodo- 


nosor, et par Cyaxare Ier, roi des Médes. 


INTRODUCTION 


AU LIVRE DE JUDITH 


Le livre de Judith ἃ été écrit primitivement en hébreu ou en chaldéen, mais 
le texte original est perdu. Il est historique, et non un mélange de réalité et 
de fiction. C'est ce que prouvent l'ensemble et les détails du récit qui 
nous fournissent des renseignements précis sur l'histoire, la géographie, 
la chronologie, la généalogie de Judith. — Les anciennes prières juives pour 
le premier et le second sabbat de la féte de la Dédicace contiennent un résumé 
du livre de Judith, ce qui montre aussi que les Israélites croyaient à la réalité des 
faits qui y étaient racontés, car ils n'auraient pu remercier Dieu d'une déli- 
vrance imaginaire. Judith, xvr, 31, mentionne d'ailleurs une féte instituée 
en mémoire de la victoire de cette héroine. La tradition universelle a adinis 
le caractère strictement historique du livre de Judith. Personne, jusqu'à Luther, 
ne l'a révoqué en doute. Il est impossible, du reste, de décider quel est le véri- 
table auteur de Judith. Quant à sa date, les uns le font remonter jusqu'à 
l'an 784 avant J.-C., les autres le font descendre jusqu'à l'an 117 ou 118 de 
notre ère. Cependant, comme les découvertes assyriologiques permettent 
d'assurer avec une trés grande vraisemblance que les faits racontés dans 
ce livre se sont passés sous le règne d'Assurbanipal, fils d'Assaraddon, petit- 
fils de Sennachérib, roi d'Assyrie, pendant la captivité de Manassé à Babylone, 
il y a tout lieu de penser que la narration a été écrite peu aprés les événe- 
ments, parce qu'au bout d'un certain temps écoulé il eüt été impossible d'avoir 
conservé la mémoire d'événements aussi détaillés, aussi compliqués et aussi 
précis. | 

Le livre de Judith peut se partager en sept sections. 

I7? section : Causes qui amenèrent l'expédition d'Holopherne contre l'Asie oc- 
cidentale, 1. — Le récit, s'ouvre par la mention d'une victoire de Nabuchodo- 
nosor, roi de Ninive, sur Arphaxad, roi des Médes. Arphaxad est probablement 
le nom, altéré par les copistes, de Phraorte ou Aphraarte, successeur de Déjo- 
cés, roi des Mèdes, qu'on fait communément régner de 690 à 655 avant J.-C. 
Nabuchodonosor, roi de Ninive, est vraisemblablement Assurbanipal. Aucun roi 
d'Assyrie n'a porté le nom de Nabuchodonosor (c'est-à-dire, que le dieu Nébo 
protège la couronne !), parce que le dieu Nébo n'était pas adoré dans ce pays, 
mais seulement en Babylonie. Cependant, comme Assurbanipal régnait sur ce 
dernier pays de méme que sur le premier, on peut admettre qu'il avait adopté, 
comme roi de Babylone, un nom qui rendait hommage au dieu de la contrée. 
Assurbanipal raconte, dans ses inscriptions, qu'il a vaincu les Médes. Aprés 
cette victoire, il voulut rétablir son pouvoir sur l'Asie occidentale qui s'était 


INTRODUCTION AU LIVRE DE JUDITH. 955 


révoltée, depuis la Lydie, où règnait Gygés, jusqu'à Memphis, en Egypte, 
oü régnait Psammétique, fils de Néchao. 

II? section : Les trois premières campagnes d'Holopherne contre l'Asie occi- 
dentale, 11-111. Assurbanipal placa sous le commandement d'Holopherne l'armée 
chargée de remettre sous le joug assyrien les anciens. tributaires de l'Asie 
occidentale, 11, 1-11. — 1° Dans une première campagne, elle opéra une sorte 
de razzia dans la Cappadoce et une partie de l'Asie-Mineure, 11, 12-13. — 
2° Holopherne fit ensuite une seconde campagne, à l'est de l'Euphrate, 11, 44. 
‘La révolte des habitants de Babylone et du Bas-Euphrate, qui ne sont pas 
mentionnés parmi les rebelles du ch. 1, l'avait obligé à moditier ses plans. 
Une insurrection avait éclaté au sud de l'Assyrie, et la nécessité de la réprimer 
contraignit Assurbanipal à rappeler Holopherne pour combattre les insurgés 
de la Chaldée. Le général assyrien porta donc ses armes depuis le fleuve 
Chaboras jusqu'au golfe Persique et prit ainsi part à la défaite de Babylone et 
de ses alliés, défaite racontée longuement dans l'histoire d'Assurbanipal. — 
3° Les Arabes s'étaient unis à Samassumukin, vice-roi de Babylone, frère 
d'Assurbanipal, dans sa révolte contre son suzerain. Holopherne fit contre eux 
sa troisième campagne, ,זז‎ 15-17. Toute la ligne des pays parcourus par Holo- 
pherne était occupée, en dehors des villes, par des Arabes. Les Madianites 
dont il est question ici sont certainement des Bédouins nomades, c'est-à-dire 
les Arabes des,documents ninivites. Le texte grec mentionne dans les termes 
suivants le traitement infligé aux vaincus : « Il enveloppa tous les fils de Madian, 
et il brüla toutes leurs tentes, et il pilla tous les parcs où ils avaient leur 
bétail. » — Voici maintenant comment Assurbanipal raconte qu'il chátia la 


révolte des Arabes : 


2. Les hommes d'Arabie, tous ceux qui étaient venus avec lui [leur roi], 
3. je fis périr par l'épée et lui, de la face 

4. des vaillants soldats d'Assyrie s'enfuit et il s'en alla 

5. au loin. Les tentes, les pares, 

6. leurs detneures, on y mit 16 feu et on les brüla dans les flammes. 


Tous les rapprochements que nous venons de faire ne sont pas certains, mais 
il est impossible de ne pas les trouver trés frappants. 

La vigueur avec laquelle Holopherne mena cette campagne contre les no- 
mades, qui habitent la lisiére des pays cultivés de l'Asie occidentale, remplit 
de terreur leurs voisins, et ils s'empressérent de rompre la ligue qu'ils avaient 
formée contre l'Assyrie pour courber de nouveau le front sous le joug, ce qui 
n'empécha pas cependant le général ennemi de les traiter avec dureté, mr. Il 
ne rencontra de résistance que devant Béthulie, contre laquelle il fit sa 
quatriéme et derniére campagne. 

IIIe section : Terreur d'Israél, qui s'appréte néanmoins à la résistance, rv. — 
Holopherne était maitre de la Syrie et de la Phénicie; il menacait maintenant 
les Israélites. Ceux-ci, abandonnés de tous leurs alliés, privés de leur roi 
Manassé, qui était alors, croyons-nous, prisonnier à Babylone, ne voulurent 
point cependant se rendre sans combat. Ils occupérent fortement les défilés 
qui conduisent de la plaine de Jezraél dans l'intérieur du pays, et en particulier 
la ville de Béthulie. Béthulie n'est nommée que dans le livre de Judith ; de là, 
la difficulté de l'identifier. Il est certain qu'elle était voisine de Jezraél et de 


956 INTRODUCTION AU LIVRE DE JUDITH. 


Dothaïn, 1v, 5; vir, 3; sur une montagne, au pied de laquelle il y avait une 
source, vi, 13-16; l'aire dans laquelle on doit rechercher ses ruines est par 
conséquent assez circonscrite; on croit assez communément que c'est le Sanour 
d'aujourd'hui. En méme temps qu'ils prenaient ces mesures dé précaution, 
les enfants d'Israël priaient et jeünaient afin d'obtenir la protection de Dieu 
contre leurs ennemis. 

175 section : Histoire d'Achior, v-vi. — Holopherne, surpris de la résistance 
des Israélites, demande au chef des Ammonites, Achior, leur voisin, dont il 
avait incorporé les forces dans son armée, 11, 8, quels sont ces téméraires qui 
osent ainsi s'opposer à sa marche. On a souvent trouvé invraisemblable 
qu'Holopherne ignorât ce qu'était Israël; rien n'est cependant plus naturel; 
avant le Christianisme, Israél n'occupait qu'une place imperceptible, aux yeux 
des étrangers, dans l'histoire du monde. L'Assyrie avait vaincu Samarie, il est 
vrai, et fait la guerre à Juda, mais d'aprés les inscriptions cunéiformes, ce 
pays était insignifiant, la 22° partie seulement des royaumes de l'Asie occi- 
dentale. De plus, Holopherne était, comme l'indique son nom, d'origine 
aryenne et non sémitique, et, par c nséquent, encore moins au courant que 
le reste des Assyriens de ce qui touchait aux Israélites. Achior lui fit un 
résumé de leur histoire et lui déclara qu'il ne pourrait les vaincre que si Dieu 
était irrité contre eux par leurs iniquités. Un tel langage remplit d'indignation 
le général assyrien, qui fit conduire Achior à Béthulie, afin de le châtier aprés 
la prise de cette place. 

Ve section : Dieu suscite Judith pour délivrer Béthulie, vir-virr. — Holopherne 
assiège Béthulie, coupe toutes les conduites d'eau et réduit la ville à l'extré- 
mité. Les habitants, mourant de soif, veulent se rendre. Une pieuse veuve, 
nommée Judith, d'une vertu et d'un courage extraordinaires, suscitée de Dieu 
pour faire lever le siége, ranime la confiance de ses compatriotes et concoit 
le projet d'aller dans le camp ennemi tuer elle-méme le général assyrien. 

VIe section : Judith réalise son projet et tue Holopherne, ix-xir, 10. — Judith, 
aprés s'étre préparée par la priére à l'exécution de son projet, se rend au camp 
des Assyriens, accompagnée d'une servante. Là, elle gagne les bonnes grâces 
d'Holopherne, et, aprés un grand festin, dans lequel il s'enivre, elle lui coupe 
la téte. 

L'Ecriture Sainte loue l'héroisme de Judith, malgré la maniére dont elle 
trompa Holopherne. S. Thomas fait observer à ce sujet qu'elle « n'est, point 
louée à cause de son mensonge, mais à cause du dévouement qu'elle eut pour 
son peuple, en faveur duquel elle s'exposa au danger. » Quant au meurtre du 
général assyrien, les peuples de l'antiquité ont toujours considéré la mort d'un 
ennemi comme licite. 

VIIe section : Victoire d'Israël sur les Assyriens, à la suite de la mort d'Holo- 
pherne, xim, 414-xvr. — Judith s'empressa de porter à Béthulie la téte de son 
ennemi, qui fut reconnue par Achior. Le peuple éclata en aclions de grâces 
et sa joie n'eut d'égale que l'abattement des Assyriens, quand ils connurent 18, 
mort de leur général; lorsque ces derniers furent attaqués par les assiégés, 
ils ne songèrent qu’à s'enfuir, laissant derrière eux un riche butin. L'héroine 
célébra sa victoire par un cantique, et tout le peuple remercia Dieu par des 
sacrifices solennels à Jérusalem; elle mourut pleine de jours dans la ville 
qu'elle avait sauvée. 


JUDITH" 


CHAPITRE PREMIER. 


Puissance d'Arphaxad. Il est vaincu par 
Nabuchodonosor, qui veut ensuite se 
faire rendre hommage par les autres 
peuples voisins. 


1. Arphaxad donc, roi des Mé- 
des, avait subjugué un grand 
nombre denations à son empire, 
et lui-même bâtit une ville tres 
puissante, qu'il appela Ecbatane, 

2. En pierres carrées et tail- 
lées : il fit ses murs de soixante- 
dix coudées de largeur et de 
trente coudées de hauteur, et il 
mit ses tours àla hauteur de cent 
coudées. 


9. Or chacun de leurs cótés . 


s'étendait en carré dans un es- 
pace de vingt pieds; et il mit ses 
portes àla hauteur des tours. 

4. Et il se glorifiait comme 
puissant par la puissance de son 
armée, et par la magnificence de 
ses chars. 

5. Ainsi, en la douzieme année 


de son régne, Nabuchodonosor, 
roi des Assyriens, qui régnait 
dans Ninive, la grande ville, 
combattit contre Arphaxad, et le 
vainquit 

6. Dans la grande plaine qui 
est appelée Ragaü, pres de l'Eu- 
phrate, du Tigre et de Jadason, 
dans la plaine d'Erioch, roi des 
Eliciens. 

7. Alors le royaume de Nabu- 
chodonosor fut exalté, et son 
cœur s'éleva; et il envoya vers 
tous ceux qui habitaient dans la 
Cilicie, à Damas, sur le Liban, 

8. Εἰ vers les nations qui sont 
dans le Carmel et en Cédar, et 
vers les habitants de Galilée, 
dans la grande plaine d'Esdré- 
lon, 

9. Et vers tous ceux qui étaient 
en Samarie et au delà du fleuve 
du Jourdain jusqu'à Jérusalem, 
et dans toute la terre de Jessé 
jusqu'à ce qu'on arrive aux con- 
fins de l'Ethiopie. 


(a) Le livre de Judith est encore un de ceux que les Juifs et les protestants rangent 


ἃ tort parmi les apocryphes. 


1. Donc. Cette particule, qui manque d'ailleurs dans le grec, supposant quelque 
chose qui précéde, on croit avec assez de probabilité que cette histoire est tirée des 
anciennes annales des Hébreux. — * Ecóatane. Voir la note sur 1 Esdras, v, 2. — 
Sur Arphazad, voir VIntroduction. — Bátit; c'est-à-dire rebâtit, fit des agrandisse- 
ments, des embellissements à Ecbatane, que Déjocès son père avait bâtie. 

2. L'édition donnée à Rome en 1861 par P. C. Vercellone porte : Soixante-dix coudées 
Ve hauteur, et trente coudées de largeur; lecon qui, à tous égards, doit étre préférée, 

3. S'étendait en carré, c'est-à-dire que les tours étaient carrées. 

5. * Nabuchodonosor. Sur ce nom, voir l'Introduction. 

8. * Vers le Carmel. Voir l'Introduction à Josué. — Cédar. Voir Psaume cix, 5, 


958 

10. Nabuchodonosor, roi des 
Assyriens, leur envoya à tous des 
messagers ; 

11. Et tous protestèrent unani- 
mement, et les renvoyèrent les 
mains vides, et les chassèrent 
sans honneur. 

12. Alors le roi Nabuchodono- 
sor, indigné contre toute cette 
terre, jura par son trône et son 
royaume qu'il se vengerait de 
toutes ces contrées. 


CHAPITRE II. 


Nabuchodonosor envoie Holoferne avec 
une puissante armée pour s'assujettir 
tous les peuples voisins. Premiers ex- 
ploits d'Holoferne. Il s'avance jusqu'à 
Damas. 


1. A la treizieme année du roi 
Nabuchodonosor, le vingt-deu- 
xieme jour du premier mois, dans 
la maison de Nabuchodonosor, 
roi des Assyriens, déclaration fut 
faite qu'il se vengerait. 

9. Il appela donc tous les an- 
ciens, et tous les chefs, et ses 
guerriers, et il tint avec eux son 
conseil secret ; 

3. Et il dit que sa pensée était 
uniquement de subjuguer toute 
la terre à son empire. 

4. Comme cette parole plut à 
tous, le roi Nabuchodonosor fit 
venir Holoferne, le prince de sa 
milice, 
| 9. Et lui dit : Sors contre le 


JUDITH. 


(cu. 11] 


royaume d'occident, et contre 
ceux principalement qui ont mé- 
prisé mon commandement. 

6. Ton cil n'épargnera aucun 
royaume, et tu me subjugueras 
toute ville fortifiée. 

7. Alors Holoferne appela les 
chefs et les officiers des troupes 
des Assyriens, et compta les hom- 
mes pour l’expédition, comme 
lui ordonna le roi, cent vingt mille 
combattants à pied et douze mille 
archers à cheval. 

8. Et il fit marcher devant lui 
tout son bagage avec une multi- 
tude d'innombrables chameaux, 
et avec tout ce quisuffisait abon- 
damment aux corps d'armée, 
comme aussi des troupeaux de 
bœufs, et des troupeaux de brebis 
qui étaient sans nombre. 

9. Il décida qu'à son passage on 
préparerait du blé pris de toute 
la Syrie. 

10. Quant à l'or et à l'argent, il 
en prit énormément de la maison 
du roi. 

11. Et il partit, lui et toutelar- 
mée, avecles quadriges, les cava- 
liers et les archers, qui cou vrirent 
la face dela terre comme des sau- 
terelles. 

12. Lorsqu'il eut dépassé les 
confins de l'Assyrie, il vint aux 
grandes montagnes d'Angé, qui 
sont à gauche de la Cilicie; il 
monta dans tous les cháteaux, et 


10. A tous ces peuples. Quelques-uns de ces peuples lui étaient déjà assujettis; mais 
il voulait se faire rendre par tous les honneurs divins. 

11. Les mains vides. C'est le sens qu'a partout ailleurs le terme de la Vulgate, et 
son correspondant en hébreu et en grec. Il signifie probablement ici : Sans apporter 
les présents, signe de leur soumission à Nabuchodonosor. 


6. Ton œil m'épargnera, etc.; hébraisme, pour, /u frapperas à yeux clos; c'est-à- 
dire sans considération, ni distinction aucune. 
12. * Montagnes d'Angé, Argée des auteurs grecs, pic principal des montagnes du 


centce de la Cappadoce. 


[cu. ur] 


s'empara de toutes les fortifica- 
lions. 

13. Et il forca la ville très célè- 
bre de Mélothi, et il enleva tous 
les enfants de Tharse et les en- 
fants d'Ismaél, qui étaient en face 
du désert et au milieu de la terre 
de Cellon. 

14. Ensuite il passa l'Euphrate, 
et vint dans la Mésopotamie, et 
forca toutes les villes hautes qui 
étaient là, depuisle torrent de 
Mambré jusqu'à ce qu'on arrive à 
la mer; 

15. Ensuite il s'empara de ses 
frontieres, depuis la Cilicie jus- 
qu'aux confins de Japheth, qui 
sont au midi. 

16. Et il emmena tous les en- 
fants de Madian, pilla toutes leurs 
richesses, et tua par le tranchant 
du glaive tous ceux qui lui résis- 
taient. 

A7. Et après cela il descendit 
dans les champs de Damas, aux 
jours de la moisson, brüla toutes 
les récoltes, et fit couper tous les 
arbres et les vignes. 

18. Etla crainte quil inspirait 
tomba sur tous les habitants de la 
terre. 


CHAPITRE III. 


Divers peuples envoient vers Holoferne 
pour lui promettre obéissance. Il des- 
cend des montagnes vers eux, détruit 
leurs villes, et coupe leurs bois sacrés, 
afin que Nabuchodonosor soit seul 
adoré. 


1. Alors les rois et les princes 
de toutes les villes et de toutes les 


JUDITH. 959 


provinces, de la Syrie, ceux de 
la Mésopotamie, et de la Syrie de 
Sobal, de la Libye et de la Cilicie, 
envoyerent leurs députés, les- 
quels, venant vers Holoferne, di- 
rent : 

2. Que ton indignation contre 
nous cesse; car il vaut mieux 
qu'en vivant,nous servions Nabu- 
chodonosor le grand roi, et te 
soyons soumis, que si en mourant 
nous souffrions avec notre ruine 
les maux de la servitude. 

9. Toutes nos villes, toutes nos 
possessions, toutesles montagnes 
et les collines, les champs, les 
troupeaux de bœufs, et les trou- 
peaux de brebis, de chevres, de 
chevaux et de chameaux, et 
toutes nos richesses et nos fa- 
milles, sont en ta présence; 

4. Que tout ce qui est à nous 
soit sous ta 101 ; 

9. Nous et nos enfants sommes 
tes esclaves. 

6. Viens à nous comme un mai- 
tre pacifique, et use de notre ser- 
vice comme il te plaira. 

7. Alors il descendit des mon- 
tagnes avec les cavaliers et de 
grandes forces, et il s'empara de 
toutes les villes et de tous ceux 
qui habitaient le pays. 

8. Et de toutes les villes il prit 
pour lui comme auxiliaires des 
hommes braves et choisis pour la 
guerre. 

9. Or une si grande terreur se 
répandit sur toutes les provinces, 
que les habitants principaux de 


13. * Mélothi, Mélitène, ville de Cappadoce. — Tharse, Tarse, ville de Cilicie. Voir 


note sur Actes, 1x, 30. 


14. * Le torrent de Mambré, le Chaboras. Voir l'Introduction, p. 201. 


2. Que si en mourant, etc.; c'est-à-dire que si nous mourions après avoir souffert 


les maux altachés à la servitude. 


960 
toutes les villes et les hommes 
honorables sortaient avec les 
peuples au-devant de lui, lors- 
qu'il arrivait, 

10. Le recevant avec des cou- 
10nnes et des torches, et formant 
desdansesaumilieu destambours 
et des flûtes. 

11. Cependant en faisant ces 
choses ils ne purent adoucir la 
férocité de son cœur; 

12. Car il détruisit leurs villes 
et il coupa leurs bois sacrés, 

18. Parce que le roi Nabucho- 
donosor lui avait ordonné d'ex- 
terminer tous les dieux de la 
terre, afin que lui seul füt appelé 
dieu par toutes les nations qui 
auraient pu étre subjuguées par 
la puissance d'Holoferne. 

14. Traversant ensuite la Sy- 
rie de Sobal, toute l'Apamée et 
toute la Mésopotamie, il vint chez 
les Iduméens, dans la terre de 
Gabaa ; 

15. Et il prit leurs villes, et 
s'établit là trente jours, durant 
iesquels il ordonna que toutes 
les troupes de son armée fussent 
réunies. 


CHAPITRE IV. 


Terreur des Israélites à l'approche d'Ho- 
loferne. Le grand-prétre Eliachim donne 
les ordres nécessaires, et exhorte le 
peuple à implorer le secours du Sei- 
gneur. 


1. Alors les enfants d'Israël, 
qui habitaient dans la terre de 
Juda, apprenant cela, redoutè- 
rent extrémement sa présence. 

9. L'effroi et l'horreur saisi- 
rent leurs esprits; ils craigni- 
rent qu'il ne fit à Jérusalem et au 


JUDITH. 


[cu. rv. 
temple du Seigneur ce qu'il avait 
fail aux autres villes et à leurs 
temples. 

3. Et ils envoyèrent dans toute 
la Samarie, aux alentours, et jus- 
qu'à Jéricho, 61 ils occupèrent les 
premiers tous les sommets des 
montagnes. 

4. Et ils entourerent leurs 
bourgs de murs, et amassèrent 
des blés pour se préparer au 
combat. 

ὃ. Le prétre Eliachim aussi 
écrivit à tous ceux qui étaient 
contre Esdrélon, qui est en face 
de la grande plaine pres de Do- 
thain, et à tous ceux par qui le 
passage de la voie pouvait être 
gardé, 

6. Qu'ils se saisissent des mon- 
tées des coteaux, par lesquelles 
on pouvait aller à Jérusalem, et 
qu'ils fissentle guet là où le pas- 
sage était resserré entreles mon- 
tagnes. 

7. Et les enfants d'Israël firent 
selon ce que leur avait com- 
mandé le prétre du Seigneur, 
Eliachim. 

8. Et toutle peuple cria vers le 
Seigneur avec une grande ins- 
tance, et ils humilierent leurs 
àmes dans les jeünes et les prie- 
res, eux et leurs femmes. 

9. Les prétres se vétirent de 
cilices, et les enfants se proster- 
nèrent en face du temple du Sei- 
gneur, et couvrirent l’autel du 
Seigneur d'un 611100 ; 

10. Et ils crierent vers le Sei- 
gneur, le Dieu d'Israël, unani- 
mement, afin que leurs enfants 
ne fussent pas livrés en proie, 
leurs femmes à la dispersion, 


10, Par choses saintes on entend communément le sanctuaire, 


(cu. v.] 
leurs villes à lextermination, 
leurs choses saintes à la profa- 
nation, et qu'ils ne devinssent 
pas eux-mémes l'opprobre des 
nations. 

41. Alors Eliachim, le grand 
prétre du Seigneur, parcourut 
tout Israël, etleur parla, 

19. Disant : Sachez que le Sei- 
gneur exaucera vos prières, si 
vous persévérez toujours dans 
les jeünes et les prieres en la 
présence du Seigneur. 

13. Souvenez-vous de Moise, 
serviteur du Seigneur, qui ren- 
versa Amalec se confiant en sa 
force, en sa puissance, en son 
armée, en ses boucliers, en ses 
chars et en ses cavaliers, non 
pas en combattant par le fer, 
mais en priant avec de saintes 
prières. 

14. Ainsi en sera-t-il de tous 
les ennemis d'Israël, si vous per- 
sévérez dans cette œuvre que 
vous avez commencée. 

15. D’après cette exhortation, 
les enfants d'Israël priant le Sei- 
gneur persévéraient en la pré- 
sence du Seigneur. 

16. En sorte que ceux-mémes 
qui offraient au Seigneur les ho- 
locaustes, offraient les sacrifices 
au Seigneur, étant revétus de 
cilices, etla cendre était sur leurs 
tétes. 

11. Et tous priaient Dieu de 
toutleur cœur, afin qu'il visität 
son peuple Israél. 


ΒΔ». IV. 13. Exode, xvii, 12. 


JUDITH. 961 


CHAPITRE V. 


Holoferne, averti que les enfants d'Israel 
vont lui résister, demande qui ils sont. 
Achior les lui fait connaitre, et lui dé- 
clare, que s'ils n'ont point offensé leur 
Dieu, ils seront invincibles. Ce discours 
irrite son armée. 


1. Or on annonca à Holoferne, 
prince de la milice des Assyriens; 
que les enfants d'Israél se pré- 
paraient à résister, et qu'ils 
avaient fermé les chemins des 
montagnes ; 

2. Et il s'enflamma d'une fu- 
reur excessive dans son grand 
courroux; alors il appela tous 
les princes de Moab et les chefs 
d'Ammon, 

ὃ. Et leur dit : Dites-moi qui 
est ce peuple qui occupe les mon- 
tagnes, ou quelles sont, et ce que 
sont, et combien grandes sont 
leurs villes; quelle est aussi leur 
force, ouquelleestleurmultitude, 
ou qui est le roi de leur milice; 

4. Et pourquoi, entre tous ceux 
qui habitent en orient, ceux-ci 
nous ont-ils méprisés, et ne sont- 
ils pas sortis au-devant de nous 
pour nous recevoir en paix? 

5. Alors Achior, le chef de tous 
les enfants d'Ammon, répon- 
dant, dit:Situ daignes m'écouter, 
mon seigneur, je dirai la vérité 
en ta présence sur ce peuple qui 
habite dans les montagnes, et il 
ne sortira pas une parole fausse 
de ma bouche. 


12. Si vous persévérez toujours; littér. et par hébraisme, si persévérant vous persé- 


vérez. 


13. * Amalec. Voir la note sur Exod., xvu, 8. 


3. Le roi; c'est-à-dire le chef; c'est en effet le sens qu'ont souvent en grec et en 
Lébreu les termes auxquels correspond le latin rex de la Vulgate. 


A. T. 


61 


962 

6. Ce peuple est de la race des 
Chaldéens. 

7. Il habita d'abord en Méso- 
potamie, parce qu'ils ne voulu- 
rent pas suivre 108 dieux de leurs 
pères, qui étaient dans la terre 
des Chaldéens. 

8. C'est pourquoi, abandon- 
nant les cérémonies de leurs pe- 
res, lesquelles consistaient dans 
le culte d'une multitude de dieux, 

9. Ils servirent le seul Dieu 
du ciel, quileur ordonna de sortir 
de là, etd'habiter à Charan. Mais, 
lorsquune famine eut couvert 
tout le pays, ils descendirent en 
Egypte, et là, durant quatre cents 
ans, ils se multiplierent, en sorte 
que leur armée ne pouvait se 
compter. 

10. Or, comme le roi d'Égypte 
les opprimait, et les soumettait 
à bâtir ses villes avec de la bri- 
que et du mortier, ils crièrent 
vers leur Seigneur, qui frappa 
toute la terre d'Égypte de plaies 
diverses. 

11. Et lorsque les Égyptiens 
les eurent chassés de chez eux, 
que la plaie fut détournée d'eux, 
et quils voulurent de nouveau 
les prendre et les rappeler à leur 
service, 

19. Le Dieu du cielleur ouvrit 
la mer pendant qu'ils fuyaient ; 
de maniere que d'un cóté et de 
lautre les eaux étaient solides 
comme un mur, et eux passerent 
à pied sec, en marchant au fond 
de la mer. 


JUDITH. 


(cu. v.] 


13. Tandis que dans ce lieu l'in- 
nombrable armée des Egyptiens 
les poursuivait, elle fut tellement 
couverte par les eaux, qu'il n'en 
resta pas un seul pour annoncer 
l'événement àleurs descendants. 

14. Or, étant sortis de la mer 
Rouge, ils occupèrent les déserts 
de la montagne de Sina, dans 
lesquels jamais homme n'a pu 
habiter, et où le fils d'un homme 
n'a point reposé. 

15. Là, les fontaines amères 
devinrent pour eux douces à boi- 
re, et durant quarante ans ils ob- 
tinrent une nourriture du ciel. 

16. Partout où ils sont entrés 
sans arc, sans flèches, sans bou- 
clier, sans glaive, leur Dieu ἃ 
combattu pour eux, et 8 vaincu. 

11. Et il n'y a eu personne qui 
insultát àce peuple, si ce n'est 
quand il s'est retiré du culte du 
Seigneur son Dieu. 

18. Mais toutes les fois qu'outre 
leur propre Dieu ils en ont adoré 
un autre, ils ont été livrés en 
proie au glaive et à l'opprobre; 

19. Toutes les fois aussi qu'ils 
se sont repenlis de s'étre retirés 
du service de leur Dieu, le Dieu 
du ciel leur a donné la force de 
résister. 

20. Enfin ils ont renversé les 
rois Chananéen, Jébuséen, Phé- 
rézéen, Héthéen, Hévéen, et A- 
morrhéen, et tous les puissants 
en Hésébon; et leurs terres et 
leurs villes, ce sont eux qui les 
ont possédées. 


Cnuar. V. 7. Genèse, xi, 31. — 9. Genèse, xir, 1; xLvi, 6. — 11. Exode, xir, 33. — 


12. Exode, xiv, 29. — 14. Jérémie, 11, 6. 


9. Les Israclites demeurèrent seulement deux cents et quelques années en Égypte; 
mais on pourrait trouver ces quatre cents ans en y comprenant le séjour qu'ils 
Grent dans la terre de Chanaan depuis qu'Abrahaus s'y fut retiré, d 


(cg. vi.] 


91. Tant qu'ils ne péchaient pas 
en la présence de leur Dieu, les 
biens étaient avec eux, car leur 
Dieu hait l'iniquité. 

992, En effet, avant ces dernières 
années, s'étant retirés de la voie 
que Dieu leur avait donnée pour 
qu'ils y marchassent, ils ont été 
exterminés dans des combats par 
beaucoup de nations, et le plus 
grand nombre d'entre eux a été 
emmené captif dans une terre 
non sienne. 

23. Mais depuis peu, revenus 
au Seigneur leur Dieu, ils se sont 
réunis apres la dispersion par la- 
quelle ils avaient été dispersés, 
et ils sont montés sur toutes ces 
montagnes, et ils possedent de 
nouveau Jérusalem, oü sont leurs 
choses saintes. 

94. Maintenant donc, mon sei- 
gneur, informe-toi s'il y a en eux 
quelque iniquité en présence de 
leur Dieu; e£ alorgmontons vers 
eux, parce que leur Dieu te les 
livrera, et ils seront soumis au 
joug de ta puissance. 

25. Mais, s'il n'y a pas d'offense 
de la part de ce peuple devant 
son Dieu, nous ne pourrons leur 
résister, parce que leur Dieu les 
défendra, et nous serons en op- 
probre à toute la terre. 

26. Or il arriva que, lorsqu'A- 
chior eut cessé de dire ces pa- 
zoles, tousles grands d'Holoferne 
furent irrités, et pensaient à le 
tuer, se disantles uns aux autres: 

27. Qui est celui-ci qui ose dire 


JUDITH. 


963 
que les enfants d'Israël peuvent 
résister au roi Nabuchodonosor 
et à ses armées, des hommes sans 
armes, sans force, et sans con- 
naissance de l'art du combat? 

28. Afin done qu'Achior recon- 
naisse quil nous trompe, mon- 
tons sur les montagnes; et quand 
les forts d'entre eux seront pris, 
alors il sera transpercé avec eux 
par le glaive, 

29. Afin que toute nation sache 
que Nabuchodonosor est le dieu 
dela terre, et qu'excepté lui, il 
n'en est pas d'autre. 


CHAPITRE VI. 


Holoferne fait de terribles menaces à 
Achior. Il ordonne qu'on le conduise 
vers Béthulie et qu'on le livre aux en- 
fants d'Israél. Achior leur est livré, et 
leur raconte ce qui lui est arrivé. 


1. Or il arriva que, lorsqu'ils 
eurentcessé de parler, Holoferne, 
extrémement indigné, dit à A- 
chior : 

2. Parce que tu nous as pro- 
phétisé, disant que la nation d'Is- 
raél est défendue par son Dieu, 
afin que je te montre qu'il n'est 
pas de Dieu si ce n'est Nabucho- 
donosor, 

3. Lorsque nous les aurons tous 
frappés comme un seul homme, 
alors et toi aussi avec eux tu pé- 
riras par le glaive des Assyriens, 
et tout Israël périra entierement 
avec toi; 

4. Et tu reconnaitras ainsi que 
Nabuchodonosor est le maitre de 


21. Les biens, etc., étaient uvec eux; ils avaient du bonheur, ils étaient heureux. 

22. Avant ces derniéres, etc. Les dix tribus avaient été peu de temps auparavant 
emmenées par Salmanasar captives en Assyrie, et Manassé n'avait dû être conduit 
que depuis peu à Babylone (IV Rois, xvu, 3, 6; II Paralip., xxxuir, 11). 


23. Leurs choses saintes. Voy. iv, 10. 


3. Périra entièrement; littér. et par hébraisme périra par la perte. 


064 


toute la terre; et alors le glaive 
de ma milice passera à travers 
tes flancs, et, percé, tu tomberas 
parmi les blessés d'Israél, et tu 
ne respireras plus que pour étre 
exterminé avec eux. 

9. Mais cependant, si tu crois 
que ta prophétie soit vraie, que 
ton visage ne s'abatte point; et 
que la páleur qui couvre ta face 
s'éloigne de toi, si tu penses que 
mes paroles ne puissent s'accom- 
plir. 

6. Or, afin que tu saches que tu 
éprouveras avec eux ce que je te 
dis, voici que des cette heure tu 
seras associé à ce peuple, afin 
que lorsqu'ils recevront les jus- 
tes chátiments de mon glaive, 
toi-méme aussi tu sois soumis à 
ma vengeance. 

7. Alors Holoferne commanda 
à ses serviteurs de prendre A- 
chior, de le mener vers Béthulie, 
et de le livrer aux mains des en- 
fants d'Israél. 

8. Et le prenant, les sérviteurs 
d'Holoferne s'en allèrent à tra- 
vers les plaines; mais, lorsqu'ils 
se furent approchés des monta- 
gnes, les frondeurs sortirent con- 
tre eux: 

9. Mais eux, se détournant du 
cóté de la montagne, lierent A- 
chior à un arbre par les mains et 
par les pieds, et le laissèrent 
ainsiattaché avec des cordes, puis 


Cnap. VI. 14. Supra, v, 6. 


JUDITH. 


[cu. vr.] 


ils revinrent vers leur maítre. 

10. Or les enfants d'Israél, des- 
cendant de Béthulie, vinrent à 
lui; et l'ayant délié, ils le condui- 
sirent à Béthulie; alors, le met- 
tant au milieu du peuple, ils lui 
demandèrent quelle était la cause 
pour laquelle les Assyriens l'a- 
vaient laissé lié. 

11. Ences jours-là, étaient prin- 
ces à Béthulie Ozias, fils de Micha, 
de la tribu de Siméon, et Charmi, 
qui s'appelait aussi Gothoniel. 

12. C'est pourquoi au milieu des 
plus anciens, et en la présence 
de tous, Achior raconta ce qu'il 
avait dit lui-même, interrogé par 
Holoferne, et comment le peuple 
d'Holoferne l'avait voulu tuer à 
cause de cette parole ; 

13. Et de quelle maniere Holo- 
ferne lui-méme, irrité, avait or- 
donné que pour ce molif on le li- 
vrât aux Israélites, afin que lors- 
quil aurait wrancu les enfants 
d'Israël, alors il fit périr aussi 
Achior lui-méme par divers sup- 
plices, à cause de ceci qu'il avait 
dit : Le Dieu du ciel est leur dé- 
fenseur. 

14. Lorsqu'Achior eut exposé 
toutes ces choses, tout le peuple 
tomba sur sa face, adorant le Sei- 
gneur, et unanimes dans une la- 
mentation commune et un pleur 
universel, ils répandirent leurs 
prieres devant le Seigneur, 


1. * Vers Béthulie. « Feu Schulz, consul de Prusse à Jérusalem, avait proposé [en 
1841] de reconnaitre Bethulia dans le village de Beit-Ilfa, placé à mi-chemin sur la 
route de Zerayn (Jezrahel), à Beysan (Scythopolis). Cette identification ne me parait 
pas satisfaisante, et j'aime mieux voir Bethulia dansle bourg fortifié de Sanour, qui 
est réellement une des clés de la Judée et qui est à une heure et demie seulement 
&u sud de Tell-Dothan, οὐ sont les ruines de Dothain. A petite distance à l'est de 
Sanour sont une vallée et un khan, nommés Meitheloun, et qui pourraient bien avoir 
zonservé un reflet du nom de Bethulia. » (DE SAULCY.) 


(cg. vu.] 


45. Disant : Seigneur, Dieu du 
ciel et de la terre, regardez leur 
orgueil, et voyez notre humilia- 
tion; consiüérez la face de vos 
saints, et montrez que vous n'a- 
bandonnez pas ceux qui présu- 
ment de vous, et que vous humi- 
liez ceux qui présument d'eux- 
mêmes et quise glorifient de leur 
force. 

16. C'est pourquoi le pleur fini, 
etla prière des peuples, qui avait 
duré tout le jour, achevée, ils 
consolerent Achior, 

47. Disant : Le Dieu de nos pè- 
res dont tu as proclamé la puis- 
sance, te donnera lui-méme cette 
chance, que ce sera plutót toi qui 
verras leur ruine. 

18. Et, lorsque le Seigneur no- 
ire Dieu aura donné cette liberté 
à ses serviteurs, que Dieu soit 
aussi avec toi, au milieu de nous, 
afin que, comme ilte plaira, ainsi 
tu vives, toi et ves tiens avec 
nous. 

19. Alors Ozias, le conseil fini, 
recut Achior en sa maison, et lui 
donna un grand souper. 

20. Puis tous les prétres ayant 
été appelés, et le jeüne étant 
achevé, ils mangerent ensemble. 

21. Apres cela toutle peuple fut 
convoqué, et durant toute la nuit 
ils prierent dans le lieu de l'as- 
semblée, demandant secours au 
Dieu d'Israél. 


JUDITH. 


900 


CHAPITRE VII. 


Holoferne assiege Béthulie; les Israé- 
lites en sont effrayés. Holoferne s'em- 
pare de toutes les fontaines. Les habi- 
tants de Béthulie, pressés par la soif, 
veulent se rendre. Ozias promet de 
rendre la ville dans cinq jours. 


1. Holoferne donc, le jour sui- 
vant, ordonna à ses armées de 
monter contre Béthulie. 

2. Or il y avait cent vingt mille 
combattants à pied, et vingt-deux 
mille cavaliers, outre les hommes 
armés que la captivité avait at- 
teints, et toute la jeunesse qui 
avait été amenée des provinces et 
des villes. 

3. Tous se préparerent égale- 
ment au combat contreles enfants 
d'Israél, et vinrent par le bas de 
la montagne jusqu'à la cime qui 
regarde sur Dothain, depuis le 
lieu qui est appelé Belma, jusqu'à 
Chelmon, qui est contre Esdrélon. 

4. Or les enfants d'Israël, dès 
quils virent leur multitude, se 
prosternerent sur la terre, met- 
tant de la cendre sur leurs tétes, 
priant unanimement pour que le 
Dieu d'Israél montrát sa miséri- 
corde sur son peuple. 

ὃ. Et, prenant leurs armes guer- 
rieres, ils s'établirent dans les 
lieux qui mènent au passage du 
chemin étroit entre les monta- 
gnes, et i!s les gardaient pen- 


11. Ce sera plutôt toi, etc. Par ces paroles les Israélites font allusion à celles tout 
opposées qu'avait dites Holoferne (3-6). 

21. Le lieu de l'assemblée, c'est-à-dire de la priére. Les Juifs des villes éloignées 
de Jérusalem avaient des lieux où ils se réunissaient pour prier ensemble. 


2. Outre les hommes armés; littér. Outre les préparations ou les armements des 
hommes; car, dans le langage de l'Ecriture, ces deux mots se confondent quand il 
s'agit de guerres, de batailles. — Que la captivilé avait atteints; qui avaient été faits 
captifs par Holoferne. — Toute la jeunesse est dans la Vulgate au génitif, comme 
complément du mot préparations ou armements; ainsi le véritable sens est : e£ outre 
toute la jeunesse armée. POP RT 


966 


JUDITH. 


[cn. [.זזט‎ 


dant tout le jour et toute la nuit. ! les rassasier méme un seul jour, 


6. Or Holoferne, tandis qu'il 
tournait tout autour, trouva que 
la fontaine qui coulait dans /a 
ville, y dirigeait son cours par 
leur aqueduc, du cóté du midi, 
hors dela ville: etilordonna qu'on 
coupât leur aqueduc. 

7. lly avait cependant, non loin 
des murs, des fontaines aux- 
quelles on les envoyait furtive- 
ment puiser de l'eau, pour se ra- 
fraichir plutót que pour boire. 

8. Mais les fils d'Ammon et de 
Moab s’approchèrent d Holoferne, 
disant : Les enfants d'Israél n'ont 
pas de confiance dans la lance ni 
dans la fleche; mais les monta- 
gnes les défendent, et les collines 
situées sur un précipice les for- 
tifient. 

9. Afin donc que vous les puis- 
siez vaincre sans livrer de com- 
bat, mettez des gardes aux fon- 
taines, pour qu'ils n'y puisent 
point d'eau, et vous les tuerez 
sans le glaive, ou certainement 
découragés, ils livreront leur 
ville, qu'ils pensent ne pouvoir 
étre prise, parce qu'elle est pla- 
cée dans les montagnes. 

10. Ces paroles plurent à Holo- 
ferne et à ses gardes, et il établit 
descenturions autour de chaque 
fontaine. 

11. Et lorsque cette garde eut 
été faite pendant vingt jours, les 
citernes et les réservoirs d'eau 
manquerent à tous ceux qui ha- 
bitaient Béthulie, en sorte qu'il 
n'y avait pas dans la ville de quoi 


ὕπαρ. VII. 13. Exode, v, 21. 


parce que c'était par mesure que 
l'eau était donnée au peuple cha- 
que jour. 

12. Alors tous les hommes, les 
femmes, les jeunes gens et les 
petits enfants se rassemblerent 
près d'Ozias, et tous ensemble 
d'une seule voix, 

13. Dirent : Que Dieu juge entre 
nous et vous, parce que vousavez 
attiré ces maux sur nous, n'ayant 
pas voulu parler pacifiquement 
aux Assyriens; et c'est à cause de 
cela que Dieu nous a livrés en 
leurs mains. 

14. Pour cela aussi il n'est per- 
sonne qui nous secoure, lorsque 
nous sommes abattus devant 
leurs yeux par la soif, et par une 
grande ruine. 

15. Maintenant done assemblez 
tous ceux qui sont dans la ville, 
afin que spontanément nous nous 
livrions au pgrple d'Holoferne; 

16. Car il vaut mieux que cap- 
tifs nous bénissions le Seigneur 
en vivant, que si nous mourions 
et si nous étions l'opprobre de 
toute chair, lorsque nous verrons 
nos femmes et nos enfants mou- 
rir devant nos yeux. 

11. Nousinvoquonsaujourd'hui 
le ciel et la terre, et le Dieu de 
nos peres, qui se venge de nous 
selon nos péchés, pour que vous 
livriez la ville àla main de la mi- 
liced'Holoferne, et quel'onabrege 
parle tranchant du glaive notre 
fin, quidevienttrop longue parles 
ardeurs de la soif. 


7. Pour se rafraichir, etc.; c'est-à-dire pour soulager leur soif, plutôt que pour 
l'étancher; car le peu d'eau qu'ils pouvaient prendre ne suffisait pas pour les désal- 


térer. 


[cm. vin.] 


18. Or, lorsqu'ils eurent dit ces 
choses, il se fit un pleur et de 
grands cris déchirants dans l'as- 
semblée parmi tout le monde, 
et pendant bien des heures ils 
crierent d'une seule voix vers le 
Seigneur, disant : 

19. Nous avons péché avec nos 
peres, nous avons agi injuste- 
ment, nous avons commis l'ini- 
quité. 

20. Vous, parce que vous êtes 
bon, ayez pitié de nous, ou par 
vos chátiments, vengez nos ini- 
quités, et ne livrez point ceux 
qui vous glorifient à un peuple 
qui vous ignore, 

91. Afin qn'on ne dise pas par- 
mi les nations : Où est leur Dieu? 

92. Et lorsque, fatigués par ces 
cris et lassés de ces pleurs, ils se 
turent, 

93. Ozias, se levant, couvert 
de larmes, dit : Ayez l'esprit 
calme, mes frères, et pendant ces 
cinq jours attendons du Seigneur 
miséricorde. 

24. Car peut-être réprimera-t-il 
son indignation, et donnera-t-il 
la gloire à son nom. 

25. Mais si, ces cinq jours passés, 
il ne vient point de secours, nous 

19. Ps. cv, 6. 


JUDITH. 


967 


accomplironsles paroles que vous 
avez dites. 


CHAPITRE VIII. 


Origine et vertus de Judith. Elle apprend 
ce qu'Ozias dit, mande les anciens, et 
leur en fait des reproches. Elle ranime 
leur courage. Ils lui disent de prier. 
Elle annonce qu'elle va sortir pour exé- 
cuter un dessein qu'elle médite. 


1. Et il arriva que Judith apprit 
ces paroles, Judith, veuve, fille 
de Mérari, fils d'Idox, fils de Jo- 
seph, fils d'Ozias, fils d'Elai, fils de 
Jamnor, fils de Gédéon, fils de 
Raphaim, fils d'Achitob, fils de 
Melchias , fils d'Enan, fils de Na- 
thanias, fils de Salathiel, fils de 
Siméon, fils de Ruben ; 

2. Et son mari fut Manasses, 
qui mourut dans les jours de la 
moisson d'orge : 

3. Car il surveillait ceux qui 
liaient les gerbes dans la cam- 
pagne, et la grande chaleur vint 
sur sa téte, et il mourut à Bé- 
thulie, sa ville, et fut enseveli là 
avec ses pères. 

4. Ainsi Judith était restée 
veuve depuis déjà trois ans et 
six mois. 

5. Et dans le haut de sa mai- 


23. Ozias était sans doute persuadé que le peuple pourrait souffrir la soif pendant 
cinq jours, et il espérait en méme temps que dans cet intervalle le grand prétre lui 
enverrait quelque secours pour se défendre. 

24. Donnera-t-il, etc., c'est-à-dire glorifiera-t-il son nom, fera-t-il éclater la gloire 
de son nom? 

1. Il arriva que Judith apprit; littér. que Judith ayant appris; ce qui laisse la 
phrase suspendue 65 inachevée. Le grec.dit simplement : Et Judith apprit. — Au lieu 
de Ruben, le grec et le syriaque lisent Israël. Ruben, en effet, était fils d'Israél ou 
Jacob. De plus, Judith nomme expressement comme patriarche de sa tribu ce Siméon 
qui était fils de Jacob (rx, 2). Enfin on ne lit le nom de Siméon parmi les fils de 
Ruben, dans aucune des diverses listes généalogiques des patriarches. 

3.* La grande chaleur vint sur sa tête; 11 fut frappé d'insolation, accident commun 
en Palestine. 

9. * Une chambre secréte, en grec, une tente. Elle avait disposé sur la terrasse de sa 
maison, qui en formait le toit, une espèce de tente, où elle vivait retirée, 


968 
son elle s'était fait une-chambre 
secrète, dans laquelle elle de- 
meurait enfermée avec ses ser- 
vantes; 

6. Et, ayant sur ses reins un 
cilice, elle jeünait tous les jours 
de sa vie, excepté les sabbats, les 
néoménies et les fétes dela mai- 
son d'Israél. 

7. Or elle était d'une grande 
beauté, et son mari lui avait 
laissé de grandes richesses, une 
famille nombreuse, et des pos- 
sessions pleines de troupeaux de 
bœufs et de troupeaux de brebis. 

8. Et elle était très renommée 
parmi toutle monde, parce qu'elle 
craignait beaucoup le Seigneur; 
et il n'y avait personne qui dit 
d'elle une parole mauvaise. 

9. C'est pourquoi, lorsqu'elle 
eut appris qu'Ozias avait promis 
que, passé le cinquième jour, il 
livrerait la ville, elle envoya vers 
les anciens Chabri et Charmi, 

10. Qui vinrent vers elle, et 
elle leur dit : Quelle est cette 
parole par laquelle Ozias a con- 
senti de livrer la ville aux Assy- 
riens, si dans cinq jours il ne vous 
vient du secours? 

11. Et qui êtes-vous, vous qui 
tentez le Seigneur ? 

19. Ce n'est pas là une parole 
qui appelle la miséricorde, mais 
plutót elle excite la colere et 
allume la fureur. 

13. Vous avez fixé un temps à 
la miséricorde du Seigneur, et, 
selon votre volonté, vous lui avez 
marqué un jour. 


JUDITH. 


[cH. vur.] 


14. Mais, puisque le Seigneur 
est patient, par cela méme fai- 
sons pénitence, et réclamons son 
indulgence en répandant des 
larmes ; 

15. Car ce n'est point comme 
un homme que Dieu menacera, 
ni comme le fils d'un homme 
qu'il s'enflammera de son cour- 
roux. 

16. Cest pourquoi humilions 
devant lui nos àmes, et le ser- 
vant, établis dans un esprit hu- 
milié, 

11. Disons en pleurant au Sei- 
gneur que, selon sa volonté, il 
nous accorde sa miséricorde, afin 
que de méme que notre cœur 
est troublé par l'orgueil de nos 
ennemis, de méme aussi nous 
nous glorifiions de notre humi- 
liation, 

18. Parce que nous n'avons 
point suivi les péchés de nos 
peres, qui ont abandonné leur 
Dieu et ont adoré des dieux 
étrangers : 

19. Pour lequel crime, ils ont 
été livrés au glaive, au pillage, 
et à la confusion parmi leurs 
ennemis; mais nous, nous ne 
connaissons point d'autre Dieu, 
hors lui. 

90. Attendons humblement sa 
consolation, et il vengera notre 
sang des afflictions que 8 
causent nos ennemis; il humi- 
liera aussi toutes les nations 
quelconques qui s'élèvent contre 
nous, et le Seigneur notre Dieu 
les livrera au déshonneur. 


«ΠΌΘΕΝ 55. 907 UBERIUS IL, calidi ti Ὁ 5 9 5 5555 
6. * Les néoménies, les jours de la nouvelle lune, qui marquaient le commencement 


d'un mois. 


1. Par famille nombreuse on entend généralement un grand nombre de domestiques. 
10. Quelle est, etc. Autrement : Quel est le motif pour lequel, 


12. Une parole; ou bien une chose. | 


[cu. 1x.] 


91. Or maintenant, mes freres, 
puisque vous êtes les anciens 
parmi le peuple de Dieu, et que 
de vous dépend leuràme, relevez 
leur cœur par vos paroles, afin 
quils se souviennent que nos 
péresontété tentéspouréprouver 
sils honoraient véritablement 
leur Dieu. 

29. lls doivent se souvenir 
comment Abraham notre pere 
fut tenté, et comment, éprouvé 
par beaucoup de tribulations, il 
devint l'ami de Dieu. 

93. Ainsi Isaac, ainsi Jacob, 
ainsi Moise, et tous ceux qui ont 
plu à Dieu, ont passé par beau- 
coup de tribulations en restant 
fideles. 

24. Mais ceux qui n'ont point 
recu 108 tentations avec la crainte 
du Seigneur, et qui ont témoigné 
leur impatience, leur reproche et 
leur murmure contre le Seigneur, 

95. Ont été exterminés par l'ex- 
terminateur, et ont péri par les 
serpents. 

26. Et nous donc, ne nous ven- 
geons point pour ce que nous 
souffrons; 

27. Mais, considérant que ces 
châtiments mêmes sont moindres 
que nos péchés, croyons que les 
fléaux du Seigneur par lesquels 
nous sommes punis, comme ser- 
viteurs, nous sont venus pour 
notre amendement, et non pour 
noire perte. 

28. Alors Ozias etles anciens 


JUDITH. 


969 


lui dirent : Tout ce que vous avez 
dit est vrai, et dans vos paroles 
il n’y a rien à reprendre. 

29. Maintenant done, priez pour 
nous, parce que vous êtes une 
femme sainte et craignant Dieu. 

30. Et Judith leur dit : Comme 
vous reconnaissez que ce que j'ai 
pu dire vient de Dieu, 

31. De même examinez si ce 
que j'ai résolu vient de Dieu, et 
priez, afin que Dieu affermisse 
ma résolution. 

32. Vous vous tiendrez à la 
porte cette nuit, et moi je sortirai 
avec ma servante; et priez, com- 
me vous avez dit, que dans cinq 
jours le Seigneur regarde son 
peuple d'Israél. 

33. Mais je ne veux pas que 
vous recherchiez ce que je dois 
faire, et jusqu'à ce que je vous 
lannonce, qu'on ne fasse rien 
autre chose qu'une priere pour 
moi au Seigneur notre Dieu. 

34. Et Ozias, prince de Juda, 
lui répondit : Allez en paix, et que 
le Seigneur soit avec vous pour 
tirer vengeance de nos ennemis. 
Et, retournant, ils s'en allèrent. 


CHAPITRE IX. 


Judith adresse à Dieu sa prière, et im- 
plore son secours pour l'exécution du 
dessein qu'elle médite. 


1. Ceux-ci s'étant retirés, Ju- 
dith entra dans son oratoire; et, 
se revêlant d'un cilice, elle mit de 
la cendre sur sa téte, et, se pros- 


Cuar. VIII. 22. Genèse, xxur, 1. — 25. I Cor., x, 9. 


21. Leur áme; hébraisme, pour leur vie. 


24. Qui ont témoigné, etc. Voy. Nombres, xi, 1; xiv, 42; xx, 4-6. 

26. Ne nous vengeons point par impatience; ne nous irritons point. 

32. * Avec ma servante, en latin abra mea. Il ne s'agit pas d'une servante ordinaire, 
mais d'une femme de confiance, sans doute celle de ses servantes qui était placée à 


la téte de toutes les autres. 


970 


ternant devant le Seigneur, elle 
criait vers le Seigneur, disant : 

2. Seigneur, Dieu de mon pere 
Siméon, qui lui avez donné un 
glaive pour se venger des étran- 
gers qui commirent une violence 
dans leur profanation, et décou- 
vrirent la nudité d'une vierge 
pour sa confusion; 

9. Qui avez livré leurs femmes 
en proie, et leurs filles en ‘capti- 
vité, et toutes leurs dépouilles en 
partage à vos serviteurs qui ont 
brülé de zèle pour vous, venez, 
je vous prie, Seigneur mon Dieu, 
au secours de moi, veuve : 

4. Car c'est vous qui avez fait 
les choses antérieures, et vous 
avez concu celles-ci apres celles- 
là; et il n'a été fait que ce que 
vous-méme avez voulu. 

5. Car toutes vos voies sont 
préparées; et vos jugements, 
c'est dans votre providence que 
vous les avez établis. 

6. Regardez maintenantle camp 
des Assyriens, comme alors vous 
daignátes voirle camp des Egyp- 
tiens, quand armés ils couraient 
apres vos serviteurs, se confiant 
en leurs quadriges et leur cava- 
lerie, et dansla multitude de leurs 
combattants. 


JUDITH. 


[cH. ix.] 


7. Mais vous jetátes un regard 
sur leur camp, et des ténèbres 
les fatiguèrent. 

8. L'abime retint leurs pieds, 
et les eaux les couvrirent. 

9. Seigneur, qu’il en soit fait 
de méme de ceux-ci aussi qui se 
confient en leur multitude, en 
leurs chariots eten leurs épieux, 
en leurs boucliers, en leurs flè- 
ches, et qui se glorifient en ieurs 
lances, 

10. Et qui ne savent pas que 
c'est vous-même qui êtes notre 
Dieu, vous qui rompezles guerres 
depuis le commencement, et que 
votre nom est le Seigneur. 

11. Elevez votre bras comme 
au commencement, brisez leur 
force par votre force; qu'elle 
tombe devant votre courroux, la 
force de ceux qui promettent de 
violer vos choses saintes, de souil- 
ler le tabernacle de votre nom, et 
d'abattre de leur glaive la corne 
de votre autel. 

19. Faites, Seigneur, que par 
son propre glaive, son orgueil 
soit tranché : 

13. Qu'il soit pris par le piége 
de ses yeux en me regardant, et 
vous le frapperez par mes paroles 
gracieuses. 


Cap. IX. 2. Genèse, xxxiv, 26. — 0. Exode, xiv, 9. 


2. Judith loue ici le zéle que Siméon avait mis à venger la gloire de Dieu et l'ou- 
trage fait par les Sichémites à sa sœur; mais nullement la manière inhumaine dont 
il avait exercé cette vengeance. Voy. Genèse, xxxiv, 30; xuix, 5-7. 

3. Qui ont brälé; etc., littér. et par hébraisme, qui ont zélé le zèle, ou ont été zélé 


de zèle. 


1. Les fatiguérent. Au passage de la mer Rouge, les Egyptiens furent dans l'in- 
quiétude; ils ne pouvaient pas avancer à cause des ténèbres qui les enveloppaient. 


Voy. Nombres, xiv, 19, 24. 


10. Vous rompez ; vous faites cesser, vous arrétez. 

11. Vos choses saintes. Voy. 1v, 10. — La corne de votre autel. 11 y avait aux quatre 
coins de l'autel des holocaustes quatre éminences en forme de cornes. 

13. Par mes paroles gracieuses; littér. par les lèvres de ma grâce, Compar. 
(Ps. xuiv, 3) l'expression la grâce est répandue sur vos lèvres. 101, comme souvent 
ailleurs, saint Jérôme a donné à un mot latin, dérivé du grec, le sens qu'il a dans 


Gi. γεν] 


14. Mettez-moi dans le cœur de 
la constance, afin que je le mé- 
prise; et de la force, afin que je 
le renverse. 

15. Ge sera assurément un sou- 
venir de votre nom, que la main 
d'une femme l'ait abattu. 

16. Car ce n'est point dans la 
multitude qu'est votre puissance, 
Seigneur, ni dans les forces des 
chevaux qu'est votre plaisir, et 
les superbes dés le commence- 
ment ne vous ont pas plu; mais 
la priere des hommes humbles et 
doux vous a toujours plu. 

11. Dieu des cieux, créateur 
des eaux, et seigneur de toute 
créature, exaucez-moi, pauvre 
suppliante, et qui présume de 
volre miséricorde. 

18. Souvenez-vous, Seigneur, 
de votre alliance, et mettez la pa- 
role dans ma bouche, et fortifiez 
en mon cœur ma résolution, afin 
que votre maison vous demeure 
toujours consacrée; 

19. Et que toutes les nations 
reconnaissent que c'est vous qui 
êtes Dieu, et qu'il n'y en a point 
d'autre hors vous. 


CHAPITRE X. 


Judith se pare et se rend avec sa ser- 
vante au camp des Assyriens. Elle y 
est arrétée et conduite à Holoferne, qui 
est épris de sa beauté. 


1. Oril arriva que quand Judith 
15. Juges, 1v, 21; v, 26. 


JUDITH. 971 


eut cessé de crier vers le Sei- 
geneur, elle se leva du lieu dans 
lequel elle était étendue, proster- 
née devant le Seigneur; 

2. Et elle appela sa servante, 
el, descendant dans sa maison, 
elle óta son cilice, et se dépouilla 
des vétements de son veuvage ; 

3. Puis elle lava son corps, 
s'oignit dun parfum excellent, 
sépara les cheveux de sa tête, 
mit une mitre sur sa téte, se 
revêtit des habits de sa joie, 
et mit des sandales à ses pieds; 
elle prit aussi des petits orne- 
ments de la main droite, des lis, 
ainsi que des pendants d'oreilles 
ev des anneaux, et se para de 
tous ses ornements. 

4. Le Seigneur aussi lui donna 
de l'éclat, parce que toute cette 
parure ne venait pas d'un mau- 
vais désir, mais de sa vertu : et 


cest pour cela que le Seigneur 


lui augmenta sa beauté, afin 
qu'elle parüt aux yeux de tous 
dans une parure incomparable. 

9. Elle donna à sa servante une 
outre de vin, un vase d'huile, des 
grains rótis, des figues sèches, 
des pains et du fromage, et elle 
partit. 

6. Or, lorsqu'elles furent arri- 
vées à la porte de la ville, elles 
trouvèrent Ozias, qui l'attendait, 
et les anciens de la ville. 

7. Lorsque ceux-ci la virent, 


——— M M M € —— D, 


cette dernière langue. — * Judith se proposait d'user de sa beauté pour perdre Holo- 
ferne, mais son but unique était de sauver son peuple en faisant périr le chef de 
l'armée ennemie. C'est son intention qui fait le mérite de son action. Elle exposait sa 
propre vie pour le salut d'Israël. Elle avait d'ailleurs le droit de faire périr Holoferne, 
soit par ruse, soit par violence, puisque le général assyrien faisait la guerre aux 


habitants de Béthulie. 


3. * Une mitre, coiffure haute. — De petits ornements de la main droite, des bra- 
201608. — Des lis, un collier ou autre ornement avec des fleurs en forme de lis. 


972 
étonnés, ils admirerent beaucoup 
sa beauté. 

8. Cependant, sans rien lui de- 
mander, ils la laisserent passer, 
disant : Que le Dieu. de nos 
pères vous donne sa grâce, et 
qu'il fortifie la résolution de votre 
cœur par sa force, afin que Jéru- 
salem se glorifie en vous, et que 
votre nom soit au nombre des 
saints et des justes. 
| 9. Etceux qui étaient là dirent 
d'une seule voix : Ainsi soit! ainsi 
soit! 

10. EtJudith, priantleSeigneur, 
passa parles portes, elle et sa ser- 
vante. 

11. Or il arriva que, lorsqu'elle 
descendait de la montagne, vers le 
commencement du jour, les gar- 
des avancés des Assyriens la ren- 
contrerent, etl'arréterent, disant: 
D'où venez-vous, οἱ οἱ allez-vous? 

12. Elle répondit : Je suis fille 
des Hébreux ; c'est pourquoi j'ai 
fui de leur face, parce que j'ai 
reconnu qu'il arrivera qu'ils vous 
seront livrés en proie, parce que, 
vous méprisant, ils n'ont pas 
voulu se rendre d'eux-mémes, 
afin de trouver miséricorde en 
votre présence. 

13. Par ce motif, j'ai pensé en 
moi-méme, disant : J'irai devant 
laface du prince Holoferne, afin 
que je lui indique leurs secrets, 
et que je lui montre par quelle 


JUDITH. 


(cn. &.] 
entrée il pourra s'emparer d'eux, 
en sorte qu'il ne tombe pas un 
seul homme de son armée. 

14. Et lorsque ces hommes 
eurent entendu ses paroles, ils 
regardaient sa face, et l'étonne- 
ment était dans leurs yeux, parce 
qu'ils admiraient beaucoup sa 
beauté. 

15. Et ilslui dirent : Vous avez 
conservé votre âme, parce que 
vous avez pris cette résolution de 
descendre vers notre maitre. 

16. Sachez done que, lorsque 
vous serez en sa présence, il 
vous traitera bien, et vous serez 
tres agréable à son cœur. Et ils 
la conduisirent au tabernacle 
d'Holoferne, en l'annoncant. 

17. Et lorsqu'elle fut entrée de- 
vant lui, soudain Holoferne fut 
pris par ses yeux. 

18. Et ses gardes lui dirent : Qui 
mépriserait le peuple desHébreux 
qui ont de si belles femmes? Est- 
ce que pour elles nous ne devons 
pas avec raison combattre contre 
eux? 

19. Or Judith, voyant Holoferne 
assis dans uu pavillon, qui était 
de pourpre, d'or et d'éméraudes, 
et entremélé de pierres pré- 
cieuses, 

90. Et l'ayant regardé, elle s'in- 
clina profondément devant lui, 
se prosternant sur la terre; et 
les serviteurs d'Holoferne la re- 


(oo 


12 et suiv. Sans approuver les mensonges que fait Judith, on peut dire avec saint 
Thomas que, par une erreur invincible, elle se figura qu'ils étaient permis, à cause 
des circonstances où elle se trouvait. On peut dire de même du reste de sa conduite. 

15. Vous avez, etc.; hébraisme pour, vous avez sauvé votre vie. 

19. * Dans un pavillon, sans doute un moustiquaire, trés orné comme il convenait 
au général d'une grande armée. Le moustiquaire est un tissu qui empéche les mous- 
tiques, nombreux en Orient, de pénétrer et préserve ainsi de leurs piqüres et de leur 
sifflement. Ce pavillon est traduit plus loin, xut, 10, par rideau. 

20. Elle s'inclina, etc.; comme c'était l'usage, quand on se présentait devant les 


grands. 


]68. xi.] mi: 
leverent, leur maître l'ayant com- 
mandé. 


CHAPITRE XI. 


Holoferne demande à Judith pourquoi 
elle ἃ quitté son peuple pour venir 
vers lui. Elle lui répond en flattant ses 
espérances, et il lui fait de grandes 
promesses. 


4. Alors Holoferne lui dit : Ayez 

l'esprit calme, et ne craignez pas 
en votre cœur, parce que je n'ai 
jamais nui à un homme qui a 
voulu servir le roi Nabuchodono- 
ΒΟΥ. 

2. Et si votre peuple ne m'avait 
point méprisé, je n'aurais pas levé 
ma lance sur lui. 

3. Mais maintenant, dites-moi 
par quel motif vous étes-vous re- 
tirée d'eux, et vous a-t-il plu de 
venir vers nous? 

4. Et Judith lui répondit : Ac- 
cueillez les paroles de votre ser- 
vante, parce que si vous suivez 
les paroles de votre servante, le 
Seigneur achèvera l'affaire avec 
vous; 

5. Car Nabuchodonosor, le roi 
de la terre, vit, etsa vertu, qui est 
en vous, vit pour le châtiment 
de toutes les âmes qui s'égarent; 
puisque non seulement les hom- 
mes le servent par vous, mais 
méme les bêtes des champs lui 
obéissent. 

6. Et l'habileté de votre esprit 
est proclamée dans toutes les 
nations, et on fait connaître au 


CnaP. XI. 7. Supra, v, 5. 


jUDITH. 973 


monde entier que vous seul étes 
bon et.puissant dans tout son 
royaume, et votre habileté est 
louée dans toutes les provinces. 

1. Ce n'est pas non plus un se- 
cret, ce qu'a dit Achior, et on 
n'ignore pas ce que vous avez 
commandé qu'il lui arrive. 

8. Car, il est manifeste que no- 
tre Dieu est tellement offensé 
par les péchés, qu'il ἃ annoncé 
par ses prophétes à son peuple 
qu'il le livrera à cause de ses pé- 
chés. 

9. Et parce que les enfants d'Is- 
raél savent qu'ils ont offensé leur 
Dieu, votre terreur est sur eux. 

10. De plus, la famine aussi est 
tombée sur eux, et à cause du 
manque d'eau, ils sont déjà 
comptés parmi les morts. 

11. Enfin ils s'apprêtent méme 
à tuer leurs bestiaux, et à en 
boire le sang. 

12. Et quant aux choses saintes 
du Seigneur leur Dieu, que Dieu 
a ordonné de ne pas toucher, en 
fait de blé, de vin et d'huile, ils 
songent à employer et veulent 
consommer ce qu'ils ne devraient 
pasméme toucher deleurs mains ; 
ainsi, puisqu'ils font cela, il est 
certain qu'ils seront livrés à la 
ruine. 

13. Ce que moi, votre servante, 
connaissant, j'ai fui loin d'eux, et 
le Seigneur m'a envoyée pour 
vous annoncer ces choses mé- 
mes; 


= - — —— ^ E dà 


4. Achévera, etc.; vous donnera un succès complet. 
10. Le manque d'eau; littér. la sécheresse de l'eau; ellipse pour, la sécheresse pro- 


duite par le manque d'eau. 


12. Les choses saintes, etc. Les choses consacrées au Seigneur, telles que les pré- 


mices du blé, etc. ὁ 


974 

14. Car moi, votre servante, 
jadore Dieu, méme maintenant 
auprès de vous; et votre ser- 
vante sortira, et elle priera Dieu, 

15. Et il me dira quand il les 
punira de leurs péchés; et ve- 
nant, je vous l'annoncerai, et je 
vous conduirai au milieu de Jéru- 
salem, et vous aurez tout le peu- 
ple d'Israël, comme des brebis 
qui n'ont point de pasteur, et pas 
méme un chien n'aboiera contre 
vous. 

16. Parce que ces choses m'ont 
été dites par la providence de 
Dieu, 

17. Et parce que Dieu est ir- 
rité contre eux, j'ai été envoyée 
pour vous annoncer ces choses 
mémes. 

18. Or toutes ces paroles plu- 
rent à Holoferne et à ses servi- 
teurs, et ils admiraient sa sa- 
gesse, et se disaient l'un à l'au- 
ire: 

19. Il n'est pas une telle femme 
sur la terre, pour l'aspect, pour 
la beauté et pour le sens des pa- 
roles. 

90. Et Holoferne lui dit : Il a 
bien fait le Dieu qui vous a en- 
voyée devant le peuple, afin que 
vous le livriez vous-mémes en 
nos mains; 

21. Et parce que votre promesse 
est bonne, si votre Dieu fait cela 
pour moi, il sera aussi mon Dieu, 
et vous, vous serez grande dans 
la maison de Nabuchodonosor, 
et votre nom sera nommé dans 
toute la terre. 


JUDITH 


[cH. xir.] 


CHAPITRE XII. 


Judith refuse les mets de la table d'Ho- 
loferne, et lui assure que les provisions 
qu'elle a apportées lui suffiront. Elle 
sort du camp pendant les nuits pour 
prier. Holoferne donne un festin oü il 
fait venir Judith et oü il s'enivre. 


1. Oril commanda qu'on la fit 
entrer où étaient déposés ses tré- 
sors; et il commanda de plus 
qu'elle y demeurát, et il régla ce 
qui lui serait donné de sa table. 

2. Judith lui répondit et dit : 
Je ne pourrai pas manger main- 
tenant des choses que vous or- 
donnez qu'on me donne, pour 
ne pas que le scandale vienne 
sur mol; mais c'est de ce que 
j'ai apporté pour moi que je man- 
geral. 

3. Holoferne lui repartit : Si ce 
que vous avez apporté avec vous 
vient à manquer, que ferons-nous 
pour vous? 

4. Et Judith répliqua : Mon âme 
vit, mon seigneur! votre ser- 
vante n'aura pas consommé tout 
cela avant que Dieu fasse par ma 
main ce que j'ai pensé. Et les ser- 
viteurs d'Holoferne lintroduisi- 
rent dans le tabernacle qu'il avait 
ordonné de /ui préparer. 

5. Et elle demanda, comme elle 
y entrait, qu'on lui donnát la li- 
berté de sortir dehors, durant la 
nuit et avant le jour, pour la 
priere, et d'implorer le Seigneur. 

6. Et Holoferne ordonna aux 
officiers de sa chambre que, 
comme il lui plairait, elle sortit 


19. Pour le sens des paroles; c'est-à-dire pour la sagesse qu'il y a dans ses 


paroles. 


2. Que le scandale, etc.; que je donne du scandale, en faisaut usage de viandes 


impures. Campar. Tobie, 1, 12, 


fen. χαπ.} 


et elle entrát pour adorer son 
Dieu, durant trois jours. 

7. Elle sortait donc durant les 
nuits dans la vallée de Béthulie, 
et elle se lavait dans une source 
d'eau. 

8. Et, comme elle montait, elle 
priait le Seigneur Dieu d'Israél 
de diriger sa voie pour la déli- 
vrance de son peuple. 

9. Puis, entrant, elle demeurait 
pure dans son tabernacle, jusqu'à 
ce qu'elle prit sa nourriture sur 
le soir. 

10. Or il arriva qu'au quatrième 
jour Holoferne fit un festin à ses 
serviteurs, et dit à Vagao, son 
eunuque : Va, et persuade à cette 
Juive qu'elle consente spontané- 
ment à habiter avec moi ; 

11. Carilest honteux chez les 
Assyriens qu'une femme se mo- 
que d'un homme en agissant de 
manière à s'éloigner pure de lui. 

12. Alors Vagao entra vers Ju- 
dith, et dit: Que la bonne fille ne 
craigne pas d'entrer auprès de 
mon seigneur, d'être honorée de- 
vant lui, de manger avec lui, et 
de boire du vin avec gaieté. 

13. Judith lui répondit : Qui 
suis-je pour contredire mon sei- 
gneur? 

14. Tout ce qui sera bon et ex- 
cellent devant ses yeux, je le fe- 
rai; et tout ce qui lui plaira me 
sera aussi la meilleure chose tous 
les jours de ma vie. 

15. Elle se leva done, etse para 
de son vétement; puis étant en- 
trée, elle se présenta devant lui. 


JUDITH. 


075 
16. Or le cœur d'Holoferne fut 
ébranlé, car il était brülant de 
passion pour elle. 

17. Et Holoferne lui dit : Buvez 
maintenant : et prenez place à 
table avec gaieté, parce que vous 
avez trouvé gráce devant moi. 

18. Et Judith répondit : Je boi- 
rai, seigneur; parce que mon 
âme est aujourd'hui magnifiée 
plus qu'en tous mes jours. 

19. Et elle prit, mangea et but 
devant lui tout ce que lui avait 
préparé sa servante. 

20. Et Holoferne devint joyeux 
aupres d'elle, et il but excessive- 
ment de vin, autant que jamais 
il n'en avait bu en sa vie. 


CHAPITRE XIII, 


Judith, étant restée seule auprès d'Holo- 
ferne, lui tranche la tête, et sort avec 
la fille qui la servait. Elle arrive à Bé- 
thulie, où elle est reçue avec un grand 
étonnement et beaucoup d'applaudis- 
sements. On fait venir Achior qui re- 
connait la téte d'Holoferne. 


1. Or, dés que le soir fut venu, 
ses serviteurs se hâtèrent de ren- 
trer en leurs logis, et Vagao fer- 
ma les portes de la chambre, et 
s’en alla. 

2. Et tous étaient appesantis par 
le vin; 

3. Mais Judith était seule dans 
la chambre. 

4. Or Holoferne était couché sur 
son lit, assoupi dans une tres 
grande ivresse. 

5. Alors Judith dità sa servante 
de se tenir dehors devant la 
chambre, et d'observer. 


7. Chez les Juifs, comme chez plusieurs autres peuples de l'Orient, on se lavait 


avant la prière. 


10. * Qu'elle consente, etc. Judith aurait pu épouser Holoferne sans violer la loi, 
18. Plus qu'en tous mes jours; ellipse pour, plus qu'elle ne l’a dit en, etc. 


970 


6. Et Judith se tint devant le lit, 
priant avec larmes, et par un 
mouvement des lèvres en silence, 

7. Disant : Fortifiez-moi, Sei- 
gneur Dieu d'Israël, et regardez 
en cette heure les œuvres de 
mes mains, afin que, comme 
vous avez promis, vous releviez 
Jérusalem, votre cité, et que ce 
que j'ai pensé pouvoir être fait 
par vous, je l’achève. 

8. Et, lorsqu'elle eut dit cela, 
elle s'approcha de la colonne, 
qui était au chevet de son lit, et 
détacha son poignard qui y était 
lié et suspendu ; 

9. Et, lorsqu'elle l'eut tiré du 
fourreau, elle saisit la chevelure 
de sa téte, et dit : Fortifiez-moi, 
Seigneur Dieu, en cette heure. 

10. Et elle frappa deux fois sur 
son cou, trancha sa téte, tira son 
rideau hors des colonnes, et roula 
son corps (le tronc) en bas du lit. 

11. Et, un peu après, elle sortit, 
remit la téte d'Holoferne à sa ser- 
vante, et lui commanda de la 
mettre dans sa besace. 

19. Et elles sortirent toutes 
deux, selonleur coutume, comme 
pour la prière, elles traverserent 
le camp, et, tournant le long de 
la vallée, elles vinrent à la porte 
de la ville; 

43. Et Judith cria de loin aux 
gardes des murs : Ouvrez les 
portes, parce que Dieu est avec 


JUDITH. 


(cu. [,חזצ‎ 


nous; il a exercé sa puissance en 
Israël. 

14. Et il arriva que, lorsque 
ces hommes entendirent sa voix, 
ils appelèrent les anciens de la 
ville. 

15. Et ils coururent tous vers 
elle, depuis le plus petit jusqu'au 
plus grand; parce qu'ils s'atten- 
daient à ce qu'elle ne reviendrait 
plus. 

16. Et, allumant des flambeaux, 
ils tournèrent tous autour d'elle : 
mais elle, montant sur un lieu 
plus élevé, commanda qu'on fit 
silence. Et, lorsque tous se fu- 
rent tus, 

11. Judith dit : Louez le Sei- 
gneur notre Dieu, qui n'a point 
délaissé ceux qui ont espéré en 
Jui ; \ 

18. Et c'est par moi, sa ser- 
vante, qu'il a accompli sa miséri- 
corde qu'il a promise à la maison 
d'Israël; et il a tué par ma main 
l'ennemi de son peuple cette 
nuit. 

19. Et tirant hors de la besace 
la tête d'Holoferne, elle la leur 
montra, disant : Voici la tête 
d'Holoferne, prince de la milice 
des Assyriens ; et voici le rideau 
du pavillon dans lequel il était 
couché dans son ivresse, et oü 
par la main d'une femme le Sei- 
gneur notre Dieu l’a frappé. 

20. Mais le Seigneur lui-méme 

. 


9. Il faut bien remarquer que, chez les peuples de l'antiquité, le meurtre d'un 
ennemi fut toujours licite. Ainsi Judith, du consentement des chefs de Béthulie, ayant 
pris sur elle la délivrance de cette ville, a pu légitimement donner la mort à l'injuste 
aggresseur de sa patrie. 

10. * Rideau. Le rideau qui servait de moustiquaire. Voir plus haut, x, 19. 

18. Dieu a promis en effet qu'il protégerait les Israélites contre leurs ennemis, tant 
qu'ils 16 serviraient fidèlement et qu'ils observeraient sa loi. Voy. Lévitique, xxvi, 8, 
TI 8: 

20. Le Seigneur lui-même vit! Formule de serment, qui équivaut à : Je jure par le 
Seigneur lui-méme que. HE LE 2 


fca. xiv.] 
vit! son ange m'a gardée, et 
lorsque je suis sortie d'ici, et 
tant que j'ai demeuré là, et lors- 
que je suis revenue ici; et le Sei- 
gneur n'a pas permis que moi, sa 
servante, je fusse souillée : mais 
il m'a rappelée vers vous sans 
tache de péché, me réjouissant de 
sa victoire, de mon salut et de 
votre délivrance. 

21. Vous tous, rendez-lui gloire, 
parce qu'il est bon, parce que sa 
miséricorde.est éternelle. 

22. Alors tous, adorant le Sei- 
gneur, lui dirent : Le Seigneur 
vous a bénie en sa puissance, 
puisque par vous il a réduit à 
néant nos ennemis. 

98. Or Ozias, prince du peuple 
d'Israël, lui dit : Vous êtes bénie, 
vous, ma fille, par le Seigneur 
Dieu très-haut, plus que toutes 
les femmes sur la terre. 

24. bénile Seigneur, qui a créé 
le ciel etla terre, et qui vous ἃ 
dirigée pour frapper la téte du 
prince de nos ennemis! 

25. Parce qu'aujourd'hui il ἃ 
tellement magnifié votre nom, 
que votre louange ne sortira pas 
de la bouche des hommes qui se 
souviendront éternellement de 
la puissance du Seigneur, pour 
l'amour desquels vous n'avez pas 
épargné votre àme, à cause des 
angoisses et des tribulations de 
votre race, vous avez subvenu à 
sa ruine en la présence de notre 
Dieu. 

26. Et tout le peuple dit : Ainsi 
soit! ainsi soit! 

21. Ensuite Achior, appelé, vint, 

Cuar. XII. 21. Ps. cv, 1; cvi, 4. 


JUDITH. 


377 


et Judith lui dit : Le Dieu d'Israël, 
auquel vous avez vous-méme 
rendu le témoignage qu'il se 
venge de ses ennemis, a coupé la 
téte de tous les infideles, cette 
nuit, par ma main; 

28. Et afin que vous éprouviez 
sil en est ainsi, voici la téte 
d'Holoferne, qui, dans le mépris 
de son orgueil, a méprisé le Dieu 
d'Israél, et vous menacait de la 
mort, disant : Lorsque le peuple 
d'Israël sera pris, j'ordonnerai 
que tes flancs soient percés par le 
glaive. 

29. Or Achior, voyant la téte 
d'Holoferne, fut saisi d'effroi; il 
tomba sur sa face contre terre, et 
son âme fut troublée. 

30. Mais, apres que, ses esprits 
repris, il se fut rassuré, il se jeta 
aux pieds de Judith, s'inclina 
profondément devant elle, et dit : 

91. Vous étes bénie de votre 
Dieu, dans tous les tabernacles 
de Jacob, parce qu'en toute na- 
tion qui entendra votre nom, 
le Dieu d'Israël sera magnifié en 
vous. 


CHAPITRE XIV. 


Judith conseille aux Israélites de s'avan- 
cer vers les Assyriens. Achior embrasse 
la religion des Juifs. Les Israélites s'a- 
vancent vers les Assyriens qui, s'aper- 
cevant de la mort d'Holoferne, sont 
saisis de trouble. 


1. Alors Judith dit à tout le 
peuple : Écoutez-moi, mes fre- 
res; suspendez cette téte sur nos 
murs ; 

2. Et lorsque le soleil sera levé, 
que chacun prenne ses armes, 


25. Pour l'amour desquels. Selon quelques interprètes, parce que. — Votre âme; 


bébraisme, pour votre vie. 


D. 


62 


978 / 


et sortez avec impétuosité; non 
point pour que vous descendiez 
au bas de la montagne, mais 
comme faisant une atlaque. 

3. Alors il sera nécessaire que 
les gardes avancées s'en aillent 
éveiller leur prince pourle com- 
bat ; 

4. Et, lorsque leurs chefs au- 
ront couru au tabernacle d'Holo- 
ferne, et qu'ils l'auront trouvé un 
corps sans téte, qui a roulé dans 
son sang, la crainte tombera sur 
eux. 

9. Et, lorsque vous les verrez 
fuir, allez aprés eux avec assu- 
rance, parce que le Seigneur les 
foulera sous vos pieds. 

6. Alors Achior, voyant la puis- 
sance qu'avait exercée le Dieu 
d'Israél, abandonna le culte de 
la gentilité, crut à Dieu, cir- 
concit sa chair, et fut incorporé 
au peuple d'Israël, lui et toute la 
suite de sà race jusqu'au jour 
d'aujourd'hui. 

7. Aussitôt donc que le jour 
commenca, on suspendit au haut 
des murs la téte d'Holoferne, et 
chaque homme prit ses armes; 
et ils sortirent au milieu d'un 
grand bruit et de cris déchirants. 

8. Ce que voyant les gardes 
avancées, elles coururent au ta- 
bernacle d'Holoferne. 

9. Or ceux qui étaient dans le 
tabernacle étant venus, et faisant 
du bruit à l'entrée de sa chambre 
pour l'éveiller, excitaient à des- 
sein le tumulte, afin qu'Holoferne 


JUDITH. 


]08. xiv.] 
füt réveillé, non point par ceux 
qui l'éveillaient ordinairement, 
mais par ceux qui faisaient ce 
bruit. 

10. Car nul n'osait, en frappant 
ou en entrant, ouvrir la porte du 
général des Assyriens. 

11. Maislorsqueles chefsfurent 
venus, et les tribuns, et tous les 
principaux de l'armée du roi des 
Assyriens, ils dirent aux officiers 
de sa chambre : 

12. Entrez et éveillez-le; parce 
que les rats, sortis de leurs trous, 
ont osé nous provoquer au com- 
bat. 

13. Alors Vagao, étant entré 
dans sa chambre, se tint devant 
le rideau, et frappa des mains; 
car il supposait qu'il dormait avec 
Judith. 

14. Mais, comme prétant l'o- 
reille, il n'entendait aucun mou- 
vement de quelqu'un qui dort, 
il s'approcha plus près du rideau, 
et, le soulevant, et voyant que le 
cadavre d'Holoferne sans téte, 
tout dégouttant de sang, gisait 
sur la terre, il cria d'une voix 
forte en pleurant, et il déchira 
ses vétements. 

15. Puis, étant entré dans le ta- 
bernacle de Judith, il ne la trou- 
va point, il sortit dehors vers le 
peuple, 

16. Et dit: Une seule femme 
juive a mis la confusion dans la 
maison du roi Nabuchodonosor; 
car voici Holoferne qui git sur la 
terre, et sa tête n'est pas sur lui. 


10. Du général; littér. De la puissance; elipse pour, du chef de la puissance, c'est- 


ü-dire du chef de l'armée. Compar. vers. 17. 


13. * Devant le rideau, probablement une tenture qui isolait la partie de la tente 


ou était le lit. 


14. Prélant Üloreilze; littér. par le sens des oreilles. 


[cu. xv.] 
17. Ce qu'ayant entendu les 
princes de l'armée des Assyriens, 
ils déchirèrent tous leurs véte- 
ments; une érainte intolérable et 
la frayeur tomberent sur eux, et 
leurs esprits furent très troublés. 
18. Et il se fit un cri incompa- 
rable au milieu de leur camp. 


CHAPITRE XV. 


La frayeur se répand dans le camp des 
Assyriens; ils prennent la fuite. Les 
Israélites se jettent sur eux, les pour- 
suivent, s'emparent de leurs dépouilles, 
et donnent à Judith celles d'Holoferne. 


1. Et lorsque toute l'armée eut 
appris qu Holoferne avait été dé- 
capité, l'esprit etle conseil s'en- 
fuirent loin d'eux, et poussés seu- 
lement par la frayeur et l'inquié- 
tade, ils cherchèrent un secours 
dans la fuite; 

2. En sorte que nul ne parlait 
à son compagnon; mais, bais- 
sant la téte et abandonnant tout, 
ils se hâtaient d'échapper aux 
Hébreux, qu'ils entendaient ve- 
nir armés sur eux, et ils fuyaient 
cà et là par les chemins des cam- 
pagnes et les sentiers des col- 
lines. 

9. C'est pourquoi les enfants 
d'Israél,les voyant fuir, les sui- 
virent. Ils descendirent donc des 
montagnes, sonnant des trom- 
pettes et poussant de grands cris 
aprés eux. 

4. Et comme les Assyriens, n'é- 
tant pas réunis, allaient dans leur 
fuite en se précipitant, les en- 
fants d'Israël, au contraire, les 
poursuivant en formant un seul 


JUDITH. 


979 


corps, battaient tous ceux qu'ils 
pouvaient atteindre. 

5. C'est pourquoi Ozias envoya 
des messagers dans toutes les 
villes et les contrées d'Israël. 

6. C'est pourquoi aussi chaque 
province et chaque ville envoye- . 
rent une jeunesse choisie et ar- 
mée après les Assyriens ; et ils les 
poursuivirent avec le tranchant 
du glaive, jusqu'à ce qu'ils furent 
arrivés à l'extrémité deleurs con- 
fins. 

1. Gependant les autres qui é- 
taient à Béthulie entrerent dans 
le camp des Assyriens, et enle- 
verentle butin que les Assyriens, 
qui s'enfuyaient, avaient laissé, 
etilseneurentunegrandecharge. 

8. Mais ceux qui, victorieux, 
rentrerent à Béthulie, apporte- 
rent avec eux tout ce qui était 
aux Assyriens; or lestroupeaux, 
les bestiaux ettousleurs meubles 
étaient sans nombre; en sorte 
que depuis le plus petit jusqu'au 
plus grand, tous s'enrichirent de 
leurs dépouilles. 

9. Or Joacim, le grand-prétre, 
vint de Jérusalem ἃ Béthulie, 
avec tous ses prétres, pour voir 
Judith. 

10. Et lorsqu'elle fut sortie vers 
lui, ils la bénirent tous d'une seule ' 
voix, disant : Vous étes la gloire ' 
de Jérusalem, vous étes la joie 
d'Israél, vous étes l'honneur de 
notre peuple : 

11. Car vous avez agi virile- 
ment, et votre cœur a été affer- 
mi, parce que vous avez aimé la 
chasteté, et qu'après votre mari 


.. וו 


17. De l’armée ; littér. de la puissance. Compar. vers. 10. 


9. Ses prétres; ou bien les anciens du peuple. Le grec porte : Le sénat ou les an- 
ciens des enfants d'Israël qui habitaient dans Jérusalem. 


980 


vous n'en avez pas connu d'autre; 
c'est pour cela que la main du 
Seigneur vous a fortifiée, et c'est 
pourcela que vous serez bénie 
éternellement. 

12. Et tout le peuple dit : Ainsi 
soit! ainsi soit! 

13. Oràpeine si en trente jours 
les dépouilles des Assyriens fu- 
rent recueillies parle peuple d'Is- 
raél. 

14. Et tout ce qui fut reconnu 
avoir appartenu en propre à Ho- 
loferne, en or, en argent, et en 
vétements, en pierres précieuses, 
et en toute sorte de meubles, on 
le donna à Judith, et il lui fut tout 
remis par le peuple. 

15. Et tous les peuples se ré- 
jouissaient avec les femmes, les 
vierges et les jeunes hommes, 
avec des instruments à vent et 
des harpes. 


4 


CHAPITRE XVI. 


Cantique de Judith. Elle va à Jérusalem 
avec le peuple célébrer sa victoire. Elle 
revient à Béthulie où elle meurt cou- 
verte de gloire et fort âgée. 


1. Alors Judith chanta ce can- 
tique au Seigneur, disant : 

2. Commencez à chanter le Sei- 
gneur avec des tambours, chantez 
le Seigneur avec des cymbales, 
entonnez un psaume nouveau, 
exaltez et invoquez son nom. 

3. Le Seigneur rompt les guer- 
res, le Seigneur est son nom. 

4. ll a mis son camp au milieu 


JUDITH. 


(cH. xvi.] 


de son peuple, afin de nous déli- 
vrer dela main de tous nos enne- 
mis. 

9. Assur est venu des monta- 
gnes du cóté de l'aquilon avec sa 
multitude forte; et sa multitude 
a rempli les torrents, et ses che- 
vaux ont couvert les vallées. 

6. Il ἃ dit qu'il brülerait mes 
confins, et qu'il tuerait mes jeu- 
nes hommes par le glaive, qu'il 
donnerait mes enfants en proie, 
et les vierges en captivité. 

7. Mais le Seigneur tout-puis- 
sant lui a été funeste, et il l'a li- 
vré aux mains d'une femme, et 
elle l'a percé ; 

8. Car leur fort n'est pas tombé 
devant des jeunes hommes, des 
fils de Titan ne l'ont point frappé, 
des géants ne sont point opposés 
à lui; mais c'est Judith, la fille de 
Mérari, qui par la beauté de son 
visage, l'a détruit. 

9. Car elle s'est dépouillée du 
vétement de son veuvage, et elle 
s'est revétue d'un vétement de 
joie pour le triomphe des enfants 
d'Israél; : 

10. Elle a oint son visage avec 
des essences, elle a 116 ensemble 
ses cheveux avec un bandeau, 
elle a pris une robe neuve pour 
le séduire. 

11. Ses sandales ont ravi ses 
yeux, sa beauté arendu son àme 
captive, et elle lui a tranché le cou 
avec son propre sabre. 

12. Les Perses ont frissonné de 


A5. Tous les peuples; c'est-à-dire toute la multitude des hommes. 


3. Rompt les guerres. Voy. 1x, 10. 


5. Sa multitude forte; littér. et par hébraisme /a multitude de sa force. 


8. * Des fils de Titan,... 


des géants. Ces mots traduisent probablement les mots 


Raphaim et Enacim qui devaient se trouver dans le texte original. 


12, * Les Perses. 
l'armée d'Holoferne. 


et les Mèdes faisaient partie sans doute comme auxiliaires de 


[τΗ. xvI.] 


sa constance, er les Mèdes, de 
son audace. 

13. Alors tout le camp des As- 
syriens a poussé des hurlements, 
quand ont paru les miens, faibles 
et desséchés par la soif. 

14. Les fils des jeunes femmes 
les ont blessés et les ont tués 
comme des enfants qui fuient; 
ils ont péri dans le combat à la 
face du Seigneur mon Dieu. 

15. Chantons un hymne au Sei- 
gneur, chantons un hymne nou- 
veau à notre Dieu. 

16. Adonai Seigneur, vous étes 
grand, vous, et magnifique dans 
votre puissance, et personne ne 
peut s'élever au-dessus de vous. 

17. Que toute créature vous 
obéisse; parce que vous avez 
parlé, etles choses ont été faites ; 
vous avez envoyé votre esprit. 
et elles ont été créées, etil ny a 
personne qui résiste à votre voix. 

.. 48.Lesmontagnes seront ébran- 
lées jusqu'aux fondements avec 
les eaux, et les pierres se fon- 
dront comme la cire devant votre 
face. 

. 19. Mais ceux qui vous crai- 
gnent seront grands devant vous 
en toutes choses. 

20. Malheur à la nation qui s'é- 
leve contre mon peuple! car le 
Seigneur tout-puissant se ven- 
gera d'eux, et les visitera au jour 
du jugement. 

91. Et il répandra du feu et des 


(βαρ. XVI. 11. Genèse, 1; Ps. xxxi, 9 


JUDITH. 


981 
vers dans leur chair, afin qu'ils 
brülent et qu'ils le sentent éter- 
nellement. 

22. Or il arriva, après cela, que 
tout le peuple après la victoire 
vint à Jérusalem adorer le Sei- 
gneur; et aussitót qu'ils furent 
purifiés, ils offrirent tous leurs 
holocaustes, leurs vœux et leurs 
promesses. 

93. Quant à Judith, ce sont tous 
les instruments de guerre d'Holo- 
ferne, que le peuple lui avait 
donnés, etle rideau qu'elle-méme 
avait enlevé de son lit,'qu'elle of- 
frit, en anathéme d'oubli. 

24. Or tout le peuple était 
joyeux, à la vue des choses sain- 
tes, et pendant trois mois la joie 
de cette victoire fut célébrée avec 
Judith. 

£5. Ev apres ces jours, chacun 
retourna en sa maison, et Judith 
devint grande dans Béthulie, et 
elle était la plus illustre dans 
toute la terre d'Israël. 

26. Car la chasteté était jointe 
à sa vertu; en sorte qu'elle n'a 
pas connu d'homme durant tous 
les jours de sa vie, depuis qu'est 
mort Manassé, son mari. 

27. Oraux jours de féte elle pa- 
raissait avec une grande gloire. 

28. Et elle demeura dans la 
maison de son mari cent cinq ans; 
elle renvoya libre sa servante, et 
elle mourut, et fut ensevelie avec 
son mari dans Béthulie; 


16. Adonai signifie en hébreu, maitre, seigneur. 

23. En anathéme d'oubli; c'est-à-dire, selon les uns, comme un monument consacré 
à Dieu, et qui devait empécher à jamais les Israélites d'oublier la victoire signalée 
que le Seigneur venait de leur accorder; ou bien, selon les autres, un monument con- 
sacré à Dieu, et destiné à leur faire oublier leurs maux passés. 


24. Des choses saintes. Voy. iv, 10. 


989 JUDITH. [cu. xvr.] 


99. Et tout le peuple la pleura 91. Etle jour de féte de sa vic- 
pendant sept jours. toire est mis par les Hébreux 

30. Or dans tout l'espace de sa | au nombre des jours saints, et 
vie, et bien des années après sa | il est honoré par les Juifs, de- 
mort, 11 n'y eut personne qui | puis ce temps-là jusqu'au présent 
troublàt Israël. jour. E 


INTRODUCTION 


AU LIVRE D'ESTHER 


- 


L'auteur du livre d'Esther est inconnu. Le Talmud l'attribue à la grande 
Synagogue ; Clément d'Alexandrie, Aben Esra, etc., à Mardochée. Le ch. 1x, 20, 
semble appuyer cette dernière opinion, mais le .א‎ 31 du méme chapitre prouve 
que la fin, du moins, n'est pas de lui. On peut cependant admettre que la plus 
grande partie de cette histoire a été rédigée par Mardochée. 

Ce qui est certain, c'est que la forme méme du récit suppose que l'empire 
perse est encore debout, car le narrateur en connait parfaitement les coutumes, 
ainsi que les habitudes et la cour; il en appelle de plus aux annales des Médes 
et des Perses, x, 2. Il écrivait donc en Perse, à Suse méme; ce qui est confirmé, 
en outre, par l'absence d'allusions à Juda et à Jérusalem; on ne peut méme 
douter qu'il n'ait vécu à la cour, à cause des détails circonstanciés qu'il donne 
sur le grand banquet d'Assuérus, de la connaissance qu’il a des noms des 
grands officiers et des eunuques, de la femme et des enfants d'Aman, etc. 

Le style, dans le texte original, est simple et généralement pur, mélangé 
seulement de quelques mots perses et de quelques expressions araméennes, 
comme on en trouve dans Esdras et dans certaines parties des Paralipomènes, 

Le nom de Dieu ne se trouve pas une seule fois dans la partie protocanonique 
du livre d'Esther, peut-étre parce qu'elle fut écrite à Suse, au milieu des 
paiens; mais s'il n'y est pas nommé, il parait partout : c'est sa Providence qui 
dispose tous les événements et qui fait triompher les Juifs des piéges de leurs 
ennemis. 

A la fin du livre d'Esther, S. Jérôme a placé un certain nombre de fragments 
dont nous ne possédons plus le lexte original; ils se lisent dans la Bible 
grecque, et ils avaient été traduits, de cette derniére source, dans l'ancienne 
Italique. Ces fragments sont rejetés par les protestants comme apocryphes. Ils 
forment la partie deutérocanonique du livre d'Esther et on y lit plusieurs fois 
le nom de Dieu. L'Église les range parmi les récits inspirés, de méme que les 
autres parties de la Sainte Ecriture. 

La scène se passe à la cour d'Assuérus (hébreu Akhaschvérosch). Assuérus 
est Xerxés 195, fils de Darius I*r, fils d'Hystaspe, qui régna de l'an 485 à l'an 465 
avant J.-C. La forme hébraique Akhaschvérosch correspond à la forme perse 
Kschayarscha, en la faisant précéder de l'aleph prosthétique. Ce qui est dit 
de l'étendue de l'empire perse, des usages de la cour et enfin de l'humeur 
capricieuse d'Assuérus, convient parfaitement à Xerxés. Les auteurs grecs et 
latins, en citant d'autres traits de son caractére, nous le présentent sous le 
méme jour que l'écrivain hébreu : sensuel, vindicatif, cruel, extravagant. 


984 INTRODUCTION AU LIVRE D'ESTHER. 


Assuérus régnait depuis l'Inde jusqu'à l'Ethiopie, sur 127 provinces, qu'il ne 
faut pas confondre avec les 20 satrapies que Darius, fils d'Hystaspe, avait 
établies dans ses États. Les provinces étaient les subdivisions géographiques 
et ethnographiques de l'empire; les satrapies étaient une division adminis- 
trative plus générale, faite en vue du prélévement des tributs. 

Au moment oü commence le récit, Assuérus est à Suse, capitale de la pro- 
vince de Susiane, ville forte, oü le roi des Perses passait plusieurs mois de 
l'année. La troisiéme année de son régne, 482 avant J.-C., il donna un splendide 
festin à tous les grands de son royaume, pendant cent quatre-vingt jours, 
ce qu'il faut entendre en ce sens qu'ils vinrent les uns aprés les autres et que 
des premiers aux derniers invités, il s'écoula un espace de cent quatre-vingtjours. 

La reine Vasthi, en ancien perse, Vahista, excellente, donna aussi un banquet 
à ses femmes. La reine prenait d'ordinaire ses repas avec le roi, mais non 
dans les festins publies. Assuérus lui ordonna de venir montrer sa beauté à 
ses convives, elle refusa, non sans raison, de paraitre devant des gens ivres. 
Le message lui avait été apporté par les sept eunuques, dont le nombre corres- 
pond à celui des sept Amschaspands. Le roi, irrité de sa désobéissance, la 
répudia. 

Par une permission particulière de la Providence, une Juive, nommée Edissa, 
myrle, qui prit le nom perse d'Esther ou Astre, remplaca comme reine la fiére 
Vasthi, en 479 ou 478. C'était la nièce de Mardochée. Dieu préparait ainsi [ἃ 
délivrance des Juifs, comme on va le voir dans [6 récit sacré. 


ESTHER 


CHAPITRE PREMIER. 


Festin donné par Assuérus. La reine 
Vasthi refuse d'y venir. Assuérus la 
répudie. 


4. Dans les jours d'Assuérus, 
qui régna depuis l'Inde jusqu'à 
l'Ethiopie sur cent vingt-sept pro- 
vinces, 

9. Quand il s'assit sur le tróne 
de son royaume, Suse était la 
premiere ville de son royaume. 

3. Or, à la troisieme année de 
son regne, il fit un grand festin à 
tous les princes de sa cour et à 
ses serviteurs, aux plus braves 
des Perses, aux illustres des 
Mèdes, et aux gouverneurs des 
provinces, en sa présence, 

4. Pour montrer les richesses 
de la gloire de son empire, et la 
grandeur et le faste de sa puis- 
sance, pendant longtemps, c'est- 
à-dire cent quatre-vingts jours. 

9. Et lorsque les jours du festin 
furent accomplis, il invita tout 


| le peuple quise trouva dans Suse, 


depuis le plus grand jusqu'au 
plus petit, et il commanda que 
pendant sept jours on préparàt 
un festin dans le vestibule de son 
jardin et du bois qui avait été 
planté par la magnificence et la 
main des rois. 

6. Et de tous cótés étaient sus- 
pendues des tentures bleu cé- 
leste, d'un lin tres fin couleur 
d'hyacinthe, soutenues par des 
cordons de fin lin et de pourpre, 
qui étaient passés dans des an- 
neaux d'ivoire, et attachés à des 
colonnes de marbre. De plus, des 
lits d'or et d'argent étaient ran- 
gés sur un pavé d'émeraude et de 
marbre de Paros ; ce qu'une pein- 
ture d'une admirable variété em- 
bellissait. 

7. Or ceux qui avaient été in- 
vités buvaient dans des coupes 
d'or, et les mets étaient présen- 
tés dans des plats toujours dif- 
férents. Le vin aussi était servi 


1.* Assuérus. Xerxès Ier. Voir l'Introduction, p. 229. 


2. * Suse, capitale de la Susiane, sur l'Eulæus, une des résidences des rois de Perse, 

4. Le roi voulut que pendant cent quatre-vingts jours son palais fût ouvert à tous 
les seigneurs de son vaste empire qui venaient le complimenter sur son avénement 
au tróne et que pendant ce temps ils y fussent magnifiquement traités à mesure 
qu'ils arrivaient. 

5. Remarquons bien que le texte ne dit pas que tous les habitants de Suse se 
trouvèrent en méme temps réunis dans le vestibule du jardin. On peut donc légiti- 
mement supposer que le peuple fut distribué en sept bandes différentes dont cha- 
cune avait son jour, pour éviter la confusion, et qu'on partagea ensuite les convives 
de chaque bande en plusieurs repas, dans le méme jour. 

6. * Un pavé d'émeraude et de marbre de Paros en mosaique. De Paros est un mot 
‘ajouté par la Vulgate. 


986 
comme il convenait à la magni- 
ficence royale, abondant et ex- 
quis. 

8. Et il n'y avait personne qui 
contraignit à boire ceux quinele 
voulaient pas; mais il en fut 
comme 16 roi l'avait établi, en 
préposant à chaque table un des 
grands de sa cour, afin que cha- 
cun prit ce qu'il voudrait. 

9. La reine Vasthi aussi fit un 
festin de femmes, dans le palais 
où le roi Assuérus avait coutume 
de demeurer. 

10. Ainsi au septieme jour, 
lorsque le roi était plus gai, et 
qu'apres avoir bu avec excès, il 
se fut échauffé par le vin, il or- 
donna à Maümam, Bazatha, Har- 
bona, Bagatha, Abgatha, Zéthar 
el Charchas, les sept eunuques 
qui servaient en sa présence, 

11. D'introduire devant le roi 
la reine Vasthi, le diadéme posé 
sur sa tête, pour montrer au peu- 
ple et aux grands de la cour sa 
beauté; car elle était tres belle. 

19. Vasthi refusa, et dédaigna 
de venir à l'ordre que le roi lui 
avait intimé par les eunuques. 
De là le roi irrité et enflammé 
d'une extréme fureur 

13. Demanda aux sages qui, 
selon l'usage des rois, étaient 
toujours pres de lui, et par le 
conseil desquels il faisait toutes 


ESTHER. 


[cuoi] 


choses, parce qu'ils savaient les 
lois etle droit des anciens, i; 

14. (Or les premiers et les plus 
proches étaient Charséna, Séthar, 
Admatha, Tharsis, Mares, Mar- 
sana 61 Mamuchan, les sept chefs 
des Perses et des Mèdes, qui 
voyaient la face du roi, et avaient 
coutume de s'asseoir les premiers 
apres lui.) 

15. Quelle sentence méritait la 
reine Vasthi, qui n'avait pas voulu 
exécuter l'ordre que le roi Assué- 
rus lui avait intimé par les eunu- 
ques. 

16. Et Mamuchan répondit, le 
roi l'entendant, et les grands de 
la cour : Ce n'est pas seulement 
le roi qu'a offensé la reine Vasthi, 
mais encore tous les peuples et 
tous les grands qui sont dans tou- 
tes les provinces du roi Assuérus; 

17. Car la parole de la reine 
parviendra à toutes les femmes, 
de maniere qu'elles mépriseront 
leurs maris, et qu'elles diront: 
Le roi Assuérus a commandé que 
la reine Vasthi entrât auprès de 
lui ; et elle n'a pas voulu. 

18. Et d’après cet exemple 
toutes les femmes des princes 
des Perses et des Mèdes feront 
peu de cas des ordres de leurs 
maris; c'est pourquoi l'indigna- 
tion du roi est juste. 

19. S'il vous plait ainsi, qu'un 


8. Que chacun prit ce qu'il voudrait. Assuérus voulut bien en cette circonstance 
déroger à la coutume des Perses en vertu de laquelle les convives devaient boire 


autant que le roi du festin l'ordonnait. 
9. * Vasthi. Voir l'Introduction, p. 230. 


12. Vasthi refusa; tondée sur la loi qui ne permettait pas aux femmes en dignité 


de se montrer dans les festins. 


14. Qui voyaient, etc.; qui avaient l'honneur de voir le roi, ou qui étaient toujours 


près de lui. Compar. 1 Esdras, vir, 14. 


15. Quelle sentence, etc., est le complément direct de : 1] demanda. qui se trouve 


&u vers. 13. 


19. De vous; littér. et par hébraisme de votre fuce. 


CH. 11.] 
édit émane de vous, et qu'il soit 
écrit, selon la loi des Perses et 
des Mèdes, qu'il n'est jamais 
permis d'enfreindre, que Vasthi 
n'entrera jamais plus auprès du 
roi; que quant à sa dignité de 
reine, une autre plus digne 
qu’elle la recevra. 

20. Et que cet édit soit publié 
dans toutesles provinces de votre 
empire (qui est très étendu), afin 
que toutes les femmes, tant des 
grands que des petits, rendent 
honneur à leurs maris. 

21. Le conseil de Mamuchan 
plut au roi et aux grands de la 
cour; et le roi agit d'apres ce 
conseil, 

22. Et il envoya des lettres à 
toutes les provinces de sonroyau- 
me, de maniere que chaque 
nation pouvait entendre et lire, 
en diverses langues et en divers 
caracteres, que les maris étaient 
les chefs et les maitres dans leurs 
maisons, et que cela était publié 
parmi tous les peuples. 


CHAPITRE II. 


Esther devient l'épouse d'Assuérus. Mar- 
lochée découvre la conspiration de 
leux eunuques. 


1. Ges choses s'étant ainsi pas- 
sées, après que l'indignation du 
roi Assuérus se fut calmée, il se 
souvint de Vasthi, et de ce qu'elle 


| ESTHER. 987 


avait fait, et de ce qu'elle avait 
souffert. 

2. Alors les serviteurs du roi 
et ses ministres dirent : Qu'on 
cherche pourle roi de jeunes filles 
vierges et belles, 

3. Et qu'on envoie des gens 
qui considèrent dans toutes les 
provincesles jeunes filles vierges 
et belles, et qu'ils les amènent à 
la ville de Suse, et les mettent 
dans la maison des femmes, sous 
la main d'Egée, l'eunuque, qui 
est le préposé etle gardien des 
femmes du roi, et qu'elles pren- 
nent une parure de femme, et 
toutes les autres choses néces- 
saires à leur usage. 

4. Et celle qui entre toutes plai- 
ra aux yeux du roi, celle-là ré- 
gnera à la place de Vasthi. Ce 
discours plut au roi, et il ordonna 
qu'on fit comme ils avaient con- 
seillé. 

ὃ. Π y avait dans la ville de 
Suse un homme juif, du nom de 
Mardochée, fils de Jair, fils de Sé- 
méi, fils de Cis, de la race de Jé- 
mini, 

6. Lequel avait été transféré de 
Jérusalem dans le temps que Na- 
buchodonosor, roi de Babylone, 
y avait transféré Jéchonias, roi 
de Juda. 

Ilélevait la fille de son frère,‏ .ד 
Edissa, qui s'appelait d'un autre‏ 


Cnar. 11. 5. Infra, xr, 2. — 6. IV Rois, xxiv, 15; Infra, ,זא‎ 4. 


20. Toutes les provinces de votre empire; littér. et par hypallage, fout l'empire de 
vos provinces. 


9. * Mardochée, à l'époque oà commence notre histoire, était déjà trés ágé, selon 
plusieurs interprétes, qui entendent n, 5-6, en ce sens qu'il avait été transporté de 
Jérusalem du temps de Jéchonias, c'est-à-dire en 599; il aurait eu ainsi alors plus 
de 120 ans. Mais il estplus nature] de rapporter le Y. 6, lequel avait été transféré, à Cis, 
son arrière grand-père. Son nom de Mardochée, qui est babylouien et non palestinien, 
pos indiquer qu'il était né en Babylonie. 

* Esther. Sur le nom d'Esther, voir l'Introduction, p. 230. 


988 


nom Esther; et elle avait perdu 
son père et sa mère; elle était 
très belle etd'un visage gracieux. 
Son pere et sa mère morts, Mar- 
dochée l'adopta pour sa fille. 


8. Lors donc que l'ordre du roi 


eut été répandu, et que, selon 
son commandement, beaucoup 
de vierges belles étaient amenées 
à Suse et confiées à Egée l'eunu- 
que, Esther aussi lui fut confiée 
entre toutes les autres, pour 
qu'elle füt conservée au nombre 
des femmes. 

9. Elle lui plut, et elle trouva 
gráce en sa présence, et il com- 
manda à un autre eunuque de 
préparer aussitót une parure de 
femme, delui donner ses portions 
et sept filles tres belles de la mai- 
son du roi, de la parer et de l'em- 
bellir, tant elle-même que ses 
suivantes. 

10. Esther ne voulut pas lui 
indiquer son peuple et sa patrie, 
parce que Mardochée lui avait or- 
donné de garder entierement le 
silence sur cela. 

41. Et il se promenait tous les 
jours devant le vestibule de la 
maison dans laquelle les vierges 
choisies étaient gardées, s'inquié- 
tant du salut d'Esther, et voulant 
savoir ce qui lui arriverait. 

19. Or, lorsqu'était venu le 
temps de chacune des filles d'en- 
trer selon son rang auprès du 
roi, et que tout ce qui concernait 
la parure était achevé, le dou- 
zieme mois avait fait sa révolu- 
tion : en sorte que pendant six 


ESTHER. 


[cu. m.] 


mois elles s'oignaient d'huile de 
myrrhe, et pendant six autres 
mois, elles faisaient usage de par- 
fums et d'aromates. 

13. Etlorsqu'elles devaient en- 
trer aupres du roi, tout ce qu'elles 
demandaient concernant la pa- 
rure, ellesle recevaient, et parées 
à leur gré, elles passaient de la 
salle à manger des femmes dans 
la chambre du roi. 

14. Or celle qui était entrée te 
soir sortait le matin, et de là elle 
était conduite dans un autre ap- 
partement qui était sous la main 
de Susagazi, eunuque, lequel 
avait la garde des femmes du se- 
cond rang; et elle n'avait pas 
le pouvoir de revenir encore au- 
prés du roi, à moins que le roi 
ne le voulût, et n'eüt commandé 
qu'elle vint, en l'appelant par son 
nom. 

15. Or, quelque temps s'étant 
écoulé, le jour approchait oü, se- 
lon son rang, Esther, fille d'Abi- 
hail, frere de Mardochée, que Mar- 
dochée avait adoptée pour sa 
fille, devait entrer auprès du roi. 
Elle ne demanda pas d'ornement 
extraordinaire de femme; mais 
Egée, leunuque, gardien des 
vierges, lui donna tout ce qu'il 
voulut pour sa parure : car elle 
était trés bien faite, et d'une in- 
croyable beauté; et elle parais- 
saitgracieuse etaimableaux yeux 
de tous. 

16. Elle fut donc amenée dans 
la chambre du roi Assuérus, au 
dixieme mois, qui est appelé Té- 


ἐς...‏ 5.7.77 95כגתקס ו 


9. Ses portions; c'est-à-dire tout ce qui concernait sa nourriture, sa table, ou bien, 
selon d'autres interprétes, tout ce qu'il était convenable de lui donner selon sou 


rang. 


16. Le dixième mois commençait à la nouvelle lune de septembre, 


]111 .אס] 


beth, la sepueme année de son 
règne. 

17. Or le roi l'aima plus que 
toutes les autres femmes, et elle 
trouva grâce et bienveillance de- 
vant lui au-dessus de toutes les 
femmes, etil mitle diadème royal 
sur sa téte, etla fit régner à la 
place de Vasthi. 

18. Et il commanda qu'on pré- 
parát un festin trés magnifique à 
tous les princes et à tous ses ser- 
viteurs pour le mariage et les no- 
ces d'Esther. Il donna aussi du re- 
pos aux peuples de ses provinces, 
et il fit des largesses avec la ma- 
gnificence d'un prince. 

19. Et lorsque, pour la seconde 
fois, on cherchait des vierges, et 
qu'on les rassemblait, Mardochée 
demeurait à la porte du roi. 

20. Esther n'avait point fait en- 
core connaitre sa patrie et son 
peuple, selon l'ordre de Mardo- 
chée; car tout ce qu'il comman- 
dait, Esther l'observait, et elle 
faisait toutes choses comme elle 
avait coutume lorsqu'il l'élevait 
petite enfant. 


ESTHER. 


989 

21. Dans le temps donc que 
Mardochée demeurait à la porte 
du roi, Bagathan et Thares, deux 
eunuques du roi qui étaient por- 
tiers, et gardaient la première 
entrée du palais, furent irrités, et 
voulurent s'insurger contre le roi 
et le tuer. 

22. Cela ne fut pas ignoré de 
Mardochée, qui l'annonca aussi- 
tót à la reine Esther, et celle-ci 
au roi, au nom de Mardochée, qui 
lui avait déféré la chose. 

23. On chercha et on découvrit 
le complot, et l'un et l’autre 
furent pendus à une potence. Or 
cela fut écrit dans les histoires et 
inséré dans les annales devant 
le roi. 


CHAPITRE IIT. 


Elévation d'Aman. Sa haine contre Mar- 
dochée. Il obtient un édit du roi pour 
faire mourir tous les Juifs, sujets d'As- 
suérus. 


1. Apres cela, le roi Assuérus 
éleva Aman, fils d'Amadath, qui 
était de la race d'Agag; et il 
mit son tróne au-dessus de tous 


11. Et la fit régner, etc. On objecte que suivant Hérodote, après la mort du mage 
Smerdis, il fut arrété solennellement que le roi ne pourrait prendre de femme que 
dans la maison des sept prétendants au tróne. On objecte encore qu'il n'est nulle- 
ment probable qu'Assuérus ait voulu choisir pour reine une femme juive. Mais d'a- 
bord est-il bien sür que l'obligation de n'épouser qu'une femme appartenant à la 
maison des sept prétendants ne regardait pas uniquement le successeur de Smerdis? 
Il n'est pas plus sûr que, lors méme que la convention eût été générale et sans res- 
triction, les princes qui vinrent après lui la crurent obligatoire pour eux et consen- 
tirent à s'y soumettre. Enfin on sait que les souverains d'Asie, entièrement plongés 
dans la volupté, ne consultaient que leurs passions et que, par conséquent, ils ne 
pouvaient étre qu'indifférents sur leur famille et leur religion. Cette considération 
explique encore comment Assuérus a pu épouser une Juive, d'autant plus qu'Esther 
cherchait elle-méme à cacher son extraction, ainsi que le lui avait prescrit Mardo- 
chée, son oncle (vers. 20). 


1. * Aman. Quelque temps aprés l'élévation d'Esther à la dignité de reine et le 
service rendu au roi par Mardoché, Assuérus choisit pour premier ministre un Mède 
nommé Aman, originaire de la province d'Agag. « On a longtemps cru que Haman, 
fils d'Hamadátha, dont le uom a recu une si triste célébrité, était Amalékite, car l’un 
des rois d'Amalec s'appelait Agag. Et puisque déjà dans l'antiquité les noms d'Esaü, 
d'Amalec, étaient pris comme les désignations des paiens d'Europe, les Septante tra- 


990 


les princes qu'il avait auprès de 
lui. 

9. Et tous les serviteurs du roi 
qui étaient à là porte du palais, 
fléchissaient les genoux et ado- 
raient Aman ; ainsi, en effet, leur 
avait ordonné le souverain. Le 
seul Mardochée ne fléchissait 
point le genou devant lui et ne 
l'adorait point. 

3. Les serviteurs du roi qui 
gardaient la porte du palais, lui 
dirent : Pourquoi n'observes-tu 
pas comme les autres l'ordre du 
roi? 

4. Et comme ils le lui disaient 
très souvent, et que lui ne les 
écoutait pas, ils en avertirent 
Aman, désirant savoir s'il persis- 
terait dans sa résolution, car il 
leur avait dit qu'il était Juif. 

5. Lorsqu'Aman l'eut appris, et 
que, par expérience, il eut recon- 
nu que Mardochée ne fléchissait 
point le genou devant lui et ne 
l'adorait point, il fut tres irrité. 

6. Et il compta pour rien de 
porter ses mains sur le seul Mar- 


ESTHER. 


[cH. 111. 
dochée; car il avait appris qu'il 
était de la nation juive, et il aima 
mieux perdre toute la nation des 
Juifs qui étaient dans le royaume 
d'Assuérus. 

7. Au premier mois (dont le 
nom est Nisan), la douzième an- 
née du regne d'Assuérus, le sort 
qui en hébreu se dit phur, fut 
jeté dans l'urne devant Aman, 
auquel jour et auquel mois la 
nation des Juifs devait étre exter- 
minée; et le douzieme mois, qui 
est appelé Adar, sortit. 

8.EtAman ditauroi Assuérus:ll 
yaunpeuple dispersé dans toutes 
165 provinces de votre royaume, 
divisé lui-méme, ayant des lois 
et des cérémonies nouvelles, et 
de plus méprisant les décrets du 
roi. Or vous savez très bien qu'il 
importe à votre royaume quil ne 
devienne pas plus insolent parla 
licence. 

9. S'il vous plait ainsi, décrétez 
qu'il périsse, et je peserai dix 
mille talents aux trésoriers de 
votre épargne. 


duisent l'hébreu Agagi par Μαχεδῶν, le Macédonien. Néanmoins, le nom de Haman, 
ainsi que celui de son père, trahit une origine médo-perse. Nous savons maintenant, 
par les inscriptions de Khorsabad, que le pays d'Agag composait réellement une 
partie de la Médie. Or, voilà done une nouvelle circonstance qui montre, jusque 
dans ses moindres détails, la valeur historique du livre d'Esther. » (Ορρ ΒΒ 1.) — On 
voit par là que l'objection faite contre Esth., xvi, 10, et tirée de ce que, dans ce 
passage, Aman est qualifié de Macédonien, est sans valeur. Ce passage ne contredit 
pas, comme on le prétendait, riu, 1, 10; vir, 3; 1x, 6, 24. Le mot de Macédonien, dans 
le ch. xvr, vient de ce que les traducteurs grecs, d’après lesquels a été faite la version 
de ce ch. xvi, ont rendu à tort, ici comme 1x, 23 (24), le mot Agagite par Macédonien. 

2. * Le seul Mardochée ne fléchissait point le genou, sans doute parce qu'il consi- 
dérait cette prostration comme un acte d'idolàtrie. Les Spartiates refusèrent de 
rendre à Xerxés un hommage semblable. 

1. Le mois de Nisan commencait à la nouvelle lune de mars, et le mois d'Adar, à 
la nouvelle lune de février. — PAur; mot persan qui a été adopté par les Hébreux. 
Compar., 1x, 24. — On tirait douze sorts, pour les douze mois de l'année. 

9. Je péserai; c'est-à-dire je donnerai le poids, je payerai. — Dix mille talents. Si 
c'étaient les talents d'argent des Hébreux, ils feraient environ 44,145,000 fr.; mais 
s'il s'agissait des talents babyloniens, les dix mille donneraient tout au plus 
21,000,000. Quoi qu'il en soit, Aman espérait recueillir de la confiscation des Juifg 
mis à mort la somme qu'il promettait. 


fen. 1v.] 


10. Le roi tira donc de sa main 
l'anneau dont il se servait, et le 
donna à Aman, fils d'Amaaath, de 
la race d'Agag, ennemi des Juifs, 

41. Et lui dit : Que l'argent que 
tu promets soit pour toi; fais de 
ce peuple ce qui te plaira. 

12. Et les scribes du roi furent 
appelés en Nisan, premier mois, 
le treizieme jour du méme mois, 
et l'on écrivit, au nom du roi As- 
suérus,comme l'avait commandé 
Aman, à tous les satrapes du roi, 
aux juges des provinces et des 
diverses nations, avec une va- 
riété de langage telle que chaque 
nation pouvait lire et entendre; 
et les lettres, scellées de l'anneau 
du roi, 

19. Furent envoyées par les 
courriers du roi à toutes les prc- 
vinces, afin qu'on tuât et qu'on 
exterminát tous les Juifs, depuis 
l'enfant jusqu'au vieillard, les 
petits enfants et les femmes, en 
un seul jour, c'est-à-dire le trei- 
zième jour du douzième mois 
qui est appelé Adar, et que leurs 
biens fussent pillés. 

14. Or la substance des lettres 
était que toutes les provinces 
sussent son intention, et se pré- 
parassent pour le susdit jour. 

15. Les courriers qui avaient 
été envoyés se hätaient de rem- 
plir l'ordre du roi. Et aussitót 
l'édit fut affiché dans Suse, le roi 
et Aman célébrant un festin, et 


ESTHER. 991 


tous les Juifs qui étaient dans la 
ville pleurant. 


CHAPITRE IV. 


Consternation des Juifs. Mardochée ins- 
truit Esther de ce qui se passait. Elle 
se dispose à aller trouver le roi. 


1. Lorsque Mardochée eut ap- 
pris cela, il déchira ses véte- 
ments, et se revétit d'un sac, 
répandant de la cendre sur 88 


tête ; et sur la place du milieu de 


la ville il criait d'une voix forte, 
témoignant l'amertume de son 
áme, 

2. Et au milieu de ces lamenta- 
tions, s'avancant jusqu'à la porte 
du palais : car il n'était pas permis 
d'entrer revétu d'un sac dans le 
palais du roi. 

ὃ. Dans toutes les provinces 
aussi, dans les villes et dans les 
lieux dans lesquels l'édit cruel 
du roi était parvenu, il y avait 
parmi les Juifs un grand deuil, un 
jeüne, des cris déchirants, beau- 
coup se servant de sac et de 
cendre au lieu de lit. 

4. Or les jeunes filles d'Esther 
et les eunuques entrèrent, et le 
lui annonçèrent. En l'apprenant, 
elle fut consternée, et elle en- 
voya un habit à Mardochée, afin 
qu'on lui 0641 son sac et qu'on le 
revétit de cet habit; il ne voulut 
point le recevoir. 

9. Alors, ayant fait venir 
Athach, l'eunuque que le roi lui 


10. * L'anneau. 11 lui donnait ainsi tout pouvoir. 


13. * Le treizième jour du douzième mois. Onze mois devaient donc s'écouler entre la 
date du décret et son exécution. On a trouvé ce délai invraisemblable, mais l'expli- 
cation nous en est fournie par le texte lui-méme. Les Perses consultaient le sort dans 
les affaires graves; le sort, en cette circonstance, ayant indiqué le douziéme mois, 
appelé Adar, il était nécessaire d'attendre cette date. — Aman fait porter l'ordre par 
des courriers dans tout le royaume. Ces courriers avaient été institués par Cyrus. ἡ 


&. Les jeunes filles; les filles attachées au service. 


902 
avait donné pour serviteur, elle 
lui ordonna d'aller vers Mardo- 
chée et d'apprendre de lui pour- 
quoi il faisait cela. 

6. Or Athach, étant sorti, alla 
vers Mardochée, qui se tenait sur 
la place de 18 ville, devant la porte 
du palais. 

7. Mardochée lui apprit tout ce 
qui était arrivé, de quelle ma- 
niere Aman avait promis de por- 
ler de l'argent dans les trésors 
du roi par le moyen du massacre 
des Juifs. 

8. Il lui donna aussi un exem- 
plaire de l'édit qui était affiché 
dans Suse, afin qu'il le montrát à 
la reine, et qu'il l'avertit d'entrer 
chez le roi et de le prier pour 
son peuple. 

9. Etant revenu, Athach an- 
nonca à Esther tout ce que Mar- 
dochée lui avait dit. 

10. Esther lui répondit, et lui 
commanda de dire à Mardo- 
chée : 

11. Tous les serviteurs du roi 
et toutes les provinces qui sont 
sous sa domination, savent que 
si un homme ou une femme, qui 
n'a pas été appelé, entre dans le 
vestibule intérieur du roi, il est 
sansaucun délai tué sur-le-champ, 
à moins que le roi ne tende son 
sceptre d'or vers lui en signe de 
clémence, et qu'ainsi il puisse 


ESTHER, 


(cu. 1v. 


vivre. Comment donc moi pour- 
rai-je entrer vers le roi, moi qui, 
depuis déjà trente jours, n'ai pas 
été appelée aupres de lui? 

12. Gequ'ayantentendu, Mardo- 
chée 

13. Manda de nouveau à Es- 
ther, disant : Ne pensez pas, par- 
ce que vous êtes dans la maison 
du roi, que vous sauverez seule 
votre vie, plutót que tous les au- 
tres Juifs ; 

14. Car, si maintenant vous 
gardez le silence, les Juifs seront 
délivrés par un autre moyen, et 
vous, etla maison de votre père, 
vous périrez. Et qui sait si vous 
n'êtes point parvenue à la di- 
enité royale uniquement afin que 
vous fussiez préparée pour un 
pareil temps? 

15. Et Esther manda de nou- 
veau à Mardochée ces mots : 

16. Allez et assemblez tous les 
Juifs que vous trouverez dans 
Suse, et priez pour moi. Ne man- 
gez et ne buvez point durant trois 
jours et trois nuits; et moi, je 
jeünerai également avec mes fil- 
les, et alors j'entrerai auprès du 
roi, agissant contre la loi, n'ayant 
pas été appelée, et m'abandon- 
nant àla mort et au péril. 

11. C'est pourquoi Mardochée 
alla, et fit tout ce qu'Esther lui 
avait ordonné. 


11. Le vestibule, etc.; c'est-à-dire le vestibule qui précédait immédiatement la 


£hambre où était le roi. 


13. Plutôt que tous les autres Juifs; c'est-à-dire à l'exclusion de tous les autres 


Juifs, si tous les Juifs périssent. 


16. Trois jours et trois nuits. Cela doit s'entendre d'une partie de deux nuits et 
d'un jour entier; puisqu'Esther mangea avec le roi, avant méme que le troisième 
our fût passé (v, 1). Compar. Matth. xit, 40. — À la mort et au péril; hébraisme, 


pour au péril de la mort. 


feg. v.) 


CHAPITRE V. 


Esther se présente devant Assuérus, et 
le prie de venir au festin qu'elle lui a 
préparé. Aman prend la résolution de 
faire pendre Mardocnée. 


1. Or, le troisième jour, Esther 
se revétit de vêtements royaux 
et se présenta dans le vestibule 
de la maison du roi, lequel était 
intérieur, contre la chambre du 
roi :orilétait assis sur son trône, 
dans la chambre du conseil du 
palais, contre la porte de la mai- 
son. 

9. Et lorsqu'il vit la reine Es- 
ther devant lui, elle plut à ses 
yeux, et il étendit vers elle le 
sceptre d'or qu'il avait à la main. 
Esther, s'approchant, baisa le 
bout de son sceptre. 

3. Et le roilui dit : Que voulez- 
vous, reine Esther? Quelle est 
votre demande? Quand vous me 
demanderiez la moitió de mon 
royaume, elle vous serait donnée. 

4. Mais elle répondit : S'il plait 
au roi, je vous conjure de venir, 
et Aman avec vous, au festin que 
jai préparé. 

9. Et aussitót le roi : Appelez 
vile Aman, dit-il, afin qu'il obéis- 
se à la volonté d'Esther. C'est 
pourquoile roi et Aman vinrent 
au festin que la reine leur avait 
préparé. 

6. Or le roi lui dit, après iqu'il 
eut bu abondamment : Que dé- 
sirez-vous que je vous donne, et 
que demandez-vous? Quand vous 
me demanderiez la moitié de mon 
royaume, vous l'obtiendriez. 


ESTHER. 


993 


7. Esther lui répondit : Voici 
ma demande et mes prières : 

8. Si j'ai trouvé grâce en pré- 
sence du roi, et s'il plait au roi de 
me donner ce que je demande, 
et de remplir mon désir, que le 
roi vienne et Aman au festin que 
je leur ai préparé, et demain je 
découvrirai ma volonté au roi. 

9. Aman sortit donc, ce jour-là, 
joyeux et dispos. Mais, lorsqu'il 
eut vu Mardochée assis devant la 
porte du palais, etque non seule- 
ment il ne s'était pas levé pour 
lui, mais qu'il ne s'était pas méme 
remué de la place où il était assis, 
il fut fort indigné ; 

10. Et dissimulant sa colere, il 
retourna à sa maison, et réunit 
auprès de lui ses amis et Zarès, sa 
femme. 

11. Or il leur exposa la gran- 
deur de ses richesses, le grand 
nombre deses enfants, et à quelle 
grande gloire le roi l'avait élevé 
au-dessus de tous les grands de 
la cour et de ses serviteurs. 

12. Et après cela il dit : Lareine 
Esther aussi n'a appelé nul autre 
au festin avec le roi, hors moi : 
et c'est chez elle qu'encore de- 
main je dois diner avec le roi. 

18. Et quoique j'aie tous ces 
avantages, je crois que je n'ai 
rien, tant queje verrai Mardochée, 
le Juif, assis devant la porte du 
roi. 

14. Or Zarès, sa femme, et tous 
les autres, ses amis, lui dirent : 
Commande qu'on prépare une 
potence fort élevée, ayant cin- 
quante coudées de hauteur, et dis 


4. Le vestibule, eic. Voy. 1v, 11. 


14. Une croix. Le texte hébreu porte, /a croiz, avec l'article déterminatif, parce que 
le mot croix est virtuellement renfermé dans le terme générique potence qui précède, 


A . JE 


05 


904 
dès le matin au roi qu'on y sus- 
pende Mardochée, et c'est ainsi 
que, joyeux, tu iras avec le roi 
au festin. Ce conseil lui plut, et 
il commanda qu'on préparát une 
croix fort élevée. 


CHAPITRE VI. 


Honneurs rendus à Mardochée. Confu- 
sion d'Aman. 


1. Le roi passa cette nuit sans 
dormir, et il commanda qu'on lui 
apportât les histoires et les an- 
nales des temps antérieurs. Et 
comme on les lisait, lui présent, 

2. On vint à cet endroit où était 
écrit de quelle maniere Mardo- 
chée avait dénoncé les embüches 
de Bagathan et de Tharès, eunu- 
ques qui avaient voulu égorger le 
roi Assuérus. 

3. Cequele roiayantentendu,il 
demanda : Quel honneur et quelle 
récompense Mardochée a-t-il ob- 
tenus pour cette fidélité? Ses ser- 
vileurs et ses ministres répon- 
dirent : ll n'a recu absolument 
aucune récompense. 

4. Et aussitôt le roi : Qui est, 
dit-il, dans le vestibule? Or Aman 
était entré dans le veslibule inté- 
rieur de la maison du roi, pour 
lui conseiller de commander que 
Mardochée fûtattaché à la potence 
qui lui avait été préparée. 

5. Les serviteurs répondirent : 
C'est Aman qui est dans le vesli- 
bule. Le roi reprit : Qu'il entre. 

6. Et lorsqu'il fut entré, le roi 
lui demanda : Que doit-on faire 
« l'homme que le roi désire ho- 
norer? Or Aman, pensant en son 
cœur et s'imaginant que le roi ne 


ESTHER. 


(cu. vt. 


voulait point honorer un autre 
que lui, 

7. Répondit : Un homme que 
le roi désire honorer 

8. Doit étre revétu des véte- 
ments royaux, et étre placé sur 
un cheval que le roi monte, et 
recevoir un diademe royal sur sa 
téte, 

9. Et que 16 premier des princes 
royaux des grands de la cour 
tienne son cheval, et que, mar- 
chant par la place de la ville, il 
crie et dise : Ainsi sera honoré 
celui que le roi voudra honorer. 

10. Or le roi lui dit : Háte-toi, 
prends la robe et le cheval, et fais 
comme tu as dit à Mardochée, 
le Juif qui est assis devant la 
porte du palais. Prends bien gar- 
de de ne rien omettre de ce que 
tu as dit. 

11. C'est pourquoi Aman prit 
la robe et le cheval, et, en ayant 
revétu Mardochée dans la place 
de la ville, et l'ayant mis à cheval, 
il le précédait οἱ criait : Il est. di- 
gne de cet honneur, celui que le 
roi veut honorer. 

19. Et Mardochée revint à la 
porte du palais ; et Aman se hâta 
d'aller en sa maison, triste, et la 
téte couverte. 

13. Or il raconta à Zarès, sa 
femme, et à ses amis tout ce qui 
était arrivé. Les sages dont il pre- 
nait conseil, et sa femme, lui ré- 
pondirent : Si c'est dela race des 
Juifs qu'est Mardochée devant le- 
quel tu as commencé à déchoir, 
tu ne pourras lui résister, mais 
tu tomberas devant lui. 

14. Ceux-ci parlant encore, les 
eunuques du roi vinrent et le for- 


8. Que le roi monte; littér., qui est de la selle du roi, 


(cu. vi. 


cerent à se rendre aussitót au 
festin que la reine avait préparé. 


CHAPITRE VII. 


Esther découvre au roi l'entreprise d'A- 
man. Aman est pendu à la potence 
qu'il avait fait dresser pour Mardochée. 


4. Le roi entra donc, et Aman, 
pour boire avec la reine. 

2. Et le roi dit encore ce second 
jour, aprés qu'il eut été échauffé 
par le vin : Quelle est votre de- 
mande, Esther, afin qu'elle vous 
soit accordée? et que voulez-vous 
que l'on fasse? Quand vous me 
demanderiez la moitié de mon 
royaume, vous l'obtiendriez. 

ὃ. Esther lui répondit : Si j'ai 
trouvé grâce à vos yeux, Ô roi, 
et s'il vous plait, accordez-moi 
ma propre vie pour laquelle je 
vous prie, et mon peuple pour 
lequel je vous implore. 

4. Car nous avons été livrés, 
moi et mon peuple, pour que nous 
soyons foulés aux pieds, égorgés, 
et que nous périssions. Et plüt à 
Dieu qu'on nous vendit comme 
servileurs et servantes ; ce serait 
un mal supportable, οἱ, gémis- 
sant, je me lairais; mais mainte- 
nant, nous avons un ennemi dont 
la eruauté retombe sur le roi. 

9. Or le roi Assuérus, répon- 
dant, dit : Qui est celui-ià? et quel 
est son pouvoir, pour quil ose 
faire ces choses? 

6. Alors Esther dit : Notre en- 
nemi οἱ notre adversaire est ce 
tres méchant Aman. Ce que celui- 


ESTHER. 995 


ci entendant, il restasurle champ 
tout interdit, ne supportant pas 
les regards du roi et de la reine. 

7. Or le roi, irrité, se leva, et, 
sortant du lieu du festin, il entra 
dans un lieu planté d'arbres. A- 
man aussi se leva, afin de prier 
la reine Esther pour sa vie, parce 
quil avait compris que le mal- 
heur lui était préparé par le roi. 

8. Lorsqu'Assuérus fut revenu 
du jardin planté d'arbres et qu'il 
fut entré dans 16 lieu du festin, il 
trouva qu'Aman s'était jeté sur 
le lit oü était Esther, et il dit : 
Méme à la reine il ose faire vio- 
lence, moi présent, dans ma mai- 
son? Cette parole n'était pas en- 
core sortie de la bouche du roi, 
qu'on couvrit aussitót le visage 
d'Aman. 

9. Alors Harbona, l'un des eu- 
nuques qui étaient au service du 
roi, dit : Voilà que le bois quil 
avait préparé à Mardochée, qui a 
parlé dans l'intérêt du roi, est 
dans la maison d'Aman ; il a de 
hauteur cinquante coudées. Le 
roi lui dit : Pendez-le à ce bois. 

10. Aman fut donc pendu à la 
potence qu'il avait préparée à 
Mardochée, et la colère du roi s'a- 
paisa. 


CHAPITRE VIII. 


Elévation de Mardochée. Edit en faveur 
des Juifs. 


1. Ence jour-là, le roi Assuérus 
donna à la reine Esther la maison 
d'Aman, lennemi des Juifs, et 


1. Boire, signifie ici, comme souvent ailleurs, prendre un repas, faire un festin. 

8. On couvrit, etc. Comme c'était une coutume assez générale dans l'antiquité de 
couvrir la téte de ceux qu'on menait ou qu'on destinait au supplice, bien des inter- 
prètes pensent que le visage d'Aman, ainsi couvert, était un signe du châtiment qui 
lui était réservé; mais d'autres prétendent qu'on voila le visage d'Aman. parce 
qu'ayant offeusé et irrité le roi, il s'était rendu indigne de le voir. 


996 


Mardochée entra devant la face 
du roi; car Esther lui avait avoué 
qu'il était son oncle. 

2. Et le roi prit l'anneau quil 
avait commandé d'óter à Aman, 
et il le remit à Mardochée. Or Es- 
ther établit Mardochée sur sa mai- 
son. 

3. Et non contente de cela, elle 
se jeta aux pieds du roi, pleura, 
et, lui parlant, ellele pria de com- 
mander que la malice d'Aman, 
lAgagite, et ses machinations 
très mauvaises qu'il avait imagi- 
nées contre les Juifs, devinssent 
impuissantes. 

4. Or le roi, selon la coutume, 
lui tendit de la main son sceptre 
d'or, par où se manifestait un 
signe de clémence ; et la reine, se 
levant, se tint devant lui, 

5. Et dit : S'il plait au roi, οἱ si 
j'ai trouvé grâce à ses yeux, et 
que ma priere ne lui paraisse pas 
importune, je demande avec ins- 
tance que par de nouvelles lettres 
les anciennes lettres d'Aman, l'in- 
sidieux, et l'ennemi des Juifs, 
par lesquelles il avait ordonné 
qu'ils périraient daus toutes les 
provinces du roi, soient révo- 
quées. 

6. Car comment pourrai-je sou- 
tenirla mort et le massacre de 
mon peuple? 

7. Et le roi Assuérus répondit 
à la reine Esther, et à Mardochée 
le Juif : J'ai donné à Esther la 
maison d'Aman, et j'ai comman- 
dé que lui fût attaché à la croix, 


ESTHER. 


] .זו‎ vur.} 
parce qu'il a osé porter la main 
sur les Juifs. 

8. Ecrivez donc aux Juifs com- 
me il vous plait, au nom du roi, 
scellant les lettres de mon an- 
neau. Car c'était la coutume que 
nul n'osait s'opposer aux lettres 
qui étaient envoyées au nom du 
roi et scellées de son anneau. 

9. Lesscribes doncetlescopistes 
duroi ayant été mandés (or c'était 
le temps du troisieme mois, qui 
est appelé Siban), le vingt-troi- 
sieme jour de ce méme mois, 
les leltres furent écrites, comme 
Mardochée le voulait, aux Juifs, 
aux grands, aux gouverneurs el 
aux juges qui commandaient aux 
cent viugl-sept provinces du 
royaume, depuis 1106 jusqu'à 
l'Ethiopie, à une province οἱ à 
une province, à un peuple et à un 
peuple, suivant leurs langues et 
les caracteres deleur écriture, et 
aux Juifs, selon qu'ils pouvaient 
les lire et les comprendre. 

10. Ainsi ces lettres, qui élaient 
envoyées au nom du roi, furent 
scellées de son anneau, et portées 
parles courriers, qui courant de 
différents cótés dans toutes les 
provinces, prévinrent les an- 
ciennes lettres par ces nouveaux 
messages. 

11. Le roi leur comanda d'al- 
ler trouver les Juifs en chaque 
ville, et de leur ordonner de s'as- 
sembler tous, de défendre leur 
vie, de tuer et de détruire tous 
leurs ennemis avecleurs femmes, 


3. * Agagite, du pays d'Agag. Voir plus haut sur la note ri, 4. 

9. Le troisième mois, Siban ou Sivan, commencait à la nouvelle lune de mai. == 
À une province el à une province, hébraisme, pour ἃ chaque province. 

12. De défendre, etc.; lillér. et par hébraisme, de se tenir debout pour leurs 


ámes. 


[cu. 1x.) 


leurs enfants, ettoutes leurs mai- 
sons, et d'enlever leurs dé- 
pouilles. 

12. Et on fixa dans toutes les 
provinces un jour de vengeance, 
c'estletreizième jour du douzième 
mois, Adar. 

13. La substance de la lettre 
était que dans toutes lescontrées, 
et à tous les peuples qui étaient 
soumis à l'empire du roi Assué- 
rus, il füt notifié que les Juifs 
étaient prèts à tirer vengeance 
deleurs ennemis. 

14. Les courriers partirent donc 
en grande hâte, portant la nou- 
velle, et l'édit du roi fut affiché 
dans Suse. 

15. Or Mardochée, sortant du 
palais et de la présence du roi, 
parut dans un grand éclat avec 
des vêtements rovaux, qui étaient 
de couleur d'hyacinthe et de bleu 
céleste, portant une couronne 
d'or sur la téte, et couvert d'un 
manteau de soie et de pourpre. 
Et toute la ville fut transportée 
de joie et se livra à l'allégresse. 

16. Quant aux Juifs, il sembla 
se lever pour eux une nouvelle 
lumière, la joie, l'honneur et l'al- 
légresse. 

17. Parmi tous les peuples, les 
villes et les provinces, partout où 
les ordres du roi arrivaient, 
c'étaient des transports de joie, 
des banquets, des festins et un 
jour de féte; tellement que beau- 
coup de gens d'une autre nation et 
d'uneautre religion embrasserent 
leur religion etleurs cérémonies; 
car une grande crainte di nom 
juif avait saisi tous les esprits. 


ESTHER. 


997 


CHAPITRE IX. 


Les Juifs, suivant l'ordre du roi, tuent 
tous ceux qui avaient conspiré leur 
perte. Ils établissent une fête en mé- 
moire de leur délivrance. 


1. Ainsi le treizième jour du 
douzième mois que nous avons 
déjà dit s'appeler Adar, quand le 
massacre des Juifs était préparé, 
et que leurs ennemis respiraient 
le sang, les Juifs, au contraire, 
commencèrent à être les plus 
forts et à se venger de leurs ad- 
versaires, 

2. Et ils s'assemblerent dans 
toutes les villes, les bourgs, et 
d'autres lieux, pour étendre la 
maincontreleursennemis et leurs 
persécuteurs ; et nul n'osa résis- 
ter, parce que la crainte de leur 
puissance avait saisi tous les peu- 
ples. 

3. Caretles juges desprovinces, 
et les chefs, et les gouverneurs 
et tout dignitaire qui était pré- 
posé à chaque lieu et à chaque 
ouvrage, élevaient les Juifs parla 
crainte de Mardochée, 

4. Qu'on savait étre prince du 
palais, et pouvoir beaucoup : la 
renommée de son nom aussi 
croissait tous les jours, et vo- 
lait dans 105 bouches de tout le 
monde. 

9. C'est pourquoi les Juifs frap- 
perent leurs ennemis d'une 
grande plaie, etles tuerent, leur 
rendant ce qu'ils s'étaient pré- 
parés à leur faire à eux-mêmes; 

6. Tellement que même dans 
Suse, ils tuèrent cinq cents hom- 
mes, outre ies dix fils d'Aman, 


——————M € —— M — € € — € — 


12. Du douxième mois, Adar. Voy. mi, 1. 


6. L'Agagite. Voy. vir, 3. 


098 ESTHER. 


l'Agagite, ennemi des Juifs, dont 
voici les nom : 

7. Pharsandatha, Delphon, Es- 
phata, 

8. Phoratha, Adalia, Aridatha, 

9. Phermestha, Arisai, Aridai 
et Jézatha. 

10. Lorsqu'ils les eurent tués, 
ils ne voulurent pas toucher à 
leurs biens. 

11. Et aussitót le nombre de 
ceux qui avaient été tués dans 
Suse fut rapporté au roi, 

19. Qui dit à la reine : Dans la 
ville de Suse, les Juifs ont tué 
cinq cents hommes, et de plus 
lesdix fils d'Aman:combien grand 
pensez-vous qu'est le carnage 
dans toutes les provinces? Que 
demandez-vous de plus, et que 
voulez-vous que je commande 
de faire? 

13. Esther lui répondit : 1 
plait au roi que le pouvoir soit 
donnéaux Juifs defaire encore de- 
main dans Suse ce qu'ils ont fait 
aujourd'hui, et que les dix fils 
d'Aman soient pendus aux po- 
tences. 

14. Et le roi ordonna qu'il füt 
fait ainsi. Et aussitôt lédit fut 


(cu. 1x.] 


affiché dans Suse, et les dix fils 
d'Aman furent pendus. 

15. Les Juifs s'étant assemblés 
le quatorzième jour du mois d'A- 
dar, tuèrent trois cents hommes 
dans Suse, mais ils n’enlevèrent 
pas leur bien. 

16. Et dans toutes les provin- 
ces qui étaient sous la domina- 
tion du roi, les Juifs défendirent 
leur vie, et tuèrentleurs ennemis 
et leurs persécuteurs ; tellement 
quil y en eut jusqu'à soixante- 
quinze mille de tués ; mais nul 
Juif ne toucha à rien de leurs 
biens. 

li. Or le treizieme jour du 
mois d'Adar fut pour tous le pre- 
mier du massacre, et au quator- 
zieme jour ils cessèrent de tuer. 
Ils établirent que ce jour était so- 
lennel, en sorte qu'ils passeraient 
tout ce temps-là à l'avenir dans 
les banquets, dans la joie et dans 
les festins. 

18. Mais ceux qui dans la ville 
de Suse avaient exercé le car- 
nage étaient encore pendant le 
treizieme et le quatorzieme jour 
du méme mois occupés au car- 
nage; mais au quinzième jour 


13. Esther pouvait avoir un motif suffisant de faire cette demande : 


elle pouvait 


2roire en effet que soixante-quinze mille personnes devaient être sacrifiées à la con- 
servation de trois ou quatre millions de Juifs répandus dans tout l'empire, et que 
sette mesure était nécessaire à la süreté de son peuple, qui s'était trouvé à la veille 
d'une extinction totale, et qui pouvait encore y être exposé. 

16. Défendirent leur vie. Voy. vi, 11. — * Soixante-quinze mille de tués. Ce 
nombre n'a rien d'incroyable, réparti sur l'étendue de l'empire perse. Mithridate, roi 
de Pont, fit massacrer, en un seul jour, dans son royaume, 80,000 Romains. On a 
reproché aux Juifs de s'étre laissé entrainer en cette circonstance par la cruauté et 
la vengeance; on a, en particulier, blàmé Esther d'avoir demandé pour eux, à son 
époux, la permission de continuer à Suse le massacre, pendant un autre jour, ix, 13. 
Mais on oublie que les coreligionnaires de Mardochée, dans la capitale comme 
ailleurs, ne faisaient que se défendre : la reine sollicite l'autorisation de faire le len- 
demain ce qui a été fait le jour même, 1x, 13; c'est-à-dire de défendre leur vie, vm, 41; 
sa prière suppose que les habitants de Suse voulaient le lendemain renouveler leurs 
allaques contre ceux qu'ils haissaient, non seulement sans doute à cause de leur 
nalioualité, mais aussi à cause de leur religion = 


]68. 1x.) 


ils cessèrent de frapper. Et c'est 
pour cela qu'ils établirent ce 
méme jour comme solennel pour 
des banquets et des réjouis- 
sances. 

19. Quant aux Juifs qui demeu- 
raient dans les villes non murées 
et dans les villages, ils détermi- 
nèrent le quatorzième jour du 
mois d'Adar pour un jour de 
festin et de joie, en sorte qu'ils se 
réjouissent en ce jour, et s'en- 
voient mutuellement une partie 
des mets et des aliments. 

20. C'est pourquoi Mardochée 
écrivit toutes ces choses, et, les 
ayant renfermées dans des let- 
tres, il les envoya aux Juifs qui 
demeuraient dans toutes les pro- 
vinces du roi, tant celles qui 
étaient situées dans le voisinage 
que celles qui étaient au loin, 

21. Afin qu'ils adoptassent le 
quatorzième etle quinzième jour 
du mois d'Adar comme des fêtes, 
et qu'au retour de chaque année 
ils les célébrassent par des hon- 
neurs solennels, 

22. Parce que c'est en ces jours 
mémes que les Juifs se venge- 
rent de leurs ennemis, et que 


ESTHER. 


969 


le deuil et la tristesse furent 
changés en gaieté et en joie; et 
afin que ce fussent des jours de 
banquets et de réjouissances, et 
qu'ils s'envoyassent les uns aux 
autres une partie des mets, et 
qu'ils donnassentaux pauvres de 
petits présents. 

23. Les Juifs adopterent donc 
comme rite solenneltoutce qu'en 
ce temps-làils avaient commencé 
à faire, et ce que Mardochée dans 
ses lettres leur avait mandé de 
faire. 

24. Car Aman, fils d'Amadath, 
de la race d'Agag, ennemi et ad- 
versaire des Juifs, avait médité le 
mal contre eux pour les perdre 
et les exterminer, et il avait jeté 
phur, ce qui en notre langue se 
traduit par le sort. 

95. Mais aprés cela Esther en- 
tra auprès du roi, demandant 
avec instances que, par une 
nouvelle lettre du roi, ses efforts 
devinssentimpuissants, et que le 
mal qu'il avaitimaginé contre les 
Juifs retournát sur sa téte. En 
effet, on les attacha, et lui et ses 
fils, à la croix. 

26. Et depuis ce temps-là ces 


24, 26. Phur. Voy. m, 7. — Phurim; plur. hébreu de Phur. — Dans le rouleau, etc. 
Les lettres et les livres qui sont souvent exprimés en hébreu par le méme mot, s'é- 
crivaient sur des feuilles de papyrus, de parchemin, etc. On les roulait autour d'un 
báton (de là le mot rouleau ou volume), et quand elles étaient ainsi roulées, on les 
arrétait avec un petit cordon; ce qui faisait qu'on pouvait facilement y apposer un 
sceau. 

26. * Ces jours ont été appelés Phurim, c'est-à-dire la fête des Phurim. La fête des 
Phurim est encore célébrée dans les synagogues. Le 13 adar, veille de la fête, est un 
jour de jeûne. Le soir de ce jour, la fête commence, et le livre d'Esther est lu en 
entier. Le lecteur prononce trés rapidement le passage 1x, 1-9, dans lequel on trouve 
les noms d'Aman et de ses fils, et, autant que possible, sans reprendre haleine, 
pour signifier qu'ils furent pendus tous à la fois. Pendant ce temps les assistants 
font du bruit. Cette lecture est répétée de la méme manière le matin du 14 adar. La 
soirée se passe dans de grandes réjouissances. — Les manuscrits hébreux repro. 
duisent les vers. 1, 8, 9. du ch. ix sous forme de trois colonnes perpendiculaires, 
comme pour représenter les dix fils d'Aman. nendus à trois cordes parallèles, au 
nombre de 3, 3 et 4. 


1000 


jours ont été appelés phurim, 
c'est-à-dire jour des sorts, parce 
que 16 phur, c'est-à-dire le sort, 
avait été jeté dans l'urne. Et tout 
ce qui s'est passé est contenu 
dans le rouleau de cette lettre, 
c'est-à-dire du livre de Mardo- 
chée ; 

27. Tout ce qu'ils souffrirent, 
et les changements qui survin- 
rent. Les Juifs prirent pour eux, 
pour leur race, et pour tous ceux 
qui voulurent s'associer à leur 
religion, l'engagement qu'il ne 
serait permis à personne de pas- 
ser sans solennilé ces deux jours, 
que cet écrit indique, et qui de- 
mandent des temps déterminés, 
les années se succédant sans in- 
terruption. 

28. Ce sont ces jours qu'aucun 
oubli n'effacera jamais, et qu'à 
chaque génération toutes les pro- 
vinces célébreront dans l'univers 
entier; et il n'est aucune ville en 
laquelle les jours des phurim, 
c'est-à-dire les jours des sorts, ne 
soient observés par les Juifs, et 
parleur race, qui est liée par ces 
cérémonies. 

99. Et la reine Esther, fille 
d'Abihail, et Mardochée, le Juif, 
écrivirent encore une seconde 
lettre, afin que ce jour füt ratifié 
avec tout le zèle possible dans 
l'avenir. 

30. Et ils envoyèrent à tous les 


ESTHER. 


Dorn. sai 
Juifs qui demeuraient dans les 
cent vingt-sept provinces du roi 
Assuérus, afin qu'ils eussent la 
paix et recussent la vérité, 

31. Observant les jours des 
sorts, et les célébrant en leur 
temps avec joie, comme l'avaient 
établi Mardochée et Esther, et 
comme ils avaient pris l'engage- 
ment d'observer, eux et leur race, 
les jeünes, les cris, les jours des 
sorts, 

39. Et tout ce qui est contenu 
dans l'histoire de ce livre, qui est 
appelé Esther. 


CHAPITRE X. 


Grandeur d'Assuérus. Puissance de Mar- 
dochée. Explication d'un songe qu'il 
avait eu. 


1. Or le roi Assuérus rendit 
toute 18 terre et toutes les îles de 
la mer tributaires. 

2. Sa force, et son empire, et la 
dignité et la grandeur à laquelle 
il éleva Mardochée, sont écrits 
dans les livres des Mèdes et des 
Perses; 

3. Et comme Mardochée, de la 
race judaique, devint le second 
apres le roi Assuérus, grand 
parmi les Juifs, et agréable à la 
foule de ses freres, cherchant le 
bien pour son peuple, et ne di- 
sant que ce qui intéressait la paix 
de sa race. 


21. Cel écrit; la lettre de Mardochée. — Et qui demandent, etc.; c'est-à-dire, que 
ces jours de fête devront se renouveler tous les ans, sans jamais y manquer, à l'é- 
poque fixée, qui est le quatorze et le quinze du mois d'Adar. 

30. Dans le langage ordinaire de l'Écriture, les mots paix et vérité signifient, l'un 
toute sorte de prospérité, et l'autre, la fidélité à s'acquitter de ses promesses. 

31. Les cris vers le Seigneur; c'est-à-dire les prières faites à haute voix. La fête des 
sorts se célèbre encore aujourd’hui chez les Juifs avec la plus grande solennité. 


3. La paix. Voy. sur ce mot, 1x, 90, 


[cu. x1.] 


J'ai traduit avec une entiere fidélité ce 
qui se trouve dans l'hébreu. Mais ce qui 
suit, je l'ai trouvé écrit dans l'édition 
Vulgate, où il est contenu en langue 
grecque et en caractères grecs. Cepen- 
dant, à la fin du livre, se trouvait placé 
ce petit chapitre, que, selon notre cou- 
tume, nous avons marqué d'un obèle, 
c'est-à-dire d'une petite broche. 


4. Et Mardochée dit : C'est par 
Dieu qu'ont été faites ces choses. 

5. Je me souviens d'un songe 
que j'ài vu, et qui marquait ces 
mémes choses, et rien de ces cho- 
ses n'a été vain. 

6. La petite source qui devint 
grande comme un fleuve, puis 
se changea en lumiere et en so- 
leil, et se répandit en eaux tres 
abondantes, c'est Esther, que le 
roi a prise pour femme, et il a 
voulu qu'elle füt reine. 

7. Mais les deux dragons, moi et 
Aman. 

8. Les nations qui s'étaient as- 
semblées, ce sont ceux qui ont 
tàché d'effacer le nom des Juifs. 

9. Ma nalion est Israél, laquelle 
cria vers le Seigneur, et le Sei- 
gneur sauva son peuple, et il 
nous a délivrés de tous les maux, 
et il a fait de grands miracles et 
des prodiges parmi les nations. 

10. Et il ordonna quil y eût 
deux sorts, l'un du peuple de 


ESTHER. 


1001 


Dieu, et l'autre de toutes les na- 
lions. 

11. Et l'un et l'autre sort vin- 
rent au jour marqué des ce 
temps-là devant Dieu pour toutes 
les nations. 

19. Et le Seigneur se souvint 
de son peuple, et eut pitié de son 
héritage. 

13. Et ces jours seront observés 
au mois d'Adar, le quatorzieme 
et le quinzieme jour du méme 
mois, avec tout le zèle et toute 
la joie du peuple réuni en une 
seule asssemb!ée, et cela dans 
toutes les générations à venir du 
peuple d'Israél. 


CHAPITRE XI. 


Autre songe de Mardochée. 


1. En la quatrième année du 
regne de Ptolémée et de Cléo- 
pàtre, Dosithée, qui se disait pré- 
tre, et de la race lévitique, et 
Ptolémée son fils, apportèrent 
cette épitre des phurim, qu'ils 
dirent avoir été interprétée par 
Lysimaque, fils de Ptolémée, à 
Jérusalem. 


Ce commencement aussi était daus 
l'édition Vulgate; mais il ne se trouve 
ni dans lhébreu ni dans aucun inter- 
préte. 


Cab. XI. 4. IV Rois, xxiv, 15; Supra, τι, 6. 


J'ai traduit, ete. Cette observation ainsi que les autres de méme nature qu'on lit 
dans ce chapitre et les suivants sont de saint Jérôme. Quant à l'édition Vulgate dont 
il parle, c'est l’ancienne version italique qui était la plus commune de son temps. 
— Mais ce qui suit; Cest-à-dire depuis le vers. 3 de ce chap. x jusqu'à צ‎ 1. C'est en 
effet à ce vers. 4 que commence la partie deutérocanonique, qui se compose de 
sept fragments, et que les protestants rangent à tort parmi les livres apocryphes. 


4. Ce commencement; c'est-à-dire depuis le vers. 2. de ce chap. xz, jusqu'à ,זוא‎ 6. — 
* Ce verset forme le titre du livre d'Esther dans la version grecque, où il est placé 
en 1616. Le Ptolémée mentionné ici est Ptolémée VI Philométor qui régna de 181 à 
146 avant J.-C. C’est sous le règne de ce prince qu'on porta en Egypte la traduction 
grecque du livre d'Esther, mais le livre lui-même existait en hébreu depuis longtemps. 


1002 


2. A la seconde année du règne 
d'Artaxerxes très grand, le pre- 
mier jour du mois de Nisan, Mar- 
dochée, fils de Jair, fils de Séméi, 
fils de Cis, dela tribu de Benja- 
min, vit un songe : 

3. C'était un Juif qui demeurait 
dans la ville de Suse, homme 
puissant, et entre les premiers de 
la cour du roi. 

4. Or il était du nombre des 
captifs que Nabuchodonosor, roi 
de Babylone, avait transférés de 
Jérusalem avec Jéchonias, roi de 
Juda. 

5. Et voici quel fut son songe : 
Des voix se firent entendre, ainsi 
qu'un tumulte et des tonnerres; 
et il y eut un tremblement de 
terre, et un trouble sur la terre : 

6. Et voilà deux dragons grands, 
el préts à combattre l'un contre 
l'autre. 

7. À leur cri, toutes les nations 
s'émurent pour combattre con- 
tre la nation des justes. 

8. Et ce jour fut un jour de té- 
nebres, de péril, de tribulation, 
d'angoisse, et une grande épou- 
vante sur la terre. 

9. La nation des justes, qui 
craignaient pour leurs propres 
maux, se troubla et se prépara à 
la mort. 

10. Et ils crierent vers Dieu, et, 
pendant qu'ils poussaient des cla- 


(βαρ. XII. 1. Supra, τι, 21 ; vi, 2. 


ESTHER. 


[cm. xu.] 


meurs, une petite source devint 
un trés grand fleuve, et se répan- 
dit en eaux très abondantes. 

11. La lumiere et le soleil pa- 
rurent; et ceux qui étaient dans 
l'humiliation furent exaltés, et ils 
dévorerent ceux qui était dans 
l'éclat. 

12. Lorsque Mardochée eut vu 
ce songe, et qu'il se fut levé de 
son lit, il pensait en lui-même ce 
que Dieu voulait faire; et il avait 
le songe fixé en son esprit, dési- 
rant savoir ce qu'il signifiait. 


CHAPITRE XII. 


Mardochée découvre une conspiration 
que deux eunuques d'Assuérus avaient 
formée contre lui. 


1. Oril demeurait en ce temps- 
là à la cour du roi avec Bagatha 
et Thara, eunuques du roi, qui 
étaient les portiers du palais. 

2. Et ayant compris leurs pen- 
sées, el ayant vu plus exacte- 
ment leur dessein, il apprit qu'ils 
avaient entrepris de porter leurs 
mains sur le roi Artaxerxes, et il 
en donna avis au roi. 

3. Le roi, apres qu'ils eurent 
été mis l'un et l'autre à la ques- 
tion, et qu'ils eurent confessé 
leur crime, commanda qu’ils fus- 
sent conduits à la mort. 

4. Or le roi écrivit dans des mé- 
moires ce qui s'était passé, et 


2. * Artazerzés très grand. Le nom d'Artaxerxés, qui se lit ici et dans tous les 
Appendices, vient des Septante; il est certain qu'il répond là, comme dans les cha- 
pitres précédents, à Xerxés. La version grecque a traduit à tort Akhaschvérosch par 
Artaxerxés, dans tout le cours de ce livre, et comme cette partie de notre traduction 
latine est faite sur les Septante, elle porte le nom d'Artaxerxés au lieu de celui 
d'Assuérus que nous lisons dans les chapitres précédents traduits directement par 
saint Jéróme sur l'original hébreu. 


3. Qu'ils eurent été mis... à la question; ou simplement qu'on eut fait, qu'on eut 
instruit leur procés, 


[cn. xur.] 


Mardochée en transmit le souve- 
nir dans sa lettre. 

5. Le roi lui ordonna de de- 
meurer en son palais, en lui don- 
nant des présents pour sa déla- 
tion. 
^ 6. Mais Aman, fils d'Amadath, 
Bugée, était en grand honneur 
auprès du roi, et il voulut nuire 
à Mardochée et à son peuple, à 
cause des deux eunuques du roi 
qui avaient été tués. 

Jusqu'ici est l'avant-propos. Ce qui 
suit était mis à l'endroit du volume oü 


est écrit : Et ils enlevèrent leurs biens 
ou leurs richesses. 


Ce que nous avons trouvé dans la 
seule édition Vulgate. 


Or voici quelle était la copie de la 
lettre. 


CHAPITRE XIII. 


Édit contre les Juifs. Prière de Mardochée. 


1.Le roi tres grand Artaxerxes, 
qui règne depuis l'Inde jusqu'à 
l'Ethiopie sur cent vingt-sept 
provinces, aux princes et aux 
chefs qui sont soumis à son em- 
pire, salut. 

2. Quoique je commandasse à 
un irés grand nombre de na- 
lions, et que j 60886 soumis tout 
l'univers à ma domination, je 


n'ai voulu en aucune maniere | 


abuser dela grandeur de ma puis- 
sance; mais jai gouverné mes 
sujets avec clémence et avec dou- 
ceur, afin que, passant leur vie 


ESTHER. 


1003 


en silence et sans aucune crainte, 
ils jouissent de la paix souhaitée 
de tous les mortels. 

3. Etcomme je demandai à mes 
conseillers de quelle maniere cela 
pourrait être accompli, l'un d'en- 
tre eux, nommé Aman, qui par 
sa sagesse et par sa fidélité l'em- 
portait sur tous les autres, et était 
le second apres le roi, 

4. Ν᾿ ἃ fait connaitre qu'il y a 
un peuple dispersé dans toute la 
terre, ayant de nouvelles lois, et 
qui, agissant contre la coutume 
de toutes les nations, méprise les 
commandements des rois, et dé- 
truit par son dissentiment la con- 
corde de tous les peuples. 

5. Ce qu'ayant appris, et voyant 
qu'une seule nation rebelle à 
tout le genre humain, a des lois 
perverses, va contre nos ordon- 
nances, et trouble la paix et la 
concorde des provinces qui nous 
sont soumises, 

6. Nous avons ordonné que 
tous ceux qu'Aman (qui est pré- 
posé sur toutes les provinces, 
qui est le second apres le roi, et 
que nous honorons comme notre 
pere) aura fait connaitre, comme 
étant de ce peuple, soient détruits 
par leurs ennemis, avec leurs 
femmes et leurs enfants, le qua- 
torzieme jour d'Adar, douzieme 
mois de l'année présente, et que 
nul n'en ait pitié, 

1. Afin que ces hommes cri- 


5. En lui donnant des présents. 11 est dit plus haut (vr, 3) que Mardochée ne recut 
pas de récompense. Le roi, sans aucun doute, donna l'ordre de récompenser digne- 
ment le service que Mardochée lui avait rendu; mais il est trés vraisemblable qu'A- 
man, qui en voulait à Mardochée, parce qu'il avait dévoilé la conspiration des deux 
eunuques, fit en sorte que la bonne volonté du roi füt sans effet. D'autres disent que 
les présents faits à Mardochée furent si peu de chose, que les historiens ne crurent 
pas devoir en faire mention dans les annales du roi. 


1. Et allant, etc. Ces paroles se trouvent dans la Vulgate, ch. 1v, 1T. 


1004 


minels, descendant tous en un 
méme jour dans les enfers, ren- 
dent à notre empire la paix qu'ils 
avaient troublée. 

Jusqu'ici est la copie de la lettre. Ce 
qui suit, je l'ai trouvé écrit aprés l'en- 
droit oü on lit : 

Et, alant, Mardochée fit tout 
ce que lui avait mandé Esther. 

Mais cependant il ne se trouve pas 
dans l'hébreu, et il n'est entièrement 
rapporté dans aucun des interpretes. 

8. Or Mardochée pria le Sei- 
gueur, sesouvenant de toutes ses 
œuvres, 

9. Et il dit : Seigneur, Sei- 
gneur, roi tout-puissant, car lou- 
tes choses sont soumises à votre 
pouvoir, et il n'y a personne qui 
puisse résister à votre volonté, 
si vous avez résolu de sauver 
Israél. 

10. C'est vous qui avez fait le 
ciel et la terre, et tout ce qui 
est renfermé dans l'enceinte du 
ciel. 

11. Vous étes le Seigneur de 
toutes choses, et il n'y a per- 
sonne qui puisse résister à votre 
majesté. 

12. Vous connaissez toutes cho- 
ses, et vous savez que ce n'est ni 
pàr orgueil, ni par insulte, ni par 
quelque désir de gloire, que j'ai 
fait en sorte de ne pas adorer 
Aman, le trés superbe. 

13. (Car volontiers, pour le sa- 
ut d'Israél, j'aurais été prét à 
paiser les traces de ses pieds): 

14. Mais j'ai craint de trans- 
porter l'honneur de mon Dieu à 


ESTHER, 


(ἐπ, xiv 2 


unhomme, et d'adorerquelqu'un, 
excepté mon Dieu. 

15. Et maintenant, Seigneur 
roi, Dieu d'Abraham, ayez pitié 
de votre peuple, parce que nos 
ennemis veulent nous perdre, et 
détruire votre héritage. 

16. Ne méprisez pas votre por- 
tion que vous vous étes rachetée 
de l'Egypte. 

17. Exaucez ma prière, et soyez 
propice à votre lot et à votre par- 
tage, et changez notre deuil en 
joie, afin que, vivant, nous célé- 
brions votre nom, Seigneur, etne 
fermez pas la bouche de ceux qui 
vous chantent. 

18. Tout Israël aussi, dans le 
méme esprit, et avec les mémes 
supplications, cria vers le Sei- 
gneur, parce qu'une mort cer- 
taine les menacait. 


CHAPITRE XIV. 


Pénitence d'Esther; sa prière avant d'al- 
ler trouver le roi Assuérus. 


1. La reine Esther aussi eut 
recours au Seigneur, effrayée du 
péril qui était imminent. 

2. Et, quittant ses habits de 
reine, elle prit des vétements 
conformes aux pleurs etau deuil, 


et au lieu de ses diverses essen- 


ces, elle couvritsa téte de cendre 
et de boue : elle affligea son corps 
par les jeünes; et tous les lieux 
où auparavant elle avait accou- 
Lumé de se réjouir, elle les rem- 
plit de ses cheveux qu'elle s'ar- 
rachait. 


16. Votre portion; le peuple hébreu que vous avez choisi pour être spécialement 


votre peuple. 


11. A votre lof, etc. Même figure qu'au verset précédent. — Votre partage; littér, 
otre corde. Comme nous l'avons déjà remarqué, on se servait de cordes pour la 


livisiou et 10 partage des terres. 


(cu. xiv.] 

3. Et elle priait le Seigneur 
Dieu d'Israël, disant : Mon Sei- 
gneur, qui seul étes notre roi, 
secourez-moi dans mon abandon, 
puisque hors de vous il n'est 
aucun autre aide. 

4. Mon péril est en mes mains. 

5. J'ai oui de mon pere que 
vous, Seigneur, aviez pris Israël 
d'entre toutes les nations, et, en 
remontant, nos peres d'entre tous 
leurs ancétres, pour que vous 
possédiez un héritage éternel; et 
vous avez fait pour eux comme 
vous avez dit. 

6. Nous avons péché en votre 
présence, et c'est pour cela que 
vous nous avez livrés aux mains 
de nos ennemis; 

7. Car nous avons adoré leurs 
dieux. Vous étes juste, Seigneur. 

8. Et, maintenant, il ne leur 
suffit pas de nous opprimer par 
la plus dure servitude; mais, at- 
tribuant la force de leurs bras au 
pouvoir des idoles, 

9. 115 veulent changer vos pro- 
messes, délruire votre héritage, 
fermer les bouches de ceux qui 
vous louent, et éteindre la gloire 
du temple et de votre autel, 

10. Afin d'ouvrir la bouche des 
nalions, de louer la puissance des 
idoles, et de célébrer un roi de 
chair à jamais. 

11. Ne livrez pas, Seigneur, 
volre sceptre à ceux qui ne sont 


Cuar. XIV. 5. Deutér., 1v, 20, 34; xxxii, 9. 


ESTHER. 


1005 


pas, de peur qu'ils ne rient de 
notre ruine; mais tournez leurs 
conseils sur eux, et perdez celui 
qui à commencé à sévir contre 
nous. 

19. Souvenez-vous de nous, 
Seigneur, montrez-vous à nous 
dans le temps de notre tribula- 
tion, et donnez-moi l'assurance, 
Seigneur, roi des dieux et de 
toute puissance. 

13. Mettez des paroles conve- 
nables dans ma bouche en pré- 
sence du lion, et transférez son 
cœur à la haine de notre ennemi, 
afin quil périsse lui-même et 
tous les autres qui conspirent 
avec lui. 

14. Mais nous, délivrez-nous 
par votre main, et secourez-moi ; 
car je n'ai d'autre secours que 
vous, Seigneur, quiavezlascience 
de toutes choses, 

15. Et qui savez que je hais la 
gloire des hommes iniques, et que 
je déteste lelit des incirconcis et 
de tout étranger. 

16. Oui, vous savez ma situa- 
tion pénible, et que j'ai en abo- 
mination le signe de mon or- 
gueil et de ma gloire qui est 
sur ma téte dans les jours de ma 
splendeur, et que je le déteste 
comme un linge souillé, et que je 
ne le porte pas dans les jours de 
mon silence; 

17. Que je n'ài pas mangé à la 


4. Est en mes mains; c'est-à-dire est imminent. 

11. Votre sceptre; votre pouvoir, ou votre peuple. Le peuple d'Israél, en effet, est 
quelquefois désigné sous ce nom. — Ceux qui ne sont pas, c'est-à-dire qui ne sonl 
"en; les méchants, ou plus probablement les idoles, qui sont appelées ailleurs va- 


nilés, choses vaines. 


12 Dec dieux: c'est-à-dire des rois, des grands de la terre. 


11. * Du vin des libalions offertes aux faux dieux. 


1006 


table d'Aman, que le festin du 
roi ne m'a point plu, et que je 
n'ai pas bu du vin des libations; 

18. Et que jamais votre ser- 
vante ne s'est réjouie, depuis que 
j'ai été transportée ici jusqu'au 
présent jour, sinon en vous, Sei- 
gneur Dieu d'Abraham. 

19. Dieu fort, au-dessus de 
lous, exaucez la voix de ceux 
qui n'ont aucuneautre espérance, 
délivrez - nous de la main des 
hommes iniques, et arrachez-moi 
à ma crainte. 


CHAPITRE XV. 


Avis de Mardochée à Esther aprés l'édit 
qu'Aman fit porter contre les Juifs. Ce 
qui se passa lorsqu'Esther parut devant 
Assuérus. 


Ceci aussi, je l'ai trouvé ajouté dans 
l'édition Vulgate. 

1. Et il manda à Esther (point 
de doute que ce ne füt Mardo- 
chée) d'entrer auprès du roi, et 
de le prier pour son peuple et 
pour sa patrie. 

2. Souvenez-vous (dit-il) des 
jours de votre humiliation, com- 
ment vous avez été nourrie par 
ma main, parce qu'Aman, le se- 
cond apres le roi, a parlé contre 
nous de mort ; 

3. Et vous, invoquez le Sei- 
gneur, et parlez au roi pour nous, 
et délivrez-nous de la mort. 


J'y ai trouvé aussi ce qui suit. 


4. Or, le troisieme jour, Es- 
ther quitta les vétements de sa 
parure, et s'environna de sa 
gloire; 


ESTHER. 


fcu xv.] 


5. Et, brillant dans ce costume 
de reine, lorsqu'elle eut invoqué 
celui qui régit toutes choses, et 
le Dieu Sauveur, elle prit ses 
deux servantes; 

6. Et elle s'appuyait sur l'une 
d'elles, comme ne pouvant sou- 
tenir son corps, à cause de son 
attitude nonchalante et de son 
extréme délicatesse. 

7. Et l'autre servante suivait sa 
maîtresse, portant ses vétements 
qui trainaient à terre. 

8. Elle cependant, avec une 
couleur de rose répandue sur le 
visage et des yeux gracieux et 
brillants, cachait un cœur triste 
et serré d’une excessive crainte. 

9. Etant donc entrée successi- 
vement par toutes les portes, 
elle se présenta devant le roi, 
où celui-ci était assis sur son 
trône, couvert des vêtements 
royaux, brillant d'or et de pier- 
res précieuses ; et il était terri- 
ble à voir. 

10. Et lorsqu'il eut levé sa 
face, et qu'avec des yeux ardents 
il eut montré la fureur de son 
cœur, la reine tomba, et, sa cou- 
leur se changeant en páleur, elle 
pencha sa tête lassée sur la jeune 
servante. 

11. Mais Dieu changea en dou- 
ceur l'esprit du roi qui, se hà- 
tant et effrayé, s'élanca de son 
tróne, et, soutenant Esther dans 
ses bras, jusqu'à ce qu'elle re- 
vint à elle, il la caressait en ces 


termes : 


19. Qu'avez-vous, Esther? Je 
suis votre frère, ne craignez 
point. 


4. De sa parure; qui était en ce moment une parure de deuil. Compar. xiv, 2. — 
De sa gloire; de sa dignité, c'est-à-dire de ses habits du reine, 


(cn. xvi.) 


13. Vous ne mourrez point; 
car cette loi n’a pas été établie 
pour vous, mais pour tous /es 
autres. 

14. Approchez-vous donc, et 
touchez mon sceptre. 

15. Et comme Esther gardait 
le silence, il prit son sceptre 
d'or, le posant sur son cou, il lui 
donna un baiser, et dit: Pour- 
quoi ne me parlez-vous pas? 

16. Elle répondit: Je vous ai 
vu, seigneur, comme un ange 
de Dieu, et mon cœur a été trou- 
blé par la crainte de votre gloire: 

17. Car, seigneur, vous étes 
admirable, et votre face est 
pleine de gráces. 

18. Et, comme elle parlait, elle 
tomba de nouveau, et elle était 
pres de s'évanouir. 

19. Or le roi était troublé, et 
tous ses ministres la consolaient. 


CHAPITRE XVI. 


Edit en faveur des Juifs. 


Copie de la lettre que le roi Artaxerxes 
envoya en faveur des Juifs dans toutes 
les provinces de son royaume, laquelle 
ne se trouve pas non plus dans le volume 
hébreu. 

1. Le grand roi Artaxerxes, qui 
règne depuis l'Inde jusqu'à l'E- 
thiopie, aux chefs et aux gouver- 
neurs des cent vingt-sept pro- 
vinces qui sont soumises à notre 
commandement, dit salut. 

2. Beaucoup ont abusé de la 
bonté des princes et de l'honneur 
qui leur a été conféré, jusqu'à 
l'insolence; 


ESTHER. 


1007 
3. Et non seulementils tâchent 
d'opprimer les sujets des rois, 
mais, ne pouvant supporter la 
gloire qui leura été donnée, ils 
tendent des pièges à ceux mé- 
mes qui la leur ont donnée. 

4. Ils ne se contentent pas de 
ne point rendre gráces pour les 
bienfaits, et de violer en eux- 
mémes les droits de l'humanité; 
mais ils s'imaginent aussi qu'ils 
pourront échapper à la sentence 
de Dieu, qui voit tout. 

9. Et ils sont tombés dans un 
tel degré de folie, que ceux qui 
remplissent fidèlement les char- 
ges à eux confiées et qui font 
toutes choses de maniere à étre 
dignes des louanges de tous, ils 
s'efforcent de les perdre par les 
artifices du mensonge, 

6. Tandis que par une fraude 
astucieuse, 115 trompent [68 
oreilles des princes, lesquelles 
sont simples et estiment les au- 
tres hommes par leur propre na- 
ture. 

1. Ce qui est prouvé et par les 
anciennes histoires, et par ce qui 
se passe chaque jour, c'est com- 
ment par les mauvaises sugges- 
tions de quelques-uns les inten- 
tions des rois sont perverties. 

8. C'est pourquoi il faut pour- 
voir à la paix de toutes les pro- 


- vinces. 


9. Et vous ne devez pas pen- 
ser, si nous ordonnons deschoses 
différentes, que cela vienne de la 
légèreté de notre esprit, mais 
juger que c'est selon la nature et 


—————————— — H——— MÀ 


13, Cette loi; la loi qui défendait de paraître devant le roi sans avoir été appelé. 


I VOY Sy 11. 


6. En vertu d'une hypallage dont on a déjà vu plusieurs exemples, l'écrivain sacré 
attribue aux oreilles des princes ce qui appartient aux princes eux-mêmes, 


1008 


la nécessité des temps, comme 
l'utilité de l'Etat l'exige. 

10. Et, afin que vous compre- 
niez plus manifestement ce que 
nous disons, Aman, fils d'Ama- 
dath, Macédonien de cœur et d'o- 
rigine, n'étant point du sang des 
Perses, déshonorant notre clé- 
mence par sa cruauté, a été ac- 
cueilli par nous, comme étran- 
ger. 

11. Et, après avoir recu des 
marques de bonté telles, qu'il 
était appelé notre pere, et adoré 
par tous, comme le second apres 
le roi, 

12. Il s'est élevé à un si grand 
excès d'arrogance, qu'il tàchait 
de nous priver du royaume et de 
la vie. 

18. Car, par des manœuvres 
nouvelles et inouïes, il a vive- 
ment désiré envoyer à la mort 
Mardochée, par la fidélité et les 
bons offices duquel nous vivons, 
et Esther, la compagne de notre 
royauté, avec toute sa nation, 

14. Pensant qu'eux une fois 
tués, il surprendrait notre vigi- 
lance, et transférerait le royaume 
des Perses aux Macédoniens. 

15. Mais nous, nous n'avons 
trouvé coupables d'aucune faute 
que ce soit les Juifs, destinés à 
la mort par le plus méchant des 
mortels; mais au contraire se 
conformant à de justes lois, 


Car. XVI. 10. Supra, ui, 1. 


ESTHER. 


len. xvi.] 

16. Et enfants du Dieu très 
haut, trés grand et toujours vi- 
vant, par le bienfait de qui ce 
royaume a été donné et à 8 
peres et à nous, et par qui il a 
été conservé jusqu'à aujourd'hui. 

17. C'est pourquoi sachez que 
ces lettres, qu'il vous avait adres- 
sées sous mon nom, sont annu- 
lées. 

18. Pour lequel crime, et lui 
qui l'a machiné, et toute sa pa- 
renté, sont pendus devant les 
portes de cette ville, c'est-à-dire 
de Suse, Dieu, et non pas nous, 
lui ayant rendu ce qu'il a mérité. 

19. Que cet édit donc que nous 
envoyons maintenant, soit ex- 
posé à la vue dans toutes les 
villes, afin qu'il soit permis aux 
Juifs de garder leurs lois. 

20. Et vous devez leur étre en 
aide, afin qu'ils puissent tuer le 
treizième jour du douzième mois, 
qui est appelé Adar, ceux qui 
s'étaient préparés à les faire 
mourir; 

91. Car ce jour d’affliction et 
de deuil, le Dieu tout-puissant l'a 
changé pour eux en joie. 

92. C'est pourquoi vous aussi, 
ayez ce jour parmi tous les au- 
tres jours de féte, et célébrez-le 
avec toute sorte de réjouissan- 
ces, afin que dans l'avenir aussi 
on sache 

23. Que tous ceux qui obéis- 


10. On dit iei qu'Aman était Macédonien d'origine, ce qui n'est pas en contradiction 
avec ce qui est dit, chap. nr, 1, qu'il était de la race d'Agag, roi des Amalécites, 
parce que le mot Macédonien est un terme générique, employé, comme on le voit en 
plusieurs endroits des Machabées, pour signifier un étranger. D'ailleurs il peut très 
bien se faire qu'un homme de la postérité d'Agag se soit établi en Macédoine, et 
qu'Aman soit descendu de lui, et né dans cette contrée, — * Voir ce qui a été dit 
plus haut, ni, 1. 

14. * Aux Macédoniens. Voir plus baut, ui, 1, 


(cii. &vi.] 


sent fidèlemént aux Perses recoi- 
vent une récompense pour leur 
fidélité, mais que ceux qui tra- 
ment une trahison contre leur 
royaume périssent pour leur 
crime. 

24. Or que toute province ou 
toute ville qui ne voudra pas 


ESTHER. 


1009 
participer à cette solennité, pé- 
risse par le glaive et par le feu, 
et soit tellement détruite, qu'elle 
devienne inaccessible à jamais, 
non-seulement aux hommes, 
mais méme aux bétes, comme un 
exemple de mépris et de déso- 
béissance. 


24. Qu'elle devienne inaccessible, etc. Les prophètes emploient souvent cette expres- 
sion pour marquer une destruction totale, et qui ne laisse aucun espoir de rétablis- 
sement. — Comme un exemple, etc. Pour étre un exemple du chátiment réservé à 
ceux qui désobéissent aux rois et méprisent leurs commandements. 


64 


INTRODUCTION 


AU LIVRE DE JOB 


L'existence 166116 de Job ne fait aucun doute pour les Juifs et les chrétiens. 
Elle est attestée par les écrivains sacrés. Du reste, « on peut croire avec le plus 
grand nombre des interprétes, dit M. Le Hir, que Job et ses amis n'ont pro- 
noncé que le fond des discours qu'on leur met à la bouche, et que la diction 
appartient à l'auteur sacré. » 

Le patriarche Job est postérieur à Abraham et à Ésaü, puisque deux de ses 
amis, Eliphaz et Baldad, descendent d'Abraham, le premier par Théman, fils 
d'Ésaü, le second par Suah, fils d'Abraham et de Cétura. Il y a lieu de croire 
qu'il est, au contraire, antérieur à Moise, parce que dans son histoire, il n'est 
fait aucune allusion aux faits qui se sont passés pendant ou aprés 6 
tandis qu'on y trouve des allusions à tous les grands événements précédents, 
à la création, à la chute de l'homme, aux géants, au déluge, à la ruine de 
Sodome. 

Job vivait dans la terre de Hus. D'aprés S. Jérôme et la plupart des modernes, 
la terre de Hus se trouvait dans la parue septentrionale du désert d'Arabie, 
parce que la Genése en fait une terre araméenne et que Job est appelé Ben- 
Qédem, mot qui désigne proprement les Arabes. La tradition syrienne et la 
tradition musulmane placent, avec raison, ce semble, Hus dans le Hauran, 
non loin de Damas, dans le pays fertile appelé Él-Bethenijé, où se trouve le 
monastère de Deir Ejjub, élevé en l'honneur du saint patriarche. 

La question la plus difficile concernant le livre de Job est celle qui regarde 
la date de sa composition et son auteur. On l'a souvent attribué à Moise ou 
au moins à l'époque de Moise, mais à cause de la langue et du style, on le 
reporte aujourd'hui, communément, au temps de Salomon ou à l'intervalle 
qui s'est écoulé de ce roi à Ézéchias. 

Le but du livre de Job est la justification de la Providence, la solution du 
probléme du mal dans le monde. L'occasion des malheurs de Job, leur cause et 
leur but, la manière dont il les endure et dont ses amis les apprécient, la 
raison que Dieu en donne, voilà tout le livre. 

Tous les critiques sont unanimes à regarder le livre de Job comme un chef- 
d'euvre de littérature; on le regarde généralement aujourd'hui comme un 
drame, dans un sens large: le prologue en est l'exposition et ressemble beau- 
coup à la plupart des expositions des tragédies d'Euripide, qui sont aussi une 
sorte d'introduction épique à la pièce. Dès que le nœud de l'intrigue a été 
noué dans ce récit préliminaire, il se resserre de plus en plus dans les trois 
discussions ou les trois 46108 qui suivent, sous la forme de dialogues entre Job 


INTRODUCTION AU LIVRE DE JOB. 1011 


et ses amis. Dans les discours d'Éliu qui viennent ensuite, l'intrigue commence 
à se dénouer; ils préparent l'intervention de Dieu qui amène d'une manière 
admirable le dénouement, complété dans l'épilogue. La préparation, le déve- 
loppement et la conclusion de l’action ne laissent rien à désirer au point de 
vue de l'art. Le poète procède avec tant d'habileté qu'il détache insensiblement 
le lecteur des amis de Job, pour le porter de plus en plus vers son héros, et 
l'intérét va grandissant jusqu'à la fin. 

S. Grégoire le Grand remarque, dans sa Préface sur Job, que ce saint pa- 
triarche a été la figure de Notre-Seigneur, non seulement par ses paroles, 
mais aussi et plus encore par ses souffrances. Quoiqu'il soit innocent, il est 
accablé de maux, par la permission de Dieu, comme devait l'étre le Sauveur, 
le juste par excellence; comme lui, il est abandonné des siens et comme lui 
enfin, il recoit la récompense de sa patience et de sa résignation. 

Le livre de Job se divise en cinq parties : 1? Prologue, 1-1; 2° discussion 6 
Job et de ses trois amis, n-xxxt; 3° discours d'Éliu, xxxi-xxxvir; 49 apparition 
et discours de Dieu, xxxviu-xLu, 6; 59 épilogue, xri, 7-16. 


JOD 


CHAPITRE PREMIER. 


Origine de Job. Sa vertu, ses richesses. 
Dieu permet au démon de le tenter. 
Job perd ses biens et ses enfants. 


1. Ill y avait un homme dans 
la terre de Hus du nom de Job; 
et cet homme était simple, droit, 
craignant Dieu et s'éloignant du 
mal. 

2. Il lui naquit sept fils et trois 
filles. 

3. Et sa possession fut sept 
mille brebis, trois mille cha- 
meaux, et aussi cinq cent paires 
de bœufs, cinq cents 808868 et 
un trés grand nombre de domes- 
tiques; et cet homme était grand 
parmi les Orientaux. 


4. Et ses fils allaient et faisaient 
un festin dans leurs maisons, 
chacun à son jour. De plus ils 
envoyaient appeler leurs trois 
sœurs, pour qu'elles mangeassent 
et bussent avec eux. 

5. Et lorsque les jours du fes- 
lin étaient successivement pas- 
sés, Job envoyait chez ses en- 
fants, et il les sanctifiait; puis, se 
levant au point du jour, il offrait 
des holocaustes pour chacun 
d'eux; car il disait : Peut-étre 
que mes enfants ont péché et 
maudit Dieu en leur cœur. Ainsi 
faisait Job tous les jours. 

6. Or un certain jour, comme 
les fils de Dieu étaient venus 
pour assister devant le Seigneur, 


1. * Dans la terre de Hus. Voir l'Introduction, p. 256. 


1-5. * Le prologue nous fait connaitre le principal personnage et les circonstances 
qui amènent la discussion sur le probléme de l'existence du mal, problème dont la 
solution fait le fond du poème. — 1^ Piété de Job au milieu de la plus grande pros- 
périté : sa grandeur morale est égale à celle de sa fortune, r, 1-5. 

3. * Parmi les Orientauz, les Arabes. 

4. 4 son jour; au jour qui lui était marqué; suivant quelques-uns, au jour de leur 
naissance. Compar. Genèse xr, 20; Matth. xiv, 6. 

5. Il les sanctifiait; c'est-à-dire les préparait au sacrifice par les moyens de purifi- 
cations qui étaient en usage. — Muudit; littér. et par antiphrase, béni. Le grec 
porte : Mes fils ont pensé de mauvaises choses. Compar. ΠῚ Rois, xxx, 10. 

6-12. * 2o Résolution que Dieu prend d'éprouver la fidélité de son serviteur, 1, 6-12. 
Nous sommes transportés de la terre au ciel, οὐ tout ce qui se passe ici-bas a sa ra- 
cine et sa raison derniére. Satan, « l'adversaire, » l'ennemi des hommes, apparait 
au milieu des bons anges pour calomnier le juste; mais c'est pour concourir finale- 
ment, malgré sa malice, aux desseins de Dieu et travailler malgré lui à l'accomplis- 
sement du plan de la Providence. 

6. Les fils de Dieu sont les anges. — Dans ce prologue qui s'étend jusqu'à la fin du 
1° chapitre, l'écrivain sacré nous montre : 19 les efforts du démon contre les servi- 
teurs de Dieu; 29 que cet esprit malin ne peut rieu sans la permission divine; 39 que 
Dieu ne lui permet pas de tenter ces serviteurs au delà de leurs forces, mais qu'il 
les assiste de sa grâce, de manière que les efforts impuissants de leur ennemi ne 
servent qu’à faire éclater leur vertu et à augmenter leur mérite. 


[cu. 1.] 


Satan aussi se trouva au milieu 
d'eux. 

7. Le Seigneur lui demanda : 
D'oü viens-tu? Satan, répondant, 
dit : J'ai fait le tour de la terre, 
el je l'ai traversée. 

8. Le Seigneur lui demanda 
encore : Est-ce que tu n'as point 
considéré mon serviteur Job? Il 
n'y en a pas de semblable à lui 
sur la terre; homme simple, 
droit, craignant Dieu, et s'éloi- 
gnant du mal. 

9. Satan, répondant, dit : Est- 
ce en vain que Job craint le Sei- 
gneur? 

10. N'avez-vous pas mis un 
rempart autour de lui, de sa mai- 
son et de tous ses biens? N'avez- 
vous pas béni les œuvres de ses 
mains, et ses possessions ne se 
sont-elles pas augmentées sur la 
terre? 

11. Mais étendez un peu votre 
main, et touchez tout ce quil 
possede, et vous verrez sil ne 
vous maudira pas en face. 

19. Le Seigneur répondit donc 


JOB. 


1013 
à Satan : Voilà que tout ce qu'il 
a est en ta main; seulement n'é- 
tends pas sur lui ta main. Et Sa- 
tan sortit de la présence du Sei- 
gneur. 

13. Or, comme un certain jour, 
les fils et les filles de Job man- 
geaient et buvaient du vin dans 
la maison de leur frere, le pre- 
mier-né, 

14. Un messager vint vers Job, 
pour dire : Les beeufs labouraient 
et les ânesses paissaient auprès 
d’eux, 

15. Et les Sabéens ont fait une 
incursion, et ont tout enlevé : et 
ils ont frappé du glaive les ser- 
viteurs; et je me suis échappé, 
moi seul, pour vous l’annoncer. 

16. Et comme celui-là parlait 
encore, il en vint un autre, et il 
dit : Un feu de Dieu est tombé du 
ciel, et ayantatteint les brebis et 
les serviteurs, il les a consumés; 
et je me suis échappé, moi seul 
pour vous l'annoncer. 

17. Mais celui-là parlant en- 
core, il en vint un troisieme, et 


1. J'ai fait le tour, etc. Compar. I Pierre, v, 8. 


11. S'il ne vous maudira pas. Voy. vers. 5. 

13. * 39 Job subit sept épreuves successives : les quatre premières l'atteignent 
dans ses biens et dans ses enfants, la cinquième dans son corps; la sixième et la 
septiéme sont des épreuves morales. Les quatre premiéres ne se passent pas sous 
ses yeux, il en recoit la nouvelle par quatre messagers de malheur : 1» les Sabéens, 
dans une razzia, lui enlévent tous ses troupeaux de bœuf et d'ánes, 1, 13-15; — 3018 
foudre fait périr ses brebis, 1, 16 ; — 89168 Chaldéens, dans une razzia, lui enlévent ses 
chameaux, sa plus grande richesse, 1, 11; — 40 un vent violent renverse la maison où 
tous ses enfants étaient réunis pour prendre part au festin que leur offrait leur frère 
ainé, et les écrase tous, 1, 18-19. —- Job a écouté en silence le récit des trois premiers 
malheurs, mais, au quatrième, lorsqu'il apprend la mort de ses fils, il ne peut plus 
contenir sa douleur; toutefois elle ne sert qu'à faire ressortir davantage la solidité 
de sa vertu, car elle ne lui arrache que ces paroles admirables, qui sont l'expression 
méme de la résignation et qui feront à jamais l'admiration des hommes : « Nu je 
suis sorti du sein de ma mère, nu j'y retournerai; Dieu m'a donné, Dieu m'a ôté; 
que le nom du Seigneur soit béni! » 

15. Les serviteurs; c'est-à-dire les gardiens. 

16. Un feu de Dieu; c'est-à-dire un feu trés grand, ou, envoyé de Dieu. — * La 
foudre, d'aprés le plus grand nombre; le simoun, vent brülant qui peut tuer les 
hommes et les animaux, d'après d'autres commentateurs. 


1014 


il dit : Les Chaldéens ont fait 
trois bandes, puis ils se sont 
jetés sur les chameaux et les 
ont enlevés ; ils ont aussi frappé 
les serviteurs du glaive; et j'ai 
fui, moi seul, pour vousl'annon- 
cer. 

18. Celui-là parlait encore, et 
voilà qu'un autre entra et dit : 
Vos fils et vos filles mangeant et 
buvant du vin dans la maison de 
leur frère, le premier-né, 

19. Soudain un vent violent 
s'est élevé du cóté du désert, et 
il ἃ ébranlé les quatre angles de 
la maison, qui, s'écroulant, a ac- 
cablé vos enfants, et ils sont 
morts; et j'ai fui, moi seul, pour 
vous l'annoncer. 

90. Alors Job se leva, déchira 
ses vétements, et ayant rasé sa 
tête, il se jeta par terre, adora 

21. Et dit : Nu je suis sorti du 
sein de ma mère, et nu j'y retour- 
nerai; Dieu m'a donné, Dieu m'a 
616 : comme il 8 pluau Seigneur, 
ainsi il a été fait; que le nom du 
Seigneur soit béni! 

99. En toutes ces choses, Job 
ne pécha point par ses lèvres, 
et il ne dit rien d'insensé contre 
Dieu. 


I. 21. Eccl., v, 14; I Tim , vi, 1.‏ .ג 


JOB. 


(ca. u.] 


CHAPITRE I. 


Job est frappé d'une plaie horrible. Sa 
femme lui insulte. Trois amis, venus 
pour le cousoler, restent auprès de lui 
sans lui parler. 


1. Or il arriva, lorsqu'un cer- 
tain jour les fils de Dieu étaient 
venus et se tenaient devant le 
Seigneur, et que Satan aussi était 
venu parmi eux, et se tenait en 
sa présence, 

2. Le Seigneur demanda à Sa- 
tan : D'où viens-tu? Satan, ré- 
pondant, dit : J'ai fait le tour de 
la terre, et jel'ai traversée. 

3. Le Seigneur demanda encore 
à Satan : Est-ce que tu n'as point 
considéré mon serviteur Job? Il 
n'y en a pas de semblable à lui 
sur la terre; homme simple, 
droit, craignant Dieu, s'éloignant 
du mal, et conservant son inno- 
cence. Cependant toi, tu m'as ex- 
cité contre lui pour l'affliger en 
vain. 

4. Satan lui répondant, dit : 
L'homme donnera peau pour 
peau et tout ce qu'il a pour sa 
vie; 

5. Mais envoyez votre main; 
touchez à ses os et à sa chair, el 


É‏ ו 


1. * Job n'était pas au terme de ses malheurs : 59 Satan revient à la charge contre 
lui, au bout d'un temps indéterminé, et demande à le frapper dans sa personne aprés 
l'avoir frappé dans ses biens. Dieu le lui permet, et le saint patriarche est atteint 
d'une des plus terribles maladies de peau qui désolent l'Orient, l'éléphantiasis. De- 
venu ainsi la proie de la lèpre, Job doit se retirer hors du village qu'il habite, rr, 1-8. - 

3. En vain; c'est-à-dire, c'est en vain que tu l'as fait éprouver; cette épreuve n'a 
pas ébranlé sa fidélité. D'autres traduisent, sans motif, à tort, sans qu'il l'ait mérilé. 

4. L'homme donnera peau pour peau, etc.; c'est-à-dire qu'il donnera volontiers la 
peau des autres pour conserver la sienne ; il donnera ses enfants méme, ses bestiaux 
et tout ce qu'il posséde pour sauver sa propre vie. Ainsi Job a perdu ses biens, ses 
enfants; mais il espere en avoir d'autres. S'il était frappé en son propre corps, s'il 
venait à perdre sa santé, il ne soutiendrait pas cette épreuve; sa fidélité serait 
ébranlée. 8 ' 

5. Qu'il vous maudira. Voy. 1, 5. 


[cn. u.] 


alors vous verrez qu'il vous mau- 
dira en face. 

6. Le Seigneur dit done à Sa- 
tan : Voilà qu'il est en ta main; 
cependant conserve sa vie. 

7. Satan donc sortit de la pré- 
sence du Seigneur et frappa Job 
d'une plaie horrible, depuis la 
yante du pied jusqu'à la téte. 

8. Et Job avec un tesson raclait 
la sanie, assis sur le fumier. 

9. Sa femme alors lui dit : Tu 
demeures encore dans ta simpli- 
cité! Bénis Dieu, et meurs. 

10. Job lui répondit : Tu as 
parlé comme une des femmes in- 
sensées. Si nous avons recu les 
biens de la main de Dieu, pour- 


JOB, 


1613 


niaux?En toutes ces choses, Job 
ne pécha point par ses lèvres. 

11. Cependant trois amis de 
Job, apprenant tout le mal qui lui 
était arrivé, vinrenthchacun de 
leur pays : Eliphaz, le Thémanite, 
Baldad, le Suhite, et Sophar, le 
Naamathite. Car ils étaient con- 
venus de venir ensemble le vi- 
siter et le consoler. 

12. Mais lorsqu'ils eurent élevé 
de loin leurs yeux; ils ne le recon- 
nurent pas; et, jetant un grand 
eri, ils pleurerent ; puis, leurs vé- 
tements déchirés, ils répandirent 
de la poussière en l'air sur leur 
téte. 

13. Ils s'assirent avec lui sur la 


quoi n'en recevrions-nous pasles | terre durant sept jours et sept 


1. δ Satan... frappa Job d'une plaie horrible. D'après tous les caractères de la :ma- 
ladie de Job disséminés dans le cours du livre, J. D. Michaelis a prouxé que la ma- 
ladie dont Job fut frappé est l'éléphantiasis. Elle commence par l'éruption de pus- 
tules; qui ont comme la forme de nœuds, d'où son nom latin de lepra nodosa ; elle 
couvre ensuite comme un chancre toute la surface du corps et 16 rongedetelle facon 
que tous les membres.semblent s'en détacher. Les pieds et Jes jambes s'enflent et se 
couvrent de croütes au point d'étre pareils à ceux de l'éléphant, d’où le nom d'élé- 
phantiasis. Le visage est boursouflé et luisant, comme si on l'avait oint avec du suif, 
le regard est fixe et hagard, la voix faible; le malade finit quelquefois par tomber 
dans-un-mutisme complet. En proie à d'atroces douleurs, objet de dégoût pour lui- 
méme et pour les autres, éprouvant une faim insatiable, accablé de tristesse, ne 
pouvant dormir ou bien tourmenté par d'affreux cauchemars, il ne trouve aucun 
rmeéde au mal qui le ronge. Ce cruel état peut durer vingt ans et plus, Il meurt 
quelquefois subitement, aprés une faible fièvre ou étouffé par la maladie. 

8. * Assis sur le fumier. Voir la note 18 818 fin du volume. 

9. *.Dieu ménage à Job une nouvelle épreuve : les reproches de sa femme. C'est 
là sa sixième épreuve. Au lieu de l'encourager à la patience, elle voudrait le pousser 
au désespoir, mais il lui fait cette réponse admirable : Si nous avons recu les biens 
de la main de Dieu, pourquoi n'en recevrions-nous pas aussi les maux? 

11. * La septième épreuve de Job fut la visite de ses amis. C'est d'abord une visite 
muette. Elle prépare la discussion ou le combat qui va être l'objet de Ia majeure 
partie du poème. La suite nous montrera que cette épreuve fut la plus difficile par 
laquelle Job eut à passer. Ils viennent pour le consoler, mais au lieu d'adoucir ses 
peines, ils ne font que les aggraver par les accusations injustes dont ils le chargent, 
11 68% probable que quelque temps s'était écouié entre le moment où Job fut frappé 
ei l'arrivée de ses amis. 

43. 06 deuil durait sept jours; mais il ne faut pas croire que les amis de Job ne 
l'aient pas. quitté un seul instaat, pendaut tout ce temps, et qu'ils ne lui aient pas 
adressé une seule parole. Ce sont là des expressions hyperboliques que l'on trouve 
assez souvent dans la Bible, et eu général daus les écrivains orientaux. — * I/s s'as- 
sirent avec lui: Quand ils le voient, ils le saluent à distance, avec ces marques extraor- 
dinaires de douleur qui sont en usage en Orient, et ils passent sept jours et sept 
nuits sans proférer une parole. Ce silence εἰ prelongé prouve qu'à la vue de taut 


64 


1010 


nuits: et personne ne lui disait 
une parole; car ils voyaient que 
sa douleur était violente. 


CHAPITRE III. 


Job maudit le jour de sa naissance, 
et déplore sa misére. 


1. Aprés cela Job ouvritla bou- 
che, et maudit le jour de sa nais- 
sance. 

2. Et il parla. 

3. Périsse le jour auquel je 
suis né, etla nuit dans laquelle il 
fut dit : Un homme a été concu! 

4. Que ce jour soit changé 
en ténèbres; que Dieu ne s'en 
enquiere pas d'eu haut, et qu'il 
ne soit point éclairé de 1a 1u- 
miere. 

5. Que des ténèbres et une 
ombre de mort l'obscurcissent; 
qu'une obscurité s'en empare, 
el qu'il soit enveloppé d'amer- 
tume. 

6. Cette nuit, qu'un tourbillon 


Cap. Uf. 5. Jérémie, xx, 14. 


JOB. 


(ca. ur.] 


ténébreux en prenne possession, 
qu'elle ne soit pas comptée dans 
les jours de l'année, ni mise au 
nombre des mois. 

7. Que cette nuit soil solitaire, 
et qu'elle ne mérite pas! de lou- 
anges. 

8. Qu'ils la maudissent, ceux 
qui maudissent le jour, qui sont 
préts à susciter Léviathan. 

9. Que les étoiles soient cou- 
vertes des ténèbres de son obscu- 
rité; qu'elle attende une lumiere, 
et ne la voie point, ni la naissance 
de l'aurore qui se lève; 

10. Parce qu'elle n'a pas fermé 
le sein qui m a formé, et. qu'elle 
n'a pas óté les maux de devant 
mes yeux. 

11. Pourquoi ne suis-je pas 
mort dans le sein de ma mère? 
pourquoi, sorti de son sein, n'ai- 
je pas aussitót péri? 

12. Pourquoi ai-je été regu sur 
des genoux ? pourquoi allaité par 
des mamelles? 


de maux, ils ne se sentent pas la force de le consoler. Il faut que Job ouvre le pre- 
mier la bouche, et ne recevant d'eux aucun mot d'encouragement, il ne peut 
qu'exhaler ses plaintes. 


1-26. Les malédictions et les imprécations suivantes ne sont que des expressions 
emphatiques trés usitées en Orient pour peindre une vive douleur. —* Ici commence 
la deuxième partie, contenant la discussion de Job et de ses trois amis, mr-xxxi. 
Première discussion, ni-xiv. 19 Monologue de Job, nr. Il renferme trois idées princi- 
pales : 1e Job maudit le jour de sa. naissance, 3- 10; — 20 il regrette de n'être point 

mort, 11-19; — 30 il se demande pourquoi la vie a été donnée au misérable, 20-26. — 
Sa douleur longtemps comprimée éclate avec véhémence : il se plaint tout d'abord 
avec une amére éloquence de ce qu'il souffre et, aprés avoir épanché ses sentiments, 
il donne la raison de ses. plaintes. Job n'est pas un stoicien, un Titan ou un Pro- 
méthée révolté, comme on l'a prétendu, c'est un homme qui souffre : les aiguillons 
de la maladie lui font pousser des cris d'angoisse; mais comme c'est aussi un juste, 
au fond de sa conscience il demeure ferme, comptant sur la justice de Dieu; Tel 
nous le verrons dans tout le cours du livre, sentant vivement la souffrance, mais fort 
de son innocence et animé d'une confiance inébranlable dans le jugement de Dieu. 

8. Ceux qui maudissent le jour ; les enchanteurs qui ont des formules de bénédie- 
tion et de malédiction pour les jours, qui prédisent des jours heureux ou. malheu- 
reux, et exercent leur pouvoir sur les animaux les plus terribles. Compar. xr, 20; 
xui, 1. — On entend généralement par Léviathan le crocodile. 

12, Ai-je été regu sur des genoux? Voy. Genèse, xxx, 3. 


[cu. 1v.] 

43. Car maintenant, dormant, 
je serais en silence, el je repose- 
rais dans mon sommeil, 

44. Avec les rois et les consuls 
de la terre, qui se bâtissent de 
vastes solitudes; 

15. Avec les princes qui possè- 
dent de l'or, et remplissent leurs 
maisons d'argent. 

16. Ou bien je n'existerais pas, 
comme un avorton caché dans le 
sein de sa mère, ou comme ceux 
qui, conçus, n'ont pas vu la lu- 
miere. 

11. C'est là que des impies ont 
cessé leur tumulte, et là que se 
reposent ceux qui ont perdu leur 
force. 

18. Et ceux qui autrefois étaient 
enchainés ensemble sont sans in- 
quiétude; ils n'entendent pas la 
voix d'un exacteur. 

19. Des grands et des petits 
sont là, et un esclave est délivré 
de son maitre. 

20. Pourquoi la lumière a-t-elle 
été donnée aux malheureux, et la 
vie à ceux qui sont dans l'amer- 
tume de l'àme, 


JOB. 


1017 


91. Qui attendent la mort (et 
elle ne vient pas), comme s'ils 
déterraient un trésor, 

. 92. Et qui se réjouissent extré- 
mement, lorsqu'ils ont trouvé un 
sépulcre ; 

23. À un homme dont la voie 
est cachée, et que Dieu entoure 
de ténèbres? 

24. Avant que je mange, je 
soupire; et comme les eaux qui 
débordent, ainsi sont mes rugis- 
sementls, 

25. Parce que la frayeur que je 
redoutais m'est venue, et ce que 
jappréhendais est arrivé. 

26. N'ai-je pas dissimulé? n'ai- 
je pas gardé le silence? ne suis-je 
pas resté dans le repos? Cepen- 
dant lindignation de Dieu est 
venue sur moi. 


CHAPITRE Iv. 


Eliphaz accuse Job d'impatience. Il sou- 
tient que l'homme ne peut étre affligé 
que pour ses péchés, et que Job ne doit 
pas se croire innocent devant Dieu. 


1. Or, répondant, Eliphaz, le 
Thémanite, dit : 


13. La mort est souvent appelée dans l'Ecriture un sommeil, pour nous rappeler le 
souvenir de la résurrection future. 

14. Les consuls; les conseillers des rois, les grands. — Bátissent de vastes soliludes ; 
c'est-à-dire de superbes mausolées, où ils sont ensevelis seuls, ou bien ils bátissent 
de magnifiques palais dans de vastes solitudes. 

18. Enchainés ensemble. On enchainait deux ensemble les esclaves fugitifs et indo- 
ciles. — Job ne nie point ici les jugements que Dieu doit exercer contre les méchants 
aprés leur mort; mais il parle un langage humain et conforme à la maniére ordi- 
naire de regarder la mort, c'est-à-dire comme la fin de tous les maux de la vie. 

91. Qui attendent la mort, et la recherchent avec autant d'ardeur que s'ils creu- 
saient la terre pour trouver un trésor. 

23. À un homme; c'est le complément de pourquoi lu lumière ou la vie a-t-elle été 
donnée, du verset 20. — Dont la voie est cachée. Le sentier dans lequel il doit mar- 
cher est tellement couvert, qu'il ne sait où poser le pied. 


1. * Après le monologue de Job, ses trois amis vont paraître successivement en 
scène. Ils défendront tous la même thèse : que l'on n'est malheureux que par sa 
faute et en punition de ses péchés. 19 Eliphaz, vrai scheik patriarcal, grave, digne, 
plus calme et plus réfléchi que ses deux amis, est nommé le premier et prend lc 
premier la parole, parce qu'il est le plus âgé de tous, xv, 10, et peut-être aussi 
parce qu'il est de Théman, dont la sagesse est célèbre, Jér., xux, 7; Αδα., 8; Ba- 


1018 


2. Si nous commençons à te 
parler, peut-étre le supporteras- 
tu avec peine; mais qui pourrait 
retenirles parolesqu'ilaconeues? 

3. Voilà que tu as instruit un 
grand nombre de personnes et 
fortifié des mains affaiblies. 

4. Tes discours ont affermiceux 
qui vacillaient, et tu as fortifié 
les genoux tremblants. 

9. Mais maintenant 18 plaie est 
venue sur toi, et tu as perdu cou- 
rage; elle t'a touché, et tu es 
troublé. 

6. Où donc est ta crainte de 
Dieu, ta force, ta patience, la 
perfection de tes voies? 

Cherche dans ton souvenir,‏ .ד 
je t'en conjure ; qui a jamais péri‏ 
innocent? ou quand des justes‏ 
ont-ils été exterminés ?‏ 

8. Mais plutôt j'ai vu que ceux 
qui opèrent l'iniquité, sement des 


JOB. 


[cu. 1v.] 
9. Ont péri au souffle de Dieu, 
et que par le vent de sa colère ils 
ont été consumés. 

10. Le rugissement du lion, e 
la voix de la lionne et les dents 
des petits lions ont été brisés. 

|t. Le tigre ἃ péri, parce qu'il 
n'avait pas de proie, et les petits 
du lion ont été dissipés. 

12. Gependant une parole se- 
crete m'a été dite, et mon oreille 
a saisi comme furtivement la 
suite de sa susurration. 

13. Dans l'horreur d'une vi- 
sion nocturne, quand le sommeil 
a coutume de s'emparer des 
hommes, 

14. L'effroi me saisit, et un 
tremblement; et tous mes os fu- 
rent glacés d'épouvante. 

15. Et comme un esprit passait, 
moi présent, lespoils de ma chair 
se hérisserent. 


douleurs et les moissonnent, 16. Il s'arrêta quelqu'un dont 


ruch, 11, 22-23. Il témoigne d'abord à Job, dans son premier discours, plus d'affec- 
tion et de sympathie que ses deux compagnons, mais, trompé par une foi aveugle 
à une opinion qu'il n'a jamais entendu contester, savoir que l'on ne souffre jamais 
que parce qu'on l'a mérité, il ne croit pas à l'innocence de celui qu'il est venu con- 
soler, et ne tarde pas à se montrer dur et injuste à son égard. La vérité qu'il s'at- 
tache le plus à faire ressortir dans son langage, c'est la majesté et la pureté de 
Dieu, 1v, 12-24; xv, 12-16. — Eliphaz ouvre la discussion avec la confiance qu'inspire 
l'expérience et sur le ton d'un prophéte. C'est dans son premier discours qu'il parle 
avec le plus d'assurance. Le fond de son langage est vrai d'ailleurs; il n'est faux que 
dans l'application exagérée qu il en fait au cas présent Tout se lie trés bien dans ce 
que dit Éliphaz; au point de vue de la disposition oratoive et de l'arrangement des 
parties, ce discours est le plus parfait du poème. La révélation et l'expérience, les 
habitants du ciel et ceux de la terre lui ont appris à quoi s'en tenir sur le probléme 
de la souffrance : 4° Job ne doit pas oublier qu'il a consolé autrefois des malheureux 
en leur disant que ce ne sont que les méchants, non les justes, qui périssent, 1v, 
9-11, — 9» Une vision nocturne lui a appris à lui-même que personne n'est juste devant 
Dieu, rv, 12-21. — 3» Le chagrin qui empêche Job de recourir à l'intercession des anges 
est la cause de la ruine des insensés, v, 1-7. — 49 Il doit se tourner vers Dieu, le juge 
équitable du juste et de l'impie, v, 8-16. — 5» Heureux celui que Dieu chátie! Dieu, par 
ce châtiment, veut lui préparer un grand bonheur, v, 17-27. Chacune de ces cinq 
pensées est tout à la fois une thése et un reproche contre Job. 

1. Qui a jamais péri, etc. On peut être innocent et périr en cette vie; on peut être 
éprouvé par des malheurs et cependant étre juste et innocent. Plusieurs prophétes 
et les martyrs en offrent un exemple sensible. ἢ 

12. La suite; littér. les veines. 1| paraît certain que saint Jérôme a donné ici au 
mot latin vena le sens qu'on lui trouve dans le moyen âge, celui de, série, ordre, 
ordo, series. 


]68. v.] 


je ne connaissais pas le visage, 
un spectre devant mes yeux, et 
j'entendis sa voix comme un léger 
souffle : 

17. Est-ce qu'un mortel, com- 
paré à Dieu, sera trouvé juste, 
ou un homme sera-t-il plus juste 
que son créateur? 

18. Voilà que ceux qui le ser- 
vent ne sont pas stables, et mé- 
me dans ses anges il a trouvé de 
la dépravation. 

19. Combien plus ceux qui ha- 
bitent des maisons de boue, qui 
ont un fondement de terre, se- 
ront comme rongés de vers! 

90, Du matin au soir, ils se- 
ront moissonnés ; parce que nul 
n'a lintelligence, ils périront 
éternellement. 

21. Ceux mémes qui sont res- 
tés d'entre eux seront emportés; 
ils mourront, mais non dans la 
sagesse. 


CHAPITRE V. 


Eliphaz soutient que la prospérité des 
impies est toujours promptement dis- 
sipée. Il exhorte Job à recourir à Dieu 
par la pénitence. 


1. Appelle donc, s’il y ἃ quel- 
qu'un qui te réponde, et tourne- 
toi vers quelqu'un des saints. 

9. Certes, 16 courroux tue l'in- 


JOB. 


1013 


sensé, et l'envie fait mourir le 
jeune enfant. 

3. Moi, jai vu linsensé avec 
une forte racine, et j'ai maudit 
sa beauté aussitót. 

4. Ses fils se trouveront loin 
du salut, et ils seront brisés à la 
porte, et il n'y aura personne qui 
les délivre. 

8. Le famélique mangera sa 
moisson : 120000226 armé le ra- 
vira lui-méme, et ceux qui ont 
soif boiront ses richesses. 

6. Rien sur la terre ne se fait 
sans cause, et ce n'est pas du sol 
que provient la douleur. 

7. L'homme naît pour le tra- 
vail, et l'oiseau pour voler. 

8. Cest pourquoi je prierai le 
Seigneur, et c'est à Dieu que j'a- 
dresserai ma parole, 

9. Lui qui fait des choses gran- 
des, impénétrables et admira- 
bles, sans nombre ; 

10. Qui donne de la pluie sur 
la face de la terre, et arrose 
d'eaux tous les lieux ; 

11. Qui élève les humbles, ra- 
nime ceux qui sont abattus en 
les protégeant ; 

12, Qui dissipe les pensées des 
méchants, afin que leurs mains 
ne puissent accomplir ce qu'elles 
avalenl commencé ; 


ὕπαρ. IV. 11. Infra, xxv, 4. — 18. Infra, xv, 15; 11 Pierre, it, 4; Jude, 6. 


18. Ceux qui le servent, etc.; c'est-à-dire les anges ne sont point par eux-mêmes 
et sans un secours divin capables de se maintenir dans le bien. — Dans ses anges; 
déchas, qui quoique si purs et si parfaits, sont cependant tombés dans l'orgueil et 
l'infidélité. 

21. Non dans la sagesse; dans leur folie, en insensés. 

1. Appelle donc, etc. Des adversaires du catholicisme ont prétendu prouver par ce 
passage que nous ne devions pas invoquer les saints, attendu qu'ils ne pouvaient 
connaitre nos prières. D'abord les discours des amis de Job ne sont pas des dogmes 
reconnus pour tels par l'Eglise. Ensuite le but d'Eliphaz ici est tout simplemeut de 
prouver à Job que, puisqu'aucun saint n'a été traité de Dieu comme lui, il faut né- 


cessairement que la cause de ses misères et de ses souffrauces soit ses propres 
péchés. 


1090 


13. Qui surprend les sages dans 
leur finesse, et dissipe le conseil 
des pervers. 

14. Dans le jour ils rencontre- 
ront des ténèbres, et comme 
dans la nuit, ainsi ils tâtonne- 
ront à midi. 

15. Mais Dieu sauvera l'indi- 
gent du glaive de leur bouche, 
et le pauvre de la main du vio- 
lent. 

16. Et il y aura de l'espérance 
pour lindigent, mais l'iniquité 
contractera sa bouche. 

11. Heureux l'homme qui est 
corrigé par Dieu! ne repousse 
donc pas le châtiment du Sei- 
gneur, 

18. Parce que lui-même blesse, 
et il donne le remède ; il frappe, 
et ses mains guériront. 

19. Dans six tribulations il te 
délivrera, et, à la septième, le 
mal ne te toucherapas. 

20. Dans la famine, il te sau- 
vera de la mort, et à la guerre, 
de la main du glaive. 

91. Tu seras mis à couvert du 
fouet de la langue, et tu ne crain- 


Cap. V. 13. I Cor., ur, 19. 


JOB. 


[cu. vi.] 


dras pas la calamité lorsqu'elie 
viendra. 

22. Dans la désolation et la 
faim tu riras, et tu ne redoute- 
ras pas les bétes de la terre. 

23. Il y aura méme un accord 
entre toi et les pierres des 
champs; et les bétes de la terre 
seront pacifiques pour toi. 

24. Et tu verras que ton taber- 
nacle aura la paix ; et, visitant ta 
beauté, tu ne pécheras pas. 

25. Tu verras aussi que ta race 
se multipliera, et ta postérité 
croitra comme l'herbe de la terre. 

26. Tu entreras dans labon- 
dance au sépulcre, comme un 
monceau de blé qui est rentré en 
son temps. 

27. Vois, ceci est comme nous 
l'avons observé : ce que tu as 
entendu, repasse-le en ton esprit. 


CHAPITRE VI. 


Job justifie ses plaintes. Il souhaite de 
mourir, de peur de perdre la patience. 
Il reproche à ses amis l'injustice de 
leurs accusations. 


1. Or, répondant, Job dit : 


16. Contractera sa bouche ; c'est-à-dire la fermera; il restera muet. 
, , 


19. Dans six tribulations, etc. C'est une expression poétique, qui paraît signifier que 
Dieu empéchera toujours que les malheurs dans lesquels l'homme peut tomber ne 
lui nuisent en aucune sorte, pourvu qu'il s'humilie et se soumette à ses ordres. 

99. Les béles de la terre; c'est-à-dire des bêtes sauvages. 

23. ll y aura méme, etc. Tu ne te heurteras pas contre les pierres; elles ne blesse- 
ront pas tes pieds. Anciennement on marchait nu-pieds. C'est linterprétation la 
plus simple; elle est justifiée d'ailleurs par un assez grand nombre d'expressions 
analogues. — Ta beauté, c'est-à-dire {a femme, selon quelques-uns; mais l'hébreu, 
les Septante, la paraphrase chaldaïque, 16 syriaque et l'arabe portent {a demeure, ta 
maison. — Tu ne pécheras pas; ou bien selon d'autres d’après un des sens de l'hé-. 
breu, £u ne feras pas de faux pas, lu ne manqueras pas ton but. 

96. Tu entreras, etc.; tu mourras riche. 


1. * Ile discours de Job; Ire réponse à Éliphaz, vr-vit. Le discours d'Éliphaz a sur-, 

ris et affligé Job qui trouve, au lieu d'un consolateur, un accusateur : 19 Il justifie” 
marrer: de ses plaintes par la grandeur de ses maux; ils sont tels qu’en face de 
la mort qui approche, il n'a d'autre consolation que de n'avoir point renié Dieu, vr, 
2-10. — 2» Reproches indirects à ses amis qui ne l'ont point consolé et ont trahi ses 


"שג 


[cu. vi.] 


2. Plût à Dieu que mes péchés, 
par lesquels j'ai mérité sa colère 
et les maux que je souffre, fus- 
sent pesés dans une balance! 

3. Ceux-ci paraitraient plus 
lourds que le sable de la mer : 
c'est pourquoi aussi mes paroles 
sont pleines de douleur. 

4. Car les flèches du Seigneur 
sont en moi; et leur indignation 
a épuisé mes esprits, et les ter- 
reurs du Seigneur combattent 
contre moi. 

ὃ. Est-ce qu’un onagre rugira, 
lorsqu'il aura de l'herbe? ou est- 
ce qu'un bœuf mugira, lorsqu'il 
sera devant une crèche pleine? 

6. Ou pourra-t-on manger un 
mets insipide qui n'est pas assai- 
sonné de sel? ou quelqu'un peut- 
il goüter ce qui donne la mort 
quand on l'a goüté? 

7. Ce qu'auparavant mon âme 
ne voulait pas toucher est main- 
tenant, daus ma détresse, ma 
nourriture. 

8. Qui me donnera que ma 
demande soit accomplie, que ce 
que j'attends, Dieu me l'octroie? 

9. Que celui qui a commencé 
me brise lui-méme, et qu'il m'ex- 
tirpe; qu'il donne libre cours à sa 
main? 

10. Et que j'aie cette consola- 
tion, que, tandis que m'affligeant 


JOB. 


1021 
par la douleur, il ne m'épargne 
point, je ne contredise pas les 
paroles du Saint? 

11. Car quelle est ma force, 
pour que je tienne ferme? ou 
quelle est ma fin, pour que j'a- 
gisse patiemment? 

19. Ce n'est pas une force de 
pierres, que ma force, et ma chair 
n'est pas d'airain. 

13. Voici que je n'ai pas de se- 
cours en moi, et mes amis méme 
se sont retirés de moi. 

14. Celui qui retire à son ami la 
miséricorde abandonne la crainte 
du Seigneur. 

15. Mes freres ont passé devant 
moi comme un torrent qui tra- 
verse rapidement les vallées. 

16. Ceux qui craignent la gelée, 
la neige tombera sur eux. 

11. Dans le temps oü ils com- 
menceront à se répandre, ils péri- 
ront; et, des que la chaleur vien- 
dra, ils disparaitrontde leur place. 

18. Les sentiers oü ils dirigent 
leurs pas sont cachés; ils mar- 
cheront surle vide, etils périront. 

19. Considérez les sentiers de 
Théma, les chemins de Saba, et 
attendez un peu. 

20. Ils sont confus, parce que 
j'ai espéré; ils sont méme venus 
jusqu'à moi, etils ont été couverts 
de confusion. 


espérances, vi, 11-20. — 3» Reproches directs : ils ne lui ont donné que de vaines pa- 


roles, vi, 21-30. — 40 Misère de l'homme en général et de Job en particulier : 


tableau 


destiné à les apitoyer sur son sort, vir, 1-10. — 59 Prière à Dieu : Pourquoile frappe-t-il 
81 cruellement? Pourquoi, s'il ἃ péché, ne lui pardonne-t-il pas? vir, 11-21. 


5. * Un onagre, àne sauvage. 


1. Mon âme, hébraisme pour ma personne, moi. 


10. Saint; par excellence, Dieu. 


.. M. Quelle est ma fin? c'est-à-dire quelle sera la fin de ma vie, pour que je puisse 
conserver ma patience jusque-là ? 
16. En me fuyant, mes amis croient éviter un mal; mais, par une juste punition 

de leur inhumanité, ils tomberont dans un autre bien plus grand. 
18. Sont cachés (compar. π|, 23); selon d'autres, délournés, tortueuz, 


1022 

91. C'est maintenant que vous 
étes venus, et c'est à l'instant 
méme que, voyant ma plaie, vous 
craignez. 

99. Est-ce que j'ai dit : Secou- 
rez-moi, et donnez-moi de votre 
bien? 

93. Ou: Délivrez-moi de la main 
d'un ennemi, et arrachez-moi à 
la main des forts? 

24. Enseignez-moi, et moi je me 
tairai; et si par hasard j'ai ignoré 
quelque chose, instruisez-moi. 

98. Pourquoi avez-vous dé- 
primé des paroles de vérité, 
puisque nul d'entre vous ne peut 
me convaincre? 

26. C'est seulement pour adres- 
ser des reproches que vous ajus- 
tez des mots, et c'est au vent que 
vous lancez des paroles. 

27. C'est sur un orphelin que 
vous vous ruez, et vous 146102 de 
renverser votre ami. 

98. Cependant, ce que vous avez 
commencé, achevez-le; prétez 
l'oreille, et voyez si je mens. 

20. Répondez, je vous en con- 
jure; et, disant ce qui est juste, 
jugez. 

30. Et vous ne trouverez pas 
d'iniquité sur ma langue ; dans 
ma bouche la folie ne retentira 
pas. 

CHAPITRE VII. 


Maux communs à tous les hommes. Job 
représente a" Seigneur sa misère et sa 
faiblesse, et 15 supplie de lui pardonner 
son péché. 


1. C'est une milice que la vie 


77-ה 


JOB. 


[cu. νπ.] 


de l'homme sur la terre ; et ses 
jours sont comme les jours d'un 
mercenaire. 

9. Comme un esclave désire 
lombre, et comme un merce- 
naire attend la fin de son ou- 
vrage, 

3. Ainsi moi aussi j'ai eu des 
mois vides, et j'ai compté des 
nuits laborieuses. 

4. Si je m'endors, je dis : 
Quand me lèverai-je? et de nou- 
veau j'attends le soir, et je suis 
rempli de douleur jusqu'aux té- 
nèbres. 

5. Ma chair est revêtue de 
pourriture et d'une sale pous- 
siere; ma peau s'est desséchée et 
contractée. 

6. Mes jours ont passé plus 
promptement que la trame n'est 
coupée par un tisserand; et ils 
ont été consumés sans aucune 
espérance. 

1. Souvenez-vous que ma vie 
est un souffle, et que mon oeil 
ne reviendra pas pour voir le 
bonheur. 

8. Le regard de l'homme ne 
m'apercevra pas; vos yeux se 
porleront sur moi, mais je ne 
serai plus. 

9. Comme un nuage se dissipe 
et passe, ainsi celui qui descend 
dans les enfers ne montera pas. 

10. Il ne reviendra plus dans sa 
maison, et son lieu ne le con- 
naitra plus. 

11. C'est pourquoi moi-même 
je ne retiendrai pas ma bouche; 


3. Des mois vides de repos et de consolations. 

4. Jusqu'auz ténèbres; c'est-à-dire jusqu à la nuit. 

5. D'une sale poussière; littér. et par hébraisme, de saletés de poussière. 

9. Les enfers. Voyez pour la vraie signification de ce mot, Genèse, xxxvir, 35. 

10, Son lieu; c'est-à-dire le lieu où il était auparavant, son habitation, sa demeure, 


(cu. vur.] 


je parlerai dans la tribulation de 
mon esprit; je m'entretiendrai 
avec l'amertume de mon àme. 

19. Est-ce que je suis une mer, 
ou un monstre marin, pour que 
vous m'ayez enfermé dans une 
prison? 

13. Si je dis: Mon lit me con- 
solera, et je serai soulagé en me 
parlant sur ma couche, 

14. Vous m'épouvanterez par 
des songes, et par des visions 
vous m'agiterez d'horreur. 

15. C'est pour ce motif que mon 
âme a choisi une destruction vio- 
lente, et mes os, la mort. 

16. J'ai perdu toute espérance; 
je ne saurais vivre davantage : 
épargnez-moi; car mes jours ne 
sont rien. 

17. Qu'est-ce qu'un homme, 
pour que vous fassiez un si grand 
cas de lui? ou pourquoi mettez- 
vous sur lui votre cœur? 

48. Vous le visitez au point du 
jour, et aussitôt vous l'éprouvez, 


JOB. 


1023 
19. Jusques à quand ne m'é- 
pargnerez-vous point, et ne me 
laisserez-vous pas avaler ma sa- 
live? 

20. J'ai péché, que ferai-je pour 
vous, ὃ gardien des hommes? 
Pourquoi m'avez-vous mis en 
opposition avec vous, et suis-je 
à charge à moi-méme? 

21. Pourquoi n'ótez-vous point 
mon péché, et pourquoi n'enle- 
vez-vous pas mon iniquité? Voilà 
que maintenant je dormirai dans 
la poussière, et, si vous me cher- 
chez dés le matin, je ne serai 
plus. 


CHAPITRE VIII. 


Baldad soutient que les malheurs de Job 
sont la peine de ses péchés. Il traite 
d'hypocrisie la vertu de Job, et l'exhorte 
à recourir à Dieu. 


1. Mais, répondant, Baldad, le 
Suhite, dit : 

2. Jusques à quand diras-tu de 
telles choses, et les paroles de ta 


15. Mon âme a choisi; c'est-à-dire je préférerais (Compar. vi, 7). — Une destruction 
violente; littér. l'action de se pendre; hébr. l'étranglement. Le sens du verset est donc : 
Tout mon étre préférerait une mort violente et cruelle aux maux que je souffre. 

11. Pour que vous fassiez un si grand cas de lui; en l'examinant, l'éprouvant et 
laffligeant. — Metlez-vous, etc., c'est-à-dire songez-vous à lui, vous occupez-vous de 
lui? 

20. En parlant ainsi Job ne murmurait nullement contre Dieu, mais il déplorait 
seulement les suites funestes du péché originel. 


1. * Baldad, dont le nom signifie > fils de contention », n'a ni une grande originalité 
ni une grande indépendance de caractère ; il s'appuie en partie sur les maximes des 
sages anciens, en partie sur l'autorité de son ami plus àgé, Éliphaz. Son tempéra- 
ment est plus violent que celui de ce dernier; il a moins d'arguments et plus d'in- 
vectives; son langage est aussi moins riche; il est abrupt, sans tendresse. 

9. Qui souffle de tout côté; littér. mulliplié. Le terme hébreu correspondant a aussi 
cette signification. Cependant on le traduit assez généralement par grand, fort, im- 
pétueux. — * 19) discours de Baldad, vir. Baldad voit dans la réponse de Job à Eli- 
phaz une accusation d'injustice portée contre Dieu; il lui répète done à sa manière 
le discours de son vieil ami. Dieu n'est pas injuste : ses enfants avaient donc mérité 
la mort par leurs péchés et lui-méme expie actuellement ses propres fautes. Son 
bonheur d'autrefois prouve seulement que Dieu avait différé à le punir. La pensée 
dominante, c'est que si Job ne veut pas en croire ses amis, il croie du moins les 
anciens sages dont Baldad rapporte les pensées, quand il annonce que le bonheur 
des méchants n'est pas durable et que Dieu punit ceux qui l'ont mérité. La suite de 


1024 


bouche seront-elles comme un 
vent qui souffle de tout côté? 

3. Est-ce que Dieu pervertit le 
jugement, ou le Tout-Puissant 
subvertit-il la justice? 

4. Quand méme tes enfanls 
auraient péché contre lui, et 
qu'il les aurait abandonnés à la 
main de leur iniquité, 

5. Si toi cependant tu te leves 
au point du jour pour aller vers 
Dieu, et que tu pries le Tout- 
Puissant; 

6. Si tu marches pur et droit, 
aussitôt 11 s'éveillera pour toi, et 
il donnera la paix à la demeure 
de ta justice; 

7. Tellement que, si tes pre- 
miers biens ont été peu de cho- 
se, tes derniers seront extrème- 
ment augmentés. 

8. Interroge, en effet, la géné- 
ration passée, et consulte avec 
soin la mémoire des pères ; 

9. (Car nous sommes d'hier, 
et nous ignorons que nos jours 
sur la terre sont comme une 
ombre.) 

10. Et eux-mêmes t'instruiront; 


Cap. VIII. 9. Infra, xiv, 2; Ps. cxuui, 4. 


JOB. 


feu. νιπ.] 


ils te parleront, et c'est de leur 
cœur qu'ils tireront leurs paroles 

11. Est-ce que le jonc peut ver- 
dir sans humidité, ou le carex 
croitre sans eau? 

19. Lorsqu'il est encore en 
fleur, et qu'il n'a pas été cueilli 
par une main, il seche avant 
toutes les herbes. 

13. Ainsi sont les voies de tous 
ceux qui oublient Dieu, et ainsi 
périra l'espoir de l'impie. 

14. Sa folie ne lui plaira pas, et 
sa confiance est comme la mai- 
son de l'araignée. 

15. Il s'appuiera sur sa maison, 
etelle ne tiendra pas debout; il 
létayera, et elle ne subsistera 
pas. 

16. Il parait humide avant 
que vienne le soleil, et à son 
lever, son germe sortira de terre. 

17. Ses racines se multiplieront 
sur un tas de pierres, et il s'ar- 
rétera parmi des cailloux. 

18. Si on l'arrache de sa place, 
elle le reniera et dira : Je ne te 
connais pas. 

19. C'est là, en effet, la joie de 


ses idées est celle-ci : 19 Avis et reproches à Job qui a parlé à Dieu sans respect, 2-7. 
— 9» Appel aux anciens sages qui attestent queles impies sont voués à la perdition, 
8-19. — 39 Horizon de bonheur pour Job, s'il se convertit, 20-22. 

6. La paix ; c'est-à-dire toute sorte de prospérités. — La demeure de ta justice ; la 
demeure qui t'appartiendra, à toi homme juste, dans laquelle tu te conduiras selon 


la justice. 


8. Des péres; selon l'hébreu, de leurs pères, c'est-à-dire des pères de la génération 
passée. Le singulier génération, étant un nom collectif, peut concorder avec un 


pluriel. 
11. * Carez, espèce de jone.: 
19. Lorsqu'il est; c'est-à-dire, le carex. 


14. Sa folie, etc. 11 condamnera lui-même sa folle espérance. — La maison de l'a- 


raignée est sa toile. 


11. Il s'arrétera; il pullulera méme au milieu des cailloux. Sa prospérité paraîtra 


d'abord ferme et inébranlable. 


18. Lorsque l'impie tombe dans l'infortune, mème ceux qui l'approchaient de plus 


prés le renient comme un inconnu. 


19. La joie de sa voie; c'est-à-dire le bonheur de son état, de sa situation. Le sens 
de ce verset est donc : C'est à quoi se réduit la prospérité du méchant sur la terre; 


(cn. 1x.] 
sa voie, que d'autres germent 
ensuite de la terre. 

90. Dieu ne rejette pas un 
homme simple, et il ne tendra 
pas la main à des méchants, 

91. Jusqu'à ce qu'un sourire 
remplisse ta bouche et un cri de 
joie tes lèvres. 

22. Ceux qui te haïssent seront 
couverts de confusion, et le ta- 
bernacle des impies ne subsistera 
pas. 


CHAPITRE IX. 


Job reconnaît que Dieu est infiniment 
juste dans ses jugements. Il relève la 
sagesse et la puissance du Seigneur. Il 
s'abaisse et se confond devant lui. Il le 
supplie de lui donner quelque relàche. 


4. Et, répondant, Job dit : 

2. Assurément, je vois qu'il en 
est ainsi, et qu un homme com- 
paré à Dieu n'est pas trouvé 
juste. 

3. S'il veut disputer avec lui, 
il ne pourra répondre une chose 
sur mille. 


JOB. 


1025 


4. Dieu est sage de cœur et 
puissant en force : qui lui a ré- 
sisté, et a eu la paix? 

9. C'est lui qui ἃ transporté 
des montagnes, et ceux quil a 
renversés dans sa fureur ne s'en 
sont pas apercus. 

6. C'est lui qui remue la terre 
de sa place, et /0// que ses co- 
lonnes sontrenversées. 

7. C'est lui qui commande au 
soleil, et le soleil ne se lève pas; 
et qui renferme les étoiles comme 
sous un sceau. 

8. C'est lui qui seul étend les 
cieux, et qui marche sur les flots 
de la mer. 

9. C'est lui qui a fait Arcturus, 
Orion, les Hyades et les astres 
cachés du midi. 

10. C'est lui qui fait des choses 
grandes, incompréhensibles et 
admirables qui sont sans nombre. 

11. S'il vient à moi, je ne le 
verrai pas: s'il s'en va, je ne m'en 
apercevrai pas. 


il se séche sur la terre, afin que d'autres croissent comme la plante et se développent 


en prenant sa place. 


20. Simple: c'est-à-dire innocent, juste, parfait. 


20-22. Le Seigneur ne tabandonuera pas, si tu vis dans la justice; il te rétablira 
dans ton premier état, et te rendra la joie et le bonheur dont tu jouissais aupara- 
vant, et, de plus, tes ennemis seront couverts de confusion. 


1. * IIIe discours de Job; sa l'e réponse à Baldad, 1x-x. Comme Job n'a point dit 
que Dieu est injuste, toute l'argumentation de Baldad porte à faux, mais elle est 
blessante pour le juste malheureux à qui l'on affirme que ses souffrances sont mé- 
ritées. 19 Job répète donc à son tour qu'il sait que Dieu est juste et puissant, 1x, 2-12. — 
20 Mais il n'en proteste pas moins de son innocence, ΙΧ, 13-24. — 30 Il n'aceuse pourtant 
pas Dieu d'injustice, parce qu'il est peut-étre coupable de quelques fautes, mais il 
voudrait pouvoir lui répondre, s'il l'accuse, pour se justifier, 1x, 25-35. — 40 Comment 
Dieu peut-il en effet l'afflger si sévèrement, lui qui connait son innocence? x, 1-12. 
— 5° Qu'il daigne donc adoucir ses maux avant sa mort, x, 13-22. 

3. Les luthériens se servent de ce passage pour établir que nul homme n'a vérita- 

lement la justice intérieure devant Dieu. Mais c'est un abus évident qu'ils en font; 


car ce passage signifie seulement ou que l'homme qui voudra se comparer à Dieu ne 


pourra étre justifié, parce que cette comparaison méme est l'effet d'un grand orgueil, 
ct le fait déchoir dela justice qu'il pouvait avoir; ou que toute la justice de l'homme, 
étant comparée à celle de Dieu, n'est rien. 
6. * Qui remue la terre, par les tremblements de terre. 
9, * Arcturus, la constellation de la grande Ourse. 


A. T. 


^ o— 


1090 


lui répondra? ou qui peut dire : 
Pourquoi faites-vous ainsi? 

13. C'est Dieu à la colere du- 
quel personne ne peut résister, 
et sous qui se courbent ceux qui 
portent l'univers. 

14. Combien grand suis-je donc 
moi, pour que je lui réponde et 
que je lui parle avec mes propres 
paroles? 

15. Quand j'aurais en moi quel 
que justice, je ne répondrais rien, 
mais j'implorerais mon juge. 

16. Lors méme qu'il m'aurait 
exaucé, quand je l'invoquais, je 
ne croirais pas qu'il eüt entendu 
ma voix. 

11. Car il me brisera dans un 
tourbillon, et il multipliera mes 
plaies méme sans raison. 

18. Il ne permet pas que mon 
esprit se repose, et il me remplit 
d'amertumes. 

19. Si j'ai recours à la force, 
il est très puissant ; si à l'équité 
d'un jugement, personne n'ose 
rendre témoignage pour moi. 


408. 
19. S'il interroge soudain, qui ! 


(eu. 1x.] 
20. Si je veux me justifier, ma 
propre bouche me condamuera; 
si je me montre innocent, il 
prouvera que je suis pervers. 

21. Quand je serais juste, mon 
âme lignorerait méme, et j'au- 
rais du dégoût pour ma vie. 

22. Je n'ai dit qu'une seule 
chose, c'est que Dieu détruit et 
l'innocent et l'impie. 

23. S'il frappe, qu'il tue tout 
d'un coup, et qu'il ne se rie pas 
des peines des innocents. 

24. La terre a été livrée aux 
mains de l’impie ; il voile le vi- 
sage de ses juges ; que si ce n'est 
pas lui, qui est-ce donc? 

25. Mes jours ont été plus ra- 
pides qu'un coureur: ils ont fui 
et n'ont pas vu de bonheur. 

26. lls ont passé comme des 
vaisseaux qui portent des fruits, 
comme un aigle qui vole vers sa 
טוא‎ 

27. Lorsque je dis:Je neparlerai 
plus ainsi, je change de visage, et 
je suis tourmenté par la douleur. 
28. Je redoutais toutes mes 


13. Ceux qui portent l'univers sont les anges que le Créateur a établis pour gou- 
verner et comme pour soutenir le monde par la sagesse de leur conduite, et par la 
puissance que Dieu a mise pour cet effet entre leurs mains. 

16. Je ne croirais pas, etc., tant je me sens indigne de l'attention d'un Dieu si saint 
et si élevé, et je ne serais pas assuré que je n'ai plus rien à craindre de sa colére. 

11. Sans raison, connue de moi; car il ne me fait pas connaitre la cause pour 
laquelle il m'ehvoie tant de maux. 

20. Ma propre bouche, etc. Par cela méme que je présume de ma justice, et que je 
me dis innocent, je me rends coupable; car je manque ainsi au respect dü à sa sou- 
veraine majesté. 

23. S'il frappe, etc. Dans son langage oriental et hyperbolique, Job veut dire sim- 
plement que les coups de la main de Dieu sont si terribles, et que le danger de 
tomber dans limpatience et le murmure est si grand, que tout juste doit plutót 
souhaiter la mort, que d'être exposé à une tentation à laquelle il pourrait succomber. 
Il veut dire encore qu'il traite ses plus fidèles amis avec une rigueur qui semblerait 
prouver qu'il est indifférent à ce qu'ils souffrent. Il fait comme le chirurgien qui, 
dans une opération, continue à couper et à trancher les chairs du malade, en 
paraissant sourd et iusensible à ses cris. 

26. Comme, etc., c'est-à-dire avec la rapidité des vaisseaux qui portent des fruits. 
Ces vaisseaux sont trés rapides, soit parce qu'on les charge peu, soit parce qu'on 
abrége le temps de leur traversée le plus possible, alin que les fruits ne se corrompent 
point. 


(cu. x.] 


œuvres, sachant que vous ne me 
pardonneriez pas, si je péchais. 

99. Et si aprés cela je suis 
impie, pourquoi ai-je travaillé 
en vain? 

30. Si j'avais été lavé comme 
dans de l'eau de neige, et si mes 
mains hrillaient comme étant 
très nettes, 

31. Vous me plongeriez néan- 
moins dans la fange, et mes vé- 
tements auraient horreur de mol. 

32. Car je ne répondrai pas à 
un homme qui est semblable à 
moi, et qui peut étre entendu en 
jugement avec moi et à l'égzal de 
moi. 

33. Il n'y a personne qui puisse 
nous reprendre l'un et l'autre, et 
met!re sa main entre les deux. 

34. Qu'il retire de moi sa verge, 
et que sa terreur ne m'épouvante 
point. 

35. Je parlerai et ne le crain- 
drai pas; car, effrayé, je ne puis 
répondre. 


CHAPITRE X. 


Job adresse ses plaintes à Dieu. Il s'hu- 
milie devant lui, et le supplie de lui 
accorder quelque relàche avant la mort. 


1. Mon àme a du dégoüt pour 
ma vie, je 1620281 ma propre 
parole contre moi, je parlerai 
dans l'amertume de mon àme. 

2. Je dirai à Dieu : Ne me 
condamnez pas; indiquez-moi 


joB. 


1027 
pourquoi vous me jugez ainsi. 

3. Est-ce qu'il vous semble bon 
de m'accuser en justice, de m'op- 
primer, moi louvrage de vos 
mains, et d'aider au conseil des 
impies ? 

4. Est-ce que vous avez des 
yeux de chair, ou verrez-vous, 
vous aussj, comme voit un 
homme ? 

9. Est-ce que vos jours sont 
comme les jours d'un homme, 
et vos années comme des années 
humaines, 

6. Pour que vous recherchiez 
mon iniquité, et que vous scru- 
[162 mon péché ; 

7. Et que vous sachiez que 
je n'ai rien fait d'impie, puisqu'il 
n'y ἃ personne qui puisse m'ar- 
racher de votre main? 

8. Ce sont vos mains qui m'ont 
fait et m'ont faconné tout entier 
dans mes contours; et c'est 
ainsi que soudain vous me pré- 
cipitez dans un abime. 

9. Souvenez-vous, je vous prie, 
que vous m'avez fait comme un 
vase d'argile, et que vous me ré-' 
duirez en poussière. 

10. Ne m'avez-vous pas trait 
comme le lait et coagulé comme 
le fromage? 

11. Vous m'avez revétu de 
peau et de chairs, et avec des os 
et des nerfs vous avez fait un 
tout de moi. 


29. Pourquoi ai-je travaillé en vain, en prenant tant de soin d'éviter les moindres 
péchés, et en me purifiant de ceux dans lesquels je craignais d'étre tombé? 
30. Comme. Ni l'hébreu ni le grec ne portent cette particule. 


1. Je lâcherai ma propre parole, etc. Compar. vn, 11. 
1. Et que vous sachiez au moyen d'informations, d'examen et de recherches. 


10. Les anciens croyaient que le fétus se formait dans le sein maternel à la ma- 
nière du lait qui se caille et s'épaissit. Job pouvait d'autant mieux conformer son 
:augage à cette opinion, qu 'aujourd' hui méme la génération e: l'homme est un mys- 
lere incompréhensible. 


1098 


12. Vous m'avez donné vie et 
miséricorde, et vos soins ont 
conservé mon souffle vital. 

13. Quoique vous cachiez ces 
choses dans votre cœur, je sais 
cependant que vous vous souve- 
nez de toutes choses. 

14. Si jai péché, et si sur 
l'heure vous m'avez épargné, 
pourquoi ne souffrez-vous pas 
que je sois purifié de mon ini- 
quité? 

15. Si j'ai été impie, malheur 
est à moi, et si juste, je ne lèverai 
pas la téte, saturé d'affliction et 
de misere. 

16. À cause de mon orgueil, 
vous me prendrez comme la 
lionne, et vous me tourmenterez 
de nouveau prodigieusement. 

11. Vous produisez vos témoins 
contre moi, vous augmentez aussi 
votre colere contre moi, et vos 
châtiments combattent contre 
moi. 

18. Pourquoi m'avez-vous tiré 
du sein de ma mere? 2106 à Dieu 


JOB. 


[cu. xi. 
que j'eusse été consumé ! aucun 
œil ne m'aurait vu. 

19. J'aurais élé comme n'étant 
point, trausporté d'un sein au 
tombeau. 

20. Est-ce que le petit nombre 
de mes jours ne finira pas bien- 
tôt? Laissez-moi donc que je 
pleure un peu ma douleur, 

91. Avant que j'aille d'où je ne 
reviendrai pas. dans une terre 
ténébreuse et couverte d'une obs- 
curité de mort; 

29. Terre de misère et de té- 
nèbres, où r'égne l'ombre de la 
mort, et où z/ n’y 6 aucun ordre, 
mais où habite une éternelle 
horreur. 


CHAPITRE XL. 


Sophar accuse Job de présomption et 
d'orgueil, et l'exhorte à se convertir au 
Seigneur. 


1. Or, répondant, Sophar, le 
Naamathite, dit : 

2. Est-ce que celui qui dit beau- 
coup de choses n'écoutera pas 


13. Quoique vous cachiez, etc.; c'est-à-dire quoique par la manière dont vous me 
traitez aujourd'hui, vous sembliez avoir oublié que je suis votre ouvrage, votre créa- 
ture, comblée autrefois de vos bontés, je suis certain que vous n'étes pas changé, et 
que vous ne m'avez pas rejeté. 

44. Pourquoi voulez-vous aujourd’hui rappeler le souvenir de mes fautes passées ? 

15, Si j'ai été impie, etc. Injuste ou juste, je n'ai pas lieu de me plaindre, ni de 
vous accuser d'injustice. J'adore la profondeur de vos desseins. Compar. ax, 15, 47, 
21, 30, 31. 

16. Comme la lionne; c'est-à-dire comme on prend 18 lionne à la chasse. — Vous 
me lourmenterez de nouveau; littér. et par hébraïsme : revenus, vous me tourmenlerez. 


1. * Sophar diffère de ses deux amis, Éliphaz et Baldad; c'est un jeune homme à la 
parole vive, quelquefois injurieuse et blessante, surtout dans son second discours, xx ; 
c'est le type des esprits étroits et à préjugés de son époque. 

2. * Je discours de Sophar contre Job, xr. Toute la réponse de Job à Baldad se 
résume en ceci : Dieu n'est pas injuste, mais il le punit sévèrement pour des fautes 
légères dont il n'a pas méme conscience. Le fougueux Sophar veut à son tour le 
réfuter : 19 1] reproche à Job d'oser parler avec présomption contre la divine 
sagesse, 2-6, — 20 Cette sagesse est impénétrable et insondable. Si Dieu venait discuter 
avec lui, il lui aurait bientôt prouvé que son sort n'est pas trop dur, 7-12. Cette 
réflexion sur lintervention de Dieu, dés le début, prépare, avec un art achevé, le 
dénouement, xxxvin-xur. — 39 Exhortation à Job : qu'il se tourne vers Dieu avec com- 
ponction et il sera consolé, sinon, comme l'impie, il n'aura pas d'espérance, 15-20, 


ἴσῃ. x1.] 


aussi? Ou bien un homme ver- 
beux sera-t-il absous? 

3. Est-ce pour toi seul que les 
hommes se tairont? Et lorsque 
tu auras raillé tous les autres, 
ne seras-tu réfuté par personne? 

4. Car tu as dit : Ma parole est 
pure, et je suis sans tache, ὁ Dieu, 
en votre présence. 

5. Et plüt au ciel que Dieu par- 
làt avec toi, et qu'il t'ouvrit ses 
lèvres, 

6. Pour te découvrir les secrets 
desa sagesse, et combien 5810] est 
multiple! Alors tu comprendrais 
qu'il exige beaucoup moins de toi 
que ne mérite ton iniquité. 

7. Découvriras-tu par hasard 
les traces de Dieu, et atteindras- 
iu parfaitement jusqu'au Tout- 
Puissant? 

8. ll est plus élevé que le ciel ; 
que feras-tu donc? Il est plus 
profond que l'enfer; comment 
donc le connaîtras-tu ? 

9. Sa mesure est plus longue 
que la terre et plus large que la 
mer. 

10. S'il renverse toutes choses, 
ou s'il les confond ensemble, qui 
le contredira? 

41. Car c'est lui qui connait la 
vanité des hommes; or, voyant 


JOB. 


1029 
l'iniquité, est-ce qu'il ne 18 con- 
sidere point? 

19. Un homme vain s'éleve 
jusqu'à l'orgueil, et il se croit 
libre comme le petit d'un onagre. 

13. Pour toi, tu as endurci ton 
cœur, cependant tu as tendu tes 
mains vers Dieu. 

14. Si tu ótes de toi l'iniquité 
qui est en ta main, et que l'injus- 
tice ne demeure pas dans ton ta- 
bernacle, 

15. Alors, étant sans tache, tu 
pourras lever ta face; tu seras 
stable, et tu ne craindras pas; 

16. Tu oublieras méme ta mi- 
sere, et tu t'en souviendras com- 
me des eaux qui se sont écoulées. 

11. Et il s'élévera pour toi vers 
le soir comme une lumière écla- 
tante du midi, et lorsque tu te 
crois consumé, tu te leveras com- 
me Lucifer. 

18. Et tu auras confiance par 
l'espérance qui te sera proposée; 
et méme enterré, tu dormiras 
tranquille. 

19. Ainsi tu jouiras du repos, 
et il n'y aura personne qui t'ef- 
frayera; le plus grand nombre 
méme implorera ta face. 

20. Mais les yeux des impies 
défailliront; il n'y aura pas de 


CuaP. XI. 19. Lév., xxvi, 6. — 20 Lév. xxvi, 16. 


6. La loi, soit naturelle, soit mosaïque, contenait beaucoup de préceptes. -- 
exige, etc.; littér. que tu es exigé (chátié) par lui selon beaucoup moins de choses. 
1. Les traces; c'est-à-dire les voies. — Parfaitement, ou bien : Le parfait Tout- 


Puissant, ce qui revient au sens de l'hébreu qui porte : 


Puissant. 


La perfeclion du Toul- 


11. Est-ce qu’il ne la considère point, pour la punir un jour? 
13. Vers Dieu; littér. vers lui. Le pronom /ui représente évidemment le mot Dieu, 


exprimé au vers. 1. 


18. Tranquille; sans craindre que ton sépulcre ne soit violé; ou, sûr d'une meil- 


leure condition aprés cette vie. 


19. Implorera ta face; c'est-à-dire recherchera ta faveur. 
20. Leur espérance, etc. Les choses dans lesquelles ils avaient mis leur espérance, 
comme les honneurs et les richesses, seront pour eux des objets d'abomination. 


10950 
refuge pour eux, et leur espé- 
rance deviendra l'abomination de 
leur àme. 


CHAPITRE XII. 


Job reproche à ses amis la fausse con- 


fiance qu'ils ont dans leurs lumières. Il 
relève la souveraine puissance de Dieu. 


1. Et Job, répondant, dit : 

9. Ainsi vous, vous étes les 
seuls hommes, et avec vous 
mourra la sagesse? 

3. Jai cependant un cœur 
comme vous, etje ne voussuispas 
inférieur; qui, en effet, ignore ce 
que vous savez? 

4. Celui qui est raillé par son 
ami comme moi invoquera Dieu, 
et Dieu l'exaucera ; car la simpli- 
cité du juste est tournée en déri- 
sion. 

5. C'est une lampe méprisée 
dans les pensées des riches, mais 
préparée pour un temps marqué. 


JOB. 


(Cu. xi.] 


6. Les tentes des voleurs sont 
dans labondance, et ils provo- 
quentaudacieusement Dieu, quoi- 
que ce soit lui qui ait mis toutes 
choses en leurs mains. 

7. Certes, interroge les bêtes, 
et elles te lenseigneront; et les 
volatiles du ciel, et ils te /'indi- 
queront. 

8. Parle à la terre, et elle te ré- 
pondra; et les poissons de la mer 
te /e raconteront. 

9. Qui ignore que la main du 
Seigneur ἃ fait toutes ces choses? 

10. C'est dans sa main qu'est 
l'àme de tout vivant, et l'esprit 
de toute chair d'homme. 

11. Est-ce que l'oreille ne dis- 
cerne pas les paroles, et le palais 
de celui qui mange la saveur des 
aliments? 

19. Dans les vieillards est !a sa- 
cesse, et dans une longue vie 
la prudence. 


Caap. XII. 3. Infra, xx, 2. — 4. Prov., xiv, 2. — 11. Infra, xxxiv, 3. 


1. * IVe discours de Job: sa Ire réponse 8 Sophar, xri-xiv. Les menaces de Sophar 
blessent le juste innocent. Il réfute d'abord ses amis, xir-xiri, 12; puis il se plaint à 
Dieu lui-même, .טזצ-18 זוא‎ — I. Réfutation de ses amis : 19 Il nie la thèse que le 
châtiment suive toujours le crime ici-bas et que l'affliction soit une preuve de culpa- 
bilité de l'affligé: «Les tentes des voleurs sont dans l'abondance, etils provoquentauda- 
cieusement Dieu », xir, 6. Ses amis n'ont pas le privilège exclusif de la connaissance 
de Dieu, il le connait comme eux par la nature et par la tradition, xn, 2-13. -- Il 
connaît, lui aussi, la puissance et la sagesse de son Maitre, et il la décrit en termes 
magnifiques, ainsi que la Providence générale et particulière, xir, 14-25. — 39 Il ne veut 
pas avoir à faire à eux, puisqu'ils sont aveuglés par leurs préjugés, mais à Dieu, xu, 
4-12. — II. Plainte à Dieu, ,זוזא‎ 13-x1V. — 49 Sa sincérité l'encourage à s'adresser à Dieu 
méme, pourvu qu'il veuille bien ne pas l'accabler par l'éclat de sa majesté, xiu, 13- 
99. — 50 Alors méme que ses péchés seraient aussi grands que ses souffrances, la vie 
est déjà bien assez amére pour que Dieu ne punisse pas si sévérement les fautes qui 
peuvent lui avoir échappé dans sa jeunesse, xr, 23-xiv, 3. — 6° L'origine de l'homme 
est trop basse, sa vie trop triste, pour que Dieu soit sans pitié envers lui, xiv, 4-12. 
— Ἴο Si l'homme devait retourner sur la terre, Dieu pourrait le maltraiter une pre- 
mière fois, mais il n'y revient jamais, xiv, 13-22. 

2. 3. Ce n'est nullement l'orgueil qui inspire à Job ce langage. On a vu, au con- 
traire, combien il s'était humilié devant Dieu, en comparant sa propre justice à 86 
de ce souverain juge de tous les hommes. D'ailleurs la jactance de ses amis qui 
appliquaient faussement des sentences vraies, jusqu'à un certain point, en elles- 
mémes, le forcait à rabaisser leur orgueil; et c'est uniquement dans ce dessein qu'il 
al'air de se glorifier, en montrant leur infériorité. 

12. Dans une longue vie; littér. dans beaucoup de temps. 


(cu. xur.] 


13. En Dieu sont la sagesse et 
la force; c'est lui qui possede le 
conseil et la prudence. 

14. Sil détruit, il n'y a per- 
sonne pour édifier; s'il enferme 
un homme, nul ne pourra lui ou- 
vrir. | 

15. S'il retient les eaux, tout se 
desséchera: et, s'il les lâche, elles 
ravageront la terre. 

16. En lui sont la force et la 
sagesse : il connait et celui qui 
trompe et celui qui est trompé. 

17. ll amène les conseillers à 
une fin insensée, et les juges à 
l'étourdissement. 

48. Il délie le baudrier des rois, 
et ceint leurs reins d'une corde. 

19. Il fait que les prêtres vont 
sans gloire, et il renverse les 
grands; 

20. Changea.:i le langage des 
hommes véric ques, et enlevant 
la science des vieillards. 

21. Il verse le mépris sur les 
princes, en relevant ceux qui 
avaient été opprimés. 

92. C'est lui qui découvre les 
profondeurs des ténèbres, et pro- 
duit à la lumière l'ombre de la 
mort. 

23. C'est lui qui multiplie les 
nations et les perd, et qui, apres 
les avoir renversées, les rétablit 
entierement. 

24. C'est lui qui change le cœur 


14. 15310, xxit, 22; Apoc., ,זוז‎ 7. 


JOB. 


1051 
des princes du peuple de la 
terre; qui les trompe, afin qu'ils 
marchent par où il n’y a point de 
voie. 

25. Ils tátonneront comme 
dans les ténebres, et 7/s ne mar- 
cheront pas à la lumiere, et il les 
fera chanceler comme des hom- 
mes ivres. 


CHAPITRE XII. 


Job continue de se défendre contre les 
reproches de ses amis. Il témoigne sa 
confiance en Dieu, et il lui adresse ses 
plaintes. 


1. Voilà que mon cil a vu tou- 
tes ces choses, et que mon oreille 
les a ouies, et que je les ai com- 
prises une à une. 

2. Et je sais, moi aussi, selon 
votre science, et je ne suis point 
inférieur à vous. 

3. Maiscependant c'est au Tout- 
Puissant que je parlerai, et c'est 
avec Dieu que je désire m'entre- 
tenir, 

4. En montrant auparavant 
que vous étes des fabricateurs de 
mensonge et des défenseurs de 
maximes perverses. 

5. Et plût à Dieu que vous 
gardiez le silence! Vous pourriez 
passer pour sages. 

6. Ecoutez donc ma répri- 
mande, et soyez attentifs au ju- 
gement de mes levres. 


13. En Dieu; littér. En lui. Job désigne ordinairement Dieu parle pronom /ui. 

11. Il amène, etc. Calvin a abusé de ce passage. et d'autres semblables, pour éta- 
blir que Dieu est auteur du péché. Mais. de telles expressions dans les auteurs 
sacrés signifient seulement que Dieu permet qu'on tombe, parce que, par un juge- 
ment, il s'éloigne de ceux qui méprisent sa lumiére, et qui, voulant suivre leur 
propre sagesse, tombent en des écarts qui les conduisent jusqu'à la mort. 

18. Il délie le baudrier, etc.; il dépouille les rois de leur autorité. — 2] ceint, etc.; 
c'ést-à-dire, il les réduit à la condition des esclaves. . 


6. Au jugement de mes lèvres; c'est à-dire aux preuves qui sortiront de ma bouche. 


1032 


7. Est-ce que Dieu a besoin de 
votre mensonge, de maniere que 
vous parliez pour lui un langage 
artificieux ? 

8. Est-ce que vous faites accep- 
tion de sa personne, et que vous 
vous efforcez de juger en faveur 
de Dieu? 

9. Ou cela lui plaira-t-il, lui à 
qui rien ne peut étre caché? Ou 
hien sera-t-il trompé comme un 
homme par vos artifices? 

10. Lui-méme vous blàmera, 
parce qu'en secret vous faites ac- 
ception de sa personne. 

11. Aussilót qu'il s'émouvra, i! 
vous troublera, et sa terreur fon- 
dra sur vous. 

19. Votre mémoire sera sem- 
blable à la cendre, et vos tétes 
superbes seront réduites en boue. 

13. Gardez un peu de temps le 
silence, afin que je dise tout ce 
que mon esprit me suggérera. 

14. Pourquoi déchiré-jema chair 
avec mes dents? Et pourquoi por- 
té-je mon àme entre mes mains? 

15. Quand il me tuerait, c'est en 
lui que j'espérerais; j'exposerai 
donc mes voies en sa présence. 

16. Et lui-méme sera mon sau- 
veur; car aucun hypocrite ne 
viendra en sa présence. 


JOB. 


]68. xmr.] 


11. Ecoutez mon discours, pré- 
tez l'oreille à des énigmes. 

18. Si j'étais jugé, je sais que 
je serais trouvé innocent. 

19. Qui est celui qui veut en- 
trer en jugement avec moi? Qu'il 
vienne : pourquoi me consume- 
rais-je en me taisant? 

20. Seulement, ὁ Diew, ne me 
faites pas deux choses, et je ne me 
cacherai pas devant votre face : 

21. Eloignez votre main de 
moi, et que votre crainte ne m'é- 
pouvante pas. 

22. Appelez-moi, et moi je vous 
répondrai; ou bien je parlerai, 
et vous, répondez-moi. 

22. Combien ai-je d'iniquités et 
de péchés? Montrez-moi mes 
crimes et mes offenses. 

24. Pourquoi me cachez-vous 
votre face, οἱ me croyez-vous 
votre ennemi? 

25. C'est contre la feuille qui 
est emportée par le vent que 
vous montrez votre puissance, 
et c'est la paille desséchée que 
vous poursuivez; 

26. Car vous écrivez contre moi 
des sentences trés rigoureuses, 
et vous voulez me consumer pour 
les péchés de ma jeunesse. 

27. Vous avez mis mes pieds 


8-10. Faire acception de la personne ou de lu face de quelqu'un, c'est, selon le 
langage de l'Ecriture, avoir égard à sa puissance, à sa dignité, en ur mot, à sa posi- 
tion plutót qu'à son vrai mérite personnel; ce que font ordinairement les juges peu 


consciencieux. 


12. Vos téles superbes; littér. vos cous (cervices vestra). 
14. Porté-je, etc., c'est-à-dire, exposé-je ma vie au danger, à la mort? 
16. Aprés et lui-même sera mon sauveur, il y a ellipse de parce que je ne suis pas 


hypocrite. 


17. Des énigmes; des vérités cachées, que vous semblez ne pas vouloir comprendre. 
20. Seulement, ne me failes pas deux choses. Ainsi lisent l’hébreu et la Vulgate ; 
mais les Septante ne portent pas la négation, ce qui s'accorde beaucoup mieux avec 


la suite du discours. 


27. Les chaines ; littér. le nerf, mot qui signifie proprement des liens faits avec des 
nerfs, mais qui s'applique aussi aux cordes, aux chaines, aux menottes, et méme 


aux colliers qu'on mettait aux criminels. 


[cur. x1v.] 


dans les chaines, vous avez ob- 
servé tous mes sentiers, et vous 
avez considéré les traces de mes 
pieds; 

28. Moi qui dois étre consumé 
comme un objet putréfié, et 
comme un vétement qui estrongé 
parles vers. 


CHAPITRE XIV. 


Job expose la brièveté de la vie et les 
miséres de l'homme sur 18 terre, et il 
se console par l'espérance de la résur- 
rection. 


1. L'homme né d'une femme, 
vivant peu de temps, est rempli 
de beaucoup de miseres. 

9. Comme une fleur, il s'éleve, 
et il est brisé. et il fuit comme 
l'ombre, et jamais il ne demeure 
dans un meme éiat. 

3. EL vous croyez, ὁ Dieu, qu'il 
soit digne de vous, d'ouvrir les 
yeux sur un tel étre, et de l'ap- 
peler avec vous en jugement? 

4. Qui peut rendre pur celui 
qui a été concu d'un sang impur? 
N'est-ce pas vous qui seul êtes 
pur? 


JOB. 1033 


5. Les jours de l'homme sont 
courts; le nombre de ses mois 
est en vos mains; vous avez mar- 
qué son terme, lequel ne pourra 
étre dépassé. 

6. Retirez-vous un peu de lui, 
afin qu'il se repose, jusqu'à ce 
que vienne, comme un merce- 
naire, son jour désiré. 

7. Un arbre a de l'espoir : si on 
le coupe, il reverdit, et ses ra- 
meaux poussent. 

8. Quand sa racine aurait vieilli 
dans la terre, quand son tronc 
serait mort dans la poussiere, 

9. A l'odeur de l'eau, il ger- 
mera, et portera des feuilles 
comme auparavant, lorsqu'il fut 
planté. 

10. Mais un homme, lorsqu'il 
est mort et dépouillé et consumé, 
où est-il, je vous prie? 

11. De méme que si des eaux 
se retirent de la mer, elles n’y 
reviennent plus, et que si un 
fleuve tari se desseche, 7/ ne coule 
pas de nouveau, 

12. Ainsi, un homme, lorsqu'il 
s'est endormi, ne ressuscitera 


03%. XIV. 2. Supra, vin, 9; Ps. cxum, 4, — 4. Ps. L, 4. 


4. Celui qui a élé conçu, etc. Job fait évidemment allusion au péché originel ; aussi 
les Péres de l'Eglise, grecs et latins, se sont-ils servis de ce passage pour établir le 
dogme de la tache originelle, source de tous les maux et surtout de la concupis- 
cence. 

5, 6. Il faut évidemment faire violence à ce passage, pour y trouver, comme l'ont 
fait plusieurs hérétiques, de quoi établir une certaine fatalité ou destinée, qui im- 
pose une espèce de nécessité inévitable à tous les hommes, soit pour leur mort, soit 
même pour toutes les actions de leur vie. 

8. Si un tronc était entièrement mort, on ne pourrait, en aucune manière, lui faire 
pousser des rejetons; mais il arrive souvent qu’un tronc qui paraît mort conserve 
encore, dans l'intérieur, quelque fibre vivante que l'humidité met en action. 

10. * Où est-il, je vous prie? Les vivants ne peuvent plus le trouver, le voir et lui 
parler. 

11. Elles n'y reviennent plus... il ne coule pas de nouveau. Ges mots ou autres sem- 
blables sont évidemment sous-entendus. Au reste les ellipses de ce genre se ren- 
contrent souvent dans l'Ecriture. 

12. Lorsqu'il s'est endormi; lorsqu'il est mort. Ce qui est dit dans ce verset s'ap- 
plique trés vraisemblablement à la résurrection qui aura lieu à la fin du monde. 


1034 
point jusqu'à ce que le ciel soit 
détruit; il ne s'éveillera point, et 
il ne se lèvera pas de son som- 
meil. 

13. Qui me donnera que vous 
me protégiez dans l'enfer, et que 
vous me cachiez jusqu'à ce que 
votre fureur soit passée, et que 
vous me marquiez un temps où 
vous vous souviendrez de moi? 

14. Penses-tu qu'une fois mort 
un homme revive? Pendant tous 
les jours, oü maintenant je com- 
bats, j'attends que mon change- 
ment vienne. 

15. Vous m'appellerez, et moi 
je vous répondrai; vous tendrez 
votre droite à l'ouvrage de vos 
mains. 

16. Vous avez, à la vérité, 
compté mes pas; mais pardon- 
nez mes péchés. 

11. Vous avez scellé comme 
dans un sac mes offenses; mais 
vous avez guéri mon iniquité. 

18. Une montagne qui tombe 


JOB. 


[ca xv.] 
disparait, et un rocher est trans- 
porté de sa place. 

> 19. Les eaux cavent des pier- 
res, et une terre est à peu pres 
consumée par une inondation : 
c'est donc ainsi que vous perdrez 
un homme. 

20. Vous l'avez affermi pour un 
peu de temps, afin qu'il dispa- 
rüt pour toujours; vous change- 
rez sa face, et vous l'enverrez au 
loin. εἶ 

91. Que ses enfants soient dans 
la gloire, ou qu'ils soient dans 
l'ignominie, il ne le saura pas. 

29. Toutefois sa chair, tandis 
quil vivra, souffrira, et son âme 
pleurera sur lui. 


CHAPITRE XV. 


Eliphaz accuse Job d'imiter les blasphé- 
mateurs, et soutient que les méchants 
sont sans cesse tourmentés dans cette 
vie. | 


1. Alors, répondant, Eliphaz, 
le Thémanite, dit : 


16. Infra, xxxi, 4; xxxiv, 21; Prov., v, 21. 


14. La suite du discours prouve que sous la forme d'une interrogation, Job 
exprime sa conviction intime. — J'attends que mon changement vienne. Ces paroles 
et celles du verset suivant expriment encore clairement le dogme de la résurrection. 

11. Vous avez scellé, etc. Vous avez mis comme en réserve mes offenses dans les 
trésors de votre justice; mais la pénitence que j'en ai faite, et les maux dont vous 
m'avez accablé, me font espérer que mon iniquité m'est pardonnée. 

20. Vous changerez sa face; par la vieillesse. — Vous l’enverrez au loin; c'est-à- 
dire vous le ferez sortir de ce monde par la mort. 


1.* Deuxième discussion, xv-xxi. — Caractère de la seconde discussion. Ce qui 
distingue la seconde discussion de la première, c'est que dans celle-ci les amis de Job 
nel'ont pas pris directement à partie; ils ont défendu Dieu lui-méme, et ce n'est 
que par voie de conséquence et sans l'exprimer d'ordinaire formellement qu'ils ont 
déclaré Job coupable. Désormais, il n'en sera plus de méme, ils n'useront plus de ré- 
ticence. Les discours de Job les forcent en quelque sorte à se démasquer. Par sa 
dernière réponse, il les a mis dans l'impossibilité de continuer leur tactique, en leur 
montrant qu'il possédait aussi bien qu'eux la sagesse, et en répétant à Dieu ses 
plaintes, qui avaient été le point de départ de leurs attaques. — Ile discours d'Eli- 
phaz, xv. Éliphaz rentre le premier en lice. Il essaie d'abord de réfuter Job, 2-19; 
puis il l'attaque, 20-35. — I. Réfutation de Job. 1» S'il était vraiment sage, il ne 
répondrait pas avec tant de passion et n'oublierait pas le respect dû à Dieu, 2-6. — 
2» Sur quoi s'appuient donc ses prétentions à une si haute sagesse? 7-11. — 30 Et com- 
ment un homme pécheur peut-il oser discuter contre Dieu qui trouve des taches dans 


(cn. χν. 


2. Un sage répondra t-il comme 
parlant en l'air, et remplira-t-il 
son cœur d'une chaleur ardente? 

3. Tu reprends celui qui n'est 
pas égal à toi, et tu dis ce qui 
n’est pas avantageux. 
| 4.Autant qu'il est en toi tu as 
anéanti la crainte de Dieu, et tu 
as détruit les prieres devant 
Dieu. 

5. Car ton iniquité a instruit 
ta bouche, et tu imites le lan- 
gage des blasphémateurs. 

6. Ta bouche te condamnera, 
et non pas moi, et tes levres te 
répondront. 

7.Estce toi qui es né le pre- 
mier homme, et qui as été formé 
avant les collines? 

8. Esl-ce que tu as oui le con- 
seil de Dieu, et sa sagesse sera-t- 
elle inférieure à toi? 

9. Que sais-tu que nous igno- 
rions? Que comprends-tu que 
nous ne sachions? 

10. Il est des vieillards et des 
anciens parmi nous, beaucoup 
plus vieux que tes pères. 

11. Est-ce une chose considé- 
rable que Dieu te console? Mais 
tes paroles perverses len em- 
péchent. 


JOB. 


1035 


12. Pourquoi ton cœur t'éle- 
ve-t-il, et as-tu les yeux fixes, 
comme si tu pensais de grandes 
choses? 

13. Pourquoi ton esprit s'en- 
fle-t-il contre Dieu, pour que tu 
proferes de ta bouche de tels dis- 
cours? 

14. Qu'est-ce qu’un homme, 
pour quil soit sans tache et pa- 
raisse juste, étant né d'une fem- 
me? 

15. Voilà que parmi ses saints 
personne n'est immuable, et les 
cieux ne sont pas purs en sa pré- 
sence. 

16. Combien plus abominable 
et inutile est un homme qui boit 
l'iniquité comme l'eau. 

17. Je te le montrerai, écoute- 
moi : je te raconterai ce que j'ai 
vu. 

18. Des sages le publient, et ils 
ne dissimulent pas ce qu'ils ont 
appris de leurs peres, 

19. A qui seuls a été donnée 
cette terre, et aucun étranger n'a 
passé au milieu d'eux. 

20. Durant tous ses jours, l'im- 
pie s'enorgueillit, et le nombre 
des années de sa tyrannie est in- 
certain. 


CHAP. XV. 10. Eccli., xvin, 8. — 15. Supra, tv, 18. 


ses anges? 12-16. — 4 Transition. Qu'il écoute donc ce qu'il va lui dire d’après la 
révélation et la tradition, 17-19. — II. Attaques contre Job. — 5^ L'impie n'a pas de 
repos; il doit craindre à tout moment la plus terrible ruine, 20-24, — 6° parce qu'il a 
été présomptueux dans la prospérité; voilà pourquoi elle a un terme et finit d'une 
manière terrible, 25-30. — 7° Les mensonges sur lesquels il se confie ne le protégeront 
pas, mais lui seront un piège, 31-35. 

2. Remplira-t-il, etc.; c'est-à-dire s'échauffera-t-il par des discours pleins d'une 
ardeur violente? | 

3. Qui n’est pas égal à toi; qui est infiniment au-dessus de toi. — Tu dis ce qui, etc., 
puisque tu soutiens que Dieu afflige également et le juste et le coupable. 

4. Tu as anéanli, etc., en enseignant que ni le bien ni le mal ne reçoivent leur 
récompense en cette vie (1x, 22). — Εὲ tu as détruit les prières que l'on doit faire 
devant Dieu, puisque tu refuses toi-même de t'adresser à Dieu pour le prier. 

14. Qu'il soit sans tache; c'est-à-dire qu'il se croie sans tache. 


1036 


21. Le bruit de la terreur est 
toujours à ses oreilles; et quoi- 
qu'il y ait la paix, lui soupçonne 
toujours des embüches. 

22. 11 ne croit pas qu'il puisse 
revenir des ténèbres àla lumière, 
il voit de tous cótés autour de lui 
un glaive. 

23. Quand il se remue pour 
chercher son pain, il sent que le 
jour des ténèbres est prêt en sa 
main. 

24. La tribulation l'épouvan- 
tera, et l'angoisse l'environnera 
comme un roi qui se prépare au 
combat. ᾿ 

25. Car il a étendu contre Dieu 
sa main, et il s'est roidi contre le 
Tout-Puissant. 

96. Il a couru contre lui, la téte 
levée, et il s’est armé d'un cou 
inflexible. 

97. La graisse à couvert sa face, 
et l'embonpoint pend de ses có- 
tés. 

98. Il ἃ habité dans des villes 
désolées, dans des maisons dé- 
sertes, qui ont été réduites en 
monceaux de ruines. 

29. Il ne s'enrichira point, et 
son bien ne subsistera pas, et il 


35. Ps. vir, 15; 18810, ,אז1‎ 4. 


JOB. 


[cg. xvi.] 


ne jettera pas ses racines dans la 
terre. 

30. Il ne sortira pas des ténè- 
bres; une flamme desséchera ses 
rameaux, et il sera emporté par 
le soufíle de sa bouche. 

31. Trompé par une vaine er- 
reur, il ne croira pas qu'il puisse 
étre racheté à aucun prix. 

32. Avant que ses jours soient 
accomplis, il périra; et ses mains 
se sécheront. 

33. Sa grappe sera frappée 
comme la vigne, qui l’est dans sa 
premiere fleur, et comme l'olivier 
qui laisse tomber sa fleur. 

34. Car tout ce qu'amasse un 
hypocrite est sans fruit, et un 
feu dévorera les tabernacles de 
ceux qui recoivent volontiers des 
présents. 

35. Il a concu la douleur et il a 
enfanté l’iniquité, et son cœur 
prépare des fourberies. 


CHAPITRE XVI. 


Job se plaint de la dureté de ses amis. 
Il expose ses maux et met sa confiance 
en Dieu, qui est témoin de son inno- 
cence. 


1. Mais, répondant, Job dit : 


M € 


23. Son pain; littér. en hébreu Je pain; mais comme nous l'avons déjà remarqué, 
l'article déterminatif se met souvent en hébreu pour le pronom possessif, — Est prêt 
en sa main, ou à son côlé; hébraisme, pour est proche. 

26. Cou inflexible; littér. gras, épais. Compar. Deutéron., ΧΧΧΙ, 21; xxxi, 15. 

28. Des villes désolées, des maisons désertes ; l'hébreu porte : Des villes qui seront 


désolées, des maisons qui seront désertes. 


30. De sa bouche; c'est-à-dire de la bouche de Dieu, nommé au vers. 25. On a pu 
remarquer que dans plusieurs passages Job sous-entend le mot Dieu. 

33. Sa grappe; sa postérité. Compar. 1, 18, 19. 

35. Son cœur; littér. et selon l'hébreu, son ventre, son intérieur. 


1.* Ve discours de Job : 115 réponse à Éliphaz, xvr-xvrr. — Éliphaz n'a fait que répéter 
son premier discours. — 1° Job réfute ces vaines paroles qui ne sont que des répé- 
titions, xvr, 2-5. — 20 Parler ou se taire lui est également inutile, il est vrai, mais 
il ne peut retenir ses plaintes, en voyant que Dieu et ses amis lui sont si hostiles, 
xv1, 6-11. — 3° Son sort est d'autant plus dur qu'il a été frappé en pleine prospérité, à 


ἴσῃ. xvi.) 


9. J'ai souvent entendu de telles 
choses; vous étes tous des con- 
solateurs importuns. 

3. Est-ce que ces discours en 
l'air n'auront point de fin? Où y 
a-t-il eu dans mes paroles quel- 
que chose d'offensant pour toi, 
puisque tu parles ainsi? 

4. Je pourrais, moi aussi, par- 
ler comme vous ; et plüt à Dieu 
que votre àme füt à la place de 
mon àme! 

5. Je vous consolerais, moi 
aussi, par des paroles, et par les 
mouvements de téte que je ferais 
sur vous. 

6. Je vous fortifierais par ma 
bouche, et mes levres se mou- 
vraient, comme si je vous ména- 
geais. 

7. Or que ferai-je? Si je parle, 
ma douleur ne s'apaisera pas ; et, 
si je me tais, elle ne s'éloignera 
pas de moi. 

8. Mais maintenant ma douleur 
m'accable; et tous mes membres 
sont réduits à rien. 

9. Mes rides rendent témoi- 
gnage contre moi; et un faux rai- 
sonneur est suscité devant ma 
face, me contredisant. 


JOB. 


10. Il a recueilli sa fureur con- 
tre moi, et, me menacant, il a 
grincé des dents contre moi; mon 
ennemi m'a regardé avec des 
yeux terribles. 

11.Ils ont ouvert leurs bouches 
contre moi, et m'outrageant, ils 
ont frappé ma joue; et ils se sont 
rassasiés de mes peines. 

19. Dieu m'a tenu captif sous 
la puissance d'un méchant; et il 
m'a livré aux mains d'hommes 
impies. 

13. Moi, autrefois puissant, j'ai 
5té soudain réduit en poudre; il 
m'a saisi parle cou, m'a brisé, et 
m'a posé devant lui comme un 
but. 

14. I m'a environné de ses 
lances, il a couvert mes reins de 
blessures, il ne m'a pas épargné, 
et il a répandu sur la terre mes 
entrailles. 

15. Il m'a déchiré, en me fai- 
sant blessure sur blessure; 1] 
s'est élancé sur moi comme un 
géant. 

16. J'ai cousu un sac sur ma 
peau, et j'ai couvert ma chair de 
cendre. 

17. Mon visage s'est enflé par 


limproviste, sans avoir conscience d'aucune faute, xvi, 12-17. — 4» Mais son innocence 
lui cause en màme temps un sentiment de joie, parce qu'alors méme qu'il mourrait, 
son droit se fera jour et Dieu sera son témoin contre ses amis, xvi, 18-xvir, 2. — 59 Il 
invoque donc Dieu avec confiance, xvir, 3-9, et — 69 il repousse les consolations de 
ses amis, xvi, 10-46. 

4-6. Et plüt à Dieu, etc.; c'est-à-dire si vous étiez à ma place, je saurais trouver 
autre chose pour vous consoler : mes gestes et les mouvements de ma téte indique- 
raient combien je serais touché de vos afflictions; je tácherais de vous encourager 
par des paroles pleines d'amitié et de compassion. — Mouvoir, ou secouer la fête sur 
quelqu'un signifie, tantôt se moquer, tantôt avoir compassion de lui. Voy. Job, xvuu, 11; 
Nahum, 11, 1. Or c'est dans le dernier sens que cette expression doit se prendre ici. 

11. Ils ont frappé ma joue. Job, animé de l'esprit de prophétie, parle souvent au 
nom de Jésus-Christ qu'i! représentait. C'est ainsi qu'à une autre époque Isaie, mar- 
quant cette méme circonstance (L, 6), parlait en apparence de lui-méme, quoiqu'en 
2681166 il parlát au nom de Jésus-Christ. 

13. Il m'a saisi par le cou; métaphore tirée de l'usage où sont les lutteurs de sai- 


sir ordinairement leur adversaire par le cou, en s'efforcant de le renverser, — 
vomme un but à ses traits, 


ΞΕ Ὁ 


1098 
mes pleurs, et mes paupières se 
sont obscurcies 

48. Jai souffert ces choses, 
sans qu'il y eût d'iniquité dans 
ma main, lorsque j'offrais à Dieu 
des prieres pures. 

19. Terre, ne couvre pas mon 
sang, et que mon cri ne trouve 


pas en toi un lieu oü il soit 
étouffé. 


20. Car voilà que dans le ciel 
est mon témoin, et que celui qui a 
une connaissance intime de moi 
habite au plus haut des cieux. 

21. Mes amis sont verbeux; 
cest devant Dieu que mon ceil 
fond en lariues. 

22. Et plütau ciel qu'un homme 
püt entrer en jugement avec 
Dieu, comme le fils d'un homme 
entre en jugement avec son 
semblable ! 

93. Car voilà que mes années, 
qui sont de peu de durée, pas- 
sent, et que je marche dans un 
senlier par lequel je ne re- 
viendrai pas. 


CHAPITRE XVII. 


Job se plaint des insultes de ses amis, et 
les exhorte à rentrer en eux-mêmes. 


1. Mon esprit s'affaiblira, mes 


JOB. 


(cu. xvn.) 
jours seront abrégés, etil ne me 
reste qu'un sépulcre. 

2. Je n'ai pas péché, et mon œil 
vit au milieu des amertumes. 

3. Délivrez-moi, Seigneur, et 
placez-moi auprès de vous; après 
cela, que la main de qui que ce 
soit combatte contre moi. 

4. Vous avez éloigné leur coeur 
de la science; c'est pourquoi ils 
ne seront pas exaltés. 

ὃ. Il promet du butin à ses 
compagnons, et les yeux de ses 
enfants s'éteindront. 

6. Il m'a rendu comme le bro- 
card du peuple, et je suis un 
exemple devant eux. 

7. Mon Ͼil s'est 02800201 par 
l'indignation, et mes membres 
ont été réduits comme à rien. 

8. Des justes seront dans la 
stupeur, et un innocent sera sus- 
cité contre un hypocrite. 

9. Mais un juste garde sa voie, 
et celui qui a les mains pures 
augmentera sa force. 

10. Ainsi, vous tous, convertis- 
sez-vous; venez, et je ne trouve- 
rai parmi vous aucun sage. 

11. Mes jours sont passés, mes 
pensées se sont dissipées en 
tourmentant mon cœur. 

12. Elles ont changé la nuit en 


24. Mes amis, etc.; c'est-à-dire tandis que mes amis m'attaquent par des discours 
diffus et importuns, je n'ai recours qu'à Dieu seul, et je ne trouve de consolation que 
dans les larmes que je répands devant lui. 


1. Mon esprit; c'est-à-dire ma force vitale. 

2. Mon œil vit, etc. Mon œil nage dans les larmes les plus amères, ou bien, ne 
voit que les outrages les plus amers. 

5. IL promet, lui Eliphaz. — Les yeux de ses enfants s'éleindront, c'est-à-dire ses 
enfants seront malheureux. 

6. Exemple; selon le grec, visée, sujet de risée; selon l'hébreu, l'action de tympa- 
niser, raillerie; mais beaucoup d'hébraisants modernes, expliquant le terme hébreu 
par le chaldéen et l'arabe, le rendent par crachal, et au figuré par abomination. 

10. Convertissez-vous; c'est-à-dire changez de sentiment; ne me condamnez plus, 
comme impie, par cela seul que je suis malheureux. — Et je ne trouverai, etc. Et je 
vous montrerai qu'aucun de vous ne possède la véritable sagesse. 


fcu. χν 
jour, et encore, apres les ténè- 
bres, j'espere la lumiere. 

18. Si j'attends avec patience, 
lenfer sera ma maison, et c'est 
dans les ténèbres que j'ai préparé 
mon lit. 

14. J'ai dit à la pourriture : Tu 
es mon père; et aux vers : Ma 
mere et ma sœur. 

15. Où est donc maintenant 
mon attente? Et ma patience, qui 
la considère ? 

10. Tout ce qui est en moi des- 
cendra dans le plus profond de 
l'enfer : penses-tu qu'au moins là 
il y aura repos pour moi? 


CHAPITRE XVIII. 


Baldad accuse Job de désespoir, et exa- 
gere les malheurs et la mauvaise fin 
des méchants. 


1. Alors, répondant, Baldad, le 
Suhite, dit : 

2. Jusques à quand enfin lan- 
cerez-vous des paroles? Com- 
prenez auparavant, el ensuite 
nous parlerons. 


JOB. 165 


3. Pourquoi sommes-nous con- 
sidérés comme des animaux stu- 
pides, et paraissons-nous mépri- 
sables à vos yeux? 

4. O toi, qui perds ton âme 


. dans ta fureur, est-ce qu'à cause 


de toi la terre sera abandonnée, 
et les rochers seront transportés 
hors de leur place? 

5. La lumière d'un impie ne 
s'éteindra-t-elle pas, etla flamme 
de son feu ne sera-t-elle pas sans 
éclat? 

6. La iumiere se couvrira de 
ténèbres dans son tabernacle, et 
la lampe, qui est au-dessus de 
lui, s'éteindra. 

1. Ses pas fermes seront res- 
serrés ; et ses conseils le jetteront 
daris un précipice. 

8. Car il a engagé ses pieds 
dans un rets, et il marche dans 
ses mailles. 

9. Son pied sera retenu dans 
un filet, et une soif ardente le 
tourmentera. 

10. Le piége qu'on lui a tendu 
est caché dans la terre, et les 


13, 16. Comme nous l'avons déjà remarqué, par le mot enfer (hébreu scAeól), il faut 
entendre, non le sépulcre, le tombeau (hébr. Kéber), mais ce lieu souterrain que les 
liébreux regardaient comme le séjour des âmes aprés la mort. Ainsi ce mot fournit 
une preuve sans réplique de la survivance des àmes aux corps. 


1. "119 discours de Baldad, xvrr. Il reproche à Job d'être dur à l'égard de ses amis 
et de se plaindre injustement au sujet de ses souffrances. — 1» Combien de temps, 
méprisant ses amis, attaquera-t-il la Providence qui gouverne le monde et qui punit 
toujours à la fin les méchants? 2-11. — 2» Oui, le méchant périt avec toute sa race, 
sa mémoire s'évanouit et il ne reste plus de lui que le souvenir confus de la catas- 
trophe qui l'a englouti, 42-21. 

2. Lancerez-vous... Comprenez, etc. Baldad emploie ici le pluriel, probablement 
parce quil s'adresseà Job et à tous ceux qui pensent comme lui. Ce pluriel est aussi 
dans l'hébreu; mais les Septante ont le singulier. 

5. La lumière chez les Hébreux était le symboie de la prospérité. 

6. La lampe, etc.; allusion à l'usage de tenir dans les maisons des lampes suspen- 
dues au-dessus de la téte. 

1. Ses pas fermes et rapides; littér. les pas de sa force. — Seront re;serrés. Compar. 
Proverb., 1v, 12. Les pas sont resserrés, lorsque le chemin est trés étroit ou embar- 
rassé; car dans ce cas on ne peut ni faire de grands pas, ni marcher vite, Les Arabes 
disent aussi grands pas, pas resserrés, pour grande fortune, prospérité, et adversilé, 
état de misère. . 


1040 


lacs qu'on lui a préparés sont sur 
le sentier. 

11. De toutes parts les frayeurs 
lépouvanteront, et elles enve- 
lopperont ses pieds. 

19. Que sa force soit amoindrie 
par la faim, et que la disette at- 
taque ses flancs. 

13. Que la mort la plus cruelle 
dévore la beauté de sa peau, et 
qu'elle consume /a force de ses 
bras, 

14. Qu'on arrache de son taber- 
nacle les objets de sa confiance, 
et que le trépas, comme un roi, 
le foule aux pieds. 

15. Qu'ils habitent dans son ta- 
bernacle, les compagnons de ce- 
lui qui n'est plus, et que dans son 
tabernacle soitrépandu du soufre. 

16. Que sous la terre ses ra- 
cines se dessechent, et qu'au-des- 
sus soit détruite sa moisson. 


XVIII. 17. Prov., 11, 22.‏ .ג 


JOB. 


[cu. xix.] 
11. Que sa mémoire disparaisse 
de la terre, et que son nom ne 
soit point célébré dans les places 
publiques. 

18. Il le chassera de la lumière 
dans les ténèbres, et il le trans- 
portera hors de l'univers. 

19. I] n'aura ni postérité, ni fa- 
mille dans son peuple, ni aucun 
reste de lui dans ses propres con- 
trées. 

20. Les derniers s'étonneront 
de son jour fatal, et quant aux 
premiers, l'horreur les saisira. 

21. Tels sont les tabernacles 
d'un méchant, et telle terme de 
celui qui ignore Dieu. 


CHAPITRE XIX. 


Job se plaint de la dureté de ses amis. 
Il expose ses peines, et se console par 
l'espérance de la résurrection. 


1. Or, répondant, Job dit : 


11. Les frayeurs, etc.; métaphore empruntée de la chasse, où l'on effraye la bête 
pour qu'elle aille se jeter dans le piége qu'on lui a tendu. Compar. Isaïe, xxiv, 11; 
Jérémie, XLvin, 43, 44. 

13. La mort la plus cruelle; littér. et par hébraisme /a mort la premiére-née. Le 
texte hébreu porte /e premier-né de la mort, c'est-à-dire la maladie la plus mortelle. 
— * La beauté de sa peau. Allusion à lalépre qui dévore Job et qui s'attaque d'abord 
à la peau. 

15. Soit répandu du soufre, et du feu tombant du ciel, comme à Sodome et à Go- 
morrhe (Genèse, xix, 24). Peut-être que Baldad fait allusion au feu céleste qui con- 
suma les brebis et les serviteurs de Job (nr, 16). Ou bien qu’on répande du soufre 
dans son tabernacle pour le purifier, parce qu'il a été souillé par la présence de son 
cadavre. 

18. I] le chassera. C'est probablement Dieu que représente ici le pronom ;/. Nous 
avons déjà remarqué que Job sous-entend souventle mot Dieu. D'autres traduisent : 
On le chassera. 

20. Son jour fatal; le jour de sa mort. — Les derniers; ceux qui viendront aprés 
lui. — Les premiers; c'est-à-dire ses contemporains. 


1. * VIe discours de Job : Ile réponse à Baldad, xix. C'est le discours le plus im- 
portant de Job, et, à certains égards, du livre. Comme il ne peut plus compter sur 
ses amis, Job cherche à se consoler sans leur secours et se tourne plus que jamais 
vers Dieu. — 19 Reproches à ses amis, 2-5. — 20 Ils doivent songer que c'est Dieu lui- 
même qui le tourmente d'une manière si terrible, 6-12. — 39 C'est pourquoi il lui a 
retiré l'appui de tous ceux quil'avaient autrefois soutenu, 13-20. — 40 Ils n'en devraient 
avoir que plus de compassion pour lui, car son droit demeure inébranlable; aussi, 
il en est certain, il sera vengé dans une autre vie et le dernier jugement lui rendra 
justice, 21-29. C'est 18 le point culminant de la discussion. La vue de son Rédemp- 


[cH. xix.] 

2. Jusques à quand affligerez- 
vous mon àme, et me briserez- 
vous par vos discours? 

3. Voilà déjà dix fois que vous 
cherchez à me confondre, et que 
vous ne rougissez pas de m'acca- 
bler. 

4. Car si je suis dans ligno- 
rance, c'est sur moique monigno- 
rance retombera. 

5. Mais vous, vous vous élevez 
contre moi, et vous m'accusez à 
cause de mes opprobres. 

6. Comprenez au moins main- 
tenant que ce n'est pas par un 
jugement de justice, que Dieu 
m'a affligé et qu'il m'a environné 
de ses chátiments. 

7. Voici que je crierai, en souf- 
frant violence, et nul ne m'ecou- 
tera; je pousserai des eris per- 
cants, et il n'y auri personne qui 
me fasse justice. 

8. 11 a posé une haie tout au- 
tour de mon sentier, et je ne puis 
passer; et dans m»: chemin, il a 
mis des ténèbres. 

9. Il m'a dépouillé de ma gloire, 
et il a enlevé la couronne de ma 
téte. 


JOB. 


1041 


10. Il m'a détruit de tous côtés, 
et je péris, et il m'a óté l'espé- 
rance comme à un arbre arraché. 

11. Sa fureur s'est irritée contre 
moi; il m'a traité comme son en- 
nemi. 

12. Ses soldats sont venus tous 
ensemble; ils se sont fait un che- 
min au travers de moi, et ils ont 
assiégé mon tabernacle tout au- 
tour. 

13. Il ἃ éloigné mes frères de 
moi, et mes amis, comme des 
étrangers, se sont retirés de moi. 

14. Mes proches m'ont aban- 
donné, et ceux qui me connais- 
saient m'ont oublié. 

15. Ceux qui demeuraient dans 
ma maison, et mes servantes 
m'ont regardé comme un étran- 
ger, et j'ai été comme un hôte 
passager à leurs yeux. 

16. J'ai appelé mon serviteur, 
et il ne m'a pas répondu ; cepen- 
dant je le priais de ma propre 
bouche. 

11. Ma femme ἃ eu horreur de 
mon haleine, et j'usais de prière 
envers les enfants qui sont sortis 
de moi. 


— 


teur attendrit le saint patriarche ; désormais sa fougue est tombée; il n’a plus la 
méme impétuosité et ne se plaint qu'avec calme; mettant toute sa confiance en 
Dieu, il cherche moins à se défendre lui-même et se préoccupe plutôt de réfuter la 
thése de ses adversaires. 

3. Vous m'accusez, etc. Vous prétendez que je suis coupable, parce que je souffre 
des opprobres. ; 
6. Ce n'est point en vertu d'un jugement de cette justice qui punit le crime et 
récompense la vertu que Dieu m'a affligé ; car je ne suis nullement coupable, comme 
vous l'entendez; mais c'est en sa qualité de créateur tout-puissant et infiniment 
sage, qui traite ses créatures selon les desseins impénétrables de son infinie sagesse, 

et par conséquent sans qu'elles puissent comprendre ses desseins. 

12. Is se sont fait un chemin au travers de moi ; c'est le sens littéral de la Vulgate 
qu'on explique généralement par i/s m'ont foulé aux pieds, en disant que tel est le 
sens de l'hébreu et du grec; mais on semble oublier que la préposition hébraique et 
grecque qu'on traduit par sur, au-dessus de, signifie également contre, et que ce der- 
nier sens convient beaucoup mieux ici. Ainsi le sens de la phrase qui parait le pius 
uaturel est : Ils se sont frayé un chemin contre moi. 

11. Les enfants, etc. La plupart des interprétes pensent, d'aprés les Septante, qu'il 
s'agit ici des enfants que Job avait eus de ses femmes du second rang. 


66 .ה 


1042 JOB. (CH. 318. 

18. Des insensés méme me mé- | une lame de plomb, ou qu'elles 
prisaient, et lorsque je les avais | soient gravées au burin sur la 
quittés, ils médisaient de moi. pierre? 

19. Mes conseillers d'autrefois 25. Car je sais que mon Ré- 
m'ont en abomination, et celui | dempteur est vivant, et qu'au 
que j'aimais le plus s'est tourné | dernier jour je ressusciterai de 
contre moi. la terre ; 

20. À ma peau, aprés que ma 26. Et que de nouveau je se- 
chaira 616 consumée, se sont col- | rai environné de ma peau, et 
lés mes os, et il n'est resté seule- | que dans ma chair je verrai mon 
ment que les lèvres autour de | Dieu. 
mes dents. 27.Je dois le voir moi-méme, 

21. Ayez pitié de moi, ayez pilié | et non un aulre, et mes yeux 
de moi, vous du moins, mes amis, | doivent le contempler : c'est là 
parce que la main du Seigneur | mon espérance; elle repose dans 
m'a touché. mon sein. 

22. Pourquoi me persécutez- 28. Pourquoi donc maintenant 
vous comme Dieu, et vous rassa- | dites-vous : Poursuivons-le, et 
siez-vous de ma chair? trouvons une parole fondamen- 

23. Qui m'accordera que mes | tale contre lui? 


paroles soient écrites? Qui me 29. Fuyez donc à ia face du 
donnera qu'elles soient tracées | glaive, parce qu'il y a un glaive 
dans un livre, vengeur des iniquités; et sachez 


24. Avec un style de fer et sur | qu'il y a un jugement. 


21. Saint Grégoire dit que Job appelle encore ses amis ceux qui l'accablent par 
leurs injures, soit afin de les obliger par ce terme de tendresse à user d'une meil- 
leure conduite à son égard; soit pour s'exciter lui-même à regarder ieurs injures 
comme utiles à son salut (Greg., Moral., LxIV, e. 23). 

29.* Pourquoi... vous rassasiez-vous de ma chair? Pourquoi me calomniez-vous ou 
dites-vous du mal de moi? Cette image se retrouve, sous des formes plus ou moins 
différentes, dans toutes les langues, quoique nous ne soyons pas habitués à la forme 
hébraique. Un passage d'une lettre de Machiavel à Julien de Médicis permet de se 
rendre bien compte de cette figure de langage. « Je vous envoie, Julien, quelques 
grives... Si vous avez autour de vous quelqu'un qui se plaise à me mordre, vous 
pourrez lui en jeter une aux dents : en mangeant cet oiseau, il oubliera de déchirer 
son prochain... De ma pauvre chair, mes ennemis firent de bonnes bouchées. » 

23. Un livre. C'est ainsi que porte la version grecque. ἃ la vérité l'hébreu lit Le 
livre dans ce passage; mais dans des endroits parallèles, comme 13046, xxx, 8; 
Jérém., xxx, 2, il n'a pas l'article déterminatif. 

24. * On gravait des inscriptions sur le métal et sur la pierre dés une haute anti- 
quité dans le pays que Job habitait. 

25. Mon Rédempteur. Ce Rédempteur est, selon le sentiment commun des Pères et - 
des interprétes, le Fils de Dieu, qui doit juger tous les hommes à la fin du monde. 

25-21. * Presque tous les Pères ont reconnu dans ces paroles de Job une profession 
de foi très claire à la résurrection des corps, et dans les premiers siècles de l'Eglise, 
après les persécutions, de pieux chrétiens ont fait graver sur leurs tombeaux cet 
äcte de foi comme une expression de leur propre croyance. 

28. Une parole fondamentale; littér., une racine, un fondement de parole, une pa- 
role radicate, 


fou. xx.] 


CHAPITRE XX. 


Sophar continue de décrire les cháti- 
ments dont Dieu punit les impies. 


1. Alors, répondant, Sophar,le 
Naamathite, dit : 

9. C'est pour cela que mes dif- 
férentes pensées se succèdent, 
et que mon esprit est entrainé 
dans des sentiments divers. 

3. J'écouterai la doctrine en 
vertu de laqrelle tu m'accuses, 
et l'esprit de mon intelligence 
répondra pour moi. 

4. Ce que je sais être dès le 
principe, depuis que l'homme a 
616 placé sur la terre, 

ὃ. C'est que la gloire des impies 
a été courte et la joie de l'hypo- 
crite comme un moment. 

6. Si son orgueil s'élève jus- 
qu'au ciel, et que sa téte touche 
les nues, 

7. ll périra à la fin comme un 
fumier, et ceux qui l'avaient vu 
diront : θὰ est-il? 

8. Comme un songe qui s'en- 
vole, on ne le verra plus; il 
passera comme une vision de 
nuit. 


JOB. 


1043 
9. L'œil qui l'avait vu nele verra 
pas; et son lieu ne le regardera 
plus. 

10. Ses enfants dépériront par 
l'indigence, et ses mains lui ren- 
dront la douleur qu'il a faite aux 
autres. 

11. Ses os seront remplis des 
vices de sa jeunesse, et ces vices 
dormiront avec lui dans la pous- 
sière. 

12. Car, comme le mal est doux 
à sa bouche, il le cachera sous sa 
langue. 

13. Il le ménagera, et il ne le 
laissera pas, mais il le tiendra 
caché dans sa gorge. 

14. Son pain dans ses entrailles, 
au dedans de lui, se changera en 
fiel d'aspic. 

15. Il vomira les richesses qu'il 
a dévorées, et Dieu les arrachera 
de ses entrailles. 

16. Il sucera la téte des aspics, 
et la langue d'une vipère le tuera. 

17. (Qu'il ne voie point couler 
les ruisseaux d’un fleuve, et les 
torrents de miel et de beurre). 

18. ll expiera tout ce qu'il a 
fait, et cependant il ne sera pas 
consumé ; c'est selon les riches- 


1. * Ile discours de Sophar, xx. Ce discours est en quelque sorte l'u/timatum de 
Sophar; dans la troisième discussion, il ne prendra plus la parole; aussi sa vio- 
lence est-elle maintenant trés grande. — 19 Les menaces de Job, qui les compare à des 
persécuteurs, obligentSophar d'insister encore surla thése que ses amis etlui ont soute- 
nue jusqu'à présent, 2-5. — 99 Le coupable périt, malgré sa puissance ; il est dépouillé 
de ses biens injustement acquis, malgré son avidité, 6-17. — 39 Un juste châtiment 
vient ainsi le punir de ses rapines et de son insatiabilité ; il n'échappera pas, 18-29. 

2. C’est pour cela; c'est-à-dire c'est parce qu'il y a un jugement. Voy. xix, 29. — 
* En d'autres termes, un sujet d'accusation contre Job. 

9. Son lieu. Voy. plus haut vir, 10. 

11. Ses os seront, etc. Les dérèglements de sa jeunesse pénétreront jusque dans 
808 OS. 

43. Il le ménagera; c'est-à-dire il le savourera. 

14. * F'iel d'aspic, venin de ce serpent qui est trés dangereux. 

16. * La téte des aspics, leur venin. 

11. * Les torrents... de beurre. Dans les pays chauds de l'Orient, le beurre est à l'état 
liquide et on la verse comme du lait des vases qui le contiennent. 

18, Ses richesses acquises; le grec porte le mot richesses ; l'hébreu lit travail, qui 


e" 


1044 
ses qu'il a acquises qu'il aura à 
souffrir, 

19. Parce qu'en les brisant, il 


a dépouillé les pauvres; il a- 


ravi une maison quil n'a pas 
bâtie. 

20. Son ventre n'a pas été ras- 
88816 ; et lorsqu'il aura eu ce qu'il 
avait convoité, il ne pourra pas 
le posséder. 

91. Il n'est rien resté de ses vi- 
vres; età cause de cela rien ne 
lui demeurera de ses biens. 

292. Lorsqu'il se sera rassasié, il 
sera oppressé et étouffé de cha- 
leur, et toute sorte de douleurs 
fondront sur lui. 

93. Puisse son ventre être rem- 
pli, en sorte que Dieu envoie 
contre lui la colere de sa fureur, 
et qu'il fasse pleuvoir sur lui ses 
foudres! 

24. Il échappera àdes armes de 
fer, maisil sera transpercé par un 
arc d'airain. 

25. Un glaive tiré et sortant de 
son fourreau étincellera dans son 


βάρ. XX. 20. Eccl., v, 9. 


JOB. 


[cu. xxr.] 


amercume; d'horribles spectres 
iront et viendront sur lui. 

96. Toutes sortes de ténèbres 
sont fermées à ses caches ; un feu 
qui ne s'allume point le 66707018 ; 
il sera affligé, se trouvant délaissé 
dans son tabernacle. 

97. Les cieux révéleront son 
iniquité, et la terre s'élévera con- 
tre lui. 

28. Les rejetons de sa maison 
seront exposés à la violence; ils 
seront enlevés au jour de la fu- 
reur de Dieu. 

29. Voilà la part dun homme 
impie, faite par Dieu, et l'héritage 
réservé àses paroles par le Sei- 
gneur. 


CHAPITRE XXI. 


Job soutient que les impies jouissent sou- 
vent d'une longue prospérité, et que 
c'est aprés leur mort que Dieu exerce 
contre eux ses vengeances. 


1. Mais, répondant, Job dit : 
2. Ecoutez, je vous prie, mes 
paroles, et faites pénitence. 


signifie encore trés souvent Je fruit du travail, les richesses; ce doit être aussi le 


sens d'inventionum suarum de la Vulgate. 


23. Ses foudres; littér. sa querre. 


25. Dans son amertume ; c'est-à-dire pour porter son amertume, ou une mort amère, 
cruelle. — Au lieu de l’horribiles de la Vulgate, l'hébreu porte ferreurs. 

26. Toutes sorles, etc. C'est en vain qu'il cherchera à se cacher dans les ténébres, il 
ne trouvera pas de cache, où les ténèbres puissent pénétrer. 

28. Les rejelons de sa maison sont ses enfants, sa progéniture. 


1. * VII* discours de Job; Ile réponse à Sophar, xxi. Job s'est principalement atta- 
ché, dans ses discours précédents, à convaincre ses amis de son innocence ; ne pou- 
vant y réussir, il se tourne maintenant contre eux, et, abandonnant le terrain de la 
justification personnelle pour se jeter sur celui des principes, il attaque leur thèse 
en elle-même; i! ne se borne plus à leur dire qu'ils la proposent d'une manière trop 
générale et qu'ils lui en font une fausse application, il la nie. — 19 Il va leur donner 
une réponse décisive; ils cesseront ainsi de le railler, 2-4, — 29 C'est le contraire de 
ce qu'ils affirment qui est la vérité : beaucoup d'impies sont heureux sur la terre, 
5-15. — 30 Toute leur argumentation contre ce fait d'expérience est sans force; ce serait 
orgueil de leur part que de le nier et de vouloir tracer à Dieu la voie qu'il doit 
suivre, 16-26. — 40 Il sent bien les applications malignes que renferment leurs dis- 
cours, mais leurs affirmations sont démenties par l'expérience, 27-34. 

4. l'aites pénilence ; c'est-à-dire, changez de sentiment, 


[cn. xxi.] 
3. Supportez-moi, et mot je 

parlerai; et apres, si bon vous 

semble, riez de mes paroles. 

4. Est-ce contre un homme 
qu'est ma dispute, pour que je 
ne doive pas étre justement con- 
tristé ? 

ὃ. Regardez-moi, et soyez dans 
l'étonnement, et mettez un doigt 
sur votre bouche : 

6. Et moi, quand je recueille 
mes souvenirs, je suis épouvan- 
té, et le tremblement agite ma 
chair. 

7. Pourquoi donc les impies 
vivent-ils, sont-ils élevés et affer- 
mis dans les richesses? 

8. Leur race se perpétue devant 
eux, une troupe deleurs proches 
et de leurs petits enfants est en 
leur présence. 

9. Leurs maisons sont süres et 
paisibles, et la verge de Dieu 
n'est pas sur eux. | 

10. Leur génisse a concu et n'a 
pas avorté ; leur vache a mis bas, 
et elle n'a pas été privée de son 
fruit. 

11. Leurs petits enfants, sortent 


JOB. 


1045 


comme les troupeaux, et leurs 
enfants sautent de joie au milieu 
de leurs jeux. 

19. Ils tiennent en main un 
tambour et une harpe, et ils se 
réjouissent au son d'un orgue. 

13. Ils passent leurs jours dans 
le bonheur, et en un moment ils 
descendent dans les enfers. 

14. Ils ont dit à Dieu : Retire- 
toi de nous ; nous ne voulons pas 
connaitre tes voies. 

15. Qui est le Tout-Puissant, 
pour que nous le servions? et 
que nous revient-il, si nous le 
prions? 

16. Mais cependant, puisque 
leurs biens ne sont pas en leur 
main, que le conseil des impies 
soit loin de moi. 

11. Combien de fois la lampe 
des impies s'éteindra, un déluge 
de mauz leur surviendra, et Dieu 
leur distribuera les douleurs de 
sa fureur? 

18. Ils seront comme des pailles 
à la face du vent, et comme dela 
cendre brülante qu'un tourbillon 
disperse. 


Cap. XXI. 7. Jérémie, xi, 1; Habac., 1, 3, 13. — 15. Mal., ri, 14. 


4. N'ai-je pas un juste sujet d'étre contristé, quand je n'ai pas affaire à un homme, 
mais à Dieu, qui par les maux dont il m'accable semble autoriser les accusations de 
mes ennemis? 

5. * Soyez dans l'étonnement. La chose étonnante dont va parler Job, c'est, selon 
la plupart des commentateurs modernes, la prospérité des méchants sur la terre. 
Saint Jéróme pense, et avec plus de raison, ce semble, qu'il s'agit du bonheur que 
Dieu accorde indistinctement aux méchants et aux bons, sans mettre entre eux 
aucune différence sensible et apparente. 

12. Orgue; instrument qui, chez les anciens Hébreux, était un composé de plusieurs 
tuyaux de flüte collés ensemble, et dont on jouait en faisant passer successivement 
ces divers tuyaux le long de la lèvre d'en bas. On considère assez généralement ici 
le mot Organum de la Vulgate comme un collectif et on le traduit par des instruments 
de musique. — * Une harpe, en hébreu, kinnor, instrument à cordes, sorte de harpe. 

13. * En un moment ils descendent dans les enfers. lls sont heureux jusqu'à la fin 
de leur vie, mais la mort met brusquement un terme à leur félicité et les remplit 
d'épouvante en les précipitant dans 15 

16. En leur mun; c'est-à-dire en leur puissance. — * J'avoue que les méchants 
sont souvent heureux, mais leur bonheur n'est pas sür, aussi à Dieu ne plaise que 
j'aie leurs sentiments. 


1046 


19. Dieu gardera à ses fils la 
douleur du pere; et lorsqu'il lui 
aura rendu selon son mérite, 
alors il comprendra. 

90. Ses yeux verront sa ruine, 
et il boira de la fureur du Tout- 
Puissant. 

21. Car que lui importe sa mai- 
son apres lui, lors méme que le 
nombre de ses mois serait dimi- 
nué de moitié? 

22. Est-ce que quelqu'un ensei- 
gnera la science à Dieu, qui juge 
ceux qui sont élevés? 

93. Celui-ci meurt robuste et 
sain, riche et heureux. 

94. Ses entrailles sont pleines 
de graisse, et ses os sont arrosés 
de moelle. 

95. Mais un autre meurt dans 
l'amertume del'àme, sans aucune 
richesse. 

26. Et cependant ils dormiront 
ensemble dans la poussiere, et 
des vers les couvriront. 


JOB. 


(cg. xxr.] 


27. Certes, je connais vos pen- 
sées et vos jugements iniques 
contre moi. 

98. Car vous dites : Oü est la 
maison d'un prince? et oü sont 
les tabernacles des impies? 

29. Interrogez le premier venu 
des passants, et vous reconnai- 
trez qu'il comprend ces mêmes 
choses ; à savoir : 

30. Que le méchant est réservé 
pour le jour de perdition, et qu'il 
sera conduit jusqu'au jour de la 
fureur. 

31. Qui le reprendra en face de 
sa voie? et quilui rendra ce qu'il 
a fait? 

32. Il sera conduit aux sépul- 
cres, et il veillera au milieu du, 
monceau des morts. 

33. IL a été agréable au gravier 
du Cocyte, et il entrainera tout 
homme après lui, et il y a devant 
lui une multitude innombrable. 

94. Comment donc me donnez- 


19. Alors il comprendra qu'il y a une souveraine justice qui rendra à chacun selon 
ses mérites. 

20. Ses yeux, etc. Il verra de ses propres yeux sa ruine entière ; littér. son meurtre. 

21. Lors méme, ou bien ef si, c'est-à-dire que lui importe encore, si le nombre, etc. 
Le verset est susceptible de cette double analyse. 

92. Ceux qui sont élevés; les grands de la terre, selon les uns, les habitants du 
ciel, selon les autres. Le terme hébreu est, comme celui dela Vulgate, susceptible de 
ces deux sens. Les Septante ont traduit pAonous, c'est-à-dire meurtres; mais il y a 
des exemplaires qui portent sophous ou sages. 

98. Oàt est la maison, etc. La maison d'un mauvais prince et les tabernacles des 
impies ne subsistent plus, parce que c'étaient des méchants que Dieu a fait périr. 
Ainsi, c'est parce que tu es méchant que Dieu t'a traité comme eux. 

30. * Ce verset renferme la réponse des passants, c'est-à-dire des voyageurs 
étrangers. 

32. Il veillera; il vivra encore en quelque sorte à la faveur d'un mausolée fastueux 
qui conservera sa mémoire parmiles hommes; ou bien il vivra en enfer parmi les 
morts. 

33. Il a été agréable au gravier du Cocyte, tant par la magnificence du tombeau 
qu'il s'y est fait élever que par la majesté de la pompe funébre qui l'y a accompagné. 
— Le Cocyte, fleuve fabuleux, qui selon les poètes paiens arrose l'enfer. Saint 16- 
róme a donc pu employer ce mot pour désigner le lieu où l'impie est précipité à sa 
mort, comme il a employé aprés saint Pierre le terme Taríare pour exprimer la 
méme idée. Compar. IL Pierre, n, 4. — * Le texte original porte : « Les pierres de la 
vallée (où il est enseveli) lui sont légères, et tous les hommes y vont à sa suite, 
comme de nombreuses générations l'y ont précédé. » 


(cu. xxir.] 
vous une vaine consolation, puis- 
quil a été démontré que votre 
réponse répugne à la vérité. 


CHAPITRE XXII. 


Eliphaz reproche à Job les crimes dont 
il le suppose coupable, et il l'exhorte à 
se convertir au Seigneur. 


1. Alors, répondant, Eliphaz, le 
Thémanite, dit : 

2. Est-ce qu'un homme peut 
être comparé à Dieu, quand il se- 
rait d'une science parfaite? 

3. Que sert à Dieu que tu sois 
juste? ou quel bien lui fais-tu si 
ta voie est sans tache? 

4. Est-ce en craignant qu'il t'ac- 
cusera, et qu'il viendra avec toi 
en jugement, 

5. Et non pas àcause de ta ma- 
lice trés grande et de tes infinies 
iniquités? 

6. Car tu as retenu le gage de 
tes frères sans raison, et tu as 
dépouillé de leurs vétements 
ceux qui étaient nus. 


JOB. 


1047 


7. Tu n'as pas donné de l'eau à 
celui qui était épuisé de lassitude, 
et à celui qui avait faim tu as 
soustrait du pain. 

8. Par la force de ton bras tu 
possédais ta terre, et, étant le 
plus puissant, tu la conservais. 

9. Tu as renvoyé les veuves 
les mains vides, et tu as brisé les 
bras des orphelins. 

10. C'est pour cela que tu es 
environné de piéges, et qu'une 
frayeur soudaine te trouble. 

11. Et tu pensais que tu ne ver- 
rais point de ténèbres, et que tu 
ne serais pas accablé par un im- 
pétueux débordement d'eaux. 

12. Ne songes-tu pas que Dieu 
est plus élevé que le ciel, et qu'il 
est au-dessus du sommet des 
étoiles? 

13. Et tu dis : Mais que con- 
nait Dieu? car c'est comme à 
travers d'une profonde obscurité 
qu'il juge. 

14. Des nuées ie cachent ; il ne 


1. * Troisième discussion, xxr-xxxr. — Ille discours d'Éliphaz, xxrt. — La troisième 
discussion est la plus courte par le nombre et l'étendue des discours. C'est encore 
Eliphaz qui l'ouvre. A la suite de ce que vient de dire Job, ses amis ne peuvent lui 
répondre logiquement que de deux maniéres, ou en niant le bonheur des méchants 
qu'il vient d'affirmer, ou en soutenant que ce bonheur ne prouve rien en sa faveur. 
Éliphaz ne fait directement ni l'un ni l'autre : il considère le discours de Job comme 
non avenu; il déplace la question et prétend toujours avec la méme assurance que 
les souffrances de son ami sont la punition de ses péchés. Devenant de plus en plus 
agressif, 4° il accuse Job d'un grand nombre de crimes, 2-11; — 29 il l'avertit de ne pas 
s'attirer par son obstination et son impénitence un jugement sévére comme celui que 
Dieu porte contre les impies, 12-20; — 30 il lui promet, s'il s'amende, un retour de 
bonheur et une prospérité plus grande qu'autrefois, 21-30. 

4. Est-ce en craignant, etc. Est-ce parce qu'il a à craindre de toi? 

6. Nus; c'est-à-dire ceux qui n'avaient que l'habit de dessous. Compar. I Rois, xix, 
24; Isaie, xx, 2. 

1. Tu n'as pas donné, etc. On verra plus bas (xxix, 15 et suiv.; xxxi, 16 et suiv.), 
combien Job était éloigné de cette inhumanité. Eliphaz lui remet devant les yeux 
tous les excès où un homme de son rang avait pu tomber, lui reprochant facilement 
qu'il devait en avoir commis quelques-uns; car il est difficile de se persuader qu'Éli- 
phaz ait cru Job coupable de tous ces défauts. 

8. Ta. terre, littér. en hébreu /a terre; mais dans cette langue, aussi bien que dans 
les autres langues sémitiques, l’article déterminatif se met quelquefois pour le pro- 
nom possessif, ce qui a évidemment lieu ici. 

9. Tu as brisé les bras; c'est-à-dire détruit l'appui. 


1048 
considere pas ce qui est de nous, 
et il parcourt les pôles du ciel. 

15. Est-ce que tu désires sui- 
vre le sentier des siècles, qu’ont 
foulé des hommes iniques, 

16. Qui ont été enlevés avant 
leur temps, et dont un fleuve a 
renversé le fondement? 

17. Qui disaient à Dieu : Re- 
tire-toi de nous; et qui estimaient 
que le fout-Puissant ne pouvait 
rien faire ; 

18. Quoique ce fût lui qui eût 
rempli leurs maisons de biens. 
Que leur sentiment soit loin 
de moi! 

19. Les justes les verront et 
ils se réjouiront, et l'innocent se 
moquera d'eux. 

20. Est-ce que ieur élévation 
n'a pas été entierement détruite? 
et leurs restes, un feu ne les a-t- 
il pas dévorés? 

91. Soumets-toi donc à Dieu, 
et tu auras la paix; et par là tu 
auras des fruits excellents. 

29. Recois de sa bouche sa loi, 
et mets ses discours dans ton 
cœur. 

93. Si tu reviens au Tout- 
Puissant, tu seras rétabli, et tu 


JOB. 


[cu. [,זונאצ‎ 


éloigneras r'iniquité de ton taber- 
nacle. 

24. Il te donnera au lieu de 
terre, un rocher, et au lieu d'un 
rocher, des torrents d'or. 

95. Et le Tout-Puissant sera 
contre tes ennemis, 65 
sera mis en monceaux pour toi. 

26. Alors tu abonderas en dé- 
lices dans le Tout-Puissant, et 
iu élèveras ta face vers Dieu. 

27. Tu le prieras, et il t'exau- 
cera, et tu acquitteras tes vœux. 

98. Tu décideras une chose, et 
elle se réalisera pour toi, et sur 
tes voies brillera la lumiere. 

29. Car celui qui aura été hu- 
milié sera dans la gloire; et ce- 
lui qui aura baissé les yeux, ce- 
lui-là méme sera sauvé, 

30. L'innocent sera sauvé, mais 
il sera sauvé à cause de la pu- 
reté de ses mains. 


CHAPITRE XXII. 


Job souhaite de pouvoir se présenter au 
tribunal de Dieu, ct d'y paraître sou- 
tenu par le Médiateur en qui il espère. 
Il est touché de confiance, de crainte 
et de reconnaissance. 


1. Mais, répondant, Job dit : 


CHAP. XXII. 19. Ps. avi, 42. — 29. Prov., xxix, 23. 


15-16. * Allusion aux impies célèbres des temps antiques, probablement aux géants 


qui furent punis par le déluge. 
16. Un fleuve; le déluge. 


24. * Un rocher. Dans le texte original betser, tranches ou morceaux de métal, soit 
ot ou argent, qu'on coupait pour s'en servir dans les achats et les transactions, avant 
qu'on eüt inventé la monnaie proprement dite. 

1. * VIII discours de Job : Ile réponse à Eliphaz, xxur-xxiv. — Malgré la vivacité 
des attaques d'Éliphaz, Job reste maintenant calme. — 191] réitère d'abord son souhait 
de se justifier devant Dieu. Ses plaintes sont regardées comme une révolte contre 
lui; cependant il lui permettrait, lui, de s'exprimer librement en sa présence. Mais 
Job voit bien qu'ii n'obtiendra pas la faveur d’être admis devant lui, xxi, 2-9. 
— 2 Quoi qu'il en soit, il est certain d'avoir observé les commandements de Dieu. 
Pourquoi donc Dieu le chátie-t-il? Il l'ignore, xin, 10-17. — 3e Mais qui peut comprendre 
pourquoi tant d'innocents souffrent dans le monde, xxiv, 1-12, et — 4° pourquoi, au 
contraire, les méchants ne sont pas punis comme ils le méritent et vivent heureux 
jusqu'à leur mort? xxiv, 13-25. 


[cu. xximi.) 


2, Maintenant encore mes pa- 
roles sont pleines d'amertume, 
et la violence de ma plaie s'est 
plus aggravée que mes gémisse- 
ments. 
| 8. Qui m'accordera que je sa- 
'che trouver Dieu, et arriver jus- 
qu’à son trône? 

4. J'exposerai ma cause devant 
lui, et je remplirai ma bouche de 
récriminations, 

5. Afin que je sache les paro- 
les qu'il me répondra, et que je 
comprenne ce qu'il me dira. 

6.Je ne veux pas quil lutte 
contre moi avec beaucoup de 
force, ni qu'il m'accable par le 
poids de sa grandeur. 

1. Qu'il mette en avant contre 
moi l'équité, et ma cause obtien- 
dra la victoire. 

8. Si je vais à l'orient, il ne pa- 
rait pas; si à l'occident, je ne l'a- 
percois point. 

9. Si c'est à gauche; que ferai- 
je? je ne latteindrai pas; si je 
me tourne à droite, je ne le ver- 
rai pas. 


JOB. 


1049 


10. Mais pour lui, il connait ma 
voie, et il m'a éprouvé comme 
l'or qui passe par le feu. 

11. Mon pied a suivi ses tra- 
ces; jai gardé sa voie, et je ne 
m'en suis pas détourné, 

12. Je ne me suis pas écarté 
des commandements sortis de 
ses lèvres, et j'ai caché dans mon 
sein les paroles de sa bouche. 

13. Car lui est seul Tout-Puis- 
sant, et personne ne peut dé- 
tourner sa pensée; et tout ce que 
son àme a voulu, elle l'a fait. 

14. Quand il aura accompli en 
moi sa volonté, il aura encore un 
grand nembre de moyens sem- 
blables à sa disposition. 

18. Et c'est pour cela qu'à sa 
face je suis troublé, et que, le 
considérant, je suis agité par la 
crainte. 

16. Dieu a amolli mon cœur, el, 
le Tout-Puissant m'a épouvanté. 

11. Car je n'ai pas péri à cause 
des ténèbres qui me pressent, et 
une obscurité n'a pas couvert 
ma face. 


9. D'amertume ; c'est-à-dire de tristesse, de douleur. — La violence; littér. la main, 


c'est-à-dire la force, la puissance, 


3. Que je suche trouver Dieu; littér. et par hébraisme : Que je sache et que je 


lrouve. 


4. Je remplirai, etc., pour repousser les fausses accusations dirigées contre moi. 
1. L'équité; c'est-à-dire la justice ordinaire qui punit le crime et récompense la 


vertu. Compar. xix, 6. — Et ma cause obtiendra; littér. et par hébraisme 


cause obtienne. 


: Et que ma 


8, 9. Ces deux versets sont la réponse à ce qui a été dit au 3* : Qui m'accor- 


dera, etc. 


9.* À gauche..., à droite. La gauche, c'est le nord; la droite, c'est le sud, parce 
que les Orientaux déterminaient les quatre points cardinaux en regardant l'est en 


face. 


13. Son âme, Nous avons déjà remarqué qu'en hébreu comme en arabe le mot 86 


se prend souvent pour personne, individu. 


14. Un grand nombre de moyens semblables de m'affliger, sans que rien puisse s'y 


opposer. 


16. A amolli mon cœur; lui a óté toute sa force. 

11. Car je n'ai pas péri, quoique j'aie été éprouvé par beaucoup de maux. Les 
ténèbres signifient souvent dans l'Ecriture, les maux, les calamités. — L'obscurité n'a 
pas couvert mu face, au point que je ne voie pas tous les malheurs qui m'acablent, 


1050 


CHAPITRE XXIV. 


Job soutient que le crime est souvent im- 
puni en ce monde, parce que Dieu en 
réserve ordinairement la vengeance 
après cette vie. 


1. Les temps ne sont pas ca- 
chés au Tout-Puissant ; mais ceux 
qui le connaissent ignorent ses 
jours. 

2. Les uns ont transporté des 
hornes, ravi des troupeaux, et 
Jes ont fait paître. 

3. Ils ont chassé l'âne des pu- 
pilles, et ils ont enlevé pour gage 
le bœuf de la veuve. 

4. 115 ont détruit la voie du 
pauvre, et ils ont pareillement 
opprimé les hommes doux de la 
terre; 

5. Les autres, comme les ona- 
gres dans le désert, sortent pour 
leur ouvrage; veillant à leur 
proie, ils préparent du pain à 
leurs enfants. 

6. Ils moissonnent le champ 
qui n'est pas à eux ; ils vendan- 
gent la vigne de celui qu'ils ont 
opprimé par la force. 

7. Ils renvoient des hommes 
tout nus, enlevant les vêtements 
à ceux qui n'ont pas de quoi se 
couvrir pendant le froid, 

8. Que les pluies des monta- 
gnes inondent, et qui n'ayant pas 
de vêtement, se réfugient dans 
des rochers. 


JOB. 


[cH. xxiv.] 


9. Ils ont usé de violence, pil- 
lant des orphelins; et le pauvre 
peuple, ils l'ont dépouillé. 

10. À ceux qui étaient nus et 
qui allaient sans vêtements, et 
à ceux qui avaient faim, ils ont 
pris des épis. 

11. Ils ont fait la méridienne 
au milieu des tas de fruits de 
ceux qui, après avoir foulé des 
pressoirs, avaient soif. 

19. Dans les villes, ils ont fait 
gémir les hommes, et l’âme des 
blessés a crié, et Dieu ne souf- 
fre pas que ce mal passe impuni. 

18. Ils ont été rebelles à la lu- 
mière; ils n'ont pas connu les 
voies de Dieu, et ils ne sont pas 
revenus par ses sentiers, 

14. L'homicide se lève dès le 
grand matin, il tue l'indigent et 
le pauvre; et pendant la nuit, il 
sera comme un voleur. 

15. L'eil d'un adultère épie 
l'obscurité, disant : Aucun cil ne 
me verra ; etilcouvrirason visage. 

16. Hl perce des maisons dans 
les ténébres, comme ils en étaient 
convenus pendant le jour; et ils 
n'ont pas connu la lumiere. 

17. Si tout d'un coup apparait 
l'aurore, ils croient que c’est 
l'ombre de la mort; et ainsi dans 
les ténebres, ils marchent comme 
à la lumiere. 

18. Il est plus léger que la 
face de l'eau; maudite soit sa 


1. Ceux qui le connaissent; ses fidèles serviteurs eux-mêmes ignorent ses jours; 
c'est-à-dire les jours où il doit rendre à chacun selon ses œuvres. 

2. Transporter les bornes était chez les anciens un trés grand crime. Ils regardaient 
les limites comme des choses sacrées etinviolables. — Les ont fait paitre dans leurs 
propres pàturages, comme s'ils avaient 616 maîtres des troupeaux. 

8. Pour leur ouvrage, qui est de piller et de voler. 

11. Si tout. d'un coup, etc. Si l'aurore les surprend au milieu de leurs vols, ils en 
sont effrayés, comme on est effrayé naturellement, quand on se trouve subitement 


enveloppé d'une obscurité profonde. 


18. Il est plus léger, etc. Il est mis pour chacun d'eux. Cette sorte de changement 


]68. xxv.] 
part sur la terre, et qu'il ne mar- 
che point par le chemin des vi- 
gnes. 

19. Qu'il passe des eaux des 
neiges à une excessive chaleur, 
et que jusques aux enfers son 
péché /e conduise. 

90. Que la miséricorde l'oublie; 
que les vers soient ses délices; 
qu'il ne soit point dans le souve- 
nir des hommes; mais qu’il soit 
brisé comme un arbre infruc- 
tueux. 

21. Car il a nourri la femme 
stérile, qui n'enfante pas, etil n'a 
pas fait de bien à la veuve. 

22. ll a abattu des hommes 
forts par sa puissance; et lors- 
qu'il sera ferme, il ne croira pas 
en sa vie. 

23. Dieu lui a donné lieu de 
faire pénitence, et lui en abuse 
pour s'enorgueillir; mais les 
yeux de Dieu sont sur ses voies. 

24. Ils se sont élevés pour un 


Cap. XXIV. 23. Apoc., 11, 21. 


JOB. 


1051 


moment, et ils ne subsisteront 
pas; ils seront humiliés comme 
toutes choses, puis ils seront em- 
portés, et briséscomme des som- 
milés d'épis. 

95. Que s'il n'en est pas ainsi, 
qui peut me convaincre d'avoir 
menti, et mettre devant Dieu mes 
paroles ? 


CHAPITRE XXV. 


Baldad soutient que l'homme ne peut, 
sans présomption, prétendre se justi- 
fier devant Dieu. 


1. Or, répondant, Baldad, le 
Suhite, dit : 

2.La puissance et la terreur 
sont en celui qui établit la con- 
corde dans ses lieux élevés. 

3. Est-ce qu'on peut compter 
le nombre de ses soldats? et sur 
qui sa lumiere ne se lèvera-t-elle 
pas? 

4. Est-ce quun homme peut 
êlre justifié, étant comparé à 


de nombre a lieu trés souvent en hébreu. Ainsi, dés que l'aurore parait, il 
plus rapidement que l'eau qui s'écoule; 


s'enfuit 
ou bien, selon d'autres, si rapidement 


quil semble qu'il pourrait marcher sur la surface de l'eau. — Par le chemin des 
vignes. Les vignes sont ordinairement plantées dans les lieux d'un bel aspect. 


20. * Que la miséricorde l'oublie. Le texte original porte : 


l'oublie. 


21. Il a nourri, etc. L'hébreu peut signifier : 
la version chaldaique. Les Septante ont rendu par: 


que le sein qui l'a porté 


Il a brisé; sens qui a été donné dans 
Il n’a pas fait de bien à la stérile. 


22. Il ne croira pas, etc. 11 ne se tiendra pas assuré de sa vie, il craindra conti- 


nuellement pour ses jours. 


24. Ils se sont. Job reprend le nombre pluriel qu'il avait abandonné depuis le 


vers. 18. 


25. Mettre, etc., c'est-à-dire les accuser, pour les faire condamner. 


1. * III* discours de Baldad, xxv. — Au lieu de répondre à Job, il parle comme s'il 
n'avait rien entendu et ajoute seulement au discours d'Éliphaz quelques mots courts 
et solennels sur l'incompréhensible majesté de Dieu et le néant de l'homme. Devant 
Dieu, les créatures les plus saintes ne sont point pures. Il veut faire entendre par là 
₪ Job qu'il ne peut être pur lui-même devant Dieu, 2-6. C'est le dernier mot de ses 
amis. Sophar n'intervient plus. 

2. Qui élablit; qui entretient eette harmonie et cet ordre admirable qui parait 
dans ses lieux élevés, dans les cieux qui lui appartiennent. 

3. Ses soldats; c'est-à-dire tous les corps célestes, ou, selon d'autres, les anges. 

4, 5. Tout ce quil y a de plus saint, de plus beau dans le ciel, et de plus parfait 
sur la terre, n'est qu'imperfection, "ל‎ faiblesse devant Dieu, 


1002 
Dieu, ou celui qui est né d'une 
femme paraitre pur? 

5. Voilà que la lune méme ne 
brille point et que les étoiles ne 
sont pas pures en sa présence; 

6. Combien plus es£ impur un 
homme qui est pourriture, un fils 
de l'homme qui est un ver! 


CHAPITRE XXVI. 


Job reléve la grandeur et la puissance 
de Dieu. 


1. Alors, répondant, Job dit : 

2. De qui es-tu l'aide? est-ce d'un 
homme faible? et soutiens-tu le 
bras de celui qui n'est pas fort? 

3. À qui as-tu donné conseil? 
sans doute à celui qui n'a pas de 
sagesse, et tu as montré ta pru- 
dence très grande. 

4. Qui as-tu voulu enseigner? 
n'est-ce pas celui qui a créé le 
souffle de /a vie? 

5. Voilà que gémissent sous les 
eaux les géants et ceux qui ha- 
bitent avec eux. 


JOB. 


(cu. xxvi.] 


6. L'enfer est nu devant lui, et 
l'abime n'a aucun voile. 

7. C'est lui qui étend l'aquilon 
sur le vide, et suspend la terre 
sur le néant. 

8. C'est lui qui lie les eaux dans 
ses nuées, afin qu'elles ne tom- 
bent pas toutes ensemble en bas. 

9. C'est lui qui tient cachée la 
face de son tróne, et qui étend 
sur lui son nuage. 

10. Il a posé des limites autour 
des eaux pour les retenir jusqu'à 
ce que finissent la lumiere et les 
ténèbres. 

11. Les colonnes des cieux fré- 
missent, et elles tremblent à son 
clin d'œil. 

19. Par sa puissance, soudain 
les mers se sont rassemblées, et 
sa prudence a frappé le superbe. 

13. Son esprit a orné les cieux, 
et, sa main agissant, un serpent 
tortueux a été produit. 

14. Voilà ce qui a été dit d'une 
parüe de ses voies; et si c'est 
avec peine que nous avons en- 


1. * IXe discours de Job : IIIe réponse 8 Baldad, xxvi. — Job répond brièvement au 
dernier discours de Baldad. — 19 Il lui reproche ironiquement l'inutilité de ce qu'il 
vient de dire, 2-4, et il lui montre ensuite qu'il peut peindre, aussi bien que lui, la 
puissance de Dieu, ce qu'il fait en effet d'une manière supérieure. — 2 Il décrit la puis- 
sance divine dans l'enfer (le scheól), 5-7; — 39 dans les airs, 8-10; — 4° dans le ciel 
et sur les mers, 11-14. 

8. Les géants gémissent sous les eaux; c'est-à-dire dans l'enfer; car c'est sous la 
mer que les anciens le plaçaient. Compar. Genèse, vi, 4, vi, 21; Sagesse, xiv, 6; 
1 Pierre, ur. Quelques interprètes entendent par géants les monstres marins; mais 
cette opinion ne parait nullement fondée. 

6. L'abime; littér. la perdition, le lieu de perdition; c'est encore l'enfer sous un 
autre nom. 

1. * Ces paroles sont des images et ne doivent pas étre prises à la lettre, comme 
l'a fait observer saint Thomas. 

9. La face; c'est-à-dire le devant. Il tient son tróne inacessible à nos regards. 

13. Sa prudence, etc. La Vulgate ne supporte pas d'autre sens. Cependant beaucoup 
d'interprétes font de superbum un mot neutre synonyme de superbia, ferocia, qu'ils 
appliquent à maria qui précède. Le texte hébreu porte : Dans son intelligence, il a 
frappé l'orgueil, et le grec : Par sa science il a renversé le monstre marin. 

13. Sa main agissant; littér. obstetricante; c'est-à-dire que sa main a formé un: 
serpent tortueux; le dragon, constellation de l'hémisphére boréal. 

14. De ses voies; de sa manière d'agir, de ses œuvres. — Un petit mot; littér, une 
petite goutte. La parole est souvent comparée dans l'Ecriture à la pluie ou à la rosée, 


[cg. xxvi] 


tendu un petit mot de sa parole, 
qui pourra contempler l'éclat des 
tonnerres de sa grandeur? 


CHAPITRE XXVII. 


Job persiste à soutenir son innocence. Il 
expose les malheurs qui menacent l'hy- 
pocrite et l'impie. 

1. Job, prenant encore de nou- 
veau sa parabole, dit : 

2. Vive Dieu, qui a écarté mon 
jugement, et le Tout-Puissant, 
qui a plongé mon àme dans l'a- 
mertume! 

3. Tant qu'il y aura haleine en 
moi, et un souffle de Dieu dans 
mes narines, 


4. Mes lèvres ne prononceront | 


pas d'iniquité, el ma langue ne 


JOB. 


1053 
murmurera pas de mensonge. 

9. Loin de moi que je juge que 
vous étes justes; jusqu'à ce que 
je défaille, je ne me désisterai 
pas de mon innocence. 

6. Je n'abandonnerai pas ma 
justification que j'ai commencé 
à faire; car mon cœur ne me re- 
proche rien dans toute ma vie. 

1. Que mon ennemi soit comme 
un impie, et mon adversaire 
comme un injuste. 

8. Car quel est l'espoir d'un 
| hypocrite, s'il ravit par avarice, 
| et que Dieu ne délivre point son 
| âme? 
| 9. Est-ce que Dieu entendra 
son cri, lorsque viendra sur lui 
| l'angoisse? 


9. 


Voy. Deulérom. xxxu, 2; Isaie, tv, 10, 11. — De sa parole; c'est-à-dire de la parole 
qui le concerne, dite à son sujet. — 1760/00. Ou ce mot est sous-entendu, ou l'anté- 
cédent du génitit de sa parole est une goutte (parvam stillam), qui précède ; car il 
faut nécessairement au verbe contempler (intueri) un aecusatif pour complément, 
Job, ce nous semble, veut dire ici : Je ne vous ai rapporté qu'une bien faible partie 
des œuvres de la puissance de Dieu. Si donc vous n'avez entendu qu'avec 
peine le peu de paroles que j'ai dites de lui, comment me supporterez-vous, si 
je vous fais entendre la voix terrible de son tonnerre, et si je mets sous vos yeux 
les merveilles de sa grandeur infinie ? 


1. Job, prenant, etc.; littér. et par hébraisme, Job ajouta, reprenant. -- Sa parabole; 
c'est-à-dire l'oracle sacré que Dieu lui inspirait; car tei est le sens qu'a ce mot dans 
le texte sacré. — * Xe discours de Job, xxvr-xxvri. — Les amis de Job ne lui répondant 
plus, il reste comme maitre du champ de bataille. Il en profite pour compléter sa 
victoire dans deux discours. Dans ie premier, en pensant à ses amis, dans le 
second, en ne songeant plus à eux, il ouvre toute son âme, 11 développe ses idées et 
ses croyances. il exprime ses craintes par rapport à son propre sortet fait connaitre 
ses vues sur la Providence. Au commencement du premier discours, — 19 il atteste à 
ses amis que sa vie tout entière dément leur accusation; il ne peut s'avouer cou- 
pable, car il ne l'est pas : s'il le faisait, il trahirait la verité et mériterait ainsi ses 
souffrances, xxvir, 2-19, — 2° I] reconnait d'ailleurs que la Providence punit souvent 
le pécheur, méme en ce monde, mais cette loi souffre des exceptions, xxvri, 13-23. 
— 3° Les voies de Dieu sont cachées; l'homme peut bien sonder les profondeurs de 
la terre, xxvn, 4-11; — 4? mais non les profondeurs de Dieu; l'enfer ou 16 scAeól lui- 
méme ne le peut, xxvur, 12-22. — 5° Seul, Dieu connait ses propres secrets; à l'homme 
d'avoir la crainte de Dieu, xxvrr, 23-28. 

2. Vive Dieu! littér. Dieu vit! formule de serment qui équivaut à : Je jure que. — 
Qui a écarté mon jugement; qui ne m'a pas permis de justifier mon innocence. 

3. Un souffle de Dieu; c'est-à-dire un souffle accordé par Dieu. 

7. C'est mon ennemi et mon adversaire qui doivent étre regardés comme impies 
et injustes, puisque n'admettant pas que quelquefois Dieu punit les justes pour les 
éprouver, et qu'il laisse souvent les pécheurs impunis dans cette vie, ils accusent par 
là méme Dieu de ne pas toujours observer les régles de la justice; ce qui est une 
yéritable impiété. 


105^ 

10. Ou bien pourra-t-il mettre 
ses délices dans le Tout-Puissant, 
et invoquer Dieu en tout temps? 

11. Je vous enseignerai avec le 
secours de Dieu, ce que fait le 
Tout-Puissant, et je ne le cache- 
rai pas. 

19. Mais vous tous, vous le sa- 
vez; et pourquoi dites-vous sans 
raison des choses vaines? 

13. Voici la part d'un homme 
impie devant Dieu, et l'héritage 
que les violents recevront du 
Tout-Puissant. 

14. Si ses enfants se multi- 
plient, ils appartiendront au 
glaive; et ses descendants ne se 
rassasieront pas de pain. 

15. Ceux qui resteront de lui, 
seront ensevelis dans leur ruine, 
et ses veuves ne pleureront pas. 

16. S'il accumule l'argent com- 
me dela poussière, et s'il amasse 
des vêtements comme © ferait 
de la boue, 

11. Il les préparera, il est vrai, 
mais un juste s'en revétira; et 
son argent, un innocent le parta- 
gera. 

(παρ. XXVII. 19. Ps. xLvrir, 18. 


108. 


(cn. kxvur.| 


18. Il ἃ bâti, comme les vers, 
sa maison, et, comme le gardien, 
il s’est fait un abri. 

19. Un riche, lorsqu'il s'endor- 
mira, n'emportera rien avec lui ; 
il ouvrira ses yeux, et il ne trou- 
vera rien. 

90. L'indigence le surpren- 
dra comme l'eau, qui déborde; 
pendant la nuit, une tempéte 
l'accablera. 

91. Un vent brülant le saisira 
et lemportera; et comme un 
tourbillon l’enlèvera de sa place. 

99. Et Dieu enverra sur lui /n- 
fortune, et ne l'épargnera pas; 
lui fera tous ses efforts pour s'en- 
fuir de sa main. 

23. Celui qui regardera son 
lieu frappera sur lui des mains, 
et sifflera sur lui. 


CHAPITRE XXVIII. 


Job recherche l'origine, le principe 
et la source de la sagesse. 


1. L'argent a des sources de 
ses veines, et il y a pour l'or un 
lieu oü il est mis en fusion. 


—— ——— — —— 


41. Avec le secours; littér. et par hébraisme, par la main, par le moyen. — Ce que 
fait le Tout-Puissant; c'est-à-dire la manière d'agir à l'égard des hommes. C'est un des 
sens dont le texte hébreu est susceptible, et qui est parfaitement conforme au texte. 

14. Ils appartiendront au glaive; ils périront parle glaive. 

45. Ils seront ensevelis, etc.; c'est-à-dire selon l'opinion assez commune, qu'ils 


mourront privés de la sépulture. 


18. Par ces comparaisons Job veut faire ressortir le peu de consistance de la mai- 


son de l'impie. 


19. * IL ouvrira ses yeux et il ne trouvera rien. Dans l'hébreu : 71 ouvrira ses yeux 
et il ne sera plus, c'est-à-dire sa mort sera si prompte qu'elle lui laissera à peine le 


temps d'ouvrir les yeux avant qu'il expire. 


92. Fera tous ses efforts, etc ; littér. : sS'enfuyant, il s'enfuira; c'est un hébraisme. 


23. Frappera des mains; littér. serrera ses mains, c'est-à-dire applaudira. — Son 
lieu; le lieu de sa félicité, dont il est déchu. — * EË sifflera sur lui, se moquera de 
lui. 


4. L'argent a des sources de ses veines daus la terre. --* Les exégétes modernes croient 
que Job nous a conservé dans ce chapitre le souvenir des travaux des Egyptiens dans 
les miues de la péninsule du Sinaï. D'après eux, l'auteur du livre de Job avait, selon 


(ca. xxviu.] JOB. 1055 


2. Le fer est tiré de la terre, et 3. Il a posé un temps déterminé 
une pierre dissoute par la cha- | aux ténèbres, et 11 considere lui- 
leur est changée en airain. méme la fin de toutes choses, 


M —‏ — יווצ יוו 


toutes les vraisemblances, visité le Sinai comme l'Egypte, et il nous fait ici la descrip- 
tion del'exploitation des mines sinaitiques. Le texte original dit dans le premier verset: 
«Il y a pour l'argent [une mine] d'où il sort, pour l'or, un lieu où on le purifie. » Diodore 
de Sicile décrit ainsi la manière dont les Egyptiens purifiaient l'or : « A l'extrémité 
de l'Egypte, sur les confins de l'Arabie et de l'Ethiopie, est une contrée abondante 
en mines d'or, d'où l'on retire ce métal à grands frais et par un pénible travail. La 
terre, de couleur noire, y est remplie de protubérances et de veines de marbre d'une 
blancheur remarquable... C'est dans cette terre que les préposés aux travaux des 
mines font recueillir l'or par un grand nombre d'ouvriers... Voici quels sontles pro- 
cédés employés pour traiter la mine. On expose à un feu violent la partie la plus 
dure de la terre qui contient l'or, on la fait ainsi éclater, et on la travaille ensuite 
avecles mains... Les plus robustes sont occupés à fendre avec des masses de fer le 
marbre qu'on trouve dans la mine... Comme les travailleurs, au milieu des détours 
que forment les galeries, se trouvent dans l'obscurité, ils portent, attachées au front, 
des lanternes allumées... Les enfants ramassent... les fragments de pierre détachés 
et les portent en plein air, à l'ouverture extérieure dela galerie. D'autres ouvriers... 
prennent une certaine mesure de ces fragments et les broient dans des mortiers de 
pierre avec des pilons de fer, jusqu'à ce qu ils soient réduits à la grosseur d'une len- 
tille. Auprès d'eux sont les femmes et les vieillards, qui reçoivent ces petites pierres, 
les jettent sous des meules rangées plusieurs de suite, et deux ou trois d'en're eux, 
se placant à la manivelle de chaque meule, la font tourner jusqu'à ce qu'ils aient, par 
cette sorte de mouture, converti la mesure de pierres qui leur a été livrée, en une 
poussiére aussi fine que la farine... Enfin, des hommes instruits dans l'art de traiter 
les métaux s'emparent des pierres réduites au degré de finesse que nous avons in- 
diqué, et mettent la derniére main au travail. Ils commencent par étendre sur une 
planche large et un peu en pente cette poussiére de marbre, et la remuent ensuite, 
en versant de l'eau dessus. La partie terreuse, détrempée par l'eau, coule le long de 
la planche inclinée, et l'or plus pesant y reste. Ils répètent plusieurs fois cette opéra- 
tion, d'abord en frottant légèrement la matière entre les mains; puis, en la pressant 
mollement avec des éponges très fines, ils enlévent peu à peu la terre inutile, jusqu'à 
ce que la paillette d'or demeure seule et pure sur la planche. D'autres recoivent une 
certaine mesure de ces paillettes qui leur sont livrées au poids, et les jettent dansdes 
vases d'argile cuite, en les mélangeant avec un lingot de plomb, d'un poids propor- 
tionné à la quantité de paillettes que contient le vase, quelques grains de sel, une 
trés petite quantité d'étain, et du son de farine d'orge. Aprés quoi ils ferment ces 
vases d'un couvercle parfaitement ajusté, enduit avec soin d'argile délayée, et les 
rangent dans un four oü ils les font chauffer, pendant cinq jours et cinq nuits, sans dis- 
continuation. Ils les retirent ensuite du feu, les laissent refroidir, et n'y trouvent 
plus, aprés les avoir ouverts, que l'or devenu parfaitement pur et qui a trés peu 
perdu de son poids : toutes les autres matières ont disparu. » 

2. * Dans l'original : « Le fer est extrait de la poussière [de la terre], et la pierre 
fondue [donne] l'airain. » Cette description s'applique à l'extraction du cuivre, non à 
celle de l'or, de l'argent ou du fer. Les Egyptiens exploitaient le cuivre dans les 
mines du Sinai. lls en extrayaient aussi la turquoise ou la malachite qui est un 
cuivre carbonaté vert. 

3. Il a posé, etc. Les uns donnent pour sujet à ce verbe Dieu, sous-eutendu, les 
autres le mot Lomme, qui se trouve exprimé au vers. 13; ce que l'ensemble du récit 
semble insinuer. — Pierre peut siguifier ici gravier métallifére. — L'ombre est gram- 
maticalement complément du verbe i/ considére; mais on le traduit généralement 
comme si ce mot était régime de cachée dans. — * Dans l'original: « [L'homme] met 
une fin aux ténèbres, jusqu'aux plus plus grandes profondeurs il explore la pierre 
[cachée dans] l'obscurité et dans l'ombre de la mort. » L'homme pénétre dans les 


sombres profondeurs de la terre pour en extraire le minerai et il y triomphe des 
ténèbres 


1056 
aussi bien qu'une pierre cachée 
dans l'obscurité, et que l'ombre 
de la mort. 

4. Un torrent sépare d'un peu- 
ple étranger ceux que le pied de 
l'homme indigent a oubliés, et 
qui sont inaccessibles. 

ὃ, Une terre d’où naissait du 
pain, a été bouleversée en son 
lieu par le feu. 

6. Ses pierres sont le lieu du 
saphir, et ses glèbes sont de l'or. 

L'oiseau en a ignoré le sen-‏ .ד 
lier, et l’œil d'un vautour ne l'a‏ 
pas regardé.‏ 

8. Les fils des marchands ne 
l'ont pas foulé, et la lionne ne l'a 
pas traversé. 

9. Hl a étendu sa main contre 
des rochers, il a renversé des 
montagnes jusqu'à leurs racines. 

10. Il ἃ creusé des ruisseaux 
dans les pierres, et son œil a 


XXVIII. 15. Sag., vit, 9.‏ .א 


JOB. 


]68. xvvur.] 
vu tout ce qu'il y a de précieux. 

11. Il a scruté aussi les profon- 
deurs des fleuves, et il a produit 
à la lumière des choses cachées. 

12. Mais la sagesse, oü se trou- 
ve-t-elle? Et quel est le lieu de 
l'intelligence? 

13. L'homme n'en connait pas 
le prix, el elle ne se trouve pas 
dans la terre de ceux qui vivent 
dans les délices. 

14. L'abime dit: Elle n'est pas 
en moi; la mer dit aussi : Elle 
n'est pas avec moi. 

15. On ne la donnera pas pour 
l'or le plus affiné, et on ne l'é- 
changera pas contre de l'argent 
au poids. 

16. On nela comparera point 
aux tissus colorés de l'Inde, ni à 
la sardoine la plus précieuse ou 
au saphir. 

17. On ne lui égalera point l'or 


4. Tous les interprétes conviennent que ce verset présente de grandes difficultés, 
tant dans l'hébreu et les Septante que dans la Vulgate. On ne peut donc avoir que 
de simples conjectures sur le sens. — Un peuple étranger ; c'est-à-dire éloigné et chez 
lequel se trouvent des mines d'or et d'argent. — Ceux que le pied, etc. Comme les 
mineurs sont éloignés, l'homme indigent ne saurait faire les dépenses nécessaires 
pour arriver jusqu'à eux; d'autant plus qu'il n'y a pas de chemin frayé qui y con- 
duise. — * Hébreu : « ll creuse un puits [de mine], loin des voyageurs, {là, sont les 
ouvriers], oubliés sous les pieds [des passants]; suspendus [à des cordes], loin [du 
regard] des hommes, ils se balancent. » 

5. Pain se prend souvent dans l'Ecriture pour nourriture, aliment en général. Le 
sens du verset est donc : Une terre auparavant cultivée et fertile, depuis que les 
mineurs l'ont découverte, a été bouleversée à l'intérieurà cause des fourneaux qu'il 
afallu y établir, pour faire fondre les métaux. — * Hébreu : « Et la terre, d'ou sort 
le pain, [l'homme] bouleverse ses entrailles comme le feu. » 

6. * Hébreu : « Ses pierres recèlent le lapis-lazuli, [elles contiennent] des paillettes 
d'or. » 

1-8. * Hébreu : > Le sentier [qui y conduit], l'oiseau de proie ne le connait pas, 
l'eil du vautour ne l'a point vu; les animaux féroces ne l'ont point foulé, le lion 
rugissant n'y a pas marché. » 

9-11. * Hébreu : « [L'homme] a porté sa main sur le granit, il ébranle les mon- 
tagnes [jusque dans leur racine]; il creuse des canaux dans le roc, alors son œil voit 
tout ce qui est précieux; il ferme [les fissures des rochers pour empêcher) les eaux 
de filtrer, et il produit à la lumière [du jour) ce qui était caché. » 

16. * Aux tissus colorés de l'Inde; en hébreu : à l’or d'Ophir. 

11. Comme à l'époque reculée à laquelle vivait Job, le verre était trés rare, il a pu 
le compter parmi les choses les plus précieuses. 


(cu. sxix.] 


ou le verre, et on neléchangera 
point contre des vases d'or. 

18. Ce qu'il y a de plus grand 
et de plus élevé ne sera pas 
méme nommé aupres d'elle, mais 
la sagesse a une origine secrete. 

19. On ne lui égalera pas la to- 
paze de l'Ethiopie, et on ne la 
comparera pas aux teintures les 
plus éclatantes. 

90. D'ou vient donc la sagesse, 
et quel estlelieu de l'intelligence? 

21. Elle est cachée aux yeux de 
tous les vivants, elle estinconnue 
aux oiseaux mêmes du ciel. 

22. La perdition et la mort ont 
dit: Nous avons oui son nom de 
nos oreilles. 

93. C'est Dieu qui comprend sa 
voie, et c'est lui qui connait son 
lieu. 

24. Car c’est lui qui observe les 
extrémités du monde, et qui con- 
sidère tout ce qui est sous le ciel. 


JOB. 


1057 


25. C'est lui qui a fait un poids 
aux vents, et qui a pesé les eaux 
avec une mesure. 

26. Quand ilimposait aux pluies 
une 101, et une voix aux tempêtes 
tonnantes, 

27. C'est alors qu'il l’a vue, 
quil l'a proclamée, et qu'il l'a 
scrutée. 

28. Et il a dit à l'homme 
Voici; la crainte du Seigneur, 
c'est la sagesse, et s'éloigner du 
mal, l'intelligence. 


CHAPITRE XXIX 


Job fait la description de son premier 
état. 


1. Job prenant encore de nou- 
veau sa parabole, dit : 

2. Qui m'accordera que je sois 
comme dans les anciens mois, 
comme aux jours dans lesquels 
Dieu me gardait ; 


18. La sagesse, etc. Selon l'hébreu : 
coraux rouges, ou que des perles. 


La possession de la sagesse est plus que les 


25. Qui a fait un poids, etc., c'est-à-dire qui a pesé les vents et mesuré les eaux, 
de maniére à les contenir les uns et les autres dans de certaines limites. 


4. 108 prenant encore, etc. Voy. xxvir, 1. — * XIe discours de Job, xxix-xxxi. — En 
décrivant d'une maniére si éloquente l'impénétrabilité de la sagesse divine, Job a 
montré à ses amis combien il était téméraire de leur part de vouloir assigner les 
raisons pour lesquelles Dieu le faisait souffrir. Comme ils ne lui répondent rien, Job 
commence un long discours, divisé en trois parties : — I. il décrit sa félicité passée, qu'il 
ne peut se rappeler sans douleur dans son état présent ; — IL. il décrit ensuite ses dou- 
leurs actuelles; — 111. enfin il dit combien elles sont pour lui inexplicables, parce qu'il 
n'a pas conscience de les avoir méritées par ses péchés. Ce discours est moins une 
continuation de la discussion qu'une récapitulation méthodique et complète de ce qu'il 
avait avancé déjà: — 15 qu'il n'a point mérité son malheur et — 2» qu'il en ignore la 
cause. — 1r* partie : Félicité passée, xxix. — 1° Souvenirs mélancoliques du 
bonheur, des honneurs et de la considération dont il a autrefois joui, 2-11. —- 29 [a 
considération dont il jouissait était méritée par son zéle à défendre les droits de 
l'opprimé; c'est pourquoi il croyait pouvoir compter sur la stabilité de son bonheur, 
12-20. — 3° Il inspirait à tous confiance, et cette confiance était fondée sur la peine 
qu'il prenait pour l'intérêt du prochain, 11-25. 

2. Job, voyant que ses amis ne répondaient pas à ses raisons, continue à parler 
dans ce chapitre et les deux suivants. C'est ici un discours nouveau, mais qui tend 
au méme but que les précédents. ll] y fait d'abord son apologie en réponse aux 
reproches injustes que lui avait faits Eliphaz (xxir, 5, 6, 7 et suiv.). Il termine par 
une peinture de ses maux, et soutient qu'ils ne sont pas la punition de ses crimes 
passés (xxiX-XXxI). 


A. T. 07 


1058 | 
3. Quand sa lampe 101881] sur 

ma 1616, et qu'à sa lumière je 

marchais dans les ténèbres; 

4. Comme je fus aux jours de 
ma jeunesse, quand en secret 
Dieu était dans mon tabernacle; 

5. Quand le Tout-Puissant était 
avec moi, et qu'autour de moi 
étaient mes serviteurs; 

6. Quand je lavais mes pieds 
dans le beurre, et qu’une pierre 
répandait pour moi des ruis- 
seaux d'huile; 

1. Quand je m'avancais vers la 
porte de la ville, et que sur la 
place publique on me préparait 
un siége? 

8. Les jeunes hommes me 
voyaient, et se retiraient à l'é- 
cart; et les vieillards, se levant, 
se tenaient debout. 

9. Les princes cessaient de 
parler, et mettaient un doigt sur 
leur bouche. 

10. Les grands retenaient leur 
voix, et leur langue s'attachait à 
leur palais. 

11. L'oreille qui m'entendait me 
proclamait bienheureux, et l'oeil 
qui me voyait me rendait témoi- 
gnage; 

12. Parce que j'avais délivré le 
pauvre qui criait, et l'orphelin qui 
n'avait pas de soutien. 

13. La bénédiction de celui 
qui allait périr venait sur moi, 


JOB. 


[cu. xxix.] 


et je consolais le cœur de la 
veuve. 

14. Je me suis revétu de la jus- 
tice, etl'équité de mes jugements 
m'a servi comme de vétement et 
de diadème. 

15. J'ai été un œil pour l'aveu- 
gle, et un pied pour le boiteux. 

16. J'étais le père des pauvres; 
et l'affaire que je ne connaissais 
pas, je l’étudiais avec le plus 
grand soin. 

17. Je brisais les mâchoires de 
l'injuste, etj'arrachais la proie de 
ses dents. 

18. Et je disais : C'est dans mon 
petit nid quejemourrai, etcomme 
le palmier, je multiplierai mes 
jours. 

19. Ma racine s'étend le long 
des eaux, et la rosée se reposera 
sur ma moisson. 

20. Ma gloire se renouvellera 
tous les jours et mon arc se for- 
tifiera dans ma main. 

91. Ceux qui m'écoutaient at- 
tendaient mon sentiment, et, at- 
tentifs, ils se tenaient en silence 
pour recevoir mon avis. 

22. [ls n'osaient rien ajouter à 
mes paroles, et mon discours cou- 
lait sur eux goutte à goutte. 

93. Ils me souhaitaient comme 
l'eau du ciel, et ils ouvraient leur 
bouche, comme /« terre s'ouvre 
à la pluie de l'arriere-saison. 


3. Sa lampe, etc. Dans un grand nombre de passages de la Bible, 


la lumiére 


marque la prospérité, et les ténèbres l'adversité. 

6. Je lavais mes pieds, etc. Ces expressions hyperboliques indiquent une grande 
abondance. — * Le beurre est ordinairement à l'état liquide en Orient. 

14. L'équité de mes jugements. La Vulgate dit simplement mon jugement; mais le 
terme hébreu signifie aussi quelquefois jugement équitable. Or le contexte exige 


qu'on lui donne ici ce sens. 


18. * Comme le palmier. En hébreu : comme le sable. Quelques modernes traduisent 


à tort : comme le phénix. 


23. Dans ces contrées orientales, il ne pieut guère qu'en deux saisons de l'année, 
au printemps et en automne. Comme les pluies de l'automne succédent aux grandes 


feu. xxx.] 

24. 51 quelquefois je leur sou- 
riais, ils ne le croyaient pas, etla 
lumière de mon visage ne tom- 
bait pas à terre. 

95. Si je voulais aller parmi 
eux, j'avais la première place; et 
lorsque j'étais assis comme un 
roi entouré de son armée, j'étais 
cependant le consolateur des af- 
fligés. 


CHAPITRE XXX. 


Job décrit l'état où il est tombé. 


1. Mais maintenant je suis tour- 
né en ridicule par des Aomunes 
plus jeunes que moi, dont «utre- 
fois je n'aurais pas daigné mettre 
les pères avec les chiens de mon 
troupeau; 


job. 


1059 
2. Dont je comptais pour rien ia 
force de la main, et qui me parais- 
saient méme indignes de la vie; 

3. Qui desséchés parla détresse 
et la faim, rongeaient dans un 
désert ce qu'ils pouvaient y trou- 
ver, défigurés par le malheur et 
la misere ; 

4. Qui mangeaient des herbes et 
des écorces d'arbres, et dont la 
racine des genévriers était la 
nourriture; 

9. Qui allaient les enlever dans 
les vallées, et qui, en ayant trouvé 
quelqu'une, y accouraient en 
criant ; 

6. Qui habitaient dans des dé- 
serts auprès des torrents, dans 
les cavernes de la terre, ou sur le 
gravier; 


chaleurs de l'été, et lorsque la terre était toute desséchée, et comme altérée, les 
auteurs sacrés empruntent de là des images, pour marquer une grande avidité, un 
ardent désir. 

24. La lumière de mon visage; c'est-à-dire un regard gracieux de ma part. — Ne 
tombait pas à terre; n'était pas négligé, était au contraire très bien accueilli. 


1. * II* partie du XIe discours de Job : Malheurs présents, xxx. — Ils sont décrits en 
trois tableaux qui commencent tous par 16 mot maintenant.— 19 Maintenant les hommes 
les plus méprisables s'élèvent contre lui, 1-8; — 29 maintenant il est pour eux un objet 
de moquerie; ils l'attaquent de toutes leurs forces, 9-15; — 3e maintenant il a cepen- 
dant assez à souffrir, sans cette peine de surcroit, dela part de ses propres maux et 
de la part de Dieu, 16-23. — 40 Combien moins ses amis devraient-ils se tourner contre 
lui, puisque sa félicité passée s'est changée en une douleur si cruelle! 24-31. 

2. Dont je complais pour rien, etc.; la force de leur bras m'était entièrement inu- 
tile; je n'avais nullement besoin de leur secours. 

3. Ce qu'ils pouvaient y trouver. Ces mots ou autres semblables sont sous-entendus ; 
à moins qu'on ne considère comme complément du verbe actif rongeaient (rodebant), 
les mots herbes (herbas) et écorces d'arbres (arborum cortices); genre de construction 
qui n'est pas rare dans la Vulgate. 

4. * Des herbes, en hébreu, malouakh, kali des Arabes, espèce d'arroche, d'une 
saveur salée, dont les pauvres mangent les bourgeons et les feuilles jeunes. Quelques 
philosophes pythagoriciens s'en nourrissaient aussi, au rapport d'Athénée. — La ra- 
cine des genévriers. Le mot original, róthem, a été rendu par genévrier dans les an- 
ciennes versions, mais on s'accorde généralement aujourd'hui à le traduire par 
genét. L'abondance du genét dans une partie du désert du Sinai fit donner son nom, 
Iithmah, à un des campements des Israélites dans 18 péninsule, Nombres, xxxur, 18. 
La racine de cette plante est trés amère. 

6. * Dans les cavernes. 1[ est question ici d'une espèce de Troglodytes ou d'un 
peuple semblable à celui que mentionnent la Genése, xiv, 6, et le Deutéronome, τι, 12, 
les Chorréens ou Horrhéens. Ces derniers étaient les habitants aborigènes du mont 
Séir. probablement les alliés des Emim et des Réphaim. Ils en furent chassés par les 
enfants d'Esaü, On voit encore par centaines leurs habitations, taillées dans le gres, 


4060 


7. Qui au milieu de choses sem- 
blables se livraient à la joie, et 
mellaient leurs délices à être 
sous des ronces. 

ὃ. Fils de peres insensés et vils, 
et qui ne paraissent nullement 
sur la terre. 

9. Maintenant je suis devenu 
le sujet de leurs chansons, et 
je suis passé parmi eux en pro- 
verbe. 

10. 115 m'ont en horreur, et 
ils fuient loin de moi, et ils n'ont 
pas honte de cracher sur ma 
face. 

11. Car Dieu a ouvert son car- 
quois, et il m'a abattu, et il a mis 
un frein à ma bouche. 


408. 


(cii. xxx.1 
19. A ma droite, quand j'ai 
commencé à paraitre, mes maux 
se sont soudain élevés; ils ont 
renversé mes pieds, et m'ont 
foulé dans leurs sentiers comme 
sous des flots. 

13. Ils ont détruit mes chemins, 
ils m'ont dressé des piéges et ils 
ont prévalu, et il n'y a eu per- 
sonne qui me portàât secours. 

14. Comme par la brèche d'un 
mur et par une porte ouverte ils 
ont fondu sur moi, et ils ont ac- 
couru pour m'accabler dans ma 
misere. 

15. J'ai été réduit au néant; 
comme le vent, vous avez em- 
porté l'objet de mes désirs, et 


dans les montagnes d'Edom et surtout à Pétra. Les Troglodytes dont parle Job 
habitaient le Haurau, dont le nom signifie peut-être « terre des cavernes, » parce que 
les cavernes y abondent. Elles sont encore aujourd'hui en partie habitées. M. Drake 
en a fait la description suivante, qui nous fait connaître en même temps la vie mi- 
sérable des Troglodytes, semblable à celle des contemporains de Job. « Ils habitent 
les antiques cavernes, en commun avec leurs vaches, les brebis et les boues. L'entrée 
est généralement un passage taillé daus le roc, d'environ un mètre de large, ouvert 
au-dessus, et descendant soit par un plan incliné, soit par de petites marches à la 
porte de la caverne, qui est d'un peu plus d'un mètre sur 0,15 centim. Les parois 
de la caverne sont rarement polies. Elle est de forme circulaire ou ovale et ἃ rarement 
deux mètres de hauteur. Le milieu est occupé par le bétail; la partie réservée pour 
la portion humaine des habitants est marquée et délimitée par une ligne de pierres. 
On porte chaque matin le fumier au dehors... Lorsqu'une pluie abondante améne 
dans la caverne quelques centimètres d'eau, cette eau, jointe à l'humidité des murs, 
aux moustiques, à la vermine, à la mauvaise odeur qu'exhalent hommes et bétes, 
fait de cette habitation la plus affreuse des étables. Et cependant les hommes indo- 
lents, bien constitués, qui possèdent cette écurie, sont trop paresseux pour se cons- 
truire une hutte. Ils préfèrent demeurer dans ces cavernes que leur ont léguées 
leurs ancétres et ils errent sur les collines avec leurs troupeaux, ou bien enveloppés 
dans leurs haillons, ils sommeillent dans quelque coin abrité, sans autre désir que 
de remplir leur estomac d'herbes sauvages qu'ils mangent crues. Ces herbes sau- 
vages, du pain de millet et le lait diversement préparé forment leur nourriture ordi- 
naire. » 

1. * Sous des ronces. Hébreu : Jes ronces, ou plutôt les orties leur servent de couche. 

8. Qui ne paraissent, etc.; c'est-à-dire qui n'osent point paraitre, se montrer dans 
leur patrie, parmi leurs concitoyens. — * Hébreu : race insensée, gens sans aveu, ils 
sont le rebut de la terre. La région que décrit Job a été de tout temps habitée par 
des pillards, vivant en partie de brigandage. La population actuelle de la Trachonitide 
orientale, qui porte aujourd'hui le nom arabe fort significatif de Ledjah, c'est-à-dire 
refuge, parce que c'est la en effet que se réfugient comme dans un repaire inacces- 
sible les aventuriers et les bandits, rappelle particulièrement ce trait de la descrip- 
tion de Job. 

41. * JL m'a mis un frein à lu bouche. Les bas-reliefs assyriens représentent des 
homines à qui l'on a mis réellement un frein à la bouche. 

12. * Ils ont renversé mes pieds, clfct de la maladie de Job. 


[cu. xxx.] 


comme un nuage, ἃ passé mon 
bonheur. 

16. Aussi maintenant mon àme 
se flétrit en moi-méme, et des 
jours d'affliction ont pris posses- 
sion de moi. 

11. Pendant la nuit mes os sont 
transpercés de douleurs; et ceux 
qui me dévorent ne dorment pas. 

18. Leur multitude consume 
mon vétement, et ils m'ont cou- 
vert comme d'un capuchon de tu- 
nique. 

19. Je suis devenu comme la 
boue, et je suis semblable à la 
braise et à la cendre. 

90. Je crie vers vous, et vous 
ne m'exaucez pas; je me tiens de- 
vant vous, et vous ne me regar- 
dez pas. 

91. Vous étes changé et devenu 
cruel envers moi; et c'est avec la 
dureté de votre main que vous me 
combattez. 

29. Vous m'avez élevé, et me 


JOB. 


1061 


posant comme sur le vent, vous 
m'avez brisé entierement. 

23. Je sais que vous me livrerez 
à la mort, où est marquée la mai- 
son de tous les vivants. 

24. Cependantce n'est pas pour 
leur ruine que vous étendez votre 
main ; car s'ils tombent, vous les 
sauvez. 

25. Je pleurais autrefois sur 
celui qui était affligé, et mon âme 
était compatissante pour le pau- 
vre. 

96. F'attendais des biens, et il 
m'est venu des maux ; j'espérais 
lalumiere, et des ténebres se sont 
répandues autour de moi. 

27. Un feu ardent n'a cessé de 
brüler dans mes entrailles; des 
jours d'affliction m'ont prévenu. 

28. Je marchais triste, sans fu- 
reur; me levant, je poussais des 
cris au milieu de la foule. 

29. J'ai été frere des dragons et 
compagnon des autruches. 


17. Ceux qui, etc., peut s'entendre de ses ennemis, ou mieux peut-être, des vers 
qui le rongeaient. 

18. Comme d'un capuchon de tunique. C'est le sens qui nous a paru le mieux con- 
corder avec : ils m'ont couvert, liltér. entouré (succinterunt). Ainsi cette phrase 
signifie, comme le remarque Ménochius, que les vers qui rampaient au-dessus du 
cou de Job formaient comme un capuchon qui entourait et couvrait sa téte. 

19. *Je suis devenu comme la boue. Détails pathologiques, exprimés métaphorique- 
ment, sur l'éléphantiasis dont souffre Job. Dans cette maladie, la peau se colore 
d'abord fortement en rouge; elle devient ensuite noire et écailleuse et a l'apparence 
d'une croûte terreuse et sale. 5 

22. Me posant comme sur le vent, etc. Me tenant comme suspendu en l'air, c'est-à- 
dire après m'avoir élevé, vous m'avez laissé tomber, etc. 

23-24. Tous les hommes vont à la mort; mais vous ne voulez point leur perte en- 
tiére; vous les conservez dans cette vie. S'ils font quelques faux pas, vous les relevez. 
Voilà, Seigneur, la conduite que vous tenez envers le commun des hommes; mais 
pour moi, il semble que vous vouliez en tenir une autre. 

21. N'a cessé de brüler; c'est le vrai sens de l'hébreu, qui porte à la lettre : Elles 
(mes entrailles) ont brülé et n'ont point cessé. C'est aussi celui de la Vulgate, car l'ex- 
pression aósque ulla requie, qu'on traduit par sans aucun repos, et qui signifie sans 
aucune interruption, sans jamais cesser, se rapporte à entrailles, et non point à Job. 

29. * J'ai été frère des dragons (en hébreu : des chacals) et compagnon des autruches, 
c'est-à-dire jeleur suis devenu semblable par les cris que m'arrache la douleur. Le 
glapissement du chacal fatigue tous ceux qui l'entendent, et le cri strident de l'au- 
truche a quelque chose de plaintif et de lugubre qui remplit d'effroi. « Lorsque les 
autruches, raconte un voyageur, se préparent à la course ou au combat, elles font 


1002 


30. Ma peau est devenue noire 
sur moi, et mes os se sont dessé- 
chés dans une ardeur brülante. 

31. Ma harpe s'est changée en 
plainte lugubre, et mon orgue en 
voix de pleureurs. 


CHAPITRE XXXI. 


Job se justifie devant ses amis en leur 
exposant le détail de la conduite qu'il a 
tenue dans le temps de sa prospérité. 


1. J'ai fait un pacte avec mes 
yeux pour ne pas méme penser 
àune vierge. 

2. Car autrement quelle part 
d'en haut aurait Dieu pour moi, 
el quel héritage des cieux, le 
Tout-Puissant? 

3. Est-ce que la ruine n'est pas 
pour le méchant, et l'aliénation 
des héritages pour ceux qui ope- 
rent l'injustice ? 

4. Dieu ne considère-t-il pas 
mes voies, et tous mes pas, ne 
les compte-t-il point? 

9. Si j'ai marché dans 18 vanité; 


JOB. 


[cu. xxxr.] 


si mon pied s'est háté dans la 
11180 ; 

6. Que Dieu me pèse dans une 
balance juste, et qu'il connaisse 
ma simplicité. 

7. Que si mon pas s'est détour- 
né de la voie, et si mon cœur a 
suivi mes yeux, et si à mes mains 
s'est attachée quelque souillure ; 

8. Que je sème et qu'un autre 
mange, et que ma race soit arra- 
chée jusqu'à la racine. 

9. Si mon cœur a été séduit au 
sujet d'une femme, et si à la porte 
de mon ami j'ai dressé des em- 
büches ; 

10. Que ma femme soit la pros- 
tituée d'un autre, et que d'autres 
la déshonorent. 

11. Car l'adullere est un crime 
énorme, et une iniquité tres 
grande. 

12. C'est un feu qui dévore jus- 
qu'à la perdition, et qui extirpe 
toutes les productions. 

13. Si j'ai dédaigné d'aller en 


sortir de leur grand cou tendu et de leur long bec béant un bruit sauvage, terrible, 
semblable à un sifflement. Dansle silence de la nuit, elles poussent des gémissements 
plaintifs et horribles qui ressemblent parfois de loin au rugissement du lion, mais 
plus souvent au beuglement enroué du taureau. Je les ai entendues souvent gémir, 
comme si elles étaient en proie aux plus affreuses tortures. » (SHAW.) 

31. Orgue. Voy. pour le sens de ce mot Job, xxr, 12. 


1. * Ille partie du XIe discours de Job : Conscience de son innocence, אאא‎ — Du 
moins sa conscience est-elle pour lui. — 19 1[ ne s'est jamais abandonné à ses passions, 
1-12; — 2° il ne s'est jamais servi de sa force pour traiter injustement les faibles, 
13-23; — 3° il n'a jamais été arrogaut, comme on le lui a reproché, ni envers Dieu ni 
envers les hommes, 24-40. 

6. Ma simplicité; c'est-à-dire ma droiture, mon innocence. 

7. La voie droite, juste. 

11. L'adultére; littér. Cela (hoc), ce dont Job vient de parler. Or c'est l'aduliere 
quil a désigné dans les deux versets précédents. 

12. Jusqu'à la perdilion. Le terme hébreu abaddón, signifie aussi 76 lieu de perdi- 
Lion, l'enfer. Compar. Job, xxvi, 6. — L'adultére est effectivement une vraie flamme 
qui dévore et les richesses, et la réputation, et les qualités les plus excellentes du 
corps et de l'àme. L'adultére extirpe encore toutes les productions, c'est-à-dire toute 
la race ou les enfants légitimes. 

13. Ici commence une suite de phrases conditionnelles entrecoupées de paren- 
thèses que nous avons cru devoir marquer du signe ordiuaire, comme on l’a fait 
dans le latin, au vers. 18, pour faciliter l'intelligence du texte. C'est au vers. 22 que 
se trouve la conclusion de ces phrases. — Si j'ai dédaigné, etc. Les esclaves régu- 


[cu. ΧΧΧΙ.ἢ 
jugement avec mon serviteur et 
ma servante, lorsqu'ils dispu- 
taient contre moi. 


14. (Car que ferai-je, lorsque. 


Dieu se lèvera pour me juger? 
et lorsqu'il m'interrogera, que lui 
répondrai-je ? 

15. N'est-ce pas celui qui m'a 
fait dans le sein de ma mére, qui 
la fait lui aussi, et le méme qui 
m'a formé en elle?) 

16. Si j'ai refusé aux pauvres 
ce qu'ils voulaient, et si j'ai fait 
attendre les yeux de la veuve; 

11. Si jai mangé seul ma bou- 
chée de pain, et sile pupille n'en 
a pas mangé aussi : 

(Car des mon enfance la 
compassion a עס‎ avec moi, et 
du sein de ma mere elle est sor- 
tie avec mol.) 

19. Si j'ai détourné mes yeux 
de celui qui mourait, parce qu'il 
n'avait pas de quoi se couvrir, 
et du pauvre qui était sans véte- 
ment; 

20. Si ses flancs ne m'ont pas 
béni, et s'il n'a pas été réchauffé 
par les toisons de mes brebis: 

91. Si j'ai levé ma main contre 
un orphelin, méme lorsque je me 
voyais supérieur à la porte de /a 
ville : 


JOB. 


1063 


29. Que mon épaule tombe sé- 
parée de sa jointure, et que mon 
bras avec {ous mes os soit entie- 
rement brisé : 

98. Car j'ai toujours craint Dieu 
comme des flots soulevés au-des- 
sus de moi, et je n'ai pu supporter 
le poids de sa majesté. 

24. Si jai pris l'or pour ma 
force, et si j'ai dit àl'or affiné: 
Tu es ma confiance : 

25. Si je me suis livré à l'allé- 
gresse à cause de mes abondantes 
richesses, et parce que ma main 
a trouvé des biens en tres grand 
nombre; 

26. Si j'ai vu le soleil, lorsqu'il 
brillait de son vif éclat, et la lune 
marchant dans son clair, 

97. Et si mon cœur s'est livré 
à la joie en secret, et si j'ai baisé 
ma main de ma bouche ; 

98. Ce qui est une iniquité très 
grande, et nier 16 Dieu très haut : 

29. Si je me suis réjoui de la 
ruine de celui qui me haïssait, et 
si j'ai bondi de joie de ce que le 
malheur l'avait atteint : 

30. (Car je n'ai pas permis à ma 
bouche de pécher en cherchant à 
maudire son àme.) 

31. Si les hommes de ma tente 
n'ont pas dit : Qui 2ows donnera 


liérement n'avaient pas d'action contre leur maitre, en public devant les juges; le 
maitre avait sur eux un droit absolu; mais en particulier, les esclaves: pouvaient se 
plaindre; et il était de l'équité de leur maitre d'écouter leurs humbles remontrances 
et de leur faire justice. 

21. A la porte de la ville; c'était là qu'étaient placés les tribunaux et que se tenaient 
les assemblées du peuple. | 

23. Ce verset et les suivants sont encore des phrases conditionnelles entremélées 
de parenthéses, dont le sens est suspendu, jusqu au:vers. 35, qui leur sert de con- 
clusion. 

21. Les peuples anciens qui ו‎ les astres, étendaient ordinairement la main 
vers eux et la portaient ensuite à leur bouche pour la baiser. 

31: Qui nous donnera... 06 sa chair? Les- uns l'entendent de la chair de feniemi 
86:10 , les autres de la propre chair de Job, ou supposant que ses serviteurs étant 
très mécontents de lui, parce qu'il rendait leur service trop pénible et trop fatigant 
en pratiquant l'hospitalité, envers, tout. 16 monde et eu tenant.dans sa. maison une 


1064 


de nous rassasier de sa chair? 

39. (L'étranger en effet n'est 
pas resté dehors; ma porte a £ou- 
jours été ouverte au voyageur.) 

33. Si comme homme, j'ai tenu 
mon péché secret, et si j'ai caché 
dans mon sein mon iniquité ; 

34. Si jai été saisi d'effroi à 
cause de la grande multitude, et 
si lemépris de mes reproches m'a 
épouvanté, etsi je ne me suis pas 
plutót tenu dans le silence, sans 
sortir de ma porte : 

35. Qui me donnera quelqu'un 
qui m'entende, afin que le Tout- 
Puissant écoute mon désir, et que 
celui qui juge, écrive lui-méme 
un livre, 

36. Afin que sur mon épaule je 
porte ce livre, et que je le mette 
comme une couronne autour de 
ma téte? 


JOB. 


[cu. xxxm.] 


97. À chacun de mes pas j'en 
prononcerai les paroles, et je le 
présenterai comme à un prince. 

38. Si la terre qui m'appartient 
crie contre moi, et que ses sillons 
pleurent avec elle ; 

39. Si j'ai mangé ses fruits sans 
argent, et si j'ai affligé l'àme de 
ses cultivateurs : 

40. Qu'au lieu de blé il me naisse 
des ronces, et au lieu d'orge, des 
épines. 


Les paroles de Job sont fiuies. 


CHAPITRE XXXIT. 


Eliu accuse ses amis de manquer de sa- 
gesse, et reléve sa propre suffisance. 


1. Alorsces trois hommes ces- 
serent de répondre à Job, parce 
qu'il se croyait toujours juste. 

9. Mais Eliu, fils de Barachel, 


discipline trop sévère, exprimaient ainsi leur mécontentement, ou ne voyant dans 
ces mots que l'expression d'un sentiment si tendre et d'un si vif attachement pour 
leur maitre, qu'ils auraient, pour ainsi dire, souhaité de le manger; expression ana- 
logue à dévorer des yeux, manger de caresses, etc. Quoi qu'il en soit de ces diverses 
interprétations, Job a voulu dire que, lorsqu'il était excité à la vengeance méme par 
les gens de sa maison, il n'a pas cédé à ce sentiment. 

33. Comme homme, est le texte méme de la Vulgate : Quas; homo. Ou prend géné- 
ralement le mot homme pour un nom collectif, et on traduit : Comme le font ordi- 
nairement les hommes. L'hébreu pouvant signifier Comme Adam, le chaldéen ayant 
traduit ainsi, plusieurs habiles interprètes, soit catholiques, soit protestants, ont 
adopté ce sens, qui parait d'ailleurs parfaitement conforme au contexte. : 

35-36. Un livre, contenant sa sentence. — Celui qui juge; le juge par excellence, 
le juge supréme, Dieu. Aprés avoir exposé son innocence, Job demande à son sou- 
verain juge qu'il daigne prononcer et écrire sa sentence, parce que, loin de craindre 
qu'elle ne lui soit défavorable, il la portera au contraire comme un trophée et s'en 
parera comme d'un ornement précieux. 

36. Sur mon épaule. Chez les Hébreux, comme chez plusieurs autres peuples de 
l'antiquité, les princes et les grands portaient sur leurs épaules les marques de leur 
dignité. Voy. Isaie, 1x, 6; xxr, 22. 

31. Comme à un prince; comme un présent digne d'un prince; selon d'autres; 
comme à mon prince; ce qui est s'écarter du texte. L'hébreu porte littér. Comme un 
prince je le présenlerai ; ce que l'on explique ainsi : Je donnerai ce livre à lire à qui 
voudra, avec la méme assurance, la méme hardiesse qu'un prince qui présente les 
titres de sa qualité, qui prononce une sentence ou qui donne ses ordres. 

39. Sans argent, sans les payer. 

40. Les paroles de Job sont finies; c'est-à-dire ses paroles à ses amis; il ne leur 
parle plus, en effet, dans la suite, il répond seulement à Dieu, qui intervient pour 
terminer le différend. 


2. * ]Ie partie : Intervention d'Eliu, xxxi-xxxvit. — La conclusion de Job, c'est 


[cu. xxxir.] 


le Buzite, de la famille de Ram, 
s'irrita et s'indigna; or il s'irrita 
contre Job, de ce qu'il disait qu'il 
était juste devant Dieu. 

3. Puis il s'indigna contre ses 
amis, de ce qu'ils n'avaient pas 
trouvé de réponse raisonnable 
contre Job, mais que seulement 
ils l'avaient condamné. 

4. Ainsi Eliu attendit tant que 
Job parla, parce que ceux qui 
parlerent étaient plus âgés que 
lui. 

5. Mais lorsqu'il eut vu que les 
trois n'avaient pu répondre, il fut 
vivement irrité. 


JOB. 


1065 
6. Répondant donc, Eliu, fils de 
Barachel, 16 Buzite, dit : Je suis le 
plus jeune, et vous, vous étes 
plus âgés, c'est pourquoi, la tête 
baissée, je n'ai pas osé manifes- 
ter mon sentiment. 

7. Car j'espérais qu'un âge aussi 
avancé parlerait, et qu'une mul- 
titude d'années enseignerait la 
sagesse. 

8. Mais, comme je le vois, l'Es- 
prit est dans les hommes et l'ins- 
piration du Tout-Puissant donne 
l'intelligence. 

9. Ce ne sont pas ceux qui ont 
vécu longtemps qui sont sages, 


qu'étant innocent il ne sait pas pourquoi Dieu l'afflige. Éliu intervient et veut lui 
apprendre la raison de ses souffrances. C'est un jeune homme, issu probablement 
d'une branche collatérale de la famille d'Abrabam, xxxi, 2, 6; cf. Genèse, xxir, 21. ll ἃ 
écouté en silence, comme il convenait à sa jeunesse, mais non saus indignation, des 
hommes plus âgés que lui, xxxir, 6-7, qui lui paraissent avoir avancé beaucoup d'er- 
reurs. Poussé par une inspiration divine, il s'adresse maintenant aux deux partis. 
lls se sont tous trompés, puisqu'ils n'ont vu ni les uns ni les autres un des princi- 
paux buts de la souffrance : c'est que Dieu parle à l'homme par la voix de la dou- 
leur et lui enseigne toutes les vertus. Tont en faisant ressortir ce caractère médicinal, 
préventif et didactique de la souffrance, Eliu redresse accessoirement ce qui lui a 
paru faux à un degré quelconque dans les paroles de Job et de ses amis. Ses dis- 
cours sont au nombre de quatre. Les Péres les ont sévérement jugés. Eliu est en 
effet présomptueux et avide de faire étalage de sa science, mais il n'en fait pas 
moins ressortir une vérité nouvelle, qui n'avait pas encore été présentée, celle de 
l'utilité de la souffrance pour purifier l'homme et l'instruire; ce qui montre que le 
juste lui-mème peut être affligé. 11 prépare ainsi la manifestation de Dieu, en faisant 
cesser les plaintes de Job; Dieu n'a plus, en paraissant, qu'à faire confesser à Job 
qu'il a eu tort de se plaindre. 

6. * Ier discours d'Eliu : L'homme n'est point sans tache aux yeux de Dieu, xxxir- 
xxx. — Après l'introduction historique, en prose, xxxir, 1-6*, dans laquelle sont 
mentionnées l'indignation de Job contre ses amis, 1-3, et les raisons qu'a eues Éliu 
de se taire d'abord et de parler maintenant, — 1» Eliu commence en disant qu'il a 
laissé parler les amis plus âgés de Job, dans l'espérance qu'ils le réfuteraient, mais 
puisqu'il s'est trompé, il prend la parole, xxxir, 65 - 14. — 20 Quand ils ont eu fini leurs 
discours, il s'est tu quelque temps encore; l'esprit le pousse maintenant à exposer 
sans partialité ce qu'il pense, xxxn, 15-22. — 3» Que Job l'écoute, car il sera sincère et 
clair; Job n'a pas d'ailleurs à craindre devant lui comme devant Dieu, puisqu'il est 
son semblable, וזצאא‎ 1-7. — 49 Quand il a fini ce long exorde, il entre dans le cœur 
de son sujet. Job s'est déclaré innocent à l'encontre de Dieu, mais il est faux que Dieu 
ne manifeste pas à l'homme sa volonté, il la lui manifeste de plusieurs maniéres, 
d'abord par des visions de nuit, xxxmr, 8-18; — 55 ensuite par la souffrance et par la 
maladie, qui est un des langages de Dieu. Ces coups ne doivent point décourager 
l'homme, mais plutôt, au moyen de l'intercession des saints, lui faire reconnaitre 
ses péchés, xxxu1, 19-30. — 6» Péroraison : Job peut continuer à l'écouter tranquille- 
ment ou lui répondre, xxxii, 31-33. 

1. Qu'un âge aussi avancé... qu'une multitude d'années, est dit par métonymie, 
pour des hommes d'un dge aussi avancé ;... des hommes qui ont une mullitude d'années, 


1066 


et ce ne sont pas les vieillards qui 
comprennent la justice. 

10. C'est pourquoi je parlerai : 
Ecoutez-moi, je vous montrerai, 
moi aussi, ma sagesse. 

11. Car jai attendu vos dis- 
cours ; j'ai écouté pour voir quelle 
élait votre prudence, tant que 
vous avez fait assaut de discours. 

12. Et tant que je pensais que 
vous diriez quelque chose, j'étais 
attentif; mais, comme je le vois, 
il n'y a personne de vous qui 
puisse convaincre Job et répondre 
à ses discours. 

13. N'allez pas dire : Nousavons 
trouvé la sagesse; Dieu l'a rejeté 
et non un homme. 

14. Il ne m'a rien dit, et pour 
moi, ce ne sera pas selon vos dis- 
cours que je lui répondrai. 

15. Ils ont été épouvantés, ils 
n'ont plus répondu, ils se sont 
Ôté à eux-mêmes la parole. 

16. Puisque donc j'ai attendu, 
et qu'ils n'ont point parlé; qu'ils 
se sontarrétés, et qu'ils n'ont plus 
répondu, 

17. Je parlerai moi aussi pour 
ma part, et je montrerai ma 
science. 

18. Car je suis plein de discours, 
et une force me presse au dedans 
de moi. 


JOB. 


[cH. xxx111.] 


19. Voilà que mon estomac est 
comme un vin nouveau qui, sans 
air, rompt les outres neuves. 

20. Je parlerai et je respirerai 
un peu; j'ouvrirai mes lèvres. 

21. Je ne ferai acception de 
personne, et je n'égalerai pas 
Dieu à un homme. 

22. Car je ne sais combien de 
temps je subsisterai, et si dans 
peu mon Créateur ne m'enlevera 
point. 


CHAPITRE XXXIII. 


Eliu accuse Job de s'étre élevé contre 
Dieu, et d'abuser des différentes voies 
dont Dieu se sert pour reprendre les 
hommes. 


1. Ecoute donc, Job, mes pa- 
roles, et sois attentif à tous mes 
discours. 

2. Voilà que j'ai ouvert ma 
bouche, que ma langue parle 
dans ma gorge. 

3. C'est d'un cœur simple que 
sortiront mes discours, et c'est 
un sentiment pur que mes lèvres 
exprimeront. 

4. L'Esprit de Dieu m'a fait, le 
souffle du Tout-Puissant m'a don- 
né la vie. 

5. Si tu peux, réponds-moi, et 
tiens ferme en ma présence. 

6. Vois, Dieu m'a fait comme 


13. N’allez pas dire, etc. 1[ ne suffit pas de dire que Dieu lui-même l'a rejeté, que 
ce qu'il souffre est une preuve plus manifeste de son péché, que tout ce que nous 
pourrions dire; il faut le convaincre, et venger la justice de Dieu offensée par ses 
discours insolents. 3 

19. Sans air; littér. sans soupirail, expression qui se rapporte en réalité à outres 
neuves, mais que par une métonymie trés familiére aux écrivains sacrés le texte 
rapporte à vin nouveau. 


2. Que ma langue parle dans ma gorge. Les Hébreux, dans les récits, exprimaient 
souvent l'action matérielle et physique. C'est ainsi qu'on lit dans le Ier livre des Rois 
(x, 9) : Lorsqu'il eut détourné son épaule, pour s'en aller. Ces sorles d'expressions 
sont de vrais archaismes, qui n'ont pas été compris par tous les hébraisants, mais 
que nous avons dü conserver dans notre Traduction, sans nous inquiéter des sar- 
casmes de quelques Voltairiens iguorants. 


[cu. xxxu.) 


il t'a fait, et cest de la méme 
boue que j'ai été formé. 

7. Cependant, que ce qu'il y a 
de merveilleux en moi ne t'épou- 
vante point, et que mon élo- 
quence ne soit pas accablante 
pour toi. 

8. Tu as donc dit à mes oreilles, 
et j'ai entendu la voix de tes pa- 
roles : 

9. Je suis pur et sans péché ; 
sans tache, et il n'y a point d'ini- 
quité en moi. 

10. C'est parce que Dieu a trou- 
vé des sujets de plaintes contre 
moi, qu'il a pensé que j'étais son 
ennemi. 

11. IL ἃ mis mes pieds dans les 
chaines, et il a gardé toutes mes 
voies. 

19. C'est donc en cela que tu 
n'as pas été justifié; car je 16 ré- 
pondrai que Dieu est plus grand 
que l'homme. 

13. Disputes-tu contre lui, parce 
qu'il ne t'a pas répondu sur toutes 
tes paroles ? 

14. Dieu ne parle qu'une fois, et 
il ne répète pas ce qu'il a dit. 

15. Pendant un songe, dans une 
vision nocturne, quand un pro- 
fond sommeil s'empare des hom- 
mesetqu'ils dorment dansleur lit: 

16. C'est alors qu'il ouvre les 
oreilles des hommes, et que, les 
instruisant, il leur enseigne la 
science, 

17. Pour détourner ainsi un 


JOB. 


1067 


homme des choses qu'il fait, et 
le délivrer de l'orgueil ; 

18. Retirant son âme de la cor- 
ruption, et empêchant que sa vie 
ne tombe sous le glaive. 

19. Il le châtie encore par la 
douleur dans son lit, et il fait 
sécher tous ses os. 

20. Durant sa vie, le pain lui de- 
vient un objet d'aversion, ainsi 
que 76 devient pour son âme une 
nourriture auparavant très re- 
cherchée. 

21. Toute sa chair se consu- 
mera, et ses os, qui étaient cou- 
verts, seront mis à nu. 

92. Son àme a été proche de la 
corruption, et sa vie de tout ce 
qui pouvait lui donner la mort. 

93. Si un ange, un d'entre mille, 
parle pour lui, et qu'il annonce 
l’équité de cet homme, 

94. Dieu aura compassion de 
lui, et il dira : Délivre-le, afin 
qu'il ne descende pas dans la cor- 
ruption ; j'ai trouvé ce en quoi je 
peux lui étre propice. 

95. Sa chair est consumée par 
les supplices; qu'il retourne aux 
jours de sa jeunesse. 

26. Il priera Dieu, et Dieu se 
laissera apaiser en sa faveur; il 
verra sa face avec jubilation, et 
il rendra à cet homme sa jus- 
lice. 

Il regardera les hommes et‏ .דפ 
il dira : J'ai péché, je me suis vrai-‏ 
ment rendu coupable, et je n'ai‏ 


9. Je suis pur, etc. Job soutenait son innocence contre les calomnies de ses amis; 
mais il ne prétendait pas être absolument pur de toute faute aux yeux de Dieu; car 
il dit le contraire en plusieurs endroits, notamment vir, 20, 21; 1x, 2, 3; xiu, 23, 26; 


XIV, 10. 41. 


11. Les chaines; littér. le nerf, mot qui signifie proprement des liens faits avec 
des nerfs, mais qui s'applique aussi aux cordes, aux chaines, aux menottes et aux 
colliers qu'on mettait aux criminels. Voy. 11 Paral., xvi, 10. 

20. Durant sa vie de malade; dans l'état où il est. 


1008 


pas recu Ie chátiment dont j'étais 
digne. 

28. Il a délivré son âme, afin 
qu'elle n'allát pas à la mort, mais 
que, vivant, elle vit la lumiere. 

29. Remarque bien, Dieu fait 
trois fois ces choses en chaque 
homme, 

30. Afin de rappeler leurs âmes 
de la corruption, et de les illumi- 
ner de la lumiere des vivants. 

31. Préte attention, Job, écoute- 
moi; garde le silence, pendant 
que je parle. 

32. Mais si tu as quelque chose 
à dire, réponds-moi; car je veux 
que tu paraisses juste. 

39. Que si tu n'as rien, écoute- 
moi; garde le silence, et je t'en- 
seignerai la sagesse. 


CHAPITRE XXXIV. 


Eliu accuse Job de blasphéme. Il relève 
la justice infinie de Dieu, sa puissance 
et ses lumières. 


1. C'est pourquoi continuant 
son discours, Eliu dit encore ceci: 


Car. XXXIV. 3. Supra, xir, 11. 


JOB. 


[cu. xxxiv.] 


2. Sages, écoutez mes paroles, 
el vous, savants, prétez-moi at- 
tention ; 

3. Car l'oreille discerne les pa- 
roles comme le palais juge des 
mets par le goüt. 

4. Formons-nous un jugement, 
el voyons entre nous ce quil y a 
de mieux. 

9. Job a dit : Je suis juste, et 
Dieu détruit mon bon droit. 

6. Car dans le jugement porté 
contre moi, il y a fausseté : une 
fleche ardente m'a percé sans 
quil y ait en moi aucun pé- 
ché. 

7. Quel est l'homme comme est 
Job, qui boit la dérision comme 
l'eau ; 

8. Qui marche avec ceux qui 
operent liniquité, et chemine 
avec les hommes impies ? 

9. Car il a dit : L'homme ne 
plaira pas à Dieu, quand méme 
il aurait couru avec lui. 

10. C'est pourquoi, hommes 
sensés, écoutez-moi : Loin de 


1. * Ie discours d'Éliu : Apologie de la justice divine, xxxiv. — Job ne lui répond 
rien. Eliu a consacré en partie son premier discours à montrer que Dieu n'est pas 
injuste envers l'homme; il consacre le second tout entier à développer cette idée et 
à établir que Dieu gouverne le monde avec équité. — 191] prie les assistants de l'écouter 
et de prononcer. Job accuse Dieu de ne point le traiter avec justice, 2-9: — 29 mais 
comment Dieu pourrait-il étre injuste, puisqu'il crée et gouverne le moude librement, 
10-18? — 30 la justice de Dieu envers ses créatures éclate de toutes parts : sa toute- 
puissance et sa science infinie lui permettent de juger avec pleine justice, 19-28. — 
49 Comment pourrait-on calomnier les voies de Dieu, puisqu'il se propose comme 
but le bien des hommes? On doit plutót s'humilier devant lui, et c'est parce que Job 
ne le fait pas qu'il mérite le châtiment divin, 29-37. 

4. Formons-nous, etc.; c'est-à-dire disculons, examinons ensemble, en commun, 
toute cette dispute, et voyons ce qui s'y trouve de plus vrai, de plus juste. . 

5. Mon bon droit; littér. Mon jugement. Le mot jugement (judicium) dela Vulgate, 
comme le terme hébreu dont il est la traduction, signifie aussi juste jugement, 
cause jusle, justice, etc. Job veut donc dire ici que Dieu, en l'affligeant, fait que sa 
juste cause parait injuste. 

6. * Une flèche ardente, la maladie qui l'a blessé et couvert de plaies, comme s'il 
avait été frappé par une fléche qui produit des douleurs cuisantes. 

9. Il aurait couru avec lui, dans ses voies; hébraisme, pour, se conformer à ses 
désirs, ne faire que sa volonté. 


fon. χχχιν. 
Dieu l'impiété, et 702% du Tout- 
Puissant l'iniquité! 

11. Car il rendra à l'homme 
selon ses œuvres, et il traitera 
chacun selon ses voies. 

12. Certainement Dieu ne con- 
damnera pas sans sujet, et le 
Tout-Puissant ne détruira pas le 
bon droit. 

13. Quel autre que lui 1 
constitué sur la terre? ou qui a- 
t-il établi sur l'univers, qu'il a 
formé? 

14. S'il dirigeait vers lui son 
cœur, il attirerait à soi son es- 
prit etson souffle. 

15. Toute chair périrait en 
méme temps, et l'homme retour- 
nerait en cendre. 

16. Si donc tu as l'intelligence, 
écoute ce que l'on dit, et sois at- 
tentif à mes paroles. 

11. Est-ce que celui qui n'aime 
pas la justice, peut étre guéri? et 
comment toi condamnes-tu si 
hautement celui qui est juste? 

18. Celui qui dit à un roi 
Apostat; qui appelle les grands 
impies; 

19. Qui ne fait point acception 
de la personne des princes, qui 
n'a pas connu un tyran, lorsqu'il 
disputait contre un pauvre, parce 
que tous les hommes sont l'ou- 
vrage de ses mains. 


JOB. 


1069 


20. Ils mourront tout à coup, 
et au milieu de la nuit les peu- 
ples se troubleront, ils passeront 
et le violent sera emporté sans 
la main de l'homme. 

21. Car les yeux de Dieu sont 
sur les voies des hommes, et il 
considère tous leurs pas. 

22. Il n'y a pas de ténèbres, et 
il n'y a pas d'ombre de mort, oü 
puissent se cacher ceux qui 
opèrent l'iniquité. 

23. Car il n'est plus au pouvoir 
de l'homme de venir devant Dieu 
en jugement. 

24. Il en brisera une multitude 
innombrable, et il en établira 
d'autres à leur place. 

25. Car il connait leurs œuvres, 
et c'est pourquoi il fera venir la 
nuit, et ils seront brisés. 

26. Il les a frappés comme im- 
pies, dans un lieu oü on les 
voyait. 

27. Eux qui, de propos déli- 
béré, se sont retirés de lui, et 
n'ont pas voulu comprendre iou- 
tes ses voies; 

28. En sorte qu'ils ont fait par- 
venir jusqu'à lui le cri de l'indi- 
gent, et qu'il a entendu la voix 
des pauvres. 

29. Car, lui accordant la paix, 
qui est celui qui condamnera? 
et s'il cache son visage aux na- 


19. Deutér., x, 17; II Par., xix, 1; Sag., vr, 8; Eccli., xxxv, 15; Actes, x, 34; Rom., 
,ד‎ 11; Gal., rz, 6: Ephés., vr, 9; Col., ur, 25; 1 Pierre, 1, 11. 


12. Le bon droit. Voy. vers. 5. 


11. Celui qui est juste par excellence, Dieu. 

18. Apostat; ellipse, pour : Tu es un apostat. -- * Le mot traduit par aposlat est 
en hébreu Béliat, homme de rien, homme sans valeur, inutile. 

20. Sans la main de l’homme; sans que la main d'un homme le frappe, parce que 


Dieu lui-même l'enléve par la maladie, etc. 


27. Toutes ses voies. C'est ainsi qu'on traduit généralement; selon nous, il serait 


plus exact de dire : 


Nulle, aucune de ses voies; parce que, comme nous en avous déjà 


fait la remarque, le mot /out en hébreu, étant joint à une négation, signifie nu/, 


aucun. 


1070 


tions et à tous les hommes, qui | 


est-ce qui pourra le contem- 
pler? 

30. C'est lui qui fait régner un 
homme hypocrite, à cause des 
péchés du peuple. 

31. Puis donc que j'ai parlé à 
Dieu, je ne t'empécherai pas de 
parler aussi. 

32. Si j'ai erré, instruis-moi; 
si j'ai parlé iniquité, je n'ajoute- 
rai plus rien. 

33. N'est-ce pas à toi que Dieu 
demande compte de cette ini- 
quité qui t'a déplu? car c'est toi 
qui as commencé à parler, et non 
pas moi; si tu sais quelque chose 
de meilleur, parle. 

34. Que des hommes intelli- 
gents me parlent,et qu'unhomme 
sage m'écoute. 

35. Pour Job,il a parlé folle- 
ment, et ses paroles n'annoncent 
pas la science. 

80. Mon pere, que Job soit 
éprouvé jusqu'à la fin; ne cessez 


JOB. 


(cu. xxxv.] 


point de frapper un homme d'i- 
niquité. 

37. Parce qu'il ajoute à ses pé- 
chés le blasphème, qu'il soit, 
malgré cela, pressé par nos rai- 
sons; et qu'alors il appelle Dieu 
en jugement par ses discours. 


CHAPITRE XXXV. 


Eliu continue de calomnier Job. Il sou- 
tient que c'est pour l'avantage même 
des hommes que Dieu est attentif à ré- 
compenser le bien et à punir le mal. 1] 
exhorte Job à prévenir la sévérité de la 
justice de Dieu. 


1. Ainsi Eliu dit encore ceci : 

2. Est-ce qu'il te semble que ta 
pensée était équitable, quand tu 
as dit: Je suis plus juste que Dieu? 

3. Car tu as dit: Ce qui est 
juste ne vous plait pas: ou quel 
avantage relirez-vous, sije peche? 

4. C'est pourquoi je répondrai 
à tes discours et à tes amis avec 
toi. 

5. Regarde en haut le ciel, et 


31. J'ai parlé à Dieu; c'est ainsi que porte la Vulgate, et le texte hébreu; ma'8 
comme la particule hébraïque, traduite dans le Vulgate par ad ou à, signifie quel- 
quefois de, au sujet de, surtout quand elle est jointe aux verbes parler, dire, la plu- 
part des traducteurs lui ont donné ce dernier sens. Dans son discours, en effet, 
Eliu a parlé de Dieu, dont il a entrepris la défense contre les prétendus blasphèmes 
de Job, mais sans s'adresser directement à lui. 

33. N'est-ce pas à toi, etc.; selon d'autres : Est-ce à toi, etc.; mais ce qui suit immé- 
diatement : Car c'est toi qui as commencé, etc., s'oppose évidemment, selon nous, à 
celte dernière interprétation. 

36. Mon père, c'est-à-dire, mon Dieu, selon la version chaldaïque et plusieurs inter- 
prètes. Sanchez pense qu'Eliu appelle ainsi Eliphaz à cause de son grand âge et du 
respect dont il était environné. Cette explication semble mieux s’accorder avec ce 
qui suit. 

31. Ses, omis dans la Vulgate, est exprimé dans l'hébreu. 

1. * Ille discours d'Éliu : réfutation de la seconde affirmation de Job sur l'inutilité 
de la confiance en Dieu, xxxv. — ll développe dans ce discours l'idée qu'il avait déjà 
exprimée contre Job, xxxiv, 9, et il affirme que, parla piété ou l'impiété, l'homme 
se rend utile ou nuisible à lui-même. — 4° Quand Job dit que la piété est inutile à 
l'homme, eroit-il par là que l'homme puisse donner ou enlever quelque chose à Dieu, 
2-8? — 2» Ceux-là se plaignent en vain qui négligent, par présomption, de recourir 
à Dieu; que Job prenne garde de leur devenir semblable, 9-16! 

2. Je suis plus jusle que Dieu. Job n'avait pas proféré un pareil blasphéme ; mais il 
avait soutenu son innocence en des termes si forts, qu'il semblait en quelques en- 
droits accuser Dieu d'injustice à son égard. 


re 


(cu. xxxvi.] 


vois: et contemple combien la 
région de l'air est plus haute que 
toi. 

6. Si tu pèches, en quoi lui 
nuiras-tu? et si tes iniquités se 
multiplient, que feras-tu en cela 
contre lui? 

1. Mais si tu as agi justement, 
que lui donneras-tu, ou que rece- 
vra-t-il de ta main? 

8. C'està un homme semblable 
| ₪ toi que nuira ton impiété, et 
c'est au fils d'un homme que ta 
justice servira. 

9. A cause de la multitude des 
calomniateurs, ils crieront; et ils 
se lamenteront à cause de la vio- 
lence du bras des tyrans. 

10. Et aucun d'eux n'a dit : Où 
est Dieu, qui m'a fait, qui inspire 
des cantiques pendant la nuit, 

11. Qui nous doune plus d'ins- 
truction qu'aux bétes dela terre, 
el plus d'intelligence qu'aux oi- 
seaux du ciel? 


joB. 


1071 
12. Alors ils crieront, et il ne 
les exaucera pas, à cause de l'or- 
gueil des méchants. 

13. Ge n’est donc pas en vain 
que Dieu écoutera leurs cris ; et 6 
Tout-Puissant considérera avec 
attention la cause de chacun. 

14. Mème lorsque tu as dit : Il 
ne considère point; juge-toi toi- 
même en sa présence, et attends- 
le: 

15. Car ce n’est pas maintenant 
qu'il exerce sa fureur, et qu'il tire 
une grande vengeance du crime. 

16. C'est done en vain que Job 
ouvre sa bouche, et que, sans 
science, il multiplie des paroles. 


CHAPITRE XXXVI. 


Eliu continue à défendre l'équité des ju- 
gements de Dieu. Il exhorte Job à pro- 
fiter des peines dont Dieu l'a châtié, et 
reléve la puissanee du Seigneur 


1. Continuant de nouveau, Eliu 
dit ceci : 


6. Lui représente Dieu, qui est exprimé au vers. 2. 
8. Fils d'un homme; expression poétique, synonyme du mot homme. 


9. Calomnialeurs. Ce mot et calomnie siguifient souvent dans la Vulgate, oppres- 
seurs injusles, injuste oppression. — Ils crieront ; c'est-à-dire les méchants opprimés 
par d'autres méchants erieront, mais ils ne seront pas exaucés, parce qu'ils ne crie- 
ront pas à Dieu, comme il est dit au vers. 2. 

10. Aucun d'eux, est sous-entendu ; c'est le sujet du verbe sing. a dit (dixit). Dans 
les récits de cette nature, les écrivains sacrés mettent trés souvent le verbe au sing. 
en sous-entendant chacun ou nul, aucun, suivant que la phrase est aífirmative ou 
négative. 

14. Même lorsque, etc. Il y a dans ce verset une ellipse qui le rend tout à fait 
inintelligible. Or en insérant entre : // ne considére point et juge-toi toi-méme, ces 
mots : Ta pensée était-elle équitable? mots qu'on lit au vers. 2, dans une phrase 
semblable, on a un sens parfaitement clair et suivi. 

15. Maintenant ; c'est-à-dire dans ce monde. 


1. * IVe discours d'Éliu : Dieu afflige l'homme pour le garder du péché et l'exciter 
au repentir, xxxvi-xxxvir. — Dans son dernier discours, Eliu expose encore plus 
complétement les motifs pour lesquels Dieu permet que le juste soit affligé : c'est 
pour le tenir en garde contre le péché, ou, s'il a péché, pour l'exciter au repentir. 
— 19 Son exorde annonce des raisons décisives en faveur de sa thése, xxxvr, 2-4. — 
29 Dieu est tout-puissant, mais il ne dédaigne personne, et c'est ce qu'il montre en 
éprouvant ceux qu'il aime, xxxvi, 5-12. — 39 C'est pour le plus grand bien de Job 
que Dieu l'afflige; il doit done veiller à ne pas perdre par sa faute la bénédiction 
que Dieu veut répandre sur lui, xxxvi, 13-22. — 4» L'homme doit louer humblement 
ce maitre incomparable qui manifeste sa puissance et sa sagesse par ses œuvres mer- 


1073 

2. Ecoute-moi un peu, et je te 
convaincrai ; ear j'ai encore à par- 
ler en faveur de Dieu. 

3. Je reprendrai mes preuves 
dés le commencement, et je te 
montrerai que mon créateur est 
juste. 

4. Vraiment, en effet, mes dis- 
cours sont exempts de mensonge, 
et ma parfaite science te sera 
prouvée. 

9. Dieunerejette pointles puis- 


sants, puisqu'il estlui-méme puis- 


sant. 

6. Mais il ne sauve point les 
impies, et il fait justice aux pau- 
vres. 

7. Il ne détournera pas ses 
yeux du juste; et il place des rois 
sur le trône pour toujours, et ces 
rois sont ainsi élevés. 

8. Et s'ils sont dans les chaînes, 
et 5115 se trouvent resserrés par 
les liens de là pauvreté, 

9. Il leur montrera leurs œu- 
vres et leurs crimes, parce qu'ils 
ont été violents. 

10. Il découvrira leur oreille 
pour les reprendre ; et il parlera, 
afin qu'ilsreviennent del'iniquité. 

41. S'ils écoutent et obéissent, 


JOB. 


(cu. xxxvi.] 


ils accompliront leurs jours dans 
le bonheur et leurs années dans 
la gloire. 

12. Mais s'ils n'écoutent point, 
ils passeront par le glaive, et ils 
périront dans /eu folie. 

13. Les dissimulés et les astu- 
cieux provoquent la colere de 
Dieu, et ils ne crieront point, 
lorsqu'ils seront enchainés. 

14. Leur âme mourra dans la 
tempéte, et leur vie parmiles ef- 
féminés. 

15. Dieu tirera le pauvre de son 
angoisse, et il découvrira son 
oreille dans la tribulation. 

16. Il te sauvera donc d'un 
abime étroit et qui n'a pas de 
fondement sous lui, et £e mettra 
très au large; et la table où tu 
prends du repos sera pleine de 
viandes grasses. 

11. Ta cause a été jugée comme 
celle d'un impie; tu recevras se- 
lon la cause et le jugement. 

18. Que la colere donc ne te 
surmonte point en sorte que tu 
opprimes quelqu'un; et que la 
multitude des dons ne t'incline 
point vers l'injustice. 

19. Abaisse ta grandeur sans 


veilleuses et par les phénomènes atmosphériques, xxxvr, 23-33. — 5» Eliu décrit en 
détail l'orage, sa magnilicence et ses suites, xxxvir, 1-43. — 60 En face de pareils 
spectacles, {ob peut bien reconnaitre sa faiblesse et son ignorance, comme Eliu 
reconuait la sienne, xxxvir, 14-24. C'est la conclusion naturelle des discours d'Eliu et 
la préparation de l'apparition de Dieu qui se manifeste maintenant au sein d'une de 
ces tempétes que l'orateur vient de décrire. 

2. Ecoute-moi; littér. souffre-moi, supporte-moi. 

10. 11 découvrira leur oreille; c'est-à-dire il ouvrira. Compar. ch. xxxurz, 16. Le mot 
découvrir est aussi dans le texte hébreu; il signifie proprement, écarter les cheveux 
ou toute autre chose qui couvre les oreilles. 

14. Leur dme. On a dü déjà remarquer que les Hébreux, comme les Arabes, 
prennent souvent l'âme pour la personne, l'individu. — Dans la tempéte d'une mort 
- subite et violente. 

15. Il découvrira, etc. Compar. le vers. 10. 

16. La table... sera pleine de viandes grasses; littér. et par Aypallage, figure gram- 
maticale très familière aux écrivains sacrés : Le repas de ta table sera plein, etc. 

11. Tu recevras, etc. Comme ta cause est trés mauvaise, le jugement que tu subi- 
ras, sera proportionné à cette cause; il sera trés mauvais pour toi, trés défavorable, 


(eu. xxxvir.] 


que la tribulauon £y oblige; 
abaisse aussi les forts et les puis- 
sants. 

90. N'allonge point la nuit, afin 
que les peuples, au lieu d'eux, 
puissent monter jusqu'à toi. 

91. Prends garde de ne point te 
porter à l'iniquité; car tu as com- 
mencé à la suivre, après la misere 
qui t'a atteint. 

29. Vois donc! Dieu est élevé 
dans sa puissance, et nul ne lui est 
semblable parmi les législateurs. 

23. Qui pourrascruter ses voies? 
ou qui peut lui dire : Vous avez 
commis une iniquité? 

94. Souviens-toi que tu ignores 
son œuvre, que les hommes ont 
chantée. 

95. Tous les hommes le voient, 
chacun le considere de loin. 

96. Vois donc! Dieu est grand, 
il surpasse notre science, et le 
nombre de ses années est incal- 
culable. 

97. C'est lui qui enlève les 
gouttes de la pluie, et répand 


JOB. 1075 


les ondées comme des torrents 

98. Qui fondent des nues, les- 
quelles voilent toutes les régions 
d'en haut. 

29. S'il veut étendre les nuées 
comme sa tente, 

30. Et lancer d'en haut des 
éclairs par sa lumiere, il couvrira 
les extrémités méme de la mer. 

31. Car c'est par ces moyens 
quil juge les peuples, et qu'il 
donne la nourriture à un grand 
nombre de mortels. 

39. Dans ses mains il cache la 
lumiere, et il lui ordonne de pa- 
raitre de nouveau. 

33. llannonceà celui qu'il aime, 
qu'elle est son partage, et qu'il 
peut monter jusqu'à elle. 


CHAPITRE XXXVII. 


Eliu continue de décrire les effets de la 
puissance et de la sagesse de Dieu. 


V. Cest pour cela que mon cœur 


a été saisi d'effroi, et qu'il est 
sorti de sa place. 


90. N'allonge point, etc. Ne prolonge pas le temps de ton sommeil; léve-toi au con- 
traire de bon matin, afin que les tribus de pasteurs puissent se présenter devant toi 
pour que tu leur rendes la justice, au lieu de ces dominateurs insolents (vers. 19) 
dont tu aimes à t'environner. 

94. Son œuvre; c'est-à-dire l’œuvre de la création, ou bieu ses ouvrages en général, 
en supposant que l'opus de la Vulgate soit un nom collectif. — Que les hommes ont 
chantée. Les anciens ne conservaient guère la mémoire des grands événements que 
par des cantiques composés exprès, 

95. Tous les hommes le voient dans ses œuvres. — Chacun le considère de loin, et 
par conséquent d'une manière imparfaite, confuse et avec une certaine obscurité. 
Compar. 1 Corinth., xu, 12. 

29. S'il veut étendre les nuées pour s'en servir comme d'une lente. On supposait que 
Dieu habitait dans une tente ou pavillon composé de nuées qui l'environnaient de 
toutes parts et en dérobaient la vue aux hommes. 


1. C'est pour cela; cest à cause des merveilles dont je viens de parler, et surtout 
du tonnerre dont les effets sont si terribles et dont la cause est si inconnue. — 
*« Dans le xxxvi? chapitre,... on sent que les accidents météorologiques qui se 
produisent dans la région des nuages, les vapeurs qui se condensent ou se dissipent, 
suivant la direction des vents, les jeux bizarres de la lumiére, la formation de la 
gréle et du tonnerre, avaient été observés avant d'étre décrits. Plusieurs questions 
aussi sont posées, que la physique moderne peut ramener sans doute à des formules 
plus scientifiques, mais pour lesquelles elle n'a pas trouvé encore de solution sa*is- 


d Vh GS 


1074 


9. Ecoutez tres attentivement 
sa voix terrible, et les sons qui 
sortent de sa bouche. 

3. Lui-méme porte ses regards 
au-dessous de tous les cieux, et 
sa lumiere se répand sur les con- 
fins de la terre. 

4. Aprés lui un bruit éclatera 
comme un rugissement ; il ton- 
nera par la voix de sa grandeur, 
etlorsqu'on aura entendu sa voix, 
on ne pourra la comprendre. 

9. Dieu tonnera merveilleuse- 
ment par sa voix, lui qui fait 
des choses grandes et impéné- 
trables; 

6. Qui ordonne de descendre 
Sur la terre à la neige et aux 
pluies de l'hiver, et à ses fortes 
 ondées; 


JOB. 


]68. xxxvir.] 


". Qui met un sceau sur la 
main de tous les hommes, afin 
qu'ils reconnaissent chacun leurs 
œuvres. 

&. La bête entrera dans sa ta- 
nière, et elle demeurera dans son 
antre. 

9. Des lieux intérieurs sortira 
la tempête, et d'Arcturus le froid. 

10. Au souffle de Dieu, la glace 
se durcit, et de nouveau les eaux 
les plus abondantes se répan- 
dent. 

11. Le blé désire les nuées, et 
les nuées répandentleurlumière. 

12. Elles parcourent tous les 
lieux où les conduit la volonté de 
celui qui les gouverne, et selon 
ce qu'il leur a ordonné sur la face 
du globe de la terre, 


faisante. On tient généralement le livre de Job pour l’œuvre la plus achevée de la 
poésie hébraïque. 11 y a autant de charme pittoresque dans la peinture de chaque phé- 
nomène que d'art dans la composition didactique de l'ensemble. Chez tous les peuples 
qui possèdent une traduction du livre de Job, ces tableaux de la nature orientale ont 
produit une impression profonde :« Le Seigneur marche sur les sommets de la mer, 
» sur le dos des vagues soulevées par la tempéte. — L'aurore embrasse les contours 
» dela terre et faconne diversement les nuages, comme la main de l'homme pétrit 
» l'argile docile. » Nous y voyons « lair pur, quand viennent à souffler les vents 
» dévorants du sud, étendu comme un métal en fusion sur les déserts altérés. » 
(Alex. de HumBoLpr.) 

9. Le tonnerre est souvent appelé dans l'Ecriture la voix de Dieu. 

3. Il considère tout ce qui se passe sous le ciel. — Sa lumière; c'est-à-dire les 
éclairs qui accompagnent le tonnerre. 

4. Après lui. Partout où il va, des bruits effrayants annoncent sa présence. Selon 
d'autres : Après l'éclair, qui est représenté dans le vers. précédent par le mot lumen; 
mais ce mot étant du genre neutre, eum qui est du masculin ne saurait s'y rap- 
porter. — On ne pourra la comprendre; on ne pourra rien dire de certain et d'in- 
contestable sur la cause, sur le lieu et sur les circonstances du tonnerre. 

6. Ses fortes ondées; littér. Les ondées de sa force; ce genre de construction est 
assez usité dans le style biblique. 

1. Qui met un sceau, etc. Nous sommes tous comme les esclaves de Dieu, qui ἃ 
gravé, pour ainsi dire, dans la main de chaque homme son emploi, sa qualité, son 
rang, son engagement. Cette coutume d'imprimer des marques aux esclaves, est 
connue dans toute l'antiquité, et on la pratique encore aujourd'hui dans l'Orient. 
Compar. Isaïe, xuiv, 5; Ezéch., 1x, 6; Apocal., vii, 3; xut, 6. Chez les Romains, on im- 
primait avec un fer chaud une certaine marque aux soldats qu'on enrólait. Voy. 
Veget., liv. 1, chap. viu; liv. II, chap. v. Eliu peut donc faire ici allusion à cet ancien 
usage, pour montrer notre dépendance du Seigneur. Cependant d'autres expliquent 
ce passage dans le sens que Dieu, pendant les orages, ferme la main des hommes et 
la scelle, en quelque sorte, pour les empêcher de travailler à la terre, et qu'ils 
reconnaissent que toutes leurs ceuvres ne se font que par l'ordre du Seigneur. 

4. * D'Arcturus, la constellation dela grande Ourse, 


(cu. χχχνπι.] 


13. Soit dans une tribu, soit 
dans sa terre, soit en quelque lieu 
de sa miséricorde que ce soit, oü 
il leur aura commandé de se 
trouver. 

44. Job, écoute ceci attentive- 
ment; arréte-toi, et considere les 
merveilles de Dieu. 

15. Est-ce que tu sais quand 
Dieu a ordonné aux pluies de faire 
paraitre la lumiere des nuées ? 

16. Est-ce que tu connais les 
grands sentiers des nuées et les 
sciences parfaites ? 

17. Tes vêtements ne sont-ils 
pas échauffés, lorsque le vent du 
midi souffle sur la terre? 

18. Tu as peut-étre formé avec 
lui les cieux qui sont tres solides, 
comme s'ils avaient été coulés en 
bronze. 

19. Montre-nous ce que nous 
pourrons lui dire ; car nous, nous 
sommes enveloppés de ténèbres. 

20. Qui lui racontera ce que je 


JOB. 


1075 
dis? Que si un homme en parle, 
il sera absorbé. 

21. Mais maintenant ils ne 
voient pas la lumiere : soudain 
l'air s'épaissira en nuées, et le 
vent, passant, les dissipera. 

99. C'est du côté de l'aquilon 
que l'or vic nt, et lalouange qu’on 
donne à Dieu doit étre accom- 
pagnée de crainte. 

23. Nous ne pouvons l« com- 
prendre dignement : il est grand 
en puissance, en jugement et en 
justice, et il ne peut étre l'objet 
d'un récit. 

24. C'est pourquoi les hommes 
le craindront, et aucun de ceux 
qui croient étre sages n'osera le 
contempler. 


CHAPITRE XXXVIIT. 


Le Seigneur montre à Job la distance 
quil y a entre la créature et le Créa- 
teur. 


1. Or, répondant à Job du mi- 


13. Dans une tribu étrangère, où Dieu est inconnu. — Dans sa terre, dans une 
terre qui est à lui, où il a ses adorateurs. Compar. Ps. טא‎ 10. — Lieu de sa mi- 
séricorde ; c'est-à-dire lieu où il veut répandre sa miséricorde. 

16. Les sciences parfailes, qui sont nécessaires pour comprendre les phénomènes 
relatifs aux nuées. 

18. * Comme s'ils avaient été coulés en bronze, c'est-à-dire comme des miroirs de 
bronze, car c'est le sens de l'original. Les miroirs ne sont mentionnés dans l'Ecri- 
ture que dans ce passage et Exode, xxxvur, 8. Tous les miroirs des anciens étaient en 
métal; c'est ce qui explique la comparaison renfermée dans ce verset. On a trouvé 
en Egypte un grand nombre de miroirs antiques. Ils sont fabriqués avec un métal 
composé principalement de cuivre. L'habileté des Egyptiens à mélanger les métaux 
élait telle qu'on a pu rendre leur pouvoir réflecteur à quelques-uns de ceux qui ont 
été découverts à Thèbes, quoiqu'ils fussent ensevelis dans la terre depuis des siècles. 

20. Absorbé; accablé par la grandeur du sujet et le poids dela majesté de Dieu. 

22. Du temps de Job, de Moise, de Salomon, et encore longtemps depuis, l'or 
venait du cóté dela Colchide, de l'Arménie, du pays d'Ophir, qui sont tous au sep- 
tentrion de la Judée et de l'IHumée, et qui sont ordinairement désignés dans l'Ecri- 
ture sous le nom de pays du nord. 


1. * IVe partie : Apparition et discours de Dieu, xxxviri-xur. — Ce que Job avait si 
ardemment souhaité, xir, 22, arrive enfin : Dieu apparait. Le mystère de la souffrance 
n'a pas encore été complètement éclairci. Il est démontré que 18 thèse des trois pre- 
miers adversaires de Job est insoutenable; il est établi que les idées de Job ne sont 
pas non plus toutes également justes; cependant Eliu lui-méme n'a pas dit le der- 
nier mot. Les souffrances du saint patriarche ont eu pour but de manifester la sin- 
cérité de sa vertu et de démontrer que la fidélité au devoir peut subsister dans la 


1076 
lieu d'un tourbillon, le Seigneur 
dit : 

2. Quel est celui qui mêle des 
senlences à des discours mala- 
droits ? 

3. Ceins tes reins comme un 
homme de cœur; je tinterro- 
gerai, et réponds-moi. 

4. Où étais-tu, quand je posais 
les fondements de la terre? Dis- 
le-moi, si tu as de lintelli- 
gence. 

9. Qui a établi ses mesures, le 
sais-tu? ou qui a tendu sur elle 
le cordeau ? 

6. Sur quoi ses bases ont-elles 
été affermies? ou qui a posé sa 
pierre angulaire, 

7. Lorsque les astres du matin 
me louaient tous ensemble, et 


JOB. 


(cg. xxx vit. | 


que tous les fils de Dieu étaient 
transportés de joie? 

8. Qui a renfermé la mer dans 
des digues, quand elle s’élançait 
comme sortant d'un sein, 

9. Lorsque je lui mettais un 
nuage pour vêtement, et que je 
l'enveloppais d'obscurité comme 
des langes de l'enfance? 

10. Je l'ai environnée de mes 
limites, j'y ài mis un verrou et 
une porte à deux battants; 

11. Et jai dit : Tu viendras 
jusque-là, et tu n'iras pas plus 
loin; et ici tu briseras tes flots 
orgueilleux. 

12. Est-ce que depuis ta nais- 
sance tu as commandé à l'étoile 
du matin, et tu as montré à l'au- 
rore son lieu? 


mauvaise comme dans la bonne fortune, mais aucun des interlocuteurs ne l'a soup- 
conné, et, à vrai dire, ce but ne pouvait étre connu que par une révélation. A Dieu 
seul il appartient de trancher le différend; lui seul peut distribuer à chacun le blàme 
et l'éloge, déclarer Job innocent, tout en lui reprochant les excès de parole dans 
lesquels il s'est laissé entrainer; faire sentir à ses trois amis leur dureté et leur 
opiniàtreté. Il semble que Dieu ne saurait intervenir sans s'abaisser, et cependant 
comme il apparait en maitre souverain! Ill ne se justifie pas, il ne dit pas un seul 
mot pour expliquer sa conduite, il dédaigne de parler des questions spéculatives 
qui ont été l'objet du débat; il a fait résoudre le probléme en téte du livre par 
l'écrivain inspiré, qui nous a découvert le secret divin dans le prologue. Maintenant 
les choses se passent tout autrement que Job ne l'avait imaginé, quand il réclamait 
la présence de Dieu. Surpris, accablé par les questions que son Seigneur lui adresse, 
il comprend quelle a été sa présomption et son imprudence, il s'humilie et se tait. 
Dieu veut nous rappeler notre ignorance, nous apprendre à nous abaisser devant lui 
et à reconnaitre que la véritable sagesse consiste à ne pas tenter de pénétrer ce qui 
est impénétrable. Comment pourrions-nous sonder les plans du Seigneur et scruter 
ses desseins, puisqu'il est si grand et que nous sommes si petits? 

2. * Discours de Dieu, xxxvin-xLr. — Il se divise en trois parties. La première ren- 
ferme la description des phénomènes de l'ordre physique, la seconde la description 
du règne animal, la troisième celle de deux animaux particulièrement remarquables, 
lhippopotame et le crocodile. La première et la seconde partie sont à peu près 
60816 longueur, xxxvur, 1-38; xxxvir, 39-xxxix, 30; la troisième a près du double 
de longueur, xL-xLI. — Ire Partie, xxxvirr, 1-38. — 19 Dieu interroge Job. Lui qui 
veut disputer avec le Tout-Puissant, a-t-il assisté à la création, à l'emprisonnement 
de l'océan et à l'asservissement de la lumiére, 2-15? — 29 A-t-il découvert le secret 
des mystères de la nature, 16-30, et — 3°, en particulier, des lois qui régissent les 
astres, 31-38? 

3. Ceins, etc. Ceindre ses reins se disait chez les anciens Hébreux d'un homme qui 
entreprend un voyage, ou qui va au combat. — Et tu me répondras; liltér. et par 
hébraisme : Et réponds-moi. 

1. Les fils de Dieu; c'est-à-dire les anges. Compar. Jeb, 1, 6. 

12, Son lieu; le lieu où clle doit naitre. 


[cu. xxxvir.] JOB. 1077 


13. Et as-tu tenu, en les ébran- 22. Est-ce que tu es entré dans 
lant, les extrémités de la terre, | les trésors de la neige, ou as-tu 
et en as-tu chassé les impies? apercu les trésors de la gréle, 
14. Eile sera rétablie comme 23. Que j'ai préparées pour le 
une terre molle de cachet, etelie | temps de l'ennemi, pour le jour 
demeurera comme un vêtement. | de 18 guerre et du combat? 
15. La lumiere des impies leur 24. Sais-tù par quelle voie se 
sera Óté, et leur bras élevé sera | répand 18 lumiere, et se distribue 
brisé. la chaleur sur la terre? 
16. Est-ce que tu es entré dans 98. Qui a donné cours àl'ondée 
les profondeurs de la mer, et as- | la plus impétueuse, et une voie 
iu marché dans les extrémités de | au tonnerre éclatant, 
l'abime? 96. Pour faire pleuvoir sur une 
11. Est-ce que les portes de la | terre sans homme dans un désert, 
mort ont été ouvertes pour toi? | où aucun des mortels ne de- 
etles portes ténébreuses,lesas-tu | meure, 
vues ? 27. Pour inonder une terre inac- 
18. Est-ce que tu as considéré | cessible et désolée, et y produire 
l'étendue de la terre? Enseigne- | des herbes vertes? 


moi, si tu les connais, toutes ces 28. Qui est le père de la pluie? 

choses : ou qui a engendré les gouttes de 
19. En quelle voie la lumière | la rosée? 

habite, et quel est le lieu des té- 29. Du sein de qui est sortie la 

nèbres ; glace? et la gelée du ciel, qui l'a 
20. En sorte que tu conduises | engendrée? 

chacune d'elles à son terme, et 30. À la manière de la pierre 

que tu connaisses les sentiers de | les eaux se durcissent, et la sur- 

leur demeure. face de l’abime devient solide. 
91. Car savais-tu alors que tu 31. Est-ce que tu seras capable 

devais nailre? et le nombre de | de joindre ensemble les brillantes 

tes jours, l'avais-tu connu? étoiles des Pléiades, ou pourras- 


13. * As-tu tenu, en les ébranlant, les extrémités de la terre, comme on saisit les 
deux bords d'un manteau ou d'un tapis pour le secouer. 

14. Elle; c'est-à-dire la terre. Cette explication, donnée par beaucoup d'interprétes, 
parait la plus simple, la plus naturelle et la mieux liée à ce qui précéde; mais alors 
il faut supposer que, dans la Vulgate, le substantif signaculum est mis pour l'adjectif 
signatorium, sorte d'hébraisme qu'elle imite d'ailleurs assez souvent. Le sens de ce 
passage expliqué grammaticalement de cette manière sera donc que la terre, après 
que les méchants en auront disparu, reprendra son ancienne forme, comme une 
terre molle reprend la sienne, aprés qu'on y a appliqué un cachet, parce qu'elle n'a 
pas assez de consistance pour couserver l'empreinte du cachet. — Un vélement ma- 
gnifique, splendide; c'est le sens de l'hébreu. — * Une terre molle de cachet. Les 
Orientaux se servent encore aujourd'hui, en guise de cire à sceller, d'une argile parti- 
culitre. 

21. Alors; quand j'ai créé toutes ces choses, 

22, 23. Dieu tient la foudre, la neige, la grèle, les vents, la tempête, comme des 
armes toutes prêtes à agir contre ses ennemis. Compar. Ps. xxxi, 7; cxxxiv, 1; 
Jérém., x, 43 ; L, 25. 


4078 
tu interrompre le cours d'Arctu- 
rus? 

32. Est-ce que tu produis Lucifer 
en son temps, et que tu fais lever 
l'étoile du soir sur les fils de la 
terre ? 

33. Est-ce que tu connais l'or- 
dre du ciel, et en rendras-tu rai- 
son sur la terre? 

34. Est-ce que tu élèveras ta 
voix dans les nuages, et que l'im- 
pétuosité des eaux te couvrira? 

35. Est-ce que tu enverras les 
foudres, et elles iront; et, reve- 
nant, te diront-elles : Nous voici? 

36. Qui a mis au dedans de 
l'homme 18 sagesse? ou qui ἃ 
donné au coq l'intelligence? 

37. Qui expliquera la conduite 
des cieux, et qui fera cesser le 
concert du ciel? 

38. Quand la poussière se ré- 
pandait-elle sur la terre, et les 
glebes se durcissaient-elles? 

39. Est-ce que tu prendras la 
proie pour la lionne, et empliras- 
tu l'àme de ses petits, 

40. Quand ils sont couchés dans 


Car. XXXVIII. 41. Ps. axLvi, 9. 


JOB. 


[cu xxxix.! 
leurs anres, et qu'ils épient dans 
leurs cavernes? 

41. Qui prépare au corbeau sa 
nourriture, quandses petits crient 
à Dieu, errant ca et là, parce qu'ils 
n ont rien à manger? 


CHAPITRE XXXIX. 


Le Seigneur continue de montrer à Job 
la distance qu'il y a de la créature au 
Créateur. Job reconnait sa bassesse et 
se condamne au silence. 


1. Est-ce que tu connaisle temps 
de l'enfantement des chèvres sau- 
vages dans les rochers? ou as-tu 
observé des biches lorsqu'elles 
enfantaient? 

9. As-tu compté les mois de 
leur conception, et sais-tu le 
temps de leur enfantement? 

3. Elles se courbent pour mel- 
tre bas leur faon, et elles enfan- 
tent, et elles poussent des hurle- 
lements. 

4. Leurs petits se séparent et 
vont au pâturage; ils sortent et 
ne reviennent pas vers elles. 

9. Qui a laissé aller l'onagre 


39. Empliras-tu l'âme; c'est-à-dire rassasieras-tu la faim. — * 115 Partie du discours 
de Dieu, xxxvii, 39-xxxix, 35. Description du règne animal. — 19 Nourriture du lion 
et du corbeau, enfantement de la biche, xxxvrm, 39-xxxix, 4. — 20 Comparaison des 
animaux domestiques avec les animaux sauvages, du buffle avec le bœuf, de l'onagre 
avec l'àne, xxxix, 5-12. — 30 Description de l'autruche, 13-18; — 49 du cheval, 19- 
25; — 59 de l'aigle, 26-30. — Aprés ce tableau de sa puissance, Dieu demande à Job 
s'il va lui répondre. Job confesse qu'il a parlé avec légèreté et qu'il aurait dû se 
taire, xxxix, 31-35. 

1. * Dans l'original, le premier animal est nommé littéralement grimpeur de 
rochers, c'est-à-dire chévre sauvage, bouquetin, sorte de chamois sembiable à celui 
de la Suisse et des Alpes Tyroliennes, qui habite les endroits les plus escarpés. 

2. Les mois de leur conception; c'est-à-dire les mois qui se sont écoulés depuis le 
moment oü elles ont concu leur fruit. 

5. * L'onagre. Cet animal est très célèbre en Orient à cause de la rapidité de sa 
course, et c'est de cette qualité qu'il parait tirer son nom oriental. On assure qu'au- 
cun cavalier ne peut latteindre. Les poètes orientaux comparent à un troupeau 
d'onagres un escadron de cavaliers qui passent avec la rapidité de l'éclair. C'est un 
animal trés sauvage, d'un roux cendré, à longues oreilles, qui vit en troupes dans les 
déserts. 


[cH. xxxix.] 


libre, qui a rompu ses liens? 

6. Je lui ai donné dans la soli- 
tude une maison, et ses lieux de 
retraite dans une terre de sel. 

1. I méprise la multitude d'une 
ville, et il n'entend pas le cri d'un 
exacteur. 

8. Il regarde de tous cótés les 
montagnes, lieux de son pâtu- 
rage, et il cherche tous les her- 
bages verts. 

9. Est-ce qu'un rhinocéros vou- 
dra te servir, ou demeurera-t-il à 
à ton étable? 

10. Est-ce que tu lieras un rhi- 
nocéros à tes traits, pour qu'il la- 
boure? ou rompra-t-il les glèbes 
des vallons aprés toi? 

11. Est-ce que tu auras con- 
fiance en sa grande force, et lui 
laisseras-tu tes travaux ? 

12. Est-ce que tu croiras qu'il 


JOB.. 


1079 


te rendra tes semailles et qu'il 
remplira ton aire? 

13. L'aile de l'autruche est sem- 
blable aux ailes du héron et de 
l'épervier. 

14. Quand elle abandonne ses 
ceufs sur la terre, sera-ce toi, par 
hasard, qui les réchaufferas dans 
la poussière ? 

15. Elle oublie qu'un pied les 
foulera, ou que la bête des champs 
les écrasera. 

16. Elle est dure pour ses petits, 
comme 5115 n'étaient pas les 
siens, elle a rendu son travail 
inutile, en les abandonnant, au- 
cune crainte ne l'y obligeant. 

17. Car Dieu l'a privée de sa- 
gesse, et ne lui a pas donné l'in- 
telligence. 

18. Dans l'occasion, elle élève 
en haut ses ailes; elle se rit 


6. Une terre de sel; c'est un terrain rempli de nitre, inculte, stérile. 


9. * Un rhinocéros. Dans l'original reem. Le nom de cet animal est diversement tra- 
duit. Les Septante l'ont rendu par licorne ; Aquila et la Vulgate par rhinocéros ; d'autres 
par oryx, espéce d'antilope; Schultens, Gesenius, par buffle. Les questions qui se 
rapportent au reem, 9-12, et l'opposition qui est établie entre cet animal et le bœuf 
domestique prouvent qu'il s'agit du bœuf sauvage ou du buffle. 

10. À £es traits; aux traits de ta charrue. — Après toi; en labourant, les animaux 
vont devant le laboureur, et en hersant. — Vallons; c'est-à-dire 87/7008, comme ont 
traduit les Septante. 

13. * Littéralement dans l'original : L'aile de l'autruche bat avec allégresse; est-ce 
l'aile pieuse (de la cigogne qu'on appelle pieuse à cause de sa tendresse pour ses 
petits)? Non ; est-ce l'aile prenant l'essor (ou l'aile de l'épervier)? Non, car elle ne 
vole pas. 

14. * Les naturalistes et les voyageurs rapportent sur ce point des choses contra- 
dictoires. Si l'autruche ne néglige pas entièrement ses œufs, il parait du moins cer- 
tain qu'elle en prend peu de soin, surtout dans les jours qui suivent la ponte, et 
qu'elle les abandonne toujours quand elle est poursuivie par les chasseurs. 

15. * L'autruche fait son nid dans un trou qu'elle creuse dans le sable. Les ceufs 
mal enterrés ou dispersés sont souvent la proie des chacals et des hyènes. 

16. L'autruche travaille en vain, en pondant des ceufs, en les placant dans un nid, 
en les couvant méme pour un temps, puisqu'aprés cela elle les abandonne sans y 
étre forcée par aucun motif de crainte. Si quelquefois les autres oiseaux quittent 
leur nid, c'est ou parce que leurs ceufs ont été refroidis, ou qu'on a dérangé leur 
nid, ou qu'on les en a chassés et qu'on les a effarouchés. Mais l'autruche abandonne 
ses œufs, sans y être obligée par aucune de ces raisons. 

11. On sait que l'autruche est un animal oublieux et stupide. C'est ainsi que la 
dépeignent tous les naturalistes. — * Plus sot qu'une autruche, dit un proverbe 
arabe. 


18. Elle se rit; ete. Pline dit (liv. x, chap. r) que, lorsque l'autruche est poursuivie 


1080 


du cheval et de celui qui le 
monte. 

19. Est-ce que tu donneras au 
cheval de la force, ou environ- 
neras-tu son cou de hennisse- 
ments ? 

20. Est-ce que tu le feras bon- 
dir comme les sauterelles? La 
gloire de ses naseaux est la ter- 
reur. 

91. Il creuse de son sabot la 
terre, il s'élance avec audace ; il 
court au-devant des hommes ar- 
més; 

22. ΠῚ méprise la peur, il ne cede 
pas au glaive. 

93. Sur lui retentira le bruit du 
carquois, la lance étincellera ainsi 
que le bouclier. 


JOB. 


[cur. xxxix] 


il dévore la terre, et ne tient au- 
cun compte du bruit de la trom- 
pette, lorsqu'elle sonne /e retour. 

95. Dès qu'il entend le clairon, 
il dit: Oh! il sent de loin une 
guerre, l'exhortation des chefs, 
et les cris confus d'une armée. 

96. Est-ce par ta sagesse que 
lépervier se couvre de ses plu- 
mes, étendant ses ailes vers le 
midi? 

27. Est-ce à ton ordre que l'aigle 
s'élevera, et placera son nid dans 
les lieux les plus élevés? 

98. C'est dans des pierres qu'il 
demeure, et c'est sur des rocs 
escarpés et des rochers inacces- 
sibles qu'il fait son séjour. 

29. De là il contemple sa proie, 


24. Bouillonnant et frémissant | et ses yeux voient de loin. 


par les chasseurs, elle étend ses ailes dont elle s'aide, comme de voiles, pour courir, 
et qu'elle court ainsi avec une vitesse qui approche du volle plus rapide. Diodore 
de Sicile ajoute (liv. II) qu'en courant, elle lance des pierres avec ses pieds par der- 
rière si violemment que souvent elle tue les chasseurs. — * Les naturalistes mo- 
dernes confirment ces détails. « La course des autruches est trés rapide, dit l'un 
d'eux. Les lévriers les plus agiles ne peuvent les atteindre. L'Arabe lui-même, monté 
sur son cheval, est obligé de recourir à la ruse pour les prendre, en leur jetant 
adroitement un bâton dans les jambes. Dans leur fuite, elles lancent derrière elles 
des cailloux comme des traits contre ceux qui les poursuivent. » 

19. Environneras-tu, etc.; c'est-à-dire peux-tu donner au cheval le hennissement 
quil fait retentir autour de son cou? — * Rollin dit de la description du cheval : 
« Chaque mot demanderait d'étre développé, pour en faire sentir la beauté... Les 
armées sont longtemps à se mettre en ordre de bataille... Tous les mouvements sont 
marqués par des signaux particuliers... Cette lenteur importune le cheval. Comme il 
est prét au premier son de trompette, il porte avec impatience qu'il faille avertir tant 
de fois l'armée. Il murmure en secret contre tous ces délais, et ne pouvant demeurer 
eu place, ni aussi désobéir, il bat continuellement du pied et se plaint en sa ma- 
niére qu'on perde inutilement le temps à se regarder sans rien faire. Dans son im- 
patience, il compte pour rien tous les signaux qui ne sont point décisifs et qui ne 
font que marquer quelque détail dont il n'est point occupé. Mais quand cest tout 
de bon, et que le dernier coup de la trompette annonce la bataille, alors toute la 
contenance du cheval change. On dirait qu'il distingue, comme par l'odorat, que le 
combat va se donner, et qu'il-a entendu distinctement l'ordre du général, et il ré- 
pond aux crix confus de l'armée par un frissonnement qui marque son allégresse et 
son courage. Qu'on compare les admirables descriptions qu'Homére et Virgile ont 
faites du cheval, on verra combien celle-ci est supérieure. » 

20. La gloire de ses naseaux, etc. Le souffle si fier de ses narines répand la terreur. 
Un cheval, animé et échauffé, montre une certaine audace par le souffle de ses na- 
rines, qui inspire de la crainte à ceux qui le voient. 

26. * Elendant ses ailes vers le midi. Ce mot fait allusion à l'habitude qu'a d'émigrer 
l'oiseau dont il est question, le net. Le sens de ce mot n'est pas certain, mais il 
désigre incontestablement un oiseau de passage. 


[cu. xr.] 


30. Ses petits lécheront le sang, 
et partout où est un cadavre, 
soudain il est présent. 

31. Et le Seigneur continua à 
parler à Job : 

32. Est-ce que celui qui dispute 
avec Dieu se réduit si facilement 
au silence? Certainement celui 
qui reprend Dieu doit lui ré- 
pondre. 

33. Répondant alors au Sei- 
gneur, Job dit : 

34. Moi qui a parlé légèrement, 
que peux-je répondre? Je mettrai 
ma main sur ma bouche. 

35. J'ai dit une chose (plàt à 
Dieu que je ne l'eusse pas dite!) 
et une autre ; je n'y ajouterai rien 
de plus. 


CHAPITRE XL. 


Le Seigneur continue de montrer à Job 
la distance qu'il y a de la créature au 
Créateur. Description de Béhémoth et 
de Léviathan. 


1. Or, répondant à Job du mi- 
lieu d'un tourbillon, le Seigneur 
dit : 


JOB. 


1081 


2. Ceins tes reins comme un 
homme de cœur; je tinterro- 
gerai, et réponds-moi. 

3. Est-ce que tu rendras vain 
mon jugement; et me condam- 
neras-tu, pour que toi, tu sois 
justifié? = 

4. Etas-tu un bras comme Dieu, 
et tonnes-tu d'une voix sembla- 
ble? 

ὃ. Environne-toi de majesté, 
et élève-toi dans les airs, et sois 
glorieux, et revéts-toi de splen- 
dides vétements. 

6. Dissipe les superbes dans ta 
fureur, et d'un regard humilie 
tout arrogant. 

7. Regarde tous les superbes 
et confonds-les; et brise les im- 
pies en leur lieu. 

8. Cache-les dans la poussiere 
lous ensemble, et plonge leurs 
faces dans la fosse. 

9. Et moi, je confesserai que ta 
droite peut te sauver. 

10. Vois, Béhémoth que j'ai fait 
avec 101 mangera du foin comme 
le beeuf. 


30. * Partout où est un cadavre. L'aigle ordinaire ne se nourrit pas de cadavres, 
mais il en existe une espéce qui les dévore volontiers. De plus, tous les aipies 
mangent les corps morts, avant qu'ils aient commencé à se corrompre. 


1. * Ie Partie, x-x;r. — Pour lui faire reconnaitre encore davantage son néant, 
Dieu continue : — 1° Que Job montre sa sagesse en maîtrisant ce qu'il y a de plus 
indomptable au monde. Mais il n'est pas méme en état de dompter Béhémoth, c'est-à- 
dire l'hippopotame, qu'on rencontre dans les eaux du Nil, en Egypte, où on l'appelait 
péhémouth, nom devenu, en hébreu, Béhémolh, c'est-à-dire « les bêtes ou le grand 
auimal », xL, 2-19, — 20 I] ne peut dompter non plus Léviathan, mot qui désigne le 
crocodile; combien moins peut-il donc lutter contre Dieu, xu, 20-xur, 3. — 3» Puis- 
sance redoutable et beauté de Léviathan, xx, 4-13. — 40 Tableau de sa supériorité et 
de sa souveraineté incontestée dans son royaume, תא‎ 14-26. — Les ch. xxxvur 
et xxxix avaient parlé des animaux de la terre et des animaux de l'air; la descrip- 
lion se termine ainsi parles animaux aquatiques ou amphibies, par les deux animaux 
les plus singuliers de l'Egypte. 

2. Ceins tes reins. Voy. Job, xxxvi, 3. 

4. Semblable à celle de Dieu. 

10. Béhémoth; à la lettre, 26008 d'une énorme grosseur, est ici un pluriel d'excel- 
lence. Quant à l'animal particulier que ce mot désigne, c'est la baleine, selon les 
anciens interprètes ; l'éléphant, selon quelques modernes; mais Bochart semble avoir 
p’ouvé qu'on doit l'entendre de l’hippopotame. Les Pères de l'Eglise appliquent au 


1082 


41. Sa force est dans ses reins, 
et sa vertu dans le nombril de son 
venire. 

12. Il serre sa queue qui est 
semblable à un cèdre; les nerfs 
de ses cuisses sont entrelacés. 

18. Ses os sont des tuyaux d'ai- 
rain, ses cartilages comme des 
James de fer. 

14. Cest lui qui est le com- 
mencement des voies de Dieu; 
celui qui l'a fait appliquera son 
glaive. 

15. C'est pour lui que les mon- 
tagnes portent des herbes; tou- 
tes les bêtes de la campagne 
viendront se jouer là. 


JOB. 


[c. xr.] 


16. Il dort sous l'ombre, dans 
le secret des roseaux et dans des 
lieux humides. 

17. Des ombres couvrent son 
ombre, et les saules du torrent 
l'environneront. 

18. Voici qu'il absorbera un 
fleuve, et il ne s'en étonnera 
point;il a mémela confiance que 
le Jourdain viendra couler dans 
sa bouche. 

19. On le prendra par les yeux 
comme à l'hamecon, et, avec des 
harpons, on percera ses narines. 

20. Pourras-tu enlever Lévia- 
than à l'hamecon, et avec une 
corde lier salangue? 


démon ou aux méchants animés de son esprit ce qui est dit ici de Béhémoth. — 
* Le nom de Béhémoth est hébreu, mais il a été vraisemblablement choisi à cause 
de sa ressemblance avec le mot égyptien Pehemouth, l'hippopotame, littéralement le 
bœuf d'eau, composé de p, article, ehe bœuf, et out eau. Il se nourrit d'herbe 
comme le bœuf. Ce trait est relevé parce qu'il est surprenant dans un animal qui vit 
dans l'eau. C'est parce qu'il est herbivore que cet animal est malfaisant. Il ravage 
pendant la nuit les récoltes sur les bords du Nil. 

11. * Plusieurs commentateurs ont cru reconnaitre l'éléphant dans Béhémoth. Le 
trait que nous avons ici : sa vertu dans le nombril de son ventre convient parfaite- 
ment à l'hippopotame, mais non point à l'éléphant dont la peau du ventre est assez 
tendre.I Mac., vi, 46, Eléazar tue un éléphant en lui percant le ventre. 

12. * La queue de l'hippopotame est petite, mais forte. 

13. * Les os de l'hippopotame sont d'une extrême dureté, quoiqu'ils soient minces 
comme doivent l'étre ceux d'une béte destinée à nager dans l'eau. 

14. Le commencement, etc.; un chef-d'œuvre de la puissance de Dieu. — Celui qui 
lu fait, etc.; c'est-à-dire Dieu seul qui l'a fait est capable de l'ttaquer, de le 
vaincre et de le tuer; ou selon d'autres (qui traduisent par le passé le futur du texte 
hébreu et de la Vulgate) : Dieu son créateur lui a donné son glaive, c'est-à-dire des 
dents tranchantes. L'hippopotame a des dents de la forme d'un sabre recourbé, 
harpé; et l'éléphant, outre ses dents, a une trompe pour défense. — * Tous les com- 
mentateurs reconnaissent aujourd'hui dans ce glaive les dents de l'hippopotame. 
« Avec ses dents, dit Wood, l'hippopotame peut couper "herbe aussi réguliérement 
qu'avec une faux. » Ces dents, dit l'abbé Prévot, dans son Histoire des voyages, 
« sont plus dures et plus blanches que l'ivoire. » Aussi les emploie-t-on volontiers 
comme dents artificielles. 

15. Là; prés de lui, autour de lui. — * L'hippopotame va paitre sur les collines 
qui bordent le Nil dans l'Egypte supérieure. Tousles animaux des champs se jouent 
autour de lui. Comme il est herbivore et non carnivore, les autres animaux n'ont 
point à le redouter. \ 

18. * Allusion aux crues du Nil. Le Jourdain désigne ici, non le Jourdain de Pa- 
lestine, mais le Nil. 

19. On prendra, on percera, littér. et par hébraisme, i prendra, il percera. On 
emploie souvent en hébreu un verbe actif d'une manière impersonnelle. 

20. Léviathan; c'est le crocodile, selon l'opinion commune. Voy. Job, rir, 8. Les Pères 
expliquent allégoriquement du démon ce qui est dit daus ce récit de Léviathan. — 
* Léviathan est moins un nom spécial qu'un nom générique. Etymologiquement, il 


[cn xut.) 

21. Est-ce que tu mettras un 
cercle dans ses narines, ou avec 
un anneau perceras-tu sa mâ- 
choire? 

22. Est-ce qu'il t'adressera de 
nombreuses prieres, ou te dira-t- 
il de douces paroles? 

29, Est-ce quil fera avec toi 
un pacte, etle recevras-tu comme 
un esclave éternel? 

24. Est-ce que tu te joueras de 
lui comme d'un oiseau, ou le lie- 
ras-tu pour tes servantes? 

25. Des amis le découperont- 
ils, ou des marchands le partage- 
ront-ils ? 

26. Est-ce que tu rempliras de 


JOB. 


1083 


sa peau aes filets, et un réservoir 
de poissons de sa téte? 

27. Mets sur lui ta main : sou- 
viens-toi de la guerre, et ne con- 
tinue pas à parler. 

28. Voilà que son espoir le 
trompera, et à la vue de tous il 
se précipitera 


CHAPITRE XLI. 


Suite de la description de Léviathan. 


1.16 ne suis pas assez cruel 
pour le susciter : car qui peut 
résister à mon visage; 

2. Qui m'a donné le premier, 
afin que je lui rende? Tout ce 


signifie une chose qui se replie en guirlande, un serpent. Ici il est appliqué au 670- 
codile. 

21. * Un passage du Voyage à la recherche des sources du Nil, de J. Bruce, nous 
donne un excellent commentaire de ce verset. Ce voyageur raconte que les pécheurs 
des bords du Nil, quand ils prennent un poisson, le tirent à terre, lui passent un 
anneau de fer dansles branchies etle rejettent dans le fleuve, aprés avoir fait passer 
dans l'anneau une corde qui est solidement attachée au rivage. « Ceux qui désirent 
du poisson l'achétent ainsi vivant. Nous en achetàmes deux et le pêcheur nous en 
montra dix ou douze autres qui étaient ainsi prisonniers dans l'eau. » 

24. Pour tes servantes; c'est-à-dire pour amuser tes servantes. — * Dans l'Egypte 
supérieure, au rapport d'Hasselquist, les crocodiles dévorent trés souvent les femmes 
qui viennent puiser de l'eau dans le Nil, et les enfants qui jouent sur le bord du 
fleuve. 

25. Des amis, etc. Tes amis découperont-ils le Léviathan sur ta table, ou des mar- 
chands en feront-ils trafic? — * Ou plutót, les associés, les pécheurs qui s'unissent 
ensemble pour la péche. — Quoique le crocodile fût sacré dans quelques parties de 
l'Egypte, à Eléphantine et à Apollinopolis, on le salait et on le vendait par morceaux, 
mais on ne pouvait le faire souvent, parce que comme l'indique le verset 26, il était 
trés difficile de le prendre. — Des marchands, en hébreu; les Chananéens ou Phé- 
niciens qui étaient des marchands si fameux que leur nom étaient devenu synonyme 
de marchands. 

26. * Dans le texte original : Transperceras-tu sa peau avec des dards, et lui enfon- 
ceras-tu le harpon dans la téte? Harponnait-on déjà le crocodile au temps de Job? 
Ce verset semble prouver le contraire, ou au moins l'inefficacité du procédé. D'ail- 
leurs encore aujourd'hui le harpon est généralement sans résultat, à moins qu'il ne 
frappe l'animal juste entre le cou et la téte ou dans le ventre. Les balles glissent 
sur ses écailles sans les entamer. 

21. Mets sur lui, etc. Si tu l'attaques, tu te souviendras du combat par les nom- 
breuses et sanglantes blessures que tu y auras recues et tu n'oseras pas en parler. 

28. Son espoir le trompera; c'est-à-dire l'espoir de celui qui voudra le prendre sera 
bc Léviathan, furieux, se précipitera au fond de la mer, à la vue de tout le 
monde. 


1. Je ne suis, etc. Pour moi (c'est toujours Dieu qui parle) qui connais la force 
extraordinaire de Léviathan, je ne le susciterai pas contre les hommes par un esprit 
de cruauté. Je le pourrais, si je voulais; car qui oserait résister à mon simple regard? 


1084 


qui est sous le ciel est à moi. 

3.Jenel'épargnerai pas, malgré 
ses discours arrogants et ses pa- 
roles suppliantes. 

4. Qui découvrira la face de 
son vétement? Et qui entrera 
dans le milieu de sa gueule? 

9. Les portes de son visage, 
qui les ouvrira? autour de ses 
dents habite la terreur. 

6. Son corps est comme des 
boucliers jetés en fonte et cou- 
vert d'écailles épaisses et serrées. 

7. L'une est jointe à l'autre, et 
pas méme l'air ne passe entre 
elles. 

8. L'une s'attache à l'autre, et 
se tenant, jamais elles ne se sé- 
pareront. 

9. Son éternument, c'est l'éclat 


JOB. 


[ca. xur.] 


10. De sa gueule sortent des 
lampes, comme des torches allu- 
mées. 

11. De ses narines sort une fu- 
mée comme celle d'un pot mis au 
feu et bouillant. 

19. Son souffle fait brüler des 
charbons, et une flamme sort de 
sa bouche. 

13. Dans son cou résidera sa 
force, et devant sa face marche 
la famine. 

14. Les parties de ses chairs 
adherent entre elles : Dieu lan- 
cera des foudres contre lui, et 
elles ne se porteront vers aucun 
autre lieu. 

15. Son cœur se durcira comme 
une pierre, el il se resserrera 
comme une enclume de marte- 


leur. 
16. Lorsqu'il s'élévera, des an- 


du feu, et ses yeux sont comme 
les paupieres de l'aurore. 


3. Si cependant quelqu'un me résiste, je ne l'épargnerai pas, malgré, etc. 

4. Qui découvrira, etc. Dieu reprend la description de Léviathan. 

5. Les portes de son visage sont l'entrée de ses máchoires. La gueule du crocodile 
est si vaste, qu'il dévore et avale aisément un homme. — * DeMa Valle raconte 
qu'un crocodile qui n'avait cependant que 25 palmes de long, coupa en deux une 
pelle de fer qu'on lui mit dans la mâchoire. 

9. * Ses yeux sont comme les paupières de l'aurore. Les yeux du crocodile sont en 
égyptien le signe hiéroglyphique qui désigne l'aurore. 

10-11. * Lorsque le crocodile, aprés un long séjour dans l'eau, reparatt à la surface, 
il semble vomir de la fumée et du feu. Bartram raconte dans ses Voyages (Travels 
through Nord and Soulh Carolina, Philadelphie, 1191, p. 116), que pendant qu'il 
remontait l'Alatamaha dans la Floride occidentale, cherchant un soir à terre un 
endroit commode pour prendre son repas, il apercut un crocodile qui sortait avec 
bruit du milieu des roseaux pour se jeter dans un petit lac. «Il enfla son corps 
monstrueux et agita sa queue dans les airs. Une épaisse fumée s'élanca de ses na- 
seaux largement ouverts avec un bruit qui fit presque trembler la terre. » Et plus 
loin : « D'abord il nage avec la rapidité de l'éclair, mais il ralentit peu à peu sa 
marche, jusqu'à ce qu'il atteigne le milieu du fleuve. Là il s'arrête, et aspirant tout 
à la fois l'air et l'eau par sa large gueule, son corps devient énorme et pendant un 
moment on entend un grand bruit dans son gosier. Puis, tout d'un coup, il fait re- 
jaillir avec fracas de sa bouche et de son nez une vapeur qui produit comme un 
nuage de fumée. » 

14. Et elles ne se porleront, etc. Les foudres que Dieu lancera sur lui ne manque- 
ront pas de l'atteindre. Tout fort, tout robuste, tout terrihle qu'il est, le crocodile ne 
saurait résister à la main toute-puissante de Dieu. 

16. Des anges; ou plutôt, des forts, comme porte le texte hébreu; c'est-à-dire des 
grands, des hommes puissants. Ainsi, lorsque le crocodile paraitra bors de l'eau, les 
hommes les plus puissants, les plus considérables du pays, seront saisis de frayeur 
et d'épouvante. — 115 se purifieront de leurs péchés, en faisant pénitence. 


‘cH. χει. 
ges craindront, et, épouvantés, 
ils se purifieront. 

11. Lorsque le glaive l'attein- 
dra, ni lance, ni cuirasse ne 
pourra subsister. 

18. Car il regardera le fer 
comme de la paille, et l'airain 
comme un bois pourri. 

19. L'archer ne le mettra pas 
en fuite, les pierres de la fronde 
sont devenues pour lui une paille 
légère. 

20. Il estimera le marteau 
comme une paille légère, et il se 
rira de celui qui brandira la 
lance. 

21. Sous lui seront les rayons 


108. 


1085 


du soleil, et il fera son lit sur l'or 
comme sur la boue. 

22. Il fera bouillir comme un 
pot la profonde mer, et il la ren- 
dra comme des essences lors- 
qu'elles sont en ébullition. 

23. Derriere lui un sentier ré- 
pandra la lumière, et l'abime pa- | 
raitra comme un vieillard aux 
blancs cheveux. 

24. 11 n'est pas sur la terre de 
puissance qui puisse étre com- 
parée à lui, qui a été fait pour ne 
craindre personne. 

95. Il voit tout ce qu'il y ad'élevé 
au-dessous de lui; c’est lui qui est 
le roi de tous les fils de l'orgueil. 


17. Lorsque le glaive, etc.; c'est-à-dire, si on veut le percer du glaive, 16 glaive, la 
lance, la cuirasse, ne pourront rien contre lui. 

17-20. * > La uature a pourvu à la sûreté des crocodiles en les révétant d'une armure 
presque impénétrable; tout leur corps est couvert d'écailles, excepté le sommet de 
la tête, où la peau est collée immédiatement sur l'os... Ces Ccailles carrées ont une 
très grande dureté et une flexibilité qui les empêche d'être eassantes; le milieu de 
ces lames présente un sorte de crête dure qui ajoute à leur solidité. » (LACÉPÈDE.) 
Thévenot, compare le dos du crocodile, à cause de ces pointes, à une porte qui serait 
toute garnie de clous de fer et si dure qu'aucune lance ne pourrait la percer. « Les 
écailles du crocodile sont à l'epreuve de la balle, à moins que le coup ne soit tiré de 
très près ou le fusil trés chargé. Les nègres s'en font des bonnets, ou plutôt des 
casques, qui résistent à la hache. » (LaBar.) 

21. Sous lui, etc. Il s'élèvera si fort au-dessus des eaux que les rayons du soleil 
seront au-dessous de lui. — Il fera son lit; c'est le seul sens que puisse comporter 
la Vulgate, et méme le texte hébreu, qu'elle a rendu avec une rigoureuse fidélité. — 
Sur l'or comme sur la boue. Le corps du crocodile étant couvert d'écailles carrées ou 
de boucliers osseux, cet animal peut se coucher sur un dur métal comme sur une 
terre molle. 

22. La profonde mer. Le crocodile se tient ordinairement dans les eaux douces; 
mais il ne faut pas oublier que le Nil est appelé dans l'Eeriture mer, à cause de sa 
grandeur et de ses inondations réglées, et qui durent si longtemps, et que dans le 
style des Hébreux tous les grands amas d'eaux, les lacs, les étangs, portent le nom 
de mers. --- * Plusieurs voyageurs affirment que le crocodile communique aux eaux 
qu'il habite une forte odeur de muse, et quelques commentateurs pensent que c'est 
pour ce motif que le fleuve dans lequel il nage est comparé ici à un vase de parfums 
en ébullition. > Le crocodile, dit Rüppell, a quatre glandes à muse. Elles communiquent 
à sa chair une odeur désagréable qui a empéché beaucoup d'Européens qui l'ont 
goütée d'en manger. Les Berbéres se servent de ce musc comme pommade pour les 
cheveux. » 

23. Derrière lui, etc. La rapidité et le mouvement du crocodile dans l'eau sont tels, 
qu'il laisse des traces de son passage par un long sillon d'écume et par la blancheur 
de l'eau semblable aux cheveux blancs d'un vieillard. — Paraitra; sera estimé, regardé ; 
littér. et par hébraisme, es&mera, regardera. Voy. sur cet hébraisme; chap. xL, 
Vers. 19, 

29. Les fils de l'orgucil; hébraisme, pour les orgueilleux, les superbes, 


4086 
CHAPITRE ΧΗ. 


108. 
: adressé ces paroles à Job, il dit à 


(cn. Χαμ. 


Eliphaz, le Thémanite : Ma fureur 


Job s'humilie devant le Seigneur, qui re- | 8 081 1771160 contre toi et contretes 


prend ses trois amis. Job prie pour eux. 
Rétablissement de Job. Sa mort. 


1. Alors, répondant au Sei- 
gneur, Job dit : 
2. Je sais que vous pouvez 


toutes choses, et qu'aucune pen- 
| Sée ne vous est cachée. 


3. Quel est celui qui, dans son 
manque d'intelligence, prétend 
cacher ses desseins ὦ Dieu? C'est 
pourquoi j'ai parlé d'une manière 
insensée, et /'a? dit des choses 
qui surpassaient outre mesure 
ma science. 

4. Ecoutez, et moi je parlerai, 
je vous interrogerai, et répondez- 
mol. 

9. Je vous avais entendu au 
moyen de mon oreille ; mais main- 
tenantc'estmon œil qui vous voit. 

6. C'est pourquoi je m'accuse 
moi-méme et je fais pénitence 
dans la poussière et la cendre. 

7. Or après que le Seigneur eut 


deux amis, parce que vous n'avez 
pas parlé devant moi avec droi- 
ture, comme mon serviteur Job. 

8. Prenez donc avec vous sept 
taureaux et sept béliers, et allez 
vers mon serviteur Job, et offrez 
un holocauste pour vous. Or Job, 
mon serviteur, priera pour vous, 
j'accueillerai sa face, afin que 
votre imprudence ne vous soit 
point imputée; car vous ne 
m'avez pas parlé avec droiture, 
comme mon serviteur Job. 

9. Eliphaz,le Thémanite, et Bal- 
dab, le Suhite, et Sophar, le Naa- 
mathite, s'en allèrent done, et 
firent comme leur avait dit le Sei- 
gneur, et le Seigneur accueillit 
la face de Job. 

10. Le Seigneur aussi fut fléchi 
par la pénitence de Job, lorsqu'il 
priait pour ses amis. Et le Sei- 
gneur ajouta le double à tout ce 
qui avait appartenu à Job. 


1. * Réponse de Job, xui, 1-6. — La seconde réponse de Job à Dieu est courte, mais 
complète, xum, 1-6. Il savait que Dieu était grand et que sa conduite est incompré- 
hensible, mais il ne le sentait pas assez; il confesse qu'il a eu tort de vouloir se me- 
surer présomptueusement avec Dieu et il le prie de lui pardonner. La discussion se 
lermine donc comme cela devait étre, par la vietoire compléte de Dieu, victoire 
avouée et acceptée de l'homme qui ne peut en remporter lui-méme d'autre que celle- 
là : reconnaitre son néant en présence de son créateur. 

1. * Ve partie : Epilogue, xum, 7-16. — L'épreuve de Job est maintenant finie. 11 a 
déjoué, sans le savoir, le plan de Satan : — 1° Dieu proclame son innocence devant 
ses amis, et leur injustice n'est pardonnée que par son intercession, 7-9. — 29 Job 
lui-même est récompensé : il saura que l'épreuve bien supportée devient une source 
de bonheur; il reçoit le double des biens qu'il avait perdus, 10-15. — 39 Il en jouit 
140 ans et meurt plein de jours, 16. 

8. Ce passage condamne formellement les hérétiques, qui s'élévent contre l'inter- 
cession des saints reconnue par l'Eglise catholique, et qui prétendent qu'elle déroge 
à l'unique médiateur qui est Jésus-Christ. Car on voit ici Job établi de Dieu méme, 
intercesseur, et en quelque sorte médiateur entre ses amis et Dieu irrité contre eux. 
On ne concoit pas comment l'invocation ou l'intercession des saints, que l'Eglise ca- 
tholique nous enseigne, déroge davantage à la médiation de Jésus-Christ. — J'accueil- 
lerai sa face; hébraisme pour : Je l'accueillerai, je l'écouterai favorablement. 

10-12. Job, en priant pour ses amis, selon l’ordre que lieu lui en avait donné, 
s'humilie lui-même en sa présence, et son humiliation, jointe à cette charité qui le 
portait à intercéder pour ceux qui l'avaient outragé, lui fit mériter pour récompense 


feti. xri] 

11. Alors vinrent vers lui tous 
ses frères et toutes ses sœurs et 
tous ceux qui l'avaient connu au- 
paravant, et ils mangèrent avec 
lui du pain dans sa maison, el ils 
secouërent 18 tête sur lui,etilsle 
consolèrent de tout le mal que 
lui avait envoyé le Seigneur, et 
ils lui donnèrent chacun une bre- 
bis et un pendant d'oreilie d'or. 

12. Mais le Seigneur bénit Job 
dans les derniers jours plus que 
dans ses premiers. Et il eut qua- 
torze mille brebis, six mille cha- 
meaux, mille paires de bœufs et 
mille ânesses. 


JOB. 


1087 
13. ll eut aussi sept fils et trois 
filles. 

14. Et il appela le nom de l’une, 
Jour, le nom de la seconde, Cassie, 
et le nom de la troisième Cornus- 
tibie. 

15. Or il ne se trouva pas sur 
toute la terre des femmes belles 
comme les filles de Job; et leur 
père leur donna un héritage 
parmi leurs frères. 

16. Or Job vécut après cela cent 
quarante ans; et il vit ses fils et 
les fils de ses fils jusqu'à la qua- 
trième génération, et il mourut 
vieux et plein de jours. 


une grande augmentation dans tous ses biens. Mais, comme le remarque saint Au- 
gustin (Epist. cxx, chap. x), c'eüt été peu de chose pour Job que de recevoir tempo- 
rellement le double de ce qu'il avait possédé auparavant, pour récompense de cette 
admirable fermeté avec laquelle il avait souffert une si terrible épreuve de sa vertu. 
C'est donc principalement la béatitude de l'autre vie quele Saint-Esprit a voulu nous 
figurer par cette prospérité beaucoup plus grande que la premiére dont le Seigneur 
récompensa sa fidélité. 

11. Le mot pain, dans la langue des Hébreux, se prend très souvent pour nourri- 
ture, aliment en général, et l'expression manger du pain, ou manger le pain, signifie 
simplement manger, prendre de la nourriture, faire un repas. — Secouèr ent là téle 
sur lui. Voy. pour le vrai sens de cette locution, Job, xvi, 5. 

15. Et leur père leur donna, etc.; c'est-à-dire que Job donna à ses filles leur part 
dans son héritage comme à ses ἔπ L'auteur du livre Job, qui était Hébreu, fait cetle 
remarque, parce que dans sa nation les filles n'héritaient pas, quand elles avaient 
des frères (Nomór., xxvin 8). L'usage contraire était établi dans l'Arabie, nous le 
voyons confirmé par Mahomet dans le Coran. On voit la méme chose parmi !es 
Romains, dans leslois des douze Tables et dans leurs lois civiles. 


INTRODUCTION 


AU LIVRE DES PSAUMES 


On ignore par quel nom les anciens Hébreux désignaient la collection des 
Psaumes. Aujourd'hui on lui donne, dans la Bible hébraïque, le titre de The- 
hillim, louanges. Les Septante intitulèrent leur traduction des thehillim, « Psal- 
moi, » d'où notre mot de Psaumes. Psallein, dans les auteurs grecs, signifie 
toucher un instrument à cordes, et psalmos, le poème ou l'air qui est ainsi joué 
avec ou sans accompagnement de la voix. 

Le nombre des Psaumes, selon le témoignage constant de tous les anciens 
auteurs, est de cent cinquante. Il existe d’ailleurs, dans le classement, quel- 
ques différences qui proviennent de ce que les divisions n'étaient pas primitive- 
ment marquées dans les manuscrits. La version grecque, reproduite par notre 
Vulgate, joint ensemble les Ps. ix et x, cxiv et cxv de l'hébreu; elle partage le 
Ps. cxvir dont elle fait les Ps. cxiv et cxv. Ces variations, qui ne portent que 
sur la coupure, pour ainsi dire, des poèmes, sont du reste sans importance 
sérieuse ; elles n'atteignent pas le fond des choses. 

La tradition juive, constatée par le texte méme de l'Écriture et par la tradi- 
tion des Pères, partageait les Psaumes, comme le Pentateuque, en cinq livres. 
La fia des quatre premiers est indiquée, dans le texte, par une doxologie 
placée Ps. xr, 14; rxxr, 19; Lxxxvur, 53 et cv, 48. Les versets que nous venons 
d'indiquer n'ont, la plupart, aucune liaison avec les Psaumes auxquels ils sont 
attachés; ils marquent simplement la fin d'un recueil. 

L'Église recut certainement le Psautier des mains des Juifs, non seulement 
comme une partie de la Bible, mais aussi comme un livre liturgique, dont la 
synagogue se servait réguliérement dans les assemblées religieuses. Tout le 
monde en admet l'authenticité, entendue dans ce sens. 

Tous les Psaumes, à l'exception de trente-quatre en hébreu (vingt dans la 
Vulgate), ont un titre qui nous fait connaitre soit leur auteur, soit leur nature 
etla maniére dont ils devaient étre chantés, soit la circonstance historique 
dans laquelle ils ont été composés, soit toutes ces choses à la fois. Ce titre n'est 
pas toujours absolument semblable dans le texte hébreu et dans les Septante 
ou la Vulgate. 

L'autorité des inscriptions placées en téte des Psaumes n'est pas acceptée 
par tous les critiques. L'absence de titre dans plusieurs psaumes est au moins 
une présomption en faveur de la valeur des titres qu'on lit en téte des autres, 
car il faut qu'on ait eu des motifs sérieux d'en donner aux uns, sans en 
donner à tous. 

Quelques Péres ont attribué tous les Psaumes à David, mais le style, le con- 


INTRODUCTION AU LIVRE DES PSAUMES. 1089 


tenu et les titres mémes de ces chants sacrés nous apprennent qu'ils sont 
d'auteurs et d'époques diverses, comme le reconnait expressément le Talmud. 

David est le principal et le plus grand poéte lyrique d'Israél. Ses chants se 
distinguent par la douceur, la tendresse, la grâce et la profondeur du senti- 
ment. Sa note est ordinairement plaintive : plusieurs de ses chants commencent 
par une sombre peinture de sa désolation et de ses souffrances, mais ils se - 
terminent par d'admirables élans de confiance en Dieu. Son amour pour Dieu 
et pour le tabernacle oü il réside éclate en transports qui s'élévent parfois jus- 
qu'au sublime, comme daus le Ps. xvrr. Il ἃ composé la moitié des Psaumes 
que nous possédons et il mérite bien le nom de Psalmiste qui lui est donné 
par excellence. 

Les titres des Psaumes en attribuent douze à Asaph. Quelques-uns d'entre 
eux sont d'excellents poémes didactiques. Asaph était un des principaux musi- 
ciens de David. Tous les Psaumes qui portent son nom ne sont pas de lui, 
mais de l'un de ses descendants ou bien d'un autre Psalmiste qui s'appelait 
comme lui. 

Onze des plus beaux psaumes sont attribués aux enfants de Coré. L'auteur 
n'est pas désigné individuellement, excepté dans le Ps. Lxxxvir, œuvre d'Héman 
l’Ezrahte. 

Le Ps. nxxxvur ἃ pour auteur Éthan l'Ezrahite, un des chantres de David, 
comme Héman. 

Divers autres auteurs ont également composé des Psaumes. 

Le plus ancien des Psaumes, le rxxxix*, est de Moïse; les plus récents sont 
du temps d'Esdras. La plupart, ayant David pour auteur, datent du xi* siècle 
avant notre ére. Quelques-uns de ceux qui portent le nom d'Asaph et des en- 
fants de Coré, à plus forte raison les anonymes, sont d'époque incertaine, La 
plus grande partie des Psaumes graduels, cxix-cxxxim, sont postérieurs à la 
captivité. Les Ps. exLvi-c ont été probablement composés pour la fête de la 
restauration des murs de Jérusalem, du temps de Néhémie. Rien ne prouve 
qu'aucun de nos Psaumes ait été composé après cette date et qu'il en existe du 
temps des Machabées. 

Le premier des cinq livres des Psaumes, qui est exclusivement davidique, a 
616 probablement formé par le saint roi lui-même. Le second, en partie davi- 
dique, en partie lévitique, a été compilé, d'aprés plusieurs critiques, du temps 
d'Ézéchias. Nous ne pouvons dire à quelle époque ont été faites les collections 
des chants renfermés dans les livres ΠῚ et IV, mais c'est certainement avant 
350/88. C'est Esdras lui-même qui a vraisemblablement recueilli les Psaumes 
"éunis dans le livre V. 

Le sujet ordinaire des Psaumes est Dieu et l'homme en face de Dieu : Dieu 
dans sa grandeur, sa bonté, sa miséricorde, ses bienfaits, sa justice; l'homme 
dans sa faiblesse, sa petitesse, sa misère, ses infidélités et le besoin qu'il a du 
secours de son Créateur. 

Le premier mouvement du Psalmiste le porte toujours vers Dieu. Non seule- 
ment Dieu occupe la plus large place dans ces chants; mais sur cent cinquante 
qui composent la collection, il n'y en a que dix-sept oü il ne soit pas nommé 
dès le premier verset. L'union habituelle et la plus intime avec Dieu, tel est le 
caractére le plus saillant des Psaumes. 

Aprés Dieu, c'est de l'homme surtout qu'il est question dans la poésie lyrique 


A. T. 69 


1090 INTRODUCTION AU LIVRE DES PSAUMES. 


des Hébreux, non pas de l'individu en particulier, mais de l'homme en général, 
David ne parle pas seulement en son nom ; il parle au nom de l'humanité en- 
tiere, et lorsque l'univers chrétien chante les vers du poète hébreu, comme 
exprimant ses propres sentiments et ses propres pensées, il ne fait que s'appro- 
prier ce qui a été fait pour lui. Quoique l'auteur ail souvent composé ses can- 
tiques à l'occasion d'événements particuliers, il n'en a pas moins franchi les 
bornes étroites de l'horizon de la Palestine : jusque dans les Psaumes les plus 
personnels, il a parlé au nom de tous. Quand il célébre sa victoire sur Goliath, 
Ps. cxLui, il ne dit point à Dieu: 


Que suis-je, 6 Seigneur, pour que tu penses à moi? 


Mais s'élevant bien au-dessus de sa personnalité, il s'écrie : 


O Seigneur! qu'est-ce que l'homme pour que tu penses à lui, 
Le fils de l'homme, pour que tu t'occupes de lui? 

L'homme, qui est semblable à un souffle, 

Dont les jours sont comme l'ombre qui passe. YY. 3-4. 


Cette largeur de conception et de vues est d'autant plus frappante, que la 
langue dont il se sert est plus rebelle aux généralisations. Les idées générales 
et abstraites semblent ne pas exister pour la langue hébraique, mais le génie 
du Psalmiste sait lui donner ce qui lui manque; il oppose sans cesse dans ses 
chants la petitesse et la misère de l'homme à la grandeur et à la perfection de 
Dieu : 

Quand je regarde ton ciel, l'eeuvre de tes doigts, 
La lune et les étoiles que tu as faites, 


Qu'est-ce que l'homme pour que tu te souviennes de lui, 
Le fils de l'homme, pour que tu prennes soin de lui? Ps., vit, 4, 5. 


Ces admirables vers, que nous lisons dans le Ps. vir, l'un des poèmes les 
plus achevés et les plus parfaits qui existent dans aucune litiérature ancienne 
ou moderne, nous les retrouvons sous une autre forme dans plusieurs autres 


passages de nos chants sacrés, où la créature est mise également en contraste 


avec son Créateur. 

Mais le Psalmiste ne se contente pas de parler ainsi de l'homme en général, 
il étend plus loin ses généralisations. Quand 1] demande à Dieu de juger et de 
punir ses ennemis, sa pensée, d'un vol hardi, enveloppe dans sa prière tous 
les peuples qui font la guerre au Seigneur. Il veut se venger des Philistins, et 1} 
réclame de Dieu l’abaissement, non pas seulement des habitants de Geth, mais 
de tous les Gentils : 


Echapperont-ils [au châtiment] de leurs crimes? 
Dans ta colère, ὁ Dieu, terrasse les Gentils. Ps. LV, 8. 


Dans les chants de David, le juste et le pécheur, le bon et le méchant, le 
grand et le petit, le riche et le pauvre deviennent ainsi des caractères généraux, 
et c'est de la sorte qu'il développe et agrandit le champ de la poésie gnomique 
qui devait prendre un si grand élan sous son fils Salomon. 

Un autre caractère des Psaumes, trés important à noter, c’est que l'homme 
qui est placé en face de Dieu dans ces chants sacrés est trés souvent le Dieu- 


INTRODUCTION. AU LIVRE DES PSAUMES. 1091 


Homme, le Messie, représentant de l'humanité auprès de son Père; leur auteur 
parle presque toujours au nom de Jésus-Christ, ou au moins en termes qu'on 
peut; lui appliquer. Dieu, en faisant du Psalmiste l'interpréte des sentiments de 
l'humanité, l'a fait par là méme l'interpréte des sentiments de son Fils, qui est 
le second Adam, l'homme par excellence; c'est ainsi que le cri de David. s'est 
trouvé tout à !« fois le cri par excellence du Messie et de la nature humaine, 

> Celui qui 5316 combien il y a de flots dans la mer et combien de larmes 
dans l'œil de l'homme; celui qui voit les soupirs du cœur quand ils ne sont, pas 
encore, et qui les entend encore, quand ils ne sont plus ; celui-là seul pourrait 
dire combien de pieux mouvements, combien de vibrations célestes a produit 
et produira dans les àmes le retentissement de ces merveilleux accords, de ces 
cantiques prédestinés, lus, médités, chantés à toutes les heures du jour et de 
la nuit, sur tous les points de la vallée des larmes. Ces psaumes de David sont 
comme une harpe mystique suspendue aux murs de la vraie Sion. Sous le souffle 
de l'esprit de Dieu, elle rend des gémissements infinis qui, roulant d'écho en 
écho, d'àme en àme, réveillant dans chacune d'elles un son qui s'unit au chant 
sacré, se répandent, se prolongent et s'élévent comme l'universelle voix du re- 
pentir. » (Mgr GERBET.) 

« [David] est le premier des poétes du sentiment, dit Lamartine; c'est le roi. 
des lyriques. Jamais la fibre humaine n'a résonné d'accords si intimes, si péné- 
trants et si graves! jamais la pensée du poète ne s'est adressée si haut et n'a 
crié si juste ! jamais l'àme de l'homme ne s'est répandue devant l'homme et 
devant Dieu en expressions et en sentiments si tendres, si sympathiques et si 
déchirants ! Tous les gémissements les plus secrets du cœur humain ont trouvé 
leurs voix et leurs notes sur les lévres et sur la harpe de cet homme! et si l'on 
remonte à l'époque reculée où de tels chants retentissaient sur la terre ; si l'on 
pense qu'alors la poésie lyrique des nations les plus cultivées ne chantait que 
le vin, l'amour, le sang, et les victoires des Muses et des coursiers dans les 
jeux de l'Elide, on est saisi d'un profond étonnement aux accents mystiques du 
roi-prophéte, qui parle au Dieu créateur comme un ami à son ami, qui com- 
prend et loue ses merveilles, qui admire ses justices, qui implore ses miséri- 
cordes, et semble un écho anticipé de la poésie évangélique, répétant les douces 
paroles du Christ avant de les avoir entendues. [Personne ne peut] refuser au 
poéte-roi une inspiration qui ne fut donnée à aucun autre homme! Lisez de 
l'Horace ou de Pindare aprés un psaume! Pour moi, je ne le peux plus! » 

« David est le prince de la priére et le théologien de l'Ancien Testament, dit 
Lacordaire. C'est avec ses Psaumes que prie l'Eglise universelle, et elle trouve 
dans celte prière, outre la tendresse du cœur et la magnificence de la poésie, 
les enseignements d'une foi qui a tout su du Dieu de la création, et tout prévu 
du Dieu de la rédemption. Le Psautier était le manuel de la piété de nos pères; 
on le voyait sur la table du pauvre comme sur le prie-Dieu des rois. Il est en- 
core aujourd'hui, dans la main du prêtre, le trésor où il puise les aspirations 
qui le conduisent à l'autel, l'arche qui l'accompagne aux périls du monde, 
comme au désert de la méditation. 

« Nul autre que David n'a mieux prié; nul autre, préparé par plus de malheurs 
et plus de gloire, par plus de vicissitudes et plus de paix, n'a mieux chanté la 
foi de tous les âges, et mieux pleuré les fautes de tous les hommes. Il est le 
père de l'harmonie s^7naturelle, le musicien de l'éternité dans les tristesses du 


69 


1092 INTRODUCTION AU LIVRE DES PSAUMES. 

lemps, et sa voix se prête à qui la veut pour gémir, pour invoquer, pour intercé- 
der, pour louer, pour adorer... Empruntez cette voix dont l'Eglise a fait la sienne, 
et qui, depuis trois mille ans, porte aux anges les soupirs et la joie des saints... 
Il n'y a pas dans la vie de l'homme un péril, une joie, une amertume, un abalte- 
ment, une ardeur, pas un nuage et pas un soleil qui ne soient en David, et que 
sa harpe n'émeuve pour en faire un don de Dieu et un souffle d'immortalité(1).» 


(1) Sur le caractère de la poésie hébraïque, voir la note 19àla fin du volume, 


LES PSAUMES 


^ OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES 


Ces observations ont pour but de nous faire éviter, dans les notes explica- 
lives du texte sacré, une foule de redites qui, sans elles, seraient absolument 
inévitables, et qui ne pourraient manquer de fatiguer le lecteur. 

1. Quand le Psalmiste lance des malédictions et des imprécations contre ses 
ennemis, quand il demande à Dieu de les punir et de les faire périr avec toute 
leur postérité, il n'est nullement animé de l'esprit de vengeance; car: 1° S'il 
eüt été, comme on le suppose, un homme haineux, emporté et vindicatif, 
aurait-il épargné Saül, qui machinait sa perle? aurait-il vengé et pleuré 
amérement sa mort? aurait-il vengé aussi celle d'Isboseth, et recherché 
dans tout Israél quelqu'un de la famille de ce prince, son ennemi déclaré, pour 
le combler de bienfaits? Aurait-il pardonné si généreusement à Séméi, qui 
l'avait outragé de la maniere la plus atroce? Ainsi on a toute raison de penser 
que ces imprécations ne procédaient pas d'un sentiment de vengeance, mais 
d'un grand zèle pour la gloire de Dieu que ses ennemis outrageaient. Fallût-il une 
nouvelle preuve de notre assertion, nous la trouverions dans ces deux passages 
des Psaumes mémes : « Est-ce que je ne haissais pas, Seigneur, ceux qui vous 
haissent, et à la vue de vos ennemis, ne séchais-je point de douleur? Je les 
haissais d'une haine entière (Ps. cxxxvur, 21, 22)... Si j'ai rendu le mal à ceux 
qui m'en avaient fait, que je tombe sans défense devant mes ennemis, je l'ai 
mérité. Que l'ennemi poursuive mon àme, qu'il l'atteigne, qu'il me foule vivant 
contre terre et qu'il ensevelisse ma gloire dans la poussiére. » (Ps. vir, 5, 6.) 

2° Saint Chrysostome et saint Augustin, suivis de plusieurs interprètes, pen- 
sent que ces imprécations ne sont pas réelles, mais qu'elles n'expriment que 
de simples prophéties énoncées dans la forme imprécatoire. Il est certain que 
quelques-unes au moins peuvent trés bien s'expliquer de cette manière. Un 
cœur si bon, une âme aussi généreuse, ne peut avoir formé ces désirs de ven- 
geance ; c'est une prédiction que lui suggére l'Esprit-Saint dont il est animé; le 
méme Dieu qui l'associera un jour à son jugement veut bien avancer à son 
égard l'exercice de ce pouvoir, en le chargeant d'annoncer de sa part les arréts 
de sa justice contre les méchants. 

3° Plusieurs de ces imprécations ne sont que conditionnelles, et ne renferment 
le souhait d'un mal qu'autant que le coupable ne se corrigera pas, mais qu'il 
persévérera dans son iniquité. 

4? Les maux que parait souhaiter le Psalmiste n'ont pas pour objet la ruine 


1094 LES PSAUMES. 


personnelle du pécheur, mais se rapportent quelquefois à sa propre correction: 
« Remplissez leurs faces d'ignominie, et ils chercheront votre nom, Seigneur. » 
(Ps. ,זוצאאז‎ 17.) D'autres fois ils se rapportent au bien général de la religion 
et de la société. Le prophète, brûlant de zèle pour la gloire de Dieu, craignait 
que si la prospérité et les persécutions des méchants persévéraient, les justes 
ne fussent découragés, l'honneur de Dieu ne füt compromis et la religion ne 
souffrit un notable dommage ; ce qui paraîtra évident à quiconque jettera un 
simple coup d’œil sur les prophéties de Malachie. Le Psalmiste demande donc 
à Dieu que par sa puissance il veuille bien réprimer les efforts des méchants. 
Or, c'est ce que demande l'Eglise chrétienne elle-méme, quand elle prie contre 
ses persécuteurs et quand elle ordonne des priéres contre les ennemis de 
l'Etat. Il faut encore bien remarquer que les ennemis de David ne s'attaquaient 
pas à lui personnellement, mais à Dieu qui l'avait établi dans sa théocratie, 
et dont il était le vice-gérant, et à tout le peuple hébreu dont il était le chef. 
Ainsi, sans faire attention à ses injures particulières, qu'il était disposé à par- 
donner, il considérait dans ses persécutions l'homme de Dieu, dont il tenait la 
place, et le bien de l'Etat dont il était le roi. Ainsi, ce n'était pas par le senti- 
ment d'une vengeance particulière, mais par le zèle de la gloire de Dieu qu'il 
désirait l'humiliation et l'extermination de ses ennemis. 

5° Le prophéte ne parle pas en son nom propre, mais au nom de Dieu qui 
l'inspire et dont il est l'organe. Or répugne-t-il aux attributs de Dieu qu'il sou- 
haite de tirer vengeance de tout homme qui refuse opiniâtrément de se soumettre 
à sa volonté? Ce désir n'est-il pas lié avec l'amour de l'ordre et de la justice 
dont il ne saurait se départir? Mais, si ces sentiments peuvent se supposer en 
Dieu, pourquoi paraitraient-ils choquants dans celui qui n'est que son inter- 
préte, qui ne fait que déclarer au dehors ce qu'il lui révèle au dedans? N'ou- 
blions pas que les saints prophétes eurent aussi les sentiments de Dieu méme. 
Plus ils sont remplis de son amour, plus ils haissent et détestent tous les crimes 
qui attaquent sa sainteté infinie; et Dieu leur découvrant par sa lumière divine 
lendurcissement et l'impénitence des méchants, et la résolution infiniment 
juste oü il est de les punir, ils entrent dans les sentiments de sa justice venge- 
resse, ils les approuvent et désirent la punilior des coupables, mais ils la désirert 
comme Dieu lui-même, c'est-à-dire sans passion, sans mouvement de haine, sans 
emportement de colére, par le seul amour de l'ordre et de la justice éternelle. 

6° Enfin, il faut se rappeler que ces imprécations sont exprimées dans un 
style poétique, style beaucoup plus véhément et plus hyperbolique chez les 
Orientaux qu'il ne l'est parmi nous, dont l'imagination infiniment plus froide 
st plus calme ne se permet pas toutes ces exagérations. 

II. L'Ecriture, comme l'a remarqué saint Augustin, a une langue particulière, 
et ceux qui n'en ont pas appris les régles, ne pouvant l'entendre qu'avec beau- 
coup de peine, se trouvent embarrassés quand ils veulent l'expliquer : Seriptura 
nostra quomodo loquitur, sic intelligenda est : habet linguam suam; quicumque 
hanc linguam nescit, turbatur (Tract. x in Joan., c. πὴ. En effet, les écrivains 
sacrés étant originairement hébreux ou hellénistes, c'est-à-dire Grecs hébrai- 
sants, nous ont transmis les Livres saints avec toutes les locutions et toutes 
les expressions propres à ja langue hébraique. D'un autre cóté, ceux qui les 
ont traduits de l'hébreu en grec, ou du grec en latin, n'ont presque rien 
changé à ces idiotismes. De là ces hébraismes et ces hellénismes sans nombre, 


OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 1095 


qui arrêtent presque à chaque pas le lecteur étranger à la connaissance dé la 
langue sainte. La Vulgate latine surtout, qui assez ordinairement imite avec 
fidélité la concision du texte original, devient souvent par là méme inintelli- 
gible, principalement dans le livre des Psaumes. Aussi est-ce pour faire mieux 
comprendre le sens de cette version à ceux de nos lecteurs qui n'ont aucune 
connaissance de la langue hébraique, que nous signalons ici les hébraismes 
principaux, les mémes que saint Augustin regardait comme si nécessaires pour 
bien entendre l'Ecriture, qu'il exhortait tous ceux qui l'étudiaient, à les 
apprendre et à se les rendre familiers (De Doct. Christ., lib. III). Par ce moyen 
d'ailleurs, nous serons dispensé de les expliquer dans les nombreux passages 
oü ils se rencontrent. Or parmi ces idiotismes de la langue sacrée, les uns re- 
gardent plus particuliérement les noms, soit substantifs, soit adjectifs, soit 
pronoms, les autres les verbes, d'autres enfin les particules, c'est-à-dire l'ad- 
verbe, la préposition, la conjonction et l'interjection. 

19 Les Hébreux, n'ayant point dans leur langue de genre neutre, le remplacent 
le plus ordinairement par le féminin. Or l’auteur de la Vulgate se conforme 
quelquefois à cet hébraisme. — Les noms abstraits se mettent trés souvent pour 
les concrets. — La répétition d'un méme substantif au méme cas avec ou sans 
la conjonction ef, indique ordinairement ou l'universalité, ou un grand nombre, 
une multitude, ou une différence, une diversité dans l'espéce, ou enfin la viva- 
cité du sentiment de celui qui parle. L'ensemble du discours fait distinguer 
facilement, dans chaque phrase, quel est celui de ces divers sens qui lui est 
propre. Mais, quand le substantif répété est mis la seconde fois au génitif, il 
tient lieu de superlatif, comme on va le voir un peu plus bas. — Les adjectifs 
sont souvent remplacés par un substantif précédé d'une préposition. — Les 
adjectifs qui indiquent une possession, une manière d’être, une habitude, et qui 
dans nos langues modernes sont pour la plupart dérivés du substantif dont ils 
indiquent la possession, se trouvent quelquefois remplacés par les mots fils, 
homme (filius, vir). — Le positif se met souvent pour le comparatif; mais alors 
ce positif est suivi de la particule quàm. — Le comparatif s'exprime en hébreu 
par le positif suivi de la particule min, qui signifie plus que (prz) ; mais, comme 
cette particule signifie aussi de (ab, ez), la Vulgate la rend quelquefois dans ce 
dernier sens, lors méme qu'il s'agit d'un comparatif. — Le superiatif s'exprime 
ou par les particules beaucoup, excessivement, extrémement, ajoutées à l'adjectif, 
ou par un substantif répété et mis, la seconde fois, au génitif, ou enfin par le 
mot Dieu qu'on joint au substantif; mais dans ce dernier cas, c'est le superlatif 
porté à sa plus haute puissance et qui doit se rendre en francais par le plus, le 
plus possible. — Quant aux nombres, le singulier se met souvent pour le pluriel. 
— Les cas se mettent également l'un pour l'autre, sans égard pour la concor- 
dance latine. — Le nominatif se met souvent d'une manière absolue, c'est-à- 
dire comme détaché de la proposition, quoique son usage propre soit d'en 
caractériser le sujet. Cet hébraisme n'est point un pur pléonasme, comme 
plusieurs l'ont prétendu ; il a pour but d'attirer l'attention principalement sur 
l'idée exprimée par le nominatif absolu, d'en faire l'objet dominant de la 
pensée de l'écrivain sacré. Le génitif marque assez souvent ou la fin qu'on se 
propose, ou l'effet qui est produit, ou le sujet dans lequel ou bien auquel on 
attribue quelque chose ou entin la ressemblance. Le datif se met quelquefois 
pour la préposition contre (adversus, contra), et quelquefois aussi pour de, 


1096 LES PSAUMES. — OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 


touchant, au sujet de (de). L'accusatif se prend souvent d'une manière adverbiale ; 
souvent aussi il est remplacé par la préposition dans (in) avec l'ablatif, genre 
d'hébraisme qui a pour but de donner à l'idée renfermée dans le verbe plus de 
force et d'énergie. Le vocatif et l'ablatif n'offrani que des idiotismes faciles à 
comprendre, nous les passons sous silence. — Tout pronom exprimé, quoiqu'il 
soit implicitement renfermé dans le verbe, doit être autant que possible rendu 
dans une traduction, parce qu'il donne au discours une force et une énergie qui 
disparaitrait entiérement si on n'en tenait pas compte. Le pronom possessif, qui 
a le plus ordinairement une signification active, se prend fréquemment dans le 
sens passif. m 

2» Lorsqu'un verbe actif, au lieu de régir l’accusatif, se joint à son complé- 
ment par l'intermédiaire d'une préposition, il donne à l'action quil exprime 
une nouvelle force et plus d'énergie. — Plusieurs verbes qui indiquent une 
chose comme positive, ne signifient réellement que dire, déclarer, publier cette 
chose. Quand deux verbes de méme temps ou de méme mode sont joints en- 
semble par la conjonction et, le second exprime quelquefois le complément du 
premier et représente l'infinitif. D'autres fois le premier tient lieu d'un adverbe, 
ce qui arrive principalement quand ce premier verbe est ajouter (addere, adji- 
cere) ou d'autres qui ont une signification analogue. Quand un méme verbe est 
répété plusieurs fois ou qu'il est joint à un nom ayant le méme sens que lui, 
l'action qu'il exprime devient plus forte et plus énergique, et le nom lui-même 
répond alors à l'idée de tout à fait, entièrement, absolument, etc. Le parfail 
s'emploie assez souvent pour le présent dans les choses qui ont coutume de se 
faire, c'est-à-dire dans les propositions générales dont la vérité ne dépend 
d'aucune circonstance de temps; pour le futur, soit dans les prédictions et les 
promesses prophétiques, oü les choses prédites et promises sont envisagées par 
l'écrivain sacré comme déjà accomplies, ou bien se passant sous ses yeux, soit 
quand il se trouve dans une proposition dépendante d'une premiére. — Le 
futur s'emploie comme le prétérit pour le présent dansles propositions générales 
dont la vérité est indépendante de toute circonstance de temps; pour l'impar- 
fait, et lorsque le verbe renferme implicitement les idées de devoir et de coutume. 
— Quand un verbe se trouve construit avec un complément qui ne lui convient 
pas, ce genre de construction indique qu'un autre verbe auquel appartient le 
complément est sous-entendu et que celui qui est exprimé réunit la significa- 
lion de ce verbe sous-entendu à la sienne propre. La nature de la proposition, 
aussi bien que la construction elle-méme, suggérent facilement à l'esprit la 
signification du verbe sous-entendu. 

3° Les particules avant que, jusqu'à, jusqu'à ce que, ne signifient pas Loujours 
que l'action du verbe qui les précéde, finit, se termine au moment oü com- 
mence celle du verbe qui les suit. La négative non jointe à tout (omnis), signifie 
pas un, aucun (nullus). La préposition de (ab, ez) a quelquefois le sens de plus 
que, en comparaison de (plusquàm, prz). Voy. ce que nous en avons dit au n° 4°, 
au sujet du comparatif. J.-B. GLAIRE. 


[rs. n.] 


PSAUME PREMIER. 


Ce Psaume contient comme un précis de 
toute la doctrine du psautier et un 
abrégé de toute la morale. Le psalmiste 
y représente que le bonheur de l'homme 
en cette vie consiste à s'éloigner des 
maximes et des mœurs des impies, et 
à s'attacher constamment à la loi de 
Dieu. 


1. Heureux l'homme qui n'est 
pas allé au conseil des impies, 
qui ne s'est pas arrété dans la 
voie des pécheurs, qui ne s'est 
pas assis dans la chaire de pesti- 
lence ; 

2. Mais dont la volonté est dans 
la loi du Seigneur, et qui médite 


LES PSAUMES. 


1097 


Et sa feuille ne tombera point ; 
et tout ce qu'il fera prospérera. 

4. 1] n'en est pas ainsi des im- 
pies; non, il n'en est pas ainsi, 
mais ils sont comme la poussiere 
que le vent emporte de la face de 
la terre. 

. Cest pourquoi les impies ne 
ressusciteront pas au jugement, 
ni les pécheurs dans l'assemblée 
des justes. 

6. Parce que le Seigneur con- 
nait la voie des justes, et la voie 
des impies périra. 


PSAUME II. 


En vain les rois et les peuples de la terre 


s'opposent à l'établissement du règne 
de Jésus-Christ. David les exhorte à se 
soumettre à lui. 


cette loi le jour et la nuit. 
3. ll sera comme l'arbre planté 
près des courants des eaux, qui 


donnera son fruit en son temps; 1. Pourquoilesnations ont-elles 


Ps. I. 2. Jos., 1, 8. — 3. Jérémie, xvir, 8. — Ps. II. 4. Actes, 1v, 25. 


1. Ce premier psaume n'a de titre, ni dans l'hébreu, ni dansles Septante ; mais les 
Pères grecs et latins, de méme que les rabbins, l'attr'buent communément à David. 
1] parait cependant que le nom de David se lisait dans quelques anciens exemplaires 
des Septante, puisqu'il se trouve dans l'édition d'Aleala et dans celle des Alde. 
— * Le psaumeÏI sert d'introduction générale à toute la collection des chants inspirés. 

1-3. * Bonheur du juste, qui évite le mal et observe la loi, c'est-à-dire pratique le 
bien. 

1, 5, 6. Dans le stye des Hébreux les imptes sont ce que nous appelons les méchants 
en général; de là vient que chez eux les justes et les impies sont ce que nous nom- 
mons les bons et les méchants. 

4-6. * Malheur du pécheur. 

6. David ne dit pas qu'il n'y a point de résurrection pour les méchants, comme 
l'ont prétendu quelques inerédules; il dit simplement qu'ils ne ressusciteront pas 
pour être admis dans l'assemblée des justes ; il faut faire violence au texte pour lui 
donner un autre sens. — Au jugement dernier. C'est ainsi que l'ont entendu la plu- 
part des docteurs juifs aprés le paraphraste chaldéen. D'ailleurs, comme l'a juste- 
ment remarqué le savant Aben-Ezra, la présence de l'article déterminatif enlève 
toute espèce de doute à cet égard. 1 


1-13. Ce psaume n'a, comme le premier, aucun titre dans l'hébreu, dans la Vul- 
gate et dans la plupart des exemplaires des Septante ; quelques-uns seulement, soit 
grecs, soit latins, portent en tête : Psaume de David; inscription dont la vérité se 
trouve confirmée par le témoignage formel des Apótres mémes. D'un autre cóté, les 
Apôtres dans le Nouveau Testament, les anciens Pères grecs et latins, les anciens 
rabbins, les interprètes chrétiens, tous s'accordentà dire que ce psaume se rapporte 
au Messie. — * Ce Psaume est trés souvent cité dans le Nouveau Testament. Les 
Actes, 1v, 25-28, indiquent l'accomplissement de 1-2 dans la coalition des Juifs et des 
Gentils contre Jésus-Christ. Hebr., τ, 5 et v, 5, cite 1 comme preuve de la génération 
éternelle du Verbe. Cf. Ac/., xiu, 33 et Rom., 1, 4. Le nom de Messie ou Christ et 
celui de Fils de Dieu, Jean., 1, 49 et Matth., xxvi, 63, qui étaient les noms par les- 


1098 


frémi, et les peuples médité des 
choses vaines? 

2. Les rois de la terre se sont 
levés, etles princes se sont ligués 
contre le Seigneur et contre son 
Christ. 

3. Rompons leurs liens, ont-ils 
dit, et rejetons loin de nous leur 
joug. 

4. Celui qui habite dans les 
cieux se rira d'eux, etle Seigneur 
se moquera d'eux. 

5. Alors il leur parlera dans sa 
colère, et dans sa fureur il les con- 
fondra. 

6. Pour moi, j'ai été établi roi 
par lui sur Sion, sa montagne 
sainte, annonçant ses préceptes. 

7. Le Seigneur m'a dit : Vous 
êtes mon Fils, c’est moi qui au- 
jourd'hui vous ai engendré. 


LES PSAUMES. 


(Ps. [.ז1‎ 

8. Demandez-moi, et je vous 
donnerai les nations en héritage, 
et en possession les extrémités 
de la terre. 

9. Vous les gouvernerez avec 
une verge de fer, et vous les bri- 
serez Comme un vase de potier. 

10. Et maintenant, ὃ rois, com 
prenez; instruisez-vous, vous qui 
jugez la terre. 

11. Servez le Seigneur dans la 
crainte, et réjouissez-vous en lui 
avec tremblement. 

12. Embrassez la doctrine, de 
peur que quelque jour le Seigneur 
ne sirrite, et que vous ne péris- 
siez hors de la voie de la jus- 
tice. 

13. Lorsque sa colère s'enflam- 
mera en un instant, heureux tous 
ceux qui se confient en lui. 


7. Actes, xir, 33; Hébr., 1, 5; v, 5. — 9. Apoc., ir, 27; xix, 15 


mm mm 


quels on désignait ordinairement chez les Juifs, du temps de Notre-Seigneur, le 
grand roi qu'ils attendaient, viennent de ce Ps. et de Dan., 1x, 25. L'Apocalypse, xix, 
15; xir, 5;1,5, nous montre Jésus-Christ gouvernant les nations avec une verge de fer. 

1-3. * Les Gentils veulent en vain se révolter contre Dieu. 

1. * Cette brusque interrogation, Pourquoi, indique que les complots des rois dela 
terre sont sans raison et seront sans succès. A quoi bon? 

2-3. * Ces deux vers expriment le résultat des délibérations des rois conjurés. 

4-6. * Dieu se rit des vains efforts de ses ennemis. 

4. * Celui qui habite dans les cieux est opposé aux vois de la terre, vers. 2; à leur 
agitation, à leur tumulte, est opposée sa sérénité; ils se remuent, ils se déménent; lui 
sourit, comme pourrait faire un homme qui verrait des fourmis se révolter contre lui. 

6. Ses préceptes, ou bien son décret, par lequel il m'a établi roi. 

1-9. * Discours du Messie; il déclare que Dieu l'a engendré de toute éternité et 
qu'il luia donné en héritage toutes les nations de la terre. 

1. Je vous ai engendré. Cela peut s'entendre ou de la génération éternelle du Verhe 
(Hébr., 1, 5), ou de sa naissance temporelle; mais particuliérement de sa Résurrec- 
tion, par laquelle il est devenu /e premier-né d'entre les morts (Actes, xur, 32, 33; 
Coloss., 1,18; Apocal., τ, 5). 

8. Je vous donnerai, etc. C'est dans le Messie seul qu'ont été accomplies ces ma- 
gnifiques promesses. 

9. Ce texte est appliqué plusieurs fois à Jésus-Christ, et Jésus-Christ se l'applique 
à lui-même. Voy. Apocal., n, 26-28; xu, 5; xix, 15. 

10-13. * Conclusion du Psalmiste : il faut obéir au roi-Messie. 

19. La doctrine de Jésus-Christ, sa loi. y 

13. * « Il est facile de sentir le mérite de la marche lyrique de ce Psaume. Entrant 
hardiment en matiére par une question, il déroule en peu de mots le tableau du 
bruit des réunions dans lesquelles les rois forment leurs vains projets. Un regard 
tombé du haut du ciel, un sourire. du roi de ce ciel, anéantissent leurs combinaisons; 

car, dans les vues du poète, ce terrible sourire devient le tonnerre tout puissant, il 


PS, IV.] 


PSAUME III. 


David se soutient contre la crainte qu'on 
veut lui donner de ses ennemis, par le 
souvenir des secours qu'il a recus de 
Dieu, et par l'espérance qu'il a d'en 
recevoir de nouveaux de sa bonté. 


1. Psaume de David, lorsqu'il fuyait 
devant Absalom son fils. 

2. Seigneur, pourquoi se sont- 
ils multipliés, ceux qui me persé- 
cutent? Ils sont bien nombreux, 
ceux qui s'élévent contre moi. 

3. Beaucoup disent àmon àme: 
Il n'y a point de salut pour elle en 
son Dieu. 

4. Mais vous, Seigneur, vous 


LES PSAUMES. 


1099 


suis levé, parce que le Seigneur 
m'a pris sous sa protection. 

1. Je ne craindrai point les mil- 
liers d'hommes du peuple qui 
m'environne : levez-vous, Sei- 
gneur. sauvez-moi, mon Dieu. 

8. Parce que c'est vous qui avez 
frappé tous ceux qui me combat- 
taient sans raison ; vous avez brisé 
les dents des pécheurs. 

9. Au Seigneur appartient le 
salut; et c'est sur votre peuple 
que se répand votre bénédiction. 


PSAUME IV. 


David, plein de reconnaissance de ce que 


Dieu a écouté sa prière, l'invoque de 
nouveau. ll exhorte ses ennemis à ne 
pas mettre leur confiance dans les biens 
de cemonde, maisàne chercher, comme 
lui, leur repos qu'en Dieu seul. 


étes mon soutien, ma gloire, et 
vous élevez ma téte. 

5. De ma voix, j'ai crié vers le 
Seigneur, et il m'a exaucé de sa 
montagne sainte. 

6. Pour moi, je me suis en- 
dormi, j'ai sommeillé; et je me 


1. Pour la fim, dans les cantiques, 
psaume de David. 


2. Lorsque je l'invoquais, il m'a 


comprend ce langage, il s'en fait l'interpréte. Ce langage est concis et majestueux 
comme doit l'être celui du roi du ciel; mais le roi sur la terre donne des ordres 
plus détaillés, 11 donne méme des avis, des conseils; cependant le répit qu'il donne 
à ses ennemis pour les suivre est court, et l'ode se termine par une sentence sur les 
fidèles. Chaque trait de ce tableau est juste et sa gradation est admirable. » (HERDER.) 

1. Lorsqu'il fuyait, etc. Cette fuite de David est racontée dans le IIe livre des Rois, 
xv, 14 et suiv. 

2-3. * Multitude des ennemis de David. 

3. A mon âme. Ce qui suit exigerait : De mon âme, au lieu de : À mon dme. Il est 
certain que la particule hébraique que les Septante ont rendue par le datif, son sens 
ordinaire, signifie quelquefois de, au sujet de, quand elle est jointe aux verbes dire, 
ordonner, etc. 

4-5. * David n'est pas effrayé du nombre de ses ennemis, parce qu'il compte sur 
le secours de Dieu. 

5. Sa montagne sainte; c'est-à-dire Sion. Compar. Ps. n, 1. 

6-7a (c'est-à-dire première moitié du y. 1). * Le Psalmiste se lève, il se couche, ce 
qui veut dire qu'il vit en paix et tranquille, parce que Dieu est son protecteur. 

jb -9. * Prière à Dieu, pour qu'il délivre David de tous ses ennemis et qu'il bénisse 
son peuple. 


1. Pour la fin, etc. L'explication des titres de ce genre qui se lisent dans les 
psaumes exigeant des développements d'une certaine étendue, nous renvoyons le 
lecteur aux interprétes qui en traitent dans leurs commentaires. — * Le texte hébreu 
porte : « Au chef de chœur, sur les neginóth, c'est-à-dire avec accompagnement 
d'iustruments à corde. » Pour l'explication des titres des Psaumes, voir la note 4 à 
la fin du volume. | 


2. Le Dieu de ma justice; c'est-à-direle Dieu auteur et défenseur de ma justice. — 


1100 


exaucé, le Dieu de ma justice; 
dans la tribulation, vous m'avez 
mis au large. Ayez pitié de moi, 
et exaucez ma prière. 

3. Fils des hommes, jusqu'à 
quand aurez-vous le cœur appe- 
santi? pourquoi aimez-vous la 
vanité, et cherchez-vous le men- 
songe? 

4. Sachez donc que le Seigneur 
a glorifié son saint : le Seigneur 
m'exaucera, lorsque je crierai 
vers lui. 

9. Irritez- vous et ne péchez 
pas; et ce que vous dites en vos 
cœurs, repassez-le sur vos lits 
avec componction. 

6. Offrez un sacrifice de jus- 
tice, et espérez dans le Seigneur. 
Beaucoup disent: Qui nous mon- 
trerales biens qu’on nous promet? 

1. La lumière de votre visage 


Ps. IV. 5. Ephése, iv, 26. 


LES PSAUMES. 


(Ps. v.] 


à été marquée sur nous, Sei- 
gneur; vous avez donué la joie 
à mon cœur. 

8. Ils ont eu en abondance le 
fruit de leur froment, de leur vin 
et de leur huile. 

9. Dans 18 paix je m'endormirai 
et je reposerai tout à la fois, 

10. Parce que vous, Seigneur, 
vous seul m'avez établi dans l'es- 
pérance. 


PSAUME V. 


Belle prière du psalmiste. Il y représente 
ce que les méchants doivent craindre 
dela justice de Dieu, et ce que les justes 
doivent attendre de sa bonté. 


1. Pour la fin, pour celle qui obtient 
l'héritage, psaume de David. 

2. Prétez l'oreille à mes paroles, 
Seigneur, entendez mon cri. 

3. Soyez attentif à la voix de 


——À C τ. 0 στ τὼ τσ T M 
* Pour bien suivre la pensée du Psalmiste, il faut mettre les verbes au présent et 
non au passé. Dans ce vers. 2, David demande à Dieu de l'exaucer dans son angoisse, 
au moment oü tous l'abandonnent pour suivre Absalom. 

3-4. * Le Psalmiste s'adresse à ses calomniateurs : qu'ils cessent leurs outrages, 
car Dieu va exaucer sa prière. 

4. Son saint. David avait été sanctifié de Dieu par l’onction sainte qu'il avait reçue 
à son sacre. 

5-62, * Que ses ennemis rentrent en eux-mêmes et qu'ils se confient en Dieu, au 
lieu de se laisser aller à la présomption. 

5. Irritez-vous, etc., ou bien, selon le texte hébreu : Frémissez, tremblez; ce qui 
donne un sens mieux suivi. 

65 -8.* Parmi ceux qui ont suivi David, beaucoup disent : Qui nous fera retrouver 
la paix et le bonheur? — Dieu, répond-il, en faisant briller sur nous son visage, c'est- 
à-dire en nous accordant sa faveur. 

6. Qui nous montrera? c'est-à-dire qui nous donnera? Qui nous récompensera pour 
le sacrifice que nous faisons, en suivant un roi détróné et malheureux, en nous ex- 
posant par là méme à la merci de nos ennemis, et en manquant des choses les plus 
nécessaires? David répond à ceux qui font cette question que Dieu les a favorisés de 
sa divine lumière, qu'il leur a accordé une joie intérieure et le témoignage d'une 
bonne conscience. 

1-8. * On lit en hébreu : Tu as mis plus de joie dans mon cœur, qu'au temps de la 
moisson et de la vendange. 

9-10. * Tranquillité ct paix de David, à cause de sa confiance sans bornes en Dieu. 


1. * Le titre hébreu porte : « Au chef de chœur, » ’el-han-nekhilôth (probablement 
indication d'un instrument de musique, la flüte). Sujet : Priére du matin, avant 
d'aller à la maison de Dicu. 

2-58 .* David invoque Dieu dès le matin et demande à être exaucé, 


[h3; vi.] 
ma priere, mon roi et mon Dieu. 

4. Parce que c'est vous que je 
prierai; Seigneur, des lé matin 
vous entendrez ma voix. 

5. Des le matin je me présen- 
terai devant vous,et je verrai 
que vous n'êtes pas un Dieu qui 
veut l'iniquité. 

6. Le méchant n'habitera pas 
pres de vous; et les hommes in- 
justes ne subsisteront pas devant 
08 yeux. 

7. Vous haïssez tous ceux qui 
operent l'iniquité ; vous perdrez 
tous ceux qui proferent le men- 
songe. Le Seigneur aura en abo- 
mination un homme de sang et 
un fourbe. 

8. Mais moi, gráce à la multi- 
tude de vos miséricordes, j entre- 
rai dans votre maison; jado- 
rerai en approchant de votre saint 
temple, pénétré de votre crainte. 

9. Seigneur, conduisez - moi 
dans volre justice; à cause de 
mes ennemis dirigez ma voie en 
volre présence. 

10. Parce que la vérité n'est 
pas dans leur bouche : leur cœur 
est vain. 


Ps: V. 41. Infra, xir, 3; Rom,, 111, 13. 


LES PSAUMES. 


1 


41. C'estun sépulereouvert que 
leur gosier; avec leurs langues 
ils agissaient astucieusement 
jugez-les, ὃ Dieu. 

Qu'ils soient décus de leurs 
pensées; à cause de la multitude 
de leurs impiétés, chassez-les, 
parce qu'ils vous ont irrité, Sei- 
gneur. 

19. Mais qu'ils se réjouissent, 
tous ceux qui esperent en vous; 
éternellement ils tressailliront 
d'allégresse, et vous habiterez en 
eux. 

Et ils se glorifieront en vous, 
tous ceux qui aiment votre nom; 

13. Parce que vous, vous béni- 
rez le juste. 

Seigneur, vous nous avez cou- 
ronnés de votre bonne volonté 
comme d'un bouclier. 


PSAUME VI. 


David, pénétré de douleur de ses péchés 
et accablé des maux qui en étaient la 
peine, implore la miséricorde de Dieu. 
Il est si sûr d’être exaucé, qu'il reproche 
à ses ennemis d’avoir en vain espéré 
sa perte. 


1. Pour la fin, dans les cantiques, 
psaume de David, pour l'octave, 


4. Dès le matin vous entendrez ma voix. Les Hébreux priaient trois fois par jour: 
le matin, à midi et le soir. Il est dit du prophète Daniel qu'il était fidèle observateur 
de cette sainte pratique. Voy. Daniel, vi, 10, 12. 

5b -T. * David fonde sa prière et sa confiance sur la sainteté de Dieu. 

7. Homme de sang; littér. homme de sangs (vir sanguinum); c'est-à-dire meurtrier, 
Les Hébreux employaient le mot sang au pluriel principalement lorsqu'il s'agissait 


du sang versé, répandu par le meurtre. 


8-112 . * Le Psalmiste invoque Dieu avec confiance contre ses ennemis, parce qu'ils 


sont méchants. 


8. J'adorerai en approchant de votre saint lemple; littér. J'adorerai vers votre, etc. 

9. Dans votre justice; dans la voie de votre justice. 

11^ -13. * Que Dieu punisse les méchants, et les justes se réjouiront, 

M. * C'est un sépulcre ouvert que leur gosier, parce qu'avec les mensonges qu'ils 
proférent, ils préparent à tout instant la mort et la ruine. 


1. * Le mot traduit pour la fin signifie toujours dans les titres des Psaumes que le 
poème sacré est adressé au chef de chœur. L'hébreu porte : « Au chef de chœur sur 
les neginóth, scheminith. » Neginôlh veut dire avec accompagnement d'instruments à 


1102 
9. Seigneur, ne. me reprenez 

pas dans votre fureur, et ne me 

châtiez pas dans votre colère. 

3. Ayez pitié de moi, Seigneur, 
parce que je suis infirme ; guéris- 
sez-moi, Seigneur, parce que mes 
os sont ébranlés. 

4. Kt. mon âme est troublée à 
l'excés ; mais vous, Seigneur, jus- 
qu'à quand?... 

5. Revenez, Seigneur, et déli- 
vrez mon âme; sauvez-moi à 
cause de votre miséricorde. 

6. Parce que nul dans la mort 
ne se souvient de vous : et dans 
l'enfer qui vous glorifiera ? 

7. Je me suis fatigué dans mon 
gémissement; je laverai chaque 
nuit mon lit de mes pleurs; j'arro- 


LES PSAUMES. 


[Ps. vir.] 


milieu. de tous :mes ennemis. 

9. Retirez-vous de. moi, vous 
tous qui opérez l'iniquité ; parce 
que le Seigneur a exaucé la voix 
de mon pleur. 

10. Le Seigneur a:.exaucé ma 
supplication, le Seigneur ἃ ac- 
cueilli ma prière. 1 

11. Qu'ils rougissent et qu'ils 
soient remplis de trouble, tous 
mes ennemis; qu'ils s'en retour- 
nent trés promptement. et. qu'ils 
rougissent. | 


PSAUME VII. 


David, persécuté par Saül, invoque le se- 
cours du Seigneur. 11 16 prend à témoin 
de son innocence, et il prédit que le 
mal que son ennemi veut lui faire re- 
tombera sur lui. 


serai ma couche de mes larmes. 
8. Mon œil ἃ été troublé 
par l'indignation; j'ai vieilli au 


1. Psaume de David qu'il chanta au 
Seigneur, à cause des varoles de Chus, 
fils de Jémini . 


Ps. VI. 9. Matt., vir, 23; xxv, 41; Luc, ἘΠῚ 21. 


cordes. Scheminith, à l'octave, avec des voix de basse. Pour l'explication de tous ces 
termes techniques, voir la note 4 à là fin du volume. — Le sujet du psaume vt est 
une prière à Dieu pour désarmer sa colère C'est le premier des sept Psaumes péni- 
tentiaux. On ne peut rien imaginer de plus tendre, de plus touchant et de plus pro- 
fondément triste. Il faut cependant remarquer que, quoique il puisse trés bien être 
mis dans la bouche d'un pécheur repentant, il n'a pas été composé par un. pécheur, 
mais par un infortuné, sous le poids de l'oppression. Il ne renferme aucune allusion 
à des péchés commis. 

2-4. * Appel de David à la miséricorde de Dieu pour qu'il ne le chátie pas dans sa 
colère, car il tremble devant lui. 

4. Jusqu'à quand serez-vous en colère, ou me laisserez-vous dans mon. triste! état? 

5-8. * Motifs pour lesquels Dieu doit secourir David. 

6. Nul dans la mort, etc. Les morts dans un silence absolu et dans l'enfer ne pro- 
fèrent que des paroles de désespoir et de blasphème. C'est à tort que quelques inter- 
prètes catholiques traduisent le mot infernus ou enfer de la Vulgate par tomóbeau, 
le mot hébreu correspondant scheôl n'a nullement cette signification; les hébraisants 
méme rationalistes en conviennent. Il y ἃ d'ailleurs un autre. mot en hébreu pour 
signifier (ombeau, sépulcve. 

9-11. * Chant de triomphe : Dieu a exaucé le Psalmiste; il le fait triompher de tous 
ses ennemis, 


4. Voir au 115 livre des Rois, chap. xvt et xvtr. — * Le texte hébreu porte : « Schig- 
gayón (terme inconnu, qui semble correspondre à peu prés à dithyrambe et désigner 
un poème dans lequel le poète, entraîné par son enthousiasme, met peu de liaison 
dans ses idées et point d'uniformité dans son rythme, cantio erratica, comme on l'a 
appelé), de David, qu'il chanta au Seigneur à cause des paroles de Ghusi 16 Benja- 
mite. » Chusi est le méme nom qu'Ethiopien. Le personnage de la tribu de Benjamin 
qu'il désigne ici est inconnu : ce n'est pas Séméi; ce devait être un des 26168 parti+ 


(rs. vit.] 


9, Seigneur, mon Dieu, c'est en 
vous que j'ai espéré; sauvez-moi 
de tous ceux qui me persécutent 
et délivrez-moi. 

3. De peur qu'enfin, comme un 
lion, ilneravisse mon âme, tandis 
qu'il n'y a personne qui me déli- 
vre et me sauve. 

4. Seigneur mon Dieu, si j'ai 
fait cela, si l'iniquité est dans mes 
mains ; 

5. Si j'ai rendu le mal à ceux 
qui m'en avaient fait, que je 
tombe devant mes ennemis sans 
défense; je l'ai mérité. 

6. Quel'ennemi poursuive mon 
âme, qu'illasaisisse, et qu'il foule 
ma vie contre la terre, et qu'il en- 
sevelisse ma gloire dans la pous- 
siere. 

1. Levez-vous, Seigneur, dans 
votre colere, et paraissez dans 
votre grandeur au milieu de mes 
ennemis. 

Levez-vous, Seigneur mon 
Dieu, selon le précepte que vous 
avez établi. 


LES PSAUMES. 


1108 

8. Et l'assemblée des peuples 
vous environnera. 

Et à cause d'elle retournez en 
haut. 

9. Le Seigneur juge les peu- 
ples. 

Jugez-moi, Seigneur, selon ma 
justice, et selon l'innocence qui 
est en moi. 

10. La méchanceté des pécheurs 
sera anéantie, et vous dirigerez 
le juste, ó Dieu qui sondez les 
cœurs et les reins. 

11. Un juste secours me viendra 
du Seigueur, qui sauve les hom- 
mes droits de cœur. 

12. Dieu est un juge équitable, 
fort et patient; est-ce qu'il s'irrite 
tous les jours? 

13. Si vous ne vous conver- 
tissez, il fera vibrer son glaive; 
il a tendu son arc, et il l'a pré- 
paré. 

14. ll y a adapté des instru- 
ments de mort, il a préparé ses 
flèches contre les ardentis persé- 
cuteurs. 


Ps. VII. 10. I Par., xxvi, 9; Jérémie, xr, 20; נצא‎ 10; xx, 12. 


sans de Saül, un de 668 rapporteurs qui, comme Doég et les Ziphéens, calomniaient 
David fugitif auprés de Saül et excitaient la colére du roi contre lui. Quoique les 
livres historiques ne mentionnent point Chusi, les détails donnés I Rois, xxiv-xxv1, 
éclaircissent trés bien plusieurs passages de ce psaume. 

2-3. * Invocation à Dieu pour qu'il arrache David à ses ennemis. 

3, 6, etc. Mon dme; c'est-à-dire moi. Nous avons déjà remarqué plus d'une fois qu'en 
hébreu, comme en arabe, le mot dme était souvent synonyme de personne, individu. 

4-6. * Protestation, sous forme d'imprécation contre lui-méme, que le Psalmiste n'a 
pas fait ce que Chusi lui impute. 

6. Qu'il foule ma vie, etc.; qu'il me foule tout vivant. — Qu'il ensevelisse; c'est le 
sens du grec et de l'hébreu, qui portent à la lettre : Qu'il fasse habiter. 

1-11. * Invocation à Dieu pour qu'il rende justice à l'innocent et qu'il mette fin à 
l'iniquité. 

1. Selon le précepte, etc. Selon le commandement que vous avez fait vous-même 
de protéger et de secourir les innocents opprimés. 

8. Et l'assemblée des peuples qui désirent ardemment que vous me rendiez justice, 
vous environnera pour entendre le jugement que vous porterez en ma faveur, et vous 
en rendre gloire. — Relournez en haut sur votre tribunal, d’où il semble que vous 
étes descendu pour me laisser en proie à mes ennemis. 

12-14. * Dieu est juste et il punit le pécheur; ilest impossible d'échapper à ses 
fléches, c'est-à-dire à ses jugements, / : / 


1104 

15. Voilà qu'il a enfanté l'injus- 
tice : il a concu la douleur et a 
mis au monde l'iniquité. 

16. Il ἃ ouvert un abime, et il 
l'a creusé ; et il est tombé dans 
la fosse qu'il avait faite. 

11. La douleur qu'il voulait me 
causer retournera sur satéte; et 
son iniquité descendra sur lui. 

18. Jelouerai le Seigneur selon 
sa justice ; je chanterai le nom 
du Dieu très-haut. 


PSAUME VIII. 


Le psalmiste admire la grandeur de Dieu 
peinte dans ses ouvrages, et l'excés de 
sa bonté dans le soin qu'il prend de 
l'homme et dans la puissance qu'il lui 
a donnée sur toutes les créatures. Ce 
psaume regarde particulièrement Jé- 
sus-Christ. 


1. Pour la fin, pour les pressoirs, psaume 
de David. 


LES PSAUMES. 


(es. vur.] 


9. Seigneur, notre Seigneur. 
que votre nom est admirable dans 
toute la terre! 

Puisque votre magnificence est 
élevée au-dessus des cieux. 

3. De la bouche des enfants et 
de ceux qui sont à la mamelle, 
vous avez tiré une louange par- 
faite pour anéantir l'ennemi et 
son vengeur. 

4. Je considérerai vos cieux, les 
œuvres de vos doigts; la lune et 
les étoiles que vous avez affer- 
mies. 

9. Qu'est-ce quun homme, pour 
que vous vous souveniez de lui, 
et le fils d'un homme, pour que 
vous le visitiez? 

6. Vous l'avez abaissé un peu 
au-dessous des anges, vous l'a- 
vez couronné de gloire et d'hon- 
neur, 


15. Job, xv, 35; Isaie, rix, 4. — Ps. VIII. 6. Héb., 11, 7. 


15-18. * Le pécheur recoit le traitement qu'il avait mérité; il tombe dans la fosse 
quil avait creusée. Que Dicu soit loué! 

16. Dans ce verset, David fait allusion à un ancien stratagème See à la chasse et 
àla guerre, de creuser des fosses, qu'on couvrait ensuite de branches et d'un peu 
de terre, afin que les hommes ou les bétes y tombassent. 


1.* En hébreu : > Au chef de chœur. Sur le gitthith (instrument, cithare de 
Geth). » — Hymne au créateur des astres et de l'homme. « Ce petit poème, sans 
aucune prétention à quelque artifice de forme, n'a besoin d'aueun commentaire. 1l 
est sublime par sa simplicité même. La grandeur de Dieu révélée par l'univers, 
œuvre de ses mains, révélée au besoin par la bouche de ses plus faibles créatures, 
dont la voix est toujours assez puissante pour imposer silence à celle de l'impiété, 
est mise en regard de la petitesse de l'homme. Et pourtant l'homme est le roi de la 
création; ses prérogatives sont telles qu'il est comme un Dieu au milieu de son en- 
tourage visible. Il n’y a pas d’être sur la terre dont il ne se sente le maitre, avec les 
moyens qui lui sont octroyés. א‎ (Ed. REuss.) C'est le premier psaume du recueil où 
le poète ne parle pas en son nom seul, mais au nom de tous : notre Seigneur. Il est 
plusieurs fois cité dans le Nouveau Testament et appliqué au Messie, l'homme-Dieu, 
l'homme par excellence, Héb., 11,6-8; I Cor., xv, 26; cf. Eph., 1, 22; Matlh., xxi, 16. 

22, * Refrain du Psaume : Que Dieu est grand dans la création. 

95-3. * Grandeur de Dieu attestée méme par les enfants et méme par ses 
ennemis. 

3. Vengeur, c'est-à-dire défenseur (defensorem), comme disaient autrefois quelques 
exemplaires. D'ailleurs, comme on le sait, dans la basse latinité, on a dit defensor 
pour ultor. 

4-5. * Grandeur de Dieu dans la création du ciel, des étoiles et de l'homme. 

5. Qu'est-ce qu'un homme, etc. Voy. notre note sur l'Epitre aur Hébreux, w, 6. 

6. Vous l'avez abaissé, ete. Saint Paul nous apprend que ce texte regarde princ i- 


frs. 1 


7. Et vous l'avez établi sur les 
œuvres de vos mains. 

8. Vous avez mis toutes choses 
sous ses pieds, brebis et bœufs, et 
de plus les animaux des champs; 

9. Les oiseaux du ciel, et les 
poissons de la mer qui parcourent 
les sentiers de la mer. 

10. Seigneur notre Seigneur, 
que votre nom est admirable dans 
toute la terre! 


PSAUME IX. 


David loue le Seigneur de l'avoir rendu 
victorieux deses ennemis. [l assure que 
Dieu protégera de méme tous ceux qui 
auront recours à lui. 


1. Pour la fin, pour les mystères du Fils, 
psaume de David. 

2. Je vous louerai, Seigneur, en 
tout mon cœur; je raconterai 
toutes vos merveilles. 


LES PSAUMES. 


1105 


3. Je me réjouirai et je tres- 
saillirai d'allégresse en vous; 
je chanterai votre nom, ὃ Tres- 
Haut. 

4. Quand vous aurez mis mon 
ennemi en fuite, ils seront sans 
force, et ils périront devant votre 
face. 

ὃ. Puisque vous m'avez fail 
justice et pris en main ma cause : 
vous vous étes assis sur votre 
tróne, vous qui jugez selon la 
justice. 

0. Vous avez gourmandé les 
nations, et l'impie a péri; vous 
avez effacé leur nom pour l'éter- 
nité, et pour les siècles des siè- 
cles. 

7. Les armes de l'ennemi ont 
perdu leur force pour toujours, 
et vous avez détruit leurs vilies. 

Leurmémoire ἃ péri avec bruit: 


8. Genèse, 1, 28; I Cor., xv, 26. 


palement Jésus-Christ, homme-Dieu, qui, aprés avoir été rendu inférieur aux anges 
dans son Inearnation, a été couronné de gloire et d'honneur à sa Résurrection. 

6-9. * Bonté de Dieu envers l'homme auquel il a soumis les étres créés. 

10. * Répétition du refrain initial. — > I1 y ἃ dans le livre des Psaumes, des chants 
où la notion de l'immensité de Dieu, de l'insignifianee de l'homme devant sa toute- 
puissance et de la grande place qu'elle lui assigne néanmoins dans la création, 
s'exprime sous une forme si belle, si simple, si élevée, qu'elle est restée classique. 
Rieu de plus naturel que ce psaume vii, qui ressemble au chant d'un pâtre contem- 
plant pendant la nuit les splendeurs d'un ciel d'Orient... Ou tout nous trompe, ou 
voilà un jet admirablement pur du sentiment religieux le plus authentique. C'est 
dans des pièces de ce genre que le monothéisme juif révèle son immense supériorité 
sur les meilleurs épanchements des religions de la nature. Cet accent d'humilité 
devant Dieu tout à la fois et de fierté vis-à-vis de tout ce qui n'est pas l'homme; 
celte admiration émue, mais contenue, de la nature visible, cette joie de vivre en 
maitre, sur la terre, par délégation divine, tout dans ce petit poème, respire la reli- 
gion virile et saine. » (A. RÉVILLE.) 


1. * En hébreu : > Au chef de chœur, sur l'air de Mouth labbén (mort du fils?). » — 
Hymne d'actions de gráces à Dieu qui a fait triompher son peuple de ses ennemis. 
Le Targum y voit un cantique à l'occasion de la victoire sur Goliath. Ce psaume est 
alphabétique, et le commencement de chaque vers est indiqué par la répétition de 
la mémelettre de l'alphabet ; l'aleph, 2-3; le beth, 4-5; 16 zain, 12-13; 16 kheth, 14-169; 
le teth, 165-17; le yod, 18-19; le qoph, 20-21, quatre fois chacun; le ghimel, 6, et le 
hé, 7, deux fois; le vav, 8b-11, huit fois. La lettre daleth manque. Du yod, le poète 
passe au qoph et termine son chant. 

2-5. * Louange à Dieu (2-3), parce qu'il a accordé la victoire à David (4-5). 

6-1. * Description de la fuite des ennemis de Dieu. 

1. Les armes; littér. les épées à deux tranchants (framez). 


Ac! 0 


1106 


8. Etle Seigneur demeure éter- 
nellement. 

Il a préparé son tróne pour le 
jugement : 

9. Et lui-méme jugera 16 
. globe de la terre avec équité, 
il jugera les peuples avec jus- 
lice. 

10. Et le Seigneur s'est fait le 
refuge du pauvre, son aide au 
temps du besoin, dans la tribula- 
tion. 

11. Qu'ils espèrent donc en 
vous ceux qui connaissent votre 
nom, puisque vous n'avez pas 
délaissé ceux qui vous cherchent, 
Seigneur. 

12. Chantez le Seigneur, qui 
habite dans Sion; annoncez ses 
desseins parmi les nations. 

13. Puisquil s'est souvenu 
d'eux, en demandant compte du 
sang, et qu'il n'a pasoublié le eri 
du pauvre. 

14. Ayez pitié de moi, Seigneur, 
voyez l'abaissement où m'ont ré- 
duit mes ennemis. 

15. Vous qui me relevez des 
portes de la mort, afin que je 


LES PSAUMES. (Ps. 1x.] 


L 
publie toutes vos louanges aux 
portes de la fille de Sion. 

16. Je tressaillirai de joie dans 
votre salut. Les nations ont été 
englouties dansle gouffre qu'elles 
avaient préparé ; 

Leur pied a été pris dans le 
méme lacet qu'elles avaient ca- 
ché. 

17. Ainsi on reconnaitra que le 
Seigneur rend justice; le pécheur 
a été pris dans les œuvres de ses 
mains. 

18. Que de méme les pécheurs 
soient précipités dans l'enfer, et 
toutes les nations qui oublient 
Dieu. 

19. Car le pauvre ne sera pas 
pourtoujours enoubli ;lapatience 
des pauvres ne sera pas toujours 
vaine. 

20. Levez-vous, Seigneur, que 
l'homme ne seforlifie point : que 
les nations soient jugées en votre 
présence. | 

21. Etablissez, Seigneur, un lé- 
gislateur sur eux, afin que les 
peuples sachent qu'ils ne sont que 
des hommes. 


ι 


8-9. * Grandeur et justice de Dieu vainqueur. 
10-11. * Dieu est le refuge de tous les opprimés et de tous ceux qui se confient en 


lui. 


12-13. * Exhortation à remercier Dieu qui a vengé son peuple. 


13. D’eux. Ce mot se rapporte à ceux qui vous cherchent, Seigneur, du vers. 10. 

14-16^. * Prière que David avait faite à Dieu pour être délivré de ses ennemis. 

15. La fille de Sion, signifie le peuple ou la ville de Sion. 

165-17. * Fruit de cette prière : les nations ont été prises dans les pièges qu'elles 
avaient tendus. 

16. Dans votre salut; c'est-à-dire à cause du salut que vous m'avez procuré. — Dans 
le méme lacet, etc. Voy. Ps. vir, 16. 

18-19. * Coup d'œil sur l'avenir : punition du méchant, délivrance de l'opprimé. 

48. Que les pécheurs, etc. David exprime ici une prophétie plutót qu'un souhait. 
Voy. p. 339, 20. — * Dans l'enfer, dans le scheôl ou séjour des morts, porte letexte ori- 
ginal, mais c'est évidemment pour y étre punis des péchés commis, de sorte que 
dans ce passage, comme dans plusieurs autres, le mot scheôl désigne réellement 
l'enfer. 

20. Que l’homme ne se glorifie point dans la malice par son impunité, 


[Ρ5. 1x.] 


PSAUME X 


(SELON LES H&BREUX ). 


1. Pourquoi, Seigneur, vous 
étes-vous retiré au loin, et avez- 
vous détourné de moi vos regards 
au temps du besoin, dans la tri- 
buiation? 

2. Pendant que l'impie s'enor- 
gueillit, le pauvre est persécuté 
avec ardeur; ils sont pris dans 
les projets qu'ils forment. 

3. Parce que le pécheur est loué 
dans les désirs de son àme, et 
que le méchant est béni. 

4. Le pécheur a irrité le Sei- 
gneur; il ne se mettra pas en 
peine de la grandeur de sa co- 
lere. 

9. Dieu n'est point devant ses 
yeux; ses voles sont souillées en 
lout temps. 

Vos jugements sont 0168 de de- 
vant sa vue; 11 dominera tous ses 
ennemis. 


Ps. IX. 1. Infra, xir, 3; Rom., 111, 14. 


LES PSAUMES, 


1107 


6. Car il a dit dans son cœur : 
Je ne serai point ébranlé; de gé- 
nération en génération je serai 
sans aucun mal. 

1. Sa bouche est pleine de ma- 
lédiction, d'amertume et de 
fraude : sous sa langue sont le 
travail et la douleur. 

8. 11 651 85818 enembuscade avec 
les riches, dans des lieux cachés, 
afin de tuer l'innocent. 

9. Ses yeux observent le pau- 
vre : il lui dresse des embüches 
dans le secret, comme un lion 
dans sa caverne. Il dresse des em- 
büches pour prendre le pauvre; 
pour prendre le pauvre, tandis 
qu'il l'attre. 

10. Quand il l'aura dans son 
filet, illerenversera,ils'inclinera, 
et tombera, lorsqu'il se sera rendu 
maitre des pauvres. 

41. Car il a dit dans son cœur : 
Dieu a perdu le souvenir, il a dé- 
tourné sa face pour ne rien voir 
à jamais. 


1-2. Pourquoi, etc. Ce verset exprime une simple question adressée à Dieu dans 
l'excès de l'affliction, mais non un vrai murmure. Jésus-Christ en a adressé une sem- 
blable à son Père, du haut de sa croix. —* Les Septante et notre Vulgate font de ce 
Psaume, qui a de trés grandes analogies avec le précédent, la suite du Ps. 1x ; l'hé- 
breu en fait au contraire le Ps. x, et c'est ici que commence la diversité dans la nu- 
mérotation des Psaumes entre l'hébreu et la Vulgate. Nos éditions, tout en unissant 
ce chant au précédent, recommencent cependant la division par versets comme 
dans l'hébreu. 

1-2. * Appel à Dieu qui se tient loin, pendant que le pauvre est pris dans les 
pièges des méchants. 

2. Le pauvre est perséculé avec ardeur; litté. est brûlé. Voy. Ps. vu, 14. — Iis 
sont pris; c'est-à-dire les impies; le singulier précédant impie est ici un nom col- 
lectif. 

3-5. * L'impie s'applaudit de ses succés; il triomphe pendant que le jugement est 
loin. 

4. Sa colére; c'est-à-dire la colére du Seigneur. 

6-1. * L'impie croit à la durée de son bonheur. 

8-9. * L'impie tend des embüches à l'innocent et au pauvre. 

9. Le second prendre est à l'infinitif (rapere) dans la Vulgate, par hébraisme, pour 
ut rapiat. 

10-11. * Le malheureux tombe dans les piéges de l'impie et celui-ci croit que Dieu 
ne songe pas à le punir. 


1108 


que votre main s'élève : n'oubliez 
pas les pauvres. 

13. Pourquoi l'impie a-t-il irrité 
Dieu? C'est qu'il a dit dans son 
cœur : Il n'en recherchera pas la 
vengeance. 

14. Vous le voyez; car vous 
considérezle travail etla douleur, 
afin delivrerles oppresseursentre 
vos mains. 

Le pauvre vous est abandonné; 
c'est vous qui serez le protecteur 
de l'orphelin. 

15. Brisez le bras du pécheur 
et du méchant; lon cherchera 
son péché, ei on ne le trouvera 
pas. 

16. Le Seigneur régnera éter- 
nellement et dans les siecles des 
siecles : nalions, vous serez exter- 
minées de la terre. 

A7. Le Seigneur ἃ exaucé le 
désir des pauvres : votre oreillea 
entendu la préparation de leur 
cœur : 

18. Afin de rendre justice àl'or- 
phelin et au faible, afin que 
l'homme cesse de s'élever d'or- 
gueil sur la terre. 


Ps. X. 5. Habacuc, ir, 20. 


LES PSAUMES. 
12. Levez-vous, Seigneur Dieu, À 


[PS. +.[ 


PSAUME X 
(HÉBR., XI). 


David se fortifie contre la crainte qu'on 
voulait lui donner de ses ennemis, par 
la vue de la justice de Dieu, et de son 
attention à punir les impies et à pro- 
téger les innocents. 

1. Pour la fin, psaume de David 

2. JemeconfiedansleSeigneur: 
comment dites-vous à mon âme : 
Emigre sur la montagne comme 
un passereau? 

3. Parce que voilà que les pé- 
cheurs ont tendu un arc; ils ont 
préparé leurs flèches dans un car- 
quois, pour percer dans les ténè- 
bres les hommes droits de cœur. 

4. Parce que, ce que vous avez 
établi, ils l'ont détruit; mais le 
juste, qu’a-t-il fait ? 

ὃ. Le Seigneur est dans son 
saint temple; le Seigneur, son 
tróne est dans le ciel. 

Ses yeux observent le pauvre : 
ses paupieres interrogent les en- 
fants des hommes. 

6. Le Seigneurinterroge le juste 
et l'impie; mais celui qui aime 
l'iniquité hait son âme. 

7. ll fera pleuvoir sur les pé- 


2  τοιύὕύ  -ς..--.---..-.----.--ς----.--- 


19-13. * Appel à Dieu pour qu'il n'oublie pas le pauvre et ne tolère pas les blas- 


phémes du méchant. 


14. * Rien n'est plus facile à Dieu que de secourir l'affligé. 
15-16. * Que Dieu châtie le pécheur et les Gentils disparaitroni 
11-18. * La priére du Psalmiste est exaucée. 


* Hébreu : 


« Au chef dé cheeur. » David refuse de s'enfuir malgré le danger qui 


menace sa vie, parce qu'il met en Dieu toute sa confiance. 

9. * Quomodo dicilis animae meæ, pour de anima mea, c'est-à-dire de moi. Le tra- 
ducteur latin a gardé le datif qu'il trouvait en grec. 

5-4. * Discours des amis pusillanimes de David qui lui conseillent de fuir le danger 


qui le menace. 


3-8. * Celui dont la conscience est en paix est à l'abri de la peur; il se confie en 


ΓΕ qui punira le pécheur dans sa justice. 


. Il fera pleuvoir, etc. C'est une expression métaphorique pour marquer une ven- 
phe terrible de la part de Dieu. — Calice se prend souvent dons l'Ecriture pour 


le sort; ainsi {4 part de leur calice veut dire ici : 


leur part échue par le sort, 


[ps. x11.] 
cheurs des piéges ; le feu, le soufre 
et le vent des tempêtes sont la 
part de leur calice. 

8. Car le Seigneur est juste et 
il aime la justice : son visage a vu 
l'équité. 


PSAUME XI 
(Hésr., XII). 
David représente à Dieu qu'il n'y a plus 
de bonne foi parmi les hommes, et il 


le prie de le sauver des artifices et des 
calomnies de ses ennemis. 


4. Pour la fin, pour l'octave, psaume 
de David. 

9, Sauvez-moi, Seigneur, car il 
n'y a plus de saint : les vérités 
ont diminué parmi les fils des 
hommes. 

3. 118 ont dit des choses vaines, 
chacun à son prochain : leurs 
lèvres sont trompeuses; ils ont 
parlé avec un cœur et un cœur. 

4. Que Dieu perde entièrement 
toutes les lévres trompeuses, et 
la langue qui profère des discours 
superbes. 

5. Ils ont dit : Nous ferons écla- 
ter la puissance de notre langue; 
nos lèvres sont à nous, qui est 
notre maître? 


Ps; XI. 7. Prov., xxx, 5. 


LES PSAUMES. 


1109 


6. À cause dela misère de ceux 
qui sont sans secours, et du gé- 
missement des pauvres, mainte- 
nantje meleverai, ditleSeigneur. 

Je les établirai dans le salut : 
j'agirai en cela avec une entière 
liberté. 

7. Les paroles du Seigneur sont 
des paroles pures, un argent 
éprouvé par le feu, purifié dansla 
terre, raffiné jusqu'à sept fois.  , 

8. C'est vous, Seigneur, vous - 
qui nous sauverez, et qui nous 
préserverez de cette génération 
éternellement. 

9. Lesimpies ródent autour de 
nous; cest dans la profondeur 
de vos desseins que vous avez 
multiplié les fils des hommes. ' 


PSAUME XII 
(Hégr., XIII). 

David prie le Seigneur de ne pas le lais- 
ser tomber dans la mort que son en- 
nemi veut lui donner, et il fait cette 
priére avec une ferveur et une con- 


fiance qui peuvent servir de modéle à 
tous ceux qui veulent recourir à Dieu. 


1. Pour la fin, psaume de David. 


Jusques à quand, Seigneur, 
m'oublierez-vous pour toujours? 


8. Son visage, etc. Il a regardé favorablement l'homme en qui régne l'équité. 


1. * Hébreu : « Au chef de chœur. Sur le scheminith » (voir Ps. vi). Prière de 
David pour obtenir de Dieu qu'il le protége au milieu des méchants qui l'entourent. 
2-3. * Appel de David à Dieu, au milieu des trompeurs dont il est environné. 


ו 


3. Un cœur et un cœur; un cœur double, plein 66 6. 


4-5. * Que Dieu détruise les trompeurs qui se vantent de pouvoir tout par leur 


langue. 


6. * Réponse de Dieu qui promet de sauver les affligés. 

1. Purifié dans la (erre; c'est-à-dire dans le creuset de terre. — * Le Psalmiste 
reprend les paroles du Seigneur dont il fait l'éloge. 

8-9. * Nouvel appel à Dieu pour qu'il conserve les siens au milieu des méchants. 


1. Pour toujours. 11 faut nécessairement suppléer devant ces mots : 


sera-ce, ou 


bien les traduire par entierement, absolument; sens dont ils sont susceptibles en 


hébreu. 


1-3. * Plainte à Dieu qui abandonne le Psalmiste, 


1110 


Jusques à quand détournerez- 
vous de moi votre visage? 

2. Jusques à quand formerai-je 
des projets dans mon àme, et 
donnerai-je du tourment à mon 
cœur pendant le jour? 

3.Jusques à quand mon ennemi 
s'élevera-t-il au-dessus de moi? 

4. Regardez et exaucez-moi, 
Seigneur mon Dieu. 

Eclairez mes yeux, que jamais 
je ne m'endorme dans la mort : 

5. De peur qu'un jour mon en- 
nemi ne dise : J'ai prévalu contre 
lui. 

Ceux qui me tourmentent tres- 
sailliront dejoie, sije suis ébranlé ; 

6. Mais moi, j'ai espéré dans 
votre miséricorde. 

Mon cœur tressaillira d'allé- 
eresse dans votre salut; je chan- 
terai le Seigneur qui m'a comblé 
de biens; je chanterai le nom du 
Dieu Tres-Haut. 

PSAUME XIII Ἢ 

(HéBr., XIV). 2 
David décrit d'une maniére trés vive la 
corruption générale des hommes. Il 


prédit la délivrance du peuple de Dieu 
et la joie dont elle sera suivie. 


1. Pour la fin, psaume de David. 


L'insensé a dit dans son cœur : 
Il n'y a point de Dieu. 


LES PSAUMES. 


[Ps. xum.] 


Ils se sont corrompus, et ils 
sont devenus abominables dans 
leurs affections ; il n'y en a point 
qui fasse le bien, il n'y en a pas 
méme un seul. 

2. Le Seigneur, du haut du 
ciel, a jeté un regard sur les fils 
des hommes, pour voir s'il en est 
un qui ait de l'intelligence, et qui 
cherche Dieu. 

3. Tous se sont détournés; tous 
ensemble sont devenus inutiles ; 
il n'en est pas qui fasse le bien, 
il n'en est pas méme un seul. 

Leur gosier est un sépulcre 
ouvert, ils trompaient avec leurs 
langues; le venin de l'aspic est 
sous leurs lèvres. 

Leur bouche est pleine de ma- 
lédiction et d'amertume; leurs 
pieds courent avec rapidité pour 
verser le sang. 

La désolation et le malheur 
sont sur leurs voies ; mais la voie 
de la paix, ils ne l'ont pas con- 
nue; la crainte de Dieu n'est pas 
devant leurs yeux. 

4. Est-ce qu'ils ne connaitront 
point tous ceux qui opèrent l'ini- 
quité, qui dévorent mon peuple 
comme un morceau de pain? 

5. Ils n'ont pas invoqué le Sei- 
gneur, ils ont tremblé de frayeur 
là oü n'était pas la crainte. 


τ M—— — — — ——Ó—————————————————— ΄- τγοὦουῃῸ7ΣὗΣ'αὸΨ.- ὗ‏ ה 


4-5. * Priére pour implorer le secours divin. 
6. Votre salut; c'est-à-dire le salut dont vous êtes l'auteur, le salut qui vient de 
vous. — * Espoir que la prière du Psalmiste sera exaucée. 


1. * L'impie nie Dieu et ses actes sont abominables. 
2-3. * Du haut du ciel, Dieu regarde qui le cherche et il ne voit partout que cor- 


ruption. 


3. * La longueur de ce verset provient de ce que : Leur gosier et ce qui suit n'est 


pas dans le texte original. 


4. David parle ici au nom de Dieu. Est-ce qu'ils ne connaitront point, etc. Ce verbe 
n'a pas plus de complément dans l'hébreu et dans le grec que dans la Vulgate; mais 
on suppose tout naturellement que ce complément est a Justice, ou tout autre mot 


semblable sous-entendu. 


4-6, * Annonce du chàtiment réservé aux coupables. 


Ps. xv.] 


6. Parce que le Seigneur est 
avec la génération des justes, 
vous avez confondu les desseins 
du pauvre, parce que le Seigneur 
est son espérance. 

7. Qui fera sortir de Sion le 
salut. d'Israël? Lorsque le Sei- 
gneur aura mis fin à la captivité 
de son. peuple, Jacob tressaillira 


LES PSAUMES. 


1111 
Qui n'a pas fait. de mal à son 

prochain, et qui n'a pas accueilli 

l'injure contre ses freres. 

4. En présence de qui le mé- 
chant est regardé comme un 
néant, mais qui glorifie ceux 
qui eraignent Dieu. 

Geluiquiayantfaitunsermentà 
son prochain, ne le trompe point. 


9. Celui qui n'a point donné 


de joie et Israël sera dans l'allé- 
son argent à usure, et n'a point 


gresse. 
reçu de présents contre l'inno- 
PSAUME XIV cent : celui qui fait ces choses ne 

(Hénn., XV). sera jamais ébranlé. 


David représente 15 sainteté que doivent 
avoir ceux. qui aspirent à demeurer 
dens les taberaacles éternels de la Jé- 
rusalem céleste. 


PSAUME XV 
(Hésr., XVI). 


David implore le secours de Dieu parmi 
les nations étrangères. où il se trou- 
vait. 11 déclare qu'il ne veut prendre 
aucune part à leurs sacrifices et à leur 
idolátrie, et qu'il. met tout son bon- 
heur dans le culte du Seigneur. ll 
rend grâces à Dieu pour la protection 
qu'il lui a accordée, il espère tout de 
sa bonté. Enfin il prédit la résurrec- 
tion du Sauveur. 


1. Psaume de David. 


Seigneur, qui. habitera dans 
votre tabernacle, et qui reposera 
sur votre montagne sainte? 

2. Celui qui marche sans tache, 
et qui pratique la justice. 

3. Celui qui ditla vérité qui est 
dans son eceur; quin'a pas trompé 


1, Inscription de titre par: David lui- 
avec sa langue; 


même. 


6. Est avec la génération des justes (littér. {a génération juste); c'est-à-dire pro- 
tège, favorise la génération des justes. — Vous avez confondu; c'est-à-dire déconcerté, 
humilié, 

1. Dieu avait choisi la montagne de Sion pour sa demeure. Le psalmiste semble 
prédire le retour de Juda et d'Israël, et la réunion des dix tribus avec celle de Juda, 
dont les prophétes ont si souvent parlé, et qui s'exécuta réellement aprés le retour 
de là captivité. Les Pères de l'Eglise ont expliqué ce passage de la rédemption du 
genre humain, accompli par Jésus-Christ, sorti de Sion. Or c'est cette délivrance 
admirable qui a comblé Jacob et Israël d'allégresse. Elle a répandu la joie également 
parmi les gentils et parmi les juifs qui se sont convertis. 


2. Qui marche sans tache; hébraisme, pour : qui se conduit d'une maniere irrépro- 
chable. Compar. Genèse, v, 22, 94; vi, 9. 

9. Contre l'innocent; c'est-à-dire au détriment de l'innocent. C'est une allusion à 
un juge équitable, qui n'accepte point de présents pour condamner un innocent, mais 
qui, selon l'expression d'Isaie, secoue ses mains de toute sorte de présents : Manus 
suas excutit ab omni munere (xxxur, 15). 


1. Par; c'est le vrai sens de l'hébreu et des Septante. — * Hébreu : « Miktham, » 
Voir l'explication de ce mot à la note20 à la fin du volume. — 1l faut se confier en 
Dieu, notre plus sûr asile dans tous nos périls. Cette prière a été composée par 
David pendant son séjour à Siceleg, I Rois, xxx, ou au moins pendant qu'il était 
chez les Philistins. — Parmi les commentateurs catholiques, les uns regardent ce 
psaume comme messiauique daus le sens littéral, les autres dans le sens figuré. 


+70 


4112 

Conservez-moi,Seigneur, parce 
que j'ai espéré en vous. 

9. J'ai dit au Seigneur : Vous 
étes mon Dieu, vous n'avez pas 
besoin de mes biens. 

3. Aux saints qui sont sur la 
terre, ilamanifesté d'une maniere 
admirablemes volontéspour eux. 

4. Leurs infirmités se sont mul- 
tipliées, ensuite, ils ont accéléré 
leur course. 

Je ne réunirai point leurs as- 
semblées pour offrir des victimes 
sanglantes, je nme  rappellerai 
méme pas leurs noms sur mes 
lèvres. 

5. Le Seigneur est la part de 
mon héritage et de mon calice; 
c'est vous qui me rendrez mon 
héritage. 

6. Un lot m'est échu dans des 


LES PSAUMES. 


(Ps. xv.) 


lieux excellents; car mon héri- 
tage est excellent pour moi. 

7. Je bénirai le Seigneur de ce 
qu'il m'a donné l'intelligence, et 
de ce que jusque dans la nuit 
méme mes reins m'ont repris. 

8. Je voyais toujours le Sei- 
gneur en ma présence, parce 
qu'il est à ma droite, afin que je 
ne sois pas ébranlé. 

9. C'est pourquoi mon cœur 
s'est réjoui et ma langue a tres- 
sailli, et méme ma chair reposera 
dans l'espérance. 

10. Car vous ne laisserez point 
mon âme dans l'enfer, et vous 
ne permettrez point que. votre 
saint voie la corruption. 

11. Vous m'avez fait connaitre 
les voies de la vie, vous me rém- 
plirez de joie par votre visage; 


Ps. XV. 8. Actes, 11, 29. — 10. Actes, ir, 31; xir, 30, 


Plusieurs traits de ce psaume sont certainement messianiques. S. Pierre, Act., 11, 
25, 31, dans son discours de la Pentecôte, se sert des vers. 8, 10, comme d'une pro- 
phétie de. David, annonçant la résurrection de Jésus-Christ. S. Paul, Ac£., xiu, 35-31, 
dans son discours à Antioche de Pisidie, dit aussi que le vers. 105 a été accompli 
par la résurrection de Notre-Seigneur. 

1-3. * David demande à Dieu de le garder lui-méme, parce que, en dehors du Sei- 
gneur, il n'y: à aucun. bien pour lui ni pour les saints. 

4. Les. saints, les serviteurs de Dieu, dont il est parlé au verset précédent, ont été 
accablés de maux et de persécutions, mais cela n'a fait qu'augmenter leur sainte 
ardeur. Compar. Actes, v, 41. 

4-5. * Ceux qui s'éloignent du Seigneur sont malheureux ; il ne faut donc pas s'unir 
&ux méchants, mais. prendre Dieu pour son partage. 

5..La part....de mon calice; c'est-à-dire ma part échue par le sort. Compar. Ps. x 
(Hébr. x1), 7. 

6. Un Lot; littér. des cordes. Les Hébreux, aussi bien que les Egyptiens, se servaient 
de cordes pour mesurer les terres. Compar. Deuwlér., xxxu, 9; Josué, xvm, ὃ; ΠῚ Rois; 
vir, 2; Esther, xur, 11, etc. ' 

6-8. E Celui qui a Dieu pour partage a le plus excellent héritage et il doit en re- 
mercier le Seigneur. 

7. Dans l'Ecriture le mot reins se prend pour l'esprit et les affections les plus 
intimes. 

8. Je voyais, etc. L'apótre saint Pierre nous apprend que David avait en. vue Jésus- 
Christ, par ces paroles. (Voy. Actes, τι, 25 et suiv.). D'un autre côté, les Pères de 
l'Eglise lui en font aussi l'application, en disant que le Sauveur, dans tous les mo- 
ments de sa vie et de sa Passion, n’a jamais perdu de vue Dieu son Père. Le reste de 
ce verset et les versets suivants s'appliquent à Jésus-Christ. Voy. encore Actes, xin, 35. 

9-11, * Joie du Psalmiste à cause des bienfaits qu'il à recus et qu'il recevra de Dieu. 

10. L'enfer, c'est-à-dire les limbes. — Voie la corruplion; hébraisme pour éprouve 
la corruption. 


{es xvt.] 
des délices. sont à votre droite 
pour toujours. 


PSAUME XVI 
)]1688., XVII). 


Le psalmiste implore le secours de Dieu 
contre ses ennemis. ll représente à 
Dieu 88 propre innocence, et décrit la 
malice et la violence de ceux qui le 
persécutent. 

1. Prière de David. 

Exaucez, Seigneur, ma justice. 
Soyez attentif à ma supplication. 

Prêtez l'oreille, à ma prière, 
elle ne vient pas de lèvres trom- 
peuses. 

2. Que de vous émane mon ju- 
gement; que vos yeux voient 
l'équité. 

3. Vous avez éprouvé mon 
cœur; et vous l'avez visité pen- 
dant la nuit; vous m'avez exaucé 
en me faisant passer par le feu, 
et il ne s'est pas trouvé en moi 
d'iniquité. 

4. Afin que ma bouche ne parle 
pas méme des œuvres des hom- 
mes, [ aigardé, àcause des paroles 
de vos levres, des voies dures. 


LES PSAUMES. 


1113 

ὃ. Affermissez mes pas dans 
vos sentiers, afin que mes pieds 
ne soient point ébranlés. 

6. Moi, j'ai crié, parce que vous 
m'avez exaucé, mon Dieu; incli- 
nez votre oreile vers moi, et 
exaucez mes paroles. 

7. Faites éclater vos miséri- 
cordes, vous qui sauvez ceux qui 
esperent en vous. 

8. Gontre ceux qui résistent à 
votre droite, gardez-moi comme 
18 prunelle de l'œil. Sous l'ombre 
de vos ailes, protégez-moi, 

9. Contre la face desimpies qui 
m'ont tourmenté. 

Mes ennemis ont environné 
mon àme, 

10. llsontfermé leurs entrailles, 
leur bouche à parlé orgueil, 

11. Après m'avoirrejeté, main- 
tenant ils m'environnent, ils ont 
résolu d'incliner leurs yeux vers 
la terre. 

12. Ils m'ont saisi comme un 
lion préparé pour la proie, et 
comme le petit d'un lion qui ha- 
bite dans des lieux cachés. 


1. * Priére de David au moment de la persécution, probablement pendant que, du 
temps de la persécution de Saül, il se cachait dans le désert de Maon. 

1-2. * Appel à la justice de Dieu pour qu'il fasse triompher la cause du Psalmiste. 

2. De vous; littér. et par hébraisme de voíre visage. Compar. Esther, τ, 19, oà on 


trouve une locution semblable. 


3. La nuit dans le style biblique signifie comme ici le malheur, l'infortune, les 


tribulations, etc. 


3-4. * Protestation d'innocence du Psalmiste. 
4. Ne parle pas méme. Compar. Ephés., v, 3. — Des œuvres des hommes, mauvaises, 


perverses, comme elles sont pour la plupart. — Des paroles de vos lévres; c'est-à-dire 
de vos préceptes, de vos commandements. 

5-92, * Prière à Dieu. : 

8.« À qui des hommes, ὃ mon Dieu, oserais-je parler de la sorte, dit Rollin, et à 
qui pourrais-je dire que je lui suis précieux comme la. prunelle de ses yeux? Mais 
c'est vous-méme qui m'inspirez et me commandez cette confiance. Rien n'est plus 
faible et plus délicat que la prunelle : en. cela elle est mon image. Qu'elle le soit 
aussi, 6 mon Dieu, dans tout le reste, et multipliez les secours à mon égard comme 
vous avez multiplié les précautions par rapport à elle, en l'environnant de paupières 
et de défenses | Custodi me ut pupillam oculi. » 

95-12. * Tableau représentant les ennemis du Psalmiste prêts à le dévorer. 

ΟἹ, D’incliner leurs yeux vers la terre; pour observer les traces de mes pas et me 
dresser des piéges. C'est l'explication qui nous a paru la plus conforme au contexte. 


1114 


43. Levez-vous, Seigneur, pré- 
venez-le et renversez-le, arra- 
chez mon àme à limpie, votre 
épée à double tranchant 

14. Aux ennemis de votre main. 

Seigneur, séparez-les pendant 
leur vie du petit nombre de ceux 
qui sont à vous sur la terre; leur 
sein est rempli de vos biens ca- 
chés. 

Ils sont rassasiés d'enfants, et 
ils laissent le reste de leurs biens 
à leurs petits-enfants. 

15. Mais moi, dans 2216 justice, 
japparaitrai en votre présence; 
je serai rassasié lorsque votre 
gloire m'aura apparu. 


PSAUME XVII 
(Hésr., XVIII), 


Cantique d'actions de grâces de David, 
ou description des périls auxquels il a 
été exposé, des victoires qu'il a rem- 
portées, et des grâces qu'il a reçues 
du Seigneur. 


4. Pour la fin, par le serviteur du Sei- 
Ps. XVII. 3. Hébr., i, 13. 


LES PSAUMES. 


[Ps. xvir.] 
gneur, David, qui a prononce à la gloire 
du Seigneur les paroles de ce cantique, 
au jour où le Seigneur l'arracha à la 
main de. ses ennemis, et ἃ la muin de 
Saül, et a dit: 

2. Je vous aimerai, Seigneur, 
ma force : 

3. Le Seigneur est mon ferme 
appui, et mon refuge, et mon li- 
bérateur. 

Mon Dieu est mon aide, et j'es- 
pérerai en lui. 

lI est mon protecteur, la corne 
de mon salut et mon soutien. 

4. En le louant, j'invoquerai le 
Seigneur, et je serai sauvé de 
mes ennemis. 

5.Les douleurs dela mort m'ont 
environné ; les torrents de l'ini- 
quité m'ont troublé. 

6. Les douleurs del'enfer m'ont 
environné ; les lacs de la mort 
m'ont prévenu. 

7. Dans ma tribulation j'ai in- 
voqué le Seigneur, et j'ai crié 
vers mon Dieu; 


13. Le sing. 76 (eum) représente le mot zmpie qui suit immédiatement. L'ordre 
naturel de la phrase est : prévenez l'impie, renversez-le, arrachez-lui, etc. Ce genre 
d'hyperbate n'est pas rare parmi les écrivains sacrés, surtout lorsqu'ils sont, comme 
David l'est ici, dominés par un sentiment vif et animé, — Epée (framea). Voy. Ps. 1x, 1. 

13-15. * Prière à Dieu. 

14. Aux ennemis de votre main; ce sont les mêmes que ceux qui résistent à votre 
droite, du vers. 8. 

14. Ces biens cachés du Seigneur, dont parle David, sont 7 biens de la terre que 
Dieu a créés, et qu'il tient comme cachés dans un trésor pour les répandre chaque 
année sur la terre. — 108 sont rassasiés d'enfants; c'est-à-dire que le grand nombre 
d'enfants qu'ils ont comble leurs désirs. 


1. Ce psaume se trouve encore dans le second livre des Rois (xxrr) avec quelques 
différences, qui viennent sans doute des copistes, mais qui n'altérent nullement le 
fond et la substance du texte sacré. — Par. Voy. le titre du Ps. xv (Hébr. xvi). — 

* C'est le plus long de tous les psaumes appartenant à la catégorie des hymnes ou 
chants en l'honneur de Dieu. Il se divise en deux parties trés distinctes, 2-31, 32-51; 
les louanges à Dieu recommencent avec le vers. 32. 

2-4. * David aime Dieu parce qu'il est sa force et le délivre de ses ennemis. 

3. La corne de mon salut; c'est-à-dire mon puissant Sauveur. Chez les Hébreux la 
corne était un symbole de la force et de la puissance. 

5-1. * Tableau des maux dont le Psalmiste a été délivré aprés avoir invoqué Dieu. 

6. Les douleurs de l'enfer, ou, selon l’hébreu, et selon la Vulgate elle-même, 
II Rois, xxi, 6, les liens de l'enfer. Saint Pierre, dans les Actes des - Apôtres (n, 24), 
fait à Jésus-Christ ressuscité l'application de ces paroles. 


[ps. xvin.) 


Et de son temple saint il a exau- 
cé ma voix ; et mon cri poussé en 
sa présence est parvenu à ses 
oreilles. 

8. Laterre s'est émue et a trem- 
blé; les fondements des monta- 
ones ont été bouleversés et ébran- 
lés, parce qu'il s'est irrité contre 
eux. 

9. La fumée a monté dans sa 
colere, et un feu ardent ἃ jailli 
de sa face; des charbons en ont 
été embrasés. 

10. Il a incliné les cieux, et il 
est descendu; et un nuage obscur 
est sous ses pieds. 

41. Et il est monté sur des ché- 
rubins et il s'est envolé; il s'est 
envolé sur les ailes des vents. 

19. Et il a fait des ténèbres son 
lieu de retraite; autour de lui est 
sa tente, une eau ténébreuse est 
dans les nuées de l'air. 

13. A l'éclat qui jaillit de sa 
présence, les nuées se sont dis- 


LES PSAUMES. 


1115 


810608 ; i/ en est sorti de la grêle 
et des charbons de feu. 

14. Et le Seigneur a tonné du 
ciel, et le Très-Haut a fait enten- 
dre sa voix; 2] est tombé de la 
grèle et des charbons de feu. 

15. Et il a lancé ses fleches, et 
il les a dissipés; il a multiplié ses 
éclairs, et il les a troublés. 

16. Alors ont paru les sources 
des eaux, et les fondements du 
globe de la terre ont été mis à 
nu 

À votre menace, Seigneur, au 
souffle du vent de votre colere. 

17. Il a envoyé d'en haut, et il 
m'a pris, et il m'a retiré d'un 
gouffre d'eaux. 

18. Il m’a arraché à mes enne- 
mis trés puissants, et à ceux qui 
me haissaient, parce qu'ils étaient 
devenus plus forts que moi. 

19. Ils m'ont prévenu au jour 
de mon affliction, et le Seigneur 
s'est fait mon prctecteur. 


8-16. * Tableau de la puissance de Dieu descendant pour secourir David. 


10. * IL a incliné les cieux et il est descendu. « Le poète trace en trois mots la plus 
imposante image que jamais l'imagination ait conçue. » (La Harpe.) 

19. Autour de lui est sa iente. D'autres considèrent l'expression sa fente (tcberna- 
culum ejus), comme un second complément de ἐέ a fait (posuit) en le supposant à 
l'aceusatif; mais le nominatif suivant lenebrosa aqua, nous a paru décisif en faveur 
de notre traduction. Il faut pourtant reconnaiire que le texte hébreu semble favoriser 
l'autre construction. 

13. Il en est sorti. Ces mots ou autres semblables sont absolument nécessaires pour 
rendre intelligible la pensée de l'écrivain sacré; car sans cela, dans les trois textes 
hébreu, grec et latin, les mots de /a gréle et des charbons de feu ne sauraient étre 
grammaticalement que des sujets du verbe précédent se sont dissipées (transierunt). 

14. Il est tombé. Ces mots, que nous avons ajoutés au texte, donnant lieu à une 
observation tout à fait semblable à celle que nous avons faite dans la note précé- 
dente, on peut consulter cette note. Nous ajouterons seulement que les mots gréle 
et charbons de feu ne se lisent ni dans le texte grec, ni dans saint Augustin, ni dans 
les Pères grecs, ni dans les anciens Psautiers latins, mais qu'ils se trouvent dans 
l'hébreu. 

15. Les; c'est-à-dire mes ennemis. 

1. Il a envoyé d'en haut (Misit de summo). On suppose généralement que le com- 
plément sous-entendu de ce verbe est sa ;nain (manum suam). L'expression e£ il m'a 
pris (accepit me), qui suit immédiatement, favorise cetée interprétation, outre que la 
locution envoyer, lancer, et si l'on veut, élendre La main, sa main est très usitée parmi 
les écrivains sacrés. 

11-20. * Tableau de la délivrance de David. 


1116 


90. Et il m'a mis au large : il 
m'a sauvé, parce qu'il m'aimait. 

21. EtleSeigneur me rétribuera 
selon ma justice, et il me rétri- 
buera selon la pureté de mes 
mains, 

22. Parce que j'ai gardé les 
voies du Seigneur, et que je n'ai 
pas agi avec impiété en m'éloi- 
gnant de mon Dieu. 

23. Puisque tous ses jugements 
sont devant mes yeux, et que je 
n'ai point éloigné de moi ses jus- 
lices. 

24. Et je serai sans tache avec 
lui, et je me donnerai de garde 
de mon iniquité. 

98. Et le Seigneur me rétri- 
buera selon ma justice et selon 
la pureté de mes mains, présente 
à ses yeux. 

96. Avec un saint, vous serez 
saint, et avec un homme inno- 
cent, vous serez innocent; 

97. Et avec un homme excel- 
lent, vous serez excellent, et avec 
un pervers, vous agirez selon sa 
perversité. 


LES PSAUMES. 


[Ps. xvir.] 


98. Parce que c'est vous qui 
sauverez un peuple humble, et 
qui humilierez les yeux des su- 
perbes. 

29. Parce que c'est vous, Sei- 
gneur, qui faites luire ma lampe; 
mon Dieu, illuminez mes ténè- 
bres. 

30. Parce qu'avec vous je serai 
délivré de la tentation, et avec 
mon Dieu je franchirai un mur. 

31. Mon Dieu, sa voie est sans 
souillure ; les paroles du Seigneur 
sont éprouvées par le feu; il est 
le protecteur de tous ceux qui 
esperent en lui. 

32. Car qui est Dieu, excepté le 
Seigneur, ou qui est Dieu, excepté 
notre Dieu? 

33. Le Dieu qui m'a ceint de la 
force, et qui a fait ma voie sans 
tache. 

34. Qui a disposé mes pieds 
comme les pieds des cerfs, et m'a 
établi sur les lieux élevés : 

35. Quiainstruit mes mains au 
combat; et vous avez rendu mes 
bras comme un arc d'airain. 


34. II Rois, xxri, 84. — 35. II Rois, xxir, 35 


20. Parce qu'il m'aimait; littér. selon le grec et la Vulgate, parce qu'il m'a voulu 
(quoniam voluit me); selon l'hébreu, parce qu'il s'est complu en moi. 

21-24. * La délivrance de David est la récompense de sa piété. 

23. Ses justices; c'est-à-dire, selon l'hébreu, ses commandements, ses préceptes, ses 


lois, pleins de justice. 


24. Mon iniquité; le fond d'iniquité, qui est en moi, ou mon penchant à l'ini- 


quité. 


25-28. * Dieu traite l'homme selon ses mérites. 

26-27. * Avec un saint, vous serez saint, ctc. « Dieu est bon, c'est-à-dire miséricor- 
dieux envers ceux qui sont bons, et mauvais, c’est-à-dire sévère envers ceux qui 
sont mauvais, punissant les uns et faisant miséricorde aux autres. כ‎ (S. François 


DE SALES.) 


27. Voy. pour l'explication de ce verset, 11 Rois, xxu, 27. 

29. * Qui failes luire ma lampe, le flambeau qui éclaire la maison ou la tente, 
image de la vie heureuse et prospère. Dieu lui-même est la source de ce bonheur. 

29-31. * Le Seigneur est la force de David. 

31. Mon Dieu, sa voie est. etc. Voy. sur le genre et le but de cette construction, les 
observations préliminaires, à la page 341, 1o, 76 nominatif, etc. 

32-35. * Le Seigneur est le seul Dieu et nous lui devons tout. 


‘PS. XVII] 


36. Et vous m'avez donné la 
protection de votre salut; et votre 
droite m'a soutenu; 

Et votre discipline m'a corrigé 
jusqu'à la fin, et votre discipline 
elle-même m'instruira encore. 

31. Vous avez agrandi mes pas 
sous moi, et mes pieds n’ont pas 
été affaiblis. 

38. Je poursuivrai mes enne- 
mis, et je les attendrai, et je ne 
reviendrai point jusqu'à ce qu'ils 
soient entierement défaits. 

39. Je les briserai, et ils ne 
pourront se soutenir; ils tombe- 
ront sous mes pieds. 

40. Et vous m'avez ceint de 
force pour la guerre; et ceux qui 
sinsurgeaient contre moi, vous 
les avez renversés sous moi. 

41. Et vous m'avez livré mes 
ennemis par derrière, et ceux 
qui me haissaient vous les avez 
exterminés. 

42. Ils ont crié, et il n'y avait 
personne qui les sauvât; /s ont 


49. II Rois, xxi, 49. 


LES PSAUMES. 


1117 
crié vers le Seigneur, et il ne les 
ἃ pas exaucés. 

43. Et jeles broierai comme de 
la poussière à la face du vent; et 
je les ferai disparaitre comme la 
boue des rues. 

44. Vous me délivrerez des con- 
tradictions du peuple, et vous 
m'établirez chef de nations. 

45. Un peuple que je ne con- 
naissais pas m'a servi; en écou- 
tant de ses oreilles, il m'a obéi. 

46. Des fils étrangers m'ont 
menti, des fils étrangers ont 
vieilli, et ils ont chancelé ez sor- 
tant de leurs voies. 

47. Le Seigneur vit! et béni 
mon Dieu ! et que le Dieu de mon 
salut soit exalté ! 

48. Vous,le Dieu qui me donnez 
des vengeances et qui me sou- 
mettez des peuples, qui me dé- 
livrez de mes ennemis furieux. 

49. Et vous m'élèverez au-des- 
sus deceux qui s'insurgent; vous 
m'arracherez à l'homme inique. 


36. La protection de volre salut; c'est-à-dire votre protection pour me sauver. — 


Votre discipline; votre loi. 


36-43. * Dieu est la force de David et le fait triompher de tous ses ennemis. 
31. Mes pieds, littér. mes vestiges, les vestiges de mes pieds. 
41. Et vous m'avez livré, etc.; c'est-à-dire je les ai pris lorsqu'ils fuyaient, dans leur 


fuite. 


43. * Comme de la poussière à la face du vent. Quand le vent est fort et que la terre 
est brülée par la chaleur, comme cela arrive si souvent en Orient, son souffle 
détache des grains de terre, les emporte et les pulvérise en les roulant, de méme 


que la boue desséchée dans les rues. 


44. Vous me délivrerez, etc. Jusqu'ici David a parlé de lui-même ἃ la lettre et selon 
le sens historique, et de Jésus-Christ, suivant le sens spirituel et figuré. Ce qui suit 
regarde plus directement le Sauveur du monde, quoiqu'il convienne aussi à David 


d'une maniére moins parfaite. 


44-46. * Dieu a élevé David à la royauté et l'a couvert de gloire. 

45. Que je ne connaissais pas; qui n'était pas de ma nation, qui n'était pas Hébreu. 

46. Ils ont vieilli; dans leur perversité. — [/s ont chancelé; littér. ils ont boité. — 
En soríant. Cette expression ou toute autre semblable est nécessairement sous-en- 
tendue. Voy. sur cette sorte de construction, Observat. prélimin., p. 342,20, — * Ce 
verset marque le triomphe de David sur les peuples étrangers. 

41-91. * Remerciements à Dieu pour ses bienfaits. 

41. Le Seigneur vit! acclamation qui équivaut à vive le Seigneur! 

48. Des vengeances ; c'est-à-dire des moyens de vengeance, 


1118 


50. A cause de cela, ie vous 
confesserai parmi les nations, 
Seigneur, et je dirai un psaume 
à la gloire de votre nom, 

51. Qui exalte les victoires de 
son roi, et qui fait miséricorde à 
son christ, David, et à sa posté- 
rité pour toujours. 


PSAUME XVIII 
(HÉBR., XIX). 

David admire la puissance, la sagesse et 
la bonté de Dieu manifestées aux 
hommes par ses ouvrages exposés à 
leurs yeux, par la loi donnée aux 


Juifs et par le Rédempteur envoyé au 
monde. 


1. Pour la fin, psaume de David. 


2. Les cieux racontent la gloire 
de Dieu, et le firmament annonce 
les œuvres de ses mains. 

3. Le jour en fait le récit au 


LES PSAUMES. 


[Ps. xvim.] 


jour, et la nuit en donne con- 
naissance à la nuit. 

4. Ce ne sont point des paroles, 
ni des discours, dont on n'en- 
tende point les voix. 

5. Leur bruit s'est répandu dans 
toute la terre, et leurs paroles 
jusques aux confins du globe de 
la terre. 

6. Il a placé sa tente dans le 
soleil; et cet astre, comme un 
époux qui sort de son lit nuptial, 

S'est élancé comme un géant 
pour parcourir sa carriere : 

1. À l'extrémité du ciel est sa 
sortie; 

Et le terme de sa course à /'au- 
tre extrémité ; etil n'y a personne 
qui se cache à sa chaleur. 

8. La loi du Seigneur est sans 
tache, elle convertit les âmes; le 
témoignage du Seigneur est fi- 


50. II Rois, xxir, 50; Rom., xv, 9. — Ps. XVIII. 5. Rom., x, 18. — 6. Luc, xxiv, 46. 


50. Votre nom. Voy. IL Rois, xxi, 50. 
51. Les victoires. Voy. 11 Rois, xxu, 51. 


4. * Gloire de Dieu, qui se manifeste 19 par l'éclat de ses œuvres dans la nature et 
20 par la beauté de sa loi dans l'ordre moral. « Kant se souvenait-il de ce psaume 
lorsqu'il disait : 17 y a deux choses qui excitent en moi une continuelle admiralion : 
le ciel étoilé au-dessus de ma téle et la loi morale dans mon cœur? » (DE La 10018.( Plu- 
sieurs traits de ce psaume s'appliquent à la prédication des Apótres, dans le sens 
spirituel, xvi, 5 et Rom., x, 18. 

2-3. * Les cieux racontent la gloire de Dieu. 

2. Les cieux. Fondés sur le témoignage de saint Paul (Rom., x, 18), les Péres de 
l'Eglise entendent ici sous le nom de cieux, les Apôtres et les ministres de l'Evangile. 
Depuis le lever du soleil, les cieux publient la gloire de celui dont le firmament 
avait annoncé les œuvres avant que le soleil parüt. Depuis que Jésus-Christ est venu, 
les apótres et les ministres de l'Evangile publient la gloire de celui dont les 
patriarches et les prophètes avaient annoncé les œuvres avant que Jésus-Christ 
parüt. 

4-6*. * Le son de la parole des cieux n'est pas articulé, mais elle ne s'en fait pas 
moins entendre jusqu'aux extrémités de la terre, là où Dieu a établi la tente du 
soleil. 

4. Ce ne sont point, etc. D'autres traduisent : Il n'y a point de langue ni de lan- 
gage par qui leurs voix ne soient entendues; mais ni l'hébreu, ni les Septante, ni la 
Vulgate, n'autorisent ce sens; à moins qu'on ne le considére comme un simple 
commentaire du texte. 

65-7. * Le soleil lui-même s'élance d'un bout du monde à l'autre et rien n'échappe 
à son ardeur. 

8-11, * Quant à la loi de Dieu, elle est parfaite, réjouissant le cœur, lumineuse, 
durable, vraie, précieuse, 


Ps. xIx.) 


dèle ; il denne la sagesse aux plus 
petits. 

9. Les justices du Seigneur sont 
droites, elles réjouissent les 
cœurs; le précepte du Seigneur 
est plein de lumière, il éclaire les 
yeux. 

10. La crainte du Seigneur est 
sainte, elle subsiste dans les siè- 
cles des siècles ; les jugements du 
Seigneur sont vrais, ils se justi- 
fient par eux-mêmes. 

11. Ils sont désirables au-des- 
sus de lor et de nombreuses 
pierres de prix, et plus doux que 
le miel et un rayon de miel. 

19. Aussi votre serviteur les 
garde, et en les gardant, {/{rouve 
une grande récompense. 

13. Qui comprend ses fautes? 
Purifiez-moi des miennes qui sont 
cachées en moi : 

14. Et préservez votre servi- 
teur de la corruption des étran- 
gers. 

S'ils ne me dominent point, je 
serai alors sans tache, et purifié 
d'un très grand péché. 


LES PSAUMES. 


1119 


15. Alors les paroles de ma 
bouche pourront vous plaire aussi 
bien que la méditation de mon 
cœur que je ferai toujours en 
votre présence, 

Seigneur, mon aide et mon ré- 
dempteur, 


PSAUME XIX 
(HÉBn., XX). 
Priére que David met dans la bouche de 
son peuple pour demander à Dieu 
l'heureux succès de ses armes. 


1. Pour la fin, psaume ce David. 


2. Que le Seigneur vous exauce 
au jour de la tribulation; que le 
nom du Dieu de Jacob vous pro- 
tége. 

3. Qu'il vous envoie du secours 
du lieu saint; et que de Sion il 
vous défende. 

4. Qu'il se souvienne de tous 
vos sacrifices, et que votre holo- 
causte lui soit agréable. 

5. Qu'il vous rende selon votre 
cœur, et qu'il confirme tous vos 
desseins. 

6. Nous nous réjouirons de 


9. Les justices; selon l'hébreu, les commandements, les préceptes. Ces divers mots 


désignent la loi mosaïque. 


12-15. * Retour du Psalmiste sur lui-même, 
12. Les garde. Le mot Les (ea) se rapporte à jugements (judicia) du vers. 10. 


13. * Qui sont cachées, les fautes oubliées ou dont on n'a méme pas eu connaissance. 
14. Des étrangers, au peuple hébreu, des Gentils. Selon d'autres : Des fautes 
d'autrui; c'est-à-dire des fautes auxquelles on coopére, soit en les commandant, soit 
en les conseillant, soit en y consentant, etc. A la vérité les Septante et la Vulgate, 


qui sont amphibologiques, peuventse préter à ce sens, mais il n'en est pas de méme 
du texte hébreu. 


2-5. * Priére à Dieu pour qu'il accorde sa protection au roi en temps de guerre. 

3. Du lieu saint; littér. du saint; c'est-à-dire comme on l'entend généralement, du 
sanctuaire. — * Le saint est le mont Sion, parce que c'est là que résidait l'arche du 
temps de David. 

4. Agréable; littér. gras. Plus les victimes étaient grasses, et plus on les croyait 
agréables à Dieu. 

6-1. * On célébrera avec joie la victoire; que Dieu daigne l'accorder. 

6. Votre salut; du salut que vous recevrez; c'est-à-dire de l'heureux succès de vos 
armes. Nous l'avons déjà remarqué, les Hébreux employaient le mot sa/ut pour 
exprimer la victoire. Voy. sur la signification du pronom votre, les Observat. préli= 
min., pag. 342, 1e, 


1190 


votre salut; et dans le nom de 
notre Dieunousnousglorifierons. 

7. Quele Seigneur accomplisse 
toutes vos demandes ; maintenant 
j'ai reconnu que le Seigneur a 
sauvé son Christ. 

Il l'exaucera du ciel, son sanc- 
tuaire : le salut de sa droite est 
puissant. 

8. Ceux-ci se confient dans des 
chariots, et ceux-là dans des che- 
vaux; mais nous, c'estle nom du 
Seigneur que nous invoquerons. 

9. Ils ont été pris dans des lacs, 
et ils sont tombés; mais nous, 
nous nous sommes relevés et 
nous sommes restés debout. 

10. Seigneur, sauvez le roi, et 
exaucez-nous au jour oü nous 
vous invoquerons. 


PSAUME XX 
(HÉBR., XXI). 


Ce psaume est une suite du précédent. 
Dans celui-là David demandait à Dieu 
la victoire sur ses ennemis. Dans 
celui-ci il le remercie de la lui avoir 
accordée. 1[ convient parfaitement à 
Jésus-Christ triomphant du démon et 
demandant la móme gràce pour ses 
membres. 


1. Pour la fin, psaume de David. 
2. Seigneur, dans votre force 


LES PSAUMES. 


(ps. xx.) 
le roi se réjouira, et à cause de 
votre salut, il tressaillira de la 
plus vive allégresse. 

3. Vous lui avez accordé le dé- 
sir de son cœur; et vous n'avez 
pas trompé le vœu de ses lèvres; 

4. Puisque vous l'avez prévenu 
des bénédictions les plus douces ; 
vous avez mis sur sa téte une 
couronne de pierres précieuses. 

5. Il vous a demandé la vie; et 
vous lui avez accordé une lon- 
gueur de jours jusqu'à un siècle, 
et jusqu'à un siecle de siecles. 

6. Grande est sa gloire par votre 
salut; vous lavez couvert de 
gloire et de beauté. 

7. Car vous en ferez un objet 
de bénédiction pourles siecles des 
siecles : vous le remplirez de joie 
par la vue de votre visage. 

8. Parce que le roi espere dans 
le Seigneur et dans la miséri- 
corde du Tres-Haut, il sera iné- 
branlable. 

9. Que votre main se trouve sur 
tous vos ennemis; que votre 
droite trouve tous ceux qui vous 
haissent. 

10. Vous les rendrez comme 
une fournaise ardente, au temps 
de votre visage :le Seigneur dans 


1. Son sanctuaire. Compar. le vers. 2. — Est puissant; littér. dans les puissances. 
En hébreu, comme en arabe, les adjectifs sont souvent remplacés par un substantif 
précédé d'une préposition. Voy. les Observat. prélimin., p. 341, 1o, 

8-9. * Ceux qui se confient dans leurs chevaux sont renversés, tandis que le peuple 


de Dieu est inébranlable, 
10. * Conclusion et prière finale, 


2-3. * Le roi se réjouit de-sa victoire, 


2. Votre salut; le salut que vous lui avez procuré. Compar. Ps. xix, 6. 
3. Le vœu de ses lèvres; le désir ardent exprimé par ses lèvres. 
4-1. * Dieu a couronné le roi de gloire, il l'a comblé de jours, de joie et de béné- 


dictions. 


4. Les bénédictions les plus douces; littér. et par hébraisme, des bénédictions de 


douceurs. 


8-13. * Parce que le roi a mis en Dieu sa confiance, Dieu exterminera tous ses 


ennemis. 


10, Vous les rendrez, etc.; c'est-à-dire, lorsque vous montrerez votre visage eti", 


PS. xx1.] LES PSAUMES. 1191 
sa colere les jettera dans le trou- | nous célébrerons par des hymnes 


ble, et un feu les dévorera. les merveilles de votre puissance. 
11. Vous ferez disparaitre son 
fruit de la terre, et sa semence PSAUME XXI 
d'entre les fils des hommes. (Hépn., XXiI). 
12. Parce qu'ils ont voulu faire | Tout ce qui est dit dans ce psaume con- 
tomber des maux sur vous ; ils ont vient si parfaitement à Jésus-Christ, 
: "n ] qu'il parait moins une prophétie qu'une 
prs τ desseins db 8 πδηΐ pt histoire de ses humiliations, de ses 
exécuter. souffrances, et de la gloire dont elles 
13. Parce que vous leur ferez ont été suivies. Le divin Sauveur en 


prononca les premiéres paroles lors- 


tourner le dos : quand à ceux que prid: 
quil était sur la croix. 


vous laisserez survivre, vous dis- 
poserez leur visage à recevoir vos 1: Pour la fin, pour le secours du ma- 
traits tin, psaume de David. 

14. Elevez-vous, Seigneur, dans 2. Dieu, mon Dieu, regardez- 
votre force, nous chanterons et | moi : pourquoi m'avez-vous dé- 


Ps. XXI. 2. Matt., xxvii, 46; Marc, xv, 34. 


flammé, ils seront embrasés et brülés comme une fournaise ardente. Des prophétes 
empioient quelquefois l'expression embrasé comme une fournaise, pour dire être dans 
la cousternation, dans la douleur, être saisi de frayeur, être exténué de la faim. Voy. 
Isaïe, xut, 85 Jérém. Lamentat., v, 10. —* Au temps de votre visage,lorsque vous vous 
manifesterez, dés que vous apparaitrez comme un roi qui se montre à ses sujets à 
la téte de son armée. 

11. Fruit et semence sont pris ici métaphoriquement pour enfants et postérité. 

13. Quant à ceux, etc. C'est, ce nous semble, le vrai sens de la Vulgate et de la 
version grecque ; l'une et l'autre portent à la lettre : Dans vos restes vous préparerez 
leur visuge. Mais le mot hébreu rendu par vestes signifie aussi cordes d'arc. De plus, 
au lieu de ler visage, 16 texte original lit : contre leur visage; d'où il suit que le vé- 
ritable sens de ce passage est : Vous ajusterez aux cordes de votre arc (vos flèches que 
vous lancerez) contre leurs visages. Le mot flèche, qui est évidemment sous-entendu 
ici, se trouve exprimé dans une phrase parallèle, Ps. x (Héb. xt), 2. 

14. * Reconnaissance à Dieu pour ses bienfaits. 


4. * Hébreu : « Au chef de chœur. Sur [l'air de] 'ayyéleth asch-schakhar, ou la biche 
de l'aurore. » Psaume prophétique, annonçant les souffrances du Messie. ll est 
comme un miracle permanent, tant la Passion y est prédite d'une manière claire : 
UL non lam prophetia quam historia videatur, dit Cassiodore. On ne peut trouver dans 
tout l'Ancien Testament un seul personnage à qui il s'applique. Les premiers mots 
ont été prononcés par Notre-Seigneur sur la croix, Matth., xxviz, 46; Marc, ,טא‎ 
— Le Sitio, que le Sauveur fit entendre à ses derniers moments, avait pour but 
d'accomplir la prophétie du vers. 16; Jean, xix, 28. Tous les autres traits annoncés 
ont été également accomplis en la personne de Jésus-Christ. Non seulement le pre- 
mier verset est tout à la fois parole des Psaumes et parole d'Evangile, mais aussi les 
blasphèmes et les branlements de tête, vers. 8 et Matth., xxvu, 39; l'insulte pour 
avoir placé mal à propos en Dieu sa confiance, vers. 9 et Matth., xxvii, 43; 16 partage des 
vétements et le tirage au sort de la robe, vers. 19 et Jean, xix. 23 etsuiv. Impossible 
de mieux peindre que 15-18 les tortures de la crucifixion : distension des membres 
du corps nu, douleurs des mains et des pieds, soif brûlante. Cf. aussi Héb., ו‎ 
41 etsuiv ; Mat(h., xxvi, 10; Jean, xx, 17 et Ps. xxr, 23. Aussi l'Eglise, au 1v? con- 
cile général de Constantinople, coll. 4, a-t-elle condamné Théodore de Mopsueste, 
qui entendait ce psaume dans un sens purement historique, non prophétique. 

2-12. * Plaintes du Messie délaissé de son Père sur la croix et abandonné de tous. 

2, Les paroles de mes péchés, etc.; le cri de mes péchés s'oppose à mon salut et à 


zen 7i 


1199 
laissé? Les paroles de mes péchés 
sont loin de mon salut. 

3. Mon Dieu, je crierai pendant 
le jour, et vous ne m'exaucerez 
pas : et pendant la nuit, et ce 
n'est point à moi une folie. 

4. Mais vous, vous habitez dans 
un sanctuaire, vous la louange 
d'Israël. 

5. C'est en vous qu'ont espéré 
nos pères : ils ont espéré, et vous 
les avez délivrés. 

6. Vers vous ils ont crié et ils 
ont 616 sauvés : en vous ils ont 
espéré, et ils n'ont point'été con- 
fondus. 

7. Pour moi je suis un ver et 
non pas un homme; l'opprobre 
des hommes et l’abjection du 
peuple. 

8. Toutceux qui m'ont vu m'ont 
tourné en dérision : ils ont parlé 
duboutdeslevres, etilsontsecoué 
la téte. 

9. Il ἃ espéré dans le Seigneur, 
qu'il le délivre; qu'il le sauve, 
puisqu'il l'aime. 

10. Cependant c'est vous qui 
m'avez tiré du sein de ma mere : 


LES PSAUMES. 


[Ps. xxi.] 
vous étes mon espérance depuis 
que je sucaisles mamelles de ma 
mere. 

11. C'est sur vous que j'ai été 
posé, eu sortant de son sein; 
depuis que j'étais dans les en- 
trailles de ma mère, vous êtes 
mon Dieu. 

12. Ne vouséloignez pas demoi : 

Parce que la tribulation est 
proche, parce qu'il n’y a per- 
sonne qui me porte secours. 

13. De jeunestaureaux en grand 
nombre m'ont environné; des 
taureaux gras m'ont assiégé. 

14. Ils ont ouvert sur moi leur 
eueule comme un lion ravissant 
et rugissant. 

15. Je me suis épanché comme 
de l'eau, et tous mes os se sont 
déboités. 

Mon cœur est devenu au dedans 
de moi comme une cire qui se 
fond. 

16. Ma force s'est desséchée 
comme un tét, et malangue s'est 
attachée à mon palais; et vous 
m'avez conduit à la poussière de 
la mort. 


8. Matt., xxvir, 39; Marc, xv, 29. — 9. Matt., xxvi, 49, 


ma délivrance. Ces paroles conviennent assez à David, poursuivi par Absalom, son 
fils. Il reconnaissait que tous les malheurs dont sa famille avait été affligée, et 6 
quil éprouvait lui-même, n'étaient que la juste peine de son adultère et de son 
homicide. Si on applique ces mémes paroles à Jésus-Christ, les mots mes péchés ne 
sauraient s'entendre de ses propres péchés, puisqu'il n'en commit jamais, et qu'il 
n'en pouvait commettre, mais des péchés des hommes dont il s'était chargé pour les 
expier. « Il a fait nos péchés ses péchés, dit saint Augustin, afin de faire sa justice 
notre justice (Delicta nostra, sua delicta fecit, ut justitiam suam, nostram justitiam 
faceret). » Voy. Jean, τ, 29; 11 Corinth., v, 21; Galal., xx, 13; I Pierre, τι, 22. 

8. Ils ont parlé du bout des lèvres; c'est-à-dire ils ont murmuré. 

11. C'est sur vous, etc. Allusion à l'ancienne coutume de mettre les enfants au 
sortir du sein de leur mére sur les genoux de leur pére. Voy. Genése, xxx, 3; Job, 
nr, 12. Cet usage existait aussi chez les Grecs; Homére en rapporte des exemples 
dans l’Iliade et l'Odyssée. 

3-22. * Description des tourments de la Passion. 

16. * Comme un (él; il n'y a rien de plus sec qu'un morceau de poterie que ni l'eau 
ni l'humidité ne peuvent pénétrer. — La poussière de la mort, les corps morts se 
décomposent et sont réduits en poussière, 


(ps. xxi.] 


17. Parce que des chiens nom- 
breux m'ont environné ; un con- 
seil de méchants m'a assiégé : 

Ils ont percé mes mains et mes 
pieds : 

18. Ils ont compté tous mes os. 
Ils m'ont eux-mémes considéré 
et regardé attentivement. 

19. Ils se sont partagé mes vé- 
tements, et sur ma robe ils ont 
jeté le sort. 

90. Mais vous, Seigneur, n'éloi- 
gnez pas votre secours de moi : 
voyez à ma défense. 

91. Arrachez mon âme à l'épée 
à double tranchant;etmonunique 
de la main du chien. 

22. Sauvez-moi de la gueule du 
lion; et ma faiblesse des cornes 
des licornes. 

23. Je raconterai votre nom à 
mes frères; je vous louerai au 
milieu de l'assemblée. 

94. Vous qui craignez le Sei- 
gneur, louez-le; race entière de 
Jacob, glorifiez-le : 

95. Que toute la race d'Israël le 
craigne, parce qu'il n'a pas mé- 
prisé ni dédaigné la supplication 
du pauvre; 


LES PSAUMES. 


1123 
Et qu'il n'a point détourné sa 

face de moi, et que lorsque je 

criais vers lui, il m'a exaucé. 

26. Devant vous sera ma lou- 
ange dans une grandeassemblée : 
je rendrai mes vceux en présence 
de ceux qui le craignent. 

27. Les pauvres mangeront et 
seront rassasiés; et ils loueront 
le Seigneur, ceux qui le recher- 
chent; leurs cœurs vivront dans 
les siecles des siecles. 

28. Tous les confins de la terre 
se souviendront du Seigneur et 
se convertiront à lui : 

Et toutes les familles des na- 
lions adoreront en sa présence. 

29. Parce qu'au Seigneur ap- 
partient le règne; et que c'est 
lui qui dominera sur les na- 
tions. 

30. Tous les riches de la terre 
ont mangé et ont adoré : en sa 
présence tomberont tous ceux 
qui descendent dans la terre. 

31. Et mon àme vivra pour lui; 
et ma postérité le servira. 

32. La génération qui doit venir 
sera annoncée au Seigneur; et 
les cieux annonceront sa justice 


19. Matt., xxvir, 35; Jean, xix, 23, 24. — 23. Héb., ,זז‎ 42. 


A1. Ils ont percé mes mains et mes pieds. ll faut renoncer à toutes les lois de la 
critique ei de l'herméneutique, pour traduire avec les Juifs, comme un lion, mes mains 
et mes pieds, et avec les hébraisants rationalistes, i/s ont lié, ou souillé mes mains 
el mes pieds. 

21. Unique; qualificatif du mot âme, exprimé dans la phrase, mais qui la désigne 
en tant que seule, isolée, abandonnée. 

22. * Des cornes des licornes, du reém ou bœuf sauvage (décrit dans Job, xxxix, 9-12), 
comme le porte le texte oxiginal. La Vulgate a traduit le mot reëm, tantôt par 
licorne, tantôt par rhinocéros, mais reém signifie toujours le buffle ou bœuf sauvage. 

23-32. * Gloire de la résurrection. Reconnaissance du Messie envers son Père ; le 
louera dans l'Eglise et le fera louer par elle dans toute la terre jusqu’à la fin des 
temps. 

30. Les riches ; les opulents; littér. les gras (pingues). 

32. La génération qui doit venir sera annoncée au Seigneur; c'est-à-dire, comme on 
l'explique ordinairement, sera déclarée appartenir au Seigneur. Selon l'hébreu : 1. 
sera raconté touchant le Seigneur à la génération future; c'est-à-dire le Seigneursera 
annoncé, publié dans les siècles futurs. 


1124 
au peuple qui naitra, et qu'a fait 
le Seigneur. 


PSAUME XXII 
(Hénn., XXIII). 


David exprime dans ce psaume les sen- 
timents d'une àne que Dieu conduit 
lui-même et qu'il nourrit de sa grâce, 
de sa parole et de ses instructions. 


1. Psaume de David. 


Le Seigneur me conduit, et 
rien ne me manquera ; 

2. C'est dans un lieu de pâture 
qu'il m'a placé. 

C'est auprès d'une eau forti- 
fiante qu'il m'a élevé. 


LES PSAUMES. 


(Ps. xXui.] 
parce que vous êtes avec moi. 

Votre verge et votre bâton 
m'ont consolé. 

9. Vous avez préparé en ma 
présence une table, en face de 
ceux qui me tourmentent. 

Vous avez oint ma tête d'huile; 
et mon calice enivrant, combien 
il est magnifique! 

6. Et votre miséricorde me sui- 
vra tous les jours de ma vie, 

7. Afin que j'habite dans la mai- 
son du Seigneur durant de longs 
jours. 

PSAUME XXIII 
(Hébn., XXIV). 


3. ll a fait revenir mon âme. 

Il m'a conduit dans les sentiers 
de la justice, à cause de son nom. 

4. Car quand je marcherais au 
milieu de l'ombre de la mort, je 
ne craindrais point les maux, 


David nous représente dans ce psaume 
l'entrée triomphante de Jésus-Christ 
dans le ciel, et la sainteté que doivent 
avoir sur la terre tous ceux qui dé- 
sirent demeurer avec lui. 


1. Le premier de la semaine, psaume 
de David. 


Ps. XXII. 1. 15916, xr, 11; Jérémie, xxii, 4; Ezéch., xxxiv, 11, 23; I Pierre, 11, 25; v, 4. 


1. * « C'est une ode qui, pour la beauté du sentiment, n'a d'égale dans aucune litté- 
rature. Depuis trois mille ans ou plus, ce psaume a profondément remué des 
milliers de cœurs, il a réjoui des demeures abandonnées et malheureuses, il a fait 
entendre des paroles d'espérance et de joie, au milieu des larmes, à l'àme solitaire 
et sans secours, dont l'unique refuge est dans le ciel. Ces douze vers ont inspiré au- 
delà de tout calcul la résignation dans la souffrance, la force dans la faiblesse; ils 
ont empêché de s'éteindre la flamme vacillante du sentiment religieux dans des cœurs 
près de se laisser aller au désespoir. » (J. TAvLOn.) 

2-1. * Hymne à Dieu, le bon pasteur. Le Psalmiste exprime le bonheur et la paix 
de celui qui vit sous la garde de Dieu, sous l'image d'un troupeau conduit par un 
berger fidèle. 

2-5. * Dieu le bon pasteur. 

2. * Le Seigneur me conduit. La traduction littérale de l'hébreu est : Je Seigneur est 
mon berger. 

4. lla fait revenir mon âme; il m'a ramené au bercail. Le mot dme se met conti- 
nuellement en hébreu et en arabe pour personne, individu. 

5. La verge et la houlette des pasteurs sont la consolalion des troupeaux, puisqu'elles 
les défendent contre les bétes féroces ou contre les voleurs. 

6. De la figure d'un pasteur qui conduisait et protégeait son troupeau, David passe 
à celle d'un hôte ou d'un ami, qui accorde sa protection à son ami contre ses per- 
sécuteurs, et qui lui dresse une table, lui prépare un festin pour le refaire de ses 
fatigues et le nourrir dans sa défaillance. Cette table, ce festin figuraient, selon les 
Pères, le sacrement du Corps et du Sang de Jésus-Christ, que nous recevons dans 
l'Eglise, à la table sainte, et les divines Ecritures, qui sont le soutien et la nourriture 
de nos âmes. — * Vous avez oint ma lêle d'huile, c'est-à-dire de parfums, parce que 
souvent on se parfumait la téte, quand on prenait part à un festin. 


1-10. * Les Septante etla Vulgate ajoutent pour le premier jour de [a semaine, comma 


[Ps. xxur.] 


Au Seigneur est laterreet toute 
sa pénitude; le globe du monde 
el tous ceux qui l'habitent. 

2. Parce que c'est lui-même qui 
l'a fondé au-dessus des mers, et 
qui l'a disposé au-dessus des fleu- 
ves. 

3. Qui montera sur la montagne 
du Seigneur? Ou qui se tiendra 
dans son lieu saint? 

4. Celui dontles mains sont in- 
nocentes et le cœur pur; qui n'a 
pas recu en vain son àme, qui n'a 


LES PSAUMES. 


1195 
pas fait de serment trompeur à 
son prochain. 

9. Celui-là recevra la bénédic- 
tion duSeigneur, etla miséricorde 
de Dieu, son salut. 

6. Telle est la génération de 
ceux qui lecherchent, de ceux qui 
cherchent 18 face du Dieu deJacob. 

1. Elevez vos portes, ὃ princes; 
et vous, élevez-vous, portes éter- 
nelles, et le roi de gloire en- 
trera. 

8. Quel est ce roi de gloire ל‎ Le 


Ps. .ןוא‎ 17 Ps; xrix, 12; T Cor., x, 26. 


si ce Psaume était destiné à célébrer la création et le jour où elle a commencé. Com- 
posé pour la translation de l'arche sur le mont Sion, 11 Rois, νι, 17, ou bien apres 
une campaene victorieuse oü l'arche avait été portée, quand elle fut reconduite sur le 
mont Sion, ce psaume devint comme le chant Je l'entrée du Messie dans le temple, 
Malac., uz, 1. Les Pères l'ont appliqué à l'Ascension; l'Eglise à l'entrée de Notre-Sei- 
gneur à Jérusalem, le dimanche des Rameaux. — On peut supposer avec vraisem- 
blance qu'il était chanté partie par le chœur et partie par des soli. — Ire partie. Pendant 
la montée, en se rendaut au mont Sion, au bas de la montagne, 1-6; — Ile partie. 
Devant la porte dela citadelle de Sion, 7-10. > Tout le monde fait partie de la proces- 
sion. Les lévites et les chantres, partagés en divers groupes, sont placés à la tête, 
Aprés l'introduction au Psaume, daus les deux premiers versets, quand la procession 
commence à monter sur la montagne sainte, [une voix] pose la question : Qui montera 
sur la montagne du Seigneur? etc. La réponse est faite par [une autre voix] avec 
la plus grande dignité : Celui qui a les mains pures et un cœur pur, etc. Quand la 
procession approche des portes [de Sion], le chœur, avec tous ses instruments, s'unit 
pour pousser ce eri : Levez vos léles, 6 portes, etc. Un [solo] intervient et demande 
comme à demi-voix : Qui est le roi de gloire? [Aprés une seconde demande], au 
moment oü larche est introduite dans le Tabernacle, la réponse est faite par le 
chœur tout entier : Le Seigneur, fort, etc. —Je saisis l'occasion de cet exemple d'autant 
plus volontiers qu'il sert à faire voir combien la grâce 61 la magnificence des poèmes 
sacrés, comme d'ailleurs de tous les poémes, dépend en partie de la connaissance 
des circonstances particulières dans lesquelles ils furent composés. » (Brarn.) 

1*-2. * Le chœur proclame que tout ce qui existe appartient au Dieu créateur. 

1. Du monde; littér. des terres. 

3. * Une voix demande qui est digne de se présenter devant Dieu sur le mont Sion. 

4. Qui m'a pas reçu en vain son dme; saint Jérôme, saint Augustin, Théodoret, 
Cassiodore, etc., expliquant ce passage, disent que celui-là a recu son âme en vain 
qui la souille par le péché, qui ne fait pas de bonnes ceuvres, et qui met son affection 
en des choses vaines, périssables, méprisables. — * Une autre voix répond que le 
juste est digne de monter sur la montagne sainte. 

5-6. * C'est le cheeur qui reprend la parole. 

6. Telle est la génération, la race; c'est-à-dire tels sont ceux. 

1. Les Pères de l'Eglise ont tous vu dans ce verset une prophétie de l'Ascension de 
Jésus-Christ. — * On est arrivé devant la porte de Sion et le chœur chante : Elevez 
vos porles. Les portes des villes, surmontées de tours, étaient souvent fixées dans 
des rainures, de sorte qu'on levait les portes en les tirant en haut pour les ouvrir 
et qu'on les baissait, en les faisant descendre et glisser dans les rainures, pour les 
fermer. — Porles éternelles, vieilles et solides. 

8-9. * Une voix demande de l'intérieur de Sion : Quel est ce roi de gloire? et c'est 
15 chœur aui lui répond et répète : Elevez vos portes. 


1196 
7. Des fautes de ma jeunesse, 

Seigneur, fort et puissant : le Sei- 

gneur, puissant au combat. 

9. Elevez vos portes, ὃ princes ; 
et vous, élevez-vous, portes éter- 
nelles, et le roi de gloire entrera. 

10. Quel est ce roi de gloire? 
Le Seigneur des armées; c'est 
lui qui est le roi de gloire. 


PSAUME XXIV 
(H£BR., XXV). 
David montre ici les sentiments de con- 
fiance, d'humilité et de pénitence avec 


lesquels on doit recourir à Dieu dans 
toutes les adversités. 


1. Pour la fin, psaume de David. 

Vers vous, Seigneur, j'ai élevé 
mon âme : 

9. Mon Dieu, en vous je me 


LES PSAUMES. 


[PS. xxiv. 
confie, je n'en rougirai pas : 

3. Que je ne sois point un sujet 
de dérision pour mes ennemis; 
car tous ceux qui vous attendent 
avec constance ne seront pas con- 
fondus. 

4. Qu'ils soient confondus, 
tous ceux qui commettent des 
iniquités gratuitement. 

Seigneur, montrez-moi vos 
voies, et enseignez-moi vos sen- 
tiers. 

5. Dirigez-moi dans votre vé- 
rité, et instruisez-moi; parce que 
c'est vous qui êtes mon Sauveur, 
et que je vous ai attendu avec 
constance durant tout le jour. 

6. Souvenez-vous de vos bontés, 
Seigneur, et de vos miséricordes 
des temps les plus anciens. 


10. Le Seigneur des armées; littér. des vertus (virtutum). La Vulgate porte ailleurs 
(Jérém., xi, 20; Rom., 1x, 29; Jacq., v, 14) : Le Seigneur Sabaoth. Or, ce dernier mot, 
qui est hébreu et que l'on traduit ordinairement par armée, signifie primitivement, 
ce que le ciel et la terre renferment. Compar. Genèse, τι, 1. — * La méme voix re- 
demande de l'intérieur : Quel est ce roi de gloire? et le chœur répond de nouveau: 
Le Seigneur des armées. — « Tout le monde sentira, dit Herder, qu'il y a dans ce 
psaume des changements de voix et il est tout aussi facile de voir qu'il y en a éga- 
lement dans la marche des idées si riches en action. Le début, qui proclame [le Sei- 
gneur] propriétaire de la terre tout entière, est magnifique, mais comme il doit habiter 
la petite montagne de Sion, on commence par élargir cette terre devant lui. La ma- 
nière dont le chant passe à cette petite montagne est également trés belle. Sion de- 
vient sacrée, parce que [Dieu] va l'habiter; elle sera sacrée dans le sens politique 
comme dans 16 sens moral, car ainsi que rien d'impur ne peut être offert en sacrilice 
à Dieu, de méme aucun adorateur impur ne pourra s'approcher de la montagne. — 
Toujours plein d'action, le psaume solennel poursuit sa route. Une foule est là, devant 
la porte; elle frappe, elle demande à voir le monarque, et ce monarque, c'est [Dieu] 
]ui-méme ! Il siége sur l'arche de sa loi, lui qui, jadis, remporta tant de victoires, ce 
roi glorieux, si riche en force. C'est ainsi que le proclame la réponse du chœur, c'est 
ainsi que sur cette montagne [de Sion] nouvellement conquise, il habitera prés de 
la demeure d'un roi héroique [de David, le vainqueur de Jérusalem]. Pour donner 
au chant de la rondeur et de la majesté, on passe sous silence tous les détails du 
cérémonial. » 


1. * Prière pour la rémission des péchés et le secours dans l'affliction. C'est le se- 
cond des Psaumes alphabétiques. Il renferme à peu prés autant de distiques qu'il y 
a de lettres dans l'alphabet hébreu. Chacun de ces distiques est assez facile à com- 
prendre, mais, comme en général dans les poèmes de ce genre, il n’y a pas une suite 
rigoureuse dans les idées. 

3. Qui vous atlendent; c'est-à-dire qui espèrent en vous, qui mettent leur espérance 
en vous. | 

5. Je vous ai attndu avec constance. Voy. vers. 3. 

1. * Des faules de ma jeunesse, que la légèreté de l'àge semble rendre plus excu- 


[Ps. xxiv.] 


et de mes ignorances, ne vous 
en souvenez pas. 

Selon votre miséricorde, sou- 
venez-vous de moi, à cause de 
votre bonté, Seigneur. 

8. Il est doux et droit, le Sei- 
gneur; c'est pour cela qu'il don- 
nera à ceux qui pèchent la loi ὦ 
suivre dans la voie. 

9. Il conduira les hommes do- 
ciles dans la justice; il ensei- 
gnera ses voies à ceux qui sont 
doux. 

10. Toutesles voies du Seigneur 
sont miséricorde et vérité pour 
ceux qui rechercnent son testa- 
ment et ses térioignages. 

11. A cause de votre nom, Sei- 
gneur, vous pardonnerez mon pé- 
ché, car il est grand. 

19. Quel est l'homme qui craint 
le Seigneur? Dieu a établi pour 
lui une loi dans la voie qu'il a 
choisie. 

13. Son àme demeurera au mi- 
lieu des biens, et sa race aura en 
héritage la terre. 

14. C'est un ferme appui que le 
Seigneur pour ceux qui le crai- 


Ps. XXIV. 19. Jean, xv, 25. 


LES PSAUMES. 


1127 


gnent, et son testament doit leur 
être manifesté. 

15. Mes yeux sont toujours éle- 
vés vers le Seigneur, parce que 
c’est lui qui dégagera mes pieds 
du lacs qu'on m'aura tendu. 

16. Regardez-moi, et ayez pitié 
de moi, parce que je suis seul et 
pauvre. 

17. Les tribulations de mon 
cœur se sont multipliées; arra- 
chez-moi à mes nécessités pres- 
santes. 

18. Voyez mon humiliation et 
ma peine; et remettez-moi toutes 
mes fautes. 

19. Regardez mes ennemis, 
parce qu'ils se sont multipliés, et 
quils me haissent d'une haine 
inique. 

20. Gardez mon âme, et délivrez- 
moi; que je ne rougisse point, 
parce que j'ai espéré en vous. 

21. Les hommes innocents et 
droits se sont attachés à moi, 
parce que je vous ai attendu avec 
constance. 

22. Délivrez Israël, ὃ Dieu, de 
toutes ses tribulations. 


sables, mais qui sont néanmoins coupables. — Mes ignorances désigne probablement 
les péchés d'un áge plus avancé. Le mot hébreu signifie prévarications. 
8. La loi à suivre, etc.; la conduite qu'ils devront tenir dans la voie qu'il leur in- 


diquera. 


9. La justice; littér. le jugement. Le mot hébreu a les deux significations. 


10. Son testament et ses témoignages ; c'est-à-dire son alliance et ses préceptes. Lors- 
que le Seigneur fit alliance avec son peuple, il les prit à témoin eux-mêmes, ainsi 
que le ciel et la terre, contre les transgresseurs; il les conjura, par tout ce qui pouvait 
les toucher, d'être fidèles à ses préceptes; il leur annonça des peines, leur fit des 
menaces, en leur donnant des gages de ses promesses. C'est ce qui a fait donner aux 
lois de Dieu le nom de témoignages, d'attestations : Testimonia, testificationes. 

12. Dieu a établi, etc. Dieu lui a indiqué la conduite qu'il doit tenir, etc. L'hébreu 
et le grec portent le futur au lieu du parfait. 

13. Son âme, etc. Compar. Ps. ,וזא‎ 36, 37, où on lit une promesse semblable. 

20. Gardez mon âme, afin qu'elle ne pèche point; ou Gardez ma vie, ou moi, ma 
personne. Il est certain qu'en hébreu le mot dme a ces différentes significations. 

21, Je vous ai attendu avec constance. Voy. le vers. 3. 


PSAUME XXV 
(Hésr., XXVI). 
David prend Dieu à témoin de son inno- 


zence, et le conjure de ne pas le perdre 
avec les impies. 


1. Pour la fin, psaume de David. 


Jugez-moi, Seigneur, parce 
que moi j'ai marché dans mon 
innocence; et espérant dans le 
Seigneur, je ne serai pas affai- 
bli. 

2. Eprouvez-moi, Seigneur, et 
sondez-moi; brülez mes reins et 
mon cœur. 

ὃ. Parce que votre miséri- 
corde est devant mes yeux; et 
je me suis complu dans votre vé- 
rité. 

4. Je n'ai pas siégé dans un 
conseil de vanité; et je ne m'in- 
gérerai pas parmi ceux qui com- 
mettent des iniquités. 

5. Je hais l'assemblée des mé- 
chants; et je ne siégerai pas avec 
des impies. 

0. Je laverai mes mains parmi 
des innocents, et je me tiendrai 
autour de votre autel, ὃ Sei- 
gneur ; 

7. Afin que j'entende la vois de 


M —— — ————— 


LES PSAUMES. 


[es. xxvr.] 
votre louange, et que je raconte 
toutes vos merveilles. 

8. Seigneur, j'ai aimé la beauté 
de votre maison, et le lieu oü 
habite votre gloive. 

9. Ne perdez pas, ó Dieu, mon 
âme avec des impies, ni ma vie 
avec des hommes de sang ; 

10. Dans les mains desquels 
sont des iniquités, dont la droite 
est remplie de présents. 

11. Mais moi, j'ai marché dans 
mon innocence; rachetez-moi et 
ayez pilié de moi. 

12. Mon pied est demeuré ferme 
dans la droite voie: dans les as- 
semblées, je vous bénirai, Sei- 
gneur. 


PSAUME XXVI 
(H&pn., XXVII). 


David nous apprend dans ce psaume que 
ceux qui ont mis, comme lui, toute 
leur espérance dans le Seigneur et tout 
leur bonheur à demeurer dans sa mai- 
son, n'ont rien à craindre de la part 
des hommes, qui ne sauraient leur ra- 
vir les biens du ciel, seuls dignes de 
leurs désirs. 


1. Psaume de David, avant qu'il füt 
oint. 


Le Seigneur est ma lumière et 


1. * David innocent, éloigné de Sion, demande à Dieu de pouvoir le louer dans 
sa maison sainte. Composé probablement pendant la révolte d'Absalom. Cf. II tois, 
xv, 6-25. David regrette de ne pouvoir plus louer Dieu dans son Tabernacle : c'est là 


le sentiment principal de ce psaume. 


2. Brülez, etc.; passez par le feu mes reins et mon cœur, comme on y passe les 
métaux pourles épurer; vous n'y trouverez rien de faux. Ou bien, comme les reins 
et le cœur marquent les affections et les pensées : Exposez-moi au feu des afflictions, 
et purifiez-moi des souillures et des affections terrestres. 

5. * Je hais, etc. Je fuis les mauvaises compagnies. 

10. Remplie de présents, qu'ils ont reçus pour prix et récompense de leur injustice 
et de leur violence, ou qu'ils destinent aux juges pour les corrompre. 

44. Rachetez-moi; c'est-à-dire délivrez-moi des injustices de mes ennemis. 

12. * Dans les assemblées, quand le peuple se réunira devant 16 tabernacle, je vous 


bénirai, je chanterai vos louanges. 


1-6. * Chant de la confiance triomphante. 


A. * Avant qu'il {ἀξ oint. Ces mots sont ajoutés par la Vulgate qui nous apprend, 


IPs. XXVI.] 
mon salut : qui craindrai-je ? 

Le Seigneur est le protecteur 
de ma vie; par qui serai-je inti- 
midé ? 

2. Tandis que des malfaiteurs 
s'apprêtent à fondre sur moi, 
pour manger mes chairs, 

Mes ennemis qui me tourmen- 
tent, ont été eux-mêmes affaiblis, 
et sont tombés. 

3. Si des camps s'établissent 
contre moi, mon Cœur ne Crain- 
dra pas. 

Si un combat est livré con- 
tre moi, jy mettrai mon espé- 
rance. 

4. J'ai demandé une seule chose 
au Seigneur, je la rechercherai ; 
c'est d'habiter dans la maison du 
Seigneur tous les jours de ma 
vie, 

C'est de contempler les délices 
du Seigneur et de visiter son 
temple. 

9. Car il m'a caché dans son 
tabernacle; au jour des malheurs 
il m'a protégé en me cachant dans 
son tabernacle. 


LES PSAUMES. 


1129 


6. Il m'a élevé sur un rocher; 
et maintenant il a élevé ma téte 
au-dessus de mes ennemis. 

J'ai tourné autour de son autel, 
el j'ai immolé dans son taberna- 
cle une hostie au milieu des cris 
de joie : je chanterai et je dirai 
un psaume au Seigneur. 

7. Exaucez, Seigneur, ma voix 
par laquelle j'ai crié vers vous: 
ayez pitié de moi, et exaucez- 
mol. 

8. Mon cœur vous a parlé, 
ma face vous a recherché : je 
rechercherai, Seigneur, votre 
face. 

9. Ne détournez pas votre face 
de moi; ne vous retirez point, 
dans votre colere, de votre ser- 
viteur. 

Soyez mon aide; ne m'aban- 
donnez pas, ne me méprisez pas, 
ὃ Dieu, mon Sauveur. 

10. Parce que mon père et ma 
mere m'ont abandonné; mais le 
Seigneur m'a recueilli. 

11. Prescrivez-moi, Seigneur, 
une loi à suivre dans votre voie; 


ainsi que ce psaume fut composé avant qu'Israél se fût encore soumis à David, — 
Qui craindrai-je? David est sans peur, parce que Dieu le protége. 

2. * Quand ses ennemis l'ont attaqué, ils sont tombés. 

3. * Aussi est-il plein de confiance, serait-il attaqué par une armée entière. 

4-6. * David ne demande qu'une chose, c'est de demeurer auprés de l'arche. 

4.* Son temple ne désigne pas icile temple proprement dit, qui ne fut bâti que 
par Salomon, mais l'arche, 6 maison du Seigneur, la demeure où Dieu habite. David 
désire y habiter tous les jours de sa vie, c'est-à-dire vivre toujours pres de l'arche, 


qu'il fit transporter dans son palais. 


5. Selon la lettre, on peut entendre cela des secours que David avait recus du Sei- 
gneur, particulièrement lorsqu'il se réfugia à Nobé auprès du grand-prétre Achimé- 


lech. Voy. 1 Rois, xxi, 1 et suivant. 


6. Il m'a élevé, etc. Dans le style biblique, élever sur un rocher, signifie : mettre 
hors de la portée des traits et de l'attaque des ennemis. Dieu prend souvent le nom 


de Rocher d'Israél. 


1-14. * Chant de la confiance suppliante. 


1-12. * Que Dieu écoute donc la prière du Psalmiste et ne le livre pas à ses 


ennemis. 


10. Mon père et ma mére, etc. Si ces paroles s'entendent de David, elles peuvent 
se rapporter aux premiéres années de sa vie, oü il était presque oublié dans sa 
famille, étant le plus jeune d'entre ses fréres. Voy. I Rois, xvi, 5 et suivant. 


1180 LES PSAUMES. 


et conduisez-moi dans une voie 
droite à cause de mes enne- 
mis. 

12. Ne me livrez pas aux âmes 
de ceux qui m'affligent; parce 
que se sont élevés contre moi 
des témoins iniques, et que 
l'iniquité a menti contre elle- 
méme. 

13. Je crois que je verrai les 
biens du Seigneur dans la terre 
des vivants. 

14. Attends le Seigneur, agis 
avec courage; et que ton cœur 
se fortifie, et attends avec cons- 
tance le Seigneur. 


PSAUME XXVII 
(HéBr., XXVIII). 


Le Psalmiste implore le secours de Dieu 
contre ses ennemis; il le loue par 
avance de la protection quil lui doit 
donner, et que sa foi lui rend pré- 
sente. Les Péres rapportent ce psaume 
à Jésus-Christ qui, dans sa passion, 
adresse ses prières à Dieu, son Père. 


Psawme par David lui-méme* . 


[Ps. xxvit.] 


1. Vers vous, Seigneur, je 
crierai : Mon Dieu, ne gardez 
pas le silence, en vous éloignant 
de moi, de peur que si vous 
vous taisez, en vous éloignant 
de moi, je ne devienne semblable 
à ceux qui descendent dans la 
fosse. 

2. Exaucez, Seigneur, la voix 
de ma supplication, lorsque je 
vous prie, lorsque j'éléve mes 
mains vers votre temple saint. 

3. Ne m'entrainez pas avec des 
pécheurs, et ne me perdez pas 
avec des hommes qui opèrent l'i- 
niquité : 

Qui parlent paix avec leur pro- 
chain, et qui ont le mal dans leurs 
cœurs. 

4. Donnez-leur selon leurs œu- 
vres et selon la méchanceté de 
leurs inventions : 

Accordez-leur, selon leurs œu- 
vres de leurs mains; rendez-leur 
leur salaire. 

ὃ. Parce qu'ils n'ont pas appli- 


12. Aux âmes; hébraisme, pour aux personnes, à ceux. 


13-14. * David ne met sa confiance qu'en Dieu mais elle ne lui fera pas défaut. 

13. Par la lerre des vivants, la plupart des interprètes entendent ici, comme en 
plusieurs autres passages de l'Ecriture, la terre d'Israél, patrie de David ; mais les 
Péres de l'Eglise expliquent cette expression dans un sens plus relevé, de l'éternité 


bienheureuse oü les saints vivent d'une vie immuable et exempte d'inquiétudes, de 


dangers et de besoins. 


14. Attends, etc. David, dans ce vers., se parle à lui-même. — Attends avec cons- 


tance. Voy. Ps. xxiv, 3. 


* Par. Voy. 16 titre du Ps. xv (Hébr. xvi). — * Prière à Dieu pour invoquer son 
secours, probablement pendant la persécution d'Absalom. 

1. La fosse; c'est le sens littéral de l'hébreu; c'est aussi celui du grec et de la Vul- 
gate. Or la fosse signifie ici le {ombeau. 

2. * Votre lemple saint, l'arche où Dieu réside. 

3. Le mal ; c'est-à-dire la perversité. Les Septante et la Vulgate mettent le pluriel, 
qui, dans le langage biblique, donne plus de force et plus d'énergie, en sorte que 
d'aprés ces deux versions, le vrai sens est un grand mal, un mal considérable. 

4. Leurs inventions; c'est-à-dire selon l'hébreu, leurs œuvres. 

5. Conformément au texte hébreu et à celui des Septante, nous supposons sous- 
entendue devant opera Domini de la Vulgate, la particule in ou dans, à, laquelle est 
exprimée dans le membre paralléle de phrase suivant : in opera Domini. Or, dans 
cette hypothèse, le sens du verbe latin intellexerunt n'est pas seulement ont compris, 
mais comme en hébreu et en grec, s'appliquer à, appliquer son esprit à, s'étudier ἃ. 


[ps. xxvm.] 


qué leur esprit aux œuvres du 
Seigneur, et aux œuvres de ses 
mains, vous les détruirez, et vous 
ne les rétablirez pas. 

6. Béni le Seigneur! parce qu'il 
a exaucé la voix de ma supplica- 
tion. 

7. Le Seigneur est mon aide 
et mon protecteur : en lui a 
espéré mon cœur, et j'ai été se- 
couru : 

Et ma chair ἃ refleuri; aussi 
de £oute mon àme je le glori- 
fierai. 

8. Le Seigneur est la force de 
son peuple; le protecteur et le 
sauveur de son Christ. 

9. Sauvez votre peuple, Sei- 
gneur, et bénissez votre héri- 
tage; dirigez-les, et élevez-les 


LES PSAUMES. 


1131 


PSAUME XXVIII 
(Hésr., XXIX). 

Le Psalmiste convie tous les justes à ve- 
nir louer Dieu dans son temple. Il re- 
présente les effets merveilleux de la 
voix du Seigneur qui éclate dans son 
tonnerre ; mais qui selon les Pères de 
l'Eglise fait sentir plus heureusement 
sa force dans la conversion des âmes 
par la prédication de l'Evangile. 


Psaume de David. 

1. Pour la consommation du taber- 
nacle. 

Apportez au Seigneur. enfants 
de Dieu, apportez au Seigneur 
des petits de béliers. 

2. Apportez au Seigneur gloire 
et honneur, apportez au Sei- 
gneur de la gloire pour son nom : 
adorez le Seigneur dans son saint 


jusque dans l'éternité. parvis. 


1. Ma chair a refleui; a pris une nouvelle vigueur. — De toute mon âme; littér. De 
ma volonté (ex voluntate mea), c'est-à-dire, librement spontanément. Le terme du 
texte hébreu /éb ou cœur se prend souvent dans le même sens. 

8. Le protecteur et le sauveur de son Christ; à la lettre : Le protecteur des saluts 
(protector salvationum), etc. Compar. pour le sens de cette fin du verset, II Rois, 
XXII, 91. 

9. Votre héritage, ou propriété, possession; c'est un explicatif de votre peuple qui 
précéde immédiatement. Voy. Deutéron., 1x, 29. 


1-11. Tableau de la grandeur de Dieu manifestée dans l'orage, au moment de la 
translation de l'arehe. — Ce psaume est un des plus beaux poèmes descriptifs de toute 
la collection. À l'aide de quelques traits bien choisis, David dépeint d'une manière 
parfaite tout ce qu'il y a à la fois de magnifique et de terrible dans les éléments 
déchainés. Dans le texte original, l'harmonie imitative du style fait entendre en 
quelque sorte les roulements prolongés du tonnerre, dans cette voix du Seigneur ou 
la foudre, sept fois répété. — Dans cette description, il y a deux scènes qui forment 
entre elles un admirable contraste, l'une sur la terre, l'autre dans le ciel. L'orage 
éclate avec fureur au nord de la Palestine, sur 16 Liban. Les cèdres qui font sa gloire 
volent en éclats, et leurs débris bondissent sur les flancs de la montagne comme un 
jeune taureau. La montagne elle-méme tremble, ébranlée dans ses fondements. La 
tempéte traverse la terre d'Israél en lancant ses éclairs. Elle atteint au sud le désert 
de 68068, où les biches mettent bas d'épouvante. L'homme a fui l'ouragan. Il ne pa- 
rait pas dans ce tableau; il a été rendu muet par la terreur. Et, pendant que le monde 
est ainsi ébranlé et vaeillant, que fait Dieu? Il est assis en paix sur son tróne. Que 
Dieu fortifie donc son peuple! — Le tableau est encadré dans une exhortation à 
honorer Dieu et une invocation au Seigneur pour qu'il donne la paix à Israél. 

1. Apportez, etc. Compar. Ps. xcv, 1-9. 

2. Avant la construction du temple, le parvis du Seigneur était une espèce de cour, 
au-devant du tabernacle; ce parvis était environné de colonnes d'espace en espace 
et de rideaux tendus d'une colonne à l'autre. Compar. Exode, xxvu, 9-18. — Nomór., 
11 20; 91; 1v; 26, 32, etc. 


1132 

3. La voix du Seigneur a re- 
tenti surles eaux, le Dieu de ma- 
jesté a tonné; le Seigneur s'est 
fait entendre sur des eaux abon- 
dantes. 

4. La voix du Seigneur est 
pleine de force : la voix du Sei- 
gneur est pleine de magnificence. 

ὃ. La voix du Seigneur brise 
des cedres ; et le Seigneur brisera 
les cédres du Liban, 

6. Et les mettra en pièces 
comme 77 y mettrait un jeune 
taureau du Liban : et le bien- 
aimé sera comme un petit de li- 


LES PSAUMES. 


(Ps. xxv.] 


7. La voix du Seigneur fend 
une flamme de feu ; 

8. La voix du Seigneur ébranle 
le désert; et le Seigneur agitera 
le désert de Cadès. 

9. La voix du Seigneur pré- 
pare des cerfs; et elle décou- 
vrira des lieux sombres et épais: 
et, dans son temple, tous diront : 
Gloire! 

10. Le Seigneur fait habiter le 
déluge sur la terre; et le Sei- 
gneur roi siégera éternellement. 

41. Le Seigneur donnera de la 
force à son peuple : le Seigneur 


corne, bénira son peuple en paix. 


3. La voir du Seigneur; c'est-à-dire le tonnerre. Dans une infinité d'endroits de 
l'Ecriture, cette expression a le même sens. — Sur des eaux abondantes ; celles de la 
mer ou les nuages, que Moïse nomme ailleurs (Genèse, 1, 1) les eaux supérieures au 
firmament. Le Psalmiste semble vouloir désigner ici, d'une manière allégorique, les 
peuples nombreux et les armées puissantes que les Israélites ont eu à combattre. 
Compar. Ps. cxunur, 7. 

4. Pleine de force, pleine de magnificence ; littér. dans ou avec la force, la magnifi- 
cence; hébraisme, pour forte, magnifique. 

5. Brise. Ce verbe, dans les Septante et la Vulgate, semble avoir pour sujet le mot 
Seigneur, avec lequel il concorde grammaticalement (Domini confringentis); mais il 
est réellement et logiquement attribut de voix (vor), qui représente le nominatif. 
Toutes les grammaires hébraiques donnent l'explication de cette construction 
hébraique, qu'on retrouve d'ailleurs dans les vers. suiv. 7 et 8. — * Les cédres du 
Liban, c'est-à-dire l'arbre le plus majestueux etle plus fort. 

6. Et le bien-aimé, etc. Cest la seule traduction dont soit susceptible la Vulgate 
expliquée par la version grecque. Or, /e bien-aimé est un nom symbolique qui s'ap- 
plique au peuple d'Israel (voy. Deutéron., xxxi, 15); de sorte que le sens est : Le 
peuple d'Israël, semblable au rhinocéros, renversera tout ce qui voudra lui faire 
résistance. — * Au lieu de bien-aimé, le texte hébreu porte Sirion, un des noms du 
mont Hermon, prolongement méridional de l'Anti-Liban qui fait face au Liban et se 
termine à Césarée de Palestine, là où se trouve une des trois sources du Jourdain. Le 
sens de l'original est celui-ci : Dieu met les cèdres en pièces comme un jeune tau- 
reau, il fait trembler le Liban et l'Hermon sous les coups de son tonnerre comme le 
petit du bœuf sauvage (au lieu de licorne. Voir la note sur Ps. xxt, 22). ! 

1. Fend, etc. ; locution poétique pour dire que le tonnerre chasse des nues la foudre 
et les éclairs, et les partage en divers traits ou en plusieurs flammes qui se dispersent 
dans les airs. — * La flamme du feu est l'éclair. 

8. Le désert de Cadés; célèbre dans lEcriture. Voy. Genèse, xx, 1; Nombres, xut, 
91, etc. — * Voir la note de Nombres, xx, 1. 

9. Prépare; fait avorter. — Les cerfs; c'est-à-dire les biches. En bébreu, les noms 
d'animaux sont généralement épicéniques, c'est-à-dire communs au mâle et à la fe- 
melle. — Elle découvrira, ete. Le tonnerre, en renversaut les arbres ou en les dé- 
pouillant de leurs feuilles, découvre les bois les plus épais et les foréts les plus 
noires. 

11. En paix. Le mot paix signifie le plus ordinairement dans l'Ecriture prospérité 


parfaite, 


(es. xxix.] 


PSAUME XXIX 
(Hésr., XXX). 

On peut voir dans les interprétes les opi- 
nions diverses sur le motif et l'occasion 
de la composition de ce psaume. Quant 
à nous, il nous semble qu'on peut le 
considérer comme un cantique d'ac- 
tions de gráces que David rend à Dieu 
pour la santé qu'il lui a redonnée par 
un effet de sa divine bonté. Dans le 
sens spirituel, il convient parfaitement 
à Jésus-Christ ressuscité et à toutes les 
âmes qui ont été guéries des faiblesses 
οὐ leur orgueil les avait fait tomber. 


Psaume pour servir de cantique, 

1. À la dédicace de la maison de 
David. 

9. Je vous exalterai, Seigneur, 
parce que vous m'avez relevé, et 
que vous n'avez pas réjoui mes 
ennemis à mon sujet. 

3. Seigneur mon Dieu, j'ai crié 
vers vous, 66 vous m'avez guéri. 

4. Seigneur, vous avez retiré 
de l'enfer mon âme, et vous m'a- 
vez sauvé, en me séparant de 
ceux qui descendent dans la 
fosse. 

5. Chantez des hymnes au Sei- 
gneur, vous, ses saints; glorifiez 
la mémoire de sa sainteté. 


LES PSAUMES. 


1133 

6. Parce que le châtiment est 
dans son indignation, et la vie 
dans sa bonne volonté. 

Au soir sera réservé le pleur, 
et au matin la joie. 

7. Pour moi j'ai dit dans mon 
abondance : Je ne décherrai ja- 
mais. | 

8. Seigneur, par votre bonne 
volonté, vous avez affermi mon 
état florissant. 

Vous avez détourné votre face 
de moi, et je suis tombé dans 
le trouble. 

9. Vers vous, Seigneur, je crie- 
rai, et à mon Dieu j'adresserai 
ma supplication. 

10. De quelle utilité vous sera 
mon sang, lorsque je descendrai 
dans la corruption? 

Est-ce que la poussiere vous 
glorifiera; ou bien annoncera-t- 
elle votre vérité? 

11. Le Seigneur a entendu, il a 
eu pitié de moi : le Seigneur est 
devenu mon aide. 

19. Vous avez converti mes la- 
mentations en joie : vous avez 
déchiré mon sac, et vous m'avez 
environné d'allégresse. 


1. * Psaume de David, quand il fit la dédicace de sa maison, peut-être après 18 ré-: 


volte d'Absalom et à la suite d'une maladie. 


2-4, * Délivrance du Psalmiste. 


4. Vous avez reliré, etc.; c'est-à-dire vous n'avez pas permis que mon âme tombât 
dans l'enfer. — La fosse. Voy. Ps. xxvit, 1. — * C'est-à-dire, vous m'avez rappelé des 
portes de la mort, sauvé d'une maladie grave. 


5-6*. * Invitation à louer Dieu. 


5. La mémoire de sa saintelé; hébraisme, pour sa mémoire sainte. 
6. Ce verset est diversement expliqué. Notre interprétation nous a paru la plus 


simple et la plus naturelle; elle revient à celle-ci : 


Π nous fait ressentir les effets de 


sa colère dans son indignation, et il nous comble de grâces dans sa faveur. !| ne 
faut pas l'oublier, le mot colère (ira) se prend dans l'Eceriture pour l'effet de la colère 
ou châtiment, punilion, et celui de volonté pour bienveillance. 

6%-8. * Histoire de la maladie; confiance du malade en Dieu. 

9-10. * Prière faite pour obtenir la guérison. 


10. * Voir la note sur Ps. cxm bis, 17. 
11-13. * Cette prière a été exaucée. 


12. Mon sac. Voy. 11 Rois, ur, 31. — * Vous avez déchiré mon sac, qui est le signe 
du deuil et de la tristesse, et vous m'avez rendu la vie, la santé et la ioie, 


4134 


13. Afin que ma gloire vous 
chante, et que je ne sois plus 
tourmenté : Seigneur, mon Dieu, 
je vous rendrai gloire à jamais. 


PSAUME XXX 
(Hépn., XXXI). 


Cest une priére pleine de ferveur, de 
confiance et d'humilité que le Psalmiste 
adresse à Dieu pour implorer son se- 
cours. Jésus-Christ, en s'en servant sur 
la croix, nous a montré que les souf- 
frances de David étaient la figure des 
siennes. 


|. Pour la fin, psaume de David, pour 
l'extase. 


2. C'est en vous, Seigneur, que 
j'ai espéré, je ne serai pas con- 
fondu à jamais; dans votre jus- 
tice, délivrez-moi. 

3. Inclinez vers moi votre 
oreille, hâtez-vous de m'arracher 
à mes mauwuz. 

Soyez-moi un Dieu protecteur, 
el une maison de refuge, afin 
que vous me sauviez. 

4. Parce que ma force et mon 
refuge, c'est vous; et à cause de 
votre nom vous me conduirez et 
me nourrirez. 

9. Vous me tirerez 66 06 


qu'ils m'ont tendu en secret, 


jarce que c'est vous qui êtes mon 
Ρ 


, protecteur. 


6. En vos mains, je remets 
mon esprit; c'est vous qui m'avez 
Ps. XXX. 6. Luc, xxi, 46. 


—— 


LES PSAUMES. 


[ps. xxx.] 


racheté, Seigneur, Dieu de vérité. 

7. Vous haissez ceux qui se 
confient dans les choses vaines, 
sans aucun fruit. 

Pour moi, c'est dans le Sei- 
gneur que j'ai espéré. 

8. J'exulterai, je me réjouirai 
dans votre miséricorde, | 

Parce que vous avez regardé | 
mon humiliation; vous avez sauvé 
mon âme de ses nécessités pres- 
santes. 

9. Vous ne m'avez pas ren- 
fermé dans les mains d'un en- 
nemi; vous avez mis mes pieds 
dans un lieu spacieux. 

10. Ayez pitié de moi, Seigneur, 
parce que je suis dans la tribula- 
tion : mon œil, mon âme et mes 
entrailles ont été troublés par la 
colere. 

11. Parce que ma vie a défailli 
dans la douleur, et mes années 
dans les gémissements. 

Ma force s'est affaiblie par la 
pauvreté, et mes os ont été 
ébranlés : 

12. À cause de tous mes enne-, 
mis je suis devenu le sujet d'un 
très grand opprobre pour mes 
veisins, et la frayeur de ceux 
qui me connaissent. 

Ceux qui m'ont vu ont fui loin 
de moi : 


13. * Ma gloire, mon âme, moi-même, comme Ps. vit, 6; xv, 9. 


X. * David persécuté s'abandonne entre les mains de Dieu. — Probablement du temps 
de la persécution de Saül. — Les Septante et la Vulgate ajoutent au titre les mots 
pour l'exlase, se rapportant aux mots dans le transport de mon esprit, du vers. 23, 


et sans doute aussi à I Rois, xxur, 26. 


2-19. * Prière pour demander la délivrance et la fin de la persécution. 

4. Vous me nourrirez; c'est-à-dire vous prendrez soin de moi. 

6. Vous m'avez racheté; vous m'avez déjà délivré plusieurs fois. 

1. Des choses vaines ; littér. des vanités. C'est ainsi que l'Ecriture appelle les idoles. 

8. Mon âme; c'est-à-dire moi. Nous l'avons déjà remarqué plusieurs fois, chez les 
Hébreux comme chez les Arabes, l'ime se prend souvent pour la personne elle-même, 
et souvent aussi pour la vie, l'existence, comme au vers. 14 de ce méme chapitre. 


[ps. x xx.] 


13. J'ai été mis en oubli comme 
un mort e/facé du eceur. 

Je suis devenu comme 
chose perdue : 

14. Parce que j'ai entendu le 
blàme d'un grand nombre qui 
séjourne autour de 707. 

Pendant qu'ils se rassemblaient 
contre moi, ils ont tenu conseil 
pour prendre mon âme. 

15. Mais moi, j'ai espéré en 
vous, Seigneur; j'ai dit : Vous 
étes mon Dieu : 

16. En vos mains sont mes 
destinées. 

Arrachez-moi à la main de mes 
ennemis, et à ceux qui me persé- 
cutent. 

17. Faites luire votre face sur 
votre serviteur, et sauvez-moi 
dans votre miséricorde. 

18. Seigneur, que je ne sois 
point confondu, parce que je 
vous ai invoqué. 

Que les impies rougissent, ei 
qu'ils soient précipités dans l'en- 
Ier. 

19. Qu'elles deviennent muet- 
tes les lèvres trompeuses 

Qui proferent l'iniquité contre 
le juste, avec orgueil et mépris. 


une 


LES PSAUMES. 


1155 


90. Qu'elle est grande, Sei- 
gneur, l'abondance de votre dou- 
ceur que vous avez réservée en 
secret à ceux qui vous craignent! 

Vous en comblez ceux qui es- 
perent en vous, en présence des 
enfants des hommes. 

21. Vous les cacherez dans le 
secret de votre face, contre la 
persécution des hommes. 

Vous les abriterez dans votre 
tabernacle, contre les attaques 
des langues. 

22. Béni le Seigneur! parce 
qu'il a signalé sur moi sa misé- 
ricorde dans une ville fortifiée. 

23. Pour moi, j'ai dit dans le 
transport de mon esprit : J'ai été 
rejeté loin de vos yeux. 

C'estpourquoi vous avezécouté 
la voix de ma prière, quand je 
criais vers vous. 

24. Aimez le Seigneur, vous 
tous ses saints, parce que le Sei- 
gneur recherchera la vérité, et 
quil rendra largement aux su- 
perbes, selon leur mérite. 

95. Agissez avec courage, et 
que votre cœur se forlifie, vous 
tous qui espérez dans le Sei- 
gneur. 


13. Comme une chose perdue; abandonnée, oubliée. Le mot hébreu keli, que la 
Vulgate a rendu d'aprés les Septante par vase (vas), se prend pour toute sorte de 
choses. La traduction vase brisé est absolument fausse, au moins quant au mot brise, 
puisqu'il n'est autorisé ni par le texte, ni par les versions grecque et latine, qui por- 
tent expressément perdu. 

14. Prendre mon âme; c'est-à-dire m'ôter la vie. Voy. vers. 8. 

19. Mépris; c’est le sens de l'hébreu et des Septante, et c'est ainsi que lisent saint 
Augustin et les anciens psautiers; mais la Vulgate porte abus (abusione). 

20-25. * Ces derniers versets considérent comme déjà obtenu le secours demandé 
dans les versets précédents. 

21. * Dans le secret de votre face, celui qui est devant l'arche de Dieu est protégé 
dans cet asile secret, où il est devant Dieu, contre tous ses persécuteurs. 

22. Dans une ville fortifiée; peut-être Céila, que David avait sauvée des Philistins 
et d'où Dieu le fit sortir, afin qu'il ne fût pas livré à Saül (I Rois, xxui, 5 et suiv.); 
ou bien Siceleg, qui fut cédée à David par Achis, roi de Geth, pour qu'il y fit sa de- 
meure, lorsqu'il était poursuivi par Saül (I Rois, xxvn, 6 et suiv.). 

23. * Dans le transport de mon esprit, dans mon effroi, dans mon angoisse, 


1136 


PSAUME XXXI 
(HéBr., XXXII). 

David reléve le bonheur de ceux dont les 
péchés sont effacés. Il décrit sa résis- 
tanee et son retour à Dien, et il apprend 
aux pécheurs à éviter par une prompte 


conversion les chátiments dont ils sont 
menacés. 


Par David lui-même, intelligence s. 


|. Bienheureux ceux dont les 
iniquités ont été remises et dont 
les péchés ont été couverts. 

2. Bienheureux l'homme à qui 
le Seigneur n'a pas imputé de 
péché, et dans l'esprit duquel il 
n'y a point de fraude. 

3. Parce que je me suis tu, mes 
os ont vieilli, tandis que je criais 


LES PSAUMES. 


[P5. xxxr. 


votre maii: s'est appesantie sut 
moi : je me suis retourné dans 
mon tourment, pendant qu'une 
épine était enfoncée dans mon 
cœur. 

ὃ. Je vous ai fait connaître mon 
péché, et je ne vous ai point ca- 
ché mon injustice. 

J'ai dit : Je confesserai contre 
moi mon injustice au Seigneur, 
et vous m'avez remis l'impiété de 
mon péché. 

6. A cause de cette impiété, 
tout saint vous adressera des 
prieres en un temps favorable. 

Et méme, dans leur déluge, de 
grandes eaux n'approcheront pas 
de lui. 

1. C'est vous qui êtes mon re- 


tout le jour. 
4. Parce que jour et nuit 


fuge contre la tribulation qui m'a 
environné. O vous, mon exulta- 


Ps. XXXI. 1. Rom., 1v, 7. — 5. Isaie, rxv, 24. 


* Par. Voy.le titre du Ps. xv (Hébr., xvi). — * Intelligence, en hébreu, maskil, c'est- 
à-dire poème didactique. — C'est le second des sept psaumes de la pénitence. ll fut 
composé par David quand ses péchés lui eurent été remis. Le pardon qu'il réclame 
dans le Ps. 1, est obtenu dans celui-ci. 

1-2. * Bonheur de l'homme dont les péchés sont pardonnés. 

1. Couverts; c'est-à-dire qui ne paraissent plus, parce qu'ils n'existent plus, ayant 
été détruits par la justice et l'innocence obtenues par la foi. Saint Paul rappelle ce 
verset et le suivant dans son Epitre aux Romains, 1v, 1-8. 

9. N'a pas imputé; c'est-à-dire a pardonné. 

3-4. * Etat moral du pécheur avant d'avoir obtenu le pardon. 

3. Je me suis tu, en ne confessant pus mon péché. — Je criais tout le jour, en pu- 
bliant mes mérites. Cette explication de saint Augustin, qui est trés simple et trés 
naturelle, fait disparaitre la contradiction apparente des deux membres de ce verset. 
Aiusi, c'est par ce dangereux silence et par ce cri présomptueux que David s'est 
attiré le malheur dont il parle. 

4. Une épine; c'est-à-dire un remords de conscience. 

5. * Résolution que prend le pécheur de mettre tin à ses remords en confessant ses 
fautes. 

6-8. * Joie qu'éprouve le pécheur réconcilié avec Dieu. 

6. A cause de cette impiélé, que le Seigneur lui a remise; ou à cause du pardon de 
son impiété. Tel est le vrai sens littéral de la Vulgate (pro ea) et des Septante; l'hé- 
breu à cause de cela revient au même. — Tout saint; c'est-à-dire tout Israélite. Tous 
les Israélites, en effet, étaient appelés saints (Exod., xix, 6), comme les chrétiens 
l'ont été depuis (Actes, 1x, 13, 32; Romains, 1, 1). — Le temps favorable est, selon saint 
Jéróme, Théodoret, etc., la vie présente pendant laquelle nous pouvons faire péni- 
tence, et nous relever de nos fautes, d’après le prophète Isaie, Lv, 6, et l'auteur de 
l'Ecclésiasle, 1x, 10. — Le déluge, l'inondation des grandes eaux, signifient ordinaire- 
ment, dans le style de l'Ecriture, des calamités, des guerres, des malheurs sybits et 
imprévus. 


[rs. χχχπ.] 
tion, arrachez-moi à ceux qui 
m'environnent. 

8. Je te donnerai l'intelligence, 
je t'enseignerai la voie par la- 
quelle tu dois marcher : j'arré- 
terai sur toi mes yeux. 

9. Ne devenez point comme un 
cheval et un mulet, qui n'ont 
point d'intelligence. 

Resserre avecle morsetle frein 
la bouche de ceux qui ne s'appro- 
chent pas de toi. 

10. De nombreux chátiments 
sont réservés au pécheur : mais 
celui qui espere dans le Seigneur, 
la miséricorde l'environnera. 

11. Réjouissez-vous dans le Sei- 
gneur 61 exultez, justes, glorifiez- 
vous, vous tous, droits de cœur. 


PSAUME XXXII 
(Hépn., XXXIII). 


Le Psalmiste exhorte les justes à louer 
Dieu, à le craindre et à mettre en iui 
toute leur confiance. 


Psaume de David ἃ. 


1. Justes, exultez dans le Sei- 
gneur, aux cœurs droits convient 
sa louange. 

2. Louez le Seigneur sur la 
harpe : jouez pour lui du psalté- 

| rion à dix cordes. 


Ps. XXXII. 9. Judith, xvi, 11. 


LES PSAUMES, 


1137 


3. Chantez-lui un cantique nou- 
veau : par un heureux concert, 
jouez pour lui du psaltérion, au 
milieu des acclamations. 

4. Parce que la parole du Sei- 
gneur est droite, et que toutes 
ses œuvres sont conformes à la 
fidélité dans les promesses. 

ὃ. 11 aime 18 miséricorde et la 
justice : la terre est remplie de sa 
miséricorde. 

6. La parole du Seigneur a af- 
fermi les cieux : et du souffle de 
sa bouche, vient toute leur vertu. 

7. 1128886216 comme dans une 
outre les eaux de la mer : i! ren- 
ferme comme dans des trésors les 
abimes. 

8. Que toute la terre craigne le 
Seigneur : qu'à sa présence aussi 
soient émus tous ceux qui habi- 
tent l'univers. 

9. Car il a dit, et les choses ont 
été faites : il a commandé, et elles 
ont été créées. 

10. Le Seigneur dissipe les con- 
seils des nations; il réprouve 
aussi les pensées des peuples, 
et il réprouve les conseils des 
princes. 

11. Mais le conseil du Seigneur 
demeure éternellement : les pen- 


—— לדה 7 = ) 


9-11. * Exhortation à ne pas résister à la grâce, afin de participer à l'allégresse des 


justes. 


9. Ne s'approchent pas de loi; ne t'obéissent pas. 


+ * Hymne au Seigneur, créateur de l'univers et protecteur de son peuple. Sans 
titre dans l'hébreu. — Ce psaume a été composé à l'occasion de la délivrance d'Israel 
d'un joug étranger, opérée sans combat, par la Providence divine. 

2.* Sur la harpe, hébreu : kinnor, psaltérion, nebel. 

3. Au milieu des acclamations. C'est le vrai sens du grec et de la Vulgate. 

4. Sont conformes, etc.; littér. sont dans ou avec la fidélité (in fide); or, le terme 
hébreu, fidèlement représenté par 16 latin fides, veut dire, en elfet, fidélité dans les 
promesses, accomplissement exact de ce qu'on a promis. 

11. Dans toutes les générations; littér. dans une génération et une génération. Voy. 
sur ce genre de répétition, et sur l'aecusatif generalionem de la Vulgate, au lieu de 
l'ablatif qu'il faudrait régulièrement, p. 341, 40. 


A T 


7 
τῷ 


1158 
sées de son cœur dans toutes les 
générations. 

19. Bienheureusela nation dont 
le Seigneur est le Dieu! Bien- 
heureux le peuple qu'il a choisi 
pour son héritage ! 

13. Du haut du ciel, le Seigneur 
a regardé : il ἃ vu tous les enfants 
des hommes. 

14. De la demeure ‘qu'il s'est 
préparée, il a porté ses regards 
sur tous ceux qui habitent la 
terre. 

15. C'est lui a formé un à un 
leurs cœurs; lui connait toutes 
leurs œuvres. 

16. Un roi ne se sauve point par 
sa grande puissance, et un géant 
ne se sauvera point par la gran- 
deur de sa force. 

Ai. Lechevalest un espoir trom- 
peur de salut : toute sa force ne 
le sauvera point. 

18. Voilà que les yeux du Sei- 
eneur sont sur ceux qui le crai- 
gnent, et sur ceux qui espèrent 
en sa miséricorde, 

19. Afin de délivrer leurs âmes 
de la mort, et deles nourrir dans 
la famine. 

90. Notre âme attend avec cons- 
tance le Seigneur, parce quil 
est notre aide et notre protec- 
teur; 

91. Parce que c'est en lui que 
se réjouira notre cœur, et que 
c'est en son saint nom que nous 
avons espéré. 


LES PSAUMES. 


(rs. xxxur.j 
99. Que votre miséricorde, Sei- 

gneur, soit sur nous, selon que 

nous ayons espéré en vous 


)SAUME XXXIII 
(HéBR., XXXIV). 
1, ἔνια rend grâces à Dieu du salut qu'il 
lui a procuré. 1[ exhorte tous les hom- 


mes à vivre dans la justice et à mettre 
leur confiance dans le Seigneur. 


1. Psaume par David, lorsqu'il changea 
son visage devant Achimélech, qui le ren- 
voya, et quil s'en alla ἃ. 

2. Je béniraile Seigneur en tout 
temps : toujours sa louange sera 
dans ma bouche. 

3. Mon âme se glorifiera dans 
le Seigneur : que les hommes 
doux m'entendent et qu'ils soient 
comblés de joie. 

4. Glorifiez le Seigneur avec 
moi : et exaltons tous pareille- 
ment son nom. 

5. J'ai recherché le Seigneur, 
et il m'a exaucé, et il m'a retiré 
de toutes mes tribulations. 

6. Approchez de lui, et vous 
serez éclairés, et vos faces n'é- 
prouveront pas la confusion. 

1. Ce pauvre a crié, et le Sei- 
gneur l'a exaucé, et il l'a sauvé 
de toutes ses tribulations. 

8. Un ange du Seigneur se pla- 
cera autour de ceux qui le crai- 
gnent, et il les délivrera. 

9. Goütez et voyez combien le 
Seigneur est doux heureux 
l'homme qui espere en lui. 


mm —— — —M———— 


44. * De la demeure qu'il s'est préparée, sur le mont Sion. 


* Par. Voy. le titre du Ps. xv (Hébr., xvi). — Lorsqu'il changea, etc. Compar. 
I Rois, xxi. — * Psaume didactique : chant d'action de grâces et éloge du juste; bon- 
heur qu'on goûte au service de Dieu. — C'est un psaume alphabétique, composé de 


22 distiques, selon le nombre des lettres de l'alphabet hébreu : 


seuiement la lettre 


vav y manque et la lettre pAé y est répétée deux fois, 11 et 23. 
6. Et vous serez éclairés; littér. Et soyez éclairés; pur hébraisme, dont la traduction 


littérale formerait un faux sens. 


[es. xxxiv.] 

10. Craignez le Seigneur, vous 
tous ses saints, parce qu'il n'y a 
pas d'indigence pour ceux qui le 
craignent. 

11. Des riches ont été dans le 
besoin, et ont eu faim; mais ceux 
quicherchentleSeigneurn'éprou- 
veront l'amoindrissement d'au- 
cun bien. 

19. Venez, mes enfants, écou- 
tez-moi : je vous enseignerai la 
crainte du Seigneur. 

13. Quel est l'homme qui veut 
une vie heureuse, qui aime à voir 
des jours de bonheur? 

14. Préserve ta langue du mal; 
et que tes lèvres ne profèrent 
point de discours artificieux. 

45. Détourne-toi du mal et fais 
le bien; cherche la paix, pour- 
suis-la. 

16. Les yeux du Seigneur sont 
sur les justes, et ses oreilles à 
leurs prières. 

47. Mais le visage du Seigneur 
est sur ceux qui font le mal, afin 
d'effacer delaterre leur mémoire. 

18. Les justes ont crié, et le 
Seigneur les a exaucés : et il les 
a délivrés de toutes leurs tribula- 
tions. 

19. Le Seigneur est près de 
ceux qui ont le cœur affligé ; et il 
sauvera les humbles d'esprit. 

20. Nombreuses sont les tribu- 


LES PSAUMES, 


1139 
lations des justes; mais Dieu les 
délivrera de toutes ces peines. 

21. Le Seigneur garde tous 
leurs os : et pas un seul ne sera 
brisé. 

22. La mort des pécheurs esttrès 
funeste; et ceux qui haïssent le 
juste seront traités comme cou- ' 
pables. : 

23. Le Seigneur rachètera l'àme 
de ses serviteurs; et nul de ceux 
qui espèrent en lui ne sera traité 
comme coupable. 


PSAUME XXXIV 
(HéBr., XXXV). 

Le Psalmiste invoque le secours de Dieu 
contre ses ennemis. La plupart rap- 
portent ce psaume à la persécution de 
Saül; d'autres au temps de la révolte 
d'Absalom. Les Péres y trouvent Jésus- 
Christ poursuivi par ses ennemis ef 
accusé faussement par eux devant Pi- 
late. 


1. Par David lui-méme. 


Jugez, Seigneur, ceux qui me 
font des iniquités : combattez 
ceux qui m'attaquent. 

2. Prenez des armes et un bou- 
clier; etlevez-vous pour me venir 
en aide. 

3. Tirez votre épée à deux tran- 
chants et fermezle passage à ceux 
qui me poursuivent; dites à mon 
àme : Ton salut, c'est moi qui le 
suis. 


Ps. XXXIII. 11. Luc, 1, 53. — 13. I Pierre, uz, 10. — 16. Eccli., xv, 20; Héb., iv, 4 


10. Vous tous ses saints. Voy. Ps. xxxi, 6. 


13. Vie heureuse. Le seul mot vie signifiait souvent chez les Hébreux une ezistence 
heureuse, prospére. Le contexte prouve évidemment que c'est en ce sens qu'on doit 


le prendre ici. 


11. Le visage irrité, enflammé du Seigneur, ou simplement la colère du Seigneur; 
car en hébreu la face, le visage se mettent souvent pour la colère. 

21. Pas un seul (des os des justes) ne sera brisé. Cette parole a eu son accomplis- 
sement littéral en la personne de Jésus-Christ, le juste par excellence, comme le 


dit l'évangéliste saint Jean (xix, 33, 36). 


1. Par. Voy. le titre du Ps. xv (lIébr., xvi). 


1110 
4. Qu'ils soient confondus, et 

qu'ils soient couverts de honte, 

ceux qui cherchent mon âme. 

Qu'ils retournent en arrière et 
qu'ils soient confondus, ceux qui 
forment contre moi de mauvais 
desseins. 

8. Qu'ils deviennent comme la 
poussière devant la face du vent; 
et quun ange du Seigneur les 
serre de près. 

6. Queleur voie devienne tres 
ténébreuse et glissante, et qu'un 
ange du Seigneur les poursuive. 

7. Parce que, sans motif, ils ont 
caché pour moi la mort dans leur 
piège; que gratuitement ils ont 
outragé mon àme. 

8. Qu'il lui vienne un piège 
qu'il ignore; et que le rets qu'il 
a caché le saisisse; qu'il tombe 
dans ses propres filets. 

9. Mais mon àme exultera dans 
le Seigneur, elle se réjouira du 
salut qu'il lui aura procuré. 

10. Tous mes os diront : Sei- 
gneur, qui est semblable à vous? 

Qui arrachez un homme sans 
ressource aux mains des plus 


Ps. XXXIV. 4. Infra, xxxix, 15. 


LES PSAUMES. 


(Ps. xxxiv.] 


forts que lui, et l'indigent et le 
pauvre à ceux qui les dépouil- 
laient. 

11. Des témoins iniques s'étant 
levés m'interrogeaient sur des 
choses que j'ignorais. 

12. Ils me rendaient des maux 
pour des biens : Z/s ont causé la 
stérilité à mon àme. 

13. Et moi, pendant qu'ils me 
tourmentaient, j'étais revétu d'un 
cilice. 

Jhumiliais mon àme par le 
jeûne, et ma prière revenait dans 
mon sein. 

14. Comme pour un de nos 
proches, et comme pour notre 
frère, ainsi pour chacun d'eux 
j'avais de la complaisance. 
Comme un homme en deuil et 
contristé, ainsi j'étais humilié. 

15. Et contre moi ils se sont 
réjouis et rassemblés : des fléaux 
se sont accumulés et j'ai ignoré 
pourquoi. 

16. Mes ennemis ont été dissipés 
et n'ont point été touchés de 
componction ; ils m'ont éprouvé, 


ils m'ont chargé d'insultes : ils 


4. Cherchent mon âme; hébraisme, pour cherchent à m'óter la vie. 


6. Trés ténèbreuse; littér. ténèbres. Les Hébreux remplaçaient souvent par le subs- 
tantif l'adjectif, qui devait être au superlatif. 

8. Lui; hébraisme, pour à chacun d'eux. 

12. La stérililé à mon áme. Le mot stérilité est à l'accusatif (sterilitatem) dans la 
Vulgate comme régime direct de 15 rendaient; et si nous avons ajouté, dans la tra- 
duction, 7/2 ont causé, c'est à cause des exigences de notre langue. — Au lieu de 
stérilité, 'hébreu et le grec portent le manque, la privation d'enfants; d’où le sens de 
la phrase entière est probablement : Ils m'ont causé une douleur semblable à celle 
d'une mére qui a perdu ses enfants. 

13. Mon áme; c'est-à-dire moi. On a déjà vu que chezles Hébreux le mot àme s'em- 
ployait souvent pour personne, individu. — Ma prière revenait souvent dans mon sein. 
C'est une coutume assez répandue chez les Orientaux, en particulier chez les Arabes, 
que, quand ils veulent prier trés modestement, ils se courbent de manière que leur 
téte descend jusqu'aux genoux et que, par conséquent, leur bouche se trouve vis- 
à-vis de ieur poitrine. 

16. lis mont chargé d'insultes; littér. ils m'ont insullé par insulle. Dans le style 
biblique, l'addition d'un terme à un autre terme de méme significalion se fait pour 
donner plus de force et d'énergie à l'expression. 


PS. xxxv.] 


ont grincé des dents contre moi. 

41. Seigneur, quand jetterez- 
vous un regard? Arrachez mon 
áme à leur malignité, mon unique 
à des lions. 

18. Je vous confesserai dans 
une grande assemblée; je vous 
louerai au milieu d'un peuple 
nombreux. 

19. Qu'ils nese réjouissent point 
à mon sujet ceux qui s'opposent 
à moi injustement; qui me hais- 
sent sans motif et clignent les 
yeux. ; 

20. Car à la vérité, ils me par- 
laient pacifiquement ; mais, dans 
leur colère ardente, parlant à la 
terre, ils pensaient à des fourbe- 
ries. 

21. Et ils ont ouvert contre moi 
leurbouche ;ilsont dit: Triomphe! 
triomphe! nos yeux ont vu sa 
ruine. 

92. Vous l'avez vu, Seigneur; 
ne gardez pas le silence: Seigneur 
ne vous éloignez pas de moi. 

93. Levez-vous, et procédez à 
mon jugement : mon Seigneur et 
mon Dieu, prenez en main ma 
cause, 

24. Jugez-moi selon votre jus- 
lice, Seigneur, mon Dieu, qu'ils 


19. Jean, xv, 25. 


LES PSAUMES. 


1141 


ne se réjouissent point à mon 
sujet. 

98. Qu'ils ne disent point dans 
leurscceeurs: Triomphe!triomphel 
pour notre àme; qu'ils ne disent 
point non plus : Nous l'avons dé- 
voré. . 

26. Qu'ils rougissent et qu'ils 
tremblent de frayeur, ceux qui se 
réjouissent de mes maux. 

Qu'ils soient revétus de confu- 
sion et de frayeur, ceux qui par- 
lent avec hauteur contre moi. 

27. Qu'ils exultent et qu'ils tres- 
saillent d'allégresse, ceux qui 
veulent ma justice; et qu'ils di- 
sent sans cesse : Que le Seigneur 
soit glorifié, ceux qui veulent la 
paix de son serviteur. 

28. Et ma langue s'exercera 0 
chanter votre justice, e£ tout le 
jour votre louange. 


PSAUME XXXV 
(Hésn., XXXVI). 
David représente dans ce psaume la ma- 
lice du pécheur, la bonté de Dieu qui 


le souffre avec patience, et le bonheur 
dont il comblera les justes. 


4. Pour la fin, au serviteur du Sei- 
gneur, par David lui-même. 


2. L'impie a dit en lui-méme 


11. Mon unique. Voy. Ps. xx1, 21. 


19. L'expression cligner les yeux ou l’œil (annuere oculis ou oculo) se prend ordi- 
nairement en mauvaise part dans l'Ecriture. Compar. Proverbes, vi, 13; x, 10; Ecclé- 


siastique, xxvi, 25. 


20. Parlant à la terre; c'est-à-dire portant leurs regards vers la terre, baissant les 
yeux en parlant, pour mieux déguiser leurs vrais sentiments; ce qui s'accorde trés 
bien avec le mot is clignent les yeux du verset précédent. 

21. Qui veulent ma justice; qui désirent que ma justice soit reconnue ; que Dieu me 
rende justice en me vengeant de mes ennemis. 

98. S'exercera ; c'est le sens de l'hébreu et du grec; et c'est aussi évidemment celui 


de la traduction meditabitur de la Vulgate. 


1. Par. Voy. Ps. xv (Bébr., xvi). — * Dans le texte hébreu : « Au chef de chœur. Du 


serviteur de Jéhovah, de David. » 
2-5. * Portrait de l'impie. 


1142 
qu'il pécherait : la crainte de Dieu 
n'est pas devant ses yeux. 

3. Parce qu'il a agi astucieuse- 
ment en sa présence, en sorte que 
son iniquité est trouvée digne de 
haine. 

4. Les paroles de sa bouche sont 
injustice et astuce : il n'a pas 
voulu s'instruire pour faire le 
bien. 

5. 11 a médité l'iniquité sur son 
lit : il s'est arrété dans toute voie 
qui n'était pas bonne : et la ma- 
lice, i! ne l'a point haie. 

6. Seigneur, dans le ciel est 
votre miséricorde ; et votre vérité 
s'éléve jusqu'aux nues. 

7. Votre justice est comme les 
montagnes de Dieu, vos juge- 
ments sont un abime profond. 

Vous sauverez, Seigneur, les 
hommes et les animaux, 

8. Puisque vous avez, ὃ Dieu, 
multiplié votre miséricorde. 

Mais les enfants des hommes 
espéreront à l'abri de vos ailes. 

9. Ils seront enivrés de l'abon- 
dance de votre maison : et vous 
les abreuverez du torrent de vos 
délices. 


Ps. XXXV. 3. Supra, xri, 3. 


LES PSAUMES. 


[Ps. xxx vr. 


10. Parce qu'en vous est une 
source de vie, et que dans votre 
lumiere nous verrons la lumiere. 

11. Etendez votre miséricorde 
à ceux qui vous connaissent, et 
votre justice à ceux qui ont le 
cœur droit. 

19. Qu'un pied de superbe ne 
vienne pas jusqu'à moi ; et qu'une 
main de pécheur ne m'ébranle 
point. 

13. Là sont tombés ceux qui 
opèrent l'iniquité; ils ont été 
chassés et n’ont pu se soutenir. 


PSAUME XXXVI 
(Hésn., XXXVII). 


David fortifie les fidèles contre le scan- 
dale que leur cause la prospérité des 
méchants. ll montre la vanité de la 
grandeur des impies et la solidité du 
bonheur des justes. 


1. Psaume par David lui-même. 


Ne rivalise pas avec les mé- 
chants, et ne sois pas zélé pour 
ceux qui commettent l'iniquité. 

2. Parce que, comme le foin, ils 
sécheront en un instant, et com- 
me les herbes légumineuses, ils 
tomberont promptement. 


i —— M — MÀ M MH ש.‎ 


6-10. * Le Psalmiste exalte la bonté de Dieu. 
7. Montagnes de Dieu ; hébraisme, pour montagnes les plus élevées. 


11-13. * Priére pour obtenir la gráce d'étre fidéle au service du Seigneur et d'é- 
viter ainsi le malheur du méchant. 

11. Etendez... votre juslice à ceux qui ont le cœur droit; en punissant leurs ennemis 
qui les maltraitent injustement. 

12. Un pied de superbe, d'orgueilleux ; littér. d'orgueil (superbie). Nous rappelle- 
rons que les Hébreux mettaient souvent un substantif au lieu d'un adjectif. 

13. Là; c'est-à-dire dans l'orgueil, dont il est parlé au verset précédent. L'orgueil 
a été de tout temps une pierre d'achoppement pour les pécheurs, selon la remarque 
de saint Augustin et de saint Jéróme. C'est par orgueil que les mauvais anges sont 
tombés et ont été chassés du ciel; c'est par l'orgueil que nos premiers parents ont 
péché et ont été bannis du paradis terrestre; c'est par l'orgueil enfin que la plupart 
des méchants s'écartent tous les jours de la voie du salut. 


1. Par. Voy. Ps. xv (Hébr. xvi). — * Psaume alphabétique. Tertullien appelle ce 
saume : « Miroir de la Providence » et saint Isidore de Séville : « Reméde contre 
qe ΤΥ » 


[Ρ5. ΧΧΧΥΙ.] 


3. Espere uans le Seigneur, et 
fais le bien : et tu habiteras la 
terre, et tu seras rassasié de ses 
richesses. 

4. Mets tes délices dans le Sei- 
gneur, et il t'accordera ce que 
ton cœur demande. 

5. Révèle au Seigneur ta voie, 
espere en lui, et lui fera selon 
tes désirs. 

6. Il fera éclater ta justice 
comme une lumière, et ton droit 
comme /es splendeurs du midi. 

7. Sois soumis au Seigneur, et 
prie-le. 

Ne rivalise pas avec celui qui 
prospere dans sa voie, avec 
l'homme qui commet des injus- 
(1065. 

8. Renonce ἃ la colère et laisse 
la fureur : ne rivalise pas avec 
les méchants pour faire le mal. 

9. Parce que ceux qui font le 
mal seront exterminés; mais 
ceux qui attendent avecconstance 
le Seigneur, ceux-là méme héri- 
teront de la terre. 

10. Encore un peu de temps, 
et le pécheur ne sera plus : et tu 
chercheras son lieu, et tu ne le 
trouveras pas. 

11. Mais les hommes doux hé- 
riteront de la terre, et ils joui- 
ront d'une abondance de paix. 

19. Le pécheur observera le 


Ps. XXXVI. 11. Matt., v, 4. 


LES PSAUMES. 


1143 


juste, et il grincera des dents 
contre lui. 

13. Mais le Seigneur se rira de 
lui, parce qu'il voit que viendra 
son jour. 

14. Les pécheurs ont tiré le 
glaive: ils ont tendu leur arc, 

Afin de renverser un pauvre et 
un homme sans ressource, afin de 
tuer les hommes droits de cœur. 

15. Que leur glaive entre dans 
leur cœur à eux-mêmes, et que 
leur arc soit brisé. 

16. Mieux vaut au juste un 
bien modique, que de grandes 
richesses de méchants. 

17. Parce que les bras des im- 
pies se sont rompus; mais le Sei- 
eneur affermit les justes. 

18. Le Seigneur connait les 
jours des hommes sans tache: 
leur héritage sera éternel. 

19. Ils ne seront point confon- 
dus dans un temps mauvais, et 
dans des jours de famine, ils se- 
ront rassasiés, 

20. Parce que les pécheurs pé- 
riront. 

Mais les ennemis de Dieu, ho- 
norés et exaltés un moment 
comme une fumée, s'évanouiront 
entierement. 

21. Le pécheur empruntera et 
ne payera pas; mais le juste est 
compatissant, et il donnera. 


3. Et tu habiteras la terre; littér. Et habite; hébraisme. Voy. Ps. xxx, 6. Cette 
promesse d'Aabiter la terre est souvent répétée dans ce סו אפ‎ ; et c'est ce qui a 
déterminé D. Calmet à dire que ces promesses regardaient le peuple juif captif à 
Babylone, pour qui rien n'était alors plus consolant que l'espérance de retourner 
dans la terre de ses pères. Mais dans le sens figuré, les Pères de l'Eglise l'expliquent 
du séjour des bienheureux au 6161. Compar. Ps. xxvi, 13. 

13. Son jour dernier, le jour de sa mort, où il lui rendra selon ses œuvres. 

18. Connait les jours; c'est-à-dire connait la vie, la conduite et l'approuve. — Sans 
tache; irréprochables, justes. 

, 20. S'évanouiront entiérement; littér. s'évanouissant, s'évanouiront, hébraisme, que 
nous avons déjà fait remarquer. 


1144 


92. Gar ceux qui bénissent le 
Seigneur hériteront de la terve, 
mais ceux qui le maudissent pé- 
riront sans ressource. 

23. C'est par le Seigneur que les 
pas del'homme seront dirigés : et 
c'est lui qui favorisera ses voies. 

24. Lorsqu'il tombera, il ne sera 
point brisé : parce que le Sei- 
gneur met sa main sous /ui. 

95. J'ai été jeune et j'ai vieilli; 
et je n'ai point vu le juste aban- 
donné, ni sa race cherchant du 
pain. 

26. Tout le jour il a pitié et il 
préte; sa race sera en bénédic- 
tion. 

97. Détourne-toi du mal et fais 
le bien, et tu auras une demeure 
dans les siècles des siècles. 

98. Car le Seigneur aime la 
justice, et il ne délaissera pas ses 
saints : ils seront conservés éter- 
neliement. 

Les injustes seront punis, et 
la race des impies périra. 

29. Mais les justes hériteront 
de la terre; et ils y habiteront 
dans les siecles des siecles. 

30. La bouche du juste s'exer- 
cera ἃ célébrer la sagesse; et sa 
langue publiera la justice. 

31. La loi de Dieu est dans son 
cœur, ses pas ne chancelleront 
pas. 

39. Le pécheur considere le 
juste; et il cherche à le faire 
mourir. 


30. Prov., xxxi, 26. — 31. Isaie, L1, T. 


LES PSAUMES. 


[ps. xxxvit.] 

33. Mais le Seigneur ne le lais- 
sera pas dans ses mains; et il ne 
le condamnera pas quand on le 
jugera. 

34. Attends le Seigneur, et 
garde sa voie; et il t'exaltera, 
afin que tu prennes la terre en 
héritage : lorsque les pécheurs 
auront péri, tu /e verras. 

35. Jai vu limpie exalté et 
élevé comme les cèdres du Liban. 

36. J'ai passé, et voilà qu'il n'é- 
tait plus : je l'ai cherché, et son 
lieu n'a pas été trouvé. 

37. Garde linnocence, et aie 
les yeux sur l'équité : parce que 
une postérité est réservée à 
l'homme pacifique. 

38. Mais les injustes périront 
entierement tous ensemble; et 
la postérité des impies mourra. 

39. Mais le salut des justes 
vient du Seigneur; etil reste leur 
protecteur dans un temps de tri- 
bulation. 

40. Et le Seigneur les aidera et 
les délivrera : il les arrachera 
aux pécheurs, et il les sauvera, 
parce qu'ils ont espéré en lui. 


>SAUME XXXVII 
(Hésr., XXXVIII). 


David représente à Dieu l'extréme mi- 
sére où ses péchés l'ont plongé. Il im- 
plore sa miséricorde avec une parfaite 
coufiance et une profonde humilité. 


1. Psaume de David, en souvenir tou- 
chant le sabbat. 


€ MM M -.0.. 


98. Les saints; ses serviteurs, son peuple. 


30. S'exercera, etc. Voy. Ps. xxxiv, 28. 


34. Tu le verras; c'est-à-dire tu verras la vérité de ce que je viens de te dire. 
37-38. Postérité; littér. restes (reliquis), mot qui, en hébreu, signifie souvent, en 


effet, ceux qu'un homme laisse aprés lui. 


1. * Prière d'un pécheur pour obtenir le pardon de ses fautes. C'est le troisième 
des sent vsaumes de la pénitence. David y demande le pardon de ses péchés et la 


(rs. xxxvir.] 


9. Seigneur, ne me reprenez 
pas dans votre fureur, et dans 
votre colère ne me châtiez pas. 

3. Parce que j'ai été percé de 
vos flèches; et que vous avez 
appesanti sur moi votre main. 

4. Il n'y a rien de sain dans ma 
chair en présence de votre fu- 
reur : il n'y a pas de paix dans 
mes os en présence de mes pé- 
chés. 

5. Parce que mes iniquités se 
sont élevées au-dessus de ma 
téte; et comme un fardeau pe- 
sant, elles se sont appesanties 
sur mol. 

6. Mes plaies se sont putréfiées 
et corrompues en présence de 
ma folie. 

1.4e suis devenu malheureux, 
et jesuis entierement courbé : et 
tout le jour je marchais con- 
tristé. 

8. Parce que mes reins ont été 
remplis d'illusions, et qu'il n'y a 
rien de sain dans ma chair. 

9. J'ai été affiigé et j'ai été hu- 
milié à l'excès; je rugissais dans 
le frémissement de mon cœur. 

10. Seigneur, devant vous est 
tout mon désir, mon gémisse- 
ment ne vous est pas caché. 

11. Mon cœur a été troublé, 


Ps. XXXVII. 2. Supra, vi, 2. 


LES PSAUMES. 


1145 


ma force m'a abandonné, et la 
lumière de mes yeux, elle-même 
n'est plus avec moi. 

12. Mes amis et mes proches se 
sont approchés vis-à-vis de moi, 
et ils se sont arrètés. 

Et ceux qui étaient près de 
moi s'en sont tenus éloignés : 

13. Et ceux qui cherchaient mon 
âme usaient de violence envers 
mor. 

Et ceux qui me désiraient des 
maux ont dit des choses vaines : 
et tout le jour ils méditaient des 
fourheries. 

14. Mais moi, comme un sourd, 
je n'entendais pas; et j'étais 
comme un muet qui n'ouvre pas 
la bouche. 

15. Je suis donc devenu comme 
un homme qui n'entend point, et 
qui n'a pas dans sa bouche de 
répliques. 

16. Parce que c'est vous, Sei- 
gneur, en quijai espéré : c'est 
vous qui m'exaucerez, Seigneur 
mon Dieu. 

11. Parce que j'ai dit : Que mes 
ennemis ne se réjouissent jamais 
à mon sujet : et tandis que mes 
pieds étaient chancelants, ils ont 
parlé à mon sujel avec orgueil. 

18. Parce que moi je suis prét 


délivrance de ses ennemis, ce qui indique qu'il a été composé dans la dernière partie 
de sa vie, pendant ou aprés la révolte d'Absalom. 

2-9. * Mal que le péché fait à l'àme : il la couvre de plaies hideuses. 

4. Il m'y a rien, etc.; je suis méme pour mon corps dans le plus triste état. — En 
présence; littér. à la face; hébraisme, pour à cause. 

8. Mes reins, etc. Les Pères et la plupart des interprètes expliquent ces paroles 
des mouvements déréglés que David éprouvait, et qu'il regardait comme une suite 
et une punition de son péché. Les Hébreux aussi bien que les Grecs placaient dans 
les reins le siége des passions voluptueuses. 

10-15. * Suite du tableau du mal que fait le péché. 

13. Ceux qui cherchent mon âme. Voy. Ps. xxxiv, 4. 

16-23. * Le Psalmiste, ne pouvant se guérir lui-méme, appelle Dieu à son secours. 

18. Prét à des chátiments; c'est-à-dire prêt à souffrir des chátiments. 


1146 


à des chátiments, et que ma dou- 
leur est toujours en ma présence. 

19. Parce que je publierai mon 
iniquité ; et que je penserai à 
mon péché. 

20. Mais mes ennemis vivent et 
se sont fortifiés contre moi; et 
ils se sont multipliés ceux qui 
me haissent injustement. 

21. Ceux qui me rendent des 
maux pour des biens me déchi- 
raient, parce que je m'attachais 
au bien. 

22. Ne m'abandonnez pas, Sei- 
gneur mon Dieu; ne vous éloi- 
gnez pas de moi. 

23. Songez à me secourir, Sei- 
gneur, Dieu de mon salut. 


PSAUME XXXVIII 
(HéBr., XXXIX). 


David apprend à tous les hommes, par 
son exemple, à veiller sur leur langue, 
à ne pas s'attacher aux biens de cette 
vie qui dure si peu, à recevoir avec pa- 
tience tous les maux qui leur viennent 
de la part de Dieu. 


1. Pour la fin, à Idilhun lui-même, 
cantique de David. 


9. Jai dit : Je garderai mes 


LES PSAUMES. 


[Ps. xxx vur.] 
voies, afin que je ne peche point 
par ma langue. 

Jai mis àma bouche une garde, 
lorsquelepécheurs'élevaitcontre 
mol. 

3. Je me suis tu, et je me suis 
humilié, et j'ai passé sous silence 
des bonnes choses; et ma douleur 
a été renouvelée. 

4. Mon cœur s'est échauffé au 
dedans de moi : et dans ma mé- 
ditation un feu s'est embrasé. 

9. J'ai dit par ma langue : Sei- 
gneur, faites-moi connaitre ma 
fin, 

Etle nombre de mes jours, quel 
il est ; afin que je sache ce qui me 
manque. 

6. Voilà que vous avez fait mes 
jours mesurables : mon étre est 
comme rien devant vous. 

En vérité, tout homme vivant 
est une vanité universelle. 

7. En vérité, comme une ombre 
passe un homme; et c'est bien en 
vain qu'il se trouble. 

Il thésaurise, et il ignore pour 
qui il aura amassé ses trésors. 

8. Et maintenant quelle est mon 
attente ? N'est-ce pasle Seigneur? 


| 1. Idithun; maitre de chœur, selon le titre hébreu, est probablement le même 
qu'Idithun du Ie livre des Paralip. (xvi, 44) et du Ile (v, 12), et qui est nommé 


Ethan au ler des Parulip. 


(vi, 44). — * Composé probablement aprés la révolte 


d'Absalom. Tout ce psaume est empreint d'un sentiment profond du néant de 


la vie. 


2-4. * David, attristé par l'adversité et aspirant en vain au repos, se laisse accabler 


par la tristesse. 


9. * Une garde, un frein à ma bouche, pour l’ empécher de parler. 
3. Des bonnes choses; des choses favorables, qui auraient pu prouver la justice de 
ma cause, contre les attaques de mes ennemis. 


5-8, * Plaintes du Psalmiste. 


5. J'ai dit par ma langue, etc. Mon cœur, échauffé par le feu qui s'y était embrasé 
(vers. 4), m'a fait rompre mon silence; c'est pourquoi j'ai dit de vive voix, etc. Ce qui 
me munque, pour que j'arrive au dernier de ces jours; ce qui me reste encore de 
jours à vivre. 

6. Mesurables; c'est-à-dire faciles à mesurer, restreints, peu nombreux. — Tout 
homme vivant, etc.; tout homme qui vit sur la terre, de quelque condition, de 
quelque àge, de quelque état qu'il soit, n'a jamais d'existence solide, sur laquelle il 
puisse entièrement compter. 


{ps. xxxix.] 


Oui, mon Dieu, tout mon bien est 
en vous. 

9. Arrachez-moi à toutes mes 
iniquités : vous m'avez rendu un 
objet d'opprobre pour l'insensé. 

10. Je suisresté muet, et je n'ai 
pas ouvert ma bouche : parce que 
c'est vous qui /avez fait. 

11.Détournez de moi vos coups. 

19. Par la force de votre main, 
moi j'ai défaili au milieu de 
vos réprimandes : à cause de 
son iniquité, vous avez puni un 
homme. 

Et vous avez fait dessécher son 
âme comme une araignée : en 
vérité, c'est vainement que tout 
homme se trouble. 

13. Exaucez ma prière, Sei- 
gneur, et ma supplication : prétez 
l'oreille à mes larmes. 

Ne gardez pas le silence, parce 
que je suis auprès de vous un 
étranger et un voyageur comme 
tous mes peres. 

14. Donnez-moi quelque relà- 
che, afin que je reprenne des for- 
ces, avant que je m'en aille et 
que je ne sois plus. 


LES PSAUMES. 


1147 


PSAUME XXXIX 
(Hépn., XL). 

Le Psalmiste rend gráces à Dieu des se- 
cours qu'il lui a donnés. Il lui en de- 
mande de nouveaux, et il espère les 
recevoir de sa bonté. Une partie de 
cette belle priére ne trouve son appli- 
cation parfaite que dans le Messie, 
comme saint Paul nous l'apprend dans 
son Epitre aux Hébreux (x, 5-8), et 
comme nous le montre d'ailleurs une 
simple lecture attentive du psaume lui- 
méme. 


1. Pour la fin, psaume par David lui- 
meme. 

2. Attendant, j'ai attendu le 
Seigneur, et il a fait attention à 
moi. 

3. Et il a exaucé mes prieres : 
etil m'a retiré d'un lac de misere, 
et d'un bourbier de fange. 

Et il a établi mes pieds sur une 
pierre, et il a dirigé mes pas. 

4. Et il a mis dans ma bouche 
uu cantique nouveau, un hymne 
delouange en l'honneur de notre 
Dieu. 

Beaucoup /e verront, et crain- 
dront; et ils espéreront dans le 
Seigneur. 


9-14. * La confiance reprend le dessus; David prie, il demande le pardon de ses 
péchés et la cessation de la colére divine, à cause du néant de l'homme et de la 
brièveté de la vie. 

10. C'est vous qui l'avez fuil; c'est vous qui avez permis, en punition de mes péchés, 
que je devinsse l'opprobre de l'insensé. 

13. Prétez l'oreille à mes larmes; c'est-à-dire voyez, regardez, etc. Les Hébreux 
mettaient assez souvent l'un pour l'autre les verbes qui expriment une action des 
sens. 

13b. Parce que je suis, etc. Voy. I Parap., xxix, 15. 

14. Et que je ne sois plus; littér. et je ne serai plus; ce qui est un pur hébraisme. 


1. Par. Voy. le titre du Ps. xv (Hebr. xvi). — * Psaume prophétique : S. Paul, 
Heb., x, 5-10, place dans la bouche de Notre-Seigneur venant dans le monde les 
vers. 7-9. David le composa peut-étre dans les derniers temps de la persécution de 
Saül. Ce psaume est construit trés irrégulièrement, et il a plutôt le caractère d'une 
simple prière que celui d'un poème lyrique. 

2-4. * Chant d'actions de grâces envers Dieu qui a retiré David du bourbier, c'est- 
à-dire du danger. 

2. Altendant, j'ai attendu; c'est-à-dire j'ai attendu avec la plus grande anxiété. En 
hébreu, comme en bien d'autres langues, cette sorte de répétition donne de l'inten- 
516 à l'idée exprimée par le verbe. 


1118 


9. Bienheureux l'homme dont 
le nom du Seigneur est l'espé- 
rance, et qui n'a point porté ses 
regards sur des vanités et des fo- 
lies mensongeres. 

6. Vous avez fait, vous, Sei- 
gneur mon Dieu, beaucoup de 
choses merveilleuses ; et, dans 
vos pensées, il n'y a personne 
qui soit semblable à vous. 


LES PSAUMES. 


[ps. xxxix.] 


7. Vous n'avez pas voulu de sa- 
crifice et d'offrande; mais vous 
m'avez parfaitement disposé les 
oreilles. 

Vous n'avez pas demandé d'ho- 
locauste et de sacrifice pour le 
péché. 

8. Alors, j'ai dit : Me voici, je 
viens. 

En téte d'un livre, il a été écrit 


Jai annoncé et j'ai parlé : 
elles ont été multipliées sans 
nombre. 


Ps. XXXIX. .ד‎ Héb., x, 5 


de moi, | 
9. Que j'accomplisse votre vo- 
lonté (mon Dieu, je l'ai voulu), et 


5-6. * Heureux l'homme qui se confie en Dieu, dont les merveilles sont sans 
nombre! 

6. Et dans vos pensées, etc. Personne n'a des pensées aussi profondes et aussi 
élevées que les vótres. Or, le mot pensées comprend aussi les desseins et les juge- 
ments. — J'ai annoncé, etc.; c'est-à-dire, suivant l'explication de Symmaque et de 
saint Jéróme, lorsque j'ai voulu annoncer ces pensées et en parler, elles se sont 
trouvées en trop grand nombre pour pouvoir être racontées. — Elles ont été mulli- 
pliées (vos pensées); le verbe en latin est au masculin : multiplicati, parce que l'auteur 
de la Vulgate l'a fait concorder, non pas avec le latin cogitationes, qui est du fémi- 
nin. mais avec le grec dialogismoi, qui est du masculin, et dont cogitationes est la 
traduction. Ce genre d'anomalie se trouve encore dans le livre de la Sagesse (1, 1), 
où le neutre Aoc quod concorde, non avec le latin spirilus, qui est du masculin, mais 
avec le grec pneuma, qui signifie aussi esprit, mais qui est du genre neutre. 

1-9. * Comment remercier Dieu de ses bienfaits? Par des sacrifices? Non, par 
l'obéissance. 

1. Vous m'avez parfaitement disposé les oreilles. Le texte hébreu porte : Vous m'avez 
percé les oreilles; ce qui, selon bien des interprètes, serait une allusion à la coutume 
des anciens hébreux, chez lesquels on percait une oreille à l'esclave qui ne voulait 
pas quitter son maître à l'année sabbatique (voy. Exode, xxt, 5-6; Deutér., xv, 11). 
Ce percement de l'oreille était un signe symbolique d'acquiescement et d'obéissance. 
On peut remarquer que la lecon de la Vulgate n'est pas opposée à celle du texte pri- 
mitif, bien qu'elle ne soit pas aussi explicite. Les éditions des Septante, la plupart 
des Péres grecs ou latins et saint Paul lui-méme, appliquant ce texte à Jésus-Christ 
(Hebr., x, 5), porte : Vous m'avez préparé, adapté un corps; ce qui caractérise plus 
expressément le sacrifice de Jésus-Christ. 

8. En téle d'un livre. C'est ainsi qu'on lit dans la Vulgate et les Septante; l'hébreu 
porte dans un rouleau de livre; sens que quelques-uns donnent aussi à la traduction 
des Septante. D'autres, se fondant principalement sur ce que Jésus-Christ dit dans 
saint Luc (xxiv, 25-27, 44) et dans saint Jean (v, 39; vir, 38), expliquent le mot fée 
de la Vulgate et des Septante par somme, totalité des Ecritures. Le Sauveur dit for- 
mellement, en effet, dans saint Jean (v, 39) : « Scrutez les Ecritures..., car ce sont 
elles qui rendent témoignage de moi »; et dans saint Luc (xxiv, 4%) : « 11 fallait que . 
füt accompli tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moise, daus les prophétes et 
dans les psaumes. » 

9. Votre loi étant à l'accusatif dans le grec et dans le lafin, est nécessairement un 
complément du verbe j'accomplirais (facerem), aussi bieu que voire volonté (votun- 
lalem tuam) qui précède. — Qui est ne présente nullement une addition arbitraire; 
c'est une expression qui se sous-entend dans les auteurs sacrés. Ainsi, la traduction 
ordinaire, qui fait des mots votre volonté le sujet d'une phrase nominale, forme un 
vrai contre-sens, 


[rs. xL.] 


votre loi qui est au milieu de mon 
cœur. 

10. J'ai annoncé votre justice 
dans une grande assemblée; voi- 
là que je ne contiendrai pas mes 
lèvres, Seigneur, vous /e savez. 

11. Je n'ai pas caché votre jus- 
tice dans mon cœur; j'ai dit votre 
vérité et votre salut. 

Je n'ai pas caché votre miséri- 
corde et votre vérité à un conseil 
nombreux. 

19. Mais vous, Seigneur, n'é- 
loignez pas de moi vos bontés : 
votre miséricorde et votre vérité 
m'ont toujours soutenu. 

13. Parce que des maux sans 
nombre m'ont environné; mes 
iniquités m'ont investi, et je n'ai 
pu en soutenir la vue. 

Elles se sont multipliées plus 
que les cheveux de ma tête; et 
mon cœur m'a abandonné. 

14. Qu'il vous plaise, Seigneur, 
de me délivrer : Seigneur, voyez 
à me secourir. 

15. Qu'ils sont confondus et 
qu'ils soient couverts de honte 
tous ensemble, ceux qui cher- 
chent mon âme, pour me la ravir. 

Qu'ils soient rejetés en arrière 
et qu'ils soient couverts de honte, 


14, Infra, Lxix, 2. — 15. Supra, xxxiv, 4. 


LES PSAUMES. 


1149 


ceux qui me veulent des maux. 

16. Qu'ils portent promptement 
leur confusion, ceux qui me disent 
par insulte: Triomphe!triomphe! 

17. Qu'ils exultent et tressail- 
lent à votre sujet, tous ceux qui 
vous cherchent; et qu'ils disent 
sans cesse : Que le Seigneur soit 
glorifié! ceux qui aiment votre 
salut. 

18. Pour moi, je suis mendiant 
et pauvre :znaisleSeigneurprend 
soin de moi. 

C'est vous qui étes mon aide et 
mon protecteur : mon Dieu ne 
tardez pas. 


PSAUME XL 
(Hésr., XLI). 

David représente le bonheur de celui qui 
a soin des pauvres. 1] décrit les bontés 
divines à son égard et les perfidies de 
ses ennemis. Il marque clairement la 


trahison de Judas, et montre par là que 
ce psaume regarde Jésus-Christ. 


4. Pour la fin, psaume de David. 


2. Bienheureux celui qui porte 
ses soins sur l'indigent et le pau- 
vre; au jour mauvais, le Seigneur 
le délivrera. 

3. Quele Seigneurle conserve; 
qu'il lui donne vie et le fasse heu- 


10-18. * Le Psalmiste a manifesté à tous les bontés du Seigneur (vers. 10-11), mais 
il a besoin de nouvelles grâces (vers. 12) et il demande : 19 le pardon de ses péchés 
(vers. 13), 2» le triomphe sur ses ennemis (vers. 14-16) et 3» la joie et le salut pour 


lui et pour les justes (vers. 17-18). 


11. Votre vérité; c'est-à-dire votre fidélité à exécuter vos promesses. — Votre salut; 
le salut que vous accordez, qui vient de vous. — À un conseil nombreuz (a consilio 
multe); les Septante lisent rassemblement, réunion, qui a la méme signification que 
conseil; et l'hébreu, assemblée, comme au vers. 10. 

15. Ceux qui cherchent mon âme. Voy. Ps. xxxiv, 4. 


1. * Psaume prophétique, composé pendant la révolte d'Absalom. Le raux ami du 
vers. 10 est Achitophel, 1] Rois, xvi, 23, figure de Judas Iscariote, Jean, xui, 18; xvi, 


19; Act., 1, 16. 


2-4. * Heureux celui qui est compatissant! Dieu ne l'abandonne pas. 
3. À l'âme de ses ennemis; c'est-à-dire à la fureur de ses ennemis. Le mot dme, qui 


1150 
reux sur la terre; et qu'il ne le 
livre point à l'àme de ses enne- 
mis. 

4. Quele Seigneur lui porte se- 
cours sur le lit de sa douleur; 
vous avez retourné toute sa cou- 
che dans son infirmité. 

9. Moi j'ai dit : Seigneur, ayez 
pitié de moi, guérissez mon àme, 
parce que j'ai péché contre vous. 

6. Mes ennemis m'ont dit de 
mauvaises choses : Quand mour- 
ra-t-il, et quand périra son nom? 

7. Et si quelqu'un d'eux entrait 
pour me voir, il tenait de vains 
discours : son cœur s'est amassé 
de l’iniquité. 

Il sortait dehors, et il parlait 

8. De même. 

Contre moi murmuraient tous 
mes ennemis: contre moi ils for- 
maient de mauvais desseins. 

9. Ils ont élevé une parole ini- 
que contre moi : N'est-ce pas que 
celui qui dort ne se relèvera ja- 
mais ? 

10. Car l'homme de ma paix, 


Ps. XL. 10. Actes, 1, 16. 


LES PSAUMES. 


[Ps. xLre) 
en qui j'ai espéré, qui mangeait 
mes pains, ἃ fait éclater sur moi 
sa trahison. 

11. Mais vous, Seigneur, ayez 
pitié de moi et ressuscitez-moi, 
je leur rendrai ce qu'ils méritent. 

12. J'ai connu que vous m'avez 
aimé, en ce que mon ennemi ne 
se réjouira pas à mon sujet. 

13. Pour moi, à cause de mon 
innocence, vous m'avez pris sous 
votre protection, et vous m'avez 
affermi en votre présence pour 
toujours. 

14. Déni le Seigneur Dieu d'is- 
raël, d'un siècle jusqu'à un autre 
siecle ! Ainsi soit-il, ainsi soit-il. 


PSAUME XLI 
(Hénn., XLII). 


David, éloigné de la maison de Dieu par 
les persécutions de ses ennemis, se con- 
sole dans son exil, et par le souvenir 
des miséricordes du Seigneur, et par 
l'espérance de revoir un jour le lieu 
de sa demeure. 


1. Pour la fin, intelligence aux fils de 
Cora. 


se lit aussi dans le texte hébreu, signifie, en effet, fureur, colére, en un mot, toutes 
les mauvaises passions, aussi bien que les bons sentiments, comme étant le siège des 
unes et des autres. Au lieu de : À l’üme, les Septante portent aux mains. 

5-13. * Les ennemis de David souhaitent sa mort; ses amis mémes le trahissent 
(vers. 5-10) ; prière à Dieu pour qu'il le sauve (vers. 11-13). 

6. Mont dit; pour ont dit de moi. Voy. Ps. ur, 2. 

9. Ce verset, trés obscur, est diversement interprété. Pour nous, le sens le plus 
simple et le plus naturel est que David, ayant eu connaissance du projet inique de 
ses ennemis, qui était d'en finir entièrement avec lui en le faisant mourir, rapporte 
leurs propres paroles, qui expriment nettement, en effet, le motif de leur projet 
homicide. — Dormir dans le langage de l'Ecriture signifie souvent ctre mort, 

10. L'homme de ma paix ; avec qui j'étais en paix, mon ami. — Qui mangeait mes 
vains; hébraisme, pour qui mangeail avec moi, à ma table. 

14. * €e verset est une doxologie, qui ne fait pas partie du psaume, mais indique 
la fin du premier livre de la collection des Psaumes. 


1. Aux fils de Coré ; c'est-à-dire psaume donné aux fils de Coré pour être chanté 
par eux dans le temple, ou bien, psaume composé par les descendants de Coré, 
menés en captivité à Babylone. Il y a un certain nombre de psaumes sous leur nom 
dans la suite. — * Les psaumes χα 61 זוא‎ n'en font qu'un, l'un des plus beaux de la 
collection. 


[ps. xux.] 

2. Comme 1e cerf soupire après 
les sources des eaux, ainsi mon 
âme soupire apres vous, ὦ mon 
Dieu. 

3. Mon àme ἃ eu soif du Dieu 
fort, vivant : quand viendrai-je, 
et paraitrai-je devant la face de 
Dieu? 

4. Mes larmes m'ont servi de 
pains le jour et la nuit : pendant 
qu'on me dit tous les jours : Oü 
est ton Dieu ? 

5. Je me suis souvenu de ces 
choses, et j'ai répandu en moi 
mon àme; parce que je passerai 
dans le lieu du tabernacle ad- 
mirable, jusqu'à la maison de 
Dieu; 

Au milieu d'un chant d'exulta- 


LES PSAUMES. 


1151 


lion et de louange, e£ des cris de 
joie de celui qui assiste à un fes- 
tin. 

6. Pourquoi es-tu triste, mon 
âme? Et pourquoi me troubles- 
tu ? 

Espère en Dieu, parce que je le 
louerai encore : il est le salut de 
mon visage, | 

7. Et mon Dieu. 

Mon âme a été toute troublée 
en moi-même; c'est pourquoi je 
me souviendrai de vous dans la 
terre du Jourdain, dans les monts 
Hermon, et sur une petite mon- 
tagne. | 

8. Un abime appelle un autre 
abime, à la voix de vos cata- 
ractes. 


2-5. * L'exilé soupire après la maison de Dieu comme le cerf altéré après une source 
d'eau vive. 

5. J'ai répandu en moi mon âme; j'ai comme rendu l'àme, je suis tombé en défail- 
lance par l'excés de ma douleur. — Parce que je passerai, ete. Avant ces mots, il y a 
évidemment une ellipse, dont le sens doit être : Mais j'ai repris mes forces, dés que 
j'ai pensé que 7e passerai, etc. — Des cris de joie; littér. du bruit, du son, en latin 
soni au génitif, comme un des compléments grammaticaux de voce qui précède. Les 
Septante portent aussile génitif; les anciens psautiers latins et saint Augustin ont 
lu également soni. Ce qui autorise à croire que le mot sonus de la Vulgate est lui- 
méme au génitif; car il ne faut pas oublier que les Latins ont employé sonus à la 
quatrième déclinaison. — Qui assiste à un festin. On faisait, dans les solennités reli- 
gieuses, des festins; la loi méme en commandait quelques-uns. Voy. Deuléron., 
RO MU M2 48 χνϊ, 4A Tete. 

6, 12. Le salut de mon visage; c'est-à-dire de ma personne, mon salut. Le mot hé- 
breu, traduit dans les Septante et dans la Vulgate par visage, signifie aussi personne, 
"ndividu. 

6. * Refrain. 

1-11. * Plainte à Dieu. 

T. Les monts Hermon. On dit dans la Vulgate Hermoniim, mot hébreu, dont la forme 
grammaticale représente un pluriel masculin, qui signifie à la lettre, les Hermon; 
c'est-à-dire les montagnes d'Hermon. — Une petite montagne. On ne sait pas quelle 
est cette petite montagne. — * Cette description locale montre que celui des enfants 
de Coré qui a composé ce psaume était alors exilé au delà du Jourdain; elle peut 
convenir à un des compagnons d'exil de David, fuyant devant Absalom à l'est du 
fleuve. — La terre du Jourdain désigne les bords du Jourdain et plus précisément le 
pays à l'est du Jourdain (Celui qui écrit ce petit poème n'était donc pas exilé à Ba- 
bylone). David s'était réfugié avec sa suite à Mahanaim (les camps), II Rois, טא‎ 24. 
De là, on apercoit la chaine de l'Hermon. — Une petile montagne, en hébreu Misar. 
C'est probablement le nom propre de la montagne, mais il est impossible aujourd'hui 
de l'identifier. 

— 8. A la voiz; au bruit. — De vos cataractes; des cataractes du ciel, que vous ouvrez 
pour faire tomber sur nous un déluge de maux, comme vous les ouvrites pour inonder 
la terre comme au temps de Noé (Voy. Genèse, viu, 11). Dans le style de l'Ecriture, 


1102 


Tout ce que vous envoyez d'en 
haut, et vos flots ont passé sur 
moi. 

9. Pendant le jour, le Seigneur 
a commandé à sa miséricorde de 
m'environner. Et pendant la nuit, 
un cantique à sa louange « été 
dans ma bouche. 

Je ferai une prière au Dieu de 
ma vie. 

10. Je dirai à Dieu : Vous êtes 
mon soutien. 

Pourquoi m'avez-vous oublié ? 
et pourquoi faut-il que je marche 
tout contristé, tandis qu'un en- 
nemi m'afflige ? 

11. Tandis qu'on brise mes 
os, mes ennemis, qui me tour- 
mentent, m'aecablent de repro- 
ches, 

En me disant tous les jours: 
Oü est ton Dieu? 

12. Pourquoi es-tu triste, mon 
âme? Et pourquoi me troubles- 
tu ? 

Espere en Dieu, parce que 
je le louerai encore : il est le 
salut de mon visage, et mon 
Dieu. 


LES PSAUMES 


[rs. xnar.] 


PSAUME XLII 
(Hésr., XLIII). 


Dans le psaume précédent, David de- 
mande au Seigneur la gráce de revoir 
son tabernacle. Dans celui-ci, il le re- 
mercie d'en avoir approché. Il s'excite 
à espérer en Dieu et à le louer. 


4. Psaume de David. 


Jugez-moi, Seigneur, et distin- 
guez ma cause de celle d'une na- 
tion non sainte; arrachez-moi à 
un homme inique et trompeur. 

2. Parce que vous étes, ó Dieu, 
ma force : pourquoi m'avez-vous 
repoussé? 

3. Envoyez votre lumière et 
votre vérité : elles m'ont con- 
duit et m'ont amené à votre mon- 
tagne sainte et dans vos taber- 
nacles. 

4. Et je viendrai jusqu à l'autel 
de Dieu; jusqu'au Dieu qui réjouit 
ma jeunesse. 

Je vous louerai sur la harpe, 
Dieu, mon Dieu. 

9. Pourquoi es-tu triste, mon 
âme? etpourquoi me troubles-tu? 

Espère en Dieu, parce que je le 


les grandes eaux signifient ordinairement de grandes calamités. — Tout ce que vous 
envoyez d'en haul; littér. Toutes vos choses élevées (omnia excelsa tua); ce sont les 
pluies, les tempétes, les foudres. 

9. Pendant le jour, etc. Cette phrase étant inachevée dans l'hébreu et le grec, aussi 
bien que dans la Vulgate, nous avons cru devoir la compléter par les propres paroles 
du Psalmiste (Ps. xxxr, 10). — Et la nuit, son cantique. Ces mots, qui terminent le 
verset dans la Vulgate, sont suivis, dans l'hébreu et dans les Septante, de avec moi, 
dans moi. Quant à notre addition complémentaire 6 élé dans ma bouche, elle est 
empruntée du psaume xxxix, 4. — Dieu de ma vie; c'est-à-dire protecteur de ma vie. 
Voy. Ps. xxvi, 4. 

12. * Refrain. 


1-5.* Le psaume χα est récité tous les jours au pied de l'autel par le prêtre qui va 
offrir le saint sacrifice. Par les hésitations qu'il exprime, avec ses alternatives de 
trouble et de confiance, il est admirablement propre à exprimer les sentiments qui 
remplissent le cœur du ministre de Dieu à ce moment solennel. 

1-4. * Prière pour que Dieu délivre le Psalmiste de ses ennemis et lui fasse voir la 
demeure du Seigneur. 

3. Votre vérité; l'exécution fidèle de vos promesses. 

9. Le salut de mon visage. Voy. Ps. xut, 6. — * Refrain. 


fes. xrur.] 


louerai encore : il est le salut de 
mon visage, et mon Dieu. 


PSAUME XLIII 
(HéBn., XLIV). 

Le Psalmiste expose d'abord les grandes 
merveilles que Dieu fit autrefois en fa- 
veur de son peuple; il se plaint ensuite 
des maux oü il est réduit. Il espére une 
meilleure condition et demande ins- 
tamment sa délivrance. 


1. Pour la fin, aux fils de Coré pour 
l'intelligence. 

2. 0 Dieu, nous avons entendu 
de nos oreilles; nos peres nous 
ont annoncé 

L'euvre que vous avez opéré 
dans leurs jours et dans des jours 
anciens. 

3. Votre main a détruit entiere- 
ment des nations et établi nos 
pères; vous avez affligé des 
peuples et vous les avez chassés. 

4. Car ce n'est point par leur 
glaive qu'ils se sont mis en pos- 
session d'une terre, et ce n'est 
point leur bras qui les a sauvés : 

Mais votre droite, et votre bras, 
et la lumiere de votre visage, 
parce que vous vous étes complu 
en eux. 


LES PSAUMES. 


1153 


9. C'est vous qui étes mon roi 
et mon Dieu : c'est vous qui dé- 
crétez les victoires de Jacob. 

6. Avec vous, nous dissipe- 
rons nos ennemis par la force; 
et en votre nom, nous mépri- 
serons ceux qui s'élèvent contre 
nous. 

1. Car ce n'est pas en mou arc 
que j'espérerai : et mon glaive 
ne me sauvera pas. 

8. Car vous nous avez sauvés 
de ceux qui nous affligeaient, et 
vousavezconfondu ceux qui nous 
haissaient. 

9. C'est en Dieu que nous nous 
glorifierons tout le jour; et c’est 
votre nom que nous célébrerons 
à jamais. 

10. Mais maintenant vous nous 
avez repoussés, et confondus ; et 
vous ne sortirez pas à la téte de 
nos armées. 

11. Vous nous avez fait tourner 
le dos à nos ennemis, et ceux qui 
nous haissent arrachaient nos 
dépouilles. 

12. Vous nous avez livrés com- 
me des brebis que l'on mange, et 
vous nous avez dispersés parmi 
les nations. 


וו 


1. Aux fils de 0076. Voy. le titre du Ps. xu (Hébr., xu). — * Ce psaume parait 
avoir été composé pendant la guerre contre les Syriens et les Ammonites, II Rois, 


virr, 13; cf. 111 Rois, xr, 15. 


2-9. * 19 Dieu, vous nous avez aidés dans la personne de nos péres (vers. 2-4); 
2° vous devez nous aider nous-mêmes (vers. 5-9). 


2. L'euvre, etc.; c'est-à-dire les prodiges opérés en Egypte, à la mer Rouge et dans 


le désert. 


3. Des nations; entre autres, les Chananéens, qui, chassés de leur pays, ont été 


remplacés par les Hébreux. 


4. Ce n'est point par leur glaive que les Hébreux ont conquis la terre de Chanaan, etc. 


Voyez, en effet, Josué, 11, 9; xxiv, 19, 


9. Les victoires; littér. les saluts, les délivrances, mot qui, en hébreu, se prend pour 
les victoires remportées par un secours extraordinaire de Dieu. 


10-26. * 1» Quoique Dieu doive aider son peuple, il ne l'a point secouru 


(vers. 10- 


11) 2° quoique aucune faute ne le rende indigne de sa protection (vers. 48-22); 


3? qu'il vienne donc le sauver (vers. 23-26). 


10. Armées; littér. vertus. Voy. Ps. xxu, 10, 


AUT 


79 


41155 


13. Vous avez vendu votre 
peuple pour rien; et il n'y a pas 
eu une multitude d'acheteurs à 
leurs ventes. 

14. Vous nous avez rendu un 
sujet d'opprobre à nos voisins, 
un objet d'insulte et de dérision 
à ceux qui sont autour de nous. 

15. Vous nous avez fait la fable 
des nations et le secouement de 
téte des peuples. 

16. Tout le jour ma honte est 
devant moi, etla confusion de ma 
face m'a couvert entierement, 

11. A la voix de celui qui m'a- 
dresse des reproches et qui m'in- 
vective, à la face de mon ennemi 
et de celui qui me persécute. 

18. Tous ces maux sont venus 
surnousetnousne vous avons pas 
oublié, et nous n'avons pas ini- 
quementagi contre votre alliance. 

19. Et notre cœur ne s'est pas 
retiré en arriere; et vous avez dé- 

tourné nos sentiers de votre voie. 

20. Parce que vous nous avez 
humiliés dans un lieu d'affliction, 
l'ombre de la mort nous a enve- 
loppés. 

91. Si nous avons oublié le nom 
de notre Dieu, et si nous avons 


Ps. XLIII. 22. Rom., vri, 36. 


LES PSAUMES. 


[ps. χταν. 


étendu nos mains vers un Dieu 
étranger; 

22. Est-ce que Dieu ne s'en en- 
querra pas? Caril connait, lui, les 
choses cachées du cœur. 

Puisque, à cause de vous, nous 
sommes mis à mort tout le jour; 
nous sommes regardés comme 
des brebis de tuerie. 

23. Levez-vous, pourquoi dor- 
mez-vous, Seigneur? Levez-vous, 
et ne nous rejetez pas pour tou- 
jours. 

24. Pourquoi détournez-vous 
votre face, oubliez-vous notre 
misere et notre tribulation ? 

95. Car notre âme est humiliée 
dans la poussière, et notre ventre 
est collé à la terre. 

26. Levez-vous, Seigneur, se- 
courez-nous, ef racheiez-nous à 
cause de votre nom. 


PSAUME XLIV 
(Hésn., XLV). 


Ce psaume est comme l'épithalame du 
mariage de Jésus-Christ et de l'Eglise. 
Le Psalmiste chante leurs louanges et 
reléve leur bonheur. 


1. Pour la fin, pour ceux qui seront 
changés, aux fiis de Coré, pour l'intelli- 
gence, Cantique pour le bien-aïmé. 


13. Vous avez vendu, etc. Vous vous étes défait de nous, comme de vils et d'inutiles 
esclaves, à Ja première mise, sans attendre qu'on enchérit. 

19. Et vous avez détourné, etc. La plupart des interprètes, entre autres Symmaque 
et saint Jéróme, répétent dans cette seconde partie du verset la négative qui est dans 
la premiére; de sorte que le sens est: Vous n'avez pas permis que nous suivions des 
sentiers opposés à la voie que vous nous aviez tracée. [1] est certain que ce genre 
d'ellipse n'est pas rare dans les écrivains sacrés. 

22. Puisque à cause de vous, etc. Saint Paul, dans son Epitre aux Romains (vin, 36), 
fait l'application de ce passage aux persécutious auxquelles les premiers chrétiens 
étaient en butte. 


1. * Le titre hébreu porte : « Au chef de chœur. Sur (l'air) des lis ou (suc un ins- 
trument en forme de lis). Des enfants de Coré. Poème didactique; (chant) d'amour » 
— Ce psaume est appliqué par beaucoup de commentateurs au mariage de Salomon 
avec la fille du pharaon. On peut le regarder pius justement come un chant pure- 
ment prophétique, qui, comme le Cantique des cantiques, célèbre l'union de Notre 


fes. xuv.] 


9. Mon cœur a produit une 
bonne parole; c'est moi qui 
adresse mes ouvrages au roi. 

Ma langue est une plume d'é- 
crivain qui écrit rapidement. 

3. Vous étes plus brillant de 
beauté que les enfants des hom- 
mes, la grâce est répandue sur 
vos lèvres ; c'est pourquoi le Sei- 
gneur vous a béni pour l'éternité. 

4. Geignez votre glaive sur 
votre cuisse, 70? très puissant. 

5. Dans votre dignité et votre 
beauté, tendez votre arc, marchez 
avec succès et régnez 

Pour la vérité, la douceur et la 
justice; et votre droite vous con- 


LES PSAUMES. 


1155 


6. Vos flèches sont acérées, 
des peuples tomberont à vos 
pieds; e//es pénétreront dans les 
cœurs des ennemis du roi. 

7. Votretróne,óDieu, swbsistera 
dans les siecles des siecles; c'est 
un sceptre d'équité que le sceptre 
de votre regne. 

8. Vous avez aimé la justice et 
hai l'iniquité : c'est pour cela que 
Dieu, votre Dieu, vous a plus ex- 
cellemment oint d'une huile de 
joie que ceux qui participent à 
l'onction avec vous. 

9. La myrrhe, l'aloes et la can- 
nelle s'exhalent de vos vétements 
et de vos maisons d'ivoire ; dont 


duira admirablement. 
Ps. XLIV. .ד‎ Hébr., 1, 8. 


vous ont fait présent 


Seigneur avec son Église. Il est certainement messianique. Hebr.,1, 8-9 et Ps. xuiv, 1; 
Is., 1x, 6-7 et Ps. בוזא‎ 5, 12, Le Targumiste paraphrase ainsi le vers. 3 : « Ta beauté, 
ὃ roi Messie, est supérieure à celle des enfants des hommes. » 

2-3. * Exorde : enthousiasme du prophète produit par l'excellence du sujet qui l'ins- 
pire : la beauté du roi Messie. 

3. La grâce est répandue, etc. Saint Luc dit dans son Evangile (rv, 22) que tous ad- 
miraient les paroles de gràce qui sortaient de la bouche de Jésus-Christ. — C'est 
pourquoi le Seigneur vous a béni, etc. Jésus-Christ dans son humanité a été comblé 
de bénédictions et de grâces; et la première qu'il a reçue, qui est celle de sa prédes- 
tination à la gloire d'étre uni hypostatiquement à la divinité, il l'a recue gratuite- 
ment, c'est-à-dire indépendamment de tout mérite de sa part et par la pure faveur 
de Dieu; mais il ἃ recu les autres gràces, et la gloire infinie dont il jouit dans le 
ciel, en considération de ses mérites personnels, et pour récompense de ses humilia- 
tions, de son obéissance, de sa passion et de sa mort. 

4-5. * Le roi Messie, prodige de beauté, est aussi un héros, un prodige de force. 
Le Psalmiste le dépeint comme l'ayant sous les yeux. 

6-8. * Ce héros est Dieu, un dominateur divin. 

7. Saint Paul (Hébreux, 1, 8) applique ce verset à Jésus-Christ, à qui, seul, en effet, 
il est applicable. 


8. Qui participent, etc.; c'est-à-dire les autres rois. L'onction que Jésus-Christ a 


recue est bien supérieure à celle de tous les rois ordinaires, puisque c'est Dieu qui 
l'a oint de l'Esprit Saint et de sa vertu, selon le témoignage de lapótre saint Pierre 
(Actes, x, 38) et celui du Sauveur lui-même, qui s'est appliqué (Luc, iv, 18), ces 
paroles du prophète Isaie : « L'esprit du Seigneur est sur moi; c'est pourquoi il m'a 
consacré par son onction (Lxt, 1). » 

9-10. * Aprés avoir dépeint le Messie, époux de l'Eglise, le Psalmiste nous dépeint 
l'Eglise, épouse du Messie : elle est brillante de l'or d'Ophir, etc. 

9. Maison d'ivoire. Ce sont, selon les uns, de petits coffres d'ivoire, faits en forme 
de maisons, et dans lesquels on conservait les habits avec des odeurs et des herbes 
odoriférantes; selon les autres, des palais incrustés ou couverts d'ivoire, comme 
porte 16 chaldéen, et comme était apparemment celui d'Achab, roi d'Israél, lequel 
est nommé dans l'Ecriture (III. Rois, xxit, 39) maison d'ivoire. L'hébreu lit, en effet, 
palais d'ivoire; les Septante, bareis, mot d'origine égyptienne, et propre à la Pales- 


1156 

10. Des filles de rois, pour vous 
honorer. 

La reine s'est tenue debout à 
votre droite, dans un vêtement 
d'or, couverte de vétements va- 
riés. 

11. Ecoutez, ma fille, voyez et 
inclinez votre oreille : oubliez 
votre peuple, et la maison de vo- 
ire pere. 

19. Et le roi sera épris de sa 
beauté; parce qu'il est le Sei- 
gneur votre Dieu, et on l'ado- 
rera. 

13. Et les filles de Tyr viendront 
avec des présents : tous les riches 
du peuple imploreront votre vi- 
sage. 

14. Toute la gloire de la fille du 
roi est au dedans, avec des fran- 
ges d'or 

15. Elle est toute couverte d'or- 


LES PSAUMES. 


(rs. xLv.] 


roi apres elle : ses plus proches 
vous seront présentées. 

16. Elles seront présentées au 
milieu de l'allégresse et de l'exul- 
tation, elles seront conduites 
dans le temple du roi. 

17. Au lieu de vos pères, des 
fils vous sont nés : vous les éta- 
blirez princes sur toute la terre. 

18. Ils se souviendront de votre 
nom dans toute la suite des gé- 
nérations. 

C'est pour cela que des peuples 
vous loueront éternellement, et 
dans les siècles des siècles. 


PSAUME XLV 
(Hisr., XLVI). 


Le Psalmiste loue Dieu des avantages 
qu'il a fait remporter à son peuple. Il 
représente ensuite le bonheur qu'il a 
d'étre sous sa sainte protection. 


nements variés. 


Σ \ 1. Pour la fin, aux fils de Coré, pour 
Des vierges seront amenées au 


les secrets, psaume. 


tine pour exprimer des tours ou des maisons bâties en forme de tours et fermées de 
tous côtés. — Dont vous ont fait présent; littér. dont vous ont délecté, etc., s'accorde 
mieux avec la première interprétation de maisons d'ivoire. — * « La myrrhe est la 
résine du Balsamodendron myrrha, qui croit principalement en Arabie et en Abyssi- 
nie; elle ne sert dans la parfumerie moderne qu'à la composition des dentifrices. » 
(E. RiuuEL.) — L'aloës. > 11 ne faut pas confondre l'aloós employé en médecine avec 
celui dont parle la Bible. Ce dernier est l'Aloexylum agallochum, arbuste fort abon- 
dant dans tout l'Orient, et dont le bois trés aromatique forme le principal ingrédient 
des bâtons odorants que les Chinois et les Indiens brülent dans leurs temples. » (Ip.) 

11-13. * Discours à la reine, afin qu'elle se donne tout entière au Messie. 

13. Votre visage. Voy. Ps. xui, 6. — * Tyr, capitale de la Phénicie, célèbre par son 
commerce et ses richesses. 

14-16. * Description de la beauté de la reine ou de l'Eglise. 

16. Le temple du voi; c'est-à-dire son palais. 

11-18. * Propagation et gloire de l'Eglise. 

17. Au vers. 11, les amies de l'épouse l'ont exhortée à oublier son peuple et son 
pére; ici elles lui disent que pour un pére et une mére qu'elle quittait, elle se ver- 
rait bientôt mère de fils qui seraient des princes régnant sur toute la terre. — Vous 
sont nés. Ainsi portent les Septante et la Vulgate; mais l'hébreu met le futur, ce qui 
est plus conforme au contexte. 

18. Dans toute la suite; littér. Dans toute génération et génération. Voy. sur ce genre 
de répétition et sur l'accusatif generationem de la Vulgate au lieu de l'ablatif, p. 342. 


1. * Le titre hébreu porte : « Au chef de chœur, Des enfants de Coré. 41 
(avec voix de soprano, d'aprés un grand nombre). » Ce psaume a été probablement 
composé à l’occasion de la guerre des Moabites, des Ammonites et des Iduméens, 
du temps de Josaphat, II Par., xx. 


[Ps. xLvi.| 


9. Dieu est notre refuge et notre 
force , notre aide dans les tribula- 
tions qui nous ont assaillis trés 
violemment. 

3. C'est pour cela que nous ne 
craindrons pas, tandis quela terre 
serabouleversée, et que des mon- 
tagnes seront transportées au 
cœur des mers. 

4. Leurs flots ont mugi et ont 
été agités : les montagnes ont été 
ébranlées par la puissance de 
Dieu. 

5. Le cours d'un fleuve abon- 
dant réjouit la cité de Dieu; le 
Très-Haut y a sanctifié son taber- 
nacle. 

6. Dieu est au milieu de cette 
cité, elle ne sera pas ébranlée : 
Dieu la protégera dès le matin, 
au lever de l'aurore. 

1. Des nations ont été troublées 
et des royaumes ont chancelé : 
il a fait entendre sa voix, et la 
terre a été ébranlée. 

8. Le Seigneur des armées est 


LES PSAUMES. 


1157 


avec nous : le Dieu de Jacob est 
notre soutien. 

9. Venez, et voyez les œuvres 
du Seigneur, vrais prodiges qu'il 
a opérés sur la terre, 

10. En faisant cesser les guerres 
jusqu'à l'extrémité de la terre. 

Il brisera l'arc, mettrales armes 
en pièces; et les boucliers, il les 
brülera dans le feu. 

11. Tenez-vous en repos, et 
voyez que c'est inoi qui suis Dieu; 
je serai exalté parmi les nations; 
et je serai exalté par toute laterre. 

12. Le Seigneur des armées est 
avec nous : notre soutien est le 
Dieu de Jacob. 


PSAUME XLVI 
(Hésr., XLVII). 


Ce psaume convient à Jésus-Christ mon- 
tant au ciel et régnant dans son Eglise. 
Le Psalmiste exhorte toutes les nations 
à le louer à la vue de sa grandeur et 
de sa puissance. 


1. Pour (a fin, pour les fils de Coré, 
psaume. 


2-4. * Dieu est notre secours, au milieu des tempétes et des dangers. 


3. Mers; pluriel qui se trouve dans l'hébreu et les Septante, et que la Vulgate 
elle-même suppose, quoiqu'elle mette le singulier (maris), puisqu'elle porte au verset 
suivant leurs flots au lieu de ses flots. 

4. La, puissance de Dieu; littér. Sa puissance. Si ce pronom sa est amphibologique 
dans la Vulgate, qui, au vers. précédent, met le mot mer au singulier, il ne l'est nul- 
lement dans l'hébreu et le grec, où il ne peut se rapporter qu'à Dieu, exprimé au 
4er vers. 

5-1. * Jérusalem est inébranlable, parce que Dieu la protège. 

5. Le cours d'un fleuve abondant. Le Psalmiste fait probablement allusion à la fon- 
taine de Siloé. L'historien Josèphe, qui en parle souvent, dit entre autres choses 
(De Bello Jud., 1. V, c. xxvi), que lorsque Nabuchodonosor assiégea Jérusalem, les 
eaux de cette fontaine augmentérent considérablement; et que la méme chose arriva 
pendant que Tite fit le siège de cette ville; de telle sorte que durant le siège elle en 
fournissait à l'armée romaine et qu'il en restait encore pour arroser les jardins, 


tandis qu'auparavant on en pouvait avoir à peine, méme avec de l'argent. — La 
cilé de Dieu; Jérusalem. — Y a sanctifié; c'est-à-dire érigé et consacré. 
8. * Refrain. 


9-11. * Dieu détruit tous les ennemis de Jérusalem. 
12. * Refrain. 


1. * Plusieurs critiques voient dans ce psaume un chant de triomphe, entonné 
après une victoire, au moment où l'on ramène l'arche sur le mont Sion; la tradition 
chrétienne l'applique généralement à l'Ascension de Notre-Seigneur. 


1158 

9. Nations, battez toutes des 
mains : poussez des cris de joie 
vers Dieu, avec une voix d'exul- 
tation, 

3. Parce que le Seigneur est 
ires élevé et terrible : c'est un 
grand roi sur toute la terre. 

4. ll nous a assujetti des peu- 
ples, et ὦ mis des nations sous 
nos pieds. 

5. Il a choisi en nous son héri- 
tage, la beauté de Jacob qu'il a 
aimée. 

, 6. Dieu est monté au milieu des 
acclamations de joie, et le Sei- 
gneur au son dela trompette. 

7. Chantez notre Dieu, chantez : 
chantez notre Roi, chantez. 

8. Parce que le roi de toute la 
terre est Dieu : chantez avec sa- 
gesse. 

9. Dieu régnera sur les nations : 
Dieu est assis sur son trône saint. 


Ps. XLVI. 6. II Rois, vi, 15. 


LES PSAUMES. 


[Ps. xLvn.] 


10. Des princes de peuples se 
sont réunis au Dieu d'Abraham; 
parce que les dieux puissants de 
la terre ont été extraordinaire- 
ment élevés. 


PSAUME XLVII 

(Hésr., XLVIII). 
Le sujet principal de ce psaume est l'E- 
glise figurée par Jérusalem. Le Psal- 
miste y décrit la vanité des efforts que 
ses ennemis ont faits contre elle, et le 


bonheur qu'elle a d'étre toujours la de- 
meure de Dieu. 


1. Psaume du cantique aux fils de Coré 
pour le second jour de la semaine. 

2. Le Seigneur est grand et 
tres digne de louange, dans la 
cité de notre Dieu, et sur sa mon- 
tagne sainte. 

3. La montagne de Sion est 
fondée à l'exultation de toute la 
terre ; du cóté de l'aquilon est la 
cité du grand Roi. 


2-5. * Acclamation à Dieu (vers. 2-3), 


parce qu'il donne les peuples à Jacob 


= 4-5). 
. Il a choisi en nous, etc.; c'est-à-dire il nous à choisis parmi toutes les nations 
bes étre son peuple. — La beauté ou la gloire de Jacob, désigne dans plus d'un 


endroit de l'Ecriture le temple du Seigneur. Ainsi, cette seconde partie du verset 
veut dire : Le Seigneur a choisi aussi pour sa demeure le temple, dont Jacob, c'est-à- 
dire le peuple d'Israël, a droit de se glorifier; et 7 l’a aimé, puisqu'il l'a préféré à 
toutes les autres demeures. 

6-10. * Dieu s'élève. Qu'on chante sa gloire (vers. 6-7), parce qu'il est le roi de 
toute la terre (vers. 8-10). 

6. Dans la première partie de ce vers.,les Pères reconnaissent l'Ascension de Jésus- 
Christ. Quant à la seconde, elle est applicable à son dernier avénement, selon ce 
que dit saint Paul, que Jésus-Christ descendra du ciel au son de la trompette de 
Dieu (I Thessalon., 1v, 15). 

10. * Les dieux puissants de la terre, les princes de ce monde. Le texte hébreu 
porte : À Dieu (appartiennent) Les puissants de la. terre; il (Dieu) est eztraordinaire- 
ment élevé. 


1. * Chant de victoire à vens de la délivrance de Jérusalem. Composé proba- 
blement à l'occasion de la délivrance de Jérusalem, assiégée par Phacée, roi d'Israel, 
et Rasin, roi de Syrie, Is., vu, 1; IV Rois, xvi, 4. 

2-3. * Gloire au Seigneur, à cause de la beauté de sa cité sainte! 

2, * La cité de notre Dieu, Jérusalem. — Sa montagne sainte, Sion. 

3.* Le texte hébreu doit se traduire : « La montagne de Sion est belle par son 
élévation; elle est la joie de toute laterre. » — Du côté de l'aquilon, c'est-à- dire sur le 
mont Moria, au nord-est du mont Sion, est la cité du grand roi; c'est là que fut bâti 
le temple du vrai Dieu. 


(rs. xL vii. ] 


4. Dieu sera connu dans ses 
maisons, quand il en prendra la 
défense. 

5. Car voilà que les rois de la 
terre se sont réunis et sont venus 
ensemble. 

6. L'ayant vu eux-mêmes, ils 
ont été étonnés, ils ont été trou- 
blés, ils ont été fort émus : 

7. Un tremblement les a saisis. 

Là ils ont. ressenti comme les 
douleurs d'une femme qui en- 
fante : 

8. Aznsi par un vent impétueux, 
vous briserez les vaisseaux de 
Tharsis. 

9. Ce que nous avions appris, 
nous l'avons vu dans la cité du 
Seigneur des armées, dans la cité 
de notre Dieu : Dieu l'a fondée 
pour l'éternité. 

10. Nous avons recu, ὁ Dieu, 
votre miséricorde, au milieu de 
votre temple. 

11. Comme votre nom, ὃ Dieu, 
ainsi votre louange s'étend jus- 
qu'aux extrémités de la terre : 
votre droite est pleine de justice. 


LES PSAUMES. 


1159 

19. Que la montagne de Sion se 
réjouisse, et que les filles de Juda 
tressaillent d'allégresse, à cause 
de vos jugements, Seigneur. 

13. Environnez Sion et em- 
brassez-la : racontez éoutes ces 
choses dans ses tours. 

14. Portez votre attention sur 
sa force : faites le dénombrement 
de ses maisons, afin que vous le 
racontiez à une autre génération. 

15. Parce que c'est lui qui est 
Dieu, notre Dieu pour l'éternité 
et pour les siecles des siecles : 
lui-même qui nous gouvernera 
dans les siecles. 


PSAUME XLVIII 
(H&pn., XLIX). 


Le Psalmiste prouve linutilité des ri- 
chesses, en montrant qu'elles ne peu- 
vent ni conserver la vie à celui qui les 
possède, ni les donner à un autre. Il 
fait voir ensuite que la mort est iné- 
vitable, qu'elle rend tous les hommes 
égaux, et que les méchants se rendent 
semblables aux bétes. 


1. Pour la fin, aux fils de Coré, 


psaume. 


4-8. * Tableau de la défaite de l'armée ennemie, dispersée soudain comme une 


flotte par la tempête. 


4. Quand il prendra la défense; c'est-à-dire la défense de Sion, nommée dans le 


vers. précédent. 
1. Là ; en présense de Sion. 


8. Les vaisseaux de Tharsis; expression'qui signifie des vaisseaux de long cours en 


général, de fort grands vaisseaux. 


9-10. E Comparaison des événements récents avec les miracles anciens. 

9. Ce que nous avions appris, etc. Nous avons vu par expérience la vérité de ce 
que nos pères nous avaient dit tant de fois, que le temple du Seigneur subsisterait 
toujours, et qu'ille rendrait inébranlable et imprenable par la vertu de sa présence. 
— Le Seigneur des armées. Voyez Ps. xxu, 10. 


11-12. * Action de gráces. 


12. Les filles de Juda, peuvent désigner Les villes de Juda; parce que les Hébreux 
avaient coutume d'appeler filles du pays les villes dépendantes de la capitale. 
13-15. * Description de la force de Jérusalem dont Dieu est le vrai Dieu. 


13. Environnez Sion, etc.; 


suivant l'hébreu : Faites le tour de Sion, et visitez-la de 


toutes parts; comptez ses tours. C'est une apostrophe par laquelle le Psai:niste dit au 


peuple assemblé pour la solennité de la dédicace du temple 


: Comparez l’état présent 


de Sion à celui des temps antérieurs. Faites le tour du temple, etc. 


1. * Ce psaume commence par une sorte de préambule vers. 2-5, et comprend 


160 
9. Ecoutez ces choses, vous 

toutes, nations : prétez l'oreille, 

vous qui habitez l'univers; 

| 9. Vous tous, fils de la terre, 

'et fils des hommes, ensemble 

et de concert, riche et pauvre. 

4. Ma bouche pariera sagesse, 
et la méditation de mon cœur, 
prudence. 

: 5. J'inclinerai mon oreille à une 
parabole, et je révélerai sur le 
psaltérion mon sujet. 

6. Pourquoi craindrai-je au 
jour mauvais? Je craindrai si Yi- 
niquité de ma voie m'environne. 

7. Qu'ils craignent ceux qui se 
confient dans leur puissance, et 
se glorifient dans l'abondance de 
leurs richesses. 

8. Un frère ne rachète pas son 
frère : un homme éfranger le ra- 
chetera-t-il? i1 ne donnera pas à 
Dieu de quoi l'apaiser pour lui- 
méme, 

9. Ni le prix du rachat de son 


LES PSAUMES. 


[Ps. xLvir.] 
âme : et il travaillera éternelle- 
ment. 

10. Et il vivra encore jusqu'à 
la fin. 

11. Il ne verra pas la mort, lors- 
quil aura vu les sages mourir : 
l'insensé etle fou périront égale- 
ment. . 

Et ils laisseront à des étran- 
cers leurs richesses. 

12. Et leurs sépuleres seront 
leurs maisons pour toujours. 

Et leurs tabernacles dans cha- 
que génération; quoiqu'ils aient 
donné leurs noms à leurs terres. 

13. Et l'homme, lorsqu'il était 
était en honneur, ne l'a pas com- 
pris: il a été comparé aux ani- 
maux sans raison, et il est devenu 
semblable à eux. 

14. Gette voie qu'ils suivent est 
une pierre d'achoppement pour 
eux-mémes, et néanmoins dans 
la suite ils se complairont dans 
leurs discours. 


Ps. XLVIII. 5. Ps. Lxxvu, 2; Matt., xi, 35. 


deux strophes égales, 6-12, et 14-20, terminées chacune par un refrain, 13, 21. — 
C'est un de ceux qui contiennent des passages explicites sur la croyance à une autre 
vie. 11 rappelle les Proverbes, surtout dans son introduction. 

3. Vous tous. Devant ces mots, est sous-entendu Ecoutez ces choses, du vers. pré- 
cédent. — Fils de la lerre, etc.; c'est-à-dire nés dans une basse ou noble condition. 

5. J'inclinerai, etc. Je serai attentif à ce que l'Esprit divin me suggérera, et je ferai 
connaitre, au son d'un psaltérion, le sujet de mon chant, lequel m'aura été inspiré. 

6. Je craindrai, nous a paru le complément le plus simple et le plus naturel de 
l'ellipse qui se trouve dans l'hébreu et les Septante, aussi bien que dans la Vulgate. 
— L'iniquilé de ma voie; littér. de mon talon; c'est-à-dire de mes pas, de ma marche ; 
au figuré, de ma conduite. Ainsi, le sens est : Je n'aurai à craindre que si je marche 
dans une mauvaise voie. 

1. Qu ils craignent. Voy. la note précédente. 

9-11. Ges versets, en partie si obscurs et par là même si diversement interprétés, 
s'expliqueraient assez bien, ce-semble, si on supposait simplement une iuterrogation 
dans le texte, de cette maniére : L'homme, pendant sa vie, sera toujours livré au. 
travail et à la peine; mais vivra-t-il éternellement? Ne verra-t-il pas la mort pour 
lui-même, quand il verra les sages mourir? 

19. Pour toujours (in æternum); c'est-à-dire jusqu'à la fin du monde. — Taber- 
nacles; demeures, habitations. — Chaque génération; littér. génération et génération. 
Voy. p. 341. — Quoiqu'ils aient donné, etc.; pour se rendre célèbres, immortels. 

14. Leurs discours; littér. leur bouche. Par un genre de métonymie trés usité en 
hébreu, le mot bouche signifie aussi parole, discours, qui sort de la bouche. 


fps. xuix.] 

15. Comme des brebis, ils ont 
été parqués dans l'enfer : c'est la 
mort qui les paitra. 

Et les justes domineront sur 
eux dés le matin : et leur appui 
seradétruit dans l'enferaprés leur 
gloire. 

16. Mais cependant Dieu rachè- 
tera mon àme de la main de l'en- 
fer, quand il m'aura pris sous sa 
protection. 

17. Ne craignez pas lorsqu'un 
homme sera devenu riche, et que 
la gloire de sa maison se sera 
accrue. 

18. Parce que, lorsqu'il sera 
mort, il n'emportera pas tous ses 
biens ; et que sa gloire ne descen- 
dra pas avec lui. 

19. Car son àme, pendant sa vie, 
sera bénie : il vouslouera, lorsque 
vous lui aurez fait du bien. 

20. Il ira rejoindre les généra- 
tions de ses peres, et durant l'é- 
ternité, il ne verra pas la lu- 
miere. 

21. L'homme, lorsqu'il était en 
honneur, ne l’a pas compris : il a 
été comparé aux animaux sans 
raison, et il est devenu semblable 
à eux. 


LES PSAUMES. 


1161 


PSAUME XLIX 
(Hénn., L). 

Le souverain juge cite devant son tribu- 
nal tout son peuple, ses prétres et ses 
juges. 11 leur reproche leur vaine con- 
fiance dans leurs sacrifices, leur hypo- 
crisie, leur injustice, leur liaison avec 
les méchants; il les menace de sa co- 
lére et de ses plus terribles chátiments. 
La plupart des interprètes voient dans 
ce psaume le jugement dernier ou gé- 
néral, le second avénement du Fils de 
Dieu, qui est, en effet, assez bien mar- 
qué au vers. 1-4, 22 


1. Psaume d'Asaph. 


Le Dieu des dieux, Ie Seigneur 
a parlé, et il a appelé la terre, 

Depuis le lever du soleil jus- 
qu'à son coucher. 

2. C'est de Sion que vient l'éclat 
de sa splendeur. 

3. Dieu viendra manifestement: 
notre Dieu viendra, et il ne gar- 
dera pas le silence. 

Un feu s'allumera en sa pré- 
sence ; et, autour de lui, s'é/évera 
une tempéte violente. 

4. D'en haut il appellera le ciel 
et la terre pour juger son peuple. 

5. Rassemblez-lui ses saints, 
qui exécutent son alliance sur 
les sacrifices. 


15. Les pailra; sera leur pasteur. C'est le sens de l'hébreu et des Septante; il est 
d'ailleurs trés conforme au contexte. — Dès le matin; sans délai, promptement. — 
Aprés leur gloire; aprés qu'ils auront été dépouillés de leur gloire. 


1. Psaume d'Asaph ou par Asaph ; c'est-à-dire composé par Asaph, ou par quelqu'un 
de ses descendants, selon les uns; ou bien, selon les autres, donné à Asaph, chef 
d'une bande de musiciens, pour étre chanté dans le temple. Il y a douze psaumes 
sous le nom d'Asaph. — Le Dieu des dieux ; c'est-à-dire le Dieu des juges de la terre, 
le souverain juge. Dans l'Ecriture, on donne le nom de dieux aux juges, aux magis- 
trats. — Le lever et le coucher du soleil, sont mis ici pour l'orient et l'occident. — 
* Discours de Dieu sur le culte qu'il faut lui rendre. — Psaume didactique, d'une 
grande clarté, destiné à inculquer l'inutilité d'un culte purement extérieur. 

1-6. * Description de la théophanie ou del'apparition de Dieu qui va parler. 

3. Dieu viendra, etc. Compar. la II* Epitre de saint Pierre, m1, 10-12. — * Un feu, 
l'éclair. 

9. Ses saints; c'est-à-dire ou les Israélites en général, qui, comme nous l'avons 
déjà remarqué plusieurs fois, sont nommés dans l'Ecriture les saints du Seigneur, 
ou, selon Théodoret, Moise, Aaron, Eléazar et tous ceux qui, aprés eux, ont exercó 


1102 


6. Et les cieux annonceront sa 
justice, parce que c'est Dieu lui- 
méme qui est juge. 

7. Ecoute, mon peuple, et je 
parlerai; Israël, écoute; car je te 
prendrai à témoiu : Dieu, ton 
Dieu, c'est moi qui le suis. 

8. Je ne te reprendrai pas pour 
tes sacrifices; car tes holocaustes 
sont toujours en ma présence. 

9. Je ne prendrai pas des veaux 
de ta maison, ni des boucs de tes 
troupeaux. 

10. Parce qu'à moi sont toutes 
les bêtes des forêts, les animaux 
qui paissent sur les montagnes et 
les beeufs. 

11. Je connais tous les volatiles 
du ciel, et la beauté des champs 
est en mon pouvoir. 

12. Si j'ai faim, je ne te le dirai 
pas : car à moi est le globe de la 
terre, et sa plénitude. 

13. Est-ce que je mangerai des 
chairs de taureaux? ou boirai-je 
du sang des boucs? 

14. Immole à Dieu un sacrifice 


LES PSAUMES. 


[Ps. xLix.] 


de louange, et rends au Très- 
Haut tes vœux. 

15. Et invoque-moi, au jour 
de la tribulation : je te délivre- 
rai, et tu m'honoreras. 

16. Mais au pécheur Dieu a dit. 
Pourquoi racontes-tu mes jus- 
tices, et pourquoi ta bouche an- 
nonce-t-elle mon alliance? ἡ 

17. Pour toi, tu hais la disci- 
pline, et tu as rejeté ma parole 
derrière toi. 

18. Si tu voyais un voleur, tu 
courais avec lui, et c'est avec les 
adultères que tu mettais ta part. 

19. Ta bouche a abondé en ma- 
lice, et ta langue ajustait des 
fourberies. 

20. Assis, tu parlais contre ton 
frère et contre le fils de ta mère, tu 
posais une pierre d'achoppement. 

21. Tu as fait ces choses, et je 
me suis tu. 3 

Tu as pensé, homme inique, 
que je te serai semblable: je te 
reprendrai sévérement, et je te 
poserai devant ta propre face. 


le saint ministère dans le temple. — Qui exéculent son alliance sur les sacrifices ; c'est- 
à-dire qui sont chargés d'exécuter l'alliance ou la ἴοι divine, en ce qui concerne les 
sacrifices; ce qui rentre dans l'explication de Théodoret, aussi bien que dans le texte 
hébreu où nous lisons : Qui ont fait alliance avec mot touchant les sacrifices. 

7-15. * Discours de Dieu aux Juifs fidèles : ce qu'il désire d'eux, ce ne sont point 
des boucs et des taureaux, mais un sacrifice de louange, c'est-à-dire l'adoration du 
cœur. 

9. Je ne prendrai pas; je n'ai pas besoin de prendre. 

11. La beauté des champs; c'est, suivant Théodoret, les différentes sortes de fruits 
de la terre. 

46-23. * Discours aux Juifs pécheurs : qu'ils n'espérent point pouvoir pécher à 
leur gré et obtenir le pardon de leurs fautes par l'oblation de victimes : Dieu ne 
pardonne qu'à ceux qui se repentent et se corrigent. 

16. * Pourquoi, etc. Le vers. 17 montre que ce que Dieu reproche au pécheur, c'est 
d'avoir toujours la loi divine à la bouche et de ne pas y conformer sa conduite. 

18. Tu metlais la part; tu partageais avec eux; tu vivais avec eux en ami et en 
frére. 

21. Je te poserai, etc.; je t'exposerai à tes propres yeux, afin que tu te voies bien 
tel que tu es. 

23. Je lui montrerai; hébraisme, pour je lui ferai éprouver, goüter. — Le salut de 
Dieu; le salut que Dieu accorde, qui vient de Dieu. — * « Jamais nulle ode grecque 
ou latine, dit Fénelon, n'a pu atteindre à la hauteur des Psaumes. Par exemple, 


PS. L.] 


22. Compreuez ces choses, vous 
qui oubliez Dieu; de peur qu'un 
jour il ne vous enlève, et qu'il 
n'y ait personne qui vous délivre. 

23. C'est un sacrifice de louange 
qui m'bonorera; et c'est là le 
chemin par lequel je lui montre- 


LES PSAUMES. 


1163 


9. Lorsque ve prophète Nathan vint le 
trouver, aprés quil eut péché avec Beth- 
saoee. 

3. Ayez pitié de moi, Sei- 
gneur, selon votre grande misé- 
ricorde ; 

Et selon la multitude de vos 


rai lesalut de Dieu. = bontés, effacez mon iniquité. 

4. Lavez-moi encore plus de 
mon iniquité, et purifiez-moi de 
mon péché. 

ὃ. Parce que moi aussi, je con- 
nais mon iniquité, et mon péché 
est toujours devant moi. 

6. J'ai péché contre vous seul, 
et j'ai fait le mal devant vous : 
je fais cet aveu, afin que vous 
soyez reconnu juste dans vos pa- 
roles, et que vous soyez victorieux 
quand on vous juge. 


PSAUME L 
(Hésr., LI). 


Ce psaume contient la prière ardente 
d'une âme affligée et pénitente. Le titre 
annonce clairement que ce sont les sen- 
timents dans lesquels David entra 
lorsque le prophéte Nathan lui eut re- 
proché son crime avec Bethsabée, 
femme d'Urie. Le Ile Livre des Rois, 
d'oü le titre est tiré, ajoute que le pro- 
phéte reprocha en méme temps à David 
le meurtre d'Urie (II Rois, xi1). 


1. Pour la fin, psaume de David. 
Ps. L. 6. Rom., ri, 4. 


celui qui commence ainsi : Le Dieu des Dieux, le Seigneur a parlé, et il a appelé la 
Lerre, surpasse toute imagination humaine. » 


1-2. * Ce psaume est le plus beau de tous les actes de contrition. Jamais pécheur 
n'a senti plus vivement et exprimé plus fortement le besoin d'obtenir la rémission 
de ses péchés. Il renferme quatre strophes. Chacune d'elles commence par une invo- 
cation à Dieu, unique dispensateur de la grâce. La {re strophe (vers. 3-6) contient la 
confession du crime, la 2e (vers. 7-10) demande que la souillure soit lavée, la 3e (vers. 
11-15) que l'àme soit renouvelée et créée, la 4e (vers. 16-19) promet la reconnaissance 
et un sacrifice de louanges. Il y a peu de pages de la Bible qui renferment autant de 
vérités dogmatiques en si peu de lignes. Le péché souille l'âme, c'est une offense directe 
faite à Dieu. Seul, Dieu, l'unique dispensateur de la grâce, peut l'effacer. L'hysope, 
plante dont la tige servait d'aspersoir, n'est mentionnée qu'à ce titre poétique. Le 
pardon est obtenu seulement par la contrition. « La volupté avait séduit David, 
mais il en attaque le principe par le remède que Dieu a spécialement préparé pour 
ce désordre. ll devient le type de la mortification, il mange un pain qui est pour lui 
comme de la cendre... L'orgueil l'avait subjugué, mais il brise son joug par l'aveu 
de son crime. Et quel aveu! Ce n'est pas une confession particulière, c'est une con- 
fession à tout son peuple, aux générations futures, à tous les lieux, à tous les siécles. 
Il ne la murmure pas à voix basse, il ne la parle pas, il la chante pour la faire retentir 
plus loin dans la mémoire des hommes. Quelle admirable énergie de langage ! quelle 
puissance et quelle vérité de sentiments I... Comme sa voix, après avoir vugi les gé- 
missements de son cœwr, soupire une douleur plus calme; puis se relève, se dilate !... 
Ce sublime testament de pénitence, il l'avait légué à toutes les àmes qui passent sur 
cette terre, aux pécheurs repentants pour leur inspirer la confiance, aux criminels 
endurcis pour les attendrir, aux justes pour les édifier. Les âmes ont répondu à son 
appel. » (Mgr GrnBET.) — Le psaume 1, est le quatrième des psaumes pénitentiaux. 

4, Encore plus; le sens de l'hébreu est un grand nombre de fois, beaucoup. 

6. J'ai péché contre vous seul. Plusieurs l'expliquent ainsi: Vous étes le seul témoin 
de mon crime; ce qui n'est pas exact. Nathan, à la vérité, dit à David : Tu as agi 
secrètement; mais il ajoute : Cependant, parce que tu as fait blasphémer les ennemis 


1164 


7. Voilà, en effet, que j'ai été 
concu dans des iniquités, et que 
ma mere m'a concu dans des pé- 
chés. 

8. Voilà, en effet, Seigneur, que 
vous aimez la vérité; que vous 
m'avez manifesté les choses obs- 
cures et cachées de votre sa- 
gesse. 

9. Vous m'aspergerez avec de 
l'hysope et je serai purifié; vous 
me laverez, et je deviendrai plus 
blane que la neige. 

10. Vous me ferez entendre 
une parole de joie et d’allégresse, 
et mes os humiliés exulteront. 

11. Détournez votre face de 
mes péchés; οἱ effacez toutes 
mes iniquités. 

12. Créez un cœur pur en moi, 
ó mon Dieu! et renouvelez un 
esprit droit dans mes entrailles. 

13. Ne me rejetez pas de devant 
votre face, et ne me retirez pas 
votre esprit saint de moi. 

14. Rendez-moi la joie de votre 
salut, et par votre esprit souve- 
rain fortifiez-moi. 


9. Lév., xiv; Nomb., xix. Eius 


LES PSAUMES. 


(es. L.] 


15. J'enseignerai אנוה‎ 65 
iniques vos voies, et les impies 
se convertiront à vous. 

16. Délivrez-moi d'un sang 
versé, ὃ Dieu, Dieu de mon salut: 
et ma langue publiera avec joie 
votre justice. 

17. Seigneur, vous ouvrirez 
mes lèvres, et ma bouche annon- 
cera votre louange. 

18. Parce que si vous aviez 
voulu un sacrifice, je vous l'au- 
rais offert certainement; mais 
des holocaustes ne vous seront 
point agréables. 

19. Le sacrifice que Dieu dé- 
sire est un esprit brisé de dou- 
leur : vous ne dédaignerez pas, 
ὃ Dieu, un cœur contrit et hu- 
milié. 

20. Dans votre bonne volonté, 
Seigneur, traitez bénignement 
Sion; et que les murs de Jérusa- 
lem soient bâtis. 

21. Alors vous agréerez un sa- 
crifice de justice, des oblations et 
des holocaustes; alors on mettra 
sur votre autel des veaux. 


du Seigneur, etc. (M Rois, xit, 12, 14). Or, ces dernières paroles du prophète prouvent 
clairement que non seulement les Israélites étaient informés du crime de David, 
mais que les étrangers eux-mêmes en avaient eu connaissance. Il vaut mieux dire 
avec les Pères de l'Eglise et beaucoup de commentateurs que David, en quahté de 
roi, ne reconnaissait aucune autorité supérieure à la sienne, et qu'ainsi 1] n'éfait 
responsable qu'à Dieu seul de sa conduite. 

1. Iniquités, péchés ; l'hébreu porte le singulier, iniquité, péché; c'est-à-dire le péché 
originel. 

9. * Avec de l’hysope. Voir la note sur Exode, xit, 23. 

10. Humiliés; brisés par la douleur. 

14. La joie de votre salut; la joie que procure le salut qui vient de vous. C'est 
comme si David disait : Rendez-moi 18 joie en me sauvaut. — Votre esprit souverain. 
V'est aussi le sens des Septante; l'hébreu dit esprit spontané, généreux. 

16. D'un sang versé; littér. de sungs. Voy. Ps. v, 1. 

20-21. * Ces deux derniers versets ont été ajoutés aprés coup, peut-étre du temps 
l'Esdras. Ils sont placés, non plus dans la bouche de David, mais dans celle du 
peuple. 


(rs. Li.] 


PSAUME LI 
(Hésr., Lll). 

Tout en reprochant à Doég, l'Iduméen, 
d'avoir irrité Saül contre David, et d'a- 
voir été cause de la mort des prêtres 
du Seigneur qui étaient à Nobé (I Rois, 
,זוא‎ 9, et suiv.), 16 Psalmiste représente 
la malignité des médisants, les cháti- 
ments qui leur sont préparés, la vanité 
de la confiance qu'ils ont en leurs ri- 
chesses, et le bonheur des justes qui 
mettent, comme lui, toute leur espé- 
rance en Dieu. 


1. Pour la fin. Intelligence à David, 

2. Lorsque Doég l'Iduméen vint annon- 
cer à Saül que David était venu dans la 
maison d'Achimélech. 

3. Pourquoi te glorifies-tu en 
ta malice, toi qui es puissant en 
iniquité? 

4. Tout le jour, talangue a mé- 
0116 l'injustice: comme un rasoir 
aiguisé, tu as trompé. 

5. Tu as aimé la malice plus 
que la bonté; et un langage d'ini- 
quité plutót que d'équité. 

6. Tu as aimé toutes les pa- 


LES PSAUMES. 


1165 
roles de perdition, ὃ langue trom- 
peuse! 

7. C'est pour cela que Dieu te 
détruira pour toujours, et t'enlè- 
vera et t'exilera, /0 de ton ta- 
bernacle, et £a racine de la terre 
des vivants. 

8. Les justes le verront, et ils 
craindront; et ils riront de lui, et 
diront: 

9. Voilà un homme qui n'a pas 
pris Dieu pour son aide, 

Mais qui a espéré dans la mul- 
litude de ses richesses, et qui 
s'est prévalu de sa vanité. 

10. Pour moi, je suis comme 
un olivier qui porte du fruit dans 
la maison de Dieu; j'ai espéré 
dans la miséricorde de Dieu pour 
l'éternité, et pour les siecles des 
siecles. 

11. Je vous louerai pour tou- 
jours de ce que vous avez fait, et 
jattendrai votre nom, parce qu'il 
est bon, en présence de vos 
saints. 


4. Intelligence à David ; ou, selon d'autres, de David; c'est-à-dire psaume didactique 
composé par David. 

4. Comme un rasoir, etc. Tu as trompé par ta langue, comme fait un rasoir aiguisé, 
qui, au lieu de retrancher simplement les poils supertlus de la barbe, coupe la chair 
ct fait des plaies profondes. 

6. Perdilion; littér. précipitation, chute; l'hébreu dit absorplion, engloutissement; 
les Septante, l'action de jeter dans la mer. 

1. Tabernacle. Les anciens Hébreux appelaient leur demeure /abernacle ou tente. 
— Ta racine; c'est-à-dire tes enfants; afin que ta famille soit entièrement et à jamais 
éteinte. Le pronom /a, qui manque dans la Vulgate, se trouve dans l'hébreu et les 
Septante. 

11. De ce que vous avez fait relativement à moi et à Doëg. La Vulgate, comme l'hé- 
preu et le grec, porte simplement : Parce que vous avez fail. Le verbe faire se met 
quelquefois, surtout dans les psaumes, d'une maniére absolue et sans complément 
ou régime. C'est le contexte qui détermine le sens dans lequel on doit le prendre. — 
Votre nom. Le nom de Dieu se prend souvent dans l'Ecriture pour Dieu lui-méme ou 
pour son secours, son appui, sa protection. — Bon; favorable, bienfaisant. — En 


présence de vos saints; c'est-à-dire pour vos fidèles serviteurs. Voy. pour le mot saints, 
Ps. XXXI. 6. 


1166 


PSAUME LII 
(Héer., LIII). 

Le Psalmiste déplore la corruption géné- 
rale des hommes. Il décrit la confusion 
où tombent ceux qui persécutent le 
peuple du Seigneur, et il prédit la dé- 
livrance de ce peuple et la joie dont 
elle sera suivie. 


1. Pour la fin, pour Maheleth. Intelli- 
gence à David. 

L'insensé a dit dans son cœur : 
Il n'y a point de Dieu. 

2. Ils se sont corrompus, et 
sont devenus abominables dans 
leurs iniquités; il n'en est pas 
qui fasse le bien. 

3. Dieu, du haut du ciel, a jeté 
un regard sur les fils des hom- 
mes, afin de voir s'il en est un 
intelligent ou cherchant Dieu. 

4. Tous se sont détournés, tous 
ensemble sont devenus inutiles ; 
il n'en est pas qui fassent le bien; 
il n'en est pas méme un seul. 

5. Est-ce qu'ils ne connaitront 
point, tous ceux qui opérent l'ini- 
quité, qui dévorent mon peuple 
comme un morceau de pain? 


LES PSAUMES. 


[PS. Lir. | 

6. Ils n'ont pas invoqué le Sei- 
gneur, ils ont tremblé de frayeur 
là où n'était pas la crainte. 

Parce que Dieu a dispersé les 
os de ceux qui plaisent aux hom- 
mes ; ils ont été confondus, parce 
que le Seigneur les ἃ méprisés. 

7. Qui fera sortir de Sion le sa- 
lut d'Israël? Lorsque Dieu aura 
ramené la captivité de son peu- 
ple, Jacob exultera : Israël sera 
dans l'allégresse. 


PSAUME LIII 
(Hésr., LIV). 
David, pressé par ses ennemis, invoque 


le secours du Seigneur avec un cœur 
plein de confiance en sa bonté. 


1. Pour la fin dans les cantiques, in- 
telligence à David. 

2. Lorsque les habitants de Ziph furent 
venus et eurent dit a Saül : Est-ce que 
David n'est pas chez nous? 


3. Dieu, sauvez-moi par votre 
nom, et jugez-moi par votre 
puissance. 

4. Dieu, exaucez ma priere, 
prétez l'oreille aux paroles de ma 
bouche. 


Ps. LII. 1. Ps. xri, 1. — 3. Ps. xri, 2. — 4. Rom., ur, 12, 


1. Ce psaume, à quelques légères différences près, n'est que le XIIIe, avec lequel 
on peut le comparer. — Intelligence à David. Voy. le titre du Ps. τι (Hébr., Lu). 

1. L'insensé se met souvent dans la Bible pour l'impie. 

5. Est-ce qu'ils ne connaitront point, etc. Voy. Ps. xut, 4. 

6. Dieu a dispersé les os; a détruit, anéanti les forces. — Qui plaisent; qui cher- 


chent à plaire. 


7. Qui fera sortir de Sion, etc. Voy. Ps. xut, 7. 


1. Intelligence de David. Voy. le titre du Ps. τι (Hébr., Lu). — * Le titre hébreu 
porte : > Au chef de chœur. Avec accompagnement d'instruments à cordes (NeginótA). 


Poème didactique (Maskil). » 


2. Ce fait avec tout ce qui s'y rattache est raconté au premier livre des Rois (xx, 


49 et suiv.; xxvi, 1 et suiv.). 
3-5. * Plaintes du Psalmiste. 


3. Votre nom. Voy. pour la vraie signification de ces mots, Ps. v1, 11. — Jugez-moi; 
etc. Usez de votre puissance pour juger entre Saül et moi; et punissez les Ziphéens, 
qui, le plus injustement du monde, m'ont trahi et découvert à mon adversaire. Re- 
marquons, en passant, que le verbe hébreu, qui signifie prinutivement juger, ex- 
prime aussi quelquefois les effets du jugement, punir, chátier. 


[Ps. τιν. 


5. Parce que des étrangers se 
sont élevés contre moi, et des 
ennemis puissants ont cherché 
mon âme; ils n'ont pas mis Dieu 
devant leurs yeux. 

6. Mais voilà que Dieu vient à 
mon aide; et le Seigneur est le 
soutien de mon àme. 

7. Tournez les maux du côté de 
mes ennemis; et par votre fidé- 
lité dans les promesses, extermi- 
nez-les. 

8.Je vous offrirai, volontaire- 
ment, un sacrifice; je louerai 
votre nom, parce qu'il est bon. 

9. Parce que vous m avez retiré 
de toute tribulation, et que sur 
mes ennemis, mon œil a jeté un 
regard de mépris. 


PSAUME LIV 
(Hésr., LV). 


David, exposé à un grand danger, de- 
mande les ailes dela colombe pour se 
sauver. 1] décrit la fourberie de ses 
ennemis. Il mettoute sa confiance dans 
le Seigneur, et prédit la perte de ceux 
quile persécutent. Les Péres font l'ap- 
plication de ce psaume à Jésus-Christ, 
irahi par Judas et livré aux Romains 
par les Juifs, et à l'Eglise chrétienne, 


LES PSAUMES. 


1167 


persécutée au dehors par les païens et 
trahie par les hérétiques. 


1. Pour la fin, dans les cantiques, in- 
telligence à David. 

2. Exaucez, ὃ Dieu, ma prière, et 
ne méprisez pas ma supplication. 

3. Portez votre attention sur 
moi, et exaucez-moi. 

J'ai été contristé dans ma mé- 
ditation : et j'ai été troublé 

4. À la voix d'un ennemi et à 
cause de l'oppression du pécheur. 

Parce qu'ils ont détourné sur 
moi des iniquités; et par colère 
ils me tourmentaient. 

ὃ. Mon cœur ἃ été troublé au 
dedans de moi; et la frayeur de 
la mort est tombée sur moi. 

6. Une crainte et un tremble- 
ment sont venus sur moi; et des 
ténèbres m'ont couvert. 

1. Et j'ai dit: Qui me donnera 
des ailes comme les ailes d'une 
colombe, et je m'envolerai, et je 
me reposerai? 

8. Voilà que je me suis éloigné 
en fuyant : et j'ai demeuré dans 
le désert. 

9. J'attendais celui qui m'a 


5. Des étrangers. Quoique de la tribu de Juda, comme David lui-même, les Ziphéens 
méritaient le titre d’éérangers ou ennemis, selon l'ancien langage biblique. à cause 
de leur infidélité envers lui. Cette explication n'est pas opposée à celle des inter- 
prètes qui prétendent qu'il y avait beaucoup d'étrangers à la nation israélite, dans 
l'armée de Saül. — Ont cherché mon âme. Voy. Ps. xxxiv, 4. 

6-9. * Confiance dans la protection divine. 

1. Tournez les maux, etc. Ce ne sont ici ni des imprécations, ni des invectives, 
mais bien une sorte de prophétie de ce qui doit arriver aux méchants, ou des arréts 
prononcés eontre eux par l'esprit de Dieu méme. Voy. pag. 339,340, ce que nous avons 
dit sur ces sortes d'expressions répandues dans les psaumes. 


1. * On lit dans l'hébreu : > Au chef de cbeeur. Avec accompagnement d'instruments 
à cordes (Neginôth). Psaume didactique (Maskil). » — Ce psaume est, comme le Ps. xr, 
du temps de la révolte d'Absalom. L'ami qui l'a trahi est Achitophel, figure de Judas 
Iscariote. 

1. D'une colombe. Le mot columbz de la Vulgate est au génitif, comme le prouve 
le texte des Septante; et par conséquent la traduction, comme à (a colombe, est fondée 
sur une fausse analyse. 

8. Dans le désert. Lorsque David fuyait devant son fils Absalom, révolté contre lui, 
il se retira dans le désert au delà du Jourdain. Voy. lI Hois, xv et suiv. : 


1108 


sauvé d'un abattement d'esprit 
et d'une tempéte. 

10. Précipitez - les, Seigneur, 
divisez leurs langues ; parce que 
jai vu liniquité et la discorde 
dans la cité. 

41. Jour et nuit l'iniquité l'en- 
vironnera sur ses murs : le tra- 
vail est au milieu d'elle, 

12. Ainsi que l'injustice. 

L'usure n'a pas fait défaut 
dans ses places publiques, ni la 
fraude. 

13. Car si 060) été mon en- 
nemi qui m'eüt maudit, je l'au- 
rais supporté certainement. 

Etsi celui qui me haissait avait 
parlé contre moi avec hauteur, je 
me serais, sans doute, caché de 
lui. 

14. Mais c'est toi, homme qui 
vivais avec mol dans un méme 
esprit, mon guide et mon fami- 
lier, 

15. Qui partageais avec moi 
les doux mets de ma table; nous 
avons marché dans la maison du 
Seigneur avec un parfait accord. 

16. Vienne la mort sur eux ; et 


uES PSAUMES. 


FLY. Ln] 
(PS. LiV.] 


qu'ils descendent dans l'enfer 
tout vivants : 

Parce que la méchanceté est 
dans leurs demeures, au milieu 
d'eux. 

17. Mais moi, j'ai crié vers 
Dieu, et le Seigneur me sauvera. 

18. Le soir, et le matin, et à 
midi, je raconterai et j'annonce- 
rai ses miséricordes, etil exaucera 
ma voix. 

19. 1] rachétera en paix mon 
âme de ceux qui s'approchaient 
de moi; car ils étaient en grand 
nombre avec mol. 

20. Dieu »vexaucera, et les hu- 
miliera, lui qui est avant les 
siecles. 

Car il n'y a pas de changement 
en eux, et ils n'ont pas craint Dieu. 

21. Il a étendu sa main en leur 
rendant selon leurs mérites. 

Ils ont souillé son alliance, 

22. Ils ont été dissipés par la 
colere de son visage; et son cœur 
s'est approché contre eux. 

Ses discours sont plus doux 
que l'huile; mais ils sont en 
méme temps des javelots. 


10. Précipitez-les, ete. Voy. les Observat'ons préliminaires, p. 339, 340; et Compar. 
II Rois, xv,3! et suiv.— La cité; peut-être la ville d'Hébron, où la révolte d'Absalom 
commença; peut-être encore Jérusalem, où David n'ignorait pas qu'Absalom avait 
un trés grand nombre de partisans. 

14. * Mon guide, mon conseiller. Il s'agit d'Achitophel. 

15. * Avec un parfait accord. Daus l'original : avec (a multitude qui allait à la mai- 
son du Seigneur. David veut dire qu'Achitophel était comme un autre lui-même, dont 
il ne se séóparait jamais, ni à table, ni dans les actes de culte qu'il rendait à Dieu, 

16. Vienne la mort, etc. Voy. les Observations préliminaires, p. 339, 340. 

18. Le soir, ete. Le jour chez les Hébreux commencait le soir; et ils priaient trois 
fois le jour; régle qu'observait exactement le prophéte Daniel, méme pendant la 
captivité. Voy. Daniel, vr, 10. 

19. JL rachèlera, ete.; phrase elliptique, ou comme on dit en termes de grammaire 
hébraïque, construction prégnaute dont le sens complet est : En me donnant la paix, 
il ine délivrera de ceux qui s'approchaient dans des vues hostiles. — Avec moi; contre 
moi. Dans le style de l'Ecriture, la particule avec signifie souvent en opposihon, contre. 

22. Ses discours. Ce sont, selon les uns, les discours de Dieu, nommé au vers. 20, 
et selon les autres, les paroles flatteuses qu'Absalom adressait tous les matins à la 
porte du palais, aux Israélites, pour gagner leurs cœurs, et se frayer ainsi un chemin 
à la royauté, 


Les. Lv.] 


93. Déposez vos soins dans le 
sein du Seigneur, et lui-méme 
vous nourrira; il ne laissera pas 
éternellement le juste dans l'a- 
gitalion. 

24. Mais vous, ὃ Dieu, vous les 
conduirez dans un puits de des- 
truction. 

Les hommes de sang et trom- 
peurs n'arriveront pas à la moitié 
de leurs jours : mais moi, j'espé- 
rerai en vous, Seigneur. 


PSAUME LV 
(HÉnn., LVI). 


David expose à Dieu les maux qu'il 
souffre de la part de ses ennemis. Il 
espère dans le secours du Seigneur, et 
lui rend gráces de l'avoir exaucé et 
délivré. 


Pour la fin. 

1. Pour le peuple qui a été éloigné des 
saints (ou des choses saintes); par Da- 
vid, pour une inscription de titre, lorsque 
les Allophylles (étrangers) le retinrent 
dans Geth. 


LES PSAUMES. 


1169 

9. Avez piuë de moi, ὃ Dieu, 
parce qu'un homme m'a foulé 
aux pieds : tout le jour m'atta- 
quant, il m'a tourmenté. 

3. Mes ennemis m'ont foulé aux 
pieds tout le jour; parce qu'ils 
sont nombreux, ceux qui com- 
battent contre moi. 

4. Des la hauteur du jour, je 
viendrai; mais j'espérerai en 
vous. 

ὃ. En Dieu je louerai mes dis- 
cours, en Dieu j'ai espéré; je ne 
craindrai pas ce que pourra me 
faire la chair. 

6. Tout le jour ils exécraient 
mes paroles: c'est contre moi 
que toutes leurs pensées s'ezer- 
caient au mal. 

Ils habiteront prés de moi et‏ .ד 
ils se cacheront; en méme temps,‏ 
ils observeront mes pas.‏ 

Comme ils ont attendu avec 
constance mon àme pour la per- 
dre, 


Ps. LIV. 93, Matt., νι, 25; Luc, ,זוא‎ 22; I Pierre, v, 1. 


94. Un puits de destruction; c'est le tombeau. — De sang; littér. de sangs. Voy. 
PEN 


1. Par David. Voy. le Ps. xv (Hébr., xvi). — Ce fait avec tout ce qui s'y rattache 
est raconté au premier livre des Rois, xxt, xxii et .טנטפ‎ — * Le titre en hébreu signifie: 
« Au chef de chœur, (sur l'air de] la colombe muette (ou des térébinthes) du loin- 
tain (?) (premières paroles d'un chant connu). De David. Mikthäm. Quand les Philis- 
tins (les Allophyles) le tenaient dans Geth. » 

2. Un homme; selon les uns, Saül; selon les autres, Achis, roi de Geth, chez qui 
David s'était réfugié, pour se soustraire aux persécutions de Saül; mais par qui il 
fut chassé comme épileptique, parce qu'il avait contrefait l'insensé, dés qu'il eut su 
qu'on l'avait dénoncé à ce prince comme étant le plus grand ennemi des Philistins. 
Voy. 1 Rois, xxt. 

4. Dés la hauteur du jour; c'est-à-dire en plein jour, lorsque mes ennemis pourront 
me découvrir et m'attaquer plus facilement. C'est l'explication la plus simple et la 
plus naturelle. 

9. Mes discours, comme portent les Septante et la Vulgate, signifient les discours 
qui m'ont été adressés, que Dieu m'a fait entendre. Le texte hébreu lit sa parole. 
Saint Jérôme et saint Augustin expliquent cette expression par : Les promesses lou- 
chant ma délivrance. — La chair; littér. une chair; c'est-à-dire, selon le style de 
lEcriture, un mortel, un homme. Compar. les vers. 2 et 11. — * Ce verset forme un 
refrain. 

1. Près de moi. C'est le vrai sens des Septante et de la Vulgate; ils se posteront, 
is se tiendront; ce qui suit autorise parfaitement cette interprétation. — Mes pas; 
littér. mon talon. Voy. Ps. xvvur, 6. 


AUOT 4 


1170 

8. Vous ne les sauverez à au- 
cun prix : dans votre colere, 
vous briserez des peuples. 

0 Dieu! 

9. Je vous ai exposé ma vie; 
vousavezmis meslarmes en votre 
présence, 

Comme aussi dans votre pro- 
messe. 

10. Alors mes ennemis seront 
rejetés en arriere. 

En quelque jour que je vous 
aie invoqué, j'ai connu que vous 
étes mon Dieu. 

11. En Dieu, je louerai une pa- 
role; dans le Seigneur, jelouerai 
un discours : en Dieu j'ai espéré, 
je ne craindrai pas ce que pourra 
me faire un homme. 

19. Je vous dois, ó Dieu, des 
veux que jacquilterai, e£ des 
louanges en votre honneur. 

13. Parce que vous avez ar- 
raché mon àme à la mort, et 
mes pieds à la chute, afin que 
je me rende agréable devant 
Dieu, dans la lumiere des vi- 
vants. 


LES PSAUMES. 


[Ps. Lvi.] 


PSAUME LVI 
(Hénn., LVII). 

David implore le secours du Seigneur 
au fort de son affliction. Il lui rend 
grâces de l'avoir délivré, et il lui pro- 
met de publier ses louanges parmi les 
nations. bon 


Pour la fin. 

1. Ne perdes pas entièrement; par Da- 
vid, pour une inscription de titre, lors- 
quil s'enfuit de devant la face de Saül 
dans la caverne. 

2. Ayez pitié de moi, ὁ Dieu, 
ayez pitié de moi, parce que mon 
âme s'est confiée en vous. 

Et à l'ombre de vos ailes, j'es- 
pérerai jusqu'à ce que l'iniquité 
soit passée. 

3. Je crierai au Dieu tres haut, 
au Dieu qui m'a fait du bien. 

4. Ill a envoyé du ciel, et il m'a 
délivré : il a donné en opprobre 
ceux qui me foulaient aux pieds. 

Dieu ἃ envoyé sa miséricorde 
et sa vérité, 

ὃ. Et il a arraché mon âme du 
milieu des petits des lions : j'ai 
dormi tout troublé. 


8. Vous briserez des peuples. Le mot peuples n'étant affecté de l'article déterminatif, 
ni dans l'hébreu, dans le grec, ne saurait étre légitimement rapporté aux ennemis 
partieuliers de David. La phrase exprime une sentence générale. 


9. Le sens de ce verset parait étre : 


Je vous ai exposé tous mes maux; vous avez 


vu mes larmes, et vous en avez été touché, comme vous me l'aviez promis. 
41. En Dieu, etc.; c'est-à-dire une parole que Dieu me fera entendre, un discours 
qu'il m'adressera selon l'objet de mes louanges. Ceci est une espèce de refrain, Com- 


par. le vers. 5. 


19. Je vous dois ; littér., selon l'hébreu, sur mot sont; c'est-à-dire sont à ma 
charge; c'est aussi le vrai sens de la traduction en moi sont du grec et de la 


Vulgate. 


13. La lumière des vivants; c'est-à-dire cette vie. Plusieurs Pères l'entendent de 
Jésus-Christ, la lumière du monde; d'autres, du bonheur du ciel, opposé aux ténèbres 


de cette vie. 


1. Dans la caverne ou d'Odollam (I Rois, xx, 1), טס‎ d'Engaddi (Ibid., xxiv, 1-4). — 
* En hébreu : « Au chef de chœur. [Sur l'air de] '01 thaschkheth (ne perds pas). De 


David. Miklhâäm. » 


2. L'iniquité ; c'est-à-dire les efforts et les tentatives des hommes iniques contre 


moi. 


4. Il a envoyé du ciel; sa main ou son secours. Compar. Ps. xvu, 17. — Sa vérilé; 


c'est-à-dire la fidélité dans ses promesses, 


[ps. rvn.] 


Les fils des hommes, leurs 
dents sont des armes et des flè- 
ches, et leur langue un glaive 
acéré. 

6. Elevez-vous au-dessus des 
cieux, ὃ Dieu, et que sur toute 
la terre éclate votre gloire. 

7. Ils ont préparé un lacs pour 
mes pieds, et ils ont courbé mon 
áme. 

Ils ont creusé devant ma face 
une fosse, et ils y sont tombés. 

8. Mon cœur est prêt, ὁ Dieu, 
mon cœur est prêt: je chanterai 
et je dirai un psaume. 

9. Lève-toi, ὃ ma gloire, lève- 
toi, psaltérion, et foi, harpe : je 
me lèverai au point du jour. 

10. Je vous louerai parmi les 
peuples, Seigneur, et je dirai un 
psaume en votre honneur parmi 
les nations. 

11. Parce que votre miséri- 
corde s'est élevée jusqu'aux 
cieux, et votre vérité jusqu'aux 
nues. 

12. Soyez exalté au-dessus des 
cieux, ὃ Dieu, et que sur toute la 
terre éclate votre gloire. 


LES PSAUMES, 


117 


PSAUME LVII 
(Hésr., LVIIT). 
David s'élève contre les mauvais conseil- 
lers qui irritaient Saül contre lui. 
Prières et prédictions contre eux. Ils 


périront, et tout le monde connaîtra la 
justice et la providence du Seigneur. 


Pour la fin. 

1. Ne perdes pas entièrement; par Da- 
vid, pour une inscription de titre. 

2. Si c'est bien avec vérité que 
vous parlez justice, jugez selon 
l'équité, ὃ fils des hommes. 

3. Car dans votre cœur vous 
opérez des iniquités : sur la terre 
vos mains travaillent avec art 
des injustices. 

4. Les pécheurs se sont égarés 
dés leur naissance; ils ont erré 
dès le sein de leur mère : ils ont 
dit des choses fausses. 

9. Leur fureur est semblable à 
celle d'un serpent, à celle d'un 
aspic sourd qui bouche ses oreil- 
les, 

6. Qui n'écoutera pas la voix 
des enchanteurs, et d'un magi- 
cien qui charme habilement. 


6. Elevez-vous, etc. Ceci, selon la remarque des Pères, s'explique très bien de l'As- 
cension de Jésus-Christ. — * Ce verset forme refrain. 
1. Ils ont courbé mon âme; c'est-à-dire ils l'ont fait fléchir sous le poids des maux 


qu'ils lui ont causés. 


9. Ma gloire signifie probablement mon âme; seloëd'autres, mes instruments ; sui- 
vant saint Athanase, mon esprit de prophétie. 


12. * Refrain final. 


1. * En hébreu : > Au chef de chœur. [Sur l'air de] 'a/ thaschkhelh (ne perds pas). 
De David. Mikthám. » — Composé probablement pendant la révolte d'Absalom. -— 
Le langage est vif, les images fortes et relativement plus multipliées que dans aucun 
autre psaume, quelquefois à peine indiquées, d’où une certaine obscurité. 

2-3. * Apostrophe aux juges qui violent la justice. 

4-6. * Tableau des méchants qui sont incorrigibles. 


5-6. D'un aspic sourd, etc. Le Palmiste veut dire simplement que les enchantements 
ne font pas plus d'effet sur l'aspie que s'il était réellement sans oreilles ou qu'il les 
bouchát. 11 est incontestable par toute l'antiquité que les magiciens possédaient l'art 
d'enchanter les serpents, et par ce moyen de les empécher de piquer. C'est pourquoi 
lorsque l'Ecriture veut parler de serpents redoutables, elle les appelle des serpents 
qui ne se laissent point enchanter, ou qui sont sourds à la voix des enchanteurs, 
Compar. Ecclésiaste, x, 11; Jérém., viu, 11. 


7. Dieu brisera leurs dents 
dans leur bouche; 11 mettra en 
poudre les molaires des lions. 

8. Ils seront réduits à rien 
comme une eau qui passe: il a 
tendu son arc jusqu'à ce qu'ils 
iombent sans force. 

9. Comme la cire qui fond, ils 
seront détruits : un feu est tombé 
d'en haut sur eux, et ils n'ont 
pas vu le soleil. 

10. Avant que vos épines sen- 
tent le buisson, Dieu, dans sa 
colère, les engloutira comme 
tout vivants. 

11. Le juste se réjouira, lors- 
qu'il aura vu la vengeance : il la- 
vera ses mains dans le sang du 
pécheur. 

12. Et l'homme dira : S'il est 
réellement un avantage pour le 
juste, il est réellement un Dieu 
qui juge les hommes sur la terre. 


LES PSAUMES. 


[Ps. Lvur.] 


PSAUME LVIII 
(Βέβε., LIX). 


David représente à Dieu l'injustice et la 
violence de ses persécuteurs. ll en pré- 
dit le châtiment, et il annonce les 
louanges qu'il rendra au Seigneur pour 
les secours qu'il espère récevoir de sa 
bonté. On remarque aisément dans ce 
psaume des prophéties trés claires de 
la vocation des Gentils, de la dispersion 
et de la réprobation des Juifs, et, en- 
fin, de leur retour à l'Eglise chrétienne. 


Pour la fin. 

1. Ne perdes pas entièrement; par Da- 
vid, pour une inscription de titre, quand 
Saül envoya des gens et fit garder sa 
maison afin de le tuer )1 Rois, אנא‎ 11). 

2. Arrachez-moi à mes ennemis, 
ó mon Dieu; et délivrez-moi de 
ceux qui s'insurgent contre moi. 

3. Délivrez-moi de ceux qui 
opèrent l'iniquité; et sauvez-moi 
des hommes de sang. 

4. Car voilà qu'ils ont pris 


1-12. * Prière à Dieu pour qu'il anéantisse les méchants comme des bêtes mal- 
faisantes (vers. 7-10) et pour que le juste triomphe de leur ruine (vers. 11-12). 

7l. Les molaires des lions, selon la Vulgate et les Septante; mais 11 est plus probable 
qu'il faut l'entendre des dents canines; d'abord, dans les lions et les autres carni- 
vores, ce ne sont point les dents molaires qui sont le plus à craindre; en second 
lieu, la paraphrase chaldaique, la version syriaque et une des versions arabes portent 
dents de devant. — Les termes molaires et lions, n'étant point déterminés par l’article, 
dans le texte hébreu, comme ils le sont dans la version grecque, la phrase exprime 
une sentence générale. Compar. Ps. Lv, T. 

10. Avant que vos épines sentent le buisson ; hébraisme, pour avant que vos épines 
parviennent à l'état de buisson; c'est-à-dire d'arbrisseau; avant qu'elles aient atteint 
leur développement; ce qui signifie, que Dieu fera disparaitre en peu de temps les 
ennemis de David. 

11. Le juste, etc. Voy. Observations préliminaires, p. 339, 340. 


1. * Titre hébreu : > Au chef de chœur. [Sur l'air de] 'al thaschkheth (ne perds pas). 
Mikthám. » Saül, avant de donner l'ordre de garder la maison de David et de le tuer 
le matin, cherchait à s'en débarasser secrétement. Les valets de la cour, race vénale 
et malveillante pour le vainqueur de Goliath, étaient préts à seconder les desseins 
du roi. David avait remarqué dans Gabaa une certaine agitation, le va-et-vient qui 
en était résulté le soir, quand ces scélérats parcouraient la ville pour le rencontrer 
et le frapper. De là les angoisses de David, la répétition dela description des versets 
7 et 15, sa joie quand arrive le matin et sa reconnaissance envers Dieu. Le psaume 
est composé avec beaucoup d'art. Il renferme deux parties, vers. 2-10; 11-18. La 
το partie peint le trouble et l'inquiétude de David, la 2e ses angoisses calmées, 88 
colère et ses espérances. 

3. De sang; littér. de sangs. Voy. Ps. v, 1. 

4. Mon ame; c'est-à-dire moi. Voy. Ps. vit, 2, 


[Ρ5. Lvm.] 


mon âme; des forts ont fondu 
sur moi. 

5. Ni mon iniquité ni mon pé- 
ché, Seigneur, n'en ont été cause; 
cest sans iniquité que j'ai couru 
et que j'ai dirigé mes voies. 

6. Levez-vous au-devant de 
moi, et voyez, Seigneur Dieu des 
armées, Dieu d'Israél. 

Songez à visiter toutes les na- 
tions ; ne faites miséricorde à au- 
cun de ceux qui opèrent l'ini- 


LES PSAUMES. 


1173 
vous rirez d'eux; vous réduirez 
au néant toutes les nations. 

10. Je garderai pour vous ma 
force; parce que, ὃ Dieu, vous 
étes mon soutien. 

11. Mon Dieu! sa miséricorde 
me préviendra. 

19. Dieu me montrera le sort 
de mes ennemis : ne les tuez 
point, de peur que mon peuple 
n'oublie Jeux châtiment. 

Dispersez-les par votre puis- 


sance et faites-les déchoir, ὃ mon 
protecteur, ὃ Seigneur! 

13. A cause du crime de leur 
bouche et du discours de leurs 
lèvres; et qu'ils soient pris dans 
leur orgueil. 

Et ils seront. dénoncés publi- 
quement pour leurs malédictions 
et leurs mensonges, 

14. À leur consommation, à la 


quité. 

7. Ils reviendront vers le soir, 
et ils seront affamés comme des 
chiens, et ils tourneront autour 
de la ville. 

8. Voici qu'ils parleront dans 
leur bouche; et un glaive est sur 
leurs lèvres, en disant : Qui nous 
a entendus? 

9. Mais vous, Seigneur, vous 


7. * Refrain. — I/s reviendront vers le soir, et ils seront affamés comme des chiens et 
ils tourneront autour de la ville. Tous ces traits sont topiques et trés caractéristiques. 
« Dans toutes les villes de la Palestine et de la Syrie, on rencontre les chiens par 
bandes, par petits groupes, en famille. Ce sont des chiens-loups, au poil jaune, au 
museau de renard, à l'air rusé, mais faux et méchant. Le jour ils sont muets, étendus, 
au repos et dorment dans les rues [qui leur servent de domicile, car ils n'ont point 
de maîtres]. Mais aprés le coucher du soleil, ils s'éveillent [affamés] et se mettent 
en campagne. Alors ce sont, toute la nuit, des jappements, des hurlements épouvan- 
tables, des cris sauvages de rage, de fureur; ils parcourent les rues, se jettent sur 
tout ce qui peut étre pour eux un aliment, et se disputent avec férocité les moindres 
détritus. » (E. Guisour, Jérusalem, 1889, p. 188.) 

8. Ils parleront dans leur bouche; ils murmureront. — En disant; c'est le vrai sens 
de la particule hébraïque, rendue dans la Vulgate par puisque (quoniam). 

10. Pour vous ; c'est-à-dire pour vous louer, pour vous célébrer. — * Refrain terminant 
la première partie du psaume. 

14. Sa miséricorde; est pour votre miséricorde. Aprés une interpellation, les Hé- 
breux employaient assez souvent la troisième personne au lieu de la seconde. 

12. Ce verset est très diversement expliqué; nous avons choisi l'interprétation qui 
nous ἃ paru la plus conforme au contexte. Ainsi, le Psalmiste veut dire : Ne les 
frappez point d'une mort prompte; mais faites-leur porter longtemps le poids de 
votre colère, afin que mon peuple n'oublie jamais les effets de votre vengeance, et 
qu'il apprenne à vous craindre et à mettre en vous son espérance. 

13. A cause. La plupart des commentateurs supposent que cette particule, exprimée 
d'ailleurs dans le chaldéen, est sous-entendue dans les Septante et dans la Vulgate, 
et qu'elle régit les mots crime et discours, qui sont à l'accusatif dans ces deux der- 
nières versions; mais quelques-uns font dépendre l'aecusatif du verbe précédent : 
sentiment qui peut étre fondé. 

14. A leur consommation; c'est-à-dire au jour de leur ruine. — A /a colére de leur 
consommation; au jour de la colère divine qui les consumera. | 


1174 


colère de leur consommation, et 
ils ne seront plus. 

Et ils sauront que Dieu domi- 
nera dans Jacob, et jusqu'aux 
extrémités de la terre. 

15. Ils reviendront vers le soir, 
et ils seront affamés comme des 
chiens; et ils tourneront autour 
de la ville. 

16. lls se disperseront pour 
manger : mais s'ils ne sont pas 
rassasiés, ils murmureront. 

11. Pour moi, je chanterai votre 
force; et je célébrerai dans des 
transports de joie, dés le matin, 
votre miséricorde, 

Parce que vous étes devenu 
mon soutien et mon refuge au 
jour de ma tribulation. 

18. O mon aide, je vous célé- 
brerai, parce que vous étes mon 
Dieu, mon soutien; mon Dieu, 
ma miséricorde. 


PSAUME LIX 
(Hésr., LX). 


David se plaint à Dieu de ce qu'il a livré 
son peuple à ses ennemis. 1] espére 


LES PSAUMES. 


[Ps. rix.] 


qu'après l'avoir ainsi châtié, il voudra 
bien de nouveau le protéger. 


Pour la fin, 

1. Pour ceux qui seront changés, pour 
une inscription de titre par David lui- 
méme, pour la doctrine, 

2. Lorsqu'il brüla la Mésopotamie de 
Syrie et Sobal, et que Joab, étant revenu, 
frappa l'Idumée dans la vallée des Sa- 
lines, par la défaile de douxe mille 
hommes. 


3. O Dieu, vous nous avez 
rejetés, et vous nous avez dé- 
truits; vous avez été irrité; et 
ensuite vous avez eu pitié de 
nous. 

4. Vous avez ébranlé la terre, 
et vous l'avez bouleversée; répa- 
rez ses brisures, parce qu'elle a 
été ébranlée. 

5. Vous avez montré à votre 
peuple des chátiments rigoureux; 
vous nous avez fait boire du vin 
de componction. 

6. Vous avez donné à ceux qui 
vous craignent un signal, afin 
qu'ils fuient à la face de l'arc : 

Afin que vos bien-aimés soient 
délivrés. 


45. * Refrain. Voir vers. T. 


46. Ils murmureront; littér. et ils murmureront. Le mot et indique ici uniquement 
le commencement de l'apodose; s'il devait se rendre en francais, ce serait par alors, 


dans ce sens, cela supposé. 
18. * Méme refrain que vers. 10. 


4. Par. Voy. le Ps. xv (Hébr., xvi). 


1-9. * Titre hébreu : « Au chef de chœur. Sur [l'air de] schouschan 'édouth (le lis du 
témoignage). Mikthám. De David. Pour étre enseigné (comme l'élégie sur la mort de 
Saül et de Jonathas, 11 Rois, τ, 18). » Les paroles : Lorsqu'il brála, etc., indiquent 
d'une manière générale l'époque de la composition du psaume. Il fut fait avant la 
victoire de la vallée des Salines, à un moment où la Palestine du sud était maltraitée 
parles Iduméens à qui le roi n'avait pas de troupes suffisantes à opposer. — Le 
psaume cvn, 7-14, est la reproduction de 1x, 1-15. 

2, Les faits historiques mentionnés dans ce titre, et qu’on lit en grande partie dans 
II Rois, vim, 13; x, 16, 19; III Rois, xr, 15, 16; I Paral., xvii, 12; xix, 19, offrent plu- 
sieurs difficultés ; on peut les voir exposées et expliquées dans les commentateurs. 

3-1. * Plaintes et prière d'Israél opprimé par les Iduméens. 

3. Vous avez montré. Voy. Ps. xix, 23. — Du vin de componction; c'est-à-dire du 
vin de douleur qui nous a fait ressentir de vifs remords de vous avoir offensé. 

6. Un signal, pour se sauver et pour se mettre à couvert des fléches de leurs enne- 
mis.Le Psalmiste semble faire allusion à ce qui se pratiquait en temps de guerre 


{Ps. 1% .[ 


7. Sauvez-moi par votre droite, 
et exaucez-moi. 

8. Dieu a parlé dans son sanc- 
tuaire : Je me réjouirai, et je 
partagerai Sichem, et je mesure- 
rai la vallée des tabernacles. 

9. A moi est Galaad, et à moi 
est Manassé, et Ephraim est la 
force de ma téte. 

Juda est mon roi ; 

10. Moab est le vase de mon 
espérance. 

Jusque dansl'Idumée j'étendrai 


LES PSAUMES. 


1175 
qui nous avez rejetés? et ne sor- 
lirez-vous point, 6 Dieu, à la tête 
de nos armées? 

13. Donnez-nous du secours, 
pour nous tirer de la tribulation, 
parce que vain est le salut de 
l'homme. 

44. En Dieu nous ferons preuve 
de valeur; et lui-méme réduira 
au néant ceux qui nous tourmen- 
tent. 


PSAUME LX 
(Hésn., LXI). 


mes pas; des étrangers me sont 
devenus amis. 

11. Qui me conduira dans une 
ville fortifiée? qui me conduira 
jusque dans l'Idumée? 

12. Ne sera-ce pas vous, ó Dieu, 


David invoque le secours du Seigneur 
avec cette ferme confiance que lui ins- 
pire la puissante protection dont il l'a 
toujours honoré. 


Pour la fin, 
1. Dans les hymnes de David. 


chez les Hébreux. On dressait sur les montagnes des espéces de máts; et en cas d'a- 
larme et d'irruption des ennemis, on élevait un signal au haut de ce bois, afin que 
16 peuple püt se sauver dans les montagnes et dans les autres lieux de sûreté. 
Compar. Isaie, v, 26; xi, 12; xvm, 3; xxx, 17; xxxur, 23. 

8-10. * Discours de Dieu annoncant la défaite de tous les ennemis de son peuple. 

8. Dans son sanctuaire; selon d'autres dans son saint ou par son saint; c'est-à-dire 
David lui-méme ou Jésus-Christ. — Je partagerai, etc. Partager et mesurer un terrain, 
signifient s'en rendre maitre. — * Sichem. Voir la note sur Genèse, xi, 6. 

9. Galaad, désigne le pays situé au delà du Jourdain. — Manassé et Ephraim sont 
mis pour toutes les autres tribus qui furent si longtemps séparées de Juda. — 
Ephraim est la force de ma téte; en ce qu'elle me fournit l'élite de mes troupes, les 
capitaines les plus vaillants et les plus expérimentés. — * Juda est mon voi. La tribu 
de Juda domine partout. 

10. Moab, etc. Quelquefois, dit D. Calmet, on jetait les sorts au fond d'un vase 
plein d'eau. Le sort qui venait le dernier était le meilleur. Moab est le bon lot qui 
m'est venu, et qui a été tiré du fond du vase. Selon d'autres interprétes, le Psalmiste 
qualifie ainsi Moab, parce que c'était une province fertile et abondante. Le texte 
hébreu porte : Moab est le vase oit je me lave; ce qui marque l'assujettissement et 
l'avilissement des Moabites. Mais les Septante et Symmaque ont lu comme la Vul- 
gate. — Mes pas; littér. ma chaussure. — Des étrangers; c'est-à-dire les Philistins 
qui avaient émigré dans la Palestine, et dont le pays est expressément nommé ici 
dans le texte hébreu. —* Moab, designe le pays à l'est de la mer Morte, habité par 
les descendants de Loth. — 1/10/0060, au sud de la Palestine, était très forte, à cause 
deses montagnes. 

11-14. * Priére pour obtenir la victoire contre les Iduméens. 

11. Une ville fortifiée; Bosra, vilie forte dz ‘’Idumée, selon la plupart, et dont il est 
parlé, Isaïe, Lx, 1. — * La ville fortifiée est plutôt Pétra, la capitale de l'Idumée. 
Voir la note sur IV Rois, xiv, 7. 

13. Pour nous lirer. Ces mots sont évidemment sous-entendus ; l'expression de La 
tribulation, qui, d'ailleurs, ne saurait dépendre de donnez-nous du secours, en est le 
complément. Voyez ce que nous dit sur ce genre de construction dans les Observ. 
préliminaires, p. 342. 


1.* Prière de David éloigné de Jérusalem pendant la révolte d'Absalom. Titre 


1170 


9. Exaucez, ὁ Dieu, ma suppli- 
caliori ; soyez attentif à ma prière. 
3. Des extrémités de la terre 
jai crié vers vous : tandis que 
mon cœur était dans l'anxiété, 
vous m'avez élevé sur une pierre. 

Vous m'avez conduit, 

4. Parce que vous étes devenu 
mon espérance; une tour forte à 
la face de l'ennemi. 

5. J'habiterai dans votre taber- 
nacle durant des siècles : je serai 
abrité et à couvert sous vos ailes. 

6. Parce que vous, mon Dieu, 
vous avez exaucé ma priere : 
vous avez donné un héritage à 
ceux qui craignent votre nom. 

1. Vous ajouterez des jours aux 
jours du roi; vous lui donnerez 
des années jusqu'au jour d'une 
génération et d'une génération. 

8. Il demeurera éternellement 
en la présence de Dieu; qui re- 


LES PSAUMES. 


[Ps. Lxi.] 


cherchera la miséricorde et la vé- 
rité de Dieu? 

9. Ainsi je dirai un psaume à 
la gloire de votre nom dans les 
siecles des siecles; afin de m'ac- 
quitter de mes vœux de jour en 
jour. 

PSAUME LXI 
(Hésr., LXII). 
David s'excite lui-méme, et tous ceux 
qui suivent son parti, à mettre toute 


sa confiance en Dieu, et à se soumettre 
entièrement à lui. 


Pour la fin. 

1. Pour Idithun, psaume de David. 

9. Est-ce que mon âme ne sera 
pas soumise à Dieu? car c'est de 
lui-méme que vient mon salut. 

3. Car lui-même est mon Dieu 
et mon sauveur, mon soutien, je 
ne serai plus ébranlé. 

4. Jusques à quand fondrez- 
vous sur un homme? chercherez- 


hébreu : 


« Au chef de chœur. Avec accompagnement d'instruments à cordes 


(Neginóth). De David. » — Composé par David fugitif, pendant la révolte d'Absalom, 
à Mahanaim (Vulgate : Castra), 11 Rois, xvii, 24, ou en quelque autre endroit du pays 


de Galaad. 


2-4. * Prière de David fugitif pour que Dieu le soutienne et le conduise. 

3. Une pierre; un rocher haut et inaccessible. 

4. Une tour forte; littér. et par hébraisme, une tour de force. En hébreu, en effet, 
un adjectif est souvent remplacé par un substantif mis au génitif. 

5-6. * Dieu est la force de David; il désire habiter toujours prés du Tabernacle, 


prés de celui qui lui a donné son héritage. 


1. D'une génération et d'une génération, hébraisme, pour plusieurs, un grand 
nombre de générations. Suivant la paraphrase chaldaique et les anciens rabbins, les 
expressions du texte ne peuvent étre exactement vérifiées que dans la personne du 


Messie. 


1-9. * Que Dieu donne de longs jours au roi, qu'il le garde, et il le remerciera par 


ses chants. 
8. Recherchera, sondera, approfondira. 


1. Idithun. Voy. le titre du Ps. xxxvii. — * Composé pendant la révolte d'Absalom. 


2-3. * Acte de confiance en Dieu. 


2. Est-ce que mon âme, etc. David, sentant s'élever dans son cœur des sentiments 
de vengeance contre ses ennemis, cherche à les réprimer par ces paroles. 
4-5. * Projets des ennemis de David contre sa personne. 


4. Chercherez-vous à détruire? littér. et par hébraisme, {uez-vous, détruisez-vous? — 
A une muraille et à un mur, sont au datif dans la Vulgate et dans les Septante, sans 
doute pour in parielem, in maceriam, comme complément du verbe irruitis précé- 
dent, dont le premier régime est in ^ominem. Il y a dans la Bible plus d'un exemple 
de ce genre de construction, / ὃ 


[Ps. rxir.] 


vous tous ensemble àle détruire, 
comme vous feriez à une muraille 
qui penche, et à un mur sec qui 
s'écroule? 

5. Car ils ont songé à me dé- 
pouiller de ma dignité : j'ai couru 
dans ma soif. De leur bouche ils 
me bénissaient, et de leur cœur 
ils me maudissaient. 

6. Cependant, sois soumise à 
Dieu, ὃ mon àme, puisque de lui 
vient ma patience. 

7. Parce que lui-même est mon 
Dieu et mon sauveur : mon aide, 
je n'émigrerai pas. 

8. En Dieu est mon salut et ma 
gloire : il est le Dieu de mon se- 
cours, et mon espérance est en 
Dieu. 

9. Espérez en lui, vous tous qui 
composez l'assemblée de son peu- 
ple; répandez devant lui vos 
cœurs : Dieu est notre aide pour 
l'éternité. 

10. Mais les fils des hommes 
sont vains ; les fils des hommes 


LES PSAUMES. 


1177 


sont faux dans /eurs balances; 
afin de tromper ensemble par 
vanité. 

11. Gardez-vous bien d'espérer 
dans liniquité, et gardez-vous 
bien de désirer des rapines : si 
les richesses vous affluent, gar- 
dez-vous bien d'y attacher votre 
cœur. 

12. Dieu a parlé une fois, j'ai 
entendu ces deux choses : que la 
puissance est à Dieu, 

43. Et à vous, Seigneur, la mi- 
séricorde : que vous rendrez à 
chacun selon ses œuvres. 


PSAUME LXIl 
(Hésr., LXIII). 


David représente vivement dans ce 
psaume la soif ardente qu'il avait pour 
Dieu, le désir de revoir son taber- 
nacle, et la confiance en sa puissante 
protection. 


Psaume de David. 
1. Lorsquil était dans le désert de l'Idu- 
mée (I Rois, xxu, 5) 


2. Dieu, mon Dieu, je veille et 


Ps. EXE. 13. Matt., xvr, 21; Rour., 15 6; 1 Cor.; ur, 8; Gal, vr, 5. 


6-8. * Nouvel acte de confiance en Dieu. 

9-11.* Discours au peuple pour qu'il mette son espoir en Dieu, évite le mal et 
fasse le bien. 

10. Fauz dans leurs balances; c'est-à-dire se servent de faux poids; ce qui peut 
s'entendre des jugements faux et trompeurs que l'on porte, des injustices diverses 
que l'on commet, des préjugés injustes que l'on concoit contre son prochain. Com- 
par. le livre des Proverb., xr, 1; xx, 10. 

12-13. * Dieu mettra ordre à tout : il a la puissance et la justice et il rendra à 
chacun selon ses œuvres. — Dieu a parlé une fois à son peuple, en lui donnant la 
loi sur le mont Sinai; mais il lui découvrit alors deux grandes vérités que David 
avait bien retenues; savoir que Dieu est également puissant et miséricordieux, et 
qu'il rend à chacun selon ses œuvres. Compar. Ezod., xx, 5-6. 


1. * Prière de David dans le désert de Juda, pendant la persécution de Saül. Les 
éditions ordinaires des Septante et la Vulgate portent Idumée au lieu de Juda, mais 
cest cette derniére lecon, qu'on lit dans plusieurs manuscrits et dans Euthymius, 
qui est la vraie. — Ce psaume est une prière que David adresse à Dieu le matin, et 
c'est pour ce motif que l'Eglise le/fait réciter à Laudes, qu'on chante le matin. Il a été 
déjà employé par la primitive Eglise comme priére du matin. — Obligé de se réfugier 
dans un désert aride pour échapper à la colére de son ennemi, le Psalmiste réclame 
pou lui la protection de Dieu, et pour ceux qui le persécutent le châtiment qui leur 
est dû. 


2. La lumière du jour, ou l'aurore, comme porte le texte hébreu. — Mon âme, etc. 


1178 


j'aspire vers vous des la lumiere. 

Mon âme ἃ eu soif de vous : en 
combien de manières ma chair est 
pour vous! 

3. Dans une terre déserte et 
sans chemin, et sans eau, je 
me suis présenté devant vous, 
comme 6 0818 16 sanctuaire, afin de 
voir votre vertu et votre gloire. 

4. Parce que votre miséricorde 
est meilleure que la vie; mes 
lèvres vous loueront. 

9. Ainsi je vous bénirai pen- 
dant ma vie : et en votre nom je 
lèverai mes mains. 

6. Que mon àme soit remplie 
comme d'une graisse abondante; 
et avec des levres d'exultation, 
ma bouche vous louera. 

7. Si je me suis souvenu de 
vous sur ma couche ; [6 méditerai 
les matins sur vous, 

8. Parce que vous avez été mon 
aide. 

Et à couvert sous vos ailes, je 
serai transporté de joie. 

9. Mon àme s'est attachée à 


LES PSAUMES. 


[Ps. rxur.] 


vous ; volre droite m'a soutenu. 

10. Pour eux, en vain ils ont 
cherché mon âme; ils entreront 
dans les parties inférieures de la 
terre. 

11. Ils seront livrés aux mains 
du glaive, ils seront la part des 
renards. 

19. Mais le roi se réjouira en 
Dieu; on louera tous ceux qui 
jureront par lui; parce qu'a été 
fermée la bouche de ceux qui 
disaient des choses iniques. 


% " PSAUME LXIIT 
(Hésr., LXIV). 

David invoque le secours de Dieu contre 
ses ennemis. Ille remercie de la pro- 
tection qu'il lui a donnée. Il lui repré- 
sente la malice de ses persécuteurs, et 


il prédit que leurs calomnies retombe- 
ront sur eux. 


1. Pour la fin, psaume de David. 


2. Exaucez, ὃ Dieu, ma prière, 
lorsque je vows supplie : de la 
crainte d'un ennemi délivrez mon 
âme. — 


Tout mon étre, mon áme aussi bien que mon corps, ne soupire qu'aprés vous, ne 
respire que vous, est entiérement à vous. 

3. Dans la lerre déserte, etc., où je me trouve exilé, je vous adore et vous prie 
comme si j'étais à Jérusalem dans votre sanctuaire, devant l'arche et le tabernacle. 

4. La vie; littér. et par hébraisme, les vies. 

5. Je léverai mes mains vers le ciel; c'est-à-dire je prierai. Dans leurs prières, les 
Hébreux étendaient ordinairement les mains et les tenaient élevées vers le ciel. 

6. D'une graisse abondante; littér. d'une graisse et d'une graisse. 

41. Sous le nom de renards (vulpium), la Vulgate désigne ici les chacals, qui 
abondent dans la Palestine et qui déterrent les cadavres et les dévorent. Compar. 
Juges, Xv, 4. : 

42. Qui jureront par lui. L'usage de jurer par la vie du roi était trés commun parmi 
les Hébreux. Voy. entre autres passages de l'Ecriture qui le prouvent, 1 Rois, 1, 26; 
xx,3; II Rois, xv, 21. — Plusieurs critiques, à cause de ce mot de roi, prétendent 
que ce psaume ne peut pas étre du temps de la persécution de Saül, mais de l'époque 
de la révolte d'Absalom, etc. Il n'est cependant nullement impossible que David, qui. 
avait été sacré par Samuel, prít dès lors le titre de roi, et que ceux qui le suivaient 
lui donnassent ce titre et jurassent par lui. 


1. * Composé probablement du temps de la persécution de Saül, contre les cour- 
tisans qui entouraient ce prince et nuisaient à David par leurs calomnies et leurs 
rapports venimeux. 

2-6*, * Que Dieu garde David contre les traits 665 1 


[Ps. Lxiv.] 


3. Vous m avez protégé contre 
lassemblée des méchants, et 
contre la multitude de ceux qui 
operent l'iniquité. 

4. Parce qu'ils ont aiguisé leurs 
langues comme un glaive : ils 
ont tendu /eur arc, chose amère, 

5. Afin de lancer des fleches 
dans les ténèbres, contre un inno- 
cent. 

6. Ils les lanceront soudaine- 
ment contre lui, et ils ne crain- 
dront point : ils se sont affermis 
dans un discours pervers. 

Ils ont concerté de cacher des 
pièges, ils ont dit : Qui les verra? 

7. Ils ont cherché avec soin des 
iniquités contre 2007 ; ceux qui les 
cherchaient ont défailli dans ces 
recherches. : 

L'homme descendra dans la 
profondeur de son cœur; 

8. Mais Dieu sera exalté. 

Les plaies qu'ils ont faites sont 
devenues des flèches de petits 
enfants. 

9. Et leurs langues ont perdu 
leur force, en se tournant contre 
eux-mêmes. 


LES PSAUMES. 


1179 


Tous ceux qui les voyaient ont 
été troublés, 

10. Et tout homme a été saisi 
de crainte. 

Et ils ont annoncé les œuvres 
de Dieu, et ils ont compris les 
choses qu'il a faites. 

11. Le juste se réjouira dans le 
Seigneur, et il espérera en lui, et 
tous les hommes droits de cœur 
seront loués. 


PSAUME LXIV 
(HéBR., LXV). 

Le Psalmiste prie Dieu de ramener son 
peuple captif dans la terre dont il a 
été enlevé. Il décrit la fertilité de cette 
terre, et il prédit les biens dont il com- 
blera son peuple lorsqu'il y sera re- 
tourné. 


Pour la fin, psaume de David. 

1. Cantique* de Jérémie et d'Exéchiel, 
pour le peuple émigré, lorsqu'il commen- 
cait à sortir. 

2. A vous, 6 Dieu, convient un 
hymne en Sion; et à vous sera 
rendu un vœu dans Jérusalem. 

3. Exaucez ma prière : vers 
vous, toute chair viendra. 

4. Des paroles d'hommes ini- 


4. Chose amére (ce sont les propres termes des Septante et de la Vulgate); c'est-à- 
dire chose funeste, pernicieuse; le mot hébreu signifie aussi parole; cest le méme 
que les Septante et la Vulgate ont rendu par discours au vers. 6. 

55-1. * Tableau des coups et des intrigues des caiomniateurs ! 

1. Ils ont cherché, etc. Pour couvrir leur injustice d'un prétexte d'équité, ils ont 
voulu me faire passer pour un homme criminel, mais leurs accusations sont tombées 
d'elles-mémes. — L'homme méchant descendra dans la profondeur de son cœur, pour 
y chercher les moyens de perdre le juste. 

8-11. * Chátiment que Dieu réserve aux calomniateurs. 


* Cantique. Ce mot et les suivants jusqu'à la fin du titre ne se lisent ni dans 
l'hébreu, ni dans le chaldéen, ni dans le syriaque. On ne les lisait pas non plus dans 
les anciens exemplaires des Septante, qui étaient dans les Héxaples d'Origéne; ils 
offrent, en effet, des difficultés, touchant lesquelles on peut voir les commentateurs. 

1. * De Jérémie et d'Ezéchiel. Cette addition faite par la Vulgate signifie sans doute 
que Jérémie et Ezéchiel firent chanter ce psaume de David à leurs fréres. Ce psaume 
est un chant de victoire, mais il est impossible de déterminer exactement à quelle 
occasion il fut composé. — Il est remarquable par son mouvement lyrique et par la 
vivacité des couleurs; quoique quelques-unes de ses tournures soient hardies, il est 
généralement clair. 

2-6*, * Gloire à Dieu! Heureux celui qui visite son temple! 


1180 


ques ont prévalu sur nous; mais 
vous, vous pardonnerez nos ini- 
quités. 

9. Bienheureux celui que vous 
avez choisi et pris ὦ votre service: 
il habitera dans vos parvis. 

Nous serons remplis des biens 
de votre maison: votre temple 
est saint, 

6. Admirable par l'équité qui y 
regne. 

Exaucez-nous, ὃ Dieu, notre 
salut, l'espérance de toutes les 
extrémités de la terre, et sur la 
mer, au loin. | 

7. Vous qui disposez les mon- 
tagnes par votre force, armé de 
puissance ; 

8. Qui troublez le profond de 
la mer, le bruit de ses flots. 

Les nations seront troublées, 

9. Et ceux qui habitent les li- 
mites de la terre craindront à la 
vue de vos miracles: vous réjoui- 
rez le matin naissant et le soir. 

10. Vous avez visité la terre, 
et vous l'avez enivrée : vous 
avez multiplié ses richesses. 

Le fleuve de Dieu a été rempli 
d'eaux, vous avez par là préparé 


LES PSAUMES. 


[Ps. Lxv.] 


la nourriture des hommes; car 
c'est ainsi qu'est la préparation 
de la terre. 

11. Enivrez ses ruisseaux, mul- 
tipliez ses productions : dans les 
pluies douces elle se réjouira en 
produisant. 

19. Vous bénirez la couronne 
de l'année, objet de votre bonté; 
et vos champs seront remplis par 
l'abondance des fruits. 

13. Les lieux riants du désert 
seront engraissés ; et les collines 
seront ceintes d'exultation. 

14. Les béliers des brebis ont 
été revétus d'une riche toison, et 
les vallées abonderont en fro- 
ment : elles crieront, et elles di- 
ront un hymne. 


PSAUME LXV 
(Hésr., LXVI). 


Le Psalmiste invite tous les peuples de 
la terre à louer Dieu à la vue des mer- 
veilles de sa puissance. Il promet de 
s'acquitter des vœux qu'il lui a faits, 
et de purifier son cœur de toute attache 
au péché. 


Pour la fin. 
1. Cantique d'un psaume de résurrec- 
lion. 


65-9. * Puissance de Dieu. 


6. De toutes les extrémités, etc.; c'est-à-dire de toutes les nations jusqu'aux extré- 
mités les plus lointaines de la terre et de la mer. 

9. Le matin naissant; littér. et poétiq. les sorties du matin, lorsque le matin sort. 

10-14. * Dieu féconde la terre et nous nourrit. 

10. Vous l'avez enivrée; c'est-à-dire arrosée de pluies abondantes. — Le fleuve de 
Dieu, ou le fleuve par excellence, le Jourdain, selon les uns; ou les grands fleuves 
en général, selon les autres ; le singulier, dans le style biblique, se mettant souvent 
pour le pluriel. — Des hommes; littér. d'éuz (illorum), c'est-à-dire des habitants de 
la terre, nommés au vers. précédent. — La préparation de la terre; littér. sa prépa- 
ration (præparalio ejus); or, le pronom représente certainement ici le mot ferre, 
exprimé au vers. précédent. Le sens de cette dernière phrase est donc : Car c'est 
ainsi que vous préparez la terre pour la nourriture de ses habitants. 

41. Dans les pluies, etc. Le sens est que la terre se réjouira de se voir arrosée par 
des pluies bienfaisantes quilui feront produire des fruits en abondance. 

14. Les béliers des brebis; c'est-à-dire les béliers qui marchent à la téte des brebis, 
comme chefs des troupeaux. — Elles; ce pronom se rapporte à collines du vers. pré- 
cédent, aussi bien qu'au mot vallées. 


4, Le Psalmiste remercie Dieu d'une délivrance nationale dans la première partie, 


PS. LXV.) 


Poussez des cris de joie vers 
Dieu, ὃ terre tout entière ; 

2. Dites un psaume à /’honneur 
de son nom : rendez gloire à sa 
louange. 

3. Dites à Dieu : Que vos œu- 
vres sont redoutables, Seigneur! 
àla vue de la grandeur de votre 
puissance, vos ennemis vous 
mentiront. 

4. Que toutela terre vous adore 
et vous chante; qu'elle dise un 
psaume à /a glo?re de votre nom. 

5. Venez et voyez les œuvres 
de Dieu : il est terrible dans ses 
desseins sur les fils des hommes. 

6. C'est lui qui a changé la mer 
en une terre aride : ils passeront 
dans un fleuve à pied sec, là nous 
nous réjouirons. 

7. C'est lui qui domine éter- 
nellement par sa puissance : ses 
yeux regardent les nations : que 
ceux qui lirritent ne s'élèvent 
pas en eux-mémes. 

8. Bénissez, ὃ nations, noire 
Dieu, faites entendre la voix de 
sa louange. 

9. C'est lui qui a rendu mon 
âme à la vie, et qui n'a pas per- 
mis que mes pieds aient chancelé. 


LES PSAUMES. 


1181 


10. Parce que vous nous avez 
éprouvés, ó Dieu, vous nous avez 
épurés par le feu, comme lar- 
gent est épuré. 

11. Vous nous avez conduits 
dans le lacs, vous avez mis des 
tribulations sur nos épaules : 

12. Vous avezimposé des hom- 
mes sur nos têtes. 

Nous avons passé par le feu et 
par l’eau ; et vous nous avez con- 
duits au lieu de rafraichissement. 

13. l'entrerai dans votre mai- 
son avec des holocaustes; je 
vous rendrai mes vœux, 

14. Qu'ont proférés mes lèvres, 

Et qu'a exprimés ma bouche 
dans ma tribulation. 

15. Je vous offrirai des holo- 
caustes gras, avec la fumée des 
béliers: je vous offrirai des bœufs 
avec des boues. 

16. Venez et écoutez, vous 
tous qui craignez le Dieu Sei- 
gneur, et je raconterai quelles 
grandes choses il a faites pour 
mon àme. 

11. C'est vers lui que j'ai crié 
de ma bouche, et c’est lui que 
j'ai exalté par ma langue. 

18. Si jai regardé l'iniquité 


1-12, et d'une délivrance personnelle dans la seconde, 13-20, mais on ne sait à quels 


faits particuliers il fait allusion. 


1-4. * Que tous les peuples de la terre louent Dieu de ses œuvres merveilleuses. 
2. Dites; ce pluriel se rapporte à terre, du vers. précédent, laquelle est un nom 


collectif, qui se prend pour ses habitants. 


3. Vous mentiront; en se soumettant extérieurement à vous, mais cette soumission 


sera feinte et trompeuse. 


5-1. * Tableau des merveilles que Dieu a opérées. 
6. 178 passeront, etc.; allusion au passage de la mer Rouge par les Israélites, sous 


]a conduite de Moise. 


8-12. * Gloire à Dieu, parce qu'après avoir éprouvé son peuple, il le laisse respirer. 

10. Vous nous avez épurés par le feu. Compar. Deulér., 1v, 20, et Daniel, 11, 21. 

13-15. * Le vers. 13 commence la seconde partie, qui est personnelle. Le Psalmiste 
exécutera le vœu qu'il a fait pendant qu'il était dans l'angoisse. 

15. La fumée des béliers; c'est-à-dire de la fumée des chairs brûlées des héliers. 

16-20. * Récit fait au peuple du bienfait recu et de la reconnaissance du Psalmiste. 

18. Si j'ai regardé, etc.; s'il y a dans mon cœur quelque mauvais dessein, de l'hy- 


pocrisie, etc. 


4182 
dans mon cœur, le Seigneur ne 
m'exaucera pas. 

19. C'est pour cela que le Sei- 
.gneur m'a exaucé, et qu'il a été 
attentif à la voix de ma suppli- 
' cation. 

- 90. Béni le Dieu qui n'a pas 
écarté ma priere, ni sa miséri- 
corde de moi! 


PSAUME LXVI 
(HéBr., LXVII). 
David prie Dieu de répandre toutes ses 
miséricordes et sa lumière sur son 
peuple, et de remplir de joie toutes les 


nations en envoyant le Sauveur, qu'il 
doit leur donner. 


Pour la fin. 

1. Dans les hymnes, psaume d'un can- 
tique de David. 

2. Que Dieu ait pitié de nous, 
et qu'il nous bénisse; qu'il fasse 
briller la lumiere de son visage 
sur nous, et quil ait pitié de 
nous. 

3. Afin que nous connaissions 
sur la terre votre voie, e£ votre 
salut dans toutes les nations. 

4. Que les peuples vous glori- 
fient, ὃ Dieu, que tous les peuples 
vous glorifient. 

5. Que les nations se réjouis- 
sent et exultent, parce que vous 
jugez les peuples avec équité, et 


LES PSAUMES. 


[Ps. Lxvir.] 


que vous dirigez les nations sur 
la terre. 

6. Que les peuples vous glori- 
fient, ὃ Dieu, que tous les peuples 
vous glorifient. 

7. La terre a donné son fruit. 

Qu'il nous bénisse, Dieu, notre 
Dieu, 

8. Qu'il nous bénisse, Dieu; et 
que toutes les extrémités de la 
terre le redoutent. 


PSAUME LXVII 
(HéBr., LXVIII) 


Le Psalmiste demande au Seigneur qu'il 
paraisse devant son peuple, et qu'il 
dissipe ses ennemis par sa présence. 
Il décrit la pompe de sa marche et les 
merveilles qu'il opéra dans le désert. 
Il excite tout le peuple à louer ce sou- 
verain Seigneur. Ce psaume, comme en 
conviennent tous les commentateurs, 
est le plus difficile à entendre; de là le 
grand nombre des interprétations di- 
verses. Pour nous, il nous semble que 
c'est un cantique de triomphe, com- 
posé par David dans la cérémonie du 
transport de l'Arche Sainte de Caria- 
thiarim à Jérusalem ou de la maison 
d'Obédédom dans le tabernacle dressé 
à Sion. La plupart des Péres grecs et 
latins l'appliquent, dans le sens spiri- 
tuel,à la venue, à la Résurrection, à 
l'Ascension de Jésus-Christ, à la pré- 
dication des Apótres et à la conversion 
des Gentils; saint Paul lui-méme en a 
rapporté un passage à l'Ascension du 
Sauveur, comme on le verra dans les 
notes. 


Pour la fin. 


1. * Hymne d'action de grâces après la récolte. Le titre hébreu porte : « Au chef 
de chœur avec neginóth. » La Vulgate ajoute, > de David. » 

2-3. * Que Dieu nous bénisse et que toute la terre connaisse ses voies! 

2. Qu'il fasse briller, etc. Cette expression se trouve souvent employée daus l'Eeri- 
ture pour marquer les regards favorables et la bienveillance en général, 

3. Votre salut, etc.;le salut que vous procurez à toutes les nations. 


4. * Refrain. 


5-6. * Que tous les peuples se réjouissent parce que Dieu est juste. 


6. * Refrain. 


1-8. * La terre a porté ses fruits : Que Dieu nous bénisse! 
1. La terre a donné son fruit. Aprés une grande sécheresse et une affreuse stérilité, 
vous avez donné la fécondité à nos champs. Dans le sens spirituel, ce fruit est Jésus- 


Christ et la terre la sainte Vierge. 


[ps: x vu.] LES PSAUMES. 1183 


1. Psaume d'un cantique de David lui- | monte sur le couchant : le Sei- 
meme. gneur est son nom. 

2. Que Dieu se leve, et que ses Exultez en sa présence : les pé- 
ennemis soient dissipés; et que | cheurs seront troublés devant sa 
ceux qui le haissent fuient de- | face, 


vant sa face. 6. Lui. le pere des orphelins, et 
3. Comme s'évanouit la fumée, | le juge des veuves. 
quils s'évanouissent : comme Dieu est dans son lieu saint; 


qu'aiasi périssent les pécheurs à | maison ceux qui sont d'un méme 
la face de Dieu. esprit : 

4. Mais que les justes fassent Qui fait sortir par sa puissance 
des festins, et qu'ils exultent en | ceux qui sont dans les liens, et 
la présence de Dieu ; et qu'ils se | pareillement ceux qui l'irritent, 
plaisent dans la joie. qui habitent dans des sépulcres. 

ὃ. Chantez Dieu, dites un 8. 0 Dieu, lorsque vous sortiez 
psaume à /a gloire de son nom : | en présence de votre peuple, lors- 


la cire fond à la face du feu, 7. Dieu qui fait habiter dans sa 
faites un chemin à celui qui | que vous passiez dans le désert, 


1. * Ce psaume, le plus difficile à comprendre de toute la collection, a été composé 
à l’occasion d'une guerre de David, peut-être la guerre contre les Syriens et les 
Ammonites, 11 Rois, x-xu; 1 Par., xix-xx, 3. Cf. II. Rois, vir, 3-14 et I Par., xvii, 
3-13. Le vers. 2, par lequel s'ouvre le psaume, est la reproduction des paroles de 
Moise, Nombres, x, 35, et indique que l'arche avait été portée à l'armée, ce qui eut 
lieu dans la guerre contre les Syriens et les Ammonites, II Rois, xr, 11. David chante 
sa victoire. Le psaume se divise en deux parties et en neuf strophes. La 1r* partie 
qui sert d'introduction, 2-19, est un tableau du passé ; la 2e, 20-36, chante le triomphe 
présent et remercie Dieu du succès qu'il a donné à son peuple. 

2-4. * Quand Dieu, c'est-à-dire l'arche de Dieu, se lève, ses ennemis se dissipent 
comme la fumée, les méchants périssent, les justes se réjouissent. 

2. Que Dieu se léve. Compar. Nombr., x, 35. — Et que ses ennemis; c'est-à-dire les 
Philistins et les autres peuples ennemis du Dieu des Hébreux. 

4. Mais que les justes, 610. Compar. 1 Paral., xv, xvi. 

5-1. * Chantez en l'honneur de Dieu, préparez-lui le chemin quand il passe (dans 
son arche), dans son lieu saint, car il est le père de l'orphelin et le défenseur de la 
veuve, le libérateur du captif ; il laisse seulement les rebelles dans 16 tombeau ou dans 
le désert aride, comme porte l'hébreu. 

5. Faites un chemin. C'est une apostrophe aux habitants des lieux où devait passer 
l'Arche sainte. — Sur le couchant; c'est-à-dire sur le mont de Sion vers le couchant. 

7. Ceux qui sont d'un méme esprit (unius moris); le peuple israélite. — Qui fai 
sortir, etc.; qui a délivré nos pères de l'esclavage de l'Egypte par sa force toute- 
puissante. — Ceuz qui l'irritent, etc. On explique, dans le sens spirituel, cette fin du 
verset, des Gentils que Jésus-Christ a délivrés de la mort du péché et du tombeau de 
l'ignorance oü ils étaient ensevelis, quoiqu'ils l'offensassent continuellement. 

8-11. * Les vers. 6-7 rappellent l'Exode et ce que Dieu a fait pour son peuple dans 
le désert; les versets 8-11 continuent à parler des merveilles de cette époque; ils 
rappellent la promulgetion de la loi sur le Sinai et l'occupation de la Terre Pro- 
mise. Vos animaux désignent Israel considéré comme un troupeau dout Dieu est le 
pasteur. 

8. Le Psalmiste commence à décrire les merveilles que le Seigneur opéra dans le 
désert aprés la sortie d'Egypte. Débora dans son cantique (Juges, v, 4, 5) et Habacuc 
dans sa prophétie (ur, 6, 10) font une description semblable de 18 pompe du Seigneur 
marchant dans le désert et descendant à Sinai. 


1184 

9. La terre fut éóbranlée; car les 
cieux se fondirent en eaux à la 
face du Dieu du Sinai, àla face du 
Dieu d'Israël. 

10. Vous réserverez, ὃ Dieu, 
une pluie volontaire pour votre 
héritage; il ἃ été affaibli, mais 
vous, vous l'avez fortifié. 

11. Vos animaux y habiteront ; 
vous avez, ὃ Dieu, préparé par 
un effet de votre douceur une 
nourriture au pauvre. 


LES PSAUMES. 


[Ps. Lx vis.) 


12. Le Seigneur donnera la pa- 
role à ceux qui annonceront la 
bonne nouvelle, avec une grande 
force. 

13. Le roi des armées sera 
soumis au bien-aimé, au bien- 
aimé; et ce sera à la beauté de 
la maison de partager les dé- 
pouilles. 

14. Si vous dormez au milieu 
de vos héritages, vous serez 
comme des ailes argentées d'une 


10. Une pluie volontaire; une pluie de faveur. Cette pluie est, selon les uns, une 
pluie réelle, qui rafraichit les Hébreux dans l'accablement et la lassitude où ils étaient 
réduits, et. selon les autres, la manne dont ils furent nourris dans le désert. Les 
Pères expliquent cette pluie, dans le sens spirituel, de la doctrine évangélique, et 
dans le sens littéral de la manne. 

12-15. * Le texte original peut se traduire ainsi : 

Adonai (le Seigneur) donne le signal; 

Les messagéres de la victoire sont une armée nombreuse, 

Les rois des armées s'enfuient, s'enfuient, 

Et la maitresse de la maison ramasse le butin. 

Puis, quand vous vous reposez [en paix] au milieu des abreuvoirs, 
[Vous étes comme] les ailes de la colombe aux reflets d'argent, 
Au plumage étincelant d'or. 

Quand le Tout-Puissant dissipe les rois, 

La neige blanchit le Selmon. 


Le sens dés quatre premiers vers est suffisamment clair; celui des cinq derniers 
parait d'une obscurité impénétrable. La strophe entière peint la conquête de la Terre 
Promise. Dieu donne le signal du combat, et la victoire est gagnée; de nombreuses 
jeunes filles chantent le triomphe, Ex., xv, 20; Jud., xri, 34. Les rois qui s'enfuient 
sont les ennemis du peuple de Dieu vaincus; leurs dépouilles sont rapportées à la 
maison et données aux femmes, Jud., v, 30. Alors les Israélites peuvent vivre en paix 
au milieu de leurs troupeaux; ils sont enrichis et parés des riches bijoux conquis; 
les ennemis s'enfuient du cóté du Selmon et le font briller comme s'il était couvert 
de neige. 

12. Le Seigneur donnera, etc. Compar. Matth., x, 19, 20; Luc, xxx, 15. — Avec une 
grande force; littér. vertu (virtute). Le terme hébreu traduit dans la Vulgate par 
virlus, signifiant armée, mullitude, bien des interprètes traduisent cette fin de verset : 
En grand nombre. Compar. le vers. suivant. 

13. Le roi des armées; !e roi le plus puissant des rois nos ennemis; littér. des ver- 
tus (vitulum). Voy. Ps. xx, 10. — Au bien-aimé, au bien-aimé; cette répétition 
donne une nouvelle force à l'expression, qui représente déjà par elle-méme un super- 
latif. Cette expression peut s'appliquer au peuple d'Israél, qui assujettit les rois puis- 
sants du pays de Chanaan, mais elle convient bien mieux à Jésus-Christ, le bien- 
aimé du Père, l'objet de toutes ses complaisances (Ma/th., uz, 11). — La beauté de la 
maison; c'est-à-dire la femme, qui, selon la coutume de l'Orient, demeure presque 
toujours renfermée dans sa maison. De partager les dépouilles. Le Psalmiste fait allu- 
sion à Débora et à Jahel, femme d'Haber le Cinéen (Juges, 1v, v, 19, 20). C'était, en 
effet, l'ancien usage de la guerre de partager les dépouilles des vaincus. 

14. Dans son Comment. littéral sur ce verset, D. Calmet dit : « Les interprétes se 
tourmentent inutilement ici, pour donner un sens distinct à ce texte, qui est d'une 
obscurité presque impénétrable. » Cependant le savant auteur essaie de donner une 
explication tout en avouaut qu'il ne sera « peut-être pas plus heureux qu'ils ne l'ont 
été, » Quant à nous, nous chercherons simplement à éclaircir par quelques mots 


ps. Lxvir.] 
colombe dont les extrémités du 
dos ont une pâleur d'or. 

45. Tandis que le roi du ciel 
disperse des rois sur elle, ils de- 
viendront blancs par la neige qui 
est sur Selmon. 

16. La montagne de Dieu est 
une montagne grasse : 

Montagne fertile, montagne 
grasse. 

17. Pourquoi regardez-vous 
avec envie des montagnes fer- 
tiles? 


LES PSAUMES. 


1185 


La montagne sur laquelle il a 
plu à Dieu d'habiter; car le Sei- 
gneur y habitera jusqu'à la fin. 

18. Le char de Dieu est entouré 
de plus de dix mille; ce sont des 
milliers de saints qui se livrent 
à la joie; le Seigneur est au mi- 
lieu d'eux, à Sinai dans son sanc- 
tuaire. 

19. Vous étes monté en haut, 
vousavez pris une captivité : vous 
avez recu des dons parmi les 
hommes; 


Ps. LXVII. 19. Ephés., 1v, 8. 


notre traduction, reproduction littérale de la Vulgate et des Septante. Voici donc 
comment nous entendons ce verset : Quand, dans la terre promise, vous posséderez 
les lots ou héritages qui vous seront échus par le sort, vous deviendrez riches et 
opulents, vous brillerez par l'argent et l'or comme les colombes dont le plumage 
refléte l'argent et l'or. 

15. Sur elle (super eam); sur la terre exprimée au vers. 9, ou mieux, peut-étre, sur 
l'Aéritage (hzreditas) du vers. 10, lequel est féminin en latin. — I/s deviendront blancs 
par la neige abondante du mont Selmon, sous laquelle ils seront ensevelis ; selon 
d'autres : Les lieux deviendront blancs comme la neige, parles ossements des cadavres 
qui les couvriront. C'est ainsi qu'on lit dans Virgile (Enéid., v, 865) : Des rochers 
blancs d'ossemenís ; et (xii, 36) : Les champs sont blancs par les ossements; et dans 
Ovide (Fast., 1. 1) : La terre est blanche d'ossements humains. La première interpréta- 
tion nous semble plus simple et plus naturelle. 

16-19. * Traduction du texte original : 

Montagnes de Dieu, montagnes de Basan! 

Montagnes aux cimes élevées, montagnes de Basan! 
Pourquoi étes-vous jalouses, hautes cimes, 

De la montagne que Dieu a choisie pour y habiter? 

Jéhovah y habitera à jamais. 

Le char de Dieu, des milliers, 

Une multitude innombrable, 

Dieu lui-méme, le Sinai [viennent] dans ce sanctuaire, 

Tu montes sur le sommet [de Sion], tu aménes tes prisonniers, 
Tu recois les présents des hommes, des ennemis eux-mémes, 
Et tu y demeures, Jéhovah, Dieu! 


Cette strophe nous représente Dieu choisissant le mont Sion pour sa demeure. 
David met en présence les hautes montagnes de Basan (la Vu!gate a pris ce nom 
pour un substantif commun et le traduit par gras), et les collines de Jérusalem. 
c'est-à-dire le mont Sion. Par une figure hardie, il suppose les montagnes de Basan 
jalouses de Sion. Dieu descend sur ce dernier, avec son innombrable cour, et là il 
recoit l'hommage de tous. 

16. Fertile; littér. coagulée, caillée (coagulatus). 

18. A Sinaï; c'est-à-dire comme autrefois sur le mont Sinai. 

19. Vous étes, etc. Monter s'élever en haut, se dit souvent, en parlant de Dieu, lors- 
qu'il fait éclater sa gloire, qu'il s'élève en quelque sorte au-dessus de la terre, pour 
manifester sa puissance et sa majesté. Voy. Ps. xLvi, 6; Lvr, 6, 12; cvir, 0; cxi, 4. — 
Vous avez pris, assujetti, emmené; une captivité; un grand nombre de captifs. — 
Ceux qui ne croyaient pas; est régi par le verbe vous avez pris, qui précéde. Saint 
Paul, dans son Epitre aux Ephésiens (1v, 8), applique ce verset à l'Ascension de 
Jésus-Christ. 


ἃς ἢ 75 


1186 LES PSAUMES. 


Car vous avez pris ceux qui ne 
croyaient pas que le Seigneur 
Dieu habitât au milieu de son 
peuple. 

20. Béni soit le Seigneur un 
jour, chaque jour : il nous fera un 
chemin prospere, le Dieu de nos 
victoires. 

21. Notre Dieu est le Dieu qui 
sauve; et au Seigneur, au Sei- 
gneur appartient de retirer de la 
mort. 

22. Mais Dieu brisera les tétes 
de ses ennemis; le sommet che- 
velu de ceux qui marchent dans 
leurs péchés. 

23. Le Seigneur a dit : De Bazan 
je /es amènerai, je /es amenerai 
dans le profond de la mer; 

24. En sorte que ton pied soit 
teint dans du sang, que la langue 
de tes chiens le soit du sang de 
tes ennemis. 

25. Ils ont vu vos marches, ὃ 
Dieu, les marches de mon Dieu, 
de mon roi qui est dans le sanc- 
tuaire. 


LPS. Lx vin.] 


26. Des princes joints à des 
joueurs de psaltérion ont précédé, 
au milieu de jeunes filles battant 
du tambour. 

27. Dans des assemblées bé- 
nissez Dieu, le Seigneur, vous 
sortis des sources d'Israél. 

28. Là était le jeune Benjamin, 
dans l'extase de son esprit. Les 
princes de Juda, leurs chefs; les 
princes de Zabulon, les princes de 
Nephthali. 

29. Gommandez, ó Dieu, à votre 
puissance; affermissez, Ó Dieu, 
ce que vous avez opéré parmi 
nous. 

30. Du milieu de votre temple 
qui est dans Jérusalem, des rois 
vous offriront des présents. 

31. Réprimez les bétes du ro- 
seau, assemblée de taureaux au 
milieu des vaches des peuples, 
afin de chasser ceux qui ont été 
éprouvés par l'argent. 

Dissipez desnations qui veulent 
les guerres. 

32. Des ambassadeurs vien- 


20-36. * IIe Partie: Tableau du présent : Aprés avoir rappelé tout ce que Dieu ἃ 
fait pour son peuple et pour Jérusalem où il vient demeurer, David loue le Seigneur 
de la victoire qu'il vient de lui faire remporter. 

20-24. * Tableau de la victoire. Une partie de la guerre avait eu pour théâtre le 


pays de Basan. 


20. Victoires; littér. saluts, délivrances. Voy. sur ce mot, Ps. xuui, 5. 
23. Basan. Voir la note sur Nombres, xxi, 33. 
25-28. * Tableau du triomphe au retour de l'armée victorieuse. 


28. * Dans l’extase de sen esprit, dans la surprise, dans l'abattement. Le sens de 
l'hébreu est : Benjamin, le jeune ou le petit, domine, est à la tête de ses frères, 
parce que c'est de cette tribu qu'est sorti Saül, le premier roi. Puis viennent Les princes 
de Juda, etc. 

29-31. * Priére pour que Dieu continue à protéger Jérusalem. 

31. Les 00008 du roseau; c'est-à-dire les bêtes sauvages. — Assemblée de taureaux 
(congregatio taurorum). 11 faudrait régulièrement l'accusatif (congregationem); mais, 
comme nous l'avons déjà fait observer (p. 341), la Vulgate met ces cas l'un pour l'autre, 
sans égard pour la concordance latine. Cette méme anomalie se trouve dans la ver- 
sion grecque. — Au milieu, etc.; c'est-à-dire des troupeaux de vaches. — Ces divers 
animaux désignent les ennemis d'Israél : les Philistins, les Chananéens, les Egyptiens. 
— Qui ont été éprouvés par l'argent; c'est-à-dire comme l'argent; ce qui s'applique 
aux Israélites. — * Les bêles du roseau symbolisent l'Egypte où les roseaux abondent. 

32-36, * Invitation à tous les peuples de la terre à louer le vrai Dieu, 


(Ps. Lxvur.) 
dront d'Egypte; l'Ethiopie ten- 
dra la première ses mains vers 
Dieu. 

33. Royaumes de la terre, chan- 
tez Dieu; jouez du psaltérion en 
l'honneur de Dieu, 


LES PSAUMES. 


1157 


PSAUME LXVIII 
(H£nn., LXIX). 
David implore de Dieu le secours contre 
ses ennemis qui l'opprimaient injuste- 
ment. ll prend Dieu à témoin de son 


innocence; il l'intéresse à le secourir, 
par intérét pour sa propre gloire. Il 
prédit le. malheur de ses persécuteurs, 
le retour de son peuple, le rétablisse- 
ment de Jérusalem et des villes de 
Juda. Les Péres et les commentateurs 
reconnaissent unanimement que ce 
psaume regarde le Messie. Les preuves 
en sont trop claires, pour que nous 
ayons à les faire remarquer dans les 
notes. 


34. Qui est monté sur le ciel du 
ciel, vers l'Orient. 

Voici qu'il donnera à sa voix 
une voix de puissance : 

35. Donnez gloire à Dieu, au 
sujet d'Israël; sa magnificence et 
sa puissance éclatent dans les 
nues. 

36. Dieu est admirable dans ses 
saints, le Dieu d'Israël lui-même 
donnera puissance et force à son 
peuple : béni soit Dieu. 


1. Pour la fin, pour ceux qui seront 
changés, par David. 


2. Sauvez-moi, ὁ Dieu, parce 


34. Le ciel du ciel; hébraisme, pour {ous les cieux. — Vers lorient. Jésus-Christ 
&'éleva au ciel de la montagne des Oliviers, qui est à l'orient de Jérusalem. — Une 
voix de puissance; hébraisme, pour une voix trés puissante. 

35. Au sujet d'Israël; pour les prodiges qu'il a opérés en faveur d'Israél. 

36. * Dans ses saints. Le texte original doit se traduire : dans ses sancíuaires, 
dans les lieux sanctifiés par le séjour et la présence de l'arche, le Sinai, Silo, le mont 
Sion. 


1. * Prophétie des souffrances de Notre-Seigneur dans sa Passion. Le titre hébreu 
porte : « Au chef de chœur. Sur les schoschannim. » Voir ce mot dans la note 4 à la 
lin du volume. Ce psaume a été composé peut-étre pendant la persécution de Saül, 
mais il se rapporte si exclusivement et si parfaitement à Jésus-Christ, à part peut- 
ètre un petit nombre de traits accessoires, qu'il est impossible de trouver dans la 
vie de David aucune circonstance à laquelle il s'applique pleinement; il prédit les 
:ouffrances de Notre-Seigneur dans sa passion et est le pendant en même temps que 
.6 complément du Ps. xxr; aussi est-il, avec ce dernier, celui qui est le plus fré- 
quemment cité dans le Nouveau Testament :-- 19 Les ennemis du Sauveur le haissent 

sans cause, Jean, xv, 25 et Ps. Lxvir, 5 (aussi xxiv, 19). — 20 Jésus est dévoré du zèle 

de la maison de Dieu, Ps. Lxvin, 103 et Jean, 1, 17. — 3° 11 supporte volontairement les 
opprobres, Ps. Lxvin, 105 et Rom., xv, 3. — 4? La malédiction du Ps. rxvit, 265, s'ac- 
complit dans la personne de Judas Iscariote, Ac£., 1, 20. — 59 La réprobation d'Israel 
est indiquée Ps. rxviu, 23-24; Rom., xi, 9. — 6? Le vinaigre donné à Jésus-Christ sur 
la croix est prophétisé, Ps. Lxvur, 22; Jean, xix, 28; Matthieu, xxvi, 48. Aussi tous les 
Pères sont-ils unanimes à voir dans ce psaume une prophétie littérale de la passion 
et de la résurrection de Notre-Seigneur. — Il se divise en trois parties : 1? souf- 
frances du Messie, 2-19; — 29 causées par ses ennemis qui doiveat en être punis, 
20-29; — 39 tandis que lui sera sauvé et que les Gentils convertis le loueront avec 
lui, 30-31. — La suite des pensées est celle-ci : — Ire partie. 1o le Messie souffre, 2-4; 
ὃ; — 20 pour Dieu, 6-7; 8-10; 11-13; — 30 par conséquent Dieu doit le sauver, 14; 
15-16; 11-19. — Ile partie. Puisque c'est par la malice de ses ennemis qu'il souffre, 
20-22; Dieu doit les chátier, 23-26; 27-29. — III* partie. Mais lui, Dieu le sauvera et il 
l'en remerciera, 30-32. La conversion des Gentils sera sa récompense et ils loueront 
Dieu avec lui, 33-34; 35-31. 

2. Des eauz, etc. Les eaux, l'inondation, aussi bien que la tempéte marquent, dans 
le style de l'Ecriture, de grandes calamités. 


1185 


que des eaux sont entrées dans 
mon âme. 

3. Je suis enfoncé dans une 
boue profonde et sans consis- 
tance. 

Je suis venu dansla profondeur 
de la mer, et une tempéte m'a 
submergé. 

4. Je me suis fatigué en criant, 
ma gorge est devenue enrouée : 
mes yeux défaillent, pendant que 
j'espère en mon Dieu. 

5. Ils se sont multipliés plus 
que les cheveux de ma tête, ceux 
qui me haïssent sans sujet. 

Ils se sontfortifiés, ceux qui me 
persécutent injustement; ce que 
je n'avais pas pris, je l'ai pour- 
tant payé. 

6. O Dieu, c’est vous qui savez 
ma folie; et mes péchés ne vous 
sont point cachés. 

7. Qu'ils ne rougissent pas à 


Ps. LXVIII. 10. Jean, ,זנ‎ 17; Rom., xv, 3. 


LES PSAUMES. 


(Ps. Lx vi.] 


cause de moi, ceux qui vous at- 
tendent, Seigneur, Seigneur des 
armées. 

Qu'ils ne soient pas confondus 
à mon sujet, ceux qui vous cher- 
chent, ó Dieu d'Israél. 

8. Puisque c'est à cause de vous 
que j'ai souffert l'opprobre, et que 
la confusion a couvert ma face. 

9. Je suis devenu étranger à 
mes frères, un inconnu aux fils de 
ma mère. 

10. Parce que le zèle de votre 
maison m'a dévoré, et que les 
outrages de ceux qui vous insul- 
taient sont tombés sur moi. 

11. J'ai couvert mon àme dans 
le jeüne, et on m'en a fait un su- 
jet d'opprobre. 

12. Et j'ai pris pour mon véte- 
ment un cilice, et je suis devenu 
pour eux un proverbe. 

13. Ceux qui étaient assis à la 


4. Une boue profonde; littér. de profondeur, d'abime (limo profundi). — Dans la 
profondeur. Le mot latin altitudinem de la Vulgate signifie également hauteur, éléva- 
tion; mais il ne saurait avoir ici ce sens; le texte hébreu et la version grecque ne 


laissent aucun doute à cet égard. 


5. Ce que je n'avais pas pris, etc. C'est une espéce de proverbe. 
6. Folie signifie ici, comme dans une foule d'autres endroits de la Bible, erreur, 


égarement, faute. 


1. Des armées; littér. des vertus. Voy. Ps. xxi, 10. 


41. J'ai couvert, etc. Il y a probablement ici une ellipse ; et le sens de la phrase est : 
J'aa couvert mon âme d'une cilice pendant mon jeûne; c'est-à-dire je me suis revêtu 
d'un cilice. Nous avons déjà fait observer plus d'une fois qu'en hébreu, comme en 
arabe, le mot âme s'employait souvent pour personne, individu. Quant à l'ellipse du 
mot cilice, elle paraîtra toute naturelle si on rapproche ces paroles du Ps. xxxiv, 13 : 
> Et moi, pendant qu'ils me tourmentaient, j'étais revêtu d'un cilice. J'humiliais 
mon âme par le jeüne; » et si l'on considère qu'on revétait le cilice dans la pénitence 
aussi bien que dans le deuil et dans une extréme pauvreté. Enfin, le vers. 12 sui- 
vant semble ne laisser aucun doute à cet égard. Les Septante portent à la lettre : 
J'ai courbé dans le jeûne mon âme; et l'hébreu : J'ai pleuré dans le jeûne mon âme. Si 
l'on traduisait le verbe operui de la Vulgate par J'ai accablé, écrasé, sens qu'il a in- 
contestablement dans les auteurs latins, on entrerait dans l’idée des traducteurs 
grecs : mais nous préférons notre interprétation, d'autant mieux que les Septante 
de l'édition de Complute, et la plupart des exemplaires grecs et latins, portent ex- 
pressément : J'ai couvert. 

12. Un proverbe de mépris, un sujet de raillerie. — * Un cilice, un sac, vétement 
étroit, marque de deuil et de tristesse. 

h 13. OLA les lieux d'assemblées et les places publiques étaient à la porte 
es villes, 


στα 


[Ps. rxvur.] 


porte de /a ville parlaient contre 
moi, et ceux qui buvaient du vin 
me chantaient en dérision. 

14. Pour moi, je vous adresse 
ma priere, Seigneur; c'est le 
temps de votre bienveillance, ὃ 
Dieu. 

Exaucez-moi selon la grandeur 
de votre miséricorde, et selon la 
vérité de votre salut. 

15. Retirez-moi de la fange, afin 
que je n'y demeure pas enfoncé ; 
délivrez-moi de ceux qui me hais- 
sent, et du fond des eaux. 

16. Qu'une tempéte d'eau ne me 
submerge pas, qu'un abime ne 
m'engloutisse pas; qu'un puitsne 
referme pas sa bouche sur moi. 

11. Exaucez-moi, Seigneur, 
parce que votre miséricorde est 
bienfaisante; selon la multitude 
de vos bontés, jetez un regard 
sur moi. 

18. Et ne détournez pas votre 
face de votre serviteur; parce que 
je suis tourmenté, exaucez-moi 
promptement. 

19. Soyez attentif à mon âme 
et délivrez-la à cause de mes en- 
nemis : sauvez-moi. 

20. C'est vous qui connaissez 
mon opprobre, ma confusion et 
ma retenue. 

21. Ils sont en votre présence, 
tous ceux qui me tourmentent : 


LES PSAUMES. : 1189 


mon cœur a attendu l'opprobre 
et la misere. 

Et j'ai attendu avec constance 
quelqu'un qui prit part à ma tris- 
tesse, et nul ne l'a fait : et quel- 
qu'un qui me consolât, et je n'ai 
trouvé personne. 

22. Ils m'ont donné pour nour- 
riture du fiel, et dans ma soif ils 
m'ont abreuvé de vinaigre. 

23. Que leur table devienne de- 
vant eux un filet, et la punition 
quils méritent, une pierre d'a- 
choppement. 

24. Que leur yeux s'obscurcis- 
sent, afin qu'ils ne voient point : 
et tenez leur dos toujours courbé. 

25. Répandez sur eux votre co- 
lere, et que la fureur de votre 00- 
lere les saisisse. 

26. Que leur habitation de- 
vienne déserte, et que dans leurs 
tabernacles il n'y ait personne qui 
habite. 

27. Parce qu'ils ont persécuté 
celui que vous-méme vous avez 
frappé, et qu'ils ont ajouté à la 
douleur de mes plaies. 

28. Mettez iniquité sur leur ini- 
quité, et qu'ils n'entrent point 
dans votre justice. 

29. Qu'ils soient effacés du livre 
des vivants, et qu'avec les justes 
ils ne soient point écrits. 

30. Pour moi, je suis pauvre et 


22. Matt., xxvir, 48. — 23. Rom., xi, 9. — 26. Actes, 1, 20. 


14. La vérité de votre salut. Voy., pour le sens de cette expression, Ps. xxxix, 11. 

15. Du fond des eaux; c'est-à-dire de l'enfer. Compar. Job, xxvi, 5. 

16. Qu'une tempête d'eau. Compar. le vers. 4er. 

23. Que leur table, ete. Voy. sur le vrai sens de cette imprécation et toutes les 
autres contenues dans ce psaume, les Observat. préliminaires, pag. 339, 340. 

24. Tenez leur dos, etc.; c'est-à-dire qu'ils soient accablés de fardeaux. 

26. Que leur habitation, ete. La ruine de Jérusalem a été l'accomplissement de cette 


prophétie. 


28. Mettez iniquité; c'est-à-dire selon le style des écrivains sacrés, laissez les 
mettre, etc. — Dans votre justice; dans les voies de votre justice, de vos bonnes 


gráces. 


1190 
souffrant; votre secours, ὃ mon 
Dieu, m'a soutenu. 

91. Je louerai le nom du Sei- 
gneur par un Cantique, jele glori- 
fierai par ma louange. 

32. Et cela sera plus agréable à 
à Dieu quun jeune veau qui 
pousse ses cornes et ses ongles. 

33. Que les pauvres voient et se 
réjouissent : cherchez Dieu et 
votre àme vivra; 

94. Parce que le Seigneur à 
exaucé les pauvres, il n'a pas mé- 
prisé ceux qui sont dans les liens. 

35. Que les cieux le louent, 
ainsi que la terre, la mer et tous 
les reptiles qu'ils contiennent. 

36. Parce que Dieu sauvera 
Sion, et que les cités de Juda se- 
ront rebâties. 

Ses citoyens y habiteront, et 
l'acquerront en héritage. 

37. Et la race des serviteurs de 
Dieu la possédera; et ceux qui 
aiment son nom y habiteront. 


PSAUME LXIX 
(Hésr., LXX). 


David demande à Dieu une prompte as- 
sistance contre la malice et les insultes 
de ses ennemis. 


Pour la fin, psaume de David. 

1. En mémoire de ce que le Seigneur 
l'avait sauvé. 

9. Ὁ Dieu, songez à me secou- 
rir; Seigneur, hátez-vous de me 
venir en aide. 


LES PSAUMES. 


[rs. Lxx.] 


3. Qu'ils soient confondus, et 
qu'ils soient couverts de honte, 
ceux qui cherchent mon àme. 

4. Qu'ils retournent en arriere 
et qu'ils rougissent, ceux qui me 
veulent des maux. 

Qu'ils s'en retournent aussitôt 
en rougissant, ceux qui me di- 
sent : Triomphe, triomphe! 

9. Mais qu'ils se livrent à des 
transports de joie et qu'ils exul- 
tent d'allégresse, tous ceux qui 
vous cherchent, et qu'ils disent 
sans cesse : Que le Seigneur soit 
glorifié, ceux qui aiment votre sa- 
lut. 

6. Pour moi je suis indigent et 
pauvre; Dieu, aidez-moi. 

Yest vous qui étes mon aide et 
mon libérateur; Seigneur, ne tar- 
dez pas. 


PSAUME LXX 
)11688., LXXI). 


Le Psalmiste implore le secours de Dieu 
avec confiance. Il promet de publier 
ses merveilles, et d'en faire passer la 
mémoire jusqu'aux races futures. La 
plupart des anciens et des modernes 
rapportent ce psaume, quant au sens 
littéral, à David, chassé de Jérusalem 
par son fils Absalom, et abandonné par 
plusieurs de ceux qui avaient toujours 
passé pour ses amis. 


Psaume de David. 
1. Des fils de Jonadab et des premiers 
captifs. 


C'est en vous, Seigneur, que 


j'ai mis mon espérance; que je 


39. Qu'un jeune veau; que le sacrifice d'un jeune veau. 
36. Cette prophétie s'explique littéralement du rétablissement de la Judée aprés la 
captivité de Babylone. Or, ce rétablissement était une figure de l'établissement de 


l'Eglise. 


1. * Pour le Ps. ,אנא‎ voir le Ps. xxxix, dont il est un fragment (Ps. xxxix, 14-18), 
3. Qui cherchent mon âme. Voy. Ps. xxxiv, 4. 
5. Votre salut; c'est-à-dire, le salut que vous accordez, qui vient de vous. 


1." Sans titre en hébreu. Le titre de la Vulgate signifie probablement que ce 
psaume était souvent chanté par les Réchabites (Jér., xxxv) et par les premiers captifs, 


[Ps. Lxx.] 
ne sois pas confondu éternelle- 
ment. 

2. Délivrez-moi dans votre jus- 
tice, et arrachez-moi à la persé- 
cution. 

Inclinez vers moi votre oreille, 
et sauvez-mol. 

3. Soyez-moi un Dieu protec- 
teur, et un lieu fortifié ; afin que 
vous me sauviez; 

Parce que c'est vous qui étes 
mon ferme appui et mon refuge. 

4. Mon Dieu, arrachez-moi de 
lamain d'un pécheur, d'un 4omme 
agissant contre la loi et inique; 

5. Parce que c'est vous qui étes 
ma patience, Seigneur; Seigneur, 
mon espérance depuis ma jeu- 
nesse. 

6. Sur vous j'ai été appuyé à 
ma naissance : dès le sein de ma 
mere vous avez été mon protec- 
teur. 

Vous avez toujours été l'objet 
de mes chants. 

7. 16 suis devenu comme un 
prodigepourlaplupart; mais vous 
étes mon aide puissant. 

8. Que ma bouche soit remplie 
de louange, afin que je chante 


LES PSAUMES. 


1191 


votre gloire; tout le jour, votre 
grandeur. 

9. Ne me rejetez pas au temps 
de ma vieillesse; lorsque ma 
force m'a manqué, ne m'aban- 
donnez pas. 

10. Parce que mes ennemis ont 
parlé de moi, et ceux qui obser- 
vaient mon âme ont tenu conseil 
ensemble, 

11. Disant : Dieu l'a délaissé, 
poursuivez-le, saisissez-le : parce 
qu il n'est personne qui /e délivre. 

12. Dieu, ne vous éloignez pas 
de moi; mon Dieu, voyez à me 
secourir. 

13. Qu'ils soient confondus, et 
qu'ils périssent, ceux qui disent 
du mal de mon àme : qu'ils soient 
couverts de confusion et de honte, 
ceux qui me cherchent des maux. 

14. Pour moi, toujours j'espé- 
rerai : j'ajouterai à toutes vos 
louanges. 

15. Ma bouche annoncera votre 
justice, tout le jour, et votre sa- 
lut. 

Parce que jen'ai pas connu une 
science vane, 

16. J'entrerai dans les puis- 


Cet appel à la protection divine était alors tout à fait de circonstance. — Ce chant 
contient beaucoup de réminiscences d'autres psaumes. 
5. Parce que c'est vous qui éles ma patience; c'est-à-dire que c'est de vous que 


vient ma patience. Compar. Ps. ,זא‎ 6. 


6. Sur vous j'ai été appuyé, etc. Voy. sur 16 sens de ce passage, Ps. xxr, 41. 


10. Ont parlé de moi; littér. Ont dit à moi, m'ont dit (dixerunt mihi). Nous avons déjà 
fait observer que la particule hébraïque, rendue dans les Septante et la Vulgate par le 
datif, outre son sens ordinaire, signifiait quelquefois de, aid sujet de, quand elle est 
jointe aux verbes dire, ordonner, etc.; ce qui est incontestablement vrai dans ce pas- 
sage-ci. Ajoutons que le verbe ont dit se trouvant séparé de son complément, Dieu 
l'a délaissé (vers. 14), par plusieurs propositions, les exigences de notre langue nous 
ont obligé de substituer le neutre parler à l'actif dire. Quant à la traduction contre 
moi, nous la regardons comme fausse. — Qui observaient mon âme; c'est-à-dire qui 
m'épiaient pour me perdre. 

15. Votre salut; le salut qui me vient de vous. — Science vaine; ou fausse sagesse, 
astuce, dont était rempli Achitophel, conseiller de David, qui se jeta dans le parti 
d'Absalom. 

16. J'entrerai, etc.; c'est-à-dire je me renfermerai dans la considération de la puis- 
sance infinie du Seigneur. 


1192 
sances du Seigneur : Seigneur, je 
me souviendrai de votre justice 
seule. 

17. O Dieu, vous m'avez ins- 
truit dès ma jeunesse, et je pu- 
blierai vos merveilles opérées jus- 
qu'à ce jour, 

18. Et dans ma vieillesse et ma 
décrépitude, ὃ Dieu; ne me dé- 
laissez pas, jusqu'à ce que j'an- 
nonce votre bras à toute la géné- 
ration qui doit venir; 

Votre puissance, 

19. Et votre justice, ó Dieu, qui 
s'élevent jusqu'aux cieux, e£ les 
grandes choses que vous avez 
faites : ὃ Dieu, qui est semblable 
à vous? 

90. Que vous m'avez montré 
de tribulations nombreuses et 
pénibles! mais revenant, vous 
m'avez rendu la vie, et vous 
m'avez ramené des abimes de la 
terre. 

91. Vous avez multiplié votre 
magnificence; et revenant, vous 
m'avez consolé. 

99. Aussi moi je glorifierai en 
vous, sur des instruments de 
psaume, votre vérité : ὁ Dieu, je 
vous chanterai sur la harpe, vous 
qui étes le saint d'Israél. 


LES PSAUMES. 


[Ps. Lxxr.) 


93. Mes lèvres exulteront, lors- 
que je vous chanterai, ainsi que 
mon âme que vous avez rache- 
tée; 

24. Et ma langue aussi s'exer- 
cera tout le jour à chanter votre 
justice, alors que seront confon- 
dus et couverts de honte ceux qui 
me cherchent des maux. 


PSAUME LXXI 
(Hésr., LXXII). 

David prie le Seigneur de combler de ses 
lumières et de ses grâces Salomon, qui 
venait de monter sur le tróne. Il pré- 
dit la grandeur et la félicité de son 
regne, et sous la figure du régne de 
Salomon, il décrit celui de Jésus-Christ. 


1. Psaume pour Salomon. 


2. Dieu, donnez votre jugement 
au roi; et votre justice au fils du 
roi, 

Pour qu'il juge votre peuple 
dans la justice, et vos pauvres 
dans l’équité. 

3. Que les montagnes reçoivent 
la paix pour le peuple, et les col- 
lines la justice. 

4. Il jugera les pauvres du 
peuple; il sauvera les fils des 
pauvres, et il humiliera le calom- 
niateur. 


———— Há— ——————— ——————— —————— 


18-19. Votre puissance et votre justice qui s'élèvent jusqu'aux cieux. Compar. Ps. 
xxxv, 6; Lvi, 14. Le mot allissima de la Vulgate (littér. lieux très élevés), que nous 
avons rendu par cieux, est la traduction d'un terme hébreu qui signifie hauteur, élé- 
valion, ce qui est élevé, et en particulier, le ciel. 


18. Votre bras ; la force de votre bras. 


20. Vous m'avez montré; hébraisme, pour vous m'avez fait sentir, éprouver. 
22. Des instruments de psaume; c'est-à-dire des instruments sur lesquels on chan- 


tait les psaumes. 


24. S'exercera; littér. méditera (meditabitur). Voy. Ps. xxxiv, 28. 
4. * S'applique particulièrement au Messie: « O Dieu, dit le Targum, donne ta jus- 


tice au roi Messie. » 


2-4. * Que Dieu accorde au roi la vertu de justice. 

2. Dans l'équilé; littér. dans le jugement. Le terme hébreu, rendu dans la Vulgate 
par judicium signifie aussi jugement, juste, justice, équité. 

3. * Que les montagnes et les collines, pour tout le pays. Que la paix et la justice 


régnent dans toute la Terre Sainte. 


PS. LXXI.] 


5. Il subsistera avec le soleil et 
devant la lune, dans toutes les gé- 
nérations. 

6. Il descendra comme la pluie 
sur une toison; et comme des 
eaux qui tombent goutte à goutte 
sur la terre. 

7. Dans ses jours s’élèvera la 
justice, etuneabondance de paix: 
jusqu'à ce que la lune disparaisse 
entierement. 

8. Et il dominera depuis une 
mer jusqu'à une autre mer, et 
depuisun fleuvejusqu'aux limites 
de la terre. 

9. Devant lui se prosterneront 
les Ethiopiens; et ses ennemis 
lécheront la poussière. 

10. Les rois de Tharsis et les 
iles lui offriront des présents; des 
rois d'Arabie et de Saba lui appor- 
teront des dons; 

11. Et tous les rois de la terre 
l'adoreront : toutes les nations le 
serviront; 

12. Parce qu'il délivrera le pau- 


LES PSAUMES. 


1193 


vre du puissant; et le pauvre qui 
n'avait point d'aide. 

13. Il traiteraavec ménagement 
le pauvre et l'homme sans res- 
source ; et il sauverales âmes des 
pauvres. 

14. Des usures et de l'iniquité 
il rachetera leurs âmes; et ho- 
norable sera leur nom devant 
lui. 

15. Et il vivra, et on lui don- 
nera de l'or del'Arabie, et on ado- 
rera toujours à son sujet : tout le 
jour on le bénira. 

16. Et il y aura du froment sur 
la terre, sur dessommets de mon- 
tagnes ; au-dessus du Liban s’élè- 
vera son fruit : et /es habitants de 
la cité fleuriront comme l'herbe 
de la terre. 

47. Que son nom soit béni dans 
les siècles ; avant le soleil subsiste 
son nom. 

Et seront bénies en lui toutes 
les tribus de la terre, toutes les 
nations le glorifieront. 


5-7. * Que Dieu accorde au roi la paix et la prospérité. 


5. Dans toutes les généralions; littér. dans une génération et une génération. Voy., 
sur ce genre de répétition et sur l'accusatif generationem de la Vulgate, au lieu du 
génitif, p. 341, 10. 

8-11. * Que Dieu accorde au roi la domination sur ses ennemis. 

10. * Tharsis, Tartessus, en Espague, oü les Phéniciens allaient chercher l'or et 


largent. — Les iles, ile de Chypre et les iles de la Méditerranée, et par extension 
l'Europe. — Saba était un royaume d'Arabie, particulièrement célèbre par ses 
parfums. 


12-15. * Que Dieu accorde au roi la compassion pour les malheureux 

15. Et on adorera, etc. Plusieurs interprètes traduisent : Et on l'adorera; comme 
si les mots de la Vulgate de ipso étaient synonymes de ipsum. Si lon prend ici le 
verbe adorer, pour l'action simple de s’incliner, de se prosterner, sens qu'il a souvent 
dans l'Ecriture, on peut l'appliquer à Salomon; mais si on l'entend de l'adoration 
proprement dite, c'est-à-dire du culte souverain qu'on ne doit rendre qu'à la divinité, 
il ne peut convenir ici qu'à Jésus-Christ. Les Septante lisent : On priera à cause de 
lui, à son sujet ou pour lui. — * Arabie, pays qui s'étend au sud-est de la Palestine 
jusqu'à la mer Rouge. 

16-11. * Que Dieu accorde au roi l'abondance des récoltes et la gloire. 

16. Il y aura du froment. C'est le sens de l'hébreu, et celui que réclame le contexte. 
La Vulgate, d'aprés le grec, porte appui, soutien (firmamentum); traduction qui ne 
s'éloigne pas du texte primitif, puisque chez les Hébreux le froment était appelé la 
force, l'appui (firmamentum, robur) ou le báton du pain (baculus panis). Voy., en effet, 
Isaie, x:, 1; Ezech., 1v, 9, 16; xiv, 13; Ps. civ, 16. 


1194 


LES PSAUMES. 


[Ps. Lxx11.] 


18. BénileSeigneur, le Dieu d'Is- | chancelé, et mes pas ont presque 


raël, qui fait des merveilles seul; 
49. Et béni le nom de sa ma- 
jesté éternellement : et toute la 


terre en sera remplie : ainsi soit, : 


ainsi soit. 


20. Sont finies les louanges de 


David, fils de Jessé. 


PSAUME LXXII 
(Hésn., LXXIII). 


Le Psalmiste fortifie les justes contre le 
scandale que leur cause la prospérité 
des méchants, en montrant l’incons- 
tance et le revers de cette prospérité. 


1. Psaume d'Asaph. 


Que Dieu est bon à Israel, à 
ceux qui ont le cœur droit! 
2. Mais mes pieds ont presque 


dévié. 

3. Parce que j'ai porté envie 
aux hommes iniques, voyant la 
paix des pécheurs. 

4. Parce qu'ils ne pensent pas 
à leur mort, et que leur plaie n'a 
pas de consistance. 

5. Ils ne seront pas sujets à la 
fatigue des hommes, et avec les 
autres hommes ils ne seront pas 
frappés; 

6. C'est pour cela que l'orgueil 
s'est emparé d'eux, qu'ils se sont 
couverts deleuriniquité et deleur 
impiété. 

7. Leur iniquité est sortie 
comme de leur graisse; ils ont 
suivi le sentiment de leur cœur. 


18-19. * Les versets 18-19 sont une doxologie indépendante du psaume, pour mar- 
quer la fin du 2e livre des Psaumes, qu'indique plus explicitement encore le vers. 20. 

20. Sont finies, etc. ; c'est-à-dire que c'est le dernier psaume que David composa avant 
sa mort. Personne ne sait d'une manière certaine pourquoi ont été mises ici ces pa- 
roles, qui seraient plus naturellement placées à la fin du psautier. On peut voir dans 
les commentateurs ce qui a été dità ce sujet. 


1. *Justification de la Providence, qui permet que les justes souffrent et que les mé- 
chants prospérent. — Le sujet de ce psaume est analogue à celui du Ps. xxxvr. « Prêt 
à confesser quelques doutes qui s'étaient élevés jadis dans son âme, le [psalmiste]... 
se croit obligé de les condamner d'avance en débutant par un élan d'amour; il s'é- 
crie : Que notre Dieu est bon pour tous les hommes qui ont le cœur droit! Aprés ce 
beau mouvement, il pourra avouer sans peine d'anciennes inquiétudes : J'étais scan- 
dalisé et je sentais presque ma foi s'ébranler, lorsque je contemplais la tranquillité des 
méchants... C'est ce qu'on appelle... des tentations; et il se háte de nous dire que la 
vérité ne tarda pas à leur imposer silence. Mais je l'ai compris enfin, ce mustère, 
lorsque je suis entré dans le sancluaire du Seigneur; lorsque j'ai vu la fin qu’il a pré- 
parée aux coupables... Ayant ainsi abjuré tous les sophismes de l'esprit, il ne sait plus 
qu'aimer. Il s'écrie: Que puis-je désirer dans le ciel! Que puis-je aimer sur la lerre, 
excepté vous seul! Ma chair et mon sang se consument d'amour. » (DE MarsrnE.) — Ce 
psaume se divise en deux parties, 1-14; 15-28. — Ire partie : Le bonheur du méchant. 
1-14. — 1-2 : Malgré la bonté de Dieu pour Israél, mes pieds ont chancelé, j'ai failli 
tomber, — 3-6 : parce que j'ai porté envie au bonheur du méchant; — tableau de ce 
bonheur : 1-12; — découragement que ce bonheur cause au juste, 13-14. — 115 par- 
tie : Explication du bonheur des méchants et consolation des justes, 15-28. — 15-18 : 
L'explication du bonheur des méchants est dans leur destinée finale. — 19-23*: Ils 
périssent inopinément ; quand la vue de leur prospérité nous aigrit, c'est parce que 
nous sommes comme la brute sans intelligence. — 235-26 : Le juste doit donc se 
tenir toujours uni à Dieu et n'avoir point d'autre partage. — 27-28 : car s'écarter 
de lui, c'est périr; vivre avec lui, c'est le bonheur. — D'Asaph. Voy. le titre du Ps. 
xux (Hébr., 1). — A Israël. Quelques exemplaires des Septante lisent au génitif, 
d'Israél ; mais la plupart portent, conformément à l'hébreu, à Israél. 

3. Paix. Par ce mot, les Hébreux désignaient souvent une vie tranquille et pros- 
père. 


[»s. Lxxu.] 


8. Ils ont pensé et ils ont parlé 
méchanceté ; ils ont parlé haute- 
ment iniquité. 

9. Ils ont posé leur bouche con- 
tre le ciel, et leur langue a passé 
sur la terre. 

10. C'est pour cela que mon 
peuple en reviendra là : et /es 
impies trouveront en eux des 
jours pleins. 

41. Et ils ont dit : Comment 
Dieu le sait-il? et le Très-Haut en 
a-t-il connaissance? 

19. Voilà que ces pécheurs eux- 
mémes, vivant dans l'abondance, 
ont obtenu des richesses. 

13. Et j'ai dit : C'est donc sans 
cause que j'ai purifié mon cœur, 
et quej'ai lavé mes mains parmi 
des innocents. 

14. Car j'ai été affligé tout le 
jour, et mon châtiment a eu lieu 
les matins. 

15. 1ם‎ je disais : Je parlerai ainsi, 
voilà que je réprouvais la race de 
vos enfants. 

16. Je pensais à connaitre ce 
mystère : un pénible travail s'est 
trouvé devant moi. 

11. Jusqu'à ce que j'entre dans 
le sanctuaire de Dieu, et que je 
comprenne leurs fins dernieres. 

18. Mais cependant à cause de 


LES PSAUMES. 


1195 
leurs tromperies vous leur avez 
envoyé des maux; vous les avez 
renversés, tandis qu'ils s'éle- 
vaient. 

19. Comment sont-ils tombés 
dansla désolation? Soudainils ont 
défailli : ils ont péri à cause de 
leur iniquité. 

20. Comme un songe de ceux 
qui s'éveillent, Seigneur, vous 
réduirez au néant leur image dans 
votre cité. 

21. Parce que mon cœur a été 
enflammé, et que mes reins ont 
été bouleversés; 

22. Et que moi j'ai été réduit au 
néant, et que je n'ai pas su pour- 
quoi. 

93.Quejesuisdevenucommeun 
animal stupide devant vous, mais 
que toujours jai été avec vous. 

24. Vous avez soutenu ma main 
droite : selon votre volonté vous 
m'avez dirigé, et vous m'avez re- 
cu avec gloire. 

25. Car qu'y a-t-il pour moi 
dans le ciel, et hors de vous qu'ai- 
je voulu sur la terre? 

26. Ma chair a défailli, ainsi que 
mon cœur; ὃ le Dieu de mon 
cœur, et le Dieu mon partage 
pour l'éternité! 

27. Parce que voilà que ceux 


9. Ils ont posé, etc. Ils ont attaqué Dieu dans le ciel par leurs blasphémes, et les 
hommes sur la terre par leurs médisances et leurs calomnies. 

10. Mon peuple; c'est-à-dire le peuple de Dieu. — En reviendra là; à cette plainte. 
— Des jours pleins; c'est-à-dire une vie longue et heureuse. 

11. Comment Dieu, etc. Compar. Job, xxu, 13; Ps. 1x (Hébr., x), 11. 

11. Leurs; c'est-à-dire des pécheurs, qui sont nommés aux vers. 3 et 12. 

18. A cause, etc. C'est la traduction qui parait la mieux fondée, surtout si l'on 
considere que plusieurs exemplaires des Septante et la plupart des anciens psautiers 
portent expressément leurs et maux; et qu'elle se lie mieux au contexte. 

21-24. Nous avons adopté, pour ces versets, la ponctuation suivie par Martini dans 
sa traduction italienne, comme étant la seule qui permette la véritable explication 


de ce passage. 


24, Avec gloire; en me comblant de gloire. 
21. En s'éloignant. Cette expression est véritablement sous-entendue, Voy. Observat. 


prélimin., p. 342, 29, 


1196 
qui s'éloignent de vous périront: 
vous avez perdu tous ceux qui 
forniquent, en s'éloignant de vous. 
| 28. Pour moi, mon bien est de 
m'attacher à Dieu, de mettre dans 
le Seigneur Dieu mon espérance; 

Afin que j'annonce toutes vos 
louanges aux portes de la ville de 
Sion. 

PSAUME LXXIII 
(Hésn., LXXIV). 


LES PSAUMES. 


[Ps. rxxur.] 


Pourquoi, ὃ Dieu, nous avez- 
vous rejetés pour toujours, et 
pourquoi votre fureur s'est-elle 
irritée contre les brebis de votre 
pâturage? 

2. Souvenez-vous de votre as- 
semblée, que vous avez possédée 
dès le commencement. 

Vous avez racheté la verge de 
votre héritage : Sion est le mont 
sur lequel vous avez habité. 


x . 


3. Levez vos mains à jamais 


Plainte et prière à Dieu au sujet de son 
peuple qui a été livré à ses ennemis, 
et du temple brülé et souillé par ces 
mémes ennemis. Le Psalmiste fait le 
récit des anciennes merveilles opérées 
par le Seigneur en faveur de son 
peuple; il termine en demandant à 
Dieu de se souvenir de l'orgueil de ses 
ennemis et de les humilier. 


contre leur orgueil : combien de 
méchancetés a commises Y ennemi 
dans votre sanctuaire ! 

4. Geux qui vous haissent ont 
signalé leur orgueil au milieu de 
votre solennité. 

Ils ont posé leurs étendards en 


1. Intelligence d'Asaph. grand nombre ; 


28. Vos louanges; c'est le vrai sens du latin prædicationes, qui est, en effet, rem- 
placé par laudationes au Ps. 1x, 15. — La fille de Sion; signifie Le peuple ou la ville 
de Sion. — * « Que ce psaume est beau! dit Herder. Le poéte commence par une 
sentence, résultat des nombreuses observations qui font sa conclusion. Passant avec 
rapidité et d'une maniére inapercue à des situations pénibles, il dépeint comment 
il s'est trompé; et lorsqu'il a fait arriver ce tableau à son apogée, il en détourne son 
chant. Introduit enfin dans le conseil [46 la Providence], il reconnait que son premier 
jugement était [faux]. Des vœux nouveaux, mais toujours en harmonie avec ses 
hésitations, le rattachent à Dieu et l'élévent au plus haut degré des sentiments cha- 
leureux. [Le sentiment d'une ferme confiance en Dieu] termine le tout. Ce psaume 
didactique est aussi remarquable par son contenu que par son arrangement. Asaph 
voit d'abord le bonheur des méchants, puis il reconnait que ce bonheur disparait 
comme une ombre, tandis que celui des bons est inébranlable. » 


1-8. * Priére à Dieu pour qu'il n'abandonne pas toujours Jérusalem et son sanctuaire 
dévastés. 

1. Intelligence d'Asaph ou psaume didactique composé par Asaph. Compar. le titre 
du Ps. אזזא‎ (Hébr., 1). — * Ce psaume est rapporté par un grand nombre de cri- 
tiques contemporains à l'époque des Machabées, 1 Mac., τιν, 38, 46; 1x, 27; xiv, 41; 
Il Mac., 1, 85; vu, 1-4, 33; cf. Ps. vxxur, 3, 4b, 7, 85, 95. Mais comme le Ps. rxxvrr, il 
peut avoir été composé aprés la prise de Jérusalem et la ruine du temple de Salo- 
mon par Nabuchodonosor, IV Rois, xxiv; 11 Par., xxxvi; Jér., 111. 

2. Votre assemblée; c'est-à-dire votre peuple. — La verge de votre héritage; c'est- 
à-dire simplement votre héritage. Plusieurs savants interprètes prétendent que les 
Hébreux se servaient de verges ou perches, aussi bien que de cordes, pour mesurer 
leurs terres. 

4-9. * Peinture des dévastations commises dans le temple par les ennemis des Juifs 
qui sont les ennemis de Dieu (vers. 4-6); ils ont fait cesser tout culte et il n'y a plus 
de miracles, plus de prophètes pour consoler Israël (vers. 7-9). 

4. Leurs étendards en grand nombre; littér. leurs signes ou élendards, signes (signa 
eorum, signa). Nous avons déjà fait observer que la répétition d'un substantif au 
méme cas indiquait souvent un grand nombre, une multitude; la traduction ordi- 
,naire nous a paru défectueuse. 


[γ5. Σχχπι. 

5. (Et ils n'ont pas compris 
ce qu'ils faisaient), au haut du 
temple, comme à la sortie d'une 
ville. 

Comme dans une forét d'arbres, 
avec des cognées, 

6. Ils ont abattu de concert ses 
portes: avecla cognée etla hache 
à double tranchant, ils l'ont ren- 
versée. 

7. Ils ont brülé parle feu votre 
sanctuaire : ils ont souillé sur la 
terre le tabernacle de votre nom. 

8. Ils ont dit dans leur cœur, 
eux et tousleurs alliés ensemble : 
Faisons cesser de dessus la terre 
tous les jours de fétes de Dieu. 

9. Nous ne voyons plus nos si- 


LES PSAUMES. 


: 1197 
gnes; il n'y a point de prophètes, 
et Dieu ne nous connaitra plus. 

10. Jusques à quand, ὁ Dieu, 
l'ennemiselivrera-t-ilàl'outrage? 
notre adversaire irritera-t-il tou- 
jours voire nom? 

11. Pourquoi détournez-vous 
votre main, et votre droite de 
votre sein pour toujours? 

19. Mais Dieu, notre roi depuis 
des siècles, a opéré le salut au 
milieu de la terre. 

13. C'est vous qui, par votre 
puissance, avez affermi la mer, 
brisé les tétes des dragons dans 
les eaux. 

14. C'est vous qui avez écrasé la 
téte du dragon: vous l'avez donné 


Ps. LXXIII. 7. IV Rois, xxv, 9. — 12. Luc, 1, 68. 


5. Ce qu'ils faisaient, ou la sainteté du l'eu. Il est évident que le verbe comprendre 
(cognoverunt) exige un complément semblable. — Comme à la sortie; c'est-à-dire 
comme aux portes, aussi bien que sur les portes. Les Chaldéens, aprés avoir pris la 
ville de Jérusalem, placèrent leurs étendards sur les portes comme des trophées de 
leurs victoires; ils en firent autant sur les portes du temple. Pendant les quelques 
jours de pillage de la ville et du temple, et avant que Nabuzardan y eüt fait mettre 
le feu, les soldats commirent les insolences, les profanations et les brutalités qui 
leur sont reprochées ici. Voy. IV Rois, xxv, 1 et suiv.; Jérém., vu, 12 et suiv. 

6. Ses portes. Le pronom ejus, amphibologique dans la Vulgate, étant au féminin 
dans les Septante, ne peut se rapporter qu'au mot Jerusalem sous-entendu. — Iis 
lont renversée (dejecerunt eam); méme observation à faire. 

1. Ils ont souillé sur la terre; c'est-à-dire en le renversant par terre. 

9. Nos signes; les prodiges qui nous ont été promis dans la loi et dont une partie 
a été opérée en faveur de nos pères. — Il n'y a point de prophète. C'est la plainte 
des Juifs captifs à Babylone, dans leur désespoir; plainte au fond exagérée, puisque 
Daniel était à Babylone. Il est vrai qu'il y prophétisa peu, et que ses principales 
prophéties lui furent révélées à Suse (Dan., vu-xi). Quant aux signes ou prodiges, 
sils ne virent pas à Babylone ces grands coups d'éclat, comme on en avait vu an- 
ciennement en Egypte et dans le désert, ils furent cependant témoins de la déli- 
vrance miraculeuse de Daniel et de ses compagnons, de la fournaise ardente (ri, 20 
et suiv.); et de celle de Daniel, de la fosse aux lions (xiv, 30 et suiv.); de la justi- 
fication miraculeuse de la chaste Susanne (xir, 45 et suiv.); de la métamorphose de 
Nabuchodonosor (ιν, 13 et suiv.); enfin des derniers moments de Balthasar, roi des 
Chaldéens (v, 22 et suiv.). 

10-11. * Jusqu'à quand durera cet abandon du Seigneur? 

12-14. * Ce n'est pas la puissance qui manque à Dieu; il a séparé la mer de la terre 
ferme, il brise la téte du crocodile. 

12. Mais Dieu, etc. Les Péres l'entendent ordinairement dela rédemption du genre 
humain, opérée par Jésus-Christ, notre Dieu et notre roi, au milieu de la Judée. 

13. * Les tétes des dragons, les grands animaux qui habitent les eaux du Nil et 
figurent le peuple et l'armée d'Egypte. 

14. * La téte du dragon, de Léviathan, le crocodile, embléme du roi d'Egypte. — Le 
roi d'Egypte est devenu la proie de l'Ethiopie. 


1198 


pour nourriture aux peuples de 
l'Ethiopie. 

15. C'est vous qui avez fait jail- 
lir de la pierre des sources et des 
torrents; vous avez desséché les 
fleuves d'Ethan. 

|. 16. A vous est le jour, et à vous 
est la nuit : c’est vous qui avez 
formé l'aurore et le soleil. 

A7. C'est vous qui avez fait 
toutes les limites de la terre : l'été 
etle printemps, c'est vous qui les 
avez créés. 

18. Souvenez-vous de ceci : 
l'ennemi a outragé le Seigneur, 
et un peuple insensé a provoqué 
votre nom. 

19. Ne livrez pas aux bétes fé- 
roces des àmes qui vous louent; 
et les âmes de vos pauvres, ne les 
oubliez pas à jamais. 

20. Jetez les yeux sur votre al- 
liance; parce que ceux qui sont 
avilis sur la terre ont été comblés 
de maisons d'iniquités. 

21. Que celui qui est dans l'hu- 


LES PSAUMES. 


[Ps. Lxxiv.] 


miliation ne soit pas renvoyé cou- 
vert de confusion ; le pauvre et 
l'homme sans ressource loueront 
votre nom. 

22. Levez-vous, 6 Dieu, jugez 
votre cause : souvenez-vous des 
outrages que vous recevez, de 
ceux qui vous sont faits par un 
insensé tout le jour. 

23. N'oubliez pas les clameurs 
de vos ennemis :l'orgueil de ceux 
qui vous haissent monte toujours. 


PSAUME LXXIV 
(H£BR., LXXV). 


Le Psalmiste exhorte les méchants à se 
corriger et à s'humilier devant Dieu. Il 
prédit l'élévation et la gloire des justes. 


1. Pour la fin. Ne corrompez pas. 
Psaume d'un cantique d'Asaph. 

9. Nous vous louerons, à Dieu, 
nous louerons, et nous invoque- 
rons votre nom. 

Nous raconterons vos mer- 
veilles. 

3. Lorsque j'aurai pris mon 


15-11. * Dieu est le créateur des riviéres, du jour, des astres, des saisons. 


15. Jaillir de la pierre. Compar. Exod., xvit, 6; Nombr., xx, 8 et suiv. — Ethan, 
signifie, suivant les anciens hébraisants, force ou antiquité, et, suivant les modernes, 
flux, écoulement perpétuel. Les Septante et la Vulgate en ont fait un nom propre de 
lieu. I] est certain qu'Ethan ou Etham, (car on lit i'un et l'autre) était un lieu où les 
Israélites firent leur troisiéme station aprés leur sortie d'Egypte, et qui était situé à 
l'extrémité du désert. Voy. Exod., xur, 20; Nomór., xxxii, 6. 

11. Toutes les limites; c'est-à-dire toute l'étendue. 

18-23. * Que Dieu ne laisse done plus insulter son nom! qu'il ait pitié de son 
peuple, avec qui il a fait alliance ! (vers. 18-20); vers. 21-23 : Répétition de la même 
pensée en d'autres termes. 

20. Ces hommes avilis sur la terre, dont parle ici le Psalmiste, sont probablement 
les Chaldéens ou les Iduméens etles Samaritains. — Ont été comblés; etc.; c'est-à-dire 
se sont emparés injustement des maisons des Hébreux pendant leur captivité. 


1. D'Asaph ou par Asaph. Voy. 16 titre dn Ps. xuix (Hébr., 1). — * Le titre hébreu 
porte : > Au chef de chœur. [Sur l'air] “αὐ thaschkhélh : me corrompez pas. » — 
Théodoret avait trouvé dans quelques manuscrits des Septante l'addition suivante 
dans le titre : Contre l’Assyrien. On peut en effet rapporter ce psaume au temps 
d'Ezéchias et y voir un chant prophétique annonçant que Juda sera délivré de l'in- 
vasion de Sennachérib, IV Rois, xix ; 11 Par., xxxi; [S., XXXVII. 

2. * Refrain. 

3-4, * Discours de Dieu : 1] rend la justice, quand le moment est venu; il soutient 
la terre, quand elle semble ébranlée dans ses fondements. 

3. de jugerai les justices; hébraïsme, pour avec la plus grande justice. 


[Ps. Lxxv.] 
temps, c'est moi qui jugerai les 
justices. 

4. La terre s'est fondue, et tous 
ceux qui y habitent. C'est moi 
qui ai affermi ses colonnes. 

5. J'ai dit aux hommes iniques : 
N'agissez pas iniquement; et à 
ceux qui pechent : N'élevez pas 
votre corne. 

6. N'élevez pas en haut votre 
corne : ne dites pas contre Dieu 
d'iniquité ; 

7. Parce que ni de l'Orient, ni 
de l'Occident, ni des montagnes 
désertes, 4 ne vous viendra des 
Secours, 

8. Car c'est Dieu qui est juge. 

Il humilie celui-ci et il exalte 
celui-là ; 

9. Parce qu'un calice de vin pur 
est dans la main du Seigneur, ca- 
lice plein d'un mélange. 

Et il l'a penché d'un cóté et 
d'un autre ; cependant, lalie n'en 
a pas été épuisée; tous les pé- 
cheurs de la terre en boiront. 


LES PSAUMES. 


1199 


10. Pour moi, j'annoncerai à 
jamais, je chanterai le Dieu de 
Jacob. 

41. Et je briserai les cornes des 
pécheurs; et les cornes des justes 
seront élevées. 


PSAUME LXXV 
(Hésr., LXXVI). 

Plusieurs rapportent ce psaume à la dé- 
faite de l'armée de Sennachérib par un 
ange. Selon cette hypothèse, le Psal- 
miste loue Dieu de la protection que 
Dieu a montrée à son peuple dans 
cette occasion, 


1. Pour la fin, dans les louanges, 
psaume d'Asaph à l'occasion des Assy- 
Tiens. 

2. Dieu estconnu dans la Judée, 
dans Israël son nom est grand. 

3. C'est dans la paix qu'a été 
fait son lieu : et son habitation 
dans Sion. 

4. Là il a briséla puissance des 
arcs, le bouclier, le glaive et la 
guerre. 

5. Vous avez fait briller une lu- 


5-9, Le Psalmiste déclare en conséquence au méchant qu'il ne lévera plus la tóte 
(5-6); parce que ce n'est pas un monarque de l'orient ou de l'occident, c'est-à-dire 
un monarque terrestre, qui gouverne, c'est Dieu (1-92). 

5, 6, 41. Voy., pour le mot corne, Ps. xvir, 3. 

9b-11. * Dieu tient à la main une coupe remplie d'un breuvage amer, et il la fera 
boire au méchant jusqu'à la lie; et Israél glorifiera son Dieu et célébrera la ruine de 
l'impie. 

9. Un calice, etc. Le calice, dans le style des prophétes, marque ordinairement la 
vengeance et la colére. Les Septante, la Vulgate, les versions syriaque et arabe, 
semblent reconnaître ici deux calices; aussi plusieurs interprètes expliquent-ils ainsi 
ce passage : L'un de ces calices est plein d'un vin pur, net, sans lie; l'autre l'est 
d'un vin épais, trouble et avec sa lie. Dieu mêle l'un avec l'autre, et tempére le vin 
pur par un mélange de vin amer et trouble, suivant la nature des fautes des cou- 
pables. — Et il l'a penché; pour faire boire. 


1. * Ce psaume se rattache étroitement au précédent : Le Ps. טואא‎ nous annonçait 
la délivrance de Juda, menacé par Sennachérib; le Ps. Lxxv nous la montre accom- 
plie et en remercie le Seigneur. 

2-4. * Dieu a fait proclamer la grandeur de son nom en Juda, en brisant les armes 
de guerre des ennemis. 

3. Dans la paix; c’est-à-dire dans Jérusalem, dont l'ancien nom était Salem, eu 
hébreu Schälém (Genèse, xiv, 18), quiexprime l'idée de pair. — Son lieu; sa demeure, 

4. Là, etc.; c'est-à-dire dans la Judée. 

5-1. * La gloire de Dieu brille éclatante; il a terrassé soldats et cavaliers. 

5. Une lumiére. La lumiere de Dieu marque ici, comme dans bien d'autres endroits 


1900 


miere d'une manière admirable 
du haut des montagnes éter- 
nelles. 

6. Ils ont été troublés, tous les 
insensés de cœur. 

Ils ont dormi leur sommeil, et 
tous les hommes de richesses 
n'ont rien trouvé dans leurs 
mains. 

7. À votre réprimande, Dieu de 
Jacob, se sont endormis ceux qui 
montaient les chevaux. 

8. Vous, vous étes terrible, et 
qui vous résistera, des lors qw'é- 
clatera votre colere? 

9. Du haut du ciel, vous avez 
fait entendre un jugement : la 
terre a tremblé et s'est tenue en 
silence, 

10. Lorsque Dieu s'estlevé pour 
le jugement, afin de sauver tous 
les hommes doux de la terre. 

11. Aussi dans sa pensée, 
l'homme vous louera, et par suite 
de cette pensée, il célébrera un 


LES PSAUMES. 


[Ps. Lxxvi.] 


jour de féte en votre honneur. 

12. Faites des vœux au Seigneur 
votre Dieu, et accomplissez-les, 
vous tous qui, étant autour de lui, 
apportez des présents, à lui le 
terrible, 

13. Et à lui qui enlève le souffle 
vital des princes, qui est terrible 
aux rois de la terre. 


PSAUME LXXVI 
(Hésr., LXXVII). 
Le Psalmiste affligé se console par le sou- 
venir des merveilles que Dieu a opé- 
rées en faveur de son peuple. Elles lui 


font tout espérer de sa puissance et de 
sa bonté. 


1. Pour la fin, pour Idithun, psaume 
d'Asaph. 

2. De ma voix j'ai crié au Sei- 
gneur; de ma voix 7᾽ αἱ crié à Dieu, 
et il m'a prété attention. 

3. Au jour de ma tribulation 
j'ai recherché Dieu : mes mains 
durant la nuit, on£ été étendues 


de l'Ecriture, le secours, la faveur, la puissance divine. — Eternelles; épithète que 
les écrivains sacrés donnent assez souvent aux montagnes à cause de leur antiquité. 

6. Ils ont dormi, etc. La maniere prompte et miraculeuse dont l'armée de Senna- 
chérib fut exterminée soutient trés bien cette idée de sommeil. 

8-10. * Qu'il est terrible, le Seigneur! A peine s'est-il levé pour juger, que la terre 
est tranquille. 

10. Les hommes doux de la terre; ce sont les. Israélites qui ne cherchaient qu'à 
vivre en paix, lorsque Sennachérib vint les attaquer. Ezéchias avait méme acheté la 
paix, moyennant une trés forte somme d'argent, aprés que l'ennemi eut commencé 
à exercer des hostilités. Voy. IV Rois, xvi, 13-16. 

11-13. * Remercions Dieu qui met fin à l'orgueil des rois. 

11. Dans sa pensée ; littér. : La pensée de l’homme vous louera; el les restes de pensée 
vous feront un jour de féte. 

12, 13. Compar. II Paral., xxxuir, 21-23. 


1. Idithun. Voy. le titre du Ps. xxxvin (Hébr., xxxix). — D'Asaph. Voy. le titre du 
Ps. xuix (Hébr., 1). — * Il est impossible de déterminer en quelle circonstance ce 
psaume fut composé. On peut supposer cependant que c'est vers l'époque de la ruine 
du royaume des dix tribus. — « Les deux premières strophes forment l'exorde et 
expriment un sentiment de tristesse et d'angoisse au sujet des malheurs présents de 
la nation (vers. 2-7). Les trois strophes suivantes (vers. 8-16) cherchent la consola- 
tion et le secours auprés de Dieu, qui a été jadis le libérateur d'Israél. Enfin une 
brillante description du passage de la mer Rouge (vers. 17-21), rattachée à cette idée 
d'une consolation à puiser dans l'histoire, termine 16 poème. » (Ed. Russ.) 

3. Mon áme a refusé, etc. Au milieu de ma captivité, accablé de douleur, je n'ui pu 
trouver 6מטטנופ‎ eousolalion hors de Dieu. 


fps. א א‎ VI.] 


vers lui; et mon espérance n'a 
point été déçue. 

Mon âme a refusé d'être con- 
solée, 

4. Je me suis souvenu de Dieu, 
et j'ai été ravi de joie; je me suis 
exercé d méditer, et mon esprit a 
défailli. 

5. Mes yeux ont anticipé les 
veilles de la nuit; j'ai été troublé, 
et je n'ai point parlé. 

6. J'ai pensé aux jours anciens; 
et j'ai eu les années éternelles 
dans l'esprit. 

7. Et j'ai médité la nuit avec 
mon cœur, je m'exercais ὦ prier 
et je sondais mon esprit. 

8. Est-ce que Dieu nous rejet- 
tera éternellement? ou ne sera-t- 
il pas de nouveau plus favorable 
encore? 

9. Ou retranchera-t-il sans fin 
sa miséricorde, de génération en 
génération? 

10. Ou Dieu oubliera-t-il d'avoir 
pitié? ou contiendra-t-il, dans sa 
colere, ses miséricordes? 

41. Et j'ai dit : C'est maintenant 
סגו‎ [6 commence ; ce changement 
est l'œuvre de la droite du Tres- 
Haut. 

12. Je me suissouvenu des œu- 


LES PSAUMES. 


4991 
vres du Seigneur, je me souvien- 
drai aussi de vos merveilles de- 
puis le commencement, 

13. Je méditerai sur toutes vos 
œuvres, et je m'exercerai dans 
vos desseins. 

14. O Dieu, votre voie est 
sainte : quel Dieu est grand com- 
me notre Dieu? 

15. Vous étes le Dieu qui faites 
des merveilles. 

Vous avez fait connaitre parmi 
les peuples votre puissance; 

16. Vous avez racheté par votre 
bras votre peuple, les fils de 
Jacob et de Joseph. 

17. Les eaux vous ont vu, ὃ 
Dieu, les eaux vous ont vu ; et 
elles ont craint, et les abimesont 
été troublés. 

18. 11 y a eu un grand bruit des 
eaux : les nuées ont fait entendre 
leur voix. 

Car vos flèches traversaient /es 
airs; 

19. La voix de votre tonnerre 
a éclaté sur la roue. 

Vos éclairs ont brillé sur le 
globe de la terre : la terre s'est 
émue, et a tremblé. 

20. Dans la mer a été votre 
route, et vos sentiers ont été de 


8. Ne sera-t-il pas de nouveau, etc.; littér. et par hébraisme : N'agou£era-t-il. pas 
d'étre, etc, Voy. Observ. préliminaires, p. 342, 2o. 
11. Et j'ai dit; après avoir ainsi déchargé mon cœur devant Dieu. — Je commence 


à espérer. 


13. Je m'ezercerai dans vos desseins; c'est-à-dire à réfléchir sur, etc. —. Vos des- 
seins; littér. vos inventions; l'hébreu porte: vos actions, vos œuvres. 

14. Votre voie est sainte; littér. est dans la sainteté. Nous avons déjà fait remarquer 
qu'en hébreu les adjectifs sont souvent remplacés par un substantif précédé d'une 


préposition. 


18. Vos flèches. Les flèches de Dieu signifient assez ordinairement, dans l'Eeriture, 


les foudres et les éclairs. 


19. La roue ou les roues; c'est-à-dire les chariots; car la partie est prise iei pour 
le tout. Il s'agit des chariots des Egyptiens, lesquels furent brisés dans la mer Rouge. 

20. Dans la mer, etc.; c'est-à-dire vous avez marché dans les eaux de la mer, à la 
téte de votre peuple, comme sur la terre ferme; et ensuite vous avez refermé cette 
per, sans qu'on ait pu découvrir les traces de votre passage. 


Ax. 


76 


14202 LES PSAUMES. [Ps. Lxxvir.) 
grandes eaux : et vos traces ne | Seigneur, ses œuvres puissantes, 


seront pas connues. et ses merveilles qu'il ἃ faites; 

21. Vous avez conduit, comme 9. Et a suscité un témoignage 

des brebis, votre peuple par les | dans Jacob; et a établi une loi 

mains de Moise et d'Aaron. dans Israél : 
Combien de grandes choses ila 
PSAUME LXXVII commandé à nos peres de faire 
(Héer., LXXVIII). connaitre à leurs fils, 

Le Psalmiste fait le récit des effets de la 6. Afin qu'une autre génération 
bonté de Dieu envers son peuple de- | les connaisse. 

puis la sortie d'Egypte jusqu'au régne Les fils qui naitront et s'éleve- 


de David. Dieu choisit la tribu de Juda t p ΕΝ um 
préférablement à celle d'Ephraim. Les ront apres eux les raconteront à 


Péres prennent ce psaume, dans le sens leurs fils, 


moral, pour une instruction de Jésus- 7. Afin qu'ils mettent en Dieu 

Christ à son Eglise ou de Dieu le père let espérance qu'ils d'odblrent 

à la synagogue. , 

pas ses œuvres, et qu'ils recher- 

1. Intelligence d'Asaph. chent ses commandements. 

Appliquez-vous à ma loi, ómon 8. De peur qu'ils ne deviennent 
peuple, inclinez votre oreille aux | comme leurs pères une généra- 
paroles de ma bouche. tion perverse etexaspérant Dieu : 

2. J'ouvrirai ma bouche en pa- Une génération qui n'a point 
raboles : je dirai des choses ca- | dirigé son cœur, et dont l'esprit 
chées dès le commencement ; ne s'est point confié en Dieu. 


3. Combien de grandes choses: 9. Les fils d'Ephraim, habiles 
nousavonsentenduesetconnues, | à tendre l'arc et à en tirer, ont 
et que nos peres nous ont racon- | tourné le dos au jour du com- 


tées. bat. 

4. Elles n'ont pas été cachées 10. Ils n'ont pas gardél'alliance 
à leurs fils dans une autre géné- | de Dieu, et ils n'ont pas voulu 
ration. marcher dans sa loi. 

Ils ont raconté les louanges du 41. Ils ont oublié ses bienfaits 


Ps. LXXVI. 21. Exode, xiv, 29. 


1-12. * Résumé de l'histoire du peuple de Dieu, pour servir d'enseignement à Israél 
et l'exciter à la fidélité au Seigneur. 

1. Ma loi; c'est-à-dire ma doctrine, mes instructions; car le terme hébreu corres- 
pondant est un dérivé du verbe enseigner, anstruire. 

2. Des choses cachées, etc. C'est le sens de l'hébreu et des Septante et celui que 
Jésus-Christ a donné lui-même (Matth., xur, 35). Or ces choses cachées, etc., sont les 
mystères de l'Evangile, la connaissance des vérités du salut, qui n'ont été révélées 
que depuis la venue de Jésus-Christ, comme le dit saint Paul (Rom., xvi, 25-26; 
1 Corinth., n, 1; Coloss., 1, 6-27). 

3. Combien de grandes choses, etc.; c'est un des compléments du verbe précédent 
je dirai. 

9. Témoignage, 16 mot hébreu rendu dans les Septante et la Vulgate par témoignage 
signifie préceple, ordonnance, décret, loi; c'est probablement ce dernier sens qu'il a 
ici. — Combien de grandes choses, etc. Voy. la note du vers, 8, 

9. * On ignore à quel fait le Psalmiste fait allusion. 

1M. Qu'il leur a montrées; qu'il a opérées devant eux, 


Ps. LXXVII.] 


et les merveilles qu'il leur a mon- 
trées. 

19. Devant leurs pères il a 
fait des merveilles, dans la terre 
d'Ezypte, dans la plaine de Ta- 
nis. 

13. Il divisa la mer, et il les fit 
passer : et il fixa les eaux comme 
dans une outre. 

14. Il les conduisit, le jour, au 
moyen d'une nuée, et toute la 
nuit à la clarté d'un feu. 

15. Il fendit une pierre dans le 
désert, et les fit boirecomme à un 
abime abondant. 

16. Car il fit sortir de l'eau de 
la pierre, 6111 enfitsortir des eaux 
comme des fleuves. 

17. Mais ils péchèrent encore 
de nouveau contre lui, ils exci- 
tèrent à la colère le Très-Haut 
dans un lieu sans eau. 

18. Et ils tentèrent Dieu dans 
leurs cœurs, au point qu'ils de- 
mandèrent une nourriture pour 
leurs âmes. 

19. Etils parlèrent mal de Dieu, 
ils dirent : Est-ce que Dieu pourra 
préparer une table dans le dé- 
sert? 


LES PSAUMES. 


1208 


20. Parce qu'il a frappé une 
pierre, et que des eaux ont coulé; 
et que des torrents ont débordé. 

Est-ce qu'il pourra aussi donner 
du pain et préparer une table pour 
son peuple? 

91. C'est pour cela que le Sei- 
gneur entendit et différa; mais 
un feu s'alluma contre Jacob, et 
sa colere monta contre Israël ; 

22. Parce qu'ils ne crurent pas 
en Dieu, et qu'ils n'espérerent pas 
en son salut ; 

23. Et il commanda aux nuées 
d'en haut, et il ouvrit les portes 
du ciel. 

24. Et il leur fit pleuvoir de la 
manne pour manger, et il leur 
donna du pain du ciel. 

25. L'homme mangea le pain 
des anges, Dieu leur envoya une 
nourriture en abondance. 

20. Il fit disparaitre du ciel le 
vent du midi, et il amena par sa 
puissance le vent d'Afrique. 

27. Il fit pleuvoir sur eux des 
viandes comme la poussiere, et 
des oiseaux comme le sable de la 
mer. 

28. Et ils tomberent au milieu 


Ps. LXXVII. 13. Exode, xiv, 22. — 15. Exode, נטא‎ 6; Ps. civ, 41. — 21. Nomb., 
xr, 1. — 24. Exode, xvi, 4; Nomb., xr, 1. — 25. Jean, vi, 31; 1 Cor., x, 3. — 26. Nomb., 


XI; 31. 


12. * Des merveilles, les plaies d'Egypte. — Dans la plaine de Tanis. Tanis, située 
dans le Delta, était au moment de l'exode la résidence du pharaon. Voir la note sur 


Nombres, xut, 23. 


13. * La mer Rouge. Voir pour les allusions de ce verset et des versets suivants 
les passages de l'Exode et des Nombres auxquels renvoient les références. 

15. Comme un abime abondant; c'est-à-dire comme s’il y avait eu en ce lieu de 
grands amas d'eaux potables; expression hyperbolique pour marquer la quantité 
des eaux qui sortirent du rocher. Compar. I Corinth., x, 4. 

17. Mais ils pécherent de nouveau; littér. et par hébraisme : 1/5 ajoutèrent à pécher. 


Voy. Observat. préliminaires, p. 342, 9o. 


18. Ils tenlèrent Dieu dans leurs cœurs; en ce qu'au lieu de s'adresser à lui, ils se 
livrérent aux murmures, — Pour leurs âmes; pour leurs personnes, pour eux. 

20. Pain; c'est-à-dire nourriture en général. 

21. Et différa l'accomplissement de sa promesse, de les faire entrer dans la terre 


promise. 


120^ 
de leur camp, autour de leurs ta- 
bernacles. 

29. Ils mangerent et ils furent 
rassasiés à l'exces, et Dieu leur 
aecorda selon leur désir; 

30. Ils ne furent point frustrés 
dans leur désir. 

Leurs viandes étaient encore 
dans leur bouche, 

31. Quand la colere de Dieu 
tomba sur eux. 

Et il tua les gras d'entre eux, 
et rejeta l'élite d'Israél. 

32. Au milieu de tous ces pro- 
diges ils péchèrent encore, et ne 
crurent pas à ses merveilles. 

33. Et leurs jours se termine- 
rent vainement, et leurs années 
avec rapidité. 

34. Lorsquil les tuait, ils le 
cherchaient, et ils revenaient, et, 
des le point du jour, ils venaient 
àlui. 

39. Et ils se souvinrent que 
Dieu était leur aide, et que le 
Dieu tres haut était leur rédemp- 
teur. 

90. Maisilsl'aimerent de bouche 
seulement, et ils lui mentirent 
par leur langue; 

31. Car leur cœur n'était pas 
droit avec lui, et ils ne furent pas 
trouvés fidèles à son alliance. 

38. Mais lui est miséricordieux, 


LES PSAUMES. 


[Ps. Lxxvir.] 


il pardonnera leurs péchés, et ne 
les perdra pas entierement. 

Et souvent il détourna sa co- 
lere, et il n'alluma pas toute sa 
colere. 

39. Il se rappela qu'ils étaient 
chair, un souffle qui va et qui ne 
revient pas. 

40. Combien de fois l'ont-ils ir- 
rité dans le désert, et l'ont-ils ex- 
cité à la colère dans un lieu sans 
eau? 

41. Et de nouveau ils tentèrent 
Dieu, et ils ont aigri le saint d'Is- 
raël. 

42. Ils nese sont pas rappelé sa 
main, au jour où il les retira de 
la main d'un oppresseur, 

43. Comment il fit en Égypte 
ses miracles, et ses prodiges dans 
la plaine de Tanis. 

44. Et il changea en sang leurs 
fleuves et leurs pluies, pour qu'ils 
ne bussent point. 

45. Il envoya contre eux une 
multitude de mouches qui les dé- 
vorerent, et la grenouille qui les 
ravagea. 

46. Et il donna à la rouille leurs 
fruits, et leurs travaux à la sau- 
terelle. 

41. EL il fit périr par la gréle 
leurs vignes. et leurs müriers par 
la gelée. 


30. Nomb., xr, 33. — 44. Exode, vir, 20. — 45. Exode, viu, 6, 24. — 46. Exode, x, 45. 


— 4T. Exode, 1x, 25. 


31. Rejela littér., empécha d'entrer dans la terre promise, selon l'hébreu, 11 abattit, 


i fit tomber. 


38. Souvent il délourna; littér. ct par hébraisme : 17 abonda pour délourner. Com- 


par. la note du vers. 17. 


39. * Un souffle, le vent. La vie est comme un souffle, une ombre. 
41. Et de nouveau ils tenlérent; littér. : Et ils retournérenl, et ils tentérent; mème 


hébraisme qu'au vers. précédent. 


44. Leurs fleuves; c'est-à-dire les fleuves des Egyptiens. 
45. * Une mullilude de mouches. Voir la note sur Ps. civ, 31. 
41. * Leurs müriers, leurs sycomores à figues, l'un des arbres les plus précieux du 


pays. Voir Luc, xix, 4. 


[ps. Lxxvir.] 


48. Et il livra à la gréle leurs 
bétes, et leurs possessions au feu. 

49. Il envoya contre eux la co- 
lere de son indignation : l'indi- 
gnation, et la colere, et la tribu- 
lation envoyées par des anges 
mauvais. 

50. Il fit une voie au sentier de 
sa colere, et il n'épargna pas la 
mort à leurs àmes ; etleurs bétes, 
il les renferma dans la mort. 

51. Et il frappa tout premier-né 
d'Egypte, les prémices de tout 
travail dans les tabernacles de 
Cham. 

52. Et il en retira, comme des 
brebis, son peuple; et 11 les con- 
duisit comme un troupeau dans 
le désert. 

53. Et il les fit sortir p/ezns d'es- 
pérance, et ils ne craignirent 
point; quant à leurs ennemis, la 
mer les couvrit. 

54. Et il les amena sur la mon- 
tagne de sa sanclification; mon- 
tagne qu'a acquise sa droite. 

Et il chassa de leur face des 
nations; et il leur divisa au sort 
une terre avec un cordeau de 
partage. 

95. Et il fit habiter dans leurs 
tabernacles les tribus d'Israël, 


LES PSAUMES. 


1205 
56. Mais ils tentèrent et aigri- 

rent le Dieu tres haut; et ne gar- 

derent pas ses témoignages. 

91. Et ils se détournerent de lui 
et n'observérent pas l'alliance; de 
la méme maniere queleurs pères, 
ils devinrent comme un arc qui 
porte à faux. 

58. Ils l'ont excité à la colere 
sur leurs collines; et par leurs 
images taillées au ciseau, ils l'ont 
provoqué à la jalousie. 

59. Dieu entendit, etil méprisa, 
etilréduisitentierementau néant 
Israél. 

60. Et il repoussa le tabernacle 
de Silo, son tabernacle oü il avait 
habité parmi les hommes. 

61. 11 livra à la captivité l'arche, 
leur force; et leur beauté entre 
les mains de l'ennemi. 

62. Ill renferma son peuple entre 
les glaives; et son héritage, il le 
méprisa. 

63. Un feu dévora leurs jeunes 
hommes; et leurs vierges ne fu- 
rent pas pleurées. 

64. Leurs prêtres tomberent 
sous le glaive, et on ne pleurait 
pas leurs veuves. 

65. Mais le Seigneur se réveilla 
comme un omme endormi, 


51. Exode, xir, 29. — 53. Exode, xiv, 27. — 54. Jos. , ,וזא‎ 7. — 60. I Rois, 1v, 4; Jér , 


VIT AT 


48. Au feu du ciel ; l'hébreu dit à la foudre. 


50. I] fit, etc.; c'est-à-dire il ouvrit un chemin large et spacieux ; il donna un libre 
essor à sa colère. — A leurs âmes ; à leurs personnes, à eux-mêmes. Compar. vers. 18. 
— Il les renferma dans la mort ; i les livra à la mort. 

54. La montagne de sa sanclification ; c'est-à-dire de sa consécration, qu'il s'était con- 
sacrée par la destination qu'il en avait faite dès le commencement, et qui était d'établir 
le siege de sa religion. Il est certain que le mot hébreu signifie non seulement saintele, 
mais encore chose sainte, consacrée, sancluaire, temple. — Avec un cordeau. Voy. Ps. xv,6. 

56. Ses témoignages; c'est-à-dire ses préceptes, ses ordonnances. Voy. le vers. 5. 

58. Leurs images, etc.; leurs idoles. 

60. * Silo. Voir la note sur Josué, xvii, 1. 

61. Beaulé ; c'est-à-dire gloire. La force et la gloire des Israélites était l'arche d'al- 
liance. Voy. I Rois, tv, 2122; II Paral., vi, 41; Ps. cxxxi, 8. 


1206 


comme un héros qui a été ivre de 
vin. 

66. Il frappa ses ennemis par 
derriere; il leur infligea un op- 
probre éternel. 

67. Et il repoussa le tabernacle 
de Joseph, et ne choisit point la 
tribu d'Éphraim ; 

68. Mais il choisit la tribu de 
Juda, la montagne de Sion qu'il 
a aimée. 

69. Et il bátit comme wne corne 
de licornes son sanctuaire, dans 
la terre qu'il a fondée pour les 
siecles. 

70. Il choisit David son servi- 
teur, et il le tira du milieu des 
troupeaux de brebis : ille prit à 
la suite de celles qui étaient 
pleines, 

71. Pour être le pasteur de Ja- 
cob son serviteur, et d'Israël son 
héritage. 

72. Et David les fit paitre dans 
l'innocence de son cœur, et avec 
ses mains habiles, il les con- 
duisit. 


LES PSAUMES. 


[Ps. Lxx virt. ] 


PSAUME LXXVIII 
(Hésr., LXXIX). 


Le Psalmiste se plaint de la cruauté des 
ennemis de Dieu qui ont ruiné la ville 
et le temple de Jérusalem, et adresse 
des priéres au Seigneur pour le peuple 
en captivité. 


1. Psaume d'Asaph *. 


O Dieu, des nations sont venues 
dans votre héritage, elles ont 
souillé votre saint temple ; elles 
ont fait de Jérusalem une cabane 
à garder les fruits. 

2. Elles ont donné les corps 
morts de vos serviteurs en páture 
aux volatiles du ciel ; etles chairs 
de vos saints, aux bétesde laterre. 

3. Elles ont répandu leur sang 
comme l'eau autour de Jérusa- 
lem; et il n'y avait personne qui 
les ensevelit. 

4. Nous sommes devenus l'op- 
probre de nos voisins, la moque- 
rie et le jouet de ceux qui sont 
autour de nous. 

5. Jusques à quand, Seigneur, 


69. Le sanctuaire dans la terre de Juda était unique comme la corne d'une licorne 
est unique sur le front de cet animal. D'un autre cóté, la corne, en général, est le 
symbole de la gloire, de la force, de l'empire et del'élévation : toutes choses qui con- 
viennent parfaitement au temple de Jérusalem. — * De licornes. Voir Ps. xxi, 22. 

12. Avec ses mains habiles; littér. avec les intelligences de ses mains. Le Psalmiste, 
dans les trois derniers versets, reléve la droiture, la prudence etla sagesse de David, 
mort depuis quelque temps, pour convaincre de plus en plus Ephraim de son ingra- 
titude, d'avoir abandonné la maison de ce prince si juste, si sage, si religieux, et si 
manifestement choisi de Dieu. 


a * Ce psaume est de la méme époque que le Ps. Lxxm et se rapporte à la prise 
de Jérusalem par Nabuchodonosor. 

1-4. * Tableau lamentable de Jérusalem dévastée. 

1. * Une cabane à garder des fruits. En Palestine, il y a dans les champs et il y 
avait surtout autrefois des cabanes ou des constructions grossières en pierres, pour 
servir de lieu de garde contre les voleurs. Ces tours de garde étaientle plus souvent 
inhabitées et presque toujours en mauvais état. 

2. Vos saints; ce sont les Israélites fidèles, religieux, nommés dans le méme verset 
vos serviteurs, c'est-à-dire les serviteurs de Dieu. 

5-1. * Que Dieu ait pitié de son peuple honni et méprisé et qu'il châtie ses ennemis. 

5. Entièrement; littér., dans les Septante et la Vulgate, pour la fin (in finem), et 
dans l'hébreu, entièrement, tout à fait; expression qui est ici probablement synonyme 
de sans interruption, sans cesse. 


[Ps. [.צזצאע‎ 


serez-vous entierement irrité? 
jusques à quand votre zele s'allu- 
mera-t-il comme un feu? 

6. Répandez votre colere sur 
des nations qui ne vous connais- 
sent point, et sur des royaumes 
qui n'invoquent pas votre nom; 

1. Parce qu'ils ont dévoré Jacob 
et désolé son lieu. 

8. Ne vous souvenez pas de nos 
iniquités anciennes ; que promp- 
tement nous préviennent vos mi- 
séricordes; parce que nous som- 
mes devenus pauvres à l'excès. 

9. Aidez-nous, ὃ Dieu notre 
Sauveur, et pour la gloire de 
votre nom, Seigneur, délivrez- 
nous, et pardonnez nos péchés à 
cause de votre nom ; 

10. De peur que, par hasard, 
l'on ne dise parmi les peuples : 
Oü est leur Dieu? Faites donc 
connaitre parmi les nations, de- 
vant nos yeux, 

La vengeance du sang de vos 
serviteurs qui a été répandu ; 

11. Qu'il vienne en votre pré- 
sence, le gémissement de ceux 
qui sont dans les fers. 


LES PSAUMES. 


1207 


Selon la grandeur de votre bras, 
possédez les fils de ceux qui ont 
été mis à mort. 

19. Rendez à nos voisins, e£ 
versez dans leur sein 16 septuple : 
rendez-leur lopprobre dont ils 
ont prétendu vous couvrir, ὃ Sei- 
gneur. 

13. Pour nous, votre peuple, et 
les brebis de votre páturage, nous 
vous louerons pour toujours; 

Dans toutes les générations 
nous annoncerons votre louange. 


PSAUME LXXIX 
(Hénn., LXXX). 

Ce psaume contient une priére des cap- 
tifs pour leur liberté, une comparaison 
du peuple juif à une vigne que Dieu a 
livrée aux ennemis, et une supplica- 
tion de la regarder avec compassion, 
et d'envoyer l'homme de sa droite, 
c'est-à-dire le Messie. 


1. Pour la fin, pour ceux qui seront 
changés, témoignage d'Asaph, psaume. 

2. Vous qui gouvernez Israël, 
soyez attentif : vous qui condui- 
sez, comme une brebis, Joseph. 

Vous qui étes assis sur les Ché- 
rubins, manifestez-vous 


Ps. LXXVIII. 6. Jér., x, 25. — 8. Isaie, rxiv, 9. 


1. Son lieu; c'est-à-dire sa demeure. 


8-10. * Que Dieu pardonne ses péchés à son peuple et manifeste par sa vengeance 


sa divinité aux paiens. 


11-13. * Que Dieu ait pitié d'Israël! qu'il rende à leurs voisins le septuple du mal 
qu'ils ont fait à ses serviteurs, et ceux-ci 16 
11. Selon la grandeur; par la force, la puissance. 


12. Le septuple, des maux qu'ils nous ont faits. — L'opprobre; c'est un second com- 
plément direct du verbe rendez. —* Dans leur sein, parce que c'est là que les Orien- 
taux ont coutume de placer les objets qu'ils portent. 

13. Dans toutes les générations; littér. et par hébraisme : Dans une génération et 
“πὸ génération. V. p. 341, 10. 


1.* Le titre hébreu porte : « Au chef de chœur. “Εἰ Schoschannim. ‘Édouth. 
Maskil. » Voir l'explication de ces mots dans la note 4 à la fin du volume. Les Sep- 
ante ajoutent : « sur l'Assyrien. » — Le royaume d'Israël (ou d'Ephraim, descendant 
le Joseph), demande dans un magnifique langage la protection de Dieu contre les 
Assyriens qui l'oppriment. 

2-4. * Que le berger d'Israël secoure Ephraim et Manassé! 

2. Israél et Joseph marquent ici toutes les tribus, tout le peuple d'Israél; mais le 


1208 

3. Devant Ephraim, Benjamin 
et Manassé. 

Excitez votre puissance, 61 ve- 
nez, afin que vous nous sauviez. 

4. O Dieu, convertissez-nous, 
et montrez votre face, et nous 
serons sauvés. | 

5. Seigneur, Dieu des armées, 
jusques à quand serez-vous irrité 
au sujet de la prière de votre ser- 
viteur? 

6. Jusques à quand nous nour- 
rirez- vous d'un pain de larmes, 
el nous donnerez-vous à boire des 
larmes dans une mesure? 

7. Vous nous avez posés comme 
un objet de contradiction à nos 
voisins ; et nos ennemis nous ont 
insultés. 

8. Dieu des armées, conver- 
tissez-nous, et montrez votreface, 
et nous serons sauvés. 

9. Vous avez transporté de 
l'Egypte une vigne, vous avez 
chassé des nations, et vous l'avez 
plantée. 


LES PSAUMES. 


[Ps. Lxxix.] 


10. Vous avez été un guide de 
route devant elle : vous avez 
planté ses racines, et elle arempli 
la terre. 

11. Son ombre ἃ couvert les 
montagnes, et ses rameaux les 
cèdres de Dieu. 

12. Elle a étendu ses branches 
jusqu'à la mer, et ses rameaux 
jusqu au fleuve. 

13. Pourquoi donc avez-vous 
détruit son mur de clôture, et 
pourquoi la vendangent-ils, tous 
ceux qui passent dans le chemin? 

14. Un sanglier de forêt l'a en- 
tierement dévastée; et une béte 
sauvage l'a broutée. 

15. Dieu des armées, revenez, 
regardez du haut du ciel et voyez, 
et visitez cette vigne. 

16. Faites-la prospérer, celle 
que votre droite à plantée, et 
portez vos regards sur le fils de 
l'homme que vous avez établi fer- 
mement pour vous. 

17. Elle a été brûlée par le feu 


e a € —— ———  ———— 


Psalmiste ne rappelle probablement que ces deux noms, parce qu'ils étaient princi- 
palement chéris de Dieu. — * Qui éles assis sur les Chérubins, placés au-dessus de 
l'arche d'alliance. 

4. * Refrain. 

5-8. * Israél est abreuvé de pleurs et ses ennemis se moquent de lui. 

5. Au sujet de la prière (super orationem); c'est-à-dire sans vouloir écouter la 
prière. 

6. Dans une mesure; avec abondance, abondamment. 

8. * Refrain, qui ne diffère de celui du vers. 4 que par l'addition du mot des armées 
à Dieu. , 

9-12, * Dieu avait transplanté Israël comme un cep de vigne dans les montagnes 
d'Ephraim oü il avait prospéré. 

11. Cèdres de Dieu; hébraisme, pour cédres extrémement hauts. 

12. La mer Méditerranée, à l'occident. — Jusqu'au fleuve, l'Euphrate, à l'orient. 

13-16. * Pourquoi Dieu laisse-t-il ravager sa plantation? 

44. * Un sanglier. Le sanglier est assez commun en Palestine et y fait quelquefois 
beaucoup de dégâts. Il figure ici l'Iduméen, d'après les commentateurs Juifs, et la 
bête sauvage figure l'Arabe nomade. Ce qui est certain c'est que ce sont là des em- 
blémes des ennemis du peuple de Dieu. 

46. Sur le fils de l'homme, ne peut étre qu'un complément du verbe regardez 
(respice), exprimé au verset précédent. — Le fils de l'homme; c'est Jésus-Christ, qui 
s'est comparé dans l'Evangile à une vigne (Jean, xv, 1, 4, 5). 

17-20. * Puisse Dieu protéger encore Israël! à l'avenir il lui sera fidèle et invoquera 
son nom. 


{Ps. ὡχχχ.] 


.et déchaussée; parla réprimande 
de votre visage ils périront. 

18. Que votre main repose sur 
l'homme de votre droite, et sur 
le fils de l'homme que vous avez 
établi fermement pour vous. 

19. Et nous ne nous éloigne- 
rons plus de vous; vous nous 
rendrez la vie, et nous invoque- 
rons votre nom. 

20, Seigneur, Dieu des armées, 
convertissez-nous; et montrez 
votre face, et nous serons sauvés. 


PSAUME LXXX 
(Hése., LXXXI). 


LES PSAUMES. 


1209 

1. Pour les pressoirs, psaume d'Asaph 
lui-méme. 

2. Exultez en Dieu qui est notre 
aide; poussez des cris de joie vers 
le Dieu de Jacob. 

3. Entonnez un psaume, et faites 
entendre un tambour, un psalté- 
rion harmonieux avec une harpe. 

4. Sonnez de la trompette à la 
néoménie, au jour insigne de 
votre solennité; 

5. Parce que c'est un précepte 
dans Israël, une ordonnance en 
l'honneur du Dieu de Jacob. 

6. Il l'établit comme un monu- 
ment pour Joseph, lorsqu'il sortit 


de la terre d'Egypte, e£ qu'il en- 
tendit une langue qu'il ne con- 
naissait pas. 

7. ll détourna son dos des far- 
deaux, e£ ses mains qui servaient 
à porter les corbeilles. 

8. Dans la tribulation, tu m'as 


Le Psalmiste invite le peuple à célébrer 
avec joie la fête des trompettes. Il rap- 
porte l'origine et la cause de l'établis- 
sement de cette solennité, et expose 
l'ingratitude des Israélites et les pro- 
messes du Seigneur. 


Pour la fin. 
Ps. LXXX. 6. Genèse, xui, 29. — 8. Exode, xvii, 5. 


11. Par la réprimande de votre visage; par votre regard sévère et menaçant. — Ils 
périront; les ennemis, selon les uns, les Israélites, selon les autres. 
90. * Refrain, comme aux vers. 4 et 8, avec l'addition du mot Seigneur. 


1. * Titre en hébreu : > Au chef de chœur. Sur la gittith. » Voir sur la giltith, la 
note 4 à la fin du volume. — Ce psaume a pour objet de célébrer la fête de Pâques, 
et c'est pour ce motif qu'il parle de la sortie d'Egypte. — Le Psalmiste rappelle à 
celui qui observera fidélement les commandements de Dieu quelle est la récompense 
qui lui est destinée. Les vers. 2-5 exhortent à célébrer Pâques avec allégresse. Dans 
les vers. 6-17, c'est Dieu qui parle. (Les verbes des vers. 6 et 7 sont à la première 
personne en hébreu). Il demande à son peuple la fidélité, en lui rappelant comment 
ila puni dans le désert ceux qui lui ont été rebelles et en assurant qu'il accordera 
tous les biens à ceux qui écouteront sa voix. 

4. * Néoménie, nouvelle lune. — Au jour insigne de votre solennité, la fête de Pâques. 
D'aprés quelques commentateurs, la féte des Tabernacles. 

5. Une ordonnance ; statut, loi; c'est le sens qu'a ici, comme en bien d'autres en- 
droits, le terme hébreu rendu dans les Septante et la Vulgate par jugement. — En 
l'honneur de Dieu; littér. au Dieu (Deo); ce datif qui se trouve également en grec, 
et méme en hébreu, ne permet pas d'autre traduction. 

6. Joseph est mis iei pour tout Israël (Compar. Ps. rxxix, 1), parce que la fête des 
tabernacles fut instituée en mémoire du voyage des Hébreux au sortir de l'Egypte, 
où Joseph avait été comme leur second père et leur nourricier. — 17 entendit, etc. 
Selon la plupart des Péres et des interprétes, le Psalmiste veut dire que les Israé- 
lites, aprés leur sortie de l'Egypte, entendirent la voix du Seigneur qui leur parlait 
du haut du Sinai par l'entremise de Morse, et qui leur donna une loi et leur com- 
muniqua des vérités jusqu'alors inconnues pour eux. 

8. Du fond de la tempéte (i abscondito tempestalis) ; c'est-à-dire lorsqu'en Egypte, 


1210 
invoqué, et je t'ai délivré; je t'ai 
exaucé du fond de la tempéte, je 
t'ai éprouvé auprès de l'eau de 
contradiction. 

9. Ecoute, mon peuple, car je 
te prendrai à témoin : Israël, si tu 
m'écoutes, 

10. Il n'y aura pas au milieu de 
toi de dieu nouveau, et tu n'ado- 
reras pas de dieu étranger. 

11. Car c'est moi qui suis le 
Seigneur ton Dieu, qui t'ai tiré de 
la terre d'Egypte; élargis la bou- 
che, je la remplirai. 

12. Mais mon peuple n'a pas 
écouté ma voix, et Israél ne m'a 
pas prété attention. 

13. Et je les ai abandonnés 
aux désirs de leur cœur; ils iront 
dans des voies de leur inven- 
tion. 

44. Si mon peuple m'avait 
écouté; si Israël avait marché 
dans mes voies, 

15. En un moment j'aurais hu- 
milié ses ennemis, et sur ceux 


LES PSAUMES. 


[Ps. Exxxr. | 


qui les tourmentaient, j'aurais 
lancé ma main. 

16. Les ennemis du Seigneur 
lui ont menti, et leur temps du- 
rera des siècles. 

17. Cependantillesa nourris de 
moelle de froment, et il les a ras- 
sasiés de miel sorti d'une pierre. 


PSAUME LXXXI 
(Hésr., LXXXID. 
Le Psalmiste exhorte les juges de la terre 
à exercer la justice sans acception des 


personnes et dans la crainte du juge- 
ment du Seigneur. 


1. Psaume d'Asaph. 


Dieu a assisté à une assemblée 
de dieux, mais au milieu d'eux, 
il juge des dieux. 

2. Jusquesàquandjugerez-vous 
selon l’iniquité, et ferez-vous ac- 
ception de la personne des pé- 
cheurs? 

3. Jugez pour lindigent et le 
pupille : faites justice à l'humble 
et au pauvre. 


10. Exode, xx, 3. — 13. Actes, xiv, 15. — 14. Baruch, rir, 13. 


je t'ai mis à couvert des foudres, de la gréle, des tempétes, des bruits effroyables, 
dont j'ai épouvanté les Egyptiens, ou bien, lorsque je descendis sur le Sinai au mi- 
lieu des tonnerres et des éclairs, et que tu me prias de ne pas te parler moi-méme, 
mais de te faire connaitre mes ordres par Moise. 

13. Dans des voies, etc. (in adinventionibus suis) le grec dit habitudes, goûts, caprices, 
et l'hébreu, conseils, desseins. 

15. En un moment ou aisément. La Vulgate ajoute peut-élre (forsitan). Ce mot ne 
se lit pas dans le texte hébreu, et il répond dans les Septante à une particule 
grecque qui n'exprime nullement le doute. 

16. Les ennemis du Seigneur sont ici les Israélites infidéles à leur Dieu et qui lui 
ont manqué de parole. — Leur temps; c'est-à-dire le temps de leur chátiment, de 
leurs peines. 


1-8. * Le Psalmiste invoque le secours de Dieu contre des juges iniques, cf. 
Ps. zvir. Notre-Seigneur a cité ce psaume, Jean, x, 34-36. On en place assez généra- 
lement la composition au temps de Josaphat, vers 890 av. J.-C. — Le langage est 
plein de force et d'énergie. — Deux discours de Dieu forment le fond du poème ; 
dans le premier (vers. 1-5), il intime aux juges l'ordre d'étre justes; dansle deuxiéme 
(6-8), il les menace de ses chátiments. 

1. Dieux; c'est le nom qu'on donne assez souvent aux juges, aux magistrats, dans 
Ecriture, parce qu'ils rendent la justice au nom et à la place de Dieu. Compar. 
Ezxod., xxi, 6; xxu, 8, 28. 

2. Et ferez-vous acception, etc. Voy. pour cette locution Job, xur, 8-10. 


(ps. ΠΥΧΧΠ.] 


4. Délivrezlepauvre, etarrachez 
l'indigent de la main du pécheur. 

5. Ils n'ont pas su, et ils n'ont 
pas compris; ils marchent dans 
les ténèbres ; tous les fondements 
de la terre seront ébranlés. 

6. Moi j'ai dit : Vous êtes des 
dieux, et fils du Très-Haut, tous. 

7. Mais vous mourrez comme 
des hommes; et comme l'un des 
princes, vous tomberez. 

8. Levez-vous, à Dieu, jugez la 
terre; parce que vous hériterez 
parmi toutes les nations. 


PSAUME LXXXII 
(Hésr., LXXXIII). 


Le Psalmiste implore le secours de Dieu 
contre une multitude d'ennemis qui 
s'étaient élevés contre son peuple. Il 
prédit le trouble dont ils seront sai- 
sis, et la confusion dont ils seront cou- 
verts, 


1. Cantique du psaume d'Asaph. 


LES PSAUMES. 


1211 


2. O Dieu, qui sera semblable à 
vous? Ne vous taisez pas, et ne 
soyez pas retenu, ὃ Dieu, 

3. Parce que voilà que vos en- 
nemis se sont assemblés en tu- 
multe, ont fait un grand bruit, et 
que ceux qui vous haissent ont 
levé la téte. 

4. Contre votre peuple ils ont 
formé un dessein plein de malice, 
et ils ont conspiré contre vos 
saints. 

5. Ils ont dit: Venez, et per- 
dons-les entierement, en sorte 
quils ne soient plus un peuple, 
qu'on ne sesouvienne pas du nom 
d'Israél, dans la suite. 

6. Parce qu'ils ont conspiré 
unanimement, qu'ensemble con- 
tre vous ils ont fait alliance, 

7. Les tabernacles des Idu- 
méens et les Ismaélites : Moab, et 
les Agaréniens, 


Ps. LXXXI. 4. Prov., xxiv, 11. — 6. Jean, x, 34. 


5. Aprés avoir repris les juges de leur mauvaise foi et de leur injustice, le Psal- 
miste les accuse d'ignorance. 

5. Vous êtes des dieux. Jésus-Christ applique ce passage à tous les hommes (Jean, 
x, 34), comme ayant tous été créés à l'image de Dieu; mais il n'y a de fils de Dieu 
proprement dit que Jésus-Christ, qui, pour cela méme, est appelé le Fi/s unique de 
Dieu (Jean, 1, 14, 18; ,זז‎ 16). 

7. Comme l’un des princes; c'est-à-dire Lucifer, le prince des anges rebelles. 

8. Levez-vous, etc. C'est une prière dans laquelle le Psalmiste demande la venue 
du Messie, qui devait avoir les nations en héritage. Compar. Ps. 1, 8. 


1. * Les Iduméens, les Arabes, les Moabites et les autres peuples voisins se sont 
unis pour attaquer ensemble le royaume de Juda. C'est probablement la ligue dont 
il est parlé II Par., xx, 1, du temps de Josaphat, vers 895 av. J.-C. Le Psalmiste 
demande à Dieu de défendre son peuple contre tous ces ennemis. — La suite des 
pensées est facile à saisir. Il faut remarquer seulement que dans les deux premiers 
vers de l'original, le parallélisme est synonymique, et qu'au lieu de : Dieu, qui sera 
semblable à vous? il porte : 


Ne vous taisez point, ne restez pas inactif, ὁ Dieu, 
O Dieu, ne gardez point le silence! 


9. Ne vous taisez pas, etc.; ne demeurez pas en repos; ne retenez pas votre juste 
courroux contre vos ennemis. 

1-9. * Enumération des peuples et des tribus confédérés contre Israël. 

7. Les Iduméens, les Ismaélites et les autres peuples nommés dans le vers. sui- 
vant, n'habitaient pour la plupart que dans les tabernacles ou tentes, et n'avaient 
pas de demeures fixes. — * Les Ismaélites sont les Arabes, particulièrement nomades. 
— Les Agaréniens habitaient à l'est du pays de Galaad. 


1212 


des étrangers avec les habitants 
de Tyr. 

|. 9. Et aussi Assur est venu avec 
‘eux : ils ont prêté secours aux 
fils de Lot. 

10. Faites-leur comme à Madian 
et à Sisara; comme à Jabin au 
torrent de Cisson. 

11. Ils périrent entierement à 
Endor : ils devinrent comme un 
fumier pour la terre. 

12. Traitezleurs princes comme 
Oreb, et Zeb, et Zébée, et Sal- 
mana : 

Tous leurs princes, 

13. Qui ont dit : Possédons en 
héritage le sanctuaire de Dieu. 

44. Mon Dieu ,rendez-lescomme 
une roue, et comme une paille 
devant la face du vent. 

15. Comme un feu qui brûle en- 
tièrement une forêt, et comme 
une flamme brülant entièrement 
des montagnes; 


LES PSAUMES. 
8. Gébal et Ammon et Amalec: | 


[Ps. rx xxur.] 


16. Ainsi vous les poursuivrez 
par votre tempéte, et dans votre 
colere vous les troublerez. 

17. Remplissez leurs faces 
d'ignominie, et ils chercheront 
votre nom, ὃ Seigneur. 

18. Qu'ils rougissent, et qu'ils 
soient troublés dans les siècles 
des siècles : qu'ils soient confon- 
dus et qu'ils périssent. 

19. Et qu'ils sachent que votre 
nom est le Seigneur, que vous 
seul êtes 16 Très-Haut sur toute la 
terre. 


PSAUME LXXXIII 
(Hépn., LXXXIV). 


Le Psalmiste soupire aprés le tabernacle 
du Seigneur dont il se trouve éloigné 
par la persécution de ses ennemis, et 
il peint le bonheur de ceux qui passent 
leur vie dans ses parvis. Il apprend 
ainsi aux chrétiens à désirer avec ar- 
deur les tabernacles du ciel. 


Pour la fin. 
1. Pour les pressoirs, aux fils de Coré, 
psaume. 


Ps. LXXXII. 10. Juges, vit, 22; 1v, 15; 1v, 24. — 12. Juges, vri, 25; vin, 21. 


————— M M ——— ——— M ——— —————áá— 


8. Des étrangers; c'est-à-dire les Philistins. Voy. sur ce mot Ps. nix, 10. — * Gébal 
serait ici, d’après quelques-uns, la ville et le port de la Phénicie, appelés parles Grecs 
Byblos, au nord de Tyr et de Beyrouth; mais on ne peut guère douter que Gébal 
désigne ici le pays montagneux qui s'étend de la mer Morte jusqu'à Pétra, capi- 
tale de l'Idumée. Ce pays est encore aujourd'hui appelé Djébal, mot qui signitie 
montagne. Ses habitants se seraient unis aux Ammonites, qui habitaient à l'est de la 
mer Morte; aux Amalécites, tribu nomade de la péninsule du Sinai voisine de l'Idu- 
mée, etc., contre le royaume de Juda, voir le vers. 1. — Les Philistins et les Tyriens 
ne sont pas nommés, non plus que quelques autres mentionnés par le Psalmiste, 
dans II Paralipomènes, xx, mais l'énumération est ici plus complète. Il est pro- 
bable d'ailleurs que les Tyriens n'ont pas combattu directement le royaume de 
Juda, mais ont seulement soutenu les confédérés. 

9. Assur; les Assyriens. La plupart des faits indiqués dans les versets suivants sont 
racontés dans les Juges, 1v-vur. — * Aux fils de Lot, les Moabites et les Ammonites. 

11. Pour la terre ou à la terre, comme portent l'hébreu et les Septante, ce qui óte 
l'amphibologie du mot /errz de la Vulgate. Ainsi, selon nous, le vrai sens est que 
leurs cadavres, dont la terre fut couverte, devinrent pour elle comme un fumier, 


qui l'engraissa. Cependant on traduit généralement par 


: Ils furent abandonnés sans 


sépulture comme du fumier sur la terre, ou bien par : Ils furent foulés comme du 


fumier sous les pieds des vainqueurs. 


13. * Le sanctuaire de Dieu, la Terre Sainte. 
14. Comme une roue; c'est-à-dire sans consistance, sans fixité, mais dans une agi- 
tation et dans un bouleversement continuels. 


. * Le titre hébreu porte : > Au chef de musique. Sur le gitthith. » Voir l'expli- 


(Ps. Lexxr.] 


9. Qu'ils sont aimables, vos ta- 
bernacles, Seigneur des armées! 

3. Mon àme désire avec ardeur, 
et languit apres les parvis du Sei- 
gneur. 

Mon cœur et ma chair 
exulté pour le Dieu vivant. 

4. Car un passereau trouve 
pour lui une maison; une tour- 
terelle, un nid oü elle dépose ses 
petits. 

Vos autels, Seigneur des ar- 
mées, mon roi et mon Dieu. 

ὃ. Bienheureux ceux qui habi- 
tent dans votre maison, Seigneur; 
dans les siècles des siècles ils vous 
loueront. 

6. Bienheureux l'homme dont 
le secours vient de vous; il a dis- 
posé dans son cœur des degrés 
pour s'élever, 


ont 


LES PSAUMES. 


1913 

7. Dans la vallée de larmes, 
dans le lieu qu'il a fixé. 

8. Car le législateur donnera sa 
bénédiction; ils iront de vertu 
en vertu; il sera vu le Dieu des 
dieux dans Sion. 

9. Seigneur, Dieu des armées, 
exaucezmapriére, prétezl'oreille, 
Dieu de Jacob. 

10. Dieu notre protecteur, re- 
gardez, jetez les yeux sur la face 
de votre Christ ; 

11. Parce que mieux vaut un 
jour passé dans vos parvis, que 
des milliers dans d'autres. 

J'ai choisi d’être abject dans la 
maison de mon Dieu, plutót que 
d'habiter dans les tabernacles des 
pécheurs. 

12. Parce que Dieu aime la mi- 
séricorde et la vérité, le Seigneur 


cation de gitthith. (pour les pressoirs) dans la note 4 à la fin du volume. — Ce psaume 
fait le pendant du Ps. xuu-xuur. ll ἃ été composé peut-étre par quelqu'un de ceux 
qui avaient accompagné David dans sa fuite, à l'époque de la révolte d'Absalom. 
L'auteur manifeste le plus vif amour pour la maison de Dieu, et exprime ce senti- 
ment d'une manière touchante. — Au fils de Coré. Voy. le titre du Ps. זוא‎ (Hebr., xuu). 

2-5. * Sentiments du Psalmiste à l'égard de la maison de Dieu. 

4. Vos autels. Aprés ces mots, qui forment un sujet sans attribut, il faut probable- 
ment sous-entendre, sont le lieu où je désirerais faire ma demeure. — * « Quelquefois, 
dit le comte de Maistre dans les Soirées de Saint-Pétersbourg, le sentiment l'oppresse 
ile Psalmiste]. Un verbe qui s'avancait pour exprimer la pensée du prophète s'arréte 
sur ses lèvres et retombe sur son cœur ; mais la piété le comprend lorsqu'il s'écrie : 
Tes aulels, 6 Dieu des esprils!... » 

5. Dans les siècles des siècles ; hébraisme, pour dans tous les siècles. 

6-9. * Heureux l'homme droit. ll peut visiter Dieu dans Sion. Prière pour le roi 
(pour David qui a été obligé de s'enfuir devant Absalon). 

6-1. Ces deux versets, que la Vulgate a traduits très fidèlement sur les Septante, 
sont aussi obscurs dans le texte hébreu que dans ces deux versions. Voici l'explica- 
tion qui nous a paru ב[‎ plus simple et la plus naturelle : Bienheureux l'homme qui 
attend son secours de vous, ó mon Dieu, et qui, dans cette vallée de larmes, lieu, où 
il s'est placé lui-même par son péché, a résolu en son cœur les moyens de s'élever 
jusqu'à vous (ascensiones in corde suo disposuit). 

7. * La vallée de larmes est généralement regardée aujourd'hui comme une vallée 
qui portait le nom de Bákà ou des larmes (de baume), vallée où croissait le baumier. 

8.* Le législateur donnera sa bénédiction. Le texte original doit se traduire : La 
pluie d'automne, une pluie abondante et salutaire, donnera la bénédiction, rendra 
fertile la Vallée de larmes. — 1/5 iront, les serviteurs de Dieu. — ]/ sera vu. En hé- 
breu : le serviteur de Dieu se présentera au Seigneur sur la montagne de Sion. 

10-13. * Bonheur qu'on goüte à demeurer auprés de Dieu, parce qu'il est la source 
de la grâce et de la gloire. 

10. Votre Christ; c'est-à-dire le Messie, selon les uns. David, ou Zorobabel, ou Je 
peuple juif, suivant les autres, 


1214 


donnera la gráce et la gloire. 

13. Il ne privera pas de biens 
ceux qui marchent dans l'inno- 
cence. Seigneur des armées, 
bienheureux l'homme qui espere 
en vous. 


PSAUME LXXXIV 
(HéBn., LXXXV). 

Le Psalmiste loue Dieu d'avoir délivré 
son peuple de la captivité, et il le prie 
de l'établir dans une paix solide et une 
parfaite tranquillité. Il y a dans ce 
psaume plusieurs passages qui peuvent 
s'appliquer au peuple chrétien racheté 
du péché et de la mort par Jésus- 
Christ. 


1. Pour la fin, aux fils de Coré, psaume. 


2. Vous avez béni, Seigneur, 
votre terre; vous avez détourné 
la captivité de Jacob. 

ὃ. Vous avez remis l'iniquité de 
votre peuple, vous avez couvert 
tous leurs péchés. 

4. Vous avez apaisé votre co- 
lere, vous avez détourné votre 
peuple de la colère de votre indi- 
gnation. 

5. Converlissez-nous, ὃ Dieu 
notre Sauveur; etdétournez votre 
colere de nous. 

6. Est-ce que vous serez éter- 


LES PSAUMES. 


[Ps. txxsiv.] 


nellementen colère ; ou étendrez- 
vous votre colere de génération 
en génération ? 

1. O Dieu, revenez 0 nous, vous 
nous donnerez la vie, et votre 
peuple se réjouira en vous. 

8. Montrez-nous, Seigneur, vo- 
tre miséricorde; et donnez-nous 
votre salut. 

9. J'écouterai ce que dira au de- 
dans de moi le Seigneur Dieu, 
parce qu'il parlera paix pour son 
peuple, 

Et pour ses saints, et pour ceux 
qui se tournent vers leur cœur. 

10. Assurément, près de ceux 
qui le craignent est son salut, afin 
que la gloire habite dans notre 
terre. 

11. La miséricorde et la vérité 
se sont rencontrées ; la justice et 
la paix se sont donné un baiser. 

19. La vérité est sortie de la 
terre, et la justice a regardé du 
haut du ciel. 

13. Le Seigneur accordera sa 
bonté, et notre terre donnera son 
fruit. 

14. La justice marchera devant 
lui, et 11 mettra ses pas dans la 
voie. 


1. * Ce psaume paraît avoir été composé aprés le retour de la captivité. Cf. 4gg., 
1, 9-11; 11, 16-20. — Le Psalmiste demande à Dieu de se montrer comme autrefois 
miséricordieux envers son peuple et de le rétablir dans son état de prospérité. 

2-4. * Rappel de la miséricorde que Dieu a témoignée autrefois à son peuple. 

5-8. * Prière pour que Dieu redevienne miséricordieux envers son peuple. 

8. Montrez-nous. Voy. Ps. Lxx, 20. — Votre salut; votre assistance salutaire, votre 
gecours; ou bien votre Christ, notre Sauveur. 

9-11. * Espoir que cette demande sera exaucée. 

9. Il parlera paix; c'est-à-dire il annoncera la paix. — Pour son peuple en général. 
— Pour ses saints. Voy. Ps. yxxvitt, 2. — Qui se tournent vers leur cœur; qui entrent 
en eux-mêmes, ou qui tournent leur cœur vers Dieu, comme portent les Septante. 

10. Assurément; c'est le sens qu'exige le contexte, et c'est aussi celui du mot 
hébreu rendu dans les Septante et la Vulgate par mais cependant. 

11. On peut voir dans les interprétes la belle et juste application qui a été faite à 
Jésus-Christ et à son Eglise, de ce qui est dit dans ce verset et dans les suivants. 

12-14. * Tableau de la prospérité future que le Psalmiste vient d'obtenir. 

14. Il mettra ; c'est-à-dire 11 précédera la justice comme son avant-coureur. 


PS. LXXxV.] 


PSAUME LXXXV 
(Hésr., LXXXVI). 

Ce psaume contient la priére d'un juste 
affligé; il montre de plus que Dieu 
seul est vraiment grand et qu'il fait 
des prodiges et que toutes les nations 
-econnaitront sa grandeur. 


Prière de David lui-même. 


1. Inclinez, Seigneur, votre 
oreille, et exaucez-moi, parce que 
je suis sans ressource et pauvre. 

2. Gardez mon âme, parce que 
je suis saint : sauvez, mon Dieu, 
votre serviteur qui espère en 
vous. 

3. Ayez pitié de moi, Seigneur, 
parce que vers vous j'ai crié tout 
le jour. 

4. Réjouissez l’âme de votre 
serviteur, parce que vers vous, 
Seigneur, j'ai élevé mon âme. 

ὃ. Parce que vous, Seigneur, 
vous êtes bienveillant et doux, et 
d'une grande miséricorde pour 
tous ceux qui vous invoquent. 

6. Prétez l'oreille, Seigneur, à 
ma priere, et soyez attentif à la 
voix de ma supplication. 

Ps. LXXXV. 5. Joël, 11, 13. 


LES PSAUMES. 


1215 

7. Au jour de ma tribulation, 
jaicrié vers vous, parce que vous 
m'avez exaucé. 

8. Il n'est point de semblable à 
vous parmi les dieux, Seigneur; 
et il n'est rien de comparable à 
vos œuvres. 

9. Toutes les nalions que vous 
avez faites viendront, et adore- 
ront devant vous, Seigneur, et 
glorifieront votre nom. 

10. Parce que vous êtes grand, 
vous, et que vous faites des mer- 
veilles, et que vous êtes seul Dieu. 

11. Conduisez-moi, Seigneur, 
dans votre voie, et que je marche 
dans votre vérité : que mon cœur 
se réjouisse, afin qu'il craigne 
votre nom. 

12. Je vous louerai, Seigneur 
mon Dieu, en tout mon cœur, et 
je glorifierai votre nom éternel- 
lement; 

13. Parce que votre miséricorde 
est grande envers moi, et que 
vous avez arraché mon âme de 
l'enfer le plus profond. 

14. 0 Dieu, des hommes iniques 
se sont insurgés contre moi, et 


1. * David, dans l'adversité, peut-être pendant la révolte d'Absalom, demande à 
Dieu de le secourir. Plusieurs commentateurs pensent cependant que cette prière n'a 
été composée que du temps d'Ezéchias et de Zorobabel, et que le nom de David, dans ! 
le titre, signifie simplement que l'auteur a écrit ce psaume à l'aide de fragments qu'il | 
a empruntés à David. — Le nom d'Adonai se lit sept fois dans l'original, probable- ' 
ment avec intention. — Voici la suite des idées: Appel à Dieu; 5-7 : parce qu'il est 
uiséricordieux et que celui qui l'invoque est dans la détresse; — 8-10: parce qu'il est 
grand et qu'il opère des merveilles. — 11-13. Demande de 18 lumière et de la grâce 
divines. — 14-17. Invocation contre les ennemis du serviteur de Dieu. 

2. Gardez mon âme ; hébraisme, pour gardez-moi ; c'est-à-dire conservez-moi la vie. 
— Je suis saint; ou, selon l'hébreu, pieux, voué à votre culte; suivant d'autres, inno- 
cent des crimes qu'on m'impute. 

8. IL n'est rien, etc.; littér. il n'est pas selon vos œuvres; ce qui signifie évidemment, 
il n'est pas d'œuvre sembable ou comparable à vos œuvres. 

13. Vous avez arraché, etc. Dans les Livres saints et surtout dans les Psaumes et 
dans les Prophétes, ces expressions sont souvent employées pour désigner la déli- 
vrance d'un grand danger. Dans un sens plus élevé, elles s'appliquent à Jésus-Christ 
descendu aux enfers et ressuscité d'entre les morts. 

44. A cherché mon dme. Voy. Ps. xxxiv, 4. 


1210 LES PSAUMES. (ps. Lxx vi. 
nne assemblée de puissantsa cher- | vous, Seigneur, qui m'avez aidé 
ché mon âme; el ils ne vous ont | et consolé. 
pas eu présent devant leurs yeux. 

15. EL vous, Seigneur, vous le PSAUME LXXXVI 
Dieu compatissant et miséricor- (Héer,, LXXXVID. 
dieux, palient, d’une grande mi- 4 


PY TNAM Le Psalmiste, en relevant la gloire de Jé- 
séricorde, et véridique, ; j 


rusalem sous le nom de Cité de Dieu, 


16. Jelez les yeux sur moi, et décrit celle de l'Eglise de Jésus-Christ, | 
ayez pitié de moi; donnez votre où tous les peuples du monde se sont 
puissance à volre servileur, el rassemblés dans une méme foi. 
sauvez le fils de votre servante. 1. Aux fils de Coréa psaume de can- 

17. Failes pour moi un signe | ique. 
favorable, afin qu'ils le voient, Ses fondements sont sur les 
ceux qui me haissent, et qu'ils | montagnes saintes; 
soienl confondus, parce que c'est 2. Le Seigneur aime les portes 


e —————————————————————————————————————————————————————————————————— 


13. Véridique; en parlant de Dieu, signifie le plus ordinairement fidéle à tenir ses 
promesses. ) 

16. Le fils, etc. Le fils d'une servante, né dans la maison, était esclave à perpétuité 
chez son maitre. 

41. Faites, etc.; opérez en ma faveur un prodige éclatant, afin que nos ennemis ne 
croient pas que vous m'avez entièrement abandonné. Littér. Ffuiles avec ou envers moi 
un signe pour bon; construction purement hébraique. 


: Au fils de Coré. Voy. le titre du Ps. xur (Hébr. xum). : 

1-7. * Eusèbe dit avec raison que ce psaume est trés obscur. Plusieurs critiques 
pensent qu'il fut composé à la suite de la ruine de l'armée de Sennachérib. Cf. Ps. xtv ; 
xLvi et xxv. — L'auteur y annonce la conversion des Gentils. — En voici la tra- 
duction sur l'hébreu où il est plus clair : 

Elle est fondée sur les saintes montagnes (où est le temple)! 
Le Seigneur aime les portes de Sion 

Plus que toutes les tentes de Jacob. 

On dit sur toi des choses glorieuses, cité de Dieu : 

« Je compterai l'Egypte et Babylone parmi ceux qui me connaissent, 
» Voici les Philistins (des étrangers), Tyr avec l'Ethiopie ; 

» Ils sont nés là (à Jérusalem). » 

Et l'on dit à Sion : 

« Une multltude d'hommes y est née, 

» C'est le Très-Haut qui l'a fondée, » 

Le Seigneur compte et inscrit les peuples : 

Ils sont nés là, 

Et chantres et musiciens [s'écrient] : 

« Tu es la source de toutes (nos joies). » 


41. Ses (dans l'hébreu et les Septante de lui) se rapporte selon les uns à Sion, ex- 
primé dans le verset suivant, selon les autres, à Seigneur, qui se lit dans le méme 
verset; selon d'autres, à Jérusalem, mot sous-entendu; enfin suivant quelques-uns, 
à lemple, également sous-entendu. La seconde explication, les fondements du Sei- 
gneur, c'est-à-dire posés par le Seigneur, ou, comme dit l'hébreu, /a fondation du 
Seigneur, faite par le Seigneur, parait la mieux établie. Compar., en effet, le vers. 3. 
— Les montagnes siinles sont principalement Sion et Moria, sur lesquelles fut bâti le 


temple de Jérusalem. bh. ur 
2. Les portes de Sion, par une figure tres usitée dans le style biblique, sont mises pour 


toute la ville de Sion. —* « La montagne de Sion, ce siège de l'empire à jamais flovissant 
de ce grand roi (David), ne pouvait manquer de passer avec lui à la postérité. Quoique 
cette montagne füt petite et aride, elle n'en devait pas moins devenir la tête des nations, 


le point de départ d où découleraient tous les fleuves vivifiants, c’est-à-dire la loi et l'en- 


fps, Lxxxvt.] 


de Sion plus que lous les taber- 
nacles de Jacob. 

3. Des choses glorieuses ont été 
dites de toi, cité de Dieu. 

4. Je me souviendrai de Rahab 
el de Babylone qui me connais- 


LES PSAUMES. 


31717 


Sion : Un homme et un homme 
est né dans elle, el lui-meme, le 
Tres-Haut, l'a fondée? 

6. Le Seigneur /e racontera dans 
les écrilures des peuples et des 
princes, de ceux qui furent dans 


elle. 

Voilà que des étrangers et Tyr, 1. Ceux qui habitent en toi ont 
el un peuple d'Ethiopiens ont été | /a jo?e de tous ceux qui se livrent 
là. à l'allégresse. 

9. Est-ce qu'on ne dira pas de 


sent. 


seignement qui assurent la félicité des peuples. Cet honneur lui était prédestiné, parce 
que son roi devait donner à laterre la paix et la joie, et y répandre la lunnére et la pros- 
périté. Elle est fondée sur des montagnes saintes, etc. Qu'elle est belle, la lyrique cou- 
ronne de louanges dont 16 poète pare la ville royale! Qu'on se souvienne de tous les 
chants où Jérusalem est représentée comme la ville de Dieu ct d'un royaume éternel, 
comme la tête de tous les peuples de la terre, et l'on se fera une idée des riches déve- 
loppements que les prophètes donnent à ces images. » (HERDER.) 

4. Rahab ; ce mot nébreu, qui signifie proprement orgueil, fierté, désigne trés pro- 
bablement et poétiquement l'Egypte, ici aussi bien que dans le Ps. xxxvii, 11, et 
dans [saie, xxv, 11; 11, 9; passages où la Vulgate elle-même a rendu le méme terme 
hébreu par orgueil, superbe. — Des étrangers; c'est-à-dire les Philislins, Voy. sur ce 
mot, Ps. rix, 10. 

5. Est-ce qu'on ne dira pas; littér. ne dira-t-il pas; ce qui revient au méme; car, 
dans les phrases semblables, le mot quelqu'un, ou le participe du verbe, formant le 
sujet, se sous-entend trés souvent; en sorte que le sens rigoureu:ement gramma- 
tical est : Est-ce que quelqu'un, ou un disant ne dira pas? L'hébreu porte : 44. sera 
dit ; ce qui est encore la même chose. Quant aux Septante, où on lit aujourd'hui : 
Une mére Sion dira, saint Jéróme, dans son Commentaire sur ce passage, soutient 
que les anciens exemplaires portaient, comme il traduit lui-méme : Numquid Sion 
dicet? — De Sion. c'est ce qu'exigent évidemment les mots suivants, dans elle. Ainsi, 
la traduction, à Sion, est un vrai contre-sens. A la vérité, la particule hébraique, 
mise devant Sion, marque ordinairement le datif, mais elle signifie aussi quelque- 
fois de, au sujet de, quand elle est jointe aux verbes dire, ordonner, et qu'elle n'est 
pas suivie d'un verbe à la seconde personne, comme nous avons eu déjà occasion de 
le faire observer. — Un homme el un homme; c'est-à-dire un grand nombre, 6 
multitude d'hommes, 

6. Le Seigneur le racontera; c'est le Seigneur qui dira quels sont les hommes nés 
dans Sion. Ce verset est une réponse à la question faite dans le précédent. — Dans 
des écritures de peuples, etc.; c'est-à-dire dans des rôles, des listes ou des dénom- 
brements. Les Septante lisent dans une écriture de peuples, et l'hébreu, en inscrivant 
des peuples. 

7. Ceux qui habitent en toi; littér. l'habitation en toi; c'est un hébraisme en vertu 
duquel le substantif se met très souvent au lieu de l'adjectif. — * L'Eglise applique 
ce psaume à la trés Sainte Vierge. M. Olier, dans ses Mémoires inédits, donne un 
bel exemple des applieations que l'on peut faire des chants sacrés aux offices litur- 
giques, par la manière dont il commente le Fundamenta ejus, entendu de la Mère 
de Dieu. « Les fondements, ou autrement les premiers sentiments et les prémices de 
la vie dela trés Sainte Vierge sont élevés par dessus les plus hautes montagnes de 
l'Eglise, c'est-à-dire par dessus les âmes les plus parfaites et les plus éminentes de 
l'Eglise..., d'où vient que Dieu aime plus ces entrées ou autrement ces portes, que les 
tabernacles de Jacob. Les entrées de la très Sainte Vierge sont deux, l'une cachée et 
inconnue, qui est sa sainte Conception; l'autre est plus évidente, et c'est sa Nativité... 
Gloriosa dicta sunt de Le, civitas Dei. O Sainte Vierge, vraie demeure de Dieu..., on 
ne peut exprimer la gloire et la grandeur de votre âme... Memor ero Rahab el Baby. 


S 77 


1218 


PSAUME LXXXVII 
(Hésn., LXXXVIII). 


Le Psalmiste représente à Dieu qu'il est 
dans l'affliction, abandonné de ses 
amis et de ses proches; mais, en expo- 
sant ses souffrances, il peint Jésus- 
Christ dans sa Passion et dans l'aban- 
donnement oü ses Apótres devaient le 
laisser. Ce psaume a beaucoup de rap- 
port avec le xxiv. Quelques anciens, 
suivis de plusieurs modernes, l'ont en- 
tendu de la captivité de Babylone; 
d'autres, de David persécuté par Absa- 
lom; d'autres, enfin, de Jérémie jeté 
dans un cachot et abandonné des siens. 


Cantique de psaume. 

|. Des fils de Coré, pour la fin, pour 
Maheleth, pour répondre, intelligence 
d'Eman l'Exrahite. 

2. Seigneur, Dieu de mon salut, 
j'ai crié devant vous, le jour etla 
nuit. 

3. Que ma prière pénètre en 
votre présence; inclinez votre 
oreille à ma supplication ; 

4. Parce que mon àme est rem- 


LES PSAUMES. 


[Ps. א א אע‎ vir.] 


plie de maux, et que ma vie s'est 
approchée de l'enfer. 

5. J'ai été regardé comme ceux 
qui descendent dans une fosse : 
je suis devenu comme un homme 
Sans secours, 

6. Libre entre des morts, 

Comme des blessés mortelle- 
ment, qui dorment dans des sé- 
pulcres, dont vous ne vous sou- 
venez plus, et qui ont été repous- 
sés de votre main. 

7. 118 m'ont mis dans une fosse 
profonde, dans des lieux téné- 
breux, et dansl' ombre de la mort. 

8. Sur moi s'est fortifiée votre 
fureur, et vous avez fait passer 
tous vos flots sur moi. 

9. Vous avez éloigné de moi 
ceux qui me sont connus; ils 
m'ont posé comme un objet d'a- 
bomination pour eux. 

J'ai été livré, et je ne sortais 
pas; 


lonis scientium me. Ecce alienigenæ et Tyrus et populus Æthiopum, hi fuerunt illic. A 
ce moment de ma Conception et de ma naissance, j'offrais toute l'Eglise à Dieu; je 
présentais avec moi toute l'étendue des nations qui devaient servir à son honneur et 
à sa gloire. Et sa bonté a exaucé mes vœux et mon offrande... Numquid Sion dicet : 
Homo et homo natus est in ea, et ipse fundavit eam Altissimus? A voir cette magnifi- 
cence et sainteté dans l'àme de Marie, est-il pas bien aisé de voir que Dieu l'a pré- 
parée pour naitre d'elle son Fils unique Jésus-Christ, qui est le fils de l'homme, et 
avec lui aussi toute l'étendue de son Eglise? Homo et homo matus est in ea... Dieu 
remplira le cœur de tous les hommes d'honneurs et de ressentiments pour sa per- 
sonne... C'est une joie commune et universelle de tous les fidèles chrétiens. » Oraison 
sur la Nalivilé de la Sainte Vierge, 8 septembre 1644. 


1. Intelligence à Eman l'Ezrahile, ou, selon d'autres, d'Eman; c'est-à-dire psaume 
didaclique, composé par Eman. On connait Eman ou Héman, un des principaux 
maîtres de la musique du temple, et chef des chantres, de la famille de Coré du 
temps de David. — * Le titre porte : Au maitre de musique. Pour une makhaleth. 
Pour répondre (c'est-à-dire, vraisemblablement pour étre chanté alternativement par 
deux chœurs). Maskil. D'Héman l'Ezrahite. » Héman l'Ezrahite était probablement de 
la race de Coré. — Prière d'une tristesse touchante, adressée à Dieu pour obtenir 
du soulagement dans l'affliction, peut-étre la guérison de la lépre, vers. 9. Elle rap- 
pelle les discours de Job. — Le sens du psaume est clair. 

4. Ma vie, etc.; c'est-à-dire j'ai couru grand risque de mourir. 

5. Fosse signifie ici lombeau. 

1. Ils m'ont mis, etc. Toutes ces expressions désignent le tombeau, et, dans un sens 
figuré, la servitude, l'esclavage. 

9. J'ai élé livré; l'hébreu porte enfermé.— Je ne sorlais pas, je ne pouvais pas 
sortir. ᾿ 


‘PS. LXXXVIII.) 


10. Mes yeux ont lähgui à cause 
de ma détresse. 

J'ai crié vers vous, Seigneur, 
tout le jour j'ai étendu vers vous 
mes mains. 

11. Est-ce que, pour des morts, 
vous ferez des merveilles, ou des 
médecins /es ressusciteront-ils, 
afin qu'ils vous louent? 

12. Est-ce que quelqu'un racon- 
tera votre miséricorde dans un 
sépulcre, et votre vérité dans le 
lieu de la destruction? 

13. Est-ce que vos merveilles 
serontconnues dans les ténèbres, 
et votre justice dans la terre de 
l'oubli ? 

14. Et moi, vers vous, Seigneur, 
jai crié, et, dès le matin, ma 
prière vous préviendra. 

15. Pourquoi, Seigneur, repous- 
sez-vous ma priere, détournez- 
vous votre face de moi ? 

16. Je suis un pauvre, moi, et 
dans les travaux depuis ma jeu- 
nesse ; et aprés avoir été exalté, 
jai été humilié et troublé. 

17. Sur moi ont passé les flots 
de votre colere, et vos terreurs 
m'ont troublé. 

18. Elles m'ont environné, 


LES PSAUMES. 


1219 


comme une eàu, tout le jour, 
elles m'ont environné toutes en- 
semble. 

19. Vous avez éloigné de moi 
un ami et un proche, et ceux qui 
m'étaient connus, à cause de ma 
misère. 


PSAUME LXXXVIII 
(Hésn., LXXXIX). 

Le Psalmiste représente la miséricorde 
de Dieu envers la maison de David, et 
les promesses qu'il lui a faites; il exalte 
sa vérité et sa fidélité à exécuter ses 
paroles; mais il se plaint ensuite de 
ce que, malgré tant de promesses et 
de bontés, le royaume de Juda ait été 
renversé et la famille royale désolée; 
enfin, il conjure le Seigneur de se sou- 
venir de ses promesses, et de les exé- 
cuter. La plupart des Péres rapportent 
ce psaume à la génération et au régne 
de Jésus-Christ. 


4. Intelligence d'Ethan l'Exrahite. 


9. Je chanterai éternellement 
les miséricordes du Seigneur. 

Dans toutes les générations 
jannoncerai votre vérité par ma 
bouche. 

3. Parce que vous avez dit : 
Eternellement la miséricorde sera 
fondée dans les cieux ; votre vé- 
rité y sera affermie. 


11-13. * Les morts, avant la venue de Jésus-Christ, ne glorifiaient point Dieu, parce 


que les mérites du Rédempteur n'avaient pas encore ouvert aux justes les portes du 
ciel. 


1. Intelligence à Ethan l'Ezrahite. Compar. le titre du psanme précédent, et III Rois, 
IV, 31. — * La date de ce psaume est incertaine. On l'a rapporté à l'époque de la 
révolte d'Absalom, au temps de l'invasion de Sennachérib et aux régnes de Joakim, 
de Jéchonias ou de Sédécias. On peut 16 placer avec plus de vraisemblance au mo- 
ment de l'invasion de Sésac, pharaon d'Egypte, sous Roboam, III Rois, xiv; Il Par., | 
xm. — La poésie est élevée, vive, colorée. — Trois parties bien distinctes : 1°, 2-19 : | 
le Psalmiste célèbre les bienfaits de Dieu envers la maison de David pour exciter sa. 
confiance en lui; 2, 20-38, il rappelle les promesses divines à la famille royale, afin ; 
de préparer la prière finale; 3e, 39-52, il fait un tableau saisissant de l'état de déso- 
lation dans lequel est le royaume et implore le salut. — Le vers. 53 est la doxologie Ὁ 
qui termine le livre 1115 de la collection des Psaumes. 

2, 9. Toutes les générations; littér. et par hébraisme, génération et génération 

3. Sera affermie; solidement établie; littér. sera préparée. L'hébreu a les deux si- 
gnifications; mais c'est évidemment la première qui convient ici et au vers. 5; elle 


— 


1990 LES PSAUMES. 


4. J'ai établi une alliance avec 
mes élus; j'ai juré à David mon 
serviteur : 

ὃ. J'affermirai ta race, en sorte 
qu'elle dure éternellement, 

Et je fonderai ton tróne pour 
toutes les générations. 

6. Les cieux publieront vos mer- 
veilles, Seigneur, comme aussi 
votre vérité dans l'assemblée des 
saints. 

7. Car qui, dans les nues, sera 
égal au Seigneur; et qui sera 
semblable à Dieu parmi les fils 
de Dieu? 

8. Le Dieu qui est glorifié dans 
l'assemblée des saints, il est 
grand et terrible au-dessus de 
tous ceux qui sont autour de lui. 

9. Seigneur, Dieu des armées, 
qui est semblable à vous; vous 
étes puissant, Seigneur, et la vé- 
rité est autour de vous. 

10. C'est vous qui dominez sur 
la puissance de la mer, etle mou- 
vement de ses flots, c'est. vous 
qui l'apaisez. 

41. C'est vous qui avez humilié 
un superbe, comme un blessé 
mortellement : par la force de 


[Ps. txxxvur.] 


votre bras vous avez dispersé vos 
ennemis. 

12. Α vous sont les cieux, et à 
vous est la terre : le globe de la 
lerre et sa plénitude, c'est vous 
qui les avez fondés; 

13. L'aquilon et la mer, c'est 
vous qui les avez créés. 

Le Thabor et l'Hermon bondi- 
ront de joie en votre nom; 

14. Votre bras est puissant. 

Que votre main s'affermisse, et 
que votre droite soit exaltée; 

15. La justice et le jugement 
sont la base de votre tróne. La 
miséricorde et la vérité précéde- 
ront votre face ; 

16. Bienheureux le peuple qui 
sait se réjouir ez vous. 

Seigneur, c'est à la lumiere de 
votre visage qu'ils marcheront, 

11. Et en votre nom qu'ils tres- 
sailliront de joie toutle jour, et 
cest par votre justice qu'ils se- 
ront exaltés. 

18. Puisque la gloire de leur 
puissazce, c'est vous; et que par 
votre bienveillance notre corne 
sera exaltée. 

19. Parce que c’est le Seigneur 


Ps. LXXXVIHI. 4. II Rois, vir, 12. — 12. Genèse, 1, 1 


est exigée par le parallélisme, qui fait loi pour l'explication des livres poétiques de 


la Bible. 


3, 6. Votre vérité; c'est-à-dire votre fidélité à tenir vos promesses. 
7. Les fils de Dieu, dans le style de l'Ecriture, se dit ordinairement des anges, sur- 


tout lorsqu'on parle des cieux. 
41. Un superbe. Voy. Ps. LXXXVI, 4. 


13. * Le Thabor. Voir Juges, 1v, 6. — L'Hermon, chaine de montagnes, au nord de 


la Palestine. 


14. Puissant; littér. et par hébraisme, avec puissance. Voy. p. 341, 1o. 
15. La base; littér. 76 préparation. Compar. le vers. 2. 
18. Corne; c'est-à-dire force. Voy, Ps. xvit, 3. 


19. Sous sa protection. Ces mots, qui ne se lisent ni dans la Vulgate, ni dans les 
Septante, sont indiqués suffisamment par le texte hébreu, qui porte à la lettre: 
Parce que Jéhova est notre bouclier, et le saint d'Israél, notre roi. Or, en hébreu 
bouclier se prend trés souvent pour Dieu protecteur, protection divine. — Quant aux 
mots le saint d'Israël (c'est-à-dire Dieu), notre roi; ils forment un second sujet gram- 
watical du verbe à a pris, Toute autre analyse serait évidemment contraire à la 


[Ρ5. Lxxxvuri.] 


qui nous a pris sous sa protection, 
et le saint d'Israël, notre roi. 

20. Alors vous parlátes dans 
une vision à vos saints et vous 
dites : J'ai mis mon secours dans 
un homme puissant; et j'ai exalté 
un élu du milieu de mon peuple. 

91. J'ai trouvé David mon ser- 
viteur, je l'ai oint de mon huile 
sainte. 

99. Car ma main le secourra, et 
mon bras le fortifiera. 

93. Un ennemi ne pourra rien 
contre lui, et un fils d'iniquité ne 
pourra plus lui nuire. 

24. Et je taillerai en pièces à 
sa face ses ennemis, et ceux 
qui le haissent, je les mettrai en 
fuite. 

95. Et ma vérité et ma miséri- 
corde seront avec lui, et en mon 
nom sera exaltée sa corne. 

26. Et je poserai sa main sur la 
mer, et sa droite sur les fleuves. 

97. Lui-méme m'invoquera, di- 
sant : C'est vous qui étes mon 
pere, mon Dieu, et le garant de 
mon salut; 

28. Et moi, je l'établirai mon 


21. I Rois, xvi, 1, 12; Actes, xir, 22. 


LES PSAUMES. 


1221 
premier-né, et plus élevé que 
tous les rois de la terre. 

29. Eternellement je lui conser- 
verai ma miséricorde, et mon 
alliance lui sera fidele. 

30. Et j'établirai sa race dans 
les siècles des siècles, et son 
trône comme les jours du ciel. 

31. Mais si ses fils abandonnent 
ma loi, 5115 ne marchent pas dans 
mes jugements, 

32. S'ils profanent mes justes 
ordonnances, et ne gardent point 
mes commandements, 

33. Je visiterai avec une verge 
leurs iniquités, et avec des fléaux 
leurs péchés. 

34. Mais je ne retirerai pas ma 
miséricorde de lui, et je ne man- 
querai pas à ma vérité; 

359. Et je ne profanerai point 
mon alliance, et les paroles qui 
sortent de ma bouche, je ne les 
rendrai pas vaines. 

36. J'ai juré une fois par ma 
sainteté, que je ne mentirai pas 
à David : 

31. Sa race demeurera éternel- 
lement. 


——— M — M M ÀÀ—— MÀ À———— À 


Vulgate, aux Septante et à la version latine qui se trouve dans les œuvres de saint 
Jéróme, ear le savant Pére y dit expressément : « C'est du Seigneur et du saint 
d'Israël que vient notre protection : Quia a Domino est protectio nostra, et a sancto 
Israel rege nostro. » 

20. Alors; c'est-à-dire au temps de la promesse mentionnée aux vers. 3-4, promesse 
sur laquelle le Psalmiste revient aprés une longue digression, et qu'il présente avec 
plus de détail. — A vos saints prophétes, Samuel, Nathan et Gad. 

21. J'ai trouvé, etc. Voy. I Rois, xvi, 11-13. 

25. Corne; c'est-à-dire force. Voy. Ps. xvii, 3. 

28. Premier-né signifie ici, comme en plusieurs autres passages de l'Ecriture, un 
fils bien-aimé, préféré par le pére à ses autres enfants ou distingué par quelque 
glorieuse prérogative. Compar. Exod., 1v, 22; Ecclésiastique, xxxvi, 14. 

29. Et mon alliance, etc.; j'observerai fidèlement l'alliance que j'ai faite avec lui. 

30. Et j'établirai... son trône, de manière qu'il dure autant que le ciel. Ces paroles 
ne conviennent qu'au règne de Jésus-Christ. 

35. Je ne profanerai point, par une violation. 

36. Une fois pour toutes; c'est-à-dire irrévocablement. — Par ma sainteté; pat mon 


saint nom. 


1222 

38. Et son trône sera comme le 
soleil en ma présence, et comme 
la pleine lune, éternellement, et 
comme le témoin fidèle dans le 
ciel. 

39. Et vous cependant, vous 
avez rejeté et méprisé : vous avez 
éloigné votre Christ. 

40. Vous avez renversé l’al- 
liance faite avec votre serviteur ; 
vous avez profané surla terre son 
sanctuaire. 

41. Vous avez détruit toutes 
ses haies; vous avez répandu 
dans ses forteresses la frayeur. 

49. Tous ceux qui passaient 
dans le chemin l'ont pillé : il est 
devenu l'opprobre de ses voisins. 

43. Vous avez exalté la droite 
de ceux qui l'opprimaient; vous 
avez réjoui tous ses ennemis. 

44. Vous avez détourné l'aide 
de son glaive, et vous ne l'avez 
pas secouru dans la guere. 

45. Vous lavez dépouillé de 
son éclat, et son tróne, vous 
l'avez brisé contre la terre. 

46. Vous abrégé les jours de sa 
durée : vous l’avezcouvertd'igno- 
minie. 

47. Jusques à quand, Seigneur, 
détournerez- vous entierement 
votre face? Jusques ἃ quand 


LES PSAUMES. 


[Ps. nxxxix.] 
s'embrasera votre colère comme 
un feu? 

48. Souvenez-vous de ce qu'est 
mon étre : car est-ce en vaiu que 
vous avez créé tous les fils des 
hommes? 

49. Quel est l’homme qui vivra, 
et qui ne verra pas la mort? qui 
retirera son âme de la main de 
l'enfer? 

50. Où sont vos miséricordes 
anciennes, Seigneur, telles que 
vous les avez jarées à David dans 
votre vérité? 

91. Souvenez-vous, Seigneur, 
delopprobre (que j'ai gardé dans 
mon sein), que vos serviteurs ont 
souffert de la part d'un grand 
nombre de nations; 

52. Souvenez-vous de ce que 
vos ennemis ont reproché, Sei- 
gneur, de ce qu'ils ont reproché 
le changement de votre Christ. 

53. Béni le Seigneur éternelle- 
ment! ainsi soit, ainsi soit. 


su, PSAUME LXXXIX 
da (Hésr., XC). 


Le Psalmiste décrit la grandeur de Dieu 
et la faiblesse de l’homme, dont la vie, 
déjà très courte, est encore abrégée 
par ses iniquités. Il prie le Seigneur de 
visiter et de consoler le peuple d'Israël. 


Prière de Moïse, l'homme de Dieu.‏ .ג 


38. II Rois, vit, 16. — 50. II Rois, vir, 11. 


38. Et son trône, etc. Voy. II Rois, vu, 16. — Et comme le témoin fidèle dans le ciel. 
Ce témoin fidèle est probablement l'arc-en-ciel, qui est un signe de l'alliance de Dieu 
avec les hommes. Compar. Genése, 1x, 9-16. 

39. Plusieurs expliquent ce verset de Sédécias, dernier roi de Juda, conduit en cap- 
tivité, et mort à Babylone; -mais d'autres l'entendent du Messie, qui devait délivrer 
la nation juive. 

40. Vous avez profané, etc. Compar. Ps. LxxIm, T. 

4^. Vous avez délourné l'aide de son glaive; c'est-à-dire vous avez rendu ses armes 
impuissantes et inutiles. 

48. Les fils des hommes; hébraisme, pour les hommes. 

49. Ne verra pas; hébraisme, pour n'éprouvera pas. 

52. Le changement de votre Christ; e changement de vos dispositions envers votre 
Christ, en ne lui accordant point le règne éternel que vous lui aviez promis. 


1-11. * Ce psaume, le plus ancien de la collection, a dü étre chanté par le peuple 


[ps. LxxxIx.] 


Seigneur, vous étes devenu un 
refuge pour nous, de génération 
en génération. 

2. Avant que les montagnes fus- 
sent failes, ou que la terre füt 
formée et l'univers, d'un siecle 
jusqu'à un autre siecle, vous étes 
Dieu. 

3. Ne détournez pas un homme 
vers labjection; car vous avez 
dit : Tournez-vous vers moi, fils 
des hommes. 

4. Puisque mille ans devant vos 
yeux, sont comme le jour d'hier 
qui est passé ; 

Et comme une veille nocturne, 

59. Qui ne compte pour rien : 
ainsi seront leurs années. 

6. Quele matin, comme l'herbe, 


Ps. LXXXIX. 10, Eccli., xvi, 8. 


LES PSAUMES. 


1223 


l'homme passe; que le matin il 
fleurisse et passe : que le soir il 
tombe, il durcisse et se desseche. 

7. Parce que par votre colère 
nous avons défailli, et par votre 
fureur nous avons été troublés. 

8. Vous avez mis nos iniquités 
en votre présence, et le temps de 
notre vie à la lumiere de votre 
visage. 

9. C'est pourquoi tous nos jours 
ont défailli, et par votre colère 
nous avons défailli. 

Nos années s'exercent comme 
l'araignée: 

10. Les jours de nos années sont 
en elles-mémes de soixante-dix 
ans. 

Mais dansdes hommoesrobustes, 


d'Israél depuis l'Exode et ainsi conservé de mémoire. Plusieurs des traits qu'il con- 
tient rappellent la manière de Moïse. Cf. Deut., xxxn et χχχιπ. C'est à cause de son 
antiquité qu'il est placé en téte du IVe livre. — Il fut composé sans doute à la suite de 
la condamnation portée contre les Israélites par le Seigneur qui, pour les punir de 
leurs continuelles révoltes, leur annonca que tous ceux qui avaient atteint l'àge de 
20 ans, au moment de la sortie d'Egypte, périraient dans le désert. 

1-6. * Contraste entre la briéveté de la vie de l'homme et l'éternité de Dieu. 

4. Priére, etc. Voy. pour ce titre les interprétes. 

2. Avant que, etc. Le Psalmiste fait ressortir ici l'éternité et l'immutabilité de Dieu, 
pour l'opposer à la faiblesse et à la brièveté de la vie humaine dont il va parler. 

3. Ne délournez pas, etc.; c'est-à-dire ne permettez pas qu'un homme se tourne, etc. 
L'Ecriture dit souvent que Dieu fait ce qu'il permet seulement. — Fils des hommes; 
hébraisme, pour hommes. 

4. Veille nocturne; littér. veille dans la nuit. Nous avons eu déjà occasion de re- 
marquer qu'en hébreu les adjectifs sont souvent remplacés par un substantif pré- 
cédé d'une préposition. Or l'expression veille nocturne désigne ici un espace de temps 
trés court, puisque les Hébreux divisaient la nuit en trois veilles. 

5. Leurs années; c'est-à-dire les années des fils des hommes, nommés au verset 3. 

6. Que le matin, etc. C'est le sens exact de la Vulgate et des Septante. Les traduc- 
teurs rendent généralement les verbes de ce verset par le présent ou le futur de 
l'indicatif; le texte hébreu est susceptible de ces deux temps; mais, selon nous, le 
contexte favorise plutôt le premier; car le Psalmiste, voulant montrer la brièveté et 
la fragilité de la vie humaine, doit tout naturellement invoquer, en preuve, un fait 
existant, et dont l'expérience a été déjà faite. 

1-M. * Ce sont les péchés de l'homme (d'Israél rebelle dans le désert), qui abré- 
gent ses jours en attirant la colère de Dieu sur lui. 

9. Nos années, etc. Nos années sont semblables à l'araignée qui travaille et s'épuise 
à faire une toile si fragile, que le moindre attouchement peut la détruire. — S'ezer- 
cent. Compar. Ps. xxxiv, 28. 

10. En elles-mêmes; ordinairement; si aucune maladie ou tout autre accident 
extraordinaire ne vient en abréger le cours. — Mais survient, etc.; c'est-à-dire notre 


1224 
elles vont à quatre-vingts ans, et 
leur surplus est peine et douleur. 

Parce que survient votre man- 
suétude, et nous sommes empor- 
tés. 

11. Qui connaît la puissance de 
votre colère, et peut, à cause de 
la crainte qu'il a de vous, les «f- 
fets de votre colère 


LES PSAUMES. 


[Ps. xc.] 


avez humiliés, pour les années 
auxquelles nous avons vu des 
maux. 

16. Jetez les yeux sur vos ser- 
viteurs et sur vos œuvres, et di- 
rigez leurs fils. 

17. Et soit la splendeur du Sei- 
gneur notre Dieu sur nous, et di- 
rigez les œuvres de nos mains 


19. Enumérer? pour nous, et dirigez l’œuvre de 


Faites ainsi connaître votre | nos mains. 
droite, et ceux qui sont instruits 
de cœur dans la sagesse. PSAUME XC 


(Hésr., XCI). 


Le Psalmiste représente le bonheur de 
ceux qui sont sous la protection de 
Dieu, et qui mettent en lui leur con- 
fiance. 


13. Revenez, vers nous, Sei- 
gneur, jusqu'à quand?... et soyez 
exorable aux vœux de vos servi- 
teurs. 

14. Nous avons été remplis des 
le matin, de votre miséricorde, 
nous avons tressailli d'allégresse; 
etnousavons passé tousnos jours 
dans les délices. 

15. Nous nous sommes réjouis 
pourles jours auxquels vous nous 


1. Louange dé cantique à David. 


Celui qui habite dans le se- 
cours du Très-Haut demeurera 
sous la protection du Dieu du 
ciel. 

2. Il dira au Seigneur : Vous 


——————————————————————————————— 


vie ne va pas ordinairement au delà de quatre-vingts ans, parce que votre douce 
miséricorde vient, en nous enlevant de ce monde, nous délivrer des infirmités 
et des autres misères, qui, dans un âge plus avancé, font de la vie une mort con- 
tinuelle. 

19-17. * Prière à Dieu, pour qu'il ait pitié de ses serviteurs et leur accorde ses 
gráces. 

19. * Ce verset commence, pour le sens, à Faites, etc. Enumérer est la conclusion de 
la phrase du verset précédent. 

13. Jusqu'à quand ?... Voy. Ps. vt, 4. 

44, 15. On pourrait traduire ces deux versets conformément à l'hébreu, de cette 
manière : Remplissez-nous de votre miséricorde dés le matin (c'est-à-dire au plus tôt, 
sans tarder), e£ nous tressaillirons, etc., et nous passerons, etc., el nous nous réjoui- 
rons, etc. 

15. Nous avons vu. Voy. Ps. ,טאאא‎ 


1-16. Il y a dans ce psaume un changement de personnes, plus fréquent que dans 
aucun autre. Or ce changement s'expliquerait sans peine, si, avec J.-D. Michaelis, on 
supposait deux chœurs chantänt alternativement : l'un les vers. 1-2, puis le premier 
hémistiche du vers. 9, et les vers. suivants, jusqu'au vers. 14, où Dieu lui-méme 
intervient et parle jusqu'à la fin. — 4 David; selon d'autres, de David, par David. — 
“Are voix, 1; 2e voix, 2; 1re voix, 3-8; 2e voix, 94; 1τὸ voix, 95-13; discours de Dieu, 
14-16. Composé probablement au temps de la peste, par laquelle Dieu punit le dé- 
nombrement d'Israél fait par David, 11 Rois, xxtv, 19-17; cf. Ps. xc, 3, 6-7. — Ce beau 
psaume se distingue par l'élévation dela pensée, la vivacité des sentiments, l'ardeur 
de la foi, la simplicité de la confiance, la vivacité des couleurs et la limpidité du 
langage. 

2. * L'hébreu porte : je dis, et non pas: ?/ dira, 


(rs. xc.] 


6168 mon soutien et mon refuge; 
il est mon Dieu, j'espérerai en lui. 

3. Parce que c'est lui-méme 
qui m'a délivré d'un filet de chas- 
seurs et d'une parole meurtriere. 

4. ll te mettra à l'ombre sous 
ses épaules, et sous ses ailes tu 
espéreras. 

5. Sa vérité t'environnera de 
son bouclier, et tu n'auras pas à 
craindre d'une terreur nocturne, 

6. D'une flèche volant dans le 
jour, d'une affaire qui marche 
dans des ténèbres, et de l'attaque 
d'un démon du midi. 

1. Mille tomberont à ton cóté, 
et dix mille à ta droite; mais nul 
n'approchera de toi. 

8. Et méme tu considéreras de 
tes propres yeux, et tu verras la 
punition méritée des pécheurs. 

Ps. XC. 11. Matt., 1v, 6; Luc, 1v, 10. 


LES PSAUMES. 1225 


9. Parce que vu as dit : Seigneur, 
vous étes mon espérance, et que 
tu as choisi le Très-Haut pour ton 
refuge. 

10. Le mal ne viendra pas jus- 
qu'àtoi, et aucun fléau n'appro- 
chera de ton tabernacle. 

11. Parce qu'il a commandé à 
ses anges à ton sujet, de te gar- 
der dans toutes tes voies. 

12. Ils te porteront dans leurs 
mains, de peur que ton pied ne 
heurte contre une pierre. 

13. Tu marcheras sur l'aspic et 
le basilic, et tu fouleras aux pieds 
le lion et le dragon. 

14. Parce qu'il a espéré en moi, 
je le délivrerai : je le protégerai, 
parce qu'il a connu mon nom. 

15. Il criera vers moi, et je 
l'exaucerai : avec lui, je serai dans 


3. D'un filet, etc.; c'est-à-dire des piéges des méchants et de leurs calomnies. — 
* D'une parole meurtriére, en hébreu; de la peste qui ravage. 

4. Dans ce verset et les suivants, la parole est adressée au personnage qui parle 
en son nom dans les précédents. — 11 76 mettra, etc. Il te couvrira, en quelque sorte, 
de son corps, comme les soldats du premier rang dans une armée couvrent ceux qui 
sont derriere eux, et il te mettra à couvert sous ses ailes, comme une poule qui 
couve ses petits, pour les conserver, lorsqu'elle les croit exposés à quelque danger. 

5. Sa vérilé; c'est-à-dire sa fidélité à garder ses promesses. — Terreur nocturne; 
c'est tout ce qui peut effrayer pendant la nuit, comme les spectres, les voleurs, les 
assassins, etc. Le lit de Salomon était gardé par soixante braves des plus vaillants 
d'Israël à cause des craintes de la nuit (Cantiq., ru, 1-8). 

6. D'une fièche, etc. Cette flèche volante signifie probablement une sorte de maladie 
contagieuse. Les Arabes et les Turcs donnent à la peste le nom de fleche de Dieu, de 
trait du Tout-Puissant, qu'il est impossible de décliner. — D'une affaire, etc.; d'un 
complot tramé secrètement, dans l'ombre. — D'un démon du midi. Les orientaux se 
représentent la peste sous limage d'un mauvais esprit, qui exerce ses ravages, non 
seulement pendant la nuit, mais encore à l'heure du midi, à laquelle, dans ces pays 
chauds, tout le monde fait la méridienne. Or on suppose que c'est pendant ce temps 
de silence et de repos, que le démon, auteur de la peste, fait ses ravages. Nous re- 
trouvons ces mémes idées chez les anciens, Grecs et Latins. Plusieurs auteurs pré- 
tendent qu'elles avaient prévalu aussi chez les Juifs; ce qui a donné lieu à cette ex- 
pression des Septante et de la Vulgate. A la vérité, le texte hébreu ne parle que de 
peste et de contagion; mais la Paraphrase chaldaique, Aquila, Symmaque et la version 
syriaque, font une mention expresse de démons du midi. 

1. Mille ennemis. — N'approchera de toi; c'est-à-dire ne te touchera, ne te bles- 
sera; tu seras en süreté au milieu de tes plus cruels ennemis. 

13. Ainsi protége de Dieu, les bétes les plus féroces et les plus dangereuses ne 
sauraient te nuire; au contraire, tu les écraserais sans peine. — * Au lieu de l'aspic, 
l'hébreu porte un des noms du lion. — Le basilic, un serpent trés venimeux, 


1926 
la tribulation, je le sauverai et le 
glorifierai. 

16.Jele comblerai d'unelongue 


suite de jours, et jelui montrerai 
mon salut. 


PSAUME XClI 
(Hésn., XCII). 
Le Psalmiste loue le Seigneur à la vue de 


ses ouvrages. Il représente le bonheur 
des justes et le malheur des pécheurs. 


Psaume de cantique, 

1. Au jour du sabbat. 

2. Il est bon de louer le Sei- 
gneur, et de chanter votre nom, 
6 Tres-Haut, 

3. Pourannoncerle matin votre 
miséricorde, et votre vérité pen- 
dant la nuit ; 

.4. Surle psaltérion à dix cordes, 
avec un cantique sur la harpe. 

9.Parceque vousm'avezréjoui, 
Seigneur, parce que vous avez 
fait, et à la vue des œuvres de vos 
mains je tressaillirai. 

6. Que vos œuvres sont magni- 
fiques, Seigneur! Vos pensées 
sont infiniment profondes. 

7. Un homme insensé ne les 
connaitra pas, et un fou ne les 
comprendra pas. 


LES PSAUMES. 


[Ps. xcr.] 


8. Lorsque les pécheurs se se- 
ront produits au dehors comme 
le foin, et qu'auront apparu tous 
ceux qui opèrent l'iniquité, 

Pour périr dans les siecles des 
siècles ; 

9. Vous, au contraire, vous êtes 
éternellement le Très-Haut, ὃ Sei- 
gneur. 

10. Parce que voici que vos 
ennemis  périront, Seigneur, 
parce que voici que vos enne- 
mis périront, et que seront dis- 
persés tous ceux qui operent 
l'iniquité. | 

11. Et ma corne sera élevée 
comme la corne d'une licorne, 
ma vieillesse comblée d'une mi- 
séricorde abondante. 

19. Mon œil a regardé d'en haut 
mes ennemis, et mon oreille en- 
tendraaveccomplaisance /a ruine 
des méchants qui s'insurgentcon- 
tre moi. 

13. Le juste, comme un pal- 
mier, fleurira; comme un cedre 
du Liban, il se multipliera. 

14. Plantés dans la maison du 
Seigneur, dans les parvis de la 
maison de notre Dieu, ils fleuri- 
ront. 


16. Je lui montrerai. Voy. Ps. Lxx, 20. 


1. * Ce psaume est encore chanté aujourd'hui par les Juifs au jour du sabbat. — 
C'est une sorte de théodicée abrégée dans laquelle le Psalmiste résume nos devoirs 
de louange et de reconnaissance envers Dieu et sa Providence. — Le nom de Jéhovah 
(le Seigneur) est répété sept fois dans cette hymne, en l'honneur sans doute des sept 
jours de la création. — Voici la suite des pensées : 1re str., 2-4 : 1[ faut louer Dieu; — 
2e str., 5-7 : à cause de la grandeur de ses œuvres et de la profondeur de ses des- 
seins; — 88 str., 8-10 : parce qu'il triomphe de tous ses ennemis; — 4e? et 5e str., 
41-16 : et qu'il comble le juste de ses bénédictions. 

4. Votre vérité; c'est-à-dire votre fidélité à tenir vos promesses. 

8. Dans les siècles des siècles; hébraisme, pour dans tous les siècles. Voy. p. 341, 19, 

11. Ma corne. Voy. Ps. xvu, 3. — * D'une licorne. Voir Ps. xx1, 22. 

12. D'en haut; avec mépris. — Avec complaisance ; expression adverbiale, nullement 
arbitraire et superflue, mais exigée par la construction du verbe actif entendra, qui, 
dans la Vulgate, aussi bien que dans les Septante et le texte hébreu, se trouve joint 
à son complément par l'intermédiaire de la préposition dans (in malignantibus), au 
lieu de l'étre immédiatement par le nom mis à l'accusatif. 


[Ps. xcm.] 


15. Ils se multiplieront encore 
dans une heureuse vieillesse; et 
ils montreront une patience per- 
sévérante, 

16. Pourannoncer 

Que le Seigneur notre Dieu est 
droit, el qu'il n'y a point d'ini- 
quité en lui. 


PSAUME XCII 
(Hépn., XCIII). 


LES PSAUMES. 


1227 


1. Le Seigneur a établi son re- 
ene, il a été revétu de force, et il 
s'est ceint. 

Car il a affermi le globe de 
la terre, lequel ne sera point 
ébranlé. 

2. Votre trône était établi dès 
lors : vous étes, vous, avant les 
siecles. 

9. Les fleuves ont élevé, Sei- 
gneur, les fleuves ont élevé leur 


voix. 

Les fleuves ont élevé leurs flots, 

4. À cause des mugissements 
des eaux abondantes. 

Admirables sont les soulève- 
ments de la mer; admirable est 
le Seigneur dans les cieux. 

5. Vos témoignages sont infini- 
ment dignes de créance : la sain- 
teté, Seigneur, convient à votre 
maison, dans la longue durée des 
jours. 


Le Psalmiste reléve la grandeur et la 
puissance de Dieu. Il déclare que la 
sainteté doit étre le principal ornement 
de sa maison. Les Pères et la plupart 
des rabbins croient que ce psaume re- 
garde le temps du Messie; mais les 
premiers l'expliquent comme étant déjà 
accompli dans la personne de Jésus- 
Christ et dans son règne, et les derniers 
le considèrent comme une prophétie 
du Messie à venir. 


Louange de cantique à David lui-mémes, 
au jour avant le sabbat, quand la terre 
fut fondée. 


—Ó— == 


* 4 David lui-même. Voy. le titre du Ps. Lt (Hébr., vi). 

1-5. * Sans titre en hébreu. La Vulgate porte : « Cantique de louange de David, 
pour la veille du sabbat, quand la terre fut fondée, » c'est-à-dire destiné à être chanté 
le vendredi, au sacrifice du matin, au jour de la création de l'homme. — Ce psaume, 
composé probablement par David après une victoire, fut appliqué plus tard au ser- 
vice liturgique. Il est court. mais plein de force, de majesté et d'élan lyrique. 

1. Il s'est ceint; c’est-à-dire il s'est préparé pour une grande œuvre. —* « Au com- 
mencement, Dieu créa le ciel et la terre. Quel homme, ayant à parler de si grandes 
choses, eüt commencé comme Moise? demande Rollin. Quelle majesté et en méme 
temps quelle simplicité !... La sagesse éternelle, qui s'est jouée en faisant le monde, 
en fait le récit sans s'émouvoir. Les prophètes, dont le but est de nous faire admirer 
les merveilles de la création, en parlent d'un ton bien différent : Le Seigneur prend 
possession de son empire; il s'est revétu de gloire. Le Seigneur s'est revétu de sa force, 
il s'est armé de son pouvoir. Le saint roi, transporté en esprit à la première origine 
du monde, dépeint en termes magnifiques comment Dieu, qui jusque-là était demeuré 
inconnu, invisible et caché dans le secret impénétrable de son étre, s'est tout d'un 
coup manifesté par une foule de merveilles incompréhensibles. Le Seigneur, dit-il, 
sort enfin de sa solitude. Il ne veut plus être seul heureux, seul juste, seul saint. ll 
veut régner par sa bonté et par ses largesses. Mais de quelle gloire ce Roi immortel 
est-il revétu ? Queiles richesses vient-il étaler à nos yeux? De quelles sources partent 
tant de lumières et tant de beautés? Où étaient cachés ces trésors et cette riche 
pompe qui sortent du sein des ténebres? Quelle est 18 majesté méme du Créateur, 
si celle qui l'environne imprime un tel respect ? Que doit-il étre, puisque ses ou- 
vrages sont si magnifiques? » 

4. Dans les cieux; littér. dans les lieux élevés. 

2 9. * Le sens de ce verset, c'est que la plus belle œuvre de Dieu, c'est sa loi. Cf. 

$. XVIII. 


PSAUME XCIII 
(Hésr., XCIV). 


Le Psalmiste représente Dieu connaissant 
les crimes des méchants, et les punis- 
sant avec sévérité. 


Psaume à David: lui-même, au qua- 
trième du sabbat ». 

1. Le Seigneur est le Dieu des 
vengeances : le Dieu des ven- 
geances a agi avec liberté. 

2. Levez-vous, vous qui jugez 
la terre : rendez leur salaire aux 
superbes. 

3. Jusqu'à quand les pécheurs, 
ὃ Seigneur, jusqu'à quand les pé- 
cheurs se glorifieront-ils ? 

4. Jusqu'à quand se répan- 
dront-ils en discours et parleront- 
ils iniquité? jusqu'à quand parle- 
rontils, tousceux qui commettent 
l'injustice? 

5. Ils ont, Seigneur, humilié 
votre peuple; et votre héritage, 
ils l'ont ravagé. 

6. Ils ont massacré la veuve et 
l'étranger, et ils ont tué l'orphe- 
lin. 

7. Et ils ont dit : Le Sei- 
gneur ne /e verra pas, et le 


LES PSAUMES. 


[Ps. xcur.] 


Dieu de Jacob ne le saura pas. 

8. Comprenez, insensés du peu- 
ple; et vous, fous, devenez enfin 
sages. 

9. Celui qui a fait l'oreille n'en- 
tendra-t-il pas ? Celui qui a formé 
l'œil ne voit-il pas ? 

10. Celui qui reprend des na- 
tions ne convaincra-t-il pas, 
lui qui enseigne à l'homme 1a 
science? 

41. Le Seigneur sait que les 
pensées des hommes sont vaines. 

19. Bienheureux l'homme que 
vous aurez vous-méme instruit, 
Seigneur, et à qui vous aurez en- 
seigné votre loi, 

13. Afin que vous lui accordiez 
quelque douceur dans des jours 
mauvais, jusqu'à ce qu'au pé- 
cheur soit creusée une fosse. 

14. Parce que le Seigneur ne 
rejettera pas son peuple; et son 
héritage, il ne labandonnera 
pas. 

15. Jusqu'à ce que la justice 
se convertisse en jugement, et 
qu'aupres d'elle soient tous ceux 
qui ont le cœur droit. 

16. Qui se lévera pour moi 


% À David; ou De David, par David. 


= Au quatrième du sabbat; c'est-à-dire au quatrième jour de la semaine. — * Sans 
titre en hébreu. Vulgate : > Psaume de David pour le quatrième jour aprés le sabbat, » 
c'est-à-dire le mercredi, où la synagogue le.récite encore aujourd'hui. Composé peut- 
étre pendant la révolte d'Absalom. 

1-3. * Invocation contre les méchants. 

1. Le Seigneur est le Dieu des vengeances. Compar. Deutéron., xxxi, 35 ; Rom., xn. 19. 

9. Levez-vous; montez sur votre tribunal. 

4-1. * Tableau de la tyrannie des méchants. 

8-11. * Discours aux méchants. Dieu connait leurs desseins et les fera échouer. 

9. Qui a. fait ou établi ; littér. dans l'hébreu, le grec et la Vulgate, qui a planté. 

12-15. * Le peuple sera défendu par son Dieu. 

45. Se converlisse en jugement; c'est-à-dire rende ses arrêts. — Et qu'auprés 
d'elle, etc. Le premier qui dela Vulgate, qui ne se trouve d'ailleurs ni dans le grec, 
ni dans l'hébreu, échappe à toute analyse grammaticale. Les Septante porteni à la 
lettre : Et soient attachés à elle, tous les droits par le cœur, etc.; ce qui revient par- 
faitement à notre traduction. 

16-19. * Au milieu des adversités,le Psalmiste a été soutenu par la gráce et par sa 
confiance en Dieu. 


[Ps. Χαιν.] 


contre des méchants? ou qui se 
tiendra pres de moi contre des 
ouvriers d'iniquité ? 

11. Si ce n'était que 16 Seigneur 
m'a secouru, peu s'en serait fallu 
que dans l'enfer n'eüt habité mon 
áme. 

18. Si je disais : Mon pied a 
chancelé, votre miséricorde, Sei- 
gneur, me venait en aide. 

19. Selon la multitude de mes 
douleurs qui étaient dans mon 
cœur, vos consolations ont réjoui 
mon àme. 

20. Est-ce qu'un tribunal d'ini- 
quité s'allie avec vous, qui faites 
d'un précepte un travail péni- 
ble ? 

91. Ils tendront des pièges à 
l'âme d'un juste, et condamne- 
ront un sang innocent. 

99. Mais le Seigneur est de- 
venu pour moi un refuge; et 
mon Dieu, l'aide de mon espé- 
rance. 

93. Et il leur rendra leur ini- 
quité, il les perdra entierement 
par leur malice; il les perdra 
entierement, le Seigneur notre 
Dieu. 


LES PSAUMES. 


PSAUME XCIV 
{Hésr., XCV). 
Le Psalmiste exhorte son peuple à louer 
Dieu, et à lui obéir dans la vue de sa 


grandeur et de sa patience, de sa bonté 
et de sa justice. 


Louange de cantique à David lui- 
meme ἃ. 

1. Venez, réjouissons-nous au 
Seigneur; poussons des cris d'allé- 
gresse vers Dieu notre salut. 

2. Prévenons sa présence par 
notre louange, et dans des psau- 
mes poussons descris d'aliégresse 
vers lui. 

3. Parce que le Seigneur est le 
grand Dieu, le grand roiau-dessus 
de tous les dieux. 

4. Parce que dans sa main sont 
tous les confins de la terre, et 
que les cimes des montagnes sont 
à lui. 

5. Parce qu'à lui est la mer, et 
que c'est lui-méme qui l'a faite, 
et que ses mains ont formé le 
continent. 

6. Venez, adorons, et proster- 
nons-nous, et pleurons devant le 
Seigneur qui nous a faits. 


19. Selon la multitude, etc. Saint Paul exprime la même pensée dans I Corinth., 


x, 18; 11 Corinth., y, 5; zv, 17; var, 4. 


20-23.* Dieu fera retomber sur les méchants leur iniquité. 


20. Le sens de ce verset parait être : Ainsi, y a-t-il en vous, ὁ mon Dieu, 
la moindre injustice, lorsque vous faites des commandements dont l'observation 
est pénible, comme par exemple, de souffrir avec patience les persécutions de nos 
ennemis? La réponse à cette question se trouve, comme on le voit, au verset pré- 
cédent. 


* 4 David ; ou de David, par David. — * C'est un hymne liturgique, composé peut- 
étre pour étre chanté le jour du sabbat. Le sens est trés clair. — Voici la suite des 
pensées: — 1-2 : Exhortation à louer Dieu; — 3-4 : parce qu'il est le créateur de la 
terre; — 5-6 : de la mer (Le vers. 6 est comme un retrain et la répétition du vers. 1); 
— 1-8*: et del'homme; nous sommes son troupeau, si nous écoutous sa voix. — 85-11 : 
Discours de Dieu exhortant son peuple à l'obéissance, en rappelant comment il a 
puni dans le désert les Israélites rebelles. 

2. Présence; littér. face, mot qui, en hébreu, se met souvent pour personne. D'oü 
le sens est : Hàtons-nous, sans nous laisser prévenir, de nous présenter devant lui 
pour eélébrer ses louanges. 


1990 
7. Parce que lui-même est le 
Seigneur notre Dieu, et que nous 
sommes le peuple de son pàátu- 
rage, et les brebis de sa main. 

8. Aujourd'huisi vous entendez 
sa voix, n'endurcissez pas vos 
cœurs, 

9. Comme dans l'irritation, au 
jour dela tentation dans le désert, 
où vos peres me tentèrent, m'é- 
prouverent, et virent mes œu- 
vres. 

10. Pendant quarante ans, j'ai 
été courroucé contre cette géné- 
ration, et j'ai dit : Toujours ils 
errent de cœur. 

41. Et eux, ils n'ont point connu 
mes voies ; ainsi j'ai juré dans ma 
colere : S'ils entreront dans mon 


LES PSAUMES. 


(Ps. xcv.] 


Dieu, et une invitation aux peuples 
gentils de venir adorer cette souveraine 
majesté, et de se soumettre à son em- 
pire. Les Péres l'ont expliqué de la ve- 
nue du Messie et de l'établissement de 
l'Eglise chrétienne. 


Cantique à David lui-méme. 

1. Lorsqu'on bâtissait la maison, aprés 
la captivité. 

Chantez au Seigneur un can- 
tique nouveau : chantez au Sei- 
gneur, habitants de toute la terre. 

2. Chantez au Seigneur, et bé- 
nissez son nom : annoncez de 
jour en jour son salut. 

3. Annoncez parmi les nations 
sa gloire, au milieu de tous les 
peuples ses merveilles. 

4. Parce que le Seigneur est 
grand, et infiniment louable; il 


est terrible au-dessus de tous les 
dieux. 

5. Parce que tousles dieux des 
nations sont des démons : mais 
le Seigneur a fait les cieux. 


repos. 
PSAUME XCV 
(Hésr., XCVI). 


Ce psaume contient des louanges et des 
actions de grâces pour les bienfaits de 


Ps. XCIV. 8. Hébr., ur, 7; 1v, 7. — 10. Nomb., xiv, 34. — 11. Hébr., 1v, 3. 


9. Dans irritation; c'est-à-dire dans le lieu de l'rritation, Raphidim, où les 
Israélites murmurèrent, du temps de Moïse, parce qu'il manquaient d'eau (Exode, 
xvn, 1 et suiv.); ou bien, selon d'autres, l'endroit du désert de Pharan, où ils se 
révoltèrent, quand on leur annonça ce qu'étaient les Chananéens et le pays de Cha- 
naan (Nombr., xiv, 2 et suiv.); ou bien encore Cadès, où le manque d'eau excita une 
nouvelle sédition parmi eux (Nombr., xxt, 1 et suiv.). Voy. sur ce verset et les sui- 
vants l'Epitre aux Hébreux (ur, 1-19 ; 1v, 1-11). 

41. S’üls entreront; pour 7/8 m'entreront pas. Dans les formules du serment, les 
Hébreux employaient la particule si, quand ils juraient qu'ils ne feraient pas une 
chose, et ils y ajoutaient la négation. lorsqu'ils juraient qu'ils la feraient. Cette ma- 
niere de s'exprimer vient de ce qu'ils omettaient, par euphémisme, l'imprécation qui 
suit les jurements; par exemple : Je veux qu'il m'arrive tel mal, tel malheur, si, etc. 
— Dans mon repos; c'est-à-dire dans le pays, où je devais leur donner la paix et le 
repos, la terre promise. 


* A David; ou de David, par David. — * Ce psaume se retrouve avec des variantes, 
I Par., xvi, 8-36, et l'auteur sacré nous apprend qu'il fut chanté pour la fête de la 
translation de l'arche, du temps de David. Il était naturel, par conséquent, qu'on 
le chantát de nouveau lors de la reconstruction du second temple, de 534 à 515 
avant J.-C. 

1-6. * Exhortation à louer Dieu, (vers. 1-3), à cause de sa grandeur et de sa puis- 
sance (vers. 4-6). 

1. La maison; c'est-à-dire le temple. 

5. * Tous les dieux des nalions sont des démons, des choses vaines, dit le texte hé- 
breu. Les démons, en faisant adorer les idoles, qui étaient des choses vaines, se fai- 
saient adorer eux-mêmes. Voir I Corinthiens, x, 20. 


(rs. xcvr.] 


6. La louange et la beauté sont 
en sa présence : la sainteté et la 
magnificence dans le lieu de sa 
sanctification. 

7. Apportez au Seigneur, ὃ fa- 
milles des nations, apportez au 
Seigneur gloire et honneur ; 

8. Apportez au Seigneur la 
gloire due à son nom. 

Prenez des hosties, et entrez 
dans ses parvis; 

9. Adorez le Seigneur dans son 
saint parvis. 

Que toute la terre soit ébranlée 
devant sa face; 

10. Dites parmi les nations que 
le Seigneur a établi son règne. 

Car il a affermi le globe de la 
terre, qui ne sera pas ébranlé : il 
jugera les peuples avec équité. 

11. Que les cieux se livrent à la 
joie, que la terre exulte, que la 
mer soit agitée, et sa plénitude ; 

19. Les champs se réjouiront, 
et tout ce qui est en eux. 

Alors exulteronttous les arbres 
des foréts, 


LES PSAUMES. 


1931 

13. A la face du Seigneur, parce 
qu'il vient; parce qu'il vient juger 
la terre. 

ll jugera le globe de la terre 
avec équité, etles peuples selonsa 
vérité. 

PSAUME XCVI 
(H£sn., XCVII). 


Ce psaume représente le règne du Sei- 
gnéur, la confusion des méchants et la 
joie des justes. Les uns croient qu'il 
fut composé par David, lorsqu'aprés la 
mort de Saül il se vit paisiblement 
établi dans son pays, et en possession 
du royaume que le Seigneur lui avait 
promis. D'autres pensent qu'il contient 
les actions de gràces des Juifs, délivrés 
de la captivité de Babylone, et la des- 
cription de la vengeance exercée par le 
Seigneur contre les Babyloniens. Les 
Pères l'expliquent du premier et du 
second avénement de Jésus-Christ, de 
son règne dans l'Eglise et de la voca- 
tion des Gentils. 


1. A David. 

Quand sa terre fut restituée *. 

Le Seigneur a établi son regne, 
que la terre exulte : que des iles 
en quantité se livrent à la joie. 

2. Une nuée et une obscurité 


6. Sont en sa présence ; c'est-à-dire lui appartiennent. — Sa sanctification (sancti- 
ficatione); c'est-à-dire son sanctuaire, son temple; proprement le lieu qu'il s'est con- 
sacré. Compar. Ps. rxxvr, 54. 

1-13. * Il faut offrir à Dieu ses présents et son adoration (vers. 1-9), et proclamer 
devant tous les peuples sa royauté, qui est reconnue par toutes les créatures 
(vers. 10-13). 

7. Familles. C'est le sens de l'hébreu et des Septante ; la Vulgate porte patriæ, c'est- 
à-dire pays, régions, contrées. 

11. La mer et sa plénitude; pour toute la plénitude de la mer, la mer tout entière ; 
figure grammaticale, dont la Bible fournit un certain nombre d'exemples. 

13. Selon sa vérité; c'est-à-dire selon les règles infaillibles de sa vérité, ou selon f 
sa fidélité à remplir ses promesses. 4 


* A David, etc., ou de David, par David, lorsqu'il fut rétabli dans son pays. — - 
* Cee mots indiquent sans doute l'époque où David fut reconnu roi par toutes les 
tribus. 

1-6, * Tableau de la puissance de Dieu dans la nature. 

1. Iles. Le mot hébreu, traduit dans les Septante et dans la Vulgate par 0/6, signifie 
proprement région lointaine, contrée très éloignée; sens qui convient parfaitement à 
ce passage. 

2. Base; appui, soutien; c’est le sens du terme hébreu que les Septante ont rendu 
ici par redressement, amélioration, et ailleurs par préparation, disposition. Compar. 
Ps. ,דשא גא‎ 2, 44, PE EN 


1933 
profonde sont autour de lui : la 
justice et l'équité sont la base de 
son tróne. 

9. Un feu marchera devant lui, 
et embrasera tout autour ses en- 
nemis. 

4. Ses éclairs ont illuminé le 
globe de la terre : elle ἃ vu, et 
elle a été ébranlée, laterre, 

5. Les montagnes, comme la 
cire, sesont fondues à la face du 
Seigneur : à la face du Seigneur 
toute la terre s'est fondue. 

6. Les cieux ont annoncé sa 
justice, et tous les peuples ont vu 
sa gloire. 

7. Qu'ils soient confondus, tous 
ceux qui adorent des images tail- 
lées au ciseau, et qui se glorifient 
dans leurs simulacres. 

Adorez-le, 00708 tous ses anges; 

8. Sion a entendu et s'est ré- 
jouie ; 

Et les filles de Juda ont exulté, 
à cause de vos jugements, Sei- 
gneur ; 

9. Parce que vous, Seigneur, 
étesle Tres-Hautsurtoutelaterre; 


LES PSAUMES. 


[Ps. xcvir.] 


infiniment élevé au-dessus detous 
les dieux. 

10. Vous qui aimez le Seigneur, 
haissezle mal : le Seigneur garde 
les àmes de sessaints ; dela main 
du pécheur, il les délivrera. 

11. Une lumière s’estlevée pour 
le juste, et une joie pour les 
hommes droits de cœur. 

12. Réjouissez-vous, justes, 
dans le Seigneur, et célébrez la 
mémoire de sa sanctification. 


PSAUME XCVII 
(Hésr., XCVIII). 


Le Psalmiste invite toutes les créatures 
à s'unir à lui pour louer Dieu des 
merveilles qu'il avait faites en faveur 
de son peuple et du salut qu'il lui avait 
procuré. Les Juifs expliquent ce psaume 
de l'avénement du Messie qu'ils atten- 
dent; les Pères et les interprètes chré- 
tiens, du premier ou du second avéne- 
ment de Jésus-Christ ou de tous les 
deux. 


1. Psaume à David (de David) lui- 
méme ". 

Chantez au Seigneur un canti- 
que nouveau, parce quil a fait 
des merveilles. 


Ps. XCVI. 7. Exode, xx, 4; Lév., xxvi, 1; Deut., v, 8; Hébr., 1, 6. — 10. Amos, 


N73 1658. ΠΟΙ καρ Ὁ; 


1-9. * Puissance de Dieu sur les idoles; joie qu'elle cause à Sion. 
1. Adorez-le, vous tous ses anges. Saint Paul, dans son Epitre aux Hébreux (x, 6), cite 
ces paroles, en parlant du Verbe de Dieu fait homme. 


10-13. * Exhortation à servir Dieu. 


12. Sa sanclification (sanctificationis ejus); c'est-à-dire son sanctuaire, son temple. 
Voy. Ps. zxxvir, 57; Ps. xcv, 6. 


* Ce psaume a beaucoup de ressemblance avec le xcv*, c'est le méme sujet et la 
méme forme, mais avec des couleurs propres et une étendue moindre. — La version 
syriaque dit qu'il traite « de la délivrance du peuple de la servitude d'Egypte. » — 
Ce psaume, comme les deux précédents, prédit les merveilles que doit opérer le 
Messie en venant sur la terre. — Le commencement et la fin sont à peu près les 
mémes que dans le Ps. xcv. — Les vers. 4-6 invitent tous les peuples à louer Dieu 
au son des instruments de musique. 

1. L'ont sauvé lui-même; littér. et par hébraisme /'ont sauvé à lui-méme (Compar. 
Isaie, Lix, 16; LxII, 5); comparaison prise d'un guerrier qui a combattu, vaincu, 
terrassé, tué de sa propre main son ennemi, et qui ne doit sa victoire qu'à lui-même. 
Ce passage s'explique parfaitement de Jésus-Christ, qui, en ressuscitant, a vaincu 
l'enfer, le péché et la mort par sa propre vertu, AS 


(Ps. χανπι.} 

Sa droite et son brassaintl'ont 
sauvé lui-méme. 

2. Le Seigneur a fait connaitre 
son salut : en présence des na- 
tions, il a révélé sa justice. 

3. Il s'est souvenu de sa misé- 
ricorde et de sa vérité en faveur 
de la maison d'Israél. 

Toutes les extrémités de la 
terre ont vu le salut de notre 
Dieu. 

4. Poussez des cris de joie vers 
Dieu, 6 terre toute entiere, chan- 
tez, et exultez, et jouez du psalté- 
rion. 

9. Chantez le Seigneur sur une 
harpe; sur une harpe, en y mêlant 
un chant de psaume ; 

6. Sur des trompettes battues 
au marteau, et au son d'une trom- 
pette de corne. 

Poussez des cris de joie en pré- 
sence du roi, le Seigneur; 

1. Que la mer soit agitée et sa 
plénitude, de méme que le globe 
des terres et ceux qui y habitent. 

8. Les fleuves applaudiront de 
la main, comme aussi les monta- 
gnes exulteront 

9. A la présence du Seigneur, 
parce qu'il vient juger la terre. 


Ps. XCVII. 3. Isaie, Lir, 10; Luc, ,זז‎ 6. 


LES PSAUMES. 


4 57 
1933 


Il jugera le globe de la terre 
selon la justice, et les peuples se- 
lon l'équité. 


PSAUME XCVIII 
(Hésr., XCIX). 

Le Psalmiste exhorte tous les peuples de 
la terre à rendre à Dieu la gloire qui 
lui est due, à craindre sa justice, à 
garder sa loi et à invoquer en tout 
temps sa miséricorde. Les Pères expli- 
quent ce psaume du régne et de la ve- 
nue de Jésus-Christ; les Juifs l'entendent 
de leur Messie. 


1. Psaume à David (de David) lui- 
même 3. 

Le Seigneur a établi son regne, 
que des peuples frémissent de 
colere; il est assis sur des chéru- 
bins, que la terre soit ébranlée. 

2. Le Seigneur est grand dans 
Sion; il est élevé au-dessus de 
tous les peuples. 

3. Qu'ils rendent gloire à votre 
grand nom, parce qu'il est terrible 
et saint, 

4. Et que l'honneur d'un roi 
aime le jugement. 

Vous avez préparé des voies 
droites : jugement et justice dans 
Jacob, c'est vous qui les avez 
exercés. 


רהה —————— ——— 


3. Sa vérité; c'est-à-dire sa fidélité à tenir ses promesses. 
6. Sur des trompettes, etc. Ce sont probablement des trompettes semblables à eelles 
que Moïse fit faire dans le désert (Nombr., x, 2 et suiv.). 


* * Composé probablement pour la cérémonie de la translation de l'arche à Jéru- 
salem. C'est le 35 des psaumes qui commencent par Dominus regnavit. Le 4er, xcir, 
chante la gloire de Dieu; le 2e, xcvi, les bénédictions qu'il répand sur la terre, et le 
3e, xcvi, les faveurs qu'il accorde à ceux qui 16 prient. 

1-5. * La royauté de Dieu fait trembler les Gentils et la terre elle-même; il faut le 
louer, parce qu'il est grand et saint (vers. 1-3), et (vers. 4-5) parce qu'il gouverne 


Israél avec équité. 


1. * Que des peuples frémissent de colére, hébreu : qu'ils tremblent devant la puis- 
sance de Dieu. — IL est assis sur des chérubins, les chérubins de l'arche d'alliance, 


qui est comme le tróne de Dieu. 


4. Aime; c'est-à-dire veut, exige. — Jugement signifie, de méme qu'en hébreu, ce 
qui est juste, légitime, conforme au droit. — Des voies droiles; des lois et des préceptes 


conformes à la droiture. 


AT. 


78 


1234 


5. Exaltez le Seigneur notre 
Dieu, et adorez l'escabeau de ses 
pieds, parce qu'il est saint. 

6. Moise et Aaron parmi ses 
prétres, et Samuel entre ceux qui 
invoquent son nom, 

Invoquaient le Seigneur, et le 
Seigneur les exaucait; 

7. C'est du milieu d'une co- 
lonne de nuée qu'il leur parlait. 

lls gardaient ses témoignages 
et le précepte qu'il leur avait 
donné. 

8. Seigneur notre Dieu, vous les 
exauciez : ὃ Dieu, vous leur avez 
élé propice, mais en vous ven- 
geant de toutes leurs inventions. 

9. Exaltez le Seigneur notre 
Dieu, adorez-le sur sa montagne 
sainte; parce quil est saint, le 
Seigneur notre Dieu. 


PSAUME XCIX 
(Hégr., C). 


Le Psalmiste exhorte tous les peuples 
à venir louer Dieu dans son temple et 
à publier sa douceur, sa miséricorde 
et sa vérité. 


1. Psaume de louange (ou d'action de 
grüces). 


LES PSAUMES. 


(Ps. xcix.] 


9. Poussez des cris d'allégresse 
vers Dieu, ὃ terre tout en- 
tière : servez le Seigneur avec 
joie. 

Entrez en sa présence avec 
exultation. 

3. Sachez que le Seigneur est 
Dieu : c’est lui-même qui nous a 
faits, et non pas nous-mêmes; 

Vous son peuple et les brebis 
de son pâturage, 

4. Entrez par ses portes en le 
louant : dans ses parvis en chan- 
tant des hymnes; publiez ses lou- 
anges. 

Louez son nom; 

5. Car il est bienveillant, le Sei- 
gneur : sa miséricorde est éter- 
nelle, et jusqu’à toutes les géné- 
rations s'étend sa vérité. 


PSAUME C 
(H£Bn., CI). 


Le Psalmiste, en représentant à Dieu 
l'innocence avec laquelle il a gouverné 
son peuple, apprend à tous les princes 
la conduite qu'ils doivent tenir dans 
la conduite de leurs Etats, dans le choix 
de leurs ministres et dans l'usage de 
leur puissance. 


ת/חח][][][][]-.-.-.-...... —————— 


5. * Refrain 


6-8. * Dieu a exaucé les saints des premiers temps (vers. 6-7); il faut l'adorer 
à leur exemple, sur Sion, la montagne sainte (vers. 8). 

1. C'est du milieu, etc. Cela ne doit s'entendre que de Moïse et d'Aaron, auxquels 
Dieu manifestait ordinairement sa présence par une nuée qui paraissait sur la tente 
où était gardée l'arche d'alliance. — Les témoignages; les ordonnances, les décrets. 

8. Mais en vous vengeant; lors méme que vous les punissiez. — Inventions; c'est- 
à-dire, comme porte le texte hébreu, actions ; mot qui se prend toujours en mauvaise 
part, dans l'Ecriture, quand il s'agit des actions, des œuvres des hommes 

9. * Refrain, comme vers. 5, sauf quelques légères modifications. 


1. * Composé sans doute par un pieux Lévite, aprés la captivité, à l'époque de la 


dédicace du second temple. 


2-3. * Invitation à louer Dieu avec joie dans son temple, parce qu'il est notre 
créateur et que nous sommes son troupeau. f 

4-5. * Il faut entrer dans les sacrés parvis en le louant et en le remerciant, parce 
qu'il est bon et que sa miséricorde est sans bornes. 

4. Ses portes; c'est-à-dire les portes de son tabernacle, de son temple. 

5. Jusqu'à toutes les genéralions; littér. jusqu'à une génération et une génération, 


Voy. sur ce genre de répétition, p. 341, 40. 


jrs. 61,[ 

1. Psaume à David (ou de David lui- 
même). 

Je vous chanterai la miséri- 
corde et la justice, à Seigneur : 

JeZeschanterai surlepsaltérion, 

2. Et je m'appliquerai à com- 
prendre une voie sans tache, 
quand vous viendrez vers moi. 

Je marchais dans linnocence 
de mon cœur, dans l'intérieur de 
ma maison. 

3. Je ne me proposais point 
devantles yeux de chose injuste : 
ceux qui commeltaient des pré- 
varications, je les ai hais. 

Il ne s'est pas attaché à moi 

4. De cœur pervers : je ne con- 
naissais pas le méchant qui s'éloi- 
gnait de moi. 

5. Celui qui en secret disait du 
mal de son prochain, je le pour- 
suivals. 

L'homme à l'œil superbe, et au 
cœur insatiable, je ne mangeais 
pas avec lui. 

6. Mes yeux étaient sur les 
fidèles de la terre, afin qu'ils fus- 


LES PSAUMES. 


1935 
sent assis prés de moi : celui qui 
marchait dans une voie sans 
tache était celui qui me servait. 

7. Il n'habitera pas dans l'inté- 
rieur de ma maison, celui qui 
agit avec orgueil; celui qui dit 
des choses iniques n'a pas dirigé 
sa voie devant mes yeux. 

8. Dés le matin, je tuais tous 
les pécheurs de la terre, afin d'ex- 
terminer de la cité de Dieu tous 
ceux qui opèrent l'iniquité. 


PSAUME CI 
(Hésr., CIL). 


Ce psaume est un des sept de la péni- 
tence. Le Psalmiste y implore le se- 
cours de Dieu avec les sentiments de 
la plus vive componction et de la plus 
profonde humilité. Quelques Péres y 
voient une priére de Jésus-Christ à son 
Père, prière dans laquelle il lui recom- 
mande son Eglise. 


1. Oraison du pauvre. 

Lorsqu'il est dans l'anxiété, et qu’en 
présence du Seigneur il répand sa prière. 

2. Seigneur, exaucez ma prière, 
et que mon cri vienne jusqu à 
8. 


1-8. * Devoirs d'un roi exprimés sous forme de promesses, — Psaume composé pro- 
bablement au moment oü le saint roi concut le projet de transporter l'arche de la 
maison d'Obédédom à Jérusalem, 11 Rois, vi, 11, sq. — Ce psaume est simplement 
composé de distiques. 

1. La justice; littér. le jugement. Voy. Ps. xcvi, 4. 

2. Je m'appliquerai, etc. En vertu d'un hébraisme, le verbe 7e comprendrai (intel- 
ligam) prend la signification de 76 m'appliquerai à comprendre, parce qu'au lieu de 
gouverner l'aceusatif, comme il le devrait, en sa qualité de verbe actif, il se joint 
à son complément voie par l'intermédiaire de la préposition dans (in). Ainsi le sens 
est : Je m'appliquerai à vivre dans la pureté et dans l'innocence. — Quand vous vien- 
drez vers moi, pour m'éclairer et m'aider de votre gráce. 

6. Mes yeux, ete.; c'est-à-dire je mettais tous mes soins à n'avoir auprès de moi 
pour officiers et pour ministres que des hommes d'une fidélité et d'une intégrité 
reconnues. 

7. N'a pas dirigé, etc.; n'a pas cherché à être agréable à mes yeux. 

8. Des le matin. Les rois rendaient la justice dès le matin. Voy. Jérémie, xxr, 12 


1-29. * Ce pauvre n'est pas un individu, c'est le peuple d'Israél affligé, probablement 
en captivité. — Voici la suite des idées: 2-3 : Invocation à Dieu; 4-12: pour qu'il ait 
pitié de l'afflietion de son peuple; tableau de cette affliction. — 13-23 : Raisons qu'a 
Dieu de le secourir. — 24-29 : Contraste entre l'éternité de Dieu et la brièveté de la 


vie de l'homme, motif pour obtenir la prolongation de nos jours. — Ce psaume est 
le 5e des Psaumes de la pénitence. 


1980 

3. Ne détournez pas votre face 
de moi; en quelque jour que je 
sois dans la tribulation, inclinez 
vers moi votre oreille. 

En quelque jour que je vous 
invoque, exaucez-moi prompte- 
ment; 

4. Parce que mes jours, comme 
la fumée, se sont évanouis, et 
mes os, comme une broutille, se 
sont desséchés. 

9. J'ai été frappé comme une 
herbe, et mon cœur s'est flétri, 
parce que j'ai oublié de manger 
mon pain. 

6. Ala voix de mon gémisse- 
ment, mes os se sont collés à ma 
peau. 

1. Je suis devenu semblable au 
pélican du désert; je suis de- 
venu comme le hibou dans sa 
demeure. 

8. J'ai veillé, et je suis devenu 
comme un passereau solitaire sur 
un toit. 

9. Durant tout le jour mes 
ennemis m'outrageaient, et ceux 
qui me louaient auparavant fai- 
saient des imprécations contre 
moi. 

10. Parce que je mangeais de 


LES PSAUMES. 


[rs. 1 


la cendre comme du pain, et que 
je mélais mon breuvage avec mes 
pleurs, 

11. A l'aspect de votre colère 
et de votre indignation, parce 
qu'en m'élevant vous m'avez 
brisé. 

12. Mes jours, comme l'ombre, 
ont décliné : moi, j'ai séché com- 
me l'herbe. 

13. Mais vous, Seigneur, vous 
subsislez éternellement; et votre 
souvenir se éransmet à toutes les 
générations. 

14. Vous, vous levant, vous 
aurez pitié de Sion ; parce que le 
temps est venu, le temps d'avoir 
pitié d'elle. 

15. Parce que ses pierres ont 
été agréables à vos serviteurs, 
et qu'à la vue de sa terre, ils se- 
ront attendris. 

16. Et les nations révéreront 
votre nom, Seigneur, et tous les 
rois de la terre votre gloire. 

17. Parce que le Seigneur a 
bâti Sion, et il sera vu dans sa 
gloire. 

18. Il ἃ jeté un regard sur la 
prière des humbles, et il n'a point 
méprisé leur demande. 


6. A la voix de mon gémissement; c'est-à-dire à cause de mon gémissement, à force 
de gémir. — Peau; littér. chair, mot qui ne convient nullement ici; car il n'y a rien 
d'étonnant à ce que les os tiennent à la chair. D'un autre cóté, le terme arabe cor- 
respondant à l'hébreu s'emploie pour exprimer peau, épiderme, cuir, pellicule, écorce. 
Ainsi, le Psalmiste veut dire que, dans son extréme affliction, sa chair s'est tellement 
consumée, que ses os n'ont pu adhérer qu'à sa peau. 

7. Par ces comparaisons et les suivantes, 16 Psalmiste veut dépeindre la tristesse. 
— * Le pélican, se nourrissant de poissons, vit au bord de la mer ou des fleuves, 
loin de la demeure des hommes. — Le hibou dans sa demeure, en hébreu, Le hibou 
des ruines, qui habite les ruines. Ces deux oiseaux étaient dans la loi mosaique des 
animaux impurs. Lévilique, ,זא‎ 11, 18. 

13. Toutes les générations. Voy. Ps. LxXXVIR, 2. 

15. Parce que ses pierres, etc. Les ruines de Sion ont été agréables aux serviteurs 
de Dieu, Zorobabel, Esdras et Néhémie. Les Juifs, dit Bossuet, aimaient jusqu'aux 
ruines de leur patrie et du temple et en chérissaient la poussiére, oü ils venaient 
offrir ieurs dons. ἢ 

16. Et les nations, etc. C'est dans l'Eglise de Jésus-Christ que ces paroles ont eu 
leur parfait accomplissement, 


[Ps. 61. 

19. Que ces choses soient écri- 
les pour une autre génération, et 
le peuple qui naitra louera le Sei- 
gneur, 

20. Parce que le Seigneur a 
jeté un regard de son lieu saint : 
le Seigneur a regardé du ciel sur 
la terre, 

91. Afin d'entendre les gémis- 
sements des détenus dans les fers, 
et de délivrerles fils de ceux qu'on 
a mis à mort, 

22. Afin qu'ils annoncent dans 
Sion le nom du Seigneur, et sa 
louange dans Jérusalem, 

23. Lorsque des peuples et des 
rois s'assembleront pour servir 
le Seigneur. 

24. I] lui a dit dans le temps 
de sa force : Faites- moi con- 
naitre le petit nombre de mes 
jours. 

25. Ne me rappelez pas au mi- 
lieu de mes jours : à toutes les 
générations s'étendent vos an- 
nées. 

26. Au commencement, vous, 


LES PSAUMES. 


1237 


Seigneur, vous avez fondé la 
terre, et les cieux sont les ou- 
vrages de vos mains. 

27. Pour eux, ils périront, mais 
vous, vous subsistez toujours ; et 
tous, comme un vêtement, ils 
vieilliront. 

Et vous les changerez comme 
un habit dont on se couvre, et ils 
seront changés ; 

28. Mais vous, vous étes tou- 
jours le méme, et vos années ne 
passeront pas. 

29. Les fils de vos serviteurs 
auront une habitation, et leur 
postérité sera dirigée à jamais. 


PSAUME CII 
(Hésr., CIIT). 


Le Psalmiste s'invite lui-même à louer le 
Seigneur de ses bienfaits. Ill convie 
tous les anges et toutes les œuvres de 
Dieu à le bénir avec lui. 


1. De David lui-méme. 


Bénis, mon âme, le Seigneur; 
et que tout ce qui est au-dedans 
de moi bénisse son saint nom. 


23. Lorsque des peuples, etc. C'est après la venue de Jésus-Christ que ces prophéties 
ont été accomplies. Compar. le vers. 15. — * Le Psalmiste demande dans ces versets 
-que tous les peuples chantent la gloire de son Dieu : « Il est exaucé, dit le comte 
de Maistre, aprés avoir rappelé cette priére; parce qu'il n'a chanté que l'Eternel, ses 
chants participent de l'éternité; les aceents enflammés confiés aux cordes de sa lyre 
divine retentissent encore, après trente siècles, dans toutes les parties de l'univers. 
La synagogue conserva les Psaumes; l'Eglise se hàta de les adopter; la poésie de 
toutes les nations chrétiennes s'en est emparée, et depuis plus de trois siécles le 
soleil ne cesse d'éclairer quelques temples dont les voütes retentissent de ces hymnes 
sacrées. On les chante à Rome, à Genéve, à Madrid, à Londres, à Québec, à Quito, 
à Moscou, à Pékin, à Botany-Bay; on les murmure au Japon. » 

24. Il a dit. C'est ici le vrai sens du verbe hébreu que la Vulgate a rendu, d'aprés 
les Septante, par ii a répondu (respondit). Quant au sujet de ce verbe, c'est proba- 
blement le pauvre (pauper) mentionné dans le titre du psaume. — Lui; c'est-à-dire 
au Seigneur, nommé au vers. précédent. — Dans le temps de sa force; littér. dans 
la voie de sa force; lorsqu'il était dans la vigueur, à la fleur de l’âge. 

21-28. Saint Paul, dans son Epitre aux Hébreux (1, 10-12), applique les paroles de 
ces trois versets au Fils de Dieu. 

29. Sera dirigée; selon l'hébreu, sera fermement établie. 


1-22. * « Ce psaume, l'un des plus beaux de David, est le cantique des miséricordes 
du Seigneur. Elles n'ont jamais été célébrées d'un ton plus sublime, et jamais le 
sublime n'a été plus touchant. » (La Harpe.) — La suite des pensées est la suivante : 


1238 


2. Bénis, men âme, le Seigneur, 
et n'oublie point ses bienfaits. 

3. C'est lui qui pardonne toutes 
tes iniquités ; lui qui guérit toutes 
tes infirmités. 

4. C'est lui qui rachète de la 
mort ta vie; qui te couronne de 
miséricorde et de bontés. 

5. C'est lui qui remplit de biens 
ton désir : ta jeunesse sera re- 
nouvelée comme celle de l'aigle. 

6. Le Seigneur fait miséricorde 
et justice à tous ceux qui souf- 
frent une injustice. 

7. Il a fait connaitre ses voies 
à Moïse, aux enfants d'Israël ses 
volontés. 

8. Compatissant et miséricor- 
dieux est le Seigneur; lent à pu- 
nir et bien miséricordieux. 

9. Il ne sera pas perpétuelle- 
ment irrité; et éternellement il 
ne menacera pas. 

10. Ce n'est pas selon nos pé- 
chés qu'il nous a traités ; ni selon 
nos iniquités qu'il nous a rétri- 
hués. 

41. Puisque, selon la hauteur 
des cieux au-dessus de la terre, 
il a corroboré sa miséricorde sur 
ceux qui le craignent. 


LES PSAUMES. 


[Ps. cir.] 


19. Autant est distant l'orient 
de l'occident, autant il a éloigné 
de nous nos iniquités. 

13. De méme qu'un pere s'at- 
tendrit sur ses enfants, de méme 
le Seigneur a eu pitié de ceux qui 
le craignent ; 

14. Parce que lui-méme sait de 
quoi nous sommes formés. 

Il s'est souvenu que nous som- 
mes poussière ; 

15. Un homme, ses jours sont 
comme une herbe : comme une 
fleur des champs, ainsi il fleu- 
rira. 

16. Parce qu'un souffle passera 
sur elle, et elle ne subsistera pas : 
et on ne connaitra plus son lieu. 

17. Mais la miséricorde du Sei- 
gneur est de l'éternité et jusqu'à 
l'éternité sur ceux qui le crai- 
gnent. 

Et sa justice s'étend sur les fils 
des fils, 

18. Pour ceux qui gardent son 
alliance, 

Et se souviennent de ses com- 
mandements, pour les accomplir. 

19. Le Seigneur dans le ciel a 
préparé son iróne; et son em- 
pire dominera sur toutes choses. 


Ps, CII. 8. Exode, xxxiv, 6; Nomb., xiv, 18. 


— 1-5 : Exhortation à louer et remercier Dieu à cause des bienfaits personnels que 
nous en avons reçus; — 6-9 : à cause du soin qu'il prend des opprimés comme il l'a 
fait pour les Hébreux au temps de Moise; — 10-14 : à cause du pardon qu'il 
accorde aux pécheurs; — 15-18 : à cause de sa bonté qui s'étend d'âge en âge et 
n'est pas passagère comme notre vie. — 19-22 : Que le ciel et la terre louent donc le 
Seigneur! : 

5. Ta jeunesse, etc. L'aigle, comme les autres oiseaux, rajeunit, en quittant tous 
les ans ses plumes pendantla mue, et en en reprenant ensuite de nouvelles. Et si le 
Psalmiste a choisi l'aigle, pour en faire l'objet de sa comparaison, c'est, sans doute, 
à cause de sa force, de sa grandeur et de sa vivacité, qui en font le roi des oiseaux. 

11. Selon la hauteur, etc.; c'est-à-dire autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, 
autant Dieu, etc. 

15. Ses jours, etc. Compar. Ps. Lxxxix, 6. Job, xiv, 2. 

16. On ne reconnaîtra, etc.; littér. et par hébraisme ἐξ ne reconnaitra. Dans le style 
hébraïque, en effet, la troisième personne singulière de la voix active tient lieu de la 
forme impersonnelle. — Son lieu; c'est-à-dire le lieu qu'elle occupait. 


[ps. cur.] 


20. Bénissez le Seigneur, vous 
tous ses anges, puissants en force, 
accomplissant sa parole, pour 
obéir à la voix de Ses ordres. 

91. Bénissez le Seigneur, vous 
toutes ses armées célestes; vous 
ses ministres, qui faites sa vo- 
lonté. 

92. Bénissez le Seigneur, vous 
tous ses ouvrages, dans tous les 
lieux de sa domination : bénis, 
mon àme, le Seigneur. 


LES PSAUMES. 


1239 


PSAUME CIII 
(Hégr., CIV). 
Le Psalmiste loue le Seigneur à la vue 
de sa grandeur, de sa sagesse et de 


sa puissance qui éclate dans ses ou- 
vrages. 


1. De David lui-même s. 
Bénis, mon àme, le Seigneur : 
Seigneur mon Dieu, votre magni- 


ficence a paru avec un grand 
éclat. 


99. Dans ce verset, nous avons cru devoir nous conformer à la ponctuation du 
texte hébreu et des Septante, parce qu'elle présente un sens plus conforme au con- 
texte que celle de la Vulgate. 


a * Ce psaume contient, des œuvres du Créateur, une magnifique description qui 
rappelle le premier chapitre de la Genése, et une exhortation à louer l'auteur de ces 
merveilles. — « Qu'il nous soit permis d'indiquer dans les hymnes que [renferme] le 
livre des Psaumes, une de celles que nous regardons comme les modéles parfaits de 
ces sortes de compositions : c'est le Ps. cir, que l'on pourrait appeler l'hymne de la 
eréation. Qu'on le lise; qu'on lise ensuite tout ce qui a été écrit de plus estimé sur 
cette matiére si souvent traitée, en prose et en vers, depuis Hésiode jusqu'à Ovide, 
depuis Cicéron et Pline jusqu'à Buffon, et nous ne craignons pas qu'on puisse ensuite 
en citer qui soit du ton et de la hauteur de ce psaume. » (GATIEN ARNOULT.) -- Les 
tableaux répandus dans la Bible, dit Chàteaubriand, peuvent servir à prouver dou- 
blement que la poésie descriptive est née, parmi nous, du Christianisme. Job, les 
Prophétes, l'Ecclésiaste, et surtout les Psaumes, sont remplis de descriptions ma- 
gnifiques. Le ps. Benedic, anima mea, est un chef-d'œuvre dans ce genre... Horace 
et Pindare sont restés bien loin de cette poésie. » — « On peut dire, écrit Alexandre 
de Humboldt, que le 1035 psaume est à lui seul une esquisse du monde. « Le Sei- 
» gneur, revétu de lumiére, a étendu le ciel comme un tapis. Il a fondé la terre sur 
» sa propre solidité, en sorte qu'elle ne vacillât pas dans toute la durée des siècles. 
» Les eaux coulent du haut des montagnes dans les vallons, aux lieux qui leur ont 
» été assignés, alin que jamais elles ne passent les bornes prescrites, mais qu'elles 
» abreuvent tous les animaux des champs. Les oiseaux du ciel chantent sous le 
» feuillage. Les arbres de l'Eternel, les cèdres, que Dieu lui-même a plantés, se 
» dressent pleins de sève. Les oiseaux y font leur nid, et l'autour bâtit son habita- 
» tion sur les sapins. » Dans le même psaume est décrite la mer « où s’agite la vie 
» d'êtres sans nombre. Là passent les vaisseaux etse meuvent les monstres que tu as 
» créés, ὃ Dieu, pour qu'ils s'y jouent librement. » L'ensemencement des champs, la 
culture de la vigne qui réjouit le cœur de l'homme, celle de l'olivier, y ont aussi 
trouvé place. Les corps célestes complètent ce tableau de la nature. « Le Seigneur a 
» créé la lune pour mesurer le temps, et le soleil connait le terme de sa course. Il 
» fait nuit :les animaux se répandent sur la terre, les lionceaux rugissent aprés leur 
» proie et demandent leur nourriture à Dieu. Le soleil parait : ils se rassemblent et se 
» réfugient dans leurs cavernes, tandis que l'homme se rend à son travail et fait sa 
» journée jusqu'au soir. » On est surpris, dans un poème lyrique aussi court, de voir 
le monde entier, la terre et 16 ciel, peints en si grands traits : à la vie confuse des 
éléments est opposée l'existence calme et laborieuse de l'homme, depuis le lever du 
soleil jusqu'au moment oü le soir met fin à ses travaux. Ce contraste, ces vues géné- 
rales sur l'action réciproque des phénoménes, ce retour à la puissance invisible et 
présente qui peut rajeunir la terre ou la réduire en poudre, tout est empreint d'un 
caractére sublime. » 

1-4. * Eloge de l’œuvre du premier et du second jours de la création. 


1940 

Vous avez revétu lalouange et 
l'honneur ; 

2. Couvert de lumiere comme 
d'un vétement ; 

Etendant le ciel comme une 
tente; 

3. Vous qui couvrez d'eaux sa 
partie la plus élevée, 

Qui montez sur un nuage, qui 
marchez sur les ailes des vents ; 

4. Qui faites de vos anges des 
vents, et de vos ministres un feu 
brülant ; 

ὃ. Qui avez fondé la terre sur 
sa base : elle ne sera pas ébranlée 
dans les siecles des siecles. 

6. L'abime, comme un véte- 


ment, l'enveloppe; des eaux 
s'éleveront au-dessus des mon- 
tagnes. 


7. À votre réprimande elles 
senfuiront; à la voix de votre 
tonnerre, elles seront saisies 
d'une forte crainte. 

8. Des montagnes s'élèvent, 
et des champs s'abaissent dans 


Ps. CIII. 4. Hébr., r, 7. 


LES PSAUMES. 


(Ps. cur.] 


le lieu que vous leur avez fixé. 

9. C'est vous qui avez posé aux 
eaur un terme qu'elles ne dé- 
passeront pas; et elles ne revien- 
dront pas couvrir la terre. 

10. Vous lâchez des fontaines 
dans les vallons : au milieu des 
montagnes traverseront les eaux. 

11. Toutes les bétes de la cam- 
pagne s'abreuveront; les ona- 
gres soupireront apres elles dans 
leur soif. 

19. Au-dessus les oiseaux duciel 
habiteront: du milieu des rochers 
ils feront entendre /eurs voix. 

13. Vous arrosez les monta- 
gnes avec les eaux supérieures 
du ciel : du fruit de vos ouvrages 
la terre sera rassasiée ; 

14. Vous produisez du foin pour 
les bêtes, et de l'herbe à l'usage 
des hommes, 

Afin que vous fassiez sortir du 
pain de la terre, 

15. Et que le vin réjouisse le 
cœur de l'homme : 


1. Louange; c'est ici le vrai sens du mot confessionem de la Vulgate, ainsi que du 
terme correspondant des Septante : l'hébreu porte majesté. 

2. Couvert de lumiere. Voy. 1 Timoth., vi, 16. — Tente; littér. peau. Chez les Hé- 
breux, la tente ne se composait, dans l'origine, que de peaux de bétes que l'on éten- 
dait sur des perches fortement fixées en terre, pour que la tente püt résister à la 


violence du vent. 


3. Sa partie; c'est-à-dire la partie du ciel, exprimée dans le vers. précédent. Le 
Psalmiste fait ici allusion à ce qui est dit, Genèse, 1, 1. 
4. Qui failes, etc.; qui donnez à vos anges la rapidité des vents et à vos ministres 


l'ardeur des flammes. 
5-9. * Formation de la terre. 


6. * L'abime, la mer. Description de l'état de la terre avant que les eaux et l'aride 


ou la terre ferme fussent séparées. 


10-442. Production des sources, des animaux et des plantes. 

11. L'onagre, demeurant dans les déserts les plus reculés, et par conséquent plus 
exposé à souffrir la soif qu'aucun autre animal moins sauvage. 

13. Avec les eaux supérieures du ciel; littér. avec ses eaux supérieures; or le pronom 
ses (suis) se rapporte à ciel, qui est exprimé au verset précédent. Compar. le vers. 3. 

145-18. * Les trois principales productions nourricières (céréales, vin et huile); les 
pluies qui fécondent la terre et les animaux qui habitent les montagnes. 

14. De l'herbe (herbam), Vhébreu signifie /égume, plante nourrissante. 

15. Avec l'huile. Les anciens croyaient que les onctions d'huile faites sur le corps 
étaient presque aussi nécessaires que la nourriture. 


[Ps. cu] 

Afin qu'il égaie son visage avec 
l'huile, et que le pain fortifie le 
cœur de 10 

16. Ils seront abondamment 
nourris, les arbres de la campa- 
gne et les cèdres du Liban qu'il a 
plantés; 

17. Là des passereaux niche- 
ront. 

Le nid du héron est le premier 
de tous; 

18. De hautes montagnes ser- 
vent de retraite aux cerfs ; un ro- 
cher, de refuge aux hérissons. 

19. I1 a fait la lune pour mar- 
quer les temps; le soleil a connu 
son coucher. 

20. Vous avez établi des téne- 
bres, et la nuit a été faite : c'est 
durant la nuit que feront leurs 
courses toutes les bétes de la fo- 
ret. 

21. Les petits des lions rugiront, 
cherchant une proie, et deman- 
dant à Dieu leur páture. 

22. Le soleil s’est levé, et ils se 
sont rassemblés ; et ils se retire- 
ront dans leurs tanières. 

23. Alors l'homme sortira pour 
son ouvrage, et pour son travail 
jusqu'au soir. 


LES PSAUMES. 


1241 


24. Combien magnifiques sont 
vos œuvres, Seigneur! Vous avez 
fait toutes choses avec sagesse : 
la terre est remplie de vos biens. 

95. Cette mer est grande et spa- 
cieuse des deux côtés; là sont 
des reptiles sans nombre ; 

Des animaux petits avec des 
grands; 

26. Là des navires traverse- 
ront. 

Là est ce dragon, que vous avez 
formé pour s'y jouer : 

21. Tous attendent de vous que 
vous leur donniez la nourriture 
au temps voulu. 

28. Vous leur donnant, ils re- 
cueilleront : vous ouvrant votre 
main, tous seront remplis de vos 
biens. 

29. Mais, vous détournant votre 
face, ils seront troublés : vous 
leur óterez le souffle, et ils péri- 
ront et retourneront dans leur 
poussière. 

30. Vous enverrez votre esprit, 
etils seront créés ; et vous renou- 
vellerez la face de la terre. 

31. Soit la gloire du Seigneur à 
jamais célébrée : le Seigneur se 
réjouira dans ses œuvres, 


11. Le nid; littér. la maison. — Et le premier de tous. Le héron niche plus tôt que 
tous les autres oiseaux; et il fait son nid sur les plus hauts arbres. — * L'hébreu 
porte au lieu de : /e nid du héron est le premier de tous, « les cyprès sont la maison 


(ou la demeure) de la cigogne. » 
19-23. * Les astres. 


19. Il a fait la lune, etc. Ce sont, en effet. les différentes phases de la lune qui ont 
fourni aux premiers hommes l'occasion de déterminer les mois et les années. Compar. 


Ecclésiaslique, xvm, 6. 
24-26. * Les habitants des mers. 


25. Des deux cólés; c'est-à-dire par sa longueur et sa largeur. Le terme hébreu que 
la Vulgate a rendu par mains (manibus) signifie aussi côtés; et comme il est ici au 
duel, il ne peut avoir d'autre sens que celui que nous lui avons donné dans notre 
traduction. — Reptiles ; c'est-à-dire poissons. Compar. Genèse, 1, 20. 

26. * Ce dragon, en hébreu, Léviathan, mot qui désigne ordinairement le crocodile, 


mais qui signifie ici un grand cétacé. 


21-30. * Dieu donne la nourriture et la vie. 
31-352, * Gloire à Dieu pour toutes ses merveilles. 


1242 


32. Lui qui regarde la terre et 
la fait trembler; qui touche les 
montagnes, et elles fument. 

33. Je chanterai le Seigneur 
pendant ma vie : je jouerai du 
psaltérion en l'honneur de mon 
Dieu, tant que j'existerai. 

34. Qu'agréable lui soit ma pa- 
role : pour moi, je mettrai mes 
délices dans le Seigneur. 

35. Que les pécheurs disparais- 
sent de la terre, ainsi que les 
hommes iniques, en sorte qu'ils 


LES PSAUMES. 


[Ps. cv.] 
quez son nom : annoncez, parmi 
les nations, ses œuvres. 

2. Chantez-le, et jouez du psal- 
térion en son honneur : racontez 
toutes ses merveilles. 

3. Glorifiez-vous en son nom 
saint : qu'il se réjouisse, le cœur 
de ceux qui cherchent le Sei- 
gneur. 

4. Cherchez e Seigneur et soyez 
fortifiés : cherchez sa face sans 
cesse. 

5. Souvenez-vous de ses mer- 


ne soient plus : bénis, mon àme, 


veilles qu'il a faites; de ses pro- 
le Seigneur. 


diges, et des jugements de sa 
bouche, 

6. Postérité d'Abraham, ses ser- 
viteurs, enfants de Jacob, ses 
élus. 

7. Lui-méme est le Seigneur 
notre Dieu : sur toute la terre 
s'exercent ses jugements. 

8. Il s'est toujours souvenu de 
son alliance; de la parole qu'il a 
prescrite pour mille générations, 
83. Infra, cxrv, 2. — Ps. CIV. 1. I Par., xvi, 8; Isaie, xir, 4. 


PSAUME CIV 
(HÉnBn., CV). 

Ce psaume contient des actions de gráces 
pour tous les bienfaits du Seigneur en- 
vers son peuple, et le récit de ses bien- 
faits depuis la vocation d'Abraham jus- 


quàl'entrée des Hébreux dans la terre 
promise. 


Alleluia. 
1. Louez le Seigneur, et invo- 


32. Qui touche les montagnes, etc. Compar. Exode, xix, 18. 
35. * Bénis, mon âme, le Seigneur. Ces paroles sont la répétition du refrain initial. 
vers. 1. 


1. * Ce psaume, composé par David. fut chanté à la féte de la translation de l'arche 
à Jérusalem, I Par., xvi, 7. Ce chapitre des Paralipomènes reproduit les quinze pre- 
miers versets, I Par., xvi, 8-22; il les fait suivre sans interruption du Ps. xcvr, 1, et 
cvi, 41-48. Le Ps. crv résume l'histoire d'Israél et fait ressortir la Providence de Dieu 
sur son peuple. Cf. Ps. Lxxvir et cv. — La versification est régulière, mais ce psaume 
est sans grande élévation poétique. 

4. Et soyez fortifiés; hébraisme, pour ef vous serez fortifiés. 

5. Prodiges et jugements sont des compléments du verbe souvenez-vous. quoiqu'ila 
ne soient pas au génitif, comme ils y sont dans le passage parallèle (I Paralip., xvt, 
12), parce que, comme nous l'avons déjà fait observer, dans la Vulgate, les cas se 
mettent l'un pour l'autre, sans égard pour la concordance latine. La méme anomalie 
se trouve ici dans les Septante. — Les jugements de sa bouche; c'est-à-dire exécutés 
par ses ordres, ou prédits auparavant. Compar. Genèse, xv, 14; Exod., ur, 20. 

6. Ses servileurs; c'est-à-dire les serviteurs du Seigneur. Ainsi portent les Sep- 
tante, en entendant par servileurs les descendants d'Abraham ; l'hébreu lit son servi- 
leur, en faisant de ce mot un qualificatif d'Abraham. Dans le passage parallèle 
(I Paralip., xvr, 13), les Septante mettent ses enfants (les enfants du Seigneur), mais 
l'hébreu met, son serviteur. — Ses élus; c'est-à-dire les élus du Seigneur, selon l'hébreu 
et les Septante, ici et dans l'endroit parallèle des Paralipomènes. Quant à la Vulgate, 
elle est partout amphibologique, les mots servi et electi pouvant étre au génitif sin- 
gulier aussi bien qu'au nominatif vocatif pluriel. 


[ps. civ.] 


9. Qu'il à donnée à Abraham ; 
de son serment à Isaac ; 

10. Et ila établi ce serment avec 
Jacob en précepte, et avec Israél 
en alliance éternelle, 

11. Disant : Je te donnerai la 
terre de Chanaan pour cordeau de 
votre héritage. 

19. Lorsqu'ils étaient un petit 
nombre, tres peu nombreux, et 
étrangers dans celte terre; 

13. Et ils passerent de nation 
en nation, et d'un pri à un 
autre peuple; 

14. Il ne permit pas qu'aucun 
homme leur fit du mal, il châtia 
méme les rois à cause d'eux. 

15. Netouchez pasàmes oints, et 
ne maltraitez pas mes prophètes. 

16. Et il appela la famine sur la 
terre, et il brisa tout soutien de 
pain. 

Il envoya devant eux un 
homme : Joseph qui fut vendu 
comme esclave. 

18. On humilia ses pieds dans 
des entraves; un fer transperca 
son áme, 


9. Genése, xxir, 16. — 15. II Rois, r, 14; I Par., 


LES PSAUMES. 


1243 


19. Jusqu'à ce que s'accomplit 
sa parole. 

La parole du Seigneur len- 
flamma; 

20. Le roi envoya et le délia : 
le prince des peuples envoya, et 
le mit en liberté. 

91. Il l'établit maitre de sa mai- 
son, et prince de toutes ses pos- 
sessions; 

22. Afin qu'il instruisit ses 
princes comme lui-méme, et qu'il 
enseignát la sagesse à ses vieil- 
lards. 

93. Et Israël entra en Egypte, 
et Jacob habita comme étranger 
dans la terre de Cham. 

94. Et Dieu y multiplia son 
peuple prodigieusement, et le 
rendit plus puissant que ses en- 
nemis. 

25. Il changea leur cœur, afin 
qu ilshaissent son peuple, et qu'ils 
employassent 18 fraude contre ses 
serviteurs. 

26. 1 envoya Moïse son ser- 
viteur, et Aaron quil choisit 
aussi. 


ΧΥ͂Ι, 22. — 17. Genése, xxxvir, 36. — 


18. Genèse, xxxix, 20. — 20. Genèse, xut, 14. — 23. Genèse, xLvi, 6. — 24. Exode, 1, 7; 


Actes, vir, 17. — 26. Exode, rni, 10; rv, 29. 


9. * Pour l'explication des allusions historiques contenues dans ce psaume, voir les 
passages auxquels renvoient les notes indiquant les références du texte sacré. 


11. Pour cordeau. Voy. Ps. vxxvu, 54. 


16. Il brisa, etc. Briser le soutien ou le báton du pain, signifiait chez les Hébreux 


óter tout moyen de subsistance. Voy., 


sur cette locution, Lévii., 


XXVI, 26. 


18. Un fer, etc. Compar. Luc, u, 35. — Vint; s'accomplit. — Sa parole, la prédic- 


tion qu'il avait faite à l'échanson et au panetier de Pharaon (Genèse, xr, 


22-23). Cette 


prédiction, en faisant connaitre Joseph pour vrai prophète, fut la cause de sa mise 


en liberté et de son élévation. 


19. La parole du Seigneur l'enflamma ; il reçut alors l'esprit de prophétie. La parole 
de Dieu est souvent comparée dans l'Ecriture à un feu ardent. 
22. Ses princes, ses vieillards; c'est-à-dire les princes et les anciens ou sages de sa 


cour, ses conseillers. 


23. La terre de Cham; c'est l'Egypte, ainsi nommée, parce que Cham, fils de Noé, 
y demeura, et que Mesraim, second fils de Cham, la peupla. — * Un des noms donnés 
par les anciens Egyptiens à leur pays est Chemi. 

25. Il changea, etc. Voy. pour 16 vrai sens de ce verset, Exode, 1v, 21, 


1244 


27. Il leur donna l’ordre de 
faire des signes et des prodiges 
dans la terre de Cham. 

28. Il envoya des ténèbres, et 
répandit l'obscurité ; et il ne ré- 
tracta pas ses paroles. 

29. ll changea leurs eaux en 
sang, et fit mourir leurs poissons. 

30. Leur terre produisit des gre- 
nouilles, qui pénétrérent dans les 
appartements de leurs rois. 

31. Il dit, etil vint des myriades 
de mouches, et des moucherons 
dans tout leur pays. 

32. Il changea leurs pluies en 
gréle, et e2voya un feu qui brülait 
dans leur terre. 

33. Et il frappa leurs vignes et 


LÉS PSAUMES. 


[Ps. ctv.] 


leurs figuiers, et brisa les ar- 
bres de leur pays. 

34. Il dit, et vint la sauterelle, et 
la chenille qui était sans nombre; 

35. Etelle mangea toute l'herbe 
dans leur terre, et elle mangea 
tout le fruit de leur terre. 

36. Et il frappa tout premier- 
né dans leur terre, et les pré- 
mices de tout leur travail. 

31. Et il les fit sortir avec de l'or 
et de l'argent : et il n'y avait pas 
dans leurs tribus un seu/ malade. 

38. L'Egypte se réjouit à leur 
départ, parce que la crainte 
qu'elle avait d'eux fondit sur elle. 

39. Il étendit une nuée pour 
les couvrir, et un feu pour 


27. Exode, vir, 10. — 28. Exode, x, 21. — 29. Exode, vr, 20. — 30. Exode, vri, 6. 
— 31, Exode, vir, 16, 24, — 34. Exode, x, 12. — 36, Exode, xii, 29. — 37. Exode, 
ΧΙ, 90, — 99, Exode, xiu, 21; Ps. Lxxvir, 14; I Cor., x, 1. à 


91. L'ordre. Le terme hébreu rendu dans la Vulgate par paroles, et dans les Sep- 
tante par discours, signifie souvent commandement, ordre. — Signes; c'est-à-dire mi- 
racles. Le grec répéte le pronom ses devant le mot prodiges. — La terre de Cham. 
Voy. le vers. 23. 

98. Et il ne rétracta pas; littér. à n'irrita pas, il n'aigrit pas. Le sens le plus simple 
et le plus naturel de cette seconde partie du verset, tel qu'il se lit dans la Vulgate, 
est, selon nous, que Dieu accomplit exactement tout ce qu'il avait dit à Moise au 
sujet des plaies dont il devait frapper Pharaon et l'Egypte. 

31. * IL vint des myriades de mouches et des moucherons. Parmi ces insectes, il faut 
ranger surtout les moustiques. Ceux-là seuls qui ont habité l'Orient, l'Egypte et la 
Palestine peuvent se faire une idée de cette plaie. Un médecin en fait la description 
suivante : « Le moustique est un animal bien petit, mais bien rusé et bien avide de 
votre sang... Il bourdonne et vous pique; il vous enfonce son aiguillon, et s'il y a 
plusieurs moustiques à la fois qui vous perforent, vous étes en feu et votre corps 
est criblé de milliers de boutons, sièges brülants de démangeaisons intolérables... 
Les moustiques sont des insectes plus dangereux et plus répandus qu'on ne le croit 
généralement. Le chancelier du consul général de France à Jérusalem, qui avait 
résidé à Zanzibar, nous a dit qu'une des régions de cette cóte torride est absolument 
inhabitable par le fait des moustiques; les ouvriers, pour travailler, sont obligés 
d'avoir tout le corps enduit d'une épaisse couche de mortier, qu'ils doivent renou- 
veler plusieurs fois par jour; quant aux chevaux, ánes et mulets, ils endurent de 
telles souffrances, qu'ils en perdent l'appétit et le sommeil; ils ne peuvent ni manger 
ni dormir, ils maigrissent et meurent de consomption, au bout d'un mois de séjour 
sur cette côte inhospitalière. » E. Guisour, Jérusalem, Le Caire, Damas, 1889, p. 186. 

34-35. Qui était sans nombre... Elle mangea. Ces verbes qui, étant au singulier, ne 
concordent grammaticalement qu'avec le dernier substantif chenille, ont cependant 
aussi pour sujet le nom précédent saulerelle. Ce genre de construction n'est pas 
étranger au style de la Bible. 

31. Il les fit sortir. Le pronom /es tient la place du mot Hébreuz ou Israélites, dé- 
signés au vers. 24-25 sous le nom de son peuple. — Avec de l'or et de l'argent. Com- 
par. 22000, xi, 2; xit, 35-36. 


(Ps. cv.] 


les éciairer pendant la nuit. 

40. Ils demandèrent, et la caille 
vint; et du pain du ciel il les ras- 
sasia. 

41. Il fendit un rocher, et des 
eaux coulerent : et dans un lieu 
sec se répandirent des fleuves; 

42. Parce qu'il se souvint de sa 
parole sainte qu'il a donnée à 
Abraham, son serviteur. 

43. Et il fit sortir son peuple 
dans l'exultation, et ses élus dans 
l'allégresse. 

44. ἘΠῚ leur donna les contrées 
des nations, et ils possédèrentles 
travaux des peuples; 

45. Afin qu'ils gardent ses or- 
donnances, et qu'ils recherchent 
sa loi. 

PSAUME CV 
(Hésr., CVI). 


Le Psalmiste fait voir la patience avec 
laquelle Dieu ἃ souffert les infidélités 
de son peuple et les divers chátiments 
dont il s'est servi pour le ramener à lui. 


Alleluia. 
1. Louezle Seigneur, parce qu'il 


LES PSAUMES. 


1245 
est bon, parce que pour jamais 
est sa miséricorde. 

2. Qui dira les puissances du 
Seigneur, et fera entendre toutes 
ses louanges? 

3. Bienheureux ceux qui gar- 
dent l'équité, et qui pratiquent la 
justice en tout temps. 

4. Souvenez-vous de nous, Sei- 
gneur, dans votre bienveillance 
pour votre peuple; visitez-nous 
pour nous sauver ; 

9. Pour que nous voyions avec 
joie les biens de vos élus, que 
nous ncus réjouissions dans la 
jole de votre nation, afin que 
vous soyez loué avec votre héri- 
tage. 

6. Nous avons péché avec nos 
peres; nous avons injustement 
agi, nous avons commis lini- 
quité. 

7. Nos pères en Egypte ne 
comprirent point vos merveilles, 
ils ne se souvinrent pas de la 
grandeur de votre miséricorde. 

Et ils vous irriterent, lorsqu'ils 


40. Exode, xvi, 13. — 41. Nomb., xx, 11. — 42. Genèse, xvir, 7. — Ps. CV. 1. Judith, 
xn, 21. — 2. Ecclésiastique, ,זז זא‎ 35. — 6. Judith, vir, 19. 


—————————————— 


1-48. * Abrégé de l'histoire du peuple de Dieu dans le désert du Sinai. — Ce psaume 
commence la série de ceux qui portent en tête le mot alleluia en hébreu. Dans la 
Vulgate, on lit déjà ce mot (allelou-yah, louez Yah ou Jéhovah), Ps. civ, 4, où il est 
bien placé, puisque ce dernier psaume est aussi consacré à louer Dieu et que le 
Ps. cv ne fait que reprendre une partie du résumé historique, exposé dans le précé- 
dent, pour développer les faits qui s'étaient passés à l'époque de l'Exode et pendant 
le séjour de quarante ans dans le désert. Le ton, du reste, n'est pas le méme dans 
les deux chants : c’est celui de la pénitence, Ps. cv; celui de l'hymne, Ps. civ; comme 
c'est celui d'un simple poème didactique, Ps. Lxxvir. — Ce psaume est du temps de 
la captivité, vers. 47, ce qui nous explique pourquoi il demande pardon à Dieu; le 
premier Confitemini, Ps. civ, est de l'époque qui l'a précédée, et le troisième, Ps. cv, 
de celle qui a suivi. La loi du parallélisme est observée dans le Ps. cv, mais on n'y 
voit pas de trace d'une division symétrique par strophes. On peut grouper les pen- 
sées de la manière suivante : introduction, exhortation à louer Dieu, 1-3; prière, 4-6; 
faits historiques, 1-12; 13-23; 24-33; 34-42; 43-46; 4T. Le vers. 48 est la doxologie 
qui marque la fin du IVe livre des Psaumes. — Pour jamais est, etc.; c'est-à-dire 
éternelle est sa miséricorde. 

9. Avec joie. Ces mots ou autres semblables sont nécessaires pour rendre fidéle- 
ment le sens de la locution hébraïque, voir dans les biens, au lieu de voir les biens, 
Compar. ce que nous avons dit, sur ce genre de construction, pag. 342, 20, 


1946 
montaient vers la mer, la mer 
Rouge. 

8. Mais il les sauva à cause de 
son nom, afin de faire connaitre 
sa puissance. 

9. IL réprimanda la mer Rouge, 
et elle fut desséchée, et il les con- 
duisit dans des abimes, comme 
dans un désert. 

10. Il les sauva de la main de 
ceux qui les haissaient, et il les 
racheta de la main d'un ennemi. 

11. Et l'eau couvrit ceux qui 
les tourmentaient, et il ne resta 
pas un seul d'entre eux. 

12. Alors ils crurent à ses pa- 
roles, et chantèrent ses louanges. 

13. Bientót ils oublierent ses 
œuvres, et n'attendirent pas 
laccomplissement de ses des- 
seins. 

14, Mais ils concurent un désir 
violent dans le désert, et ils ten- 
terent Dieu dans un lieu sans 
eau. 

15. Il leur accorda leur de- 
mande, il leur envoya le rassa- 
siement de leurs âmes. 

16. Et ils irriterent, dans le 
camp, Moise et Aaron, le saintdu 
Seigneur. 

47. La terre s'ouvrit et engloutit 


LES PSAUMES. 


[ps. cv.] 


Dathan ; et elle couvrit la troupe 
d'Abiron. 

18. Un feu s'alluma au milieu 
de leur assemblée : une flamme 
brüla entierement ces pécheurs. 

19. Et ils firent un veau à Horeb, 
et adorèrent une image taillée au 
ciseau. 

20. Ils changerent ainsi leur 
gloire contre la ressemblance 
d'un veau qui mange de l'herbe. 

21. Ils oublierent le Dieu qui 
les avait sauvés, qui avait fait de 
grandes choses en Egypte, 

22. Des choses merveilleuses 
dans laterre de Cham ; des choses 
terribles dans la mer Rouge. 

23. Et il avait dit qu'il les per- 
drait entierement, si Moise son 
élu ne se fût tenu sur la brèche en 
sa présence, 

Afin de détourner sa colère, 
pour qu'il ne les perdit pas en- 
tierement ; 

24. Et ils compterent pour rien 
une terre si désirable; 

Ils ne crurent point à sa pa- 
role, 

95. Mais ils murmurerent dans 
leurs tabernacles; ils n'écou- 
terent point la voix du Seigneur. 

26. Alors il leva sa main sur 


9. Exode, xiv, 21. — 11. Exode, xiv, 27. — 14. Exode, xvi, 2. — 15. Nomb., xi, 31. 
— 17. Nomb., xvi, 32. — 19. Exode, xxxi, 4. — 23. Exode, xxxir, 10. — 26. Nomb., 


xiv, 32. 


9. * Voir pour les faits indiqués dans ce verset et les suivants les passages aux- 
quels renvoient les références du texte sacré. 

12. Alors ils erurent, etc. Voy. Exode, xiv, 31; xv, 1 et suiv. 

13. Bientôt ils oublièrent; littér. et par hébraisme, bientôt ils firent, et ils oublièrent. 

14. Ils congurent un désir violent; littér. dans la Vulgate, l'hébreu et les Septante, 
ils désirérent un désir. Une des manières de donner, en hébreu, plus d'énergie à un 
verbe, c'est d'y joindre un substantif de méme signitication. 

16. Ils irritérent. Voy. Nombr., xvi. — Le saint du Seigneur; son sacrificateur, son 


grand-prétre. 


22. * Dans la terre de Cham. Voir plus haut Ps. civ, 23. 
23. Avant SZ Moise, il faut, pour compléter le sens, ajouter les mots sous-entendus : 
Et il l'aurait fait; genre d'ellipse qui n'est pas rare dans l'Ecriture. 


[Ρ8. cv.] 
eux, afin de les terrasser dans le 
désert, 

97. Et afin d'abaisser leur race 
au milieu des nations, pour les 
disperser dans diverses contrées. 

28. Ils se consacrèrent à Béel- 
phégor, et ils mangerent des sa- 
crifices des morts. 

29. [ls irrilérentle Seigneur par 
leurs inventions, et la ruine se 
multiplia parmi eux. 

30. Mais Phinéès se présenta et 
apaisa /e Seigneur, et le désastre 
cessa. 

31. Et ce lui fut imputé à jus- 
tice, dans toutes les générations 
à jamais. 

32. Ils irriterent encore le Sei- 
gneur aux eaux de contradic- 
tion, et Moïse fut puni à cause 
d'eux, 

33. Parce qu'ils contristeren 
son esprit, 

Et que la défiance fut sur ses 
lèvres; 

34. Ils ne détruisirent point les 
nations que Dieu leur avait dé- 
signées. 

35. Mais ils se mélerent parmi 
les nations, ils apprirent leurs 
œuvres; 

36. Et ils servirentleurs images 
taillées au ciseau, et ce devint 
pour eux une occasion de scan- 
dale. 


LES PSAUMES. 


1247 

31. Ils immolèrent leurs fils-et 
leurs filles au démon. 

38. Ils répandirent un sang 
innocent, le sang de leurs fils et 
de leurs filles qu'ils sacrifierent 
aux images taillées au ciseau de 
Chanaan. 

Et la terre fut infectée de 
sang, 

39. Et elle fut souillée parleurs 
ceuvres : et ils forniquerent avec 
leurs inventions. 

40. Aussi le Seigneur fut irrité 
de fureur contre son peuple, et 
il eut en abomination son héri- 
tage. 

44. Etil les livra entre les mains 
des nations, et ceux qui les haïs- 
saient les dominèrent. 

42. Et leurs ennemis les tour- 
mentèrent, et ils furent humiliés 
. ous leurs mains; 

43. Souvent il les délivra. 

Mais eux l'aigrirent par leurs 
sentiments, etils furent humiliés 
à cause de leurs iniquités. 

44. Et il vit qu'ils étaient tour- 
mentés, et il écouta leur prière. 

45. Π se souvint de son alliance, 
et ilse repentit selon la grandeur 
de sa miséricorde. 

46. ll les livra donc à ses misé- 
ricordes, en présence de tous 
ceux qui les avaient menés en 
captivité. 


30. Nomb., xxv, 7. — 32. Nomb., xx, 10. — 45. Deut., xxx, 1. 


28. * Béelphégor, dieu au culte impur. 


29. Leurs inventions; selon l'hébreu, leurs œuvres. — La ruine; c'est-à-dire la mort. 

38. De sang; littér. de sangs. Voy. Ps. v, 1. — Ils forniquérent avec leurs inven- 
lions; ils adorérent des idoles qui étaient leur propre ouvrage. L'Ecriture désigne 
ordinairement l'idolâtrie sous le nom de fornication. 

45. Il se repentit; expression purement métaphorique employée par les écrivains 
sacrés, afin de s'accommoder et de se proportionner à la faiblesse de notre intel- 


ligence. 


46. IL les livra, etc.; il fut d'une grande miséricorde à leur égard; ou bien, selon 
d'autres, il les abandonna à la miséricorde de ceux qui les avaient menés en capti- 
vité, il leur fit trouver grâce aux yeux de ceux qui, etc, 


1248 


1.Sauvez-nous, Seigneurnotre 
Dieu, et rassemblez-nous, e£ 06- 
livrez-nous des nations, 

Afin que nous louions votre 
nom saint, et que nous nous glo- 
rifiions dans votre louange. 

48. Béni le Seigneur Dieu d'Is- 
raél d'un siecle jusqu'à un autre 
siècle! et tout le peuple dira : 
Ainsi soit, ainsi soit. 


: PSAUME CVI 
(Hésr., CVII). 

Ce psaume contient des actions de grâces 
à Dieu, de ce qu'il a délivré les hommes 
de différents dangers, tel que l'égare- 
ment dans un désir stérile, une prison, 
une maladie dangereuse, une tempéte 
sur mer. Tout cela convient assez aux 
Juifs, qui, aprés la captivité de Baby- 
lone, durent naturellement remercier 
Dieu de les avoir délivrés de ces mal- 
heurs. 


Alleluia. 


1. Louez le Seigneur, parce 
qu'il est bon, parce que pour ja- 
mais est sa miséricorde. 

2. Qu'ils le disent, ceux qui ont 
été rachetés par leSeigneur, qu'il 
a rachetés de la main d'un en- 


LES PSAUMES. 


(Ps. cvi.] 


nemi, qu'il a rassemblés en 8 
retirant des contrées, 

3. De l'orient et du couchant, 
de l'aquilon et de 18 mer. 

4. Ils ont erré dans la solitude, 
dans un lieu sans eau ; ils n'ont 
pas trouvé de voie vers une cité 
habitée ; 

5. Affamés et altérés, leur âme 
a 06181111 en eux-mêmes. 

6. Ils ont crié vers le Seigneur, 
lorsqu'ils étaient dans la tribula- 
tion, et il les a arrachés à leurs 
nécessilés pressantes. 

7. Et il les a conduits dans une 
voie droite, afin qu'ils allassent 
dans une cité habitable. 

8. Qu'elles louent le Seigneur, 
ses miséricordes et ses mer- 
veilles en faveur des fils des 
hommes. 

9. Parce qu'il a rassasié l'âme 
vide, et qu'il a rassasié de biens 
l'àme affamée; 

10. Geux qui étaient assis dans 
des ténebres et dans l'ombre de 
la mort, enchainés dans lindi- 
gence et les fers ; 

11. Parce qu'ils aigrirent les 


m —M M — M — — ——————————À 


41. Et délivrez-nous. Ces mots se trouvent dans le passage parallèle, I Paralip., 
xvi, 35; et le complément des nations, qui suit immédiatement, le suppose sous- 
entendu. Voy. ce qui est dit sur ce genre de construction, pag. 342, 20. 


1-43. * Le Psalmiste, aprés une exhortation à louer Dieu, 1-3, a peint en six tableaux, 
d'une grande beauté, la manière dont Dieu punit le pécheur et le ramène à lui. 
1» Dieu nourrit ceux qui ont faim, 4-9; 2» il délivre les captifs, 10-16; 3e il guérit 
les malades, 17-22; 40 il sauve les naufragés, 23-32; 59 il nourrit tous les hommes, 
33-38; 69 il protège les faibles, 39-42. Le vers. 43 forme la conclusion. Double refrain, 
dont l'un est inséré dans le corps méme de la strophe, vers. 6, 13, 19, 28, et vers. 8, 
15, 21 et 31. — Ce psaume est un cantique d'actions de grâces, probablement com- 
posé pour la célébration de la féte des Tabernacles, aprés le retour de la captivité, 
I Esd., nt, 4-5. — Pour jamais, etc. Voy. Ps. cv, 1. 

3. De la mer, du midi, de l'Océan ou de la mer Rouge, qui est au midi de la Pa- 
lestine. 

1. Habitable; c'est-à-dire pour y habiter; littér. et par hébraisme, d'habitation. 

10. Ceux qui étaient assis (sedentes), et enchainés (vinclos), étant à l'accusatif dans 
les Septante aussi bien que dans la Vulgate, ne peuvent étre que les compléments 
de il a rassasié (satiavit) du vers. précédent. 

41. Ils aigrirent, etc.; ils aigrirent Dieu, en violant ses préceptes et provoquérent 
la colére du Trés-Haut, en méprisant son conseil, sa volonté. 


{es. cv1.] 
paroles de Dieu, et qu'ils irri- 
terent le conseil du Très-Haut. 

19. Aussi leur cœur a été hu- 
milié dans les travaux, ils ont été 
affaiblis, et il n'y eut personne 
qui les secourüt. 

13. Ilsontcrié versle Seigneur, 
lorsqu'ils étaient dans la tribula- 
tion, et il les a délivrés de leurs 
nécessités pressantes. 

14. Et il les a tirés des ténèbres 
et de l’ombre de la mort, et il a 
rompu leurs liens. 

15. Qu'elles louent le Seigneur, 
sesmiséricordes et ses merveilles 
en faveur des fils des hommes. 

16. Parce qu'il a brisé des portes 
d’airain, et rompu des verroux 
de fer. 

47. Il les a recueillis ez Les 
tirant de la voie deleuriniquité; 
car à cause de leurs injuslices, 
ils avaient été humiliés. 

18. Leur àme avait eu horreur 
de toute nourriture; aussi ils 
approcherent jusqu'aux portes de 
la mort. 

19. Ils ont crié vers le Seigneur, 
lorsqu'ils étaient dans la tribula- 
tion, et il les a délivrés de leurs 
nécessités pressantes. 

20. Il a envoyé sa parole, et il 
les a guéris, et il les a arrachés à 
leur destruction. 

21. Qu'elles louent le Seigneur, 
sesmiséricordeset ses merveilles 
en faveur des fils des hommes; 

22. Qu'ils sacrifient un sacrifice 
de louange, et qu'ils annoncent 
ses œuvres dans l'exultation. 


LES PSAUMES. 


1249 

93. Ceux qui descendent sur la 
mer dans des navires, et qui 
font 18 manœuvre sur les grandes 
eaux. 

24. Ceux-là méme ont vu les 
ceuvres du Seigneur, et ses mer- 
veilles dans le profond de /a- 
bime. 

25. Il a dit, et un vent de tem- 
pête s'est levé, et les flots de la 
mer se sont soulevés. 

20. [15 montentjusqu'auxcieux, 
et ils descendent jusqu'aux abi- 
mes ; leur âme dans les maux se 
consumait. 

27. Ils ont été troublés, ils ont 
chancelé comme un homme ivre, 
et toute leur sagesse a été ab- 
sorbée. 

28. Ils ont crié versle Seigneur, 
lorsqu'ils étaient dans la tribula- 
tion, et il les a délivrés de leurs 
nécessités pressantes. 

29. Il a changé 18 tempête en 
une brise légere, et les flots de 
la mer se sont tenus en silence. 

90. Et ils se sont réjouis de ce 
que /es flots setenaienten silence, 
etil lesaconduits au port de leur 
désir. 

31. Qu'elleslouent le Seigneur, 
ses miséricordeset ses merveilles 
en faveur des fils des hommes. 

32. Et qu'on l'exalte dans l'as- 
semblée du peuple, et que dans 
la chaire des anciens, on le loue. 

33. Π a changé des fleuves en 
désert, et des cours d'eau en un 
sol aride, 

34. Une terre fertile en un 


33. * Ceuz qui descendent sur la mer. Idiotisme hébreu: la mer est plus basse que 
je rivage et l'on y descend, mais on est sur la mer, parce que le vaisseau flolte à sa 
surface. — La manœuvre. Plusieurs traduisent : négoce, commerce, parce que c'était 


le but de la navigation des Phéniciens. 


32. Duns la chaire, etc.; dans le lieu où siègent les juges et les magistrats qui 
étaient tous des anciens, c'est-à-dire des vieillards. 


AST, 


79 


4250 
champ de sel, à cause de la ma- 
lice de ceux qui y habitaient. 

35. Mais ensuite il a changé un 
désert en un étang plein d'eau, 
etune terre sans eau en des cours 
d'eaux. 

36. Il a placé 18 ceux qui étaient 
affamés, et ils ont élevé une cité 
habitable. 

37. Ils ont ensemencé des 
champs, et ont planté des vignes: 
et elles ont fait naître du fruit. 

38. Et il les a bénis, ils se sont 
multipliés, et il n'a pas diminué 
leurs bestiaux. 

39. Mais ils sont devenus en 
petit nombre, et tourmentés par 
la tribulation des maux et par la 
douleur. 

40. Le mépris s'est répandu sur 
leurs princes, et le Seigneur les 
a fait errer dans un lieu sans 
chemin frayé, et non dans une 
voie. 

41. Et il a aidé le pauvre en le 
délivrant de son indigence, et il 
a fait ses familles nombreuses 
comme des brebis. 

42. Les justes verront et se ré- 
jouiront, et toute iniquité fermera 
sa bouche. 

43. Qui est sage et gardera ces 
choses, et comprendra les misé- 
ricordes du Seigneur? 


Ps. CVI. 42. Job, xxr, 19. 


LES PSAUMES. 


(Ps. cvir.j 


PSAUME CVII 
(Hésr., CVIII). 

Le Psalmiste s'excite lui-méme à louer le 
Seigneur; il le conjure de délivrer son 
peuple de l'oppression; il se promet de 
rentrer bientót dans les limites de ses 
anciennes possessions. Les Péres ex- 
pliquent ce psaume de la venue ou de 
la Rédemption de Jésus-Christ, et de 
la vocation des Gentils. 


1. Cantique de psaume, de David lui- 
même. 

2. Mon cœur est prêt, 6 Dieu, 
mon cœur est prêt, je chanterai, 
je jouerai du psaltérion au milieu 
de ma gloire. 

3. Lève-toi, ὃ ma gloire, lève- 
toi, psaltérion, et foi, harpe : je 
me lèverai au point du jour. 

4. Je vous louerai parmi les 
peuples, Seigneur, et je dirai un 
psaume en votre honneur parmi 
les nalions. 

9. Parce que votre miséricorde 
est grande au-dessus des cieux, 
et que votre vérité s'élève jus- 
qu'aux nues. 

6. Soyez exalté au-dessus des 
cieux, ὃ Dieu, et que sur toute la 
terre éclate votre gloire, 

7. Afin que vos bien-aimés 
soient délivrés. 

Sauvez-moi par votre droite, et 
exaucez-moi ; 


36. Habitable. Voy. le vers. 1. 


31. Et elles ont fait, etc.; littér. e£ elles ont fait du fruit de naissance. 
40. Leurs; se lit dans les Septante, mais l'hébreu porte simplement comme la Vul- 


gate, des princes. 


1. À quelques différences prés, les six premiers versets de ce psaume se trouvent 
dans le Lvie, et les autres dans le rixe. — * Il se compose de deux parties. La pre- 
mière moitié, 2-6, est la reproduction de Lvr, 8-12, et la seconde, 7-14, la reproduction 


de rix, 1-14. Voir ces deux psaumes. 
3. Ma gloire. Voy. Ps. vi, 9. 


4. Je dirai un psaume en votre honneur. C'est certainement le sens du latin psallam 
tibi, puisque dans l'endroit parallèle (Ps. vi, 10), on lit : Psalmum dicam. 


[ps. ἀντι. : 


8. Dieu a parlé dans son sanc- 
tuaire : 

Je tressaillirai d'allégresse, et 
je partagerai Sichem, et je mesu- 
rerai la vallée des tabernacles. 

9. A moi est Galaad, et à moi 
est Manassé; Ephraim est l'ap- 
pui de ma téte. 

Juda est mon roi, 

10. Moab est le vase de mon es- 
pérance. 

Jusque dans l’Idumée j'éten- 
drai mes pas : des étrangers me 
sont devenus amis. 

11. Qui me conduira dans une 
ville fortifiée? qui me conduira 
jusque dans l'Idumée? 

12. Ne sera-ce pas vous, Ô Dieu, 
qui nous avez rejetés ? et ne sor- 
tirez-vous point, ὃ Dieu, à la téte 
de nos armées? 

13. Donnez-nous du secours, 
pour nous tirer de la tribulation, 
parce que vain est le salut de 
l'homme. 

14. En Dieu nous ferons preuve 


LES PSAUMES. 1251 


PSAUME CVIII 
(HÉBn., CIX). 

Le Psalmiste implore le secours du Sei- 
gneur contre ses ennemis, qui l'ou- 
tragent de mille manieres. Les Péres 
ont regardé ce psaume comme une pro- 
phétie du malheur qui devait arriver 
au traitre Judas et aux Juifs meurtriers 
de Jésus-Christ, dont les souffrances 
sont aussi parfaitement représentées 
dans la personne de David. 


1. Pour la fin, psaume de David. 


9. Dieu, ne taisez pas ma lou- 
ange, parce que la bouche d'un 
pécheur et la bouche d'un trom- 
peur est ouverte contre moi. 

3. Ils ont parlé contre moi avec 
une langue trompeuse, et de dis- 
cours de haine ils m'ont envi- 
ronné, et ils m'ont attaqué gra 
tuitement. 

4. Au lieu de m'aimer, ils di- 
saient du mal de moi; mais moi 
je priais. 

9. 118 m'ont rendu des maux 
pour des hiens, et de la haine 


de valeur, et lui-méme réduira 
au néant nos ennemis. 


pour mon amour. 
6. Etablissez sur lui un pécheur, 


8. Dans son sanctuaire. — Je partagerai. Voy. Ps. uix, 8. 

9. Galaad. — Manassé et Ephraim. — Ephraim est l'appui de ma tête. Voy. Ps. vix, 9. 
10. Moab. — Mes pas. — Des étrangers. Voy. Ps. 11x, 10. 

11. Une ville fortifiée. Voy. Ps. 1x, 11. 

13. Pour nous tirer. Voy. Ps. uix, 13. 


1. * Ce psaume, comme le rxvir*, demande à Dieu de chátier sévèrement les enne- 
mis de David, ou de Jésus-Christ dont David est la figure. Celui contre qui s'élève 
icile Psalmiste est sans doute Doég, la figure de Judas Iscariote, Cf. Acé., 1, 20; 
Jean, xvi, 12. — Dans les versets 2-5 et 26-31, l'auteur parle de ses ennemis au plu- 
riel, dans les autres au singulier, parce qu'il appelle les vengeances de Dieu contre 
tous les ennemis de son peuple. en méme temps que contre son ennemi personnel. 
— 2-5 : Mal qu'ont fait au Psalmiste les méchants, en retour de ses bienfaits. — 6-10 : 
Que Dieu donc accable le traitre de maux dans sa famille; — 11-15 : dans sa fortune, 
sa postérité et sa mémoire; — 16-20 : à cause de ses iniquité. — 21-25 : Que le Sei- 
gneur au contraire ait pitié du Psalmiste affigé et malade; — 26-31 : qu'il le délivre 
de ses ennemis, et il recevra ses remerciements. 

6. Sur lui. Ce singulier que le Psalmiste emploie dans ce verset et dans les sui- 
vants, jusqu'au 19* inclusivement, signifie chacun d'eux, c'est-à-dire chacun de ses 
ennemis, qu'il met dans tout le reste du psaume au pluriel. Ce changement de 
nombre, dans des récits semblables, n'est pas sans exemple chez les écrivains sacrés. 
Cependant, selon d'habiles interprétes, David désigne spécialement par ce singulier 


1299 
et que le diable se tienne à sa 
droite. 

7. Lorsqu'on le jugera, qu'il 
sorte condamné, et que sa prière 
même se tourne en péché. 

8. Que ses jours soient réduits 
à un petit nombre, et qu'un autre 
reçoive son épiscopat. 

9. Que ses fils deviennent or- 
phelins, et sa femme, veuve. 

10. Que ses fils ballottés soient 
transférésd'unlieu dansun autre, 
et qu'ils mendient, et qu'ils soient 
chassés de leurs habitations. 

41. Qu'un usurier scrute tout ce 
quil possède, et que des étran- 
gers ravissent /e fruit de ses tra- 
vaux. 

19. Qu'il n'y ait personne qui 
l'assiste, et qu'il n'y ait personne 
qui prenne pitié de ses orphelins. 

13. Que ses enfants soient dé- 
voués à la mort, qu'en une seule 
génération son nom s'efface. 

14. Qu'en mémoire revienne 
liniquité de ses peres, devant le 
Seigneur; et que le péché de sa 
mere ne soit point effacé. 

15. Que ces péchés soient tou- 
jours devant le Seigneur, et que 
leur mémoire périsseentièrement 
de la terre; 


LES PSAUMES. 


. 


(Ps. cvin.] 

16. Parce quil ne s'est point 
souvenu de faire miséricorde. 

11. Et quil ἃ persécuté un 
homme sans ressource, mendiant 
et brisé de douleur. 

18. 1] ἃ aimé la malédiction, et 
elle viendra à lui : iln’a pas voulu 
la bénédiction, et elle s'éloignera 
de lui. 

Il s'est revétu de la malédiction 
comme d'un vétement, et elle est 
entrée comme de l'eau dans ses 
entrailles, et comme de l'huile 
dans ses os. 

19. Qu'elle lui soit comme le 
vétement dont il se couvre, et 
comme la ceinture dont il est tou- 
jours ceint. 

20. Telle est, auprès du Sei- 
eneur, l'œuvre de ceux qui par- 
lent mal de moi, de ceux qui 
blasphèment contre moi. 

91. Et vous, Seigneur, Seigneur, 
agissez avec moi à cause de votre 
nom, parce que douce est votre 
miséricorde. 

Délivrez-moi, 

22. Parce que moi, je suis indi- 
gent et pauvre, et que mon cœur 
s'est troublé au dedans de moi. 

23. Comme l'ombre, lorsqu'elle 
décline, j'ai été enlevé, et j'ai 


le principal de ses adversaires, que les uns prétendent être Doég, l'Iduméen, qui était 
à la cour de Saül (I Rois, xxi, 1), et les autres, Achitophel, le Gilonite, un des con- 
seillers de David, lequel prit part à la conjuration d'Asalom (IL Rois, xv, 12, 31). — 
Quant au malédictions et aux imprécations qui suivent, voy. plus haut nos Observ. 
prélim., pag. 339. 

1. Que sa prière méme, etc.; c'est-à-dire que sa défense même, et les prières qu'il 
pourra adresser à ses juges, ne servent qu'à les irriter davantage contre lui, et ne le 
rendent que plus coupable à leurs yeux, parce qu'elles manqueront des qualités qui 
pourraient les rendre efficaces et méritoires. 

8. * Qu'un autre reçoive son épiscopat. S. Pierre cite ses paroles dans 1065 1, 20, 
et les applique à Judas Iscariote. Le mot grec épiscopat, conservé ici, signifie, comme 
le mot hébreu original, surveillance, charge, fonction. Doég, dont parle le Psalmiste, 
était chargé de la garde des troupeaux de Saül. Il est la figure de Judas, qui trahit 
son maitre, comme Doég trahit David. 

20. Telle est, etc.; telle sera auprès du Seigneur la récompense de ceux qui, etc, 

23. Chassé; liltér. agilé, secoué. 


[ps. cix.] 


été chassé comme les sauterelles. 

94. Mes genoux ont été affaiblis 
par le jeüne, et ma chair a été 
changée à cause de l'huile gw m'a 
manqué. 

95. Je suis devenu un opprobre 
pour eux; ils m'ont vu et ils ont 
secoué la téte. 

96. Aidez-moi, Seigneur mon 
Dieu : sauvez-moi selon votre mi- 
séricorde. 

97. Qu'ils sachent que votre 


LES PSAUMES. 


1253 
leur confusion comme d'un man- 
teau. 

30. Je glorifierai le Seigneur de 
toute la puissance de ma voix, je 
chanterai ses louanges au milieu 
d'une multitude. 

31. Parce qu'il s’est tenu à la 
droite du pauvre, afin de sauver 
mon âme de ceux qui la persécu- 
taient. 


PSAUME CIX 
(H£nn., CX). 


main est là, et que c'est vous, Sei- 
gneur, qui avez fait cela. 

98. Ils me maudiront eux, et 
vous, vous me bénirez : que ceux 
qui s'insurgent contre moi soient 
confondus; mais votre serviteur 
sera dans l'allégresse. 

29. Qu'ils soient revétus de 
honte, ceux qui disent du mal de Le Seigneur a dit à mon Sei- 
moi : quils soient couverts de | gneur : Asseyez-vous à ma droite, 

Ps. CIX. 1. Matt., ,תוא‎ 44; I Cor., xv, 25; Héb., r, 13; x, 13. 


L'histoire ne présente aucun prince à qui 
on puisse faire l'application littérale de 
ce psaume; mais il convient parfaite- 
ment à Jésus-Christ, car on y voit exac- 
tement retracés sa génération éternelle, 
son sacerdoce, selon l'ordre de Melchi- 
sédech, ses souffrances, son règne sur 
toutes les nations, etc. 


1. Psaume de David 5. 


94. A élé changée; desséchée ; c'est-à-dire j'ai beaucoup maigri. — Qui m'a manqué. 
Ces mots sont évidemment sous-entendus; le contexte le démontre. D'un autre cóté, 
la particule hébraique, traduite dans les Septante et dans la Vulgate par ἃ cause, 
signifie entre autres choses, faute de, à défaut de. Comme nous l'avons déjà remar- 
qué, les anciens croyaient que les onctions d'huile faites sur le corps étaient presque 
aussi nécessaires que la nourriture. 

21. Cela (eam). Les Hébreux, n'ayant pas le genre neutre, et le remplacant par le 
féminin, mettent aussi quelquefois le féminin pour le neutre. 


a * Notre-Seigneur s'est appliqué expressément ce psaume, Matth, xxi, 41-46; 
Marc, xir, 35-31; Luc, xx, 41-44. — Le vers. 1 annonce que Jésus-Christ sera élevé à 
la droite du Père, aprés sa victoire décisive sur ses ennemis, Acé., 11, 34 sq.; I Cor., 
xv, 25; Hébr., 1, 13; x, 13. Le vers. 4 prophétise l'abrogation du sacerdoce d'Aaron, 
et son remplacement par le sacerdoce de Jésus-Christ, selon l'ordre de Melchisédech, 
Hébr., v, 6; vn, 17, 21. Le sens des autres versets, qui ne sont pas cités dans le 
Nouveau Testament, n'est pas moins certain. Le vers. 2 prédit que le régne du 
Messie, qui commencera à Jérusalem, s'étendra de là sur toute la terre. Le vers. 3 
nous le montre, quoique d'une maniére obscure, engendré du sein de Dieu. Les ver- 
sets 5 et 6 nous le représentent triomphant, du haut du ciel, de ses ennemis. Enfin, 
le vers. 1 nous fait entrevoir les souffrances par lesquelles il s'est acquis sa gloire. 
— Les versets 1-2, contiennent un oracle de Dieu qui fournit le théme développé 
dansle reste du psaume. Le Seigneur promet au Messie la puissance et la domina- 
tion universelle. Dans les versets 3-4, le Psalmiste lui rappelle son origine et les 
promesses que le Seigneur lui a faites. Dans les versets 5-1, il dépeint le Messie ter- 
rassant ses ennemis, aprés avoir conquis son royaume en buvant de l'eau du torrent, 
c'est-à-dire par ses souffrances. 

1. Mon Seigneur. David n'a pu donner ce titre à aucun simple mortel, paree qu'il 
n'en reconnaissait aucun au-dessus de lui. Ce n'est donc qu'au Messie, c'est-à-dire à 
l'Homme-Dieu qu'il le donne; Jésus-Christ l'a prouvé aux Juifs de son teinps, et saint 


1954 


Jusqu'à ce que je fasse de vos 
ennemis l'escabeau de vos pieds. 

2. Le Seigneur fera sortir de 
Sion la verge de votre puissance; 
dominez au milieu de vos enne- 
mis. 

9. Avec vous est le principe au 


LES PSAUMES. 


[Ps. cx.] 

6. Il exercera ses jugements 
parmi les nations, qu'il rem- 
plira de ruines, il écrasera sur 
la terre les tétes d'un grand 
nombre. 

7. ll boira du torrent dans le 
chemin : c'est pour cela qu'il le- 


jour de votre puissance, dans les | vera la tête. 
splendeurs des saints : c'est de 
mon sein qu'avant que lucifer 
existät je vous ai engendré. 

4. Le Seigneur a juré et il ne 
s'en repentira point : Vous étes 
prétre pour l'éternité, selon l'or- 
dre de Melchisédech. 

9. LeSeigneurest à votre droite: 
ila brisé des rois au jour de sa 
colere. 


PSAUME CX 
(H&sn., CXI). 


Le Psalmiste loue Dieu des merveilles 
qu'il a faites en faveur de son ancien 
peuple. La plupart des Péres regardent 
ce psaume comme une action de gráces 
de Jésus-Christ et de l'Eglise chrétienne, 
pour les faveurs que Dieu a faites à ses 
saints, et en particulier pour l'établis- 
sement de l'Eucharistie et pour la con- 
version des Gentils. 


4. Jean, xit, 34; Hébr., v, 6; vir, 1T. 


Paul fait aussi au Sauveur l'application de ce passage du Psalmiste. Voy. Matth., 
xxm, 42-45; I Corinth., xv, 25; Hébr., 1, 13; x, 13. — Asseyez-vous. etc. Comme Dieu, 
le Sauveur a toujours été à la droite de son Pére; comme homme, il n'a commencé 
à y étre qu'aprés son Ascension. Comme homme, Dieu lui dit de s'asseoir à sa place, 
comme Dieu et Fils de Dieu, égal au Père, il prend place à sa droite : Audit quasi 
homo, sed quasi Filius, dit saint Ambroise. C'est la coutume en Orient que les mo- 
narques fassent asseoir à leur droite ceux à qui ils contient le gouvernement de leur 
empire. — Jusqu'à ce que. Voy. sur le vrai sens de cette expression, Matth., 1, 25. — 
* D'escabeau de vos pieds. Les vainqueurs en Orient, pour humilier les vaincus, les 
foulaient sous leurs pieds et s'en servaient comme d'un escabeau, ainsi qu'on le voit 
sur des bas-reliefs assyriens. 

2. Sion désigne souvent, dans les prophétes, Jérusalem dont l'enceinte renfermait 
trois montagnes ou coteaux, Sion, Acra et Moria. — La verge (virgam) est, selon 
plusieurs Péres, le sceptre de Jésus-Christ, c'est-à-dire sa croix, selon d'autres, la 
parole de son Evangile, qui assujettit les nations à la foi; ou bien, suivant d'autres, 
la sévérité de son juzement, qui briserales méchants avec une verge de fer (Ps. ir, 9). 
L'empire du Sauveur a commencé dans Sion, ou Jérusalem (Isae, n, 3; Michée, 1v, 2; 
Luc, xxiv, 41). 

3. Principe; c'est-à-dire, suivant la plupart des Pères, domination, empire, prin- 
cipauté. — Au jour de volre puissance; c'est-à-dire de toute éternité, puisque la 
génération et le règne de Jésus-Christ, comme Dieu, sont éternels. Cependant saint 
Chrysostome, Théodoret, saint Augustin et saint Athanase entendent par cette 
expression le jour du jugement, auquel Jésus-Christ exercera son empire, sa sévérité 
et sa justice, en paraissant au milieu de ses anges et de ses saints (im splendoribus 
sanctorum). — * Ce passage est trés difficile. Le texte hébreu actuel est aussi trés 
obscur, surtout pour les 3* et 4e vers. On peut le traduire ainsi : 

Ton peuple [t'offre] spontanément [ses dons au jour de ta puissance 
Dans la magnificence du lieu saint; 

Du sein de l'aurore 

[Coule] la rosée de ta jeunesse. 


* 


4. * « Le passage dans lequel le roi célébré ici nous est représenté en même temps 
comme prêtre, fournit une des preuves les plus fortes du caractère messianique de 
ce psaume, כ‎ (KoeniG.) — Le Seigneur a juré et il ne s'en repentira point. > Il n'y aura 


(Ps. cx1.] 
Alleluia *. 
1.16 vous louerai, Seigneur, en 

tout mon cœur; en conseil des 

justes et en assemblée. 

2. Grandes sont les œuvres du 
Seigneur; parfaitement confor- 
mes à toutes ses volontés. 

3. Louange et magnificence esl 
sonouvrage, etsajustice demeure 
dans 168 siecles des siècles. 

4. Il a consacré la mémoire de 
ses merveilles, le Seigneur misé- 
ricordieux et compatissant; 

5. Il a donné une nourriture à 
ceux qui le craignent. 

Il se souviendra à jamais de son 
alliance, 

6. Il annoncera la puissance de 
ses ceuvres à son peuple, 

7. Afin de leur donner l’héri- 
tage des nations : les œuvres de 
ses mains sont vérité et justice. 


LES PSAUMES. 


1255 

8. Tous ses commandements 
sont fideles, confirmés dans les 
siecles des siecles, faits selon 1a 
vérité et l'équité. 

9. Π a envoyé la rédemption à 
son peuple: il a établi pour l'éter- 
nité son alliance. 

Saint et terrible est son nom ; 

10. Le commencement de la sa- 
gesse est lacrainte du Seigneur. 

La bonne intelligence est à tous 
ceux qui agissent conformément 
à cette crainte. Sa louange de- 
meure dans les siècles des siècles. 


PSAUME CXI 
(Hésn., CXII). 


Le Psalmiste décrit le bonheur de celui 
qui craint le Seigneur et qui est fidéle 
à observer sa loi. 


Alleluia, du retour d'Aggée et 'de Za- 
charie à, 


ΞΕ ΖΘ: 


Ps. CX. 10. Prov., 1, 7; 1x, 10; Eccli., r, 16. 


point de changement à cette promesse. » (Bossuer.) — Vous étes prétre pour l'éternité, 
selon l'ordre de Melchisédech.« Vous n'avez ni commencement ni fin : ce n'est point un 
sacerdoce qui vienne de vos ancétres, ni qui doive passer à vos descendants. Votre 
sacerdoce ne passe point en d'autres mains : il y aura sous vous des sacrificateurs et 
des prêtres; mais qui seront vos vicaires, et non point vos successeurs. » (Bossuer.) 


a * Ce psaume et les deux suivants dans l'hébreu, les huit suivants dans la Vulgate, 
commencent par Alleluia. Le Ps. cx et le Ps. οχι se font pendant pour le fond et pour 
la forme. L'un et l'autre sont alphabétiques, et composés de 22 vers, commencant 
chacun par une lettre de 1 alphabet hébreu dans l'original. Le premier loue Dieu des 
bienfaits qu'il a accordés à Israél, à diverses époques de son histoire; le second pro- 
clame le bonheur de celui qui craint Dieu, c'est-à-dire, est fidèle à pratiquer ses 
commandements ; tous les deux affirment la justice divine, qui a toujours le dernier 
mot. La poésie des psaumes cx et cxi ressemble à celle de plusieurs parties des Pro- 
verbes. 

1. En conseil des justes; c'est-à-dire leur société particuliére. — En assemblée; 
dans des réunions publiques. 

2. Parfaitement conformes, etc.; littér. recherchées (exquisita) par le Seigneur pour 
toutes ses volontés. 

3. Louange et magnificence ; hébraisme, pour louable et magnifique; comme au vers. 7, 
vérité et justice pour vraies et justes. 

5. Une nourriture; la manne donnée aux Israélites dans le désert; mais dans le 
sens spirituel, le Verbe fait chair, l'Eucharistie, la parole de Dieu. 

9. La rédemption faite par Moise en faveur des anciens Hébreux, et celle de Cyrus 
en faveur du peuple juif, captif à Babylone, n'étaient que les figures, et comme les 
promesses de la Rédemption de Jésus-Christ en faveur de tout le genre humain. 


5 * Saint Chrysostome regarde ce psaume comme une suite du précédent; il est 
certain qu'il a été composé dans le méme goût et sur le méme dessein. — Voir le 


1256 


1. Bienheureux lhomme qui 
craintle Seigneur, il mettratoutes 
ses volontés dans ses commande- 
ments. 

2. Sa postérité sera puissante 
sur la terre : la génération des 
justes sera bénie. 

3. Gloire et richesses sont dans 
sa maison; et sa justice demeure 
dans les siècles des siècles. 

4. Il s'est élevé dans les ténè- 
bres une lumière pour les hommes 
droits : le Seigneur est miséricor- 
dieux, compatissant et juste. 

5. Agréable est l'homme qui a 
de la pitié et qui prête, il règlera 
ses discours avec jugement ; 

6. Parce qu'il ne sera jamais 
ébranlé. 

1. Lejustejouirad'une mémoire 
éternelle : il ne craindra pas d'en- 
iendre mal parler de lui. Son 
cœur est prêt à espérer dans le 
Seigneur; 

8. Son cœur est affermi, il ne 
sera pas ébranlé, jusqu'à ce qu'il 
méprise ses ennemis. 

9. Il a répandu, donné de ses 
biens aux pauvres : sa justice de- 


Ps. CXII. 3. Malac., 1, 11. 


LES PSAUMES. 


[Ps. cxir.] 


meure dans les siècles des siècles, 
sa corne sera exaltée avec gloire. 

10. Le pécheur verra, et il sera 
irrité : 1] grincera des dents, et 
se consumera; le désir des pé- 
cheurs périra. 


PSAUME CXII 
(H&sR., CXII). 
Le Psalmiste exhorte les serviteurs du 


Seigneur à le louer pour sa grandeur, 
sa puissance et sa bonté. 


Alleluia a. 


1. Louez le Seigneur, enfants, 
louez le nom du Seigneur. 

2. Soitle nom du Seigneur béni, 
des ce moment et jusqu'à jamais. 

3. Dulever du soleil jusqu'à son 
coucher, louable est le nom du 
Seigneur. 

4. Hl est élevé au-dessus de 
toutes les nations, le Seigneur, 
et au-dessus des cieux est sa 
gloire. 

5. Qui est comme le Seigneur 
notre Dieu, qui habite dans les 
lieux les plus élevés, 

6. Et regarde les choses basses 
dans le ciel et sur la terre? 


psaume cx. — Ce psaume sans titre en hébreu, porte dans la Vulgate celui de Refour 
d'Aggée et de Zacharie, ce qui signifie sans doute qu'il fut chanté aprés le retour de 
la captivité, du temps des prophètes 48266 et Zacharie, et par leur conseil. 

1. 14 mettra, etc.; il recherchera avant tout d'accomplir ses commandements. 

8. Jusqu'à ce que. Voy. sur le vrai sens de cette expression Matth., 1, 25. 


a* Ce psaume qui a, pour le fond, des analogies avec 16 cantique d'Anne, 1 fois, n, 
et avec le Magnificat, est un hymne de louange à Dieu. — Il commence 16 Hallel que 
les Juifs récitent aux trois grandes fêtes de l'année, à la fête de la Dédicace et aux 
Néoménies. Les autres Psaumes du Hallel sont cxii-cxvir, et cxxxv, lequel est appelé 
spécialement le grand Hallel. — Le Ps. cxm est trés régulier, il renferme trois 
strophes, 1-3; 4-6; 1-9; et est trés facile à comprendre. La 1re strophe est une invi- 
tation à louer Dieu; la 2e exalte la grandeur du Trés-Haut; la 3e, établissant un 
contraste entre cette élévation et la bonté divine, loue le Seigneur de ce qu'il s'a- 
baisse jusqu'aux petits et aux faibles pour les soutenir et les consoler. 

4. Enfants (pueri); c'est aussi le sens des Septante; mais l'hébreu, le chaldéen, le 
syriaque et les anciens interprétes grecs, Aquila, Symmaque, Théodotion, lisent ser- 
vileurs; et c'est aussi serviteurs que portent la Vulgate et les Septante dans un en- 
droit parallèle, Ps. cxxxiv, 4. 


(Ps. cxur.] 


7. Qui tire de la terre l'homme 
sans ressource, et qui relève du 
fumier le pauvre; 

8. Afin de le placer avec des 
princes, avec les princes de son 
peuple. 

9. Qui fait habiter la femme 
stérile dans une maison où il lui 
donne la joie d'être mère de plu- 


LES PSAUMES. 


1257 


du milieu d'un peuple barbare, 

2. La Judée devint sa sanctifi- 
cation, et Israél son empire. 

3. La mer le vit, et s'enfuit, le 
Jourdain retourna en arriere. 

4. Les montagnes bondirent 
comme des béliers, et les col- 
lines comme des agneaux de 
brebis. 


sieurs enfants. 5. Qu'as-tu, ὃ mer, que tu aies 
fui? et toi, Jourdain, que tu sois 
retourné en arriere? 

6. Montagnes, pourquoi avez- 
vous bondi comme des béliers, et 
vous, collines, comme des 
agneaux de brebis? 

7. La terre a été ébranlée à la 
face du Seigneur, àla face du Dieu 
de Jacob. 

8. Qui convertit la pierre en 
étangs d'eaux, et le rocher en 
fontaines d'eaux. | 


PSAUME CXIII 
(Hésr., CXIV). 


Le Psalmiste représente les merveilles que 
le Seigneur opéra à la sortie d'Egypte, 
au passage de la mer Rouge et du Jour- 
dain, fait ressortir la vanité des idoles, 
et rapporte la bénédiction du Seigneur 
sur Israël. 


Alleluia. 


1. Lorsque qu'Israél sortit de 
l'Egypte, et la maison de Jacob 


Ps. CXIII. 1. Exode, xir, 3. 


1-18. * Psaume historique. Il résume en quelques traits, avec des images fortes et 
hardies, les miracles opérés par le Seigneur pour délivrer son peuple de l'armée du 
Pharaon, qui le poursuivait à la sortie d'Egypte. Les Egyptiens y sont appelés un 
peuple barbare, dans le sens primitif du mot, ancien indien barbaras, analogue à 
balbus, celui qui bégaie, c'est-à-dire, ici, celui qui parle une langue étrangére, qu'on 
ne comprend pas. — La Harpe dit, au sujet de ce psaume : «Si ce n'est pas là de la 
poésie lyrique et du premier ordre, il n'y en eut jamais; et si je voulais donner un 
modèle de la manière dont l'ode doit procéder dans les grands sujets, je n'en choisi- 
rais pas un autre : il n'y en ἃ pas de plus accompli. Le début est un exposé simple, 
rapide et imposant. Le poéte raconte des merveilles inouies comme il raconterait des 
faits ordinaires : pas un accent de surprise ni d'admiration, comme n'y aurait pas 
manqué tout autre poéte. Le Psalmiste ne veut pas parler lui-méme de l'idée qu'il 
faut avoir des merveilles qu'il trace. Il veut que ce soit toute la nature qui rende 
témoignage au Maitre auquel elle obéit. Il l'interroge donc tout de suite, et de quel 
ton! Mer, pourquoi as-tu fui? Jourdain, etc. Je cherche quelque chose de comparable 
à cette brusque et frappante apostrophe, et je ne trouve rien qui en approche. Ilin- 
terpelle la mer, le fleuve, les montagnes, les collines, et avec quelle sublime brié- 
veté! Et dans l'instant vous entendez la mer, le fleuve, les montagnes, les collines 
qni répondent ensemble : Eh! ne voyez-vous pas que la terre s'est émue à la face du 
Seigneur? El comment ne serait-elle pas émue à la face de Celui qui change la pierre 
en fonlaine et la roche en source d'eau vive? Car ce sont là les liaisons supprimées 
dans cette poésie rapide. Le poète aurait pu aussi mettre en récit ce miracle, comme 
il a fait des autres ; mais il préfère de le mettre dans la bouche des êtres inanimés; 
est-ce là un art vulgaire? » 

2. Sa sanclification; sa consécration; c'est-à-dire que Juda est devenu le peuple 
consacré au Seigneur, la nalion sainte, comme il est dit expressément dans l'Exode 
(xix, 6). — Son empire; le peuple de sa domination, dont il voulait bien étre le roi, 


1258 


1. אסא‎ PAS A NOUS, SEIGNEUR, NON 
PAS A NOUS, Mais à votre nom don- 
nez gloire. 

2. A cause de votre miséricorde 
et de votre vérité, de peur qu'un 


jour les nations ne disent : Où est | 


leur Dieu? 

3. Mais notre Dieu est dans le 
ciel : toutes choses quelconques 
qu'il a voulues, il les a faites. 

4. Les simulacres des nations 
sont de l'or et de l'argent; des 
ouvrages de mains d'hommes. 

9. Ils ont une bouche, et ils ne 
parleront pas : ils ont des yeux, 
et ils ne verront pas. 

6. Ils ont des oreilles, etils n'en- 
tendront pas; ils ont des narines, 
et ils ne sentiront pas. 

7. 18 ont des mains, et ils ne 
toucheront pas; ils ont des pieds, 
et ils ne marcheront pas; et ils ne 
crieront pas avec leur gosier. 


4, Infra, cxxxiv, 15. — 5. Sag., xv, 15. 


LES PSAUMES. 


[PS. cxur.] 


8. Quiils leur deviennent sem- 
blables ceux qui les font, et tous 
ceux qui se confient en elles. 

9. La maison d'Israël a espéré 
dans le Seigneur ; il est leur aide 
et leur protecteur. 

10. La maison d'Aaron a espéré 
dans le Seigneur; il est leur aide 
et leur protecteur. 

11. Ceux qui craignent le Sei- 
gneur ont espéré dans le Sei- 
eneur; il est leur aide et leur pro- 
tecteur. 

12. Le Seigneur s’est souvenu 
de nous, et il nous a bénis. 

Il a béni 18 maison d'Israël ; il ἃ 
béni la maison d'Aaron. 

13. IL a béni tous ceux qui crai- 
gnent le Seigneur, les plus petits 
avec les plus grands. 

14. Que le Seigneur vous ac- 
corde de nouveaux biens, à vous 
et à vos fils. 


1. * Ce psaume, qui est le cxve selon l'hébreu, quoique il ait une numérotation 


particulière, pour les versets, dans notre Vulgate, ne compte que pour un avec le 
précédent, non seulement dans les Septante, nos éditions latines et la liturgie, mais 
aussi dans les versions syriaque, éthiopienne et arabe. Le beau sentiment qu'exprime 
e : Non pas à nous, Seigneur, etc., à la suite des merveilles de la sortie d'Egypte, 
semble, en effet, relier ce psaume au précédent : le chantre sacré, comme ébloui et 
accablé à la vue de tant de miracles, et tout pénétré du sentiment de l'infirmité de 
l'homme, pouvait s’écrier naturellement : Non pas à nous. Mais la différence de sujet 
et de rythme parait donner raison au partage du Ps. In exitu, dans la Bible 
hébraique. — C'est une prière d'Israël adressée à Dieu pour obtenir son secours dans 
une guerre contre les ennemis idolátres. On le chantait peut-étre Hugo au 
moment de marcher contre l'ennemi. 

1-3. * Que Dieu glorifie son nom en accordant la victoire aux siens contre les ido- 
látres. 

4-8. * Les dieux des paiens ne sont rien. 

1. Avec leur gosier; c'est-à-dire quoiqu'ils aient un gosier. 

9-11. * Que les guerriers d'Israél soient donc pleins de confiance, car c'est le vrai 
Dieu qui est leur soutien. Comme cette derniere idée est celle que le Psalmiste veut 
inculquer le plus profondément dans le cœur des soldats, elle est répétée trois fois 
dans cette strophe, à la 3* personne. Les versets 14-15, sont à la 29 personne; ce 
changement provient, sans doute, de ce que le refrain était chanté par le chœur de 
ceux qui ne partaient point pour la guerre, tandis que les guerriers chantaient eux- 
mêmes 16 reste du psaume, d’où l'emploi de la 1'5 personne : 1, 3, 12, 18. 

12-18. * Promesse que Dieu bénira son peuple, 12-14. — 15-18 : Méme pensée ex- 
ἄν πὰ en d'autres termes : Dieu conservera à Israél la terre qu'il lui a donnée, et 

es Israélites le loueront, avant de descendre dans la tombe. 


[rs. cxiv.] 


15. Soyez bénis du Seigneur, 
qui a fait le ciel et la terre. 

16. Le ciel du ciel est au Sei- 
gneur ; mais la terre, il l'a donnée 
aux fils des hommes. 

11. Ce ne sont point les morts 
qui vous loueront, Seigneur, ni 
aucun de ceux qui descendent 
dans l'enfer. 

18: Mais nous qui vivons, nous 
bénissons le Seigneur, dès ce mo- 
ment et jusqu'à jamais. 


PSAUME CXIV 
(Hésr., CXVI). 


Le Psalmiste délivré par le secours du 
Seigneur de la mort dont il était me- 
nacé, lui témoigne sa gratitude, son 
amour et sa confiance. 


Alleluia. 

1. J'ai aimé, parce que le Sei- 
gneur exaucera la voix de ma 
priere. 

2. Parce quil a incliné son 


17. Baruch, 11, 47. 


LES PSAUMES. 


1259 


oreille vers moi, pendant tous 
mes jours je l'invoquerai. 

3. Les douleurs de la mort 
m'ont environné, et les périls de 
l'enfer m'ont atteint. 

J'ai trouvé l'affliction etla dou- 
leur, 

4. Et j'ai invoqué le nom du Sei- 
gneur. 

O Seigneur, délivrez mon àme; 

5. Le Seigneur est miséricor- 
dieux et juste, et notre Dieua de 
la pitié. 

6. Le Seigneur garde les pe- 
tits : j'ai été humilié, et il m'a 
délivré. 

7. Rentre, ὃ mon àme, en ton 
repos, parce que 16 Seigneur a été 
bon pour toi. 

8. Parce qu'il a arraché mon 
áme à la mort, mes yeux aux 
larmes, mes pieds àla chute. 

9. Je plairai au Seigneur dans la 
région des vivants. 


16. Le ciel du ciel; hébraisme, pour /e ciel le plus élevé. Voy. plus haut, p. 341, 10. 

11. Ni aucun; littér. ni tous. En hébreu les mots fout, tous, toute, toutes, joints à 
une négation, signifient aucun, nul, aucune, nulle. — * Ce ne sont point les morts qui 
vous loueront. Les damnés ne louent point Dieu. Les justes mémes, dans les limbes, 
avant la venue du Messie, ne pouvaient glorifier Dieu comme les saints qui jouissent 
de la béatitude céleste dans le ciel. 


1. * Les deux psaumes cxiv et cxv n'en forment qu'un seul en hébreu. La Vulgate 
ne les compte aussi que pour un dans la numérotation des versets. Quoique on puisse 
trés bien les couper en deux, ils paraissent cependant étroitement unis et forment 
quatre strophes, 1-4; 5-9; 10-14; 15-19, lesquelles se correspondent exactement. Les 
deux premiéres racontent à quel péril de mort a échappé le Psalmiste ; les deux der- 
nières remercient Dieu de cette délivrance. 

2. Pendant (in) est précédé de et; mais cette particule, qui se trouve aussi dans 
l'hébreu et les Septante, est ici purement pléonastique, ou ne sert qu'à marquer 
l'apodose; cest-à-dire une proposition qui est subordonnée à la précédente. Bien 
qu'elle ne puisse s'exprimer 101 en francais, elle a le sens de alors, dans ce cas, cela 
supposé. 

3. Les douleurs de la mort, etc. Compar. Ps. xvir, 5, 6. 

9. Dans la région des vivants; parmiles vivants, dans ce monde: mais les Pères l'en- 
tendent dans le sens spirituel de la félicité du ciel qui est la vraie région des vivants, 
dont tous les habitants sont pour toujours agréables au Seigneur, sans craindre de 
déchoir jamais de cet état si heureux. 


1200 


PSAUME CXV* 
(Hégr., CXVI). 
Le Psalmiste, au milieu des maux dont 
il est accablé, se soutient par sa fci et 


par sa confiance dans les promesses du 
Seigneur. 


Alleluia. 

10. J'ai cru, c'est pourquoi j'ai 
parlé; mais j'ai été humilié jus- 
qu'à l'exces. 
|. 11. J'ai dit dans mon transport: 
Tout homme est menteur. 

12. Que rendrai-je au Seigneur 
pour tousles biens qu'il m'a faits? 

13. Je prendrai le calice du 
salut, et j'invoquerai le nom du 
Seigneur. 

14. Je rendrai mes vœux au 
Seigneur devant tout son peuple; 

15. Précieuse est, en présence 
du Seigneur, 18 mort de ses saints. 

16.0 Seigneur, parce que je suis 


LES PSAUMES. 


[Ps. exvr.] 


viteur, et fils de votre servante. 
Vous avez rompu mes liens; 
11. C'est à vous que je sacri- 
fierai une hostie de louange, et 
jinvoquerai le nom du Seigneur. 
18. Je rendrai mes vœux au 
Seigneur en présence de tout son 
peuple, 
19. Dansles parvis dela maison 
du Seigneur, au milieu de toi, 
Jérusalem. 


PSAUME CXVI 
(Hésr., CXVII). 


Le Psalmiste invite toutes les nations à 
louer le Seigneur de sa miséricorde ef 
de sa fidélité à exécuter ses promesses. 


Alleluia. 


1. Nations, louez toutes le Sei- 
gneur; peuples, louez-le tous; 

2. Parce que s'est affermie sur 
nous sa miséricorde, et que la 
vérité du Seigneur demeure éter- 


votre serviteur, je suis votre ser- | nellement. 


Ps. CXV. 10. II Cor., iv, 13. — 11. Rom., r1, 4. — Ps. CXVI. 1. Rom, xv, 11. — 
2. Jean, xir, 34. 


a* Ce psaume, dans les Bibles hébraiques, est la continuation du précédent; voilà 
pourquoi, méme dans les éditions latines, les versets commencent par le 40e. 

10. J'ai cru, etc. Saint Paul (Il. Corinth., 1v, 13) cite ce passage pour montrer que 
ceux qui ont le don de la foi la publient hardiment et sans aucune crainte de la part 
des hommes. 

11. Dans mon transport; expression qui se trouve déjà Ps. xxx, 23. 

13. Le calice du salut; allusion au vin que l'on répandait sur les victimes d'actions 
de grâces, selon la loi mosaïque )22006, xxix, 40; Nombr., xv, 5; xxvur, 7, 14), ou, 
suivant les Pères, au calice de la Passion de Jésus-Christ. — * Le calice du salut, 
figure du calice eucharistique, désigne la coupe qu'on offrait à Dieu pour le remercier 
de ses bienfaits, et qu'on buvait ensuite. La troisième des quatre coupes que buvaient 
les Juifs, dans la célébration de la fête de Pâques, était appelée la coupe de béné- 
diction ou d'actions de grâces. Cf. I Cor., x, 16; Matth., xxvi, 21; Luc, xxn, 11; 
Jér., xvi, 7; II. Rois, n, 35; Prov., xxxi, 6. 

15. * Ce verset rappelle la -mort dont le Psalmiste 8 parlé, Ps. cxiv, et à laquelle 
il a échappé. En disant que la mort du juste est précieuse aux yeux de Dieu, il af- 
firme par là méme l'existence de l'autre vie. 

16. Le fils de votre servante. Voy. Ps. Lxxxv, 16. 

19. * Dans les parvis. Les simples fidèles ne pouvaient pénétrer que dans les parvis 
de la maison du Seigneur, et c'est là qu'ils offraient à Dieu leurs offrandes et ce 
qu'ils lui avaient voué. 

1. Nations, etc. Saint Paul voit dans ce psaume la vocation des gentils au chris- 
tianisme (Rom., xv, 11). C'est aussi dans ce sens que les Pères et la plupart des inter- 
prétes l'expliquent, 


[ps. cxvir.] 


PSAUME CXVII 
(H&sn., CXVIII). 

Le Psalmiste exhorte à louer le Seigneur 
à cause de sa grande miséricorde. Il 
décrit les dangers auxquels il a été ex- 
posé, et marque la maniere dont il en 
est sorti. 


Alleluia *. 


1. Louez le Seigneur, parce 
quil est bon, parce que pour 
jamais est sa miséricorde. 

2. Dise maintenant Israél, qu'il 
est bon, que pour jamais est sa 
miséricorde. 

3. Dise maintenant la maison 
d'Aaron, que pour jamais est sa 
miséricorde. 

4. Disent maintenant ceux qui 
craignent le Seigneur, que pour 
jamais est sa miséricorde. 

5. Du milieu de la tribulation, 
jai invoqué le Seigneur; et le 
Seigneur m'a exaucé, en 7ne znet- 
tant au large. 

6. Le Seigneur m'est un aide : 


LES PSAUMES. 


1261 
je ne craindrai pas ce que peut 
me faire un homme; 

7. Le Seigneur m'est un aide, 
etmoije mépriserai mesennemis. 

8. 11 est bon de se confier dans 
le Seigneur, plutót que de se con- 
fier dans un homme, 

9. Il est bon d'espérer daus le 
Seigneur, plutót que d'espérer 
dans des princes. 

10. Toutes les nations m'ont 
environné : et c'est au nom du 
Seigneur que je me suis vengé 
d'elles. 

11. Environnant elles m'ont en- 
vironné : et c'est au nom du Sei- 
gneurquejeme suis vengé d'elles. 

12. Elles m'ont environné com- 
me des abeilles, et elles se sont 
embrasées comme un feu dans 
des épines, et c'estau nom du Sei- 
gneurqueje mesuis vengé d'elles. 

13. Violemment heurté, j'ai été 
ébranlé et prés de tomber, mais 
le Seigneur m'a soutenu. 

14. Ma force et ma louange, 


Ps. CXVII. 7. Hébr., xir, 6. — 14. Exode, xv, 2. 


a * Ce psaume dont la forme méme, — la quadruple invitation de 1-4, le refrain 
répété aprés chaque vers : 1-4, etc., — indique qu'il avait été composé pour une 
cérémonie publique, fut probablement chanté à la Dédicace du second temple, I Esd., 
vi, 15-16. On n'y distingue pas de strophes réguliéres, mais il se divise en divers 
groupes, destinés à étre chantés à des moments différents. Au commencement de 
la cérémonie, quand la procession se met en marche, elle loue la bonté de Dieu, 1-4; 
pendant la marche, elle rappelle comment Dieu a délivré Israél de la captivité, et 
elle l'en remercie, 5-18; à l'entrée du temple, elle demande que les portes du temple 
lui soient ouvertes, pour y glorifier Dieu, 19. — Ceux qui recoivent la procession 
répondent que c'est la porte de Dieu, et que les justes seuls y entrent, 20; ils re- 
mercient Dieu de l'érection du nouveau temple, et de la joie qu'il leur donne en cette 
féte, 21-23; ils accueillent enfin ceux qui arrivent, et ordonnent de conduire les 
victimes du sacrifice à l'autel, 24-27. — La procession répond en glorifiant Dieu, 28. 
— Enfin tous ensemble, ceux qui arrivent et ceux qui attendaient, répètent les deux 
premiers vers qui résument tout le psaume. 

1, 29. Pour jamais, etc. Voy. Ps. cv, 4. 

9. En mettant au large. Voy. plus haut, p. 342, 20. 

10. D'eiles ; littér. d'eux, c'est-à-dire des habitants des nations. 

M. Environnant, etc., hébraisme, pour elles m'ont environné de toutes parts. Com par. 
DEUX XXIX ἃ, 

14, 21, 28. Il est devenu mon salut; littér. et par hébraisme, i/ est devenu pour moi 
en salut, 


1262 


c'est le Seigneur, il est devenu 
mon salut. 

15. Une voix d'exultation et de 
salut a retenti dans les taberna- 
cles des justes. 

| 16. La droite du Seigneur a 
exercé sa puissance, la droite du 
Seigneur m'a exalté, la droite du 
Seigneur ἃ exercé sa puissance. 

17. Je ne mourrai pas, mais je 
vivrai, et je raconterai les ceuvres 
du Seigneur. 

18. Me châtiant, il m'a chátié, 
le Seigneur, mais il ne m'a pas 
livré à la mort. 

19. Ouvrez-moi les portes de la 
justice; y étant entré, je louerai 
le Seigneur; 

20. Voici la porte du Seigneur, 
les justes y entreront. 

91. Je vous louerai, parce que 
vous m'avez exaucé, et que vous 
étes devenu mon salut. 

29. La pierre qu'ont rejetée 
ceux qui bátissaient est devenue 
un sommet d'angle. 

93. C'est par le Seigneur qu'a 
élé fait cela, et c'est admirable à 
nos yeux. 

24. Voici le jour qu'a fait le Sei- 
gneur; réjouissons-nous et tres- 
saillons d'allégresse en ce jour. 


LES PSAUMES. 


(es. exvirr.] 


95. 0 Seigneur, sauvez-moi, ὃ 
Seigneur, faites-mot bien pros- 
pérer; 

26. Béni celui qui vient au nom 
du Seigneur! 

Nous vous avons béni de la 
maison du Seigneur; 

27. Le Seigneur est Dieu, et il 
a fait luire sa lumiere sur nous. 

Instituez un jour solennel, au 
milieu de feuillages touffus, qu 
s'étendent jusqu'à la corne de 
l'autel. 

28. C'est vous quiétes mon Dieu, 
et je vous louerai; c’est vous qui 
êtes mon Dieu, etje vous exalterai. 

Je vous louerai, parce que vous 
m'avez exaucé, et que vous étes 
devenu mon salut. 

29. Louez le Seigneur, parce 
qu'il est bon, parce que pour ja- 
mais est sa miséricorde. 


PSAUME CXVIII 
(HÉBR., CXIX). 
L'auteur emploie tout ce long psaume à 
témoigner par différentes expressions, 


son amour pour la loi de Dieu et son 
aversion pour le péché. 


Alleluia. 
ALEPH 


1. Bienheureux ceux qui sont 


22. 5816} ΧΧΥΙΠ 465 Matt XX1,942. Du6 Χχ, 17;  ACLOSS ἵν, 11. ΠΌΠ ἘΣ τ; 


I Pierre, 11, 7. 


18. Me chátiant, il m'a chátié; pour il m'a chátié sévèrement. Compar. Ps. xxxix, 1. 
22. La pierre, etc. C'est une figure de Jésus-Christ, qui, rejeté par les Juifs, mis 
à mort par la malice de ses ennemis, est cependant devenu la pierre angulaire de 
l'édifice de l'Eglise, le lien des deux peuples, juif et gentil, réunis dans la religion et 
dans la foi chrétienne. C'est en ce sens que Jésus-Christ lui-méme et les apótres ont 
expliqué ce passage. Compar. Matth., xx1, 42; Marc, xu, 10; Luc, xx, 11; Ephes., τι, 20; 


1 Pierre, 11, 6, 1. 


1 21 Feuillages touffus. A la fête des Tabernacles, les Juifs faisaient des tentes de 
branches de verdure dans les parvis du temple, dans toute l'étendue de la montagne 
sainte, dans les cours de la ville. — La corne; lhébreu et les Septante lisent les 
cornes. ll y avait quatre cornes à l'autel des holocaustes. Voy. Exode, xxvm, 2; 


;42 וצה 


1. Ce psaume est acrostiche ou alphabétique, mais de telle sorte que chacune des 
vingt-deux lettres dont se compose l'alphabet hébrau comprend huit versets. Selon 


[Ps. cx vuir.] LES PSAUMES. 1263 


sans tache dans 1a voie, qui mar- | dient ses témoignages; ils le re- 
chent dans le Seigneur. cherchent de tout leur cœur. 
2. Bienheureux ceux qui étu- 3. Car ceux qui opèrent lini 


sajnt Ambroise, le Psalmiste a suivi l'ordre alphabétique, comme pour nous faire 
comprendre que ce psaume est l'alphabet des chrétiens, et que nous y trouvons les 
éléments et les principes de tous nos devoirs. La loi de Dieu se trouve exprimée dans 
tous les versets (excepté dans le 1229), mais sous plusieurs noms différents, noms 
qui en montrent les qualités et l'excellence. Et bien que ces noms ne signifient pas 
tous étymologiquement la méme chose, on ne laisse pas de les prendre pour syno- 
nymes dans ce psaume. Or, pour éviter dans les Notes explicatives une foule de re- 
dites, nous donnerons ici l'explication de ces divers noms. Ainsi la loi, ex, terme 
générique qui comprend tout ce que Dieu a ordonné par lui-méme, par ses légis- 
lateurs et ses prophétes, et qu'on explique principalement de la loi écrite, donnée 
par Moise, est nommée ici : 19 Voie (via), parce que la loi indique à chacun la voie 
ou la conduite qu'il doit tenir, en suivant les lois de Dieu; — 2° Témoignage (testi- 
monium), soit parce que Dieu témoigne à son peuple par sa loi ce qu'il veut de lui; 
soit parce que sa loi est quelquefois accompagnée de certains rites, qui servent de 
monument ou de témoignage à quelque événement mémorable, comme la Pàque, 
qui est un témoignage de la sortie d'Egypte, soit parce que, suivant saint Hilaire et 
Théodoret, Dieu, en donnant ses lois à son peuple, attesta le ciel et la terre; — 
30 Commandement (mandatum), ou bien encore, précepte, ordonnance, statut, décret; 
parce que la loi contient des ordres, où Dieu se donne comme maitre et comme 
monarque absolu, et des prescriptions qui regardent particuliérement le culte et 
l'amour de Dieu et du prochain; — 49 Parole (verbwm, el?quium), parce que les pro- 
messes, les menaces, les instructions et les ordres de Dieu, dont il est parlé si sou- 
vent dans la loi, s'expriment par des paroles; — 5° Jugement (judicium), parce que 
dans les lois divines se trouvent des jugements rendus, des sentences prononcées, 
et les effets de ces jugements et de ces sentences, lesquels sont, d'un cóté, l'acquitte- 
ment des justes, et de l'autre, la punition des méchants; — 69 Justice (juslitia), parce 
que dans toutes les lois du Seigneur règne l'équité la plus parfaite, équité qui parait 
surtout dans la conduite qu'il tient envers les hommes, eu rendant à chacun selon 
ses œuvres; — ἴο Juslificalion (juslificatio), parce que c'est l'observation de la loi 
qui nous justifie et nous fait croître en justice et en sainteté; — 8° Enfin la loi divine 
est nommée vérité (veritas), soit parce qu'elle ne contient rien de faux, soit parce 
que les promesses et les menaces qu'elle fait doivent être très fidèlement accom- 
plies. 

* La pensée principale développée dans ce psaume est que notre devoir capital con- 
siste dans l'observation de la loi de Dieu. L'Eglise le fait réciter tous les jours à ses 
prêtres, dans les petites heures du Bréviaire, pour leur rappeler que leur vie entière 
ne doit être que l’accomplissement de la volonté de Dieu. 

On a reproché à ce psaume de manquer de plan et de logique, d'être rempli de 
répétitions oiseuses et monotones, etc. Voici ce qu'on peut répondre à ces objections: 
« Le verset 9 nous montre que l'auteur est « un jeune homme, » ce qui est confirmé 
par les versets 99-100 [et 141]. Ce jeune homme se trouve dans un état qui est claire- 
ment décrit : il est traité avec mépris, maltraité, persécuté par les ennemis de la 
parole de Dieu, puisque la défection l'entoure, par un. gouvernement hostile à la 
vraie religion, 23, 46, 161; il est dans les fers, 61, 83, il atténd la mort, 109; il re- 
connait dans ses souffrances une humiliation salutaire qui lui vient de Dieu: la 
parole de Dieu est donc sa consolation, sa sagesse; il attend le secours divin et l'im- 
plore; — le psaume tout entier est une prière pour obtenir la persévérance au milieu 
d'une société impie et dégénérée, la consolation au milieu d'une affliction profonde, 
augmentée par l'infidélité de ceux qui l'environnent; c'est une priére pour obtenir 
le salut : elle devient de plus en plus pressante et fait entendre, dans la strophe 
caph, le quand me consolerez-vous? 82. — Lorsqu'on s'est bien pénétré de ce carac- 
tère du psaume, il est impossible de ne pas apercevoir le développement de la pensée. 
Aprés avoir loué la parole de Dieu (strophe aleph) et proclamé combien grande est 
sa vertu, puisqu'elle rend pieux le jeune homme qui l'étudie avec soin (5e/A), le 


1264 
quité n'ont pas marché dans ses 
voles. 

4. Vous avez ordonné que vos 
commandements soient gardés 
très exactement. 

9. Plüt à Dieu que toutes mes 
voles soient dirigées pour garder 
vos justifications ! 

6. Alors je ne serai point con- 
fondu, quand je fixerai mes yeux 
sur vos commandements. 

7. Je vous louerai dans la droi- 
ture de mon cœur, parce que j'ai 
appris les jugements de votre jus- 
tice. 

8. Je garderai vos justifica- 


LES PSAUMES. 


LPS, Cx vtu.] 


BETH. 


9. Comment un jeune homme 
corrigera-t-il sa voie? en gardant 
vos paroles. 

10. Je vous ai recherché de 
tout mon cœur, ne me re- 
poussez pas de vos commande- 
ments. 

11. C'est dans mon cœur que 
jai caché vos paroles, afin que 
je ne peche point contre vous. 

19. Vous étes béni, Seigneur, 
enseignez-moi vos justifications. 

13. J'ai prononcé de mes lè- 
vres tous les jugements de votre 


bouche. 
14. Dans la voie de vos témoi- 


tions : ne m'abandonnez pas en- 
tièrement. 


poète demande, au milieu des ennemis railleurs qui le persécutent, la grâce de l'illu. 
mination (ghimel), de la fermeté (duleth), de la persévérance (hé), et de la force de 
confesser sa foi avec force et avec joie (vau); la parole de Dieu est l'objet de son 
affection (za2n); il se range parmi ceux qui craignent Dieu (kheth), il reconnait que 
son humiliation est salutaire (/e/^), mais il a besoin de consolation (yod), et il de- 
mande en soupirant : Quand serai-je délivré (capA)? Sans la parole puissante, ferme, 
éternelle de Dieu qui le soutient, il perdrait courage (/amed); elle lui donne la sa- 
gesse et la prudence (mem); il lui a juré fidélité et il garde son serment, malgré la 
la persécution (nun); il abhorre et méprise les apostats (samech). 11 est opprimé, 
mais Dieu ne le laissera pas périr ('a?n), il ne permettra pas que les efforts des impies, 
qui lui arrachent des larmes, l'emportent (phé) sur lui, qui est petit (encore jeune) 
et méprisé, mais que consume le zèle contre ceux qui oublient Dieu (£sadé). Puisse 
le Seigneur entendre les cris par lesquels il l'appelle, et le jour et la nuit (go/), le 
consoler bientôt par sa miséricordieuse bonté (resch), lui qui, persécuté par les 
princes, s'attache fermement à Dieu (schin), et enfin le sauver, lui, pauvre brebis 
errante et en grand danger (/hau)! — Toutes les pensées principales des diverses 
strophes ne sont pas épuisées par cette analyse,... mais elle montre du moins que 
ce psaume ne manque point de suite et de mouvement dans la pensée, qu'il n'est 
point un simple poéme abstrait, mais que, fondé sur des événements particuliers, 
il est l'expression d'une situation personnelle, d'où est sorti, comme un fruit de la 
piété (de l'auteur), cet éloge intarissable de la loi de Dieu... Il est possible que la 
composition d'un psaume aussi long, qui manifeste dans sa forme artificielle, depuis 
le commencement jusqu'à la fin, la tranquillité d'àme d'un confesseur de la foi, soit 
l'euvre d'un prisonnier qui abrégeait les heures de sa captivité en exprimant ainsi, 
en strophes alphabétiques, ses plaintes et ses espérances. » (F. DrLrrzscn.) 

> Ill nous parait, dit M. Le Hir, que l'on pourrait tirer de la seule lecture ou ex- 
position de ce psaume une preuve frappante de la divinité d'une religion qui inspire 
de tels sentiments d'amour, d'amour tendre, vif et désintéressé pour la loi de Dieu. 
Le Psalmiste va jusqu'à verser des larmes et à se consumer de douleur et d'indigna- 
tion, par zèle pour cette loi qu'il voit transgressée, méprisée par les méchants. 
L'homme cherche en vain de tels sentiments en lui-même, il faut que la grâce les 
y forme, Aussi ne trouve-t-on rien d'analogue dans toutes les littératures ni dans 
toutes les philosophies profanes. » 

10. Ne me repoussez, etc.; c'est-à-dire ne permettez pas que je m'éloigne, etc. 


[»5. cx vm.) 


gnages, je me suis plu comme 
dans toutes les richesses. 
15. Je m'exercerai dans vos 
commandements, et je considé- 
reral vOS voies. 

16. Je méditerai sur vos justifi- 
cations, je n'oublierai pas vos 
paroles. 


GHIMEL. 


17. Donnez son salaire à votre 
serviteur, rendez-moi la vie, et je 
garderai vos paroles. 

18. Dévoilez mes yeux, et je 
considérerai les merveilles de 
votre loi. 

19. Moi je suis étranger sur la 
terre; ne me cachez point vos 
commandements. 

20. Mon âme a désiré ardem- 
ment vos justificalions, en tout 
temps. 

21. Vous avez réprimandé des 
superbes, maudit ceux qui s'écar- 
tent de vos commandements. 

22. Otez de moi l’opprobre et le 
mépris, parce que j'ai recherché 
vos témoignages. 

23. Car des princes se sont 
assis, et contre moi ils parlaient ; 
mais votre serviteur s'exercait 
sur vos justices. 

24. Car vos témoignages sont 
ma méditation, et mon conseil, 
vos justifications. 


DALETH. 


95. Mon àme s'est collée à la 
terre : vivifiez-moi selon votre 
parole. 

26. Je vous ai dénoncé mes 
voies, et vous m'avez exaucé; 
enseignez-moi vos justifications. 

97. Instruisez-moi de la voie 
de vos commandements, et je 
m'exercerai dans vos merveilles. 


A. T 


LES PSAUMES. 


1265 


98. Mon àme s'est assoupie 
d'ennui; fortifiez-moi par vos pa- 
roles. 

29. Écartez de moi la voie de 
l'iniquité, et en vertu de votre loi, 
ayez pitié de moi. 

80. J'ai choisi la voie dela vé- 
rité : je n'ai pas oublié vos juge- 
ments. 

91. Je me suis attaché à vos 
témoignages, Seigneur, ne me 
confondez point. 

32. J'ai couru dans la voie de 
vos commandements, lorsque 
vous avez dilaté mon cour. 


HE. 


33. Imposez-moi une loi, Sei- 
gneur, la voie de vos justifica- 
tions, et je la rechercherai tou- 
jours. 

34. Donnez-moi l'intelligence, 
et j'étudierai votre loi, et je la 
garderai dans tout mon cœur. 

35. Conduisez-moi dans le sen- 
tier de vos commandements, 
parce que c'est ce que j'ai voulu. 

36. Inclinez mon cœur vers vos 
témoignages, et non vers l'ava- 
rice. 

37. Détournez mes yeux, afin 
qu'ils ne voient pas la vanité : 
faites-moi vivre dans vos sentiers. 

38. Établissez votre parole dans 
votre serviteur, par votre crainte. 

39. Détruisez mon opprobre 
que j'ai appréhendé : vos juge- 
ments sont doux. 

40. Voilà que j'ai désiré vos 
commandements : par votre jus- 
tice, vivifiez-moi. 


VAV. 


M. Et vienne sur moi votre 
miséricorde, Seigneur, ef volre 
salut selon votre parole. 


0 


1266 

49. Et je répondrai à ceux qui 
m'oulragent, un mot : c'est que 
j'ai espéré dans vos jugements. 

43. Et n'ótez pas entierement 
de ma bouche la parole de vérité, 
parce qu'en vos jugements j'ai 
beaucoup espéré. 

44. Et je garderai votre loi tou- 
jours, dans les siecles et dans les 
siecles des siecles. 

45. Je marchais au large, parce 
que j'ai recherché vos comman- 
dements. 

46. Et je parlais de vos témoi- 
gnages en présence des rois, et 
je n'étais pas confondu. 

41. Et je méditais sur vos com- 
mandements, que [1 58 
aimés. 

48. Et j'ai levé mes mains vers 
vos commandements, que j'ai 
toujours aimés, et je m'exercais 
dans vos justifications. 


ZAIN. 


49. Souvenez-vous de votre pa- 
role à votre serviteur, par la- 
quelle vous m'avez donné de 
l'espérance. 

50. Ce qui m'a consolé dans 
mon humiliation, c’est que voire 
parole m’a donné la vie. 

51. Des superbes agissaient 
avec une extréme iniquité, mais 
de votre loi je ne me suis pas 
écarté. 

59. Je me suis souvenu, Sei- 
gneur, de vos jugements, qu? sont 
des avant les siecles, et j'ai été 
consolé. 

53. La défaillance s'est emparée 


LES PSAUMES. 


[Ps. cxviir.] 


de moi, à cause des pécheurs 
qui abandonnent votre loi. 

54. L'objet de mes chants était 
vos justifications, dans le lieu de 
mon pelerinage. 

55. Je me suis souvenu durant 
la nuit de votre nom, Seigneur, 
et j'ai gardé votre loi. 

56. Cela m'est arrivé, parce que 
jai recherché vos justifications. 


HETH. 


57. Ma part, Seigneur, je l'ai 
dit, c'est de garder votre loi. 

58. J'ai imploré votre face en: 
tout mon cœur : ayez pitié de moi 
selon votre parole. 

59. J'ai songé à mes voies, et 
jai tourné mes pieds vers vos 
témoignages. 

60. Je suis prét, et je ne suis 
pas troublé ; en sorte que je gar- 
derai vos commandements. 

61. Lesliens des pécheurs m'ont 
enveloppé ; mais je n'ai point ou- 
blié votre loi. 

62. Au milieu de la nuit, je me 
levais pour vous louer sur les 
jugements de votre justification. 

63. Je suis aussi en société 
avectousceux qui vous craignent, 
el qui gardent vos commande- 
ments. 

64. De votre miséricorde, Sei- 
gneur, la terre est pleine. Ensei- 
gnez-moi vos justifications. 


TETH. 


65. Vous avez usé de bonté en- 
vers votre serviteur, ὃ Seigneur, 
selon votre parole. 


a € M — HÀ M i M Ó—À 


80. Ce qui (hc). Nous avons déjà fait remarquer que les Hébreux n'ayant pas dans 
leur Jangue le genre neutre, le remplaçaient par le féminin, et que les Septante aussi 
bien que la Vulgate se conformaient souvent à cet idiotisme. 


96. Cela (hzc). Voy. la note précédente. 


[Ps. cxvim.] 


66. Enseignez-moi la bonté, et 
la discipline, et la science, parce 
que j'ai cru à vos commande- 
ments. 

67. Avant que je fusse humilié, 
j'ai péché; c'est pour cela que j'ai 
gardé votre parole. 

68. Vous étes bon, vous, et dans 
votre bonté enseignez-moi vos 
justifications. 

69. Elle s’est multipliée contre 
moi, liniquité des superbes; 
mais moi en tout mon cœur j'étu- 
dierai vos commandements. 

70. Leur cœur s'est coagulé 
comme du lait; mais moi j'ai mé- 
dité votre loi. 

14. Il m'estbonque vous m'ayez 
humilié, afin de m'apprendre vos 
justifications. 

12. La loi de votre bouche est 
bonne pour moi au dessus des 
milliers d'or et d'argent. 


JOD.. 


73. Vos mains m'ont fait et 
m'ont formé ; donnez-moi l'intel- 
ligence, afin que j'apprenne vos 
commandements. 

74. Ceux qui vous craignent me 
verront, et se réjouiront, parce 
qu'en vos paroles j'ai espéré. 

75. J'ai reconnu, Seigneur, que 
vos jugements sont équité, et que 
c'est dans votre vérité que vous 
m'avez humilié. 

70. Qu'elle se montre, votre 
miséricorde, afin qu'elle me con- 
sole, selon votre parole à votre 
serviteur. 

717. Viennentsurmoi vos bontés, 
et je vivrai, parce que votre loi 
est ma méditation. 


LES PSAUMES. 


1267 

78. Qu'ils soient confondus, 
les superbes, parce qu'injuste- 
ment ils ont commis l'iniquité 
contre moi : pour moi, je m'exer- 
cerai dans vos commandements. 

19. Quils se tournent vers 
moi, ceux qui vous craignent 
et qui connaissent vos témoi- 
gnages. 

80. Devienne mon cœur sans 
tache dans vos justifications, afin 
que je ne sois pas confondu. 


CAPH. 


81. Mon àme a défailli dans 
lattente de votre salut, et en 
votre parole j'ai beaucoup es- 
péré. 

82. Mes yeux ont défailli dans 
l'attente de votre parole, disant : 
Quand me consolerez-vous? 

83. Parce que je suis devenu 
comme une outre dans la gelée : 
je n'ai pas oublié vos justifica- 
lions. 

84. Quel est le nombre de jours 
de votre serviteur? quand ferez- 
vous justice de ceux qui me per- 
sécutent? 

85. Des hommes iniques m'ont 
raconté des choses fabuleuses, 
mais ce n'est pas comme votre 
loi. 

86. Tous vos commandements 
sont vérité : iniquement ils m'ont 
persécuté, venez à mon aide. 

87. Ils m'ont presque anéanti 
sur la terre; mais moi je n'ai 
pas abandonné vos commande- 
ments. 

88. Selon votre miséricorde, 
rendez-moi la vie, et je garderai 
les témoignages de votre bouche. 


66. La discipline; c'est-à-dire la prudence, la sagease, par laquelle je puisse éviter 


le mal et m'attacher au bien. 


1268 


LAMED. 


89. Eternellement, Seigneur, 
votre parole demeure dans le 
ciel. 

90. A toutes les générations 
passe votre vérité : vous avez 
fondé la terre, et elle demeure 
stable. 

91. Par votre ordre persévere 
le jour, parce que toutes choses 
vous sont assujetties. 

92. Si ce n'était que votre loi 
est ma méditation, j'aurais peut- 
étre péri dans mon humiliation. 

93. Eternellement je n'oublierai 
pas vos justifications, parce que 
c'est par elles-mêmes que vous 
m'avez rendu la vie. 

94. C'est à vous que j'appar- 
liens, sauvez-moi; parce que j'ai 
recherché vos justifications. 

95. Des pécheurs m'ontattendu, 
afin de me perdre; mais jai 
compris vos témoignages. 

96. J'ai vu la fin de toute per- 
fection : votre commandement 
est étendu infiniment. 


MEM. 


97. Comme j'ai toujours aimé 
votre loi, Seigneur, tout le jour 
elle est ma méditation. 

98. Vous m'avez rendu plus 
prudent que mes ennemis par 
votrecommandement, parce qu'il 
est pour jamais avec moi. 


LES PSAUMES. 


[Ps. cxvurr.] 

99. J'ai été plus intelligent que 
tous ceux qui m'instruisaient, 
parce que vos témoignages sont 
ma méditation. 

100. J'ai été plus intelligent que 
les vieillards, parce que j'ai re- 
cherché vos commandements. 

101. De toute mauvaise voie 
jai détourné mes pieds, afin que 
je garde votre parole. 

102. De vos jugements je ne 
me suis point écarté, parce que 
c'est vous qui m'avez prescrit une 
loi. 

103. Que vos paroles sont 
douces à ma gorge, plus douces 
que le miel à ma bouche! 

104. Par vos commandements 
j'ai acquis de l'intelligence : c'est 
pour cela que j'ai hai toute voie 
d'iniquité. 

NUN. 


105. C'est une lampe à mes 
pieds que votre parole, et une 
lumiere dans mes sentiers. 

106. J'ai juré, et j'ai résolu de 
garder les jugements de votre 
justice. 

107. J'ai été extrémement hu- 
milié, Seigneur, rendez-moi la 
vie selon votre parole. 

108. Ayez pour agréables les 
hommages volontaires de ma 
bouche, Seigneur, et enseignez- 
moi vos jugements. 

109. Mon àme est toujours en 


oo 


105. C'est une lampe, etc.; votre parole, c'est-à-dire votre loi, est un flambeau qui 
éclaire mes pas et une lumière qui éclaire la voie où je dois marcher. Compar. Pro- 


verb., νι, 93; II Pierre, 1, 19. 


106. Les jugements de votre juslice; hébraisme, pour vos jugements qui sont justes. 


Voy. p. 341, 10. 


108. Les hommages, ou les louanges, ou les vœux, que ma bouche prononce. 

109. Mon âme, etc.; c'est-à-dire je suis dans un danger continuel de perdre la vie. 
On trouve des expressions semblables et employées dans le méme sens : Juges, 
xi, 35 1 Rois, xix, ὃ; xxvi, 21; Esther, xiv, 4; Job, xut, 14. 


PS. CXVIII.] 


mes mains, et je n’ai pas oublié 
votre loi. 

110. Des pécheurs m'ont tendu 
un piege, et je n'ai point erré loin 
de vos commandements. 

111. C'est en héritage que j'ai 
acquis pour jamais vos témoi- 
gnages, parce qu'ils sont l'exulta- 
tion de mon cœur. 

112. J'ai incliné mon cour à 
accomplir pour jamais vos justi- 


fications, à cause de la récom- 
pense. 


SAMECH. 


113. J'aàeuen haineles hommes 
iniques, et j'ai aimé votre loi. 

114. Mon aide et mon soutien, 
c'est vous, et en votre parole j'ai 
beaucoup espéré. 

115. Eloignez-vous de moi, mé- 
chants, et j'étudierailes comman- 
dements de mon Dieu. 

116. Soutenez-moi selon votre 
parole, et je vivrai, et ne me con- 
fondez pas dans mon attente. 

117 Aidez-moi, et je serai 
sauvé; et je méditerai toujours 
sur vos justifications. 

118. Vous avez méprisé tous 
ceux qui s'éloignent de vos juge- 
ments, parce que leur pensée est 
injuste. 

119. J'ai regardé comme pré- 
variquant tous les pécheurs de 
la terre : c'est pourquoi j'ai aimé 
vos témoignages. 

190. Transpercez mes chairs de 
votre crainte; à la vue de vos 
jugements j'ai craint. 


LES PSAUMES. 


1269 


AIN. 


191. J'ai fait jugement et jus- 
tice; ne me livrez pas à ceux qui 
me caloninient. 

192. Protégez votre serviteur 
pour le bien, que les superbes ne 
me calomnient point. 

193. Mes yeux ont défailli dans 
l'attente de votre salut, et dans 
attente de la parole de votre 
justice. 

194. Agissez avec votre servi- 
teur selon votre miséricorde, et 
enseignez-moi vos justifications. 

195. Je suis votre serviteur, 
moi, donnez-moi lintelligence, 
afin que je connaisse vos témoi- 
gnages. 

196. Il est temps d'agir, Sei- 
gneur, ils ont dissipé votre loi. 

127. C'est pour cela que j'ai 
aimé votre loi au-dessus de l'or 
et dela topaze. 

128. C'est pour cela que je me 
dirigeais vers tous vos comman- 
dements, et que j'ai eu toute voie 
inique en haine. 


PHÉ. 


129. Admirables sont vos témoi- 
gnages; c'est pour cela que mon 
âme les a étudiés. 

130. La manifestation de vos 
paroles illumine, elle donne l'in- 
telligence aux petits. 

131. J'ai ouvert ma bouche, et 
j'ai attiré l'air, parce que je dési- 
rais vos commandements. 

132. Jetez un regard sur moi, 


121. J'ai fait, etc.; dans les jugements que j'ai rendus, j'ai pratiqué la justice, 


l'équité. 


123. La parole de votre justice. Compar. vers. 106. 
121. * De la topaze. L'hébreu porte : de l’or épuré. 
132. Selon votre équité; littér. jugement (judicium), qui se prend souvent dans le 


style biblique pour Justice. 


1270 
ot ayez pitié de moi, selon votre 
équité à l'égard de ceux qui ai- 
inent votre nom. 

133. Dirigez mes pas selon 
votre parole, qu'aucune injustice 
ne me domine. 

134. Délivrez-moi descalomnies 
des hommes, afin que je garde 
vos justifications. 

135. Faites briller la lumiere 
de votre face sur votre serviteur, 
et enseignez-moi vos justifica- 
lions. 

136. Mes yeux ont fait couler 
des cours d'eaux, parce qu'ils 
ont violé votre loi. 


TSADÉ. 


131. Vous étes juste, Seigneur, 
et droit est votre jugement. 

138. Vous avez établi la justice, 
vos témoignages et votre vérité 
très solidement. 

139. Mon zèle m'a fait sécher, 
parce que mes ennemis ont ou- 
blié vos paroles. 

140. Votre parole a été très 
éprouvée par le feu, et votre ser- 
viteur l’a aimée. 

141. Je suis jeune et méprisé, 
mais je n'ai pas oublié vos justi- 
fications. 

142. Votre justice est justice 
éternellement, et votre loi vé- 
rité. 

143. La tribulation et l'angoisse 
m'ont atteint, vos commande- 
ments, c'est ma méditation. 


LES PSAUMES. 


[Ps. cxvur.] 
144. Vos témoignages sont 

équités éternellement : donnez- 

moi l'intelligence et je vivrai. 


COPH. 


145. J'ai crié en tout mon cœur, 
exaucez-moi, Seigneur, je recher- 
cherai vos justifications. 

146. J'ai crié vers vous, sauvez- 
moi, afin que je garde vos com- 
mandements. 

147. Je me suis hâté de bonne 
heure, et [81 crié, parce qu'en 
vos paroles j'ai beaucoup espéré. 

148. Mesyeux vous ont prévenu 
des le point du jour, afin que je 
méditasse vos paroles. 

149. Ecoutez ma voix selon 
votre miséricorde, Seigneur, et 
selon votre jugement donnez- 
moi la vie. 

150. Ils se sont approchés de 
l’iniquité, ceux qui me persécu- 
tent, et ils se sont éloignés de 
votre loi. | 

151. Vous êtes proche, vous, 
Seigneur, et toutes vos voies sont 
vérité. 

152. Dès le commencement j'ai 
reconnu touchant vos témoigna- 
ges, que vous les avez fondés 
pour l'éternité. 


RES. 


153. Voyez mon humiliation, 
et délivrez-moi, parce que je n'ai 
pas oublié votre loi. 

154. Jugez mon jugement et 


135. Faites briller. Compar. Ps. Lxvr, 2. 


136. Des cours d'eaux, pour des torrents, des ruisseaux de larmes. 

140. À été très éprouvée par le feu; comme un métal qu'on a épuré dans le creuset; 
elle est donc pure, sincère, véritable. Compar. Ps. xi, 1. 

142. Est justice éternellement ; c'est-à-dire une justice immuable, qui ne se démen- 


tira jamais. 


144. Sont équité éternellement. Voy. la note précédente. 


194, Mon jugement ; c'est-à-dire ma cause. 


. [Ps. cxix.] 


rachetez-moi : a cause de votre 
parole, donnez-moi la vie. : 

185. Loin des pécheurs est le 
salut, parce qu'ils n'ont pas re- 
cherché vos justifications. 

156. Vosmiséricordes sontnom- 
breuses, Seigneur : selon votre 
jugement donnez-moi la vie. 

157. Nombreux sont ceux qui 
me persécutent et qui me tour- 
mentent; mas je ne me suis point 
détourné de vos témoignages. 

158. J'ai vu des prévariquants et 
j'ai séché, parce qu'ils n'ont pas 
gardé vos paroles. 

159. Voyez que j'ai aimé vos 
commandements, Seigneur : dans 
votre miséricorde donnez-moi la 
vie. 

160. Le principe de vos paroles 
est vérité : éternels sont tous les 
jugements de votre justice. 


SIN. 


161. Des princes m'ont persé- 
cuté gratuitement, et mon cœur 
ἃ redouté vos paroles. 

162. Pour moi, je me réjouirai 
dans vosparoles, comme celui qui 
a trouvé de grandes dépouilles. 

163. J'ai eu l'iniquité en haine 
et en abominalion; mais j'ai ai- 
mé votre loi. 

164. Sept fois le jour, je vous 
ai adressé une louange, sur les 
jugements de votre justice. 

165. Paix abondante pour ceux 
qui aiment votre loi ; il n'y a pas 
pour eux de scandale. 

166. J'attendais votre salut, 
Seigneur, et j'ai aimé vos com- 
mandements. 

167. Mon àme a gardé vos té- 


LES PSAUMES. 


1971 
moignages, et elle les a aimés ar- 
demment. 

168. J'ai observé vos comman- 
dements et vos témoignages, 
parce que toutes mes voies sont 
en votre présence. 


TAU. 


169. Que ma supplication ap- 
proche de votre présence, Sei- 
gneur; selon votre parole don- 
nez-moi l'intelligence. 

170. Que ma demande pénètre 
en votre présence, selon votre 
parole délivrez-moi. 

111. Mes lèvres feront retentir 
un hymne, lorsque vous m'aurez 
enseigné vos justifications. 

112. Ma langue publiera votre 
parole, parce que tous vos com- 
mandements sont équité. 

173. Que votre main soit sur 
moi pour me sauver, parce que 
jai fait choix de vos commande- 
ments. 

114. J'ai désiré votre salut, Sei- 
gneur, et votre loi est ma médi- 
tation. 

175. Mon âme vivra, et vous 
louera, et vos jugements me vien- 
dront en aide. 

176. J'ai erré comme une brebis 
qui s’est perdue : cherchez votre 
serviteur, parce que je n'ai pas 
oublié vos commandements. 


PSAUME CXIX 
(Hésr., CXX). 
Le Psalmiste, plein de reconnaissance 
des secours qu'il a reçus du Seigneur, 


le prie de le délivrer de la langue et 
des mains de ses ennemis. 


1. Cantique des degrés *. 


* Ce psaume et les 14 suivants sont nommés Cantiques des degrés ou des montées, 
Psaumes graduels, sans qu'on ait jamais su, d'une manière certaine, ce qui a pu 


1272 

J'ai crié vers le Seigneur, lors- 
que j'étais dans la tribulation, et 
il m'a exaucé. 

2. Seigneur, délivrez mon âme 
des lèvres iniques, et d’une lan- 
gue trompeuse. 

3. Que te sera-t-il donné, ou 
que te reviendra-t-il pour ta lan- 
gue trompeuse? 

4. Lesflèches aiguës d’un archer 
vigoureux, avec descharbonsdes- 
tructeurs. 

5. Malheur àmoi, parce que mon 
séjour dans une terre étrangère 
a été prolongé. J'ai habité avec 
les habitants de Gédar; 

6.Monâmea beaucoup séjourné 
dans une terre étrangere. 

". Avec ceux qui haissent la 
paix, j'étais pacifique ; lorsque je 
leur parlais, ils m'attaquaient gra- 
tuitement. 


Ps. CXX, 4. Il Par., xx, 17. 


LES PSAUMES. 


[Ps. cxx.* 


PSAUME CXX 
(Hinpn., CXXI). 
Le Psalmiste, abandonné des hommes, 
met toute sa confiance dans le Sei- 


gneur. Ce psaume est en forme de dia- 
logue. 


Cantique des degrés. 


1. Jai levé les yeux vers les 
montagnes, d'oü me viendra le 
secours. 

2. Mon secours vient du Sei- 
gneur, qui a fait le ciel et la terre. 

3. Qu'il ne permette pas que 
ton pied soit ébranlé, et qu'il ne 
s'assoupisse pas, celui qui te 
garde. 

4. Vois, il ne s'assoupira, ni ne 
dormira, celui qui garde Israél. 

5. CestleSeigneur quite garde, 
cest le Seigneur qui est tà pro- 
tection ; il est sur ta main droite. 


donner lieu à cette dénomination. On peut voir dans les interprétes les diverses ex- 
plications qui ont été données de ce titre. — * Voir la note 4 à la fin du volume, au 
mot ma‘alôth. — L'auteur vit dans un temps de trouble, peut-être du temps d'Es- 
dras, aprés la captivité; il est entouré d'ennemis, comme une brebis au milieu des 
loups, et il implore le secours de Dieu. 

1-2. * Invocation à Dieu contre les fourbes. 

3-4. * Apostrophe aux fourbes, qui ne retireront aucun profit de leur tromperie. 

.3. Que te sera-t-il donné, etc. Le Psalmiste s'adresse à quelqu'un de ses calom- 
niateurs en particulier ou bien à tous, en employant le nombre singulier, ce qui a 
lieu assez souvent dans le style biblique. 

4. D'un vigoureuz; du puissant; selon les Septante, c'est-à-dire de Dieu, ou selon 
lhébreu, d’un fort, vigoureux, robuste archer. — Des charbons destructeurs (desola- 
toriis); l'hébreu porte des charbons de genévriers, ou plutôt de genéts, qui croissent 
dans les déserts de l'Arabie. Le grec lit les charbons du désert, c'est-à-dire provenant 
de végétaux du désert. Remarquons que le terme hébreu, que la Vulgate traduit ici 
par desolatoriis, est le même que celui qu'elle a rendu par genièvre, ou genévrier dans 
III Rois, xix, 4, ὃ; Job, xxx, 4. 7 

5-1. * Plainte du Psalmiste sur son sort. 

5. Cédar, région qui tire son nom de Cédar, fils d'Ismaél (Genése, xxv, 13), et qui 
fut connu depuis sous le nom de pays des Sarrasins. 


1. * Ce psaume est écrit avec simplicité, élégance; il respire une grande sérénité 
d'âme. Les pensées du poète sont exclusivement tournées vers les choses saintes. Il 
est en route pour Jérusalem, où il est sûr de trouver le protecteur qui le garde de 
tout mal. 

5. Il est sur ta main droile; il la couvre, la met à l'abri; c'est-à-dire il t'assure la 
victoire. Comme on se sert surtout de la main droite pour combattre, si Dieu la 
protège dans le combat, on est sûr du succès. 


[ps. cxxi.] LES PSAUMES. 1273 


6. Pendant le jour, le soleil ne Je me suis réjoui des paroles 
te brülera pas, ni la lune pendant | qui m'ont été dites : Nous irons 
la nuit. dans la maison du Seigneur. 

7. Le Seigneur te garde de tout 2. Nos pieds se tenaient dans 
mal; que le Seigneur garde ton | tes parvis, ó Jérusalem. 
áme. 3. Jérusalem, que l'on bátit 


8. Que le Seigneur garde ton | comme une cité dont les parties 
entrée etta sortie, 688 606 moment | sont unies ensemble. 


et jusqu'à jamais. 4. Car, là sont montées les tri- 
bus, les tribus du Seigneur; té- 
PSAUME CXXI moignage d'Israël, pour y louer 
(Héer., CXXII). le nom du Seigneur. 
L'auteur exprime dans ce psaume la joie 5. Parce que là ont été établis 


que ressentirent les Juifs captifs à Ba- | des tribunaux pour le jugement, 


bylone, lorsqu'il leur fut permis de | des trónes pour la maison de 
retourner à Jérusalem, David 


1. Cantique des degrés. 6. Demandez ce qui importe à 


6. Ni la lune pendant la nuit. Les Orientaux ont toujours attribué le froid de la 
nuit à la lune, comme ils ont donné le nom de brûlure à l'effet du froid sur les corps, 
aussi bien qu'à celui de la chaleur, parce que le froid et la chaleur desséchent éga- 
lement les plantes et les font mourir, fanent les feuilles et les fleurs, et laissent sur 
les corps vivants à peu près les mêmes marques et les mêmes impressions. Les au- 
teurs grecs et latins ont aussi attribué au froid la vertu de brüler comme au chaud. 

8. Entrée et sortie; ces mots, comme nous l'avons déjà remarqué plusieurs fois, 
signifiaient ordinairement chez les Hébreux l'ensemble de la conduite, toutes les 
actions de la vie. 


1. L'hébreu, le chaldéen, le syriaque et plusieurs autres interprétes ont lu le nom 
de David en tête de ce psaume, il n'en est pas de méme des Septante, de la Vulgate 
et des Pères. — * Composé peut-être pendant la révolte d'Absalom. — Ce psaume 
suppose très clairement l'existence des pèlerinages à Jérusalem, vers. 4-6, comme règle. 

1-3. * Joie au départ pour Jérusalem; arrivée à la ville bien bâtie. 

2. Nos pieds, etc. Avant la captivité nous avons demeuré dans, etc. 

3. Dont les parties, etc.; littér. dont la participation est pour une méme chose. Or 
le terme hébreu rendu dans les Septante et la Vulgate par le mot parlicipation si- 
gnifie jonction, liaison, union. Ainsi le sens de cette dernière partie du verset est que 
Jérusalem, dont les pierres et les édifices furent dispersés ou détruits pendant long- 
temps, ont été de nouveau rétablis et rassemblés, de manière à constituer une ville 
bien habitée et bien peuplée. Compar. Jérém., xxxi, 23, 24. — Quant à l'expression 
de lui (ejus), qui forme un pléonasme, après dont (pléonasme qui se trouve aussi 
dans les Septante), elle est inutile en grec et en latin, mais elle est nécessaire en 
hébreu où le pronom appelé relatif sert simplement à exprimer la relation qui est 
entre une proposition conjonctive et le nom qui est qualifié par cette proposition, 
sans toutefois remplir, comme dans plusieurs autres langues, la fonction de sujet 
ou de complément dans la proposition conjonctive elle-méme. On voit par là un 
nouvel exemple de la fidélité avec laquelle la Vulgate reproduit le texte original. 

4-5. * Les tribus d'Israël vont là en pèlerinage, selon la prescription (£émoignage) 
faite à Israél, pour y louer le Seigneur et y étre jugés par la maison de David. 

4. Les tribus, les tribus du Seigneur; c'est-à-dire toutes les tribus du Seigneur. 
Voy. p. 341, 1o. 

9. Des tribunaux, des trónes. La Vulgate, le grec et l'hébreu n'ont employé qu'un 
seul terme, mais ce terme a, entre autres significations, celles de tribunaux et de 
irónes, qui conviennent, d'ailleurs, parfaitement ici, 

6-9. * Vœux pour la félicité de Jérusalem. 


4274 
la paix de Jérusalem : et que 
l'abondance soit à ceux qui t'ai- 
ment, ó cité sainte. 

7. Que la paix regne dans ta 
force, et l'abondance dans tes 
tours. 

8. A cause de mes freres et de 
mes proches, je parlais paix à ton 
sujet ; 

9. A cause de la maison du Sei- 
gneur notre Dieu, j'ai cherché des 
biens pour toi. 


LES PSAUMES. 


[Ps. cxxir.] 


1.J'ailevé mes yeux vers vous, 
qui habitez dans les cieux. 

2. Voyez, comme les yeux des 
esclaves sont fixés sur les mains 


: de leurs maitres, 


Comme les yeux d'une ser- 
vante /e sont sur les mains de sa 
maîtresse; ainsi nos yeux sont 
fixés sur le Seigneur notre Dieu, 
jusquà ce quil ait pitié de 
nous. 

3. Ayez pitié de nous, Seigneur, 


ayez pitié de nous; parce que 
nous avons été entierement rem- 
plis de dédain : 

4. Parce que notre âme en a été 
entièrement remplie : nous som- 
mes un opprobre pour ceux qui 
sont dans l'abondance, et un dé- 
dain pour les superbes. 


PSAUME CXXII 
(HéBR., CXXIII). 


Ce psaume contient une priére, qu'Ori- 
gene, saint Jean Chrysostome, Théo- 
dore d'Héraclée, Théodoret, Bède, etc., 
mettent dans la bouche des captifs ac- 
cablés sous le joug des Babyloniens. 


Cantique des degrés. 


1. Force. Le terme hébreu rendu ici dans les Septante et la Vulgate par force, 
puissance (virtute), est traduit ailleurs dans les mêmes versions par forteresse ou 
rempart, forlificalion avancée, avant-mur, armée, troupes, sens qu'il a aussi en divers 
endroits, et que le contexte lui-méme autorise certainement dans ce verset. 

8. Ce verset et le suivant contiennent la réponse des Israélites que l'on a exhortés, 
dans les précédents, à donner des bénédictions à Jérusalem. — Mes frères et mes 
proches; qui me sont unis par la religion et qui demeurent dans ton enceinte. — 
Je parlais, etc.; c'est-à-dire je te souhaitais la paix. 

9. A cause de la maison, etc.; en considération du temple du Seigneur et de l'arche 
d'alliance que tu as le bonheur de posséder. — J'ai cherché à te procurer toutes 
sortes de biens. — * La Jérusalem terrestre est la figure de la Jérusalem céleste, 
aussi les sentiments exprimés dans ce psaume conviennent-ils parfaitement au 
chrétien qui aspire au ciel. « Je me suis réjoui, etc., vers. 1. Il est donc vrai que 
nous irons à la maison du Seigneur... Que les enfants du siecle se livrent à la fureur 
de leurs passions. Pour nous, enfants de lumiére, hommes de désirs, nous demeu- 
rerons immobiles sur le seuil de la porte du Temple de Jérusalem; nous n'aurons 
de conversation et de commerce que dans le ciel; notre cœur sera tout entier là où est 
notre véritable trésor... Car là sont montées les tribus, les tribus du Seigneur. Que 
leur sort est désirable ! Nous sommes au vestibule, et ils ont pénétré jusqu'au Saint 
des Saints; nous craignons et ils sont dans l'assurance; nous combattons et ils 
triomphent; nous souffrons et ils sont enivrés d'un torrent de voluptés; nous croyons 
st ils voient; nous espérons et ils possèdent; nous gémissons et ils louent; nous 
prions et ils louent. Pour y louer le nom du Seigneur. Voilà la seule ambition qui 
nous soit permise. Tout ce qui n'est pas la céleste Jérusalem est indigne de nous; 
ne souhaitons, ne demandons que les biens et la paix qu'elle renferme. Demandez 
ce qui importe à la paix de Jérusalem. Ne songeons qu'au ciel, ne cherchons que le 
ciel, n'amassons que pour le ciel; ne vivons que dans le ciel. À cause de la maison 
du Seigneur notre Dieu, j'ai cherché des biens pour toi. » (L'abbé PoUuLLE.) 


1. * Le pieux Israélite lève ses yeux avec confiance vers Dieu 1? pour connaitre sa 
volonté, 1-2; 29 pour recevoir sa grâce au moment de l'affliction, 3-4, / 


rs cxxiv.] 


PSAUME CXXIII 
(Hérr., CXXIV). 

Ce psaume contient les actions de gráces 
des captifs délivrés de leurs ennemis. 
ils reconnaissent que, sans une protec- 
tion particulière de Dieu, ils étaient 
perdus sans ressource. 


1. Cantique des degrés. 

Si le Seigneur n’eût été au 
milieu de nous, dise maintenant 
Israél; 

9. Sile Seigneur n'eüt été au 
milieu de nous, 

Lorsque les hommes s'insur- 
geaient contre nous, 

3. Peut-étre nous auraient-ils 
dévorés tout vivants : 

Lorsque leur fureur s'irritait 
contre nous, 

4. Peut-étre que l'eau nous au- 
rait engloutis. 

5. Notre àme a traversé un tor- 
rent : peut-étre notre àme aurait 
passé dans une eau sans fond. 

6. Béni 16 Seigneur, qui ne nous 
ἃ pas donnés en proie à leurs 
dents. 


LES PSAUMES. 


1275 

7. Notre âme, comme un passe- 
reau, a élé arrachée du filet des 
chasseurs : le filet a été rompu, 
et nous, nous avons été déli- 
vrés. 

8. Notre secours est dans le 
nom du Seigneur qui a fait le ciel 
et la terre. 


PSAUME CXXIV 
(Hégn., CXXV). 
Le Psalmiste représente le bonheur de 
ceux qui se confient en Dieu. Il ne lais- 


sera pas longtemps les justes sous la 
verge des pécheurs. 


1. Cantique des degrés ". 


Ceux qui se confient dans le 
Seigneur sont comme la mon- 
tagne de Sion : il ne sera jamais 
ébranlé, celui qui habite 

2. Dans Jérusalem. 

Des montagnes sont autour 
d'elle, et le Seigneur autour de 
son peuple, dés ce moment et 
jusqu'à jamais. 

3. Parce que le Seigneur ne 
laissera pas la verge des pécheurs 
sur l'héritage des justes, afin que 


1. * Ce beau psaume peint les efforts qu'ont fait les ennemis du peuple de Dieu 
pour le dévorer, mais Dieu les a arrachés à leur rage. Cette même pensée est exprimée 
sous des images diverses : des flots qui menacaient de les engloutir, des réts qu'on 
leur tendait pour les prendre. — Les aramaismes du texte original indiquent que 
la composition est relativement récente. Elle est faite avec un art raffiné. 

5. Sans fond; sans fondement, selon les Septante; la Vulgate porte intolerabilem, 
qui ne supporte pas, qui n'offre pas d'appui, de soutien, sur laquelle on ne peut 
fixer le pied; ce qui revient au sens donné par les Septante. 

6. À leurs dents; aux dents des hommes, nommés au vers. 2. 


a * Composé sans doute pendant la captivité, vers. 3. — Ce psaume développe la 
pensée que Dieu protége ceux qui lui demeurent fidéles au milieu des épreuves de 
la captivité. 

1-2. * Qui se confie en Dieu est inébranlable comme Jérusalem sur ses montagnes. 
Les montagnes, dans l'Ecriture, sont l'image de la sécurité, parce que c'est là que 
les Hébreux se mettaient à l'abri de leurs ennemis. 

2. * Voir la note 15 sur Jérusalem à la fin du t. Ier, p. 769. 

3. La verge des pécheurs; c'est leur domination, leurs injustes violences. — Afin 
que les justes ne succombent pas à la violence de la tentation; qu'ils ne se laissent 
pas aller au découragement et au désespoir, et qu'ils n'imitent point les pécheurs 
auxquels ils seraient assujettis. — * La pensée exprimée dans ce verset est que la 
captivité prendra fin. | 


1276 
les justes n'étendent point leurs 
mains vers l'iniquité. 

4. Faites du bien, Seigneur, 
aux bons, et aux droits de cœur. 

9. Mais ceux qui se détournent 
dans les voies tortueuses, le Sei- 
gneur les amènera avec ceux qui 
opèrent l'iniquité : paix sur Israël. 


PSAUME CXXV 
(Hésr., CXXVI). 


Les Juifs revenus de la captivité de Ba- 
bylone louent le Seigneur, et le prient 
de faire revenir leurs frères qui sont 
encore dans le lieu d'exil. 


LES PSAUMES. 


[Ps. cxxv.] 


2. Alors notre bouche fut rem- 
plie de chants de joie, et notre 
langue de cris d'exultation. 

Alors on dira parmi les na- 
lions : Le Seigneur a magnifique- 
ment agi avec eux. 

3. Le Seigneur a magnifique- 
ment agi avec nous : nous som- 
mes devenus pleins de joie. 

4. Faites revenir, Seigneur, 
notre captivité, comme le torrent 
au midi. 

5. Ceux qui sement dansleslar- 
mes moissonneront dans l'exulta- 


tion. 
6. Allant, ils allaient et pleu- 
raient, jetant leurs semences : 
Mais, venant, ils venaient avec 
exultation, portant leurs gerbes. 


1. Cantique des degrés *. 

Quandle Seigneur afaitrevenir 
la captivité de Sion, nous fûmes 
comme des consolés. 


4-5. * Que Dieu traite le bon avec bonté; le méchant, qu'il le punisse, et qu'il donne 
sa paix à Israél. 

5. Les voies tortueuses; c'est le sens de l'hébreu et du grec; la Vulgate porte obli- 
galiones, mot que quelques-uns pensent être une faute de copiste, et avoir été mis 
pour obliquationes, obliquités. D'autres croient que l'auteur de la Vulgate a réelle- 
ment traduit par obligationes, mais en prenant ce mot dans le sens d'entortillement, 
ce qui revient à l'expression de l'hébreu et du grec. — Les aménera, etc.; c'est-à-dire 
permettra qu'ils se joignent à ceux qui, etc. 


3* Les versets 1-3 s'occupent du passé, les versets 4-6, de l'avenir. Dans le passé, 
le Psalmiste rappelle la joie du retour de lacaptivité; des difficultés sont survenues 
depuis; les peuples qui entourent Juda lui suscitent toutes sortes d'obstacles pour 
entraver la reconstruction du temple; tous les captifs ne sont pas revenus, mais que 
personne ne se laisse abattre : on séme dans les larmes, on récoltera dans l'allé- 
gresse. 

1. Comme des consolés; comme des gens qui passent d'une grande affliction à la 
consolation la plus vive en apprenant une nouvelle heureuse et inattendue. 

4. Le torrent au midi. Le mot torrent étant précédé de l'article déterminatif dans 
les Septante, il est question ici non d'un torrent en général, mais d'un torrent par- 
ticulier et connu. Or, c'est probablement le Nil, fleuve de l'Egypte, qui était au midi 
de la Palestine. Ainsile sens du verset serait : Faites revenir, Seigneur, nos captifs, 
comme vous faites revenir le Nil pour arroser et fertiliser le pays, aprés qu'il l'a 
laissé dans la sécheresse pendant l'été. Cette interprétation, il est vrai, demanderait 
torrent à l'accusatif ({orrentem); mais, comme nous l'avons déjà remarqué plus d'une 
fois, dans 1» style biblique, les cas se mettent l'un pour l'autre, sans égard pour la 
concordazce latine. A la vérité, le texte hébreu porte: Comme des torrents dans le 
midi; mais c'est toujours la méme idée; car ce que nous venons de dire du Nil en 
particulier est applicable aux divers torrents du sud de la Judée, de l'Idumée et de 
l'Arabie Pétrée. 

6. * Allant, ils allaient. Le participe du verbe, placé devant le verbe, correspond 
à un idiotisme hébraique qui a pour objet de donner plus de force à l'expression; 
7 est une forme intensitive, 


[Ps. σχχυπ. 


PSAUME CXXVI 
(Hésr., CXXVII). 

Le Psalmiste exhorte les Juifs qui avaient 
entrepris de rebátir la ville de Jérusa- 
lem et le temple du Seigueur, à n'at- 
tendre que de lui le succès de cette en- 
treprise. 


1. Cantique des degrés de Salomon 5. 


Si le Seigneur ne bâtit une 
maison, en vain travaillent ceux 
qui la bâtissent. 

Si le Seigneur ne garde une 
cité, inutilement veille celui qui 
la garde. 

2. C'est chose vaine à vous de 
vous lever avant le jour : levez- 
vous aprés que vous aurez pris 
du repos, vous qui mangez un 
pain de douleur. 

Lorsqu'laura donné ἃ 565 bien- 
aimés le sommeil, 

3. Voici l'héritage du Seigneur, 


LES PSAUMES. 1271 


4. Comme des flèches aans la 
main d'un archer vigoureux, ainsi 
sont les fils des exilés. 

9. Bienheureux lhomme qui 
par eux a rempli son désir; il ne 
sera pas confondu, lorsqu'il par- 
lera à ses ennemis à la porte de 
la ville. 


PSAUME CXXVII 
(Hésr., CXXVIII). 


Le Psalmiste représente le bonheur de 
ceux qui craignent le Seigneur et qui 
marchent dans ses voies. 


1. Cantique des degrés. 


Bienheureux tous ceux qui 
craignent le Seigneur, et qui 
marchent dans ses voies. 

2. Parce que tu mangeras /e 
fruit de tes travaux, tu es bien 
heureux, et bien te sera encore. 

3. Ta femme sera comme une 
vigne féconde dans l'intérieur de 


ta maison : 
Tes enfants, comme de jeunes 


des fils; la récompense, le fruit 
des entrailles. 


* * De Salomon. — Le nom de Salomon manque dans la plupart des exemplaires 
des Septante, et Théodoret observe que le 1er verset semble indiquer qu'il s'agit non 
du premier temple, mais du second, dont la construction fut entravée par les 
peuples voisins, vers. 2, et fort difficile à cause du petit nombre de Juifs qui étaient 
revenus de captivité avec Zorobabel, vers. 4. Il faut remarquer d'ailleurs que ce 
psaume imite les écrits de Salomon. — Voici le développement des pensées conte- 
nues dans ce psaume. — 1: Tous nos efforts sont vains, sans le secours de Dieu; — 
2 : Vain le lever matinal, vaine la veille prolongée, sans travail, tandis que à celui qu'il 
aime, pendant qu'il dort, Dieu donne son pain. — 3-5 : Comme bénédiction spéciale de 
la Providence, le Psalmiste énumere les enfants:ils sont la force de la famille, comme 
des flèches dans un carquois, les défenseurs naturels des parents devenus infirmes. 

1, 3. Voyez, pour le sens général de ces trois versets, II Esd»., 1v-vr. 

3. Voici l'héritage, etc.; c'est-à-dire que les ^ bien-aimés (vers. 2) recevront du 
Seigneur pour héritage des fils, et pour récompense, le fruit des entrailles, expres- 
sion synonyme d'enfants. 

4. Exilés; littér. secoués, ébranlés; et par extension, bannis, chassés de leur pays. 

5. Qui par eux; par leur nombre; c'est-à-dire qui aura eu autant de fils qu'il en 
désirait. — Lorsqu'il parlera ; s’il lui survient une dispute, un procès, une querelle 
contre quelqu'un de ses concitoyens. — À la porte de la ville; c'était là que, chez les 
Hébreux, se trouvaient des tribunaux et que se rendait la justice. 


1. * Le Psalmiste chante le bonheur du juste dans sa famille, et termine par des 
souhaits en faveur de Jérusalem. — Heureux qui garde la loi, il jouira du fruit de 
ses mains (vers. 1-2), et aura une nombreuse famille (vers. 3). Ainsi il sera béni et 
verra Jérusalem prospère (vers. 4-6). 

3. Dans les coins (in lateribus); l'hébreu dit dans l'intérieur, 


1278 
plants d'oliviers, autour de ta 
table. 

4. Ainsi sera béni l'homme qui 
craint le Seigneur. 

5. Que le Seigneur te bénisse 
de Sion, et que tu voies les biens 
de Jérusalem, tous les jours de 
ta vie. 

6. Et que tu voies les fils de tes 
fils, la paix sur Israël. 


PSAUME CXXVIII 
(Hésr., CXXIX). 


Le Psalmiste exhorte les enfants d'Israél 
à louer le Seigneur de la protection 
qu'il leur a accordée. 


1. Cantique des degrés. 


Souvent ils m'ont attaqué de- 
puis ma jeunesse, qu Israël le dise 
maintenant. 

2. Souvent ils m'ont attaqué de- 
puis ma jeunesse, mais ils n'ont 
rien pu contre moi. 

3. Sur mon dos ont travaillé les 
pécheurs; ils ont prolongé leur 
iniquité. 


LES PSAUMES. 


. 
[Ps. cxxix.] 


4. Le Seigneur, qui est juste, a 
abattu la tête des pécheurs ; 

6. Qu'ils soientconfondus, qu'ils 
retournent en arriere tous ceux 
qui haissent Sion. 

6. Qu'ils deviennent comme 
l'herbe des toits, qui, avant qu'on 
l'arrache, est desséchée ; 

7. Dont ne remplit pas sa 
main celui qui moissonne, ni 
son sein celui qui recueille les 
gerbes. 

8. Et ils n'ont pas dit, ceux 
qui passaient : La bénédiction 
du Seigneur soit sur vous, nous 
vous bénissons au nom du Sei- 
gneur. 


PSAUME CXXIX 
(HÉsR., CXXX). 


Dans ce psaume, qui est un des sept pé- 
nitentiaux, l'auteur, du fond de l'abime 
où ses péchés l'ont plongé, envisage la 
miséricorde du Sauveur et espère en 
sa bonté. 


1, Cantique des degrés. 


5. De Sion. Sion était considérée comme la demeure particulière de Dieu, à cause 
du tabernacle qui s'y trouvait. — Que tu voies. Le verbe hébreu, que les Septante et 
la Vulgate ont rendu par voir, signifie aussi éprouver, goûter, jouir de; c'est certai- 
nement le sens qu'il a ici. 


1-8. * Deux strophes : 1-4 : Dieu a mis fin aux malheurs d'Israél; — 5-8 : Puisse 
ce triomphe étre durable ! 

1. Souvent, etc. Les uns appliquentles paroles dece verset et des suivants à David, 
persécuté dés sa jeunesse, et toujours supérieur à ses ennemis; les autres aux Juifs, 
qui ayant essuyé pendant un long temps tout ce que la malice et l'envie de leurs 
ennemis purent inventer contre eux, se trouvèrent enfin tranquilles dans Jérusalem 
après la captivité, virent le temple du Seigneur rétabli et les murs de la ville réparés. 

3. Sur mon dos, etc. L'hébreu porte : Sur mon dos, des laboureurs ont labouré ; ils 
y ont tracé de longs sillons; ce qui était, sans doute, une manière de parler prover- 
biale, pour dire, ils m'ont battu de verges et m'ont fait de profondes blessures. 

6. L'herbe des toits, etc. Les toits de la Palestine étaient en plateforme, et l'herbe 
y croissait souvent; mais comme le pays était très chaud et que cette herbe manquait 
de nourriture, elle se flétrissait et se desséchait bientót. 

7. * Nison sein. Les Orientaux mettent dans leur sein les petits objets qu'ils ra- 
massent. 


1-8. * Ce psaume, [6 65 des pénitentiaux, est, dans les prières de l'Eglise, le gémis- 
sement des âmes du purgatoire. C'est. une invocation touchante du pécheur qui 
demande à Dieu de le traiter avec miséricorde. « Ce chant extraordinaire, que chacun 
de nous a répété sur sa propre douleur, [fut] d'abord l'explosion d'un déchirement 


[ps. cxxx.] 


Des profondeurs de /'abime j'ai 
crié vers vous, Seigneur ; 

2. Seigneur, écoutez ma voix. 

Que vos oreilles deviennent at- 
tentives àla voix de ma suppli- 
calion. 

3. Si vous observez les iniqui- 
tés, Seigneur, Seigneur, qui ré- 
sistera ὦ votre jugement 7 

4. Mais en vous est la propitia- 
tion, et à cause de votre loi, je 
vous ai attendu avec patience, 
Seigneur. 

Mon àme s'est soutenue par sa 
parole; 

5. Mon âme a espéré dans le Sei- 
gneur. 

6. Depuis la veille du matin 
jusqu'à la nuit, qu'Israél espere 
dans le Seigneur. 

1. Parce que dans le Sei- 
gneur est la miséricorde, et 
en lui une abondante rédemp- 
tion. 

8. Et lui-même rachètera Israël 
de toutes ses iniquités. 


LES PSAUMES. 


PSAUME CXXX 
(Hésr., CXXXI). 


Le Psalmiste prend le Seigneur à témoin 
que son cœur a été très éloigné des 
sentiments d'orgueil et d'ambition que 
ses ennemis lui supposaient injuste- 
men +. 


1. Cantique des degrés de David. 


Seigneur, mon cœur ne s'est 
pas exalté, et mes yeux ne se sont 
pas élevés. 

Je n'ai pas non plus marché 
dans les grandeurs, ni dans les 
choses merveilleuses au-dessus 
de moi. 

2. 51 je n'avais pas d'humbles 
sentiments, si au contraire j'ai 
exalté mon àme, 

Que comme l'enfant qui a été 
sevré sur sa mere, ainsi soit 
traitée mon àme. 

8. Qu'Israél espere dans le Sei- 
gneur, dès ce moment et jusqu'à 
jamais. 


individuel, explosion d'un pathétique tellement expressif que, n'ayant ni auparavant 
ni depuis rien entendu de comparable, l'Eglise en a fait la lamentation liturgique 
des adieux suprémes. » (E. OLLivier.) — Quatre  strophes : 1-2 : Appel à la miséri- 
corde de Dieu; — 3-4* : parce que, s'il traite tout le monde avec une justice rigou- 
reuse, personne ne pourra le soutenir. — 4b-6 : Motif de confiance : Le Psalmiste 
espère, — 1-8 : parce que Dieu est plein de miséricorde. 

1. Des profondeurs de l'abime; c'est-à-dire de mon malheur, de ma misére, de mon 
infortune; ou selon saint Chrysostome, Théodoret et quelques autres auteurs grecs, 
au fond de mon cœur. 

4. A cause de votre loi, à cause des promesses de votre loi. Voy. Lévit., xxv1; Deutér., 
XXVIII. 

6. La veille du matin; c'est-à-dire l'espace de temps compris entre 16 chant du coq 
et le lever du soleil. Compar. Exod., xiv, 24. 


1.* Ce psaume rend bien les sentiments de David, toujours parfaitement soumis 
à la volonté de Dieu dans toutes les circonstances de sa vie. — Trois strophes : 
4 : Le Psalmiste n'aspire pas à ce qui est au-dessus de lui. — 2 : Il a fait taire son 
âme, comme un enfant sevré. — 2-3: Qu'Israél espère en Dieu. 

2. Si je n'avais, etc. C'était la formule ordinaire des vœux ou serments des Hébreux. 
Voy. Ps. xav, 11. — Que comme l'enfant, etc.; c'est l'imprécation jointe au vœu, et 
dont le sens est : Je veux que Dieu me traite comme on traite un enfant qui, lors- 
qu'on le sèvre, gémit entre les bras de sa mère. Voy., sur les formules de serments, 
Ps. xciv, 11. 


4280 


PSAUME CXXXI 
(Hisn., CXXXII). 


Le Psalmiste prie le Seigneur de se sou- 
venir de David, et d'accomplir en sa 
considération les promesses qu'il lui a 
faites. 


1. Cantique des degrés. 


Souvenez-vous, Seigneur, de 
David, et de toute sa douceur ; 

2. Comme il a juré au Seigneur, 
et voué ce vœu au Dieu de Jacob : 

3. Si j'entre dans l'intérieur de 
ma maison, si je monte sur le lit 
de mon repos; 

4. Si jaccorde à mes yeux le 
sommeil, et à mes paupieres l'as- 
soupissement ; 

ὃ. Et le repos à mes tempes, 
jusqu'à ce que je trouve un lieu 


LES PSAUMES. 


(es. cxxx1.] 


pour le Seigneur, un tabernacle 
pour le Dieu deJacob. 

6. Voilà que nous avons appris 
qu il était à Ephrata, nous l'avons 
trouvé dans les champs de la fo- 
ret. 

1. Nous entrerons dans son ta- 
bernacle, nous adorerons dans le 
lieu où se sont arrêtés ses pieds. 

8. Levez-vous, Seigneur, e£ en- 
(rez dans votre repos, vous et 
l'arche de votre sanctification. 

9. Que vos prétres soient revé- 
tus de justice et que vos saints 
exultent. 

10. A cause de David votre ser- 
viteur, ne détournez pas la face 
de votre christ. 

11. Dieu a juré la vérité à Da- 
vid, et il nel'éludera pas : Je met- 


Ps. CXXXI. 3. II Rois, vii, 2. — 8. II Par., vi, 41. — 11. II Rois, vir, 12; Luc, 1, 55; 
Actes, 11, 30. 


1.* Ce psaume demande la protection divine pour la famille de David et annonce 
le règne du Messie. Il fut probablement composé par Salomon pour la Dédicace du 
temple, II Par., νι, 41. — Les versets 1-10, rappellent à Dieu ce que David a fait pour 
lui : Projet de lui élever un temple (vers. 1-5); transport de l'arche à Jérusalem 
(vers. 6-10), — et lui demandent d'en récompenser sa postérité. Les versets 11-18, 
reproduisent les promesses que D:eu avait faites à David. 

3-5. Ces trois versets expriment l'objet du vœu ou serment du Psalmiste, mais 
l'imprécation qui suit le jurement est sous-entendue. Voyez Ps. xciv, 11. Compar. 
II Rois, vit, 2; ΠῚ Paral., vt, 4. 

6. Nous avons appris, etc. Ces paroles et celles des deux versets suivants sont attri- 
buées par les uns à David et par les autres au peuple juif captif. — Qu'il ; c'est-à-dire 
le tabernacle ({abernaculum) du vers. précédent; la Vulgate et les Septante disent 
elle (eam). Voy. sur cette anomalie Ps. cxvir, 50. — Ephrata désigne probablement 
ici la tribu d'Ephraim, dans laquelle était située Silo, ville qui possédait l'arche et le 
tabernacle. Or, il est certain que l'arche demeura dans cette tribu depuis Josué jus- 
qu'à Samuel, et que de là elle fut transportée à Cariathiarim, σὰ elle demeura jus- 
qu'au commencement du règne de David sur tout Israël. Compar. Ps. rxxvir, 60, 67. 
— Les champs de la forét; le mot hébreu Cariathiarim signifie, en effet, ville des bois. 
— *' Le texte original porte : 


Nous entendimes dire qu'elle [l'arche] était à Ephrata, 
Et nous la: trouvàmes dans les champs de Yahar, 


Yahar siguifie forét et a été traduit par sylva dans la Vulgate. C'était un endroit près 
de Cariathiarim. Cariathiarim était une ville de Juda, sur la route de Jérusalem ἃ 
Jaffa, dans les montagnes. 

8. L'arche de votre sanctification. Voy. Ps. Lxxvir, 54; Ps. xcv, 6. — Levez-vous, 
Seigneur. Compar. II Parul., νι, 41. 

10. De votre christ; c'est-à-dire de votre oint. Salomon fut oint ou sacré roi par le 
prétre Sadoc (III Rois, τ, 39). 

41. Dieu a juré, etc. Ces promesses se rapportent, selon la lettre, à Salomon; mais 


(rs. cxxxit.] 
trai wn fils du fruit de tes en- 
trailles sur ton trône. 

19. Si tes fils gardent mon al- 
liance et mes témoignages que 
je leur enseignerai, 

Et si leurs fils 165 gardent aussi, 
jusquà jamais ils s'asseoiront 
sur ton tróne. 

13. Puisque le Seigneur a choisi 
Sion, il l'a choisi pour son habita- 
tion. 

14. C’est là pour toujours le lieu 
de mon repos, j'y habiterai, puis- 
que je l'ai choisie. 

45. Bénissant, je bénirai sa 
veuve : ses pauvres, je les rassa- 
sierai de pain. 

16. Je revétirai ses prétres du 
salut, et ses saints exulteront 
d'exultation. 

11. Là je produirai la corne de 


LES PSAUMES. 


1984 


18. Je couvrirai ses ennemis de 
confusion, mais sur lui fleurira 
ma sanctification. 


PSAUME CXXXII 
(Héer., CXXXIII). 


Bonheur des Juifs rassemblés à Jérusalem 
aprés la captivité. 

1. Cantique des degrés de David. 

Voyez qu'il est bon et qu'il est 
agréable que des frères habitent 
ensemble ! 

2. C'est comme un parfum sur 
une téte, lequel descend sur une 
barbe, la barbe d'Aaron, 

Lequel descend sur le bord de 
son vétement ; 

3. C'est comme la rosée d'Her- 
mon, e£ celle qui descend sur la 
montagne de Sion. 

Puisque c’est là que le Seigneur 


a établi la bénédiction, et la vie 
jusqu'à jamais. 


David : j'ai préparé une lampe à 
mon christ. 
17. Malac., τπ|, 1; Luc, 1, 69. 


dans un sens plus élevé, elles conviennent parfaitement à Jésus-Christ, descendu de 
David selon la chair, et roi éternel, non seulement des tribus d'Israël, mais de toutes 
les nations de la terre. Compar. 11 Rois, virt, 12; Luc, τ, 55; Actes, 11, 30. 

15. Bénissant je bénirai; hébraisme, pour je multiplierai les bénédictions. 

17. La corne (cornu); c'est-à-dire la force, la puissance. — Une lampe; un fils, un 
successeur glorieux, illustre. Les auteurs sacrés emploient souvent cette figure ; on 
la trouve méme quelquefois dans les écrivains profanes. 

18. Mais sur lui, etc.; je me le consacrerai d'une manière éclatante, splendide. 


1. * Le Psalmiste chante l'union fraternelle des Israélites, quand ils se réunissent 
pour les grandes cérémonies religieuses. Le grand-prétre, fils d'Aaron, qui leur appa- 
rait alors, avec ses ornements éclatants et tout couvert de parfums, les ravit d'ad- 
miration; la rosée qui tombe sur l'Hermon les charme; non moins admirable, nou 
moins charmante, est la réunion des frères. 

2. Un parfum, une 1610 une barbe. Ces mots n'étant pas précédés de l'article déter- 
minatif dans le grec, version sur laquelle a été traduite notre Vulgate, et donnant 
d'ailleurs un meilleur sens, nous avons dû y conformer notre traduction. 

3. Et celle; mots évidemment sous-entendus; car le Psalmiste ne pouvait nullement 
ignorer que la rosée qui descendait du mont Hermon, situé au delà du Jourdain, ne 
pouvait tomber sur le montagne de Sion, située en decà de ce fleuve, et à plus de 
cinquante lieues d'Hermon. D'ailleurs ce genre d'ellipse n'est pas rare dans les éeri- 
vains sacrés. — * « Cet hymne national, destiné à être chanté pendant les réjouis- 
sances publiques, ainsi que le prouventles deux derniers vers, s'arrondit avec une 
grâce parfaite, dit Herder. De l'image de l'huile précieuse qui coule de la tête du 
grand prétre sur toute sa personne, le poéte passe à celle de la rosée qui descend de 
la plus haute des montagnes, puis il s'arréte sur le tableau de la prospérité de Sion. 
N'est-ce pas là la véritable marche de l'ode? Le grand prêtre Aaron lui-même n'est-il 


us T. -- el 


PSAUME CXXXIII 
(Hésr., CXXXIV). 


Le Psalmiste exhorte les prétres et les 
Lévites à louer le Seigneur et à l'invo- 
quer pour son peuple. 


1. Cantique des degrés a. 

Vous maintenant, bénissez le 
Seigneur, vous tous serviteurs du 
Seigneur; 

Qui demeurez dans la maison 
du Seigneur, dans les parvis de 
la maison de notre Dieu, 

2. Durant les nuits, élevez vos 
mains vers les choses saintes, et 
bénissez le Seigneur. 

3. Que le Seigneur te bénisse 
de Sion, lui qui ἃ fait le ciel 
et la terre. 


PSAUME CXXXIV 
(Hésr., CXXXV). 


Le Psalmiste exhorte les ministres du 
Seigneur à le louer des bontés qu'il a 


Ps. CXXXIV. 7. Jérémie, x, 13. 


LES PSAUMES. 


[Ps. [.טנצאצ6‎ 

eues pour Jacob, et des faveurs dont il 

ἃ comblé sa postérité. 

1. Alleluia. 

Louez le nom du Seigneur, 
louez le Seigneur, vous ses servi- 
teurs, 

9. Qui demeurez dans la maison 
du Seigneur, dans les parvis de 
la maison de notre Dieu. 

3. Louez le Seigneur, parce que 
le Seigneur est bon : chantez son 
nom, parce que son nom est doux, 

4. Parce que le Seigneur s'est 
choisi Jacob et Israél pour sa 
possession. 

5. Car moi j'ai connu que le 
Seigneur est grand, et que notre 
Dieu est au-dessus de tous les 
dieux. 

6. Tout ce qu'il a voulu, le Sei- 
gneur l'a fait dans le ciel, sur la 
terre, dans la mer et dans tous 
les abimes. 

+ 7. Amenant des nuages de l'ex- 


pas l'image d'un frère gracieux et paisible, que son frère oint de tout l'éclat d'Israël 
avec la bienveillance de Dieu? » 


a * Ce psaume est le dernier des psaumes graduels. Il se compose de deux courtes 
strophes : 1-2; 3.— La 1reest une invitation, faite pendant la nuit, à louer le Seigneur. 
— La seconde est la réponse à cette invitation. 

1. * Qui demeurez. Dans le texte original : qui vous tenez pour servir dans la mai- 
son de Dieu, qui remplissez les fonctions des prétres ou des lévites. 

2. Vers les choses saintes (in sancta); ce qui peut s'entendre de l'arche et du propi- 
tiatoire ou bien du sanctuaire. — * Durant les nuits. En hébreu, ces mots sont la fin 
dela phrase précédente. 

3. Que le Seigneur te bénisse. C'est, suivant les uns, une apostrophe des prétres et 

,des Lévites au peuple qui s'en retourne aprés la dédicace du temple, et, selon les 

autres, une continuation de l'exhortation faite, dans les versets précédents, aux 
prétres et aux Lévites de bénir le Seigneur; ce qui est plus vraisemblable, parce que 
dans l'exhortation il n'est nullement: fait mention de bénir le peuple, ou de prier 
pour lui. Quant au singulier fe, il ne saurait être un obstacle; car, comme nous 
l'avons déjà fait remarquer plusieurs fois, cet énallage de nombre n'est pas rare 
dans le style biblique. 


1. * Voici la suite des pensées exprimées dans ce psaume : — 1-4 : Exhortation 
à louer Dieu; — 5-7 : parce qu'il est le Maitre de la nature; — 8-12 : qu'il a délivré 
son peuple de la servitude d'Egypte, et lui a donné la terre de Chanaan ; — 13-44 : 
qu'il est plein de gloire, et sauve son peuple; — 15-18 : tandis que les dieux des 
paiens ne sont rien, — 19-21 : Que tout Israél loue donc le Seigneur. 

2. * Qui demeurez dans la maison du Seigneur. Voir. Ps. cxxxut, 4, 


ls. CXXXV.] 


trémité de la terre, il 8 changé 
des éclairs en pluie. 

C'est lui qui tire les vents de 
ses trésors ; 

8. Cest lui qui a frappé les 
premiers-nés d'Egypte, depuis 
l'homme jusqu’à la bête. 

9. Et il a envoyé des signes et 
des prodiges au milieu de toi, ὃ 
Egypte, contre Pharaon et contre 
tous ses serviteurs. 

10. C'est lui qui a frappé des 
nations nombreuses, et a tué des 
rois puissants, 

11. Séhon, roi des Amorrhéens, 
et Og, roi de Basan, et tous les 
royaumes de Chanaan. 

19. Et il a donné leur terre en 
héritage, en héritage à Israél son 
peuple. 

13. Seigneur, votre nom' sub- 
sistera éternellement, et votre 
souvenir dans toutes les généra- 
tions. 

14. Parce que le Seigneur ju- 
gera son peuple, etil seraimploré 
par ses serviteurs. 

15. Les simulacres des nations 
sont de largent et de l'or; des 
ouvrages de main d'hommes. 

16. Ils ont une bouche, et ils ne 


LES PSAUMES. 


1288 
parleront pas; ils ont des yeux, 
et ne verront pas. 

17. Ils ont des oreilles, et ils 
n'entendront pas, car il n'y a pas 
de souffle dans leur bouche. 

18. Qu'ils leur deviennent sem- 
blables, ceux qui les font, et tous 
ceux qui se confient en elles. 

19. Maison d'Israël, bénissez le 
Seigneur; maison d'Aaron, bé-: 
nissez le Seigneur. : 

20. Maison de Lévi, bénissez le , 
Seigneur; vous qui craignez le! 
Seigneur, bénissez le Seigneur. | 

21. Béni soit le Seigneur du 
haut de Sion, lui qui habite dans 
Jérusalem. 


PSAUME CXXXV 
(Hégr., CXXXVI). 
Le Psalmiste exalte la miséricorde du 
Seigneur par le récit des principales 


merveilles qu'il a opérées en faveur du 
peuple d'Israël. 


1. Alleluia. 

GlorifiezleSeigneur, parce qu'il 
est bon, parce qu'éternelle est sa 
miséricorde. 

2. Glorifiez le Dieu des dieux, 
parce qu'éternelle est sa miséri- 
corde. 


8. Exode, xu, 29. — 10. Jos., xit, 1, 7. — 11. Nomb., xxi, 24, 35. — 15. Supra, exui, 4. 


— 16. Sag., xv, 15. 


.ו 


11. * Basan. Voir Nombres, xx1, 33. 


13. Toutes lés générations; littér. et par hébraisme, génération et génération. Voy. 


p. 341, 15. 
11. De souffle; de vie. 


j 


1. * 1» Le Psalmiste exhorte le peuple à louer Dieu, 1-3; — 20 à cause des mer-. 
veilles qu'il à opérées pendant les six jours de la création, 4-9 ; — 3» de la délivrance! 
d'Israel de l'Egypte, 10-15; — 4» du don de la Terre Promise, 16-22; — ὅο des dons, 
qu'il accorde à chacun, 23-26. — Ce psaume a cela de particulier, que le refrain est | 
intercalé entre chaque vers (26 fois) : parce qu'éternelle est sa miséricorde. — Un solo; 
chantait, sans doute, chaque vers, et le chœur reprenait aussitôt le refrain, qui^ 
était comme le répons de nos litanies. | 

2-3. Dieu des dieux; Seigneur des seigneurs; par ces expressions, le Psalmiste a 
voulu dire que Dieu est supérieur à toute puissance, de quelque nature qu'elle soit, 
dans le ciel, surla terre ou méme dans les enfers. Quant au mot dieux en particulier, 
on le donne assez souvent aux juges, aux magistrats. Voy. Ps. אצאצ‎ 1. 


4984 


3. Glorifiez le Seigneur des sei- 
gneurs, parce qu'éternelle est sa 
miséricorde ; 

4. Qui seulfait de grandes mer- 
veilles, parce qu'éternelle est sa 
miséricorde ; | 

ὃ. Qui a fait les cieux avec in- 
telligence, parce qu'éternelle est 
sa miséricorde ; 

6. Qui a affermi la terre sur les 
eaux, parce qu'éternelle est sa 
miséricorde ; 

1. Qui a fait de grands lumi- 
naires, parce qu'éternelle est sa 
miséricorde ; 

8. Le soleil pour dominer sur 
le jour, parce qu'éternelle est sa 
miséricorde ; 

9. La lune et les étoiles, pour 
dominer sur la nuit, parce qu'éter- 
nelle est sa miséricorde ; 

10. Qui a frappé l'Egypte avec 
leurs premiers-nés, parce qu'éter- 
nelle est sa miséricorde; 

11. Qui a fait sortir Israël du 
milieu d'eux, parce qu'éternelle 
est sa miséricorde ; 

12. Avec une main puissante 
et un bras étendu, parce qu éter- 
nelle est sà miséricorde ; 

13. Qui a divisé en deux la mer 
Rouge, parce qu'éternelle est sa 
miséricorde ; 

14. Et a fait passer Israél au 
milieu d'elle, parce qu'éternelle 
est sa miséricorde ; 

15. Et a renversé Pharaon et 


LES PSAUMES. 


[Ps. cxxxv.] 


son armée dans la mer Rouge, 
parce qu'éternelle est sa miséri- 
corde ; 

16. Qui a conduit son peuple à 
travers le désert, parce qu'éter- 
nelle est sa miséricorde ; 

17. Qui a frappé de grands rois, 
parce qu'éternelle est sa miséri- 
corde. 

18. Et a tué des rois puissants, 
parce qu'éternelle est sa miséri- 
corde ; 

19. Séhon, roi des Amorrhéens, 
parce qu'éternelle est sa. miséri- 
corde ; 

20. Et Og, roi de Basan, See 
qu'éternelle est sa miséricorde : 

21. Et il a donné leur terre en 
héritage, parce qu'éternelle est 
sa miséricorde ; 

29. En héritage à Israël son 
serviteur, parce qu'éternelle est 
sa miséricorde ; 

23. Parce que dans notre hu- 
miliation il s'est souvenu de nous, 
parce qu'éternelle est sa miséri- 
corde ; 

24. Etil nous ἃ rachetés de nos 
ennemis, parce qu'éternelle est 
sa miséricorde ; 

25. Qui donne la nourriture à 
toute chair, parce qu'éternelle est 
sa miséricorde ; 

96. Glorifiez le Dieu du ciel, 
parce qu'éternelle est sa miséri- 
corde. 

Glorifiez le Seigneur des sei- 


Ps. CXXXV. 5. Genèse, 1, 1. — 10. Exode, xir, 29. — 11. Exode, χα, 17. — 15. Exode, 
xiv. 28. — 18. Nomb., xxr, 24. — 20. Nomb., xxi, 33. — 21. Jos., xur, 7. 


10. Leurs premiers-nés; au lieu de ses premiers. Le mot leurs est au pluriel, parce 
qu'Egypte, nom auquel il se rapporte, ne doit pas s'entendre ici de la terre, du sol, 


mais des habitants. 


11. D'euz; des Egyptiens. Compar. le verset précédent. 
13. A divisé en deux; littér. a divisé en divisions. Compar. Exode, xiv, 21, 22, 


20. * Basan. 


Voir la note sur Nombres, xxt, 33. 


24. Il nous a rachelés, etc.; il nous a délivrés des injustices de nos ennemis, 


[Ps. cxxxvI.] 


gneurs, parce qu'éternelle est sa 
miséricorde. 


PSAUME CXXXVI 
(Hégr., CXXXVII). 

Le Psalmiste représente les Juifs captifs 
à Babylone comme n'ayant d'autre joie 
et d'autre consolation que celles que 
leur donnent le souvenir de Jérusalem 
et l'espérance d'y retourner. 


Psaume de David à Jérémie ἃ. 


1. Sur les fleuves de Babylone, 
là nous nous sommes assis, et 
nous avons pleuré, comme nous 
nous souvenions de Sion. 

9. Aux saules, au milieu d'elle, 
nous avons suspendu nos instru- 


LES PSAUMES. 


1985 


demanderent les paroles de nos 
chants ; 

Et ceux qui nous avaient enle- 
vés nous disaient : Chantez-nous 
un hymne des cantiques de Sion. 

4. Gomment chanterons-nous 
un cantique du Seigneur dans 
une terre étrangere? 

5. Si je t'oublie, Jérusalem, que 
ma main droite soit livrée à 
l'oubli. 

6. Que ma langue s'attache à 
mon gosier, si je ne me souviens 
pas de toi, 

Si je ne me propose Jérusalem 
comme principe de ma joie. 


- 


1. Souvenez-vous, Seigneur, 


ments. 
3. Parce que là ceux qui nous 
avaient emmenés captifs, nous 


des fils d'Edom au jour de Jéru- 
salem, 
Disant : Réduisez à néant, ré- 


a A Jérémie; ou de Jérémie, pour Jérémie. Cette inscription n'est pas dans l'hébreu, 
ni dans le chaldéen. — * Ce titre est difficile à expliquer; il est formellement rejeté 
par Théodoret. 

1-9. * Ce psaume, l'un des plus beaux et des plus touchants, nous représente les 
Juifs captifs à Babylone, ne pouvant goüter aucune joie loin de leur patrie. Le pa- 
iriotisme et 18 religion ne peuvent pas s'élever plus haut. « La poésie touchante de 
ce psaume, son sentiment si profond, si vrai, si mélancolique et si naturel, est passé 
dans l'âme des masses et l'a rendu populaire. Il répond à toutes les notes plaintives 
du cœur humain, à toutes les amertumes et à tous les regrets, à toutes les aspira- 
tions et à tous les mécomptes, à toutes les douleurs, à tous les gémissements... des 
espérances déçues pour les individus comme pour les nations. » (F. CLAUDE.) — Voici 
la suite des pensées: 1-2: Les Juifs captifs à Babylone ont suspendu leurs lyres aux 
saules pleureurs des bords de l'Euphrate, et ils versent des larmes au souvenir de 
Sion. — 3: Chantez-nous un cantique de Sion, leur disent leurs maitres. — 4-6 : Com- 
ment chanter les louanges du Seigneur sur la terre étrangère ? Plutôt m'oublier moi- 
méme qu'oublier Jérusalem! — 7 : Prière à Dieu contre l'Idumée, qui, à l'époque 
de la ruine de Jérusalem, s'était rangée parmi les ennemis de la Judée. — 8-9: Sou- 
haits contre Babylone, qui à opprimé Juda. 

1. * Sur les fleuves de Babylone. Babylone était arrosée par l'Euphrate et par de 
nombreux et grands canaux qui portaient le nom de nahar, en babylonien comme 
en hébreu, et c'est ce mot qui est traduit par fleuves. 

2. * Aux saules. Le saule est si abondant sur les rives de l'Euphrate qu'on appelle 
cet arbre saliz babylonica. 

5. * « Combien cette apostrophe à Jérusalem rend-elle tendre et touchant le dis- 
cours de ce Juif exilé! 1] croit la voir, l'entretenir, lui protester avec serment qu'il 
consent à perdre la voix et l'usage de la langue, aussi bien que de ses instruments, 
plutót que de l'oublier en prenant part aux fausses joies de Babylone. » (Rorurw.) 

1. Les fils d'Edom; c'est-à-dire les Iduméens qui, s'étant joint aux soldats de 
l'armée de Nabuchodonosor, les animèrent contre les Juifs, leurs propres frères, et les 
aidèrent à détruire Jérusalem jusqu'aux fondements. Compar. Jérém., xi, 6; xxv, 14; 
xux; Lament., 1v, 42, 21; Ezéch., xxv, 12; Abdias. — * Au jour de Jérusalem, au jour 
où elle fut châtiée et vaincue, 


4286 


duisez à néant en elle jusqu'aux 
fondements. 

8. Fille malheureuse de Baby- 
lone, bienheureux celui qui te 
rendra la rétribution de ce que 
tu nous a fait! 

9. Bienheureux celui qui saisira 
et brisera tes petits enfants con- 
tre la pierre! 


PSAUME CXXXVII 
(Hésr., CXXXVIII). 


Le Psalmiste loue le Seigneur de ce qu'il 
l'a exaucé, et il invite tous les rois de 
la terre et à l'en louer avec lui. 


1. A David. (ou de David lui-même). 


Je vous glorifierai, Seigneur, en 
tout mon cœur, parce que vous 
avez écouté les paroles de ma 
bouche. 

En présence des anges je vous 
chanterai des hymnes : 

9, J'adorerai en me tournant 
vers votre saint temple, et je glo- 
rifierai votre nom, 

A cause de votre miséricorde 
et de votre vérité : parce que vous 
avez élevé par-dessus tout la 
grandeur de votre nom saint. 

ὃ. En quelque jour gue je vous 


LES PSAUMES. 


(rs. cxxxvi.] 
invoque, exaucez-moi ; vous aug- 
menterez en mon âme la force. 

4. Qu'ils vous glorifient, Sei- 
gneur, tous les rois de la terre, 
parce qu'ils ont entendu toutes 
les paroles de votre bouche; 

5. Et qu'ils chantent dans les 
voies du Seigneur, parce que 
grande est la gloire du Seigneur. 

6. Car le Seigneur est élevé, et 
il regarde les choses basses; et 
les choses hautes, c'est de loin 
qu'il les connait. 

7. Si je marche au milieu de la 
tribulation, vous me donnerez la 
vie; et sur la colere de mes en- 
nemis vous avez étendu votre 
main, et votre droite m'a sauvé. 

8. Le Seigneur rétribuera pour 
moi : Seigneur, votre miséricorde 
est pour jamais, ne méprisez pas 
les ouvrages de vos mains. 


30  PSAUME CXXXVIII 

SOS (Hésr., CXXXIX). 
David implore le secours de Dieu contre 
' ses ennemis, et il prédit que le mal 


qu'ils lui veulent faire retombera sur 
eux. 


1. Pour la fin, psaume de David. 


m € ——— M ———————TT ἙῸ ἕ 7m 


8. Fille de Babylone ; hébraisme, pour Aabitants de Babylone. 
9. Bienheureux, etc. Cette prophétie se trouve aussi dans Isaïe, xni, 16. 


1. * David remercie Dieu de la promesse qu'il lui a faite de faire sortir le Messie 
de sa race, et de rendre son trône éternel, 11 Rois, vu; 1 Par., xvi. — 1-3: Le Psal- 
miste remercie Dieu de la promesse qu'il lui a faite. — 4-6: Tous les rois glorifieront 
Dieu, quand ils la verront se réaliser. — 1-8: Pour lui sa confiance envers le Seigneur 
est sans bornes. 

3. En me tournant, sous-entendu. Voy. plus haut, p. 342, 20, — * Au lieu de super 
omne nomen sanctum tuum, l'hébreu porte super omne nomen, verbum tuwm ce: qui est 
plus explicite. Ce verbum, c'est la promesse de la perpétuité de la race de David dans 
la personne du Messie. 

5. Dans les voies du Seigneur ; c'est-à-dire le long des chemins qui ménent au temple, 
selon les uns ; ou bien, selon les autres : Chantez les actions, la conduite du Seigneur. 

6. Le Seigneur, etc.; c'est-à-dire, quoique le Seigneur soit trés élevé, il voit égale- 
ment les choses les plus grandes et les plus petites, les plus hautes et les plus basses. 
Ni leur éloignement ni leur petitesse ne peuvent les dérober à sa vue. 

8. Rétribuera pour moi; prendra ma défense contre mes ennemis. 


1-24. * Ce beau psaume est un des plus riches en enseignements théologiques sur. 


[es. exxxvr.] 


Seigneur,vousm'avezéprouvé, 
et vous m'avez connu ; 

2. C'est vous qui avez connu 
mon coucher et mon lever. 

3. Vous avez compris de loin 
mes pensées; vous avez observé 
mes sentiers et le cours de ma 
vie. 

4. Et toutes mes voies, vous les 
avez prévues ; car il n'y a point 
de parole sur ma langue. 

5. Voilà que vous, Seigneur, 
vous avezconnu toutes les choses 
nouvelleset anciennes: c’est vous 
qui m'avez formé, et qui avez mis 
sur moi votre main. 

6. Votre science est devenue 
admirable pour moi : elle est af- 
fermie, et je ne pourrai pas y at- 
teindre. 

7. Oü irai-je pour me dérober 
à votre esprit? oü fuirai-je devant 
votre face? 


LES PSAUMES, 


1287 


8. Si je monte au ciel, vous y 
étes; si je descends dans l'enfer, 
vous y étes présent. 

9. Si je prends mes ailes au 
point du jour, et que j'habite aux 
extrémités de la mer, 

10. Là encore votre main me 
conduira, et votre droite me re- 
tiendra. 

11. Et j'ai dit : Peut-étre que 
les ténèbres me couvriront ; et la 
nuit est une lumiere autour de 
moi dans mes plaisirs, 

12. Parce que les ténèbres ne 


| seront pas obscures pour vous, et 


la nuit sera éclairée comme le 
jour : comme sont les ténèbres 
de celle-là, de même aussi est la 
lumière de celui-ci. 

13. Parce que c'est vous qui 
étes en possession de mes reins, 
vous m'avez recu des le sein de 
ma mere. 


Ps. CXXXVIIT. 8. Amos, 1x, 2. 


la nature de Dieu. Dans une premiére partie, 1-12, David dépeint la science infinie 
et l'immensité divine, à qui rien ne peut échapper; dans la seconde, 13-18, il loue 
le Seigneur qui donne la vie ἃ l'homme, et à qui méme les phases primitives de 
notre existence ne sont pas cachées, non plus que notre destinée future, tandis que 
nous, nous ne savons rien de toutes ces choses; enfin, dans une troisième, 19-24, il 
s'élève contre les ennemis du Créateur, et demande à être lui-même éprouvé et 
purifié. Dieu connaît tout, il connaît donc aussi la différence qui existe entre David, 
son serviteur fidèle, et le méchant. 

A. Seigneur, vous m'avez éprouvé, etc. Dans tout ce psaume, l’auteur s'attache à 
montrer que le Seigneur l’a éprouvé, examiné, pénétré et connu parfaitement dans 
son être, ses pensées, ses sentiments, ses actions, en un mot, tout ce qui le concerne. 

2. Mon coucher; littér. mon reposer, mon repos de la nuit. C’est le vrai sens du 
sessionem de la Vulgate, expliqué par le texte original; car le terme hébreu corres- 
pondant signifie non seulement s'asseoir, s'établir, mais aussi prendre du repos, se 
reposer; et au Ps. cxxxi, 3, il a incontestablement le sens de se reposer la nuit; sens 
que le contexte exige d'ailleurs ici. — * Mon coucher et mon lever signifie toutes mes 
actions. 

6. Votre science, etc., pour moi, c'est-à-dire à mes yeux; ou bien : La connaissance 
que vous avez de moi est admirable ; ou bien encore : Votre science s'est élevée admi- 
raüblement au-dessus de moi. 

12. Comme sont, etc. Vous y voyez la nuit comme le jour. 

13. C'est vous, etc. (Tu possedisti); Septante, vous avez acquis; ce qui est un des 
sens de l'hébreu, qui signifie aussi faire, former; signification que nous croyons être 
la véritable dans ce passage-ci. — Reins, mot par lequelles Hébreux désignaient 
aussi ce qu'il y a de plus intime dans l'homme, /e fond de l'âme. — Vous m'avez 
recu, etc. Voy. Ps. xxt, 11. χὰ " 


1288 
14. Je vous glorifierai, parce 
que vous avez montré d'une ma- 
niereterrible votre magnificence: 
admirables sont vos ceuvres, mon 
âme le reconnait parfaitement. 

15. Mes os n'ont pas été cachés 
pour vous qui les avez faits dans 
le secret ; ni ma substance formée 
dans les parties inférieures de la 
terne: 

16. Vos yeux ont vu 2207) corps 
encore informe, et tous les hom- 
mes seront écrits dans votrelivre : 
il se formera des jours, dans les- 
quels 77 n'y aura personne. 

17. Mais pour moi, 6 Dieu, vos 
amis sont devenus extróémement 
honorables ; leur empire s'est ex- 
trémement fortifié. 

18. Je les compterai, et ils se 
trouveront plus nombreux que le 
sable : je me suis réveillé, et je 
suis encore avec vous. 

19. Si vous tuez les pécheurs, 
6 Dieu, hommes de sang, détour- 
nez-vous de moi ; 

90. Parce que vous dites dans 
votre pensée : Ils recevront en 
vain vos cités. 

21. Est-ce que je n'ai pas hai, 


LES PSAUMES. 


[Ps. cxxxix.] 


Seigneur, ceux qui vous hais- 
saient ; et au sujet de vos enne- 
mis, ne séchais-je pas? 

99. Je les haïssais d'une haine 
parfaite ; et ils sont devenus des 
ennemis pour moi. 

93. Eprouvez-moi, ὃ Dieu, et 
comprenezmoncœur:interrogez- 
moi et connaissez mes sentiers. 

93. Et voyez si une voie d'ini- 
quité est en moi, et conduisez- 
moi dans la voie éternelle. 


PSAUME CXXXIX 
(Hénn., CXL). 

David implore le secours de Dieu contre 
ses ennemis, et il prédit que le mal 
qu'ils lui veulent faire retombera sur 
eux. La plupart des Péres rapportent 
ce psaume à Jésus-Christ et aux fidèles 
exposés à la persécution des méchants. 


1. Pour la fin, psaume de David. 

2. Arrachez-moi, Seigneur, à 
l'homme méchant : à l'homme 
inique arrachez-moi. 

3. Ceux qui ont pensé des ini- 
quités dans leur cœur, durant 
toutle jour préparaient des com- 
bats. * 

4. Ils ont aigui^é leur langue 


Ps. CXXXIX. 4. Supra, v, 11; Rom., r1, 13. 


M M M  —— —  — —— —— M t‏ וו" 


15. Mes os; littér. mon os; c'est-à-dire chacun de mes os. Ici, comme en bien 
d'autres endroits de l'Ecriture, la partie se met pour le tout. — Dans le secret; littér. 
dans le caché; dans le sein de ma mère. — Les parties inférieures de la lerre dési- 
gnent le tombeau ou même l'enfer, c'est-à-dire les limbes. Compar. Ephés., 1v, 9. 

16. Encore informe, à l'état d'embryon. — 11 se formera, etc.; viendront des jours 
où il n'existera plus personne. 

18. Je les compterai, etc.; hébraisme, pour si je les comple, je les trouverai, etc. 
— Je me suis réveillé, etc.; quand je me réveille, je suis aussitót occupé de vous, je 
pense à vous. 1 

19. De sang; littér. de sangs. Voy. Ps. v, T. 

20. Parce que vous dites en vous-mêmes au Seigneur : C'est en vain que vous don- 
nerez vos cités aux Israélites, nous saurons bienles en chasser malgré vous. 


1. * Psaume composé pendant la persécution d'Absalom, et analogue aux Ps. Lvit 
et Lx; la conclusion de tous les trois est semblable. — 2-6 : Que Dieu garde le 
Psalmiste du méchant; — 7-9: parce qu'il met sa confiance en Dieu (prière qu'il lui 
adresse). — 40-11 : Que l'iniquité des impies retombe sur eux. — 12-14 : Oui, le pé- 
cheur périra, le juste triomphera et bénira le Seigneur. 


[Ps. cxL.] 


comme celle d'un serpent : le ve- 
nin d'un aspic est sous leurs 
lèvres. 

5. Gardez-moi, Seigneur, de la 
main d'un pécheur, et arrachez- 
moi à des hommes iniques. 

Ils ont pensé à ébranler mes 
pas; 

6. Des hommes superbes ont 
caché un lacs devant moi : 

Et ils ont tendu des cordes en 
Jacs, lelong du chemin ilsont posé 
une pierre d'achoppement devant 
mol. 

7. J'ai dit au Seigneur : C'est 
vous qui êtes mon Dieu ; exaucez, 
Seigneur, la voix de ma supplica- 
tion. 

8. Seigneur, Seigneur, la force 
de mon salut, vous avez couvert 
ma téte de votre ombre au jour 
du combat; 

9. Ne me livrez pas, Seigneur, 
à un pécheur contre mon désir : 
ils ont conspiré contre moi, ne 
me délaissez pas, de peur qu'ils 
ne triomphent. 

10. La tête de leur circuit, le 
travail de leurs lèvres les cou- 
vrira eux-mêmes. 


LES PSAUMES. 


1289 


11. Descharbons tomberontsur 
eux, vous les précipiterez dans le 
feu : dans leurs misères, ils ne 
subsisteront pas. 

12. Un homme à la langue mé- 
chante ne sera pas dirigé sur la 
terre les maux saisiront un 
homme injuste à la mort. 

13. Je sais que le Seigneur se 
chargera de la cause del'homme 
sans secours, et de la vengeance 
des pauvres. 

14. Cependant les justes glori- 
fieront votre nom ; etles hommes 
droits vivront avec vous. 


PSAUME CXL 
(H&sn., CXLI). 

Le Psalmiste prie Dieu d'exaucer sa prière, 
de le garder de l'impatience, de le pré- 
server de l'amitié et de la compagnie 
des mécréants. Il se plaint des persé- 
cutions qu'il souffre. 


1. Psaume de David. 

Seigneur, j'ai crié vers vous, 
exaucez-moi : soyez attentif à 
ma voix, lorsque je crierai vers 
vous. 

2. Que ma prière soit dirigée 
comme un encens en votre pré- 


8. Vous avez, etc. On explique ordinairement ce verset de David, vainqueur de 
Goliath; mais on peut aussi l'entendre de la protection que le roi prophète avait 
recue de Dieu dans ses différentes persécutions. 

10. La téte de leur circuit. Ces paroles, qui se lisent dans les Septante aussi bien 
que dans la Vulgate, s'expliquent trés bien par l'hébreu, qui porte : La téte ou le 
chef de ceux qui m'environnent, qui me persécutent; c'est-à-dire Doég ou Saül lui- 
méme. — Le travail de leurs lèvres ; c'est-à-dire leurs calomnies contre moi. — Les 
couvrira; les accablera en tournant contre eux-mêmes. 

14. Avec vous; littér. avec votre visage. Voy. Ps. xut, 6. 


1. * Ce psaume est difficile à expliquer. Il parait avoir été composé aprés la mort 
de Saül, quand David, en l'apprenant, fait tuer celui qui lui en apporte la nouvelle, 
et lorsqu'il est encore lui-même environné de dangers. — 4-2: Invocation à Dieu. — 
3-4: Prière pour obtenir la grâce d'éviter le péché. — 5-7: ll accepte comme un bien 
les coups dont le frappent les méchants, mais il demande néanmoins à en étre dé- 
. livré. — 8-10 : Prière à Dieu pour obtenir d'être délivré de ses ennemis. — Ce psaume 
était usité dans la primitive église comme prière du soir, de méme que le Ps. Lxu 
servait de priere du matin. 

2. L'élévation de vos mains, Voy. Ps. vxu, 5. 


1290 
sence : que l'élévation de mes 
mains soit un sacrifice du soir. 

3. Mettez, Seigneur, une garde 
à ma bouche, et une porte autour 
‘de mes lèvres. 

4. N'inclinez pas mon cœur à 
des paroles de malice, pour pré- 
texter des excuses à mes pé- 
chés, 

Avec des hommes qui opèrent 
l'iniquité : et je n'aurai point de 
part à ce qu'ils recherchent le 
plus. 

ὃ. Le juste me reprendra dans 
sa bonté, etil me corrigera; mais 
l'huile d'un pécheur ne parfumera 
pas ma téte. 

Parce que j'opposerai encore 
méme ma prière contre les 
choses dans lesquelles ils se plai- 
sent ; 

6. Attachés à une pierre, leurs 
juges ont été précipités. 

Ils écouteront mes paroles, 
parce qu'elles sont puissantes ; 

7. Comme une terre compacte, 


Ps. CXLI. 2. Supra, xxvi, 6. 


LES PSAUMES. 


[Ps. cxrr.] 
rompue par le soc, se répand sur 
la terre, 

Nos os ont été dispersés auprès 
de l'enfer, à; 

8. Parce que vers vous, Sei- 
gneur, Seigneur, se sont élevés 
mes yeux ; qu'en vous j'ai espéré, 
ne m'ótez pas mon âme. 

9. Gardez-moi du lacs qu'ils 
m'ont dressé, et des pierres d'a- 
choppement de ceux qui opèrent 
l'iniquité. 

10. Les pécheurs tomberont 
dans son filet : pour moi, je suis 
seul, jusqu'à ce que je passe. 


PSAUME CXLI 
(Hésr., CXLII). 
David, dans la caverne d'Engaddi, prie 
le Seigneur de le délivrer du danger 


pressant oü l'exposent la malice et la 
fureur de ses ennemis. 


1. Intelligence de David, lorsqu'il était 
dans la caverne, prière. 


2. De ma voix vers le Sei- 
gneur j'ai crié : de ma voix au 


4. N'inclinez pas mon cœur; c'est-à-dire ne permettez pas que mon cœur se laisse 
aller. — A ce qu'ils recherchent le plus; littér. aux choses de leur choix (cum electi 
eorum); selon l'hébreu, à leurs mets délicats, suaves, exquis. 

5. Un juste, etc. J'aime mieux les réprimandes sévères d'un juste que les paroles 
douces et flatteuses d'un méchant. Compar. Proverb., xxvi, 6. — J'opposerai, ete.; 
littér. ma priére contre les choses dans lesquelles ils plaisent (oratio mea in beneplacitis 
eorum). Plusieurs interprètes disent avec raison que la préposition 2n, aussi bien que 
la particule hébraique qu'elle représente, signifie ici, comme en bien d'autres endroits, 
en opposition à, contre. — Les choses dans lesquelles, etc., c'est-à-dire leurs mauvais 
desseins, leurs complots perfides, leurs actions criminelles. 

6. Attachés à une pierre; à un rocher. — Leurs juges. Le mot juge se prend dans 
la Bible pour prince, chef; d'autant plus que, chez les Hébreux, l'autorité souveraine 
fut pendant trés longtemps entre les mains des Juges. Dans ce verset, David semble 
faire allusion à l'histoire racontée I Rois, xxiv, 3 et suiv. Dans cette hypothèse, leurs 
juges signifierait Saül, ses principaux officiers et les chefs de son armée. 

1. Terre compacte; c'est-à-dire motte, glébe; littér. et par hébraisme, compacité de 
terre. 

10. Son filet; le filet de Dieu. 


1. * Composé par David, pendant qu'il était caché pour fuir Saül, dans la caverne 
d'Odollam ou dans celle d'Engaddi, plus probablement dans la première, 1 Rois, xxu; 
xxiv. — 2-4 : David recourt à Dieu au milieu des pièges qu'on lui tend. — 5-6 : Eu 
lui seul est son espoir. — 7-8 : Qu'il duigne donc l'exaucer et le délivrer. 


[rs. cxrm.] 
Seigneur j'ai adressé ma suppli- 
cation; 

3. Je répands, en sa présence, 
ma prière; et ma tribulation, 
c'est devant lui-même que je l'ex- 
pose. 

4. Pendant que mon esprit se 
retire de moi, et c'est vous qui 
avez connu mes sentiers. 

Dans cette voie dans laquelle 
je marchais, ils ont caché un lacs 
devant moi. 

5. Je considérais à ma droite, 
et je regardais; et il n'y avait 
personne qui me connût. 

Point de fuite pour moi; et il 
n'y a personne qui s'enquiere de 
mon àme. 

6. J'ai crié vers vous, Seigneur, 
j'ai dit : C'est vous qui êtes mon 
espérance, ma part dans la terre 
des vivants. 

7. Soyez attentif à ma supplica- 
lion, parce que j'ai.été humilié à 
l'excès. 

Délivrez-moi de ceux qui me 
persécutent, parce qu'ils sont de- 
venus plus forts que moi. 

8. Retirez de la prison mon 
âme, pour qu'elle glorifie votre 
nom : des justes m'attendent, 
jusqu'à ce que vous me rendiez 
justice. 


LES PSAUMES. 


1291 


PSAUME CXLII 
(Hésr., CXLIII). 

Ce psaume est un de ceux de la péni- 
tence. David, chassé de Jérusalem par 
Absalom, implore 16 Seigneur; il le con- 
jure de lui faire connaître ses voies, et 
prédit la perte de ses ennemis. Les 
Pères en fontl’application à Jésus-Christ 
persécuté par les Juifs et trahi par Ju- 
das dont. Absalom est la figure. 


4. Psaume de David, quand Absalom 
son fils le poursuivait ἃ. 

Seigneur, exaucez ma prière, 
prêtez l'oreille à mon instante 
supplication dans votre vérité ; 
exaucez-moi dans votre justice. 

2. Et n'entrez pas en jugement 
avec votre serviteur;car, en votre 
présence, nul homme vivant ne 
sera justifié. 

3. Parce que l'ennemi a pour- 
suivi mon àme ; il a humilié jus- 
qu'à terre ma vie; 

Il m'a plongé dans des lieux 
obscurs, comme les morts d'un 
siecle ; 

4. Et mon esprit a été dans 
l'anxiété sur mon sort; au dedans 
de moi mon cœur s'est troublé. 

5. Je me suis souvenu des jours 
anciens, j'ai médité sur toutes vos 
œuvres, sur les ouvrages de vos 
mains je méditais. 


4. Pendant que mon esprit, etc., pendant que je suis prés de mourir 


5, 8. Mon âme, ma personne, moi. 


1-19. * Ce psaume développe les pensées suivantes : 


1-9 : Que Dieu écoute ma 


priére; — 3-4 : parce qne mon ennemi me poursuit. — 5-6 : Les bontés passées du 


Seigneur m'inspirent confiance. — 7-8* : 


meurs ; — 108-ל‎ : 
mon ennemi; — 105-12 : 
dernier psaume de la pénitence. 


Qu'il se hâte de me secourir, car je me 
qu'il m'apprenne le chemin que je dois suivre pour échapper à 
qu'il me sauve et anéantisse mes ennemis. C'est le Te et 


1. Quand Absalom, etc. Cette histoire est racontée dans le Ile livre des Rois, xvi. 
— Votre vérité, votre fidélité à remplir vos promesses. 
2. Nul homme (non omnis); en hébreu le mot {out joint à une négation signifie pas 


un, nul. 


3. Ce verset se rattache au premier, parce que le second forme comme une paren- 
thèse. — Jusqu'à terre; c'est-à-dire profondément; ou bien, en me forçant de cher- 


cher un refuge dans les antres de la terre. 


1292 
6. J'ai étendu mes mains vers 

‘vous : mon âme est pour vous 

comme une terre sans eau; 

7. Exaucez-moi promptement, 
Seigneur, mon esprit ἃ défailli. 

Ne détournez pas votre face de 
moi, autrementje serai semblable 
à ceux qui descendent dans la 
fosse. 

8. Faites-moi entendre dés le 
matin la voix de votre miséri- 
corde, parce que c'est en vous que 
jai espéré. 

Faites-moi connaitre la voie 
dans laquelle je dois marcher, 
parce que c'est vers vous que j'ai 
élevé mon âme. 

9. Arrachez-moi à mes ennemis, 
Seigneur, c'est vers vous que je 
me suis réfugié ; 

10. Enseignez-moi à faire votre 
volonté, parce que mon Dieu, 
c'est vous. 

Votre esprit, qui est bon, me 
conduira dans une terre droite; 

41. À cause de votre nom, Sei- 
gneur, vous me rendrez la vie 
dans votre équité. 

Vous retirerez de la tribulation 
mon áme, 

12. Et dans votre miséricorde 
vous perdrez entierement mes 
ennemis. 

Et vous perdrez tous ceux qui 


Ps. CXLIII. 4. Job, vir, 9; xiv, 2. 


LES PSAUMES. 


[Ps. cxrur.] 


tourmentent mon âme, parce que 
moi je suis votre serviteur: 


PSAUME CXLIII 
(Hisr., CXLIV). 
David remercie Dieu des avantages qu'il 
lui a fait remporter sur ses ennemis. 


Il le conjure de le délivrer de. leurs 
mains. 


Psaume de David. 

4. Contre Goliath. 

Béni le Seigneur mon Dieu, 
quiinstruit mes mains au combat, 
et mes doigts à la guerre? 

2. ll est ma miséricorde et mon 
refuge; mon soutien et mon li- 
bérateur; 

Mon protecteur; aussi est-ce 
en luiméme que j'ai espéré : 
c'est lui qui m'assujettit mon 
peuple. 

3. Seigneur, qu'est-ce que 
l'homme, pour que vous vous 
soyez fait connaitre à lui? ou le 
fils de l'homme pour que vous en 
teniez compte? 

4. L'homme ressemble à la va- 
nité ; ses jours comme une ombre 
passent. | 

5. Seigneur, inclinez vos cieux, 
et descendez; touchez les mon-! 
tagnes, et elles fumeront. 

6. Faites briller vos éclairs, et 
vous les dissiperez : lancez vos 


םויו ווה 


6. J'ai étendu, etc.; c'est-à-dire je vous ai prié. Voy. Ps. ,זוא‎ 5. — Mon âme est, ete.; 
je suis pour vous ce qu'est une terre aride pour la pluie qu'elle attend; je suis dans 
une vive attente de votre secours. 

7. La fosse. Voy. Ps. xxvir, À. 


1. * Voir I Rois, xvit. — Ce psaume est de forme irrégulière et renferme plusieurs 
passages qui se lisent déjà, Ps. xvn; vr; xxxvi; זזאז‎ ; ct; cii; xxxi. Les versets 12- 
14, sont d'un rythme différent dans l'original et ne se lient pas à ce qui précède. — 
En voici l'analyse : 1-2 : Actions de gráces à Dieu pour 18 victoire. — 3-4 : Qu'il est 
juste de remercier Dieu, lui si grand, qui s'occupe de nous, si petits! — 5-8 : Que 
Dieu continue sa protection au vainqueur; — 9-11 : et David le louera. Oui, qu'il le 
sauve! — 12-15 : Souhaits de bonheur et de paix pour le peuple élu, " 

9. Elles fumeront. Compar. Exod., xix, 18; Ps. cur. 32. 


[Ps. cxLiv.] 


flèches, et vous les jetterez dans 
le trouble. 

7. Envoyez votre main d'en 
haut; délivrez-moi, sauvez-moi 
des grandes eaux, de la main des 
fils de l'étranger ; 

8. Dont la bouche a parlé va- 
nité, et dont la droite est une 
droite d'iniquité. 

9. Ὁ Dieu, je vous chanterai un 
canlique nouveau : je jouerai 
du psaltérion à dix cordes pour 
vous. 

10. O vous, qui procurez le 
salut des rois, qui avez racheté 
David votre serviteur d'un glaive 
meurtrier, 

11. Délivrez-moi. 

Et arrachez-moi à la main des 
fils de l'étranger, dont la bouche 
à parlé vanité, et dont la droite 
est une droite d'iniquité : 

19. Dont les fils sont comme 
de nouvelles plantes dans leur 
jeunesse. 

Leurs filles sont parées, entie- 
rement ornées, ressemblant ainsi 
à un temple. 

13. Leurs greniers sont pleins, 
débordant de l'un dans l'autre. 

Leurs brebis fécondes sont en 
grande quantité, à leursortie des 
étables ; 

14. Leurs vaches sont grasses. 


LES PSAUMES. 


Il n'y a pas de brèche à leur 
mur de clóture, ni d'entrées, ni 
de clameur dans leurs rues. 

15. On a dit bienheureux le 
peuple à qui sont ces avantages ; 
maisplutótbienheureuxlepeuple 
dont le Seigneur est le Dieu. 


PSAUME CXLIV 
(Hésn., CXLV). 
Le Psalmiste reléve la bonté et la gran- 
deur du Seigneur. Il invite toutes les 


créatures à se joindre à lui pour bénir 
son saint nom. 


1. Louange à David (ou de David lui- 
méme). 

Je vous exalterai, ὃ mon Dieu, 
roi: je bénirai votre nom dans 
les siecles, et dans les siecles des 
siècles. 

2. À chaque jour je vous béni- 
rai, et je louerai votre nom dans 
les siècles, et dans les siècles des 
siecles. 

3. Grand estle Seigneur, et in- 
finiment louable, et à sa gran- 
deur il n'y a pas de fin. 

4. Toutes les générations loue- 
ront vos œuvres, et elles publie- 
ront votre puissance. 

5. Elles publieront 18 magnifi- 
cence de la gloire de votre sain- 
teté, et elles raconteront vos mer- 
veilles. 


1. Les grandes eaux figurent les grandes catastrophes, les grandes calamités. 
44. Leurs rues ou leurs places publiques ; car platea et le mot hébreu dont il est la 
traduction ont ces deux significations. 


1-21. * Ce psaume est alphabétique; il se compose dans le texte original de 21 dis- 
tiques (au lieu de 22, comme les autres psaumes alphabétiques du méme genre, 
xxiv, etc., parce que la lettre nux est omise). Les deux vers qui manquent dans 
l'hébreu sont conservés dans la Vulgate, 1366 ; mais ils sont semblables, deux mots 
exceptés, au vers. 17. Une partie des prières du Benedicite, avant le repas, est tirée 
de ce psaume, 15-16. La primitive Eglise appliquait à la sainte Eucharistie les paroles 
du vers. 15 : Les yeux de tous en vous espèrent, etc. 

1. O mon Dieu, roi; c'est-à-dire qui êtes roi; selon l'hébreu, mon Dieu, le roi; sui- 
vant les Septante, mon Dieu, mon roi. 

4, 43. Toutes les générations; littér. génération et génération. Voy. Ps. xxxn, 44, 


1294 


6. Et elles diront la vertu de vos 
terribles prodiges, et elles racon- 
teront votre grandeur. 

1. Elles proclameront le souve- 
nir de 1820108266 de votre dou- 
ceur, et à cause de votre justice 
elles tressailliront de joie. 

8. Le Seigneur estcompatissant 
et miséricordieux; patient, et 
beaucoup miséricordieux. 

9. Le Seigneur est doux pour 
tous, et ses commisérations s'é- 
tendent sur toutes ses œuvres. 

10. Qu'elles vous glorifient, Sei- 
gneur, toutes vos œuvres; et que 
vos saints vous bénissent. 

11. Ils diront la gloire de votre 
regne, et ils publieront votre 
puissance, 

12. Afin qu'ils fassent connaitre 
aux fils des hommes votre puis- 
sance, et la gloire de la magnifi- 
cence de votre regne. 

13. Votre regne est le regne de 
tous les siecles, et votre domina- 
tion s'étend à toutes les généra- 
tions. 

Le Seigneur est fidèle dans 
toutes ses paroles, et saint dans 
loutes ses ceuvres. 

14. Le Seigneur soutient tous 
ceux qui sont prés de tomber, et 
il relève tous ceux qui ont été 
renversés. 

15. Les yeux de tous en vous 
esperent, Seigneur, et vous don- 


Ps. CXLV. 2. Supra, cxLiv, 2. 


LES PSAUMES. 


|Ps. cxrv.) 


nerez dà tous leur nourriture en 
temps opportun. 

16. Vous ouvrez, vous, votre 
main, et vous comblez tout ani- 
mal de bénédictiop. 

11. Le Seigneur est juste dans 
toutes ses voies, et saint dans 
toutes ses œuvres. 

18. Le Seigneur est pres de tous 
ceux qui linvoquent; de tous 
ceux qui l'invoquent dans la vé- 
rité. 

19. Il fera la volonté de ceux 
qui craignent, et il exaucera leur 
supplication, et il les sauvera. 

20. Le Seigneur garde tous ceux 
qui l'aiment ; mais tous les pé- 
cheurs, il les perdra entière- 
ment. 

21. Ma bouche publiera les lou- 
anges du Seigneur ; et que toute 
chair bénisse son nom saint dans 
les siècles, et dans les siècles des 
siècles. 


PSAUME CXLV 
(HéBr., CXLVI). 
Le Psalmiste représente le bonheur de 


ceux qui mettent toute leur espérance 
dans le Seigneur. 


1. Alleluia, d'Aggée et de Zacharie. 


9. Loue le Seigneur, ὃ mon 
âme, je louerai le Seigneur, pen- 
dant ma vie, je jouerai du psalté- 
rion en l'honneur de mon Dieu, 
tant que je serai. 


19. IL fera la volonté, etc. On l'a vu dans Moise, dans Josué et dans une multitude 
d'autres saints, au désir desquels Dieu, en effet, obéit, pour ainsi dire, en leur don- 
nant le pouvoir de faire des miracles. 


1. * Ce psaume et les suivants, jusqu'à la fin du psautier, commencent par a//eluia. 
Ils sont tous consacrés à louer Dieu. La Vulgate donne pour titre à celui-ci : « D'Aggée 
et de Zacharie, » soit que ces prophétes en soient les auteurs, soit qu'ils aient in- 
troduit l'usage de le chanter dans le second temple — Trois strophes : 1-4 : il faut 
louer Dieu et ne pas compter sur les hommes. — 5-7: : Heureux qui observe la loi 
du Seigneur! — 75-10 : Dieu, le protecteur desjustes, 16 protégera. | 


(Ps. cxLvi.] 


Ne vous contiez pas dans les 
princes, 

3. Ni dans les fils des hommes, 
dans lesquels il n'y a pas de sa- 
lut. 

4. Son esprit sortira de son 
corps, et il retournera dans sa 
terre ; en ce jour périront toutes 
leurs pensées. 

5. Bienheureux celui dont le 
Dieu de Jacob est le porte-se- 
cours ; son espérance est dans le 
Seigneur son Dieu, 

6. Qui a fait le ciel et la terre, 
la iner et tout ce qui existe en 
eux. 

1. Qui garde la vérité à jamais, 
fait justice à ceux qui souffrent 
injure, donne lanourriture à ceux 
quiontfaim. | 

Le Seigneur délie les détenus 
dans les fers ; 

8. Le Seigneur donne lalumière 
aux aveugles. 


LES PSAUMES. 


1295 

Le Seigneur relève ceux qui ont 
été renversés; le Seigneur aime 
les justes. 

9. Le Seigneur garde les étran- 
gers; il prendra sous sa protec- 
tion l'orphelin et la veuve ; et les 
voles des pécheurs, il les perdra 
entierement. 

10. Le Seigneur regnera dans 
les siècles; ton. Dieu, à Sion, 
dans toutes les générations. 


PSAUME CXLVI 
(Hégr., CXLVII). 
Le Psalmiste reléve la bonté, la sagesse 
et la puissance de Dieu, qui éclatent 


dans toutes ses œuvres, et dans le soin 
quil prend de ses créatures, 


1. Alleluia. 

Louez le Seigneur, parce qu'il 
est bon de lui chanter un psaume : 
quà notre Dieu louange soit 
agréable et digne de lui. 

2. Bátissant Jérusalem, le Sei- 


6. Actes, xiv, 14; Apoc., xiv, 1. 


3. Les fils des hommes; c'est-à-dire les autres hommes, les hommes qui ne sont pas 
princes. — Dans lesquels, etc. Les princes, pas plus que les simples mortels, ne 
peuvent ni se sauver eux-mémes, ni sauver les autres de la mort et de mille dangers 
qui les environnent. 

4. Il retournera; l'homme ou le prince, et non l'esprit; le latin etle grec sont am- 
phibologiques; mais cette amphibologie n'existe pas dans l'hébreu, où le verbe 
relournera est au masculin, tandis que sortira est au féminin, parce que dans cette 
langue esprit est au féminin. — Sa terre; la terre d'où il est sorti. Quant au singu- 
lier son, sa, il retournera; ils sont mis pour chacun d'eux, de chacun d'euz, énallage 
de nombre assez commun dans les récits bibliques de ce genre. 


1-11. * Action de grâces à Dieu pour le rétablissement des murs de Jérusalem. — Ce 
psaume et les suivants, jusqu'au Ps. cz, sont de Néhémie ou au moins de son époque. 
115 ont tous pour sujet la restauration de Jérusalem. Le Ps. cxLvi (avec ,אס‎ qui 
n'en est qu'une partie) remercie Dieu du rétablissement des murs et des portes de 
la capitale de la Judée ; le Ps. cx,vrr, du rétablissement de la nationalité juive, et 
le Ps. cxux, des triomphes remportés par les Juifs sur les peuples voisins. — Nous 
avons ici trois séries de pensées, 1-6; 1-11; 12-20 (en y comprenant le Ps. cxLvi), 
commençant chacune par une exhortation à louer Dieu, cxLvi, 1, 7, et cxLvir, 12, et 
exposant toutes les grandeurs de Dieu révélées doublement dans la nature et dans 
la protection spéciale accordée à Israél. Dans la premiére partie, le Psalmiste loue 
particulièrement Dieu d'avoir réédifié Jérusalem et créé les astres; dans la deuxième, 
d'être la Providence des animaux; dans la troisième, d'avoir rebâti les murs et les 
portes de Jérusalem, de lui donner l'abondance et surtout de lui avoir donné sa loi. 

4. Parce qu'ilest bon, etc.; littér. parce que bon estun psaume à chanter en son honneur. 

2, Bátissant, etc. Le Seigneur a réellement 262841 Jérusalem en faisant révoquer 


1996 
gneurrassemblera 168 dispersions 
d'Israél. 

3. C'est lui qui guérit ceux qui 
ont le cœur brisé, et qui bande 
leurs plaies. 

4. Qui compte la multitude des 
étoiles, et à elles toutes donne 
des noms. 

5. Grand est notre Dieu, et 
grande est sa force; et à sa sa- 
gesse il n'y a point de borne. 

6. Le Seigneur prend sous sa 
protection les hommes doux; 
mais il humilie les pécheurs jus- 
qu'à terre. 

7. Entonnez au Seigneur une 
louange : chantez notre Dieu sur 
la harpe. 

8. C'estlui qui couvre le ciel de 
nuages, et prépare à la terre de 
la pluie. 

Qui produit sur les montagnes 
du foin, et de l'herbe à l'usage des 
hommes. 

9. Qui donne aux bétes leur 
nourriture, et aux petits des cor- 
beaux qui l'invoquent. 

10. Ce n'est pas dans la force 
du cheval qu'il mettra son désir, 


LES PSAUMES. 


(Ps. exrvir.] 
ni dans les jambes de l'homme 
qu'il se complaira. 

41. Le Seigneur a mis sa com- 
plaisance dans ceux qui le crai- 
gnent, et dans ceux qui espèrent 
en sa miséricorde. 


PSAUME CXLVII. 


Le Psalmiste exhorte Jérusalem à louer 
le Seigneur de son rétablissement et de 
tous les biens dont il l'a comblée. 


Alleluia ἃ. 

12. Jérusalem, loueleSeigneur: 
loue ton Dieu, ὃ Sion. 

13. Parce quil a affermi les 
serrures detes portes: ilabéni tes 
fils au milieu de toi. 

14. C'est lui qui a établi sur tes 
confins la paix, et qui te rassasie 
de moelle de froment. 

15. C'est lui qui envoie sa pa- 
role àla terre : avec vitesse court 
sa parole. 

16. C'est lui qui donne de la 
neige comme de la laine, répand 
le brouillard comme de la cendre. 

17. ll envoie sa glace comme 
des petits morceaux de pain : à 
la face de son froid qui tiendra? 


l'ordre qui défendait aux Juifs de la rebàtir. — Les dispersions d’Israël; hébraisme, 


pour Israël dispersé. 


5. De borne; littér. de nombre; ce qui revient au méme sens ; à savoir que /a sa- 


gesse est infinie. 


6. Jusqu'à terre; c'est-à-dire profondément. 
10. Ce n'est pas, etc. Ce n'est ni la force du cheval, ni la vitesse des jambes d'un 
homme qui attirent la miséricorde du Seigneur et qui sauvent du danger. Compar. 


Ps. xxxi, 16-11. 


* Dans l'hébreu ce psaume est joint au précédent; voilà pourquoi on n'y lit point 
le mot Alleluia, comme dans les Septante et la Vulgate. 

12-90. * Ce psaume, qui est uni au précédent dans la Bible hébraïque, ne fait qu'un 
en effet avec lui. Voir la troisième partie du Ps. .טא‎ — La numérotation des ver- 
sets, dans la Vulgate, commence par le verset 12, comme en hébreu. 

14. Qui a élabli, etc.; littér. qui a établi tes confins paix; hébraisme qui donne 
beaucoup d'énergie à la pensée; le véritable sens est : Qui a établi tes confins dans 
la paix la plus complète. — * De moelle de froment, du meilleur froment. 

16. De la laine; c'est-à-dire des flocons de laine. — Brouillard (nebulam); ou plu- 
tôt gelée blanche, selon le mot hébreu, que la Vulgate elle-même a traduit par gelée 
^gelu) dans Job, xxxvinr, 29, et par gelée blanche (pruina) dans Exod., xvi, 14. 

11, Petits morceaux de pain (buccellas); €'est aussi le sens du grec et de l'hébreu. 


fes. cxrLvirr.] 


18. Il enverra sa parole, et il 
les fera fondre : son vent souf- 
flera, et les eaux couleront. 

19. C'est lui qui annonce 88 pa- 
role à Jacob; ses justices el ses 
jugements à Israél. 

20. I] n'a pas fait ainsi pour 
loute nation : et ses jugements, 
il ne les leur a pas manifestés. 
Alleluia. 


PSAUME CXLVIII. 


Le Psalmiste invite toutes les créatures à 
louer le Sejgneur. 


1. Alleluia. 

Louez le Seigneur du haut des 
cieux ; louez-le dans les lieux les 
plus élevés. 

9. Louez-le, vous tous, ses an- 
ges; louez-le, vous toutes, ses 
puissances. 

3. Louez-le, soleil et lune; 
louez-le, vous toutes, éloiles de 
la nuit, et lumiere du jour. 

4. Louez-le, cieux des cieux, el 


Ps. CXLVIII, 4. Daniel, 111, 59, 60. 


LES PSAUMES. 


1297 


que toutes les eaux qui sont au- 
dessus des cieux 

9. Louent le nom du Seigneur. 

Car lui-même a dit, et les cho- 
ses ont été faites : lui-même a 
commandé, et elles ont été créées. 

6. 11165 a établies à jamais, et 
pour les siècles des siècles : il 
leur a donné une loi, et elle ne 
sera pas détruite. 

1. Louez le Seigneur, habitants 
de la terre; vous, dragons, et 
vous tous, abimes. 

8. Feu, gréle, neige, glace, 
vents de tempêtes, qui accom- 
plissez sa parole : 

9. Montagnes et vous toutes, 
collines, arbres fruiliers, et vous 
tous, cèdres ; 

10. Bêles sauvages, et vous 
tous, troupeaux; serpents, oi- 
seaux du ciel; 

11. Rois de la terre, et vous 
tous, peuples; princes, et vous 
tous, juges de la terre. 

12. Que les jeunes hommes et 


— À la face, etc.; c'est-à-dire qui pourra soutenir la rigueur de son froid, s'il veut 
lui donner une grande intensité. 
18. Il les fera, etc. Le pronom les, qui est au pluriel neutre dans la Vulgate (ea), 
se rapporte aux mots neige, brouillards, glace, exprimés dans les versets précédents. 
20. Leur (eis) serapporte à nation, nom collectif. 


1.* Le Psalmiste, heureux à la vue de la nationalité juive rétablie, s'adresse a 
toutes les créatures pour qu'elles en remercient Dieu avec lui. C'est la méme pensée 
qui se manifeste dans le cantique des trois enfants dans la fournaise, et dans 
l'hymne au soleil de S. François d'Assise. Il y a dans cette manière d'envisager 
la nature non seulement beaucoup de poésie, mais aussi quelque chose d'élevé et de 
touchant qui transfigure l'univers, en nous montrant le créateur, d'une facon en 
quelque sorte sensible, dans toutes ses ceuvres. Ce ne sont pas les créatures inani- 
mées qui parlent, mais c'est l'homme qui leur préte sa voix, et de cette maniére 
rend grâces au Seigneur pour les œuvres dont il lui a donné l'usage ou la jouissance. 
Tous les êtres louent d'ailleurs à leur manière celui qui les a faits, en observant 
les lois qu'il leur a imposées et en concourant ainsi à l'accomplissement de ses des- 
seins. — Le psaume descend graduellement du ciel àla terre pour s'arréter à l'homme 
et se terminer par une exhortation générale, 13-14. 

1. * Dracones, en hébreu, les grands poissons de la mer. — Abimes de la mer. 

8. * Feu, éclair et foudre. 

10. Serpents; sous ce nom, on entend généralement tous les reptiles, les vermis- 
seaux et méme les poissons. Compar. Genése, 1, 20; Ps. cur, 25. 


2. dq. 82 


7 


1298 LES PSAUMES. [Ps. cr.] 


les vierges, les vieillards et ceux 3. Qu'ils louent son nom en 
qui sont plus jeunes, louent le | chœur : qu'ils le célèbrent sur le 
nom du Seigneur, tambour et sur le psaltérion; 

13. Parce qu'il est le seul dont 4. Parce que le Seigneur se 
le nom a élé exalté. complait dans son peuple, et 


14. Sa louange est au-dessus | quil exaltera les hommes doux 
du ciel et dela terre, et il a exalté | et les sauvera. 
la corne de son peuple. 9. Les saints tressailliront d'al- 
Qu'un hymne soit chanté par | légresse dans la gloire; ils se ré- 
lous ses sainls, par les fils d'Is- , jouiront sur leurs lits. 
raél, par le peuple qui l'approche. 6. Les louanges de Dieu seront 
Alleluia. dans leur bouche, et des glaives à 
deux tranchanis dans leurs mains, 
PSAUME CXLIX. 1. Pour tirer vengeance des na- 
Le Psalmiste exhorte les Israélites à louer | lions, pour chátier les peuples. 
le Seigneur qui doit les combler de 8. Pour mettre aux pieds de 
gloire et de bonheur, humilier leurs leurs rois des Chaines 0] sux 
ennemis et les mettre sous leurs pieds. , 
mains de leurs princes, des fers, 
1. Alleluia. 9. Afin d'exercer sur eux 16 ju- 
Chanlez au Seigneur un càn- | gement prescrit : cette gloire est 
lique nouveau : que sa louange | réservé? à tous ses saints. Alle- 
relentisse dans lassemblée des | .ו‎ 
saints. PSAUME CL. 
2. Qu'Israél se réjouisse en ce- 


Le Psalmiste invite à louer le Seigneur 


lui qui l'a fait; que les fils de sur divers instruments, à cause de sa 
Sion tressaillent d'allégresse en |  Srandeur et de sa puissance infinie. 
leur roi. 1. Alleluia. 


14. Sa louange, etc.; c'est-à-dire qu'il mérite plus de louanges qu'on ne lui en rend 
dans le ciel et sur la terre ; ou bien, selon d'autres, qu'il reçoit les louanges de toutes 
les créatures qui sont dans le ciel et sur la terre. — La corne; c'est-à-dire la puissance. 
Compar. Ps. xvir, ὃ. — Ses sainls ; les Israélites, qui sont souvent appelés dans l'Ecri- 
ture du nom de saints, — Qui l'approche. Deutéron., 1v, 1. 


1. * Le Psalmiste chante les victoires du peuple juif, revenu de la captivité, sur 
les tribus voisines qui leur avaient suscité toute sorte d'obstacles pour empécher la 
reconstruction du temple. — Les cinq premiers versets invitent à louer Dieu de ses 
bontés, et les quatre derniers proclament que ces louanges lui sont dues, parce qu'il 
a tiré vengeance des peuples ennemis d'Israël. 

4. Il exaltera et sauvera; littér. il exaltera pour le salut. 

5. Sur leurs lits; dans les douceurs du repos; ou bien dans leurs demeures. 

8. Pour metíre, etc.; littér. pour lier leurs rois dans des entraves, et leurs nobles 
dans des menottes de fer. — * Les bas-reliefs assyriens représentent les rois vaincus 
attachés avec des chaines aux pieds et aux mains. 

9. Le jugement prescrit; la vengeance déterminée dans l'ordre de Dieu et prédite 
daus les prophètes. — Cefte gloire; c'est-à-dire les avantages mentionnés dans les 
versets précédents, comme la gloire, le repos, la paix, la victoire, la supériorité sur 
les ennemis. 


1-6. * Le dernier des psaumes n'est qu'une magnifique doxologie dans laquelle le 
Psalmiste invite treize fois, en comprenant dans ce nombre l’alleluia initial et final, 
à louer Dieu dans le temple, — 1:àcause de sa grandeur, — 2 : avectoute sorte d'instru- 


fps. cL.] 

Louez le Seigneur dans son 
sanctuaire, louez-le dans le fir- 
mament de sa puissance. 

9. Louez-le dans les œuvres de 
sa puissance; louez-le selon la 
multitude de ses grandeurs. 

3. Louez-le au son de la trom- 
pette; louez-le sur le psaltérion 
et sur la harpe. 


LES PSAUMES. 1999 


4. Louez-le sur le tambour 
et en chœur; louez-le sur les 
instruments à corde et sur l'or- 
gue. . 
8. Louez-le sur les cymbales 
sonores; louez-le sur les cymba- 
les de jubilation ; 

6. Que tout esprit loue le Sei- 
gneur. Alleluia. 


ments de musique, 3-5. La synagogue compte, d'apres Ezode, xxxiv, 6-7, treize attri- 
buts de Dieu. Kimchi dit que les treize louanges du Ps. cz correspondent à ces treize 
attributs. 

1. Dans son sanctuaire; littér., selon les Septante et la Vulgate, dans ses saints 
lieux; ce qu'on traduit ordinairement par sancluaire; le mot hébreu correspondant 
signifie, entre autres choses, sainteté, lieu saint, sanctuaire, Lemple. D'un autre côté, 
le ciel est appelé quelquefois le lieu saint de Dieu. Compar. Ps. xix, 1; cur, 2, 19, — 
Le firmament de sa puissance; e'est-à-dire le firmament, où il fait surtout éclater sa 
puissance. Or, le firmament est synonyme de ciel, puisqu'on lit dans Genèse, 1, 8: 
« Dieu nomma le firmament, ciel. » 

6. * Le psautier tout entier se termine par ce trait admirable qui le résume si bien : 
« Que tout être qui respire loue le Seigneur! A/Veluia! » — Esprit; ce qui a vie, ce 
qui respire. 


ΟΦ. © SE ma 


INTRODUCTION 


AU LIVRE DES PROVERBES 


L'auteur du livre des Proverbes est Salomon, comme l'attestent les inscrip- 
tions. Les deux derniers chapitres du livre, xxx-xxxi, qui portent un autre 
nom, peuvent seuls lui étre refusés. Tout le monde admet que les chapitres 
זוצצ-א‎ sont de lui, au moins dans leur majeure partie. L'opinion de Grotius, 
qui prétendait que Salomon n'était que le compilateur des maximes publiées 
sous son nom, est universellement abandonnée; elle est inconciliable avec les 
inscriptions, 1, 1; x, 1, et avec III Rois, iv, 32. L'origine salomonienne de tous 
les proverbes est encore confirmée par l'uniformité du style qui est partout 
essentiellement le méme, et par l'emploi de certains mots favoris qu'on retrouve 
dans les xxix premiers chapitres. 

La question de la date du livre dans sa forme actuelle est différente de celle 
de l'auteur. L'inscription du second recueil de proverbes, xxv, 1, prouve que 
cette partie ne fut recueillie que du temps d'Ézéchias, entre 725 et 696 avant 
Jésus-Christ, mais nous ne savons si elle fut empruntée à la tradition orale ou 
tirée de livres antérieurs. Quoi qu'il en soit, on peut affirmer avec M. Reusch 
que, « dans sa forme présente, le livre des Proverbes est du temps d'Ézéchias. 
L'appendice, xxx-xxxi, peut aussi avoir été ajouté à cette époque. Selon toute 
apparence, les hommes d'Ezéchias avaient déjà trouvé les deux premières parties, 
1-XXIV Où au moins r-xxir, 15, réunies par Salomon lui-même, ou sous son règne, 
ou peu après lui. » 

Les moyens de lire avec fruit le livre des Proverbes sont les suivants : 

« 1? Pour les bien entendre, en réduire la doctrine à certaines vérités capi- 
tales d’où les autres dépendent. — 2° Comparer les instructions de ce livre avec 
celles de l'Évangile et des Apôtres, ainsi que de la loi, des prophètes et des 
autres livres de l'Ancien Testament. — 3° Chercher dans les histoires de l'Écri- 
ture des hommes tels, en bien et en mal, que les dépeint le livre des Pro- 
verbes. — 4° Profiter des ouvertures que donnent les Pères de l'Église sur 
certains endroits de ce livre, pour entendre non seulement ces endroits, mais 
encore tout le reste du livre. — 5? Lire et méditer ce divin livre dans le méme 
esprit dans lequel il a été composé. » (ANONYuE.) : 

Voici un exemple, tiré de S. Augustin, qui montre quel fruit on peut retirer 
de la lecture et de la méditation des Proverbes dans les applications morales. 
Saint-Marc Girardin, aprés avoir rapporté le passage des Proverbes, vr, 6-8, qui 
vante la prévoyance de la fourmi, continue : « Ne croyez pas que les docteurs 
chrétiens, surtout les Péres de l'Église, n'aient expliqué la prévoyance que 
Salomon loue dans la fourmi, que par le soin d'amasser des richesses malé« 


INTRODUCTION AU LIVRE DES PROVERBES, 1301 


rielles pour nos vieux jours. C’est la richesse morale qu'il faut acquérir quand 
on est jeune, pour en jouir quand on est vieux. Enrichissez votre àme, afin. 
qu'elle ait de quoi se soutenir dans les mauvais jours. « Voyez, dit S. Augustin, 
כ‎ la fourmi de Dieu : elle se lève tous les jours de grand matin, court à l'église, 
» prie, entend la lecture de la parole sainte, chante les hymnes, repasse dans 
» son esprit ce qu'elle a entendu, y réfléchit longtemps et amasse le grain 
» qu'elle a recueilli dans l'aire... Vient l'épreuve de la tribulation, l'hiver de la 
» vie, l'orage de la crainte, le froid de la tristesse, la perte des biens, le risque 
» de la vie, la mort des siens, la disgráce et l'humiliation... Alors les hommes: 
» regardent cette âme fidèle avec une grande compassion : Quel malheur! 
» disent-ils ; le moyen de vivre aprés cela? Comment cette personne n'est-elle 
» point accablée par tant de maux? — Ils ne savent pas les provisions qu'a 
» faites la fourmi et qui la nourrissent à ce moment; ils ne voient pas quels 
» grains précieux elle a amassés, et comment, renfermée dans son abri, loin 
» de tous les yeux, elle se soutient pendant l'hiver à l'aide des travaux de 
» l'été. » Voilà comment S. Augustin explique l'éloge que Salomon fait de la 
prévoyance de la fourmi, prévoyance d'autant plus louable qu'elle s'applique 
à des biens plus élevés et plus solides que ceux que recherchent ordinairement 
les hommes, biens qu'on ne possède et dont on ne jouit dans la vieillesse qu'à 
la condition de les avoir acquis dans la jeunesse. Ne nous y trompons pas, 
en effet, notre jeunesse fait et prépare notre vieillesse [et méme notre vie éter- 
nelle], et nous ne retrouvons dans nos greniers que ce que nous avons semé et 
cultivé dans nos champs pendant le printemps. » 

Les Proverbes sont le premier des livres appelés sapientiaux, dans le sens 
strict, parce qu'ils nous enseignent la véritable sagesse, celle qui nous apprend 
à pratiquer la vertu, à devenir meilleurs et à faire, comme nous le disons au- 
jourd'hui dans la langue chrétienne, notre salut. La sagesse est, par conséquent, 
la méme chose que la vertu; elle consiste à connaitre et à faire le bien pour 
plaire à Dieu, ur, 4; à fuir le mal pour ne point lui déplaire, πὶ, 7; cf. vut, 13: 
à agir, en un mot, d'une manière surnaturelle. Le sentier des justes est lumière: 
la voie des méchants, ténèbres, 1v, 18-19. Cf. xxvii, 18; 1v, 27. Salomon veut 
précher ainsi la sagesse à ceux qui ne la connaissent pas encore, et en donner 
une connaissance plus parfaite à ceux qui savent déjà ce qu'elle est. A cause 
du but qu'il se propose, il s'adresse à l'homme en général; l'individu s'efface 
devant l'humanité ou se confond avec elle. Le Juif ne se montre pas ici; le 
côté étroit et national qui dépare les productions rabbiniques est tout à fait 
absent des livres sapientiaux; l'Esprit Saint instruit tous les hommes, parce 
qu'il les appelle tous au salut. La sagesse à laquelle il les convie, qu'il veut 
leur faire aimer, n'est pas du reste une abstraction; c'est une personne divine. 
L'auteur sacré nous la représente, dans le ch. viu, 14, revétue des attributs 
qu'Isaie donne au Messie, σι, 2, le conseil, l'intelligence, la force; il nous parle 
d'elle, 15-16, comme de Dieu : toute puissance vient d'elle sur la terre; elle 
aime ceux qui l'aiment; elle est la source de tous les biens, 16-21. La Sagesse 
est le Verbe, la seconde personne de la Sainte Trinité, engendrée de toute éter- 
nité par le Pére, 22-23. Elle est désignée comme le Verbe dans l'Apocalypse, 
m, 14; comme Jésus-Christ dans S. Paul, Col., 1, 15; elle a pris part à la 
création du monde, 24-30, comme nous l'explique S. Jean au commencement 
de son Évangile, 1, 3; elle n'est pas seulement spectatrice de la création, elle y 


1302 INTRODUCTION AU LIVRE DES PROVERBES. 


prend une part active, Prov., vir, 30; Jean, 1, 3. L'idée de la médiation du 
Verbe, entre son Pére et les hommes, apparait aussi dans l'ensemble de ce pas- 
sage des Proverbes, qui se termine par ce mot si tendre et si touchant : Mes 
délices sont d'être avec les fils des hommes, vni, 31. Ce que nous recommande 
Salomon dans son livre, c'est donc l'imitation de la Sagesse incréée, la partici- 
pation à sa vie et à ses attributs. En nous révélant ces grandes vérités, il nous 
montre en Dieu méme le principe de la loi morale et la source de la vertu. 

Le moyen d'acquérir la sagesse, c'est d'avoir la crainte de Dieu. L'introduc- 
tion générale, r-ix, nous apprend quel est le motif qui a poussé Salomon à re- 
cueillir ses Proverbes : c'est de démontrer que la crainte de Dieu est 16 premier de 
tous los biens, 1, 7: La crainte du Seigneur est le principe de la sagesse, parce que 
c'est elle qui nous méne à la sagesse. Cette parole est le véritable commen- 
cement du livre, après la préface, 1, 1-6; elle est répétée aussi à la fin, presque 
en dernier lieu, comme conclusion, 1x, 10, parce que c'est la vérité que l'auteur 
se propose principalement d'inculquer, le résumé de toute sa doctrine. Cf. τ, 22; 
vi, 5; 1x, € ; Job, xxvur, 28; Ps. cx, 10; Eccli., 1, 16. 

La craiite de Dieu à laquelle Salomon ou plutót l'Esprit Saint attache tant 
d'importance, c'est la pratique de la religion, ou, en d'autres termes, le respect 
et le culte dus à Dieu, l'observation de ses commandements, ce que nous devons 
appeler maintenant une conduite chrétienne. Avoir la crainte de Dieu ou étre 
fidèle à tous ses devoirs, c'est donc le moyen d'arriver à la sagesse. Le sage 
pose ainsi la religion comme base de la morale et de la sainteté ; en dehors de 
Dieu, il n'y a point de vraie morale ni de science compléte, xvi, 20; xxix, 25; 
nr, 11-12, et surtout nr, 5-6. 

Depuis Julien l'Apostat, on a souvent répété que la sagesse des Proverbes 
n'était qu'une sagesse humaine. Il est vrai que, gráce à la révélation contenue 
dans l'Ancien Testament, et surtout dans le Nouveau, les idées exprimées dans 
les livres sapientiaux nous sont devenues familiéres et appartiennent en quelque 
sorte au patrimoine commun du genre humain, mais elles n'en sont pas moins 
élevées et dignes de celui qui les a inspirées. Pour en comprendre le prix, il 
faut les comparer aux maximes des sages paiens. Or, depuis Phocylide jusqu'à 
Marc-Auréle, quoique celui-ci et ses contemporains aient déjà vécu dans une 
atmosphére imprégnée de Christianisme, on ne trouve aucun philosophe qui 
égale le fils de David. Aucun d'entre eux n'a eu le regard assez pénétrant pour 
découvrir le vrai principe de la vertu et poser comme base de la sagesse le 
premier verset de notre livre : La crainte du Seigneur est le principe de la sagesse ; 
aucun d'entre eux n'a pu complétement éviter toute erreur : s'ils ont vu que le 
bien est le juste milieu entre deux excés, ils n'ont pas su se tenir dans le droit 
chemin; de tous il faut retrancher des points répréhensibles en dogme et en 
morale; Salomon seul n'erre jamais, parce que c'est Dieu qui parle par sa 
bouche. Epictéte, le plus grand cependant des moralistes paiens, n'avait trouvé 
qu'une morale négative, dépourvue de tout principe d'action: Souffre, abstiens- 
toi. Les autres philosophes stoiciens n'avaient su non plus enseigner qu'une 
résignation au-dessus des forces humaines, consistant à se faire illusion sur la 
nature de la souffrance, ou bien une vague reconnaissance pour les bontés du 
ciel; ils n'avaient jamais pensé à nous inviter, comme l'Esprit Saint par la 
bouche de Salomon, à faire de la pensée de Dieu une douce occupation du 
cœur, une sorte de refuge et de lieu derepos. Si les Proverbes ne font pas 


INTRODUCTION AU LIVRE DES PROVERBES. 1308 


encore briller le plein jour de l'Évangile, ils en sont du moins l'aurore : Dieu 
nous y apparait comme un père, jusque dans ses chátiments, rit, 12. 

Un poète, qui s'est inspiré des Proverbes, dans ses Paroles de Salomon, Joseph: 
Autran, dit des maximes du Sage: « J'avais passé, je l'avoue, plusieurs années 
sans les revoir. Je ne redirai pas les sentiments que fil naître en moi cette 
lecture; ils seront compris du petit nombre de ceux qui ne dédaignent pas 
d'ouvrir de temps en temps ces livres incomparables. Quel poéte et quel sage 
que ce roi Salomon! Il a tout vu, tout senti, tout essayé, tout approfondi. 
L'expérience universelle des choses est résumée dans ces maximes, tour à tour 
sublimes et familiéres, qui s'adressent à tous les hommes et à tous les temps, 
dans ces courtes et substantielles sentences qui gardent aprés trois mille ans 
leur immortel à-propos. Que dire aussi de cette beauté de langage, de cette 
richesse d'images et de couleurs qui n'ont d'égales nulle part? Telle en est la 
puissance qu'elles font oublier nos miséres et nos petitesses des jours présents. » 

Le livre des Proverbes se divise de la manière suivante. 1? Il s'ouvre par une 
sorte de préface générale, r, 1-6, qui renferme le titre du livre et le nom de 
l'auteur, et nous fait connaitre le caractére général et le but des Proverbes. — 
2° Le corps du livre se partage en trois parties : 1? une introduction générale, 
I, 7-1x ; 2? et 3? deux recueils distincts des Proverbes de Salomon, x-xxiv ; xxv-xxix. 
— 3° Enfin l'ouvrage se termine par trois appendices, savoir deux petites collec- 
tions de proverbes qui portent le nom d'Agur (dans la Vulgate, « celui qui as- 
semble ») et du roi Lamuel, et l'éloge alphabétique ou acrostiche de la femme 
forte, xxx; xxx!:, 1-9; xxxi, 10-31. 


LES PROVERBES" 


DE SALOMON 


CHAPITRE PREMIER. 


Exhortation à l'étude de la sagesse. Mal- 
heur de ceux qui la méprisent, et qui 
cherchent à séduire les simples. 


1. Paraboles de Salomon, fils 
de David e£ roi d'Israël, 

2. Utiles pour connaitre la sa- 
cesse et la discipline, 

3. Pour comprendre les paroles 


justice, 6116 jugement et 6 

4. Afin que soit donnée aux 
tout petits la finesse, à l'adoles- 
cent la science et l'intelligence. 

ὃ. Le sage, en écoutant, sera 
plus sage, et l'intelligent possé- 
dera les moyens de gouverner. 

6. Il découvrira le proverbe et 
l'interprétation, les paroles des 
sages et leurs énigmes. 


1. La crainte du Seigneur est le 
principe de la sagesse. La sagesse 


de la prudence, pour recevoir 
linstruction de la doctrine, la 


(RAP MPS ex MD ECC Re; 


* Le mot Proverbes se prend ici dans le sens de sentences, maximes, leçons courtes 
et instructives, écrites d'un style concis et sentencieux. Les Grecs lui ont donné le 
nom de Paraboles (Paroimiai); nom qui convient d'autant mieux que la plupart des 
sentences de ce recueil sont écrites d'un style parabolique et figuré. Les anciens Péres 
ont appelé ce livre Panaretos, d'un mot grec qui signifie trésor de toute vertu, ou 
recueil de toutes sortes d'instructions qui conduisent à la vertu. 

1-6. * Préface des livres des Proverbes. Salomon a un double but : celui d'ap- 
prendre la sagesse à ceux qui ne la connaissent pas encore et celui d'en donner une 
connaissance plus parfaite à ceux quila connaissent déjà. 

2. La discipline. Ce mot, qui est souvent répété dans les Proverbes, signifie princi- 
palement les connaissances spéculatives, les instructions propres à former l'esprit et 
le cœur de la jeunesse, la correction des défauts. Le contexte seul suffit souvent 
pour faire saisir dans chaque passage la nuance de la signification. 

4. Aux tout petits (parvulis); c'est-à-dire selon l'hébreu, aux simples, qui se laissent 
facilement persuader et séduire; qui manquent d'expérience, et, par là méme, de pru- 
dence. — La finesse se prend ici, en bonne part, pour la sagesse, la prudence, la 
discrétion. 

7 et .טנטפ‎ * La première partie des Proverbes de Salomon comprend les chapitres 
I, T-1x. Elle diffère des deux autres parties de la collection en ce qu'elle ne se com- 
pose pas seulement de pensées détachées, roulant sur des objets divers : le sujet est. 
unique; l'auteur fait l'éloge de la sagesse et exhorte les jeunes gens à travailler à 
l'acquérir. On peut considérer, à certains égards, les chapitres 1, 1-1x, comme une 
introduction aux proverbes proprement dits, destinée à en faire sentir l'utilité et 
l'importance. La connexion entre les divers chapitres n'est pas d'ailleurs trés rigou- 
reuse. Plusieurs, 11; v; vii; viii; 1x, forment un tout régulier; quelquefois, il n'y a 
de véritable suite que pendant quelques versets : ur, 1-10; 13-26 ; 1v, 14-19; vr, 1-5, 
6-11, d'où la difficulté de marquer les subdivisions de cette première section avec 


‘CH. 1.] 
et la doctrine, les insensés les 
méprisent. 

8. Écoute, mon fils, la discipline 
de ton pere, et ne rejette pas la 
loi de ta mere, 

9. Afin que soit ajouté un agré- 

ment à ta téte, et un collier à ton 
cou. 
| 10. Mon fils, si des pécheurs 
veulent t'attirer, n'y acquiesce 
|pas. 
' 4. S'ils disent : Viens avec 
nous, dressons des embüches au 
sang, cachons des pieges à l'inno- 
cent qui nel'a pas mérité; 

19. Comme l'enfer, engloutis- 
sons-le vivant et entier, comme 
celui qui descend dans la fosse. 


LES PROVERBES. 


1305 


18. Nous trouverons toutes 
sortes de biens précieux : nous 
remplirons nos maisons de dé- 
pouilles. 

14. Mets ta part avec nous, 
qu'une seule bourse soit pour 
nous tous. 

15. Mon fils, ne marche pas avec 
eux, écarte ton pied de leurs sen- 
tiers. 

16. Car leurs pieds courent au 
mai, etils se hâtent afin de verser 
le sang. 

17. Mais en vain l'on jette le 
filet devant les yeux des oi- 
seaux. 

18. Eux aussi à leur propre 
sang dressent des embüches, et 


10: IAE, Dix, 7. 


certitude. On peut y distinguer, néanmoins, trois parties différant par le contenu: 
1, 8-11; 1v-v1, 19; vr, 20-1x. Le style des Proverbes est en général le style poétique le 
plus simple, mais il n'est pas partout le méme. C'est surtout entre le premier et le 
second recueil que la différence de composition est sensible. Dans les chapitres 1-1x, 
malgré un peu de diffusion, quelques répétitions et l'absence, en certains endroits, 
d'un développement régulier, le langage est plus noble, le ton plus élevé; ils 
abondent en images vivantes et en prosopopées hardies; les deux derniers chapitres, 
vi-ix, comptent parmi les pages les plus sublimes de la Bible. Quant à la forme 
proprement dite, la structure des morceaux est peu régulière. Une pensée est quel- 
quefois développée en deux ou trois versets, 1, 8-9 ; rii, 11-12; vr, 1-5; 6-11; 19-15; 16- 
19; d'autres fois elle embrasse une longue suite de versets ou méme un chapitre 
tout entier, 11, 1-22; v, 1-20; vr, 20-35; vir; vii; ΙΧ. 

1. Les insensés (stulli); sous ce nom, l'Ecriture désigne assez souvent les méchants, 
les impies. — * La crainte du Seigneur est le principe de la sagesse. « Dans cette 
parole d'or, dit Umbreit, la philosophie de l'Orient se sépare nettement de l'Occident. 
Le sage [juif] parvient par la religion à la sagesse, tandis que le sage de l'Occident 
cherche à arriver par la sagesse à la religion. On peut expäquer aiusi ces paroles : 
L'homme religieux peut seul devenir véritablement sage. » 

8. * Ici commence une subdivision qui embrasse la fin de ce chapitre et les cha- 
pitres πὶ et πὶ entiers, Elle contient une exhortation générale à s'adonnerà la pour- 
suite de la sagesse, et elle se termine par des détails divers, Cette première subdivi- 
sion, comme les suivantes, est indiquée par les mots, Ecoute, mon fils, ou expressions 
analogues, 1v, 1; vi, 20. 

9. Un agrément (gratia); un ornement, une couronne. — * Les Orientaux com- 
parent souvent les paroles des sages à des perles et à des ornements de prix, parce 
qu'elles ornent l'homme moral comme une parure. 

11. Au sang ; c'est-à-dire pour verser le sang. Compar. le vers. 16. 

12. Dans la fosse; dans le tombeau. — * Comme l'enfer, le scheól, le lieu où étaient 
les âmes des morts. 

17, 18. De méme que l'oiseleur tend inutilement son filet sousles yeux des oiseaux, 
parce que, lorsque les oiseaux le voient tendre, ils l'évitent, de méme aussi les 
pécheurs manqueront leur but; bien plus, ils tomberont eux-mémes dans les pièges 
qu'ils tendent aux autres. אי‎ 


1306 


machinent des fraudes contre 
leurs propres àmes. 

19. Ainsi sont les sentiers de 
tout avare, ils ravissent l'àme de 
tous ceux qui possèdent. 

90. La sagesse préche dehors ; 
dans les places publiques elle 
élève sa voix; 

21. A la tête des foules elle crie, 
aux portes de la ville elle profère 
ses paroles disant : 

22. Jusques à quand, tout pe- 
tits enfants, aimerez-vous l'en- 
fance, et les insensés désireront- 
ils ce qui leur est pernicieux, 
et les imprudents hairont-ils la 
science? 

93. Convertissez-vous à mes 
remontrances : voici que je vous 
révélerai mon esprit, et que je 
vous ferai comprendre mes pa- 
roles. 

24. Parce que j'ai appelé, et que 
vous avez refusé de m'entendre ; 
que j'ai tendu ma main, et qu'il 
n'y a eu personne qui m'ait re- 
gardé ; 

95. Que vous avez méprisé tous 
mes conseils, et négligé mes ré- 
primandes : 


LES PROVERBES. 


[cH. 1.] 


26. Moi aussi, à votre mort, je 
rirai et je me moquerai, lorsque 
ce que vous craigniez vous sera 
arrivé. 

27. Lorsqu'une calamité arri- 
vera tout d'un coup, et que la 
mort, comme une tempéte, fon- 
dra violemment sur vous ; quand 
viendront sur vous la tribulation 
et l'angoisse : 

28. Alors ils m'invoqueront, et 
je ne les exaucerai pas; des le 
matin ils seleveront, etils ne me 
trouveront pas ; 

29. Parce qu'ils ont hai la disci- 
pline, et qu'ils n'ont pas recu la 
crainte du Seigneur, 

30. Qu'ils n'ont pas acquiescé à 
mes conseils, qu'ils ont déprécié 
toutes mes remontrances. 

31. Aussi ils mangeront les 
fruits de leurs voies, et ils seront 
rassasiés de leurs conseils. 

32. L'égarement des tout petits 
les tuera ; etla prospérité des in- 
sensés les perdra. 

33. Mais celui qui m'écoute re- 
posera sans terreur et jouira de 
l'abondance, la crainte des maux 


ayant été enlevée. 


24. Is., Lxv, 12; Lxvi, 4; Jérém., vir, 13. 


90. * Dans les places publiques. On peut voir ici une allusion à la coutume orien- 
tale de mettre les préceptes de morale en vers, que des chanteurs ou des orateurs 
chantent ou déclament dans les rues et sur les places publiques. 

92. Trés pelits. Voy. 16 vers. 4. — Les insensés. Voy. le vers. 7. — * Salomon énu- 
mère trois classes de gens qui repoussent la sagesse : les enfants ou les simples, les 
insensés ou les esprits légers et frivoles et les imprudents ou les sots. Voir la para- 
bole de la semence, Matth., xui, 3 et suiv. 

31. Ils seront rassasiés, etc.; c'est-à-dire ils recevront la récompense pleine et en- 
tiére de leurs desseins, de leurs projets. 

32. L'égarement; littér. l'éloignement (aversio) de la droite voie, de la sagesse, de 
la vertu. C'est le méme sens en hébreu. Jérémie se sert plusieurs fois de ce mot pour 
exprimer l'éloignement de Dieu (Jérém., it, 12; 111, 22; v, 65; xiv, 1). — Tout petits, 
Voy. le vers. 4. 

33. La crainte, etc.; sans avoir à craindre aucun mal, 


cu. π.} 


CHAPITRE IL. 


Avantages que l'on trouve dans !a pos- 
session de la sagesse. Maux que la sa- 
gesse fait éviter à ceux qui l'aiment et 
qui la possèdent. 


1. Mon fils, si tu recois mes pa- 
roles, et si tu caches mes com- 
mandements en toi, 

2. Ensorte queton oreille écoute 
la sagesse : incline ton cœur pour 
connaitre la prudence. 

3. Car situ invoques la sagesse, 
et que tu inclines ton cœur vers 
la prudence ; 

4. Si tu la recherches comme 
l'argent, et que tu creuses pour 
la trouver, comme les trésors: 

5. Alors tu comprendras la 
crainte du Seigneur, et tu trou- 
veras la science de Dieu. 

6. Parce que c'est le Seigneur 
qui donne la sagesse, et que de 
sa bouche sortent la prudence et 
la science. 

7. Il veillera au salut des 
hommes droits, et protégera ceux 
qui marchent dans la simplicité, 

8. Conservant les sentiers de la 
justice, et gardant les voies des 
saints. 

9. C'est alors que tu compren- 
dras la justice et le jugement, et 
160116 et tout bon sentier. 

10. Sila sagesse entre dans ton 


LES PROVERBES. 


1507 


cœur, et que la science à ton âme 
plaise, 

11. Le conseil te gardera, et la 
prudence te sauvera, 

12. Afin que tu sois arraché à 
une voie mauvaise, et à l'homme 
qui tient des discours pervers; 

13. À ceux qui abandonnent le 
droit chemin, et qui marchent 
par des voies ténébreuses, 

14. Qui se réjouissent lorsqu'ils 
ont mal fait, qui tressaillent de 
joie dansles choses les plus mau- 
valises, 

15. Dont les voies son perver- 
ses, et dont les démarches sont 
infâmes. 

16. Afin que tu sois arraché à 
la femme d'autrui, et à l'étran- 
gere, qui amollit ses paroles ; 

17. Qui abandonne le guide de 
sa jeunesse, 

18. Et qui a oublié l'alliance de 
son Dieu : sa maison penche vers 
la mort, et ses sentiers vers les 
enfers; 

19. Tous ceux qui entrent chez 
elle ne reviendront pas, et ne 
prendront pas les sentiers de la 
vie. 

20. Afin que tu marches dans 
une voie bonne, et que tu gardes 
les sentiers des justes. 

21. Car les hommes qui sont 
droits habiteront sur la terre, et 


1. Si tu caches, etc.; c'est-à-dire si tu les tiens renfermés dans ton cœur, comme on 


tient un trésor à l'abri de toute atteinte. 


4. * Situ la recherches, etc. L'image de cette recherche diligente est empruntée au 
travail des mines, décrit plus longuement, Job, xxvur, 1-11. 

17. Le guide de sa jeunesse; littér. de sa puberté; c'est-à-dire celui qu'elle avait 
épousé étant à l'âge de puberté, étant encore vierge. Compar. Jérém., m, 4. 

18. * Qui a oublié l'alliance de son Dieu, la loi de Dieu qu'elle viole. — Vers les en- 
fers, en hébreu, vers les rephaim ou habitants du scheól. Voir plus loin, ix, 48. 

19. * Ne reviendront pus au monde supérieur, à la vie tranquille, heureuse et pure. 

21. Les hommes qui sont droits; selon l'hébreu, les intégres, les parfaits. — Sur la 
terre (in terrá): c'est-à-dire dans leur patrie, jouissant d'une sécurité et d'une pros- 
périté durables, comme Moise l'a promis à ceux qui observeraient les préceptes divins 


1308 


les simples y demeureront cons- 
tamment. 

22. Mais les impies seront ex- 
terminés de la terre; et les mé- 
chants en seront enlevés. 


CHAPITRE III. 


La sagesse donne une longue vie. Avoir 
confiance en Dieu. N'étre pas sage à ses 
propres yeux. Honorer le Seigneur par 
des présents; souffrir ses corrections 
et ses épreuves. Prix inestimable de la 
sagesse. Le Seigneur a fondé la terre 
par la sagesse. Paix de ceux qui pos- 
sèdent la sagesse. Faire du bien à son 
prochain. Bonheur des justes. 


1. Mon fils, n'oublie pas ma 
loi, et que ton cœur garde mes 
préceptes, 

2. Car ils t'apporteront la lon- 
gueur des jours, des années de 
vie, et la paix. 

3. Que la miséricorde et la vé- 
rité ne t'abandonnent pas: mets- 
les autour de ton cou, grave-les 
sur les tables de ton cœur : 

4. Et tu trouveras grâce etune 
bonne discipline devant Dieu et 
les hommes. 

5. Aie confiance dans le Sei- 
gneur de tout ton cœur, et ne 


LES PROVERBES. 


]08. 111.) 
l'appuie pas sur ta prudence. 

6. Dans toutes tes voies, pense 
à lui, et lui-même dirigera tes 
pas. 

7. Ne sois pas sage à tes pro- 
pres yeux: crains Dieu, et éloigne- 
toi du mal; 

8. Car ce sera la santé pour 
ton corps et une irrigation pour 
tes os. 

9. Honore le Seigneur de ton 
bien, et donne-lui des prémices 
de tous tes fruits; 

10. Et tes greniers seront rem- 
plis d'abondance, et tes pressoirs 
regorgeront de vin. 

11. Ne rejette pas, mon fils, la 
discipline du Seigneur : et ne te 
décourage pas, lorsque par lui tu 
es châtié ; 

19. Car le Seigneur chátie 
celui qu'il aime, et il se complait 
en lui comme un pére en son 
fils. 

13. Bienheureux l'homme qui 
a trouvé la sagesse, et qui est 
riche en prudence : 

14. L'acquisition de la sagesse 
vaut mieux que le commerce de 
l'argent, et ses fruits sont préfé- 


Caae. II. 22. Job, xvii, 17. — (παρ. III. 7. Rom., xii, 16. — 9. Tobie, 1v, 7; Luc, 


xiv, 18. — 11. Hébr., xir, 5; Apoc., rir, 19. 


(Exod., xx, 12; Lévit., xxv, 18; xxvi, 5, etc.), et Jésus-Christ à ceux qui sont doux 


(Matth., v, 4). 


Mais de cette premiére idée d'une félicité temporelle et d'une vie 


paisible dans le monde, l'Ecriture nous éléve à une autre terre et à une autre vie, 
qui ne finira pas, à la terre des vivants, à la félicité éternelle, au ciel. 

22, * La sagesse promet ici à ses sectateurs un des biens qui étaient le plus désirés 
des Hébreux, le bonheur de vivre et de mourir en paix dans sa patrie. 


2, Ils 'apporteront, etc. Compar. Exod., xx, 22; Deulér., v, 10; xxu, 7. 
3. Mets-les autour, etc. Compar. Exod., xui, 9; Deutér., νι, 8. — Grave, etc.; allusion 


aux Tables de la loi. Voy. Exod., xxiv, 12. 


4. Discipline. Voy. Proverb., 1, 3. 


6. * Lui-méme dirigera tes pas, aplanira tes sentiers, rendra ta vie heureuse et 


sainte. Voir Ps. xxvi, 12. 


10. * Tes pressoirs. Le mot hébreu ainsi traduit désigne une sorte d'auge creusée 
dans la terre ou taillée dans le roc à cóté du pressoir proprement dit et dans laquelle 
se déverse le vin qui coule du pressoir. Voir 18006, v, 2. 

14-15. * Toutes les richesses, En hébreu, les perles. Il y a une gradation ascendante; 


(cu. π|.] 


ב 


rables à 
plus pur; 

15. Elle est plus précieuse que 
toutes les richesses; et tout ce 
qu'on désire ne peut lui étre 
comparé. 

16. La longueur des jours est 
dans sa droite ; et dans sa gauche 
sont les richesses et la gloire. 

17. Ses voies sont des voies 
belles, et tous ses sentiers sont 
pacifiques. 

18. Elle est un arbre de vie pour 
ceux qui la saisissent, et celui qui 
la tient est bienheureux. 

19. Le Seigneur, par la sagesse, 
a fondé la terre : il a affermi les 
cieux par la prudence. 

20. Parsa sagesse ont paru tout 
à coup des abimes, et les nuées 
se chargent de rosée. 

21. Mon fils, que ces choses ne 
s'éloignent pas detes yeux; garde 
la loi et le conseil; 

92. Et ce sera la vie pour ton 
âme, et un ornement à ton cou; 

23. Alors tu marcheras avec 
assurance dans ta voie, et ton 
pied ne se heurtera pas; 


lor le meilleur et le 


ὉΠ ΒΒ. ΣΧ ΥΙ; 4. 


LES PROVERBES. 


1309 


94. Si tu dors, tu ne craindras 
pas : tu reposeras, et doux sera 
ton sommeil ; 

25. Ne redoute pas une terreur 
soudaine, ni les puissances des 
impies fondant sur toi. 

26. Car le Seigneur sera à ton 
côté, et 11 gardera ton pied, afin 
que tu ne sois point pris. 

27. N'empéche point de bien 
faire celui qui le peut : situ es en 
état, fais toi-même bien. 

98. Ne dis pas à ton ami : Va 
et reviens; demain je te don- 
nerai, lorsqu'à l'instant tu peux 
donner. 

29. Ne machine pas de mal 
contre ton ami, puisque lui en 
toi a confiance. 

30. Ne dispute pas avec un 
homme sans sujet, lorsque lui- 
méme ne t'a rien fait de mal. 

91. Ne porte pas envie à un 
homme injuste, et n'imite pas ses 
voies, 

32. Parce que c'est l'abomina- 
tionduSeigneur, qu'un moqueur; 
et quec'est avec les simples qu'est 
sa conversation. 


huno "——— nnn 0———————————————— 


d'abord l'argent, puis l'or, plus précieux que l'argent, et enfin les perles plus rares 
encore et de plus grand prix. Voir vir, 11 et Job, xxvur, 18. 

16. La longueur, etc.; c'est-à-dire que la sagesse donne, d'un cóté, une longue et 
heureuse vie; et de l'autre, des biens et des honneurs. — * L'excellence de la sagesse 
a été montrée jusqu'ici par des comparaisons. Dans ce verset, elle nous apparait 
comme une reine dontles mains sont remplies des présents que les Hébreux consi- 
dérent comme les plus désirables, et elle les offre à ceux qui obéissent à ses lois. 
Les dons qu'offre ici la sagesse sont ceux que Dieu promit à Salomon quand il lui 
apparut à Gabaon, 111 Rois, ur, 11-14. 

11.* Pacifiques. La sagesse donne la paix de l'àme que tous les hommes désirent 
et que les impies, qui ne recherchent point la sagesse, ne trouvent point. 

18. * Un arbre de vie. Allusion à l'arbre de vie du paradis terrestre, Genèse, τι, 9; 
ni, 22. 

20. Des nuées se chargent de rosée (nubes rore concrescunt); selon l'hébreu : Des 
nuées distillent la rosée. — * Les abimes, les eaux des mers. Ce verset, comme les 
deux précédents, rappelle les premiers chapitres de la Genèse. 

21-35. * Exhortation à la charité fraternelle. 

32. Moqueur (illusor); selon l'hébreu, pervers, dépravé 


1310 


33. La détresse viendra du Sei- 
gneur dans la maison de l'impie ; 
mais les habitations des justes 
seront bénies. 

34. Il se jouera lui-même des 
moqueurs ; et aux hommes doux 
il donnera sa grâce. 

35. Les sages posséderont la 
gloire : l'élévation des insensés 
sera l'ig nominie. 


CHAPITRE IV. 


Salomon donne aux autres les instruc- 
tions qu'il a recues lui-méme pendant 
sa jeunesse. Exhortation à étudier la 
sagesse, Inquiétudes des méchants. 
Garder son cœur avec soin. Veiller sur 
sa langue et sur ses démarches. 


1. Écoutez, mes fils, la disci- 
pline d'un père, et soyez atten- 
ifs, afin que vous connaissiez la 
prudence. 

2. Je vous ferai un don excel- 
lent; n'abandonnez pas ma loi. 

3. Car moi aussi j'ai été un fils 
chéri de mon père, et comme un 
fils unique devant ma mère; 

4. Et il m'instruisait, et me 
disait : Que ton cœur recoive 


LES PROVERBES. 


[cu. 1v.] 


mes paroles, garde mes pré- 
ceptes et tu vivras. 

5. Possede la sagesse, possede 
la prudence : n'oublie pas les pa- 
roles de ma bouche et ne t'en 
écarte pas. 

6. Ne rejette pas la sagesse, et 
elle te gardera : aime-la, et elle te 
conservera. 

7. Un principe de ‘sagesse es : 
Mets-toi en possession de la sa- 
gesse; et par tout ce que tu pos- 
sédes, acquiers la prudence; 

8. Saisis-la, et elle t’exaltera ; 
tu seras glorifié par elle, lorsque 
tu l'auras embrassée; 

9. Elle mettra sur ta tête des 
accroissements de grâces, et elle 
te couvrira d'une glorieuse cou- 
ronne. 

10. Écoute mon fils, et recois 
mes paroles, afin que se multi- 
plient pour toi des années de 
vie. 

11. Je te montrerai la voie de 
la sagesse : je te conduirai par 
les sentiers de l'équité; 

19. Lorsque tu y seras entré, 
tes pas ne seront pas resserrés; 


1 et suiv. * Ecoutez, mes fils. Commencement de la seconde subdivision de la pre- 
mière partie. Elle comprend les chapitres iv et v jusqu'à vr, 19 et revient sur des 
points particuliers de l'exhortation contenue dans la première subdivision. — Salomon 
reproduit ici les instructions qu'il avait reçues dans sa jeunesse de David, son père. 
Il rappelle souvent qu'il ne donne pas ses enseignements comme les siens propres, 
mais comme ceux de l'expérience des vieillards et de ses aieux. 


1. La discipline. Voy. Proverb., 1, 2. 


3. Chéri (tenellus); le grec porte obéissant, docile. — Comme; particule qui se sous- 
entend trés souvent dans le style biblique, et qui est évidemment sous-entendue ici, 
puisque Salomon eut trois frères (I Paral., nr, 5); à moins qu'on ne prenne fils 
| unique dans le sens de fils chéri,-le bien-aimé, comme l'ont fait les Septante. On sait, 

“d’ailleurs, queles écrivains grecs et latins désignaient quelquefois par bien-aimés les 


fils uniques ou premiers-nés. 


1. Un principe de sagesse, etc.; c'est-à-dire c'est déjà étre sage, que de chercher la 
sagesse, que de travailler pour l'obtenir. — Par tout ce que tu possèdes; c'est-à-dire 
emploie, si c'est nécessaire, tout ce que tu possédes pour acquérir la prudence. 

19. * La vie de l'homme est souvent comparée dans l'Ecriture à une marche ou à 
un voyage, parce que nous n'avons pas ici de demeure permanente et que notre vé- 
ritable patrie est ailleurs. Genèse, xLvir, 9; Ps. xxxix, 14-15. Les pas resserrés 
indiquent les embarras qui surviennent à l'homme dans le cours de la vie. La course 


[cn. v.] 


et, courant, tu ne trouveras pas 
de pierre d'achoppement. 

18. Retiens la discipline, ne la 
rejette pas : garde-la, parce que 
c'est elle qui est ta vie. 

14. Ne prends pas plaisir 
aux senliers des impies, que la 
voie des méchants ne t'agrée 
point. 

13. Fuis-la, n'y passe pas : dé- 
tourne-toi etabandonne-la ; 

16. Car ils ne dorment point, 
s'ils n'ont mal fait ; et le sommeil 
leur est ravi, s'ils n'ont supplanté 
quelqu'un; 

11. Ils mangent du pain d'im- 
piété, et c'est du vin d'iniquité 
qu'ils boivent. 

18. Mais le sentier des justes, 
comme une lumiere éclatante, 
s'avance et croit jusqu'au jour 
parfait. 

19. La voie des impies est té- 
nébreuse; ils ne savent oü ils se 
précipitent. 

20. Mon fils, écoute mes dis- 
cours, et à mes paroles incline 
ton oreille; 

21. Qu'elles ne s'éloignent pas 
de tes yeux, garde-les au milieu 
de ton cœur; 

22. Car elles sont la vie pour 


LES PROVERBES, 


1511 
ceux qui les trouvent, et la santé 
pour toute chair : 

23. Garde ton cœur en toute 
vigilance, parce que c'est de lui 
que la vie procede. 

94. Écarte de toi la bouche per- 
verse; et que des levres médi- 
santes soient loin de toi. 

95. Que tes yeux voient ce qui 
est droit, et que tes paupières 
précèdent tes pas. 

26. Dresse un sentier pour tes 
pieds; et toutes tes voies seront 
affermies, 

N'incline ni à droite ni à 
gauche : détourne ton pied du 
mal; car les voies qui sont à 
droite, le Seigneur les connait: 
mais perverses sontcelles quisont 
à gauche. Or lui-méme rendra 
droites tes marches, et fera que 
tes chemins seront en paix. 


CHAPITRE V. 


Etre attentif à la sagesse. Veiller sur ses 
pensées et sur ses paroles. S'attacher 
à sa femme. Fuir les femmes de mau- 
vaise vie. Eviter les femmes étrangères. 
Suites funestes de l'adultére. 


1. Mon fils, sois attentif à ma 
sagesse, et à ma prudence incline 
ton oreille, 


est la prompte exécution de ce que nous avons à faire pour remplir le but de la vie; 
la pierre d'achoppement ou la chute est l'issue malheureuse d'une affaire, l'échec d'un 
plan ou d'une entreprise. Celui qui possède la sagesse n'a point de difficultés dans 
l'exécution de ses plans, il peut les mener promptement à bonne fin, sans courir 

aucun danger de manquer son but. 


16. Le sommeil, etc.;les méchants ne prennent pas de sommeil, ils ne se livrent 
pas àu sommeil. 

18. * S'avance et croit en éclat jusqu'au plein midi. Notre-Seigneur a souvent come, 
ἫΝ Pi la vie du juste à la lumière et celle du pécheur aux ténèbres, Jean, xt, 9, 

etc 

22. Toute chair, dans le langage de l'Ecriture, signifie fous les hommes. 

25. Que tes yeux, etc.; c'est-à-dire regarde droit devant toi, sans porter inconsidé- 
rément tes yeux de cóté et d'autre. — "Que tes paupières, etc.; c'est la méme pensée 
que la précédente, mais exprimée en des termes différents. 

21. * Ici finit l'exhortation du père à ses fils, 


1. * Tout le chapitre v est une exhortation à la chasteté, 


1312 


2. Afin que tu veilles sur tes 
pensées, et que tes lèvres conser- 
vent la discipline. Prends garde 
à l'artifice fallacieux de la femme; 

3. Car c’est un rayon distillant 
le miel, que leslèvres d'une pros- 
tituée, et plus brillant que l'huile 
est son gosier ; 

4, Mais ses derniers moments 
sont amers comme l'absinthe, et 
percants comme un glaive à deux 
tranchants. 

9. Ses pieds descendent à la 
mort, et jusqu'aux enfers ses pas 
pénètrent. 

6. Ils ne marchent point par le 
sentier de la vie: ses pas sont in- 
certains, et on ne peut les décou- 
vrir. 

7. Maintenant donc, mon fils, 
écoute-moi, et ne L'écarte pas des 
paroles de ma bouche. 

8. Eloigne d'elle ta voie, et ne 
t'approche pas de la porte de sa 
maison. 

9. Ne donne pas à des étran- 
gers ton honneur, et tes années 
à un cruel vengeur, 


LES PROVERBES. 


v.]‏ .אס] 


10. Depeur que desétrangersne 
soient comblés de tes biens, et 
que tes travaux n'aillent dans la 
maison d'un autre, 

11. Et que tu ne gémisses à la 
fin, quand tu auras consumé tes 
chairs et ton corps; et que tv 
ne dises : + 

12. D'où vient que j'ai déteste 
la discipline, et qu'aux remon- 
trances n'a pas acquiescé mon 
cœur, 

13. Et que je n'ai pas écouté la 
voix de ceux qui m'instruisaient, 
et qu'à mes maitres je n'ai pasin- 
cliné mon oreille? 

14. J'ai été presque dans toute 
sorte de maux au milieu de l'as- 
semblée et de la réunion. 

15. Bois de l'eau de ta citerne, 
et del'eau vive de ton puits : 

10. Que /es cours de tes fon- 
taines soient dirigés au dehors; 
et dans les rues partage tes 
eaux. 

41. Possede-les seul, et que 
des étrangers n'y aient point de 
part avec toi. 


2. Disciptine. Voy. pour le sens de ce mot, qui est reproduit dans ce chapitre, 
Proverb., 1, 2. 

3. * Le miel est trés commun en Palestine, c'est la terre où coule le miel, comme 
le dit l'Ecriture, Exod., im, 8. Les abeilles y sont trés nombreuses, méme dans les 
parties désertes, où elles déposent leur miel dans les fentes des rochers et dans le 
creux des arbres. De là la fréquence de la comparaison du miel. 

4. * Comme l'absinthe; V'amertume proverbiale de cette plante est opposée au miel 
du vers. 3. L'absinthe est commune en Palestine, on la trouve en particulier en 
abondance dans les environs de Bethléem. Elle a environ un mètre de hauteur, est 
vivace et pousse sans culture dans les terrains secset un peu chauds. Les Orientaux 
en faisaient grand usage, malgré son amertume et quoiqu'ils semblent l'avoir consi- 
dérée comme un poison. ' 

9. A un cruel (crudeli). Le mot כ‎ ₪61 étant au masculin en hébreu, et ne pouvant 
par là même se rapporter à la femme adultère, nous avons supposé qu'il désignait 
le mari, ou un frère, ou un parent quelconque, naturellement intéressé à venger le 
déshonneur fait à sa famille. C'est ainsi que Siméon et Lévi vengèrent, par un mas- 
sacre, le viol commis par Sichem sur la personne de Dina, leur sceur (Genése, xxxiv). 

10. De tes biens; littér. de tes forces (viribus); mais outre quele mot hébreu rendu 
dans la Vulgate par forces, signifie également les biens de (a fortune, le parallélisme 
exige ce sens. 

14. Au milieu, etc.; c'est-à-dire devant tout le peuple. 


vr.]‏ .זו6] 


18. Que ta source soit bénie ; et 
réjouis-toi avec la femme de ta 
jeunesse; 

19. Qw'elle te soit une biche 
très chere, untres agréable faon ; 
que ses charmes t'enivrent en 
tout temps ; et que dans son 
amour soit toujours ta joie. 

20. Pourquoi, mon fils, seras- 
tu séduit par une étrangere, et 
reposeras-tu dans le sein d'une 
autre? 

21. Le Seigneur regarde les 
voies de l'homme, etil considere 
tous ses pas. 

22. Ses iniquités saisissent l'im- 
pie, et par les liens de ses propres 
péchés, il est enchainé. 

23. Il mourra, parce quil n'a 
pas eu de discipline, et c'est par 
l'excès de sa folie quil sera 
trompé. 


CHAPITRE VI. 


Ne se rendre pas légèrement caution 
pour un autre. Imiter la diligence de 


LES PROVERBES. 


1313 
la fourmi. Peinture de l'homme apos- 
tat. Exhortation à l'étude de la loi et 
de la sagesse. Eviter la rencontre et la 
compagnie d'une femme corrompue. 
Enormité de l'adultére. Difficulté d'ob- 
tenir le pardon de ce crime. 

1. Mon fils, si tu t'es rendu ga- 
rant pour ton ami, et que tu aies 
engagé à un étranger ta main, 

2. Tu tes enlacé par les pa- 
roles de ta bouche, et tu as été 
pris par tes propres discours. 

3. Fais donc ce que je dis, mon 
fils, délivre-toi toi-méme, parce 
que tu es tombé dans la main de 
ton prochain. Cours de tous cótés, 
hâte-toi, réveille ton ami; 

4. N'accorde point de sommeil 
à tes yeux, et que tes paupières 
ne s'assoupissent point. 

ὃ. Dégage-loi, comme un petit 
daim qui échappe de la main, et 
comme un oiseau qui fuit de la 
main d'un oiseleur. 

6. Va à la fourmi, ὃ paresseux, 
et considère ses voies, et ap- 
prends la sagesse; 


Cnap. V. 21. Job, xiv, 16; xxxi, 4; xxxiv, 21. 


18. Ta source; c'est le sens de l'hébreu et du grec, Vulgate; littér. veine (vena). — 
La femme de (a jeunesse; que tu as épousée dans ta jeunesse. Compar. Proverb., 
Id 

19. * Une biche ou une gazelle. « Dans tout l'Orient, la gazelle, à cause de sa timi- 
dité, de la douceur de son regard et de l'élégance de ses mouvements et de ses formes, 
est le symbole de ia beauté. » (Mgr Misc.) 

23. Il n'a pas eu de disciple. Voy. Proverb., 1, 2. 


1-5. * Il ne faut pas engager témérairement sa parole en se portant caution. 

1. Et que tu aies, etc. C'est une trés ancienne coutume parmi les Orientaux de con- 
firmer leurs promesses et leurs engagements, en se donnant mutuellement la main. 
On en voit beaucoup d'exemples dans la Bible (Prov., וטא‎ 18; xxir, 26; 120760, ותא‎ 
8, etc.). Xénophon parle de cette pratique comme trés commune parmi les Perses 
(Anabase, 1. 1t, πι, et alibi passim). 

5. * De la main. Toutes les versions anciennes autres que la Vulgate traduisent : 
des filets, au lieu de la main. 

6-8. * Ce que le Sage dit de la fourmi, vi, 6-8, et xxx, 25, a donné lieu à des objec- 
tions. D'aprés les Proverbes, les fourmis font des provisions au temps de la moisson. 
C'est ce qu'on a cru, en effet, partout jusqu'au siècle dernier, et ce que nous lisons 
dans les fables de La Fontaine; mais, dit-on, en réalité, la fourmi est carnivore; elle 
vit d'insectes et de pucerons, qu'elle élève pour les traire et se nourrir de leur lait; 
en fait de matières non animales, clle n'aime que celles qui sont sucrées. Pendant 
l'hiver, en Occident, elle ne mange pas; elle s'engourdit, et se réveille au mème 


ἄ 83 


1914 

7. La fourmi, quoiqu'elle n'ait 
ni chef, ni maitre, ni prince, 

8. Prépare dans l'été sa nourri- 
ture, et rassemble durantla mois- 
son ce qu'elle doit manger. 

9. Jusqu'à quand, paresseux, 
dormiras-tu? quand sortiras-tu 
de ton sommeil? 

10. Tu dormiras un peu, tu 
sommeilleras un peu, tu mettras 
un peu les mains lune dans 
l'autre, afin que tu dormes : 

11. Et viendra à toi, comme un 
coureur de chemin, la détresse; 
etla pauvreté comme un homme 
armé. Mais si tu es actif, viendra 
ta moisson comme une source 


LES PROVERBES. 


(en. vr.] 


19. Un homme apostat, homme 
inutile, va tenant des discours 
pervers, 

13. Fait signe des yeux, frappe 
du pied, parle avec un doigt, 

14. Avec un cœur dépravé il 
machine le mal, et en tout temps 
il seme des querelles ; 

45. En un moment lui vien- 
dra sa perte, et soudain il sera 
brisé, et il n'aura plus de re- 
mède. 

16. Il y a six choses que haït le 
Seigneur, etla septième, son âme 
la déteste : 

17. Des yeux alliers, une langue 
menteuse, des mains versant un 


abondante, et la détresse fuira 
loin de toi. 


Cap. VI. 10. Infra, xxiv, 33. 


sang innocent, 
18. Un cœur formant des pen- 


degré de température que les pucerons dont elle se nourrit. — De tout cela, on ne 
peut rien conclure contre l'inspiration de l'auteur sacré. Salomon propose surtout, 
et à bon droit, les fourmis comme un modèle d'activité. « On a célébré avec raison, 
dit Latreille, la prévoyance de ces insectes et leur amour insatiable pour leur tra- 
vail. » Quant à leurs approvisionnements, un savant naturaliste anglais, sir John 
Lubbock, l'un des derniers qui aient étudié leurs mœurs, dit à leur sujet: « Nos 
fourmis anglaises ne font point de provisions pour l'hiver; leur genre de nourriture 
ne le permet pas; mais quelques espèces des pays méridionaux font des amas de 
grain, quelquefois en quantité considérable. » Le Dr Lortet dit expressément que 
les fourmis de Syrie ramassent daus leurs greniers « une quantité de blé souvent 
très considérable. » — Et il ajoute : « Des milliers de travailleurs sont activement 
occupés à chercher des grains de blé tombés sur le sol et à les rentrer dans leurs 
vastes greniers souterrains. Les greniers de ces fourmiliéres, trés vastes, très 
profonds, forment plusieurs étages réunis par des galeries superposées les unes 
aux autres... Lorsque la moisson n'est pas abondante, les fellahs ont toujours la pré- 
caution d'aller reprendre à ces laborieux insectes les provisions qu'ils ont faites pour 
la saison d'hiver. » 

6-11. * Gontre la paresse. 

10. Tu dormiras, etc. C'est une imitation des gestes d'un paresseux, ou une conces- 
sion, en sorte que le sens soit: Dors donc, etc.; ou bien enfin, c'est une prosopopée 
du paresseux qui dit, lorsqu'on l'éveille : Laissez-moi dormir encore un peu, etc. — 
* Ce tableau de la paresse du dormeur est complet dans sa briéveté : il y a une 
gradation bien marquée : au sommeil succède l'assoupissement; puis, avant de se 
décider à se lever, le paresseux étire encore longtemps les bras. 

11. Un coureur de chemin (viator), qui tombe inopinément sur les passants. Com- 
par. Prov., xxxiv, 34. — Un homme armé; auquel on ne peut résister. 

12-15. * Contre la fourberie. 

19. Va tenant, etc.; littér. marche avec une bouche perverse. — * L'homme apostat, 
d'apres l'original signifie le méchant. 

13. Fait signe, etc.; peinture exacte d'un homme inconstant et fourbe. — * Le 
fourbe se sert de signes, des yeux, des pieds et des mains pour dissimuler et tromper. 

16-19. * Les sept vices que Dieu déteste. ) 


(cm. νπ. 
sées tres mauvaises, des pieds 
prompts à courir au mal, 

19. Un témoin fallacieux profé- 
rant des mensonges, et celui qui, 
entre des freres, seme des dis- 
cordes. 

90. Conserve, mon fils, les pré- 
ceptes de ton pere, et ne rejette 
pas la loi de ta mere. 

21. Lie-les dans ton cœur con- 
tinuellement, et mets-les autour 
de ton cou. 

22. Lorsque tu vas et viens, 
qu'ils marchent avec toi : lorsque 
tu dors, qu'ils te gardent, et te 
réveillant, parle avec eux; 

23. Parce qu'un commande- 
ment est un flambeau, et 18 1 
une lumière, et que c’est la voie 
dela vie qu'une remontrance de 
discipline; 

24. Afin quils te préservent 
d'une femme corrompue et de 
la langue flatteuse d'une étran- 
gere. 

25. Que ton cœur ne se pas- 
sionne point pour sa beauté ; et 
ne sois point pris par les signes 
de ses yeux ; 

26. Car le prix d'une prostituée 
est à peine d'un pain seul; mais 
une femme ravit l'àme précieuse 
d'un homme. 

27. Est-ce qu'un homme peut 
cacher du feu dans son sein, sans 
que ses vétements s'embrasent? 

28. Ou marcher sur des char- 


LES PROVERBES. 


1315 
bons ardents, sans que soient 
brülées les plantes de ses pieds? 

29. Ainsi celui qui s'approche 
de la femme de son prochain ne 
sera pas pur lorsqu'il l'aura tou- 
chée. 

30. Ce n'est pas une grande 
faute, lorsque quelqu'un dérobe 
afin de remplir son àme affamée; 

91. Pris, il rendra méme le sep- 
tuple, et il livrera tout ce qu'ila 
dans sa maison. 

32. Mais celui qui est adultère, 
à cause de son manque de cœur, 
perdra son àme; 

33. Il rassemble sur lui la tur- 
pitude et l'ignominie, et son op- 
probre ne sera pas effacé; 

34. Parce que la jalousie et la 
fureur du mari ne pardonneront 
pas au jour de la vengeance, 

39. Et il n'acquiescera aux 
prières de personne, et il ne re- 
cevra pas pour satisfaction les 
dons les plus nombreux. 


CHAPITRE VII. 


Exhortation à la sagesse. Description 
d'une femme déréglée et de ses arti- 
fices. Malheur à ceux qui s'y laissent 
prendre. 


1. Mon fils, garde mes paroles; 
et mes préceptes, mets-les en ré- 
serve pour toi. Mon fils, 

2. Observe mes commande- 
ments et tu vivras; et garde ma 
loi comme la pupille de ton ceil : 


20. * Conserve, mon fils. Commencement de la troisième subdivision de la première 
partie qui s'étend jusqu'au chapitre 1x inclusivement. Le discours du Sage crott 
graduellement en force et en grandeur, et il s'éléve jusqu'à la plus haute poésie pour 


faire l'éloge de la sagesse incréée, 


21. Lie-les; allusion à ce que dit Moïse dans le Deutéron., vi, 6-8. Compar. Prov., 


vil, 3. 


24-33. * Sur la chasteté. Après une exhortation générale à suivre ses avis paternels 


(20-23), le Sage exhorte à fuir l'impureté (24-35) 


1-21. * Contre l'impurcté, 


1916 


3 Lie-la à tes doigts, écris-la 
sur ies tables de ton cœur. 

4. Dis à la sagesse : Ma sœur; et 
la prudence, appelle-la ton amie : 

5. Afin qu'ellete préserve d'une 
femme du dehors, et d'une étran- 
gere, qui rend ses paroles douces. 

6. Car de la fenêtre de ma 
maison par les barreaux, j'ai re- 
gardé, 

1. Et je vois les petits enfants, 
je considere un jeune homme 
sans Cœur, 

8. Qui passe dans une rue au 
coin, et s'avance vers la maison 
de cette femme, 

9. A la brume, sur le soir, dans 
les ténèbres de la nuit et une 
obscurité profonde. 

10. Et voilà qu'au-devant de lui 
va une femme d'une parure de 
courlisane, préte à ravir des 
âmes ; causeuse et vagabonde, 

11. Inquiète, ne pouvant dans 
sa maison se tenir sur ses pieds, 

19. Tantót dehors, tantót dans 
les places publiques, tantót aux 
coins des rues, tendant ses pieges. 

13. Et prenant le jeune homme, 
elle lui donne un baiser, et, d'un 


LES PROVERBES. 


[cu. vir.] 
visage effronté, elle le flatte, di- 
sant : 

14. J'avais voué des victimes 
pour £on salut; aujourd'hui j'ai 
acquitté mes vœux; 

15. C'est pour cela que je suis 
sortie au-devant de toi, désirant 
te voir, et je t'ai rencontré. 

16. J'ai entrelacé mon lit de 
sangles, j'y ai étendu des couver- 
tures brodées d'Egypte; 

11. J'ai parfumé ma couche de 
myrrhe, d'aloés et de cinnamome. 

18. Viens, enivrons-nous de 
délices, jouissons de ce que nous 
avons désiré, jusqu'à ce que le 
jour paraisse ; 

19. Mon mari n'est pas à sa 
maison : il est parti pour un 
voyage tres long; 

20. 11 a pris avec lui le sac où 
est l'argent; c'est à la pleinelune 
qu'il doit revenir à sa maison. 

21. Elle l'a enlacé par la multi- 
tude de ses paroles; et par les 
flatteries de ses levres, elle l'a 
entrainé. 

92. Aussitôt, il la suit comme 
un bœuf conduit pour servir de 
victime, et comme un agneau 


3. Lie-la, etc. Compar. Exod., xut, 26; Deutéron., vi, 8. 

5. D'une femme, etc. Par les vers. 19 et 20, on voit qu'il est question ici d'une 
femme mariée, mais déréglée dans ses mœurs. 

6. Par les barreaux. Dans la Palestine, il n'y avait pas de vitres aux fenêtres, à 
cause de la grande chaleur; on les fermait par des jalousies et des rideaux. 

1. Sans cœur (vecors), ou sans intelligence; c'est-à-dire insensé; car le terme hé- 
breu, qui signifie proprement cœur, se prend souvent pour intelligence, sagesse. 

14. J'avais voué, etc. Elle engage hypocritement le jeune homme à manger avec 
elle la partie des victimes qui, d’après la loi mosaïque (Lévit., viz, 15 et suiv.; XXIX, 
6; xxi, 29, 30), lui revenait de son sacrifice. 

16. J'ai entrelacé, etc.; hypallage, pour 7'ai entrelacé des sangles sous mon lit; au 
lieu de le placer sur des planches dures. — * Des couvertures brodées d'Egypte ou 
des tapis. Les tapis fabriqués en Egypte étaient renommés dans l'antiquité. Ezé- 


chiel, xxvu, 1. 


11. * Enumération des parfums avec lesquels on parfumait les appartements et 


les lits. 


20. * A la pleine lune, dans une quinzaine environ, car d'aprés le vers. 9, l'obscu- 
rité est profonde; on est donc au dernier quartier de la lune ou à la nouvelle lune. 
22, Conduit pour servir de victime (ad victimam); ou plutôt selon l'hébreu et le 


CH. VIII. ] 


bondissant et 1gnorant, l'insensé, 
qu'on l'entraine pour le lier, 

23. Jusqu'à ce qu'une fleche 
ait percé son foie; comme un 
oiseau và précipitamment dans 
un filet, ignorant quil s'agit du 
danger de son âme. 

94. Maintenant donc, mon fils, 
écoute-moi, et sois attentif aux 
paroles de ma bouche. 

25. Que ton esprit ne soit point 
entrainé dans les voies de cette 
femme; ne t'égare pas dans ses 
sentiers; 

26. Car elle a renversé beau- 
coup de blessés qu'elle avait faits, 
et les plus forts, quels qu'ils fus- 
sent, ont été tués par elle. 

271. Ce sont des voies de l'enfer 
que sa maison; voies pénétrant 
jusque dans les profondeurs de 
la mort. 


CHAPITRE VIII. 


Eloge de la sagesse, par l'éminence et la 
justice de ses maximes, par ses œuvres 
admirables et par les récompenses 
qu'elle accorde à ceux qui la cherchent s. 


1. Est-ce que la sagesse ne crie 


LES PROVERBES. 


1317 


pas, et que la prudence ne fait 
pas entendre sa voix? 

2. Sur les plus hauts et les 
plus élevés sommets, au-dessus 
de la voie, se tenant au milieu 
des sentiers, 

3. Près des portes de la cité, à 
lentrée méme de la ville, elle 
parle, disant : 

4. 0 hommes, c'est à vous que 
je crie, et ma voix s'adresse aux 
fils des hommes. 

5. Apprenez, ὃ tout petits, la 
finesse, et vous, insensés, faites 
attention. 

6. Ecoutez, car je vais parler 
de grandes choses, et mes lèvres 
s'ouvriront pour proclamer la 
droiture. 

7. Ma bouche s'exercera à la 
vérité, et mes lèvres détesteront 
ce qui est impie. 

8. Tous mes discours sont 
justes, il n'y a rien de dépravé ni 
de pervers. 

9. Ils sont droits pour ceux qui 
ont de l'intelligence, et équi- 
tables pour ceux qui trouvent la 
science. 


grec: Conduit à la tuerie; sans aucune mention de sacrifice, ce qui est le contraire 
du vers. 14, où les termes du texte original et de la version des Septante signifient 
de véritables victimes de sacrifice. 

21. Ce sont des voies, etc. Compar. Prov., τι, 18; v, 5. 


* On peut considérer ce chapitre comme une suite du précédent, où le Sage a re- 
présenté les attraits dangereux de la volupté dans les discours impudents d'une 
femme débauchée; tandis qu'ici il dépeint la sagesse, nous invitant à l'aimer par des 
paroles nobles, grandes, élevées et par de magnifiques promesses de nous combler 
des biens les plus solides. 

1-36. * Ce chapitre est une prosopopée. La Sagesse y parle conime une reine. Il y 
à trois séries de pensées: 19 richesse des dons que prodigue la Sagesse, 1-21; 29 son 
origine divine et éternelle, 22-31; 89 bienfaits qu'elle répand sur ceux qui la possè- 
dent. Ce chapitre développe ainsi deux idées déjà indiquées dans les chapitres 
précédents : la description de la sagesse 19 comme préchant aux hommes, 1, 20-30; 
20 comme médiateur et instrument divin dans la création du monde, 111, 19-96. 

1. La sagesse. La plupart des Péres entendent ici par ce mot la sagesse divine et 
éternelle, en tant que seconde personne de la trés sainte Trinité; en sorte, néanmoins, 
qu'une partie des attributs de cette divine sagesse s'applique à la divinité, et une 
autre partie à l'humanité du Fils de Dieu 

Ὁ. O tout petits. Voy. Prov., 1, 4. 


1918 
10. Recevez ma discipline. et 

non de l'argent : choisissez la 

doctrine plutót que l'or. 

11. Car mieux vaut la sagesse 
que toutes les choses les plus pré: 
cieuses; et tout ce qu'il y a de dé- 
sirable ne peut lui étre comparé. 

12. Moi, sagesse, j'habite dans 
le conseil, et je suis présente aux 
savantes pensées. 
| 18. La crainte du Seigneur 
hait le mal : l'arrogance et l'or- 
gueil, une voie dépravée, et une 
langue double, je les déteste. 

14. À moi est le conseil et 
l'équité : à moi est la prudence, 
à moi est la force. 

15. Par moi les rois regnent, et 
les législateurs décretent des 
choses justes; 

16. Par moi les princes com- 
mandent, etles puissants rendent 
la justice. 

11. Moi, j'aime ceux qui m'ai- 
ment, et ceux qui dés le matin 
veillent pour me chercher me 
trouveront. 

18. Avec moi sont les richesses 
et la gloire, des biens superbes, 
et la justice. 

19. Car mieux vaut mon fruit 
que l'or et les pierres précieuses, 
et mieux valent mes produits 
que l’argent le meilleur. 


LES PROVERBES. 


[cur. vis] 


20. Je marche dans les voies de 
la justice, au milieu des sentiers 
du jugement, 

21. Afin d'enrichir ceux qui 
m'aiment, et de remplir leurs tré- 
SOrs. 

22. Le Seigneur m'a possédée 
au commencement de ses voies, 
avant qu'il fit quelque chose des 
le principe. 

23. Dès l'éternité j'ai été éta- 
blie, des les temps anciens, avant 
que la terre füt faite. 

24. Les abimes n'étaient pas 
encore, et moi déjà j'avais été 
concue ; les sources des eaux n'a- 
vaient pas encore jailli : 

25. Les montagnes à la pesante 
masse n'étaient pas encore affer- 
mies, et moi, avant les collines, 
j étais engendrée : 

26. 11 n'avait pas encore fait la 
terre et les fleuves, et les póles 
du globe de la terre. 

21. Quandil préparait les cieux, 
j'étais présente : quand par une 
loiinviolable il entourait d'un cer- 
cle les abimes : 

98. Quand il affermissait en 
haut la voûte éthérée, et qu'il 
mettait en équilibre les sources 
des eaux : 

29. Quand il mettait autour de 
la mer ses limites, et qu'il impo- 


19. L'argent le meilleur ; excellent: littér. choisi (electo). 

20. Du jugement; c'est-à-dire du droit, de ce qui est juste et légitime. Cette expli- 
cation, conforme d'ailleurs au parallélisme et au texte hébreu, nous a paru préfé- 
rable à celle des interprètes, qui traduisent le judicium de la Vulgate par prudence 
ou sagesse. Les Septante ont rendu par justice, ce qui revient à notre explication. 


32-26. * Origine divine de la Sagesse. 


92. * Le Seigneur m'a possédée. Ce verset est célèbre dans l'histoire des discussions 
dogmatiques, parce que les Ariens en faussaient le sens et prétendaient en conclure 
que le Verbe n'était pas incréé, mais ce passage signifie que la Sagesse ou le Verbe 


est coéternel et consubstantiel au Pére. 
24. * Les abimes; les mers. 


21-31. * Coopération de la sagesse divine à la création du monde. 
27. * D'un cercle, de la voûte céleste qui, à l'horizon, a l'apparence d'un cercle. — 


Les ubimes; les eaux de la mer. 


(cu. 1x.] 
sait une loi aux eaux, afin qu'elles 
n'allassent point au delà de leurs 
bornes ; quand il pesait les fon- 
dements de la terre : 

90. J'étais avec lui, "disposant 
toutes choses; et je me réjouis- 
sais chaque jour, me jouant, en 
tout temps, devant lui : 

31. Me jouant dans le globe de 
laterre; et mes délices sont d'étre 
avec les fils des hommes. 

32. Maintenant donc, mes fils, 
écoutez-moi : Bienheureux ceux 
gardent mes voies. 


LES PROVERBES. 


1319 
vera la vie, 61 puiserale salut dane 
le Seigneur : 

36. Maiscelui qui pécheracontre 
moi blessera son áme. Tous ceux 
qui me haissent aiment la mort. 


CHAPITRE IX. 


Maison de la sagesse; son festin auquel 
elle invite les simples. La femme in- 
sensée invite à son banquet. Malheur 
de ceux qui s'y rendent. 


1. La sagesse s'est bátie une 
maison, ellea taillé sept colonnes. 
2. Elle a immolé ses victimes, 


mélé le vin et dressé sa table. 

3. Ellea envoyé ses servantes 
pour appeler ses conviés, àla for- 
teresse et aux murs de la cité: 

4. Si quelqu'un est tout petit, 
quil vienne à moi. Et à des in- 
sensés elle a dit : 

9. Venez, mangez mon pain, et 
buvez le vin que je vous ai mélé. 


33. Ecoutez la discipline, et 
soyez sages, et n'allez pas la re- 
jeter. 

34. Bienheureux l'homme qui 
m'écoute, et qui veille tous les 
jours à l'entrée de ma demeure, 
et se tient en observation auprès 
de ma porte. 

39. Celui qui me trouvera trou- 


33. La discipline. Voy., sur le sens de ce mot, Prov., 1, 2. 
34. Auprès de ma porte; littér. aux poteaux, aux jambages de ma porte 


1-18. * Peinture de la vocation des hommes à la possession et à la jouissance de 
la vraie sagesse, sous la figure d'une invitation à un double banquet, celui de la 
sagesse, 1-12, et celui de la folie, 13-18. Il faut se rendre au premier et fuir le second. 

1. La sagesse, etc. C'est la suite de la parabole commencée au chapitre précédent, 
oü l'auteur a représenté la sagesse comme une femme vénérable, dont il oppose les 
beautés réelles et les solides promesses aux faux attraits de la volupté dépeinte au 
chap. xir, sous l'image d'une femme débauchée et impudente. — La maison de la sa- 
gesse est, selon les Péres, l'humanité sainte de Jésus-Christ et l'Eglise chrétienne, 
qui réunissent, mais d'une maniére plus excellente, les avantages décrits par Sa- 
lomon. — Sept colonnes. Le nombre sept a toujours été considéré, non seulement 
chez les Hébreux, mais encore chez les Arabes et les peuples de la Perse, comme le 
nombre parfait et, en conséquence, mystérieux et sacré. Dans la religion chrétienne, 
les sept colonnes figurent les sept sacrements et les sept dons du Saint-Esprit. — 
* Tailler des colonnes indique la magnificence des constructions. 

2. Elle a immolé ses victimes; ou selon lhébreu, elle a tué, égorgé ses animaux, 
qu'elle avait engraissés pour un festin, en dehors de tout sacrifice. Voyez ce que 
nous avons dit à ce sujet, Prov., עץ‎ 22. — Mélé le vin; c'est-à-dire préparé. Dans 
les contrées de l'Orient, les vins étant épais et forts, on les tempère toujours, en y 
mélant de l'eau, à proportion de leur force, et quelquefois des aromates. 

3. Ses servantes. Les servantes de la sagesse représentent les Apótres, les docteurs 
de l'Eglise et, en général, les prédicateurs, qui vont partout annoncer l'Evangile, 
publier la foi chrétienne. — * Ces servantes envoyées pour chercher les convives corres- 
pondent aux serviteurs de l'Evangile qui vont appeler les convives au festin de noces, 
Matth., xxu, 1 et suiv.; Luc, xi, 16 et suiv. 

4, 16. Tout pelit (parvulus). Voy. Prov., 1, 4. 

9. Le vin que je vous ai mélé. Voy. le vers. 2. — * Mon pain, dans le sens d'aliments 


1329 

6. Quittez l'enfance, et vivez, et 
marchez par les voies de la pru- 
dence. 

7. Celui qui instruit un railleur 
se fait injure à lui-même ; et ce- 
lui qui reprend un impie se crée 
une tache. 

8. Ne reprends pas un railleur, 
de peur qu’il ne te haïsse. Re- 
prends un sage, et il t'aimera. 

9. Donne à un sage une occa- 
sion, et il recevra un surcroit de 
sagesse. Enseigne un juste, et il 
se hátera de recevoir l’instruc- 
(on. 

10. Le principe de la sagesse 
est la crainte du Seigneur; et la 
science des saints estlaprudence. 

11. Car par moi seront multi- 
pliés tes jours, et te seront don- 
nées des années de vie. 

19. Si tu essage, c'est pour toi- 


LES PROVERBES. 


(ca. 1x.] 
méme que tv le seras ; mais si tu 
es moqueur, seul, tu en porteras 
le mal. 

13. Une femme insensée, criar- 
de, pleine d'attraits et ne sachant 
absolumentrien, 

14. S'est assise à la porte de sa 
maison, sur un siege, en un lieu 
élevé de la ville, 

15. Afin d'appeler ceux qui pas- 
sent par la voie, el qui poursui- 
vent leur chemin : 

16. Que celui qui est tout petit 
se détourne et vienne vers moi. 
Et elle a dit à un Jeune homme 
sans CŒUr : 

17. Des eaux dérobées sont 
plus douces, et un pain caché 
est plus suave. 

18. Et il ignore que là sont des 
géants, et que dans les profon- 
deurs de l'enfer sont ses convives. 


IX; 10. Ps. cx; 10; Supra, r, 7; Eccli., 1, 16.‏ שא 


de toute espéce, mais ce mot n'est ici qu'une expression figurée, indiquant la doc- 
trine de la sagesse, de méme que /e vin. 

1, 8, 12. Railleur; selon l'hébreu, qui méprise ce qu'il y a de plus saint et de plus 
sacré, impie. 

10. * La science des saints est celle qui est propre aux saints et qui rend saints. 
Les saints sont ceux qui se distinguent entre les hommes par leur piété. 

13-18. * La folie est maintenant personnifiée pour être mise en opposition avec la 
Sagesse vivante. 

14. * Elle s'est assise à la porte de sa maison pour attirer 168 imprudents. — Elle va 
aussi cà et là, en un lieu élevé de la ville, pour chercher des victimes. 

15. * Afin d'appeler elle-méme. La Folie est toujours inférieure à la Sagesse. Celle- 
ci faisait inviter à son banquet par ses servantes, 1x, 3; la Folie doit faire les invi- 
tations elle-même. 

16. A un jeune homme sans cœur (vecordi). Voy. Prov., vu, 7. — * Ce verset est la 
répétition du vers. 4, mais la Folie le répéte dans un sens ironique, appelant petit 
ou simple celui qui'suit les voies de la Sagesse. 

11. Un pain caché; c'est-à-dire un pain pris en cachette, ou qu'on est obligé de 
manger en se cachant. — * La Folie invite à un banquet qui n'est pas somptueux, 
mais qui a l'attrait du fruit défendu. 

18. Là; chez la femme insensée du vers. 13; c'est-à-dire que la maison de cette 
femme est pour le jeune homme qui se laisse séduire un vrai sépulere; c'est le lieu 
où sont les anciens géants morts depuis des siècles. Job, en effet (xxvi, 5), Isaïe 
(xiv, 9) et Ezéchiel (xxxu, 21, 27, 29), nous dépeignent l'enfer comme un lieu téné- 
breux, où demeurent les anciens géants, et où ils gémissent sous les eaux. Compar. 
de plus Prov., πι, 18, 19; v, 5. — * Le mot traduit par géants, en hébreu rephaim, dé- 
signe proprement les âmes des morts, qui sont dans le scAéo/ et doit être distingué 
du mot semblable, Rephaïm, qui est le nom d'une race de géants. Plus haut, π, 48, 
S. Jérôme a traduit le mot Rephaim par enfer, qui, d'ailleurs comme ici, rend 


‘cn. x.] LES PROVERBES. 1321 


PARABOLES DE SALOMON ₪ 


mais un fils insensé est la tristesse 
CHAPITRE X. de sa mère. 
Du fils sage et de l'insensé. De l'homme 2. Des trésors d'impiété ne 


juste et de l'impie. Du diligent et du | serviront de rien, mais la justice 
paresseux. De la charité et de la haine. | dálivrera de la mort. 


del raise langue. n à Ξ 
De la bonne et de la mauvaise lang 3. Le Seigneur n'affligera pas 
1. Un fils sage réjouit son père, | par la famine l'âme du juste, et 


CHAP. X. 2. Infra, xt, 4. 


l'expression hébraïque schéol. — Ce verset est la conclusion brève, mais forte de 
Salomon. Quel terrible banquet! La maison de la Folie est comme uu soupirail de 
l'enfer et ses convives se voient tout d'un coup plongés au milieu méme de l'enfer, 
avec les habitants de l'abime. 


* Ce titre ne se lit ni dans les éditions des Septante, ni dans celle de la Vulgate 
par Sixte V; mais il est dans le texte hébreu, dans la Paraphrase chaldaique et dans 
les exemplaires imprimés et manuscrits de la Version de saint Jérôme. C'est ici que 
commence proprement 16 corps de l'ouvrage; les chapitres précédents ne sont qu'une 
sorte de préface ou d'introduction. 

1. * Seconde partie des Proverbes, x-xxtv. Les proverbes proprement dits ou sen- 
tences de Salomon qui commencent au chapitre x, sont divisés en deux recueils 
particuliers, dont le premier n'a pas d'autre titre que celui qu'on lit ici, mais dont 
le second, xxv, 1, a un titre qui lui est propre et indique que la collection est de 
date postérieure à celle qui forme la seconde partie du livre. La section x-xxiv se 
subdivise elle-même de la manière suivante : 19 x-xxir, 16. C'est un assemblage de 
pensées détachées, composées ordinairement d'un seul distique, sans autre lien de 
rapprochement entre elles que le sujet genéral, qui est la morale et la prudence. — 
20 xxu, 1T-xxiv, 22. Au vers. 17 du chapitre xxi, commence une série de préceptes, 
sur la justice et la prudence, qui ne sont plus exprimés seulement en deux vers, 
mais avec que!ques développements. Ils sont nommés paroles des sages, xxi, 17, et 
peut-être est-ce là les maximes des sages annoncées, r 6. — 39 xxiv, 23-34. Les 
douze derniers versets de la seconde partie forment un petit groupe à part, qui porte 
l'inscription, xx1v, 23: « ce sont encore les paroles des sages, » ou, d’après quelques- 
uns, « proverbes pour les sages. » On doit rejeter cette dernière interprétation 
comme peu vraisemblable, parce que ce ne sont point les sages qui ont besoin de 
conseils de ce genre. Ces sentences paraissent former un supplément au premier 
recueil. Suivant quelques critiques, elles ne sont pas de Salomon, à cause du titre 
qu'elles portent ; suivant d'autres, elles sont de sa composition. L'opinion la plus 
vraisemblable est qu'elles ont pour auteurs d'anciens Sages, mais qu'elles ont été 
adoptées par Salomon lui-méme qui les a fait insérer dans le recueil de ses propres 
maximes. 

La seconde partie du livre, contenant le premier recueil des Proverbes et formant 
véritablement le corps de l'ouvrage, offre une régularité de structure frappante, dans 
toute la première subdivision, x-xxu, 16. Chaque proverbe est généralement expri- 
mé en deux vers ou deux membres paralléliques, indépendants l'un de l'autre, sans 
liaison nécessaire avec ce qui précède et avec ce qui suit. Le parallélisme dans les 
premiers chapitres est d'ordinaire antithélique, le second vers exprimant le contraire 
du premier, comme xiv, 30. Aprés le milieu du chapitre xv, ce trait caractéristique 
s'elface peu à peu et disparait complétement dans les derniers chapitres. Partout 
l'élocution est simple, élégante. La maxime est exprimée avec briéveté ; elle est aussi 
fréquemment enveioppée comme d'un voile transparent. C'est un des caractères de 


1322 
il renversera les pieges dressés 
par les impies. 

4. La main relàchée a opéré la 
détresse; mais la main du fort 
acquiert des richesses. 

Celui qui s'appuie sur des men- 
songes se repaitde vents; etcelui- 
là méme poursuit des oiseaux qui 
volent. 

5. Celui qui amasse pendant la 
moisson est un fils sage; mais 
celui qui ronfle pendant l'été, un 
fils de confusion. 

6. La bénédiction du Seigneur 
est sur la tête du juste; mais l'ini- 
quitécouvrelabouche des impies. 

7. La mémoire du juste sera 
accompagnée de louanges; mais 
le nom des impies pourrira. 

8. Le sage de cœur accueille 
les préceptes, linsensé est dé- 
chiré par les lèvres. 


LES PROVERBES. 


[cu. x., 


9. Celui qui marche simple- 
ment marche sürement; mais 
celui qui déprave ses voles sera 
découvert. 

10. Celui qui fait signe de l'œil 
causera dela douleur; et l'insensé 
de lèvres sera frappé. 

11. C'est une source de vie 
que la bouche du juste; mais la 
bouche des impies couvre de 
l'iniquité. 

12. La haine suscite des que- 
relles ; et 18 charité couvre toutes 
les fautes. 

13. Sur les lévres du sage se 
trouve la sagesse; et une verge 
sur le dos de celui qui manque 
de cœur. 

14.Les sages cachent la science; 
mais la bouche de l'insensé est 
proche de la confusion. 

15. Le bien du riche est sa ville 


10. Eccli., xxvir, 25. — 12. I Cor., xri, 4; I Pierre, tv, 8. 


—————————————————————————————————————— 


la poésie gnomique de ne pas appeler toujours les choses par leur nom, afin d'ai- 
guiser l'esprit en l'aiguillonnant et de le rendre pénétrant en le provoquant à la 
recherche et à la réflexion. Voir xxv, 16; xx, 12, 15; etc. Dans la seconde subdivision, 
xxi, 1T-xx1v, 22, ainsi que dans la troisième, xxrv, 23-24, le style est moins soigné. 
Les préceptes moraux sont plus longs que ceux qui sont donnés x-xxr, et moins 
longs que r-ix. 

1-32. * Comparaison générale entre le bon et le méchant. C'est le sujet principal 
des chapitres x-xv. 

4. Celui qui s'appuie,... qui volent. Ce passage n'est ni dans l'hébreu, πὶ dans le 
grec, ni dans un grand nombre de manuscrits latins. 

6. L'iniquité; probablement pour la peine, le châtiment de liniquité; sens qu'a ce 
mot ici comme en plusieurs autres endroits. — Couvre la bouche; c'est-à-dire ferme 
la bouche; en sorte que les impies ne peuvent rien dire pour leur justification. Quel- 
ques-uns lisent, comme on lit au vers. 11 : La bouche des impies couvre (cache) de 
l'iniquité. 

8-10. * Trois sentences pour expliquer la différence entre le sage et l'insensé. 

8. L'insensé, etc. ; c'est la traduction littérale de la Vulgate : Stultus cædilur labiis; 
l'hébreu porte : Un insensé de lèvres tombera précipitamment. Or un insensé de lévres 
est un homme qui parle d'une maniére inconsidérée et imprudente. Ajoutons qu'au 
vers. 10, la Vulgate a rendu la méme phrase hébraïque par : Un insensé de lèvres ou 
par lévres, sera. frappé (stultus labiis verberabitur). 

10. Qui fait signe, etc. Voy. Prov., vi, 13. — Un insensé, etc. Voy. le vers. 8. 

11-14. * Différence entre le bon et le méchant, entre la sagesse et la folie. 

A1. Une source (vena). Voy. Prov., v, 48. — Couvre; c'est-à-dire cache. 

13. Qui manque de cœur. Voy. Prov., vu, T. 

15-21. * Sept sentences se rapportant presque toutes aux biens de la terre, ri- 
chesse, honneurs, réputation, à leur valeur et aux moyens de les acquérir. 

45. Ville forte; littér. et par hébraisme, ville de force. 


[cn. xr.] 


forte : la crainte des pauvres, 
c'est leur détresse. 

16. L'œuvre du juste conduit à 
la vie; mais le fruit de l'impie, 
au péché. 

11. La voie de la vie est à celui 
qui garde la discipline ; mais celui 
qui néglige les réprimandes s'é- 
gare. 

18. Les lèvres menteuses ca- 
chent de la haine : celui qui pro- 
fere un outrage est un insensé. 

19. Dans une multitude de pa- 
roles il n'y aura pas manque de 
péché; mais celui qui modere ses 
lèvres est très prudent. 

20. C'est un argent excellent 
que les lèvres du juste, mais le 
cœur des impies est de nul prix. 

91. Les lèvres du juste instrui- 
sent un grand nombre d'hommes ; 
mais ceux qui ne sont pas ins- 
truits, mourront par un manque 
de cœur. 

22. La bénédiction du Seigneur 
fait les riches, et l'affliction ne 
s'alliera pas à eux. 

93. C'est comme en se jouant 
qu'un insensé commet le crime; 
mais la sagesse est pour l'homme 
la prudence. 

24. Ceque craintl'impie viendra 
sur lui : l'objet deleur désir sera 
accordé aux justes. 

98. Comme une tempête qui 
passe, l'impie ne sera plus; mais 


LES PROVERBES. 


1323 


le juste est comme un fondement 
éternel. 

26. Comme est le vinaigre aux 
dents, et la fumée aux yeux, ainsi 
est le paresseux à ceux qui l’ont 
envoyé. 

27. La crainte du Seigneur 
ajoutera des jours ὦ la vie; et 
les années des impies seront 
abrégées. 

28. L'attente des justes, c'est 
la joie: mais l'espérance des 
impies périra. 

29. C'est la force du simple 
que la voix du Seigneur; mais 
aussi l'effroi de ceux qui opèrent 
le mal. 

30. Le juste jamais ne sera 
ébranlé ; mais des impies n'habi- 
teront pas sur la terre. 

31. La bouche du juste enfan- 
tera la sagesse, la langue des dé- 
pravés périra. 

32. Les lèvres du juste considè- 
rent les choses qui plaisent, et la 
bouche des impies, les choses 
perverses. 


CHAPITRE XI. 


Avantages des justes et des sages, oppo- 
sés aux malheurs des méchants et des 
insensés. Vraies et fausses richesses. 


1. La balance trompeuse est 
une abomination auprès du Sei- 
gneur ; le poids juste est se/on sa 
volonté. 


11. La discipline. Voy. Prov., τ, 2. 


20. L'argent excellent; le meilleur; littér. choisi (electum). 
21. Par un manque de cœur; c'est-à-dire par un manque d'intelligence, de sagesse. 


Compar. Prov., vit, 1. 


22-25. * Sort différent du juste et du pécheur. Le vers. 23 en donne en quelque 


sorte la raison. 


23. C'est comme, etc. L'insensé qui ne connait pas l'énormité du péché le commet 
comme en riant; tandis que la sagesse rend l'homme attentif, prudent, circonspect. 


1-11. * Onze sentences sur la récompense de la bonne conduite envers le prochain 


et sur la punition de l'injuste. 


1. La balance trompeuse, etc. Voy. Lév., xix, 36. 


192^ 


2. Où sera l'orgueil, là aussi 
sera l'outrage ; mais où est l'hu- 
milité, là aussi est la sagesse. 

3. La simplicité des justes les 
dirigera ; et {a trahison des per- 
vers les ruinera. 

4. Les richesses ne serviront 
pas, au jour de la vengeance ; 
mais la justice délivrera de la 
mort. 

5. La justice du simple dirigera 
sa voie; et dans son impiété suc- 
combera l'impie. 

6. La justice des hommes droits 
les délivrera; et dans leurs pro- 
pres embüches seront pris les 
iniques. 

7. Un homme impie mort, il 
n'y aura plus aucune espérance ; 
et l'attente des ambitieux pé- 
rira. 

8. Le juste a été délivré de l'an- 
goisse, et l'impie sera livré pour 
lui. 

9. Un dissimulé trompe par sa 
bouche son ami ; mais les justes 
seront délivrés par la science. 

10. Au bonheur des justes exul- 
tera une cité, et à la ruine des 
impies il y aura louange. 

11. Parlabénédiction desjustes, 
sera exaltée une cité; et par la 
bouche des impies elle sera ren- 
versée. 

19. Celui qui méprise son ami 


(παρ. XI. 4. Supra, x, 2. 


LES PROVERBES. 


(cu. [.זצ‎ 


manque de cœur; mais unhomme 
prudent se taira. 

18. Celui qui marche fraudu- 
leusementrévèleles secrets ; mais 
celui qui est fidèle d'esprit tient 
cachée la confidence de son ami. 

14. Où il n'y a point de gouver- 
nement, le peuple croulera; mais 
le salut est la où il y a beaucoup 
de conseils. 

15. Il sera affligé parle malheur, 
celui qui répond pour un étran- 
ger; mais celui qui se garde du 
lacs sera en süreté. 

16. La femme gracieuse trou- 
vera la gloire ; et les forts auront 
des richesses. 

17. Il fait du bien à son âme, 
l'homme miséricordieux; mais 
celui qui est cruel rejette même 
ses proches. 

18. L'impie fait une œuvre qui 
n’est pas stable ; mais pour celui 
qui seme la justice, 77 y a une ré- 
compense assurée. 

19. La clémence prépare la vie, 
et la recherche du mal, la mort. 

90. Abominable estau Seigneur 
un cœur dépravé, et sa bienveil- 
lance est pour ceux qui marchent 
avec simplicité. 

21. Lors méme qu'une main 
serait dans une main, le méchant 
ne sera pas innocent ; maisla race 
des justes sera sauvée. 


M ——— M — 


4. Les richesses, etc. Compar. Proverb., x, 2. 
10. Il y aura louange à Dieu; on louera la justice et la providence de Dieu. 


12. Manque de cœur. Voy. Prov., vit, T. 

13. Fidèle d'esprit; c'est-à-dire sincèrement fidèle. 

91. Lors méme, etc.; littér. une main dans une main; expression évidemment ellip- 
tique, pour : quand méme une main serait dans une main (etiam si manus ad manum 
fuerit), comme on lit au chap. xvi, vers. 5; ce qui signifie : Quand il aurait une main 
dans l'autre; c'est-à-dire quand il ne ferait rien, quand il serait dans un repos com- 
plet de ses mains, comme il a toujours le cœur au mal, Dieu ne le traitera pas 
comme un innocent. 


[.זוצ .68] 


99. C'est un anneau d'or aux 
naseaux d'une truie, qu'une 
femme belle et insensée. 

93. Le désir des justes est toute 
espece de bien : l'attente des im- 
pies est la fureur. 

24. Les uns partagent leurs 
propres biens et deviennent plus 
riches; les autres ravissent ce 
qui n'est pas à eux, et toujours ils 
sont dans la détresse. 

95. L'àme qui bénit sera en- 
graissée; et celui qui enivre, lui- 
méme aussi sera enivré. 

26. Celui qui cache le blé sera 
maudit des peuples; mais la bé- 
nédiction viendra sur la tête de 
ceux qui le vendent. 

97. C'est avec raison que se 
lève au point du jour celui qui 
cherche les biens ; mais celui qui 
recherche les maux en sera ac- 
cablé. 

98. Celui qui se confie dans ses 
richesses tombera précipitam- 
ment ; mais les justes comme la 
feuille verdoyante germeront. 

29. Celui qui trouble sa maison 
possédera les vents, et celui qui 
est insensé servira le sage. 

30. Le fruit du juste est un ar- 


31. I Pierre, 1v, 18. 


LES PROVERBES. 1325 


bre de vie ; et celui qui prend soin 
des âmes est sage. 

31. Si le juste sur 18 terre recoit 
sa punition, combien plus l'impie 
et le pécheur? 


CHAPITRE XII. 


Aimer lacorrection. Cultiver la piété. La 
femme vigilante. Sort différent des 
bons et des méchants. Pauvre qui se 
suffit ἃ lui-méme. Du fainéant et de 
l'ivrogne. De l'insensé et du sage. Des 
biens et des maux causés par la langue. 


1. Celui qui aime 18 discipline 
aime la science : mais celui qui 
hait les réprimandes est insensé. 

2. Celui qui est bon puisera la 
gráce dans le Seigneur ; mais ce- 
lui qui se confie dans ses pensées 
agit en impie. 

3. L'hommene s'affermira point 
par l'impiété : et la racine des 
justes ne sera pas ébranlée. 

4. Une femme diligente est une 
couronne pour son mari : et c'est 
la carie dans les os du sien qu'une 
femme qui fait des choses dignes 
de confusion. 

9. Les pensées des justes sont 
des jugements; les conseils des 
impies sont frauduleux. 


22. * Un anneau d'or aux naseaur. « C'est l'usage dans presque tout l'Orient, dit 
Hammer, que les femmes portent des anneaux au nez, à la narine gauche, qui est 
percée au milieu. Ces anneaux consistent en un fil d'or où il y a souvent une perle. » 

25. L'âme; par hébraisme, 16 personne. — Qui bénit; autre hébraisme, pour qui fait 


du bien, qui est bienfaisante. 


27-31. * Cinq proverbes sur le contraste entre le bon et le méchant et leur récom- 


pense. 


29. Celui qui trouble sa maison; c'est-à-dire qui dissipe ses biens, qui se ruine par 
son inconduite, ou qui séme dans sa maison la division et la discorde. — Possédera 
des vents; rien que du vent; il se verra bientót dans la pauvreté. — Servira; sera 
esclave; c'est le vrai sens de la Vulgate aussi bien que du texte hébreu. 

30. Est un arbre de vie. Compar. Genèse, n, 9; im, 22. 


1-3. * Trois sentences sur l'opposition qui existe entre le bien et le mal en général. 
4-11. * Huit proverbes sur les bénédictions et les malédictions dela vie domestique 


et leurs causes. 


5. Les pensées des jusles, etc.; c'est-à-dire que les justes ne cherchent que la justice. 


1520 


6. Les paroles des impies dres- 
sent des embüches au sang; la 
bouche des justes les délivrera. 

1. Renversez les impies, ils ne 
seront plus; mais la maison du 
juste demeurera à jamais. 

8. C'est par sa doctrine que 
sera connu un homme; mais ce- 
lui qui est vain et sans cœur sera 
ouvert au mépris. 

9. Mieux vaut un pauvre se 
suffisant à lui-méme, qu'un glo- 
rieux qui manque de pain. 

10. Le juste connait les âmes 
de ses bétes; mais les entrailles 
des impies sont cruelles. 

11. Celui qui travaille sa terre 
sera rassasié de pain; mais celui 
qui cherche l'oisiveté est très in- 
sensé. 

Celui à qui il est doux de pas- 
ser le temps à boire du vin laisse 
dans ses forlifications du déshon- 
neur. 

12. Le désir d'un impie est 
l'appui des plus méchants; mais 
la racine des justes prospérera. 

13. À cause du péché de ses 
levres, la ruine s'approche du 


LES PROVERBES. 


(cu. xit.] 
méchant; mais 16 juste échappera 
à l'angoisse. 

14. En vertu du fruit de sa 
bouche, chacun sera rempli de 
biens, et selon les ceuvres de ses 
mains il lui sera rendu. 

15. La voie d'un insensé est 
droite à ses yeux; mais celui qui 
est sage écoute les conseils. 

16. L'insensé découvre soudain 
sa colére; mais celui qui dissi- 
mule une injure est habile. 

17. Celui qui dit ce quil sait 
rend un témoignage juste; mais 
celui qui ment est un témoin 
frauduleux. 

18. 11 est ze/ qui promet et qui 
ensuite est percé comme du glaive 
de sa conscience; mais la langue 
des sages est la santé. 

19. La levre véridique sera 
ferme à perpétuité; mais celui 
qui est témoin précipité se fait 
une langue de mensonge. 

20. La fraude est dans le cœur 
de ceux qui pensent des choses 
mauvaises; mais ceux qui entrent 
dans des conseils de paix, la joie 
les suit. 


παρ. XII. 9. Eccli., x, 30. — 11. Eccli., xx, 30. 


6. Au sang ; pour verser le sang. 


8. Sans cœur (excors);ale méme sens que vecors. Voy. Prov., vu, 7. — Ouvert; en- 


tiérement exposé. 


10. Connaíit ; c'est-à-dire a soin; c'est le sens de l'hébreu. — Des dmes; de la vie. — 
* Le juste a de la sollicitude même pour les animaux qui le servent. Celui qui est cruel 
envers les animaux le devient facilement envers ses semblables, tandis que celui qui 
est humain à l'égard des bétes l'est à plus forte raison à l'égard des hommes. 
| 11. Celui à qui, etc. Ce passage, qui n'existe pas dans l'hébreu et qui est pris des 
 Septante, signifie que le soldat qui, chargé de la garde des fortifications, s'occupe à 
boire du vin, les laisse exposées à l'ennemi; ce qui est un déshonneur. 

12-22. * Onze proverbes sur les vertus et les défauts dans la vie civile, et spéciale- 


ment des péchés de la langue. 


12. Est l'uppui de plus méchants ; est de trouver un appui dans les plus méchants. 
de s'en faire un rempart (munimen), afin que, joint à eux, il n'en devienne que plus 


formidable. 


44. En vertu du fruit, etc.; c'est-à-dire en vertu des sages discours sortis de sa 


bouche, chacun sera comblé de biens. 


19. Sera ferme à perpéluilé; ne se démentira jamais. 


(cu. xur.] 
91. Rien ne contristera le juste, 

quoi qu'il lui arrive: mais les im- 

pies seront remplis de maux. 

99. C'est uneabomination pour 
le Seigneur, que des lèvres men- 
teuses; mais ceux qui sincére- 
ment agissent lui plaisent. 

93. Un homme habile cache sa 
science; et le cœur des insensés 
publie Zeur folie. 

94. La main des forts dominera; 
mais celle qui est relâchée sera 
soumise aux tributs. 

25. La tristesse dans le cœur 
d'un homme l'humiliera; et par 
une bonne parole il sera réjoui. 

26. Celui qui néglige un dom- 
mage à cause d'un ami est juste; 
mais le chemin des impies les 
trompera. 

97. Le frauduleux ne trouvera 
pas de gain; et la richesse d'un 
homme juste sera d'un prix d'or. 

98. Dans le sentier de la justice 
est la vie; mais le chemin dé- 
tourné conduit à la mort. 


CHAPITRE XIII. 


Du fils sage et del'insensé. Retenue dans 
les paroles. Courte durée de l'éclat des 
impies. Biens acquis trop prompte- 
ment. Du délai de ce qu'on espère. Chà- 
tier ses enfants. Insatiabilité des impies. 


1. Un fils sage gardela doc- 
trine de son père: mais un mo- 
queur n'écoute pas quand on le 
reprend. 


LES PROVERBES. 


1397 

2. En vertu du fruit de sa 
bouche, l'homme sera rassasié de 
biens; mais l'àme des prévarica- 
teurs est inique. 

3. Celui qui garde sa bouche, 
garde son àme ; mais celui qui est 
inconsidéré dans ses paroles sen- 
tira le mal. 

4. Le paresseux veut et ne veut 
pas; mais l'àme de ceux qui tra- 
vaillent s'engraissera. 

9. La parole mensongere, le 
juste la détestera; mais limpie 
confond et il sera confondu. 

6. La justice garde la voie de 
linnocent; mais limpiété sup- 
plante 1 pécheur. 

7. Il est £e? qui parait riche, 
quoiqu'il n'ait rien; etil est ze/qui 
parait pauvre, quoiqu'il jouisse 
de beaucoup de richesses. 

8. La rancon de l’âme d'un 
homme, ce sont ses richesses : 
mais celui qui est pauvre ne sou- 
tient pas un reproche. 

9. La lumiere des justes ré- 
jouit : mais la lampe des impies 
s'éteindra. 

10. Entre les superbes, il y à 
toujours des querelles; mais ceux 
qui font tout avec conseil sont 
conduits parla sagesse. 

11. Le bien amassé à la hâte 
sera diminué; mais celui qui est 
recueilli peu à peu, à la main, 
sera multiplié. 

19. L'espérance différée afflige 


23-28. * Six sentences mettent sous les yeux l'opposition qui existe entre le sage 


et l'insensé, l'homme actif et le paresseux. 


24. * Sera soumise aux tributs, à la corvée, à des travaux imposés. 
27. Sera d'un prix d'or; vaudra de l'or, sera précieuse comme l'or. 


1. Garde ou reproduit, représente; littér. est, — Moqueur. Voy. Prov., 1x, 1. 


2. En vertu, etc. Voy. Prov., xit, 14. 


4-19. * Neuf maximes se rapportant la plupart au bon emploi des biens temporels. 
12. * Un arbre de vie; allusion à l'arbre de vie du paradis terrestre, Genése, 1 9; 


11 22. 


1328 
l’âme ; c'estun arbre de viequ'un 
désir qui s'accomplit. 

13. Celui qui parle avec mépris 
de quelque chose s'engage lui- 
méme pour l'avenir : mais celui 
qui craint le précepte demeurera 
en paix. 

Les àmes trompeuses s'égarent 
dans les péchés, mais les justes 
sont miséricordieux et compatis- 
sants. 

14. La loi du sage est une source 
de vie, pour éviter la ruine de la 
mort. 

15. La bonne doctrine donne la 
grâce : sur le chemin des con- 
tempteurs est un précipice. 

16. L'homme avisé fait tout avec 
conseil ; mais celui qui estinsensé 
laisse voir de la folie. 

17. Le messager d'un impie 
tombera dans le mal; mais un 
envoyé fidèle est la santé. 

18. Détresse et ignominie à 
celui qui abandonne la disci- 
pline. Mais celui qui acquiesce 
à celui qui réprimande sera glo- 
rifié. 

19. Un désir, s'il. s'accomplit, 
réjouit l’âme ; les insensés détes- 
lent ceux qui fuient les choses 
mauvaises. 


LES PROVERBES. 


(cu. xiv.] 


20. Celui qui marche avec les 
sages sera sage; lami des in- 
sensésleur deviendra semblable. 

21. Le mal poursuit les pé- 
cheurs; et aux justes seront 
donnés des biens en récom- 
pense. 

22. L'homme vertueux laisse 
héritiers des fils et des petits-fils ; 
et est réservé pour le juste le 
bien du pécheur. 

23. Il y a beaucoup de fruits 
dans les novales des peres; et 
c'est pour d'autres qu'ils sont 
amassés sans jugement. 

24. Celui qui épargne la verge 
hait son fils ; mais celui qui l'aime 
le corrige fortement. 

95. Le juste mange et remplit 
son áàme; mais le ventre des 
impies est insatiable. 


CHAPITRE XIV. 


Différents caractères des sages et des in- 
sensés. Sort différent des justes et des 
méchants. Du travail. De la crainte du 
Seigneur. De la patience. De la com- 
passion envers les pauvres. 


1. Une femme sage édifie sa 
maison; linsensée détruira de 
ses propres mains celle méme 
qui était construite. 


13-17. * Avantage de la bonne doctrine. 


13. Les âmes trompeuses... Compalissants. Ce passage ne se trouve ni dans l'hébreu, 
ni dans plusieurs éditions latines, ni dans quelques exemplaires grecs. Dans ceux des 
Grecs et des Latins qui le lisent, il est placé après les versets 9 ou 11. 

17. Est la santé; une source de santé et de prospérité, tant pour lui-même que pour 


celui qui l'envoie. 


18-25. * Récompenses qui sont le fruit de la sagesse. 


93. De fruits; littér. d'aliments, de nourriture. — Pour d'autres; pour des étrangers. 
— Qu'ils sont amassés sans jugement; c'est-à-dire que ceux qui en cultivant les 
champs de leurs péres manquent de jugement et d'esprit de conduite perdront tous 
les fruits de leur travail, qui iront à des étrangers. — * Dans les novales, terres nou- 
vellement défrichées et profondément défoncées. 


1-1. * De la sagesse et de la folie en général. 

1. Edifie sa maison. Dans le langage de l'Ecriture, édifier ou bâtir sa maison, 
lorsqu'on parle d'une femme, signifie proprement avoir des enfants, et les bien 
élever, 


[cH. xrv.] 


9. Celui qui marche par un 
droit chemin, et qui craint le 
Seigneur, est méprisé par celui 
qui marche dans une voie infâme. 

3. Dans la bouche d'un insensé 
est la verge de l'orgueil; mais 
les lèvres des sages les gardent. 

4. Où il n'y a point de bœufs, 
la crèche est vide; mais où abon- 
dent les moissons, là est mani- 
feste la force du bœuf. 

5. Un témoin fidèle ne ment 
pas, mais un témoin trompeur 
profere le mensonge. 

6. Le railleur cherche la sa- 
gesse, et ne la trouve pas : la 
doctrine des prudents est facile. 

7. Va contre l'homme insensé, 
et qui ne connaît pas les lèvres 
de la prudence. 

8. La sagesse d'un homme ha- 
bile est de comprendre sa voie; 
et l'imprudence des insensés est 
errante. 

9. L'insensése jouera du péché; 
et c'est parmi les justes que de- 
meurera la grâce. 


Cap. XIV. 2. Job, xir, 4. 


LES PROVERBES. 


1329 


10. Quant au cœur qui connait 
lamertume de son âme, un 
étranger ne se mélera pas dans 58 
joie. 

11. La maison des impies sera 
détruite ; maisles tabernacles des 
justes seront florissants. 

19. IL est une voie qui parait 
droite à l'homme ; mais ses issues 
conduisent à la mort. 

13. Le rire de douleur sera 
mélé, etle deuil occupe les extré- 
mités de la joie. 

14. L'insensé sera rempli de ses 
voies ; mais au-dessus de lui sera 
l'homme vertueux. 

15. L'innocent croit à toute pa- 
role : l’homme avisé considère 
ses pas. 

Pour un fils trompeur il n'y. 
aura rien de bon : mais à un ser- 
viteur sage ses actes seront pros- 
pères, et sa voie sera dirigée. 

16. Lesage craint etse détourne 
du mal : l'insensé passe outre et 
a confiance. 

17. L'impatient commettra des 


3. Dans la bouche, etc.; c'est-à-dire la langue d'un insensé est comme une verge 
d'orgueil et d'iusolence, qui frappe, meurtrit les autres, en le blessant lui-même. Au 
contraire, les lévres des sages ne blessent personne, et elles les conservent eux- 
mémes dans une parfaite tranquillité, en ne donnant pas prise à la critique et à la 
malignité. 

4. Où il n'y a point, etc. L'auteur semble vouloir dire en général que, quand on ne 
travaille pas, on n'a rien à attendre. 

6. Railleur. Voy. Prov., 1x, 1. — La doctrine, etc.; c'est-à-dire que les hommes 
prudents s'instruiront sans peine; comme ils cherchent la sagesse sérieusement et 
véritablement, elle vient au-devant d'eux (Sagesse, vt, 14). 

1. Va contre; résiste, oppose-toi à lui. 

8-19. * Comparaison du sage et del'insensé, par rapport surtout à leurs destinées 
diverses. 

14. L'insensé, etc. L'insensé est entièrement satisfait de sa propre conduite, il s'y 
plait, il y trouve son contentement et sa joie. — Au-dessus de lui sera l'homme ver- 
tueuz; c'est-à-dire l'homme vertueux le dominera; ou bien, l'homme vertueux sera 
encore plus rempli de ses voies que l'insensé; il s’y plaira davantage, parce qu'elles 
sont meilleures. 

15. Pour un fils trompeur... sera dirigée. Ce passage ne se trouve ni dans l'hébreu, 
ni dans le chaldéen, ni dans les Septante de Complute et de Rome, ni dans les ma- 
nuscrits latins, ni dans quelques éditions de la Vulgate. 


AGUL, 84 


1990 
actions de folie; l'homme artifi- 
cieux est odieux. 

18. Les tout petits posséderont 
la folie; et les hommes avisés 
attendront la science. 

19. Les méchants seront cou- 
chés par terre devant les bons; 
et les impies devant les portes 
des justes. 

20. Même à son prochain, le 
pauvre est odieux; mais les amis 
des riches sont nombreux. 

21. Celui qui méprise son pro- 
chain pèche; mais celui qui a 
pitié du pauvre sera bienheureux. 

Celui qui croit au. Seigneur 
aime la miséricorde. 

22. Ils s'égarent, ceux. qui 
operent le mal : la miséricorde 
et la vérité préparent des biens. 

23. Dans tout travail seral'abon- 
dance : mais où il y a beaucoup 
de paroles, là fréquemment est la 
détresse. 

94. La couronne des sages, ce 
sont leurs richesses; la sottise 
des insensés, l'imprudence. 


91. Infra, xvir, 5. 


LES PROVERBES. 


[cu. xiv.] 


95. Un témoin fidele délivre des 
âmes : et celui qui est double 
profere des mensonges. 

26. Dans la crainte du Seigneur 
est une confiance ferme; et à 
ses enfants sera l'espérance. 

27. La crainte du Seigneur est 
une source de vie, afin qu'on 
évite la ruine de la mort. 

28. Dans la multitude du peu- 
ple est la gloire d'un roi; et dans 
le petit nombre des sujets l'igno- 
minie d'un prince. 

29. Celui qui est patient se gou- 
verneavecune grande prudence ; 
mais celui qui est impalient si- 
gnale sa folie. 

30. La vie des chairs, c'est la 
santé du cœur : la carie des os, 
l'envie. 

31. Celui qui opprime un indi- 
gent, outrage le créateur de cet 
indigent; mais celui-là l'honore, 
qui a pitié d'un pauvre. 

39. À cause de sa malice, l'im- 
pie sera rejeté ; mais le juste es- 
père dans sa mort méme. 


18. Les tout pelits (parvuli). Voy. Prov., 1, 4. — Atlendront la science; comme un 


héritage quileur est dü. 


19. * Couchés par terre. Image tirée des vaincus, prosternés et étendus par terre 
devant leur vainqueur, comme nous les représentent les bas-reliefs antiques de l'As- 


syrie. 


20-21. * De la richesse et de la pauvreté dans leurs rapports avec la sagesse et 


avec la folie. 


91. Celui qui croit... miséricorde. Ce passage n'est ni dans l'hébreu, ni dans le grec, 


ni dans les anciens manuscrits latins. 


22. Préparent; c'est-à-dire nous acquièrent. 0 

25. Des âmes; littér. et par hébraisme, pour des personnes, des individus. 

26. Dans la crainte, etc. Quand on a la crainte du Seigneur, on est dans une con- 
fiance ferme; littér. et par hébraisme, une confiance de force. 

98-35. * Paralléle entre le sage et l'insensé, le riche et le pauvre, le prince et le 


sujet. 


30. La vie, etc. Un cœur sain donne la santé à tout le reste des chairs, c'est-à-dire 


du corps. 


31. Qui opprime; outrage, traite injustement et avec violence. Tel est le sens 
qu'a partout le verbe hébreu que la Vulgate rend par calomnier (calumniari). 
C'est ainsi que calumnia signifie le olus ordinairement oppression, violence, injustice 


ti'iante., 


[δ xv.] 


33. Dans le cœur de l'homme 
prudent repose la sagesse; et 
elle instruira tous les ignorants. 

34. La justice élève une nation; 
mais le péché fait les peuples 
malheureux. 

35. Un ministre intelligent est 
bien accueilli du roi; celui qui 
est inutile endurera son cour- 
roux. 


CHAPITRE XV. 


Douceur dans les paroles. Docilité aux 
corrections. Victime des impies. Tout 
est connu de Dieu. Ruine des superbes. 
Paresseux, insensé, impie, opposés au 
juste, au sage, au diligent. 


1. Une douce réponse brise la 
colere : une parole dure excite la 
fureur. 

2. La langue des sages embellit 
Ja science ; la bouche des insensés 
fait jaillir la folie. 

3. En tout lieu, les yeux du 
Seigneur observent les bons et 
les méchants. 

4. La langue pacifique est un 
arbre de vie; mais celle qui est 
immodérée brisera l'esprit. 

ὃ. L'insensé se moque dela dis- 
cipline de son pére; mais celui 


LES PROVERBES. 


1331 
qui est docile aux réprimandes 
deviendra plus sage. 

Dans une abondante justice est 
une très grande vertu; mais les 
pensées des méchants seront dé- 
racinées. 

6. La maison du juste est une 
grande force; et dans les fruits 
de l'impie il n’y a que trouble. 

7. Les lèvres des sages répan- 
dront la science : le cœur des in- 
sensés sera tout à fait différent. 

8. Les victimes des impies sont 
abominables au Seigneur, les 
veux des justes lui sont agréa- 
bles. 

9. C'est une abomination pour 
le Seigneur, que la voie de l'im- 
pie : celui qui suit la justice est 
aimé de lui. 

10. La doctrine est odieuse à 
celui qui abandonne la voie de la 
vie ; celui qui haitles réprimandes 
mourra. 

11. L'enfer et la perdition sont 
à nu devant le Seigneur; com- 
bien plus les cœurs des fils des 
hommes? 

12. L'homme pernicieux n'ai- 
me pas celui qui le reprend, et ne 
va pas vers les sages. 


Cnar. XV. 1. Infra, xxv, 15. — 8. Infra, xxt, 27; Eccli., xxxiv, 21. 


33. Elle; c'est-à-dire la sagesse. Si le latin erudiet est amphibologique, l'hébreu 
ne l'est nullement, le verbe y étant au féminin, et ne pouvant avoir pour sujet que 


le mot sagesse, nom du genre féminin. 


1-1. * Contre les différentes espéces de péchés de la langue. 

4. * Un arbre de vie, comme celui du paradis terrestre. Voir xir, 12. 

5, 32, 35. Discipline. Voy. Prov., 1, 2. — Dans une... déracinées. Ce passage n'est ni 
dans l'hébreu, ni dans le chaldéen, ni dans divers exemplaires grecs et latins. 

6. La maison, etc. La maison du juste est un grand amas de toutes sortes de biens 
et de provisions; tandis que les revenus de l'impie ne lui donnent que du trouble, 
à cause des maux de différentes sortes dont Dieu le frappe en punition de son im- 


piété. 
8-15. * Horreur de Dieu pour l'impie. 


11. L'enfer; veut dire 101 le séjour de toutes les âmes après la mort, méme de 
celles des justes qui attendaient le Rédempteur; et /a perdilion, le lieu particulier où 
sont renfermées et tourmentées les âmes des méchants. 


1332 


19. Un cœur joyeux rassérène 
le visage; par latristessedel’âme, 
l'esprit est abattu. 

14. Le cœur du sage cherche la 
doctrine ; et la bouche des insen- 
sés se repaît d'ignorance. 

15. Tous les jours du pauvre 
sont mauvais ; l'àme tranquille 
est comme un continuel fes- 
tin. 

16. Mieux vaut peu avec la 
crainte du Seigneur que des tré- 
sors grands et inépuisables. 

17. Mieux vaut être convié à un 
repas d'herbes oüregnelacharité, 
qu'à manger avec de la haine un 
veau engraissé. 

18. L'homme colère excite des 
querelles ; celui qui est patient 
apaise celles qui étaient déjà sus- 
citées. 

19. Le chemin des paresseux 
est comme une haie d'épines ; la 
voie des justes est sans pierre 
d'achoppement. 

90. Un fils sage réjouit son 
père; et un homme insensé mé- 
prise sa mere. 

21. La folie est joie pour l'in- 
sensé : etl'homme prudent dirige 
ses pas. 

22. Les pensées se dissipent là 
oü il n'y a point de conseil; mais 


13. Infra, xvii, 22. — 27. Infra, xvi, 6. 


LES PROVERBES. 


(cu. xv.] 
où il y a plusieurs conseillers, 
elles s'affermissent. 

93. L'homme se réjouit de la 
sentence sortie de sa bouche ; et 
la parole opportune est excel- 
lente. 

24. Le sentier de la vie est au- 
dessus de l'homme instruit, afin 
quil se détourne de l'enfer le 
plus profond. 

95. Le Seigneur démolira la 
maison des superbes; et il affer- 
mira les bornes du champ de la 
veuve. 

26. C'est l'abomination du Sei- 
gneur que les pensées mauvai- 
ses; mais la parole pure, trés 
belle, sera affermie par lui. 

97. Celui-là trouble sa maison, 
qui court aprés lavarice ; mais 
celui qui hait les présents vivra. 

Par la miséricorde et par la foi 
se purifient les péchés ; mais c'est 
par la crainte du Seigneur que 
chacun se détourne du mal. 

28. L'esprit du juste médite 
l'obéissance : la bouche des im- 
pies déborde en mauvais dis- 
cours. 

99. Le Seigneur est loin des 
impies ; et 11 exaucera les prières 
des justes. 

30. La lumière des yeux réjouit 


16-23. * De différentes espèces de vertus et de vices. 

16. Mieux vaut, etc. Il semble que c'est de ce passage que saint Paul 8 emprunté 
le sentence : C'est un grand gàin que la pitié avec ce qui suffit (1 Timoth.. vi, 6). 

11. Un veau engraissé. On engraissait des veaux pour les solennités où on devait 
offrir des sacrifices et où on devait faire quelque fête, quelques noces, quelque festin 
de famille (I Rois, xvi, 29; Jérém., xxvi, 21; Luc, xv, 23). 

24-33. * De diverses vertus, en particulier de la vie pieuse. 

94. Le sentier, etc.; ou mieux, selon l'hébreu : Le sentier de la vie est pour l’homme 


inlelligent en haut; c'est-à-dire au ciel. 


21. Par la miséricorde... du mal. Ce passage, que les Septante ont mis ici, ne se 
trouve dans l'hébreu qu'au chap. xvi, 6, où la Vulgate le répète, et où les Septante 


ne l'ont pas mis. 


30, Engraisse les os; contribue à la santé du corps par le plaisir qu'elle cause. 


[cn. xvi.] 


l'âme; la bonne réputation en- 
graisse les os. 

34. L'oreille qui écoute les ré- 
primandes de vie demeurera au 
milieu des sages. 

32. Celui qui rejette la disci- 
pline méprise son âme; mais 
celui qui acquiesce aux répri- 
mandes ἃ du cœur. 

33. La crainte du Seigneur est 
une discipline de sagesse; et 
l'humilité précède la gloire. 


CHAPITRE XVI. 


Dieu dispose de la langue et des pas de 
l'homme. Colère et clémence du roi. 
Maux que cause l'orgueil. Voie funeste 
qui paraît bonne. Dieu règle et conduit 
le sort. 


1. C'est à l'homme de préparer 
son âme, et au Seigneur de 
gouverner la langue. 

2. Toutes les voies de l'homme 
sont ouvertes à ses yeux : le Sei- 
gneur pése les esprits. 

3. Expose tes œuvres au Sei- 
gneur, et tes pensées seront di- 
rigées. 


LES PROVERBES. 


1333 
4. Le Seigneur a opéré toutes 

choses pour lui-même, limpie 

même pour le jour mauvais. 

5. C'est l'abomination du Sei- 
gneur que tout homme arrogant ; 
lors méme qu'une main serait 
dans une main, il n'est point in- 
nocent. 

Le commencement de la bonne 
voie est de faire la justice : or 
elle est agréable à Dieu plus que 
l'immolation des hosties. 

6. Par la miséricorde et la vé- 
rité se rachète l'iniquité; et c'est 
par la crainte du Seigneur qu'on 
se détourne du mal. 

7. Lorsque plairont au Sei- 
gneur les voies de l'homme, il 
convertira ses ennemis méme à 
la paix. 

8. Mieux vaut peu avec la jus- 
tice que beaucoup de fruits avec 
l'iniquité. 

9. Le cœur de l'homme dispose 
sa voie; mais c'est au Seigneur 
de diriger ses pas. 

10. La divination est sur les 
levres du roi; dans les juge- 


XVI. 2. Infra, xx, 24; xxi, 2. — 6. Supra, xv, 21.‏ .תגאס 


31. De vie; qui donnent la vie, en nous garantissant du péché, et, par conséquent, 


de la mort de l'âme. 


1-3. * Les chapitres xvi-xxu, 16, sont principalement une exhortation à la crainte 
de Dieu et à l'obéissance, Le chap. xvi exhorte à la confiance en Dieu, parce qu'il 
est l'ordonnateur et le régulateur du monde. Les trois premiers versets nous montrent 
Dieu comme le maitre de toutes choses en général. 

4. De préparer son âme; en l'élevant à Dieu, afin qu'il en règle tousles mouvements 


et tous les désirs. Compar. Ps. xxxvrr, 1. 


4-9. * Sagesse de la Providence divine dans la récompense donnée aux bons et 


dans les punitions infligées aux méchants. 


5. Lors méme qu'une main serait dans une main. Voy. Prov., xi, 21. — Le commen- 
cement... hosties. Ce passage manque ici dans l'hébreu et dans toutes les Bibles 


grecques, excepté celle du Vatican. 


8. Mieux vaut, etc. Voy. Prov., xv, 16. — Beaucoup de fruits; c'est-à-dire beaucoup 


de revenus, de biens, de richesses. 


40-15. * Les rois considérés comme médiateurs ou instruments de la Provi- 


dence. 


10. Divinalion; n'est pas pris ici en mauvaise part; il signifie oracle divinement 
inspiré; car le roi était le représentant de Dieu. 


199 LES PROVERBES. 


ments n'errera pas sa bouche. 

11. Poids et balance sont les 
jugements du Seigneur; et ses 
œuvres sont toutes les pierres du 
sachet. 

19. Abominables au roi sont 
ceux qui agissent en impies; 
parce que c'est par la justice que 
s'affermit un tróne. 

13. Les rois veulent des lèvres 
justes : celui qui parle avec droi- 
ture sera aimé d'euz. 

14. L'indignation du roi est un 
messager de mort; et l'homme 
sage l'apaisera. 

15. Dans l'hilarité du visage du 
roi est la vie; et sa clémence 
est comme la pluie de l’arrière- 
saison. ὁ 

16. Possede la sagesse, parce 
qu'elle est meilleure que l'or; 
et acquiers la prudence, parce 
qu'elle est plus précieuse que 
l'argent. 

47.Le sentier des justes s'écarte 
des maux; celui qui garde son 
áme conserve sa voie. 

18. L'orgueil précede l'abatte- 


24. Supra, xv, 13; Infra,xvir, 22. 


[cu. xvi.] 


ment; et avant la ruine l'esprit 
s'exalte. 

19. Il vaut mieux être humilié 
avec des hommes doux que de 
partager des dépouilles avec des 
superbes. 

20. Un homme habile dans la 
parole trouvera des biens; et 
celui qui espère dans le Seigneur 
est bien heureux. 

21. Celui qui est sage de cœur 
sera appelé prudent : et celui 
qui est doux dans la parole re- 
cevra de plus grands dons. 

22. C'est une source de vie que 
l'instruction, pour celui qui la 
possede ; la doctrine desinsensés, 
c'est la folie. 

23. Le cœur du sage instruit sa 
bouche; et à ses lèvres il ajoutera 
de là gráce. 

24. C'est un rayon de miel que 
des paroles disposées avec art; 
c'est la douceur de l'àme et la 
santé des os. 

25. Il est une voie qui parait à 
l'homme droite, et ses issues 
conduisent à la mort. 


//(3('39 /OXZGÓAGLLAsALb-dbAAGOÁÁLCUOCOCCOICCECLÁULELÁÓCEEELULÁLSOCECÉELLGIICEELLCEEAUDUIRKOCÁRORCÉELCOEOEÓERTCELLLCEUCOCCIÉÓGEECTITIIECCFCCLILLETCÓCETÉÉCELTTIICTTETE[EIÉOTTSLI ELIISITICLELIELILTILTLIIE]CCOZCLCSSLEZEOIAE 


41. Poids et balance, etc.; c'est-à-dire infiniment justes, infiniment équitables. — 
Toutes les pierres du sachet; c'est la méme idée exprimée en d'autres termes. Les 
anciens Hébreux, n'ayant point d'argent monnayé pour leur commerce, divisaient 
l'or et l'argent en lingots, plus ou moints forts, qu'ils mettaient dans une balance, 
et qu'ils pesaient avec des pierres renfermées dans un sachet. Le vendeur et l'ache- 
teur portaient toujours à leur ceinture une balance et un sachet. — * Les pierres 
étaient choisies de préférence comme poids, parce qu'on peut difficilement les altérer 
et qu'elles échappent à la rouille. 

13. Des lèvres justes; un langage vrai, sincère. 

44. L'indignation, etc. Un prince colére et emporté inspire la crainte de la mort à 
tous ceux qui le voient irrité contre eux. 

15. Comme la pluie, etc. Voy. Job, xxix, 23. 

20. Un homme habile dans la parole. C'est le sens exact et rigoureux dela Vulgate; 
mais, comme le terme hébreu rendu dans cette version par parole (verbo), signifie 
aussi chose, affaire, et qu'il a été traduit dans les Septante par choses, affaires, bien 
des traducteurs lui ont donné ce dernier sens. 

24. La santé des os; du corps; figure grammaticale, par laquelle la partie se prend 
pour le tout. — * C'est un rayon de miel, etc. Allusion à la nature et à l'emploi du 
miel, trés usité en médecine et qui tenait autrefois lieu de sucre. 


[cu. xvu.] 


26. L'àme de celui qui travaille, 
travaille pour soi, parce que sa 
bouche l'y a contraint. 

27. L'homme impie creuse le 
mal, et sur seslevres un feu brûle. 

28. L'homme pervers suscite 
des proces etle verbeux divise 
les princes. 

29. L'homme injuste attire son 
ami, et le conduit par une voie 
non bonne. 

30. Celui qui, les yeux immo- 
biles, forme des desseins pervers, 
se mordant les levres, exécute le 
mal. 

31. C'est une couronne de 
dignité, que la vieillesse qui se 
trouvera dans les voies de la 
justice. 

32. Vaut mieux un Aomme pa- 
tient qu'un homme fort; et celui 
qui domine son esprit vaut mieux 
que celui qui prend des villes 
d'assaut. 

33. Les sorts se jettent dans le 
pan de la robe; mais c'est par le 
Seigneur qu'ils sont dirigés. 


CHAPITRE XVII. 


Le serviteur sage. Dieu éprouvelesccaurs. 
Ne pas mépriser le pauvre. Jugements 
injustes et abominables aux yeux du 
Seigneur. L'ami aime en tout temps. 
L'insensé passe pour sage, lorsqu'il se 
tait. 


LES PROVERBES, 


1535 


1. Vaut mieux une bouchée de 
pain sec avec la joie, qu'une mai- 
son pleine de, victimes avec la 
dispute. 

2. Le serviteur sage dominera 
les fils insensés; et il partagera 
l'héritage entre les freres. 

3. Comme par le feu est éprouvé 
l'argent, et l'or dans le creuset; 
ainsi le Seigneur éprouve les 
cœurs. 

4. Le méchant obéit à une 
langue inique, et le trompeur 
obtempère à une lèvre menson- 
gère. 

ὃ. Celui qui méprise le pauvre 
outrage celui qui l'a fait, et celui 
qui se réjouit de la ruine d'un 
autre ne sera pas impuni. 

6. La couronne des vieillards 
sont les fils des fils; et la gloire 
des fils sont leurs pères. 

7. Les paroles graves ne con- 
viennent pas à un insensé; ni à 
un prince une lèvre menteuse. 

8. C'est une pierre précieuse 
très agréable, que l'attente de ce- 
lui qui espère; de quelque côté 
qu'il se tourne, il agit avec intel- 
ligence et prudence. 

9. Celui qui cache une faute 
recherche l'amitié : celui qui la 
rappelle une seconde fois sépare 
ceux qui étaient unis. 


(παρ. XVII. 2. Eccli., x, 28. — 5. Supra, xiv, 31. 


26. Sa bouche; la nécessité de manger. 

33. Les sorts; c'est-à-dire les billets du sort. — Mais c'est, etc. C'est uniquement le 
Seigneur qui dispose de ces billets en faisant que le premier tombe à telle personne, 
le second à telle autre, et ainsi de suite. — * Ce chapitre se termine par la grande 
peusée par laquelle il avait commencé : Dieu gouverne toutes choses, et rien n'arrive 
sur la terre que par sa volonté. 


6. Les fils des fils; ses petits-neveux; une belle et nombreuse postérité. 

8. * Une pierre précieuse est un cadeau très agréable pour celui qui la reçoit; aussi 
partout où ce cadeau se dirige, il fait réussir les desseins du donateur. 

9. Celui qui cache, etc.; qui garde le silence sur une faute commise contre Tai, 
recherche et gagne par là méme l'amitié de celui qui l'a commise; tandis que s'il la 


1886 


10. Plus profite une réprimande 
à un homme prudent que cent 
coups à un insensé. 

11. Toujours le méchant cher- 
che des querelles : mais un 
ange cruel sera envoyé contre 
lui. 

19. Il est plus avantageux de 
rencontrer une ourse à qui l'on 
à enlevé ses petits qu'un insensé 
se confiant dans sa folie. 

13. Celui qui rend le mal pour 
le bien, 16 malheur ne s'éloignera 
pas de sa maison. 

14. Celui quilâche l’eau entame 
un procès; mais, avant quil 
souffre un affront, il abandonne 
le jugement. 

15. Celui qui justifie l'impie et 
celui qui condamne le juste sont 
tous deux en abomination auprès 
de Dieu. 

16. Que sert à l'insensé d'avoir 
des richesses, puisqu'il ne peut 
acheter la sagesse? 

Celui qui élève sa maison bien 
haut en cherche la ruine; et ce- 


13. Rom., זא‎ 17; I Thess., 


LES PROVERBES. 


[cH. xvim.] 
lui qui évite d'apprendre tombera 
dans des maux. 

17. ll aime en tout temps, celui 
qui est ami; et c'est dans les an- 
goisses qu'un frère se fait con- 
naitre. 

18. Un homme insensé battra 
des mains, lorsqu'il aura répondu 
pour son ami. 

19. Celui qui médite des dis- 


cordes aime les rixes; et celui qui 


élève sa porte cherche sa ruine. 

20. Celui qui a un cœur per- 
vers ne trouvera pas le bien; et 
celui qui tourne la langue tom- 
bera dans le malheur. 

21. L'insensé est né pour son 
ignominie; et un père dans un 
fils stupide ne mettra pas sa joie. 

99. Un cœur joyeux rend la 
santé florissante ; une âme triste 
desseche les os. 

23. L'impie reçoit ei secret des 
présents, afin qu'il pervertisse 
les sentiers de la justice. 

24. Sur 18 face de l'homme pru- 
dent brille la sagesse; les yeux 


v, 15; I Pierre, nur, 9. — 15. 1s., v, 23. — 22. Supra, 


xv, 18; xvi, 24. — 24. Ecclés., 11, 14; viri, 1. 


rappelle deux fois seulement (allero sermone repetit), 11 met la division entre l'offen- 
seur et lui. On peut aussi étendre cette maxime à tous ceux qui par leurs rapports 
inconsidérés sément la division parmi leurs semblables. 

19. * L'ours était autrefois commun en Syrie, jusqu'à l'époque des croisades. 

14. Celui qui láche, etc. Dans la Palestine les eaux, n'étant pas fort communes, 
donnaient par là méme des occasions de dispute. Lâcher, par exemple, celles de son 
voisin ou de tout autre, était un cas de procès, dont l'issue ne pouvait qu'étre défa- 
vorable à l'auteur du délit. Il était donc tout naturel que celui-ci se désistàt, avant 
la sentence du juge, pour éviter un affront. Au lieu de i/ abandonne (deserit), l'hébreu 
porte l'impératif laisse. Compar. Matth., v, 25, 40. 

16. Celui qui élève sa maison... maux. Ce passage n'est pas dans l'hébreu, mais il 
se trouve dans les Septante, ainsi que dans la Vulgate. On lit au vers. 19 quelque 
chose de semblable dans l'hébreu et dans la Vulgate, mais non dans le grec. 

18. Battra des mains, etc. Voy. Prov., vt, 1. 

20. Qui tourne la langue; c'est-à-dire selon l'hébreu, qui a la langue tournée ; c'est- 
à-dire artificieuse, fourbe. 

23. En secret; littér. du sein. Les Hébreux portaient dans le sein ce qu'ils avaient 
de plus précieux. 

24. Sont à l'extrémité du monde; c'est-à-dire trés éloignés d'eux; et, par congé- 
quent, ne pouvant pas les éclairer suffisamment. 


[cu. xvnr.] 


des insensés sont à lextrémité 
du monde. 

95, Un fils insensé est la colère 
de son pere, et la douleur de la 
mere qui l'a enfanté. 

96. Il n'est pas bon de causer 
du dommage au juste, ni de frap- 
per le prince qui juge selon la 
justice. 

97. Celui qui modère ses pa- 
roles est docte et prudent; et 
l'homme savant est d'un esprit 
précieux. 

98. L'insensé méme, s'il se tait, 
sera réputé pour sage, et, s'il com- 
prime ses lévres, pourintelligent. 


CHAPITRE XVIII. 


De l'ami infidèle. De la confiance du juste 
et de celle du riche. Orgueil et humi- 
liation. Fruits de la langue. Bonne et 
mauvaise femme. De l'homme sociable. 


1. Celui qui veut rompre avec 
son ami en cherche les occasions; 
mais il sera couvert d'opprobre 
en tout temps. 

2. L'insensé ne recoit pas les 
paroles de la prudence, à moins 
que tu ne lui dises les choses qui 
se trouvent dans son cœur. 

3. L'impie, lorsqu'il est venu 
au fond des péchés, méprise; 
mais l'ignominie le suit ainsi que 
l'opprobre. 

4. C'est une eau profonde que 
les paroles qui sortent de la bou- 
che de l'homme, et un torrent 
débordé que la source de la sa- 
gesse. 


LES PROVERBES. 


1337 

ὃ. Faire acceplion de la per- 
sonne d'un impie n'est pas une 
bonne chose, pour que tu t'é- 
cartes dela vérité dans le juge- 
ment. 

6. Les lèvres de linsensé se 
mélent dans des rixes, et sa bou- 
che provoque des querelles. 

La bouche delinsensé est sa‏ .ד 
destruction; et ses lèvres sont la‏ 
ruine de son àme.‏ 

8. Les paroles d'un homme à 
double langue paraissent sim- 
ples; et elles pénètrent jusqu'au 
fond des entrailles. 

La crainte abat le paresseux; 
mais les âmes des efféminés au- 
ront faim. 

9. Celui qui est mou et lâche 
dans son ouvrage est frère de ce- 
lui qui détruit les ouvrages. 

10. C'est une tour très forte que 
le nom du Seigneur;le juste y 
court, et il sera exalté. 

11. Le bien du riche est sa ville 
forte, et comme une muraille so- 
lide qui l'environne. 

12. Avant quil soit brisé, le 
cœur de l'homme est exallé; et 
avant d'étre élevé en gloire, il 
est humilié. 

13. Celui qui répond avant 
d'écouter se montre insensé et 
digne de confusion. 

14. L'espritde l'homme soutient 
sa faiblesse; mais un esprit facile 
à se mettre en colère, qui pourra 
lesoutenir? 

15. Le cœur prudent possédera 


21. Jac., 1, 19. — 0. XVIII, 4. Infra, xx, 5. — 13. Eccli., xt, 8. 


Ὁ. Dans le jugement; littér. du jugement. — * Faire acception, etc. Il ne faut pas 
être partial envers le méchant, en faisant perdre son procès au juste. 

8. La crainte... faim. Ce passage manque dans l’hébreu; mais il se trouve dans les 
Septante, qui, d'ailleurs, ne contiennent pas la partie précédente de ce vers. 8. 

11. Sa ville forte; littér. et par nébraisme, /a ville de su force. 


1338 


la science; et l'oreille des sages 
cherche la doctrine. 

16. Le présent d'un homme 
élargit sa voie, et devant les prin- 

,ces lui fait faire place. 
| 17. Le juste est le premier ac- 
.cusateur de lui-même; vient son 
ami, et il l'examinera. 

18. Le sortapaise les différends; 
et entre les puissants mêmes, il 
sert d'arbitre. 

19. Un frere qui est aidé par son 
frère est comme une cité forte; 
et leurs jugements sont comme 
les verrous des portes des villes. 

20. Le ventre de l'homme sera 
rempli du fruit de sa bouche; et 
les produits de ses lèvres le rassa- 
sieront. 

21. La mort et la vie sont au 
pouvoir de la langue; ceux qui 
l'aiment mangeront ses fruits. 

99. Celui qui a trouvé une 
femme vertueuse a trouvé un 
bien; et il puisera la joie dans le 
Seigneur. 

Celui qui chasse une femme 
vertueuse rejette un bien; mais 
celui qui retient une adultere est 
insensé et impie. 

23. C'est avec des supplications 


Cap. XIX. 5. Dan., xii, 1 


LES PROVERBES. 


[cH. xix.] 
que parlera le pauvre; mais le 
riche s'énoncera séverement. 
94. L'homme aimable à la so- 
ciété sera plus ami qu'un frere. 


CHAPITRE XIX. 


Du pauvre et du riche. Du faux témoin. 
De la colère et de la bienveillance du 
roi. La femme prudente est un don 
du Seigneur. Correction des enfants. 
Crainte du Seigneur. Châtiments réser- 
vés aux méchants. 


1. Mieux vaut un pauvre qui 
marche en sa simplicité qu'un 
riche qui tord ses lèvres et qui 
est insensé. 

2. Où n'est point la science de 
l'àme, il n'y a pas de bien: et 
celui qui háte ses pieds tombera. 

3. Lafolie de l'homme renverse 
ses pas; et contre Dieu il brüle 
de colère en son cœur. 

4. Les richesses donnent beau- 
coup de nouveaux amis; mais 
ceux mêmes qu'avait le pauvre 
se séparent de lui. 

ὃ, Un témoin faux ne sera pas 
impuni, et celui qui dit des men- 
songes n'échappera pas. | 

6. Beaucoup honorent la per- 
sonne d'un homme puissant, et 


16. Le présent, etc. Dans l'Orient, on ne parait devant les rois et les princes qu'a- 
vec des présents; c'est une marque de respect et de dépendance de la part de celui 
qui vient faire sa cour. Compar. I Rois, ,או‎ 1. 

11-21. * Contre l'amour de la dispute et 16 mauvais usage de la langue. | 

11. Le juste, etc. Lorsque le juste a commis une faute, il est le premier 8 l'avouer 
et à reconnaître son tort. Si son ami vient, il sonde avec lui le fond de son cœur. 


90. Le ventre, etc. Voy. Prov., xu, 14. 


91. Au pouvoir; littér. et par hébraisme, dans la main. Le sens de ce verset - que 
zeux qui aiment à beaucoup parler recevront pour fruits la vie ou la mort, suivant 


l'usage qu'ils auront fait de leur langue. 
22. Celui qui chasse... 


impie. Ce passage, qui se trouve dans les Septante et dans 


l'arabe, manque dans l'hébreu, dans le chaldéen, dans divers manuscrits latins et 
dans plusieurs éditions latines, comme celles de Complute, de Sixte V, etc. 


1-99. * Exhortation à l'humilité, à la douceur et à la longanimité. 
1. Qui tord ses lèvres ; c'est-à-dire, selon l'hébreu, dont les discours sont trompeurse. 


[cH. [.אזא‎ 


sont amis de celui qui donne des 
présents. 

7. Les frères d'un homme 
pauvre le haissent : en outre ses 
amis mémes se retirent loin de 
lui. Celui qui court seulement 
apres les paroles n'aura rien. 

8. Mais celui qui possede de 
l'intelligence aime son âme, et 
celui qui garde la prudence trou- 
vera des biens. 

9. Un faux témoin ne sera pas 
impuni, et celui qui dit des men- 
songes périra. 

10. A l'insensé ne conviennent 
pas les délices, ni à l'esclave la 
domination sur les princes. 

11. La doctrine d'un homme se 
connait à sa patience, et sa gloire 
est de laisser de cóté les choses 
iniques. 

12. Comme est le rugissement 
du lion, ainsi est la colere du roi; 
et comme la rosée qui tombe sur 
l'herbe, ainsi son hilarité. 

13. La douleur d'un pere est un 
fils insensé; et ce sont des 
toits continuellement dégouttants 
qu'une femme querelleuse. 

14. La maison et les richesses 
sont données par les peres ; mais 
c'est par le Seigneur proprement 
quest donnée une femme pru- 
dente. 


24. Infra, xxvi, 15. 


LES PROVERBES. 


1339 


15. La paresse envoie l'assou- 
pissement; et l’âme indolente 
aura faim. 

16. Celui qui garde le comman- 
dement garde son âme; mais ce- 
lui qui néglige sa voie trouvera 
la mort. 

17. Celui-là prête à intérêt au 
Seigneur, qui 8 pitié du pauvre; 
et il lui rendra son bienfait. 

18. Corrige ton fils, n'en déses- 
pere pas; mais àle tuer ne dis- 
pose pas ton àme. 

19. Celui qui est impatient en 
souffrira du dommage; et s'il 
prend quelque chose avec vio- 
lence, il prendra encore autre 
chose. 

20. Ecoute le conseil.et re- 
cois la discipline, afin que tu 
sois sage dans tes derniers mo- 
ments. 

21. ll y a beaucoup de pensées 
dans le cœur de l’homme; mais 
la volonté du Seigneur demeurera 
à jamais. 

22. L'homme indigent est misé- 
ricordieux; et mieux vaut le 
pauvre que l'homme menteur. 

93. La crainte du Seigneur 
conduit à la vie : elle reposera 
dans l'abondance sans être visitée 
par le mal. 

24. Le paresseux cache sa main 


9. Un faux lémoin. Compar. le vers. 5. 


13. Ce sont des toits, etc. Comme on ne peut demeurer dans une maison dont les 
toits dégouttent continuellement, c'est-à-dire sont mal couverts, ainsi on ne peut 
vivre avec une femme querelleuse. Compar. Prov., xxi, 9; xxvi, 15. 


15. Envoie; produit. 


16. Le commandement; nom collectif qui signifie les commandements, c'est-à-dire 


la loi divine. 


19. Qui est impatient; c'est-à-dire qui ne sait pas se contenir, qui n'est pas maitre 
de lui-même. — 11 prendra encore; littér. il ajoutera; sous-entendu, à prendre; ou il 
prendra encore, de nouveau. C'estle vrai sens de la Vulgate, expliquée par l'hébreu, 
sens que réclame, d'ailleurs, le commencement du verset. 

23. Sans étre, etc.; littér. sans une visite trés mauvaise. 


1340 


sous son aisselle ; et il ne la porte 
pas à sa bouche. 

25. L'homme pernicieux ayant 
été flagellé, l'insensé deviendra 
plus sage : mais, si tu reprends 
le sage, il comprendra la disci- 
pline. 

26. Celui qui afflige son pere et 
met en fuite sa mère est ignomi- 
nieux et malheureux. 

27. Ne cesse pas mon fils, 
d'écouter la doctrine; n'ignore 
pas les paroles de la science. 

28. Un témoin inique se raille 
du jugement; et la bouche des 
impies dévore l'iniquité. 

29. Les jugements sont pré- 
parés pour les railleurs; et les 
marteaux pour frapper les corps 
des insensés. 


CHAPITRE XX. 


Vin, source de luxure. De l'homme pares- 
seux. Double poids et double mesure, 
choses abominables. Danger d'étre cau- 
tion. Honorer ses parents. Ne pas rendre 
le mal. Les grands maux demandent de 
grands remédes. 


1. C'est une chose luxurieuse 
que le vin; et livresse est tu- 
multueuse : quiconque y met son 
plaisir ne sera pas sage. 

2. Gomme le rugissement du 
lion, ainsi est la terreur du roi : 


LES PROVERBES. 


(cu. xx.] 
celui quileprovoque peche contre 
son áme. 

3. C'est un honneur pour 
l'homme, de se séparer des con- 
testations ; mais tous les insensés 
s’immiscent dans des affaires 
ignominieuses. | 

4. À cause du froid, le pares- 
seux n'a pas voulu labourer ; il 
mendiera donc pendant l'été, et 
il ne lui sera rien donné. 

9. Comme une eau profonde, 
ainsi est le conseil dans le cœur 
de l'homme ; mais l'homme sage 
l'épuisera. 

6. Beaucoup d'hommes sont 
appelés miséricordieux; mais un 
homme fidéle, qui le trouvera? 

7. Le juste qui marche dans sa 
simplicité laissera apres lui des 
enfants bienheureux. 

8. Le roi qui est assis sur le 
tróne de la justice dissipe tout le 
mal par son regard. 

9. Qui peut dire : Mon cœur est 
pur, je suis pur de péché? 

10. Un poids et un poids, une 
mesure et une mesure, l'un et 
l'autre sont abominables auprès 
de Dieu. 

11. Par ses inclinalions un 
enfant est connu : si ses œuvres 
sont pures et droites. 

12. L'oreille qui entend et 11 


25. Infra, xx1, 11. — (παρ. XX. 9. III Rois, vii, 46; II Par., vi, 36; Ecclés., vu, 21; 


1 Jean, r, 8. — 10, Supra, x1, 1. 


95. La discipline. Voy. Prov., 1, 2. 


98. Du jugement; c'est-à-dire de la justice. 


99. Les railleurs. Voy. Prov., 1x, 1. 


4. A cause du froid, etc. Dans la Palestine, les semailles se font en novembre et 
en décembre, mois pendant lesquels soufflent ordinairement les vents du nord. 

5. Comme une eau, etc. Le cœur de l'homme dans ses desseins est aussi impéné- 
trable qu'une eau profonde; mais le sage qui a la connaissance des hommes lit 
jusqu'au fond du cœur humain, en sonde les abimes et en découvre ce qu'il a de 


plus secret. 


10. Un poids et un poids, etc.; c'est-à-dire divers poids et diverses mesures. Dieu 
défend dans sa loi d'avoir divers poids et diverses mesures. Voy. Deutér., xxv, 13-16. 


[cH. xx.] 
qui voit, le Seigneur a fait l’un et 
l'autre. 

13. N'aime pas le sommeil, de 
peur que la détresse ne + 80068010 ; 
ouvre les yeux et rassasie-toi de 
pain. 

14. C'est mauvais, c'est mau- 
vais, dit tout acheteur ; et après 


qu'il se sera retiré, alors il se 


glorifiera. 

15. Il y a de l'or et une multi- 
tude de pierreries ; mais c'est un 
vase précieux que les lèvres sa- 
vantes. 

16. Prends le vétement de celui 
qui s'est fait caution pour un 
étranger; et parce qu'il a ré- 
pondu pour des étrangers, em- 
porte un gage de lui. 

17. Un pain de mensonge est 
doux à l’homme; mais, ensuite, 
sa bouche sera remplie de gra- 
vier. 

18. Les pensées s'affermissent 
par les conseils, et c'est par de 
sages directions que doivent étre 
conduites les guerres. 

19. Quant à celui qui révele les 


LES PROVERBES. 


1344 
secrets, qui marche frauduleuse- 
ment, et qui dilate ses lèvres, ne 
te lie pas avec lui. 

20. Celui qui maudit son pere 
et sa mère, sa lampe s'éteindra au 
milieu des ténèbres. 

21. L'héritage vers lequel on 
se précipite des le premier ins- 
tant sera à la fin privé de béné- 
diction. 

22. Ne dis point : Je rendrai le 
mal; attends le Seigneur, et ilte 
délivrera. 

23. C'est une abomination au- 
prés du Seigneur, qu'un poids et 
un poids : la balance trompeuse 
n'est pas bonne. 

24. Par le Seigneur sont di- 
rigés les pas de l'homme ; mais 
qui des hommes peutcomprendre 
sa voie? 

25. C'est une ruine pour 
l'homme de dévorer les saints, et 
après des vœux, de se rétracter. 

26. Un roi sage dissipe les 
impies, et courbe sur eux un arc 
de triomphe. 

27. Le souffle de l'homme est 


16. Infra, xxvii, 13. — 20. Exode, xxr, 17; Lévit,, xx, 9; Matt., xv, 4. — 22, Rom., 


xi 17; I Thess., v, 15; I Pierre, nir, 9. 


15. Savantes; littér. et par hébraisme, de la science. 
17. Un pain de mensonge; un faux pain, un pain qui paraît bon, mais qui est réel» 


lement mauvais. 


21. L'héritage, etc. Le sage veut dire qu'il est moralement impossible qu'on ace 
quiere légitimement de grands biens en un moment. Compar. Prov., xin, 41. 
23. C'est une abomination, etc. Voy. vers. 10. 


25. Dévorer les saints; les attaquer, les persécuter. Dieu prend la défense des saints, 
ses amis persécutés, en faisant périr leurs persécuteurs : témoin Pharaon, Antiochus 
Epiphane, etc. 

26. Courbe sur eux un arc de triomphe; c'est la traduction littérale de la Vulgate : 
Incurvat super eos fornicem; texte que l'on explique ainsi : ll les fait passer sous 
l'arc de son triomphe. L'hébreu dit : Et il ramena sur eux une roue; et les Septante : 
Et il jeltera (ou passera sur eux une roue. Aprés avoir vaincu les Ammonites, David 
fit passer sur eux des chariots armés de fer (11 Rois, xu, 31). L'Ecriture fait assez 
souvent allusion à ce genre de supplice. On faisait passer sur le corps des condamnés 
des chariots avec des roues armées de fer, roues trés basses et trés lourdes, et quien 
faisaient des espéces de traineaux propres à battre le grain. 

21. Le souffle; c'est-à-dire l'esprit. — Une lampe du Seigneur; allumée par le Sei- 
gneur lui-même, — Découvre, etc. Nul, selon saint Paul, ne sait ce qui est au dedans 


1342 


une lampe du Seigneur, laquelle 
découvre les parties intimes du 
corps. 

28. La miséricorde et la vérité 


gardent le roi, et par la clémence ἡ 


est affermi son trône. 

29. La joie des jeunes hommes, 
c'est leur force; et la dignité des 
vieillards, les cheveux blancs. 

30. La lividité d'une blessure 
fera disparaitre le mal; et les 
plaies dans les parties les plus 
intimes du corps 06 feront dispa- 
raitre aussi. 


CHAPITRE XXI. 


Cour du roi dans la main de Dieu. Pa- 
resse, source de miséres. Malheur de 
ceux qui ont le cœur dur pour les pau- 
vres. Avantages de la justice et de la 
sagesse. Le salut est un don du Sei- 
gneur. 


1. Comme sont les courants 
des eaux, ainsi est le cceur du roi 
‘dans la main du Seigneur : de 
quelque cóté qu'il veut, il le fera 
tourner. 

9. Toute voie de l'homme lui 
parait droite; mais le Seigneur 
pèse les cœurs. 


LES PROVERBES. 


(cm. xxr.) 

3. Faire miséricorde et justice 
phit plus au Seigneur que des 
victimes. 

4. L'exaltation des yeux vient 
de la dilatation du cœur : la lampe 
des impies est péché. 

5. Les pensées d'unhomme fort 
amènent toujours l'abondance; 
mais tout paresseux est toujours 
dans la détresse. 

6. Celui qui amasse des trésors 
avec une langue de mensonge 
est vain et sans cœur, et il s'en- 
gagera dans les lacs de la mort. 

7. Les rapines des impies les 
entraineront à leur ruine, parce 
quils n'ont pas voulu faire jus- 
tice. 

8. La voie perverse d'un hom- 
me est une voie étrangère, mais 
celui qui est pur, son œuvre est 
droite. 

9. Mieux vaut demeurer sur 
langle d'un toit qu'avec une 
femme querelleuse et dans une 
maison commune. 

10. L'àme de l'impie désire le 
mal; il n'aura pas pitié de son 
prochain. 

11. L'homme contagieux étant 


CAAP. XXI. 2. Supra, xvi, 2. — 9. Infra, xxv, 24. 


de l'homme, que l'esprit de l'homme qui est en lui (I Corinth., τι, 41). — Corps; 
littér. ventre; c'est la partie pour le tout: figure de rhétorique assez usitée dans le 


style biblique. 


30. La lividité, etc. Le sens de ce passage est que les méchants ne se guérissent 
ou ne se corrigent que par des chátiments corporels qui se font sentir. — Corps; 


littér. ventre. Voy. vers. 21. 


1. Comme sont, etc. De méme qu'un jardinier réunit les divers courants des eaux 

j pour les faire couler où il veut, dans les jardins, de méme le Seigneur conduit le 
cœur du roi et en dispose selon sa volonté. 

4. L'exaltation des yeuz; c'est-à-dire le regard altier, l'air hautain. — La dilata- 


tion ; l'enflure, l'orgueil. 


6. Sans cœur (excors). Voy. Prov., vit, 1. 


9. D'un toit (domatis). Le toit des maisons chez les Hébreux était en plate-forme. 
Le sens du verset est qu'il vaut mieux demeurer sur le haut de la maison, exposé 
aux injures de l'air, que de vivre avec une femme querelleuse, et habiter dans la 
méme maison. Compar. Prov., xix, 13; xxvrt, 15. 

11. Le simple (parvulus). Voy., pour l'explication de ce mot, Prov., 1, 4. 


[ἐπ. xxt.] 
puni, le simple sera plus sage ; et 
s’il s'attache à un sage, il acquerra 
de la science. 

12. Le juste réfléchit à la mai- 
son de limpie, pour retirer les 
impies du mal. 

13. Celui qui ferme son oreille 
au cri du pauvre criera lui-méme 
et ne sera pas exaucé. 

14. Un présent secret éteint les 
coleres; et un don glissé dans le 
sein, l'indignation la plus grande. 

15. C'est une joie pour le juste 
que de fairejustice; mais c'est l'ef- 
froi de ceux qui operentl'iniquité. 

16. L'homme qui s'égare de la 
voie de la doctrine demeurera 
dans l'assemblée des géants. 

17. Celui qui aime les festins 
sera dans la détresse : celui qui 
aime le vin et la bonne chère ne 
s'enrichira pas. 

18. Pour le juste est livré l'im- 
pie, et pour les hommes droits 
l'Aomme inique. 

19. Mieux vaut habiter dans 


LES PROVERBES. 


1343 


une terre déserte qu'avec une 
femme querelleuse et colere. 

20. ΠῪ aun trésor précieux et 
de l'huile dans la demeure du 
juste ; mais l'homme imprudent 
les dissipera. 

21. Celui qui recherche la jus- 
tice et la miséricorde trouvera la 
vie, la justice et la gloire. 

22. Le sage a escaladé la cité 
des forts, et a détruit la force oü 
elle mettait sa confiance. 

23. Celui qui garde sa bouche 
et sa langue garde son âme des 
angoisses. 

24. L'homme superbe et arro- 
gant est appelé ignorant, parce 
que dans la colère il agit avec 
orgueil. 

25. Les désirs tuent le pares- 
seux ; car ses mains n'ont voulu 
rien faire. 

26. Tout le jouril souhaite etil 
désire ; mais le juste donnera et 
il ne cessera de donner. 

27. Les hosties des impies sont 


19. Eccli., xxv, 23. — 27. Supra, xv, 8; Eccli., xxxiv, 21. 


14. Glissé dans le sein. Voy. Prov., xvi, 23. 

16. Dans l'assemblée, etc. ; c'est-à-dire dans l'enfer avec ces anciens géants, qui se 
sont rendus si fameux par leurs violences et leurs crimes. Voy. Prov., 1x, 18, où 
nous avons cité plusieurs autres écrivains sacrés, qui ont parlé de la méme maniére 
de ces géants. 

20. Trésor; ce mot ne désigne, pour l'ordinaire, chez les Hébreux, que des amas 
de provisions et des fruits de la terre. — Mais l’homme, etc. Tandis que le juste 
administre ses biens avec une sage économie, l'imprudent prodigue les siens. — Les 
dissipera ; littér. le (illud) au neutre. En hébreu, le pronom, qui se rapporte à plu- 
sieurs noms antécédents, peut ne concorder qu'avec le dernier; ce qui a lieu ici. 
C'est pour cela que la Vulgate, qui se conforme assez ordinairement aux idiotismes 
de la langue sainte, a mis le singulier, qui est dans le texte original. Seulement, 
comme le dernier antécédent, huile (oleum), est en latin du neutre (genre qui manque 
en hébreu), elle a employé i//ud au lieu du pluriel Jes (illa), qui représenterait gram- 
maticalement les deux antécédents £résor et huile. 

24. Est appelé; c'est-à-dire est regardé, considéré, ou simplement, en vertu d'un 
hébraisme, est. 

26. 1l souhaite et il désire; dans le style biblique, la réunion de synonymes a pour 
but de donner de l'énergie ἃ l'expression. Ainsi le sens est : souhaiter avec la plus 
grande ardeur. 

21. Elles sont offertes, etc.; c'est-à-dire que ces hosties sont des choses injustement 
acquises, le fruit des rapines des impies qui les offrent en sacrifice 


1344 
abominables, parce qn'elles sont 
offertes comme fruit de leur 
crime. 

28. Le témoin menteur périra; 
l'homme obéissant parlera vic- 
toire. 

29. L'homme impie affermit ef- 
frontément son visage ; mais ce- 
lui qui est droit corrige sa voie. 

30. 11 n'y a pas de sagesse, il 
n'y a pas de prudence, il n'y 
a pas de conseil contre le Sei- 
gneur. 

31. Le cheval est préparé pour 
le jour du combat; mais c'est le 
Seigneur qui donne la victoire. 


CHAPITRE XXII. 


Prix de la bonne réputation. Avantage 
de la pureté de cœur. Exhortation à la 
sagesse. Ne point opprimer le pauvre. 
Ne point toucher aux bornes anciennes. 


1. Mieux vaux une bonne re- 
nommée que beaucoup de ri- 
chesses : au-dessus de l'argent 
et de l'or est la bonne amitié. 

2. Le riche et le pauvre se sont 
rencontrés. Le créateur de l'un 
et de l'autre, c'est le Seigneur. 

3. L'homme habile a vu le mal 
et s'est caché : le simple a passé 
outre et il a souffert du dom- 
mage. 

4. La fin de la modestie est la 


LES PROVERBES. 


[cH. xxm.] 


crainte du Seigneur,les richesses, 
la gloire et la vie. 

5. Des armes et des glaives se 
trouvent sur la voie du pervers; 
mais celui qui garde son âme 
s'en retire bien loin. 

6. C'est un proverbe : Le jeune 
homme suit sa voie; lors méme 
qu'il sera vieux, il ne s'en écar- 
tera pas. 

7. Le riche commande aux 
pauvres; et celui qui emprunte 
est l'esclave de celui qui préte. 

8. Celui qui sème liniquité 
moissonnera des maux, et par la 
verge de sa colere il sera détruit. 

9. Celui qui est porté à la misé- 
ricorde sera béni : il a donné de 
son pain au pauvre. 

Il obtiendra la vietoire et l'hon- . 
neur, celui qui fait des présents ; 
mais il ravit l'àme de ceux qui 
les recoivent. 

10. Chasse le railleur, et s'en 
ira avec lui la querelle, et cesse- 
ront les plaintes et les outrages. 

41. Gelui qui aime la pureté du 
cœur, à cause de la grâce de ses 
lèvres, aura pour ami le roi. 

12. Les yeux du Seigneur gar- 
dent la science; mais les paroles 
de l’homme inique sont confon- 
dues. 

13. Le paresseux dit: Le lion 


Car. XXII. 1. Eccli., vir, 2. — 2. Infra, xxix, 43. — 9. Eccli., ,אאא‎ 28. 


98. L'homme obéissant; à Dieu, à la loi, à sa raison, etc. — Parlera victoire; c'est- 
à-dire victorieusement, sera victorieux dans ses paroles. 

34. Le cheval, etc. Les Hébreux et les Orientaux en général ne se servaient du 
cheval que pour la guerre. Le bœuf était destiné à labourer et à conduire les cha- 
riots ordinaires; l’âne et le chameau portaient les charges et les fardeaux; on sen 
servait méme pour la monture dans les voyages. — Victoire; littér. salut, délivrance; 
mot qui, en hébreu, se prend pour une vicloire remportée par un secours extraor- 
dinaire de Dieu. 

5. Ame; ce mot, comme on l'a souvent remarqué, se prend en hébreu, comme en 
arabe, pour la personne elle-même, pour l'individu. 

9. Il obtiendra... reçoivent. Ce passage, qui manque dans l'hébreu et méme dans 
quelques éditions latines, est dans les Septante. 


CH. xxim.] 


est dehors, au milieu des rues 
je dois étre tué. 

14. C'est une fosse profonde 
que 18 bouche de l'étrangere ; ce- 
lui contre qui le Seigneur est ir- 
rité y tombera. 

15. La folie est liée au cœur de 
l'enfant, et la verge de la disci- 
pline la fera fuir. 

16. Celui qui opprime le pauvre 
pour augmenter ses richesses 
donnera lui-même ἃ un plus 
riche et sera dans la détresse. 

11. Incline ton oreille, et écoute 
les paroles des sages; applique 
ton cœur à ma doctrine. 

18. Elle sera belle pour toi, 
lorsque tu la garderas au fond 
de ton cœur, et elle se répandra 
sur tes lèvres; 

19. Afin que ta confiance soit 
dans le Seigneur : c'est pour cela 
que je 16 l'ai montréeaujourd'hui. 

90. Voilà que je te l'ai décrite 
triplement, avec réflexion et 
science ; 

21. Afin de te montrer la certi- 
tude et les paroles de la vérité, 
pour répondre à ceux qui t'ont 
envoyé. 

22. Ne fais point violence au 
pauvre, parce qu'il est pauvre : et 
ne brise pas l'indigent à la porte; 


LES PROVERBES. 


1945 

23. Parce que le Seigneur ju- 
gera sa cause, et il percera ceux 
qui ont percé son áme. 

24. Ne sois pas ami d'un homme 
colère, et ne marche pas avec 
un homme furieux ; 

25. De peur que tu n'apprennes 
ses voles, et que tu n'en retires 
un scandale pour ton àme. 

26. Ne sois point avec ceux qui 
engagent leurs mains, et qui se 
rendent caution des dettes ; 

297. Car si tu n'as pas de quoi 
rendre, quel motif y a-t-il pour 
quil emporte la couverture de 
ton lit? 

98. Ne dépasse pas lesanciennes 
bornes qu'ont posées tes peres. 

29. As-tu vu un homme prompt 
dans son œuvre? il se tiendra de- 
vant les rois, et il ne sera pas de- 
vantles hommes obscurs. 


CHAPITRE. XXIII. 


Sobriété à la table des grands. Ne point 
rechercher les richesses. Ne point op- 
primer les pupilles. Demeurer ferme 
dans la crainte du Seigneur. Fuir les 
femmes de mauvaise vie et l'ivrognerie. 


1. Quand tu seras assis pour 
manger avec le prince, consi- 
dere attentivement ce qui est 
servi devant toi; 


14. Fosse profonde; abime. Le mot fosse se prend aussi dans l'Ecriture pour piéges, 


embüches. 


15. La folie; c'est-à-dire l'ignorauce, la faiblesse, le penchant au mal. 


16. Qui opprime. Voy. Prov., xiv, 81. 


11. * Ici commencent les paroles des sages, contenues dans xxu, 11-xxiv, 22. C'est 
une série de préceptes sur la justice et la prudence. 

20. Triplement ; ou trois fois; c'est-à-dire diverses fois, souvent. 

21. La certitude ct les paroles; hébraisme, pour La cerlitude des paroles. 

22. A la porte de la ville; c'est-à-dire en jugement. Chez les Hébreux, les tribunaux 


siégeaient aux portes de la ville. 


26. Engagent leurs mains. Voy. Prov., vi, 1. 
29. Il se tiendra, etc. Un homme diligent et actif s'insinuera à la cour des rois, et 
ne s'attachera pas à des gens vils et obscurs. 


1, 2. Il y a deux grands défauts à éviter à la table des grands : le premier, de trop 
parler; le second, de trop manger. Salomon engage son disciple à éviter l'un e& 


ACT 


85 


1946 

2. Mets un couteau à ta gorge, 
si cependant tu es maitre de ton 
âme. 

3. Ne désire pas des aliments 
de celui chez qui est un pain de 
mensonge. 

4. Ne travaille pas à t'enrichir ; 
mais à ta prudence mets des 
bornes. 

9. Ne lève pas tes yeux vers 
des richesses que tu ne peux 
avoir; parce qu'elles se feront des 
ailes comme celles d'un aigle, et 
s'envoleront au ciel. 

6. Ne mange pas avec un 
homme envieux, et ne désire pas 
de ses mets; : 

7. Parce que, semblable à un 
devin et & an augure, il juge de 
ce qu'il ignore. Mange et bois, te 
dira-t-il, et son cœur n'est pas 
avec toi. 

8. Les aliments que tu avais 
mangés, tu les rejetteras ; et tu 
perdras tes sages discours. 

9. Ne parle pas à l'oreille des 
insensés, parce qu'ils mépriseront 
la doctrine que tu leur auras en- 
seignée par tes paroles. 

10. Ne touche pas aux bornes 
des petits ; et n'entre pas dans le 
champ des orphelins; 


LES PROVERBES. 


[cH. xxtir.] 


11. Carleur proche est puissant ; 
et lui-même jugera contre toi 
leur cause. 

12. Que ton cœur s'avance vers 
la doctrine, et tes oreilles vers les 
paroles de la science. 

18. Ne soustrais pas à l'enfant 
la discipline; car si tu le frappes 
de la verge, il ne mourra pas. 

14. Tu le frapperas donc de la 
verge ; et de l'enfer tu délivreras 
son àme. 

15. Mon fils, si ton esprit est 
sage, mon Cœur se réjouira avec 
toi ; 

16. Et mes reins exulteront, 
lorsque tes lèvres parleront droi- 
ture. 

17. Que ton cœur ne porte pas 
envie aux pécheurs; mais dansla 
crainte du Seigneur sois tout le 
jour; 

18. Parce que tu auras l'espé- 
rance à ton dernier moment, 
et que ton attente ne sera pas 
frustrée. 

19. Ecoute, mon fils, et sois 
sage; et dirige ton esprit dans la 
bonne voie. 

20. Ne te trouve pas dans les 
festins des buveurs, ni dans les 
orgies de ceux qui apportent des 


ὕπαρ. XXIII. 13. Supra, xim, 24; Eccli., xxx, 1. — 47. Infra, xxiv, 1. 


l'autre, en lui disant de mettre un couteau à s& gorge, si toutefois il est assez 
maitre de lui-même, pour modérer son appétit et sa sensualité. Par la table du 
prince, saint Augustin entend le banquet eucharistique, et, selon saint Jéróme, l'ex- 
pression mets un couteau à ta gorge signifie, qu'en faisant la sainte communion, nous 
devons égorger en nous tout ce qui est contraire à la foi et à la charité, et détruire 
le vieil homme par le glaive de l'esprit, afin que le nouveau vive seul en nous. 

3. Un pain de mensonge; une nourriture trompeuse, qui flatte le goüt, mais qui est 
malsaine, ou qui ne soutient pas, qui n'est pas substantielle, Nous l'avons déjà re- 
marqué, lé mot hébreu, rendu dans la Vulgate par pain (panis), se prend souvent 
pour nourriture, aliment, en général, et quelquefois pour chair, viande, en particulier, 
ce que signifie aussi le terme arabe correspondant. 

11. Leur proche; c'est-à-dire, suivant le terme de l'original hébreu, celui qui a 
droit de rachat sur un champ aliéné de sa famille. 

19. Bonne; ce mot est renfermé dans le terme hébreu, rendu simplement par 
dirige (dirige) dans la Vulgate. 


fcu. xxiv.] 


viandes pour manger eusemble. 

21. Car ceux qui passent le 
temps à boire et qui payent 
leur écot, se ruineront, et l'as- 
soupissement sera vétu de hail- 
lons. 

.92, Ecoute ton pere qui t'a en- 
gendré; et ne méprise pas ta 
mere, lorsqu'elle aura vieilli. 

93. Achète la vérité, et ne vends 
pas la sagesse, la doctrine et 
l'intelligence. 

24. Le pere du juste exulte; 
celui qui a engendré le sage se 
réjouira en lui. 

25. Que ton père et ta mere se 
réjouissent; et qu'elle exulte, 
celle qui t'a enfanté. 

96. Donne-moi ton cœur, mon 
fils; et que tes yeux gardent mes 
voies. 

21.Car c'est une fosse profonde, 
qu'une prostituée; et un puits 
étroit, qu'une étrangère. 

28. Elle dresse des embüches 

sur la voie comme un voleur; et 
ceux qu'elle verra n'étre pas sur 
leurs gardes, elle les tuera. 
.. 99. Α qui malheur? au pere de 
qui malheur? à qui les querelles? 
à qui les fosses ? à qui les. bles- 
sures sans motifs ? à qui le trou- 
ble des yeux ? 

30. N'est-ce pas à ceux qui 
s'arrêtent à boire le vin, et qui 
prennent goüt à vider des coupes 
pleines? 

31. Ne regarde pas le vin, 

Car. XXIV. 1. Supra, xxur, 17. 


LES PROVERBES. 


1547 


quand il jaunit, lorsque sa cou- 
leur brille dans le verre : il entre 
doucement ; 

32. Mais à la fin, il mordra 
comme une couleuvre : etcomme 
le basilic, il répandra son venin. 

33. Tes yeux verront les étran- 
geres, et ton cœur dira des choses 
perverses. 

34. Et tu seras comme un 
homme dormant au milieu de 
la mer, et comme un pilote as- 
soupi, le gouvernail ayant été 
perdu; 

35. Et tu diras : Ils m'ont frappé, 
mais je n'en ai pas souffert; ils 
m ont trainé, et moi je ne l'ai pas 
senti : quand me réveillerai-je, 
et trouverai-je encore du vin? 


CHAPITRE XXIV. 


Ne pas envier la prospérité des méchants. 
N'estimer que la sagesse. Se soutenir 
dans l'afllietion. Ne pas se réjouir da 
la ruine de ses ennemis. Craindre Dieu 
et le roi. Eviter la paresse. 


1. Ne porte pas envie aux hom- 
mes méchants, et ne désire pas 
d'étre avec eux ; 

2. Parce que leur âme médite 
des rapines, et que leurs lèvres 


parlent fraudes. 


3. C'est par la sagesse que se 
bâtira une maison, et par la pru- 
dence qu'elle s'affermira. 

4. Par la science, les celliers se 
rempliront de toute sorte de biens 
précieux et trés beaux. 


21. L'assoupissement; c'est-à-dire le paresseux qui est toujours assoupi. 
21, 29. Fosse, fosses. Compar. Prov., xxi, 14. 
31-35. * La peinture de l'ivrognerie, contenue dans ces cinq versets, est d'une beauté 


remarquable. 


31. Quand il jaunit (flavescil); prend une couleur d'or; mais on assure assez géné- 
ralement qu'il n'y avait que du vin rouge dans la Palestine; il est certain que le 


texte hébreu porte quand il est rouge. 


1318 


9. L'homme sage est puissant, 
et l'homme instruit est robuste 
et vigoureux. 

6. Parce que c'est avec ré- 
flexion que s'entreprend une 
guerre ; et que le salut sera où 
il y a beaucoup de conseils. 

7. Bien élevée est pour l'in- 
sensé la sagesse à la porte de 
la ville, il n'ouvrira pas la bouche. 

8. Celui qui pense à faire le 
mal sera appelé insensé. 

9. La pensée de l’insensé est 
péché; et c'est l'abomination des 
hommes, que le médisant. 

10. Si, fatigué au jour de l'an- 
goisse, tu désespères, ta force 
sera diminuée. 

11. Arrache au péril ceux qui 
sont conduits à la mort, et, ceux 
que l'on traine à la destruction, 
ne cesse pas de les délivrer. 

19. Si tu dis : Les forces me 
manquent; celui qui observe le 
cœur le discerne lui-même, rien 
ne trompe le conservateur de ton 
âme; et il rendra à l'homme se- 
lon ses ceuvres. 

13. Mange, mon fils, 16 miel, 
parce qu'il est bon, et le rayon 
doux àton gosier. 

14. Telle est la doctrine de la 


LES PROVERBES. 


(CH. xxtv.] 
sagesse à lon àme : quand tu 
l’auras trouvée, tu auras à tes 
derniers moments l'espérance et 
ton espérance ne périra pas. 

15. Ne dresse pas d'embüches, 
et ne cherche pas l'impiété dans 
la maison du juste, et ne détruis 
pas son repos. 

16. Car le juste tombera sept 
fois el se relevera; mais les im- 
pies seront abattus dans le mal- 
heur. 

17. Lorsque ton ennemi sera 
tombé, ne te réjouis pas : et qu'à 
sa ruine ton cœur n'exulte pas; 

18. De peur que le Seigneur ne 
le voie, et que cela ne lui déplaise ; 
et qu'il ne retire de lui sa colere. 

19. Ne dispute pas avec les 
hommes tres méchants; et ne 
porte pas envie aux impies ; 

20. Parce qu'ils n'ont pas l'es- 
pérance des choses futures, les 
méchants, et que la lampe des 
impies s'éteindra. 

21. Crains, mon fils, le Sei- 
gneur et le roi, et ne te lie pas 
avec les médisants ; 

22. Parce que tout à coup s'é- 
lèvera leur perte, et la ruine de 
l'un et de l'autre, qui la connait? 

23. Voici aussi pour les sages : 


11. Ps. Lxxxr, 4. — 23. Lév., xix, 15; Deut., 1, 17; xvi, 19; Eccli., xui, 1. 


T. A la porte de la ville; au lieu des assemblées publiques; c'est-à-dire que l'in- 
sensé sera réduit au silence dans toutes les délibérations, et qu'il sera méme inca- 
pable de se défendre contre ses accusateurs, d'accuser ses ennemis, d'instruire ses 


juges de son bon droit, etc. 


8. Sera appelé insensé; c'est-à-dire sera insensé. Voy. Prov., xxr, 24. 

12. Le discerne lui-méme ; sait parfaitement discerner si cette excuse alléguée : Les 
forces me manquent, est réellement fondée ou non. 

16. Tombera ; non dans le péché, comme plusieurs l'entendent; mais dans le mal- 
heur, la disgráce, les épreuves, les afflictions. C'est le sens le plus conforme au cons 


texte. 


23-34. * Ces versets, qui terminent la seconde partie, semblent étre un supplément 


du premier recueil des Proverbes. 


23. Voici, ete.; ce que je vais dire ou ce qui suit est aussi pour les sages, — Faire 
acceplion, ete. Compar. Lévit., xix, 15; Deulér., 2, 17; xvi, 19; Ecclésiastique, xvi, 1, 


]08. xxv.] 


Faire acception de la personne 
dans le jugement n'est pas bon. 

94. Quant à ceux qui disent 
àlimpie: Tu es juste; les peuples 
les maudiront et les tribus les dé- 
testeront. 

25. Ceux qui le reprennent se- 
ront loués; et sur eux viendra la 
bénédiction. 

26. Il baisera les lèvres, celui 
qui répond des paroles droites. 

27. Prépare au dehors ton 
œuvre, et avec soin cultive ton 
champ; afin qu'ensuite tu bà- 
tisses ta maison. 

98. Ne sois pas témoin sans 
raison contre ton prochain; et ne 
séduis personne par tes lèvres. 

29. Ne dis pas : Comme il m'a 
fait, ainsi je lui ferai: je rendrai 
à chacun selon son œuvre. 

30. J'ai passé dans le champ du 
paresseux, et par la vigne de 
l'insensé : 

31. Et vcilà que tout était rem- 


LES PROVERBES. 


1349 


pli d'orties; et que les épines 
en avaient couvert la surface, el 
que la muraille de pierres était 
détruite. 

32. Ce qu'ayant vu, je l'ai mis 
dans mon cœur, et par cet exem- 
ple je me suis instruit. 

33. Tu dormiras un peu, dis-je, 
tu sommeilleras modérément, tu 
mettras faiblement les mains 
l'une dans l'autre, afin que tu 
reposes : 

94. Et viendra à toi, comme un 
coureur, la détresse; et la men- 
dicité, comme un homme armé. 


CHAPITRE XXV. 


Cœur des rois impénétrable. Ne point 
s'élever soi- méme. Parole dite à propos. 
Promesse sans effet. Tristesse du cœur. 
Faire du bien à ses ennemis. Mettre des 
bornes à sa curiosité. 


1. Voici encore des paraboles 
de Salomon, qu'ont recueillies les 
hommes d'Ezéchias, roi de Juda, 


29. Supra, xx, 22. 


26. Il baisera, etc. Répondre avec droiture à quelqu'un, c'est lui donner un baiser, 
c'est-à-dire lui prouver une grande et tendre amitié. 

33, 34. Tu dormiras un peu, etc. Au chap. vr, vers. 10, 11, l'auteur sacré met dans 
la bouche du paresseux des paroles semblables à celles qu'il lui adresse lui-méme. 
— Dis-je; ces mots ne se trouvent ni dans le texte hébreu, ni dans les Septante. 


1 et suiv. * Troisiéme partie des Proverbes, xxv-xxix. Le premier recueil des Pro- 
verbes est suivi d'un second dont le titre se lit au vers. 1. Cette inscription prouve 
que cette seconde collection a été faite vers 125 av. J.-C., pour servir de supplément 
à une autre déjà existante. Elle se compose, comme celle de x-xxu, de pensées em- 
brassant un certain nombre de sujets divers, la plupart moraux. Pourla caractériser, 
on lui a donné le nom de livre du peuple, tandis qu'on a appeléla précédente, x-xx1v, 
livre de la jeunesse. — Ce second recueil est généralement semblable à celui de 
x-xxi, à part quelques légéres différences : le parallélisme antithétique y est assez 
rare ; la forme allégorique revient assez souvent, xxv, 11, etc.; les deux membres de 
la comparaison sont parfois simplement juxtaposés, sans étre unis, xxv, 12, ou liés 
seulement par e£ ou ainsi, de méme, xxvi, 1, 2, 18-19 ; xxvri, 8, etc. Nous ne rencon- 
trons plus ici au méme degré la concision sentencieuse du premier recueil ; la cons- 
truction est plus lâche; il y a des séries de proverbes reliés entre eux, xxvr, 23-25; 
xxvi, 15-16 ; 23-21; plusieurs ont un mot dominant qui en est comme 18 clef et est 
répété plusieurs fois, xxv, 8-10; xxvi, 3-12; 13-16. Ces observations s'appliquent 
surtout aux chapitres xxv-xxvir, 5. 

1. Les hommes d'Ezéchias; ce sont sans doute les personnages du temps de ce roi, 
les plus distingués par leur sagesse et leur savoir, tels qu'Isaie, Eliacin, Joahé, Sobna. 


1900: 


2. La gloire de Dieu est de ca- 
cher la parole, la gloire des rois, 
de scruter le discours. 

3. Le ciel en haut et la terre en 
bas, et le cœur des rois est impé- 
nétrable. 

4. Ote la rouille de l'argent, et 
il en sortira un vase très pur. 

ὃ. Ote l'impiété de devant le 
roi, et par la justice s'affermira 
son trône. 

6. Ne parais pas chercher la 
gloire devant le roi, et ne te tiens 
pas parmi les grands. 

7. Car il vaut mieux qu'on te 
dise : Monte ici, que d'étre humi- 
lié devant le prince. 

8. Ce que tes yeux ont vu, ne 
le publie pas aussitót dans une 
querelle; de peur que dans la 
suite, tu ne puisses réparer ton 
tort, lorsque tu auras déshonoré 
ton ami. 

9. Traite ton affaire avec ton 
ami, et ne révèle pas un secret 
à un étranger; 

10. De peur qu'il ne t'insulte, 
lorsqu'il t'aura appris, et qu'il ne 
cesse de te le reprocher. 

La faveur et l'amitié délivrent; 


Cuar. XXV. 15. Supra, xv, 1. 


LES PROVERBES. 


(cu. Xxv.] 


conserve-les, afin que tu ne de- 
viennes pas répréhensible. 

41. Comme sont les pommes 
d'or, sur des lits d'argent, ainsi 
est celui qui dit une parole en 
son temps. 

19. C'est un pendant d'oreille 
d'or, et une perle brillante que 
celui qui reprend un sage et une 
oreille obéissante. 

13. Comme la fraicheur de la 
neige, au jour de la moisson, 
ainsi est un messager fidele pour 
celui quil'a envoyé ;il fait reposer 
son âme. 

14. Des nuages, du vent et 
point de pluie à la suite, £e/ est 
l'homme qui se vante et ne rem- 
plit pas ses promesses. 

15. Par la patience, un prince 
se laissera fléchir, et une langue 
douce brisera la dureté. 

16. Tuas trouvé du miel: mange 
ce qui te suffit de peur que, ras- 
sasié, tu ne le vomisses. 

11. Éloigne ton pied de la mai- 
son de ton prochain; de peur 
qu'un jour, rassasié de £oi, il ne 
te haïsse. 

18. Un trait, un glaive, une 


2. La parole; c'est-à-dire sa parole, qu'il est de sa gloire de nous cacher sous des 
voiles mystérieux, tandis qu'il est de la gloire des rois d'étudier cette méme parole 
divine (investigare sermonem), et de chercher à la bien connaitre, pour en faire la 


règle de leur conduite. 
10. La faveur... 


répréhensible. Ce passage, qui manque dans l'hébreu, se trouve 


dans les Septante, mais avec quelques différences. 

A1. Des pommes d'or, etc. Ces pommes, fixées sur les colonnes du lit, ou suspen- 
dues, ou attachées au lit méme, étaient un ornement aussi beau que précieux. 

12. C'est un pendant d'oreille, etc.; comparaison analogue à la précédente, et que 
l'on retrouve fréquemment dans les auteurs arabes. 

13. La fraicheur de la neige. À l'époque de la moisson, c'est-à-dire vers le mois de 
juin et de juillet, les chaleurs étant trés grandes dans la Judée, les Hébreux se ser- 
vaient de neige pour rafraichir les boissons. Le Liban leur en fournissait ?n abon- 
dance. Le méme usage existait chez les Grecs etles Latins. 

15. La dureté; hébraisme, pour ce qu’il y a de plus dur. 

11. Eloigne, etc.; ne fréquente pas trop la maison. — De lon prochain; suivant 


l'hébreu et les Septante, de lon ami. 


(cu. xxv., 
flèche acérée, {el est l'homme qui, 
contre son prochain, dit un faux 
témoignage. 

19. Une dent cariée, un pied 
lassé, ‘el est celui qui espère 
en un infidèle au jour de -מ8]‎ 
goisse, 

20. Et qui perd son manteau 
au jour du froid. 

1] met du vinaigre dans du 
nitre, celui qui chante des can- 
liques à un cœur très mauvais. 

Comme 18 teigne au vêtement 
et le ver au bois, ainsi la tris- 
tesse de l'homme nuit à son 
cœur. 

91. Si ton ennemi a faim, 
donne-lui à manger : s'il a soif, 
donne-lui de l'eau à boire; 

29. Car tu amasseras des char- 
bons ardents sur sa téte; et le 
Seigneur te /e rendra. 

93. Le vent d'aquilon dissipe 


LES PROVERBES. 


1351 


les pluies, et le visage triste, la 
langue médisante. 

24. Mieux vaut demeurer sur 
l'angle d'un toit qu'avec une 
femme querelleuse, et dans une 
maison commune. 

25. C'est de l'eau fraiche à 
une âme altérée, qu'une bonne 
nouvelle venant d'une terre éloi- 
gnée. 

26. Une fontaine troublée avec 
le pied, et une source corrompue, 
tel est le juste qui tombe devant 
l'impie. 

27. Comme manger beaucoup 
demieln'estpasunebonne chose; 
ainsi celui qui scrute la majesté 
sera accablé par la gloire. 

28. Comme est une ville ou- 
verte, et sans enceinte de mu- 
railles ; ainsi est l'homme qui ne 
peut, en parlant, retenir son 
esprit. 


21. Rom., xir, 20. — 24. Supra, xxr, 9. — 27. Eccli., ,זז‎ 22. 


20. Il met du vinaigre dans, etc.; littér. : Du vinaigre dans, etc. — A un cœur trés 
mauvais (cordi pessimo); le terme hébreu signifie aussi malade affligé; et c'est dans 
ce sens que les Septante l'ont rendu. Quantàl'ensemble du verset, les uns l'expliquent 
aiusi : De méme que le vinaigre mélé avec le nitre dissout le sel et augmente sa force 
détersive, en ótant davantage les taches du visage, etc., de même aussi le chant des 
cantiques dissipe le chagrin et la mélancolie d'un cœur triste; les autres, au con- 
traire, l'interprétent de cette manière : De méme que le vinaigre, quand on le mêle 
avec le nitre, altere sa vertu d'enlever les taches, de même aussi le chant des can- 
tiques, loin de calmer les douleurs d'un cœur affligé, ne fait que l'aigrir et l'aug- 
menter. Les comparaisons précédentes, dont celle-ci parait étre une suite, donnent 
beaucoup de poids à cette dernière interprétation. — Comme la leigne... cœur. Ce 
passage est dans les Septante, mais non point dans l'hébreu. — * Dans le nitre. Le 
nitre servait de savon aux anciens. « On lave les vétements, dit Aristote, avec de 
l'eau et du nitre. Mais si l'on verse du vinaigre sur le nitre, il se fond et est perdu. » 
1] exhale de plus une mauvaise odeur. 

22. Car tu amasseras, etc. Voy., sur le sens de ce verset, cité par saint Paul, Rom., 
xir, 20. 

24. Mieux vaut, etc. Voy. Prov., xxi, 9. 

26. Une source; littér. veine (vena). Compar. Prov., v, 18. 

21. Comme manger, etc. Le miel est agréable au goût, mais celui qui en mange 
trop s'en trouve mal. Pareillement, il est trés agréable de se livrer à l'étude des 
choses divines, mais 1] n'est pas permis à notre intelligence bornée de vouloir, par 
curiosité et par présomption, scruter la majesté du Trés-Haut. Si nous avons la 
témérité de le faire, nous serons éblouis par l'éclat méme de cette majesté, accablés 
du poids de sa gloire, et nous nous perdrons dans la profondeur de ses secrets. 


1352 LES PROVERBES. 


CHAPITRE XXVI. 


De l'insensé. De celui qui se croit sage. 
Du paresseux. Du faux ami. De la mau- 
vaise langue. De celui qui cache sa 
haine. 


1. De méme que la neige vient 
mal en été, et les pluies pen- 
dant la moisson, de méme la 
gloire ne convient pas à un in- 
sensé. 

2. Comme l'oiseau qui passe 
en volant dans différents lieux, et 
le passereau qui va oü il lui plait ; 
ainsi une malédiction prononcée 
sans sujet par quelqu'un revien- 
dra sur lui. 

3. Le fouet est pour le che- 
val, le mors pour làne, et la 
verge pour le dos des impru- 
dents. 

4. Ne réponds pas à un fou 
selon sa folie, de peur que tu ne 
lui deviennes semblable. 

5. Réponds à un fou selon sa 
folie, de peur qu'il ne lui semble 
qu'il est sage. 

6. Celui-là est boiteux et boit 
l'iniquité, qui envoie ses paroles 
par un messager insensé. 

7. De méme qu'en vain un 
boiteux a de belles jambes ; de 


[cn. xxvi.] 


méme une parabole sied mal dans 
la bouche des insensés. 

8. Comme celui qui jette une 
pierre dans le monceau de Mer- 
cure; ainsi est celui qui rend 
honneur à un insensé. 

9. De méme que serait une 
épine qui naitrait dans la main 
d'un homme ivre; de méme est 
une parabole dans la bouche des 
insensés. 

10. Le jugement termine les 
causes; et celui qui impose si- 
lence à linsensé apaise les co- 
lères. 

11. Comme le chien qui re- 
tourne à son vomissement, ainsi 
est limprudent qui réitère sa 
folie. 

12. As-tu vu un homme qui se 
croit sage? Il y a plus à espérer 
d'un insensé que de lui. 

13. Le paresseux dit : Un lion 
est dans la voie, et une lionne 
dans les chemins; 

14. Comme une porte tourne 
sur son gond, ainsi fait le pares- 
seux dans son lit. 

15. Le paresseux cache sa main 
sous son aisselle, et il est fatigué, 
s'il la porte à sa bouche. 

16. Le paresseux se croit plus 


Cuap. XXVI. 11. 1] Pierre, 11, 22. — 15. Supra, xix, 24. 


1..* Saint Jérôme remarque dans son commentaire sur Amos, tv, 7, qu'il ne tombe 
jamais de neige en Palestine, en été, et qu'il n'a jamais vu de pluie à la fin de juin 
ni en juillet. Dans les années ordinaires, depuis la cessation des pluies du printemps 
jusqu'en octobre ou en novembre, le ciel de la Terre Sainte est toujours serein. 

1, 9. Une parabole; une sentence grave, une maxime de sagesse. 

8. Comme celui, etc.; c'est-à-dire rendre honneur à un insensé est une chose aussi 
inutile et aussi peu raisonnable que de jeter une pierre, comme faisaient les paiens, 
par superstition, dans le monceau qui était au pied de la statue de Mercure. — * Dans 
ce verset, saint Jérôme emploie une expression figurée, usitée chez les Latins. Le 
texte hébreu porte : « C'est lier une pierre à la fronde que rendre hommage à un 
insensé, » parce que la pierre liée à la fronde ne peut être lancée ni atteindre le but, 

9. De méme, etc. L'homme ivre qui a une épine dans la main ne la sent pas, son 
ivresse lui ayant fait perdre tout sentiment. De méme l'insensé qui prononce des 
maximes de sagesse n'en comprend ni le sens ni la valeur. 

16. Sept se met pour plusieurs, un certain nombre, beaucoup. — Qui prononcent des 


[cu. xxvir.] 
sage que sept hommes qui pro- 
noncent des sentences. 

17. Comme celui qui saisit un 
chien par les oreilles, ainsi est 
celui qui, passant, s'irrite et se 
méle à la rixe d'un autre. 

18. Comme est coupable celui 
qui lance des flèches et des dards 
pour donner a mort; 

19. Ainsi l’est un homme qui 
frauduleusement nuit à son ami; 
‘et qui, lorsqu'il est surpris, dit : 
C'est en jouant que je l'ai fait. 
|. 90. Lorsque le bois manquera, 
le feu s'éteindra; de méme, les 
délateurssupprimés, les querelles 
s'apaiseront. 

91. Comme les charbons don- 
nent de la braise et le bois du 
feu, ainsi l'homme colere suscite 
des rixes. 

99. Les paroles d'un délateur 
paraissent simples; mais elles 
parviennent jusqu'au fond des 
entrailles. 

23. De méme que seraitun vase 
de terre, si tu voulais l'orner d'un 
argent impur, de méme sont des 
lèvres enflées, jointes à un cœur 
corrompu. 

24. A ses propres lèvres on 
connait un ennemi, lorsque dans 
son cœur il s'occupe de trom- 
peries. 

95. Quand il abaisse sa voix, 


LES PROVERBES. 


1353 


ne le crois pas, parce que sept 
malices sont dans son cœur. 

26. Quant à celui qui couvre sa 
haine frauduleusement, sa malice 
sera révélée dans une assemblée 
publique. 

27. Celui qui creuse une fosse 
tombera dedans; et celui qui 
roule une pierre la verra retour- 
ner sur lui. 

28. Une langue trompeuse 
n'aime pasla vérité; etune bouche 
flatteuse opere des ruines. 


CHAPITRE XXVII 


Ne point compter sur l'avenir. Des bons 
conseils. Travailler à acquérir la sa- 
gesse. Du serviteur fidéle. Les louanges 
sont l'épreuve du cœur. Devoir des pas- 
teurs. 


1. Ne te glorifie pas pour le 
lendemain, ignorant ce que pro- 
duira le jour qui doit venir. 

9. Qu'un autre te loue, et non 
ta bouche : un étranger, et non 
tes lèvres. 

3. Lourde est la pierre, et pe- 
sant le sable; mais la colere de 
linsensé est plus pesante que 
l'une et l'autre. 

4. La colere n'a point de misé- 
ricorde, ni la fureur qui éclate ; et 
le choc impétueux d'un emporté, 
qui pourra le soutenir. 

ὃ. Mieux vaut une correction 


21. Supra, xv, 18. — Cap. XXVII. 3. Eccli., xxu, 18. 


sentences; c'est-à-dire des sages. Anciennement, le langage ordinaire des sages était 
les paraboles, les proverbes, les discours sentencieux. 

11. Comme celui, etc. Prendre un chien par les oreilles, c'est s'exposer à être 
mordu; s'immiscer imprudemment dans une querelle qui ne regarde pas, c'est ris- 


quer d’être maltraité. 


92. Les paroles, etc. Voy. la méme sentence, Prov., xvni, 8. 
93. Un argent impur ne va pas moins bien avec un vase de terre, que des lèvres en- 
nées, c'est-à-dire superbes, orgueilleuses, avec un très mauvais cœur. 


25. Sept. Voy. le vers. 16. 


5. Mieux vaut, elc. Une correction que l'on reçoit est utile; on peut en tirer 


1854 


manifeste qu'un amour caché. 

6. Les blessures que fait celui 
qui aime valent mieux que les 
baisers trompeurs de celui qui 
hait. 

7. Une âme rassasiée foulera 
aux pieds un rayon de miel: et 
une àme quiafaim trouvera doux 
méme ce qui est amer. 

8. Comme l'oiseau qui émigre 
de son nid, ainsi est 'homme qui 
abandonne son propre lieu. 

9. Dans le parfum et les odeurs 
variées, le cœur trouve du plaisir; 
et dans les bons conseils d'un 
ami, l'àme trouve des douceurs. 

10. Ton ami et l'ami de ton 
père, ne les abandonne pas; et 
dans la maison de ton frere n'en- 
tre pas au jour de ton affliction. 

Vaut mieux un voisin qui est 
pres, qu'un frère qui est loin. 

11. Applique-toi à la sagesse, 
mon fils, et réjouis mon cœur, 


LÉS PROVERBES. 


(cn. xxvir.] 


afin de pouvoir répondre à celui 
qui te fera des reproches. 

19. L'homme habile, voyant ie 
mal, s'est caché ; les simples en 
passant ont souffert des dom- 
mages. 

13. Ote le vétement de celui 
qui a répondu pour un étranger; 
et parce qu'il a répondu pour des 
étrangers, prends-lui un gage. 

14. Celui qui bénit son prochain 
d'une voix élevée, se levant dés 
la nuit pour cela, sera semblable 
àcelui qui le maudit. 

15. Des toits dégouttant en un 
jour de froid et une femme que- 
relleuse sont semblables ; 

16. Celui qui veut la retenir est 
comme celui qui veut arréter le 
vent, et appelerl'huile qus'écou/ec 
de sa droite. 

17. Le fer est aiguisé par le 
fer; et l'homme aiguise la face de 
son ami. 


7. Job, vi, 7. — 13. Supra, xx, 16. — 15. Supra, xix, 13. 


quelque avantage, tandis qu'une amitié cachée et secrète nc sert de rien à celui qui 
en est l'objet. 

8. En quittant son lieu, c'est-à-dire sa patrie, sa demeure. un homme est comme 
un oiseau qui abandonne son nid, exposé à mille dangers ct à mille traverses. Les 
anciens Hébreux étaient trés attachés à leur patrie, et n'aimaient pas à voyager; ils 
y étaient retenus, d'abord par le motif de leur religion, dont l'exercice parfait était 
concentré dans la Palestine; en second lieu, par le danger de l'idolàtrie, qui était 
répandue dans l'univers entier; et enfin par la nature méme de leur sol, qui était un 
des meilleurs du monde. 

10. Dans la maison, etc. Tu trouveras plus de consolation auprès d'un ami sincère 
qu'auprés de ton propre frère. Compar. Prov., xvur, 24. — Vaut mieux... moins. Ce 
passage, qui manque dans l'hébreu, se trouve dans les Septante. 

49. L'homme habile, etc. Voy. Prov., xxu, 3. 

13. Prends lui (aufer ei). Au lieu de ei, 18 Vulgate porte ab eo, un peu plus haut 
(xx, 16), où se litla méme sentence. 

14. Celui qui, etc. C'est la peinture fidéle d'un faux ami, qui comble à contre-temps 
de louanges outrées et excessives. 

45. Des toits, etc. Voy. l'explication de ce verset, xix, 13. 

16. Qui veut la retenir; littér. qui la retient (qui velinet eam). Le verbe retinet et les 
suivants, {eneat, vocabit, sont ce qu'on appelle en termes de grammaire hébraïque 
des verbes de désir et d'effort; c'est-à-dire des verbes qui, au lieu d'exprimer une 
action, n'expriment que le simple désir de la faire, ou que les efforts que l'on fait 
pour la réaliser. On trouve de ces verbes, non seulement dans l'Ancien Testament, 
mais encore dans le Nouveau. 

17. Face. Ce mot signifiant en hébreu colère ct personne, les uns traduisent : 


(cu. xx vu] 


18. Celui qui conserve unfiguier 
en mangera les fruits; et celui 
qui est gardien de son maitre sera 
élevé en gloire. 

19. De méme que dans les eaux 
reluisent les visages de ceux qui 
s'yregardent; de méme, les cœurs 
des hommes sont manifestes aux 
prudents. 

20. L'enfer et la perdition ne 
sont jamais rassasiés : semblable- 
ment aussiles yeux de l'homme 
sont insatiables. 

91. De méme que l'argent est 
éprouvé dans un creuset, et l'or 
dans une fournaise ; de méme est 
éprouvé l'homme par la bouche 
de celui qui le loue. 

Le cœur de l’Aomme inique re- 
cherche les choses mauvaises ; 
mais 16 cœur droit recherche la 
science. 

22. Si tu broies linsensé dans 
un mortier comme des orges, en 
frappant dessus avec un pilon, sa 
folie ne lui sera pas enlevée. 

93. Connais soigneusement ton 
bétail, etconsidere testroupeaux ; 


LES PROVERBES. 


1355 


24. Car tu n'auras pas toujours 
la puissance ; mais une couronne 
te sera donnée pour toutes les 
générations. 

95. Les prés sont ouverts, et 
les herbes vertes ont paru, et 
les foins des montagnes ont été 
recueillis. 

26. Les agneaux sont pour ton 
vétement, et les chevreaux pour 
le prix du champ. 

27. Que le lait des chevres te 
suffise pour ta nourriture et pour 
le nécessaire de ta maison; qu’il 
suffise aussi pour leur vivre, à 
tes servantes. 


CHAPITRE XXVIIT. 


Timidité de l'impie. Confiance du juste. 
Simplicité du pauvre. De la crainte du 
Seigneur. De l'oisiveté. De celui qui 
juge injustement. De celui qui s'enfle 
d'orgueil. Du règne des impies. 


1. L'impie fuit, personne ne le 
poursuivant; maislejuste comme 
un lion plein de confiance, sera 
sans crainte. 

2. A cause des péchés d'un 


20. Eccli., xiv, 9. — 21. Supra, xvir, 3. — 26. 1 Tim., vi, 8. 


L'homme excile la colère de son ami; et les autres : L'homme instruit la personne de 
son ami; cette seconde traduction, nous semble plus simple et plus naturelle. Quant 
au mot hébreu réAé, rendu dans la Vulgate par ami, il se prend souvent pour com- 
pagnon, semblable. 

20. L'enfer et la perdition. Voy., pour ces deux mots, xv, 11. 

24. Les louanges sont la pierre de touche des sentiments. Si l'homme qui les reçoit 
en concoit de la vanité, de l'orgueil, de la présomption, elles prouvent que c'est un 
insensé; si, au contraire, il les souffre avec peine ct n'en devient pas plus fier, elles 
montrent sa sagesse. — Le cœur... science. Ce passage se lit dans les Septante, mais 
non dans l'hébreu. 

33. Connais, etc. Une des qualités du bon pasteur, c'est de bien connaître ses bre- 
bis. Compar. Jean, x, 1%. — Bétail; dans la Vulgate, pecus, mot dont le correspon- 
dant hébreu 7808 signifie le plus ordinairement le menu bétail, c'est-à-dire les brebis 
et les chèvres. 

A tes servantes (ancillis fuis), est au datif comme second complément du verbe‏ .דל 
euffise (sufficiat) exprimé au commencement du verset. — * Le lait de chévre est à‏ 
peu prés le seul et en tout cas le meilleur qu'on ait en Palestine en été.‏ 


2. À cause, etc. Les prétendants à la souveraine autorité étant nombreux dans un 
pays, chacun d'eux, pour y arriver, n'épargne ordinairement ni les concussions, ni 


1556 


pays, ses princes sont en grand 
nombre; mais à cause de la sa- 
gesse dun homme et de sa 
connaissance des choses qui se 
disent, la vie du chef sera plus 
longue. 

3. Un homme pauvre qui op- 
prime les pauvres est semblable 
à une pluie violente qui prépare 
la famine. 

4. Ceux qui abandonnent la loi 
louent l'impie; ceux qui la gar- 
dent s'enflamment contre lui. 

8. Les hommes méchants ne 
pensent pas à ce qui est juste; 
mais ceux qui recherchent le Sei- 
gneur remarquent tout. 

6. Vaut mieux un pauvre qui 
marche dans sa simplicité qu'un 
riche qui va dans des chemins 
lortus. 

1. Celui qui garde la loi est un 
fils sage; mais celui qui nourrit 
des hommes de bonne chere 
couvre son pere de confusion. 

8. Celui qui accumule des ri- 
chesses par des usures et des in- 
téréts les amasse pour un homme 
libéral envers les pauvres. 

9. Celui qui détournesesoreilles 
pour ne pas écouter la loi, sa 
priere sera exécrable. 

10. Celui qui trompe les justes 


(βαρ. XXVIII. 6. Supra, xix, 1. 


LES PROVERBES. 


[cu. xxvur.] 


dans une voie mauvaise succom- 
bera à sa propre destruction; 
et les simples posséderont ses 
biens. 

11. Le riche se croit sage; 
mais le pauvre prudent le péné- 
trera. 

12. Dans l'exultation des justes 
est une grande gloire ; mais, les 
impies régnant, c'est la ruine des 
hommes. 

13. Celui qui cache ses crimes 
ne sera pas dirigé; mais celui 
qui les confesse et les abandonne 
obtiendra miséricorde. 

14. Bienheureux l'homme qui 
est toujours craintif; mais celui 
qui est d'un cœur dur tombera 
dans le mal. 

15. Un lion rugissant, un ours 
affamé, 707 estun princeimpie sur 
un peuple pauvre. 

16. Un chef manquant de pru- 
dence opprimera un grand nom- 
bre de personnes par violence; 
mais celui qui hait l'avarice pro- 
longera ses jours. 

17. L'homme qui fait violence 
au sang d'une àme, s'il s'enfuit 
dans une fosse, personne ne le 
retient. 

18. Celui qui marche simple- 
ment sera sauvé; celui qui s'a- 


—— M —————————————— ——— 


les violences, ni méme les meurtres. De plus, ils se succédent rapidement les uns | 


aux autres, ce qui est une source perpétuelle de troubles et de maux pour le pays, 


qui subit ainsi la peine de ses péchés. Il en est autrement quand il n'y a qu'un seul 


chef, homme sage, parfaitement éclairé : Dieu prolonge ses jours. 

3. Qui opprime; littér. calomniant. Voy. xiv, 1 

10. Dans une voie mauvaise; c'est-à-dire en les poussant dans, etc. 

16. Par violence. Voy.le verset suivant. 

11. Qui fait violence ; littér. qui calomnie. Voy. xiv, 31. — Sang; mot qui se prend 
souvent dans l'Ecriture pour le principe vital, la vie. — Ame; c'est-à-dire personne, 
individu. D'où il suit que le sens de cette première partie du verset est : celui qui 
porte injustement et violemment atteinte à la vie de quelqu'un. 

18. Tout d'un coup; c'est le vrai sens du semel de la Vulgate et du beéhdth (littér. 
en une) du texte hébreu. 


(cu. xxix.) 


vance dans des voies perverses 
tombera tout d'un coup. 

19. Celui qui travaille sa terre 
sera rassasié de pain : mais 
celui qui aspire à l'oisiveté se 
trouvera dans une détresse com- 
plète. 

20. Un homme fidèle sera beau- 
coup loué; mais celui qui se 
hâte de s'enrichir ne sera pas 
innocent. 

91. Gelui qui dans le jugement 
a égard à la personne ne fait pas 
bien : celui-là; méme pour une 
bouchée de pain, abandonne la 
vérité. 

22. Un homme qui se hâte de 
s'enrichir, et qui porte envie aux 
autres, ignore que la détresse lui 
surviendra. 

93. Celui qui reprend un hom- 
me trouvera grâce ensuite au- 
pres de lui, plus que celui qui 
le trompe par une langue flat- 
teuse. 

24. Celui qui soustrait quelque 
chose à son père et à sa mère, et 
qui dit que ce n’est pas un péché, 
est participant au crime d'un ho- 
micide. 

25. Celui qui se vante et s'enfle 
d'orgueil excite des querelles : 
mais celui qui espere dans le Sei- 
gneur sera guéri. 

96. Celui qui se confie en son 
cœur est un insensé ; mais celui 
qui marche sagement, celui-là 
sera sauvé. 

27. Celui qui donne au pauvre 
ne manquera pas ; celui qui mé- 


LES PROVERBES. 


1357 


prise un suppliant souffrira la pé- 
nurie. 

28. Lorsque surgiront les im- 
pies, les hommes se cacheront, 
et, lorsqu'ils périront, les justes 
se multiplieront. 


CHAPITRE XXIX. 


De celui qui méprise les réprimandes. 
De la ruine des méchants. De la cor- 
rection des enfants. Des instructions 
des prophétes. De l'homme superbe. 
De la crainte des hommes. 


1. A l'homme qui avec un cou 
roide méprisecelui quilereprend, 
surviendra une mort soudaine; 
et la guérison ne le suivra pas. 

9. Alamultiplication des justes 
tout le monde se réjouira ; lors- 
que les impies prendront le gou- 
vernement, le peuple gémira. 

3. L'homme qui aime la sagesse 
réjouit son père; mais celui qui 
nourrit des proslituées perdra 
son bien. 

4. Un roi juste élève un pays; 
un homme avare le détruira. 

9. L'homme qui parle à son ami 
en des termes flatteurs et dégui- 
sés tend un filet à ses pieds. 

6. L'homme inique qui peche, 
un lacs l'enveloppera ; etle juste 
louera le Seigneur et se réjouira. 

1. Le juste connait la cause äes 
pauvres ;l'impieignorelasciernce. 

8. Les hommes pernicieux dé- 
truisent une cité ; mais les sages 
détournent la fureur. 

9. Un homme sage, s'il dispute 
avec un insensé, soit qu'il s'irrite, 


19. Supra, xi, 11; Eccli., xx, 80, — 20. Supra, xii, 11; xx, 21. — Cnr. XXIX. 3. Luc, 


xv, 13. 


25. Guéri; hébr., engraissé; c'est-à-dire comblé de biens. 


1. Cou roide; inflexible, qui ne peut supporter le joug, indomptable. Ainsi, mépriser 
avec un cou roide, veut dire mépriser en se révollant. 


1958 


soit qu'il rie, ne trouvera pas de 
repos. 

10. Les hommes de sang hais- 
sent le simple; mais les justes 
cherchent son âme. 

11. L'insensé met fout de suite 
en avant son esprit; mais le sage 
diffère et réserve pour l'avenir. 

12. Le prince qui écoute volon- 
tiers des paroles de mensonge a 
tous ses ministres impies. 

13. Le pauvre et le créancier se 
sont rencontrés ; celui qui éclaire 
l'un et l'autre, c'est le Seigneur. 

14. Le roi qui juge selon la vé- 
rité les pauvres, son tróne sera à 
jamais affermi. 

15. La verge et la correction 
donnent la sagesse ; maisl' enfant, 
abandonné à sa volonté, couvre 
de confusion sa mere. 

16. Par la multiplication des 
implies se multiplieront les éri- 
mes; et les justes verront leur 
ruine. 

17. Forme ton fils, et il te con- 
solera, etilfera les délices de ton 
âme. 

18. Lorsque la prophétie ces- 
sera, le peuple sera dissipé ; mais 
celui qui garde la loi est bienheu- 
reux. 

19. L'esclave, par des paroles, 
ne peut être formé; parce qu'il 

13. Supra, xxi, 2. — 23. Job, xxr, 29. 


LES PROVERBES. 


fca. xxix.] 
comprend ce que tu dis. et il dé- 
daigne de répondre. 

20. As-tu vu un homme prompt 
à parler? Il faut en attendre de 
la folie plutót que son amende- 
ment. 

21. Celui qui, des l'enfance, 
nourrit délicatement son esclave 
le trouvera dans la suite rebelle. 

22. L'homme colère provoque 
des rixes ; et celui qui est facile à 
s'indigner sera plus enclin à pé- 
cher. 

23. L'humiliation suit le. su- 
perbe; et la gloire accueillera 
l'humble d'esprit. 

24. Celui qui avec un voleur 
s'associe hait sa propre âme; il 
entend celui qui l'adjure, et il ne 
décèle pas le voleur. 

25. Celui qui craint l'homme 
tombera promptement; celui qui 
espère dans le Seigneur sera 
élevé. 

26. Beaucoup recherchent la 
face du prince ; mais c'est du Sei- 
gneur que procède le jugement 
de chacun. 

27. Les justes  abominent 
l'homme impie ; etles impies abo- 
minent ceux qui sont dans la 
droite voie. 

Le fils qui garde /z parole sera 
hors de perdition. 


10. Hommes de sang; littér. de sangs (sanguinum). Voy. Ps. v, 6. — Cherchant son 
âme. L'expression chercher l'àme de quelqu'un signifie, le plus ordinairement, en vou- 
loir à la vie de quelqu'un, chercher à tuer quelqu'un; mais ici, comme dans le Ps. זצס‎ 
4, elle veut dire, au contraire, chercher à conserver (a. vie. 

23. L'humiliation, etc.; sentence souvent répétée, tant dans l'Ancien que dans le 


Nouveau Testament. 


24. Hait son âme; c'est-à-dire sa vie, puisqu'il s'expose à la perdre. Suivant la loi 
mosaique, le complice d'un voleur était conduit devant le juge, qui l'adjurait par le 
Dieu vivant de déclarer l'auteur du vol; s'il ne le faisait pas, il méritait, par cela 
méme, la peine de mort. Compar. Lévit., v, A. 

27. Le fils... perdition. Ce passage, qui manque ici dans le grec et dans l'hébreu, 
se trouve apres le verset 22 du chapitre xxiv, où il est conçu en ces termes : Fils 


[CH. xxx.] 


CHAPITRE XXX. 


La sagesse est un don de Dieu. Danger 
des richesses et de la pauvreté. Races 
exécrables. Filles de la sangsue. Choses 
insatiables. Choses inconnues. Choses 
insupportables. Choses très sages. 
Choses qui marchent bien. 


4.Paroles de celui quiassemble, 
du fils de celui qui répand /es vé- 
rités. 

Vision qu'a racontée l'homme 
avec qui est Dieu, et qui, fortifié 
par Dieu demeurantaveclui, a dit: 

2. Je suis le plus insensé des 
hommes, et la sagesse des hom- 
mes n’est pas avec moi. 

3. Je n'ai pas appris la sagesse ; 
et je ne connais pas la science 
des saints. 

4. Qui est monté au ciel et en 
est descendu? qui a retenu le 
vent dans ses mains ? qui a lié les 


LES PROVERBES. 


1359 


eaux comme dans un vêtement? 
qui ἃ établi toutes les bornes de 
la terre? quel est son nom et quel 
est le nom de son fils, si tu le sais? 

ὃ. Toute parole de Dieu est de 
feu; il est un bouclier pour tous 
ceux qui espèrent en lui; 

6. N'ajoute rien à ses paroles, 
pour que tu ne sois pas repris et 
trouvé menteur. 

7. Je vous ai demandé deux 
choses, ne me les refusez pas 
avant que je meure. 

8. Éloignez de moi la vanité 
et les paroles mensongères. 

Ne me donnez ni la mendicité 
ni les richesses; accordez-moi 
seulement les choses nécessaires 
à ma vie ; 

9. De peur que, rassasié, je ne 
sois tenté de vous renier, et que 
je ne dise : Qui est le Seigneur ? 
ou que, poussé par la détressse, 


5. XXX. 5. Ps. xr, 7. — 6. Deut., 1v, 2; xir, 32. 


conservant parole ou discours (logon), hors de perdition sera. Or, par le mot parole, les 
uns entendent les promesses du fils, et les autres, la loi, les ordonnances du Seigneur. 


1-33. * Le livre des Proverbes se termine par trois appendices (xxx-xxxi), contenant 
les proverbes d'Agur, de Lamuel et l'éloge de la femme forte. Les paroles d'Agur 
sont une collection de sentences, en partie exprimées simplement, en partie envelop- 
pées sous une forme énigmatique. D'après saint Jérôme et la plupart des commen- 
tateurs juifs et catholiques, Agur est un nom symbolique, signitiant collectionneur et 
pris par Salomon comme celui de QoAéleth ou Ecclésiaste, Eccl., 1, 1. D'après un 
grand nombre de critiques modernes, Agur était un sage hébreu, de Massa, qui 
avait pour éléves Ithiel et Ukal, à qui il s'adresse, xxx, 1-6. Le texte du vers. 1 du 
chapitre xxx est traduit par la Vulgate, en rendant les noms propres par des noms 
communs. L'hébreu porte : > Paroles d'Agur (celui qui assemble), fils de Yaqé (de 
celui qui répand /es vérités); poème que cet homme (Agur) adressa à Ithiel et à Ukal. » 
Ce passage est, du reste, obscur et diversement interprété. Plusieurs prennent pour 
un nom de lieu le mot massáh, que saint Jérôme traduit par vision. Dans le reste du 
chapitre, 7-33, Agur parle à tout le monde en général. 

1. De Celui qui assemble (Congregantis), du fils de Celui qui répand les vérités (Vo- 
mentis). La plupart des Péres et des commentateurs catholiques pensent que les mots 
hébreux Agour et 1056 ou Yágé, parfaitement rendus dans la Vulgate par Congregans 
et Vomens, conviennent trés bien : le premier, à Salomon, qui dans le titre de l'Ecelé- 
siaste s'appelle lui-même QóAeleth ou Ecclésiaste, c'est-à-dire le maitre de l'assemblée 
ou celui qui y préside et qui harangue; et le second, à David, qui a été rempli de 
l'Esprit de Dieu et ἃ répandu de sa bouche un grand nombre de vérités dans ses 
saints cantiques. 

2. Je suis, etc.; par moi-même, abandonné à mes seules lumières, indépendam- 
nent de Dieu. 


1900 
je ne dérobe et ne parjure le nom 
de mon Dieu. 

10. N'accusepas l’esclaveauprès 
de son maître, de peur qu'il ne te 
maudisse, et que tu ne suc- 
combes. 

11. ll est une race qui maudit 
son pere, et qui ne bénit pas sa 
mère. 

12. Ill est une race qui se croit 
pure, et qui cependant n'a pas été 
lavée de ses souillures. 

13. 11 est une race dontles yeux 
sont altiers, et les paupieres re- 
levées. 

14. Il est une race qui au lieu 
de dents a des glaives, et qui mâ- 
che avec ses molaires, afin de 
dévorer ceux qui sont sans res- 
sources sur la terre, et les pau- 
vres d'entre les hommes. 

15. Alasangsue sont deux filles 
qui disent : Apporte, apporte. 

Il y a trois choses insatiables, 
et une quatrieme qui jamais ne 
dit : C'est assez. 

16. L'enfer, limpudique, la 
terre qui ne se rassasie pas d'eau, 
et le feu qui jamais ne dit : C'est 
assez. 

17. 1/0911 qui insulte son père, 
et qui méprise l'enfantement de 
sa mère, que les corbeaux des 


LES PROVERBES. 


(cu. xxx.] 
torrents le percent, et que les fils 
del'aiglele dévorent. 

18. Trois choses sont difficiles 
pour moi, et la quatrième, je l'i- 
gnore entierement : 

19. La voie de l’aigle dans le 
ciel, la voie du serpent sur un ro- 
cher, la voie du vaisseau au mi- 
lieu de la mer, et la voie de 
l'homme dans son adolescence. 

90. Et telle est aussi la voie de 
la femme adultère, qui mange, 
essuie sa bouche, et dit : Je n'ai 
pas fait le mal. 

21. Par trois choses est troublée 
la terre, et la quatrième elle ne 
peut la supporter : 

29. Par un esclave, lorsqu'il 
regne; par un insensé, lorsqu'il 
est rassasié de nourriture ; 

23. Par une femme odieuse, 
lorsqu'elle a été prise en mariage ; 
et par une servante, lorsqu'elle 
est devenue héritiere de sa mai- 
tresse. 

94. Quatre choses sont les plus 
petites de la terre, et ces mêmes 
choses sont plus sages que les 
sages : 

25. Les fourmis, peuple faible 
qui prépare, dans la moisson, sa 
nourriture ; 

26. Lelevraut, peuplesansforce, 


MM ——— ————— —— —— — ————— 


11-14. * Les quatre races perverses. 
15-16. * Les quatre choses insatiables. 


18-20. * Les quatre choses inscrutables, qui ne laissent point de trace de leur pas- 


sage. 


19. La voie de l'homme, etc.; c'est-à-dire la voie par laquelle il est arrivé à l'âge 
viril : comment de faible, de muet, de stupide, d'ignorani, de simple, il est devenu 
fort, parlant, prudent, habile, entreprenant, altaché à ses plaisirs et à ses intéréts. 

21-23. * Les quatre choses insupportables. 

24-98. * Les quatre choses petites et cependant sages. 


25. Les fourmis, etc. Voy. Prov., vi, 6. 


26. * Le levraut, en hébreu, schaphan. On admet généralement aujourd'hui que 
l'animal ici désigné est le daman de Syrie. Il ressemble au lapin, avec lequel les an- 
tiennes versions l'ont communément confondu. Les damans vivent en troupes, dans 
les trous des rochers, en Palestine. Ils sont timides, la faiblesse de leurs pattes en 
fait un peuple sans force, mais ils sont sages, s'éloignant peu de leurs rochers, ne 


[cu. xxxr.] 
qui établit dans un rocher son lit; 

27. Les sauterelles qui n'ont 
pas de roi et sortent toutes par 
bandes ; 

98. Le lézard qui s'appuie sur 
ses mains, et demeure dans le 
palais des rois. 

29. Il y a trois choses qui mar- 
chent bien, et une quatrième qui 
s'avance avec succes : 

30. Le lion, le plus fort desani- 
maux, qui n'a peur de la ren- 


LES PROVERBES. 


1561 


blime ; car s'il avait eu de l'intel- 
ligence, il aurait mis la main sur 
sa bouche. 

33. Celui qui presse fort les ma- 
melles pour en tirer le laiten fait 
sortir du beurre ; et celui qui se 
mouche trop fort tire du sang : et 
celui qui provoque les coleres 
produit des discordes. 


CHAPITRE XXXI. 


Instructions que Salomon a recues de sa 


contre de personne ; 

31. Le coq qui a les reins ceints; 
le bélier, et le roi à qui nul ne 
résiste. 

32. Tel a paru insensé après 
qu'il a été élevé à un rang su- 


mère. Fuir la débauche et les femmes. 
Ne pas boire de vin avec excès. Portrait 
de la femme forte : son économie, sa 
sagesse, sa vigilance, son assiduité au 
travail. Fragilité de la beauté du corps. 


1. Paroles de Lamuel roi. Vi- 


marchant qu'avec précaution et s'enfuyaut dès qu'ils apercoivent un des oiseaux de 
proie qui leur font la chasse. 

91. * Les sauterelles... sortent par bandes souvent innombrables, et l'on sait 
qu'elles dévorent quelquefois complétement les récoltes. 

28. * Le lézard abonde en Palestine. « Dans les gorges qui descendent vers la mer 
Morte, des voyageurs ont trouvé des lézards [trés grands], notamment une espèce 
propre à l'Egypte. Une autre espèce appelée dhab, a été trouvée dans la vallée du 
Jourdain, prés de la montagne de la Quarantaine; les Arabes la mangent et se ser- 
vent de sa peau pour en faire des fourreaux de sabre, des sacs à tabac et aussi des 
sacs pour y conserver le beurre. = (Mgr Misuis.) La 101 mosaïque range 16 lézard parmi 
les animaux impurs, Lévilique, xr, 20. Il habite dans les murs des maisons comme 
dans les rochers, et « peut étre pris avec la main », comme le dit le texte hébreu. 

29-31. * Les quatre créatures fières. 

31. Qui a les reins ceints. Comme nous l'avons déjà remarqué (Job, xxxvii, 3), chez 
les anciens Hébreux, ceindre ses reins se disait d'un homme qui entreprenait un voyage 
ou qui allait au combat. Or on sait que le coq est un animal toujours prét à se 
battre. — Et le roi, etc. Nous avons suivi dans cette phrase l'édition latine de Sixte V, 
qui porte: Et rex, nec est qui resistat ei; littér. e£ le roi, et il m'est pas qui lui résiste; 
lecon qui est plus conforme à l'hébreu et au contexte que celle de notre Vulgate 
commune : Et il n'est roi qui lui résiste (nec est rex qui resistat ei) : ce qui signifierait 
qu'il n'y a pas de roi qui résiste au bélier. Ajoutons que le mot rien, qu'on lit dans 
plusieurs traductions francaises, forme un vrai contre-sens. 

33. Du beurre (butyrum); c'est le mot de la Vulgate; mais nous devons faire obser- 
ver qu'il s'agit tout au plus de créme faite avec du lait de vache; car le beurre 
proprement dit n'était employé chez les anciens Hébreux, de méme encore aujour- 
d'hui chez les Orientaux, que comme médicament. Ajoutons que le terme hébreu 
traduit par beurre signifie généralement du lait de vache, c'est-à-dire du lait moins 
gras que celui de brebis et de chévre, et qu'ici il désigne du lait clairet, petit lait ; 
en sorte que le sens de ce verset, selon le texte original, est : La pression du lait 
épais fait sortir un lait clair; c'est-à-dire en pressant un lait gras, épais, on n'en fait 
couler que du lait clairet, du petit lait. On peut voir les preuves de cette interpré- 
tation dans notre Penlateuque avec une traduction française, etc., t. τ, Genèse, 
p. 94 et 323, 


1-9, * Le second appendice, xxxr, 4-9, porte pour inscription : « Paroles du roi La- 


AH 86 


1362 


81011 par laquelle l'a instruit sa 
mere. 

2. Que £e dirai-je, mon bien 
aimé, que £e dirai-je, bien aimé 
de mon sein, que £e dirai-je, bien- 
aimé de mes veux? 

3. Ne donne pas aux femmes 
ton bien, et tes richesses pour 
perdre des rois. 

4. Non aux rois, 0 Lamuel, non 
aux rois, ne donne pas de vin, 
parce qu'il n'est nul secret où 
regne l'ivresse : 

ὃ. Et de peur qu'ils ne boivent 
et qu'ils n'oublient les jugements, 
et qu'ils ne changentla cause des 
fils du pauvre. 


LES PROVERBES. 


(cti. xxxt.] 


6. Donnez de la cervoise àceux 
qui sont affligés, et du vin à ceux 
qui ont le cœur dans l'amertume ; 

7. Qu'ils boivent et qu'ils ou- 
blient leur détresse, et que de 
leur douleur ils ne se souviennent 
plus. 

8. Ouvre ta bouche pour le 
muet, et pour les causes de tous 
les fils qui passent; 

9. Ouvre ta bouche, décrète ce 
qui est juste, et juge l'homme qui 
est sans ressources, et le pauvre. 

10. Une femme forte, qui la 
trouvera? au-dessus de ce qui 
vient de loin et des derniers con- 
fins du monde est son prix. 


muel. » Ce court morceau est écrit en vers d'un parallélisme synonymique et très 
régulier. 

1. Lamuel, roi. La plupart des interprètes conviennent que ce Lamuel, dont le nom 
en hébreu signifie qui est à Dieu, ou qui a Dieu avec lui, ou consacré à Dieu, ou 
enfin consacré de Dieu, n'est autre que Salomon, d'autant plus qu'il n'y ἃ jamais 
eu de roi d'Israël ou de Juda qui ait porté ce nom, et que jamais on n'aurait inséré 
dans le canon des Ecritures sacrées l'ouvrage d'un prince paien. 

2. Bien-aimé de mes vœux; c'est-à-dire que j'ai souhaité par tant de vœux les plus 
ardents. 

9. Les jugements; la justice, l'équité dans les jugements, ou bien les lois, les or- 
donnances. — Qu'ils ne changent, etc.; qu'ils ne donnent de fausses décisions dans 
la cause des pauvres. 

8. De tous les fils, etc.; de tous les mortels dont la vie n'est qu'un voyage et un 
passage; ou bien de tous les étrangers qui ne font que passer dans les pays et qui 
n'ont d'autre protection que la justice des princes et des juges. 

10-31. * Le livre des Proverbes se termine par une pièce alphabétique, composée 
d'autant de versets ou de distiques qu'il existe de lettres dans l'alphabet hébreu, 
c'est-à-dire de 22, chacun d'eux commencant par une de ces lettres, placée selon 
l'ordre ordinaire. C'est l’éloge de la femme forte, un portrait idéal tel que le 
concoit le sage, inspiré par l'Esprit-Saint. « Salomon ne prend pas la femme forte 
sur un iróne, ni dans un somptueux palais, ni dans les conseils des rois, ni au 
milieu des assemblées humaines; il va plutót la chercher dans la condition com- 
mune et ordinaire où Dieu a voulu placer la femme, c'est-à-dire dans son rôle 
d'épouse, de mère, de maîtresse de maison, de femme méme des champs, car ce 
n'est que dans ce róle simple et modeste que la femme est appelée à se montrer forte, 
ce qui veut dire intelligente, active, soigneuse, prévoyante, ordonnée en toutes 
choses, uniquement occupée de ses devoirs et accomplie dans la vertu. Le portrait 
que Salomon a fait de cette femme est admirable; il montre, suivant la pensée de 
Herder, « l'hommage qu'on rendait chez les Juifs à une femme laborieuse, et sachant 
» rester dans le cercle domestique et champétre oü la renfermait la constitution du 
» pays, qui, elle aussi, était toute domestique et toute champétre. » Les nations 
paiennes, qui avaient assigné à l'épouse un rang subalterne et un róle presque effacé 
dans 18 maison de l'époux, n'ont jamais eu pour elle des éloges semblables; il appar- 
tenait à la religion de Moïse et finalement au Christianisme de relever la temme 
avilie. » (H. LAURENS.) 

10. Une femme forte. Les Pères ont considéré cette /emme forte comme la figure 


fcn. XXX1./ 


11. Le cœur de son mari se 
confie en elle; et il ne manquera 
pas de dépouilles. 

19. Elle lui rendra le bien et non 
le mal, tous les jours de sa vie. 

13. Elle a cherché la laine et le 
lin. el elle a travaillé par le con- 
seil d» ses mains. 

14. Elle est devenue comme lc 
vaisseau d'un marchand, portant 
de loin son pain. 

15. Et de nuit elle s'est levée, 
et elle a donné de la nourriture 
aux personnes de sa maison, et 
des vivres à ses servantes. 

16. Elle a considéré un champ 
et l'a acheté : du fruit de ses 
mains, elle a planté une vigne. 

11. Elle ἃ ceint de force ses 
reins, et elle a affermi son bras. 

18. Elle a goüté et ellea vu que 
son commerce est bon : pendant 
la nuit, sa lampe ne s'éteindra 
pas. 

19. Elle a mis sa main à des 
choses fortes; et ses doigts ont 
pris le fuseau. 

20. Elle a ouvert sa main à 
l'homme sans ressources, et ses 
paumes, elles les a étendues vers 
le pauvre. 

21. Elle ne craindra pas pour sa 
maison le froid de la neige, car 


LES PROVERBES. 


1563 


toutes les personnes de sa maison 
ont un double vétement. 

22. Elle s'est fait une couver- 
ture : le fin lin et la pourpre 
forment son vétement. 

23. [lustre sera son mari aux 
portes de la ville, quand 11 8 
avec les sénateurs de la terre. 

24. Elle a fait un fin tissu, et 
elle l'a vendu ; et elle a livré une 
ceinture au Chananéen. 

95. La force et la beauté sont 
son vétement, et elle rira au jour 
dernier. 

26. Elle a ouvert sa bouche à la 
sagesse, et la loi de la clémence 
est sur sa langue. 

97. Elle a considéré les sentiers 
de sa maison, et elle n'a pas 
mangé de pain dans l'oisiveté. 

28. Ses fils se sont levés etl'ont 
proclamée très heureuse; son 
mari s’est levé, et l'a louée. 

29. Beaucoup de filles ont 
amassé des richesses : mais toi, 
tu les as toutes surpassées. 

30. Trompeuse est la grâce, et 
vaine est la beauté : la femme qui 
craint le Seigneur est celle qui 
sera louée. 

31. Donnez-lui le fruit de ses 
mains, et que ses ceuvres la louent 
aux portes de /a ville. 


de la sainte Vierge et de l'Eglise de Jésus-Christ. Ils ont expliqué en ce sens tout 


le reste de ce chapitre. 


13. Elle a travaillé, etc.; elle n'a pas acheté les toiles et les étoffes toutes faites, 
mais elle les a travaillées elle-méme de ses propres mains. 

14. Son pain. Nous avons déjà remarqué que le terme hébreu, rendu dans la Vul- 
gate par pain, s'applique à toutes sortes d'aliments. 

19. A des choses forles; à des travaux pénibles. 

23. * Aux portes de la ville, là où l'on se rassemble et où se rend la justice. — Les 
sénaleurs, en hébreu, les vieillards, les chefs du peuple. 

24. Au Chananéen. Les Chanauéens étaient célébres dans l'antiquité par leur com- 
merce. Cest pour cela que Chananéen est devenu synonyme de marchand, commer- 


gant. 


INTRODUCTION 


AU 


LIVRE DE L'ECCLÉSIASTE 


L'Ecclésiaste occupe le second rang dans nos Bibles parmi les livres sapien- 
tiaux. 

Le titre qu'il porte est tiré du nom qu'y prend l'auteur, Kohéleth, traduit en 
grec par Ecclésiastés. La version latine a conservé le nom grec ; il signifie « celui 
qui parle à l'assemblée. » Il faut donc rejeter le sens de collectionneur qu'on a 
voulu donner aussi au mot Kohéleth : l'Ecclésiaste n'est pas un recueil, une 
collection de sentences comme les Proverbes, mais forme un tout suivi, 

Le nom hébreu de Kohéleth est un titre de dignité, appliqué à la personne qui 
en est revétue. Il est employé ici symboliquement (comme /s., xxix, 1, 25 Jér., 
xxv, 26) pour exprimer la fonction que remplit Salomon dans ce livre en ins- 
truisant l'assemblée. Il en est qui pensent cependant que Salomon a pu réunir 
le peuple, à la fin de sa vie, comme il l'avait fait lors de la Dédicace du temple, 
III Rois, vin, 55-61, et lui adresser le discours contenu dans ce livre. 

Le nom de Salomon ne se lit pas en toutes lettres dans celivre ; mais celui qui 
prend le nom symbolique d'Ecclésiaste se dit fils de David et déclare qu'il est roi 
de Jérusalem, ce qui ne peut convenir qu'à Salomon. Tous les commentateurs 
juifs et chrétiens ont été unanimes à attribuer à ce prince la composition 
de l'Ecclésiaste, jusqu'au xvii? siècle, où Grotius, le premier, en 1644, a pré- 
tendu qu'il n'était pas de lui (1). Aucune raison concluante n'oblige d'abandon- 
ner la croyance traditionnelle, et de refuser à Salomon la composition de 
l'Ecclésiaste. L'origine salomonienne de ce livre n'est pas de foi, mais elle a en 
sa faveur le seul argument véritablement décisif en pareille matière : l'auto- 
rité du témoignage, 1° du titre du livre, r, 1; 2° de toute la tradition juive et 
chétienne qui est unanime, comme tout le monde le reconnait. Les objections 
qu'on a faites contre la croyance traditionnelle sont loin d’être irréfutables. 

On croit généralement, avec la tradition juive, que Salomon composa l'Ecclé- 
siaste dans sa vieillesse, comme il avait écrit le Cantique des cantiques dans sa 
jeunesse et les Proverbes dans l’âge mür. Cette tradition est confirmée par 
plusieurs passages du livre qui constatent que l'auteur avait fait l'expérience 
personnelle des choses dont il parle. D'aprés le Talmud, le texte de l'Ecclésiaste 


(1) Depuis le commencement de ce siècle, la plupart des auteurs protestants et 
méme quelques catholiques, comme Jahn, Herbst, Movers, ont adopté l'opinion de 
Grotius. Ils font le livre moins ancien que Salomon, mais sont trés divisés sur sa 
date, | OA. , 


INTRODUCTION AU LIVRE DE L'ECCLÉSIASTE. 1365 


fut définitivement fixé du temps d'Ézéchias parles savants dont parlent les Pro- 
verbes, xxv, 1. 

La canonicité et par conséquent l'inspiration de l'Ecclésiaste est de foi, Théo- 
dore de Mopsueste, qui en contestait l'inspiration, fut condamné à ce sujet par 
le v* concile cecuménique. Les Juifs l'avaient placé dans leur canon. On parle 
de discussions qui auraient eu lieu à ce sujet dans la synagogue, entre l'école de 
Hillel et l'école de Schammai. Celle-ci, qui avait des tendances hétérodoxes, 
l'attaquait surtout à cause de son obscurité. Le synode de Jabné (Jamnia) se 
prononca en 90 contre l'école de Schammai. Mais il était déjà à cette époque 
dans le canon recu par les Juifs. On le lit encore officiellement tous les ans dans 
les synagogues israélites. Il a toujours fait partie du canon de toutes les Églises 
chrétiennes. 

Quand à la forme littéraire de l'Ecclésiaste, elle est poétique, au moins en 
partie, et on le range généralement parmi les poémes didactiques. Cependant 
la plupart des passages sont écrits en prose, et l'on n'y remarque point la sy- 
métrie du parallélisme hébreu. Dans quelques endroits, la forme poétique est 
trés sensible. Le parallélisme est trés bien réussi, v, 5; vi, 8; 1x, 41. Nous 
lisons, vir, 7, 9; 1x, 8, des maximes qui ressemblent, pour la forme comme pour 
le fond, à celles des Proverbes. Quand Salomon parle de son expérience person- 
nelle et communique à l'assemblée à laquelle il s'adresse ses propres réflexions, 
il s'exprime en prose, mais en une prose oratoire, jusqu'à un certain point me- 
surée et cadencée ; quand il fait des exhortations, son style devient tout à fait 
poétique et conforme à toutesles lois dela poésie hébraique, surtout à la fin 
du livre, dans le ch. xi 

Il y a, d'ailleurs, de l'art dans l'Ecclésiaste, malgré quelques négligences et 
un peu de diffusion. Les répétitions et pléonasmes, vin, 14; 1x, 9, sont certaine- 
ment voulus et cherchés, et ils produisent leur effet. « L'Ecclésiaste se mani- 
feste comme un maitre de la parole quand, 1, 4-11, et χι!, 2-7, il représente, là, 
l'éternel va-et-vient du cours des choses, et quand il peint, ici, la vie humaine 
qui touche à son terme et enfin se brise » (F. DELtiTzscH.) 

L'absence d'uniformité dans la forme et dans la marche de la pensée, l'absence 
méme d'un enchainement rigoureux dans les idées, ne sert qu'à mieux faire 
ressortir la vérité qu'il veut faire pénétrer dans l'esprit de l'homme : le néant 
de la vie en dehors de Dieu. Il a tout essayé, rien n'a pu le satisfaire ; il passe 
d'un sujet à un autre, parce que rien n'est capable de le fixer et de le retenir. 
Son style est en parfait accord avec sa manière de voir les choses. Il tient ferme 
à la craiute de Dieu et au jugement final, mais il n'en sent pas moins doulou- 
reusement le dégoût de la vie et ses déceptions améres, et il exprime ses sen- 
timents d'une maniére si saisissante qu'il nous les fait partager. Avec quelle 
force éclate sa douleur dans la première partie de son livre : Vanitas vanitatum, 
dixit Ecclesiastes, vanilas vanitatum et omnia vanitas! On ne saurait imaginer 
une entrée en matiére plus brusque ni plus énergique. Salomon a longtemps 
contenu au fond de son cœur le chagrin qui le ronge, mais enfin il éclate sou- 
dainement, il répéte sa pensée, et ses pléonasmes mémes sont éloquents. C'est 
un coup de tonnerre qui retentit, et que l'écho répercute sourdement et longue- 
ment comme pour le rendre plus terrible. Jamais écrivain n'a trouvé une for- 
mule plus concise et plus forte pour exprimer sa pensée. Qui a pu jamais ou- 
blier le vanitas vanitatum, aprés l'avoir une fois entendu? 


1966 INTRODUCTION AU LIVRE DE L'ECCLÉSIASTE. 


L'Ecclésiaste est d'ailleurs un discours qui n'a pas toute la rigueur et toute 
la suite d'une dissertation ; mais il est impossible d'y méconnaitre un ordre et 
un plan. Il se compose d'un prologue, 1, 2-11, de quatre sections ou parties, 
1, מוצ-19‎ 7, et d'un épilogue, xri, 8-14. 

La suite des pensées n'est pas toujours rigoureuse, la liaison des idées sur- 
tout n'est pas partout apparente, et l'enchainement n'est pas trés méthodique ; 
il y a des oscillations dans l'exposition, quelques répétitions et quelques paren- 
thèses, mais néanmoins l’idée dominante de chacune des parties se dégage 
clairement : 19 la vanité des plaisirs de ce monde dans la première section, 
1, 12-115; 2° l'impuissance de l'homme contre la volonté de la Providence dans 
la seconde, ni-v ; 3° la vanité des richesses et dela réputation dans la troisième, 
זנט-נט‎ 15; 4° le résumé de tout ce qui précède dans la quatrième, vu, ,זוצ-16‎ 
7, et enfin la conclusion que le but de la vie doit étre, non de chercher un bon- 
heur parfait, qu'il est impossible d'atteindre, mais de s'assurer une sentence 
favorable au tribunal de Dieu. 


L'ECCLÉSIASTE 


CHAPITRE PREMIER. 


Tout ce qui est ici-bas n'est que vanité. 
Rien de nouveau sous le soleil. La sa- 
gesse méme et la science sont des 
sources de peines et d'afflictions. 


1. Paroles de l'Ecclésiaste, fils 
de David, roi de Jérusalem. 

9. Vanité des vanités, a dit 
l'Ecclésiaste : vanité des vanités, 
et tout est vanité. 

3. Quel avantage a l'homme de 
tout son travail auquel il travaille 
sous le soleil? 

4. Une génération passe, et 
une génération vient; mais la 
terre pour toujours reste de- 
bout. 

5. Le soleil se lève et se couche, 
et il revient à son lieu : et là re- 
naissant, 

6. Il tourne vers le midi, et se 
dirige vers l'aquilon. Parcourant 


toutes choses en tournant, le vent 
avance et revient vers ses cir- 
cuits. € 

1. Tous les fleuves entrent dans . 
la mer, etla mer ne déborde pas : | 
vers le lieu d’où ils sortent, 108 
fieuves retournent pour de nou- | 
veau couler. 

8. Toutes choses sont difficiles; 
l'homme ne peut les expliquer 
parle discours. 1/0011 ne se ras- 
sasie pas de voir, ni l'oreille d'en- 
tendre. 

9. Qu'est-ce qui a été? Cela 
méme qui doit étre à l'avenir. 
Qu'est-ce qui ἃ été fait? cela 
méme qui doit étre fait à l'avenir. 

10. Rien sous le soleil de nou- 
veau, et nul ne peut dire : Vois, 
ceci est récent; car il a déjà 
existé dans les siecles qui ont été 
avant nous. 

11. Il n'est pas mémoire des 


1. * Le prologue, 1, 2-11, expose le sujet du livre. Il commence par une sentence 
qui le résume tout entier: Vanilé des vanilés et tout est vanité, 1, 2. Cette sentence 
est répétée au commencement de l'épilogue. Une sentence termine aussi le prologue : 
Il n’est pas mémoire des choses antérieures, 1, 14, de méme que l'épilogue : Quant à 
toutes les choses qui se font, Dieu les appellera en jugement, xu, 14; mais elle est 
fort différente dans les deux cas, parce que la conclusion nous fait connaitre la sanc- 
tion divine de la vie, tandis que le prologue ne nous fait connaitre que la vanité de 
la vie considérée en elle-méme, indépendamment de Dieu. Tout en elle est change- 
ment et oubli. C'est cette peinture des misères de la vie qui donne au livre de l'Ec- 
clésiaste un charme douloureux auquel personne ne peut se soustraire. 

4. Pour toujours (in eternum) ne signifie pas éternellement. L'auteur veut dire sim- 
plement que tout dans ce monde parait, passe et disparait, tandis que la terre est 
stable, et, par sa stabilité, plus à l'abri que les autres étres de perpétuelles révolu- 
tions. Ainsi il est évident que l'auteur n'enseigne pas l'éternité du monde, comme 
l'ont prétendu des incrédules. 

8. Il ny a pas de scepticisme dans ce verset; nous y apprenons seulement que 
l'homme ne peut prétendre à approfondir et à expliquer entièrement les choses de 
ce monde, à cause des bornes trop étroites de son esprit 


1368 


choses antérieures; et quanl à 
celles qui dans la suite doivent 
arriver, il n'en sera pas souvenir 
chez ceux qui viendront en der- 
nier lieu. 

12. Moi l'Ecclésiaste, j'ai été roi 
d'Israél dans Jérusalem, 

13. Et j'ai mis en mon esprit de 
chercher et d'examiner sage- 
ment tout ce qui se passe sous 
le soleil. Cette occupation très 
pénible, Dieu 18 donnée aux fils 
des hommes, afin qu'ils s’y li- 
vrassent. 

14. J'ai vu toutes les choses qui 
se font sous le soleil, et voilà 
qu'elles sont toutes vanité et 
affliction d'esprit. 

15. Les pervers difficilement se 
corrigent, et des insensés infini 
est le nombre. 

16. Jai parlé en mon cœur, 
disant : Voilà que jai été fait 
grand, et que j'ai surpassé en sa- 
gesse tous ceux qui ont été avant 
moi dans Jérusalem : et mon es- 
prit a contemplé beaucoup de 
choses sagement, et j'ai beaucoup 
appris. 

17. Et j'ai appliqué mon cœur 
pour connaître la sagesse et la 
doctrine, et les erreurs et la folie, 


L'ECCLÉSIASTE. 


(cm. π.] 


et j'ai reconnu qu'en cela aussi 
était un travail et une affliction 
d'esprit ; 

18. Parce que dans une grande 
sagesse est une grande indigna- 
tion, et celui qui augmente sa 
science augmente aussi sa peine. 


CHAPITRE II. 


Vanité des plaisirs, des richesses, des 
bátiments. Avantages de la sagesse. 
Vanité d'amasser des richesses pour un 
héritier inconnu. 


1. J'ai dit, moi en mon cœur : 
J'irai et je nagerai dans les dé- 
lices, et je jouirai des biens. Et 
jai vu que cela aussi était va- 
nité. 

2. Le rire, je lai regardé 
comme une erreur; et à la joie, 
jài dit : Pourquoi te séduis-tu 
inutilement? 

3. J'ai pensé dans mon cœur 
à détourner ma chair du vin, 
afin de porter mon esprit à la 
sagesse, et d'éviter la folie, jus- 
qu'à ce que je visse ce qui est 
utile aux fils des hommes, et ce 
qu'ils doivent faire sous le soleil 
pendant le nombre des jours de 
leur vie. 

4. J'ai fait des choses magni- 


"à 


19. * Avec ce verset commence la 1re section, 1, 12-n. Elle montre quelle est la 
vanité de la vie, en tracant le tableau de la vanité de la sagesse humaine, 1, 12-18, 
et celui de la jouissance des plaisirs et des biens terrestres, m, 1-11, alors même 
qu'on cherche à n'en jouir qu'avec modération, n, 12-26. Ainsi la sagesse, la science 
et le plaisir, qui paraissent les plus grands biens de l'homme sur la terre, ne sont 
que vanité. Cette 1re section a généralement la forme d'une confession de Salomon; 
il raconte les expériences qu'il à faites pour trouver le bonheur sans tenir compte 


de Dieu. 


13. Les fils de l'homme ou des hommes, se met souvent dans la Bible pour 8 


hommes mêmes, les humains. 


41. La doctrine; c'est-à-dire la science, les connaissances. 
18. Dans une grande sagesse, etc. Plus quelqu'un acquiert de sagesse, dit saint Jé- 
róme en expliquant ce passage, et plus il s'indigne de se voir exposé aux vices et 


éloigné des vertus qu'elle demande. 


3. Ma chair; hébraisme, pour mon corps; c'est-à-dire moi, ma personne; c'est la 
partie pour le tout, figure trés usitée dans:le style biblique. 


[cu. 11.} 
fiques : je me suis báti des mai- 
sons, et j'ai planté des vignes; 

9. J'ai fait des jardins et des 
vergers, et j'y ai réuni des arbres 
de toute espèce; 

6. Je me suis construit des ré- 
servoirs d'eaux pour arroser la 
forêt des arbres qui étaient en 
pleine végétation ; 

7. J'ai possédé des serviteurs 
et des servantes et une nom- 
breuse famille, ainsi que du gros 
bétail et de grands troupeaux 
de brebis, au delà de tous ceux 
qui ont été avant moi à Jérusa- 
lem ; 

8. J'ai entassé pour moi l'ar- 
gent et l'or, les richesses des rois 
et des provinces ; j'ai eu des chan- 
teurs et des chanteuses et tout ce 
qui fait les délices des fils des 
hommes, des coupes et des vases 
de service pour verser les vins ; 

9. Et j'ai surpassé en richesses 
tous ceux qui ont été avant moi 
dans Jérusalem ; la sagesse aussi 
a persévéré avec moi. 

10. Ettout ce qu'ont désiré mes 
yeux, je ne /e leur ai pas refusé ; 
et je n'ai pas défendu à mon 
cœur de goûter toutes sortes de 
voluptés, et de trouver son plai- 
sir dans ce que j'avais préparé; 
et j'ai cru que ma part était de 
jouir de mon travail. 


Cuab. II. 14. Prov., xvir, 24; Infra, vii, 1. 


L'ECCLÉSIASTE 


1369 


11. Etlorsque je me suis tourné 
vers les divers ouvrages qu'a- 
valent faits mes mains, et vers les 
travaux danslesquelsinutilement 
javais sué, j'ai vu dans toutes 
ces choses vanité et affliction 
d'esprit, et que rien n'est stable 
sous le soleil. 

12. J'ai passé à contempler la 
sagesse, les erreurs et la folie, 
(qu'est-ce que l'homme, ai-je dit, 
pour pouvoir suivre le roi son 
créateur?) 

13. Et jai vu que la sagesse 
surpasse autant la folie, que la 
lumiere diffère des ténèbres. 

14. Les yeux du sage sont à sa 
téte, l'insensé marche dans les 
ténèbres ; et j'ai appris que le 
trépas est pour l'un et pour l'au- 
ire: 

15. Et j'ai dit dans mon cœur : 
Si la mort est pour l'insensé et 
pour moi, que me sert d'avoir 
donné un plus grand soin à la sa- 
gesse? Et ayant ainsi parlé avec 
mon esprit, je me suis apercu 
que cela aussi est vanité. 

16. Car la mémoire du sage, 
aussi bien que celle de l'insensé, 
ne sera pas pour toujours; et 
les temps futurs couvriront pa- 
reillement de l'oubli toutes cho- 
ses : le savant meurt de méme 
que l'ignorant. 


5. * Le Jardin fermé. D'aprés la tradition, le Jardin fermé se trouvait au sud de 
Bethléhem, au fond d'une vallée étroite et profonde appelée Ouadi Ourtas. « La cha- 
leur concentrée et l'abondance des eaux rendent ce terrain si prodigieusement fertile 
qu'on peut y avoir cinq récoltes de pommes de terre par an. » (Lriéviw.) 

6. * Des réservoirs d'eaux. Une tradition, dont il est d'ailleurs impossible de vérifier 
l'exactitude, attribue à l'auteur de l'Ecclésiaste les trois grands réservoirs situés au- 
dessous du Jardin fermé et qu'on appelle Etangs ou Vasques de Salomon. 

1. Des servileurs et des servantes; c'est-à-dire des esclaves hommes et femmes. — 
Une nombreuse famille; dans l'hébreu, des fils de maison; ce qui signifie les fils des 


esclayes, nés dans la maison du maitre. 


* 


1370 


17. Et c'est pour cela que je me 
suis ennuyé de ma vie, voyant 
tous les maux qui sont sous le 
soleil, et que toutes choses sont 
vanité et affliction d'esprit. 

18. De nouveau, j'ai détesté 
mon application avec laquelle 
sous le soleil j'ai travaillé très ar- 
demment, devant avoir un héri- 
tier aprés moi. 

19. J'ignore s'il doit être sage 
ou insensé : et il sera maitre de 
mes travaux, fruit de mes sueurs 
et de ma sollicitude, et y a-t-il 
rien d'aussi vain? 

20. De là j'ai cessé, et mon 
cœur ἃ renoncé à travailler da- 
vantage sous le soleil. 

91. Car, lorsque quelqu'un tra- 
vaile avec sagesse, science et 
sollicitude, il laisseses recherches 
à un homme oisif; et cela donc 
est vanité et un grand mal. 

22. Car quel profit reviendra-t-il 
à l'homme de tout son travail et 
de l'affliction d'esprit avec la- 
quelle il s'est tourmenté sous le 
soleil? 

93. Tous ses jours sont pleins 
de douleurs et de chagrins, et 
méme, pendant la nuit, il ne se 


L'ECCLÉSIASTE. 


ur.]‏ .ז6] 
repose pas en son âme ; et cela,‏ 
n'est-ce pas vanité?‏ 

94. Est-ce qu'il ne vaut pas 
mieux manger et boire, et faire 
du bien à son àme, des fruits de 
ses travaux? et cela vient de la 
main de Dieu. | 

95. Qui se rassasiera, et na- 
gera dans les délices autant que 
moi? 

96. A l’homme bon en sa pré- 
sence, Dieu a donné la sagesse, 
et la science et la joie: mais au 
pécheur il a donné l'affliction, et 
les soins superflus, afin qu'il 
ajoute ὦ ses biens, qu'il amasse, 
et livre à celui qui a plu à Dieu; 
mais méme cela est vanité et une 
inutile sollicitude d'esprit. 


CHAPITRE III. 


Toutes choses ont leur temps. Tout est 
dans une vicissitude continuelle. In- 
quiétude partout. L'homme et les bêtes 
meurent également. 


1. Toutes choses ontleurtemps, 
et dans leurslimites elles passent 
toutes sous le ciel. 

2. ll est un temps de naître et 
un temps de mourir; 

Un temps de planter, et un 


24. Est-ce qu'il, etc. Le but de l'auteur dans ce verset est de nous prémunir contre 
une avarice sordide et la passion de rechercher les richesses, en disant qu'il vaut 
mieux passer sa vie à jouir avec modération des fruits de ses travaux, comme d'au- 
tant de dons du Créateur, que de s'en priver pour se consumer dans des soucis im- 
modérés et dans une vaine poursuite des faux biens de ce monde. Ainsi rien ne. 
prouve que cet auteur se montre épicurien, comme le veulent quelques incrédules. 

4. * Avec ce chapitre commence la 2e section, .ץ-זוד‎ Elle établit que l'homme n'est 
pas le maitre de son sort, mais qu'il est tout entier entre les mains de Dieu et sous 
la dépendance de sa Providence. Tous les événements de la vie sont fixés et réglés. 
L'homme doit donc s'y soumettre et tácher de tirer le meilleur parti possible de la 
vie présente. Quels que soient les maux et les injustices qui régnent sur la terre, si 
l'homme a la crainte de Dieu, s'il remplit ses devoirs, s'il se confie en la Providence, 
s'il estime à leur juste valeur les biens de ce monde, s'il se contente de jouir des 
biens qui lui sont donnés, il aura agi sagement. Cette 2e section nous montre donc 
l'impuissance des efforts humains pourtutteindre le bonheur, parce que nous ne 
pouvons pas lutter contre les événements et contre la Providence. La conclusion est 
qu'il faut se résigner à supporter les maux qu'on ne peut éviter et à jouir des biens 
que Dieu nous donne, 


[cii u1.] 
temps d'arracher ce qui a été 
planté ; 

3. Un temps de tuer, et un 
temps de guérir; 

Un temps d'abattre, et un temps 
de bâtir; 

4. Un temps de pleurer, et un 
temps de rire ; 

Un temps de gémir, etun temps 
de sauter de joie ; 

5. Un temps de disperser les 
pierres, et un temps de les ras- 
sembler ; 

Un temps d'embrasser, et un 
temps de s'éloigner des embras- 
sements ; 

6. Un temps d'acquérir, et un 
temps de perdre ; 

Untempsde garder, et untemps 
de rejeter ; 

7. Un temps de déchirer, et un 
temps de coudre ; 

Un temps de se taire, et un 
temps de parler ; 

8. Un temps d'amour, et un 
temps de haine; 

Un temps de guerre, et un 
temps de paix ; 

9. Quel avantage a l'homme de 
son travail? 

10. Jai vu laffliction qu'a 
donnée Dieu aux fils des hommes, 
pour qu'ils en soient tourmentés. 

11. 1 afait toutes chosesbonnes 
en leur temps, et il a livré le 


L'ECCLÉSIASTE. 


1571 


monde à leurs disputes ; en sorte 
que l'homme ne découvre pas 
l'œuvre que Dieu a opérée depuis 
le commencement jusqu'à la fin. 

19. Et jai reconnu quil ny 
avait rien de mieux que de se ré- 
jouir et de faire le bien pendant 
sa vie. 

13. Car tout homme qui mange, 
boit et voitle bien de son travail, 
c'est un don de Dieu. 

14. J'ai appris que les œuvres 
que Dieu a faites persévèrent à 
perpétuité ; nous ne pouvons rien 
ajouter ni rien retrancher aux 
choses que Dieu a faites afin qu'il 
soit craint. 

15. Ce qui a été fait demeure; 
les choses qui doivent étre ont 
déjà été; et Dieu rétablit ce qui 
est passé. 

16. J'ai vu sous le soleil, dans 
le lieu du jugement, l'impiété ; 
et, dans le lieu de 18 justice, 11- 
niquilé. 

17. Et j'ai dit dans mon cœur : 
Dieu jugera le juste et l'impie, et 
ce sera alors le temps de toute 
chose. 

18. Fai dit en mon cœur tou- 
chant les fils des hommes : Que 
Dieules éprouve, et montre qu'ils 
sont semblables à des bétes. 

19. C'est pour cela que le tré- 
pàs est pour l'homme et pour les 


12. Rien de mieux que de se réjouir; que d'étre joyeux, mais d'une joie sage et 
modérée, opposée aux soucis immodérés dont il est question dans la note précédente. 

13. Voit le bien; hébraisme, pour éprouver le bien, jouir du bien. C'est encore faus- 
sement que quelques incrédules prétendent trouver la morale d'Epicure dans ce 
verset, dont le sens tout naturel est que celui-là agit sagement qui, aprés avoir 
amassé quelques biens par son travail, en jouit modérément, comme d'autant de 
présents du ciel. Or, il n'y a rien là qui ressemble le moins du monde à l'épicuréisme. 
Compar. Prov., τι, 24. 

18-20. C'est à tort que les incrédules ont prétendu trouver du matérialisme dans 
ces passages. L'auteur ne veut parler que du corps, qui est matériel, et de la décom- 
position que la mort fait subir aux parties qui le composent, puisqu'au chap. xii, 
vers. 7, il déclare formellement que l'àme survit au corps. 


1372 


bétes, et qu'égale est leur condi- 
tion : comme l'homme meurt, 
ainsi elles meurent; de la méme 
maniere elles respirent toutes, 
et l'homme n'a rien de plus que 
la béte : toutes choses sont sou- 
mises à la vanité : 

20. Toutes choses vont vers un 
seul lieu : elles ont été faites de 
la terre, et elles retournent pa- 
reillement à la terre. 

91. Qui sait si l'esprit des fils 
d'Adam monte en haut, et si l'es- 
prit des bétes descend en bas? 

99. Et j'ai trouvé que rien n'est 
meilleur pour l'homme que de 
se réjouir en son ceuvre, et que 
c'est là sa part : car qui l'amenera 
à connaître les choses qui doivent 
arriver après lui? 


CHAPITRE IV 


Violence et jalousie des hommes. Oisi- 
veté des insensés. Folie des avares. 
Avantage de la société. Vanité de la 
souveraine puissance. Obéissance pré- 
férable aux sacrifices. 


1. Je me suis tourné vers 
d'autres choses, et j'ai vu les op- 
pressions qui se font sous le so- 
leil, et les larmes des innocents 
que personne ne console : j'ai vu 
qu'ils ne peuvent résister à la 
violence des oppresseurs, étant 
destitués du secours de tous. 


L'ECCLESIASTE. 


- [en. tv] 

2. Et j'ai loué les morts plus 
que les vivants; 

3. El j'ai jugé plus heureux que 
les uns et les autres, celui qui 
n'est pas encore né, et qui na 
pas vu les maux qui se font sous 
le soleil. 

4. De nouveau j'ai contemplé 
tous les travaux des hommes; et 


j'ai vu que l'industrie est exposée 


à l'envie du prochain : et en cela 
donc est vanité et soin superflu. 

8. L'insensé met ses mains 
l'une dans l'autre, et mange ses 
chairs, disant : 

6. Mieux vautune poignée avec 
le repos, que les deux mains 
pleines avec le travail et l'afflic- 
tion d'esprit. 

7. Considérant, j'ai trouvé en- 
core une autre vanité sous le 
soleil : 

8. Tel est seul et n’a pas un se- 
cond, ni fils, ni frère, et cepen- 
dant il ne cesse de travailler, et 
ses yeux ne se rassasient pas de 
richesses; et il ne réfléchit pas, 
et il ne dit pas : Pour qui est-ce 
que je travaille ? pour qui est-ce 
que je prive mon âme des biens? 
En cela aussi est vanité, et une 
affliction très malheureuse. 

9. Mieux vaut donc être deux 
ensemble, que d’être seul; car 
ils ont l’avantage de leur société ; 


à 


21. Qui sait, etc. Il n'y a pas plus de matérialisme dans ce verset que dans les 
précédents. Salomon y dit seulement, ce qui est incontestable, que la raison humaine 
ne saurait voir clairement, par ses seules forces, quel peut étre le sort réservé à 
l'homme aprés sa mort. 


1. Les oppressions; littér. les calomnies. Vov. Prov., xiv, 31. — Des oppresseurs; 
littér. d'eux (eorum), c'est-à-dire de ceux qui sont les auteurs des oppressions et des 
larmes dont il vient d'étre fait mention. 

9. Et j'ai loué, etc,; c'est-à-dire j'ai trouvé l'état des morts préférable à celui des 
vivants. Saint Jéróme remarque que le sage ne considére dans cette expression que 
la souffrance dans l'état des vivants, et que le repos dans celui des morts. C'est ainsi 
que plusieurs saints personnages ont trouvé, dans certaines circonstances, la mort 
préférable à la vie. Voy. 111 Rois, xix, 4; Tobie, ut, 1; 1 Machab., vu, 50. 


T 


(cn. v.] 
10. Si l'un tombe, il sera sou- 
tenu par l'autre. Malheur à celui 
qui est seul! Parce que, lorsqu'il 
tombe, il n'a pas qui le relève. 

11. Et s'ils dorment deux, ils 
s'échaufferont mutuellement : un 
seul, comment s'échauffera-t-il? 

19. Et si quelquun prévaut 
contre un seul, deux lui résistent: 
un cordon triple est difficilement 
rompu. 

13. Vaut mieux un enfant 
pauvre et sage, qu'un roi vieux 
et insensé qui ne sait pas prévoir 
pour l'avenir. 

14. Parce que quelquefois, tel 
sort de la prison et des chaines 
pour régner: tel autre, né dans 
la royauté, se consume dans une 
extréme pauvreté. 

15. J'ai vu tous les vivants qui 
marchent sous le soleil avec 
le second jeune homme qui se le- 
vera à sa place. 

16. Il est infini, le nombre du 
peuple de tous ceux qui ont été 
avant lui; et ceux qui doivent 
venir aprés ne se réjouiront pas 
en lui ; mais cela aussi est vanité 
et affliction d'esprit. 

17. Garde ton pied en entrant 
dans la maison de Dieu, et ap- 
proche afin d'écouter. Car l'obéis- 


L'ECCLÉSIASTE. 


1375 


sance vaut beaucoup mieux que 
les victimes des insensés qui ne 
savent pas ce qu'ils font de mal. 


CHAPITRE V. 


Etre circonspect dans ses paroles. S'ac- 
quitter de ses vœux. Ne point se scan- 
daliser du renversement de la justice. 
L'avare est insatiable. Riche malheu- 
reux au milieu de ses richesses. 


1. Ne dis rien témérairement, 
et que ton cœur ne se hâte pas 
de proférer une parole devant 
Dieu. Car Dieu est dans le ciel, et 
toi sur la terre: à cause de cela, 
que tes paroles soient en petit 
nombre. 

2. Les réves suivent les soins 
multipliés; et c'est dans les dis- 
cours multipliés que se trouvera 
lafolie. 

3. Si tuas voué quelque chose 
à Dieu, ne tarde pas à l'effec- 
tuer; car la promesse infidèle et 
insensée lui déplait; mais tout ce 
que tu auras voué, effectue-le; 

4. Parce qu'il vaut beaucoup 
mieux ne pas vouer, qu'apres un 
vœu ne pas effectuer ses pro- 
messes. 

ὃ. Ne permets pas que ta bou- 
che fasse pécher ta chair, et ne 
dis pas devant l'ange : ll ny ἃ 


(ΠΑΡ. IV. 17. I Rois, xv, 22; Osée, vi, 6. 


15. Le second ; 'héritier d'un roi, lequel doit régner en sa place, a souvent beaucoup 
plus de partisans que le roi régnant lui-même; tout le peuple porte sur lui ses es- | 
pérances. — Pro eo. Le pronom eo tient lieu de primo ou rege, sous-entendu, et que 
suppose évidemment l'adjectif secundo. Plusieurs pensent que l'auteur fait ici allusion 
au roi vieuz et insensé, et à l'enfant pauvre et sage du vers. 13. 

16. Du peuple; c'est-à-dire de la multitude. 

11. Garde, etc. Considére où tu mets le pied, quand tu entres dans le temple; 
c’est-à-dire songe à la conduite que tu dois y tenir; et approche-toi de ceux qui an- 
noncent sa parole, pour écouter et pratiquer les vérités qu'ils t'enseigneront. Cette 
docilité te rendra agréable au Seigneur. — Car /'obéissance, etc. Voy. 1 Rois, xv, 22; 
Osée, vi, 6. 


5. Ne permets pas que ta bouche fasse péche» ta chair Cette phrase est susceptible 
de plusieurs sens; le plus simple et le plus naturel, comme se liant parfaitement à 


1574 
point de providence; de peur que 
Dieu, irrité contre tes paroles, ne 
détruise toutes les œuvres de tes 
mains. 

6. Où il y a beaucoup de rêves, 
il y a beaucoup de vanités et des 
paroles sans nombre; mais toi, 
crains Dieu. 

7. Si tu vois les oppressions 
des indigents et les jugements 
pleins de violence, et que la jus- 
tice est renversée dans une pro- 
vince, ne t'en étonne pas; parce 
que celui qui est élevé en a un 
autre plus élevé que lui, et qu'au- 
dessus d'eux il y en a d'autres 
encore plus élevés, 

8. Et de plus, il y a un roi qui 
commande à la terre entière qui 
lui est assujettie. 

9. L'avare ne sera point ras- 
sasié d'argent, et celui qui aime 
lesrichesses n'enrecueillera point 
de fruit, et cela done est vanité. 

10. Θὰ il y a beaucoup de biens, 
il y a aussi beaucoup de gens 
qui 168 mangent. Et de quoi 
sert-il au possesseur, si ce n'est 
quil voit des richesses de ses 
yeux? 

11. I] est doux, le sommeil, à 
celui qui travaille, qu'il ait mangé 
peu ou beaucoup ; mais la satiété 
du riche ne lui permet pas de 
dormir. 

19. Il est aussi une maladie, 


L'ECCLÉSIASTE. 


[cH. v.] 
très malheureuse, que [81 vue 
sous le soleil : des richesses con- 
servées pour le malheur de leur 
maitre. 

13. Il les voit périr avec une 
affliction trés grande : il a en- 
gendré un fils qui sera dans une 
extréme détresse. 

14. Comme il est sorti nu du 
sein de sa mere, ainsi il s'en re- 
tournera, et il n'emportera rien 
avec lui de son travail. 

15. Maladie tout à fait miséra- 
ble : comme elle est venue, ainsi 
elle s'en retournera. Que lui sert 
done d'avoir travaillé pour le 
vent? 

16. Tous les jours de sa vie, il 
a mangé dans les ténebres, dans 
des soins multipliés, dans le cha- 
erin et dans la tristesse. 

11. Ainsi donc il m'a paru bon 
quun homme mange et boive, 
et qu'il goüte la joie du travail 
dans lequel il s'est fatigué lui- 
méme sous le soleil, durant le 
nombre des jours de sa vie que 
lui a donnés Dieu; car c'est là sa 
part. 

18. Et pour tout homme à qui 
Dieu a donné des richesses et du 
bien, et à qui il a accordé le pou- 
voir d'en manger, et de jouir, de 
prendre sa part et de se réjouir 
de son travail, cela est un don de 
Dieu. 


Cuap. V. 12. Job, xx, 20. — 14. Job, 1, 21; 1 Tim., vi, 7. 


ce qui précède, nous a paru être : Ne te permets pas de prononcer aucun vœu témé- 
rairement; parce que, en ne l'acquittant pas, tu te rendras coupable de péché. — 
Ta chair, pour te, toi. Voy. τι, 3. — L'ange; probablement le prêtre à qui il appar- 
tenait de prononcer sur les vœux (Lévit., v, 4-8), et de la bouche duquel on recueil- 
lait l'explication de la loi, car le prophète Malachie (n, 7) l'appelle formellement 
l'ange du Seigneur. Saint Jean désigne aussi sous le nom d'anges les évêques (Apo- 
cal., 1, 20, etc.). 

15. Pour le vent. Les Hébreux employaient le mot vent pour exprimer ce qu'il y a 
de plus léger, de plus vain. 


(cu. vi.] 

19. Car il ne se souviendra pas 
beaucoup des jours de sa vie, 
parce que Dieu occupe son cœur 
de délices. 


CHAPITRE VI. 


Malheureuse condition de l'avare. Il a du 
bien, et il n'ose pas en jouir. 


1. Il y a encore un autre mal 
que j'ai vu sous le soleil, et qui 
est méme fréquent parmi les 
hommes : 

2. Un homme à qui Dieu ἃ 
donné des richesses, des biens et 
de l'honneur, en sorte que rien ne 
manque à son àme de tout ce 
qu'il désire; et Dieu ne lui a pas 
accordé de jouir de ces biens, 
mais un homme étranger les dé- 
vorera : cela est vanité et une 
grande misere. 

3. Quand un homme aurait en- 
gendré cent enfants, qu'il aurait 
vécu beaucoup d'années, et qu'il 
serait d'un grand âge, si son 
àme n'use pas des avantages 
de son bien, qu'il soit méme 
privé de la sépulture, de cet 
homme, moi je dis hardiment 


L'ECCLÉSIASTE. 


1375 
qu'un avorton vaut mieux que lui. 

4. Car en vain il est venu, et 
il sen va dans les ténèbres, et 
par l'oubli sera effacé son nom. 

ὃ. 11 n'a pas vu le soleil, il n'a 
pas connu la distance du bien et 
du mal, 

6. Quand il aurait vécu deux 
mille ans, sil n'a pas joui des 
biens; toutes choses ne se hâtent- 
elles pas vers un seul lieu ? 

7. Tout le travail de l'homme 
est pour sa bouche; mais son 
âme ne sera pas remplie. 

8. Qua le sage de plus que 
l'insensé? et qu'ale pauvre, sinon 
qu'il va là où est la vie? 

9. Mieux vaut voir ce que tu 
désires que désirer ce que tu 
ignores; mais cela aussi est va- 
nité et présomption d'esprit. 

10. Celui qui doit étre, son 
nom déjà a été nommé, et l'on 
sait que c'est un homme, et qu'il 
ne peut, contre celui qui est plus 
fort que lui, disputer en juge- 
ment. 

11. On dit beaucoup de paroles, 
et, dans la dispute, elles sont 
d'une grande inanité. 


19. Pas beaucoup; c'est le sens donné par les Septante; c'est aussi celui du non 
salis ou pas assez de la Vulgate, expliqué par l'hébreu. Ainsi l'auteur veut dire qu'en 
usant avec modération du fruit de ses travaux, l'homme dont il est question au 
verset précédent trouvera sa vie courte, parce que Dieu remplit son cœur de délices 
qui la lui font passer agréablement. 


1.*La 3e section embrasse les chapitres vi-vin, 15. Elle montre que le bonheur 
n'est pas dans la recherche des richesses ni de la réputation. La sagesse pratique 
consiste à prendre les choses comme Dieu les envoie, à étre patient, à ne pas se livrer 
aux récriminations, à obéir aux supérieurs. 

2. A son âme; hébraisme, pour ἃ sa personne, à lui. 

10. Celui qui doit étre, ete. Les hommes ont toujours été hommes, naissant tou- 
jours de la méme maniére, faibles, malheureux, etc. Ainsi celui qui doit naitre un 
jour à venir est déjà connu; son nom d'homme, connu par avance, indique déjà ce 
qu'il scra. 


1376 


CHAPITRE VII. 


Vaiue curiosité. Bonne réputation. Uti- 
lité des corrections. Avantage de la 
sagesse. Point de juste qui ne péche. 
Négliger les discours des hommes. La 
femme dangereuse. 


1. Qu'est-il nécessaire à l'hom- 
me de rechercher ce qui est au- 
dessus de lui, lorsqu'ii ignore ce 
qui lui est avantageux dans sa 
vie, durantle nombre des jours 
de son pelerinage, et dans le 
temps qui comme l'ombre passe? 
ou qui pourra lui indiquer ce qui 
apres lui doit arriver sous le so- 
leil? 

9. Mieux vaut une bonne répu- 
tation que les parfums précieux ; 
et le jour de la mort que le jour 
de la naissance. 

3. Mieux vaut aller dans une 
maison de deuil que dans une 
maison de festin ; car dans celle- 
là on est averti de la fin de tous 
les hommes, et le vivant pense à 
ce qui doit arriver. 

4. Mieux vaut la colère que le 
rire, parce que parla tristesse du 
visage est corrigé le cœur de ce- 
lui qui peche. 

5. Le cœur des sages est où est 
la tristesse ; et le cœur des insen- 
sés où est la joie. 

6. Mieux vaut étre repris par 
un sage que d'étre trompé par les 
flatteries des insensés ; 

7. Parce que, comme est le pé- 
tillement des épines qui brülent 


Cuar. VII. 2. Prov., xxii, +. 


L'ECCLÉSIASTE. 
Ι sous une marmite, ainsi est le 


(cu. vir.! 


rire dclinsensé ; mais cela méme 
est vanité. 

8. L'oppression trouble le sage, 
et elle détruira la force de son 
cœur. 

9. Mieux vaut la fin d'un dis- 
cours que le commencement. 
Mieux vaut un homme patient 
qu'un arrogant. 

10. Ne sois pas prompt àte met- 
tre en colère ; parce que la colere 
repose dans le sein de l'insensé. 

11. Ne dis pas : Quelle est la 
cause, penses-tu, que les temps 
anciens furent meilleurs qu'ils 
ne sont maintenant? car in- 
sensée est une question de ce 
genre. 

12. La sagesse est plus utile 
avec les richesses, et elle sert da- 
vantage à ceux qui voient le so- 
leil. 

13. Car comme la sagesse pro- 
tege, l'argent protege aussi ; mais 
l'instruction a cela de plus, ainsi 
que la sagesse, qu'elles donnent 
la vie à leur possesseur. 

14. Considere les œuvres de 
Dieu : personne ne peut corriger 
celui qu'il méprise. 

15. Au jour heureux, jouis des 
biens, et précautionne-toi contre 
le mauvais jour; carcomme l'un, 
ainsi il ἃ fait l’autre, sans que 
l'homme trouve contre lui de 
justes plaintes. 

16. J'ai encore vu ceci dans les 
jours de ma vanité : le juste périt 


—M—————————————————————————————————————————0—7À 


4. Mieux vaut la colère; c'est-à-dire le ton sévère, d'un homme juste, par exemple, 
que le rire ou l'approbation du méchant, parce qu'en effet le regard sévère du pre- 
mier et la tristesse de son visage peuvent faire sur 16 pécheur une impression salu- 


taire, et le porter à se corriger. 


8. L'oppression (calumnia). Voy. Prov., xiv, 31. 


(cu. vis] 
dans sa justice, et limpie vit 
longtemps dans sa malice. 

17. Ne sois point juste à l'excès, 
ni plus sage qu'il n'est nécessaire, 
pour que tu ne devieunes pas in- 
sensible. 

18. N'agis pas en impie à l'ex- 
ces; et ne sois pas insensé, afin 
que tu ne meures pas dans un 
temps qui n'est pas le tien. 

19. Il est bon que tu soutiennes 
le juste; mais méme ne retire 
pas de celui-là ta main, parce 
que celui qui craint Dieu ne né- 
glige rien. 

20. La sagesse a rendu le sage 
plus fort que dix princes d'une 
cité. 

91. Car il n'est pas d'homme 
juste sur la terre qui fasse le bien 
et ne peche point. 

92. Mais surtout, à toutes les 
paroles qui se disent, ne préte 
pas ton cœur; de peur que tu 
n'entendes ton serviteur te mau- 
dire ; 

23. Car ta conscience sait que 
toi-même tu as fréquemment 
maudit les autres. 

24. J'ai tout tenté avec la sa- 
cesse. J'ai dit : Je deviendrai sage, 


L'ECCLÉSIASTE. 


1377 


etla sagesse s'est retirée bien 
loin de moi 

25. Beaucoup plus loin qu'elle 
n'était, et: grande est sa profon- 
deur; quila trouvera? 

26. J'ai parcouru toutes choses 
avec mon esprit, afin de savoir, 
de considérer, et de chercher la 
sagesse et la raison des choses, 
et de connaitre l'impiété de l'in- 
sensé et l'erreur des imprudents : 

27. Et j'ai trouvé la femme plus 
amere que la mort; elle est un 
lacs de chasseur, son cceur est un 
filet, ses mains sont des chaines. 
Celui qui plait à Dieu lui échap- 
pera; mais celui qui est pécheur 
sera pris par elle. 

28. Voilà ce que j'ai trouvé, dit 
l'Ecclésiaste, une chose et une 
autre, afin de trouver une rai- 
son, 

29. Que cherche encore mon 
áme, et que je n'ai pas trouvée. 
J'aitrouvé un hoinme entre mille ; 
une femme entre toutes, je ne 
l'ai pas trouvée. 

30. J'ai trouvé cela seulement, 
que Dieu a fait l'homme droit, et 
que celui-ci s'est embarrassé lui- 
méme dans des questions infinies. 


21. III Rois, vir, 46; II Par., vi, 36; Prov., xx, 9; I Jean, 1, 8. 


11. À l'excès; c'est le sens qu'a ici, comme dans bien d'autres passages, le multum 
de la Vulgate. D'ailleurs le contexte, dans ce verset, suffirait seul pour le justifier. 

18. N'agis pas, etc. Si le sage conseille, comme on vient de le voir, de ne pas ex- 
céder dans la justice et la sagesse, à plus forte raison fera-t-il la même recomman- 
dation, quand il s'agira du mal et de l'impiété. Ainsi, en défendant d'étre trop impie, 
il ne permet pas pour cela de l'étre un peu; il veut dire seulement que puisque la 
vie de l'homme ne peut étre sans défaut et sans péché, il faut au moins éviter les 
grands désordres, les chutes trop fréquentes, les mauvaises habitudes. — Qui n'est 
pas le tien; prématuré, avant ton temps. 

19. De celui-là; c'est-à-dire de limpie, nommé au vers. 16. — Ne néglige rien; 
aucune occasion de faire le bien. 

30. Qui est tel que le sage? qui est semblable au sage? — Qui connait, etc.; qui est 
assez éclairé pour comprendre ce qui vient d’être dit, et pouvoir donner la solution 
compléte des grandes questions relatives à la condition présente des hommes, au 
penchant qui les entraine au mal, à leur aveuglement et à leur état de misère? — 
Dans le texte hébreu, les mots : Qui est... parole, forment le commencement du 

A יז‎ : 97 


. o - 


1378 


Qui est tel que le sage? et qui 
connait la solution de la parole? 


CHAPITRE VIII. 


Ne point s'éloigner des commandements 
de Dieu. Patience de Dieu. Affliction 
des justes. Prospérité des méchants. 


1. La sagesse de l'homme tuit 
sur son visage, et le tout-puis- 
sant changera sa face. 

2. Pour moi j'observe la bou- 
che du roi, et les préceptes du 
serment de Dieu. 

3. Ne te hàte pas de te retirer 
de devantsa face, et ne persévere 
pas dans une œuvre mauvaise; 
parce que tout ce qu'il voudra, il 
le fera; 

4. Et sa parole est pleine de 
puissance; et nul ne peut lui 
dire: Pourquoi faites-vous ainsi? 

9. Celui qui garde le précepte 
n'éprouvera rien de mal.Letemps 
et la réponse, le cœur du sage les 
comprend. 

6. A toute chose est son temps 
et son opportunité, et grande est 
l'affliction de l'homme, 

7. Parce qu'il ignore les choses 
passées, et que les futures, il 
ne peut les savoir par aucun mes- 
sager. 

8. Il n’est pas au pouvoir de 

CnaP. VIII. 1. Supra, n, 14. 


L'ECCLÉSIASTE 


[cn. vrw.] 


l'homme de retenir le souffle dela 
vie; et il n'a pas de pouvoir au 
jour de la mort; il ne lui est pas 
permis de se reposer, la guerre 
éclatant: et l'impiété ne sauvera 
pas l'impie. 

9. J'ai considéré toutes ces cho- 
ses, et j'ai appliqué mon cœur à 
toutes les œuvres qui se font sous 
16 soleil Quelquefois l'homme do: 
mine un homme pour son propre 
malheur. 

10. J'ai vu des impies ense- 
velis, qui, lors méme qu'ils vi- 
vaient, étaient dans le lieu saint 
et étaient loués dans la cité, 
comme si leurs ceuvres eussent 
été justes; mais cela aussi est 
vanité. 

11. Car, parce que la sentence 
n'est pas portée promptement 
contre les méchants, les fils des 
hommes, sans aucune crainte, 
commettent le mal. 

12. Et cependant, parce que le 
pécheur, cent fois, fait le mal et 
qu'avec patience il est supporté, 
jai connu, moi, que le bien sera 
pour ceux qui craignent Dieu, qui 
révèrent sa face. 

. 18. Que le bien ne soit pas 
pour l'impie; que ses jours ne 
soient pas prolongés ; mais que, 
comme l'ombre, ils passent, ceux 


chap. vin, et le sens de ce texte parait être : Qui sait l'explication des choses? D'au- 
tant que l'hébreu dábár signifie chose aussi bien que parole (la Vulgate elle-même 
l'a rendu, vni, 3, par opus), et qu'il s'emploie souvent pour le pluriel. 

1. La sagesse luit, se fait remarquer sur le visage du sage, et le Tout-Puissant 
change son visage, selon les circonstances; par exemple, il lui donnera un air triste 
ou joyeux, selon que le sage se trouvera avec des gens qui seront dans la tristesse 


ou dans la joie. 


2. La 6ouche; c'est-à-dire ce qui sort de la bouche, les paroles, les ordres. On a déjà 
remarqué que cette sorte de métonymie étail très usitée dans la Bible. — Les pré- 
ceptes, etc., pour des préceples que Dieu a donnés avec serment. 

10. Comme si leurs œuvres oussent élé justes; littér. comme de justes œuvres (quasi 
fustorum operum); ce génitif est gouverné par le mot Ao»unes (viri) sous-entendu. 


(cu. 1x.] 


qui ne craignent pas la face du 
Seigneur. 

14. Hl. est une autre vanité 
qui a lieu sur la terre; il y à 
des justes à qui les maux arri- 
vent, comme s'ils avaient fait 
les œuvres des impies, et il y 
a des impies qui vivent dans la 
sécurité, comme s'ils avaient 
pour eux les actions des justes; 
mais cela aussi je le juge tres 
vain. 

15. J'ai donc loué la joie, 
parce qu'il n'était, pour l'homme, 
de bien sous le soleil que de 
manger, de boire et de se ré- 
jouir; et que c'était cela seul 
qu'il emportait avec lui de son 
travail durant les jours de sa 
vie, que lui a donnés Dieu, sous 
le soleil. 

16. Et j'ai appliqué mon cœur 
à connaitre la sagesse, et à com- 
prendre la tension d'esprit qui 
regne sur la terre. Il est tel 
homme qui, les jours et les 


L'ECCLÉSIASTE. 


1579 


nuits, ne prend pas de sommeil 
pour ses yeux. 

11. Et j'ai compris que l'homme 
ne peut trouver aucune raison 
de toutes les ceuvres de Dieu, qui 
se font sous le soleil, et que plus 
il travaille pour chercher, moins 
il trouve. Quand méme le sage 
dirait qu'il sait, il ne pourra rien 
irouver. 


CHAPITRE IX. 


Nul ne sait s'il est digne d'amour ou de 
haine. Egale condition des bons et des 
méchants en ce monde. Faire le bien 
tandis qu'on le peut. Sagesse du 
pauvre méprisée. 


1. J'ai agité toutes ces choses 
dans mon cœur, afin de tácher 
de les comprendre. Il y a des 
justes et des sages, et leurs 
œuvres sont dans la main de 
Dieu : et cependant l'homme ne 
sait s'il est digne d'amour ou de 
haine ; 

2. Mais toutes choses sont ré- 


15. Le but de l'auteur dans ce verset n'est nullement de recommander une vie 
molle et voluptueuse. Voy. 11, 24. 

16. * La 4e et dernière section du livre de l'Ecclésiaste commence ici au verset 16 
et elle s'étend jusqu'au chapitre xir, 7. Elle donne le résumé des recherches et des ex- 
périences des trois sections précédentes et la conclusion finale. Il est impossible à la 
sagesse humaine d'approfondir l’œuvre de Dieu, vur, 16-17; les bons, comme les 
méchants, sont soumis à la Providence dont la volonté est inscrutable, 1x, 1-2; ils 
doivent mourir et étre oubliés, ix, 2-6; nous devons donc jouir de la vie en attendant , 
la mort, ix, 1-10; le succes ne récompense pas toujours les efforts de l'habile et du 
sage, 1x, 11-12; la sagesse, quoique avantageuse en bien des cas, est souvent un objet 
de mépris pour la folie, ix, 13-x, 3. Nous devons étre patients et obéir à ceux qui 
gouvernent, méme quand ils sont injustes, parce que la résistance ne ferait qu'ac- 
croitre nos maux, x, 4-11: la prudence dans les choses de la vie vaut mieux que la 
folie, x, 12-20. Il faut être charitable, dussions-nous faire des ingrats, car ceux à 
qui nous faisons du bien peuvent après tout nous en être reconnaissants, xr, 1-2. 
Nous devons toujours travailler, puisque nous ignorons lesquels de nos efforts seront 
couronnés de succès, et rendre par ce travail la vieagréable, xr, 3-8. Néanmoins, comme 
tout cela ne satisfait point l'àme, l'Ecclésiaste conclut en définitive que la pensée du 
jugement dernier doit étre la régle de notre vie, xr, 9-10, et que nous devons vivre 
depuis notre jeunesse jusqu'à la vieillesse dans la crainte de Dieu et du jugement 
final, dans lequel tout sera expliqué, xu, 1-1. 


1. Afin de lâcher de les comprendre; littér. afin de les comprendre avec soin, uvec 
empressement de savoir (curiose). 


1380 
servées pour l’avenir, étant in- 
certaines dans le présent, parce 
que tout arrive également au 
juste et à l'impie, au bon et au 
méchant, au pur et à l'impur, à 
celui qui immole des victimes et 
à celui qui méprise les sacrifices ; 
comme est le bon, ainsi est le 
pécheur; comme est le parjure, 
ainsi est celui-là méme qui jure 
la vérité. 

3. Ce qu'il y a de plus fâcheux 
parmi toutes les choses qui se 
passent sous le soleil, c'est que 
les mémes choses arrivent à 
tous : de là aussi les cœurs des 
fils des hommes sont remplis de 
malice et de mépris durant leur 
vie, et aprés cela ils seront con- 
duits aux enfers. 

4. Il n'est personne qui vive 
toujours et qui en ait méme l'es- 
pérance : mieux vaut un chien 
vivant qu'un lion mort. 

5. Car les vivants savent qu'ils 
doivent mourir; mais les morts 
ne connaissent plus rien, et ils 
n'ont plus de récompense, parce 
qu'à l'oubli a été livrée leur mé- 
moire. 

6. L'amour aussi et la haine et 
l'envie ont péri avec eux, et ils 
n'ont point de part en ce siecle, 
ni dans l'eeuvre qui se fait sousle 
soleil. 

1. Va donc et mange ton pain 
dans l'allégresse, et bois ton vin 
dans la joie; parce qu'à Dieu plai- 
sent tes ceuvres. | 

8. Qu'en tout temps tes véte- 
ments soient blancs, et que l'huile 
ne cesse pas de parfumer ta tête. 


L'ECCLÉSIASTE. 


[cH. 1x.] 


9. Jouis complètement de la 
vie avec l'épouse que tu aimes 
tous les jours de ta vie fugitive, 
jours qui t'ont été donnés sous 
le ciel, durant tout le temps de ta 
vanité : car c'est là ta part dans la 
vie et dans ton travail auquel tu 
travailles sous le soleil. 

10. Tout ce que peut faire ta 
main, fais-le promptement, parce 
que ni œuvre, ni raison, ni sa- 
gesse, ni science ne seront aux 
enfers, oü tu cours. 

11. Je me suis tourné vers 
une autre chose, et j'ai vu sous le 
soleil que la course n'est pas pour 
les prompts, ni la guerre pour 
les vaillants, ni le pain pour les 
sages, ni les richesses pour les 
savants, ni la faveur pourles ou- 
vriers habiles, mais le temps et le 
hasard font toutes choses. 

19. L'homme ne connait pas 
sa fin : et comme les poissons 
sont pris à l'hamecon, et comme 
les oiseaux sont retenus par le 
lacs, ainsi sont pris les hommes 
par un temps mauvais, lorsque 
tout d'un coup il leur survient. 

13. J'ai aussi vu sous le soleil 
cette sagesse, et je l'ai estimée 
ires grande : 

14. Une petite cité, et peu 
d'hommes en elle : il vint contre 
elle un grand roi, il l'investit, bà- 
tit des forts autour, et le siege 
fut complet. 

15. Or, il s'y trouva un homme 
pauvre et sage, et il délivra la 
ville par sa sagese ; et nul dans la 
suite ne se ressouvint de cet 
homme pauvre. 


5. Ils n'ont plus de récompense; c'est-à-dire ils n'ont plus aucun moyen de mériter 
la récompense qui leur était promise, et qu'ils ont négligée. 
1. Va donc, etc. Voy., pour le vrai sens de ces paroles, 11, 24, 


(cu. x.] 


16. Et je disais, moi, que la sa- 
cesse vaut mieux que la force. 
Comment donc la sagesse du 
pauvre a-t-elle été méprisée, et 
ses paroles n'ont-elles pas été 
écoutées? 

17. Les paroles des sages sont 
écoutées en silence, plus que les 
cris du prince parmi les insensés. 

18. Vaut mieux la sagesse que 
les armes guerrieres : et celui 
qui peche en un seul point perdra 
de grands biens. 


CHAPITRE X. 


Suites funestes de l'imprudence. Impru- 
dents et esclaves élevés en dignité. 
Caractère du médisant. Roi enfant. 
Prince débauché. Ne point médire du 
roi. 


1. Les mouches mourant gátent 
la suavité d'un parfum. Une folie 
légère et de courte durée prévaut 
sur la sagesse et la gloire. 

2. L.. cœur du sage est dans sa 
droite, et le cœur de l'insensé 
dans sa gauche. 

3. Mais méme Flinsensé qui 
marche dans sa voie, comme il 
est lui-méme dépourvu de sa- 
gesse, il estime tous les hommes 
insensés. 


L'ECCLÉSIASTE. 


1381 

4. Si l'esprit de ceiui qui a le 
pouvoir s'élève contre toi, ne 
quitte pas ta place, parce que le 
remède fera cesser les plusgrands 
péchés. 

5. Il est un mal que j'ai vu sous 
le soleil, sortant comme par er- 
reur de la face du prince : 

6. L'insensé élevé à une haute 
dignité, et des riches assis en 
bas. 
7. J'ai vu des esclaves sur des 
chevaux, et des princes mar-' 
chant sur la terre comme des es- 
claves. 

8. Celui qui creuse une fosse y 
tombera, et celui qui détruit une 
haie, un serpent le mordra. 

9. Celui qui transporte des 
pierres en sera meurtri ; et celui 
qui fend du bois en sera blessé. 

10. Si le fer a perdu son tran- 
chant, et qu'il ne soit pas comme 
auparavant, mais qu'il soitémous- 
sé, c'est avec beaucoup de travail 
qu'on l'aiguisera : ainsi apresl'ap- 
plication viendra la sagesse. 

11. Si un serpent mord dans le 
silence, celui qui médit en ca- 
chette n’a rien de moins que ce 
serpent. 

19. Les paroles de la bouche du 


Car. X. 8. Prov.. xxvi, 27; Ecclós., xxvir, 29. 


1. Les mouches qui meurent dans un parfum en font perdre la bonne odeur. — Une 
folie, etc. Il y a une certaine folie qui l'emporte sur la sagesse et la gloire. Pour 
étre véritablement sage, il faut devenir insensé aux yeux du monde. Or, cette folie, 
suivant saint Paul, vaut mieux que toute la prétendue sagesse humaine, qui, en effet, 
selon le même apótre, n'est que folie devant Dieu. Voy. I Corinth., 1, 25; 11, 18. 

4. Si l'esprit, etc. Le sens le plus naturel de ce verset est : Si un grand, un homme 
puissant est irrité contre toi, ne quitte pas ta place; c'est-à-dire ne te décourage pas, 
mais sois modéré et doux; car, par ce moyen, tu éviteras et tu feras éviter les plus 
grandes fautes. Remarquons que le terme hébreu rendu dans la Vulgate par remede 
(curatio) signifie aussi modération, douceur, soit dans les paroles, soit dans la manière 
d'agir; signification qui convient parfaitement dans ce passage. 

9. Sortant, etc.; c'est-à-dire qu'on ne peut considérer que comme une faute d'igno- 
rance du prince, comme un manque de sagesse ou d'attention de sa part. 

11. N'a rien de moins, etc.; le médisant ne diffère en rien du serpent; il n'est pas 
moins dangereux, 


1982 


lèvres de l’insensé le précipite- 
ront; 

13. Le commencement de ses 
paroles est la folie, et la dernière 
de sa bouche une erreur tres fu- 
nesle. 

14. L'insensé multiplie les pa- 


roles. L'homme ignore ce qui à 


été avant lui; et ce qui doit êlre 
apres lui, qui pourra le lui indi- 
quer? 

15. Le travail des insensés les 
affligera, eux qui ne savent pas 
aller à la ville. 


16. Malheur à toi, terre dont le : 


roi est un enfant, et dont les 
princes mangent des le matin. 

17. Bienheureuse la terre dont 
leroi estnoble, et dont les princes 
mangent en leur temps, pour se 
refaire et non pour la sensua- 
lité. 

18. Parla paresse s'affaissera la 
charpente ; et par la faiblesse des 
mains dégouttera la maison. 

19. Les vivants emploient le 
pain en divertissement, et le vin 
pour leurs festins ; et à l'argent 
toutes choses obéissent. 

20. Dans ta pensée ne médis 
pas du roi, et dans le secret de 
ta chambre ne maudis pas le ri- 
che, parce que méme les oiseaux 
du ciel porteront ta voix, et celui 
qui a des ailes publiera {on sen- 
timent. 


L'ECCLÉSIASTE. 
sage sont pleines de grâce ; ct les | 


(CH. xi.] 


CHAPITRE XI. 


Faire l'aumóne. OEuvres de Dieu incon- 
nues. Avoir sans cesse devant les yeux 
le jugement de Dieu. Vanité de la 
jeunesse. 


1. Répandston pain surles caux 
qui passent; parce qu'après beau- 
coup de temps tu le trouveras. 

9. Donnes-en une part àsept οἱ 
méme à huit : parce que tu igno- 
res ce qui doit arriver de mal sur 
la terre. 

3. Si les nuées sont pieines, 
elles répandront la pluie sur la 
terre. Si l'arbretombe au midi ou 
à laquilon, en quelque lieu qu'il 
tombe, il y sera. 

4. Celui qui observe le vent ne 
seme pas; et celui qui cousidère 
les nuées jamais ne moissounera. 

5. Comme tu ignores quelle est 
la voie de l'àme, et de quelle ma- 
niere sont liés les os dans le sein 
d'une femme enceinte; ainsi ₪ 
ne sais pas les œuvres de Dieu, qui 
est 16 créateur de toutes choses. 

0. Desle matin, sème ton grain, 
et que, le soir, 18 main ne cesse 
pas; parce que tu ne sais pas le- 
quel lèvera plutôt, celui-ci ou ce- 
lui-là : et 51} πῃ et l'autre /évent 
ensemble. ce sera mieux. 

7. Douce est 18 lumiere : et il 
est délectable aux veux de voir 
le soleil. 

8. Si un homme ἃ vécu un 


45. Le travail, etc. L'insensé est si paresseux, que tout travail le lasse et t'accable; 
il est en méme temps si ignorant et si stupide, qu'il ignorc jusqu'au chemin de la 
ville. 


1. Répands ton pain, etc. Le vrai sens de ce verset parait être : Jette ton pain dans 
l'eau qui passe, comme si tu n'espérais pas de lc revoir; c’est-à-dire fais du bien 
méme aux ingrats ou aux malheureux, de qui tu n'as rien à attendre, parce que, 
plus tard, tu en recevras la récompense. Cette interprétation semble étre autorisée 
par un passage de l'Evangile de saint Luc (xiv, 12-14). 

3. Il y sera; c'est-à-dire il y restera 


[cg. xu.] 


grand nombre d'années, et qu'en 
tout il se soit réjoui, il doit se 
souvenir des temps de ténèbres 
et de ces jours nombreux, qui, 
lorsqu'ils seront venus, convain- 
cront de vanité tout le passé. 

9. Réjouis-toi donc jeune hom- 
me, en ton adolescence; et 
qu'heureux soit ton cœur dans 
les jours de tà jeunesse ; marche 
dans les voies de ton cœur et 
danslesregards detes yeux ; mais 
sache que pour toutes ces choses 
Dieu t'appellera en jugement. 

10. Bannis la colere de ton 
cœur, et écarte la malice de ta 
chair. Car l'adolescence et la vo- 
lupté sont choses vaines. 


CHAPITRE XII. 


L'ECCLÉSIASTE. 


1533 

1. Souviens-toi de ton Créateur 
dans les jours de ta jeunesse 
avant que vienne le temps dt 
l'afffiction, et qu'approchent les 
années dont tu diras : Elles ne 
me plaisent pas ; 

2. Avant que le soleil s'obscur. 
cisse, ainsi que 18 lumiere, la lune 
et les étoiles, et que retournent 
les nuées après la pluie : 

3. Lorsque les gardes de la mai- 
son seront ébranlés, et que chan- 
celleront les hommes les plus 
forts; que celles qui ont accou- 
tumé de moudre seront oisives et 
en petit nombre, et que seront 
couverts de ténèbres ceux qui 
regardaient par les trous ; 

4. Et qu'on fermera les portes 
sur la rue, àlafaible voix de celle 


qui moud ; et qu'on se lèvera à la 
voix de l'oiseau, et que devien- 
dront sourdes toutes les filles du 
chant. 


Ne pas attendre la vieillesse pour servir 
le Seigneur. Enigme de la vieillesse. 
Vanité des choses du monde. Craindre 
Dieu et observer ses commandements. 


9. Qu'heureuz soit; littér. et par hébraisme, dans le bien, le bonheur soit. 
10. Ta chair; hébraisme, pour {on corps, ta personne, toi. 


4. Avant que vienne, etc. Cette phrase et les suivantes, jusqu'à la fin du vers. 4, 
sont sous la dépendance de la proposition Souviens-toi de lon Créateur, dont elles 
forment l'apodose. — Le temps de l'affliction ; c'est-à-dire de la vieillesse. 

2. Le soleil, la lumière et les étoiles; c'est-à-dire l'entendement, la mémoire, le rai- 
sonnement; en un mot, les différentes facultés de l'esprit humain. — Avant que les 
nuées, etc.; ces paroles marquent une suite de maux qui se succèdent les uns aux 
autres. 

3. Les gardes de la maison, etc. Le corps de l'homme est comparé ici à une maison, 
de méme que dans Job, 1v, 19, et dans saint Paul (II Corinth., v, 1). Or, les gardes 
sont les bras et les mains. — Celles qui, etc.; signifient les dents qui, chez les vieil- 
lards, sont ordinairement en petit nombre, et ne peuvent plus mâcher, ni mordre les 
aliments, et sont, par conséquent, oisives. — Ceux qui regardaient ; c'est-à-dire les 
yeux. L'hébreu et les Septante portent celles qui regardaient; ce qui se conçoit d'au- 
tant plus aisément que, dans la langue hébraïque, le mot yeux est féminin. — Par 
les trous; par les orbites, les cavités du crâne où les yeux sont placés. 

4. Et qu'on fermera, etc: Ces portes sont apparemment les lèvres que les vieillards 
ferment en mangeant, étant obligés de serrer leurs máchoires et leurs gencives, pour 
mácher avec elles, à défaut de leurs dents. — La rue ou la place publique (platea) 
désigne vraisemblablement ici le creux de la bouche. — 4 /a faible voix; littér. et 
par hébraisme, à la faiblesse de la voix. — Celle qui moud, peut s'entendre de la 
bouche elle-méme, ou d'une des dents molaires. Compar. verset précédent. — Qw'on 
se lèvera, etc. Le sommeil des vieillards est court et souvent interrompu; le moindre 
chant d'un petit oiseau les réveille. — Les filles du chant, sont proprement les organes 
de la voix, tels que les poumons, l'épiglotte, les dents, les lévres, etc., comme aussi 


1984 

$. On craindra aussi les lieux 
élevés, et on s'épouvantera dans 
la voie. L'amandier fleurira, la 
sauterelle engraissera, le cáprier 
se dissipera; parce que l'homme 
‘s’en ira dans la maison de son 
éternité, et les pleureurs parcour- 
ront la place publique. 

6. Souviens-toi de ton Créateur, 
avant que le cordon d'argent se 


L'ECCLÉSIASTE. 


]01. χπ.] 


rompe, et que 18 bandelette d'or 
se retire, et que 18 cruche se brise 
sur la fontaine, et que la roue se 
rompe sur la citerne; 

7. Et que la poussière retourne 
dans 18 terre d'où elle était sor£ze, 
et que l'esprit revienne à Dieu 
qui l'a donné. 

8. Vanité des vanités, dit 186 - 
clésiaste, et tout est vanité. 


les oreilles, qui, dans la vieillesse, n'entendent plus et, par conséquent, sont entière- 
ment insensibles à toute espèce de chant et d'harmonie. L'Ecriture nous en offre un 
exemple dans la personne du vieillard octogénaire Berzellaï (II Rois, xix. 35). Nous 
ferons observer, à cette occasion, qu'en hébreu l'expression fils ou fille d'une chose 
se donne à tout ce qui dépend de cette chose, à tout ce qui lui appartient, à tout ce 
qui a un rapport avec elle. — * L'image tirée de la faible voix de celle qui moud est 
trés naturelle en Palestine. Le bruit dela meule qui écrase le grain caractérise les 
lieux habités en Orient, comme le bruit des voitures caractérise les grandes villes de 
l'Occident. On l'entend. encore aujourd'hui quand on passe dans les rues des villes et 
des villages et prés des campements arabes. — Les figures et les métaphores em- 
ployées dans cette description de.la vieillesse peuvent nous paraître bien recherchées, 
mais elles sont. tout à fait dans le goût des Orientaux. A la fin d'un manuscrit 
syriaque de la Sainte Ecriture, le copiste a écrit cette prière : > Daigue, Seigneur, 
ne pas nous priver de la récompense des cinq sœurs jumelles qui 56 sont fatiguées 
à travailler, et des autres sceurs qui leur ont prété le secours du regard pour semer, 
avec la vertu de 1 Esprit Saint et les ailes d'un oiseau, leur semence dans un champ 
paisible. » Les ciuq sœurs jumelles sont les cinq doigts de la main qui a écrit; les 
deux autres sœurs jumelles sont les deux yeux qui ont In le manuscrit copié; les 
ailes del'oiseau ont fourni les plumes pour écrire, le champ est le papier ou le par- 
chemin et la semence, ce sont les pensées. 

5. On craindra aussi, etc. Les vicillards craindront de monter, parce que leurs 
jambes ne sont plus flexibles, ni leur poitrine et leur respiration libres et dégagées ; 
et dans le chemin méme, ils marcheront avec peine, et toujours dans l'appréhension 
de trébucher, de rencontrer un sentier raboteux et inégal. — L'amandier fleurira; 
c'est-à-dire que les cheveux des vieillards paraitront comme la fleur de l'amandier, 
qui fleurit blanc. — La sauterelle engraisseru; c'est-à-dire, comme porte l'hébreu, 
deviendra lourde et pesante; en sorte qu'elle ne pourra plus ni voler, ni sauter; 
autre image de l'homme parvenu à la vieillesse. — Le cáprier se dissipera. Cet abris- 
seau, s'entr'ouvrant, produit une fleur blanche qu: tombe bientôt, et qui découvre 
une espèce de gland oblong. Or, celle Îeur représente assez naturellement les che- 
veux blanes qui tombent de la téte des vieillards, et qui la leur laissent toute peléo 
et toute chauve. — La maison de son élernilé ; c'est-à-dire le tomibeau, οὐ il demeu- 
rera jusqu'à la fin du monde. 

6. Souviens-tor de ton Créateur. Ces mots du 1% verset sont évidemment sous- 
entendus; sans eux, le sens des versets 6 et 7 resterait suspendu et serait incomplet, 
— Le cordon d'argent, et la bandelette d'or figurent probablement les liens qui 
altachent à la vie. — La cruche qui se brise sur la fontaine peut signifier le cœur qui 
se brise à la source de la vie, et a roue qui se rompt sur la cilerne, les poumons qui 
n'aspirent plus l'air. 

7. Ce verset suffit pour venger l'auteur de l'Ecclésiaste du reproche de matérialisme ; 
il est impossible de s'exprimer d'une maniére plus claire sur le dogme de la survi- 
vance de l'àme au corps. 

8. * L'épilogue xu, 8-14, contient la solution du probléme énoncé dans le prologue. 
Tous les efforts de l’homme pour obtenir la félicité complète sur la terre sont vains, 
xn, 8; l'expérience de. Salomon, le plus sage des hommes, qui a essayé de tout, en 


[cu. xn.] 


9 Et comme l'Ecelésiaste étai: 
très sage, il enseigna le peuple, 
et raconta ce qu'il avait fait; el 
dans ses recherches, il composa 
un grand nombre de paraboles. 

10. H chercha des paroles utiles, 
et écrivit des discours tres justes 
et pleins de vérité. 

11. Les paroles des sages sont 
comme desaiguillons, comme des 
clous profondément enfoncés, 
lesquelles, avec le conseil des 
maîtres, ont été données par un 
seul pasteur. 


L'ECCLÉSIASTE, 1385 


12. Ne recherche rien de plus, 
mon fils. Il n'y a point de fin à 
multiplier les livres : et une fré- 
quente méditation est l'affliclion 
de la chair. 

13. Ecoutons tous pareillement 
la fin de ce discours. Crains Dieu, 
et observe ses commandements: 
car c'est là tout l'homme; 

14. Quant à toutes les choses 
qui se font, Dieu les appellera en 
jugement, pour tout ce qui aura 
été commis par erreur, que ce soit 
bien ou mal. 


est la preuve, xi, 9-10. Les livres sacrés, qui nous apprennent la vraie sagesse, con- 
duisent à la vraie félicité, xir, 11-12 : ils nous apprennent qu'il y a un juge équitable 
qui, au grand jour du jugement, nous rendra selon nos œuvres. La règle de la vie, 
c'est donc de le craindre et de garder ses commandements, c'est-à-dire de pratiquer 
fidèlement la religion, xit, 13-14. C'est par conséquent Dieu, la pensée de Dieu, qui 
résout le probléme de la destinée de l'àne que s'est posé l'Ecclésiaste. Si Dieu n'in- 
tervient pas personnellement dans ce livre, comme dans celui de Job, avec lequel il 
a tant de ressemblance par le sujet, c'est lui du moins qui donne la solution comme 
dans Job. Dieu est toujours présent à Salomon; il ne le nomme pas moins de 
31 fois dans douze chapitres; c'est bien le crains Dieu qui est le devoir de l'homme, 
v, 6; xir 13, d'où dépend sa félicité, viir, 12, et son sort définitif, vir, 18 (Vulg., 19); 
xi, 9; xii, 14. Telle est la pensée dominante de l'Ecclésiaste et l'explication du livre. 


CANTIQUE DES CANTIQUES. 


OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES 


1. L'expression Cantique des cantiques est un idiotisme hébreu qui signifie : 
' le plus beau, le plus excellent des cantiques. Ce cantique, vrai chant d'amour, ex- 
prime les sentiments tout à la fois les plus ardents et les plus tendres, et respire 
toutes les douceurs de cette affection. C'est l'entretien d'un époux et d'une 
épouse qui s'expriment leur amour. L'un parait tour à tour sous les titres de 
berger, de roi, et sous le nom de Salomon, et l'autre alternativement sous ceux 
d'une bergère, d'une épouse, et elle porte le nom de Sulamite, quiest trés vrai- 
semblablement le féminin de Salomon. L'auteur introduit de jeunes vierges qui 
accompagnent l'épouse, et qui prennent plusieurs fois la parole, et de jeunes 
amis de l'époux; mais ceux-ci ne sont que des personnages muets. 

9. Nous regardons comme plus probable que ce cantique est purement allé- 
gorique, et qu'il doit étre entendu uniquement de l'amour mutuel de Dieu et 
de son Église. C'est le sentiment de Théodoret, qui cite comme le partageant, 
non seulement Eusébe, Origéne, saint Cyprien et les Péres qui touchaient aux 
temps apostoliques, mais encore ceux qui sont venus aprés ces trois illustres 
docteurs. On a prétendu, il est vrai, que Salomon avait décrit d'une maniére 
obscene les parties du corps de l'épouse; mais, pour se convaincre du contraire, 
il suffit de remarquer : 1? que la simplicité du langage est toujours en propor- 
tion avec la simplicité des mœurs, et que, par conséquent, un peuple simple 
parle simplement et sans détour. Or, le peuple hébreu, qui était incontestable- 
ment dans cet état de simplicité naturelle, ne s'offensait nullement de certaines 
descriptions qui frappent et blessent nécessairement notre imagination cor- 
rompue ; 2? que dans l'Orient les hommes, ne vivant pas avec les femmes, s'ex- 
priment très librement entre eux, et ne connaissent pas cette réserve que 
nécessite, chez les Occidentaux, le mélange des deux sexes. Cette observation est 
aussi applicable aux femmes, qui, de leur cóté, ne sont pas moins libres entre 
elles. De méme que dans ces climats la nudité presque entiére ne choque pas 
les yeux, de méme aussi la plus grande liberté dans les expressions n'offense 
nullement les oreilles; 3° que les descriptions qui nous paraissent trop libres ne 
sont pas mises dans la bouche des personnes étrangéres, mais dans celle de 
l'époux et de l'épouse ou de ses compagnes, ce qui fait que le decorum est ob- 
servé ; 4? que la plupart des peuples de l'Orient dépeignent l'amour mutuel de 
Dieu et de ses plus fidéles adorateurs sous des images empruntées de l'amour 
sensuel ; 5? enfin que, comme les personnages réels du Cantique sont Dieu et son 


CANTIQUE DES CANTIQUES. — OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 1387 


Église, cette description des parties du corps devenait nécessaire pour exprimer 
les qualités ineffables de ces divins époux. Au reste les Juifs ne permettent la 
lecture de ce livre qu'aux gens mariés el âgés au moins de trente ans; et, si 
chez les chrétiens la méme défense n'existe pas expressément, les directeurs des 
àmes ont soin de l'interdire aux personnes pour lesquelles elle pourrait étre une 
pierre d'achoppement, se conformant en cela au sentiment de saint Bernard, 
qui veut que le Cantique ne soit confié qu'à des esprits et à des oreilles 
chastes. Voyez au surplus notre /ntroduction, t. 1v, ou notre Abrégé d'Introduc- 
tion où nous avons réfuté les diverses attaques dont ce livre divin a été l'objet 
de la part surtout des exégétes modernes. 

3. Quant aux comparaisons qu'on rencontre dans le cours de ce livre, et qui 
peuvent nous paraitre d'une exagération poussée quelquefois jusqu'au ridi- 
cule, il faut se rappeler qu'elles sont tout à fait dans le goüt du génie oriental, 
et que souvent, si elles nous choquent, c'est uniquement parce que, malgré 
tous les efforts des plus habiles interprétes, nous n'avons que des notions 
fort imparfaites de la plupart des objets qui font la matière de ces compa- 
raisons. (J.-B. GLAIRE.) 

* 4. Le titre hébreu du Cantique l'attribue à Salomon, cf. ΠῚ Rois, 1v, 32, et 
la tradition à peu prés universelle, juive et chrétienne, l'a toujours considéré 
comme l’œuvre du fils de David. Un certain nombre de critiques modernes pré- 
tendent, au contraire, que ce poème est de date plus récente ; quelques-uns ne 
le font pas remonter au delà de l'époque d'Esdras et de Néhémie. Ils s'appuient 
principalement, pour soutenir leur opinion, sur les aramaismes ou expressions 
chaldéennes qu'on rencontre dans l'original. Mais cette raison n'est pas fondée. 
Les meilleurs connaisseurs rapportent le Cantique à l'âge d'or de la littérature 
hébraique, et les quelques mots étrangers qu'on y rencontre s'expliquent trés 
bien parles goüts exotiques de Salomon, ou par de légers changements intro- 
duits aprés la captivité par les copistes. Le langage est d'ailleurs, dans son en- 
semble, conforme à celui qu'on s'attend à trouver dans la bouche du célèbre 
monarque, les images qu'il emploie sont celles de son époque, 1, 5, 9 ; ur, 7-10 ; 
Iv, 4 ; viu, 11, etc. ; il aime à mentionner les animaux et les plantes, la tourte- 
relle, la biche, le troéne, etc., cf. ΠῚ Rois, 1v, 33, les objets précieux, l'ivoire, le 
marbre, 16 saphir, etc. ; son style, par les mots et par les tournures, se rapproche 
de celui des Proverbes autant que le comporte la nature différente du genre et 
du sujet. 


CHAPITRE PREMIER. 


Désirs ardents de l'Epouse. Affection 
mutuelle des Epoux. 


1. L'Epouse. Qu'il me baise d'un 
baiser de sa bouche ; car tes ma- 
melles sont meilleures que le vin, 

2. Odorantes comme les par- 
fums les plus précieux. C'est une 
huile répandue que ton nom : 
cest pour cela que les jeunes 
filles t'ont chéri. 

3. Entraine-moi; après toi 
nous courrons à l'odeur de tes 
parfums. Le roi m'a introduite 
dans ses celliers; nous exulte- 
rons et nous tressaillirons d'al- 
légresse en toi, nous souve- 
nant de tes mamelles supérieures 
au vin : les cœurs droits te chré- 
rissent. 

4. Je suis noire, mais je suis 
belle, ὃ filles de Jérusalem, 
comme les tabernacles de Cé- 
dar, comme les pavillons ‘de Sa- 
lomon. 


CANTIQUE DES CANTIQUES. 


].1 .אס] 


ὃ. Ne considérez pas que je 
suis hâlée, parce que le soleil 
m'a décolorée : les fils de ma 
mere se sont élevés contre moi, 
ils m'ont placée à la garde des 
vignes, je n'ai pas gardé ma pro- 
pre vigne. 

6. Indique-moi, ὃ toi que ché- 
rit mon àme, oü tu fais paitre, 
oü tu te reposes à midi, afin que 
je ne m'expose pas à m'égarer à 
la suite des troupeaux de tes 
compagnons. 

7. L'Eroux. Si tu ne te connais 
pas, ó la plus belle d'entre les 
femmes, sors et va sur les traces 
des troupeaux, et pais tes che- 
vreaux pres des tabernacles des 
pasteurs. 

8. A mes coursiers attelés aux 
chars de Pharaon, je t'ai compa- 
rée, mon amie, 

9. Tes joues sont helles comme 
le plumage de la tourterelle ; ton 
cou est comme des colliers. 

10. Nous vous ferons des chai- 
nes d'or, marquetées d'argent. 


1. Le changement subit de personne est un des idiotismes de la langue biblique. 
— Des mamelles sont données à l'époux, parce que Dieu aime son peuple comme 
une mère (Isaïe, Lxvi, 13) et qu'il le porte sur son sein (Isaie, xLvi, 3), ou parce que la 
doctrine divine est appelée un lait spirituel dont les enfants de Dieu se nourrissent 
(I Pierre, τι, 1). 

3. Dans ses celliers. Chez les anciens le cellier n'était pas une cave obscure, mais 
un lieu élevé de la maison où l'on mettait non seulement le vin, mais encore d'autres 
provisions et tout ce qu'on avait de plus précieux;ce lieu était voisin de la chambre 
nuptiale. Homère nous apprend, en effet, que dans le palais d'Ulysse on conservait 
le vin et l'huile dans de grandes cruches rangées le long de la muraille dans un 
appartement d'en haut, où était aussi beaucoup d'or, d'argent et d'habits, outre le lit 
nuptial. Ainsi il n'est pas étonnant que l'Epouse dise plus d'une fois dans ce livre 
qu'elle a été introduite dans le cellier de l'Epoux. 

4. Les tabernacles ou tentes de Cédar ; c'est-à-dire des Arabes cédaréniens ou Scé- 
nites, étaient de poils de chévres, lesquelles sont presque toutes noires en ce pays. 
— Les pavillons ou tentes; littér. les peaux; parce que cette sorte d'habitations était 
anciennement faite avec des peaux ; mais disons que les voyageurs qui nous dépeignent 
les tentes des rois d'Orient, et celles de leurs vizirs et de leurs généraux, ne parlent 
qu'avec admiration de leur beauté, de leur richesse et de leur magnificence. 

6. * Où tu te reposes à midi. Les bergers se retirent à l'ombre ou sous un abri pen- 
dantles heures les plus chaudes du milieu du jour. 

8. A mes coursiers, etc. C'était sans doute l'attelage dont Pharaon, roi d'Egypte, son 
beau-père, lui avait fait présent. 


[cn. n.) 

41. L'Epouse. Tandis que le roi 
était sur son lit de table, mon 
nard a répandu son odeur. 

19. Mon bien-aimé est pour moi 
un paquet de myrrhe; il demeu- 
rera entre mes mamelles. 

13. Mon bien-aimé est pour 
moi comme une grappe de rai- 
sin de cypre dans les vignes d'En- 
gaddi. 

14. L'Eroux. Vois que tu es 
belle, mon amie ; vois que tu es 
belle; tes yeux sont ceux des co- 
lombes. . 

15. L'Epouse. Voisque lu esbeau, 
mon bien-aimé, et plein de grâce. 
Notre lit est couvert de fleurs; 

16. Les poutres de nos maisons 
sont de cedres, nos lambris de 
cyprès. 

CHAPITRE 1. 


L'Epoux et l'Épouse continuent à faire 
mutuellement leur éloge. Leur ravis- 
sement et leur fidélité. 


1. L'Eroux. Je suis la fleur des 


CANTIQUE DES CANTIQUES. 1589 


champs et le lis des vallées. 

9. Comme 16 118 entre les épi- 
nes, ainsi est mon amie entre les 
filles. 

3. L'Epouse. Comme 16 pommier 
est entre les arbres des forêts; 
ainsi mon bien-aimé est entre les 
fils des hommes. & l'ombre de 
celui que j'avais désiré, je me suis 
assise; et son fruit est doux à ma 
bouche. 

4. Il m'a introduite dans son 
cellier à vin : il a ordonné, en 
moi, la charité. 

5. Soutenez-moi avec des fleurs, 
fortifiez-moi avec des fruits, parce 
que je languis d'amour. 

6. Sa main gauche sera sous 
ma téte, et sa main droite m'em- 
brassera. 

7. L'Eroux. Je vous conjure, 
filles de Jérusalem, par 165 che- 
vreuils et les cerfs des campa- 
gnes, ne dérangez pas et ne ré- 
veillez pasla bien-aimée, jusqu'à 
ce qu'elle-méme le veuille. 


41. * Mon nard. Voir la note sur Marc, xiv, 3. 


12. * Les femmes dans l'Orient portaient sur elles des bouquets de myrrhe. Voir la 
note sur Exode, xxx, 23. 

13. Cypre; c'est le nom d'un arbrisseau, ayant la feuille semblable à celle de l'oli- 
vier, la fleur blanche et odoraute, et les fruits pendants en grappes d'une odeur fort 
agréable. On en cueillait à Engaddi, ville située non loin de Jéricho, et devenue 
célébre par l'abondance de ses palmiers, de ses vignes et deses bananiers. — * « Le 
eypre ou chypre, en hébreu cophér, est l'arbuste nommé par les Arabes Lhe»na ou 
henné (Lawsonia inermis) dont les feuilles étaient employées par les Egyptiennes 
pour se teindre les mains et les pieds et parfois les cheveux. Les Juives adoptérent 
cette mode qui se répandit ensuite dans tout l'Orient. Cet arbuste porte de char- 
mantes fleurs d'un jaune d'or rassemblées en grappe sur des tiges dont le vif incar- 
nat contraste agréablement avec la fraiche verdure des feuilles. Ces fleurs étaient 
fort estimées, pour leur suave odeur, par les femmes israélites; elles en faisaient des 
bouquets qu'elles portaient dans leur sein et des couronnes dont elles ornaient leur 
tête. » (E. RiwuEL.) 


1. La plupart des Pères attribuent les paroles contenues dans le verset à l'Epoux 
et non à | 'Epouse; le verset suivant, qui se lie parfaitement à celui-ci, nous a semblé 
démontrer que ce sentiment est le véritable. 

4. Dans son cellier. Noy.1, ὃ. — Il a réglé (ordinavil) en moi la charilé; c'est-à-dire, 
comme l'exprime saint Thomas d'Aquin, il a mis en moi un amour bien régié, en 
torte que je ne m'aimasse moi-même, et que je n'aimasse le prochain que pour Dieu, 
et que j'aimasse Dieu lui-même par-dessus toutes choses. 

1. Je vous conjure, etc. L'Epoux, sortant de grand matin de la chambre de son 


1390 

8. L'Erouse. Voix de mor bien- 
aimé ! le voici qui vient, sautant 
sur les montagnes, franchissant 
les collines; 

9. Mon bien-aimé est semblable 
au chevreuil et au faon des bi- 
ches : le voici qui se tient der- 
riere notre muraille, regardant 
par les fenêtres, observant au 
travers des barreaux. 

10. Voilà mon bien-aimé qui 
parle : Lève-toi, hâte-toi, mon 
amie, ma colombe, ma toute belle, 
et viens. 

11. Car déjà l'hiver est passé, la 
pluie est partie, elle s’est retirée. 

12. Les fleurs ont paru sur 
notre terre, le temps de tailler 
la vigne est venu : la voix de la 
tourterelle a été entendue dans 
notre terre; 

13. Le figuier a poussé ses fi- 
gues vertes ; les vignes en fleurs 
ont répandu leur odeur. Léve- 
toi, mon amie, mon éclatante 
beauté, et viens; 


CANTIQUE DES CANTIQUES. 


[cu. ur.] 


^4. Ma colombe cachée dans les 
trous de 18 pierre, dans le creux 
du mur d'enclos, montre-moi ta 
face, que ta voix retenlisse à mes 
oreilles; car ta voix est douce et 
ta face gracieuse. 

15. Prenez-nous les petits re- 
nards qui ravagent les vignes : 
car notre vigne a fleuri. 

16. Mon bien-aimé est à moi et 
moi à lui, (qui se repait parmi les 
lis) 

17. Jusqu'à ce que le jour pa- 
raisse et que les ombres s'en- 
fuient. Retourne, sois semblable, 
mon bien-aimé, au chevreuil et 
au faon des biches sur lex mon- 
tagnes de Béther. i; 


CHAPITRE IT. 


L'Epouse cherche son bien-aimé et le 
trouve. L'Epoux dans les bras duquel 
elle s'endort est comparé à Salomon, 
et l'Epouse au lit et à la litiere de ce 
monarque. 


|. L’Erouse. Sur ma couche, 


épouse, la laisse endormie, et conjure qu'on ne l'éveille pas. — * Par les chevreuils et 
les cerfs. Ces animaux sont l'image de tout ce qui est beau et gracieux. 
9.* Au travers des barreaux. Voir note sur Prov., vir, 6. 


11, * L'hiver est passé, la pluie est partie. Les pluies cessent ordinairement en mars 
en Palestine et leur cessation marque la fin de l'hiver. 

12.* Les fleurs ont paru sur notre terre. En mars, la Palestine est un tapis de fleurs, 
— La voix de la tourterelle a élé entendue dans notre terre. Les tourterelles sont 
dans la Terre Sainte des oiseaux de passage qui y reviennent au printemps : leur 
voix annonce le retour de cette saison agréable entre toutes, car elles arrivent les 
premières parmi les oiseaux de passage et se font entendre partout et sans cesse. 

13. * Ses figues vertes, les premières figues. Le figuier en Palestine produit deux ou 
méme trois récoltes, en juin, en aoüt et à l'entrée de l'hiver. Dés que l'hiver finit, les 
premiéres figues commencent à pousser sur l'arbre. 

15. * Les petits renards, proprement les chacals. Ces animaux font de grands ra- 
vages dans les vignes. 

16. Qui se repait parmi les lis; qui répand une odeur aussi agréable que s'il était 
nourri de lis, et que s'il avait passé la nuit parmi les fleurs les plus odorantes. Ce 
menbre de phrase est détaché de ce qui précède et de ce qui suit; voilà pourquoi 
nous l'avons mis entre deux parentheses. 

11. Les montagnes de Béther; selon les Septante, montagnes de cavités. On ne sait 
au juste quelles étaient ces montagnes; mais on peut supposer qu'elles étaient très 
agréables et remplies de gibier, puisque l'Epouse compare son bien-aimé aux che- 
vreuils et aux faons de biches qui les habitaient. — * D'apres Eusébe, la montagne 
de Béther était à deux milles de Jérusalem. 


pea. .ץז‎ CANTIQUE DES CANTIQUES 1391 


pendant les nuits, j'ai cherché 7. Voici la couche de Salomon : 
celui que chérit mon âme; je | soixante vaillants guerriers des 
l'ai cherché et ne l'ai pas trouvé. | plus vaillants d'Israël l'environ- 
9. Je me lèverai, et je ferai | nent, 

le tour de la cité : dans les bourgs 8. Tous portant des glaives et 
et les places publiques, je cher- | très habiles dans les combats; 
cherai celui que chérit mon âme; | chacun a son glaive sur sa cuisse, 
je lai cherché et ne l'ai pas | à cause des craintes de la nuit. 


trouvé. 9. Le roi Salomon s'est fait une 
3. Elles m'ont rencontrée, les | litiere de bois du Liban ; 
senlinelles qui gardent la cité : 10. Il en a fait les colonnes d'ar- 
Celui que chérit mon âme, est-ce | gent, le dossier d'or, le siège de 
que vous ne l'avez pas vu? pourpre : le milieu, il l'a couvert 


4. Lorsque je les ai eu un peu | de ce qu'il y a de plus précieux à 
dépassées, j'ai rencontré celui | cause des filles de Jérusalem. 
que chérit mon àme : je l'ai saisi 41. Sortez et voyez, filles de 
et je ne le laisserai pas aller, jus- | Sion, le roi Salomon avec le dia- 
qu'à ce que jel'introduise dansla | deme dont 16 couronna sa mère 
maison de ma mère, et dans la | au jour de ses noces, et au jour 
chambre de celle qui m'a donné | de la joie de son cœur. 
le jour. 

5. L'Erovx. Je vous conjure, CHAPITRE IV. 
filles de Jérusalem, par les che- 
vreuils et les cerfs des campa- 
gnes, ne dérangez pas, et ne ré- 
veillez pas la bien-aimée, jusqu'à 1. L'Eroux. Que tu es belle, 
ce qu'elle-méme le veuille. mon amie, que tu es belle! Tes 

6. Les ritLLES DE JÉnUsALEM. | yeux sont les yeux de lacolombe, 
Quelle est celle-ci, qui monte par | sans ce qui, au dedans, est caché. 
le désert comme une colonne de | Tes cheveux sont comme des 
fumée d'aromates de myrrhe, | troupeaux de chèvres qui sont 
d'encens, et de toutes sortes de | montées de la montagne de Ga- 
poudres de parfums? laad. 


Deseription de tout ce qui constitue la 
beauté de l'Epouse. 


5. Je vous conjure, etc. Voy. 11, 7. 

6. Colonne; c'est le sens de l'hébreu, rendu dans la Vulgate par virgula. 

8. A cause des craintes, etc.; c'est-à-dire à cause des surprises qu'on peut craindre 
pendant la nuit. La coutume de mettre ainsi des gardes pour le lit du roi existait 
aussi chéz les Romains. [ 

10. Le milieu, etc. Le media de la Vulgate est un pluriel neutre, qui signifie littér. 
les choses du milieu. — De ce qu'il y a de plus précieux; littér. de cherlé (charitate); 
hébraisme, pour de cher; daps la langue sacrée, en effet, les substantifs se mettent 
souvent pour les adjectifs. — A cause; en faveur, pour être agréable. 

11. Sorlez, etc. Les filles de la noce invitent les autres filles de Jérusalem à venir 
voir Salomon orné du diadéme. 


4. Qui sont montées; c'est-à-dire qui sont venues. Les Hébreux disaient monter et 
descendre pour aller et venir, suivant la situation réciproque des lieux. — Ga/aad, 
pays fécond en troupeaux, en pâturages et particulièrement en belles chèvres. — * La 


1392 

9. Tes dents sont comme des 
troupeaux de 026078 tondues, qui 
sont montées. du lavoir; toutes 
portent un double fruit; et de 
stérile, il n'en est point parmi 
elles. 

3. Tes lévres sont comme une 
bandelette d'écarlate ; et ton par- 
ler est doux. Comme est un quar- 
lier de grenade, ainsi sont tes 
joues, sans ce qui, au dedans, est 
caché. 

4. Ton cou est comme la tour 
de David, qui a été bâtie avec des 
créneaux : mille boucliers y sont 
suspendus, e£ toute l'armure des 
vaillants guerriers. 

5. Tes deux mamelles sont 
comme deux faons jumeaux de 
chevreuil qui paissent parmi les 
lis. 

6. Jusqu'à ce que le jour pa- 
raisse et que les ombres s'en- 
fuient, j'irai à la montagne de la 
myrrhe et àla colline de l'encens. 


CANTIQUE DES CANTIQUES. 


]68. iv.] 


7. Tu es toute belle, mon amie, 
et aucune tache n'est en toi. 

8. Viens du Liban, mon épouse, 
viens du Liban, viens : tu seras 
couronnée du sommet d'Amana, 
de la cime de Sanir et d Hermon, 
des antres des lions, et des mon- 
tagnes des léopards. 

9. Tu as blessé mon cœur, ma 
sceur, mon épouse, tu as blessé 
mon cœur par l'un de tes yeux et 
par un cheveu de ton cou. 

10. Combien belles sonttes ma- 
melles, ma sœur, épouse! tes 
seins sont plus beaux que le vin? 
et l'odeur de tes parfums est au- 
dessus de tous les aromates. 

11. Tes lèvres, mon épouse, 
sont un rayon qui distille le miel; 
le miel et le lait sont sous ta lan- 
gue, et l'odeur de tes vétements 
est comme l'odeur de l'encens. 

19. C'est un jardin fermé que 
ma sœur, épouse, un jardin fer- 
mé, une fontaine scellée. 


montagne de Galaad est trés fertile et riche en pâturages etles chèvres y sont nom- 
breuses. 

3. * Comme un quartier de grenade. La grenade ouverte montre les graines dont 
elle est pleine et qui sont d'un beau rouge incarnat. 

4. * Mille boucliers y sont suspendus. Les perles et les joyaux qui ornent le cou de 
l'Epouse. 

8.* Amana, montagne de la chaine de l'Anti-Liban. — Sanir, nom amorrhéen de 
l'Hermon. — Hermon, partie méridionale de la chaine de l'Anti-Liban. — Les lions 
et les autres animaux féroces étaient autrefois nombreux dans ces montagnes; on 
n'y trouve plus que la panthère. Le sens de ce verset est fort controversé. Plusieurs 
zommentateurs l'entendent dans ce sens : Quitte les montagnes sauvages, repaire 
des bétes fauves, et viens habiter avec moi. 

12. * Un jardin fermé. Voir la note sur Ecclésiaste, 1t, 5. — La Fontaine scellée est, 
pense-t-on, le Ras el-Ain actuel, au sud de Bethléhem, à une centaine de mètres de 
la forteresse de Kalaàh el-Bourak. « Un escalier de vingt-six marches méne dans une 
première chambre taillée dans le roc et voütée en plein cintre, ayant le haut percé 
d'une ouverture circulaire. Le milieu de cette chambre, qui mesure douze à treize 
métres en long sur quatre à cinq de large, est occupé par un petit bassin rectan- 
gulaire. C'est là que l’eau vient se rassembler d'abord. De là elle est conduite par 
un aquedue au château d'eau [des Bassins ou Vasques de Salomon, prés de Kalaàh 
el-Bourak]. Cet aqueduc, taillé en grande partie dans la roche et voüté au commen- 
cement en forme de dos d'àne, est ouvert dans la paroi est. Par une porte qui s'ouvre 
dans la paroi ouest, on entre dans une deuxième chambre, également taillée dans 
le rocher et voütée en plein cintre. Là on voit une abside pratiquée dans la paroi sud 
et une autre dans celle de l'ouest. Cette paroi est revétue de briques, mais qui ne 
sont pas trés anciennes. C'est au bas de cette derniére abside que sort du rocher 


[cu. v.] 

13. Tes rejetons sont un jardin 
de délices avec toutes sortes de 
fruits. Là sont les cypres avec le 
nard ; 

14. Le nard et le safran, la 
canne etle cinnamome, avec tous 
les arbres odoriférants du Liban, 
la myrrhe, 181088 et tous les 
premiers parfums ; 

15. Tu esunefontaine de jardins, 
un puits d'eaux vives qui coulent 
avec impétuosité du Liban. 

16. L'Erouss. Lève-toi, aquilon, 
el viens, vent du midi; souffle 
sans cesse dans mon jardin, et 
que ses parfums coulent. 


CHAPITRE V. 


L'Epouse invite l'Epoux à venir dans son 
jardin. Elle s'endort et cherche son 
Epoux. Beauté de l'Epoux. 


1. L'Epouse. Qu'il vienne, mon 
bien-aimé, dans son jardin, et 
qu'il mange lefruit de ses arbres. 
— L'Eroux. Je suis venu dans mon 
jardin, ma sceur, épouse, j'ai re- 
cueilli ma myrrhe avec mes aro- 
mates ; j'ai mangé le rayon avec 
le miel, j'ai bu mon vin avec mon 
lait : mangez, mes amis, et bu- 
vez;enivrez-vous, mes bienchers. 


CANTIQUE DES CANTIQUES. 


1398 

2. L'Epouse. Je dors, mais mon 
cœur veille; c'est la voix de mon 
bien-aimé qui frappe. — L'Eroux. 
Ouvre-moi, ma sceur, mon amie, 
ma colombe, mon immaculée ; 
parce que ma téte est chargée de 
rosée, et les boucles de mes che- 
veux, des gouttes qui tombent 
pendant les nuits. 

3. L’Epouse. Je me suis dépouil- 
lée de ma tunique; comment 
m'en revétirai-je? j'ai lavé mes 
pieds, comment les salirai-je ? 

4. Mon bien-aimé a passé sa 
main par le trou de la porte, et 
mes entrailles ont été émues au 
bruit qu'il a fait. 

5. Je me suis levée, pourouvrir 
à mon bien-aimé ; mes mains dis- 
tillaient la myrrhe, mes doigts 
étaient pleins de la myrrhe la 
plus pure. 

6. J'ai 016 la barre et ouvert à 
mon bien-aimé ; mais lui s'était 
détourné et avait passé outre. 
Mon âme se fondit dès qu'il parla ; 
je le cherchai, et ne le trouvai 
point : je l'appelai, etil ne me ré- 
pondit pas. 

7. Les gardes qui parcourent 
la vile m'ont rencontrée; ils 


la plus grande partie de ces eaux lesquelles, pures et limpides comme du cristal, 
vont se jeter par un étroit canal dans un petit réservoir d'oü elles sortent aussitót 
pour aller se déverser dans celui de la première chambre. » (LiÉvix.) 

14. Les premiers; c'est-à-dire les meilleurs, les plus excellents. — * « Le safran se 
compose des stigmates desséchés [de la plante qui porte ce nom], du crocus sativus. 
C'était un des aromates les plus appréciés des anciens; mais il n'est guére employé 
maintenant que pour la teinture ou comme condiment dans la cuisine méridionale. » 
(E. RiuuEL.) Pour les autres parfums, voir les notes sur l'Exode, xxx, 23-24. 


1. Enivrez-vous (inebriamini). Dans ce passage, comme dans plusieurs autres, le 
verbe inebriare ne signifie pas boire au point de troubler le cerveau, il veut dire seu- 
lement boire autant que la soif et la nécessité le demandent, ou bien encore faire 
grande chère, se réjouir. 

3. * J'ai lavé mes pieds. Comme les Orientaux portent ordinairement des sandales, 
ils se lavent souvent ies pieds pour en enlever la poussière. 

4. * Par le trou de la porte, pour l'ouvrir. 

1. * Mon manteau. Le manteau des femmes orientales, qui leur sert en mème temps 
de voile, les couvre complètement. 


A. T. 88 


4394 CANTIQUZ DES CANTIQUES ]68. vr.] 


m'ont frappée et m'ont blessée | nes de marbre qui sont posées 
Les gardes des murs m'ontenlevé | sur des bases d'or. Son aspect est 


mon manteau. comme celui du Liban; il est dis- 
8. Je vous conjure, filles deJé- | tingué comme les cèdres. 

rusalem, si vous trouvez mon 16. Son gosier est plein de dou- 

bien-aimé, annoncez-lui que je | ceur, et lui est tout aimable: tel 

Janguis d'amour. est mon bien-aimé, et c'est mon 
9.LEsriLLEs DE JÉRUSALEM. Qu'est- | ami, filles de Jérusalem. 

ce qui distingue ton bien-aimé de 17. LES FILLES DE JÉRUSALEM. 


tout autre bien-aimé, ὃ la plus | Où est allé ton bien-aimé, ὃ la 
belle des femmes? qu'est-ce qui | plus belle des femmes? où s'est 
distingue ton bien-aimé de éout | retiré ton bien-aimé, et nous le 
autre bien-aimé, pour que tu | chercherons avec toi? 

nous aies ainsi conjurées? 

10. L'EPousr. Mon bien-aimé est 
blanc et vermeil, choisi entre 
mille. 

11. Sa ἰδία est un or excellent; 
ses cheveux sont comme les 
jeunes pousses des palmiers, 
noirs comme le corbeau. 

19. Ses yeux sont comme des 
colombes qu'on voit sur des pe- : cueillir des lis. 
tits ruisseaux d'eaux, qui ont été 2. Moi, je suisà mon bien-aimé, 
lavées dans le lait, et qui se tien- | et mon bien-aimé est à moi, lui 
nent le long des fleuves les plus | qui se repait parmi les lis. 
abondants. 9. L'Erovx. Tu es belle, mon 

13. Ses joues sont comme des | amie, douce et gracieuse comme 
parterres d'aromates plantés par | Jérusalem : terrible comme une 
des parfumeurs. Ses lévres sont | armée rangée en bataille. 
des lis qui distillent la premiere 4. Détourne les yeux de moi, 
myrrhe. parce que ce sont eux qui m'ont 

14. Ses mains, faites au tour, | fait partir promptement. Tes che- 
sont d'or, e? remplies d'hyacin- | veux sont comme un troupeau 
thes. Sa poitrine d'ivoire est par- | de chévres, qui ont apparu ve- 
semée de saphirs. nant de Galaad. 

15. Ses jambes sont des colon- 9. Tes dents sont comme une 


CHAPITRE VI. 


L'Epoux est retrouvé. Eloge de l'Epoux. 
Trouble de l'Epoux ou de l'Epouse. 


1. L'Érouse. Mon bien-aimé est 
descendu dans son jardin, dans 
le parterre des aromates, afin de 
se repaltre dans 108 jardins, et de 


——MÀM— — — —‏ — ו 


9. Qu'est-ce, etc.; littér. : Quel est ton bien-aimé en dehors d'un bien-aimé? A quel 
signe pourrons-nous le reconnaitre pour ton bien-aimé particulier ? 

44. * Comme les jeunes pousses de palmiers, qui sont toutes au haut de l'arbre et 
y forment une couronne. 

13. La première myrrhe; c'est-à-dire la meilleure, la plus pure. 

15. Distingué comme les cédres; parmi tous les autres arbres. 

16. Son gosier; c'est-à-dire, le son de sa voix, sa parole. 


4. Tes cheveux, etc. Compar. 1v, 1 
9. Tes dents, etc. Compar. 1v, 2. 


CH. vir.) 


troupeau de brebis qui sont mon- 
tées du lavoir; toutes portent un 
double fruit ; et de stérile, il n'en 
est point parmi elles. 

6. Comme est l'écorce d'une 
grenade, ainsi sont tes joues, 
sans ce qui est caché en toi. 

7. Il y 8 soixante reines et 
quatre-vingts femmes du second 
rang, et les jeunes filles sont sans 
nombre. 

8. Une seule est ma colombe, 
ma parfaite; elle est unique pour 
sa mere, préférée de celle qui lui 
a donné le jour. Les jeunes filles 
lont vue, et l'ont proclamée la 
plus heureuse; les reines et les 
femmes du second rang l'ont vue, 
et l'ont louée. 

9. Quelle est celle-ci qui s'a- 
vance comme l'aurore se levant, 
belle comme la lune, pure comme 
le soleil, terrible comme une ar- 
mée rangée en bataille? 

10.Je suis descendu dans le 
jardin des noyers, afin de voir les 
fruits des vallées, et afin de re- 


CANTIQUE DES CANTIQUES. 


1395 
earder si la vigne avait fleuri et 
si les grenades avait germé. 

11. Je ne l'ai pas su : mon àme 
m'a jeté dans le trouble à cause 
des quadriges d'Aminadab. 

19. LES FILLES DE JéRUsaLEM. 
Reviens, reviens, Sulamite ; re- 
viens, reviens, afin que nous te 
contemplions. 


CHAPITRE VII. 


Eloge de l'Epouse, sa fidélité, ses désira 
ardents. 


1. Que verras-tu dans la Sula- 
mite, sinonles chœurs des camps? 
Que tes pas sont beaux dans les 
chaussures, fille de prince! Les 
jointures de tes jambes sont 
comme ces colliers qui ont été 
faits par la main d'un habile 
ouvrier. 

2. Ton nombril est une coupe 
faite au tour oü il ne manque ja- 
mais de liqueur. Ton sein est 
comme un monceau de blé en- 
touré de lis. 


10, 11. Si c’est l'Epoux qui parle dans ces deux versets, nous pensons qu'ils doivent 
s'expliquer ainsi : Bien que je sois descendu dans le jardin des noyers, afin de voir 
les fruits des vallées, c'est-à-dire si la vigne avait fleuri et si les grenades avaient 
germé, je n'ai pu m'en assurer, parce que j'ai été tout troublé par la rapidité avec 
laquelle m'entrainaient les quadriges du cocher Aminadab. Si c'est l'Epouse qui parle, 
rien ne s'oppose à cette méme explieation. Enfin, si on ne met que les paroles du 
verset 10 dans la bouche de l'Epouse, et qu'on attribue à l'Epoux celles du verset 41, 
le nescivi ou je n'ai pas su siguifiera: Je ne me suis pas aperçu que tu fusses des- 
cendue dans le jardin, parce que j'ai été troublé par la rapidité, ete. — Aminadab; 
au lieu de ce mot qui se lit dans la Vulgate et les Septante, l'hébreu porte Aammi 
nádi, c'est-à-dire mon peuple, spontané ou prompt, noble, généreux, chef, prince, qui 
pourrait bien être un nom propre synonyme de Hamminädäb, qui se trouve lui- 
méme comme nom propre dans plusieurs endroits du texte sacré. Cependant quel- 
ques anciennes versions grecques portent peuple, conducteur, chef. 

12. * Sulamite, la pacifique, nom correspondant à Salomon, qui signifie le paci- 
fique. 


1. Que verras-tu. Suivant les uns, ce sont les paroles de l'Epoux qu'il s'adresse à 
lui-méme ou qu'il adresse aux filles de Jérusalem, d'autant que l'hébreu et les Sep- 
tante portent le pluriel que verrez-vous; suivant les autres, c'est l'Epouse elle-méme 
qui parle; suivant d'autres enfin, ce sont les filles de Jérusalem. — Les chœurs des 
camps ; c'est-à-dire, probablement, les assemblées, les réunions dans les camps, l'ar- 
mée. L'Epouse a été déjà comparée (vr, 9) à une armée raugée en bataille. 


1596 


3. Tes deux mamelles, comme 
deux faons jumeaux d'un che- 
vreuil. 

4. Ton cou, comme une tour 
d'ivoire. Tes yeux comme les 
piscines en Hésébon, qui sont à 
la porte de la fille de la multi- 
tude. Ton nez est comme la tour 
du Liban, qui regarde contre Da- 
mas. 

ὃ. Ta téte est comme le Car- 
mel; et les cheveux de ta téte, 
comme la pourpre d'un roi, liée 
et £einte dans des canaux de 
teinturiers. 

6. Que tu es belle, et que tu es 
gracieuse, Ô ma très chère, 
pleine de délices! 

Ta stature est semblable à‏ .ד 
un palmier, ettes mamelles à des‏ 
grappes de raisin.‏ 

8. J'ai dit : Je monterai sur un 
palmier, etj'en prendrai lesfruits; 
et tes mamelles seront comme 


CANTIQUE DES CANTIQUES. 


(cn. vit.] 


les grappes dela vigne, et l'odeur 
de ta bouche comme celle des 
pommes. 

9. Ton gosier est comme un vin 
excellent, digne d'étre bu par 
mon bien-aimé, etlongtemps sa- 
vouré entre ses lèvres el ses 
dents. 

10. L'Epousx. je suis à mon bien- 
aimé, et son retour est vers moi. 

11. Viens, mon bien-aimé, sor- 
tons dans la campagne; demeu- 
rons dans les villages. 

12. Dès le matin, levons-nous 
pour aller dansles vignes, voyons 
si la vigne a fleuri, si les fleurs 
produisent des fruits, si les gre- 
nadiers ont fleuri : là je t'offrirai 
mes mamelles. 

13. Les mandragores ont ré- 
pandu leur parfum. ἃ nos portes 
sont toutes sortes de fruits ; nou- 
veaux etanciens, mon bien-aimé, 
je les ai gardés pour toi. 


4. Tes yeux, etc. Les Hébreux donnaient aux fontaines le nom d'yeux ; c'est ce qui 
fait ici une des beautés de la comparaison. — Hésébon, ville ancienne et célèbre au 
delà du Jourdain. — La fille; c'est-à-dire, suivant le style des Hébreux, la ville. — De 
la multitude; du peuple. Ainsi, (a fille de la multitude signifie la ville où réside le 
peuple. — * Les piscines d'Hésébon sont mentionnées dans 11 Machaóées, xir, 16, qui 
nous apprend qu'elles étaient trés grandes. — À /a porte de la fille de la multitude, 
en hébreu, à la porte de Bath-Rabim. 

5. L'auteur compare les rubans, les frisures et les autres ornements de la tête de 
l'Epouse au Carmel, montagne magnifique, fertile, chargée de vignes, d'arbres frui- 
liers, etc. — Sicut purpura, etc. Anciennement on liait les tresses des cheveux avec 
des rubans de pourpre. 

8. * Je monterai sur un palmier, et j'en prendrai les fruits. 1l y a des palmiers máles 
et des palmiers femelles. Le fruit de ces derniers n'est bon qu'autant qu'il a été fé- 
condé par le palmier mâle. « Le 21 mars, raconte Hasselquist dans son Voyage en 
Palestine, les fleurs d'un palmier femelle s'étaient ouvertes pendant la nuit. J'allai 
les voir le matin, pendant que la rosée tombait encore. Je trouvai le jardinier qui 
était monté sur ce palmier, aussi grand que nos plus grands sapins. Il avait pris 
uvec lui un bouquet du palmier mâle et s'en servit pour en imprégner les fleurs 
écloses, s'assurant ainsi de bons fruits pour la récolte. » 

9. Digne d'étre bu, etc.; littéral. digne de mon bien-aimé pour boire, el pour sa- 
vourer, etc. : ce qui est une construction purement hébraïque. 

13. Le terme hébreu, traduit dans la Vulgate par mandragores, ἃ été vendu de bien 
de manières différentes par les interprètes. Celle de mandragores, qu'on lui donne 
assez généralement, ne nous parait pas être la vraie, d'autant que la mandragore 
appartient à la famille des so/anées, laquelle comprend les plantes qui ont une odeur 
désagréable, un aspect sombre, De plus, la mandragore est justement classée parmi 


[cu. vu.) 


CHAPITRE VIII. 


L'Epouse continue à exprimer ses désirs. 
Union des Epoux. 

1. Qui me donnera de l'avoir 
pour frere, sucant les mamelles 
de ma mere, afin que je te trouve 
dehors, que je te donne un bai- 
ser, et que désormais personne 
ne me méprise? 

2. Je te prendrai, et je te con- 
duirai dans la maison de ma mère: 
18 tu m'instruiras, et je te pré- 
senterai une coupe de vin aroma- 
tique, et le suc nouveau de mes 
grenades. 

3. Sa main gauche serasous ma 
téte, et sa main droite m'embras- 
sera. 

4. L'Eroux. Je vous conjure, 
filles de Jérusalem, ne dérangez 
pas et ne réveillez pas la bien- 
aimée, jusqu'à ce qu’elle-même 
le veuille. 

5. LES FILLES DE JÉRUSALEM. Quelle 
est celle-ci qui monte du désert. 
comblée de délices, appuyee 
sur son bien-aimé? Sous le pom- 
mier je t'ai réveillée; là a été cor- 
rompue ta mère; là a été violée 
celle qui t'a donné le jour. 

0. Mets-moi comme un sceau 


CANTIQUE DES CANTIQUES. 


1397 


sur ton cœur, comme un sceau 
sur ton bras; parce que l'amour 
est fort comme la mort; le zèle 
de l’amour, inflexible commel'en- 
fer ; ses lampes sont des lampes 
de feu et de flammes. 

De grandes eaux n'ont pu‏ .ד 
éteindre la charité, des fleuves‏ 
ne la submergeront pas : quand‏ 
un homme aurait donné toutes‏ 
les richesses de sa maison pour‏ 
l'amour, 11 165 mépriseraitcomme‏ 
un rien.‏ 

8. LES FRÈRES DE L'Epoux. Notre 
sœur est petite, elle n'a pas de 
mamelles : que ferons-nous à 
notre sœur au jour où il faudra 
lui parler? 

9. L'Epoux. Si c'est un mur, bá- 
tissons des forts d'argent; si c'est 
une porte, appliquons dessus des 
ais de cedre. 

10. L'Erouse. Je suis un mur, et 
mes mamelles sont comme une 
tour, depuis que j'ai paru devant 
lui. comme ayant trouvé en lui 
18 paix. 

11. Le pacifique a eu une vigne 
dans celle où il y a des peuples ; 
ill'a donnée à des gardiens ; cha- 
cun apporte pour son fruit mille 
pieces d'argent. 


les végétaux vénéneux. Le mot hébreu signifie, d'aprés sa racine, fleur d'amour; 
mais on ne sait quelle est cette espèce de fleur. 


5. Sous le pommier, etc. D'après la version latine, on ne peut savoir si c'est l'Epoux 
ou l'Epouse qui dit ces paroles et les suivantes; mais le texte hébreu les attribue 
formellement à l'Epouse. 

6. * Comme un sceau sur lon bras. Allusion sans doute à une coutume semblable à 
celle des Assyro-Chaldéens, qui avaient pour sceau une pierre précieuse gravée, en 
forme de cylindre; ils la portaient attachée à leur bras. 

8. Quand il faudra lui parler ; c'est-à-dire la demander en mariage. Compar. Ge- 
nése, XXXIV, 4 et suiv. 

11. Le pacifique; c'est-à-dire Salomon, dont le nom hébreu a cette signification. — 
Dans celle où il y a des peuples; selon l'hébreu, dans Bahal Hámón, nom propre qui 
signifie maitre, possesseur de multitude; et suivant les Septante, dans Béclumón, ville 
que plusieurs croyent être Balamón, mentionné dans le texte grec de Judith (ναι, 3), 
et nommée Béfhulie dans la Vulgate. — Chacun; c'est le vrai sens du mot hébreu 
traduit dans la Vulgate par homme (vir). 


1398 CANTIQUE DES CANTIQUES. (cu. vu] 


19. Ma vigne est devant moi. | écoutent : fais-moi entendre ta 
Les mille sont pour toi, pacifique, | voix. 
et deux cents pour ceux qui en 14. L'Erousr. Fuis, mon bien- 
gardent les fruits. aimé, et sois semblable au che- 
13. L’Epoux. O toi qui ha- | vreuil et au faon des biches sur 
bites dans les jardins, des amis | les montagnes des aromates. 


19. Ma vigne est devant moi; pour moi, au contraire, je n'ai loué ma vigne à per- 
sonne : je la garde et la cultive moi-même. — Les mille, pièces d'argent. — Sont 
pour toi, pacifique ; littér. de loi pacifique (tui pacifici), appartiennent. L'Epouse veut 
dire que sa propre vigne, soignée et cultivée par elle-méme, rapportera bien plus 
que celle que l'Epoux a confiée à des gardiens étrangers. 

44. * Les montagnes des aromates, les montagnes sans doute où poussent des 
plantes aromatiques, comme 1v, 6, {a colline de lencens 


LA SAGESSE 


OBSERVATIONS PRELIMINAIRES 


1. Ce livre est nommé Sagesse, parce que la sagesse, c'est-à-dire la piété, la 
crainte de Dieu, la justice, y sont recommandées par des lecons et par des 
exemples. Voyez, soit dans notre /ntroduclion historique et critique, etc., t. IV, 
soit dans notre Dictionnaire universel des sciences ecclésiastiques, les preuves qui 
militent en faveur de la divinité de ce livre, divinité que ne reconnaissent ni les 
Juifs ni les Protestants. 

2. La traduction latine de la Sagesse n'appartient pas à saint Jérôme; c'est 
l'ancienne Vulgate, dite /talique, usitée dans l'Église avant ce Père, et faite par 
un auteur inconnu, sur le grec dont elle s'écarte assez souvent, mais, il faut bien 
le reconnaitre, dans des points de peu d'importance. Nous devons ajouter 
qu'elle est parfois d'une certaine obscurité, qui vient de ce que son auteur ne se 
conforme pas toujours au latin classique, soit pour la signification des mots, 
soit pour la syntaxe : deux sortes d'anomalies dont nous avons dà nécessaire- 
ment tenir compte dans notre traduction, rendue d'ailleurs fort difficile par les 
exigences si rigoureuses de la langue francaise. 

3. Il y a surtout dans les passages où est rapportée la plaie des ténèbres dont 
Dieu frappa l'Égypte, plusieurs circonstances qu'on ne trouve pas dans les livres 
de Moise ; mais ce serait une injustice d'accuser l'auteur de les avoir inventées ; 
il avait pu les apprendre par le canal sür d'une tradition reconnue pour cons- 
tante par les Juifs de son temps, sous les yeux desquels il écrivait, et qui n'au- 
raient pas manqué de s'élever contre lui et contre son ouvrage, s'il y avait eu 
lieu de l’accuser de faux. Si Moïse 8 passé sous silence ces circonstances si 
dignes cependant d'étre remarquées, c'est que d'ailleurs il en avait assez dit 
pour faire connaitre la force et la puissance de Dieu. Il écrivait dans un temps 
où l'on ne pouvait ignorer aucune des merveilles que Dieu avait operées en 
Égypte; il en a rapporté quelques-unes, et il a laissé les autres pour étre trans- 
mises par les péres à leurs enfants de génération en génération. Par cette voie 
méme, elles ont pu parvenir à la connaissance de l'auteur de ce livre qui s'en 
est servi dans le dessein de faire voir avec quelle bonté la sagesse protège les 
justes qui la recherchent et s'attachent à elle, et avec quelle sévérité elle punit 
ceux qui la méprisent, et qui s'opiniàtrent à la rejeter. D'ailleurs, pourrait-on 
prouver qu'il est impossible que l'Esprit-Saint ait révélé à l'auteur de ce livre 
certaines circonstances que la tradition n'avait point transmises? (J.-B. GLAIRE.) 

* 4. Le livre de la Sagesse a été écrit en grec, d’après l'opinion universelle des 


1400 LA SAGESSE. 


critiques modernes, suivant en cela S. Jéróme. C'est de tous les écrits que con- 
tient la Bible grecque celui dont le langage est le plus pur et le plus remar- 
quable au point de vue littéraire. Comme il est l’œuvre d'un Israélite, on y ren- 
contre quelques hébraismes et le parallélisme de la poésie des Livres Saints, 
mais on y reconnait en méme temps un écrivain versé dans la langue grecque : 
il fait un usage fréquent des mots composés et des adjectifs, qui sont si rares 
dans les œuvres des autres Juifs hellénistes ; il se sert d'expressions qui n'ont 
point de termes correspondants en hébreu ; il emprunte certaines locutions à la 
philosophie platonicienne et stoicienne. Ce sont là tout autant de traits qui 
montrent que le texte grec est le texte original. 

Le style n'est pas toujours égal : trés élevé et sublime dans quelques parties, 
comme dans le portrait de l'épicurien, ;זז‎ dans le tableau du jugement dernier, 
v, 15-24; dans la descriplion de la sagesse, vir, 26-vrr, 1; 610. ; incisif et mor- 
dant dans la peinture des idoles, xiu, 11-19; il est diffus et surchargé d'épi- 
thètes, contrairement au génie des Hébreux, dans d'autres passages, vir, 22-23. 

* 5. Dans les Bibles grecques, ce livre porte le titre de « Sagesse de Salomon. » 
Le nom de ce roi ne se lit pas dans la Vulgate, et avec raison, car ce livre est 
l'euvre d'un inconnu, non du fils de David. Il a été attribué à Salomon, parce 
que celui qui l'a composé, usant de fiction, s'exprime comme s'il était le fils 
de David, vu-ix. De là l'inscription qu'on lit en tête des Septante et l'erreur d'un 
cerlain nombre de Péres qui ont pris ce langage au pied de la lettre, mais 
S. Jéróme et S. Augustin ont observé avec raison qu'il n'avait pas été écrit par 
l'auteur des Proverbes et qu'il était bien moins ancien. C'est ce que prouvent : 
1° la langue originale, qui est le grec alexandrin ; 2 les connaissances de l'écri- 
vain, qui a vécu hors de la Palestine et fait des allusions aux sectes grecques 
ainsi qu'aux mœurs et aux habitudes helléniques ; 3° les citations des Septante 
qu'on y rencontre; 4° les allusions historiques à une époque autre que celle de 
Salomon, comme le portrait des épicuriens, 115,1-6, 8; la peinture des arts, 
xv, ^, etc. 

Du temps de 5. Jérôme, plusieurs attribuaient le livre de la Sagesse à Philon, 
mais c'est à tort, car la doctrine du livre inspiré est sur plusieurs points en con- 
tradiction formelle avec les opinions contenues dans les écrits certains du phi- 
losophe juif. Quelques critiques ont attribué notre livre à Zorobabel, qu'ils re- 
gardaient comme le second Salomon, et ont voulu expliquer ainsi pourquoi les 
Septante lui ont donné le titre de Sagesse de Salomon ; mais leur sentiment est 
insoutenable, parce que Zorobabel n'a pu écrire en grec. Les savants modernes 
reconnaissent universellement que toutes les tentatives pour découvrir l'auteur 
inconnu de la Sagesse ont été infructueuses. 

* 6. Cependant, si l'on ignore le nom de l'auteur, on peut du moins savoir 
en quel lieu il a écrit. C'est en Égypte, et trés probablement à Alexandrie; de 
là ses allusions à la religion égyptienne, xiu, 24; xv, 18-19, etc.; ses connais- 
sances en philosophie grecque, etc.; il était trés certainement Juif et écrivait 
pour les Juifs, car son œuvre est remplie d'allusions bibliques qui ne pouvaient 
être comprises que par les enfants d'Abraham : il parle de Noé, x, 4, de Lot, 
x, 6, etc., sans les nommer; il loue sa nation et connait la loi mosaique comme 
pouvait le faire seulement un Juif, 11, 8; xu, 7, etc. 

* 7. On ne saurait dire avec la méme certitude à quelle époque a vécu l'au- 
teur de la Sagesse. Les opinions sont trés partagées à ce sujet. Ce qu'il est per- 


OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 1401 


mis d'avancer avec le plus de vraisemblance, c'est qu'il a écrit de 150 à 130 en- 
viron av. J.-C. Il est postérieur aux Septante, puisqu'il cile leur traduction du 
Pentateuque et d'Isaie; il est probablement antérieur à Philon; les épreuves 
des Juifs auxquelles il fait allusion, vi, 5; xir, 2; xv, 14, se rapportent peut-être 
aux maux que leur fit endurer Ptolémée VII Physcon (145-117 av. J.-C.). 

* 8. On peut diviser le livre de la Sagesse de plusieurs manières. La division 
la plus simple est la suivante : il renferme deux parties, l'une purement théo- 
rique, 1-1x, et l'autre historique, x-xix. Dans la première, l'auteur considère la 
sagesse au point de vue intellectuel et moral; dans la seconde, il l'étudie dans 
l'histoire. La marche générale de la pensée est facile à suivre, cependant les 
subdivisions ne sont pas rigoureusement tracées. C'est ce qui a porté des cri- 
tiques à nier, les uns, l'unité de livre, les autres, son intégrité; mais la liai- 
son qui existe entre les divers chapitres, leur harmonie substantielle, l'unifor- 
mité générale du ton et de la maniére de penser, l'identité du langage, malgré 
quelques différences de style, qu'explique le changement de sujet, tout cela 
prouve que la Sagesse est l'œuvre complète d'un seul auteur. 

I'* partie : La sagesse au point de vue spirituel et moral, r-ix. La première 
partie du livre de la Sagesse nous montre en elle : 19 la source du bonheur et 
de l'immortalité, צ-1‎ ; 2? le guide de la vie, vr-ix. 

I. La sagesse, source du bonheur et de l'immortalité, 1-v. — 1° Ce qu'est la 
sagesse : elle consiste dans la rectitude du cœur, r, 1-5 ; et dans larectitude du 
langage, 6-11. — 2? Origine de la mort, 1, 12-π, 25 : elle est entrée de fait, 
dans le monde, par le mauvais usage que l'homme a fait de son libre arbitre, 
1, 12-16, l'épicurien ne cherchant qu'à jouir de la vie présente, τι, 1-9, et per- 
sécutant le juste, 10-20 ; mais le premier auteur de la mort est la jalousie du 
démon, 21-25. — 3» Les bons et les méchants dans la vie présente, ur-1v. Le 
juste est en sécurité, malgré des apparences trompeuses, ri, 1-9; le méchant 
est malheureux, 10-12; le contraste est complet entre l'un et l’autre; tout 
tourne définitivement à bien pour le juste et à mal pour l'impie, ur, 13-1v. — 
4° C'est surtout aprés la mort que le contraste est grand entre eux, v. La con- 
science condamne déjà le pécheur : v, 1-15. Dieu récompense le juste, 16-17; il 
chàtie le coupable, 18-24. — Dans cette section, le passage ,זז‎ 12-90 est célèbre. 
Il peint, en traits frappants, la passion du Sauveur, le vrai juste, π, 12, le Fils 
de Dieu, 18, condamné à une mort honteuse, 20, par les enfants du monde; 
aussi tous les Péres l'ont-ils entendu de Notre-Seigneur Jésus-Christ. 

II. La sagesse, guide de la vie, vr-ix, — 1° Puisque tel est le résultat de la vie 
du sage et de l'insensé, il faut faire de la sagesse le guide de notre vie. L'au- 
teur s'adresse spécialement aux rois, et leur dit que la sagesse doit diriger leur 
conduite, vr, 1-23. — 2° La sagesse est d'ailleurs accessible à tous, vr, 24-vit, 7; 
elle est la source de tous les biens, vir, 8-vir, 1, elle doit dominer et régler 
toute notre vie, viu, 2-16. — 3° Elle est un don de Dieu, vin, 17-21; de là la 
prière du ch. 1x pour l'obtenir de lui. 

II* partie : La sagesse considérée au point de vue historique, x-xix. Après 
avoir montré l'excellence et la nature de la sagesse, ainsi que l'usage que nous 
devons en faire comme régle de notre vie, l'auteur confirme tout ce qu'il a dit 
par une sorle de revue historique de l'histoire du peuple de Dieu : il nous 
montre les bons récompensés et les méchants punis. — 1? x-xi. La sagesse est 
une puissance qui sauve et qui châtie, comme nous le voyons dans l’histoire 


1402 LA SAGESSE. 


primitive, d'Adam à Moïse, x-x1, ^, et dans les châtiments qu'elle attire soit sur 
les Égyptiens, x1, 5-27, soit sur les Chananéens, xit, 1-18; par cette justice, elle 
nous apprend qu'il faut être juste et humain, 19-27. — 2e xrr1-xiv. Comme le 
crime principal des Chananéens était l’idolâtrie, l'auteur en décrit l'origine et 
les progrès, et montre combien elle est en opposition avec la sagesse. Il parle 
successivement de l'adoration des forces de la nature, xim, 1-9 ; des idoles, œu- 
vres de la main des hommes, xim, 10-x1v, 43, et enfin des hommes divinisés, 
xiv, 14-21 ; il termine ce tableau en décrivant les effets déplorables du poly- 
théisme, xiv, 22-31. — 3? xv-xix. Il revient alors de nouveau aux plaies de l'É- 
gypte et s'en sert pour faire ressortir le contraste qui existe entre les adorateurs 
du vrai Dieu et les paiens : c'est par là que cette derniére subdivision se rat- 
tache à ce qui précéde. Il signale en premier lieu le contraste en général, 
xv, 1-17, et puis specialement le contraste quise manifeste, d'une maniére si 
éclatante, entre les fidéles serviteurs de la sagesse et les Égyptiens adonnés à 
l'idolàtrie, lorsque Dieu afflige ces derniers par toute sorte de plaies, tandis 
que les premiers en sont affranchis. Le Seigneur emploie contre les adorateurs 
des animaux et de la nature l'action des bêtes, xv, 18-xvr, 13, et celle des 
forces de la nature, l'eau et le feu avec les ténèbres, מחטצ-14 טא‎ 4; enfin la 
mort, xvii, 5-xix, 5. Dans sa conclusion, l'auteur montre les Hébreux fidèles 
sauvés, et ceux d'entre eux qui désobéissent à Dieu punis, xix, 6-20. 


]68. 1.] 


apparait à ceux qui ont foi en 


CHAPITRE PREMIER. 


Aimer la justice. Chercher le Seigneur 
avec droiture. Le Seigneur connaittout, 
et rien n'échappe à sa vengeance. La 
mort ne vient pas de Dieu; mais elle 
est la suite du péché. 


1. Aimez la justice, vous qui 
jugez la terre. Ayez du Seigneur 
de bons sentiments, et cher- 
chez-le dans la simplicité de 
cœur ; 

2. Parce que ceux-là le trou- 
vent, qui ne le tentent pas; et il 


lui; 

3. Carles pensées perverses sé- 
parent de Dieu ; mais sa puissance 
éprouvée corrige les insensés ; 

4. Parce que dans une âme 
malveillante n'entrera pas la sa- 
gesse, et qu'elle n'habitera pas 
dans un corps assujetti aux pé- 
chés. 

5. Car l'esprit saint qui inspire 
la science fuira le déguisement, 
et 1] 56 retirera des pensées qui 
sont sans intelligence, et il sera 


Cnar. I. 1. III Rois, rr, 9; Is., טע‎ 1. — 2. II Par., xv, 2. 


1- Ayez,reic: 


littér. Sentez touchant le Seigneur en bonté; hébraisme introduit dans 


le grec et le latin. En hébreu, en effet, un substantif précédé de la préposition dans 
ou avec équivaut à l'adjectif correspondant. Ainsi sentite in bonitate est mis ici pour 


senlite bonum. 


3. Puissance; c'est le sens du texte grec, que la version latine a rendu par virtus. 


-- Corrige; selon le grec, convainc. 


5. Il sera emporté, ctc. L'Esprit-Saint, qui est entré dans l'àme d'uu hou en 
sortira lorsque cet homme se livrera à l'iniquité. 


[cn. [.זז‎ 
emporté par liniquité qui sur- 
viendra. 

6. Car bienfaisant est l'esprit de 
sagesse, mais il ne sauvera pas 
16 médisant à cause de ses levres, 
parce que Dieu est témoin de 
ses reins, qu'il est scrutateur vé- 
ritable de son cœur, et qu'il en- 
tend sa langue. 

7. Parce que l'esprit du Sei- 
gneur a rempli le globe de la 
terre, et que lui, qui contient 
tout, a la connaissance de la 
voix. 

8. C'est pourquoi celui qui dit 
des choses iniques ne peut se ca- 
cher, et le jugement qui punit ne 
le négligera pas. 

9. Car limpie sera interrogé 
sur ses pensées; et le bruit de 
ses discours ira jusqu'à Dieu, pour 
le châtiment de ses iniquités. 

10. Parce que l'oreille du zèle 
entend toutes choses, et le tu- 
multe des murmures ne /u sera 
pas caché. 

41. Gardez-vous donc du mur- 
mure qui ne sert à rien, et pré- 
servez votre langue de la dé- 
traction, parce qu'une parole 
secréte ne passera pas en vain; 
et qu'une bouche qui ment tue 
l'àme. 

12. Ne recherchez pas si ardem- 


LA SAGESSE. 1405 


ment la mort dans les égare- 
ments de votre vie, et n'acquérez 
pas la perdition par les œuvres 
de vos mains; 

18. Parce que Dieu n'a pas fait 
la mort, et qu'il ne seréjouit pas 
de la perdition des vivants. 

14. Car il a créé, afin que toutes 
choses existassent ; et il a fait 
toutes les nations du globe de 
la terre guérissables, et il n'y 
a pas en elles de venin de mort; 
et le règne des enfers n'est pas 
sur la terre. 

15. Car la justice est perpétuelle 
et immortelle ; 

16. Mais les impies, par les 
mains et par les paroles, ont ap- 
pelé la mort : et l'estimant amie, 
ils ont disparu; et ils ont fait 
alliance avec elle, parce qu'ils 
sont dignes d'étre de son parti. 


CHAPITRE II. 


Faux raisonnement des impies qui nient 
l'immortalité de l'àme, et qui mettent 
le souverain bien dans la jouissance 
des plaisirs sensibles. Leur haine contre 
le juste. Le démon auteur de la mort. 


1. Ils ont dit, en effet, pen- 
sant faussement en eux-mémes : 
ll est court et plein d'ennui le 
temps de notre vie, et il n'est 
pas de jouissance à la fin de 


6. Gal., v, 22; Jér., xvi, 10. — 7. Is., vi, 3. — 13. Ezéch., xvir, 32; xxxi, 14. 


— Crae. II. 1. Job, vi, 1; xiv, 1. 


6. Est témoin; voit, connait. — Reins; se prend souvent dans l'Ecriture pour l'in- 
térieur du corps, et par extension, pour les pensées les plus secrètes. 

7. L'esprit du Seigneur répandu dans l'univers entier et, par conséquent, se trou- 
vant présent dans tous les lieux, entend et connait toutes les paroles, mêmes les 


plus secrétes. 


14. Il a fait toutes les nations guérissables; par Jésus-Christ qui est venu leur ap- 
porter le reméde propre à les guérir de toutes leurs maladies. 

16. Par les mains; c'est-à-dire les œuvres : l'Ecriture emploie souvent le premier 
mot pour signifier ce dernier. — La mort, qui est exprimée au verset 13, est repré- 


sentée ici par le pronom elle (illam). 


1. Jouissance ; repos; littér. rafraichissement; le grec porte guérison. 


1104 
l'homme, et il n'est personne 
qu'on sache étre revenu des en- 
fers ; 

2. Parce que nous sommes nés 
de rien, et qu'après cela nous se- 
rons comme si nous n'avions pas 
été; parce que le souffle de nos 
narines est une fumée, et la pa- 
role une étincelle pour agiter 
notre cœur ; 

9. Cette étincelle éteinte, notre 
corps sera cendre, et l'esprit se 
dissipera comme un air subtil, 
et notre vie passera comme la 
trace d'un nuage, et s'évanouira 
comme un brouillard qui est 
chassé par les rayons du soleil et 
qui tombe, appesanti par sa cha- 
leur; 

4. Et notre nom subira l'ou- 
bli par le temps, et personne 
ne se souviendra de nos œu- 
vres. 

5. Car c'est le passage d'une 
ombre que notre temps, et il n'y 
a pas de retour après notre fin, 
parce que le sceau est posé, et que 
personne ne revient. 

6. Venez donc, et jouissons des 
biens qui sont, et usons prompte- 
ment des créatures, de méme que 
dans la jeunesse. 

7. Enivrons-nous des vins ex- 


LA SAGESSE. 


leg. :1.] 
quis, et parfumons-nous ; et que 
la fleur de la saison ne nous 
échappe point. 

8. Couronnons-nous de roses, 
avant qu'elles se flétrissent ; 
quil n'y ait aucune prairie par 
laquelle ne passent nos plaisirs. 

9. Que personne de nous ne 
soitexclu de nos plaisirs :laissons 
partout des marques de réjouis- 
sance, parce que c'est là notre 
partage et notre sort. 

10. Opprimons le juste pau- 
vre, et n'épargnons pas la veuve, 
et ne respectons pasles cheveux 
blancs du vieillard d'un long 
âge. 

11. Mais que notre force soit 
la loi de la justice : car ce qui 
est faible est regardé comme 
inutile. 

19. Circonvenons donc le juste, 
parce qu'il nous est inutile, qu'il 
est contraire à nos ceuvres, qu'il 
nous reproche les péchés contre 
la loi, et qu'il nous déshonore en 
décriant les fautes de notre con- 
duite. 

13. Il se vante d’avoir la science 
de Dieu, et il se nomme le fils de 
Dieu. 

14. Il est devenu pour nous le 
censeur de nos pensées. 


5. I Par., xxix, 15. — 6. Is., xxir, 13; tvi, 12; I Cor., xv, 32. — 13. Matt., xxvur, 43. 
— 14. Jean, vir, 7. 


puummmm—————————ÁO A A MODO SO SESSRAMUESAEMMEELLL!LLLLILLO,OUOOL)SXoe,T!DE S CE DDDIEONIÓGUIILOCOLE.LELLOESRBLCLCLCLQAUIQUÁC| 


9. Aprés cela; c'est-à-dire aprés la mort. 

5. Notre temps; le temps, la durée de notre vie. — Le sceau est posé; c'est une al- 
lusion à une ancienne coutume qui était de placer les corps dans des cavernes, dont 
on fermait exactement l'entrée en y mettant un sceau. 

1. La fleur de la saison (temporis); probablement du printemps. 

11. Est regardé comme (invenitur), selon le grec, est convaincu. 

19. Circonvenons, etc. Tout ce qui est dit dans ce verset et les suivants, jusqu'à la 
fin du chapitre, exprime les sentiments des impies contre les justes en général; mais 
représente si parfaitement la fureur des Juifs contre Jésus-Christ, que 165 Péres l'ont 
regardé comme une prophétie de sa Passion. 

1^. Le censeur; littér. en censure; selon le grec, en accusation, en bláme. Le sub- 
stantif précédé d'une préposition, et mis ainsi pour un adjectif, est pur hébraisme, 


[cH. ur.] 


15. Sa vue nous est méme à 
charge, parce que sa vie est 
dissemblable de la vie desautres 
et que ses voies ont été chan- 
gées. 

16. Nous sommes estimés par 
lui frivoles ; il sabstient de nos 
voies comme de souillures : il 
préfere les derniers moments des 
justes, et il se glorifie d'avoir pour 
père Dieu. 

11. Voyons dono si ses paroles 
sont véritables; éprouvons ce 
qui lui arrivera, et nous saurons 
quels seront ses derniers mo- 
ments. 

48. Car s'il est vrai fils de Dieu, 
Dieu prendra sa défense, et il le 
délivrera des mains de ses en- 
nemis. 

19. Interrogeons-le par l'ou- 
trage et les tourments, afin que 
nous connaissions sa résignation, 
et que nous éprouvions sa pa- 
lience. 

90. Condamnons-le à la mort 
la plus honteuse; car on aura 
égard à lui d’après ses paroles. 

91. Voici ce qu'ils ont pensé, et 
ils ont erré; car leur malice les a 
aveuglés. 

29. Ils n'ont pas su les secrets 
de Dieu; ils n'ont pas espéré la 
récompense de la justice, et ils 


LA SAGESSE. 


1405 
n'ont pas jugé justement Yhon- 
neur des âmes saintes. 

98. Car Dieu a créé l'homme 
inexterminable, et c'est à l'image 
de sa ressemblance qu'il l'a fait. 

24. Mais, par l'envie du diable, 
la mort est entrée dans le globe 
de la terre. 

95. Or ceux-là limitent, qui 
sont de son parti. 


CHAPITRE II. 


Bonheur des justes et malheur des mé- 
chants aprés la mort. Récompense de la 
chasteté. Suites funestes de l’adultère. 


1. Mais les àmes des justes sont 
dans la main de Dieu, et le tour- 
ment de la mort ne les touchera 
pas. 

2. Ils ont paru mourir aux yeux 
des insensés; et leur sortie du 
monde a été estimée affliction ; 

3. Et leur séparation d'avec 
nous, une exterminalion; mais 
eux sont en paix. 

4. Et si devant les hommes ils 
ont souffert des tourments, leur 
espérance est pleine d'immorta- 
lité. 

5. Apres quelques tribulations, 
ils seront placés au milieu d'une 
multitude de biens, parce que 
Dieu les a éprouvés, et les a trou- 
vés dignes de lui. 


18. Ps. xxr, 9. — 20. Jér., xi, 19. — 23. Genèse, 1, 27; 1 7; v, 1; Eccli., xvur, 1. — 
94. Genèse, rrr, 1. — Caar. III. 1. Deut., xxxii, 3; Infra, v, 4. 


15. Ont été changées. Le latin immutalæ sunt étant amphibologique (puisqu'il est 
susceptible des deux significations opposées, ont été changées et n’ont pas été changées, 
sont immuables), nous avons dü l'expliquer par le texte grec, qui veut dire seulement 
ont élé changées, déplacées ou sont différentes des autres. 

20. On aura égard, etc. Si ses paroles sont véritables, Dieu prendra soin de lui. 


Compar. Matth., xxvir, 43. 


3. Sont en paix: c'est-à-dire jouissent d'un bonheur complet, d'une félicité parfaite. 
C'est pourquoi l'Ecriture désigne ordinairement l'état des âmes saintes aprés leur 
mort par le mot pair. Compar. IV Rois, xxir, 20; Ecclésiaslique, ,טנא‎ 14, etc. 

5. Aprés quelques tribulations, etc. Compar. Rom., viu, 18; 11 Corinth., 1v, 17, 


1100 


6. Il les a éprouvés comme l'or 
dans la fournaise; il les a reçus 
comme une hostie d'holocauste, 
et dans le temps ils auront un re- 
gard favorable. 

7. Les justes brilleront, et 
.comme des étincelles dans un 
lieu planté de roseaux ils se ré- 
pandront de différents cótés. 

8. Ils jugeront les nations, et 
ils domineront les peuples, et 
leur Seigneur régnera à jamais. 

9. Ceux qui se confient en lui 
comprendront la vérité; et ceux 
qui sont fidèles dans so» amour 
lui demeureront attachés, parce 
que le don et la paix sont pour 
ses élus. 

10. Mais les impies, selon qu'ils 
ont pensé, recevront un châti- 
ment; eux qui ont négligé ce qui 
est juste, et se sont retirés du 
Seigneur. 

11. Car celui qui rejette la sa- 
cesse et l'instruction est malheu- 
reux, et vaine est leur espérance, 
leurs travaux sont sans fruit et 
leurs œuvres inutiles. 

19. Leurs femmes sont insen- 


LA SAGESSE. 


(cu. ur] 


sées et très mauvais leurs fils. 

13. Maudite est leur créature, 
parce qu'heureuse est la femme 
stérile et sans souillure, qui n'a 
pas connu de lit nuptial criminel; 
elle recevra une récompense, à 
la visite des âmes saintes ; 

14. Et heureux l'eunuque qui 
n'a pas opéré par ses mains l'ini- 
quité, qui n'a pas pensé contre 
Dieu des choses mauvaises; car 
il lui sera aecordé un don choisi 
de fidélité, et un sort trés agréa- 
ble dans la maison du Seigneur. 

15. Carle fruit des bonstravaux 
est glorieux, et la racine de la sa- 
cesse ne sèche point. 

16. Mais les fils des adultères 
seront consumés, et la race pro- 
venant d'un lit nuptial inique sera 
exterminée. 

17. Et s'ils viennent à être d'une 
longue vie, ils seront comptés 
pour rien, et sans honneur sera 
leur vieillesse la plus avancée. 

18. Et 8118 meurent prématu- 
rément, ils seront sans espé- 
rance; et au jour du jugement, 
sans parole de consolation. 


7. Matt., xir, 43. — 8. I Cor., vi, 2. — 14. Is., 11, 4. 


6. Dans le temps; c'est-à-dire quand leur temps sera venu. — Ils auront, etc.; de 
la part de Dieu nommé au verset précédent. 

10. Ce qui est juste; la justice, ou bien 76 juste, l’homme juste; car le texte grec 
est aussi amphibologique que le latin. 

19. Insensées; c'est-à-dire débauchées, déréglées. Dans l'Ecriture, les insensés sont 
souvent mis pour les méchants. — Une récompense; littér. du fruit. — A la visite, etc.; 
lorsque Dieu visitera les àmes saintes, au jour de la mort et du jugement. 

13. Leur créature; leur postérité. 

15. Le mot qux de la Vulgate, échappant à toute analyse et ne se lisant pas dans 
le grec, nous l'avons supprimé dans notre traduction. 

18. Jour du jugement; littér. de la reconnaissance; c'est-à-dire, où tout sera connu; 
selon le grec, du discernement, de l’examen; expressions qui désignent évidemment 
le jugement de Dieu après la mort. Il faut remarquer que tout ce qui est dit ici des 
enfants des adultéres ne doit s'entendre que de ceux qui imitent les désordres de 
leurs parents, et qui vivent, comme eux, dans le crime; car, sans cela, le crime de 
leurs parents ne leur est pas imputé au jugement de Dieu; et il peut fort bien ar- 
river que celui qui est né d'une union criminelle soit sauvé, et que des enfants de 
saints soient réprouvés. 


[cn. 1v.] 


19. Car la fin d'une nation 
inique est cruelle. 


CHAPITRE IV. 


Avantages de la chasteté. Suites malheu- 
reuses de l'adultére. Mort des justes 
heureuse, quoique précipitée. Justes 
retirés du monde par miséricorde. 
Malheur des méchants à la mort. 


1. 0 combien belle est une gé- 
nération chaste et glorieuse! car 
sa mémoire est immortelle, et 
elle est connue de Dieu et des 
hommes. 

2. Lorsqu'elle est présente, on 
limite, et on la regrette lors- 
qu'elle s'est retirée; couronnée 
pour jamais, elle triomphe, après 
avoir remporté le prix de la vic- 
toire dans les combats inconta- 
minés. 

3. Mais la multitude variée des 
impies ne sera pas utile, et les re- 
jetons bátards ne donneront pas 
des racines profondes, et n'éta- 
bliront pas une tige durable. 

4. Et si des rameaux germent 
dans leur temps, peu solidement 
plantés, ils seront agités par le 
vent et déracinés par la violence 
des vents. 

9. Car les rameaux seront bri- 
868 avant de s'étre développés ; 
leurs fruits seront inutiles, amers 
au goüt, et bons à rien. 

6. Car les enfants qui naissent 


LA SAGESSE 


1407 


d'une umon inique son. des té- 
moins de la perversité des pa- 
rents, lorsqu'on les interroge. 

1. Mais le juste, s'il est prévenu 
parla mort, sera dans le repos. 

8. Carla vieillesse est vénéra- 
ble, non parce qu'elle dure long- 
temps, et qu'elle se compte par 
le nombre des années; mais les 
cheveux blancs, c'est la prudence 
de l'homme, 

9. Et l’âge de la vieillesse, une 
vie sans tache. 

10. Plaisant à Dieu, il est de- 
venu son bien-aimé, et vivant 
parmi les pécheurs, il en a été 
lransféré ; 

11. IL a été enlevé, afin que la 
malice ne changeât point son es- 
prit, ou que l'illusion ne décüt son 
âme. 

12. Car la fascination de la fri- 
volité obscurcit le bien, et l'in- 
constance de la concupiscence 
renverse le sens qui est sans ma- 
lice. 

13. Consommé en peu detemps, 
il a rempli un grand nombre de 
jours ; 

14. Car son âme était agréable 
à Dieu; à cause de cela il s'est 
hâté de le retirer du milieu des 
iniquités ; mais les peuples voient 
et ne comprennent pas, et ils ne 
mettent pas dans leur cœur des 
choses semblables, savoir : 


Cap. IV. 4. Jérém., xvi, 6; Matt., vir, 27. — 10. Hébr., xi, 5. 


3. Combats incontaminés; c'est-à-dire combats soutenus sans la moindre souillure, 


9. Au goût; littér. à manger. 


6. D'une union inique; ou illégitime ; littér. de songes iniques. 
1. Dans le repos; la jouissance; littér. dans le rafraichissement; le grec dit repos, 


délassement. Compar. rt, 4. 


10. Plaisant à Dieu; il s'agit du juste nommé au vers. 1, les vers. 8-9 formant une 


parenthèse. 


12. Obscurcit le bien; littér. les bonnes choses; c'est-à-dire nous aveugle, en sorte 
que nous ne connaissons qu'obscurément ou point du tout ce qui est bon et juste, 
13. Consommé. Voy. le vers. 10, — De Jours; littér. de iemps. 


1108 


15. Que la gráce de Dieu et sa 
miséricorde sont pour ses saints, 
et son regard favorable pour ses 
élus. 

16. Mais le juste mort con- 
damne les impies vivants, et une 
jeunesse plus promptement con- 
sommée, la longue vie del'Aomme 
injuste. 

17. Carils verront la fin du sage, 
etils ne comprendront pas ce que 
Dieu a pensé sur lui, et pourquoi 
le Seigneur l'a mis en süreté. 

18. Ils verront et ils le méprise- 
ront, mais le Seigneur se rira 
d'eux. 

19. Et ils seront apres cela mou- 
rant sans honneur, en opprobre 
entre les morts à jamais; parce 
qu'il les brisera dans leur orgueil 
et les réduira au silence, il les 
détruira jusqu aux fondements, 
ils seront réduits à la derniere 
désolation ; ils seront gémissants, 
et leur mémoire périra. 

20. Ils viendront eflrayés par la 
pensée de leurs péchés, et leurs 
iniquités, se £enant vis-à-vis, les 
accuseront. 


CHAPITRE V. 


Triomphe des justes. Regrets inutiles des 
méchants. Félicité éternelle des justes. 
Vengeance du Seigneur contre les 
méchants. 


1. Alors les justes s’élèveront 
avec une grande fermeté contre 


LA SAGESSE. 


[cu. v.] 
ceux qui les ont tourmentés, et 
qui leur ont ravi Ze fruit de leurs 
travaux. 

9. Ceux-ci le voyant seront 
troublés par une crainte horrible, 
et ils s'étonneront de ce salut 
soudain, 

3. Disant en eux-mémes, se re- 
pentant et gémissant dans l'an- 
goisse de leur esprit : Voici ceux 
que nous avons eus autrefois en 
dérision, en proverbes outra- 
geants. 

4. Nous insensés, nous esti- 
mions leur vie une folie, et leur 
fin sans honneur : 

9. Et voilà qu'ils sont comptés 
parmi les fils de Dieu, et que 
leur sort est au milieu des saints. 

6. Nous avons donc erré hors 
dela voie de la vérité, et la lu- 
mière de la justice n’a pas lui 
pour nous, et le soleil de l'intel- 
ligence ne s'est pas levé pour 
NOUS. 4. 

Nous nous sommes lassés‏ .ד 
dans la voie de l'iniquité et de la‏ 
perdition, et nous avons marché‏ 
dans des voies difficiles ; mais la‏ 
voie du Seigneur, nous l'avons‏ 
ignorée.‏ 

8. A quoi nous a servi l’orgueil? 
ou que nous a rapporté l'ostenta- 
tion des richesses ? 

9. Toutes ces choses ont passé 
comme une ombre, etcomme un 
messager rapide ; 


Cap. V. 4. Supra, ΠΙ, 2. — 9. 1 Par., xxix, 15; Supra, 1, 5. 


16. Une jeunesse, etc.; c'est-à-dire que le juste enlevé à la flenr de son âge est la 
condamnation du méchant qui, dans une longue vie, n'est pas parvenu à la perfec- 


tion d'un jeune homme. 


11. Ce que Dieu, etc.; le dessein de Dieu sur lui. 
20. Les accuseront ; c'est le sens du grec; le latin traducent illos peut signiliev Jes 
traduiront en jugement; ce qui revient au méme sens. 


1. Alors; c'est-à-dire lors du jugement des impies, dont il est parlé au chapitre. 


précédent. 


(cn. v.] 


10, Comme un navire qui fend 
leau agitée ; lorsqu'il est passé, 
on ne peut trouver sa trace, ni 
le sentier de sa carene dans les 
flots ; 

11. Ou comme un oiseau qui 
traverse l'air au vol; on ne dis- 
tingueaucune marque desaroute, 
mais seulement le bruit des ailes, 
qui frappe la brise légère, et fend 
l'air avec effort ; ses ailes agitées, 


il a achevé son vol, et apres cela - 


on ne découvre aucune trace de 
sa route ; 

12. Ou comme une flèche lan- 
cée vers un but ; l'air qu'elle sé- 
pare se réunit aussitót, en sorte 
qu'on ignore son passage : 

13. Ainsi nous sommes nés, et 
aussitót nous avons cessé d'étre, 
et nous n'avons certainement pu 
montrer aucun signe de vertu : 
mais c'est par notre méchanceté 
que nous avons été consumés. 

14. Tellessontles choses qu'ont 
dites dans l'enfer ceux qui ont 
péché ; 

15. Parce que l'espérance de 
l'impie est comme la laine qui est 
emportée par le vent; comme 
l'écume légère qui est dispersée 
par la tempéte ; comme la fumée 


LA SAGESSE. 


1409 
qui est dissipée par 16 vent, et 
comme le souvenir d'un hóte qui 
passe e£ ne s'arréte qu'un seu] 
jour. 

16. Mais les justes vivront éter- 
nellement; aupres du Seigneur 
est leur récompense, et les soins 
en leur faveur dans le Très-Haut. 

11. C'est pour cela qu'ils rece- 
vront le royaume d'honneur et le 
diadème d'éclat de la main du 
Seigneur, parce que de sa droite 
il les protégera, et de son bras 
saint il les défendra. 

18. Son zèle prendra son ar- 
mure, et il armera la créature 
pour se venger de ses ennemis. 

19. Il revétira, pour cuirasse, 
la justice, et pour casque, son 
jugement infaillible ; 

20. 11 prendra pour bouclier 
inexpugnable l'équité : 

21. Mais il aiguisera son in- 
flexible colère comme une lance, 
et 16 globe de la terre combattra 
avec lui contre les insensés. 

22. Les foudres lancées iront 
tout droit, et elles seront déco- 
chées des nuées, comme d'un arc 
bien tendu, et elles atteindront 
rapidement le but. 

23. Et parla colère de Dieu sem- 


10. Prov., xxx, 19. — 15. Ps. 1, 4; Prov., x, 28; x1, 7. — 18. Ps. xvu, 40; Eph., vr, 13. 


16. Les soins en leur faveur; littér. lu pensée ou le soin d'euz (cogitatio illorum). Ici, 
comme en bien d'autres passages de l'Ecriture, le pronom possessif a le sens passif. 
Compar. pag. 342. Le grec porte La sollicitude, le soin; ce qui confirme notre assertion 
par rapport au pronom possessif. 

22. Les foudres lancées; littér. les émissions des foudres. L'auteur, ainsi que les autres 
écrivains sacrés, envisage les foudres comme les flèches d'un arc. — Elles seront 
décochées; c'est-à-dire renvoyées, retirées; car le latin erterminabuntur signifie pro- 
prement seront renvoyées, chassées de leur lieu. — Des nuées. Le génitif latin nubium 
pourrait à la rigueur être considéré comme régime du mot arc (arcu); mais il nous a 
paru plus naturel de le faire dépendre du verbe. Il est vrai que dans cette hypothèse, 
il devrait être à l'ablatif; mais il est constant que pour les cas comme pour les 
genres, la Vulgate se conforme souvent, non point au latin, mais à l'idiome du texte 
original. Ainsile génitif est mis ici, comme dans le grec, pour l'ablatif que réclame 
la langue latine. 

23. Semblable à une baliste, comme porte le texte grec; la Vulgate dit pierreuse, 


A. T. 99 


4410 
blable à une baliste, d'abondantes 
gréles seront envoyées, et l'eau 
de la mer sera courroucée contre 
eux, et les fleuves se déborderont 
avec furie. 

24. Contre eux s'élevera un 
vent violent, et comme un tour- 
billon, il les dissipera; leur ini- 
quité réduira toute la terre en un 
désert, et leur méchanceté ren- 
versera les trônes des puissants. 


CHAPITRE VI. 


Rois et juges de la terre exhortés à ac- 
quérir la sagesse. Supplices rigoureux 
préparés à ceux qui gouvernent injus- 
tement. La sagesse se présente à ceux 
qui l'aiment et la cherchent. Combien 
il est avantageux de la posséder. 


1. Mieux vaut la sagesse que 
les forces, et l'homme prudent 
que le courageux. 

2. Ecoutez donc, rois, et com- 
prenez : instruisez-vous, juges 
des confins de la terre. 

3. Prétez l'oreille, vous qui 
gouvernez des multitudes, et qui 
vous complaisez dans des troupes 
de nations ; 

4. Parce que la puissance vous 
a été donnée par le Seigneur, et 
la force par le Très-Haut, qui in- 
terrogera vos œuvres et scrutera 
vos pensées : 

9. Parce qu'étant les ministres 


LA SAGESSE. 


[cH. Vi." 
de son royaume, vous n'avez pas 
jugé équitablement, vous n'avez 
pas gardé la loi de la justice, et 
vous n'avez pas marché selon la 
volonté de Dieu. 

6. Il vous apparaitra d'une ma- 
niere effroyable et promptement, 
parce qu'un jugement très rigou- 
reux est réservé à ceux qui com- 
mandent. 

7. Car la miséricorde est accor- 
dée aux petits; mais les puis- 
sants seront puissamment tour- 
mentés. 

8. Car Dieu n'exceptera per- 
sonne, il ne respectera la gran- 
deur de personne, parce que lui- 
méme a fait les grauds et les 
petits, et qu'il a également soin 
de tous. 

9. Mais aux plus forts est des- 
tiné un plus fort supplice. 

10. Pour vous donc, à rois, sont 
ces miennes paroles, afin que 
vous appreniez la sagesse, et que 
vous ne tombiez pas. 

11. Car ceux qui garderont jus- 
tement les choses justes seront 
justifiés, et ceux qui auront ap- 
pris ceci trouveront de quoi ré- 
pondre. 

19. Désirez done ces miennes 
paroles, aimez-les, et vous 7 au- 
rez une instruction. 

13. Elle est claire, et telle que 


Cab. VI. 1. Eccl., 1x, 18. — 4. Rom., xui, 1. — 8. Deut., x, 17; 11 Par., xix, 7; Eccli., 
xxxv, 15; Actes, x, 34; Rom., it, 11; Gal., 1 6; Ephés., vr, 9; Col., nr, 25; I Pierre, 
TIU 


Or la baliste ou calapulte était une machine dont on se servait anciennement dans 
les siéges pour lancer ies pierres. Le sens est donc que la colére de Dieu sera comme 
une baliste, qui fera tomber sur les impies une quantité Je gréles aussi dures que 
des pierres. 

2. Des confins de la terre; c'est-à-dire de la terre entière. 

3. Qui vous complaisez, etc.; qui vous glorifiez de commander à une foule de nations. ' 
11. Ceux qui garderont, etc.; ceux qui dans toutes leurs actions observeront fidé- 
lement la justice seront traités comme justes. — Ceci (ista); ce que j'enseigne. — De' 

quoi répondre; de quoi se défendre, se jusülier devant le souverain juge. 


]68. νι. 


jamais elle ne se flétrit, la sa- 
gesse : elle est facilement aper- 
cue par ceux qui l'aiment, et trou- 
vée par ceux qui la cherchent. 

14. Elle prévient ceux qui la 
désirent ardemment, afin de se 
montrer à eux la premiere. 

15. Celui qui, dès la lumière du 
jour, veillera pour elle, n'aura 
pas de peine, car il la trouvera 
assise à sa porte. 

16. Penser donc à elle est une 
prudence consommée; et celui 
qui veillera à cause d'elle sera 
exempt de soucis. 

17. Parce qu'elle tourne elle- 
méme de tous côtés, cherchant 
ceux qui sont dignes d'elle; dans 
les chemins elle se montre à eux 
avec un visage riant, et elle va 
au-devant d'eux avec tout le soin 
de sa providence. 

18. Car le commencement de 
la sagesse est le désir très sincere 
de l'instruction. 

19. Le soin donc de l'instruc- 
lion est l'amour, et l'amour est 
l'observation de ses lois : or l'at- 
tention à observer ses lois est la 
consommation de l'incorruption : 

20. Et l'incorruption approche 
l'homme de Dieu. 

21. C'est pourquoi le désir de la 
sagesse conduit au royaume éter- 
nel. 

22. Si donc vous vous complai- 
sez dans les trónes et les sceptres, 
6 rois des peuples, aimez la sa- 


(βαρ. VII. 2. Job, x, 10. 


LA SAGESSE. 


1411 
gesse, afin que vous régniez éter- 
nellement ; 

23. Aimez la lumière de la sa- 
gesse, vous tous qui étes à la téte 
des peuples. 

24. Mais qu'est-ce que la sa- 
gesse, et de quelle maniere a- 
t-elle été faite, je le raconterai, 
et je ne vous cacherai pas les se- 
crets de Dieu; mais je la recher- 
cherai dés le commencement de 
sa naissance, et je mettrai en 
lumiere sa science, et je ne tairai 
pas la vérité ; 

25. Je ne cheminerai pas avec 
celui qui dessèche d'envie, parce 
qu'un tel homme ne participera 
pas à la sagesse. 

26. La multitude des sages est 
le salut du globe de la terre; et 
un roi sage est le soutien de son 
peuple. 

27. Recevez donc l'instruction 
par mes paroles, et cela vous sera 
utile. 


CHAPITRE VII. 


Tous entrent dans cette vie et en sortent 
de la méme maniére. La sagesse est 
préférable à tous les autres biens. 
Avantages qu'on en retire. Louanges 
de la sagesse. 


1. Je suis assurément, moi 
aussi homme mortel, semblable 
à tous, et de la race de cet homme 
de terre qui le premier fut fait, 
et dans le sein de ma mère j'ai 
été formé chair; 

2. Dans l'espace de dix mois 


19, 20. L'incorruption (incorruptio); c'est-à-dire l'exemption de toute souillure, la 


pureté parfaite de l'àme. 


1. J'ai été formé chair; c'est-à-dire corps; mon corps a été formé, 

2. * Dans l'espace de dix mois. L'année chez les Hébreux se composait de mois de 
29 et 30 jours. La naissance de l'enfant arrivait ordinairement vers le milieu du 
dixième mois, et l'on comptait le mois commencé, dans le calcul que nous avons 


441 
jai été fait d'un sang épaissi et 
de la substance de l'homme, et 
le plaisir du sommeil y concou- 
rant. 

3. Et moi né, j'ai recu l'air 
commun; je suis tombé sur la 
méme terre, et j'ai élevé une voix 
semblable à toutes es autres en 
pleurant. 

4. J'ai été nourri dans leslanges 
et avec de grands soins. 

9. Car aucun des rois n'a eu un 
autre commencement de nais- 
sance. 

6. II n'y a donc pour tous qu'une 
même entrée dans la vie et une 
semblable sortie. 

7. À cause de cela j'ai désiré, et 
le sens m'a été donné : j'ai invo- 
qué, et est venu en moi l'esprit 
de sagesse : 

8. Et je 181 mise avant les 
royaumes et les trónes, et j'ai 
jugé que les richesses n'étaient 
rien en comparaison d'elle; 

9. Jene lui ai point comparé de 
pierre précieuse, parce que tout, 
en comparaison d'elle, est un peu 
de sable, et que l'argent sera es- 
timé comme de la boue devant 
elle. 

10. Je l'ai aimée au-dessus de 
la santé et de la beauté, je me 
suis proposé de l'avoir pour ma 
lumiere, parce que sa clarté est 
inextinguible. 


LA SAGESSE. 


[cH. vi.; 


11. Or, me sont venus ensem- 
ble tous les biens avec elle, et des 
richesses innombrables par ses 
mains, 

19. Et je me suis réjoui en 
toutes choses, parce que marchait 
devant moi cette sagesse, et j'i- 
gnorais qu'elle était la mere de 
tous ces biens. 

13. Je l'ai apprise sans dégui- 
sement, et sans envie je la com- 
munique, et je ne cache pas ses 
richesses. 

14. Car elle est un trésor infini 
pour les hommes, et ceux qui 
en ont usé sont devenus partici- 
pants de l'amitié de Dieu, re- 
commandables par les dons de la 
science. 

15. Pour moi, Dieu m'a donné 
de dire ce que je sens, et d'avoir 
des pensées dignes des faveurs 
qui me sont accordées, parce 
quil est lui-méme le guide de 
la sagesse et le réformateur des 
sages; 

16. Car nous sommes dans sa 
main, et nous et nos paroles, et 
toute la sagesse, et la science 
d'agir, et l'instruction. 

11. Car c’est lui-même qui m'a 
donné de ce qui est la vraie 
science, afin que je connaisse la 
disposition du globe de la terre, 
et les vertus des éléments, 

18. Le commencement et la 


6. Job, 1, 21 ; I Tim., vi, 7. — 9. Job, xxvi, 15; Prov., vni, 11. — 11. HI Rois, πι, 13; 


Matt., vr, 33. 


ici, selon un usage assez commun en Orient, C'est ainsi qu'il est dit que Jésus-Christ 
resta trois jours dans le tombeau, quoiqu'il n'y ait été mis que le vendredi soir et 


qu'il soit ressuscité le dimanche matin. 


8. J'ai reçu, etc.; j'ai respiré l'air commun à tous les autres hommes, 

1. J'ai désiré, etc. Compar. 111 Rois, ur, 9-11. 

8. Et je l'ai mise, etc. Compar. Prov., vir, 10, 11, 45, 16. 

41. Richesses; c'est le sens du grec, et méme du latin de la Vulgate 20008708, non 


seulement ici, mais dans tout le livre. 


[cH. vur.] 


fin, et le milieu des temps, les 
permutations des choses qui se 
succedent et les changements des 
saisons, 

19. Les révolutions des années, 
et les dispositions des étoiles, 

90. Les natures des animaux, 
et les colères des bêtes; la force 
des vents et les pensées des 
hommes; les différences des plan- 
tes, et les vertus des racines; 

21. Et toutes les choses ca- 
chées et imprévues, je les ai ap- 
prises, parce que l'artisan de 
toutes choses, la sagesse, m'a 
instruit. 

22. Car en elle est un esprit 
d'intelligence, saint, unique, mul- 
tiple, subtil, disert, prompt, sans 
tache, certain, doux, aimant le 
bien, pénétrant, que rien ne peut 
empécher d'agir, bienfaisant; 

23. Humain, bienveillant, sta- 
ble, sûr, calme, ayant toute puis- 
sance, voyant tout, contenant 
tous les esprits, intelligible, pur, 
subtil ; 

24. Car la sagesse est plus 
prompte que tout ce qu'il y a de 
prompt, et elle atteint partout à 
cause de sa pureté. 

25. Elle est la vapeur de la 
vertu de Dieu, et une certaine 
émanation de la gloire du Tout- 
Puissant : et c'est pour cela que 


26. Hébr., 1, 3. 


LA SAGESSE. 


1413 


rien de souillé n'entre en elle: 

26. Car elle est l'éclat de la lu- 
miere éternelle, le miroir sans 
tache de la majesté de Dieu, et 
l'image de sa bonté : 

27. Etquoiqu'ellenesoit qu'une, 
elle peut tout; et immuable en 
soi, elle renouvelle touteschoses; 
elle se répand parmi les nations 
dans les âmes saintes, et elle 
forme les amis de Dieu etles pro- 
phètes. 

28. Car Dieu n'aime personne, 
si ce n'est celui qui habite avec 
la sagesse. 

29. Car elle est plus belle que 
le soleil, et au-dessus de toute 
disposition des étoiles; comparée 
àla lumiere, elle se trouve la 
premiere. 

30. Car àla lumiere succede la 
nuit; mais la malice ne triomphe 
pas de la sagesse. 


CHAPITRE VIII. 


Excellence de la sagesse. Avantages que 
lon trouve dans la possession de la 
sagesse. C'est de Dieu qu'on la re- 
coit. 


1. La sagesse, au contraire, 
atteint avec force d'une extré- 
mité à une autre extrémité, et 
dispose toutes choses avec dou- 
ceur. 

2. Je l'ai aimée, je l'ai recher- 


20. * Les coléres des bétes. Le sens du grec est plus général, il exprime tous les 
instincts des animaux. — Les différences des plantes, la science de la botanique. — 
Les vertus des racines, la connaissance des remédes. 

22. * La sagesse dont il est question dans ce verset et les suivants est la Sagesse 
incréée, comme l'enseignent les théologiens, et comme le prouve la comparaison du 
langage de notre livre avec celui de l'Ecclésiastique, xxiv, 4 et suiv., et avec l'Epitre 


aux Hébreux, 1, 3. 


25. La vapeur; comme une odeur qui s'exhale de la vertu divine. 

29. Au-dessus de toute disposition des étoiles; c'est-à-dire supérieure par sa beauté 
à la disposition déjà si belle des étoiles du firmament. La traduction : Elle est plus 
élevée que toutes les étoiles, est aussi peu conforme à la Vulgate qu'au texte grec. 


1414 


chée des ma jeunesse, et j'ai de- 
mandé à l'avoir pour épouse, et 
je suis devenu amateur de sa 
beauté. 

3. Elle glorifie la noblesse de 
son origine, comme jouissant de 
lunion étroite de Dieu; et aussi 
parce que le Seigneur de toutes 
choses l'a aimée; 

4. Car c'est elle qui enseigne 
la science de Dieu, et qui choisit 
ses œuvres. 

5. Et si on convoite les ri- 
chesses dans la vie, quoi de plus 
riche que la sagesse qui opere 
toutes choses? 

6. Mais si c'est l'intelligence de 
l'homme qui produit, qui plus 
qu'elle est l'artisan de ces choses 
qui existent? 

7. Et si quelqu'un aime la jus- 
1100, ses travaux ont pour objet 
les grandes vertus; car elle en- 
seigne la sobriété et la prudence, 
la justice et la force d'âme, choses 
qui sont les plus utiles à l'homme 
dans la vie. 

8. Et si quelqu'un désire une 
grande science, elle saitleschoses 
passées et juge des futures; elle 
sait les artifices du discours et 
la solution des arguments; elle 
sait les signes et les prodiges 
avant qu'ils se produisent, et les 
événements des temps et des 
siècles. 

9. Je me suis donc proposé de 
lamener à vivre avec moi, sa- 


LA SAGESSE. 


[cH. vir.) 
chant qu'elle me communiquera 
ses biens, et qu'elle sera la con- 
solation de ma pensée et de mon 
ennui. 

10. A cause d'elle j'aequerrai 
de la gloire auprès de la multi- 
tude, et de l'honneur auprès des 
vieillards, quoique jeune ; 

11. Je serai trouvé pénétrant 
dans les jugements, et en pré- 
sence des puissants je serai ad- 
mirable; et la face des princes 
me regardera avec étonnement; 

12. Quand je me tairai, ils at- 
tendront patiemment, et quand 
je parlerai, ils me regarderont, 
et quand je discourrai sur plu- 
sieurs sujets, ils mettront la main 
sur la bouche. 

13. Outre cela, j'aurai par elle 
l'immortalité, et laisserai une 
mémoire éternelle à ceux qui 
doivent venir aprés mol. 

14. Je gouvernerai des peuples, 
et des nations me seront sou- 
mises. 

15. Les rois les plus redoutables 
me craindront, lorsqu'ils m'en- 
tendront : au milieu de la multi- 
tude je me montrerai bon, et 
dans la guerre, vaillant. 

16. Entrant dans ma maison, je 
reposerai avec elle; car sa con- 
versation n'a pas d'amertume, ni 
sa société d'ennui, mais de l'allé- 
gresse et de la joie. 

17. Pesant ces choses en moi, 
et remettant en mémoire à mon 


i M ————— 


6. Mais si c'est, etc. Si c'est l'intelligence (humaine), qui fait tant d'excellents ou- 
vrages, pour faire tout ce qui existe, n'a-t-il pas fallu une intelligence bien supé- 


rieure? Compar. vir, 12-21; Prov., vni, 22. 


8. La solution des arguments; ou selon le grec: La solution des énigmes. 
12. Ils attendront patiemment; que je parle. — Ils me regarderont; comme ravis 
d'admiration par la sagesse de mes discours. — 118 mettront la main, etc. Compar. 


Job, xxix, 9-10. 


15. Lorsqu'ils m’entendront; ou Lorsqu'ils entendront parler de moi. 


[cH. [.אז‎ 


cœur, que l'immortalité est alliée 
de la sagesse, 

18. Et que dans son amitié est 
un plaisir honnète; dans les œu- 
vres de ses mains, des richesses 
inépuisables ; dans ses discus- 
sions, la sagesse, et une grande 
gloire dans la communication de 
ses discours, je tournais de tous 
côtés la cherchant, afin de la 
prendre pour moi. 

19. Or, j'étais un enfant ingé- 
nieux, et j'avais recu en partage 
une âme bonne. 

90. Et comme je devenais bon 
de plus en plus, je suis parvenu 
à conserver un corps sans souil- 
lure. 

91. Et comme j'ai su que je ne 
pouvais étre continent si Dieu ne 
me donnait de l'être (et c'était 
déjà un effet de la sagesse, de 
savoir de qui était ce don), je re- 
courus au Seigneur, et le sup- 


Cab. IX. 1. I Rois, nir, 9. 


LA SAGESSE. 


1415 
pliai, et je lui dis de tout mon 
COPUT : 


CHAPITRE IX 


Prière de Salomon au Seigneur pour 
obtenir la sagesse. La sagesse est né- 
cessaire pour gouverner les autres et 
pour se conduire soi-même. 


1. Dieu de mes peres, et Sei- 
gneur de miséricorde, qui avez 
fait toutes choses par votre pa- 
role, 

2. Et par votre sagesse avez 
formé l'homme, afin qu'il domi- 
nât sur la créature que vous avez 
faite, 

3. Afin qu'il dirige le globe de 
la terre dans l'équité et la justice, 
et qu'il rende les jugements dans 
la droiture de cœur : 

4. Donnez-moi la sagesse as- 
sistante à votre tróne, et ne me 
rejetez pas du nombre de vos en- 
fants; 


18. Des richesses (honestas). Voy., sur ce mot, vir, 11. 


19. Un enfant ingénieux (ingeniosus). — J'ai recu en partage; littér. par le sort; 
c'est-à-dire par un pur effet de la bonté de Dieu. 

20. Ce verset mal entendu a fait croire à plusieurs que l'auteur favorisait la pré- 
existence des âmes, système condamné par le Ve concile général tenu à Constanti- 
nople. Quand le Sage dit qu'il est venu dans un corps sans souillure, il n'entend 
nullement parler du moment de la création, lorsque son âme a été jointe à son corps ; 
il veut dire seulement qu'ayant recu de Dieu une àme pleine de dispositions favo- 
rables pour le bien (vers. 19), il les a cultivées avec soin, en sorte que son corps a 
été exempt des souillures qui sont un obstacle à l'étude de la sagesse, qu'il reconnait 
lui-méme (vers. 21) étre un don particulier de Dieu. 

21. Etre continent (esse continens); posséder la continence; sens que favorise le ver- 
set précédent; cependant d'autres traduisent par posséder, relenir, conserver la 
sagesse, fondés principalement sur ce que : 1? le grec signifie obtenir ce qu'on désire, 
posséder, aussi bien qu'étre continent, chaste; 2» la Vulgate elle-méme emploie dans 
l'Ecclésiastique (νι, 28; xv, 1) le mot continens dans le sens de possesseur de la sagesse 
(sapientie) et possesseur de la justice (justitiz); 3° que dans la prière qui suit immé- 
diatement, c'est la sagesse qui en fait l'objet. 


1. Dieu de mes pères, etc. C'est la prière dont il est parlé au chapitre précédent; 
elle continue dans tout le reste du livre. On peut la considérer comme une para- 
phrase de celle qu'on lit III Rois, x, 6 et .טנטפ‎ L'auteur étend ici la pensée de Salo- 
mon et y ajoute plusieurs choses qui reviennent à son dessein, qui est d'instruire 
les rois, de leur inspirer l'amour de la sagesse, de la vertu, de la justice, et de les 
éloigner de la violence, de l'injustice et du déréglement. 


1416 


5. Parce que je suis votre ser- 
viteur, moi, et le fils de votre ser- 
vante, un homme infirme et de 
peu de temps, et peu capable de 
comprendre les jugements et les 
lois. 
| 6. Car encore que quelqu'un 
soit consommé en. savoir parmi 
les fils des hommes, si votre sa- 
gesse n'est pas en lui, il sera 
compté pour rien. 

7. C'est vous qui m'avez choisi 
pour roi de votre peuple, et 
pour juge de vos fils et de vos 
filles ; 

8. Et vous m'avez dit de bâtir 
un temple sur votre montagne 
sainte, et dans la cité de votre 
habitation, un autel, représenta- 
lion de votre tabernacle saint que 
vousavez préparé des le commen- 
cement ; 

9. Et avec vous est votre sa- 
gesse, qui connait vos ouvrages, 
qui fut présente lorsque vous 
formiez le globe de la terre, 
et qui savait ce qui était agréable 
à vos yeux,et ce qu'il y avait de 
droiture dans vos préceptes. 

10. Envoyez-la de vos cieux 
saints, et du trône de votre 
grandeur, afin qu'elle soit avec 
moi, et qu'avec moi elle agisse, 
afin que je sache ce qui est 
favorablement accueilli par vous: 

11. Car elle sait toutes choses, 
et elle les comprend; elle me 
conduira dans mes œuvres avec 


LA SAGESSE 


[cu. 1x.] 


circonspection, et me gardera 
par sa puissance. 

19. Et mes œuvres seront fa- 
vorablement accueillies, etje diri- 
gerai votre peuple justement, et 
je serai digne du tróne de mon 
père. 

13. Car qui d’entre les hommes 
pourra savoir le conseil de Dieu ? 
ou qui pourra penser ce que veut 
Dieu? 

14. Car les pensées des mortels 
sont timides, et nos prévoyances 
incertaines. 

15. Car le corps, qui se cor- 
rompt, appesantit l'àme ; et cette 
habitation terrestre abat l'esprit 
qui pense beaucoup de choses. 

16. Et difficilement nous ap- 
précions les choses qui sont 
sur la terre, et celles qui sont 
sous nos yeux, nous les trou- 
vons avec peine. Mais celles qui 
sont dans les cieux, qui les dé- 
couvrira? 

17. Or votre sentiment, Sei- 
gneur, qui le connaîtra, si vous 
ne donnez vous-méme la sagesse, 
et si vous n'envoyez votre esprit 
saint du plus haut des cieux; 

18. Et qu'ainsi soient redres- 
sées les voies de ceux qui sont 
sur la terre, et que les hommes 
apprennent ce qui vous plait ? 

19. Car c'est par la sagesse 
qu'ont été guéris tous ceux qui 
vous ont plu, Seigneur, dés le 
commencement. 


5. Ps. oxv, 16. — 7. I Par., xxvirr, 4, 5; II Par., 1, 9, — 9. Prov., vi, 22, 21; Jean, 
1, 1. — 18. 15., xr, 13; Rom., xt, 34; I Cor., ur, 16. 


M M ———— 


8. Représentation ; copie; littér. similitude. Le temple de Salomon fut construit sur 
e plan du tabernacle que Moïse érigea dans ₪ désert. Compar. III Rois, vi, avec 


Exode, xXv-XXX. 


[cu. x.] 


CHAPITRE X. 


Merveilles opérées par la sagesse depuis 
le commencement du monde, en la 
personne d'Adam, de Noé, d'Abraham, 
de Jacob, de Joseph, de Moise, et en 
faveur des Israélites. 


1. C'est elle qui conserva celui 
qui fut formé le premier par 
Dieu, pour étre le pere du globe 
de la terre, ayant d'abord été créé 
seul; 

2. Et elle le tira de son péché, et 
lui donna la force de gouverner 
toutes choses. 

3. Dès qu'un injuste, dans sa 
colere, se sépara d'elle, il périt 
par la colère quile porta au meur- 


LA SAGESSE. 


1417 

4. Lorsqu'à cause de lui, l'eau 
inonda la terre, la sagesse sauva 
de nouveau /6 monde, en gou- 
vernant le juste par un bois mé- 
prisable. 

ὃ. C'est elle aussi qui, lorsque 
les nations, d'un commun accord, 
s'abandonneérent au mal, dis- 
cerna le juste, le rendit irrépro- 
chable devant Dieu, et le con- 
serva fort contre sa tendresse 
pour son fils. 

6. C'estelle qui délivra un juste, 
fuyant du milieu des impies, qui 
périrent par un feu descendu sur 
la Pentapole : 

7. En témoignage de leur 
méchanceté, cette terre déserte 


ire de son frere. est toujours fumante; les ar- 


(ΠΑΡ. X. 1. Gen., 1, 27. — 2. Gen., n, 7. — 3. Gen., 1v, 8. — 4. Gen.; vir, 21. — 
הס‎ De 0, Gen x1x, 41,22. 


1. * Celui qui fut formé le premier par Dieu, Adam. 

3. Un injuste; c'est-à-dire Cain. — * Au meurtre de son frére, Abel. 

4. À cause de lui; à cause de ses péchés que ses descendants imitérent. — Un bois 
méprisable. L'arche de Noé, désigné ici sous le nom de juste, parut, en effet, mé- 
prisable aux yeux de ses contemporains impies. 

5. Le juste; probablement Abraham, qui se conserva pur au milieu des peuples 
idolâtres, et même au milieu de la famille de son père, qui adorait les idoles. — Et 
le conserva fort, etc. Ceci convient parfaitement à Abraham, qui, comme le re- 
marque saint Ambroise, se montra sage en croyant à Dieu, qui lui parlait, et en ne 
préférant pas son amour pour sou fils aux ordres de son Dieu ; juste, en rendant au 
créateur ce qu'il tenait de sa libéralité ; enfin, fort et généreux, en réprimant les sen- 
timents de la nature, et en offrant à Dieu un sacrifice entier de tout ce qu'il avait 
de plus cher au monde, et de tout ce qu'il ressentait de plus vif et de plus tendre. 

6. Un juste; c'est Lot. — La Pentapole; c'est-à-dire les cinq villes : Sodome, Go- 
morrhe, Adama, Séboim et Ségor; cette derniere fut préservée par les priéres de Lot. 
Ce qui est dit dans ce verset et le suivant sur la Pentapole se trouve confirmé par 
les relations des voyageurs. 

7. Des fruits hors de saison (incerto tempore); qui ne mürissent pas. C'est l'opposé 
des fruits qui viennent dans leur temps (tempore suo), comme dit le Psalmiste (Ps. 1, 
3), et qui par là même arrivent à une parfaite maturité. — Une statue de sel, etc. 
Voy. Genèse, xix, 24-26. — * Il y a toujours une évaporation trés forte sur la mer 
Morte; elle suffit pour compenser l'apport que lui fait le Jourdain, apport que 
Tobler évalue à six millions quatre-vingt-dix mille tonnes par jour. C'est peut-étre 
à ce phénomène que fait allusion l'auteur de la Sagesse; mais il faut remarquer 
de plus que sur la rive orientale, il y a plusieurs sources qui se jettent dans l'ouadi 
Zerka, et dont l'eau presque bouillante remplit la vallée de vapeur fumante. — Por- 
tant des fruits hors de saison, les célèbres pommes de Sodome. Josèphe dit que la 
terre de Sodome produit des fruits qui paraissent bons à manger, mais qui se ré- 
duisent en poussière dès qu'on les touche. On croit communément que c'est le fruit 
de l'asclépiade géante, Vochar des Arabes. Il est jaune et ressemble à une pomme. 
On trouve sur la cóte occidentale de la mer Morte et principalement à Engaddi un 


1418 


bres portant des fruits hors de 
saison, et une statue de sel de- 
bout, souvenir d'une àme incré- 
dule. 

8. Ceux qui ont négligé la sa- 
gesse, non seulement sont tom- 
bés par là méme dans ligno- 
rance du bien ; mais ils ont encore 
laissé aux hommes un souvenir 
de leur folie, en sorte que leurs 
fautes n'auralent pu demeurer 
cachées. 

9. Mais la sagesse a délivré des 
douleurs ceux qui l'observent. 

10. C'est elle qui a conduit par 
des voies droites un juste qui 
fuyait la colere de son frere, qui 
lui a montré le royaume de Dieu, 
qui lui a donné la science des 
saints, qui l'a enrichi dans ses 
travaux, et a rendu prospères ses 
travaux. 

11. Elle l'a secouru contre la 


LA SAGESSE. 


[cu Στ 


fraude de ceux qui le circonve- 
naient, et elle l'a rendu riche. 

19. Elle l'a gardé contre ses 
ennemis , défendu contre ses sé- 
ducteurs, et l'a engagé dans un 
rude combat, afin qu'il vainquit 
et qu'il süt que la sagesse est plus 
puissante que toutes choses. 

13. C'est elle qui n’a pas dé- 
laissé un juste, lorsqu'ilfut vendu ; 
mais elle l'a délivré des mains des 
pécheurs, elle est descendue avec . 
lui dans une fosse; 

14. Dans les liens méme elle 
ne la pas quitté, jusqu'à ce 
qu'elle lui eüt remis le sceptre 
du royaume, etla puissance con- 
tre ceux qui l'opprimaient ; elle 
à convaincu de mensonge ceux 
qui l'ont déshonoré, et elle lui a 
donné une gloire éternelle. 

15. C'est elle qui a délivré un 
peuple juste et une race irré- 


10. Gen., xxvi, 5, 10. — 13. Gen., xxxvir, 28. — 14. Gen., זא‎ 49; Actes, vri, 10. 


— 15. Exode, 1, 11. 


fruit qu'on appelle « pomme de Sodome. Il a neuf centimètres de la queue à l'extré- 
mité et onze centimètres de circonférence. ll n’a point de chair et n'est vraiment 
qu'une peau verte ressemblant à celle d'une figue, contenant des graines semblables 
aux pépins des pommes ordinaires. Chacun de ces pépins porte une grosse barbe 
d'environ trois centimètres de long, plus douce que la soie. Cette barbe se file plus 
facilement que le coton, mais elle n'a pas beaucoup de résistance. La plante qui le 
produit est vivace et semi-ligneuse; elle ne dépasse guère la hauteur de trois mètres, 
et ses feuilles ressemblent assez à une petite feuille de chou cabu, excepté cependant 
qu'elles ne sont pas bombées. Ne serait-ce pas là le fruit dont parle le livre de la 
Sagesse ? » (LiÉviw.) 

10. Un juste; Jacob, frère d'Esaü. — L'a enrichi (honestavit). Voy. vr, 11. Pour les 
autres détails concernant Jacob, et compris dans les versets 11 et 12, on peut com- 
parer Genèse, XXXI-XXXIII. 

13. Ce verset et le suivant tracent les principaux traits de l'histoire de Joseph, fils 
du patriarche Jacob. : 

14. Le sceptre du royaume. Moïse dit que Pharaon établit Joseph sur toute sa mai- 
son, et qu'il lui donna une autorité absolue sur toute l'Egypte; cela suffit pour jus- 
tifier l'expression scepíre du royaume, surtout si on considère que dans le pays de 
Chanaan on donnait le nom de rois à tous ceux qui gouvernaient une ville ou qui 
étaient élevés à de grands honneurs, et qu'Abraham et Moise sont appelés rois par 
Justin, Nicolas de Damas et l'historien Josèphe. — Qui lonl déshonoré ; c'est-à-dire 
qui ont cherché à le déshonorer par de fausses accusations, comme la femme de 
Putiphar. 

15. Un peuple, etc. Les Israélites pouvaient étre appelés justes et irrépréhensibles, 
par rapport aux Egyptiens qu'ils n'avaient jamais offensés et qui les avaient réduits 


[ex. x1.] 
préhensible des nations qui l'op- 
primaient. 

16. Elle est entrée dans l'àme 
d'un serviteur de Dieu et s'est 
élevée par des prodiges et des 
signes contre des rois redou- 
tables. 

11. Elle a rendu à des justes la 
récompense de leurs travaux, et 
les a conduits par une voie admi- 
rable :. et elle a été pour eux 
l'ombre pendant le jour, et la lu- 
miere des étoiles pendant la nuit; 

18. Elle les a conduits par la 
mer Rouge, et les a fait passer 
à travers des eaux immenses. 

19. Mais elle a enseveli leurs 
ennemis dans la mer, et 6116 165 8 
retirés eux-mémes du fond des 
abimes. C'est pour cela que les 
justes ont emporté des dépouil- 
les des impies, 


LA SAGESSE. 


1419 


20. Et qu'ils ont chanté, Sei- 
gneur, votre nom saint, et qu'ils 
ontlouétous ensemble votre main 
victorieuse, 

21. Parce que la sagesse a ou- 
vert la bouche des muets, et 
qu'elle a rendu les langues des 
petits enfants éloquentes. 


CHAPITRE XI. 


La sagesse a conduit les Israélites dans 
le désert. Miracle de l'eau tirée du ro- 
cher par Moise. Sagesse de Dieu mar- 
quée dans les plaies dont il frappa 
l'Egypte. Bonté de Dieu pour ses créa- 
tures. 


1. Elle a dirigé leurs œuvres 
parles mains d'un saint prophete. 
2. Ils ont fait route par des dé- 
serts ; et c'est dans des lieux dé- 
sertsqu'ils ont planté leurs tentes. 
3. Ils ont tenu ferme contre 


18. Exode, xiv, 22; Ps. Lxvir, 12. — 19. Exode, ,זא‎ 90. — 20. Exode, xv, 1. — 
.שג‎ XI. 1. Exode, xvi, 1. — 3. Exode, ,טא‎ 


à la plus cruelle servitude, et móme un peuple saint, avec le texte grec, puisque ce 
peuple était choisi de Dieu pour lui étre consacré, et que dés lors il servait et ado- 
rait le Dieu que ses péres avaient servi et adoré, et que, de plus, les prémices en 
étaient consacrées à Dieu dans la personne des anciens patriarches et des autres 
justes qui leur avaient succédé dans ce méme peuple. C'est ainsi que saint Paul, dans 
le temps méme de la réprobation d'une partie du peuple juif, dit en parlant de cette 
nation : Que si les prémices sont saintes, la masse l’est aussi; et si la racine est sainte, 
les rameaux aussi (Rom., xt, 16). 

16. D'un serviteur de Dieu; de Moïse. — Des rois redoutables. Moïse ne parut que 
devant Pharaon; mais, comme on l'a vu au verset 14, on donnait dans ces temps-là 
le nom de roi aux grands et aux princes. 

19. Elle les a retirés eux-mêmes; c'est-à-dire les Israélites appelés justes dans les 
versets précédents. La plupart des interprètes expliquent ainsi le texte; mais quel- 
ques-uns appliquent le pronom /es (iKos) aux Egyptiens, nommés dans le méme 
verset les ennemis des Israélites (inimicos illorum). Ces derniers se fondent: 19 sur 
ce que Moise dit expressément qu'aprés avoir traversé la mer à pied sec, les enfants 
d'Israél virent les Egyptiens morts sur le rivage (Exode, xiv, 29); 29 sur ce que l'auteur 
de la Sagesse ajoute immédiatement : C’est pour cela que les justes ont emporté les 


dépouilles des impies (des Egyptiens); arguments, il faut en convenir, plus spécieux 
que solides. 


1. D'un saint prophète; c'est-à-dire de Moïse, appelé en effet prophèle dans plu- 
sieurs passages de l'Ecriture. Voy. Nombr., xix, 6-1; Deutéron., xviu, 15; xxxiv, 10. 

2. * Par des déserts, dans le Sinai. 

3. Contre leurs ennemis; les Amalécites (Ezode, xvi), les Chananéens (Nombr., xx1), 


les Madianites (Nomór., xxv-xxvi), Og, roi de Basan, et Séhon, roi des Amorrhéens 
(Nombr., וצא‎ ; Deulér., 111, xxix). 


1420 


leurs ennemis, et ils se sont ven- 
gés de ceux qui leur étaient op- 
posés. 

4. Ils ont eu soif, et ils vous ont 
invoqué, et il leur a été donné de 
l'eau d'un rocher tres élevé, et 
l'apaisement de leur soif est venu 
d'une pierre dure. 

9. Car, lorsque leurs ennemis 
furent punis par le manque de 
leurs eaux, tandis que les fils 
d'Israél se réjouirent d'en avoir 
en abondance; 

6. Eux-mémes, lorsquils en 
manquerent, furent bien traités. 

7. En effet, au lieu de la source 
d'un fleuve qui coulait toujours, 
vous donnâtes du sang aux hom- 
mes injustes. 

8. Et lorsqu'ils étaient diminués 
pour avoir livré les enfants à la 
mort, vous donnátes aux [sraéli- 
Les une eau abondante, d'une ma- 
niere inespérée, 

9. Montrant par cette soif qui 
arriva alors, de quelle maniere 
vous releviez les vótres, et com- 


4. Nomb., xx, 11. 


LA SAGESSE. 


[cx. xr.] 
ment vous faisiez mourir leurs 
ennemis. 

10. Car, lorsque vos enfants eu- 
rent été éprouvés, mais, à la vé- 
rité, en recevant un chátiment 
mélé de miséricorde, ils compri- 
rent de quelle manière, jugés 
dans votre colère, les impies souf- 
fraient des tourments. 

11. A la vérité, vous avez 
éprouvé les uns comme un pere 
qui avertit ; mais les autres, vous 
les avez condamnés comme un 
roi sévère qui interroge. 

12. Car absents et présents, ils 
étaient également tourmentés : 

13. Car un double ennui s'était 
emparé d'eux, etun gémissement 
au souvenir du passé. 

14. Car, lorsqu'ils apprirent que 
ce qui avait fait leur tourment 
était devenu un bien pour les 
autres, ils se souvinrent du Sei- 
gneur, en admirant la fin de l'é- 
vénement. 

15. Car celui qu'ils tournerent 
d'abord en dérision, dans l'expo- 


4. Et il leur a été donné, etc. Compar. Exode, xxvii; Nomór., xx. 


5. Dans la Vulgate le sens de ce verset n'est achevé que dans le suivant. Les exi- 
gences de notre langue s'opposant à une traduction littérale, nous avons táché ce- 
pendant de nous écarter le moins possible de la lettre du texte sacré. L'auteur rap- 
pelle ici que les Egyptiens furent tourmentés par la soif, parce que toutes les eaux 
de leur pays furent changées en sang par Moïse et Aaron (Exode, vir, 19-20), tandis 
que les Israélites se réjouirent d'en avoir en abondance de potable. — L'expression 
duns elles (in eis) est 16 complément ou régime du verbe ils se réjouirent (lætali sunt); 
et le pronom elles (eis), en particulier, remplace le mot eaux (aquis) représenté dans 
le verset méme par boisson (potus). 

6. Eur-mémes; les Israélites. — Furent bien trailés; puisque le Seigneur leur donna 
de l'eau toutes les fois qu'ils en manquèrent. 

7. D'un fleuve; du Nil. — Qui coulait toujours; cela est dit par opposition aux 
torrents et aux lacs qui tarissent et ne durent que peu. 

8. Les Egyptiens diminuèrent en nombre, parce qu'il en mourait beaucoup par la 
soif. 

19. Absents, etc. Ils furent tourmentés, non seulement par les plaies dont Dieu les 
frappa, lorsque les Israélites étaient encore parmi eux, mais aussi par la douleur 
qu'ils continuérent à éprouver, méme aprés leur départ, à cause des grandes pertes 
qu'ils avaient faites. 

19. Leur soif n'étant pas semblable à celle des justes; celle des Egyptiens, dans leur 


[cn. [.זצ‎ 
sition cruelle à laquelle il avait 
été abandonné, ils l'admirerent à 
la fin de l'événement, leur soif 
n'étant pas semblable à celle des 
justes. 

16. Et quant aux pensées in- 
sensées de leur iniquité, parce 
que quelques - uns, dans leur 
égarement, adoraient des ser- 
pents muets et des bétes inu- 
tiles, vous avez envoyé contre 
eux une multitude d'animaux 
muets en signe de vengeance ; 

11. Afin qu'ils sussent que par 
où quelqu'un a péché, c'est par là 
qu'il est tourmenté. 

18. Car il n'était pas impos- 
sible à votre main toute -puis- 
sante, qui ἃ créé le globe de la 
terre d'une matière informe, 
d'envoyer contre eux une multi- 
tude d'ours et des lions pleins 
d'audace, 

19. Ou des ,bêtes inconnues 
d'une nouvelle espèce, pleines 
de colère, respirant une vapeur 
de feu, ou répandant une odeur 
de fumée, ou lançant par les 
yeux d'horribles étincelles ; 

20. Bétes dont non seulement 
la morsure pouvait les exter- 
miner, mais l'aspect méme les 
tuer. 

91. Mais même sans elles, ils 
pouvaient d'un seul souffle être 


LA SAGESSE. 


1421 
tués, poursuivis parleurs propres 
œuvres, et dispersés parle souffle 
de votre puissance; mais vous 
avez disposé toutes choses avec 
mesure et nombre et poids. 

22. Car la souveraine puissance 
esl à vous seul à jamais : et qui 
résistera à la force de votre bras? 

23. Parce que le globe de la 
terre est devant vous comme ce 
qui fait pencher une balance, et 
comme une goulte de la rosée 
d'avant le jour, laquelle descend 
sur la terre. 

24. Mais vous avez pitié de 
tous, parce que vous pouvez tout, 
et vous disssimulez les péchés 
des hommes à cause du repen- 
tir. 

25. Car vous aimez tout ce qui 
est. et vous ne haïssez rien de 
tout ce que vous avez fait; car 
ce n'est pas inspiré par la haine 
que vous avez établi quelque 
chose, ou que vous l'avez fait. 

26. Mais comment quelque 
chose pourrait-il subsister, si 
vous ne l'aviez pas voulu? ou 
comment ce qui n'aurait pas été 
ordonné par vous se conserve- 
rait-il? 

97. Mais vous êtes indulgent 
envers tous, parce que tout est à 
vous, Seigneur, qui aimez les 
ámes. 


16. Infra, xir, 24. — 18. Lév., xxvi, 22; Infra, xvi, 1; Jér., vin, 17. 


propre pays, dura longtemps et les décima; celle des Hébreux cessa dans le désert, 
dés qu'ils demandérent de l'eau au Seigneur. — * Celui qu'ils tournerent en dérision 


est Moise. 


16. * Adoraient des serpents muets et des béles inutiles (supervacuas); le grec porte 
de peu de valeur, viles. On sait que les Egyptiens rendaient un culte à toutes sortes 
d'animaux qu'ils entretenaient dans leurs temples, bœufs, chats, crocodiles, etc, 

18. Informe; c'estle sens du grec; la Vulgate porte qui ne se voit pas (invisa). 

23. Ce qui fait pencher une balance: le moindre poids, un grain léger. 


1422 


CHAPITRE XII. 


Dieu chátie avec patience ceux qui l'ont 
2116286, pour leur donner lieu de faire 
pénitence. Il instruit ses enfants par 
les chàtiments qu'il exerce sur ses en- 
nemis. 


1. Qu'il est bon et doux, Sei- 
gneur, votre esprit en toutes cho- 
ses! 

9. Et c'est pour cela que vous 
chátiez par parties ceux qui s'é- 
garent; au sujet de leurs fautes, 
vous les reprenez et les exhor- 
tez, afin qu'abandonnant le mal, 
ils croient en vous, Seigneur. 

3. Car ces anciens habitants 
de votre terre sainte que vous 
avez eus en horreur, 

4. Parce qu'ils faisaient des 
œuvres odieuses à vos yeux par 
des enchantements, et des sacri- 
fices injustes ; 

5. Qu'ils tuaient sans pitié leurs 
propres enfants; quils man- 


LA SAGESSE. 


[cn. [.זזצ‎ 


gealentles entrailles des hommes 
et dévoraient leur sang, au mi- 
lieu de votre terre sacrée, 

6. Et étaient tout ensemble les 
pères et 168 meurtriers des âmes 
non secourues, vous les avez 
voulu perdre par les mains de 
nos pères, 

1. Afin qu'elle recát, la colonie 
des enfants de Dieu, cette terre 
qui vous est la plus chere de 
toutes. 

8. Et cependant vous les avez 
épargnés, comme étant hommes, 
et vous avez envoyé, comme des 
avant-coureurs de votre armée, 
des guépes, afin qu'elles les ex- 
terminassent peu à peu. 

9. Non que vous fussiez im- 
puissant à assujettir par la guerre 
les impies aux justes, ou à les 
faire périr soudain par des bétes 
cruelles ou par votre parole sé- 
vere; 

10. Mais les châtiant par par- 


Cap. XII. 3. Deut., 1x, 2, 12, 29; xviii, 12, — 10. Exode, xxii, 30; Deut., vu, 22. 


2. Par parties (parlibus); partiellement ou graduellement, peu à peu et non tout 
d'un coup, comme ceux qui craignent que leurs ennemis ne leur échappent. 
3. Ces anciens habitants, etc.; c'est-à-dire les Chananéens. 


4. Des sacrifices injusles; dans lesquels ils immolaient leurs enfants à l'idole de 
Moloch. Compar. le verset suivant et Lévitique, xvur, 21. 

4-5. On ne saurait taxer de faux l'auteur dela Sagesse dans les détails qu'il donne 
ici des crimes des Chananéens, et dont les anciennes Ecritures ne chargent point ce: 
peuple. On sait que plusieurs peuples de Chananéens immolaient leurs propres en- | 
fants aux fausses divinités. On sait encore que dans la plupart des sacrifices la cou- 
tume était de manger quelque partie de la victime offerte; il est done trés vraisem- 
blable que ceux qui immolaient des victimes humaines aient porté l'excés jusqu'à 
manger quelque partie de ces victimes. Ainsi, quoique dans les autres endroits de 
I Ecriture, où il est parlé des Chananéens, il ne soit rien dit de cette coutume abo- 
minable de manger les entrailles des hommes et de dévorer leur sang, ce n'est pas 
une raison suffisante pour rejeter le témoignage de l'auteur de ce livre, lorsqu'il 
assure positivement cette abomination et cette horreur. 

5. Au milieu de votre lerre sacrée (a medio sacramento suo). C'est l'explication des 
anciens interprétes et celle qui nous semble la meilleure. La Palestine était, en effet, 
une terre consacrée à Dieu, depuis qu'il avait promis par serment (sacramento) de la 
donner aux descendants d'Abraham, et d'y établir le siège de la vraie religion. C'est 
de là qu'elle est encore appelée terre sainte (vers. 3), et terre la plus chère de toutes 
à Dieu (vers. 1). 

8. Et vous avez envoyé, 616. Compar. Exode, xxiu, 28, 50; Deuléron., viu, 20. 

10. Chátiant; littér. jugeant (judicans). Nous avons déjà fait observer que dans 


]68. xir.] 


ties, vous donniez lieu au repen- 
lir, n'ignorant pas que leur na- 
tion était méchante, leur malice 
naturelle, et que leur pensée ne 
pourrait étre changée à jamais. 

41. Car leur race était maudite 
des le commencement : et, ne 
craignant personne, vous don- 
niez pardon à leurs péchés. 

19. Car qui vous dira : Qu'a- 
vez-vous fait? ou וט‎ 8 
contre votre jugement? ou qui 
viendra devant vous comme ven- 
geur des hommes iniques? ou 
qui vous imputera à blâme, si ont 
péri des nations que vous-méme 
avez faites 

13. Car il n'est pas d'autre 
Dieu que vous, à qui est le soin 
de toutes choses, pour que vous 
ayez à montrer que ce n'est pas 
injustement que vous prononcez 
vos jugements. 

14. Ni roi ni prince, en votre 
présence, ne s'enquerront de 
ceux que vous avez détruits. 

18. Puisque done vous êtes 
juste, c'est justement que vous 
disposez toutes choses ; aussi con- 
damner celui qui ne doit pas étre 
puni, vous regardez cela comme 
en dehors de votre puissance. 

16. Car votre puissance est le 
principe de la justice, et par cela 
méme que vous étes le Seigneur 
de tous, vous vous faites indul- 
gent envers tous. 

17. Car vous montrez votre 
puissance, lorsqu'on ne vous 


13. I Pierre, v, 7. 


LA SAGESSE. 


1123 
croit pas souverain en puissance, 
et vous confondez laudace de 
ceux qui ne vous connaissent 
pas. 

18. Mais vous, dominateur de 
la puissance, c'est avec tranquil- 
lité que vous jugez, et avec une 
grande réserve que vous nous 
gouvernez; car il dépend de 
vous, lorsque vous voulez, de 
pouvoir. 

19. Or, vous avez appris à 
votre peuple par de telles œu- 
vres, qu'il faut étre juste et hu- 
main; et vous avez donné à vos 
enfants une bonne espérance, 
puisqu'en /es jugeant, vous lais- 
sez au milieu de /eurs néchés 
place au repentir. 

20. Car, si vous avez puni avec 
tant de précaution les ennemis 
de vos serviteurs et ceux qui 
étaient dus à la mort, leur don- 
nant le temps et le lieu de pou- 
voir se convertir de leur malice, 

91. Avec combien de circons- 
pection avez-vous jugé vos en- 
fants, aux pères desquels vous 
avez fait de bonnes promesses 
par serment et par convention? 

92. Lors donc que vous nous 
corrigez, vous frappez nos en- 
nemis de coups multipliés, afin 
que nous considérions attenti- 
vement votre bonté, et que, 
lorsque nous sommes en juge- 
ment, nous espérions votre misé- 
ricorde. 

23. De là vient qu'à ceux qui 


le style biblique, juger signifiait aussi les suites du jugement, comme condamner, 
punir, chátier. — Par parties; par degrés, peu à peu. Compar. le vers. 2. 
13. De toules choses; ou de tous les hommes; l'expression est amphibologique, dans 


le grec aussi bien que dans la Vulgate. 


18. De pouvoir; c'est-à-dire d'exercer votre pouvoir, d'user de votre puissance. 
93. Par les choses mémes qu'ils adoraient. Les Egyptiens adoraient les serpents; 


1424 
ont vécu en insensés et injuste- 
ment, vous avez fait souffrir les 
plus grands tourments par les 
choses mêmes qu'ils adoraient. 

24. Car, très longtemps ils s'é- 
garèrent dans la voie de l'er- 
reur, estimant dieux ceux des 
animaux qui sont inutiles, et vi- 
vant à la manière des enfants in- 
sensés. 

95. À cause de cela, comme à 
des enfants insensés, vous leur 
avez d'abord infligé un châtiment 
en dérision. 

26. Mais ceux qui n'ont pas été 
corrigés par les railleries et par 
les réprimandes ont éprouvé en- 
suite un châtiment digne de 
Dieu. 

27. Car au milieu des maux 
qu'ils souffraient, voyant avec 
indignation qu'ils étaient exter- 
minés par les choses mémes 
quils prenaient pour des dieux, 
ils reconnurent le Dieu véritable 
qu'ils disaient autrefois ne pas re- 
connaitre, et à cause de cela la 
derniere condamnation vint sur 
eux. 


LA SAGESSE. 


[cu. xim.] 


CHAPITRE XIII. 


Vanité des hommes qui, au lieu de re- 
connaitre Dieu dans ses créatures, les 
ont prises elles-mémes pour des dieux. 
Folie et aveuglement de ceux qui ont 
donné le nom de dieux aux ouvrages 
de la main des hommes. 


1. Ainsi, vains sont tous les 
hommes en qui n'est paslascience 
de Dieu, et qui par les biens vi- 
sibles n'ont pu comprendre Celui 
qui est, et n'ont pas, en considé- 
rant les ceuvres, connu quel était 
l'ouvrier ; 

2. Mais ou le feu, ou le vent, 
ou l'air subtil, ou la sphere des 
étoiles, ou l'immensité des eaux, 
ou le soleil et la lune, voilà ce 
quils ont cru étre des dieux qui 
gouvernaient le globe de la 
lerre. 

3. Si, ravis de leur beauté, ils 
les ont crus des dieux, qu'ils sa- 
chent combien est plus beau leur 
dominateur; car c'est l’auteur 
de la beauté qui a établi toutes 
ces choses. 

4. Ou s'ils en ont admiré la 


24. Supra, xi, 16; Rom., 1, 23. — (παρ. XIII. 1. Rom., 1, 18. — 2. Deut., 1v, 19; 


XVII, ὃ. 


les Philistins et vraisemblablement aussi les Chananéens adoraient Beelzébuth, le 
dieu-mouche ou des mouches, dont il est souvent parlé dans l'Ecriture. Ainsi, pour 
les punir par les choses mémes qu'ils adoraient, Dieu envoya contre eux une armée 
de mouches pour les chasser et les tourmenter. 


24. Inutiles (supervacua). Voy. xt, 16. 


25, 26. Chátiment; littér. jugement (judicium). Compar. le vers. 10. 


21. Ils reconnurent le Dieu véritable; mais ils s'en tinrent là; ils furent du nombre 
de ces paiens, dont parle saint Paul, lesquels, ayant connu Dieu, ne lont pas glorifié 
comme Dieu (Rom., 1, 21). — Et à cause de cela, etc.; c'est ce qui attira enfin sur eux 
les derniers malheurs; ils furent exterminés. 


1. Celui qui est; par lui-même, l'Etre nécessaire. Compar. Exode, 111, 14. 

2. * Enumération des créatures qui ont été divinisées et adorées par les idolátres. 
Les Perses adoraient /e feu, ainsi que les vents; les Chananéens, le soleil, la lune et 
les astres; les Egyptiens adoraient aussi le soleil sous le nom de Ra, le Nil, etc. Les 
Grecs rendaient également un culte à toutes les créatures que nomme ici l'auteur de 
la Sagesse. 

3. Qui a établi (constituit); qui a créé, selon le grec. 


[cu. xur.] 


puissance et les œuvres, qu'ils 
comprennent par là que celui qui 
les a faites est plus puissant 
qu'elles. 

5. Car par la grandeur de la 
beauté et de la créature, le créa- 
teur de ces choses pourra étre vu 
de maniere à étre reconnu; 

6. Mais cependant en ceux-ci le 
sujet de plaintes est moindre. 
Car eux aussi s'égarent sans 
doute, en cherchant Dieu et en 
voulant le trouver. 

7. Car, comme ils vivent au mi- 
lieu de ses œuvres, ils le cher- 
chent, et ils sont persuadés que 
les choses qui se voient sont 
bonnes. 

8. D'un autre cóté, on ne doit 
pas leur pardonner. 

9. Car s'ils ont eu assez de sa- 
voir pour apprécier le monde, 
comment n'ont-ils pas trouvé plus 
facilement le Seigneur ? 

10. Mais ils sont malheureux, 
el leur espérance est parmi les 
morts, ceux qui ont appelé dieux 
les ouvrages des mains des hom- 
mes, l'or, l'argent, les inventions 


LA SAGESSE. 


de l'art, des figures d'animaux, 
une pierre inutile, ouvrage d'une 
main antique. 

11. Ainsi c'est un grand mal- 
heur, si un habile ouvrier coupe 
dans la forét un arbre bien droit, 
qu'avec adresse il en enlève toute 
l'écorce, et que se servant de son 
art il fasse un meuble utile pour 
l'usage de la vie; 

12. Qu'il emploie 168 débris de ce 
bois pour préparer sa nourriture; 

15. Et que le reste qui n’est 
d'aucun usage, bois tortu et plein 
de nœuds, il le taille avec soin 
dans son loisir ; que par la science 
de son artil lui donne une figure, 
et le fasse semblable à l'image 
d'un homme, 

14. Ou qu'il lui donne la forme 
de quelqu'un des animaux, le frot- 
tant avec du vermillon, et le pei- 
gnant en rouge avec du fard, et 
enlevant en frottant toute tache 
qui est en lui ; 

15. Qu'ensuite il lui fasse une 
habitation convenable, le placant 
dans la muraille et l'affermissant 
avec du fer, 


none, ΕἸ. — 11, I5, xLtY, 12; Jér.! x, 9. 


5. De la beauté et de la créature; c'est-à-dire de la beauté de la créature; figure 
grammaticale dont la Bible fournit plusieurs exemples. — De manière à étre reconnu 
(cognoscibiliter); dans le grec, par analogie. 

10-xiv, 13. * Description d'une grande beauté littéraire de la folie de l'idolátrie. 

10. Mais ils sont malheureux. L'écrivain sacré distingue deux sortes d'idolàtres : 
les uns qui cherchent Dieu dans la nature et adorent les choses de la nature au lieu 
de Dieu; les autres qui se font eux-mêmes des idoles pour les adorer. Les premiers, 
mentionnés dans les versets précédents, sont, à la vérité, dignes de blâme, puisqu'ils 
auraient pu facilement s'élever de la beauté des créatures au Créateur; mais les 
derniers, dont il s'agit depuis ce vers. 10 jusqu'à la fin du chapitre, sont plus 5/á- 
mables encore. 

11. Ainsi c'est un grand malheur. Ces mots ou autres semblables sont évidemment 
sous-entendus ; car autrement ce qui suit n'aurait aucune liaison avec ce qui pré- 
cede; et cependant on comprend aisément qu'il en faut nécessairement une. Remar- 
quons, de plus, que la phrase qui commence ici, et qui est interrompue par de 
nombreuses parenthèses, ne se trouve complète qu'au vers. 11. 

14. Avec du vermillon. Les anciens estimaient extraordinairement le vermillon, et 
n'en usaient que comme d'une chose très précieuse. 


A. T 90 


1425 


16. De peur qu'il ne tombe, 
pourvoyant ans? à sa sûreté, 
sachant qu'il ne peut s'aider 
lui-même; car c'est une simple 
image, et il a besoin d'un secours 
étranger. 

17. Et lui faisant un vœu, il le 
consulte sur ses biens, sur ses 
enfants, sur un mariage. Il ne 
rougit pas de parler à un bois qui 
est sans âme : 

18. Pour sa santé, il sollicite un 
infirme; pour la vie, il prie un 
mort, et pour le secourir, il invo- 
que celui qui n'est d'aucune uti- 
lité ; 

19. Pour un voyage, il s'adresse 
à celui qui ne peut marcher; pour 
acquérir et entreprendre, et pour 
le succès de toutes choses, il s'a- 
dresse à celui qui en toutes choses 
est inutile. 


CHAPITRE XIV. 


Folie de celui qui en s'embarquant in- 
voque une idole. Prophétie de la ruine 
de l'idolátrie. Origine 666 86. 
Maux dont elle est la source. 


1. Un autre encore, pensant à 
naviguer, et commençant à faire 
route à travers les flots impé- 


LA SAGESSE. 


[cH. xiv.) 


tueux, invoque un bois plus fra- 
gile que celui qui le porte. 

2. Carle désir d'acquérir l'a in- 
venté, et un ouvrier l'a fabriqué 
par son adresse. 

3. Mais c'est votre providence, 
ὃ Roi, qui le gouverne; parce que 
c'est vous qui avez tracé sur la 
mer une voie, et au milieu des 
flots un sentier tres assuré ; 

4. Montrant azns? que vous pou- 
vez sauver de tous /es périls, lors 
méme que quelqu'un, sans le se- 
cours de l'art, vasur la mer. 

9. Mais afin que les ouvrages 
de votre sagesse ne fussent pas 
inutiles, les hommes confient 
leurs âmes méme à un faible bois ; 
et, traversant la mer, ils ont été 
sauvés avec un vaisseau. 

6. Mais aussi dès le commen- 
cement, lorsque  périrent les 
géants superbes, l'espoir du globe 
de la terre se réfugiant dans un 
vaisseau qui était conduit par 
votre main, conserva au monde 
un germe de renaissance. 

1. Car béni estle bois par lequel 
est faite la justice. 

8. Mais l'idole qui est faite par 
les mains est maudite, elle-méme 


(παρ. XIV. 3. Exode, xiv, 22. — 6. Genèse, vi, 4; vir, 7. — 8. Ps. cxi, 4; Baruch, 


vI, 3. 


2-1. Ces versets forment une parenthèse, dans laquelle l'auteur montre comment, 
avec la permission de Dieu, la navigation a été inventée par les hommes, afin de 
faire éclater sa toute-puissance, et comment Dieu s'en est servi dans le déluge pour 
répandre ses bénédictions sur le genre humain. 

3. Quelques-uns croient que le Sage fait ici allusion au passage de la mer Rouge; 
mais la plupart l'entendent de l'art de la navigation. 

5. Iis ont été sauvés (liberati sunt). Le grec met également le verbe au passé; 
peut-étre que l'écrivain sacré fait allusion à quelque fait antérieur connu des Hé- 
breux, mais dont l'histoire ne parle point. 

6. Un germe de renaissance; Noé et sa famille, qui ont donné naissance au nouveau 
monde. Compar. Genèse, vr, 4; vir, 7. 

1. Béni est le bois, etc.; expression mystérieuse dans laquelle les Pères découvrent 
le bois dela croix du Sauveur, laquelle, contribuant à son sacrifice, a procuré au 
monde le don de la justice qu'il nous a méritée par son sang. Ce bois sacré est fi- 
guré par le bois méme de l'Arche qui sauva Noé et sa famille, 


[cu. xiv.] 
et celui qui l'a.faite : l'un, parce 
qu'il l'a faite, et l'autre, parce 
que, quoiqu'elle fütquelque chose 
de fragile, elle a été surnommée 
dieu. 

9. Or Dieu a également en haine 
l'impie etson impiété. 

10. Et aussi ce qui a été fait 
avec celui qui l'a fait, souffrira 
des tourments. 

11. 4 cause de cela, pour les 
idoles des nations, il n'y aura 
pas d'égard ; parce que les créa- 
tures de Dieu lui sont devenues 
un objet de haine, une tenta- 
tion pour les âmes des hommes, 
et un piège pour les pas des in- 
sensés. 

19. Car le commencement de 
la fornication est la recherche 
des idoles, et leur découverte, la 
corruplion de la vie hwma?ne; 

13. Car elles n'étaient pas au 


LA SAGESSE. 


1427 


commencément, eí elles ne se- 
ront pas pour toujours. 

14. Car la vanité des hommes 
est venue sur le globe de la terre; 
et c'est pour cela que leur fin s'est 
trouvée prompte. 

15. Gémissant en effet dans 
un deuil amer, un pere fitl'image 
de son fils qui lui avait été sou- 
dainement ravi; et il commenca 
à adorer comme dieu celui qui, 
comme homme, venaitde mourir, 
et il établit pour lui parmi ses ser- 
viteurs un culte et des sacri- 
fices. 

16. Ensuite, le temps interve- 
nant, l'inique coutume prévalut; 
l'erreur fut observée comme une 
loi, et par le commandement des 
princes, des idoles étaient ado- 
rées. 

11. Et quant à ceux que les 
hommes ne pouvaient honorer 


11. Pour les idoles des nations, ete.; c'est-à-dire qu'elles ne seront pas épargnées, 
mais renversées et détruites. C'est ce que les prophètes avaient prédit. Voy. Isaïe, 
Tt, 20; Jérém., x, 5; Ezéch., xxx, 13; Zachar., xiu, 2. Compar. le vers. 13. 

12. La recherche des idoles; c'est le premier essai qui a été fait pour en fabriquer. 
Or ce premier essai a été suivi de la fornication, qui est devenue une partie du culte 
des idoles. Par fornication, quelques interprètes entendent l'idolàtrie elle-même, qui 
est souvent appelée de ce nom. — Leur découverte, etc. Une fois trouvé et établi, le 
culte des idoles ἃ introduit la corruption, c'est-à-dire, outre la fornication, toute 
sorte d'affreux déréglements parmi les hommes. 

13. Car elles n'étaient pas au commencement. Les idoles n'existaient pas, en effet, 
lorsque fut créé le premier homme, qui ne connut et n'adora qu'un Dieu, son créa- 
teur. Par conséquent, l'idolàtrie, qui ne fut introduite que dans des temps posté- 
rieurs par des hommes pervers, loin d'étre conforme à la nature de l'homme, y est 
entièrement opposée. — Elles ne seront pas pour toujours. Les prophètes l'avaient 
prédit (voyez vers. 11), et la prédication de l'Evangile a confirmé leur prédiction; 
car depuis la venue du Messie, qui lui a porté un coup mortel, l'idolátrie n'a cessé 
de diminuer. 

14. S'est trouvée prompte (est inventus). Le verbe étant au passé dans le grec 
comme dans la Vulgate, l'auteur sacré fait sans doute allusion à la destruction du 
monde par le déluge, ou à quelque autre événement antérieur à son époque, mais 
dont l'histoire ne nous a laissé aucune mention. 

15. " Une des causes de l'idolátrie fut le regret excessif causé par la perte des 
parents et des amis. Voir II Machabées, xt, 23. — Il établit pour lui parmi ses servi- 
teurs un culle et des sacrifices. C'est ce qui avait lieu en particulier en Egypte. 

16. Et par le commandement, etc. Voy. Daniel, 1, 1-22. 

11. * On avait divinisé les rois dans divers pays. En Egypte, les Lagides payaient 
régulièrement des sommes destinées à rendre les honneurs divins à leurs prédé- 
cesseurs. 


΄ 


1498 


en face, parce qu'ils étaient 
éloignés, après avoir fait appor- 
ter de loin leurs portraits, ils 
exposerent aux yeux l'image du 
roi qu'ils voulaient honorer, afin 
d'adorer dans leur zèle, comme 
présent, celui qui élait absent. 

18. Mais ce qui augmenta leur 
culte, etles adorateurs ignorants, 
ce fut le zèle extraordinaire de 
l'artiste. 

19. Car, voulant plaire à celui 
qui l'employait, il épuisa tout son 
art pour faire une image plus par- 
faite. 

20. Orlamultitude des hommes, 
séduite par la beauté de lou- 
vrage, eslima dieu celui qui un 
peuauparavant avait été honoré 
comme un homme. 

91. Et telle fut la déception 
de la vie humaine, parce que des 
hommes, soit disposés ὦ cela per- 
sonnellement, soit trop complai- 
sants pour les rois, donnérent à 
des pierres et à du bois le nom in- 
communicable. 

22. Et il ne leur a pas suffi 
d'errer touchant la science de 


23. Deut., xvin, 10; Jér., vir, 6. 


LA SAGESSE. 


[cu. xiv.] 
Dieu; mais vivant dans une 
grande lutte causée par ligno- 
rance, ils appellent paix tant et 
de si grands maux. 

93. Car, ou immolant leurs 
propres enfants, ou faisant des 
sacrifices clandestins, ou célé- 
brant des veilles pleines d'une 
brutalité furieuse, 

24. Ils ne gardent ni l'honnéteté 
dans leur vie, ni la chasteté dans 
leur mariage; mais l'un tue l'au- 
ire par envie, ou l’outrage par 
l'adultere; 

95. Et tout est confondu; le 
sang, l'homicide, le vol, la four- 
berie, la corruption, l’infidélité, 
le tumulte, le parjure, la vexa- 
lion des bons, 

26. L'oubli de Dieu, la souil- 
lure des àmes, le changement 
de la naissance, l'nconstance 
des mariages, et les dissolutions 
de l’adultère et de l'impudicité ; 

97. Car le culte des infâmes 
idoles est la cause, le principe 
et la fin de tout le mal. 

98. Car ou lorsqu'ils se ré- 
jouissent, ils s'abandonnent à la 


18. Et les adorateurs ignorants; littér. et ceux qui ignoraient (et hos qui ignorabant). 
Cet accusatif hos de la Vulgate peut être le régime de la préposition ad, exposant du 
premier complément culturam du verbe provexit, ou second complément de ce même 
verbe; car ees deux sortes de constructions sont également usitées, au moins en 
hébreu. 

21. Le nom incommunicable, le nom de Dieu, Jehovah, qui ne se communique pas 
aux créatures, comme quelques autres, par exemple E/óhim, Adônäi. Les Juifs, par 
respect, ne le prononcent jamais; ils y substituent Adónd?, que les Septante et la 
Vulgate ont constamment traduit par le Seigneur. Voy. notre Dictionn. universel des 
sciences ecclés., art. JEROVAH. 

23. * En immolant leurs propres enfants. Noir plus haut, note sur xir, 4-5. Cet usage 
barbare subsistait encore à Carthage, quand écrivait l'auteur de la Sagesse. — Ou 
faisant des sacrifices clandestins, allusion aux mystères, tels que ceux d'Eleusis, etc. 
— Célébrant des veilles pleines d'une brutalité furieuse, dans les orgies du culte de 
Bacchus, Il Machabées, vi, 4; Romains, xin, 13; Baruch, vi, 43. 

26. Le changement de naissance; la confusion dans la naissance des enfants, dont 
la vraie origine ne saurait étre assurée au milieu d'une si affreuse corruption des 
niariages, à 


[cu. xv.] 
fureur, ou ils annoncent comme 
certaines des choses fausses, ou 
ils vivent dans l'injustice, ou ils 
se parjurent sans hésitation. 

99. Car, se confiant en des 
idoles qui sont sans àme, ils 
esperent que, tout en jurant 
faussement, ils ne se nuisent pas. 

30. Ces deux choses donc leur 
viendront en punition bien mé- 
ritée, parce qu'ils ont mal pensé 
de Dieu en s'attachant aux idoles, 
et qu'ils ont juré injustement, 
méprisant la justice par leur four- 
berie. 

31. Car ce n'est pasla puissance 
de ceux par qui on a juré, mais 
la peine due aux pécheurs, qui 
marche toujours contre les Aom- 
mes injustes. 


CHAPITRE XV. 


Le Sage, au nom des fidéles Israélites, 
loue le Seigneur de les avoir préservés 
de l’idolâtrie. Aveuglement de ceux qui 
fabriquent des idoles et de ceux qui 
les adorent. Culte impie des animaux. 


1. Mais vous, notre Dieu, vous 
étes doux et véritable, patient, et 
avec miséricorde disposant toutes 
choses. 

2. Car, si nous péchions, nous 
sommes à vous, connaissant 
votre grandeur, et si nous ne 
péchions pas, nous savons que 
vous tenez compte de nous. 

3. Vous connaitre, en effet, 
c'est une justice consommée; et 


Cnap. XV. 7. Rom., 1x, 21. 


LA SAGESSE. 


1429 
comprendre votre justiceet votre 
force, c'est la racine de l'immor- 
talité. 

4. Aussi, elles ne nous ont pas 
induits en erreur, les inven- 
tions de l'art funeste des hom- 
mes, ni une ombre de la pein- 
ture, travail sans fruit, n? une 
figure sculptée de diverses cou- 
leurs, 

9. Dont l'aspect donne à un in- 
sensé de la passion, en sorte qu'il 
aimelaressemblanced'uneimage 
sans âme. 

6. Les amateurs des mauvaises 
choses sont dignes de mettre leur 
espérance en de tels dieux, aussi 
bien ceux qui les font, et ceux 
qui les aiment, et ceux qui les 
adorent. 

7. Et méme un potier qui 
presse la terre molle, en forme 
par son travail pour notre usage 
un vase quelconque, et de la 
méme boue il forme ceux qui 
sont destinés à des usages hon- 
nétes, et également à ceux qui 
ne le sont pas : or, quel doit être 
l'usage de ces vases, le juge est 
le potier. 

8. Et, par un vain travail, il 
fait un dieu de la méme boue, 
lui qui a été formé de la terre 
un peu auparavant, et qui peu 
apres doit retourner là d'oü il 
a été pris, lorsqu'on lui récla- 
mera la dette de làme qu'il 
avait. 


31. Parmi les paiens, il s'en trouvait qui croyaient que les dieux punissaient quel- 
quefois les parjures; le Sage leur montre ici que, si cela arrive, ce n'est pas à ces 
fausses divinités qu'il faut l'attribuer, mais au souverain Seigneur. 


8. Lorsqu'on lui réclamera, etc.; lorsque Dieu lui redemandera l'âme qu'il ne lui 
avait donnée que pour un temps, et dont, par conséquent, le fabricateur d'idoles lui 


est redevable comme d'une véritable dette. 


1450 


9. Et il ἃ souci, non parce 
qu'il doit travailler, ni parce 
que la vie est courte pour lui; 
mais parce qu'il est combattu 
par les ouvriers en or et en ar- 
gent, et qu'il imite ceux qui tra- 
vaillent en airain, et il met. en 
avant lagloire de faire des choses 
inutiles. 

10. C'est dela cendre que son 
cœur, et de la terre inutile que 
son espérance ; et sa vie est plus 
vile que la boue; 

11. Parce qu'il a ignoré qui l'a 
formé, qui lui a inspiré cette àme 
qui agit, et qui lui a insufflé l'es- 
prit vital. 

19. Mais ils ont estimé que 
notre vie est un jeu, et que 
l'occupation de la vie a pour but 
le lucre, et qu'il faut, par tous les 
moyens, méme par le mal, en 
acquérir. 

13. Gelui-là, en effet, sait qu'il 
peche plus que tous les autres, 
qui forme d'une matiere de terre 
des vases fragiles, et des images 
taillées au ciseau. 


15. Ps. cxi, 5; cxxxiv, 16. 


LA SAGESSE. 


[cH. xv.] 
14. Mais ils sont tous insensés 
et malheureux, excessivement 


superbes d'esprit, les ennemis de 
votre peuple, et ceux qui le do- 
minent ; 

15. Parce qu'ils estiment dieux 
toutes les idoles des nations, 
qui n'ont ni l'usage des yeux 
pour voir, ni des narines pour 
respirer, ni des oreilles pour en- 
tendre, nidesdoigts de mains pour 
toucher; mais méme leurs pieds 
sont paresseux pour la marche : 

16. Car c'est un homme qui a 
fait ces dieux, et celui qui a recu 
en prét lesprit de vie, celui-là 
méme les a formés. Personne en 
effet ne pourra faire un dieu sem- 
blable à lui-méme. 

47. Car, puisqu'il est mortel, 
cest un mort qu'il forme avec 
des mains iniques. Il vaut mieux 
en effet lui-même que ceux qu'il 
adore, parce qu'il ἃ vécu au 
moins quelque temps, quoiqu'il 
füt mortel; mais eux, jamais. 

18. Et ils adorent jusqu'aux 
animaux les plus misérables; 


12. Ils ont estimé; pluriel qui se rapporte à les amateurs de mauvaises choses du 


verset 6. 


43. Des images taillées au ciseau; c'est-à-dire des idoles. 


14. Excessivement (supra modum); cet adverbe, par la place qu'il occupe, pourrait 
rigoureusement se rapporter à malheureux, qui précède; cependant nous croyons 
quil est plus nature! de le rattacher à l'expression suivante : superbes d'esprit. — 
* Les ennemis de volre peuple, les Egyptiens, qui adorent les dieux mentionnés au 
vers. 18. C'est, d'après les uns, une allusion à Ptolémée IV Philopator (322-204), qui, 
aprés avoir été repoussé de Jérusalem, vers 211, traita les Juifs d'Egypte avec beau- 
coup de cruauté. D'après d'autres, dont l'opinion est plus probable, l'auteur sacré 
veut parier ici des mauvais traitements que fit endurer aux Juifs, comme le rapporte 
Josèphe, Ptolémée VII Physcon (170-117). 

15. * Les Grecs d'Alexandrie identifiaient leurs dieux avec ceux des autres peuples 
et honoraient les idoles étrangères comme les leurs propres. Rome, sous l'empire, fit 
de même. 

16. Celui qui a reçu en prêt (mutuatus est). Voy. le vers. 8. — Semblable à lui- 
méme; c'est-à-dire vivant, intelligent comme il l'est lui-même. , 

18. Les animaux, etc.; ce sont les serpents, les chiens, les crocodiles, etc., adorés, 
var les Egvptiens en particulier. 


[cu. xvr.] 


lesquels, en effet, comparés à 
d'autres, privés de raison, leur 
sont inférieurs. 

19. Méme quant à leur aspect, 
personne ne peut voir dans ces 
animaux rien de beau. Ils ont 
aussi échappé à la louange de 
Dieu et à sa bénédiction. 


CHAPITRE XVI. 


La manière dont Dieu traite ses amis et 
ses ennemis. Plaies dont il frappe les 
Egyptiens; bienfaits qu'il répand sur 
les Hébreux. 


1. À cause de ces animaux et 
d'autres semblables, ils ont souf- 
fert des tourments mérités et ont 
été exterminés par une multitude 
de bétes. 

9. Au lieu de tourments, vous 
avez bien traité votre peuple, 
auquel vous avez accordé l'objet 
de son désir et de sa délectation, 
lui préparant des cailles, aliment 
d'un nouveau goût; 

3. En sorte que ceux-là, quoi- 
qu'avides de nourriture, à cause 
cependant des animaux qui leur 
avaient été montrés et envoyés, 


LA SAGESSE. 


1431 


renoncaient à satisfaire un désir 
nécessaire. Mais ceux-ci, devenus 
pour peu de temps privés de res- 
sources, goüterent une nourri- 
ture nouvelle. 

4. Car il fallait qu'une ruine 
inévitable survint à ceux qui 
exercaient une tyrannie sur votre 
peuple; et que vous montriezseu- 
lement à ceux-ci de quelle ma- 
niere vos ennemis étaient exter- 
minés. 

9. Et, en effet, lorsqu'à ceux 
là survint la terrible colère des 
bétes, par les morsures des astu- 
cieux serpents, ils étaient exter- 
minés. 

6. Mais votre colère ne dura 
pas toujours; car ils ne furent 
qu'un peu de temps troublés, 
pour avertissement, ayant eu 
un signe de salut, en souvenir 
des commandements de votre 
loi. 

1. Celui qui en effet se tournait 
vers ce signe était guéri, non par 
ce qu'il voyait, mais par vous, le 
sauveur de tous; 

8. Or, en cela vous avez montré 


Gnap, XVI. .ל‎ Nomb., xr, 31. — 5. Nomb., xxi, 6. 


19. Rien de beau; littér. de bonnes choses; mais il faut remarquer que dans le style 
biblique le mot bon, surtout iorsqu'il est joint à un verbe qui marque l'action des 
yeux, exprime plus souvent ia beauté que la bonté. — lis ont échappé, etc. lls n'ont 
pas été l'objet des louanges et des bénédictions de Dieu comme les premiers ani- 
maux le fureat aprés leur création (Genése, 1, 91, 22); ils ont été plutót maudits, 
comme le serpent dont le démon s'était servi pour tenter Eve (Genèse, nt, 14). 


1. À cause de ces animaux, etc. Compar. xu, 25, et Exod., vri, 2, 3,16, 21; x, 4-6, 
12-15. — 1/8; les Egyptiens. — * Par une multitude de bêtes, grenouilles, mouches, 
sauterelles des plaies d'Egypte. 

2. Des cailles. Compar. Exod., xvi, 13; Nombr., xn, 31. 

3. Ceux-là ; les Egyptiens. — A cause, etc. À cause des animaux impurs et dégoü- 
tants que Dieu leur avait envoyés (Exod., vu, 3), les Egyptiens avaient en aversion 
méme les viandes les plus nécessaires. — Ceux-ci: les Hébreux. 

5. Astucieux (perversorum), rusés (Genèse, ur, 1); ou bien tortueux, ce qui est la 
signification propre du grec skotión employé ici par les Septante. — * Ils étaient ez- 
terminés, les Israélites, par les serpents brülants, Nombr., xxi, 6. 

6, 1. Un signe de salut; c'est-à-dire le serpent d'airain, figure de Jésus-Christ notre 
Sauveur en croix. Voy. Nombr., xxt, 8, 9; Jean, ur, 14, 15. 


1492 


192 LA SAGESSE. 


a nos ennenus que c'est vous qui 
délivrez de tout mal. 

9. Car pour eux la morsure 
des sauterelles et des mouches 
les a tués, et 11 na pas été 
trouvé de remède pour leur 
âme, parce qu'ils étaient dignes 
d'étre exterminés de cette ma- 
niere. 

10. Mais vos enfants, les dents 
méme des dragons venimeux ne 
les ont pas vaincus, parce que 
votre miséricorde, survenant, les 
guérissait. 

11. Car en souvenir de vos pré- 
ceptes, ils étaient éprouvés, et ils 
étaient promptement guéris, de 
peur que, tombant dans un pro- 
fond oubli de ces préceptes, is ne 
pussent se servir de votre se- 
'COUFS. 

19. Aussi n'est-ce ni une herbe, 
ni un émollient qui les a guéris, 
mais votre parole, Seigneur, qui 
guérit toutes choses. 

13. Car c'est vous, Seigneur, 


[cH. xvr.] 


qui avez la puissance de la vie et 
de la mort, et qui menez jus- 
qu'aux portes de la mort, et en 
ramenez; 

14. Or, un homme tue par ma- 
lice; mais, lorsque l'esprit sera 
sorti du corps, il n'y reviendra 
pas; et ce n'est pas «un homme 
qui rappellera l'àme qui s'est re- 
tirée; 

15. Mais d'échapper à votre 
main, c'est impossible. 

16. Car les impies qui disaient 
ne pas vous connaitre ont été 
frappés par la force de votre 
bras; tourmentés par de nou- 
velles eaux, et par des gréles, 
et par des pluies, et consumés 
par le feu. 

17. Et ce qui était admirable, 
cest que dans leau qui éteint 
tout, le feu avait plus de force : 
parce que l'univers estle vengeur 
des justes. 

18. Quelquefois, le feu tempé- 
rait son ardeur, afin que ne fus- 


9. Exode, vin, 24; x, 4; Apoc., 1x, 7. — 13. Deut., xxxi, 39; I Rois, π, 6; Tobie, 


' xiu, 2. — 16. Exode, 1x; 23. 


9. Leur âme; hébraisme conservé aussi par les Septante pour leur vie. — * Les 
.sauterelles ravagèrent toute l'Egypte pour punir ses habitants qui ne voulaient point 
laisser partir les Hébreux. Exod., x, 5-15. Sur la plaie des mouches, voir note sur 
Ps. civ, 34. 

10. * Des dragons ; des serpents brülants. Tandis queles Egyptiens périrent, vers. 9, 
par des animaux qui généralement ne tuent pas, les Israélites sont sauvés méme des 
serpents venimeux. Pharaon appellela plaie des sauterelles « cette mort », Exod., x, 
11; cependant Moise ne dit point expressément que ni les mouches ni les sauterelles 
aient fait mourir des Egyptiens. Il est certain d'ailleurs qu'il y a des mouches dont 
la piqüre est mortelle. 

41. Ils étaient éprouvés (examinabantur); selon le grec, ils étaient piqués. 

14. Et ce n'est pas un homme, C'est, en effet, le mot homme, exprimé au commen- 
cement du verset, qui est le nominatif du verbe rappellera (revocabit). — Qui s'est 
retiré; ou qui a élé reçu dans l'autre vie. 

16. * De nouvelles eaux; des pluies, des orages inaccoutumés : allusion à la septième 
plaie. Exod., 1x, 22-25. Il ne pleut presque jamais en Egypte. 

11. * Dans l'eau le feu avait plus de force; les éclairs et les tonnerres étaient plus 
terribles au milieu de la pluie d'orage, ce qui remplissait d'étonnement les Egyptiens, 
qui voient si rarement des orages. 

18. *Ce verset se rapporte à des faits qui ne sont pas consignés dans l'Exode. 
Cornelius a Lapide et d'autres commentateurs croient que /e feu dont parle ici l'au- 


]68. xvi-] 


sent pas brülés les animaux qui 
avaient été envoyés contre les 
impies; et aussi afin qu'eux- 
mémes, voyant cette merveille, 
reconnussent que c'était par un 
jugement de Dieu qu'ils souf- 
fraient ces maux. 

19. Mais quelquefois c'était 
dans leau que, surpassant sa 
propre vertu, ce feu s'enflam- 
mait de tous cótés, afin d'ex- 
terminer la nation d'une terre 
inique. 

20. Au lieu de cela, vous avez 
nourri votre peuple de la nour- 
riture des anges; vous leur avez 
donné un pain venant du ciel, 
préparé sans travail, renfermant 
en soi tout ce qui plait, et ce 
qui est agréable à tous les goüts. 

21. Car cette nourriture qui 
venait de vous montrait votre 
douceur que vous avez pour vos 
enfants ; et, s'accommodant à la 
volonté de chacun, elle se chan- 
geait en ce que chacun voulait. 

22. Mais la neige et la glace 
soutenaient la violence du feu, 
et ne se fondaient pas; afin que 
l'on süt qu'un feu, brülant dans 


LA SAGESSE. 


1433 
la gréle et étincelant au milieu de 
la pluie, consumait les fruits des 
ennemis. 

23. Or cefeu, afin que les justes 
fussent nourris, oublia encore 
méme sa propre force. 

24. Car la créature, qui vous 
obéit comme à son Créateur, 
s'enflamme pour tourmenter les 
hommes injustes, et devient plus 
douce pour faire du bien à ceux 
qui se confient en vous. 

95. A cause de cela, alors aussi 
transformée de toutes manières, 
elle obéissait à votre gráce, la 
nourrice de tous, s'accommodant 
àla volonté de ceux qui désiraient 
quelque chose de vous; | 

26. Afin quils sussent, Sei- 
gneur, les fils que vous aimez, 
que ce ne sont pas les fruits nés 
de la terre qui nourrissent les 
hommes, mais que cest votre 
parole qui conserve ceux qui 
croient en vous. 

27. Car ce qui ne pouvait étre 
consumé parle feu se fondait aus- 
sitót, étant échauffé par un léger 
rayon du soleil; 

28. Afin qu'il fût connu de tous 


20. Exode, xvi, 14; Nomb., xr, 7; Ps. Lxxvur, 25; Jean, vi, 31. — 22. Exode, 1x, 24. 


— 26. Deut., vir, 3; Matt., 1v, 4. 


teur saeré désigne des feux qu'allumaient, mais en vain, les Egyptiens pour se déli- 
vrer des insectes envoyés contre eux pour les punir. 

20. Un pain venant du ciel (panem de calo). Le mot pain, nous l'avons déjà remar- 
qué, se prend trés souvent dans l'Ecriture pour nourriture en général. Il s'applique 
ici, dans le sens propre, à la manne et aux cailles que Dieu envoya aux Israélites 
dans le désert; et, dans le sens spirituel, il est la figure de la sainte Eucharistie. Com- 
par. Exod., xvi, 14 et suiv.; Nombr.. xx, 1 et suiv.; Ps. Lxxvir, 23 et suiv.; Jean, vi, 31 
et suiv. 

21. Cette nourriture qui venait de vous; littér. votre substance (substantia tua); 
c'est-à-dire {a manne et les cailles. Voy. le vers. précédent. 

22. * La neige et la glace; nom donné à la manne, à cause de sa ressemblance avec 
la gelée blanche, Exod., xvi, 14. 

21. Ce quine pouvait, etc. Le feu cuisait la manne et la durcissait de manière qu'on 
en faisait de petites miches qu'on mangeait comme du pain ; mais le moindre rayon 
de soleil la faisait fondre. Voy. Nombr., xt, 8; Exod., xvi, 21. 

28. Pour vous benir; c'est-à-dire pour vous rendre grâces; c'est le sens du grec; 


4434 


qu'il faut prévenir le soleil pour 
vous bénir, et vous adorer au 
lever de la lumiere. 

29. Car l'espérance de l'ingrat, 
comme la glace de lhiver, se 
fondra; et elle périra entierement 
comme une eau inutile. 


CHAPITRE XVII (ὦ), 


Jugements de Dieu. Ténèbres de l'Egypte 
et frayeur des Egyptiens, tandis que le 
reste du monde jouissait de la lumière 
et vaquait librement à ses travaux. 


4. Grands sont vos jugements, 
Seigneur, et inexprimables vos 
paroles : à cause de cela les âmes 
sans science se sont égarées. 

2. Tandis que les impies se 
sont persuadés qu'ils pouvaient 
dominer la nation sainte, en- 
chainés par les liens des ténèbres 
et d'une longue nuit; enfermés 
sous leurs toits; fuyant l'éter- 


(παρ. XVII. 2. Ex., x, 23. 


LA SAGESSE. 


[cu. xvir.] 


nelle Providence, ils ont été 
abattus. 

3. Et tandis qu'ils pensaient 
étre cachés dans leurs péchés 
secrets, ils ont été dispersés 
sous le voile ténébreux de l'ou : 
bli, saisis d'un horrible effroi, el 
frappés du plus grand étonne- 
ment. 

4. Car la caverne qui les ren- 
fermait ne les défendait pas. 
contre la crainte, parce qu'un 
bruit descendant les troublait et 
que des spectres lugubres, leur 
apparaissant, les jetaient dans 
l'épouvante. 

5. Et méme aucun feu ardent 
ne pouvait leur donner la lu- 
miere, et la flamme pure des 
astres ne pouvait éclaircir cette 
horrible nuit. 

6. Mais il leur apparaissait un 
feu subit, qui les remplissait de 


om 


littér. pour votre bénédiction (in benedictionem), que d’autres interprètent par : Pour 
recevoir votre bénédiction ; les Israélites, en effet, recueillirent la manne, bénédiction 
ou bienfait de Dieu. 


5 [1 ya dans ce chapitre plusieurs faits qui concernent les Egyptiens; il faut, pour 
les mieux comprendre, les comparer avec le livre de l'Exode. 

4. Inexprimables (inenarrabilia); ou difficiles à exposer, à expliquer, comme porte 
le texte grec. — Les âmes sans science; littér. indisciplinées (indisciplinatz); mais il 
faut se rappeler que dans l'Ecriture, et surtout dans les Livres sapientiauz, le mot 
disciplina s'emploie fréquemment pour science; aussi le grec porte-t-il ici sans ins- 
truclion, sans éducation. Or ces âmes sans science, de méme que les impies, mention- 
nés dans le verset suivant, désignent les Egyptiens. 

2. Fuyant (fugitivi), etc.; allusion aux esclaves fugitifs, que leurs maîtres chargent 
de chaines et enferment dans un sombre cachot. — * Description de la neuvième 
plaie d'Egypte, celle des ténèbres (xvir, 1-xvm, 4). Elle fut produite par le vent 
appelé kAamsin, qui obscurcit l'air et le remplit d'une poussière impalpable qui 
pénétre partout. Les Egyptiens fuient la tempéte en s'enfermant sous leurs toits. 

3. * Saisis d'un horrible effroi: Les tempêtes de khamsin, surtout quand elles sont 
portées à un degré extraordinaire, comme dans le miracle de la neuvième plaie, pro- 
duisent un grand malaise et par conséquent une grande terreur. 

4. * Des spectres lugubres apparaissent aux Egyptiens enfiévrés par la tempéte. 

5.* Aucun feu ardent ne pouvait leur donner la lumière du soleil, complètement 
voilé par le sable impalpable qui remplit l'atmosphére dans les tempêtes de khamsin. 

6. Un feu subit, etc. Ce feu subit qui passait comme un éclair, leur permettait 
d'entrevoirles obiets, mais non deles remarquer à loisir et distinctement. C'est cette 
vue subite et interrompue qui au lieu de les rassurer augmentait leur terreur, et 
par là méme leur faisait juger les choses plus affreuses et plus terribles qu'elles ne 


ἴση. xvir.] 


crainte, et frappés de la crainte 
de ce fantóme, qu'ils ne voyaient 
pas distinctement, ils estimaient 
pires les choses qu'ils voyaient 
clairement ; 

7. À cela s'ajouterent les dé- 
risions de l'art magique; et la 
vanterie de sagesse devint un 
blâme avec affront. 

8. Ceux en effet qui promet- 
taient de bannir le trouble et la 
crainte d’une âme languissante, 
languissaient eux-mêmes dans la 
dérision, et pleins de crainte. 

9. Car lors même que rien du 
côté des spectres ne les trou- 
blait, fortement émus par le pas- 
sage des animaux et par le siffle- 
ment des serpents, ils mouraient 
tout tremblants; et l'air, que nul 
en aucune maniere ne peut évi- 
ter, ils refusaient de le voir. 

10. Comme en effet 18 méchan- 
ceté est timide, elle donne un 
témoignage de condamnation 
contre elle, car toujours elle se 


7. Exode, vir, 22; viri, 7. 


LA SAGESSE. 


1435 
représente d'avance les choses 
terribles, étant troublée par la 
conscience. 

11. La crainte en effet n'est 
rien que l'abandon des secours 
de la pensée. 

19. Et tandis qu'elle attend 
moins de secoursau dedans d’elle- 
méme, elle grossit la cause in- 
connue, de laquelle vient le tour- 
ment. 

13. Mais ceux qui pendant cette 
nuit vraiment impuissante, et 
survenue des bas et des plus 
profonds enfers, dormaient le 
méme sommeil, 

14. Tantót étaient fort agités 
par 18 crainte des spectres, et tan- 
tót défaillaient par l'abandon de 
leur àme ; car une crainte subite 
et inattendue leur était surve- 
nue. 

15. Puis, si quelqu'un d'entre 
eux était tombé, i1 demeurait re- 
clus sans chaines dans cette pri- 
son de ténébres. 


l'étaient réellement. — * I/ leur apparaissait un feu subit. Au lieu de feu subit, le 
texte original porte : « un bücher qui s'allume de lui-même, » expression qui ex- 
prime très bien l'état de l'atinosphere embrasée par le kAamsin. Elle est rougeátre 
comme les lueurs d'un incendie. 

9. * L'air..., ils refusaient de le voir. C'est en effet dans l'air qu'est le fléau. 

10. Troublée (turbata); se rapporte à méchanceté qui précède. — Par la conscience 
(conscientia). C'est le sens formel des Septante. La Vulgate étant amphibologique, 
nous avons cru devoir l'interpréter par le texte grec, contrairement à Bible catholique 
anglaise, à celie de Scio (eu espagriol;, à celle d'Allioli et à celle de Loch et Reischl 
(en allemand. 

11. L'abandon, etc.; le raanque, la privation des secours que la pensée peut offrir. 

12. La cause inconnue; littér. l'ignorance de [a cause. 

13. Impuissünte. Cette nuit est ainsi appelée, soit parce qu'elle mettait les 
Egyptiens daus l'impuissance d'agir, soit parce qu'elle ne pouvait être ni évitée, ni 
éclairée. 

14. Par l'abandon de leur âme; dans le grec, par la trahison de l'âme; c'est-à-dire 
que leur âme effrayée elle-même 1695 

15. Sans chaines autres qui les retinssent que l'obscurité méme qui les 
environnait de toutes parts. Compar. le vers. 17. — * Quand le khamsin est dé- 
:hainé avec violence, l'indigéne se couche dans son manteau et ne bouge plus, 
pour échapper autant que possible à la poussière impalpable et brülante qui pénètre 
partout. 


1436 

16. 8i en effet c'était un cam- 
pagnard ou un berger ou un cul- 
tivateur, qui fût ainsi surpris, 
il avait à supporter une nécessité 
inévitable ; 

17. Car, d'une méme chaine de 
ténèbres, tous étaient liés. Ou un 
vent qui soufflait, ou la voix 
douce des oiseaux au milieu des 
rameaux épais des arbres, ou le 
violent murmure de l’eau s'écou- 
lant avec une rapidité excessive, 

18. Ou le grand bruit des 
pierres tombant d'en haut, la 
course des animaux se jouant 
ensemble sans être aperçus, ou la 
voix puissante des 26168 mugis- 
santes, ou l'écho résonnant des 
plus hautes montagnes, les ren- 
daient défaillants de crainte. 

19. Car tout le globe de la terre 
était éclairé d'une lumière pure, 
et s'occupait sans obstacle à ses 
travaux ; 

20. Mais sur eux seuls s'éten- 
dait une profonde nuit, image 
des ténèbres qui devaient leur 
survenir. Ils étaient donc plus à 
charge à eux-mémes que les té- 
nèbres. 


LA SAGESSE. 


[cu. xvui.] 


CHAPITRE XVIII. 


Les Egyptiens sont dans les ténébres, 
tandis que les Israélites jouissent de 
la lumière. Ces derniers sont ensuite 
guidés par une colonne de feu. Les 
premiers-nés de l'Egypte sont exter- 
minés sans réserve; la plaie de la mort 
qui frappe les Hébreux dans le désert 
est bientôt arrétée. 


|. Mais, Seigneur, il y avait 
pour vos saints une grande lu- 
mière,etilsentendaientleur voix, 
mais ne voyaient pas leur visage. 
Et parce qu'ils ne souffraient pas 
les mêmes choses, ils vous glori- 
fiaient : 

2. Et eux qui auparavant 
avaient été maltraités, parce 
qu'ils ne l'étaient plus, ils vous 
rendaient gráces, et ils deman- 
daient la faveur que cette diffé- 
rence existàt £ouwjours. 

3. C'est pourquoi ils ont eu une 
colonne ardente de feu pour guide 
dans une voie inconnue; et vous 
leur avez donné ans? un soleil, 
sans préjudice de votre bonne 
hospitalité. 

4. Ceux-là étaient assurément 
dignes d’être privés de la lumière, 


Car. XVIII. 1. Exode, x, 23. — 8. Exode, xiv, 24; Ps. rxxvu, 14; civ, 39. 


16. Une nécesité inévitable; celle de ne pouvoir quitter le lieu où il avait été sur- 


pris par les ténébres et la frayeur. 


18. Sans étre aperçus. Ils entendaient le hurlement des animaux, mais ils ne les 


voyaient pas. 


90. Image, etc. L'écrivain sacré fait allusion au malheur éternel qui attendait les 
Egyptiens aprés leur mort, sous l'image d'une nuit profonde. C'est ainsi que l'enfer 
et la damnation nous sont représentés dans l'Evangile et dans les écrits des Apótres. 
Voy. Matth., vim, 12; xir, 13; 11 Pierre, τι, 17; Jude, vers. 13, etc. 


1. Ils entendaient, etc. Cela est dit des Hébreux, suivant les uns, et des Egyptiens, 
selon les autres. Ces derniers se fondent principalement sur quelques exemplaires 


qui ajoutent le mot inimici ou ennemis. 


3. Vous leur avez donné, etc. La colonne de feu leur servait de soleil. — De votre 
bonne hospitalité (boni hospitii); c'est-à-dire le désert, où le Seigneur traita si bien 
les Israélites, en leur donnant, outre les colonnes de feu et de nuée, la manne, les 


cailles, etc. 


4. * Une prison de ténèbres; la plaie des ténèbres tenant les Egyptiens comme pri- 
sonniers dans les lieux où elle les avait surpris. Voir plus haut, xvir, 16-47. 


(cg. xvin.] 


et de souffrir une prison de ténè- 
bres, puisqu'ils tenaient renfer- 
més vos enfants parqui la lumiere 
incorruptible de votre loi com- 
mencait à étre donnée au monde. 

9. Lorsqu'ils pensèrent à tuer 
les petits enfants des justes, et 
qu'un seul de ces enfants eüt été 
exposé et sauvé, pour leur puni- 
tion vous avez enlevé une multi- 
iude de Zeurs propres enfants, 
comme aussi vous les avez perdus 
eux-mêmes dans une eau puis- 
sante. 

6. Cette nuit, en effet, futconnue 
auparavant par nos peres, afin 
que sachant bien à quels serments 
ils avaient cru, ils fussent plus 
rassurés. 

7. Ainsi votre peuple apprit, à 
la vérité, le salut des justes, mais 
aussi l’extermination des mé- 
chants. 

8. Car comme vous avez puni 
nos ennemis, ainsi en nous appe- 
lant à vous, vous nous avez glo- 
rifiés. 

9. Cependant les justes, en- 
fants des bons, sacrifiaient en se- 
cret; et ils établirent d'un com- 
mun accord cette loi de justice, 
que les justes devaient recevoir 
également les biens et les maux; 


LA SAGESSE. 


1437 


et ils chantaient déjà les cantiques 
de louanges qu'ils avaient recus 
de leurs peres. 

10. Mais en même temps reten- 
tissait la voix confuse des enne- 
mis, et on entendaitle cri lamen- 
table de ceux qui pleuraient des 
enfants. 

11. Or, d'une semblable peine 
fut 81166 l'esclave avec 16 maitre; 
et l'homme du peuple souffrit des 
maur semblables à ceux du roi. 

12.Tousdoncégalementavaient 
des morts sans nombre et frappés 
d'un seul genre de mort. Car les 
vivants ne suffisaient pas à en- 
sevelir, parce qu'en un moment 
leur plas illustre race fut exter- 
minée. 

13. N'ayant cru, en effet, à au- 
cun prodige précédent, àcause des 
enchantements magiques; mais 
pour la première fois, alors qu'eut 
lieul'extermination des premiers- 
nés, ils confessèrent que c'était le 
peuple de Dieu. 

14. Car lorsqu'un paisible si- 
lence régnait sur toutes choses 
et que la nuit était au milieu de 
sa course, 

15. Votreparoletoute-puissante 
venant du ciel, du tróne royal, 
vainqueur impitoyable, fondit au 


5. Exode, 1, 16; ir, 3; xiv, 27. — 11. Exode, זא‎ 29. 


5-22. * Dixième plaie :l'ange exterminateur fait mourir les premiers-nés des 


Egyptiens. 


5. Une eau puissante (aqua valida); ia mer Rouge. 


6. Cette nuit, etc. Moïse avait prédit aux Israélites ce qui leur arriverait la nuit de 
leur sortie d'Ezypte, et pendant laquelle les premiers-nés de l'Egypte furent tués 
par l'ange exterminateur. Compar. Exod., xi, xu. — A quels serments, etc. Dieu avait 
promis par serment aux anciens Hébreux qu'il les retirerait de l'Ezypte, et qu'illeur 
donnerait en possession la terre de Chanaan. 

12. Genre; sorte, manière; littér. nom (nomine), qui, méme dans les écrivains pro- 
fanes, réunit ces diverses significations. 

13. Aucun. Comme nous l'avons déjà remarqué, le mot fout, avec une négation, 
signifie en hébreu nul, pas un; hébraisme qui est passé dans les Septante et la Vul- 
ftate. — Que c'élait, etc.; que les Hébreux étaient le peuple de Dieu, 


1438 


milieu de cette terre d'extermi- 
nation ; 

16. Glaive aigu portant votre 
arrét fatal, et se tenant ferme, 
elle remplit tout de mort, et se 
tenant sur la terre, elle atteignait 
jusqu’au ciel. 

17. Alors aussitôt des visions 
mauvaises de songes les trou- 
blèrent, et des craintes inatten- 
dues survinrent. 

18. Et, jetés cà et là à moitié 
morts, ils déciaraient la cause de 
leur mort. 

19. Car, les visions qui les trou- 
blèrent les avertissaient d'a- 
vance, afin qu'ils ne périssent 
pas. sans savoir pourquoi ils souf- 
fraient des maux. 

20. À la vérité l'épreuve de la 
mort atteignit aussi les justes, et 
la multitude fut frappée dans le 
désert; mais votre colère ne dura 
pas longtemps. 

91.Carun homme sansreproche 
se hâtant d'intercéder pour le 


LA SAGESSE. 


(cu. xvur.] 
peuple ; présentant le bouclier de 
son ministère, offrant la prière, 
et, par l’encens, la supplication, 
résista à la colère et mit fin à la 
calamité, montrant quil était 
votre serviteur. 

22. Or, il apaisa les troubles, 
non par la force du corps, ni 
pàr la puissance desarmes ; mais 
par la parole il fléchit celui qui le 
faisait souffrir, en rappelant les 
serments faits à nos peres, et l'al- 
liance jurée avec eux. 

23. Car, lorsque déjà les morts 
étaient tombés par monceaux les 
uns sur les autres, il s'entremit, 
et arréta la vengeance, et lui 
coupale chemin qui menait aux 
vivants. 

24. Car dans la longue robe 
qu'il portait, tout le globe de la 
terre était représenté; elles gran- 
deurs desancétres étaientgravées 
sur les quatre rangs de pierres ; 
el votre magnificence sur le dia- 
deme de sa téte était gravée. 


21. Nomb., xvi, 46. — 24. Exode, xxvii, 6. 


16. Fatal; littér. non dissimulé, non feint (insimuiatum). — Se tenant ferme; ou 
dans l'attitude d'un combattant, vraie signification du latin stans. 

18. Jetés ca el là; littér. un autre jeté là; ce qui est mis par abréviation pour: 
Un jeté ici, un autre là. 

29. L'auteur fait ici allusion à ce qui arriva aux Israélites dans le désert, après la 
révolte de Coré, de Dathan et d'Abiron. Voy. Nombr., xvr, 46 et .טנטפ‎ 

21, Un homme; Aaron, le grand-prétre. — Sans reproche (sine querela); dans la 
circoustance actuelle. Voy. le vers. 20. L'auteur ne rappelle pas la faute d'Aaron, 
lorsqu'il permit au peuple d'adorer le veau d'or, parce que cette ancienne faute 
avait été effacée longtemps auparavant. 

21. Celui qui le faisait souffrir; l'ange exterminateur (vers. 25). Aaron a dû, en 
61166, beaucoup souffrir en voyant exterminer son peuple. — Les serments faits à nos 
pères; c'est le vrai sens du latin juramenta patrui, par hébraisme. 

93. Lui coupa le chemin; littér. divisa, partagea le chemin; en se posant entre le 
feu, qui avait déjà dévoré beaucoup d'Israélites, et ceux qui vivaient encore. 

94. Dans la iongue robe, etc. Cette robe du grand-prétre était de fin lin, bleu de 
ciel, et au bord de laquelle pendaient des sonnettes d'or entremélées de grenades 
couleur de pourpre. Or la couleur bleue représentait le ciel et l'air; la toile de lin, la 
terre; l'or, le feu et les grenades, la mer. — Les grandeurs; les Septante disent Zes 
gloires; ce sont les noms des douze patriarches, fils de Jacob (Exod., xxviu, 41 et 
suiv.). — Votre magnificence, etc. Le grand-prétre portait écrit sur une lame d'or qui 


ceignait son front : > La sainteté est au Seigneur » (1bid., 36.38). 


[cg. xix.] LA SAGESSE. 1439 
95. Or, à ces choses céda celui | suivirent comme des fugitifs. 


qui exterminait, et il en futépou- 4. A cette fin, en effet, les 
vanté; car la seule épreuve de | conduisait une juste nécessité ; 
votre colere était suffisante. et ils perdaient le souvenir de 
ce qui était arrivé, afin qu'une 

CHAPITRE XIX. nouvelle punition complétàt ce 

qui manquait à leurs tourments, 


Les Egyptiens engloutis dans la mer en ; À 
poursuivant les Hébreux, qui y trou- 5. Et qu'en a temps voire 
vent un passage libre. Parallèle des ju- peuple traversät miraculeuse- 


gements de Dieu sur Sodome et sur | ment, mais qu'eux trouvassent 
l'Egypte. Les éléments employés à 


l'exécution des jugements du Seigneur. une nouvelle mort. 
6. Car toute créature, selon son 


1. Mais aux impies, jusqu'au | genre, prenaitcommeñucommen- 
dernier moment, sans miséri- | cement une nouvelle forme, ac- 
corde. survint la colere du Se?- | complissant vos préceptes, afin 
gneur; car il savait d'avanceleur | que vos enfants fussent conservés 
avenir; sains et saufs. 

2. Parce qu'ayant eux-mémes 1. Une nuée, en effet, couvrait 
permis aux [sraélites de se re- | leur camp de son ombre, et là où 
tirer, et les ayant renvoyés avec | l'eau était auparavant, apparut 
un grand empressement, ils cou- | une terre aride; et au milieu de 
raient apres eux, poussés par le | la mer Rouge une voie libre, et 
repentir. un champ en pleine végétation 

3. Car, lorsqu'ils avaient encore | est sorti du plus profond de l'a- 
le deuil au milieu d'eux, et qu'ils | ὀΐἧηιε : 
pleuraient sur les tombeaux des 8. Champ par lequel est passée 
morts, ils prirent une résolution | toute la nation, qui était protégée 
de démence : ceux-là mémes | par votre main, voyant vos mer- 
qu'ils avaient renvoyés, en les | veilles et vos prodiges. 
priant de se retirer, ils les pour- 9. Aussi, comme des chevaux 


——— 


Cuar. XIX. 3. Exode, xiv, 5. 


* 

1. Aux impies; c'est-à-dire aux Egyptiens. 

3. Au milieu d'eux; littér. entre les mains; c'est-à-dire que leur deuil était tout 
récent. Compar. Exode, xiv, 5. 

9. Eux ; c'est-à-dire les Egyptiens. — Nouvelle; d'un genre tout nouveau, extra- 
ordinaire, ou, selon le grec, étrange, inouie. C'est la submersion des Egyptiens dans 
la mer Rouge. 

6. Toute créature, etc. On aurait cru voir une nouvelle création, tant les éléments 
paraissalent nouveaux et extraordinaires dans leurs effets. Le feu ne brülait plus, 
ou brülait dans l'eau, l'eau devenait solide, la mer s'ouvrait, etc. 

1. Un champ, etc. Quelques-uns regardaient comme une hyperbole sans réalité ce 
qui est dit ici; mais d'autres croient, avec plus de probabilité, que ces expressions 
sont exactement vraies et justifiées par la nature même du fond de la mer Rouge, 
qui, selon le témoignage du P. Sicard, qui a visité ces lieux, comme nous l'avons 
déjà fait remarquer ailleurs, est un terrain sablonneux, parsemé d'herbes, et ne 
différant en rien du terrain des déserts d'alentour. Voy. /a Sainte Bible en latin et 
en français, etc., t. 1, p. 268. Paris, 1834. 

9. Comme des chevaux. C'est une allusion à la joie qu'éprouvèrent les Israélites, 


1440 
au pacage, ils ont recueilli une 
nourriture abondante, et comme 
des agneaux, ils ont bondi, vous 
glorifiant, Seigneur, vous qui les 
aviez délivrés. 

10. Car ils se souvenaient en- 
core de ce qui était arrivé dans 
leur habitation en pays étranger; 
comment au lieu d’un peuple 
d'animaux, la terre avait produit 
des mouches, et comment au 
lieu de poissons, le fleuve avait 
jeté une myltitude de grenouilles. 

11. Mais en dernier lieu, ils vi- 
rent une nouvelle race d'oiseaux, 
lorsque, cédant à la convoitise, 


LA SAGESSE. 


[cu. xix.] 


auparavant par la violence des 
tonnerres ; parce que c'est juste- 
ment qu'ils souffraient selonleurs 
méchancetés. 

43. Car ils ont exercé une in- 
hospitalité plus détestable : les 
uns ne recevaient point des étran- 
gers inconnus ; mais les autres 
réduisaient en servitude des hôtes 
bienfaisants. 

14. Et non seulement cela, 
mais il y avait encore une autre 
considération ὦ faire à l'égard 
de ceux-là, c'est qu'ils recevaient 
à contre-cœur des étrangers. 

15. Mais ceux-ci firent souffrir 


ils demandèrent à Dieu une nour- 
riture excellente. 

19. Car en satisfaction de leur 
désir, il monta pour eux dela mer 
des cailles : et les tourments sur- 
vinrent aux pécheurs, non sans 
des indices qui avaient été donnés 


les tourments les plus cruels à 
ceux qu'ils avaient d’abord reçus 
avec allégresse et qui vivaient 
sous les mêmes lois. 

16. Aussi ont-ils été frappés 
d'aveuglement, comme ceux-là 
à la porte du juste, lorsqu'ayant 


11. Exode, xvi, 13; Nomb., ,זא‎ 31 ; Supra, xvi, 2. — 16. Genèse, xix, 11. 


.--.... ὃ ὃϑΘϑΘὉΔἙ Ὁεο τ. ——— M —— M —— M ——— --- «ὁ 


lorsque Dieu leur envoya la manne dans le désert. — Vous glorifiant, etc.; autre 
allusion au cantique d'action de gráces chanté par les Hébreux aprés le passage de 
ia mer Rouge. Exode, xv. 

41. Mais en dernier lieu, etc. Compar. pour l'ensemble de ce verset Sagesse, XVI, 2; 
Exode, xvi, 43; Nombr., xi, 31. — Une nourriture excellente; littér. une nourriture 
d'épulon (epulonis), mot désignant chez les Latins le prétre qui présidait aux festins 
des sacrifices, et signifiant aussi convive. Le texte grec porte des aliments de délices. 
— * Une nouvelle race d'oiseaux, les cailles. : 

19. Non sans des indices. Dieu, par les foudres et le feu du ciel tombés sur Sodome, 
avait longtemps auparavant fait connaitre aux Egyptiens les malheurs qui les me- 
nacaient, puisqu'ils imitaient et méme surpassaient les habitants de Sodome par leur 
inhumanité envers les étrangers, comme le prouvent les versets suivants. 

13. 188 ont exercé; c'est-à-dire les Egyptiens. — Les uns, etc.; les habitants de 
Sodome refusaient l'hospitalité à des inconnus, tels que les anges envoyés à Lot 
(Genèse, xax). — Les autres, etc.; les Egyptiens opprimaient injustement les Hébreux 
qui ne leur avaient fait que du bien (bonos hospites). 

14. Et non seulement, etc. Les habitants de Sodome, en donnant l'hospitalité à des 
inconnus, ne les recurent qu'à contre-cœur, malgré eux (inviti), ou, suivant le texte 
grec, en ennemis (apechthós). 

18. Reçus avec allégresse. Compar. Genèse, xLv, 18-90. — * Ceux-ci, les Egyptiens. 

16. Ils ont été frappés d'aveuglement. Le Sage veut parler des ténèbres de l'Egypte 
qui durèrent trois jours, dont il a déjà fait mention (xvu), et qu'il rappelle ici dans 
ce verset méme. — Comme ceux-là; les Sodomites. — A la porte du juste; de Lot. — 
Lorsqu’ayant été, etc. Toute cette dernière partie du verset se rapporte aux Egyp- 
tiens dont l'aveuglement ou l'impuissance de voir venait des ténébres rópandues sur 
l'Egypte, tandis que celui des Sodomites avaient une autre cause, que l'Ecriture ne 


(cu. xix.] 


été couverts de subites ténèbres, 
chacun cherchait l'entrée de sa 
porte. 

17. Car lorsque les éléments 
changent de fonctions entre eux, 
il en est comme dans un psalté- 
rion, dont les accords varient, 
mais dont chaque corde retient 
son propre son; ainsi qu'on peut 
s'en convaincre sürement par la 
vue mème de ce qui est arrivé. 

18. Car les animaux terrestres 
étaient changés en aquatiques, et 
tous ceux qui nageaient passaient 
sur la terre. 

19. Le feu dans leau surpas- 


LA SAGESSE. 


1441 


sait sa propre vertu, et l'eau 
oubliait sa nature qui est de 
l'éteindre. 

20. Les flammes, au contraire, 
n'attaquèrent pas les chairs des 
animaux sujets à la corruption, 
lesquelscheminaientensemble,et 
elles ne faisaient pas fondre cette 
bonne nourriture, qui d'ailleurs 
se fondait facilement comme la 
glace. Car en toutes choses, vous 
avez glorifié votre peuple, Sei- 
gneur; vous l'avez honoré, et ne 
l'avez pas dédaigné, en tout temps 
et en tout lieu vous tenant prés 
de lui. 


nous fait pas connaitre (Genèse, xix, 14); de sorte que nous ignorons en quoi consis- 
tait précisément cet aveuglement. Beaucoup d'interprétes pensent que c'était une 
sorte de vertige ou d'éblouissement. 

11. Ce verset dans la Vulgate échappe à toute analyse. Ce qui a fait dire à Bossuet 
qu'il y a des choses qui manquent ou qui ne sont pas à leur place. Le savant inter- 
préte trouve aussi que le grec lui-méme présente des difficultés. Pour nous, nous 
avons cherché à donner le sens le plus simple et le plus naturel, en combinant les 
deux textes. — Lorsque les éléments, etc. Les éléments ont réellement changé de 
fonctions ou de propriétés entre eux, quand, par exemple, l'eau n'a pas éteint le 
feu; quand le feu lui-méme n'a détruit ni la neige, ni la gréle; quand l'eau s'est ar- 
rétée et est devenue solide comme un mur. Or tout cela s'est fait sans que les 
lois générales de la nature aient été troublées dans leur harmonie générale. 

18. Les animaux, etc. Les troupeaux des Hébreux passèrent à travers la mer Rouge, 
tandis que les grenouilles couvrirent l'Egypte comme des troupeaux, se répandant 
sur toute la terre séche et jusque dans les maisons. 

19. Le feu surpassait, etc. Compar. xvi, 11-19. 

20. Les flammes, etc. Compar. xvi, 18. — Elles ne faisaient pas fondre, etc. Compar. 
xvi, 21. — Vous tenant, etc.; l'assistant, le protégeant 


----- ἘΣΘ tr tne m 


91 


L'ECCLÉSIASTIQUE 


OBSERVATIONS PRÉLIMINATRES  ‘ : 


4. Le nom d’Ecclésiastique que les Latins ont donné à ce livre est un mot 
grec qui signifie livre en usage dans l'assemblée ou dans l'Église; c'est-à-dire, 
livre qui sert à instruire l'assemblée. Nous avons prouvé dans notre /ntroduc- 
tion historique el critique, tome IV, que ce livre est véritablement divin, c'est- 
à-dire qu'il a été composé sous l'inspiration du Saint-Esprit; vérité que nient 
les Juifs et les Protestants. 

2. Ce livre a été incontestablement composé en hébreu; mais le texte pri- 
milif, dû à Jésus, fils de Sirach, a été perdu. La version la plus ancienne est 
la version grecque faite par le petit-fils de l'auteur, comme on le voit par le 
Prologue suivant. La traduction latine qui se trouve dans la Vulgate, et dont 
l’auteur est inconnu, remonte assez haut, puisqu'elle est citée par tous les 
anciens Pères; et nous l'avons aujourd'hui telle qu'elle était dans le principe; 
car saint Jéróme n'y a pas touché. Le style en est dur et souvent d'une grande 
obscurité, comme dans le livre de la Sagesse, parce que le traducteur ne se 
conforme pas plus que celui de la Sagesse au latin classique, soit pour la 
signification des mots, soit pour la syntaxe. Comparez ce que nous avons dit à 
ce sujet, page 645. 

3. Outre celte version latine, il y en a une seconde composée sur le grec de 
l'édition romaine, et autorisée par le pape Sixte V; ce qui l'a fait appeler 
version siztine. Le livre de l'Ecclésiastique a été traduit aussi en syriaque et en 
arabe. Il faut bien remarquer que, quelque nombreuses que soient les dif- 
férences qui existent entre ces différentes versions, elles ne nuisent en rien à 
l'intégrité substantielle du texte. Nous dirons de méme des additions et des 
gloses qu'on a pu y intercaler; comme elles ne sont que de nouvelles traduc- 
tions ou de simples explications de ce méme texte, elles laissent encore intacts 
le fond et la substance du nvre. 

4. Quant au Prologue, quelques-uns le tiennent pour canonique, comme fai- 
sant partie de l'ouvrage, quoiqu'il n'émane pas de l'auteur du livre, mais du 
simple traducteur; pour nous, nous pensons avec Corneille de Lapierre, dom 
Calmet et autres, que cette canonicité est d'autant plus contestable, que le 
Prologue n'est nullement l'ouvrage d'un écrivain reconnu pour divinement ins- 
piré. (J.-B. GLAIRE.) 

* 5. L'époque où a vécu l'auteur de l'Ecclésiastique est incertaine. Son livre 
nous fournit un moyen de résoudre la question en nous indiquant le nom du 


L'ECCLÉSIASTIQUE. — OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 1443 


grand prêtre juif, Simon, fils d'Onias, r, 1-21, sous lequel il a vécu, et qu'il 
avait vu officier dans le temple; mais comme le méme nom a été porté par 
deux pontifes différents, tous deux fils d'Onias: Simon I, dit le Juste, qui vivait 
du temps de Ptolémée, fils de Lagus, vers 290 av. J.-C., et Simon II, qui était 
grand prétre quand Ptolémée IV Philopator voulut entrer de vive force dans le 
temple de Jérusalem, les critiques se partagent: les uns font Jésus contem- 
porain du Simon le plus ancien, les autres du plus récent. Le prologue du 
traducteur fournit une autre donnée chronologique : il nous dit qu'il alla lui- 
méme en Égypte sous le règne de Ptolémée Évergète. Par malheur, il y a aussi 
deux rois qui ont porté ce surnom; l'un, Ptolémée III, fils et successeur de 
Ptolémée II Philadelphe, 247-222; lautre, Ptolémée VII, dit aussi Physcon, 
frére de Ptolémée Philométor, 170-117 ; de sorte qu'il est également difficile de 
décider quel est le roi d'Egypte dont parle le petit-fils de l'auteur de l'Ecclé- 
siastique. — L'opinion la plus communément recue place la composition de 
l'ouvrage vers 280, la traduction vers 230 (1); elle fait vivre Jésus ben Sirach 
du temps de Simon I, et son petit-fils sous Ptolémée III Évergéte I. Quoique 
elle ne soit pas à l'abri de toute difficulté, elle est cependant la plus vraisem- 
blable. — 1° L'éloge du chapitre L ne peut se rapporter qu'à Simon I, dit le 
Juste; le contemporain de l'auteur est représenté, en effet, comme un pontife 
trés remarquable, ce qui ne saurait convenir à Simon II, dont l'histoire ne dit 
aucun bien. — 2? Le grand prétre de l'Ecclésiastique est qualifié de libérateur 
de son peuple, L, 4, ce qui peut s'appliquer à Simon I, mais non à Simon II, 
sous le pontificat duquel ni le peuple ni le temple n'avaient besoin de protec- 
Leur spécial. — 3» Du temps de Simon 11, les idées paiennes, contre lesquelles 
s'élevérent les Machabées, avaient déjà fait de grands progrés; elles étaient 
propagées par les fils de Tobie; comme elles étaient en horreur aux Juifs 
fidèles, on ne s'expliquerait point que, si l'auteur de l'Ecclésiastique avait écrit 
à celte époque, il ne les eüt point condamnées ; on s'expliquerait moins encore 
qu'il eût loué Simon 11, qui avait pris parti pour les fils de Tobie. — Il s'élève 
contre les Samaritains, L, 38; à plus forte raison aurait-il condamné les faux 
frères qui imitaient les mœurs des Hellènes. — 4° Ajoutons enfin que le Ptolé- 
mée Évergéte ou le Bienfaisant, dont parle le prologue de l'Ecclésiastique, ne 
peut guére étre que le premier qui a porté ce nom. Les monuments ne donnent 
pas le surnom d'Évergéte à Physcon, mais seulement au successeur de Phila- 
delphe. ; 

* 6. Quant au style de l'Ecclésiastique, nous ne pouvons le juger qu'impar- 
faitement, puisque nous nele connaissons que par une traduction. Il est en 
général simple, naturel, peu orné. L'auteur avait écrit d'aprés les régles du 
parallélisme qui régissent la poésie hébraique et avait imité la forme comme 
le fond des Proverbes de Salomon. La traduction grecque a conservé le plus 
exactement possible le moule de l'original. 

* 7. Le livre de l'Ecelésiastique a toujours été regardé comme 16 plus utile 
des livres Sapientiaux, l'une des parties de l'Écriture Sainte qu'on doit le plus 
lire et méditer. « Outre l'abondance admirable d'enseignements trés purs et 
très saints, adaptés à tous les états 61 à toutes les conditions, qui est contenue 


(4) L'opinion opposee assigne à la composition de l'Ecclésiastiqué la date de 
l'an 180 envirou et à la traduction celle de l'an 130, 


1414 L'ECCLÉSIASTIQUE. 


dans ce hvre, dit Martini, le célébre traducteur de la Bible en langue italienne, 
nous y rencontrons une multitude de choses qui peuvent servir à nourrir l'esprit 
de religion et à nous donner de notre foi la plus haute idée. Je souhaiterais 
donc de tout mon cœur que ce livre, avec celui des Proverbes et de la Sagesse, 
füt comme le premier lait dont on nourrisse l'àme de la jeunesse, parce que 
ces écrits sont les plus utiles pour former non seulement son esprit, mais aussi 
son cœur, lui donner de hautes pensées. la fortifier contre la séduction des 
passions, lui imprimer les vrais et solids principes qui doivent diriger l'homme 
dans la vie présente et le rendre digne de la vie éternelle. » 

* 8. Division générale de l'Ecclésiastique. — Le livre de l'Ecclésiastique forme 
un tout, mais sans une suite rigoureuse; il est écrit sans plan d'ensemble 
et avec la liberté d'allures qui est commune aux écrivains orientaux, surtout 
dans les ouvrages de ce genre : les pensées, ainsi qu'il arrive dans les recueils 
de sentences, ne sont pas reliées entre elles; les digressions abondent : de là la 
difficulté ou plutót l'impossibilité d'en faire une analyse méthodique. On peut 
y distinguer cependant deux parties bien marquées, d'inégale longueur, 
la premiére contenant toutes sortes de préceptes pour la conduite de la vie, 
1-XLii, 44; la seconde faisant l'éloge du Créateur de l'univers et des saints de 
l'Ancien Testament, xri, 15-Lt. 

La premiére partie de l'Ecclésiasüque n'a d'autre unité que l'unité générale 
du sujet, qui est de recommander la pratique de la vertu. Elle « a beaucoup 
d'analogie avec les Proverbes de Salomon ; elle renferme, sous une forme géné- 
ralement sentencieuse et proverbiale, une foule de régles de conduite et de 
maximes morales pour tous les états et pour toutes les conditions; elle énu- 
mère la série des vertus, en relève l'importance, exhorte à leur pratique, 
expose de méme la série des passions et des péchés dominant parmi les 
hommes, et cherche à en éloigner en en montrant les conséquences. Elle abonde 
aussi en avis relatifs à la conduite des affaires domestiques et civiles, exhorte 
à la sérénité d'esprit, au contentement habituel de son sort, donne des régles 
de prudence à suivre dans le commerce des supérieurs et des grands. Elle 
vante surtout les avantages de la sagesse, invite à sa recherche, montre son 
origine, dit qu'elle est née de la bouche du Trés-Haut, qu'elle remplit l'étendue 
des cieux et la profondeur de l'abime, qu'elle habite parmi les nations et ré- 
pand ses enseignements au loin comme les rayons de l'aurore. Voir xv et xxiv. » 
(WELTE.) 

La 119 partie a pour objet l'éloge de Dieu créateur et des Saints de l'Ancien 
Testament, xrir, 15-Li. — Après avoir donné toutes sortes de règles de conduite 
dans sa premiére partie, le fils de Sirach, dans sa seconde, 1? rend gloire à 
Dieu, créateur du ciel et dela terre, xuu, 15-xrur ; 2° il nous propose l'exemple 
des saints de l'Ancien Testament, qui ont pratiqué les vertus dont les 41 pre- 
miers chapitres nous donnent les préceptes, xLiv-u, et 3° enfin il adresse à Dieu 
une prière d'adoration et d'action de grâces pour la sagesse qu'il a reçue de 
lui, LI. 

1* L'hymne à Dieu créateur est comme un abrégé de théodicée dans lequel 
l'auteur nous fait connaitre les attributs divins en décrivant les merveilles du 
monde visible. Il termine par une allusion aux merveilles du monde invisible, 
xLur, 36-37. Ce trait final rappelle le Ps. xvin, dans lequel 16 Psalmiste, après 
avoir montré la grandeur de Dieu éclatant dans le gouvernement des corps 


OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 1445 


célestes, nous la montre plus sensible encore dans la loi qu'il ἃ donnée à son 
neuple. 

2 De l'éloge de Dieu, l'Ecclésiastique passe à celui de ses saints, dans le 
morceau que le texte grec intitule : Hymne des pères, c'est-à-dire en l'honneur 
des patriarches et des saints de l’Ancicu Testament, xriv-r. 

3° Unc prière finale, L1, remercie Dieu de tous les bienfaits que l'auteur en 
ἃ recus, et spécialement du don de la sagesse. Quelques critiques ont pensé 
que cette prière était l’œuvre du traducteur grec, comme le prologue, et c'est 
probablement là-dessus que s'est appuyée la Synopsis Scripture Sacre, pour 
avancer que le traducteur, comme l'auteur de l'Ecclésiastique, s'appelait Jésus, 
fils de Sirach, mais on n'a aucune raison de refuser à l'auteur primitif la com- 
position de ce morceau (1). 


(4) Le texte hébreu de l'Ecclésiastique, qui était perdu quand M. Glaire a publié s 
traduction, vient d'étre en grande partie retrouvé. 


PROLOGUE 


La sagesse de beaucoup et de grandes choses nous a été démontrée par la 
loi, par les prophètes et par ceux qui les ont suivis ; choses qui rendent Israël 
digne de louange pour sa doctrine et pour sa sagesse; puisque non seulement 
les auteurs de ces discours ont dü étre trés instruits, mais que les étrangers 
mémes peuvent devenir, par leur moyen, trés habiles à parler et à écrire. C'est 
ainsi que mon aieul Jésus (1), aprés s'étre appliqué soigneusement à la lecture 
de la loi et des prophétes, et des autres livres qui nous ont été laissés par nos 
péres, a voulu aussi lui-méme écrire ce qui regarde la doctrine et la sagesse, 
afin que ceux qui désirent apprendre, s'étant instruits par ce livre, s'appliquent 
de plus en plus à réfléchir, et s'affermissent dans une vie conforme à la loi. 
C'est pourquoi je vous exhorte à venir lire ce livre de bonne volonté et avec une 
attention toute parliculiére, et à nous pardonner, si dans les endroits dans 
lesquels nous traçons l'image de la sagesse, nous semblons nous tromper sur 
le choix des termes. Car les mots hébreux perdent de leur force, lorsqu'ils sont 
traduits dans une autre langue. Or cela n'arrive pas seulement dans ce livre-ci, 
mais et la loi elle-méme, et les prophétes et les autres livres, présentent une 
grande différence, quand on les lit dans leur propre langue. En la trente-hui- 
tième année, sous le règne de Ptolémée Évergète (2), étant venu en Égypte et y 
ayant demeuré longtemps, j'y a’ !rouvé des livres qui avaient été laissés, et 
qui contenaient une grande et estimable doctrine. C'est pourquoi j'ai pensé 
qu'il était bon et méme nécessaire d'employer mes soins et mon labeur à tra- 
duire celui-ci. J'ai donc consacré beaucoup de veilles et mon savoir dans tout 
cet espace de temps, pour mener ce livre à bonne fin et pour le mettre au jour 
en faveur de ceux qui veulent s'instruire, et apprendre de quelle manière ils 
doivent régler leurs mœurs, quand ils ont résolu de mener une vie conforme à 
la loi du Seigneur. 


(4) Ce Jésus, appelé fils de Sirach (L. 29), nous est absolument inconnu d'ailleurs. 
Quant à l'époque à laquelle il florissait, elle est incertaine. On peut voir à ce sujet 
les interprétes. 

(2) Ptolémée Evergèle; ler selon les uns, 115 selon les autres. Voy. les commenta- 
teurs. 


(CH. 1.] 


CHAPITRE PREMIER. 


Jrigine de la sagesse. Son excellence. 
Dieu la donne à ceux qui l'aiment. 
Eloge dela crainte du Seigneur. Bon- 
heur de ceux qui la possèdent. Elle est 
le commencement de la sagesse. Gar- 
der les préceptes du Seigneur. Fuir 
l'hypocrisie. 

1. Toute sagesse vient du Sei- 
gneur Dieu; et avec lui elle a tou- 
jours été; et elle est avant les 
siècles. 

9. Le sable de la mer, et les 
gouttes de pluie, et les jours du 
monde, qui les a comptés? La 
hauteur du ciel, et l'étendue de la 
terre, et le profond de l'abime, 
qui les a mesurés? 

3. La sagesse de Dieu, laquelle 
précède toutes choses, qui l'a pé- 
nétrée? 

4. Avant toutes choses a été 
créée la sagesse, et l'intelligence 
de la prudence est dèsles siècles, 

5. La source de la sagesse est 
le Verbe de Dieu dans les cieux, 
et ses voies sont les commande- 
ments éternels. 

6. La racine de la sagesse, à qui 
a-t-elle été révélée, et son habi- 
leté, qui l'a connue? 


CuaP. I. 1. 111 Rois, mi, 9; 1v, 29. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1447 


1. La conduite de la sagesse, à 
qui a-t-elle été révélée et mani- 
festée? et la multiplicité de ses 
voies, qui l'a comprise ? 

8. ΠΗ a quele Très-Haut Créa- 
teur tout-puissant, et roi puissant 
et infiniment redoutable, assis 
sur son tróne, le Dieu domina- 
teur. 

9. Lui-méme l’a créée dans 
l'Esprit-Saint, l'a vue, l'anombrée 
et mesurée. 

10. Et il l'a répandue sur toutes 
ses œuvres et sur toute chair, se- 
lon le don qu’il en a fait ; or, il 
l'a donnée à ceux qui l'aiment. 

11. La crainte du Seigneur est 
une gloire, unsujet deseglorifier, 
une joie et une couronne d'exul- 
tation. 

12. La crainte du Seigneur ré- 
jouira le cœur ; elle donnera l'al- 
légresse, le contentement et la 
longueur des jours. 

13. A celui qui craint le Sei- 
gneur, bien sera dans ses der- 
niers moments; et au jour de 
son décès il sera béni. 

14. L'amour de Dieu est la sa- 
gesse digne d’être honorée. 

15. Ceux à qui elle apparaît en 


1. Toute sagesse, etc. Compar. 11] 006, πι, 9; 1v, 29; Proverb., nz, 19; virt, 22 et 
suiv. Sagesse, vii, 25; vri, 3; IX, 3. 

4. L'intelligence de la prudence; par cette expression qui se trouve également dans 
le grec, et qui équivaut à l'intelligence prudente, si on suppose un de ces hébraismes 
dont ce livre est rempli; par cette expression, disons-nous, l'auteur a voulu désigner 
la sagesse, qu'il représente sous des formules variées. — Dés les siècles (ab ævo). 
Compar. Prov., vir, 22. 

6. Son habileté; littér. ses artifices, ses ruses (astutias). Dans le grec, ainsi que dans 
ie latin, ce mot est employé en bonne part ici, comme dans plusieurs autres passages. 

8. Son trône; c'est-à-dire le trône de Dieu, comme porte le grec, et non celui de la 
sagesse; ce que donne à entendre le pronom i//ius, que le traducteur latin met sou- 
vent pour suus. 

9. L’a nombrée et mesurée. Compar. Sagesse, x1, 21. 

10. I! la donnée, etc. 11 n'y a en effet que ceux qui aiment Dieu, que ses servi- 
teurs, qui recoivent de lui le don de la sagesse. 

12. Longueur des jours, hébraisme, pour longs jours; c'est-à-dire longue vie. 


1448 


se montrant l'aiment par la vue 
et la connaissance de ses grandes 
choses. 

16. Le commencement de la 
sagesse est la crainte du Sei- 
gneur; avec les fidèles elle est 
créée dès le sein de leur mère; 
elle marche avec les femmes 
choisies et on la reconnait dans 
les justes et les fidèles. 

11. La crainte du Seigneur est 
la religion de la science. 

18. La religion gardera et jus- 
tifiera le cœur, elle lui donnera 
de l'agrément et de la joie. 

19. A celui qui craint le Sei- 
eneur bien sera, et dans les jours 
de sa consommation il sera béni. 

20. La plénitude de la sagesse 
et la plénitude de ses fruits, c'est 
craindre Dieu. 

91. Elle rempliratouteleurmai- 
son de ses produits, et leurs cel- 
liers de ses trésors. 

99. La couronne de la sagesse 
est la crainte du Seigneur, com- 
plétant la paix et le fruit du sa- 
lut; 

93. Et elle l'a vue et elle l'a 
énumérée : or l'un et l'autre sont 
des dons de Dieu. 

94. La sagesse partagera la 
science et la lumière de la pru- 
dence ; et elle exalte la gloire de 
ceux qui la conservent. 

25. La racine de la sagesse est 


16. Ps. cx, 10; Prov., 1, 7; 1x, 10. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


(cn. «.] 


craindre le Seigneur : et ses ra- 
meaux sont de longue durée. 

96. Dans les trésors de la sa- 
gesse est l'intelligence, et la re- 
ligion de la science; mais c'est 
un objet d'exécralion pour les 
pécheurs que la sagesse. 

27. La crainte du Seigneur chas- 
se le péché; 

98. Carcelui qui est sans crainte 
ne pourra étre justifié; car l'em- 
portement de son animosité est 
sa ruine. 

99. Jusqu'à un certain temps 
souffriral'homme patient, etapres 
cela la joie lui sera rendue. 

30. L'homme de bon sens ren- 
fermera en lui ses paroles jusqu'à 
un certain temps, et les lèvres 
dun grand nombre raconteront 
sa prudence. 

31. Dans les trésors de la sa- 
gesse est l'expression de la 
science; 

39. Mais c'est un objet d'exé- 
cration pour le pécheur que le 
culte de Dieu. 

33. Mon fils, désirant ardem- 
ment la sagesse, conserve la jus- 
tice, et Dieu te la donnera. 

34. Car la sagesse et la science 
sont la crainte du Seigneur ; et ce 
qui lui est agréable, 

35. C'est la foi et la douceur, et 
il remplira les trésors de celui qu 
les possède. 


...רו וו וו 


11. La religion de la science; pour La science religieuse. Sans la crainte de Dieu, la 
science n'a rien que de profane, de froid et de stérile. 

20. La plénitude de la sagesse; c'est-à-dire la sagesse parfaite, consommée, et ses 
fruits parfaits. L'expression a fructibus tient lieu du génitif fructuum. 

32. Complétant, etc.; donnant pleinement, avec une grande abondance. 

30. L'homme de bon sens; littér. le bon de sens; genre de construction qui n'est pas 


rare en hébreu. 


32. Mais c'est un objet d'exécration, etc. Compar. vers. 26. 


33. Te la donnera; c'est à-dire la sagesse. 


[cu. 11.[ 


36. Ne sois pas incrédule à la 
crainte du Seigneur, et ne t'ap- 
proche pas de lui avec un cœur 
double. 

37. Ne sois pas hypocrite devant 
les hommes, et que tes lèvres ne 
te soient pas un sujet de scan- 
dale. 

38. Veille sur elles, de peur que 
tu ne tombes et que tu n'attires 
sur ton âme le déshonneur ; 

39. Et que Dieu ne révèle les 
choses cachées en toi, et qu'au 
milieu de lassemblée il ne te 
brise; 

40. Parce que tu t'es approché 
méchamment du Seigneur, et que 
ton cœur est plein d'artifice et de 
tromperie. 


CHAPITRE II. 


Exhortation à la patience dans les ten- 
tations et les épreuves. Avantage des 
afflictions et des souffrances. Celui qui 
espére dans le Seigneur ne sera pas 
confondu. Malheur à celui qui perd la 
patience. S'humilier sous la main du 
Seigneur; espérer en sa miséricorde. 


1. Mon fils, entrant au service 
de Dieu, sois ferme dans la jus- 
lice et dans la crainte, et prépare 
ton âme à la tentation. 

2. Humilie ton cœur et attends 
patiemment : incline ton oreille 
etrecoisles paroles d'intelligence; 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1449 


et ne te hâte point au temps de 
l'obscurcissement. 

3. Supporte les délais de Dieu, 
unis-toi à Dieu, et attends patiem- 
ment, afin que ta vie s'accroisse 
au dernier moment. 

4. Tout ce qui t'arrivera de fá- 
cheux, accepte-le; et dans la 
douleur, supporte; et dans ton 
humiliation, aie patience; 

9. Car par le feu s’'éprouvent l'or 
et l'argent ; mais les hommes doi- 
vent passer par le fourneau de 
l'humiliation. 

6. Crois en Dieu et il te recevra; 

dirige bien ta voie, et espère en 
lui. Conserve sa crainte, et y 
vieillis. 
7. Vous qui craignez le Sei 
gneur, attendez patiemment sa 
miséricorde, et ne vous détournez 
pas de lui, de peur que vous ne 
tombiez. 

8. VousquicraignezleSeigneur, 
croyez en lui, et votre récom- 
pense ne sera pas anéantie. 

9. Vous qui craignez le Sei- 
gneur, espérez en lui, et sa misé- 
ricorde vous viendra en joie. 

10. Vous qui craignez le Sei- 
gneur, aimez-le, et vos cœurs se- 
ront illuminés. 

11. Considérez, mes enfants, 
les générations des hommes, et 
sachez que nul n'a espéré dans 


CnaP. 11. 1. Matt., 1v, 1; II Tim., ,זוז‎ 12. — 5. Sag., ui, 6. 


36. Cœur double; c'est-à-dire duplicité de cœur. 
31. Un sujet de scandale; par des discours indiscrets et inconsidérés. 


2. De l'obscurcissemenl; ou de l'obscurité. Les anciens Hébreux exprimaient par ces 
mots les disgráces, les calamités, l'adversité, en général les maux que Dieu envoie 
aux hommes. C'est aussi le sens qu'a dans un certain nombre de passages bibliques 
le mot grec épagógé, qui correspond au latin oóductio, et qui signifie proprement 
l'action d'amener, d'apporter, de faire venir. 

4. T'arrivera de fâcheux. C'est le sens de (ibi applicitum fuerit, expliqué par le 
texte grec. 

9. Par le feu, etc. Compar. Sagesse, 11 6. 


1450 


le Seigneur, et n'a été confondu. 

19. Car, qui a persévéré dans 
ses commandements, et a été 
abandonné? ou qui l'a invoqué, 
et a été par lui méprisé? 

13. Parce que Dieu est compa- 
tissant et miséricordieux, et qu'il 
remettra les péchés au jour de la 
tribulation, et qu'il est le protec- 
teur de tous ceux qui le recher- 
chent dans la vérité. 

14. Malheur à l’omme double 
de cœur, aux lèvres perverses, 
aux mains criminelles et au pé- 
cheur qui marche sur la terre par 
deux voies. 

15. Malheur à ceux qui, man- 
quant de cœur, ne croient pas 
en Dieu; et c'est pour cela 
qu'ils ne seront pas protégés par 
lui. 

16. Malheur à ceux qui ont per- 
du la. patience, et qui ont aban- 
donné les voies droites, etse sont 
détournés dans des voies mau- 
vaises. 

11. Et que feront-ils, lorsque le 
Seigneur commencera à exami- 
ner £outes choses? 

18. Ceux qui craignent le Sei- 
gneur ne seront pas incrédules à 
sa parole; et ceux qui l'aiment 
garderont sa voie. 

19. Ceux qui craignent le Sei- 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cn. ur.] 


gneur rechercheront ce qui lui 
est agréable, et ceux qui l'aiment 
seront remplis de sa loi. 

90. Ceux qui craignent le Sei- 
gneur prépareront leur cœur, et 
en sa présence ils sanctifieront 
leurs àmes. 

21. Ceux qui craignent le Sei- 
gneur gardent ses commande- 
ments, et ils auront patience jus- 
qu'à ce qu'il les regarde, 

22. Disant : Si nous ne faisons 
pénitence, nous tomberons dans 
les mains du Seigneur, et non 
dans les mains des hommes. 

23. Car, selon qu'est sa gran- 
deur, de méme est aussi en lui sa 
miséricorde. 


CHAPITRE III. 


Devoirs des enfants envers leurs péres 
et mères. Exhortation à la douceur et 
à lhumilité. Réprimer sa curiosité. 
Malheur du cœur dur, superbe et indo- 
cile. Vertu de laumóne; sa récom- 
pense. 


1. Les fils de la sagesse sont 
l'assemblée des justes; et leur 
nation est obéissance et amour. 

2. Fils, écoutez le jugement de 
votre pere, et observez-le de telle 
sorte que vous soyez sauvés. 

3. Car Dieu a honoré le père 
dans les fils, et cherchant avec 


12. Ps. xxx, 1. — 14. III Rois, xvii, 21. — 18. Jean, xtv, 29. 


--...-.......... A MM BÀ  ἧ ἧ.  ἮΉα ———— --ῖ--- 


14. Double de cœur ; c'est-à-dire qui a de la duplicité dans son cœur. Compar. 1, 36. 

18. Ceux qui craignent, etc. Compar. Jean, xiv, 23. 

21. Jusqu'à ce qu'il les regarde d'un œil de bonté et de faveur; littér. jusqu'à son 
inspection; c'est-à-dire, selon quelques-uns, jusqu'au jugement. 

23. Selon qu'est, etc.; c'est-à-dire que sa miséricorde n'est pas inférieure à son in- 


finie grandeur. 


1. Leur nation (natio illorum); c'est-à-dire la nation que ces fils de la sagesse com- 


posent. 


2, 3. Le jugement; les préceptes, les avis, les conseils. 
3. A honoré le père dans les fils; en voulant que les fils rendent à leur père l'hon- 
neur, le respect, l'obéissance, etc., qui lui sont dus. — Cherchant avec soin (exqui- 


(cu. ur.] 
soin le jugement de la mère, il 
l'a affermi sur les fils. 

4. Celui qui aime Dieu, l'invo- 
quera pour ses péchés, s'en pré- 
servera ὦ l'avenir. et dans sa 
prière de chaque jour, il sera 
exaucé. 

5. Et comme est celui qui thé- 
saurise, ainsi est celui qui honore 
samere. 

6. Celui qui honore son pere 
trouvera la joie dans ses fils, et au 
jour de sa priere, il sera exaucé. 

7. Celui qui honore son pere 
vivra d'une longue vie; et celui 
qui obéit à son pere fera la conso- 
lation de sa mere. 

8. Celui qui craint le Seigneur 
honore son pere et sa mere, et il 
servira comme ses maitres ceux 
qui lui ont donné le jour. 

9. En ceuvres, en paroles et en 
toute patience, honore ton pere, 

10. Afin que vienne de lui sur 
toi la bénédiction, et que sa bé- 
nédiction y demeure jusqu'au der- 
nier jour. 

11. La bénédiction du père 
affermit les maisons des fils; et 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1451 


la malédiction de la mere les 
renverse jusqu'aux fondements. 

19. Ne te glorifie pas de l'igno- 
minie de ton père; car ce n'est 
pas pour toi une gloire que sa 
confusion ; 

13. Car la gloire dun homme 
vient de l'honneur de son pere; 
et c'est le déshonneur d'un fils 
qu'un père sans honneur. 

14. Mon fils, soutiens 18 vieil- 
lesse de ton père, et ne le con- 
triste pas durant sa vie ; 

15. Et si son esprit lui fait dé- 
faut, supporte-le et ne le méprise 
pas dans ta force; car ta charité 
envers ton pere ne sera pas en 
oubli. 

16. Car pour avoir supporté les 
défauts de ta mère, il te sera 
donné une récompense, 

11. Et dans la justice te sera 
bâtie une maison, et au jour de 
la tribulation on se souviendra 
de toi, et, comme la glace en un 
jour serein, tes péchés se fon- 
dront. 

18. Quelle mauvaise réputation 
a celui qui abandonne son pere! 


(παρ, 11. 9. Exode, xx, 12; Deut., v, 16; Matt., xv, 4; Marc, vir, 10; Ephés., vi, ₪ 


— 41. Genèse, xxvit, 27; XLIX, 2. 


rens); ce participe, en vertu d'un hébraisme, dont nous avons parlé plus haut 
(pag. 342), devient un adverbe qualificatif du verbe suivant i/ a affermi, en sorte que 
le sens est: Dieu a affermi le plus soigneusement le jugement de la mére. Ainsi Dieu 
aecorde aussi à la mére l'autorité, la puissance de commander, de réprimer et de 
punir. D'où il suit que les parents le représentent sur la terre à l'égard des enfants, 
et qu'ils sont les dépositaires de son autorité supérieure sur eux. 

11. * La bénédiction du père affermit la maison, etc. « Curieuse différence entre le 
pére et la mére! Comme la tendresse maternelle est toujours préte à bénir l'enfant, 
quel qu'il soit, Dieu n'a pas voulu attacher la prospérité à toutes les bénédictions de 
la mére : il l'a réservée aux priéres du pére, dont l'amour est plus juste et plus 
éclairé; mais il n'a pas craint d'attacher la ruine à la malédiction maternelle, bien 
sûr que l'enfant qui force sa mère à le maudire mérite de périr misérablement. » 
(SAINT-MarG GIRARDIN.) 

11. Dans la justice; selon d’autres, à cause de ta justice. — Il te sera báli une 
maison. Dans le style de l’Ecriture, bátir une maison à quelqu'un, signifie proprement 
lui donner des enfants, une famille nombreuse. Compar. Exod., 1, 21; Deutér., xxv, 9; 
Ruth, 1v, 11; 1 Rois, rt, 35. — On se souviendra de toi; c'est-à-dire Dieu se souviendra. 


1452 


οἱ il est maudit de Dieu, celui qui 
exaspère sa mere. 

19. Mon fils, accomplis tes œu- 
vres avec douceur, et tu seras en- 
core plus aimé que glorifié par 
les hommes. 

20. Plus tu es grand, plus hu- 
milie-toi en toutes choses, et de- 
vant Dieu tu trouveras gráce : 

21. Parce que la grande puis- 
sance appartient à Dieu seul; et 
c'est par les humbles qu'il est 
honoré. 

99. Les choses qui sont au- 
dessus de toi, ne lescherche pas, 
et celles qui sont au-dessus de 
tes forces, neles scrute pas ; mais 
celles que Dieu t'a commandées, 
penses-y toujours; et dans plu- 
sieurs de ses ouvrages ne sois pas 
curieux. 

93. Car il ne t'est pas néces- 
saire de voir de tes yeux ce qui 
est caché. 

24. Dans les choses inutiles, 
garde-toi de scruter nombre de 
fois; et dans plusieurs de ses 
ouvrages tu ne seras pas cu- 
rieux. 

95. Car un tres grand nombre 
de choses au-dessus du sens des 
hommes ont été découvertes pour 
toi. 

26. Leurs conjectures aussi en 
ont séduit beaucoup, et leur sens 
les a retenus dans la vanité. 

97. Le cœur dur sera malheu- 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cH. 1v.] 


reux à la fin; et celui qui aime le 
péril y périra. 

98. Le cœur qui marche dans 
deux voies n'aura pas de succès: 
et le pervers de cœur y trouvera 
une pierre d'achoppement. 

29. Le cœur méchant sera acca- 
blé dedouleurs, et le pécheurre- 
commencera à pécher. 

90. L'assemblée des superbes 
sera sans guérison ; carla tige du 
péché s'enracinera en eux ; et ils 
ne s'en apercevront pas. 

31. Le cœur du sage se fait 
comprendre par sa sagesse, et 
l'oreille bonne écoutera la sa-. 
gesse avec la plus vive ardeur. 

32. Le cœur sage et intelligent 
s'abstiendra du péché, et dans les 
œuvres de justice il aura des 
succes. 

33. L'eau éteint un feu ardent; 
et l'aumóne résiste au péché; 

34. Car Dieu considère celui 
qui fait du bien ; il s'en souvient 
dans la suite, et au temps de sa 
chute, celui-ci trouvera un appui. 


CHAPITRE IV. 


Exhortation à l'aumóne, à la douceur et 
à la compassion envers les pauvres. 
Avantages de la sagesse : elle éprouve 
les hommes par l'affliction; comble de 
biens ceux qui lui demeurent fidèles. 
Bonne et mauvaise honte. 


1. Mon fils, ne frustre pas le 
pauvre de son aumóne, et ne dé- 


20. Phil., ,זג‎ 3. — 22. Prov., xxv, 27. — 33. Daniel, iv, 24. — Car. IV. 1. Tobie, tv; 7. 


19. Tu seras encore, etc.; littér. au-dessus de la gloire des hommes tu seras aimé; 
tu t'attireras l'estime des hommes, mais surtout leur amour. 

94, De ses; c'est-à-dire de Dieu, nommé au vers. 22. 

29. Recommencera à pécher; ou bien péchera encore, de nouveau. Compar. ce qui 8 
été dit (pag. 342) sur les verbes mis pour des adverbes. 

31. L'oreille bonne: pour l'oreille de l’homme de bien. 


1. Son aumóne; expression qui prouve que l'aumóne est véritablement un bien dû 
aux pauvres; et que par conséquent nous commettons une espèce de vol, lorsque nous 


(ca. 1v.] 


tourne pas tes yeux du pauvre. 

9. Ne méprise pas une âme qui 
a faim : et n'exaspere pas un pau- 
vre dans son indigence. 

3. N'afflige point le cœur de ce- 
lui qui manque de secours, et ne 
differe pas de donner à celui qui 
est dans la détresse. 

4. Nerejette pas la demande de 
l'affligé; et ne détourne pas ta 
face de l'indigent. 

5. Ne détourne pas tes yeux de 
celui qui manque de secours, à 
cause de sa colere; et nelaisse pas 
ceux qui demandent te maudire 
en arrière ; 

6. Car l'imprécation de celui qui 
te maudit dansl'ameitume de son 
âme sera exaucée; or, celui qui 
l'a créé l'exaucera. 

7. Rends-toi affable à l'assem- 
blée des pauvres : devant un an- 
cien humilie ton âme, et devant 
un grand humilie ta téte. 

8. Incline sans tristesse ton 
oreille vers le pauvre ; acquitte ta 
dette et réponds-lui des paroles 
de paix avec douceur. 

9. Délivre celui qui souffre une 
injure de la main du superbe ; et 
nele fais pas avec répugnance en 
ton âme. 

10. En jugeant, sois pour les 
orphelins miséricordieux, comme 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1153 
un pere, et comme un mari pour 
leur mere ; 

11. Et tu seras, toi, comme un 
fils obéissant du Très-Haut, et il 
aura compassion de toi plus 
qu'une mère. 

12. La sagesse à ses fils inspire 
la vie: eile prend sous sa protec- 
üon ceux qui la cherchent, et 
elle ira devant eux dans la voie 
de la justice; 

13. Et celui qui l'aime aime la 
vie, et ceux qui veillent pour 
elle jouiront de sa paix. 

14. Ceux qui la possèdent au- 
ront la vie pour héritage; et le 
lieu où elle entrera, Dieu le bé- 
nira. 

15. Ceux qui la servent obéi- 
ront au Saint, etceux qui l'aiment, 
Dieu les aime. 

16. Celui qui l'écoute jugera 
les nations ; et celui qui la consi- 
dère demeurera en assurance. 

47. S'il croit en elle, il l'aura 
pour héritage, et ses descendants 
y seront affermis; 

18. Parce que dans la tentation, 
elle marche avec lui et elle le 
choisit entre les premiers. 

19. Elle amènera la crainte, la 
frayeur et l'épreuve sur lui: et 
elle le tourmentera par la tribu- 
lation de sa doctrine, jusqu'à ce 


leur refusons ce dont ils ont besoin, et qui nous est superflu. Les Péres de l'Eglise 
n'ont jamais donné à ce texte d'autre signification. 

9. A cause de sa colére; de peur qu'irrité, il ne prononce contre toi des malédic- 
tions qui ne seront pas sans effet. Les paroles suivantes et celles du vers. 6 confir- 
ment ce sens; cependant d'autres traduisent les paroles propter iram, par dans ta 
colère, par irritation, en les rapportant à mon fils (fiii) du 1er verset; d'autres, enfin, 
les entendent de la colère de Dieu. 

1. Humilie ton âme; hébraisme, pour humitie ta personne, toi. 

15. Au saint ; c'est-à-dire à Dieu méme, qui est le saint des saints. 

16. Jugera; c'est-à-dire pourra juger. 

18, 21. La sagesse conduit d'abord son disciple par la voie des tentations, des 
souffrances et des tribulations; elle lui fait sentir l'austérité de sa doctrine; mais, 
quand elle l'a ainsi éprouvé et qu'elle a reconnu la constance de son âme, elle le 
zonduit par la voie des consolations, et lui dévoile ses mystères. 


145^ 
qu'elle l'éprouve dans ses pen- 
sées et qu'elle ait confiance en 
son àme. 

90. Et elle l'affermira, elle 
frayera un chemin droit vers lui 
et le rendra joyeux, 

21. Et elle lui découvrira ses 
secrets, et mettra en lui un trésor 
de science et d'intelligence de la 
justice. 

99. Mais, s'il s'égare, elle la- 
bandonnera et le livrera aux 
mains de son ennemi. 

23. Mon fils, ménage le temps 
et évite le mal. 

24. Pour ton âme, ne rougis 
pas de dire la vérité. 

25. Caril y a une confusion qui 
amene le péché, et il y a une 
confusion qui amene la gloire et 
la gráce. 

20. Ne fais pas acception de 
personne contre ta propre per- 
sonne, ni de mensonge contre 
ton âme. 

27. Ne respecte pas ton prochain 
dans sa chute, 

98. Et ne retiens pas la parole 
en un temps de salut. Ne cache 
pas ta sagesse dans sa beauté. 

29. Car c'est par la langue que 
la sagesse se fait connaitre ; et le 
sens, la science etla doctrine par 


L'ECCLESIASTIQUE. 


(cn. v.] 
la parole de /'homme sensé, et sa 
fermeté par les ceuvres de justice. 

90. Ne contredis la parole de 
vérité en aucune maniere, et 
rougis d'un mensonge échappé 
à ton ignorance. 

31. Ne rougis point de confes- 
ser tes péchés, et ne te soumets 
pas à tout homme pour le péché. 

32. Ne résiste pas à la face d'un 
puissant, et ne lutte point contre 
le cours d'un fleuve. 

33, Combats pour la justice, 
pour ton âme; et jusqu'à la mort 
combats pour la justice, et Dieu 
vaincra pour toi tes ennemis. 

34. Ne sois point prompt par la 
langue, et lâche et négligent 
dans tes œuvres. 

98. Ne sois pas comme un lion 
dans ta maison, tourmentant tes 
serviteurs, et opprimant ceux 
qui te sont soumis. 

36. Que ta main ne soit point 
ouverte pour recevoir et fermée 
pour donner. 


CHAPITRE V: 


Ne pas compter sur des richesses mal 
acquises. Ne pas abuser de la bonté de 
Dieu. S'attacher constamment à la jus- 
tice. Etre circonspect dans ses paroles. 


1. Ne compte pas sur des pos- 


24, Pour ton âme; pour sauver ton âme, lorsqu'il s'agit du salut de ton âme. 


26. Ne fais pas acception, etc.; n'aie point d'égard, de préférence pour certaines 
personnes plutôt que pour d'autres. Littér., n'accepte pas, n'accueille pas la face, — 
Ni de mensonge; c'est-à-dire n'accepte pas, ne commets pas de mensonge. Le mot 
face se met souvent en hébreu et méme dans la Vulgate pour personne, individu. — 
Conlre (a propre personne, ou face; c'est-à-dire à ton propre détriment. — Contre 
ton âme. Le mot âme s'emploie également pour personne. 

21. Ne respecte pas, etc.; qu'un faux respect pour ton prochain ne t'empéche pas 
de le reprendre, quand il tombe dans quelque faute. 

28. La parole; c'est-à-dire tes avis, tes conseils. — Dans un temps de salut ; lorsque 
cette parole pourrait étre salutaire à ton prochain. Compar. le verset précédent. — 
Dans sa beauté; quand il est beau et glorieux pour elle de la faire connaitre, 

36. Que ta main, etc. Compar. Actes, xx. 35. 


4, 10. L'obscurcissement. Voy. τι, 2. 


CH. vt.] 


sessions iniques, et ne dis pas : 
J'ai suffisamment pour vivre; car 
cela ne servira de rien au temps 
de la vengeance et de l'obscurcis- 
sement. 

2. Ne suis pas dans ta force les 
désirs de ton cœur; 

3. Et ne dis pas : Comme je 
suis puissant! ou : Qui me fera 
rendre compte de mes actions? 
car Dieu en tirera une grande 
vengeance. 

4. Et ne dis pas: J'ai péché, 
et que m'est-il arrivé de triste? 
car le Très-Haut, quoique patient, 
rend selon le mérite. 

ὃ. Sur un péché pardonné ne 
sois pas sans crainte, et n'ajoute 
pas péché sur péché. 

6. Et ne dis pas : La miséri- 
corde du Seigneur est grande; de 
la multitude de mes péchés il 
aura pitié. 

7. Car la miséricorde et la co- 
lere qui viennent de lui s'appro- 
chent rapidement, et sa colere 
regarde attentivement les pé- 
cheurs. 

8. Ne tarde pas à te convertir 
au Seigneur, et ne diffère pas de 
jour en jour; 

9. Car subitement viendra sa 
colere, et au temps de la ven- 
geance il te perdra entierement. 

10. Ne sois pas inquiet sur les 
richesses injustes; car elles ne 
te serviront point au jour de 
l'obscureissement et de la ven- 
geance. 

11. Ne tourne pas à tout vent, 
et ne va pas en toute sorte de 
voie; car c’est ainsi que tout pé- 


UECCLÉSIASTIQUE. 


1455 
cheur se fait connaitre par une 
double langue. 

12. Sois ferme dans la voie du 
Seigneur, dans la vérité de tes 
sentiments et dans la science; et 
que la parole de paix et de jus- 
tice te suive toujours. 

13. Sois doux pour écouter la 
parole, afin que tu comprennes 
et que tu rendes avec sagesse une 
réponse véritable. 

14. Si tu as l'intelligence, ré- 
ponds à ton prochain ; mais sinon 
soit là main sur ta bouche, de 
peur que tu ne sois surpris dans 
une parole indiscrete, et que tu 
ne sois confondu. 

15. L'honneur et la gloire sont 
dans le discours de l’homme 
sensé ; mais lalangue de l'impru- 
dent est sa ruine, à lui-même. 

16. Ne sois pas appelé délateur, 
et ne sois pas pris par ta langue, 
et ne sois pas confondu. 

17. Car au voleur s'attachent 
la confusion et le repentir; à ce- 
lui qui a deux langues, la plus 
mauvaise note ; mais au délateur, 
la haine, l'inimitié, etl'ignominie. 

18. Fais également justice au 
petit et au grand. 


CHAPITRE VI. 


Etre simple, humble, doux et affable. 
Choisir pour conseil un ami longtemps 
éprouvé. Avantages et caractères de 
l'amitié. Travailler à acquérir la sa- 
gesse. Avantages qui l'accompagnent. 


1. Ne deviens pas au lieu d'ami, 
l'ennemi de ton prochain; car le 
méchant héritera de l'opprobre 
et delignominie, ainsi que tout 


Cuap. V. 7. Prov., x, 6. — 10. Prov., xt, 4, 28. 


16. Ne sois pas appelé délateur; c'est-à-dire fais en sorte, par ta discrétion, de ne 


pas être appeié délaleur, 


1456 


pécheur envieux et qui ἃ deux 
langues. 

2. Ne t'éléve pas dans la pensée 
de ton cœur, comme un taureau, 
de peur que ta force ne soit brisée 
par la folie, 

3. Et que /a folie ne consume 
tes feuilles, et ne perde tes fruits, 
et que tu ne sois abandonné com- 
me un bois aride dans le désert ; 

4. Car une âme méchante per- 
dra entierement celui qui la pos- 
sede; elle le donnera en joie à 
ses ennemis, et le conduira au 
sort des impies. 

9. La parole douce multiplie les 
amis et adoucitles ennemis ; etla 
langue gracieuse produit dans 
l'homme de bien des fruits abon- 
dants. 

6. Que beaucoup soient en paix 
avec Loi; mais aie un seul con- 
seiller entre mille. 

7. Si tu as un ami, possede-le 
en l'éprouvant; et ne te fie pas 
facilement à lui. 

8. Car il est £e/ ami qui l'est 
selon son temps; mais il ne per- 
sévérera pas au jour de la tribu- 
lation. 

9. Et il est £e/ ami, quise tourne 
vers l'inimitié, et 11 est £e/ ami qui 
mettra au jour la haine, les rixes 
et les insultes. 

10. Mais il est £e/ ami compa- 
gnon de /a table, et qui ne persé- 
vérera pas au jour dela détresse. 

11. Si ton ami demeure cons- 
tant, il sera comme ton égal, et 


CuaP. VI. 2. Rom., xu, 16; Phil., ,זז‎ 3. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


(cn. vi.] 


parmi ceux de ta maison il agira 
librement; 

12. S'il s'huinilie devant toi et 
qu'il secache de ta face, tu jouiras 
d'accord avec lui d'une bonne 
amitié. 

13. Sépare-toi de tes ennemis, 
et veille sur tes amis. 

14. Un ami fidèle est une pro- 
tection puissante ; et celui qui l'a 
trouvé a trouvé un trésor. 

15. Un ami fidèle ne souffre 
aucune comparaison ; l'or et l'ar- 
gent ne méritent pas d'étre mis 
en balance avec la sincérité de sa 
foi. 

16. Un ami fidèle est un remède 
de vie et d'immortalité ; et ceux 
qui craignent le Seigneur trouve- 
ront cet ami. 

11. Celui qui craint le Seigneur 
jouira également d'une bonne 
amitié, parce que son ami lui sera 
semblable. 

18. Mon fils, dés ta jeunesse, 
recois la doctrine, et jusqu'aux 
cheveux blancs tu trouveras la 
sagesse. 

19. Comme celui qui laboure 
et seme, approche-toi de la sa- 
gesse, et attends avec patience 
ses bons fruits ; 

20. Pour la cultiver tu travail- 
leras un peu ; et bientót tu man- 
geras de ses productions. 

21. Que la sagesse est extréme- 
ment amére aux hommes igno- 
rants! celui qui est sans cœur ne 
demeurera point avec elle. 


8. Selon son lemps; selon le temps qui lui convient, tant qu'il y trouve son avantage. 
12. Qu'il se cache, etc.; que par respect il se retire de devant toi. 
18. Jusqu'aux cheveux blancs, etc.; c'est-à-dire tu acquerras une sagesse que tu 


conserveras jusque dans la vieillesse.: 


21. Celui qui est sans cœur, en latin excors, qui a le mème sens que vecors. Voy. 


Prov., vi, .ד‎ 


feu. vi.] 

22. Ils s y essayeront comme à 
la pesanteur d'une pierre, et ils 
ne tarderont pas à la rejeter. 

23. Car la sagesse qui instruit 
estselon son nom, et elle n'est pas 
manifeste pour un grand nombre ; 
mais, dansceux à qui elle est con- 
nue, elle demeure jusqu'àla pré- 
sence de Dieu. 

24. Ecoute, mon fils, et recois 
le conseil de l'intelligence, et ne 
rejette pas mon conseil. 

95. Mets ton pied dans ses fers 
et ton cou dans ses chaines; 

26. Baisse ton épaule et porte- 
la, et ne souffre pas impatiem- 
ment ses liens. 

27. De tout ton cœur, appro- 
che-toi d'elle, et de toutes tes 
forces garde ses voies. 

28. Recherche-la et elle te sera 
manifestée, et l'ayant embrassée, 
ne la quitte point; 

99. Car, à la fin, tu trouveras 
du repos en elle ; et elle se chan- 
gera pour toi en sujet de joie. 

90. Et ses fers seront pour toi 
une forte protection, et un ferme 
appui, et ses chaines une robe de 
gloire; 


35. Infra, viu, 9. — 37. Ps. 1, 2. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1457 

31. Car l'honneur de la vie est 
enelle, etses liens un bandage sa- 
lutaire. 

22. Tu te revêtiras d'elle comme 
d'une robe de gloire, et comme 
une couronne de joie, tu la met- 
tras sur toi. 

99. Mon fils, si tu m'es attentif, 
tu t'instruiras ; et si tu appliques 
ton esprit, tu seras sage. 

34. Si tu prêtes l'oreille, tu re- 
cevras la doctrine ; et si tu aimes 
à écouter, tu seras sage. 

30. Tiens-toi au milieu de la 
multitude des vieillards prudents, 
etàleur sagesse unis-toi de cœur; 
afin que tu puisses écouter tout 
leur récit sur Dieu, et que les pa- 
raboles de louange ne t'échappent 
point. 

90. Et si tu vois un homme 
sensé, va de grand matin vers 
lui et que ton pied use le seuil de 
sa porte. 

31. Aie ta pensée dans les pré- 
ceptes de Dieu, et à méditer ses 
commandements sois très as- 
sidu; et lui-même te donnera un 
cœur ; et un désir ardent de la sa- 
gesse le sera donné. 


: Mà: 


22. Ils s'y essayeront comme, etc.; c'est-à-dire qu'ils feront l'essai de la sagesse, ' 
comme on fait celui d'une grosse pierre; on cherche à la soulever, mais dés qu'on en 
sent le poids, on la jette par terre. Il y avait autrefois dans les villes de la Palestine 
de ces grosses pierres sur lesquelles les jeunes hommes éprouvaient leur force. Voy. 
Zacharie, xxx, 3. 1 

23. La sagesse... est selon son nom; conforme à son nom, c'est-à-dire cachée comme 
l'expliquent les mots qui suivent immédiatement : Elle n’est pas manifeste pour un 
grand nombre. ll est incontestable d'ailleurs en étymologie que l'on peut dériver 
soit le latin sapientia, soit le grec sophia, de l'hébreu tsephound, qui signifie cachée. 
Ajoutons que sophia peut dériver aussi de zopAos, autre mot grec, dont le sens est 
obscurilé. — Jusqu'à la présence de Dieu; c'est-à-dire jusqu'à ce qu'ils paraissent de- 
vant Dieu, jusqu'à l'éternité. 

30 Un ferme appui; littér. des bases de force; hébraisme pour des bases forles. 

35. Paraboles de louange; hébraisme pour pardboles louubles, dignes de louange. 

36. Va de grand matin; expression commune dans l'Ecriture, et qui marque une 
dilizence et un empressement extraordinaires. 


Ap. 92 


CHAPITRE VII. 


S'abstenir dn mai. Ne point rechercher 
les dignités. Fuir tout mensonge. S'ap- 
pliquer au travail, Etre fidèle à ses 
amis, attaché à sa femme, doux envers 
ses serviteurs. Instruire ses enfants. 
Honorer ses parents. Rendre aux pré- 
tres ce qui leur est dü. Se souvenir de 
ses fins derniéres. 


1. Ne fais pas de mauvaises 
choses, et elles ne s'empareront 
pas de toi. 

2. Retire-toi de l'injuste, et les 
maux s'éloigneront de toi. 

3. Mon fils, ne seme pas les 
maux dans les sillons de l'injus- 
lice, et tu n'en moissonneras pas 
sept fois autant. 

4. Ne demande point au Sei- 
gneur le gouvernement, ni au roi 
une chaire d'honneur. 

9. Ne te justifie pas devant Dieu, 
parce que c'est lui qui connait le 
cœur; et devant le roi n'affecte 
pas de paraitre sage. 

6. Ne cherche point à devenir 
juge, si lu n'as pas assez de force 
pour briser les iniquités ; de peur 
que tu ne redoutes la face d'un 
puissant, et que tu ne poses une 
pierre d'achoppement dans ton 
équité. 

7. N'offense pas la multitude 
d'une cité, et ne te lance pas au 
milieu du peuple, 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


(cu. νπ.] 

8. Et n'ajoute pas péché à pé- 
ché; car méme pour un seul tu ne 
seras pas impuni. 

9. Ne sois pas pusillanime en 
ton cœur; 

10. Ne néglige point de prier et 
de faire 'aumóne. 

11. Ne dis pas : Sur la multi- 
tude de mes dons, Dieu portera 
ses regards; et lorsque j'offrirai 
mes présents au Dieu très-haut, 
il les recevra. 

19. Ne ris point d'un homme 
qui est dansl'amertume del'àme; 
car il y a quelqu'un qui humilie 
et qui élève, c'est Dieu qui voit 
iouis 

13. Ne sème point le men- 
songe contre ton frère; et ne 
le fais pas non plus contre ton 
ami. 

14. Garde-toi absolument de 
commettre aucun mensonge ; car 
l'habitude de mentir n'est pas 
bonne. 

15. Ne sois point verbeux au 
milieu de la multitude des vieil- 
lards, et ne réitere pointla parole 
dans ta priere. 

16. Naie point de répugnance 
pour les ouvrages pénibles, ni 
pour l'agriculture créée par le 
Très-Haut. 

17. Ne t'unis pas à la multitude 
des indisciplinés. | 


(βαρ. VII. 5. Job, 1x, 2, 20; Ps. σχιμι, 2; Eccl, vi, 17; Luc, xvii, 11. — 8. Infra, 


xit, 1. — 12. I Rois, 11, 7. 


1. Elles ne s'empareront pas de toi; tu n'en seras pas coupable, et, par conséquent, 
tu échapperas aux peines qui y sont inévitablement attachées. 

4. Le gouvernement; la charge de conduire les autres, de leur commander. 

7. Du peuple; lorsqu'il est dans le trouble et l'irritation. 

8. N'ajoute pas, ete.; littér. : Ne lie pas des doubles péchés. 

13. Ne sème point; ou ne machine, ne fabrique point; littér. ne laboure point. 

14. Garde-loi absolument; littér. mentir un mensonge. Voy. pour ce genre de loca- 
tion, pag. 342, 29. — Aucun; littér. non (out. Voy. pag. 342, 3. 

15. Et ne réilère; nc multiplie point. 1! semble que Jésus-Christ fait allusion à ce 


passage dans saint Matthieu (vi, 1). 


[en. vir.] 

48. Souviens-toi de la colère, 
parce qu'elle ne tardera pas. 

19. Humilie profondément ton 
esprit, parce que le châtiment de 
la chair de l'impie sera le feu et 
le ver. 

20. Ne prévarique pas contre 
un ami qui diffère 4 £e donner de 
l'argent, et ne méprise pas un 
frere très chéri pour de l'or. 

91. Nete sépare pas de la femme 
sensée et bonne que tu as recue 
dans la crainte du Seigneur; car 
la gráce de sa modestie est au- 
dessus de l'or. 

99. Ne maltraite pas le ser- 
viteur qui travaille avec fidélité, 
ni le mercenaire qui donne son 
âme. 

93. Que le serviteur sensé te 
soit cher comme ton âme ; ne le 
frustre pas de la liberté, et ne le 
laisse pas privé de secours. 

24. As-tu des troupeaux? veille 
sur eux, et s'ils sont utiles, 
qu'us demeurent toujours chez 
Loi. 

95. As-tu des fils? instruis-les, 
et plie-les àla soumission dés leur 
enfance. 

26. As-tu des filles? conserve 0 


L'ECCLÉSIASTIQUÉ. 1459 


pureté de leur corps, et ne leur 
montre pas un visage trop riant. 

27. Marie ta fille, et tu auras fait 
une grande œuvre; et donne-la 
à un homme sensé. 

28. Si tu as une femme selon 
ton cœur, ne la quitte point; etne 
te confie point à une haissable. En 
tout ton cœur 

29. Honore ton père, et les gé- 
missements de ta mère, ne les 
oublie pas; 

30. Souviens-toi que sans eux 
tu ne serais pas né, et fais pour 
eux comme 7.5 ont fait eux- 
mémes pour toi. 

31. En toute ton âme crains le 
Seigneur, et ses prêtres, vénère- 
les. 

92. De toutes tes forces aime 
celui qui t'a fait; et ses ministres, 
ne les abandonne pas. 

33. Honore Dieu de toute ton 
âme, et révère les prêtres, et pu- 
rifie-toi avec des bras. 

34. Donne-leur, comme il t'a 
été ordonné, une part des pré- 
mices et des hosties d'expiation, 
et de ta négligence, purifie-toi 
avec un petit nombre. 

39. Le don de tes bras et le sa- 


22. Lévit., xix, 13. — 29. Tobie, 1v, 3. — 33. Deut., xii, 18. — 34. Lév., τι, 3; Nomb., 


XVII, 15. 


18. La colère; c'est-à-dire la vengeance, le châtiment du péché. 
19. Le feu et le ver. Compar. Marc, 1x, 42, 41. 


22,23. Ame; mot qui signifie ici, comme en bien d'autres passages, personne, 
individu. : 

32. Ses ministres, etc. Le Seigneur recommande souvent dans la loi de secourir les 
prétres et les Lévites qui n'avaient pas eu de part dans la distribution du pays de 
Chanaan. 

33. Avec des bras; c'est-à-dire avec les épaules des victimes, qui appartiennent aux 
prêtres. Voy. Exod., xxix, 22, 21; Lévit., vui, 32, 34; Nombr., xvii, 18. 

34. Hosties d'expiation ; c'étlaient les victimes immolées pour le péché et le délit, la 
loi étant la méme pour l'une et l'autre hosties. Voy. Lévit., vi, 1-1. — Votre négli- 
gence ; c'est-à-dire vos péchés d'ignorance et d'inadvertance. — Avec un petit nombre 
de victimes; c'est-à-dire offrez de moindres dons, quand vous ne pouvez en faire 
de plus considérables. 

35. Le don de tes bras; loffrande des épaules des hosties. Compar. le vers 33, — 


1460 


crifice de sanctification, tu les of- 
friras au Seigneur, ainsi que les 
prémices des choses saintes ; 

36. Et au pauvre tends la main, 
afin que soit parfaite ta propitia- 
tion, ainsi que ta bénédiction. 

37. Que la reconnaissance d'un 
bienfait soit à la vue de tout vi- 

-vant; et méme à un mort ne re- 
fuse pas la reconnaissance. 

38. Ne manque pas de conso- 
ler ceux qui pleurent; et marche 
avec ceux qui sont dans le deuil. 

39. Ne sois point paresseux à 
visiter un malade; car c'est par 
là que tu t'atfermiras dans la cha- 
rité. 

40. Dans toutes tes œuvres, 
rappelle-toi tes fins dernieres, et 
jamais tu ne pécheras. 


CHAPITRE VIII. 


Ne pas avoir de démélés avec un homme 
puissant. Ne pas faire de reproches à 
celui qui se corrige. Ecouter les sages 
et les vieillards. Ne pas irriter les pas- 
sions des méchants. Ne pas découvrir 
son secret à un étranger. 


1. N'aie point de démélés avec 


38. Rom., xri, 15. — 39. Matt., xxv, 36 


L'EGCLÉSIASTIQUE. 


(en. viit. 


un puissant, de peur que tu ne 
tombes entre ses mains. 

2. Ne dispute pas avec un hom- 
me riche, de peur qu'il ne suscite 
contre toi un proces ; 

3. Car l'or et l'argent ont perdu 
bien des gens, et leur pouvoir 
s'étend jusqu'au cœur des rois 
pour le changer. 

4. N'aie point de démélés avec 
un homme à la langue bien affi- 
lée, et tu n'entasseras pas du bois 
dans son feu. 

5. Ne fréquente pas un homme 
ignorant, de peur qu'il ne parle 
mal de ta race. 

6. Ne méprise pas un homme 
qui se détourne du péché, et ne 
lui fais pas de reproches : sou- 
viens-toi que nous sommes tous 
dignes de répréhension ; 

7. Ne méprise pas un homme 
dans sa vieillesse; car 77 y en a 
d'entre nous qui vieillissent. 

8. Ne te réjouis pas sur ton 
ennemi mort, sachant que tous 
nous mourrons, et que nous ne 
voulons pas devenir un sujet de 
joie. 


. — Cnar. VIII. 2. Matt., xxv, 29. — 3. Infra, 


xxx, 6. — 6. II Cor., 11, 6; Gal., vi, 1. — 7. Lév., xix, 32. 


Le sacrifice de sanclification; vraisemblablement le sacrifice qu'offraient les Nazaréens 
pour leur sanctification. Voy. Nombr., vi. — Les prémices des choses saintes (initia 
sanctorum); expression qui doit probablement s'entendre de la dime des dimes, que 
les Lévites devaient donner aux prétres; car c'étaient les Lévites qui recevaient im- 
médiatement du peuple toutes les dimes, dont ils donnaient à leur tour aux prétres 
la dixième partie. Voy. Nombr., xviu, 26-28. 

36. Propitiation; c'était le même sacrifice que l'expiation. Voy. Lévit., xxur, 21-29. 
— Bénédiclion; mot qui se prend souvent dans l'Ecriture pour don, largesse, libéra- 
lité; ici il a en particulier le sens de don sacré, offrande sainte. 

31. Que la reconnaissance, etc.; c'est-à-dire si tu as recu un bienfait, montre ouver- 
tement, devant tout le monde, ta reconnaissance; et s'il est mort maintenant celui 
qui a été ton bienfaiteur, méme envers lui sois reconnaissant, en lui rendant les 
derniers devoirs. Voy. xxx, 18; Tobie, 1v, 18; Baruch, vi, 26. Des différentes explica- 
tions qui ont été données de ce verset, celle-ci nous a paru la plus simple et la plus 
naturelle, outre qu'elle est littéralement conforme au texte grec, 


2. Ne dispute pas, etc. Compar. Matth., xxv, 23. 


3. L'or et l'argent, etc. Compar. xxxi, 6. 


(cu. 1x.) 

9. Ne méprise point le récit des 
sages vieillards, mais entretiens- 
toi de leurs paraboles ; 

10. Car c'est d'eux-mémes que 
tu apprendras la sagesse, et la 
doctrine de lintelligence, et à 
servir les grands sans reproche. 

11. Que le récit des vieillards 
ne t'échappe point; car eux-mé- 
mes l'ont appris deleurs peres; 

12. Parce quec'estd'eux-mémes 
que tu apprendras l'intelligence et 
à donner une réponse en temps 
nécessaire. 

18. N'allume pas les charbons 
des pécheurs en les reprenant, et 
ne sois pas allumé par la flamme 
du feu de leurs péchés. 

14. Ne résiste pas en face à un 
insolent, de peur qu'il ne setienne 
en embuscade contre ta bouche. 

15. Ne préte point d'argent à un 
plus puissant que toi; que si tu 
lui en as prété, tiens-le comme 
perdu. 

10. Ne réponds point pour un 
autre au-dessus de tes forces ; que 
si tu as répondu, pense comme 
devant le restituer. 

11. Ne juge pas contre un juge, 
parce qu'il juge selon ce qui est 
juste. 

18. Avec un audacieux, ne và 
pas dans la voie, de peur qu'il ne 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1461 
fasse peser ses maux sur toi; car 
il va selon son désir, et en méme 
temps que lui tu périras par sa 
folie. 

19. Avec un homme colère, 
n'aie point de querelles; et avec 
un audacieux ne va pas dans le 
désert, parce que le sang est 
comme rien devant lui; et là où 
il n'y ἃ pas de secours, il te bri- 
sera. 

20. Avec les fous, ne tiens pas 
conseil, car ils ne pourront aimer 
que ce qui leur plaît. 

21. Devantun étranger, netiens 
pas conseil; car tu ne sais pas ce 
qu'il enfantera. 

22. Ne découvre pas à tout 
homme ton cœur, de peur qu'il 
ne te témoigne une amitié fausse, 
et qu'ensuite il ne t'injurie. 


CHAPITRE IX. 


Ne pas étre jaloux de sa femme. Fuir la 
compagnie des femmes étrangères. 
Conserver ses anciens amis. Ne pas 
envier la gloire des méchants. S'éloi- 
gner des grands. Se lier avec les sages. 
S'occuper de Dieu. 


1. Ne sois pas jaloux de la 
femme de ton sein, de peur 
qu'elle ne montre contre toi la 
malice d'une instruction funeste. 

2. Ne donne pas à la femme le 


9. Supra, vi, 35. — 15. Infra, xxix, 4. — 18. Genèse, 1v, 8. — 19. Prov., xxr, 24. 


13. En les reprenant avec dureté, ou lorsque tu prévois que la correction leur 
sera inutile et méme nuisible. — Et ne sois pas allumé; hébraisme, pour, δέ tu ne 


seras pas allumé. 


14. De peur quil ne se lienne, etc.; c'est-à-dire qu'il ne dresse des pièges à tes 


paroles. 


11. Parce qu’il juge, ete.; il a en sa faveur la présomption d'avoir jugé selon 


r'équité, 


19, Avec un homme colère, etc. Compar. Prov., xxi, 24. 


1. La femme de ton sein; ou la femme qui repose sur ton sein; expression familière 
aux Hébreux pour signifier une épouse. — De peur qu'elle, etc. La jalousie d'un mari 
et ses soupçons injustes sont une instruction funeste, en ce qu'ils fout uaitre souvent 
dans sa femme l'idée et l'envie de devenir ce dont il la soupconne. 


1462 
pouvoir sur ton âme, de peur 
qu'elle ne s'ingere dans ton au- 
torité, et que tu ne sois pas con- 
fondu. 

3. Ne regarde pas une femme 
aux mille volontés, de peu que 
tu ne tombes dans ses lacs. 

4. Ne sois pas assidu pres d'une 
danseuse; ne l'écoute point, de 
peur que tu ne périsses par sa 
puissance efficace. 

ὃ. N'arréte pas ta vue sur une 
vierge, de peur que tu ne trouves 
une pierre d'achoppement dans 
sa beauté. 

6. Ne donne ton àme à des pros- 
tituées en aucune maniere; de 
peur que tu ne te perdes, toi et 
ton héritage. 

7. Ne jette point les yeux de 
tous cótés dans les rues dela cité, 
et n'erre pas sur les places pu- 
bliques. 

8. Détourne ta face d'une fem- 
me parée, et ne considere pas 
une beauté étrangère ; 

9. A cause de la beauté d'une 
femme beaucoup ont péri ; et c'est 
par là que la concupiscence com- 
me un feu s'embrase. 

10. Toute femme qui se pros- 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cH. 1x. 


voie publique, sera foulée aux 
pieds. 

11. Beaucoup, ayant admiré la 
beauté d'une femme étrangère, 
ont été réprouvés ; car son entre- 
tien comme un feu s'enflamme. 

12. Net'assieds jamais avec une 
femme étrangere, et ne t'appuie 
point avec elle sur le coude ; 

13. Et ne dispute pas avec elle 
dans le vin, de peur que ton cœur 
ne s'incline vers elle, et que par 
ton sang tu ne tombes dans la 
perdition. 

14. Ne quitte pas un ancien 
ami; car un nouveau ne sera pas 
semblable à lui. 

15. C'est un vin nouveau qu'un 
ami nouveau ; il vieillira, et c'est 
avec plaisir que tu le boiras. 

16. N'envie point la gloire et 
les richesses du pécheur; car tu 
ne sais pas quelle sera sa ruine. 

17. Que la violence desinjustes 
ne te soit pas agréable, sachant 
que jusqu'aux enfers l'impie ne 
sera pas agréable ὦ Dieu. 

18. Tiens-toi loin de l'homme 
qui a le pouvoir de tuer, et tu ne 
soupconneras pas méme la crainte 
de la mort ; 

19. Et si tuapproches de lui, ne 


titue, comme la boue dans la 


Cuae. IX. 5. Genèse, vr, 2. — 6. Prov., v, 2. — 8. Genèse, xxxiv, 2; II Rois, xt, 4; 
xin, 1; Matt., v, 28. — 16. Juges, 1x, 4; II Rois, xv, 10. 


12. Ne lassieds, etc. Cette première partie du verset a son explication dans la se- 
conde : Ne lappuie point, etc.; ce qui est une allusion à la manière dont on était à 
table, couché sur des lits, et appuyé sur le coude; et comme on était placé les uns 
au-dessous des autres, le second convive avait la téte sur la poitrine du preniier, le 
troisiéme sur la poitrine du second, et ainsi de suite. Il était donc de la derniére in- 
décence qu'un homme se placát à table auprès d'une femme étrangère. 

13. Ne dispute pas, etc.; c'est-à-dire ne fais pas des défis de boire. — Que par ton 
sang ; par ta mort, si tu commets l'adultére àla suite des débauches de la table. On 
sait que chez les Hébreux l'adultére était puni de mort. Voy. Lévit., xx, 10. 

11. Enfers; signifie dans l'hébreu et dans le texte grec, aussi bien que dans la 
Vulgate, non tombeau, sépulcre, mais ce lieu souterrain que les Hébreux regardaient 
comme le séjour des âmes après la mort. Ainsi, comme nous l'avons déjà remarqué 
(Genèse, xxxvi, 35, et ailleurs), ce mot fournit une preuve sans réplique de la sur-. 
vivance des àmes aux Corps. | 


fen. x.] 


commets aucune faute, de peur 
qu'il ne t'óte la vie. 

90. Sache que la mort commu- 
nique avec toi, parce que tu t'a- 
vanceras au milieu des pieges, et 
que tu marcheras au travers des 
armes d'ennemis irrités. 

21. Selon ton pouvoir, défie-toi 
de celui qui t'approche, et traite 
avec les sages et les prudents. 

92. Que les hommes justes 
soient tes convives, et que dans 
la crainte de Dieu soit pour toi 
un sujet de gloire, 

23. Et que dans ton esprit soit 
la pensée de Dieu, et tous tes en- 
tretiens dans les préceptes du 
Très-Haut. 

24. C'est pour la main des arti- 
tisans que leurs ouvrages seront 
loués ; et le prince du peuple /e 
sera pour la sagesse de ses dis- 
cours; mais la parole des vieil- 
lards, pour le sens. 

95. Terrible est un grand par- 
leur dans sa cité, et le téméraire 
dans sa parole sera odieux. 


CHAPITRE X. 


Avantages d'un bon gouvernement. Hor- 
reur qu'on doit avoir de l'avarice. 
Suites funestes de l'orgueil. Louange 
de ceux qui craignent Dieu. Paralléle 
dela gloire du riche et du pauvre, 


1. Un juge sage rendra la jus- 
lice à son peuple, et le gouverne- 
ment d'un homme sensé sera sta- 
ble. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1463 


2. De méme qu'est le juge du 
peuple, de méme aussi sont ses 
ministres; et tel qu'est le prince 
d'une cité, tels sont aussi ses ha- 
bitants. 

3. Un roi insensé perdra son 
peuple, et les cités auront des 
habitants par l'intelligence des 
puissants. 

4. Dans la main de Dieu est le 
pouvoir de la terre ; et il susci- 
tera en son temps un gouverneur 
utile. | 

ὃ. Dans la main de Dieu est 
la prospérité de l'homme; et sur 
la face du scribe il mettra sa: 
eloire. 

6. Ne te souviens d'aucune in- 
justice de ton prochain, et ne fais 
rien par les voies de l'injustice. 

7. Odieux est l'orgueil devant 
Dieu et devant les hommes, et 
exécrable toute iniquité des na- 
tions. 

8. Un royaume est transféré 
d’une nation à une autre nation, 
à cause des injustices, et des vio- 
lences, et des outrages, et des dif- 
férentes tromperies. 

9. Rien n'est plus criminel que 
lavare. Pourquoi s'enorgueillis- 
sent la terre et la cendre? 

10. Rien n'est plus inique que 
d'aimer l'argent; car celui-ci a 
une âme vénale, parce que durant 
sa vieil a jeté au loin ses propres 
entrailles. 

11. La vie de toute puissance 


Cuar. X. 2. Prov., xxix, 12. — 3. III Rois, xu, 13, — 6. Lév., xix, 13. — 8. Dan., 


1v, 14. 


24. C'est pour la main, etc.; c'est par l'adresse de leurs mains que les artisans 


attireront les louanges sur leurs ouvrages. 


9. Scribe. Ce mot est pris iei dans son acception la plus ordinaire, qui est docteur 
de la loi, dont le ministère consistait à copier et à expliquer les Livres saints. Ces 
docteurs étaient fort estimés; ils tenaient le méme rang que les prêtres et les sacri- 
ficateurs, quoique leurs fonctions fussent différentes. 


1464 
est courte. Une maladie trop lon- 
gue fatigue le médecin. 

19. Le médecin coupe par la 
racine une courte maladie ; ainsi 
méme le roi est aujourd'hui, et 
demain il mourra. 

13. Car lorsque l'homme mour- 
ra, il aura pour héritage les ser- 
pents, les bétes et les vers. 

14. Le commencement de l'or- 
gueil de l'homme est d'apostasier 
Dieu ; 

15. Parce que son cœur s’est 
retiré de celui qui l'a fait; parce 
que le commencement de tout 
péché est l'orgueil; celui qui s'y 
tiendra attaché sera chargé de 
malédictions, et l'orgueil le ren- 
versera à jamais. 

16. C'est pour cela que le Sei- 
gneuradéshonoréles assemblées 
des méchants, et il les a détruits 
à jamais. 

17. Dieu a renversé les trónes 
des chefs superbes, et il a fait 
asseoir les hommes doux à leur 
place. 

18. Dieu a fait sécher les racines 
des nations superbes, etila planté 
les humbles d'entre ces nations 
mémes. 

19. Le Seigneur a détruit les 
terres des nations, et illes a per- 
dues jusqu'au fondement. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[ca. x.] 


20. 11 a fait sécher quelques-unes 
d'entre elles, etilles a perdues en- 
tièrement, et il a effacé leur mé- 
moire de la terre. 

91.Dieua perdu la mémoire des 
superbes, et il alaisséla mémoire 
des humbles d'esprit. 

22. L'orgueil n'a point été créé 
avec les hommes, ni le courroux 
avec la race des femmes. 

23. La race d'hommes qui sera 
honorée est celle qui craint Dieu; 
mais la race qui sera déshonorée 
est celle qui néglige les comman- 
dements du Seigneur. 

24. Au milieu de ses frères, 
celui quilesdirige esten honneur; 
el ceux qui craignent le Seigneur 
seront devant ses yeux. 

25. La gloire des riches, des per- 
sonnes élevées aux honneurs, et 
des pauvres, c’est la crainte de 
Dieu. 

20. Ne méprise pas l'homme 
juste et pauvre, et ne fais pas 
grand eas de l'homme pécheur, 
quoique riche. 

27. Le grand et le juste et le 
puissant sort en honneur; mais il 
n'est pas de plus grand que celui 
qui craint Dieu. 

28. A l'esclave sensé seront as- 
sujettis les hommes libres; et 
l'homme prudent et bien instruit 


15. Prov., xvni, 12. — 28. Prov., xvi, 2; 11 Rois, xu, 13. 


13. Il aura pour héritage, etc. L'auteur montre assez clairement, dans plusieurs 
passages, qu'il admettait la survivance des âmes aux corps. Ainsiil ne veut parler ici 
que de la partie matérielle de l'homme, c'est-à-dire de son corps, qui, à la mort, de- 
vient, en effet, la páture des bêtes et des vers. — * Les serpents, les bêtes qui rampent. 
Les corps qui ne sont pas ensevelis deviennent la proie des bétes; ceux qui sont 
enterrés sont dévorés par les vers. 

18. Dieu a fait sécher, etc. Ceci s'explique tout naturellement des Chananéens, que 
Dieu extermina, et dont il ne conserva que ceux qui s'étaient rendus à ses ordres et 
soumis aux Hébreux, son peuple. 

19. Le Seigneur a détruit, etc. L'auteur parle de Sodome, de Gomorrhe, etc. 

20. Quelques-unes d'entre elles; probablement les Chananéens, les Amalécites, etc. 

28. À l'esclave sensé, etc. Compar. Prov., xvu, 2, 


[cu. xi.] 
ne murmurera pas, lorsqu'il sera 
repris, et l'ignorant ne sera pas 
honoré. 

29. Ne t'éleve pas en faisant 
ton œuvre, et ne temporise pas 
avec paresse aux temps de l'an- 
goisse. 

30. Mieux vaut celui qui tra- 
vaile et qui abonde en toutes 
choses, que celui qui se glorifie et 
manque de pain. 

31. Mon fils, dans la douceur 
conserve ton âme, et rends-lui 
honneur selon son mérite. 

32. Celui qui peche contre son 
àme, qui le justifiera? et qui ho- 
norera celui qui déshonore son 
âme? 

33. Le pauvre est glorieux par 
sa science et sa crainte de Dieu ; 
et il est £e/ homme qui est ho- 
noré à cause de sa richesse. 

34. Mais celui qui est glorifié 
dans la pauvreté, combien plus 
le serait-il dans la richesse? mais 
que celui qui est glorifié dans la 
richesse redoute la pauvreté. 


CHAPITRE XI. 


Ne pas juger les hommes par leur exté- 
rieur. Vanité des grandeurs humaines. 
C'est de Dieu que viennent les biens et 
es maux. Vanité des richesses. Mettre 
en Dieu sa confiance. Ne pas se fier à 
tout le monde. 


1.Lasagesse de l’homme d'hum- 
ble condition relevera sa téte, et 
au milieu des grands, elle le fera 
asseoir. 

2. Ne loue pas un homme d'a- 
près son apparence, et ne mé- 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1465 
prise pas un homme à son aspect. 

3. Petite est l'abeille entre tous 
les volatiles, et son fruit possede 
la source de la douceur. 

4.De ton vétementne te glorifie 
jamais, et au jour detes honneurs 
ne t'éléve point; parce qu'admi- 
rables sont les ceuvres du Trés- 
Haut seul, et que glorieuses et 
cachées et invisibles sont ses œu- 
vres. 

5. Beaucoup de tyrans ont siégé 
surle tróne, et celui qu'on ne pou- 
vait soupconner a porté le dia- 
deme. 

6. Beaucoup de puissants ont 
été opprimés fortement; et ceux 
qui étaient dans la gloire ont été 
livrés aux mains des autres. 

7. Avant d'interroger, ne blàme 
personne; et lorsque tu auras in- 
terrogé, reprends justement. 

8. Avant que tu aies entendu, 
ne réponds mot; et au milieu 
des discours ne tingére pas de 
parler. 

9. D'une chose qui ne t'incom- 
mode pas, ne dispute point; et 
dans le jugement de ceux qui pè- 
chent, ne te place point. 

10. Mon fils, ne méle pas tes 
actions à beaucoup de choses; 
et si tu es riche, tu ne seras pas 
exempt de faute; car si tu suis 
toutes tes affaires, tu n'en em- 
brasseras aucune; et tu ne t'en 
tireras pas, si tu vas au-devant. 

11. ll est £e homme impie qui 
travaille, et se háte, et gémit, et 
il sera d'autant moins dans la- 
bondance. 


30. Prov., xir, 9. — (παρ. XI. 1. Genèse, ,זא‎ 40; Dan., vi, 3; Jean, vir, 18. — 4. Actes. 
xir, 21, 22, — 6. I Rois, xv, 28; Esth., vi, 7. — 8. Prov., xvrr, 13. — 10. I Tim., vi, 9. 


— 11. Eccl., 1v, 8. 


4, La sagesse, etc. Compar. Genèse, Xut, 40; Daniel, νι, 3; Jean, vr, 18. 


1466 

19. Il est fe! homme énervé 
ayant besoin de se fortifier, man- 
quant encore plus de force et 
abondant en pauvreté; 

13. Et l'eeil de Dieu l'a regardé 
en bien, et il l'a relevé de son hu- 
miliation, et il a élevé sa téte; et 
beaucoup s'en sont étonnés, et 
ont honoré Dieu. 

14. Les biens et les maux, la 
vie et la mort, la pauvreté et les 
richesses viennent de Dieu. 

15. La sagesse, et la discipline, 
etlascience de la loi sont en Dieu. 
L'amour et les voies des bons sont 
en lui. 

16. L'erreur et les ténebres ont 
été créées avecles pécheurs ; mais 
ceux qui exultent dans les choses 
mauvaises vieillissent dans le 
mal. 

17. Le don de Dieu demeure 
ferme dans les justes, et son pro- 
grès aura des succès pour l'éter- 
nité. 

18. Il est Ze/ qui s'enrichit en 
agissantavec parcimonie, ettoute 
la part de sa récompense est 

19. En ce qu'il dit : J'ai trouvé le 
repos pour moi; et maintenant je 
mangerai de mes biens tout seul; 

20. Et il ne sait pas que le temps 
passera, etquela morts'approche, 
et qu'il laisse tout à d'autres, et 
qu'il mourra. 

91. Tiens-toi ferme dans ton 
alliance avec Dieu, et entretiens- 
toi avec elle, et vieillis dans l'ac- 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


(eu. xr.] 


complissement des commande- 
ments. 

22. Ne t'arréte pas dans les œu- 
vres des pécheurs ; confie-toi en 
Dieu et demeure à ta place. 

23. Car il est facile aux yeux de 
Dieu d'enrichir tout d'un coup le 
pauvre. 

24. La bénédiction de Dieu se 
háte pourla récompense du juste ; 
el en un instant rapide il fait fruc- 
fier ses progrès. 

25. Ne dis pas : De quoi ai-je 
besoin, et quels biens m'arrive- 
ront désormais? 

26. Ne dis pas : Je me suffis à 
moi-même ; et quel mal désormais 
m'adviendra-t-il ? 

27. Au jour des biens ne perds 
pas le souvenir des maux, et au 
jour des maux ne perds pas le 
souvenir des biens; 

28. Parce qu'il est facile devant 
Dieu, au jour de la mort, de ren- 
dre à chacun selon ses voies. 

29. Le mal d'un moment fait 
oublier de grands plaisirs ; et à 
la fin de l'homme larévélation de 
ses œuvres. 

90. Avant sa mort, ne loue au- 
cun homme ; parce que dans ses 
enfants on connait un homme. 

31. N'introduis pas tout homme 
dans ta maison, car nombreux 
sont les pièges du trompeur. 

32. Car comme l'estomac de 
ceux qui sentent mauvais jette 
une odeur fétide, et comme la 


43. Job, xri, 10. — 14. Job, 1, 21; 11, 10. — 19. Luc, xir, 19. — 27. Infra, xviu, 25. 


13. En bien (in bono); c'est-à-dire favorablement. 

45. Sont en Dieu; comme dans leur source. 

16. Ont été créées avec les pécheurs; c'est-à-dire sont une suite du péché originel et 
des facultés naturellement limitées de l'homme. 

23. D'enrichir (honesiare). Voy. Sagesse, vu, 11. 

32. Le sens de ce verset est que les hommes au cœur superbe ne produisent au 
dehors rien que de mauvais, et qu'ils attirent les hommes dans la perdition, comme 


[cu. xir.] L'ECCLÉSIASTIQUE. 1467 


perdrix est conduite dans une | qui tu le fais, et il y aura une 
cage, etlechevreuil dans unlacs: | grande reconnaissance pour tes 
ainsi aussi est le cœur des super- | bienfaits. 
bes, et ainsi celui qui examinant 2. Fais du bien au juste, et tu 
voit la chute de son prochain. trouverasune granderétribution; 
33. Carconvertissantlesbonnes | et sinon de lui, certainement du 
choses en mauvaises, il dresse | Seigneur. 
des embüches, et il imprimera 3. Car il n'y a point de bien pour 
une tache sur les élus. celui qui est assidu dans les mau- 
34. Par une seule étincelle s'ac- | vaises choses, et qui ne donne 
croit lefeu, et par un seul trom- | point des aumónes; parce que 
peur s’accroîtle sang : mais l'hom- | méme 16 Très-Haut a les pécheurs 
me pécheur au sang tend des | en haine, et qu'il a pitié des péni- 
pieges. tents. 
35. Garde-toi du corrupteur (car 4. Donne au miséricordieux, et 
il trame de mauvaises choses), | ne recueille point le pécheur; car 
de peur qu'il n'attire surtoila dé- | sur les impies et les pécheurs il 
rision pour toujours. exercera sa vengeance, les gar- 
36. Admets chez toi un étran- | dant pour le jour de la ven- 
ger, et il te renversera au milieu | geance. 


du désordre et il t'éloignera de 5. Donne à celui qui est bon, et 
tes propres biens. n'accueille point le pécheur. 

6. Fais du bien à l'humble, et 

CHAPITRE XII. ne donne pas à l'impie; empéche 


Faire le bien avec discernement. On ne | dU ON De lui donne du pour de 
connaitles vrais amis que dans l'ad- | peur qu'il n'en soit plus puissant 
versité. Se donner de garde d'un en- que toi; 


dT LUE. : 
מ‎ i. Car tu trouveras un double 
1. Si tu fais du bien, sache à | mal dans tout le bien que tu lui 


ὕπαρ. XII, 4. Gal., vi, 10. 


les appeaux appellent et attirent les autres oiseaux. — * Le chasseur se sert d'une 
perdrix captive pour attirer d'autres perdrix et les prendre. 

33. Il imprimera une tache; par ses calomnies. — Sur les élus; ou sur les chose 
d'élite, les choses les meilleures; le grec est aussi amphibologique que le latin. 

34. Le sang ; c'est-à-dire l'effusion du sang, le meurtre. — Au sang; à la vie. 

35. De peur, etc.; se rapportant à garde-toi du corrupleur, nous avons dû insérer 
entre parenthèses la phrase, car il trame de mauvaises choses, pour éviter l'amphi- 
bologie. 


4, 5. Saint Augustin, saint Thomas et plusieurs autres Péres remarquent que le 
mot pécheur est mis ici au lieu de péché; en sorte quele sens est : N'encourage point 
par tes aumónes les péchés d'autrui. On peut aussi entendre les expressions donne au 
miséricordieux, donne à celui qui est bon, non de l'aumóne, mais d'un simple bienfait. 
Or, dans ce cas, il vaut mieux donner aux gens de bien qu'aux méchants, surtout 
quand on présume que ces derniers abuseront du bien qu'on pourra leur faire et s'en 
serviront pour le mal, ce qui se trouve assez clairement exprimé dans les versets 
suivants. Ainsi disparait la contradiction que l'on croit apercevoir au premier 
abord entre les maximes de l'auteur et celles de l'Evangile, qui nous ordonne de 
donner à quiconque nous demande, et de faire du bien, méme à nos ennemis. 


4468 
feras, parce que méme le Tres- 
Hautales prévaricateurs enhaine, 
et que sur les impiesil exercera sa 
vengeance. 

8. L'ami ne se connaîtra pas au 
milieu des biens; et l'ennemi ne 
secacherapas au milieu des maux. 

9.Aumilieu des biensd'un hom- 
me ses ennemis sont dans la tris- 
tesse, et dans son malheur, on ἃ 
connu son ami. 

10. Ne te fie jamais à ton enne- 
mi; car comme l'airain qui prend 
la rouille, ainsi est sa méchan- 
ceté ; 

11. Quoique humilié il aille fout 
courbé, applique ton esprit et 
garde-toi de lui. 

19. Ne l'établis pas pres de toi ; 
el qu'il ne s'asseye pas à ta droite, 
de peur que se tournant vers ta 
place, il ne recherche ton siege; 
et qu’à la fin tu ne reconnaisses /a 
vérité de mes paroles, et que par 
mes discours tu ne sois stimulé. 

13. Qui aura pitié d'un enchan- 
teur blessé par un serpent, et de 
tous ceux qui s'approchent des 
bétes sauvages? Or ainsi il en est 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cu. xur.] 


de celui qui s'associe à l'homme 
inique et qui est enveloppé dans 
ses péchés. 

14. Une heureavec toi il demeu- 
rera; mais si tu te détournes, il 
ne persévérera pas. 

15. C'est sur ses lèvres que {on 
ennemi a la douceur, et dans son 
cœur il dresse des embüches pour 
te renverser dans la fosse. 

16. Ton ennemi a les larmes à 
ses yeux, et s'il trouvel'occasion, 
il sera insatiable de ton sang ; 

17. Et siles maux fondent sur 
toi, tu l'y trouveras le premier. 

18. Ton ennemi a les larmes à 
ses yeux, et comme pour le se- 
courir, il te sapera par les pieds. 

19. Il secouera sa téte et battra 
des mains, et, murmurant bien 
des choses, il changera son vi- 
sage. 


CHAPITRE XIII. 


Danger de la société avec les superbes 
et les puissants. Conduite qu'on doit 
tenir à l'égard des grands. S'attacher 
à Dieu. S'unir à ses semblables. Paral- 
lèle du pauvre et du riche. 


1. Celui qui touche de la poix en 


15. Jérém., תא‎ 6. — Cnar. XIII. 1. Supra, vir, 2. 


8. L'ami, etc. Dans la prospérité le véritable ami se distingue difficilement du faux, 
parce que l'un et l'autre se conduisent extérieurement de la méme manière; tandis 
que dans l'adversité le faux ami ne se déguise plus; il se retire, et souvent méme joint 
l'insulte à l'abandon. 

10. Dans ce verset et les deux suivants, l'auteur ne veut pas nous dire de ne point 
pardonner à notre ennemi ou de ne nous point réconcilier avec lui; mais il nous aver- 
tit seulement de nous donner de garde d'un homme qui ne déguise sa haine que pour 
nous tromper, et qui ne se sert de l'union qui existe entre lui et nous, et de notre 
déférence envers lui, que pour s'élever au-dessus de nous, et nous faire tomber 
dans le piège. — Ainsi est sa méchanceté. Elle revient toujours comme la rouille sur 
l'airain. 

11. Quoique humilié, ete.; quand il viendrait à toi en s'humiliant et rampant. — 
Applique ton esprit; sois attentif et vigilant. 

13. Le sens de ce verset paraît être : Aprés l'avertissement’ que tu as reçu de 6 
garder d'un faux ami, si tu t'approches néanmoins volontairement de lui qui est un 
vrai serpent, et si tu t'exposes à ses morsures, tu ne seras plaint de personne. — 
ἘΠῚ y a toujours eu des charmeurs de serpents en Orient. 

15. * Dans la fosse. Image tirée de la fosse qu'on creuse pour y prendre les ani- 
maux sauvages. 


(em. xin.) 


sera souillé ; et celui qui commu- 
nique avec le superbe se revétira 
d'orgueil. 

2. Celui-là lévera un poids 
sur lui, qui se lie avec un plus 
grand que 507. Et d'un plus riche 
que toi, ne sois pas le compa- 
gnon. 

3. Comment s'associera la chau- 
diere avec la marmite? car quand 
elles se heurteront, l’une d'elles 
sera brisée. 

4. Le riche a agi injustemeni, 
et il murmurera; mais le pauvre 
offensé se taira. 

5. Si tu lui donnes, il t'accueil- 
lera; etsi tu n'as rien, il t'aban- 
donnera. 

6. Si tu as quelque chose, il 
vivra avec toi et il t'épuisera, 
et ne se mettra pas en peine de 
toi. 

7. Si tu lui es nécessaire, il te 
supplantera, et, souriant, il te 
donnera des espérances, te ra- 
contant de bonnes choses, et il 
dira : De quoi as-tu besoin? 

8. Et i! te confondra par ses re- 
pas, jusqu'à ce qu'il t'épuise en 
deux ou trois fois; et àla fin, il se 
rira de toi; et puis, Ze voyant, il 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1469 


UVabandonnera, et 11 secouera la 
téte sur toi. 

9. Humilie-toi devant Dieu, et 
attends ses mains. 

10. Prends garde que, séduit 
jusqu à la folie, tu ne sois humilié. 

11. Ne t'humilie pas dans ta sa- 
gesse, de peur qu'humilié tu ne 
sois séduit jusqu'à la folie. 

12. Appelé par un puissant, re- 
tire-Loi; car par ce moyen il t'ap 
pellera beaucoup plus. 

13. Ne sois pas importun, de 
peur que tu n'échoues ; et ne t'en 
éloigne pas £rop, de peur qu'il ne 
t'oublie. 

14. Ne tavise pas de parler 
d'égal à égal avec lui, et ne te fie 
pas à ses nombreuses paroles; 
car par de longs entretiens il te 
tentera, et, souriant, il t'interro- 
gera sur tes secrets. 

15. Son esprit impitoyable con- 
servera tes paroles; et il n'épar- 
gnera pasles mauvaistraitements 
et la prison. 

16. Prends garde à toi, et sois 
bien attentif à ce que tu enten- 
dras, parce que tu marches sur ta 
ruine. 

17. Mais entendant ces choses, 


2. Plus riche; littér. plus honnéte. Dans l'Ecclésiastique, comme dans la Sagesse, 
honestas, honestus, signifient richesse, riche. 

3. L'une d'elles sera brisée. Ces mots sont absolument nécessaires pour compléter 
le sens du verbe sera brisé (confringetur). Ils sont d'ailleurs parfaitement conformes 
au texte grec. — * La chaudiére avec la marmite. L'une est de métal, l'autre de terre, 
et le pot de terre se brise contre le. pot de fer. Nous avons là l'idée de la fable du 
pot de terre et du pot de fer racontée par Esope et par La Fontaine. 

8. Et il le confondra, etc. Le sens de cette première partie du verset parait être : 
Il t'invitera à des festins si magnifiques et si somptueux, que tu en seras confondu; 
et que, l'invitant à ton tour, et voulant le traiter de la méme manière, tu épuiseras 
tes ressources en deux ou trois fois. — Ou. Ainsi lit le texte grec, et c'est trés pro- 
bablement le sens du mot ef de la Vulgate; surtout si l'on considère qu'en hébreu la 
particule correspondante à e£ signifie aussi ou, ou bien. 

9. Ses mains; pour te secourir, ou som secours; signification qu'a quelquefois le 
terme hébreu main. 

10, 11. Jusqu'à la folie; expression qui peut se rapporter également au verbe 
humilier, ou au participe séduit. 

11. Enlendant, etc.; c'est-à-dire quand tu entendras de sa part des paroles bles- 


1470 


vois-les comme dans des songes, 
et tu veilleras. 

18. Toute ta vie, aime Dieu, et 
invoque-le pour ton salut. 

19. Tout animal aime son 
semblable : de méme aussi tout 
homme aime ce qui lui est 
proche. 

20. Toute chair s'unira à celle 
qui lui est semblable, et tout 
homme s'associera à son sem- 
blable. 

21. Sileloup s'allie un jour avec 
l'agneau, ainsi il en sera du pé- 
cheur et du juste. 

22. Quelle communication a un 
saint homme avec un chien? ou 
quelle part ἃ un riche avec un 
pauvre? 

23. La chasse du lion dans le 
désert est lonagre; de méme 
aussi la pâture des riches sont les 
pauvres. 

24. Et comme c'est une abomi- 
nation pour le superbe que l'hu- 
milité, demémeaussil'exécration 
du riche est le pauvre. 

25. Le riche ébranlé est raffer- 


22. II Cor., νι, 14. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cu. xui.) 
mi par ses amis; mais l'humble, 
lorsqu'il tombera, sera repoussé 
méme par ses familiers. 

26. Pour le riche trompé il y a 
beaucoup de récupérateurs : 8 
parlé avec hauteur et on l'a jus- 
tifié. 

27. L'humble a été trompé, et 
on l'accuse encore; il a parlé sen- 
sément, et 11 ne lui en a pas été 
tenu compte. 

28. Le riche a parlé, et tous se 
sont tus, et tous éléveront sa pa- 
role jusqu'aux nues. 

20, Le pauvre a parlé, et ils 
disent : Qui est celui-ci? et s'il 
fait un faux pas, ils le renverse- 
ront. 

30. Les richesses sont bonnes à 
celui qui n'a pas de péché dans la 
conscience ; et tres mauvaises est 
la pauvreté dans la bouche de 
l'impie. 

31. Le cœur de l'homme change 
sa face, soit en bien, soit en mal. 

32. La marque d'un bon cœur et 
une bonne face, tu la trouveras 
difficilement et avec peine. 


santes, regarde-les comme ayant été dites en songe, et prends garde de ne point le 
contredire. 

22. Avec un chien. Le chien était un animal impur chez les Hébreux (Lévit., xt, 26; 
Deutéron., xxurz, 18). Tout Israélite, fidèle observateur de la loi, évitait soigneusement 
de toucher cet animal. Le chien se prend aussi dans l'Ecriture pour un homme im- 
pur, un cynique. Compar. Matth., vi, 6; xv, 26; Apocal., xxir, 15. 

23. * L'onagre, âne sauvage. Voir Job, xxxix, 5-8. 

25, 21. L'humble (humilis); c'est aussi le sens du texte grec; mais on peut entendre 
ce terme d'un homme qui est dans une humble, une basse position; quelques-uns le 
rendent par pauvre. Remarquons que le mot humble, comme nous venons de l'expli- 
quer, n'exclut pas l'idée de pauvreté. Compar. Prov., xix, 4, 1; Jacques, τι, 6. 

26. Récupérateurs (recuperalores) ; c'est-à-dire, selon 16 texte grec, aides, auxiliaires, 
défenseurs. : 

30. Les richesses, etc. L'écrivain sacré prouve par ce verset qu'il ne condamne pas 
généralement toutes les richesses, et qu'il n'approuve pas non plus universellement 
ceux qui sont pauvres; puisqu'il y ἃ des riches qui sont des gens de bien, et des 
pauvres méchants, dont la pauvreté n'est ni louable ni méritoire, parce qu'elle est 
forcée et en méme temps accompagnée d'impatiences et de murmures. 


(cu. xiv.] 


CHAPITRE XIV. 


Bonheur de celui qui ne péche pas par 
la langue. Malheur de l'avare. Se sou- 
venir de la mort. Faire un bon usage 
de ses biens. Fragilité de la vie. 
Bonheur de celui qui s'applique à re- 
chercher la sagesse. 


4. Bienheureux l'homme qui 
n'est pas tombé par les paroles 
de sa bouche, et qui n'est pas 
tourmenté par le remords du 
péché! 

2. Heureux celui qui na pas 
éprouvé la tristesse de son àme, 
et qui n'est pas déchu de son es- 
pérance ! 

3. À l'homme cupide et tenace 
inutile est la richesse ; età l'hom- 
me envieux que sert l'or? 

4. Celui qui amasseinjustement 
des richesses au préjudice de son 
âme, lesrassemble pour d'autres; 
et avec ses biens un autre se li- 
vrera à la débauche. 

9. Celui qui est mauvais à lui- 
méme, à quel autre sera-t-il bon? 
et il n'aura pas d'agrément dans 
ses biens. 

6. Celui qui s'envie lui-méme, 
rien n'est pire que lui, et c'est là 
la peine de sa malice ; 

1. Et s'il fait du bien, c'est par 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 1471 
| ignorance et ne le voulant pas, 


qu'il le fait; et àla finil manifeste 
sa malice. 

8. L'envieux a l'eil méchant ; 
il détourne sa face et méprise son 
âme. 

9. Insatiable est l’œil du cupide 
en fait d'iniquité; et il ne sera 
pas satisfait, tant qu'il n'aura pas 
desséché et consumé son âme. 

10. L'eil mauvais {end aux 
choses mauvaises; et il ne se 
rassasiera pas de pain; mais il 
sera affamé et dans la tristesse à 
sa propre table. 

11. Mon fils, si tu as quelque 
chose, fais-Ven du bienàtoi-méme, 
et à Dieu offre de dignes obla- 
tions. 

12. Souviens-toi que la mort ne 
tarde point, et que le testament 
des enfers t'a été montré ; car le 
testament de ce monde est qu'il 
mourra de mort. 

18. Avant la mort, fais du bien 
à ton ami, et, selon tes facultés, 
tendant la main, donne au pau- 
vre. 

14. Ne te prive pas d'un jour 
avantageux, et que la snple par- 
celle d'un précieux don ne t'é- 
chappe point. 

15. N'est-ce pas à d'autres que 


CnaP. XIV. 1. Infra, xix, 11. — 18. Tobic, 1v, 7; Supra, 1v, 1; Luc, xvi, 9. 


6. Qui s'envie lui- méme; qui se porte envie à lui-même, en se refusant le néces- 
saire. — C'est là la peine, etc.; c'est-à-dire cette disposition méme est la peine, etc. 
10. L'ail mauvais ; œil de l'avare. — Aux mauvaises choses; telles que les usures 


et les autres acquisitions injustes. 


12. Le testament des enfers; c'est-à-dire l'arrét touchant l'autre vie, l'autre monde. 
— Le testament de ce monde, etc.; l'arrét porté contre le monde présent est qu'il 
mourra sans rémission, inévitablement; car tel est le sens de l'hébraisme, 11 mourra 


de mort, conservé dans la Vulgate. 


14. D'un jour avantageux (a die bono); expression qui, d'après ce qui précède et 
ce qui suit, semble signifier le jour oü l'on a les moyens et l'occasion de faire du 
bien au prochain; comme ces autres mots précieux don, peuvent naturellement s'en- 
tendre des moyens mémes et de l'occasion de faire du bien. 

15. Dans le partage du sort; c'est-à-dire qu'ils partageront entre eux par le sort, 


AATR 


tu laisseras /e fruit de tes peines 
et de tes travaux, dans le partage 
du sort? 

16. Donne et reçois, et justifie 
ton âme. 

17. Avant ta mort pratique la 
justice ; car ce n'est pas aux en- 
fers que tu trouveras la nourri- 
ture. 

18. Toute chair comme l'herbe 
vieillira, et comme la feuille qui 
croit sur un arbre vert. 

19. Les unes naissent et les au- 
tres sont renversées ; ainsi sont 
les générations de chair et de 
sang ; l'une finit et l'autre nait. 

90. Toute œuvre corruptible à 
la fin disparaîtra ; et celui qui l'a 
faite ira avec elle. 

91. Et toute œuvre excellente 
sera justifiée; et celui qui l’a faite 
sera honoré par elle. 

22. Bienheureux l'homme qui 
demeurera dans la sagesse, et qui 
méditera sur sa justice, et en soz 
esprit pensera au regard exami- 
nateur de Dieu; 

93. Qui recherche ses voies en 
son propre cœur, et qui pénètre 
dans ses secrets, allant après elle 
comme un investigateur, et s'ar- 
rétant dans ses voies; 

24. Quiregarde par ses fenêtres, 
et à sa porte écoute; 

95. Qui se repose auprès de sa 
maison, et qui dans ses murailles 
enfoncant un pieu établira sa ca- 
bane à ses 601068 ; et ses biens se 
conserveront dans sa cabane à 
jamais; 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


(cu. xv.] 


26. Il établira ses fils sous son 
couvert, et demeurera sous ses 
branches; 

97. ll sera protégé sous son 
couvert contre la chaleur, et il se 
reposera dans sa gloire. 


CHAPITRE XV. 


Celui qui recherche la sagesse la trouvera. 
Dieu n'est pas auteur du péché. Il a 
laissé à l'homme le choix du bien et du 
mal. 


1. Celui qui craint Dieu fera le 
bien, et celui qui garde la justice 
possédera la sagesse ; 

2. Et elle viendra au-devant de 
lui comme une mere 100160 ; et 
comme une épouse vierge, elle le 
recevra. 

3. Elle le nourrira du pain de 
vie et d'intelligence, et elle l'a- 
breuvera de leau de la sagesse 
qui donne le salut; et elle s'af- 
fermira en lui, et il ne fléchira 
pas; 

4. Et elle le maintiendra, et il 
ne sera pas confondu ; et elle l'é- 
lèvera parmi ses proches; 

5. Et au milieu de l'assemblée 
elle ouvrira sa bouche, et elle le 
remplira de l'esprit de sagesse et 
d'intelligence, et elle le couvrira 
d'une robe de gloire. 

6. Elle amassera un trésor de 
joie et d'exultation sur lui, et 
elle le fera héritier d'un nom 
éternel. 

7. Les hommes insensés ne la 
saisiront pas, et les hommes sen- 
sés iront à sa rencontre; les 


18. Is., x, 6; Jac., 1, 10; I Pierre, 1, 24. — 22. Ps. τ, 2. — (παρ, XV. 3. Jean, 1v, 10. 


M — M ——‏ וו ה 


22. Méditera; ou s'exercera à pratiquer. Compar. Ps. xxxiv, 28. 


9. Epouse vierge ; littér. épouse de virginité (mulier a virginitate, ou, selon le texte 
grec, virginilalis). — Elle le recevra, comme une épouse vierge reçoit son époux. 


[cn. xvr.] 


hommes insensés ne la verront 
pas, car elle est loin de l'orgueil 
et de la tromperie. 

8. Les hommes menteurs ne 
se souviendront pas d'elle; mais 
les hommes véridiques se trou- 
veront avec elle, et marcheront 
heureusement jusqu'à la vue de 
Dieu. 

9. La louange n'est pas belle 
dans la bouche du pécheur; 

10. Parce que de Dieu vient la 
sagesse; car lalouange de Dieu 
accompagnera la sagesse, et dans 
une bouche fidele elle abondera, 
et le dominateur la lui donnera. 

41. Ne dis pas : C'est par Dieu 
qu'elle est loin de moi, car ne fais 
pas ce qu'il hait. 

19. Ne dis pas : C'est lui qui 
m'a trompé; car les hommes 
impies ne lui sont pas néces- 
saires. 

13. Le Seigneur hait toute er- 
reur exécrable, et elle ne sera 
pas aimable à ceux qui le crai- 
gnent. 

14. Dieu, deslecommencement, 
a créé l'homme, et il l'a laissé 
dans la main de son propre con- 
seil. 

15. Il /ui a donné de plus ses 
commandements et ses pré- 
ceptes. 

16. Si tu veux garder les com- 
mandements de Dieu et mettre 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1473 


toujours en pratique la foi qui 
lui est agréable, ils te conserve- 
ront. 

11. ll ἃ mis devant toi l'eau et 
le feu : étends vers ce quetu vou- 
dras la main. 

18. Devant l'homme sont la vie 
et la mort, le bien et le mal : ce 
qui lui plairalui sera donné; 

19. Parce que grande est la sa- 
gesse de Dieu; et il est fort en 
puissance, et il voit tous les 407- 
mes sans cesse. 

20. Les yeux du Seigneur sont 
sur ceux qui le craignent, et lui- 
méme connnait toute ceuvre de 
l'homme. 

21. A personne il n'acommandé 
d'agir d'une maniere injuste, et à 
personne il n'a donné la permis- 
sion de pécher ; 

22. Car il ne désire pas une 
multitude de fils infideles et inu- 
tiles. 


CHAPITRE XVI. 


Ne pas se réjouir d'avoir beaucoup d'en- 
fants, s'ils sont impies. Dieu extermine 
les méchants. Il récompense les bons. 
Il voit le fond des cœurs. Ses voies 
sont impénétrables, ses jugements ter- 
ribles, sa puissance infinie. 


1. Ne te réjouis pas en des 
fils impies, s'ils se mutiplient; et 
ne mets pas ton bonheur en eux, 
s'ils n'ont pas la crainte de Dieu. 

2. Ne te confie pas en leur vie, 


16. Matt., xix, 17. — 18. Jérém., xxi, 8. — 20. Ps. xxxur, 16; Hébr., ιν, 13. 


9. La louange n'est pas, etc. Compar. Ps. xuix, 16, 17. 

11. Ne dis pas, etc. Si la sagesse est loin de l'insensé, la faute n'en est pas à Dieu, 
mais à l'insensé lui-méme qui, en faisant ce que Dieu hait, la tient éloignée de lui. 

12. Ne dis pas : C'est lui qui m'a trompé; ce qui serait un horrible blasphème; car 
quel motif aurait pu l'obliger à tromper? A-t-il besoin des hommes impies? Quel 
profit, quelle gloire, quelle satisfaction peut-il en tirer? 

43. Erreur exécrable; littér. et par hébraisme, exécration d'erreur. 

21. A personne, etc. Compar. les vers. 11, 12. 


2. Ne te confie, etc.; c'est-à-dire ne compte ni sur leur vie, ni sur le fruit de leurs 


A. T. 


V3 


1474 


et sur leurs travaux ne porte pas 
tes regards. 

3. Car vaut mieux un seul en- 
fant craignant Dieu que mille fils 
impies. 

4. Et 11 est plus utile de mourir 
sans fils que de laisser des fils 
impies. 

ὃ. Un seul homme sensé fera 
habiter la patrie entière, et une 
tribu d'impies deviendra déserte. 

6. Mon œil a vu beaucoup de 
choses semblables, et mon oreille 
en à entendu de plus fortes en- 
core. 

7. Dans l'assemblée des mé- 
chants s'allumera un feu, et dans 
une nation incrédule s'enflam- 
mera la colere. 

8. Ils n'ont pas prié instamment 
pour leurs péchés, les anciens 
géants qui ont été détruits, se 
confiant en leur force ; 

9. Et Dieu n'a pas épargné le 
lieu où Lot habitait comme étran- 


x 


ger, et il les a exécrés à cause 


L'ECCLÉSIASTIQUE 


(cu. xvr.] 
de la fierté de leurs discours. 

10. Il n'a pas eu pitié d'eux, 
perdant une nation entiere qui 
s'élevait d'orgueil dans ses pé- 
chés. 

11. Et il fut ainsi des six cent 
mille hommes de pied qui se ras- 
semblèrent dans la dureté deleur 
ceur;et s'il n'y avait eu qu'un 
seul rebelle, il serait étonnant 
qu'il eüt été exempt de punition; 

19. Car la miséricorde et la 
colère sont avec lui ; il peut être 
fléchi, mais il répand aussi sa co- 
lere. 

43. Comme sa miséricorde, 
ainsi sont ses chátiments; il juge 
l'homme selon ses œuvres. 

14. Le pécheur n'échappera pas 
dans ses rapines, et l'attente de 
celui qui fait miséricorde ne sera 
pas différée ; 

15. Toute miséricorde fera une 
place à chacun selon le mérite de 
ses œuvres, et selon l'intelligence 
de son pèlerinage. 


XVI. 7. Infra, xxr, 10. — 8. Genèse, vi, 4. — 11. Nomb., xiv, 23, 24; xxvi, 51.‏ .פאז 


— 15. Rom., 11, 6. 


travaux pour y trouver un soulagement dans ta vieillesse; car quelque jeunes, 
quelque robustes qu'ils soient, une mort imprévue et soudaine peut les frapper à 
chaque instant. 

9. Un seul homme sensé. Voy., comme exemple de ce qui est dit dans ce verset et 
les suiv., Genèse, xut, 16; Juges, 1x, 5; IV Rois, x, 1. 

1. * Un feu. Ce feu doit désigner la guerre et tous les maux que produit la dis- 
corde. Il peut y avoir aussi dans ce verset une allusion au feu qui consuma les com- 
plices de Coré, Dathan et Abiron, Nombres, xvi, 35. 

8. Les anciens géants, etc. Voy. Genèse, νι, 4 et suiv. 

9. Dieu n'a pas épargné, etc. Voy. Genèse, xix, 24. — A cause de la fierté, etc.; à 
cause de leur insolence. On le voit en effet par le verset suivant, oü il est dit que les 
habitants de Sodome se faisaient une gloire de leurs crimes. 

10. * Une nation entiére; tous les habitauts de Sodome et des quatre autres villes 
de la Pentapole. 

11. Ces six cent mille hommes de pied sont les Israélites qui, du temps de Moïse, 
irritérent Dieu dans le désert, et y furent exterminés. Voy. Nombr.,1, 46. — S'il n'y 
avait eu, etc.; c'est-à-dire si Dieu n'a pas épargné une si grande multitude, il par- 
donnerait bien moins un seul individu qui se rendrait coupable de la méme rébellion. 

14. Qui fait miséricorde; signifie, dans le langage de l'Ecriture, qui assiste les 
malheureux, qui fait du bien aux pauvres. 

13. Selon l'intelligence de son pélerinage; c'est-à-dire, selon la Sagesse, avec laquelle 
il aura vécu comme étranger sur Ja terre. 


[cH. xvi.] 


46. Ne dis pas : Je me cacherai 
à Dieu ; et du haut du ciel qui se 
souviendra de moi? 

11. Au milieu d'un grand peu- 
ple, je ne serai pas reconnu ; car 
qu'est mon àme dans une telle 
immensité de créatures ? 

18. Voilà que le ciel etles cieux 
des cieux, labime et toute la 
terre, et ce qui esten eux s'ébran- 
leront à sa présence; 

19. En un méme temps, les 
montagnes, et les collines, et les 
fondements de la terre, lorsque 
Dieu les regardera, s'agiteront 
dans l'effroi. 

90. Et, parmi toutes ces choses, 
le cœur de l’homme est insensé ; 
et cependant tout cœur est com- 
pris par lui. 

21. Et ses voies, qui les com- 
prend, ainsi que la tempéte, que 
l'œil de l'homme ne verra pas? 

99. Car le plus grand nombre 
de ses œuvres sont cachées; et 
les ceuvres de sa justice, qui les 
racontera, ou qui les soutiendra? 
Car le testament est loin de quel- 
ques-uns, et linterrogatoire de 
tous est pour la consommation 
des jours. 

23. Celui dont le cœur est 
amoindri pense à des choses vai- 
nes; et l'homme imprudent et 
égaré pense à des folies. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1475 

24. Ecoute-moi, mon fils, et 
apprends la discipline de l'esprit, 
et à mes paroles sois attentif en 
ton cœur; 

25. Et je te dirai avec équité la 
discipline; et je chercherai à t'ex- 
pliquer la sagesse; et à mes pa- 
roles sos attentif en ton cœur, 
car je dis dans l'équité de mon 
esprit les miracles que Dieu a 
faits dans ses ouvrages des le 
commencement, et c'est dans la 
vérité que j'énonce la science de 
Dieu. 

26. C'est par un jugement de 
Dieu queses ouvrages ezistent des 
le commencement, et des leur 
création il en a distingué les par- 
ties et les principes dans leurs 
généralions. 

27. Il a réglé pour toujours 
leurs fenctions, et ils n'ont pas 
éprouvé de privation, et ils ne se 
sont pas fatigués et n'ont pas cessé 
d'agir. 

28. L'un d'eux ne pressera ja- 
mais un autre. 

29. Ne sois pas incrédule à sa 
parole. 

30. Aprés cela, Dieu a porté ses 
regards sur la terre, et l'a remplie 
de ses biens. 

31. L'àme de tout ce qui a vie 
sur sa face l'a montré, et c'est 
vers elle que sera leur retour. 


11. Dans une telle, etc.; ou dans une si immense créalion; car dans la Vulgate le 
mot créature se prend quelquefois pour création. Au reste ces deux sens reviennent 


au méme, 


21. Ne verra pas parfaitement, il n'en comprendra pas la cause. 

22. Le testament signifie ici, ou la loi de Dieu, ou l'arrét, la sentence que Dieu 
doit prononcer contre nous. — La consommation des jours; le moment de la mort. 

24, 25. La discipline; l'instruction, la science. Voy. Prov., 1, 2. 

25. Avec équité; expression synonyme de dans la vérité, qu'on lit dans ce même 


verset. 


31. Leur retour (reversio illorum). Le pronom se rapportant à l'antécédant tou/ ce 
qui a vie, qui est un collectif, l'auteur dela Vulgate a pu le mettre au piuriel; ce qu'a 


fait d'ailleurs celui du texte grec. 


1476 


CHAPITRE XVII. 


Création de l'homme; prérogatives que 
Dieu lui a données. Faveurs que Dieu 
a faites aux Israélites. Bontés de Dieu 
envers les pécheurs pénitents. Exhor- 
tation à la pénitence. 


1. Dieu a créé de la terre l'hom- 
me; et c'est à son image qu'il l'a 
fait. 

2. Et il l'a fait retourner dans 
la terre, et il l'a revêtu de force 
selon sa nature. 

3. Il lui a donné un nombre de 
jours et un temps, et il lui a donné 
l'empire de ce qui est surla terre. 

4. ll a mis sa crainte en toute 
chair, et il a établi sa domination 
sur les bétes sauvages et les vo- 
latiles. 

5. ll a créé de sa substance un 
aide semblable à lui ; et il leur a 
donné le conseil, et une langue, 
et des yeux et des oreilles, et il 
leur a donné un cœur pour pen- 
ser; et il les a remplis du savoir 
de l'intelligence. 

6. Il a créé en eux la science de 
l'esprit; il a rempli leur cœur de 
sens, et il leur a montré les biens 
et les maux. 

7. ll a posé son œil sur leurs 


Cuar. XVII. 1. Genèse, 1, 27; v, 1. — 5. Genèse, rr, 18. — 14. Rom., 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


(cu. x vir.] 


cours, pour leur montrer les 
grandeurs de ses ceuvres ; 

8. Afin qu'ilslouassent son nom 
saint pour le glorifier dans ses 
merveilles, afin de raconter les 
grandeurs de ses œuvres. 

9. Et il leur a donné encore la 
science et il les a fait hériter 
d'une loi de vie. 

10. 11 a établi avec eux une al- 
liance éternelle, et il leur a appris 
sa justice et ses jugements. 

11. Et leur œil a vu les gran- 
deurs de sa gloire, et leurs oreil- 
les ont entendu la majesté de sa 
voix, et il leur a dit : Gardez-vous 
de toute iniquité. 

19. Et il a ordonné à chacun 
d'eux de veiller sur son prochain. 

13. Leurs voies sont devant lui 
toujours, elles ne sont point ca- 
chées à ses yeux. 

14. Sur chaque nation il à pré- 
posé un chef, 

18. Et le partage de Dieu, Is- 
raël l'est devenu manifestement. 

16. Et toutes leurs œuvres sont 
comme le soleil en présence de 
Dieu, et ses yeux sans cesse con- 
sidèrent leurs voies. 

17. Ses alliances n'ont pas été 
cachées par leur iniquité ; et tou- 


xm de 


2. Et il l'a vevétu, etc. Ces paroles trouvent leur explication dans les versets sui- 
vants. 

1. Pour leur montrer ; ou afin de leur montrer; le texte dit simplement: Leur mon- 
trer (ostendere illis); c'est un hébraisme qui a passé dans la Vulgate aussi bien que 
dans les Septante. 

8. Nom saint; littér. nom de sanclification ou de sainteté, qui est la signification 
première du terme hébreu, que représente probablement ici Sunctification: — Pour 
se glorifier (littér. se glorifier. Voy. sur cet infinitif la note précédente), etc. Les 
hommes, comme le remarque judicieusement Ménochius, peuvent se glorifier vis- 
à-vis des fidèles et des infidèles à cause des bienfaits divins qu'ils ont reçus. Compar, 
vers. 8. 

14, 15. L'auteur fait visiblement allusion à un passage du Deuléronome (xxxi, 8, 9), 
où il est parlé de la division des peuples, et des Israélites en particulier, comme 
ayant été choisis de Dieu 5 être la part de son héritage. 

11, Ses alliances, etc.; c'est-à-dire que les promesses que Dieu à faites aux Israé- 


[cH. xvu.] 


tes leurs iniquités ont été en pré- 
sence de Dieu. 

18. L'aumóne de l'homme est 
comme un sceau pour lui, et le 
bienfait de l'homme, il le con- 
servera comme la prunelle de 
l'œil; 

19. Et enfin il s'élèvera et il 
leur rendra rétribution à chacun 
sursa téte, et il les fera retour- 
ner dans les parties intérieures de 
la terre. 

20. Mais aux pénitents il a ou- 
vert la voie de la justice, et il a 
fermement soutenu les défail- 
lants, etil leur a destiné la vérité 
en partage. 

91. Convertis-toi au Seigneur, 
et quitte tes péchés ; 

22. Prie devant la face du Sei- 
gneur, et diminue les pierres 
d'achoppement. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 1477 


23. Reviens au Seigneur, et 
détourne-toi de l'injustice, et hais 
extrémement  lexécration de 
Dieu; 

24. Et connais la justice et les 
jugements de Dieu; et tiens-toi 
ferme dans le sort de £a destina- 
üon, et en état de prier le Tres- 
Haut. 

25. Entre en partage du siecle 
saint avec ceux qui vivent et qui 
rendent gloire à Dieu. 

26. Ne demeure pas dans l'er- 
reur des impies, avant la mort 
loue Dieu. Lorsqu'elle vient d'un 
mort qui est comme rien, la 
louange est perdue. 

27. Tu glorifieras Dieu pendant 
que tu vivras ; vivant et en santé 
tu le glorifieras, et tu loueras Dieu, 
et tu te glorifieras dans ses misé- 
ricordes. 


18. Infra, xxix, 16. — 19. Matt., xxv, 35. — 25. Ps. vi, 6; Is., xxxvii, 19. 


lites n'ont pas été annulées par leurs iniquités : quoiqu'il les ait parfaitement con- 
nues, il a maintenu fidèlement son alliance avec eux. Compar. Rom., 1n, 3, 4. 

18. Comme un sceau pour lui. Le sceau à toujours été considéré chez les Hébreux 
comme une chose précieuse et chère. Compar. Deutér., xxxu, 34; Cant., vmm, 6. On 
sait d'ailleurs que les Orientaux veillent avec le plus grand soin sur leurs sceaux, à 
cause de l'abus qu'on pourrait en faire, s'ils venaient à tomber en des mains étran- 


gères. 


18. Ce verset, selon que le dit le traducteur espagnol Scio, doit être considéré 
comme une parenthèse ; autrement, en effet, le précédent parait incomplet, et le sui- 


vant devient inexplicable. 


19. Il s'élévera, rendra, fera. Le sujet de ces verbes est Dieu, nommé au vers. 17. 
— Il leur rendra rétribution; littér. Il lui rélribuera rétribution; c'est-à-dire qu'il 
leur donnera avec une exactitude rigoureuse ce qu'ils ont mérité, Voy. sur cet hé- 
braisme, pag. 342, 2e. — Leurs, les; pronoms qui se rapportent aux hommes iniques 
mentionnés au vers. 11. — Les parties inférieures de la terre; expression qui désigne 


trés probablement les enfers. 


20. Il a ouvert; littér. id a donné ou posé, mis, établi, vraie signification du terme 
hébreu que la Vulgate traduit ordinairement par donner. — Il a fermement soutenu; 
littér. : Il a affermi de soutenir. Voy. sur cet hébraisme, pag. 342, 20. 

24. De prier le Trés-Haut; littér. de la prière du Trés-Haut; génitif qui, dans la 
version latine, est, comme le précédent destination (propositionis), régi par le mot 


sort. 


26. Lorsqu'elle vient, etc.; c'est-à-dire que l'homme mort, étant comme s'il n'était 
pas, ne peut plus louer Dieu d'une maniere méritoire et utile; et personne ne pourra 
le louer dans la vie future, à moins qu'il pe l'ait fait, pendant sa vie, dans celle-ci. 
Compar. Ps. vr, 5; Isaie, xxxvii, 18, 19; Baruch, 11, 11. 

21. Et lu te glorifieras dans ses miséricordes. Voy. vers, 8. 


1178 


98. Combien grande est la mi- 
séricorde du Seigneur, et sa pro- 
pitialion pour ceux qui se conver- 
tissent à lui! 

29. Car toutes choses ne peu- 
vent étre dansles hommes, parce 
que le fils de l'homme n'est pas 
immortel, et qu'ils se sont complu 
dans la vanité de la malice. 

30. Quoi de plus lumineux que 
le soleil? cependant lui-méme 
défaudra. Ou quoi de plus mau- 
vais que cequ'ontimaginé la chair 
et le sang? mais cela sera con- 
damné. 

31. Lui-méme contemple l'ar- 
mée du ciel élevé ; mais tous les 
hommes sont terre et cendre. 


CHAPITRE XVIII. 


Grandeur de Dieu. Faiblesse de l'homme. 
Patience et miséricorde de Dieu. Faire 
laumóne avec joie. Prévenir les maux. 
Résister à ses passions. 


1. Celui qui vit éternellement 
a créé toutes choses ensemble ; 
Dieu seul sera justifié ; et, roi in- 
vincible, il subsiste à jamais. 

2. Qui peut suffire à raconter 
ses œuvres ? 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cg. xvur.) 


3. Car qui sondera ses mer- 
veilles ? 

4. Et la puissance de sa gran- 
deur, qui l'énoncera? ou qui en- 
treprendra d'expliquer sa miséri- 
corde ? 

5. ll n'y a pas à diminuer ni à 
ajouter, ni à découvrir aux mer- 
veilles de Dieu. 

6. Lorsque l'homme aura fini, 
c'est alors qu'il commencera ; et 
lorsqu'il se sera arrêté, il se trou- 
vera dans la perplexité. 

7. Qu'est-ce qu'un homme et 
qu'est sa faveur? et quel bien ou 
quel mal vient de lui? 

8. Le nombre des jours des 
hommes, au plus, est de cent 
ans : comme une goutte d'eau de 
la mer ils ont été estimés; et 
comme est un grain de sable, 
ainsi sera ce peu d'années au jour 
de l'éternité. 

9. A cause de cela le Seigneur 
est patient envers les hommes, 
et il répand sur eux sa miséri- 
corde. 

10. Il a vu que la présomption 
de leur cœur est mauvaise, et ila 
connu que leur fin est mauvaise. 


XVIII. 1. Genèse, r, 1. — 8. Ps. rxxxix, 10.‏ .פאס 


29. Le fils de l'homme ; hébraisme pour l'homme. — La vanité de la malice ; c'est- 


à-dire une vaine malice. 


30. Ce qu'a imaginé, etc.; c'est-à-dire les pensées, les inventions de la chair et du 


sang. 


31. Lui-méme; le soleil. — L'armée du ciel élevé : ce sont les divers astres; littér. 
la vertu de la hauteur du ciel. Comme nous l'avons déjà remarqué, le mot armée, 
dans l'Ecriture, s'exprime souvent par vertu (virtus). 


1. Ensemble; c'est-à-dire généralement, sans aucune exception, ou, selon d'autres, 
en méme temps, dans le méme moment; mais la première explication nous parait 
plus probable. Le simul de la Vulgate a ici le méme sens que dans le Ps. xut, 3; 
הנוא‎ 2, 10. — Sera justifié; sera trouvé juste, reconnu pour juste. 

6. Aura fini de chercher à découvrir les merveilles (vers. 5). — I/ commencera; ce 
sera comme s'il ne faisait que de commencer. — Se sera arrêté dans ses recherches, 

7. L'auteur veut dire ici que l'homme ne peut étre ni utile ni nuisible à Dieu. 

10. Que leur fin est mauvaise. Le mot subversio de la Vulgate signifiant ordinaire- 
ment renversement, ruine, destruction, nous avons cru devoir le rendre par fin, c'est- 
à-dire mort; d'autant plus que les Septante présentent le méme sens. 


[cu. [.זזוטצ‎ 


11. Pour cela il a accompli sa 
propitiation en eux, et il leur a 
montré la voie de l'équité. 

19. La commisération d'un 
homme est pour son prochain, 
mais la miséricorde de Dieu est 
sur toute chair. 

13. Dieu qui ἃ de la miséri- 
corde enseigne et corrige les 
hommes, comme un pasteur son 
troupeau. 

14. Il a pitié de celui qui recoit 
l'instruction de sa miséricorde, et 
qui se hâte de se soumettre à ses 
jugements. 

15. Mon fils, dans les bienfaits 
ne mets pas de reproche, et dans 
aucun don ne mets la tristesse 
d'une parole mauvaise. 

16. N'est-ce pas que la rosée 
refroidira une chaleur brülante? 
ainsi une parole est meilleure 
qu'un don. 

17. N'est-ce pas, par exemple, 
qu'une parole est au-dessus d'un 
don avantageux? mais l'une et 
l'autre se trouvent dans un hom- 
me reconnu pour juste. 

18. Uninsensé avec aigreur fera 
des reproches ; et le don d'un in- 
discret dessèche les yeux. 

19. Avant de juger, acquiers 
la justice; et avant de parler, ap- 
prends. 

20. Avant la maladie, emploie 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1479 


le remède; et avant le juge- 
ment, interroge-toi toi-méme, et 
devant Dieu tu trouveras propi- 
tiation. 

91. Avant la maladie, humilie- 
toi, et au temps de l’infirmité 
montre ta conduite. 

22. Que rien ne t'empéche de 
prier toujours; et ne crains pas 
de devenir, jusqu'à la mort, de 
plus en plus juste, parce que la 
récompense de Dieu demeure 
éternellement. 

23. Avant la prière, prépare ton 
âme, et ne sois pas comme un 
homme qui tente Dieu. 

24. Souviens-toi de : colère au 
jour de la consommation, et du 
temps de la rétribution, lorsqu'il 
détournera sa face. 

25. Souviens-toi de la pauvreté 
au jour de l’abondance, et des 
nécessités de la pauvreté au jour 
des richesses. 

26. Du matin au soir le temps 
sera changé, et toutes ces choses 
sont rapides aux yeux de Dieu. 

27. Un homme sage craindra 
en toutes choses, et dans les 
jours des péchés il se gardera de 
l'inertie. 

28. Tout /iomme habile recon- 
nait la sagesse, et il rendra hom- 
mage à celui qui l'a trouvée. 

29. Les hommes sensés en pa- 


20. I Cor., ΧΙ, 28. — 22. Luc, xvi, 1; 1 Thess., v, 17. — 24. Supra, vir, 18. — 25. Supra, 


XI, 21. 


15. Ne mets la tristesse. Nous rappellerons que la Vulgate traduit souvent par 
donner (dare), le verbe hébreu qui signifie proprement poser, mettre. — Mauvaise; 
c'est-à-dire dure, affligeante. 

18. Desséche les yeuz; fait de la peine. 

24. Du jour de la consommation ; c'est-à-dire du jour dernier. — Du temps; second 
complément du verbe souviens-toi (memento). 1] devrait être regulièrement au génitif 
comme le premier de la colère (irz); mais il est à l'accusatif (lempus) dans la Vulgate 
et dans les Septante. La Bible, comme nous l'avons déjà remarqué, fournit plus d'un 
exemple de ce genre d'anomalie. — Lorsqu'il détournera sa face des impies. C'est 
le vrai sens de in conversatione faciei expliqué par le grec. 


1480 
roles ont aussi agi avec sagesse, 
et ils ont compris la vérité et la 
justice; etils ont répandu, comme 
une pluie, des paraboles et des 
sentences. 

30. Ne va pas à la suite de tes 
désirs, et détourne-toi de ta vo- 
lonté. 

31. Si tu accordes à ton âme ses 
désirs, elle te rendra la joie de 
tes ennemis. 

32. Ne te plais point dans les 
foules, pas méme dans les moins 
nombreuses; car les conflits y 
sont continuels. 

33. Ne t'appauvris point par 
l'usure pour ta cote dans les fes- 
tins, quand tu n'as rien dans £a 
bourse; car tu seras qns? en- 
vieux de ta propre vie. 


CHAPITRE XIX. 


Maux que causent le vin et les femmes. 
Taire les défauts d'autrui. Avertir son 
ami du mal qu'on dit de lui. Vraie et 
fausse sagesse. 


1. L'ouvrier adonné au vin ne | 


. S'enrichira pas ; et celui qui mé- 
prise les petites choses tombera 
peu à peu. 

9. Le vin et les femmes font 
apostasier des sages, et accuse- 
ront des homes sensés ; 

8. Celui qui se joint aux prosli- 
tuées sera un méchant : la pour- 


L'ECCLESIASTIQUE. 


[ca XXX a] 


riture et les vers l'hériteront, et 
il deviendra un grand exemple, 
et son àme sera retranchée du 
nombre des vivants. 

4. Celui qui croit promptement 
est léger de cœur, et il en sera 
amoindri; et celui qui peche con- 
ire son âme sera vu avec mépris. 

9. Celui qui se réjouit de l'ini- 
quité sera noté d'infamie ; et celui 
qui hait la réprimande en vivra 
moins, et celui qui hait la loqua- 
cité éteint le mal. 

6. Celui qui peche contre son 
âme s'en repentira, et celui qui 
met sa joie dans la malice sera 
noté d'infamie. 

1. Ne rapporte point une parole 
méchante et dure, et tu ne seras 
pas amoindri. 

8. A ton ami et à ton ennemi, 
ne raconte pas tes pensées; et 
s’il y a péché en toi, ne le dé- 
couvre point; 

9. Car il t'écoutera, et il ''obser- 
vera; et feignant d'excuser ton 
péché, il te haira, et sera toujours 
auprès de toi. 

10. As-tu entendu une parole 
contre ton prochain? qu'elle meu- 
re en toi, bien sür qu'elle ne te 
déchirera pas. | 

11. Pour une parole 00/00 11η- 
sensé éprouve les douleurs de 
l'enfantement, comme gémit une 


30. Rom., vr, 12; xir, 13, 14. — (ΒΑΡ. XIX. 2. Genèse, xix, 33; 111 Rois, xi, 1. 


n"—"-—-———————————————— 


32. Les conflits; telle est la signification première et ordinaire du latin commissio, 
et c'est le sens du texte grec; plusieurs cependant l'entendent de l'action de com- 


mettre des péchés. 


33. Par l'usure; c'est-à-dire en empruntant à usure. — Pour ta cote; pour lutter 
avec les autres (in contentione), au sujet de la cote à payer. — Tu seras envieux, etc.; 
c’est-à-dire tu t'óteras à toi-même le moyen de vivre. 


9. Auprès de loi pour te nuire. 


41. Pour une parole; ou à cause d'une parole; littér. et par hébraisme, à /a face 
d'une parole. — L'insensé, etc. Le sens de cette phrase, extrémement concise dans la 
Vulgate, est que l'insensé à qui on a confié une parole n'a pas de repos jusqu'à ce 


[cu xix.) 


femme pour mettre au monde un 
enfant. 

19. Comme une fleche enfoncée 
dans une cuisse charnue, ainsi est 
une parole dans le cœur de l'in- 
sensé. 

13. Reprends {on ami, de peur 
qu'il n'ait pas compris, et qu'il ne 
dise : Je ne /'ai pas fait; טס‎ 1 
78 fait, afin que de nouveau il ne 
recommence pas à /e faire. 

14. Reprends £o» prochain, de 
peur qu'il ne /ait pas dit; et 
sil /a dit, afin qu'il ne réitère 
point. 

15. Reprends £o» ami, car sou- 
vent il s'élève un conflit. 

16. Et ne crois pas à toute pa- 
role : il est ἐθ qui peche par la 
langue, mais non point par le 
cœur. 

17. Car quel est celui qui ne 
pèche point par la langue? Re- 
prends {on prochain avant de le 
menacer, 

18. Et donne une place à la 
crainte du Très-Haut; car toute 
sagesse, c'est la crainte de Dieu; 
et dans la Sagesse est craindre 
Dieu, et dans toute sagesse est 
la disposition de la loi. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1481 
19. Et ce n'est pas la sagesse 
que la discipline de la méchan- 
ceté ; et ce n'est pas le penser 
des pécheurs que la prudence. 

20. Il est selle méchanceté qui 
porte en elle l'exécration; et il 
est £el insensé qui n'est privé que 
d'un peu de sagesse. 

21. Mieux vaut un homme qui 
n'est privé que d'un peu de 
sagesse, et qui manque de sens, 
sila la crainte de Dieu, que ce-: 
lui qui à un grand sens, et 
qui transgresse la loi du Très- 
Haut. 

99. Il est une habileté sûre, 
mais elle est inique. 

23. Et il est £e/ qui lance une 
parole süre, disant la vérité. ll 
est ze/ qui s'humilie mécham- 
ment, et son intérieur est plein 
de tromperie ; 

24. Et il est £e/ qui s'abaisse 
jusqu'à l'excés par une grande 
humilité ; et il est 267 qui incline 
sa face, et feint de ne pas voir 
ce qui a été ignoré ; 

25. Mais si c'est par manque de 
forces qu'il est empéché de pé- 
cher, s'il trouve l'occasion de mal 
faire, il fera le mal. 


13. Lévit., xix, 17; Matt., ,זזוטא‎ 15; Luc, xvir, 9. — 17. Jac., mi, 8. 


qu'il l'ait dévoilée, comme la femme en travail n'en a que lorsqu'elle a mis un enfant 


au jour. 


13. Qu'il n'ait pas compris ce dont on l'accusait. Compar. Lévit., xix, 11; Mallh., 


xvin, 15; Luc, xvi, 3. 


14. Qu'il ne l'ait pas dit; c'est-à-dire qu'il n'ait point tenu le propos qu'on lui pré- 
tait; méme concision de style que dans le verset précédent. 
15. Un conflit (commissio) ; selon d'autres, conformément au texte grec, fausse accu- 


sation, délation, calomnie. Voy. xvm, 32. 


17. Quel est, etc. Compar. Jacques, 11, 8. — Reprends, etc. Compar. Galat., 


VILE. 


18. Donne une place. Dans le style de l'auteur, donner, faire une place, signifie avoir 
de l'estime et du respect. — La disposition; ou, selon le grec, l'exécutton, l'accom- 


plissement. 


24. Ce qui a été ignoré; c'est-à-dire ce qui n'a pas été aperçu par d'autres ou que 
d'autres ont voulu tenir secret; feinte qui a uniquement pour but d'empécher qu'on 


ne se méfie de lui. 


1182 


26. A la vue on connait un 
homme, et àla rencontre du vi- 
sage on connait une personne 
sensée. 

27. Le vétement du corps, le 
rire des dents, et la démarche 
d'un homme le font connaitre. 

28. Il est une fausse répri- 
mande dans la colère d'un inso- 
lent; et il est un jugement qui 
n'est pas prouvé étre juste; et 
il est Ze/ qui se tait, et celui-là 
est prudent. 


CHAPITRE XX. 


Vices et vertus de la langue; succes 
funestes; maux heureux. Présents in- 
téressés. Mauvaise honte. Le mensonge 
déshonore. Mauvais effets des présents. 
De celui qui cache sa sagesse. 


1. Combien il vaut mieux re- 
prendre, et ne pas empécher de 
parler celui qui confesse son tort, 
que de se mettre en colere ! 

2. La passion d'un eunuque ou- 
tragera une jeune vierge. 

3. Ainsi en est-il de celui qui 
par violence rend un jugement 
inique. 

4. Qu'il est bon, lorsqu'on est 
repris, de manifester du repentir ! 
car tu éviteras ainsi le péché vo- 
lontaire. 

ὃ. Tel se tait qui est trouvé 


CnaP. XX. 2. Infra, xxx, 21. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cu? xx 
sage, et {el est odieux qui parle 
effrontément. 

6. Tel se lait, n'ayant pas le 
sens du langage ; et £e/ se tait sa- 
chant le temps convenable. 

7. L'homme sage se taira jus- 
qu'à un certain temps ; mais le 
léger et l'imprudent n'observe- 
ront point le temps. 

8. Celui qui emploie beaucoup 
de paroles blessera son âme; et 
celui qui s'empare d'un pouvoir 
injustement sera hai. 

9. Il y a réussite dans le mal 
pour l'homme sans retenue; et il 
est {elle chose trouvée qui tourne 
à détriment. 

10. Il est un don qui n'est pas 
utile, et il est un don qui recoit 
une double récompense. 

11. Il y a à cause de la gloire - 
un abaissement, et il est £e/ qui 
par son humiliation lèvera la tête. 

19. Il est £e/ qui rachète beau- 
coup de choses pour un prix mo- 
dique, et qui les restituera au 
septuple. 

13. Le sage par ses paroles se 
rend aimable, mais les gráces des 
insensés s'évanouiront. 

14. Le don d'un insensé ne te 
sera pas utile; caril a sept yeux. 

15. Il donnera peu, et il repro- 
chera beaucoup; et quand il ou- 


26. A la rencontre du visage (ab occursu faciei); le grec porte ainsi. Tout en para- 
phrasant un peu le texte, la version anglaise catholique semble en avoir bien rendu 
le sens par: et un homme sage, quand tu le rencontres, est connu à sa mine. | 


1. IL vaut mieux; littér. il est bon, plus que; hébraisme qui a été aussi conservé dans 
les Septante. Voy., sur le comparatif hébreu, pag. 341, 1». — Reprendre; avec bonté, 


douceur. 


11. Il y a à cause, etc.; c'est-à-dire qu'il y a une sorte de gloire qui abaisse et 
avilit, comme il y a une certaine humiliation qui éléve et honore. 
14, Il y a sept yeux; avec lesquels il te regarde pour tirer de toi sept fois autant 


qu'il t'a donné. 


15. Quand il ouvre la bouche pour raconter, vanter ses bienfaits. 


[cu. xx.] 
vre la bouche, c'est une flamme 
qui se répand. 

16. Aujourd'hui tel préte, et 
demain il redemande ; odieux est 
un tel homme. 

17. L'insensé n'aura pas d'ami, 
el ses bienfaits ne seront pas 
agréés ; 

18. Car ceux qui mangent son 
pain ont la langue trompeuse. 
Combien de fois, et combien de 
gens se riront de lui? 

19. Ce n’est pas avec un sens 
droit qu'il distribue ce qu'il de- 
vait garder, de méme aussi que 
‘ce qu'il ne devait pas garder. 

90. La chute d'une langue men- 
songere estcomme celui qui tom- 
be sur le pavé, ainsi la chute des 
méchants viendra tout d'un coup. 

91. L'homme disgracieux, com- 
me une vaine fable, sera conti- 
nuellement dans la bouche des 
ignorants. 

29. Sortie de la bouche d'un 
insensé, une parabole sera ré- 
prouvée; car il ne la dit pas en 
son temps. 

93. Il est 207 qui s'abstient de 
pécher par indigence, et qui dans 
son repos y sera vivement ex- 
cité. 


31. Exode, xxii, 8; Deut., xvi, 19. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1483 


24. Il est /6/ qui perdra son âme 
par une mauvaise honte; et c’est 
à cause d'une personne impru- 
dente qu'il l'a perdue : or c'est en 
faisant acception des personnes 
qu'il se perdra. 

25. ll est /67 qui, par honte, 
promet à son ami, et il l'a gagné 
comme ennemi gratuitement. 

26. C'est un opprobre honteux 
dans unhomme que le mensonge, 
et dans la bouche des hommes 
sans discipline, il sera continuel- 
lement. 

27. Un voleur est préférable à 
un homme menteur d'habitude; 
mais ils auront tous les deux la 
perdition en héritage. 

28. Les mœurs des hommes 
menteurs sont sans honneur; et 
leur confusion sera avec eux sans 
intermission. 

29. Le sage se produira par ses 
paroles, etl'homme prudent plaira 
aux grands. 

30. Celui qui cultive sa terre 
élévera un monceau de fruits; et 
celui qui pratique la justice sera 
exalté ; mais celui qui plait aux 
grands fuira l'iniquité. 

31. Les présents et les dons 
aveuglent les yeux des juges, 


21. Disgracieur; désagréable; c'est le sens du mot acharis, qui vient du grec. 
22. Une parabole; c'est-à-dire une maxime grave, juste, sage. — Sera réprouvée. 


Compar. Prov., xxvi, T. 


23. Qui s'abslient, etc. Tant qu'un homme est dans l'indigence et qu'il a besoin de 
travailler, il échappe à bien des tentations, auxquelles il est vivement excité, lors- 
qu'il est dans le repos que lui procurent les richesses. 

24. Son dme; hébraisme, pour se, soi-méme. 

Un voleur, etc. Le voleur est, en effet, moins dangereux et moins nuisible que‏ .רפ 
menteur. Car celui-là vole l'argent, mais celui-ci fait perdre la réputation, qui est‏ 16 
plus précieuse que les richesses. D'ailleurs l'habitude du mensonge fait que le men-‏ 
teur n'épargne personne, et qu'on ne peut jamais se fier à lui.‏ 

30. Fuira liniquité; échappera à l'injustice de ses ennemis par la protection des 


grands auxquels il plait. 


31. Et sont comme, etc. Pour suppléer au laconisme de cette phrase de la Vulgate, 


143^ 
et sont comme un mors dans la 
bouche, qui, enlesrendant muets, 
détourne leurs corrections. 

32. Une sagesse cachée, et un 
irésor qu'on ne voit pas, quelle 
utilité dans l'une et dans l'autre? 
| 88. Vaut mieux celui qui cele 
son peu de sens, que l'homme qui 
cache sa sagesse. 


CHAPITRE XXI. 


Fuir le péché; expier ses fautes. Maux 
que cause l'orgueil. Fin malheureuse 
des méchants. Différents effets de la 
parole sage. Caractère de l'insensé. Le 
délateur se rend odieux. 


1. Mon fils, as-tu péché? ne 
recommence pas de nouveau; 
mais prie pour ées fautes an- 
ciennes, afin qu'elles te soient 
remises. 

2. Comme à l'aspect d'un ser- 
pent fuis les péchés; car si tu en 
approches, ils te saisiront. 

3. Ce sont des dents de lions que 
ses dents, tuant les âmes des 
hommes. 

4. Comme une épée à deux 
tranchants est toute iniquité, et 
pour sa plaie il n'y à pas de gué- 
rison. 

5. L'outrage et les violences 


L'ECCLESIASTIQUE. 


[cu. xx1.] 


anéantiront les richesses; et la 
maison quiest extrémement riche 
sera anéantie par l'orgueil; ainsi 
le bien du superbe sera détruit 
jusqu'à la racine. 

6. La supplication du pauvre, 
de la bouche jusqu'à ses oreilles, 
parviendra, et le jugement en 
toute háte viendra à lui. 

7. Celui qui hait la correction 
suit la trace du pécheur; et celui 
qui craint Dieu rentrera en son 
cœur. 

8. Il est connu de loin, le puis- 
sant à la langue audacieuse; et 
l'homme sensé sait lui échapper. 

9. Celui qui bátit sa maison aux 
dépens d'autrui est comme ce- 
lui qui rassemble ses pierres en 
hiver. 

10. C'est un amas d'étoupes 
que lassemblée des pécheurs; 
leur fin sera une flamme de feu. 

11. La voie des pécheurs est 
pavée de pierres; mais à leur fin, 
sont les enfers, et les ténèbres, et 
les tourments. 

12. Celui qui garde la justice 
comprendra le sens. 

13. La perfection de la crainte 
de Dieu est la sagesse et l'intelli- 
gence. 


32. Infra, ,זזה‎ 17, — 03. XXI. 10. Supra, xvi, 7. 


et la rendre intelligible dans notre langue, j'ai cru devoir recourir au texte grec et à 
la Version Sixline. 

6. Jusqu'à ses oreilles; c'est-à-dire aux oreilles de Dieu, mot sous-entendu ou bien 
du superbe, nommé au vers. précédent. — Le jugement (judicium); la justice de 
Dieu en faveur du pauvre; ou bien la condamnation du superbe. — Viendra à lui; 
au pauvre; ou bien au superbe. Au lieu de, le jugement viendra à lui, le grec et la 
Version Sixtine portent à la lettre, 76 jugement de lui vient; ce qui laisse subsister 
l'amphibologie de la Vulgate. Cependant la plupart des interprètes sont pour la pre- 
mière explication. 

1. Suit la trace; ou est dans la trace; littér. est la trace. 

9. Qui rassemble ses pierres; qui bâtit. — En hiver; c'est-à-dire à une époque de 
l'année où la bâtisse n'offre aucune solidité. Ainsi celui qui bâtit aux dépens d'autrui 
s'expose à se voir bientót enlever sa maison par ceux dont l'argent a servi à la 
bátir. 


[cu. xxi.] 


14. Il ne deviendra jamais ha- 
bile, celui qui n'est pas sage dans 
le bien. 

15. Or il est une sagesse qui 
abonde dans le mal; et il n'y a 
pas d'intelligence là oü estl'amer- 
tume. 

16. La science du sage débor- 
dera comme une inondation; et 
son conseil est permanentcomme 
une sorte de vie. 

17. Le cœur de linsensé est 
comme un vase rompu; et il ne 
retiendra aucune sagesse. 

18. Quelque parole sage qu'en- 
tende l’homme habile, il la louera 
et se l'appliquera; le voluptueux 
l'a entendue, et elle lui déplaira, 
et illa rejettera derriere lui. 

19. La conversation de l'insensé 
est comme un fardeau dans une 
vole; car c'est sur les lèvres du 
sage que se trouvera la grâce. 

90. La bouche du sage est re- 
cherchée dans une assemblée, et 
ils penseront à ses paroles dans 
leur cœur. 

91. Comme est une maison 
ruinée, ainsi est טטסס‎ 6 
la sagesse; etla science de l'in- 
sensé sont des paroles inexpri- 
mables. 

99. Les fers aux pieds, c'est 
comme la doctrine pour un in- 
sensé; et comme des liens à la 
main droite. 


/ 


L'ECCLESIASTIQUE. 1485 


93. L'insensé dans le rire élève 
sa voix; mais l'homme sage rira 
à peine tout bas. 

24. C'est un ornement d'or pour 
l’homme prudent que la doctrine, 
et comme un bracelet à son bras 
droit. 

25. Le pied de l'insensé entre 
aisément dans la maison de son 
prochain; mais l’homme habile 
sera troublé par la personne d'un 
puissant. 

26. L'insensé regardera par la 
fenétre dans une maison ; mais 
l'homme instruit se tiendra de- 
hors. 

27. La folie dun homme est 
d'écouter à la porte ; et l’homme 
prudent supportera avec peine 
cette ignominie. 

28. Les lèvres des imprudents 
raconterontdeschoses insensées; 
mais les paroles des hommes pru- 
dents seront pesées dans la ba- 
lance. 

29. Dans la bouche des insen- 
sés est leur cœur ; et dans le cœur 
des sages est leur bouche. 

30. Lorsque l'impie maudit le 
démon, il maudit lui-méme son 
áme. 

31. Le délateur souillera son 
âme, et en toutes choses il sera 
hai; et celui qui demeure avec 
lui sera odieux; mais l’Aomme si- 
lencieux et sensé sera honoré 


20. lis; c'est-à-dire les membres composant l'assemblée. 


21. Comme est une maison ruinée, etc. La sagesse ne sert pas plus à un insensé, 
que ne sert une maison ruinée dont on ne fait aucun usage. — Inexprimables; con- 
fuses, sans aucun ordre, ni aucune suite. 

22. Les fers, etc. La doctrine est pour l'insensé une géne et un embarras qui l'em- 
péchent de suivre ses inclinations et de se livrer à ses plaisirs, comme s'il avait les 
fers aux pieds et aux mains. 

31. En toutes choses (in omnibus); גוס"‎ en lous lieux, partout; ou par tous, par tout 
le monde. 


CHAPITRE XXII. 


Homme paresseux. Enfants mal élevés. 
Femme effrontée. C'est perdre son 
temps que d'instruire un insensé. Pleu- 
rer l'insensé plus qu'un mort; éviter 
sa compagnie. De ce qui rompt l'amitié. 
Garder la fidélité à son ami. 


, 4. Cest avec une pierre cou- 
verte de boue qu'a été lapidé le 
paresseux; et tous parleront de 
lui avec mépris. 

9. C'est avec de la fiente de 
bœuf qu'a été lapidé le pares- 
seux ; et quiconque le touchera 
secouera les mains. 

3. La confusion d'un père vient 
d'un fils indiscipliné ; mais une 
fille tombera dans l'humiliation. 

4. La fille prudente est un hé- 
ritage pour son mari; mais celle 
qui fait rougir devient le déshon- 
neur de son pere. 

5. Lafemme audacieuse couvre 
de confusion son père et son 
mari ; et, si elle ne déchoit pas aux 
yeux des impies, elle sera méses- 
timée par l'un etl'autre. 

6. C'est une musique pendant 
le deuil, qu'un récit inopportun ; 
leschátiments etl'instruction sont 
en tout temps sagesse. 

7. Celui qui enseigne un in- 
sensé est comme celui qui veut 
rejoindre les fragments d'un vase 
brisé. 

8. Celui qui parle à qui ne 16- 
coute point, est comme celui qui 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


(c8. xx11.] 


réveille quelqu'un dormant d'un 
profond sommeil. 

9. Il parle avec un homme qui 
s'endort, celui qui explique à un 
insensé la sagesse ; et à la fin du 
discours il a dit : Qui est celui-ci? 

10. Pleure sur un mort, car sa 
lumiere a manqué ; et pleure sur 
un insensé, car le sens lui man- 
que. 

11. Pleure peu sur un mort, 
car il est entré dans le repos. 

19. La vie criminelle du mé- 
chant est pire que la mort de l'in- 
sensé. 

13. Le deuil pour un mort est 
de sept jours; mais pour un in- 
sensé et un impie, il est de tous 
les jours de leur vie. 

14. Avecunimprudent, ne parle 
pas beaucoup, et ne va pas avec 
un insensé. 

15. Garde-toi de lui, afin que 
tu n'aies pas de désagrément, et 
tu ne seras pas souillé par son 
péché. 

16. Détourne-toi de lui, et tu 
trouveras le repos, et tu ne seras 
pas chagriné de sa folie. 

11. Qu'est-ce qui sera plus pe- 
sant que le plomb? et quel autre 
nom lui convient que celui d'in- | 
sensé ? ' 

18. Il est plus facile de porter 
du sable, et du sel, et une masse 
de fer, qu'un homme imprudent, 
et un insensé, et un impie. 

19. Un assemblage en bois at- 


ὕπαρ, XXII. 10. Infra, xxxvii, 16. — 13. Genèse, L, 10. — 18. Prov., xxvi, 3. 


A טיוו‎ —— Á 


3. Une fille; indisciplinée. Le contexte semble indiquer que ce mot est sous- 


eutendu. 


13. Le deuil, etc. L'auteur parle du deuil ordinaire pour les simples particuliers, 
qui était, en effet, de sept jours; celui des princes et des grands durait ordinaire- 
ment quarante jours. Au reste, l'Ecriture nous fournit plusieurs exemples de deuil 


d'une durée fort inégale. 


! Cg. xxi.) 


taché dans le fondement d'un 
édifice ne se désunit point : il en 
est de méme d'un cœur fortifié 
par l'inspiration d'un conseil. 

20. La résolution d'un homme 
sensé ne sera dans aucun temps 
affaiblie par la crainte. 

21. Comme des poteaux sur des 
lieux élevés, et des moellons po- 


sés sans appareil en face du vent, 


ne se soutiendront pas; 

29, Ainsi le cœur 66 6 
timide dans sa pensée, à la vio- 
lence de la crainte ne résistera 
pas. 

93. Comme le cœur de l'in- 
sensé, peu sûr dans sa pensée, 
ne craindra dans aucun temps; il 
en est de méme de celui qui dans 
les préceptes de Dieu demeure 
toujours. 

24. Celui qui pique un ΟἹ] 
en tire des larmes; et celui qui 
pique un cœur produit un sen- 
timent. 

25. Celui qui lance une pierre 
contre des oiseaux les fera tom- 
ber : de même aussi celui qui in- 
sulte son ami rompt l'amitié. 

26. Quand tu aurais tiré le 
glaive contre un ami, ne déses- 
père pas ; car il y a du retour con- 
tre un ami. 

27. Si tu lui as ouvert une bou- 


33. Ps. ,]אס‎ 4. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1487 
che sévère, ne crains pas; car il 
yalieu à la réconciliation ; ex- 
cepté quand il s'agit d'invective, 
de reproche, de procédés hau- 
tains, de révélation de secret, et 
de blessure faite en trahison : en 
toutes ces choses un ami t'échap- 
pera. 

28. Garde la fidélité à un ami 
dans sa pauvreté, afin qu'avec lui 
tu te réjouisses dans son bon- 
heur. 

29. Dans le temps de sa tribu- 
lation, demeure-lui toujours fi- 
dele, afin que dans son héritage 
Lu sois son cohéritier. 

30. Devant le feu, la vapeur 
de la fournaise et la fumée du 
feu s'élevent; de méme aussi 
avant le sang s’élévent les mau- 
vaises paroles, les outrages et les 
menaces. 

31. De saluer un ami, je ne 
rougirai pas; et de sa face je ne 
me cacherai pas, et si des maux 
m'arrivent par lui, je /es suppor- 
Lerai. 

32. Quiconque /'apprendra, se 
gardera de lui. 

99. Qui mettra à ma bouche 
une garde et sur mes levres un 
sceau bien sür, afin que je ne 
tombe pas par elles, et que ma 
langue ne me perde pas? 


lu-——] ————M——— —— «t  .  ς--.-΄...τὔὖο΄ ὔἜ - --.. --.ςς-.ς.--ς----ςςς-ς-.- 


20, 28. Dans aucun temps; c'est-à-dire dans nul temps, dans pas un seul temps: 
littér. en latin, en tout temps (in omni tempore); ce qui est un pur hébraisme. Nous 
avons déjà fait remarquer, qu'en hébreu, le mot fout joint à une négation signifie 
nul, pas un seul. 

27. Excepté, etc. Les cinq choses indiquées ici sont, en effet, de celles qu'on ne 
pardonne guére en amitié, parce qu'elles sont directement opposées à ses lois, la 
malice, la réflexion, le mauvais cœur y ayant plus de part que la passion ou le tem- 
pérament. 

30. Le sang versé; c'est-à-dire le meurtre. 

33. Bien sür; bien appliqué, qu'on ne puisse enlever. 


1488 


CHAPITRE XXIII. 


Priére contre le mauvais usage de la 
langue, l'orgueil, la gourmandise et 
l'impureté. Ne pas jurer, ni dire des 
paroles indiscrétes. Adultére odieux à 
Dieu et aux hommes. 


1. Seigneur, père et maître de 
ma vie, ne m'abandonnez pas à 
leur conseil; et ne permettez pas 
que je tombe par elles. 

2. Qui mettra dans ma pensée 
des remords, et dans mon cœur 
la doetrine de la sagesse, afin 
qu'ils ne m'épargnent pas dans 
leurs péchés d'ignorance, que 
leurs fautes ne paraissent pas; 

3. Que mes ignorances ne s'ac- 
croissent pas, et que mes fautes 
ne soient pas multipliées; que 
mes péchés n'abondent point, 
que je ne tombe pas en présence 
de mes adversaires, et que mon 
ennemi ne se réjouisse point 
sur moi? 

4. Seigneur, pere et Dieu de ma 
vie, ne m'abandonnez pas à leur 
pensée. 

9. Ne me donnez point des yeux 
altiers, et détournez tout désir 
mauvais de moi. 

6. Eloignez de moi l'intempé- 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


feit. xxrim.] 
rance ; que la passion de l'impu- 
reté ne s'empare pas de moi, et 
ne me livrez pas à une âme sans 
honte et sans retenue. 

7. Ecoutez, mes enfants, la doc- 
trine de ma bouche; celui qui la 
gardera ne périra point par ses 
lèvres; et il ne trouvera pas une 
pierre d'achoppement dans des 
actions criminelles. | 

8. Le pécheur est pris dans sa 
vanité, le superbe et le médisant 
y trouveront une pierre d'achop- 
pement. 

9. Qu'au jurement ne s'accou- 
tume pas ta bouche ; car beaucoup 
de chutes se font par lui. 

10. Or, que le nom de Dieu ne 
soit pas continuellement dans ta 
bouche, et ne te méle pas aux 
noms des saints, parce que tu 
ne seras pas exempt de faute en 
cela. 

11. Car comme un esclave qui 
est à la question continuellement 
ne diminue pas de lividité, ainsi 
quiconque jure, et nomme Dieu, 
ne sera pas entierement pur de 
péché. 

19. L'homme qui jure souvent 
sera rempli d'iniquité, et la plaie 
ne s'écartera pas de sa maison. 


(βαρ. XXIII. 9. Exode, xx, 7; Matt., v, 33. 


4. Leur... elles. Ces pronoms se rapportent aux noms bouche et lévres, exprimés 


au dernier verset du chapitre précédent. 


2. Qu'ils; c'est-à-dire 168 remords et la doctrine de la sagesse. — Leurs; se rap- 
porte à ma pensée et à mon cœur. — Ne paraissent pas; n'éclatent pas au dehors, ne 


deviennent pas publiques. 
4. Pensée; mauvais dessein. 


9. Qu'au jurement, etc. Compar. Ezode, xx, 1; Malth., v, 33. 

10. Que le nom de Dieu, etc. Il est presque impossible de prononcer toujours le 
nom de Dieu avec le respect qui lui est dà, quand on l'a continuellement dans la 
bouche, pour confirmer tout ce que l'on dit. — Ne te méle pas, etc.; c'est-à-dire ne 
mêle pas légèrement dans tes discours les noms des saints, ou des choses saintes. 

11. Comme un esclave, etc. Anciennement c'était par la question, ou torture, qu'on 
tirait la vérité de la bouche des esclaves. Or un pareil traitement rendait leur corps 


livide. 


[cu. xxur.] 


13. Et s’il n'exécute pas son 
serment, sa faute sera sur lui; et 
sil dissimule, 11 peche double- 
ment; 

14. Et si c'est en vain quil 
jure, il ne sera pas justifié, et sa 
maison sera remplie de sa rétri- 
bution. 

15. ll est auss une autre parole 
en face dela mort : qu'elie ne 
se trouve pas dans l'héritage de 
Jacob. 

16. Cartoutes ces choses seront 
éloignées des miséricordieux, et 
ils ne se plongeront pas dans ces 
crimes. 

11. Qu'à un langage indiscret 
ta bouche ne s'accoutume point; 
car il y a en lui une parole de 
péché. 

18. Souviens-toi de ton pere et 
de ta mere; car tu te trouves au 
milieu des grands; 

19. De peur que Dieu ne t'ou- 
blie en leur présence, et, qu'in- 
fatué de ta familiarité avec eux,tu 
n'aies à souffrir un affront; qu'a- 
lors tu n'aimes mieux n'étre point 
né, et que tu ne maudisses le jour 
de {a naissance. 

20. L'homme accoutumé aux 
paroles outrageantes, à aucun 
jour de sa vie ne se corrigera. 

21. Deux sortes de personnes 
abondent en péchés, et la troi- 
sieme attire la colere et la perdi- 
tion. 

22. L'àme brülante comme un 
feu ardent ne s'éteindra pas jus- 
qu'à ce qu'elle ait dévoré quelque 
chose; 


20. II Rois, xvi, 7. — 25. Is., xxix, 15. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1489 


23. Et l'homme qui abuse de 
son propre corps ne s'arrétera 
pas jusqu'à ce qu'il ait allumé un 
feu. 

24. 4 un homme fornicateur, 
tout pain est doux, et il ne ces- 
sera pas de pécher jusqu'à la fin. 

25. Tout homme qui profane 
son lit conjugal, méprise son 
àme, et dit: Qui me voit? 

26. Les ténèbres m'environ- 
nent, et les murailles me cou- 
vrent, et personne ne regarde 
autour de moi ; qui craindrai-je? 
16 Très-Hautne se souviendra pas 
de mes fautes. 

27. Et il ne comprend pas que 
son cil voit toutes choses, ef 
qu'une telle crainte de l'homme 
bannit de lui la crainte de Dieu; 
ce que font aussi les yeux des 
hommes, lesquels ze craignent 
que l'homme. 

28. Et il n'a pas su que les yeux 
du Seigneur sont beaucoup plus 
lumineux que le soleil, explorant 
du regard toutes les voies des 
hommes et le profond de l'abime, 
et examinant les cœurs des hom- 
mes jusque dans les parties les 
plus cachées. 

29. Car du Seigneur Dieu, avant 
qu'elles fussent créées, toutes les 
choses étaient connues, de même 
qu'après leur achèvement il les 
considère toutes. 

30. Celui-là sera puni sur les 
places publiques de la cité; et il 
sera mis en fuite comme le pou- 
lain d'une cavale ; et là où il ne 
s'attendait pas, il sera pris. 


RE 


14. Rempüe de sa rétribution; c'est-à-dire des maux qui seront le salaire de celui 


qui jure en vain. Compar. le vers. 12. 


21. Son cil; l'œil du Très-Haut, nommé au verset précédent. 


Nope 


94 


1490 


31. Et il sera un objet de dés- 
honneur aux yeux de tous, parce 
qu'il n'aura pas compris la crainte 
du Seigneur. 

32. Ainsi en sera-t-il encore de 
toute femme qui laisse son mari, 
et qui lui donne pour héritier le 
fils d'un étranger; 

33. Car premierement, elle n'a 
pas cru à la loi du Très-Haut; 
secondement, elle a manqué à 
son mari; troisiemement, elle 
a commis un adultere, et elle 
s'est donné des fils d'un autre 
homme. 

34. Cette femme sera amenée 
dans l'assemblée, et l'état de ses 
enfants sera examiné. 

35. Ses enfants n'étendront pas 
leurs racines, et ses branches ne 
porteront point de fruits. 

36. Elle laissera sa mémoire en 
malédiction, et son déshonneur 
ne s'effacera pas. 

81. Et ceux quiresteront recon- 
naitront que rien n'est meilleur 
que la crainte de Dieu, et que rien 
n'est plus doux que d'avoir égard 
aux commandements du Sei- 
gneur. 

38. C'est une grande gloire de 
suivre le Seigneur; c'est de lui 
qu'on recevra la longueur des 
jours. 


32. Lév., xx, 10; Deut., xxi, 22. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cB. xx1v.] 


CHAPITRE XXIV ὦ, 


Eloge de la sagesse; son origine, sa puis- 
sance, son éternité. Israël est devenu 
le lieu de sa demeure. Progrés qu'elle 
ἃ faits dans le monde. Biens dont elle 
est la source. Sa profondeur. Merveilles 
qu'elle opére dans le monde. 


1. La sagesse louera son àme 
et, en Dieu, elle s'honorera, et au 
milieu de son peuple, elle se glo- 
rifiera, 

2. Et dans les assemblées du 
Très-Haut, elle ouvrira la bouche, 
et en présence de sa puissance, 
elle se glorifiera, 

3. Etau milieu deson peuple elle 
sera exaltée, et dans l'assemblée 
entiere sainte, elle sera admirée, 

4. Et au milieu de 18 multitude 
des élus, elle recevra des louan- 
ges, et parmi les bénis elle sera 
bénie disant : 

5. C'est moi qui dela bouche du 
Très-Haut suis sortie engendrée 
la première avant toute créature, 

6. C'est moi qui, dans les cieux, 
ai fait naitre une lumiere à jamais 
durable, et qui, comme un nuage, 
ai couvert toute la terre ; 

7. C'est moi qui ai habité dans 
les lieux les plus élevés, et mon 
tróne est dans une colonne de 
nuée. 


38. La longueur des jours; une longue vie. 


? Dans ce chapitre l'écrivain sacré représente la sagesse comme une personne qui 
fait son propre éloge, de méme que dans les Proverbes (vin, 1x); et par la sagesse, 
il entend quelquefois la sagesse incréée et personnelle en Dieu, quelquefois la sagesse 
créée, qui est communiquée aux hommes. 

1. Son áme; c'est-à-dire soi, elle-même. 

2. Les assemblées du Trés-Haul; les assemblées, les réunions des fidèles. — De sa 
puissance (virtutis illius); de sa majesté; ou, selon d'autres, de son armée céleste. Le 
mot virlus s'emploie souvent, en effet, dans l'Ecriture pour armée. 

3. L'assemblée entiére sainle; l'assemblée de tous les saints; littér. 7606 86, 
l'intégrite sainte. 


(cn. [.צוצא‎ 


8. J'ai fait seule tout le tour du 
ciel, j'ai pénétré le profond de 
l'abime ; j'ai marché sur les flots 
de la mer, 

9. Et j'ai posé le pied sur toute 
la terre ; et chez tous les peuples, 

10. Et chez toutes les nations, 
jai eu le premier rang ; 

11. Et les cœurs des grands et 
des petits, par ma puissance, je 
les ai foulés aux pieds; et en 
toutes ces choses j'ai cherché du 
repos, et c'est dans l'héritage du 
Seigneur que je demeurerai. 

19. Alors a ordonné et m'a 
parlé le Créateur de l'univers; et 
celui qui m'a créée a reposé dans 
mon tabernacle, 

13. Et il m'a dit : Habite dans 
Jacob, et, en Israél, place ton hé- 
ritage; et au milieu de mes élus 
tends tes racines. 

14. Des le commencement et 
avant les siècles, j'ai été créée, et 
jusqu'au siecle futur je ne cesserai 
pas d'étre, et dans lhabitation 
sainte, j'ai exercé devantlui mon 
ministère. 

15. Et aussi dans Sion, j'ai été 
affermie, et dans la cité sainte je 


Cap. XXIV. 14. Prov., viu, 22. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1491 
me suis aussi reposée ; et dans 
Jérusalem est ma puissance. 

16. Et j'ai pris racine dans le 
peuple que le Seigneur a honoré, 
et dans la part de Dieu, laquelle 
est son héritage, et dans l'assem- 
blée entière des saints est ma de- 
meure. 

17. Comme un cèdre, je me suis 
élevée sur le Liban, et comme 
un cyprès sur la montagne de 
Sion ; 

18. Comme un palmier, je me 
suis élevée à Cadès, et comme 
des rosiers à Jéricho ; 

19. Je me suis élevée comme 
un bel olivier dans les champs, 
et comme un platane sur le bord 
de l’eau, dansles places publiques. 

20. Comme le cinnamome et le 
baume aromatique j'ai répandu 
une odeur; comme la myrrhe 
de choix jai exhalé une odeur 
suave; 

91. Et comme le storax, le gal- 
banum, l'onyx, le stacté, et com- 
me le Liban qui sort sans incision, 
j'ai rempli de vapeur mon habita- 
tion, et comme un baume non 
mélangé, est mon odeur 


14. Dans l'habitation sainte, etc. La sagesse éternelle présidait au ministère sacré 
au milieu d'Israél; et dans la plénitude des temps, s'étant incarnée, elle a exercé son 
ministére au milieu de ce méme peuple. 

16. Dans le peuple, etc. Voy. xvit, 14, 15. 

18. * A Cadès. Voir la note sur Nombres, xx, 1. Plusieurs textes grecs portent En- 
gaddi, ville située à l'ouest de la mer Morte, dans le désert de Juda, et c'est proba- 
blement le nom que portait le texte original. — Des rosiers à Jéricho. Il n'est pas 
question de la plante connue sous le nom de rose de Jéricho et qui se rouvre, 
quand on la plonge dans l'eau. Il s'agit d'une plante dont on ne saurait déterminer la 
nature, car le rosier proprement dit n'est pas nommé dans l'Ancien Testament. 

19. * Le platane atteint en Orient des proportions colossales. 

20. * Le cinnamome; la cannelle. — Le baume jouissait d'une réputation extraordi- 
naire. Celui de Judée était le plus célébre. L'arbre qui le produisait en a compléte- 
ment disparu. : 

21. Le stacté; ainsi porte le texte grec; littér. goutte (gulta) c'est-à-dire larme; 
se dit du suc qui ccule de plusieurs plantes, soit naturellement, soit quand on y 
fait une incision. — Le Liban; c'est-à-dire l'oliban. 


1492 

29. Moi, comme un térébinthe, 
j'ai étendu mes rameaux ; et mes 
rameaux sont des rameaux d'hon- 
neur et de grâce. 

23. Moi, comme une vigne, j'ai 
produit des fruits d'une odeur 
suave; et mes fleurs sont des 
fruits d'honneur et de richesse. 

24. Moi, je suis la mère du pur 
amour, et de la crainte, et de la 
science, et de la sainte espérance. 

95. En moi est toute la grâce 
de la voie et de la vérité ; en moi 
toute l'espérance de la vie et de la 
vertu. 

96. Venez à moi, vous tous 
qui me désirez avec ardeur, et 
remplissez-vous de mes produc- 
tions ; 

27. Car mon esprit est plus 
doux que le miel, et mon héri- 
tage l'emporte sur le miel et le 
rayon. 

98. Ma mémoire vivra dans 1685 
générations des siècles. 

29. Ceux qui me mangent au- 
ront encore faim, et ceux qui me 
boivent auront encore soif. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cH. xxiv.] 


30. Celui qui m'écoute ne 
sera pas confondu; et ceux qui 
agissent par moi ne pécheront 
pas. 

31. Ceux qui m 'éclaircissent au- 
ront la vie éternelle. 

39. Toutes ces choses sont le 
livre de vie, l'alhance du Très- 
Haut et la connaissance de la vé- 
rité. 

33. Moïse a donné la loi avec 
des préceptes de justice, et l'hé- 
ritage pour la maison de Jacob, 
et les promesses faites à Israél. 

34. Dieu a promis à David son 
serviteur, de faire sortir delui un 
roi trés puissant et qui doit étre 
assis sur un tróne d'honneur éter- 
nellement; 

39. Qui répand la sagesse, 
comme le Phison 765 eaux, et 
comme le Tigre, aux jours des 
nouveaux fruits; 

36. Qui répand l'intelligence, 
comme l'Euphrate, et qui s'aceroit 
comme le Jourdain au temps de 
la moisson ; 

37. Qui fait jaillir la science 


29. Jean, vr, 35. — 35. Gen., τι, 11. — 36. Jos., πι, 15. 


29.* Comme un térébinthe. Le térébinthe est un des arbres les plus grands et les 


plus beaux de Palestine. 
23. De richesse; ou d'abondance. 


21. Le miel et le rayon; pour le rayon de miel; figure grammaticale dont la Bible 


fournit un certain nombre d'exemples. 


29. Ceux qui me mangent, etc. La sagesse, considérée comme nourriture, quelque 
succulente, quelque solide qu'elle soit, loin de fatiguer l'estomae, laisse toujours un 


goüt et un appétit nouveaux. 


31. Qui m'éclaircissent; qui me font connaitre, qui m'enseignent aux autres. 


Compar. Daniel, xu, 3. 


34. Un roi très puissant; Salomon; mais, dans un sens plus relevé, Jésus-Christ, 
dont Salomon était la figure. Jésus-Christ, né de David selon la chair, dont le régne 


est éternel et la sagesse infinie. 


35-36. * Le Phison, le Tigre, l'Euphrate, fleuves du paradis terrestre. Le Tigre arro- 
sait Ninive, l'Euphrate Babylone. Ces deux derniers fleuves grossissent considérable- 
ment aux jours des nouveaux fruits, c'est-à-dire au mois de mars. 

36. * Le Jourdain grossit aussi au temps de la moisson, Josué, nr, 15, parce que 
c'est alors que les neiges de l'Hermon fondent en plus grande abondance. 

31. * Comme la lumière. Le texte original devait porter Yehor, mot par lequel la 
langue hébraïque désignait le Nil. Le contexte réclame ici un nom de fleuve, L'inon- 


[cn. xxv.] 


comme la lumiere, et qui fournit 
ses eaux,comme le Géhonau jour 
de la vendange. 

38. C'est lui qui le premier l'a 
parfaitement connue, et l’Aomme 
plus faible ne la pénétrera point. 

39. Car sa pensée est plus abon- 
dante que la mer, et son conseil 
esl plus profond que le grand 
abime. 

40. Moi, la sagesse, j'ai répandu 
des fleuves. 

41. Moi, comme le courant de 
l'eauimmensed' unfleuve,comme 
le canal d'un fleuve et comme un 
aqueduc, je suis sortie du Pa- 
radis. 

49. J'ai dit : J'arroserai mon 
jardin de plantations, et j'enivre- 
rai le fruit de ma prairie. 

49. Et voilà que mon courant 
est devenu abondant, et mon 
fleuve a approché d'une mer; 

44. Parce que je fais briller la 
doctrine pour tous, comme 18 10- 
mière du matin, et je l'expliquerai 
jusqu'au loin. 

45. Je pénétrerai dans toutes 
les parties inférieures dela terre, 
je porterai mes regards sur tous 
ceux qui dorment, et j'éclairerai 


47. Infra, xxxii, 18. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1403 


tous ceux qui espèrent dans le 
Seigneur. 

46. Je répandrai encore ma 
doctrine comme une prophétie, 
et je la laisserai à ceux qui cher- 
chent la sagesse, et je ne ces- 
serai pas de les instruire dans 
leurs générations jusqu'au siècle 
saint. 

41. Voyez que je n'ai pas tra- 
vaillé pour moi seul, mais pour 
tous ceux qui recherchent la vé- 
rité. 

CHAPITRE XXV. 


Trois choses agréables et trois détes- 
tables. Acquérir de bonne heure la sa- 
gesse. Neuf choses qui paraissent heu- 
reuses. Avantages de la crainte de Dieu. 
La malice de la femme est le plus in- 
supportable des maux. 


1. Mon esprit se plait en trois 
choses qui sort approuvées de- 
vant Dieu et devant les hommes: 

2. L'union des freres; l'amour 
des proches; un mari et une 
femme qui s'accordent bien en- 
semble. 

3.Il y a trois sortes de personnes 
quehait monàme, etj'aibeaucoup 
de peine à supporter leur àme; 

4. Un pauvre superbe, un riche 


' dation du Nil se produit au jour de la vendange, en septembre et octobre. — Le Géhon 


est le quatriéme fleuve du paradis terrestre. 


38. L'a parfailement connue (c'est-à-dire (a sagesse), littér. a perfectionné de la con- 
naitre. Voy., sur cet hébraisme, pag. 342, 20. 

39. Plus que. C'est par un hébraisme encore que l'a ab de la Vulgate, et l'apo des 
Septante signifie p/us que, ici, comme en bien d'autres passages. 

41. " Allusion aux quatre fleuves du paradis terrestre. — Un aqueduc amenait à 
Jérusalem les eaux provenant de la Fontaine Scellée. Voir Cantique, 1v, 12. 

44. Jusqu'au loin (usque ad longinquum); expression qui, comme dans le texte 
grec, peut s'entendre des temps et des lieux. 

41. Pour moi seul. C'est l'auteur qui parle ici comme plus bas, זואאא‎ 18; dans les 
deux endroits, le texte grec porte seul au masculin. 


3. Leur dme; dans le grec leur vie. Nous avons déjà remarqué, plus d'une fois, 
que l'àme, étant le principe vital et la portion la plus noble de notre étre, les Hébreux 
l'employaient pour exprimer. tantôt la vie et tantôt la personne, l'individu. 


1494 


menteur, un vieillard hébété et 
insensé. 

9. Ce que dans ta jeunesse tu 
n'as pas recueilli, comment, dans 
ta vieillesse, le trouveras-tu ? 

6. Qu'il est beau à la vieillesse 
de bien juger, et aux vieillards de 
savoir conseiller! 

7. Qu'elle est belle, la sagesse 
dans les Aommes d'un âge avan- 
cé, et l'intelligence et le conseil 
dans ceux qui sont élevés en 
gloire! 

8. La couronne des vieillards 
est une grande expérience, et 
leur gloire la crainte de Dieu. 

9. J'ai concu beaucoup d'estime 
pour neuf choses que le cœur ne 
saurait soupconner, etla dixième, 
je la dirai de vive voix aux hom- 
mes : 

10. Un homme qui met sa joie 
en ses fils, vivant et voyant la 
subversion de ses ennemis. 

11. Heureux celui qui habite 
avec une femme sensée, qui n'est 
pas tombé par salangue, et qui n'a 
pas servi des hommes indignes de 
lui. 

19. Bienheureux celui qui a 
irouvé un ami vrai, et qui parle 
de la justice à une oreille qui l'é- 
coute! 

13. Qu'il est grand, celui qui a 
trouvé la sagesse et la science! 
mais il n'est pas au-dessus de ce- 
lui qui craint le Seigneur. 

14. La crainte de Dieu s'éleve 
au-dessus de toutes choses. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cH. xxv.] 


15. Bienheureux l'homme à qui 
il a été donné d'avoir la crainte 
de Dieu! celui qui la possede, à 
qui sera-t-il comparé ? 

16. La crainte de Dieu est le 
commencement de son amour; 
et le commencement de la foi 
doit y être joint inséparable- 
ment. 

17. Toute plaie est une tristesse 
de cœur, et toute malice est la 
méchanceté de la femme. 

18. Et l’homme verra patiem- 
ment toute plaie, mais non la 
plaie du cœur; 

19. Et toute méchanceté, mais 
non la malice de la femme ; 

90. Et toute affliction, mais non 
l'affiction causée par ceux qui 
nous haissent ; 

91. Et toute vengeance, mais 
non la vengeance des ennemis. 

22. Il n'y a point de tête plus 
méchante que la téte d'un ser- 
pent; 

93. Et il n'y a point de colère 
au-dessus de la colère d'une fem- 
me. Habiter avec un lion et un 
dragon sera plus agréable que 
d'habiter avec une femme mé- 
chante. 

24. La méchanceté de la femme 
change sa face, obscurcit son vi- 
sage comme celui d'un ours, et 
le fait paraitre comme un sac. 

95. Àu milieu de ses proches a' 
gémi son mari, et, entendant les 
bruits sur sa femme, il soupire 
tout doucement. 


Car, XXV. 11. Infra, xxvi, 1; Supra, xiv, 1; xix, 16; Jac., 11, 2. — 23. Prov., xxt, 19. 


9. De vive voix; littér. par /a langue; un des organes vocaux. 


24. Elle obscurcit, etc.; c'est-à-dire qu'elle prend, comme un ours, un regard 
sombre et farouche. — Comme un sac. Le sac ou cilice qu'on ne portait que dans le 
deuil, la pénitence et une extréme pauvreté, était fait de poils de chameau ou de 
chévre, mais toujours de couleur noire ou brune. 


[cu. xxvi.) 

96. Toute malice est légère au- 
pres de la malice d'une femme; 
que le sort des pécheurs tombe 
sur elle. 

97. Comme est une montée sa- 
blonneuse pour les pieds d'un 
vieillard, ainsi est une femme à la 
langue bien affilée pour un hom- 
me paisible. 

98. Ne considère point la beauté 
d’une femme, et ne désire point 
une femme pour la beauté. 

29. La colère d'une femme, son 
audace, et sa confusion, sont 
grandes. 

30. La femme, si elle a l'au- 
torité, elle est contraire à son 
mari. 

31. Cœur bas, visage triste, et 
plaie de cœur, voila la femme 
méchante. 

39. Mains débiles et genoux 
faibles, voila la femme qui ne 
rend pas son mari heureux. 

33. C'est par la femme qu'a eu 
lieu le commencement du péché, 
etc'est par elle que nous mourons 
tous. 

34. Ne donne pas à ton eau une 
ouverture méme petite, ni à une 
méchante femme la liberté de se 
proauire. 

95. Si elle ne marche au signe 
de ta main, elle te confondra en 
présence de tes ennemis. 

80. Sépare-toi de corps d'avec 
elle, de peur qu'elle n'abuse tou- 
jours de toi. 


28. Infra, xri, 6. — 33. Genèse, 111, 6. 


L'ECCLESIASTIQUÉ. 


1495 


CHAPITRE XXVI. 


Bonheur de l'homme qui a une temme 
de bien; malheur de celui qui en a une 
vicieuse. De la fille effrontée. De la 
femme vertueuse. Trois choses affli- 
geantes. 


1. Bienheureux le mari d'une 
femme de bien, car le nombre de 
ses années est doublé. 

2. Lafemme forte faitla joie de 
son mari, et les années de sa vie, 
elle les remplira de paix. 

3. C'est un bon partage qu'une 
femme de bien ; dans le partage 
de ceux qui craignent Dieu, elle. 
sera donnée à un homme pour 
ses bonnes actions. 

4. Or, du riche et du pauvre le 
cœur sera content, et en tout 
temps leur visage sera gai. 

9. Mon cœur a redouté trois cho- 
ses, et à la quatrième, ma face à 
pâli de frayeur : 

6. La délation d'une cité, le ras- 
semblement d'un peuple; 

7. La calomnie mensongère ; 
toutes choses plus redoutables 
que la mort; 

8. C'est une douleur de cœur 
et un deuil qu'une femme ja- 
louse. 

9. Dans une femme jalouse, la 
langue est un fléau qui se commu- 
nique à tous. 

10. Comme un joug de bœufs 
vacillant, ainsi est une femme 
méchante ; celui qui la possède 


2. La femme forie. Compar. Prov., xxxi, 10 et suiv. 

6. La délation d'une cité; lorsqu'une cité tout entière accuse calomnieusement quel- 
qu'un devant les juges. — Le rassemblement séditieux. 

10. Un joug, etc. Les anciens n'attachaient pas le joug sur la téte ou aux cornes 
des bœufs, mais sur leur cou; lorsqu'il n'était pas bien attaché, il remuait, vacillait. 
— * Un scorpion. Le scorpion a l'extrémité de sa queue armée d'un dard dont la pi- 


qüre envenimée est mortelle en Orient. 


1496 


est comme celui qui saisit un 
scorpion. 

11. La femme qui s'enivre est 
le sujet d'une grande colère; son 
affront et sa turpitude ne seront 
pas cachés. 

12. La fornication d'une femme 
se reconnaitra à ses yeux altiers, 
el à ses paupières. 

13. Sur la jeune fille qui ne dé- 
tourne pas sa vue des hommes, 
veille avec un soin constant, de 
peur que, l’occasion se trouvant, 
elle ne se perde elle-même. 

14. Défie-toi de toute immo- 
destie de ses yeux, et ne t'étonne 
pas si elle te néglige; 

15. Comme le voyageur altéré, 
pres d'une fontaine, ouvre sa 
bouche, elle boira de toule eau 
voisine, et contre tout poteau elle 
s'asseyera, et à toute fleche elle 
ouvrira son carquois, jusqu'à ce 
qu'elle défaille. 

16. La grâce d'une femme soi- 
gneuse réjouira son mari et en- 
graissera ses os. 

17. Sa bonne conduite est un 
don de Dieu. 

18. Quant à la femme sensée 
el silencieuse, il n'y a pas d'é- 
change possible contre son âme 
instruite. 

19. Grâce sur grâce est la fem- 
me sainte et pudique. 


Cuap. XXVI. 13. Infra, ,הצא‎ 


L'ECCLESIASTIQUE. 


[cH. xxvi.] 


20. Mais il n'est aucun poids 
qui contre-balance une âme con- 
linente. 

21. Comme est le soleil levant 
pour le monde au plus haut des 
cieux, habitation de Dieu, ainsi 
est la beauté d'une femme de 
bien pour l'ornement de sa mai- 
son. 

22. Lalampe brille sur le chan- 
delier saint, et la beauté du vi- 
sage dans l'áge florissant. 

23. Des colonnes d'or sont sur 
des bases d'argent, et des pieds 
fermes sur la plante d'une femme 
solide. 

24. Des fondements éternels 
sont sur une pierre ferme, et les 
commandements de Dieu dans le 
cœur d'une femme sainte. 

25. Par deux choses a été con- 
tristé mon cœur, et par la troi- 
sieme le courroux m'est venu. 

26. Un homme de guerre péris- 
sant par l'indigence, etun homme 
sensé méprisé; | 

97. Et celui qui passe de la 
justice au péché, Dieu l'a réservé 
pour l'épée à deux tranchants. 

98. Deux choses m'ont paru 
difficiles et dangereuses; diffici- 
lement le négociant est exempt 
de négligence, et l'aubergiste ne 
sera pas juslifié des péchés des 
lèvres. 


19. La fornication, etc. Voy. Isaïe, m, 16; IL Pierre, τι, 14. 
15. Poteau; ou pieu. On doit entendre par là les pieux auxquels on attachait les 


tentes. 


18. Quant à; est nécessairement sous-entendu, parce que l'expression la femme 
sensée et silencieuse est un véritable nominatif absolu. Voy. ce qui en a été dit, 
pag. 341, 19. Faute d'avoir compris ou rappelé cet hébraisme, les traducteurs francais 


ont faussé le sens du verset. 


22. * Le chandelier saint; le candélabre à sept branches du temple. 
23. Le sens est que la femme vertueuse demeure ferme et inébranlable comme des 


colonnes d'or sur des bases d'argent. 


28. Des péchés des lévres; c'est-à-dire des mensonges. 


[cu. xx vir.] 


CHAPITRE XXVII. 


le désir des richesses, source de péché. 
Les paroles de l'homme découvrent son 
cœur. Avantage de la justice. Entre- 
tiens des pécheurs insupportables. Ré- 
véler ies secrets, c'est éteindre entière- 
ment l'amitié. Le fourbe hai de Dieu et 
des hommes. 


1. A cause de l’indigence, beau- 
coup ont péché; et celui qui 
cherche à s'enrichir détourne son 
œil. 

2. Comme au milieu d’une join- 
ture de pierres, un pieu est en- 
foncé, ainsi aussi entre la vente 
et l'achat, le péché sera resserré. 

3. Avec le pécheur sera brisé le 
péché. 

4. Si dans la crainte du Sei- 
gneur tu ne te tiens fortement, 
bientôt sera renversée La maison. 

5. Comme par l'agitation du 
crible, la poussière seule restera, 
ainsi la perplexité de l'homme 
restera dans sa pensée. 

6. La fournaise éprouve les 
vases du potier, et l'atteinte de 
la tribulation,les hommes justes. 

7. Comme la culture de l'arbre 
en montre le fruit, ainsi en est-il 
dela parole qui vient dela pensée 
du cœur de l'homme. 

8. Avant son discours ne loue 
pas un homme; car c'est là l'é- 
preuve des humains. 

9. Si tu suis la justice, tu l'at- 
teindras; et tu t'en revétiras 


L'ECCLESIASTIQUE. 


1197 
comme d'une robe d'honneur, et 
tu habiteras avec elle, et elle te 
protégera à jamais, et au jour de 
la reconnaissance tu trouveras un 
appui. 

10. Les volatiles viennent vers 
leurs semblables, et la vérité re- 
tourne à ceux qui la pratiquent. 

11. Le lion guette toujours le 
gibier dans une embuscade; ainsi 
les péchés guettent ceux qui opè- 
rent des iniquilés. 

12. L'homme saint demeure 
dans la sagesse, comme le soleil; 
mais l'insensé est changeant com- 
me la lune. 

13. Au milieu des insensés, 
garde tes paroles pour un autre 
temps; mais au milieu des hommes 
qui pensent sois assidu. 

14. Le discours des pécheurs 
est odieux, et leur contentement 
est dans les délices du péché. 

15. Un langage plein de jure- 
ments fera dresser les cheveux 
sur la tête, etson irrévérence fera 
boucher les oreilles. 

16. L'effusion du sang suit la 
querelle des superbes, et leurs 
malédictions sont pénibles à en- 
tendre. 

11. Celui qui dévoile les secrets 
d'un ami perd sa confiance, et il 
ne trouvera pas d'ami selon son 
cœur. 

18. Aime ton prochain, et sois 
uni à lui avec fidélité. 


1. Délourne son œil, son regard de la loi de Dieu, de la vertu, de ses devoirs. 


5. La poussière; dans le grec, l’ordure. 


7. La culture, etc.; c'est-à-dire que le soin qu'on prend d'un arbre parait dans son 
fruit; on connait si un arbre a été bien ou mal cultivé par le fruit qu'il produit. — 
Ainsi en est-il, etc.; ainsi la parole, fruit de la pensée du cœur de l'homme, fait con- 


naitre ce qu'elle est. 


8. Car c'est là, etc.; c'est par leurs discours qu'on éprouve, qu'on connait les 


hommes. 


9. Au jour de la reconnaissance (in die agnitionis); c'est-à-dire au jour où Dieu 
connaitra des bonnes et des mauvaises actions des hommes, au jour du jugemeut. 


1498 


19. Que 51 tu dévoiles les choses 
qu'il tient cachées, tu ne courras 
pas apres lui. 

20. Car comme est un homme 
qui détruit son ami, ainsi aussi 
est celui qui détruit l'amitié de 
son prochain. 

9|. Et comme celui qui laisse 
aller un oiseau de sa main, ainsi 
tu as abandonné ton prochain, et 
tu ne le prendras plus. 

29. Ne le suis pas, parce qu'il 
estloin; car il a fui comme une 
chevre échappée du filet, parce 
que son àme a été blessée. 

93. Tu ne pourras plus le ban- 
der. Méme apres la malédiction 
il y a lieu àla concorde; 

24. Mais dévoiler les secrets 
d'un ami, c'est le désespoir dune 
àme malheureuse. 

95. Celui qui cligne les yeux 
machine des choses iniques, et 
personne ne se défendra de lui; 

96. En présence de tes yeux, il 
maitrisera sa bouche, et 11 admi- 
rera tes discours; mais à la fin il 
retournera sa bouche, et devant 
tes paroles il mettra une pierre 
d'achoppement. 

97.Je hais bien des choses, mais 
non à l'égal de lui, etle Seigneur 
le haira. 

98.Si quelqu'un jette une pierre 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


xxvr.]‏ .אס] 


en haut, c'est sur sa téte qu'elle 
retombera ; et une plaie faite par 
trahison partagera les blessures 
du traitre. 

29. Et celui qui creuse une 
fosse y tombera, et celui qui met 
une pierre devant son prochain 
s'y heurtera ; et celui qui tend un 
piège à un autre y périra. 

30. Celui qui forme un projet 
criminel le verra retourner contre 
lui, et il ne reconnaitra pas d'oü 
il lui vient. 

31. La raillerie et l'affront sont 
le propre des superbes, mais la 
vengeance comme un lionles sur- 
prendra. 

32. Dans un lacs ils périront, 
ceux qui se réjouissent de la 
chute des justes; mais la dou- 
leur les consumera avant qu'ils 
meurent. 

33. La colere et la fureur sont 
lune et l’autre exécrables; et 
l'homme pécheur les conservera 
en lui. 


CHAPITRE XXVIII. 


Ne point se venger. Eviter les querelles. 
Maux que cause la langue. Ne pas écou- 
ter les médisants. Veiller sur ses pa- 
roles. 


1. Gelui qui veut se venger 
rencontrera la vengeance venant 


(βαρ. XXVIII. 1. Deut., xxxi, 35; Matt., vi, 14; Marc, xr, 25; Rom., xri, 19, 


———————————————M———————————————————————————————————— 


19. Tu ne courras pas aprés lui; c'est en vain que tu chercherais à recouvrer son 


amitié. 


24. C'est le désespoir, etc. Lorsqu'une personne a été assez malheureuse pour dé- 
voiler les secrets d'un ami, il ne lui reste aucun espoir de retour. 

35. Qui cligne les yeux; en signe d'approbation et de flatterie. 

26. En présence, etc.; devant toi, il n'aura d'abord à la bouche que des paroles 
mielleuses. — 17 retournera sa bouche; 11 changera de langage. 

21. Non à l'égal de lui; littér. je n'ai égalé à lui; c'est-à-dire je ne hais rien au 


monde autant que lui. 


28. Parlagera les blessures; parce que le traître, en blessant celui qu'il frappe par 


trahison, se blesse aussi lui-méme. 


4. Réservant, véservera; pour réservera avec le plus grand soin, entièrement. Voy. 
p , , 


[cu. χχνπι. 


du Seigneur, et 16 Seigneur ré- 
servant, réservera ses péchés. 

2. Pardonne à ton prochain qui 
te nuit, et lorsque tu prieras, tes 
péchés seront effacés. 

3. Un homme réserve sa colere 
pour un homme, et il demande à 
Dieu sa guérison? 

4. Pour un homme semblable 
à lui, il n'a pas de compassion, et 
pour ses propres péchés, il prie 
avec instance? 

5. Lui, qui est chair. garde sa 
colere, et il demande à Dieu de 
lui étre propice? qui priera pour 
ses péchés? 

6. Souviens-toi de tes fins der- 
nieres, et cesse tes inimitiés : 

7. Car le dépérissement et la 
mort sont une menace dans ses 
commandements. 

8. Souviens-toi dela crainte de 
Dieu, et ne te mets pas en colere 
contre ton prochain. 

9. Souviens-toi de l'alliance du 
Tres-Haut, et ne considère pas 
l'ignorance de ton frere. 

10. Evite la dispute, et tu dimi- 
nueras les péchés ; 

41. Car l'hemme colere allume 
la dispute, etle pécheur troublera 
les amis, et au milieu de ceux 
qui vivent en paix illancera l'ini- 
mitié. 

12. Selon le bois de la forét, 
ainsi le feu s'embrase; et selon 
la puissance de l'homme, ainsi 
sera son courroux; et selon sa 
richesse, il exaltera sa colere. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1499 


13. Une lutte précipitée allume 
le feu ; une dispute précipitée ré- 
pand le sang; et la langue qui 
rend un témoignage amène la 
mort. 

14. Si tu souffles sur une étin- 
celle, comme un feu elle s'em- 
brasera ; etsi tu craches sur elle, 
elle s'éteindra; l'un et l’autre 
viennent de la bouche. 

15. Le délateur et l'homme à 
deux langues, est maudit ; car il 
troubiera beaucoup de personnes 
qui vivent en paix. 

16. La langue d'un tiers a sou- 
levé beaucoup d'hommes, 6165 a 
dispersés de nation en nation. 

11. Elle a détruit les cités mu- 
rées, pleines des riches, et les a 
renversées par les fondements. 

18. Elle a taillé en pieces les 
armées des peuples, et elle a dé- 
fait des nations puissantes. 

19. La langue d'un tiers a fait 
répudier des femmes fortes, et 
les a privées du fruit de leurs tra- 
vaux. 

20. Celui qui y a égard n'aura 
pas de tranquillité ; il n'aura pas 
non plus d'ami en qui il se repose. 

21. Le coup du fouet fait une 
meurtrissure; mais un coup de 
langue brisera les os. 

22. Beaucoup sont tombés par 
le tranchant du glaive ; mais non 
pas en aussi grand nombre que 
ceux qui ont péri par leur propre 
langue. 

23. Bienheureux celui qui est à 


sur cet hébraisme, pag. 342, 29; et sur l'ensemble du verset, Deulér., xxxu, 35; 


Matth., vx, 44; Marc, xr, 25; Rom., xu, 19. 


71. Sont une inenace dans les commandements; contre ceux qui n'observent pas ces 


commandements. 
13. Un témoignage faux. 


19. Des femmes fortes; c'est-à-dire ayant toutes les qualités qui font une femme 


vertueuse, accomplie. 


1500 


couvert d'une langue méchante, 
qui n’a pas passé par son cour- 
roux, qui sur 807 n'a pas attiré son 
joug, et dans ses chaiues n'a pas 
été lié ; 

24. Car son joug est un joug 
de fer; et ses fers, des chaines 
d'airain. 

25. La mort qu'elle donne est 
une mort détestable, et l'enfer est 
plutót avantageux qu'elle. 

26. Sa durée ne se prolongera 
pas toujours ; mais elle possédera 
les voies des injustes, et avec sa 
flamme elle ne brülera pas les 
justes. 

27. Ceux qui abandonnent Dieu 
tomberont en son pouvoir ; elle 
brülera en eux, et ne s'éteindra 
pas ; elle sera lancée contre eux, 
comme un lion, et comme un 
léopard elle les déchirera. 

28. Entoure tes oreilles d'une 
haie d'épines, et n'écoute pas la 
langue méchante; et à ta bou- 
che mels des portes et des ser- 
rures. 

29. Fonds ton or et ton argent, 
et pour tes paroles, fais une ba- 
lance et un frein qui à ta bouche 
s'ajuste bien; 

30. Et sois attentif de peur que 
tu ne failles par la langue, que 
tu ne tombes en présence de tes 
ennemis qui t'épient, et que ta 
chute ne soit incurable jusqu'à 
la mort. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cu. xxix.] 


CHAPITRE XXIX. 


Préter à son prochain. Ingratitude de ceux 
qui empruntent. Faire l'aumóne. Ré- 
pondre pour son prochain. Danger 
d'étre caution. Choses nécessaires à la 
vie. Hótes ingrats. 


1. Gelui qui fait miséricorde 
préte à intérét à son prochain ; 
et celui qui prévaut par la main 
garde les commandements. 

2. Prête à ton prochain au | 
temps de sa nécessité ; mais aussi 
rends au prochain en son temps. ; 

3. Maintiens ta parole et agis' 
fidèlement avec lui; et en tout 
temps tu trouveras ce qui t'est 
nécessaire. 

4.Beaucoupont regardé comme 
chose trouvée ce qu'ils emprun- 
taient ; et ils ont fait de la peine 
à ceux qui les avaient secourus. 

ὃ. Jusqu'à ce qu'ils recoivent, 
ils baisent les mains de celui qui 
donne; et dans leurs promesses 
ils humilient leur voix ; 

6. Et au temps de la reddition, 
il demandera du temps, et il dira 
des paroles d'ennui et de mur- 
mure, et le temps sera allégué 
comme cause ; 

1. Mais, s'il peut rendre, il s'en 
défendra, puis il rendra à peine 
la moitié de la totalité et il con-- 
sidérera cela comme une chose 
trouvée : 

8. Sinon, il le privera fraudu- 


25. L'enfer (infernus) proprement dit, et nullement le tombeau. Voy. א‎ 11. 


1. Préte à intérét (fœneratur); parce que Dieu le lui rend avec usure. Compar. 
Prov., xix, 17. — Prévaut par la main (praevalet manu); c'est-à-dire donne à pleines 
mains, largement. — Garde les commandements. La charité est en effet le premier des 


préceptes qui regardent le prochain. 


6. Il. Ce singulier, qui se répéte dans les versets suivants, est mis pour chacun 
d'euz, hébraisme, que nous avons déjà fait remarquer. 
1. Comme une chose trouvée; c'est-à-dire comme lui étant acquise, comme lui ap- 


partenant. 


[c. xxix.] 


leusement de son argent, et il en 
fera son ennemi gratuitement; 

9. Et il lui rendra des injures 
et des malédietions; et pour l'hon- 
neur etle bien qu'il en a reçus, il 
lui rendra l'outrage. 

10. Beaucoup, non pour un 
mauvais motif, n'ont pas prêté, 
mais ils ont craint d’être trompés 
gratuitement. 

11. Cependant, envers le misé- 
rable, sois plus généreux, et pour 
ton aumóne, ne le traine pas en 
longueur. 

19. A cause ducommandement, 
prends soin du pauvre; à cause 
de son indigence, ne le renvoie 
pas les mains vides. 

13. Perds ton argent pour ton 
frere et ton ami; et ne le cache 
pas sous une pierre pour étre 
perdu. 

14. Mets ton trésor dans les pré- 
ceptes du Très-Haut, et il te sera 
plus utile que l'or. 

15. Renferme l'aumóne dans le 
cœur du pauvre, et cette aumóne 
priera pour toi, e£ te préservera de 
tout mal. 

16.17. 18. Mieux que le bouclier 
d'un guerrier puissant, et mieux 
que la lance, contre ton ennemi 
elle combattra. 

19. L'homme de bien répond 
pour son prochain, et celui qui a 


L'ECCLESIASTIQUE. 


1501 


perdu £oute honte l'abandonne à 
lui-méme. 

20. N'oublie pas la faveur de ce- 
lui qui répond pour toi, car il a 
exposé pour toi son àme. 

21. Le pécheur etl'impur fuient 
leur répondant. 

22. Le pécheur s'attribue le 
bien de son répondant, et ingrat 
de cœur, 11 abandonnera son libé- 
rateur. 

23. Un homme répond pour son 
prochain, et celui-ci manquant 
d'égards, l'abandonnera. 

24. Une caution mauvaise a 
perdu beaucoup de gens qui diri- 
geaient bien leurs affaires, et les 
ἃ agités comme un flot de la mer. 

25. Ellea fait émigrertouràtour 
des hommes puissants, et ils ont 
erré parmiles nations étrangères. 

26. Le pécheur qui transgresse 
le commandement du Seigneur, 
s'engageradans une caution mau- 
valise; et celui qui s'efforce de 
faire beaucoup de choses, tom- 
bera dans les jugements. 

27. Aide le prochain selon ton 
pouvoir, et prends garde à toi, de 
peur que tu ne tombes. 

28. Le commencement de la vie 
de l'homme est l'eau, le pain, le 
vétement, et une maison qui cou- 
vre sa nudité. 

29. Mieux vaut la nourriture du 


Cuap. XXIX. 15. Tobie, 1v, 11; Supra, xvii, 18. — 28. Infra, xxxix, 3l. 


15, Et te préservera; ces mots sont incontestablement sous-entendus, car de tout 
mal (ab omni malo) ne saurait être le complément du verbe priera (exorabil). Voy., 
pag. 342, 20, ce quia été dit sur ce genre de construction appelé, en termes de gram- 
maire hébraïque, construction prégnante. 

20. Son âme; c'est-à-dire sa vie. Il y a des cautionnements pour de l'argent et une 
dette, mais il y en a aussi qui regardent la personne, et où il y va de la vie. C'est 
de ce dernier cautionnement qu'il s'agit ici. Compar. III Rois, xx, 39 

23. L'abandonnera; en le laissant payer pour lui. 

26. Les jugements; les procès. 

28. Le commencement; le principal. Compar., xxxix, 34. 


1502 
pauvre sous un toit d'ais, qu'un 
festin magnifique dans une mai- 
son étrangere pour celui qui est 
sans domicile. 

30. Qu'un trés petit bien au 
lieu d'un grand te contente, et 
tu n'entendras pas le reproche 
d'étre un étranger. 

31. C'est une vie misérable 
d'aller comme un hóte, de mai- 
son en maison; parlout oü un 
homme sera comme hóte, il n'a- 
gira point avec confiance, et il 
n'ouvrira pas la bouche. 

32. Il y sera comme hôte, et il 
donnera à manger et à boire à des 
ingrals ; et outre cela, il entendra 
des paroles amères. 

33. Passe là, hóte, dresse la 
table, et ce que tu as à la main, 
donne-le à manger aux autres. 

34. Retire-toi à cause de l'hon- 
neur que je dois faire à mes amis; 
jai besoin de ma maison ; mon 
frère est devenu mon hôte. 

35. Voici des choses pénibles à 
un homme qui a du sentiment : le 
reproche dela maison, et l'insulte 
d'un créancier. 


CHAPITRE XXX. 


Chátier ses enfants; utilité de la bonne 
éducation qu'on leur donne. Avantages 
de la santé. Maux qui sont les suites 
de la tristesse. 


1. Celui qui aime son fils le 
68116 fréquemment, afin qu'il 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cu. xxx.] 


s'en réjouisse dans son dernier 
temps, et qu'il ne frappe pas à la 
porte de ses voisins. 

2. Celui qui instruit son fils sera 
loué à cause de lui, et au milieu 
de ses proches il se glorifiera en 
lui. 

3. Celui qui instruit son fils 
jette son ennemi dans la jalousie; 
et, au milieu de ses amis, il se 
glorifiera en lui. | 

4. Son père meurt, et il ne 
semble pas mort; car il a laissé 
apres lui un semblable à lui- 
méme. 

5. Durant sa vie, il l'a vu, et il 
s'est réjoui en lui; à sa mort il n'a 
pas été contristé, et il n'a pas été 
confondu devant ses ennemis. 

6. Car il a laissé un défenseur 
de sa maison contre ses ennemis, 
el quelqu'un qui montrera de la 
reconnaissance envers ses amis. 

7. Pour les àmes de ses fils il 
bandera ses propres plaies; et à 
chaque parole ses entrailles se- 
ront émues. 

8. Un cheval indompté devjent 
intraitable, et l'enfant abandonné 
à lui-méme devient téméraire. 

9. Délicate ton fils, et il te rem- 
plira d'effroi; joue avec lui, et il 
te contristera. 

10. Ne ris pas avec lui, de peur 
que tu n'en aies de la douleur, et 
qu'àla fin tes dents ne deviennent 
immobiles. 


| Cap. XXX. 1. Prov., xii, 24; xxii, 19. — 3. Deut., vi, 7. 


t € i MM —— ———————— 


30. Qu'un trés pelit, etc.; c'est-à-dire si pour vivre tu te contentes de trés peu, tu 
ne seras pas obligé d'aller chercher ton existence dans une maison étrangère, et par 
conséquent de t'y entendre traiter d'étranger. 


33. Donne-le, etc.; sers les autres à table. 


4. Dans son dernier lemps; c'est-à-dire dans la dernière partie de sa vie, plus tard, 


Compar. Prov., xir, 24; xxur, 13-14. 


10. Ne deviennent immobiles ou insensibles: selon le grec, ne claquent. Par hé- 
braisme, le futur de la Vulgate obslupescent est mis pour 16 subjonctif obstupescant, 


[ca. xxxr.] 


11. Nelui donne pas de pouvoir 
dans sa jeunesse, et ne néglige 
pas ses pensées. 

12. Courbe sa téte dans sa jeu- 
nesse, et frappe ses cótes de 
verges, tandis qu'il est enfant, de 
peur qu'il ne s'endurcisse et qu'il 
ne croie pas en toi; et la douleur 
sera dans ton àme. 

13. Instruis ton fils, et agis sur 
Jui, de peur que tu ne te heurtes 
contre sa turpitude. 

14. Vaut mieux un pauvre plein 
de forces, qu'un riche languissant 
et tourmenté, affligé par la ma- 
ladie. 

15. La santé de l'àme est dans 
la sainteté de la justice, elle vaut 
mieux que tout l'or et l'argent; 
et un corps robuste mieux qu'une 
richesse immense. 

16.11 n'estpoint de richesses au- 
dessus de la richesse de la santé 
du corps; et il n'est point de plai- 
sir au-dessus de la joie du cœur. 

47. Vaut mieux la mort qu'une 
vie amére, et le repos éternel 
qu'une langueur persévérante. 

18. Des biens cachés dans une 
bouche fermée, sont comme les 
appréts d'un festin fait autour 
d'un sépulcre. 

19. Que servira une oblalion à 
une idole? car elle ne pourra en 
manger, ni en respirer l'odeur; 

20. Ainsi est celui qui est 
chassé par le Seigneur, portant le 
prix de son iniquité ; 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1508 
21. Voyant de ses yeux et gé- 
missant comme un eunuque em- 
brassant une vierge et soupirant. 
22. Ne donne pas de tristesse à 
ton àme, et ne t'afflige pas toi- 
méme en tes pensées. 

23. La joie du cœur, c'est la vie 
de l'homme et un trésor inépui- 
sable de sainteté; et l'exultation 
de l'homme est sa longévité. 

24. Aie pitié de ton âme, en 
plaisant à Dieu, et contiens-toi ; 
réunis ton cœur dans la sainteté 
de Dieu, et chasse la tristesse loin 
de toi. 

25. Car la tristesse a tué beau- 
coup de gens, et il n'y a pas d'a- 
vantage en elle. 

26. L'envie et 16 courroux abré- 
gent les jours, et la pensée ame- 
nera la vieillesse avant le temps. 

27. Un cœur serein et bon est 


dans les festins continuels; car 


ses festins se préparent avec soin. 


CHAPITRE XXXI. 


Fatigues des avares. Heureux le riche qui 
est demeuré dans linnocence. Garder 
la modestie et la tempérance dans les 
festins. User de vin avec sobriété. 


1. Veiller pour la richesse des- 
sèche la chair, et y penser enlève 
le sommeil ; 

2. La pensée de l'avenir ren- 
verse le sens, et une maladie 
grave rend l'àme sobre. 

3. Le riche a travaillé pour 
amasser son bien, et dans son 


12. Supra, vir, 25. — 19. Dan., xiv, 6. — 22. Prov., xu, 25; xv, 13; xvii, 22. — 


25. II Cor., vir, 10. 


18. Les appréts, etc.; allusion à l'ancienne coutume de mettre des viandes sur 1698 


tombeaux. Compar., vir, 37. 


23. L'exultation, etc.; une grande joie rend la vie d'un homme plus longue, 


271. Bon; c'est-à-dire gai, joyeux, content. 


1. La richesse (honestatis). Voy. xui, 2. 


1504 
repos il sera rassasié de ses ri- 
chesses. 

4. Le pauvre atravaillé en épar- 
gnant sursa propre vie, et à la fin, 
il devient privé de tout secours. 

5. Celui qui aime l'or ne sera 
pas justifié; et celui qui cherche 

Ja corruption en sera rempli. 
| 6. Beaucoup ont fait des chutes 
,à cause de l'or, et leur perte est 
' venue de sa beauté. 

- 7. C'est un bois d'achoppement 
que l'or, pour ceux qui lui sacri- 
fient; malheur à ceux qui le re- 
cherchent avec ardeur; et tout 
insensé périra par lui. 

8. Bienheureux le riche qui a 
été trouvé sans tache, et qui n'a 
point couru après l'or et qui n'a 
pas espéré dans l’argent et les 


L'ECCLESIASTIQUE. 


[cu. xxxr.] 


9. Qui est celui-là, et nous le 
louerons ? car il a fait des mer- 
veilles durant sa vie. 

10. Celui qui a été éprouvé par 
l'or, et trouvé parfait, à celui-là 
sera une gloire éternelle; à lui 
qui a pu transgresser et n'a pas 
transgressé ; faire 16 malet ne l'a 
pas fait; 

11. Pour cela ses biens ont été 
affermis dans le Seigneur, et ses 
aumónes, toute l'assemblée des 
saints les racontera. 

19. Es-tu assis à une grande 
table? n'ouvre pas le premier ta 
bouche. 

13. Ne dis pas ainsi : Il y a bien 
des choses qui sont sur cette 
table ; | 

14. Souviens-toi qu'un eil mau- 


trésors. | vais est funeste. 


CnapP. XXXI. 6. Supra, vilt, 3. 


5. Celui qui aime l'or, etc. Compar. Prov., xxviu, 20; 1 Timoth., vx, 9, 10. 

6. Beaucoup, ete. Compar., vint, 3. 

1. C'est un bois d'achoppement jeté malicieusement dans un chemin pour faire 
tomber les passants. La méme idée est exprimée plus bas, xxxv, 10, 11, et une sem- 
blable dans Jérémie, Lamentations, v, 13, où la Vulgate a parfaitement rendu le verbe 
hébreu cáschálou par corruerunt. D'autres l'entendent de /'arbre de la science du 
bien et du mal, lequel était dans le paradis terrestre, et qui est devenu, par la faute 
de nos premiers parents, un arbre de chute; d'autres des idoles, qui souvent étaient 
faites de bois (Isaie, xuiv, 15); car l'avarice est une vraie idolâtrie (EpAés., v, 5; Co- 
loss., ur, 5). D'autres, enfin, prétendent simplement que, comme il y a des pierres 
qui se trouvent tout naturellement sur le chemin, et qui font tomber lorsqu'on s'y 
heurte, il y a de méme sur la voie des bois qui font tomber de la même manière. 
Cette dernière interprétation parait plus rigoureusement conforme à la simple ex- 
pression du texte, bois d'achoppement; mais la suivante, ceux qui sacrifient, rend la 
troisiéme explication assez probable. 

11. * L'assemblée des saints, des Israélites fidèles. 

14, 15. L'eil mauvais; c'est l'œil d'un homme avare et avide, qui pleure, lorsqu'il 
voit manger les autres plus qu'il ne voudrait, regardant cela comme une dépense 
superflue. C'est dans ce méme esprit d'avarice que Judas se plaignit si amérement 
de ce que Marie, sœur de Lazare, oignaitles pieds de Jésus avec un parfum de grand 
prix. — Lorsqu'il verra; selon le grec : Là où il regardera; ct suivant la version 
Sixtine : Partout où il regardera. Dans l'un et dans l'autre textes, ces mots font partie 
du verset suivant; dans l'édition latine de Turin, que nous suivons et qui a été ap- 
prouvée par le Saint-Siège, ils sont rangés dans le 15e, mais la ponctuation les rat- 
tache au 16e; de maniére que le sens parait étre : Sur les mets sur lesquels il fixera 
ses yeux, ne porte pas la main le premier, de peur que par des maniéres ou des 
paroles insinuantes, inspirées par l'envie, il ne te fasse passer pour un indiscret et 
un gourmand, ce qui te flétrirait aux yeux des convives, et te couvrirait de con- 
fusion, 


(cit. xxx1.] 

15. Qu'a-Lil été créé de plus 
mauvais que l'ail? c'est pour cela 
qu'il pleurera de toute sa force : 
lorsqu'il verra, 

16. N'étends pas ta main le pre- 
mier, de peur que flétri par l'en- 
vie, tu n'aies à rougir. 

17. Ne t’empresse pas dans un 
festin. 

18. Juge les choses qui regar- 
dent ton prochain d’après toi- 
même ; 

19. Use comme un homme tem- 
pérant de ce qui t'est servi, de 
peur que mangeant beaucoup tu 
ne te rendes odieux. 

20. Cesse le premier par bien- 
séance ; et évite l'excès, pour ne 
pas choquer. 

91. Et si tu t'es assis au milieu 
de beaucoup de personnes, n'é- 
tends pas le premier ta main sur 
la table; ne demande pas le pre- 
mier à boire. 

22. Combien est suffisant un 
peu de vin à un homme bien 
élevé? et en dormant tu n'en 
seras pas fatigué, et tu ne senti- 
ras pas de douleur. 

93. L'insomnie, lamaladie noire 
et les tranchées à l'homme in- 
tempérant ; 

24. Un sommeil salutaire à 
l'homme sobre. Il dormira jus- 
qu'au matin, et son àme en lui s 
réjouira. | 

30. Judith, xr, 4. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1505 

25. Et si tu as été contraint 
de manger beaucoup, lève-toi 
du milieu des convives, vomis; 
et cela te soulagera, et tu n'at- 
tireras pas à ton corps une ma- 
ladie. 

26. Ecoute-moi, mon fils, et ne 
me méprise point, et à la fin tu 
trouveras mes paroles vraies. 

27. Dans toutes tes œuvres sois 
diligent, et aucune infirmité ne 
tombera sur toi. 

28. Les levres de la multitude 
béniront celui qui est splendide 
dans les repas qu'il donne; et le 
témoignage en faveur de sa vé- 
rité sera fidèle. 

29. Contre le sordide dans les 
repas qu'il donne, toute la ville 
murmurera; et le témoignage 
contre sa sordidité sera fidèle. 

30. Ne provoque pas à boire 
ceux qui aiment le vin; car le vin 
en a perdu beaucoup. 

31. Le feu éprouve le fer le pius 
dur, de méme le vin bu jusqu'à 
l'ivresse fera connaître les cœurs 
des superbes. 

32. C'est une vie favorable aux 
hommes que le vin ów avec so- 
briété ; si tu en bois modérément, 
tu seras sobre. 

33. Quelle est la vie pour celui 
qui manque de vin? 

34. Qu'est-ce qui nous prive de 
la vie? La mort. 


20. Cesse le premier de manger. 


25.* Conseil médical, qui n'a d'ailleurs rien de commun avec la pratique des Ro- 
mains dégénérés, interrompant de cette manière leurs festins par intempérance. 

28. De sa vérité; ou de sa justice, de son équité (veritatis illius), ou mieux, selon le 
grec et la version Sixtine, selon sa bonté; ce qui est en effet plus conforme au con- 


texte. 


33. Oui manque de vin; cest le sens de qui minuitur vino, expliqué par le texte 
grec, et par les vers. 35-31 de la Vulgate elle-méme. Compar. aussi en faveur de ce 
sens. Ps. cur, 15; Prov., xxxt, 6, 7; I Timoth., v, 23. 


ὅλο ig 


90 


1506 


35. Le vin a été créé dès le 
commencement pour la joie et 
non pour l'ivresse. 

36. C'est l'exultation de l’âme 
et du cœur, que le vin bu modé- 
rément. 

37. C'est la santé pour l'àme et 
pour le corps, que de boire sobre- 
ment. 

38. Le vin bu en grande quan- 
tité produit l'irritation, et la co- 
lere, et beaucoup de ruines. 

39. C'est l'amertume de l'àme 
que le vin bu en grande quantité. 

40. L'ardeur de l'ivresse est une 
pierre d'achoppement pour l'im- 
prudent; elle diminue la force et 
fait des blessures. 

41. Dans un repas oü on boit du 
vin, ne reprends pas ton pro- 
chain, et ne le méprise pas dans 
sa joie; 

42. Ne lui dis pas des paroles de 
reproche, et ne le presse pas en 
redemandant {on du. 


CHAPITRE XXXII. 


Comment doivent se conduire dans les 
repas, celui qui en a le soin, et les 
vieillards et les jeunes gens qui y sont 
conviés. Avantages de lacrainte de Dieu. 
Ne rien faire sans conseil. 


1. Les convives t'ont-ils établi 
chef? ne t'élève pas; sois parmi 
eux comme l'un d'entre eux. 


35. Ps. crm, 15. — 38. Prov., xxxi, 4. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


(cu. xxxir.] 


9. Aie soin d'eux, et apres cela 
assieds-toi ; tout ton office exercé, 
mets-toi à table ; 

3. Afin que tu te réjouisses à 
cause d'eux, et que tu recoives la 
couronne, comme un ornement 
de grâce, et que tu obtiennes la 
considération de la réunion des 
conviés. 

4. Parle, toi, plus âgé; car à toi 
convient 

ὃ. La première parole, dite avec 
une exacte sagesse, et n'empéche 
pas la musique. 

6. Où l'on n'écoute point, ne te 
répands pas en discours, et ne 
Uéleve point d'une maniere im- 
portante dans ta sagesse. 

7. Telle la petite gemme, l’es- 
carboucle dans un ornement d'or, 
tel aussi un concert dans un repas 
oü l'on boit du vin. 

8. Comme est un cachet d'éme- 
raude dans un travail d'or, ainsi 
est une troupe de musiciens dans 
un repas ott le vin est pris joyeu- 
sement et modérément. 

9. Ecoute en silence, et pour 
ta réserve te viendra la bonne 
gráce. 

10. Jeune homme, parle à peine 
dans ta propre cause. 

11. Si tu esinterrogé deux fois, 
que ta réponse contienne le prin- 
cipal. 


1. Les convives, etc. L'auteur sacré de ce livre, qui vivait en Egypte, fait probable- 
ment allusion à la coutume, trés ancienne parmi les Grecs, et en vertu de laquelle 
‘es convives des festins établissaient un chef ou un roi qui avait soin de tout ce qui 


concernait le repas. 


| 8. La couronne; on la donnait comme ornement à celui qui était déclaré chef du 


4 repas. 


4. Parle, etc. Ceci ne regarde plus le chef du festin, ce sont des préceptes généraux 


qui regardent tous les convives, 


5. N'empéche pas, etc. Le sage ne veut pas que les vieillards troublent par leurs 
discours la musique qui s'exécutait pendant les repas. 


(cn. χχχι. 


19. En peaucoup de choses, 
sois comme ignorant, et écoute 
en silence et aussi en interro- 
geant. 

13. Au milieu des grands ne 
présume pas de toi-méme; et oü 
il y a des vieillards, ne parle pas 
beaucoup. 

14. La gréle sera précédée de 
l'éclair; et la modestie sera pré- 
cédée de la onne grâce; et pour 
la réserve te viendra la bonne 
grâce. 

15. Et à l'heure de se lever ne 
t'embarrasse point ; mais cours le 
premier à ta maison, et là diver- 
tis-toi, etlà amuse-toi, 

16. Et suis tes conceptions, 
mais sans péchés, et sans parole 
superbe. 

11. Et, dans toutes ces choses, 
bénis le Seigneur qui t'a fait, et 
t'a enivré de tous ses biens. 

18. Celui qui craint le Sei- 
gneur recevra sa doctrine; et 
ceux qui auront veillé pour le 
chercher irouveront sa bénédic- 
aon. 

19. Celui qui cherche la loi de 
Dieu en sera rempli, et celui 
qui agit insidieusement, trouvera 
une pierre d'achoppement en 
elle. 

20. Ceux qui craignent le Sei- 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1507 
gneur trouveront un jugement 
juste, et ils allumeront leurs jus- 
lices comme une lumiere. 

21. L'homme pécheur évitera 
la réprimande, et selon son dé- 
sir il trouvera un sujet de compa- 
raison ; 

22. L'homme de conseil ne dé- 
truira pas l'intelligence; l'étran- 
ger et le superbe n'aura aucune 
crainte, 

23. Même aprés qu'il aura agi 
par lui seul, sans conseil ; et par 
ses propres projels, il sera con- 
damné. 

24. Mon fils, sans conseil ne 
fais rien, et après l'action tu ne te 
repentiras pas. 

25. Ne va pas dans une voie de 
ruine, et tu ne te heurteras pas 
contre les pierres; et ne t'engage 
pas dans une voie pénible, de 
peur de mettre devant ton àme 
une pierre d'achoppement. 

26. Et garde-toi de tes fils, et 
fais attention aux personnes de ta 
maison. | 

27. Dans toutes tes œuvres, 
écoute fidèlement ton âme ; car 
c'est garder les commandements. 

28. Celui qui croit en Dieu, est 
attentif aux commandements ; et 
celui qui se confie en lui ne sera 
point affaibli. 


20. Trouveront, etc.; c'est-à-dire ils obtiendront du Seigneur. — Ils allumeront, etc. 
Comme la loi du Seigneur est une lumière qui éclaire leurs pas (Ps. cxvnr, 105), i/s 
allumeront, c'est-à-dire ils feront luire, briller leurs œuvres de justice, leurs bonnes 
œuvres, devant les hommes, pour leur édification (Matth., v, 16). 

21. Il trouvera pour se justifier. — Un sujet de comparaison dans les exemples et la 
conduite de ses semblables. Compar. xxi, 1. 

22. L'étranger au conseil, celui qui est privé de conseil. Le mot alienus de la Vul- 
gate est probablement pour alienus a consilio, par opposition à vir consilii. — N'aura 
aucune crainte; littér., et par hébraisme, ne craindra pas la crainte. 

23. Par lui seul; littér. avec lui. Le latin cum eo, est ici par un idiotisme commun 
surtout à l'Ecclésiastique et à la Sagesse pour secum. D'autres cependant rapportent 
le pronom eo à /imorem du verset précédent; en sorte que le sens serait : Méme uprèe 
qu'il aura agi avec crainte, 


1508 


CHAPITRE XXXIII. 


Avantage de la crainte de Dieu. Dieu par 
son juste jugement reléve les uns et 
abaisse les autres. Fin que l'auteur s'est 
proposée en écrivant cet ouvrage. Se 
conserver l'autorité dans sa famille. 
Maniére dont il faut traiter les esclaves. 


1. A la rencontre de celui qui 
craint le Seigneur, ne viendront 
pas les maux ; mais dans la ten- 
tation, Dieu le conservera et le 
délivrera des maux. 

2. Le sage ne hait ni les com- 
mandements ni les justices, et il 
ne sera pas brisé comme un vais- 
seau dans la tempéte. 

3. L'homme sensé croit à la loi 
de Dieu, et la loi lui est fidèle. 

4. Celui qui éclaircit une ques- 
tion préparera son discours; et 
ayant ainsi prié, il sera exaucé, 
il conservera la discipline, et alors 
il répondra. 

5. Le cœur de linsensé est 
comme la roue d'un chariot, et 
comme un essieu mobile est sa 
pensée. 

6. Comme est un étalon, ainsi esé 
aussi un ami railleur; sous tous 
ceux qui le montent il hennit. 

7. Pourquoi un jour l'emporte- 
t-il sur un jour, une lumière sur 
une lumière, et une année sur 
une année, venant tous du soleil? 

8. Par la science du Seigneur 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


(cir. xxxim.] 


ils ont été sépares, le soleil ayant 
été fait, et conservant le précepte 
qu'il a recu. 

9. Et il a distingué les temps et 
leurs jours de fète, et c'est dans 
ces temps qu'on a célébré les 
jours de fête, jusqu'à l'heure »2a7- 
quee. 

10. Parmi eux, Dieu en a élevé 
et consacré, et il en a mis dans le 
nombre des jours ordinaires. Et 
tous les hommes onf été tirés du 
sol et de la terre dont Adama été 
formé. 

11. Dans la grandeur de sa sa- 
gesse, Dieu a établi des différen- 
ces entre eux, et il a diversifié 
leurs voies. 

19. Parmi eux il e» a béni et 
exalté ; et parmi eux il ez a sanc- 
tifié et attaché 8101 ; et parmi eux 
il en a maudit et humilié, et il les 
a chassés du pays oü ils s'étaient 
retirés. 

13. Comme l'argile du potier 
est dans sa main, pour quil la 
faconne et l'arrange ; 

14. Toutes les formes qu'elle 
prend, sont selon qu'illa dispose ; 
ainsi l'homme est dans la main 
de celui qui l'a fait, et qui lui ren- 
dra selon son 7uste jugement. 

15. Contre le mal est le bien, et 
contre la mort, la vie; ainsi aussi 
contre l'homme juste est le pé- 
cheur. Et considère ainsi toutes 


(παρ. XXXIII. 5, Supra, xxr, 17. — 10. Genèse, 11, 7. — 13. Rom., 1x, 21. 


(go —————————————D 


2, Les juslices; c'est-à-dire les préceptes du Seigneur. Compar. Ps. xviii, 8. 

8. Séparés; distingués, uniquement par la volonté de Dieu. 

10. Du sol et de la terre; hébraisme pour du sol de la terre, du bas fond dela terre. 

11. Entre eux; c'est-à-dire entre les hommes, nommés au verset précédent. 

412. Du pays où ils s'étaient retirés; c'est le sens de la Vulgate expliquée par les 
Septante et la version Sixtine. L'auteur fait probablement allusion aux Chananéens, 
chassés par les Israélites, qui s'emparérent de leur pays. Compar. Genèse, x, 18; 


Lxod., 111, 8; Deultér., 1, 1, 8. 


43, Elles sont deux à deux, etc. Dans la nature, en effet, chaque chose est comme 


(en. [.זווצאא‎ 


les œuvres du Très-Haut. Elles 
sont deux à deux, et l’une contre 
l'autre. 

16. Et moi, le dernier, je me 
suis réveillé, et /e suis comme ce- 
lui qui recueille les grains de rai- 
sin aprésles vendangeurs. 

11. En la bénédiction de Dieu, 
moi-méme aussi j'ai espéré, et 
comme celui qui vendange, j'ai 
rempli le pressoir. 

18. Considérez que pour moi 
seul je n'ai pas travaillé, mais 
pour tous ceux qui recherchent 
la science. 

19. Ecoutez-moi, grands, et 
vous tous, peuples; et vous, chefs 
de l'assemblée, prétez l'oreille. 

90. A ton fils, et à £a femme, à 
ton frere et à {on ami ne donne 
pas pouvoir sur toi durant ta vie: 
ne donne pas à un autre tes 
biens, de peur que tu ne te re- 
pentes et que forcé tu ne lui en 
demandes avec prière. 

21. Tandis que tu vis ei que tu 
respires, qu'aucune chair ne te 
fasse changer. 

299. Car il veut mieux que tes 
filste prient, que de regarder dans 
les mains de tes fils. 

93. Dans toutes tes ceuvres, sois 
le principal. 

2%. Ne fais pas de tache à ta 
gloire. Au jour de la consomma- 


18. Supra, xxiv, 47. — 31. Supra, vir, 23. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1509 
tion des jours de ta vie, et au 
temps de ta mort, distribue ton 
héritage. 

95. Le fourrage et la verge etle 
fardeau à l’âne ; le pain et la cor 
rection et le travail à l'esclave. 

26. Il travaillera avec la correc- 
tion, et il cherche à se reposer; 
lâche-lui la main, et il cherche la 
liberté ; 

27. Le joug et la courroie fon: 
courber un cou dur; et les tra. 
vaux assidus assouplissent un es. 
clave. 

98. A l'esclave malveillant, la 
torture et les fers aux pieds; en- 
voie-le à l'ouvrage, de peur qu'il 
ne soit oisif; 

29. Car l’oisiveté a enseigné 
beaucoup de malice. 

30. Assujettis-le à l'ouvrage ; cat 
c'est ce qui lui convient. Que 
s’il n'obéit pas, dompte-le par des 
chaines aux pieds; mais ne com- 
mets point d'excés envers aucune 
chair; or, sans réflexion, ne fais 
rien de grave. 

31. Si tu as un esclave fidele, 
quil te soit comme ton àme; 
traite-le comme un frère, parce 
que c'est avec le sang de ton âme 
que tu l’a acquis. \ 

32. Situ le blesses injustement, - 
il prendra la fuite. 

33. Et si se dérobant il s’en va, 


composée de deux, dont l'une est l'opposé de l'autre; ainsi la nuit et le jour, le mal 
et le bien, la mort et la vie, le pécheur et le juste, etc. 

16. Et moi, etc. Jésus, fils de Sirach, se donne ici comme le dernier des écrivains 
sacrés, qui n'a fait que glaner après tous les autres. Cependant son ouvrage est ori- 


ginal et nouveau. 


21. Chair ; signifie ici, comme en bien d'autres endroits de l'Ecriture, homme, per- 


sonne. — Ne te fasse changer sur ce point. 


22, Que de regarder, etc.; pour en attendre quelques secours. 


30. Chair. Voy. vers. 21. 


31. Ton dme; ta vie ou toi-même, ta personne. — C'est avec le sang, etc. Il s'agit 
ici d'un esclave qu'un vainqueur a pris à la guerre au péril de sa vie. 


4510 
tu ne sauras à qui tu dois le de- 
mander, nisur quelle voie tu dois 
le chercher. 


CHAPITRE XXXIV. 


Vanité des songes. Avantage de l'expé- 
rience. Bonheur de celui qui craint le 
Seigneur. Dieu a en horreur les obla- 
tions des méchants. Fausse pénitence. 


1. La vaine espérance et le 
mensonge à l'homme insensé ; 
et les songes élèvent les impru- 
dents. 

2. Comme celui qui saisit l'om- 
bre et poursuit le vent; ainsi est 
celui qui s'attache à des visions 
mensongères. 

3. Ceci d'après ceci, éelle est la 
vision des songes : devant la face 
d'un homme est la UE 
d'un homme. 

4. Par ce qui est impur qu'est- 
ce qui sera purifié? et par un 
menteur qu'est-ce qui sera dit de 
vrai? 

ὃ. Les divinations de l'erreur, 
et les augures mensongers, et les 
songes de ceux qui font le mal, 
c'est vanité. 

6. Comme /e cœur des femmes 


L'ECCLÉSIA STIQUE. 


[cH. xxxiv.) 


qui sont en mal d'enfant, ton 
cœur est en proie à des visions 
imaginaires; à moins que par le 
Tres-Haut ne £e soit envoyée 
une vision, n'y applique pas ton 
cœur; 

7. Car les songes ont fait errer 
beaucoup de gens, et 115 sont 
tombés, parce qu'ils y avaient mis 
leur espérance. 

8. Sincerement sera accomplie 
la parole de la loi, et la sagesse 
dans la bouche d'un fidèle de- 
viendra claire. 

9. Celui qui n'a point été tenté, 
que sait-il? Un homme expéri- 
menté en beaucoup de choses en 
pensera beaucoup, et celui qui ἃ 
beaucoup appris parlera avec in- 
telligence. 

10. Gelui qui n'est pas expéri- 
menté connait peu de choses; 
mais celui qui s'est trouvé dans 
beaucoup d'affaires multiplie la 
malice. 

11. Celui qui n'a point été 
tenté, quelles choses sait-il? mais 
celui qui a 616 trompé abondera 
en méchanceté. 

12. J'ai vu beaucoup de choses 


1. Elévent des imprudents en l'air, les font voler, comme portent le grec et la 
version Sixtine; c'est-à-dire qu'ils les séduisent en leur donnant de vaines espé- 
rances. 

3. Ceci d'aprés ceci; qu'on lit également dans le grec et la version Sixtine, est 
l'expression la plus juste et la plus exacte pour dire que les objets vus en songe ne 
sont que la simple image, l'ombre pure de la chose qu'ils représentent, et que, par 
conséquent, elles n'ont pas plus de réalité en soi, et ne constituent pas plus un objet 
réel à part, que le visage d'un homme dans un miroir. Voilà pourquoi dans sa pré- 
cision, le texte porte : Ceci d'après ceci, et non : Ceci d’après cela, comme s'il s'agis- 
sait de deux choses réellement distinctes. 

6. A moins que par le Très-Haut, etc. Dieu se révélait quedo dans des songes. 
Voy. Genèse, xxxvi, 5 et suiv.; xr, 10 et suiv.; Daniel, 1, 4; 1v, 2; Matth., 1, 20. 

10. D'affaires; ou de lieux, selon le grec et la version Sixtine, qui ont rendu par : 
Qui a élé errant, vagabond; c'est-à-dire qui a voyagé. Compar. le vers. 12. — Malice 
(malitia); ou, selon d'autres, habileté, sagacilé, prudence; sens dont sont susceptibles 
les deux textes que nous venons d'alléguer. 

11. Méchanceté. Mème observation que pour le mot malice du verset 10. 

12. En voyageant. On concoit aisément l'importance que les anciens attachaient aux 
voyages, quand on considére que ce n'est qu'en voyageant qu'on pouvait acquérir 


ΧΧΧιν.]‏ .8ס] 


en voyageant, et un trés grand 
nombre de manieres de parler. 

13. Quelquefois j'ai été en dan- 
ger de mort, à cause de cela, et 
jai été délivré par la grâce de 
Dieu. 

14. L'esprit de ceux qui crai- 
gnent Dieu est l'objet de ses 
soins, et par son regard il sera 
béni. 

15. Car leur espérance est en 
celui qui les sauve, et les yeux 
de Dieu sont sur ceux qui l'ai- 
ment. 

16. Celui qui craint le Seigneur 
ne s'alarmera de rien, etil n'aura 
pas peur, parce que le Seigneur 
lui-méme est son espérance. 

17. De celui qui craint le Sei- 
gneur bienheureuse est l'âme. 

18. Sur qui porte-t-il ses re- 
gards, et qui est sa force? 

19. Les yeux du Seigneur sont 
sur ceux qui le craignent; il est 
le protecteur de la puissance, 
l'affermissement de la force, un 
abri contre la chaleur, et un om- 
brage contre le soleil du midi; 

20. Il détourne le choc, et sou- 
tient dans la chute; il exalte 
làme et illumine les yeux; il 
donne la santé, la vie et la béné- 
diction. 

21. L'oblation de celui qui sa- 
crifie d'un bien d'iniquité est 


L'ECCLÉSTASTIQUE. 


1511 


souillée, et les insultes des in- 
justes ne sont point agréables ὦ 
Dieu. 

22. Le Seigneur est seulement 
à ceux qui se soutiennent dans la 
voie de la vérité et de la justice. 

23. Le Très-Haut n'approuve 
pas les dons des Aomzes iniques; 
il ne regarde pas les oblations 
des hommes iniques, et, malgré 
la multitude de leurs sacrifices, 
il ne sera pas propice à leurs 
péchés. 

24. Celui qui offre un sacrifice 
de la substance des pauvres est 
comme celui qui égorge un fils 
en présence de son pere. 

25. Le pain des indigents est la 
vie des pauvres ; celui qui le leur 
óte est un homme de sang. 

26. Celui qui arrache 0 un hom- 
me le pain de sa sueur est comme 
celui qui tue son prochain. 

27. Celui qui répand le sang, et 
celui qui use de fraude envers un 
mercenaire sont frères. 

98. L'un bâtit et l’autre détruit ; 
que leur revient-il, si ce n'est de 
la fatigue ? 

29. L'un prie et l'autre maudit ; 
de qui Dieu exaucera-t-il la voix? 

30. A celui qui se lave ₪ 06 
de l'attouchement d'un mort, et 
qui le touche de nouveau, que 
sert de s'étre lavé? 


08. XXXIV. 19, Ps. xxxii, 16, — 21, Prov,, xxi, 27, — 23. Prov., xv, 8. — 27. Deut., 


xxiv, 14; Supra, vit, 22, 


de grandes connaissances. Car, sans parler d'Ulysse, qui, par ses voyages, a mérité 
la réputation d'un des plus sages princes et des plus expérimentés du monde, Py- 
thagore et Platon ont acquis de cette manière la science qui les a rendus si célèbres. 
Voy. ce que dit à ce sujet saint Jérôme, dans sa lettre à saint Paulin de Nole. — 
Manières de parler (verborum consuetudines); des langages, des idiomes; mais, comme 
en hébreu parole signifie aussi chose, d'autres traduisent par coutumes différentes. 

30. A celui qui se lave, etc. Selon la loi mosaique, tout Israélite qui avait teuché 
un mort ou assisté à des funérailles était impur jusqu'à ce qu'au septième jour il se 
fût lavé, qu'il eüt lavé ses vêtements, et qu'il se fût arrosé de l'eau destinée aux: 
purifications. Voy. Nombr., xix, 11 et suivants. 


1512 

91. Ainsi, à l'homme qui jeûne 
à cause de ses péchés, et qui 
les commet de nouveau, que sert 
de s'être humilié? qui exaucera 
sa prière? 


CHAPITRE XXXV. 


Observation des commandements, sacri- 
fice agréable à Dieu. Offrir ses dons au 
Seigneur avec joie. Dieu ne fait accep- 
tion de personne. Il exauce les prières 
des pauvres, et il perdra ceux qui les 
oppriment. 


1. Celui qui observe la loi mul- 
tiplie l'oblation. 

9. C'est un sacrifice salutaire 
que d'étre attentif aux comman- 
dements et de se retirer de toute 
iniquité. 

3. Et c'est offrir un sacrifice de 
propitiation pour les injustices, et 
prier pour 16 pardon des péchés, 
que de s'éloigner de l'injustice. 

4. [| rend grâce à Dieu, celui 
qui offre la fleur de la farine; et 
celui qui fait miséricorde offre un 
sacrifice. 

5. C'est chose agréable au Sei- 
gneur que de s'éloigner de l'ini- 
quité ; et c'est prier pour le par- 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


(cu. xxxv.] 


don des péchés que de s'éloigner 
de l'injustice. 

6. Tu ne paraitras pas devant 
le Seigneur les mains vides. 

7. Car toutes ces choses se font 
pour obéir aux commandements 
de Dieu. 

8. L'oblation du juste engraisse 
l'autel, et c'est une odeur de sua- 
vité en présence du Très-Haut. 

9. Le sacrifice d'un juste est 
agréable au Seigneur, et le Sei- 
gneur n'en perdra pas le souve- 
nir. 

10. De bon cœur, rends gloire 
à Dieu, et ne retranche rien des 
prémices de tes mains. 

11. Dans tout don montre un 
visage gai, et dans l'exultation 
sanctifie tes dimes. 

12. Donne au Tres-Haut selon 
ses dons, et d'un bon cil fais /of- 
frande de lacquisition de tes 
mains. 

13. Car le Seigneur donne ex 
retour, et il te rendra sept fois 
autant. 

14. N'offre pas des dons défec- 
tueux, parce qu'il ne les recevra 
pas. 


31. II Pierre, rr, 21. — παρ. XXXV. 2. I Rois, xv, 22. — 5. Jér., vit, 3; xxvi, 13. — 
6. Exode, xxr, 15; xxxiv, 20; Deut., xvi, 16. — 11. II Cor., 1x, 7. — 12. Tobie, 1v, 9. 


— 14. Lév., xxm, 21; Deut., xv, 21. 


1. Multiplie loblation; c'est-à-dire a autant de mérite aux yeux de Dieu que s'il 


faisait un grand nombre d'oblations. 


2. Sacrifice salutaire; c'est le sacrifice eucharistique, appelé aussi pacifique, et 
qu'on offrait, soit pour remercier le Seigneur des gráces qu'on avait obtenues de lui, 
soit pour lui en demander de-nouvelles. Compar. Lévitique, nr et vit. 

4. * Offre la fleur de la farine, offrande légale, Lévilique, τι, 1. 

6. Tu ne paraîlras pas, etc. Voy. Exod., xxur, 15; xxxiv, 20; Deutér., xvr, 16. 

11. Dans l'exullation, etc.; avec joie. Compar. Rom., xi, 8; II Corinth., 1x, 1. — 
Sanclifie; c'est-à-dire, selon le style des Hébreux, sépare, prépare, destine pour un 


usage saint. 


12. De l'acquisition; littér. de l'invention; de ce que tu as trouvé, acquis par tes 


mains. 


13. Sept fois autant que tu lui donneras. 


14. Des dons défectueux; qui ne sont pas selon la loi. Compar. Lévif., xxu, 21-25; 


Deutér., xv, 21; Malachie, 1, 1, 8. 


xxxvr.]‏ .חס] 


15. Et ne regarde pas à un sa- 
crifice injuste, parce que le Sei- 
gneur est juge, et que devant lui 
la gloire de la personne n'est 
rien. 

16. Le Seigneur ne fera pas ac- 
ception de personne contre le 
pauvre, et il exaucera la prière 
de l'offensé. 

11. Il ne méprisera pas les 
prieres de l'orphelin, nila veuve, 
si elle épanche le langage du gé- 
missement. 

18. Est-ce que les larmes de la 
veuve ne descendent pas sur la 
joue, et son eri sur celui qui les 
fait couler? 

19. Car dela joue elles montent 
jusqu'au ciel, et le Seigneur qui 
l'exauce ne se plaira pas dans ses 
larmes. 

20. Gelui qui adore Dieu avec 
joie sera recu, et sa prière jus- 
qu'aux nues s'approchera. 

21. La priere de celui qui s'hu- 
milie pénétrera les nues, et jus- 
qu'à ce qu'elle en approche, il ne 
se consolera point ; et il ne se re- 
tirera pas jusqu'à ce que le Très- 
Haut la regarde. 

22. Et le Seigneur ne s'éloigne- 
ra pas ; mais il jugera les justes, 
et il fera justice ; et le Tres-Fort 
n'aura pas pour eux de patience, 
afin de briser leur dos; 

93. Et des nations il tirera ven- 
geance, jusqu à ce qu'il fasse dis- 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


4513 


paraitre toute l'assemblée des su- 
perbes, et qu'il brise les sceptres 
des hommes iniques ; 

24. Jusqu'à ce qu'il rende aux 
hommes selon leurs actions et 
selon les œuvres d'Adam, et selon 
sa présomption ; 

25. Jusqu'à ce qu'il rende jus- 
tice à son peuple, et qu'il 16-' 
jouisse les justes par sa miséri- 
corde. 

26. Belle est la miséricorde de 
Dieu au temps de la tribulation, 
comme la nuée de la pluie au 
temps de la sécheresse. 


CHAPITRE XXXVI. 


Prière de l'auteur de ce livre pour atti- 
rer la miséricorde de Dieu sur Israel. 
Du cœur éclairé et du cœur corrompu. 
Avantage de celui qui a une femme 
vertueuse, 


1. Ayez pitié de nous, Dieu de 
toutes choses, et regardez-nous, 
et montrez-nous la lumière de 
vos miséricordes ; 

2. Et envoyez votre terreur sur 
les nations qui ne vous ont point 
recherché, afin qu'elles sachent 
qu'il n'y a point de Dieu, si ce 
n'est vous, et qu'elles racontent 
vos merveilles. 

3. Levez votre main sur les na- 
tions étrangères, afin qu'elles 
voient votre puissance ; 

4. Car comme en leur présence 
vous avez été sanctifié parmi 


15. Deut., x, 17; II Par., xix, 7; Job, xxxiv, 19; Sagesse, vr, 8; Actes, x, 34; Rom., 


11, 11; Gal., 11, 6; Col., ui, 25; 1 Pierre, 1, 17. 


15. Ne regarde pas à; ne compte pas sur. Compar. Deutér., x, 11; II Paralip., xix, 1; 
Job, xxxiv, 19 ; Sagesse, vi, 8; Actes, x, 34; Rom., τι, 11; Galat., n, 6; Coloss., uu, 25; 


1 Pierre c1. 


14. D'Adam ; selon le grec et la version Sixtine des hommes, en général. 


4. Comme en leur présence, etc. De méme qu'ils ont vu de leurs propres yeux que 
vous avez montré votre sainteté parmi nous, en nous punissant, de méme aussi 
vous montrerez à nos yeux votre grandeur en les châtiant, 


1514 


nous, ainsi en notre présence 
vous serez glorifié parmi elles; 

9. Afin qu'elles vous connais- 
sent, comme nous aussi avons 
connu quil n'y a point de Dieu 
hors vous, Seigneur. 

6. Renouvelez les miracles et 
produisez d'autres merveilles. 

1. Glorifiez votre main et votre 
bras droit. 

8. Excitez votre fureur et ré- 
pandez votre colere. 

9. Détruisez l'adversaire, et af- 
fligez l'ennemi. 

10. Pressez le temps et souve- 
nez-vous de la fin, afin qu'on ra- 
conte vos merveilles. 

11. Que par la colere de la 
flamme soit dévoré celui qui s'est 
sauvé de tout autre péril, et que 
ceux qui maltraitent votre peuple 
trouvent la perdition. 

12. Brisez la téte des princes 
ennemis qui disent : 11 n'y a point 
d'autre Seigneur que nous. 

13. Rassemblez toutes les tri- 
bus de Jacob, afin qu'elles con- 
naissent qu'il n'y a point de Dieu, 
si ce n'est vous, et qu'elles ra- 
content vos merveilles; et vous 
les prendrez pour votre héritage 
comme au commencement. 

14. Ayez pitié de votre peuple 
sur qui a été invoqué votre nom, 
et d'Istaël que vous avez traité 
comme votre premier-né. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cn. xxxvr.] 

15. Ayez pitié de la cité que 
vous avez sanctifiée, de Jérusa- 
lem, la cité de votre repos. 

16. Remplissez Sion de vos iné- 
narrables paroles, et votre peuple 
de votre gloire. 

11. Rendez témoignage à ceux 
qui dés le commencement sont 
vos créatures, et faites revivre 
les prédictions qu'ont prononcées 
en votre nom les prophètes anté- 
rieurs. 

18. Récompensez ceux qui vous 
ont attendu patiemment, afin que 
vos prophètes soient trouvés fi- 
deles; et exaucez les prières de 
vos serviteurs, 

19. Selon les bénédictions d'Aa- 
ron sur votre peuple, et dirigez- 
nous dans la voie de la justice, et 
qu'ils sachent, tous ceux qui ha- 
bitent la terre, que c'est vous qui 
étes le Dieu qui voit dans les 
siecles. 

20. Le ventre dévorera toute 
nourriture; mais il est un aliment 
meilleur qu'un autre aliment. 

21. Le palais discerne la venai- 
son, et 16 cœur sensé les paroles 
mensongères. 

22. Un cœur pervers causera de 
la tristesse, et l'homme habile lui 
résistera. 

23. Une femme peut épouser 
tout homme; mais il est une fille 
meilleure qu'une autre fille. 


(βαρ. XXXVI. 14. Exode, 1v, 22. — 19. Nomb., νι, 24. 


10. Souvenez-vous de la fin que vous devez mettre à nos maux; le terme n’en est-il 


pas encore venu? 


13. Rassemblez, etc. Aprés la captivité de Babylone, tous les Juifs ne revinrent pas 
dans la Judée; une grande partie demeura dispersée parmi les nations. 

14. Sur qui, etc.; ou qui a été appelé de votre nom, qui porte votre nom. Compar. 
Deutér., xxvin, 10. — Que vous avez traité, etc. Voy. Exod., iv, 22. 

15. Votre repos ; c'est-à-dire votre demeure. 

19. Les bénédictions d'Aaron. ΝΟΥ. Nombr., νι, 23 et suiv. 

21. Le palais discerne; littér. touche. Dans une phrase semblable de Job (xu, 11), 
la Vulgate, conformément au texte hébreu, porte juge en discernant (dijudicat). 


[cg. xxxvit.] 


94. La beauté d'une femme 
égaie la face de son mari, et elle 
lui inspire un désir qui surpasse 
toute convoitise de l'homme. 

95. Si sa langue guérit 8 
maux, elle a aussi de la douceur 
et de la honté ; son mari n'est pas 
comme les fils des hommes. 

26. Celui qui possede une fem- 
me vertueuse a le commence- 
ment d'une possession : c'est un 
aide semblable à lui, et un ferme 
appui oü il se repose. 

97. Où il n'y a point de haie, 
la possession sera pillée; et oü il 
n'y a point de femme, l'indigent 
gémit. 

98. Qui se confie à celui qui 
n'a point de gite, et qui va de- 
meurer partout oü la nuit le 
surprend, comme un voleur tout 
prét ὦ fuir, errant de cité en cité? 


CHAPITRE XXXVII. 


Du vrai et du faux ami. Choisir son con- 
seil avec soin. Consulter le Seigneur. 
Science vraie et fausse, utile et dange- 
reuse. Suites funestes de l’intempé- 
rance. 


1. Ton ami dira : Moi aussi j'ai 
lié amitié; mais il est un ami, de 
nom seulement ami. N'y a-t-il pas 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1515 
là un sujet de tristesse jusqu'à la 
mort? 

2. En outre un compagnon et 
un ami tourneront à linimitié. 

8. Ὁ présomption criminelle, 
d'où as-tu été créée, pour couvrir 
la terre de sa malice et de sa per- 
fidie? 

4. L'ami se réjouit avec son ami 
dans les divertissements, et au 
temps de la tribulation, il devien- 
dra son adversaire. 

5. L'ami s'afflige avec son ami 
pour son ventre, contre l'ennemi 
il prendra le bouclier. 

6. N'oublie pas ton ami dans 
ton esprit, etne perds pas son sou- 
venir au milieu de tes richesses. 

7. Ne consulte pas avec celui 
qui te tend un piege; et à ceux 
qui te portent envie, cache tes 
desseins. 

8. Tout conseiller donne son 
avis; mais tel conseiller l'est pour 
lui-méme. 

9. Contre un conseiller tiens en 
garde ton àme; sache d'abord 
quels sont ses besoins; car c'est 
à lui qu'il pensera. 

10. Crains quil ne plante un 
pieu dans la terre, et qu'il ne te 
dise : 


35. Son mari n'est pas, etc.; son mari n'est pas semblable au commun des hommes; 
il ἃ en cela un avantage qui n'est pas commun parmi eux. — Les fils des hommes; 
hébraisme, pour les hommes mêmes, les humains. 

26. A le commencement, etc.; le fondement de sa maison, de sa fortune. — C'est un 
aide, etc.; allusion au passage de la Genése, τι, 18. — Un ferme, etc.; littér. une co- 


lonne comme repos (columna ut requies). 


28. Tout prêt; littér. qui a retroussé sa robe et la serre par la ceinture (succinctus) ; 
ce qui l'a rendu plus dégagé et plus libre de ses mouvements. 


3. De sa (illius). Ce pronom se rapporte au faux ami dont il vient d'étre parlé. 
8. Pour son ventre qu'il ne peut plus satisfaire à la table de son ami devenu mal- 


heureux. 


9. Car c'est à lui quil pensera; c'est-à-dire à son intérét personnel; littér. à son 
esprit; en supposant (ce qui nous parait trés probable) que les mots animo suo soient 
au datif, et signifient à sa personne, à lui, comme anima suz. 

10. Qu'il ne plante, etc. On mettait du bois ou une pierre dans le chemin pour 
faire trébucher les passants. Compar. xxx, 7. 


1516 


11. Ta voie est bonne ; et qu'il 
se tienne en face, pour voir ce 
qui t'arrivera. 

19. Avecun homme irréligieux, 
traite de choses saintes; avec 
un injuste, de justice; avec une 
femme, de celle qui la jalouse; 
avec un Aommetimide, de guerre ; 
avec un marchand, de transport 
des marchandises ; avec un ache- 
teur, de chose à vendre ; avec un 
homme envieux, de gráces àren- 
dre ; 

13. Avec un impie, de piété ; 
avec un homme déshonnéte, de 
l'honneur ; avec un laboureur, de 
toute espèce de travail de labou- 
rage; 

14. Avec un ouvrier à l'année, 
de l'achevement de l'année ; avec 
un serviteur paresseux, d'un 
grand ouvrage ; etne te fie à eux 
dans aucun conseil. 

15. Mais sois assidu aupres d'un 
homme saint, lorsque tu en auras 
connu quelqu'un qui garde la 
crainte de Dieu; 

16. Dont l'àme est selon ton 
àme, et qui, lorsque tu chancel- 
leras dans les ténèbres, prendra 
part à ta douleur. 

47. Etablis en toi un cœur de 
bon conseil; car aucune autre 
chose ne vaut davantage pour toi. 

18. L'àme d'un homme saint 
fait connaitre quelquefois les cho- 
ses vraies, Mieux que sept senti- 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cH. xxxvir.] 


nelles assises sur un lieu élevé 
pour observer. 

19. Mais en toutes choses prie 
le Tres-Haut pour qu'il dirige ta 
voie dans la vérité. 

20. Qu'une parole véridique pré- 
cede toutes tes œuvres, et un 
conseil immuable, toutes tes ac- 
tions. 

91. Une parole mauvaise chan- 
gera 16 cœur, d’où naissent qua- 
tre choses : le bien et le mal, la 
vie et la mort; et la langue exerce 
sur elles un pouvoir continuel. 
Il est £e/ homme habile qui en 
instruit beaucoup, et qui, à son 
àme, est inutile. 

22. Tel homme expérimenté en 
a instruit beaucoup, et à son âme 
il a été doux. 

23. Celui qui parle en sophiste 
est haissable; de toute chose il 
sera dépourvu. 

24. La grâce ne lui a pas été 
donnée par le Seigneur ; car de 
toute sagesse il est dépourvu. 

25. Il est un sage, sage pour 
son àme, et le fruit de sa sagesse 
est digne de louange. 

26. L'homme sage instruit son 
peuple, etles fruits de sa sagesse 
sont durables. 

27. L'homme sage sera rempli 
de bénédictions, et ceux qui le 
verront le loueront. 

28. La vie de l'homme consiste 
dans un nombre de jours; mais 


———  ——— — HÀ ——— M M ——— ——— 


12. Avec un homme irréligieux, ete. Depuis ce verset jusqu'au 14e, où se trouve 
l'apodose, c'est une ironie ou une concession continuée. 
14. De l'achévement de l'année (de consummatione anni); c'est-à-dire de tout le 


travail qui doit étre fait pendant un an. 


18. Mieux; mot implicitement contenu dans l'adverbe quam, qui, par hébraisme, 
est mis pour plus que (plus quam). Compar., pag. 342, 10. 
20. Qu'une parole, etc.; littér. avant toutes tes œuvres, qu'une parole véridique te 


précède. 


29, A son âme il a élé doux; ila trouvé de la douceur pour son âme en instruisant 


les autres. 


(cu. xxxvur.] 


les jours d'Israél sont innombra- 
bles. 

29. Le sage héritera de l'hon- 
neur au milieu du peuple ; et son 
nom sera vivant éternellement. 

30. Mon fils, dans ta vie, éprou- 
ve ton âme, et si elle est mau- 
vaise, ne lui donne pas la puis- 
sance ; 

31. Car toutes les choses ne 
sont pas avantageuses à tous, et 
à toute âme toute espèce de chose 
ne plaît pas. 

* 82. Ne sois avide dans aucun 
festin, et ne te jette pas sur tous 
les mets ; 

33. Car dans le grand nombre 
de mets se trouvera l'infirmité ; 
et l'avidité approchera jusqu'à la 
maladie noire. 

34. À cause de l'intempérance 
beaucoup sont morts; mais celui 
qui est sobre prolongera sa vie. 


CHAPITRE XXXVIII. 


Honorer les médecins ; se servir de leurs 
remèdes. Prier le Seigneur; se purifier 
de ses péchés. Pleurer la mort de ses 
amis avec modération, se souvenir 
qu'on doit aussi mourir. Repos néces- 
saire pour acquérir lasagesse. La prière 
sanctifie le travail. 


1. Honore le médecin, à cause 
de la nécessité ; car le Tres-Haut 
l'a créé. 

2. Car toute médecine vient de 


L'ECCLÉSIA STIQUE. 


1517 
Dieu, et recevra du roi des pré- 
sents. 

3. La science du médecin élè- 
vera sa téte, et en présence des 
grands il sera loué. 

4. Le Tres-Haut a créé de la 
terre les médicaments, et l'hom- 
me prudent ne les abhorrera pas. 

ὃ. N'est-ce point par 16 bois qu'a 
été adoucie une eau amère? 

6. A la connaissance des hom- 
mes en est parvenue la vertu, et le 
Très-Haut leur a donné la science 
pour étre honoré dans ses mer- 
veilles. 

1. Par eux, il apaiserala dou- 
leur, et le parfumeur en fera des 
parfums de suavité, et il en com- 
posera des essences utiles à la 
santé, et ses ouvrages n'auront 
pas de fin. 

8. Car la paix de Dieu est sur la 
face de la terre. 

9. Mon fils, dans ton infirmité, 
ne te méprise pas toi-méme, mais 
prie le Seigneur, et lui-méme te 
guérira. 

10. Détourne-toi du péché, regle 
tes mains, et de toute faute pu- 
rifie ton cœur. 

11. Offre un parfum de suavité 
et un souvenir de fleur de farine, 
et engraisse l'oblation, et alors 
donne place au médecin ; 

12. Car le Seigneur l'a créé et 


Car. XXXVIII. 5. Exode, xv, 25. — 9. Is., xxxvi, 3. 


——À 


5. N'est-ce point, etc. L'auteur fait probablement allusion au miracle qui eut lieu 


à Mara. Voy. Exod., xv, 25. 


6. En est parvenue la vertu (virtus illorum); la vertu des médicaments, dont il est 
parlé au vers. 4; c'est-à-dire que Dieu a fait connaitre aux hommes la vertu des mé- 


dicaments. 


7. Par eux; par des médicaments. Voy. la note précédente. — Et ses ouvrages, etc. 
Comme il y a toujours de nouvelles maladies, les médecins ont toujours des médi- 


caments à employer. 


11. Un souvenir de fleur de farine. Voy. Lévit., 11, 2, 16. — Engraisse l'oblation; que 


ta victime soit grasse, parfaite, 


4018 
qu'il ne s'éloigne pas de toi, parce 
que ses ceuvres te sont néces- 
saires. 

13. Car il est un temps oü tu 
tomberas entre leurs mains ; 

14. Or, eux-mémes prieront le 
Seigneur qu'il dirige le soulage- 
ment et la santé qu'ils veulent te 
procurer, en vertu de leur profes- 
sion. 

15. Celui qui peche en présence 
de celui qui l'a fait, tombera dans 
les mains du médecin. 

16. Mon fils, verse des larmes 
sur un mort, et comme celui qui 
a souffert de cruels traitements, 
commence à pleurer, et, selon la 
coutume, couvre son corps, et ne 
néglige pas sa sépulture; 

11. Mais à cause de la délation, 
porte son deuil amerement du- 
rant un jour; mais console-toi 
dans ta tristesse. 

18. Et fais ce deuil, selon son 
mérite, un jour ou deux, à cause 
de la médisance. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


(cu. xxxvirt.] 


19. Car la tristesse hâte la 
mort, et elle accable la force, et la 
tristesse du cœur courbe le cou. 

20. Dans la solitude s'entretient 
la tristesse, et la vie du pauvre 
est selon son cœur. 

91. Ne livre pas ton cœur à 8 
tristesse; mais éloigne-la de toi, 
et souviens-toi de ta fin derniere. 

22. Ne l'oublie point; caril n'est 
pas de retour; tu ne lui serviras 
en rien, et tu te feras le plus grand 
mal à toi-méme. 

23. Souviens-toi de mon juge- 
ment,carletien viendra de méme 
aussi : à moi hier, et à toi aujour- 
d'hui. 

94. Dans le repos d'un mort, 
laisse reposer sa mémoire, et 
console-le à la sortie de son es- 
prit. 

25. La sagesse du scribe lui 
viendra dans le temps de loisir; 
et celui qui agit peu acquerra la 
sagesse; de quelle sagesse sera 
rempli 


19. Prov., xv, 13; xvir, 22. — 24. II Rois, xir, 21. 


16. Commence à pleurer. Le grec signifie proprement ces lamentations solennelles 
qu'on faisait en mémoire du mort et dans lesquelles on récitait ses louanges et ses 
bienfaits. — La coutume; c'est le sens qu'a ici comme en plusieurs autres endroits } 
le mot judicium de la Vulgate. — Couvre son corps. L'usage des Juifs était d'enve- 
lopper le corps des morts avec des bandelettes et des suaires, comme on le voit dans?» 
l'Evangile (Luc, xxiv, 12; Jean, xt, 44; xix, 40). 

A1. A cause de la délation; c'est-à-dire des murmures et du scandale qui auraient ; 
lieu, si tu ne donnais pas des marques de ta douleur. — Mais console-toi, etc. L'au- 
teur condamne ici deux excès : le premier, de ne pas pleurer; le second, de pleurer 


inconsolablement et sans fin. 


19. La tristesse, etc. Compar. Prov., xv, 13; xvi, 23. 

20. La vie; telle est ici la signification du mot substantia, expliqué par le texte 
grec et la version Sixtine. — Selon son cœur; c'est-à-dire que si le cœur du pauvre 
est livré à la douleur, au découragement, sa vie ne pourra étre que trés malheureuse; 
si, au contraire, son cœur est dans la pauvreté, patient et tranquille, sa vie sera 
bien moins dure et bien moins tourmentée. 

92. Il n'est pas de retour de la mort à la vie. 

23. Souviens-toi, etc. Le sage, pour faire plus d'impression sur son disciple, fait 
parler un mort. — De mon jugement; du jugement que Dieu vient d'exercer sur moi, 


en me retirant de ce monde. 


24. Dans le repos, etc.; c'est-à-dire ne te tourmente pas au sujet d'un mort; il est 
en repos, et console-le au moment où son esprit sort de son corps. 


(cu. xxviii] 

96. Celui qui conduit une 
charrue, qui met sa gloire à tenir 
le licou, qui avec l'aiguillon fait 
marcher des bœufs, vit au mi- 
lieu de leurs travaux et s'enire- 
tient uniquement des petits des 
taureaux ? 

97.1] applique son cœur à tracer 
des sillons, et ses veilles à en- 
graisser des génisses. 

98. Ainsi tout ouvrier en bois 
et l'architecte qui passe la nuit 
comme le jour; ainsi celui qui 
grave les cachets de ciselure et 
par un travail assidu varie la 
figure; il applique son cœur à la 
représentation de la peinture, et 
par ses veilles il achèvera son 
œuvre. 

29. Ainsi l'ouvrier en fer assis 
près de l'enclume et considérant 
l'ouvrage defer; la vapeur du feu 
desséchera ses chairs, et contre la 
chaleur de la fournaise il aura à 
combattre ; 

30. Le bruit du marteau se re- 
nouvelle à son oreille, et son ceil 


L'ECCLESIASTIQUE. 


1549 


est sur l'objet qu’il veut repré- 
senter. 

31. Il appliquera son cœur à 
l'achèvement de son ouvrage, et 
par ses veilles il l'embellira jus- 
qu'àla perfection. 

32. Ainsi le potier assis pres de 
son ouvrage; tournant avec ses. 
pieds la roue, il est toujours dans 
la sollicitude à cause de son ou- 
vrage, et toutes ses ceuvres sont 
en nombre. | 

99. Par son bras il faconnera 
largile, et devant ses pieds il 
courbera sa force. 

34. Il appliquera son cœur à 
mettre le dernier vernis, et par 
sa vigilance il purifiera son four- 
neau. 

39. Tous ces artisans ont espéré 
en leurs mains, et chacun dans 
son art est sage. 

36. Sans eux tous, il ne se bâtit 
pas de cité. 

37. Mais ils n'habiteront pas 
au cœur de la ville, et ils ne 
s'y promeneront pas, et ils n'en- 


28. Ouvrier en bois. Le terme latin faber veut dire celui qui travaille les corps durs 
en général. la pierre, le bois, les métaux; mais, dans ce passage, il parait signifier 
ouvrier en bois, comme le charpentier, le menuisier, etc., parce qu'il est mis en oppo 
sition avec ouvrier en fer (faber ferrarius) du verset suivant. 

29. Assis prés de l'enclume. Anciennement les maréchaux travaillaient assis d'une ma 
nière très pénible autour de leur forge ou de leur enclume, et maniaient ainsi leur souf- 
flet, qui n'était pas attaché au foyer de la forge :ce qui, suivant les relations des voya- 
geurs, se pratique encore aujourd'hui en Orient, où les orfèvres eux-mêmes travaillen' 
assis devant leurs creusets, placés au milieu de leur boutique, parterreetsans cheminée. 

30. Se renouvelle à son oreille; littér., et par une figure assez usitée dans le style 
biblique, renouvelle sont oreille. — L'objet, etc.; littér. (a représentation d'un vase. Ce 
dernier mot a en latin un sens trés étendu, ainsi, il se prend pour meuble, instru- 
ment, outil, vase, bagage, etc. 

32. * Avec ses pieds. Une des manières les plus communes de fabriquer la poterie 
consistait à tourner avec le pied la roue sur laquelle était placée la terre et que le 
potier assis modelait avee ses mains. Les potiers en Orient travaillent encore aujour- 
d'hui de cette maniére. 

33. Devant ses pieds, etc.; c'est-à-dire il se courbera en avant péniblement. 

31. Au cœur de la ville; mots qui nous ont paru sous-entendus, comme à Corneille 
de La Pierre, à Ménochius, etc. — I/s n'habiteront pas, etc. ; à cause du bruit que 
les ouvriers et les artisans devaient nécessairement faire avec leurs machines et 
leurs instruments de travail. — I/s ne s'y proméneront pas, comme les gens qui n'ont 


1520 


treront pas dans l'assemblée. 

38. Ils ne s'assiéront pas sur 
les siéges des juges; ils ne com- 
prendront pas les dispositions 
judiciaires; ils ne publieront pas 
la discipline, ni la justice, et on 
ne les trouvera pas occupés aux 
paraboles ; 

39. Mais ils affermiront la créa- 
ture du temps, et leur prière aura 
lieu au milieu des travaux d'art; 
ils y appliqueront leur àme, et 
rechercheront ensemblela loi du 
Très-Haut. 


CHAPITRE XXXIX. 


Occupation du sage; gloire qui l'accom- 
pagne. Les Israélites exhortés à bénir 
le Seigneur dans ses ouvrages. Dieu 
récompense les bons et punit les mé- 
chants. Toutes les créatures exécutent 
ses ordres. 


1. Le sage recherchera la sa- 
gesse de tous les anciens, et il va- 
quera à l'étude des prophètes. 

9. Il conservera les récits des 
hommes célèbres, et il entrera en 
méme temps dans les mysteres 
des paraboles. 

3. Il pénétrera les secrets des 
proverbes, et il vivra avec ce qu'il 
y a de caché dans les paraboles. 

4. Au milieu des grands, il exer- 


L'ECCLESIASTIQUE. 


[cH. xxxix.] 
cera son ministere, et en pré- 
sence du gouverneur, il paraitra. 

ὃ. Il sera dans les terres des 
nations étrangeres; car il fera 
l'épreuve des biens et des maux 
parmi les hommes. 

6. 11 appliquera son cœur à veil- 
ler des le point du jour pour le 
Seigneur qui l'a fait, et il priera 
en présence du Trés-Haut avec 
instance. 

7. ll ouvrira sa bouche pour le 
prier, et pour ses péchés il priera 
avec instance. 

8. Car, sile Seigneur souverain 
le veut, de l'esprit d'intelligence 
il le remplira ; 

9. Et lui, comme la pluie, ré- 
pandra les paroles de sa sagesse, 
et dans la priere il louera le Sei- 
gneur; 

10. Et le Seigneur dirigera ses 
conseils et ses instructions ; lui 
méditera sur les secrets du Sei- 
gneur. 

41. Il publiera lui-même la dis- 
cipline de sa doctrine, et dans la 
loi de l'alliance du Seigneur il 
mettra sa gloire. 

12. Beaucoup loueront, de con- 
cert, sa sagesse, et jamais elle ne 
sera effacée. 

13. Sa mémoire ne disparaitra 


pas d'occupations. — L'assemblée des grands, tels que les magistrats, les docteurs, 


les prétres, etc. 


38. Occupés aux paraboles; soit pour en chercher le sens, soit pour les expliquer 


aux autres. 


39. Ils affer miront, etc.; c'est-à-dire qu'ils maintiendront les choses de ce monde, 
en réparant celles qui se détériorent, et en remplaçant, par de nouvelles, celles 
qu'un long usage détruit; mais en travaillant ainsi aux ouvrages de leur art, ils 


prieront Dieu, etc. 


9. Les mystéres; littér. les sublilités (versutias). La science la plus en vogue parmi 
les sages, chez les Hébreux, était de savoir parler en sentences, de proposer des 
énigmes et de les résoudre; mais les artisans et les personnes peu instruites ne s'en 
occupaient pas. Voy. xx, 22; xxxvii, 38; Prov., xxvi, T. 

11. La discipline de sa doctrine; les instructions qu'il a apprises. 

13. Ne disparaitra pas; littér. ne se velirera pas, ne s'éloignera pas de l'esprit. 


₪. xxxis.] 


pas, et son nom sera répété de 
génération en génération. 

14. Les nations raconteront sa 
sagesse, et l'assemblée publiera 
sa louange. 

15. S'il demeure longtemps ez 
vie, il laissera un nom plus que 
mille autres, et s'il se repose, il 
sera heureux. 

16. Je me consulterai encore, 
afin de publier mes inspirations ; 
car je suis rempli d'une sante fu- 
reur. 

17. De vive voix elle dit : Écou- 
tez-moi, germes divins ; fructifiez 
comme une rose plantée pres du 
courant des eaux. 

18. Comme le Liban ayez une 
odeur de suavité. 

19. Portez des fleurs comme le 
lis; donnez de l'odeur et couvrez- 
vous d'un feuillage gracieux ; 
louez de concert en chantant un 
cantique, et bénissez le Seigneur 
dans ses œuvres. 

20. Rendez gloire à son nom, et 
glorifiez-le par la voix de vos le- 
vres, par les cantiques de vos lè- 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1521 
vres et par vos harpes; et ainsi 
vous direz en le glorifiant : 

21. Les œuvres du Seigneur 
sont toutes excellentes. 

22. A sa parole, l'eau s'est ar- 
rétée comme un monceau, et au 
discours de sa bouche, comme un 
réservoir d'eaux ; 

23. Car à son commandement 
se fait le calme, et il n'est pas d'a- 
moindrissement dans le salut 
qu'il accorde. 

24. Les œuvres de toute chair 
sont devant lui, et rien n'est caché 
à ses yeux. 

25. D'un siecle jusqu'à un autre 
siecle, il porte ses regards; et 
rien n'est merveilleux en sa pré- 
sence. 

26. Il ne faut pas dire : Qu'est 
ceci ou qu'est cela? car toutes 
choses en leur temps seront exa- 
minées. 

27. Sa bénédiction comme un 
fleuve a débordé ; 

28. De méme que le déluge a 
inondé la terre, de méme sa co- 
lere aura pour héritage les na- 


XXXIX. 21. Gen., 1, 31; Marc, vr, 37. — 22. Gen., vur, 3. — 28. Gen.‏ .ג 


VI 21. 


15. S'il se repose; c'est-à-dire s'il meurt jeune; car l'expression δὲ requieverit, de la 
Vulgate, est en opposition avec la précédente si permanserit. — Il sera heureux; 
dans l'espérance d'une vie meilleure que celle-ci. 

11. Elle. Ce pronom se rapporte à fureur, du verset précédent. — Germes divins; 


fils de Dieu; ce sont les Israélites. 


18. Comme le Liban, etc. Les voyageurs louent encore aujourd'hui l'odeur agréable 
et fortifiante qu'on respire sur le Liban. — * D'après le grec, le Liban signifie ici 


l'encens. 


19. Feuillage gracieux ; agréable; littér. et par hébraisme, pour la grâce, l'agré- 
ment. — En chantant; expression évidemment sous-entendue; car le mot cantique 
(canticum) ne saurait être grammaticalement le régime de louez de concert (collau- 
d^4le) qui précède. Voy., sur ce genre de construction, pag. 342, 2. 

21. Les œuvres, etc. Compar. Genèse, 1, 31; Marc, vir, 31. 

22. A sa parole, ete. Compar. Genèse, vit, 18; Exode, xiv, 21; Josué, ri, 6. 

24. Toute chair; hébraisme, pour £ous les hommes. 

26. Seront examinées; littér. cherchées, interrogées, questionnées (quærentur); et c'est 
alors qu'on verra pourquoi est ceci, pourquoi est cela. Ce sens revient à celui du 
texte grec et de la version Sixtine, qui portent : Toutes choses ont été créées pour 


leurs usages. 


as 


96 


tions qui ue l'ont pas cherché. 

29. De méme quil a converti 
les eaux en un lieu sec, et que la 
terre a été desséchée et que ses 
voles furent dirigées pour leurs 
voles ; de méme pourles pécheurs 
elles sont des sujets de chute dans 
sa colère. 

90. Les biens pour les bons ont 
été créés dès le commencement ; 
de même pour les méchants les 
biens et les maux. 

31. Le commencement du né- 
cessaire pour la vie de l'homme, 
c'est l'eau, le feu et le fer, le sel, 
le lait etle pain de fleur de farine, 
le miel et la grappe de raisin, 
l'huile et le vétement. 

32. Toutes ces choses sont des 
biens pour les saints, de méme 
que pour les impies et les pé- 
cheurs elles seront converties en 
maux. 

33. ΠῪ a des esprits qui, pour 
la vengeance, ont été créés, et 
par leur fureur ils ont augmenté 
leurs tourments. 

34. Au temps dela consomma- 
tionils déploierontleurpuissance, 
et ils apaiseront la fureur de celui 
qui les a faits. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


lcu. xxxix.] 
35. Le feu, la gréle, la faim et 

la mort, Loutes ces choses pour la 

vengeance ont été créées; 

36. Ainsi que les dents des 
bétes sauvages, et les scorpions, 
et les serpents, et l'épée à deux 
tranchants qui punit jusqu'à ex- 
termination les impies. 

37. Dans ses commandements 
ils se réjouiront comme en un 
festin, et sur la terre ils seront 
préts à servir au besoin, et en 
leur temps ils n'oublieront pas sa 
parole. 

38. À cause de cela, dès le 
commencement je me suis af- 
fermi, et j'ai tenu conseil, et 
jai réfléchi, et j'ai laissé des 
écrits. 

39. Toutes les ceuvres du Sei- 
gneur sont bonnes, et il mettra 
chaque œuvre en son temps en 
usage. 

40. Il ne faut pas dire : Ceci est 
plus mal que cela; car toutes cho- 
ses en leurtemps seront trouvées 
bonnes. 

41. Et maintenant, de tout 
cœur et de bouche, louez de con- 
cert et bénissez le nom du Sei- 
gneur. 


29. Exode, xiv, 21. — 31. Supra, xxix, 28. — 39. Gen., 1, 31; Marc, vu, 37. 


29. Il a converti, etc.; lorsque les Israélites traversèrent la mer Rouge à pied sec 
(Exode, xiv, 21, 22). — Ses voies, etc. Dieu dirigea ses voies de manière à favoriser 
les voies des Hébreux, en leur faisant trouver un passage libre au fond de la mer, 
et en y noyant les Egyptiens qui les poursuivaient. — E//es; c'est-à-dire les voies de 
Dieu, dont on vient de parler. 

32. Sont des biens; littér. et par hébraisme, sont en ou pour des biens. 

33. Leurs tourments; les tourments qu'ils font souffrir aux impies et aux pécheurs. 
Compar. le verset précédent. 

34. De la consommation ; de la dernière vengeance, de l'extermination des méchants, 
Compar. Ps. Lvur, 14; Jérém., ,אאא‎ etc. 

36. * Les scorpions. Voir plus haut, xxvr, 10. 

31. Ses et sa; pronoms, qui remplacent l'expression du Seigneur, 


i 


[cu. xr.] 


CHAPITRE XL. 


Miséres communes à tous les hommes. 
Sort funeste des richesses injustes. 
Avantage de la crainte du Seigneur. 
Ne pas mener une vie de mendiant. 


1. Une grande occupation a été 
créée pour tous les hommes, et 
un joug pesant est sur les fils 
d'Adam, depuis le jour de la sortie 
du sein de leur mère jusqu'au 
jour de la sépulture, dans la mere 
de tous. 

2, Leurs pensées et les crain- 
tes du cœur, les imaginations de 
l'espérance, et le jour dela mort; 

8. Depuis celui qui est assis sur 
un tróne de gloire, jusqu'à celui 
qui est couché sur la terre et la 
cendre ; 

4. Depuis celui qui est vêtu 
d'hyacinthe et qui porte la cou- 
ronne, jusqu'à celui qui n'est 
couvert que d'une toile crue, la 
fureur, la jalousie, le trouble, 
l'agitation etla crainte de la mort, 
la colere persévérante et les que- 
relles, 

9. Au temps méme du repos, 
sur la couche, le sommeil de la 
nuit, {out cela change les idées 
de l'homme. 

6. Il est peu, presque point en 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 1523 


repos, et méme dans son som- 
meil, de lui s'échappe comme 
pendant le jour un regard jeté en 
arriere. 

1. Il a été troublé par les vi- 
sions de son cœur, comme celui 
qui s'est sauvé au jour du com- 
bat. Au momentoü il était en sü- 
reté, il s'est levé, et s'est étonné 
de ce qu'il n'y avait aucun sujet 
de crainte. 

8. Avec toute chair, depuis 
l'homme jusqu'à la béte, #7 en est 
ainsi, et avec les pécheurs c’est le 
septuple. 

9. De plus, la mort, le sang, les 
querelles et l'épée à deux tran- 
chants, l'oppression, la faim et la 
ruine et les fléaux ; 

10. Contre les iniques ont été 
eréées toutes ces choses, et à 
cause d'eux est arrivé le déluge. 

11. Tout ce qui est de la terre, 
dans la terre retournera; et tou- 
tes les eaux reviendront dans la 
mer. 

19. Tout présent et foute ini- 
quité périra, mais la bonne foi 
éternellement subsistera. 

18. Les biens des injustes, 
comme un fleuve, sécheront, et 
comme un grand tonnerre pen- 
dant la pluie, ils retentiront. 


XL. 9. Supra, xxxix, 35, 36. — 10. Gen., vi, 10. — 11. Infra, xut, 13; Eccl., 1, 7.‏ .גאח 


1. La mére de tous; la terre. 


9. Trouble (immutat) ; verbe au singulier, qui a pour sujet /a fureur, la jalousie, ete., 
du vers. 4; voilà pourquoi nous avons ajouté tout cela. — De l'homme, qui est assez 
clairement indiqué dans ce qui précède; littér. de Lui (ejus). 

1. Son cœur; pour son esprit. Les Hébreux donnaient le nom de cœur à l'intelli- 
gence, à l'esprit, à l'àme, aussi bien qu'à la volonté, à la vie, etc. — Au moment, etc. 
Au moment où, dans son rêve, il croyait avoir échappé à tout danger, il s'est réveillé, 
tout surpris d'avoir eu des frayeurs sans aucun fondement. 

12. Tout présent injuste; c'est-à-dire recu par des juges injustes. — Toute. Dans 
le style biblique l'adjectif tout, toute, exprimé dans le premier membre d'une phrase, 
est sous-entendu dans le second. Le contexte autorise à croire que cet idiotisme est 


applicable iei. 


13, Comme un grand tonnerre, etc.; c'est-à-dire que les biens des hommes injustes 


1594 

14. En ouvrant ses mains il 
se réjouira; de méme les pré- 
varicateurs, à la fin ils péri- 
ront. 

15. Les petits-fils des impies 
ne multiplieront point leurs ra- 
meaux; et les racines impures 
sur le sommet d'un rocher font 
du bruit. 
| 16. La verdure qui croit sur 
loute eau et sur le bord d'un 
fleuve, avant toute sorte de foin 
sera arrachée. 

17. La bienfaisance est comme 
un paradis béni; etla miséricorde 
éternellement durera. 

18. La vie d'un ouvrier qui se 
suffit à lui-méme sera remplie de 
douceur, etdans cette vie tu trou- 
veras un trésor. 

19. Les fils etla fondation d'une 
cité assureront un nom; mais au- 
dessus de ces biens sera estimée 
une femme sans tache. 

20. Le vin et la musique ré- 
jouissentle cœur; mais au-dessus 
del'un et del'autre estl'amour de 
la sagesse. 

21. Les flütes et le psaltérion 
font une douce mélodie ; mais au- 
dessus de l'un et de l'autre est 
une langue douce. 

22. Ton «il désirera la gráce 
et la beauté, mais au-dessus de 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


]08. xr.] 


ces choses, des semailles ver- 
doyantes. 

93. Un ami et un ami, dans 
l'occasion, se viendront en 8106 ; 
mais plus que l’un et l’autre, 
une femme /e fera avec son 
mari. 

24. Les frères sont un secours 
au temps de 18 tribulation ; mais 
plus qu'eux la miséricorde sau- 
vera. 

25. L'or et l'argent sont la con- 
sistance des pieds; mais au-des- 
sus de l’un et de l’autre estun bon 
conseil. 

26. Les richesses et les forces 
exaltent le cœur; mais au-des- 
sus de ces choses est la crainte 
du Seigneur. 

27. Il n'y a pas dans la crainte 
du Seigneur de détriment, et il 
n'est pas besoin, dans cette crain- 
te, de chercher du secours. 

28. La crainte du Seigneur est 
comme un paradis de bénédic- 
tion, et il a été couvert d'une 
gloire au-dessus de toute gloire. 

29. Mon fils, durant le temps 
de ta vie, ne mendie point; car 
il vaut mieux mourir que men- 
dier. 

30. L'homme qui porte ses re- 
gards sur la table d'autrui, n'em- 
ploie pas sa vie à songer à son 


feront un grand bruit comme le tonnerre, mais, comme le bruit du tonnerre, pas- 
seront rapidement. Compar. Ps. xxxvi, 35, 36; Prov., x, 25. 

14. En ouvrant ses mains pour recevoir des présents. 

15. Impures; mauvaises, desséchées. — Font du bruit; quand on les rompt, pré- 
cisément parce qu'elles sont desséchées, et par là méme très dures. 

17. Déni; littér. dans ou avec des bénédictions. Les adjectifs sont souvent remplacés, 
en hébreu, comme en arabe, par un substantif précédé d'une préposition. 

24. Sont un secours; littér. et par hébraisme, en un secours. 

25. La consistance des pieds (constitutio pedum); c'est-à-dire un puissant appui. 

21. Il n'y a pas dans la crainte, etc. Quand on a la crainte du Seigneur, on ne 


souffre aucun dommage, rien ne manque. 


28. Il a été couvert; le paradis. 


29. Ne mendie point. L'auteur parle ici de la mendicité exercée par paresse ou par 


6% , 


[cg. [.זזא‎ 


existence : car il se nourrit des | 


vivres d'autrui. 
31. Mais l'homme réglé et bien 
instruit se gardera de ces choses. 
32. Dans la bouche d'un impru- 
dent sera douce l'indigence, et 
dans ses entrailles un feu brülera. 


CHAPITRE XLI. 


Souvenir de la mort doux ou amer. L'op- 
probre et la malédiction sont le par- 
tage des méchants. Bonne réputation 
préférable aux richesses. Diverses cho- 
ses dont on doit rougir. 


1. 0 mort, que ton souvenir est 
amer à l'homme qui jouit de la 
paix au milieu de ses biens ; 

2. AT homme tranquille et dont 
les voles ont été dirigées en 
toutes choses, et qui peut encore 
goûter la nourriture ! 

3. O mort, bon est ton juge- 
ment pour l'homme indigent, et 
dont les forces diminuent ; 

4. Qui est dans la défaillance 
de l'áge, à qui tout est souci, qui 
n'a point de confiance, qui perd 
la patience ! 

5. Ne redoute pas le jugement 
de la mort. Souviens-toi des cho- 
ses qui ont été avant toi οἱ de 
celles qui te surviendront; ce ju- 
gement estcelui du Seigneur pour 
toute chair. 

6. Or, que te surviendra-t-il par 
la volonté du Très-Haut? ou dix 
ou cent ou mille ans. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1525 


7. Caril n'y a pas dans l'enfer 
de plainte sur /a durée de la vie. 

8. Les fils des pécheurs devien- 
nent des fils d'abominations, ainsi 
que ceux qui fréquententles mai- 
sons des impies. 

9. Des fils des pécheurs périra 
l'héritage, et à leur race s'atta- 
chera un opprobre perpétuel. 

10. D'un pereimpie se plaignent 
ses fils, parce qu'à cause de lui 
ils sont en opprobre, 

11. Malheur à vous, hommes 
impies, qui avez abandonné la loi 
du Dieu très haut! 

12. Si vous naissez , c'est dans 
la malédiction que vous naitrez, 
et si vous mourez, dans la malé- 
diclion sera votre partage. 

13. Tout ce qui est de la terre, 
dans la terre retournera; ainsi 
lesimpies, de la malédiction zron£ 
dans la perdition. 

14. Le deuil des hommes se fait 
autour de leur corps; mais le 
nom des impies sera effacé. 

15. Aie soin d'une bonne re- 
nommée ; car ce bien sera plus 
durable pour toi que mille trésors 
les plus précieux et les plus 
grands ; 

16. La bonne vie n’a qu’un nom- 
bre de jours; mais la bonne re- 
nommée demeurera pour tou- 
jours. 

17. Gardez en paix la doctrine, 
ὁ mes fils, car une sagesse cachée 


Cnar. XLI. 13. Supra, xr, 11. — 17. Supra, xx, 32. 


32. Un feu produit par l'avidité de manger. 
1. La paiz. Par ce mot les Hébreux désignaient une prospérité compléte, toute 


sorte de biens. 


3. Jugement; c'est-à-dire sentence, arrét. 


1. Car il wy a pas, etc. On ne se plaint pas en enfer, c'est-à-dire parmi les morts, 
dans l'autre vie, d'avoir vécu peu ou longtemps, mais d'avoir mal vécu. 

J2. Si vous naissez, etc.; c'est-à-dire votre naissance et votre mort sont maudites, 
à cause des impiétés que vous commettez volontairement pendant votre vie. 


1526 


et un trésor inconnu, quel avan- 
tage y a-t-il dans l'une et dans 
l'autre? 

18. Vaut mieux un homme qui 
cache sa folie qu'un homme qui 
cache sa sagesse. 

19. Ainsi done ayez de la défé- 
rence pour les paroles qui sor- 
tent de ma bouche. 

20. Caril n'est pas bon d'avoir 
toute espèce de déférence; et 
toutes choses ne plaisent pas à 
tous en bonne foi. 

91. Rougissez devant vofre pere 
et votre mere de la fornication ; 
et devant celui qui gouverne, et 
devant celui qui est puissant, du 
mensonge ; 

22, Devant le prince et devant 
le juge, d'une faute ; devant l'as- 
sembléeetle peuple, deliniquité ; 

93. Rougis devant ton compa- 
gnon et ton ami, de l'injustice ; et 
du lieu dans lequel tu habites, 

94. Du larcin, de la vérité de 
Dieu et de son alliance ; de te cou- 


cher au milieu des pains, et d'user 


de tromperie dans ce que tu don- 
nes et ce que tu recois ; 

25. De ne pas répondre à ceux 
qui te saluent, de jeter les yeux 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cH. xLu.] 


sur une femme prostituée, et de 
détourner {on visage d'un de £es 
proches. 

96. Ne détourne pas 4a face de 
ton prochain, et garde-toi d'enle- 
ver sa part et de ne pas /a lui 
rendre. 

27. Ne regarde pas la femme 
d'un autre homme, et ne sonde 
pas sa servante, et ne te tiens pas 
auprès de son lit. 

98. Rougis devant {es amis de 
dire des paroles offensantes; et 
lorsque tuas donné queique chose, 
ne /e reproche pas. 


CHAPITRE XLII. 


Plusieurs choses dont il ne faut point 
rougir. Attention qu'un père doit avoir 
pour ses filles. Fuir la compagnie des 
femmes. Louanges des œuvres du Sei- 
gneur. : 


|. Ne répète pas les paroles 
que tu as entendues, pour ré- 
véler ce qui est secret, et tu seras 
vraiment sans confusion, et tu 
trouveras gráce aux yeux de tous 
les hommes; ne rougis pas de 
toutes ces choses que je vais te 
dire ; et ne fais acception de per- 
sonne pour pécher. 


27. Matt., v, 28. — Cauar. XLII 1. Lév., xix, 15; Deut., 1, 17; xvi, 19; Prov., xxiv, 23; 


Jac 


18. Qui cache sa sagesse; qui n'en fait point d'usage pour se perfectionner lui- 
méme, ou pour travailler à la perfection des autres. 

20. Toules choses, etc. Le sens est: Tous ne sont pas de bonne foi, quand ils disent 
ce qui leur plait ou leur déplait. 

24. De la vérité, etc. Rougis de ce que tu violes la vérité de Dieu par le mensonge, 
et son alliance par les autres péchés qui sont défendus dans sa loi. — De te coucher 
au milieu des pains (de discubitu in panibus); c'est-à-dire de mettre ton coude sur 
la table et de t'y appuyer; ce qui était regardé comme une grande impolitesse. 


1. Ne répète pas, etc. C'est la continuation du discours sur les choses dont on doit 
avoir honte. — Pour pécher; jusqu'à commettre le péché. — Acceplion de per- 
sonne; c'est-à-dire l'injuste préférence que l'on donne à une personne au préjudice 
d'une autre est un péché grave, sévèrement condamné dans l'Ancien comme dans 
le Nouveau Testament. Compar. Lévil., xix, 15; Deutér., 1, 11; xvi, 19; Prov., xxiv, 23; 
Jacques, τι, 1. 


(cg. xru.] 


9. Ne rougis pas de la loi du 
Très-Haut et de son alliance, 
ni d'un jugement pour justifier 
l'impie; 

3. Ni d'une affaire entre fes 
amis et des voyageurs, ni de la 
donation d'un héritage en faveur 
de tes amis; 

4. Ni de la justesse de la balance 
et des poids; de l'acquisition de 
beaucoup ou de peu de choses; 

5. Ni de la corruption de la 
vente et des marchands, ni d'une 
grande instruction pour tes fils; 
ni d'ensanglanter les flancs à un 
tres méchant esclave. 

0. Sur une femme méchante il 
est bon de mettre un sceau. 

1. Oü il y a beaucoup de mains, 
enferme, et tout ce que tu livre- 
ras, compte et peése-/e; mais ce 
que tu donneras et recevras, 
écris-/e tout. 

8. Ne rougis point de la correc- 
tion de linsensé et de l'impru- 
dent, ni des vieillards qui sont ju- 
gés par de jeunesgens,ettu seras 
bien instruit en toutes choses, et 
approuvé en présence de tous les 
hommes. 

9. La fille cachée chez son père 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1521 


est un sujet de vigilance, et la 
sollicitude qu'elle lui donne /wi 
enlève le sommeil ; dans la crainte 
que, sans être mariée, elle ne de- 
vienne adulte, et que demeurant 
avec son mari, elle ne ἐμὲ de- 
vienne odieuse; 

10. Qu'un jour elle ne soit 
souillée dans sa virginité, et que 
dans la maison paternelle elle ne 
soit trouvée enceinte; que de- 
meurant avec son mari, elle ne 
transgresse la loi, ou que certai- 
nementelle ne soitrenduestérile. 

41. Sur une fille luxurieuse, 
exerce une surveillance sévère, 
de peur qu'elle ne te fasse devenir 
un sujet d'opprobre devant tes 
ennemis, à cause de la médisance 
de la cité, de l'accusation du peu- 
ple, et qu'elle ne te couvre de con- 
fusion au milieu de la multitude 
du peuple. 

42. Ne fais altention à per- 
sonne à cause de sa beauté, et 
ne demeure pas au milieu des 
femmes; 

13. Car des vétements provient 
la teigne, et de la femme lini- 
quité de l'homme. 

14. Car vaut mieux liniquité 


2. Ni d'un jugement, etc.; c'est-à-dire ne rougis pas de condamner un jugement où 


l'on voudrait absoudre un impie. 


3. D'une affaire; littér. d'une parole (de verbo). Dans le texte hébreu, ainsi que 
dans les Septante et la Vulgate, le mot parole signifie aussi chose, affaire. — Des 
voyageurs; des étrangers qui passent. Compar. Deulér., 1, 16. 

5. De la corruption, etc.; d'empêcher la corruption, l'injustice qui se commet 


entre les vendeurs et les acheteurs. 


6. Sur une femme, etc.; il est bon de tenir enfermée une femme légère dans ses 


mœurs. 


8. Ni des vieillards; c'est-à-dire ni de soutenir des vieillards. 


9. La fille cachée chez son pére, qui n'est pas encore sortie de la maison paternelle, 
qui n'est pas encore mariée. Chez les Hébreux les jeunes filles demeuraient toujours 
cachées et éloignées du commerce et de la vue des hommes jusqu'au moment où 
elles étaient conduites dans la maison de leur mari. — Sans étre mariée; littér. dans 
son adolescence; c'est-à-dire dans son état de simple adolescente, de simple fille; 
ce qui était un déshonneur méme pour le père. Compar. I Corinth., vit, 36. 

14. Vaut mieux, etc.; il vaut mieux avoir à souffrir l'injustice d'un honnue que de 


1528 


d'un homme, qu'une femme qui 
fait du bien et qu'une femme qui, 
en couvrant de confusion, attire 
l'opprobre. 

15. Je me souviendrai donc des 
œuvres du Seigneur, etles choses 
que j'ai vues, je les annoncerai ; 
dans les paroles du Seigneur sont 
ses ouvrages. 

16. Le soleil en éclairant porte 
en tous lieux ses regards, et la 
gloire du Seigneur, remplit ses 
œuvres. 

17. Est-ce que le Seigneur n’a 
pas fait que les saints ontraconté 
toutes ses merveilles, qu'il a con- 
firmées, /wi, le Seigneur tout- 
puissant, pour qu'elles soient sta- 
bles dans sa gloire? . 

18. Il a sondé l'abime et l'àme 
des hommes, et a pénétré par sa 
pensée dans leur finesse. 

19. Car le Seigneur connait 
toute science et voit dans les 
signes des temps, annoncant les 
choses qui sont passées et celles 
qui doivent survenir, décou- 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cg. x] 


vrant les traces des choses ca- 
chées. 

90. Aucune pensée ne lui 
échappe, et aucune parole ne se 
dérobe à sa vue. 

91. Il a rehaussé les grandeurs 
de sa sagesse, lui qui est avant 
le siècle passé et jusqu'au siècle 
futur, rien ne lui a été ajouté, 

22. Et il n'éprouve pas de dimi- 
nution, et il n'a besoin du conseil 
de personne. 

23. Combien désirables sont 
ses œuvres ! et c'est comme une 
étincelle, ce qu'on peut en consi- 
dérer. 

94. Toutes ces œuvres vivent 
et demeurent pour jamais, et en 
loute circonstance nécessaire, 
toutes lui obéissent. 

25. Toutes choses sont doubles, 
l'une est opposée à l'autre, mais 
il n'a rien fait de défectueux. 

26. Il a affermi ce que cha- 
cune de ces choses a de bon. Et 
qui se rassasiera en voyant sa 
gloire? 


recevoir des bienfaits d'une femme, qui pourrait les faire payer bien cher. — Ef 
qu'une femme, etc. La plupart des traducteurs et des interprètes regardent cette der- 
niére phrase comme un simple explicatif; de sorte qu'il ne s'agirait que d'une seule 
et méme femme; la teneur du texte, qui est la méme dans le grec et dans la version 
Sixtine, nous semble s'y opposer. 

15. Dans les paroles du Seigneur; c'est-à-dire dans les divines Ecritures sont ra- 
contées ses œuvres; ou selon d'autres, par la parole du Seigneur sont produites, 
conservées et gouvernées ses œuvres; mais nous pensons avec Bossuet que la pre- 
mière interprétation est plus conforme à ce qui suit. 

16. Le soleil répand partout sa lumière; la gloire du Seigneur se répand dans tous 
ses ouvrages. Compar. Ps. xvrr, 5, 6; Habacuc, nr, 3. 

47. Les saints; probablement les prophètes et les autres écrivains divinement ins- 
pirés. ( 

91. Qui est avant, etc.; qui est avant tous les siècles, et qui sera dans tous les 
siècles. 

25. Sont doubles; comme composées de deux. Voy. pour ces mots et les suivants, 
xxxur, 15. — Ii n'a rien fait de défectueux; au contraire cette diversité et cette oppo- 
sition dans les choses de la nature, entretient entre elles un ordre et une harmonie 
admirables, qui prouvent la puissance et la sagesse de Dieu. 

26. Il a affermi, etc. Dieu a donné à chaque être des qualités prédominantes qui 
le conservent contre eux qui lui sont opposés. Dans l'un, domine l'humide pour 
résister au sec; dans lautre, le feu pour résister à l'eau, et ainsi de tous les con- 
traires. 


CH XLII [ 


CHAPITRE XLIII. 


Grandeur de Dieu marquée dans ses ou- 
vrages. Le ciel, le soleil, la lune, les 
étoiles, l'arc-en-ciel, les éclairs, le ton- 
nerre, la neige, la grêle, la glace, la 
mer et les poissons qu'elle renferme, 
montrent la puissance du Seigneur.Le 
Seigneurestau-dessus detoutelouange. 


1. Le firmament élevé est sa 
beauté; l'aspect du ciel fait voir 
sa gloire. 

2. Le soleil paraissant à sa sortie 
annonce /e7our,instrumentadmi- 
rable, ceuvre du Tres-Haut. 

3. En son midi, il brüle la terre, 
et en présence de son ardeur qui 
pourra résister? Il conserve une 
fournaise dans tous les effets de 
son ardeur ; 

4. Triplement le soleil brüle les 
montagnes ; il souffle des rayons 
de feu, et resplendissant par ses 
rayons, il éblouit les yeux. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1529 
fait ; et à sa parole il a hâté son 
cours, 

6. Et la lune, dans toutes ses 
phases, dans sa période est la 
marque du temps et le signe de 
l’âge. 

7. De la lune vient le signe du 
jour de 1610 ; c'est un luminaire 
qui diminue à son plein. 

8. Le mois est appelé selon son 
nom, et elle croît admirablement 
jusqu'à son plein. 

9. L'appareil d'un camp dans 
les lieux les plus élevés, dans le 
firmament du ciel resplendit glo- 
rieusement. 

10. C'est la beauté du ciel que 
l'éclat des étoiles; le Seigneur 
illumine le monde aux lieux les 
plus élevés. 

11. A la parole du saint, elles 
se tiendront prétes pour le juge- 
ment, et elles ne défaudront pas 


5. Grand est le Seigneur qui 18 | dans leurs veilles. 


1. Ce verset paraît être la continuation du précédent. Le firmament élevé; littér., 
et par hébraisme, le firmament de l'élévation, de la hauteur. — Sa beauté (pulchritudo 
ejus);le pronom représente le mot Seigneur, comme dans l'expression sa gloire 
(gloriam ejus) du verset précédent. — L'aspect, etc.; littér. l'aspect du ciel est dans la 
vision de la gloire, est mis par hypallage pour /a vision de la gloire est dans l'aspect 
du ciel. 

2-5. * Description du soleil. « Que de beautés renfermées et comme voilées dans ce 
petit nombre de paroles! dit Rollin. Peut-on concevoir avec quelle pompe et quelle 
profusion le soleil commence sa course, de quelles couleurs il embellit la nature, et 
de quelle magnificence il est lui-même revêtu en s'élevant sur l'horizon ? Il allie avec 
la majesté et les grâces d'un époux (Ps. xvi, 6) la course rapide d'un géant, qui 
songe moins à plaire qu'à porter partout la nouvelle du prince qui l'envoie et qui est 
moins occupé de sa parure que de son devoir... Sa lumiére est encore aussi vive et 
aussi abondante qu'au premier jour, sans que ce déluge continuel de feu, qui se ré- 
pand de toutes parts, ait affaibli la source incompréhensible d'une profusion si pleine 
et si précipitée. Le prophéte a bien raison de s'écrier: Grand est le Seigneur qui l'a 
fait! Quelle est la majesté du créateur et qui doit-il être lui-même, puisque ses ou- 
vrages sont si magnifiques] » 

4. Triplement; d'un triple feu, d'un feu trés ardent. 

1. De la lune, etc.; c'est la lune qui fixe les jours de fête. — À son plein (in con- 
summalione) ; selon d'autres, jusqu'à son déclin entier, sa disparition complète. A la 
vérité le consummatio de la Vulgate et le suntéléia du texte grec signifient l'un et 
l'autre; mais la construction de la phrase favorise le premier sens. 

8. Le mois est appelé, etc.; ce qui, selon les uns, est une allusion d'étymologie, 
parce qu'en effet dans le grec mén, c'est-à-dire mois, vient de méné, lune, et, selon 
les autres, signifie simplement et sans égard à l'étymologie, que la lune donne le 
nom au mois; la premiére lune au premier mois, la seconde au second, etc. 


4590 

19. Vois l'arc-en-ciel, et bénis 
celui qui 18 fait; il est très-beau 
dans son éclat. 

13. Il a fait le tour du ciel dans 
le cercle de sa gloire; les mains 
du Tres-Haut l'ont étendu. 

14. Par son ordre, Je Très-Haut 
a accéléré la neige, et il se hâte 
de lancer les éclairs de son juge- 
ment. 

15. C'est pour cela qu'ont été 
ouverts ses trésors, et les nuages 
ont volé comme des oiseaux. 

16. Dans sa grandeur il a posé 
les nuées, et des pierres de gréle 
se sont brisées. 

17. En sa présence, les monta- 
gnes seront ébranlées, et par sa 
volonté soufflera le vent du midi. 

18. La voix de son tonnerre 
ainsi que la tempéte de l'aquilon 
et le tourbillon du vent frappera 
la terre ; 

19. Etil répand la neige comme 
l'oiseau qui s'abat pour se repo- 
ser, et comme la sauterelle qui 
précipile sa descente. 

20. L’œil admirera l'éclat de sa 
blancheur, etle cœur sera épou- 
vanté de l’eau qu’elle renferme. 

21. Comme du sel, il répandra 
la gelée sur la terre, et tandis que 
la gelée se glacera, elle deviendra 
comme des pointes de chardons. 

99.Le ventfroid, l'aquilon asouf 
flé, et l'eau s'est congelée en cris- 
tal; la gelée se reposera sur tout 
amas d'eaux, et elle se revétira 
des eaux comme d'une cuirasse. 

93. Elle dévorera les monta- 


Cnar. XLIIT. 12. Gen., 1x, 13. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cu. xLur.] 


genes, elle brülera le désert et elle 
desséchera comme par le feu ce 
qui est vert. 

24. Le remède à tous ces maux, 
c'est l'apparition prompte d'une 
nuée; et une rosée provenant 
d'unechaleur qui arrive, affaiblira 
l'eau congelée. 

25. A sa parole, le vent s'est tu, 
et parsapenséeilaapaisé l'abime, 
et le Seigneur y a fondé des iles. 

26. Que ceux qui naviguent sur 
la mer en racontent les périls, et, 
en les écoutant de nos oreilles, 
nous serons ravis d'admiration. 

27. Là sont de brillantes œuvres 
et des merveilles, les différents 
genres des bêtes et de tous les 
animaux domestiques et des créa- 
tures monstrueuses. 

28. Par lui la fin du chemin de 
chaque chose a été solidement 
établie, et par sa parole elles ont 
été disposées toutes. 

29. Nous dirons beaucoup de 
choses et les paroles nous man- 
queront ; mais la conclusion des 
discours est que Dieu est en tou- 
tes choses. 

30. Pour le glorifier, que pour- 
rons-nous dre? car lui Tout-Puis- 
sant est au-dessus de toutes ses 
œuvres. 

31. Terrible est le Seigneur, 
grand souverainement, et mer- 
veilleuse est sa puissance. 

32. Glorifiez le Seigneur autant 
que vous pourrez; car sa gloire 
l'emportera encore, et admirable 
est sa magnificence. 


14. Les éclairs de son jugement; pour l'exécution de ses jugements. 

16. Se sont brisées ; sont sorties avec impétuosité des nuées. 

24. L'eau congelée ; littér. lui (eum); ce pronom représente le nom cristal (crystallus) 
du vers. 22, nom que l'auteur ἃ donné à l'eau congelée. 


χταν.7‏ .זו ו 


88. En bénissant le Seigneur, 
exaltez-le autant que vous pou- 
vez; car il est au-dessus de toute 
louange. 

34. En l'exaltant, recueillez 
toutes vos forces, ne vous lassez 
point; car vous ne parviendrez 
pas ὦ l'exalter dignement. 

35. Qui le verra etleracontera? 
Qui le louera selon ce qu'il est 
des le commencement? 

36. Beaucoup de choses cachées 
sont plus grandes que celles que 
nous voyons; car nous avons vu 
peu de ses œuvres. 

37. Mais le Seigneur a fait tou- 
tes choses, et à ceux qui agis- 
sent pieusement il a donné la sa- 
gesse. 


CHAPITRE XLIV. 


Eloge des patriarches et des grands 
hommes de la nation des Hébreux, et 
particulièrement d'Hénoch, de Noé, 
d'Abraham, d'Isaac, de Jacob et de Jo- 
seph. 


1. Louons deshommes glorieux 
dans leur génération, et qui sont 
nos peres. 

9. Le Seigneur leur ἃ donné 


99, ER eV; 2. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1531 
beaucoup de gloire dans sa ma- 
gnificence dès le commencement 
du monde. 

8. Ils ont dominé dans leurs 
royaumes, ces hommes grands 
en puissance, et pourvus de leur 
prudence, ils ont montré parmi 
les prophètes la dignité de pro- 
phètes. 

4. Et ils ont commandé au 
peuple de leur temps, et en 
vertu de /eur prudence donné 
aux peuples de trés saintes pa- 
roles. 

5. Dans leur habileté ils ont re- 
cherché les modes de la musique, 
et ils ont publié les cantiques des 
Ecritures. 

6. Hommes riches en puissance, 
ayant du goût pour la beauté, 
vivant en paix dans leurs mai- 
sons. 

7. Tous ceux-là au milieu des 
générations de leur nation ont 
acquis la gloire, et comme en leurs 
jours ils sont encore l'objet des 
louanges. 

8. Ceux qui sont nés d'eux ont 
laissé un nom qui raconte leurs 
louanges; 


1 15. * Invitation générale à louer les patriarches. 


1. Louons, etc. La méme pensée est reproduite au vers. 15, et en plusieurs autres 
endroits. Grotius, savant interpréte protestant, dit que c'était la coutume parmi les 
Juifs de faire mémoire de ces grands hommes dans le temple de Jérusalem, et même 
dans les synagogues des autres villes, et que l'auteur donne ici des formules de la 
maniére dont on pouvait, dans ces assemblées solennelles, faire leur éloge. Les 
hérétiques ne devraient donc pas trouver étonnant que l'Eglise de Jésus-Christ, dans 
la célébration des saints mystères, fasse mémoire des Apôtres, des martyrs et même 
de quelques justes de l'Ancien Testament. — Dans leur génération; dans leur siècle, 
à leur époque. ὃ 

3. Dans leurs royaumes ; littér. dans leurs puissances; suivant le grec et la version 
Sixtine, dans leurs royaumes. Parmi les grands hommes de sa nation, que le sage 
loue dans ce verset et les trois suivants, se trouvent des chefs de peuple, de puis- 
sants rois, de grands politiques, des prophètes, des sages, des savants, d'habiles 
musiciens, des poètes sacrés, des princes riches, pacifiques et heureux. — J/s ont 
montré... la dignité de prophètes; ils ont montré qu'ils étaient prophètes. En effet, 
Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, etc. ont montré qu'ils avaient l'esprit de prophétie. 


1532 


9. Et il en est d'autres dont il 
n'y 8 pas de souvenir; ils ont 
péri comme s'ils n'avaient pas 
été; et ils sont nés, eux et leurs 
fils avec eux, comme s'ils n'é- 
laient pas nés. 

10. Mais ces autres sont des 
hommes de miséricorde, et les 
œuvres de leur piété n'ont pas 
manqué; 

11. Avec leur postérité demeu- 
rent toujours leurs biens; 

19. C'est un héritage saint 
que leurs neveux; et leur pos- 
lérité s'est maintenue dans les 
alliances ; 

13. Et leurs fils à cause d'eux 
demeurent jusqu'à jamais ; etleur 
postérité ainsi que leur gloire ne 
sera pas abandonnée. 

14. Leurscorps ont été ensevelis 
en paix, et leur nom vit dans tou- 
tes les générations. 

15. Que les peuples racontent 
leur sagesse, et que l'assemblée 
publie leur louange. 

16. Hénoch a plu à Dieu, et il 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[ca. xuv.] 
a été transporté dans le paradis, 
pour annoncer aux nations la pé- 
nitence. 

17. Noé a été trouvé juste, 
parfait, et au temps de la colere 
il est devenu la réconciliation. 

18. C'est pour cela qu'un reste 
fut laissé sur la terre, lorsqu'ar- 
riva le déluge. 

19. Des alliances faites avec le 
monde il a été le dépositaire, afin 
que toute chair ne püt être exter- 
minée par le déluge. 

20. Abraham fut l'illustre pere 
d'une multitude de nations, et il 
ne s'est pas trouvé de semblable 
àlui en gloire; il a conservé la 
loi du Tres-Haut, et il a fait al- 
liance avec lui. 

21. C'est dans sa chair que /e 
Seigneur a imprimé son alliance, 
et dans la tentationil a été trouvé 
fidele. 

22. C'est pour cela que par ser- 
ment il lui a donné de la gloire 
dans sa race, et de croitre comme 
un amas de terre; 


Gen., 1x, 9. — 19. Gen., vi, 14;‏ .17 — .5 ,זא XLIV, 16, Gen., v, 24; Hébr.,‏ .פאס 
Gen., xvur, 10; Gal., πὶ, 6;‏ .21 — .4 טא ;5 vit, 1; Hóbr., xi, 7, — 20. Gen., xii, 2; xv,‏ 


Gen., xxi, 1, 


10. Ces autres (illi); c'est-à-dire les premiers dont il est question aux versets 8 et 7. 


12. Dans les alliances du Seigneur. 


14. Dans loutes les générations; littér. et par hébraisme, génération et génération. 

16. Dans le paradis terrestre, selon les uns; dans le ciel, selon les autres. Quoi 
qu'il en soit, la tradition des chrétiens et des juifs est que Hénoch est encore vivant, 
et qu'il doit venir avant le jugement dernier pour combattre l'Antechrist. Compar. 
Genèse, v, 22, 24; Hébreux, x1, 5; Apocal., x1, 3. 

11. Noé a élé trouvé, etc. Voy. Genèse, vi, 8; vr, 1. — La réconciliation des 
hommes; car c'est en lui que la race en a été conservée. 

18. Un veste; un petit nombre d'hommes, quelques-uns. 

19. Des alliances, etc. Compar. Genèse, 1x, 14; Hébreux, xx, 1. 

20. Abraham fut, etc. Compar. Genèse, xn, 2; xv, 1; xvi, 4, 10. — * Père d'une mul- 
titude, c'est la signification du nom d'Abraham. 

21. C'est dans sa chair; par la circoncision. — Dans la tentation; dans l'épreuve à 
laquelle Dieu soumit sa foi et sa tendresse paternelle, en lui commandant d'immoler 


son fils Isaac. Voy. Genèse, xxi. 


22. Un amas de terre (terre cumulum); le grec peut signifier {a poussière de la terre ; 
le texte de la Genèse (x, 16), auquel le sage fait ici allusion, porte également /a 


poussière de la terre. 


(cu. xLv.] 


93. Et comme les étoiles, d'é- 
lever sa postérité, d'étendre son 
héritage depuis une mer jusqu'à 
une autre mer, et depuisun fleuve 
jusqu'aux limites de la terre. 

94. Et pour Isaac il a fait de 
méme, à cause d'Abraham son 
père. 

95. Le Seigneur lui a donné la 
bénédiction de toutes les nations ; 
et il a confirmé son alliance sur 
la téte de Jacob ; 

26. Et il l'a reconnu par ses bé- 
nédictions ; et il lui a donné l'hé- 
ritage, et il a divisé sa part en 
douze tribus. 

297. Et il lui a conservé des 
hommes de miséricorde, qui ont 
trouvé grâce aux yeux de toute 
chair. 


CHAPITRE XLV. 


Eloge de Moïse, d'Aaron, de Phinéès. Sa- 
cerdoce d'Aaron. Punition de Coré, de 
Dathan et d'Abiron. 


1. Chéri de Dieu et des hommes 
fut Moise, dont la mémoire est 
en bénédiction. 

2. Le Seigneur Ya fait sembla- 
ble aux saints par la gloire, et il 
l'a exalté par la crainte de ses 
ennemis, et par ses paroles il 
a lui-même apaisé des monstres. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1533 


3. I1 l'a glorifié en présence des 
rois, et il lui a prescrit ses ordres 
devant son peuple, et il lui a 
montré sa gloire. 

4. Par sa foi et sa douceur il l'a 
fait saint, et il l'a choisi d'entre 
toute chair. 

5. Car il l'a écouté et a entendu 
sa voix, et il l'a fait entrer dans 
la nuée. 

6. Et il lui a donné devant son 
peuple ses préceptes, et la loi de 
vie et de science, pour apprendre 
à Jacob son alliance, et ses juge- 
ments à Israél. 

7. ll a élevé Aaron son frere, 
qui, comme lui, était de la tribu 
de Lévi ; 

8. Il a fait avec lui une alliance 
éternelle, il lui a donné le sacer- 
doce de son peuple, et il l'arendu 
heureux par la gloire ; 

9. Et il l'a ceint d'une ceinture 
de gloire, et il l'a revétu d'une 
robe de gloire, et l'a environné 
d'ornements précieux. 

10. Il lui a donné la robe qui 
descend jusqu'aux pieds, les cale- 
cons et l'éphod, et il l'a entouré 
d'un grand nombre de sonnettes 
d'or tout autour ; 

41. Pour faire du bruit dans sa 
marche, et faire entendre ce bruit 


Cnar. XLV. 1. Exode, xi, 3. -- 3. Exode, vi, 7, 8. — 4. Nomb., xir, 3, 7; Hébr., ri, 2, 5. 


— 11. Exode, ]אא‎ 35. 


23. Depuis une mer, etc. Ces paroles, qu'on lit expressément dans le Ps. Lxxt, 7, 
sont équivalentes à celles que le Seigneur adressa à Abraham, aprés qu'il fut séparé 
de Loth (Gen., xur, 44, 15). — Un fleuve; l'Euphrate. 

25. Lui; à Isaac. — La bénédiction de toutes les nations ; c'est-à-dire pour toutes les 
nations, par le Messie qui devait naitre de sa race. — Il a confirmé, etc.; c'est-à-dire 
que les promesses faites à Abraham et transmises à Isaac sont passées de ce dernier 


à Jacob. 


26. Il l'a reconnu pour 16 véritable héritier d'Abraham 
21. De toute chair; hébraisme pour de tous les hommes 
4. Toute chair; hébraisme pour tous les hommes. 


; 9. Il l'a ceint, etc. Voy. sur les vêtements du grand prêtre, Exod., 28. — Précieur ; 
littér, de vertu (virtutis); de qualité, de mérile, d'un grand prix. 


1531 


dans le temple, comme un aver- 
tissement pour les fils de son 
peuple; 

19. Il lui a donné la robe sainte, 
ouvrage tissu d'or, d'hyacinthe et 
de pourpre, par un homme sage 

,doué de jugement et de vérité; 

13. Ouvrage d'un ouvrier ha- 
bile, en fil retors d'écarlate ; avec 
des pierres précieuses enchassées 
dans l'or, et gravées parle travail 
d'un lapidaire, en mémoire des 
douzes tribus d'Israél. 

14. Une couronne d'or surmon- 
tait sa mitre, marquée du signe 
de la saintelé et de la gloire de 
l'honneur, ouvrage précieux, et 
objet de désir pour les yeux par 
sa beauté. 

15. D'aussi beaux vétements, il 
n'y en ἃ pas eu de pareils jusqu'à 
l'origine. 

16. Aucun étranger n'en a été 
revêtu; mais seulement ses fils 
et les fils de ses fils, dans tous 
les temps. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cu. xrv.] 


17. Les sacrifices ont été con- 
sumés par le feu chaque jour. 

18. Moïse lui a rempli les mains, 
et l'aoint de l'huile sainte. 

19. Dieu à fait avec lui et avec 
sa race une alliance éternelle, et 
qui durera comme les jours du 
ciel, pour exercer le sacerdoce et 
chanter leslouanges du Seigneur, 
et bénir solennellement son peu- 
ple en son nom. 

20. Il l'a choisi entre tous les 
vivants, pour offrir à Dieu le sa- 
crifice, l'encens etla bonneodeur, 
en souvenir, pour lapaiser en 
faveur de son peuple ; 

91. Et il lui a donné pouvoir 
sur ses préceptes, sur les disposi- 
tions de ses jugements pour ap- 
prendre à Jacob ses témoignages, 
et pour donner la lumiere de sa 
loi à Israél. 

22. Contre lui se sont levés des 
étrangers, et par envie l'ont en- 
vironné, dansle désert, des hom- 
mes qui étaient avec Dathan et 


18. Lév., vir, 12. — 22. Nomb., xvi, 1, 3. 


13. * Description du rational, sur lequel étaient gravés les noms des douze tribus, 

14. Marquée, etc.; sur laquelle était gravé le mot sainteté (Exod., xxvii, 36). — La 
gloire de l'honneur; c'est-à-dire une très grande gloire. En hébreu deux mots de 
méme signification étant réunis forment un superlatif. Voy. pag 341, 10 — Précieux ; 
littér. de vertu. Voy. le vers. 9. — Objet, etc.; littér. désirs ornés des yeux. 

15. Jusqu'à l'origine; c'est-à-dire en remontant jusqu'à l'origine, depuis l'origine 
du monde. 

16. N'en; c'est-à-dire des vétements dont il vient d'étre parlé. Le mot i//a de la 
Vulgate représente, non l'ablatif singul. fémin., mais l'accus. plur. neutre; ce qui 
devient évident par la confrontation du texte grec. 

18. Lui a rempli, etc.; en lui mettant dans les mains les instruments de son minis- 
tere, et les parties des victimes qui lui appartenaient; ce qui était une partie de la 
cérémonie usitée pour la consécration des prétres. De là vient que la Vulgate, à 
l'exemple des Septante, met ailleurs consacrer les mains, au lieu de remplir les mains, 
qui se trouve constamment dans l'hébreu. 

19. Bénir solennellement; vrai sens de glorificare dans ce passage. Le grec et la 
version Sixtine portent également bénir. 

20. La bonne odeur; les parfums. 

21. Pouvoir sur, etc.; le pouvoir, l'autorité d'interpréter et d'enseigner, etc. — Ses 
témoignages; ses commandements, sa loi. Voy. sur le sens de témoignage, pag. 909. 
Ps. cxvnr, 1. — La lumière; l'intelligence. 

39, Ainsi que la troupe, etc.; est un des sujets ou nominatifs de ont environné, 


«cH. χυντ 


Abiron, ainsi que la troupe fu- 
rieuse de Coré. 

23. Le Seigneur Dieu vit ce/a, 
et cela ne lui plut pas, et ils fu- 
rent consumés par l'impétuosité 
de son courroux. 

24. Il fit contre eux des pro- 
diges extraordinaires, il les con- 
suma dans une flamme de feu. 

95. Et il augmenta la gloire 
d'Aaron, et il lui donna un héri- 
tage, et lui distribua les prémices 
des fruits de la terre. 

26. Il leur prépara en premier 
lieu une nourriture jusqu'à sa- 
tiété; car ils doivent manger 
aussi des sacrifices du Seigneur, 
qui les lui a donnés ainsi qu'à sa 
postérité. 

27. Du reste, il ne doit point 
hériter de la terre des nations ; il 
n'a point de part au milieu de son 
peuple; car /e Seigneur est lui- 
méme sa part et son héritage. 

98. Phinées, fils d'Eléazar, est 
le troisieme en gloire en imitant 
Aaron dans la crainte du Sei- 
gneur, 

29. Et en demeurant ferme lors- 


28. Nomb., xxv, 7; 1 Mac., ,זז‎ 26, 54. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1535 


que le peuple révérait des faux 
dieux ; par sa bonté et le zèle ar- 
dent de son âme, il réconcilia Dieu 
avec Israël. 

30. C'est pour cela que Dieu 
a fait avec lui une alliance de 
paix; 77 lui a donné l'empire des 
choses saintes et de sa nation, 
afin qu'à lui et à sa postérité soit 
à jamais la dignité du sacerdoce. 

31. Et l'alliance avec David roi, 
fils de Jessé, de la tribu de Juda, 
c'est l'héritage du royaume pour 
lui et pour sa postérité, afin de 
répandre la sagesse dans nos 
cœurs, pour juger son peuple 
dans la justice, afin que leurs 
biens ne fussent pas anéantis ; et 
il a rendu pour leur nation leur 
gloire éternelle. 


CHAPITRE XLVI. 


Eloge de Josué et de Caleb; des juges en 
général, et en particulier de Samuel. 


1. Jésus Navé, vaillant dans la 
guerre et successeur de Moise 
parmi les prophétes ; il fut grand 
selon son nom, 


26. Leur; c'est-à-dire aux enfants d'Aeron. — En premier lieu (in primis); avant 


tout, principalement; selon d'autres, dans les prémices; 


mais le grec et la version 


Sixtine lisent comme la Vulgate, et non point dans /es prémices (in primitiis), comme 
au verset précédent. — Jusqu'à saliélé; c'est-à-dire très abondamment. 

29. En demeurant; littér. demeurer (stare). Cet infinitif, qui se trouve également 
dans les Septante est un hébraisme; car en hébreu l'infinitif remplace assez souvent 
les autres modes du verbe. — Révérait (in reverentia); selon le grec, se délournait 
du Seigneur pour se livrer à l'idolàtrie et au libertinage. Voy. Nombr., xxv, 1-3. 


30. Dieu a fait alliance, etc.; allusion aux paroles que Dieu fit adresser à 


Phinéès 


pour sa conduite courageuse (Nombr., xxv, 12). 


31. Pour juger. L'infinitif judicare est mis ici, comme dans les Septante, par hé- 
braisme, au lieu de Judicandum. Compar. le verset 29. Remarquons que ce membre 
de phrase, pour juger, etc., est sous la dépendance du précédent, afin de répandre, etc., 
comme un effet l'est de sa cause. 


1. Jésus Navé ; c'est-à-dire Jésus, fils de Navé. Les Grecs nomment ainsi Josué, fils 
de Nun. — Grand selon son nom. Le mot Jésus signifie en hébreu salut; mais Josué, 
selon les différentes formes qu'il ₪ dans cette langue, peut se traduire par sauveur, 
salut, sauveur donné de Dieu, dont Dieu est le second, 


1590 


2. Trés grand pour sauver les 
élus de Dieu, pour renverser les 
ennemis qui s'élevaient, afin de 
conquérir l'héritage d'Israël. 

3. Quelle gloire n'a-t-il pas ac- 
quise en élevant ses mains, eten 
tirant contre des cités des épées à 
deux tranchants ? 

4. Qui avant lui ἃ ainsi ré- 
sisté? Car lui-même le Seigneur 
a amené ses ennemis ὦ ses pieds. 

ὃ. Est-ce que dans son courroux 
n'a pas été arrêté le soleil, et 
qu'un seul jour n'est pas devenu 
comme deux ? 

6. ll invoqua le Très-Haut 
puissant, en attaquant les enne- 
mis de toutes parts; et le Dieu 
grand et saint l'écouta; 6 Dieu 
quis'est montré très puissant, par 
les pierres d'une grosse gréle. 

1. Il fit une attaque contre un 
peuple hostile, et à la descente, 
il détruisit les ennemis, 

8. Afin que les nations connus- 
sent la puissance du Seigneur; 
car contre Dieu il n'est pas facile 
de combattre. Et il suivit la con- 
duite du puissant; 

9. Et dans les jours de Moise 
il fit une action de miséricorde, 
lui, ainsi que Caleb, fils de Jé- 
phoné, en demeurant ferme 
contre l'ennemi, en détournant 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cH. xLvi.] 


le peuple du péché, et en com- 
primant le murmure de la ma- 
lice. 

10. Et tous deux établis par le 
Seigneur furent délivrés du péril, 
du nombre des six cent mille 
hommes de pied, pour introduire 
le peuple dans son héritage, dans 
cette terre où coulent le lait et le 
miel. 

11. Et le Seigneur donna la 
force à Caleb, et jusque dans sa 
vieillesse lui demeura sa vi- 
gueur, afin qu'il montât dans le 
lieu le plus élevé de cette terre, 
et sa postérité l'a obtenu en héri- 
tage ; 

19. Afin que tous les enfants 
d'Israél reconnussent qu'ilest bon 
d'obéir au Dieu saint. 

13. Puis sont venus les juges, 
désignés chacun par son nom, 
dont le cœur ne s'est point per- 
verli, et qui ne se sont pas dé- 
tournés du Seigneur ; 

14. Afin que leur mémoire soit 
en bénédiction, et que leurs os 
refleurissent en sortant de leur 
lieu ; 

15. Et que leur nom demeure 
éternellement; la gloire des hom- 
mes saints demeure surleurs fils. 

16. Chéri du Seigneur son Dieu, 
Samuel, le prophète du Seigneur, 


Cap. XLVI. 5. Jos., x, 14. — 9. Nomb., xiv, 6. 


6. Par les pierres d'une grosse gréle, qu'il fit tomber sur ses ennemis. 
1. La descente de Béthoron. Compar. Josué, x, 11. 


8. De prés; littér. par derrière (a tergo). 

9. Et dans les jours, etc. Voy. Nomór., xiv, 6 et suiv. — En demeurant ferme, en dé- 
tournant, en comprimanl; littér. demeurer ferme (stare), détourner (prohibere), com- 
primer (perfringere). Voy., sur ces infinitifs, xLv, 29. 

14. En sortant; ou bien et qu'ils sortent. Une de ces deux expressions est évidem- 
ment sous-entendue, et a pour complément les mots de leur lieu(de loco suo); c’est- 
à-dire de leur tombeau. Voy., sur ce genre de construction notre observation, 
pag. 342, 20. Quant à la figure des os qui doivent refleurir, compar. Isaie, Lxvr, 14; 
Ezéch., xxxvi, 3 et suiv. 

1€. À renouvelé, etc.; c’est-à-dire a donné une nouvelle forme à l'empire des Hé- 


[cg. xtv] 
a renouvelé l'empire et il a oint 
des princes dans sa nation. 

11. Selon la loi du Seigneur, il 
a jugé lassemblée d'Israël, et 
Dieu a vu Jacob, et par sa fidélité 
il a été reconnu prophète; 

18. Et il a été trouvé fidèle en 
ses paroles, parce quil a vu le 
Dieu de lumiere ; 

19. Et il a invoqué le Seigneur 
tout-puissant par l'oblation d'un 
agneau sans tache, en combat- 
tant les ennemis qui l'environ- 
naient de tous cótés. 

20. Et le Seigneur tonna du 
ciel, et avec un grand bruit fit en- 
tendre sa voix, 

91. Et il brisa les princes de 
Tyr et tous les chefs des Philis- 
lins ; 

22. Et avant le temps de la fin 
de sa vie dans le monde, il pro- 
testa en présence du Seigneur et 
de son Christ, qu'il n'avait recu 
de l'argent d'aucune personne, 
pas méme une chaussure ; et pas 
un homme ne l'accusa. 

23. Et apres cela il s'endormit, 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1537 


et il fit connaitre au roi, et il lui 
montra la fin de sa vie, et il éleva 
sa voix de la terre pour prophé- 
tiser 18 destruction delimpiété du 
peupie. 


CHAPITRE XLVII. 


Eloge de Nathan, de David et de Salo- 
mon. Chute de ce prince. Mauvaise 
conduite de Roboam. Impiété de Jéro- 
boam. Infidélité des Israélites. 


1. Aprés ces choses se leva Na- 
than, le prophète, aux jours de 
David. 

2. Et comme la graisse a été 
séparée de la chair, ainsi David 
des enfants d'Israël. 

3. Avec les lions, il s'est joué 
comme avec des agneaux, et avec 
les ours il agit de la méme ma- 
niere qu'avec les petits des bre- 
bis dans sa jeunesse. 

4. N'est-ce pas lui qui tua le 
géant, et qui enleva l'opprobre de 
la nation? 

9. En levant la main, par la 
pierre de sa fronde, il terrassa 
l'orgueil de Goliath ; 


19. I Rois, vir, 9. — 22. I Rois, xit, 3. — ΒΑΡ. XLVII. 1. II Rois, xir, 1. — 3. I Rois, 


I Rois, xvir, 49.‏ .4 — .94 נטא 


breux, en sacrant, par l'ordre de Dieu, Saül, et aprés lui David, rois du peuple d'Israël, 
qui, auparavant, était gouverné par des juges, dont Samuél fut lui-même le dernier. 

21. * Au lieu des princes de Tyr, le texte original devait porter : Jes princes des 
ennemis. Le mot signifiant Tyr et ennemi est le méme en hébreu. 

92. De sa vie dans le monde; ou dans le temps; littér. de sa vie οἱ du monde ou du 
temps; ce qui est un pur hébraisme; car, en hébreu, lorsque deux substantifs sont 
liés par la particule ef, le second sert quelquefois d'adjectif et en a la signification. 
Ainsi le sens de ce passage est, de sa vie qui appartient au monde, de sa vie tem- 


porelle. — De son Christ; de son oint ou sacré; c'est-à-dire, Saül. Compar. I Rois, 
XII, ὦ, 
23. Il s'endormit; il mourut. — Pas méme une chaussure. Compar. Genèse, x1v, 23. 


— Et il fit connaitre, etc. Aprés sa mort, Samuel apparut à Saül, et lui annonca qu'il 
mourrait le lendemain. Compar. 1 Rois, xxvii, 18 et suiv. 


2. Et comme la graisse, etc. Comme la graisse, qui était la meilleure partie de la 
chair des victimes, s'en séparait pour étre offerte au Seigneur, ainsi David fut tiré 
du milieu des enfants d'Israél, comme étant ce qu'il y avait de meilleur parmi eux, 
et chéri particulierement de Dieu. 

4. * Le géant Goliath. 


A. T. Me 97 


1538 

6. Car il invoqua le Seigneur 
tout-puissant, et /e Seigneur lui 
donna de renverser par sa droite 
un homme fort dans la guerre, 
et de relever la corne de sa na- 
tion. 

1. Aussi elle lui donna l'hon- 
neur d'en avoir vaincu dix mille, 
et elle le loua du milieu des 
bénédictions du Seigneur, en lui 
offrant une couronne de gloire; 

8. Car il brisa les ennemis 
de toutes parts; il extirpa les 
Philistins, ennemis jusqu'à ce 
jour; il brisa leur corne pour ja- 
mais. 

9. En toutes ses œuvres il a 
rendu gloire au Saint et au Très- 
Haut, par des paroles de lou- 
ange. 

10. De tout son cœur il a loué 
le Seigneur, et il ἃ aimé Dieu 
qui l'a fait, et qui lui a donné la 
puissance contre les ennemis ; 

41. Et il a établi des chantres 
devant l'autel, etil a accompagné 
leurs chants de modulation plei- 
nes de douceur. 

19. Et il à donné de la pompe 
à la célébration des fétes, et il 
a orné les temps sacrés jusqu'à la 
consommation de sa vie, afin 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cH. xLvit.| 


qu'on louát le nom saint du Sei- 
gneur, et qu'on rehaussàt dès le 
matin la sainteté de Dieu. 

13. Le Seigneur l'a purifié de 
ses péchés, et ἃ exalté pour ja- 
mais sa corne; et il lui a assuré 
par une alliance le royaume et un 
tróne de gloire dans Israél. 

14. Après lui s'éleva son fils 
doué de sagesse, et à cause de lui 
le Seigneur renversa toute la 
puissance des ennemis. 

15. Salomon régna en des 
jours de paix, et Dieu lui soumit 
tous les ennemis, afin qu'il bàtit 
une maison en son nom, et qu'il 
lui préparât un sanctuaire pour 
toujours. Comme vous avez été 
instruit dans votre jeunesse, 

16. Vous avez été rempli de sa- 
cesse comme un fleuve, et votre 
àme a découvert la terre. 

11. Et vous avez renfermé des 
énigmes dans des paraboles ; 
jusquaux iles lointaines a été 
publié votre nom, et vous avez 
été aimé dans votre régne de 
paix. 

18. Dans vos cantiques, vos pro- 
verbes,vos paraboles et vos inter- 
prétations, toute la terre a trouvé 
un sujet d'admiration, 


1. I Rois, xvni, 7. — 13. II Rois, xir, 13. — 15. 111 Rois, ur, 4. — 16. 111 Rois, 1v, 31. 


6, 8. La corne; la force, la puissance, dont la corne était le symbole chez les Hé- 


breux. 


8. Jusqu'à ce jour. David défit les Philistins dans plusieurs combats, et abattit 
tellement leur puissance qu'ils ne purent de trés longtemps se relever. 

19. Afin qu'on louát, qu'on rehaussál; littér. qu'ils louassent, qu'ils rehaussassent ; 
le sujet de ces verbes pluriels, ce sont les ministres du temple. Ces mots et les sui- 
vants, jusqu'à la fin du verset, sont l'explication de la première partie. 

15. Une maison en son nom; un temple au nom du Seigneur. 

16. A découvert la terre; les mystères, les secrets de la terre. C'est probablement 
une allusion aux recherches de Salomon sur les plantes, les métaux, les animaux, etc. 


Compar. 111 Rois, 1v, 29 et suiv. 


18. Vos interprétations; celles entre autres des énigmes qui lui furent proposées 
par la reine de Saba (II Rois, x, 1 et suiv.), et par Hiram, roi de Tyr (Josèphe, 


Anliq., liv. VIII, ch. πὴ). 


]68. xzvur.] L'ECCLÉSIASTIQUE. 1539 
19. Ainsi que dans le nom du | cobetàDavid,deleurproprerace. 


Seigneur Dieu, dont le surnom 26. Et Salomon a pris fin avec 
est Dieu d'Israël. ses peres. 
20. Vous avez amassé l'or com- 27. Et il a laissé de sa race après 
me d'autres Yairain, et accu- | lui, la folie de sa nation, 
mulé l'argent comme d'autres le 28. Et un homme dénué de pru- 
plomb; dence, Roboam, qui détourna de 
91. Et vous avez abandonné | /ui la nation par son conseil ; 
votre personne auxfemmes ; vous 29. Et Jéroboam fils de Nabat 
avez asservi votre corps; qui fit pécher Israël, et fraya la 


29. Vous avez imprimé une | voie de pécher à Ephraim, et 
tache dans votre gloire; vous | leurs péchés très nombreux ont 


avez profané votre race, de ma- ; débordé. 

nière à attirer le courroux du 30. Ils les ont beaucoup éloignés 
Seigneur sur vos enfants, et à | de leur terre. 

exciter votre folie, 91. Et eux ont recherché toute 


23. En formant un empire di- | sorte de mal, jusqu'à ce que la 
visé en deux parties, et en faisant | vengeance soit venue sur eux, 
sortir d'Ephraim une domination | et qu'elleait mis fin àtoutes leurs 
dure. iniquités. 

24. Mais Dieu n'oubliera pas sa 
miséricorde, il ne détruira et n'a- CHAPITRE XLVIII. 


néantira pas ses ouvrages; il ne Eloge d'Elie, d'Elisée, d'Ezéchias et 

retranchera pas par la racine la QUE 

postérité de son élu, et la race de 4. Et Elie, prophète, se leva 

celui qui aime le Seigneur, il ne | comme un feu, et sa parole brü- 

la détruira pas. lait comme une torche ardente. 
95. Mais il a laissé un reste à Ja- 9. Il fit venir sur eux la fa- 


20. III Rois, x, 27. — 23. III Rois, xir, 16. — 29. III Rois, xir, 28. — .ג‎ 
1. III Rois, xvir, 1. 


22, 23. Sur les infinitifs inducere, incitari, imperare, voy. xtv, 29. 

25. Il a. laissé, etc.; c'est-à-dire que Dieu a donné à Jacob un prince dans la per- 
sonne de Jéroboam, roi des dix tribus, et à David un rejeton pour régner dans Juda. 

26. A pris fin, etc.; est mort comme ses péres. 

21, 28. La folie; c'est-à-dire le plus fou, le plus insensé. En hébreu on exprime 
souvent le superlatif en mettant le nom abstrait au lieu du concret. On dit aussi 
en francais : C'est la vertu, le vice méme, pour trés vertueux, très vicieux. Voy. sur 
Roboam, III Rois, xit. 

29. Ephraim; est mis ici pour le royaume d'Israél dont il formait la principale 
partie. 

30. Ils les ont, etc. Ce sont ces péchés, en effet, qui ont été la cause de la capti- 
vité d'Assyrie (IV Rois, xvit, 6, 1). 

31. La vengeance; c'est le vrai sens du mot defensio, expliqué par le texte grec, et 
par plusieurs passages de la Vulgate elle-même. D'ailleurs, comme nous l'avons déjà 
remarqué, dans la basse latinité on a dit defensor pour ultor. 


1. * Pour les allusions contenues dans ce chapitre, voir les passages auxquels ren- 
voient les références bibliques. 
2. Sur eux; sur les Israélites. 


1510 
mine; et ils l'irritèrent par leur 
envie, et ils furent réduits à un 
petit nombre; car ils ne pouvaient 
supporter les préceptes du Sei- 
gneur. 

3. Par la parole du Seigneur, il 
contint le ciel, et il fit tomber du 
cielle feu trois fois. 

4. Ainsi fut gratifié Elie par ses 
merveilles. Et qui peut se glo- 
rifier de la méme manière que 
vous? 

5. Qui, du domaine de la mort, 
par la parole du Seigneur Dieu, 
avez enlevé un mort des enfers; 

0. Qui avez précipité des rois 
dans la ruine; brisé sans peine 
leur puissance et les avez abattus 
de leur lit au milieu de leur 
gloire ; 

7. Qui écoutez sur le Sinaï le 
jugement du Seigneur, et sur 
l'Horeb les jugements de sa ven- 
geance ; 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cu. xevur.] 

8. Qui oignez des rois pour la 
pénitence, et qui établissez des 
prophètes pour être vos succes- 
5615; 

9. Qui avez été recu dans un 
tourbillon de feu, dans un char 
conduit par des chevaux de feu ; 

10. Qui avez été inscrit dans les 
décrets des temps pour adoucir 
le courroux du Seigneur, unir le 
cœur du père au fils et rétablir 
les tribus de Jacob. 

11. Bienheureux sont ceux qui 
vous ont vu et qui ont été hono- 
rés de votre amitié ; 

19. Car pour nous, nous vivons 
dans cette vie seulement; mais 
apres la mort, notre nom ne sera 
pas de méme. 

13. Elie, à la vérité, a été en- 
veloppé dans un tourbillon, et 
dans Elisée est resté son esprit 
tout entier; en ses jours, Elisée 
n'a redouté aucun prince, et per- 


3. III Rois, xvu, 1; 1% Rois, 1, 10, 12. — 5. III Rois, xvir, 22. — 9. IV Rois, m, 11. — 
10. Malac., 1v, 6. — 13. IV Rois, m, 11. 


3. Il contint le ciel; en lui ordonnant, au nom du Seigneur, de ne pas donner de 
pluie. Compar. III Rois, xvi, 1. — Il fit tomber, etc. )111 Rois, xvur, 38; IV Rois, τ, 0 
et suiv.). 

5. Un mort; le fils de la veuve de Sarepta (III Rois, xvii, 22). — Des enfers; c'est- 
à-dire du lieu où les âmes des saints de l'Ancien Testament étaient réunies en atten- 
dant la venue de Jésus-Christ. 

1. Vengeance; littér. défense. Compar. xLvn, 31. 

8. Qui oignez, etc. Elie reçut l'ordre de Dieu d'aller sacrer Hazaél, roi de Syrie, et 
Jéhu, roi d'Israél (III Ro?s, xix, 15, 16); mais il parait que c'est le prophète Elisée, 
disciple d'Elie, qui fut chargé de l'exécution de cet ordre (IV Rois, ץ‎ 13; ix, 1-12). 
— Pour la pénitence; pour amener le peuple prévaricateur à faire pénitence, Dieu 
s'est, en effet, servi de ces rois pour châtier le peuple qui s'était rendu coupable 
d'idolátrie. 

9. Qui avez été reçu, etc. Voy. IV Rois, τι, 2. 

10. Inscrit; désigné, marqué, destiné. — Les décrets des temps; ce sont probable- 
ment les décrets de Dieu relatifs aux temps ou aux choses qui doivent arriver dans 
les temps, et surtout dans les derniers temps, lorsque, selon la prophétie de Mala- 
chie (rv, 6), Elie convertira le cœur des pères aux fils et le cœur des fils aux pères, 
pour que le Seigneur ne frappe point la terre d'anathéme. C'est d'ailleurs la tradition 
constante de la synagogue et de l'Eglise chrétienne, que ce prophéte viendra avant 
la fin du monde, pour combattre l'Antechrist, et pour ramener les Juifs dans l'Eglise 
de Jésus-Christ. 

12. Ne sera pas de méme (non erit fale); c'est-à-dire ne vivra pas, 

13, Ne l'a vaincu; n'a pu le faire fléchir, le subjuguer. 


(cu. xuix.] 


sonne par sa puissance ne l'a 
vaincu ; 

14. Aucune parole n'a prévalu 
sur lui, et même mort, son corps 
a prophétisé. 

15. Pendant sa vie, il a fait des 
prodiges extraordinaires, et à sa 
mort des choses merveilleuses. 

16. Au milieu de toutes ces 
choses, le peuple n'a pas fait 
pénitence, et ils ne se sont pas 
détournés de leurs péchés, jus- 
qu'à ce qu'ils ont été chassés de 
leur pays et disperséssur toute la 
terre; 

11. Et il n'est resté qu'une pe- 
tite partie du peuple et un prince 
de la maison de David. 

18. Quelques-uns d'entre eux 
ont fait ce qui plaisait à Dieu dans 
leur vie; maisles autres ont com- 
mis beaucoup de péchés. 

19. Ezéchias a fortifié sa ville; 
il y a conduit de l'eau au milieu, 
et il a creusé le roc avec le fer, et 
il a bâti un puits pour conserver 
l'eau. 

20. Dans ses jours monta Sen- 
nachérib, et il envoya Rabsaces, 
et il leva la main contre eux, et 
étendit sa main contre Sion, et il 
devint superbe de sa puissance. 

91. Alors leurs cœurs et leurs 
mains défaillirent, et furent en 
proie à la douleur, comme des 
femmes en travail. 

22. Et ils invoquèrent le Sei- 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1541 
gneur miséricordieux, et, éten- 
dant leurs mains, ils les éleverent 
vers le ciel, et le saint Seigneur 
Dieu écouta aussitót leurs voix. 

29. Il ne se souvint point de 
leurs péchés, et il ne leslivra pas 
àleurs ennemis; mais il les pu- 
rifia par la main d'Isaie, le saint 
prophète. 

24. ll renversa le camp des 
Assyriens, et l'ange du Seigneur 
les écrasa ; 

25. Car Ezéchias fit ce qui était 
agréable à Dieu, et courageuse- 
ment il marcha dans la voie de 
David, son pere, que lui avait re- 
commandée 15816, grand pro- 
phète, et fidèle aux yeux du Sei- 
gneur. 

26. Dans ses jours, le soleil re- 
tourna en arrière, et il prolongea 
la vie au roi. 

21. Eclairé par un grand es- 
prit, 11 vit la fin des temps, et il 
consola ceux qui pleuraient en 
Sion. 

28. ll montra l'avenir jusqu'à 
la fin des temps, etles choses ca- 
chées avant qu'elles arrivassent. 


CHAPITRE XLIX. 


Eloge de Josias, de Jérémie, d'Ezéchiel, 
des douze petits prophétes, de Zoroba- 
bel, du grand-prétre Jésus, de Néhé- 
mie, d'Hénoch, de Seth, de Sem, d'A- 
dam. 


1. La mémoire de Josias est de- 


14. IV Rois, xur, 21. — 20. IV Hois, xvin, 18, — 24. IV Rois, xix, 35; Tobie, 11791: 
Isaie, ,טאאא‎ 36; 1 Mac., vir, M; II, vir, 19. — 26. IV Rois, xx, 11; Isaie, xxxvi, 8, 


— (βαρ, XLIX. 1. IV Rois, xxii, 1. 


16. Ils ne se sont, etc. Le mot peuple étant un nom collectif, l'auteur a pu mettre 


au pluriel les verbes dont il est le sujet. 


30. Dans ses jours, etc. Cette histoire est racontée au long dans IV Rois, xvmr, xix ; 
I| Paralip., xxxu ; Isaïe, XXXVI. — Contre eux; contre les Juifs dont il est parlé au 


vers. 18. 


1. La mémoire, etc. Voy. sur l'histoire de Josias, IV Rois, xxu, xxu. 


41542 


venue une composition d'odeur, 
une œuvre de parfumeur. 

9. A toute bouche, sa mémoire 
sera douce comme le miel et 
comme une musique dans un fes- 
tin où on boit du vin. 

3. C'estlui qui a été divinement 
dirigé pour la pénitence de la na- 
tion, et il a fait disparaitre les 
abominations de l'impiété. 

4. Et il a tourné son cœur vers 
le Seigneur, et dans les jours des 
péchés, il a affermi la piété. 

5. Excepté David, Ezéchias et 
Josias, tous ont commis le péché ; 

6. Car ils ont abandonné la loi 
du Très-Haut, les rois de Juda, 
et ils ont méprisé la crainte de 
Dieu. 

7. Ils ont donné leur royaume 
à d'autres, et leur gloire à une 
nation étrangère. 

8. Ils ont brülé la ville choisie 
et sainte, et ils ont rendu ses 
voies désertes, par l'entremise de 
Jérémie. 

9. Car ils ont maltraité celui 
qui, dès le sein de sa mère, fut 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cH. xLIx.] 
consacré prophète pour renver- 
ser, détruire et perdre, et de nou- 
veau édifier et renouveler. 

10. C'est Ezéchiel qui a vu la 
vision degloire quele Seigneurlui 
montra sur un char de chérubins; 

44. Car il a fait mention des en- 
nemis par une pluie; 7 « fait 
mention aussi des biens réservés 
àceux qui ont montré les droites 
voies. 

19. Et que les os des douze pro- 
phétes refleurissent en sortant de 
leur lieu ; car ils ont fortifié Ja- 
cob, et ils se sont rachetés de la 
servitude par une foi courageuse. 

13. Comment grandirons-nous 
Zorobabel? car il a été comme un 
anneau à la main droite ; 

14. Et aussi Jésus, fils de José- 
dec, qui, en leurs jours, ont re- 
bàti la maison et relevé le temple 
saint du Seigneur, préparé pour 
une gloire éternelle ? 

15. Et Néhémias juivra dans la 
mémoire pendant un long temps, 
lui qui a relevé nos murs abattus, 
qui a rétabli nos portes et nos 


8. IV Rois, xxv, 9. — 10. Ezéch., 1, 4. — 13. I Esdr., πὶ, 2; Agg., 
xxiI, 24, — 14, Zach., זז‎ 4. 


M — — — M t‏ — וו 


I5 4; XIV2IO IIS 


9. Comme une musique, etc. Compar. xr, 20. 

3. Pour la pénitence de la nation. Compar. xui, 8. 

5. Ont commis le péché d'idolàtrie, ou en y tombant, ou du moins en 16 tolérant. 

8. Par l'entremise; le ministère; tel est le sens ici, comme en bien d'autres pas- 
sages, de l'expression par la main (in manu) dela Vulgate et des Septante. Ces deux 
versions ont fidélement reproduit ce qui a dà étre dans le texte hébreu. 

10. C'est Ezéchiel, etc.; allusion aux célèbres visions décrites dans Ezéch., vir, x, etc. 

41. Il a fait mention, οἷοι; il ἃ marqué par une pluie ce qui devait arriver aux 
ennemis du Seigneur. Dans le style des prophétes, la pluie, la tempéte, les tourbil- 
lons, signifient ordinairement des maux, des calamités. — Des biens réservés ἃ 
ceux, etc.; littér. faire du bien à ceux (benefacere illis) ; cet infinitif, qui se trouve 
également dans le grec et dans la version Sixtine, et qui est un second complément 
du verbe à à fait mention (commemoratus est), représente évidemment un nom subs- 
tantif. 

12. Refleurissent, etc. Voy. אנא‎ 14. 

13. Anneau; ou ‘cachet (signum). Comme l'anneau qu'on mettait à la main droite 
était ordinairement d'une matière précieuse et d'un trés beau travail, on ne pouvait 
mieux marquer son estime pour une personne qu'en la comparant à cette sorte de 
bijou. 


[eu. L.] 
serrures, et qui a relevé nos mai- 
sons. 

16. Personne n'est né sur la 
terre tel qu'Hénoch; car il a été 
enlevé de la terre ; 

17. Ni comme Joseph, homme 
qui est né prince de ses freres, le 
soutien de sa famille, le gouver- 
neur de ses freres et l'appui de 
son peuple; 

18. Et ses os ont été visités, et, 
après sa mort, ils ont prophétisé. 

19. Seth et Sem ont acquis de 
la gloire parmi les hommes; et 
au-dessus de toute âme est par 
l'origine Adam. 


CHAPITRE L. 


Eloge du grand prétre Simon, fils d'Onias. 
Les Israélites exhortés à implorer le 
secours du Seigneur. Trois peuples 
dignes de haine. Auteur de ce livre. 
Heureux ceux qui profiteront de ses 
instructions. 


1. Simon, fils d'Onias, grand 
prétre, qui, dans sa vie, a soute- 
nu la maison du Seigneur, et, en 
ses jours, a fortifié le temple. 

9. C'est par lui aussi qu'a été 
faitle fondement profond du tem- 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1543 
ple, le double bátiment et les 
hautes murailles du temple. 

3. En ses jours ont coulé des 
puits d'eaux, et comme une mer, 
ils ont été remplis outre mesure. 

4. ll a eu soin de sa nation et 
l'a délivrée de la perdition. 

5. Il a été assez puissant pour 
agrandir la cité ; 11 a acquis de la 
gloire en vivant au milieu de la 
nation, et il a agrandi l'entrée de 
la maison du Seigneur et du par- 
vis. 

6. Comme luitl'étoile du matin 
au milieu d'un nuage et comme 
la lune dans les jours de son 
plein; 

1. Et comme le soleil resplen- 
dissant, ainsi lui a resplendi dans 
le temple de Dieu. 

8. Comme 160 
dans des nuées de gloire, comme 
la fleur des roses aux jours du 
printemps, comme les lis qui sont 
presd'uncourantd'eau, etcomme 
l'encens quirépand son odeur aux 
jours de l'été ; 

9. Comme le feu qui étincelle, 
et comme l'encens qui s'évapore 
au feu; 


11. Gen., xL1, 40; ,זנזא‎ 8; xLv, 5; L, 20. — 19, Gen., 1v, 25; v, 31. — (βαρ, L. 1. Mac., 


xn, 7: Il, ,ד‎ 4. 


18. Ont été visités; c'est-à-dire traités avec soin, avec égard ; c'est, en effet, le sens 
qu'a quelquefois en hébreu le verbe visiter. — Ont prophélisé aprés sa mori; car 
Joseph, avant de mourir, ayant prédit la sortie des Israélites de l'Egypte et leur 
entrée dans la terre de Chanaan, et ayant ordonné qu'on transportàt ses ossements 
en Chanaan (Genèse, v, 23, 24; Exod., xui, 19), ces ossements confirmaient, par leur 
transport méme, l'aecomplissement des premières paroles de Joseph, et garantissaient 
la réalisation des dernières; ce qui peut s'appeler prophétiser. 

19. Seth et Sem, etc. De Seth sortit la race des justes d'avant le déluge; de Sem 
vint la race des justes d'aprés le déluge. 


1. Simon, etc. Il y a eu deux grand prétres du nom de Simon, et qui eurent pour 
péres des hommes appelés Onias. Le sentiment le plus suivi est qu'il s'agit ici de 
Simon II, qui signala son zéle et sa piété contre Ptolémée Philopator, roi d'Egypte, 
qui voulait entrer dans le sanctuaire; résistance que Dieu honora d'un miracle 
(ΠῚ Machab., τι, Josèphe, Antiq., liv. XII, ch. 1v). — * Voir l'Introduction, p. 689, 

8. De gloire (gloriz) ; d'éclat, lumineuses. 


1544 

10. Comme un vase d'or massif 
orné de toute sorte de pierres 
précieuses ; 

11. Comme un olivier poussant 
ses rejetons, et comme un cyprès 
qui s’élève en haut; ainsi il a 
paru, lorsqu'il a pris sa robe de 
gloire, et qu'il s'est revétu de 
tous les ornements de sa dignité. 

12. En montant au saint autel, 
il a honoré les vétements de sain- 
teté. 

13. Or, en recevant des parties 
de la victime des mains des pré- 
tres, il se tenait lui-méme debout 
àlautel, et autour de lui étaient 
ses fréres, comme une couronne, 
comme une plantation de cèdres 
sur le mont Liban; 

14. Ainsi, autour de lui se te- 
naient debout, comme des bran- 
ches de palmier, tous les fils 
d'Aaron dans leur gloire. 

15. Or l'oblation du Seigneur 
était présentée par leurs mains 
devant toute l'assemblée d'Israël, 
et, achevant le sacrifice à l'autel 
pour rehausser l'oblation du roi 
Tres-Haut, 

16. Il a étendu sa main pour la 
libation, et il a répandu le sang 
du raisin. 

17. ll a répandu au pied de 
l'autel une odeur divine en l'hon- 
neur du prince Très-Haut. 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


[cH. L.' 

18. Alors les fils d'Aaron ont 
fait des exclamations et ont sonné 
des trompettes battues au mar- 
teau, et ils ont fait entendre une 
grande voix po&r rappeler leur 
mémoire devant Dieu. 

19. Alors tout le peuple en- 
semble s'est empressé, et ils sont 
tombés la face contre terre pour 
adorer le Seigneur leur Dieu, et 
pour adresser des prieres au 
Tout-Puissant, le Dieu tres haut. 

20. Et les chantres ont élevé 
leurs voix, et dans la grande mai- 
son s'est accru un bruit plein de 
suavité. , 

21. Et le peuple a prié le Sei- 
gneur, le Très-Haut, jusqu'à ce 
que l'honneur du Seigneur lui ait 
été completement rendu et qu'ils 
aient achevé leurs fonctions. 

22. Alors, descendant de 1 
le grand prêtre éleva ses mains 
sur toute l'assemblée des fils 
d'Israél pour rendre gloire à Dieu 
par ses lévres et en son nom se 
glorifier ; 

93. Et il réitéra sa prière, vou- 
lant montrerla puissance de Dieu. 

24. Et maintenant, priez le Dieu 
de toutes choses, qui a fait de 
grandes choses sur toute la terre, 
qui a multiplié nos jours depuis 
le sein de notre mère, et qui a agi 
avec nous selon sa miséricorde ; 


11. Lorsqu'il s'est revétu, etc. C'est ainsi qu'on entend généralement 16 latin, vestiri 
eum in consummalionem virtutis; et le texte grec favorise ce sens. — Vestiri; sur 
l'emploi de cet infinitif et de plusieurs autres qui se trouvent dans ce chapitre, voy. 


XLV, 9. 


14. Dans leur gloire; dans leurs beaux ornements. 
11. Une odeur divine; celle du vin et du sang des victimes. 


24-31. * Les versets 24-31 forment la conclusion de tout le livre : l'auteur fait des 
souhaits en faveur de son peuple, 24-25; l'exhorte à la confiance en Dieu, 26; pro- 
teste qu'il n'a rien de commun avec les Iduméens, les Philistins et les Samaritains, 
ces trois grands ennemis d'Israél, 21-28; appose comme sa signature à son livre, 29; 
et termine par une dernière recommandation à mettre en pratique les conseils de 
sagesse qu'il a donnés, 30-31. 


[ca. 1.1. 

95. Qu'il nous donne la joie du 
cœur et que la paix se fasse dans 
nos jours en Israél et pendant des 
jours éternels ; 

26. Pour qu Israél croie qu'avec 
nous est la miséricorde de Dieu, 
afinqu'il nous délivreenses jours. 

27.Mon âme hait deux peuples; 
mais le troisi&me que je hais n'est 
pas un peuple. 

98. Ceux qui demeurent sur le 
mont Séir, et les Philistins, et le 
peuple insensé qui habite dans 
Sichem. 

99. Jésus, fils de Sirach, de 
Jérusalem, a écrit la doctrine de 
sagesse et de science dans ce 
livre, et il a renouvelé la sagesse 
de son cœur. 

30. Bienheureux celui qui s'ap- 
plique à ces bonnes choses; celui 
qui les met dans son cœur sera 
toujours sage; 

31. Car s'il les accomplit, il 
sera capable de toutes choses, 
parce que la lumiere de Dieu est 
sa trace. 


CHAPITRE LI. 


Actions de grâces de l’auteur. Comment 
il a acquis la sagesse. Exhortation à la 
recherche de la sagesse. 


1. Priere de Jésus, fils de Si- 
rach:Jevous glorifierai, Seigneur 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1545 
roi, et je vous louerai, vous qui 
êtes mon Dieu, mon sauveur, 

2. Je glorifierai votre nom, 
parce que vous m'êles devenu un 
aide et un protecteur. 

3. Et vous avez délivré mon 
corps de la perdition, du piège de 
la langue inique et des lèvres de 
ceux qui commettent le menson- 
ge, et en présence de ceux qui se 
tenaient deboutprés de moi, vous 
m'êtes devenu un aide. 

4. Et vous m'avez délivré, selon 
la multitude des miséricordes de 
votre nom, des lions rugissants 
prêts à me dévorer; 

9. Des mains de ceux qui re- 
cherchaient mon âme, et des 
portes des tribulations qui m'ont 
environné; 

6. De la violence de la flamme 
qui m'a environné, et au milieu 
du feu, je n'en ai pas senti la cha- 
leur ; 

7. De la profondeur des en- 
trailles de l'enfer, et dela langue 
souillée, et de la parole de men- 
songe; d'un roi inique et de la 
langue injuste 

8. Jusqu'à la mort, mon âme 
louera le Seigneur ; 

9. Car ma vie s'approchait de 
l'enfer, en bas. 

10. Ils m'ont environné de tous 


28. Ceux qui demeurent, etc.; ce sont les Iduméens (Genèse, xiv, 6; xxxvi, 3, 20. — 
Le peuple insensé; qui ne mérite pas le nom de peuple (voy. le verset précédent); 
c'est-à-dire les Samaritains, qui étaient un assemblage de plusieurs nations (IV Rois, 
xvu1, 24). Sichem fut réputée leur capitale depuis la ruine de Samarie; le canton con- 
serva le nom de Samarie. 

31. Sa trace; la trace qu'il doit suivre; c'est-à-dire que la lumière de Dieu éclairera 
sa marche, dirigera ses pas. 


3. Le piège de la langue; les accusations, les médisances, les calomnies. Compar. 
Ps. xc, 3; cxix, 2. — En présence de, etc.; allusion à ce qui se passait dans les juge- 
ments, où l'accusateur se tenait prés et à la droite de l'accusé. Compar. Ps. cvi, 5,6; 
Zachar., πι, 1. 

4. Votre nom. Le nom de Dieu se prend souvent dans l'Ecriture pour l'essence 
divine, l'étre divin, Dieu lui-méme. 

1. 9. L'enfer. Vov. וצצ‎ 5. 


1546 
côtés, et il n'y avait personne 
qui me secourüt. Je tournais mes 
regards vers le secours des hom- 
mes, et il n'en était point. 

11. Je me suis souvenu, Sei- 
gneur, de votre miséricorde et de 
votre œuvre, qui sont dès le com- 
mencement du monde ; 

12. Parce que vous délivrez, 
Seigneur, ceux qui vous atten- 
dent avec patience et vous les 
sauvez des mains des nations. 

13. Vous avez élevé sur laterre 
mon habitation; et à cause de la 
mort qui découlait sur moi, j'ai 
fait des supplications. 

14. J'ai invoqué le Seigneur, 
pere de mon Seigneur, afin qu'il 
ne me laisse point sans secours au 
jour de ma tribulation etau temps 
des superbes. 

15. Je louerai votre nom sans 
cesse et je le glorifierai dans mes 
louanges, car ma priere a été 
exaucée. 

16. Et vous m'avez délivré de la 
perdition, et vous m'avez arraché 
au temps de l'iniquité. 

11. C'est pourquoi je vous glo- 
rifierai, et je vous dirai une lou- 
ange, et je bénirai le nom du Sei- 
gneur. 

18. Lorsque j'étais encore jeu- 
ne, avant que je voyageasse, j'ai 


L'ECCLESIASTIQUE. 


(cm. ur.] 
recherché ouvertementlasagesse 
dans ma priere. 

19. Devant le temple, je priais 
pour l'obtenir, et jusqu'au dernier 
moment, je la rechercherai ; et 
elle a fleuri comme un raisin pré- 
coce. 

20. Mon cœur s'est réjoui en 
elle, mon pied a marché dans un 
chemin droit; dés ma jeunesse, 
je la recherchais avec soin. 

21. J'ai incliné un peu mon 
oreille, et je l'ai recue. 

22. J'ai trouvé beaucoup de sa- 
gesse en moi, et j'y ai fait un 
grand progres. 

23. À celui qui m'a donné la sa- 
gesse, je rendrai gloire; 

24. Car j'ai résolu de la prati- 
quer; j'ai été zélé pour le bien, et 
je ne serai pas confondu. 

25. Mon âme a lutté pour l'at- 
teindre, et, en la pratiquant, je 
me suis affermi. 

26. J'aiélevé mes mains en haut, 
et j'ai déploré son égarement. 

27. J'ai dirigé mon âme vers 
elle, et dans la connaissance de 
moi-même je Vai trouvée. 

28. J'ai possédé avec elle mon 
cœur dès le commencement; à 


. eause de cela je ne serai pas dé- 


laissé. 
99. Mesentrailles ont été émues 


13. Qui découlait sur moi (defluente) ; qui s'approchait de moi, qui me menacait. 

14. Le Seigneur, pére de mon Seigneur; paroles qui marquent distinctement les 
deux personnes de la sainte Trinité, le Père et le Fils. Voy. ce que nous avons dit sur 
une expression semblable dans Ps. cix, 1. — Au temps des superbes; lorsque les 
superbes dominent, exercent leurs violences. 

18-38. * Ces versets formaient dans l'original hébreu un poème alphabétique. 

18. Avant que je voyageasse. Voy. xxxiv, 12. 

19. Devant le temple; dans le parvis du temple. — Elle a fleuri en moi. — Comme 
un raisin précoce; c'est-à-dire de trés bonne heure. 

20. Les pronoms elle, la, désignent la sagesse dans ce verset, comme dans les 23, 


27, 98 et 29. 


26. Son; se rapporte au mot dme, exprimé au vers, 25. 
29. Je posséderai, etc.; c'est-à-dire je posséderai un trés grand bien. 


fcn. Lt.] 


en la cherchant; à cause de cela 
je posséderai une bonne posses- 
sion. 

30. Le Seigneur m'a donné pour 
récompense une langue, et c'est 
avec elle que je le louerai. 

31. Approchez-vous de moi, 
ignorants; assemblez-vous dans 
la maison de la discipline. 

32. Pourquoi tardez-vous en- 
core? et que dites-vous à ceci? 
Vos àmes ont une très grande 
soif. 

33. J'ai ouvert ma bouche, et 
jai parlé : Procurez-vous /a sa- 
gesse sans argent, 

34. Et soumettez votre cou au 


L'ECCLÉSIASTIQUE. 


1517 


joug, et que votre âme embrasse 
la discipline, car il est facile de la 
trouver. 

35. Voyez de vos yeux que j'ai 
peu travaillé, et que je me suis 
acquis un grand repos. 

36. Recevez l'instruction com- 
me une grande quantité d'argent, 
et possédez en elle un or abon- 
dant. 

31. Que votre àme se réjouisse 
dans sa miséricorde, et vous ne 
serez pas confondus dans sa lou- 
ange. 

38. Faites votre ceuvre avant le 
temps, et il vous donnera votre 
récompense en son temps. 


81. Assemblez-vous, etc. Venez tous ensemble écouter mes préceptes, et profiter de 


mes lecons. 


34. Il est facile; littér. il est proche (in proximo est). 
36. Et possédez ; hébraisme, pour ef vous posséderez. 
31. Sa; représente le mot Seigneur, exprimé au vers. 30. — En sa louange; c'est- 


à-dire en publiant ses louanges. 


38. Avant le temps: avant que le temps de la récompense arrive, passe. — Il; c'est- 


&-dire le Seigneur. 


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LES PROPHETES 


OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES 


I. Les prophètes, dont les écrits forment une des parties les plus importantes 
de la Bible, étaient dans l'Ancien Testament des messagers extraordinaires de 
Dieu, qui s'appliquaient entiérement à diriger le peuple, sous le rapport reli- 
gieux. Ainsi leurs prophéties, qui se rapportent principalement aux Juifs, ou aux 
nations étrangéres, ou enfin au Messie, avaient pour but de faire croire à la ré- 
vélation par laquelle Dieu voulait conduire les hommes au salut, de perpétuer 
parmi les Juifs la connaissance du vrai Dieu, de prédire le Messie, et d'annon- 
cer la religion qu'il venait établir; de maintenir l'observation exacte des lois 
de Moïse, et de conserver les mœurs parmi ce peuple si enclin à l'idolâtrie et 
aux désordres monstrueux qui en sont la suile inévitable. Les quatre premiers 
sont appelés grands, parce que leurs prophéties sont plus étendues; et les 
douze autres sont nommés pelits, parce qu'ils ont moins écrit que les premiers. 

II. Dieu se révélait à ses prophétes médiatement, c'est-à-dire en se servant 
du ministére des anges, ou immédiatement, et dans ce dernier cas, la révéla- 
tion était extérieure ou intérieure. Dans la révélation extérieure, Dieu faisait 
entendre une voix qui apprenait au prophète soit ce qu'il avait à dire ou à faire, 
soit ce qui devait arriver; ou bien il le lui retracait par des signes symboliques. 
La révélation intérieure avait lieu pendant que le prophéte était livré au som- 
meil, ou ravi en extase, ou agité d'une émotion extraordinaire, qui le mettait 
comme hors de lui-même, ou bien lorsqu'il était éveillé, et qu'il jouissait pai- 
siblement de l'usage de ses sens. Or, durant le sommeil, les révélations divines 
se faisaient aussi de plusieurs maniéres ; car c'était tantót par des représenta- 
tions énigmatiques et symboliques, tantót par des manifestations claires et 
intelligibles en elles-mêmes; tantôt enfin le prophète voyait et entendail 
en songe un ange, un homme, ou Dieu méme qui lui parlait. Dans l'extase, le 
prophéte voyait également et entendait des choses dont il conservait le souvenir, 
et qu'il manifestait ensuite lui-même. Quand il se trouvait sous l'empire de 
l'émotion extraordinaire dont nous venons de parler, il se sentait violemment 
agité, et son imagination s'échauffait tellement alors, qu'il n'était plus le maitre 
de ses pensées, ni de ses paroles, mais qu'il ne pouvait que préter sa langue ou 
sa plume à l'Esprit-Saint qui l'animait et qui lui faisait prononcer ses oracles 
avec une force extraordinaire et une sorte d'emportement, C'est cette espèce de 


1550 LES PROPHÈTES. — OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. 


révélation qu'il faut entendre, lorsque l'Ecriture dit en parlant d'un prophéte 
que l'Esprit du Seigneur l'a envahi, l'a saisi : /rruit super eum Spiritus Domini ; 
et lorsque Jérémie s'écrie : « Mon cœur a été brisé au milieu de moi ; tous mes 
os ont tremblé ; je suis devenu comme un homme de condition ivre, et comme 
un homme du peuple rempli de vin, à cause du Seigneur et à cause des paroles 
saintes » (xxur, 9. Compar. xx, 7, 8). Enfin Dieu se révélait intérieurement à 
ses prophètes réveillés et jouissant du plein et libre usage de leur raison, en 
éclairant leur entendement d'une vive lumiére, et en excitant fortement leur 
volonté à manifester les vérités qu'il leur communiquait. Ainsi l'état des pro- 
phétes, quand ils recevaient les révélations divines, quoique différent de leur 
état naturel, n'avait cependant rien de commun avec l'extase, ou plutót la dé- 
mence et la fureur délirante des devins du paganisme, qui était purement arti- 
ficielle, produite par des excitants naturels טס‎ par l'opération du démon. D'oü 
il suit que l'extase des prophétes hébreux était un état surnaturel, et celle des 
paiens un état contre nature. 

III. Il y a ordinairement dans les prophéties deux sortes d'événements : les 
uns prochains et les autres éloignés; mais le prophéte les décrit indistincte- 
ment, selon qu'ils se présentent à son regard prophétique. Il passe de l'un à 
l'autre sans en avertir ; il s'arréte même quelquefois davantage sur les événe- 
ments les plus éloignés, quand ils sont plus importants; et pour l'ordinaire, il 
les représente obscurément, tandis qu'il montre plus clairement et plus distinc- 
tement les événements prochains. Ajoutons qu'il lui arrive aussi de représenter 
comme déjà accomplis des faits qui ne doivent l'étre que dans un temps à ve- 
nir. De là vient le passage rapide d'un temps du verbe à un temps différent, et 
quelquefois dans la méme phrase. Ainsi on voit fréquemment un parfait ou 
un plus-que-parfait à côté d'un futur ou d'un présent. Nous avons cru devoir 
dans notre traduction nous conformer le plus possible à ces variations; on en 
comprend aisément le motif. 

La Vulgate reproduit trés souvent les idiotismes de l'hébreu, au lieu de se 
conformer au génie de la langue latine, et cela non seulement pour la signifi- 
cation et la construction des mots; mais encore pour l'emploi des différents 
temps des verbes. Elle méle le sens littéral et le sens métaphorique, et elle at- 
tribue à l'un ce qui appartient à l'autre. Nous ferons encore remarquer qu'on 
rencontre dans beaucoup de phrases, au lieu d'un nom de personne ou de chose 
précédemment exprimé, le pronom qui le représente. Or, pour éviter la confu- 
sion et méme des faux sens dans notre langue, nous avons dû quelquefois subs- 
tituer le nom lui-méme au pronom qui le représente. 


J.-B. GLAIRIs. 


+ 60% (9€ c- > 


ISAIE 


* INTRODUCTION 


Isaie, en hébreu, Yescha'yahu (Jéhova sawve), était fils d'Araos, et d'aprés une 
tradition rabbinique, neveu, par son père, du roi Amasias. Il était originaire de 
Juda et habitait Jérusalem. Il passa sa vie dans la capitale, au centre méme de 
la vie politique et religieuse de Juda, et non dans un village perdu, comme 
son contemporain Michée, ni errant cà et là, dans toute la Palestine, comme Élie 
et Élisée, ou prenant soin de ses troupeaux, comme Amos, le berger de Thécué. 
C'est le premier prophéte vivant dans la cité sainte, dont les écrits nous soient 
restés. ll prophétisa sous les rois Ozias, Joathan, Achaz et Ézéchias. Sa pre- 
miére vision eut lieu l'année de la mort d'Ozias (758); la dernière prophétie de 
lui, dont nous connaissions la date, est de la quatorziéme année d'Ezéchias 
(712), Is., xxxvi-xxxix.. On croit qu'il vécut jusque sous le règne de Manassé, 
qui le fit mourir par le supplice de la scie. Outre ses prophéties, il avait écrit 
les Annales du roi Ozias, aujourd'hui perdues. 

Pendant les seize ans du régne de Joathan (758-742), Isaie parut rarement 
sur la scène ; aucune prophétie n'est datée de cette époque ; sous Achaz (742-727), 
il intervint dans une circonstance importante, au moment où Razin, roi de 
Syrie, et Phacée, roi d'Israël, menacaient Jérusalem; il contribua sans doute 
efficacement à faire échouer le projet des ennemis; ce fut surtout du temps 
d'Ézéchias (727-698) qu'il exerca avec le plus de succès et d'éclat son ministère 
prophétique. On a soutenu, mais sans preuve, qu'il avait élevé ce saint roi, 
comme Nathan avait élevé Salomon. Ce qui est certain, c’est qu'il fut son ami 
et son conseiller. Il ranima son courage pendant une grave maladie, et il releva 
sa confiance en Dieu, ainsi que celle de son peuple, au moment de l'invasion 
de Sennachérib. Il sut aussi faire entendre au fils d'Achaz des paroles sévères 
de la part de Dieu, lorsque ce prince, cédant à un mouvement de vaine com- 
plaisance, étala ses trésors aux ambassadeurs du roi de Babylone. A partir de 
ces grands événements, nous ne voyons plus apparaitre Isaie sur la scène poli- 
tique. La tradition placait son tombeau à Panéas, dans le pays de Basan; c'est 
de là que ses reliques furent transportées à Constantinople, en 442, sous le 
règne de l'empereur Théodose 1]. 

Isaie occupe dans la Bible la première place parmi les prophètes. Ce rang 
Jhonneur lui appartient, non par droit d'ancienneté, — Joël, Jonas, Amos, 


1552 ISAIE. 


Osée, ont vécu avant lui, — mais par droit de mérite, comme au plus grand de 
tous, par l'étendue et l'importance de ses révélations, aussi bien que par l'éclat 
incomparable de son style. Aucun autre prophéte n'a embrassé un aussi vaste 
horizon ni touché à tant de sujets ; aucun autre n'a vu avec autant de clarté et 
de précision autour de lui et dans le lointain des âges. Il est le grand prophète, 
comme 5. Paul est le grand apótre. Placé à égale distance, dans le temps, de 
Moïse et de Jésus-Christ, vivant à une des époques les plus critiques de l'histoire 
du peuple de Dieu, au moment oü la race de Jacob était menacée d'étre écrasée 
entre les deux puissances rivales qui se disputaient alors l'empire du monde, 
l'Égypte et l'Assyrie, il fut le continuateur de l'oeuvre de Moise, la force et le 
soutien de son roi et de ses fréres, comme le boulevard de leur nationalité. 
C'est le témoignage que lui rend le Saint-Esprit lui-même dans l'Ecclésiastique. 
Il prépara en outre, plus qu'aucun autre prophéte, l'avénement du Messie. Il a 
décrit d'une manière si exacte les principales circonstances de la vie de Notre- 
Seigneur, que S. Jérôme a dit de lui avec raison qu'on devrait l'appeler plutôt 
un évangéliste qu'un prophète. 

Le style d'Isaïe est digne de ses prophéties. « Jamais peut-être aucun homme 
n'a parlé un plus beau langage, » a dit Seinecke. Comme tous les génies, il 
unit la grandeur à la simplicité : rien de plus sublime et en méme temps rien 
de plus naturel, de plus clair et de plus limpide. Son éloquence est pleine de 
mouvement et de poésie, sans aucun trait forcé ou exagéré ; elle coule à pleins 
bords, calme et majestueuse, comme un large fleuve, mais sans sortir de ses 
rives. 15816 n'a point des élans de passion comme Joël et Nahum, ses transports 
ne sont pas impétueux et saccadés comme ceux d'Osée ou d'Amos, et il produit 
néanmoins une impression plus profonde, parce qu'il sait varier son langage à 
l'infini et prendre toujours le ton qui convient à son sujet; tour à tour tendre 
et sévère ; persuasif et irrésistible, comme une mère, dans ses exhortations ; 
foudroyant et terrible, comme un juge dans ses menaces. 

Son style est coulant, rapide, vif, énergique, coloré. Ses transitions, comme 
en général chez les Orientaux, ne sont pas ménagées ; elles entraveraient sa 
marche ; il va droit à son but, et les énumérations sont chez lui fort rares. Ce 
qui le caractérise, c'est la noblesse, l'éclat, la sublimité, mais il réunit à lui 
seul les diverses qualités que les autres se partagent. David est un poéte lyrique 
dans les Psaames, Jérémie un poète élégiaque dans ses Lamentations, Ézéchiel 
un poéte descriptif dans ses grandes visions; Isaie est tout à la fois un poéte 
lyrique, élégiaque et descriptif. Il excelle dans tous les genres, et quoiqu'on ne 
puisse l'apprécier comme il le mérite que dans l'original, ses beautés sont telles 
qu'elles sont encore visibles et saisissantes jusqu'à travers nos. traductions dé- 
colorées en langues occidentales. Quel tableau plus achevé que celui de la vi- 
sion du ch. vi: «En l'année à laquelle est mort le roi Ozias, je vis le Seigneur 
assis sur un tróne haut et élevé, et ce qui était sous lui remplissait le temple. 
Des Séraphins étaient au-dessus du tróne; l'un avait six ailes et l'autre six 
ailes ; avec deux ils voilaient leur face, et avec deux ils voilaient les pieds, et 
avec deux ils volaient. Et ils se criaient l'un à l'autre : Saint, saint, saint est le 
Seigneur Dieu des armées, toute la terre est pleine de sa gloire. Et les linteaux 
des gonds furent ébranlés par la voix des anges qui criaient, et la maison fut 
remplie de fumée. » Le prophéte inspiré de Dieu a fait, en quelques coups de 
pinceau, un chef-d'œuvre où rien ne manque. 


INTRODUCTION. 1553 


Aucun poéte élégiaque n'a trouvé de traits plus touchants, qu'Isaie, dépei- 
gnant dans 16 ch. v l'ingratitude d'Israël envers son Dieu : 


Habitants de Jérusalem, hommes de Juda, 
Jugez vous-mémes entre moi et ma vigne. 
Qu'ai-je pu faire à ma vigne que je n'aie point fait? etc. 


L'Ecclésiaste lui-même n'a pas trouvé de termes plus expressifs et d'une mé: 
lancolie plus touchante pour décrire la vanité de la vie : 


Une voix me dit : Crie. 

Et j'ai répondu : Que crierai-je? 

— Toute chair est de l'herbe 

Et sa beauté est comme la fleur des champs. 
L'herbe sèche, la fleur tombe, 

Quand souffle le vent du Seigneur. 

Oui, ce peuple n'est que de l'herbe. 

L'herbe sèche, la fleur tombe, 

Mais la parole de notre Dieu subsiste à jamais. 


Toute la seconde partie, xr-Lxvi, est pleine d'un lyrisme divin. Jamais l'en- 
thousiasme ne s'est élevé plus haut; Isaie fait entendre des accents jusque-là 
inconnus, il exprime ses idées avec un éclat incomparable; il a des élans su- 
perbes ; la richesse de son imagination est inépuisable; sa palette est chargée 
des couleurs les plus vives, mais dans ses tableaux, tout est bien fondu, rien ne 
heurte et ne choque. 


Lève-toi, illumine-toi (Jérusalem), ta lumière s'avance 

Et la gloire du Seigneur se lève sur toi. 

Les ténèbres couvrent la terre, et l'obscurité, les nations, 
Mais le Seigneur parait et sa gloire t'illumine... 

Léve les yeux, regarde de tous cótés : 

(Les peuples) s'assemblent, ils viennent à toi... 

Les dromadaires de Madian et d'Epha, 

Ceux de Saba accourent; 

Ils apportent l'or et l'encens, etc. Is., Lx, 1-6. 


Le livre d'Isaïe est une collection de prophéties faites en différents temps et 
dans des circonstances diverses. Il ne forme donc pas un tout suivi, une com- 
position rigoureusement enchainée, comme le livre de Job, par exemple; c'est 
un recueil, non une œuvre d'un seul jet. Il y a cependant un ordre et un plan 
dans ce recueil. 

On distingue deux parties bien marquées dans Isaie. La premiére embrasse 
les trente-neuf premiers chapitres; elle comprend des oracles composés à des 
époques diverses et sur des sujets variés, sous les régnes d'Ozias, de Joathan, 
d'Achaz et d'Ezéchias, La seconde est contenue dans les ch. xL-Lxvi; elle 
s'occupe, d'une maniére suivie, de l'avénement du Rédempteur d'Israél, elle 
forme un ensemble complet et coordonné et se rattache étroitement à la pre- 
mière. La première elle-même, quoiqu'elle renferme des morceaux d'époques 
differentes, ne manque pas d'ordre et d’enchainement. Les prophéties qu'elle 
nous a conservées sont classées chronologiquement, non pas toutefois d'une ma- 
niére rigoureuse et absolue, parce que le prophéte a aussi tenu compte de la na- 
ture des sujets dans la classification qu'il a adoptée. 


Rr | 5 98 


4554 ISAIE. [cu. 1.] 

La lecture des prophéties d'Isaie et une de celles qui ont toujours été le plus 
recommandées dans l'Eglise, parce qu'elle est trés propre à instruire et à 
édifier en développant dans les cœurs les sentiments de la foi et de la piété. 
Quand S. Augustin, au moment de sa conversion, demanda à S. Ambroise quel 
livre il devait lire : Isaie, lui répondit-il. 

On peut y puiser un grand nombre d'instructions; nous allons en indiquer 
seulement quelques-unes. 

Toutes les exhortations, tous les conseils d'Isaie n'ont qu'un but, c'est de faire 
servir Dieu avec fidélité. Celui qui ne se confie pas en Dieu, mais dans les 
idoles, celui, pouvons-nous dire, qui viole la loi de Dieu pour satisfaire ses pas- 
sions, sera un jour confondu. Dieu seul est digne de nos hommages. — Le culte 
que Dieu demande est le culte intérieur et non pas seulement l'extérieur. Isaie, 
après avoir entendu les Séraphins chanter dans le ciel le trisagion, nous recom- 
mande d'honorer la sainteté de Dieu. Nous devons mettre notre confiance en 
: Dieu, dans nos nécessités corporelles aussi bien que dans nos nécessités spiri- 
- tuelles. 

Le livre d'Isaie est plein d'enseignements moraux. A cause de l'état de dépra- 
vation dans lequel des rois idolâtres avaient fait tomber le peuple, 1, 5-6, il 
condamne le vice plus souvent qu'il ne recommande la vertu, mais la censure 
qu'il inflige au mal est l'éloge du bien. Il préche souvent la conversion aux pé- 
cheurs, il leur reproche leur ingratitude envers Dieu, le peu de profit qu'ils re- 
tirent des avertissements qu'il leur fait donner par ses prophètes, leur luxe ef- 
fréné, leurs injustices, leur avarice et leur cupidité, leur intempérance, leur 
orgueil et leur présomption. Il est facile à chacun, en lisant Isaie, de recueillir et 
de coordonner une multitude de passages semblables, également utiles pour 
l'édification personnelle et pour l'instruction des autres. 

Nous devons d'ailleurs chercher toujours dans ce prophéte, méme dans les 
parties historiques et dans les oracles contre les nations étrangères, Jésus-Christ, 
son Église et leur triomphe sur leurs ennemis. 


Ξ ταὶ 


CHAPITRE PREMIER. 1. Vision d'Isaie, fils d'Amos, 
Ingratitude des Israélites. Menace des qu'il a vue touchantJuda et Jéru- 
vengeances du Seigneur contre eux. | salem, dans les jours d'Ozias, de 
lis sont exhortés à la pénitence. Re- Joathan, d'Achaz et d'Ezéchias, 


proches et menaces contre Jérusalem. i 
Rétablissement de cette ville. rois de Juda. 


1-3 et suiv. * Première partie d'Isaie, 1-xxxix. — Elle contient les prophéties du temps 
a'Ozias, de Joathan et d'Achaz, et les oracles contre les nations étrangères. Elle se 
subdivise en quatre groupes. — Le premier, r-vi, renferme les oracles relatifs au 
peuple de Dieu, datant du temps d'Ozias et de Joathan. — Le second groupe com- 
prend les prophéties du temps d'Achaz, vr-xir. Leur sujet principal est la venue du 
Messie, désigné sous le nom d'Emmanuel, d'où le nom de livre d Emmanuel donné 
aux chapitres תוא-עץ‎ — Le troisième groupe, xmm-xxvu, est un recueil de prophéties 
contre les nations étrangères. — Le quatrième groupe, xxvir-xxxix, embrasse les 
prophéties faites sous Ezéchias, jusqu'à l'époque de la destruction de l'armée de Sen- 
nachérib. Elles ont trait, pour la plupart, à l'invasion assyrienne. — 1. Le premier 


(cn. 1.] 

2. Ecoutez, cieux, et préte l'o- 
reille, terre, parce que le Sei- 
gneur a parlé. J'ai nourri des fils 
et je les ai élevés, mais eux m'ont 
méprisé. 

3. Un beeuf connait son posses- 
seur, un àne l'étable de son mai- 
ג‎ ₪ ; maisIsraél ne m'a pas connu, 
el mon peuple n'a pas eu d'intel- 
ligence. 


ISAIE. 


1555 
4. Malheur à la nation péche- 
resse, au peuplechargé d'iniquité, 
àla race perverse, aux enfants 
scélérats ; ils ont abandonné le 
Seigneur, ils ont blasphémé le 
saint d'Israél, ils sont retournés 
en arriere. 
9. Où vous frapperai-je en- 
core, vous qui ajoutez à la pré- 
varication? toute téte est lan- 


groupe contient quatre prophéties détachées. — 10 I] s'ouvre par une sorte de pro- 
logue, 1, qui est comme la préface de la collection entière. — 29 Les ch. 1r-1v renfer- 
ment un oracle sur Juda, dont ils nous font connaitre la mission, l'infidélité, le chà- 
timent et enfin le triomphe par lavénement du Messie. — 39 Le chapitre v nous 
représente le royaume de Juda comme la vigne du Seigneur. — 4° Le ch. vrraconte 
la vocation d'Isaie au ministère prophétique. — Les règnes d'Ozias (809-758), et de 
Joathan (158-142), sous lesquels Isaie écrivit d'abord, furent prospéres et florissants, 
mais la paix et le bien-étre amenérent le luxe et la corruption. C'est là ce qu'attaque 
principalement le prophéte à cette époque de sa vie. 

1. Vision; c’est-à-dire révélation; chose vue, non par les yeux du corps, mais par 
ceux de l'esprit. C'est pourquoi, dans le principe, les prophètes s'appelaient, chez les 
Hébreux, voyants (I Rois, 1x, 9). — Au temps d'Ozias, etc. L'histoire de ces rois est 
rapportée dans IV Rois, xv, xvi, XVII, xix, xx. — * 1° Prologue des prophéties d'I- 
saie, 1. — En tête du premier chapitre d'Isaie, 1, 1, nous lisons le titre, le sujet, et 
la date de tout le recueil. Cf. 11 Par., xxx, 32. Le recueil est appelé vision, c'est- 
à-dire révélation, dans le sens collectif, pour indiquer que les oracles qu'il contient 
sont une collection de visions intellectuelles ou révélations surnaturelles. L'objet en 
est Juda et Jérusalem, car quoique le prophéte parle d'Israél et de toutes les autres 
nations connues de son temps, c'est toujours relativement aux Juifs. — D'après la 
chronologie la plus généralement recue, Ozias mourut en 158, et c'est pendant la 
dernière année de ce roi qu'Isaie, vr, 1, commença à prophétiser; Joatham régna de 
158 à (42; Achaz de 742 à 121; Ezéchias de 121 à 698. 

2-31. * Les versets 2-31 sont comme la préface de tout le livre. L'époque où cette 
préface a été composée est incertaine. Les vers. 7-8 indiquent une époque pendant 
laquelle le royaume de Juda était ravagé par une armée étrangére. Il eut à subir 
trois invasions, du temps d'Isaie, la première à la fin du règne de Joathan, et la 
seconde sous Achaz, l'une et l'autre de la part des Israélites et des Syriens, IV Hois, 
xv, 37; xvi, 9; cf. Is., vi, 1, la troisième sous Ezéchias, de la part des Assyriens, 
IV Rois, xvur, 13; Is., xxxvi. La plupart des commentateurs pensent avec vraisem- 
blance que le ch. 1 date dela première invasion. — Le peuple n'a été sensible ni aux 
bienfaits que Dieu lui a accordés pendant les règnes d'Ozias et de Joathan (2-3), ni 
aux calamités qui viennent de fondre sur lui (4-9); il ne reste donc au Seigneur qu'à 
livrer son peuple au chátiment qu'il mérite et à le purifier par le feu de la tribula- 
tion, pour se faire ensuite du petit reste qui survivra un peuple selon son cœur (10-31). 
Les versets 24-31 se rapportent spécialement au Messie. 

2. Ecoutez, etc. Dieu avait en vue, dans ces prophéties, non seulement les juifs, 
mais les chrétiens eux-mêmes, puisque saint Paul dit que loutes ces choses ont été 
écrites pour nous élre un avertissement, à nous, pour qui est venue la fin des temps 
(L Corinth., x, 11), et encore que tout ce qui a été écrit, a été écrit pour notre instruc- 
tion (Rom., 1v, 4). — * Le vers. 1 est le titre général du livre et de la collection des 
prophéties d'Isaie. La première prophétie commence au vers. 2. 

4. * Le Saint d'Israël; Dieu. L'idée de la sainteté de Dieu revient souvent dans les 
prophéties d'Isaie. Voir vi, 3. La sainteté est le contraire du péché. Le saint est le 
juste et le pur, qui est au-dessus des autres par ses perfections. Dieu est le saint 
par excellence. 


4556 
guissante, et tout cœur abattu. 

6. De la plante des pieds jus- 
qu'au sommet de la téte, rien en 
lui de sain ; c'est blessure, meur- 
trissure, plaie enflammée, qui 
n’a été ni bandée, ni pansée, ni 
adoucie par l'huile. 

7. Votre terre est déserte, vos 
cités brülées par le feu; votre 
pays, devant vous, des étrangers 
le dévorent, et il sera désolé 
comme dans une dévastation de 
l'ennemi. 

8. Et la fille deSion sera laissée 


comme un berceau dans une. 


vigne, comme une cabane dans un 
champ de concombres, comme 
une cité qui est livrée au pillage. 

9. Si le Seigneur des armées ne 
nous avait réservé un rejeton, 
nous aurions été comme Sodome. 
nous serions devenus semblables 
à Gomorrhe. 

10. Ecoutez la parole du Sei- 
gneur, princes de Sodome ; pré- 
tez l'oreille à la loi de notre Dieu, 
peuple de Gomorrhe. 

11. Qu'ai-je à faire de la mul- 
titude de vos victimes? ditle Sei- 
gneur. Je suis rassasié ; les holo- 
caustes des béliers, et la graisse 
des animaux gras, et le sang des 


ISAÏE, 


(cu. 1.] 
veauxetdesagneaux et desboucs, 
je n'en veux point. 

19. Lorsque vous étes venus en 
ma présence, qui a demandé ces 
choses de vos mains, afin que 
vous vous promeniez dans mes 
parvis? 

13. Ne m'offrez plus de sacrifice 
en vain; l’encens m'est en abo- 
mination. Ma néoménie, le sabbat 
et les autres fêtes, je ne les souf- 
frirai point; vos assemblées sont 
iniques. 1 

14. Vos 6816008, et vos solen- 
nités, mon âme les hait: elles me 
sont devenues à charge; j'ai peine 
à les souffrir. 

15. Et lorsque vous étendrez 
vos mains, je détournerai mes 
yeux de vous ; lorsque vous mul- 
tiplierez la priere, je n'exaucerai 
pas; car vos mains sont pleines de 
sang. 

16. Lavez-vous, purifiez-vous, 
6162 le mal de vos pensées de de- 
vant mes yeux ; cessez d'agir avec 
perversité ; 

17. Apprenez à bien faire, cher- 
chez la justice, venez au secours 
de l’opprimé, jugez l'orphelin, dé- 
fendez la veuve. 

18. Et venez, et accusez-moi, 


Cuap. I. 7. Infra, v, 6. — 9. Rom., ix, 29; Genèse, xix, 24. — 11. Jérém., vi, 20; 
Amos, v, 22. — 15. Infra, rix, 3. — 16. I Pierre, ur, 11. 


RÀ MÀ —À M —À 


6. * Ni adoutie par l'huile. L'huile était 16 remède employé ordinairement pour 


guérir les plaies. Voir Luc, x, 34. 


1. * Des étrangers; des ennemis, probablement les Syriens, les Philistins et les Idu- 
méens unis aux dix tribus schismatiques. IV Rois, xvi, 5. 
8. La fille de Sicn ; c'est-à-dire Jérusalem. Les Orientaux appellent fi/les les capi- 


lales et les villes d'un pays. 


9. Si le Seigneur, etc. Saint Paul rappelle ce texte en parlant des restes fidèles 
d'entre les Juifs que Dieu réserva par gráce au temps de l'Evangile, tandis que la 
multitude demeura dans l'incrédulité, et attira sur elle la colère du Seigneur (Rom., 
1x, 29). — * Comme Sodome. Voir la note sur Genèse, xiu, 10. 

14. * Vos calendes, le sacrifice du commencement du mois. 

15. * Lorsque vous étendrez vos mains. On étendait les mains pour prier. 


18. * Les llébreux considéraient le rouge foucé, ainsi que le noir et la nuit, comme 


(cn, 1.) 
dit le Seigneur : 81 vos péchés 
sont comme l'écarlate, comme 
la neige. ils deviendront blancs, 
οἱ 5 118 sont rouges comme le ver: 
millon, comme la laine ils seront 
blanes. 

19. Si vous voulez, et que vous 

.m'écoutiez, vous, mangerez les 
biens de la terre. 

20. Que si vous ne voulez pas, 
el que. vous me provoquiez au 
courroux, le. glaive vous dévo- 
rera, parce que la bouche du Sei- 
gneur a parlé. 

91. Comment est devenue une 
prostituée la cité fidèle et pleine 
de, jugement? 18 justice a habité 
en elle, mais maintenant ce sont 
des meurtriers. 

29. Ton argent s'est converti 
en scorie; ton vin a été mélé 
d'eau. 

93. Tes princes sont infideles, 
compagnons de voleurs; tous 
aiment les présents et poursui- 
vent les récompenses. Ils ne ren- 
dent pas justice à l'orphelin, et la 
cause de la veuve n'a pas d'acces 
auprès d'eux. 

24. À cause de cela, dit le Sei- 
gneur Dieu des armées, le fort 
d'Israël : Ah! je me consolerai 
sur mes ennemis, je me venge- 


23. Jérém., v, 28. 


ISATE. 


1557 
rai de ceux qui me sont oppo- 
sés. 

25. Et je tournerai ma main 
vers toi, et j'épurerai par le feu 
tes scories, et j'enleverail'alliage 
qui est en toi. 

26. Et je rétablirai tes juges 
comme ils furent d'abord, et tes 
conseillers comme  ancienne- 
ment; apres cela tu seras appelée 
laicité du juste, ville fidele. 

27. Sion, par le jugement, sera 
rachetée, et on là ramènera par 
la justice ; 

28. Et Ze Seigneur brisera les 
scélérats et les pécheurs tous en- 
semble; et ceux qui ont aban- 
donné le Seigneur seront con- 
sumés. 

29. Carilsseront confondus par 
les idoles auxquelles ils ont sa- 
crifié; et vous rougirez des jar- 
dins que vous aviez choisis, 

30. Lorsque vous serez comme 
un chéne dont les feuilles tom- 
bent et comme un jardin saus 
eau. 

31. Et votre force sera comme 
la cendre chaude de l'étoupe, et 
votre œuvre comme une étin- 
celle; et ils s'embraserontl'unet 
l'autre ensemble, et il. n'y aura 
personne quiléteigne. 


le symbole du mal et du péché, tandis que le blanc, le jour et la lumière étaient les 
emblémes du bien et du beau. 

25. * Tes scories, les scories de l'argent, dont il est parlé au vers. 22, image des 
péchés d'Israél. — Le texte original dit que l'épuration sera faite avec du kali ou de 
la potasse. Voir Proverbes, xxv, 20. 

26. Et je vétablirai, ctc. Ce rétablissement peut regarder, selon la lettre, le renou- 
vellement de Jérusalem sous le règne d'Ezéchias; mais ce renouvellement n'était que 
la figure de ce qui devait arriver sous Jésus-Christ et dans son Eglise, qui est la 
vraie cité du juste, la ville vraiment fidéle. 

29. Des jardins, etc. Compar. Lxv, 3, où il est parlé de ces jardins dans lesquels se 
commettaient les actions les plus honteuses, 


.98 


1558 


CHAPITRE IL. 


Gloire de Jérusalem, où les nations 
viennent adorer, le Seigneur. Maison 
de Jacob rejetée. Superbes huiniliés, 
Dieu seul est exalté. 


1. Parole qu'a vue 18816, 8 
d'Amos, touchant Juda et Jérusa- 
lem. 

2. Et il arrivera. dans les der- 
niers jours que la montagne pré- 
parée pour. la. demeure du Sei- 
gneur sera établie sur le sommet 
des montagnes, et elle sera éle- 
vée. au-dessus des collines, et 
tous les peuples y afflueront. 

3. Et beaucoup de peuples iront 
et diront : Venez, et montons à 
la montagne du Seigneur, et. à la 
maison du Dieu de Jacob, et il 
nousenseignera ses voies, et nous 
marcherons dans ses. sentiers ; 
parce que de Sion sortira la loi, 


ISAIE. 


| ples; 


[cui u.] 


etla parole du Seigneur de Jéru- 
salem. 

4. Et il jugera les nations, et 
il. convaincra beaucoup de peu- 
et de leurs glaives ils for- 
geront des socs de charrue; et de 
leurs lances des faux ; une nation 
ne lèvera pas le glaive contre 
une autre nation, elles ne s'exer- 
ceront plus au combat. 

ὃ. Maison de Jacob, venez, et 
marchons à’la lumiere dü Sei- 


gneur. 


6. Car vous avez rejeté votre 
peuple, la maison deJacob ; parce 
qu'ils ont été remplis comme au- 
trefois, qu'ils ont eu des augures 
comme les Philistins, et qu'ils se 
sont attachés à des enfants étran- 
gers. 

. Sa terre ‘est remplie d'ar- 
Mam et d'or; et il n'y a pas de 
bornes à ses trésors ; 


IL 2. Mich., αν; 1.‏ .אס 


1-22. —* 20 Prophétie sur Juda, i1v. — Les ch. n-1v forment un tout suivi; avec un 
titre particulier. La fin du ch. 1v correspond. au commencement du:ch. n. Le prophète, 
après avoir exhorté, accusé, menacé, encouragé, arrive à la fin à la promesse qui lui 
avait servi de point de départ, la félicité de Sion et la prospérité messianique, Cette 
prophétie ;se. distingue: par là de toutes les autres : elle est là seule qui commence 
par une promesse, vers. 5 ü TI 

1. Parole, ou chose; car le terme hébreu auquel correspond le latin verbum, si- 
güifie l'une et l'autre. D'un autre côté, comme chez les Hébreux les verbes qui 
expriment l'action des: sens, s'employaient les uns pour les autres, verbum peut 
réellement signifier ici parole, et le verbe 21 a vu (vidit), être mis pour 4 a entendu 
(audivit). 

2. Dans les derniers jours; expression qui le plus ordinairement signifie le temps 
de-la-venue du Messie, et qui ne saurait avoir d'autre sens ici, d'autant que, depuis 
Isaie jusqu'à Jésus- Christ, il n'y a eu aucune époque oü la prédiction contenue dans 
ce verset ait eu son áecomplissement. 

2-4. Ces trois versets se retrouvent dans Michée, 1v, 1-3. 

&. Au combat; l'une contre l'autre. 

6. Car vous avez, etc. Le prophète s'adresse à Dieu. — La maison de Jacob ; dans 
le sens littéral comprend les deux maisons d'Israél et. de Juda; mais, dans le sens 
mystérieux des prophétes, elle peut, selon saint Jéróme, représenter 18 gentilité 
chrétienne. Dans l'un et l'autre sens, lés reproches et les menaces ne tombent que 
sur les prévaricateurs. — Remplis d'iniquités. — A des enfants d'étrangers; par des 
alliances défendues par la 101. Compar. Exod:, xxxiv, 15, 16; Deultér., vit, 3; 1 Esdras, 
ix, 2. — * Des augures; des devins qui devinent par les nuages, d’après le sens pro- 
bable de l'hébreu. — Les Philistins avaient des devins célèbres, I Rois, vr, 2, et il y 
avait un oracle fameux à Accaron, IV Rois, 1, 2. 


{cu. 11.] 


8. Et sa terre est remplie de 
chevaux, et ses quadriges sont 
innombrables. Et sa terre est 
remplie d'idoles; ils ont adoré 
l'ouvrage de leurs mains, /ou- 
vrage qu'ont fait leurs doigts. 

9. Et l'homme du peuple s'est 
courbé, et l'homme de condition 
est humilié; ne leur pardonnez 
donc point. 

10. Entre dans 18 pierre, et ca- 
che-toi dans les creux de la terre, 
par la crainte du Seigneur et de 
la gloire de sa majesté. 

11. Les yeux alliers de l'homme 
du peuple ont été humiliés, et la 
fierté des hommes de condition 
sera abaissée; mais le Seigneur 
seul sera exalté en ce jour-là. 

12. Parce que le jour du Sei- 
gneur des armées éc/atera sur 
tout esprit superbe et hautain et 
sur tout arrogant; et ils seront 
humiliés ; 

13. Et sur tous les cèdres du Li- 
ban, grands et élevés, et sur tous 
les chénes de Basan; 


ISAIE. 


1559 
14. Et sur toutes les montagnes 
les plus hautes, et sur toutes les 
collines les plus élevées; 

15. Et sur toute tour la plus 
élevée et sur toute muraille for- 
tifiée ; 

16. Et sur tous les vaisseaux de 
Tharsis, et sur tout ce qui est 
beau à voir. 

17. Etl'orgueil des hommes du 
peuple sera abaissé, etla hauteur 
des hommes de condition sera 
humiliée, et le Seigneur seul sera 
élevé en ce jour-là ; 

18. Et les idoles seront entière- 
ment brisées; 

19. Et ils entreront dans les 
creux des rochers, dans les antres 
de la terre, par la frayeur du Sei- 
gneur, et à cause de la gloire de 
sa majesté, lorsqu'il se lèvera 
pour frapper la terre. 

90. En ce jour-là l'homme re- 
jettera ses idoles d'argent et ses 
simulacres d'or, qu'il s'était faits 
pour les adorer, les taupes et les 
chauves-souris. 


19. Osée, x, 8; Luc, xxii, 30; Apoc., vi, 16. 


9. S'est courbé, s’est humilié; devant les idoles. 


10. * Entre dans la pierre, dans les cavernes qui abondent dans les montagnes 
calcaires de la Palestine et où les Hébreux se réfugiaient en temps de guerre pour 
échapper à leurs ennemis. 

12. Le jour du Seigneur; c'est-à-dire le jour du jugement du Seigneur. Compar. 
xri, 6, 9. 

13. Ce verset et les suivants contiennent des expressions figurées qui peuvent 
toutes se rapporter à la ruine du royaume d'Israël, et à la désolation méme du 
royaume de Juda au temps de Sennachérib et de Nabuchodonosor. — * Basan. Voir 
la note sur Nombres, xxr, 33. 

16. Les vaisseaux de Tharsis; ce sont des vaisseaux de long cours. Quant à Tharsis, 
on sait par l'Ecriture (III Rois, x, 22; II Paralip., 1x, 21; xx, 36) que c'était un lieu 
de commerce maritime, où Salomon envoyait ses flottes; mais on ignore en quel 
pays il se trouvait. — * On admet communément aujourd'hui que Tharsis est Tar- 
tessus en Espagne, dans la Bétique, d’où les Phéniciens tiraient l'argent. Tartessus 
était aussi le nom du Guadalquivir, qui portait le nom de Bétis du temps de Strabon. 
La ville de Tartessus ou Tharsis était située entre les deux bras de la rivière, prés 
de son embouchure, et elle donnait son nom au pays environnant. 

19. Ils entreront ; c'est-à-dire les hommes nommés au verset 17. Compar. Osée, x, 8; 
Luc, xxii, 30; Apocalyp., νι, 15, 16. 

20. Ses idoles d'argent, ses simulacres d'or; littér. et par hébraisme, les idoles de 


1560 


91. Et il entrera dans les fentes 
des pierres, et dans les cavernes 
des roches par la frayeur du Sei- 
gneur, et à cause de la gloire de 
samajesté, lorsqu'il selévera pour 
frapper la terre. 

22. Laissez donc l'homme dont 
le souffle est dans ses narines, 
parce qu'il a été réputé pour le 
Très-Haut. 


CHAPITRE III. 


Désolation de Juda et de Jérusalem. Re- 
proches du Seigneur contre les princes 
de son peuple. Il condamne l'orgueil 
et le luxe des filles de Sion. 


1. Car voici que le dominateur, 
Seigneur des armées, enlèvera de 
Jérusalem le robuste et le fort, 
tout soutien de pain, et tout sou- 
tien d'eau ; 

9. Lefort et l'homme de guerre, 
le juge et le prophète, le devin et 
le vieillard; 

3. Le chef de cinquante et le vé- 
nérable de visage, et le conseiller, 


ISAIE. 


[cu. m.] 
et l'habile d'entre les architectes, 
etcelui qui a l'intelligence du lan- 
gage mystique. 

4. Etjeleurdonnerai des enfants 
pour princes, et des efféminés les 
domineront. 

ὃ. Et le peuple se précipitera, 
l'homme sur l'homme, et chacun 
sur son prochain; l'enfant se sou- 
lèvera contre]le vieillard, et le plé- 
béien contre le noble. 

6. L'homme prendra son frere 
né dans la maison de son pere, 
disant : Tu as un vétement, sois 
notre prince; et que cette ruine 
soit sous ta main. 

7. Il répondra en ce jour-là, 
disant : Je ne suis pas médecin, 
et dans ma maison il n'y a ni pain, 
ni vêtement; ne m'établissez pas 
prince du peuple. 

8. Car Jérusalem s’est écroulée 
et Juda est renversé; parce que 
leur langue et leurs inventions 
sont contre le Seigneur, afin d'ir- 
riter les yeux de sa majesté. 


son argent, les simulacres de son or. — * Les taupes et les chauves-souris n'étaient 
point adorées comme dieux. Le texte original porte : « l'homme laissera ses idoles... 
aux taupes et aux chauves-souris, » supposé toutefois que les taupes soient ici dési- 
gnées, car le sens du mot hébreu est très douteux. En tout cas, 18816 veut dire que 
les idoles seront délaissées. 

22. Laissez donc, etc. C'est un avis aux Juifs de ne pas persécuter Jésus-Christ. — 
Dont le souffle, etc.; dont la vie apparente n'est qu'un souffle; qui ne vous parait 
fase simple mortel, mais qui est en réalité le Très-Haut. 


. Le devin (ariolum) peut se prendre en bonne part pour un homme prudent, qui, 
par sa sagacité et le soin qu'il met à observer le passé, forme des conjectures sur 
l'avenir et parvient à y pénétrer. Compar. Proverb., xvi, 10. 

3. Le chef de cinquante hommes. Il y avait dans. l'armée des Hébreux des bandes 
ou pelotons de cinquante soldats. Compar. Exod., xvur, 21; IV Rois, 1x, 14. — Celui 
qui a, etc.; c'est, selon saint Jéróme, celui qui, étant bien exercé à l'étude de la loi 
et àla parole divine, est capable de calmer les troubles de l'esprit par sa parole et 
ses entretiens spirituels. — * Au lieu d'architectes, le texte hébreu parle de tous les 
artisans habiles en général, et celui qui a l'intelligence du langage mystique est, dans 
l'original, l'enchanteur qui, pour produire ses enchantements, se sert d'un langage 
mystérieux et de formules magiques. 

6. Tu as un vétement; c'est-à-dire tu n'es pas réduit, comme nous, à la dernière 
misère. 

8-10. Inventions; selon l'hébreu, actions, œuvres. Compar. Deutéron., xxviu, 20; 
Juges, 1 19; Ps. xxvir, 4, etc. 


[cu. ui] 


9. La vue de leur visage leur a 
répondu, et comme Sodome, ils 
ont publié leur péché et ne l'ont 
pas caché ; malheur à leur âme, 
parce que les maux qu’ils avaient 
faits leur ont été rendus. 

10. Dites au juste qu'il est heu- 
reux, parce qu'il goütera le fruit 
de ses inventions. 

11. Malheur à l'impie livré au 
mal; car il recevra le salaire des 
œuvres de ses mains. 

12. Mon peuple a été dépouillé 
par ses exacteurs, et des femmes 
les ont dominés. Mon peuple, ceux 
qui te disent heureux, ceux-là 
méme te trompent; ils détruisent 
la voie de tes pas. 

13. Le Seigneur est debout pour 
juger, et il est debout pour juger 
les peuples. 

14. Le Seigneur entrera en ju- 
gementavec lesancienset princes 
de son peuple; car c'est vous qui 
avez ravagé ma vigne; et la dé- 


ISAIE. 


1561 


pouille du pauvre est dans votre 
maison. 

15. Pourquoi foulez-vous aux 
pieds mon peuple, et meurtrissez- 
vous la face des pauvres, dit le 
Seigneur Dieu des armées? 

16. Et le Seigneur dit : Parce 
que les filles de Sion se sont 
élevées, et qu'elles ont marché 
le cou tendu, et qu'elles allaient 
en faisant des signes des yeux, 
et qu'elles faisaient du bruit 
avec leurs pieds, en marchant, 
et qu'elles s'avancaient d'un pas 
mesuré : 

17. Le Seigneur rendra chauve 
la tète des filles de Sion, et le 
Seigneur les dépouillera de leur 
chevelure. 

18. En ce jour-là, le Seigneur 
leur ôtera l'ornement des chaus- 
sures, et les croissants, 

19. Et les colliers, et les carcans, 
et les bracelets, et les mitres, 

20. Les aiguilles de téte, et les 


9. La vue de leur visage; ou ce qu'on voit de leur visage; littér. la connaissance, 
ou ce qu'on connait (agnitio). La paraphrase chaldaique donne ce sens, et c'est très 
vraisemblablement celui du texte hébreu. — Leur a répondu; a répondu, a témoigné 
contre eux. — * Comme Sodome. Voir la note sur Genèse, xum, 10. 

12. Des femmes; c'est-à-dire probablement des hommes efféminés, tels qu'étaient 
les derniers rois de Juda, qui, à une affreuse tyrannie, joignaient la lâcheté, la fai- 
blesse, l'incapacité de gouverner. Ils étaient de plus énervés par le plaisir et la dé- 
bauche. Compar. Jérém., xxi, xxi; Ezéch., 1x. — Les ont dominés. Le pronom pluriel 
les (eis) peut trés bien se rapporter au mot singulier peuple, qui est un nom collectif. 

16-24. * Ici commence un nouveau discours de Dieu contre le luxe et la vanité des 
filles de Sion. Nous y trouvons l'énumération de vingt et un articles de toilette, dont 
quelques-uns sont encore portés par les femmes syriennes. Plusieurs d'entre eux 
sont d'origine étrangère (SopAonie, 1, 8), car le luxe a toujours fait des emprunts 
au dehors. 

16. Qu'elles faisaient du bruit, etc. Cette fin du verset se refusant à toute analyse 
grammaticale, nous l'avons traduite en nous rapprochant le plus possible du texte 
latin. Tous les voyageurs s'accordent à dire que dans certaines contrées de l'Orient 
les femmes portent au bas des jambes des grelots ou de petites sonnettes, et aussi 
de petites chaines pour que leurs pas soient petits et toujours égaux. 

18. * Les croissants, bijoux en forme de croissant, qu'on portait suspendus au cou. 

19. Et les colliers, etc. Une partie de ces ornements sont mentionnés dans Nombres, 
xxxi, 50. — * Les colliers; leurs pendants d'oreille, d'après la traduction la plus com- 
mune du texte original. — Les carcans, ornement du cou. 

20. * Les aiguilles de téte, dans l'hébreu : Les diadémes. — Les périscélides, les chai- 
nettes qui rattachaient l'anneau des pieds auquel fait allusion le vers. 16. — Les 


| 


Ϊ 


1562 


périscélides, et les petits colliers, 
et les boites de parfum, et les 
pendants d'oreilles, 

21. Et les bagues, et les pierres 
précieuses, qui pendent sur leur 
front, 

92. Et les vêtements de re- 
change, et les écharpes, et les 
linges précieux, et les aiguilles, 

23. Et les miroirs, et les fins 
lissus, et les bandeaux, et les vé- 
tements d'été. 

94. Et ce sera, au lieu d'une 
suave odeur, la puanteur, et au 
lieu d'une ceinture, une corde, et 
au lieu d'une chevelure frisée, la 
calvitie, et au lieu de la bande- 
lette qui soutient leur gorge, un 
cilice. 

25. Tes hommes aussi les plus 
beaux tomberont sous le glaive, 
et tes forts dans le combat. 

26. Et tes portes seront dans 
la tristesse et dans les larmes, 
et désolée, elle s'assiéra sur la 
lerre. 


pelits colliers; traduction plus commune : 


ISAIE, 


(ca. iv.] 


CHAPITRE IV. 


Suite de la désolation de Juda. Germe 
du Seigneur en gloire. Restes d'Israël 
sauvés. 


1. Et sept femmes prendront un 
seul homme en ce jour-là, disant : 
Nous mangerons notre pain, et 
nous serons couvertes de nos 
vétements ; seulement que votre 
nom soit invoqué sur nous, en- 
levez notre opprobre. 

2. En ce jour-là, le germe du 
Seigneur sera dans la magnifi- 
cence et la gloire; et 16 fruit de la 
terre s'élevera, et l'exultation 
sera pour ceux d'Israël qui auront 
été sauvés. 

3. Et voici ce qui arrivera : Qui- 
conque aura été laissé dans Sion, 
et sera resté dans Jérusalem, sera 
appelé saint; quiconque aura été 
écrit comme vivant dans Jéru- 
salem ; 

4. Quand le Seigneur aura pu- 


ceintures. Voir Jérémie, n, 32. — Et les 


boiles de parfums, très répandues dans ;out l'Orient. — Et les pendants d'oreilles; en 
hébreu, amulettes, qui avaient la forme d'ornements et qu'on portait à cause de la 
vertu superstitieuse qu'on leur attribuait. 

21. * Les pierres précieuses qui pendent sur leur front. Dans l'original, les anneaux 
de nez, auxquels est ordinairement attachée une pierre précieuse. 

23. * Les miroirs; miroirs de main, en métal poli. Voir Exod., xxvi, 8; Job, xxxvi, 18. 


1. Sept; c'est-à-dire plusieurs. Les Hébreux mettaient quelquefois ce mot pour un 
nombre indéterminé. — Que votre nom, etc.; ou bien, que nous portions votre nom. 
Le texte hébreu, comme nous l'avons déjà remarqué, est susceptible de ces deux 
sens. — * Enlevez notre opprobre de n'avoir point d'enfants. Genèse, xxx, 23. La mi- 
sere et la désolation sont telles que les hommes ne peuvent pas trouver un chef, 
n, 6-7, et les femmes ne peuvent pas trouver de mari, méme aux conditions les 
plus dures. : 

2. Le germe du Seigneur; c'est-à-dire Ezéchias, selon les uns, ou Zorobabel, selon 
les autres; mais c'est plutót Jésus-Christ figuré dans la personne d'Ezéchias et de 
Zorobabel. — Le fruit de la terre; c'est encore le Sauveur, dont il est dit plus bas 
(χων, 8) : 6 Que la terre s'ouvre et qu'elle germe le Sauveur. » 

3. Quiconque, etc. Dieu est représenté comme un prince qui tient un compte exact 
de ses sujets; il les efface de son registre à mesure qu'ils meurent. — Comme vivant ; 
littér. et par hébraisme, avec /a vie. 

4. Par un esprit, etc.; c'est-à-dire en livrant son peuple au glaive, et ses villes aux 
flammes; ce que les Péres expliquent du baptéme de l'eau, et du baptéme du feu 
ou du Saint-Esprit. 


(ct. [.צ‎ 
rifié les souillures des filles de 
Sion, et qu'il aura lavé le sang de 
Jérusalem, lequel est au milieu 
d'elle, par un esprit de justice et 
par un esprit d'ardeur. 

008.06 le Seigneur créera sur 
toute la montagne de Sion, et 
sur le lieu oü il aura été invo- 
qué; un nuage et une fumée pen- 
dant le jour, et l'éclat d'un feu 
flamboyant pendant la nuit; car 
sur toute gloire sera sa protec- 
tion. 

6. Et il y aura un tabernacle 
pourombrage dans le jour contre 
la chaleur, et pour mettre en sû- 
reté et à couvert de la tempéte et 


₪ 1569 


CHAPITRE V. 


Ingratitude des enfants d'Israél. Le Sei- 
gneur prend la maison de Juda pour 
juge entre lui et la maison d'Israel. 
Maux dont les Israélites seront acca- 
blés;ennemis que Dieu suscitera contre 
eux. 


* 


1. Je chanterai à mon bien- 
aimé le cantique de mon proche 
parent à sa vigne. Une vigne a 
été acquise à mon bien-aimé, sur 
un sommet de montagne abon- 
dant en huile. | 

9. Et il 28 environnée d'une 
haie, et il en a 616 les pierres, il 
y a mis un plart choisi, et il y ἃ 


de la pluie. báti une tour au milieu, et il y a 


Cuap.,V. 1. Jérém,, 11, 21; Matt,, xx1, 33. 


1-30. — * 39 La parabole de la vigne, v. — La troisième prophétie 6 15816 est contenue 
dans le ch. v. Elle commence par une belle parabole, qui nous décrit sous l'image 
très juste d'une vigne, plantée et cultivée par Dieu avec le plas grand soin, l'histoire 
même du peuple de Dieu. L'ingratitude et les crimes d'Israël arrachent au. prophèle 
des paroles indignées; il menace les coupables et leur montre, en terminant, les 
vengeurs de leur maitre outragé, sous la forme emblématique de chevaux, de lions, 
des mugissements de la mer et des ténèbres. Notre-Seigneur devait se servir plus 
iard de la méme parabole pour reprocher aux Juifs leur infidélité. Ma/(h,, xxr, 33-48; 
Marc, xit, 1-10; Luc, xx, 9-16. Voir Jérémie, rn, 21. 

1. À mon bien-aimé; c'est-à-dire, comme le montre la suite, Jésus-Christ, Je bien- 
aimé de Dieu et des hommes. — Une vigne; la maison d'Israël (vers. 1). — Jésus- 
Christ emploie une parabole semblable en parlant des Juifs incrédules (Malth., xxt, 
33 et suiv.). — Un sommet de montagne; littér. et par hébraisme, une corne, cest- 
à-dire 18 partie d'une montagne la plus élevée, comme la corne est la partie la plus 
élevée de certains animaux. Les Arabes eux-mêmes emploient cette locution. — 
Abondant en huile; littér. fils de l'huile (filio olei). En hébreu, le mot fi/s signitie aussi 
doué, possesseur de, et le terme Auile s'applique à tous les corps gras, aux oliviers, 
aux figuiers, etc. Or, on sait que les meilleurs plants de vigne, dans la Palestine, 
sont sur des montagnes chargées d'oliviers et de figuiers. 

2. Une tour. Sous ce nom les Péres et les interprétes entendent le temple, et sous 
le terme de pressoir, l'autel des holocaustes. — * Une tour. « De nombreux enclos 
délimités par de petits murs en pierres sèches [dans les environs de Bethléhem et 
dans la plus grande partie de la Palestine] renferment presque tous à leur centre, 
soit debout, soit renversée, une de ces petites tours qui servaient autrefois, comme 
quelques-unes d'entre elles servent encore aujourd'hui, à protéger ces enclos à l'é- 
poque de la récolte. » — 11 l’a environné d'une haie et il en a ôlé les pierres. « Par 
cette haie, il faut entendre ici un petit mur de séparation, construit avec les pierres 
retirées de l'enclos pour laisser place à la vigne, et hérissé en outre la plupart du 
temps de plantes épineuses. » — 1 y a construit un pressoir. On trouve en Palestine 
des pressoirs taillés dans le roc. « Dans les environs de Bethléhem, [on voit] trois ou 
quatre de ces pressoirs antiques, creusés dans le roc, et divisés soit en deux, soit 
en trois compartiments. » (V. (.א81א30)‎ 


4564 


construit un pressoir ; et il a es- 
péré qu'elle produirait des raisins 
et elle a produit des grappes sau- 
vages. 

3. Maintenant done, habitants 
deJérusalem,ethommesde Juda ; 
soyez juges entre moi et ma 
vigne. 

4. Qu'est-ce que j'ai dà faire de 
plus à ma vigne, que je ne lui ai 
_pas fait? n'ai-je pas espéré qu'elle 
produirait des raisins, et. elle 8 
produit des grappes sauvages? 

5. Et maintenant je vous mon- 
trerai ce que moi je ferai à ma 
vigne; j'enleverai sa haie, et elle 
sera au pillage; je détruirai sa 
muraille, et elle 8028 foulée aux 
pieds. 

6. Je la rendrai déserte; elle ne 
sera pas taillée, et elle ne sera pas 
labourée; les ronces et les épines 
s'éleveront, et je commanderai 
aux nuées de ne pas répandre sur 
elle de pluie. 

7. Car la vigne du Seigneur 
des armées 68118 maison d'Israël, 
et l'homme de Juda son germe 
délectable; et j'ai espéré quil 
rendrait un jugement, et voilà 
liniquité; qu'il rendrait la jus- 


ISAIÏE. 


(cir. v.) 
tice, et voilà le cri de l'opprimé. 

8. Malheur ὦ vous qui joignez 
maison à maison, et qui ajoutez 
un champ à un champ jusqu'à ce 
que 16 lieu vous manque; est-ce 
que vous seuls vous habiterez au 
milieu de la terre? 

9. Voiei ce qui a été révélé à 
mes oreilles. Le Seigneur des ar- 
mées dit : J'ai juré si des maisons 
nombreuses, élevées et belles ne 
seront pas désertes, sans habi- 
tant. 

10. Car dix arpents de Signes 
rapporteront une seule petite bou- 
leille, et trente mesures de se- 
mence produiront trois mesures. 

11. Malheur à vous qui vous 
levez des le malin pour vous 
abandonner à l'ivresse, et pour 
boire jusqu'à la nuit, afin que 
par le vin vous vous échauffiez. 

19. La harpe, et la lyre, et le 
tambour, et la flüte, et le vin se 
trouvent dans vos festins ; et l'eeu- 
vre du Seigneur, vous n'y avez 
pas égard, et les ouvrages de ses 
mains, vous ne les considérerez 
pas. 

13. C’est pour cela que mon 
peuple a été emmené captif, 


5, 6. Les menaces faites dans ces versets furent accomplies à la lettre, lors de la 


désolation d'Israél par les Assyriens; mais elles ont recu un second accomplissement 
sur les Juifs incrédules, depuis la mort de Jésus-Christ. 

9. Révélé; mot très probablement sous-entendu ici, et exprimé dans un passage 
parallèle (xxi, 14). — Mes oreilles; c'est-à-dire les oreilles du prophète (compar. le 
méme passage). C'est le sens de l'hébreu, comme l'a justement remarqué saint Jérôme 
dans son Commentaire ; c'est. aussi celui de la paraphrase chaldaique, contrairement 
à la version des Septante. — Si des maisons... ne seront pas; c'est-à-dire. qu'elles 
seront. (Voy. sur les formules du serment, Ps. xcxiv, 11). 

10. * Dans l'hébreu: > Dix journées de travail de vigne, (l'étendue ce vigne qu'on 
peut travailler en dix jours) produira un bath (de vin) et un Aomer de semence pro- 
duira un épha de récolte. L'épha était la dixième partie d'un homer. Voir à la fin 
du volume, note 21, les mesures hébraiques. 

11. * Le vin dont il est question ici est un vin artificiel, fait avec des dattes, des 
pommes, des grenades, du miel, de l'orge, et souvent inélangé d'aromates. 

13. C'est pour cela, etc. Cette prophétie, qui se rapporte à la lettre à la captivité 
de Babylone, est un symbole de la dispersion des Juifs incrédules depuis la: "— 
de Jésus-Christ; et c'est à ceux-ci que saint Jérôme l'applique, 


(on. v.] 
parce qu'il n'a pas d'intelligence; 
et que les nobles d'Israél ont péri 
de faim, et que la multitude de 
son peuple a séché par la soif. 

14. C'est pour cela que l'enfer 
a dilaté son àme, et qu'il a ouvert 
sa bouche d'une maniere illimi- 
tée; et ses puissants, et son bas 
peuple, et ses grands, et ses 
hommes glorieux y descendront. 

18. Et l'homme du peuple s'in- 
clinera, et l'homme de condition 
sera humilié, et les yeux des su- 
perbes s'abaisseront. 

16. Et le Dieu des armées sera 
exalté à cause de son jugement: 
et le Dieu saint sera sanclifié à 
cause de sa justice. 

11. Εἰ les agneaux paîtront à 
leur ordinaire, et dansles déserts 
devenus fertiles, des élrangers 
trouveront leur nourriture. 

48. Malheur à vous qui tirez 
l'iniquité avec les cordes de la 
vanité, et le péché comme les 
traits d'un chariot; 

19. Qui dites : Qu'il se háte, et 
que son œuvre vienne bientôt, 
afin que nous /a voyions; et qu'il 
s'approche et qu'il vienne, le dé- 
cret du saint d'Israél, et nous le 
connaitrons! 

20. Malheur & vous qui appelez 
le mal bien, et le bien mal; qui 
donnez les ténèbres pour la lu- 
miere, et la lumiere pour les té- 

21. Prov., uti, 7; Rom., xir, 16. 


ISATE. 


1565 
nebres; qui donnez l'amer pour 
le doux etle doux pour l'amer! 

91. Malheur à vous qui êtes 
sages à vos yeux, et qui êtes pru- 
dents vis-à-vis de vous-mémes! 

22. Malheur 4 vous qui étes 
puissants à boirele vin, et des 
hommes vaillants à méler des 
boissons enivrantes; 

23. Qui justifiez l'impie pour 
des présents, et ravissez au juste 
sa propre justice! 

24. À cause de cela, comme une 
langue de feu dévore la paille, et 
comme la chaleur de la flamme 
la brüle entierement, ainsi leur 
racine sera comme de la cendre 
embrasée, et leur germe s'élevera 
comme de la poussiere. Car ils 
ont rejeté la loi du Seigneur des 
armées, et ils ont blasphémé la 
parole du saint d'Israël. 

95. C'est pour cela qu'a été ir- 
ritée la fureur du Seigneur contre 
son peuple; et qu'il a étendu sa 
main sur lui, et qu'il l'a frappé; 
que les montagnes ont été ébran- 
lées, et que leurs cadavres sont 
devenus comme la boue sur les 
places publiques. Au milieu de 
tous ces maux, sa colere ne s'est 
point détournée, mais sa main a 
été encore étendue. 

26. Et il élèvera son étendard 
au loin parmi les nations; et il 
sifflera pour l'appeler des confins 


14. Son âme; hébraisme, pour lui-même. — * L'enfer; en hébreu : le scheól, la de- 


meure des morts. 


16. Sera sanclifié ; reconnu pour saint, loué comme saint, 

19. Qu'il; c'est-à-dire Dieu, dont il s’agit dans tout ce verset. — Son œuvre; ce qu'il 
prétend faire, ce dont il nous menace depuis longtemps. On trouve dans plusieurs 
autres prophètes de pareilles insolences dites par les Juifs. 

22. * Méler des boissons enivrantes. Voir plus haut, vers. 11. 

24. Langue de feu; signifie flamme. Compar. Actes des Apótres, τι, 3. 

26. I sifflera, etc.; littér. i/ sifflera vers lui (sibilabit ad eum). Le pronom lui peut 
se rapporter à ennemi (hostem), ou à armée (exercitum), ou bien encore à peuple 


4506 ISAIE. (em. vi. 
de la terre; et voici qu'en grande | sonne qui puisse /a lui arracher. 
hâte il viendra promptement. 30. Et un bruit se fera entendre 

27. Ill n'y a dans lui ni de défail- | sur lui en ce jour-là, comme le 
lant ni de fatigué; il ne som- | bruit de la mer; nous regarde- 
meillera ni ne dormira; la cein- | rons sur la terre, et voilà les té- 
ture de ses reins ne se déliera | nèbres de la tribulation ; et la lu- 
pas, ni la courroie de sa chaus- | mière a été couverte de ténèbres 


sure ne se rompra. par sa profonde obscurité 
28. Ses flèches sont aiguës, et 
tous ses arcs bandés. La corne de . CHAPITRE VI (2. 


leurs chevaux est comme un Lao 20H90 PUR EO Mc 
. 4 ,. 2 sale voit la gloire du seigneur. Le ₪61- 
caillou; et ses roues comme l'im gneur l'envoie porter sa parole aux 
pétuosité de la tempéte. enfants d'Israël et de Juda; il lui an- 
29. Son rugissement est comme nonce leur endurcissement, et les dif- 
celui du lion; il rugira comme ἜΚ Ε ἢ révolulious πον 
les petits des lions; et il fré- 
mira; et il saisira sa proie et |. En l’année où est mort le 
il l'étreindra, et il n'y aura per- | roi Ozias, je vis le Seigneur assis 


(populum) sous-entendu. L'hébreu offre la méme amphibologie; mais le grec porte 
à elles, c'est-à-dire aux nations; ce qui fait disparaitre toute difficulté. Plusieurs 
Péres prétendent que ce sifflement est une allusion aux gardes des mouches à miel 
qui les font venir de leurs ruches dans la campagne au son du sifflet, et les ramè- 
nent de la même manière, lorsque la nuit approche. Cette explication semble con- 
firmée par ce que dit Isaie lui-même un peu plus bas (vir, 18). Le sujet des verbes 
il élèvera, il sifflera est le Seigneur, nommé au verset précédent; mais celui de / 
viendra, est l'ennemi, ou l'armée, ou le peuple appelé par 16 sifllement du Seigneur. 


21. La ceinture, etc.; c'est celle qu'on portait dans les voyages. — * Ne pas délier 
la ceinture, c'est donc étre toujours en marche. 
98. Ses roues; les roues de ses chariots. — * La corne de leurs chevaux est comme 


un caillou. Les anciens ne ferraient pas les chevaux. Ceux de ces animaux qui avaient 
un sabot trés dur, qui avaient « des pieds d'airain », comme dit Homére, étaient par 
là méme particuliérement estimés. 
30. Sa profonde obscurité. Le pronom sa se rapporte au mot íribulation, qui, 
comme l'affliction, la misère, la calamité, est ordinairement représentée dans l'Eeri- 
| ture sous l'emblème d'une nuit sombre et ténébreuse. 


' s L'inauguration du prophète Isaie (vers. 1-9) a été traitée par certains critiques 
de pure invention, Isaie voulant par ce récit prévenir la haine du peuple, que ses 
menaces ne pouvaient manquer d'exciter contre lui. 

1-13. — * 40 Vocation d'Isaie au ministère prophétique, vr. — Le ch. v1 nous raconte 
les détails de la vocation du prophéte à sa mission prophétique. « La tradition place 
cette prophétie aprés la mort d'Ozias et à la première année de Joathan... Les mo- 
dernes se sont écartés de cet arrangement : 1° parce que le sujet de ce chapitre doit 
le faire considérer comme 16 premier dans l'ordre des temps; 29 parce que le titre: 
En l'année où est mort le roi Ozias (158), se rapporte non au temps qui a suivi, mais 
à celui qui a précédé la mort de ce roi de Juda... Ces raisons, quoique plausibles, 
ne vont pas au delà de simples vraisemblances... Les interprétes ont examiné: 
49 quel a été l'objet de cette vision prophétique; 2° quelle en est la scène; 3° quelle 
en est la nature. — 19 Selon quelques-uns, l'objet de la vision a été le Père, selon 
d'autres Dieu le Fils, et selon d'autres la Sainte Trinité. Ce dernier sentiment est 
plus probable, attendu que l'Eglise, dés les premiers siécles, a reconnu une allusion 
aux trois personnes divines dans les mots : Saint, saint, saint, et dons eette inter- 
rogation : Qui envervai-je (unité de substance), et qui ira pour nous (pluralité des 


(ou. νι] 
sur un tróne haut et élevé; et 
ce qui était sous lui remplissait 
le temple, 

9. Des séraphins étaient au- 
dessus du tróne : l'un avait six 
ailes, et l'autre six ailes; avec 
deux, ils voilaient leur face, et 
avec deux ils voilaient leurs 
pieds, et avec deux ils volaient. 

3. Etils secriaientl'un àl'autre, 
et ils disaient : Saint, saint saint 
est le Seigneur Dieu des armées, 
toute la terre est pleine de sa 
gloire. 

4. Et les linteaux des gonds 
furent ébranlés par la voix des 
anges qui criaient, et la maison fut 
remplie de fumée. 

5. Et je dis : Malheur à moi, 


ISAIE. 


1567 


parce que je mé suis tu, parce 
que moi je suis un homme souillé 
par mes lèvres, et que j'habite au 
milieu d'un peuple qui a les le- 
vres souillées, et que j'ai vu le 
roi Seigneur des armées de mes 
yeux! 

6. Et vers moi voilà un des sé- 
raphins, et dans sa main était un 
caillou qu'avec des pincettes 1] 
avait enlevé de l’autel. 

7. Et il en toucha ma bouche et 
dit : Cela a touché tes levres, et 
ton iniquité sera effacée, et ton 
péché sera purifié. 

8. Et j'enlendis la voix du Sei- 
gneur disant : Qui enverrai-je et 
qui ira pour nous? Et je dis : Me 
voici; envoyez-moi. 


VI. 3. Apoc., 1v, 8.‏ ,ג 


personnes)? — 20 La scène s'est passée, selon les uns, dans le temple de Salomon; 
selon d'autres, dans le ciel montré à l'imagination du prophéte sous des formes 
semblables à celles du temple... — 3» On peut admettre une apparition réelle, comme 
celles dont furent honorés tant d'autres avaut Isaie. Cependant Cornélius a Lapide, 
après S. Augustin, soutient que tout s'est passé dans l'imagination du prophète, et 
ce sentiment parait bien plus probable. » (Lr Hin.) 

1. Le Seigneur; c'est-à-dire, selon saint Jean (xir, 40, 41), 16 Fiis de Dieu. -- ce 
qui était au-dessous de lui; les tapis sur lesquels le tróne était placé; ou plutót, selon 
le texte original, le bas, le bord, l'extrémité de sa robe; car c'est le sens qu'a le 
terme hébreu dans Exode, xxvim, 33, 34. — * Le temple; en hébreu Aékal, mot qui 
signifie palais des rois et temple de Dieu. C'est la demeure extra-terrestre, le ciel où 
Dieu réside. 

2. Leur face; littér. et par hébraisme, sa face; parce que le pluriel ils voilaient 
(velabant) est pour chacun d'eux voilait. — * Des séraphins, mot qui signifie brülants, 
enflammés, et qui désigne un des chœurs des anges. Ce passage est le seul endroit, 
soit de l'Ancien, soit du Nouveau Testament où nous lisions leur nom, 

3. Saint, saint, saint. Cette tripie glorification d'un seul Dieu désigne, d'après les 
Pères, le mystère de la trinité des personnes divines dans l'unité de la divine essence. 

5. Malheur, ete. Saint Jérôme, saint Cyrille, Théodoret, et plusieurs interprètes 
aprés eux, pensent qu'Isaie se reproche ici d'avoir offensé Dieu par le silence qu'il 
garda envers Ozias lorsqu'il s'empara du sacerdoce (11 Paralip., xxvr, 17, 18). D'autres 
veulent que le prophète se reproche de n'avoir pas mêlé ses louanges à celles des 
séraphius. D. Calmet croit qu'Isaie fait ici la même confession ou la méme excuse 
au Seigneur que Moïse aprés l'apparition de Dieu dans le buisson ardent. Compar. 
Exode, ιν, 10; vr, 12, 30. — Et que j'ai vu, ete. Les Hébreux croyaient qu'on ne pou- 
vait voir Dieu ou un ange sans mourir (Genèse, xvi, 13; Exode, xxxrr, 20). 

6. Caillou (calculus); dans l'hébreu, pierre rougie au feu; dans le grec, charbon. 
—* De l'aulel. Isaïe voit dans le ciel un autel analogue à celui du temple de Jéru- 
salem, sur lequel brüle le feu. Le feu est l'embléme de la purification. 

8. Qui enverrai-je? Ce singulier marque l'unité d'essence. — Pour nous; exprime 
Ja distinction des personnes dans l'essence divine, 


1508 


9. Et il dit : Va, et tu diras àce 
peuple : Ecoutant, écoutez, et ne 
comprenez pas ; etvoyezla vision, 
et ne /a discernez pas; 

10. Aveugle le cceur de ce peu- 
ple, et rends ses oreilles sourdes, 
etfermeses yeux ; de peur qu'il ne 
01606 808 yeux, et qu'il n'entende 
de ses oreilles, et que de son 
cœur il necomprenne, et qu'il ne 
se convertisse et que je ne le gué- 
risse. 

11. Et j'ai dit : Jusques à quand, 
Seigneur? et il a dit : Jusqu'à ce 
que les cités soient désolées, et 
sans un habitant, et que les mai- 
sons soient sans un homme ; la 
terre sera laissée déserte. 

12. Et le Seigneur éloignera les 


ISATE. 


(en. זז‎ | 


hommes, et elle se multipliera, 
celle qui avait été délaissée au 
milieu de la terre. 

13. Et elle sera encore décimée, 
et elle se convertira, et elle se 
montrera comme le térébinthe et 
comme le chéne qui étend ses ra- 
meaux; ce sera une race sainte, 
ce qui restera en elle. 


CHAPITRE VII. 


Le roi de Syrie et le roi d'Israél se 
liguent contre Jérusalem. Ils ne pré- 
vaudront point. La vierge enfantera un 
fils nommé Emmanuel. Maux qui 
doivent fondre sur Juda. 


1. Et il arriva dans les jours 
d'Achaz, fils de Joathan, fils 
d'Ozias, roi de Juda, que Rasin, 


9. Matt., xir, 14; Marc, 1v, 12; Luc, vin, 10; Jean, xit, 40; Actes, xxvii, 26; Rom., 
xi, 8. - (ἜΑΡ VII. 1. IV Rois, xvi, 5. 


9. Ecoutant écoutez ; hébraisme, pour écoutez bien. 

10. Aveugle, etc. Saint Jean, saint Paul et Jésus-Christ méme ont appliqué ce pas- 
sage à l'endurcissement des Juifs au temps de l'Evangile. Voy. Matth., xiu, 14; Luc, 
vii, 10; Jean, xit, 40; Acles, xxvin, 26; Romains, xi, 8. — * Le cœur; l'intelligence. 

19. Eloignera; bannira les Juifs loin de leur pays. — Elle se multipliera, ete.; la 
nation des Juifs. 

13. Elle sera encore décimée. Cette décimation que quelques interprétes ont prise à 
tort en bonne part, pourrait s'expliquer du carnage qui fut fait des Juifs sous Adrien; 
carnage si horrible, qu'à peine la dixième partie put s'y soustraire. 


1. * Ile groupe : Prophéties du temps d'Achaz ou la prophétie d'Emmanuel, vri-xi1. 
— La seconde période du ministère prophétique d'Isaie comprend les oracles pro- 
noncés sous le règne d'Achaz. Achaz régna 16 ans (742-721). Trois circonstances de 
son histoire doivent étre principalement notées pour l'intelligence des prophéties 
d'Isaie à cette époque. — 19 Achaz, au lieu de maintenir le culte de Dieu, comme 
Ozias et Joathan, favorisa ouvertement l'idolátrie. — 29 Phacée d'Israél et Rasin de 
Damas continuèrent contre lui les hostilités qu'ils avaient commencées contre Joa- 
than, IV Rois, xv, 31. Les détails de la guerre contre Achaz sont donnés dans IV Rois, 
xvi, 5-9, et II Paralip., xxvi, 5-21. Plusieurs pensent que la guerre fut courte, mais 
cette opinion est peu vraisemblable. Les confédérés ne purent exécuter qu'en plu- 
sieurs campagnes tout ce qui est raconté dans les Rois et les Paralipoménes. Dans 
une première campagne, résumée par 15810, vir, 1, ils assiégèrent sans succès Jéru- 
salem, IV Rois, xvi, 5. C'est alors qu'Isaie fitla prophétie du ch. vu, 1-9. — 39 Comme 
Phacée et Rasin continuèrent, probablement chacun de leur côté, à ravager le 
royaume de Juda, Rasin poussant jusqu'à la mer Rouge, IV Rois, xvi, 6, et emportant 
un grand butin, 1] Paralip., xxvur, 9; Phacée ravageant aussi Juda, faisant périr cent 
vingt mille hommes, emmenant deux cent mille captifs, 1] Paralip., xxvui, 5, 6, 8, 
Achaz manqua de confiance en Dieu; et ne se sentant pas de force à lutter contre ces 
deux ennemis que soutenaient encore les Iduméens et les Philistins, IV Rois, xvi, 6; 
Il Paralip., xxvii, 11-18, il appela à son aide Téglathphalasar, roi d'Assyrie. Isaie fit 
les prophéties vir, 10-xir, à la suite de cet appel à l'étranger. — C'est au moment où le 


ἔμ. |.זנץ‎ 


roi de Syrie, et Phacée, fils de 
Romélie, roi d'Israël, monterent 
à Jérusalem pour lui livrer ba- 
taille; et ils ne purent la réduire. 

2. Et on /'annonca à la maison 
de David, en disant : La Syrie a 
trouvé un appui dans Ephraim; 
et le cœur d’Achaz fut agité ainsi 
que le cœur du peuple, comme 
sont agités les arbres des forêts à 
la face du vent. 

3. Et le Seigneur dit à Isaïe : 
Sors au-devant d'Achaz, toi et 
Jasub ton fils qui Fest resté, e£ va 
à l'extrémité du canal de la pis- 
cine supérieure, sur la voie du 
champ du foulon. 

4. Et tului diras : Voyez à vous 
tenir en repos; ne craignez point, 
et que votre cœur ne tremble 


ISAIE. 


1569 
point à cause de ces deux bouts 
de tisons fumants, devant la co- 
lere de Rasin, roi de Syrie, et du 
fils de Romélie; 

9. Parce que la Syrie, Ephraim 
et le fils de Romélie ont formé 
de mauvais desseins contre vous, 
disant : 

6. Montons contre Juda, et 
mettons-le en mouvement, fai- 
sons-le venir à nous, et établis- 
sons-y pour roi le fils de Tabéei. 

1. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Cela ne subsistera pas et ne 
sera méme pas. 

8. Mais la capitale de la Syrie 
est Damas, et le chef de Damas 
est Rasin ; etencore soixante-cinq 
ans, et Ephraim cessera d'étre un 
peuple. 


bruit de la marche des Israélites et des Syriens vient d'arriver dans la capitale, et la 
remplit de terreur, גו‎ 15816 commence les prophéties contenues dans les ch. vir-xir. 
Elles forment ce qu'on a appelé le livre d'Emmanuel, parce qu'Emmanuel ou 1e 
Messie en est le sujet principal. Elles ont cela de commun, qu'elles ont toutes été 
faites à l'occasion de la guerre de Phacée et de Rasin contre Juda. 

Les prophéties du temps d'Achaz sont au nombre de quatre : 19 vir, 1-9 ; 2o vrr, 10- 
95; 39 vir, 1-4; 49 viu, תצצ-5‎ Le commencement de chacune d'elles est indiqué par 
une formule qui en marque la division, vu, 1; vir, 10; var, 4, et virr, 5. La première 
prépare la prophétie d'Emmanuel; la seconde annonce sa naissance miraculeuse; la 
troisième donne un signe prochain de la délivrance de Juda, et la quatrième montre 
dans le triomphe du peuple de Dieu le symbole d'un triomphe plus grand encore au 
temps du Messie. — [9 Prophéties contre Samarie et contre Damas, vir, 1-9. — Au 
moment où Rasin et Phacée vont faire le siège de Jérusalem, Isaie console Achaz et 
son peuple, en prédisant que les attaques de leurs ennemis seront vaines, et que, 
dans 65 ans, Ephraim cessera d'être un peuple. C'était probablement la première 
année du règne d'Achaz (142). Ses ennemis durent profiter du changement du trône: 
pour combattre Juda. 

3. Jasub; signifie en hébreu un resle reviendra ; nom mystérieux, et que Dieu, au-. 
tant qu'on. peut en juger, avait fait donner à cet enfant, comme preuve que Juda 
serait délivré de l'oppression de ce régne, et que les restes du peuple se con- 
vertiraient sous le régne d'Ezéchias. Compar. x, 21, 22. — La piscine supérieure; elle 
était au pied des murs de Jérusalem, à l'orient. — * La situation de la piscine supé- 
rieure est controversée, mais on la place aujourd'hui le plus communément à l'ouest 
de la ville, et on l'identifie avec le Birket-Mamilla. 

6. * Le fils de Tabéel. On lit dans une inscription du roi d'Assyrie Téglathphalasar 
le nom d'un personnage qui s'appelle Itibil ou Tibil et qui peut être le Tabéel d'Isaie; 
mais l'inscription est ו‎ si mutilée que nous ne savons pas ce qu'é- 
tait ce personnage. 

8. * Ce vers. 8, dans lequel est annoncée la ruine compléte d'Ephraim, c'est-à-dire 
du royaume des dix tribus, au bout de 65 aus, offre plusieurs difficultés. — 1» On 
soutient qu'il est une interpolation ou bien qu'il est une prophétie faite aprés coup, 
comme s'il était plus dificile à Dieu de révéler une date en particulier que l'avenir 


A, T. 99 


4570 

9. Et la capitale d'Ephraim est 
Samarie, et le chef de Samarie 
le fils de Romélie. Si vous ne 
croyez pas, vous ne persévérerez 
pas. 

10. Le Seigneur parla encore à 
Achaz, disant : 

11. Demande pour toi un mi- 
racle au Seigneur ton Dieu, au 
fond de l'enfer, ou au plus haut 


ISAIE. 


]68. var.] 


manderai pas, et je ne tenterai 
pas le Seigneur. 

13. Et /e prophète dit : Ecoutez 
done, maison de David : Est-ce 
peu pour vous d'étre fácheux aux 
hommes, puisque vous étes fà- 
cheux méme à mon Dieu? 

14. À cause de cela le Seigneur 
lui-méme vous donnera un signe. 
Voilà que la vierge concevra et 


des cieux. 
19. Et Achaz dit : Je n'en de- 


14. Matt- 1, 235 Iu CETERO Is 


enfantera un fils, et son nom sera 
appelé Emmanuel. 


en général! On aflirme, il est vrai, mais à tort, que les prédictions de l'Ancien Tes- 
tament ne sont jamais aussi précises. Cet exemple n'est pas isolé, nous en rencon- 
trons beaucoup d'autres. — 20 On a prétendu aussi que ce chiffre de 65 est faux. ἢ 
n'en est rien. Il serait inexact, s'il s'agissait de la prise de Samarie par Salmanasar 
et Sargon, laquelle eut lieu, en effet, peu d'années après, mais Isaie ne parle pas de 
lépoque où Ephraim cessa d'être un royaume, il parle du temps où il cessa d’être 
un peuple, ce qui, d'aprés des calculs fort probables, eut lieu du temps d'Assaraddon, 
la 6* année dn règne de ce roi d'Assyrie, la 20e de celui de Manassé de Juda. Le 
monarque ninivite fit transporter en divers pays les derniers restes d'Israél, comme 
nous pouvons le conclure de 1 Esd., rv, 2. Or, de la 1re année d'Achaz, date de la 
prophétie d'Isaïe, à la 20e année de Manassé, il y a juste 65 ans : 16 années d'Achaz 
29 d'Ezéchias + 20 de Manassé = 65. 

9. * Samarie. Voir la note sur III Rois, xvi, 24. 

10-25. * Il» Prédiction de la naissance d'Emmanuel, vir, 10-25. — Cette seconde 
prophétie date probablement de la méme année que la précédente (142), et ne lui est 
postérieure que de peu de temps. Elle est une des plus importantes de l'Ancien Tes- 
tament, parce qu'elle annonce la naissance miraculeuse du fils de la Vierge, Emma- 
nuel, c'est-à-dire « Dieu avec nous ». Elle se divise en quatre parties : 40 vir, 10-13. 
Isaie fait connaitre les circonstances de la prophétie. Au moment, semble-t-il, où 
Achaz songe à appeler Téglathphalasar à son secours, le prophéte, pour lui prouver 
que Juda peut se reposer sur Dieu de sa défense, dit au roi qu'il peut demander 
comme gage de cette protection un signe ou miracle. Le prince le refuse. -- 25 6 
n'en donne pas moins ce signe; la naissance du fils de la Vierge, vir, 14-17. Ce signe 
est accompagné de l'assurance qu'en deux ou trois ans Juda sera délivré de la Syrie 
et d'Israël, mais il sera punilui-méme d'avoir appelé l'Assyrien. — 39 Un événement 
prochain , l'invasion de la Palestine par les armées égyptienne et ninivite, confir- 
mera la vérité de l'oracle divin, vir, 18-20. — 40 Tableau de la désolation produite 
par cette invasion, vir, 21-25. 

10. Parla encore; littér. ajouta à parler. Voy., sur cet hébraisme, t. 11, p. 342, 20. 

14. La vierge. C'est ainsi que portent l'hébreu et les Septante. En vain les ratio- 
nalistes allemands se sont-ils efforcés de prouver que l'article ici n'avait aucun 
sens déterminatif; tous les- exemples qu'ils allèguent sont faussement appliqués. 
Leurs efforts ne sont pas moins vains quand ils veulent établir que le terme hébreu 
traduit par vierge (virgo) ne signifie qu'une fille nubile. L'argument qu'ils tirent de 
l'arabe, en l'appliquant encore faussement, ne prouve rien. Tout conspire done ici 
en faveur du sens de {a Vierge, l'étymologie, le contexte et la tradition. Saint 
Matthieu (r, 22, 23) nous fait remarquer l'accomplissement de cette prophétie, en 
expliquant le nom d'Emmanuel. Compar. Isaie, vin, 8. — * La mère d'Emmanuel est 
la Trés Sainte Vierge, et Emmanuel est Jésus-Christ, d'après l'attestation formelle 
de saint Matthieu (Mutth., 1, 22-23). Voir aussi Luc, 1, 31, qui contient une allusion 
évidente à /s., vit, 14, Le texte grec de saint Luc reproduit à peu près littéralement, 


lcu. vu.] 


15. Il mangera du beurre et du 
miel, en sorte qu'il sache réprou- 
ver le mal et choisir le bien. 

16. Parce qu'avant que l'enfant 
sache réprouver le mal et choisir 
le bien, la terre que tu détestes 
sera abandonnée de ses deux rois. 

17. Le Seigneur amenera, avec 
le roi des Assyriens, sur toi, sur 
ton peuple et sur la maison de 
ton père, des jours qui ne sont 
pas venus depuis la séparation 
d'Ephraim d'avec Juda. 


ISAIE. 


1571 
18. Il arrivera en ce jour que 
Dieu sifflera pour appeler la mou- 
che qui est à l'extrémité des fleu- 
ves de l'Egypte, et l'abeille qui est 
dans la terre d'Assur; 

19. Et elles viendrontet elles se 
reposeront toutes dans les tor- 
rents des vallées, et dans les ca- 
vernes des pierres, et sur tous 
les arbrisseaux et dans tous les 
trous. 

20. En ce jour-là, le Seigneur 
rasera avec un rasoir emprunté 


sauf les modifications nécessaires, le texte grec de la traduction de ce verset d'Isaie 
dans les Septante. Cette explication authentique de la prophétie d'Isaie est décisive, 
aussi a-t-elle été soutenue par tous les Pères et les docteurs. — 39 Emmanuel n'est 
pas un fils d'Achaz, comme on l'a faussement soutenu. Plusieurs critiques ont ima- 
giné que l'enfant annoncé par le prophète était Ezéchias. Mais Ezéchias avait déjà 
neuf ans, au moins, à l'époque de cette prophétie, par conséquent Isaie ne pouvait 
prédire sa naissance, comme l'a observé saint Jérôme. — Le fils de la Vierge est 
appelé Emmanuel, c'est-à-dire « Dieu avec nous, » nom significatif, comme tous les 
noms hébreux, et qui nous fait connaitre la nature du Messie : cest Dieu lui-méme, 
venant vivre au milieu de nous. Ce nom est d'ailleurs plutôt un nom symbolique 
qu'un nom propre, comme les noms qui lui sont donnés, 1x, 5. 

43. * Du beurre et du miel. C'est la nourriture des habitants du désert, et c'était 
aussi, chez les anciens, la nourriture ordinaire des enfants. — Dans la suite du verset 
en sorle que, ne peut signifier quil se nourrira de lait et de miel, afin de savoir 
choisir entre le mal et le bien, ce qui n'aurait aucun sens, mais Jusqu'à ce que il ait 
atteint l’âge de discrétion, c'est-à-dire qu'il soit sorti de l'enfance. C'est ainsi que 
l'ont compris la paraphrase chaldaique, les Septante et généralement les commen- 
tateurs. 

16. * L'explication de ce verset offre des difficultés et on l'a trés diversement inter- 
prété. Tout le monde convient que le vers. 15 s'applique à Emmanuel : il se nourrira 
de la méme nourriture que ceux de son âge. Mais comment Emmanuel peut-il 
désigner le Messie, puisque, d’après le verset 16, avant que celui qui est promis 
comme signe soit sorti de l'enfance, c'est-à-dire, avant deux ou trois ans, les royaumes 
de Syrie et d'Israël, ennemis de Juda, auront été dépeuplés par Téglathphalasar, roi 
d'Assyrie? — L'explication la plus simple consiste à supposer qu'Isaie veut indiquer 
simplement une date et que le sens est : Avant que se soit écoulé le temps qu'il 
faudrait à Emmanuel, sil naissait de nos jours, pour sortir de l'enfance, Israël et 
la Syrie seront désolés. — Il est à remarquer que, contrairement aux usages des pro- 
phètes, aprés que la naissance d'Enmanuel, qui doit servir de signe, a été annoncée, 
15816 ne nous dit nulle part qu Emmanuel soit né réellement de son temps, Pourquoi, 
si ce n'est parce qu'il ne devait naitre réellement que plus de 700 ans aprés? — On 
peut se demander, il est vrai, pourquoi Dieu choisit une marque si éloignée de sa 
protection, au milieu des dangers présents, mais, 19 nous voyons, par toutes les 
prophéties, qu'il console souvent son peuple par les espérances messianiques qu'il 
fait briller à leurs yeux; 2° c'est parce que l'accomplissement de ce prodige ne doit 
avoir lieu que plus tard qu'il donne un signe prochain dans la naissance du fils 
d'Isaie, laquelle fait le sujet de la troisième prophétie. 

18. * La mouche. Sur les mouches d'Egypte, voir la note sur Ps. civ, 31. Les Egyp- 
tiens sont comparés aux mouches, parce qu'elles infectent la vallée du Nil, et les 
Assyriens aux abeilles, qui sont nombreuses dans leur pays. 

20. * Au delà du fleuve de l'Euphrate. Le rasoir estle roi des Assyriens, qui rasera, 


1572 
sur ceux qui sont au delà du 
fleuve et sur le roi des Assyriens 
la téte, et le poil des pieds et toute 
la barbe. 

21. Et il arrivera en ce temps- 
la qu'un homme nourrira une 
vache et deux brebis, 

22. Et à cause de l'abondance 
du lait il mangera du beurre; car 
il mangera du beurre et du lait, 
quiconque aura été laissé au mi- 
lieu de la terre. 

23. Et il arrivera en ce jour-là, 
qu'en toutlieu où il y aura eu mille 
pieds de vigne, à mille pièces d’ar- 
gent, ces pieds de vigne seront 
changés en épines et en ronces. 

24. On y entrera avec les fle- 
ches et l'arc; carles ronces et les 
épines seront sur toute la terre. 

98. Quant à toutes les monta- 
gnes qui seront bien sarclées, la 
crainte des épines et des ronces 
ne les atteindra pas, mais elles 
serviront de pâturage au bœuf, 
et le menu bétail les foulera aux 
pieds. 


ISAIE. 


(cu. vur.] 


CHAPITRE VIII. 


Fils qui doit naître à Isaie. Désolation 
prochaine des deux royaumes d'Israël 
et de Syrie. Désolation de Juda. Vains 
efforts des ennemis de Juda. Le Sei- 
gneur devient une pierre de scandale 
pour les deux maisons d'Israël et de 
Juda. Désolation du royaume des dix 
tribus. 


1. EtleSeigneur me dit: Prends 
un grand livre et écris-y en style 
d'homme : Enlève promptement 
les dépouilles, prends vite le bu- 
lin. 

2. Et je pris des témoins fideles, 
Urie le prétre et Zacharie fils de 
Barachie ; 

3. Et je m'approchai de la pro- 
phétesse, et elle concut et enfanta 
un fils. Et le Seigneur me dit : 
Appelle son nom : Hâte-toi d'en- 
lever les dépouilles : Empresse- 
toi de prendre le butin. 

4. Parce qu'avant que l'enfant 
sache nommer son père et sa 
mere, la puissance de Damas sera 
enlevée, ainsi que les dépouilles 


c'est-à-dire ravagera tout le royaume de Juda; raser toute la barbe à un homme était 


un cruel outrage. 


21. Vache; littér. vache de beufs (vaccam boum); les Septante lisent: génisse de bœufs, 


et l'hébreu : génisse de bœuf. 


24. * Avec les flèches, à cause des bêtes sauvages. 


1-4. * IIIe prophétie : Signe prochain de la délivrance de Juda dans la promesse 
du fils d'Isaie. — Dieu commande à Isaie de donner un nom prophétique au fils qui 
va lui naître : Mahér-schálal-khasch-baz, c'est-à-dire, comme l'a traduit saint Jérôme, 
Háte-toi d'enlever les dépouilles, vers. 3. Avant qu'il sache parler, c'est-à-dire dans 
un an, Damas sera vaincue et le royaume d'Israél pillé par le roi d'Assyrie, vers. 4. 
En effet, dans l'intervalle de temps marqué par le prophète, le roide Damas, Rasin, 
fut battu et tué par Téglathphalasar, IV Rois, xvt, 9, et le royaume de Phacée ravagé 
par le méme prince, qui emmena captifs une partie des habitants de la Palestine du 
nord, IV Rois, xv, 29. Tous ces faits, racontés par la Bible, sont confirmés par les 
fragments des annales assyriennes du roi de Ninive, retrouvés dans ces dernières 
années. 


1. En style d'homme; c'est-à-dire dans une écriture que tout homme puisse facile- 
ment lire. La paraphrase chaldaique dit écriture claire. Le prophète Habacuc a ex- 
primé (ir, 2) la méme pensée qu'Isaie, quoique en des termes différents. 

2. * Urie est trés probablement le grand prétre dont il est question IV Rois, xvi, 
10-11. Zacharie est sans doute un lévite, mais il n'est pas autrement connu. 

3. La prophétesse; c'est la femme d'Isaie. 


[cH. vir.] 


de Samarie devant le roi des Assy- 
riens. 

9. Et le Seigneur me parla en- 
core, disant : 

6. Parce que ce peuple a rejeté 
les eaux de Siloé, qui coulent en 
silence, et qu'il apris plutót Rasin, 
et le fils de Romélie ; 

7. À cause de cela, voici que le 
Seigneur fera venir sur eux les 
eaux violentes et abondantes du 
fleuve, le roi des Assyriens et 
toute sa gloire ; et il s'élevera au- 
dessus de toutes ses rives, et il 
coulera par dessus tousses bords; 

8. Etil ira à traversJuda, l'inon- 
dant et/etraversant jusqu'au cou. 


ISAIE. 


1513 
Et il étendra ses ailes, remplis- 
sant l'étendue de ta terre, ὃ Em- 
manuel. 

9. Rassemblez-vous, peuples, 
et soyez vaincus; etécoutez, vous 
toutes, terres lointaines, fortifiez- 
vous et soyez vaincues, ceignez- 
vous pour le combat, soyez vain- 
cues; 

10. Formez des desseins, et ils 
seront dissipés; dites une parole, 
et elle ne sera pas exécutée, parce 
qu'avec nous est Dieu. 

11. Car voici ce que m'a dit le 
Seigneur, quand, ze tenant par 
une main puissante, il m'a ins- 
iruit, afin que je n'allasse point 


5-12. * IVe prophétie : Le triomphe du peuple de Dieu sur ses ennemis du temps 
d'Achaz est le symbole de son triomphe au temps du Messie, vir, 5-xu. — Le 
triomphe du peuple de Dieu annoncé par la troisiéme prophétie et accompli depuis, 
n'est que le symbole d'un triomphe plus grand encore au temps du Messie. Dieu parle 
de nouveau à Isaïe, viu, 5. — 19 Israël et Juda seront punis pour avoir placé leur 
confiance dans des secours étrangers, mais Emmanuel viendra les consoler un jour 
au milieu des ténèbres dans lesquelles ils seront plongés; un petit enfant naitra, ce 
sera l'enfant-Dieu et 11 consolidera 16 trône de David, à jamais, vri, 5-1ix, 1. — 2o Il 
ne paraitra cependant sur la terre que lorsque les enfants de Jacob et en particulier 
Ephraim auront été châtiés, ix, 8-x, 4. — 39 Alors Dieu brisera Assur, la verge dont 
il s'est servi et la figure de tous les ennemis de son peuple; le reste d'Israél se con- 
vertira; la tige de Jessé changera la face du monde, et Sion chantera un cantique 
d'action de grâces en l'honneur de son Dieu, x, זא-5‎ Le chapitre vir montre les 
Messie naissant, le chapitre ix nous le fait voir déjà né, et le chapitre xr, régnant glo- 
rieusement. 

5. Paria encore. Compar. vu, 10. 

6. Les eaux, etc.; c'est-à-dire la maison de David représentée par 705 eaux de Siloë, 
qui étaient au pied de la montagne de Sion, et dont le nom signifie envoyé (Jean, 
IX, 1). Les prophètes représentent assez ordinairement par les noms des fleuves les 
lieux adjacents. Ainsi ils parlent de l'Egypte sous le nom du Nil, et de Babylone 
sous celui de l'Euphrate, etc. Dans ce verset, Isaie veut dire que le peuple de Juda, 
ayant jugé trop faibles pour le défendre les princes de la maison de David, a eu 
recours à des rois étrangers. — * Les eaux de Siloë qui coulent en silence. La fontaine 
de Siloé est intermittente et peu abondante. Voir la note sur Jean, 1x, 11. 

1. * Les eaux violentes. La figure est tirée de l'inondation annuelle de l'Euphrate. 

8. O Emmanuel; le prophéte s'adresse ici au Messie qui devait naitr» dans la Judée 
et posséder le tróne de David (Luc, τ, 32). 

9. Soyez vaincus; hébraisme, pour : ef vous serez vaincus. 

11. Quand. Ce mot, qui n'est représenté par aucun terme dans le texte hébreu, 
nous a semblé la traduction la plus fidèle du sicut de la Vulgate, d'autant plus que 
les auteurs latins eux-mémes lui ont donné ce sens. — Disant (dicens), et dans l'hé- 
breu en disant (dicendo), n'est pas un pur pléonasme, ou, comme on dit, un pléo- 
nasme vicieux, parce que les mots voici ce que m'a dit le Seigneur ayant pour com- 
plément ou régime les versets suivants, dont ils sout trop éloignés, on les en a 
rapprochés par la répétition du verbe dire Cet idiotisme de la langue hébraique a 
pour but d'écarter le plus possible toute obscurité dans le langage. 


1574 


dans la voie de ce peuple disant : 

12. Ne dites pas : Conjuration; 
car tout ce que dit ce peuple est 
conjuration; ne craignez pas ce 
quil craint et ne vous effrayez 
point. 

13. Sanctifiez le Seigneur des 
armées; qu'Z/ soit lui-même vo- 
tre frayeur, et lui-même votre 
terreur. 

14. Et il vous sera en sanctifi- 
cation. Mais il sera en pierre 
d'achoppement et en pierre de 
scandale aux deux maisons d'Is- 
raél; en lacs et en ruine aux ha- 
bitants de Jérusalem. 

15. Et le plus grand nombre 
d'entre eux se heurteront, et 
tomberont, et seront brisés, et ils 
sembarrasseront dans des filets 
et ils seront pris. 

16. Lie le témoignage, scelle la 
loi pour mes disciples, 

17. Et j'attendrai le Seigneur 
qui cache sa face à la maison de 
Jacob, et je l'attendrai. 

18. Me voici, moi et les enfants 
que le Seigneur m'a donnés pour 
étre un signe et un présage dans 


ISAIE. 


[cH. vu] 
Israël, par l’ordre du Seigneur 
des armées qui habite sur la mon- 
tagne de Sion. 

19. Et lorsqu'on vous dira : 
Consultez les pythoniens et les 
devins qui bruissent dans leurs 
enchantements, répondez : Est-ce 
qu'un peuple ne consultera pas 
son Dieu? Consulte-t-onles morts 
pour les vivants? 

20. Recourez plutôt à la loi, et 
au témoignage. Que s'ils ne par- 
lent pas conformément à cette 
parole, la lumiere du matin ne 
sera pas pour eux. 

21. Et ils passeront au milieu 
d'elle, et ils tomberont, et ils souf- 
friront la faim ; et lorsqu'ils souf- 
friront la faim, ils se mettront en 
colere, et ils maudiront leur roi 
et leur Dieu, et ils regarderont en 
haut. 

22. Et ils porteront leurs re- 
gards vers la terre, et voilà la 
tribulation et les ténèbres, l'abat- 
tement et l'angoisse, une nuit 
sombre qui les poursuivra, et ils 
ne pourront échapper à leur an- 
goisse. 


CnaP. VIII. 14. Luc, ,זז‎ 34; Rom., ΙΧ, 33; I Pierre, ,זז‎ 7. 


14. Il sera, etc. Jésus lui-même est devenu une pierre d'achoppement et de scan- 
dale (Rom., 1x, 35; 1 Pierre, 11, 8). — * S. Paul et S. Pierre ont appliqué ces paroles 
à Notre-Seigneur, parce que les Juifs n'ayant pas cru en lui, il devint pour eux une 
cause de réprobation. 

16. Lie, etc. Quand les Hébreux écrivaient sur des tablettes quelque chose qu'ils 
voulaient tenir secret, ils les enveloppaient de lin, et y appliquaient le sceau par 
dessus. — Le témoignage et la loi; c'est-à-dire les prédictions que le Seigneur a fait 
prononcer par le prophète. 

18. Me voici, etc. Compar. Hébreux, τι, 13. 

19. Pythoniens; ou magiciens; ils sont désignés aussi sous le nom de ayant un 
esprit de python. -- * Moïse avait condamné la nécromancie comme une > abomina- 
tion, » mais cette superstition, fondée sur la réalité d'une autre vie, était si enra- 
cinée dans le peuple, que nous voyons Isaie l'attaquer, et peut-étre avec peu de 
succès. La persistance de ces consultations superstitieuses, parmi les Israélites, à 
toutes les époques de leur histoire, est une preuve incontestable de leur foi à une 
autre vie. 

21. D'elle (eam); de la terre de Juda 


[ca. 1x.) 


CHAPITRE IX. 


Premiers coups portés sur la maison 
d'Israél. Délivrance de la maison de 
Juda. Règne du Messie. Maux qui 
doivent tomber sur Israél. 


1. Dans le premier temps a été 
allégée la terre de Zabulon, ainsi 
que la terre de Nephthali ; et dans 
le dernier, a été aggravée la voie 
de la mer, au delà du Jourdain, 
la voie de la Galilée des na- 
tions. 

2. Le peuple qui marchait dans 
les ténebres a vu une grande lu- 
miere; pour ceux qui habitaient 
daus la région de l'ombre de la 
mort, une lumiere s'est levée. 

3. Vousavezaugmentélanation 
et vous n'avez pas agrandi sa 
joie. 11586 réjouiront devant vous. 
comme ceux qui se réjouissent 
dans la moisson ; et comme exul- 
tent les vainqueurs apres le bu- 


ISAIE. 


--- 


1575 


tin pris, quand ils partagent les 
dépouilles. 

4. Car le joug de son fardeau, 
la verge de son épaule, et le 
sceptre de son exacteur, vous en 
avez triomphé, comme à la jour- 
née de Madian. 

9. Parce que tout pillage fait 
dans le tumulte, et fout vètement 
souillé de sang sera en combus- 
tion et la pâture du feu. 

6. Car UN ENFANT 0118 EST NÉ, et 
un fils nous a été donné; et sa 
principauté est sur son épaule, 
et son nom sera appelé Admi- 
rable, Conseiller, Dieu, Fort, Pere 
du siecle à venir, Prince de la 
paix. 

7. Son empire s'accroitra et la 

"paix n'aura pas de fin; sur le 
trône de David et sur son royau- 
me il s'assiéra pour l'affermir et 
16 fortifier dans 16 jugement et la 
justice, dès maintenant à tout ja- 


Cap. IX. 1. Matt., iv, 15. — 4. Juges, vir, 12. 


1. Dans le premier, etc. Théglathphalasar ou Thelgathphalnasar, roi d'Assyrie, qui 


commenca de subjuguer les Israélites, fit beaucoup moins souffrir Zabulon et Neph- 
tali que les autres tribus. — * La terre de Zabulon;... de Nephthali; ce qu'on appelait 
du temps de Notre-Seigneur la haute et basse Galilée. — 4 été aggravée; la main de 
Dieu s'est appesantie sur /a voie de la mer, le pays à l'ouest de la mer ou du lac de 
Tibériade. La grande route d'Acre à Damas était encore appelée du temps des croi- 
sades la voie de la mer. — Au delà du Jourdain; à l'est. — Ce que la Vulgate appelle 
Galilée des nations, nommé dans le texte original cercle des nations, désigne les parties 
de la Galilée les plus rapprochées de la Phénicie. 

2. Le peuple, etc. Saint Matthieu nous montre l'accomplissement de cette prophétie 
en la personne de Jésus-Christ, qui porta dans ces régions la lumière de l'Evangile 
et y commença ses prédications (Matth., tv, 13 et suiv.). 

4. Le joug de son fardeau; c'est-à-dire le joug qui accablait la nation (genter), 
nommée au verset précédent. — La verge de son épaule; la verge qui frappait son 
épaule. — À la journée de Madian. Compar. Juges, vir. 

6. Sur son épaule. Voy. Job, ,אאא‎ 36. Les Pères expliquent ce texte de la croix que 
le Sauveur a portée sur ses épaules, comme la marque de sa royauté. Au reste, tout 
ce qui se dit dans ce verset et le suivant se rapporte nécessairement à Jésus-Christ. 
— ᾿ Cette prophétie nous fait connaitre la nature du Messie : ce sera un Dieu, non 
un homme. Saint Jéróme compte ici six noms particuliers et caractéristiques, donnés 
au Messie. Tous ces titres nous apprennent quels biens Jésus-Christ apportera aux 
hommes, en méme temps qu'ils nous révèlent sa nature. — La locution : sa princi- 
pauté est sur son épaule, s'explique par l'idée d'après laquelle le gouvernement est 
considéré comme un fardeau, une charge. Visir, titre oriental de celui qui est revêtu 
d'une haute charge, signifie celui qui porte un fardeau. 


1576 


mais. Le zele du Seigneur des 
armées fera cela. 

8. Le Seigneur a envoyé une 
parole dans Jacob, et elle est 
tombée dans Israël. 

9. Et tout le peuple d'Ephraim 
le saura de méme que ceux qui 
habitent Samarie, qui disent dans 
l'orgueil et l'enflure du cœur : 

10. Les briques sont tombées; 
mais nous bâtirons avec des 
pierres de taille; on a coupé nos 
sycomores, nous y substituerons 
des cèdres. 

11. Et le Seigneur élèvera les 
ennemis de Rasin sur lui, et il 
fera venir tous ses ennemis en 
foule : 

19. La Syrie de l'Orient, les 
Philistins de lOccident; et ils 
dévoreront Israël de toute leur 
bouche. Avec toutes ces choses 
sa fureur n’a pas été détournée, 
mais sa main est encore étendue; 

13. Et le peuple n'est pas re- 
venu vers celui qui le frappait, et 
ils n'ont pas recherché le Seigneur 
des armées. 

14. Et le Seigneur retranchera 
d'Israél, dans un méme jour, la 
téte et la queue, celui qui plie et 
celui qui réfrène. 


11. IV Rois, xvi, 9. 


ISAIE. 


1x]‏ .ז] 
Le vieillard et l'homme en‏ .15 
dignité, c'estlatéte; etleprophète‏ 
qui enseigne le mensonge, c'est‏ 
la queue.‏ 

16. Et ceux qui appellent ce 
peuple heureux seront des séduc- 
teurs; et ceux qui sont appelés 
heureux seront précipités. 

17. A cause de cela le Seigneur 
ne mettera pas sa joie dans ses 
jeunes hommes ; et de ses orphe- 
lins, et de ses veuves, il n'aura 
pas pitié; parce que tous sont 
hypocrites et méchants, et que 
toute bouche ἃ parlé folie. Avec 
toutes ces choses sa fureur n'a 
pas été détournée, mais sa main 
est encore étendue. 

18. Car comme un feu, l'impiété 
s'est allumée, et elle dévorera la 
ronce et l'épine ; et 6116 s'embra- 
seracomme dansl'épaisseur d'une 
forêt ; et une fumée formera des 
tourbillons en s'élevant. 

19. Par la colere du Seigneur 
des armées, la terre a été boule- 
versée, et le peuple sera comme 
la páture du feu ; l'homme n'épar- 
gnera pas son frere. 

20. Et il se tournera à droite 
61 il aura faim; et il mangera ez 
allant à gauche, et il ne sera pas 


10. Nos sycomores. On se servait ordinairement de bois de sycomore pour couvrir 
les maisons. — * Voir Luc., xix, 4. — Les briques séchées au soleil étaient probable- 
ment les matériaux qui servaient à la construction des maisons ordinaires. 

11. Sur lui; sur le peuple d'Israël. 

14. * Celui qui plie et celui qui réfréne; dans l'original : la branche de palmier et le 
roseau. 

11. Ses jeunes hommes; du peuple d'Israél. — Folie; ce mot ici, comme dans plu- 
sieurs autres endroits de l'Ecriture, signifie impiété, irréligion. 

18. Une fumée, etc.; littér. l'élévation (superbia) d'une fumée sera roulée autour (con- 
volvetur). 

19. L'homme, etc. Le prophéte Michée qui vivait du temps d'Isaie se sert d'une 
expression semblable pour peindre la dernière désolation de Juda (Mich., vm, 2, 6). 
On sait d'ailleurs que la ruine du royaume de Samarie fut précédée de guerres et de 
divisions intestines (IV Rois, xv). 


[cu. x.] 
rassasié; chacun dévorera la 
chair de son bras : Manassé dévo- 
rera Ephraim, et Ephraim Manas- 
sé; et eux ensemble seront con- 
tre Juda. 

91. Avec toutes ces choses sa 
fureur n'a pasété détournée, mais 
sa main est encore étendue. 


CHAPITRE X. 


Suite des menaces contre Israël. Assur 
sera exterminé. Les restes d'Israël se 
convertiront au Seigneur. Marche 
d'Assur ; sa défaite. 


1. Malheur à ceux qui éta- 
blissent des lois iniques, et qui 
écrivant, ont écrit l'injustice; 

2. Afin d'opprimer le pauvre 
dans le jugement, et de faire 
violence à la cause des faibles 
de mon peuple; afin que les 
veuves soient leur proie, et qu'ils 
pillent les orphelins! 

3. Que ferez-vous au jour de 
la visite et dela calamité, venant 
de loin? De qui solliciterez-vous 
le secours, et où abandonnerez- 
vous votre gloire, 

4. Pour n'étre point courbés 
sous lachaine, et ne point tomber 
avec les tués? Après toutes ces 


ISAIE. 


1577 
choses sa fureur n'a pas été dé- 
tournée, mais sa main est encore 
étendue. 

ὃ. Malheur à Assur! la verge et 
le bâton de ma fureur, c'est lui; 
dans sa mainest mon indignation. 

6. Je l'enverrai vers une nation 
trompeuse, je lui donnerai des 
ordres contre le peuple de ma 
fureur, afin qu'il emporte des dé-| 
pouilles, et qu'il enlève du butin,’ 
et qu'il le foule aux pieds comme' 
la boue des places publiques. 

1. Mais lui-méme ne pensera 
pas ainsi, et son cœur n'aura pas 
un pareil sentiment; mais son 
cœur sera porté à la destruction 
et à la ruine totale d'un grand 
nombre de nations. 

8. Car il dira : 

9. Est-ce que mes princes ne 
sont pas autant de rois? Est-ce 
que Calano n'est pas comme 
Charcamis ; et Emath comme Ar- 
phad? est-ce que Samarie n'est 
pas comme Damas? 

10. De méme que ma main à 
atteint les royaumes des idoles, 
de méme aussi J'atteindrai les 
simulacres de Jérusalem et de 
Samarie. 


3. De loin; de l'Assyrie, qui est désignée plus bas sous le nom d'Assur, nom qui 
est aussi donné au roi d'Assyrie et aux Assyriens eux-mémes. 

9. Sa, main ; littér. leur main; parce qu'Assur, étant un nom collectif, équivaut à un 
pluriel. — Est mon indignalion; c'est-à-dire qu'Assur est l'instrument de ma colère. 

6. Une nation trompeuse; les Israélites, qui se disaient le peuple de Dieu, et qui 
violaient ses lois, et rendaient une partie de leur culte aux idoles. 

9. Mes princes; les princes que j'ai vaincus. — Est-ce que Calano, etc. N'ai-je pas 
pris les villes les plus importantes, Calano aussi bien que Charcamis, etc.? --* Calano, 
ville de Babylonie, la méme que Chalamis, sur le Tigre, une des nécropoles de la 
Chaldée, aujourd'hui Zerghul, prise par les Assyriens en 138. — Charcamis, aujour- 
d'hui Djérablous, sur la rive droite de l'Euphrate, ville capitale des Héthéens, prise par 
les Assyriens en 717. — Emath, aujourd'hui Hamah, dans la Coelésyrie. — Arbhad, au- 
jourd'hui Tell-Er/ád, au nord d'Alep, à une vingtaine de kilomètres environ de cette ville, 
Arphad est toujours nommée avec Emath et fut sans doute prise avec celle-ci en 720. 

10.* Les royaumes des idoles. Les rois d'Assyrie emportaient comme trophées les 
idoles des peuples vaincus. Sargon emporta ainsi les idoles de la ville d'Azot; Asa- 
raddon prit les dieux des Arabes, fit écrire sur leurs statues l'éloge de son dieu 
Assur et les renvoya ensuite à ses adversaires, 


1578 


11. Est-ce que comme j'ai fait à 
Samarie et à ses idoles, je ne 
ferai pas à Jérusalem et à ses 
simulacres ? 

12. Et 1] arrivera que, lorsque 
le Seigneur aura accompli toutes 
ses œuvres sur la montagne de 
Sion et dans Jérusalem, je visi- 
lerai le fruit du cœur arrogant 
du roi d'Assur, et la fierté de ses 
yeux altiers. 

13. Car il a dit : Par la force 
de ma main j'ai fait, par ma sa- 
gesse j'ai compris ; et j'ai arraché 
les limites des peuples, et j'ai 
spolié les princes, et comme 
puissant j'ai fait descendre ceux 
qui étaient assis sur un (íróne 
élevé. 

14. Et ma main a atteintcomme 
un nid la puissance des nations; 
et de méme qu'on recueille des 
œufs qui ont été abandonnés, de 
méme moi jai réuni toute la 
terre; et il ne s'est trouvé per- 
sonne qui remuât 18116 et ou- 
vrit la bouche, et fit entendre 
le moindre cri. 

15. Est-ce que la hache se glo- 
rifiera contre celui qui s'en sert 
pour fendre? ou la scie s'élévera- 
t-elle contre celui par qui elle est 
mise en mouvement? C'est com- 
me si la verge s'élevait contre 
celui qui la léve; et comme si le 


ISAIE. 


(cu. x. 
bâton se glorifiait, lui qui est 
absolument du bois. 

16. À cause de cela le domina- 
teur, Seigneur des armées, enver- 
rala maigreur au milieu de ses 
gras: et au-dessous de sa gloire 
s'allumera et s'enflammera com- 
me un brasier ardent. 

17. Et la lumiere d'Israël sera 
le feu, et son Saint la flamme ; et 
les épines et les ronces d'Assur 
s'embraseront et seront dévorées 
dans un seul jour. 

18. Et la gloire de sa forét et de 
son Carmel, depuis làme jus- 
qu'à la chair, sera jconsumée; et 
Assur de frayeur s'enfuira. 

19. Etles restesdes arbres de sa 
forét, à cause de leur petit nom- 
bre, se compteront aisément, et 
un enfant pourra les enregistrer. 

20. Et il arrivera en ce jour- 
là que le reste d'Israél et ceux 
qui auront échappé de la maison 
de Jacob, ne s'appuieront plus sur 
celui qui les frappe, mais ils 
s'appuieront avec sincérité sur le 
Seigneur, le saint d'Israél. 

91. Les restes se convertiront 
(les restes de Jacob, dis-je) au 
Dieu fort. 

22. Car lors-méme que ton peu- 
ple, ὃ Israël, serait comme le 
sable de la mer, les restes seule- 
ment se convertiront ; ces restes, 


CuaP. X. 12. IV Rois, xix, 35; Infra, xxxvir, 36. — 22. Infra, xr, 11; Rom., 1x, 27. 


19. Le fruit du cœur; c'est-à-dire les ceuvres. 
16. Il enverra, etc., c'est-à-dire il exténuera les soldats les plus forts et les plus 


robustes de l'armée assyrienne. 


11. Le feu,la flamme; littér. et par hébraisme, dans le feu (in igne), dans la flamme 
(in flamma), ou plutôt comme la flamme. Nous disons nous-mêmes, en francais agir 


en homme ou comme un homme. 


18. * Carmel désigne ici un lieu planté d'arbres fruitiers choisis, vignes et oliviers. 
32. Lors méme, etc. Ce qui est dit dans ce verset arriva sous Ezéchias. Saint Paul 
applique ce passage aux Juifs du temps de Jésus-Christ, en suivant le texte des 


Septante (Rom., 1x, 21, 28). 


x.]‏ .א6] 


réduits à un petit nombre, abon- 
deront en justice. 

23. Car le Seigneur Dieu des 
armées fera une destruction et 
un retranchement au milieu de 
toute la terre. 

94. À cause de cela, voici ce 
que dit le Seigneur Dieu des 
armées : Mon peuple, habitant 
de Sion, ne crains pas Assur; 
avec la verge il te frappera, et il 
levera sou bâton sur toi, dans la 
voie de l'Egypte, 

95. Car encore un peu, et un 
moment, et mon indignation et 
ma fureur seront à leur comble à 
cause de leur crime. 

26. Et le Seigneur des armées 
lèvera sur lui le fouet, comme il 
frappa Madian à la pierre d'Oreb, 
et sa verge sur la mer, et il la 


26. Infra, xxxvit, 36; Juges, vir, 25. 


ISAIE. 157 


lèvera dans la voie de l'Egypte. 

27. Et il arrivera en ce jour-là, 
que 16 fardeau d'Assur sera óté 
de ton épaule, et son joug de ton 
cou; et le joug pourrira à cause 
de l'huile. 

28. Il viendra à Aiath, il passera 
par Magron; à Machmas il dépo- 
sera ses bagages. 

29. Ils ont passé en courant 
Gaba, notre campement; Rama 
a élé frappé de stupeur, Gabaath 
de Saül a pris la fuite. 

30. Fais retentir ta voix, fille de 
Gallim : sois attentive, Laisa e£ £0 
aussi, pauvre Anathoth. 

31. Médéména a émigré: habi- 
tants de Gabim, rassurez-vous. 

32. Il est encore jour pour s'ar- 
réter à Nobé; il agitera sa main 
contre la montagne de la fille de 


94. Dans la voie de l'Egypte; comme firent autrefois les Egyptiens, quand vous 


sortites de l'Egypte. — * Ou plutôt, sans doute, comme nous l'apprennent les docu- 
ments assyriens, Assur te frappera en se rendant en Egypte pour faire la guerre à 
ce pays. 


26. A la pierre d'Oreb. Voy. Juges, vit 25. — * Dans la voie de l'Egypte. Sennachérib 
allait faire la guerre contre i'Egypte, en méme temps qu'il faisait assiéger Jérusalem, 
comme nous l'apprennent ses inscriplions, et c'est alors que son armée fut frappée 
par l'ange exterminateur. 

27. Le fardeau d'Assur, etc. Dans un sens plus élevé cela s'entend de Jésus-Christ. 
qui a remporté la victoire sur le démon, et qui nous a délivrés du joug dont nous 
étions accablés. — A cause de l'huile; c'est-à-dire selon l'interprétation la plus natu- 
relle, à cause du manque d'huile. 

28-32 * Ces versets décrivent la marche d'un des corps d'armée de Sennachérib, 
lorsqu'il envahit le royaume de Juda. Comparez IV Rois, xvi, 14. 

28 * Aïalh, Hai, la première ville de Juda que rencontrent les Assyriens, était 
située, d'après Scheeg, à six heures au nord de Jérusalem, sur une colline isolée 
d’où l'on jouit d'une vue très étendue, à l'endroit appelé actuellement Tell-Jiba, où il 
y ἃ beaucoup de ruines. — Migron, aujourd'hui E/-Migroun, à quelques minutes de 
Beitin, l'antique Béthel. — Machmas, au nord-est de Jérusalem, aujourd'hui 
Moukmas. 

29. Gabaath de Saül; Gabaath, patrie de Saül (I Rois, xr, 4); c'est la méme que 
Gaba, qui a dà ajouter en hébreu une finale ou terminaison, parce qu'elle est suivie 
d'un complément. Or, la Vulgate ἃ transcrit à la lettre ce mot ainsi composé, — 
* Gaba, voir note sur I Rois, xi, 4. — Rama, ler-Ram actuel, au nord de Jérusalem. 
— Gabaath de Saül, voir note sur I Rois, xt, 4. 

30. * Anathoth, ville sacerdotale, dans la tribu de Benjamin, près de Jérusalem, au 
nord-est de cette ville. — Gullim, et Laisa, n'ont pas été retrouvés. 

31 * Médéména, Gabim, sites inconnus. 

32. Il est encore jour (adhuc dies est). L'article déterminatif qui se trouve en hébreu 


1580 
Sion, e/ la colline de Jérusalem. 

33. Voici que le dominateur, 
Seigneur des armées, brisera la 
petite bouteille par la terreur ; et 
les plus élevés par la taille seront 
coupés par le bas, et les grands 
seront humiliés. 

34. Et les parties épaisses de la 
forét seront abattues, et le Liban 
avec ses hauts cédres tombera. 


CHAPITRE XI. 


Rejeton dela tige de Jessé. Les nations 
viennent à lui. Restes d'Israél et de 
Juda rassemblés et réunis. 


1. Et il sortira un rejeton de la 
racine de Jessé, et une fleur s'éle- 
vera de sa racine, 


ISAIE. 


[cn. xr.] 
sera sur lui; l'esprit de sagesse 
et d'intelligence, l'esprit de con- 
seil et de force, l'esprit de science 
et de piété. 

3. L'esprit de crainte du Sei- 
gneurleremplira. Il ne jugera pas 
d’après ce qu'auront vu les yeux, 
et il ne condamnera pas d’après 
ce qu'auront oui les oreilles. 

4. Mais il jugera les pauvres 
dans la justice, et il se pronon- 
cera avec équité pour les homes 
paisibles de la terre; et il frap- 
pera la terre de la verge de sa 
bouche, et du souffle de ses lèvres 
il tuera l'impie. 

5. Et la justice sera la ceinture 
de ses reins, et la fidélité le cein- 


2. Et l'esprit du Seigneur repo- | turon de ses flancs 


(παρ. XI. 1. Actes, xir, 23. — 4. II Thess., 11, 8. 


devant le mot our ne permet; aucune autre traduction. — * Nobé, Nob, voir la note 
sur 1 Rois, xxt, 1. 

33. * Prédiction du désastre de l'armée de Sennachérib. La métaphore est bien 
suivie dans l'hébreu. Au lieu de la petite bouteille, il porte les rameaux des arbres. 


1-16. * Tout le chapitre x1 est consacré à dépeindre le Messie et les biens qu'il 
apportera à la terre : 10 Il sortira de la race de Jessé, ancêtre de David. — 29 Ce 
rejeton de la tige de Jessé sera rempli des dons du Saint-Esprit, 2-3. — 3° Le Messie 
apportera avec lui dans le monde 16 règne de la justice, 4-5. Voir IL Thess., 11, 8, 40. 
Isaie dépeint son règne sous les images les plus riantes, vers. 6-9; il annonce enfin la 
conversion des Gentils, 11-16. 

1. Et il sortira, etc, Sous ces expressions, le prophète annonce la naissance du 
Messie, même selon la paraphrase chaldaique et la plupart des rabbins. — 11 faut 
avouer que ce qui suit s'y rapporte également. — * L'opposition entre les cédres du 
Liban du verset précédent, x, 34, avec ce rejeton de la racine (en hébreu, du tronc 
coupé) de Jessé est frappante. Le cédre ne pousse point de rejetons, ce qui explique 
la disparition presque compléte de cet arbre du mont Liban, mais l'arbre qui figure 
Jessé a des rejetons qui perpétueront à jamais sa postérité. 

2.3 * 15816 énumére sept dons du Saint-Esprit pour indiquer la plénitude de sa 
grâce. Le texte hébreu ne mentionne que six dons, parce que ce que la Vulgate traduit 
par piété et crainte du Seigneur, est exprimé deux fois par 16 méme mot dans le texte 
original. Ces dons sont énumérés deux par deux : la sagesse, c'est la sagesse théo- 
rique ; l'intelligence, c'est 16 discernement, la prudence; le conseil, c'est la sagesse 
pratique qui, en toute circonstance, et surtout dans les cas difficiles, voit avec sûreté 
ce qui doit être fait; la force, c'est la force de la volonté qui exécute ce que con- 
seille la sagesse ; la science, c'est la connaissance de la loi de Dieu; la piéte, c'est la 
religion. Quoique, en hébreu, le septième don soit exprimé par les mêmes mots que 
le sixième, nous pouvons l'entendre, comme l'a fait la Vulgate, dans le sens même 
des termes : la crainte de Dieu proprement dite, en attribuant le sens de piété au 
sixième don, comme nous l'avons fait. 

4. Il tuera, etc. Saint Paul se sert des mêmes expressions pour marquer la défaite 
de l'antechrist par le Seigneur Jésus )11 Thessal., 11, 8). 


[cu. Σι.] 

6. Le loup habitera avec la- 
gneau, et le léopard se couchera 
près du chevreau; le jeune tau- 
reau, et le lion, et la brebis 
demeureront ensemble, et un 
petit enfant les conduira. 

7. Le veau et l'ours iront aux 
mêmes pâturages; leurs petits se 

"reposeront ensemble; le lion 
comme le bœuf mangera la paille. 

8. Et l'enfant à la mamelle se 
jouera sur le trou de l'aspie; et 
celui qui viendra d'étre sevré 
portera sa main dans la caverne 
du basilic. 

9. Ils ne nuiront pas, et ils ne 
tueront pas sur toute ma monta- 
gne sainte; parce que la terre est 
remplie de la connaissance du 
Seigneur, comme les eaux qui 
couvrent la mer. 

10. En ce jour-là viendra la ra- 
cine de Jessé qui est comme l'é- 
tendard des peuples; c'est à lui 


6. Infra, xv, 25. — 10. Rom., xv, 12. 


ÍSAIE. 


1581 
que les nations adresseront leurs 
prieres, et son sépulcre sera glo- 
rieux. 

11. Et il arrivera en ce jour-là 
que le Seigneur étendra une se 
conde fois sa main pour posséder 
le reste de son peuple, qui auro 
échappé aux Assyriens, et à l'E 
gypte, età Phétros, et àl'Ethiopie, 
et à Elam et à Sennaar, et à 
Emath, et aux iles de la mer. 

19. Et il élèvera son étendard 
parmi les nations, il réunira les 
fugitifs d'Israél, et les dispersés 
de Juda, il les rassemblera des 
quatre coins de la terre. 

13. Et la jalousie d'Ephraim sera 
détruite, et les ennemis de Juda 
périront; Ephraim n'enviera pas 
Juda, et Juda ne combattra pas 
contre Ephraim. 

14. Etils voleront sur les épau- 
les des Philistins par la mer; ils 
pileront ensemble les fils de 


6-9. Les peintures symboliques qu'on lit dans ces versets représentent les effets de 
la grâce de Jésus-Christ qui a changé des peuples aussi farouches que des loups, des 
lions et des léopards, en leur donnant la douceur de l'agneau. En effet, des peuples 
auparavant intraitables se sont soumis aux pasteurs de l'Eglise avec une docilité 
étonnante ; à ce point que les apótres et les évéques leurs successeurs commandaient 
avec autorité aux grands, aux empereurs mêmes, et à des nations entières, n'étant 
armés que du seul nom de Jésus. 

8. * Aspic, basilic, serpents trés venimeux. 

10. La racine de Jessé, Voy. le verset 4. — L'étendard des peuples; c'est la croix du 
Sauveur, qui fut comme un signal autour duquel tous les peuples du monde se sont 
rassemblés. — Son sépulcre, etc. Le sépulere de Jésus-Christ a été glorieux, tant 
parce que ce divin Sauveur en est sorti aprés avoir vaincu la mort, et qu'il s'y est 
opéré depuis bien des miracles, que parce que le tombeau lui-mème est depuis tant 
de siècles l'objet de la vénération des chrétiens. 

11. Une seconde fois. Le Seigneur avait autrefois étendu sa main pour délivrer son 
peuple de la puissance des Egyptiens, et il devait l'étendre encore daus la suite pour 
le ramener de la captivité de Babylone. — * L'Egyple désigne ici la basse Egypte; 
Phétros, la Haute-Egypte; l'Ethiopie commandait alors par ses rois à toute l'Egypte. 
— Elam, la Susiane. — Sennaar, la Babylonie. — Emath, voir plus haut, x, 9. 

13. * Ephraim, le royaume d'lsraél. 

14. La première capture; vrai sens du latin preceptum; car, comme le remarquent 
judicieusement Martini et Scio, ce mot représente ici le participe du verbe præcipio, 
dont la signification primitive est prendre, obtenir le premier (primus capio, occupo). 
— * Les épaules où plutôt l'épaule (kateph) des Philistins est le nom propre de la 
cóle du pays des Philistins le long de la Méditerranée (Josué, xv, 11) qu'on comparait 


1582 
l'Orient. L'Idumée et Moab seront 
la premiere capture de leur main, 
et 168 fils d'Ammou leur obéiront. 

15. Et le Seigneur mettra à sec 
la langue de la mer d'Egypte, et 
il lévera sa main sur 16 fleuve, 71 
l'agitera par la force de son souf- 
fle, et il le frappera dans ses sept 
ruisseaux, en sorte qu'on le pas- 
sera tout chaussé. 

16. Et il y aura une voie pour 
le reste de mon peuple qui aura 
échappé aux Assyriens, comme 
il y en eut une pour Israél, au 
jour auquel il monta de la terre 
d'Egypte. 


CHAPITRE XII. 


Cantique d'actions de grâces sur la déli- 
vrance des deux maisons d'Israël et de 
Juda. 


1. Et tu diras en ce jour-là : Je 
vous glorifierai, Seigneur, parce 
que vous avez été irrité contre 
moi ; mais votre fureur s'est tour- 
née, et vous m'avez consolé. 


ISAIE. 


(cu. &ui.] 

2. Voilà que Dieu est mon sau- 
veur, j'agirai avec confiance, et 
je ne craindrai pas, parce que ma 
force et ma louange, c'est le Sei- 
gneur, et qu'il est devenu mon 
salut. 

3. Vous puiserez avec joie des 
eaux des fontaines du Sauveur; 

4. Et vous direz en ce jour-là : 
Glorifiez le Seigneur, et invoquez 
son nom; faites connaitre parmi 
les nationsses œuvres; souvenez- 
vous que sublime est son nom. 

5. Chantez le Seigneur, il a agi 
avec magnificence; annoncez cela 
dans toute la terre. 

6. Exulte et loue, habitation de 
Sion, parce que grand est au 
milieu de toi le saint d'Israël. 


CHAPITRE XIII. 


Ruine de Babylone par les Mèdes et les 
Perses. 


1. Malheur accablant de Baby- 
lone qu'a vu Isaie, fils d'Amos. 


Cuar. XII. 2. Exode, xv, 2; Ps. cxvur, 14. 


à une épaule (voir Nombres, xxxiv, 11). — Les fils de l'Orient sont les Arabes, surtout 
nomades, à l'est et au nord-est de la Palestine. 

15. Mettra à sec; littér. désolera (desolabit). — Le fleuve; c'est-à-dire l'Euphrate, 
selon les uns, et le Nil, selon les autres. — Le; est au masculin, dans la Vulgale, 
bien qu'il se rapporte à ffumen, nom neutre. Cette anomalie vient de ce que la ver- 
sion conserve souvent le genre qui est dans le texte hébreu, — Sept ruisseaux; les 
sept branches du Nil; ou bien quelques ruisseaux de l'Euphrate. Voy. sur le mot 
sepl, 1v, 1. Au reste, ces expressions peuvent être considérées comme figurées, et 
comme annonçant que le Seigneur lèvera tous les obstacles qui pourraient s'opposer 
&u retour de son peuple. Compar. cette prophétie avec celle de Zacharie (x, 10 et 
suiv.). — * La langue, le golfe d'Akaba, de la mer d'Egypte, de la mer Rouge. 


1. En ce jour-là; c'est-à-dire lorsque vous reviendrez de l'Egypte et de l'Assyrie. 
Voy. xi, 15, 16. — Parce que; aprés vous être irrité contre moi à cause de mes infi- 
délités, votre colère s'est détournée par votre miséricorde. 

2. Voilà que Dieu, etc.; allusion à Exod., xv, 2. L'Eglise, dans l'usage qu'elle fait de 
ce cantique, reconnait ici Jósus méme dont le nom signifie Sauveur. 

4. Ses œuvres ; c'est le vrai sens de l'expression latine adinvenliones, expliquée par 
l'hébreu, comme nous l'avons déjà remarqué. 


6. Habitation ou maison de Sion; c'est l'assemblée des fidèles, l'Eglise de Jésus- 
Christ. 


1 et .טנטפ‎ *III* groupe : Collection des prophéties contre les nations étrangères, 
Xin-xvi. — Les oracles contre les nations étrangères sont groupés ensemble dans 


(en. &uri.] ISATE. 1585 
9. Sur une montagne couverte | mes sanctifiés, et j'ai dans ma co- 

de nuages, levez un étendard, | lére appelé mes forts qui exul- 

haussez la voix, levez la main, et | tent dans ma gloire. 

que dans ses portes entrent les 4. La voix d'une multitude sur 

ihefs. les montagnes est commme ce//e 
3. Moi, j'ai donné mes ordres à | de peuples nombreux; voix reten- 


——————————————————————————————M———— 


Isaïe, xim-xvir, comme dans Jérémie, xrvi-Lt, et dans Ezéchiel, xxv-xxxir. Seulement, 
dans Jérémie, ils forment, séparés de leur introduction, xxv, la conclusion du livre, 
et dans Ezéchiel, ils remplissent l'intervalle compris entre les visions qu'il eut sur les 
bords du Chaboras et celles qui regardent Jérusalem, tandis que dans Isaïe, ils 
forment comme le complément de la prophétie d'Emmanuel, en nous prédisant la 
ruine de tous les ennemis du peuple de Dieu, et sont probablement, la plupart du 
moins, de la méme époque que les chapitres vrr-xir. — Le commencement d'une 
nouvelle section nous est indiqué, xir, 1, par les mots : Malheur accablant, etc. Les 
prophéties contre les nations étrangères, contenues dans les chapitres xin-xxvit, 
forment donc le troisième groupe des prophéties de la première partie d'Isaie. 
Elles portent un nom particulier, celui de massäh, en hébreu, onus en latin, traduit 
ici par malheur accablant. Ce mot peut signifier simplement prophétie; mais 
dans Isaie, il est toujours pris en mauvaise part, dans le sens de prédiction 
menacante. -- Les prophéties contre les nations étrangères embrassent à peu 
prés tous les peuples connus des Hébreux, et sont au nombre de quatorze : 
19 Contre les Chaldéens, héritiers des Assyriens, x r-xiv, 23. — 29 Contre les 
Assyriens, xiv, 24-21. — 39 Contre les Philistins, xiv, 28-32. — 49 Contre les 
Moabites, xv-xvr. — 59 Contre Damas et Israël, xvi. — 6° Sur l'Ethiopie, mai- 
tresse de l'Egypte du temps d'Isaie, xvi. — 79 Contre l'Egypte, xix-xx (deux pro- 
phéties d'époques différentes). — 8° Contre Babylone, xxr, 1-10. — 9» Contre Duma 
(Gen. xxv, 14; I Par., 1, 30) xxt, 11-12. — 109 Contre l'Arabie, xxi, 13-11.— 110 Contre 
Jérusalem, xxr, 1-14. — 12e Contre Sobna, préposé du temple, xxi, 15-25. — 
30 Contre et en faveur de Tyr, xxii. — 149 A ses prophéties contre les paiens, 
Isaie a joint ses oracles eschatologiques, c'est-à-dire les prophéties concernant la fin 
du monde, xxiv-xxvit. — Le cycle de ces prophéties s'ouvre par Babylone, qui de- 
vait être l'héritiere de la puissance de Ninive et l'ennewi le plus redoutable de Juda, 
,טזצ-ווזצ‎ 21; viennent ensuite les plus proches voisins des Juifs, les Philistins à l'ouest 
xiv, 28-32 ; les Moabites à l'est, xv-xvr; le royaume schismalique d'Israël au nord, 
avec son confédéré, le royaume syrien de Damas, xvir; delà, Isaïe passe aux peuples 
plus éloignés, à l'Egypte et à l'Ethiopie, au sud-ouest, צצ-זונצא‎ ; à Babylone, siège de 
l'idolàtrie, à l'est, xxr, 1-10; il se rapproche alors de nouveau de Jérusalem et, pas- 
sant par l'Idumée, xxr, 11-12, et l'Arabie, xxr, 13-17, arrive jusqu'à cette capitale, 
xxit, 1-14; là, il poursuit de ses menaces prophétiques Sobna, préposé du temple, et 
lui annonce qu'il aura pour suecesseur Eliacim, xxir, 15-25; enfin ses regards s'ar- 
rétent sur Tyr, la ville insulaire de la Méditerranée, xx, pour tout clore par la 
prophétie sur la fin des temps, xxiv-xxvir. — Toutes les prophéties concernant les 
peuples paiens ont été littéralement accomplies. Leur sort est la figure de celui qui 
attend les ennemis du peuple de Dieu, sort qui nous est révélé dans la conclusion 
de cette section des prophéties d'Isaie. 

1. Malheur accablant; littér. charge, fardeau (onus); c'est selon la remarque de saint 
Jéróme, le mot dont se servent les prophétes, lorsqu'ils annoncent des malheurs, des 
calamités. Ainsi le sens de ce mot est ici prophélie de malheur (Isaie, xv, τ; xvi, 4; 
xix, 1. Ezéch., xu, 10; Habacuc, τ, 1; Zacharie, ix, 1). — Babylone, dans le langage 
figuré des prophétes, représente le monde idolàtre, le monde ennemi de Jésus- 
Christ. De là vient que saint Pierre, dans sa [re Epitre (v, 13), et saint Jean dans 
l'Apocalypse (xvir, 5) désignent Rome paienne sous le nom de Babylone. 

3. Mes sanclifiés; ceux que j'ai consacrés, destinés à la destruction de Babylone; 
c'est-à-dire les Mèdes et les Perses. — Mes forts, etc.; mes guerriers, qui travaillaient 
avec joie pour ma gloire. 

4, Sur les montagnes. Les montagnes les plus rapprochées de Babylone sont celles 

\ 


1584 
lissante de rois, de nations réu- 
nies; le Seigneur des armées a 
commandé à la milice de guerre, 

ὃ. À ceux qui venaient d'une 
terre lointaine, de l'extrémité du 
ciel; le Seigneur et les instru- 
ments de sa fureur s'avancent 
pour perdre entierement toute la 
terre: 

6. Poussez des hurlements, 
parce qu'est proche le jour du 
Seigneur; il viendra du Seigneur 
comme une dévastation. 

7. À cause de cela toutes les 
mains seront affaiblies, et tout 
cœur d'homme se desséchera, 

8. Et sera brisé. Des tourments 
et des douleurs les tiendront; ils 
souffriront comme une femme 
en travail; chacun regardera son 
voisin avec stupeur; leurs visages 
seront comme des faces brülées 
par le feu. 

9. Voici quele jour du Seigneur 
viendra cruel et plein d'indigna- 
lion, et de colere et de fureur, 
pour réduire la terre en solitude, 
et en exterminer ses pécheurs. 

10. Parce que les étoiles du ciel 
et leur splendeur ne répandront 


ISAIE. 


(cur. xur.] 


pas leur lumiere; le soleil s'est 
couvert de ténebres à son lever; 
et la lune ne luira pas dans sa 
lumiere; 

11. Et je visiterai les crimes de 
l'univers, ainsi que l'iniquité des 
impies, et je ferai cesser l'orgueil 
des infideles, et l'arrogance des 
forts, je l'humilierai. 

12. L'homme de haute condi- 
lion sera plus précieux que l'or, 
et l'homme de basse condition 
plus précieux que lor le plus 
pur. 

13. De plus, j'ébranlerai le ciel, 
et la terre sortira de son lieu, 
à cause de l'indignation du Sei- 
eneur des armées, et à cause du 
jour de la colère de sa fureur. 

14. Et elle sera comme une dai- 
ne fuyant, et comme une brebis, 
et il n'y aura personne qui la 
réunisse ; chacun retournera vers 
son peuple, et les uns apres les 
autres dans leur pays s'enfui- 
ront. 

15. Quiconque sera lrouvé sera 
lué, et quiconque se présentera, 
tombera sous le glaive. 

16. Leurs enfants seront écra- 


XIII. 10. Ezéch., xxxn, 7; Joël, 11, 10; 11, 15; Matt,, xxiv, 29; Marc, xri, 24;‏ .שג 


Luc, xxi, 25. — 16. Ps. cxxxvi, 9. 


du Schahon ou Zagros, au nord-est. C'est par là que devaient arriver les Iraniens, les 


Perses, pour s'emparer de Babylone. 


5. De l'extrémité du ciel; de l'extrémité de l'horizon. 

10. Des signes semblables doivent précéder le dernier avénement de Jésus-Christ 
qui viendra frapper d'anathéme les réprouvés représentés par cette Babylone impie. 
Compar. Matth., xxiv, 29; Marc, ,זוא‎ 24, 25. 

11. * L'univers désigne ici particulièrement l'empire babylonien. 


19. Plus précieux; c'est-à-dire plus rare. 


13. La colère de sa fureur; hébraisme, pour sa colère trés grande, très violente. 

14. Elle; l'armée des Chaldéens, ou Babylone; ce qui revient au méme. — Chacun, 
etc. Isaïe parle des soldats étrangers qui s'étaient joints aux Babyloniens, comme 
troupes auxiliaires. — * La daine et la gazelle sont timides et fuient avec une grande 


rapidité. 


15. Quiconque sera trouvé dans Babylone. — Quiconque se présentera; c'est-à-dire 


se joindra aux Dabyloniens. 


16. * Leurs enfants seront écrasés. Les inscriptions assyriennes mentionnent expres- 


(cu. חנצ‎ .[ 
séssousleurs yeux, leurs maisons 
seront pillées, et leurs femmes 
seront violées. 

17. Et voilà que moi je suscite- 
rai contre eux les Mèdes, qui ne 
chercheront pas d'argent et qui 
ne voudront pas d'or. 

18. Mais de leurs flèches ils 
tueront les petits enfants, et ils 
n'auront pas pilié des seins qui 
allaitent, et les fils, leur œil ne 
les épargnera pas. 

19. Et cette Babylone, glorieuse 


ISAIE. 


1585 
gueil des Chaldéens, sera renver- 
sée, comme le Seigneur renversa 
Sodome et Gomorrhe. 

20. Elle ne sera jamais habitée ; 
et elle ne sera pas rétablie dans 
la suite des générations, et l'Ara- 
be n'y dressera pas ses tentes, 
et les pasteurs n'y reposeront 
point. 

21. Mais les bétes sauvages s'y 
reposeront; et ses maisons seront 
remplies de dragons; et les au- 
truches y habiteront, les boucs 


parmi les royaumes, illustre or- | y bondiront. 


19. Genése, xix, 24. 


sément ce traitement barbare, infligé aux enfants des vaincus. Babylone sera punie 
de sa cruauté par un traitement semblable. 

47 * Les Médes. Les Mèdes étaient déjà en guerre avec les rois d'Assyrie avant cette 
époque. Un roi de Ninive les mentionne vers l'an 810 avant J.-C. Leur nom ne dé- 
signe pas seulement ici les Médes proprement dits, mais aussi les Perses. En Egypte 
les Perses recurent aussi le nom de Médes. Les Perses sont nommés pour la pre- 
miére fois dans l'Ancien Testament par Ezéchiel et par Daniel. Cyrus, dans les ins- 
criptions qu'on a retrouvées de lui, ne prend pas lui-méme le titre de Perse. Ce roi, 
dans la Cyropédie, v, 3, de Xénophon, en s'adressant à ses soldats, ne nomme aussi 
expressément que les Médes. — Dans un autre passage de la Cyropédie, x, 1, 20, 
Cyrus demande aux Médes « qui n'ont pas besoin de richesses » d'aller avec lui. 

20. L'Arabe, n'ayant pas de demeure fixe, allait d'un endroit dans un autre dresser 
ses tentes, partout où il trouvait des pâturages pour ses bestiaux. — * Elle ne sera 
jamais habitée. Cette prédiction ne s’accomplit que quelques siècles aprés, mais elle 
se réalisa pleinement. Cyrus s'empara de Babylone, mais il n'en renversa pas les mu- 
railles. Darius, fils d Hystaspe, qui reprit Babylone pour la seconde fois, en 518, ré- 
duisit ses remparts à 50 coudées de hauteur. Xerxés ruina le fameux temple de Bel, 
l'orgueil dela cité. Quand Alexandre voulut faire de Babylone la capitale de son vaste 
empire, dix mille ouvriers furent occupés pendant deux mois à déblayer les fonde- 
ments du temple. Toutefois Babylone ne devait plus voir revivre sa gloire. Le conqué- 
rant macédonien mouru£ sans avoir pu réaliser son projet, et l'un de ses généraux, 
Séleucus Nicator, en 312, ruina pour toujours la ville de Nabuchodonosor. Il construi- 
sit avec ses débris la ville de Séleucie, qui lui enleva méme quelque temps son nom, 
dit Etienne de Byzance, et dont le voisinage, comme le dit Pline, la réduisit en solitude. 
Strabon, né vers l'an 60 avant notre ère, lui appliqua le mot d'un poète : « La grande 
ville est devenue un grand désert » (xvi, 15). La malédiction divine dure encore. Une 
ville, Hillah, s'est élevée non loin d'elle; l'Arabe nomade dresse ses tentes à ses côtés, 
mais ses ruines sont toujours désertes et habitées seulement par les animaux 
sauvages. 

21-22. * Le vrai sens des noms des animaux énumérés dans le texte hébreu est 
encore incertain dans plusieurs cas. La plupart des interprétes croient y retrouverles 
chaeals et les loups. 

21. Les boucs (pilosi); selon les Septante, 768 démons. On se représentait, eneffet, les 
démons sous la forme de boues vivant dans les déserts, parce qu'on les honorait 
sous cette forme. — * Un voyageur allemand, Joseph Wolff, raconte qu'il vit une 
nuit, au milieu des ruines de Babylone, des pèlerins de la secte des Jézidis ou adora- 
teurs du diable, se livrant aux exercices diaboliques de leur culte, et exécutant au 
zlair de lune les danses les plus étranges. 


AU, 100 


1586 


22. Et les hibous y répondront 
dans ses édifices, et les sirènes 
dans ses palais voluptueux. 


CHAPITRE XIV. 


Délivrance des enfants de Jacob. Ruine 
du roi de Babylone. Défaite des Assy- 
riens. Menaces contre les Philistins. 
Promesses en faveur de Juda. 


1. Près de venir est son temps, 
eL ses jours ne seront pas différés. 
Car le Seigneur aura pitié de Ja- 


* cob, il fera encore choix d'fsraël, 


et il les fera reposer dansleur ter- 
re;l'étranger sejoindra àeux, et il 


s'attachera à la maison de Jacob. 


| 
[ 


2. Et les peuples les prendront 
et les rameneront en leur lieu; 
et la maison d'Israél les possé- 
dera dans la terre du Seigneur 
comme serviteurs et comme ser- 
vantes; etils prendront a2ns ceux 
qui lesavaient pris; etilssoumet- 
iront leurs exacteurs. 

3. Et il arrivera en ce jour-là, 
que lorsque le Seigneur t'aura 


ISAIE. 


[cn. xiv.] 
donné du repos apres ton travail, 
et aprés ton oppression, et apres 
la dure servitude à laquelle tuas 
été auparavant assujetti; 

4. Tu emploieras cette para- 
bole contre le roi de Babylone, 
et tu diras : Comment a cessé 
lexacteur, e£ ἃ discontinué le 
tribut? 

5. Le Seigneur a brisé le báton 
des impies, la verge des domi- 
nateurs, 

6. Qui, dans son indignation, 
frappait des peuples d'une plaie 
incurable, qui, dans sa fureur, 
assujettissait des nations, qui les 
persécutait cruellement. 

7. Toute la terre se repose et 
est en silence, elle est dans la 
joie et dans l'exultation ; 

8. Les sapins méme et les cé- 
dres du Liban se sont réjouis à 
ton sujet, disant : Depuis que tu 
dors, il ne monte personne qui 
nous abatte. 

9. L'enfer au-dessous a été tout 


22. Répondront; feront entendre leur cri alternativement. Compar., pour la fin de 
ce chapitre, Isaïe, xxxiv, 13-15, où on trouve une description semblable. 


1. Son temps; 16 temps de la ruine de Babylone. — Ne seront pas différés; c'est le 
sens du latin e/ongabuntur, expliqué par le texte hébreu. Compar. Ezéchiel, xi, 25, 
28. — Les; c'est-à-dire les Israélites. — L'étranger, etc. Au retour de la captivité de 
Babylone, beaucoup de gentils embrassèrent la religion des Juifs. Voy. 11 Esdras, x. 

2. Les peuples, etc. Les livres d'Esdras contiennent le récit de l'accomplissement 
ce cette prophétie. 

4. * Celte parabole, en hébreu maschal, nom qui désigne une espéce de poéme, Les 
versets 45-21 contiennent en effet une ode ou un chant poétique sur la chute du roi 
de Babylone. Ce chant peut se partager en cinq strophes : 45-8; 9-11; 12-15; 16-19 et 
20-21. Les versets 22 et 23 peuvent être considérés comme un épilogue du poème. On 
regarde avec raison ce maschal comme un chef-d'œuvre littéraire. « Que de beautés! 
Si l'auteur n'était qu'un poète, je dirais que c'est son chef-d'œuvre. Vous trouverez 
dans quelques autres chapitres autant et peut-étre plus de richesses; mais il n'en est 
aucun, ce me semble, où la grandeur de l'ordonnance réponde mieux à la majesté 
des détails. Ce n'est pas un simple morceau détaché; ce n'est pas méme une ode; 
c'est un poème. Plus vous l'étudierez, plus vous verrez que rien n'y manque.» (Paroles 
mises par Bungener dans Ja bouche de Bossuet.) 

8. Tu dors; c'est-à-dire tu es mort. — Personne qui nous abatte. Les vainqueurs signa- 
laient ordinairement leur domination sur les provinces conquises en abattant les 
foréts. Compar, xxxvn, 24. — * Les arbres du Liban interviennent, parce que le roi 
de Babylone les avait fait.couper pour construire son palais. 

9. * L'enfer, le scheól, par une figure trés hardie, est personnifié, — Les géants sont 


(eu. xiv.] 


troublé au moment de ton ar- 
rivée, il t'a suscité les géants. 
Tous les princes de la terre se 
sont levés de leurs trónes, ainsi 
que tous les princes des na- 
tions. 

10. Tous éleveront la voix, et 
te diront : Toi aussi tu as recu 
des blessures comme nous, tu 
es devenu semblable à nous. 

11. Ton orgueil ἃ été préci- 

pité dans les enfers, ton cadavre 
est tombé par terre; au-dessous 
de toi la teigne formera ta cou- 
che, et ta couverture seront les 
vers. 
* 49. Comment es-tu tombé du 
ciel, lucifer qui dés le matin te 
levais? Comment as-tu été ren- 
versé sur la terre, toi qui faisais 
des blessures aux nations? 

13. Qui disais dans ton cœur : 
Je monterai au ciel, sur les 
astres de Dieu j'éléverai mon 
trône; je m'assiérai sur la mon- 


ÍSAIE. 


1587 


tagne du Testament, aux cótés de 
l'aquilon. 

14. Je monterai sur la hauteur 
des nues, je serai semblable au 
Très-Haut. 

15. Mais cependant tu seras 
traîné dans l'enfer, au profond de 
la fosse ; 

16. Ceux qui te verront se pen- 
cheront vers toi, et ils te consi- 
déreront e£ £e diront : Estce là 
cet homme qui a troublé la terre, 
qui a ébranlé les royaumes; 

17. Qui a fait de l'univers un 
désert, et a détruit ses villes, et 
à ses captifs n'a pas ouvert la 
prison? 

18. Tous les rois des nations, 
tous se seront endormis dans la 
gloire, chacun dans sa maison. 

19. Mais toi, tu as été jeté loin 
de ton sépulcre, comme un tronc 
inutile, e£ souillé, et enveloppé 
avec ceux qui ont été tués par le 
glaive et qui sont descendus au 


la traduction de rephaim qui, dans l'original, désigne les morts qui habitent dans 
le scheól. Une race de géants est appelée aussi dans l'Ancien Testament rephaim ; mais 
ici ce mot est appliqué aux trépassés, pour exprimer des êtres faibles et sans force, 
de la racine ráfáh, > défaillir. » Les Rephaïm sont privés d'une partie de la force 
vitale; ils ne sont pas cependant privés de toute force ni de tout sentiment. 

10. Elèveront la voix; vrai sens du respondebunt de la Vulgate expliqué par l'hébreu. 

11 * Ta couverture. Les tapis de Babylone étaient particuliérement renommés dans 
l'antiquité. 

12. Lucifer; Nabuchodonosor, d'aprés les uns, Balthasar, suivant les autres, et Sen- 
nachérib, selon d'autres; mais le plus grand nombre des Pères l'entend du démon, 
qui a voulu devenir semblable au Trés-Haut. Jésus-Christ semble faire allusion à ce 
passage dans Luc, x, 18. Compar. Apocalypse, xu, 9. — * Comment es-tu tombé «du 
ciel, Lucifer. Nous n'avons pas seulement ici une poésie d'un éclat incomparable; 
nous avons encore des allusions aux croyances et aux coutumes babyloniennes. Le 
nom de Lucifer correspond à mustilil, le nom assyrien de l'étoile du matin. On sait 
que les Babyloniens adoraient les astres et étaient trés adonnés à l'astronomie et à 
l'astrologie. 

13. La montagne du testament ; ou de l'alliance, c'est la montagne oü était bàti le 
temple, dépositaire des tables de l'alliance que l'on conservait dans l'arche, au milieu 
du sanctuaire, — Aux côtés de l'aquiton. Compar. Ps. לזא‎ 3. — * Selon une autre 
interprétation : Je m'assiérai sur (a montagne de l'assemblée des dieux aux extrémités 
du nord, surle mont Rowandiz, au nord-est de Babylone. Les Babyloniens considé- 
raient celte montagne comme le séjour des dieux, le ciel. Les Sabéens de Harrap se 
lournaient vers le nord pour prier. 

15-19, De lu fosse (luci); c'est-à-dire du tombeau. Compar. Ps. xxvu, 1. 


1588 
fond de la fosse comme un ca- 
davre putréfié. 

20. Tu n'auras pas méme part 
avec eux à la sépulture, parce 
que cest toi qui as détruit en- 
lierement ta terre, toi qui as 
tué ton peuple; la race des mé- 
chants n'existera pas éternelle- 
ment. 
| 91. Préparezses enfants au mas- 
sacre, à cause de l'iniquité deleurs 
pères ils ne s'éleveront pas, ils 
n'hériteront pas de la terre, et ils 
nerempliront pas la face du globe 
de cités. 

22. Et je m'éleverai contre eux, 
dit le Seigneur des armées, et je 
perdrai le nom de Babylone, et 
les restes, et le germe, et la race, 
dit le Seigneur. 

23. Et j'en ferai la possession 
du hérisson ; j'en ferai des marais 
d'eaux, et jela balayerai avec un 
balai en la raclant, dit le Seigneur 
des armées. : 

94. Le Seigneur des armées ἃ 


₪ 


(ci. xiv.] 
juré, disant : Certainement, com- 
me j'ai pensé, de méme il en sera, 
et comme j'ai arrété dans mon 
esprit, 

95. Ainsi il arrivera; afin que 
je brise l'Assyrien dans ma terre, 
el que sur mes montagnes je 
le foule aux pieds, que son joug 
soit emporté loin d'eux, et que 
son fardeau soit enlevé de leur 
épaule. 

26. C'est là le dessein que j'ai 
formé sur toute la terre, et c'est 
là la main étendue sur toutes les 
nalions. 

97. Car le Seigneur des armées 
la décrété; qui pourra infirmer 
son décret? el sa main est éten- 
due, qui la détournera? 

98. En l’année, à laquelle est 
mort 16 roi Achaz, a été faite cette 
prophétie accablante : 

29. Ne te réjouis pas, toi terre 
entiere de Palestine, de ce qu'a 
été brisée la verge de celui qui te 
frappait; car de la race du ser- 


20. N'existera pas; littér., et par hébraisme, ne sera pas appelé; son nom ne sera 
pas prononcé. 

22-93. * Le chant est fini. Ces deux versets étendent à toute la Babylonie le cháti- 
ment du roi de Babylone. 

23. * Du hérisson, qui est commun à l'embouchure de l'Euphrate. Quelques mo- 
dernes croient cependant qu'il s'agit ici, non du hérisson, mais du butor, qui abonde 
dans les marais pleins de jones de l'Euphrate et dont le cri sourd a quelque chose 
de sinistre et de lugubre. 

24-21. * Prophétie contre les Assyriens. 

25. Ainsi il arrivera, etc. Voy., pour l'accomplissement de cette prophétie, IV Rois, 
xix. — Ma terre; la Palestine. — D'eux; des Israélites. 

28-32. * Prophétie contre les Philistins. Vaincus sous Ozias, II Paral., xxvii, 5, ils 
étaient redevenus indépendants sous Achaz. 

28. Prophélie accablante (onus). Voy. xut, 1. — * En l’année à laquelle est mort le 
roi Achaz; en 798 avant J.-C. 

29. De la race du serpent, etc. Selon la plupart des Péres et des commentateurs, 
ce serpent est Achaz, et ce basilic, Ezéchias; mais Dom Calmet pense que le serpent 
marque Sennachérib, et le basilic, Assaraddon, parce que ces deux rois d'Assyrie 
firent la guerre aux Philistins, au temps d'Isaie; que le prophéte, au vers. 31, nous 
fait entendre que le mal qu'il prédit viendra fondre sur les Philistins du cóté de 
l'aquilon, ce qui signifie ordinairement la Chaldée ou l'Assyrie, et que la comparaison 
d'Ezéchias à un basilic ne lui parait pas du style d'Isaie. — * Terre entière de Pales- 
Line. Le mot Palestine désigne ici le pays des Philistins.— Terre entière; indique qu'il 
s'agit des cinq principautés que renfermat la Philistie. 


tH. xv.] 


pent sortira un basilic, et ce qui 
en naitra dévorera l'oiseau. 

30. Et les plus indigents seront 
nourris, et les pauvres repose- 
ront avec confiance; et je ferai 
mourir ta racine, et tes restes, je 
les tuerai. 

31. Pousse des hurlements, por- 
te; crie, cité; toute la Palestine 
a été renversée; car c'est de l'a- 
quilon que la fumée viendra; et 
il n'est personne qui fuira son 
armée. 

32. Et que répondra-t-on aux 
messagers de la nation? Que c'est 
le Seigneur qui a fondé Sion, et 
qu'en lui espéreront les pauvres 
de son peuple. 


Jérém., xzvut, 87 ; Ezéch.,‏ ,ל XV.‏ .ג 


ISAIE, 


CHAPITRE XV. 


Vengeance que le Seigneur exercera 
contre les Moabites. Désolation et 
ruine de leur pays. 


1. Malheur accablant de Moab. 
Parce que pendant la nuit Ar a 
été dévastée, Moab s'est tu; parce 
que pendant la nuit a été détruit 
le mur, Moab s'est tu. 

2. La maison et Dibon sont 
montées sur les hauts lieux pour 
pleurer sur Nabo et sur Médaba; 
Moab a poussé des hurlements; 
sur toutes les tétesseralacalvitie, 
et toute barbe sera rasée. 

3. Dans ses rues ils ont été 
vêtus de sacs; sur ses toits tout 


vit, 18. 


30. Les plus indigents; littér. les premiers-nés des pauvres. Compar., sur cet hé- 
braisme, Job, xix, 13. Les Philistins furent frappés successivement par Sennachérib, 
Nabuchodonosor, Alexandre, et enfin par les Juifs au temps des Machabées, depuis 
lesquels leur nom disparut. 

31. Porte, cilé; c'est-à-dire grands, magistrats qui siégez à la porte de la ville, et 
vous, habitants de la cité. — L'aquilon ou le septentrion désigne ordinairement 
l'Assyrie ou la Chaldée, situées au nord de la Palestine. — La fumée et le feu dé- 

signent, en plusieurs endroits de l'Ecriture, la guerre ou une armée. — Qui fuira 
son armée; qui ne voudra pas se joindre à son armée. C'est l'interprétation la plus 
simple et la plus conforme au texte hébreu. 

32. Aux messagers de la nation (gentis); ou bien des nations, en supposant, ce qui 
a lieu souvent surtout dans les noms collectifs, que le singulier est mis ici pour le 
pluriel; et en supposant aussi qu'il est fait allusion à la coutume d'envoyer des 
messagers aux rois, pour les complimenter quand il leur arrivait quelque chose d'a- 
vantageux ou de fácheux. — Que c'est le Seigneur, etc. C'est la réponse que les en- 
voyés de Sennachérib recurent de Juda. Voy. IV Rois, xiv. 


1-xvr, 14. * Prophétie contre Moab. La stèle du roi de Moab, Mésa, trouvée près de 
Dibon en 1869 et conservée actuellement au musée du Louvre, nomme parmi les villes 
moabites six de celles dont on lit ici les noms : Dibon, Nabo, Jasa, Médaba, Oro- 
naim, Sabama. 

1. Malheur accablant. Voy. xiu, 1. — Ar; 
la rive gauche de l'Arnon, vis-à-vis d "'Aroér. 

2. La maison; le palais et la famille royale, selon saint Jéróme. — Dibon; ville de 
Moab, prés d'Ar. — Nabo; autre ville, prés d'une montagne du même nom. — Mé- 
daba; ville prés de la montagne de Phasga. L'usage de monter sur les hauteurs pour 
pleurer dans les disgráces publiques et particulières est connu dans l'Ecriture. — 
Sur toutes les téles, etc. S'arracher les cheveux et se couper la barbe étaient égale- 
ment des signes de deuil. 

3. De sacs; ce n'étaient pas des sacs proprement dits, mais des habits rudes et 
grossiers, qu'on portait dans le deuil. — Sur ses foits. Les toits étaient en plate-forme, 
et l'on y montait pour pleurer dans les moments d'affliction. — Est descendu dans 
leur pleur; hébraisme, pour s'est mêlé aux larmes, s'est confondu avec les larmes, 


ville capitale de Moab. — * Ar était sur 


1500 


hurlement est descendu dans le 
pleur. 

4. Hésébon et Eléalé crieront; 
jusqu'à Jasa leur voix a été en- 
tendue; à cause de cela les vail- 
lant de Moab hurleront; et son 
âme hurlera pour elle-même. 

ὃ. Mon cœur pour Moab criera ; 
ses verrous se feront entendre 
jusqu'à Ségor, génisse de trois 
ans; car par la montée de Luith 
ils monteront en pleurant, et 
dans la voix d'Oronaim ils éle- 
veront le cri d'une douleur dé- 
chirante. 

6. Car les eaux de Nemrim 
deviendront un désert, parce 
que l'herbe s'est desséchée, que 
le bourgeon a manqué et que 
Loute verdure a péri. 

7. Selon la grandeur de leurs 
œuvres, tel sera leur châtiment ; 
au torrent des saules on les 
conduira. 

8. Parce que le cri parcourra 
la frontière de Moab; jusqu'à 


ISAIE. 


fcn. xvi.] 


Gallim שיק‎ son hurlement, jus- 
qu'au Puits d'Elim son cri. 

9. Parce que les eaux de Dibon 
ont été remplies de sang; car 
jenverrai sur Dibon un surcroit 
de chátiment; à ceux qui fui- 
ront de Moab et aux restes de 
cette terre, un lion. 


CHAPITRE XVI. 


Agneau envoyé de Moab. Ressource 
offerte aux Moabites. Défaite de Senna- 
chérib. Nouvel éclat du régne d'Ezé- 
chias. Endurcissement des Moabites ; 
leur prochaine désolation. 


1. Envoyez, Seigneur, l'agneau 
dominateur delaterre, dela Pierre 
du désert à la montagne de la 
fille de Sion. 

2. Et il arrivera que, comme 
un oiseau qui fuit, et des petits 
qui s'envolent du nid, ainsi seront 
les filles de Moab au passage de 
l'Arnon. 

3. Prendsconseil, convoqueune 
assemblée; fais comme une nuit 


4. Hésébon, Eléalé; deux villes, dont la première était située au pied du mont 
Phasga, et la seconde au nord, et à trois lieues environ de Hésébon. — Jasa; autre 
ville à l'extrémité méridionale de Moab. — Son âme; l'âme de chacun; ou chacun 
gémira non seulement sur le malheur public, mais sur sa propre infortune. 

5. Ses verrous; ses appuis, ses soutiens. — Ségor; à l'extrémité méridionale de la 
mer Morte. — Génisse de trois ans; c'est-à-dire forte, vigoureuse, ou indocile, in- 
domptée. — Luith; ville située entre Ar et Ségor. — Oronaim; ville de Moab, dans 
le voisinage de Ségor, ou à l'extrémité opposée de cette dernière, selon que l'on en- 
tend ces paroles de Jérémie, זוא‎ 34: « Ils ont fait entendre leur voix de Ségor à 
Oronaim. » 

6. Nemrim; ville au septentrion de Ségor et sur la mer Morte. 

1. Leurs œuvres; leurs crimes. — Au torrent, etc. Babylone était située sur l'Euphrate 
dont les bords étaient couverts de saules. Compar. Ps. cxxxvi, 2. 

8. Gallim, et Puits d'Elim; deux villes situées sur les confins de Moab. 

9. Un lion; Nabuchodonosor, envoyé contre Moab, aprés Salmanasar. 


1. L'agneau dominateur de la terre; c'est-à-dire, selon saint Jéróme, suivi de plu- 
sieurs interprétes modernes, Jésus-Christ, véritable agneau qui óte les péchés du 
monde, envoyé de Moab, puisqu'il est né de la race de Ruth, Moabite et aieule de 
David. — La Pierre du désert; ville capitale de l'Arabie Pétrée, alors au pouvoir des 
Moabites. — La fille de Sion; Jérusalem. Voy. 1, 8. — * L'agneau dominateur; ren- 
ferme une allusion à ce qui est raconté IV Rois, ur, 4. 

2. L'Arnon; fleuve qui bordait le pays de Moab à l'occident, — * Les filles de Moab; 
les habitants de Moab. 


[cu. xvi.] 


de ton ombre en plein midi; 
cache ceux qui fuient; et les 
errants, ne les trahis pas. 

4. Mes fugitifs habiteront chez 
toi; Moab, sois leurretraite contre 
le dévastateur; carla poussiere a 
trouvé sa fin, le misérable a été 
consumé ; il a défailli, celui qui 
foulait aux pieds la terre. 

ὃ. Et dans la miséricorde sera 
préparé un tróne, et il s'y assié- 
ra dans la vérité, dans le taber- 
nacle de David, un ro jugeant, 
et recherchant ce qui est juste, et 
rendant une prompte justice. 

6. Nous avons appris l'orgueil 
de Moab; ce peuple est très or- 
gueilleux; et son orgueil, et son 
arrogance, et sa fureur, sont plus 
grands que sa puissance. 

7. C'est pour cela que Moab 
hurlera à Moab; tous hurleront ; 
à ceux qui se réjouissent sur 
leurs murailles de briques cuites 
au feu, annoncez leurs plaies. 

8. Parce que les faubourgs 
d'Hésébon sont déserts, et que 


037. XVI, 6. Jérém., xzvirr, 29. 


ISAIE. 


1594 
les maitres des nations ont cou- 
péla vigne 66 Sabama ; ses jeunes 
branches sont parvenues jusqu'à 
Jazer; elles se sont répandues cà 
et là dans le désert; ses rejetons 
ont été laissés, ils ont passé au 
delà de la mer. 

9. A cause de cela, je pleure- 
rai du pleur de Jazer, la vigne 
de Sabama, je vous enivrerai de 
mes larmes, Hésébon et Eléalé, 
parce que sur votre vendange et 
sur votre moisson est tombée la 
voix de ceux qui /es ont foulées 
aux pieds. 

10. Et la joie et l'exultation se- 
ront enlevées du Carmel, et dans 
les vignes on n'exultera ni on ne 
jubilera; il ne foulera pas le vin 
dans le pressoir, celui qui avait 
coutume de /e fouler; j'ai óté la 
voix de ceux qui foulaient. 

11. A cause de cela, le fond de 
mon cœur retentira sur Moab, 
comme la harpe, et mes entrail- 
les sur le mur de briques cuites 
au feu. 


4. La poussière, etc.; le roi de Babylone. 

5. Un roi jugeant, etc.; Ezéchias; mais, selon plusieurs Pères, le Messie auquel 
en effet tout ce qui est dit ici convient beaucoup plus parfaitement qu'à ce prince. 
— Le tabernacle de David; c'est-à-dire la maison de David. C'est de la maison de David 
qu'est sorti le Messie. 

1. Moab, etc. Les Moabites d'une ville feront entendre leurs cris jusqu'aux Moa- 
bites d'une autre ville; ou bien, les Moabites vivants se désoleront au sujet de ceux 
qui seront morts; la particule hébraïque rendue dans la Vulgate par ad, signifiant : 
aussi au sujet de, touchant, sur (de). — Qui se réjouissent; se croyant en sûreté sur 
leurs fortifications. — Leurs plaies; les plaies dont ils seront frappés. — * Leurs mu 
railles de briques cuites, en hébreu : Kir-Haréseth, c'est-à-dire Kir-Moab, la capitale de 
Moab, aujourd'hui Kérak. 

8. Hésébon et Sabama ; deux villes de Moab célébres par leurs vignes. — Jazer; ville 
située vers la source du torrent du méme nom, au nord de Moab. — La mer ; probable- 
ment le lac de Jazer, auquel Jérémie (xrvir, 32) donne ce nom. — * Sur Jazer, voir 
aussi Nombres, xxi, 32. 

9. Je pleurerai, etc.; je mélerai mes pleurs à ceux de Jazer, pour pleurer, etc. — 
Eléalé ; ville voisine d'Hésébon. 

10. Carmel ; montagne de la Palestine, célèbre par sa fertilité, ct dont le nom a été 
employé pour signifier en général un lieu d'une fertilité extraordinaire. 

11. Sur le mur de briques; c'est-a- dire Kir-Moab, comme au verset T. 


n 


1592 
19. Εἰ il arrivera que, lorsque 


. Moab aura vu qu'il s'est fatigué 
sur ses hauts lieux, il entrera 


dans son sanctuaire afin de prier 
instamment, et qu'il ne pourra 
rien. 

13. C'est la parole qu'a dite 
le Seigneur à Moab ancienne- 
ment; 

14. Et maintenant le Seigneur 
a parlé, disant : Dans trois ans, 
comptés comme les années d'un 
mercenaire, la gloire de Moab 
sera enlevée avec tout son peuple 
nombreux; et il sera laissé petit 
et faible, et nullement nom- 
breux. 


CHAPITRE XVII. 


Ruine de Damas. Désolation de Samarie. 
Restes d'Israél convertis au Seigneur. 
Défaite de Sennachérib. 


1. Malheur accablant de Damas. 
Voilà que Damas cessera d'étre 
une cité, et elle sera un monceau 
de pierres en ruines. 

9. Les cités d'Aroér seront aban- 
données aux troupeaux, el ils s'y 
reposeront, etil n'y aura personne 
qui les effrayera. 

3. Et le soutien manquera à 


ISAIE. 


[cu. xvir.] 
Ephraim et le regne à Damas; 
et les restes de la Syrie seront 
comme la gloire des fils d'Israël, 
dit le Seigneur des armées. 

4. Et il arrivera en ce jour-là 
que la gloire de Jacob sera atté- 
nuée, et que la graisse de sa 
chair se desséchera. 

5. Et il sera comme celui qui 
ramasse dans la moisson ce qui 
est resté, et son bras recueillera 
des épis; et il sera comme celui 
qui cherche des épis dans la val- 
lée de Raphaim. 

6. Et il y sera laissé seulement 
comme une grappe de raisin, et 
comme, lorsqu'on secoue un oli- 
vier, son fruit restant sera de 
deux ou trois olives au sommet 
d'une branche, ou bien de quatre 
ou de cinq à ses cimes, dit le Sei- 
gneur Dieu d'Israél. 

7. En ce jour-là l'homme s'in- 
clinera vers son Créateur, et ses 
yeux regarderont du cóté du 
saint d'Israël. 

8. Et il ne s'inclinera pas du 
cóté des autels qu'ont faits ses 
mains; et 06 qu'ont façonné ses 
doigls, les bois sacrés et les tem- 
ples, il ne les regardera pas. 


—— M —— — M À——— M  ——— 


14. Dans trois ans. Ces trois ans se prennent de l'année de la mort d'Achaz (xtv, 28) 
et du commencement du règne d'Ezéchias, et finissent à la troisième année de ce 
prince. — Comptés, etc.; c'est-à-dire bien exactement, bien rigoureusement. Voy. la 
même expression, xxi, 16. 


1-11. * Prophétie contre Damas et la Syrie, et en même temps contre le royaume 
d'Israël avec qui la Syrie était alliée. 

1. Malheur accablant. Voy. זוא‎ 4. — Damas. Voy. vit, 8. 

2. Aroér; celle qui appartenait à la Syrie; car il y avait plusieurs villes de ce nom. 
— * Les cilés d'Aroér désignent probablement Aroér sur l'Arnon et Aroér de Gad, à 
l'est de Rabbath-Ammon. 

5. La vallée de Raphaim, au midi de Jérusalem, était très fertile. 

6. * On faisait la récolte des olives en secouant ou en battant les branches de l'oli- 
vier. Deuléron., xxiv, 20. 

8. * Les bois sacrés et les temples. En hébreu : les Aschérahs, c'est-à-dire les symboles 
de la déesse Aschérah, qui était figurée sous la forme d'un pieu, et les images du 
soleil, c'est-à-dire les représentations du dieu soleil, Baal-Khamman, qu'on plaçait sur 
les autels de Baal. IL Paral., ΧΧΧΙν, 4. 


]68. xvur.] 

9. En ce jour-là, ses cités les 
plus fortes seront abandonnées 
comme les charrues et les mois- 
sons qui furent abandonnées à la 
vue des fils d'Israël; et tu seras 
déserte. 

10. Parce que tu as oublié le 
Dieu ton sauveur, et que de ton 
puissant secours tu ne t'es pas 
souvenue ; c’est pour cela que tu 
planteras du bon plant, et que tu 
semeras une semence élrangere. 

11. Au jour de ta plantation 
c'était une vigne sauvage, et des 
le matin ta semence fleurira; la 
la moisson a été enlevée au jour 
de l'héritage, et tu en éprouveras 
une douleur grave. 

19. Malheur à la multitude de 
peuples nombreux; e//eest comme 
la multitude des flots d'une mer 
mugissante; et le tumulte des 
troupes, comme le bruit des gran- 
des eaux. 


ISAIE. 


1593 


13. Des peuples feront un bruit, 
comme le bruit des eaux qui dé- 
bordent, et il le menacera, et il 
fuira au loin; et il sera emporté 
comme la poussiere des mon- 
tagnes à la face du vent, et 
comme un iourbillon devant la 
tempéte. 

14. 1] sera au temps du soir, 
el voici 16 trouble, au £emps du 
malin, et ii n'existera plus, voilà 
la part de ceux qui nous ont dé- 
vastés, et le sort de ceux qui nous 
ont pillés. 


CHAPITRE XVIII. 


Malheur à l'Ethiopie, qui croit le Seigneur 
trop faible pour défendre la maison de 
Juda. Le peuple de Juda, délivré,viendra 
offrir des présents au Seigneur. 


1. Malheur à la terre qui reten- 
tit par la cymbale de ses ailes, 
qui est au delà des fleuves d'E- 
thiopie, 


9. Les cités les plus fortes; littér. Les cités de sa force; ce qui est un pur hébraisme. 
— Qui furent abandonnées par les Chananéens, à l'arrivée des Israélites. Compar. 
Josué, 11, 9; v, 1, 11, 12. — Tu seras déserte, à Samarie. 

11. De l'héritage; c'est-à-dire de la récolte. 

12-14. * Prophétie contre les Assyriens, annoncant la destruction de l'armée de 
Sennachérib. 1 

12. * La multitude de peuples nombreux. Les Assyriens enrólaient dans leurs armées 
des soldats tirés de tous les peuples qui étaient leurs tributaires. 

13. Il le menacera (increpabit eum); le pronom /e (eum) se rapporte au mot bruit 
(sonitus) qui précéde, selon les uns; mais plus probablement, selon les autres, à 
peuples (populi); car, outre que la suite autorise cette interprétation, on a pu re- 
marquer plus d'une fois que, daus les récits bibliques, le pronom qui devrait étre au 
pluriel se met au singulier, et signifie dans ce cas chacun. 

14. Il sera, 610. Chacun d'eux répandra le soir le trouble et 18 terreur, et 16 len- 
demain matin il n'existera plus. Compar. IV Rois, xix, 35, 36. — * La part; le sort, 
le jugement porté contre les Assyriens. 


1-1. * Prophétie sur l'Ethiopie. Le prophète se montre plein de sympathie pour ce 
pays qui est en guerre avec l'Assyrie, l'ennemi commun. 

1. Malheur, etc. Voy. xur, 1. On convient assez communément que cette prophétie 
regarde la terre de Chus ou d'Ethiopie, dont le roi Tharaca entreprit de secourir Jé- 
rusalem menacée par Sennachérib. — Par la cymbale (cymbalo); le terme hébreu 
signifie sistre, instrument fort commun chez les Egyptiens. — Ailes; c'est-à-dire 
armées, que les Hébreux et méme les Latins désignaient quelquefois par ce mot. 
Les Septante et le chaldéen l'ont entendu des ailes ou voiles des vaisseaux. — * Le 
mot traduit par cymbale est en hébreu : £selatsal, tintement, bruit, cymbale, sistre. 
Plusieurs commentateurs modernes y voient une allusion au ísaifsal, mouche trés 
commune en Ethiopie et trés dangereuse ainsi appelée chez les Gallas, et qui, chez 


1994 


2. Qui envoie des ambassadeurs 
sur la mer et sur des vaisseaux de 
papyrus. Allez, anges rapides, 
vers une nation arrachée et déchi- 
rée, vers un peuple terrible, apres 
lequel il n'en est pas d'autre 
aussi terrible; vers une nation 
qui attend et qui est foulée aux 
pieds, dont les fleuves ont rava- 
gé la terre. 

3. Vous tous habitants de l'uni- 
vers, qui demeurez sur la terre, 
lorsque l'étendard sera élevé sur 
les montagnes, vous /e verrez, 
et vous entendrez le bruit écla- 
tant de la trompette; 

4. Parce que voici ce que le 
Seigneur me dit : Je me tiendrai 
en repos, et je considérerai en 


ISAIE. 


(cu. xvui.] 


mon lieu comme la lumière de 
midi qui est claire, et comme un 
nuage de rosée au jour de la mois- 
son. 

5. Car avant la moisson il a 
fleuri tout entier, et son germe 
le plus avancé ne mürira pas, et 
ses petites branches seront cou- 
pées avec les faux, et ce qui aura 
été laissé sera retranché ou 
rejeté. 

6. Il sera en même temps 
abandonné aux oiseaux des mon- 
tagnes et aux bêtes de la terre ; 
et pendant tout l'été y seront les 
Oiseaux, et toutes les bétes de 
la terre y passeront l'hiver. 

7. En ce temps-là sera offert 
un présent au Seigneur des ar- 


d'autres peuplades, porte le nom de ésetsé. — Au delà des fleuves d'Ethiopie; non 
seulement l'Ethiopie proprement dite ou le royaume de Méroé, qui s'étendait depuis 
la frontiére méridionale de l'Egypte jusqu'à la jonction du Nil blanc et du Nil bleu, 
mais le pays au delà de ces fleuves. 

2, Papyrus; sorte de roseau ou de jonc dont étaient faites les barques des Egyp- 
tiens. — Anges (angeli); envoyés, messagers. — * Les barques de papyrus étaient 
particulièrement appropriées à la navigation du haut Nil. On pouvait les porter à 
dos d'homme grâce à leur légèreté, quand c'était nécessaire, comme pour franchir 
les cataractes, et on les regardait comme une des choses caractéristiques du pays. — 
Sur la mer; désigne le Nil (comme xix, 5). Ce fleuve est appelé encore aujourd'hui 
el-Bhar, la mer, de méme qu'en sanscrit l'Indus est nommé aussi Sindhu ou la mer. 
— Le roi d'Ethiopie, averti de la marche des Assyriens, envoie des messagers porter 
rapidement ses ordres et rassembler des troupes. — Vers un peuple terrible; allu- 
sion aux grandes victoires remportées par le chef du peuple éthiopien, Sabacon. — 
Dont les fleuves ont ravagé la terre. La Nubie, qui est un pays montagneux, est cou- 
verte de rivières et de torrents. 

4. Je me tiendrai, etc. Au milieu de tous les mouvements des ennemis, je consi- 
dérerai tranquillement leurs efforts, et je serai pour mon peuple comme est la lu- 
miére brillante en plein midi, et comme est un nuage, etc. — * Comme un nuage de 
rosée. En hébreu, tal. Ce mot, en hébreu comme en arabe, désigne « un brouillard 
considérable qui répand une petite pluie invisible; il se léve vers le milieu de la 
nuit, pendant la saison chaude, lorsque souffle le vent d'ouest ou de nord-ouest, et 
il apporte un grand rafraîchissement à tous les êtres organiques. » (NriL, Palestine 
explored, p. 136.) — Au jour de la moisson. Il ne s'agit pas, au moins dans le verset 
suivant, de la récolte des blés, mais de celle des raisins, de la vendange, comme le 
prouve le texte hébreu. La vendange se fait en aoüt ou septembre. 

9. Car avant la moisson, etc. Ce qui est dit dans ce verset et le suivant s'explique 
trés bien de Sennachérib et de son armée. Lorsque les froments et la vigne étaient 
hors de fleurs et prés de mürir, on est venu couper les grains et faire la vendange 
sans leur donner le temps de parvenir à maturité. C'est ainsi que le roi d'Assyrie. 
était sur le point de se rendre maitre de la Judée, lorsque le Seigneur a tranché 
tout d'un coup ses espérances. 

T, En ce lemps-là ; peut s'entendre aussi du temps de Jésus-Christ, dans lequel le 


(cu, xix.] 
mées, par un peuple arraché et 
déchiré, par un peuple terrible, 
apres lequel il n'en fut pas 
d'autre aussi terrible; par une 
nalion qui attend, qui attend , et 
qui est foulée aux pieds, dont les 
fleuves ont ravagé la terre; of- 
fert dans le lieu du nom du Sei- 
gneur des armées, la montagne 
de Sion. 


ἢ 


CHAPITRE XIX. 


Maux dont leSeigneur accablera l'Egypte. 


ISAIE. 


1595 
et le cœur de l'Egypte se fondra 
au milieu d'elle. 

2. Et je ferai courir des Egyp- 
tiens contre des Egyptiens; et un 
homme combattra contre son frè- 
re, et un homme contre un ami, 
une cité contre une cité, un 
royaume contre un royaume. 

3. Et l'esprit de l'Egypte sera 
déchiré dans ses entrailles, et je 
détruirai son conseil; et ils in- 
terrogeront leurs simulacres, et 
leurs devins, et les pythoniens 
et les magiciens. 


Autel dédié au Seigneur dans ce pays. 
L'Egypte menacée et délivrée. Les 
Egyptiens et les Assyriens unis dans 
le culte du Seigneur. Les Israélites se 
joignent à eux. 


1. Malheur accablant de l'E- 
gypte. Voici que le Seigneur 
montera sur un nuage léger, 
et qu'il entrera dans l'Egypte, 
et que seront ébranlés les simu- 
lacres de l'Egypte devant sa face, 


4. Et je livrerai l'Egypte à la 
main de maîtres cruels, et un 
roi puissant les dominera, dit le 
Seigneur Dieu des armées. 

9. Et l'eau disparaîtra de la 
mer, et le fleuve sera détruit et 
desséché. 

6. Et les rivières tariront, et 
les ruisseaux, retenus par des 
digues, diminueront et seront 


prophéte se transporte si souvent en esprit. — Par un peuple, etc.; les Egyptiens, 
désignés au vers. 2 par les mémes termes, et qui en effet envoyérent au temple de 
Jérusalem des offrandes, persuadés que c'était par l'effet de la puissance du Dieu 
d'Israél que l'armée de Sennachérib avait été détruite en une seule nuit. Compar. 
xix, 18 et suiv.; II Paralip., xxxu, 23, 24. — Le lieu du nom; «c'est-à-dire le lieu où 
est invoqué ]e nom. 


1-25. * Prophétie contre l'Egypte. Elle se divise en deux parties : 19 tableau du 
chátiment qui menace l'Egypte; 29 résultats de ce chátiment, conversion de l'Egypte. 

1. Malheur, etc. Voy. xii, 1. Plusieurs anciens ont expliqué toute cette prophétie 
du temps de Jésus-Christ; et cette explication se soutient assez bien, méme à la 
lettre; mais la plupart des nouveaux interprétes l'entendent des guerres des Assy- 
riens ou des Chaldéens contre l'Egypte. — * Les simulacres ; les idoles étaient extré- 
mement nombreuses en Egypte. 

2. Un royaume; selon les Septante, un nome; nom qu'on donnait aux cantons ou 
aux provinces dont se composait l'Egypte. — * L'Egypte était alors trés divisée et 
morcelée en une vingtaine de petits états, comme nous l'apprend l'inscription égyp- 
tienne de Piankhi, de sorte que, comme le dit Isaie, c'était partout la guerre civile. 

3. L'esprit de sagesse, que l'Egypte prétend avoir, s'anéantira en elle. — * « Les 
Egyptiens, dit Hérodote, passent pour les plus sages des hommes. » 

4. * Un roi puissant; le roi d'Assyrie qui conquit l'Egypte, probablement Assaradon, 
qui s'en empara en 672 et la divisa en vingt petits royaumes tributaires. 

5-6. * L'eau disparaîtra de la mer; du Nil. Voir xvii, 2. La disparition des eaux du 
Nil est la mort de la végétation et la ruine de l'Egypte. Un des effets des guerres 
civiles, c'était de négliger l'entretien des digues et des canaux du Nil, ce qui empé- 
chait d'arroser convenablement les terres. Or toute terre qui, en Egypte, n'est pas 
arrosée, est stérile, 


1596 


desséchés. Le roseau et le jonc 
se flétriront; 

7. Le lit du ruisseau sera mis 
à nu à sa source même, et l'eau 
dont on arrosait toute semence 
desséchera, deviendra aride, et 
ne sera plus. 

8. Et les pécheurs s'affligeront, 
et tous ceux qui jettent l'hame- 
con dans le fleuve pleureront, et 
ceux qui tendent le filet sur la 
surface des eaux dépériront. 

9. Ils seront confondus, ceux 
qui travaillaient 16 lin, qui 6 car- 
daient et en faisaient de fins 
lissus. 

10. Et ses lieux arrosés d'eau 
se dessécheront, de même tous 
ceux qui faisaient des fosses pour 
prendre des poissons. 

11. 115 sont atteints de folie, 
les princes de Tanis, les sages 
conseillers de Pharaon ont don- 
né un conseil insensé. Comment 
direz-vous à Pharaon : Je suis 


ISAIE. 


[cu. xix.] 


fils des sages, fils des anciens 
rois? 

19. Oü sont maintenant tes 
sages? Qu'ils t'annoncent, qu'ils 
apprennent ce qu'a résolu le Sei- 
gneur des armées, touchant l'E- 
gypte. 

13. 115 sont devenus fous, les 
princes de Tanis; ils se sont 
amoindris, les princes de Mem- 
phis, ils ont séduit l'Egypte, sou- 
tien de ses peuples. 

14. Le Seigneur ἃ répandu au 
milieu d'elle un esprit de ver- 
tige, et ils ont fait errer l'Egypte 
dans toutes ses œuvres, comme 
erre l’homme ivre et qui vomit. 

15. Et il n'y aura pour l'Egypte 
rien à faire à la téte et àla queue, 
à celui qui plie et à celui qui re- 
frene. 

16. Et ce jour-là, les Egyptiens 
seront comme des femmes, et 
ils s'étonneront, et ils craindront 
à la vue de la commotion que la 


8. * Le poisson abonde dans le Nil, et les anciens Egyptiens péchaient beaucoup 
avec l'hamegon et avec Le filet. 

9. * Le lin était une des principales cultures de l'Egypte, où l'on en faisait une 
grande consommation. Les prétres égyptiens ne se revétaient que de lin, et l'on en- 
veloppait les momies dans des étoffes de lin. 

11-15. * Folie des princes de l'Egypte qui accélére les maux qui les menacent. 

11. * Tanis; aujourd'hui San, dans le Delta, sur un des bras du Nil auquel elle 
donnait son nom, l'une des villes les plus importantes de la Basse-Egypte et l'une 
des résidences royales. 

13. Soulien ; littér. angle (angulum). C'est à l'angle que se trouve la première pierre 
fondamentale d'un bátiment. — * Memphis, capitale de l'Egypte, était située au 
nord du Caire, prés du désert, non loin des pyramides de Saqqarah. 

15. Il n'y aura; littér, il ne sera pas à l'Egypte d'ouvrage qu'elle fasse : téle et 
queue, etc.; c'est-à-dire que l'Egypte n'aura aucun pouvoir, aucune autorité ni sur 
les grands ni sur les petits, etc. — La téte, la queue, celui qui plie et celui quirefrène. 
Ces mots, qu'on a déjà vus (1x, 14), sont ici à l'accusatif par hébraisme, comme étant 
des expressions adverbiales. 

16-25. * L'Egypte, aprés avoir subi la vengeance divine, se convertira au Seigneur 
et jouira, comme l'Assyrie, de privilèges égaux à ceux d'Israël. Cette partie de la 
prophétie se divise en cinq alinéas commençant tous par ces mols : En ce jour-là, 
16, 18, 19, 23 et 24. 

16. Les Egypliens; littér. l'Egypte, qui se prend aussi pour les habitauts dans 
ce méme sens, puisque ces verbes sont au pluriel. — Sur eux; littér. sur elle; le 
pronom se rapportant grammaticalement au nom Egypte ) Ægyplus), féminin sin- 
gulier. 


(ci. xix.] 


main du Seigneur des armées 
lui-méme produira sur eux. 

11. Et la terre de Juda sera à 
l'Egypte en effroi ; quiconque s'en 
souviendra sera effrayé à la vue 
du dessein que le Seigneur des 
armées lui-méme a formé contre 
elle. 

18. En ce jour-là, il y aura cinq 
cités dans la terre d'Egypte qui 
parleront la langue de Chanaan, 
et qui jureront par le Seigneur 
des armées; l'une sera appelée 
la cité du soleil. 

19. En ce jour-là, il y aura un 
autel du Seigneur au milieu de 
la terre d'Egypte, et un monu- 
ment au Seigneur près de sa 
frontiere. 

90. Ce sera en signe et en té- 
moignage au Seigneur des ar- 
mées dans la terre d'Egypte. Car 
ils crieront vers le Seigneur à la 
vue de l'oppresseur, 6111 leur en- 
verra un sauveur et un défenseur, 
qui les délivrera. 


ISAÏE. 


1597 


91. Et le Seigneur sera connu 
de l'Egypte, et les Egyptiens en 
ce jour-là connaitront le Sei- 
gneur; et ils l'honoreront par des 
hosties et par des offrandes; et 
ils voueront des vœux et ils les 
acquitteront. 

22. Et le Seigneur frappera l'E- 
gypte d'une plaie, et il la guérira; 
et il s'apaisera pour eux et il les 
guérira. 

23. En ce jour-là, il y aura une 
voie de l'Egypte chez les As- 
syriens, et l'Assyrien entrera 
dans l'Egypte, et l'Egyptien chez 
les Assyriens, et les Egyptiens 
serviront Assur. 

24. En ce jour-là, Israël sera 
réuni comme troisième à l'Egyp- 
tien et à l'Assyrien; la bénédic- 
tion sera au milieu de la terre, 

25. Qu'a bénie le Seigneur des 
armées, disant : Béni soit mon 
peuple d'Egypte, et l'ouvrage de 
mes mains se fera par l'Assyrien, 
mais mon héritage est Israél. 


11. Contre elle; contre l'Egvpte. 


18. La langue de Chanaan; c'est la langue hébraïque. — La cité du soleil ; ou Ilé- 
liopolis, était située entre le Nil et la mer Rouge, mais plus prés du Nil. — *Onias IV, 
vers 160, éleva un temple semblable à celuide Jérusalem à Léontopolis, dans le nome 
d'Héliopolis, à l'endroit appelé aujourd'hui Tell el-Yahoudi, non loin de Zagazig et 
il s'appuya sur le verset d'Isaie pour justifier son entreprise. Ce temple fut fermé 
par Vespasien en 72 de notre ére. — Les cing cités peuvent étre Héliopolis, Memphis, 
Bubaste, Tanis et Alexandrie, où il y eut beaucoup de chrétiens. 

19. * Un monumení; une sorte d'obélisque, une colonne analogue aux deux colonnes 
que Salomon avait placées devant le temple de Jérusalem. — Près de sa frontière. 
Tell el-Yahoudi n'est pas loin du désert. 

21. * Les Egypliens connaitront le Seigneur. Le christianisme fut trés florissant en 
Egypte pendant les premiers siécles. Alexandrie joua un róle important dans la 
défense et la propagation de la religion chrétienne; la vie monaeale fleurit avec le 
plus grand éclat dans la Haute-Egypte. 

23. * Ce verset annonce la conversion de l'Egypte et de l'Assyrie à la vraie foi. — 
ll y aura une voie qui servira pour les rapports commerciaux, ce qui indique des 
relations pacifiques qui uniront les deux peuples, au lieu de l'état de guerre qui exis- 
tait du temps d'Isaie. Cette voie passera par la terre de Chanaan. 

24. * Israël sera troisième ; fera partie de l'alliance entre l'Egypte et l'Assyrie comme 
confédéré, et les trois peuples serviront le vrai Dieu. 

25. Et l'ouvrage, etc.; c'est-à-dire je me servirai du peuple assyrien comme d'un 
instrument pour agir, pour accomplir mes desseins. C'est la seule traduction compa- 
tible avec la Vulgate; le commun des versions porte : L'Assyrien est l'ouvrage de mes 


1598 


CHAPITRE XX. 
Captivité des Egyptiens et des Ethiopiens. 


1. En lannée que Tharthan 
entra dans Azot, lorsque Sargon 
roi des Assyriens l'eut envoyé, 
et qu'il eut combattu Azot, et l'eut 
prise; 


ISAIE. 


(eut. xx. 

2. En ce temps-là, le Seigneur 

parla par la main d'Isaie, fils 

d'Amos, disant : Va, óte ton sac 

de tes reins, óte ta chaussure de 

tes pieds. Et il fit ainsi, allant nu 
et déchaussé. 

3. Et le Seigneur dit : Comme 

a marché mon serviteur Isaie, nu 

et déchaussé, et comme il sera 


mains, el Israël mon partage. Plusieurs considèrent l’Assyrien et Israël comme sujets 
de l'attribut béni soit; mais 16 latin Assyrio, n'étant pas au nominatif, s'oppose for- 
mellement à cette interprétation aussi bien qu'à la précédente. De plus, l'expression 
mais mon héritage, Israël (hereditas autem Israel) forme une nouvelle difficulté. Tou- 
tefois, il faut le reconnaitre, l'hébreu est susceptible de ces deux explications; la 
derniére est la seule conforme aux Septante. 


1-6. * Seconde prophétie contre l'Egypte. Isaie, sous les habits d'un captif, c'est-à- 
dire déchaussé et sans son vétement de dessus, prédit le sort réservé aux Egyptiens 
et aux Ethiopiens. Nous avons donc ici une prophétie symbolique. L'Egypte et l'Ethio- 
pie sont unies ensemble dans cet oracle, parce que c'était une dynastie d'origine 
éthiopienne qui régnait alors en Egypte. Les rois d'Assyrie accomplirent ces oracles. 
Asaraddon, dans l'expédition qu'il fit en Egypte en 614, s'empara de Memphis et de 
Thébes, de la femme du Pharaon Tharaka, d'un grand nombre de ses parents et de 
ses officiers. Le fils d'Asaraddon, Assurbanipal, entreprit plusieurs campagues contre 
l'Egypte, en personne ou par ses généraux. Pendant la guerre qu'il fit contre le roi 
d'Ethiopie, Urdaman, qui était devenu maitre de la vallée du Nil, le roi de Ninive 
livra la ville de Thébes au pillage et y fit captifs une multitude d'Egyptiens, hommes 
et femmes. 

1. Tharthan. Voy. IV Rois, xvi, 17. — 420/; une des cinq principales villes des 
Philistins. — * Tharthan n'est pas un nom propre, mais un titre de dignité équivalant 
à général ou chef d'armée. — Sargon, voi des Assyriens, fut le fondateur de la der- 
nière dynastie qui régna à Ninive. Il succéda à Salmanasar en 722 ou 121 et acheva 
le siège de Samarie, dont la chute entraîna la ‘ruine complète du royaume d'Israël. 
En 120, il avait battu le roi d'Egypte et d'Ethiopie, Schabak, qui arrivait trop tard au 
secours des Israélites, mais qui voulait du moins sauver Hannon, roi de Gaza, son 
allié. L'armée assyrienne déüt les armées égyptienne et philistine à Raphia, à 
l'entrée du désert. Schabak fut probablement obligé de se reconnaitre tributaire de 
Sargon. A sa mort, en 112, il eut pour successeur sur le trône d'Egypte son fils 
Schabatok, et sur celui d'Ethiopie, Tahrakya, qui parait avoir été son neveu. C'est en 
111 qu'eut lieu la campagne contre Azot, mentionnée par Isaie. Les Philistins avaient 
secoué le joug de l'Assyrie. Sargon, aprés la bataille de Raphia, avait déposé le roi 
d'Azot, Azuri, et mis à sa place le frére de ce dernier, Akhimit. Mais quand le roi de 
Ninive se fut éloigné, le parti égyptien, qui était le plus fort, renversa Akhimit et 
donna le pouvoir à Yavan. Les autres peuples voisins de la Palestine et Juda lui- 
méme avaient pris part à ces mouvements, comme nous l'apprennent les inscriptions 
de Sargon. La campagne dont parle 15816 avait pour but de châtier cette rébellion, 
faite vraisemblablement avec l'appui de l'Egypte. Aprés la prise d'Azot, Schabatok 
s'empressa d'envoyer une ambassade aux Assyriens pour reconnaitre leur suprématie. 
Sargon mourut six ans aprés, en 105, laissant le royaume d'Assyrie à son fils Senna- 
chérib. 

2. Par la main; hébraisme, pour par le moyen, par l'intermédiaire. — Nu; non 
point d'une nudité compléte, mais comme le dit formellement le texte, seulement 
dépouillé du sac (vêtement de dessus) que l'on portait dans le deuil, et de sa chaus- 
sure. Chez les Grecs et les Latins eux-mêmes, le mot nu signifiait souvent vétu à la 
légère, ou n'ayant pas de manteau. 

3. De trois années de malheurs qui pèserout sur l'Egypte ct l'Ethiopie. 


CH. ix. 


un signe de trois années et un 
présage pour l'Egypte et pour 
l'Ethiopie ; 

4. Ainsi le roi des Assyriens 
emmenera la captivité de l'E- 
gypte, et la transmigration de 
lEthiopie, composées de jeunes 
hommes et de vieillards, nus et 
déchaussés, ce qui doit étre caché 
dans le corps ayant été découvert 
pour l'ignominie de l'Egypte. 

ὃ. Et ils craindront, et ils seront 
confondus par l'Ethiopie dansleur 
espoir, et par l'Egypte dans leur 
gloire. 

6. Et il dira, l'habitant de cette 
ile en ce jour-là : Voilà, c'était 


ISAÏE. 


1599 
desquels nous avons cherché du 
secours, afin qu'ils nous délivras- 
sent de la face du roi des As- 
syriens; et comment pourrons- 
nous échapper, nous? 


CHAPITRE XXI 


Ruine de Babylone. Nuit qui menace 
l'Idumée. Malheurs qui doivent tomber 
sur l'Arabie. 


1. Malheur accablant du désert 
de la mer. Comme des tourbil- 
lons viennent de l'Africus, il vient 
du désert, d'une terre affreuse. 

2. Une vision pénible m'a été 
annoncée ; celui qui est incrédule 
agit infidèlement; et celui qui 


notre espérance, ceux auprès | dépeuple, dévaste. Monte, Elam; 


4. Nus et déchaussés; littér. nue et déchaussée (nudam et discalceatam), au singu- 
lier, quoique se rapportant à caplivilé aussi bien qu'à h'ansmigration. C'est encore un 
hébraisme en vertu duquel, lorsqu'un attribut a deux sujets partiels, il peut con- 
corder avec le plus voisin. — * Les troupes de Sargon purent emmener des captifs 
égyptiens en Assyrie, mais Asaraddon surtout, son petit-fils, et Assurbanipal, son 
arrière petit-fils, emmenérent en captivité un grand nombre de jeunes hommes et de 
vieillards pris en Egypte. 

5. Ils seront confondus, etc.; c'est-à-dire frustrés du secours qu'ils attendaient de 
l'Ethiopie, et de la gloire qu'ils espéraient recueillir par leur alliance avec l'Egypte. 
6. Ile; le terme hébreu signifie proprement contrée éloignée, lointaine, et aussi voi- 
sine de la mer. Ainsi i! s'agit ici des habitants des contrées maritimes dela Palestine. 


1-10. * Prophétie contre Babylone. Elle porte un titre un peu énigmatique, dans 
lequel Babylone est appelée désert de la mer. Babylone fut assiégée trois fois pendant 
la vie d'Isaie, en 710 par Sargon, en 103 et en 691 par son fils Sennachérib. Mais le 
siège de Babylone qu'annonce la prophétie, et la dévastation qui en est la suite, sont 
postérieurs, car au temps de Sargon et de Sennachérib, ce ne furent point les Ela- 
mites et les Perses qui s'emparerent de la ville; la prédiction ne s'accomplit que 
longtemps aprés la mort d'Isaie, quand Cyrus se rendit maitre de cette fameuse cité, 
Les détails que nous ont transmis les auteurs anciens sur la prise de Babylone par 
ce prince sont en parfait accord avec ce que nous lisons ici. 

1. Malheur accablant. Voy. x, 1. — Désert de la mer; c'est-à-dire Babylone, ainsi 
appelée, soit à cause de sa position sur l'Euphrate, et des lacs qui étaient dans son 
désert ou sa campagne, soit, comme dit saint Jéróme, à cause de l'état οὐ elle devait 
être réduite un jour. Compar. xui, 4, et Jérémie, τα, 36, 41. — 11 vient; c'est-à-dire 
l'ennemi. — D'une terre affreuse; la Médie et la Perse, pays affreux, en effet, en com- 
paraison de Babylone. — * Comme des lourbillons viennent de l'Africus, en hébreu, 
du Négeb, au sud de Juda, ainsi appelé à cause de son aridité et de sa sécheresse. 
Les tempétes sont terribles en Babylonie et en Susiane : « On peut les voir, dit 
Layard, quand elles viennent du désert, portant avec elles des nuages de sable et de 
poussière. L'obscurité devient presque complète. » Les tempêtes du sud de la Pales- 
tine sont du méme genre. Voir Zacharie, ix, 14; Osée, xiu, 15; Jérémie, 1v, 11; xui, 
2^; Job, τ, 19; xxxvii, 9. 

2. Elam; la Perse, représente ici Cyrus, qui en était; elle est ainsi nommée, parce 
qu'elle fut habitée par les descendants d'Elam, fils de Sem. — Méde; Darius, roi des 


1600 
Mède, assiége; j'ai fait cesser tous 
ses gémissements. 

3. A cause de cela mes reins 
sont remplis de douleur; lan- 
goisse s'est emparée de moi 
comme langoisse d'une femme 
en travail; je suis tombé, lorsque 
j'ai entendu, j'ai été tout troublé, 
lorsque j'ai vu. 

4. Mon cœur s'est flétri; des 
ténebres m'ont frappé de stu- 
peur; Babylone que je chérissais 
m'est devenue un sujet d'éton- 
nement. 

5. Dresse la table; contemple 
dans une guérite ceux qui man- 
gent et qui boivent : levez-vous, 
princes, saisissez le bouclier. 

6. Car voici ce que m'a dit le 
Seigneur : Va, et place une sen- 
tinelle; et tout ce qu'elle aura 
vu, qu'elle l'annonce. 

7. Et elle vit un chariot conduit 
par deux cavaliers. 7702 qui mon- 
tait un àne, et /'autre qui montait 


₪ 


(cu. xxr.] 


un chameau; et elle considéra 
soigneusement d'un œil tres at- 
tentif. | 

8. Et elle cria comme un lion : 
Je suis dans la guérite du Sei- 
gneur, m'y tenant continuelle- 
ment pendant le jour, et je fais 
ma garde, »v/y tenant les nuits 
entières. 

9. Voici que vientcethomme qui 
monte le chariot aux deux mon- 
tures des cavaliers ; et il répondit 
et dit : Elle est tombée, elle est 
tombée, Babylone, et toutes les 
images de ses dieux, taillées au 
ciseau, ont été brisées contre 
terre. 

10. Mon battage, et vous, fils 
de mon aire. ce que j'ai oui du 
Seigneur des armées, Dieu d'Is- 
raël, je vous l'ai annoncé. 

11. Malheur accablant de Duma. 
Il me crie de Séir : Garde, qu’an- 
nonces-tu de la nuit? garde, 
qu'annonces-tu de la nuit? 


Cuap. XXI. 8. Habacuc, 11, 1. — 9. Jérém., Lr, 8; Apoc., xiv, 8. 


————————————M— ——a 


Médes. — Ses gémissements; les gémissements de Babylone; hébraisme, pour /es 
gémissements qu'elle faisait faire, dont elle était la cause. En hébreu, les pronoms 
possessifs se prennent en effet indifféremment dans un sens actif et passif; ainsi, par 
exemple, ma blessure peut signifier ou /a blessure que j'ai faite à quelqu'un, ou la 
blessure qu'on m'a faite. 

3. A cause de cela, etc. Le prophéte, dans tout ce chapitre, se montre ému de com- 
passion pour Babylone; d'autant que dans le temps oü il parlait, elle était amie et 
alliée d'Ezéchias, et qu'elle n'avait pas encore opprimé les Hébreux. Mais il prédit 
tout à la fois et ses crimes et le châtiment qui les suivra. 

5. Dresse la table. C'est probablement une allusion au festin de Baltassar. Voy. 
Daniel, v. 

1. Par deux cavaliers, etc. Ces deux cavaliers représentaient les Médes et les Perses. 
Ces derniers se servaient trés avantageusement des chameaux dans les combats; ils 
ont aussi quelquefois employé les ànes, qui étaient exclusivement en usage chez les 
Caramaniens, peuple assujetti aux Perses. 

9. Cet homme, etc.; un des deux cavaliers dont il est question au vers. 7. — Il 
répondit ; le méme homme; ce qui suppose une interrogation sous-entendue; ou bien, 
ce que nous préférons, i/ éleva la voix, il paria, comme porte le verbe hébreu que la 
Vulgate elle-même a rendu ailleurs (Deutéron., xxvi, 5) par parler (loqueris). Compar. 
Jsaie, xiv, 10. — * Les images des dieux étaient innombrables à Babylone. 

10. Fils de mon aire; hébraisme, pour grains que l'on bat dans mon aire. 

11-12. * Prophétie contre Duma. C'est la réponse à une question que font au pro- 
phète les habitants de Duma, effrayés par les invasions assyriennes. On ne connait 
pas de ville de Duma en Idumée. Les géographes arabes nomment plusieurs villes 


(cn. xxn.] 

12. Le garde dit : Le matin est 
venu, et la nuit; si vous cherchez, 
cherchez; convertissez-vous, ve- 
nez. 

13. Malheur accablant dans 
lArabie. Dans le bois, le soir, 
vous dormirez, dans les sentiers 
de Dédanim. 

14. Venant au-devant de celui 
qui a soif, portez de l'eau, vous 
qui habitez la terre du midi, avec 
des pains venez au-devant de 
celui qui fuit. 

15. Car à la face des glaives ils 
ont fui, à la face du glaive sus- 
pendu, à la face de l'arc bandé, à 
la face d'un grave combat : 


ISAIE. 


1601 


16. Parce que voici ce que me 
dit le Seigneur : Encore une an- 
née comptée comme l'année d'un 
mercenaire, et toute gloire de 
Cédar sera enlevée. 

11. Et le reste du nombre des 
forts archers de Cédar seront 
diminués; car le Seigneur Dieu 
d'Israël ἃ parlé. 


CHAPITRE XXII. 


Siège de Jérusalem par les Assyriens. 
Sobna destitué de son office, et rem- 
placé par Eliacim., 


1. Malheur accablant de la val- 
lée de Vision. Qu'as-tu donc, toi 


de ce nom, mais aucune n'est iduméenne. Duma est peut-étre ici un nom mystérieux 
qui rappelle simplement celui d'Edom et qui est choisi par le prophète, parce qu'il 
siznifie silence et annonce ainsi en quelque sorte la désolation qui est réservée à 
l'Idumée. Du temps de Seunachérib, les Iduméens furent tributaires de l'Assyrie. 

11. Malheur accablant. Voy. xut, 4. * Qv'annonces-tu de la nuit? Quelle heure est- 
ce de la nuit? La première, la seconde ou la troisième veille? 

12. * Le malin est venu, etc. Réponse obscure et énigmatique, dans le style sans 
doute des sages de l’Idumée. Elle signifie probablement : Le malin est venu, mais 
la nuit, le malheur, viendra aussi; le jour, la paix, ne durera pas toujours; si vous 
cherchez donc ce que vous devez faire, convertissez-vous pour prévenir ces cala- 
mités. 

13-16. * Prophétie contre l'Arabie. La guerre avait déjà porté ses ravages dans la 
puissante tribu des Dédanim, qui faisait un commerce considérable, Ezéchiel, xxvi, 
15, 20. Isaie annonce que, dans un an, les autres tribus arabes seront également 
ravagées. Sargon raconte, dans ses inscriptions, que Samsiéh, reine des Arabes, 
s'assujettit à lui payer tribut. Sennachérib se glorifie aussi d'avoir soumis les tribus 
arabes. 

13. Dans l'Arabie. Les montagnes d'Arabie confinaient 8 l’Idumée. — Dédanim était 
une région de l'Idumée, et la même que Dédan dont parle Jérémie (xurx, 8). — * Dans 
les sentiers de Dédanim. Le texte original : vous, caravanes des Dédanim, qui vous 
livrez au commerce, vous dormirez dans le bois, oü, quittant les routes battues, 
vous avez été obligées de vous réfugier pour échapper aux ennemis. 

14. La terre du midi; l'Idumée, située au midi de l'Arabie. — * Au lieu de /a terre 
du midi, l'hébreu porte Théma. Voir Job, vi, 19; Jérémie, xxv, 3. Cette tribu habitait 
à l'est du Hauran. Il y a encore aujourd'hui, sur la route de Palmyre à Pétra, une 
station appelée Taima. 

16. Comptée comme l'année d'un mercenaire. Voy. xvi, 44. — Cédar; pays situé 
dans l'Arabie-Pétrée. 


1-14. * Prophétie contre Jérusalem, qui est appelée vallée, comme dans Jérémie, xxi, 
13, parce qu'elle a autour d'elle des montagnes plus élevées et parce qu'une partie 
importante de la Jérusalem d'alors était bâtie sur les flancs du mont Sion, dans la vallée ἡ 
de Ben-Hinnom. C'est la vallée de Vision, parce que c'est là que Dieu favorise ses 
prophétes de visions. — Cette prophétie date probablement du temps de Sargon, 
lorsque le peuple, sachant que le pharaon d'Egypte venait combattre le roi d'Assyrie, 
se laissait aller à une folle confiance. Le ton de l'oracle est tout à fait sombre, il n'y 


^ ena 101 


1602 
aussi, que tu es montée tout en- 
tiere sur les toits? 

9. Pleine de clameur, ville 
nombreuse, cité exultante, ceux 
qui t'ont été tués ne sont pas des 
tués par 16 glaive, ni des morts à 
la guerre. 

3. Tous les princes ont fui en- 
semble, et ont été durement at- 
tachés; tousceux qui ontété trou- 
vés, ont été garrottés pareille- 
ment; cependant ils ont fui bien 
loin. 

4. À cause de cela j'ai dit : Re- 
tirez-vous de moi, je pleurerai 
amerement; ne cherchez pas à 
me consoler sur la dévastation 
de la fille de mon peuple. 

5. Car c'est un jour de tuerie, 
de foulement aux pieds et de 
pleurs, jour venant du Seigneur 
Dieu des armées dans la vallée 
de Vision, examinant le mur, et 
fier sur la montagne. 

6. Et Elam ἃ pris un carquois, 
le chariot du cavalier, le bouclier 
a laissé la muraille nue. 

7. Et les meilleures vallées se- 


ISAIE. 


(en. xxu.) 
ront remplies de quadriges, et 
les cavaliers mettront le siege 
devant les portes. 

8. Et ce qui couvrait Juda sera 
ôté, et tu verras en ce jour- 
là l'arsenal de la maison de la 
forét. 

9. Et vous verrez que les bre- 
ches de la cité de David ont été 
multipliées, et vous avez rassem- 
blé les eaux de la piscine infé- 
rieure, 

10. Et vous avez fait le dénom- 
brement des maisons de Jérusa- 
lem, et vous avez détruit les 
maisons pour fortifier le mur. 

11. Et vous avez 1811 un réservoir 
entre les deux murs, près de l’eau 
de la piscine ancienne, et vous 
n'avez pas levé les yeux vers celui 
qui l'avait faite, et vous n'avez 
pas vu méme de loin celui qui l'a 
construite. 

19. Et le Seigneur Dieu des ar- 
mées vous appellera en ce jour-là 
au pleur, au gémissement, à raser 
vos cheveux, et à vous ceindre 
d'un sac; 


brille pas un seul rayon d'espérance; c'est le contraire de ce qui se passa lors de 


l'invasion de Sennachérib. 


1. Malheur accablant. ΝΟΥ. xui, 1. — Tu es montée, etc. On montait sur les plate- 
formes des maisons pour y pleurer dans les calamités publiques 

3. Qui ont été trouvés: atteints par l'ennemi. 

4. La fille de mon peuple; Jérusalem. Voy. r, 8. 


5. Examinant, fier; grammaticalement, et par une sorte de figure, ces mots se rat- 
tachent à Jour, dont ils sont des attributs; cependant il est plus naturel de les rap- 
porter au mot ennemi sous-entendu dans ce passage comme dans bien d'autres; où 
ἢ] s'agit de pareils récits. 

6. Elam; la Perse. Voy. xxi, 2. — À laissé la muraille nue (parietem nudavit); c'est- 
à-dire il en a été détaché. ᾿ 

8. Ce qui couvrait Juda; son avant-mur, ses fortifications. — L’arsenal, etc. Salo- 
mon bátit dans son palais un arsenal surnommé /a maison de la forét du Liban, ou 
simplement /a maison du Liban. Compar. 111 Rois, vir. 

9. Et vous avez rassemblé, etc. Voy. 11 Paralip.. xxxi, 4. — * La piscine inférieure; 
probablement la piscine de Siloé. Voir note sur Jean, 1x, 11. 

11. Et vous avez fail, etc. Voir IV Rois, xx, 20; IL Paralip., xxxi, 30. — * Entre les 
deux murs; celui d'Ophel à l'est, et celui de la haute tour à l'ouest, où la vallée du 
l'yropæon est très étroite. — La piscine ancienne. Près de la piscine inférieure, vers. 9, 
γὰ furent amences les eaux de Siloé; il y avait sans doute là un ancien réservoir, 


à 
f 


‘cu. xxit. 

13. Et voici la joie et l'allé- 
gresse; tuer des veaux, égorger 
des béliers, manger des viandes, 
et boire du vin. Mangeons et 
buvons; car demain nous mour- 
rons. 

14. Ets'estrévéléeà mes oreilles 
la voix du Seigneur des armées : 
Non,elle ne vous sera pas remise, 
cette iniquité, jusqu'àce que vous 
mouriez, dit le Seigneur Dieu des 
armées. 

15. Voici ce que ditle Seigneur 
Dieu des armées : Va, entre au- 
pres de celui qui habite dans le 
tabernacle, aupres de Sobna, le 
préposé du temple, et tu lui di- 
ras : 

16. Que /a?s-tu ici, ou à quel 
Litre es-tu ici? que tu t'es taillé ici 
un sépulcre, que sur un lieu élevé 
tu t'es taillé dans la pierre un 
monument, un tabernacle. 

11. Voici que le Seigneur te fera 
transporter comme est trans- 


ISATE. 


1603 
porté un coq, et comme un man- 
teau, ainsi il t'enleévera. 

18. Te couronnant, il te cou- 
ronnera de tribulation, il te lan- 
cera comme une balle dans une 
terre large et spacieuse; là tu 
mourras, et là sera le char de ta 
gloire, l'ignominie de la maison 
de ton Seigneur. 

19.Je techasseraideton rang, et 
de ton ministère je te déposerai. 

20. Et il arrivera en ce jour-là 
que jappellerai mon serviteur 
Eliacim, fils d'Helcias, 

21. Et je le revétirai de ta tuni- 
que, je lui attacherai fortement 
ta ceinture, et ta puissance, je la 
mettrai en sa main; et il sera 
comme un pere pourles habitants 
de Jérusalem et pour la maison 
de Juda. 

22. Et je mettrai la clef de la 
maison de David sur son épaule, 
et il ouvrira, et il n'y aura per- 
sonne qui ferme; et il fermera, 


(παρ. XXII. 13. Sag., 11, 6; Infra, Lvr, 12; I Cor., xv, 32. — 22. Apoc., ur, 7; Job, 


xit, 14. 


13. Mangeons, etc. Compar. Sagesse, τι, 6; I Corinth., xv, 32. 


15-25. * Prophéties contre Sobna et en faveur d'Eliacim. C'est le seul oracle d'Isaie 
contre une personne déterminée. — Sobna est qualifié par la Vulgate de préposé du 
temple, mais son titre indique généralement le préposé du palais royai et désigne le 
premier ministre de la maison du roi (voir vers. 22). Isaïe :ai reproche son orgueil, 
vers. 16, son luxe, vers. 18, et sa tyrannie (par l'opposition qu'il met entre sa con- 
duite et celle d'Eliacim, vers. 21). Cet oracle fut prononcé avant l'invasion de Senna- 
chérib. Le châtiment de Sobna consistera à être déposé de sa charge. Lors de l'inva- 
sion de Sennachérib, la prédiction était déjà accomplie. Nous voyons (Isaie, xxxvi, 3; 
xxxvi, 2; IV Rois, xix, 2) qu'il n'avait plus alors que la charge inférieure de secré- 
taire. Eliacim le remplaca, comme l'avait annoncé Isaie, et sa conduite fut digne de 
ce qu'en avait dit le prophète, IV Rois, xvni, 35; xix, 1-5; Isaie, XXXVI, 3; XXXVII, 2. 
— Le père de Sobna n'étant pas nommé et son nom ayant une terminaison araméenne, 
il est probable qu'il était syrien d'origine et vraisemblablement partisan de l'alliance 
égyptienne. 

16. Un tabernacle; c'est-à-dire une habitation, une demeure. — * Que fais-tu ici? 
allusion sans doute à son titre d'étranger. — Tu t'es taillé un sépulcre. Les riches se 
faisaient tailler pendant leur vie un magnifique tombeau dans le roc. On voit beau- 
. coup de tombeaux de ce genre dans tous les environs de Jérusaiem. 

22. La clef, etc. Les clefs étaient chez les anciens le symbole de la puissance. — 
Sur son épaule. Voy. Job, xxxi, 6. — * Ce verset montre que les fenêtres de Sobna 
regardaieut le palais royal, appelé ici ia maison de David, et non le temple. 


4604 
elil n y aura personne qui ouvre. 

95. Et je le ficherai comme un 
pieu dans un lieu sûr, et il sera 
comme un tróne de gloire pour 
la maison de son pere. 

24. On y suspendra toute la 
gloire de la maison de son pere, 
les divers genres de vases, tout 
vase le plus petit, depuis les vases 
cratères jusqu'à tout instrument 
de musique. 

95. En ce jour-là, dit le Sei- 
gneur des armées, sera enlevé 
le pieu qui avait été fiché dans un 
lieu sûr; et sera brisé et tombera 
el périra tout ce qui y avait été 
suspendu, parce que le Seigneur 
a parlé. 


ISAIE. 


(cu. xxur.] 


CHAPITRE XXIII. 


Bumiliation et transmigration de Tyr. 
Son rétablissement. Elle consacrera au 
Seigneur le fruit de son commerce. 


|. Malheur accablant de Tyr. 
Hurlez, vaisseaux de la mer, 
parce qu'a été dévastée la maison 
d'où les navires avaient accou- 
tumé de venir; c'est de la terre 
de Céthim que cela leur a été 
révélé. 

2. Gardez le silence, vous qui 
habitez dans l'ile; les marchands 
de Sidon, traversant la mer, t'ont 
remplie. 

3. Au milieu de grandes eaux 
la semence du Nil, la moisson du 


25. * Le pieu, Sobna. 


1-18. * Prophétie €ontre Tyr. Ce morceau est, au point de vue littéraire, l'un des plus 
beaux d'Isaie : c'est une élégie d'une rare perfection poétique. On peut la partager 
en quatre strophes : 1-5, 6-9, 10-14, 15-18. — A l'époque d'Isaie, Tyr était dans sa 
plus grande puissance; son commerce était trés florissant et ses flottes portaient 
partout les produits de son art et de son industrie. Pour étre à l'abri des surprises 
et pour être en état de se défendre plus facilement, les Tyriens avaient placé le siège 
de leur puissance et enfermé leurs richesses dans une petite ile, située à environ 
douze cents pas de la terre ferme; ce fut la nouvelle Tyr. On sait qu'Alexandre 
le Grand, pour s'en emparer, la réunit à la terre ferme par une jetée. — On pense 
communément que la prophétie contre Tyr fut réalisée par Nabuchodonosor, roi de 
Babylone, en s'appuyant sur le vers. 13, mais ce verset qui annonce en réalité que 
lAssyrie domine sur la Chaldée, montre qu'il s'agit d'un temps antérieur à Nabu- 
chodonosor, sous lequel le royaume d'Assyrie n'existait plus. Ce verset est proba- 
blement une allusion à la prise de Babylone par Sargon. Voir plus haut, xxr, 1-10. 
La prophétie faite iei par Isaie dut s'accomplir sous le régne de Sennachérib. Les 
monuments de ce prince nous apprennent que Luli, roi de Sidon et maître de la 
Phénicie et par conséquent de Tyr, s'enfuit à l'approche de Sennachérib et se réfugia 
dans l'ile de Chypre. L'oracle ne fut d'ailleurs complètement accompli que sous 6 
règne d'Alexandre le Grand. — Voir, de plus, sur la chute de Tyr, la note sur Ezé- 
chiel, xxvi, 2. 

1. Malheur accablant. Voy. xur, 1. — La maison; le lieu, le port. — La terre de 
Célhim; la Macédoine. — * Ou plutôt ici, 1116 de Chypre, que Céthim désigne plus 
particulièrement, parce que les vaisseaux de la mer (en hébreu : de Tharsis), qui re- 
viennent des colonies occidentales de la Phénicie, et retournent à ia maison, c'est- 
à-dire à Tyr qui est la patrie des marins qui les montent, apprendront à Chypre 
même les malheurs qui ont fondu sur leurs pays. 

2. Dans lile. L'ancienne Tyr, qui fut prise par Nabuchodonosor, était sur la terre 
ferme; la nouvelle, prise par Alexandre, était dans l'ile. 

3. * La semence du Nil; les richesses de l'Egypte devenaient le gain des Phéniciens 
au milieu des grandes eauz, c'est-à-dire, sur la mer, parce que les Egyptiens n'avaient 
point de bois de construction pour les grands vaisseaux, ni de marine, et c'étaient 
les Phéniciens qui leur servaient d'intermédiaires pour le commerce; la Phénicie était 
véritablement le marché des nations du monde ancien. 


[cH. xxim.] 


fleuve étaient ses fruits; et elle 
est devenue le marché des na- 
tions. 

4. Rougis, Sidon, car la mer 
parle, la force de la mer, disant : 
Je n'ai pas été en travail, et je 
n'ai pas enfanté, et je n'ai pas 
nourri de jeunes hommes, et je 
n'ai pas élevé de jeunes vierges. 

8. Lorsque le bruit sera par- 
venu en Egypte, on sera dans la 
douleur en apprenant la ruine de 
Tyr. 

6. Passez les mers, hurlez, vous 
qui habitez dans lile : 

7. N'est-elle pas la vôtre cette 
ville, qui des les anciens jours 
se glorifiait de son antiquité? Ses 
pieds la conduiront dans une 
terre étrangère pour demeurer. 

8. Qui a formé ce dessein 
contre Tyr, autrefois couronnée, 
dont les marchands étaient des 
princes, et les trafiquants des 
personnages illustres de la terre? 

9. C'est le Seigneur des armées 
qui a formé ce dessein, afin d'en- 


ISAIE. 


1605 


lever l'orgueil de toute gloire et 
de conduire à lignominie tous 
les illustres de la terre 

10. Traverse ta terre comme un 
fleuve, fille de la mer; il n'y a 
plus de ceinture pour toi. 

11. Le Seigneur a étendu sa 
main sur la mer, 11 a ébranlé des 
royaumes, il a donné ses ordres 
contre Chanaan, afin de briser 
ses vaillants guerriers. 

12. Et il a dit : Tu ne te glori- 
fieras plus, souffrant violence, 
apres ton ignominie, vierge, fille 
de Sidon; lève-toi, passe à Céthim, 
là aussi il n'a pas de repos pour 
toi. 

13. Voilà la terre des Chal- 
déens, il n'y eut point un tel 
peuple, Assur l'a fondée; cepen- 
dant on a emmené en captivité 
ses hommes robustes, on a démoli 
ses maisons, et on en a fait des 
ruines. 

14. Hurlez, vaisseaux de la 
mer, parce que votre force est 
détruite. 


4. * Je n'ai pas enft té. Tyr est considérée comme la mère de Sidon, parce qu'elle 
en était la métropole Il y a des monnaies de Tyr qui portent plus tard comme lé- 
gende: « De Tyr, mére des Sidoniens. » — La force de la mer est Tyr, qui, dans son 
ile, paraissait à l'abri de toutes atteintes. 

6. * Passez les mers ; réfugiez-vous dans vos colonies. Quand Alexandre assiégea Tyr, 
les assiégés envoyérent les vieillards, les femmes et les enfants dans la ville phéni- 
cienne de Carthage. 

10. Fille de la mer; c'est-à-dire ville maritime. — 17 n'y a plus, etc. Tu seras nue, 
sans méme conserver ta ceinture. Compar. xx, 4. — * La plupart des commentateurs 
modernes expliquent ainsi ce verset, d'aprés l'hébreu, en l'appliquant aux colonies 
de Tyr qui deviennent indépendantes par suite de la ruine de la métropole : Répands- 
loi sur la terre comme le Nil, qui déborde comme il lui plait; 6 fille de Tharsis, il 
n'y a plus de ceinture pour toi, de barrière qui t'arréte. 

12. Tu ne te, etc.; littér. tu n'ajouteras plus pour le glorifier. Voy., sur cet hébraisme, 
t. IT, pag. 342, 20. — * Passe à Céthim, en Chypre. C'était l’île la plus proche où pussent 
se réfugier les Phéniciens et nous avons vu en effet plus haut que c'était là que Luli, 
roi de Phénicie, avait cherché un asile en fuyant devant Sennachérib. 

13. * Isaie rappelle ici les victoires de Sargon sur le roi des Chaldéens ou Kasdim, 
Mérodach-Baladan, qui s'était emparé de Babylone, et qui était primitivement maitre 
seulement du Bas-Euphrate, où il commandait à la tribu proprement dite des Kaldi 
ou Chaldéens. Le texte original de ce verset doit être traduit de la manière sui- 
vante : « Vois la terre des Chaldéens: ce peuple n'est plus; Assur l'a livré aux bêtes 
sauvages, il a renversé ses tours, détruit ses palais; il en a fait une ruine. » 


1606 


15. Et il arrivera en ce jour-là 
que tu seras dans l'oubli, ὃ Tyr, 
soixante-dix ans, comme sont 
les jours d'un seul roi; mais 
apres soixante-dix ans, Tyr chan- 
tera comme une prostituée. 

16. Prends ta harpe, et parcours 
la ville, prostituée livrée à l'oubli; 
chante bien, réitere souvent ton 
chant, afin qu'il y ait souvenir de 
toi. : 

17. Et il arrivera aprés soixan- 
te-dix ans, que le Seigneur visi- 
tera Tyr, et qu'il la ramenera à 
son commerce, et que de nou- 
veau elle forniquera avec tous les 
royaumes de la terre, sur la face 
de la terre. 

18. Et ses affaires et ses profits 
seront consacrés au Seigneur; ils 


ISAIE. 


(cn. xxiv.] 


ne seront pas renfermés, ni mis 
en réserve, parce que c'est pour 
ceux qui habitent devant le Sei- 
gneur, que sera leur commerce, 
afin qu'ils mangent à satiété, et 
qu'ils soient revêtus jusqu'à la 
vieillesse. 


CHAPITRE XXIV. 


Maux qui doivent tomber sur la Judée. 
Punition de ses ennemis. Rétablisse- 
ment de Jérusalem 2. 


1. Voici que le Seigneur dévas- 
tera la terre, et il la mettra à nu, 
et il affligera sa face, et il disper 
sera ses habitants. 

2. Et comme sera le peuple, 
ainsi sera le prêtre; et comme 
l'esclave, 81881 50 maître; comme 
la servante, ainsi sa maitresse; 


Car. XXIV. 2. Osée, 1v, 9. 


15. Comme sont, etc.; comme est la durée ordinaire de la vie. — Tyr chantera, etc.; 
pour dire qu’elle invitera à venir dans ses ports les marchands qui y venaient au- 
trefois. Encore aujourd'hui les femmes de mauvaise vie en Orient parcourent les 
rues en chantant. — * Aprés soixante-dix ans. Le sens précis de ce nombre et le fait 
qu'il annonce ne peuvent être déterminés avec certitude. 

16. * Ce verset renferme un fragment de la chanson à laquelle fait allusion le verset 
précédent. 

41. Elle forniquera, etc.; c'est-à-dire elle adorera les idoles de tous les royaumes, etc. 

18. Qui habitent, etc.; qui servent le Seigneur, ses ministres. 


a Ce chapitre contient une prophétie de la désolation de la Judée soit par Sennaché- 
rib, soit par Nabuchodonosor, soit par les Romains; mais on explique aussi cette 
prophétie du jugement dernier. Et il faut convenir que les expressions du prophete 
conduisent naturellement à cette explication. — * Les chapitres xxrv-xxvir renferment 
des oracles relatifs à la fin des temps. Ce dernier cycle de prophéties correspond à 
celui de Zacharie, ix-xiv, qui traite le méme sujet. Il se rattache étroitement aux 
chapitres qui précèdent, il en forme en quelque sorte la conclusion et le point culmi- 
nant, d'où l'absence de titres, xxiv, 1; il se relie à xin-xxmr comme XI-XII à VII-X. 
« Les jugements particuliers que Dieu porte contre chaque peuple dans les oracles 
contre les Gentils aboutissent ici au jugement final, comme les fleuves divers qui se 
jettent dans le méme océan, et le salut dont on vient de voir poindre l'aurore brille 
maintenant dans tout l'éclat de son midi. » (Franz Deurrzsox.) Tout ce morceau est du 
lyrisme le plus élevé et d'une harmonie musicale merveilleuse dans le texte original. 
Il se subdivise ainsi : — 19 Jugement et catastrophe de la terre, xxiv; — 2° Chant 
de triomphe : a. sur la ruine de la cité qui opprimait le monde, xxv, 1-8; ὁ. sur la 
ruine de Moab, xxv, 9-12; c. sur la restauration d'Israël, xxvi; d. fertilité de la vigne 
bénie de Jéhovah, xxvir, 2-6; — 30 Dieu punit et sauve Israël, xxvi, 1-13. 

1. La terre. Saint Jéróme remarque qu'il est ordinaire dans l'Ecriture de désigner 
la Judée sous le nom général de /a terre, ou méme de toute la terre. — Il affligera 
sa face (affliget faciem ejus); c'est-à-dire il lui fera changer de face en la ruinant en- 
tièrement. 


[.טזצא .חס] 


comme 180110181, ainsi celui qui 
vend; comme le préteur, ainsi 
celui qui emprunte ; comme celui 
qui redemande, ainsi celui qui 
doit. 

3. Par la dévastation sera dé- 
vastée la terre, et par le pillage 
elle sera pillée; car le Seigneur 
a prononcé cette parole. 

4. La terre a pleuré, et elle s'est 
dissoute, et elle s'est affaiblie; 
l'univers s'est dissous et la hau- 
teur du peuple de la terre a été 
abaissée. 

5. Et la terre a été infectée par 
ses habitants, parce qu'ils ont 
transgressé les lois, changé le 
droit, rompu l'alliance éternelle. 

6. À cause de cela, la malédic- 
tion dévorera la terre, et ses 
habitants pécheront; et à cause 
de cela ceux qui la cultivent de- 
viendront insensés, et peu d'hom- 
mes seront laissés. 

7. La vendange a pleuré, la 
vigne a langui, tous ceux qui se 
réjouissaient de cœur ont gémi. 

8. La joie des tambours a cessé, 
le bruit de ceux qui se livraient à 
l'allégresse s'est calmé, le doux 
son de la harpe est devenu muet. 

9. On ne boira pas le vin au 


ISAIE. 


1607 
milieu des chants; amère sera 
toute liqueur pour ceux qui la 
boiront. 

10. Elle a été brisée, la cité de 
vanité; toute maison a été fer- 
mée, personne n'y entrant. 

11. Il y aura une clameur sur 
les places publiques, au sujet du 
vin. Toute allégresse a été aban- 
donnée; la joie de la terre a été 
transférée. 

12. Il n’est resté dans la ville 
qu'une solitude, et la calamité 
pèsera sur les portes. 

13. Car ce qui restera au mi- 
lieu de la terre, au milieu des 
peuples, sera comme quelques 
olives, qu'on abat de l'olivier, 
quand elles y sont demeurées, et 
comme des grappes de raisin, lors- 
que la vendange est finie. 

14. Ceux-ci élèveront leur voix, 
et entonneront des louanges; 
lorsque le Seigneur aura été glo- 
rifié, ils feront entendre des cris 
de la mer. 

15. A cause de cela glorifiez le 
Seigneur par de bonnes doctrines ; 
dans les iles de la mer, glorifiez 
le nom du Seigneur Dieu d'Israël. 

16. Des extrémités de la terre 
nous avons entendu des louan- 


3. Par la dévastation dévastée, par le pillage pillée; pour enliérement dévastée, en- 
tiérement pillée. Ce genre de répétition, en hébreu comme en bien d'autres langues, 
à pour but de donner de l'intensité à l'idée exprimée par le verbe. 

11. Au sujet du vin qui manquera, parce que les vignes auront été ravagées par 
l'ennemi. 

12. Il n’est resté, etc.; c'est-à-dire la ville a été réduite en un désert. — La calamité 
pèsera sur les portes (calamitas opprimet portas); sur le lieu où se tiennent les assem- 
blées du peuple et où se rend la justice. D'autres traduisent : Toutes les portes seront 
détruites. 

15. Par de bonnes doctrines. C'est le sens qui nous a paru le plus conforme à l'ex- 
pression de la Vulgate, in doctrinis. — * Le mot hébreu rendu par doctrines signifie 
proprement {umière. Comme dans le second membre du verset, dans les iles de la mer 
signifie les pays de l'Occident, plusieurs commentateurs pensent que dans le premier 
membre il doit étre question des pays de l'Orient. 

16. Prévariquant ils ont prévarique. Voy., pour ce genre de répétition qui se repro- 
duit aux versets 19, 20, le vers. 3, 


1608 
ges, la gloire du juste. Et j'ai dit: 
Mon secret est pour moi, mon 
secret est pour moi, malheur à 
moi; prévariquantils ont prévari- 
qué, et de la prévarication des 
transgresseurs ils ont prévariqué. 

17. L'effroi et la fosse et le lacs 
pour toi, qui es habitant de la 
terre. 

18. Et il arrivera que celui qui 
aura fui àla voix de l'effroi tombe- 
radanslafosse;et que celui qui se 
sera dégagé de la fosse sera retenu 
par le lacs; parce que les cata- 
ractes des cieux se sont ouvertes, 
et que les fondements de la terre 
seront ébranlés. 

19. Par le déchirement sera 
déchirée la terre, par le brise- 
ment sera brisée la terre, par 
l'ébranlement sera ébranlée la 
terre ; 

20. Par le chancellement chan- 
cellera la terre comme un homme 
ivre; et elle sera enlevée comme 
une tente dressée pour une seule 
nuit; et son iniquité l'accablera, 
et elle tombera, et elle ne se re- 
lèvera plus. 

21. Et il arrivera qu'en ce jour- 
là le Seigneur visitera la milice 
du ciel en haut, et les rois de la 
lerre sur la terre. 

22. 115 seront assemblés dans 
la fosse, comme un seul faisceau, 
etils y seront renfermés en pri- 


18. Jérémie, xLvIN, 44. 


ISAIE. 


[cir. xxv.] 
son; et, aprés bien des jours, ils 
seront visités. 

23. Et la lune rougira, et le so- 
leil sera confondu, lorsque le 
Seigneur des armées règnera sur 
la montagne de Sion et dans Jé- 
rusalem, et qu'en présence de ses 
anciens il sera glorifié. 


CHAPITRE XXV. 


Cantique d'actions de grâces sur la déli- 
vrance du peuple de Juda. Punition 
des Moabites. 


1. Seigneur, vous étes mon 
Dieu, je vous exalterai, je loue- 
rai votre nom, parce que vous 
avez fait des merveilles, que vous 
avez fidèlement accompli vos des- 
seins anciens. Amen. 

2. Vous avez réduit une cité en 
un monceau de pierres, une ville 
puissante en une ruine ; vous avez 
fait que la maison des étrangers 
ne soit pas une cité, et que jamais 
elle ne soit rebátie. 

3. C'est pour cela qu'un peuple 
puissant vous louera, qu'une cité 
de nationsredoutables vous crain- 
dra. 

4. Parce que vous étes devenu 
une force pour le pauvre, une 
force pour l'indigent dans sa tri- 
bulation, un espoir contrela tem- 
péte, unombrage contrelagrande 
chaleur; car l'esprit des violents 


20. Elle ne se relèvera plus; littér. elle n'ajoutera pas pour se relever. Voy., sur cet 


hébraisme, t. II, p. 342, 20. 


21. La milice du ciel en haut; les anges apostats, qui seront jugés au jugement 
dernier. Compar. I Corinth., vt, 3; Apocal., xx, 9. 

23. La lune, etc. Compar. Matth., xxiv, 29. — Ses anciens; les anciens des chefs de 
son peuple, c'est-à-dire les patriarches, les apótres, etc. 

2. Une cité; Babylone, dont la destruction est décrite au chap. xxi, ou, selon 
d'autres, Jérusalem, ruinée par les Chaldéens (Jérém., xxvi, 18; Michée, yu, 12), ou 
bien Ninive, suivant plusieurs (Isaie, xxxi, 19). 


[cu. xxvi.] 


est de méme qu'un tourbillon qui 
fond sur une muraille. 

5. Comme une grande chaleur 
dans la soif, vous humilierez l'in- 
solence tumultueuse des étran- 
gers; et comme par la chaleur 
brülante du soleil sous un nuage, 
vous ferez sécher la race des puis- 
sants. 

6. Et le Seigneur des armées 
fera à tous les peuples sur cette 
montagne un festin de viandes 
grasses, un festin de vin, de 
viandes moelleuses, d'un vin pur 
de toute lie. 

1. Il jettera sur cette montagne 
la chaine méme qui liait tous les 
peuples, et la toile qu'il avait 
ourdie pour envelopper toutes les 
nations. 

8. Il précipitera la mort pour 
jamais; etil enlèvera, le Seigneur 
Dieu, les larmes de toute face, et 
il enlèvera l'opprobre de son peu- 
ple de la terre entière; parce que 
le Seigneur a parlé. 

9. Et son peuple dira en ce jour- 
là : Voici, c’est notre Dieu, celui- 
ci; nous lavons attendu et il 
nous sauvera ; c'est le Seigneur, 
nous l'avons attendu patiem- 
ment, nous exulterons, et nous 


CuaP. XXV. 8. Apoc., vir, 17; xxi, 4. 


ISAIE. 


1609 


nous réjouirons dans son salut. 

10. Parce que la main du Sei- 
gneur se reposera sur cette mon- 
tagne, et Moab sera brisé sous 
lui, comme sont brisées des pail- 
les par un chariot. 

11. Etil étendrases mains sous 
lui, comme les étend celui qui 
nage pour nager; et il humiliera 
sa gloire, en brisant ses mains. 

19. Les remparts de tes hautes 
montagnes s'écrouleront, et ils 
seront abattus et renversés par 
terre jusque dans la poussière. 


CHAPITRE XXVI. 


Cantique sur la délivrance du peuple 
de Juda. 


1. En ce jour-là sera chanté ce 
cantique dans la terre de Juda : 

Notre ville forte est Sion ; le 
sauveur sera mis comme mur et 
avant-mur. 

9. Ouvrez les portes, et qu'il y 
entre une nation juste et obser- 
vant la vérité. 

3. L'ancienne erreur a disparu ; 
vous nous conserverez la paix, 
la paix, parce que nous avons es- 
péré en vous. 

4. Vous avez espéré dans le 


6. Celte montagne; cest-à-dire la montagne de Sion. — Un festin; figure du 
royaume de Jésus-Christ sur la terre et dans le ciel. Le Sauveur lui-méme fait sou- 
vent allusion à ce passage. Compar. Maí(h., xxu, 2; xv, 10; Marc, i, 19; Apocal., 
xix, 7. On entend aussi ce festin de la sainte Eucharistie. 

9. Son salut; le salut qu'il nous donne. 

10, Par un chariot; machine à roues ferrées en usage dans l'Orient pour briser et 
couper les pailles qu'on donnait à manger aux animaux. 

41. Et il étendra, etc. Moab étendra ses mains, c'est-à-dire fera tous ses efforts 
pour se sauver, mais inutilement; le Seigneur lui brisera ces mémes mains, sur les- 
quelles il comptait pour échapper au danger. 


1. Notre ville forle; littér., et par hébraisme, la ville de notre force. Sion représente 
ici l'Eglise dont Jésus-Christ est le mur et l'avant-mur, par la protection puissante 
dont il la couvre. 

ἄς Vous avez, etc. Le prophéte s'adresse maintenant au peuple de Juda. — Durant 
les siècles élernels; dans tous les temps, et au milieu de tous les événements de la vie, 


1610 


Seigneur durant les siècles éter- 
nels, dans le Seigneur Dieu puis- 
sant à jamais. 

9. Parce qu'il abaissera ceux 
qui habitent dans les hauteurs, 
il humiliera la cité élevée. 

Il l'humiliera jusqu'à terre et 
il la renversera jusque dans la 
poussière. 

6. Le pied la foulera, les 
pieds du pauvre, le pas de l'indi- 
gent. 

1. Le sentier du juste est droit, 
droit est le chemin oü le juste 
doit marcher. 

8. Et dans le sentier de vos ju- 
gements, Seigneur, nous vous 
avons attendu patiemment; vo- 
tre nom et votre souvenir sont 
dans 16 désir de l'àme. 

9. Mon àme vous ἃ désiré 
pendant la nuit; mais et par 
mon esprit e£ dans mon cœur, 
des le matin je veillerai pour 
vous. 

Lorsque vous aurez exercé vos 
jugements sur la terre, les habi- 
tants du globe apprendrontla jus- 
tice. 

10. Ayons pitié de l'impie, et il 
n'apprendra pas la justice ; dans 
la terre des saints il a fait des 
choses iniques, et il ne verra pas 
la gloire du Seigneur. 

11. Seigneur, que votre main 
s'élève, et qu'ils ne voient pas; 
qu'ils voient et qu'ils soient con- 
fondus, ceux qui sont jaloux de 


ISAIE. 


[cH. xxvi.] 
votre peuple et qu'un feu dévore 
vos ennemis. 

19. Seigneur, vous nous don- 
nerez la paix ; car vous avez opéré 
toutes nos œuvres pour nous. 

13. Seigneur notre Dieu, des 
maîtres étrangers nous ont pos- 
sédés sans vous, que seulement 
par vous nous nous souvenions 
de votre nom. 

14. Queles morts ne revivent 
point, que les géants ne ressus- 
citent point; à cause de cela 
vous les avez visités et brisés, et 
vous avez anéanii toute leur mé- 
moire. 

15. Vous avez été indulgent 
envers cette nation, Seigneur, 
vous avez été indulgent envers 
cette nation ; est-ce que vous n'a- 
vez pas été glorifié? Vous avez 
reculé les frontières de sa terre. 

16. Seigneur, dans l'angoisse 
ils vous ont recherché, dans la 
tribulation du murmure votre 
enseignement éfait avec eux. 

47. Comme celle qui a conçu, 
lorsqu'elle approche de l’enfante- 
ment, souffre et crie dans ses 
douleurs; ainsi nous sommes de- 
venus à votre face, Seigneur. 

18. Nous avons concu, nous 
avons été comme en travail, nous 
avons enfanté du vent; nous n'a- 
vons pas fait des œuvres de salut 
sur la terre; c'est pour cela que 
ne sont pas tombés les habitants 
de la terre. 


9. La cité élevée, orgueilleuse, superbe, Babylone, suivant l'opinion commune. 
Quoi qu'il en soit, cette cité élevée représente le monde ennemi de Dieu. 

14. Que les morts, etc. C'est une imprécation et en méme temps une prédiction du 
malheur des Chaldéens, de ces maîtres étrangers (compar. le verset précédent), qui 


ont opprimé le peuple du Seigneur. 


18. Nous n'avons pas fait, etc. Les Juifs n'ont pas mérité, par de bonnes actions, 
que Dieu exterminât les habitants des pays voisins de la Judée. ll a conservé ces 


peuples pour éprouver et châtier Juda. 


[cu. xxvir.] 

19. Ils vivront, vos morts; ceux 
qui m'ont été tués ressusciteront ; 
réveillez-vous, et chantez des 
louanges, vous qui habitez dans 
la poussiere; parce que votre 
rosée, Seigneur, est une rosée 
de lumiere, et que vous réduirez 
la terre des géants en ruine. 

20. Va, mon peuple, entre dans 
tes chambres; ferme les portes 
sur toi; cache-toi un peu pour un 
momentjusqu'àce que soitpassée 
l'indignation. 

91. Car voici que le Seigneur 
sorlira de son lieu, afin de visiter 
l'iniquité del'habitant de laterre; 
et la terre révéleralesang qu'elle 
a recu, et elle ne couvrira plus 
ceux qui avaient été tués sur 
elle. 


CHAPITRE XXVII. 


Punition du prince oppresseur des Israé- 
lites. Délivrance de ce peuple. 


1. En ce jour-là Dieu visitera 
avec son glaive dur et grand et 
fort, Léviathan, serpent levier, 
Léviathan, serpent tortueux, et 


Cab. XXVI. 21. Mich., 1, 3. 


ISAIE, 


1611 


il tuera le grand poisson qui est 
dans la mer. 

2. En ce jour-là la vigne du vin 
pur le chantera. 

3. Moi, le Seigneur qui la gar- 
de, je l’arroserai soudain; de peur 
qu'elle ne soit endommagée, nuit 
et jour je la garde. 

4. Je n'ai pas d'indignation ; 
qui me donnera une épine ou 
une ronce dans le combat? je 
marcherai dessus, et j'y mettrai 
aussi le feu? 

9. Ou plutót retiendra-t-il ma 
puissance, fera-t-il la paix avec 
moi, fera-t-il la paix avec moi? 

6. Ceux qui entrent impétueu- 
sement dans Jacob, Israel fleu- 
rira et germera pour eux, et ils 
rempliront la face du globe de se- 
mence. 

1. Est-ce que /e Seigneur ἃ 
frappé Israël d’une plaie sembla- 
ble à: celle dont l'a frappé l'enne- 
mi?ou /sraël a-t-ilété tué, comme 
le Seigneur a tué ceux qu'ila tués 
à l'ennemi? 

8. C'est avec mesure contre 


19. Vos morts; les morts du Seigneur, ceux qui ont été pris parmi le peuple du 
Seigneur, et, dans un sens plus général, ceux qui meurent dans le Seigneur. Compar. 
Apocal., xiv, 13. Cette prophétie et celle du verset 21 n'auront leur entier accomplis- 
sement qu'à la résurrection future, lorsque Jésus-Christ descendra des cieux pour 
juger tous les hommes. — * Une rosée de lumière, qui vivifie. 


1. Son glaive; son jugement, l'arrét de sa justice. — Levier (vectem) ou barre; c'est- 
à-dire semblable à une barre par sa longueur et sa grosseur. Le mot hébreux corres- 
pondant signifie proprement fuyard, fugitif ; la Vulgate l'a rendu par tortueuz (tor- 
tuosus). — Le grand poisson; la baleine, comme on l'entend communément. Sous ces 
termes énigmatiques, on peut voir les différents ennemis d'Israél; mais aussi les 
méchants en général, dont le démon est le chef. 

2. La vigne représente l'Eglise. — * La vigne du vin pur; la vigne qui produit un 
vin excellent. 

4. Je n'ai pas d'indignation; c'est-à-dire je n'ai que des sentiments de bonté et de 
tendresse pour ma vigne. — Qui me donnera. L'accusatif latin (me) de la Vulgate est 
mis par hébraisme pour le datif (mihi). — * Si quelqu'un me pique comme une épine 
ou comme une ronce, je 16 foulerai aux pieds. 

6. Ceux qui entrent, etc.; les gentils qui s'empressent de se réunir aux Juifs. 

8. C'est avec mesure, etc.; c'est en opposant la mesure de la culpabilité à la mesure 


1619 
mesure que lorsqu'elle sera re- 
jetée, vous la jugerez; le Seigneur 
a médité en son esprit sévère 
pour le jour d'une chaleur ex- 
iréme. 

9. C'est pourquoi de cette ma- 
nière sera remise son iniquité à 
la maison de Jacob; et tout le 
fruit de ce chátiment, c'est que 
son péché soit expié, lorsqu'/s- 
raél aura brisé toutes les pierres 
de l'autel comme des pierres de 
chaux, et que ne seront plus de- 
bout les bois sacrés et les tem- 
ples. 

10. Car la cité fortifiée sera dé- 
solée, la belle ville sera délaissée 
et abandonnée comme un désert; 
là paitra le veau, et là il se repo- 
sera, et mangera les sommités de 
ses rameaux. 


ISAIE. 


[cH. xxvnr.] 


pas un peuple sage; à cause de 
cela, il n'aura pas pitié de lui, 
celui qui l'a fait; et celui qui l'a 
formé ne l'épargnera pas. 

12. Et il arrivera en ce jour-là 
que le Seigneur frappera depuis 
lelit du fleuve jusqu'au torrent 
de l'Egypte; et vous, vous serez 
rassemblés un à un, fils d'Israël. 

13. Et il arrivera en ce jour-là 
qu'on sonnerad'une grande trom- 
pette, et ils viendront de la terre 
des Assyriens, ceux qui y étaient 
perdus, et ceux qui avaient été 
jetés sur la terre d'Egypte, et ils 
adoreront 16 Seigneur sur la mon- 
tagne sainte, à Jérusalem. 


CHAPITRE XXVIII. 


Ruine du royaume d'Ephraim. Désolation 


: P e du royaume de Juda.] 
11. Ses moissons, desséchées, 


seront broyées ; des femmes vien- 
dront et l'instruiront; car ce n'est 


1. Malheur à la couronne d'or- 
gueil, aux hommes ivres d'E- 


du châtiment; c'est avec une parfaite équité. — Elle; c'est-à-dire la vigne, nommée 
au vers. 2. 

10. La cité, etc.; Jérusalem, selon les uns, ou Babylone, suivant les autres. 

11. Des femmes, etc. C'est ainsi que la prophétesse Holda, au temps de Josias, fut 
suscitée de Dieu pour annoncer les maux qui allaient fondre sur Jérusalem (IV Rois, 
xxit, 14 et suiv.). 

12. Du fleuve; de l'Euphrate. — Le torrent de l'Egypte; le bras le plus oriental du 
Nil. — * Ou plutót. selon le sens ordinaire de cette expression dans l'Ancien Testa- 
ment, l'ouadi el-Arisch, qui marquait la frontiére occidentale de la Palestine. 


1-29. * IVe groupe : Prophéties du temps d'Ezéchias, relatives au peuple de Dieu, 
xxvII-XxxIx. Voici la division et le contenu de ce quatrième groupe. Il renferme 
diverses prophéties relatives aux Juifs, et datant de l'époque d'Ezéchias. 1] se par- 
tage en deux parties bien distinctes : l'une se composant exclusivement d'oracles 
concernant le royaume de Juda et Jérusalem, xxvir-xxxv ; l'autre contenant des épi- 
sodes dela vie d'Ezéchias dans lesquels Isaie était intervenu au nom de Dieu pour 
faire connaitre l'avenir au descendant de David, xxxvi-xxxix. Ces deux parties se 
relient entre elles de la manière suivante. Comme l'invasion de la Judée par Senna- 
chérib fut le grand événement du régne d'Ezéchias, les prophéties de cette période 
roulent à peu près uniquement sur ce sujet. Les ch. xxvI-xxxv annoncent les maux 
que le roi d'Assyrie causera à Jérusalem, l'inutilité du secours de l'Egypte, sur 
laquelle Juda avait compté, et la délivrance glorieuse de la cité, qui sera l'oeuvre de 
Dieu seul. Les ch. xxxvrxxxvi sont la conclusion de ces prophéties, ils nous 
montrent comment s'accomplit ce qu'Isaie avait prédit dans les chapitres précédents, 
comment, pendant la crise méme, il réitéra les promesses de triomphe et comment 
enfin Sennachérib, abattu par la main du Seigneur, dut se retirer sans avoir pu 
exécuter ses menaces, aprés avoir miraculeusement perdu son armée. Par analogie 


]68. xxvim.] 
phraim, à la fleur qui tombe, à la 
gloire de sou exultation, à ceux 
qui étaient au haut de la vallée 
très grasse, chancelant par le vin. 

2. Voici que le Seigneur fort 
et puissant sera comme l'impé- 
tuosité de la gréle, comme un 
tourbillon qui brise, comme l'im- 
pétuosité des grandes eaux inon- 
dantes, et 1860668 sur une terre 
spacieuse. 

3. Aux pieds sera foulée la cou- 
ronne d'orgueil des hommes ivres 
d'Ephraim. 

4. Et elle tombera, la fleur de 
la gloire e? de l'exultation de 
celui qui est au haut des vallées 
grasses, comme /e fruit venant 
à temps avant lautomne; des 
que quelqu'un le voyant 1 81118 re- 
gardé et pris de sa main,il le dé- 
vorera. 


ISAÍE. 


1613 
5. En ce jour-là, le Seigneur 
desarmées sera une couronne de 
gloire, et un bouquet d'exulta- 
tion pour le reste de son peuple; 

6. Et un esprit de jugement 
pour celui qui sera assis sur le 
tribunal du jugement, et une 
force pour ceux qui retourneront 
dela guerre à la porte de /a ville. 

1. Mais ceux-ci méme ont man- 
qué de connaissance par le vin, 
et par l'ivresse ils ont chancelé ; 
le prêtre et le prophète ont man- 
qué de connaissance parl'ivresse; 
absorbés par le vin, ils ont chan- 
celé dans l'ivresse, ils n'ont pas 
connu le voyant, ils ont ignoré la 
justice. 

8. Car toutes les tables ont été 
remplies de vomissement et d'or- 
dures, en sorte qu'il n’y avait plus 
un lieu sans souillure. 


avec ces événements, Isaie joint à ce récit celui des prophéties qu'il fit à Ezéchias à 
l'occasion de sa maladie, xxxvii, et à l’occasion de l'ambassade de Mérodach Baladan, 
xxxix; c'est là que se termine la premiere partie de son livre. — Pour l'intelligence 
des oracles de cette époque, il faut se rappeler qu'Ezéchias, bien différent d'Achaz 
son pére, rétablit le culte du vrai Dieu, quoique le peuple ne se convertit pas sin- 
cèrement. Ses sujets furent punis de leur idolâtrie et de leur révolte, et le roi ré- 
compensé de sa foi et de sa piété : l'invasion assyrienne châtia les coupables, la 
destruction de l'armée de Sennachérib fut un témoignage éclatant de la protection 
divine vis-à-vis d'Ezéchias, qui suivait les conseils des prophétes de Dieu, soutiens 
de l'Etat. 11 Paralip., xxxi, 20; IV Rois, xvin, 7. — La première subdivision du qua- 
trième groupe contient : — 19 cinq discours qui forment dans nos Bibles six chapitres; 
ils commencent tous les cinq de la méme manière : Malheur; chacun d'eux forme un 
tout complet, xxvim, xxIx, xxx, xxxi-Xxxri, xxxiii, mais le sujet en est cependant sem- 
blable : c'est l'invasion de Sennachérib, considérée comme chátiment divin; la con- 
damnation des moyens humains auxquels on recourt pour vaincre l'ennemi; 8 
promesse du triomphe dans le présent et surtout dans l'avenir par le règne messia- 
nique. — 2^ Cette dernière pensée est principalement développée dans les ch, xxxiv- 
xxxv, qui forment comme la conclusion, dans laquelle le prophéte nous montre le 
Seigneur jugeant tous les peuples et en particulier l'IdHumée, symbole des ennemis 
de l'Eglise : Sion, par le Christ, régne sur toutes les nations. Les ch. xxxiv-xxxv 
sont, par rapport aux ch. xxviu-xxxmr, ce que sont, dans le groupe précédent, les 
ch. xxiv-xxvu relativement aux ch. .זודצצ-זזא‎ 

1. La couronne d'orgueil; Samarie, capitale du royaume d'Israël. — Ephraïëm ; tribu 
qui tenait le premier rang dans le royaume d'Israël. — 4 ceux qui étaient, etc.; 
c'est-à-dire aux habitants de Samarie, située sur une colline qui s'élevait au milieu 
d'une vallée trés fertile. 

1. lis n'ont pas connu le voyant; c'est-à-dire le prophète, le vrai prophète, ou la 
vision, la prophétie, comme on traduit généralement l'hébreu, qui porte d'ailleurs : 
ils ont erré dans, au lieu de : ils n'ont pas su. 


1614 

9. A quieriseignera-t-il la scien- 
ce? à qui fera-t-il comprendre ce 
qui aura été entendu? à des en- 
fants qu'on vient de sevrer, d'ar- 
racher aux mamelles. 

10. Parce qu'ils disent : Com- 
mande, commande encore, com- 
mande, commande encore, at- 
lends, attends encore, attends, 
attends encore, un peu là, un 
peu là. 

11. Car dans un autre langage 
de lévres et une autre langue, il 
parlera à ce peuple, 

12. Auquel il avait dit : Voici 
mon repos, soulagez celui qui est 
fatigué, et voici mon rafraichisse- 
ment; et ils n'ont pas voulu en- 
tendre. 

13. Et celle sera la parole que 
le Seigneur leur adressera : Com- 
mande, commande encore, com- 
mande, commande encore, at- 
lends, attends encore, attends, 
attends encore, un peu là, un 
peu là; afin qu'ils aillent, et qu'ils 
tombent en arrière, et qu'ils 
soient brisés, qu'ils donnent dans 


Cuar. XXVIII. 11. I Cor., 
Rom., 1x, 33; I Pierre, 11, 6. 


ISATE. 


xiv, 21. — 16. Ps. cxvir, 22; Matt., xxr, 42; 


(et. xx vr. ] 
le piège et qu'ils y soient pris. 

14. A cause de cela, écoutez la 
parole du Seigneur, hommes rail- 
leurs qui dominez sur mon peuple 
qui est à Jérusalem. 

15. Car vous avez dit : Nous 
avons contracté une alliance avec 
la mort, etavecl'enfer nous avons 
fait un pacte. Le fléau débordant, 
lorsqu'il passera, ne viendra pas 
surnous; parce que nous avons 
établi le mensonge notre espé- 
rance, et que par le mensonge 
nous avons été protégés. 

16. C'est pourquoi le Seigneur 
Dieu dit ceci: Voici que moi je 
poserai dans les fondements de 
Sion une pierre, une pierre éprou- 
vée, angulaire, précieuse, enfon- 
cée dans le fondement; que celui 
qui croit, ne se háte pas. 

17. Et j'établirai avec un poids 
le jugement, et la justice avec 
mesure; etla gréle détruira l'es- 
pérance du mensonge; et la pro- 
tection, les eaux l'inonderont. 

18. Et votre allianceavecla mort 
sera détruite, votre pacte avec 


Actes, 1v, 1; 


9. A qui enseignera. Le sujet de ce verbe est le Seigneur, suivant les uns, et le pro- 


phéte, selon les autres. — La science; 


la loi divine, comme on l'entend assez géné- 


ralement. — Ce qui aura été entendu; la parole, l'instruction, qui se percoit par l'ouie. 
— A des enfants, etc. Saint Paul semble faire allusion à ce passage dans I Corinth., 
nI, 2, et Hébreux, v, 13. 

10. Commande, etc.; allusion à la manière railleuse dont les Juifs impies insultaient 
les prophéles, qui disaient souvent dans leurs oracles : Le Seigneur commande, et 
Atlendez un peu, et vous verrez, etc. 

11. Car dans un autre, etc, Puisqu'ils se sont moqués du langage des prophétes 
qui les exhortaient à la pénitence, Dieu leur parlera une autre langue, mais qu'ils ne 
comprendront pas. Le Seigneur a déjà menacé les Juifs de ce chátiment (vi, 9, 10). 
Compar. I Corinth., xiv, 21. 

16. Une pierre angulaire, etc. Voy., pour le sens de cette expression, Ps. cxvn, 22. 
— * Les Assyro-Chaldéens plaçaient aux quatre angles de leurs édifices dans un en- 
droit choisi, dans les fondements, des tablettes d'argile et de métaux précieux où 
était racontée l'histoire de l'érection de l'édifice. Nous avons peut-étre ici une allu- 
sion à une coutume de ce genre. La pierre angulaire, importante par elle-même, 
le devenait encore davantage par les objets précieux qu ‘elle conservait. — Cette pierre 
précieuse désigne ici le Messie. 


ἀπ. xx virr.] 
l'enfer ne subsistera pas; quant 
au fléau débordant, lorsqu'il pas- 
sera, vous en serez accablés. 

19. Toutesles fois qu'il passera, 
il vous emportera; puisque dés 
le matin à l'aube, il passera pen- 
dant 16 jour et pendantla nuit; et 
il n'y aura seulement que le tour- 
ment qui donnera l'intelligence à 
l'ouie. 

90. Car la couche a été resser- 
rée, de manière que s? deux s'y 
placent, Yun tombera; et la cou- 
verture étroite ne peutles couvrir 
l'un et l'autre. 

91. Car comme sur la montagne 
des divisions, le Seigneur se lè- 
vera; comme dans la vallée qui 
est en Gabaon, il se mettra en co- 
lere ; afin de faire son œuvre, son 
œuvre étrangère; afin d'opérer 
son œuvre, son œuvre qui lui est 
est étrangère. 


ISAIE. 


1615 
22. Et maintenant ne vous jouez 
point, de peur que vos liens ne 
se resserrent; car j'ai appris du 
Seigneur Dieu des armées la des- 
truction et le retranchement qu'il 
va faire sur la terre tout entiere. 

93. Prétez l'oreille, et écoutez 
ma voix ; soyez attentifs, et écou- 
tez ma parole. 

24. Est-ce que pendant tout le 
jour, le laboureur labourera afin 
de semer ; fendra-t-il les mottes, 
et sarclera-t-il sa terre? 

25. Est-ce que, lorsqu'il en aura 
égalisé la surface, il ne sèmera 
pas de la nigelle etil ne répandra 
pas du cumin, et il ne mettra pas 
du blé par rangée, et de l'orge, et 
du millet, et de la vesce dans ses 
confins ? 

26. Et son Dieu lui donnera le 
discernement; son Dieu lins- 
truira. 


21. II Rois, v, 20; I Par., xiv, 11; Jos., x, 10. 


19. I m'y aura, 616. Le malheur seul vous fera comprendre ce qu'on vous dit. 

20. Car la couche, etc.; image des extrémités oü les ennemis réduiront les Juifs. 
— * Ce verset reproduit vraisemblablement un proverbe ou dicton populaire. 

21. La montagne des divisions; ou des dispersions. Voy. IL Rois, v, 20 et suiv. — 
La vallée, etc. Voy. Josué, x, 10. 

25, 21. * La nigelle, mentionnée seulement dans ce chapitre d'Isaie, produit une 
graine aromatique, de couleur noire, qu'on emploie comme assaisonnement en Orient, 
ce qui fait que cette plante y est toujours cultivée. Elle fait partie de la famille des 
renonculacées. Les diverses espèces de nigelle sont herbacées. Le fruit se compose 
de cinq à six capsules dont il est facile de faire tomber les graines, quand elles sont 
müres, en battant les tiges avec un bâton. — Le cumin était cultivé en Palestine 
pour la méme raison que la nigelle. C'est une plante annuelle de la famille des om- 
bellifères, assez semblable au fenouil. Elle a de quinze à: dix-huit centimètres de 
hauteur. Ses fleurs sont petites, blanches ou rouges. Les graines, de forme ovale, ont 
un goüt piquant, amer et une odeur aromatique prononcée; on s'en servait en Pa- 
lestine comme de condiment. La récolte qu'on en faisait était assez considérable pour 
que les docteurs de la loi, du temps de Notre Seigneur, imposassent l'obligation d'en 
payer la dime. Voir Matthieu, xxu, 23. On cultive encore aujourd'hui le cumin à 
Malte et on le bat de la manière que le dit Isaie. — La vesce. Ce mot rend l'hébreu 
koussemeth, dont le sens est trés discuté. La vesce sert d'aliment en Palestine; on 
la donne aussi comme fourrage aux animaux. En Europe, on en donne les graines 
surtout aux pigeons. — Dans ses confins. On semait la vesce autour des champs où 
l'on cultivait le blé et l'orge, atin que cette bordure les garantit contre ies dépréda- 
tions des passants. 

25. Dans ses confins (in finibus suis); c'est-à-dire dans son champ. Cette traduction 
nous a paru la plus conforme à la Vulgate et la mieux autorisée par l'hébreu, 


i 


1616 


27. Car la nigelle ne sera pas 
triturée avec des traineaux à 
pointes de fer, ni la roue du 
chariot ne circulera surle cumin; 
mais avec une verge on battra 
la nigelle, et le cumin avec un 
fléau. 

98. Mais le pain sera brisé; 
cependant ce ne sera pas à per- 
pétuité que celui qui le triture 
le triturera, et que la roue du 
chariot le pressera, et qu'avec ses 
ongles il le brisera. 

29. Ceci est venu du Seigneur 
Dieu des armées, pour faire ad- 
mirer ses conseils et signaler sa 
justice. 


CHAPITRE XXIX. 


Désolation de Jérusalem et de la Judée. 
Défaite des ennemis. Rétablissement 
des enfants de Juda. 


1. Malheur à Ariel, Ariel, cité 
qu'a prise d'assaut David; une 
année s'est jointe à une année; 
des solennités se sont écoulées. 

2. Et j'environnerai Ariel de 
tranchées; et elle sera triste, af- 
fligée, et elle sera pour moi com- 
me Ariel. 

3. Et je ferai comme un cercle 


[SATE. 


(cu. xxix.] 


tout autour de toi, et je poserai 
un rempart contre toi; et je pla- 
cerai des fortifications pour ton 
siege. 

4. Tu seras humiliée, c'est du 
sein de la terre que tu parleras, 
et de la poussière que sera en- 
tendue ta parole ; et sortant dela 
terre, ta voix sera comme celle 
d'un python, et de la poussière 
ta parole ne rendra qu'un faible 
son. 

5. Et sera comme la poudre 
menue la multitude de ceux qui 
Uont agitée, et comme la cendre 
brülante qui se dissipe, la multi- 
tude de ceux qui contre toi ont 
prévalu ; 

0. Et ce sera soudain, sur-le- 
champ. Et par le Seigneur des 
armées elle sera visitée au milieu 
d'un tonnerre, et d'un tremble- 
ment de terre, et de la grande 
voix d'un tourbillon, et d'une 
tempête, et de la flamme d'un feu 
dévorant. 

7. Et seracommele songe d'une 
vision nocturne la multitude de 
toutes les nations qui ont com- 
battu contre Ariel, et 77 en sera 
ainsi de Vous ceux qui lui ont fait 


98. Le pain; c'est-à-dire le grain dont on faitle pain. — Ses ongles; les pointes de 
fer et les pierres aigués du chariot. 


À, Ariel ; en hébreu signifie lion de Dieu; Ezéchiel (xum, 15, 16) donne ce méme nom 
à l'autel des holocaustes. Toute la suite de la prophétie montre qu'il faut l'entendre 
ici de Jérusalem. — * Isaie donne ici à Jérusalem un nom symbolique, de méme qu'il 
l'a appelée plus haut vallée de vision, xxii, 1; mais d’où vient ce nom symbolique? 
Les uns y ont vu une allusion à la tribu de Juda, dont cette ville était comme la 
capitale, parce que Juda est comparé à un lion, Genèse, xux, 9; d'autres ont cru 
que le prophète faisait une allusion à la forme de la capitale de la Judée, qui, avec 
ses deux montagnes du Moriah et de Sion, ressemble à un gigantesque lion au repos. 

3. Je ferai, etc. Le siège de Jérusalem par Nabuchodonosor est annoncé de même 
dans Ezéchiel, 1v, 2, et Jésus-Christ annonce aussi en des termes semblables le der- 
nier siège de Jérusalem par les Romains (Luc, xix, 43, 44). 

4. D'un python; c'est-à-dire d'un magicien, d'un devin. — * Ta voix sortant de la 
lerve. Les pythons ou magiciens paraissent avoir été quelquefois des ventriloques qui 
parlaient comme si leur voix sortait de terre, 

7. Ariel. Nov. le verset 1, 


[em xxix.] 
la guerre, et l'ont assiégée, et ont 
prévalu contre elle. 

8. Et comme celui qui a faim 
songe qu'il mange, mais lorsqu'il 
est réveillé, son àme se trouve 
vide; et comme celui qui a soif 
songe qu'il boit, mais apres qu'il 
est réveillé, 7/ est las e£ a encore 
soif, et son àme est vide ; ainsi 
sera la multitude de toutes ces 
nations qui ont combattu contre 
la montagne de Sion. 

9. Soyez frappés de stupeur et 
admirez, soyez flottants et vacil- 
lants ; enivrez-vous, mais non de 
vin; chancelez, mais non parl'i- 
vresse. 

10. Parce que le Seigneur a ré- 
pandu sur vous un esprit d'assou- 
pissement, il fermera vos yeux ; 
vos prophetes et vos princes qui 
volent des visions, il mettra sur 
eux un voile. 

11. Et la vision d'eux tous sera 
pour vous comme le livre scellé; 
lorsqu'on le donnera à un Lomme 
qui sait lire, on dit : Lis celivre; 
et il répondra : Je ne puis, car il 
est scellé. 


ISAIE. 


1617 


12. Et on donnera le livre à un 
homme qui ne sait pas lire, et on 
lui dira : Lis ; et il répondra : Je 
ne sais pas lire. 

13. Et a dit le Seigneur : Parce 
que ce peuple s'approche de moi 
par sa bouche, et me glorifie par 
ses lèvres, mais que son cœur 
est loin de moi, et qu'ils m'ont 
craint par le commandement et 
les enseignements des hommes : 

44. C'est pour cela, voici que 
moi j'exciterai encore l'admira- 
tion de ce peuple par un miracle 
grand et étonnant ; carla sagesse 
périradu milieu des sages, et l'in- 
telligence des prudents sera obs- 
curcie. 

15. Malheur à vous qui êtes im- 
pénétrables de cœur, afin que 
vous cachiez au Seigneur un des- 
sein ; leurs œuvres sont dans les 
ténèbres, et ils disent : Qui nous 
voit, et qui nous connaît ? 

16. Elle est perverse, cette pen- 
sée que vous avez; comme si l'ar- 
gile se révoltait contre le potier, 
et lui disait : Tu ne m'as pas fait; 
et comme si l'œuvre disait à celui 


ὕπαρ. XXIX. 13. Matt., xv, 8; Marc, vir, 6. — 14. I Cor., 1, 19; Abd., 1, 8. — 15. Eccli., 


xxii, 26. 


8. Songe qu'il mange; littér. et par hébraisme, songe et il mange. — Ame; mot qui, 
comme nous l'avons déjà remarqué, signifie en hébreu, aussi bien qu'en arabe, la 
personne, l'individu lui-méme. 

10. Le Seigneur a répandu, etc. Saint Paul fait allusion à ce passage dans Rom., x1, 8. 

11.* Le livre scellé. Leslivres avaient la forme de rouleaux; on les pliait et, si l'on ne 
voulait point qu'ils fussent ouverts, on plaçait un sceau sur le rouleau de manière qu'on 
ne pütledérouler sans romprele sceau.lls n'étaient ordinairement écrits qu'à l'intérieur. 

43. Ce peuple, etc. Jésus-Christ déclare aux Juifs incrédules que c'était d'eux qu'Isaie 
prophétisait dans ce passage (Matth., xv, 8, 9; Marc, vir, 6, 1). — Ils m'ont craint, etc.; 
c'est-à-dire ils m'ont adoré, ils m'ont rendu un culte fondé, non sur ma loi et sur 
mes préceptes, mais sur des traditions purement humaines. Le plur. i/s représente 
le mot peuple, qui est un nom collectif. 

14. Car la sagesse, etc. Saint Paul applique ceci à la fausse sagesse des hommes, 
confondue par la prédication de la croix, qui est un scandale aux yeux des Juifs, et 
une folie aux yeux des gentils (I Corinth., 1, 18, 19). 

15. Malheur à vous qui, etc. Ces paroles s'adressent aux impies dont il est question 


plus haut (xxvur, 15). — Un dessein; probablement celui de recourir, en cas de be- 
soin, au secours de l'Egypte. Compar. ce qui est dit, xxx, 1 et suiv. 
A. T. 


102 


1018 
quil'afaconnée: Tunecomprends 
pas. 

7. Encore un peu de temps, et 
le Liban ne sera-t-il pas bientót 
converti en Carmel, et le Carmel 
ne sera-t-il pas réputé pour la fo- 
rêt ? 

18. Et en ce jour-là, les sourds 
entendront les paroles d'un livre, 
et, affranchis des ténebres et de 
l'obscurité, les yeux des aveugles 
verront. 

19. Etles hommes doux ajoute- 
ront à leur joie dansle Seigneur, 
les hommes pauvres exulteront 
dans le saint d'Israél; 

20. Parce qu'il a disparu, celui 
qui prévalait, et qu'il a été détruit 
le railleur, et qu'ils ont été re- 
tranchés, ceux qui veillaient pour 
l'iniquité ; 

91. Qui faisaient pécher les 
hommes par leur parole, qui àla 
porte tendaient des pieges à celui 
qui 765 réfutait, et sans motif s'é- 
loignaient du juste. 

99. À cause de cela, voici ce 
que dit, àla maison de Jacob, le 
Seigneur, qui a racheté Abraham : 
Jacob ne sera plus confondu, et 
son visage ne rougira plus; 

93. Mais lorsqu'il verra ses fils, 
ouvrages de mes mains, sancti- 


ISAIE. 


]64 xxx.] 


fiant au milieu de lui mon nom, 
ils sanctifieront ensemble le saint 
de Jacob, et annonceront le Dieu 
d'Israél, 

24. Et ceux qui étaient égarés 
d'esprit recevront l'intelligence, 
et les murmurateurs apprendront 
la loi. 


CHAPITRE XXX. 


Vaine confiance de la Judée dans le se- 
cours de l'Egypte. Rétablissement de 
Juda. Défaite de ses ennemis. 


1. Malheur 4 vous, fils déser- 
leurs, dit le Seigneur, de ce que 
vous formez des desseins, et non 
par moi, et que vous ourdissez 
une trame, et non par mon es- 
prit, afin d'ajouter péché à pé- 
ché ; 

2. Vous qui marchez pour des- 
cendre en Egypte, et n'avez 
pas interrogé ma bouche, espé- 
rant du secours de la force de Pha- 
raon, et ayant confiance dans 
l'ombre de l'Egypte. 

3. Et la force de Pharaon vous 
sera à confusion, et la confiance 
dans l'ombre de l'Egypte, à igno- 
minie. 

4. Car tes princes étaient à 
Tanis, et tes messagers sont par- 
venus jusqu'à Hanes. 


11. Liban; montagne dont une partie est très stérile. — Carmel; autre montagne, 
mais dont la fertilité est passée en proverbe. — La forét; comme litle texte hébreu, 
et non une forét en général. Or cette forêt particulière est probablement celle du 


Liban, comme l'insinue le contexte. 


21. A la porte de la ville, où se tenaient les assemblées et où se rendaient les 


jugements. 


22. Qui a racheté Abraham; en le tirant de son pays, adonné à l’idolâtrie. 

23. Ils sanctifieront; selon la Vulgate, e£ sanctificabunt; il est évident qu'ici la par- 
ticule e£ n'a pas la signification conjonctive, mais que, comme en bien d'autres endroits, 
elle ne fait simplement que marquer l'apodose; sans cela, le sens du verset resterait 


inachevé. 


9. Ma bouche; les ordres, les oracles sortis de ma bouche. 


3. L'ombre: c'est-à-dire la protection. 


4. Tanis; ville d'Egypte, c'est la Mansoura d'aujourd'hui. Compar. Nombr., xur, 23; 
Ps, LxxVu, 43, — Hanès; ville d'Eevote: saint Jérôme croit qu'elle était à l'extrémité 


]68. xxx.) 


5. Tous ont été confondus à la 
vue d'un peuple qui ne pouvait 
leur être utile ; ils ne leur ont pas 
été à secours et à quelque utilité, 
mais à confusion et à opprobre. 

6. Malheur accablant des bêtes 
du Midi. Elles vont dans une 
terre de tribulation et d'angoisse, 
d’où sortent la lionne et le lion, 
la vipere et le basilic volant; 
ils portent sur les épaules des 
ânes leurs richesses, et sur la 
bosse des chamaux leurs trésors, 
à un peuple qui ne pourra pas 
leur être utile. 

7. Car inutilement etvainement 
l'Egypte les secourra; voilà pour- 
quoi j'ai crié à ce sujet : C'est de 
lorgueil seulement, reste en 
repos. 

8. Maintenant donc entre, écris 
cela pour lui sur le buis, et dans 
un livre grave-le soigneusement, 
et il sera au dernier jour un té- 
moignage à jamais; 

9. Car c'est un peuple provo- 
quant au courroux, et ce sont 
des fils menteurs, des fils qui ne 


ISAIE. 


1619 


veulent pas entendre la loi de 
Dieu; 

10. Quidisentàceux qui voient: 
Ne voyez pas; et à ceux qui re- 
gardent : Ne regardez pas pour 
nous des choses qui sont justes; 
dites-nous des choses qui nous 
plaisent, voyez pour nous des 
erreurs. 

11. Eloignez de moi certe voie, 
détournez de moi ce sentier; qu'il 
disparaisse de notre face, le saint 
d'Israël. 

12. À cause de cela, voici ce que 
dit le saint d'Israël : Parce que 
vous avez rejeté cette parole, et 
que-vous avez espéré dans la ca- 
lomnie et dans le tumulte, et 
que vous y avez mis votre appul, 

13. A cause de cela, cette ini- 
quité sera pour vous comme une 
brèche qui menaceruine, et quiest 
recherchée dans un mur élevé, 
parce que tout à coup, tandis 
qu'on ne s'y attend pas, vient son 
écroulement. 

14. Et elle sera mise en pieces, 
comme on brise d'un brisemenb 


méridionale de l'Egypte, vers les frontières de l'Ethiopie. — * Sur Tanis, voir plus 
haut, xix, 11. — J/anés, en égyptien Chenensu, Heracleopolis magna, dans l'Egypte 
moyenne, était alors, comme Tapis et plusieurs autres villes de la vallée du Nil, la 
capitale d'un petit royaume. 

9. Ils; c'est-à-dire le peuple, qui, étant un collectif, représente le nombre pluriel. 

6. Malheur accablant. Voy. xur, 1. — D'où; littér., selon l'hébreu et la Vulgate, 
d'eux (ex eis); le pronom se rapporte à £errz, qui s'entend quelquefois dans l'Ecri- 
ture, non du so/, mais des habitants. — * Des 06008 du Midi. En hébreu, bahamoth, 
peut-être le &éhémoth ou hippopotame du livre de Job, xr, 15, qui peut être très 
exactement considéré comme le symbole de l'Egypte, laquelle avait grande confiance 
en sa puissance, mais était lente à se mettre en mouvement et était arrivée trop tard 
pour secourir Samarie assiégée par les Assyriens. — La vipére. Asaraddon, dans le 
récit de sa campagne contre l'Arabie, dit que ce pays était plein de vipères et de 
scorpions. — Le basilic volant. Cette qualification de volant provient sans doute de 
ce que les serpents peuvent monter sur les arbres comme les oiseaux qui volent. 

8. Entre, etc. C'est le Seigneur qui parle au prophète. 

10. Ceux qui voient, ceux qui regardent; c'est-à-dire les voyants, ceux qui ont des 
visions prophétiques, les prophétes. 

13. Qui est recherchée (requisita); par l'ennemi, à qui, en effet, elle offre un moyen 
d'entrer dans la ville (Job, xxx, 14). 

14. Comme on brise d'un lrisement ; genre de répétition qu'on a déjà vu souvent, et 
qui a pour but de donner de l'énergie à l'idée exprimée par le verbe. 


1690 
tres fort un vase de potier; et on 
ne trouvera pas parmi ses frag- 
ments un tét dans lequel on puis- 
se porter un peu de feu pris d'une 
incendie, ou puiser un peu d'eau 
à une fosse. 

15. Parce que voici ce que dit 
leSeigneur Dieu, le saint d'Israél: 
Si vous revenez, et vous vous 
lenez en repos, vous serez sau- 
vés ; dans le silence et dans l'es- 
pérance sera votre force. Et vous 
n'avez pas voulu; 

16. Et vous avez dit : Pas du 
tout; mais nous fuirons vers des 
chevaux ; c'est pour cela que vous 
fuirez. Et nous monterons sur 
de rapides coursiers; c'est pour 
cela que plus rapides seront ceux 
qui vous poursuivront. 

17. Vous fuirez au nombre de 
mille hommes par la terreurd'un 
seul, et {ous par la terreur de cinq, 
jusqu'à ce que vous soyez laissés 
comme un mát de vaisseau sur 
une cime de montagne, et comme 
un étendard sur une colline. 

18. A cause de cela, le Seigneur 
attend, afin d'avoir pitié de vous; 
et pour cela il sera exalté en vous 
épargnant; car c'est un Dieu de 
justice que le Seigneur; bienheu- 
reux tous ceux qui l'attendent. 

19. Car le peuple de Sion habi- 
tera dans Jérusalem; pleurant tu 
ne pleureras pas du tout; ayant 


₪. 


[cu. xxx.] 
pitié il aura pitié de toi ; à la voix 
de ton cri, des qu'il entendra, il te 
répondra. 

20. Et le Seigneur vous donne- 
ra un pain restreint et une eau 
peu abondante; et il ne fera pas 
que celui qui t'instruit s'en aille 
loin de toi; et tes yeux verront 
ton maitre. 

21. Et tes oreilles entendront 
la voix de celui qui, derrière foi, 
f'avertira : Voici la voie, mar- 
chez-y ; et ne vous détournez ni à 
droite ni à gauche, 

22. Et tu regarderas comme 
choses souillées les lames d'ar- 
gent de tes images taillées au 
ciseau, et le vétement de ta statue 
d'or jetée en fonte, el tu les rejet- 
teras comme un linge souillé. 
Sors, lui diras-tu; 

23. Et la pluie sera accordée à 
ta semence, partout où tu auras 
semé sur la terre, et le pain pro- 
duit des grains de la terre sera 
très abondant et gras; dans ta 
possession, en ce jour-là, l'agneau 
paitra spacieusement. 

24. Et les taureaux et les petits 
des ànes qui labourent la terre, 
mangeront les grains mêlés en- 
semble, comme dans l'aire ils 
auront été vannés. 

25. Et il y aura sur toute haute 
montagne et sur toute colline 
élevée, des ruisseaux d'eaux cou- 


16. Vers des chevarx; la cavalerie des Egyptiens. Compar. xxxi, 1. 


17. Par la terreur d'un seul; littér. à la face d'un seul; c'est-à-dire un seul homme 
de l'ennemi en épouvantera mille d'entre vous. 

20. Celui qui Üinstruit (doctorem tuum), ton maître (præceptorem tuum). L'Eglise, 
daus l'office de l'Avent, fait l'application de ces paroles à Jésus-Christ, qui est, en 
effet, notre docteur et notre maitre par excellence. 

299. Les lames, etc.; c'est-à-dire les lames d'argent dont sont couvertes, etc. — 
Images taillées au ciseau. L'Ecriture emploie ordinairement cette expression pour dé- 
siener les idoles. — De tes images d'argent, de ta statue d'or; littér. de ton argent, 
de ton or, En vertu d'un hébraisme trés conunun, le pronom possessif ne se joint pas 
immédiatement au nom qu'il représente, mais au compiément de ce nom. 


[cu. xxx1.] 


rantes, au jour où beaucoup 
auront été tués, et lorsque seront 
tombées les tours. 

26. Et sera la lumiere dela lune 
comme la lumiere du soleil, et la 
lumière du soleil sera septuplée, 
égale à la lumiere de sept jours, 
au jour oü le Seigneur aura lié 
la blessure de son peuple et guéri 
le coup de sa plaie. 

27. Voici que le nom du Sei- 
gneur vient de loin; ardente est 
sa fureur, et lourde à porter; ses 
lèvres sont pleines d'indignation, 
sa langue est comme un feu 
dévorant. 

28. Son souffle est un torrent 
débordé, qui atteint jusqu'au 
milieu du cou, pour réduire des 
nations au néant, et briser le frein 
d'erreur qui était aux máchoires 
des peuples. 

29. Vouschanterez comme dans 
la nuit d'une sainte solennité, et 
la joie de votre cœur sera comme 
la joie de celui qui va avec la 
flüte, afin de se présenter sur la 
montagne du Seigneur, au fort 
d'Israél. 


ISAIE. 


1691 


30. Et le Seigneur fera entendre 
la majesté de sa voix, et il mon- 
trera la terreur de son bras dans 
une menace de fureur, et dans la 
flamme d'un feu dévorant; il 
brisera par un tourbillon et par 
des pierres de gréle. 

31. Car à la voix du Seigneur 
Assur tremblera d'effroi, frappé 
de sa verge. 

32. Et le passage de la verge 
sera affermi; le Seigneur la fera 
reposer sur lui au milieu des 
tambours et des harpes, et dans 
des guerres considérables il les 
vaincra. 

88. Car Topheth est préparée 
depuis hier, par le roi préparée, 
profonde et étendue. Ses aliments 
sont du feu et beaucoup de bois; 
le souffle du Seigneur comme un 
torrent de soufre l'embrase. 


CHAPITRE XXXI. 


Vaine confiance de la Judée dans le se- 
cours de l'Egypte. Délivrance de Jéru- 
salem. Défaite de ses ennemis. 


1. Malheur à ceux qui descen- 
dront en Egypte pour y chercher 


26. La lumière, etc. Saint Jérôme voit ici la gloire du monde futur, c'est-à-dire de 
ces nouveaux cieux dont parlent saint Pierre (II Pier., πὶ, 18) οὐ saint Jean (Apoc., xxr, 1). 

21. Le nom du Seigneur; sa majesté, le Seigneur lui-méme. Compar. v, 11; vir, 17; 
virt, À, 8, etc. — De loin; aprés un long intervalle de temps. 

29. Comme dans la nuit; littér. comme la nuit; genre de figure qui n'est pas étran- 
gère au style biblique. Les fêtes des Hébreux commencçaient la veille au soir. Aux 
trois plus solennelles, qui étaient celles de Páques, de la Pentecóte et des Tabernacles, 
on se rendait à Jérusalem de toute la Judée, et méme des provinces étrangéres 
.Deuléron., טא‎ 16; Ps. cxxi, 4). Il est trés probable qu'on chantait des cantiques de 
joie pendant toute la solennité. 

30. Sa voir; c'est-à-dire le tonnerre. Au verset suivant, comme dans une infinité 
,'autres passages de l'Ecriture, /a voix du Seigneur a ce sens. Compar. Ps. xxvur, 3 
et suiv. 

32. Sur lui; sur Assur. — Au milieu des tambours, etc. des Israélites, qui loueront 
le Seigneur. — 11 les vaincra; les Assyriens. 

33. Topheth; lieu situé daus une vallée voisine de Jérusalem, où les Israélites brü- 
laient leurs enfants en l'honneur de Moloch, idole des Ammonites. Compar. Josué, 
xv, 8; III Rois, xr, 7; Il Paralip., xxvut, 3; Jérém., vi, 31, etc. — * Dans l'hébreu : 
Topheth, c'est-à-dire le bücher est préparé pour le roi d'Assyrie, Sennachérib. C'est 
la prédiction de l'extermination de l'armée assyrienne racontée plus loin, xxxvi, 36. 


1622 ISAIE. 


du secours, qui esperent dans des 
chevaux, et qui ont confiance 
dans des quadriges, parce qu'ils 
sont nombreux, et dans des cava- 
liers, parce qu'ils sont très forts, 
et qui ne se sont pas confiés au 
saint d'Israël, et n'ont pas recher- 
ché le Seigneur. 

2. Mais lui-méme sage a amené 
le malheur, et n'a pas retiré ses 
paroles; et il s'élévera contre la 
maison des méchants, et contre 
le secours de ceux qui opèrent 
l'iniquité. 

3. L'Egyple est un homme et 
non un Dieu; et leurs chevaux 
sont chair, et non esprit; et le 
Seigneur inclinera sa main, et 
l'auxiliaire sera renversé à terre, 
etiltombera, celui à qui est donné 
secours, et tous ensemble seront 
détruits. 

4. Parce que voici ce que dit le 
Seigneur : Comme si un lion et le 
petit d'un lion rugissent e» se 
jetant sur leur proie, et que coure 
contre eux une multitude de pas- 
teurs, ils ne s'effrayeront pas de 
leur voix, et ne s'épouvanteront 
pas de leur multitude; ainsi des- 
cendra le Seigneur des armées, 
afin de combattre surla montagne 
de Sion et sur sa colline. 


[cu. xxxr.] 


5. Comme desoiseaux qui volent 
au secours de leurs petits, ainsi le 
Seigneur des armées protégera 
Jérusalem; /a protégeant et /a 
délivrant, passant et /a sauvant. 

6. Revenez, selon que vous vous 
étiez profondément éloignés, fils 
d'Israél. 

7. Car en ce jour-là, chacun 
rejettera ses idoles d'argent et 
ses idoles d'or, que vos mains 
vous ont faites pour le péché. 

8. Et Assur tombera, par le 
glaive non d'un homme, et le 
glaive non d'un homme le dévo- 
rera, et il fuira, non à la face du 
glaive, et ses jeunes hommes se- 
ront tributaires ; 

9. Et sa force disparaitra par la 
terreur, et ses princes fuyant se- 
ront épouvantés, aditleSeigneur, 
dont le feu est dans Sion, et le 
foyer dans Jérusalem. 


CHAPITRE XXXII. 


Règne de Justice promis à Juda. Déso- 
lation de la Judée. Son rétablissement, 
Ruine de ses ennemis, 


1. Voici que dans la justice ré- 
gnera un roi, et que des princes 
gouverneront selon le droit. 

2. Et chacun sera comme celui 
qui est à l'abri du vent, qui se 


2. N'a pas retiré ses paroles; n'a pas manqué d'accomplir ce qu'il avait dit par ses 


prophétes. : 

4. * Comme si un lion, etc, Ce passage a tout à fait le ton et l'accent homé- 
rique. 

1. En ce jour-là; au jour de la délivrance. — Chacun; c'est le vrai sens du latin 


vir, expliqué par lhébreu. — Ses idoles d'argent; littér. les idoles de son argent. 


Voy. xxx, 22. 


8. Par le glaive non d'un homme. Compar. xxx, 30; xxxvi, 36; IV Rois, xix, 35; 


Il Paralip., xxxu, 21. 


9. Lé feu, le foyer; c'est-à-dire l'autel des holocaustes et le temple. 


4. Un roi, etc. Ceci s'entend du règne d'Ezéchias, mais mieux encore du règne de 
Jésus-Christ dont Ezéchias était la figure. — Des princes; ces princes représentent 


les apótres. 
2. Chacun, Voy. אאא‎ 1, 


[cH. xxxu.] 


cache à la tempéte, comme des 
ruisseaux d'eaux dans la soif, 
comme l'ombre d'une pierre avan- 
cée dans une terre déserte. 

3. Ils ne seront pas obscurcis, 
les yeux de ceux qui verront; et 
lesoreilles de ceux qui entendront 
écouteront attentivement. 

4. Et 16 cœur desinsensés com- 
prendra la science, et la langue 
des begues parlera vite et nette- 
ment. 

5. Il ne portera plus le nom de 
prince, celui qui manque de sa- 
gesse, et le frauduieux ne sera pas 
appelé grand; 

6. Car linsensé dira des pa- 
roles extravagantes, et son cœur 
commettra l'iniquité, afin de par- 
faire la simulation, et de parler 
à Dieu frauduleusement, et de 
rendre vide l'àme de celui qui a 
faim, et óter le boire à celui qui 
ἃ soif. 

7. Les armes du frauduleux 
sont tres cruelles; car c'est lui 
qui ἃ combiné des pensées, pour 
perdre des hommes doux par un 
discours menteur, lorsque le pau- 
vre parlait justice. 

8. Mais un prince pensera des 


ISATE. 


1623 


choses quisont dignes d'un prince, 
etilse tiendralui-méme ferme au- 
dessus des chefs. 

9. Femmes opulentes, levez- 
vous, et entendez ma voix ; filles 
confiantes, prétez l'oreille à mes 
paroles. 

10. Car après des jours et un an, 
vous serez troublées, vous con- 
fiantes; carla vendange est ache- 
vée; et larécolte ne viendra plus. 

11. Soyez dans la stupeur, fem- 
mes opulentes, soyez troublées, 
filles confiantes ; dépouillez-vous, 
et soyez couvertes de confusion, 
et ceignez vos reins. 

12. Pleurez sur des enfants à 
la mamelle, sur une contrée dé- 
licieuse, sur une vigne fertile. 

13. Sur le sol de mon peuple 
monteront des épines et des ron- 
ces; combien plus sur toutes les 
maisons joyeuses d'une cité exul- 
tante? 

14.Lamaisona été abandonnée, 
la multitude de la ville a été dé- 
laissée; des ténèbres palpables se 
sont formées sur des cavernes 
pour jamais. La joie des onagres, 
ce sont les páturages des trou- 
peaux, 


9. Ceux qui verront ; c'est-à-dire les voyants (videntium), ou prophétes. 
5. IL ne portera plus, etc. Isaie oppose le règne d'Ezéchias ou de Josias, princes 
magnifiques, bienfaisants, au régne d'Achaz, qui avait opprimé ses peuples et les 


avait épuisés par ses exactions. 


1. * Les armes traduit ici vases, de l'original et de la Vulgate, et signifie les machi- 
nations, les sourdes manœuvres du trompeur frauduleux. 
8. Il se tiendra, etc.; il exercera son autorité d'une main ferme sur les ministres 


qu'il choisira pour diriger son peuple. 


9-20. * Le prophéte s'adresse spécialement aux femmes riches qui semblent se 
tenir à l'écart et se livrer à leurs plaisirs, en se montrant indifférentes à ce qui se 


passe. 


10. Aprés, etc.; c'est-à-dire aprés un an et des jours; ou mieux, aprés un an et 
un an (compar. xxix, À), aprés deux ans. D'autant que le mot hébreu 7oux signifie 
Souvent une année quand il est mis au pluriel. 

41. Dépouillez-vous de vos beaux ornements. — Ceignez vos reins; prenez des 


vétements de deuil et de pénitence. 


44, La maison; est probablement mis pour le pluriel les maisons; l’hébreu porte 
un palais, — * La joie des onagres. Sur l'onagre, voir Job, xxiv, 9; xxxix, 5-8. 


1624 

15. Jusqu'à ce que soit répandu 
sur nous l'esprit du haut du ciel, 
et un désert sera converti en Car- 
mel; et le Carmel pour la forét 
sera réputé; 

16. Et le droit habitera dans la 
solitude, et la justice dans le Car- 
mel siégera; 

17. Et la paix sera l'ouvrage de 
la justice, et l'observation de la 
justice, le silence et la sécurité à 

jamais. 

18. Mon peuple se reposera dans 
la beauté de la paix, dans des 
tabernacles de confiance, et dans 
un repos opulent. 

19. Mais la gréle descendra sur 
la forét, et d'humiliation sera hu- 
miliée la cité. 

90. Bienheureux, vous qui se- 
mez sur toutes les eaux, y en- 
voyant le pied du bœuf et de 
l'àne. 


CHAPITRE XXXIII. 


Ruine des ennemis de Juda. Délivrance 
du peuple. Gloire de Jérusalem. 


1. Malheur à toi qui pilles; 
est-ce que toi-méme tu ne seras 
pas aussi pillé? et toi qui mé- 
prises, est-ce que toi-méme tu ne 


ISAIE. 


xxxrr.]‏ .זס] 


seras pas méprisé? Lorsque tu 
auras consommé le pillage, tu 
seras pillé; lorsque fatigué, tu 
cesseras de mépriser, tu seras 
méprisé. 

2. Seigneur, ayez pitié de nous, 
car c'est vous que nous avons 
attendu ; soyez notre bras dès le 
matin, et noire salut au temps de 
la tribulation. 

3. A la voix de lange, des peu- 
ples ont fui, et à cause de votre 
grandeur, des nations ont été dis- 
persées. 

4. Et on amassera vos dé- 
pouilles, comme on amasse la 
sauterelle, comme lorsqu'on en 
remplit des fosses. 

5. Le Seigneur a été magnifié, 
parce qu'il habite dans un lieu 
élevé; il a rempli Sion de juge- 
ment et de justice. 

6. Et la fidélité existera en tes 
jours ; la sagesse et la science se- 
ront des richesses de salut; et la 
crainte du Seigneur est son tré- 
sor. 

7. Voilà que voyant ils erieront 
au dehors; des anges de paix 
pleureront amèrement. 

8. Les voies ont été détruites, 


15. Un désert, etc. Compar. xxix, 17. 


19. Descendra ; littér. dans l'action de descendre; c'est le vrai sens de l'hébreu que 
la Vulgate a parfaitement rendu par in descensione. — D'humiliation sera humiliée ; 
hébraisme, pour : sera profondément, ou entièrement humiliée. — La cité; probable- 
ment Ninive, prise par Nabuchodonosor et Astyage, sous le régne de Josias. 

20. Sur toutes les eaux; sur tous les terrains bien arrosés. — Y envoyant, etc.; en 
y envoyant le beeuf et l'àne paitre ou fouler le grain. 


1. Malheur, etc.; ces menaces s'adressent à Sennachérib, qui était la figure des 


ennemis de l'Eglise. 


4. Vos dépouilles; ὃ Assyriens. — La sauterelle sans ailes (bruchus). 


5. Dans un lieu élevé; d'où il voit tout. 


6. En tes jours, etc. Cela se rapporte au règne du roi Ezéchias, mais dans un sens 


plus relevé à la domination du Messie. 


1. Voilà, etc. Les Juifs de la campagne, voyant leur pays ravagé, crieront au de- 
hors de Jérusalem. — Des anges de paix; des députés pour demander la paix. Com- 


par. IV Rois, xvi, 14. 


8. Il a rejeté, etc. Tout ceci est dit de Sennachérib. 


ἴση. χσσπι. 


le passant a cessé d'aller par le 
sentier, l'alliance est devenue 
sans effet; il a rejeté des cités, 
ila compté pour rien les hommes. 

9. La terre a pleuré, et elle a 
langui ; le Liban a été couvert de 
confusion et avili ; etle Saron est 
devenu comme un désert ; et Ba- 
san a été ébranlé ainsi que le Car- 
mel. 

10. Maintenant je me lèverai, 
dit le Seigneur; maintenant je 
serai exalté, maintenant je serai 
élevé. 

11. Vous concevrez de la flam- 
me, et vous enfanterez de la 
paille; votre esprit comme un feu 
vous dévorera. 

12. Les peuples seront comme 
la cendre après un incendie ; com- 
me des épines rassemblées, ils 
seront brülés par le feu. 

13. Ecoutez, vous qui êtes au 
loin, ce que j'ai fait, et connais- 
sez, vous qui êtes proches, ma 
puissance. 

14. Les pécheursontétéatterrés 
dans Sion; la terreur a saisi les 
hypocrites; qui de vous pourra 
habiter avec un feu dévorant? 
qui de vous habitera avec des 
flammes éternelles ? 

15. Gelui qui marche dans la 


ISAIE. 


1625 
justice, etparle vérité; qui rejette 
un gain fruit de la calomnie, et 
secoue ses mains de toutprésent; 
qui bouche ses oreilles, afin de ne 
pas entendre des paroles de sang, 
et ferme ses yeux afin de ne pas 
voir le mal; 

16. Celui-là habitera dans des 
hauts lieux ; des roches fortifiées 
seront sa demeure élevée; le 
pain lui a été donné, et ses eaux 
sont fidèles. 

11. Ses yeux verront un roi 
dans son éclat; ils apercevront 
une terre de loin. 

18. Ton cœur méditera la crain- 
te : Oü est le savant? oü est celui 
qui pèse les paroles dela loi? où 
est le maitre des petits enfants? 

19. Tu pe verras pas un peuple 
impudent, un peuple au discours 
profond; de manière que tu ne 
puisses comprendre son langage 
disert; un peuple dans lequel il 
n'est aucune sagesse. 

20. Regarde, Sion, la ville de 
nos solennités ; tes yeux verront 
Jérusalem, habitation opulente, 
tabernacle qui en aucune maniere 
ne pourra étre transporté ; et ses 
clous ne seront jamais enlevés, 
et aucun de ses cordages ne sera 
rompu ; 


Car. XXXIII. 15. Ps. xiv, 2. — 18. I Cor., r, 20. 


9. * Saron ; plaine sur les bords de la Méditerranée, au nord de 18 Séphéla, et au 
sud du Carmel. — Basan. Voir Nombres, xxi, 33. 

11. Vous concevrez, etc. Le prophéte parle aux Assyriens. 

15. Un gain; c'est le sens de l'hébreu; la Vulgate porte l’avarice (avaritiam). — 
De la calomnie ; selon l'hébreu, d'oppressions. — De tout présent; c'est-à-dire, selon le 
texte original, pour ne pas prendre, ne pas recevoir de présent. 

16. Des roches fortifiées; littér. des fortifications de roches. — Sont fidéles; c'est- 
à-dire coulent en tout temps, ne font jamais défaut. 

11. Un roi, etc.; Ezéchias, environné de gloire, aprés la défaite de ses ennemis. — 


Une terre; leur patrie. 


19. * Un peuple au discours profond ; les Assyriens, dont les Hébreux ne compre- 


naient pas le langage. 


20. Ses clous (clavi ejus); ou plutót ses pieuz suivant le terme hébreu, que la Vul- 


1026 


91. Parce que c'est laseulement 
que notre Seigneur est magnifi- 
que ; lelieu occupé parles fleuves 
offrira des canaux très larges et 
trés spacieux ; il n'y passera pas 
de vaisseau à rames, et la grande 
trireme ne le traversera pas. 

29. Car le Seigneur est notre 
juge, le Seigneur est notre légis- 

Jateur ; le Seigneur est notre roi; 
c est lui qui nous sauvera. 

| 23. Tes cordages se sont relà- 
chés, et ils n'auront plus de force ; 
tel sera ton mát, que tu ne pour- 
ras pas étendre ton signal. Alors 
on partagera les dépouilles et le 
grand butin; des boiteux méme 
enlèveront du butin. 

24. Et un voisin ne dira pas : 
Je suis las; quant au peuple qui 
y habitera, l'iniquité lui sera ôtée. 


CHAPITRE XXXIV. 


Vengeance du Seigneur contreles nations, 
et en particulier contre l'Idumée. 


1. Approchez, nations, et écou- 


ISAIE. 


[cit. xxxiv] 


tez ; peuples, soyez attentifs : que 
la terre écoute, ainsi que sa plé- 
nitude, le globe et tout ce qu'il 
produit. 

2. Parce que l’indignation du 
Seigneur est sur toutes les na- 
tions, et sa fureur sur leur milice 
entière ; 1[ 168 atués et les alivrés 
au carnage. 

3. Ceux qui leur ont été tués 
seront jetés dehors, et de leurs 
cadavres s'élévera une odeur fé- 
lide, et des montagnes seliquéfie- 
ront par leur sang. 

4. Et toute la milice des cieux 
se liquéfiera ; et les cieux serou- 
leront comme un livre; et toute 
leur milicetomberacommetombe 
une feuille d'une vigne et d'un fi- 
guier. 

5. Parce que mon glaive s'est 
enivré de sang dans le ciel ; voici 
qu'il descendra sur l'Idumée, et 
sur un peuple que j'ai voué à la 
mort, pour /e juger. 

6. Le glaive du Seigneur est 
plein de sang, il est couvert de 


gate elle-même a rendu presque partout ailleurs par pieu. — Sion et Jérusalem; re- 
présentent ici l'Eglise à qui seule appartient l'entier accomplissement de ces pro- 
messes magnifiques. 

21. Le lieu, etc. Les fleuves seront si larges et si rapides, que les plus grands vais- 
seaux de l'ennemi ne pourront les traverser pour venir nous attaquer. 

93. Ils n'auront plus de force; soit pour résister à la violence du vent, soit pour 
maintenir le mát, soit pour soutenir les voiles. — Les dépouilles et le grand butin ; 
littér., et par hébraisme, Jes dépouilles du grand butin. 

24. L'iniquité; c'est-à-dire la peine de l'iniquité, tout mal, toute misère qui est la 
punition de l'iniquité. On a déjà vu souvent que dans le style biblique, le pécAé, l'ini- 
quilé signifient aussi la peine due au péché, à l'iniquité. 

2. Leur (eorum), et les (eos). Ces pronoms masculins se rapportent au nom ennemis 
sous-entendu. : 

3. Et des montagnes, etc. La quantité du sang répandu sera si grande, que la terre 
des montagnes se fondera et s'écoulera, en quelque sorte, comme il arrive dans un 
débordement extraordinaire des eaux. C'est une expression hyperbolique. 

4. Toute la milice, etc.; autre expression hyperbolique, pour dire que les astres 
eux-mémes participeront à la commotion générale. — Se rouleront, etc. Chez les 
anciens, les livres étaient formés de rouleaux d'écorce d'arbres. Ce qui est dit ici et 
dans 16 verset suivant se rapporte aussi à la fin du monde. Compar. Matth., xxtv, 29;; 
II Pierre, ur, 12; Apocal., vi, 12-14. 

6. Bosra; une des principales villes de l'IGumée. — La terre d'Edom; l'Idumée, — 

Sur Bosra, voir Genése, xxxvi, 33. 


CH. xxxiv.] 


graisse, du sang des agneaux et 
des boucs, du sang des béliers 
les plus gras; car il y a une vic- 
time du Seigneur à Bosra, et un 
grand carnage dans la terre d'E- 
dom. 

Et des licornes descendront‏ .ד 
avec eux, et des taureaux avec les‏ 
puissants d'entre eux : leur terre‏ 
sera enivrée de saug, et leur sol‏ 
de la graisse des gras;‏ 

8. Parce que c'est le jour de la 
vengeance du Seigneur, l'année 
des rétributions dans le jugement 
de Sion. 

9. Et ses torrents seront con- 
vertis en poix, et son sol en sou- 
fre, et sa terre deviendra une poix 
brülante. 

10. Ni nuit ni jour 16 feu ne 
s'éteindra, à jamais s'élévera sa 
fumée; de génération en géné- 
ration elle sera désolée; dans les 
siecles des siecles personne n'y 
passera. 

11. Etl'onocrotale etle hérisson 
la posséderont ; l'ibis etle corbeau 
y habiteront; et le cordeau sera 
étendu sur elle, afin qu'elle soit 


ISATE. 


1627 
réduiteaunéant, etle niveau pour 
sa ruine. 

12. Ses nobles ne seront paslà ; 
ils invoqueront un roi, ettous ses 
princes seront anéantis. 

13. Et les épines et les orties 
croitront dans ses maisons, et le 
paliure dans ses forteresses; et 
elle sera le repaire des dragons 
et le páturage des autruches. 

14. Les démons y rencontreront 
lesonocentaures, etlebouccriera, 
l'un à l'autre; là s'est couchée la 
lamie, et elle ψ a trouvé son repos. 

15. Le hérisson à eu une ta- 
nière, et a nourri ses petits, et il 
a creusé tout autour, et il les a 
réchauffés sous son ombre; là se 
sont assemblés les milans, l'un 
près de l'autre. 

16. Recherchez dans le livre du 
Seigneur, et lisez; une seule de 
ces choses n'a pas manqué; l'un 
n'a pas cherché l'autre; parce que 
ce qui procede de ma bouche, c'est 
lui qui l'a commandé, et que son 
esprit lui-méme a rassemblé ces 
choses. 

17. Et lui-même ἃ jeté pour eux 


1. * Des licornes ; en hébreu, des bœufs sauvages. 

8. L'année, etc.; c'est-à-dire l’année où dans un jugement le Seigneur fera justice 
à Sion, en lui rendant ce que ses ennemis lui avaient enlevé. 

9. * Poix, soufre. Ces comparaisons rappellent les volcans de l'Idumée et les dé- 


sastres de Sodome et de Gomorrhe. 
11, 44, 15. * Voir plus haut, ,זא‎ 


14. Le bouc. Voy., sur le sens de ce mot, xin, 21. — * La lamie, hébreu : /ilith, la 
nocturne, sorte de démon qui fait ses ravages la nuit. D'aprés les fables rabbiniques, 
Lilith avait été la première femme d'Adam. Elle l'abandonna et fut changée en démon. 
Elle aimait, comme la Lamie des Romains, à faire périr les enfants. 

15. Sous son ombre (in umbra ejus); c'est-à-dire sous le hérisson; ou, selon plu- 
sieurs, à l'ombre de la fosse, ou bien, selon d'autres, à l'ombre d'Edom en ruines. 
Le premier sens nous a paru le plus probable et le plus conforme à l'hébreu. 

16. Une seule de ces choses (unum ex eis); que je dis. Les prophètes, sûrs de la 
vérité de leurs prédictions, les dataient ordinairement; et, aprés les avoir prononcées 
devant le peuple, ils les écrivaient, afin qu'on püt s'assurer après coup de la certi- 
tude de ce qui avait été prédit. Voy. xxx, 8. — L'un (unus), et l'autre (aller); ces mots 
ne peuvent se rapporter qu'aux milans (milvi), nom masculin; d'ailleurs ce qui suit 
n'autorise aucun autre sens. 

11. Lui-méme; le Seigneur. — Tout ce qui est dit dans cette prophétie contre l'I- 


1628 


le sort, et sa main a divisé leur 
part au cordeau ; jusqu'à l'éternité 
ils la posséderont, et dans toutes 
les générations ils y habiteront. 


CHAPITRE XXXV. 


Rétablissement de la Judée. Biens promis 
aux fils de Juda. 


1. Elle se réjouira, la terre dé- 
serte et sans chemin, ef elle exul- 
tera,lasolitude, et fleurira comme 
le lis. 

9, Germant, elle germera, et 
elle exultera toute joyeuse et 
chantant des louanges; la gloire 
du Liban lui a été donnée, la 
beauté du Carmel et du Saron; 
eux-mémes verront la gloire du 
Seigneur, et la majesté de notre 
Dieu. 

3. Fortifiez les mains languis- 
santes, et affermissez les genoux 
débiles. 

4. Dites aux pusillanimes : Pre- 
nez courage, et ne craignez point; 
car voici que votre Dieu amènera 
la vengeance de rétribution; Dieu 
lui-méme viendra, et il vous sau- 
vera. 

5. Alors les yeux des aveugles 
s'ouvriront, et les oreilles des 
sourds entendront. 


ISAIE. 


[cu. xxxv.] 
6. Alors le boiteux bondira 
comme le cerf, et la langue des 
muets sera déliée ; parce que des 
eaux se sont répandues dans le 
désert, et des torrents dans la so- 
litude. 

1. Et /a terre qui étaitaride sera 
comme un étang, et celle qui 
avait soif, comme des fontaines 
d'eaux. Dans les repaires dans les- 
quels auparavant habitaient des 
dragons, croitra la verdure du ro- 
seau et du jonc. 

8. Et là sera un sentier et 
une voie, et elle sera appelée 
la voie sainte; l'impur n'y pas- 
sera pas, et ce sera pour vous 
une vole droite, en sorte que 
les ignorants ne s'y égareront 
pas. 

9. וז‎ n'y aura pas 18 de lion, et 
une mauvaise béte n'y montera 
pas, et ne s'y trouvera pas; mais 
ils y marcheront, ceux qui auront 
été délivrés. 

10. Et les rachetés par le Sei- 
gneur retourneront et viendront 
à Sion avec des chants de lou- 
ange; et une allégresse éternelle 
sera sur leur téte; ils obtiendront 
la joie et l'allégresse, et la dou- 
leur fuira ainsi que le gémisse- 
ment. 


— — M —— — M — ——————— 


dumée a recu son parfait accomplissement; cette petite contrée est encore aujourd'hui 
un désert abandonné aux bétes sauvages, et elle n'est traversée que par les Arabes 
nomades. 


1. La plupart des interprétes mettent l'accomplissement de cette prophétie au 
temps de Jésus-Christ. — Germant, elle germera; hébraisme, pour elle germera 
beaucoup. 

4. La vengeance de rétribution; c'est-à-dire la vengeance dans laquelle on rend à 
chacun selon son mérite. 

6. Le boiteux, etc. Les prodiges dont il est ici question désignent non seulement 
les miracles que Jésus-Christ a opérés sur les corps (Matth., xi, 5), mais encore ceux 
qu'il a opérés par sa gráce, dont les eaux ici mentionnées sont le symbole. 

T. * Des dragons; hébreu: des chacals, 


(cn. xxxvi.] 


CHAPITRE XXXVI 3. 


Sennachérib marche contre la Judée. Dé- 
putation de Rabsacés vers Ezéchias. 
Discours insolent de cet envoyé. 


4. Et il arriva enla quatorzieme 
année du regne du roi Ezéchias, 
que Sennachérib, roi d'Assyrie, 
monta contre toutes les villes for- 
tifiées de Juda, et les prit. 

9. Et le roi des Assyriens en- 
voya Rabsacès, de Lachis à Jéru- 
salem, vers le roi Ezéchias, avec 
une armée considérable; et il 
s'arréta à l'aqueduc de la piscine 
supérieure, dans la voie du Champ 
du foulon. 

3. Et sortit vers lui Eliacim, fils 
d'Helcias, qui était intendant de 
la maison, ainsi que Sobna, le 
scribe, et Joahé, fils d'Asaph, qui 
tenait les registres. 

4. Et Rabsaces leur dit : Dites à 
Ezéchias : Voici ce qu'a dit le 
grand roi, roi des Assyriens 
Quelle est cette confiance dont 
vous étes animés? 

9. Ou par quel conseil ou avec 
quelle force prétendez-vous vous 
révolter? en qui avez-vous con- 
fiance, pour que vous vous soyez 
relirés de moi ? 

6. Voici que vous vous appuyez 
sur ce báton de roseau cassé, 
l'Egypte ; ód£on qui, si un homme 
s'appuie dessus, entrera dans sa 


ISAIE. 


1699 
main et la percera ; ainsi est Pha- 
raon, roi d'Egypte, pour tous ceux 
qui se confient en lui. 

7. Que si vous me répondez : 
C'est dans le Seigneur notre Dieu 
que nous nous confions, n'est-ce 
pas celui dont Ezéchias a détruit 
les hauts lieux et les autels, et a 
dit à Juda et à Jérusalem : C'est 
devant cet autel que vous ado- 
rerez? 

8. Et maintenant livrez-vous à 
mon maitre, 16 roi des Assyriens, 
et je vous donnerai deux mille 
chevaux, et vous ne pourrez four- 
nir par vous-mémes des cavaliers 
pour eux. 

9. Et comment soutiendrez- 
vous la face du juge d'un seul 
lieu, d'entreles moindres officiers 
de mon maitre? Que si vous vous 
confiez dans l'Egypte, dans ses 
quadriges et dans ses cavaliers, 

10. Est-ce donc maintenantsans 
le Seigneur que je suis monté 
dans cette terre pour la perdre 
entierement? Le Seigneur ma 
dit : Monte sur cette terre, et 
perds-la entierement. 

11. Et dit Eliacim, ainsi que 
Sobna et Joahé, à Rabsacès : Par- 
lez à vos serviteurs en langue sy- 
riaque ; car nous /a comprenons; 
ne nous parlez pas en langue 
juive aux oreilles du peuple qui 
est sur le mur. 


Car. XXXVI. 1. IV Rois, xvii, 13; II Par., xxx. 1; Eccli., ,זזנטזא‎ 20. 


* Ce chapitre et les trois suivants contiennent le récit des choses que le prophéte 
avait prédites dans les précédents. Ajoutons que ce récit se retrouve au livre IVe des 
Rois, depuis le chap. xvnx, vers. 13, mais avec des variantes qu'il est bon de consulter, 

4. * Sennachérib. Voir 1V Rois, xvur, 13. 

2. * Lachis. Voir IV Rois, ננטא‎ 14. — Rabsacès. Voir IV Rois, xvui, 7. — Dans la 
voie du Champ du foulon. Voir ibid. 

3. * Eliacim, Sobna. Voir plus haut, xxir, 15-25. 

6. * Pharaon, Tharaka. Voir IV Rois, xvii, 91. 

3. N'est-ce pas celui, etc. Rabsacès, étant paien, parle ici comme un paien. 


1630 

19. Et Rabsaces leur dit : Est-ce 
donc vers ton maître et vers toi 
que m'aenvoyé mon maitre, pour 
dire toutes ces paroles, et non 
pas plutót vers les hommes qui 
sont sur le mur, pour qu'ils man- 
gent leurs excréments et boivent 
leur urine avec vous ? 

13. Et Rabsaces se tint debout 
et cria d'une voixforte en hébreu: 
Ecoutez les paroles du grand roi, 
du roi des Assyriens. 

14. Voici ce que dit le roi : Qu'E- 
zéchias ne vous séduise point; 
parce qu'il ne pourra vous arra- 
cher à ma main. 

15. Et qu Ezéchias ne vous 
donne point de confiance dans le 
Seigneur, disant : Le Seigneur 
nous délivrera certainement ; cet- 
te cité ne sera pas livrée à la main 
du roi des Assyriens. 

16. N'écoutez point Ezéchias; 
car voici ce que dit le roi des As- 
syriens : Faites la paix avec moi, 
etsortez vers moi, et vous man- 
gerez chacun de votre vigne et 
chacun de votre figuier, vous boi- 
rez chacun de l'eau de votre ci- 
lerne, 

17. Jusqu'à ce que je vienne et 
que je vous transporte dans une 
terre qui est comme votre terre, 
une terre de blé et de vin, une 
terre de pains et de vignes. 


XXXVII. 1. IV Rois, xix, 1.‏ .גא 


ISAIE. 


(cn. xxxvir.] 


18. Qu'Ezéchias ne vous décon- 
certe pas, disant : Le Seigneur 
nous délivrera. Est-ce que les 
dieux des nations ont délivré 
chacun sa terre de la main du roi 
des Assyriens? 

19. Où est le Dieu d'Emath et 
d'Arphad? oü est le Dieu de Sé- 
pharvaim ? est-ce qu'ils ont déli- 
vré Samarie de ma main ? 

20. Quel est celui de tous les 
dieux de ces terres qui a arraché 
sa terre à ma main, pour que le. 
Seigneur arrache Jérusalem de 
ma main ? 

21. Et ils garderent le silence, 
et ils ne lui répondirent pas un 
mot. Le roi en effet l'avait com- 
mandé, disant : Ne lui répondez 
pas. 

299. Et Eliacim, fils d'Heleias, 
qui était intendant de la maison, 
et Sobna, le scribe, et Joahé, fils 
d'Asaph, qui tenait les registres, 
entrerentaupres d'Ezéchias, leurs 
vétements déchirés, et ils lui rap- 
porterentles paroles de Rabsaces. 


CHAPITRE XXXVII. 


Consternation d'Ezéchias.Isaie le rassure. 
Blasphèmes de Sennachérib. Prière 
d'Ezéchias. Isaie lui promet le secours 
du Seigneur. L'ange du Seigneur ex- 
termine l'armée de Sennachérib. 


1. Etil arriva que lorsque le roi 


- וו‎ À— 


12. Leur dit; en s'adressant au principal d'entre eux. 

44. A ma main. Ces mots sont exprimés dans l'endroit parallèle, IV Rois, xvni, 21. 

15. Délivrera certainement; littér., et par hébraisme, délivrant, il délivrera. 

16. La paix. C'est ainsi que porte la version chaldaïque, et c'est ainsi que les plus 
habiles hébraisants entendent le terme hébreu, rendu dans la Vulgate par bénédiction, 
qui est, en effet, la signification la plus ordinaire du texte original. Cependant, si 
on considère que le mot bénédiction se prend pour le souhait d'une chose bonne et 
heureuse, et que la formule de salutation était paix à toi, paix à vous, on concevra 
aisément qu'on ait donné par métonymie le sens de paix à bénédiction. 

19. * Emath, Arphad. Voir plus haut, x, 9. — Sépharvai;. Voir IV Rois, xvir, 24. 

21 Ils gardérent, etc.; c'est-à-dire Eliacim, Sobna et Joahé. Voy. vers. 3. 


(cH, xxxvi.) 


Ezéchias /es eut entendues, il dé- 
chira ses vétements, et se couvrit 
d'un sac, et entra dansla maison 
du Seigneur. 

2. Et ilenvoya Eliacim qui était 
intendant dans la maison, et Sob- 
na, le scribe, et les plus anciens 
d'entre les prétres, couverts de 
sacs, vers Isaie, le prophète, fils 
d'Amos, 

3. Et ilslui dirent : Voici ce qu'a 
dit Ezéchias :Jour de tribulation, 
de reproche et de blaspheme, est 
ce jour-ci, parce que des enfants 
sont venus jusqu'àl'enfantement, 
et la force manque d la mère pour 
enfanter. 

4. Peut-étre que le Seigneur 
ton Dieu entendra les paroles de 
Rabsacès qu'a envoyé le roi des 
Assyriens son maitre pour blas- 
phémer le Dieu vivant, et pour 
l'insulter par les paroles qu'a en- 
tendues le Seigneur ton Dieu; 
fais donc monter une priere pour 
les restes qui ont été retrouvés. 

9. Et les serviteurs du roi Ezé- 
chias vinrent vers Isaïe, 

6. Et Isaïe leur dit : Vous direz 
ceci à votre maître : Voici ce que 
dit le Seigneur : Ne crains point 
à cause des paroles que tu as en- 
tendues, par lesquelles m'ont 
blasphémé les serviteurs du roi 
des Assyriens. 

7. Voilà que moi je lui enverrai 
un esprit de frayeur ; il apprendra 


ISAIE. 


1631 
unenouvelle, etil retournera dans 
sa terre, et je le ferai tomber par 
le glaive dans sa terre. 

8. Or Rabsacès s'en retourna, 
et trouva le roi des Assyriens for- 
mant le siege de Lobna. Car il 
avait appris qu'il était parti de 
Lachis, 

9. Et Sennachérib entendit, au 
sujet de Tharaca, roi d'Ethiopie, 
des gens disant : Il est sorti 
pour combattre contre vous. Ce 
qu'ayant entendu, il envoya des 
messagers à Ezéchias, en disant : 

10. Vous direz ceci à Ezéchias, 
roi de Juda : Qu'il ne vous trompe 
pas, votre Dieu, en qui vous vous 
confiez, disant: Jérusalem ne sera 
pas livrée à la main du roi des 
Assyriens. 

11. Voilà que vous-méme vous 
avez appris tout ce qu'ont fait les 
rois des Assyriens à tous les pays 
qu'ils ont détruits ; et vous, vous 
pourrez échapper? 

19. Est-ce que les dieux des 
nations ont délivré ceux qu'ont 
détruits mes pères, c’est-à-dire 
Gozam, et Haram, et Réseph, et 
les fils d'Eden qui étaient en Tha- 
lassar ? 

13. Où est le roi d'Emath, et 
le roi d'Arphad, et le roi de la 
ville de Sépharvaim, d'Ana et 
d'Ava? 

14. Et Ezéchias recut les livres 
de 18 main des messagers, et les 


8. IV Rois, xix, 8. — 13. IV Rois, xvinr, 34; xix, 13. 


8. * Formant le siége de Lobna, non loin de Lachis, mais au nord, de sorte que 
Sennachérib avait reculé, au lieu de continuer sa marche en avant contre l'Egypte. 
C'était la nouvelle de l'arrivée de Tharaca, à la tête de l'armée égyptienne, qui avait 
déterminé ce mouvement du roi de Ninive. 

12. * Gozam. Voir IV Rois, תוצא‎ 6. — Haram, Réseph, Eden, Thalassar. Voir IV Rois, 
XIX 19. 

13. * Emath, Arphad, Sépharvaim, Ana, Ava. Voir IV Rois, xvin, 34. 

14. Les livres (libros); ou la lettre, comme on lit dans l'endroit parallèle (IV Rois, 


1632 
lut, et il monta à la maison du 
Seigneur, et Ezéchias les étendit 
devant le Seigneur. 

15. Et Ezéchias pria le Seigneur, 
disant : 

16. Seigneur des armées, Dieu 
d'Israël, qui êtes assis sur les ché- 
rubins, c'est vous qui étes seul 
Dieu de tous les royaumes de la 
terre, c'est vous qui avez fait le 
ciel et la terre. 

17. Inclinez, Seigneur, votre 
oreille, et écoutez; ouvrez, Sei- 
gneur, vos yeux, et voyez, etl 
écoutez toutes les paroles de 
Sennachérib, qu’il a envoyées 
pour blasphémer le Dieu vivant. 

18. Car il est vrai, Seigneur, les 
rois des Assyriens ont rendu dé- 
serisles pays et leurs contrées. 

19. Ils ont jeté leurs dieux au 
feu; car ce n'étaient pas des 
dieux, mais des ouvrages de 
mains d'hommes, du bois et de 
la pierre; et ils les ont mis en 
pieces. 

20. Et maintenant, Seigneur 
notre Dieu, sauvez-nous de sa 
main ; et qu'ils sachent, tous les 
royaumes de la terre, que c'est 
vous qui étes le seul Seigneur. 

91. Et Isaie, fils d'Amos, envoya 
vers Ezéchias, disant : Voici ce 
que dit le Seigneur Dieu d'Israël : 
A l'égard de ce que tu m'as de- 
mandé touchant Sennachérib, roi 
d'Assyrie, 

22. Voici la parole que le Sei- 
gneur a dite à son sujet : Elle t'a 


ISAIE. 


(cg. xxxvit.. 
méprisé, et elle t'a raillé, la vier- 
ge, fille de Sion; derriere toi elle 
a secoué la tête, la fille de Jéru- 
salem. 

23. Qui as-tu insulté, qui as-tu 
blasphémé, et contre qui as-tu 
élevé la voix, et porté en haut tes 
yeux? Contre le saint d'Israél. 

24. Par l'entremise de tes ser- 
viteurs tu as insulté le Seigneur, 
et tu as dit : Avec la multitude 
de mes quadriges, moi je suis 
monté sur la hauteur des mon- 
tagnes, les chaines du Liban; je 
couperai les cimes de ses cedres, 
et ses plus beaux sapins, et je pé- 
nétrerai jusqu'à la pointe de son 
sommet, jusqu'à la forêt de son 
Carmel. 

95. C'est moi qui ai creusé des 
sources, et j'ai bu de l'eau, et j'ai 
séché par la trace de mon pied 
toutes les rivières retenues par 
des digues. 

26. N'as-tu donc pas oui dire les 
choses qu'autrefois j'y ai faites? 
dès les temps anciens, c'est moi 
qui ai disposé cela; et maintenant 
je l'ai amené et accompli en dé- 
truisant les collines qui s'entre- 
choquent et les cités fortifiées. 

97. Leurs habitants, à la main 
raccourcie, ont tremblé et ont été 
confondus; ils sont devenus com- 
me le foin d'un champ et le gazon 
d'un pâturage, et l'herbe des 
toits, qui a séché avant qu'elle füt 
mûre. 

98. Ton habitation, et ta sortie, 


xix, 14). Ajoutons que le terme hébreu qui signifie un écrit (scriptum), en général, 
se prend aussi dans le sens particulier de lettre (epistola), aussi bien que dans celui 


de livre (Liber). 


24. Par l'entremise; littér. par la main (in manu). Le mot main se prend souvent 
en effet dans la Bible pour moyen, instrument, intermédiaire. 
21. A la main raccourcie (breviata manu); qui ont les mains faibles, qui sont im- 


puissants. 


[cu xxx vui] 


et ton entrée. je les ai connues, 
ainsi que ta fureur extravagante 
contre moi. 

29... Lorsque tu. étais; furieux 
contre moi, ton orgueil est monté 
àmesoreilles; je mettrai done un 
cercle.à tes narines, et un mors à 
ta bouche, et. [6 te ramènerai par 
la voie par laquelle tu es venu. 

90. Mais pourtoi, Ezéchias, voici 
un signe : Mange cette année de 
ce. qui.naitra de soi-méme, et en 
la seconde année nourris-toi- de 
fruits; mais en la troisieme ànnée, 
semez et moissonnez, et. plantez 
des vignes, et mangez-en le fruit. 

91.. Et ce qui sera sauvé de Ja 
maison de Juda, et ce qui est 
resté, jettera racine en bas, et fera 
du fruit en haut ; 

32. Parce que de Jérusalem sor- 
tiront, des restes, et ce qui :séra 
sauvé 06.18 montagne de Sion; le 
zèle du Seigneur des armées fera 
cela... 

93. À cause de icis voici ce.que 
dit.le Seigneur du roi des. Assy- 
riens : Il.n'entrera. pas dans cette 
cité, il ny lancera pas de fleche, et 
pas. un bouclier.ne loceupera, et 
il n'élévera pas de terrasse autour 
d'elle. 


_86. Supra, xxxi, 8;-IV Rois, xix,-85: Tobie, r, 24; Eccli:, 
I. IV Rois, xx, 1; II Par., xxxi, 24. 


II Mach., vin, 19. — 68. XXXVIII, 


ISAIE. 1633 


34. Il retournera parla voie 
par laquelle il:est venu; il n'en- 
trera pas dans cette 6 dit le 
Seigneur; 

35. Et je protégerai cette dité, 
afin que je là sauve à cause: de 
moi et à cause de 80, mon 
serviteur: 

36. Or un ange du Seiguiad 
sortit et frappa dans le camp des 
Assyriens cent quatre-vingt-cinq 
inilleAommes.On 86 168 16 matin, 
etvoici que tous étaient des corps 
de morts. 

91. Etil partit, et il s'en alla, et 
il retourna, Sennachérib, roi des 
Assyriens, et il habita à Ninive. 

38. Et iL arriva que, comme il 
adoraitdans 16 temple de Nesroch, 
son dieu; Adramélech et Sarasar 
ses fils 16 frapperent du glaive et 
s'enfuirent 0818 18 terre d'Ararat; 
et Asarhaddon son fils régna en sa 
place. 


CAPITRE XXX VIII. 


Maladie d'Ezéchias. 6 guérison miracu- 
leuse.. Rétrogradation du soleil: Can: 
tique d'Ezéchias. 


1. En ces jours-là, Ezéchias fut 
malade jusqu'à 18 mort, et entra 
auprès de lui Isaie,. le. prophète, 


xrvrr, 24; T Mach, vit, 41; 


29. * Un mors à tes Lèvres: Voir IV Rois, xix, 28. 


36. On se leva; littér. ils se levérent (surrezerunt); 


probablement les gens du roi. 


Suivant la Vulgate, dans IV Rois, xix, 35, ce fut Sennacbérib qui; s'étant levé, vit 
tous ses soldats morts; mais là, comme ici, l'hébreu, le chaldéen et les Septante 
portent le pluriel. . 

91. " Voir, pour ce verset, IV Rois, xix, 36. 

38. Nesroch; est le complément du mot £emple et nullement du verbe adorait; 1 
le latin de 18 Vulgate est amphibologique, le texte hébreu ne l'est pas. C'est ce qu'ont 
parfaitement compris les vieilles traductions françaises, et la version anglaise catho- 
lique. — La terre d' Ararat; c'est-à-dire d'Arménie. Compar. IV Rois, xix, 31. — * Ara- 
rat; aujourd'hui. Erivan, l'ancienne Arménie. — Sur Asarhaddon, voir IV Rois, xix, 81. 
— Le dieu Nesroch n'a pas été encore retrouvé dàns 1ἃ viythólogié assyrienme, Les 
documents assyriens rappellent d'ailleurs les faits racontés ici, 


As; T. :103 


1634 
fils.d'Amos, et lui dit : Voici ce 
que dit le Seigneur : Mets ordre 
àtamaison,parce que tu mourras, 
toi, et tu ne vivras pas. 

2. Et Ezéchias tourna sa face 
vers la muraille et pria le Sei- 
gneur, 

3. Et il dit : Je vous conjure, 
Seigneur, souvenez-vous, je vous 
prie, comment j'ai marché devant 
vous dans la vérité et avec un 
cœur parfait, et comment j'ai fait 
ce qui est bon à vos yeux. Et Ezé- 
chias pleura d'un grand pleur. 

4, Et la parole du Seigneur fut 
adressée à Isaie, disant : 

5. Va, et dis à Ezéchias : Voici 
ce que dit le Seigneur Dieu de 
David, votre pere: J'ai entendu ta 
priere, et j'ài vu tes larmes ; et 
voici que j'ajouterai à tes jours 
quinze années; 

6. Et je t'arracherai à la main du 
roi des Assyriens, toi et cette cité, 
et je la protégerai. 

1. Or, voici lesigne que tu auras 
du Seigneur, que le Seigneur ac- 
complira cette parole qu'il a dite: 

8. Voici que moi je ferai que 
l'ombre des lignes par lesquelles 
elle était descendue sur l'horloge 


8. Eccli., xzvinr, 26. 


ISAIE. 


[cit: וצצ‎ 


d'Achaz au soleil, retournera en 
arriere de dix lignes. Et le soleil 
retourna de dix lignes par les 
degrés par lesquels il était des- 
cendu. 

9. Écrit d'Ezéchias, roi de td, 
lorsqu'il eut été malade et qu'il 
eut été rétabli de sa maladie. 

10. Moi j'ai dit : Au milieu de 
mes jours j'irai aux portes de 
l'enfer. 

J'ai cherché le reste de mes an- 
nées. 

11. J'ai dit : Je ne verrai pas le 
Seigneur Dieu dans la terre des 
vivants. 

Je n'apercevrai plus d'homme, 
et d'habitant du repos. 

12. Ma génération m'a été en- 
levée, pliée comme un tabernacle 
de pasteurs. 

Ma vie a été coupée comme 
par un tisserand; lorsque j'our- 
dissais encore, il m'a tranché; 
d'un matin à un soir vous m ache- 
verez. 

13. J'espérais jusqu'au malin ; 
mais, comme un lion, ainsi il a 
brisé tous mes os; 

D'un matin à un soir vous m'a- 
chèverez; 


8. Je ferai, etc. Voy., sur ce fait miraculeux, IV Rois, xx, 11. — * Voir la note 22 
à la fin du volume. 

9. Ecrit (ser iplura); c'est aussi le sens de l'hébreu; le grec porte prière. — D'Ezé- 
chias. 11 n'y a aucune raison suffisante de lui refuser la composition de ce beau can- 
tique. 

10-20. * Elégie empreinte d'une profonde mélancolie, d'une grande beauté littéraire. 
Elle est divisée. en quatre strophes : 10-12; 43-14; 15-17; 18- 20. Les deux premières 
dépeignent le triste état du malade avant la promesse de sa guérison; les deux der- 
niéres expriment la confiance que Dieu le rétablira et il s'engage à étre reccnnais- 
sant envers lui: c'est son action de grâces. 

10. Au milieu de mes jours, etc. Les Hébreux regardaient comme une espéce de 
malédiction et de punition de Dieu de mourir au milieu de leur carrière, et avant 
d'avoir achevé les jours d'une vie ordinaire. Compar. Ps. Liv, 23; Ps. cr, 24; Jérém;, 
xvii, 11. — * Aux portes de l'enfer, hébreu : scheól, séjour des justes comme des pé- 
cheurs aprés la mort, avant la venue de Jésus-Christ. 

12. Généralion; c'est-à-dire postérité, descendance. — 125, Comme la trame, 


[ca. xxxix.] 


ISAIE. 


1635 


14. Comme 16 petit d'une hiron- | lui qui vous glorifiera, comme 


delle, ainsi je crierai, je méditerai 
comme la colombe; 

Mes yeux se sont lassés, regar- 
dant en haut; 

Seigneur, je souffre violence, 
répondez pour moi. 

15. Que dirai-je, ou que me ré- 
pondra-til, puisque lui-même a 
fait cela ? 

Jerepasseraidevant vous toutes 
mes années dans l'amertume de 
mon àme. 

16. Seigneur, si c'est ainsi que 
l'on vit, et si c'est dans de telles 
choses qu'estla vie de mon esprit, 
vous me chátierez et vous me ren- 
drez la vie. 

17. Voici qu'avec la paix se 
trouve mon amertume la plus 
amère ; 

Or, c'est vous qui avez délivré 
mon âme afin qu'ellene périt pas, 
vous avez jeté derrière vous tous 
mes péchés. 

18. Parce que l'enfer ne vous 
glorifiera pas, ni la mort ne vous 
louera; ceux qui descendent dans 
lafosse n'attendront pas votre vé- 
rité. 

19. Le vivant,le vivant, c'est 

(βαρ. XXXIX. 1. IV Rois, xx, 12. 


moi-méme aujourd'hui; le pere 
fera connaitre à ses fils votre vé- 
rité. 

20. Seigneur, sauvez-moi, et 
nous chanterons nos psaumes 
tous les jours de notre vie, dans 
la maison du Seigneur. 

21. Et Isaie ordonna que l'on 
prit une panerée de figues, et 
qu'on en mit un cataplasme sur 
la blessure du roi, afin qu'il fût 
guéri. 

22. Et Ezéchias dit : Quel sera le 
signe que je monterai à la maison 
du Seigneur ? 


CHAPITRE XXXIX. 


Ezéchias montre ses trésors aux députés 
du roi de Babylone. Il en est repris 
par Isaïe. 


1. En ce temps-là Mérodach Ba- 
ladan, fils de Baladan, roi de Ba- 
bylone, envoya des livres et des 
présents à Ezéchias; car il avait 
appris qu'il avait été malade, et 
qu'il était guéri. 

2. Ezéchias se réjouit à Z’arrivée 
des députés, etleur montra le lieu 
où étaient conservés les aroma- 
tes, l'argent et l'or, les parfums, 


———————— —— M M M MM ————  À  ——— Ἀ .ὕ.. 


14. Je méditerai (meditabor); ou bien 7e gémirai, sens qu'a le verbe hébreu, aussi 
bien que celui de méditer. 

15. A fait cela; m'a envoyé la maladie dont je suis atteint. 

11. Voici qu'avec la paiz, etc.; mais maintenant je jouis de la paix au milieu de ma 
plus cruelle amertume. 

18. La fosse (lacum); le tombeau. Compar. xiv, 15. — Votre vérité, Dans le langage 
de l'Ecriture, la vérité de Dieu, c'est la fidélité à garder sa parole, à exécuter ses pro- 
messes. — * L'enfer ne vous glorifiera pas. Voir Ps. νι, 6; xxix, 10; rxxxvir, 12. 

21. Et Isaie, etc. Ceci avant qu'Ezéchias eüt composé son cantique. 

22. Quel sera, etc.; la réponse à cette question se trouve un peu plus haut au vers. 8. 


1. Des livres; ou une lettre, des lettres (litteras), comme on lit dans l'endroit 
paralléle (IV Rois, xx, 12), et ici dans les Septante. Voy. aussi, sur la signification 
de ce mot, Isaze, xxxvit, 14. — * Mérodach Baladan. Voir IV Rois, xx, 12. 

2. Se réjouit à l'arrivée des députés; littér. se réjouit sur eux. Le texte de IV Rois, xx, 
13, porte se réjouit à leur arrivée. 1[ est vrai qu'il ne nomme pas plus les députés que 
ne le fait Isaie lui-méme; mais ce mot est évidemment sous-entendu et suffisamment 


.103 


1656 
et les essences les meilleures, 
tous les endroits où étaient les 
meubles, et tout ce qui se trouva 
dans ses trésors. Il n'y eut chose 
que ne leur montrát Ezéchias de 
ce qui était en sa maison et toute 
sa puissance. 

3. Or Isaie, le prophète, entra 
auprès du roi Ezéchias, et lui dit : 
Qu'ont dit ces hommes, et d'oü 
sont-ils venus vers vous? Et dit 
Ezéchias : C'est d'une terre loin- 
taine qu'ils sont venus vers moi, 
de Babylone. 

4. Et le prophète dit : Qu'ont-ils 
vu dans votre maison? Et Ezéchias 
dit : Tout ce qu'il y a dans ma 
maison, ils l'ont vu ; il n'est cho- 
se que je ne leur aie montrée 
dans mes trésors. 

ὃ. Et Isaie dit à Ezéchias 
Ecoute la parole du Seigneur 
des armées. 

6. Voilà que des jours vien- 
dront, et que sera emporté à Da- 
bylone tout ce qui est dans ta 
maison, et ce qu'ont amassé tes 


ISAIE. 


(cn. xt.] 
pères jusqu'à ce jour; rien ne 
sera laissé, dit le Seigneur; 

7. Et on prendra de tes fils qui 
sortiront de toi, et que tu auras 
engendrés, et 118 seronteunuques 
dans le palais du roi de Babylone. 

8. Et Ezéchias dit à Isaie : Bonne 
est la parole du Seigneur que tu 
as dite. Puis il dit : Qu'il y ait paix 
seulement et vérité durant mes 
jours. 


CHAPITRE XL 2. 


Délivrance d'Israël. Voix qui se fait en- 
tendre dans le désert. Manifestation 
du Seigneur, sa grandeur, sa puissance. 
Bonheur de ceux qui persévérent dans 
l'attente du Seigneur. 


1. Consolez-vous, mon peuple, 
consolez-vous, dit votre Dieu. 

2. Parlez au cœur de Jérusa- 
lem et appelez-la; parce que sa 
malice est arrivée au terme, son 
iniquité a été pardonnée; elle a 
recu de la main du Seigneur 
une double peine pour tous ses 
péchés. 

3. Voici la voix de quelqu'un 


CuaP. XL. 3. Matt., rr, 3; Marc, 1, 3; Luc, iri, 4; Jean, 1, 23. 


représenté parle pronom dans tout le verset. — Chose; littér. parole; mais comme 
nous l'avons déjà remarqué, le terme hébreu correspondant signifie les deux choses. 


* L'authenticité de ce chapitre et des suivants jusqu'à la fin a été combattue par 
les exégétes rationalistes d'Allemagne de ces derniers temps. 

1. * Ici commence la seconde partie d'Isaie, qui comprend les chapitres xr-Lxvir. 
Elle se partage en trois séries de discours, subdivisés en groupes de neuf: xr-xrvit; 
XLIX-LVI; LVII-LXVI. Pour plus de détails sur les caractères généraux de la seconde 
partie, voir la note 23à la fin du volume. — La première section, xL-xLvIn, fait ressortir 
la différence qui existe entre le vrai Dieu et les faux dieux. — Le chapitre xr ren- 
ferme le premier discours et sert d'introduction générale. Il nous fait connaitre l'objet 
de la mission du prophéte, qui est de consoler son peuple et de lui annoncer le 
salut, en fondant ces consolations et ces espérances sur la toute-puissance de Dieu 
et sur la gloire du règne du Messie. — Les versets 1-11 sont comme 16 prologue des 
91 discours. Les versets 3-8 prédisent la mission du précurseur du Messie, S. Jean- 
Baptiste. Après l'introduction générale, 1-11, Isaie montre combien Dieu est incom- 
parablement grand et quelle est la folie des adorateurs des idoles. Les Juifs ne doi- 
vent compter que sur le secours du Seigneur qui seul peut les consoler, 12-31. 

2. Malice (malitia); ou, comme lisent plusieurs exemplaires latins, milice (militia); 
ce que porte le texte hébreu. — Double; c'est-à-dire trés grande, considérable. Com- 
par. מא‎ 7; Jérém., xvi, 18; xvir, 18; Apocal., xvii, 6. 

3. La voix, etc. Compar. Matth., uz, 3; Luc, nr, 4. — * En Orient, on prépare les 


[cn. xL.] 
qui crie dans le désert : Préparez 
la voie duSeigneur ; rendez droits 
dans la solitude les sentiers de 
notre Dieu. 

4. Toute vallée sera comblée, 
et toute montagne et colline 
sera abaissée ; les chemins tortus 
seront redressés, et les rabo- 
teux deviendront des voies apla- 
nies. 

5. Et la gloire du Seigneur se- 
ra révélée, et toute chair verra 
en méme temps que la bouche du 
Seigneur a parlé. 

6. Voici la voix de quelqu'un 
qui dit : Crie. Et j'ai dit : Que 
dirai-je? Toute chair est de l'her- 
be, et toute sa gloire est comme 
la fleur du champ. 

7. L'herbe s'est desséchée, et 
la fleur est tombée, parce que le 
souffle du Seigneur a soufflé sur 
elle. Vraiment lherbe, c'est le 
peuple; 

8. L'herbe s'est desséchée, et la 
fleur est tombée; mais la parole 
de notre Seigneur demeure éter- 
nellement. 

9. Sur une haute montagne, 
monte, toi qui évangélises Sion ; 
élève avec force ta voix, toi qui 
évangélises Jérusalem; éleve-la, 
ne crains pas. Dis aux cités de 
Juda : Voici votre Dieu; 

10. Voici que le Seigneur Dieu 
viendra dans sa puissance, et que 
son bras dominera; voici que sa 


ISAIE. 


1637 


récompense est avec lui, et que 
son œuvre est devant lui. 

11. Comme un pasteur, il paitra 
son troupeau, et avec son bras il 
rassemblera les agneaux, et il les 
prendra dans son sein, il portera 
lui-méme les brebis pleines. 

19. Qui a mesuré les eaux dans 
sa poignée, et ἃ pesé les cieux 
daus la paume de sa main? Qui a 
soutenu de trois doigts la masse 
de la terre, et a équilibré les 
montagnes au poids, et les colli- 
nes dans la balance? 

18. Qui a aidé l'esprit du Sei- 
gneur? ou qui a été son conseiller 
et l'a enseigné ? 

14. Avec qui est-il entré en 
conseil, et qui lui a donné l'intel- 
ligence, et lui a enseigné le sen- 
lier de la justice, et l'a formé à 
la science, et lui a montré la voie 
de la prudence? 

15. Voici que les nations sont 
réputées comme une goutte cou- 
lant d'un seau, comme ce qui 
donne un mouvement à une ba- 
lance; voici que les iles sont 
comme une poussiere légere. 

16. Et le Liban ne suffira pas 
pour allumer 76 feu de son autel, 
et ses animaux ne suffiront pas 
pour unholocauste. 

11. Toutesles nations,comme si 
elles n'étaient pas, ainsi sont-elles 
devant lui ; et elles sont réputées 
par lui comme le néant et le vide. 


6. Eccli., xiv, 18; Jac., 1, 10; I Pierre, 1, 24. — 11. Ezéch., xxxiv, 23; xxxvir, 24; 
Jean, x, 11. — 13. Sag., 1x, 13; Rom., xr, 34; I Cor., τι, 16. 


————————————M M HH .. 


voies au souverain dans les lieux où il doit passer, en faisant des routes ou en ré- 


parant celles qui existent déjà. 


9. Les promesses contenues dans ce verset et les suivants n'auront leur parfait 
accomplissement qu'à la venue de Jésus-Christ, 

10. Sa récompense; c'est-à-dire la récompense qu'il doit accorder. —- OEuvre, ou 
mieux, par métonymie, fruit de l'œuvre, salaire, sens qu'a le terme hébreu corres- 


pondant. 


1635 

48. À qui done avez-vous fait 
semblable le Seigneur? quelle 
forme lui donnerez-vous? 

19. Est-ce que l'ouvrier ne jette 
oas une statue en fonte, ou l'or- 
fevre ne la forme-t-il pas en or, 
et l'argenteur ne la recouvre-t-il 
pas de lames d'argent? 

90. 11 choisit un bois fort et in- 
corruptible; l'artiste habile cher- 
che comment il placera sa statue, 
pour qu'elle ne chancelle point. 

91. Estce que vous ne savez 

pas? est-ce que vous n'avez pas 
entendu? est-ce qu'on ne vous a 
pas annoncé dès le commence- 
ment? est-ce que vous n'avez pas 
compris les fondements de la 
terre? 
'* 99, Est-ce que vous n'avez pas 
compris qui est celui qui demeure 
sur le globe dela terre, et ses ha- 
bitants sont comme des saute- 
relles; qui ἃ étendu les cieux 
comme rien, et les ἃ déployés 
comme un tabernacle qui doit 
étre habité ? 

93. Qui réduit les scrutateurs 
des secrets à étre comme s'ils 
n'étaient pas, et a fait des juges 
de la terre une chose vaine ? 

94. Et à la vérité leur tronc 
n'avait été ni planté, ni semé, ni 
enraciné dans la terre; soudain 
Diew a soufflé sur eux et ils se 
sont desséchés, et un tourbillon 


18. Actes, xvir, 29. 


ISATR, 


[cn xr.] 
les emportera comme la paille. 

95. Et à qui m'avez vous assi- 
milé et égalé, dit le saint? 

26. Levez en haut vos yeux, et 
voyez qui ἃ créé ces choses: qui 
fait lever en nombre leur milice, 
qui les appeile toutes par leur 
nom; àcause dela grandeur de sa 
puissance, et de sa force et de sa 
vertu, pas une seule ne manque. 

97. Pourquoi dis-tu, ὃ Jacob, 
et dis-tu, 6 Israël : Ma voie a été 
cachée au Seigneur, et par mon 
Dieu mon jugement a été mis de 
côté? 

28. Est-ce que tu ne sais pas, ou 
n'as-tu pas appris? Dieu est l'éter- 
nel Seigneur qui a eréé les limites 
de la terre; il ne défaudra pas, il 
ne se fatiguera pas, etl'investiga- 
tion de sa sagesse n'est pas pos- 
sible. 

29. C'est lui qui donne la vi- 
gueur à l’homme 188 ; et pour ceux 
qui ne sont pas, il augmente le 
courage et la force. 

30 Les enfants défaudront, et 
se fatigueront, et les jeunes 
hommes tomberont par l'affai- 
blissement. 

91. Mais ceux qui espèrent dans 
le Seigneur prendront une force 
nouvelle; ils prendront des ailes 
comme les aigles, ils courrorit, et 
ne se fatigueront pas; ils marche- 
ront et ne défaudront pas. | 


26. Ces choses ; les cieux ou les astres. — Leur milice. Dans bien des endroits l'Ecri- 
ture appelle les astres la milice du ciel, et représente Dieu comme le général de cette 


armée, — En nombre; g 


grand, ou marqué, déterminé. — Toutes; selon l'hébreu et js 


Vulgate, tous, au masculin, parce que les astres sont ici personnifiés. 

99. Ceux qui ne sont pas (qui non sunt); hyperbole. pour ceux qui sont épuisés, qui 
manquent de forces, comme porte le texte hébreu, 

31. Prendront une force nouvelle; renouvelleront leur force. C'est le sens du latin 
mutabunt fortitudinem; la Vulgate, en effet, a rendu ailleurs (Job, xxix, 20) le méme 


verbe hébreu par renouveler. 


[.גזצ] 


CHAPITRE XLI. 


Règne du juste. Ses conquêtes. Délivrance 
d'Israël. Ruine de Babylone. Vanité et 
impuissance des idoles. 


1. Queles iles se taisent devant 
moi, et que les nations prennent 
une nouvelle force; qu'elles s'ap- 
prochent, et alors qu'elles par- 
lent, et entrons ensemble en 
jugement. 

9. Quia suscité de l'Orient le 
juste? gui l'a appelé pour qu'il le 
suivit? il mettra en sa présence 
des nations, et /ui asservira des 
rois; il Jes livrera comme de la 
poussiere à son glaive, et comme 
une paille emportée par le vent à 
son arc. 

3. En les poursuivant, il pas- 
sera en paix, et la trace de ses 
pieds ne paraitra pas. 

4. Qui a opéré et fait ces choses, 
appelant les générations dés le 
commencement? Je suis le Sei- 


ISAIE. 


1639 
gneur; c'est moi qui suis le pre- 
mier et le dernier. 

9. Les iles ont vu, et elles ont 
craint; les extrémités de la terre 
ont été dans la stupeur, elles se 
sont rapprochées et sont arrivées. 

6. Chacun portera secours à 
son voisin, et dira à son frere : 
Prends courage. 

1. L'ouvrier en airain, frappant 
du marteau, a encouragé celui 
qui, dans le méme temps, battait 
sur l'enclume, disant : C'est bon 
pour la soudure; et il l'a assuré 
avec des clous, afin qu'il ne fût 
pas ébranlé. 

8. Et toi, Israël mon serviteur, 
Jacob que j'ai choisi, race d'Abra- 
ham mon ami, 

9. Dans lequel je t'ai retiré des 
extrémités de la terre, et de ses 
pays lointains je t'ai appelé et je 
t'ai dit : Mon serviteur, c'est toi, 
je t'ai choisi et je ne t'ai pas re- 
jeté. 


Car. XLI. 4. Infra, xtiv, 6; xrvrr, 12; Apoc., 1, 8, 17; xxu, 13. 


1-29. * 2e Discours : Dieu, maitre de l'univers et de l'avenir, xLI. -- À qui m'avez- 
vous assimilé et égalé? avait dit Dieu dansle chapitre précédent, xr, 25. Isaie reprend 
maintenant cette pensée et en fait le sujet du second discours, dans lequel, s'adres- 
sant aux paiens, il leur montre que le Seigneur est le maitre de l'univers et leur 
annonce qu'il appelle du nord-est, xu, 2, 25, le conquérant, c'est-à-dire Cyrus, ori- 
ginaire du nord, par sa parenté avec les Mèdes, et de l'est, parce qu'il était Perse. 
Dieu nous apprend aussi que les exploits de Cyrus seront son œuvre et une preuve 
de sa supériorité infinie sur les faux dieux; qu'ils seront la ruine des idolâtres et le 
salut de son propre peuple, 1-20. Ce qu'il veut accomplir, il l'annonce à l'avance, 
21-24, afin que chacun sache qu'il est le souverain maitre et que lui seul dispose de 
l'avenir, 25-29, 

1, 5. Les iles; les régions lointaines. Voy. Ps. xcvi, 1. 

2. Le juste; probablement Cyrus, le libérateur d’Israël selon la chair; mais en méme 
temps figure du juste par excellence, du libérateur d'Israél selon l'esprit. Compar. 
XLIV, 28; xLv, 1 et suiv.; XLVL 11; xLvin, 14, 15. D'ailleurs Cyrus n'est appelé juste 
que par comparaison avec les Babyloniens. 

5. Les iles, etc. Les peuples les plus éloignés firent alliance avec le roi de Babylone, 
et se liguérent pour résister à Cyrus, et arréter le progrés de ses conquétes. 

1. L'ouvrier, etc.; espèce de parabole qui désigne les peuples alliés. — 11 l’a assuré 
(confortavil eum). Le pronom masculin eum ne peut se rapporter qu'au mot dieu 
(deum), c'est-à-dire faux dieu. idole, sous-entendu. 

9. Dans lequel (in quo): dans la personne duquel, etc. Ceci s'explique d'Israël, soit 
d'abord appelé de la Chaldée en la personne d'Abraham, soit ensuite de l'Egypte en 
la personne des descendants de Jacob. 


1640 


10. Ne crains pas, parce que 
voici que je suis avec toi; ne te 
détourne pas, parce que moi je 
suis ton Dieu; je t'ai fortifié, je 
t'ai secouru, et la droite de mon 
juste t'a soutenu. 

11. Voici qu'ils seront confon- 
dus et qu'ils rougiront, tous ceux 
qui combattent contre toi; ils 
seront comme s'ils n'étaient pas, 
et ils périront, les hommes qui te 
contredisent. 

19. Tu les chercheras et tu ne 
les trouveras pas, ces hommes 
qui t'étaient rebelles; ils seront 
comme s'ils n'étaient pas; et 86 
seront comme consumés, les 
hommes qui faisaient la guerre 
contre toi. 

13. Parce que c'est moi, le Sei- 
gneur ton Dieu, qui te prends par 
la main et qui te dis: Ne crains 
pas; c'est moi qui suis ton aide. 

14. Ne crains pas, vermisseau 
de Jacob, nZ vous, morts d'Israël; 
c'est moi qui suis venu à ton aide, 
dit le Seigneur; et ton rédemp- 
teur est le saint d'Israël. = 

15. C’est moi qui t'ai posé 
comme un chariot neuf qui foule 
le blé, qui a des dents pointues; 
tu fouleras les montagnes et tu 
les briseras ; et les collines, tu les 
rendras comme la poussière. 

16. Tu les vanneras, et un vent 
les emportera, et un tourbillon les 
dissipera; et tu exulteras dans 


ISAIE. 


[cu. xi] 
le Seigneur, dans le saint d'Israél 
tu te réjouiras. 

11. Les indigents et les pau- 
vres cherchent de l'eau, et il n'y 
en a pas: leur langue s'est dessé- 
chée par la soif. Moi, le Seigneur, 
je les exaucerai, Dieu d'Israël, je 
ne les abandonnerai pas. 

18. Je découvrirai des fleuves 
dans des collines en pente, et au 
milieu des champs, des fontaines; 
je changerai en un désert des 
étangs pleins d'eau, et une terre 
sans chemin en des courants 
d'eaux. 

19. Je poserai dans la solitude 
le cèdre, l'acacia, le myrte: et 
l'olivier; je poserai dans le désert 
le sapin, l'orme et le buis ensem- 
ble; 

20. Afin que les hommes voient, 
qu'ils sachent, qu'ils réfléchis- 
sent, et qu'ils comprennent tous 
ensemble quelamain du Seigneur 
a fait cela, et que le saint d'Israël 
l'a créé. 

21. Plaidez sans délai votre 
cause, dit le Seigneur, apportez 
vos preuves, si par hasard vous 
en avez quelqu' une, dit le roi de 
Jacob. 

22. Qu'ils s'approchent, et qu'ils 
nous annoncent toutes les choses 
qui doivent arriver; annoncez 
celles qui furent les premieres; 
et nous y appliquerons notre 
cœur, et nous saurons leur fin; 


10. Mon juste. Voy. vers. 2. 


44. Morts d'Israël; littér. qui éles morts d'Israél. (qui mortui estis ex Israel). Les 
prophètes représentent ordinairement la maladie, l'affliction, l'exil, comme une mort, 
comme 16 tombeau. Compar. 1x, 2; Ezéch., טאאא‎ 12. 

15. C'est moi, etc. Le prophéte Michée prédit la méme chose en parlant des Juifs 


de retour de la captivité. 


16. Tu les vanneras, etc. Cette prophétie paraît avoir eu son accomplissement sous 


les Machabées. 


19. Je poserai; c'est-à-dire je ferai croître. 


[.זז.זא .זוס] 


et indiquez-nous celles qui doi- 
vent arriver. 

23. Annoncez-nous les choses 
qui doivent arriver dans l'avenir, 
et nous saurons que vous étes 
dieux; faites aussi du bien ou 
du mal, si vous le pouvez, et 
nous parlerons, et nous verrons 
‘ensemble. 

24. Voilà que vous, vous sortez 
de rien, et votre œuvre de ce qui 
n'est pas ; c’est l'abomination qui 
vous a choisis. 

95. Je l'ai suscité de l'aquilon, 
et il viendra du levant; il invo- 
quera mon nom; et il traitera les 
magistrats comme de la boue, et 
il les foulera comme le potier 
foule sous ses pieds l'argile. 

26. Qui a annoncé ces choses dès 
le commencement, afin que nous 
les sachions, et des le principe, 


Gnar. XLII. 1. Matt., xir, 18. 


ISAIE. 


1641 
afin que nous disions : Vous étes 
juste? Il n'y a personne qui an- 
nonce et qui prédit, ni personne 
qui entend vos paroles. 

27. Le premier, il dira à Sion : 
Vois, ils sont ici; et à Jérusalem 
je donnerai un évangéliste. 

28. Et j'ai vu, et il n'y avait pas 
méme parmi eux quelqu'un qui 
formát un dessein, et qui, inter- 
rogé, répondit un mot. 

29. Voici que tous sont in- 
justes, et leurs ouvrages vains; 
du vent et du vide sont leurs si- 
mulacres. 


CHAPITRE ΧΙ, 


Caractére du libérateur d'Israél. Félicité 
des peuples sous.son règne. Ruine de 
Babylone. Délivrance d'Israél. Aveugle- 
ment de ce peuple. Sa captivité. 


1. Voici mon serviteur, je le 


23. Nous parlerons, et nous verrons; littér., et par hébraisme, que nous parlions, et 


que nous voyions. 


25. De l'aquilon; du septentrion, de l'orient. Cyrus était Perse par Cambyse, son 
père, et Méde par Mandane, sa mère. Or la Perse et la Médie étaient à l'orient septen- 
trional de la Judée. — I invoquera mon nom. Voy. II Paralip., xxxvi, 23; II Esdras, 
,ד‎ 2. — Les magistrats (magistratus) ; les grands, les princes babyloniens. 

26. Il y ἃ parmi vous. — Qui entend vos paroles; car vous êtes muets, vous ne 


parlez pas. 


27. Le premier; c'est-à-dire le Seigneur est le premier. — Ils sont. ici; ceux qui 
t'annoncent les choses futures. — Evangéliste; porteur d'une bonne nouvelle. 


28. Parmi eux; parmi ces faux dieux. 


4-25. * 3e Discours : Le serviteur de Dieu, médiateur d'Israël, ,זזה‎ 4-xuur, 13. — Au 
Voici que tous sont injustes de xv, 29, Isaie oppose, xum, 1: Voici mon. servileur, je 
de souliendrai. Après avoir rejeté les paiens, leurs œuvres vaines et leurs vaines 
idoles, il introduit par ces mots le serviteur de Dieu, le Messie. Israël a été appelé, 
xut, 8-9, le serviteur de Dieu, mais celui qui nous est présenté maintenant n'est pas 
une personnification collective, il est distinct du peuple, c'est une personne indivi- 
duelle et vivante, c'est le Christ, comme le reconnait le Targum qui paraphrase cet 
endroit en disant : Voici mon serviteur le Messie. Les ch. vn-xn nous l'ont représenté 
comme le fils de David; désormais il va nous apparaître surtout comme le représen- 
tant du vrai Israël, de l'Israél fidèle, et de l'humanité tout entière, comme le second 
Adam. Cyrus doit briser les peuples ennemis de Dieu, le Messie est le médiateur 
pacifique : — Il ne criera point... il ne brisera pas. un voseau. froissé, c'est-à-dire, 
dit Tertullien, les enfants d'Israël ; ἐξ n'éteindra pas une mèche fumante, c'est-à-dire, 
d'après le méme docteur, les Gentils, xuu, 2-3; Matthieu, xu, 18-20; il apportera à 
tous 16 plus précieux des biens, la rédemption, le salut, xum, 17. Israël doit donc se 
convertir et rechercher de nouveau son Dieu et son Sauveur, xui, 18-xuur, 13. 

1. Voici mon serviteur, etc. Dans ce verset et les suivants il est parlé très claire- 


1642 
soutiendrai; mon élu, en qui 
s'est complue mon âme; j'ai ré- 
pandu mon esprit sur lui; il an- 
noncera la justice aux nations. 

2. Il ne criera point, il ne fera 
acceplion de personne; sa voix 
ne sera pas entendue au dehors. 

3. Il ne brisera pas un roseau 
froissé, il n'éteindra pas une me- 
che fumante:il jugera dans la vé- 
rité. 

4. Ine sera point triste, ni pré- 
cipité, jusqu'à ce qu'il établisse 
sur la terre la justice; et les îles 
attendront sa loi. 

5. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu, qui a créé les cieux et lesa 
étendus; qui a affermi la terre et 
ce qui en germe; qui a donné le 
souffle au peuple qui est sur elle, 
et la respiration à ceux qui la fou- 
lent aux pieds. 


6. Moi, le Seigneur, je t'ai ap- | 


pelé dans la justice, et je t'ai pris 
par la main et je t'ai conservé. Et 
je t'ai établi pour être l'alliance du 
peuple, la lumiere des nations; 
7. Afin d'ouvrir les yeux des 
aveugles, de retirer du cachot le 


captif enchainé, du fond de leur 


6. Infra, xuix, 6. — 8. Infra, ,טא‎ 


ISAIE. 


[cur. xru.] 


prison ceux qui étaiert assis 
dans les ténèbres. 

8. Je suis le Seigneur, c'est là 
mon nom; je ne donnerai pas ma 
gloire à un autre, et la louange 
qui m'appartient aux images tail- 
lées au ciseau. 

9. Les premiers événements, 
voici qu'ils sont arrivés; j'en an- 
nonce aussi de nouveaux ; avant 
qu'ils arrivent, je vous les ferai 
connaitre. 

10. Chantez au Seigneurun can- 
tique nouveau, e£ sa louange des | 
extrémités de la terre, vous qui | 
descendez sur la mer, et ce qu’elle, 
renferme, iles, et vous, leurs ha- ' 
bitants. 

11. Que le désert et ses cités 
se lèvent; dans des maisons habi- 
tera Cédar; louez, habitants de 
Pétra; du sommet des montagnes 
ils crieront. 

12. Ils donneront au Seigneur 
la gloire, et ils annonceront sa 
louange dans les iles. 

13. Le Seigneur comme un 
brave sortira ; comme un homme 
qui marche au combat il excitera 
le zele; il élévera la voix, et jet- 


me 

i 
ment du Messie et de la rédemption du genre humain, et les évangélistes ont sóu- , 
vent appliqué à Jésus-Christ ce qui est dit ici du libérateur d'Israël. Il y a cependant 
des expressions dont on peut faire l'application à Cyrus, et à la délivrance des 
Israélites de la captivité de Babylone. Jésus-Christ est considéré sous le rapport de 
son humanité, selon laquelle il a pris la forme de serviteur, Voy. Philipp., ,זז‎ 1. 

4. Les iles; les régions lointaines. Voy. Ps. xcvr, 4. 

6. Pour étre, etc.; pour faire avec mon peuple une nouvelle alliance. Compar. xLvi, 8; 
Jérém., ΧΧΧΙ, 21. | 

1. Du fond; de la partie intérieure, intime, enfoncée. C'est le véritable sens qu'a 
ici l'expression latine de domo. La Vulgate elle-méme a traduit en plus d'ur endroit 
16 terme hébreu, comme nous l'avons fait dans ce verset. 

10. Sa louange (laus ejus); quoique au nominatif, peut trés bien étre ur. second 
complément du verbe chantez; nous avons déjà fait remarquer que, dans la Vulgate, 
les cas se mettent l'un pour l'autre, sans égard pour la construction latine. Compar. 
Ps. LxI, 3. 

11. Cédar. Voy., sur ce nom, Ps. cxix, 5. Il semble qu'il désigne ici les Juifs qui 
avaient été transportés dans ce pays. — Pétra; capitale de l'Arabie Pétrée, 


(en. χα. Ϊ 


tera des cris; contre ses ennemis 
il se fortifiera. 

14. Je me suis toujours tu, j'ai 
gardé le silence; j'ai été patient; 
comme la femme en travail, je 
parlerai ; je détruirai, j'englouti- 
rai tout à la fois. 

15. Je rendrai désertes les mon- 
tagnes et les collines, et je dessé- 
cherai leur verdure; je changerai 
les fleuves en iles, et les étangs, 
je les tarirai. 

16. Et je conduirai les aveugles 
dans une voie qu'ils ne connais- 
sent pas; etdans les sentiers qu'ils 
ignorent, je les ferai marcher ; je 
convertirai devant eux les ténè- 
bres en lumière, et les chemins 
tortus en chemins droits ; j'ai fait 
ces choses pour eux, et je ne les 
ai pas délaissés. 

47. Ils sont retournés en ar- 
riere; qu'ils soient entièrement 
couverts de confusion, ceux qui 
se confient dans leur image tail- 
lée au ciseau, qui disent à une 
statue jetée en fonte : Vous étes 
nos dieux. 

18. Sourds, écoutez; aveugles, 
regardez pour voir. 

_ 19. Qui est aveugle, sinon mon 
serviteur? et sourd, sinon celui 
à qui j'ai envoyé mes messagers? 


ISATE. 1643 


qui est aveugle, sinon celui qui 
a été vendu? et qui est aveugle, 
sinon le serviteur du Seigneur? 

20. Toi qui vois beaucoup de 
choses, n'observeras-tu point ? £07 
qui as les oreilles ouvertes, n'en- 
tendras-tu point? 

91. Et le Seigneur a voulu le 
sanclifier, et magnifier la loi, et 
en relever la grandeur. 

22. Mais le peuple lui-méme a 
été pillé et ravagé ; tous sont de- 
venus un lacs pour les jeunes 
hommes; et au fond des prisons 
ils ont été cachés ; ils sont deve- 
nus la proie de l'ennemi, etil n'est 
personne quiles délivre; ils on£ 
été livrés au pillage, et il n'est 
personne qui dise : Rends. 

23. Qui est celui parmi vous qui 
écoute cela, qui y soit attentif, et 
ait foi aux choses futures? 

94. Qui a livré Jacob en proie, 
et Israél à ceux qui /e ravagent? 
n'est-ce pasle Seigneurlui-méme, 
contre qui nous avons péché? Et 
ils n'ont pas voulu marcher dans 
ses voies, et ils n'ont pas écouté 
sa loi. 

95. Et il a lancé sur eux l'indi- 
gnation de sa fureur, et une forte 
guerre; 11 8 allumé un feu autour 
de lui, et il ne l'a pas su; il l'a li- 


14. Je parlerai (loquar); selon l'hébreu, le chaldéen et le syriaque, 7e crierai. 
15. Je changerai, etc. C'est ce qu'on vit au siège de Babylone : Cyrus détourna 
lEuphrate et en dessécha le lit, noya ses plus belles campagnes et tarit ses plus 


belles eaux. 


16. Je conduirai, etc.; promesses qui eurent leur parfait accomplissement par Jésus- 
Christ, qui répandit la lumière de l'Evangile, et rendit réellement la vue aux 
aveugles, et l'ouie aux sourds. — Ces choses; c'est le vrai sens du latin verba, expli- 


qué par l'hébreu. 


11. Qu'ils soient entièrement couverts de confusion; littér., et par hébraisme, qu’ils 
soient confondus de confusion. — Leur image; dans le texte original, l’image; mais il 
faut remarquer qu'en hébreu l'article déterminatif s'emploie quelquefois pour le pro- 
nom possessil. Image taillée au ciseau; c'est-à-dire idole. Compar. xxx, 22. 

19. Mon serviteur; Israël. — Messagers (nuntios); c'est-à-dire prophètes. 

29. Tous, ete.; tous les Israélites, ayant offensé le Seigneur et mérité par là des 
châtiments, sont devenus un piège dans lequel sont tombés leurs propres enfants. 


1014 


vré aux flammes, et il n'a pas 
compris. 


CHAPITRE XLIII. 


Conservation et délivrance d'Israél. Le 
Seigneur est le seul Dieu. Ruine. de 
Babylone. Délivrance et ingratitude 
d'Israél. 


4. Et maintenant, voici ce que 
dit le Seigueur, qui t'a créé, ὃ Ja- 
cob, et qui t'a formé, ὃ Israël : Ne 
crains point, parce que je t'ai ra- 
cheté, et appelé par ton nom ; tu 
es mien, toi. 

2. Lorsque tu passeras au tra- 
vers des eaux, je serai avec toi, et 
les fleuves ne te submergeront 
pas; lorsque tu marcheras dans 
le feu, tu ne seras pas brülé ; etla 
flamme n'aura pas d'ardeur pour 
loi; 

3. Parce que je suis le Seigneur 
ton Dieu, le saint d'Israël, ton 
Sauveur; jai donné pour toi, 
afin de t'étre propice, l'Egypte, 
l'Ethiopie et Saba. 

4. Depuis que tu es devenu ho- 
norable à mes yeux et glorieux, 
moi, je t'ai aimé ; je donnerai des 
hommes pour toi, et des peuples 
pour ton àme. 

5. Ne crains point, parce que 
moi je suis avec toi; de l'Orient 
je ramènerai ta race; et de l'Oc- 
cident je te rassemblerai. 

CHAP. XLIII. 11. Osée, xiu, 4. 


ISAIE. 


. [aux] 
6. Je dirai 8 l'aquilon : Donne; 
et au midi : Ne retiens pas; amene 
mes fils de loin, et mes filles des 
extrémités de la terre. 

7. Car quiconque invoque mon 
nom, je l'ai créé pour ma gloire, 
je l'ai formé, et je l'ai fait. 

8. Fais sortir un peuple aveugle 
et qui a des yeux; sourd, et il a 
des oreilles. 

9. Toutes les nations se sont 
réunies ensemble, et des tribus se 
sont liées ; qui parmi vous annon- 
cera cela, et nous fera entendre 
les choses qui furent les pre- 
mieres? qu'ils produisent leurs 
témoins, qu'ils se justifient, et 
qu'ils entendent, et qu'ils disent : 
C'est vrai. 

10. Vous étes mes témoins, 
dit le Seigneur, vous: et mon 
serviteur que jai choisi; afin 
que vous sachiez, que vous me 
croyiez, et que vous compreniez 
que cest moi-même qui suis. 
Avant moi il n'y a pas eu de Dieu 
formé, et après moi il n'y en aura 
pas. 

11. C'est moi qui suis, c'est moi 
qui suis le Seigneur; et il n'y a 
pas, hors moi, de sauveur. 

19. C'est moi qui ai annoncé, et 
qui ai sauvé ; j'ai fait entendre, 
et il n'y a pas eu parmi vous d'é- 
tranger ; vous êtes mes témoins, 


000 


3. J'ai donné, etc; c'est-à-dire, selon la plupart des interprètes, j'ai détourné. les 
Assyriens qui étaient sur le point de prendre Jérusalem, en les obligeant de retourner 
leurs armes contre l'Egypte, l'Ethiopie et le pays de Saba. 

4. Pour loi; pour te venger. — Ton âme; hébraisme, pour (a personne, ou ta vie, 

6. Donne-moi mes enfants. — Ne reliens pas; ne les empêche pas de venir. 

9. Qui parmi vous; faux dieux, idoles. — Qu'ils produisent, etc.; c'est-à-dire que les 
faux dieux produisent, etc. C'est un défi porté par le vrai Dieu aux fausses divinités, 


sourdes et muettes. 


10. Vous étes; vous Hébreux. — Mon serviteur; Cyrus, sclon les uns, Isaie, selon les 
autres; mais c'est plutôt Jésus-Christ, Compar. ,וא‎ 1, — C'est moi, etc, Voy. Exod., 


yr, 14, 


(cir. xt.) 


dit le Seigneur, et moi, je suis 
Dieu. 

13. Et dès le commencement je 
suis, et il n'y a personne qui arra- 
che de ma main ; j'agirai, et qui 
m'en détournera? 

44. Voici ce que ditle Seigneur, 
votre rédempteur, le saint d'Is- 
raél: À cause de vous j'ai envoyé 
à Babylone, et j'ai arraché toutes 
ses barres, et les Chaldéens qui se 
glorifiaient dans leurs vaisseaux. 

15. Je suis le Seigneur, votre 
saint, le créateur d'Israël, votre 
roi. 

10. Voici ce que ditleSeigneur, 
qui a fait dans la mer une voie, 
et au milieu des eaux impétueu- 
ses un sentier. 

11. Qui a fait sorlir le quadrige 
et le cheval, l'armée et le fort ; ils 
se sont endormis ensemble, ils ne 
se relèveront pas; ils ont été bri- 
sés comme le lin, et ils se sont 
éteints. | 

18. Ne vous souvenez plus des 
choses passées, el les anciennes, 
ne les regardez pas. 

19. Voici que moi je fais des 
choses nouvelles; c'est mainte- 
nant qu'elles paraitront; certai- 
nement vous les connaitrez; je 

T9 HIM OE v; 17: Ap06., XXI; 9. 


ISATE. 


1645 
ferai dans le désert une voie, et 
dans un chemin impraticable des 
fleuves. 

20. La béte des champs me glo- 
rifiera, ainsi que les dragons et les 
autruches, parce que j'ai mis dans 
le désert des eaux, des fleuves 
dans un chemin impraticable, afin 
de donner à boire à mon peuple, 
à mon élu. 

91. J'ai formé ce peuple pour 
moi; il publiera ma louange. 

22. Cependant tu ne m'as pas in- 
voqué, Jacob, et tu n'as pas tra- 
vaillé pour moi, Israél. 

23. Tu ne m'as pas offert ton bé- 
lier d'holocauste, et par tes victi- 
mes tu ne m'as pas glorifié ; je ne 
l'ai pas forcé à me faire des obla- 
tions, et je ne t'ai pas donné la 
peine de m'offrir de l'encens. 

24. Tu ne m'as pas acheté avec 
ton argent de canne odorante, et 
de la graisse de tes victimes tu 
ne m'as pas rassasié ; mais tu m'as 
rendu ton esclave par tes péchés; 
tu m'as donné du mal par tes ini- 
quités. 

95. C'est moi, c'est moi-même 
qui efface tes iniquités à cause de 
moi; et de tes péchés 16 ne me 
souviendrai pas. 


13. Qui m'en délournera; qui m'empéchera d'agir; littér., qui détournera cela; c'est- 
à-dire mon action. 

14. et suiv. * 4e Discours : Israël vengé et délivré de ses ennemis ; effusion du Saint- 
Esprit, xuur, 14-xriv, ὃ. — Dieu vengera Israël des Chaldéens par la ruine de l'empire 
de Nabuchodonosor, xui, 44-15. Ce qu'il a fait quand il a délivré son peuple de la 
servitude d'Egypte, il le fera de nouveau, 16-21, par grâce, 22-28; malgré les péchés 
qui rendent les Juifs indignes de ses faveurs, il versera sur eux son esprit, xXLIv, 1-5. 

14. Ses barres; les barres de ses portes. 

16, 17. Allusion au passage des Israélites et de l'armée de Pharaon dans la mer 
Rouge. 

20. La béte du champ; c'est-à-dire la bête sauvage. — * Les dragons. Hébreu : les 
chacals. 

24. Canne odorante; on s’en servait pour faire l'huile d'onction. Comparez Ezod., 
xxx, 23. — Tu m'as rendu, etc.; par tes péchés tu m'as traité comme si j'eusse été 
ton esclave, obligé de servir tous tes caprices. 


1010 


96. Remets-moi en mémoire, 
et plaidons ensemble; raconte, si 
tu as quelque chose pour te jus- 
tifier. 

21. Ton père le premier a péché, 
et tes interprètes ont prévariqué 
contre moi. 

28. C'est pourquoi j'ai déclaré 
souillés les princes saints; j'ai 
livré Jacob à la tuerie, et Israél à 
l'outrage. 


CHAPITRE XLIV. 


Rétablissement d'Israél. Le Seigneur est 
le seul Dieu. Vanité des idoles. Règne 
de Cyrus. Prise de Babylone. Rétablis- 
sement de Jérusalem. 


1. Et maintenant écoute, Jacob 
mon serviteur, et 207, Israël, que 
j'ai choisi, 

2. Voici ce que dit le Seigneur 
qui t'a fait et formé, dès le sein 
de ta mère, ton aide : Ne crains 


ISAIE. 


(ci. xLiv.] 
point, Jacob mon serviteur, et 
toi le très juste, que j'ai choisi. 

3. Car je répandrai des eaux 
sur un sol altéré, et des ruis- 
seaux sur une éerre aride, je ré- 
pandrai mon esprit sur ta pos- 
térité, et ma bénédiction sur ta 
race. 

4. Et elles germeront parmi les 
herbes, comme des saules sur des 
eaux courantes. 

5. Celui-ci dira : Moi je suis au 
Seigneur; et celui-là prendra le 
nom de Jacob; et un autre écrira 
de sa main : Au Seigneur; et par 
le nom, à Israël il sera assimilé. 

6. Voici ce que dit le Seigneur, 
le roi d'Israél, et son rédempteur, 
le Seigneur des armées : Je suis 
le premier et je suis le dernier; 
et hors moiil n'y a point de Dieu. 

7. Qui est semblable à moi? 
quil appelle et qu'il annonce; 


Crap. XLIV. 1. Jérém., xxx, 10; xzvi, 27. — 6. Supra, ,זזה‎ 4; Infra, xrvii, 12; Apoc., 


"5 8. fUr seu 19. 


27. Ton père, etc.; probablement Abraham, qui fut le père, l'auteur, la souche 6 
la nation des Hébreux (Lr, 2; Jean, vin, 39, 56), et engagé dans l'idolátrie de son père 
avant sa vocation. — Tes interprètes, etc.; Moïse et Aaron, qui ont été les interprètes 
de la volonté de Dieu, les médiateurs entre lui et le peuple, et qui ont désobéi à Dieu 
aux eaux de contradiction (Nombr., xx, 9-12). 

28. J'ai déclaré souillés. C'est le vrai sens de contaminavi expliqué par l'hébreu. 
— Les princes saints ; c'est-à-dire les princes du sanctuaire, les grands-prétres; l'hé- 
breu autorise encore cette interprétation. 


2. Le très juste (rectissime). La Vulgate a rendu (Deutéron., xxxu, 15) le méme mot 
hébreu par óien-aimé (dilectus), et c'est ainsi que l'ont traduit les Septante dans les 
deux endroits. La racine hébraïque à laquelle on attache généralement l'idée de jus- 
tice, de droiture, siguifie, selon nous, éfre heureux, fortuné. Dans tous les cas, c'est 
un nom propre symbolique qui s'applique au peuple d'Israel. 

9. Et par le nom, etc.; il se fera honneur de porter le nom d'Israél. 

6. * be Discours : Contraste entre Dieu et les idoles, xziv, 6-23. Le prophète nous 
montre la grandeur du vrai Dieu qu'il met en opposition avec la vanité des dieux 
ridicules des gentils. — Israél doit se confier en Dieu, parce qu'il lui annonce à l'a- 
vance ce qu'il se propose de faire, 6-8; tandis que les dieux des gentils trompent 
leurs adorateurs, parce qu'ils ne sont que de vaines images, œuvres des hommes, 
9-17; l'aveuglement des paiens peut seul leur fermer les yeux sur le néant de leurs 
divinités, 18-20. Puisse Israël, lui du moins, comprendre que l'idolàtrie n'est qu'un 
mensonge, et servir le Seigneur qui l'aime et lui pardonne ses péchés, 21-231 — Le 
tableau de la vanité des idoles est un morceau littéraire achevé. 

7. Qu'ils, etc.; que les faux dieux annoncent et exposent par ordre à leurs adora- 
teurs le passé et l'avenir. 


[cn.. xuiw.] 
et. quil m'expose la série des 
choses, depuis que. j'ai fondé un 
peuple antique ; qu'ils leur annon- 
cent les choses à venir et celles 
qui doivent étre. 

8. Ne craignez pas, ne soyez pas 
troublés; des lors je t'ai fait en- 
tendre, et je t'ai annoncé : C'est 
vous qui êles mes témoins. Est- 
ce qu'il y a un Dieu hors moi, et 
un créateur que moi je n'ai pas 
connu? 

9. Tous les fabricateurs d'ido- 
les ne sont. rien, et leurs œuvres 
qu'ils estiment le plus ne leur 
seront pas uliles; eux-mémes 
sont témoins qu'elles ne voient 
pas, et qu'elles ne comprennent 
pas ; en sorte qu'ils sont confon- 
dus. 

10. Qui a formé un dieu, et a 
jeté en fonte une image qui n'est 
utile à rien? 

41. Voici que tous ceux qui y 
ont pris part seront confondus; 
car ces arlisans sont des hom- 
mes; ils se réuniront tous, ils se 
présenteront, et ils auront peur, 
et seront confondus tous en- 
semble. 

12. Le forgeron a travaillé avec 
une lime; au moyen de charbons 
ardents et de marteaux il a formé 
l'idole, et il a travaillé de son bras 
vigoureux, il aura faim et il dé- 
faillira ; il ne boira pas d'eau et il 
sera épuisé. 

13. Le sculpteur en bois a éten- 


12, Sag., xri, 11. 


ISAIE. 


1647 


du 18 regle; il a formé l'idole avec 
16 rabot ; ill’a dressée àl'équerre, 
et l'a contournée avec le com- 
pas; et il a fait l'image d'un hom- 
me, représentant un bel homme, 
habitant dans une maison. 

14. Il 8 coupé des cedres, il a 
pris un chéne vert, et un chéne 
qui avait été parmi les arbres 
d'une forêt ; et il a planté un piu 
que la pluie a nourri. 

ὃ. Et les hommes s’en sont 
servis pour le feu; il en a pris 
lui-méme et il s'est chauffé: et 
il y a mis le feu, et il a cuit des 
pains; mais avec le reste il ἃ 
faconné ‘un dieu, et l'a adoré; 
il a fait une image taillée au 
ciseau, et il s'est courbé devant 
elle. 

16. Il ἃ brûlé au feu une moitié 
de bois, et de son au£re moitié il 
ἃ préparé des viandes pour man- 
ger;il en a préparé un mets, et il 
s'en est rassasié; il s'est chauffé 
et a dit: Ah! je me suis chauffé, 
jai vu le feu. 

17. Mais de son reste il fait un 
dieu et une idole;il se courbe 
devant elle, l'adore et la prie et 
la supplie, disant : Délivrez-moi, 
parce que mon Dieu, c'est vous. 

18. Ils n'ont pas su, ils n'ont 
pas compris; car leurs yeux sont 
couverts d'un enduit, en sorte 
que leurs yeux ne voient pas et 
que leur cœur ne comprend pas. 

19. Ils ne réfléchissent pas en 


12. Au moyen, ete.; c'est-à-dire qu'il met le fer dans le feu. — Son bras vigoureux; 
ou très vigoureux; littér., et par hébraisme, le bras de sa force. 

15. Les hommes, etc.; littér. elle est devenue (facta est) aur hommes pour le feu. Ce 
féminin singulier se rapporte vraisemblablement au substantif pin (pinum), qui en 
latin est féminin. Dans les textes hébreu et grec, le verbe est également au singu- 
tes — Lui-méme; c'est-à-dire le sculpteur dont il est parlé dans les versets pré- 
cédents, 


1618 
leur esprit, et ils n'ont pas assez 
de sens pour dire :J'ai brülé la 
moitié de ce bois au feu, et j'ai 
cuit sur ses charbons des pains; 
jai cuit des viandes et j'ai mangé, 
et du reste ferai-je une idole? 
devant un tronc d'arbre me pros- 
ternerai-je? 

20. Une partie de ce bois est de 
la cendre; un cœur insensé a 
adoré lidole, et il ne délivrera 
pas son âme, et il ne dira pas : 
Peut-étre qu'il y a un mensonge 
dans ma main droite. 

21. Souviens-toi de ces choses, 
Jacob, et oi, Israël, parce que 
mon serviteur, c'est toi; je t'ai 
formé, mon serviteur ; c’est toi, 
Israël, ne m'oublie pas. 

22. J'ai effacé comme un nuage 
tes iniquités, et comme une va- 
peur tes péchés; reviens à moi, 
parce que je t'ai racheté. 

93. Louez, cieux, parce que le 
Seigneur a fait miséricorde; jubi- 
lez, extrémités de la terre, faites 


ISAIE. 


[cH. xLiv.] 
retentir la louange, montagnes, 
forêts, et tous ses arbres, parce 
que le Seigneur a racheté Jacob, 
et qu'Israél se glorifiera. 

24. Voici ce que dit le Seigneur 
ton rédempteur, et qui t'a formé 
dès le sein de ta mère : Je suis le 
Seigneur, faisant toutes choses, 
seul étendant les cieux, affermis- 
sant la terre, et nul n'est avee 
moi. 

25. Rendant sans effet les pré- 
sages des devins, et jetant les 
magiciens dans la fureur. Faisant 
tourner les sages en arriere, et 
rendant leur science insensée. 

26. Suscitant 18 parole de. son 
serviteur, et accomplissant -les 
conseils de ses messagers. 7 
qui dis à Jérusalem : Tu seras 
habitée, et aux cités de Juda : 
Vous serez édifiées, et à ses dé- 
serts, je donnerai la vie. 

27. Moi qui dis à l'abime : Sois 
détruit, et je mettrai tes fleuves à 
sec. 


29, Comme un nuage el comme une vapeur ; sont dissipés et disparaissent. 


2%. et suiv. * 6° Discours : Cyrus, l'oint de Jéhovah, libérateur d'Israël, xLIv, 24-xLv. 
Les promesses deviennent plus précises, le Prophète annonce par son nom le futur 
libérateur d'Israël, Cyrus!, — Dieu; qui!a tout créé et qui sait;.tout, veut tenir|ses 
promesses, relever Jérusalem, ouvrir Babyloue au conquérant, à Cyrus, son oiut, 
qui sera son instrument et le restaurateur de la ville sainte, xrtv, 24-28. A Ia force 
irrésistible de ses armes, on verra. qui l'envóie : Cyrus ne connaissait point Jéhovah, 
mais Jéhovah l'a pris à son service, afin que les gentils reconnaissent 58 puissance 
divine et que la bénédiction céleste descende sur la terre, xLv, 1-8. Israël doit donc 
se soumettre au Seigneur, se confier en lui et ne point redouter Cyrus, car il est 
l'instrument de son salut, 9-13, celui qui doit exécuter ses vengeances' contre les 
paiens et. faire reconnaitre 88 divinité, 14. Israël reconnait son Dieu, 15-11. La pro 
messe s'accomplira, les gentils confesseront Dieu, 18-21, car tous les peuples doivent 
le servir et étre rendus heureux par lui, 22-26. 

24. Et nul n’est avec moi; pour faire ces choses avec moi. e" 

25. Dans la fureur (in furorem); ou dans l'aveuglement. — Faisant tourner en ar- 
riére; c'est-à-dire couvrant de confusion, comme la Vulgate elle-même a traduit l'ex- 
pression hébraïque correspondante dans lll Rois, n, 16, 20. — .Rendant, .610.; con- 
vainquant leur vaine science de folie. 

26. Son servileur, ses messagers, ses déserts, C'est, ce. que. portent l'hébreu et les 
Septante aussi bien que la Vulgate. Ne sachant à qui se rapportent les pronoms son, 
ses, plusieurs traducteurs ont changé le texte sacré, 05 ont mis mon, mes. Pour nous, 
nous n'avons pas cru que ce fût un motif suffisant de changer le texte sacré. -- Je 
donnerai la vie (suscitabo) aux déserts; en les peuplant d'habitants, 


(cn. xrv.) 

98. Moi, qui dis à Cyrus : Tu es 
mon pasteur, et Lu accompliras 
toute ma volonté. Moi, qui dis à 
Jérusalem : Tu seras édifiée; et 
au temple : Tu seras fondé. 


CHAPITRE XLV. 


Victoires de Cyrus, règne de justice. 


ISAIE. 


1649 


d'ouvrir devant lui les portes des 
maisons, et les portes des villes 
ne seront pas fermées. 

2. Moi j'irai devant lui, j'hu- 
milierai les glorieux de la terre, 
je briserai les portes d'airain, et 
je romprai les barres de fer. 

3. Et je te livrerai des trésors 
cachés, et des richesses enfouies 


Délivrance d'Israél. Le Seigneur re- 
connu par les nations. Il est le seul 
Dieu véritable. Tous les peuples le re- 
connaitront; tout Israél se glorifiera 
en lui. 


dans des lieux souterrains et 
secrets; afin que tu saches que je 
suis le Seigneur qui appelle ton 
nom, le Dieu d'Israél. 

4. À cause de Jacob mon ser- 
viteur, et d'Israël mon élu; je t'ai 
appelé par ton nom : je t'ai 
assimilé 4 mon Christ, et tu ne 
m'as pas connu. 


1. Voici ce que dit le Seigneur 
à mon christ, Cyrus, que j'ai 
pris par la droite, afin d'assujettir 
devant sa face les nations, de 
faire tourner le dos aux rois, et 


98. Cyrus; roi de Perse, est nommé par son propre nom plus de cent ans avant 
sa naissance, ce qui prouve jusqu'à l'évidence l'inspiration divine du prophéte Isaie. 
— Mon pasteur. Le nom de pasteur que Dieu donne à Cyrus prouve sa qualité de roi; 
car les anciens donnaient le titre de pasteur aux princes; c'est l'épithéte ordinaire 
qu'Homère leur donne. Sous ce rapport encore, Cyrusestla figure de Jésus-Christ, le pas- 
teur par excellence. — * C'est le passage d'Isaie, xziv, 28-xLv, 1, que les Juifs montrérent 
à Cyrus, à la fin dela captivité, d'aprés le témoignage de Joséphe, ce qui le déter- 
mina à leur permettre de retourner en Palestine. Le nom de Cyrus signifie, d’après 
Ctésias et autres, soleil. Il parait venir de la méme racine, mais il ne se confond pas 
avec le nom du soleil, qui est, en zend, Avaré (karé), d’où l'on a tiré des noms pro- 
pres comme Charsid, qui signifie éclat du soleil ou soleil. Sur les monuments, le 
nom de Cyrus est écrit Kuru ou Khuru; ainsi on lit sur son tombeau : Adam K'ur'us 
Khsáyathiya Hakkämanisiya. > Je suis Cyrus, le roi, l'Achéménide. » Son nom est 
identique avec celui du fleuve Kur. Voir Strabon, xv, 3, 6. 


1. Christ; ou oint; c'est-à-dire roi constitué. Il n'est pas prouvé qu'on donnât 
l'onction aux rois de Perse; mais le Prophète parle ici conformément à l'usage con- 
sacré chez les Hébreux. Compar. I Rois, x, 1; III Rois, x, 45. 

2. * On a retrouvé à Balawat des débris de portes assyriennes recouvertes de plaques 
d'airain. 

3. Je tle livrerai, etc. Nous savons par l'histoire que Cyrus recueillit des richesses 
prodigieuses dans toutes ses victoires. — Qui appelle ton nom; c'est-à-dire qui t'ai 
appelé par ton nom. Compar. le vers. 1. 

4. À cause de Jacob, etc.; c'est-à-dire pour venger le peuple qui m'adore, que je me 
suis choisi, et que je protège d'une manière toute particulière. — Je t'ai assimilé à 
mon Christ; vrai roi et pasteur de mon peuple, en te donnant le titre de mon pasteur 
(ταν, 28) et de mon Christ (xtv, 1), en te choisissant pour être sa figure. Le verbe 
hébreu que la Vulgate a traduit ici et xxiv, 5, par assimiler (assimilavi), elle l'a rendu 
dans Job, xxxir, 91, par égaler (æquabo), et au verset 22 de ce méme chapitre de 
Job par subsiste; (subsistam). — Et tu ne m'as pas connu; c'est-à-dire tu ne m'as pas 
honoré comme tu le devais, en abandonnant le culte des idoles. Rien, en effet, ne 
prouve que Cyrus, tout en avouant que le Seigneur lui avait livré tous les royaumes 
de la terre (I Esdras, 1, 2), abandonna la religion des Perses et embrassa celle des 
Juifs. C'est ainsi que Nabuchodonosor, qui avait reconnu la main du Seigneur (Da- 
niel, n, 41), resta dans l'erreur et dans l'idolàtrie. Cependant tout véritable hébrai- 


ACT. 104 


1650 

5. Je suis le Seigneur, il n'y en 
a pas davantage; hors moi il n'y 
a pas de Dieu; je t'ai ceint et tu 
ne m'as pas connu; 

6. Afin qu'ils sachent, ceux qui 
sont du levant et ceux qui sont 
de l'occident, que hors moi, il n'y 
en a pas. Je suis le Seigneur et 
il n'y en a pas d'autre, 

7. Formant la lumière, et cré- 
ant les ténèbres; faisant la paix, 
et créant les maux; je suis le 
Seigneur, faisant toutes ces cho- 
ses. 

8. Cieux, versez votre rosée 
d'en haut, et que les nuées pleu- 
vent un juste; que la terre s'ou- 
vre, et qu'elle germe un sauveur, 
et que la justice naisse en méme 
temps; moi, le Seigneur, je l'ai 
créé. 

9. Malheur à qui dispute contre 
celui qui l'a fait, à homme, % 
de terre de Samos; est-ce que 
l'argile dira à son potier : Que 
fais-tu, et ton ouvrage est sans 
mains ? 

10. Malheur à celui qui dit à un 
père : Pourquoi engendres-tu ? 


Cuapr. XLV. 9. Jérém., xvii, 6; Rom., ΙΧ 


ISAÍE. 


[cH. xLv.] 
et à une femme : Pourquoi en- 
fantes-tu ? 

11. Voici ce que ditle Seigneur, 
le saint d'Israél, celui qui l'a for- 
mé : Interrogez-moi sur les choses 
à venir;sur mes filsetsurl'eeuvre 
de mes mains, donnez- moi vos 
ordres. 

19. C'est moi qui ai fait la 
terre, et moi qui ai créé l'homme 
sur la terre; mes mains ont 
étendu les cieux, et à toute leur 
milice j'ai donné mes ordres. 

13. C'est moi qui 181 6 
pour la justice, et toutes ses 
voies, je les dirigerai; lui-même 
bâtira ma cité, il renverra mes 
captifs sans rançon ni présent, 
dit le Seigneur Dieu des armées. 

14. Voici ce que ditle Seigneur: 
Le travail de l'Egypte, le com- 
merce de l'Ethiopie, et les Sabé- 
ens, hommes d'une haute taille, 
viendront vers toi et seront à toi; 
ils marcheront derrière toi, et ils 
s'avanceront les fers aux mains ; 
ils se prosterneront devant toi, 
et ils te supplieront, disant : C'est 
seulement en vous quil y a un 


20. 


sant devra reconnaitre que le texte original peut signifier : Et tu ne l'avais pas connu, 
c'est-à-dire, quoique tu ne 16 connusses pas auparavant; ce qui ne préjuge rien sur 


Ja conduite postérieure de Cyrus. 


9. Je l'ai ceint de tes armes; c'est moi qui t'ai armé. 
1. Les maux; les calamités, les infortunes, comme châtiment des péchés 


8. Cieux, versez, etc.; prière qu'on fait dans l'Eglise pendant l'Avent, pour de- 
mander à Dieu les gráces de l'avénement de Jésus-Christ, le juste par excellence et 
le sauveur des hommes. — Moi, le Seigneur qui l'a créé. Cette parole s'entend aussi 
de Jésus-Christ, selon son humanité. Il est fils de Dieu et fils de l'homme. Comme 
fils de Dieu, il est engendré de toute éternité dans le sein du Pére, il est comme lui 
le principe dela justice et du salut; comme fils de l'homme, il ἃ été créé de Dieu 
dans le sein de Marie, de laquelleil est né dans la plénitude des temps. 

9. Ton ouvrage est sans mains; c'est-à-dire ton vase n'a pas d'anses; tu m'as mal 
fait, je suis un vase inutile. — * De (erre de Samos. Dans l'hébreu : un tél de terre 
simplement. 

12. * Leur milice; les étoiles. 

14. Le travail, etc. Les travaux des Egyptiens consistaient principalement dans la 
culture des terres et le soin des bestiaux. — Vers toi, Israël. — Se proslerneront 
devant loi; littér. Cadoreront, Voy., sur cette expression, Genèse, XVII, 2, 


[cn. xrvi.] 


Dieu, et hors de vous il n’y a pas 
de Dieu. 

45. Vraiment vous étes un Dieu 
caché, le Dieu d'Israél, un sau- 
veur. 

16. Ils ont été confondus, et 
ont rougi tous; tous ensemble 
ils sont allés à la confusion, les 
fabricateurs d'erreurs. 

17. Israël a été sauvé par le 
Seigneur d'un salut éternel; vous 
ne serez pas confondus ; et vous 
ne rougirez pas dans les siècles 
des siècles. 

18. Parce que voici ce que dit 
le Seigneur, qui a créé les cieux, 
le Dieu méme qui a formé la terre 
et l'a faite; celui-là méme qui l'a 
faconnée; ce n'est pas en vain 
qu'ill'acréée; c'est afin qu'elle füt 
habitée qu'il l'a formée ; je suis 
le Seigneur, et il n'y en ἃ point 
d'autre. 

19. Je n'ai pas parlé dans le se- 
cret, dans un lieu de la terre 
ténébreux. Je n'ai pas dit à la 
race de Jacob en vain : Cherchez- 
moi, je suis le Seigneur, parlant 
justice, annoncant la droiture. 

90. Rassemblez-vous, venez, et 
approchez-vous ensemble, vous 
qui avez élé sauvés des nations; 
ils sont dans lignorance, ceux 
qui élèvent un bois qu'ils ont 
sculpté, et qui prient un Dieu qui 
ne sauve pas. 


24. Rom., xiv, 11; Philip., rr, 40. 


ISAIE. 


1651 
91. Annoncez, venez, et con- 
sultez ensemble ; qui a fait enten- 
dre cela dès le commencement, 
et dès lors l’a prédit ? N'est-ce pas 
moi, le Seigneur, et il n'y a plus 
de Dieu hors moi? un Dieu juste 
et qui sauve; il n'y en a pas ex- 
cepté moi. 

22. Convertissez-vous à moi et 
vous serez sauvés, vous tous, 
confins de la terre; parce que 
moi je suis Dieu, et qu'il n'y en a 
point d'autre. 

93. Par moi-même j'ai juré; il 
sortirademaboucheune parole de 
justice, et elle ne reviendra pas: 

94. Que devant moi tout genou 
fléchira, et toute langue jurera 
par mon nom. 

95. Ainsi, dira chacun, c'est 
dans le Seigneur que sont ma 
justice et l'empire; vers lui vien- 
dront et seront confondus tous 
ceux qui s'opposent à lui. 

26. Dans le Seigneur sera jus- 
tifiée et glorifiée toute la postérité 
d'Israël. 


CHAPITRE XLVI. 


Ruine des idoles de Babylone. Israël pro- 
tégé du Seigneur. Le Seigneur est le 
seul Dieu véritable; tous ses desseins 
s'accomplissent. Dieu promet le salut 
à Sion. 


1. Bel a été rompu; Nabo a été 
brisé; leurs simulacres ont été 


——————————————————— 


23. Ne reviendra pas; ne sera pas retirée, révoquée. 

24. Toul genou fléchira, etc. Ces paroles sont citées par saint Paul (Rom., xiv, 10, 11; 
Philipp., x, 10, 11), qui les applique à Jésus-Christ. — Par mon nom; ces mots sont 
évidemment sous-entendus; Dieu avait ordonné à son peuple de ne jurer qu'en son 
nom. Voy. Deutér., vi, 13; Ezod., xxuz, 13. 


1-13.* Te Discours: Chute des dieux de Babylone, xtvr. — Les trois derniers dis- 
cours du premier cycle ont Babylone pour sujet. Le Prophéte, aprés avoir prédit 
ce qu'Israël doit attendre de Cyrus, nous apprend de quelle manière ce roi traitera 
Babylone. Le premier discours concernant cette ville annonce la chute de ses dieux. 


1652 


mis sur des bétes et sur des ani- 
maux de service; ces fardeaux 
que vous portiez allaient par 
leur grand poids jusqu'à vows 
lasser. 

2. Ils ont péri et ont été brisés 
tous ensemble ; ils n'ont pu sau- 
ver celui qui les portait, et ils 
iront eux-mémes en captivité. 

3. Ecoutez-moi, maison de Ja- 
cob, et vous tous, restes de la mai- 
son d'Israél, qui étes portés dans 
mon sein, qui étes renfermés dans 
mes entrailles. 

4. Moi-méme je vous porterai 
jusqu'à la vieillesse, jusqu'aux 
cheveux blancs; c'est moi qui 
vous ai faits, et c'est moi qui 
vous soutiendrai; c'est moi qui 
vous porterai, et vous sauverai. 

ὃ. À qui m'avez-vous assimilé, 
égalé, comparé et rendu sembla- 
ble? 

6. Vous qui tirez de l'or de la 
bourse, et pesez de l'argent dans 
la balance; louant un orfévre afin 
qu'il fasse un Dieu ; et on se pros- 
terne et on adore. 

1. 118 16 chargent surles épaules 


Cnar. XLVI. 7. Baruch, vr, 25. 


ISAIE. 


xr.vi.]‏ .אס] 
pour le porter, et pour le placer‏ 
en son lieu; il y demeurera et‏ 
ne sera pas Ôté de son lieu ; mais‏ 
lorsqu'on criera vers lui, il n'en-‏ 
tendra pas; de 18 tribulation il ne‏ 
les sauvera pas.‏ 

8. Souvenez-vous de cela et 
soyez confondus; rentrez dans 
votre cœur, prévaricateurs. 

9. Rappelez-vous le siècle 
passé; parce que moi je suis 
Dieu, et qu'il n'y a plus d'autre 
Dieu, et qu'il n'y a pas semblable 
à moi; 

10. Annoncant des l'origine la 
fin des temps, et dès le commen- 
cement les choses qui ne sont pas 
encore faites, disant : Ma résolu- 
tion sera inébranlable, et toute 
ma volonté s'exécutera ; 

11. J'appelle de l'orient un oi- 
seau, οἱ d'une terre lointaine 
l'homme de ma volonté; et je 
l'ai dit, et je l'accomplirai ; j'ai 
formé ce dessein et je lexécu- 
terai. .. 

19. Ecoutez-moi, vous au cœur 
dur, qui étes éloignés de la jus- 
lice. 


Ils deviendront le butin du vainqueur, 1-2; Israél le verra et reconnaitra la grandeur 
de Jéhovah, 3-5, au-dessus de ces dieux-statues, 6-7. Que ceux qui sont enclius à l'ido- 
lâtrie le remarquent et qu'ils comprennent que Dieu sait tout et gouverne tout, 8-11; 
que les endurcis voient par.là que le salut annoncé est proche, 12-13. 

1. Bel ou Bélus; premier roi des Babyloniens, mis par eux au nombre des divi- 
nités, et sur le tombeau duquel on érigea un temple somptueux. — Nabo; divinité 
aussi des Babyloniens. Cyrus enleva leurs statues et les fit briser pour en employer 
l'or et l'argent à d'autres usages. — Ces fardeaux, etc. Les idoles sont appelées des 
fardeaux, parce que dans les solennités, les prêtres les portaient en pompe. Com- 
par. vers. 1. : 

2. Eur-mémes; littér. leur áme (anima eorum). En hébreu comme en arabe, le mot 
âme s'emploie pour personne, individu. 

4. Jusqu'aux cheveux blancs; jusqu'à l’âge le plus avancé. 

7. * Les bas-reliefs assyro-chaldéens nous représentent des processions dans les- 
quelles les adorateurs de Bel et de Nabo les portent sur leurs épaules. 

41. Un oiseau; c'est-à-dire Cyrus, qui viendra aussi vite qu'un oiseau qui vole; 
ou bien est-ce une allusion à l'aigle, que ce prince faisait mettre au haut d'une lance, 
et qui avait les ailes étendues, pour marquer sa présence dans larmée? Compar, 
Jérém., xLix, 22, et Ezéch., xvn, où Nabuchodonosor est comparé à un aigle, 


[cg. xLvii.] 


13. J'ai rapproché le temps de 
ma justice, il ne sera pas différé, 
et mon salut ne tardera pas. J'é- 
tablirai dans Sion lesalut, et dans 
Israél ma gloire. 


CHAPITRE XLVII. 


Ruine de Babylone. Punition de sa du- 
reté, de son orgueil et de sa fausse 
sagesse. 


1. Descends, assieds-toi dans la 
poussiere, vierge, fille de Baby- 
lone; assieds-toi sur la terre; il 
n'y a pas de tróne pour la fille 
des Chaldéens, tu ne seras plus 
appelée délicate et tendre. 

2. Tourne 18 meule, fais moudre 
la farine : mets à nu ta honte, et 
découvre ton épaule, relève ta 
robe, passe des fleuves. 

3. Ton ignominie sera dévoilée, 
et on verra ton opprobre; je me 
vengerai, et pas dhomme ne me 
résistera. 

4. Notre rédempteur, son nom 
estleSeigneur desarmées, lesaint 
d'Israél. 

5. Assieds-toi en silence, et en- 
tre dans les ténèbres, fille des 
Chaldéens, parce que tu ne seras 
plus appelée dominatrice des 
royaumes. 

6. J'ai été irrité contre mon 


ISAIE. 


1655 
peuple, j'ai traité comme une 
chose souillée mon héritage, je 
les ai mis en ta main, tu ne leur 
as pas accordé de miséricorde; 
sur le vieillard tu as appesanti 
ton joug outre mesure. 

1. Et tuas dit : À jamais je serai 
souveraine; tu n'as pas mis ces 
choses sur ton cœur, et tu ne t'es 
pas souvenue de ton dernier mo- 
ment. 

8. Et maintenant, écoute ceci, 
voluptueuse, qui demeures en 
pleine assurance, qui dis en ton 
cœur : Moi je suis, et il n'y a hors 
moi personne plus; je ne resterai 
pas veuve, et j'ignorerai la stéri- 
lité. 

9. Ces deux maux te viendront 
soudain, en un jour, la stérilité, 
et la viduité ; tous viendront sur 
toi, à cause de la multitude de 
tes maléfices, et à cause de la 
dureté violente de tes enchan- 
teurs. 

10. Et tu as eu confiance dans 
ta malice, et tu as dit : ll n'y a 
personne qui me voit. Ta sagesse, 
et ta science, c'est ce qui t'a sé- 
duite. Et tu as dit dans ton cœur : 
Moi je suis, et hors moi, il n'y en 
a pas d'autre. 

41.Il viendra sur toi un malheur 


CHAP. XLVIL 3. Nah., n, 5. — 8. Apoc., xvii, 7. — 9. Infra, rr, 19. 


13. Mon salut; le salut que je dois donner; ce salut, c'est le Messie, dont Cyrus 
était la figure. — Sion; représente l'Eglise, le peuple fidéle, soit d'entre les Juifs, 
soit d'entre les gentils. 


1-15. * 8e Discours : Chute de Babylone, la capitale du grand empire, xLvir. Après 
les dieux de Babylone vient le tour de la ville elle-méme. Elle tombe, la grande cité, 
du haut de son orgueil, 1-4, parce qu'elle a abusé de sa force et opprimé sans pitié 
le peuple de Dieu, 5-7; elle va expier soudain son arrogance, et ses magiciens ne la 
sauveront pas, 8-15. 

1. Assieds-loi dans la poussière; comme une personne désolée et dans le deuil. — 
Fille de Babylone; c'est-à-dire ville de Babylone. Voy. 1, 8. 

2. Tourne la meule. C'est l'exercice auquel on soumettait les plus vils esclaves. 

1. Tu n'as pas mis, etc.; tu n'as pas considéré. — Tu ne t'es pas souvenue, etc.; tu 
t'es pas représenté ce qui devait arriver. 


1655 
et tu ne sauras pas son origine ; 
il fondra sur toi une calamité que 
iu ne pourras conjurer; il vien- 
dra sur toi soudainement une 
misère, que tu ne connaitras pas. 

19. Parais avectes enchanteurs, 
et avec la multitude de tes malé- 
fices auxquels tu t'es appliquée 
dés ta jeunesse, pour voir si par 
hasard quelqu'un d'eux te sera 
utile, ou si tu pourras devenir 
plus forte. 

13. Tu as défailli dans la mul- 
titude de tes conseils; qu'ils pa- 
raissent et qu'ils te sauvent, ceux 
qui observaient le ciel, qui con- 
templaient les astres, et suppu- 
taient les mois, afin de t'annon- 
cer par ce moyen ce qui doit t'ar- 
river. 

14. Voici qu'ils sont devenus 
comme de la paille, un feu les a 
brülés;ils ne délivreront pasleur 
àme de la main de la flamme ; ce 
ne sont pas des charbons ardents 
avec lesquels on se chauffe, ni 
un foyer auprès duquel on s'as- 
sied. 

15. Ainsi sont devenues toutes 
ces choses auxquelles tu t'étais 
appliquée ; ceux qui ont trafiqué 
avec toi dès ta jeunesse ont erré, 


ISAIE. 


]6₪. xrvin.] 


chacun dans sa voie; il n'en est 
pas qui te sauve. 


CHAPITRE XLVIII. 


Reproches contre Israël. Sa délivrance 
gratuite. Promesse d'un libérateur, 
c'est-à-dire du Messie figuré par Cyrus. 
Délivrance d'Israël. 


1. Ecoutez ceci, maison de Ja- 
cob, vous qui êtes appelés du nom 
d'Israël, et êtes sortis des eaux de 
Juda, qui jurez au nom du Sei- 
gneur, qui vous souvenez du Dieu 
d'Israël, mais non dans la vérité 
et la justice. 

2. Car ils ont été appelés du 
nóm de la cité sainte, et sur le 
Dieu d'Israël ils se sont appuyés; 
le Seigneur des armées est son 
nom. 

3. J'ai annoncé dès lors les évé- 
nements passés; c'est de ma bou- 
che qu'ils sont sortis et je les ai 
fait entendre; je Jes ai accomplis 
tout d'un coup, et ils sont ar- 
rivés. 

4. Car je savais que tu es dur, 
que ton cou est une chaine de fer, 
et ton front d'airain. 

5. Je t'ai prédit dès lors ces 
choses ; avant qu'elles vinssent je 
te les ai indiquées, de peur que 


42. * Il y avait une multitude d'enchanteurs et de devins à Babylone. 


13. * Les Chaldéens étaient particuliérement renommés comme astrologues et obser- 
vateurs des astres. 


1-99. * 9e Discours : Juda affranchi de la captivité de Babylone, xrvmr. Babylone 
abattue, Juda sera délivré. Que ceux qui s'appellent Israélites, mais ne le sont pas 
en réalité, reconnaissent donc que le Seigneur a tenu ce qu'il avait promis et prédit 
longtemps à l'avance, afin qu'on ne l’attribuât point aux idoles, 1-8. Les malheurs 
d'Israël n'ont été qu'une épreuve; elle est finie et Dieu affranchit son peuple, afin 
que les Gentils ne disent point qu'il n'a pas réalisé ses desseins, 9-11. Qu'Israél écoute 
donc son Dieu, qui promet et qui exécute, 12-16; qu'il lui soit fidéle pour étre heu- 
reux à jamais, 41-19. Qui se convertira sera délivré du joug des Chaldéens; qui 
s'endurcira n'aura point de part au salut, 20-22. 

1. Sorlis des eaux de Juda; c'est-à-dire issus de Juda. — Qui vous souvenez; dans 
les serments et dans les cérémonies de la religion. 

2. Ils ont été appelés, etc.; ils ont pris le nom de citoyens, d'habitants de Jérusa- 
lem, où Dieu habite. 


[(Η. xrvr.) 


tu ne dises : Ce sont mes idoles 
qui les ont faites, et mes images 
taillées au ciseau et jetées en 
fonte qui les ont ordonnées. 

6. Les choses que tu as enten- 
dues, vois-les toutes; mais vous, 
est-ce que vous les avez annon- 
cées? Je t'en ai fait entendre dès 
lors de nouvelles; et il en est de 
réservées que tu ne connais pas; 

1. C'est maintenant qu'elles ont 
été créées, et non pas alors;avant 
un jour seulement, et tu ne les as 
pas entendues, de peur que tu ne 
dises : Voiei que moi je les con- 
naissais. 

8. Tu n'as entendu, ni connu, 
ton oreille méme alors n'était pas 
ouverte; car je sais que prévari- 
quant, tu prévariqueras, et je t'ai 
appelé transgresseur dés le sein 
de ta mere. 

9. A cause de mon nom, j'éloi- 
gnerai ma fureur, et pour ma 
gloire je te mettrai un frein, pour 
que tu ne périsses pas, 

10. Je t'ai purifié par le feu, 
mais non comme l'argent : j'ai 
choisi pour toi le fourneau de la 
pauvreté. 

11. C'està cause de moi, à cause 
de moi que je ferai que mon nom 
ne soit pas blasphémé, et je ne 
donnerai pas ma gloire à unautre. 

12. Ecoute-moi, Jacob, et 0% 


ISAIE. 


Israël, que j'appelle; moi qui 
suis, moi le premier, et moi le 
dernier. 

18. Ma main aussi a fondé la 
terre, et ma droite a étendu les 
cieux; moi, je les appellerai, etils 
seront là {ous ensemble. 

14. Rassemblez-vous tous et 
écoutez-moi : qui d'entre eux a 
annoncé ces choses? Le Seigneur 
l'a aimé, il fera sa volonté dans 
Babylone ; et 27 sera son bras par- 
mi les Chaldéens. 

15. C'est moi, c'est moi qui ai 
parlé, et je l'ai appelé ; jel'ai ame- 
né, et sa voie est aplanie. 

16. Approchez-vous de moi, et 
écoutez ceci : des le principe je 
n'ai pas parlé en secret; dans le 
temps méme, avant l'événement, 
jétais là; et maintenant le Sei- 
gneur etson esprit m'ont envoyé. 

11. Voici ce que dit le Seigneur 
ton rédempteur, le saint d'Israél : 
Moi le Seigneur ton Dieu, je t'en- 
seigne des choses utiles, je te di- 
rige dans la voie par laquelle tu 
marches. 

18. Oh! si tu avais été attentif 
à mes commandements, ta paix 
aurait été comme un fleuve, et 
ta justice comme les flots de la 
mer; 

19. Ta postérité eüt été comme 
le sable de ses rivages, et les re- 


Car. XLVIIT. 11. Supra, מזזא‎ 8. — 12. Supra, ינזא ;4 זוא‎ 6; Apoc., 1, 8, 17 ; xxii, 13. 


6. Les choses, etc. Le Prophéte suppose que le peuple juif est de retour de la cap- 
tivité; il lui dit en conséquence qu'il doit voir la vérité de tout ce qui lui a été prédit. 
— Mais vous; apostrophe aux idoles, ou aux adorateurs des idoles. 

1. C'est maintenant, etc. Ce sont des prédictions que je fais maintenant. 

10. Non comme l'argent; qu'on épure dans le feu, jusqu'à ce que tout ce qu'il y a 
d'impur en soit séparé; ce qui t'aurait entièrement consumé ; je t'ai seulement affiné 


dans le fourneau de la pauvreté. 


14. D'entre eux; c'est-à-dire des faux dieux ou de leurs adorateurs. — L'a aimé, etc.; 
à aimé Cyrus, qui exécutera sa volonté dans Babylone. — Son bras; Vinstrument dont 


il se servira contre les Chaldéens. 


18. * Comme un fleuve; c'est-à-dire trés abondante, pleine et complète, 


1656 
jetons de ton sein comme les pe- 
tites pierres de ses bords; le nom 
de ta race n'aurait pas péri, et il 
n'eüt pas été effacé de devant ma 
face. 

20. Sortez de Babylone, fuyez 
de chez les Chaldéens, avec la 
voix de l’exultation annoncez 
celle nouvelle, failes-la entendre 
el portez-la jusqu'aux extrémités 
de la terre. Dites : Le Seigneur a 
racheté son serviteur Jacob. 

91. Ils n'ont pas eu soif dans le 
désert, lorsqu'il les ramenait ; il 
fitsortir del'eau d'unepierre pour 
eux, et il fendit la pierre et des 
eaux coulèrent. 

22. Il n'y a point de paix pour 
les impies, dit le Seigneur. 


CHAPITRE XLIX. 


Le messie rejeté par Israél et envoyé aux 
nations. Délivrance d'Israél. Plainte de 
Sion. Son rétablissement. Ruine de ses 
ennemis. 


1. Ecoutez, iles, et soyez atten- 
tifs, peuples éloignés: le Seigneur 


ISAIE. 


[cH. xLIx. 


dès le sein m'a appelé, dès les en- 
trailles de mamèreils’estsouvenu 
de mon nom. 

2. IL a disposé ma bouche com- 
me un glaive aigu; à l'ombre de 
sa main il m'a protégé, et il m'a 
disposé comme une fleche choi- 
sie; il m'a caché dans son car- 
quois. 

3. Et il m'a dit : Mon serviteur, 
c'est toi, Israél, parce qu'en toi je 
me glorifierai. 

4. Et moi j'ai dit : C'est dans le 
vide que j'ai travaillé, c'est sans 
motif et vainement que j'ai con- 
sumé ma force ; ainsi mon juge- 
ment est au pouvoir du Seigneur, 
et mon travail au pouvoir de 
Dieu. 

5. Et maintenant, dit le Sei- 
gneur, qui m'a formé des le sein 
de ma mere pour le servir, afin 
que je ramène Jacob à lui, et Is- 
raél ne sera pas rassemblé, et j'ai 
été glorifié aux yeux du Sei- 
gneur, et mon Dieu est devenu 
ma force. 


20. Jér., 11, 6. — 21. Exode, xvu, 6; Nomb., xx, 11. — 22. Infra, Lvu, 21. — 
Cuar. XLIX. 1. Jér., 1, 5; Galat., 1, 15. — 2. Infra, τι, 16. 


21. Ils n’ont pas eu soif, etc. La sortie de Babylone est comparée à la sortie d'Egypte. 
Les promesses faites ici à Israél sont un renouvellement de celles qu'on a lues, 
ΧΧΧΥ, 0: ΧΙ, 11, 18; ד‎ 20. 

1-96. * II. Seconde section : Le serviteur de Dieu ou le Messie dans ses humilia- 
tions et dans sa gloire, xzix-Lvu. — 1er Discours : Le serviteur de Dieu annonce qu'il 
est constitué maître de tous les peuples, xzix. Dans la première moitié de ce dis- 
cours, 1-13, le serviteur de Dieu se présente à nous comme le restaurateur d'Israél 
et l'auteur de la conversion des Gentils; dans la seconde, 14-26, il console Sion, qui 
se croit abandonnée de Dieu, mais qui sera au contraire glorifiée, aprés avoir été 
délivrée de ses maux. Voir Act., xut, 41 et Is., xuix, 6; II Corinth., vi, 2 et Is., ΧΗΣ, 8. 

1. Ecoutez, iles, etc. Ce verset et les suivants doivent, d'aprés les Péres, le commun 
des interprètes, le témoignage de saint Paul (Actes, xvm, 41; II Corinth., vr, 2) et la 
force méme des expressions du texte, étre appliqués à Jésus-Christ. — M'a appelé, etc. 
Compar. Luc, 1, 31 ; τι, 21. 

3. Mon serviteur, etc. Jésus est considéré ici selon son humanité. Voy. xum, 1. Il est 
nommé Jsraël, parce qu'il fut représenté par Jacob, surnommé Israël, comme il est 
appelé ailleurs David, parce qu'il fut représenté par David. 

5. Qui m'a formé; ces mots et les suivants jusqu'à la fin du verset forment une 
parenthèse, et le complément du verbe dit (dicit) qui précède immédiatement, ne se 
trouve exprimé qu'au vers. 6. 


"eu, xuix.] 

6. Il a donc dit : C'est peu que 
tu me serves à relever les tribus 
de Jacob, et à convertir les restes 
d'Israél. Voici que je t'ai posé en 
lumiere des nations, afin que tu 
sois mon salut jusqu'à l'extrémité 
de la terre. 

7. Voici ce que dit le Seigneur, 
le rédempteur d'Israël, son saint, 
à une àme méprisable, à une 
nation détestée, à lesclave de 
ceux qui /e dominent : Les rois 
te verront, et les princes se leve- 
ront, et ils Zadoreront à cause du 
Seigneur, parce qu'il est fidele, 
et à cause du saint d'Israël qui t'a 
choisi. 

8. Voici ce que dit 16 Seigneur: 
En un temps favorable je t'ai 
exaucé, et en un jour de salut je 
t'ai secouru, je t'ai conservé, et je 
l'ai établi pour faire alliance avec 
un peuple, afin que tu rétablisses 
une terre, et que tu possèdes des 
héritages dissipés; 

9. Afin que tu dises à ceux qui 
étaient dans les fers : Sortez; et 
à ceux qui étaient dans les ténè- 
bres : Venez à la lumiere. Sur 
les chemins, ils trouveront à pai- 
tre, et dans toutes les plaines 
seront leurs páturages. 

10. Ils n'aurontpas faim, ni soif; 


ISATE. 


1657 


la chaleur ne les atteindra pas, ni 
le soleil; parce que celui qui a 
pitié d'eux les conduira, et à des 
sources d'eaux il les fera boire. 

11. Et je disposerai toutes mes 
montagnes en une voie, et mes 
sentiers seront élevés. 

12. Voici que ceux-ci viendront 
de loin, et voici que ceux-là ven- 
dront de l'aquilon et de la mer, 
et ceux-ci de la terre du midi. 

13. Louez, cieux; exulte, terre; 
montagnes, faites retentir la lou- 
ange, parce que le Seigneur a 
consolé son peuple, et qu'il aura 
pitié de ses pauvres. 

14. Et Sion a dit : Le Seigneur 
m'a abandonnée, et le Seigneur 
m'a oubliée. 

15. Est-ce qu'une mère peut 
oublierson enfant, de sorte qu'elle 
n'ait pas pitié du fils de son sein? 
mais quand méme elle l'oublie- 
rait, pour moi, je ne t'oublierai 
point. 

16. Voici que je t'ai gravée 
dans mes mains; tes murs sont 
devant mes yeux sans cesse. 

17. [15 sont venus, tes cons- 
tructeurs; ceux qui te détrui- 
saient et te dissipaient, sortiront 
de ton enceinte. 

18. Léve tes yeux tout autour 


6. Supra, xui, 6; Actes, xi, 47. — 8, II Cor., vi, 2. — 10. Apoc., vit, 16. — 18. Infra, rx, 4. 


6. Mon salut; c'est-à-dire le salut que je donne, que j'envoie. 


8. Un temps favorable, un jour de salut pour faire alliance. Voy. II Corinth., vi, 2. 

10. Ils n'auront pas, etc. Compar. xrvm, 21. 

12. La mer; c'est-à-dire le couchant. La Méditerranée était au couchant de la Judée. 
— Du midi; selon les Septante, des Perses, et suivant l'hébreu, de Sinim, que les uns 
entendent de Sin, ancienne ville d'Egypte, appelée depuis Péluse, l'Egypte étant en 
effet au midi de la Judée, les autres du Sinai, situé dans l'Arabie, au midi de la Judée; 
d'autres de Syène, ville dela Thébaide méridionale à l'extrémité de l'Egypte; d'autres 
enfin de la Chine. 

16. Dans mes mains, etc. C'est une allusion à l'usage des Orientaux qui s'impriment 
sur le poignet la figure de certains objets qui leur sont chers, pour en mieux con- 
server le souvenir. 

18. Je vis, moi; formule de serment qui veut dire : Je jure par la vie qui est en 


1658 


et vois; tous ceux-ci se sont ras- 
semblés, et ils sont venus à toi, 
Je vis, moi, dit le Seigneur: de 
tous ceux-ci, comme d'un orne- 
ment, tu seras revétue, et tu t'en 
pareras comme une épouse. 

19. Tes déserts et tes solitudes, 
et ta terre ruinée seront main- 
tenant étroits eu égard aux habi- 
tants, et ils seront mis en fuite 
au loin, ceux qui te dévoraient. 

90. Ils te diront encore à tes 
oreilles, les fils de ta stérilité : 
Le lieu est étroit; fais-moi de 
l'espace, afin que j'habite. 


91. Et tu diras dans ton cœur :- 


Qui m'a engendré ceux-ci? j'é- 
tais stérile, et je n'enfantais pas; 
exilée et captive; el ceux-ci, qui 
les a nourris? j'étais abandonnée 
et seule, et ceux-ci, où étaient- 
ils? 

99. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Voici que vers des nations 
j'élèverai ma main, et devant des 
peuples je hausserai mon éten- 
dard; et ils apporteront tes fils 
entre leurs bras, et tes filles, ils 
les porteront sur leurs épaules. 

23. Et les rois seront tes nour- 
riciers, et les reines tes nourrices ; 
la face contre terre, ils se proster- 


ISATE. 


₪. L.] 
neront devant toi, etils lecheront 
la poussière de tes pieds. Et tu 
sauras que je suis le Seigneur, 
dans lequel ne seront pas confon- 
dus ceux qui l'attendent. 

24. Est-ce qu'on ótera à un 
homme fort sa proie? ou ce qui a 
été pris par un homme robuste, 
pourra-t-il être sauvé? 

25. Parce que voici ce que dit le 
Seigneur : Certainement et les 
captifs seront ótés à un homme 
fort, et ce qui aura été enlevé par 
un homme robuste sera sauvé. 
Or ceux qui t'ont jugée, moi je 
les jugerai, et tes fils, moi je les 
sauverai. 

26. Et je nourrirai tes ennemis 
de leurs propres chairs, et comme 
d'un vin nouveau je les enivrerai 
de leur sang; et toute chair saura 
que c'est moi le Seigneur qui te 
sauve, et que ton rédempteur est 
le fort de Jacob. 


CHAPITRE L - 


Israél est vendu pour ses iniquités; Dieu 
est tout-puissant pour le délivrer. Le 
Messie exposé aux insultes. Ruine de 
ses ennemis. 


1. Voici ce que dit le Seigneur: 
Quel est cet acte de répudiation 


moi essentiellement, par ma vie éternelle. Le que (quia) du texte et les mots suivants, 
sont un complément du verbe je vis, que représente 7e jure. 

19. Tes déserts, etc.; littér. que (quia) les déserts, etc.; autre complément de Je vis. 
Voy. le verset précédent. 

20. Les fils de ta stérilité; qui te seront nés dans ta stérilité, c'est-à-dire durant la 
captivité. / 

93. Les rois, etc. Les rois de Juda et d'Israél donnaient leurs enfants à élever aux 
principaux de leurs Etats. IV Rois, 1 et suiv. 

26. Je nourrirai, etc. Les Chaldéens, les Assyriens et les Babyloniens, qui s'étaient 
d'abord réunis pour perdre les Juifs, s'armérent plus tard les uns contre les autres, 
et s'égorgerent brutalement. — Toute chair; hébraisme pour {ous les hommes. 


1-11. * 2e Discours : Répudiation de la synagogue par sa faute, r. — Israël s'est fait 
rejeter volontairement de Dieu, par sa désobéissance et son incrédulité, 1-3. Le ser- 
viteur de Dieu vient comme Sauveur, et apporte le salut à son peuple; il souffrira 
dans sa passion, 6, et Malth., xxvr, 21, mais ses souffrances seront sa victoire, 4-9. 


L.]‏ .זס] 


donné à votre mère, par lequel 
je l'ai renvoyée? ou quel est mon 
créancier à qui je vous ai vendus? 
voilà que pour vos iniquités vous 
avez été vendus, et pour vos 
crimes, j'ai renvoyé votre mère. 

2. Parce que je suis venu, et 
il n'y avait pas un homme; j'ai 
appelé, et il ny avait personne 
qui entendit; est-ce que ma main 
S'est raccourcie, et est devenue 
toute petite, en sorte que je ne 
puisse vous racheter? ou bien 
n'y a-t-il pas en moi de force 
pour délivrer? Voici qu'à ma ré- 
primande je ferai un désert de 
la mer; je mettrai les fleuves à 
560; [65 poissons pourriront faute 
d'eau, et périront de soif. 

3. J'envelopperai les cieux de 
ténebres, et jeleur mettrai un sac 
pour couverture. 

4. Le Seigneur m'a donné une 
langue savante, afin que je sache 
soutenir parla parole celui qui est 
abattu ;ilprépare dès le matin, dès 
le matin il prépare mon oreille, 
afin que [6 /écoute comme un 
maitre. 

ὃ. Le Seigneur Dieu m'a ouvert 
l'oreille, et moi je nele contredis 
pas; je ne me suis pas retiré en 
arriere. 

6. J'ai abandonné mon corps 


ISAIE. 


1659 
à ceux qui ne frappaient, mes 
joues à ceux qui arrachaient ma 
barbe; je n'ai pas détourné ma 
faceàceux qui meréprimandaient 
et qui crachaient sur moi. 

7. Le Seigneur Dieu est mon 
aide ; c'est pour cela que je n'ai 
pas été; confondu ; c'est pour cela 
que j'ai présenté ma face comme 
une pierre très dure, et je sais 
que je ne serai pas confondu. 

8. Près de moi est celui qui me 
justifie, qui me contredira? pré- 
sentons-nous ensemble, qui est 
mon adversaire? qu'il s'approche 
de moi. 

9. Voici queleSeigneur Dieu est 
mon aide, qui est-ce qui me con- 
damnera? voici que tous seront 
mis en pièces comme un véte- 
ment, la teigne les rongera. 

10. Qui de vous craint le Sei- 
gneur, écoute la voix de son ser- 
viteur? que celui qui a marché 
dans les ténèbres et en qui n'est 
pas la lumière, espère au nom du 
Seigneur, et qu'il s'appuie surson 
Dieu. 

11. Voici que vous tous qui avez 
allumé un feu, qui étes environ- 
nés de flammes, marchez à la lu- 
mière de votre feu, et dans les 
flammes que vous avez allumées ; 
c'est par ma main que cela vous a 


Cuap. L. 2. Infra, nix, 1. — 6. Matt., xxvi, 67. — 8. Rom., vir, 33. 


Que chacun écoute donc sa voix, qui veut étre sauvé; quiconque ne l'entendra pas 


périra, 10-41. 


1. Quel est cet acte, etc. Cette femme représente particulièrement la maison d'Israël, 
coinme on le voit dans Jérém., ur, 8; mais elle figure aussi la synagogue, la nation 
juive, rejetée à cause de son incrédulité depuis la mort de Jésus-Christ. 

9. M'a ouvert l'oreille; m'a fait entendre, m'a révélé ses volontés. Compar. xuvrr, 8 
et Ps. xxxix, 6. — Je ne me suis pas, etc.; cette expression est empruntée d'un atte- 
lage de bœufs, qui ne veulent pas se laisser conduire. 

6. J'ai abandonné, etc. Tout ceci s'est accompli à la Passion de Jésus-Christ. Com- 


par. Matlh., xxvi, 61. 


11. Vous dormirez (dormietis) ; c'est-à-dire selon l'hébreu et les Septante, vous vous 


coucherez ou vous mourrez. 


100 


été fait, vous dormirez au milieu 
des douleurs. 


CHAPITRE LI. 


Rétablissement de Sion. Délivrance d'Is- 
raél. Ruine de ses ennemis. Jérusalem 
consolée, ses ennemis humiliés. 


1. Ecoutez-moi, vous qui suivez 
ce qui est juste, et qui cherchez 
le Seigneur; portez votre atten- 
lion sur la pierre dont vous avez 
été taillés, et sur la cavité de la 
citerne dont vous avez été arra- 
chés. 

2. Portez votre attention sur 
Abraham votre père, et sur Sara 
qui vous a 618168 ; je l'ai appelé 
seul, et je l'ai béni, et je l'ai mul- 
tiplié. 

3. Ainsi le Seigneur consolera 
Sion, etil consolera toutes ses rui- 
nes; il rendra son désert comme 
un lieu de délices, et sa solitude 
comme un jardin du Seigneur. On 
y trouvera la joie et l'allégresse, 
l'action de gráce et la voix de la 
louange. 

4. Soyez attentifs à moi, mon 
peuple; ma tribu, écoutez-moi ; 


ISAIE. 


[cu. [.זז‎ 
parce qu'une loi sortira de moi, 
et que mon jugement pour la lu- 
mière des peuples reposera parmi 
eux. 

5. Proche est mon juste, sorti 
est mon sauveur, et mes bras ju- 
geront les peuples : les iles m’at- 
tendront, et elles espéreront mon 
bras. 

6. Levez au ciel les yeux; et 
voyez en bas sur la terre; parce 
que les cieux comme la fumée se 
dissiperont, et la terre s'usera 
comme un vétement, et ses habi- 
tants comme elle périront; mais 
mon salut sera éternel, et ma jus- 
lice ne défaudra pas. 

1. Ecoutez-moi, vous qui savez 
ce qui est juste, mon peuple, dans 
le cœur de qui est ma loi; ne 
craignez pas l'opprobre des hom- 
mes, n'appréhendez pas leurs ou- 
tirages. 

8. Comme un vétement, le 
ver les rongera, et comme la 
laine, la teigne les dévorera; 
mais mon salut sera à jamais, et 
ma justice dans toutes les géné- 
rations. 


LI. 6. Ps. xxxvi, 39. — 7. Ps. xxxvi, 31.‏ .סגא 


P M M € ——— .- - - ς ͵ῆῆΝ,,ηΝΖ Ὀὔ.ττ .---Ῥ....‏ —— ה" 


1-23. * 3e Discours : Salut final d'Israël, .זז‎ — Le serviteur de Dieu propose à Israél 
la condition du salut : la foi qui sera récompensée par les plus grandes consolations, 
1-8. — Excité par cette promesse, Israél demande à Dieu de le sauver, comme il l'a 
fait autrefois en Egypte, 9-14. — Le Seigneur lui répond et s'engage de nouveau à le 
sauver, 12-16. — Alors le prophéte prend la parole et exhorte son peuple au courage 
et à la patience, jusqu'à ce que vienne le moment fixé par Dieu pour punir ses enne- 
mis, 11-23. 

2. Portez votre attention, etc. Il y a ici deux allégories, qui, selon saint Jérôme, 
désignent la stérilité d'Abraham et de Sara. — Je l'ai appelé seul; c'est-à-dire lors- 
qu'il était sans enfants. 

3. Un jardin du Seigneur; un paradis terrestre, comme celui où Dieu placa nos 
premiers parents. Compar. Genése, τι, 8. 

4. Mon jugement, etc. Voy. xuu, 4, 6, 1. 

5. Les iles ; c'est-à-dire selon l'hébreu, les pays lointains. 

6, 8. Mon salut ; le salut que je donne. 

1. Dans le cœur de qui; littér. et par hébraisme dans leur cœur. En hébreu, le pro- 
nom conjonctif ou relatif se sous-entend très souvent. Quant au pronom possessif 
leur (eorum) il est au pluriel également dans l'hébreu et dans les Septante, parce qu'il 
se rapporte à peuple qui est un nom collectif. 


(cu. Li. 

9. Lève-toi, lève-toi, revéts- 
toi de force, bras du Seigneur, 
leve-toi comme aux jours an- 
ciens, dans les générations des 
siècles. N'est-ce pas vous qui 
avez frappé un superbe, blessé 
un dragon ? 

10. N'est-ce pas vous qui avez 
desséché la mer, l'eau du grand 
abime; qui avez établi une voie 
au profond de la mer, afin que 
ceux qui avaient été délivrés y 
trouvassent un passage? 

11. Et maintenant ceux qui ont 
été rachetés par le Seigneur, re- 
tourneront et viendront à Sion 
chantant des louanges; une allé- 
gresse éternelle couronneraleurs 
tétes, ils posséderont la joie et 
l'allégresse ; la douleur fuira ainsi 
que le gémissement. 

19. C'est moi, c'est moi-méme 
qui vous consolerai; qui es-tu 
pour craindre un homme mortel, 
le fils d'un homme, qui comme 
l'herbe séchera? 

13. Et tu as oublié le Seigneur 
qui t'a créé, qui a étendu les 
cieux et fondé la terre; et tu as 


ISAIE. 


1661 
tremblé sans cesse tout le jour 
devant la fureur de celui qui 
te tourmentait et se préparait à 
te perdre; où est maintenant la 
fureur de celui qui te tourmen- 
tait? 

14. Bientót viendra celui qui est 
en marche pour ouvrir les pri- 
sons ; il ne tuera pas jusqu'à une 
entière exterminationetson pain 
ne défaudra pas. 

15. Or moi je suis le Seigneur 
ton Dieu, qui agite la mer et ses 
flots se soulèvent; le Seigneur des 
armées est mon nom. 

16. J'ai mis mes paroles dans 
ta bouche, et à l’ombre de ma 
main je t'ai protégé, afin que 
tu établisses des cieux, et que 
tu fondes une terre, et que tu 
dises à Sion : Mon peuple, c'est 
toi. 

11. Leve-toi, lève-toi, réveille- 
toi, Jérusalem, qui as bu de la 
main du Seigneur le calice de sa 
colère; jusqu'au fond du calice 
d'assoupissement tu as bu, et tu 
as bu jusqu à la lie. 

18. De tous les fils qu'elle a mis 


10. Exode, xiv, 21. — 16. Supra, xuix, 2. 


9. Dans les générations, etc.; dans les siécles qui se sont succédés. — Un superbe 
(superbum); l'hébreu porte Rahab, qui signifie proprement orgueil, fierté, d'où on 
l'applique à l'Egypte. Voy. xxx, 7; Ps. uxxxv1, 4. — Un dragon; c'est-à-dire Pharaon, 
roi d'Egypte, qu'Ezéchiel (xxix, 3) désigne, en effet, sous ce nom. 

10. N'est-ce pas, etc. Ce verset confirme l'interprétation donnée dans le précédent. 

12. Le fils d'un homme; expression poétique, pour dire simplement un homme. Dans 
ce verset et le suivant, il est question de Nabuchodonosor, roi de Babylone. 

14. Pain; par ce mot les Hébreux désignaient souvent toute espèce de nourriture, 
les vivres en général. 

16. J'ai mis, etc. Ni Isaïe, ni Cyrus, ni saint Jean-Baptiste, n'ont rempli toute l'é- 
tendue des paroles qu'on lit ici. Il n'y a que Jésus-Christ à qui l'on puisse en faire 
l'application juste et complète. Compar. xrix, 2, 4. — Afin que tu établisses, etc. On 
peut dire en toute vérité que le divin Sauveur a établi des cieux nouveaux et fondé 
une terre nouvelle, en fondant son Eglise, en changeant la face du monde, par la 
prédication de l'Evangile; en faisant d'un peuple corrompu, terrestre, enseveli dans 
les ténèbres, un peuple saint, pur et éclairé, dont la vie est en quelque sorte dans 
le ciel, etc. (Lxv, 17; uxvu, 22; Matth., xut, 11; Ephés., ix, 19; Philipp., ut, 20; 11 Pierre, 
au, 13; Apocal., xxt, 1). 

18. Qui prenne sa main; pour la secourir, 


1662 


au monde, il n'en est pas qui la 
soutienne, et de tousles fils qu'elle 
aélevés, il n'en est pas qui prenne 
sa main. 

19. Il y a deux maux qui sont 
tombés ensemble sur toi ; qui s'at- 
tristera pour toi? le ravage et la 
destruction, la faim et le glaive; 
qui te consolera? 

20. Tes fils ont été jetés par 
terre, etils sont 6011068 dans tous 
les carrefours, comme un oryx 
pris dans les filets; pleins de l'in- 
dignation du Seigneur, et de la 
réprimande de ton Dieu. 

91. C'est pourquoi écoute ceci, 
Jérusalem, pauvre et ivre, non de 
vin. 

22. Voici ce que dit ton domi- 
nateur, le Seigneur et ton Dieu, 
qui combattra pour son peuple : 
Voilà, j'ai pris de ta main le calice 
d'assoupissement, le fond du ca- 
lice de mon indignation; tu ne 
continueras plus à le boire à l'a- 
venir. 

93. Mais je le mettrai dans la 
main de ceux qui t'ont humiliée, 
et ont dit à ton âme : Courbe- 
toi, afin que nous passions; et 
tu as mis ton corps comme la 


ISAIE. 


(om. Lu.] 


terre, et comme la voie des pas- 
sants. 


CHAPITRE LII. 


Délivrance et rétablissement de Jérusa- 
lem. Envoyé qui annonce le règne du 
Dieu de Sion. Sentinelles qui annoncent 
le retour des enfants de Sion. Gloire et 
humiliation du Messie. Le Messie re- 
connu par les nations. 


1. Leve-toi, lève-toi, revéts-toi 
de ta force, Sion; revéts-toi des 
vélements de ta gloire, Jérusa- 
lem. cité du saint; parce qu'il n'y 
auca plus à l'avenir d'incirconcis 
qui passera au travers de toi, ni 
d'impur. 

2. Sors de la poussiére, léve-toi, 
assieds-toi, Jérusalem ; romps les 
fers de ton cou, captive fille de 
Sion. 

8. Parce que voici ce que dit le 
Seigneur: Pour rien vous avez été 
vendus, et sans argent vous serez 
rachetés. 

4. Parce que voici ce que dit le 
Seigneur Dieu : Mon peuple des- 
cendit en Egypte, dans le prin- 
cipe, pour y étre colon; et Assur, 
sans aucun sujet, l'a traité avec 
violence. 


19. Sapra, xzvur, 9. — Car. LII. 4. Genèse, xLvi, 6. 


19. Il y a deux maux (duo sunt). Le texte sacré en énumére quatre, mais ces quatre 


se réduisent à deux, la guerre et la famine. 


20. * Comme un oryz; bœuf sauvage. D'autres traduisent : comme une gazelle. 

91. Ivre, non de vin; mais de maux, de calamités. 

23. Ton âme; hébraisme, pour £a personne, toi. — Courbe-toi, etc. Les rois chal- 
déens avaient apparemment contraint les princes vaincus à leur servir de marche- 
pied, ou à se prosterner à leurs pieds, afin de marcher sur leurs corps. Cela n'était 
pas sans exemple parmi les rois de l'Orient. Compar. Josué, x, 24; Ps. cix, 1. 


1-12. * 4e Discours : 


Rétablissement de Jérusalem, uir, 1-12. L'asservissement de 


Jérusalem sera changé en domination, l'esclavage en liberté. L'honneur de Dieu de- 


mande que la ville sainte soit rétablie : 


qu'elle se reléve donc pleine de joie et de 


gloire, 1-6. — Sa restauration sera complète et parfaite, 7-12. 
1. Parce que, etc. Ceci n'aura son parfait accomplissement que dans le ciel. 
4. Assur; c'est-à-dire, les rois d'Assyrie, auxquels succédèrent les rois de 


Chaldée, 


]68. τα. 


5. Et maintenant qu'ai-je ici ὦ 
faire, dit le Seigneur, puisque 
mon peuple a été enlevé sans mo- 
tif? Ses dominateurs agissent ini- 
quement, dit le Seigneur, et sans 
cesse tout le jour mon nom est 
blasphémé. 

6. A cause de cela mon peuple 
connaitra mon nom en ce jour- 
là; 11 saura que moi-même qui 
parlais autrefois, me voici pré- 
sent. 

7. Qu'ils sont beaux surlesmon- 
tagnes, les pieds de celui qui an- 
nonce et qui préche la paix; qui 
annonce le bonheur, qui préche le 
salut, qui dit à Sion : il régnera, 
ton Dieu ! 

8. La voix de tes sentinelles; 
elles ont élevé la voix, elles chan- 
teront ensemble des louanges; 
parce qu'ail à œil elles verront, 
lorsque le Seigneur converlira 
Sion. 


₪. 


1663 
9. Réjouissez-vous et chantez 
deslouangesensemble, déserts de 
Jérusalem; parce que le Seigneur 
a consolé son peuple, qu'il a ra- 
cheté Jérusalem. 

10. Le Seigneur a préparé son 
bras saint aux yeux de toutes les 
nations; et ils verront. tous les 
confins de la terre, le salut de no- 
tre Dieu. 

11. Retirez-vous, retirez-vous, 
sortez de là, ne touchez rien d'im- 
pur; sortez du milieu d'elle, pu- 
rifiez-vous, vous qui portez les 
vases du Seigneur. 

12. Parce que vous ne sortirez 
point en tumulte, et vous ne vous 
précipiterez point dans votre fui- 
te; car le Seigneur vous précé- 
dera, et le Dieu d'Israél vous ras- 
semblera. 

13. Voici que mon serviteur 
aura l'intelligence, il sera exalté, 
élevé et glorieux. 


5. Ezéch., xxxvi, 20; Rom., rr, 24, — 7. Nah., 1, 15; Rom., x, 15. — 10. Ps. xcvir, 3. 


— 14. II Cor., νι, 17. 


1. Qu'ils sont beaux, etc. Saint Paul applique ceci à la mission des prédicateurs de 
l'Evangile (Rom., x, 15). 

8. La voiz de tes sentinelles; exclamation pour introduire le sujet du discours. — 
OEil à œil; de très prés; synonyme de face à face. Aussi la Vulgate elle-même a-t-elle 
traduit ailleurs (Nomór., xiv, 14) par face à face, l'hébreu cil à œil. 

11. De là; de Babylone. Saint Paul (II Corinth., vr, 11) semble faire allusion à ce 
passage. 

12. Le Dieu d'Israël vous rassemblera; c'est-à-dire, qu'au sortir de Babylone, il réu- 
nira et conduira son peuple, de méme qu'il le conduisit autrefois à sa sortie de 
l'Egypte. Compar. Exode, xut, 21; xiv, 19, 20. 

43-1m, 1-12. * 5e Discours : La passion de Notre Seigneur, ur, 13-uur. Ce discours 
a été appelé avec raison : « Passio Domini nostri Jesu Christi secundum Isaiam. » 
La transition du 4* au 5e discours peut paraitre brusque de prime abord : de la gloire 
de Jérusalem nous tombons tout d'un coup dans les humiliations de Gethsémani et 
du Calvaire, mais c'est que cette gloire sera le fruit de ces abaissements, Phil., τι, 
7-10. De plus, xux, 5, 6, 8-9; L, 5-6, nous ont préparés au tableau des douleurs du 
Messie. ἃ partir de ur, 13, Isaie prophétise plus expressément la passion, comme le 
remarque Théodoret de Cyr. Les versets 13-15 forment comme l'exorde : le serviteur 
de Jéhovah doit étre anéanti pour monter au plus haut degré de gloire. — Il doit 
étre anéanti, parce qu'il est l'agneau qui porte les péchés du monde, la victime in- 
nocente qui expie nos propres fautes, rrr, 1-6. — Il se dévoue volontairement pour 
nous et, de la sorte, il obtient notre pardon et se couvre lui-même d'honneur et de 
gloire, 1-12, — Ainsi 16 Messie sera l'innocence méme, 9, s'offrant volontairement en 
sacrifice, 1; cf. Malth., xxvi. 63; Jean, x, 18; Luc, xit, 50; se chargeant de nos crimes, 


4604 


14. Comme beaucoup ont été 
frappés de stupeur à ton sujet, 


3insi sera sans gloire son aspect: 


parmi les hommes, et sa forme 
parmi les fils des hommes. 

18. C'est lui qui aspergera beau- 
coup de nations; devant lui, des 
rois fermerontleur bouche; parce 
que ceux à qui il n'avait pas été 
parlé delui, l'ont vu; et ceux qui 
n'en avaient pas entendu parler, 
l'ont contemplé. 


ISAÏE. 


(cn. [.ווזם‎ 
du de nous? et à qui le bras du 
Seigneur a-t-il été révélé? 

2. Et il montera comme une 
branche menue devant lui, et 
comme un rejeton d'une terre 
altérée ; il n'a ni éclat ni beauté; 
et nous l'avons vu, et il n'avait 
pas un aspect agréable, et nous 
l'avons désiré ; 

3. Méprisé, et le dernier des 
hommes, homme de douleur, et 
connaissant l'infirmité; son vi- 


sage était comme caché, et mé- 
prisé, et nous lavons compté 
pour rien. 

4. 1] a vraiment lui-méme pris 
nos langueurs sur lui, et il a lui- 
méme porté nos douleurs; etnous 
l'avons considéré comme un lé- 
preux, frappé de Dieu et humilié. 


CHAPITRE LIII. 


Le Messie méconnu par son peuple. Nais- 
sance obscure du Messie. Ses humilia- 
tions, ses souffrances, sa mort. Sa vie 
nouvelle, sa longue postérité, les suc- 
cès de son ministère. 


1. Qui a cru à ce qu'il a enten- 


15. Rom., xv, 21. — βαρ. LIII. 1. Rom., x, 16; Jean, xir, 38. — 3. Marc, 1x, 11. — 
4. Matt., vri, 17. 


Is., vui, 5, 6, 8, 11, 12; cf. Matth., vux, 11; Act., vir, 32-33; 1 Cor., xv, 3; confondu 
avec les scélérats, Is., tr, 12; Luc, xxi, 31; Marc, xv. 28; opérant notre salut par 
les plus grandes humiliations et par sa passion, 1s., Lit, 2, 3, 4, 5; Marc, xi, 12; 
I Pierre., 11, 24; priant pour ses bourreaux eux-mêmes, [5.5 nur, 12; Luc, xxut, 34, et 
entrant ainsi dans la gloire, 1s., Lux, 8, 9, 11, 12; PAil., ,זנ‎ 7-10. — > Qui a peint ce 
portrait de Jésus-Christ? Est-ce un évangéliste ou un Pére de l'Eglise? Quels traits! 
quel coloris! quelle expression! quel accord avec les faits! quelle justesse, quel 
naturel dans les emblémes! Que dis-je? Ce n'est point une peinture emblématique 
d'un avenir fort éloigné; c'est une représentation fidèle du présent, et ce qui n'est 
point encore est peint comme ce qui est. L'accord frappant de cet Ecce homo, mon- 
tré par Isaie, avec celui qui fut montré [sept] cents ans plus tard par Pilate, est 
d'autant plus décisif pour la foi, que l'objet en soi était inimaginable et qu'il 
faut nécessairement que le prophète l'ait vu pour le représenter ainsi. » (Auc. 
NicoLas.) 

13. Voici que mon serviteur, etc. Ici, jusqu'à la fin du chapitre suivant, le prophéte 
quitte le figuré, Cyrus et Babylone, pour ne plus parler que du Messie, comme le 
disent les Pères et les interprètes; et c'est en vain que les rabbins veulent voir en 
cet endroit Jérémie, ou Josias, ou Zorobabel, ou Esdras, ou le peuple juif, la pré- 
diction ne saurait convenir à aucun de ces personnages. 

14. Sa forme; son extérieur. — Les fils des hommes. Voy. sur cette expression, 
LI, 12. 


1. Qui a cru, etc. Saint Jean (xu, 38) et saint Paul (Rom., x, 16) reconnaissent ici 
une prophétie de l'incrédulité des Juifs à l'égard de Jésus-Christ. 

2. Nous l'avons désiré (desideravimus eum). Bien des interprètes suppléant la néga- 
tion, qui est dans le membre de phrase précédent, selon un usage assez comunun 
en hébreu, traduisent nous ne l'avons pas désiré; ce qui, il faut en convenir, parait 
plus conforme au contexte. : 

4. Il a vraiment, etc. Saint Matthieu (vu, 17) applique cette parole à Jésus-Christ, 
guérissant les malades qu'on lui présentait. 


(cn. 11π.] 


5. Mais lui-méme 1 ἃ été blessé 
à cause de nos iniquités, il a été 
brisé à cause de nos crimes; le 
châtiment, prix de notre paix, 
est tombé sur lui; et par ses 
meurtrissures nous avons été 
guéris. 

6. Nous tous, comme des bre- 
bis, nous avons erré ; chacun s'est 
détourné vers sa voie; et le Sei- 
gneur a mis sur lui l'iniquité de 
nous tous. 

1. ll a été offert parce que lui- 
méme l'a voulu, et il u'a pas ou- 
vert sa bouche; comme une bre- 
bis, il sera conduit à la tuerie, et 
comme un agneau devant celui 
qui le tond, il sera muet, et il 
n'ouvrira pas sa bouche. 

8. À la suite des angoisses et 
d'un jugement il a été enlevé; 
qui racontera sa génération? car 
il a été retranché de la terre! des 


ISATE. 


1665 


vivants; à cause du crime de mon 
peuple, je l'ai frappé. 

9. Et il donnera des impies 
pour sa sépulture, et un riche 
pour sa mort, parce qu'il n'a pas 
commis d'iniquité, et quela trom- 
perie n'a pas été dans sa bouche. 

10. Mais le Seigneur a voulu le 
briser dans son infirmité; s'il 
donne, pour le péché, son àme, 
il verra une race de longue du- 
rée, et la volonté du Seigneur, 
par sa main, sera dirigée. 

11. De ce que son âme a souf- 
fert, il verra le fruit, et il sera 
rassasié; par sa science mon 
serviteur justifiera lui-même un 
grand nombre d'hommes, etleurs 
iniquités, lui-méme les portera. 

19. C'est pour cela que je lui 
départirai un trés grand nombre 
d'hommes, et il distribuera les 
dépouilles des forts, parce qu'il 


5. I Cor., xv, 3. — 7. Matt., xxvi, 63; Actes, vii, 32. — 9. I Pierre, 11, 22; 1 Jean, ri, 5. 
— 12. Marc, xv, 28; Luc, xxi, 57; Luc, xxii, 34. 


5, 6. Compar. I Pierre, 11, 24, 25. 


7, 8. Ces deux versets se trouvent cités dans les Actes des Apôtres (vui, 32, 33), 
mais suivant la version des Septante. — Génération; se prend dans l'Ecriture pour 
l'action d'élre engendré, durée de la vie humaine, race, famille, les contemporains, 
âge, siècle, postérilé. Cette dernière signification nous semble la plus convenable ici, 
à cause de ce qui suit immédiatement. C'est comme si le prophète disait : Qui pourra 
jamais expliquer comment celui qui est inort au milieu des tourments les plus igno- 
minieux a eu une postérité aussi nombreuse et aussi glorieuse ? 

9. Il donnera. On pense généralement que 66 pronom 7 représente le mot Dieu ou 
Seigneur, sous-entendu; nous croyons, nous, qu'il se rapporte au Messie, sujet de 
la plupart des verbes exprimés dans cet oracle prophétique. — Des impies; ainsi porte 
l'hébreu, sans l'article déterminatif qui se lit pourtant dans le grec; ce qui peut s'en- 
tendre du centurion et de ses soldats qui confessérent, au pied de la croix, la divi- 
nité de Jésus-Christ (Marc, xv, 39; Luc, xxur, 47, 48), ou bien des soldats romains 
qui gardaient le tombeau du Sauveur. — Pour sa sépulture (pro sepultura), pour sa 
mort (pro morle sua); c'est-à-dire pour prix de sa sépulture, pour prix de sa mort; 
c'est aussi le sens qu'on donne au texte des Septante. — Un riche (divitem); selon 
lhébreu. On l'entend de Joseph, homme riche d'Arimathie (Matth., xvir, 51-60). Le 
grec lit les riches. — Parce qu'il n'a pas, etc. Ce passage est appliqué à Jésus-Christ 
par plusieurs apôtres (I Pierre, τι, 22; I Jean, πὶ, 5). 

10. S'il donne son âme, etc. Saint Paul (IL Corinth., v, 21) fait allusion à ces paroles 
du prophéte. — Par sa main; hébraisme, pour par son entremise, par son moyen, 
par (ui; c'est-à-dire, que le Seigneur se servira de lui pour exécuter sa volonté. 

12. Jésus-Christ annonce à ses disciples que cette prophétie doit s'accomplir en lui 
(Luc, xxu, 37), et saint Marc (xv, 28) nous en fait remarquer l'accomplissement. 


Ὧν I, 109 


1666 
a livré à à mort son âme, et 
qu'il a été compté parmi les scé- 
lérats; parce qu'il a porté les pé- 
chés d'un grand nombre, et qu'il 
à prié pour les transgresseurs. 


CHAPITRE LIV. 


Jérusaiem rétablie; multitude de ses 
habitants; étendue de sa puissance; 
alliance du Seigneur avec elle; magni- 
ficence de sa structure; vains efforts 
de ses ennemis. 


1. Loue /e Seigneur, stérile, qui 
n'enfantes pas; chante sa lou- 
ange, et pousse des cris de joie, 
toi qui n'enfantais pas : parce 
que les fils de la délaissée seront 
plus nombreux que /es fils de 
celle qui a un mari, dit le Sei- 
gneur. 

2. Elargis l'enceinte de ta tente, 
et étends les peaux de tes taber- 
nacles; n'épargne rien; allonge 
tescordages, et affermistespieux. 

3. Car tu pénétreras à droite 

t à gauche, et ta race aura des 
nations pour héritage, et elle ha- 
bitera des villes auparavant dé- 
sertes. . 

4. Né crains pas, parce que tu 
ne seras pas confondue, et tu ne 
rougiras pas; car tu n'auras pas 
de honte, parce que tu oublieras 
la confusion de ta jeunesse; et de 


Cap. LIV. 1. Luc, xxii, 29; Gal., 


ISAÏE. [c 


H. LIV.] 
l'opprobre de ta viduité, tu ne te 
souviendras plus. 

5. Parce que celui qui t'a faite te 
dominera; le Seigneur des ar- 
mées est son nom, et ton rédem- 
pteur,lesaintd'Israél, sera appelé 
le Dieu de toute la terre. 

6. Car le Seigneur t'a appelée 
comme une femme délaissée et 
affligée d'esprit, et comme une 
femme repudiée dés sa jeunesse, 
a dit ton Dieu. 

7. Pour un instant je t'ai un 
peu délaissée, mais dans 58 
grandes miséricordes je te ras- 
semblerai. 

δι. Dans un moment d'indigna- 
lion je t'ai caché ma face pendant 
un peu de temps, mais dans 0 
miséricorde éternelle, j'ai eu pitié 
de toi, a dit ton rédempteur le 
Seigneur. 

9. C'estici pour moi comme aux 
jours de Noé, à qui je jurai que 
je n'aménerais plus les eaux de 
Noé sur la terre; ainsi j'ai juré que 
je ne me mettrai pas en colere 
contre toi, el que je ne te répri- 
manderai pas. 

10. Car les montagnes seront 
ébranlées et les collines frémi- 
ront; mais ma miséricorde ne se 
retirera pas de toi, et mon alliance 
de paix ne sera pas ébranlée, a 


Iv, 21. — 5. Luc, 1, 32. — 9. Genèse, 1x, 15. 


1-11. * 69 Discours : Gloire de Jérusalem et de l'Eglise, Liv. Jérusalem stérile pen- 
dant la captivité devient maintenant féconde par la gráce de Dieu, 1-10. — Elle se 
relève de ses ruines et est digne par sa magnificence de ceux qui l'habitent; comme 
elle est fidèle à la grâce de Dieu, elle est maintenant invincible, par la force du Sei- 
gneur qui la défend et la protège, 11-17. 

1. Loue; ou, selon l'hébreu et les Septante, réjouis-loi, jubile. En suivant 16 dernier 
sens, saint Paul (Galat., 1v, 26, 21) nous montre dans ce passage la merveilleuse 
fécondité de l'Eglise de Jésus-Christ. 

9. De Noé ; mots qui semblent former un pur pléonasme; 
aussi bien que dans la Vulgate. 

10. Mon alliance de paiz; Valliance par laquelle je fais la paix avec toi; littér, et 
par hébraisme, l'alliance de ma paix. 


ils sont dans l'hébreu 


:CH. Lv.] 
dit celui qui a pitié de toi, le Sei- 
gneur. 

11. Tu es pauvre, battue par la 
tempéte, et sans aucune consola- 
tion. Voici que moi j'alignerai tes 
pierres, ettu seras fondée sur des 
saphirs. 

19. Et je ferai tes tours de jaspe, 
et tes portes en pierres ciselées, 
et tous tes conlours en pierres 
précieuses; 

13. Et tous tes fils seront ins- 
truits par le Seigneur, et une 
abondance de paix est réservée à 
tes fils. 

14. Et tu seras fondée dans la 
justice; éloigne-toi de la violence, 
parce que tu n'auras pas à crain- 
dre, et de la frayeur, parce qu'elle 
ne t'approchera pas. 

19. Voici que viendra un ha- 
bitant qui n'était pas avec moi; 
que celui qui était étranger au- 
trefois pour toi se joindra à toi. 

16. Voilà que moi j'ai créé l'ou- 
vrier qui souffle dans le feu des 
charbons ardents, et en fait sortir 
uniustrument pour son ouvrage, 


ISAIE. 


1667 
et c'est moi qui ai créé le meur- 
trier pour détruire. 

11. Tout instrument qui a été 
imaginé contre toi manquera le 
but ; et toute langue qui te résis- 
tera dans le jugement, tu la juge- 
ras. C'est là l'héritage des servi- 
teurs du Seigneur, et la justice 
qu'ils trouvent aupres de moi, dit 
le Seigneur. 


CHAPITRE LV. 


Tous les hommes sont appelés à la foi et 
à la pénitence. Dieu miséricordieux et 
véritable dans ses promesses. Bonheur 
de ceux qui reviennent à Dieu. 


1. Vous tous qui avez soif, venez 
vers les eaux; et vous qui n'avez 
pas d'argent, hátez-vous, achetez 
et mangez; venez, achetez sans 
argent etsans aucun échange du 
vin et du lait. 

2. Pourquoi dépensez-vous de 
largent à ce qui n'est pas du 
pain, et votre travail à ce qui ne 
peut vous rassasier? Ecoutez-moi 
avec une grande attention, et 
mangez une bonne nourriture, et 


13. Jean, vr, 45. — (πὰρ. LV. 1. Eccli., τι, 33; Apoc., xxu, 17. 


13. Tous Les fils, et abondance de paix; sont à laccusatif dans le texte, comme 
complément ou régime direct du verbe actif, je ferai (ponam) du verset précédent. 
Compar. Jean, vt, 45. 

16. * L'ouvrier ; 16 forgeron. 

11. Manquera le but; ne t'atteindra pas; littér., ne sera pas dirigé, sera mal dirigé. 

1-13. * Te Discours : Abondance des biens spirituels apportés par le Messie, Lv. 
L'œuvre dela rédemption est accomplie; le serviteur de Dieu invite maintenant, 1-2, 
ses convives au festin qu'il leur a préparé et ne leur demande que d'accepter la 
grâce qu'il leur offre, Is., Lv, et Jean, vir, 38; cf. Joël., rm, 18; 1s., Lxvi, 12; Jean, 1v, 
13-14. — Si le peuple obéit à Dieu, Dieu tiendra toutes les promesses qu'il a faites 
à la maison de David et glorifiera ainsi Israël, 3-5. — Que chacun lève donc les obs- 
tacles qui l'éloignent de Dieu; qu'il fasse pénitence de ses péchés ; qu'il renonce à ses 
propres pensées pour suivre celles du Seigneur, et ainsi il recevra toute sorte de 
biens, 6-13. 

1.* Suns aucun échange. Comme la monnaie proprement dite ou frappée était 
encore inconnue, on se servait pour les achats de lingots d'or ou d'argent et plus 
communément on échangeait des objets en nature. 

2. Du pain; c'est-à-dire de la nourriture en général, comme nous l'avons déjà 
remarqué plus d'une fois. — Ecoulez-moi avec une grande attention; littér., et par 
liébraisue, écoutant écoutez, 


4668 
votre âme se délectera en s’en en- 
graissant. 

3. Inclinez votre oreille, et venez 
à moi; écoutez, et votre àme vi- 
vra, et je feraiavec vous un pacte 
élernel qui montrera véritables 
les miséricordespromises àDavid. 

4. Voilà que je l'ai donné pour 
témoin aux peuples, pour chef et 
pour maitre aux nations. 

9. Voilà que tu appelleras une 
nation que tu ne connaissais pas; 
et des nalions qui ne t'ont pas 
connu verstoiaccourront, àcause 
du Seigneur ton Dieu, et du saint 
d'Israél qui t'a glorifié. 

6. Cherchez le Seigneur, tandis 
qu'on peut le trouver, invoquez- 
le tandis qu'il est proche. 

7. Que limpie abandonne sa 
voie, et l'homme inique ses pen- 
sées, et qu'il retourne au Sei- 
gneur, et il aura pitié de lui; età 
notre Dieu, parce qu'il pardonne 
beaucoup. 

8. Car mes pensées ne sont pas 
vos pensées, ni vos voles mes 
voies, dit le Seigneur. 

9. Parce qu'autant les cieux 
sont élevés au-dessus de la terre, 
autant sont élevées mes voies 
au-dessus de vos voies, et mes 
pensées au-dessus de vos pen- 
sées. 

10. Et de méme que la pluie et 
la neige descendent du ciel et n'y 


ISAIE. 


(cu. Lvr.] 


retournent plus, mais qu'elles 
abreuvent la terre, la pénetrent, 
la font germer, et qu'elle donnent 
la semence au semeur, et le pain 
à celui qui le mange; 

11. Ainsi sera ma parole qui 
sortira de ma bouche; elle ne re- 
viendra pas à moisans effet; mais 
elle fera tout ce que j'ai voulu, 
el elle réussira dans toutes les 
choses pour lesquelles je l'aurai 
envoyée. 

12. Parce que dans la joie vous 
sortirez, et dans la paix vous 
serez ramenés; les montagnes 
et les collines chanteront devant 
vous des louanges, et tous les 
arbres du pays battront des mains. 

13. Au lieu du nard sauvage 
s'élevera le sapin, et au lieu de 
l'ortie croitra le myrte; et le 
nom du Seigneur deviendra un 
signe éternel, qui ne sera pas en- 
levé. 


CHAPITRE LVI. 


Bonheur de ceux qui observent les com- 
mandements de Dieu. L'étranger et 
leunuque recus parmi le peuple du 
Seigneur. Reproches contre les pas- 
teurs et les gardes de Jérusalem. 


1. Voici ce que dit le Seigneur: 
Gardez le jugement et pratiquez 
la justice; parce que mon salut 
est pres de venir, et ma justice , 
d'étre révélée. 

2. Bienheureux lhomme qui 


3. Actes, ,זא‎ 34. — ὕπαρ. LVI. 1. Sag., 1, 1. 


3. Les miséricordes (misericordias) est à l'accusatif, comme étant en opposition avec 
pacte éternel, complément du verbe actif feriam qui précède, Quant aux promesses 
de miséricorde faites à David, elles sont rappelées dans plusieurs psaumes, mais par- 
ticulierement dans le Lxxxvur, 28, 29. Compar. Actes, xui, 34. 


1-8. * 8e Discours : Conséquences morales et sociales de l'œuvre de la Rédemption, 
Lvi, 1-8. Personne n'est exclu désormais du royaume de Dieu : y entrera non celui 
qui descend d'Abraham, mais celui qui pratique la vertu, 1-8. 

1. Mon salut; le salut que je dois envoyer. 

2. Aucun mal (omne malum). En hébreu, le mot tou! signifie nud, pas un seul, lors: 


[cu. Lvi.] 


observe ceci, et le fils de l'homme 
qui s'y attachera; gardant le sab- 
bat, afin de ne pas le profaner, 
gardant ses mains, afin de ne 
faire aucun mal. 

3. Et qu'il ne dise en aucune 
maniere, le fils de l'étranger qui 
saltache au Seigneur : Le Sei- 
gneur me séparera entièrement 
de son peuple. Et que l'eunuque 
ne dise pas : Voici que je suis un 
bois aride. 

4. Parce que voici ce que dit le 
Seigneur aux eunuques: Ceux qui 
gardent mes sabbats, et qui choi- 
sissent ce que je veux et obser- 
vent mon alliance ; 

5.Jeleur donnerai dans ma mai- 
son et dans mes murs un lieu et 
un nom plus avantageux que des 
fils et des filles; je leur donnerai 
un nom éternel qui ne périra pas. 


ISAIE. 


1669 
6. Et les fils de l'étranger qui 
s'attachent au Seigneur, afin de 
l'adorer et d'aimer son nom, afin 
d'étre ses serviteurs, e£ tous ceux 
qui gardent le sabbat pour ne pas 
le profaner, et observent mon al- 
liance, 

1. Je les conduirai sur ma mon- 
tagne sainte, je les remplirai de 
joie dans ma maison de priere; 
leurs holocaustes et leurs victi- 
mes, offerts sur mon autel, me 
seront agréables; parce que ma 
maison sera appelée maison de 
prière pour tous les peuples. 

8.LeSeigneur Dieu, qui rassem- 
ble les dispersés d'Israél, dit : Je 
réunirai encore à lui ceux qui se 
joindront à lui. 

9. Voustoutes,bétes deschamps, 
vous toutes, bêtes des forêts, ve- 
nez pour dévorer. 


7. Jérém., vir, 11; Matt., xxr, 13; Marc, xr, 17; Luc, xix, 46. 


u'il est joint à une négation. C'est un des nombreux hébraismes conservés dans la 
] 8 


Vulgate. 
3. Qu'il ne dise en aucune manière; littér. et par hébraisme, qu’il ne dise pas, disant. 
Compar. Ps. xxxix, 1. — Que l'eunuque, etc. La loi mosaique défendait de recevoir 


les eunuques dans l'assemblée du Seigneur (Deutér., xxnr). 

4. Ceux qui gardent, etc. Ces eunuques fidéles représentent ceux dont Jésus-Christ 
parle dans l'Evangile, c'est-à-dire, ceux qui, pour le royaume des cieux, ont re- 
noncé au mariage (Matth., xix, 12). 

6. Les fils, ainsi que tous, sont à l’accusatif dans le latin, comme compléments du 
verbe je conduirai, du verset suivant. 

T. Parce que ma maison, etc. Jésus-Christ applique ce passage au temple méme des 
Juifs, qui était l'image de nos temples (Matth., xxr, 13; Marc, xt, 41; Luc, xix, 46), et 
la figure de l'Eglise méme du Sauveur qui est véritablement la maison de Dieu 
(1 Timoth., xt, 15). — Ma maison de prière; littér. et par hébraisme, {a maison de ma 
priére. — Sera appelée, etc.; autre hébraisme, pour sera une maison, etc. Compar. 
Daniel, vii, 14, 21; Michée, 1v, 1. 

8. Je réunirai, etc. Le Seigneur rassemblera non seulement Juda, mais aussi Israël, 
et il réunira à eux tous les étrangers qui voudront s'y joindre, comme il est dit 
dans les versets précédents. 

9-Lvir, 1-21. * 9e Discours : Conclusion. Coup d'œil sur la situation présente; malgré 
ses tristesses, elle n'empéchera point la félicité future, ,זט‎ 9-rLvir. Si l'avenir doit être 
brillant, le présent est triste. — 1° Les pasteurs d'Israél oublient leurs devoirs. Les 
bétes sauvages, c'est-à-dire les peuples étrangers, peuvent dévorer le troupeau du 
Seigneur sans en être empéchées par les bergers qui ne songent qu'à eux, Lvi, 9-12, 
de sorte que c'est un bonheur pour le juste, quand il peut échapper par la mort aux 
calamités qui allaient fondre sur lui, Lvir, 1-2. — 29 Le peuple n'est pas moins cou- 
pable que ses chefs ; il se livre au culte infáme et cruel des faux dieux, 3-10; ce qui 
lui attirera de nouveaux châtiments, 11-13. — 30 Quant aux justes ou aux pénitents, 


1670 


10. Ses sentinelles sont toutes 
aveugles ; elles sont toutes dans 
l'ienorance; des chiens muets, qui 
ne peuvent aboyer, qui voient des 
fantómes, qui dorment et qui ai- 
ment les songes. 

11. Et ces chiens d'une impu- 
dence extréme n'ont pas connu le 
rassasiement ; les pasteurs eux- 
mêmes n'ont pas d'intelligence; 
tous se sont détournés vers leur 
voie, chacun vers son avarice, de- 
puis le plus grand jusqu'au plus 
petit. 

19. Venez, disent-ils, prenons du 
vin, remplissons-nous-en jusqu'à 
l'ivresse; et comme aujourd'hui, 
ainsi il en sera demain, et beau- 
coup plus encore. 


CHAPITRE LVII. 


Mort du juste. Reproche aux Juifs ido- 
làtres. Retour du peuple de sa captivité. 
Malheur aux méchants. 


1. Le juste périt, et il n'est per- 
sonne qui 7 pense en son cœur; 
les hommes de miséricorde sont 
enlevés du monde, parce qu'il 
n'est personne qui ait de l'intel- 
ligence ; car c'est à cause de la 
malice qu'a été enlevé le juste. 


11. Jérém., vi, 13; vui, 10. 


ISAIE. 


[cH. Lvir. 
2. Vienne la paix; qu'il repose 
sur sa couche, celui qui a marché 
dans sa ligne droite. 

3. Mais vous, approchez ici, fils 
d'une devineresse, race d'un adul- 
tere et d'une prostituée. 

4. De qui vous étes-vous joués? 
contre qui avez-vous ouvert la 
bouche et tiré la langue? Est-ce 
que vous n'étes pas, vous, des fils 
criminels, une race mensongere? 

5. Vous qui vous consolez dans 
vos dieux, sous tout arbre feuil- 
lu; immolant vos enfants dans 
lestorrents, sousles pierres avan- 
cées? | 

6. Dans les parties d’un torrent 
est ta part; c'est là ton sort; et 
tu y as répandu une libation, tu 
as offert un sacrifice. Est-ce que 
de cela je ne serai pas indigné? 

7. Sur une montagne haute et 
élevée, tu as posé ton lit; tu y 
es montée afin d'immoler deshos- 
lies. 

8. Et derrière la porte, et en 
arrière du poteau tu as placé ton 
souvenir; parce que pres de moi 
tu as découvert £a couche, et tu 
as recu des adulteres;tuas agran- 
di ton lit et tu as faitavec eux une 


Dieu les sauvera; après avoir fait expier aux siens leurs péchés, il les récompensera, 
14-18, car il donne la paix aux justes et nela refuse qu'aux endurcis, 19-21. 


1. Le juste; est mis ici pour les iustes en général, selon plusieurs: mais c'est plutôt 
de Jésus-Christ qu'il faut l'entendre. — L'intelligence; ce mot dans le style de la 
Bible, signifie trés souvent prudence, sagesse, vertu, comme l'expression de la face, 
à la face (a facie) se prend fréquemment dans le sens de à cause de. 

5. * Dans les torrents. C'était surtout dans la vallée de Ben-Hinnom, au sud de 
Jérusalem, qu'avaient lieu ces sacrifices abominables dans lesquels les parents 
offraient leurs enfants en sacrifice au dieu Moloch. 

8. Ton souvenir; c'est-à-dire, tes divinités domestiques, selon saint Jérôme et plu- 
sieurs interprètes. — Tu as découvert ta couche; ou suivant d'autres, fu l'es décou- 
verte. — Des adullères; littér. un adultére (adulterum); mais le pronom pluriel eux 
(eis), qui suit, prouve que le singulier adultère, est considéré comme un nom 
collectif. — À main ouverte (manu apería); sans aucune retenue, sans la moindre 
réserve. 


]08. rvir.] 


alliance ; tu as aimé leur couche 
à main ouverte. 

9. Et tu t'es parée d'un parfum 
royal, et tu as multiplié tes es- 
sences. Tu as envoyé des messa- 
gers au loin, et tu as été abaissée 
jusqu'aux enfers. 

10. Dans la multitude de tes 
voies, tu t'es fatiguée, tu n'as pas 
dit : Je me reposerai. Tu as trouvé 
la vie de ta main, à cause de cela 
tu ne m'as pas prié. 

11. Qui 68 rendue inquiète, 
qui as-tu craint, après que tu as 
menti, que tu ne t'es pas souve- 
nue de moi, tu n'as pas pensé 
en ton cœur? C'est parce que je 
me tais, et que 76. suis comme 
ne voyant pas, que tu m'as ou- 
blié. 

19. Pour moi j'annoncerai ta 
justice, et tes ceuvres ne te servi- 
ront pas. 

13. Lorsque tu crieras, qu'ils te 
délivrent ceux que tu as rassem- 
blés, et un vent les emportera, 
une brise les enlèvera. Mais celui 
quia confiance en moi héritera de 
la terre, et il possédera ma mon- 
tague sainte. 

14. Ei je dirai : Faites une voie, 
préparez un chemin, détournez- 

Cnar. LVII. 14. Infra, rxrr, 10. 


ISAIE. 


1671 


vous du sentier, 6102 les pierres 
d'achoppement dela voie de mon 
peuple. 

15. Parce que voici ce que dit le 
Tres-Haut, le sublime, qui habite 
l'éternité, etdontle nom est saint, 
et qui habite dans un Zew tres 
élevé, et dans un lieu saint, et 
avec un cœur contrit et un esprit 
humble, afin de vivifier l'esprit 
des humbles et le cœur des con- 
trits. 

16. Car je ne disputerai pas 
éternellement, etje ne me mettrai 
pas en colére pour toujours 
parce qu'un esprit sortira de ma 
face, et que je créerai des souffles 
de vie. 

17. À cause del'iniquité de son 
avarice, j'ai été irrité, et je l'ai 
frappé; je t'ai caché ma face, 
et j'ai été indigné; οἱ il est allé, 
vagabond, dans la voie de son 
cœur. 

18. Ses voies, je les ai vues, 
et je l'ai guéri, et je l'ai ramené, 
et je lui ai rendu des consola- 
tions, à lui et à ceux qui le pleu- 
raient. 

19. J'ai créé un fruit de lèvres, 
paix, paix pour celui qui est loin, 
et pour celui qui est proche, dit 


9. Tu tes parée, etc.; tu t'es parfumée en l'honneur de Moloch, idole dont le nom 


en hébreu signifie roi. 


10. La vie de ta main; c’est-à-dire de quoi vivre par le travail de tes mains. 
11. Que tu m'as oublié; littér. 6/ tu, etc. Ici, comme en bien d'autres passages, la 


particule e£ ne sert qu'à marquer l'apodose. 


15. Dit; le complément de ce verbe ne se trouve qu'au vers. 17; tout ce qui le suit 
est une longue parenthèse. — Un lieu trés élevé; le ciel. — Lieu saint; le sanctuaire 
ou le tabernacle, ou le temple. — Un cœur contrit, un esprit humble; singulier pour 


le pluriel. 


16. Parce qu'un esprit, etc.; allusion à ce qui est dit Genèse, τι, 1. 
17. A cause, etc.; ici commence le complément du verbe dit du vers. 15. — Son, le, 
le, il; ces pronoms, ainsi que ses, les, lui, etc., du vers. 18, se rapportent à peuple 


d'Israël ou à mon peuple, sous-entendu. 


19. Un fruit de lévres; une parole. -— Pair; ce mot, comme on l'a déjà vu, signifiait 
chez les Hébreux prospérité parfaite, — Pour celui, etc.; c'est-à-dire, pour les Gentils 


1672 


le Seigneur, et je les ai guéris. 
20. Mais les impies sont comme 
une mer impétueuse qui ne peut 
s'apaiser, et dont les flots rejet- 
tent de l'écume et du limon. 
21. Il n'est pas de paix pourles 
impies, ditle Seigneur Dieu. 


CHAPITRE LVII. 


Bypocrisie des Juifs condamnéc. Leurs 
faux jeünes. Manière de bien observer 
le sabbat. Récompense de ceux qui 
l'observent fidélement. 


1. Crie et ne cesse point; com- 
me la trompette éléve ta voix, 
et annonce à mon peuple ses cri- 
mes, et à la maison de Jacob ses 
péchés. 

2. Car c'est moi que de jour en 
jour ils cherchent, et ils veulent 
connaitre mes voies; comme une 
nation qui aurait pratiqué la jus- 
lice et qui n'aurait pas abandonné 
le jugement de son Dieu ; ils me 
demandent des jugements de jus- 
tice, et ils veulent s'approcher de 
Dieu. 

3. Pourquoi, disent-ils, avons- 


ISAIE. 


[cH. Lvur.] 


nous jeüné, et n'avez-vous pas 
regardé? Pourquoi avons-nous 
humilié nos âmes, et ne l'avez- 
vous pas su? Voici qu'au jour de 
votre jeüne se trouve votre vo- 
lonté, et que vous poursuivez vos 
débiteurs. 

4. Voici que vous jeünez pour 
susciter des procès et des que- 
relles, et que vous frappez du 
poing impitoyablement. Ne jugez 
pas comme jusqu'à ce jour, pour 
que vos cris retenlissent dans 
l'air. 

9. Est-ce que 16 jeûne que j'ai 
choisi est tel que pendant un jour 
un homme afflige son âme, con- 
tourne sa téte comme un cercle, 
et se couvre d'un sac et de cen- 
dre? Est-ce là ce que tu appelleras 
un jeüne, et un jour agréable au 
Seigneur? 

6. Le jeûne que j'ai choisi n'est- 
il pas celui-ci? romps les liens de 
l’impiété, délie les faisceaux ac- 
cablants, renvoie libres ceux qui 
sont opprimés, et brise tout far- 
deau. 


21. Supra, xrvir, 22. — Cap. 1/0111. 5. Zach., vir, 5. 


et pour les Juifs, selon ce que dit saint Paul (Ephés., rt, 11) de la paix annoncée par 
Jésus-Christ. — Les; littér., le (eum); hébraisme, pour chacun d'eux. 


1-14. * III. Troisième section: Le royaume messianique, Lvimn-Lxvi. — 4er Discours. 
Du faux et du vrai culte dà à Dieu, Lvur. Le peuple prétend être pieux et mériter le 
salut, parce qu'il jeûne, mais à quoi sert le jeûne si la rénovation intérieure nel'ac- 
compagne? C'est une œuvre extérieure sans valeur, parce qu'il n'est pas le fruit de 
la crainte de Dieu, 1-6. — Il faut être charitable envers le prochain; faire la volonté 
du Seigneur : voilàle vrai culte qu'on doit rendre à Dieu, afin de recevoir ses gráces 
et ses miséricordes, 1-14; voir Matth., νι, 4 sq. 

1. Crie. C'est le Seigneur quis'adresse à Isaie. 

2. Le jugement de son Dieu; c'est-à-dire la loi de son Dieu. — Des jugements de 
justice; la raison des jugements de ma justice. — S'approcher de Dieu, pour entrer 
en jugement, disputer avec lui. 

3. Au jour, etc. Les Juifs captifs à Babylone avaient institué d'eux-mémes certains 
jeûnes, qu'ils continuérent pendant quelque temps après la captivité. Ils consultérent 
Zacharie, pour savoir s'ils devaient les continuer plus longtemps. Sans répondre di- 
rectement à leur demande, le prophète leur fit le méme reproche que nous lisons ici 
dans Isaie. Voy. Zachar., vir, 2 et suiv. 

6. * Les faisceaux; tout ce qui gène, pèse. 


[cu. Lvur.] 


7. Romps ton pain pour celui 
qui a faim, et fais entrer dans ta 
maison les indigents et ceux qui 
errent sans asile; lorsque tu ver- 
ras quelqu'un nu, couvre-le, et ne 
méprise point ta chair. 

8. Alors ta lumiere éclatera 
comme le matin, et bientót ta 
guérison se montrera; ta justice 
marchera devant ta face, et la 
gloire du Seigneur terecueillera. 

9. Alors tu invoqueras le Sei- 
gneur, etle Seigneur t'exaucera ; 
tu crieras, et il dira : Me voici; si 
tu ótes du milieu de toi la chaine, 
et si tu cesses d'étendre le doigt 
et de dire ce qui n'est pas utile. 

10. Si tu prodigues ton àme à 
celui qui a faim, et si tu remplis 
de consolation une âme affligée, 
ta lumière se lèvera dans les té- 
nèbres, et tes ténèbres seront 
comme le midi. 


ISAIE. 


: 1673 
11. EtleSeigneur te donnera le' 
repos sans interruption, et il rem- 
pliraton àme de splendeurs; il dé- 
livrera tes os, et tu seras comme 
un jardin arrosé, et comme une 
fontaine d'eau, àlaquelle les eaux 
ne manqueront pas. 

19. Et par toi seront remplis 
d'édifices deslieux déserts depuis 
des siècles ; tu relèveras des fon- 
dements abandonnés pendant 
plusieurs générations, et tu seras 
appelé constructeur des haies, 
mettant les sentiers en repos. 

13. Si tu t'abstiens, à cause du 
sabbat, d'avancer ton pied ef de 
faire ta volonté dans le ‘jour qui 
m'est consacré; si tu appelles le 
sabbat délicieux, jour duSeigneur 
saint e£ glorieux; si tu le glorifies 
en ne suivant pas tes voies, et si 
tu ne mets pas ta volonté à dire 
des paroles vaines, 


7. Ezéch., xvm, 7, 16; Matt., xxv, 55. — 12. Infra, ,זא‎ 4. 


1. Ta chair; tes frères, tes proches. Compar. Genèse, xxxix, 14; xxxvi, 2T. 


8. Ta lumière. La lumière désigne souvent, dans les auteurs sacrés, la joie et la 
félicité, surtout celles qui succèdent à un état de tristesse, d'humiliation et d'oppres- 
sion qui est ordinairement exprimé par le mot £énébres. — Ta guérison. Les Hébreux 
appelaient maladie, toute sorte de maux, et guérison, la délivrance, la cessation de 
ces maux. — La gloire du Seigneur te recueillera. Cette méme idée a été déjà expri- 
mée, quoiqu'en termes différents. Voy. uu, 12. 

9. La chaine; dont tu charges tes frères. — D'étendre le doigt; ou de montrer au 
doigt; locution qui a toujours marqué le mépris et l'insulte. — Ce qui n'est pas utile 
(quod non prodest); le terme hébreu correspondant signifie aussi méchanceté, iniquité, 
crime, mensonge, fausseté. De là le Chaldéen l'a rendu par rapine, et les Septante par 
murmure. Quoi qu'il en soit, il s'agit ici de paroles nuisibles au prochain. 

10. Si tu prodigues, etc.; c'est-à-dire, si tu assistes le pauvre affamé avec une 
grande effusion de cœur. — Ta lumière, etc. Voy. le vers. 8. 

14. Il délivrera (liberabit); ou bien ἐξ rendra libres, c'est-à-dire prompts, agiles, 
lestes, comme porte le texte hébreu. — Os (ossa); peut s'entendre des membres du 
corps en général. 

12. Plusieurs générations; littér. et par hébraisme, génération et génération. — 
Constructeurs de haies; c'est sans doute une allusion à la restauration de Jérusalem 
qui est souvent appelée une vigne dont les murs sont des haies, ou bien aux haies 
réelles des vignes, détruites par les Chaldéens. — Mettant, etc.; rendant sûrs et sans 
aucun danger les chemins, auparavant infestés par les voleurs. 

13. Si tu 000300688, ctc.; littér., δὲ tu délournes à cause du sabbat ton pied; c'est-à- 
dire si tu ne voyages pas le jour du sabbat. Les Juifs croyaient qu'il ne leur était pas 
permis de faire plus de deux mille pas, c'est-à-dire environ une demi-lieue de che- 
min, 16 jour du sabbat. — À cause; c'est le vrai sens qu'a ici, comme dans bien 


1674 


14. Alors tu trouveras des dé- 
lices dans le Seigneur; je t'éleve- 
rai sur les hauteurs de la terre, 
et je te nourrirai avec l'héritage 
de Jacob ton pere, car la bouche 
du Seigneur a parlé. 


CHAPITRE LIX. 


Infidélité 07152861, obstacle à sa délivrance. 
Vengeance du Seigneur contre Baby- 
lone et ses alliés. Délivrance d'Israël. 


1. Voici que la main du Sei- 
gneur n'est point raccourcie pour 
ne pouvoir sauver, et son oreille 
n'est point appesantie pour ne 
pas écouter ; 

2. Mais vos iniquités ont mis 
une séparation entre vous et 
votre Dieu, et vos péchés vous 
ont caché sa face, afin qu'il ne 
vous écoutât point. 

3. Car vos mains se sont souil- 
lées de sang, et vos doigts d'ini- 
quité; vos lèvres ont parlé le 
mensonge, votre langue profere 
l'iniquité. 

4. I| n'est personne qui in- 
voque la justice, et il n'est per- 
sonne qui juge dans la vérité; 
mais ils se confient au néant, 
et ne font entendre que des pa- 
roles vaines; ils ont concu la 


ISAIE. 


Ici. Lix,] 


peine et ils ont enfanté l'iniquité. 

9. Ils ont fait éclore des ceufs 
d'aspic, et ils ont ourdi des 
toiles d'araignée; celui qui man- 
gera de leurs œufs mourra; et 
de ce qui aura été couvé sortira 
un basilic. 

6. Leurs toiles ne serviront 
pas de vétement: ils ne se re- 
vétiront pas de leurs ‘œuvres; 
leurs œuvres sont inutiles, et 
une œuvre d'iniquité est dans 
leurs mains. 

1. Leurs pieds courent au mal, 
et ils se hâtent pour répandre un 
sang innocent; leurs pensées 
sont des pensées inuliles; le ra- 
vage et la destruction sont dans 
leurs voies. 

8. Ils n'ont pas connu la voie 
de la paix, et il n'y a pas de 
jugement dans leurs démarches; 
leurs sentiers sont devenus tor- 
tus pour eux; quiconque y ‘mar- 
che ignore la paix. 

9. À cause de cela le jugement 
s’est éloigné de nous, et la jus- 
tice ne nous atteindra pas ; nous 
avons attendu la lumière, et voilà 
les ténèbres; la splendeur dw 
Jour, et c’est au milieu des ténè- 
bres que nous avons marché.  - 


Cap. LIX. 1. Nomb., xr, 23; Supra, L, 2. — 3. Supra, r, 15. — 4. Job, xv, 35. — 


7. Prov., 1, 16; Rom., rr, 15. 


——————————————————————— 


d'autres passages, la particule hébraique, rendue dans la Vulgate par a. — De faire 
(facere) ta volonté; second complément de si tu l’abstiens, ou si tu détournes (si aver- 
teris). 

14. Les hauteurs de la terre; c'est-à-dire, le pays de tes péres, qui est une terre 
haute et élevée. Compar. Deutér., xxxu, 13. 


1-21. * 2e Discours : La nouvelle alliance, fruit du repentir d'Israël, rix. Le sujet du 
second discours est analogue à celui du premier, et en est comme la continuation. — 
1° Ce sont les péchés du peuple qui l'empéchent 6 sauvé, 1-8. — 29 Israël se 
plaint de ce que la promesse du salut ne se réalise pas à cause de ses fautes, dont il 
reconnait l'énormité, 9-15», — 30 A la suite de cette confession, le Prophéte annonce 
que le Seigneur viendra délivrer ceux qui se repentent et faire avec eux une 
alliance nouvelle, un autre Testament, 155-91. 


6, 7. Inuliles. Voy., sur le vrai sens de mot, ,זזש‎ 9. 


^ 


CH. LIX.] 


10. Comme des aveugles nous 
nous sommes attachés à la mu- 
raille, et comme privés de nos 
yeux, nous avons marché à tâton : 
nous nous sommes heurtés en 
iplein midi, de méme qu'au mi- 
lieu des ténèbres; nous sommes 
dans des lieux obscurs comme 
les morts. 

11. Nous rugirons tous comme 
les ours, et comme les colombes, 
méditant, nous gémirons ; nous 
avons attendu le jugement, et il 
n'est pas venu; le salut, etil s'est 
éloigné de nous. 

19. Car nos iniquités se sont 
mullipliées devant vous, et nos 
péchés nous ont répondu; parce 
que nos crimes sont avec nous, 
et nous avons connu nos iniqui- 
tés : 

13. Pécher et mentir contre le 
Seigneur; et nous nous sommes 
détournés pour ne pas suivre 
notre Dieu, pour proférer la ca- 
lomnie et la révolte ; nous avons 
conçu et proféré de notre cœur 
des paroles de mensonge. 

14. Et le jugement est retour- 


17. Ephés., vi, 17; I Thess., v, 8. 


ISAIE. 


1675 
né en arriere; et la justice s'est 
tenue au loin; parce que la vérité 
est tombée sur la place publique, 
et l'équité n'a pu y entrer. 

15. Et la vérité est devenue en 
oubli; et celui qui s'est retiré du 
mal a été exposé en proie; le 
Seigneur l'a vu; et mal a paru à 
ses yeux qu'il n'y eût point de 
justice. 

16. Et il a vu qu'il n'y avait 
point d'homme, et il s'est étonné 
que personne ne s'opposát ὦ ces 
maur, et son propre bras la 
sauvé, et sa justice elle méme l'a 
soutenu. 

17. Il s'est revétu de la justice 
comme d'une cuirasse, et le cas- 
que de salut a été sur sa téte; il 
s'est revétu des vétements de 
vengeance, il s'esLcouvertcomme 
d'un manteau de zèle. 

18. Comme pour exercer sa 
vengeance, comme pour imposer 
le salaire de son indignation à 
ses ennemis et payer de retour 
ses adversaires: aux iles il ren- 
dra la pareille. 

19. Et ils craindront, ceux qui 


10. Comme des aveugles, etc. Les interprétes d'un commun accord appliquent ceci 
aux Juifs qui ont vécu depuis Jésus-Christ. 

de Nous ont répondu; c'est-à-dire ont témoigné contre nous. Compar. ur, 9; Jérém., 
XIV, d. 

13. Pécher et mentir; sont l'explicatif de nos iniquités, du verset précédent; c'est 
comme s'il y avait, c'est-à-dire le péché et le mensonge. 

14. Est tombée (corruit); a été renversée, anéantie. — Sur la place publique; les 
places se trouvaient aux portes de la ville; c'est là qu'étaient placés les tribunaux, 
chez les Hébreux comme chez les Grecs. Compar. Zacharie, vui, 16. 

16. Qu'il n'y avait point d'homme; pour maintenir la vérité et la justice (vers. 15), 
et secourir son peuple malheureux. — Son propre bras, etc.; le Seigneur fait de la 
cause de son peuple sa propre cause; ainsi les pronoms son, sa, le se rapportent au 
Seigneur, comme le prouve d'ailleurs le passage parallèle, xir, 5. Compar. aussi 
xviu, 11. : 

11. Comme d'un manteau de zèle; pour du zèle comme d'un manteau. 

18. Comme pour... ses adversaires ; suivant la ponctuation, doit être considéré comme 
la protase, dont l'apodose est aux iles, etc.; ou bien comme l'exposé du motif de 
ce qui est dit dans le verset précédent, si on change la ponctuation. — Iles; c'est- 
à-dire, selon l'hébreu, pays lointains. 


1676 
sont de l'occident, le nom du Sei- 
gneur, et ceux qui sont du levant, 
sa gloire;lorsqu'il viendracomme 
un fleuve impétueux, que le souf- 
fle du Seigneur agite; 

20. Et que viendra un rédemp- 
teur pour Sion, et pour ceux qui 
dans Jacob reviennent de lini- 
quité, dit le Seigneur. 

21. Voici mon alliance avec 
eux, dit le Seigneur : Mon esprit, 
qui est en toi, el mes paroles que 
jai mises en ta bouche ne s'éloi- 
gneront pas de ta bouche, ni de 
la bouche de ta postérité, ni de 
18 bouche de la postérité de ta 
postérité, depuis ce moment jus- 
que dans l'éternité, dit le Sei- 
gneur. 


CHAPITRE LX. 


Rétablissement de Jérusalem. Les nations 
se soumettent à elle. Sa gloire, sa joie, 
ses richesses, sa paix. 


1. Leve-toi, recois la lumiere, 
Jérusalem, parce qu'est venue ta 
lumiere, et que la gloire du Sei- 
gneur sur toi s'est levée. 

2. Parce que voilà que les téne- 
bres couvriront la terre, et une 


ISAIE. 


(cu. Lx.] 


obscurité, les peuples; mais sur 
toi se lèvera le Seigneur, et sa 
gloire en toi se verra. 

3. Et des nations marcheront à 
ta lumiere, et des rois àla splen- 
deur de ton lever. 

4. Léve autour de toi tes yeux 
et.vois; tous ceux-ci se sont ras- 
semblés, ils sont venus à toi; tes 
fils de loin viendront, et tes filles 
à ton côté se lèveront. 

9. Alors tu verras, et tu seras 
dans l’abondance; ton cœur ad- 
mirera, et se dilatera, quand se 
sera tournée vers toi la richesse 
de la mer, et que la force des 
nations sera venue à toi. 

6. Une inondation de chameaux 
te couvrira ains? que les droma- 
daires de Madian et d'Epha ; tous 
viendront de Saba, apportant de 
l'or et de lencens, et publiant 
des louanges en l'honneur du 
Seigneur. 

7. Tout troupeau de Cédar sera 
rassemblé pour toi, les béliers de 
Nabaioth seront employés à ton 
service; ils seront offerts sur mon 
autel d'expiation, et je glorifierai 
la maison de ma majesté, 


20. Rom., ΧΙ, 26. — (Παρ. LX. 4. Supra, xcix, 18, 


20. Un rédempteur; le Messie, représenté imparfaitement par Cyrus. Compar. Ro- 
mains, xt, 26. 

21. Voici mon alliance, etc. C'est l'alliance éternelle que Jésus-Christ a faite avec 
son Eglise, et dans laquelle les Juifs mémes seront admis au temps de leur rappel. 


1-22.* 3° Discours : La gloire de Jérusalem ou de l'Eglise, zx Le prophète chante 
maintenant les résultats de la nouvelle alliance dans ce magnifique chapitre, qui est 
un hymne autant qu'un discours. — Le soleil de justice, Jésus-Christ, se léve sur Jé- 
rusalem. Tous les peuples, à la vue de sa lumiére, accourent à la cité sainte, rois et 
sujets lui apportent leurs présents, 1-9. — Jérusalem acquiert une magnificence in- 
comparable; ses richesses sont sans bornes, 10-172, mais sa piété, sa sainteté et sa 
félicité la rendent plus belle et plus enviable encore, 175-22. 

3. De ton lever (ortus tui); Jérusalem est comparée à un astre. Ce qui est dit dans 
ce verset ne peut s'expliquer que de la venue de Jésus-Christ. 

6, 1. Madian, Epha, Saba, Cédar, Nabaioth sont tous descendants d'Abraham, les 
trois premiers par Céthura, les deux derniers par Ismaël (Genèse, xxv, 1-3, 13); les 
ans et les autres habitaient l'Arabie. 


(cu. 1x.] 


8. Qui sont ceux-ci qui volent 
comme des nuées, et comme 
des colombes vers leurs demeu- 
TOS 

9. ^ar ;es îles m'attendent, 
ainsi que les vaisseaux de mer, 
dès le principe, afin que je fasse 
venir tes fils de loin, leur or et 
leur argent avec eux, e£ les con- 
sacre au nom du Seigneur ton 
Dieu et au saint d'Israél, parce 
qu'il t'a glorifiée. 

10. Et les fils des étrangers 
bâtiront des murs, et leurs rois 
te serviront; car dans mon indi- 
gnation je t'ai frappée, et par ma 
réconciliation j'ai eu pitié de 
toi. 

11. Et tes portes seront ouver- 
tes continuellement; ni jour ni 
nuit elles ne seront fermées, afin 
que te soit apportée la force des 
nations, et que leurs rois £e soient 
amenés. 

12. Carla nation et le royaume 
qui ne te sera pas assujetli, 
périra; ces nations réduites en 
solitude seront dévastées. 

13. La gloire du Liban vers toi 
viendra; le sapin, etle buis, et le 
pin serviront ensemble à orner 
le lieu de ma sanctification; et la 


11. Apoc., xxi, 20. 


ÍSATE. 


1677 


place de mes pieds, je la glorifie- 
rai. 

14. Et ils viendront vers toi, 
les fils de ceux qui t'ont humiliée, 
et ils adoreront les traces de tes 
pieds, tous ceux qui te décriaient, 
et ils t'appelleront la cité du Sei- 
gneur, la Sion du saint d'Israël. 

15. Parce que tu as été délais- 
sée et haie, et qu'il n'y avait 
personne qui te traversät, je 
t'établirai l'orgueil des siècles, et 
la joie pour toutes les généra- 
lions. 

16. Et tu suceras le lait des 
nalions, et de la mamelle des 
rois tu seras nourrie; et tu sau- 
ras que je suis le Seigneur qui te 
sauve, et ton rédempteur le fort 
de Jacob. 

17. Au lieu d'airain j'apporterai 
de l'or, et au lieu de fer j'appor- 
terai de l'argent; et au lieu de 
bois, de lairain, et au lieu de 
pierre, du fer; je te donnerai 
pour gouvernement la paix, et 
pour préposés, 18 justice. 

18. On n'entendra plus parler 
d'iniquité dans ta terre, de ravage 
6106 destruction dans tes confins ; 
et lesalut occupera tes murs, etla 
louange tes portes. 


8. Leurs demeures; leurs colombiers; littér., leurs fenêtres. D 
12. Ces; mot qui est représenté dans le texte hébreu par l'article déterminatif, 


comme il arrive assez souvent. 


13. Le lieu de ma sanctification ; le lieu que je me suis consacré; c'est-à-dire סגו‎ 
sanctuaire, mon temple. Voy.-Ps. Lxxvn, 54. 
15. Toutes les généralions; littér. et par hébraisme, génération et génération. 


11. Gouvernement; surintendance, haute inspection; c'est le vrai sens du latin 
visitationem, expliqué par l'hébreu, qui est mis ici par métonymie pour gouvernants, 
commandants. Le sens du verset est donc: Je te donnerai des gouvernants pacifiques, 
et des préposés justes et équitables. 

18. On m'entendra plus, etc. Ceci ne peut s'expliquer que de l'Eglise de Jésus-Christ, 
qui est la colonne de la vérité et le règne de la paix, ou de la Jérusalem céleste, où 
règne toujours une paix parfaite, et par là même exempte de toute crainte, de trouble, 
de ravage, d'iniquité et d'oppression, et où les chants de louanges et d'actions de 


1678 


19. Tu nauras plus le soleil 
pour éclairer pendant le jour, et 
la clarté de la lune ne luira pas 
sur toi; mais le Seigneur sera ta 
lumiere éternelle, et ton Dieu ta 
gloire. 

20. Ton soleil ne se couchera 
plus, ettalune ne diminuera pas; 
parce que le Seigneur sera ta lu- 
mière éternelle, et que les jours 
de ton deuil seront finis. 

21. Quant à ton peuple, tous 
seront justes; pour toujours ils 
posséderont la terre en héritage; 
il seralerejeton de ma plantation, 
l’œuvre de ma main pour me glo- 
rifier. 

29. Le moindre de tes citoyens 
en produira mille, et le plus petit 
une nation très puissante; moi le 
Seigneur, en son temps je ferai 
soudain cela. 


CHAPITRE LXI. 


Mission du prophète ou plutôt du Messie. 
Délivrance et rétablissement d'Israël. 


1. L'esprit du Seigneur est sur 
moi, parce que le Seigneur m'a 


19. Apoc., xxr, 23; ΧΧΙΙ, 9. — Cap. LXI 
Lvnr, 12. 


ISAIE. 


[cu. Lxr., 


* 


oint; pour annoncer δώ parole à 
ceux quisont doux,il m'a envoyé, 
pour guérir ceux qui ont le cœur 
contrit, pour précher ia grâce 
aux caplifs, et louverture des 
prisons à ceux qui y sont renfer- 
més; 

2. Pour publier l'année de ia 
réconciliation du Seigneur, et le 
jour de la vengeance de notre 
Dieu;pour consoler tous ceux qui 
pleurent; 

3. Pour disposer et donner à 
ceux qui pleurent dans Sion une 
couronne au lieu de cendre, de 
l'huile de joie au lieu de deuil, un 
manteau de louange au lieu d'un 
esprit de tristesse; et ils seront 
appelés dans Sion, les héros de la 
justice, et la plantation du Sei- 
gneur pour Ze glorifier. 

4. Et ils rempliront d'édifices 
des lieux déserts depuis des siè- 
cles; ils reléveront d'anciennes 
ruines, el ils rétabliront des cités 
abandonnées, désolées pendant 
plusieurs générations. 

5. Et il se trouvera parmi vous 
des étrangers, et ils feront paître 


. 1. Luc, 1v, 18. — 2. Matt., v, 5. — 4. Supra, 


gráces ne cessent jamais. — Le salut, etc.; sois sans crainte aucune; ce ne sont pas 
de simples sentinelles qui veilleront autour de tes murs, pour les défendre contre 
les attaques de l'ennemi; c'est le salut lui-méme. 

19, 20. Ce sont des symboles sous lesquels saint Jean nous dépeint la gloire éter- 
nelle de la Jérusalem céleste (Apocal., xxi, 23, 25; xxn, 5). 


1-11. * 4e Discours : La félicité de Jérusalem ou de l'Eglise, œuvre du Messie, 1. 
C'est le serviteur de Jéhovah, 16 Messie, auteur de la félicité de l'Eglise, qui parle 
dans ce discours. — Il annonce qu'il vient mettre fin à tous les maux de ceux qui 
le cherchent, 1-3. — Israél recouvre son héritage et les nations le servent, afin qu'il 
puisse vivre dans le repos, sans souci des besoins temporels, comme les prétres du 
Seigneur, 4-6; — la malédiction s’est changée en bénédiction, 7-9. — Le serviteur de 
Dieu est heureux d'annoncer ces bonnes nouvelles, 10-11, 

1, 2. Isaie parle ici de lui-même, mais comme simple représentant de Jésus-Christ, 
qui s'est appliqué ce qui est dit dans ce passage (Luc, iv, 16-21). Compar. Isaïe, צהוצ‎ 
1 et suiv. 

3. * De l'huile de joie; des parfums qui réjouissent. 

4. Plusieurs générations (generationem et generationem). Voy. vvur, 12. 


feu. txt. | 


vos troupeaux ; et des fils d'étran- 
gers seront voslaboureurs et vos 
vignerons. 

6. Mais vous, vous serez appelés 
les prétres du Seigneur; on vous 
nommera les ministres de notre 
Dieu ; vous mangerez la richesse 
des nations, vous vous enorgueil- 
lirez de leur gloire. 

7. Au lieu de votre double con- 
fusion et honte, ils loueront leur 
partage; à cause de cela dans leur 
terre, ils posséderont le double, 
une joie éternelle sera pour eux. 

8. Parce que moi, le Seigneur, 
j'aime la justice, et j'ai en haine 
la rapine dans l'holocauste, j'éta- 
blirai leur œuvre dans la vérité, 
je ferai avec eux une alliance per- 
pétuelle. 

9. Et on connaitra sa race par- 
mi les nations, et ses rejetons au 
milieu des peuples; tous ceux 
qui les verront reconnaitront 
quils sont la race qu'a bénie le 
Seigneur. 

10. Me réjouissant, je me ré- 
jouirai dans le Seigneur, mon 
âme exultera en mon Dieu; parce 
qu'il m'arevétu des vétements du 


ISAIE, 


1679 


salut, et du manteau de la jus- 
tice il m'a enveloppé comme l'é- 
poux paré d'une couronne, et 
comme l'épouse ornée de ses col- 
liers. 

11. Car comme la terre produit 
son germe, et comme un jardin 
fait germer sa semence, ainsi le 
Seigneur Dieu fera germer la jus- 
tice et la louange devant toutes 
les nations. 


CHAPITRE LXII. 


Zéle du prophéte pour Jérusalem. Gloire 
de Jérusalem. Gardes établis sur ses 
murs. Paix d'Israél, sa délivrance. 
Peuple saint. Ville chérie. 


1. À cause de Sion, je ne me 
tairai pas, et à cause de Jérusa- 
lem, je ne me reposerai pas, jus- 
qu'à ce que paraisse son juste 
comme une éclatante lumiere, 
et que son sauveur, comme un 
flambeau, répande sa clarté. 

2. Et les nations verront ton 
juste, et tous les rois ton roi illus- 
tre ; et l'on t'appellera dun nom 
nouveau que la bouche du Sei- 
gneur nommera. 

3. Et tu seras une couronne 


6. La richesse; c'est le sens qu'a ici le terme hébreu rendu dans la Vulgate, par 


force ou puissance (fortitudinem). 
7. Double. Voy. xr, 2. 


8. J'établirai, etc., ou bien je leur donnerai fidèlement une récompense, en hébreu 
œuvre, signifiant aussi récompense, vérité, et se prenant souvent pour fidélité. — Une 
alliance éternelle; cette alliance regarde principalement les chrétiens, Jésus-Christ, 
auteur de la nouvelle alliance, nous étant garant de sa durée éternelle. 

10. Me réjouissant, je me réjouirai. Voy., sur ce genre de répétition, Ps. xxxix, 1. 
— * Comme l'époux paré d'une couronne. C'était la coutume que l'époux portàt une 
couronne pour célébrer ses noces. 


1-19, * 5e Discours : Gloire prochaine de Jérusalem, Lxn. Le Seigneur ne se taira 
point, il ne se reposera point jusqu'à ce qu'il ait accompli son œuvre de miséri- 
corde, 4-3. — Sion redeviendra la bien-aimée de Dieu, 4-5. — Les sentinelles de Jé- 
rusalem rappellent à Jéhovah sa promesse, jusqu'à ce qu'il l'ait accomplie, 6-9. — 
Le moment du salut approche : que tous se préparent; le Sauveur vient, 10-12. 

1, 2. Le juste et le sauveur, annoncé ici, est Jésus-Christ méme, et le nom nouveau 
que Dieu promet à Jérusalem est celui qu'il a donné à son Eglise en l'appelant l'Eglise 
de Jésus-Christ, l'Eglise chrétienne. 


* 


1680 
de gloire dans la main du Sei- 
gneur, el un diadème royal dans 
la main de ton Dieu. 

4. Tu ne seras plus appelée Dé- 
laissée, et ta terre ne sera plus 
appelée Désolée; mais tu seras 
appelée Ma volonté en elle, et ta 
terre Habitée, parce que le Sei- 
gneur s'est complu en toi; et ta 
terre sera habitée. 

9. Carle jeune homme habitera 
avec la vierge, et tes fils demeu- 
reront en toi. Et l'époux se ré- 
jouira en son épouse, et ton Dieu 
se réjouira en toi. 

6. Sur tes murs, Jérusalem, j'ai 
établi des gardes ; pendant tout le 
jour et pendant toute la nuit, ja- 
mais ils ne se tairont. Vous qui 
vous souvenez du Seigneur, ne 
vous taisez pas, 

7. Et ne gardez pas le silence 
envers lui, jusqu'à ce qu'il affer- 
misse et qu'il rende Jérusalem un 
objet de louange sur la terre. 

8. Le Seigneur a juré par sa 
droite, et par son bras fort : Si je 
donne encore ton blé pour nour- 
riture à tes ennemis, et si les fils 
de l'étranger boivent le vin fruit 
de tes travaux. 


ISATE. 


(cu. xui.) 


9. Parce que ceux qui amassent 
le blé le mangeront et loueront 
le Seigneur, et ceux qui transpor- 
tent le vin le boiront dans mes 
parvis sacrés. 

10. Passez, passez parles portes, 
préparez la voie à mon peuple, 
aplanissez le chemin, ôtez-en les 
pierres, et élevezl'étendard pour 
les peuples. 

11. Voilà que le Seigneur a fait 
entendre jusqu'aux extrémités de 
la terre : Dites à la fille de Sion : 
Voici que ton sauveur vient; voi- 
ci que sa récompense est avec 
lui, et que son œuvre est devant 
lui. 

12. Et on les appellera Peuple 
saint, rachetés par le Seigneur. 
Mais toi, tu seras appelée Cité 
recherchée et non délaissée. 


CHAPITRE LXIII. 


Vainqueur qui sort de l'Idumée tout cou- 
vert de sang. Reconnaissance des mi- 
séricordes du Seigneur sur Israél. Aveu 
de l'infidélité de ce peuple. Vœu pour 
son entiére délivrance. 


1. Quel est celui qui vient d'E- 
dom, de Bosra, les vétements 
teints? il est beau dans sa robe, 


Cuar. LXII. 10. Supra, Lvir, 14. — 11. Zach., 1x, 9; Matt., xxr, 5. 


4. Ma volonté; c'est-à-dire, d'aprés l'hébreu, mon agrément, mon plaisir. 


6. Pendant tout le jour, etc.; allusion aux sentinelles qu'on placait sur les tours 
et sur les hauteurs en temps de guerre, pour découvrir les mouvements de l'ennemi. 
De peur que ces sentinelles ne s'endormissent, on les obligeait à crier de temps en 
temps l'une à l'autre, et à se répondre. 

8. A juré. Si je donne, etc. Voy., sur cette formule de serment, Ps. xciv, 11. 

11. Sa récompense, son œuvre, Voy. XL, 10. 


1-6. * 65 Discours : Jugement contre l'Idumée et les ennemis de l'Eglise, rxur, 4-6. 
Ce discours est le plus court des 27 dont se compose la seconde partie d'Isaie. ll est 
dirigé contre l'Idumée. Par son ton dramatique, il ressemble au Ps. xxii, et par son 
caractère emblématique, aux chapitres xxi-xxm, 4. — Le Prophète voit en esprit 
le Seigneur venant en grande pompe de l'Idumée; ses vétements sont teints du sang 
de ses ennemis; il les a brisés dans sa colére, comme celui qui foule le raisin dans 
le pressoir, afin de venger son peuple de ses persécuteurs acharnés et de lui assurer 
à jamais le repos. — « Dans le sens spirituel et figuré, dit Calmet, on explique la 
première partie du chapitre ...נוא‎ de Jésus-Christ dans son Ascension. Les anges, 


"cH. Lx. 


il marche dans la grandeur de sa 
puissance. C'est moi qui parle 
justice, et qui combats pour sau- 
ver. 

2. Pourquoidoncrouge est votre 
robe, et vos vétements commeles 
vétements de ceux qui foulent 
dans un pressoir? 

3.J'ai fouléle pressoir tout seul, 
et d'entre les nations il n'y a pas 
un homme avec moi; je les ai 
foulés aux pieds dans ma fureur, 
et je les ai foulés aux pieds dans 
ma colère; leur sang s'est répan- 
du sur mes vétements, il a souillé 
tous mes habits. 

4. Car le jour de la vengeance 
est dans mon cœur, l'année de ma 
rédemption est venue. 

5. J'ai regardé autour de mor, 
et il n'y avait pas d'auxiliaire ; j'ai 
cherché, et il n'y a eu personne 


ISATE. 


1681 
qui m'aidàt; aiusi mor bras m'a 
sauvé, et mon indignation elle- 
méme m'a secouru. 

6. Et j'ai foulé aux pieds les 
peuples dans ma fureur, je les ai 
enivrés de mon indignation, et 
jai renversé par terre leur force. 

1. Je me souviendrai des misé- 
ricordes du Seigneur, je chan- 
teraila louange du Seigneur, à 
cause de tout ce qu'il a fait pour 
nous, et à cause de la multitude 
des biens accordés à la maison 
d'Israël, ef qu'il leur a prodigués 
selon sa bonté et selon la multi- 
tude de ses miséricordes. 

8. Et il a dit : Mais pourtant 
c'est mon peuple; ce sont des fils 
qui ne renoncent pas leur père; 
et il est devenu pour eux un sau- 
veur. 

9. Dans toute leur tribulation 


Cap. LXIII. 2. Apoc., xix, 13. — 4. Supra, xxxiv, 8. 


surpris de sa gloire, se demandent avec étonnement: Qui est ce héros qui vient tout 
chargé de sang et tout brillant de majesté? » — Comme les Iduméens représentent, 
toujours dans l'Ancien Testament les ennemis de l'Eglise, ce discours annonce plutót 
le triomphe de Jésus-Christ sur tous les persécuteurs de son épouse. 

1. Edom, Bosra. Voy. xxxiv, 6. — Teints (linctis); selon l'hébreu, aigus, c'est-à-dire 
d'une couleur vive, éclatante, tranchée. Les Septante ont rendu ce mot par rougeur (éru- 
théma), signification parfaitement conforme à ce qui est dit dans les versets suivants. 

1-3. Quelques-uns croient reconnaitre ici Judas Machabée, 1nais c'est plutôt Jésus- 
Christ méme, qui paraît sous un semblable symbole dans Apocalypse, xix, 13, 15. 
Remarquons de plus que la comparaison tirée du pressoir est assez familière aux 
écrivains sacrés pour peindre la vengeance, le carnage, le sang répandu. 

4. Ma rédemption; la rédemption que je dois opérer. 

5. J'ai regardé, etc. Compar. uix, 15, 16. 

T-Lxiv, 1-12. * Les trois derniers discours : Conclusion de la prophétie : xr, 1-Lx1v. 
— Les trois derniers discours de la troisième section forment la conclusion de la 
prophétie entière. Dans le premier, qui est le septième de ce cycle, Isaïe, au nom 
d'Israël captif, adresse à Dieu une prière pour obtenir la délivrance et la fiu des 
maux de son peuple; dans le second, Dieu répond à cette prière, et dans le troisième 
et dernier, il exclut de sa miséricorde ceux qui ne recoivent pas le salut. — 7e Dis- 
cours : Prière d'Israël captif, xir, T-Lxiv. — 1° Le prophète arrivé au terme de sa 
prophétie, prie au nom de ses frères qu'il voit déjà en esprit captifs à Babylone. 
Aprés une sorte de prologue, Lx, 7, il commence sa prière en jetant un regard sur 
les premiers temps de l'histoire de ses pères; ils ont été infideles et ont forcé Dieu, 
qui avait été si bon pour Israël, de le châtier jusqu'à sa conversion, 8-14. Qu'il ait 
pitié de lui, 15-19, et qu'il le délivre de ses ennemis, rxiv, 1-2. Rien ne lui est plus 
facile, 3-4; et quoique les péchés d'Israél le rendent indigne de ses miséricordes, il est, 
lui, le père de son peuple et il doit venger l'honneur de son sanctuaire profané, 5-12, 

9. Il n'a pas 606 tourmenté (non est tribulatus); par la crainte de ne pouvoir les dé- 


A. T. 406 


1682 
il n'a pas été tourmenté, car 
lange de sa face les ἃ sauvés; 
dans son amour et dans sa 
bonté il les a lui-méme rache- 
tés ; 11 les a portés, il les a élevés 
dans tous les jours des siècles 
passés. 

10. Mais eux-mémes l'ont pro- 
voqué au courroux, ils ont aflligé 
l'esprit de son saint; il est de- 

venu pour eux un ennemi, et il 
les a lui-méme completement dé- 
faits. 

11. Et il s'est souvenu des jours 
du siecle de Moise et de son peu- 
ple : Oü est celui qui les a retirés 
de la mer avecles pasteurs de son 
troupeau ? où est celui qui a mis 
au milieu de lui l'esprit de son 
saint ; 

19. Qui a conduit à droite Moise 
par le bras de sa majesté, qui 
a divisé les eaux devant eux, 
afin de se faire un nom éternel; 

13. Qui les a conduits à tra- 
vers les abimes, comme le cheval 
qui dans le désert ne se heurte 
pas? 

14. Gomme l'animal qui des- 
cend dans la campagne, l'esprit 
du Seigneur a été son guide; 
ainsi vous avez conduit votre peu- 


ISAIE. 


(cu. Lxur.] 


ple, afin de vous faire un nom 
glorieux. | 

15. Soyez attentifs du haut du 
ciel, et voyez de l'habitacle de 
votre sainteté et de votre gloire: 
où est votre zèle et votre puis- 
sance, la multitude de vos en- 
trailles et de vos miséricordes? 
elles se sont resserrées à mon 
égard. 

16. Car vous étes notre pere; 
Abraham ne nous ἃ pas connus, 
et Israél nous a ignorés; vous, 
Seigneur, êtes notre père; notre 
rédempteur, dès les temps an- 
ciens, est votre nom. 

17. Seigneur, pourquoi nous 
avez-vous laissés errer loin de 
vos voies, et avez-vous laissé en- 
durcir nos cœurs jusqu'à ne plus 
vous craindre? revenez à cause 
de vos serviteurs, tribus de votre | 
héritage. 

18. Comme un rien ils ont pos- 
sédé votre peuple saint, nos enne- 
mis ; ils ont foulé aux pieds votre 
sanctification. 

19. Nous sommes devenus com- 
me dans le principe, lorsque vous 
ne dominiez pas sur nous, et que 
votre nom n'élait pas invoqué sur 
nous. 


11. Exode, xiv, 29. — 15. Deut., xxvi, 15; Bar., ,זז‎ 16. 


livrer. — L'ange de sa face; c'est-à-dire un ange du premier ordre, un ange qui est 
toujours devant le tróne de Dieu; ou bien le Seigneur lui-méme, ou l'ange qui est 
sa face, le Fils de Dieu, 16 Christ (Exode, xxxi, 14 et suiv.). 

10. Son saint; Moise, qui peut étre ici la figure de Jésus-Christ. 

11. Où est, ete.; ici commence une phrase dont le sens est suspendu jusqu'au ver- 
set 14, qui constitue l'apodosé, ou la réponse à la question précédente. — Les pasteurs 
de son troupeau; Moïse et Aaron. — Au milieu de lui; au milieu du peuple. 

12. Qui a conduit à droite Moïse (qui eduxit ad dexteram. Moysen). C'est le sens du 
texte original, aussi bien que celui de la Vulgate. Nous mettons au défi les hébraisants 
de prouver le contraire. On sait que chez les Hébreux comme chez les Grecs, La droite 


iudiquait le bonheur, la prospérité. 
18. Votre sanclification. Voy. vx, 13. 


19. Votre nom, etc. Voy. Ecclésiastique, xxxvi, 4. 


]68. τσιν.] 


CHAPITRE LXIV. 


Vœu pour la délivrance d'Israël. Aveu de 
l'infidélité de ce peuple. Instance pour 
son rétablissement. 


1. O0h!si vous ouvriez les cieux, 
si vous descendiez! devant vo- 
tre face les montagnes s'écoule- 
raient. 

2. Comme un embrasement 
elles se consumeraient, les eaux 
s'embraseraient, afin que votre 
nom füt connu à vos ennemis, et 
que devant votre face les nations 
fussent troublées. 

3. Lorsque vous ferez des mer- 
veilles, nous ne les soutiendrons 
pas; vousêtes descendu, et devant 
votre face se sont écoulées les 
montagnes. 

4. Des les temps anciens on 
n'a pas entendu, et on n'a pas 
prêté l'oreille; l'eeil n'a pas vu, 
ὁ Dieu, hors vous, ce que vous 
avez préparé à ceux qui vous at- 
tendent. 

ὃ. Vous étes allé à la rencon- 
ire de celui qui était dans la 
joie, et qui pratiquait la justice; 
dans vos voles ils se souvien- 
dront de vous; voilà que vous 
vous étes irrité, et nous avons 
péché; dansles péchésnous avons 
toujours été, mais nous serons 
sauvés. 

6. Et nous sommes devenus 


ISATE. 


1683 
nous tous comme un A07mme 1m- 
pur, et comme un linge souillé 


. est toute notre justice; nous som- 


mestombés tous comme lafeuille, 
et nos iniquités comme le vent 
nous ont emportés. 

7. Il n'y a personne qui invoque 
votre nom, qui se léve et qui 
vous retienne; vous nous avez 
caché votre face, etvousnousavez 
brisés dans la main de notre ini- 
quité. 

8. Et maintenant, Seigneur, 
vous êtes notre père, vous; mais 
nous de l'argile, et vous nous 
avez formés, et nous sommes tous 
les ouvrages de vos mains. 

9. Ne vous irritez pas trop, 
Seigneur, et ne vous souvenez 
plus de notre iniquité ; regardez 
plutôt, nous sommes tous votre 
peuple. 

10. La cité de votre saint est 
devenue déserte, Sion est deve- 
nue déserte, Jérusalem est déso- 
Ice: 

11. La maison de notre sanc- 
tification et de notre gloire, où 
vous ont loué nos pères, a été 
embrasée, et tous nos bdtiments 
précieux ont été changés en rui- 
nes. 

19. Est-ce qu'après cela vous 
vous contiendrez, Seigneur, vous 
vous lairez, et vous nous afflige- 
rez sans mesure? 


Cap. LXIV. 4. I Cor., 11, 9. — 9. Ps. Lxxvr, 8. 


9. Dans 168 péchés. On entend ainsi généralement, l'expression de la Vulgate, dans 
ces choses (in ipsis), traduction rigoureusement littérale du texte original. Cette in- 
terprétation parait d'autant plus fondée, qu'elle se trouve précédée immédiatement 
de nous avons péché. — Nous serons sauvés; par un pur effet de votre bonté et de votre 
miséricorde. 

9. Trop ou outre mesure; c'est le sens du latin salis, expliqué par l'hébreu. La 
maison de notre sanclification. Voy. Lx, 13. 


1684 


CHAPITRE LXV. 


Conversion des gentils. Incrédulité des 
Juifs. Vengeance du Seigneur sur ce 
peuple. Restes sauvés par gráce. Βό- 
nédiction du Seigneur sur ses servi- 
teurs. Nouveau monde. Félicité de Jé- 
rusalem. 


1. 115 m'ont cherché, ceux qui 
auparavant ne m'interrogeaient 
pas; ils m'ont trouvé, ceux qui 
ne m'ont pas cherché; j'ai dit : 
Me voici, me voici, à une nation 
qui n'invoquait pas mon nom. 

9. J'ai étendu mes mains tout 
le jour à un peuple incrédule, qui 
marche dans une voie qui n'est 
pas bonne, à la suite de ses pen- 
sées. 

3. C'est un peuple qui me pro- 
voque au courroux devant ma 
face sans cesse; qui immolent 
dans les jardins, et sacrifient sur 
les briques; 


Cnar. LXV. 1. Rom., x, 20. 


ISAÏE. 


[cu. Lxv.] 


4. Qui habitent dans les sé- 
pulcres, qui dorment dans les 
temples des idoles; qui mangent 
de la chair de porc, et mettent 
du jus profane dans leurs vases ; 

5. Qui disent : Retire-toi de 
moi, ne m'approche pas, parce 
que tu es impur; ceux-là seront 
une fumée dans ma fureur, un feu 
brülant tout le jour. 

6. Voilà que c'est écrit devant 
moi; je ne me tairai pas, mais 
je rendrai, et je verserai dans leur 
sein 

7. Vos iniquités, dit le Sei- 
gneur, en méme temps que les 
iniquités de vos peres, qui ont sa- 
crifié sur les montagnes, et m'ont 
outragé sur les collines, et je 
verserai leurs premieres ceuvres 
à égale mesure dans leur sein. 

8. Voici ce que dit le Seigneur : 
De méme que si on trouve un 
grain dans une grappe de raisin, 


1-95. * 8e Discours : Réponse de Dieu à la prière de son peuple, Lxv. — 2° Dieu 
répond d'abord par une parole de condamnation contre les endurcis qui ne se con- 
vertissent point, 1-7; quant à ceux qui reviennent à lui, il leur rend ses bonnes 
gráces, 8-10. Ceux qui continuent à adorer les faux dieux périront sans merci, 11-16, 
mais les justes seront comblés de biens, 11-25. 

1. Ils m'ont cherché, etc. Saint Paul (Rom., x, 20) applique ceci à la conversion des 
Gentils. 

2. J'ai élendu, etc. Saint Paul (Rom., x, 21) explique ce passage des Juifs au temps 
de Jésus-Christ. 

3. Qui immolent. Ce verbe et les suivants sont au pluriel dans l'hébreu aussi bien 
que dans la Vulgate, parce qu'ils ont pour sujet le mot peuple, qui est un nom col- 
lectif. — Dans les jardins; c'est-à-dire dans les bocages, les bois sacrés, où les paiens 
rendaient un culte à Vénus, à Adonis et à Priape. Compar. 1, 29; Osée, tv, 13. — Sa- 
crifient sur des briques; sur des autels de briques; ce qui était contraire à la loi 
(Exod., xx, 24, 25); ou sur des autels érigés sur les plates-formes des toits, qui étaient 
pavées de briques. Compar. IV Rois, xxii, 19 ; Jérém., xix, 13 ; xxxii, 29; Sophonie, τ, 5. 

4. Qui habitent, etc.; qui fréquentent les sépulcres, pour y exercer la nécromancie. 
— Qui dorment, etc.; qui, selon la remarque de saint Jéróme, passent la nuit dans 
les temples, sur des peaux de victimes immolées, afin d'y avoir des songes qui leur 
fassent connaître l'avenir. — Qui mangent, etc. La chair de porc était défendue aux 
Juifs (Lévit., xi, 1). — Du jus profane; soit celui de là chair de porc, ou de toute 
autre viande défendue. 

5. Qui disent; à un gentil. 

6. Je verserai dans leur sein; je verserai dans leur sein ce qu'ils méritent. On 
retrouve une locution semblable, Ps. uxxvi, 12; Jérém., xxxii, 185 Luc., vr, 28. 


CH. Lxv.] 


et Sion dit : Ne 16 perds pas, par- 
ce que c'est une bénédiction, de 
méme aussi je ferai en sorte, à 
cause de mes serviteurs, que je 
ne perde pas entierement tout 
Israél. 

9. Je ferai sortir de Jacob une 
postérité, et de Juda celui qui pos- 
sédera mes montagnes ; mes élus 
hériteront de cette ferre et mes 
serviteurs y habiteront. 

10. Et les campagnes servi- 
ront de parcs aux troupeaux de 
menu bétail, et la vallée d'Achor, 
de retraite aux troupeaux de gros 
bétail, en faveur de ceux de mon 
peuple qui m'ont recherché. 

11. Mais vous qui avez aban- 
donné 16 Seigneur, qui avezoublié 
ma montagne sainte, qui dressez 
une table à la Fortune, et y faites 
des libations, 

19. Je vous compterai avec le 
glaive,ettous voustomberez dans 
ce carnage, parce que j'ai appelé, 
et vous n'avez pas répondu; j'ai 
parlé, et vous n'avez pas écouté; 
vous faisiez le mal à mes yeux, et 
tout ce que je n'ai pas voulu, 
vous l'avez choisi. 

13. A cause de cela voici ce que 
ditleSeigneurDieu: Voilàque mes 
serviteurs mangeront, et vous, 
vous aurez faim; voilà que mes 
serviteurs boiront, et vous, vous 
aurez soif ; 


ISAIE. 


1685 


14. Voilà que mes serviteurs 
se réjouiront, et vous, vous serez 
confus ; voilà que mes serviteurs 
chanteront des louanges dans 
l'exultation de /eur cœur, et vous, 
vous jetterez des cris dans la dou- 
leur de votre cœur, et dans le 
brisement de votre esprit vous 
pousserez des hurlements. 

15. Et vous laisserez votre nom 
à mes serviteurs comme un objet 
d'imprécation;etleSeigneurDieu 
te détruira, etil appellera ses ser- 
viteurs d'un autre nom, 

16. Dans lequel celui qui est 
béni sur la terre sera béni dans 
le Dieu de vérité, et celui qui jure 
sur la terre jurera par le Dieu de 
vérité; parce qu à l'oubli ont été 
livrées les premieres angoisses, 
et qu'elles ont été cachées à ma 
face. 

17. Car voici que je crée des 
cieux nouveaux etune terre nou- 
velle; les choses passées ne se- 
ront pàs dans la mémoire, et elles 
ne monteront pas sur le cœur. 

18. Mais vous vous réjouirez, 


vous exulterez à jamais dans les 


choses que je crée ; parce que voici 
que je crée Jérusalem exultation, 
et son peuple joie. 

19. Et j'exulterai en Jérusalem, 
et je me réjouirai en mon peuple; 
et on n'y entendra plus la voix du 
pleur et la voix du cri. 


12. Prov., 1, 24; Infra, Lxvi, 4; Jér., vir, 18. — 17. Infra, Lxvi, 22; Apoc., xxi, 1. 


10. * La vallée d'Achor. Voir Josué, vit, 24. 


11. * A la Fortune, en hébreu, Gad, qui était considéré par les Chananéens comme 


le dieu de la fortune. 


16. Le Dieu de vérité; littér. le Dieu d'amen; en hébreu, amen signifie, en effet 


vérité, fidélité dans les promesses. 


11-19. Car voici, etc. Saint Jean décrit sous de semblables symboles le bonheur 


éternel des élus de Dieu (Apocal., xxr, 1-4). 


18. Je crée Jérusalem, etc.; je vais faire de Jérusalem une ville d'exultution, et de 


son peuple un peuple de joie. 


1686 

20. Tl n'y aura plus là d'enfants 
de peu de jours, et de vieillard 
qui ne remplisse ses jours; parce 
que l'enfant mourra à cent ans, 
et que le pécheur de centans sera 
maudit. 

21. Et ils bátiront des maisons 
etils les habiteront; ils planteront 
des vignes etils en mangerontles 
fruits. 

99. Ils ne bâtiront pas pour 
qu'un autre habite; ils ne plante- 
ront pas pour qu'un autre mange; 
car à l'égal des jours de l'arbre, 
seront les jours de mon peuple; 
et les ouvrages de leurs mains 
auront une longue durée; 

93. Mes élus ne travailleront pas 
en vain, et ils n'engendreront pas 
dans le trouble; parce qu'ils sont 
la race des bénis du Seigneur, et 
que leurs descendants seront bé- 
nis avec eux. 

24. Kt il arrivera qu'avant qu'ils 
crient, moi je les exaucerai; eux 
parlant encore, j'écouterai. 


ISAIE. 


(cu. Lxvr.] 


95. Le loup et l'agneau paitront 
ensemble: le lion et le bœuf 
mangeront la paille, et pour le 
serpent, la poussière sera son 
pain; ils ne nuiront point, et ils 
ne tueront point sur toute ma 
montagne sainte, dit le Seigneur. 


CHAPITRE LXVI. 


Temple et sacrifice des Juifs rejetés. Ven- 
geance du Seigneur contre ce peuple. 
Sion enfante un peuple fidèle. Le Sei- 
gneur se fait connaitre. aux. nations. 
Race nouvelle qui subsistera éternelle- 
ment. E 


1. Voici ce que dit le Seigneur: 
Le ciel est mon trône, et la terre 
l'escabeau de mes pieds; quelle 
est cette maison que vous me bà- 
tirez? et quel est ce lieu de mon 
repos? 

9. Toutes ces choses, c'est ma 
main qui les a faites, et elles ont 
été faites toutes, dit le Seigneur; 
mais vers qui porterai-je mes re- 
gards, sinon vers le pauvre et 


24. Ps. xxxI, 5. — 25. Supra, ΧΙ, 6. — (ΒΑΡ. LXVI. 1. Actes, vir, 49; xvir, 24 


20. Parce que l'enfant mourra, etc.; c'est-à-dire, c'est parce qu'il ne mourra qu'à 
cent ans, que l'enfant ne vivra pas seulement peu de jours. 

29. A l'égal, etc.; les jours de mon peuple seront aussi nombreux que ceux des 
arbres de longue durée, tels que le chéne, le cédre, etc. Toutes ces expressions, 
pleines de mystères, sont une image vive et fidèle de la vie éternelle des élus dans le 
ciel, vie semblable sous ce rapport à celle de Jésus-Christ, qui est l'arbre dont parle 
saint Jean (Apocal., τι, 1). 

25. Pain; ce mot est mis souvent dans l'Ecriture pour nourriture en général. 


1-24. * 9e Discours : Exclusion des impénitents du royaume de Dieu, Lxvr. — 5° Le 
Prophéte s'adresse, au nom de Dieu, à tous les exilés qui s'apprétent à retourner 
dans leur patrie. Il leur dit d'abord à tous, sans distinction, que le Seigneur étant le 
créateur du ciel et de la terre, n'a pas besoin d'une maison.faite de main d'homme; 
il repousse ensuite tous les pécheurs et leurs sacrifices, 1-6; mais Sion n'en aura pas 
moins de nombreux enfants que Dieu fera naitre miraculeusement, 1-9, et qu'il trai- 
tera avec bonté et avec un amour maternel, 10-14. Quant aux nations infidèles et 
aux Juifs incrédules, il les jugera dans son indignation, 15-18. Cependant quelques 
Israélites resteront pour précher sa gloire parmi les Gentils et ramener à Dieu une 
partie de leurs fréres, 19-20; les Gentils eux-mémes deviendront son peuple et lui 
fourniront des prêtres, 21; il y aura un nouvel Israël qui vivra à jamais devant lui 
comme le nouveau ciel et la nouvelle terre; toute chair l'adorera; un châtiment éternel 
punira ceux qui n'auront point fait partie de l'Eglise, 22-24; voir Marc, 1x, 43, 45, 41. 

2. Qui tremble à mes paroles (trementem sermones meos). Le verbe trembler étant. 


[cn. [,זטא‎ 
celui qui a l'esprit contrit, et qui 
tremble à mes paroles? 

3. Celui qui immole un bœuf 
est comme celui qui tuerait un 
homme; celui qui sacrifie une 
béte de menu bétail est comme 
celui qui óterait la cervelle à un 
chien ; celui qui fait une oblation 
est comme celui qui offrirait du 
sang de pore;celui quisesouvient 
de bruler de l'encens est comme 
celui qui adorerait une idole. Ils 
ont choisi toutes ces choses dans 
leurs voies; et dans leurs abo- 
minations leur àme s'est délec- 
tée. 

4. D'où moi aussi je choisirai 
pour eux les railleries; et ce 
qu'ils craignaient, je l'amenerai 
sur eux; parce que j'ai appelé, et 
il n'y avait personne qui répon- 
dit; jai parlé, et ils n'ont pas 
écouté ; ils ont fait le mal à mes 
yeux; et ce que je n'ai pas voulu, 
ils l'ont choisi. 

ὃ. Ecoutez la parole du Sei- 
gneur, vous qui tremblez à sa 
parole; vos frères qui vous hais- 
sent, et qui vous rejettent à cause 
de mon nom, ont dit : Que la 


gloire du Seigneur se montre; . 


et nous le reconnaitrons à votre 


ISAIE. 


1687 
joie; mais eux, ils seront confon- 
dus. 

6. Une voix du peuple sort de 
la cité, une voix s'élève du tem- 
ple, c’est la voix du Seigneur qui 
rendra rétribution à ses enne- 
mis. 

7. Avant qu'elle füt en travail, 
elle a enfanté; avant que vint /e 
temps de son enfantement, elle a 
enfanté un enfant mâle. 

8. Qu: ἃ jamais oui une telle 
chose? et qui a vu rien de sem- 
blable à cela? est-ce que la terre 
engendrera en un seul jour? ou 
toute une nation sera enfantée 
en méme temps, parce que Sion 
a été en travail et qu'elle a en- 
fanté ses fils? 

9. Est-ce que moi, qui fais en- 
fanter les autres, je n'enfanterai 
pas moi-méme, dit le Seigneur? 
est-ce que moi, qui donne la gé- 
nération aux autres, je demeu- 
rerai stérile, dit le Seigneur ton 
Dieu? 

10, Livrez-vous à la joie avec 
Jérusalem, exultez en elle, vows 
tous qui l'aimez; réjouissez-vous 
avec elle, vous tous qui pleurez 
sur elle; 

11. Afin que vous suciez, et 


4. Prov., 1, 24; Supra, rxv, 12; Jér.. vir, 13. 


neutre, l'aceusatif sermones meos ne peut étre qu'une expression adverbiable; c'est 
pour cela que nous avons ajouté dans notre traduction à, qui se trouve d'ailleurs 
exprimé dans une phrase parallèle au vers. 5. 

3. Oblation ; c'est-à-dire offrande de fleur de farine. — 1/8 ont choisi, etc.; ils n'ont 
fait en toutes ces choses que leur pure volonté, et ils n'y ont cherché que leur pure 
satisfaction. Ils se sont imaginés que Dieu fermerait les yeux à leur idolátrie pendant 
qu'ils continueraient à lui offrir des sacrifices. Isaie leur a déjà fait ces reproches, 1. 
11 et suiv.; Lvur, 3 et .טנופ‎ . 

4. J'ai appelé, etc. Compar. Lxv, 12. 

6. Rendra vétribution. Voy. Ecclésiastique, xvm, 19. 

T. Elle; c'est-à-dire Sion, comme le montre la suite du discours. —Un enfant mâle. 
Cet enfant mâle subitement sorti du sein de Sion représente le peuple chrétien, sorti 
subitement de 18 synagogue, plein de force et d'une mâle vigueur; tels furent sur- 
tout les apótres et les martyrs de l'Eglise de Jésus-Christ. 

11, Infinieg littér. qui est de loute sorte (omnimoda). 


1688 


que vous soyez rassasiés à la 
mamelle de sa consolation; afin 
que vous tétiez et que vous re- 
gorgiez des délices de sa gloire 
infinie. 

19. Parce que voici ce que dit 
le Seigneur : Voilà que moi j'a- 
menerai sur elle comme un 
fleuve de paix, et comme un 
torrent qui se déborde, la gloire 
des nations, laquelle vous suce- 
rez; à 18 mamelle vous screz por- 
tés, el sur les genoux on vous 
caressera. 

13. De méme qu'une mere qui 
caresse quelqu'un de ses enfants, 
de méme moi je vous consolerai; 
et c'est dans Jérusalem que vous 
serez consolés. 

14. Vous verrez et votre cœur 
se réjouira, et vos os comme 
l'herbe germeront; et l'on con- 
naitra que la main du Seigneur 
est pour ses serviteurs, et il sera 
indigné contre ses ennemis. 

15. Parce que voilà que le Sei- 
gneur viendra dans le feu, et ses 
quadriges seront comme la tem- 
péte, pour répandre dans son 
indignation sa fureur, et ses re- 
proches dans une flamme de feu; 


ISAIE. 


[cu. Lxvi.] 


16. Parce que le Seigneur ju- 
gera dans le feu et avec son 
glaive toute chair; et ils seront 
bien nombreux, ceux qui seront 
tués par le Seigneur. 

11. Geux qui se sanctifiaient et 
croyaient se rendre purs dans 
leurs jardins, derrière 18 6 
en dedans; qui mangeaient de la 
chair de porc, et des abomina- 
tions, et des rats seront consumés 
tous ensemble, dit le Seigneur. 

18. Mais moi je viens afin de 
recueillir leurs œuvres et leurs 
pensées, et de les rassembleravec 
toutes les nations et les langues; 
ils viendront et ils verront ma 
gloire. 

19. Je poserai un étendard 
parmi eux, et j'enverrai ceux 
d'entre eux qui auront été sau- 
vés, vers les nations, vers la mer, 
en Afrique et en Lydie, qui tend 
la flèche; dans l'Italie et la Grèce, 
dans les îles au loin, vers ceux 
qui n'ont pas entendu parler de 
moi, et n'ont pas vu ma gloire. 
Et ils annonceront ma gloire aux 
nations, 

20. Et ils amèneront tous vos 
frères de toutes 108 nations comme 


15. Pour répandre. Lé texte hébreu exprime la particule pour omise dans la Vulgate. 

16. Dans le feu ; environné de feu. Compar. Ps. xuix,3; xcvr, 3, et II Thessalon., 1, 8, 
où saint Paul semble faire allusion à ce passage d'Isaie. 

11. Ils se sanctifiaient; ils croyaient se sanctifier, se purifier de leurs crimes en se 
baignant dans leurs jardins, tandis que ces sortes de bains n'étaient établis que pour 
laver certaines souillures légales et extérieures; c'est l'explication de saint Jéróme 
et de plusieurs autres interprétes. — Des abominations ; c'est-à-dire d'autres animaux 
que la loi mosaïque déclarait impurs, outre le porc et le rat 101 nommés, Voy. Lévit., x1. 

19. Lydie, qui tend la ftéche; littér. qui tendent (tendentes) ; ce pluriel, qui se trouve 
aussi dans le texte original, vient de ce que le mot Lydie désigne ici, non le pays, le 
sol, mais les habitants, les Lydiens; hébraisme dont la Bible fournit d'autres exemples. 
Jérémie (xzvi, 9) nous dépeint les Lydiens saisissant leurs carquois et lançant leurs 
flèches. — La flèche (sagittam); au lieu de flèche l'hébreu porte arc. — Quant aux 
envoyés qui doivent se répandre parmi tous les peuples du monde pour leur annon- 
cer la gloire du Seigneur, ce sont évidemment les apôtres. de Jésus-Christ. 

20. Comme si les fils d'Israël, etc. D'après la loi, les Israélites devaient porter au 
temple en cérémonie les prémices des fruits (Deutéran., xxvi, 4 et suiv.). 


[cu. Lxvi.] 


un don au Seigneur, sur des che- 
vaux, sur des quadriges et sur 
des litieres, sur des mulets et sur 
des chariots, à ma montagne 
sainte, Jérusalem, dit le Sei- 
gneur, comme si les fils d'Israél 
'portaient un présent dans un 
vase pur dans la maison du Sei- 
gneur. 

91. Et j'en prendrai d'entre eux 
pour prétres et lévites, dit le Sei- 
gneur. 

22. Parce que comme les cieux 
nouveaux et la terre nouvelle, 


22. Apoc., xxt, 1. — 24. Marc, 1x, 45. 


-- 


ISAIE. 


1689 


que je fais subsister devant moi, 
ditle Seigneur, ainsi subsisteront 
votre race et votre nom. 

23. Et il arrivera que de mois 
en mois, et de sabbat en sabbat, 
toute chair viendra afin d'adorer 
devant ma face, dit le Seigneur. 

94. Et ils sortiront, et ils ver- 
ront les cadavres des hommes 
qui ont prévariqué contre moi; 
leur ver ne mourra pas, et leur 
feu ne s'éteindra pas, ils seront un 
objet de regard jusqu'à satiété 
pour toute chair. 


21. Et j'en prendrai, etc. Voici le sacerdoce de la loi nouvelle bien marqué, à l'ex- 
clusion du sacerdoce de la loi ancienne, qui était attaché à la famille de Lévi et à la 
race d'Aaron. Plus de distinction de familles, plus de prérogatives pour aucune race 
partieuliére. Le Seigneur choisira ses prétres et ses lévites parmi les étrangers 
mémes qu'il aura convertis et amenés à son Eglise. Les Juifs ne sauraient éluder le 
sens d'une prophétie si claire. 

.— 92. Les cieux nouveaux, etc. Voy. Lxv, 11-19. 

24. Leur ver, etc. Jésus-Christ explique ces paroles des peines de l'enfer, οὐ le re- 
mords de la conscience des damnés est comme un ver intérieur qui les ronge, ne 
meurt pas, et où le feu quiles tourmente ne s'éteint pas (Marc, 1x, 43, 45, 41). 


JERÉMIE' 


À purpose‏ תי 


INTRODUCTION 


Jérémie est de tous les prophétes celui dont les écrits nous font le mieux con- 
naitre la vie, l'œuvre, les sentiments, les souffrances. Il était d'Anathoth, petite 
ville sacerdotale, à une heure et demie environ au nord de Jérusalem. Son pére 
s'appelait Helcias. S. Jéróme et plusieurs autres commentateurs ont cru que 
cet Helcias était le grand-prétre qui aida si efficacement Josias dans la réforme 
religieuse de Juda ; mais cette identification est peu probable, parce que le pon- 
tife était de la famille d'Eléazar, tandis que les prêtres d'Anathoth étaient de la 
branche d'Ithamar. Quoi qu'il en soit, dans son pays natal, si proche de la 
capitale, Jérémie, pendant son enfance, dut entendre souvent parler avec 
horreur et indignation de l'idolátrie et des cruautés de Manassé et de son fils 
Amos, rois de Juda. Il fut élevé dans l'amour de la 101 et le respect des traditions 
mosaiques; il étudia avec soin les Saintes Écritures et les oracles des anciens 
prophétes, en particulier Isaie et Michée, comme l'attestent ses écrits, qui sont 
tout remplis de réminiscences des auteurs antérieurs et quelquefois méme citent 
ou reproduisent textuellement leurs paroles. En grandissant, il fut témoin des 
efforts de Josias pour rétablir la religion mosaique dans sa pureté primitive, 
et cette entreprise ne put le laisser indifférent, elle produisit dans son âme une 
impression ineffacable. C'est sans doute aussi dans sa jeunesse qu'il se lia 
d'amitié avec la famille de Nérias, fils de Maasias, gouverneur de Jérusalem à 
cette époque, et coopérateur d'Helcias et de Saphan dans les réformes de Josias. 
Plus tard, les deux fils de Nérias, Baruch et Saraias, devinrent les disciples de 
Jérémie. 


| * Les prophéties de Jérémie ne sont nullement disposées dans l'ordre chronolo- 
gique, soit que l'auteur du recueil de ces prophéties ait négligé de leur donner cet 
ordre, soit que cet ordre ait été troublé et dérangé dans la suite par quelques acci- 
dents, ou par la méprise et la négligence des copistes. Il y a méme de la variété 
entre l'arrangement que leur donnent les exemplaires du texte hébreu suivi par la 
Vulgate et celui que leur assignent les exemplaires de la version des Septante; de 
plus, on trouve dans les Septante plusieurs omissions considérables; trois phéno- 
mènes sur lesquels les critiques modernes se sont beaucoup exercés. Nous ajou- 
terons que pour acquérir l'intelligence de ce livre aussi bien que ceux des autres 
prophétes, il ne sera pas inutile de relire attentivement ce que nous avons dit dans, 
les Observations préliminaires sur les prophètes, 111, pag. 1 et 2. 


JÉRÉMIE. — INTRODUCTION. 1691 


Dès que Jérémie nous apparait dans le recueil de ses prophéties, il se montre 
à nous plein de piété, pénétré d'un vif sentiment de sa faiblesse, sensible et 
méme impressionnable, porté au découragement, mais brülé du zéle de la loi 
de Dieu et animé du plus pur patriotisme. Piété et tendresse : ces deux mots 
résument tout son caractére. Ce n'est point, par tempérament, un homme de 
lutte et de combat, il est plus disposé à fuir le danger qu'à le braver; il est en- 
nemi du bruit et ami de la solitude ; il y a méme en lui comme une teinte de mé- 
lancolie et de tristesse ; il est plus aimant qu'énergique, il a plus de l'apótre S. Jean 
que de S. Pierre. Dans les péchés de son peuple, il est moins frappé de leur 
opposition avec la loi de Dieu que des maux qui en seront le chátiment, et il se 
distingue par là d'Ézéchiel, son contemporain : les crimes qui excitent l'indigna- 
tion d'Ézéchiel émeuvent le cœur de Jérémie ; il voit le pécheur plus encore que 
le péché. 

Il semble, humainement parlant, qu'un cœur si tendre était peu propre à 
remplir une mission prophétique à une époque agitée, troublée, comme devait 
l'étre celle de la prise répétée de Jérusalem et de la ruine définitive du temple 
de Salomon par le terrible Nabuchodonosor, roi de Babylone. Dieu en jugea 
autrement que la sagesse humaine. Il voulut montrer en la personne de Jérémie 
quelle est la puissance de la gráce et la force de l'inspiration céleste, qui trans- 
forment, à son gré, les âmes et les cœurs. | 

Ce prétre timide, ami de la tranquillité, qui préférerait sa solitude d'Anathoth 
à la vie bruyante, tumultueuse et militante de la capitale; cette nature délicate, 
aimante, plus portée à céder qu'à résister, devient tout autre lorsqu'il s'agit de 
porter aux hommes les ordres de Dieu : sa foi, sa piété, son obéissance et la 
grâce le changent complètement ; quand il est seul, il se désole de la mission 
qui lui a été confiée ; c'est un homme faible, abattu; mais quand le Seigneur 
lui ordonne de porter sa parole à Juda, c'est un prophéte : menaces, insultes, 
prisons, supplices, peuple, princes, rois, ne peuvent rien sur lui; il n'en répéte 
que plus fort les ordres de Dieu; il est, comme Ézéchiel, un véritable mur d'ai- 
rain. 

Tel nous verrons Jérémie pendant tout le cours de son ministère prophétique, 
c'est-à-dire pendant plus de quarante ans. Nous trouverons, dans l'explication 
de ses prophéties, les principaux épisodes de son histoire à parlir de l'époque 
de sa vocation. Elle eut lieu la 13° année du règne de Josias, vers l'an 628 av. 
J.-C., 1, 2. Il avait alors sans doute de dix-huit à vingt ans, 1, 6; xvi, 2. Il parait 
avoir quitté peu de temps aprés Anathoth et passé la plus grande partie de sa 
vie à Jérusalem, cf. 11, 2, mais il vécut probablement encore quelque temps dans 
l'obscurité, car son nom n'est pas prononcé dans l'euvre mémorable de la ré- 
forme religieuse, entreprise cinq ans aprés, la dix-huitiéme année de Josias; il 
n'est question que de la prophétesse Holdah; c'est à elle que le roi et ses mi- 
nistres demandent conseil. Nous ne connaissons de lui aucun incident particu- 
lier pendant les dix-huit années qui s'écoulérent depuis sa vocation jusqu'à la 
mort de Josias, mais nous savons qu'il menait une vie mortifiée, pénitente, 
solitaire, gardant la continence, xvr, 2; s'abstenant d'entrer dans les maisons 
où l'on était en fête, comme dans les maisons où l'on était en deuil, xvi, 5, 8. 
Bientôt les persécutions commencèrent : celle de ses compatriotes, xr, 21, et 
de ses proches, xir 6, en attendant celle des habitants de la capitale et des 
principaux de la nation. 


1692 JÉRÉMIE. 


Vers la fin du règne de Josias, il doit avoir pris quelque part à la discussion 
des questions politiques contemporaines. Comme du temps d'lsaie, il y avait | 
toujours deux partis dans le royaume de Juda, celui de l'Égypte et celui de la 
Chaldée, qui avait remplacé maintenant le parti de l'Assyrie, ruinée par les 
armes des Chaldéens et de leurs alliés. La chute de Ninive avait fourni au vieux 
parti égyptien l'occasion de pousser le roi de Juda à faire alliance avec le pha- 
raon Néchao. De méme qu'autrefois Isaie, xxx, 1-7, Jérémie, par l'ordre de Dieu, 
combattit cette politique trop humaine, ,זז‎ 18, 36. Josias se détermina, peut-être 
pour suivre les conseils du prophéte, non seulement à ne point s'allier avec 
Néchao, mais aussi à s'opposer de vive force au passage de son armée, quand 
le monarque égyptien porta la guerre en Asie contre les Chaldéens. Dieu permit 
que le saint roi de Juda périt sur le champ de bataille de Mageddo. Ce fut une 
des premières douleurs de la vie de Jérémie, comme nous l'apprennent ses la- 
mentations sur la mort de ce prince, II Par., xxxv, 25. Aprés ce malheur, il ne 
prévoit que trouble et confusion, succédant à ce régne de justice, xxu, 3, 16. 

Joachaz ou Sellum, quatriéme fils de Josias (609), ne régna que trois mois, 
I Par., ut, 15; IV Rois, xxui, 30-35; 1] Par., xxxvi, 1-4 : Ez., xix, 3-5; il fut 
déposé par Néchao, ce qui montre qu'il n'était pas favorable au parti égyptien. 
Nous ne trouvons qu'un mot sur lui dans Jérémie, xxu, 11-12 : c'est la prédiction 
de la mort de ce prince en Égypte, où le vainqueur l'avait emmené. 

C'est sous Joakim, second fils de Josias, 609-598, que le ministère de Jérémie 
prend plus d'importance. Avec ce roi, créature du pharaon, le parti égyptien était 
le maitre en Juda, xxv, 18-19; xxvir; l'ére des persécutions allait commencer 
contre le prophéte qui annoncait que l'Égypte serait impuissante à défendre 
Jérusalem contre Nabuchodonosor, (cf. xviu ; xix, xxi). Jérémie nous a peint au vif 
quelques-unes des scénes dans lesquelles ses oracles soulevérent contre lui les 
plus violents orages. La première année de ce prince, il faillit être la victime de 
la fureur populaire, pour avoir annoncé le sort réservé à Jérusalem ; il n'échappa 
à la mort que par l'intervention des princes de Juda parmi lesquels il devait y 
avoir encore des conseillers de Josias, xxvr. Environ quatre ans plus tard, 
l'armée de Néchao, qui était allée combattre les Chaldéens en Mésopotamie, 
fut battue à Charcamis, טא‎ 2. La victoire de Nabuchodonosor sur le pharaon 
ruina les espérances du parli égyptien en Juda. Les prophéties de Jérémie com- 
mencaient à s'accomplir. Déjà les soldats babyloniens envahissaient de nouveau 
la Palestine, à la poursuite des Égyptiens vaincus, et ceux qui n'habitaient point 
dans les villes fortifiées étaient réduits à se réfugier dans les murs de Jérusalem, 
comme le firent les Réchabites, xxxv, (cf. IV Rois, x, 15), pour échapper à la 
brutalité de l'ennemi. Le prophéte choisit ce moment solennel, oü la patrie cou- 
rait un danger évident, pour faire promulguer par son disciple Baruch tous les 
oracles divins qu'il avait fait recueillir en volume. L'émotion fut grande ; Jérémie 
et son secrétaire furent obligés de se cacher; Joakim brüla le rouleau qui con- 
tenait la prédiction des malheurs de sa capitale, xxxvr. Sans se laisser décon- 
certer, Jérémie s'empressa de dicter de nouveau ses prophéties à Baruch, א‎ 
Il apprit, sur ces entrefaites, que la captivité de Babylone durerait soixante-dix 
ans, xxv, 8-12. Les malheurs qu'il avait prédits à Joakim ne tardèrent pas à se 
réaliser : Nabuchodonosor assiégea et prit Jérusalem; il emmena captifs un 
certain nombre de Juifs parmi lesquels Daniel et ses compagnons (606). C'est 
de cette première déportation que datent les soixante-dix ans de la captivité. 


INTRODUCTION. 1693 


Quelques années après, Joakim s'étant révolté contre Nabuchodonosor, celui-c1 
vint mettre de nouveau le siège devant la capitale de la Judée. Joakim mourut 
probablement au commencement des opérations, et ainsi furent réalisées les 
prophéties faites contre lui, Jér., xxr, 19; xxxvi, 30 (598). 

Le fils de Joakim, Jéchonias, n'eut qu'un régne de trois mois. Jérémie lui 
‘annonça, xxi, 24-30, les malheurs qui lui étaient réservés. Bientôt aprés l'oracle 
s'accomplissait : le roi de Juda était emmené captif en Chaldée avec les princi- 
paux de la nation, parmi lesquels se trouvait le prophète Ézéchiel, IV Rois, 
xxiv, 18-16; Ézéch., τ, 2. Jérémie fut laissé à Jérusalem (598). 

Sédécias, oncle de Jéchonias, fut mis sur le tróne par Nabuchodonosor. Il res- 
pectait Jérémie et le consulta méme quelquefois, xxxvir, 3; mais dans cette 
période de trouble, son pouvoir était mal assis; il avait un caractère hésitant et 
ne sut pas toujours protéger efficacement le prophète. C'était la lie du peuple 
qui était demeurée en Palestine : Jérémie annonca qu'elle serait chátiée à son 
tour, xxiv. La prospérité renaissante de l'Égypte sous Apriés ou Hophra avait 
fait naitre de nouvelles illusions à Jérusalem et inspiré à Sédécias lui-méme 
des velléités de révolte. Jérémie les combattit, par ordre de Dieu, mais en vain, 
xxvu-xxvin; bientôt l'approche d'une armée égyptienne et le départ des Chal- 
déens, qui en fut la conséquence, rendirent sa situation plus périlleuse que ja- 
mais. En prévision des persécutions qui le menacaient, il résolut d'aller se cacher 
à Anathoth; mais son projet fut découvert, on l'accusa de trahison et on l'empri- 
sonna, xxxvir. I! avait cherché, dans la bonté de son cœur, à consoler les captifs 
de Babylone, xxix; voilà que de Babylone méme, les faux prophètes le pour- 
suivent de leur haine et pressent les prétres de Jérusalem d'employer les moyens 
violents contre sa personne; ces derniers n'étaient que trop disposés à suivre 
ces conseils. Non contents de l'avoir mis en prison, irrités par les prophéties 
qu'il continuait à faire, ils voulurent en finir avec lui et le jetérent au fond du 
puits de Melchias; il y serait mort, sans l'intervention d'Abdémélek, eunuque 
éthiopien, qui le sauva avec la connivence du roi, xxxvur. Il resta cependant 
prisonnier. Sédécias le consulta en secret ; Jérémie lui annonca qu'il n'échapperait 
pas aux Chaldéens, xxxvii, 18. Ces derniers revinrent en effet au bout de peu 
de temps, et leur retour produisit la plus profonde consternation, xxxir, 2. La 
victime de la fureur populaire chercha à relever les courages abattus, par un 
acte propre à montrer la confiance qu'il avait dans l'avenir : il acheta un champ 
à Anathoth, xxxi, 6-9, parce que Dieu lui avait révélé « qu'on posséderait de 
nouveau des maisons et des champs et des vignes dans le pays, » xxxii, 15, sous 
le règne heureux et glorieux du Messie, xxxi, 11, 16-18. Cependant ces belles 
prophéties ne devaient se réaliser que longtemps après. 

L'heure fatale sonna enfin. Jérusalem fut prise, le temple brülé, le roi et les 
princes emmenés en captivité (588). Jérémie eut l'amer privilège d’être bien 
traité parle vainqueur. Il fut délivré de prison; on lui laissa le choix d'aller à 
Babylone ou de demeurer en Judée. A Babylone, c'étaient les honneurs; à Jéru- 
salem, c'était la désolation. Il n'hésita pas; il resta au milieu des ruines de la 
cité sainte et se retira ensuite à Masphat, xr, 6. Il avait consacré quarante ans 
de sa vie à prévenir ou à atténuer les malheurs qui venaient de fondre sur sa 
patrie; n'ayant pu les empécher, il voulut du moins les partager. Sur les débris 
fumants de Jérusalem et du temple, il composa ses immortelles Lameníations, 
où son cxquise sensibilité se manifeste d'une maniére si touchante, ll les écrivit, 


469 JÉRÉMIE. 


d’après la tradition, au nord de Jérusalem, dans la grotte qu'on appelle aujour- 
d'hui la grotte de Jérémie. Aucune langue né possède d'élégie comparable à 
celle de ce prophéte, qui avait tant aimé la ville et la maison de son Dieu, sans 
pouvoir les sauver. Jamais poéte n'a su accumuler comme lui les images de la 
désolation et rendre la douleur plus sympathique. 

Godolias, fils d'Ahicam, protecteur de Jérémie, avait été institué, par Nabu- | 
chodonosor, gouverneur de la Judée, aprés la ruine de Jérusalem. Les malheu- 
reux restes de Juda eurent alors quelques moments de répit, xr, 9-12; mais l'as- 
sassinat de Godolias par Ismaél et ses complices attira de nouveaux malheurs 
sur la Palestine. On ne sait comment Jérémie échappa aux conjurés, qui devaient 
lui en vouloir autant qu'à Godolias. Il est probable qu'il fut du nombre des pri- 
sonniers qu'Ismaél envoyait aux Ammonites, xri, et qu'il fut délivré par l'ar- 
rivée de Johanan. — Le peuple craignit que le meurtre du gouverneur ne fût 
puni sur toute la nation. On consulta Jérémie sur ce qu'il y avait à faire. ll con- 
seilla de rester en paix en Judée, וצצ‎ mais il ne fut pas écouté. La foule était 
décidée à s'enfuir en Égypte; comme autrefois, elle aceusa Jérémie et Baruch 
de trahison, xrur, 3, et elle les emmena tous les deux de vive force dans la vallée 
du Nil. Il est facile d'imaginer combien l'exil en Égypte, ce pays dans lequel 
Jérémie avait toujours vu la source fatale de la ruine de sa patrie, dut lui étre 
odieux. C'est là, à Taphnés (Daphné), prés de Péluse, dans la Basse-Égypte, que 
cette lampe qui ne tardera pas à s'éteindre jette ses dernières lueurs. Ses paroles 
sont plus énergiques que jamais, il rappelle tout ce que Dieu lui a dit sur les 
Chaldéens, qu'il nomme serviteurs de Dieu, xzim, 10; Nabuchodonosor élévera 
son tróne dans le lieu méme oü il leur parle, dans cette ville oü ils sont allés 
chercher un refuge, ce qui s'accomplit en effet la 32* année du régne de 
Nabuchodonosor. Il reprend avec véhémence les Juifs qui s'abandonnent à l'ido- 
lâtrie, xziv. — Après ce dernier acte de vigueur prophétique, tout est incertain. 
Selon une tradition chrétienne assez bien établie, il mourut martyr, lapidé à 
Taphnès par les Juifs irrités de ses remontrances. Ainsi vécut et mourut le pro- 
phéte d'Israél > dont les douleurs n'ont été comparables à aucune douleur, » 
Lam., 1, 12; > l'homme qui a vu les afflietions, » ri, 1. 

Sa vie tout entiére fut une prophétie vivante des souffrances et de la passion 
de Notre-Seigneur, et de là vient que l'Église a appliqué au Sauveur un grand 
nombre des paroles du prophéte qui se rapportent directement à lui-méme. Mais 
Jérémie n'a pas été seulement la figure de Jésus-Christ, il a aussi prophétisé 
explicitement sa venue. Au déclin de la nationalité juive, à la veille du grand 
cataclysme qui semblait devoir l'anéantir à jamais, Dieu lui a fait voir l'aurore 
déjà blanchissante d'une alliance nouvelle, à laquelle, le premier des prophétes 
de l'Ancien Testament, il a donné son véritable nom, « nouvelle alliance », 
xxxi, 34, ou, comme nous le lisons dans S. Paul, qui reproduit cet oracle, 
> Nouveau Testament », Héb., vur, 8. Bien mieux, Jérémie ne s'est pas contenté 
de nommer le Nouveau Testament, il en a décrit les caractéres. Dieu a révélé à 
cette àme tendre et si sensible les traits distinctifs de la loi de gráce : le peuple 
de Dieu, pour étre sauvé, doit recevoir une loi nouvelle; désormais les relations 
entre le peuple et le Dieu d'Israél, entre Dieu et l'humanité, ne reposent plus 
seulement sur une loi extérieure, mais sur la soumission intérieure du cœur à 
Dieu, xxxi, 33. 

Autant Jérémie fut impopulaire pendant sa vie, autant il devint populaire 


INTRODUCTION. 1695 


après sa mort. Le plus persécuté des prophètes dans l'aecomplissement de sa 
mission a été le plus loué de tous après l'achévement de son œuvre. Aux yeux 
des Juifs qui vécurent depuis la captivité jusqu'à Jésus-Christ, l'éclat d'Isaie lui- 
méme pâlit devant la gloire de Jérémie : ce fut pour eux le plus grand des pro- 
phètes. A mesure que la captivité de Babylone approchait de son terme, la pro- 
phétie des 70 ans, aprés avoir été d'abord un oracle terrible, se transformait 
peu à peu en un oracle de consolations; et celui qui l'avait prononcé devenait 
l'objet de la vénération et de l'amour de son peuple. Dans l'ordre de classement 
des prophétes, adopté par les Talmudistes de Babylone, ce n'est pas Isaie, c'est 
Jérémie qui occupe le premier rang. Il n'apparut plus aux Juifs, avec raison, que 
comme leur défenseur et leur patron auprès de Dieu. Jusque dans l'Évangile, 
nous voyons quelle haute idée les Juifs avaient de ce grand personnage, puis- 
qu'ils ne peuvent trouver rien de mieux pour exprimer ce qu'ils pensent de Jé- 
sus que de dire qu'il est Jérémie ou quelque autre des anciens prophètes, 
Matth., xvi, 14. 

Jérémie n'a pas l'élévation et la grandeur d'Isaie; dans ses prophéties, il 
s'exprime avec simplicité, sans aucune recherche, mais il a beacoup de naturel, 
et plusieurs de ses récits sont de véritables modéles de narration. Son langage 
n'est pas aussi pur que celui des anciens prophétes; on y rencontre, dans l'ori- 
ginal, des formes et des locutions araméennes. 

Jérémie a fait lui-méme la collection de ses prophéties, xxxvi, 2, voir 28 et 32, 
mais illes a disposées par ordre de matiére et non par ordre chronologique. 
En voici la division. L'auteur dans un prologue, r, raconte sa vocation au mi- 
nistére prophétique. Le recueil méme de ses prophéties se divise en quatre 
parties : 1. Réprobation et condamnation d'Israël à cause de ses crimes, n-xvu: 
— Il. Confirmation de cette réprobation, xvur-xix ; — III. Exécution de 18 sen- 
tence, xx-xxv; — IV. Prophéties contre les peuples étrangers, xLvi-Li. — La 
collection se termine par une conclusion historique, Lu. 


4696 


CHAPITRE PREMIER. 


Mission de Jérémie. Maux qui doivent 
fondre sur la terre de Juda. 


1. Paroles de Jérémie, fils 
d'Helcias, vn. des prêtres qui de- 
meuraient à Anathoth, dans la 
terre de Benjamin. 

2. Parole du Seigneur qui lui 
fut adressée dans les jours de 
Josias, fils d'Amon, roi de Juda, 
en la treizieme année de son 
regne. 

3. Elle /wi fut aussi adressée 
dans les jours de Joakim, fils de 
Josias, roi de Juda, jusqu'à la fin 
de la onzième année de Sédécias, 
fils de Josias, roi de Juda, jusqu'à 
‘la transmigration de Jérusalem, 
au cinquième mois. 

4. Elle me fut donc adressée 
la parole du Seigneur, disant : 

ὃ. Avant que je t'eusse formé 
dans le sein de £a mère, je t'ai 


JEREMIE. 


[cn. 1.] 
connu, et avant que tu fusses 
sorti de ses entrailles, je t'ai sanc- 
tifié, et je t'ai établi prophète par- 
mi les nations. 

6. Et je dis : A, a, a, Seigneur 
Dieu; voyez, je ne sais point 
parler, parce que moi, je suis un 
enfant. 

7. Et le Seigneur me dit : Ne 
dis pas : Je suis un enfant, puis- 
que partout oü je t'enverrai, tu 
iras; et que tout ce que je te 
commanderai, tu le diras. 

8. Ne crains pas à cause d'eux, 
parce que moi, je suis avec toi, 
afin que je te délivre, dit le Sei- 
gneur. 

9. Et le Seigneur étendit sa 
main, et toucha ma bouche ; et 
le Seigneur me dit: Voilà que 
jai mis ma parole en ta bouche. 

10. Voilà qu'aujourd'hui je t'ai 
établi sur les nations et sur les 
royaumes, afin que tu arraches 
et que tu détruises, et que tu 


Cuap. I. 9. Isaie, vi, 7. — 10. Infra, xvi, 7. 


1.-19. * Prologue, 1. Vocation de Jérémie au ministère prophétique. — L'histoire de 
la vocation de Jérémie est trés instructive. Dieu l'appelle; il l'a choisi des le sein de 
sa mére, et malgré sa faiblesse, il est destiné à faire exécuter les ordres divins, 4-8. 
Le Seigneur le consacre, 9, et lui manifeste sa mission, qui consiste à détruire et à 
planter, 10; il lui montre l'avenir sous deux images symboliques : 19 celle d'une 
verge d'amandier (la Vulgate a traduit une verge qui veille), emblème de la prompte 
réalisation de ses desseins, parce que l'amandier est le premier et le plus prompt 
des arbres à fleurir; 29 celle d'une chaudiére bouillante, tournée vers le nord, pour 
marquer que les Chaldéens conduiront contre 2008 coupable les peuples du septen- 
trion, 11-16 : ces deux symboles sont comme tout le résumé de la prophétie de Jé- 
rémie. Enfin Dieu promet à son prophéte secours et protection contre tous ses en- 
nemis, 17-19. 3 

1. Anathoth; ville sacerdotale. Compar. Josué, xxr, 18. — * Anathoth est près de 
Jérusalem, au nord-est. — Helcius est, d'après quelques-uns, le grand-prètre de ce 
nom, mais rien ne confirme cette hypothèse. 

2-3. * Pour les régnes des rois sous lesquels a prophétisé Jérémie, voir l’Intro- 
duction. 

3. Au cinquième mois de l'année de la transmigration. 

4. Disant (dicens); grammaticalement, ce mot se rapporte à parole (verbum), qui 
précéde; mais logiquement à Seigneur. 

6. Un enfant; de quatorze ou quinze ans, selon les uns, plus ágé, selon les autres, 
plus jeune, suivant d'autres. L'Ecriture donne quelquefois le nom d'enfant à des per- 
sonnes ágées de plus de vingt ans. 

8. A cause d'eux; littér., et par hébraisme, de leur face (a facie eorum). 


m.)‏ .זוס] 


perdes et que tu dissipes, et que 
tu édifies et que tu plantes. 

11. Et la parole du Seigneur 
me fut encore adressée, disant: 
Que vois-tu, toi, Jérémie? Et je 
dis : Je vois une verge qui veille. 

19. Et le Seigneur me dit : Tu 
as bien vu, parce que je veillerai 
sur ma parole, afin que je l'ac- 
complisse. 

13. Et la parole du Seigneur 
me fut adressée une seconde 
fois, disant : Que vois-tu, toi ? Et 
je dis: Je vois une marmite bouil- 
lante, et sa face venant de la 
face de l'aquilon. 

44. Et le Seigneur me dit : 
C'est de l’aquilon que se déploie- 
ra le mal sur tous les habitants 
de la terre; 

15. Parce que voici que moi, je 
convoquerai toutes les familles 
des royaumes de l'aquilon, dit le 
Seigneur; et elles viendront, et 
elles étatliront chacune son trône 
à lentrée des portes de Jérusa- 
lem, et sur tous ses murs à l'en- 
tour, et dans toutes les villes de 
Juda. 


JÉRÉMIE. 


1697 

16. Et je leur dirai mes juge- 
ments sur toute la malice de ceux 
qui m'ont délaissé, qui ont fait 
des libations à des dieux étran- 
gers et ont adoré l'ouvrage de 
leurs mains. 

17. Toi donc, ceins tes reins, 
et 186-101, et dis-leur tout ce que 
moi, je te commande. Ne crains 
pas devant leur face; car je ferai 
que tu ne craignes pas leur vi- 
sage. 

18. Car c'est moi qui t'ai établi 
aujourd'hui comme une ville for- 
tifiée, et une colonne de fer, et un 
mur d'airain sur toute la terre, 
contre les rois de Juda, ses prin- 
ces, et ses prétres et son peuple. 

19. Et ils combattront contre 
toi, et ne prévaudront point, parce 
que moi je suis avec toi, dit le 
Seigneur, afin que je te délivre. 


CHAPITRE II. 


Plaintes du Seigneur contre son peuple, 
Prédiction des maux qui doivent fondre 
sur lui. 


1. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 


13. Ezéch., xr, *. — 14. Infra, 1v, 6. — 18. Infra, vi, 27. 


13. Une marmile bouillante; littér. allumée par dessous. — Sa face, etc.; ou tour- 
née du cólé de l'aquilon. Pav cette marmile, les uns entendent la Judée et Jérusalem, 
méme (Ezéch., xxiv, 3 et suiv.); et les autres, Nabuchodonosor avec son armée. 
Quoique placés à l'orient de Jérusalem, les Chaldéens vinrent du nord, comme les 
Assyriens, pour envahir la Palestine, parce que les déserts de l'Arabie étaient im- 
pratieables à une armée. 


1. et suiv. * Ire partie : Réprobation d'Israël, r1-xvir. — 175 section : Causes de cette 
réprobation, r-xr. — 15 Infidélité d'Israël, זזז-זו‎ 5. — La première cause de la répro- 
bation d'Israél, annoncée par les visions symboliques montrées à Jérémie dans le 
chap. 1, c'est son infidélité. Israël, uni à son Dieu au moment de la sortie d'Egypte, 
lui a été infidèle, ו‎ 1-7; ses chefs, les prêtres et les princes, lui ont donné le mauvais 
exemple, 8-9. Chez aucun peuple, on n'a vu pareille ingratitude : Dieu a été aban- 
donné pour des idoles, 10-13. De libre qu'il était, Israël deviendra donc esclave en 
punition de son crime; son pays sera dévasté par ceux-là mémes en qui il s'est 
confié, les Egyptiens, 14-21. Sa honte est irrémédiable, son idolâtrie incompréhen- 
sible, 22-32; il la porte sur son front, 33-35; il l'expiera, 36-37; il aura beau réclamer 
hypocritement le pardon, il ne l'obtiendra pas, mt, 1-5. 

1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, 1, 4. 


A. T 107 


109 


9. Va, et crie aux oreilles de 
Jérusalem, disant : Voici ce que 
dit 16 Seigneur : Je me suis sou- 
venu de toi, ayant compassion 
de ta jeunesse, et de l'amour de 
tes fiancailles, lorsque tu me sui- 
vis dans le désert, dans une terre 
qui n'est pas cultivée. 

3. Israël a été consacré au 
Seigneur; il est les prémices de 
ses fruits; tous ceux qui le dévo- 
rent se rendent coupables; les 
maux viendront sur eux, dit le 
Seigneur. 

4. Ecoutez la parole du Sei- 
gneur, maison de Jacob, et vous 
toutes, les familles d'Israél. 

5. Voici ce que dit le Seigneur: 
Quelle iniquité ont trouvée vos 
pères en moi, pour s'être éloi- 
gnés de moi, avoir couru après 
la vanité, et étre devenus vains 
eux-mêmes? 

6. Et ils n'ont pas dit: Où est 
le Seigneur qui nous ἃ fait mon- 
ter de la terre d'Egypte ; qui nous 
a conduits à travers le désert, par 
une terre inhabitable et inacces- 
sible, par une terre aride etimage 
de la mort, par une terre dans 
laquelle homme n'a passé, et 
homme n'a habité ? 


5 


Gnar. II. 5. Mich., vr, 3. 


. JÉRÉMIE. 


(cn. [.זז‎ 


7. Et je vous ai fait entrer dans 
une terre de carmel, afin que 
vous en mangiez les fruits et que 
vous jouissiez de ses biens; et 
étant entrés, vous avez souillé 
ma terre, et de mon héritage 
vous avez fait une abomination. 

8. Les prétres n'ont pas dit : 
Oü estle Seigneur? les déposi- 
sitaires de la loi ne m'ont pas 
connu, les pasteurs ont prévari- 
qué contre moi, et les prophètes 
ont prophétisé au nom de Baal, 
et ont suivi les idoles. 

9. A cause de cela, j'entrerai 
encore en jugement avec vous, 
dit le Seigneur, et avec vos fils je 
discuterai. 

10. Passez aux îles de Céthim, 
et voyez ; et envoyez à Cédar, et 
considérez avec le plus grand 
soin, et voyez sil y a été fait 
quelque chose de semblable; 

11. Si une nation a changé ses 
dieux, et certainement ce ne sont 
pas des dieux ; et cependant mon 
peuple a changé sa gloire en une 
idole. 

19. Cieux, soyez frappés de 
stupeur sur cela; ef vous, portes 
du ciel, soyez dans la plus gran- 
de désolation, dit le Seigneur. 


2. Je me suis souvenu, etc. La plupart des interprètes expliquent ainsi ce passage: 
Je me souviens des premiers temps de ton alliance avec moi, et j'ai la douleur de 
me voir forcé aujourd'hui de te faire des reproches d'infidélité, et de te répudier, 
aprés les bontés que j'ai eues pour toi, et la tendresse que je t'ai témoignée dans le 
temps que je te conduisais dans les déserts d'Arabie. 

6. * A travers le désert du Sinai, qui est aride et presque inhabitable. 

1. Une terre de carmel; une terre trés fertile. On donne le nom de Carmel à plu- 
sieurs endroits de la Palestine, à cause de leur grande fertilité. 

8. * ₪001; le dieu des Chananéens. Plusieurs faux prophètes prophétisaient en son 
nom. 

10. Céthim, qui désigne particulièrement la Macédoine, se prend ici pour tous les 
peuples situés au delà de la mer et à l'occident de la Palestine. — Cédar, qui marque 
l'Arabie, signifie ici tous les peuples situés à l'orient de la Judée. 

12. Portes du ciel; c'est ainsi qu'on traduit généralement les mots de la Vulgate 


]68. tr.] 


13. Car mon peuple ἃ fait deux 
maux : ils m'ont abandonné, 
moi, source d'eau vive, et ils se 
sont creusé des citernes, des ci- 
ternes entr'ouverles qui ne peu- 
vent retenir les eaux. 

14. Est-ce qu'Israél est un es- 
clave ou fils d'un esclave? pour- 
quoi donc est-il devenu en proie? 

15. Les lions ont rugi sur lui, 
ils ont fait entendre leur voix, 
ils ont réduit sa terre en une 
solitude; ses cités ont été brü- 
lées, et il n'yapersonne qui y ha- 
bite. 

16. Les fils de Memphis et de 
Taphnès t'ont déshonorée jus- 
qu'au sommet de la téte. 

11. Est-ce que tout cela ne t'est 
pas arrivé, parce que tu as aban- 
donné 16 Seigneur ton Dieu, dans 
le temps méme oü il te gardait 
dans la droite voie? 

18. Et maintenant que veux-tu 
faire dans la voie de l'Egypte? 
boire de l'eau bourbeuse? et que 
importe la voie des Assyriens? 
est-ce. pour boire de l'eau d'un 
fleuve? 


JÉRÉMIE. 


1699 


19. Ta malice t'accusera, et ton 
éloignement de moi te gourman- 
dera. Sache et vois combien il 
est mal et amer d'avoir aban- 
donné le Seigneur ton Dieu, et 
de n'avoir plus ma crainte auprès 
de toi, dit le Seigneur Dieu des 
armées. 

20. Dès les temps anciens tu as 
brisé mon joug, tu as rompu mes 
liens et tu as dit : Je ne servirai 
pas. Sur toute colline élevée, sous 
tout arbre touffu, tu te prostituais 
comme une femme de mauvaise 
vie. 

21. Pour moi, je t'avais plantée 
comme une vigne choisie, comme 
un plant franc : comment donc es- 
tu devenue pour moi un p/ant bà- 
tard, Ô vigne étrangère ? 

92. Quand tu telaverais avec du 
nitre, quand tu multiplierais pour 
toi leborith, tu es souillée par ton 
iniquité devant moi, dit le Sei- 
eneur Dieu. 

23. Comment dis-tu : Je ne suis 
pas souillée, je n'ai pas couru 
apres les Baalim? Regarde tes 
voles dans la vallée; sache ce 


20. Infra, nr, 6. — 21. Isaie, v, 1; Matt., xxr, 33. 


porlæ ejus, en supposant que ejus est mis pour eorum. 11 est certain que cet énallage 
de nombre n'est pas rare dans la Bible. 

16. Memphis et Taphnès. avpelée ailleurs Taphnis, deux villes des plus importantes 
d'Egypte. | 

18. De l’eau bourbeuse; c'est-à-dire du Nil. — D'un fleuve; de l'Euphrate. — * L'eau 
du Nil est ordinairement trouble et limoneuse. 

22. * Nilre, borith. Le nitre dont il est question ici est le natron ou carbonate de 
soude natif. On le trouve dans plusieurs lacs d'Egypte, en particulier dans le désert 
de Nitrie auquel il donnait son nom; il forme des efflorescences ou des croütes 
blanchâtres et jaunátres, ou bien des couches de 0,50 centim. à 1 mètre. On s'en est 
toujours servi en Egypte comme de savon. On s'en servait aussi en Palestine pour 
le même usage. Mais outre ce savon minéral, on employait aussi un savon végétal, 
produit par la plante appelée en hébreu borith. On ne sait pas d'ailleurs d'une ma- 
nière 06718106 quelle est la plante ainsi nommée. D'après les uns, c'est une espèce 
de saponaire, servant à laver et produisant, quand elle est frottée avec de l'eau, une 
mousse savonneuse; d'aprés d'autres, c'est, soit le sa/sola kali, soit la salicorne, 
qu'on trouve en abondance dans les environs de la mer Morte, et dont les cendres 
fournissent la matière première du savon. ₪ 

23. Baalim; plur. hébr. 60/2660, c'est-à-dire mailre, seigneur, désigne les idoles de 


4100 
que tu as tait; £u es comme un 
coureur léger étendant ses voies. 

24. Anesse sauvageaccoutumée 
ἃ vivre dans la solitude, dans le 
désir de son âme, elle a attiré à 
elle le vent de son amour; nul 
ne la détournera: tous ceux qui 
lacherchentnesefatigueront pas: 
ils la trouveront dans ses souil- 
lures. 

25. Préserve ton pied de la nu- 
dité, et ton gosier de la soif. Et tu 
as dit : J'ai perdu tout espoir, je 
n'en ferai rien; car j'ai aimé avec 
passion des étrangers, et c'est à 
leur suite que je marcherai. 

26. Comme est confondu un vo- 
leur, quand il est surpris, ainsi 
ont été confondus ceux de la mai- 
son d'Israël, eux-mêmes, et leurs 
rois, leurs princes, et leurs pré- 
tres, et leurs prophètes, 

27. Disant au bois : Mon pere, 
c'est toi; et à la pierre : C'est toi 
qui m'as engendré ; ils ont tourné 
vers moi le dos et non la face, et 
au temps de leur affliction ils di- 
ront : Seigneur,levez-vous, et dé- 
livrez-nous. 

98. Où sont tes dieux que tu 
tes faits? qu'ils se lèvent, qu'ils 
te délivrentau temps de ton afflic- 
tion; car selon le nombre de tes 
cités, étaitle nombre de tes dieux, 
ὃ Juda. 


21. Infra, xxxir, 33. — 28. Infra, xi, 13. 


JÉRÉMIÉ. 


(cm. 11.} 


29. Pourquoi voulez-vous entrer 
avec moi en jugement? tous, 
vous m'avez abandonné, dit le 
Seigneur. 

30. En vain j'ai frappé vos en- 
fants, ils n'ont pas recu la correc- 
tion; votre glaive a dévoré vos 
prophétes; comme un lion des- 
tructeur est 

31. Votre génération. Voyez la 
parole du Seigneur : Est-ce que 
je suis devenu pour Israél une 
solitude ou une terre tardive ? 
Pourquoi donc mon peuple a-t- 
il dit : Nous nous sommes retirés, 
nous ne viendrons plus à vous? 

32. Est-ce qu'une vierge ou- 
bliera sa parure; ou une épouse 
la bandelette qu'elle porte sur la 
poitrine? mais mon peuple m'a 
oublié pendant des jours innom- 
brables. 

33. Pourquoi t'fforces-tu de 
montrer comme bonne ta voie, 
pour rechercher mon amour, lors- 
que d'ailleurs tu as enseigné tes 
méchancetés comme étant tes 
voies, 

34. Et que dans les pans de ta 
robe a été trouvé le sang des âmes 
des pauvres et des innocents? Ce 
n'est pas dans les fosses que je 
les ai trouvés; mais dans tous 
les lieux que j'ai rappelés plus 
haut. 


ce faux dieu. — La vallée; probablement la vallée dite du fils d'Ennom, où l’on sa- 
crifiait les enfants 8 Moloch. Compar. vri, 32; xix, 2. — Coureur ; selon l'hébreu, jeune 
femelle de chameau. — Etendant ses voies; courant d'un mâle à l'autre. 

24. Anesse sauvage La Vulgate, comme le texte hébreu, fait ce nom masculin et 
féminin parce qu'il est épicène, c'est-à-dire, commun aux deux sexes. — Le vent de 
son amour; c'est-à-dire, le mâle. — Tous ceux qui la cherchent, etc.; les mâles pour- 
ront la suivre aisément à la piste, parce qu'elle répand une liqueur semblable à celle 
qu'on appelle kippomanès, dans les juments. 

Au bois, et à la pierre; c'est-à-dire, aux idoles de bois et de pierre,‏ .דפ 

34. Dans (ous les lieux, etc. Voy. les vers. 20, 23. 


[cn. [.זוז‎ 


35. Et tu as dit : Moi je suis sans 
péché, et innocente; que votre 
fureur se détourne donc de moi. 
Voici que j'entrerai en jugement 
avec toi, puisque tu as dit : Je n'ai 
pas péché. 

36. Combien tu es devenue vile 
en renouvelant tes voies! Ainsi 
tu seras confondue par l'Egypte, 
comme tu as été confondue par 
Assur. 

31. Car d'elle aussi tu sortiras, 
et tes mains seront sur ta téte, 
parce que le Seigneur a brisé 
cet objet de ton assurance, et tu 
n'y trouveras rien d'avantageux. 


CHAPITRE III. 


Le Seigneur invite son peuple à revenir 
vers lui. Infidélité de Juda. Rappel d'Is- 
raél, son retour. Réunion des deux mai- 
sons d'Israél et de Juda. Gloire de Jé- 
rusalem. 


1. On dit ordinairement : Si un 
homme renvoie sa femme! et 
que, se séparant de lui, elle épouse 
un autrehomme, la reprendra-t-il 
ensuite? est-ce qu'elle ne sera pas 
impure et souillée, cette femme? 
mais toi tu asforniqué avec beau- 
coup d'amants; cependant, re- 


:HAP. III. 6. Supra, τι, 20. 


JÉRÉMIE. 


1701 


viens à moi, dit le Seigneur, et 
moi je te recevrai. 

2. Lève les yeux en haut, et 
vois oü tu ne te sois pas prosti- 
tuée ; tu étais assise sur les che- 
mins, les attendant comme un 
voleur attend les passants dans 
la solitude ;et tu as souillé la terre 
par tes fornications et par tes 
méchancetés. 

3. Ce qui a été cause que les 
gouttes des pluies ont été rete- 
nues, et qu'il n'y ἃ pas eu de 
pluie de l’arrière-saison; le front 
d'une femme de mauvaise vie est 
devenu le tien; tu n'as pas voulu 
rougir. 

4. Ainsi au moins maintenant, 
appelle-moi; e£ dis : Mon père 
et le guide de ma virginité, c'est 
vous. 

9. Est-ce que vous serez irrité 
pour toujours, ou persévérerez- 
vous jusqu'à la fin? Voilà que tu 
as parlé, et tu as fait le mal, et tu 
as prévalu. 

6. Et le Seigneur me dit dans 
les jours du roi Josias : Est-ce 
que tu n'as pas vu ce qu'a fait la 
rebelle Israél? elle s'en est allée 
sur toute montagne, et sous tout 


9. Les attendant; c'est-à-dire attendant ses amants nommés au verset 1. 


3. * IL m'y a pas eu de pluie de l'arriére-saison. ll y a, en Palestine, deux saisons plu- 
vieuses; la premiére commence vers le milieu d'octobre et sert à faire germer les 
semences ; celle de l’arrière-saison se produit au printemps et fait pousser les récoltes. 
Si elle manque, la sécheresse détruit tout. 

4. Guide (dur); le protecteur de ma virginité, désigne le mari. 

6. * 20 Impénitence d'Israël, 1x, 6-x. La seconde cause de la réprobation d'Israël, 
c'est son impénitence. — I. Juda n'a pas profité du malheur d'Israél pour se con- 
vertir, et a méprisé tous les avertissements divins, nr, 6-1v, 4. — 19 ll a vu comment 
Dieu a puni les dix tribus schismatiques et la ruine du royaume de Samarie, sans 
que cet avertissement lui servit de rien, imr, 6-10. — 2o Bien plus, Israël est meilleur 
que Juda; aussi le Prophéte l'exhorte-t-il, de la part de Dieu, à reconnaitre ses ini- 
quités passées, pour qu'il soit ramené à Jérusalem, 11-17. — 3° Du reste, que Juda 
se convertisse comme Israél, et l'un et l'autre seront pardonnés, parce que ce n'est 
point la volonté de Dieu, mais leurs crimes qui sont la cause de leurs malheurs, 18-25. 
— 4° Le salut serait donc encore possible pour Juda pénitent, 1v, 1-4. 


1702 JÉREMIE. [cu. ur.] 
arbre touffu, et là, elle a forni- | tu n'as pas écouté ma voix, ditle 
qué. Seigneur. 


7. Et j'ai dit, lorsqu'elle a eu 
fait toutes ces choses : Reviens 
à moi, et elle n'est pas revenue. 
Et sa sœur, la prévaricatrice Juda, 
a vu 

8. Que parce que la rebelle Is- 
raël avait été adultère, je l'avais 
renvoyée, et que je lui avais 
donné un acte de répudiation ; 
elle n'a pas craint, la prévarica- 
trice Juda, sa sceur, mais elle s'en 
est allée, et elle a forniqué aussi 
elle-méme. 

9. Et par la facilité de sa forni- 
calion elle a souillé la terre, et elle 
a commis l’adultère avecla pierre 
et le bois. 

10. Et au milieu de toutes ces 
choses, la prévaricatrice Juda, sa 
sœur, n'est pas revenue à moi de 
tout son cœur, mais avec men- 
songe, dit le Seigneur. 

11. Et le Seigneur me dit: Elle 
ajustifié son âme, larebelle [sraël, 
en comparaison de la prévarica- 
trice Juda. 

19. Va, et crie ces paroles con- 
tre l'aquilon, et tu diras : Reviens, 
rebelle Israël, dit le Seigneur, et 
je ne détournerai pas ma face de 
vous, parce que moi, jé suis saint, 
ditle Seigneur, et je ne serai pas 
irrité pour toujours. 

13. Mais reconnais lon iniquité, 
parce que tu as prévariqué contre 
le Seigneur ton Dieu; que tu as 
dispersé tes voies pour des étran- 
gers, sous tout arbretouffu, et que 


14. Convertissez-vous, mes fils, 
en revenant vers moi, dit le Sei- 
gneur; parce que je suis votre 
époux ;[6 vous prendrai, un d'une 
cité, deux d'une famille,et je vous 
introduirai dans Sion. 

15. Et je vous donnerai des 
pasteurs selon mon cœur, et ils 
vous nourriront de science et de 
doctrine. 

16. Et lorsque vous vous serez 
multipliés, et que vous aurez crü 
sur la terre en ces jours-là, dit 
le Seigneur, on ne dira plus : 
L'arche d'alliance du Seigneur; 
elle ne montera pas sur le cœur, 
on ne se la rappellera pas, elle ne 
sera pas visitée, eton ne la refera 
plus. 

17. En ce temps-là, on appel- 
lera Jérusalem le tróne du Sei- 
gneur, et toutes les nations s'y 
rassembleront au nom du Sei- 
gneur, dans Jérusalem, et elles 
ne courront pas apres la perver- 
sité de leur cœur très mauvais. 

18. En ces jours-là, la maison 
de Juda ira vers la maison d'Is- 
raél, et elles viendront ensemble 
de la terre de l'aquilon dans la 
terre que j'ai donnée à vos peres. 

19. Pour moi, j'ai dit : Comment 
te placerai-je parmi mes fils?ette 
donnerai-je une terre désirable, le | 
bel héritage des armées des na-| 
tions? Et j'ai dit: Tu m'appelleras 
ton père, et tu ne cesseras pas de 
marcher aprés moi. 


9. La facilité ; le peu de scrupule, l'effronterie. — L'adultére; l'idolàtrie. — La pierre 
et le bois; désignent des idoles faites de ces matières. Compar. m, 21. 


11. Elle a justifié, ete.; 


elle s'est justifiée; elle a montré qu'elle n'était pas bien 


coupable par la comparaison qu'elle a faite de sa conduite avec celle de sa sceur Juda. 
16. Elle ne montera pas sur. le cœur; elle ne viendra pas: même à l'esprit, on. n'y 
pensera même pas. Le mot hébreu cœur signifie aussi esprit, 


(cu. tv.] 


90. Mais comme si une femme 
méprisait celui qui l'aime, ainsi 
m'a méprisé la maison d'Israél, 
dit le Seigneur. 

91. Une voix sur les chemins 
a été entendue, le pleur et le hur- 
lement des fils d'Israël; parce 
qu'ils ont rendu inique leur voie, 
ils ont oublié le Seigneur leur 
Dieu. 

99. Convertissez-vous, mes fils, 
en revenant vers moi, et je ré- 
parerai vos défections. Nous voici, 
nous venons à vous; car c'est 
vous qui étes le Seigneur notre 
Dieu. 

93. Vraiment menteuses étaient 
les collines et la multitude des 
montagnes; vraiment, c'est dans 
le Seigneur notre Dieu qu'est le 
salut d'Israél. 

24. Dès notre jeunesse la con- 
fusion a dévoré le travail de nos 
peres, leurs troupeaux de menu 
bétail, et leurs troupeaux de gros 
bétail, leurs fils et leurs filles. 

25. Nous dormirons dans notre 
confusion, et notre ignominie 
nous couvrira, parce que contre 
leSeigneurnotre Dieu nousavons 
péché, nous et nos pères, depuis 
notre jeunesse jusqu'à ce jour, 
et que nous n'avons pas entendu 
la voix du Seigneur notre Dieu. 


Cap. IV. 3. Os., x, 12. 


JÉRÉMIE. 


1703 


CHAPITRE IV. 


Promesses du Seigneur en faveur d'Israël. 
Il exhorte ceux de Juda à prévenir sa 
colère, et annonce Ja désolation terrible 
qui est prés de fondre sur eux. Dou- 
leurs que ressent le prophéte à la vue 
de ces maux. Le Seigneur promet de 
ne pas perdre entiérement son peuple. 


1. Si tu reviens, Israél, dit le 
Seigneur, convertis-toi à moi : si 
tu ótes de devant ma face tes 
pierres d'achoppement, tu ne 
seras pas ébranlé. 

2. Et tu jureras dans la vérité, 
et dans le jugement, et dans la 
justice, disant : Le Seigneur vit, 
et les nations le béniront, et c'est 
lui qu'elles loueront. 

3. Car voici ce que dit le Sei- 
gneur à l'homme de Juda et de 
Jérusalem : Défrichez-vous une 
novale, et ne semez pas sur des 
épines; 

4. Soyez circoncis au Seigneur, 
etótezles prépuces de voscœurs, 
hommes de Juda, et habitants de 
Jérusalem ; de peur que mon in- 
dignation ne sorte comme le feu, 
et qu'elle ne s'embrase, et qu'il 
n'y ait personne qui l'éteigne, à 
cause de la malice de vos pen- 
sées. 

5. Annoncez dans Juda, et fai- 
tes entendre dans Jérusalem ; par- 


24. La confusion, etc.; le culte honteux des idoles a dévoré tout ce que nos péres 


avaient acquis par le travail. 


1. Pierre d'achoppement; nom que l'Ecriture donne souvent aux idoles. 

2. Le Seigneur vit! formule de serment qui équivaut à : Je jure par le Seigneur. 

3. Le Prophéte, aprés s'étre adressé dans les deux versets précédents aux Israé- 
lites captifs, s'adresse ici aux Juifs qui étaient encore dans leur pays. — " Une novale, 
une terre nouvelle, qui n'a pas encore été cultivée, mais était restée en friche. 

4. Soyez circoncis au Seigneur; c'est-à-dire, recevez la circoncision qui plait au Sei- 
gneur; la circoncision du cœur. Compar. Deuléron., x, 16; Romains, τι, 29. 

5. * IT. Juda est impénitent, malgré l'imminence du danger, 1v, 5-vr. — 19 Le Pro- 
phète annonce maintenant l’accomplissement de la sentence divine, en exhortant les 
habitants d'Israél à fuir devant les Chaldéens, 1v, 5-7, et à se couvrir de vétements de 


1704 


lez et sonnez de la trompette sur 
18 terre; criez fortement et dites : 
Assemblez-vous, et entrons dans 
les cités fortifiées ; 

6. Levez un étendard en Sion. 
Fortifiez-vous, ne vous arrétez 
pas, parce que moi, j'amène de 
l'aquilon un malheur et une gran- 
de destruction. 

7. Le lion est monté de sa ta- 
niere, le brigand des nations s'est 
levé, il est sorti de son lieu, afin 
de faire de ta terre une solitude; 
tes cités seront ravagées, demeu- 
rant sans habitant. 

8. C'est pourquoi, ceignez-vous 
de cilices, pleurez et hurlez, par- 
ce que la colére de la fureur du 
Seigneurnes'estpas détournée de 
nous. 

9. Et il arrivera en ce jour-là, 
dit le Seigneur,le cœur du roi dé- 
périra, ainsi que le cœur des prin- 
ces;les prêtres seront dans 18 stu- 

6. Supra, r, 14. 


JÉRÉMIE. 


[cH. 1v.] 
peur, et les prophètes serontcons- 
ternés. 

10. Et j'ai dit : Hélas, hélas, 
hélas, Seigneur Dieu, avez-vous 
donc trompé ce peuple et Jérusa- 
lem, disant : La paix sera avec 
vous; et voilà qu'un glaive est 
parvenu jusqu'à l'àme? 

11. En ce temps-là, on dira à 
ce peuple et à Jérusalem : Un vent 
brûlant s’éléve dans les voies qui 
sont dans le désert de la voie de 
la fille de mon peuple, non pour 
vanner, et pour nettoyer le blé. 

12. Un vent plein viendra d'elles 
vers moi, et alors moi je pro- 
noncerai mon arrét contre eux. 

13. Voilà qu'il montera comme 
une nuée, et ses chars seront 


. comme la tempête, et ses che- 


vaux plus rapides que les 818108 ; 
malheur à nous, parce que nous 
avons été dévastés. 

14. Purifie ton cœur de sa ma- 


deuil, 8. — 2° Juda est dans la terreur, — oh! s'il pouvait se convertir! — la ville 
sainte est assiégée, 9-18. — 39» Accablé de douleur, le Prophète voit en esprit l'œuvre 
de dévastation des Chaldéens, et en fait un tableau lugubre, 19-31. — 40 La cause 
de ces calamités, c'est qu'il n'y a plus de justes dans Jérusalem, mais seulement des 
hypocrites, des idolátres, des adultéres, parmi les petits comme parmi les grands, 
v, 1-9. — 5» Les coupables doivent donc périr, par la main d'un peuple lointain, ter- 
rible, 10-18. — 60 Ils n'ont point voulu craindre le Tout-Puissant; ils ont persévéré 
dans leur impénitence ; ce qu'ils ont refusé d'entendre va s'accomplir, 19-31. — 70 Le 
Chaldéen arrive, il envahit le pays ; il assiège Jérusalem, — oh! si Jérusalem pouvait 
se convertir encore, avant d'étre dévastée! vr, 1-8. — 89 Mais tout le monde est sourd 
à la voix de Dieu; aussi personne n'échappera-t-il à la vengeance, 9-15. — 9» Exhor- 
tations, menaces, tout est inutile, tout est méprisé, aussi les sacrifices sont-ils vains 
et inutiles, 16-21. — 100 Le vengeur de Dieu vient du nord; il est terrible, il assiège 
la ville; Dieu l'a examinée, elle est coupable; son Seigneur la réprouve, 22-30. 

1. Le lion, etc. Nabuchodonosor est comparé au lion à cause de sa force, et à un 
brigand, à cause de ses violences et de l'injustice de ses conquétes. 

8. La colère de la fureur; hébraisme, pour £a colère trés grande, très violente; ou 
bien pour lu colère et la fureur. Compar. xxxi, 31. 

11. Le désert de la voie de la fille, etc.; le désert, qui conduit à la fille de mon 
peuple, à Jérusalem. 

12. Un vent plein; fort, impétueux. — D'elles (ex his); c'est-à-dire des voies du dé- 
sert (vers. 11): c'est, selon nous, le vrai sens de l'hébreu, aussi bien que de la Vulgate; 
car nous regardons comme forcée et inexacte la traduction; Un vent plus fort que 


pour ces choses; c'est-à-dire, un vent plus fort qu'il ne le faut pour vanner et nettoyer 
le blé. 


[cu. 1v.] 


lice, ὃ Jérusalem, afin que tu sois 
sauvée; jusques à quand demeu- 
reront en toi les pensées funes- 
tes? 

15. Car voici la voix de celui qui 
annonce de Dan, et qui fait con- 
naitre l'idole venant de la mon- 
tagne d'Ephraim. 

16. Dites aux nations : Voilà 
qu'on a entendu dans Jérusalem 
que des gardes viennent d'une 
terre lointaine, et font entendre 
leur voix contre les cités de Juda. 

17. Comme les gardiens d'un 
champ, ils se sont formés en cer- 
cle autour de Jérusalem, parce 
qu'elle m'aprovoquéaucourroux, 
dit le Seigneur. 

18. Ce sont tes voies et tes 
pensées qui t'ont fait ces maux : 
c'est là ta malice, parce qu'elle 
est amère, parce qu'elle a atteint 
ton cœur. 

19. Mes entrailles, mes en- 
trailles sont pleines de douleur; 
les sentiments de mon cœur sont 
troublés au dedans de moi; je ne 
me tairai pas, parce que mon 
âme a entendu la voix d'une 


18. Sag., 1, 3,5. 


JÉRÉMIE. 


1705 
trompette, la clameur d'une ba- 
taille. 

20. Uneruine a été appelée sur 
une ruine, et toute la terre a été 
dévastée; tout à coup mes taber- 
nacles, soudain mes pavillons ont 
été dévastés. 

21. Jusques à quand verrai-je 
des fuyards, entendrai-je la voix 
d'une trompette? 

22. Parce que mon péuple in- 
sensé ne m'a pas connu; ce sont 
des fils déraisonnables et sans 
cœur, ils sont intelligents pour 
faire le mal, mais faire le bien, ils 
ne savent pas. 

23.J'ai regardéla terre, et voici 
qu'elle était vide et de nulle va- 
leur; j'ai regardé les cieux, et il 
n'y avait pas de lumière en eux. 

24. J'ai vu les montagnes, et 
voici qu'elles étaient ébranlées; 
et toutes les collines ont été bou- 
leversées. 

25. J'ai regardé attentivement, 
et il n’y avait pas d'homme; et 
tout volatile du ciel s'était re- 
tiré. — 

20. J'ai regardé, et voici que le 


15. Qui annonce de Dan; l'approche des ennemis. La ville de Dan et la montagne 
d'Ephraim. étaient entre Babylone et Jérusalem. — Qui fait connaître l'idole; larri- 
vée de l'idole. L'image du dieu Bel était représentée sur les étendards de larmée 
chaldéenne. 

18. Ta malice; pour l'effet, le fruit de ta malice. 

19-31. * « Qui parle ici? Est-ce Dieu? est-ce le prophéte? C'est l'un et l'autre à tour 
de róle; mais Jérémie ne prend pas le loisir de nous avertir du changement... C'est 
merveille que la mobilité, la promptitude, la souplesse de ces âmes (des prophètes), 
courant d'une impression à l'autre; vives, rapides, exactes à sentir chaque chose à 
mesure qu'elle se présente et autant qu'elle le mérite, frappant vite, juste et fort, 
toutes les notes de la gamme du sentiment. De là, ces visions qui se pressent, puis 
ces exclamations, ces apostrophes, ces élans de la passion ardente, mais rationnelle 
toujours. » (G. LoNGBAYE.) 

20. Tabernacles (tabernacula); est la méme chose que tentes. — Pavillons ou tentes; 
littér. peaux; parce que cette sorte d'habitations était anciennement faite avec des 
peaux. Compar. Cant. des cant., 1, 4. 

22. Parce que. Devant ces mots sont sous-entendus ces autres : Tous ces maux 
sont venus ou arrivés. 

26. La colère de sa fureur. Voy. le vers. 8. 


1700 
Carmel était désert; et toutes ses 
villes ont été détruites devant la 
face du Seigneur, devant la face 
de la colère de sa fureur. 

27. Car voici ce que dit le Sei- 
gneur : Toute la terre sera déserte, 
mais cependant jen’achèverai pas 
sa ruine. 

28. La terre pleurera, et les 
cieux en haut s'affligeront de ce 
que j'ai parlé ; j'ai formé un des- 
sein, et je ne m'en suis point re- 
penti, et je ne m'en détournerai 
pas. 

29. Au bruit des cavaliers et de 
ceux qui lancent des flèches, toute 
la ville a fui; ils sont entrés dans 
les lieux élevés; et ils ont gravi 
les rochers; toutes les villes ont 
élé abandonnées, et il n'y habite 
pas d'homme. 

30. Mais toi, dévastée, que feras- 
tu? quand tu te revétirais de pour- 
pre, quand tu serais ornée d'un 
collier d'or, et que tu peindrais 
les yeux avec de l'antimoine, en 
vain tu serais embellie; ils t'ont 
méprisée, ceux qui t'aimaient, 
cest ton âme qu'ils cherche- 
ront. 

31. J'ai entendu la voix comme 
d'une femme en travail; les an- 
goisses comme d'une femme en 
couches; c'est la voix dela fille de 
Sion, qui se meurt, et qui étend 
les mains, en criant : Malheur à 


JÉRÉMIE. 


[cu. v.] 


moi parce que mon àme a défailli 
à cause des tués. 


CHAPITRE V. 


Corruption générale des habitants de Jé- 
rusalem. Le Seigneur reproche aux Is- 
raclites leur infidélité et leur incrédu- 
lité. 11 annonce la punition de leurs 
crimes ; il promet de ne pas perdre en- 
tiérement son peuple. 


1. Parcourez les rues de Jé- 
rusalem, et regardez, et considé- 
rez, et cherchez dans ses places 
publiques si vous trouvez un 
homme faisant la justice et cher- 
chant la vérité, et je lui serai 
propice. 

9. Que s'ils disent aussi : Le Sei- 
eneur vit! ils feront méme ce ser- 
ment faussement. 

3. Seigneur, vos yeux regar- 
dent la bonne foi; vous les avez 
frappés, et ils n'ont pas éprouvé 
de douleur; vous les avez bri- 
sés, et ils n'ont pas voulu voir 
la correction ; ils ont rendu 
leurs faces dures au-dessus de 
la pierre, et ils n'ont pas voulu 
revenir. 

4. Mais moi, j'ai dit : Peut-étre 
sont-ce des pauvres, des insensés, 
ignorant la voie du Seigneur, et 
le jugement de leur Dieu. 

5. J'irai donc vers les grands, 
et je leur parlerai; car ils ont 
connu la voie du Seigneur et le 


30. Mais toi; fille de Sion. Compar. vers. 31. — 7'u peindrais, etc. ; selon l'hébreu 
lu te fendrais, etc. — L'antimoine est d'un grand usage dans l'Orient pour peindre 
et noircir les yeux, et pour élargir les paupiéres, afin de faire les yeux plus grands 
et mieux fendus. — C'est ton âme qu'ils chercheront; hébraisme, pour i/s chercheront 
à l’ôler la vie. 

1. Parcourez, etc. Le Seigneur parle ici à Jérémie et à ceux qui comme lui étaient 
demeurés fidéles, et il leur dit de chercher si, dans le reste du peuple, il se trouve 
un seul homme juste, etc. — Lui (ei); c'est-à-dire à elle, comme porte l'hébreu, ce 
qui désigne Jérusalem. 

2. Le Seigneur vit! formule de serment. Voy. 1v, 2 

3. Le jug?ment ; c'est-à-dire la loi, les ordonnances. 


[cu. v.] 
jugement de leur Dieu; et voilà 
que de plus tous ensemble ont 
brisé le joug, ils ont rompu les 
liens. 

6. C'est pour cela que le lion de 
la forét les a saisis; le loup un 
soir les a ravagés, le léopard a 
veillé sur leurs cités; quiconque 
en sortira sera pris, parce que 
leurs prévarications se sont mul- 
tipliées, et que leurs défectionsse 
sont fortifiées. 

7. En quoi pourrai-je vous être 
propice? vos fils m'ont aban- 
donné, ils jurent par ceux qui ne 
sont point des dieux : je les ai 
rassasiés,et ils ont commis l'adul- 
tere, et dans 18 maison d'une fem- 
me de mauvaise vie, ils se li- 
vraient à la débauche. 

8. Ils sont devenus comme des 
chevaux ardents, lâchés aprés des 
cavales ; chacun a henni après la 
femme de son prochain. 

9. Est-ce que je ne visiterai pas 
ces crimes? dit le Seigneur, et 
d'une pareille nation mon àme ne 
se vengera-t-elle pas? 

10. Montez sur ses murs, et 
renversez-les; mais n achevez pas 
sa ruine; enlevez ses rejetons, 
parce qu'ils ne sont point au Sei- 
gneur. 

44. Car par la prévarication ont 
prévariqué contre moi la maison 
d'Israél et la maison de Juda, dit 
le Seigneur. 


πάρ V. 8. Ezéch., xxu, 11. 


JÉRÉMIE. 


1707 

12. Ils ont renié le Seigneur, et 
ils ont dit : Ce n'est pas lui; et il 
ne viendra pas sur nous de mal; 
nous ne verrons pas le glaive et 
la famine. 

13. Les prophètes ont parlé en 
l'air, et ils n'ont pas recu de ré- 
ponse de Dieu; voici donc ce qui 
leur arrivera. 

14. Voici ce que ditle Seigneur 
Dieu des armées : Parce que vous 
avez parlé ainsi, voici que moi, 
je mets mes paroles dans ta bou- 
che comme un feu, et ce peuple 
comme du bois, et /e feules dévo- 
rera. 

15. Voici que moi, ó maison d'Is- 
raél, j'amènerai sur vous une na- 
tion de loin, dit le Seigneur; une 
nation forte, une nationancienne, 
dont tu ignoreras la langue, et 
tu ne comprendras pas sa pa- 
role. 

16. Son carquois est comme un 
sépulcre ouvert; tous sont vail- 
lants. 

l7. Et elle mangera tes mois- 
sons et ton pain; elle dévorera 
tes fils et tes filles; elle mangera 
tes troupeaux de menu et de gros 
bétail; elle mangera tes vignes 
et tes figuiers; et elle détruira par 
le glaive tes villes fortifiées, dans 
lesquelles tu as confiance. 

18. Cependant en ces jours-là, 
dit le Seigneur, je ne consomme- 
rai pas votre ruine 


6. Le lion, le loup, le léopard; représentent Nabuchodonosor. 
9. Je ne visilerai pas; ici comme en bien d'autres passages, visiter signifie punir, 


chátier. 


11. Par la prévarication ont prévariqué ; hébraisme pour, ils ont prévariqué de toute 


manière. 
12. Ce n'est pas lui qui est le Seigneur. 


15. Une nation, etc. Les Chaldéens. (Cf. IV Rois, xvii, 26; 2076, xxxvi, 11.) 


1708 


19. Que si vous dites : Pour- 
quoi le Seigneur notre Dieu nous 
a-t-il fait tous ces maux? tu leur 
diras : Comme vous m'avez aban- 
donné, et vous avez servi un 
dieu étranger dans votre terre, 
ainsi vous servirez des étrangers 
dans une terre qui n'est pas la 
vótre. 

20. Annoncez ceci à la maison 
de Jacob, faites-le entendre dans 
Juda, disant : 

21. Ecoute, peuple insensé, qui 
n'as point de cœur; vous qui ayant 
des yeux, ne voyez point; des 
oreilles, et n'entendez point. 

22. Ne me craindrez-vous donc 
pas, dit le Seigneur, et devant 
ma face ne serez-vous pas saisis 
de douleur? moi qui ai donné le 
sable pour borne à la mer, pré- 
cepte éternel, qu'elle ne trans- 
gressera pas; ses flots s'agiteront 
et ils ne prévaudront pas; ils se 
souleveront, et ils ne le dépasse- 
ront pas; 

23. Mais en ce peuple s'est for- 
mé un cœur incrédule 61 rebelle; 
ils se sont retirés, et s'en sont 
allés. 

24. Et ils n'ont pas dit en leur 
cœur : Craignons le Seigneur no- 
tre Dieu, qui nous donne la pluie 
de la première et de l’arrière-sai- 
son en son temps, et qui nous con- 


JÉRÉMIE. 


[cn. v.], 
serve tous les ans une abondante 
moisson. 

25. Vos iniquités ont détourné 
cela, et vos péchés ont écarté de 
vous le bien. 

26. Parce qu'il s'est trouvé par- 
mi mon peuple des impies qui 
dressent des pièges comme des 
oiseleurs, qui posent des lacs 
et des rets pour prendre les 
hommes. 

27. Comme un trébuchet rem- 
pli d'oiseaux, ainsi leurs maisons. 
seront pleines de tromperie ; c'est 
pour cela qu'ils sont devenus 
grands et se sont enrichis. 

28. Ils ont épaissi et se sont en- 
graissés, et ils ont laissé de côté 
mes paroles très méchamment. 
Ils n'ont pas jugé la cause de la 
veuve, ils n'ont pas dirigé la cause 
de l'orphelin, et ils n'ont pas ren- 
du justice aux pauvres. 

29. Est-ce que je ne visiterai 
pas ces crimes, dit le Seigneur? 
ou mon âme ne se vengera-t-elle 
pas d'une nation semblable? 

30. La stupeur et des merveilles 
ont eu lieu sur la terre; 

31. Les prophétes ont prophé- 
tisé le mensonge, et les prétres 
ont battu des mains; et mon peu- 
ple a aimé de pareilles choses; 
qu arrivera-t-il donc à son dernier 
moment? 


19. Infra, xvi, 10. — 28. Isaie, 1, 23; Zach., vii, 10. 


19. Si vous diles. Ces mots s'adressent aux Juifs, et ceux-ci: Tu leur diras, au pro- 


phéte. 


21. Cœur; ou par hébraïsme, esprit, intelligence, sagesse. 

22. Is ne le dépasseront pas (non transient illud). Le pronom 76, étant au neutre 
dans la Vulgate, peut se rapporter également à mer (mare) ou à préceple (preceptum); 
mais le parallélisme semble le rapporter plutót à précepte; ce qu'ont fait d'ailleurs 


les Septante. 


24. La pluie, etc.; la pluie du printemps ct celle de l'automne. Compar. Deulér., 


Xi, 14. — * Voir plus haut, rni, 3. 


29. Est-ce que je ne visilerai pas. Voy. le vere, 9, 


(cu. vi.) 


CHAPITRE VI. 


Désolation de Jérusalem et de Juda. In- 
fidélité des Juifs. Fausse paix qui leur 
est promise. S'instruire de la bonne 
voie; et y marcher. Sentinelles établies 
et non écoutées. Jérémie est établi sur 
le peuple du Seigneur pour l'éprouver. 


1. Fortifiez-vous, fils de Ben- 
jamin, au milieu de Jérusalem, 
et dans Thécua sonnez de la trom- 
pette, et sur Bethacarem levez 
l'étendard ; parce qu'un mal a été 
vu du cóté de l'aquilon, ainsi 
qu'une grande destruction. 

9. A une femme belle et délicate 
j'ai comparé la fille de Sion. 

3. Vers elle viendront les pas- 
teurs et leurs troupeaux ; ils ont 
dressé leurs tentes à l'entour; 
chacun d'eux fera paitre ceux qui 
sont sous sa main. 

4. Consacrez contre elle une 
guerre; levez-vous, et montons 
au milieu du jour; malheurànous, 
parce que le jour décline, parce 
que les ombres du soir sont allon- 
gées. 

5. Levez-vous et montons pen- 
dant la nuit, et renversons ses 
maisons. 

6. Parce que voici ce que dit 
le Seigneur des armées : Coupez 
ses arbres, et faites autour de 
Jérusalem un rempart; c'est la 
cité de la visitation; toute sorte 


JÉRÉMIE. 


1706 


de violence est au milieu d'elle. 

7. Comme la citerne rend froide 
son eau, ainsi cette cité a commis 
froidement ses méchancetés ; ini- 
quité et ravage, c'est ce qui sera 
oui en elle; devant moi elle est 
toujours infirmité et plaie. 

8. Instruis-toi, Jérusalem, de 
peur que mon âme ne se retire 
de toi, et que je ne fasse de toi 
un désert, une terre inhabitable. 

9. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : On rassemblera les 
restes d'Israél comme dans une 
vigne jusqu'à la dernière grappe ; 
reporte ta main comme le ven- 
dangeur dans la corbeille. 

10. A qui parlerai-je? et qui 
prendrai-je à témoin pour qu'il 
entende? voici que leurs oreilles 
sont incirconcises, et qu'ils ne 
peuvent entendre. Voici que la 
parole du Seigneur leur est deve- 
nue un opprobre ; et ils ne la re- 
cevront pas. 

11. C'est pour cela que je suis 
plein de la fureur du Seigneur et 
que j'ai peine à la supporter ; ré- 
pandez-/a sur le petit enfant au 
dehors, et sur le conseil des jeunes 
gens assemblés ; car l’'hommesera 
pris avec la femme, le vieillard 
avec celui qui est plein de jours. 

12. Et leurs maisons passeront 
à des étrangers, leurs champs, et 
leurs femmes également, parce 


1. Thécua, Bethacarem; deux villes situées sur des hauteurs, au midi de Jérusalem; 
Bethacarem se trouvait entre Jérusalem et Thécua. 

4. Consacrez (sanctificate). Ce mot fait allusion à certaines cérémonies religieuses 
qui se faisaient avant le combat. On le retrouve assez souvent dans la Bible. 

6. Ses arbres (ejus). Le pronom étant au féminin (d’elle) en hébreu se rapporte à 4 
fille de Sion, c'est-à-dire à Jérusalem (vers. 2). — Visitation; punition, châtiment, 
Compar. v, 9. — Violence ; c'est le sens de calumnia, expliqué par l'hébreu. 

9. Comme dans une vigne on rassemble, on recueille tout le raisin jusqu'à, etc. Le 
peuple du Seigneur est souvent représenté sous l'image d'une vigne, et ses ennemis 
sous celle de vendangeurs. — Repor(íe, etc., retourne à la vigne, et mets dans la 
corbeille ce qui aura échappé aux vendangeurs, 


1710 
que j'éténdrai ma main sur ceux 
qui habitent la terre, dit le Sei- 
gneur. 

13. Depuisle plus petit jusqu'au 
plus grand, tous se livrent à l'a- 
varice ; et depuis le prophète jus- 
qu'au prétre, tous agissent avec 
iromperie. 

14. Et ils guérissaient la plaie de 
la fille de mon peuple avec igno- 
minie, disant : Paix, paix; etil n'y 
avait point de paix. 

15. Ils ont été confus, parce 
qu'ils ont fait des abominations; 
et encore ne l'ont-ils pas été en- 
tierement, et n'ont-ils pas su rou- 
gir; à cause de cela ils tomberont 
parmiceux quisontrenversés;au 
temps de leur visitation, ilsseront 
renversés tous ensemble, dit le 
Seigneur. 

16. Voici ce que dit le Seigneur: 
Tenez-vous surles voies et voyez; 
demandez, touchant les sentiers 
anciens, quelle est la bonne voie, 
et marchez-y; et vous trouverez 
un rafraichissement pour vos 
âmes. Etils ontdit: Nous n'j mar- 
cherons pas. 

17. Et j'ai établi sur vous des 
sentinelles. Ecoutez la voix de la 
trompette. Et ils ont dit : Nous ne 
l'écouterons pas. 

18. C'est pourquoi, écoutez, na- 
lions, et apprenez, assemblée des 
peuples,les grandes choses que je 
ferai contre eux. 

19. Ecoute, terre : Voilà que moi 
j'aiènerai sur ce peuple des 
maux, fruit de ses pensées, parce 
qu ils n'ont point écouté mes pa- 


JÉRÉMIE. 


[cu. vi.] 


roles et qu'ils ont rejeté ma loi. 

20. Pourquoi m'apportez-vous 
de l'encens de Saba, etlacanne à 
lodeur suave d'une terre éloi- 
gnée? Vos holocaustes ne me sont 
pas agréables, et vos victimes ne 
m'ont pas plu. 

21. A cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur : Voilà que je ferai 
fondre sur ce peuple des ruines; 
les pères y tomberont et les fils 
en méme temps; les voisins et les 
proches y périront. 

22. Voicice que dit le Seigneur : 
Voilà qu'un peuple vient de la 
terre de l'aquilon, et une grande 
nation s'élévera des confins de la 
terre. 

23. Elle saisira la flèche et le 
bouclier; elle est cruelle et elle 
n'aura pas depitié ; sa ΝΟΙΧ comme 
la mer retentira ; et ils monteront 
sur leurs chevaux, et préparés 
comme un homme qui va au com- 
bat, 278 marcheront contre toi, fille 
de Sion. 

2%. Nous avons oui la nouvelle 
de son dessein, nos mains ont dé- 
failli; 18 tribulation nous a saisis, 
et les douleurs comme la femme 
en travail. 

95. Ne sortez point dans les 
champs, et dans la voie ne mar- 
chez point, parce que le glaive de 
l'ennemi et l'épouvante sont à 
l'entour. 

26. Fille de mon peuple, ceins- 
toi d'un cilice, couvre-toi de cen- 
dre; sois en deuil comme d'un 
fils unique, pousse des plaintes 
ameres, parce que tout d'un coup 


Cuar. VI. 13. Isaie, Lvr, 11; Infra, vri, 10. — 16. Matt., xr. 29. — 20. Isaie, r, 11. 


15. Ne l'ont-ils pas été entièrement; littér. et par hébraisme : Par la confusion n'onl- 
ils pas été confondus. — Leur visitation; leur punition, leur chàtiment. Compar. v, 9. 
24. Des douleurs nous ont saisis comme elles saisissent, etc, 


(ca. vir.) 


viendra le dévastateur sur nous. 

97. Je t'ai établi au milieu de 
mon peuple comme un fondeur 
robuste; tu sauras, et tu éprou- 
veras leur voie. 

98. Tous ses princes ont dévié, 
marchant frauduleusement; c'est 
de Vairain et du fer; tous se sont 
corrompus. 

99. Le soufflet a manqué, dans 
le feu s'est consumé le plomb; 
en vain le fondeur les a mis dans 
le fourneau: car leurs méchan- 
cetés n'ont pas été consumées. 

30. Appelez-les un argent ré- 


JÉRÉMIE. 


1711 


CHAPITRE VII. 


Vaine confiance des Juifs dans le temple 
du Seigneur, tandis qu'ils le déshono- 
rent parleurs crimes. Le Seigneur dé- 
fend à Jérémie de prier pour ce peuple. 
Sacrifices inutiles sans l'obéissance. 


1. Parole qui a été adressée à 
Jérémie par le Seigneur, disant : 

2. Tiens-toi à la porte de la 
maison du Seigneur, et publie 'à 
cette parole, et dis : Ecoutez la 
parole du Seigneur, vous tous, 
habitants de Juda, qui entrez par 
ces portes afin d'adorer le Sei- 


gneur. 
3. Voici ce que dit le Seigneur 


prouvé, parce que le Seigneur les 
a rejetés. 
Guap.VII. 3. Infra, xxvi, 13. 


21. Fondeur sur métaux, véritable sens du latin probatorem, littér. qui éprouve, 
expliqué par l'hébreu, et reproduit au vers. 29, sous le terme de conflator. 

29. * Le soufflet, etc. Image tirée de 18 manière dont on purifie l'argent. On allume 
un grand feu pour faire fondre l'argent, mêlé avec du piomb, afin que le plomb 
attire à lui tout ce qui est impur dans l'argent, mais tous ces eíforts sont inutiles; 
le plomb se consume et l'argent reste impur : Israël a beau être éprouvé par la tri- 
bulation, les méchants continuent à étre mélés avec les bons. 


1. et suiv. * 111. Juda est impénitent, aveuglé par une fausse confiance dans le temple, 
les sacrifices et la circoncision, vu-x. — 19 Le Prophète doit parler, sur la porte du 
temple, au peuple qui entre et qui sort, vii, 1-2. Juda se confie dans le femple, mais 
Dieu n'habite que parmi les justes; le tempie ne servira de sauvegarde aux Juifs 
qu'autant qu'ils feront pénitence, 3-7. — Le peuple se fait illusion en pensant qu'il 
se sauvera en allant au temple, malgré ses péchés. Cet édifice n'est plus la demeure 
de Dieu, c'est une caverne de voleurs; il sera répudié comme le sanctuaire de Silo; 
ses adorateurs, repoussés comme Ephraim, parce que Juda se livre à des actes ido- 
lâtriques, 8-20. — 29 Juda a également confiance dans ses sacrifices, mais ils sont 
rejetés, parce que les commandements divins, dont l'observation est la condition de 
l'alliance entre le Seigneur et son peuple, ne sont point observés, 21-28. — Le peuple 
est réprouvé à cause de son idolâtrie, qui a souillé le sanctuaire, 29-34; les ossements 
des morts eux-mêmes seront jetés hors de leurs tombeaux, en expiation de leurs 
actes idolâtriques, vir, 1-3. — 39 Rien ne peut amener Juda à la pénitence; il est 
sourd à la voix de Dieu, à laquelle obéissent toutes les créatures; 4-9; ses faux sages 
le trompent, 10-12; il périra, 13-17; il réclamera en vain du secours, il sera trop 
tard, 18-22. — Le Prophète pourrait s'enfuir de la ville coupable, ix, 1-5, mais Dieu 
lui ordonne d'y demeurer pour prédire le châtiment qui la menace, à cause de son 
impénitence, 6-14. — Ce châtiment sera terrible, lamentable, 15-21, et rien ne pourra 
y faire échapper; la circoncision ne servira de rien, car Dieu frappera d'abord le cir- 
concis, 22-26. — A plus forte raison les faux dieux seront-ils impuissants à protéger 
leurs adorateurs ; ils ne sont rien, x, 1-6. — Qu'on craigne donc le seul vrai Dieu et 
non l’œuvre de la main des hommes ; qu'on se confie en lui et non dans les idoles 
impuissantes, 7-10. — C'est lui qui fera dévaster la terre d'Israël et déporter ses habi- 
tants par l'ennemi qui vient du nord, 17-23. — Puisse le Seigneur ne pas abandonner 
complétement son peuple et le venger un jour de ses ennemis! 24-25. 

5. Disant. Voy. sur ce mot, 1, 3. 


1742 
des armées, Dieu d'Israël : Ren- 
dez bonnes vos voies et vos œu- 
vres ; et j'habiterai avec vous dans 
ce lieu. 

4. Ne vous confiez pas en des 
paroles de mensonge, disant : Le 
temple du Seigneur, le temple du 
Seigneur, c'est le temple du Sei- 
gneur. 

9. Parce que si vous dirigez bien 
vos voies et vos œuvres; si vous 
faites la justice entre un homme 
et son prochain: 

6. δὲ vous ne faites point de 
violence à l'étranger, au pupille 
et à la veuve; si vous ne répan- 
dez pas un sang innocent en ce 
lieu, et s? vous ne marchez pas à 
la suite des dieux étrangers pour 
votre propre malheur: 

1. J'habiterai avec vous d'un 
siecle à un autre siecle dans ce 
lieu, dans cette terre que j'ai 
donnée à vos pères. 

8. Mais voilà que vous vous con- 
fiez en des paroles de mensonge, 
qui ne vous seront pas utiles: 

9. Dérober, tuer, commettre 
l’adultère, jurer en mentant, faire 
des libations aux Baalim, aller à 
la suite de dieux étrangers que 
vous ne connaissez pas. 


JÉRÉMIE. 


[cu. vir. 

10.Et vous êtes venus vous 
présenter devant moi dans cette 
maison, dans laquelle a été invo- 
qué mon nom, et vous avez dit . 
Nous sommes délivrés, parce que 
nous avons fait toutes ces abomi- 
nations. 

11. Est-ce donc qu’elle est de- 


venue une caverne de voleurs, 
cette maison dans laquelle ἃ été 
invoqué mon nom devant vos 


yeux? C'est moi, moi qui suis; 
moi qui ai vu, dit le Seigneur. 

12. Allez à mon lieu, à Silo, où 
a habité mon nom dès 16 commen- 
cement, et voyez ce que je lui ai 
fait, à cause de la méchanceté d'Is- 
raël, mon peuple; 

13. Et maintenant, parce que 
vous avez fait toutes ces choses, 
dit le Seigneur, et que je vous 
ai parlé, me levant dès le ma- 
tin, et parlant, que vous n'avez 
pas entendu; que je vous ai ap- 
pelés et que vous n'avez pas ré- 
pondu : 

14. Je ferai à cette maison, dans 
laquelle a été invoqué mon nom, 
et enlaquelle vous avez confiance, 
et à ce lieu que je vous ai donné 
à vous et à vos pères, comme j'ai 
fait à Silo. 


11. Matt., xxi, 13; Marc, xi, 17; Luc, xix, 46. — 13. Prov., 1, 24; Isaie, rxv, 12. — 


14, I Rois, 1v, 2, 10. 


4. * Dieu nous protégera, puisque nous possédons son temple. 


9. Baalim. Voy. sur ce mot, m, 23. 


10. Dans laquelle, etc.; mais d'autres traduisent : Laquelle a été appelée de mon nom; 
qui porte mon nom, selon un des sens de l'hébreu. — Nous sommes délivrés, etc. 
Nous ne pouvons manquer d'être sauvés, parce que nous avons servi des dieux 
étrangers, et que nous avons vécu à la manière des gentils. Compar. 1 Machab., τ, 12. 

11. Est-ce donc, etc. Jésus-Christ fait un reproche sembiable aux Juifs de son temps 
(Matth., xxx, 13; Marc, χι, 17; Luc, xix, 46). — Dans laquelle, etc. Voy. le vers. pré- 
cédent. 

12. Mon lieu; le lieu qui m'était consacré. — Silo; ville de la tribu d'Ephraim, où 
demeura l'arche etle tabernacle sacré pendant longtemps. 

13. Me levant, etc.; hébraisme pour mettant le plus grand empressement à vous 
parler. 

14. Dans laquelle, ete, — Voy. le vers. 10. 


[cH. vir.] 


45. Et je vous rejetterai de ma 
face, comme j'ai rejeté tous vos 
frères, toute la race d'Ephraim. 

16. Toi donc, ne prie pas pour 
ce peuple, ne m'adresse pour eux 
ni louange ni prière, et ne t'op- 
pose pas à moi, parce que je ne 
t'exaucerai point. 

11. Ne vois-tu pas ce que font 
ceux-ci dans les villes de Juda, et 
dans les places publiques de Jéru- 
salem? 

18. Les fils amassent le bois, 
les peres allument le feu, et les 
femmes arrosent de farine la 
graisse, afin de faire des gâteaux 
à la reine du ciel, des libations à 
des dieux étrangers, et me pro- 
voquer au courroux. 

19. Est-ce moi qu'ils provoquent 
au courroux, dit le Seigneur? 
N'est-ce pas eux-mêmes qu'il pro- 
voquent àla confusion de leur vi- 
sage? 

20. C'est pourquoi voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Voilà que 
ma fureur et mon indignation se 
sont embrasées sur ce lieu, sur 
les hommes et sur les animaux; 
sur les arbres de la contrée, et 
sur les fruits de la terre; et wn 
feu brülera, etil ne s'éteindra pas. 


JÉRÉMIE. 


1713 

21. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées, Dieu d'Israël : Ajou- 
tez vos holocaustes à vos victimes, 
et mangez-en les chairs; 

22. Parce que je n'ai point 
parlé à vos péres, je ne leur ai 
rien commandé au jour que je les 
ai tirés de la terre d'Egypte, au 
sujet des holocaustes et des vic- 
times. 

23. Mais voici la chose que je 
leur ai commandée : Ecoutez ma 
voix, etjeserai votre Dieu, et vous 
serez mon peuple; et marchez 
dans toute la voie que je vous 
ai prescrite, afin que bien vous 
soit. 

24. Et ils n'ont pas écouté, et 
ils n'ont pas incliné leur oreille ; 
mais ils se sont abandonnés à 
leurs volontés et à la déprava- 
tion de leur cœur mauvais; ils 
sont allés en arriere, et non en 
avant, 

25. Depuis le jour que leurs 
peres sont sortis de l'Egypte jus- 
qu'à ce jour. Et je vous ai envoyé 
tous mes serviteurslesprophètes, 
me levant au point du jour, et /es 
envoyant. 

20. Et ils ne m'ont pas écouté, 
etils n'ont pasincliné leur oreille; 


16. Infra, xr, 14; xiv, 11. — 26. Infra, xvi, 12. 


45. Toute la race d'Ephraim; les dix tribus entre lesquelles celle d'Ephraim tenait 
le premier rang. 

18. La reine du ciel; c'est-à-dire, la lune, selon l'opinion la plus probable. — * La 
reine du ciel se confondait avec la déesse Astarté. Les gàteaux qu'on faisait en son 
honneur avaient la forme de croissants de lune. 

22. Au sujet; littér. sur ou touchant la parole (de verbo); mais, comme on a déjà 
pu 16 remarquer, les Hébreux exprimaient, par le même terme, parole, chose, événe- 
ment, molif, cause. — Les lois cérémonielles ne furent pas données aux Israélites en 
méme temps que les préceptes moraux. Ces lois cérémonielles ne furent que comme 
un accessoire pour servir de remède aux penchants des Israélites charnels, en les 
assujettissant à des sacrifices sensibles, et à des cérémonies extérieures, comme étant 
plus propres à fixer des esprits peu capables d'un culte tout spirituel et tout in- 
térieur. 

23. La chose (verbum). Voy. sur ce mot, le vers. 22, 

29. Me levant, ete. Voy. le vers. 13. 


Ae da 105 


1714 
mais ils ont rendu leur cou in- 
flexible, et ils ont fait pis queleurs 
pères. 

27. Et tu leur diras toutes ces 
choses, et ils ne t’écouteront 
point; tu les appelleras, et ils ne 
te répondront point. 

28. Et tu leur diras : Voici la na- 
tion qui n'a pas écouté la voix du 
Seigneur son Dieu, et qui n'a pas 
recu sa correction ; la bonne foia 
péri, et elle a été enlevée de leur 
bouche. 

29. Tonds ta chevelure, et jette- 
la; pousse en haut des plaintes, 
parce que le Seigneur a rejeté et 
abandonné la génération de sa fu- 
reur. 

30. Parce que les fils de Juda 
ont fait le mal devant mes yeux, 
dit le Seigneur. Ils ont mis leurs 
pierres d'achoppement dans la 
maison dans laquelle a été invo- 
qué mon nom, afin de la souiller; 

31. Etils ont bâti des hauts lieux 
à Topheth, qui est dans la Vallée 
du fils d'Ennom, afin d'y brüler 
leurs fils et leurs filles au feu; 
choses que je n'ai pas ordonnées, 
ni pensées dans mon cœur. 

32. C'est pourquoi voilà que des 
jours viendront, dit le Seigneur, 
et l'on ne dira plus Topheth, et 
la Vallée du fils dEnnom; mais 

la Vallée du carnage; et l'on en- 


34. Ezéch., xxvi, 13. 


JEREMIE. 


[cu. viii.) 
sevelira à Topheth, parce qu'il n'y 
aura pas d'autre lieu pour ense- 
velir. 

33. Et les cadavres de ce peuple 
seront en páture aux oiseaux du 
ciel et aux bétes de la terre, et il 
n'y aura personne qui les chasse. 

34. Et je ferai cesser, dans les 
villes de Juda et dans les places 
publiques de Jérusalem, la voix 
de la joie et la voix del'allégresse, 
la voix de l'époux et la voix de 
l'épouse; car laterresera désolée. 


CHAPITRE VIII. 


Chátiment de Jérusalem. Impénitence du 
peuple juif. Faux sages. Désolation de 
la Judée. Affliction du prophète. Gé- 
missement de la fille de Sion. Résine 
et médecins de Galaad. 


1. En ce temps-là, dit le Sei- 
gneur, on jettera les os des rois 
de Juda, et les os de ses princes, 
et les os des prêtres, et les os des 
prophètes, et les os de ceux qui 
ont habité Jérusalem, hors de 
leurs sépulcres; 

2. Et on les exposera au soleil 
et à la lune, et à toute la milice 
du ciel, qu'ils ont aimés, qu'ils 
ont servis, qu'ils ont cherchés et 
qu'ils ont adorés; on ne les re- 
cueillera pas, et on ne les ense- 
velira pas; comme un fumier, ils 
seront sur la face de la terre. 


29. Tonds, etc. Couper ses cheveux était une marque de deuil. — Pousse en haut, etc.; 
ou sur les hauteurs, suivant l'hébreu. — On allait, en effet, sur les hauteurs, pleurer 
les malheurs publies et particuliers. — De sa fureur; qui a excité sa fureur. 

30. Pierres d'achoppement. Voy. sur cette expression, 1v, 1. — Dans laquelle, etc. 


Voy. vr, 10. 


31. Topheth et la vallée du fils d'Ennom étaient au midi de Jérusalem. Topheth 
avait un bois et un temple consacrés au dieu Moloch. — * Sur Topheth, עשנסץ‎ 6 


XXX, 4 


32. Pour ensevelir. Ces mots se trouvent dans le passage parallèle, xix, 11. 


1-2. * Voir Baruch, τι, 94-25. 


[cu. ναι. JÉRÉMIE. 1745 

3. Et ils choisiront la mort plu- | ont été épouvantés et pris; car 
tôt que la vie, tous ceux qui se- | ils ont rejeté la parole du Sei- 
ronl restés de cette race très mé- | gneur, et il n'est aucune sagesse 
chante, dans tous les lieux qui ont | en eux. 


été abandonnés, dans lesquels je 10. A cause de cela je donnerai 
les ai jetés, dit le Seigneur des | leurs femmes à des étrangers, et 
armées. leurs champs à des héritiers, parce 


4. Et tu leur diras : Voici ceque | que, depuis le plus petit jusqu'au 
dit le Seigneur: Est-ce que celui | plus grand, tous suivent lava- 
qui tombe ne se relèvera pas? et | rice; et que depuis le prophète 
celui qui s'est détourné nerevien- | jusqu'au prétre, tous commettent 
dra-t-il pas? le mensonge. 

9. Pourquoi donc ce peuple à 11. Et ils guérissaient la bles- 
Jérusalem s'est-il détournéparun | sure de la fille de mon peuple 
détournement opiniâtre? Ils ont | avec ignominie, disant : Paix, 
saisi le mensonge, etils n'ont pas | paix, lorsqu'il n'y avait point de 
voulu revenir. paix. 

6. J'ai prété attention et j'ai 12. Ilis out été confus, parce 
écouté ; personne ne ditce qui est | qu'ils ont fait des abominations : 
bon; il n'en est aucun qui fasse | et encore ne l'ont-ils pas été en- 
pénitence de son péché, disant: | tierement, et n'ont-ils pas su 
Qu'ai-je fait? tous ont suivi leur | rougir; c'est pour cela qu'ils 
cours, comme un cheval qui s'é- | tomberont parmi ceux qui sont 
lance avec impétuosité au com- | renversés; qu'au temps de leur 


bat. visitation ils seront renversés 
1. Le milan connait dans le ciel | tous ensemble, ditle Seigneur. 
son temps; la tourterelle, l'hiron- 13. Les rassemblant, je les ras- 


delle et la cigogne gardent le | semblerai, dit le Seigneur; il n'y 
temps de leur arrivée; mais mon | a pas de raisin aux vignes, et il 
peuple n'a pas connulejugement | n'y a pas de figue aux figuiers, 
du Seigneur. les feuilles sont tombées; et ce 

8. Comment dites-vous : Nous | que je leur avais donné leur a 
sommes sages, etlaloideDieuest | échappé. 


avec nous? il a vraiment gravé le 14. Pourquoi sommes-nous as- 
mensonge, le style menteur des | sis? venez ensemble, entrons 
scribes. dans la ville fortifiée, et soyons-y 


9. Les sages ont été confus, ils | en silence; car le Seigneur notre 
βαρ. VIII. 10. Isaie, Lvi, 11; Supra, vi, 19. — 14. Infra, 1x, ₪. 


1. Dans le ciel; d'après la température du ciel. — Son temps; le temps où il doit 
quitter les pays froids pour aller dans les pays chauds; ce que font aussi la tour- 
terelle, l'hirondelle et la cigogne. 

8. * Style ; instrument dont on se servait pour écrire. 

11. Ils guérissaient, etc. Compar. νι, 14. 

12. Ils ont été confus. Voy. pour l'explication de ce verset, vr, 15. 

13. Les rassemblant, je les russemblerai; hébraisme pour, je les vassemblerai en- 
hèrement, tous. — Leur a échappé; pour aller aux Chaldéens, leurs ennemis. 


1716 jÉRÉMIE, 


Dieu nous a réduits àu silence, 
et il nous a donné pour breuvage 
de l'eau de fiel; car nous avons 
péché contre le Seigneur. 

15. Nous avons attendu la paix, 
et nul bien n'est venu ; le temps 
de la guérison, et voilà l'épou- 
vante. 

16. Le roulement de ses che- 
vaux a été entendu de Dan; à 
la voix des hennissements de 
ses combattants, toute la terre 
a été émue; etils sont venus, et 
ils ont dévoré la terre et tout ce 
qu'elle contient, la ville et ses 
habitants. 

17. Parce que voilà que moi, je 
vous enverrai des serpents, des 
basilics, contre lesquels il n'ya 
point d'enchantement, et ils vous 
mordront, ditle Seigneur. 

18. Ma douleur est au-dessus 
d'une douleur; au-dedans de moi, 
mon cœur est trisle. 

19. Voilà la voix de la fille de 
mon peuple qui me crie d'une 
terre lointaine : Est-ce que le Sei- 
gneur n'esl pas dans Sion, ou son 
roi n'est-il pas en elle? Pourquoi 
done m'ont ils excité au courroux 
par leurs images taillées au ci- 
seau, et par des vanités étran- 
geres? 

20. La moisson est passée, 

15. Infra, xiv, 19. 


(cn. 1x.] 


l'été est fini, et nous, uous n'a- 
vons pas été sauvés. 

21. Je suis brisé à cause du bri- 
sement de la fille de mon peuple, 
et contrislé; la stupeur m'a saisi. 

22. Est-ce qu'il n'y a point de 
résine en Galaad? ou n'y a-t-il pas 
là de médecin? pourquoi donc 
n'a-t-elle pas été fermée, la bles- 
sure de la fille de mon peuple? 


Enti CHAPITRE IX. 


Jérémie déplore le malheur du peuple 
juif. Le Seigneur cherche un homme 
sage qui comprenne ses jugements. 
Femmes appelées pour pleurer la dé- 
solation de Juda. Vengeance du Sei- 
gneur sur Juda et sur les peuples voi- 
sins. 

1. Qui donnera à ma téte de 
leau, et à mes yeux une fon- 
taine de larmes? et je pleurerai 
jour et nuit les morts de la fille 
de mon peuple. 

2. Qui me donnera dans la soli- 
tude une cabane de voyageur, et 
j'akandonnerai ce peuple, et je 
me retirerai d'eux? parce que 
tous sont adulteres, troupe de 
prévaricateurs. 

3. Et ils ont tendu leur langue 
comme un arc de mensonge et 
non de vérité : ils se sont forti- 
fiés sur la terre, parce qu'ils ont 
passé d'un mal à un autre mal, 


16. Ses chevaux; c'est-à-dire des chevaux de l'ennemi. — Dan. Voy. 1v, 15. — Hen- 
nissements; mot que l'Ecriture applique quelquefois à l'homme, quoiqu'il exprime 
Je cri ordinaire du cheval. Voy. v, 8; xu, 21; xxxi, 7; 2006, 1v, 1, etc. 

11. * Contre lesquels il n'y a point d'enchantement. Le peuple croyait que les char- 
meurs de serpents pouvaient les empécher de nuire. 

18. Ma douleur, etc. Ce sont les paroles du Prophète, 

19. Images taillées au ciseau; c'est-à-dire idoles. — Vanilés; autre nom que la Bible 
donne aux faux dieux pour marquer leur impuissance. 

21, Je suis brisé, etc. C'est le Prophète qui parle. 

22. De résine en Galaad. La résine de Galaad est trés célèbre dans l'Ecriture. Voy. 
XLVI, 11; LI, 8. Genèse, xxxvii, 25. — * La résine ou baume de Galaad était regardée 
comme un remède excellent, surtout pour la guérison des blessures. 


]68. 1x.] 


etils ne m'ont pas connu, dit le 
Seigneur. 

4. Que chacun se garde de 
son prochain, et qu'il ne se fie à 
aucun de ses fréres; parce que 
tout frère supplantant supplan- 
tera son frére, et que l'ami mar- 
chera frauduleusement. 

ὃ. Et chaque homme se rira de 
son frère, et ils ne diront pas la 
vérité; car ils ont formé leurs 
langues à parler mensonge; ils 
ont travaillé à iniquement agir. 

6. Ta demeure est au milieu de 
la tromperie; c'est par tromperie 
qu'ils ont refusé de me connaitre, 
dit le Seigneur. 

7. À cause de cela voici ce que 
ditle Seigneur des armées : Voilà 
que je les fonderai, et que je les 
éprouverai par le feu: car que 
feraije autre chose vis-à-vis de 
la fille de mon peuple? 

8. C'est unefléche blessante que 
leur langue; elle a parlé trompe- 
rie; chacun en sa bouche parle 
paix avec son ami, et en cachette 
il lui tend des pièges. 

9. Est-ce que je ne visiterai pas 
ces crimes, dit le Seigneur, ou 
d'une pareille nation mon âme 
ne se vengera-t-elle pas? 

10. Sur les montagnes je m'a- 
bandonnerai aux larmes et aux 
lamentations; et sur les belles 
contrées du désert, aux plaintes, 
parce qu'elles ont été brülées, 


JÉRÉMIE. 


1717 
pour qu'il n'y ait pas d'homme 
qui y passe; on n'a pas entendu 
la voix du possesseur; depuis 
l'oiseau du ciel jusqu'aux trou- 
peaux, {ous ont émigré et se sont 
retirés. 

11. Et je ferai de Jérusalem 
des monceaux de sable et un re- 
paire de dragons; et les cités de 
Juda, je les livrerai à la désola- 
lion, pour qu'il n'y ait point d'ha- 
bitant. 

12. Quel est l'homme sage qui 
comprenne ceci, et à quila parole 
de Dieu soit adressée, afin qu'il 
l'annonce, qui comprenne pour- 
quoi cette terre a péri, qu'elle a 
été brülée comme un désert, 
pour qu'il n'y ait pas d'Aomme 
qui y passe? 

13. Et le Seigneur a dit : C'est 
parce qu'ils ont abandonné ma 
loi que jeleur ai donnée, et qu'ils 
n'ont pas écouté ma voix, et qu'ils 
n'ont pas marché en elle ; 

14. Et parce qu'ils ont suivi 
la dépravation de leur cœur, et 
les Baalim;ce qu'ils ont appris de 
leurs peres. 

15. C'est pourquoi, voici ce que 
ditle Seigneur des armées, Dieu 
d'Israél: Voilà que je nourrirai 
ce peuple d'absinthe, et je lui 
donnerai pour breuvage de l'eau 
de fiel. 

16. Et je les disperserai parmi 
des nations qu'ils n'ont point 


CnaP. IX. 8. Ps. xxvir, 3. — 15. Infra, xxiu, 15. 


4. Supplantant supplantera; hébraisme pour supplantera entièrement, de toute 
manière, — Marchera; c'est-à-dire agira, se conduira. 
9. Je ne visiterai; je ne chátierai. Compar. v, 9. 


11. * Des dragons. Hébreu : des chacals. 


12. D'homme ; ce mot se trouve exprimé dans l'endroit parailéle, vers. 10, 
13. N'ont pas, etc.; ne lont pas suivie, s'en sont écartés. 


14. Les Baalim. Voy. τι, 23. 
15. * D'absinthe, voir Proverbes, v, 4. 


1718 


connues, eux et leurs pères, 
et j'enverrai apres eux le glaive, 
jusqu'à ce qu'ils soient consu- 
més. 

117. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées, Dieu d'Israël : Regar- 
dez attentivement, et appelez les 
pleureuses, et qu'elles viennent; 
envoyez à celles qui sont sages, 
et qu'elles s'empressent; 

18. Qu'ellesse hátent, et qu'elles 
fassent entendre sur nous des 
lamentations ; que nos yeux ver- 
sent des larmes, et que de nos 
paupières coulent des eaux. 

19. Parce qu'une voix delamen- 
tation a été entendue de Sion : 
Comment avons-nous été ravagés 
et couverts d'une grande con- 
fusion? puisque nous avons aban- 
donné notre terre, et que nos 
tabernacles ont été abattus. 

90. Ecoutez donc, femmes, la 
parole du Seigneur; que vos 
oreilles saisissent le discours de 
sa bouche ; enseignez à vos filles 
les lamentations, et que chacune 
apprenne à sa voisine les cris 
plaintifs ; 

21. Parce que la mort est mon- 
tée par nos fenétres, qu'elle est 
entrée dans nos maisons, pour 
exterminer les petits enfants au 


95. p 0601 ἴν, 1915 Day Das ne 


JÉRÉMIE. 


[cn. 1x. 


dehors, et les jeunes hommes 
dans les places publiques. 

22. Parle : Voici ce que dit le 
Seigneur : Et le cadavre de 
l'homme tombera comme le fu- 
mier sur la face de la terre, et 
comme l'herbe derriere le dos du 
moissonneur, et il n'y a personne 
qui la recueille. 

93. Voici ce que ditle Seigneur : 
Que le sage ne se glorifie point 
dans sa sagesse; que le fort ne 
se glorifie point dans sa force, et 
que le riche ne se glorifie point 
dans ses richesses ; 

24. Mais que celui qui se glo- 
rifie se glorifie de cela, de me 
connaitre, et de savoir que c'est 
moi qui suis le Seigneur, qui fais 
miséricorde et jugement, et jus- 
tice sur la terre; c'est là ce qui 
me plait, dit le Seigneur. 

95. Voici que les jours vien- 
nent, dit le Seigneur, et que je 
visiterai quiconque est circoncis, 

26. L'Egypte, Juda, Edom, les 
fils d'Ammon et de Moab, ceux 
dont la chevelure est coupée, qui 
habitent dans le désert; parce 
que toutes ces nalions sont in- 
circoncises de corps, et toute la 
maison d'Israélestincirconcise de 
cœur. 


47. Les pleureuses. Chez les anciens Hébreux, comme aujourd'hui chez plusieurs 
peuples orientaux, on louait des femmes, qui dans les deuils, et particuliérement 
aux funérailles, excitaient aux pleurs par leur voix plaintive et leurs gestes lamen- 
tables. Saint Jérôme dit que cet usage existait encore de son temps. — Celles qui sont 
sages. C'était probablement parmi les pleureuses celles qui étaient chargées de con- 
soler les parents, ou celles qui composaient le cantique de deuil, et que les autres 
répétaient aprés elles. 

26. Ceux dont la chevelure, etc.; comme les peuples de l'Arabie déserte qui se cou- 
paient les cheveux en rond pour imiter leur dieu Bacchus. Compar., xxv, 23; xcix, 32; 
Lévit., xix, 21; xxr, 5. — Ces; mot exprimé dans le texte hébreu par l'article déter- 
minatif qui souvent s'emploie, en effet, pour le pronom déterminatif. 


[cu. x.] 


CHAPITRE X. 


Le Seigneur exhorte Israël à ne pas 
prendre part à l'idolàtrie des nations 
dans sa captivité. I] avertit Jérusalem 
de se préparer à la désolation dont 
elle est menacée. Jérusalem conjure le 
Seigneur de détourner d'elle sa colére. 


1. Ecoutez la parole que le Sei- 
gneur ἃ dite sur vous, maison 
d'Israël. 

2. Voici ce que dit le Seigneur: 
N'apprenez pas les voies des na- 
tions, et ne redoutez pas les si- 
gnes du ciel, que craignent les 
nations; 

3. Parce que les lois des peu- 
ples sont vaines; parce que l’œu- 
vre de la main d'un ouvrier ha- 
bile a coupé du bois de la forét 
avec la hache. 

4. Elle l'a orné d'or et d'ar- 
gent; elle en a joint /es parties 
avec des clous et des marteaux, 
afin qu'il ne se désunisse pas. 

5. Ces ceuvresont été fabriquées 
en forme de palmier; elles ne 
parleront pas; on les portera, on 
les enlévera, parce qu'elles ne 


JÉRÉMIE. 


1719 
peuvent marcher; ne les craignez 
donc pas, parce qu'elles ne peu- 
vent faire ni mal ni bien. 

6. Il n'est pas de semblable à 
vous, Seigneur; vous étes grand, 
vous, et grand est votre nom en 
puissance. 

7. Qui ne vous craindra pas, ὃ 
roi des nations? car à vous est la 
gloire parmi tous les sages des 
nations, et dans tous leurs royau- 
mes nul n'est semblable à vous. 

8. Tous également seront re- 
connus insensés et stupides; c'est 
une doctrine vaine que leur bois. 

9. On apporte de l'argent enve- 
loppé de Tharsis et del'or d'Ophaz, 
ouvrage d'un artisan, et de la 
main d'un ouvrier en airain;lhya- 
cinthe et la pourpre sont leur 
vétement; tout cela est un ouvra- 
ge d'artisans. 

10. Mais le Seigneur est le vrai 
Dieu ; lui-méme est le Dieu vivant 
et le roi éternel; par son indi- 
gnation la terre sera ébranlée, et 
les nations ne soutiendront pas 
sa menace. 

11. Ainsi donc tu leur diras : 


Cuar. X. 3. Supra, xir, 11; xiv, 8. — 6. Michée, vir, 18. — 7. Apoc., xv, 4. 


1-19. * Vanité des idoles. 


2. Ne redoutez, etc. Redouter, craindre, signifient ici comme daus bien d'autres 
passages, révérer, admirer, rendre le culle souverain, — Les signes du ciel; les astres, 
auxquels les Chaldéens attribuaient un grand pouvoir sur la conduite des hommes 
et le gouvernement du monde. 

3. L'œuvre de la main; c'est-à-dire la main par son œuvre, par son travail. 

4. Elle l'a orné, etc.; elle a orné ce bois en le couvrant de lames d'or et d'argent, 
selon la maniére de dorer et d'argenter dans ces temps-là. 

5. * En forme de palmier; hébreu : en forme de colonne; les idoles sont immobiles 
et sans vie comme des colonnes ou des troncs d'arbre. 

8. C'est une doctrine vaine; que celle qui leur fait envisager comme dieu un mor- 
ceau de bois. | 

9. * De l’argent enveloppé de Tharsis. L'argent enveloppait, couvrait le bois dont on 
fabriquait les idoles. — Les Phéniciens tiraient beaucoup d'argent de Tharsis ou Tar- 
tessus en Espagne. — De l'or d'Ophaz, pays inconnu; Ophir, d'après les uns; région 
de l'Arabie méridionale, d'après d'autres, et d'après d'autres encore, 1116 de Tapro- 
bane ou Ceylan, qui possédait un fleuve et un port appelé Phase. 

11. Ce verset, écrit dans le texte original en chaldéen et non en hébreu, semblc 
être une parenthèse entre le 10e et le 12e vers., dont il interrompt la suite. 


1720 


Que les dieux qui n'ont pas fait 
ies cieux et la terre disparaissent 
de la terre et de ce qui est sous le 
ciel. 

19. C'est le Seigneur qui fait 
la terre dans sa puissance, qui 
prépare le globe dans sa sagesse, 
et étend les cieux par sa pru- 
dence. 

13. À sa voix il met une quan- 
tité d'eaux dans le ciel, et il élève 
les nuées des extrémités de la 
terre; les éclairs, il les résout en 
pluie, et il fait sortir les vents de 
ses trésors. 

14. Tout homme est devenu in- 
sensé par sa propre science ; tout 
artisan ἃ été confondu par son 
image taillée au ciseau, parce que 
c'est une chose fausse qu'il a fon- 
due, et la vie n'y est pas. 

15. Ce sont des choses vaines, 
un ouvrage digne de risée; au 
temps de sa visite elles périront. 

16. Il n'est pas semblable à ces 
choses, celui qui est la part de 
Jacob; car celui qui a formé tou- 
tes choses, c'est lui-même, et Is- 
raél est la verge de son héritage; 
et le Seigneur des armées est son 
nom. 

17. Rassemble de la terre ta 


JÉRÉMIE. 


(cr. x.] 
confusion, {oi qui restes assié- 
gée; 

18. Parce que voici ce que dit 
le Seigneur : Voilà que moi je 
jetterai au loin les habitants de 
cette terre cette fois; et jeles af- 
fligerai, de telle sorte qu'on les 
saisira. 

19. Malheur à moi, à cause de 
ma ruine ; ma plaie esttres grave. 
Mais moi j'ai dit : Ce mal vient 
entierement de moi, et je le sup- 
porterai. 

20. Mon tabernacle a été dé- 
vasté, mes cordages ont été rom- 
pus; mes fils sont sortis de mon 
enceinte, et n'existent pas; il n'y 
a personne qui tende désormais 
ma tente et dresse mes pavillons. 

21. Parce que les pasteurs ont 
agi en insensés, etqu'ils n'ont pas 
cherché le Seigneur; à cause de 
cela ils ont été sans intelligence, 
et tout leur troupeau a été dis- 
persé. 

99. Voici qu'une voix relentis- 
sante vient, ainsi qu'un grand 
tumulte, de la terre de l'aquilon, 
pour faire des cités de Juda une 
solitude, et une demeure de dra- 
gons. 

93. Je sais, Seigneur, quà 


12. Genèse, 1, 1; Infra, 11, 15. — 13. Ps. cxxxiv, 7; Infra, τι, 16. 


M € Ó,‏ וו ו 


12. Qui ; se rapporte au pronom personnel de lui (ejus), qui termine le vers. 10e. 

44. N'y est pas; littér. en eux ou en elles (in eis); c'est-à-dire dans les dieux, nom- 
més au vers. 41e; ou bien dans l'image taillée au ciseau, et dans l'idole fondue, men- 
tionnées ici dans ce verset même 14. Peut-être aussi que la chose fausse qu'i a fon- 
due est considérée comme un nom collectif; ce qui justifierait l'emploi du pluriel. 
Le texte hébreu porte le pluriel masculin. 

15. De sa visite; de la visite du Seigneur. Compar. v, 9. 

16. La verge de son héritage; c'est-à-dire simplement son Aéritage. Plusieurs savants 
interprétes prétendent que les Hébreux se servaient de verges ou perches aussi bien 
que de cordes pour mesurer leurs terres. La méme expression se trouve, Ps. Lxxur, 2. 

18. Qu'on les saisira; qu'ils ne pourront pas échapper, littér., qu'ils soient trouvés, 
rencontrés, atteints. 

20. Mon tabernucle, mes pavillons. Voy. 1v, 20. 

22. * De la terre de l'aquilon; de la Babylonie. — Une demevre de dragons; de chacals. 


[cx. x1.] 


l'homme n'appartient pas sa voie, 
et qu'il n'est pas de l'homme de 
marcher et de diriger ses pas. 

24. Chátiez-moi, Seigneur, mais 
cependant dans votre justice, et 
non dans votre fureur, de peur 
que vous ne me réduisiez au 
néant. 
| 95. Répandez votre indigna- 
tion sur les nations qui ne vous 
ont pas connu, et sur les pro- 
,vinces qui n'ont pas invoqué 
votre nom; parce qu'elles ont 
mangé Jacob, et l'ont dévoré, et 
l'ont consumé, et ont dissipé sa 
gloire. : 


CHAPITRE XI. 


Habitants de Juda et de Jérusalem 
exhortés à observer l'alliance du Sei- 
gneur. Leur infidélité. Vengeances du 
Seigneur. Dieu défend à Jérémie de 
prier pour eux. Mauvais dessein qu'ils 
forment contre Jérémie. Prophétie 
contre Anathoth. 


1. Parole qui fut adréssée par le 
Seigneur à Jérémie, disant : 
2. Ecoutez les paroles de cette 


24. Ps. vr, 1. — 25. Ps. rxxvr, 6. 


JÉRÉMIE. 


4721 
alliance, et parlez aux hommes de 
Juda, et aux habitants de Jéru- 
salem; 

3. Et tu leur diras : Voici ce 
que dit le Seigneur, le Dieu d'Is- 
raél:Maudit l'homme qui n'écou- 
tera pas les paroles de cette al- 
liance, 

4. Que je prescrivis à vos peres, 
au jour où je les fis sortir de la 
terre d'Egypte, de la fournaise 
de fer, disant : Ecoutez ma voix, 
et faites tout ce que je vous or- 
donne;et vous serez mon peuple, 
et moi je serai votre Dieu; 

9. Afin que je fasse revivre le 
serment que je jurai à vos peres 
de leur donner une terre oü cou- 
leraient du laitet du miel, comme 
c'est en ce jour. Et je répondis et 
je dis : Amen, Seigneur. 

6. Et le Seigneur me dit : Crie 
à haute voix ces paroles dans 
toutes les cités de Juda, et en de- 
hors de Jérusalem, disant : Ecou- 
tez les paroles de cette alliance et 
observez-les ; 


24. Dans votre justice; littér. dans votre jugement, etc. La justice n'est pas toujours 
opposée à la. miséricorde; elle marque ici une justice tempérée de miséricorde; en 
sorte que le sens est: Chátiez-moi, selon l'ordre et l'équité de vos jugemenís, qui ne 
permettent pas que mes péchés demeurent impunis; mais non dans la rigueur de 
cette justice qui n'est pas arrétée par la miséricorde. Compar. xxx, 11. 


1-23. * 89 La violation de l'alliance du côté d'Israél est suivie de la rupture de cette 
alliance du côté de Dieu, xi. — La transition de la 1re à la 2e section se fait dans 
le ch. xr. — Jérémie rappelle, d'abord, l'alliance de Dieu avec son peuple et les en- 
gagements qu'avait contractés Israël, la violation de ces engagements et les châti- 
ments qui en avaient été la conséquence, 1-8. — Israél a violé de nouveau ses obli- 
gations; Dieu va done le chátier de nouveau, et ses idoles ne lui serviront de rien, 
9-13; le Prophéte ne peut plus méme prier pour son peuple, car le Seigneur con- 
sumera sans miséricorde le peuple qu'il avait planté, 14-17. — Comme preuve de la 
ruine future de Juda et de la justice de Dieu, Jérémie raconte que les habitants 
d'Anathoth ont voulu attenter à sa vie, mais que le Seigneur a prononcé contre eux 


une sentence terrible, 18-23. 


1. Disant (dicens). Voy. sur ce mot, 1, 4. 


4. De la fournaise de fer; c'est-à-dire, de la servitude trés dure. 
5. Comme c'est, etc.; comme cela se voit aujourd'hui; littér. dans la Vulgate, les 


Septante et l'hébreu, comme est ce jour. 


1722 

7. Car prenant à témoin, j'ai 
pris à témoin vos peres, depuis le 
jour où je les fis sortir dela terre 
d'Egypte jusqu'à ce jour; me le- 
vant dès le matin, je les ai pris à 
témoin et j'ai dit : Ecoutez ma 
VOIX ; 

8. Et ils n'ont pas écouté, et ils 
n'ont pas incliné leur oreille; 
mais ils ont suivi chacun la dépra- 
vation de son cœur mauvais; et 
jai amené sur eux toutes les pa- 
roles de cette alliance que je leur 
ai commandé d'observer, et qu'ils 
n'ont pas observée. 

9. Etle Seigneur me dit : Il a été 
découvert une conjuration parmi 
les hommes de Juda et les habi- 
tants de Jérusalem. 

10. Ils sont revenus aux pre- 
mières iniquités de leurs pères, 
qui n'ont pas voulu écouter mes 
paroles; ceux-ci donc sont allés 
de méme apres des dieux étran- 
gers, afin de les servir; la maison 
d'Israël et la maison de Juda ont 
rendu vaine l'alliance que j'avais 
conclue avec leurs peres. 

11. A cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur : Voilà que j'ame- 
nerai sur eux des maux dont ils 
ne pourront sortir; etils crieront 
vers moi, et je ne les exaucerai 
pas. 

19. Et les cités de Juda et les 
habitants de Jérusalem iront et 
crieront aux dieux auxquels ils 
font des libations, et ces dieux ne 


JÉRÉMIE. 


[cH. [.זצ‎ 


les sauveront pas au temps de 
leur affliction. 

13. Car selon le nombre de tes 
cités étaient tes dieux, ὃ Juda, et 
selon le nombre de tes rues, ὃ 
Jérusalem, tu as élevé des autels 
de confusion, des autels pour faire 
des libations aux Baalim. 

14. Toi donc, ne prie paspource 
peuple, et ne m'adresse pour eux 
ni louange, ni prière, parce que je 
ne les exaucerai pas au temps de 
leur cri vers moi, au temps deleur 
affliction. 

15. Pourquoi est-ce que mon 
bien-aimé a dans ma maison com- 
mis beaucoup de crimes? est-ce 
que des chairs saintes ôteront de 
toi tes méchancetés dont tu t'es 
elorifiée? 

16. Olivier fertile, beau, chargé 
de fruits, superbe, le Seigneur t'a 
appelée de ce nom; àla voix de sa 
parole, un grand feu s'est allumé 
dans cet olivier, et ses rameaux 
ont été brülés. 

17. Et le Seigneur des armées 
qui t'a planté, a prononcé le mal 
sur toi, à cause des maux de la 
maison d'Israël et de la maison 
de Juda, qu'elles se sont faits à 
elles-mêmes pour m'irriter en fai- 
sant des libations aux Baalim. 

18. Mais vous, Seigneur, vous 
m'avez fait voir leurs pensées, et 
je les ai connues; alors vous 
m'avez montré leurs œuvres. 

19. Et moi, j'ai été comme un 


Cab. XI. 13. Supra, 11, 28. — 14. Supra, vr, 16; Infra, xiv, 11. 


7. Me levant dés le matin. Voy. pour le sens de cette expression, vir, 13. 

13, 11. Baalim. Voy. 11, 39, — * Des autels de confusion ou d'ignominie. C'est par ce 
mot flétrissant qu'est désigné Baal, à qui ces autels étaient élevés. 

15. Des chairs saintes; des victimes, que tu me sacrilics. 

19. Et moi, etc. Jérémie est la figure de Jésus-Christ méme. — Mettons du bois; etc.; 
autre figure du divin Sauveur, vrai pain de vie descendu du ciel et attaché à une 
croix de bois sur le Calvaire. C'est ainsi que les Péres ont expliqué ce passage. 


ἴση. xir.) 


agneau plein de douceur que l'on 
porte pour en faire une victime; 
et je n'ai pas su qu'ils formaient 
contre moi des projets, disant : 
Mettons du bois dans son pain, 
rayons-le dela terre des vivants, 
et que son nom ne soit plus rap- 
pelé dans la mémoire. 

90. Mais vous, Seigneur Sa- 
'baoth, vous qui jugez justement 
et qui éprouvez les reins et les 
cœurs, que je voie votre ven- 
geance sur eux; car je vous ai 
révélé ma cause. 

91. A cause de cela, voici ce 
que dit le Seigneur aux hommes 
d'Anathoth, qui cherchent mon 
àme, et disent : Tu ne prophé- 
liseras pas au nom du Seigneur, 
et tu ne mourras pas de nos 
mains. 

22. C'est pourquoi voici ce que 
ditle Seigneur des armées : Voilà 
que moi je les visiterai;les jeunes 
hommes mourront par le glaive, 


JÉRÉMIE. 


1723 


leurs fils etleurs filles mourront 
de faim. 

98. Et rien ne restera d'eux ; 
car jamenerai le mal sur les 
hommes d'Anathoth, l'année de 
leur visite. 


CHAPITRE XII. 


Le prophéte se plaint à Dieu de la pros- 
périté des méchants. Dieu lui annonce 
les persécutions qu'il aura à souffrir. 
Désolation de l'héritage du Seigneur. 
Vengeance du Seigneur sur les peuples 
voisins de Juda. Rétablissement de ces 
peuples. Derniére vengeance sur eux. 


1. Vous êtes certainementjuste, 
vous, Seigneur, si je dispute avec 
vous; cependant je vous dirai des 
choses justes : Pourquoi la voie 
des impies est-elle prospere, ef le 
bonheur est-il pour tous ceux qui 
prévariquent, et qui agissentini- 
quement ? 

9. Vous les avez plantés, et ils 
ont poussé des racines; ils crois- 
sent, et font du fruit; vous étes 


20. Infra, xvi, 10; xx, 12. — 0. XH. 1. Job, xxr, 7; Hab., 1, 13. 


20. Sabaoth; mot hébreu que l'on traduit ordinairement par armées; mais dont le 
sens primitif est : ce que le ciel el la lerre renferment. Compar. Genèse, τι, 1. — Les 
reins. Ce mot se prend en hébreu pour l'esprit, l'intérieur en général. 

21. Anathoth était la patrie de Jérémie. Voy. 1, 1. — Qui cherchent mon âme. Voy. 
pour le sens de cette expression, iv, 30. — Tu ne prophétiseras pas, etc.; c'est une 
menace dont le sens est : Ne prophétise pas, etc., si tu ne veux pas mourir de nos 
mains. 

23. L'année (annum). Cet accusatif peut étre considéré grammaticalement comme 
complément direct du verbe précédent j'aménerai (inducam), et par là même comme 
un explicatif du mot mal, ou bien comme un accusatif adverbial de temps, signifiant 
en l’année. L'hébreu, ainsi que la Vulgate, est susceptible de ces deux sens; mais 
les Septante ont traduit conformément à ce dernier. — Visite; c'est-à-dire punition, 
chátiment. 


1-17. * Hfe section : La réprobation d'Israël est définitive, xn-xvir. — 19 Le Seigneur 
ennemi d'Israël, xit. — Jérémie prie Dieu de chátier promptement les impies, 1-3 — 
Dieu lui répond de les rassembler comme un troupeau qu'on destine à la boucherie; 
ils vont périr, 4-6; son peuple est devenu son ennemi : il le traitera donc lui-même 
en ennemi et donnera son héritage à des étrangers, 7-13; il fera cependant sentir 
aussi le poids de sa justice aux Gentils; il les détruira, quand il plantera de nouveau 
son peuple qu'il déracine maintenant, 14-17. 

1. Vous étes juste; c'est-à-dire trop juste. — S 7e dispute: ou mieux, selon l'hébreu, 
pour que 76 dispute. | 

2. Reins. Voy., pour le sens de ce mot, x!, 24, 


1724 
pres de leur bouche, et loin de 
leurs reins. 

3. Et vous, Seigneur, vous 
m'avez connu, vous m'avez vu et 
vous avez éprouvé que mon cœur 
esL avec vous; assemblez-les com- 
me un troupeau destiné au sacri- 
fice, et consacrez-les pour le jour 
de la tuerie. 

4. Jusques à quand la terre 
pleurera-t-elle, et l'herbe de toute 
la contrée sera-t-elle desséchée, 
à cause de la méchanceté de ceux 
qui l'habitent? le quadrupède et 
le volatile ont été consumés, 
parce que ces hommes ont dit : 
Dieu ne verra pas nos derniers 
moments. 

9. Si en courant avec les pié- 
tons, tu t'es fatigué, comment 
pourras-tu le disputer de vitesse 
aux chevaux? mais si dans une 
terre de paix tu étais en süreté, 
que feras-tu au milieu del'orgueil 
du Jourdain? 

6. Car tes frères et la maison 
de ton père, eux aussi ont com- 
battu contre toi, et ont crié 


JÉRÉMIE. 


[cu. χα. 
derrière toi à pleine voix; ne 
les crois pas, lorsqu'ils te donne- 
ront de bonnes paroles. 

7. J'ai laissé ma maison; j'ai 
abandonné mon héritage; j'ai 
livré mon àme chérie aux mains 
de sesennemis. . 

8. Mon héritage est devenu 
pour moi comme un lion dans la 
forét; ila élevé sa voix contre 
moi; c'est pourcela que jel'ai hai. 

9. Est-ce que mon héritage n'est 
pas pour moi un oiseau de di- 
verses couleurs? n'est-ce pas un 
oiseau entierement coloré? ve- 
nez, assemblez-vous, vous toutes, 
bétes de la terre; hátez-vous pour 
dévorer. 

10. Des pasteurs nombreux ont 
ravagé ma vigne,ils ont foulé aux 
pieds mon partage; ils ont fait 
de mon partage précieux un dé- 
sert solitaire. 

11. Ils l'ont livré à la dévasta- 
lion, etil a pleuré sur moi; par 
la désolation a été désolée toute 
laterre, parce qu'il n'est personne 
qui réfléchisse en son cœur. 


3. Consacrez-les, etc.; c'est-à-dire séparez-les, mettez-les de cóté comme une chose 
sainte et destinée à être la matière du sacrifice. Ainsi le sens est : Regardez-les dés 
ce moment comme des victimes destinées au sacrifice. 

5. Si en courant, etc. C'est probablement une locution proverbiale et parabolique, 


qui veut dire ici : 


Les Philistins, les Iduméens, les Ammonites et les Moabites, qui 


n'avaient que de l'infanterie, t'ont souvent battu, sans que tu aies pu leur résister, 
comment résisteras-tu aux Chaldéens qui ont une puissante cavalerie et de nom- 
breux chariots? — L'orgueil du Jourdain (superbia Jordanis); le regonflement du 
Jourdain, selon les uns, ou, selon les autres, la gloire du Jourdain, c'est-à-dire son 
rivage couvert de verdure, ombragé par des saules, des tamarisques, etc., etc., au mi- 
lieu desquels habitaient les bêtes sauvages (xvix, 19; 1, 4. Zachar., xt, 3). Ainsi le 
Seigneur répond au Prophéte : Tu te croyais en süreté dans ton pays qui devait étre 
pour toi une terre de paix ; que deviendras-tu, lorsque l'armée, grossie des troupes 
qui t'environnent, semblable au Jourdain débordé, viendra inonder la Judée? ou 
bien, lorsque tu te trouveras sur les bords du Jourdain exposé aux bêtes sauvages? 

1. Ma maison; mon temple. — Mon héritage; mon peuple. — Mon âme chérie; Jé- 
rusalem, qui m'était chére comme mon áme. 

9. * Un oiseau de diverses couleurs. On ignore de quel oiseau parle le Prophéte. Le 
sens est que le peuple d'Israël est devenu pour tous un sujet de mépris et de persé- 
cution, comme un oiseau dépaysé au milieu d'autres oiseaux, qui le distinguent à 
cause de la différence de sa couleur et le pourchassent. 

11. Par la désolation a été désolée; hébraisme, pour a été entièrement désolée, 


[. זז .אס ' 


19. Sur toutes les voies du 
désert sont venus des dévasta- 
leurs; parce que le glaive du 
Seigneur dévorera d'une extré- 
mité de la terre à son autre extré- 
mité ; il n'y a de paix pour aucune 
chair. 

13. [15 ont semé du froment, et 
ils ont moissonné des épines ; ils 
ont recu un héritage, 6111 ne leur 
servira pas; vous serez confondus 
par la perte de vos fruits, à cause 
de la colère de la fureur du Sei- 
gneur. 

14. Voici ce que dit le Seigneur 
contre tous ces voisins trés mé- 
chants, qui touchent à l'héritage 
que j'ai distribué à mon peuple 
d'Israél : Voilà que moi je les arra- 
cherai de leur terre, et que j'arra- 
cherai la maison de Juda du mi- 
lieu d'eux. 

15. Et lorsque je les aurai ainsi 
déracinés, je me tournerai et j'au- 
rai pitié d'eux, etje les ramènerai 
l'un dans son héritage, et l'autre 
dans sa terre. 


JÉRÉMIE. 


1125 
truits, ils apprennent les voies 
de mon peuple et jurent par mon 
nom : LeSeigneur vit! comme ils 
ont appris à mon peuple à juret 
par Baal, ils seront établis au mi: 
lieu de mon peuple. 

17. Que s'ils n'écoutent point 
ma voix, je les extirperai par 
lextirpation et par la ruine, dit 
le Seigneur. 


CHAPITRE XIII. 


Ceinture de Jérémie cachée et pourrie, 
flgure des Juifs rejetés de Dieu. Jérémie 
les exhorte à faire pénitence; il leur 
reproche leurs infidélités et leur an- 
nonce les vengeances du Seigneur. 


1. Voici ce que le Seigneur me 
dit : Va, et procure-toi une cein- 
ture de lin, et tu la mettras sur 
tes reins, et tu ne la laveras pas 
dans l'eau. 

2. Et je me procurai cette cein- 
ture, selon la parole du Seigneur, 
et je la mis autour de mes reins. 

3. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée une seconde fois, di- 


16. EL il arrivera que si, ins- | sant : 


12. Aucune chair. En hébreu le mot tout, accompagné d'une négation, signifie nul, 
aucun. — Chair, dans le langage de la Bible, signifie souvent homme, mortel. 


13. La colére de la fureur. Voy. 1v, 8. 


15. L'un et l'autre; c'est le sens du terme hébreu rendu dans la Vulgate par homme 
et homme (virum et virum). 

16. Le Seigneur vit! formule de serment. Voy. 1v, 2. 

17. Je les extirperai par l'extirpalion; hébraisme, pour 7e les eztirperai entièrement. 


1-21. * 20 Dieu rejette son peuple comme inutile, xir. — Jérémie reçoit l'ordre 
d'aller enterrer une ceinture sur les bords de l'Euphrate, où elle pourrit. Il fit le 
voyage réellement, selon les uns, en vision seulement, ce qui est plus probable, selon 
les autres. Quoi qu'il en soit, Dieu déclare qu'il s'était attaché Israël comme une 
ceinture, mais qu'il la rejette maintenant comme un objet hors d'usage, 1-11. — De 
méme qu'on remplit des vases de vin, il remplit le peuple d'un esprit d'ivresse pour 
le briser, 12-14. — Qu'Israél fasse donc pénitence avant que ce malheur arrive! 15-17. 
Mais il ne se convertit pas; malheur à lui! 18-27. 

1. Ceinture. C'était une sorte de jupe de femme, qui tenait lieu de haut-de-chausses 
aux hommes, surtout lorsqu'ils étaient en voyage, ou qu'ils travaillaient à la cam- 
pagne. C'est peut-étre ce qui a fait dire à saint Jéróme que c'était un habit de femme. 

2. Cetle. Ce pronom se trouve représenté par l'article déterminatif qui, dans leg 
Septante comme le texte hébreu, précède le mot ceinture. 

3. Disant. Voy. sur ce mot, 1, 4. 


1720 

4. Prends la ceinture que tu t'es 
procurée, qui est autour de tes 
reins; et te levant, va vers l'Eu- 
phrate, et cache-la dans le trou 
d'un rocher. 

5. Et j'allai, et je la cachai pres 
de l'Euphrate, comme le Seigneur 
m'avait ordonné. 

6. Et il arriva, après plusieurs 
jours, que le Seigneur me dit : 
Lève-toi, va vers lEuphrate, et 
tires-en la ceinture que je t'ai or- 
donné d'y cacher. 

7. Et j'allai vers l'Euphrate, et 
je creusai, et je tirai la ceinture 
du lieu oü je l'avais cachée; et 
voilà quela ceinture était pourrie, 
de telle sorte qu'elle n'était pro- 
pre à aucun usage. 

8. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

9. Voici ce que dit le Seigneur : 
Ainsi je ferai pourrir l'orgueil de 
Juda et l'orgueil excessif de Jéru- 
salem; 

10. Ce peuple trés méchant, 
qui ne veut pas entendre mes 
paroles et qui marche dans la 
dépravation de son cœur, qui a 
couru apres des dieux étrangers, 
afin de les servir et de les ado- 
rer; et il sera comme cette cein- 
ture, qui n'est propre à aucun 
usage. 

11. Car comme la ceinture s'at- 
tache aux reins d'un homme, ainsi 
je me suis uni étroitement toute 
la maison d'Israél et toute la mai- 
son de Juda, dit le Seigneur, afin 


JÉRÉMIE. 


[cu. xur.] 


qu'elles fussent mon peuple, et 
mon nom, et ma louange, et ma 
gloire, et elles ne vont pas 
écouté. 

12. Tu leur diras donc cette 
parole : Voici ce que dit le Sei- 
gneur, Dieu d'Israél : Toute pe- 
tite bouteille sera remplie de 
vin. Et ils te diront : Est-ce que 
nous ignorons que toute petite 
bouteille sera remplie de vin? 

13. Et tu leur diras : Voicice que 
dit le Seigneur : Voilà que moi je 
remplirai d'ivresse tous les habi- 
tants de cette terre, et les rois de 
la race de David qui sont assis sur 
le tróne, et les prétres et les pro- 
phetes, et tous les habitants de 
Jérusalem; 

14. Et je les disperserai en sé- 
parant un homme de son frère; 
elles peres et les fils pareille- 
ment, dit le Seigneur; je n'épar- 
gnerai pas, et je n'accorderai 
rien, je n'aurai pas assez de pitié 
pour ne pas les perdre entière- 
ment. 

15. Ecoutez et prétez l'oreille. 
Ne vous enorgueillissez point; 
parce que c’est le Seigneur qui a 
parlé. 

16. Rendez gloire au Seigneur 
votre Dieu, avant que les ténè- 
bres viennent, et avant que vos 
pieds heurtent contre des monta- 
gnes obscures; vous attendrez la 
lumiere, et le Seigneur la chan- 
gera en ombre de mort et eu une 
profonde obscurité. 


4. * Vers Euphrate; le grand fleuve qui baigne Babylone et sur les rives duquel 


les Hébreux devaient étre captifs. 


10. Ce peuple (populum); à laccusatif comme régime direct de je ferai pourrir 


(putrescere faciam) du verset 9. 


11. Qu'elles fussent mon nom ; c'est-à-dire qu'elles fussent connues sous mon nom, 


sous le nom de peuple du Seigneur. 


12. Leur; à ce peuple, nom collectif équivalant à un pluriel, 


[cH. xiv.] 


11. Si vous n'écoutez pas cela, 
mon âme pleurera en secret à 
cause de votre orgueil : mon ceil 
pleurant pleurera et fera couler 
des larmes, parce que le troupeau 
du Seigneur a été pris. 

18. Dis au roi et à la souve- 
raine : Humiliez-vous, asseyez- 
vous, parce que de votre téte est 
tombée la couronne de votre 
gloire. 

19. Les villes du midi sont fer- 
mées, et il n'y a personne qui /es 
ouvre; tout Juda a été transféré 
par une transmigration entière. 

20. Levez vos yeux, et voyez, 
vous qui venez de l'aquilon ; oü 
est le troupeau qui t'a été donné, 
ton troupeau glorieux? 

21. Que diras-tu lorsque Dieu te 
visitera? c'est toi qui as enseigné 
tes ennemis contre toi-même, et 
qui les a instruits en exposant ta 
tête : est-ce que les douleurs ne te 
saisiront pas comme une femme 
en travail? 

29. Que si tu dis en ton cœur : 
Pourquoi sont venus sur moi ces 
maux ? C'est à cause de la multi- 
tude de tes iniquités qu'a été mise 
à découvert ta honte et qu'ont 
été souillées les plantes de tes 
pieds. 

93. Si un Ethiopien peut chan- 


JÉRÉMIE. 


1727 
ger sa peau, ou un léopard ses 
couleurs variées, vous aussi, vous 
pourrezfairele bien, quoique vous 
ayez appris le mal. 

24. Je les disperserai comme la 
paille qui parle vent est emportée 
dans le désert. 

25. C'est 18 ton sort et la part 
que je t'ai mesurée, dit le Sei- 
gneur, parce que tu m'as oublié, 
et que tu (t'es confiée dans le 
mensonge; 

26. De là vient que moi aussi 
j al exposé ta nudité, et qu'a paru 
ton ignominie, 

27. Tes adulteres, tes hennis- 
sements et le crime de ta fornica- 
tion, sur les collines, dans les 
campagnes, j'ai vu tes abomina- 
tions. Malheur à toi, Jérusalem! 
tu ne te purifieras pas en mar- 
chant àma suite ; jusques à quand 
encore ? 


CHAPITRE XIV. 


Sécheresse et famine dans le pays de 
Juda. Priére de Jérémie au nom du 
peuple. Faux prophétes qui séduisent 
le peuple en lui promettant la paix. 
Jérémie renouvelle ses instances au 
nom du peuple. 


1. Parole du Seigneur qui fut 
adressée à Jérémie au sujet de la 
sécheresse. 


Cap. XIII. 17. Lamen, 1, .ל‎ — 22. Infra, xxx, 14. 


17. À cause de; littér. et par hébraisme, à la face de. 

18. Asseyez-vous; par terre, dans la poussière. 

19. Les villes du midi. Jérusalem et toutes les villes de Juda étaient situées au midi 
à l’ésard de la Chaldée, ou du moins à l'égard de l'arrivée des Chaldéens par le nord. 

23. * L'Ethiopien ne peut cesser d'étre noir, ni le léopard perdre les bigarrures de 


sa peau. 


21. Tu ne te purifieras pas; c'est-à-dire, tu ne voudras pas te purifier en marchant 
invariablement dans mes voies. — Jusques à quand encore persisteras-tu à ne pas te 


purifier? 


1-22. * 39 Dieu n'écoute aucune prière en faveur de son peuple, xiv-xv. — 19 Le sé- 
cheresse et la famine portent Jérémie à intercéder pour son peuple, xiv, 1-6; Israël 
ne mérite point, il est vrai, que Dieu ait pitié de lui, mais que Dieu le traite avec 


1728 

9. La Judée est en deuil, et ses 
portes sont tombées et ont été 
obscurcies sur la terre, et le cri de 
Jérusalem est monté. 

3. Les grands ont envoyé les 
petits vers l'eau; ils sont venus 
pour puiser, et ils n'ont pas trouvé 
d'eau; ils ont rapporté leurs vases 
vides; ils ont été confondus et 
affligés, et ils ont couvert leurs 
tétes. 

4. A cause du ravage dela terre, 
parce que la pluie n'est pas venue 
sur la terre, les laboureurs ont 
été confondus, ils ont couvert 
leurs tétes. 

5. Car méme la biche a mis bas 
dans la campagne, et elle a aban- 
donné son faon, parce qu'il n'y 
avait pas d'herbe. 

6. Et les onagres se sont tenus 
sur les rochers, ils ont aspiré l'air 
comme les dragons, leurs yeux 
ont défailli, parce qu'il n’y avait 
pas d'herbe. 

1. Si nos iniquités nous répon- 
dent, Seigneur, agissez en fa- 


Car. XIV. 11. Supra, vu, 16; xi, 14. 


JERÉMIE. 


[cu. [.טזצ‎ 


veur de votre nom, parce que 
nombreuses sont nos révoltes; 
c'est contre vous que nous avons 
péché. 

8. Attente d'Israél, son sauveur 
au temps de la tribulation, pour- 
quoi serez-vous comme un étran- 
ger dans cette terre, et comme un 
voyageur qui se détourne pour 
passer la nuit ? 

9. Pourquoi serez-vous comme 
un homme vagabond, comme un 
homme fort qui ne peut sauver? 
mais vous, vous étesau milieu de 
nous, Seigneur, et votre nom est 
invoqué sur nous, ne nous aban- 
donnez pas. 

10. Voici ce que dit le Seigneur 
à ce peuple qui a aimé à remuer 
ses pieds, qui n'est pas demeuré 
en repos, et qui n'a pas plu au 
Seigneur: Maintenantil se ressou- 
viendra de leurs iniquités, et il vi- 
sitera leurs péchés. 

11. Et le Seigneur me dit : 
Ne prie pas pour le bien de ce 
peuple. 


miséricorde à cause de la gloire de son nom, 7-10. — 99 Dieu lui répond qu'il ne 
l'exaucera pas, parce qu'il veut châtier par ces maux les péchés d'Israél; ni prières, 
ni sacrifices, ni la circonstance que Juda est égaré par les faux prophétes ne désar- 
meront sa colère; les séducteurs périront avec ceux qu'ils séduisent, 11-19. — 39 Le 
Prophète prie encore; il fait appel à l'ancienne alliance et à la puissance du Seigneur, 
20-22. — 4» Dieu est inexorable : il n'écoute aucune supplication; tous seront punis 
par l'un de ces quatre fléaux : la maladie, le glaive, la famine ou la captivité, à cause 
des crimes du roi Manassé, de l'idolátrie du peuple et du meurtre des prophètes; il 
traitera Juda comme Juda l'a traité lui-même, xx, 1-9. — 5? Jérémie, ainsi rebuté, se 
plaint de la difficulté de son ministère prophétique, 10. — 6° Dieu le console en lui 
promettant son secours contre ses contradicteurs, 11-14. — 79 Le Prophète le prie alors 
de le secourir bientôt, car il lui a toujours été fidèle, 15-18. — 8° Le Seigneur lui 
réitère l'assurance de sa protection et de son appui, 19-21. 

1. Parole, etc.; littér. laquelle parole, etc. Cette inversion qui se trouve également 
dans l'hébreu, prouve entre des milliers d'autres exemples, avec quelle serupuleuse 
fidélité, saint Jérôme s'attache à rendre le texte sacré, aux dépens méme de l'élé- 
gance et de la correction du style latin classique. 

6. * Les onagres. Voir Job, xxxix, 5. — Les dragons; les chacals, 

T. Nous répondent; répondent, témoignent contre nous. 

9. Votre nom, etc.; ou bien, nous portons votre nom, puisque nous sommes appelés 
le peuple du Seigneur. Compar. vr, 10. 


(on. χιν.] 

19. Lorsqu'ils jeüneront, je 
n'exaucerai pas leurs prières; et 
s'ils offrent des holocaustes et des 
victimes, je ne les recevrai pas, 
parce que parle glaive, et par la 
famine, et parla peste, je les con- 
sumerai. 

13. Et je dis : A, a, a, Sei- 
gneur Dieu, les prophètes leur 
disent : Vous ne verrez pas le 
glaive, et la famine ne sera pas 
parmi vous; mais /e Seigneur 
vous donnera une véritable paix 
dans ce lieu. 

14. Et le Seigneur me dit : C'est 
faussement que ces prophètes 
prophétisent en mon nom ; je ne 
les ai point envoyés, et je neleur 
ai rien ordonné, et je ne leur ai 
pas parlé; c'est une vision men- 
songère, et de la divination, et 
de la fraude, et la séduction de 
leur cœur qu'ils vous prophéti- 
sent. 

15. C'est pourquoi voici ce que 
dit le Seigneur, des prophètes 
qui prophétisent en mon nom, 
que moi je n'ai point envoyés, e£ 
qui disent : Le glaive et la faim 
ne seront pas sur cette terre : Par 
le glaive et par la famine seront 
consumés ces prophétes. 

16. Et les peuples pour les- 
quels ils prophétisent seront jetés 
sur les voies de Jérusalem, par 
la famine, et par le glaive, et 1] 
n'y aura personne qui les enseve- 


JÉRÉMIE. 


1729 
lisse, eux et leurs femmes, leurs 
fils et leurs filles; et je répandrai 
sur eux leur propre mal. 

17. Et tu leur diras cette parole : 
Que mes yeux fassent couler des 
larmes durant lanuit et lejour, et 
qu'ils ne se taisent pas; parce que 
la vierge, fille de mon peuple, a 
été brisée d’un grand brisement, 
frappée d'une plaie extrêmement 
grave. 

18. Si je sors dans les champs, 
voici des tués par le glaive, et si 
j'entre dans la cité, voici des exté- 
nués de faim. Le prophète même 
et le prêtre sont allés dans une 
terre qu'ils ignoraient. 

19. Est-ce que rejetant, vous 
avez rejeté Juda? ou votre âme a- 
t-elle abominé Sion? pourquoi 
donc nous avez-vous frappés de 
telle sorte qu'il n'y a aucune gué- 
rison?Nousavons attendu la paix, 
et nul bien n'est venu ;letemps de 
la guérison, et voici la perturba- 
tion. 

20. Seigneur, nous avons connu 
nos impiétés, et les iniquités de 
nos peres, parce que nous avons 
péché contre vous. 

21. Ne nous livrez pas à l'oppro- 
bre à cause de votre nom, et ne 
nous faites pas d'affront touchant 
le tróne de votre gloire; souve- 
nez-vous de ne pas rendre vaine 
votre alliance avec nous. 

22. Est-ce que parmi les idoles 


13. Supra, v, 12; Infra, xxur, 17. — 14. Infra, xxix, 9. — 17. Lament., 1, 16; 11, 18. — 


49. Supra, vir, 15. 


13. * Et je dis: A, a, a; exclamation, ah! ah! 

16. Leur propre mal; le mal qu'ils ont fait eux-mémes. 

11. Qu'ils ne se taisent pas; qu'ils ne cessent pas de faire couler des larmes. 

19. La paix; ou, suivant l'hébreu, /e bonheur parfait, la prospérité complèle. 

21. Touchant le trône de votre gloire; c'est-à-dire, en souffrant que votre temple 


soit renversé par les ennemis. 


22. Les idoles; littér., les images laillées au ciseau (scuptilibus). 


A. T. 


109 


1730 
des nalions, il en est qui fassent 
pleuvoir? ou les cieux peuvent- 
ils donner des pluies? N'est-ce pas 
vous, Seigneur notre Dieu, vous 
que nous avons attendu? car c'est 
vous qui avez fait toules ces 
choses. 


CHAPITRE XV. 


Le Seigneur refuse de pardonner aux 
habitants de Juda. Le prophéte se 
plaint d'étre devenu un sujet de con- 
tradiction à son peuple. Il implore le 
secours du Seigneur. Le Seigneur lui 
promet de le remplir de force, et de 
le délivrer de ses ennemis. 


1. EtleSeigneur me dit : Quand 
méme Moise et Samuel se pré- 
senteraient devant moi, mon àme 
ne serait pas pour ce peuple; 
chasse-les de ma face, et qu'ils se 
retirent. 

9. Que s'ils te disent: Où irons- 
nous? tu leur diras : Voici ce que 
dit le Seigneur : À la mort, ceux 
qui sont destinés à la mort; au 
glaive, ceux qui sont destinés au 
glaive; à la famine, ceux qui sont 
destinés à lafamine; àlacaptivité, 
ceux qui sont destinés à la capti- 
vité. 

3. Et je préposerai sur eux 
quatre espèces de fléauzr, dit le 
Seigneur : le glaive pour tuer, 
les chiens pour déchirer, les oi- 
seaux du ciel et les bêtes de la 
terre pour dévorer et pour mettre 
en pièces ; 


JÉRÉMIE. 


(cu. xv.] 


4. Et jeleslivrerai comme objet 
de persécution à tous les royau- 
mes de la terre, à cause de Ma- 
nassé, fils d'Ezéchias, roi de Juda, 
pour tout ce qu'il a fait dans Jé- 
rusalem. 

5. Car qui aura pitié de toi, 
Jérusalem? ou qui s'attristera 
pour toi? ou qui ira prier pour ta 
paix? 

6. Tu m'as abandonné, dit le 
Seigneur, tu es retournée en ar- 
riere; et j’étendrai ma main sur 
toi, et je te tuerai, je suis las de 
te prier. 

1. Et je les disperserai avec un 
van aux portes de la terre; j'ai 
tué, j'ai perdu entièrement mon. 
peuple, et cependant ils ne sont 
pas revenus de leurs voies. 

8. Les veuves ont été multi- 
pliées par moi plus que le sable 
de la mer; j'ai amené parmi eux 
contre la mère du jeune homme 
un dévastateur en plein midi; j'ai 
envoyé soudainement surlescités 
la terreur. 

9. Elle est devenue impuis- 
sante,celle qui avait enfanté sept 
fois ; son àme a défailli ; le soleil 
s'est couché pour elle, lorsqu'il 
était encore jour; elle a été con- 
fondue, et elle a rougi; et ceux 
qui restent de ses enfants, je 
les livrerai au glaive, en pré- 
sence de leurs ennemis, dit le 
Seigneur. 


Car. XV. 2. Zach., x1, 9. — 4. IV Rois, xxi, 2, 11. — 9. I Rois, 11, 5; Amos, vii, 9. 


d ce‏ ודד 


1. * Moïse et Samuel sauvèrent Israël par leur intercession pendant leur vie. Exode, 
xvi, 11; xxxi, 11; Nombres, xiv, 13; 1 Rois, vit, 9; xir, 17, 23; Psaume xcvi, 6. 


© 1 ct ₪ © 


. Je préposerai sur eux; vrai sens du latin visitabo eos, expliqué par l’hébreu, 
. A cause de Manassé, etc. Voy. IV Rois, xxi; IL Paralip., xxx. 

. Pour ta paix: pour que tu obtiennes 18 paix. 

. De te prier; de t'exhorter à revenir à moi, 

- Aux portes; c'est-à-dire aux extrémités. 

. Sept; est mis ici pour un nombre indéfini, 


xv.]‏ .זו 


10. Malheur à moi, ma mere! 
pourquoi m'avez-vous enfanté 
homme de querelle, homme de 
discorde sur toute la terre? Je 
n'ai pas prété à usure, et per- 
sonne ne m'a prété à intérét; 
et cependant tous me maudis- 
sent. 

41. Le Seigneur dit : Si tes dé- 
bris n'arriventpas au bonheur, si 
je ne vais pas au devant de toi 
au temps de la tribulation contre 
ton ennemi, 

19. Est-ce que le fer s'alliera 
avec le fer qui vient de l'aqui- 
lon, et l'airain avec lairain de 
laquilon? 

13. Tes richesses et tes trésors, 
je les abandonnerai au pillage 
sans aucun profit, à cause de tous 
tes péchés, et cela dans tous les 
confins. 

14. Et j'amènerai tes ennemis 
d'une terre que tu ne connais 
pas, parce qu'un feu s'est allumé 
dans ma fureur et qu'il vous em- 


JÉRÉMIE. 


: 1731 

15. Vous savez mon affliction. 
Seigneur, souvenez-vous de moi, 
venez vers moi et protégez-moi 
contre ceux qui me persécutent ; 
et ne soyez pas lent à me dé- 
fendre; sachez que c'est pour 
vous que je supporte l'opprobre. 

16. Vos discours 216 sont par- 
venus, et je les ai dévorés, et 
votre parole est devenue la joie 
et le ravissement de mon cœur; 
parce que votre nom a été invo- 
qué sur moi, Seigneur Dieu des 
armées. 

17. Je ne me suis pas assis dans 
l'assemblée des railleurs ; je me 
suisglorifié àcause de votre main ; 
j'étais assis seul, parce que vous 
m'avez rempli de vos menaces. 

18. Pourquoi ma douleur est- 
elle devenue continuelle, et pour- 
quoi ma plaie désespérée refuse- 
t-elledeseguérir?elleestdevenue 
pour moi comme le mensonge 
des eaux infideles. 

19. À cause de cela, voici ce 


brasera. que dit le Seigneur : Si tu te con- 


17. Ps. 1,1; xxv; 4, τὸ 18. Infra, xxx, 5. 


11. Si tes débris, ete. Le sens de ce verset est : Je jure que tes débris arriveront, etc., 
que j'irai. Dans les formules du serment, l'expression 7e jure est ordinairement re- 
présentée par Ze Seigneur vit, ou par je vis, si c'est le Seigneur lui-même qui fait le 
serment; de plus on emploie 51, quand on jure qu'on ne fera pas une chose, et on 
ajoute la négation à cette particule, lorsqu'on jure qu'on fera la chose. Cette manière 
de s'exprimer vient de ce que les Hébreux omettaient, par euphémisme, l'imprécation 
qui suit les jurements ; par exemple : Je veux qu'il m'arrive tel mal, tel malheur, si, etc. 

12. Est-ce que le fer commun, ordinaire. Ce fer et lairain commun et ordinaire 
représentent les Juifs, et le fer et l'airain de l'aquilon, les Chaldéens bien plus forts 
que les Juifs. Ainsi l'alliance est impossible ou au moins elle ne sera pas durable; 
le plus fort consumera le plus faible. 

16. Votre nom, etc.: ou bien, je porte votre nom, puisque je suis appelé le prophete 
du Seigneur. Compar. xiv, 9. 

11. Je me suis glorifié; ou bien, selon beaucoup d'interprétes : je ne me suis pas 
glorifié; ce qui parait plus conforme à la suite du discours. D'ailleurs en hébreu, la 
uégation qui se trouve dans un membre de phrase, appartient aussi trés souvent à 
celui qui suit. — À cause de votre main, qui s'est étendue sur moi et avec laquelle 
vous avez touché ma bouche pour m'établir votre prophéte (r, 9, 10). 

18. Comme le mensonge, etc.; comme des eaux sur lesquelles on a compté, et qui 
ont disparu. 

19. Tu te tiendras, etc.; locution qu'employaient les Hébreux en parlant des mi- 


4792 
vertis, je te convertirai, et tu te 
tiendras devant ma face, et si tu 
sépares ce qui est précieux de ce 
qui est vil, tu seras comme ma 
bouche;ilsse tourneronteux vers 
toi ; mais tu ne te retourneras pas 
vers eux. 

20. Et je te donneraià ce peuple 
comme un mur d'airain solide; 
etils combattront contre toi, mais 
ils ne prévaudront pas, parce 
que moi je suis avec toi pour te 
sauver et te délivrer, dit le Sei-, 
gneur. 

21. Et je te délivrerai dela main 
des méchants, et je t'arracherai à 
la main des forts. 


CHAPITRE XVI. 


Le Seigneur défend à son Prophéte de se 
marier, et de prendre part au deuil ou 
à la joie de son peuple, à cause des 
vengeances qui sont près de tomber 
sur lui. Captivité des enfants d'Israél, 
leur délivrance. Double expédition de 
Nabuchodonosor. Conversion des Gen- 
tils. 


1. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

2. Tu ne prendras point de 
femme, et tu n'auras point de fils 
et de filles en ce lieu. 

ὃ. Parce que voici ce que dit le 
Seigneur sur les fils et les filles 


JÉRÉMÍE. 


(cu. xvi. 


qui sont enfantés en ce lieu, et 
sur les meres qui les ont enfan- 
tés, et sur leurs peres de la souche 
desquels 115 sont nés en cette 
[6 1}8: 

4. De différentes morts de ma- 
ladies ils mourront ; ils ne seront 
pas pleurés et ils ne seront pas 
ensevelis; comme un fumier, ils 
seront sur la face de la terre; par 
16 glaive et parla famine ils seront 
consumés, et leur cadavre sera 
en páture aux volatiles du ciel et 
aux bétes de la terre. 

9. Car voici ce que dit le Sei- 
gneur : N'entre point dans une 
maison de festin; et ne va pas 
pour pleurer, et ne les console 
point; parce que j'ai retiré ma 
paix à ce peuple, dit le Seigneur, 
ma miséricorde et 7265 bontés. 

6. Et ils mourront. grands et pe- 
lits, sur cette terre, etils ne seront 
pas enscvelis, ni pleurés, et on 
ne se fera pas d'incision, et on ne 
se rasera pas 18 tête pour eux. 

7. Et on ne rompra pas parmi 
eux de pain pour consoler celui 
qui pleure un mort, et on ne leur 
donnera pas le calice à boire pour 
le consoler de la perte de son 
père et de sa mère. 

8. Et tu n'entreras pas dans une 


nistres du roi toujours prés de lui pour recevoir ses ordres, et aussi des anges, qui 
sont les ministres de Dieu. — Ma bouche; c'est-à-dire mon interprète. 


4-21. * 4» Le Seigneur fera périr ignominieusement Israël ; rayons d'espoir, xvi. — 
1» Dieu défend à Jérémie de se marier, parce que les Juifs seront accablés de maux 
et de honte, sans que personne les plaigne, 1-9. — 2» En punition de leurs crimes, 
ils seront emmenés en captivité dans une terre inconnue, 10-13, — 30 Mais il les dé- 
livrera cependant de l'oppression du nord, comme il les a délivrés autrefois de l'op- 
pression de l'Egypte; il enverra des chasseurs et des pécheurs qui les affranchiront, 
et il manifestera ainsi sa puissance aux yeux des Gentils, 14-21. 

1. Disant. Noy. sur ce mot, I, 4. 

5. Festin; que faisait la famille du mort aprés les funérailles. Cet usage existait 
aussi chez les Grecs et les Romains. — Les; c'est-à-dire convives de ce festin de deuil. 

6-1. 'Enumération des marques de deuil usitées chez les Orientaux. — 0 ne se 
{era pas incision, ete. Compar. Léou.. xix, 27, 28; Deuléron., xiv, 1. 


[cn. xvr.] 


maison d'un festin, afin de t'as- 
seoir et de manger et de boire; 

9. Parce que voici ce que dit le 
Seigneur des armées, Dieu d'Is- 
raél: Voilà que moi [ 016281 de ce 
lieu, à vos yeux et en vos jours, 
la voix de la joie et la voix de 
l'allégresse, la voix de l'époux et 
la voix de l'épouse. 

10. Et lorsque tu annonceras à 
ce peuple toutes ces paroles, et 
qu'ils te diront: Pourquoi le Sei- 
gneur a-t-il prononcé sur nous 
tous ces grands maux ? quelle est 
notre iniquité? et quel péché 
avons-nous commis contre le Sei- 
gneur notre Dieu? 

11. Tu leur diras : C'est parce 
que vos peres m'ont abandonné, 
dit le Seigneur, qu'ils ont couru 
apres des dieux étrangers, qu'ils 
les ont servis, qu'ils les ont ado- 
rés; et qu'ils m'ont abandonné, 
et qu'ils n'ont point gardé ma loi. 

19. Mais vous-méme, vous avez 
fait pis que vos pères; car voilà 
que chacun marche à la suite de 
la dépravation de son cœur mau- 
vais, afin de ne pas m'écouter. 

13. Et je vous jetterai de cette 
terre dans une terre que vous 
ignorez comme vos pères; et 
vous servirez là des dieux étran- 
gers, le jour et la nuit, qui ne 
vous donneront pas de repos. 


JÉRÉMIE. 


1733 
14. A cause de cela, voilà que 
des jours viennent, dit le Sei- 
gneur, et lon ne dira plus : Le 
Seigneur vit! qui a retiré les fils 
d'Israël de la terre d'Egypte, 

15. Mais : Vive le Seigneur qui 
a tiré les fils d'Israël de la terre 
de l'aquilon, et de toutes les terres 
où je les ai jetés ; et je les ramè- 
nerai dans leur terre que j'ai don- 
née à leurs peres. 

16. Voilà que moi j'enverrai 
des pécheurs nombreux, dit le 
Seigneur, et ils pécheront; et 
apres cela je leur enverrai beau- 
coup de chasseurs, qui leur feront 
la chasse sur toute montagne, sur 
toute colline et dans toutes les 
cavernes des rochers ; 

17. Parce que mes yeux sont 
sur toutes les voies; elles ne sont 
pas cachées à ma face, et leur 
iniquité n'est pas voilée à mes 
yeux. 

18. Et je leur rendrai d'abord 
au double leurs iniquités et leurs 
péchés, parce qu'ils ont souillé 
ma terre de morts pour leurs 
idoles, et que de leurs abomina- 
üons ils ont rempli mon héri- 
tage. 

19. Seigneur, mon courage, ma 
force et mon refuge au jour de la 
tribulation, vers vous viendront 
des nations des extrémités de la 


(βαρ. XVI. 10. Supra, v, 19. — 12. Supra, vri, 26. 
—————————————— MÀ MÉSEREBRÍRÜ 


14-15.. Le Seigneur vit; formule de serment. Voy. 1v, 2. 


45. La terre de l’aquilon; la Chaldée. 


16. Pécheurs, chasseurs. Ce sont probablement les Chaldéens, dont le texte sacré 
semble distinguer les expéditions faites, l'une sous Joakim, l'autre sous Jéchonias, 
et une troisiéme, qui fut la plus violente, sous Sédécias. Dans un sens plus élevé, 
on peut, avec plusieurs Péres, appliquer ce passage aux apótres dont plusieurs étaient 
pêcheurs de profession, et dont la mission fut de pêcher les hommes, selon la parole 
de Jésus-Christ (Luc, v, 10). 

18. Je leur rendrai au double. Voy. sur cette locution Isaie, xr, 19. 

19. Mensonge, vanité; mots par lesquels les faux dieux et les idoles sont souvent 
désignés dans l'Ecriture. 


1794 


-terre, et elles diront : Il est vrai 

.que nos pères ont possédé le 
mensonge et la vanité, qui ne 
leur a pas été utile. 

90. Est-ce qu'un homme se fera 
des dieux, lesquels méme ne sont 
pas des dieux? 

91. C'est pourquoi voici que 
moi je leur montrerai cette fois, 
je leur montrerai ma main et ma 
force, etils sauront que mon nom 
est le Seigneur. 


CHAPITRE XVII. 


Vengeances du Seigneur contre l'infidé- 
lité de Juda. Maudit celui qui met sa 
confiance dans l'homme; heureux 
celui qui la met en Dieu. Le prophète 
implore la protection du Seigneur, 
Sanctification du sabbat. 


1. Le péché de Juda a été écrit 
avec une plume de fer et avec 
une pointe de diamant, et gravé 
sur l'étendue de leur cœur et sur 
les cornes de leurs autels. 

9. Puisque leurs fils se sont 
souvenus de leurs autels, et de 
leurs bois sacrés, et des arbres 
couverts de feuilles, sur les mon- 
tagnes élevées, 

3. Offrant des sacrifices dans la 
campagne, j'abandonnerai au pil- 
lage ta force et tous tes trésors, 
et tes hauts lieux à cause de tes 


JÉRÉMIE. 


xvir.]‏ .זוס] 
péchés commis dans tous tes con-‏ 
fins.‏ 

4. Et tu seras laissée seule pri- 
vée de lon héritage que je t'ai 
donné, et je te rendrai l'esclave 
de tes ennemis dans une terre 
que tu ignores, parce que tu as 
allumé un feu dans ma fureur; 
jusqu'à jamais il brülera. 

5. Voici ce que ditle Seigneur: 
Maudit l'homme qui se confie 
dans l'homme, qui se fait un bras 
de chair, et dont le cœur se retire 
du Seigneur. 

6. Il sera comme le tamaris qui 
est dans le désert et il ne verra 
pas le bonheur, lorsqu'il viendra; 
mais il habitera dans la sécheresse 
au désert, dans une terre de 
salure et inhabitable. 

7. Béni l'homme qui se confie 
dans le Seigneur, et dont le Sei- 
gneur sera l'espérance. 

8. Et il sera comme un arbre 
que l'on transplante sur le bord 
des eaux, qui étend ses racines 
vers l’eau qui l'humecte ; 11 ne 
craindrapas la chaleur, lorsqu'elle 
viendra. Et sa feuille sera verte, 
et au temps de la sécheresse il 
ne sera pas en peine, et jamais il 
ne cessera de faire du fruit. 

9. Le cœur de tous est dépravé 
et inscrutable; qui le connaitra? 


(πάρ. XVII. 5. Isaie, xxx, 2; xxxi, |; Infra? ,נוזטזא‎ 7. — 6. Infra, ,ןוא‎ 6. — 


8. PS 1, ὃ. 


1-91. * 5» Dieu chátie les Juifs comme ils l'ont mérité, xvi. — 19 Israël a irrité le 
Seigneur par son idolátrie; il le livre à l'étranger, 1-4. — 29 Qui se confie en l'homme 
périt; qui se confie en Dieu, vit, 5-8; Dieu connait le fond des cœurs, il traitera 
l'impie comme il 16 mérite, 9-11; au contraire, il soutiendra son prophète et con- 
fondra ses ennemis, 12-18. — 39 Digression. — Jérémie exhorte les Juifs à l'obser- 
vation fidèle du sabbat; s'ils le gardent, Dieu les bénira; sinon, il les châtiera, 49-27. 

1. L'étendue de leur cœur (latitudinem cordis eorum); selon lhébreu, {a table de 
leur cœur; expression qu'on retrouve dans saint Paul (II Corinth., uu, 3). 

2. Se sont souvenus, ctc.; sont retournés au culte des idoles, auquel leurs pères avaient 
renoncé sous Josias (IV. Rois, xxt). 


6. * Le tamaris qui ne porte pas de fruits. L'hébreu porte 6 le genévrier. » 


[em χυπ. 


10. C'est moi, le Seigneur qui 
scrute le cœur, et qui éprouve les 
reins; qui donne à chacun selon 
sa voie et selon le fruit de ses 
inventions. 

11. La perdrix a couvé des œufs 
qu'elle n'a pas pondus, ans? l'in- 
juste a amassé des richesses, mais 
non avec justice; au milieu de ses 
jours il abandonnera ses riches- 
ses, et à son dernier moment, il 
sera reconnu insensé. 

19. Le tróne de gloire, élevé 
depuis le commencement, est le 
lieu de notre sanctification. 

13. Seigneur, l'attente d'Israél, 
tous ceux qui vous abandonnent 
seront confondus; ceux qui se 
retirent de vous seront écrits sur 
la terre, parce qu'ils ont aban- 
donné la source des eaux vives, 
le Seigneur. 

14. Guérissez-moi, Seigneur, 
et je serai guéri; sauvez-moi, et 
je serai sauvé; parce que ma 
louange, c'est vous. 

15. Voilà qu'eux-mémes me 
disent : Où est la parole du Sei- 
gneur? qu'elle vienne. 

16. Et moi je n'ai pas été trou- 
blé, en vous suivant comme pas- 
teur; et le jour d'un homme, je 


JÉRÉMIE. 1735 


ne l'ai pas désiré, vous le savez. 
Ce qui est sorti de mes lèvres a 
été juste en votre présence. 

11. Ne me soyez pas à effroi, 
mon espoir, c'est vous, au jour 
de l'affliction. 

18. Qu'ils soient confondus, 
ceux qui me persécutent, et que 
je ne sois pas confondu moi- 
méme; qu'ils tremblent de peur, 
eux, et que je ne tremble pas 
moi-méme; amenez sur eux un 
jour d'affliction, et d'un double 
brisement, brisez-les. 

19. Voici ce que me dit le Sei- 
gneur : Va, et tiens-toi à la porte 
des fils du peuple, par laquelle 
les rois de Juda entrent et sor- 
tent, et à toutes les portes de 
Jérusalem ; 

20. Et tu leur diras : Ecoutez la 
parole du Seigneur, rois de Juda, 
tout Juda, et vous tous, habitants 
de Jérusalem, qui entrez par ces 
portes. 

91. Voici ce que dit le Seigneur: 
Gardez vos àmes, ne portez point 
de fardeaux au jour du sabbat, 
et n'en introduisez point par les 
portes de Jérusalem. 

99, Et ne faites pas sortir de 
fardeaux hors de vos maisons au 


10. I Rois, xvi, 7; Ps. vi, 10; Apoc., 11, 23. 


10. Les reins. Voy. sur ce mot, m, 
aclions, œuvres. Compar. Isaïe, 111, 8. 


20. -— Inventions; c'est-à-dire, selon l'hébreu, 


12. Le trône de gloire; 16 temple du Seigneur. Voy. xiv, 21. — Elevé; littér. et par 
hébraisme, d'élévation. — Le lieu de m sanctification ; le lieu d'oü viennent les 
grâces et les bénédictions qui nous sanctifient. 

16. Le jour d'un homme; signifie probablement le jour fixé par un homme pour un 


jugement, et par suite le jugement lui-même ; 


enfin la faveur, la protection des 


hommes. Une expression semblable de saint Paul (I Corinth., 1v, 3) donne un certain 


poids à cette explication. 


18. Double. Voy. pour le sens de ce mot Isaïe, xr, 2. 


20. Rois de Juda; 


c'est-à-dire, Joakim, qui régnait alors, et ses successeurs, Jé- 


chonias son fils, et Sédécias son frére, qui furent les deux derniers rois de Juda. — 
je Juda (omnis Juda); c'est-à-dire le peuple. 


* Ne portez point, etc. Ne faites point les œuvres serviles qui sont prohibées le 


can du sabbat. 


1756 
jour du sabbat, et vous ne ferez 
aucun travail; mais sanctifiez le 
jour du sabbat comme je l'ai or- 
donné à vos pères. 

93. Et ils n'ont pas entendu, et 
ils n'ont pas incliné leur oreille; 
mais ils ont rendu leur cou in- 
flexible, afin de ne pas m'enten- 
dre, et de ne pas recevoir mes 
instructions. 

24. Et il arrivera que si vous 
m'écoutez, dit le Seigueur, en 
sorte que vous n'introduisiez 
point de fardeaux par les portes 
de cette ville au jour du sabbat, 
et si vous sanctifiez le jour du 
sabbat, si vous ne faites en ce 
jour aucun travail, 

25. Il entrera par les portes de 
cette ville des rois et des princes 
qui s'assiéront sur le tróne de 
David, qui seront montés sur 
leurs chars et sur leurs chevaux, 
eux et leurs princes, et les hom- 
mes de Juda, et les habitants de 
Jérusalem ; et cette ville sera ha- 
bitée éternellement. 


JEREMIE. 


(CH. x Vi, | 


26. Et ils viendront des villes 
de Juda, et des environs de Jé- 
rusalem, et de la terre de Benja- 
min, et des plaines, et des mon- 
tagnes, et du midi, portant des 
holocaustes et des victimes, des 
sacrifices et de l'encens, et ils Jes 
apporteront en offrande dans la 
maison du Seigneur. 

27. Mais si vous ne m'écoutez 
pas, si vous ne sanctifiez pas le 
jour du sabbat, en ne portant 
point de fardeaux, et n'en intro- 
duisant point par les portes de 
Jérusalem au jour du sabbat, je 
mettrai le feu à ses portes; et il 
dévorera les maisons de Jérusa- 
lem, et il ne s'éteindra pas. 


CHAPITRE XVIII. 


Comme le potier fait de son argile ce 
qu'il veut, ainsi le Seigneur dispose de 
son peuple comme il lui plait. Infidé- 
lité de Juda. 


1. Parole qui fut adressée à 
Jérémie par le Seigneur, di- 
sant : 


95. Leurs chars, leurs chevaux; le mot leurs se trouve dans le texte hébreu où il 
est représenté par l'article déterminatif qui a souvent la valeur d'un pronom; il se 
trouve aussi dans les Septante. 

26. * Des plaines; en hébreu de la Séphéla, le pays des Philistins, s'étendant 
depuis Jaffa jusqu'à Gaza, entre la mer Méditerranée et les montagnes de Juda. 


1-23. * II* Partie : Confirmation de la réprobation d'Israël, xviu-xix. — Israël rejeté 
comme un vase de terre brisé, .אזא-ועטא‎ — La seconde partie renferme le récit de 
deux actions symboliques qui montrent que la réprobation d'Israél est irrévocable. 
— 19 Dieu a résolu de punir Israël; cependant tout n'est pas encore perdu et il peut 
revenir sur sa résolution : le potier que va visiter Jérémie refait sous ses yeux le 
vase d'argile qui s'est rompu entre ses mains; si Juda fait pénitence, le Seigneur lui 
pardonnera, xvi, 1-11. — Juda refuse de se convertir, 12-15; la vengeance est donc 
inévitable, 16-17; les coupables en veulent méme aux jours du Prophéte, 18, de sorte 
que, à son tour, il demande leur châtiment, 19-23. — 20 Le lieu de la scène change. 
Le Prophète se rend dans la vallée de Ben Hinnom ou Topheth, au sud de Jérusalem, 
là où les idolátres avaient commis un de leurs plus grands crimes, celui des sacrifices 
d'enfants, brülés en l'honneur de Moloch ou de Baal. Il rappelle d'abord les crimes 
qui se sont commis en ce lieu, et les malheurs qui en seront la punition, xix, 1-9; 
puis, en signe de la désolation qui doit frapper d'une manière définitive Jérusalem, 
véritable Topheth, il brise un vase de terre qui ne peut plus être réparé, 10-13, 
Aprés cela, il se rend dans le parvis du temple et y répéte les mémes menaces pro- 
phétiques, 14-15. 

1. Disant. Voy. sur ce mot, 1, 4. 


[cH. xvu.] 


2. Lève-toi, et descends dans la 
maison du potier, et là tu enten- 
dras mes paroles. 

3. Et je descendis dans la mai- 
son du potier, et voilà qu'il faisait 
lui-même un ouvrage sur s2 roue. 

4. Et le vase d'argile qu'il fai- 
sait se brisa dans ses mains: et 
revenant, il en fit un autre vase, 
comme il avait plu à ses yeux de 
le faire. 

5. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

6. Est-ce que comme ce potier 
a fait à son argile, jene pourrai 
pas vous faire, maison d'Israël, 
dit le Seigneur? Voici que, comme 
l'argile est dans la main du potier, 
ainsi vous êtes dans ma main, 
maison d'Israël. 

7. Soudain je parlerai contre 
une nation, et contre un royau- 
me, afin de l'extirper et de le 
détruire, et de le perdre entière- 
ment. 


JÉRÉMIE. 


1737 


8. Si cette nation se repent du 
mal que je lui ai reproché, je me 
repentirai moi aussi du mal que 
j'ai résolu de lui faire. 

9. Soudain aussi je parlerai 
d'une nation et d'un royaume, 
afin de l'édifier et de l'affermir. 

10. Et si cette nation faitle mal 
à mes yeux et n'écoute point ma 
voix, moi aussi je me repentirai 
du bien que j'ai dit que je lui 
ferais. 

11. Maintenant donc, dis à 
l'homme de Juda et aux habi- 
tants de Jérusalem, en disant : 
Voici ce que dit le Seigneur 
Voilà que moi je prépare contre 
vous un malheur, et que je forme 
contre vous une résolution : que 
chacun revienne de sa voie mau- 
vaise, et dirigez vos voies et vos 
œuvres. 

12. Et ils ont dit : Nous avons 
désespéré; nous suivrons nos 
pensées, chacun de nous accom- 


Car. XVIIL 6. Isaie, xrv, 9; Rom., 1x, 20. — 7. Supra, 1, 19. — 11. JV Rois, xvi, 13; 


Infra, xxv, 5; xxxv, 15; Jean, ur, 9. 


2. Du potier. L'article déterminatif qui est dans l'hébreu et qui a été fidèlement 
reproduit dans les Septante, indique évidemment un potier connu de Jérémie d'une 
manière ou d'une autre, et que la traduction ordinaire, d'un potier, est fautive. 

3. Sur sa roue ; dans l'hébreu, sur les ou ses deux pierres; l'article étant mis pour 
le pronom, comme il arrive assez souvent. ll parait constaté que les potiers dans 
l'Orient travaillaient sur une machine composée de deux roues de pierre, dont l'une 
était grande et en soutenait une plus petite sur laquelle était posée l'argile. 

4. Revenant ou retournant (conversus) il en fit; hébraisme, pour 70 en refit; il en fit 
un nouveau. 

1. Le (illud); ce pronom, qui n'existe ni dans l'hébreu ni dans le grec, se rapporte 
grammaticalement à royaume (regnum), mais dans le sens logique, il se rapporte 
également au mot précédent nation. 

8. Je me repentirai. Dieu parlant aux hommes emprunte ici leur langage. Il ne peut 
nullement se repentir, mais il peut paraître se repentir, quand il s'abstient d'accom- 
plir le mal dont il avait menacé. Dieu, suivant la remarque de saint Augustin, 
change ses œuvres, mais ne change pas ses desseins; or c'est en changeant ses œuvres 
qu'il parait changer ses desseins. 

9. Le (illud); mème observation qu'au vers. 1. 

10. Cette nation; est évidemment, d'aprés le texte original, le sujet grammatical, 
quoique sous-entendu, des verbes fait et écoute; mais le sujet logique comprend de 
plus le mot royaume, exprimé au verset précédent. — Lui; dans l'hébreu se rapporte 
à nation; les Septante portent à eux; ce qui comprend nation et royaume, et rend 
exactement le sens. 


1788 
plira la dépravation de son cœur 
mauvais. 

13. C'est pourquoi, voici ce que 
dit le Seigneur : Interrogez les 
nations : Qui a jamais oui des 
choses horribles, telles que celles 
qu'a commises 8 l'exces]la vierge 
d'Israël? 

14. Est-ce que la neige du Li- 
ban abandonnera le sentier de la 
campagne ? ou peuvent-elles être 
détruites, des eaux jaillissantes, 
fraiches et coulantes ? 

15. Parce que mon peuple m'a 
oublié, sans en retirer aucun 
fruit, faisant des libations et se 
heurtant dans leurs voies, dans 
les sentiers du siecle, afin d'y 
marcher dans un chemin non 
frayé ; 

16. Afin que leur terre füt 
livrée à la désolation et à un sif- 
flement éternel; quiconque pas- 
sera à travers cette terre, sera 
dans la stupeur et secouera sa 
téte. 

17. Comme un vent brülant, 
je les disperserai devant l'enne- 
mi; je leur tournerai le dos et non 
la face, au jour de leur perte. 

18. Et ils ont dit : Venez, et 
formons contre Jérémie des des- 
seins ; car la loi ne manquera pas 
au prêtre, ni le conseil au sage, 
ni la parole au prophète; venez, 
blessons-le de notre langue, et 


16. Infra, xix, 8; xrix, 13; L, 13. 


JÉRÉMIE. 


[cu. xvur.] 
n'ayons égard à aucun de ses dis- 
cours. 

19. Seigneur, portez votreatten- 
tion sur moi et entendez la voix 
de mes adversaires. 

20. Est-ce que pour le bien est 
rendu le mal, puisqu'ils ont 
creusé une fosse à mon âme? 
Souvenez-vous que je me suis 
tenu en votre présence, afin de 
parler en leur faveur, et afin 
de détourner votre imagination 
d'eux. 

91. A cause de cela, livrez leurs 
fils àla faim, et conduisez-les aux 
mains du glaive; que leurs fem- 
mes deviennent sans enfants et 
veuves; que leurs maris soient 
mis à mort; que les jeunes hom- 
mes soient percés par le glaive 
dans le combat. 

99. Qu'un cri soit entendu de 
leurs maisons; car vous amè- 
nerez soudain sur eux un voleur, 
parce qu'ils ont creusé une fosse 
afin de me prendre, et qu'ils 
ont caché des lacs sous mes 
pieds. 

23. Mais vous, Seigneur, vous 
connaissez tout leur dessein de 
mort contre moi; ne soyez pas 
propiee à leur iniquité, et que 
leur péché ne s'efface pas de vo- 
ire face; qu'ils soient renversés 
en votre présence; au temps de 
votre fureur consumez-les. 


14. * Le sentier de la campagne est le mont Liban lui-même, sur les cimes duquel 


la neige ne fond jamais complètement. 


15. Parce que, etc.; protase, ou premier membre d'une période dont l'apodose, ou 
second membre, se trouve au verset suivant. 

16. Sifflement. Siffler sur quelqu'un ou sur quelque chose, a toujours été une 
marque de dérision, de mépris. — Quiconque, etc., apodose. Voy. le verset précédent, 
— Secouera sa léle; marque de mépris et d'insulte. , 

20. Mon dme; hébraisme, pour ma personne, moi. — * lls ont creusé une fosse, 
comme on fait pour prendre les bêtes sauvages, en les y faisant tomber. 


[cg. xix.] 


CHAPITRE XIX. 


Vase de terre brisé par Jérémie dans la 
vallée de Topheth, symbole de la déso- 
lation de Juda et de Jérusalem. Jérémie 
parle dans le temple, et y réitére des 
menaces. 


1. Voici ce que dit le Seigneur: 
Va, et recois des anciens du peu- 
ple et des anciens des prétres une 
petite bouteille de terre de po- 
tier; 

9. Et sors vers la vallée du fils 
d'Ennom, qui est pres de l'entrée 
de la porte d'argile, et tu publie- 
ras 18 les paroles que moi je te 
dirai. 

3. Et tu diras : Ecoutez la pa- 
role du Seigneur, rois de Juda 
et habitants de Jérusalem : voici 
ce que ditle Seigneur des armées, 
Dieu d'Israël : Voilà que moi j'a- 
menerai l'affliction sur celieu, en 
sorte que quiconque en entendra 
parler aura des tintements d'o- 
reille; 

4. Parce quils m'ont aban- 
donné, qu'ils ont rendu ce lieu 
étranger, qu'ils y ont fait des li- 
bations à des dieux étrangers, que 
n'ont connus, ni eux, ni leurs 
pères, ni les rois de Juda, et parce 
qu'ils ont rempli ce lieu du sang 
des innocents. 

5. Et ils ont bâti des hauts lieux 
de Baalim pour brüler leurs en- 


JÉRÉMIE. 


1739 


fants au feu en holocaustes aux 
Baalim; choses que je ne leur 
avais pas ordonnées, ni dites, et 
qui ne sont pas montées dans 
mon cœur. 

6. À cause de cela, voilà que 
des jours viennent, dit le Sei- 
gneur; et ce lieu ne sera plus 
appelé Topheth, ni la vallée du 
fils d'Ennom, mais la Vallée du 
carnage. 

1. Et je dissiperai les desseins 
de Juda et de Jérusalem dans ce 
lieu; et je les détruirai par le 
glaive en présence de leurs enne- 
mis, et par la main de ceux qui 
cherchent leurs âmes ; et je don- 
nerai leurs cadavres en pâture 
aux volatiles du ciel et aux bêtes 
de la terre. 

8. Et je ferai de cette cité un 
objet de stupeur et de sifflement ; 
quiconque passera par elle sera 


-stupéfié, et 11 sifflera sur toutes 


ses plaies. 

9. Et jeles nourrirai des chairs 
de leurs fils, et des chairs de leurs 
filles; et chacun mangera la chair 
de son ami durant le siege, et 
dans la détresse où les réduiront 
leurs ennemis et ceux qui cher- 
chent leurs âmes. 

10. Et tu briseras la petite bou- 
teille sous les yeux des hommes 
qui iront avec toi. 


11. Et tu leur diras : Voici ce 


Cap. XIX, 8. Supra, טא‎ 16; Infra, xuix, 13; 1, 18. 


2. La vallée du fils d'Ennom. Voy. vu, 31. — La porte d'argile; ainsi appelée, 
parce que c'était près de cette porte que demeuraient les potiers, ou bien parce qu'on 


jetait près de là les pots cassés. 
3. Rois de Juda. Voy. xvu, 20. 


4, Ils ont rendu, etc., par leur culte rendu à des dieux étrangers. 
5. Baalim. Voy. τι, 25. — Ne sont pas montées. etc. Compar., m, 16. 


6. Topheth. Voy. viz, 31, 32. 


7], 9. Qui cherchent leurs âmes. Voy. sur cette expression, iv, 30. 


8. Sifflement, il sifflera. Voy. xviu, 16, 


1710 
que dit le Seigneur des armées : 
Je briserai ce peuple et cette cité, 
comme est brisé ce vase du po- 
lier qui ne peut plus étre réparé; 
et c'est à Topheth qu'ils seront 
ensevelis, parce qu'il n'y aura pas 
d'aulre lieu pour ensevelir. 

12. Ainsi je ferai à ce lieu et à 
ses habitants, dit le Seigneur; et 
je rendrai cette cité semblable à 
Topheth. 

13. Et les maisons de Jérusa- 
lem et les maisons des rois de 
Juda seront comme le lieu de 
Topheth, impures : toutes mai- 
sons sur les toits desquelles ils 
ont sacrifié à toute la milice du 
ciel, et ilsont fait de nombreuses 
libations à des dieux étrangers. 

14. OrJérémie vint de Topheth 
oü lavait envoyé le Seigneur, 
pour prophétiser ; et 11866 dans 
le parvis de la maison du Sei- 
gneur, et il dit à tout le peuple : 

15. Voici ce que dit le Seigneur 


JÉRÉMIE. 


(en. xx.] 
des armées, Dieu d'Israél : Voilà 
que moi j'amenerai sur cette cité. 
et sur toutes ses villes, tous les 
maux que j'ai annoncés contre 
elle, parce qu'ils ont rendu leur 
cou inflexible, afin de ne pas 
écouter mes paroles. - 


CHAPITRE XX 


Phassur fait mettre Jérémie en prison. 
Le Prophéte délivré prophétise contre 
Phassur. Il se plaint au Seigneur de 
l'opprobre où il se trouve exposé. Il 
met sa confiance en Dieu. Il maudit le 
jour de sa naissance. 


1. Et Phassur, le prétre, fils 
d'Emmer, qui avait été établi 
prince dans la maison du Sei- 
gneur, entendit Jérémie prophé- 
lisant ces choses. 

2. Et Phassur frappa Jérémie, 
le prophète, et le jeta dans la 
prison qui était àla porte haute 
de Benjamin, dans la maison du 
Seigneur. 


13. Nombreuses; appartient au texte, oü il est représenté par le mot Jibations 
(libamina), ajouté au verbe (Zbaverunt) qui exprime déjà la méme idée. En hébreu, 
effectivement, ce genre de répétition de la méme idée a pour but de la fortifier. 


1-18. * IIIe Partie : Exécution de la sentence de réprobation contre Juda, xx-x1v. 
— [τὸ Section : Jugement de Dieu contre ceux qui sont cause de la réprobation, xx- 
xx. — 19 Oracle contre Phassur, xx. — 19 Le prêtre Phassur, intendant du temple, 
ayant entendu Jérémie annoncer la ruine de Jérusalem et de la maison de Dieu, le 
frappa, et le fit mettre en prison dans le temple, 1-2. Il lui rendit la liberté le len- 
demain, mais le Prophéte lui prédit qu'en punition de ses mensonges il serait em- 
mené à Babylone avec ceux qu'il trompait, et qu'il y mourrait, 3-6. — 29 Jérémie 
s'adresse alors à Dieu et se plaint des chagrins et des insultes que lui attire son mi- 
nistére; il se console, cependant, parce que 16 Seigneur est avec lui, 7-12. — 3» Une 
nouvelle pensée de découragement le saisit, néanmoins, de nouveau, et il regrette 
d'étre venu au monde, 14-18. 

1. Le prélre ; expression qui, chez les Hébreux, désignait le prêtre par excellence, 
le grand-prétre, ou un simple prêtre, mais lorsqu'il était en fonction. — Prince, etc., 
c'est-à-dire, intendant du temple, ayant l'inspection sur les lévites, les chantres, les 
portiers, les provisions du temple, etc. — Ces choses. Le terme hébreu rendu géné- 
ralement dans la Vulgate par paroles, discours, signifie aussi trés souvent chose, évé- 
nement. 

2, 3. La prison; littér. le nerf, mot qui signifie proprement des liens faits avec des 
nerfs, mais qui s'applique aussi aux cordes, aux chaînes, aux menottes, et aux colliers 
qu'on mettait aux criminels. — Phassur; doit signifier l'opposé d'épouvante de toutes 
parts. — * Ala porte haute de Benjamin; du côté septentrional du Temple, et condui- 
sant au parvis supérieur du temple. 


(cg. xx.] 

3. Et lorsque le jour eut paru 
le lendemain, Phassur fit sortir 
Jérémie de prison, et Jérémie lui 
dit: Le Seigneur n'appelle plus 
ton nom, Phassur, mais l'épou- 
vante de toutes parts. 

4. Parce que voici ce que dit 
le Seigneur : Voilà que moi, je 
te livrerai à l'épouvante, toi et 
tous tes amis; et ils tomberont 
sous le glaive de leurs ennemis, 
et tes yeux /e verront; et tout 
Juda, je le livrerai à la main du 
roi de Babylone; et il les trans- 
portera à Babylone, et il les frap- 
pera par le glaive. 

5. Et je livrerai toutes les ri- 
chesses de cette cité; et tout 
son travail, et tout ce qu'elle a 
de précieux, et tous les trésors 
des rois de 1008, je les livrerai à la 
main de leurs ennemis ; et ceux- 
ΟἹ les arracheront, les enlèveront, 
et les conduiront à Babylone. 

6. Mais toi, Phassur, et tous 
les habitants de tà maison, vous 
irez en captivité; et tu viendras à 
Babylone, et là tu mourras, et là 
tu seras enseveli, toi et tous tes 
amis à qui tu as prophétisé le 
mensonge. 

". Vous m'avez séduit, Sei- 
gneur, et j'ai été séduit; vous avez 
étéplus fort, et vous avez prévalu ; 
jesuis devenu unobjet de dérision 
durant tout le jour; et tous me 
raillent. 

8. Parce que déjà depuis long- 


JÉRÉMIE. 


1741 
temps je parle, criant contre 
l'iniquité, et annongant à grand 
bruit une désolation, et la pa- 
role du Seigneur est devenue 
pour moi un sujet d'opprobre et 
de dérision durant tout le jour. 

9. Et j'ai dit : Je ne ferai pas 
mention de lui, et je ne parlerai 
plus en son nom; et a/ors il s'est 
allumé dans mon cœur comme un 
feu ardent, et renfermé dans mes 
os; et j'ai défailli, ne pouvant /e 
soutenir. 

10. Car j'ai entendules outrages 
d'un grand nombre et la terreur 
toutautour de moi. Poursuivez-le, 
et nous le poursuivrons; J'ai en- 
tendu aussi de tous les hommes 
qui vivaient en paix avec moi, et 
qui se tenaient à mes cótés : Si en 
quelque maniere il était trompé, 
et que nous prévalions contre 
lui, et que nous tirions vengeance 
de lui. 

11. Mais le Seigneur est avec 
moi comme un guerrier vaillant; 
c'est pour cela que ceux qui me 
persécutent tomberont et seront 
sans force; ils seront confondus 
grandement, parce. qu'ils n'ont 
pas compris un opprobre éternel 
qui ne s'effacera jamais. 

19. Et vous, Seigneur des ar- 
mées, vous qui éprouvez le juste, 
et qui voyez les reins etlescœurs ; 
que je voie, je vous prie, la ven- 
geance que vous tirerez d'eux, car 
à vous j'ai révélé ma cause. 


(βαρ. XX, 11. Infra, xxii, 40. — 12. Supra, ,זא‎ 20; xvir, 10. 


1. Et j'ai été séduit; c'est-à-dire, vous m'avez engagé dans le ministère prophé- 
tique par des promesses dont je n'avais pas compris le sens, vous m'avez réduit à 
une humiliation à laquelle je ne m'attendais pas. 

11. Ils n'ont pas compris qu'en me persécutant injustement, ils s'exposent à un 


opprobre, etc. 


12. Et vous, Seigneur, etc. Voy. sur le véritable sens de ces imprécations les Obser- 


vations préliminaires sur les Psaumes. 


1742 

13. Chantez le Seigneur, louez 
le Seigneur, paree qu'il a délivré 
l'àme d'un pauvre de la main des 
méchants. 

14. Maudit le jour auquel je 
suis né! que le jour auquel m'a 
enfanté ma mère ne soit pas 
béni! 

15. Maudit l'homme qui l’a an- 
noncé à mon pere, disant : Un 
enfant mále t'est né, et qui l'a 


JÉRÉMIE. 


[cu. xx1.] 

17. Lui qui ne m'a pas tué 
avant ma naissance ; en sorte que 
ma mere devint mon sépulcre, 
et que sa grossesse füt éternelle. 

48. Pourquoisuis-jesorti du sein 
de ma mère pour voir le travail et 
la douleur, et pour que mes jours 
fussent consumés dans la confu- 
sion? 


CHAPITRE XXI s. 


Sédécias envoie consulter Jérémie. Le 


comme rempli de joie! 

16. Que cet homme soit comme 
sont les cités qu'a détruites le 
Seigneur, sans qu'il s'en soit re- 
penti; qu'il entende des clameurs 
le matin, et des hurlements à 
l'heure de midi: 


Prophéte lui prédit les maux qui vont 
fondre sur Jérusalem. Moyens que Dieu 
donne à ses habitants pour sauver 
leur vie, et au roi de Juda pour éviter 
les maux dont il est menacé. 


1. Parole qui fut adressée à 
Jérémie par le Seigneur, quand 


44. Job, ,זוז‎ 2. 


14, 18. Les malédictions et les imprécations qui se lisent dans ces versets ne sont 
que des expressions emphatiques trés usitées en Orient pour peindre une vive dou- 
leur. C'est une observation que nous avons eu occasion de faire plusieurs fois. 


* Jusqu'ici l'ordre des prophéties parait assez suivi ; mais il semble qu'il y a quelque 
dérangement dans ce chapitre et dans les seize suivants. Ainsi, par exemple, ce qui est 
dit ici au vers. 1 arriva dans 16 dixième année du règne de Sédécias, lorsque Nabucho- 
donosor, aprés avoir marché contre le roi d'Egypte, revint assiéger une seconde fois 
Jérusalem. 

1-14. * 20 Oracles contre les rois de Juda ; 16 Messie, xxr-xxim, 8. — 19 Pendant que 
Nabuchodonosor assiégeait pour la seconde fois Jérusalem, Sédécias envoya Phassur 
et Sophonie auprés de Jérémie pour lui demander si Dieu ne ferait pas quelque mi- 
racle pour délivrer la capitale, xxi, 1-3. Le Prophète répond que les armes des Juifs 
se retourneront contre eux-mêmes, parce qu'ils sont voués à la ruine, 4-7. Ceux-là 
seuls seront épargnés qui se livreront à l'ennemi, 8-10. Que le roi détourne la colére 
de Dieu par une administration exacte de la justice! 11-12. Que la ville ne compte 
pas sur sa force! 13-14. La maison de David ne peut être sauvée qu'en expiant toutes 
ses injustices, xxr, 1-9. — 20 Après avoir parlé de Sédécias, le Prophète nous donne 
ses prophéties contre les rois qui l'avaient précédé. Quant à Sellum ou Joachaz, il ne 
reverra pas sa patrie, mais mourra captit en Egypte où il a été pris par Néchao, 
10-12. — 39 Joakim, établi roi par Néchao, à la place de Sellum, prédécesseur de 
Jéchonias et de Sédécias, est condamné à une mort honteuse à cause de ses injus- 
tices, 13-19. — 40 Juda est réprouvé, parce que ses pasteurs ne le conduisent pas à 
la vérité et à l'obéissance, mais le repaissent de vent. C'est pour ccla que Jéchonias, 
fils de Joakim, sera livré entre les mains des Chaldéens et conduit à Babylone où il 
mourra saus postérité, 20-30. — 59 Dieu cependant consolera un jour son peuple en 
jui envoyant un bon pasteur de la race de David, le Messie, xxim, 1-8. Le Messie est 
appelé dans ce passage, xxur, 5, Germe de David. Dans Zachar., nt, 8 et v, 12, la Vul- 
gate à la suite des Septante a rendu le terme hébreu /sémakh, par Orient, mais le 
vrai sens de ce mot est celui de germe, qui lui est donné ici par saint Jérôme. Du 
reste, Orient désigne le Messie, comme Germe. — Les caractères du règne du Messie 
nous sont prédits dans ce passage : ce rejeton de David sera roi, voir Jean, xvii, 36, 
et avec lui il fera réguer la justice, la sagesse et la paix, non seulement en Juda, 


fen. xx1.] JÉRÉMIE. 1748 


le roi Seuecias envoya vers jo. | contre le roi de Babylone et con- 
Phassur, fils de Melchias, et - ire les Chaldéens, qui vous as- 
phonias, le prétre, fils de Maasias, | siègent autour des murs, et je 
disant : les rassembleraiau milieu de cette 
9. Consulte pour nous le Sei- | cité. 
gneur, parce que Nabuchodono- 9. Et je combattrai moi-méme 
sor, roi de Babylone, combat con- | contre vous avec une main éten- 
ire nous ; pour savoir si le Sei- | due, et avec un bras fort, et avec 
gneuragiraavecnous selon toutes fureur, et avec indignation, et 
ses merveilles, et si l'ennemi s'é- | avec une grande colère. 
loignera de nous. 6. Et je frapperai les habitants 
3. Et Jérémie leur dit : Aïnsi | de cette cité : les hommes et les 
vous direz à Sédécias : | bêtes mourront d'une grande 
4. Voici ce que dit le Seigneur, | peste. 
Dieu d'Israël : Voilà que moi, |  7.Etaprescela, dit 16 Seigneur, 
j'enlèverai les instruments de ו‎ 56060188, roi de Juda, 
guerre qui sont en vos mains, et | et ses serviteurs et son peuple, 
aveo lesquels vous combattez artes ^ digne et ceux qui auront été épargnés 


— ——— À—— M — 9 היד‎ 


mais aussi en Israël, désormais réconciliés et unis. Bien plus, il sera Dieu, notre 
justice. 

1. Disant. Voy. sur ce mot, 1, 4. — Phassur, fils de Melchias, semble être différent 
de PAassur, fils d'Ernmer (xx, 1). — Sophonias, le prétre. Cette expression ne désigne 
pas ici, comme en bien d'autres endroits, le grand prétre, puisque ce même Sopho- 
hijas est appelé pius bas (uir, 24), et IV Rois, xxv, 18, le second prétre (sacerdotem 
secundum). Voy. aussi sur le sens de l'expression, /e prétre, xx, 1. 

9. Selon toules ses merveilles ; en opérant tous les prodiges qu'il a coutume d'opérer 
contre les ennemis, lorsqu'il veut déiivrer son peuple. — * Nabuchodonosor, roi de 
Babylone, dont le nom va revenir souvent dans Jérémie et les prophètes suivants, 
était fils de Nabopolassar, fondateur de l'empire babylonien. Son vrai nom était Na- 
buchodorosor. 1[ fut le plus grand roi de Bahylone. Avant la mort de son père, il 
arracha au pharáon Néchao les parties de la Syrie qu'il occupait depuis environ 
trois ans, en lui faisant subir en 605 une sanglante défaite à Carchamis sur les bords 
de l'Euphrate; Jérémie, xLvI, 2-12. Nabuchodonosor poursuivit le vaincu jusqu'en 
Egypte, semparant sur son chemin de la Caeiésyrie, dela Phénicie et de la Palestine, 
y compris Jérusalem. Comme il pénétrait en Egypte, il recut la nouvelle de la mort 
de son père. Il retourna à Babyloue par Je chemin le plus court, c'est-à-dire par le 
désert et Palmyre, et prit possession de son royaume en 604. Trois ans après, Joakim, 
roi de Juda, ayant refusé de lui payer tribut, Nabuchodonosor fit une nouvelle cam- 
pagne contre les pays des borós de la. Méditerranée. 1] s'empara de Jérusalem 
presque sans coup férir, fit mettre à mort, d'aprés Josèphe (Compar. Jérémie, xxit, 
18-19; xxxvi, 30), le roi Joakim et ἴθ remplaca par le fils de ce dernier Jéchonias. 
Celui-ci ne régna que trois mois. Nabuchodonosor, l'ayant trouvé peu docile, revint 
au bout de ce temps, pour Ja troisième fois à Jérusalem, le déposa et i'emmena 
captif à Babylone, en donnant ie trône à l'oncle de Jéchonias, appelé Sédécias. Le roi 
chaldéen devint maitre de Tyr au bout d'un siège de treize ans, en 585. 001 % 
xxur Avant la chute de Tyr, Jérusalem avait succombé (586). Sédécias ayant fait 
alliance avec le roi d'Egypte Apriés ou Hophra (Ezéchiel, xvi, 15), paya cher son 
manque de fidélité. Sa capitale fut prise après un siège de deux ans par les Babylo- 
niens, il eut les yeux crevés à Riblah et son vainqueur l'emmena captif à Babylone. 
Nabuchodonosor fit depuis plusieurs campagnes contre l'Egypte. Daniel nous fait 
connaitre plusieurs traits importants de son histoire. Ce fameux conquérant mourut 
à l’âge de 83 ou 84 ans, après un règne de 43 ans, en 561. 

1. * Pour l’accomplissement de ces prophéties, voir IV Rois, xxv. 


1744 


dans cette cité par la peste, etpar 
le glaive, et par la famine, à la 
main de Nabuchodonosor, roi de 
Babylone, et à la main de leurs 
ennemis, et àla main de ceux qui 
cherchent leur âme; et il les frap- 
pera du tranchant du glaive, et 
on ne le fléchira pas, et il n'épar- 
gnera pas, et il n'aura pas de 
pitié. 

8. Età ce peuple tu diras : Voici 
ce que dit le Seigneur : Voilà que 
moi je mets devant vous la voie 
de la vie etla voie dela mort. 

9. Celui qui habitera dans cette 
ville mourra par le glaive, et par 
la famine, et par la peste; mais 
celui qui sortira et qui fuira chez 
les Chaldéens qui vous assiègent, 
vivra, et son àme sera pour lui 
comme une dépouille qu’il aura 
sauvée. 

10. Car j'ai posé ma face vers 
cette cité pour son mal, et non 
pour son bien, dit le Seigneur; 
elle sera livrée à la main du roi 
de Babylone, et il la brülera en- 
tièrement par le feu. 

11. Et £u diras à la maison du 
roi de Juda : Ecoutez la parole du 
Seigneur; 

12. Maison de David, voici ce 
que dit le Seigneur : Rendez des 
le matin la justice, et arrachez 


JÉRÉMIE. 


(cu. xxir.] 


celui qui est opprimé par la vio- 
lence de la main de l'oppresseur, 
de peur que ne sorte comme un 
feu mon indignation, et qu'elle ne 
s'enflamme, et qu'il n'y ait per- 
sonne qui l'éteigne, à cause de la 
malice de vos œuvres. 

13. Voilà que moi je viens à toi, 
habitante de la vallée solide et de 
la plaine, ditle Seigneur; à vous 
qui dites : Qui nous frappera? et 
qui entrera dans nos maisons? 

14. Et je vous visiterai, dit le = 
Seigneur, selon le fruit de vos 
œuvres;etj'allumeraiun feu dans 
sa forêt, et il dévorera toutes cho- 
ses autour d'elle. 


CHAPITRE XXII. 


Le Seigneur exhorte Joakim, roi de Juda, 
et son peuple à étre docile à la voix du 
Seigneur. Ne point pleurer Josias, mais 
Sellum. Reproches contre Joakim. Sa 
fin malheureuse. Jérusalem abandon- 
née de ses alliés. Jugement du Sei- 
gneur contre Jéchonias. 


1. Voici ce que ditle Seigneur: 
Descends dans la maison du roi 
de Juda, et tu prononceras là cette 
parole, 

9. Et tu diras : Ecoute la parole 
du Seigneur, roi de Juda, toi qui 
es assis sur le tróne de David ; toi, 
et tes serviteurs, et ton peuple, 
qui entrez par ces portes. 


παρ. XXI. 9. Infra, xxxvi, 2. — 12. Infra, xxii, 3. 


9. Dieu veut par ce moyen éviter l'effusion du sang, et conserver la race d'Israél. 


Compar. xxxvi, 2. 


12. Rendez dés le matin ; hébraisme, pour hátez-vous de rendre. — De l'oppresseur ; 
c'est le vrai sens du mot calomniateur (calumniantis) de la Vulgate, expliqué par 


l'hébreu. 


13. Habitante, etc.; c'est-à-dire, située, etc. Jérusalem est ainsi désignée, parce 
qu'elle s'élevait sur les monts de Sion et de Moria, au milieu des vallons et de la 
plaine dont elle était environnée. — * Voir Isa?e, xxr, 1. 

14. Et j'allumerai, etc. Voy. pour l'exécution de ces menaces, 1V Rois, xxv, 9. 


1. Voici, etc. Cette prophétie se rapporte au temps du regne de Joakim, qui monta 
sur le trône aprés que le Pharaon Néchao eut déposé etemmené en Egypte son frère 


Joachaz. Compar. IV Rois, xxr, 34. 


(cu. xxu. ] 


3. Voici ce que dit le Seigneur : 
Rendez le jugement et la justice ; 
délivrez celui qui est opprimé par 
la violence de la main del'oppres- 
seur; necoutristez pasl'étranger, 
l'orphelin, et la veuve, et ne les 
opprimez pas injustement, et le 
sang innocent, ne le répandez 
pas dans ce lieu. 

4. Si observant vous observez 
ces paroles, desrois de larace de 
David entreront parles portes de 
cette maison; ils seront assis sur 
sontróne, et montés sur des chars 
et sur des chevaux, leurs servi- 
teurs et leur peuple. 

5. Que si vous n'écoutez point 
ces paroles, j'ai juré par moi- 
méme, dit le Seigneur, que cette 
maison deviendra une solitude. 

6. Parce que voici ce que dit le 
Seigneur sur là maison du roi de 
Juda : Tu es pour moi, Galaad, la 
tête du Liban; néanmoins je te 
rendrai £07, une solitude, e£ tes 
villes inhabitables. 

7. Et je consacrerai contretoi un 
homme qui tuera, et ses armes; 
et ils abattront tes cedres choisis, 
et ils les jetteront dans le feu. 


JÉRÉMIE. 


1745 


8. Et des nations nombreuses 
passeront par cette cité, et chacun 
dira à son voisin : Pourquoi le 
Seigneur a-t-il fait ainsi à cette 
cité considérable? 

9. Et on répondra : Parce qu'ils 
ont abandonné l'alliance du Sei- 
gneur leur Dieu, et qu'ils ont 
adoré des dieux étrangers, οἱ 
qu'ils les ont servis. 

10. Ne pleurez pas un mort, ne 
faites pas de deuil pour lui par 
votre pleur; désolez-vous au sujet 
de celui qui sort, parce qu'il ne re- 
viendra plus, et qu'il ne verra 
plus la terre de sa naissance. 

11. Parce que voici ce que dit le 
Seigneur, contre Sellum, fils de 
Josias, e£ roi de Juda, qui a régné 
pour Josias, son père, et qui est 
sorüi de ce lieu : 1[ ne reviendra 
plus ici; 

12. Mais dans le lieu oü je l'ai 
transporté, là il mourra, et il ne 
verra plus cette terre. 

13. Malheur à celui qui bátit sa 
maison dans l'injustice, et ses cé- 
nacles dans liniquité; il oppri- 
mera son ami sans sujet, et il ne 
lui payera pas son salaire; 


Cuap. XXII. 3. Supra, xxr, 12. — 8. Deut., xxix, 24; III Rois, 1x, 8. 


ne M 


—————— —— M MÓ—Ís 


3. De l'oppresseur (calumniatoris). Nous avons déjà fait remarquer que la. Vulgate 
rend souvent par calomnier le verbe hébreu traiter injustement et avec violence, 
opprirmer. 

4. Si observant vous observez; hébraisme, pour si vous observez entièrement. 

6. Galaad; pays trés beau et trés fertile au delà du Jourdain, et qui avait fait 
partie du royaume d'Israél. Dieu donne ce nom au palais de Juda pour relever sa 
magnificence et ses richesses, mais en même temps pour faire connaitre que, comme 
cette province du royaume d'Israël avait été désolée par Théglathphalasar, roi des 
Assyriens (IV Rois, xv, 29), la maison de Juda devait craindre le méme chátiment, 
si elle imitait l'infidélité de la maison d'Israél. — Liban; montague élevée, au nord- 
ouest de la Palestine. 

1. Je consacrerai (sanctificabo). Compar. pour le sens de ce mot, vi, 4. 

10. Un mort, selon l'hébreu; le mort, suivant les Septante; c'est-à-dire, le roi 
Josias, mort pieusement peu auparavant. et fort regretté du peuple (Il Pa- 
ralip., XXXV, 24), — Celui qui sorl; Joachaz, appelé aussi Sellum. Voy. le verset 
suivant. 

13. Celui:qui bâtit, etc.; Joakim établi roi par Néchao en la place de Sellum. 


AL 110 


1746 

14. Qui dit : Je me bátirai une 
maison vaste et des cénacles spa- 
cieux; qui s'ouvre des fenétres, 
fait des lambris de cèdre, et il 
les peint avec de la terre de Si- 
nope. 

415. Estce que tu régneras, 
parce que tu te compares au ce- 
dre? ton pere n'a-t-il pas mangé 
et bu, et rendu le jugement et la 
justice, alors que tout allait bien 
pour lui? 

16. Et il a jugé la cause du 
pauvre et de l'indigent pour son 
propre bonheur; n'est-ce pas 
parce qu'il m'a connu, dit le Sei- 
gneur? 

17. Mais tes yeux et {on cœur 
sont portés seulement à l'avarice, 
à répandre le sang innocent, à la 
calomnie, et à courir apres les 
mauvaises œuvres. 

18. À cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur à Joakim, fils de 
Josias et roi de Juda : On ne se 
désolera pas à son sujet, en di- 
sant : Malheur, frere! Malheur, 
sœur! on ne fera pas retenlir 
pour lui : Malheur, maitre! Mal- 
heur, illustre! 


19. Infra, xxxvi, 30. 


JERÉMIE. 


[Gi soie 

19. De la sépulture d'un àne 
il sera enseveli; pourri, il sera 
jeté hors des portes de Jérusa- 
lem. 

90. Monte sur le Liban, et crie; 
et en Basan élève ta voix, et crie 
aux passants qu'ils ont été brisés, 
tous ceux qui t'aimaient. 

91. Je t'ai parlé dans [6 temps de 
ton abondance, et tu as dit : Je 
n'écouterai pas; 08 été ta voie 
des ta jeunesse, que de ne pas 
écouter ma parole. 

22. Le vent paitra tous tes pas- 
leurs, et tes amants iront en 
captivité ; et alors tu seras con- 
fondue, et tu rougiras de toute ta 
malice. 

93. Toi qui es assise sur le Li- 
ban, et qui as fait ton nid dans les 
cedres, comment as-tu gémi pro- 
fondément, lorsque te sont ve- 
nues des douleurs, comme celles 
d'une femme en travail? 

94. Je vis, moi, dit le Sei- 
eneur; quand Jéchonias, fils de 
Joakim, roi de Juda, serait un 
anneau à ma main droite, je l'en 
arracherai. 

95. Et je te livrerai à la main 


44. La terre de Sinope; servait à faire une couleur rouge d'un vif éclat. — * Le 
texte original, au lieu de terre de Sinope, parle d'un rouge vif. 
47. Ton, seulement (ou si ce n'est) sont exprimés dans l'hébreu. Calomnie; ou bien 


selon l'hébreu, injustice violente, oppression. 


18-19. * Voir plus haut la note sur xxr, 2. — Malheur, frère! malheur, maitre. Ce 
sont les cris de lamentation qu'on faisait entendre dans la cérémonie des funérailles. 
Voir plus loin, xxxiv, ὃ; 111 Rois, xut, 30. — Joakim. Le quatrième livre des Rois, 


5 


xxiv, 5, raconte sa mort, comme le fait remarquer saint Jérôme, mais il ne dit pas 
qu'il fut enseveli, parce qu'il fut privé de cet honneur. 

20. Monle, éléve, crie; étant au féminin en hébreu, on ne peut leur supposer pour 
sujet ou nominatif que le mot Jérusalem ou Sion. — Liban. Voy. le vers. 6. — Basan; 
montagne fertile, au nord-est de la Palestine; l'une et l'autre peuvent étre le sym- 
bole des montagnes mêmes sur lesquelles Jérusalem était bâtie. 

23.* Le Liban; désigne ici Jérusalem, assise sur ses montagnes. 

94. Je vis, moi; formule de serment expliquée dans Isaze, xuix, 18. — * Un anneau, 
qui sert à sceller, est un objet précieux, cher à son possesseur, qui ne s’en sépare 


pas volontiers. 


.Ca.. xxi. | 


de ceux qui cherchent ton âme, 
el à la main de ceux dont tu 
redoutes la face, et à la main 
de Nabuchodonosor, roi de Ba- 
bylone, et à la main des Chal- 
déens. 

26. Je t'enverrai, toi et ta 
mere qui t'a enfantée, dans une 
terre étrangère dans laquelle 
vous n'étes pas nés, et vous y 
mourrez. 

27. Et quant à la terre vers la- 
quelle eux-mémes élevent leur 
àme pour y retourner, ils n'y re- 
tourneront pas. 

28. N'est-ce pas un vase d'ar- 
gile, et τῶι vase brisé, que cet 
homme, Jéchonias? n'est-ce pas 
un vase sans aucun agrément? 
pourquoi ont-ils été rejetés, lui 
et sa race, et jetés dans une terre 
qu'ils ne connaissaient pas? 

29. Terre, terre, terre, écoute la 
parole du Seigneur. 

90. Voici ce que dit le Sei- 
gneur : Inseris cet homme com- 
me stérile, comme un homme 
qui durant ses jours ne prospé- 
rera pas; car il n'y aura pas 
d'homme de sa race qui s'assiéra 
sur le tróne de David, et qui 
aura à l'avenir le pouvoir dans 
Juda. 


JÉRÉMIE, 


CHAPITRE XXIIL 


Menaces contre les pasteurs infidèles. 
Retour de la captivité. Règne du Messie. 
Douleur et affliction de Jérémie. Re- 
proches et menaces contre les faux 
prophétes, et contre ceux qui mé- 
prisent la parole de Dieu annoncée par 
les vrais prophétes. 

1. Malheur aux pasteurs qui 
perdent et déchirent le troupeau 
de mon páturage, dit le Sei- 
gneur! 

2. C'est pourquoi voici ce que 
dit le Seigneur, Dieu d'Israël, aux 
pasteurs qui paissent mon peu- 
ple : Vous, vous avez dispersé 
mon troupeau, et vous l'avez 
chassé, et vous ne l'avez pas vi- 
sité : voilà que moi je vous visi- 
terai pour la malice de vos œu- 
vres, dit le Seigneur. 

3. Et moi-même je rassemble- 
rai les restes de mon troupeau, 
de toutesles terres dans lesquelles 
je les aurai jetés, et je les ferai 
retourner à leurs champs; et ils 
croitront et ils se multiplieront. 

4. Et je leur susciterai des pas- 
teurs; et ils les paitront; ils ne 
craindront plus et ne seront plus 
dans l'effroi, et aucune hrebis ne 
manquera au nombre, dit le Sei- 
gneur. 


Car. XXIII. 1. Ezéch., xii, 3; xxxiv, 2. — 4, Supra, In, 15. 
Io ΞΘ Áo π΄ 0 UR om nait an. al 


30. Inscris; dans les tables généalogiques. — S/érile; non pas qu'il ait été posi- 
livement privé d'enfants, puisque l'Écriture elle-même dit le contraire )1 Paralip., 
nr, 17; Matth., 1, 19); mais stérile en ce sens qu'aucun de ses enfants ne régna 


aprés lui. 


1. Malheur, etc. C'est une suite du discours précédent. 

3. L'avez chassé, l'avez visité. La Vulgate, conformément au texte hébreu, porte 8 
(605), au pluriel, parce que le mot froupeau, que représente le pronom, est un nom 
collectif, qui, quoique singulier, signifie plusieurs animaux. 

4. Des pasteurs; à la lettre Zorobabel, Jésus, fils de Josédech, et les autres qui gou- 
vernèrent Juda, après la captivité; mais dans un sens plus relevé, les apótres de 
Jésus-Christ, destinés à conduire et à paitre les fidéles délivrés de la servitude du 
démon. — Ne manquera au nombre. Jésus-Christ semble faire allusion à ce passage 
dans l'Evangile (Jean, vi, 39; xvrt, 12; תווצ‎ 9). 


4748 

5. Voilà que des jours vien- 
nent, dit le Seigneur; et je susci- 
terai à David un germe juste ; un 
roi regnera, il sera sage, et il 
rendra le jugement et la justice 
sur la terre. 

6. En ces jours-là, Juda sera 
sauvé, et Israél habitera en assu- 
rance; et voici le nom dont ils 
l'appelleront : Le Seigneur notre 
juste. 

7. A cause de cela, voilà que 
des jours viennent, dit le Sei- 
gneur, ou l'on ne dira plus : Le 
Seigneur vit, qui a tiré les fils 
d'Israël de la terre d'Egypte! 

8. Mais : Le Seigneur vit, qui a 
tiré οἱ ἃ ramené la postérité d'Is- 
raël de la terre de l'aquilon, et de 
toutes les terres où je les avais 
jetés ; et ils habiteront dans leur 
terre. 

9. Aux prophètes : Mon cœur 
a été brisé au dedans de moi, tous 
mes os ont tremblé; je suis de- 
venu comme un homme ivre, 


JEREMIE. 


]68. xxnit. | 


comme un homme rempli de vin, 
à cause du Seigneur, à cause de 
ses paroles saintes. 

10. Parce que la terre a été rem- 
plie d’adultère, parce que la terre 
est en deuil à cause de la malé- 
diction, les champs du désert se 
sont desséchés; leur carriere est 
devenue mauvaise, et leur puis- 
sance changeante. 

11. Car le prophéte et le prétre 
se sont souillés; et dans ma mai- 
son jai trouvé leur mal, dit le 
Seigneur. 

12. C’est pour cela que leur 
voie sera comme un chemin glis- 
sant dans les ténèbres; carils se- 
ront poussés et ils y tomberont 
tous ensemble; car j'amènerai 
sur eux des maux, l'année deleur 
visite, dit le Seigneur. 

13. Et dans les prophètes de 
Samarie, j'ai vu de la sottise; ils 
prophétisaient au nom de Baal, 
et ils trompaient mon peuple Is- 
raél. 


5. Isaie, 1v, 2; xr, 11; xLv, 8; Infra, xxxur, 14; Ezéch., xxiv, 23; Dan., 1x, 24; Jean, 
1, 45. — 6. Deut., xxxn, 28. — 8. Supra, xvi, 14. 


5, 6. Outre que tous les Péres et les interprétes chrétiens voient dans ces deux 
versets le Messie, Jésus-Christ, la force et la grandeur des expressions ne permettent 
pàs de les expliquer littéralement d'aucun autre. 

6. Le Seigneur; dans l'hébreu; Jéhova; nom incommunicable à tout autre qu'à 
Dieu. ll est attribué ici au Messie, à Jésus-Christ, parce que Jésus-Christ est vraiment 
Dieu, fils de Dieu, égal et consubstantiel à son Père, et en méme temps le principe 
de notre justice. 

7, 8. Le Seigneur vit; formule de serment. Voy. 1v, 2. 

9-40. * 3e Oracles contre les faux prophètes, xx, 9-40. — Les mauvais prophètes, 
par leurs pernieieux exemples, sont la cause principale de la corruption de Juda, 9-15; 
ils ont trompé le peuple par leurs prédictions mensongères et l'ont ainsi endurci 
dans ses péchés, mais la colère du Seigneur éclatera sur leurs têtes, 16-22; Dieu voit 
comment, par leurs réveries, ils éloignent le peuple de son culte, en donnant leurs 
imaginations pour une parole divine, 23-30; il viendra à eux, il leur apprendra à 
ne plus mépriser le fardeau (massa), ou prophétie de menaces, des vrais prophètes, 
et il les couvrira d'une honte éternelle, 31-40. 

9. Aux prophètes; c'est-à-dire aux faux prophètes, moi Jérémie, je dis. — 4 cause; 
littér. et par hébraisme, à la face. 

A1. Leur mal; le mal qu'ils ont fait en plaçant leurs idoles jusque dans le temple. 
Compar. vu, 305 1x, 15; 1V Rois, xxtit. 

12. L'année de leur visite. Voy. pour le sens de ces mots, xi, 25. 


[ca χχαπ. 


14. Et dans les prophètes de Jé- 
rusalem, jai vu une image des 
adultères, etla voie du mensonge; 
et ils ont fortifié les mains des 
plus méchants, afin qu'aucun ne 
se convertit de sa malice; ils sont 
tous devenus pour moi comme 
Sodome, et ses habitants comme 
Gomorrhe. 

15. A cause de cela, voici ce 
que dit le Seigneur des armées 
aux prophètes: Voilà que moi je 
les nourrirai d'absinthe, et je les 
abreuverai de fiel; car c'est des 
prophètes de Jérusalem que la 
corruption s'est répandue sur 
toute la terre. 

16. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : N'écoutez pas les 
paroles de ces prophétes qui vous 
prophétisent et vous trompent; 
ils disent les visions de leur cœur, 
non recueillies de la bouche du 
Seigneur. 

17. Ms disent à ceux qui me 
blasphèment : Le Seigneur ἃ 
parlé; la paix sera à vous; et à 
quiconque marche dans la dépra- 
valion de son cœur, ils ont dit : 
ll ne viendra pas sur vous de 
mal. 

18. Car qui a assisté au conseil 
du Seigneur, eta vu, etaentendu 
ce qu'il a dit? qui a médité sa pa- 
role et l’a entendue? 

19. Voilà que le tourbillon de 
l'indignation du Seigneur sortira ; 
et la tempéte, éclatant, viendra 
sur la téte des impies. 


JÉREMIE 


1749 


20. La fureur du Seigneur ne 
reviendra pas jusqu'à ce qu'elle 
exécute, et jusqu'à ce qu'elle ac- 
complisse la pensée de son cœur; 
dans les derniers jours vous com- 
prendrez son dessein. 

21. Je n'envoyais pas ces pro- 
phétes, et d'eux-mémes ils cou- 
raient; je ne leur parlais pas, et 
d'eux-mémes ils prophétisaient. 

22. S'ils avaient assisté à mon 
conseil, et qu'ils eusseut fait con- 
naitre mes paroles à mon peuple, 
je les aurais détournés de leur 
voie mauvaise, etdeleurs pensées 
irés mauvaises. 

23. Penses-tu que moi je sois 
Dieu de près, dit le Seigneur, et 
non Dieu de loin? 

24. Un homme se cachera dans 
les ténèbres, et moi ne le verrai- 
je pas, dit le Seigneur? n'est-ce 
pas moi qui remplis le ciel et la 
terre, dit le Seigneur? 

25. J'ai entendu ce qu'ont dit les 
prophétes, prophétisant en mon 
nom un mensonge, et disant: J'ai 
eu un songe, j'ai eu un songe. 

26. Jusques à quand cela sera- 
t-il dans le cœur de ces prophètes 
qui prédisent le mensonge, et qui 
prophétisent les séductions de 
leur cœur ? 

27. Ceux qui veulent faire que 
mon peuple oublie mon nom à 
cause de leurs songes, que chacun 
d'ewr raconte à son prochain 
comme leurs peres ont oublié 
mon nom à cause de Baal. 


15. Supra, 1x, 15. — 16. Iufra, נטאא‎ 9; xxix, 8. — 17. Supra, v, 12; xiv, 15, — 
19. Infra, xxx, 14. — 21. Infra, xxvir, 15; xxix, 9. 


———————— M MÀ 


14. Ses habitants; c'est-à-dire les habitants de Jérusalem. — * Comme Sodome. Voir 


la note sur Genèse, xiu, 10. 


15. * Je les nourrirai d'absinthe. Voir Proverbes, v, 4. 
21. Ces; est dans l'hébreu, représenté par l'article déterminatif. 


1750 

98. Que le prophète qui a un 
songe le raconte, et que celui qui 
a ma parole publie ma parole 
fidèlement ; car quel rapport a la 
paille avec le froment? dit le Sei- 
gneur. 

29. Ma parole n'est-elle pas 
comme le feu, dit le Seigneur, et 
comme un marteau qui brise une 
pierre? 

90. A cause de cela, voilà que 
moi, dit le Seigneur, je viens aux 
prophètes qui dérobentma parole, 
chacun à son prochain. 

31. Voilà que moi, dit le Sei- 
gneur, j'en viens aux prophètes 
qui font usage de leurs langues 
et disent : Le Seigneur dit. 

32. Voilà que moi, 76 viens aux 
prophetes qui ont révé des men- 
songes, dit le Seigneur, qui les 
ont racontés et ont séduit mon 
peuple par leurs mensonges et 
par leurs miracles, quoique moi 
je ne les eusse pas envoyés et 
que je ne leur eusse pas donné 
d'ordre, à eux qui n'ont servi 
de rien à ce peuple, dit le Sei- 
gneur. 

33. Si done ce peuple, ou un 
prophéte, ou un prétre t'inter- 
roge, disant : Quel est le far- 
deau du Seigneur? Tu leur diras : 
C'est vous qui êtes ce fardeau; 


JERÉMIE. 


[cH. [.זווצצ‎ 


car je vous rejetterai, dit le Sei- 
gneur. 

34. Quant au prophete, et au 
prétre, età ce peuple qui dit : Far- 
deau du Seigneur, je visiterai cet 
homme et sa maison. 

39. Voici ce que vous direz cha- 
cun à votre prochain et à votre 
frere : Qu'a répondu le Seigneur? 
et qu'a dit le Seigneur? 

36. Et le fardeau du Seigneur 
ne sera plus rappélé; car le far- 
deau de chacun sera sa propre 
parole; parce que vous avez per- 
verti les paroles du Dieu vivant, 
du Seigneur des armées, de notre 
Dieu. 

31. Voici ce que tu diras au pro- 
phète : Que t'a répondu le Sei- 
gneur? et qu'a ditle Seigneur? 

38. Or si vous dites : Fardeau 
du Seigneur, à cause de cela, 
voici ce que ditle Seigneur: Parce 
que vous avez dit cette parole : 
Fardeau du Seigneur, et que j'ai 
envoyé vers vous disant : Ne dites 
pas : Fardeau du Seigneur. 

39. À cause de cela, voilà que 
moi-même je vous enlèverai, 
vous emportant comme un far- 
deau, et je vous abandonnerai 
loin de ma face, vous, et la cité 
que je vous ai donnée, à vous et 
à Vos pères. 


31. Qui font usage de leurs langues; qui remuent leurs langues; littér. selon l'hé- 
breu et la Vulgate : Qui prennent leurs langues. Selon nous, le vrai sens de ce passage 
est : Ils parlent pour dire; locution semblable à celle de I Rois, x, 9 : Il délourna son 
épaule pour s'en aller. 

32. Des mensonges. Quoique la Vulgate porte le singulier, mensonge (mendacium), 
elle met au pluriel le pronom (ea) qui représente ce nom; la méme anomalie se 
trouve dans le texte hébreu, mais non dans les Septante qui lisent mensonges au 
pluriel. C'est pour cela que, nous conformant d’ailleurs aux traductions vulgaires qui 
sont à l'usage des catholiques d'Italie, d'Espagne, d'Angleterre et d'Allemagne, nous 
avons cru devoir traduire nous-mêmes par mensonges au pluriel. — Par leurs men- 
songes. Ainsi portent les Septante et plusieurs versions vulgaires catholiques, cons 
trairement à l'hébreu et à la Vulgate, qui lisent encore ici mensonge au singulier, 

33. Fardeuu (onus). Voy. pour le sens de ce mot, 19006, xit, 1. 


(cu. xxiv.] JERÉMIE. | 1754 
40. Et je vous livrerai à un op- | ger, parce qu'elles étaient mau- 

probre qui durera toujours, et à | vaises. 
une ignominie éternelle qui ja- 3. Et le Seigneur me dit : Que 
mais ne sera effacée par l'oubli. | vois-tu, Jérémie? Et je dis : Je 
vois des figues bonnes, très 
CHAPITRE XXIV. bonnes; et des mauvaises, tres 
/ mauvaises, qui ne peuvent étre 

Vision de deux paniers : l'un plein de 


bonnes figues qui représentent les Juifs RE parce qu elles sontmau- 
emmenés captifs à Babylone; l'autre | VaiSes. 


plein de mauvaises figues qui repré- 4. Et la parole du Seigneur me 

sentent les Juifs restés en Judée ou fut adressée, disant : 

retirés en Egypte. 26 : : 

9. Voici ce que dit le Seigneur, 

4. Le Seigneur me fit voir, et | Dieu d'Israël : Comme ces figues 
voici deux paniers pleins de fi- | sont bonnes, ainsi je traiterai bien 
₪108, placés devant le temple du | /es fils de là transmigration que 
Seigneur, après que Nabuchodo- | j'ai envoyés de ce lieu dans la 
nosor, roi de Babylone, eut trans- | terre des Chaldéens. 
féré Jéchonias, fils de Joakim, roi 6. Et je porterai sur eux un re- 
de Juda, et ses princes, et l'arti- | gard favorable, et je les ramène- 
san, et 16 lapidaire, loin de Jéru- | rai dans cette terre; je les réta- 
salem, et qu'il les eut emmenés à | blirai, et je ne les détruirai pas; 
Babylone. jeles planterai, et je ne les arra- 

2. L'un de ces paniers contenait | cherai pas. 
des figues très bonnes, comme 7. Et je leur donnerai un cœur, 
ont coutume d’être les figues de | afin qu'ils me connaissent, parce 
la premiere saison, et l'autre pa- | que moi je suis 16 Seigneur; et ils 
nier contenait des figues trés | seront mon peuple, et je serai 
mauvaises,qu'onnepouvaitman- | leur Dieu, parce qu'ils revien- 


40. Supra, xx, 11. — Cngar. XXIV. 7. Supra, vir, 23; Infra, xxxi, 33. 


40. Si l'on veut suivre l'ordre des temps, il parait qu'il faut passer de ce verset au 
chapitre xxvi. | 


1-10. * Ile section : Jugement de Dieu contre le peuple en général, ou captivité de 
Babylone, xxiv-xxix. — 1o Accomplissement des prophéties contre le peuple par une 
première déportation, xxiv. — Les menaces si souvent renouvelées ont commencé à 
s'accomplir : une partie du peuple a été emmenée en captivité, avec Jéchonias, par 
Nabuchodonosor. Jérémie voit deux paniers, l'un plein de bonnes figues, l'autre de 
mauvaises; le premier représente les Juifs qui ont été déportés, le second ceux qui 
sont restés en Judée avec Sédécias : ceux-ci périront, tandis que ceux-là seront con- 
servés pour un meilleur avenir, xxiv, 1-10. 

1. Devant le temple du Seigneur; c'est-à-dire, dans le parvis des prétres devant la 
porte du sanctuaire. C'était là que l'on déposait les prémices devant l'autel du Sei- 
gneur (Deutéron., xxvr, 4). 

2. * Des figues. Voir la note sur Cant., n, 43. 

4. Disant. Voy. sur ce mot, 1, 4. 

5. Les fils de la transmigration. C'est ainsi que sont nommés les Juifs exilés, dans 
Esdras et dans David. Il est d'ailleurs incontestable que éransmigration est mis ici 
pour ceux qui faisaient partie de la transmigration. 

T. Cœur; signifie souvent en hébreu, esprit, intelligence, 


1152 
dront à moi en tout leur cour. 

8. Quant à ces figues trés mau- 
vaises, qui ne peuvent étre man- 
gées, parce qu'elles sont, mau- 
valises, voici ce que dit le Sei- 
gneur : Ainsi je traiterai Sédécias, 
roi de Juda, et ses princes, et les 
restes de Jérusalem qui sont de- 
meurés dans cette ville, et ceux 
qui habitent. dans la terre d'E- 
gypte. 

9. Jeles livrerai en vexation et 
en affliction, dans tous les royau- 
mes de la terre; en opprobre et 
en parabole, et en proverbe, et en 
malédiction dans tous. les lieux 
dans lesquels je les aurai jetés. 

10. Et j'enverrai contre eux le 
glaive, et la famine, et la peste, 
jusqu'àcequ'ilssoientexterminés 
de la terre que je leur ai donnée, 
à eux et à leurs peres. 


CHAPITRE XXV. 


Juda est indocile à la voix du Prophète. 
Vengeance du Seigneur sur Juda et sur 
les nations qui l'environnent. Soixante- 


8. Infra, xxix, 17. 


JERÉMIE. 


dix ans de captivité. Vengeance du Sei- 
gneur sur Babylone. Calice de la colère 
du Seigneur; exécution de ses ven- 
geances. 


1. Parole qui fut adressée à Jé- 
rémie touchant toutle peuple de 
Juda, en la quatrième année de 
Joakim, fils de Josias, roi de Juda, 
qui est la premiere année de Na- 
buchodonosor, roi de Babylone; 

2. Et que Jérémie, le prophete, 
annonca à tout le peuple de Juda, 
et à tous les habitants de Jérusa- 
lem, disant : 

3. Depuis 18 treizième année de 
Josias, fils d'Ammon, roi de Juda, 
jusqu'à ce jour, c’est la vingt-troi- 
sieme année; la parole du Sei- 
gneur m'a été adressée, et je vous 
ai parlé, me levant durantla nuit 
et parlant, et vous ne m'avez pas 
écouté. 

4. Et le Seigneur a envoyé vers 
vous tous ses serviteurs les pro- 
phetes, se levant au point du 
jour, et les envoyant; et vous 
n'avez pas écouté, et vous n'avez 


n n n los‏ וי 


8. * Ceux qui habitent dans la terre d'Egypte. Noir plus 1010, 43. 

9. À la parabole et au proverbe, c'est-à-dire tu deviendras un sujet de comparaison, 
et tu passeras en proverbe; en sorte que quand on voudra présenter quelqu'un comme 
étant malheureux, on dira: Il est plus malheureux qu'un Juif. 

10. Si l'on veut suivre l'ordre des temps, il parait qu'il faut passer de ce verset aux 
chapitres XXIX, XXX, XXXI. 


1-38. * 20 Prophéties antérieures concernant la captivité, xxv-xxix. — Le ch. xxiv 
est du temps de Sédécias, le ch. xxv nous fait revenir en arrière, à la 4 année de 
Joakim. — 1° C'est en cette année que Jérémie avait annoncé tous les maux que Na- 
buchodonosor causerait à Juda et avait prédit que la captivité durerait 70 ans, 1-11. 
Cf. xxix, 10. Ces 70 ans courent, non de la ruine de Jérusalem et du temple, sous 
Sédécias, mais de la première déportation, qui eut lieu la 4e année de Joakim, l'année 
méme de la date de cette prophétie. 11 s'écoula 70 ans depuis cette époque jusqu'à 
lédit de Cyrus qui permit aux Juifs de retourner en Palestine sous la conduite de 
Zorobabel (606-536 av. J.-C.) — 2° Ceux qui ont emmené Juda en captivité, les 
Chaldéens, seront punis à leur tour au bout de 70 ans; tous ceux qui auront persé- 
cuté le peuple de Dieu boiront à la coupe du vin de la colére divine, 12-31; le Sei- 
gneur les détruira, 32-38. 

3. Me levant durant la nuit; avant le jour, m'arrachant ainsi à mon repos pour 
votre bien. 

4. Se levant au point du jour; hébraisme, pour se hdtant, 


CH, XXV.] 


pas incliné vos oreilles afin d’é- 
couter, 

5. Lorsqu'il disait: Revenez cha- 
cun de votre voie mauvaise, et de 
vos trés mauvaises pensées; et 
vous habiterez dans la terre que 
le Seigneur vous a donnée, à 
vous et à vos peres, de siècle en 
siecle. 

6. Et n'allez pas à la suite de 
dieux étrangers, afin de les servir 
elLdelesadorer;ne me provoquez 
pas au courroux par les œuvres 
de vos mains, et je ne vous affli- 
gerai point. 

1. EL vous ne m'avez pas écouté, 
dit le Seigneur, en sorte que vous 
m'avez provoqué au courroux par 
les œuvres de vos mains, pour 
votre malheur. 

8. À cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur des armées : A 
cause de ce que vous n'avez pas 
écouté mes paroles, 

9. Voilà que moi j'enverrai et 
que je prendrai toutes les familles 
de l’aquilon, dit le Seigneur, et Na- 
buchodonosor, roi de Babylone, 
mon serviteur; et je les amè- 
nerai sur celle terre et sur ses 


JÉRÉMIE, 


1753 
habitants, et sur toutes les na- 
tions qui sont autour d'elle; et 
jeles perdrai,et j'en ferai un objet 
de stupeur et de sifflement, et 7e 
les réduiraià des solitudes éter- 
nelles. 

10. Et je ferai cesser parmi eux 
la voix de la joie et la voix de 
l'allégresse, la voix de l'époux et 
la voix de l'épouse, la voix de la 
meule et la lumière de la lampe. 

11. Et toute cette terre sera une 
solitude et un objet de stupeur; 
et toutes ces nations serviront le 
roi de Babylone durant soixante 
et dix ans. 

12. Et lorsque les soixante et 
dix années seront accomplies, je 
visiterai le roi de Babylone, et 
cette nation, dit le Seigneur, et 
leur iniquité, et la terre des Chal- 
déens; et j'en ferai des solitudes 
éternelles. 

13. Et j'amènerai sur cette terre 
toutes mes paroles que j'ai dites 
contre elle, tout ce qui a été écrit 
dans ce livre, toutes les choses 
qu'a prophétisées Jérémie contre 
toutes les nations; 

14. Parce qu'elles les ont servis, 


CHaP. XXV. 5. IV Rois, xvir, 13; Supra, xvii, 11; Infra, xxxv, 15. — 11. II Par., 
XXXVI 26 LIESOE., 1, 15 Infra; €xxvt; 6;:xxix, 105. Dant, Ix; 2. 


9. De siècle en siècle; c'est-à-dire dans tous les siècles; expression que plusieurs 
interprétes rapportent à vous habilerez. ll faut avouer que ce genre de construction 
n'est nullement opposé au style de la Bible, et que les termes eux-mémes favorisent 


cette interprétation. 


9. J'enverrai et je prendrai; hébraisme, pour j'enverrai prendre. — Mon serviteur; 
l'instrument de ma colére, le ministre de mes vengeances. 

40. La voix de la meule; c'est-à-dire, la voix des femmes qui chantaient en tournant 
Ja meule. Compar. Matth., xxiv, 41. — * Le bruit de la meule qui broie le grain est 
donné comme le signe d'un lieu habité : en Orient, là où il y a une agglomération 
d'hommes, c'est un bruit qu'on entend tout le jour. 

11. Durant soirante et dir ans; qui se comptent de la premiére année de Nabucho- 
donosor, et finissent en la premiére année de Cyrus (I Esdras, 1, 1). 

43. Toutes les nalions; c'est-à-dire, les Iduméens, les Moabites, et tous les peuples 
voisins des Juifs qui s'étaient alliés aux Chaldéens (xit, 6; Lament., 1v, 21; Ps. xxxvi, 1; 


Ezéch., xxv, 3,8; Abdias, 11-13). 


15. Les ont servis; ont servi les Chaldéens. — Et je leur rendrai, etc. Ceci s'adresse 


1754 JÉRÉMIE. 


quoique ce fussent des nations 
nombreuses et de grands rois; et 
je leur rendrai selon leurs œu- 
vres, et selon les ouvrages de 
leurs mains. 

15. Parce qu'ainsi dit le Sei- 
eneur des armées, Dieu d'Israël : 
Prends ce calice de vin de fureur 
de ma main, et tu en feras boire à 
toutes les nations vers lesquelles 
moi je t'enverrai. 

16. Et elles boiront, et elles se- 
ront troublées, et elles perdront 
le sens àla face du glaive que moi 
j'enverrai parmi elles. 

11. Et je recus le calice de la 
main du Seigneur, et j'en fis 
boire à toutes les nations vers 
lesquelles m'a envoyé le Sei- 
gueur : 

18. A Jérusalem et aux cités de 
Juda, et à ses rois, et à ses prin- 
ces; afin d'en faire un désert, et 
un objet de stupeur et de siffle- 
ment, et de malédiction, comme 
c'est en ce jour; 

19. À Pharaon, roi d'Egypte, et 


[cH. xxv.] 
à ses serviteurs, et à ses princes, 
et à tout son peuple; 

90. Et à tous généralement: à 
tous les rois de la terre d'Ausite, 
et à tous les rois de la terre des 
Philistins, et à Ascalon, et à Gaza, 
et à Accaron, et aux restes d'A- 
20% ; 

21. Et ἃ l'Idumée, et à Moab, et 
aux enfants d'Ammon; 

22. Et à tous les rois de Tyr, et 
à tous les rois de Sidon, et aux 
rois de la terre des iles qui sont 
au delà dela mer; 

23. Et à Dédan, et à Théma, et à 
Buz,etàtous ceux dont la cheve- 
lure est coupée ; 

94. Et à tous les rois d'Arabie, 
et à tous les rois d'Occident qui 
habitent dans le désert; 

95. Et à tous les rois de Zambri, 
et à tous les rois d'Elam, et à tous 
les rois des Mèdes; 

90. Et aussi à tous les rois de 
l'aquilon, proches et éloignés, à 
chacun contre son frere et à tous 
les royaumes de la terre, qui sont 


aux Chaldéens, qui, à leur tour, tombérent sous la puissance des Médes et des Perses 


conduits par Darius et par Cyrus. 


18. Ce calice de vin; littér. et par hébraisme, Le calice de vin. 
11. Et je reçus, etc. Selon la plupart des interprètes, Jérémie raconte ici une simple 


vision. 


18. Des sifflements. Voy. xvin, 16. — Comme c'est en ce jour. Voy. x1, 5 


19. * A Pharaon, Néchao. 


20. Ausite, Ascalon, Gaza, Accaron, étaient les quatre villes principales des Philis- 
tins; Azot n'était plus qu'une ruine, ayant déjà été prise par Psamméticus, roi d'E- 
gypte. 

23. Dédan, Théma, Buz; trois peuples qui habitaient à l'orient de la Palestine, dans 
l'Arabie déserte, et que l'on comprend sous le nom d'Arabes-Scénites ou de Sarrasins, 
— Dont la chevelure, etc., voy. 1x, 26. 

24. * Arabie; le pays qui s'étend à l'est et au sud de la Palestine jusqu'à la mer 
Rouge. — Tous les rois d'Occident; en hébreu, éreb, mot qui désigue les diverses 
tribus nomades qui habitent le désert d'Arabie. 

25. Zambri (dans l'hébreu Zimri); était une province de Perse suivant les uns, et 
d'Arabie selon les autres. — Elam; province de Perse appelé aussi E/ymaide. 

26. A chacun: pour l'animer contre son frère; selon le texte hébreu : A "un af à 
l'autre, ou à l'un aprés l'autre. — * Sésach est le nom de Babel cu Babylone, écrit 
d'après le procédé qu'on appelle e£basch et qui consiste à écrire la dernière lettre 
doe au lieu de la première, l’avaut-dernière au lieu de 1c seconde, et ainsi de 
suite, 


,68. xxv.] 


sur sa face; et le roi de Sésach 
boira apres eux. 

27. Et tu leur diras: Voici ce 
que dit le Seigneur des armées, 
Dieu d'Israél : Buvez et enivrez- 
vous, et vomissez; et tombez et 
ne vous relevez pas à la face du 
glaive que moi j'enverrai parmi 
vous. 

98. Que s'ils ne veulent pas re- 
cevoir de ta main le calice pour 
boire, tu leur diras : Voicice que 
dit le Seigneur des armées : Bu- 
vant, vous boirez; 

29. Parce que voilà que dans la 
cité dans laquelle mon nom a été 
invoqué, moi je commencerai à 
affliger, et vous, vous serez com- 
me des innocents et exempts de 
châtiment? Vous n'en serez pas 
exempts; car moi j'appelle le 
glaive sur tous les habitants de 
la terre, dit le Seigneur des ar- 
mées. 

30. Et toi, tu leur prophétiseras 
toutes ces choses et tu leur diras: 
Le Seigneur d'en haut rugira, et 
de son habitacle saint il fera en- 
tendre sa voix ; rugissant 3l ru- 
gira contre le lieu méme de sa 
gloire, et «n cri, comme les cris de 
ceux qui foulent /e pressoir, re- 
tentira contre tous les habitants 
de la terre. 

31. Le bruit en est parvenu jus- 
quaux extrémités de la terre, 


JÉRÉMIE. 1755 


parce que le Seigneur entre en 
jugement avec toutes les na- 
tions; il est lui-méme en contes- 
tation avec toute chair: j'ai livré 
les impies au glaive, dit le Sei- 
gneur. 

32. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : Voilà que l'affliction 
passera d'une nation sur une na- 
tion, et une grande tempête sor- 
lira des extrémités de la terre. 

88. Et les tués par le Seigneur 
seront en ce jour-là d'un bout de 
la terre à son autre bout; ils ne 
seront pas pleurés, etils ne seront 
pas recueillis, ni ensevelis, mais 
comme un fumier sur la face de 
la terre, ils seront étendus. 

34. Hurlez, pasteurs, et criez ; 
couvrez-vous de cendres, vousles 
chefs du troupeau, parce que sont 
remplis les jours apres lesquels 
vous devez étre tués; vous serez 
dispersés, et vous tomberez com- 
me des vases précieux. 

39. Et la fuite sera enlevée aux 
pasteurs, et le salut aux chefs du 
troupeau. 

36. La voix de la clameur des 
pasteurs, et les hurlements des 
chefs du troupeau se feront en- 
tendre, parce que le Seigneur a 
dévasté leurs pâturages. 

31. Etles champs de la paix sont 
dans le silence, à la face de la co- 
lère de la fureur du Seigneur. 


29. I Pierre, rv, 17. — 30. Joël, mr, 16; Amos, 1, 2. 


28. Buvant, vous boirez; hébraisme pour vous boirez très certainement ou enliere- 


ment. 
29. Dans laquelle, etc. Voy. vix, 10. 


30. Le lieu de sa gloire; son temple, oü il paraissait, pour ainsi dire, dans tout 
l'éclat de la gloire qu'il recevait sur la terre de la part des hommes, 

31. Toute chair; hébraisme, pour {ous les hommes. 

34. Comme des vases précieuv; qui, en tombant, sont brisés, de mauière à ne pou- 
voir plus servir. — * Couvrez-vous de cendres, en signe de deuil. 


31, 38. La colère de la fureur. Voy. 1v, 8. 


1750 


38. Il ἃ abandonné, comme le 
lion, sa retraite, et leur terre a 
été désolée à la face de la colere 
de la colombe, et à la face de la 
colere de la fureur du Seigneur. 


CHAPITRE XXVI. 


Jérémie prophétisant la ruine de Jérusa- 
lem est présenté aux princes de Juda 
pour étre condamné à mort; les princes 
etle peuple le reconnaissent innocent. 
Exemple de Michée épargné par Ezé- 
chias, et d'Ürie mis à mort par Joakim. 


1. Au commencement du règne 
de Joakim, fils de Josias, roi de 
Juda, cette parole du Seigneur 
me fut adressée, disant: 

9. Voici ce que dit le Seigneur : 
Tiens-toi dans le parvis de la mai- 
son du Seigneur, et tu diras à 
toutes les cités de Juda d’où l'on 
vient afin d'adorer dans la maison 
du Seigneur, tous les discours 
que moi je t'ai commandé de leur 
adresser; ne retranche pas une 
parole, 

3. Pour voir si par hasard ils 
écouteront, et s'ils se converti- 


Car. XXVI. 6. I Rois, 1v, 2, 10. 


JÉREMIE. 


[cu. xxvr.] 


ront, chacun de sa voie mauvaise, 
et je me repentirai du mal que je 
pense leur faire, à cause de la ma- 
lice de leurs ceuvres. 

4. Et tu leur diras : Voici ce que 
dit le Seigneur : Si vous ne m'é- 
coutez pas, quand j'ordonne que 
vous marchiez dans ma loi que je 
vous ai donnée, 

9. Et que vous entendiez les 
paroles de mes serviteurs les pro- 
phètes, que moi j'ai envoyés vers 
vous, me levant durant la nuit et 
les dirigeant, et que vous n'avez 
pas écoutés, 

0. Je rendrai cette maison 
comme Silo, et je livrerai cette 
ville en malédiction à toutes les 
nations de la terre. 

1. Etles prêtres et les prophètes 
et tout le peuple entendirent Jé- 
rémie disant ces paroles dans la 
maison du Seigneur. 

8. EtlorsqueJérémie eut achevé 
de dire tout ce que le Seigneur 
lui avait ordonné de dire à tout 
le peuple, les prétres el les pro- 
phètes et tout le peuple le sai- 


38. La colombe; c'est-à-dire Nabuchodonosor dont la marche était rapide comme 
la colombe, ou dont les étendards portaient la figure d'une colombe. Si l'on. veut 
suivre l'ordre des temps, il parait qu'il faut passer de ce verset aux chapitres Xxxv, 
xxxvi, en y joiguant les deux premiers versets du xxxvir. 


1-24. * 3e Non seulement le peuple sera emmené captif, mais Jérusalem et le temple 
seront ruinés: c'est ce que prédit Jérémie au commencement du règne de Joakim, 
par conséquent trois ou quatre ans avant la prophétie du ch. xxv. L'annonce des 
malheurs du ch. xxvi faillit coûter la vie au Prophète, 1-6, mais le danger qu'il 
courut ne l'empécha point d'en maintenir l'exactitude, 7-15. — Plusieurs prennent sa 
défense et rappellent que Michée a prédit les mêmes choses, cf. Mich., nr, 12, sans 
être molesté par Ezéchias; ils sauvent ainsi Jérémie, malgré l'exemple d'Ürie, mis 
ἃ mort par Joakim, exemple qu'alléguent ses adversaires, 16-24. 

1. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4. — * Joakim monta sur le trône en 609 avant 
notre ére. 

2. Le parvis; c'est le grand parvis du peuple. 

5. Me levant durant la nuit. ΝΟΥ͂. xxv, 3. 

6. * Comme Silo. Voir Josué, xvi, 1. 

1. Les prophètes; c'est-à-dire les faux prophètes. 
ra Qu'il meure de mort; hébraisme, pour : qu'il meure sans rémission, impiloya- 

ment. 


ἅμ. «xvi.) JÉREMIÉ, 475? 
sirent, disant : Qu'il meure de | pentira du mal qu’il a annoncé 
mort. contre vous. 

9. Pourquoi a-til prophétisé 14. Pour moi, voici que je suis 
au nom du Seigneur, disant : | entre vos mains; faites-moi ce 
Comme Silo, ainsi sera cette mai- | qui parait bon et juste à vos 
son; et cette ville sera désolée, | yeux; 
pour qu'il n'y ait pas d'habi- 15. Mais cependant, sachez et 
tant? Et tout le peuple s'assembla | apprenez bien que, si vous me 
contre Jérémie dans la maison du | faites mourir, vous répandrez un 
Seigneur. sang innocent contre vous etcon- 

10. Et les princes de Juda en- | tre cette cité et ses habitants; car, 
tendirent ces paroles; et ils mon- | en vérité, le Seigneur m'a envoyé 
terent de la maison du roi dansla | vers vous, pour que je fisse en- 
maison du Seigneur, et ils s'assi- | tendre à vos oreilles toutes ces 
rent à l'entrée de la porte neuve | choses. 
de la maison du Seigneur. 16. Et les princes et tout le 

4i. Et les prétres et les pro- | peuple dirent aux prétres et aux 
phètes parlèrent aux princes et à | prophètes : Un jugement de mort 
tout le peuple, disant : Un juge- | n'est pas dû à cet homme, parce 
ment de mortest dz àcethomme, | que c'est au nom du Seigneur, 
parce qu'il a prophétisé contre | notre Dieu, qu'il nous a parlé. 
cette cité, comme vous l'avez en- 17. Des hommes donc, d'entre 
tendu de vos oreilles. les anciens du pays, se leverent, 

19. Et Jérémie parla à tous les | et ils dirent à toute l'assemblée 
princes età tout le peuple, disant: | du peuple, en prenant la parole : 
Le Seigneur m'a envoyé, afin de 18. Michée de Morasthie fut 
propbétiser à cette maison ei à | prophète dans les jours d'Ezé- 
cette cité toutes les choses que | chias, roi de Juda, et parla à tout 
vous avez entendues. le peuple de Juda, disant : Voici 

13. Maintenant donc rendez | ce que dit le Seigneur des ar- 
droites vos voies et vos œuvres, | mées : Sion, comme un champ, 
et écoutez la voix du Seigneur | sera labourée, et Jérusalem sera 
votre Dieu; et le Seigneur se re- | réduite en un monceaude pierres, 


12. Supra, xxv, 13. — 13. Supra, vir, 3. — 18. Mich., ui, ₪ 


10. Jis s'assivént; pour rendre la justice. — Porte neuve; ainsi appelée depuis que 
Joatham l'avait fait réparer (1V Rois, xv, 35). Le chaldéen dit porte orientale; nom 
qu'elle portait sans doute auparevant. C'est là, comme le remarque saint Jérôme, 
que se jugeaient ies causes de reiigion. 

12. Les choses. Comme nous l'avons déjà remarqué, la Vulgate rend constamment 
par parole (verbum) ie terme hébreu qui signifie trés souvent chose, fait, événement. 
43. Le Seigneur se repentira. Voy., pour le vrai sens de cette expression, xviu, 8 

48. Michée: c'est le sixième des petits prophètes dans les Bibles hébraiques et la 
Vaigate, On lit dans ses prophéties (nr, 12) la citation qui est faite ici par les anciens 
de juda. — * Sion, comme un champ, sera labourée. Le mont Sion, depuis des siècles, 
est en grande partie hors des murs de Jérusalem et on le laboure pour la culture. 
— La montuyne de la maison de Dieu, le mont Moriah où était le temple. ll y pousse 
aujourd'hui des arbres, là οὐ étaient autrefois les saerés parvis. 


1158 
etlamontagne delamaisonenune 
haute forêt. 

19. Est-ce qu'Ezéchias, roi de 
Juda, et tout Juda l'ont condamné 
à mort? Est-ce qu'ils ne craigni- 
rent pas le Seigneur, et ne sup- 
plièrent-ils pas la face du Sei- 
gneur, et le Seigneur ne se re- 
pentit-il pas des maux qu'il avait 
annoncés contre eux? C'est pour- 
quoi nous faisons un grand mal 
contre nos âmes. 

20. Il y eut aussi un homme 
prophétisant au nom du. Sei- 
gneur, Urie, fils de Séméi, de 
Cariathiarim ; et il prophétisa con- 
ire celte cité, et contre cette 
lerre, selon toutes les paroles de 
Jérémie. 

21. Et le roi Joakim, et tous les 
puissants et ses princes enten- 


dirent ces paroles; et le roi cher- | 


cha à le tuer. Et Urie l'apprit, et il 
craignit, et s'enfuit, et il entra en 
gypte. 


JERÉMIE. 


(eu. xxvit. 


22. Et le roi Joskim envoya des 
hommes en Egypte, Elnathan, fils 
d'Achabor, et des hommes avec 
lui en Egypte. 

23. Et ils tirèrent Urie d'Egypte, 
et ils l'amenerent au roi Joakim, 
et il le frappa du glaive, et il 8 
son cadavre dans les sépulcres 
des derniers du peuple. 

24. Donc 18 main d'Ahicam, fils 
de Saphan, fut avec Jérémie, afin 
qu'il ne füt pas livré aux mains 
du peuple, et qu'on ne 16 1 
pas. 


CHAPITRE XXVII. 


Liens ef joug envoyés à divers rois. Le 
Seigneur ordonne à ces princes de se 
soumettre au roi de Babylone. Faux 
prophétes qui séduisent le peuple. 
Vases du temple transportés à Baby- 
lone. 


1. Au commencement du règne 
de Joakim, fils de Josias, roi de 
Juda, cette parole fut adressée à 
Jérémie par le Seigneur, disant : 


19. Tout Juda; c'est-à-dire tout le peuple de Juda. 

20. * De Cariathiarim ; ville située au nord-ouest de Jérusalem, dans les montagnes, 
sur la route de Jérusalem à Jaífa. — Urie;le prophète, ne nous est connu que par ce 
passage. 

22, * Elnathan; un des principaux habitants de Jérusalem, plus loin, xxxvr, 12, 25. 
— Achabor. Un personnage de ce nom est mentionné parmi les courtisans de Josias, 
IV Rois, מצצא‎ 12, 14, mais on ignore si c'était le père d'Elnathan. Un Elnathan eut 
une fille nommée Nohesta, qui fut l'épouse de Joakim etla mére de Jéchonias, IV Rois, 
xxiv, 8. Si cet Elnathan est le méme que celui dont il est question ici, Joakim aurait 
chargé son beau-père d'aller réclamer Urie en Egypte. 

23. * Ils tirèrent Urie d'Egypte. Comme c'était 16 pharaon Néchao qui avait placé 
Joakim sur le trône, 11 lui livra le prophète Urie. 

24. Done (igitur); selon i'hébreu, seulement, et, suivant les Septante, exceplé, hormis; 
particules qui s'adaptent mieux au contexte que donc. — La main d'Ahicam, ete.; 
le secours, la protection d'Ahicam ne manqua pas à Jérémie, c'est-à-dire qu'Ahicam 
soutint puissamment Jérémie. Ahicam avait été en considération auprès de Josias, 
père de Joakim (IV Rois, xxir, 12-14). Si l'on veut suivre l'ordre des temps, il faut ici 
reprendre 16 chapitre xxv. — * Ahicam, fils de Suphan, est nommé IV Rois, xxit, 12, 14, 
parmi ceux qui furent envoyés par le roi Josias à la prophétesse Holda pour la con- 
sulter, quand le grand prétre Helcias eut retrouvé la loi de Moise dans le temple de 
Jérusalem. 11 eut pour fils Godolias, qui fut nommé plus tard par Nabuchodonosor, 


gouverneur du pays. Jérémie, xxxix, 14; xL, 5. Toute cette famille soutenait le Pro- 
phéte. 


1-22. * 4? Tous les peuples voisins subiront le joug de Dabylone, que Jérémie se 
met symboliquement au cou. Quiconque se laisse tromper par les faux prophétes 


(en. xxvir.] 


9. Voici ce que me dit le Sei- 
gneur : Fais-toi des liens, et des 
chaînes, et tu les mettras à ton 
cou. 

3. Et tu les enverras au roi d'E- 
dom, et au roi de Moab, et au roi 
des enfants d'Ammon, et au roi de 
Tyr, et au roi de Sidon, par la 
main des ambassadeurs qui sont 
venus à Jérusalem vers Sédécias, 
roi de Juda. 

4. Et tu leur ordonneras de par- 
ler ainsià leurs maitres : Voici ce 
que dit le Seigneur des armées, 
Dieu d'Israël : Vous direz ceci à 
vos maîtres : 

5. C'est moi qui ai fait la terre, 
et les hommes et les bétes qui 
sont sur la face de la terre, par 
mià grande puissance et par mon 
bras étendu; et j'ai donné la 
terre à celui qui a plu à mes yeux. 

6. Et. €'est pourquoi moi j'ai 


JÉRÉMIE. 


1759 


maintenant mis toutes ces terres 
dans la maison de Nabuchodono- 
sor, roi de Babylone, mon servi- 
teur ; de plus, je lui ai donné les 
bêtes de lacampagne, afin qu'elles 
lui soient soumises. 

1. Et toutes les nations lui se- 
ront soumises, à lui et à son fils, 
et au fils de son fils, jusqu'à ce 
que vienneletemps de son royau- 
me et son propre éemps, et beau- 
coup de nations et de grands rois 
lui seront soumis. 

8. Mais la nation et le royaume 
qui ne se soumettra pas à Nabu- 
chodonosor, roi de Babylone, et 
quiconque ne courbera pas son 
cou sous le joug du roi de Baby- 
lone, c'est par le glaive, par la 
faim, et par la peste, que je visi- 
terai cette nation, jusqu'à ce que 
jeles aie consumés par sa main. 

9. Vous aonc, n' écoutez pas vos 


Cab. XXVII. 9. Supra, xxii, 16; Infra, xxix, 8. 


CR ——————^^»^—^—€^——€——————— 


périra; celui au contraire qui croira à la parole de Dieu sera, sauvé, xxvi, 1-11. — 
$e Sédécias et Jérusalem [sont prévenus des maux qui vont fondre sur Juda; la fin 
prochaine de la captivité qu'annoncent les faux prophétes est un mensonge; au con- 
traire, ceux qui sont restés dans le pays seront déportés à leur tour et iront re- 
joindre ceux qui sont déjà captifs, 12-22. 

1. Joakim. D’après les versets 3, 12, 20, de ce méme chapitre, et, d'après נוצצצ‎ 4, 
il semble qu'il faudrait Sédécias, comme lisent, en effet, plusieurs manuscrits hé- 
breux, la version syriaque et une version arabe. Saint Jéróme reconnait que, s'il 
faut lire iei Joakim, ce verset se rapporte au chapitre xxvi, parce que la suite regarde 
le règne de Sédécias. — Disant. Voy. 1, 4. 

2. Fais-loi des liens, etc. C'était la coutume des Orientaux de peindre par leurs 
actions les objets par lesquels ils voulaient frapper l'imagination de leurs auditeurs. 
Voilà pourquoi les prophétes prophétisaient non seulement en paroles, mais encore 
par des actions symboliques. Par ces liens et ces chaines, Jérémie veut figurer l'as- 
servissement prochain de Juda et des pays limitrophes. 

6. Mon serviteur. Voy., sur le sens de ces mots, xxv, 9. — Les bétes de la campagne; 
chez les Hébreux cetie expression, aussi bien que celle de bétes de La terre, désignait 
les bétes sauvages. — * Saint Thomas dit que l'expression hyperbolique : Je lui ai donné 
les bétes de lu campagne, signifie que Dieu veut soumettre complètement le royaume 
de Juda à Nabuchodonosor. 

1.* A lui, Nabuchodonosor, e£ à son fils, Evilmérodach, qui régna deux ans, au 
bout desquels il fut détróné par son beau-frére Nériglissor. Celui-ci régna quatre ans. 
Son fils Laborosoarchod lui succéda, mais il fut tué au bout de neuf mois et remplacé 
par Nabonide, pére de Baltasar. Nabonide fut dépouillé de la couronne par Cyrus 
uu bout de dix-sept ans de règne. Jérémie marque la durée de l'empire babylonien 
plutót que l'ordre rigoureux de succession. 


4'160 


prophètes, et vos devins et vos 
réveurs, vos augures et vos ma- 
giciens, qui vous disent : Vous 
ne serez pas soumis au roi de Ba- 
bylone. 

10. Parce qu'ils vous prophéti- 
sent un mensonge, afin de vous 
envoyer loin de votre terre, et de 
vous en chasser, et de vous faire 
périr. 

11. Or lanation qui mettra son 
cou sous le joug du roi de Baby- 
lone, et se soumettra à lui, je la 
laisserai dans sa terre, dit le Sei- 
gneur; et elle la cultivera, et elle 
y habitera. 

19. Et à Sédécias, roi de Juda, 
dans les mémes termes j'ai parlé, 
disant : Mettez vos cous sous le 
joug du roi de Babylone, et sou- 
mettez-vous à lui et à son peuple, 
et vous vivrez. 

13. Pourquoi mourrez-vous, 
vous et votre peuple, parle glaive, 
et par la famine, et par la peste, 
comme l'a dit le Seigneur de la 
nation qui n'aura pas voulu se 
soumettre au roi de Babylone? 

14. N'écoutez pas les paroles 
des prophètes qui vous disent : 
Vous ne serez pas soumis au roi 
de Babylone; parce que c'est un 


jÉRÉMIE. 


(cu. xxvir.] 


mensonge qu'eux vous disent. 

15. Parce que je ne les ai pas 
envoyés, dit le Seigneur, et ils 
prophétisent en mon nom faus- 
sement, afin de vous chasser de 
votre terre et de vous faire périr, 
vous et les prophètes qui vous 
prédisent l'avenir. | 

16. Et j'ai parlé aux prétres et 
à ce peuple, disant : Voici ce que 
dit le Seigneur : N'écoutez pas les 
paroles de vos prophètes qui vous 
prophétisent, disant : Voilà que 
les vases du Seigneur seront bien- 
tót rapportés de Babylone; car 
cest un mensonge qu'ils vous 
prophétisent. 

11. Ne les écoutez done pas; 
mais soumettez-vous au roi de 
Babylone, afin que vous viviez; 
pourquoi cette cité sera-t-elle ré- 
duite en une solitude? 

18. Que s'ils sont prophètes et 
que la parole du Seigneur soit en 
eux, qu'ilss'opposentau Seigneur 
des armées, afin que les vases 
laissés dans la maison du Sei- 
gneur, et dans la maison du roi 
de Juda, et à Jérusalem, ne soient 
pas transférés à Babylone. 

19. Parce que voici ce que dit 
le Seigneur des armées relative- 


15. Supra, xiv, 14; xxiri, 21; Infra, xxix, 9. — 19. IV Rois, xxv, 19. 


MM ——À € M M 7-7 


411. Or la nation, etc. 11 n'y a pas ici de contradiction avec ce qui a été dit plus 
haut (xxv, 14), que les nations seraient châtiées, parce qu'elles servaient les Chal 
déens. En effet, il faut bien le remarquer, ces nations ne devaient pas étre chátiées 
à cause de leur soumission, soumission qui leur était commandée aussi bieu qu'à 
Juda pour ne pas aggraver leurs maux, mais à cause de la fureur perfide, contraire 
aux traités, avec laquelle elles s'étaient jointes aux Chaldéens pour attaquer et per- 
sécuter les Juifs. 

16. Les vases du Seigneur; c'est-à-dire les vases sacrés que Nabuchodonosor avait 
emportés du temple (IV Rois, xxiv, 43; 11 Paralip., xxxvr, 10). 

AT. Pourquoi celte cité, par votre indocilité à la voix du Seigneur, sera-t-elle réduite 
en une solitude, selon que le Seigneur l'a prononcé contre ceux qui refuseront de se 
soumettre au roi de Babylone (vers. 12, 13), tandis que vous pouvez la sauver en vous 
soumettant à ce priuce? 

19. Aux colonnes, à la mer, aux bases, ete. Voy., sur ces objets, ΠῚ Hois, vit, et 
]V Rois, xxv, 


[xx vu] JÉREMIE. 1761 


ment aux colonnes, et à la mer, | vant les prêtres et tout le peuple, 
et aux bases, et aux restes des | disant : 
vases qui ont été laissés dans cette 2. Voici ce que dit le Seigneur 
cité, des armées, Dieu d'Israél ; J'ai 
20. Que n'emportapasNabucho- | brisé le joug du roi de Babylone. 
donosor, roi de Babylone, lors- | 8. Encore deux ans de jours, et 
qu'il transféra Jéchonias, fils de | moi je ferai rapporter ici tous les 
Joakim, roi deJuda, de Jérusalem | vases de la maison du Seigneur, 
à Babylone, et tous les grands de | que Nabuchodonosor, roi de Ba- 
Juda et de Jérusalem; bylone, a enlevés de ce lieu-ci, 
91. Parce que, dis-je, voici ce | et qu'il a transportés à Babylone. 
que dit le Seigneur des armées, 4. Et je ferai revenir, dit le Sei- 
Dieu d'Israél, relativement aux | gneur, Jéchonias, fils de Joakim, 
vases qui ont élé 1815865 dans la | roi de Juda, et tous /es fils de la 
maison du roi de Juda et dans Jé- | transmigration de Juda qui sont 
rusalem : entrés à Babylone, car je briserai 
22. Ils seront transportés à Ba- | le joug du roi de Babylone. 
bylone, et ils y seront jusqu'au 9. Et Jérémie le prophete dit à 
jour deleur visite, ditleSeigneur; | Hananias le prophète, sous les 
et je les ferairapporteretrétablir | yeux des prêtres et sous les yeux 
en ce lieu. de tout le peuple qui se tenait 
dans la maison du Seigneur; 

6. Jérémie, le prophète, dit 
donc : Amen, qu'ainsi fasse le Sei- 
gneur; que le Seigneur réalise 
tes paroles quetu as prophétisées, 
afin que les vases solent rapportés 
dans la maison du Seigneur, et 
que tous les fils dela transmigra- 

| tion de Babylone reviennent en 

| ce lieu. 

| 7. Mais cependant écoute cette 
parole que moi, je dis à tes oreilles 
el, aux oreilles de tout le peuple: 


΄ 


8. Les prophètes qui ont été 


CHAPITRE XXVIII. 


Fausse prédiction d'Hananias; Jérémie 
en appelle à l'événement. Hananias 
continue de soutenir sa fausse prédic- 
tion. Jérémie lui déclare qu'il mourra 
dans l’année méme. Mort d'Hananias. 


1. Et il arriva en cette année- 
là au commencement du regne 
de Sédécias, roi de Juda, en la 
quatrième année, au cinquième 
mois, qu'Hananias, fils d'Azur, 
prophete de Gabaon, me parla 
dans la maison du Seigneur, de- 


22, Jusqu'au jour de leur visite. Le mot visite est pris ici en bonne part; le sens est 
donc : Jusqu'à ce que [6 les visite, en les retirant des mains des Chaldéens, pour 
ies faire reporter et rétablir dans mon tempie; ce qui eut lieu sous Cyrus, roi des 
Perses (I Esdras, 1, 1-11). — En ce lieu; dans 16 temple. 


1-11. * 6? La dernière prédiction de Jérémie est confirmée par l'exemple d'Hananias 
et de Séméi. — I. Le faux prophète Hananias annonce que Jéchonias avec les autres 
captifs reviendront à Jérusalem et que ies vases sacrés seront renvoyés, xxvi, 4-4. 
— Jérémie dément ces prédictions et déclare, au nom de Dieu, qu'Hananias mourra 
dans l'année, ce qui arriva en effet, 5-11. 

1. Gabaon; ville de la tribu de Benjamin, non loin de Jérusalem. — * La quatrième 
année de Sédécias, 594. — Hananias ne nous est connu que par ce qu'en dit Jérémie, 

4, 6, Les fils de la transmigration. Voy., sur cette expression, xxiv, 5. 


21 111 


1762 


avant moi et avant toi dès 16 com- 
mencement, ont prophétisé dans 
beaucoup de pays et dans de 
grands royaumes, la guerre, et 
l'affliction, et la famine. 

9. Le prophète qui préditla paix, 
lorsque sa parole s'accomplira, 
sera reconnu pour le prophète 
que le Seigneur a envoyé vérita- 
blement. 

10. Et Hananias le prophète en- 
leva la chaine du cou de Jérémie, 
le prophete, et la brisa. 

11. Et Hananias parla en pré- 
sence de tout le peuple, disant : 
Voici ce que ditle Seigneur: Ainsi 
je briserai aprés deux années de 
jourslejougde Nabuchodonosor, 
roi de Babylone, et je l'óterai du 
cou de toutes les nations. 

12. Et Jérémie, le prophéte, re- 
prit son chemin. Et la parole du 
Seigneur fut adressée à Jérémie, 
apres qu'Hananias, le prophète, 
eut brisé la chaine, l'ayant ótée 
du cou de Jérémie, le prophète, 
disant : 

13. Va, et tu diras à Hananias : 
Voici ce que dit le Seigneur : Tu 
as brisé des chaines de bois, et tu 
feras en leur place des chaines de 
fer. 


'JÉRÉMIE. 


[cu. xxix.] 


14. Car voici ce que dit le Sei- 
gneur des armées, Dieu d'Israël: 
J'ai posé un joug de fer sur le cou 
de toutes les nations, afin qu'elles 
se soumettent à Nabuchodono- 
sor, roi de Babylone, et elles se 
soumettront à lui; de plus je lui 
ai méme donné les bétes de la 
terre. 

15. Et Jérémie le prophete dit 
à Hananias le prophète : Ecoute, 
Hananias; le Seigneur ne ta 
pas envoyé, et tu as fait que ce 
peuple s'est confié dans un men- 
songe. 

16. C'est pourquoi, voici ce que 
dit le Seigneur : Voilà que moi 
je te chasserai de la face de la 
lerre; cette année tu mourras; 
car tu as parlé contre le Sei- 
gneur. 

11. Et Hananias mourut cette 
année-là, au septième mois. 


CHAPITRE XXIX. 


Lettre de Jérémie aux captifs de Baby- 
lone. Promesse deleur retour. Menaces 
contre Achab et Sédécias, faux prophè- 
tes. Lettre de Séméias à Sophonias 
contre Jérémie. Menaces contre Sé- 
méias. 


1. Et voiciles paroles de la lettre 


M. Et je lóterai. Ces mots font réellement partie du texte, parce qu'en hébreu, 
lorsqu'un verbe se trouve construit avec un complément qui ne lui convient pas, 
un autre verbe auquel appartient ce complément est sous-entendu, et celui qui est 
exprimé réunit la signification de ce verbe sous-entendu à la sienne propre. Cest 
ce qui arrive ici, et au verset 12, où les mots du cou (de collo) ne sauraient être le 
complément du verbe briser (confringam, confregit); d'autant plus que la préposition 
de exprime l'idée de séparation, d'éloignement, aussi bien que la particule hébraique 
qu'elle représente. 

14. Les bétes de la terre. Voy., pour le sens de cette expression, xxvir, 6. 

11. Si l'on veut suivre l'ordre des temps, il parait qu'il faut passer de ce verset au 
chapitre xxxiv. 


1-32. * IL. Jérémie écrit aux captifs eux-mêmes à Babylone qu'ils ne doivent 
pas espérer un prompt retour en Judée, mais considérer la Chaldée comme 
leur nouvelle patrie, et ne pas croire à la parole de ceux qui leur prédisent le eon- 
traire, xxiv, 1-9; car la captivité ne finira qu'au terme de 70 ans, 10-15; tous ceux 
qui leur annoncent que la fin de leurs maux est proche les trompent, 16-22, — Un de 


(ca. xxix.] 
queJérémiele prophéte envoyade 
Jérusalem aux restes des anciens 
de la transmigration, et aux pré- 
tres, et aux prophètes, et à tout 
le peuple que Nabuchodonosor 
avait fait passer de Jérusalem à 
Babylone. 

2. Apres que le roi Jéchonias fut 
. Sorti de Jérusalem, ainsi que la 
reine, etleseunuques, etles prin- 
ces de Juda et de Jérusalem, et 
l'artisan, et le lapidaire; 

3. Par l'entremise d'Elasa, fils 
de Saphan, et par Gamarias, fils 
d'Helcias, que Sédécias, roi de 
Juda, envoya à Nabuchodonosor, 
roi de Babylone, à Babylone, Jé- 
rémie, disall: 

4. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées, Dieu d'Israël, à tous 
les fils de la transmigration que 
j'ai transférés de Jérusalem à Ba- 
bylone : 

5. Bátissez des maisons, et ha- 
bitez-/es; plantez des jardins et 
mangez-en les fruits ; 

6. Prenez des femmes, et en- 
gendrez des fils et des filies; don- 
nez à vos fils des femmes, et don- 
nez vos filles à des maris, et 
qu'elles enfantent des fils et des 
filles; et multipliez-vous là, et 


JÉRÉMIE. 


1763 


ne soyez pas en petit nombre. 

7. Et recherchez la paix de la 
cité dans laquelle je vous ai fait 
émigrer, et priez pour elle le Sei- 
gneur, parce que dans sa paix 
sera votre paix. 

8. Car voici ce que dit le Sei- 
gneur des armées, Dieu d'Israël: 
Qu'ils ne vous séduisent pas, vos 
prophètes qui sont au milieu de 
vous, et vos devins; et ne faites 
pas attention aux songes que 
vous 500802 ; 

9. Parce que c’est faussement 
qu'eux vous prophétisent en mon 
nom, et je ne les ai point en- 
voyés, dit le Seigneur. 

10. Parce que voici ce que dit 
le Seigneur : Lorsque soixante-dix 
ans auront commencé d’être ac- 
complis à Babylone, je vous visi- 
lerai; et je réaliserai pour vous 
ma bonne parole en vous rame- 
nant en ce lieu. 

11. Car moi, je sais les pensées 
que je pense sur vous, dit le Sei- 
gneur, pensées de paix et non 
d'affliction : c'est de vous accorder 
la fin de vos mauz et la patience. 

12. Et vous m'invoquerez, et 
vous partirez; vous me prierez, 6 
moi je vous exaucerai. 


CHaP. XXIX. 8. Supra, xiv, 14; xxim, 16, 26; xxvir, 15. — 10. II Par., xxxvi, 21; 


I Esd., 1, 1; Supra, xxv, 12; Dan., 1x, 2. 


ces faux prophétes de Babylone, Séméi, non content d'induire les captifs en erreur, 
avait écrit à Jérusalem pour demander qu'on mit Jérémie en prison; Jérémie lui 
prophétise que ni lui ni sa postérité ne verront le salut du Seigneur, 24-32. 

1. Lettre; littér. livre (bri); le terme hébreu signifie proprement écriture, et, par 
extension, chose écrite, écrit, livre; saint Jéróme lui-méme l'a rendu plusieurs fois 
ailleurs par lettre (epistola litterz). 

2. La reine; sa mère. Compar. IV Rois, xxiv, 12. — Eunuques; ils sont mis ici entre 
les princes de Juda, de Jérusalem et les prétres, parce qu'ils étaient les premiers 
officiers de la cour. En Orient, en effet, on donnait.ce nom aux officiers de la maison 
des princes, quoiqu ils ne fussent pas réellement eunuques, mais parce qu'ils faisaient 
leur service dans les appartements des femmes. 

3. * Elasa et Gamarius sont des personnages inconnus par ailleurs. 

4, 22, 31. Les fils de la transmigration. Voy., sur cette expression, xxiv, 5. 


176^ 

43. Vous me chercherez et 
vous me trouverez, lorsque vous 
m'aurez cherché de tout votre 
cœur. 

14. Et je serai trouvé par vous, 
dit le Seigneur; et je vous ramè- 
nerai vos caplifs, et je vous ras- 
semblerai du milieu de toutes les 
nations et de tous les lieux dans 
lesquels je vous ai chassés, dit le 
Seigneur; et je vous ferai revenir 
du lieu dans lequel je vous ai fait 
émigrer, 

15. Parce que vous avez dit : 
Le Seigneur a suscité pour nous 
des prophetes à Babylone. 

16. Parce que voici ce que ditle 
Seigneur au roi qui est assis sur 
le trône de David, et à tout le peu- 
ple habitant de cette ville, à vos 
frères qui ne sont pas allés avec 
vous en captivité. 

11. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : Voilà, j'enverrai 
contre eux le glaive, la famine 
et la peste, et je les rendrai com- 
me des figues mauvaises, qui ne 
peuvent étre mangées, parce 
qu'elles sont trés mauvaises. 

18. Et je les poursuivrai par le 
glaive, et par la famine, et par la 
peste; et je les livrerai en vexa- 
lion à tous les royaumes de la 
terre; en malédiction, et en stu- 
peur, et en sifflement, et en op- 
probre, à toutes les nations chez 


17. Supra, xxiv, 9, 10. 


JEREMIE. 


(cu. xxix.] 
lesquelles moi-méme je les ai 
chassés; 

19. Parce qu'ils n'ont pas écouté 
mes paroles, dit le Seigneur, que 
je leur ai adressées par mes ser- 
viteurs les prophètes, me levant 
durant la nuit, et /esenvoyant; et 
vous ne m'avez pas écouté, dit le 
Seigneur. 

20. Vous donc, écoutez la pa- 
role du Seigneur, vous tous, fils 
de la transmigration, que ji 
envoyés de Jérusalem à Baby- 
lone. 

21. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées, Dieu d'Israël, à 
Achab, fils de Colias, et à Sédé- 
cias, fils de Maasias, qui vous 
prophétisent en mon nom le men- 
songe : Voilà que moi je les li- 
vrerai aux mains de Nabuchodo- 
nosor, roi de Babylone, et il les 
frappera sous vos yeux. 

99. Et ils seront pris comme 
exemple de malédiction par tous 
les fils de la transmigration de 
Juda qui sont à Babylone, et qui 
diront : Que le Seigneur te traite 
comme Sédécias etcomme Achab, 
que le roi de Babylone a fait gril- 
ler au feu, 

93. Parce qu'ils ont fait une folie 
dans Israël, et qu'ils ont commis 
ladultere avec les femmes de 
leurs amis, et qu'ils ont dit faus- 
sement en mon nom ce que je ne 


mn———————— -/ 22-זת/‎ á—— 


19. Me levant, etc. Voy., sur le sens de cette locution, vit, 13. — Les envoyant. Le 
pronom /es sous-entendu doit se rapporter à prophétes. 

21, * Achab et Sédécias. Ces deux faux prophètes ne sont nommés qu'ici. 

99. 115 seront pris, etc.; littér., selon l'hébreu trés fidélement traduit dans la Vul- 
gate : I sera pris d'eux malédiction à toute lu transmigration de Juda, disant; c'est- 
à-dire que, lorsque les Juifs captifs à Babylone voudront maudire quelqu'un, ils 
diront : Que le Seigneur, ete. — Le mot disant est au génitif pluriel masculin (dicen- 
lium) dans la Vulgate, parce qu'il se rapporte à Juda, qui signifie ici non / terre, 
de sol, mais les habitants, 


'cu, xxx.] JÉRÉMIE. 1765 


leur ai pas commandé ; c'est moi 30. Et la parole du Seigneur fut 

qui suis le juge et le témoin, dit | adressée à Jérémie, disant : 

le Seigneur. 91. Envoie vers tous les fils de 
94. Et tu diras à Séméias, le | la transmigration, disant : Voici 

Néhélamite : ce que dit le Seigneur à Séméias, 


. 95. Voici ce que dit le Seigneur | 16 Néhélamite : Parce que Séméias 
des armées, Dieu d'Israël : Parce | a prophétisé, et que moi je ne l'ai 
que tu as envoyé des lettres en | pas envoyé; et quil vous a fait 
ton nom à tout le peuple qui est ! vous confier dans un mensonge; 
dans Jérusalem et à Sophonias, 32. C'est pour cela que voici ce 
fils de Maasias e£ prêtre, et à tous | que dit le Seigneur : Voilà que 
les prêtres, disant : moi je visiterai Séméias le Néhé- 

96. Le Seigneur t'a établi prêtre | lamite et sa race; il n'aura pas 
à la place du pontife Joïada, afin | d'homme de sa race assis au mi- 
que tu sois chef dans la maison | lieu de ce peuple, et il ne verra 
du Seigneur, ayant autorité sur | pasle bien que moi je ferai à mon 
tout, homme saisi d'une fureur | peuple, dit le Seigneur, parce 
prophétique, et prophétisant, afin | qu'ila proféré des paroles de pré- 
que tu le mettes dans les fers et | varication contre 16 Seigneur. 
dans la prison. 

27. Et maintenant pourquoi 
n'as-tu pas repris Jérémie, l'Ana- | Retour d'Israël et de Juda. Jour terrible 
thothite, gui vous prophétise? qui le précédera. Les deux maisons 

98. Parce qu'outre cela, il a d'Israél et de Juda serviront le Sei- 


L 8 : gneur et David leur roi. Le Seigneur 
envoyé vers nous à babylone, perdra les ennemis de son peuple. Il 


CHAPITRE XXX. 


disant : C'est long; bâtissez des rassemblera les enfants d'Israél, et les 
maisons et habitez-/es, et plan- comblera de biens et de gloire. Ven- 
lez des jardins, et mangez-en les ΠΣ ΕΣ προ Rn VE ANS EE 
fruits. 

29. Sophonias le prêtre lut donc 4. Voici la parole qui fut adres- 
cette lettre aux oreilles deJérémie | sée à Jérémie par le Seigneur, di- 
le prophète. sant : 


24. Séméias; vraisemblablement un des faux prophètes de Babylonie; car son sur- 
nom 16 Néhélamite signifie en hébreu 16 songeur, le réveur, le visionnaire. 

25. Des lettres; 111160. des livres. Compar. le vers. 1. — Sophonias. Voy. xxi, +. 

26. Joiada; selon 18 plupart est le grand prêtre qui avait montré beaucoup de zèle 
sous le règne de Joas (IV Rois, xi, 18; 11 Paralip., xxur, 17); selon d'autres, un simple 
prêtre, le second du grand prêtre, et le prédécesseur de Sophonias. — Les fers; littér. 
le nerf. Voy. xx, 2. 

28. C'est long; le temps de votre captivité durera encore longtemps 

30. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4, 


1-24. * IIIe section : Prophéties messaniques, xxx-xxxur. — 19 Restauration du 
peuple Ge Dieu, xxx. — Une partie du peuple 8 été déjà emmenée en captivité; la 


catastrophe £uale approche; Jértmie songe surtout, en ces moments critiques, à 
consoier ses frères. 11 annonce d'abord que les captifs, non seulement de Juda, mais 
aussi d'Israël, reviendront dans leur patrie, 1-3. — Les calamités actuelles sont grandes, 
mais le joug étranger sera brisé, et David, c'est-à-dire le Messie, régnera de nouveau 


1766 


2. Voici ce que dit le Seigneur, 
Dieu d'Israél, disant : Ecris pour 
toi toutes les paroles que je t'ai 
dites dans un livre. 

3. Car des jours viennent, dit le 
Seigneur, et je ferai retourner 
certainement mon peuple d'Israél 
et de Juda, dit le Seigneur; et je 
les ferai retourner dans la terre 
que j'ai donnée à leurs pères, et 
ils la posséderont. 

4. Et voici les paroles que le 
Seigneur a dites à Israël et à Juda : 

5. Ainsi voici ce que dit le Sei- 
gneur : Nous avons entendu une 
voix de terreur; l'épouvante, et 
il n'y a pas de paix. 

6. Demandez et voyez si un 
mâle enfante; pourquoi donc ai- 
je vu la main de tout homme sur 
ses reins, comme une femme en 
travail, et pourquoi toutes les 
faces ont-elles tourné à la pâleur? 

7. Malheur! car grand est ce 
jour, et il n'en est point de sem- 
blable; et c'est un temps de tri- 
bulation pour Jacob, mais il en 
sera délivré. 


CHAP. XXX. 7. Joël, 11, 11; Amos, v, 18; Soph., 1, 15. — 10. Is., xum, 1; χων, 2; 


JÉRÉMIE. 


fcg. xxx.] 

8. Et il arrivera en ce jour-là, 
dit le Seigneur des armées, que 
je briserai son joug, et je l'óterai 
de ton cou, je romprai ses liens, 
etles étrangers nele domineront 
plus; 

9. Mais ils servirontle Seigneur 
leur Dieu, et David leur roi que 
je leur susciterai. 

10. Toi donc, ne crains pas, mon 
serviteur Jacob, dit le Seigneur, 
et ne t'effraye pas, Israél, parce 
que je te sauverai en teramenant 
d'une terre lointaine,et ta race ez 
la retirant de la terre de sa capti- 
vité; et Jacob reviendra, et se 
reposera, et abondera en toute 
sorte de choses, et il n'y aura per- 
sonne qu'il redoutera. 

11. Parce que moi je suis avec 
toi, dit le Seigneur, afin de te sau- 
ver; car je détruirai entierement 
touteslesnations parmilesquelles 
je t'ai dispersé ; pour toi, je ne te 
détruirai pas entierement; mais 
je te châtierai selon la justice, 
afin que tu ne paraisses pas à tes 
yeux irréprochable. 


, 


Luc., r, 70. 
sur son peuple, 4-11. — Israél est frappé maintenant, sans que personne puisse le 
secourir, mais Dieu guérira un jour les blessures qu'il lui a faites, 12-17. — 11 le ra- 


mènera dans sa terre, au dernier des jours, il fera régner sur lui un prince de sa race 
(le Messie), quand sa colère sera apaisée, 18-24. 

1. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4. 

3. Je ferai retourner certainement; littér. je ferai retourner le retour; genre de ré- 
pétition qui, comme nous l'avons déjà remarqué plus d'une fois, a pour but de donner 
plus de force à la pensée. 

6. Demandez, etc.; figure qui représente l’effroi des Babyloniens, et leur extrêrne 
surprise, lorsqu'ils verront fondre sur eux toutes les forces réunies des Perses et des 
Mèdes. L'Ecriture désigne assez ordinairement les douleurs aiguës et subites par 
celles de l'enfantement. 

8. Son joug; c'est-à-dire le joug de l'ennemi. — Je /'óterai. Voy., sur ces mots, xxvi, 14. 

9. David; c'est-à-dire le Messie, qui est appelé David (Ezéch., xxxiv, 23; 
xxxvir, 25),comme le descendant de ce prince, et comme possédant éminemment ef 
dans la réalité toutes les qualités que l'Ecriture donne à David comme figure du 
Messie. Zorobabel, à qui cette prophétie a été appliquée par quelques-uns, ne l'a 
remplie que fort imparfaitement; car il ne fut jamais roi, et il ne posséda jamais 
dans 88 nation une autorité absolue. 


[cn. xxx.] 


12. Parce que voici ce que dit le 
Seigneur : Incurable est ta bles- 
sure, très maligne ta plaie. 

13. Il n'est personne qui s'inté- 
resse à ta cause pour bander £a 
plaie; dans les remèdes il n'y a 
pas d'utilité pour toi. 

14. Tous ceux qui t'aimaient 
t'ont oubliée, et ne te recherche- 
ront plus, car je t'ai frappée d'une 
plaie d'ennemi, d'un châtiment 
cruel; à cause de la multitude de 
tes iniquités, tes péchés sont de- 
venus graves. 

15. Pourquoi cries-tu d'avoir été 
brisée? ta douleur est incurable ; 
à cause de la multitude de tes ini- 
quités, et à cause de tes péchés 
graves, je t'ai fait cela. 

16. Cest pourcela que tousceux 
quite mangent seront dévorés;et 
toustes ennemis seront emmenés 
en captivité; et ceux qui te rava- 
gent seront 2878868, et tous ceux 
qui te pillent, je les livrerai au 
pillage. 

17. Car je fermerai ta cicatrice, 
et je te guérirai de tes blessures, 
ditle Seigneur. Parce que, ó Sion, 
ils t'ont appelée 18 répudiée, di- 
sant : Voici celle qui n'avait per- 
sonne qui la recherchát. 

18. Voici ce que ditle Seigneur: 
Voilà que moi, je ferai retourner 
certainement les tabernacles de 


14. Supra, זואא‎ 19. 


JÉRÉMIE. 


1767 


Jacob, et j'aurai pitié de ses de- 
meures, et la cité sera bátie sur 
sa hauteur, et le temple sera fon- 
dé sur son premier modele. 

19. Et la louange et la voix de 
ceux qui formeront des chœurs 
sortiront du milieu d'eux ; et je 
les multiplierai, et leur nombre 
ne diminuera pas, et je les glori- 
fierai, et ils ne seront pas amoin- 
dris. 

20. Et ses fils seront comme dès 
le commencement, et son assem- 
blée demeurera devant moi; et 
je visiterai tous ceux quile tour- 
mentent. 

91. Et son chef sortira de lui; 
un prince naitra du milieu delui; 
je le ferai approcher, et il s'avan- 
cera vers moi; car quel est celui 
qui appliquerait son cœur à s'ap- 
procher de moi, dit le Seigneur? 

92. Et vous serez mon peuple, et 
moi je serai votre Dieu. 

93. Voilà que le tourbillon du 
Seigneur, que la fureur qui s'é- 
chappe, que la tempêle qui se 
précipite, se reposera sur la téte 
des impies. 

24. Le Seigneur ne détournera 
pas la colere de son indignation, 
jusqu'à ce qu'il ait exécuté et ac- 
compli la pensée de son cœur; au 
dernier des jours vous compren- 
drez ces choses. 


12. Dans ce verset et les suivants, jusqu'au 18% inclusivement, Israël est considéré 
comme une femme, les verbes et les pronoms qui s'y rapportent sont tous au féminin. 

18. Ses demeures; littér. ses toits. — Son modéle; c'est une des significations du 
terme hébreu correspondant, que l'auteur de la Vulgate lui-méme a traduit ailleurs 
(Exode, xxvr, 30) par ezemplar. Au reste, le mot ordinem qu'il emploie ici peut aisé- 
ment se ramener à cette méme signification. 

21. Son chef, un prince. Ces mots, selon les interprétes anciens et modernes, s'ap- 
pliquent à Jésus-Christ. Ceux qui l'entendent de Zorobabel regardent ce chef de Juda 


comme une figure du Messie. 


24. La colère de.son indignation. Voy., sur cette expression, 1v, 8. 


1708 


CHAPITRE XXXI. 


Rétablissement de la maison d'Israél réu- 
nie à celle de Juda. Ephraim reconnait 
son iniquité. Dieu le regarde dans sa 
miséricorde. Prodige de la naissance 
du Messie. Bonheur des Israélites aprés 
la captivité. Alliance nouvelle. Jérusa- 
lem rebátie. 


1. En ce temps-là, dit le Sei- 
gneur, je serai le Dieu de toutes 
les familles d'Israél, et elles seront 
mon peuple. 

2. Voici ce que dit le Seigneur: 
ll ἃ trouvé gráce dans le désert, 
un peuple qui avait échappé au 
glaive : 157861 ira à son repos. 

3. De loin le Seigneur m'a ap- 
paru. Et je t'ai aimée d'un amour 
éternei : c'est pour cela que je t'ai 
altirée ayant pitié de toi. 

4. Et de nouveau je t'édifierai, 
el Lu seras édifiée, vierge d'Is- 


JÉRÉMIE. 


[cu. xxx1.] 


raél; tu paraitras encore ornée 
au milieu des tambours, et tu 
sortiras dans un cheeur de joueurs 
d'instruments. 

9. Tu planteras encore des vi- 
gnes surles montagnes de Sama- 
rie; des planteurs les planteront, 
et jusqu'à ce que le tempsarrive, 
ils. ne vendangeront pas. 

6. Car viendra un jour auquel 
les gardes crieront sur la mon- 
tagne d'Ephraim : Levez-vous, et 
montons en Sion vers le Seigneur 
notre Dieu. 

7. Parce que voici ce que dit le 
Seigneur : Exultez d'allégresse, 
Jacob, et poussez des cris écla- 
tants à la téte des nations, faites 
retentir vos voix, chantez, et 
dites : Seigneur, sauvez votre 
peuple, les restes d'Israél. 

8. Voilà que moi je les amène- 


CuaP. XXXI. 6. Is., 11, 3; Mich., :v, 2. 


1-40. * 20 Prophétie de la nouvelle alliance ou du Nouveau Testament, xxxr. — Le 
ch. xxx1 est te plus important de tout le livre de Jérémie. — Israël a été infidèle à 
l'allianee (4estamentum) qu'il avait faite avec Dieu; 11 l'a violée; elle ne subsiste donc 
plus par sa faute; le Seigneur est par conséquent dégagé de ses promesses, il ne le 
protège plus et le livre à Nabuchodonosor. Mais, dans sa bonté, il n'abandonne pas 
l'homme; il fera une alliance nouvelle, un testament nouveau qui embrassera l'uni- 
vers entier. Tel est le fond des pensées développées dans le ch. xxxi. — 1° L'œuvre 
de miséricorde, commencée en Egypte, semble à jamais abandonnée; Dieu recueil- 
lera cependant les restes d'Israél et les bénira, 1-6. — 2° Il rassemblera les troncons 
dispersés de son peuple et les fera revenir dans leur patrie, où l'on entendra de nou- 
veau des chants de joie, 7-14. — 3° Maintenant Rachel pleure ses enfants qui ne sont 
plus, mais un jour elle sera consolée, car Ephraim se convertira, etle Seigneur aura 
pitié de lui et le sauvera, 15-27. — 40 Quand le peuple sera ainsi repentant de ses 
fautes, Dieu fera avec lui une nouvelle alliance, qui ne consistera plus, comme la loi 
ancienne, dans une multitude de prescriptions écrites, mais dans la conformité de 
la volonté de l'homme à la volonté de Dieu, Hébr., vin, 8; Jean, 1v, 23; il n’y aura 
plus alors d'adorateurs des faux dieux; tout le monde reconnaitra le Seigneur, 28-35. 
— 99 Israël, quoique une partie périsse à cause de ses péchés, demeurera le peuple 
de Dieu; Jérusalem sera de nouveau rebâtie, tout ce qui est impur sera purifié, et 
la cité sainte, c'est-à-dire l'Eglise, ne sera plus l'objet de la colére divine, 36-40. 

1. Elles; littér., et par hébraïsme, 2/s; parce que, sous le nom de famille qui est 
aussi du féminin dans leur langue, les Hébreux entendaient les individus, et surtout 
les hommes qui les composent. 

4. * C'est-à-dire, vous serez encore dans 18 joie et vous célébrerez des fêtes. 

5. Jusqu'à ce que, etc. Selon la loi mosaïque, les fruits des trois premières anuées 
étaient impurs; ceux de la quatrième devaient être consacrés au Seigneur; on ne 
pouvait en manger qu'à partir de la cinquieme année (Lévit., xix, 23 et suiv.). 


|cu. xxx1.] JÉRÉMIE. 1769 


rai de la terre de l'aquilon, et que | au milieu d'un chœur, ainsi que 
je les rassemblerai desextrémités | lesjeuneshommesetles vieillards 
de la terre; parmi eux seront l’a- | ensemble; et je changerai leur 
veugle et le boiteux, la femme | deuil en joie, et je les consolerai, 
enceinte et celle qui a enfanté, | et je les remplirai d'allégresse 
mélés ensemble, grande assem- | apres leur douieur. 

blée d'hommes revenant ici. 14. Et j'enivrerai l'âme des prè- 

9. C'est dans 16 pleur qu'ilsvien- | tres de graisse, et mon peuple 
dront, et c'est dans la miséricorde | sera rempli de mes biens, dit le 
que je les ramènerai, et je les ra- | Seigneur. 
mènerai à travers des torrents 45. Voici ce que dit le Sei- 
d'eau dans une voie droite, etils | gneur : Une voix a été entendue 
n'y heurteront point, parce que | sur une hauteur, voiz de lamen- 
jesuisdevenu pour Israëlun pere, | tation, de deuil et de pleur,la voix 
et qu'Éphraïm est mon premier- | de Rachel déplorant la perte de 
né. ses enfants, et ne voulant pas en 

10. Ecoutez, nations, la parole | étreconsolée, parce qu'ils ne sont 
du Seigneur, et annoncez-la aux | plus, 
iles qui sont au loin, et dites : Ce- 16. Voicice que ditle Seigneur: 
lui qui a dispersé Israéllerassem- | Que ta voix cesse ses gémisse- 
blera, et ille gardera comme un | ments, et tes yeux leurs larmes ; 
pasteur son troupeau. parce qu'il est une récompense 

11. Car le Seigneur a racheté | à tes œuvres, dit le Seigneur, et 
Jacob, et l'a délivré de la main | ilsreviendrontde 18 terre de l'en- 
d'un plus puissant que lui. nemi. 

12. Et ils viendront, et ils chan- 11. Et il est un espoir pour tes 
teront des louanges sur la mon- | derniers moments, dit le Sei- 
tagne de Sion; et ils accourront | gneur, et fes fils reviendront dans 
en foule vers les biens du Sei- | tes confins. 
gneur, vers le blé, et le vin, et 18. Entendant, j'ai entendu 
l'huile, et le fruit des troupeaux | Ephraim dans sa transmigra- 
de menu et de gros bétail; etleur | tion : Vous m'avez chátié et j'ai 
âme sera comme un jardin ar- | été instruit, comme un jeune 
rosé; et ils n'auront plus faim. taureau indompté; convertissez- 

13. Alors se réjouira la vierge | moi et je serai converti, parce 

45. Matt., τι, 18. 


9. Mon premier-né; c'est-à-dire mon bien-aimé. Ephraim et Israël représentent ici 
le royaume des dix tribus, 

11. Que lui. Ces mots sont dans l'hébreu et les Septante. 

14. J'enivrerai, etc.; allusion à l'usage des anciens Hébreux qui, dans les sacrifices, 
donnaient au prétre les parties les plus grasses de la victime, aprés celles qui étaient 
offertes à Dieu. 

15. Sur une hauteur. Comme nous l'avons déjà remarqué, on montait sur les hau- 
teurs pour s'y lamenter dans les calamités. Saint Matthieu (x, 17, 18), citant ce pas- 
sage de Jérémie, conserve le mot Hama, qui est dans l'hébreu, et qui signifie en effet 
hauteur, élévation. — Rachel était aieule d'Ephraim; c'est pourquoi elle est repré- 
sentée ici pleurantla mort des enfants d'Ephraim. 


1770 


que vous étes le Seigneur mon 
Dieu. 

19. Car, aprés que vous m'avez 
;onverti, j'ai fait pénitence, et 
aprés que vous m'avez montré 
mon état, j'ai frappé ma cuisse. 
Jai été confondu, et j'ai rougi, 
parce que j'ai supporté l'opprobre 
de ma jeunesse. 

20. Est-ce qu'il n'est pas un fils 
honorable pour moi, Ephraim, 
n'est-il pas un enfant de délices? 
parce que, depuis que j'ai parlé de 
lui, je me souviendrai encore de 
lui. C'est pour cela que mes en- 
trailles sont émues sur lui; ayant 
pitié, j'aurai pitié de lui, ditle Sei- 
gneur. 

21. Etablis-toi un lieu d'obser- 
vation, abandonne-toi à l'amer- 
lume, dirige ton cceur vers la voie 
droite, dans laquelle tu as mar- 
ché : retourne, vierge d'Israël, 
retourne vers ces cités tiennes. 

22. Jusques à quand seras-tu 
énervée par les délices, fille va- 
gabonde? parce que le Seigneur 
ἃ créé un nouveau prodige sur la 
terre : ÜNE FEMME ENVIRONNERA UN 
HOMME. 

23. Voici ce que dit le Seigneur, 
Dieu d'Israël : Ils diront encore 
cette parole dans laterre de Juda 
et dans ses villes, lorsque j'aurai 
ramené leurs captifs : Que le Sei- 


29. Ezéch., xvi, 2. — 31. Héb., vir, 8. 


JÉRÉMIE., 


[cH. ΧΧΧΙ.] 
gneur te bénisse, beauté de jus- 
lice, montagne sainte; 

9^. Et y habiterontJudaettoutes 
sescités ensemble,leslaboureurs 
et ceux qui conduisent les trou- 
peaux. 

25. Parce que j'ai enivré l'àme 
fatiguée, et j'ai rassasié toute àme 
qui avait faim. 

26. C'est pour cela que je me 
suis comme éveillé de mon som- 
meil; et j'ai vu, et mon sommeil 
m'a été doux. 

27. Voilà que des jours vien- 
nent, dit le Seigneur, et je sème- 
rai la maison d'Israël et la maison 
de Juda d'une semence d'hom- 
mes et d'une semence de bêtes. 

28. Et comme j'ai veillé sur 
eux, afin de les arracher, et de 
les détruire, et de les dissiper, et 
de les perdre, et de les affliger, 
ainsi je veillerai sur eux, afin de 
les édifier et de les planter, dit le 
Seigneur. 

29. En ces jours-là, on ne dira 
plus : Les pères ont mangé des 
raisins verts, et les dents des fils 
ont été agacées. 

30. Mais chacun mourra dans 
son iniquité ;touthomme qui aura 
mangé le raisin vert,ses dents se- 
ront agacées. 

31. Voilà que des jours vien- 
dront, dit le Seigneur, et je ferai 


20. Ayant pitié, j'aurai pitié ; hébraisme, pour j'aurai entièrement pilié. 

22. Un nouveau prodige; qui consiste en ce qu'une femme portera dans son sein, 
non un enfant ordinaire, petit et faible, mais un homme fait, un homme parfait 
(virum); c'est-à-dire, suivant les Pères, la plupart des interprètes chrétiens, et même 


plusieurs Juifs, le Messie. 


30. Tout homme, etc.; locution proverbiale qui veut dire que les enfants ne seront 
plus punis pour les fautes de leurs péres, comme il est arrivé pendant la captivité, 
18ב ג‎ que chacun n'expiera que ses propres péchés. Compar. Lament., v, 1; Ezéchiel, 


XVII, 2. 


31-33. Saint Paul nous découvre dans cette promesse l'alliance chrétienne (Hébr., 


[cur. xxxr.] 


unenouvelle alliance avecla mai- 
son d Israël et avec la maison de 
Juda, 

39. Non pas selonl'alliance que 
jai formée avec leurs peres, au 
jour auquel je pris leur main, afin 
de les faire sortir de la terre d'E- 
gypte; alliance qu'ils ont rendue 
vaine, et moi je les ai maitrisés, 
dit le Seigneur. 

33. Mais voici l’alhance que je 
ferai avecla maison d'Israël après 
ees jours-là, dit le Seigneur : Je 
meitrai ma 101 dans leurs en- 
trailles, et je l'écrirai dans leur 
cœur; et je serai leur Dieu, et eux 
seront mon peuple. 

34. Et un homme n'instruira 
plus son prochain, et un homme 
son frere, disant : Connais le Sei- 
gneur; car tous me connaitront, 
depuis le plus pelit d'entre eux 
jusqu’au plus grand, dit le Sei- 
gneur ; parce que je pardonnerai 
leuriniquité, et que de leur péché 
je ne me souviendrai plus. 

35. Voici ce que dit le Seigneur, 
qui donne le soleil pour éclairer 
dans le jour, et le cours réglé de 


33. Héb., x. 16. -— 34. Actes, x, 43. 


JÉRÉMIE. 1771 


lalune et des étoiles pour éclairer 
pendant la nuit; qui agite la mer, 
etsesflots mugissent;le Seigneur 
des armées est son nom. 

36. Si ces lois défaillent devant 
moi, dit le Seigneur, alors aussi 
la race d'Israél défaudra pour 
n'étre plus à jamais un peuple de- 
vant moi. 

37. Voici ce que dit le Seigneur : 
Siles cieux peuvent étre mesurés 
dans leur hauteur, et les fonde- 
ments de la terre sondés dans 
leur profondeur ; moi aussi je re- 
jetterai toute la race d'Israël, à 
cause de tout ce qu'ils ont fait, dit 
le Seigneur. 

38. Voilà que des jours vien- 
nent, dit le Seigneur, et la cité 
sera édifiée pour le Seigneur, de- 
puis la tour d'Hananéel, jusqu'à 
la porte de l'angle. 

39. Et le cordeau sortira encore 
au delà à sa vue sur la colline de 
Gareb; et fera le tour de Goatha, 

40. Et de toute la vallée des ca- 
davres et de la cendre, et de toute 
la région de la mort, jusqu'au 
torrent de Cédron, et jusqu'àl'an- 


vi, 8-43). Le vers. 33, où est nommée la seule maison d'Israél, prouve que cette 
prophétie n'aura son entier accomplissement que lorsque toute la maison d'Israël en- 
trera dans l'allianee déjà faite par le Seigneur avec la maison de Juda; c'est-à-dire 
lorsque la nation juive entrera dans l'alliance que Jésus-Christ a faite avec son 
Eglise (Rom., x1, 25-40). 

38. Depuis la tour, etc. Ce sont apparemment les deux extrémités du côté oriental, 
lune vers le midi, l'autre vers le nord. — * La tour d'Hananéel était probablement 
entre l'angle nord-est et l'angle nord-ouest du mur de Jérusalem, 6% {a porte de 
l'angle était à l'angle du mur septentrional et du mur occidental. 

39. Gareb, Goatha ; noms de lieux qui devaient être près de Jérusalem, mais dont 
on ignore la vraie situation. On présume pourtant que Goatha est le méme que 
Golgotha, c'est-à-dire la montagne du Calvaire, qui fut comprise dans l'enceinte de 
la nouvelle ville de Jérusalem rebàtie par l'empereur Adrien sous le nom d'Elia, 
Mais, dans un sens plus élevé, ce rétablissement de Jérusalem figure l'établissement 
de l'Eglise méme de Jésus-Christ, dans l'enceinte de laquelle sont entrés ceux qui 
en étaient auparavant séparés et à laquelle seule appartient la perpétuité promise 
dans le verset suivant. 

40. La vallée des cadavres et de (a cendre était probablement la vallée d'Ennom, 
oü les cadavres ainsi que les cendres del'autel des sacrifices étaient jetés. — Si l'on 


1772 


gle de la porte orientale des che- 
vaux ; 16 Zeu saint du Seigneur 
ne sera pas renversé, et il ne sera 
jamais plus détruit. 


CHAPITRE XXXI. 


Siege de Jérusalem. Jérémie achète un 
champ dont il fait conserver le contrat 
en signe du retour de la captivité. Sa 
prière au Seigneur. Vengeances du 
Seigneur contre son peuple infidèle, et 
promesse de le rétablir, 


1. Parole qui fut adressée à Jé- 
rémie par le Seigneur en la di- 
xieme année de Sédécias, roi de 
Juda; c'est la dix-huitieme année 
de Nabuchodonosor. 

2. Alors l'armée du roi de Ba- 
bylone assiégeait Jérusalem; et 
Jérémiele prophete était enfermé 
dans le vestibule de la prison qui 
était dans la maison du roi de 
Juda. 

3. Car Sédécias, roi de Juda, 
l'avait enfermé, disant : Pourquoi 
prophétises-tu, disant : Voici ce 


JÉRÉMIE. 


[cu. xxxu.] 
que dit le Seigneur : Voilà que 
moi je livrerai cette ville entre 
les mains du roi de Babylone, et 
illa prendra? 

4. Et Sédécias, roi de Juda, n'é- 
chappera pas à la main des Chal- 
déens ; mais il sera livré entre les 
mains du roi de Babylone; et sa 
bouche parlera à sa bouche, et ses 
yeux verront ses yeux. 

5. Et il mènera Sédécias à Ba- 
bylone; et il y sera jusqu'à ce 
que je le visite, dit le Seigneur; 
mais, si vous combattez contre les 
Chaldéens, vous n'aurez aucun 
succes. 

6. Et Jérémie dit : La parole du 
Seigneur m'a été adressée, di- 
sant : 

7. Voilà qu'Hanaméel, fils de 
Sellum, ton cousin germain, vien- 
dra vers toi, disant : Achète-toi 
mon champ qui est à Anathoth, 
parce que c'est à toi qu'il appar- 
tient de l'acheter, à cause de £a 
parenté. 


veut suivre l'ordre des temps, il semble qu'il faut passer de ce verset aux chapitres 
xxvi et xxvii. 


1-44. * 30 Jérémie, pendant le siège de Jérusalem, achète un champ à Anathoth, 
comme signe du retour futur du peuple dans sa patrie et de l'alliance de Dieu avec 
le nouvel Israël, xxxir-xxxiür. — 1e Jérémie, emprisonné par Sédécias dans la cour 
du temple, xxxn, 1-6, 260016 de Dieu l'ordre d'acheter, selon toutes les formes légales, 
le champ d'un de ses parents à Anathoth, afin que le peuple voie de ses yeux que le 
Prophète est persuadé qu'Israél rentrera un jour en possession de la Terre promise, 
1-15. — 20 Jérémie éprouve quelques doutes, car Jérusalem va tomber bientôt entre 
les mains de Nabuchodonosor, 16-25, mais le Seigneur lui réitère l'assurance qu'il 
ramènera son peuple de la captivité, après lui avoir fait expier ses péchés; il fera 
alors avec lui une alliance éternelle, et 16 comblera de bénédictions, 26-44. — 39 Cette 
prophétie est réitérée dans le ch. xxxur. Jérusalem sera livrée entre les mains de 
ses ennemis, mais elle refleurira un jour, 1-9. Le pays dévasté sera de nouveau béni 
et rempli de joie, 10-13. — 4» Le Germe de David (xxnx, 5), le Messie, germera et 
fera régner la justice ; son nom sera : Le Seigneur notre juste, c'est-à-dire le Seigneur 
nous justifie; il fondera un royaume et un sacerdoce éternels, 14-18. — 59 L'alliance 
66 Dieu avec son nouveau peuple ou l'Eglise sera aussi stable que les lois de la 
nature, 19-26. 

1. * La dixième année de Sédécias, en 588. 

5. Jusqu'à ce que, etc.; c'est-à-dire jusqu'à sa mort (Lu, 14). 

6. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4. 

1. A cause de ta parenté. Le plus proche parent avait le droit de rachat sur les 
piens que l'un de ses proches aurait vendus à un autre (Lévit., xxv, 25). 


ἢ, xxxm.] 


8. Et Hanaméel, fils de mon on- 
cle, vintà moi, selonla parole du 
Seigneur, dans le vestibule de la 
prison, et il me dit : Prends pos- 
session de mon champ qui est à 
Anathoth, en la terre de Benja- 
min; parce que c'est à toi qu'il 
appartient de prendre possession 
de cet héritage, car tu es le proche 
parent. Or je compris que c'était 
la parole du Seigneur. 

9. Et j'achetai d'Hanaméel, fils 
de mon oncle, le champ qui est à 
Anathoth ; et je lui pesai l'argent, 
sept statères et dix pieces d'ar- 
gent. 

10. Et j'écrivis sur la feuille et 
jela scellaiet, je pris des témoins; 
et je pesai l'argent dans une ba- 
lance. 

11. Et je pris la feuille d'acqui- 
sition scellée, et les stipulations, 
et ce qui était convenu, et les 
sceaux 215 en dehors. 

19. Et je donnai la feuille d'ac- 
quisition à Baruch, fils de Néri, 
fils de Maasias, sous les yeux 
d'Hanaméel, mon cousin ger- 
main, sous les yeux des témoins 
qui élaient inscrits sur la feuille 
d'achat, sous les yeux et en pré- 
sence de tous les Juifs qui étaient 


XXXII, 18, Exode, XXXIV, Tc‏ .פאס 


JÉRÉMIE. 1718 


assis dans le vestibule de la pri- 
son. 

13. Et j'ordonnai à Baruch de- 
vant eux, disant : 

14. Voici ce que dit le Sei- 
eneur des armées, Dieu d'Israël : 
Prends ces feuilles, cette feuille 
d'achat scellée, et cette feuille qui 
est ouverte; et mets-les dans un 
vase de terre, afin qu'elles puis- 
sent se conserver durant de longs 
jours. 

15. Car voici ce que dit le Sei- 
gneur des armées, Dieu d'Israël : 
On acquerra encore des maisons, 
des champs et des vignes en cette 
terre. 

16. Et je priaile Seigneur, après 
que j'eus donné le feuillet d'ac- 
quisition à Baruch, fils de Néri, 
disant : 

11. Hélas! hélas! hélas! Sei- 
gneur mon Dieu, voilà que vous 
avez fait le ciel et la terre par 
votre grande puissance et par 
votre bras étendu ; aucune chose 
ne vous sera difficile ; 

18. Vous qui faites miséricorde 
à des milliers de créatures, et qui 
rendez l'iniquité des pères dans le 
sein de leurs fils aprés eux, ὃ le 
très fort, le grand, et le puissant, 


8. La parole; c'est-à-dire l'ordre, une des significations du terme hébreu corres- 
pondant. 

9. Sept staléres et dix pièces d'argent; ou plutôt, selon l'hébreu, dix-sept sicles 
d'argent. Le sicle d'argent valait environ 1 fr. 60 c. 

10. Sur (a feuille. Le texte original porte l'article déterminatif, parce qu'il ne s'agit 
pas d'une feuille en général, mais de la feuille particulière sur laquelle s'écrivaient 
les contrats d'acquisition. — Les feuilles et l'écorce des arbres servaient ancienne- 
ment à fabriquer, au moyen de certaines préparations, une espéce de papier qu'on 
appelle en latin Jjber et en grec biblos. Quant au mot hébreu séfer, son sens primitif 
est énuméralion, dénombrement; et ce n'est qu'au figuré et par métonymie quil 
signifie feuille, iellre (epistola) renfermant un récit, livre, etc. 

14. * Dans un vase de terre. C'est dans des vases de terre qu'on a trouvé en Baby- 
lonie un grand nombre de contrats de vente et d'achat, contemporains de Jérémie, 

18. Qui failes miséricorde, etc. Compar. Exod., XXXIV, 3, 


1774 


le Seigneur des armées est votre 
nom. 

19. Vous étes grand dans vos 
conseils, et incompréhensible 
dans vos pensées; vous dont les 
yeux sont ouverts sur toutes les 
voies des fils d'Adam, afin de ren- 
dre à chacun selon ses voies et se- 
lon le fruit de ses inventions. 

20. C'est vous qui avez fait 
jusquà ce jour des signes et 
des prodiges dans la terre d'E- 
gypte, en Israël'et parmi les 
hommes, et vous avez rendu 
votre nom célèbre comme il est 
en ce jour. 

21. Et vous avez tiré Israel vo- 
ire peupledelaterre d'Egypte, par 
des signes, et par des prodiges, 
et par une main forte, et par un 
bras étendu, et par une grande 
terreur. 

22. Et vous leur avez donné 
celte terre que vous aviez juré à 
leurs peres de leur donner, une 
terre où couleraient du lait et du 
miel. 

93. Et ils sont entrés, et ils l'ont 
possédée; et ils n'ont point obéi 
à votre voix, et ils n'ont pas mar- 
ché dans votre loi; et ils n'ont 
rien fait de tout ce que vous leur 
avez ordonné; et tous ces maux 
sont venus sur eux. 

24. Voilà que des fortifications 
ont été construites contre la cité, 
afin de la prendre; et la ville a été 
livrée aux mains des Chaldéens 
qui combattent contre elle, au 
slaive, et à la famine, et à la 
peste, et tout ce que vous avez 


JÉRÉMIE. 


[cu. xxxit. 


dit est arrivé, comme vous-même 
le voyez. 

25. Et vous, Seigneurmon Dieu, 
vous me dites : Achète le champ 
avec de l'argent, et prends des 
témoins, quoique la ville ait été 
livrée aux mains des Chaldéens. 

96. Et la parole du Seigneur fut 
adressée à Jérémie, disant : 

27. Voici que moi je suis le Sei- 
eneur, le Dieu de toute chair; 
est-ce qu'une chose me sera dif- 
ficile? 

28. À cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur : Voilà que moi je 
livrerai cette cité aux mains des 
Chaldéens, et aux mains du roi 
de babylone, et ils la prendront. 

29. Et les Chaldéens viendront 
combattant contre cette ville, et 
ils y mettront le feu, et ils la brü- 
leront, ainsi que les maisons sur 
les toits desquelles ils sacritiaient 
à Baal et faisaient à des dieux 
étrangers de nombreuses liba- 
tions pour m'irriter. 

30. Car les fils d'Israél et les fils 
de Juda faisaient continuellement 
le mal sous mes yeux dés leur 
jeunesse; les fils d'Israël qui jus- 
quà ce jour me révoltaient par 
les ceuvres de leurs mains, dit le 
Seigneur. 

31. Parce que cette cité est de- 
venue pour moi un objet de fu- 
reur et d'indignation, depuis le 
jour qu'on la bâtie, jusqu'au 
jour oü elle disparaitra de ma 
présence, 

32. A cause du mal que les en- 
fants d'Israél et les enfants de 


19. Inventions ; selon l'hébreu, actions, œuvres. Voy. Isaïe, ur, 8. 


26. Disant. Voy.. sur ce mot, 1, 4. 


29. Nombreuses. Voy., sur ce mot, xix, 13. 


32. Les hommes de Juda; est synonyme d'habitants de Juda, 


(cg. xxxir.] 


Juda ont fait, en me provoquant 
au courroux, eux et leurs rois, 
leurs princes, et leurs prétres, et 
leurs prophètes, les hommes de 
Juda et les habitants de Jérusa- 
lem. 

33. Et ils ont tourné vers moi 
le dos et non la face, lorsque je 
les enseignais au point du jour, 
et que je les instruisais, et qu'ils 
ne voulaient pas écouter et rece- 
voir l'instruction. 

34. Et ils ont mis leurs idoles 
dans la maison dans laquelle a été 
invoqué monnom. afin dela souil- 
ler. 

39. Etils ont báti les hautslieux 
de Baal qui sont dans la vallée du 
fils d'Ennom, afin de consacrer 
leurs fils et leurs filles à Moloch; 
ce que je ne leur ai pas com- 
mandé; etil n'est pas monté jus- 
qu'àmonceur qu'iis feraient cette 
abomination, et qu'ils entraine- 
raient 1008 dans le péché. 

30. Et maintenant, à cause de 
cela, voici ce que ditleSeigneur, 
Dieu d'Isreël, 460116 cité dontvous 
dites, vous, qu'elie sera livrée aux 
mains du roi de Babylone, par 6 
glaive, par la famine et par la 
peste : 

91. Voilà que moi, je 168 rassem- 
blerai de loutes les terres daus 
lesquelles je ies ai jelés dans ma 
fureur, et dans ma colere 66) 8 
ma grande indiguation, et je les 
ramenerai en ce lieu, et je les y 
ferai habiter en assurance. 


94. IV Rois, xxi, 4. 


———— — 


JÉRÉMIE. 


1715 


3S. Et ils seront mon peuple, et 
moi je seraileur Dieu. 

39. Et je leur donnerai un seul 
cœur et une seule voie, afin qu'ils 
me craignent tous les jours de 
leur vie, et que bien Zeur soit à 
eux et à leurs fils apres eux. 

40. Et je ferai avec eux une al- 
liance éternelle, et je ne cesserai 
point de leur faire du bien; et je 
mettrai ma crainte dans leur 
cœur, afin qu'ils ne 56 
pas de moi. 

41. Et je me réjouirai en eux, 
lorsque je leur aurai fait du bien; 
et je les rétablirai en cette terre 
dans la vérité, de tout mon cœur, 
et de toute mon âme. 

42. Car voici ce que dit le Sei- 
gneur : Comme j'ai amené sur ce 
peuple tous ces grands maux, 
ainsi j'àmeénerai sur eux tous les 
biens que je leur promets. 

43. 140168 champs auront encore 
des possesseurs dans cette terre 
de iaquelie vous dites, vous, 
qu'elle est Géserte, parce qu'il n'y 
est pas demeuré d'homme ni de 
héle, et qu'elle a élé livrée aux 
mains des Chaldéens. 

44. Les champs seront achetés 
avec de l'argent, etils seront ins- 
crits sur la feuille, et un sceau y 
sera gravé, des témoins seront 
invoqués, dans la terre de Benja- 
min et aux environs de Jérusa- 
lem; dans les cités de Juda, daus 
les cités des montagnes, dans les 
cités de la plaine, et dans les cités 


33. Au point du jour; hébraisme, pour : avec un grand. empressement. 
34. Dans laquelle, etc.; ou laquelle a été appelée de mon nom. Voy. vu. 10. 
39. Ii m'est. pas monté, etc, Voy. ur, 16. — * Voir Isaie, xxx, 33. 

41. Dans la vérilé; selon l'hébreu, d'une manière ferme, stable. 

4^. * De la plaine; de la Séphéla. Voir la note sur Juges, xv, 9. 


1776 
qui sont au midi; parce que je 
ramenerai leurs captifs, ditle Sei- 
gneur 


CHAPITRE XXXIII. 


Promesses du retour de Juda et du réta- 
blissement de Jérusalem. Exécution 
des promesses à l'égard d'Israél et de 
Juda. Nouveau germe de la race de 
David. Alliance du Seigneur avec les 
deux races royale et sacerdotale. Pro- 
messe du Seigneur en faveur de Jacob 
et de David. 


1. Et la parole du Seigneur fut 
adressée à Jérémie une seconde 
fois, lorsqu'il était encore en- 
fermé dansle vestibule de la pri- 
son, disant : 

2. Voici ce que dit le Seigneur, 
qui doit faire, et disposer, et pré- 
parer cela; le Seigneur est son 
nom. 

3. Crie vers moi, et je t'exauce- 
rai, et je t'annoncerai des choses 
grandes et certaines que tu ne 
sais pas. 

4. Parce que voici ce que dit le 
Seigneur, Dieu d'Israél, aux mai- 
sons de cette ville etaux maisons 
du roi de Juda qui ont été dé- 
truites, et aux fortifications et au 
glaive 

5. Deceux qui viennent, afin de 
combattre contre les Chaldéens, 
etafin de lesremplir des cadavres 
des hommes que j'ai frappés dans 


JÉRÉMIE. 


[cH. xxxi. 


ma fureur et dans mon indigna- 
tion, détournant ma face de cette 
cité à cause de toute leur ma- 
lice : 

6. Voici que moi, je refermerai 
leur cicatrice, 7e leur donnerai la 

santé et je les soignerai; et jeleur 
montreraila paix etla vérité qu ils 
pes ΒΕ 
7. Et je ferai retourner certai- 
nodis Juda et Jérusalem; et je 
les établirai comme dès le com- 
mencement. 

8. Et je les purifierai de toute 
leur iniquité par laquelle ils ont 
péché contre moi, et je leur par- 
donneraitoutesleursiniquités par 
lesquelles ils se sont rendus cou- 
pables envers moi, et m'ont mé- 
prisé. 

9. Ce sera pour moi un renom, 
et une joie, et une louange, et 
une exultation parmi toutes les 
nations de la terre, qui appren- 
dront tous les biens que moi je 
dois leur faire; et elles auront 
peur et elles seront troublées à 
cause de tous les biens et de toute 
la paix que moi je leur accorde- 
rai. 

10. Voicice que ditle Seigneur: 
On entendra encore dans ce lieu 
(que vous dites étre un désert, 
parce qu'il n'y a pas d'homme 
ni de béte, dans les cités de Juda 


1, 19, 23. Disant. Voy., sur ce mot, r, 4. 

2. Cela; c'est-à-dire, ce qu'il a dit, ce qu'il a annoncé. 

5. Les remplir (impleant eas); ce pronom féminin ne peut se rapporter grammati- 
calement qu'à munitions et à maisons du verset précédent. 

6. Je refermerai, etc.; littér. 76 refermerai pour eux cicatrice et santé. Dans le style 
biblique, on ajoute souvent au complément d'un verbe un autre complément qui ne 
convient pas à ce verbe, et qui est réellement gouverné par un autre verbe sous- 
entendu, mais que la signification méme de ce second complément fait aisément 
deviner. — La paix, etc.; littér. la demande de la paix, etc. Au lieu de demande, 
l'hébreu porte abondance, cumul. — Vérité; signifie souvent socédité, stabilité, et, 
lorsqu'il est appliqué à Dieu, la fidélilé dans ses promesses. 

1. Je ferai retourner certainement. Voy. xxx, 4. 


]68. χχχιπ, JÉRÉMIE, 1717 


et au dehors de Jérusalem, cités | rendra le jugement et la justice 
qui sont désolées, sans homme et | sur la terre, 
sans habitant, et sans troupeau) 16. En ces jours-là, Juda sera 
11. La voix de la joie et la voix | sauvé, et Jérusalem habitera en 
de l'allégresse,la voix de l'époux | assurance;et voicile nom dont ils 
et la voix de l'épouse, la voix de | l'appelleront : Le Seigneur notre 
ceux qui diront : Louez le Sei- | juste. 
gneur des armées parce que bon | 17. Car voici ce que dit le Sei- 
estle Seigneur, parce qu'éternelle | gneur : 11 ne manquera pas dans 
est sa miséricorde, et la voir de | la race de David, d'homme qui 
ceux qui portent des vœux dans | s'asseye surle trône de la maison 
la maison du Seigneur; car je | d'Israël. 
ramenerai les captifs de cette |  18.Et d'entreles prétres et d'en- 
terre, et je les rétablirai comme | treles Lévites,ilne manquera pas 
dès 16 commencement, dit le Sei- | un homme devant ma face qui of- 
gneur. ! fre des holocaustes, allume le sa- 
19. Voici ce que ditle Seigneur | crifice, et tue des victimes, tous 
des arinées : Il y aura encore dans | les jours. 
ce lieu désert,sanshommeetsans | 19. Et la parole du Seigneur fut 
béte, et dans toutes ses cités, une | adressée à Jérémie, disant : 
demeure de pasteurs qui feront | 20. Voicice que dit le Seigneur : 
reposer des troupeaux. | Si mon alliance avec le jour et 
13. Dans les cités des monta- ; monalliance avecla nuit peuvent 
gnes,et dansles cités de la plaine, | être rendues vaines, en sorte qu'il 
et aus les cilés qui sont au midi, | n'y ait pas de jour et de nuit en 
et dans la terre de Benjamin, et | leurs temps, 
dans les environs de Jérusalem, | 91. Mon alliance avec David, 
et dans les cités de Juda, les -טסע)‎ | mon serviteur, pourra aussi être 
peaux passeront encore sous la | vaine, en sorte qu'il n'y ait pas de 
main de celui qui les compte, dit | lui un fils qui regne sur son trône, 
ie Seigneur. ni de Lévites et de prétres qui 
14. Voilà que des jours vien- | soient mes ministres. 
nent, dit le Seigneur, et je réali- 92. Comme les étoiles du ciel ne 
serai la bonne parole que j'ai dite | peuvent êtrecomptées, nile sable 
à la maison d'Israëlet à la maison | de la mer être mesuré, ainsi je 
de Juda. multiplierai la race de David, mon 
15. En ces jours-là et en ce | serviteur, et les Lévites, mes mi- 
emps-là, je ferai germer dans | nistres. 
David un germe de justice; et il 93. Et la parole du Seigneur 


11. Vauz; c'est-à-dire oblations promises par vœu. — * Louez le Seigneur. Voir 
Ii. Puralip., v, 13; vu, 3; I Esd., 11, 11; Ps. civ, 4. 

15. Un germe de justice; 1e Messie, méme selon les Juifs. 

18. Et d'entre les prétres, etc. Le sacerdoce des Juifs de ia race d'Aaron étant éteint 
depuis plus de dix-huit siècies, ces promesses ne regardent que le sacerdoce éternel 
de Jésus-Christ, exercé par lui-méme et par ses ministres dans l'Eglise chrétienne, 
— Allume le sacrifice; c'est-à-dire le feu qui brüle dans les sacrifices, 


A. T. 112 


1778 


fut adressée à Jérémie, disant : 

24. Est-ce que tu n'as pas vu 
somment a parlé ce peuple, di- 
sant : Les deux familles qu'avait 
^hoisies le Seigneur ont été reje- 
tées; et ils ont méprisé mon peu- 
ple, parce qu'il n'est plus une na- 
lion devant eux? 

25. Voicice que dit le Seigneur: 
Si je n'ai pas établi mon alliance 
entre le jour et la nuit, et des lois 
pour le ciel et pour la terre, 

26. Certainement, je rejetterai 
aussi la race de Jacob et de David, 
mes serviteurs, afin de ne pas 
prendre de leur race des princes 
de la race d'Abraham, d'Isaac et 
de Jacob; car je ramènerai leurs 
captifs, et j'aurai pitié d'eux. 


CHAPITRE XXXIV. 


Jugement du Seigneur sur Sédécias. Vio- 
lation de la loi touchant l'année sahba- 
tique. Vengeances du Seigneur contre 
l'infidélité de son. peuple. 


1. Parole qui fut adressée à Jé- 


JÉRÉMIÉ. 


(CH. xxxiv.] 


rémie par le Seigneur, lorsque 
Nabuchodonosor, roi de Baby- 
lone, et toute son armée, et tous 
les royaumes de la terre qui 
étaient sousle pouvoirdesa main, 
et tous les peuples combattaient 
contre Jérusalem et contre toutes 
ses villes, disant: | 

2. Voici ce que dit le Sei- 
eneur, Dieu d'Israël : Va, et 
parle à Sédécias, roi de Juda; 
et tu lui diras : Voici ce que dit 
le Seigneur : Voilà que moi, je 
livrerai cette cité aux mains du 
roi de Babylone, et il y mettra le 
feu. : 

3. Et toi tu n'échapperas pas à sa 
main, mais tu seras pris très cer- 
tainement, et tu seras livré à sa 
main: 61168 yeux verrontles yeux 
du roi de Babylone, et sa bouche 
parlera à ta bouche, et tu entre- 
ras à Dabylone. 

4. Cependant écoute la parole 
du Seigneur, Sédécias, roi de 
Juda; voici ce que te dit le Sei- 


24. Les deux familles, ou races; l'une royale et l'autre sacerdotale. On explique 
encore ceci des royaumes d'Israél et de Juda. 

95-26. * Idiotisme hébraique : de méme qu'il est certain que je suis maitre du jour 
et de 18 nuit, de méme il est certain que je rejetterai la race de Jacob. 

26. Si l'on veut suivre l'ordre des temps, il parait qu'il faut revenir deyce cha- 


pitre au xxt. 


1-92. * IVe Section : Efforts infructueux pour la conversion du peuple avant sa 
ruine totale, xxxrv-xxxvir. — 19 La ruine totale d'Israél causée par son mépris de la 
loi, xxxiv-xxxv. — Le peuple a rendu inutiles tous les efforts que Dieu a faits pout 
le convertir, il a violé constamment sa loi; il doit donc expier ses crimes. — 41? Pen; 
dant que Nabuchodonosor assiége la ville, et que Sédécias est déjà comme perdu, 
xxxiv, 1-7, le peuple consent à mettre les esclaves en liberté, selon la loi, 8-10, mais 
ii les reprend ensuite, 11, et Jérémie lui annonce qu'il sera vaincu et captif, 12-23. 
- 20 L'infidélité d'Israël ne se manifeste pas moins par la comparaison que le Pro- 
phete établit entre lui et les Réchabites, de la race des Cinéens, L Par., m, 55. Les 
Réchabites ont été contraints, par l'invasion chaldéenne, de se réfugier dans Jérusa- 
lem. Jérémie, par ordre de Dieu, les invite à boire du vin. 115 refusent pour ne pas 
violer Jes prescriptions de leur pére Jonadab. A cause de cette fidélité, Dieu leur 
promet deles conserver, tandis que Juda désobéissant périra, xxxv. Cet épisode des 
Réchabites se rapporte au siège de Jérusalem sous Joakim, xxxv, 4, non sous Sédé- 
cias. Il est placé ici, uniquement sans doute pour mieux faire comprendre comment 
Jérusalem avait mérité le sort qu'elle subit sous son dernier roi. 

1. Ses villes; les villes dépendantes de Jérusalem; les autres villes de Juda qui 
n'étaient pas encore rendues. — Disant. Voy. 1, 4. 


a 


[cu. xxx1v.] 


eneur : Tu ne mourras point par 
le glaive. 

5. Mais tu mourras en paix; et 
comme on a brülé les corps de tes 
peres, des rois précédents qui ont 
ont été avant toi, ainsi on te brü- 
lera; et malheur, ὃ prince! criera- 
t-on sur toi; parce que c'est moi 
qui ai prononcé cette parole, dit 
le Seigneur. 

6. Et Jérémie, le prophète, dit 
toutes ces paroles à Sédécias, roi 
de Juda, dans Jérusalem. 

7. Et l'armée du roi de Baby- 
lonecombattait contre Jérusalem, 
et contre toutes les cités de Juda 
qui étaient restées, contre Lachis 
et contre Azécha ; car c'étaient les 
villesfortifiées, quiétaientrestées 
des cités de Juda. 

8. Parole qui fut adressée à Jé- 
rémie par le Seigneur, apres que 
le roi Sédécias eut fait un pacte 
avec tout le peuple dans Jérusa- 
lem, en publiant 

9. Que chacun renvoyät libre 
son serviteur et chacun sa ser- 
vante, Hébreu et Hébreue, et qu'ils 
n'exercassent nullement leur do- 
mination sur eux, c'est-à-dire sur 
un Juif et leur frere. 

10. Ils entendirent donc tous 
les princes et tout le peuple, qui 
avaient fait pacte que chacun ren- 


JÉRÉMIE. 


1779 


verrait libre son serviteur et cha- 
cun sa servante, et qu'ils n'exer- 
ceraient plus de domination sur 
eux; ils écouterent donc et /es 
renvoyèrent. 

11. Mais ils changèrent ensuite, 
et ils reprirent leurs serviteurs et 
leurs servantes qu'ils avaient ren- 
voyés libres, et les soumirent à la 
condition de serviteurs et de ser- 
vantes. 

12. Etla parole du Seigneur fut 
adressée à Jérémie, disant : 

18. Voici ce que dit le Seigneur, 
Dieu d'Israël : Moi, j'ai fait al- 
liance avec vos pères au jour où 
je les ai retirés de la terre d'E- 
gypte, de la maison de servitude, 
disant : 

14. Lorsque sept ans seront ac- 
complis, que chacun renvoie son 
frère Hébreu, qui lui a été vendu; 
il te servira six ans, puis tu le 
renverras d'aupres de toi libre; 
et vos peresne m'ont point écouté 
etils n'ont pas incliné leur oreille. 

15. Et vous, vous étes tournés 
vers moi aujourd'hui; vous avez 
fait ce qui étaitjuste à mes yeux, 
en publiant laliberté chacun pour 
son ami; et vous avez fait ce pacte 
en ma présence, dans la maison 
dans laquelle mon nom a été in 
voqué sur elle. 


Cuar. XXXIV. 14. Exode, xx1, 2; Deut., xv, 12. 


nn—— —— UH m——————————————————————————— 


1. Lachis et Azécha ; deux villes de la partie méridionale de Juda, — Qui étaient 
restées, etc.; qui n'avaient pas encore été prises par l'ennemi. 

8. En publiant (prædicans); se rapporte grammaticalement à parole (verbum) qui 
précéde, mais logiquement à Seigneur. 

9. Hébreue. Nous avons cru devoir conserver ce mot, qui se trouve dans toutes les 
ancienues versions francaises, et qui d'ailleurs n'est pas sans analogue dans notre 
langue. 

15. Dans laquelle mon nom a été invoqué sur elle. C'est ainsi qu'on lit dans les Sep- 
tante aussi bien que dans la Vulgate, ce qui est évidemment une faute; les mots sur 
elle sont de trop, ou il faut lire sur laquelle en supprimant dans ét elle, L'hébreu 
porte en effet simplement sw; laquelle; mais alors le sens peut être : La maison qui 
a élé appelée de mon nom; qui porte món nom. Compar, vu, 10, 


1780 


46. Et vous êtes revenus sur ce 
que vous aviez fait, et vous avez 
profané mon nom; et vous avez 
reprischacun votre esclave etcha- 
cun votreservante, que vous aviez 
renvoyésafin qu'ils fussentlibres, 
et enleurpropre pouvoir, et vous 
les avez réduits à vous étre servi- 
teurs et servantes. 

17. À cause de cela voici ce que 
dit le Seigneur : Vous, vous ne 
m'avez pas écouté pour annoncer 
la liberté chacun à votre frere 
et chacun à votre ami; voici que 
moi, dit le Seigneur, je vous an- 
nonce la liberté d’être abandon- 
nés au glaive, à la peste et à la 
famine ; je vous livrerai à la vexa- 
tion dans tous les royaumes de 
la terre. 

18. Et je traiterai les hommes 
qui violent mon alliance, et qui 
n'ont pas observé les paroles du 
pacte auxquelles ils ont consenti 
en mà présence, comme le veau 
qu'ils ont coupé en deux, et entre 
les parties duquel ils ont passé ; 

19. Ces hommes sont les princes 
de Juda, les princes de Jérusalem, 
les eunuques et les prétres, et 
tout le peuple de cette terre, qui 
ont passé entre les parties du 
veau; 

90.Jeleslivreraidoncaux mains 


18. Genése, xv, 18. 


JEREMIE. 


(cu. xxxv.] 


de leurs ennemis, aux mains de 
ceux qui cherchent leur àme; 
et leurs corps morts seront en 
pâture aux volatiles du ciel et aux 
bétes de la terre. 

91. Et Sédécias, roi de Juda, et 
ses princes, je les livrerai aux 
mains de leurs ennemis, et aux 
mains de ceux qui cherchentleurs 
âmes, et aux mains des armées 
du roi de Babylone, lesquelles se 
sont retirées de vous. 

22. Voilà que moi j'ordonne, dit 
leSeigneur, je les ramenerai dans 
cette cité, et ils combattront con- 
tre elle, et ils la prendront, et ils 
y mettront le feu; et les cités de 
Juda, j'enferai une solitude pour 
qu'il n'y ait point d'habitant. 


CHAPITRE XXXV. 


Le Seigneur confond l'infidélité des ha- 
bitants de Juda par la fidélité des Ré- 
chabites. Menaces contre les habitants 
de Juda. Promesses en faveur des Ré- 
chabites. 


1. Parole qui fut adressée à Jé- 
rémie par le Seigneur, dans les 
jours de Joakim, fils de Josias, roi 
de Juda, disant : 

2. Vas à la maison des Récha- 
bites, et parle-leur; et tu les in- 
troduiras dans la maison du Sei- 
gneur, dans une des salles des 


18. Je traiterai, ete. C'est le vrai sens de ce verset, tant selon le texte hébreu que 
selon la Vulgate; toute autre explication nous paraît peu fondée. — * Entre les par- 
ties desquels ils ont passé, pour rendre le pacte tout à fait solennel et inviolable. Voir 


Genése, xv, 10. 


19. Les eunuques. Voy., sur le sens de ce mot, xxix, 2. 
20-21. Qui cherchent, etc. ; hébraisme, pour qui cherchent à leur óter la vie. 
99. Si l'on veut suivre l'ordre des temps, il parait qu'il faut passer d'ici au cha« 


pitre xxxvi, vers. 3 et suiv. 
1, 12. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4. 


2, Réchabites; descendants de Jonadab et de Réchab, menaient une vie exemplaire, 
étaient d'une abstinence rigoureuse et d'un désintéressement extraordinaire. Ils 
étaient Cinéens d'origine (1 Paralip., τι, 53). — Une des salles des trésors; c'est-à-dire 


[ca. xxxv.] 


trésors ;ettuleurdonnerasàpoire 
du vin. 

3. Et je pris Jézonias, fils de Jé- 
rémie, fils d'Habsanias, et ses fre- 
res, et tous ses fils, et toute la 
maison des Réchabites ; 

4. Et je les introduisis dans la 
maisonduSeigneur,danslacham- 
bre du trésor des fils d'Hanan fils 
de Jégédélias, homme de Dieu, 
laquelle chambre était près de la 
chambre du trésor des princes, au- 
dessus du trésor de Maasias, fils 
de Sellum, qui était garde du ves- 
tibule. 

ÿ. Et je mis devant les enfants 
de la maison des Réchabites des 
tasses pleines de vin et des cou- 
pes; 66 je leur dis : Buvez du vin. 

6. Et ils répondirent : Nous ne 
boirons pas de vin, parce que Jo- 
nadab, notre père, fils de Réchab, 
nous a ordonné, disant : Vous ne 
boirez jamais de vin, ni vous, ni 
vos enfants; 

7.Et vous ne bátirez pas de mai- 
son, et vous ne semerez point de 
erains, et vous ne planterez pas 
de vignes, et vous n'en aurez point 
à vous, mais vous habiterez sous 
des tabernacles tous vos jours, 
afin que vous viviez de longs 
jours sur la terre dans laquelle 
vous étes étrangers. 

8. Nous avons done obéi à la 
voix de Jonadab, notre père, fils 
de Réchab, dans toutes les choses 
qu'il nous a ordonnées, en sorte 
que nous n'avons pas bu de vin 
durant tous nos jours, ni nous, 


CHAP, XXXV. 15. Supra, xvii, 11; xxv, 5. 


4c AEMIE, 


1781 
ni nos femes, ni nos fils, ni nos 
filles. 

9. Et que nous n'avons pas báti 
de maisons pour y habiter; et 
nous n'avons eu ni vigne, ni 
champ, ni grain. 

10. Mais nous avons habité dans 
des tabernacles, et nous avons 
obéi à toutes les choses que nous 
a ordonnées Jonadab notre pere. 

11. Mais lorsque Nabuchodono- 
sor, roi de Babylone, est monté 
dans notre terre, nous avons dit: 
Venez, et entrons dans Jérusalem, 
à cause de l'armée des Chaldéens 
et à cause de l'armée de Syrie; et 
nous sommes demeurés dans Jé- 
rusalem. 

12. Et la parole du Seigneur a 
été adressée à Jérémie, disant : 

13. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées, Dieu d'Israël : Va, et 
dis aux hommes de Juda et aux 
habitants de Jérusalem : Est-ce 
que vous ne recevrez jamais la 
correction, afin d'obéir à mes pa- 
roles, dit le Seigneur? 

14. Elles ont prévalu, les pa- 
roles de Jonadab, fils de Réchab, 
par lesquelles il ordonna à ses 
enfants de ne point boire de vin, 
et ils n'en ont pas bu jusqu'à ce 
jour, parce qu'ils ont obéi au pré- 
cepte de leur père; mais moi je 
vous ai parlé, me levant dés le 
malin, et parlant, et vous ne 
m'avez pas obéi. 

15. Et j'ai envoyé vers vous mes 
serviteurs, les prophètes, me le- 
vant au point du jour, envoyant, 


une des chambres des édifices du temple, qui servaient d'habitations aux prêtres, de . 
magasins, de salles pour les repas des sacrifices pacifiques. 

14. A cause; littér. et par hébraisme, «e /a face. 

44. Me levant dès le matin; hébraisme, pour 6 


1782 
et disant: Détournez-vous chacun 
de vos voies trés mauvaises, et 
rendez bonnes vos œuvres; ne 
suivez pas des dieux étrangers, et 
ne les adorez pas; et vous habite- 
rez dans la terre que je vous ai 
donnée ὦ vous et à vos peres; et 
vous n'avez pas incliné votre 
oreille, et vous ne m'avez pas 
écouté. 

16. Ainsi les enfants de Jona- 
dab, fils de Réchab, ont gardé 
fermement l'ordre que leur père 
leur avait donné; mais ce peuple 
ne m'a pas obéi. 

17. Cest pourquoi voici ce que 
dit le Seigneur des armées, Dieu 
d'Israél : Voilà que moi j'amene- 


JÉRÉMIE. 


]68. xxxvi. 

18. Or Jérémie dit à la maison 
des Réchabites : Voici ce que dit 
le Seigneur des armées, Dieu d'Is- 
raël : Parce que vous avez obéi au 
précepte de Jonadab votre père, 
que vous avez gardé tous ses 
commandements, et que vous 
avez fait toutes les choses qu'il 
vous ἃ ordonnées; 

19. A cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur des armées, Dieu 
d'Israël : une manquera pas dans 
la race de Jonadab, fils de Réchab, 
d'homme se tenant tous les jours 
en ma présence. 


CHAPITRE XXXVI. 


Jérémie dicte ses prophéties à Baruch 


qui les lit devant le peuple, puis de- 
vant les princes. Le roi Joakim fait 
brüler le livre. Jérémie les dicte une 
seconde fois, en ajoute de nouvelles, 
et annonce les vengeances du Seigneur 
contre Joakim. : 


rai sur Juda et sur tous les habi- 
tants de Jérusalem toute l'af- 
fliction que j'ai prononcée contre 
eux; parce que je leur ai parlé, 
etils n'ont pas écouté; je les ai 
appelés, et ils ne m'ont pas ré- 
pondu, 


1. Et 11 arriva dans la qua- 
trième année de Joakim, fils de 


19. Il ne manquera pas, etc. Les Réchabites furent menés avec les Juifs en captivité à 
Babylone, mais ils revinrent avec eux dans leur pays. Après leur retour, ils servirent 
dans le temple, mais seulement en qualité de chantres, de joueurs d'instruments, etc. 
(I Paralip., ד‎ 55), et ils continuèrent à vivre dans la sobriété et la pauvreté. 


1-32. * 20 Malheurs d'Israël causés par sa résistance aux prophètes, xxXVI-XXXVIN. 
— Si le peuple périt, c'est parce qu'il est incorrigible et qu'il. refuse d'entendre les 
prophètes que Dieu lui envoie, et de suivre leurs conseils. Jérémie le prouve : — 
40 en rapportant ce qui s'est passé par rapport à lui sous Joakim. 1] fait lire devant 
le peuple, par Baruch, ses prophéties. Le roi, irrité, jette au feu le rouleau qui les 
contient, et veut faire arréter Jérémie et Baruch, mais Dieu ne permet pas qu'on les 
trouve. Jérémie annonce à la maison de David et au peuple que les menaces qu'il 
leur a faites s'accompliront irrévocablement, et il fait écrire de nouveau ses prophé- 
ties, xxxvr. — 29 Ce qui s'était passé du temps de Joakim se reproduit d'une manière 
à peu prés semblable sous Sédécias, quoique ce dernier roi eüt certains égards 
pour Jérémie. Celui-ci exhorte ses compatriotes à se soumettre aux Chaldéens, pen- 
dant que ees derniers ont interrompu le siége pour aller arréter la marche des Egyp- 
liens; il part lui-méme pour se réfugier à Anathoth, mais il est arrété et jeté en 
prison. Sédécias apprend de lui le sort funeste qui l'attend ; il adoucit néanmoins 
sa captivité, xxxvi. — 30 Le Prophète exhorte de nouveau le peuple à subir le joug 
de Nabuchodonosor. Il est pour cela jeté au fond d'une citerne, où il aurait péri s'il 
n'en avait été retiré par Abdémélech, avec la permission du roi. Il conseille de nou- 
veau à Sédécias de se rendre aux Chaldéens, mais le prince n'ose point le faire, et 
Jérémie reste en prison jusqu'à ce que la ville tombe entre les mains de l'ennemi, 
XXXVII. 

1. Disant. Voy., sur ce mot, r, 4. — * La quatriéme année du règne de Joakim en 605, - 


08. xXxvi.] JÉRÉMIE. 1783 


Josias, roi de Juda, que cette pa- 7. Pour voir si par hasard leur 
role fut adressée à Jérémie parle | priere tombera devant le Sei- 
Seigneur, disant : geneur, et s'ils reviendront chacun 


2. Prends un rouleau delivreet | de sa voie très mauvaise; parce 
tu y écriras toutes les paroles que | que grande est la fureur et l'indi- 
je t'ai dites contre Israél, et con- | gnation avec laquelle a parlé le 
tre Juda, et contre tous les peu- | Seigneur contre son peuple. 
ples, depuis le jour oà je t'ai par- 8. Et Baruch, fils de Nérias, fit 
lé, depuis les jours de Josias, jus- | selontoutce queluiavaitordonné 
qu'à ce jour; Jérémie, le prophète, lisant dans 

3. Pourvoirsiparhasard,lamai- | le rouleau les paroles du Sei- 
son de Juda apprenant tous les | gneur, dans la maison du Sei- 
maux que moi je penseleurfaire, | gneur. 
chacun reviendra de ses voies 9. Or il arriva en la. cinquieme 
tres mauvaises; et je lui pardon- | année de Joakim, fils de Josias, 
nerai son iniquité et son péché. | roi de Juda, dans le neuvieme 

4. Jérémie appela donc Baruch, | mois, qu'on publia un jeûne en 
fils de Nérias, et Baruch écrivit, | présence du Seigneur, pour tout 
sorlies de la bouche de Jérémie | le peuple dans Jérusalem et pour 
sur un rouleau de livre, toutesles | toute la multitude qui avait afflué 
paroles que le Seigneur lui avait | des cités de Juda dans Jérusalem. 
dites. 10. Et Baruch lut dans le rou- 

5. EtJérémie ordonna à Baruch, | leau les paroles de Jérémie dans 
disant : Moi je suis enfermé, et je | la maison du Seigneur, dans la 
ne puis entrer dans la maison du | chambre du trésor de Gamarias, 
Seigneur. fils de Saphan, le 86126, dans le 

6. Entre donc, toi, et lis d’après | vestibule supérieur, à l'entrée de 
le rouleau dans lequeltu as écrit, | la porte neuve de la maison du 
sorties de ma bouche, les paroles | Seigneur, tout le peuple enten- 
du Seigneur, le peuple entendant | dant. 
dans la maison du Seigneur, au 11. Et lorsque Michée, fils de 
jour de jeüne; de plus tous ceux | Gamarias, fils de Saphan, eut en- 
de Juda qui viennent de leurs ci- | tendu toutes les paroles du Sei- 
tés entendant, tu les leur liras; | gneur écrites! dans le livre, 


————— ————- 


2, etc. Rouleau de livre, ou rouleau de feuille, selon l'hébreu; expression que la 
Vulgate elle-même rend quelquefois simplement par livre. Anciennement on faisait 
les livres d'écorces d'arbres, de papyrus, de toile, etc. Ceux qui étaient d'une ma- 
tiere flexible se roulaient autour d'un bâton; de là le nom de volume (volumen) ou 
rouleau. 

4. * Baruch. Voir sur luil'Introduction à sa prophétie. 

6. Au jour de jeûne. Si ce jeûne est le méme que celui qui, d'après le vers. 9, fut 
publié au neuvième mois, c'était un jeûne extraordinaire; car la loi n'en ordonnait 
aucun pour le neuvième mois. 

9. * En la cinquiéme année de Joakim, en 604. — Dans le neuvième mois, novembre- 
décembre. 

40. Chambre du trésor de Gamarias, Noy.'xxxv, 2. — Le vestibule supérieur; c'était 
probablement le parvis des prêtres. — La porte neuve, Voy. xxvi, 16, 


4784 


49. Il descendit dans la maison 
du roi, en la chambre du trésor 
du scribe; et voilà que là tous les 
princes étaient assis : Elisama le 
Scribe, et Dalaias, fils de Séméias, 
et Elnathan, fils d'Achobor, et 
Gamarias, fils de Saphan, et Sé- 
décias, fils d'Hananias, et tousles 
princes. 

18. Et Michée leur rapporta 
loutes les paroles qu'il avait en- 
tendues de Baruch, lisant dans le 
rouleau aux oreilles du penple. 

14. C'est pourquoi tous les prin- 
ces envoyerent à Baruch Judi, fils 
de Nathanias, fils de Sélémias, 
fils de Chusi, disant : Prends en 
ta main le rouleau que tu as lu, 
le peuple entendant, et viens. 
Baruch, fils de Nérias, prit donc 
le rouleau en sa main, et vint à 
eux. 

15. Et ils lui dirent : Assieds- 
toi, etlis ces choses ànos oreilles. 
Et Baruch lut à leurs oreilles. 

16. Ainsi, lorsqu'ils eurent en- 
tendu toutes les paroles, ils se 
regardèrent les uns les autres 
avec étonnement, et ils dirent à 
Baruch : Nous devons rapporter 
au roi toutes ces paroles. 

17. Et ils Pinterrogeérent, di- 
sant: Déclare-nous comment tu 
as écrit toutes ces paroles sorties 
dela bouche de Jérémie. 

18. Or Baruch leur dit : 1 me 
disait de sa bouche toutes ces 
paroles comme s'il les avait lues; 


JÉRÉMIE, 


[cu. xxxvi.) 


et, moi je les écrivais dans le rou- 
leau avec de l'encre. 

19. Et les princes dirent à Ba- 
ruch : Va, et cache-toi, ainsi que 
Jérémie, et que personne ne .sa- 
che oü vous serez. 

20. Et ils entrèrent chez le roi 
dansle vestibule; quant au rou- 
leau, ils l'avaient déposé dans la 
chambre du trésor d'Elisama, le 
scribe, et ils rapportèrent, le roi 
entendant, toutes les paroles. 

21. Et le roi envoya Judi afin 
de prendre le rouleau; lequel 
l'ayant pris dela chambre du tré- 
sor d'Elisama, le scribe, le lut, le 
roi entendant, ainsi que tous les 
princes qui étaient autour du roi. 

22. Or le roi était assis dans sa 
maison d'hiver au neuvieme 
mois; et un brasier était placé 
devant lui, plein de charbons ar- 
dents. 

23. Lorsque Judi eut lu trois ou 
quatre pages, /e ro? coupale rou- 
leau avec le canif du scribe; et le 
jeta dans le feu qui était sur le 
brasier, jusqu'à ce que le volume 
entier füt consumé par le feu qui 
était dans le brasier. 

24. Et le roi et tous ses servi- 
teurs qui entendirent toutes ces 
paroles, ne craignirent pas, et ne 
déchirerent pas leurs vétements. 

25. Mais cependant Elnathan et 
Dalaias et Gamarias, s'opposerent 
au roi, afin qu'il ne brülât point 
le livre : etil ne les écouta point. 


22. * Le neuviéme mois correspondant à novembre-décembre est relativement froid à 
Jérusalem, surtout quand souffle le vent du nord. La neige tombe quelquefois dans 
cette ville.à cette époque. — Dans sa maison d'hiver; dans. la partie de la maison que 
le roi habitait l'hiver. — Un brasier. Les maisons orientales n' ayant pas de cheminées, 
on les chauffait avec des charbons ardents mis dans un brasier, vase ou réchaud, 

23. * Trois ou quatre pages; hébreu : colonnes du volume, qui était de papyrus ou 
de cuir; c'est pour cela qu'il est coupé avec un petit couteau. 

24. Ces paroles; les paroles contenues dans le rouleau. 


]68. xxxvir.] 


96. Etleroi ordonna 8 Jérémiel, 
fils d'Amélech, et à Saraias, fils 
d'Ezriel, et à Sélémias, fils d'Ab- 
déel, de prendre Baruch, le scribe, 
et Jérémie, le prophète; mais le 
Seigneur les cacha. 

27. Et la parole du Seigneur fut 
adressée à Jérémie, le prophète, 
apres que le roi eut brülé le rou- 
leau et les paroles que Baruch 
avait écrites ef qui étaient sorties 
de la bouche de Jérémie, disant : 

98. Reprends un autre rouleau, 
et écris-y toutes les paroles qui 
étaient dans le premier rouleau 
qu'a brûlé Joakim, roi de Juda. 

99. Et à Joakim, roi de Juda, tu 
diras: Voici ceque ditle Seigneur: 
Tu as brülé ce rouleau, disant : 
Pourquoi as-tu écrit dans ce livre 
en publiant : Soudain viendra le 
roi de Babylone, et il dévastera 
cette terre et il en fera disparaître 
l'homme et la 7 

30. A. cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur contre Joakim, 
roi de Juda : 11 n'y aura pas de lui 
deprince qui 88551628 sur le trône 
de David; et. son cadavre sera jeté 
à la chaleur du jour et à la gelée 
de la nuit. 

31. Et je visiterai contre lui, et 
contre sa race, et contre ses ser- 
viteurs, leurs iniquités ; et j'amè- 


JÉRÉMIE. 


1785 
neraisur eux et sur les habitants 
de Jérusalem et sur les hommes 
de Juda tout le mal que je leur ai 
annoncé, et ils ne m'ont pas en- 
tendu. 

32. Or Jérémie prit un autre 
rouleau et le donna à Baruch, fils 
de Nérias, le scribe, qui y écrivit, 
sorties de la bouche de Jérémie, 


toutes les paroles qui étaient dans 


le livre qu'avait brûlé Joakim, 
roi de Juda; et il y ajouta en 
outre beaucoup plus de paroles 
qu'il n'y en avait auparavant. 


CHAPITRE XXXVII 2. 


Sédécias se recommande aux prieres de 
Jérémie. Nabuchodonosor marche 
contre le roi d'Egypte; Jérémie prédit 
qu'il reviendra contre Jérusalem. Le 
Prophéte est arrété, et mis dans un 
cachot ; Sédécias l'en retire. 


1. Et le roi Sédécias, fils de 
Josias, régna en la place de Jé- 
chonias, fils de Joakim, Nabu- 
chodonosor, roi de Babylone, 
l'ayant établi roi dans la terre de 
Juda. 

2. Et il n'obéit pas, lui, ni ses 
serviteurs, ni tout le peuple de la 
terre aux paroles du Seigneur 
quil avait dites par l'entremise 
de Jérémie, le prophète. 

3. Et le roi Sédécias envoya 


21. Disant. Voy., sur ce mot, r, 4. 


30. I n'y aura pas, ete. Jéchonias, fils de Joakim, n'ayant régné que trois mois, et 
encore sous la dépendance des Chaldéens, son règne n'est compté pour rien. Son 
suecesseur fut Sédécias, son oncle, et dernier roi de Juda. — * Voir plus haut la 


note sur xxt, 2. 


* Les deux premiers versets dece chapitre peuvent étre considérés comme la con- 
clusion du précédent. Ce qui suit parait être de la 9e année de Sédécias, et par con- 
séquent beaucoup postérieur à ce qui précède. Si l'on veut suivre l'ordre des temps, 
i] parait qu'il faut retourner d'ici au chapitre xxv. 


1, 2, La terre; de Juda. 
1. * Voir IV Rois, xxiv, 1T. 


3. Sophonias, le prêtre. Voy. xxi, 4. — * Juchal se montre plus loin, xxxvur, 1,* 


ennemi de Jérémie. 


1786 


Juchal, fils de Sélémias, et So- 
phonias, le prétre, fils de Maasias, 
vers Jérémie, le prophète, disant: 
Priez pour nous le Seigneur notre 
Dieu. 

4. Or, Jérémie se promenait li- 
brementau milieu du peuple; car 
on ne l'avait pas encore mis dans 
la garde de la prison. Enfin l'ar- 
mée de Pharaon sortit del'Egypte ; 
et les Chaldéens qui assiégeaient 
Jérusalem, entendant cette nou- 
velle, s'éloignerent de Jérusa- 
lem. | 

5. Et la parole du Seigneur fut 
adressée à Jérémie, le prophète, 
disant : 

6. Voici ce que ditle Seigneur, 
Dieu d'Israël : Ainsi vous direz au 
roi de Juda, qui vous ἃ envoyés 
pour me consulter : Voilà que 
l'armée de Pharaon, qui est sortie 
à votre secours, retournera dans 
sa terre en Egypte; 

7. Etles Ghaldéens reviendront, 
et. ils: combattront contre cette 
cité ; et ils la prendront et ils y 
mettront le feu. 

8. Voici ce que dit le Seigneur : 
Ne trompez pas vosâmes, disant: 
Les Chaldéens s'en iront et se re- 
tireront de nous; parce qu'ils ne 
s'en iront pas. 

9. Mais quand méme vous auriez 


JÉRÉMIE. 


]68. xxxvir.] 


battu toutel'armée des Chaldéens 
qui combattent contre vous, et 
quil en serait resté sewlement 
quelques blessés, ils sortiraient 
chacun deleurtente, etmettraient 
à feu cette cité. 

10. Ainsi lorsque l'armée des 
Chaldéens se fut retirée de Jéru- 
salem, à cause ‘de l'armée de 
Pharaon, 

11. Jérémie sortit de Jérusalem, 
afin d'aller dans la terre de Ben- 
jamin, et d'y partager son bien en 
présence des citoyens. 

19. Et lorsqu'il fut parvenu à 
la porte de Benjamin, il y avait 
là un garde quiveillait à la porte 
à son tour, du nom de Jérias, 
fils de Sélémias, fils d'Hananias; 
et il arréta Jérémie, le prophète, 
disant : Tu fuis vers les  Chal- 
déens. 

13. Et Jérémie répondit : Cela 
est faux, je ne fuis point vers 
les Chaldéens. Et Jériasnel'écouta 
pas; mais il saisit Jérémie, et l'a- 
mena devant les princes. 

14. À cause de cela les princes, 
irrités contre Jérémie, le firent 
battre et l'envoyerent en la pri- 
son qui était dans la maison 
de Jonathan, le scribe; car c'est 
lui qui était préposé sur la pri- 
son. Ai (1 


4. * Dans la garde de la prison. Voir plus haut, xxxir, 2. — L'armée de Pharaon, 


Apriès ou Hophra, appelé plus loin, xuv, 30, Ephrée, Pharaon de la XXVI* dynastie, 
originaire de Sais, fils de Psammétique II, petit-fils de Néchao II. 11 partit pour atta- 
quer les Chaldéens, qui suspendirent le siege de Jérusalem afin d'aller à sa rencontre 
et arrétérent sa marche. Plus tard, il reçut avec bienveillance les Juifs qui se réfu- 
gièrent en Egypte. Il régna de 590 à 571 avant J.-C. 

5. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4. 

11, "ΡΨ parlager son bien. Locution obscure. Le sens le plus naturel est, comme 
l'explique Théodoret, qu'il voulait aller faire ses provisions de vivres pour passer le 
temps du siége. 

12." La por te de Benjamin; probablement au nord de Jérusalem, peut-étre vers l'en- 
droit où est aujourd'hui la porte de Damas. 

14. * En la prison. C'était une prison souterraine, comme on le voit par le vers. 15, 
insalubre et fort dure; voir xxxvin, 26. 


[cH. xxx vii.] 


JÉRÉMIE. 


1787 


15. C'est pourquoi Jérémie en- | jusqu'à ce que tout le pain de la 


tra dans la maison de la fosse et 
dans le cachot des esclaves; et Jé- 
rémie y demeura bien des jours. 

16. Orle roi Sédécias l'envoya 
retirer, et il l'interrogea en secret 
dans sa maison, et dit : Crois-tu 
qu'il y a quelque parole venant du 
Seigneur? Et Jérémie : Il y en a; 
et il ajouta : Vous serez livré aux 
mains du roi de Babylone. 

11. Et Jérémie dit au roi Sédé- 
cias : En quoi ai-je péché contre 
vous, contre vos serviteurs et 
contre votre peuple, pour que 
vous m'ayez envoyé dans la mai- 
son de la prison? 

18. Où sont vos prophètes qui 
vous prophétisaient, et qui di- 
saient : Le roi de Babylone ne 
viendra pas contre vous et contre 
cette terre? 

19. Maintenant donc, écoutez, je 
vous conjure, mon seigneur roi; 
que ma prière instante soit puis- 
sante en votre présence ; et ne me 
renvoyez pas dans la maison de 
Jonathan, le scribe, de peur que je 
n'y meure. 

90. Le roi Sédécias ordonna 
donc que Jérémie füt mis dans le 
vestibule de la prison, et qu'on lui 
donnát tous les jours une miche 
de pain, outre les mets ordinaires, 


CaaP. XXXVIIL. 2. Supra, x 9. 


cité 10+ consumé; et Jérémie de- 
meura dans le vestibule de la 
prison. 


CHAPITRE XXX VIII. 


Jérémie cst mis dans une basse-fosse. 
Abdémélech l'en retire. Sédécias le 
consulte en secret: Jérémie lui con- 
seille de se rendre aux Chaldéens. Sé- 
décias lui recommande le secret sur 
cet entretien. Jérémie le lui garde. 


1. Or Saphatias, fils de Mathan, 
et Gédélias, fils de Phassur, et 
Juchal, fils de Sélémias, et Phas- 
sur, fils de Melchias, entendirent 
les paroles que Jérémie adressait 
à tout le peuple, disant : 

2. Voici ce que dit le Seigneur: 
Quiconque demeurera dans cette 
cité mourra par le glaive, et par 
la famine et par la peste; mais 
celui qui s'enfuira vers les Chal- 
déens vivra, et son âme sera saine 
et sauve, et il vivra. 

3. Voici ce que dit le Seigneur : 
En étant livrée, cette cité sera 
livrée en la main de l'armée du 
roi de Babylone, et il la pren- 
dra. | 

4. Et les princes dirent au roi : 
Nous vous prions que cet homme 
soit mis à mort, car c'est à dessein 
qu'il affaiblit les mains des hom- 


ד == == 


15. La maison de la fosse; c'est-à-dire la maison dans laquelle il y avait une fosse, 
une prison souterraine, une basse-fosse. Compar. le verset précédent. 

16. * Quelque parole venant du Seigneur; une prédiction. 

17. La maison de la prison. Voy. la note précédente. 

20. Sil'on veut suivre l'ordre des temps, il faut passer d'ici aux ch. xxxii et xxxii, 
— * Dans le vestibule de la prison du palais royal. 


1. * Phassur. Voir plus haut, xxr, 1. — Juchal, xxxvu, 3. 

2. Son âme; hébraisme, pour sa personne, lui. Dieu avait expressément ordonné 
aux Juifs de se rendre aux Chaldéens. Voy. xxr, 9, sur 16 motif de ce commandement. 

3. Etant livrée, sera livrée ; hébraisme pour sera certainement ou entièrement livrée. 

4. Les mains ; en les décourageant. — La paix; ou selon l'hébreu, le bien, le salut, 


ie bonheur complet. 


1788 


mes de guerre qui sont demeurés 
dans celte cité, et les mains de 
toutle peuple, leur disant ces pa- 
roles; vu que cet homme ne cher- 
che pas la paix dece peuple, mais 
son malheur. 

5. Et le roi Sédécias dit : Voici 
qu'ilest entre vos mains; car il 
n'est pas juste que le roi vous re- 
fuse quelque chose. 

6. Ils prirent done Jérémie et 
le jelérent dans la fosse de Mel- 
chias, fils d'Amélech, qui était 
dans le vestibule de la prison; el 
ils descendirent Jérémie avec des 
cordes dans cette fosse dans la- 
quelle il n'y avait pas d'eau, mais 
de la boue; c'est pourquoi Jéré- 
mie descendit dans la boue. 

7. Mais Abdémélech, l'Ethio- 
pien, eunuque qui était dans la 
maison du roi, apprit qu'on avait 
jeté Jérémie dans la fosse; or 
le roi étaitassis àla porte de Ben- 
jamin. 

8. Et Abdémélech sortit de la 
maison du roi, et parla au roi, 
disant: 

9. Mon Seigneur roi, ces hom- 
mes ont mal agi en tout ce qu'ils 
ont fait contre Jérémie, le pro- 
phète, le jetant dans la fosse afin 
qu'il y meure de faim, car il n'y a 
plus de pain dans la cité. 

10. C'est pourquoi le roi or- 
donna à Abdémélech, l'Ethiopien, 


JÉRÉMIE. 


(cu. xxxvur.] 


disant : Prends avec toi trente : 
hommes, et óte Jérémie, le pro- 
phète, de 1a fosse, avant qu'il 
meure. 

11. Abdémélech. donc, ayant 
pris ces hommes avec lui, entra 
dans la maison du roi, dans un 
lieu qui était sous le cellier; et il 
en tira de vieilles étoffes et de 
vieux chiffons qui étaient pourris, 
et les descendit jusqu'à Jérémie 
avec des cordes. 

12. Et Abdémélech, l'Ethiopien, 
dit à Jérémie : Mets ces vieilles 
étoffes et ces chiffons déchirés et 
pourris sous tes aisselles et sur 
les cordes. Jérémie fit donc ainsi. 

13. Et ils enleverent Jérémie 
avec les cordes, et ils le tirèrent 
de la fosse; mais Jérémie de- 
meura dans le vestibule de la 
prison. 

14. Et le roi Sédécias envoya, 
et fit venir vers lui Jérémie, le pro- 
phète, à latroisieme porte qui était 
dans la maison du Seigneur ; et le 
roi dit à Jérémie : Moi je te de- 
mande une chose; ne me cache 
rien. 

15. Or Jérémie dit à Sédécias : 
Si je vous annonce la vérité, est- 
ce que vous ne me tuerez pas? et 
si je vous donne un conseil, vous 
ue m'écouterez pas. 

16. Le roi Sédécias jura donc à 
Jérémie secrètement, disant : Le 


€ M ——— 


6 * Dans la fosse; dans la citerne. — De Me/chias; fils du roi ou de. race royale, 


d'après l'hébreu. 


1.* A la porte de Benjamin. Voir plus haut, xxxvi, 12. — Abdémélech l'Ethiopien 
devait être un esclave qui avait été acheté par le roi. 
M. * Qui était sous le cellier. Hébreu : sous la chambre du trésor. 


14. La troisième porte; elle est inconnue; le savant rabbin Kimchi, et après lui 
D. Calmet, Menochius, etc., pensent que c’est celle par laquelle on entrait du palais 
du roi dans le temple. — Une chose; ou quelque chose; c'est le sens que parait avoir 
ici comme dans une foule d'autres passages le terme hébreu correspondant, rendu 
dans la Vulgate par discours, entretien (sermonem). 

16, Le Seigneur vil! c'est-à-dire je jure par le Seigneur. — Qui nous, elc.; qui ἃ 


(cn. χχχνπ 


Seigneur vit! qui nous a fait cette 
âme, si je te fais mourir, et si je 
te livre aux mains de ces hommes 
qui cherchent ton âme. 

11. Et Jérémie dit à Sédécias : 
Voici ce que dit le Seigneur des 
armées, le Dieu d'Israël : Si tu 
sors pour aller voirles princes du 
roi de Babylone, ton àme vivra, 
et le feu ne sera pas mis à celte 
cité, et tu seras sauvé, ainsi que ta 
maison. 

18. Mais si tu ne sors pas vers 
les princes du roi de Babylone, 
cette cité sera livrée aux mains 
des Chaldéens, et ils y mettront le 
feu, et toi, tu n'échapperas pas de 
leurs mains. 

19. Et le roi Sédécias dit à Jé- 
rémie : Jesuis en peine à cause 
des Juifs qui ont passé du cóté 
des Chaldéens; dans la crainte 
que je ne sois livré entre leurs 
mains, et qu'ils ne se jouent de 
moi. 

20. Mais Jérémie répondit : On 
ne vous livrera pas; écoutez, je 
vous prie, la voix du Seigneur 
que je vous annonce ; et bien vous 
sera, et votre àme vivra. 

21. Si vous ne voulez point sor- 
tir, voici ce que le Seigneur m'a 
montré : 

22. Voilà que toutesles femmes 
qui seront demeurées dans la 
maison du roi de Juda seront con- 


JEREMIE. 


1789 


duites aux princes du roi de Ba- 
bylone ; et elles diront elles-mé- 
mes : Ils vous ontséduit, etils ont 
prévalu contre vous, les hommes 
qui vivaient en paix avec vous; 
ils vows ont plongé dans la fange 
et ont mis vos pieds dans deslieux 
glissants, et ils se sont retirés de 
vous. 

23. Et toutes vos femmes et vos 
enfants seront conduits aux Chal- 
déens; et vous n'échapperez pas 
à leurs mains, mais vous sere2 
pris dans la main du roi de Baby- 
lone; et cette cité, il y mettra le 
feu. 

24. Sédécias dit donc à Jérémie : 
Que personne ne sache ces paro- 
les que tu m'as dites, et tu ne 
mourras pas. 

25. Mais si les princes appren- 
nent que je t'ai parlé, et qu'ils 
viennent te dire : Fais-nous con- 
naitre ce que tu as dit au roi, ne 
nous cache rien, et nous ne te 
tuerons pas, et ce que t'a dit le 
rol; 

26. Tu leur diras : Moi j'ai ré- 
pandu mes prieres devant le roi, 
afin qu'il ne me fit pas ramener 
dans la maison de Jonathan ; car 
] y mourrais. 

27. Tous les princes vinrent 
donc vers Jérémie et l'interroge- 
rent, etil parla selon tout ce que 
le roi lui avait ordonné, et ils le 


créé en nous cette âme qui nous fait vivre. = Si je le fais mourir, etc.; pour 76 06 le 
ferai pas mourir, etc. Dans les formules du serment, les Hébreux employaient la 
particule si, quand ils juraient qu'ils ne feraient pas une chose, et ils y ajoutaient la 
négation, lorsqu'ils juraient qu'ils la feraient. Cette maniére de s'exprimer vient de 
ce qu'ils omettaient par euphémisme, limprécation qui suit les jurements; par 
exemple : Je veux qu'it m'arrive tel mal, tel malheur, si, etc. — Qui cherchent ton áme; 
hébraisme, pour qui cherchent à t'óter la vie. 

11. Si tu sors, etc. Voy. sur le motif de ce commandement, xxr, 9. Le roi Nabucho- 
donosor n'était pas alors en personne au siège de Jérusalem, où son armée était 
commandée par ses généraux; il se trouvait à Réblatha, en Syrie. 

21. Rien n'avait, etc.; rien n'avait été su de ce qu'ils s'étaient dit l'un à l'autre, 


ר ₪ - 


1790 


laissèrenten paix; carrien n'avait 
été entendu. 
29 Or, Jérémie demeura dans 


‘le vestibule de la prison jusqu'au 


jour auquel fut prise Jérusalem; 
car il arriva que Jérusalem fut 


JÉRÉMIE. 


(cu. xxxix.] 


lone, vint et toute son armée de- 
vant Jérusalem, et ils en faisaient 
le siege. 

2. Mais la onzieme année de 
Sédécias, au quatrième, mois, le 
cinquième jour, la cité fut ou- 


verte. 

3. Et tous les princes du roi de 
Babylone entrèrent, et se. postè- 
rent à la porte du milieu : Néré- 
gel, Séréser, Sémégarnabu, Sar- 
sachim, Rabsarès, Nérégel, Séré- 
ser, Rebmag, et tous les, 8 
princes du roi de Babylone. 

4. Et lorsque Sédécias, roi, de 
Juda, et tous les hommes de 
guerre 108 eurent apercus, ils s'en- 
fuirent ; et ils sortirent la nuit de 
la cité par la voie du jardin du 


prise. 


CHAPITRE XXXIX. 


Prise de Jérusalem. Fuite de Sédécias. 
Ce prince est arrêté et conduit devant 
Nabuchodonosor, qui fait mourir ses 
enfants, lui fait arracher les yeux à lui- 
méme en le chargeant de fers. Pauvres 
laissés dans la Judée. Jérémie est mis 
en liberté. Prophétie en faveur d'Abdé- 
mélech. 


1. La neuvième année de Sédé- 
cias,roi de Juda, au dixieme mois, 
Nabuchodonosor, roi de Baby- 


XXXIX. 1. IV Rois, xxv, 1; Infra, rir, 4.‏ .גא 


28. Si l'on voulait suivre l'ordre des temps, il parait qu'il faudrait mettre ici les 
quatre derniers versets du chapitre suivant. 


1-18. * Ve Section : Accomplissement des prophéties contre Jérusalem, xxxix-xLv. 
— 10 Prise de Jérusalem, xxxix. La mesure des iniquités de Juda et de Jérusalem 
est à son comble; la ville est prise, 1-2; Sédécias a les yeux crevés et est emmené à 
Babylone; la capitale et le temple sont. brülés, 3-10; Jérémie et Abdémélech 
échappent à la ruine, 11-18, Ainsi sont accomplies les prophéties. 

1. Dixième mois ; appelé Tébeth dans Esther, 11, 16. Commencait à la nouvelle lune 
de janvier. — * La neuviéme année de Sédécias, en 589. 

2. Quatrième mois; dont le nom hébreu Tammouz ne se trouve pas dans la Bible, 
commencait à la nouvelle lune de juillet. — Le cinquiéme jour; lhébreu porte le 
neuvième, ainsi que les Septante, le chaldéen, le syriaque, plusieurs exemplaires 
latins, enfin le texte méme de Jérémie, ται, 6, et celui de IV Rois, xxv, 8. — La cilé 
fut ouverte; c'est-à-dire que l'ennemi ayant fait une brèche au mur, la ville fut prise 
d'assaut. 

3. À la porte du milieu; peut-être dans la place qui était devant la porte de la 
seconde enceinte; car Jérusalem avait plusieurs enceintes de murs. — Nérégel et 
Séréser sont répétés deux fois dans ce verset; ils le sont également dans le texte 
hébreu. — * Nérégel, Séréser sont à tort séparés par une virgule. Ces deux mots 
appartiennent au méme nom babylonien : Nergal-sar-usur, c'est-à-dire « le dieu 
Nergal protège le roi ». Sémégar, désigne peut-être son titre, gardien du trésor, en le 
lisant samgar ou damkar. Rahsarés et Rebmag sont aussi des titres de dignités baby- 
loniennes, la première est celle de Nabusachar,comme lisent les Septante ; la seconde, 
celle du second Nérégel Séréser. On explique Rabsarés par chef des eunuques et 
Rebmag par chef des mages, mais ces explications ne sont pas certaines. Ce qui est 
sûr, c'est que ce sont des titres de dignité. 11 y a donc dans ce verset le nom de trois 
grands officiers avec l'indication de leur charge et non pas huit noms propres. 

4. * Par la voie, du jardin du roi. Ce jardin était situó dans la vallée d'Hinnom, et 
arrosé par la piscine de Siloé, au sud de Jérusalem. Les Chaldéens ne pouvaient 
camper dans cette vallée si profonde. C'était donc l'endroit par où il était le plus 
facile d'échapper à leur surveillance. On pouvait aussi aisément par là aller prendre 


|68. xxxix.] 
roi, et par là porte qui était entre 
les deux murs, et ils se dirigerent 
vers ]a voie du désert. 

5. Maïs l'armée des Chaldéens 
les poursuivit; et ils prirent Sédé- 
cias dans les champs de la soli- 
tude deJéricho, etilsl'amenerent 
prisonnier à Nabuchodonosor, roi 
de Babylone, à Réblatha qui est 
en la terre d'Emath; et Nabucho- 
donosor lui prononca son arrêt. 

6. Et le roi de Babylone fit mou- 
rir les deux fils de Sédécias à Ré- 
blatha, sous ses yeux, et tous les 
nobles de Juda, le roi de Babylone 
les fit mourir. | 

7. Il arracha aussi les yeux à 
Sédécias, etlechargea de fers aux 
pieds, afin qu'il fût emmené à 
Babylone. 

8. Les Chaldéens mirent aussi 
lefeu àla maison du roi et aux 
maisons du peuple, etils renver- 
sèrent le mur de Jérusalem. 

9. Et les restes du peuple qui 
étaientdemeurés dansJérusalem, 
et les transfuges qui s'étaient ré- 
fugiés auprès de lui, et les res- 
tants du peuple qui étaient de- 
meurés, Nabuzardan, chef de la 


JÉRÉMIE. 


1791 
milice, les transféra à Babylone. 

10. Et quantà la foule des pau- 
vres qui ne possédaient absolu- 
ment rien, Nabuzardan, chef de 
la milice, 18 laissa dans 18 terre de 
Juda et lui donna des vignes et 
des citernes en ce jour-là. 

11. Mais Nabuchodonosor, ro? 
de Babylone, avait donné à Nabu- 
zardan, chef de la milice, cet or- 
dre touchant Jérémie, disant : 

19. Prends-le et tiens sur lui tes 
yeux, et ne lui fais aucun mal : 
mais comme il voudra, ainsi tu 
lui feras. 

13. Nabuzardan donc, chef de la 
milice, envoya, et Nabusezban, et 
Rabsarès, et Nérégel, et Séréser, 
et Rebmag, et tous les autres 
grands du roi de Babylone, 

14. Envoyérent et firent sortir 
Jérémie du vestibule de la prison, 
et ils le remirent à Godolias, fils 
d'Ahicam, fils de Saphan, afin 
quil entrát dans une maison et 
qu'il habitàt au milieu du peuple. 

15. Mais à Jérémie avait été 
adressée la parole du Seigneur, 
lorsqu'il étaitenfermé dansle ves- 
tibule de la prison; disant : 


la route de Jéricho sur le versant méridional du mont des Oliviers. — La porte entre 
les deux murs; le mur de l'extrémité orientale de Sion et celui de l'extrémité occi- 


dentale d'Ophel. 


5. Réblatha; ou selon sa forme véritable, Rébla, dans la terre d'Emath, en Ceelésy- 


rie, sur l'Oronte. 


6. Ses yeux; les yeux de SédéGias; leur père. 
.ד‎ * Il arracha ses yeux, etc. Les bas-reliefs assyriens nous montrent les rois de 
Miis crevant eux-mémes les yeux de leurs ennemis vaincus et enchainés. 
9.*Nabuzardan; en babylonien : Nabuziriddina, > le dieu Nebo donne une postérité, 


un fils », était le général en chef chaldéen. 


10. * Des citernes; une des choses les plus précieuses dans ce pays sans eau. 
12. Tiens sur lui tes yeux; c'est-à-dire aie grand soin de lui. 


13. * Nabusezban est peut-étre le second personnage du vers. 3 dontles syllabes 
ont été en partie corrompues, mais correctement jointes cette fois; raósarés est son 
titre, comme rebmag est celui de Nérégelséréser. Tous les e£ qu'on lit entre ces mots 
ont été ajoutés par saint Jérôme au texte original, parce que ce docteur avait cru 
que c’étaient autant de noms propres. 

14. * Godolias. Voir plus haut, xxvi, 24. 

15. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4. 


1792 


16. Va, et parle à Abdémélech 
l'Ethiopien, disant : Voici ce que 
dit le Seigneur des armées, Dieu 
d'Israël : Voilà que j'amènerai 
mes paroles sur cette cité, pour 
son mal, et non pour son bien : 
elles auront lieu en ce jour-là de- 
vant tes yeux. 

17. Et je te délivrerai, en ce 
jour-là, dit le Seigneur; et tu ne 
seras pas livré aux mains des 
hommes que tu redoutes; 

18. Mais, t'en retirant, je te dé- 
livrerai, et tu ne tomberas pas 
sous le glaive; mais ta vie te sera 
sauvée, parce que tu as eu con- 
fiance en moi, dit le Seigneur. 


CHAPITRE XL. 


Nabuzardan met Jérémie en liberté. Le 
Prophéte se retire auprés de Godolias. 
Les Juifs dispersés par la fuite se ras- 
semblent. Baalis, roi des Ammonites, 
envoie [smahel pour tuer Godolias. 


1. Paroles qui furent adressées 
à Jérémie par le Seigneur après 


JÉRÉMIE. 


]68. xL.] 
qu'il fut mis en liberté à Rama 
par Nabuzardan, chef de la milice, 
quand ille prit lié de chaines au 
milieu de ceux qui émigraient de 
Jérusalem et de Juda et étaient 
conduits à Babylone. 

9. Prenant donc. Jérémie, le 
prince de la milice lui dit : Le Sei- 
gneur ton Dieu a prononcé ce mal 
sur ce lieu, 

3. Et il l'a amené; ainsi le Sei- 
gneur à fait comme iladit, parce 
que vous avez péché contre le 
Seigneur, et que vous n'avez pas 
écouté sa voix; c'est ainsi que 
cela vous est arrivé. 

4. Maintenant donc, voilà que je 
t'ai délivré des chaînes que tu 
avais aux mains; s'il te plait de 
venir avec moi à Babylone, viens, 
et je tiendrai mes yeux sur toi ; 
mais s'il te déplait de. venir avec 
moi à Babylone, demeure ici; 
voilà toute cette terre. en ta pré- 
sence;ce que tu choisiras, £u /'au- 
ras, et οἱ 11 te plaira d'aller, vas-y. 


16. J'amènerai, etc.; j'exécuterai mes menaces contre, etc. — * Abdémélech. Voir 
plus haut, xxxv, 7. 


1-16. * 20 Sort des Juifs qui sont laissés en Palestine; leur fuite en Egypte, XL-XLv. 
Un certain nombre de Juifs avaient été laissés en Palestine, mais ils ne devaient pas 
échapper au chátiment qu'ils avaient mérité par leurs crimes, comme ceux qui 
avaient été déportés à Babylone. — 19 Jérémie, ayant eu la permission de demeurer 
où il voudrait, se rendit prés de Godolias, gouverneur du pays, à Masphath, xz, 1-6. 
— Un grand nombre de ceux qui étaient restés dans leur patrie y vont à sa suite, 
1-12. — Là, Johanan prévient Godolias que le roi d'Ammon, Baalis, veut le faire 
périr, mais le gouverneur ne veut pas le croire, 43-16. — 11 tombe sous les coups 
d'Ismahel, le séide de Baalis, ainsi que beaucoup de Juifs, xui, 1-7. — Ismahel emmène 
quelques autres Juifs prisonniers. Ceux-ci sont délivrés en route par Johanan, 8-16. 
— 2» Les débris du peuple, malgré les conseils de Jérémie, par la peur de la ven- 
geance que les Chaldéens tireront du meurtre de Godolias, s'enfuient en Egypte, et 
y entraînent de force le Prophète, xzr, 17-xuur, 7. — 39 C'est là, comme ille leur pré- 
dit, qu'ils seront punis de leur incrédulité et de leur idolâtrie, par Nabuchodonosor, 
qui les atteindra dans le pays où ils se sont imaginés être à l'abri de ses coups, 
XLIII, 8-xLv. 

1. Rama; comme on le croit généralement, ville de la tribu de Benjamin, entre 
Béthel et Gabaa. Compar. Josué, xviu, 25; Juges, xix, 42, 13. 

2. Prince de la milice; c'est le même que la Vulgate nomme ailleurs cAe/f, maitre de 
la milice (magister militiz). 

4, Je tiendrai mes yeux sur toi. Voy. xxxix, 


[cn. xL.] 


5. Et ne viens pas avec moi, £u 
le peux; mais habite chez Godo- 
lias, fils d'Ahicam, fils de Saphan, 
que le roi de Babylone a préposé 
sur les villes de Juda; habite donc 
avec lui au milieu du peuple; ou 
bien va partout où il te plaira 
d'aller. Le chef de la milice lui 
donna aussi des vivres et des pré- 
sents, et Je renvoya. 

6. Or Jérémie vint vers Godo- 
lias, fils d'Ahicam, à Masphath, et 
il habita avec lui au milieu du 
peuple qui avait été laissé dans 
le pays. 

7. Et lorsque tous les princes 
de l'armée des Juifs, qui avaient 
été dispersés en d?versescontrées, 
eux et leurs compagnons, eurent 
appris que le roi de Babylone 
avait préposé Godolias, fils d'Ahi- 
cam, sur la terre de Juda, et qu'il 
lui avait recommandé les hom- 
mes, les femmes et les petits en- 
fants, et ceux d'entre les pauvres 
de la terre qui n'avaient pas été 
transférés à Babylone, 

8. lls vinrent vers Godolias à 
Masphath, savoir : Ismahel, fils 
de Nathanias, et Johanan, et Jo- 
nathan, fils de Carée, et Saréas, 
fils de Thanéhumeth, et les en- 
fants d'Ophi, qui étaient de Néto- 
phati, et Jézonias, fils de Maa- 
chati, eux etles leurs. 

9. Et Godolias, fils d'Ahicam, fils 


Cap. XL. 9. IV Rois, xxv, 24. 


JÉRÉMIE. 


1793 


de Saphan, jura à eux et à leurs 
compagnons, disant : Ne craignez 
point de servirles Chaldéens; de- 
meurez dans cette terre, et servez 
le roi de Babylone, et bien vous 
Sera. 

10. Voilà que moi, j'habite à 
Masphath pour répondre à l'ordre 
des Chaldéens qui sont envoyés 
vers nous; mais vous, recueillez 
la vendange, et la moisson, et 
l'huile; et renfermez-les dans des 
vases; et demeurez dans vos 
villes que vous occupez. 

11. Mais aussi tous les Juifs qui 
étaient en Moab, et parmi les en- 
fants d'Ammon, et dans l'Idumée, 
et dans toutes les contrées, ayant 
appris que le roi de Babylone 
avait laissé des restes dw peuple 
dans Juda, et qu'il avait préposé 
sur eux Godolias, fils d'Ahicam. 
fils de Saphan, 

12. Tous ces Juifs, dis-je, re- 
tournerent de tous les lieux oü 
ilss' étaient enfuis, et vinrent dans 
la terre de Juda vers Godolias, à 
Masphath ; et ils recueillirent du 
vin, et une moisson tres abon- 
dante. 

13. Mais Johanan, fils de Carée, 
et tous les princes de l'armée, 
qui étaient dispersés en diverses 
contrées, vinrent vers Godolias à 
Masphath, 

14. Etlui dirent: Sachezque Baa- 


6. Masphath; ville dela tribu de Juda, non loin de Jérusalem. 
7. De la terre; c'est-à-dire du pays, de la Judée. 


8. ismahel était de la race royale de Juda (xur, 1). — * Jonathan. Comme il n'est 
pas nommé dans les Septante ni nulle part ailleurs, ce nom doit étre ici une répéti- 
tion fautive de Johanan. — Nétophathi; aujourd'hui Beit Netif, prés de Jérusalem et 
de Bethléem. — Fils de Maachati; originaires de Maacha, contrée située à l'est du 
Jourdain, au nord de la Palestine, sur la frontiére de la tribu de Manassé transjor- 
danique. 

14. * Les motifs de la haine de Baa/is contre Godolias, ct le but qu'il se proposait 
sont inconnus. 


AS "0S 1 8 


179^ 


lis, roi des enfants d'Ammon, a 
envoyé Ismahel, fils de Nathanias, 
pour vous ôter la vie. Et Godo- 
lias, fils d'Ahicam, ne les crut pas. 

15. Mais Johanan, fils de Carée, 
dit en particulier à Godolias, à 
Masphath, disant: J'irai et je frap- 
perai Ismahel, fils de Nathanias, 
personne ne le sachant, de peur 
qu'il ne tue votre àme, et que ne 
soient dispersés tous les Juifs qui 
sont rassemblés auprès de vous; 
et les restes de Juda périront. 

16. Et Godolias, fils d'Ahicam, 
dit à Johanan, fils de Carée : Ne 
fais pas cela; car tu parles faus- 
sement d'Ismahel. 


CHAPITRE XLI. 


Ismahel tue Godolias, et tous ceux qui 
étaient avec lui. ll emmène prisonnier 
tout le reste du peuple qui était à Mas- 
phath. 11 est poursuivi par Johanan. Il 
s'enfuit chez les Ammonites. Johanan 
ramène les prisonniers. Ils prennent 
la résolution de rentrer en Egypte. 


|. Et il arriva dans le septième 
mois qu'Ismahel, fils de Natha- 
nias, fils d'Elisama, de la race 
royale, et les grands du roi, el dix 
hommes avec lui vinrent vers Go- 
dolias, fils d'Ahicam, à Masphath; 
et ils mangerent là des pains en- 
semble à Masphath. 

9. OrIsmahel, fils de Nathanias, 
se leva, et les dix hommes qui 


JÉRÉMIE. 


(cH. XLI. 


étaient avec lui, et ils frapperent 
Godolias, fils d'Ahicam, fils de Sa- 
phan, par le glaive, et tuerent ce- 
lui qu'avait préposé le roi de Ba- 
bylone sur la terre. 

3. TouslesJuifsaussi qui étaient 
avec Godolias, à Masphath, et les 
Chaldéens qui se trouvèrent là, 
etles hommes de guerre, Ismahel 
les frappa. 

4. Mais le second jour. aprés 
qu'il eut tué Godolias, personne 
encore ne le sachant, 

ὃ, Quatre-vingts hommes vin- 
rent de Sichem, de Silo et de Sa- 
marie, la barbe rasée, et les ha- 
bits déchirés, et le visage défi- 
guré; ils portaient de l'encens et 
des présents, afin de les offrir 
dans la maison du Seigneur. 

6. Ismahel, fils de Nathanias, 
étant donc sorti de Masphath à 
leur rencontre, allait. marchant 
en pleurant; or, lorsqu'il les eut 
rencontrés, il leur dit : Venez vers 
Godolias, fils d'Ahicam. 

1. Et lorsqu'ils furent arrivés au 
milieu de la cité, Ismahel, fils de 
Nathanias, les tua e£ les jeta vers 
le milieu de la fosse, et les hom- 
mes qui étaient avec lui. 

8. Mais dix hommes se trouve- 
rent parmi eux qui dirent à Isma- 
hel: Ne nous faites pas mourir, 
parce que nous avons des trésors 


15. Qu'il ne tue votre âme; hébraisme, pour qu'il ne vous tue. 


1. Le septième mois; qui commençait à la nouvelle lune d'octobre. — I/s mangérent 
des pains; hébraisme, pour prendre de la nourriture, faire un repas. — Masphath. 


Voy. xr, 6. 


2. La terre; c'est-à-dire le pays, la Judée, 


5, La barbe rasée, etc.; c'était un signe de deuil chez les Hébreux. — La maison du 
Seigneur; c'est-à-dire les ruines sur lesquelles les Juifs avaient élevé un autel pour 
offrir leurs sacrifices. — * De Sichem; voir la note sur Genèse, xu, 6. — De Silo. Voir 
la note sur Josué, xvi, 1, — De Samarie. Voir la note sur 111 Rois, ,אא‎ 24. 

. 8. * Dans le champ. Encore aujourd'hui en Palestine, on cache les récoltes dans 
les champs, dans des trous en forme de citernes, ct l'ouverture en est si bien dissi- 
iulée qu'un œil étranger peut difficilement la découvrir, 


[cu. xu. 


cachés dans le champ, du blé, de 
l'orge, de l'huile et du miel. Et il 
s'arrétaet neles tuapasavecleurs 
freres. 

9. Or la fosse dans laquelle [5- 
mahel avait jeté tous les cadavres 
des hommes qu'il tua à cause de 
Godolias, est celle-là méme qu'a- 

|vait faite le roi Asa à cause de 
Baasa, roi d'Israél; Ismahel, fils 
de Nathanias, laremplit de morts. 

10. Et Ismahel fit prisonniers 
tous les restes du peuple qui 
étaient à Masphath, les filles du 
roi et tout le peuple qui était de- 
meuré à Masphath, que Nabuzar- 
dan, prince de la milice, avait 
recommandés à Godolias, fils 
d'Ahicam. Et Ismahel, fils de Na- 
thanias, les. prit, et s'en alla 
afin de passer vers les enfants 
d Ammon. 

41. Mais Johanan, fils de Carée, 
et tous les princes des hommes 
de guerre qui étaient avec lui, 
apprirent tout le mal qu'avait fait 
Ismahel, fils de Nathanias. 

12. Et ayant pris tous les hom- 
mes de guerre, ils partirent afin 
de combattre Ismahel, fils de Na- 
thanias, et ils le trouvèrent près 
des grandes eaux qui sont à Ga- 
baon. 

13. Et lorsque tout le peuple 
qui était avec Ismahel eut vu Jo- 


JÉRÉMIE. 


1795 


hanan, fils de Carée, et tous les 
princes des hommes de guerre 
qui étaient avec lui, ils se réjoui- 
rent. 

14. Et tout le peuple qu'Ismahel 
avait pris à Masphath retourna ; 
et, étant retourné, il vint vers Jo- 
hanan, fils de Carée. 

15. Mais Ismahel, fils de Natha- 
nias, s'enfuit avec huit hommes 
de devant la face de Johanan, et 
s'en alla vers les enfants d'Am- 
mon. 

16. Johanan, fils de Carée, et 
tous les princes des hommes de 
guerre qui étaient avec lui, pri- 
rent done tous les restes du peu- 
ple qu'il avait retirés des mains 
d'Ismahel, fils de Nathanias, e£ 
ramenés de Masphath, apres qu'il 
eut tué Godolias, fils d'Ahicam ; 
tous les hommes vaillants au 
combat et les femmes, les enfants 
et les eunuques qu'il avait rame- 
nés de Gabaon. 

11. Et ils s'en allerent, et ils 
s'arréterent en passant à Cha- 
maam, pres de Bethléhem, afin 
dese rendre etd'entrer en Egypte, 

18. À cause des Chaldéens ; car 
ils les craignaient, parce qu'Isma- 
hel, fils de Nathanias, avait tué 
Godolias, fils d'Ahicam, qu'avait 
préposé le roi de Babylone sur la 
terre de Juda. 


9. A cause de Baasa, etc. Compar. 111 Rois, xv, 22. 
10, 11. Prince de la milice, princes des hommes de guerre; c'est la même chose que 


chefs, maîtres de la milice (xL, 2), 


42. * Gabaon; à une bonne demi-heure au nord de Maspha. Sur Gabaon, voir 


111 Rois, m, 4. 


41. * Chamaam était le nom d'un fils de Berzellai, II Rois, xix, 38, 41, qui avait 
sans doute construit prés de Bethléem une sorte de caravansérail auquel on avait 


donné son nom. L'hébreu porte : 
gitifs firent halte. 


le caravansérail de Chamaaum, C'est là que les fu- 


18. A cause ; littér. et par hébraisme, de la fuce, loin de. 


1790 


CHAPITRE ΧΗ]. 


Les Juifs prient Jérémie: de consulter le 
Seigneur. Le Seigneur leur déclare que, 
s'ils restent en Judée, il les affermira; 
il les exhorte à ne pas craindre le roi 
de Babylone, et les menace de ses ven- 
geances s'ils se retirent en Egypte. Jé- 
rémie leur reproche leur indocilité. 


1. Et s'approcherent tous les 
princes des hommes de guerre, 
Johanan, fils. de Carée, et Jézo- 
nias, fils d'Osaias, et tout le reste 
du peuple, depuisle petit jusqu'au 
grand; 

2. Etils dirent à Jérémie, le pro- 
phète: Que notre prière tombe en 
ta présence; et prie pour nous le 
Seigneur ton Dieu pour tous ces 
restes, parce que nous avons été 
laissés un petit nombre d'un bien 
plus grand, comme tes yeux nous 
voient; 

3. Et que le Seigneur ton Dieu 
nous annonce la voie par la- 
quelle nous devons marcher, et 
la parole que nous devons accom- 
plir. 

4. Or Jérémie, le prophete, leur 
dit : J'ai entendu; voici que moi 
je prie le Seigneur votre Dieu, 
selon vos paroles; toute parole 
quelconque qu'il me répondra, je 
vous 18 ferai connaitre, et je ne 
vous cacherai rien. 

5. Et ceux-ci dirent à Jérémie : 
Que le Seigneur soit entre nous 
témoin de la vérité et de notre 
bonne foi, si nous n'agissons pas 
conformément à toute parole avec 
laquelle le Seigneur ton Dieu 
aura envoyé vers nous. 

6. Soit bonne, soit défavorable, 


JÉRÉMIE. 


cH. XLIT.] 


nous obéirons à la. voix du Sei- 
gneur notre Dieu, vers qui nous 
tenvoyons, afin que bien nous 
soit, lorsque nous aurons écouté 
la voix du Seigneur notre Dieu. 

7. Or, lorsque dix jours eurent 
été accomplis, la parole du Sei- 
gneur fut adressée à Jérémie. 

8. Et il appela Johanan, fils de 
Carée, tous les princes des om- 
mes de guerre qui étaientavec lui 
et tout le peuple, depuis le plus 
petit jusqu'au grand. 

9. Et il leur dit : Voiei ce que 
dit le Seigneur, Dieu d'Israél, vers 
qui vous m'avez envoyé afin de 
répandre vos prieres en sa pré- 
sence : 

10. Si vous demeurez en repos 
dans cette terre, je vous édifierai, 
οἱ je ne détruirai pas; je plante- 
rai, et je n'arracherai pas; car je 
suis apaisé par le mal que je vous 
ai fait. 

A. Ne craignez pas la face du 
roi de Babylone, que tremblants 
d'effroi vous redoutez ; ne le crai- 
gnez pas, dit le Seigneur, parce 
que moi je suis avec vous, afin de 
vous sauver, et de vous Srer de 
sa main. 

19. Et je vous donnerai mes 
miséricordes et j'aurai pitié de 
vous, et je vous ferai habiter dans 
votre terre. 

13. Mais si vous dites : Nous 
n'habiterons pas dans cette terre, 
et nous n'écouterons pas la voix 
du Seigneur notre Dieu, = 

14. Disant : En aucune ma- 
niere; mais nous irons dans la 
terre d'Egyple, où nous ne ver- 


ἰώ το. εἰ HELLO RE ie 


1. Les princes des hommes de guerre. Voy. xi, 10. 
3. La parole; ou La chose. Le mot verbum est ici amphibologique, comme le terme 


hébreu qui y correspond. 


[cu. xrur.] 
rons pas la guerre, oü nous 
n'entendrons pas le bruit de la 
trompette, où nous ne souffri- 
rons. pas la faim, et nous y habi- 
lerons : 

15. A cause de cela, écoutez 
maintenantla parole du Seigneur, 
restes de Juda. Voici ce que dit 
le Seigneur des armées, Dieu 
d'Israél : Si vous tournez votre 
face afin d'entrer en Egypte, et 
que vous y entriez pour y ha- 
biter, 

16. Le glaive, que vous redou- 
tez, vous atteindra là, dans la 
terre d'Egypte; et la famine, au 
sujet de laquelle. vous étes in- 
quiets, s'attachera à vous en 
Egypte, et vous y mourrez. 

17, Ettous les hommes qui ont 
tourné leurs faces afin d'entrer 

en Egypte et d'y habiter seront 

détruits par le glaive, et par la 
famine, et par la peste; et nul 
d'entre eux ne demeurera, et 
n ‘échappera à à la face du mal que 
moi j amenerai sur eux. 

18. Parce aue voici ce que dit 
leSeigneur des armées, Dieu d'Is- 
raëi : “Cornrhe ma colère et ma fu- 
reur se sont allumées contre les | 
habitants de Jérusalem, ainsi s ‘al- | 
lumera contre vous mon indigna- 
tion, lorsque vous serez entrés 
en Egypte; et vous serez en 
exécration, en stupeur, en ma- 
lédiction et en opprobre; et ja- 
mais plus vous ne verrez ce lieu. 

19. Voici la parole du Seigneur 
sur vous, restes de Juda: N'entrez 
pas en Egypte; sachant,vous sau- 


19, 22. Sachant, vous saurez ; hébraisme, pour 


JÉRÉMIE. 


1797 
rez que Je vous.ai protesté au- 
jourd'hui, 

20. Que vous avez trompé vos 
âmes; car c'est vous qui m'avez 
envoyé vers le Seigneur notre 
Dieu, disant : Prie pour nous le 
Seigneur notre Dieu; et tout ce 
que t'aura ditle Seigneur notre 
Dieu, annonce-nous-le, et nous /e 
ferons. 

21. Et je vous /'ai annoncé au- 
jourd'hui, et vous n'avez pas 
écouté la voix du Seigneur votre 
Dieu, dans toutes les choses pour 
lesquelles 1 m'a envoyé vers 
vous. 

22. Maintenant donc, sachant, 
vous saurez que c'est parleglaive, 
et par la famine, et par la peste 
que vous mourrez dans le lieu 
dans lequel vous avez voulu en- 
trer afin d'y habiter. 


CHAPITRE XLIII. 


Les Juifs accusent Jérémie de mensonge; 
ils se retirent eu Egypte contre l’ ordre 
du Seigneur; ils emménent avec eux 
Jérémie et Baruch. Prophétie contre 
l'Égypte. 


1. Or il arriva que, lorsque Jé- 
rémie eut achevé toutes ces pro- 
phéties, disant au peuple toutes 
les paroles du Seigneur leur Dieu, 
paroles pour lesquelles le Sei- 
gneur leur Dieu l'avait envoyé 
vers eux, 

2. Azarias, fils d'Osaias, et Jo- 
hanan, fils de Carée, et tous les 
hommes superbes, dirent à Jéré- 
mie : Tu parles mensonge, toi; le 
Seigneur notre Dieu ne t'a NS en- 


: Vous saurez très certainement. 


20. Vos âmes; c'est-à-dire vos propres personnes, vous-mêmes. 
A: Toutes ces prophélies ; rapportées au chapitre précédent; littér. foules ces paroles 


lomnia verba hac). 


1798 
voyé, disant : N'entrez point en 
Egypte afin d'y habiter. 

3. Mais Baruch, fils de Nérias, 
t'excite contre nous, afin de nous 
livrer aux mains des Chaldéens, 
afin de nous tuer et de nous faire 
conduire à Babylone. 

4. Et Johanan, fils de Carée, et 
tous les princes des hommes de 
guerre et tout le peuple n'écou- 
terent pas la voix du Seigneur, 
afin de demeurer dans la terre de 
Juda. 

5. Mais Johanan, fils de Carée, 
et tous les princes des hommes 
de guerre prirent avec euz tous 
ceux qui étaient restés de Juda, 
qui étaientrevenus de chez toutes 
les nations dans lesquelles ils 
avaient été auparavant dispersés, 
afin d'habiter dans la terre de 
Juda; 

6. Les hommes, et les femmes, 
et les petits enfants, et les filles 
du roi, et toute âme que Nabuzar- 
dan, prince de la milice, avait 
laissée avec Godolias, fils d'Ahi- 
cam, fils de Saphan, et Jérémie le 
prophète, et Baruch, fils de Nérias; 

1. Et ils entrerent dans la terre 
d'Egypte, parce qu'ils n'obéirent 
pas àla voix du Seigneur; et ils 
vinrent jusqu'à Taphnis. 

8. Et la parole du Seigneur fut 


JÉRÉMIE. 


[cH. xum.] 
adressée à Jérémie dans Taphnis, 
disant : 

9. Prends de grandes pierres en 
ta main, et tules cacheras dans là 
voüte qui est sous le mur de bri- 
queàla porte de la maison de Pha- 
raon à Taphnis, les hommes de 
Juda 16 voyant; 

10. Et tu leur diras : Voici ce 
que dit le Seigneur des armées, 
Dieu d'Israél : Voilà que moi j'en- 
verrai et je prendrai Nabuchodo- 
nosor, roi de Babylone, mon ser- 
viteur; et je poserai son tróne 
sur ces pierres que j'ai cachées; et 
il établira son siege sur elles. 

11. Et venant il frapperala terre 
d'Egypte : ceux qui sont voués à 
la mort ont à la mort, et ceux 
qui le sont à la captivité, à la capti- 
vité ; etceux qui le sont au glaive, 
au glaive. 

12. Et il allumera le feu dans 
les temples des dieux de l'Egypte, 
et il les brülera, et il emmènera 
les dieux captifs; et il se revêtira 
de la terre de l'Egypte comme un 
pasteur se revét de son manteau, 
et il sortira de là en paix. 

13. Et il brisera les statues de 
la maison du soleil qui sont dans 
la terre d'Egypte; et les temples 
des dieux de l'Egypte, il les brü- 
lera au feu. 


e — M À———— M M M € 


4. Les princes des hommes de guerre. Voy. xut, 10. 
7. Taphnis. Voy. τι, 16. — * Taphnis; aujourd'hui Tell Defennéh, dans le Delta. 


8. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4. 


9. * Un explorateur anglais a trouvé en 1886, en faisant des fouilles dans les ruines 


du principal monument de Taphnis, un mur ou plus exactement une plate-forme de 
brique qui correspond exactement à la description de ce verset. L'édifice lui-même 
devant lequel se trouvait cette plate-forme est du temps d'Apriés ou Ephrée, le 
pharaon contemporain de Jérémie, sur lequel voir plus haut, xxxvn, 4. 

10. J'enverrai et je prendrai; hébraisme, pour j'enverrai prendre. — Mon serviteur, 
Voy. xxv, 9. 

12. De la terre de l'Egypte; c'est-à-dire des dépouilles de l'Egypte. 

13. La maison du soleil; c'est-à-dire consacrée en l'honneur du soleil. — * La maison 
du soleil est On ou Héliopolis, comme l'ont traduit les Septante. Cette ville, située 
au nord-est du Caire, à l'endroit où est aujourd'hui Matariéh, était célèbre par le 


(cn. xniv.] 


CHAPITRE XLIV. 


Jérémie reprend de leur idolátrie les 
Juifs qui étaient en Egypte, et leur 
annonce les vengeances du Seigneur. 
lls persistent dans leur idolátrie. Il 
réitère ses reproches et ses menaces. 
Il annonce la prise du roi d'Egypte. 


1. Parole qui fut adressée par 
Jérémie à tous les Juifs qui habi- 
taient dans la terre d'Egypte, à 
Magdalum, et à Taphnis, et à 
Memphis, et dans la terre de Pha- 
turès, disant : 

2. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées, Dieu d'Israël : Vous, 
vous avez vu tout le mal que j'ai 
amené sur Jérusalem, et sur tou- 
tes les villes de Juda; et voilà 
qu'ellessontdésertesaujourd'hui, 
et qu'il n'y a pas en elles d'habi- 
tant, 

3. A cause dela malice dont ils 
se sont rendus coupables, afin de 
me provoquer au courroux, en 
allant sacrifier, et en adorant des 
dieux étrangers qu'ils ne con- 
naissaient ni eux, ni vous, ni vos 
pères. 

4. Et j'ai envoyé vers vous tous 
mes serviteurs, les prophètes, me 
levant dés la nuit, et les envoyant 
et disant : Ne faites pas de ces 
choses abominables que je hais. 

9. Et ils n'ont pas écouté, et ils 
n'ont pas ineliné leur oreille afin 
de se convertir de leur méchan- 


JÉRÉMIE, 


1799 


ceté, et de ne pas sacrifier à des 
dieux étrangers. 

6. Et mon indignation et ma fu- 
reur se sont allumées, et se sont 
embrasées dans les cités de Juda, 
et dans les places de Jérusalem ; 
et elles ont été changées en soli- 
tude et en ruine, comme 00 5 
voit en ce jour. 

7. Et maintenant, voici ce que 
ditle Seigneur des armées, Dieu 
d'Israél : Pourquoi vous, com- 
mettez-vous ce grand mal contre 
vos âmes, que parmi vous et du 
milieu de Juda périt l'homme, et 
la femme, et le petit enfant, et 
celui qui est encore à la mamelle, 
en sorte qu'il ne vous est laissé 
aucun reste? 

8. Me provoquant par les œu- 
vres de vos mains en sacrifiant à 
des dieux étrangers dans la terre 
d'Egypte, oü vous étes entrés 
afin d'y habiter, et d'y périr entie- 
rement, et d'y étre en malédic- 
tion et en opprobre à toutes les 
nations de la terre. 

9. Est-ce que vous avez oublié 
les crimes de vos peres, et les 
crimes des rois de Juda, et les 
crimes de leurs femmes, et vos 
crimes, les crèmes de vos femmes, 
crimes qu'elles ont commis dans 
la terre de Juda et dans les quar- 
tiers de Jérusalem. 

10. Ils ne se sont pas purifiés 
jusqu'à ce jour; et ils n'ont pas 


——————————————  ——— M — MÀ 


culte qu'elle rendait au soleil. — Les statues sont, comme l'ont rendu les Septante, 
les obélisques placés devant le temple. Un des obélisques d'Héliopolis est encore au- 
jourd'hui debout. 


1. Magdalum; ville de la Basse-Egypte. Compar. Exode, xiv, 2; Nombr., χχχπι, 7. — 
Taphnis, Memphis. Voy. τι, 16. — Phaturés; canton de la Haute-Egypte. — Disant. 
Voy. 1, 4. 

4. Me levant dés la nuit. Voy. vi, 13. 

9. De leurs femmes; littér. des femmes de lui; c'est-à-dire de Juda, ou bien par hé- 
braisme, de chacun des rois. 


1800 


craint, et ils n'ont pas marché 
dans la loi du Seigneur, et dans 
mes préceptes que j'ai donnés 
devant vous et devant vos péres. 

11. C'est pourquoi voici ce que 
dit le Seigneur des armées, Dieu 
d'Israel : Voilà que moi je tourne- 
rai ma face vers vous pour voire 
malheur; et je perdrai entiere- 
ment tout Juda. 

12. Et je prendrai les restes de 
Juda qui ont tourné leurs faces 
afin d'entrer en Egypte, et d'y 
habiter; et ils seront tous détruits 
dans la terre d'Egypte ; ils tombe- 
ront par le glaive et par la famine, 
etils seront détruits depuis le plus 
petit jusqu'au plus grand; c'est 
parle glaive et parla famine qu'ils 
mourront; et ils seront en exécra- 
tion, et en étonnement, et en ma- 
lédiction et eu opprobre. 

13. Et je visiterai les habitants 
de la terre d'Egypte, comme j'ai 
visité Jérusalem, par le glaive, 
par la famine et par la peste. 

14. Et il n'y aura personne qui 
échappe et qui survive d'entre les 
restes des Juifs qui vont pour sé- 
journer dans la terre d'Egypte, 
et pour retourner dans la terre 
de Juda vers laquelle ils élèvent 
leurs âmes pour y retourner et y 
habiter; il neretournera que ceux 
qui auront fui de l'Egypte. 

15. Et tous les hommes quz 
écoutaient Jérémie, sachant que 
leurs femmes sacrifiaient à des 
dieux étrangers, et toutes les 


XLIV. 11. Amos, 1x, 4.‏ .פאס 


JÉRÉMIE. 


[cu. xrav.] 


femmes dont une grande multi- 
tude était là, et tout le peuple qui 
habitait dans la terre d'Egypte, à 
Phaturès, répondirent à Jérémie, 
disant : 

16. La parole que tu nous as 
dite au nom du Seigneur, nous ne 
l'écouterons pas venant de toi ; 

17. Mais nous exécuterons en- 
tièrement toute parole qui sortira 
de notre bouche, en sacrifiant à 
la reine du ciel, et en lui faisant 
de nombreuses libations, comme 
nous avonsfait, nous et nos pères, 
nos rois et nos princes, dans les 
villes de Juda et les places de Jé- 
rusalem ; car alors nous avons été 
rassasiés de pain, et bien nous a 
été, et nous n'avons pas vu le 
mal. 

18. Mais depuis le temps que 
nous avons cessé de sacrifier àla 
reine du ciel et de lui faire de 
nombreuses libations, nous man- 
quons de tout, et nous avons été 
consumés par le glaive et par la 
famine. | 

19. Que si nous sacrifions à la 
reine du ciel et 51 faisons 
de nombreuses libations, est-ce 
sans nos époux que nous lui 
avons fait des gáteaux pour l'ho- 
norer, et que nous lui faisons de 
nombreuses libations? 

90. Et Jérémie parla à tout le 
peuple, contre les hommes, con- 
tre les femmes et contre toute la 
foule qui lui avait fait cette ré- 
ponse, disant : 


12. Etonnement. Au chap. xui, verset 18, la Vulgate a rendu par stupeur (stuporem) 
le terme hébreu qu'elle traduit ici par miraculum. 


14. H n'y aura, etc. Compar. le vers. 28. 


17. Nous exéculerons entièrement; littér. et par hébraisme exécutant nous exécu- 
lerons. — De nombreuses libations; hébraisme semblable. Voy. xix, 18. — La reine 


du ciel; la lune. 


[. ץז א (cu.‏ 


21. N'est-ce pas le sacrifice que 
vous avez offert dans les cités de 
Juda et sur les places de Jéru- 
salem, vous et vos peres, vos rois 
et vos princes et le peuple de 
la terre, n'est-ce pas de ces choses 
que le Seigneur s'est souvenu, et 
ce qui est monté sur son cœur ? 
| 99. Et le Seigneur ne pouvait 
plus vous supporter à cause de la 
malice de vos œuvres, et à cause 
des abominations que vous avez 
commises; et votre terre a été 
livrée à la désolation, à la stupeur 
et àla malédiction, pour qu'il n'y 
ait point d'habitant, comme c'est 
en ce jour. 

23. Parce que vous avez sacrifié 
aux idoles, et que vous avez péché 
contre le Seigneur, et que vous 
n'avez point écouté la voix du 
Seigneur, et que vous n'avez pas 
marché dans sa loi, dans ses pré- 
ceptes et ses témoignages, c'est 
pour cela que vous sont venus 
ces maux, comme 07 le voit en ce 
jour. 

24. Jérémie dit aussi à tout le 
peuple et à toutes les femmes : 
Ecoutez la parole du Seigneur, 
vous tous, enfants de Juda, qui 
6168 dans la terre d'Egypte. 

25. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées, Dieu d'Israël : Vous 
et vos femmes, vous avez accom- 


JÉRÉMIE. 


1801 


pli par vos mains vos paroles, di- 
sant : Acquittons-nous des vœux 
que nous avons voués de sacrifier 
à la reine du ciel et de lui faire de 
nombreuses libations; vous avez 
accompli vos veeux et vous les 
avez exécutés. 

26. C'est pourquoi écoutez la 
parole du Seigneur, vous tous, en- 
fants de Juda, qui habitez dans la 
terre d'Egypte : Voilà que moi 
j'ai juré par mon grand nom, dit 
le Seigneur, que mon nom ne sera 
jamais plns nommé dans toute la 
terre d'Egypte par la bouche d'au- 
cun homme Juif, disant : Le Sei- 
gneur Dieu vit! 

27. Voilà que moi je veillerai 
sur eux pour leur malheur, et 
non pour leur bien; et tous les 
hommes de Juda qui sont dans la 
terre d'Egypte seront détruits par 
le glaive et par la famine, jusqu’à 
ce qu'ils soient entièrement dé- 
iruits. 

28. Et ceux qui auront fui le 
glaive reviendront de la terre d'E- 
gypte dans la terre de Juda, hom- 
mes en petit nombre; et tous les 
restes de ceux de Juda qui sont 
entrés en Egypte pour y habiter 
sauront de qui la parole sera ac- 
complie, la mienne ou la leur. 

29. Et voici pour vous, dit le 
Seigneur, le signe que moi je 


21. De ces choses (horum); ce pluriel qui se trouve dans le texte originel, ne sau- 
rait s'expliquer qu'en suppsant que le mot sacrifice (sacrificium), ou l'hébreu parfum, 
doit se prendre pour un nom collectif. — Est monté sur son cœur. Voy. ur, 16. 

22, 23. Comme c'est en ce jour, comme on le voit en ce jour. Voy. xi, 5. 

23. Ses témoignages; le mot hébreu correspondant signifie de plus /oi, précepte, 
ordonnance; c'est probablement ce dernier sens qu'il a ici. 


96. Le Seigneur Dieu vit! Voy. 1v, 2. 


28. De ceux; est évidemment sous-entendu; ou, si l'on veut, le mot Juda est pris 
iei, non point comme nom de pays, mais pour les hommes de Juda, les Juifs, en 
vertu d'une métonymie trés usitée dans le style biblique. C'est d'ailleurs le seul 
moyen d'expliquer les mots suivants qui sont entrés, littér. des entrants (ingredien- 
lium), au pluriel et au masculin comme dans l'hébreu., 


1809 
vous visiterai en ce lieu, afin que 
vous sachiez que véritablement 
s'accompliront mes paroles con- 
ire vous pour votre malheur. 

30. Voici ce que dit le Seigneur : 
Voilà que moije livrerai Pharaon 
Ephrée, roi d'Egypte, à la main 
de ses ennemis, et à la main de 
ceux qui cherchent son âme, 
comme j'ai livré Sédécias, roi de 
Juda, à la main de Nabuchodono- 
sor, roi de Babylone, son ennemi, 
et qui cherchait son àme. 


CHAPITRE XLV 5. 


Le Seigneur reprend Baruch, qui se plai- 
gnait de ne point trouver de repos; il 
lui promet de lui conserver la vie au 
milieu des maux dont les autres sont 
accablés. 


1. Parole que Jérémie, le pro- 
phète, dit à Baruch, fils de Nérias, 
lorsqu'il eut écrit dans un livre 
ces paroles sorties de la bouche 
de Jérémie, la quatrieme année 
de Joakim, fils de Josias, roi de 
Juda, disant : 

2. Voici ce que dit le Seigneur, 
Dieu d'Israél, à toi, Baruch : 

3. Tu as dit : Malheur à moi, in- 


JÉRÉMIE. 


(CH. .זא‎ 


fortuné ! parce que le Seigneur 8 
ajouté une douleur à ma douleur; 
je me suis fatigué dans mon gé- 
missement; et du repos, je n'en 
ai pas trouvé. i 

4. Voici ce que ditleSeigneur: 
Ainsi tu lui diras : Voilà que ceux 
que j'ai édifiés, c'est moi qui les 
détruis, et ceux que j'ai plantés, 
c'est moi qui les arrache, eux et 
toute cette terre. 

ὃ. Et toi, tu cherches pour toi 
de grandes choses? Ne /es cher- 
che pas; parce que voilà que moi, 
j'amènerai un fléau sur toute 
chair, dit le Seigneur; et je te 
donnerai ton âme sauve dans 
tous les lieux vers lesquels tu te 
dirigeras. 


CHAPITRE XLVI. 


Prophéties de la défaite des Egyptiens 
par Nabuchodonosor à Charcamis; de 
la désolation de l'Egypte par le méme 
prince; du rétablissement de l'Egypte; 
de la délivrance et du retour des en- 
fants de Jacob. 


1. Parole du Seigneur qui fut 
adressée à Jérémie, le prophète, 
contre les nations ; 


30. Ephrée; appelé par les Grecs Apriès, était fils de Psammis et petit-fils de. Né- 
chos ou Néchao, qui afait fait la guerre à Josias, roi des Juifs. — Qui cherchent 
son âme; qui cherchent à lui ôter la vie. — * Voir plus haut, xxxvi, 4. 


* Quoique cette prophétie et celles des chapitres suivants ne soient pas à leur 
place selon l'ordre chronologique, il parait cependant qu'elles ont été rassemblées ici 
à dessein, comme entiérement distinctes des précédentes qui regardent les maisons 
d'Israél et de Juda et surtout Juda et Jérusalem, tandis que celle-ci concerne Baruch 
particulièrement, et les suivantes ont pour objet plusieurs nations infideles. Si l'on 
voulait suivre l'ordre des temps, il faudrait placer ce chapitre au xxxve, aprés le 
verset 7e. 

1. Disant. Voy., sur ce mot, 1, 4. — * La quatrième année de Joakim, en 605. 

3. Malheur, etc. Baruch eraignait d'étre amené captif ou tué dans les jours de 
malheur annoncés par Jérémie. 

9. Toute chair; hébraisme, pour tous les hommes. — Sauve; littér., en salut, en 
conservation; c'est-à-dire je te conserverai la vie. 


1-28. * IVe partie: Prophéties contre les peuples étrangers, xLvI-L1. — Châtiments 
réservés aux ennemis du peuple de Dieu. Les prophéties contre les peuples voisins 
de la Palestine, qui ont été ses ennemis, sont réunies ensemble dans Jérémie, comme . 


[6π. xLvi.) 

9. A l'Egypte, contre l'armée 
de Pharaon Néchao, roi d'Egypte, 
qui était auprès du fleuve d'Eu- 
phrate à Charcamis, que Nabu- 
chodonosor, roi de Babylone, 
battit dans la quatrième année 
de Joakim, fils de Josias, roi de 
Juda. 


3. Préparez le grand bouclier 


et le petit bouclier, et avancez- 
vous pour la guerre. 

4. Attelez les chevaux, montez, 
cavaliers, mettez des casques, 
polissez vos lances, revétez-vous 
de vos cuirasses. 

5. Quoi donc? Je les ai vus eux- 
mémes effrayés et tournant le 
dos;leursbravestaillésen pieces; 
ils ont fui en se précipitant, et 
n'ont pas regardé derriere eux; 
la terreur vient de toutes parts, 
dit le Seigneur. 

6. Que l'homme agile ne fuie 
pas, que le brave ne croie pas se 
sauver; vers laquilon, pres de 
l'Euphrate, ils ont été vaincus et 
renversés. 

7. Qui est celui qui monte com- 
me un fleuve, et dont les eaux 
profondes s'enflent comme celles 
des grandes rivieres ? 

8. L'Egypte monte comme un 


JEREMIE. 


1803 
fleuve, et ses flots s'agiteront 
comme des fleuves, et elle dira : 
En montant je couvrirai la terre, 
je perdrai la cité et ses habitants. 

9. Montez sur vos chevaux, et 
sautez survos chars; qu'ilss'avan- 
cent, les braves d'Ethiopie, et les 
Lybiens tenant des boucliers, et 
les Lydiens saisissant et lancant 
des flèches. 

10. Mais c'est le jour du Sei- 
gneur, Dieu des armées, jour de 
vengeance, pour tirer vengeance 
de ses ennemis; le glaive dévo- 
rera, et il se rassasiera, et il s'eni- 
vrera de leur sang; carla victime 
du Seigneur Dieu des armées est 
dans la terre del'aquilon, près du 
fleuve de l'Euphrate. 

11. Monte à Galaad, et prends 
de la résine, vierge fille de l'E- 
gypte; vainement tu multiplies 
les remèdes: il n'y aura pas de 
guérison pour toi. 

19. Les nations ont entendu ton 
ienominie, et ton hurlement a 
rempli la terre, parce que le fort 
a heurté contre lefort et que tous 
deux sont tombés ensemble. 

13. {Parole que le Seigneur à 
dite à Jérémie, le prophète, sur 
ce que Nabuchodonosor, roi de 


dans 15816 et dans Ezéchiel. Elles sont au nombre de neuf : 19 contre l'Egypte, xrvi; 
29 contre les Philistins, xrvm; 3° contre Moab, xrvur; 49 contre Ammon, xuix, 1-6; 
99 contre l'Idumée, xrix, 7-22; 6? contre Damas, xuix, 23-27; 70 contre Cédar et Asor, 
xLIX, 28-33; 8° contre Elam, xrix, 34-39; 99 contre Babylone, L-Lt. Toutes ces pro- 
phéties se sont exactement accomplies. 

1. Parole, etc.; littér., laquelle parole, etc. Voy., sur cette inversion, xtv, 1. 

2. * Néchao 11, fils de Psammétique Ier, régna de 611 à 605 environ. Voir IV Rois, 
xxim, 29. — Charcamis. Voir Isaie, x, 9. — Nabuchodonosor. Voir plus haut, xxi, 2. 

4. Vos lances, vos cuirasses. Le pronom vos est suffisamment représenté dans l'hé- 
breu par l'article déterminatif, qui le représente en effet dans bien des cas. 

9. Vos chevaux, vos chars. Voy. la note précédente. — Lydiens; en hébreu Loudim; 
peuple voisin de l'Ezypte et son allié. Plusieurs croient que ce sont les Libyens; mais 
les Libyens sont nommés à part et ici et ailleurs. 

11. De la résine. Voy. vui, 22. 

18. Parole, etc. C'est une nouvelle prophétie contre l'Egypte. La précédente se 
rapporte à l'expédition de Nabuchodonosor contre les Egyptienus à Charcamis, sous 


1804 JÉRÉMIE. 


Babylone, devait venir et frapper 
la terre d'Egypte. 

14. Annoncez à l'Egypte, et fai- 
tes entendre à Magdalum votre 
voix, et qu'elle retentisse à Mem- 
phis et à Taphnis; dites : Sois de- 
bout, prépare-toi; parce que le 
glaive dévorera ce qui est autour 
de toi. 

15. Pourquoi ton brave s'est- 
il pourri? 11 ne s'est pas tenu de- 
bout, parce que le Seigneur l'a 
renversé. 

16. Il a multiplié ceux qui tom- 
baient, et l’homme est tombé sur 
son voisin, et ils diront : Lève-toi, 
el retournons à notre peuple et 
dans la terre de notre naissance, 
à cause de l'épée de la colombe. 

A1. Appelez le nom de Pharaon, 
roi d'Egypte : Le temps a amené 
du tumulte. 

18.Je vis, moi(dit le roi dont le 
nom est le Seigneur des armées); 
comme le Thabor est parmi les 
montagnes, et comme le Carmel 
est sur la mer, ans? il viendra. 

19. Fais tes préparatifs de trans- 
migration, fille habitante de l'E- 
gypte, parce que Memphis devien- 
dra un désert, qu'elle sera aban- 
donnée et inhabitable. 


(CH: xLvi.] 


20. C'est une génisse élégante 
et belle que l'Egypte; celui qui 
l'aiguillonnera viendra de l'aqui- 
lon. 

21. Ses mercenaires aussi qui 
vivaient au milieu d'elle, comme 
des veaux engraissés, ont tourné 
le dos, et ils ont fui tous ensem- 
ble, et ils n'ont pu demeurer de- 
bout, parce qu'est venu sur eux 
le jour de leur carnage, le temps 
de leur visite. 

22. Sa voix retentira comme /e 
bruit de l'airain, parce qu'ils mar- 
cheront rapidement avec une ar- 
mée, et qu'avec des haches ils 
viendront à elle, comme des bü- 
cherons. 

23. Ils ont coupé par le pied, 
dit le Seigneur, les arbres 06 sa 
forét, qu'on ue peut compter : 
ils se sont multipliés plus que 
les sauterelles, et ils sont. sans 
nombre. 

24. La fille d'Egypte a été cou- 
verte de confusion, et livrée aux 
mains du peuple de l'aquilon. 

: 98. Le Seigneur des armées, 
Dieu d'Israél, a dit : Voici que 
moi je visiterai le tumulte d'A- 
lexandrie, et Pharaon, et l'Egypte, 
et ses dieux, et ses rois, et Pha- 


le règne de Néchao, avant la prise de Jérusalem; celle-ci regarde l'expédition du 
méme Nabuchodonosor contre les Egyptiens dans l'Egypte même, sous le règne 
d'Apriés (Ephrée), petit-fils de Néchao, après la prise de Jérusalem. 

14. Magdalum. Voy. xuv, 1. — Memphis, Taphnis. Voy . ut, 16. 

45. S'est-il pourri sur la terre, aprés y être tombé mort? 


16. A cause de l'épée; littér. et par hébraisme, à ia face de l'épée. — La colombe. 


Voy. xxv, 38. 
18. Je vis moi; c'est-à-dire je jure par moi-même. — Que (quoniam), etc.; complé- 
ment de je vis. — Comme le Thabor, etc. De méme que trés certainement le Thabor 


fait partie des montagnes, et que le Carmel s'avance dans la mer, de méme aussi 
trés certainement Nabuchodonosor viendra. 

20. * De l'aquilon; de la Chaldée. 

21. Ses mercenaires; les soldats étrangers qu'elle a pris à sa.solde. — Leur visite; 
c'est-à-dire leur châtiment. 

25. Le tumulte d'Alexandrie; la tumultueuse Alexandrie; dans l'hébreu. on lit : 
áàmón minnd; le premier de ces mots signifie bien, dans un autre passage (uu, 19), mul- 


(cu. xrvin.] 


26. Et je les livrerai à la main 
de ceux qui cherchent leur âme, 
à la main de Nabuchodonosor, 
roi de Babylone, et à la main de 
ses serviteurs; et apres cela elle 
sera habitée comme dans les 
jours anciens, dit le Seigneur. 

97. Et toi, ne crains pas, mon 
serviteur Jacob, et ne t'effraye 
point, Israél, parce que moi je te 
sauverai, en £e ramenant de loin, 
et ta race, en la retirant de la 
terre de ta captivité; et Jacob re- 
tournera, et il se reposera, et il 
prospérera, etil n'y aura personne 
qui l'épouvante. 

98. Et toi, ne crains pas, Jacob 
mon serviteur, dit le Seigneur, 
parce que moi je suis avec toi, 
parce que moi je détruirai entiè- 
rement toutes les nations chez 
lesquelles je t'ai jeté ; pour toi, je 
ne te détruirai pas entierement, 
mais je techátierai selon lajustice 
et je ne t'épargnerai pas comme 
un innocent. 


Cua». XLVI. 27. ’saïe, xum, 1; xriv, 2. 


JÉRÉMIE. 
raon, etceux quise confienten lui.- 


CHAPITRE XLVII. 


Prophétie de l'expédition de Nabucho- 
donosor contre les Philistins, aprés la 
prise de Jérusalem. 


1. Parole du Seigneur qui fut 
adressée à Jérémie, le prophète, 
contre les Philistins, avant que 
Pharaon attaquát Gaza. 

2. Voici ce que dit le Seigneur : 
Voilà que les eaux montent de 
l'aquilon, et qu'elles seront com- 
me un torrent qui inonde, et 
qu'elles couvriront la terre et sa 
plénitude, etla ville et ses habi- 
tants; les hommes crieront, et 
tousles habitants de laterrepous- 
seront des hurlements, 

3. À cause du bruit pompeux de 
ses armes et de ses hommes de 
guerre, à cause de l'ébranlement 
deses quadriges et de la multitude 
de ses roues. Les pères n'ont pas 
regardé les fils, leurs mains s'é- 
tant affaiblies 

4. A la venue du jour auquel 
touslesPhilistins seront dévastés, 


titude, troupe, mais ici il parait exprimer un nom propre et signifier Ammon, le dieu 
supréme des Egyptiens. Quant à l'expression nnó, elle veut dire de No (e No); or, 
No est probablement Thèbes ou Diospolis; et si saint Jérôme a traduit par A/ezan- 
drie, nom bien postérieur à Jérémie et à Nabuchodonosor, c'est sans doute parce 
qu'il semblait étre persuadé que cette derniére fut bátie sur l'emplacement méme de 
l'ancienne No. — * No est certainement Thebes, capitale de la Haute-Egypte. 

26. Qui cherchent leur á&me; littér. et par hébraisme, pour : Qui cherchent à leur 
ôter la vie. — Elle; l'Egypte (vers. 1). Ce rétablissement de l'Egypte a été aussi pré- 
dit par le prophète Ezéchiel (xxix, 13, 14). 

28. Parce que moi, etc. Compar. xxx, 41. 

1. * Pharaon, Psammétique Ier ou bien Néchao II. Psammétique Ier s'était emparé 


d'Azot, d’où l'on conclut qu'il avait dû également s'emparer de Gaza avant d'arriver à 
Azot. Néchao avait pu aussi s'emparer de Gaza en allant faire sa campagne d'Asie, 


avant d'arriver à Mageddo où il battit Josias. Selon plusieurs commentateurs, la Gaza 


dont il est question ici serait une ville de Syrie appelée Kadytis, dont Néchao se 
rendit maitre d'après Hérodote. 

2. Les eaux montent; c'est-à-dire les armées de Nabuchodonosor. Dans l'Ecriture 
une armée est très souvent comparée à un déluge, à une inondation. 

3. N'ont pas regardé; méme leurs enfants pour les emporter. 

4. L'ile; c'est-à-dire le pays maritime. — Cappadoce; l'hébreu porte CapAtór, que 
les uns entendent de l'ile de Créte, et les autres de l'ile de Chypre. 


1806 


TyretSidon seront dissipées avec 
tout ce qui est resté de leur 
secours; car le Seigneur a ravagé 
les Philistins et les restes de l'ile 
de Cappadoce. 

9. Gaza est devenue chauve, As- 
| calon s'est tué, ainsi que les restes 
de leur vallée; jusques à quand te 
|feras-tu des incisions? 

| 6.0 épée du Seigneur, jusques 
à quand ne te reposeras-tu point? 
Rentre en ton fourreau, refroidis- 
toi, et reste tranquille. 

1. Comment se reposera-t-elle, 
puisque le Seigneur lui a donné 
ses ordres contre Ascalon, et 
contre les régions maritimes, et 
qu'il lui a assigné ces lieux? 


CHAPITRE XLVIII. 


Prophétie de l'expédition de Nabuchodo- 
nosor contre les Moabites; de leur 
captivité et de leur retour. 


1. A Moab, voici ce que dit le 
Seigneur des armées, Dieu d'ls- 


XLVIII. 6. Supra, xvir, 6.‏ .פאז 


JÉREMIE. 


(cm. xri. ] 


raël : Malheur à Nabo, parce 
qu'elle a été dévastée et couverte 
de confusion; Cariathaim a été 
prise; la forte a été couverte de 
confusion, et elle a tremblé. 

2. 1 n'y à plus d'exultation 
dans Moab contre Hésébon; ses 
ennemis. ont conspiré. Venez, et 
perdons-la entierement comme 
nation; ainsi tu garderas un si- 
lence absolu, etle glaivete suivra. 

3. Voix de clameur qui s'éléve 
d'Oronaim: dévastation et grande 
destruction. 

4. Moab est brisée, annoncez un 
cri à ses petits enfants. 

9. Par la montée de Luith, gé- 
missant, elle montera en pleur, 
parce qu'à la descente d'Oronaim 
les ennemis ont entendu un hur- 
lement de destruction : 

6. Fuyez, sauvez vos 81108 ; et 
vous serez comme des bruyères 
dans le désert. 

1. Parce que tu as eu confiance 


5. Gaza est devenue chauve. Dans le deuil, comme dans les disgräces extraordinaires, 
c'était la coutume de se raser la tête et de se faire des incisions sur la chair. — Leur 
(eorum); se rapporte aux deux villes de Gaza et d'Ascalon. — * Gaza et Ascalon; deux 
des principales villes des Philistins, dans la plaine de la Séphéla, à peu de distance 
l'une de l'autre, sur la Méditerranée. 

1. Lui a assigné ces lieux, pour punir les ennemis de son peuple. Compar. Ezé- 
chiel, xx, 15, 17. 


1. A Moab (ad Moab); ainsi les Septante; la particule hébraïque correspondante 
signifie proprement à, vers (ad); mais elle a aussi quelquefois le sens de sur, tou- 
chant, au sujet de; c'est vraisemblablement celui qu'il faut lui donner ici. — Voici, 
etc. Cette prophétie regarde l'expédition contre les Moabites pendant le siège de Tyr, 
quelques années aprés la prise de Jérusalem. — Nabo; ville. Voy. Isaie, xv, 2. — 
Cariathaim; ville qui appartenait anciennement aux Israélites. Voy. Nombr., xxxit, 37; 
Josué, xx, 19; Ezéch., xxv, 9. 

2. Hésébon ; ville. Voy. Isaïe, xv, 4. 

3. Oronaim; ville. Voy. Isaie, x, 5. 

4. Moab, etc. Le mot Moab est considéré tantót comme un nom de peuple, nom 
collectif, et tantót comme un nom de ville; voilà pourquoi il est employé alternati- 
vement comme masculin, comme féminin et comme pluriel, tant dans l'hébreu que 
dans la Vulgate. 

9. Luith. ΝΟΥ. Isaie, xv, 5. 

6. Vos âmes; c'est-à-dire vos personnes, vous. 

1. Chamos; était la principale divinité des Moabites. 


(cu. xrvur.] 


dans tes fortifications et dans 
tes trésors, toi aussi tu seras 
prise; et Chamos émigrera, et ses 
prétres et ses princes en méme 
temps. 

8. Et viendra un spoliateur dans 
toutes les villes, et nulle ville ne 
sera sauvée; et les vallées pé- 
riront, et les campagnes seront 
ravagées, parce que l'a dit le Sei- 
gueur. 

9. Donnez une fleur à Moab, 
parce qu'elle sortira florissante, et 
ses cités seront désertes et inha- 
bitables. 

10. Maudit celui qui fait l'œuvre 
du Seigneur frauduleusement ; et 
maudit celui qui empéche son 
glaive de verser le sang. 

11. Moab dés sa jeunesse a été 
fertile, et il s'est reposé sur sa 
lie; il n'a pas été versé d'un vase 
dans un autre vase, et il n’a pas 
émigré ; c'est pour cela que son 
goût lui est toujours demeuré, 
et que son parfum n'est point 
changé. 

19. A cause de cela, voici que 
des jours viennent, dit le Sei- 
gneur, et je lui enverrai des 
hommes qui disposeront et ren- 
verseront ses bouteilles, et ils le 
renverseront lui-même, et vide- 


13. III Rois, xir, 29. 


JÉRÉMIE. 


1807 


ront ses vases, et briseront ses 
bouteilles. 

13. Et Moab sera couvert de 
confusion, à cause de Chamos, : 
comme a été couverte de confu- 
sion la maison d'Israël, à cause 
de Béthel en qui elle avait con- 
fiance. 

14. Comment dites-vous : Nous 
sommes braves, et des hommes 
robustes pour combattre? 

15. Moab a été dévastée, ses 
cités ont été renversées ; l'élite 
de ses jeunes hommes a succom- 
bé dans le carnage, dit le roi, 
dont le nom est le Seigneur des 
armées. 

16. La destruction de Moab est 
presd'arriver, etsaruine accourra 
extrémement vite. 

17. Consolez-le, vous tous qui 
étes autour de lui; et vous tous 
qui savez son nom, dites : Com- 
menta été brisée une verge puis- 
sante, un báton glorieux? 

18. Descends de la gloire, as- 
sieds-toi dans la soif, habitante 
dela fille de Dibon; parce que 
le dévastateur de Moab. monte 
vers toi, il a détruit tes fortifica- 
tions. 

19. Tiens-toi sur la voie, et 
fais le guet, habitante d’Aroër ; 


LL 


13. Chamos. Voy. le vers. 1. — Béthel; ville sur les confins des tribus d'Ephraim 
et de Benjamin, et dans laquelle Jéroboam introduisit un culte idolàtrique (III Rois, 
xir, 29). 

17. Verge, báton; c'est-à-dire sceptre. C'est par ironie que Jérémie emploie les mots 
puissant ou fort (fortis) et glorieux; car les Moabites étaient le peuple le plus vain 
et le plus orgueilleux, Compar. le vers. 29. 

18. Habitante; littér. et par métonymie Aabitation. — La fille de Dibon. Les Orien- 
taux appellent filles les villes d'un pays; nous en avons déjà fait la remarque. Dibon 
avait de trés belles eaux; mais comme ces belles eaux devaient être remplies de 
sang, d'aprés une prophétie d'Isaie (xv, 9), Jérémie lui prédit qu'elle sera obligée de 
se sauver dans le désert, dans des lieux secs et arides, où elle souffrira la soif. 

19. Habilante. Voy. le verset précédent. — Aroër; ville située sur l'Arnon à l'ex- 
trémité méridionale du pays de Moab. — * Aroér sur l'Arnon, aujourd'hui Arair, ap- 

- bes 


1808 
interroge celui qui s'est enfui, et 
à celui qui s'est sauvé, dis : Qu'est- 
11 arrivé? 

90. Moab a été couvert de con- 
fusion, parce qu'il a élé vaincu; 
hurlez et criez; annoncez sur 
l'Arnon que Moab a été dévastée. 

21. Et le jugement du Seigneur 
est venu jusqu'à la terre de la 
plaine;sur Hélon, sur Jasa, et sur 
Méphaath, 

29. Et sur Dibon, et sur Nabo, 
et sur la maison de Déblathaim, 

93. Et sur Cariathaim, et sur 
Bethgamul, et sur Bethmaon. 

24. Et sur Carioth, et sur Bosra, 
et sur toutes les cités de la terre 
de Moab qui sont loin et qui sont 
pres. 

25. La corne de Moab a été ar- 
rachée, et son bras a été rompu, 
dit le Seigneur. 

96. Enivrez-le, parce qu'il s'est 
élevé contre le Seigneur; Moab 
se heurtera la main en tombant 


29. Isaie, xvr, 6. 


JEREMIE. 


[cn. [,זוזץ זא‎ 
dans son vomissement, et il sera 
un objet de dérision, lui aussi. 

27. Car Israél a été un objet de 
dérision pour toi, comme si tu 
l'avais trouvé parmi des voleurs; 
à cause donc de tes paroles que 
tu as dites contre lui, tu seras 
mené captif. 

28. Abandonnez les cités, et ha- 
bitez dans la pierre, habitants de 
Moab; etsoyez comme la colombe 
qui fait son nid dans la plus haute 
ouverture d’un rocher. 

29. Nous avons appris l'orgueil 
de Moab (il est superbe à l'exces), 
sa hauteur et son arrogance, et 
son. orgueil, et la fierté de son 
cœur. 

30. Moi, je sais, ditle Seigneur, 
sa jactance, et que sa force n'y ré- 
pond pas, et que ce qui n'était pas 
selon son pouvoir, elle s'est ef- 
forcée de le faire. 

31. C'est pourcela que sur Moab 
je pleurerai, et que j'adresserai 


partenait à la tribu de Ruben, dont l'Arnon formait la frontière méridionale. Nous 
voyons par ce passage que Moab s'était rendu maitre de cette ville, qui était 
située vis-à-vis d'Ar Moab. 

20. Arnon; fleuve sur la frontière septentrionale de Moab, entre les Moabites et les 
Amorrhéens (Nombr., xxt, 12). 

21. Hélon, Jasa, Méphaath; villes de Moab, qui appartenaient autrefois à la tribu 
de Ruben. 

39. Déblathaim; en hébreu Beth-Déblathaim; c'est-à-dire maison de Déblathaim, 
est peut-être la même que Helmon-Déblathaïm (Nombr., xxxur, 46). 

93. Cariathaim. Voy. vers. 1. — Bethgamul; inconnue d'ailleurs, — Bethmaon; 
peut-être la même que Béetméon, près de l'Arnon (I Paralip., v, 8. Ezéch., xxv, 9). 

24.. Carioth; selon plusieurs la même que Carioth, mentionnée plus bas, vers. 41. 
Josué, xv, 95, et Amos, n, 2. — Bosra. C'est, selon les uns, la méme que Bosra, ville 
célèbre de l'Idumée dont il est question plus haut, xuix, 13; Genèse, xxxvi, 33, etc., 
par la raison qu'elle était située sur les confins de Moab et de l'Idumée, et qu'elle 
avait été occupée par les Moabites et par les Iduméens ; mais, selon les autres, c'était 
une ville différente de celle-là. — * Bosra ou Bostra, dans ;e Hauran, 085% 6 
par plusieurs savants avec Astaroth-Carnaim. 

25. La corne; chez les Hébreux symbole de la force. 

28. * Habitez dans la pierre; dans les cavernes qui sont nombreuses dans le pays de 
Moab comme en Palestine et où l'on cherchait un refuge en temps de guerre. 

31. Hommes; c'est-à-dire habitants. — * Mur de briques; est la traduction du 
pn de la ville de Kir-Moab, aujourd'hui Kerak, une des places les plus fortes de 

oab, 


fcu. XLvirr.] 


mes cris à Moab tout entiere, et 
aux hommes de mur de briques 
qui se lamentent. 

32. Du pleur de Jazer, je te 
pleurerai, vigne de Sabama; tes 
rejetons ont passé la mer, et 
ils sont parvenus jusqu'à la mer 
de Jazer; sur ta moisson et sur 
ta vendange un voleur s'est pré- 
cipité. 

33. L'allégresse et l'exultation 
ont été enlevées au Carmel et à la 
terre de Moab, et j'ai emporté le 
vin des pressoirs; et le pressureur 
du raisin ne chantera plus sa chan- 
son accoutumée. 

34. Par un cri qui a retenti de- 
puis Hésébon jusqu'à Eléalé et 
jusqu'à Jasa, ils ont fait entendre 
leur voix de Ségor, génisse de 
trois ans, à Oronaim; les eaux 
méme de Nemrim seront très 
mauvaises. 

35. Et j'óterai de Moab, dit le 
Seigneur, et celui qui fait des obla- 
tions surles hauteurs, et celui qui 
sacrifie à ses dieux. 

36. C'est pour cela que mon 
cœur sur Moab retentira comme 
une flûte; et mon cœur sur les 


JÉRÉMIE. 


1809 


hommes de mur de briques don- 
nera un son de flûte; parce qu'il 
a fait plus qu'il ne pouvait, c'est 
pour cela qu'ils ont péri. 

37. Car toute téte sera chauve, 
et toute barbe sera rasée; à toutes 
les mains Z y aura un lien, et 
sur tout dos un cilice. 

38. Sur tous les toits de Moab, 
et dans toutes ses places, on en- 
tendratoute sorte depleurs, parce 
que j'ai brisé Moab comme un 
vase inutile, dit le Seigneur. 

39. Comment a-t-elle été vain- 
cue, et ont-ils poussé des hurle- 
ments? comment Moab a-t-il 
baissé la téte et a-t-il été couvert 
de confusion? Et Moab sera un 
objet de dérision et un exemple 
pour tous autour de lui. 

40. Voici ce que dit le Sei- 
gneur : Comme 181816 il vo- 
lera, et il étendra ses ailes vers 
Moab. 

41. Carioth a été prise, les for- 
tifications ont été emportées; et 
le cœur des forts de Moab sera en 
ce jour-là comme le cœur d'une 
femme en travail. 

49. Et Moab cessera d'étre un 


33. Isaie, xvi, 10. — 37. Isaie, xv, 2; Ezéch., vu, 18. 


32. Du pleur, etc. Voy. sur ce vers., Isaïe, xvi, 8, 9. — * Jazer. Voir la note sur 


Nombres, xx1, 32. 


33. Au Carmel; c'est-à-dire aux campagnes les plus fertiles. Compar., sur ce verset, 


Isaie, xvi, 10. 


34. Par un cri, etc. Ce verset a été expliqué dans Isaïe, xv, 4-6. 


36. Un son de flûte. Chez les Hébreux, comme chez d'autres peuples de l'antiquité, 
on jouait de la flüte aux funérailles et dans le deuil aussi bien que dans les fétes e* 
les réjouissances. — Hommes. Voy. le vers. 31. — Parce qu'il a fait, etc.; c'est-à-dire 
parce que dans son orgueil et sa présomption, Moab a entrepris une chose trés péril- 
leuse pour lui, en s'opposant aux Chaldéens et en voulant mesurer ses forces avec ces 
vainqueurs de l'Asie. — * Mur de briques, c'est-à-dire Kir-Moab. 

31. * Enumération des signes de deuil et de désolation. 

38. Sur tous les toits. Les toits étaient en plate-bande, on y montait dans les cala- 
mités publiques. 

39. Ont-ils; par hébraisme, Moab est prise ici pour les Moabites, 

40. Il volera, il élendra; c'est-à-dire l'ennemi, Nabuchodonosor, 

41. Carioth. Voy. vers. 21. 

114 


41 d 


1810 


peuple, parce que contre le Sei- 
gneur il s'est glorifié. 

43. L'effroi, et la fosse, et le lacs 
pour toi, ὃ habitant de Moab, dit 
le Seigneur. 

44. Qui aura fui à la face de 
l'effroi tombera dans la fosse, et 
qui sera monté de la fosse sera 
pris dans le lacs; car j'amenerai 
sur Moab l'année de leur visite, 
dit le Seigneur. 

45. A l'ombre d'Hésébon se sont 
arrétés ceux qui fuyaient le lacs ; 
mais un feu est sorti d'Hésébon, 
et une flamme du milieu deSéhon, 
et elle a dévoré une partie de 
Moab, et le sommet des fils du 
tumulte. 

46. Malheur à toi, Moab! tu as 
péri, peuple de Chamos: tes fils 
ont été pris, ainsi que tes filles, 
pour la captivité. 

47. Mais je ramenerai les cap- 
tifs de Moab dans les derniers 
jours, dit le Seigneur. Jusqu'ici 
les jugements contre Moab. 


4%. Isaie, xxiv, 18. 


JÉRÉMIE. 


(cu. xLix.] 


CHAPITRE XLIX. 


Prophéties de la désolation, de la capti- 
vité et du retour des Ammonites; de 
la désolation des Iduméens, des Sy- 
riens et des Cédaréniens; de la disper- 
sion et du retour des Elamites. 


1. Aux fils dAmmon, voici ce 
que dit le Seigneur : Est-ce qu'Is- 
raél n'a point d'enfants? ou n'a-t- 
il point d'héritiers? Pourquoidonc 
Melchom s'est-il emparé de Gad 
comme de son héritage, et son 
peuple a-t-il établi son habitation 
dans ses villes? 

2. C'est pourquoi, voilà que des 
jours viennent, dit le Seigneur, et 
je ferai entendre sur Rabbath des 
fils d'AÀmmon le frémissement 
d'un combat; et elle sera réduite 
par sa destruction en un monceau 
de pierres; et ses filles seront con- 
sumées par le feu. Israël possé- 
dera ceux qui le possédaient, dit 
le Seigneur 

3. Hurle, Hésébon, parce que 


mm 


4^4. Leur visile; leur châtiment, leur punition. 

45. De Séhon: c'est-à-dire, de la ville de Séhon, d'Hésébon. Jérémie applique ici 
un ancien proverbe qui se lit dans le livre des Nombres (xxr, 27), et qui était fondé 
sur ce que Séhon, roi des Amorrhéens, dont la capitale était Hésébon, avait fait la 
guerre aux Moabites, et avait pris une partie de leur pays. Remarquons que dans 
le passage des Nombres, la Vulgate et les Septante lisent le mot ville,aussi bien que 
l'hébreu. — Le sommet (verticem); l'élite. — Des fils du tumulte; des soldats. 

46. Peuple de Chamos; c'est-à-dire, adorateurs de Chamos. Voy. le verset 7. 

41. Mais je ramènerai, etc. Après la captivité de Babylone, comme on le croit assez 
généralement, les Moabites revinrent, comme les Juifs, dans leur patrie. Encore du 
temps de Jésus-Christ ils avaient un pays à eux, mais dans la suite ils se sont perdus 
dans les tribus arabes. 


1-6. * Prophétie sur Ammon. 

1. Aux fils (ad filios). Voy. מעטעוא‎ 4. — Melchom; dieu des Ammonites. Ceux-ci 
croyaient que c'était Melchom qui les avait mis en possession du pays des Israélites : 
le Seigneur leur parle selon leurs préjugés, en faisant tomber d'abord ses reproches 
sur cette prétendue divinité. 

2. Rabbath; ville capitale des Ammonites, désignés ici sous le nom de fils d’Am- 
mon. — Ses filles; les autres villes du pays. 

3. Hésébon. Voy. Isaie, xv, 4. — Filles; c'est-à-dire villes. — Haï; ville à l'orient 
de Bélhel (Josué, vir, 2). 


(cu. xLix.] 
Hai a été ravagée; criez, filles de 
Rabbath ; ceignez-vous de cilices; 
pleurez, et allez autour des haies, 
parce que Melchom sera emmené 
en exil, et ses prêtres et ses prin- 
ces en méme temps. 

4. Pourquoi te glorifies-tu dans 
tes vallées? ta vallée s'est écou- 
lée; fille délicate, qui te confiais 
en tes trésors, et disais : Qui vien- 
dra vers moi? 

ὃ, Voilà que j'amènerai sur toi 
la terreur, dit le Seigneur, Dieu 
des armées, la ‘erreur de tous 
ceux qui t'environnent ; vous se- 
rez dispersés les uns aprés les 
autres hors de votre présence, et 
il n'y aura personne qui rassem- 
blera les fuyards. 

6. Et après cela, je ferai revenir 
les captifs des fils d'Ammon, dit 
le Seigneur. 

7. À l'Idumée. Voici ce que dit 
le Seigneur des armées : Est-ce 
qu'il n'y a plus de sagesse dans 
Théman? Le conseil les a aban- 
donnés, leur sagesse est devenue 
inutile. 

8. Fuyez, et tournez le dos, des- 
cendez dans 16 gouffre, habitants 
de Dédan, parce que j'ai amené 
la ruine sur Esaü, le temps de sa 
visite. 

ὕπαρ. XLIX. 44. Abd., 1,1. 


JÉRÉMIE. 


1811 

9. Si des vendangeurs étaient 
venus sur toi, ils t'auraient laissé 
une grappe; si des voleurs pen- 
dant la nuit, ils auraient emporté 
seulement ce qui leur aurait suffi. 

10. Mais moi, j'ai découvert 
Esaü, j'ai révélé ce qu'il tenait 
caché, et il ne pourra plus étre 
secret; sa race a été désolée, ainsi 
que ses frères et ses voisins ; et il 
ne sera plus. 

11. Laisse tes pupilles ; mais je 
les ferai vivre; et tes veuves en 
moi espéreront. 

12. Car voici ce que dit le Sei- 
gneur : Voilà que ceux qui n'a- 
valent pas été jugés comme de- 
vant boire le calice, /e buvant, /e 
boiront; et toi, tu seras laissé 
comme innocent? Tu ne seras 
pas regardé comme innocent; 
mais buvant tu boiras. 

13. Parce que jai juré par 
moi-méme, dit le Seigneur, que. 
Bosra deviendra une solitude, et 
un opprobre, et un désert, et une 
malédiction; et toutes ses cités 
deviendront des solitudes éter- 
nelles. 

14. J'ai entendu une nouvelle 
venant du Seigneur, et un mes- 
sager a été envoyé vers les na- 
tions : Rassemblez-vous et venez 


4. Qui viendra vers moi? pour me prendre. — * Ta vallée s'est écoulée, comme l'eau 
qui y coulait en temps de pluie, c'est-à-dire, ces vallées fertiles, dont tu étais fière 
et qui faisaient ta richesse sont devenues stériles. 

5. Vous serez, etc.; vous serez séparés les uns des autres, jetés l'un d'un côté, 


l'autre de l'autre. 


6. Des fils d'Ammon; c'est-à-dire des Ammonites. 


1-22. * Prophétie sur l'Idumée. 


1. A l'Idumée. Voy. עננטוא‎ 1. — Théman; ville célèbre de l'Idumée. — Les; c'est- 


à-dire, les Thémannites. 


8. Dédan; ville de l'Idumée, pas loin de Théman, à l'extrémité méridionale de la 
mer Morte. — Sa visite; cest-à-dire, son châtiment, 
19. Buvant, tu boiras. Voy., sur cette locution, xxv, 28. 


13. Dosra; ville. Voy. אא‎ 24. 


1819 
contre elle; et levons-nous pour 
le combat. 

15. Car voilà que je t'ai rendu 
petit parmi les nations, méprisa- 
ble entre les hommes. 

16. Ton arrogance t'a trompé, 
ainsi que l'orgueil de ton cœur; 
toi qui habites dans des cavernes 
de pierres et qui t'efforces d'occu- 
per le haut d'une colline; quand 
tu aurais élevé ton nid comme 
l'aigle, je 'arracherais de là, dit 
le Seigneur. 

17. Et l'Idumée sera déserte; 
car quiconque passera au milieu 
d’elle sera frappée de stupeur et 
sifflera sur ses plaies. 

18. Comme Sodome a été ren- 
versée, ainsi que Gomorrhe et 
ses voisines, dit le Seigneur; un 
homme n'y habitera pas, el le 
fils d'un homme n'y séjournera 
pas. 

19. Voilà que, comme un lion, 
il montera de l'orgueil du Jour- 
dain vers une beauté puissante; 


JÉRÉMIÉ. 


[cu. xLix.} 
parce que soudain je le ferai 
courir vers elle; et quel est l'élu 
que je préposerai sur elle? Car 
qui est semblable à moi? qui 
tiendra contre moi? et quel est 
le pasteur qui résistera à mon vi- 
sage ? 

20. Écoutez à cause de cela le 
dessein que le Seigneur a formé 
contre Edom, et les pensées qu'il 
a méditées contre les habitants 
de Théman; 07 a dit : Je jure, 
si les petits du troupeau ne les 
chassent pas, et s'ils ne détrui- 
sent pas avec eux leur habita- 
tion. 

21. A la voix de leur ruine la 
terre a été agitée; la clameur de 
leur voix sur la mer Rouge a été 
entendue. 

22. Et comme l'aigle il remon- 
tera et il s’envolera; et il étendra 
ses ailes sur Bosra; etle cœur des 
forts de l’Idumée sera en ce jour- 
là comme le cœur d'une femme 
en travail. 


16. Abd., I, 4. — 18. Gen., xix, 24. — 19. Infra, 1, 44; Job, xri, 1. 


16. * Dans des cavernes de pierres. Pétra, pierre, était la capitale de l'Idumée et 
les habitants de cette ville avaient en partie leur demeure dans les rochers taillés 
pour leur servir d'habitation. Voir Isaze, xvi, 1. — Qui t'efforces d'occuper le haut 
d'une colline. L'Idumée est trés montagneuse et ses places fortes étaient perchées sur 
les sommets des montagnes comme des nids d'aigle. 

AT. Sifflera sur ses plaies. Voy. xvin, 16. 

18. Le fils d'un homme; hébraïsme, pour un homme, un élre humain. — * Comme 
Sodome. Voir la note sur Genèse, xx, 10 et sur Isaïe, xxxiv, 9. 

19. Il montera ; l'ennemi, Nabuchodonosor. — L'orgueil du Jourdain. Voy. sur cette 
expression, xir, 5. — Une beaulé puissante; l'Idumée, qui est agréable et puissante. 
— Quel est l'élu, etc.; quel est celui que je choisirai pour qu'il se rende maitre d'elle, 
sinon Nabuchodonosor, l'instrument de ma colére, le ministre de mes vengeances 
(xxv, 9)? Et comme il agira par ma puissance, nul ne lui résistera, car nul n'est 
aussi puissant que moi. — Pasteur; en hébreu signifie aussi gouverneur d'un peuple, 
prince, voi. 

20. S'ils ne chassent pas, s'ils ne délruisent pas; pour ils chasseront, ils détruiront. 
Dans les formules du serment les Hébreux employaient la particule si, quand ils 
juraient qu'ils ne feraient pas une chose, et ils y ajoutaient la négation, quand ils 
juraient qu'ils la feraient. Cette manière de s'exprimer vient de ce qu'ils omettaient 
par euphémisme l'imprécation qui suit les jurements; par exemple : Je veux qu'il 
m'arrive tel mal, tel malheur, st, etc. 

21. " Sur la mer Rouge. Les navigateurs de la mer Rouge, qui font le commerce 
avec l'IHumée, entendent le bruit de sa ruine, 


(cu. xrix.] 


93. À Damas. Emath a été cou- 
vert de confusion, ainsi que Ar- 
phad, parce qu'elles ont entendu 
une nouvelle très mauvaise; elles 
ont été troublées comme sur la 
mer; par inquiétude elle n'a pu 
irouver de repos. 

24. Damas a perdu courage, 
elle a été mise en fuite;lafrayeur 
s'est emparée d'elle; l'angoisse et 
les douleurs l'ont saisie comme 
une femme en travail. 

25. Comment ont-ilsabandonné 
la cité renommée, la ville de l'al- 
légresse? 

26. Pour cela ses jeunes hom- 
mes tomberont sur ses places, et 
tous les hommes de guerre se 
tairont en ce jour-là, dit le Sei- 
gneur des armées. 

27. Et j'allumerai un feu sur le 
mur de Damas, et il dévorera les 
remparts de Bénadad. 

98. À Cédar, et aux royaumes 
d'Asor, qu'a détruits Nabuchodo- 
nosor, roi de Babylone. Voici ce 


JÉRÉMIE. 


1813 


que dit le Seigneur : Levez-vous, 
et montez vers Cédar, et ravagez 
les fils de l'Orient. 

29. Ils prendront leurs taberna- 
cles et leurs troupeaux, ils pren- 
dront pour eux leurs pavillons, 
etleurs vases, et leurs chameaux, 
etilsappellerontsureuxlafrayeur 
de toutes parts. 

30. Fuyez, allez précipitam- 
ment, tenez-vous dans des artres, 
vous qui habitez Asor, dit le Sei- 
gneur; car Nabuchodonosor, roi 
de Babylone, a formé un dessein 
contre vous, et il a médité contre 
vous des pensées. 

31. Levez-vous tous ensemble, 
et montez vers une nation tran- 
quille, et qui habite en assurance, 
dit le Seigneur : ils n'ont pas de 
portes, ni de verrous : ils habi- 
tent seuls. 

39. Et leurs chameaux seront 
au pillage; etla multitude deleurs 
troupeaux en proie; jeles disper- 
serai à tout vent, eux dont la che- 


23-21. * Prophétie sur Damas. 


23. A Damas. Voy. xLvii, 1. — Damas, Emath, Arphad; villes de Syrie, dont Damas 
était la capitale. — Elles ont été troublées; littér., iis ont été troublés. Voy. sur cet 
énallage de genre, xLvm, 4. — Comme on l'est sur Lt mer. La particule comme est 
probablement sous-entendue ici de méme que dans bien d'autres passages. — E//e 
n'a pu; c'est-à-dire, Damas, ou bien, en vertu d'un hébraisme assez fréquent, chacune 
d'elles n'a pu. 

21. Bénadad. I] parait que ce nom était commun aux rois de Syrie, comme celui 
de Pharaon à ceux d'Egypte. — * Ou plutót Bénadad a été le nom de plusieurs rois 
de Syrie. L'Ecriture mentionne trois rois de Damas de ce nom, mais elle en nomme 
aussi qui portent des noms différents, comme Hazaël. 

28-33. * Prophéties sur les Arabes. 

98. A Cédar. Voy. xvvnit, 9. — Cédar; était proprement la partie de l'Arabie déserte 
habitée par les descendants de Cédar, fils d'Ismaél; mais il signifie ici toute l'Arabie 
déserte. — Asor; ville ou plutót contrée de l'Arabie, qui formait plusieurs petits 
royaumes. — * Les fils de l'Orient. C'est la dénomination biblique des Bédouins 
nomades. 

29. Pavillons. Voy. 1v, 20. — Iis; les Chaldéens. — Vases; par ce mot les Hébreux 
eutendaient les meubles, les ustensiles, les armes, etc. 

34. Ils n'ont pas de portes, eie.; ils n'habitent pas dans des maisons que l'on puisse 
fermer au moyen de portes et de verroux ; et ils n'ont de liaison et ne font d'alliance 
avec aucun autre peuple. 

32, Euz dont la chevelure, etc. Voy. 1x, 26. — * Leurs chameauz. Ces animaux sont 
une des principales richesses des nomades. 


1814 
velure 6816011066 ; et detous leurs 
confins jaménerai la mort sur 
eux, dit le Seigneur. 

33. Et Asor deviendra la de- 
meure des dragons et un désert 
jusqu'à jamais; un homme ny 
habitera pas, et le fils d'un hom- 
me n'y séójournera pas. 

34. Parole du Seigneur qui fut 
adressée à Jérémie, le prophete, 
contre Elam au commencement 
du regne de Sédécias, roi deJuda, 
disant : 

35. Voici ce que ditle Seigneur 
des armées : Voilà que moi je 
briserai l'arc d'Elam ettoute leur 
force. 

36. Et j'amènerai sur Elam qua- 
tre vents, des quatre plages du 
ciel; je les disperserai vers tous 
ces vents, et il n'y aura pas de na- 
tion à laquelle ne parviennent les 
fugitifs d'Elam. 

37. Je ferai trembler Elam de- 
vant ses ennemis et en la pré- 
sence de ceux qui cherchent leur 
âme; et j'amènerai sur eux un 
malheur, la colère de ma fureur, 
ditle Seigneur, et j'enverrai après 
eux le glaive, jusqu'àce que jeles 
aie consumés. 

38. Et je poserai mon trône 
dans Elam, j'en exterminerai les 
rois et les princes, ditle Seigneur. 

39. Et dans les derniers jours, 


JÉRÉMIE. 


[cu. r.. 
je ferai revenir les captifs d'E- 
lam, dit le Seigneur. 


CHAPITRE L. 


Prophétie de la ruine de Babylone par 
les Médes et les Perses, et de la déli- 
vrance d'Israél et de Juda. 


1. Parole que le Seigneur dit 
sur Babylone et sur les Chaldéens 
par lentremise de Jérémie, le 
prophete. 

2. Annoncez parmi les nations, 
et faites-/e entendre ; levez l'éten- 
dard, publiez, ne cachez point, 
dites : Babylone est prise, Bel est 
couvert de confusion, Mérodach 
est vaincu; ses images taillées au 
ciseau sont couvertes de confu- 
sion, leurs idoles sont vaincues. 

3. Parce qu'une nation est 
montée contre elle venant de l'a- 
quilon, laquelle réduira sa terre 
en solitude; et il n'y aura per- 
sonne qui habitera en elle depuis 
l'homme jusqu'à la béte; et ils 
ont été troublés, et ils sen sont 
allés. 

4. En ces jours-là, et en ce 
temps-là, dit le Seigneur, vien- 
dront les fils d'Israélet les fils de 
Juda, et marchant ensemble, et 
pleurant,ilsse háterontetils cher- 
cheront le Seigneur leur Dieu. 

5. lls demanderont le chemin 
de Sion; vers elle se £ourneront 


33. * Des dragons; hébreu : des chacals. 


34-39. * Prophétie sur Elam. 


34. Elam ; province de Perse, est prise ici pour les habitants, les Elamites. — Disant. 


Voy. 1, 4. 


31. Ils cherchent leur âme. Noy. 1v, 30. — La colère de ma fureur. Voy. 1v, 8. 
39. Dans les derniers jours, etc. Cette prophétie fut accomplie sous le régne de 


Cyrus. 


1. * Les chapitres 1, et זז‎ contiennent une prophétie contre Babyloue. 

2. Bel; principale divinité des Babyloniens. — Mérodach; autre divinité du méme 
peuple; ou peut-étre un ancien roi du pays qu'on avait divinisé. 

3. Une nation, etc.; les Mèdes et les Perses, qui étaient réunis en la personne de 
Cyrus, — Ils ont; c'est-à-dire les Babyloniens. 


[cn. 1,.] JÉRÉMIE. 1815 


leurs faces. Is viendront ets'uni- | vous êtes répandus comme des 
ront au Seigneur parune alliance | veaux sur lherbe et que vous 
éternelle qui ne sera nullement | avez mugi comme des taureaux. 
effacée parl oubli. 12. Votre mère a été couverte 
6. Mon peuple est devenu un | deconfusion extrémement, etelle 
iroupeau perdu; leurs pasteurs | a été égalée à la poussiere, celle 
les ont séduits etles ontfaiterrer | qui vousa engendrés ; voilà qu'el- 
dans les montagnes; ils sont pas- | le sera la dernière parmi les na- 
sés d'une montagne en une col- | tions, déserte, sans chemin frayé, 
line; ils ont oublié le lieu de leur | et aride. 
repos. 13. A cause de la colère du Sei- 
1. Tousceux quiles onttrouvés | gneur, elle ne sera pas habitée, 
les ont dévorés ; etleurs ennemis | maiselle sera tout entiere réduite 
ont dit: Nous n'avons pas péché ; | en une solitude; quiconque pas- 
parce qu'ils ont péché contre le | sera par Babylone, sera frappé de 
Seigneur, 18 splendeur de la jus- | stupeur et sifflera sur toutes ses 
tice, contre le Seigneur, l'attente | plaies. 
de leurs peres. 14. Préparez-vous contre Baby- 
8. Retirez-vous du milieu de | lone de tous cótés, vous tous qui 
Babylone, et sortez de la terre | tendez l'arc; combattez-la, n'é- 
des Chaldéens; soyez comme des | pargnez point les flèches, parce 


béliers devant un troupeau. que c'est contre le Seigneur qu'el- 
9. Parce que voilà que moi je | le a péché. 
suscite et que j'aménerai contre 15. Criez contre elle; partout 


Babylone une assemblée de gran- | elle a donné la main ; ses fonde- 
des nations de la terre del'Aqui- | ments sont tombés, ses murs sont 
lon ; et elles se prépareront con- | détruits, parce que c'est la ven- 
tre elle; et delà elle sera prise; | geance du Seigneur, prenez ven- 
sa fleche, comme celle d'un hom- | geance d'elle; comme elle a fait, 
me fort qui tue, ne retournera | faites-lui. 
pas vide. 16. Exterminez de Babylone le 
10. Etla Chaldée sera en proie: | semeur, et celui qui tient la fau- 
tous ses dévasteurs seront rem- | cille au temps de la moisson; à 
plis de dépouilles, ditle Seigneur. | la force du glaive de la colombe 
11. Parce que vous exultez et | chacun vers son peuple retourne- 
dites de grandes choses en pillant | ra, etlesuns apresles autres dans 
mon héritage; parce que vous | leur terre s'enfuiront. 


9. Une assemblée, etc. L'armée de Cyrus se composait de tous les peuples qu'il avait 
vaincus; toutes ces troupes venaient de l'aquilon, du côté de l'Asie Mineure où il 
avait fait la guerre. — Sa flèche; la flèche de chacune de ces nations; hébraisme 
pour leur flèche, 

11. De grandes 0/0868 ; c'est-à-dire, des paroles arrogantes, hautaines, 

13. Sifflera, etc. Voy. xvi, 16. 

15. Partout elle a donné la main; elle s'est rendue, elle s'est soumise de toutes 
parts. 

16. Glaive de la colombe. Voy. sur cette expression, xxv, 38. 


1816 


17. C'est un troupeau dispersé 
qu'Israél; des lions l'ont chassé; 
le premier qui l'a mangé est le 
roi d'Assur; celui-ci, le dernier, 
lui a brisé les os, Nabuchodono- 
sor, roi de Babylone. 

18. A cause de cela, voici ce 
que dit le Seigneur des armées, 
le Dieu d'Israél : Voilà que moi je 
visiterai le roi de Babylone, et sa 
lerre, comme j'ai visité le roi 
d'Assur ; 

19. Et je ramenerai Israél dans 
sa demeure, il paitra surle Carmel 
et en Basan, et sur la montagne 
d'Ephraim et de Galaad son àme 
se rassasiera. 

90. En ces jours-là, et en ce 
temps-là, ditle Seigneur, on cher- 
chera l'iniquité d'Issaél et elle ne 
sera pas; le péché de Juda et il ne 
sera pas trouvé; parce que je se- 
rai propice à ceux que j'aurai 
laissés. 

21. Monte sur la terre des do- 
minateurs, et visite ses habitants ; 
dissipe et tue ce qui est derriere 
eux, dit leSeigneur; et fais tout 
selon que je t'ai ordonné. 

99. Voix de guerre sur la terre 
et grande destruction. 


JÉRÉMIE. 


[cH. L.] 

23. Comment a-t-il été rompu 
et brisé, le marteau de toute la 
terre? Comment Babylone a-t-elle 
été changée en un désert parmi 
les nations? 

24. Je t'ai enlacée, et tu as été 
prise, Babylone, et tu ne le savais 
pas; tu as été trouvée et saisie, 
parce que c’est le Seigneur que 
tu as provoqué. 

95. Le Seigneur a ouvert son 
trésor et il e» a tiré les instru- 
ments de sa colere, parce que le 
Seigneur, Dieu des armées, en a 
besoin dans la terre des Chal- 
déens. 

26. Venez vers elle des confins 
les plus éloignés; ouvrez, afin 
que sortent ceux qui doivent la 
fouler aux pieds; 0162 de la voie 
les pierres, et mettez-les en mon- 
ceaux, et tuez-la et qu'il n'y ait 
rien de reste. 

27. Dissipez tous ses braves, 
quils descendent à la tuerie; 
malheur à eux, parce qu'est 
venu leur jour, le temps de leur 
visite. 

28. Voix de ceux qui fuient, de 
ceux qui sont échappés de la terre 
de Babylone, afin qu'ilsannoncent 


47. Le roi d'Assur; c'est-à-dire les rois d'Assyrie, Théglathphalasar, Salmanasar, 
Sennachérib et Assaradon. 

18. Comme j'ai visité le roi d'Assur. Le Seigneur visita le roi d'Assur, non seule- 
ment par la défaite de Sennachérib, mais encore par la ruine de Ninive, et de l'em- 
pire des Assyriens. 

19. Je raménerai, etc. Ceci regarde particulièrement le royaume des dix tribus, où 
étaient situés ces différents lieux; les pâturages du Carmel et de la montagne 
d'Ephraim en decà du Jourdain, les páturages de Basan et la montagne de Galaad 
au delà de ce fleuve. Ce rétablissement de la maison d'Israél dans la terre de ses 
péres est le symbole du rappel des Juifs à l'Eglise de Jésus-Christ. 

23. Le marteau de toute la terre; le roi de Babylone ; 18 monarchie des Babyloniens 
avait été trés formidable sur la terre dans la personne de Nabuchodonosor. 

26. Des confins les plus éloignés (ab extremis finibus); selon l'hébreu, d'une extré- 
milé; c'est-à-dire, probablement, par l'une de ses extrémités. La ville en effet fut 
prise par le cóté du fleuve dont on détourna les eaux pour ouvrir l'entrée aux 
troupes. Compar. LI, 31, 32. 

21, 31. De (a visite; c'est-à-dire de ton châtiment. 


(cu. L.] 


à Sion la vengeance du Seigneur, 
notre Dieu, la vengeance de son 
temple. 

29. Annoncez à tous ceux qui 
tendent l'arc en si grand nombre 
de marcher contre Babylone; 
lenez-vous contre elle tout au 
autour, el que personne n'échap- 
pe; rendez-lui selon son œuvre; 
selon tout ce qu'elle a fait, faites- 
lui, parce que c'est contre le Sei- 
gneur qu'elle s'est élevée, contre 
le saint d'Israél. 

30. C'est pour cela que ses 
jeunes hommes tomberont sur 
ses placeset que tous ses hommes 
de guerre se tairont en ce jour-là, 
dit le Seigneur. 

31. Voilà que moi-méme je 
viens à toi, superbe, dit le Sei- 
gneur, Dieu des armées, parce 
qu'est venu ton jour, le jour de 
ta visite. 

39. Et il tombera, le superbe, 
et il sera renversé, et il n'y aura 
personne qui 16 relèvera; et j'al- 
lumerai un feu dans ses villes; 
et il dévorera tout ce qui est au- 
tour de lui. 

33. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : Les fils d'Israél et 
lesfils deJudasouffrent ensemble 
loppression : tous ceux qui les 


Cab. L. 29. Infra, τι, 49. 


* 


JÉRÉMIE. 


1817 


ont pris les retiennent, et ne 
veulent pas les laisser aller. 

34. Leur rédempteur est fort; 
son nom est le Seigneur des ar- 
mées; en jugement il défendra 
leur cause, afin d'épouvanter la 
terre et d'agiter les habitants de 
Babylone. 

35. Glaive sur les Chaldéens, dit 
le Seigneur, sur les habitants de 
Babylone, sur ses princes et ses 
sages. 

36. Glaive sur ses devins qui se- 
ront insensés; glaive sur ses bra- 
ves qui seront dans l'effroi. 

37. Glaive sur ses chevaux et 
sur ses chars, et sur tout le peu- 
ple qui est au milieu d'elle; et 
ils seront comme des femmes; 
glaive sur ses trésors qui seront 
pillés. 

38. La sécheresse sera sur ses 
eaux, et elles tariront; parce que 
c'estla terre des images taillées 
au ciseau, et ils se glorifient dans 
des monstres. 

39. A cause de cela, les dragons 
y habiteront avec les faunes qui 
recherchent les figues ; et les au- 
truches habiteront en elle; et elle 
ne sera plus habitée à jamais, 
elle ne sera pas reconstruite dans 
la suite des générations. 


31. Superbe (superbe); c'est-à-dire ὃ roi ou prince superbe; que les uns entendent 
de Baltassar, dernier roi de Babylone, et les autres du royaume méme babylonien. 
Compar. 15046, xiv, 12, 14; Daniel, v, 20-22. 

33. Oppression; ou violence, injustice criante; c'est le sens qu'a partout le verbe 
hébreu, rendu ici dans la Vulgate par calomnie (calumniam). 

36. Qui seront reconnus pour des Znsensés; n'ayant su prévoir ni prédire les maux 
qui devaient leur arriver à eux et à leur pays. 

38. Des monstres (portentis); des idoles monstrueuses qui inspirent l'épouvante 
ce qui est le sens de l'hébreu. — * La sécheresse sera sur ses eaux. La Babylonie devait 
sa fertilité à l'Euphrate et aux nombreux canaux qu'on en avait dérivés. Depuis que 
ses canaux sont desséchés, elle est stérile. 

39. Les dragons, les faunes; les termes hébreux correspondants sont rendus ailleurs 
(Isaie, xxx1v, 14), par démons et onocentaures, 


1818 


40 "Ainsi que le Seigneur ἃ 
renversé Sodome et Gomorrhe, 
el ses voisines, dit le Seigneur; 
un homme n'y habitera pas, et le 
fils d'un homme n'y séjournera 
pas. 

41. Voilà qu'un peuple vient 
de l'Aquilon, et une grande na- 
tion, et un grand nombre de rois 
s'éléveront des confins de la 
terre. 

42. Ils saisiront l'arc et le bou- 
clier; ils sont cruels et impitoya- 
bles; leur voix comme la mer 
retentira; et sur leurs chevaux 
ils monteront comme un homme 
prét au combat contre toi, fille de 
Babylone. 

43. Le roi de Babylone a appris 
la nouvelle de leur dessein, et ses 
mains ont défailli; l'angoisse la 
saisi, e la douleur, comme une 
femme en travail. 

44. Voilà que comme un lion 
il montera de l'orgueil du Jour- 
dain vers une beauté puissante; 
parce que soudain je le ferai cou- 
rir vers elle; et quel est l'élu que 
je préposerai sur elle? car qui est 
semblable à moi? qui tiendra con- 
ire moi? et quel est le pasteur 
qui résistera à mon visage? 

45. À cause de cela, écoutez le 
dessein que le Seigneur ἃ concu 
en son esprit contre Babylone, et 
les pensées qu'il a méditées con- 
tre la terre des Chaldéens; 0 


JÉRÉMIE. 


[cu. Lr.} 
dit : Je jure si les petits troupeaux 
ne les enlèveront pas, et si leur 
habitation ne sera pas détruite 
avec eux. 

46. Α la voix de la captivité de 
Babylone, la terre a été agitée, et 
une clameur parmi les nations a 
été entendue. 


: CHAPITRE LI. 


Suite de la prophétie contre Babylone. 
Ordre donné par Jérémie à Saraïas qui 
allait à Babylone. 


4. Voici ce que dit le Seigneur : 
Voilà que moi je susciterai sur 
babylone et sur ses habitants, 
qui ont élevé leur cœur contre 
moi, comme un vent pestilentiel. 

2. Et j'enverrai contre Babylone 
des gens le van à la main; et ils 
la vanneront, et ils ruineront sa 
terre. De tous cótés ils sont ve- 
nus sur elle au jour de son afflic- 
lion. 

3. Que celui qui tend son arc 
ne le tende pas, et que nul ne 
monte cuirassé ; n'épargnez point 
ses jeunes hommes; tuez toute sa 
milice. 

4. Etles tuéstomberont dans la 
terre des Chaldéens, et les blessés 
dans ses provinces. 

5. Parce qu'Israél etJudanesont 
pas veufs deleurDieu,leSeigneur 
des armées ; mais leur terre a été 
remplie de crimes contre le saint 
d'Israél. 


40. Genèse, xix, 24. — 44. Supra, ,אזזא‎ 19; Job, xui, 1. 


40. Ainsi que le Seigneur, etc. Compar. xuix, 18. 
4^, 45. Voy. pour l'explication de ces deux versets, xuix, 10, 20. 


3. Qui tend ; c'est-à-dire, qui se prépare, se dispose à tendre. 


9. Leur terre; la terre des Chananéens, ou, selon d'autres, de Juda et d'Israél. — 
Contre le saint d'Israél; c'est-à-dire, commis contre le Seigneur; littér. quant au 
saint d'Israël, au sujet du saint d'Israél (a sancto Israel); ou bien, par le saint, etc., 
en considérant cette expression comme complément du verbe a été remplie; mais 


.€H. LI.] 


6. Fuyez du milieu de Baby- 
lone, et que chacun sauve son 
âme ; ne vous taisez point sur son 
iniquité ; car c'est le temps de la 
vengeance du Seigneur; lui-mé- 
me la rétribuera. 
| 7. Babylone a été une coupe 
d'or dans la main du Seigneur; 
elle a enivré toute la terre; les 
nations ont bu de son vin, c'est 
pour cela qu'elles ont chancelé. 

8. Babylone est tombée subite- 
ment, et elle a été brisée; pous- 
sez des hurlements sur elle; pre- 
nez de la résine pour sa douleur, 
afin de voir si elle guérira. 

9. Nousavons soigné Babylone, 


et elle n'a pas été guérie; aban- 


donnons-la et allons chacun en 
notre terre, parce que jusqu'aux 
cieux est parvenu son jugement, 
et quil s'est élevé jusqu'aux 
nues. 

10.:Le Seigneur a fait ressortir 
notre justice ; venez, et racontons 
dans Sion l'ouvrage du Seigneur, 
notre Dieu. 

11. Aiguisez les flèches, rem- 
plissez les carquois ; le Seigneur 
a suscité l'esprit des rois des 
Mèdes, et sa pensée est contre 
Babylone afin de la perdre; parce 


JÉRÉMIE. 


1819 


que c'est la vengeance du Sei- 
gneur, la vengeance de son tem- 
ple. 

12. Sur les murs de Babylone 
levez létendard, augmentez la 
garde, posez des sentinelles, pré- 
parez les embuscades, parce que 
le Seigneur a résolu et il a ac- 
compli tout ce qu'il a dit contre 
les habitants de Babylone. 

13. Toi qui habites sur de gran- 
des eaux, riche en trésors, ta fin 
est venue, c'est le fondement de 
ta destruction. 

14. Le Seigneur des armées a 
juré par son àme, disant : Je te 
remplirai d'hommes comme de 
bruchus, et on entonnera sur toi 
un chant de joie. 

15. C'est lui qui a fait la terre 
par sa puissance, préparé l’uni- 
vers par sa sagesse, el par sa pru- 
dence étendu les cieux. 

16. Lorsquil fait entendre sa 
voix, les eaux s'amassent dans le 
ciel; c'est lui qui fait monter les 
nuées des extrémités dela terre; 
il a converti les éclairs en pluie, 
et il a tiré les vents de ses tré- 
sors. 

11. Tout homme est devenu 
insensé par sa propre science; 


Cuap. LI. 8. Isaie, xxr, 9; Apoc., xiv, 8. — 14. Amos., vi, 8. — 15. Genèse, 1, 1. 


alors le mot crimes (delicto), signifiera peines, chátiments du crime, comme dans bien 
d'autres passages de l'Ecriture. 

7. * Une coupe d'or par laquelle Dieu a enivré les peuples du vin de sa colère; il 
s'est servi de Babylone, dont la gloire était éclatante, comme d'un instrument pour 
châtier les nations qui l'avaient irrité. 

8. De la résine. Voy. vin, 22. 

10. Notre justice; littér. nos justices; c'est-à-dire nos justes droits, violés par les 
Chaldéens. 

13. Le fondement est le mot qui nous a paru le plus propre à rendre le latin peda- 
dis, c'est-à-dire relatif au pied, concernant le pied, et dont saint Jérôme a fait un 
substantif. — * Toi qui habiles sur de grandes eaux. Babylone était traversée par le 
grand fleuve de l'Euphrate et tous ses environs étaient arrosés par des canaux déri- 
vés du fleuve, 

14. * Bruchus, chenille. 

AT. Tout homme, etc. Voy. pour l'explication de ce vers., x, 14. 


1890 
tout fondeur a été confondu par 
sonimage taillée au ciseau, parce 
que c'est une chose mensongere 
qu'ila fondue, et que la vie n’y est 
pas. 

18. Vaines sont leurs œuvres et 
dignes de risée; au temps deleur 
visite elles périront. 

19. Il n'en est pas ainsi de la 
part de Jacob, parce que celui qui 
a fait toutes ces choses est lui- 
méme son partage; et Israél est 
le sceptre de son héritage; le Sei- 
gneur des armées est son nom. 

90. Tu brises pour moi des ins- 
truments de guerre, et je bri- 
serai par toi des nations, et je 
perdrai entierement par toi des 
royaumes; 

91. Et je briserai par toi le che- 
val οἱ celui qui le monte; et je 
briserai par toi le char et celui qui 
le monte; 

22. Etjebriserai partoil'homme 
οἱ la femme; et je briserai par toi 
le vieillard et l'enfant; et je bri- 
serai par toi le jeune homme et 
la vierge ; 

93. Et je briserai par toile pas- 
teur et son troupeau ; et je brise- 
rai par toi le laboureur et ses 
bœufs attachés au joug; et je bri- 
serai par toi les chefs el les ma- 
gistrats. 


JÉRÉMIE. 


[cu, [.זז‎ 

24. Et je reudrai à Babylone et 
à tous les habitants de la Chaldée 
tout leur mal, qu'ils ont fait dans 
Sion, à vos yeux, dit le Seigneur. 

25. Et voilà que je viens à toi, 
montagne pernicieuse, dit le Sei- 
gneur, qui corromps toute la 
terre; et j'étendrai ma main sur 
toi, et je t'arracherai d'entre les 
rochers, et je ferai de toi une 
montagne en combustion. 

26. Et on ne tirera pas de toi 
une pierre pour un angle, ni une 
pierre pour desfondements ; mais 
tu seras éternellement détruite, 
dit le Seigneur. 

97. Levezl'étendardsurlaterre; 
sonnez la trompette parmi des 
nations; consacrez contre elle des 
nations; annoncez aux rois d'A- 
rarat, de Menni et d'Ascenez de 
marcher contre elle; dénombrez 
contre elle les so/dats du Taphsar; 
amenez contre elle le cheval, 
comme le bruchus armé d'un ai- 
guillon. | 

28. Consacrez contre elle des 
nations, les rois de Médie, ses 
chefs et tous ses magistrats, et 
toute la terre soumise à sa puis- 
sance. 

29. Et la terre sera agitée et 
troublée ; parce que contre Baby- 
lone s’éveillera la pensée du Sei- 


EEE nel 


19. * Le sceptre de son héritage; le royanme sur lequel il étend son sceptre et qu'il 


gouverne comme son héritage. 


25. * Montagne pernicieuse. Babylone était située dans une plaine, mais ses édifices 
dominaient au loin cette plaine, comme encore aujourd'hui les ruines du Birs-Nim- 
roud, sur l'emplacement de la tour de Babel. Babylone peut être aussi appelée au 
figuré une montagne, à cause de sa force et de sa puissance. 

26. * On ne tirera pas de loi une pierre pour un angle, etc. On ne te reconstruira 
plus. Lorsque les rois de Babylone voulaient relever un édifice, ils cherchaient tout 
d'abord à l'angle du monument les tablettes qui y étaient cachées et qui relataient 


l'histoire de la fondation. 


21, 28. Consacrez contre elle, etc. Voy. νι, 4. — Ararat, Menni, Ascenez ; provinces 
d'Arménie, — Taphsar; parait signifier la même chose que Satrape, en Perse ; c'est- 
à-dire gouverneur de province, sans exclure le titre de chef de troupes. 


2 


fen. 11.[ 


gneur, afin de rendre la terre de 
Babylone déserte et inhabitable. 

30. Les forts de Babylone ont 
cessé le combat; ils sont demeu- 
rés dans les citadelles : leur force 
a été dévorée, etils sont devenus 
comme des femmes; leurs taber- 
nacles ont été brülés, leurs ver- 
rous ont été brisés. 

31. Un coureur viendra au-de- 
vantd'uncoureur, et un messager 
à la rencontre d'un messager, afin 
d'annoncer au roi de Babylone 
que sa ville a été prise d'un bout 
à l'autre; 

32. Et que les gués sont occu- 
pés, et que le feu a été mis aux 
marais, et que les hommes de 
guerre ont été bouleversés. 

33. Parce que voici ce que dit 
le Seigneur des armées, Dieu d'Is- 
raël : La fille de Babylone est 
comme une aire : c'est le temps 
de son battage; encore un peu et 
viendra le temps de sa moisson. 

34. Ill m'a mangée; il m'a dé- 
vorée, Nabuchodonosor, roi de 
Babylone, il m'a rendue comme 
un vase vide, il m'a engloutie 
comme un dragon, ilarempli son 
ventre de ce que j'avais de plus 
délicieux, et il m'a rejetée. 

39. L'iniquité commise contre 
moi et ma chair est retombée 
sur Babylone, dit l'habitation de 
Sion, et mon sang sur les habi- 


JÉRÉMIE. 


1821 


tants de la Chaldée, dit Jérusa- 
lem. 

36. A cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur : Voilà que moi je 
jugerai ta cause, et j'exercerai ta 
vengeance : je sécherai sa mer, et 
je tarirai sa source. 

37. Et Dabylone sera un mon- 
ceau de pierres, une demeure de 
dragons, un objet de stupeur et 
de sifflement, parce qu'il n'y ἃ 
point d'habitant. 

38. Tous ensemble ils rugiront 
comme des lions, ils secoueront 
leur crinière comme de petits 
lions. 

39. Dans leur chaleur je leur 
donnerai leurs boissons, et je les 
enivreral, afin qu'ils s'assoupis- 
sent, et qu'ils dorment un som- 
meil éternel, et qu'ils ne se relè- 
vent point, dit le Seigneur. 

40. Je les conduirai comme des 
agneaux pour servir de victimes, 
comme des béliers avec des che- 
vreaux. 

41. Comment a été prise Sé- 
sach? et commenta été emportée 
la ville illustre dans toute la 
terre ? comment Babylone est-elle 
devenue un objet de stupeur par- 
mi les nations? 

42. La mer est montée sur Ba- 
bylone; par la multitude de ses 
efforts elle a été couverte. 

43. Ses cités sont devenues un 


34. Il m'a mangée, etc. C'est la nation juive qui parle ainsi, comme il parait par le 
vers. suivant. — De plus délicieux; c'est le sens du mot tendreté (teneritudine) de la 


Vulgate expliqué par le texte original. 


35. Ma chair; c'est-à-dire mes enfants tués. — L'habitation; dans l'hébreu Z/'Aabz- 


tante. 


36. Je sécherai, etc. Cette prophétie fut accomplie littéralement, lorsque Cyrus, qui 
accompagnait Darius, son oncle, détourna les eaux de l'Euphrate qui traversaient 
Babylone, et dessécha ainsi 16 lit du fleuve. — * Sa mer désigne ici l'Euphrate. 


31. Objet de sifflement. Voy. xxin, 16. 
41. Sésach. Voy. xxv, 26. 


43, Le fils d'un homme. Vay., sur cette expression, XLIx, 18. 


1822 


objet de stupeur, une terre inha- 
bitable et déserte, une terre dans 
laquelle nul n'habite, et où ne 
passe pas le fils d'un homme. 

44. Et je visiterai Bel à Baby- 
lone, et je ferai sortir de sa bou- 
che ce qu'il avait absorbé; et les 
nations n'afflueront plus vers lui, 
puisque le mur méme de Baby- 
lone croulera. 

45. Sortez d'au milieu d'elle, 
mon peuple, afin que chacun 
sauve son âme de la colère du 
Seigneur; 

46. Et pour que votre cœur ne 
mollisse pas, et que vous ne crai- 
gniez pas le bruit qui s'entendra 
sur la terre; car dans une année 
viendra une nouvelle; et apres 
cette année, une autre nouvelle; 
et l'iniquité sur la terre, et domi- 
nateur sur dominateur. 

41. À cause de cela, voilà que 
des jours viennent, et je visiterai 
les images taillées au ciseau de 
Babylone; et toute sa terre sera 
couverte de confusion, et tous ses 
tués tomberont au milieu d'elle. 

48. Etles cieux et la terre et 
tout ce qui est en eux loueront 
le Seigneur au sujet de Baby- 
lone; parce que ses spoliateurs 
viendront de l'aquilon, dit le Sei- 
gneur. 

49. Et comme Babylone a fait 
que des tués sont tombés en Is- 
raél, ainsi de Babylone tomberont 
des tués dans toute la terre. 

50. Vous qui avez fui le glaive, 
venez,ne vous arrétez point; sou- 
venez-vous de loin du Seigneur, 
et que Jérusalem monte dans 
votre cœur. 


JÉRÉMIE. 


(cn. [.זז‎ 


51. Nous avons été confondus, 
parce que nous avons entendu 
l'opprobre ; l’ignominie a couvert 
nos faces, parce que sont venus 
des étrangers contre le sanctuaire 
de la maison du Seigneur. 

59. À cause de cela, voilà que 
des jours viennent, dit le Sei- 
gneur, et je visiterai ses images 
taillées au ciseau; et dans toute 
sa terre mugiront des blessés. 

53. Quand Babylone serait mon- 
tée jusqu'au ciel, et qu'elle aurait 
affermi en haut sa force, de moi 
lui viendront ses dévastateurs, 
dit le Seigneur. 

δά. Voix de clameur qui s'éléve 
de Babylone, et grande destruc- 
tion de 18 terre des Chaldéens ; 

55. Parce que le Seigneur ἃ ra- 
vagé Babylone, et détruit en elle 
une grande voix; et leurs flots 
retentiront comme de grandes 
eaux ; leur voix a eu un retentlis- 
sement; 

d6. Parce qu'il est venu sur 
elle, c'est-à-dire sur Babylone, un 
spoliateur, et que ses braves ont 
été pris, et que leur arc a perdu 
sa force ; parce que le Seigneur, 
puissant vengeur, la rétribuera 
très certainement. 

97. Et j'enivrerai ses princes, 
etses sages, et ses chefs, et ses 
magistrats, et ses braves; et ils 
dormiront un sommeil éternel; 
et ils ne se réveilleront pas, dit 
le roi; le Seigneur des armées est 
son nom. 

58. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : Ce mur tres large 
de Babylone sera sapé entière- 


| ment; etses portes élevées seront 


45. Son âme ; hébraisme, pour sa personne, soi, se. 
90. * Vous qui avez fui du glaive, Juifs, qui avez été épargnés parle vainqueur. 


[cu. ru.) 


brülées par le feu; les travaux 
des peuples seront réduits au 
néant, et ceux des nations seront 
livrés au feu et périront entiere- 
ment. 

59. Ordre que donna Jérémie, le 
prophète, à Saraias, fils de Nérias, 
lorsqu'ilallaitavecle roi Sédécias, 
à Babylone, la quatrième année 
de son‘ règne; or Saraias était 
prince de la prophétie. 

60. Et Jérémie écrivit tout le 
mal qui devait venir sur Baby- 
lone dans son livre, toutes ces 
paroles qui ont été écrites contre 
Babylone. 

61. Et Jérémie dit à Saraïas : 
Lorsque tu seras venu à Babylone, 
et que tu auras vu, et que tu au- 
ras lu toutes ces paroles, 

62. Tu diras : Seigneur, c'est 
vous qui avez parlé contre ce lieu- 
ci, afin de le perdre entierement, 


JÉRÉMIE. 


1825 


pour qu'il n'y ait personne qui 
lhabite depuis l'homme jusqu'à 
la béte, et afin qu'il soit une éter- 
nelle solitude. 

63. Et lorsque tu auras achevé 
de lire ce livre, tu y attacheras 
une pierre et tu le jetteras au mi- 
lieu de l'Euphrate ; 

64. Et tu diras : Ainsi sera sub- 
mergée Babylone, et elle ne sere- 
lèvera pas, à cause de l'affliction 
que moi j'ameéne sur elle; et elle 
sera détruite. Jusqu'ici ce sont les 
paroles de Jérémie. 


CHAPITRE LII *. 


Histoire du siège et de la prise de 
Jérusalem par Nabuchodonosor. 


1. Sédécias était àgé de vingt 
et un anslorsqu'il commenca à ré- 
gner; et il régna onze ans dans 
Jérusalem; le nom de sa mère 


Cab. LII. 1. IV Bois, xxiv, !8; II Par., xxxvi, 11. 


99. Prince de la prophétie; c'est-à-dire, selon les uns, un des premiers d'entre les 
prophétes, chef de l'ambassade, et chargé de porter la parole au roi de Babylone. 
L'hébreu porte, prince de repos (scarmenouhd), que quelques-uns expliquent par 
grand chambellan, quelques autres par prince de Menouha, ville ou canton, et 
d'autres autrement. Presque partout ailleurs la Vulgate a rendu l'hébreu [menouhá] 
par repos (requies). — * Saraias, fils de Nérias, devait être un frère de Baruch, secré- 
taire de Jérémie. 

60. Ces paroles; ou ces choses; car le terme hébreu correspond aux deux signifi- 
cations. 

64. Jusqu'ici, etc.; ces paroles ne sont pas de Jérémie; mais de celui qui a recueilli 
ses ouvrages. 


? Ce chapitre, qui est purement historique, ne contient presque rien de plus que 
ce qui est rapporté IV Rois, xxiv, 18-20; xxv, 1-21, 21-30. On croit généralement que 
ce chapitre 52e n'est pas de Jérémie; quelques-uns l'attribuent à Esdras. 11 est cer- 
tain que l'élévation de Joachin rapportée ici (vers. 31) n'eut lieu qu'aprés la mort du 
Prophéte. Il y a aussi dans ce chapitre des différences qu'on trouve expliquées dans 
les commentateurs. 

1-34. * Epilogue, rit. — Le livre de Jérémie se termine par un chapitre qui en forme 
la conclusion, montrant comment toutes les prophéties qu'il contient sur la ville 
sainte ont été accomplies; il raconte la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, 
après deux ans de siège, 1-6; les malheurs de Sédécias, 1-11 ; l'incendie de la capitale, 
12-13; la déportation des habitants, sauf les pauvres ouvriers, 14-16; l'enlévement 
des vases sacrés du Temple, 17-23; le dénombrement de ceux qui ont été emmenés 
en captivité à trois reprises diverses, 21-30, et l'adoucissement apporté aux maux 
de Jéchonias, 31-34. 

1. Agé de; littér. et par hébraisme, fiis de. 


1824 


était Amital, fille de Jérémie de 
Lobna. 

2. Il fit 16 mal sous les yeux du 
Seigneur, selon tout ce qu'avait 
fait Joakim. 

3. Parce que la fureur du Sei- 
gneur était sur Jérusalem et sur 
Juda, jusqu'à ce qu'il les eüt re- 
jetés de devant sa face; et Sédé- 
cias se révolta contre le roi de 
Babylone. 

4. Or il arriva, la neuvième an- 
née de son regne, le dixième jour 
du dixieme mois, que Nabucho- 
donosor, roi de Babylone, vint, 
lui et toute son armée, contre 
Jérusalem; et ils l'assiégerent, et 
ils bâtirent des fortifications au- 
tour. 

5. Etla ville fut assiégée jusqu'à 
la onzième année du règne de Sé- 
décias. 

6. Mais au quatrieme mois, au 
neuvième Jour, la famine gagna 
la cité; et il n'y avait plus de 
vivres pour le peuple de la terre. 

7. Une brèche fut faite à la cité, 
et tous ses hommes de guerre 
s'enfuirent, et sortirent de la cité 
pendant la nuit par la voie de la 
porte qui est entre les deux murs, 
et conduit au jardin du roi, les 
Chaldéens assiégeant la ville tout 
autour, et ils s'en allérent par la 
voie qui conduit au désert. 


4. IV Rois, xxv, 1; Supra, xxxix, 1. 


JÉRÉMIE. 


[cu. ir. ] 


8. Mais l’armée des Chaldéens 
poursuivit le roi, 61118 prirent Sé- 
décias dans le désert qui est près 
de Jéricho; et tous ceux qui l'ac- 
compagnaient s'enfuirent çà et là 
d'aupres de lui. 

9. Et lorsqu'ils eurent pris le 
roi, ils l'amenerent au roi de Ba- 
bylone à Réblatha, qui est dans 
la terre d'Emath; et Nabuchodo- 
nosor lui prononca son arrét. 

10. Et le roi de Babylone égor- 
gea les deux fils de Sédécias sous 
ses yeux, et il fit tuer en méme 
temps tous les princes de Juda à 
Réblatha. 

11. Et il arracha les yeux à Sé- 
décias, et le chargea de fers aux 
pieds, etleroi de Babylonele con- 
duisit à Babylone, et l'enferma 
dans la maison de la prison jus- 
qu'au jour de sa mort. 

12. Mais au cinquième mois, au 
dixième /our du mois qui est la 
dix-neuvième année méme du 
régne de Nabuchodonosor, roi de 
Babylone, vint Nabuzardan, chef 
de la milice, lequel était de ser- 
vice auprés du roi de Babylone, 
dans Jérusalem. 

13. Et il brüla la maison du Sei- 
gneur, et la maison du roi; et à 
toutes les maisons de Jérusalem, 
età toute grande maison, il mit 
le feu. 


LEE n ed 


4. * La neuviéme année de son végne, en 589. 


6. Au neuvième jour. Voy. XXXIX, 2. 


7. Les deux murs; c'est-à-dire le mur et l'avant-mur. Compar. IV Rois, xxv, 4. 
8. Le désert; ou la pluine. Compar. IV Rois, xxv, 5. 
11, La maison de la prison. Voy. xxxvut, 15. 


12. Au dixième jour. Dans l'endroit parallèle IV Rois, xxv, 8, on lit, au seplième ; 
contradiction qui n'est qu'apparente, si l'on suppose, ce qui est très vraisemblable, 
que Nabuzardan partit de Réblatha où se trouvait Nabuchodonosor, le septième jour, 
et qu'il arriva le dixième à Jérusalem, distante en effet de trois journées de Réblatha. 

13. Toute grande maison; dans l'hébreu, toute maison du grand; dans le chaldéen 
et le syriaque, £outes les maisons des grands personnages. 


fcu. Lu.] 


14. Et tout le mur autour de 
Jérusalem, l’armée entière des 
Chaldéens, qui était avec le chef 
de la milice, l'abattit. 

18. Quant à ce qui était demeuré 
dans la cité d’entre les pauvres 
du peuple, et d’entre le reste du 
commun, et d'entreles transfuges 
qui avaient passé au roi de Baby- 
lone, et quant à tout le reste de 
la multitude, Nabuzardan, prince 
de la milice, les transféra à Baby- 
lone. 

16. Mais d'entre les pauvres de 
la terre, Nabuzardan, chef de la 
milice, laissa des vignerons et des 
laboureurs. 

li. Mais les colonnes d'airain 
qui étaient dans la maison du 
Seigneur, et les soubassements, 
et la mer d'airain, qui était dans 
la maison du Seigneur, les Chal- 
déens les briserent, et ils en em- 
porterent tout l'airain àBabylone, 

18. Et les chaudières, et les 
grandes fourchettes, et les psal- 
térions, et les tasses, etles petits 
mortiers, et tous les vases d'ai- 
rain qui servaient au ministère, 
ils les emportèrent; et 

19. Les urnes, et les encensoirs, 
et les cruches, et les bassins, et 
les chandeliers, et les mortiers, et 
les coupes, et tout ce qui était 
d'argent pur, et tout ce qui était 
d'or pur, le chef de la milice les 
emporta; 


JÉRÉMIE. 


1825 


20. Ainsi que les deux colonnes, 
et la mer unique, et les douze 
bœufs d'airain qui étaient sous 
les bases, que le roi Salomon avait 
faites dans 18 maison du Seigneur; 
il n'y avait pas de poids pour l'ai- 
rain de tous ces vases. 

91. Or l'une des colonnes avait 
dix-huit coudées de hauteur, un 
cordon de douze coudées l'envi- 
ronnait; son épaisseur était de 
quatre doigts, et en dedans elle 
était creuse. 

22. Et sur l'une et l'autre de ces 
colonnes était un chapiteau d'ai- 
rain; la hauteur du chapiteau de 
lune était de cinq coudées; et 
des réseaux de grenades étaient 
sur 16 couronnementtoutautour; 
le tout était d'airain. Il en était de 
méme pour la seconde colonne 
qui avait aussi des grenades. 

93. Et quatre-vingt-seize gre- 
nades pendaient, et toutes les 
grenades, aw nomóre de cent, 
étaient environnées de réseaux. 

24. Et le maitre de la milice prit 
Saraias, le premier prétre, et So- 
phonias, 16 second. prêtre, et les 
trois gardiens du vestibule dw 
temple. 

25. Et de la cité, il pritun eunu- 
que qui était préposé sur les 
hommes de guerre, et sept hom- 
mes d'entre ceux qui voyaient la 
face du roi, quise trouvèrent dans 
la cité; et le scribe, prince des 


19. D'argent pur, d'or pur ; littér. et par hébraisme, d'argent d'argent, d'or d'or ; c'est- 
à-dire entièrement d'argent, etc. On l'a déjà vu bien souvent, ce genre de répétition 
d'un mot a pour but de renforcer l'idée qu'il exprime. On trouve d'ailleurs les expres- 
sions d'airain très pur, d'or trés pur, dans la description des ornements du temple 
de Salomon (11 Paralip., iv, 16, 20, 24). 

20. I m'y avait pas de poids, etc. Voy. IV Rois, xxv, 16. 

24. Le premier prétre; c'est-à-dire le grand prêtre. — Le second prétre; le premier 
après le grand prêtre, l'intendant du temple, appelé aussi prince des prétres. 

25. Qui voyaient. etc.; qui étaient toujours auprès du roi. Compar, Esther, 1, 10. — 
De la terre; du pays. 


HO 
ACT 


4890 
.soldats, qui éprouvaitles recrues, 
et soixante hommes d'entre le 
peuple de la terre qui se trouvè- 
rent au milieu de la cité. 

26. Or Nabuzardan, chef de la 
-milice, les prit, et les amena au 
roi de Babylone à Réblatha. 

27. Et le roi de Babylone les 
frappa et les tua à Réblatha, dans 
laterre d'Emath; et Judafut trans- 
féré hors de sa terre. 

28. Voici le peuple que trans- 
féra Nabuchodonosor; la sep- 
tüième année de son régne, il trans- 
féra trois mille vingt-trois Juifs; 

29. La dix-huitieme année de 
son règne, 7/ (ransféra de Jérusa- 
lem huit cent trente-deux âmes. 

30. Et la vingt-troisieme année 
du régne de Nabuchodonosor, Na- 
buzardan, maitre de la milice, 
transféra sept cent quarante-cinq 
àmes de Juifs; ainsi toutes les 
âmes £ransférées furent au nom- 


LAMENTATIGNS DE JÉRÉMIE. 


bre de quatre mille six cents. 

31. Et il arriva à la trente-sep- 
tième année de la transmigration 
de Joachin, roi de Juda, au dou- 
zième mois, au vingt-cinquième 
jour du mois, qu'Evilmérodach, 
roi de Babylone, la 2remiére an- 
née même de son règne, releva 
la téte de Joachin, roi de Juda, et 
le fit sortir de la maison de la 
prison. 

32. Et il lui parla avec bonté, 
οἱ il mit son trône au-dessus des 
trônes des rois qui étaient au-des- 
sous de lui à Babylone. 

33. Et il changea ses vêtements 
de sa prison, et Joachinmangeait 
du pain devant lui tous les LS 
de sa vie. 

34. Et sa nourriture, nourriture 
perpétuelle, lui était donnée par 
le roi de Babylone, déterminée 
jour par jour, jusqu'au jour de 
sa mort, tous les jours de sa vie. 


—— 29 0-009 »(9€0oo-——— 


LAMENTATIONS DE JÉREMIE 


INTRODUCTION 


Les Lamentations portent en hébreu le nom de 'ékáh, « comment », par 
lequel elles commencent, et qui semble avoir été comme une sorte de terme 


34. IV Rois, xxv, 30. 


31. La maison de la prison. Voy. xxvut, 15. — * Evilmérodach, fils 66 Nabuchodono- 
sor, succéda à son pére surle tróne de Babylone en 561. 11 n'oceupa que deux ans le 
tróne et périt en 559 victime du mécontentement des Babyloniens, excités par Néri- 
glissor, son beau-frére, qui s'empara dela couronne. 

33. Mangeait du pain; hébraisme pour prenait sa nourriture. 

34. De sa vie (vitz ejus); de la vie de Joachin, quoique le pronom eus de la Vul- 
gate semble se rapporter à Evilmérodach. Dans l'endroit parallèle (IV Rois, xxv, 30), 
la Vulgate porte-ortz suæ, Quant au texte hébreu, il est amphibologique dans les deux 
eudroils. 


[cu. 1.[ LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE. 1827 


consacré pour le début d'une élégie. Les Septante substituérent à ce mot initial, 


comme ils l'avaient fait pour le Pentateuque, un titre plus significatif, et les 


désignèrent sous le nom de threnoïi. Notre dénomination, les Lamentations, 


n'est que la traduction du grec. C'était un vieil usage de faire des élégies sur 
la mort des personnes aimées; il fut étendu aux malheurs publics. Jérémie 
déplora dans ses Lamentations la ruine de Jérusalem et du temple, comme il 
avait déploré auparavant la mort de Josias. 

Les Lamentations se composent de cinq petits poèmes ou élégies distinctes, 
correspondant aux cinq chapitres de la Vulgate. 

Les quatre premiers chapitres sont des pièces alphabétiques, c'est-à-dire que 
chaque verset commence par une des lettres de l'alphabet hébreu dans le texte 
original. La troisiéme élégie a cela de particulier, que la lettre initiale caracté- 
ristique reparait trois fois, ce qui a fait diviser le ni chapitre en 66 versets au 
lieu de 22; qu'on compte dans les deux premiers. La cinquième 616816 n'est pas 
alphabétique, mais elle se compose également de 22 versets. 

Peu de livres ont obtenu aussi efficacement que les Lamentations de Jérémie 
le but que s'était proposé leur auteur. Que d'infortunés ont trouvé dans l'ex- 
pression des douleurs du Prophéte un adoucissement à leurs propres douleurs! 
Elles séchérent sans doute plus d'une fois les larmes des captifs, sur les bords 
des fleuves de Babylone, et quand ils furent de retour dans leur patrie, ce fut 
le livre des souvenirs, qui leur rappelait leurs maux passés. Chaque année, le 
9 ab (juillet), on jeüna et on lut dansles synagogues, au milieu des larmes, les 
Lamentations de Jérémie, en mémoire de ces mauvais jours. Et plus tard, quand 
la grande victime, l'agneau de Dieu qui devait effacer les péchés du monde, eut 
été immolée sur le Calvaire, l'Eglise, pour célébrer les mystères de la passion 
el de la mort de Notre-Seigneur, adopta les chants lugubres du Prophète : pen- 
daut la Semaine-Sainte, on entend retentir dans toutes les églises du monde 
catholique les accents plaintifs de Jérémie, déplorant un malheur plus grand que 
celui de la ruine de Jérusalem et du temple, le supplice d'un Dieu, mis à mort 
par ceux qu'il était venu racheter. 


i d'Israél eut été emmené en capti- 
CHAPITRE PREMIER. vité, et queJérusalem fut déserte, 
Jérémie déplore la désolation de Jérusa- | que Jérémie, le prophète, s'assit 
lem, et annonce les vengeances de Jé- pleurant, et quil fit entendre ses 

rusalem contre ceux qui se réjouissent ΤΙΣ ^ 16 
ddünanedr do EET. lamentations Sur Jérusalem, et 
que d'un cœur amer, soupirant 

* ELil arriva, après que le peuple | et gémissant, il'dit : 


a Ce préambule, qu'on lit dans les Septante, ne se trouve ni dans l'hébreu, ni dans 
le chaldéen, ni dans le syriaque, ni dans les plus anciens et les meilleurs manuscrits 
de la version de saint Jérôme. L'édition de Sixte V l'a joint à la fin du chapitre zu 
de Jérémie comme si elle en faisait partie. Saint Bonaventure, suivi du plus grand 
nombre d'interprétes, soutient que ce n'est pas une écriture canonique, mais une 
simple addition qui vient des Grecs et qui n'a jamais été dans le texte original. — 
Quant aux mots ALEPH, BETH, elc., ce sont les noms des lettres de l'alphabet hébreu, 
qui sont au nombre de vingt-deux, rangés dans leur ordre naturel, 


ו 


1828 
ALEPH. 


1. Comment est-elle assise soli- 
taire, la ville pleine. de peuple? 
elle est devenue comme veuve, 
la maitresse des nations ; la reine 
des provinces a été assujettie au 
tribut. 


ἐν. ΒΕΤΗ. 


2. Pleurant, elle a pleuré pen- 
dant la nuit, et ses larmes coulent 
sur ses joues ; et il n'est personne 
qui la console, parmi ceux qui 
lui étaient chers; tous ses amis 
lont méprisée et sont devenus 
ses ennemis. 


GHIMEL. 


3. Juda a émigré à cause de son 
affliction et de la grandeur de 
son esclavage : il a habité parmi 
les nations, et n'a pas trouvé de 
repos : ses persécuteurs l'ont saisi 
dans ses angoisses. 


DALETH. 


4. Les voies de Sion sont en 
deuil, de ce qu'il n'y a personne 
qui vienne pour une solennité; 
toutes ses portes sont détruites; 
ses prétres gémissent, ses vierges 
sont défigurées; elle-méme est 
plongée dans l'amertume. 


Cab. I. 2. Jérém., xiu, 17. 


LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE. 


(cu. 1. 


HÉ. 


9. Ses ennemis sont devenus 
maîtres, ses adversaires se sont 
enrichis, parce que le Seigneur a 
parlé contre elle à cause de la 
multitude. de ses iniquités; ses 
petits enfants ont été emmenés 
en captivité devantla face de celui 
qui les tourmentait. 


VAU. 


6. Toute la beauté de la fille 
de Sion s'est retirée d'elle; ses 
princes sont devenus comme des 
béliers ne trouvant pas de pâtu- 
rages; ils s'en sont allés sans 
force devant la face de celui qui 
les poursuivait. 


ZAIN. 


1.Jérusalem s'est souvenue des 
jours de sonaffliction, et de la pré- 
varication de toutes les choses 
précieuses qu'elle avait eues des 
les jours anciens, lorsqueson peu- 
ple tombait sous une main enne- 
mie et qu'il n'avait pas de défen- 
seur; ses ennemis l'ont vue, et 
ils sesontmoqués de ses sabbats. 


HETH. 


8. Elle a beaucoup péché, Jéru- 
salem; à cause de cela elle est 


1. * Le 1er verset donne le ton de tout le morceau. La pensée qui frappe l'esprit 
du Prophète, c'est la solitude dans laquelle il se trouve. La princesse, /a maitresse des 
nations, est maintenant assise solitaire, comme la Jude capta qu'on voit plus tard 
sur les médailles romaines (Voir l'Appendice). Ses enfants lui ont été enlevés et elle 
est plongée dans la plus profonde misére. 

2. Pleurant, elle a pleuré; hébraisme pour el/e a beaucoup pleuré. 

5. Devenus maîtres; littér. en ἐδ 6 (in capite). 

T. Sabbats; nom que les Hébreux donnaient à toutes les fétes en général, à cause 
du repos qu'on y observait; le mot sabbat signifie en effet repos. On sait que les 
paiens reprochaient ordinairement aux Juifs de faire de cette inaction, de cette pa- 
resse, comme ils l'appelaient, une partie de leur religion, 


ἴση. 1.] 
devenue errante; tous ceux qui 
l'honoraient l'ont méprisée, parce 
qu'ils ont vu son ignominie ; aus- 
si elle-méme gémissant a tourné 
son visage en arriere. 


THETH. 


9. Ses souillures ont paru sur 
ses pieds, et elle ne s'est pas sou- 
venue de sa fin; elle a été prodi- 
gieusement abaissée, n'ayant pas 
de consolateur; voyez, Seigneur, 
mon affliction, parce que l'enne- 
mi s'est élevé. 


JOD. 


10. L'ennemi a porté la main 
sur toutes ses choses précieuses ; 
et elle a vu des nations entrer 
dans son sanciuaire, 2ations au 
sujet desquelles vous aviez or- 
donné qu'elles n'entreraient pas 
dans votre assemblée. 


CAPH. 


41. Tout son peuple est gémis- 
sant et cherchant du pain; ils 
ont donné toutes leurs choses 
précieuses pour une nourriture 
qui ranimát /eur âme. Voyez, Sei- 
gneur, et considérez combien je 
suis avilie. 

LAMED. 
19. O vous tous qui passez par 
16. Jérém., xiv, 17. 


LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE. 


1829 
la voie, prétez attention, et voyez 
811 est une douleur comme ma 
douleur; parce que le Seigneur, 
comme il l'a dit, m'a vendangée 


; au jour de la colère de sa fureur. 


MEM. 


13. D'en haut il a envoyé un 
feu dans mes os, et il m'a 608- 
tiée; ila tendu un fil à mes pieds, 
etil m'a fait tomber en arriere, il 
m'a rendue désolée, accablée de 
chagrin tout le jour 


NUN. 


14. Le. joug de mes iniquités 
s'est éveillé ; elles ont été rou- 
léesdans sa main, etimposées sur 
mon cou; ma force s'est affaiblie ; 
16 Seigneur m'a livrée à une main 
dont je ne pourrai sortir. 


SAMECH. 


15. Le Seigneur a enlevé du 
milieu de moi tous mes hom- 
mes illustres; il a appelé contre 
moi le temps afin de briser mes 
élus; le Seigneur a foulé le pres- 
soir pour la vierge fille de Juda. 


AIN. 


16. C'est pour cela que moi je 
pleure, et que mon cil 8 fait 
couler des eaux ; parce qu'il s'est 


10. L'ennemi a porté, etc. Jérémie parle ici de ce qui arriva à la prise de Jérusalem, 
lorsque les soldats chaldéens portérent leurs mains sacrilèges jusque dans le sanc- 


tuaire (ir, 1). . 


AM. Leur âme; hébraisme pour leur personne. 


19. M'a vendangée; m'a traitée comme une vigne vendangée, où on n'a rien laissé. 
— La colère de sa fureur. Voy. 1v, 8. 

15. Mes élus; mes soldats choisis, d'élite. — Le Seigneur a foulé le pressoir; pour 
en faire couler le vin de sa colère. Compar. 18006, zx, 2, 3; Joël, ur, 18; Apocal., 
xiv, 19, 20; xix, 15. — Pour la vierge, etc.; pour enivrer la vierge, etc. C'est le peuple 
de Juda, dans ce passage comme dans bien d'autres, qui est désigné sous le nom 
d'une vierge et d'une fille. 

16. Qui devail fuire revenir mon áme (convertens animam meam); lorsque la tristesse 
lui faisait abandonner mon corps; qui devait me redonner la vie. 


1830 


éloigné de moi, le consolateur 
qui devait faire revenir mon àme; 
mes fils sont perdus, parce que 
l'ennemi est devenu le plus fort. 


PHÉ. 


17. Sion a étendu ses mains, il 
n'y a personne qui la console; le 
Seigneur a appelé de tous cótés 
contre Jacob ses ennemis; Jéru- 
salemest devenue au milieu d'eux 
comme une femme souillée par 
ses mois. 


SADÉ. 


18. Le Seigneur est juste, parce 
que j'ai provoqué sa bouche au 
courroux; écoulez, je vous en 
conjure, vows tous, peuples, et 
voyez ma douleur; mes vierges 
6] mes jeunes hommes sont allés 
en captivité. 

COPH. 

19. J'ai appelé mes amis et ils 
m'ont trompée; mes prétres et 
mes vieillards ont été consumés 
dansla ville, lorsqu'ilsontcherché 


de la nourriture pour ranimer 
leur âme. 


RES. 


20. Voyez, Seigneur, que je suis 


dans la tribulation ; mes entrailles 


sont émues ; mon cœur est boule- 


LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE. 


]6. n.] 
versé au dedans de moi, parce 
que je suis remplie d'amertume ; 
au dehors le glaive tue; au de- 
dans, c'est de méme la mort. 


SIN. 


21. Ils ont appris que je gémis, 
et qu'il n'y a personne qui me 
console; tous mes ennemis ont 
appris mon malheur; ils se sont 
réjouis, parce que c'est vous qui 
l'avez fait; vous amènerezle jour 
de ma consolation, et ils seront 
semblables à moi. 


THAU. 


99. Que tout le mal qu'ils ont 
fait vienne devant vous; et ven- 
dangez-les, comme vous m'avez 
vendangée à cause de toutes mes 
iniquités; car mes gémissements 
sont nombreux, et mon cœur est 
triste. | 


CHAPITRE 1I. 


Jérémie continue de déplorer la désola- 
tion de Jérusalem. 1[ exhorte Sion à 
gémir sans cesse et à exposer au Sei- 
gneur son affliction. 


ALEPH ὃ. 


1. Comment le Seigneur a-t-il 
couvert de ténèbres, dans sa fu- 
reur, la fille de Sion? il a jeté du 
ciel sur la terre l'illustre Israël, et 
il ne s'est pas souvenu de l'esca- 


18. Le Seigneur est juste; dans les maux dont il m'a affligé. — Parce que j'ai pro- 
voqué; dans l'hébreu, je me suis révoltée, j'ai été rebelle. — Sa bouche; pour ce qui est 
sorti de sa bouche, sa parole, ses ordres, son commandement; métonymie dont on a 


pu déjà remarquer plus d'un exemple. 


20. Au dehors, etc. Hors de la ville, dans le pays, les Juifs étaient tués par les 
Chaldéens; dans la ville ils mouraient par la famine et la peste. 
22. Vendangez-les. Voy., pour le sens de cette expression, le verset 12. 


a ALEPH. Pour ce mot et les autres semblables, qui sont en tête des versets sui- 


vants, voy. 1, à. 


1-22. * La seconde élégie peint surtout la destruction de la cité sainte et du temple, 
comme la première avait peint sa solitude actuelle. Elle remonte de l'effet à la cause. 
1. Les ténèbres, l'obscurité; signifient souvent, dans la Bible, les malheurs, les 08- 


fcm. m.] 
beau de ses pieds au jour de sa 
fureur. 

| BETH. 


9. Le Seigneur a fout renversé, 
il n'a épargné aucune des magni- 
ficences de Jacob ;il a détruit dans 
sa fureur les fortifications de la 
vierge de Juda, illes a jetées par 
terre; il a souillé son royaume et 
ses princes. 


GHIMEL. 


3. Ha brisé dans la colere de sa 
fureur toute la corne d'Israël; il 
a retiré en arrière sa droite de la 
face de l'ennemi, et il a allumé 
dans Jacob comme 16 feu d'une 
flamme dévorante tout autour. 


DALETH. 


4, 1! a tendu son arc comme un 
adversaire; il a affermi sa droite 
comme un ennemi, et il a tué tout 
ce qui était beau à voir dans le 
tabernacle de la fille de Sion : il 
a répandu, comme un feu, son 
indignation, 

HÉ. 

ὃ. Le Seigneur est devenu com- 
me un ennemi : il ἃ renversé 
Israël, il a renversé toutes ses mu- 
railles, il a détruit ses fortifica- 
tions, et il a rempli dans la fille 


de Juda l'homme et la femme 
d'humiliation. 


LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE. 


1831 


VAU 


6. Il a détruit comme un jardin 
sa tente; il a renversé sa tente; 
le Seigneur a livré à loubli dans 
Sion laféte et le sabbat, et à l'op- 
probre et à lindignation de sa 
fureur le roi et le prétre. 


ZAIN. 


1. Le Seigneur a rejeté son au- 
tel, il a maudit sa sanctification ; 
ilalivré àla main de l'ennemi les 
murs de ses tours; ils ont élevé la 
voix dans la maison du Seigneur, 
comme dans un jour solennel. 


HETH. 


8. Le Seigneur a résolu de dé- 
truire le mur de la fille de Sion ; il 
a tendu son cordeau, et. il n'a pas 
détourné sa main de la perdition; 
l'avant-mur a gémi, et le mur a 
été pareillement détruit. 


THETH. 


9. Ses portes ont été enfoncées 
dans la terre: il a ruiné et brisé 
ses verrous; son roi et ses. prin- 
ces, 11 les a. dispersés parmi les 
nations; il n'y a pas de loi, et ses 
prophètes n'ont pas trouvé de vi- 
sion venant du Seigneur. 


JOD. 


10. Ils se sont assis surla terre, 
ils se sont tus, les vieillards de la 


lamités, une grande affliction. — L'escabeau de ses pieds; c'est-à-dire son arche d'al- 


liance, son temple. 


9. 11 n'a épargné aucune; littér. et par hébraisme, 71 n'a pas épargné toutes. 

3. La colere de sa fureur. Voy. 1v, 8. — La corne; la force, la puissance. 

6: Sa tente; sa demeure, c'est-à-dire son tabernacle, son temple. 

1. Sa sanctificalion; le lieu qu'il s'est consacré, son sanctuaire. 

8. * L'avant-mur a gémi; la petite muraille qui était placée devant 16 rempart est 


tombée. 


9. N'ont pas trouvé; n'ont pas recu. — Vision prophétique. 


10. * Signes de deuil et de désolation. 


1832 


fille de Sion; ils ont couvert de 
cendre leurs têtes; ils se sont 
ceints de cilices; les vierges de 
Jérusalem ont baissé leurs têtes 
vers la terre: 


CAPH. 


11. Mes yeux ont défailli à force 
de larmes, mes entrailles ont été 
émues; mon foie s'est répandu 
sur la terre, à cause de la des- 
truction de la fille de mon peuple, 
lorsque défaillaient le petit en- 
fant, et l'enfantà la mamelle, sur 
les places de la ville. 


LAMED. 


19. Ils ont dit à leurs mères : 
Oü sont le blé etle vin? lorsqu'ils 
tombaient comme des blessés sur 
les places de la cité; lorsqu'ils 
exhalaient leurs âmes sur le sein 
de leurs meres. 


MEM. 


13. A qui te comparerai-je? ou 
à qui t'assimilerai-je, fille de Jé- 
rusalem? à qui t'égalerai-je, pour 
te consoler, vierge fille de Sion? 
car grande est comme la mer ta 
ruine; qui t'apportera duremede? 


LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE. 


(cu. π.} 


NUN. 


14. Tes prophètes ont vu pour 
toi des choses fausses et insen- 
sées; ils ne te découvraient pas 
ton iniquité pour t'exciter à 18 
pénitence; ils ont vu pour toi des 
prophéties de malheur fausses, 


et pour tes ennemis lexpulsion 
de la Judée. 


SAMECH. 


15. Ils ont frappé des mains à 
ton sujet, tous ceux qui passaient 
par la voie;ils ont sifflé et secoué 
la tête sur la fille de Jérusalem : 
Est-ce là, disaient-ils, cette ville 
d'une parfaite beauté, la joie de 
toute la terre ? 


PHÉ. 


16. Ils ont ouvert la bouche 
contre toi, tous tes ennemis; ils 
ont sifflé, et ils ont grincé des 
dents, et ils ont dit : Nous /a dé- 
vorerons; voici, c'est le jour que 
nous attendions; nous /avons 
trouvé, nous /'avons vu. 


AIN. 


41. Le Seigneur a fait ce qu'il a 


(ΒΑΡ. II. 17. Lév., xxvi, 14; Deut., xxvi, 15. 


5-ו 6 6 6 ——@—_—_—_—_—_—_—__—_—_—_—__—_—_—_—_—_— 


41. Mon foie, etc.; hyperbole, pour marquer une grande douleur. Compar. Job, xvi, 14. 

19. * Où sont le blé et le vin. Les enfants, pendant le siège, meurent de faim; ils 
demandent à leurs mères de la nourriture et elles ne peuvent leur en donner. 

13. Pour te consoler ; littér. et par hébraïsme, e/ je te consolerai. | 

44. Ont vu pour toi, etc.; ont eu pour toi des visions, etc. — Prophélies du malheur. 
C'est la vraie signification du terme hébreu masçôth que la Vulgate a rendu ici par 
assumptiones, et ailleurs par onera, littér., charges, fardeaux, et au figuré malheurs 
accablants. Voy. Isaie, xut, 2. Le sens de ce passage est donc : Tes prophètes t'ont 
trompée en présentant comme fausses les prophéties qui t'annonçaient des malheurs, 
et te prédisant que tes ennemis seraient chassés de la Judée. 

16. Ce verset commence par ,שחת‎ et le suivant par AIN, contrairement à l'ordre 
alphabétique. Cette inversion, qui se remarque aussi dans les deux chapitres sui- 
vants, vient probablement de ce que quelque écrivain, voyant que le verset PHÉ se 
liait mieux par le sens que le verset Aiw, à celui qui commence par sAMECH, ἃ CPU 
pouvoir se permettre ce déplacement. 

41. Adversaire, ennemis; ces deux mots réunis expriment des ennemis de toute 


[cH. 11] 


résolu; il a accompli la parole 
qu'il avait décrétée dès les jours 
anciens ; il a détruit, et il n'a pas 
épargné; il a réjoui ton adver- 
saire à ton sujet, et il a exalté la 
corne de tes ennemis. 


SADÉ. 


18. Leur cœur a crié vers le 
Seigneur sur les murs de la fille 
de Sion : Fais couler comme un 
Lorrent de larmes pendantle jour 
et pendant la nuit; ne te donne 
pas de repos, et que la prunelle 
de ton œil ne setaise pas. . 


COPH. 


19. Leve-toi, loue /e Seigneur 
pendant la nuit, au commence- 
ment des veilles : répands, com- 
me l’eau, ton cœur, en la présence 
du Seigneur; lève vers lui tes 
mains pour l'àme de tes pelits 
enfants qui ont défailli parla faim, 
à Ja tête de tous les carrefours. 


RES. 


20. Voyez, Seigneur, et consi- 
dérez qui vous avez vendangé 
ainsi : les meres mangeront-elles 
donc leur fruit, des petits enfants 
de la hauteur d'un palme? est-ce 
qu'on tuera dans le sanctuaire du 
Seigneur le prêtre et 16 7 


SIN ^ av. 


94. L'enfant et le vieillard ont 


18. Jérém., xiv, 17; Supra, 1, 6. 


LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE. 


1833 
été étendus dehors sur la terre; 
mes vierges et mes jeunes hom- 
mes sont tombés sous le glaive; 
vous avez tué au jour de votre 
fureur; vous avez frappé et vous 
n'avez pas eu de pitié. 


THAU. 


99. Vous avez appelé comme à 
un jour solennel mes ennemis, 
pour m'épouvanter de toutes 
parts; etil n'y aeu personne dans 
le jour de la fureur du Seigneur, 
qui ait échappé, et qui ait été 
laissé; ceux que j'ai élevés et 
nourris, mon ennemi les a con- 
sumés. 


CHAPITRE ΠῚ. 


Jérémie déplore sa propre misère. Il 
exhorte les enfants de Juda à retour- 
ner au Seigneur. ll expose au Seigneur 
ses souffrances. et annonce la ruine de 
ses enfants. 


ALEPH *. 


1. Je suis un homme voyant 
ma misere sous la verge de son 
indignation. 


ALEPH; 


9. ll m'a conduit et amené dans 
les ténèbres et non à la lumière. 


ALEPH. 


3. C'est seulement contre moi 
qu'iltourne et retourne sa main 
durant tout le jour. 


espéce. Rien n'est plus commun dans les langues orientales que l'agglomération de 
plusieurs termes qui ont à peu prés la méme signification, pour donner à l'expres- 


sion plus de force et d'énergie. 


a ALEPH. Pour ce mot et les autres semblables qui sont en tête des versets sui- 


vants, voy. 1, 8. 


1-66. * Le chapitre ΠῚ s'occupe principalement, quoique non exclusivement, de la 


désolation du Prophéte lui-méme. 


1. Son indignation; l'indignation du Seigneur. 


1834 


BETH. 


4. ll a fait vieillir ma peau et ma 
chair, il a brisé mes os. 


BETH. 


5. 11 a bâti autour de moi, et il 
m'a environné de fiel et de peine. 


BETH. 


6. ll m'a mis dans des lieux té- 
nébreux comme les morts éter- 
nels. 

GHIMEL. 

7. ILa bâti autour de moi, afin 
que je ne sorte pas; il a appesanti 
mes fers aux pieds. 


GHIMEL. 

8. Mais lors méme que je crie- 
rais et que je prierais, il a re- 
poussé ma priere. 

GHIMEL. 


9. Il a fermé mes voies avec 
des pierres de taille, il a détruit 
mes sentiers. 

DALETH. 


10. Il est devenu pour moi un 
ours en embuscade, un lion dans 
des lieux cachés. 

DALETH. 


11. Ill adétruit mes sentiers et il 


LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE. 


[cu. nr. 
m'a brisé, il m'a mis dans la déso- 
lation. 
DALETH. 
12. Il a tendu son arc, il m'a 
fait comme le but de ses fleches. 


HÉ 


13. Ila lancé dans mes reinsles 
filles de son carquois. 


HÉ 


14. Je suis devenu 18 raillerie 
de tout mon peuple, leur chanson 
durant tout le jour. - 


HÉ. 
15. Il m'a rempli d'amertume, 
il m'a enivré d'absinthe. 


VAU. 


16. Et il a brisé toutes mes 
dents, il m'a nourri de cendre. 


VAU. 


41. Et mon âme a été éloignée 
de la paix, et j'ai oublié le bon- 
heur. 

VAU. 

18. Et j'ai dit : Elle ἃ péri, ma 
fin, et ce que j'espérais du Sei- 
gneur. | 

ZAIN. 

19. Souvenez-vous de ma pau- 
vreté, et del'excescommiscontre 
moi, de l'absinthe et du fiel. 


5. * Il a bâli autour de moi comme pour m'assiéger, 11 m'a environné et abreuvé 


d'amertume. 


6. Des lieux ténébreux; la prison où il fut mis pendant le siège de Jérusalem 
(Jérém., xxxvii, 6, 1). — Les morts éternels; ceux qui sont réellement dans le tom- 


beau. Compar. Ps. χύνπι, 11; cxui, 3. 


9. * Il a fermé mes voies avec des pierres de taille; il m'a barré le chemin par un 
mur et m'a ainsi empéché de fuir et de me mettre en süreté. 


13. Les filles de son carquois; ses flèches. 


15.* Il m'a enivré d'absinthe. Noir Proverbes, v, 4. 

18. Elle a péri, ma fin (periit finis meus); ma fin est consommée, c'en est fait de 
moi; ou bien, la fin de mes maux n'aura jamais lieu. 

19. L'excés commis coníre moi; la persécution que je souffre; c'est le vrai sens de 


[cu. 111. 


ZAIN. 


20. J'en conserverai toujours la 
mémoire, et mon àme séchera en 
moi de douleur. 


ZAIN. 


91. Je repasserai ces choses 
dans mon cœur, c'est pourquoi 
j espérerai. 


HETH. 


99. C'est grâce aux miséricor- 
des du Seigneur que nous n'avons 
pas été consumés; c'est parce que 
ses bontés n'ont pas fait défaut. 


HETH. 


23. Elles se renouvellent au 
"point du jour; votre fidélité est 
grande. 
HETR. 
94. Mon partage est le Sei- 
gneur, a dit mon âme; à cause 
de cela je l'attendrai. 


THETH. 


95. Le Seigneur est bon à ceux 
qui espèrent en lui, à l'âme qui le 
recherche. 

THETH. 

26. Il est bon d'attendre en si- 

lence le salut de Dieu. 


LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE. 


1835 


THETH 


27. Il est bon à l'homme de por- 
ter un joug dés sa jeunesse. 


JOD. 


98. Il s'assiéra solitaire, et il se 
taira, parce quil a mis ce joug 
sur lui. 


JOD. 


29. Il mettra sa bouche dans la 
poussière, pour voir si par hasard 
il y a espérance. 


JOD. 


30. Il tendra la joue à celui qui 
le frappera, il sera rassasié d'op- 
probres. 


CAPH. 


31. Parce que le Seigneur ne 
rejettera pas toujours; 


CAPH. 


32. Parce que s'il a rejeté, il 
aura aussi pitié selon la multitude 
de ses miséricordes. 


CAPH. 

33. Car il n'a pas humilié d'a- 
près son cœur, il n'a pas rejeté les 
fils des hommes, 


= 


l'expression de la , Vulgate, &ransgressionis mez, expliquée par le texte original, les 
pronoms possessifs ayant eu hébreu la signification passive aussi bien que la signi- 
tication active. Les Septante portent aussi, ma persécution. 

. 20. J'en conserverai toujours la mémoire; littér. et par hébraisme, par ἴα mémoire, 
je me remémorerai. 

23. Elles; les bontés du Seigneur, mentionnées au vers. précéd. — Se renouvellent; 
littér. sont nouvelles. Le latin porte nouveaux (novi), parce qu'en hébreu le mot bonté 
(hésed) est du masculin, et que l'auteur de la Vulgate se conforme quelquefois à la 
concordance hébraïque. — Au point du jour (diluculo); c'est-à-dire avec promptitude, 
ἈΚ ΣΝ δὰ δὲ 110 — Votre fidélité dans vos promesses; c'est le sens du texte ori- 
ginal. 

29. Il mettra, etc.; il se prosternera le visage contre terre. 

33. D'après son cœur. Ce n'est pas de son gré que Dieu châtie les hommes; il y est 
forcé par leurs péchés. Compar. Ezéchiel, xvi, 23, 52; xxxri, 41. 


1836 


LAMED. 


34. Afin de fouler sous ses pieds 
tous les 680118 de la terre, 


LAMED. 


39. Afin de faire incliner le droit 
de l'homme devant la face du 
Tres-Haut. 

LAMED. 

36. Perdre un homme dans son 
jugement, le Seigneur ne le sait 
pas. 

MEM. 

31. Quiest celui qui a dit qu’une 
chose se fit, leSeigneur ne l'ayant 
pas commandé? 


38. De la bouche du Très-Haut, 
les maux et les biens ne sortiront- 
ils pas? 

MEM. 

39. Pourquoi ἃ murmuré i'hom- 
me vivant, l'homme, de /a puni- 
(ion de ses péchés? 


NUN. 


40. Scrutons nos voies, interro- 
geons-les, et retournons au Sei- 
gneur. 

NUN. 

41 . Elevons nos cœurs avec nos 
mains vers le Seigneur qui est 
dans les cieux. | 

| | 


49. Nous, nous avons inique- 
ment agi, et au courroux nous 


= 
₪ 


NUN. 


(παρ. 111, 37. Amos, 11, 6. 


LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE. 


[cu. n.] 


vous avons provoqué, c'est pour 
cela que vous étes inexorable. 


₪ ^ SAMECH. 


43. Vous vous étes enveloppé 
dans votre fureur, et vous nous 
avez frappés; vous avez tué et 
vous n'avez pas épargné.. 


i  SAMECH. 


44. Vous avez mis une nuée de- 
vant vous, afin que la priere ne 
passe pas. 

SAMECH. 

45. Comme une plante arrachée 
et rejetée, vous m'avez mis au 
milieu des peuples. 


PHÉ. 


46. Tous nos ennemis ont ou- 
vert la bouche contre nous. 


PHÉ. 


47. La prophétie nous est deve- 
nue effroi, lacs et ruine. 


PHÉ. 


48. Mon 0011 a fait couler des 
courants d'eaux sur la ruine de la 
fille de mon peuple. 


AIN. 


49. Mon œil s'est affligé, et ne 
s'est pas tu, de ce qu'il n'y avait 
point de repos, 


AIN. 


50. Jusqu'à ce que le Seigneur 
regardát et vit des cieux. 


31. Qui a dit, etc.; qui oserait dire qu'une chose est arrivée sans l'ordre du Seigneur? 
39. La punilion, etc. Souvent dans l'Ecriture le péché est mis pour la peine, le 018- 


timent du péché. 


46. Contrairement à l'ordre alphabétique, le mot rné est mis avant AIN (vers. 49). 


Voy. 11, 16. 


‘ex. tit.] 


AIN. 


51. Mon eil a tourmenté mon 
âme à cause de toutesles filles de 
ma ville. 


SADÉ. 


52. Ils m'ont pris à la chasse 
comme un oiseau, mes ennemis, 
sans sujet. 


SADÉ. 


53. Ma vie est tombée dans la 
fosse, et ils ont posé une pierre 
sur moi. 


SADÉ. 


54. Des eaux se sont débordées 
sur ma tête; j'ai dit : Je suis 
perdu. 


COPH. 


55. J'ai invoqué votre nom, 
Seigneur, du lac le plus profond. 


COPH. 


56. Vous avez entendu ma voix; 
ne détournez pas votre oreille de 
mes sanglots et de mes cris. 


COPH. 


57. Vous vous êtes approché 
de moi un jour, quand je vous 
ai invoqué, vous avez dit : Ne 
crains pas. 


RES. ' 


58. Vous avez jugé, Seigneur, 
la cause de mon âme, rédempteur 
de ma vie. 


LAMENTATÉONS DE JÉRÉMIE. 


1851 
RES. 


59. Vous avez vu, Seigneur, 
leur iniquité contre moi; jugez 
leur jugement. 


RES. 


60. Vous avez vu toute leur fu- 
reur, toutes leurs pensées contre 
moi. 


SIN. 


61. Vous avez entendu leurs ou- 
trages, Seigneur, toutes leurs pen- 
sées contre moi; 


SIN 


62. Les lévres de ceux qui s'é- 
lèvent contre moi, et leurs pro- 
jets contre moi tout le jour. 


SIN. 


63. Quandilssontassis, et quand 
ils se lèvent, voyez, je suis l'objet 
de leurs chansons. 


THAU. 


64. Vousleurrendrezla pareille, 
Seigneur, selon les œuvres de 
leurs mains. 


THAU 


65. Vous leur mettrez comme un 
bouclier sur le cœur, la peine dont 
vous les accablerez. 


THAU. 


66. Vous 768 poursuivrez dans 
votre fureur, et vous les briserez 
sous le ciel, Seigneur. 


51. A tourmenté; maltraité; sens qui parait étre celui de l'hébreu, et auquel peut 
être ramené le deprædatus est de la Vulgate. — Les filles de ma ville; c'est-à-dire les 
vierges de Jérusalem (1, 4, 18; m, 10, 21), ou bien les villes de Juda dont Jérusalem 


était comme la mère, 


53. * Ma vie, etc. Je suis tombé tout vivant dans une fosse, et l'on en a fermé 
l'orifice avec une pierre pour que je ne puisse pas étre sauvé, 


4898 


CHAPITRE IV. 


Jérémie déplore de nouveau la désolation 
‘de Jérusalem. 1[ annonce les ven- 
geances du Seigneur contre l'ilumée 
et le rétablissement de Sion. 


ALEPH. 


4. Comment s'est-il. obscurci, 
l'or? Comment a été changée sa 
couleur éclatante? Comment ont 
été dispersées les pierres du sanc- 
tuaire, à la téte de toutes les 
places? 


BETH. 


9. Les fils de Sion illustres et 
revétus de l'or le plus pur, com- 
ment ont-ils été traités comme 
des vases d'argile, ouvrages des 
mains d'un potier? 


GHIMEL. 


3. Mais les lamies méme ont 
mis à nu leurs mamelles, et ont 
allaité leurs petits; la fille de mon 
peuple est cruelle comme une au- 
irüche dans le désert. 


DALETH. 


4. La langue de l'enfant à la 
mamelle s'est attachée à son pa- 


Car. IV. 6. Genèse, xix, 4. 


LAMENTATIONS DE.JÉRÉMIE. 


[cu. 1v.] 


lais par la soif; les petits en- 


. fants ont demandé du pain, et 


il n'y avait personne qui le leur 
brisát. 


HÉ. 


5. Ceux qui se nourrissaient dé- 
licieusement sont morts dans les 
rues;ceux qui étaient élevés dans 
la pourpre ont embrassé des im- 
mondices. 


"AU. 


6. Et l'iniquité de la fille de 
mon peuple est devenue plus 
grande que le péché de Sodome, 
qui fut renversée en un moment, 
et les hommes n'y. ont pas. mis 
les mains. 


ZAIN. 


7. Ses Nazaréens étaient plus 
blancs que la neige, plus 6018- 
tants que le lait, plus. vermeils 
que l'ivoire antique, plus beaux 
que le saphir. 


HETH. 


8. Leur face est devenue plus 
noire que des charbons, et ils 
n'ont pas été reconnus sur les 


places publiques; leur peau s'est 


1-22. * Le chapitre ive semble d'abord reproduire les tableaux du ier et du n°, mais 
c'est pour faire luire un rayon d' espérance, en montrant dans le châtiment divin la 
source méme de la régénération. 

1. L'or; les pierres du sanctuaire; c'est-à-dire l'or réel qui éclatait dans Jérusalem 
ét les pierres dont était construit le sanctuaire; ou bien, selon d'autres, cet or re- 
présente les princes d'Israël (voy. le vers. 2), et les pierres du sanctuaire, les prétres. 

3. * Les lamies; hébreu: les chacals. — Comme une aulruche. On dit qu'elle aban- 
donne une partie de ses œufs dans le désert. Job, xxxix, 16. 

6. Les hommes, etc. Sodome périt uniquement par le feu du ciel. Voy. Genése, 
XIX, 24,125, 

7. Ses Nazaréens. Les Nazaréens étaient trés considérés parmi les Juifs, tant par 
leur consécration au Seigneur que par leur manière de vivre plus pure et plus inuo- 
cente. Jésus-Christ lui-même a voulu porter le nom de Nazaréen (Matth., τι, 23). Voy. 
sur leur consécration, Nombr., νι. o'l 


fem. 1v.] 
attachée à leurs os, elle est deve- 
nue comme du bois. 


THETH. 


9. Plus heureux ont été les 
tués par le glaive que les morts 
par la faim ; car ceux-ci ont dé- 
péri, consumés par la stérilité de 
la terre. 


JOD. 


10. Les mains desfemmes com- 
patissantes ont fait cuireleurs en- 
fants; ils sont devenus leur nour- 
riture dans la ruine de la fille de 
mon peuple. 


CAPH. 


11. Le Seigneur aassouvi sa fu- 
reur, il a répandu la colère de son 
indignation; et il a allumé dans 
Sion un feu qui a dévoré ses fon- 
dements. 


LAMED. 


12. Ils n'ont pas cru, les rois de 
la terre et tous les habitants de 
l'univers, que l'ennenü, que l'ad- 
versaire entrerait par les portes 
de Jérusalem : 


MEM. 


13. A cause des péchés de ses 
prophètes et des iniquités de ses 
prétres, qui ont répandu au mi- 
lieu d'elle le sang des justes. 


NUN. 


14. Ils ont erré en aveugles sur 
es places publiques, ils se sont 


LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE. 


1839 


souillés parle sang; et comme ils 
ne pouvaient faire autrement, ils 
relevèrent leurs robes. 


SAMECH. 


45. Retirez-vous, impurs, leur 
a-t-on crié, retirez-vous, allez- 
vous-en, ne nous touchez pas; ear 
ils se sont querellés, ettout émus, 
ils ont dit parmi les nations : Le 
Seigneur n'habitera plus parmi 
eux. 

PHÉ. 

16. La face du Seigneur les ἃ 
divisés, il ne les regardera plus : 
ils n'ont pas révéré la face des 
prétres, ils n'ont pas eu pitié des 
vieillards. 


AIN. 


17. Lorsque nous subsistions 
encore, nos yeux se sont lassés 
dans l'attente de notre vain se- 
cours, en tenant nos regards at- 
tachés sur une nation qui ne pou- 
vait nous sauver. 


SADÉ, 


18. Nos pas ont glissé en par- 
courant nos places publiques; 
notre fin s'est approchée; nos 
jours se sont accomplis, parce 
qu'est venue notre fin. 


COPH. 


19. Nos persécuteurs ont été 
plüs vite que les aigles du ciel; 
sur les montagnes ils nous ont 
poursuivis, dans le désertils nous 
ont dressé des pièges. 


41. La colère de son indignation. Voy. Jérém., 1v, 8. 


12. L'ennemi et l'adversaire. Voy. τι, 11. 
sur le déplacement de ce mot, rm, 16. 


16. Pré. Voy., 


19. Nos perséculeurs, etc.; allusion aux Chaldéens, qui poursuivirent avec une vi- 
esse et une ענ ל‎ incroyables le roi Sédécias, lorsqu' il fuyait devant eux. Compar, 


V Bois, xxv, 4, 


3 JeTO7T. , XXXIX, 05 11135 8p 0. 


1840 


RES. 


90. L'esprit de notre bouche, le 
Christ, le Seigneur a été pris à 
cause de nos péchés; celui à qui 
nous avions dit : Sous votre om- 
bre, nous vivrons parmi les na- 
tions. 


SIN. 


21. Réjouis-toi et sois dans l'al- 


LAMENTATIONS DE JÉREMIE. 


]64. v.] 
légresse, fille d'Edom, qui habites 
dans la terre de Hus; jusqu'à toi 
aussi viendra le calice; tu seras 
enivrée et mise à nu. 


THAU. 


22. Elle est accomplie, la peine 
de ton iniquité, fille 06 Sion; א‎ 
Seigneur ne t'exilera plus; il ἃ 
visité ton iniquité, fille d'Edom; 
il a découvert tes péchés. 


; PRIÈRE DU PROPHÈTE JÉRÉMIE" 


CHAPITRE V. 


Jérémie expose au Seigneur la misère 
de son peuple, et le conjure de rappe- 
ler ce même peuple à lui. 


4. Souvenez-vous, Seigneur, 
de ce qui nous est arrivé; consi- 
dérez et regardez notre opprobre. 

9. Notre héritage est passé à 
des ennemis, nos maisons à des 
étrangers. 

3. Nous sommes devenus com- 
me des orphelins sans pères, et 
nos mères comme des veuves. 


4. Nous avons bu notre eau à 
prix d'argent, nous avons acheté 
chèrement notre bois. 

5. Nous étions conduits par des 
chaines attachées à nos cous, à 
ceux qui étaient fatigués on. ne 
donnait pas de repos. 

6. Nous avons donné la main à 
l'Egypte et aux Assyriens, afin de 
nous rassasier de pain. 

7. Nos pères ont péché, et ils ne 
sont plus; et nous, nous avons 
porté leurs iniquités. 

8. Des esclaves nous ont domi- 


90. L'esprit de notre bouche; le souffle qui nous anime. — Le Christ, le Seigneur 
(Christus Dominus); selon l'hébreu, le Christ du Seigneur; ce qui s'entend à la lettre 
de Sédécias, roi du peuple de Dieu, mais ce qui, dans un sens plus élevé, doit s'en- 
tendre de Jésus-Christ, le vrai Christ, le Fils unique de Dieu, pris et livré à la mort 


à cause de nos péchés. 


91. Fille d'Edom; c'est la nation des Iduméens. — La íerre de Hus; c'est-à-dire 


l'idumée. 


a Ce titre ne se lit ni dans l'hébreu, ni dans le chaldéen, ni dans l'édition romaine 


des Septante. 


1-22. * Prière dans laquelle Jérémie implore le secours de Dieu pour qu'il mette 


fin à tant de maux. 


2. Notre héritage; c'est-à-dire la terre de promission que vous avez donnée à nos 
péres, et que nous possédions par un droit héréditaire. — Des ennemis, des étrangers; 


les Chaldéens et les peuples voisins. 


6. Nous avons donné, etc. Nous avons fait alliance, mais vainement, avec l'Egypte 
et les Assyriens dont nous attendions du secours. — Afin de nous, etc.; afin de pou- 
voir assurer notre existence. — Pain; comme on a pu déjà le remarquer, ce mot se 
prend dans la Bible pour toute sorte de nourriture. 

8. Des esclaves, etc.; selon quelques-uns, ce sont les Chaldéens et les Egyptiens, 
également descendus de Cham, dont la postérité avait été condamnée à étre esclaye 


(cu. v.) 


nés; il n'y a eu personne qui nous 
arrachát de leur main. 

9. Au péril de nos âmes, nous 
allions nous chercher du pain à 
la face du glaive du désert. 

10. Notre peau, comme un four, 
a été brûlée par les ardeurs de la 
faim. 

41. Ils ont humilié des femmes 
dans Sion, et des vierges dans 
les cités de Juda. 

12. Des princes ont été pendus 
par la main; on n’a pas révéré la 
face des vieillards. 

43. Ils ont indignement abusé 
des jeunes hommes; et des en- 
fants ont succombé sous le bois. 

14. Des vieillards ont aban- 
donné les portes, et de jeunes 
hommes, le chœur des joueurs de 
psaltérion. 

15. La joie de notre âme a fait 
défaut; notre chœur a été changé 
en deuil. 

16. Elle est tombée, la cou- 


LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE. 


1841 


ronne de notre téte; malheur à 
nous, parce que nous avons pé- 
ché! 

17. À cause de cela, notre cœur 
est devenu triste; pour cela, nos 
yeux se sont couverts de ténè- 
bres. 

18. À cause de la montagne de 
Sion, qui ἃ été détruite, les re- 
nards s'y sont promenés. 

19. Mais vous, Seigneur, vous 
demeurerez éternellement ; votre 
tróne subsistera dans toutes les 
générations. 

20. Pourquoi nous oublierez- 
vous à jamais? Pourquoi nous 
abandonnerez-vous dans la lon- 
gueur des jours? 

91. Convertissez-nous à vous, et 
nous serons convertis ; Seigneur, 
renouvelez nos jours comme au 
commencement. 

22. Mais nous rejetant, vous 
nous avez repoussés; vous étes 
extrémement irrité contre nous. 


de Sem (Genèse, 1x, 26); selon d'autres, les Iduméens, les Moabites et les Ammonites, 
peuples autrefois soumis aux Juifs; enfin, suivant d'autres, ce sont les esclaves 
mémes des Chaldéens, parce que c'était la coutume, dans les maisons oü il y avait un 
certain nombre d'esclaves, que l'un d'eux commandát aux autres. 

9. Nos âmes; hébraisme pour nos personnes, nous. — Pain. Voy. vers. 6. — Désert; 
s'applique aussi dans le langage biblique aux plaines, aux campagnes. Au lieu de 
dans le désert, l'hébreu porte du. désert, comme régime du mot glaive (gladii). Le 
sens de ce verset parait donc être : Nous courions risque d’être tués, si nous allions 
chercher dans les campagnes désertes des fruits ou des herbes sauvages pour nous 
sustenter, parce que le pays était rempli d'ennemis et de pillards. 

10. Les «rdeurs de la faim; c'est le sens de l'hébreu. Les Arabes disent aussi le feu 
de la faim, les Grecs, une faim brülante, les Latins : une faim ignée (ignea fames); la 
Vulgate a traduit comme les Septante, tempétes de la faim. 

12. Dés princes, etc. Les Chaldéens, aprés avoir décapité les princes de Juda, les 
pendaient par les mains à des poteaux. 

13. Sous le bois dont on les chargeait, ou avec lequel on les frappait. 

14. Les portes de la ville, oà se tenaient les assemblées des juges. 

16. La couronne, etc. Dans les fétes, les noces et les festins, on se couronnait de 
fleurs. 

18. * Les renards; proprement les chacals. 

19. Toutes les générations ; littér. et par hébraisme, génération et généralion. 

20. Dans la &ongueur ; c'est-à-dire pour si longtemps. 

21. Comme au commencement; comme ils étaient au commencement, au temps de 
notre ancienne prospérité. 


22, Nous rejelant, vous nous avez repoussés: héhraisme, pour vous nous avez enlió- 
rement vejetés. 


^ τς 116 


BARUCH 


OBSERVATIONS GÉNÉRALES 


1. Dans notre Introduction historique et critique, etc., nous avons prouvé 
l'authenticité et la canonicité du livre de Baruch contre les Juifs et les protes- 
tants en général, mais particulièrement contre les critiques et les exégètes 
d'Allemagne; nous nous bornerons ici à quelques observations sur le texte ori- 
ginal et les principales versions de ce livre, que plusieurs anciens Pères de 
l'Eglise ont cité sous le nom de Jérémie, soit parce qu'autrefois les écrits de 
ces deux prophétes ne formaient qu'un méme volume, soit parce que Baruch a 
inséré dans son livre, non seulement les oracles que Dieu lui a inspirés, mais 
encore ceux qu'il avait entendus de la bouche de Jérémie, son maitre, et qu'il 
n'avait pas mis par écrit de son vivant. 

2. On ne saurait douter que le livre de Baruch n'ait été originairement écrit 
en hébreu; car, outre qu'il est plein d'hébraismes, on n'y découyre point cette 
enflure et cette affectation des Juifs hellénistes, qu'on remarque si facilement 
dans le livre de la Sagesse, par exemple, et dans le second des Machabées. Tout, 
au contraire, y est simple et parfaitement d'accord avec la construction de la 
langue hébraique. Mais le texte primitif a été perdu depuis longtemps; car dans 
la préface de la version de Jérémie, saint Jéróme dit : « Quant au petit livre 
de Baruch qui se trouve dans l'édition des Septante, nous n'en parlerons pas; 
les Juifs ne le lisent pas; ils ne le possédent méme plus. » Cependant il existait 
encore dans le second siécle, puisque Théodotion le traduisit en grec, comme 
nous l'avons prouvé dans notre Introduction historique et critique, etc., en répon- 
dant aux difficultés proposées par certains critiques allemands de ces derniers 
temps. À 

3. La version la plus ancienne du livre de Baruch est la version grecque, qui 
tient lieu maintenant de l'original. Une preuve évidente de sa haute antiquité, 
c'est qu'elle se trouve dans la Bible des Septante. La traduction latine qui fait 
partie de notre Vulgate a été composée sur la version grecque ; elle n'est pas de 
saint Jévóme, elle remonte beaucoup plus haut que l'époque à laquelle vivait ce 
saint docteur. Comme l'Eglise latine a toujours reconnu la canonicité du livre 
de Baruch, cette traduction doit étre au moins du second siécle de l'ére chré- 
tienne. Il y a eu d'autres versions du livre de Baruch, par exemple, la syriaque 
et l'arabe; mais ce n'est pas ici le lieu d'en parler. (J.-B. GLAIRE.) 

4. * Baruch, fils de Nérias, était le fidéle disciple et le secrétaire de Jérémie, 
Jér., xxxii, 12; מאצאצ‎ ^, 10, 32. Il appartenait à une bonne famille de la tribu 
de Juda, Jér., 11, 59; son frère Saraias faisait partie de Ja cour de Sédécias. Ses 
ennemis l'accusèrent d'être partisan des Chaldéens, et d'influencer Jérémie en 


BARUCH. — OBSERVATIONS GÉNÉRALES. 1843 


faveur de ces derniers, Jér., xuur, 3. La quatrième année de Joakum, il alla lire 
au roi les prophéties de son maitre, qu'il avait écrites sous sa dictée, et il les 
écrivit une seconde fois de la méme maniére, quand le roi eut jeté au feu la 
premiére édition, xxxvr. Les persécutions qu'il eut à subir lui causérent un mo- 
ment de découragement, mais il ne dura pas, xLv. Plus tard, sous le règne 
de Sédécias, il fut mis en prison avec Jérémie, et il y resta jusqu'à la prise de 
Jérusalem (588); il se retira alors à Masphath, et fut ensuite forcé, comme 
Jérémie, de suivre les Juifs fugitifs en Egypte, Jér., xri, 6. Tl alla enfin à Ba- 
bylone et il y mourut. Quelques-uns croient qu'il avait déjà visité cette ville la 
quatriéme année de Sédécias (594), avec une ambassade royale dont son frére 
faisait partie et qui s'y était rendue, sur la demande de Jérémie, pour consoler 
|les captifs. Cf. Jér., ur, 61. 

Le style de Baruch, sans avoir la magnificence d'Isaie, est remarquable, et 
l'on sait l'admiration qu'il avait inspirée à La Fontaine; aprés l'avoir lu, il 
demandait à tous ceux qu'il rencontrait : « Avez-vous lu Baruch? C'était un 
grand génie. » ? 

Les cing premiers chapitres de la prophétie sont de Baruch; le sixième con- 
lient une lettre de Jérémie. La plupart des protestants et les rationalistes nient 
l'authenticité du tout. — I. Les cinq premiers chapitres sont réellement l'oeuvre 
de Baruch, comme l'affirme le titre, 1, 1. — 1° On conteste, il est vrai, l'auto- 
rité de ce titre, mais c'est sans fondement. Il porte, 1, 2, que Baruch écrivit sa 
prophétie la cinquiéme année aprés la ruine de Jérusalem, 583. C'est inadmis- 
sible, dit-on, parce que Baruch avait accompagné Jérémie en Egypte, Jér., 
xLu1, 6. Mais il est facile de répondre qu'il ne suit nullement, de ce que Baruch 
était allé en Egypte en 588 ou 587, qu'il n'était pas en Chaldée en 583. — 
2» On prétend trouver dans le cours du livre des passages qui indiquent qu'il a 
été écrit aprés la fin de la captivité et aprés la reconstruction du temple, 1, 10, 
14; ,זז‎ 26. — L'auteur parle incontestablement, dans ces passages, de l'autel 
du Seigneur et de la maison de Dieu, mais c'est de la maison de Dieu ruinée et 
de l'autel sur lequel on continuait à offrir des sacrifices, comme dans les pas- 
sages analogues de Jérémie. — II. Quant à l'authenticité de la lettre de Jérémie, 
ch. vi, le titre l'attribue à ce prophéte, et il est confirmé par ce que dit le second 
livre des Machabées, τι, 1-2. 

Le livre de Baruch se partage en deux parties principales, 1-ur, 8, et 111, 9-v. 
La lettre de Jérémie, placée à la fin, en forme comme un appendice. — I. La 
première partie renferme : — 1? une introduction, 1, 1-14, et 2° une prière qui 
se subdivise en deux sections : la premiére section est une sorte de confession 
dans laquelle le peuple captif reconnait ses péchés, r, 15-1; dans la seconde 
section, les coupables repentants demandent à Dieu de mettre un terme au chà- 
timent qu'ils reconnaissent avoir mérité, ir, 1-8. — II. La seconde partie con- 
tient un discours de Baruch. — 1° Il exhorte le peuple à chercher la vraie 
sagesse et à se convertir, ur, 9-rv, 8. Les versets 36-38 du ch. πὶ renferment une 
prophétie messianique remarquable, dans laquelle la plupart des Péres ont vu 
la méme pensée que celle exprimée dans l'Evangile de S. Jean : Le Verbe s'est 
fait chair, et il a habité parmi nous. — 2? Il consoleles captifs, leur recommande 
d'être fermes et courageux, et leur promet qu'ils seront vengés, iv, 9-29. — 
3? Il s'adresse à Jérusalem elle-même, et lui annonce que ses fils, emmenés avec 
ignominie sur la terre étrangère, reviendront à elle avec gloire, tv, 30-v, 


4844 


CHAPITRE PREMIER. 


Prologue du livre de Baruch. Ce livre fut 
lu devant les Juifs captifs à Babylone, 
et envoyé par eux à leurs frères de Jé- 
rusalem. Livre de Baruch, où d'abord 
ce prophéte confesse au nom de son 
peuple la justice des chátiments que 
le Seigneur exerce sur eux. 


1. Et voici les paroles du livre 
qu'a écrites Baruch, fils de Nérias, 
fils de Maasias, fils de Sédécias, 
fils de Sédéi, fils d'Helcias, à Ba- 
bylone, 

2. En la cinquième année, au 
septième jour du mois, dans le 
temps que les Chaldéens prirent 
Jérusalem et y mirent le feu. 

3. Et Baruch lut les paroles de 
ce livre aux oreilles de Jéchonias, 
fils de Joakim, roi de Juda, et aux 
oreilles de tout le peuple qui ve- 
nait pour entendre le livre; 

4. Et aux oreilles des puissants, 
fils des princes, etaux oreilles 
des prétres, et aux oreilles du 
peuple, depuis le plus petit jus- 
qu'au plus grand de tous ceux qui 
habitaient dans Babylone et près 
du fleuve de Sodi, 


BARUCH. 


(ca. 1.[ 


5. Qui écoutant, pleuraient et 
jeûnaient et priaient en présence 
du Seigneur. 

6. Et ils amassèrent de l'argent 
selon la faculté de chacun d'eux. 

7. Et ils l'envoyerentà Jérusa- 
lem àJoakim, le prétre, fils d'Hel- 
cias, fils de Salom, et aux prétres, 
et à tout le peuple qui se trouva 
avec lui à Jérusalem ; 

8. Lorsqu'il recevait les vases 
du temple du Seigneur, qui 
avaient été emportés du temple, 
pour les reporter dans la terre de 
Juda, le dixième jour du mois de 
Sivan, vases d'argent que fit faire 
Sédécias, fils de Josias, e£ roi de 
Juda, 

9. Aprés que Nabuchodonosor, 
roi de Babylone, eut enlevé de 
Jérusalem Jéchonias, et les prin- 
ces, ettousles grands, etle peuple 
du pays,et qu'il les eut emmenés 
enchainés à Babylone. 

10. Et ils dirent : Voilà que nous 
vous avons envoyé de l'argent ; 
achelez-en des holocaustes et de 
lencens, et faites-en des obla- 
lions, et offrez-/es pour le péché 
à l'autel du Seigneur notre Dieu; 


2. Du mois de nisan; qui était le premier de l’année; ou de sivan, le troisième, 
dont il est parlé au vers. 8; ou enfin du cinquième, parce que l'auteur ayant désigné 
la cinquième année, sans déterminer le mois, donne à entendre qu'il s'agit du ein- 
quième, — * La cinquième année aprés la prise de Jérusalem, en 583. Voir IV Rois, 
XXV, 8. 

3. * Jéchonias; prisonnier à Babylone. 

4. Sodi ; en grec Soud, est selon les uns un fleuve qui se déchargeait dans l'Eu- 
phrate, ou un de ses grands eanauz ; selon les autres, c'est l'Euphrate méme, appelé 
Sodi, c'est-à-dire le superbe, à cause de l'abondance et de l'impétuosité de ses eaux; 
l'hébreu zoud, qu'on transerit aussi soud, signifiant entre autres choses, étre enflé 
d'orgueil. : 

7. * Joakim, fils d'Helcias, n'était pas le grand-prétre, mais probablement celui qui 
en tenait la place à Jérusalem. 

8. Du temple du Seigneur. M faut entendre par là les ruines du temple sur les- 
quelles les Juifs avaient élevé un autel pour offrir leurs sacrifices (Compar. Jérém., 
,גוא‎ 5). Ainsi disparait la prétendue contradiction que les incrédules trouvent dans 
te chapitre. — Sivan; commencait à la nouvelle lune de juin. 

10. Des oblations; selon la Vulgate et les Septante, »«nna, C'est le mot hébreu 
minhá, qui a été modifié dans sa prononciation, et qui signifie proprement le sacrilice 


[cu. 1.] 


11. Et priez pour la vie de Na- 
buchodonosor, roi de Babylone, 
et pour la vie de Baltassar, son 
fils, afin que leurs jours sur la 
terre soient comme les jours du 
ciel; 

12. Et afin que Dieu nous donne 
la force, et qu'il éclaire nos yeux, 
pour que nous vivions sous l'om- 
bre de Nabuchodonosor, roi de 
Babylone, et sous l'ombre de Bal- 
tassar, son fils, et que nous les 
servions durant de longs jours, 
et que nous trouvions grâce en 
leur présence. 

13. Et pour nous-mémes priez 
le Seigneur notre Dieu; parce 
que nous avons péché contre le 
Seigneur notre Dieu, et que sa 
fureur ne s'est pas détournée de 
nous jusqu'à ce jour. 

14. Et lisez ce livre, que nous 
vous avons envoyé pour étre lu 
publiquement, dans le temple du 
Seigneur, en un jour solennel et 
en un jour favorable; 

15. Et vous direz : Au Seigneur 
notre Dieu la justice ; mais à nous 
la confusion de notre face,comme 
il en est en ce jour pour tout Juda 
et pour les habitants de Jérusa- 
lem, 


BARUCH. 


1845 

16. Pour nos rois, et nos prin- 
ces, et nos prétres, et nos pro- 
phétes, et nos peres. 

11. Nous avons péché devant le 
Seigneur notre Dieu, et nous ne 
lavons pas cru, n'ayant pas de 
confiance en lui; 

18. Et nous ne lui avons pas 
été soumis, et nous n'avons pas 
écouté la voix du Seigneur notre 
Dieu, afin de marcher selon les 
commandements quil nous a 
donnés. 

19. Depuis le jour qu'il a tiré 
nos peres de la terre de l'Egypte 
jusqu'à ce jour, nous étions in- 
crédules au Seigneur notre Dieu; 
et disséminés, nous nous sommes 
retirés pour ne pas écouter sa 
voix. 

20. Et il s'est attaché à nous 
beaucoup de maux et de malé- 
dictions que le Seigneur intima 
à Moise, son serviteur, qui a 
tiré nos peres de la terre de l'E- 
gypte pour nous donner une terre 
où coulaient du lait et du miel, 
comme en ce jour. 

21. Et nous n'avons pas écouté 
la voix du Seigneur notre Dieu, 
selon toutes les paroles des pro- 
phètes, qu'il nous a envoyés ; 


Cnar. I. 15. Infra, 11, 6. — 17. Dan., 1x, 5. — 20. Deut., xxvi, 15. 


non sanglant, tel que les offrandes de pain, de liqueurs, de froment, de farine, de vin. 

11. Son fils; c'est-à-dire son petit-fils et fils d'Evilmérodach, fils ainé lui-màme de 
Nabuchodonosor et son successeur immédiat. Dans toutes les langues, le mot fils se 
prend souvent pour petit-fils, comme un aïeul est fréquemment qualifié de père. 
Selon une tradition des Juifs, Evilmérodach était alors en disgráce, et Baltassar était 
considéré comme l'héritier présomptif du royaume. Ceci explique pourquoi l'écrivain 
sacré ne nomme pas iei Evilmérodach. — * Baltassar ne doit pas désigner ici celui du 
temps duquel Babylone fut prise. — Comme les jours du ciel; c'est-à-dire des jours 
sans fin. Compar. Ps. vxxxvir, 21. 

14. Dans le temple du Seigneur. Voy. vers. 8. — En un jour favorable (in die oppor- 
tuno); selon les Grecs, dans des jours d'opportunité; ce qu'on explique par dans les 
jours des fétes fixes, déterminées. 

15. Et vous direz, etc. Ici, suivant plusieurs, commence le livre méme de Daruch, 
le livre mentionné aux vers. 1, 3, 14. 

20. Les malédictions, etc. Voy. Lévil., xxv1; Deuléron., xxxvin, XXIX, 


1810 
99, Kt nous nous sommes lais- 
565 aller chacun au sens de notre 
méchant cœur, pour servir des 
dieux étrangers, faisant le mal de- 
vant les yeux du Seigneur notre 
Dieu. 
CHAPITRE ἢ 
Le Prophéte, parlant toujours au nom de 
son peuple, reconnait la justice des ju- 
gements du Seigneur, et implore sa 


miséricorde avec confiance en ses pro- 
messes. 


1. À cause de quoi le Seigneur 
notre Dieu a vérifié sa parole 
qu'il nous a dite, à nous, et à nos 
juges qui ont jugé Israél, et à nos 
princes, et à tout Israël et à Juda; 

2. Afin que le Seigneur amenát 
sur nous de grands maux, qui 
n'ont pas eu lieu sous le ciel, 
comme ils ont eu lieu dans Jé- 
rusalem, selon ce qui a été écrit 
dans la loi de Moise, 

3. Qu'un homme mangerait des 
chairs de son fils et des chairs de 
sa fille. 

4. Et il les a livrés aux mains 
de tous les rois qui nous environ- 
nent, à l'opprobre et à la désola- 
tion parmi tous les peuples au 
milieu desquels nous a dispersés 
le Seigneur. 

5. Et nous avons été au-dessous 
et non au-dessus, parce que nous 
avons péché contre le Seigneur 
notre Dieu, en n'obéissant pas à 
sa voix. 

6. Au Seigneur notre Dieu la 
justice; à nous et à nos peres la 


BARUCH. 


[cH. 11. 
confusion de la face, comme il en 
est en ce jour. 

7. Parce que le Seigneura pro- 
noncé contre nous tous ces maux 
qui sont venus sur nous ; 

8. Et nous n'avons pas supplié 
la face du Seigneur notre Dieu, 
afin que nous revenions chacun 
de nos voies trés mauvaises. 

9. Et le Seigneur a veillé sur 
les maux et il les a amenés sur 
nous; parce que le Seigneur est 
juste dans toutes ses ceuvres qu'il 
nous a commandées ; 

10. Et nous n'avons pas écouté 
sa voix, afin de marcher dans les 
préceptes qu'il a mis devant no- 
tre face. 

11. Et maintenant, Seigneur 
Dieu d'Israël, qui avez retiré vo- 
tre peuple de la terre de l'Egypte 
par une main forte et par des si- 
gnes, et par des prodiges, et par 
votre grande puissance, et par 
votre bras élevé, et qui vous étes 
fait un nom, comme il en est en 
ce jour; 

19. Nous avons péché, nous 
avons agi avec impiété, nous 
avonscommisl'iniquité, Seigneur 
notre Dieu, contre toutes vos jus- 
tices. 

13. Que votre colere se détourne 
de nous, parce que nous sommes 
restés en petit nombre parmi les 
nations où vous nous avez dis- 
persés. 

14. Exaucez, Seigneur, nos 
vœux et nos prières, et délivrez- 


II. 2. Deut., xxvii, 53. — 6. Supra, 1, 15. — 11, Dan., 1x, 15.‏ .גא 


a AR 


2. Qui n'ont pas, etc.; comme il n'y en a jamais eu de semblables. 
3. Qu'un homme, etc. Compar. Lévit., xxvi, 29; Deutér., xxviu, 53, 55. 
9. A veillé, etc.; c'est-à-dire s'est appliqué à nous punir. — Toutes ses œuvres, etc.; 


tout ce qu'il nous a commandé. 


12. Vos justices; vos justes ordonnances. 


,CH. 11.[ 
nous à cause de vous-méme, et 
accordez-nous de trouver grâce 
devant ceux qui nous ont emme- 
nés; 

15. Afin que toute la terre sache 
que c'est vous qui êtes le Seigneur 
notre Dieu, et que votre nom est 
invoqué sur Israél et sur sa race. 

16. Regardez-nous, Seigneur, 
du haut de votre sainte maison, 
et inclinez votre oreille et exau- 
cez-nous. 

47. Ouvrez vos yeux, et voyez 
que ce ne sont pas les morts qui 
sont dans l'enfer et dont l'esprit 
a été séparé de leurs entrailles, 
qui rendront honneur et justice 
au Seigneur; 

18. Mais c’est l’âme qui est triste 
à cause de la grandeur du mal, et 
quis'avance courbée,infirme etles 
yeux défaillants, et l'àme pressée 
de la faim, qui vous rend gloire 
et justice comme au Seigneur. 

19. Parce que ce n'est pas à 
cause de la justice de nos pères 
que nous répandons nos prieres, 
et que nous demandons miséri- 
cordeen votre présence, Seigneur 
notre Dieu; 

20. Mais parce que vous avez 
envoyé votre colere et votre fu- 
reur sur nous, comme vous l'avez 
annoncé par l'entremise de vos 
serviteurs, les prophètes, disant : 

21. Ainsi dit le Seigneur: Incli- 
nez votre épaule et votre cou, et 
servez le roi de Babylone ; et vous 
demeurerez en repos dans la 


BARUCH. 


1817 
terre que j'ai donnée à vos peres. 

22. Que si vous n'écoutez pas 
la voix du Seigneur votre Dieu, 
pour servir le roi de Babylone, 
je vous chasserai des cités de 
Juda et hors de Jérusalem, 

23. Et je ferai cesser parmi 
vous la voix du plaisir, et la voix 
de la joie, et la voix de l'époux, 
et la voix de l'épouse; et toute 
cette terre sera sanstrace de ceux 
qui l'habitent. 

94. Etnos péresn'ont pas écouté 
votre voix, afin de servir les 
rois de Babylone; et vous avez 
vérifié vos paroles que vous avez 
dites par l'entremise de vos ser- 
viteurs, les prophètes, que les os 
de nos rois et les os de nos pères 
seraient transportés hors de leur 
lieu; 

25. Et voilà qu'ils ont été expo- 
sés àla chaleur du soleil et à la 
gelée de la nuit; etils sont morts 
dans des douleurs cruelles, par la 
faim, et par leglaive, et par l'exil. 

96. Et vous avez fait dece tem- 
ple, dans lequel votre nom a été 
invoqué, ce qu'il est en ce jour, 
à cause de l'iniquité dela maison 
d'Israél et de 18 maison de Juda. 

97. Et vous avez agi envers 
nous, Seigneur notre Dieu, selon 
toute votre bonté, et selon toute 
cette grande miséricorde qui est 
la vótre, 

98. Comme vous l'avezannoncé 
par l'entremise de Moise, votre 
serviteur, au jour oü vous lui or- 


16. Deut., xxvi, 15; Isaie, rxrmr, 15. — 17. Isaie, xxxvir, 17; Lxiv, 9; Ps. cxrr, 17. 


15, 96. Votre nom, etc.; ou bien, Israél porte votre nom; le texte hébreu est suscep- 


tible de ces deux sens. 


17. L'enfer; c'est-à-dire ce lieu souterrain que les Hébreux regardaient comme 6 


séjour des àmes aprés la mort. 


24. Que les os, etc Compar. Jérémie, vii, 2. 


1818 
donnátes d'écrire votre loi devant 
les enfants d'Israël, 

29. Disant : Si vous n'écoutez 
pas ma voix, cette grande multi- 
tude sera réduite à un très petit 
nombre parmi les nations, où moi 
je les disperserai; 

30. Parce que je sais que ce 
peuple ne m'écoutera pas; car 
c'est un peuple d'un cou roide; 
mais il rentrera en son cœur dans 
la terre de sa captivité ; 

31. Et ils sauront que c'est moi 
qui suisle Seigneur leur Dieu ; et 
je leur donnerai un cœur, et ils 
comprendront ; des oreilles, et ils 
entendront. 

39. Et ils me loueront dans la 
terre de leur captivité, et ils se 
souviendront de mon nom. 

33. Et ils se détourneront de 
leur dos roide, et de leurs mé- 
chancetés, parce qu'ils se souvien- 
dront de la voie de leurs pères 
qui ont péché contre moi. 

34. Et je les rappellerai dans la 
terre que jai promise par ser- 
ment à leurs pères, à Abraham, 
et à Isaac, et à Jacob; et ils en 
serontles maitres; et je les mul- 
tiplierai, et ils ne diminueront 
pas. 

35. Et j'établirai avec eux une 
autre alliance, qui sera éternelle, 


20. Lév., xxvi, 14; Deut., xxvi, 15. 


BARUCH. 


[cu. ur.] 


afin que je sois leur Dieuet qu'eux 
soient mon peuple; et je ne trans- 
porterai plus mon peuple, les fils 
d'Israël, hors delaterre que jeleur 
ai donnée. 


CHAPITRE III. 


Baruch continue d'implorer la miséri- 
corde du Seigneur au nom de ses frères. 

ll exhorte Israël à reconnaitre que son 

infidélité est la source de ses maux, et 

l'invite à rechercher la sagesse. Elle ne 

vient que de Dieu. Il l'a manifestée à 

Israël. Prophétie de l'Incarnation du 

Verbe. 

1. Et maintenant, Seigneurtout- 
puissant, Dieu d'Israél, une àme 
dans les angoisses, et un esprit 
inquiet crie vers vous; 

2. Ecoutez, Seigneur, et ayez 
pitié, parce que vous étesun Dieu 
miséricordieux, et ayez pitié de 
nous, parce que nous avons pé- 
ché devant vous. 

3. Parce que vous subsistez 
éternellement; etnous, périrons- 
nous pour jamais ? 

4. Seigneur tout-puissant, Dieu 
d'Israël, écoutez maintenant la 
prière des morts d'Israël, et des 
fils de ceux qui ont péché de- 
vant vous et qui n'ont pas écouté 
la voix du Seigneur leur Dieu, 


et les maux se sont attachés à 
nous. 


29, 34. Ces versets se trouvent, au moins quant au sens, dans Lévit., ,אאא‎ 15, 45; 
Deutér., 1v, 25, 30; xxvur, 62; xxx, 3; Jérém., xxiv, 6; xxxi, 7. 

30. D'un cou roide; qui supporte difficilement le joug, indomptable. 

33. Dos roide; a le méme sens que cou roide du vers. 30. 


34. En; d'elle, c'est-à-dire de la terre, nommée dans ce méme verset. C'est ainsi 
dans les Septante; la Vulgate porte le pluriel eux ou elles (eis); ce qui est probable- 
ment une faute de copiste. Dans la Bible imprimée à la Propagande avec la version 
arabe, en 1671, on lit le singulier 0/6000 (ejus). 

4. Des morts d'Israél; c'est-à-dire des enfants d'Israël, queles maux qu'ils souffrent 
dans leur captivité ont rendus semblables aux morts ensevelis dans le tombeau 
(Ezéch., xxxvir, 12); ou bien des saints patriarches, Abraham, Jacob, Isaac, etc., qui, 
de leur vivant et depuis leur mort, n'ont cessé de prier pour le salut du peuple. 


fcu. n1.] 


5. Ne vous souvenez pas des 
iniquités de nos peres, mais sou- 
venez-vous, en ce temps-ci, de 
votre main et de votrenom ; 

6. Parce quec'est vous qui étes 
le Seigneur notre Dieu, et nous 
vous louerons, Seigneur; 

7. Parce que c'est à cause de 
cela que vous avez mis votre 
crainte dans nos cœurs, afin que 
nous invoquions votre nom et 
que nous vous louions dans notre 
captivité; parce que nous nous 
détournons de liniquité de nos 
peres, qui ont péché devant vous. 

8. Et voilà que nous sommes 
aujourd'hui dans notre captivité, 
où vous nous avez dispersés pour 
étre un sujet d'outrage, de malé- 
diction, et un exemple de la peine 
due au péché, selon toutes les ini- 
quités de nos pères qui se sont 
relirés de vous, Seigneur notre 
Dieu. 

9. Ecoute, Israél, des comman- 
dements de vie; préte l'oreille, 
afin que tu saches la prudence. 

10. D'où vient, Israël, que tu 
es dans la terre de tes ennemis? 

41. Tu as vieilli dans une terre 
étrangère, tu t'es souillé avec les 
morts; tu es devenu semblable à 
2eux qui descendent dans l'enfer. 


5. De votre main; de votre puissance. Le sens de ce verset est 
pas par nous-mêmes que vous nous sauviez; 


BARUCH. 


1819 

12. Tu as abandonné la source 
de la sagesse; 

13. Car dans la voie de Dieu si 
tu avais marché, tu aurais assu- 
rément habité dans une paix éter- 
nelle. 

14. Apprendsoü estlaprudence, 
où est la force, où est l'intelli- 
gence; afin que iu saches en 
méme temps oü est la longueur 
de la vie, et la nourriture, oü 
est la lumiere des yeux, et la 
paix. 

15. Qui a trouvé son lieu? et 
qui est entré dans ses trésors? 

16. Où sont les princes des na- 
lions, et ceux qui dominent sur 
les bétes qui sont sur la terre? 

11. Qui sejouent des oiseaux du 
ciel, 

18.Qui amassent l'argent et l'or 
dans lequel les hommes se con- 
fient et dont l'acquisition est sans 
fin? qui travaillent l'argent, et y 
mettent beaucoup de soin, et dont 
les ouvrages sont incompréhen- 
sibles? 

19. Ils ont été exterminés, ils 
sont descendus dans les enfers; 
et d'autres se sont levés à leur 
place. 

20. De jeunes hommes ont vu 
la lumiere, et ils ont habité sur la 


: Nous ne méritons 
mais cependant sauvez-nous, afin de 


faire éclater par là votre puissance, et d'empécher vos ennemis de blasphémer votre 


nom. Compar. Josué, vii, 9; 11] Rois, vut, 41; 


41. Tu t'es souillé avec les morts; 


DS xxIpSareEzech- xx. M4. etc. 


tu es au milieu des Chaldéens, peuple idolâtre, 


.dans un état de souillure et d'impureté semblable à celui de quiconque touche un 


corps mort, ou demeure dans une maison oü il y a un mort (Lévit., 


v, 25 X1,:255 


xxu, 4; Nombr., xix, 14). — * Dans l'enfer, dans 16 scheól, séjour des morts. 

45. Son lieu; le lieu dela sagesse, le lieu oü elle réside. 

18. Qui tr availlent, etc. Avec l argent extrait des mines, ces princes des nations fai- 
saient faire, en y mettant le plus grand soin, toute espéce d'ouvrages riches et pré- 
cieux, dont le grand nombre et la parfaite exécution ne pouvaient guère se concevoir. 
C'est cette dernière pensée que la Vulgate a rendue conformément au grec des Sep- 


tante, par : 


Nec est inventio operum illorum, et que nous croyons avoir exprimé 


fidèlement nous-méme dans notre traduction. 


1850 


lerre; mais ils ont ignoré la voie 
de la vraie science, 

21. Ils n'en ont pas compris les 
sentiers, leurs fils ne l'ont pas 
recue, elle s'est éloignée de leur 
face ; 

22. Elle n'a point été enten- 
due dans la terre de Chanaan, 
et elle n'a pas été vue dans Thé- 
man. 

23. Les fils d'Agar méme qui 
recherchent la prudence qui est 
de la terre, ces marchands de 
Merrha et de Théman, et ces con- 
teurs de fables, et cesscrutateurs 
de laprudence et del'intelligence, 
n'ont pas connu la voie de la sa- 
æesse, et n'ont pas mentionné ses 
sentiers. 

24. Ο Israël, qu'elle est grande, 
la maison de Dieu, et qu'il est 
vaste, le lieu de sa possession! 

95. Il est grand, et n'a point de 
fin, il est élevé et immense. 

26. Là ont été ces géants de re- 
nom qui vécurent dés le commen- 
cement, ces géants d'une haute 
stature et sachant la guerre. 

97. Le Seigneur ne les 8 pas 
choisis, ils n'ont pas trouvé la 
voie de la vraie science; à cause 
de cela ils ont péri. 

28. Et comme ils n'ont pas eu 
la sagesse, ils sont morts à cause 
de leur folie. 


99. Théman ; ville célèbre de l’Idumée. 


BARUCH. 


(cm. ur.] 


29. Qui est monté au ciel et y 
a pris la sagesse, et l'a amenée 
des nuées? 

30. Qui a passé la mer et l'a 
trouvée, et l'a rapportée de pré- 
férence à l'or le plus pur? 

31. Il n'est personne qui puisse 
connaitre ses voies, ni qui recher- 
che ses sentiers; 

32. Mais celui qui sait toutes 
choses la connait, et il l'a trouvée 
par sa prudence; celui qui a 
affermi la terre à jamais, et qui 
l'a remplie de toutes sortes d'ani- 
maux. 

33. Qui envoie lalumiere, et elle 
va; et il l'appelle, et elle lui obéit 
avec tremblement. 

34. Or les étoiles ont donné la 
lumiere à leurs postes, et elles 
se sont réjouies. 

35. Elles ont élé appelées et 
elles ont dit : Nous voici; et elles 
ont brillé avec plaisir pour celui 
qui les a créées. 

36. C'est lui qui est notre Dieu, 
et nul autre ne sera estimé auprès 
de lui. 

37. C'est lui qui a trouvé toute 
voie de vraie science, et qui l'a 
donnée à Jacob, son serviteur, et 
à Israél, son bien-aimé. 

38. Aprés cela, il a été vu sur 
la terre, et il a demeuré avec les 
hommes. 


23. Merrha; ville d'Arabie. Il y avait en Arabie plusieurs villes d'un nom à peu . 
pres semblable. — Théman ; autre ville d'Arabie, différente de celle du verset précé- 
dent. — * Les fils d'Agar, mère d'Ismaél; les Ismaélites, les Arabes. 


26. * Ces géants. Voir Genése, νι, 4. 


32. Toutes sortes d'animaux; littér. et par hébraisme, de 06068 et de quadrupedes. 
38. Il a demeuré, etc. Les Pères et les interprètes expliquent communément ce 
passage de l'Incarnation du Verbe divin. Il est certain qu'on ne peut lui donner un 


sens plus clair et plus naturel, 


08. 1V.] 


CHAPITRE IV. 


Baruch exhorte les Israélites à se conver- 
tir au Seigneur et à observer sa loi. Jé- 
rusalem pleure la captivité de ses en- 
fants; elle les exhorte à espérer dans 
le Seigneur. Promesse de leur délivrance 
et de la ruine de leurs ennemis. 


1. Voici le livre des comman- 
dements de Dieu, et la loi qui 
subsiste éternellement: tous ceux 
qui la gardent parviendront à la 
vie, ceux qui l'ont abandonnée à 
la mort. 

9. Convertis-toi, ὃ Jacob, et 
embrasse la loi; marche dans sa 
voie à sa splendeur, en face de sa 
lumiere. 

3. Ne livre pas ta gloire à un 
autre, et ta dignité à une nation 
étrangere. 

4. Bienheureux nous sommes, 
Israél, parce que ce qui plait à 
Dieu nous a été manifesté. 

ὃ. Rassure-toi, peuple de Dieu, 
monument d'Israël; 

6. Vousavez été vendus aux na- 
tions, non pour votre ruine; mais 
parce que vous avez provoqué 
Dieu à un grand courroux, vous 
avez été livrés à vos adversaires. 

1. Car vous avez aigri celui qui 
vous à faits, le Dieu éternel, en 
immolant à des démons et non à 
Dieu. 

8. Car vous avez oublié le Dieu 


BARUCH. 


1851 


qui vous a nourris, et vous avez 
constristé votre nourrice Jérusa- 
lem. 

9. Car elle a vu le courroux 
venant de Dieu sur vous, et elle a 
dit : Ecoutez, confins de Sion, car 
Dieu m'a envoyé un grand deuil ; 

10. Car j'ai vu la captivité de 
mon peuple, de mes fils et de 
mes filles, que l'Eternel a ame- 
née sur eux. 

11. Car je les ai nourris dans 
la joie; mais je les ai laissés aller 
dans le pleur et le deuil. 

19. Que personne ne se ré- 
jouisse de moi, veuve et désolée : 
jai été abandonnée par un grand 
nombre à cause des péchés de 
mes enfants, parce qu'ils se sont 
détournés de la loi de Dieu. 

13. Et ses justices, ils ne les ont 
pas connues, et ils n'ont pas mar- 
ché dans les voies des comman- 
dements de Dieu, et ils ne sont 
pas entrés avec justice dans les 
senliers de sa vérité. 

14. Qu'ils viennent, les confins 
de Sion, et qu'ils se rappellent la 
caplivité de mes filset de mes filles, 
que l'Eternel a amenée sur eux. 

15. Car il a fait venir contre 
eux une nation de loin, une 
nation méchante et d'une autre 
langue ; 

16. Qui n'ont pas respecté le 
vieillard, et n'ont pas eu pitié des 


5. Monument d'Israël; c'est le sens de la Vulgate expliqué par le grec. La partie du 
peuple de Dieu qui était exilée, quoique réduite à un petit nombre, n'en était pas 
moins un reste suffisant pour conserver la mémoire et le nom d'Israél. 

6. Un grand courroux. La réunion des mots colère (ira), et courroux (iracundiam), 
a pour but de donner de la force à l'expression. 

9, 14. Confins; c'est-à-dire les villes voisines, Voy. vers. 24. 

13. Vos justices; vos justes ordonnances. — Les sentiers de sa vérilé; hébraisme, 
pour ses sentiers de vérité; c'est-à-dire qui conduisent à la vérité ou qui sont les vrais; 
le grec porte, des sentiers d'instruction, de discipline. 

15. D'un autre langue; d'une langue autre que celle des Juifs, par conséquent incon- 


nue pour eux. 


1852 


enfants, qui ont emmené loin de 
ses fils ceux qui étaient chers à la 
veuve, et l'ont désolée en la lais- 
sant seule. 

47. Mais moi, comment puis-je 
vous secourir? 

18. Car celui qui ἃ amené sur 
vous les maux est celui-là même 
qui vous délivrera des mains de 
vos ennemis. 

19. Marchez, mes fils, marchez$ 
car moi j'ai été laissée seule. 

20. J'ai quitté la robe de la 
paix; je me suisrevétue du sac de 
la supplication, et je crierai vers 
le Très-Haut durant mes jours. 

91. Rassurez-vous, mes enfants; 
criez vers le Seigneur, et il vous 
arrachera de la main des princes 
ennemis. 

22. Car moi, j'ai espéré dans 
l'Eternel, qui est votre salut, et la 
joie m'est venue du Saint dans 
la vue de la miséricorde qui vous 
viendra de l'Eternel, notre sau- 
veur. 

93. Car je vous ai envoyés dans 
le deuil et dans le pleur; mais le 
Seigneur vous ramènera à moi 
dans la joie et le plaisir pour 
toujours. 

24. Car comme les voisines de 
Sion ont vu votre captivité venant 
de Dieu, ainsi elles verront aussi 
bientót, venant de Dieu, votre 
salut qui vous arrivera avec un 
grand honneur et une splendeur 
éternelle. 

25. Mes enfants, supportez 
patiemment la colére qui vous 


BARUCH. 


[cH. 1v.] 
est arrivée;car il t'a persécuté, 
ton ennemi ; mais bientót tu ver- 
ras sa ruine, et tu monteras sur 
son cou. 

26. Mes enfants délicats ont 
marché dans des voies raboteu- 
ses; ils ont été emmenés comme 
un troupeau ravi par ses enne- 
mis. 

27. Rassurez-vous, mes enfants, 
et criez vers le Seigneur; car 
votre souvenir ne s'éloignera pas 
de celui qui vous a conduits. 

28. Car comme votre sentiment 
a été d'errer loin de Dieu, en re- 
venantàlui, vous le rechercherez 
avec dix fois autant d'ardeur. 

29. Car celui qui a amené les 
maux sur vous, lui-méme vous 
amènera de nouveau une joie 
éternelle avec votre salut. 

30. Rassure-toi, Jérusalem, car 
il t'y exhorte, celui qui t'a nom- 
mée. 

31. Ils périront, les méchants 
qui t'ont tourmentée; et ceux qui 
se sont félicités de ta ruineseront 
punis ; 

32. Les cités oü vos fils ont été 
esclaves seront chátiées; méme 
celle qui a reçu tes fils comme 
captifs. 

33. Car, comme elle s'est ré- 
jouie deta ruine, et qu'elle a tres- 
sailli d'allégresse à ta chute, ainsi 
elle sera contristée dans sa déso- 
lation. | 
34. Et l'exultation de sa multi- | 
tude lui sera enlevée, et sa joie 
sera changée en deuil. 


25. Bientôt. Au moment οὐ Baruch écrivait ceci, seize ans de captivité s'étaient 
déjà écoulés, il n'en restait donc plus que cinquante-quatre. Or, quand il s'agit d'une 
monarchie aussi puissante que l'était celle de Babylone, cinquante-quatre ans sont 
peu de chose, etle Prophète a pu se servir du mot bientôt (cito). 

30. Qui l’a nommée; de son nom. Compar. rm, 45; Ps. χυν, 4; וטוא‎ 4, 8; Îsaie, 


LXII, 2. 


[cu. v.] 


35. Car un feu lui arrivera /ancé 
par l'Eternel pendant des jours de 
longue durée, et ellesera habitée 
par des démons durant beaucoup 
de temps. 

36. Jérusalem, regarde vers l'O- 
rient, et vois la joie qui te vientde 
Dieu. 

37. Car voilà que viennent tes 
fils que tu as envoyés pour étre 
dispersés; ils viennent tous en- 
semble de l'Orient jusqu'à l'Occi- 
dent, se réjouissant à la parole du 
saint pour l'honneur de Dieu. 


CHAPITRE V. 


Le Prophéte exhorte Jérusalem à quitter 
son deuil, et à se revétir de joie, parce 
qu'il voit ses enfants revenir de leur 
captivité comblés de gloire. 


1. Dépouille-toi, Jérusalem, de 
ta robe de deuil et de ton tour- 
ment; et revéts-toi de l'éclat et de 
la majesté de cette gloire éter- 
nelle qui te vient de Dieu. 

2. Le Seigneur te revétira dela 
diploïde de la justice, et il mettra 
sur £a téte la mitre de l'éternelle 
gloire. 


BARUCH. 


1853 


3. Car Dieu montrera sa splen- 
deur en toi à tout homme qui est 
sous le ciel. 

4. Car ton nom gui te sera 
donné de Dieu pour jamais est : 
Paix de justice, et honneur de 
piété. 

ὃ. Lève-toi, Jérusalem, et tiens- 
toi sur la hauteur; regarde vers 
l'Orient, et vois tes fils rassem- 
blés du soleillevant jusqu'au cou- 
chant, se réjouissant à la parole 
du saint dans le souvenir du Sei- 
gneur. 

6. Car ils sont sortis de toi, 
conduits à pied par les ennemis: 
mais le Seigneur les amènera 
vers toi, portés avec honneur 
comme les fils d'un royaume. 

1. Car le Seigneur a résolu d'a- 
baisser toute montagne élevée 
et les roches éternelles, et de 
combler les vallées jusqu'au ni- 
veau de la terre, afin qu'Israél 
marche rapidement pour la gloire 
de Dieu. 

8. Or les foréts mémes et tout 
arbre de suavité ombrageront Is- 
raël par ordre de Die:. 


(ΒΑΡ. IV. 36. Infra, v, 5. — Cuar. V. 5. Supra, 1v, 36. 


35. Elle sera habitée. Compar. Isaïe, xui, 21 ; Jérém., v, 39. 
36. Regarde vers l'Orient. C'était de l'Orient que devait venir Cyrus, libérateur des 


Juifs (Isaie, xL1, 2; xxxiv, 14; xLvI, 11). 


31. Ils viennent, ete. Compar. 15000, xi, 11, 12; Zacharie, vin, 7, etc. — Du Saint; 


de Dieu. 


2. Diploide; robe doublée de fourrure des anciens Orientaux. 


9. A tout homme qui (omni qui); le grec met le féminin £oute, qui remplace sans 
doute le neutre, comme en hébreu, où à défaut du genre neutre, on emploie en effet 
le féminin ; ainsi, dans les Septante, le sens est : A tout ce qui. 

4. Paiz, etc. Ces noms conviennent mieux encore à l'Eglise de Jésus-Christ qu'à la 
Jérusalem terrestre, qui en était la figure. 

9. Regarde vers l'Orient, etc. Voy. 1v, 36, 81. 

6. Ils sont sortis, etc. Les Juifs, ayant été conduits à pied comme des esclaves à 
Babylone, retournérent avec honneur dans leur pays, amenant un grand nombre de 
chevaux, de mulets et de chameaux que leur fournit Cyrus. Voy. 79006, ,זוא‎ 22; LxvI, 
20; I Esdras, ui, 66, 61. — Les fils d'un royaume; ou d'une royaulé; c'est-à-dire des 
princes qu'on porte sur les épaules ou en litière. 

1. Le Seigneur a résolu, etc.; allusion à 22006, xL, 3, 4. 


1854 


9. Car Dieu ramènera Israël 
avec joie à la lumière de sa ma- 
jesté, avec la miséricorde et la 
justice qui vient de lui-même. 


CHAPITRE VI. 


Lettre de Jérémie aux Juifs captifs. Il 
leur annonce leur retour. 1] les exhorte 
à ne pas prendre part à l'idolátrie des 
Babyloniens. Il leur montre le néant et 
la vanité des idoles. 


Copie de la lettre qu'envoya Jé- 
rémie aux caplifs qui devaient 
étre emmenés à Dabylone par le 
roi des Babyloniens, pour leur an- 
noncer ce que Dieu lui avait or- 
donné de leur dire. 

1. A cause des péchés que vous 
avez commis devant Dieu, vous 
serez emmenés caplifs à Daby- 
lone, par Nabuchodonosor, roi 
des Babyloniens. 

2. C'est pourquoi, entrés à Ba- 
bylone, vous y serez durant beau- 
coup d'années et un long temps, 
jusqu'à sept générations; mais 
après cela je vous en ramenerai 
dans la paix. 


BARUCH. 


[cu. vi.] 


3. Mais maintenant vous verrez 
à Babylone des dieux d'or et d'ar- 
gent, et de pierre et de bois, que 
lon porte sur les épaules et 
qui impriment la crainte aux na- 
tions. 

4. Voyez donc à ne pas imiter 
les actions de ces étrangers, et à 
ne pas vous effrayer, et à ce que 
la frayeur ne vous saisisse pas à 
cause d’eux. 

9. C'est pourquoi, quand vous 
verrez une multitude derriere et 
devant, adorant, dites en vos 
cœurs : C'est vous qu'il faut ado- 
rer, Seigneur. 

6. Car mon ange est avec vous, 
et moi-méme je rechercherai vos 
âmes. 

7. Car leur langue a été polie 
par un ouvrier; ceux méme qui 
sont dorés et argentés sont faux, 
et ils ne peuvent parler. 

8. Et comme on fait à une 
vierge qui aime les ornements, 
ainsi ils ont été fabriqués avec de 
l'or qu'on a employé. 

9. Leur dieux ont assurément 


Cuap. VI. 1. Jérém., xxv, 9. — 3. Isaie, xziv, 10. 


1-12. * La lettre de Jérémie a pour but de détourner les Juifs captifs à Babylone, à 
qui elle est adressée, de l'idolàtrie chaldéenne. Elle renferme une sorte de double 
refrain qui revient de temps en temps, et en marque les divers alinéas : 14-15, 22, 28, 
6%, et 39, 4%, 55, 63. Jérémie y montre une grande connaissance de la religion baby- 
lonienne; sa lettre est comme un monument archéologique oü nous trouvons 
décrites en détail les statues des dieux chaldéens, ainsi que les cérémonies que l'on 
suivait pour habiller et déshabiller les idoles. Rien n'était plus propre que cet écrit 
à faire persévérer les enfants d'Israël dans le culte du vrai Dieu. 

2. Sept générations. Chez les anciens, le mot génération représente tantôt cent, tan- 
tôt cinquante, trente-trois, dix, et méme sept années. Ainsi ces sepl généralions 
marquent ici très probablement les soixante-dix années auxquelles Dieu avait fixé la 
durée de la captivité (Jérém., xxv, 11, 12; xxix, 20). 

3. * Des dieux d'or, etc. 11 y avait à Babylone de nombreuses idoles d'or, d'argent, 
de pierre et de bois, et en certaines circonstances on les poríait sur les épaules, comme 
nous le voyons sur des bas-reliefs du temps des Assyriens. 

6. Mon ange; saint Michel, défenseur du peuple hébreu. Voy. Daniel, x, 13, 21; xri, 1. 
— * Je rechercherai vos ámes; je prendrai soin de votre vie. 

T. * Dorés et argentés. Les statues des dieux étaient souvent en bois recouvert de 
lames d'or ou d'argent. 

9. Se les arrogent; c'est-à-dire s'arrogent l'or et l'argent; littér. se l’arroge (1llud.) 


fen. vi.) 
des couronnes d'or surleurstêtes, 
d'où les prêtres leur enlèvent l'or 
et l'argent et se les arrogent à 
eux-mémes. 

10. Mais ils en donnent à des 
prostituées, et ils en parent des 
femmes de mauvaise vie, et 
lorsque ces femmes de mauvaise 
vie les leur ont rendus, ils ex pa- 
rent de nouveau leurs dieux. 

11. Mais ceux-ci ne se préser- 
vent ni de la rouille ni des vers. 

19. Or, après qu'on les 8 cou- 
verts d'un vétement de pourpre, 
on nettoie leur face à cause de la 
poussieredeleur maison, laquelle 
est abondante parmi eux. 

13. Mais il a un sceptre comme 
un homme, comme un juge de 
province; cependant celui qui pè- 
che contre lui, il ne le tue pas. 

14. Il a aussi à la main un glaive 
et une hache; mais de la guerre et 
des voleurs il ne se délivre pas. 
Que par làil vous soit connu que 
ce ne sont pas des dieux. 

15. Ne les craignez done pas; 
car comme le vase dun homme, 
lorsqu'il est brisé, devient inutile, 
tels sont leurs dieux. 

16. Après qu'ils ont été placés 
dans une maison, leurs yeux sont 
pleins de la poussière des pieds de 
ceux qui entrent. 


BARUCH, 


1855 


11. Et comme pour celui qui a 
offensé un roi, les portes sont 
fermées alentour, ou comme un 
mort mis au sépulcre, les prétres 
défendent les portes par des ver- 
rous et par des serrures, de peur 
que par les voleurs ils ne soient 
entierement dépouillés. 

18. Ils allument devant eux des 
lampes, et en grand nombre, e£ 
ces dieux n'en peuvent voir au- 
cune; mais ils sont comme les 
poutres dans une maison. 

19. Ils disent aussi que les ser- 
pents qui sortent de la terre ron- 
gent leurs cœurs, lorsqu'en. effet 
ils les dévorent, eux et leurs vé- 
tements, et ils ne /e sentent pas. 

20. Leurs faces deviennent noi- 
res par la fumée qu'il fait dans la 
maison. 

21. Sur leurs corps et sur leurs 
tétes volent les hiboux, les hiron- 
delles, et les autres oiseaux aussi 
également, et les chats y sautent. 

22. Par là sachez que ce ne sont 
pas des dieux, ne les craignez 
donc point. 

93. L'or méme qu'ils ont est 
pour l'apparence. Si quelqu'un 
n'en 666 pas la rouille, ils ne 
brilleront pas; car lorsqu'on les 
jetait en fonte, ils ne /e sentaient 
pas. 


Trés souvent, en hébreu, lorsqu'un pronom ou un adjectif ou un participe se rap- 
porte à plusieurs substantifs, il se met au nombre et au genre du dernier. — * Des 
couronnes d'or sur leurs téles. Les images des dieux assyro-chaldéens qui sont par- 
venues jusqu'à nous sont souvent couronnées. 

10. Les leur ; littér. le leur. Voy. le verset précédent. 

19. Il; c'est-à-dire un d'eux, ou chacun d'eux; ce qui est un pur hébraisme. — 
* Les monuments assyro-chaldéens représentent les dieux un sceptre à la main. 

14. * Une hache. Un bas-relief figure le dieu Bel avec une hache à la main. 

21. * Sur leurs têles volent les hiboux ou les chauves-souris, qui aiment à se retirer 
dans les endroits sombres et obscurs comme étaient les sanctuaires des anciens 
temples. Tous ceux qui ont voyagé en Orient ont constaté combien les chauves-souris 
sont nombreuses, spécialement dans les cavernes, d’où elles forcent quelquefois les 
curieux de s'enfuir. 


1356 

94. Et c'est à tout prix qu'ils ont 
été achetés, eux en qui la vie 
n'est pas. 

25. Etant sans pieds, ils sont 
portés sur les épaules, montrant 
ainsi aux hommes leur ignoble 
impuissance. Qu'ils soient con- 
fondus aussi ceux qui les adorent. 

26. À cause de cela, s'ils tom- 
bent par terre, ils ne se relèvent 
point par eux-mêmes; et si quel- 
qu'un ne les tient debout, ils ne 
s'y tiendront pas eux-mêmes; 
mais comme à des morts, leurs 
présents leur seront apportés. 

97. Leurs prêtres vendent leurs 
hosties et en usent à leur gré; 
également leurs femmes, qui en 
prennent aussi, n’en font nulle- 
ment part ni àl'infirme ni au men- 
diant ; 

98. Quant à leurs sacrifices, les 
femmes accouchées et celles qui 


25. 18810, xLvi, T. 


BARUCH. 


]68. vi.) 


sont dans leurs mois y touchent. 
C'est pourquoi sachant par là que 
ce ne sont pas des dieux, ne les 
craignez point. 

29. Car pourquoi sont-ils appe- 
lés des dieux? Parce que des 
femmes apportent des présents à 
ces dieux d'argent, d'or, et de 
bois; 

30. Et que dans leurs mai- 
sons les prêtres sont assis, ayant 
des tuniques déchirées, la tête 
et la barbe rasées, et la tête 
nue. 

31. Or ils rugissent en criant 
devant leurs dieux, comme au 
repas d'un mort. 

32. Les prêtres enlèvent leurs 
vétements, et en revétent leurs 
femmes et leurs enfants. 

33. S'ils éprouvent quelque mal 
de la part de quelqu'un, et quel- 
que bien, ils ne peuvent /erendre; 


24. A lout prix; jusqu'au prix le plus élevé. — Ils ont été achetés; dans la Vulgate 
et les Septaute on lit le neutre, soit que les dieux des paiens aient été considérés 
comme de simples choses, et non comme des personnes, soit que le traducteur grec 
ait fait allusion au mot grec eidólon, idole, qui, dans sa langue, aussi bien qu'en 
latin, est du genre neutre. Cette particularité se présente dans plusieurs autres ver- 
sets suivants de ce méme chapitre. — En qui; littér. en lesquels, en euz. — Ce pléo- 
nasme, qui ne se lit pas dans la version grecque, est imité d'une locution hébraique 
oü cependant le pléonasme n'existe réellement pas, comme nous l'avons prouvé dans 
nos Principes de grammaire hébraique. 

25. Ils sont portés, etc. Compar. 19006, xLvr, T. 

96. Les, ils, leur; littér. Le, il, lui; hébraisme pour chacun, à chacun, ou l’un, à 
l'un d'eux. Compar. vers. 9. — Présents; c'est-à-dire repas qu'on apportait à ces 
dieux, comme on en mettait sur les tombeaux des morts. Compar. Ecclésiastique, 
xxx, 18, 19; Daniel, xiv, 5 et suiv. 

28. Les femmes, 660. Chez les Hébreux, toute femme qui se trouvait dans l'un de 
ces états ne pouvait entrer dans le temple (Lévit., xu, 2, 4; xv, 19, 33); quoique les 
paiens ne fussent pas tenus d'observer cette loi, les Juifs n'en avaient pas moins 
d'horreur pour ceux qui ne s'y conformaient point. 

30. Les prétres, ete. Ces pratiques de deuil étaient surtout en usage pour honorer 
le dieu Adonis, dont le culte était répandu non seulement dans l'Egypte, dans la 
Palestine, dans la Phénicie et la Syrie, mais encore dans la Babylonie et dans les 
provinces au delà de l'Euphrate; elles étaient sévérement défendues aux prétres du 
vrai Dieu (Lévit., xxx, 5, 10). 

31. Jis vugissent, etc. Dans les repas qui se faisaient en l'honneur des morts, et 
souvent prés du tombeau, les parents manifestaient leur douleur par des cris et des 
lamentations, 


[cn. vr.] 


et ils ne peuvent constituer un 
roi, ni le renverser. 

34. Pareillement ils ne peuvent 
ni donner des richesses, ni rendre 
le mal. Si quelqu'un voue un vœu 
et ne l'acquitte pas, ils ne s'en 
mettent pas en peine. 

98. Ils ne délivrent pas un 
homme dela mort; ils n'arrachent 
pas le faible de la main d'un plus 
puissant. 

36. lls ne rendent pas la vue à 
un homme aveugle, et de la dé- 
tresse ils ne retirent pas un pau- 
vre. 

97. Ils n'auront pas pitié d'une 
veuve, et ils ne feront point de 
bien à des orphelins. 

38. Aux pierres de la montagne 
sont semblables leurs dieux, 
dieux de bois et de pierre, et d'or 
et d'argent. Or ceux qui les ado- 
rent seront confondus. 

39. Comment donc doit-on es- 
ümer ou dire qu'ils sont dieux? 

40. Car encore les Chaldéens 
eux-mémes ne les honorent pas; 
lorsqu'ils ont appris qu'un muet 
ne peut parler, ils l'offrent à Bel, 
lui demandant qu'il parle; 

41. Comme s'ils pouvaient sen- 
lir, ces dieux qui n'ont pas le 
mouvement; οἱ /es Chaldéens 
eux-mémes, lorsqu'ls auront 
compris ce£te impuissance, ils les 
abandonneront; car leurs dieux 
eux-mémes n'ont pas le senti- 
ment. 

42. Des femmes ceintes avec 
des cordes sont assises sur les 


40.* Bel; le grand dieu chaldéen. 


BARUCH. 


1857 


chemins, brülant des noyaux d'o- 
lives. 

43. Et lorsque quelqu'une d'en- 
ire elles, entrainée par quelque 
passant, a dormi avec lui, elle 
reproche à celle qui est aupres 
d'elle, qu'elle n'en 8 pas été jugée 
digne, et que sa corde n'a pas été 
rompue. 

44. Or tout ce qui se fait pour 
ces dieux est faux, comment doit- 
on estimer ou dire qu'ils sont 
dieux? 

45. Mais c'est par des ouvriers 
en bois et par des orfèvres qu'ils 
ont été faits. Ils ne seront rien 
que ce que veulent les prétres. 

46. Et les artistes eux-mémes 
qui les font ne sont pasd'unlong 
temps. Est-ce donc que les choses 
qui ont été fabriquées par eux 
peuvent étre des dieux? 

47. Mais ils ont laissé faussetés 
et opprobre aux hommes à venir. 

48. Car lorsqu'il leur survient 
une guerre et d'autres maux, les 
prétres pensent en eux-mémes 
oü ils se cacheront avec eux. 

49. Comment donc doit-on 
croire qu'ils sont dieux, ceux qui 
ne peuvent ni se délivrer de la 
guerre, ni s'arracher aux autres 
maux? 

50. Car puisqu'ils sont de bois, 
et recouverts d'or et d'argent, il 
sera reconnu apres cela par tou- 
tes les nations et {ous les rois 
qu'ils sont faux ; d'oü il est mani- 
feste que ce ne sont pas des dieux, 
mais l’œuvre de la main des hom- 


42. Brülant des noyaux d'olive; en sacrifice. Hérodote dit que les femmes de Ba- 
bylone offraient un pareil sacrifice à Vénus, une fois en leur vie. 


49. Ouvriers en bois. Voy. vers. 7. 


48. Avec eux; c'est-à-dire avec leurs dieux. 
90. 1l est manifeste; littér. lesquelles choses sont manifestes. 


A. 


117 


1858 
mes, et qu'il n'y a aucun ouvrage 
de Dieu en eux. 

51. De là donc il est reconnu 
qu'ils ne sont pas des dieux, mais 
des ouvrages des mains des hom- 
mes, et qu'il n'est aucune œuvre 
de Dieu en eux. 

59. Ils ne susciteront pas un 
roi pour un pays, et ils ne donne- 
ront pas dela pluie aux hommes; 

53. Et méme ils ne discerneront 
pas un jugement, et ils ne déli- 
vreront point les provinces de la 
violence, parce qu'ils ne peuvent 
rien, comme des corneilles qui 
volent entre le ciel et la terre. 

54. Car lorsque le feu sera 
tombé sur la maison de ces dieux 
de bois, d'argent et d'or, leurs 
prétres à la vérité s'enfuiront et 
seront sauvés; mais eux, comme 
les poutres d'une maison, ils se- 
ront brülés au milieu des flam- 
mes. 

55. De plus, ils ne résisteront 
pas à un roi ni à une guerre. 
Comment donc doit-on estimer 
ou admettre qu'ils sont dieux? 

56. Des voleurs et des larrons, 
ils ne se sauveront pas, ces dieux 
de bois, et de pierre, et dorés, et 
argentés; ceux-là, qui sont plus 
forts qu'eux, 

97. Leur enlèveront l'or et l’ar- 
gent, et les vêtements dont ils 
sont couverts, et s'en iront; et ces 
dieux ne se porteront point se- 
cours. 

58. C'est pourquoi il vaut mieux 
être un roi qui déploie sa puis- 
sance, ou un vase utile dans une 


——— ος. 


BARUCH. 


. ]63. vr.] 


maison, e£ dont se glorifiera celui 
qui le possède; ou la porte d'une 
maison, laquelle garantit ce qui 
y est, que d'étre l'un des faux 
dieux. 

59. Assurément le soleil, la lune 
et les astres, quoique resplendis- 
sants et envoyés pour l'utilité des 
hommes, obéissent ὦ Dieu. 

60. Pareillement aussi l'éclair, 
lorsqu'il paraît, est remarquable; 
de même le vent souffle dans 
toutes les contrées. 

61. Et les nuées, lorsqu'il leur 
est commandé de la part de Dieu 
de parcourir tout le globe, ac- 
complissent ce qui leur a été com- 
mandé. 

62. De plus le feu, envoyé d'en 
haut afin de consumer les mon- 
tagnes et les foréts, fait ce qui 
lui a été ordonné. Or ces dieux, 
ni en beauté ni en puissance ne 
sont semblables à aucune de ces 
créatures. 

63. D'où on ne doit ni estimer 
ni dire qu'ils sont dieux, puis- 
quils ne peuvent ni juger une 
cause ni faire quelque chose aux 
hommes. 

64. Sachant qu'ils ne sont pas 
dieux, ne lescraignez donc point. 

65. Car ils ne maudiront ni ne 
béniront les rois. 

66. Ils ne marquent pas non 
plus pour les nations les signes 
dans le ciel, ils ne luiront pas 
comme le soleil, et ils n'éclaire- 
ront pas comme la lune. 

67. Les bêtes sont meilleures 
qu'eux; elles peuvent s'enfuir 


51. Aucune œuvre, etc.; c'est-à-dire il n'y a rien de divin en eux. 
53. Ils ne discerneront, ctc.; ils ne jugeront pas les différends des hommes par un 
miracle, comme Dieu fit pour celui qui s'éleva entre Aaron et Coré, Dathan et Abiron 


(Nombr., xvi). 


(cu. vr.] 


sous un toit, et être utiles à elles- 
mémes. 

68. C'est pourquoi il nous est 
manifeste qu'ils ne sont dieux en 
aucune maniere; à cause de quoi 
ne les craignez point. 

69. Car comme en un champ 
de concombre un épouvantail ne 
préserve rien, ainsi sont leurs 
dieux de bois recouverts d'argent 
et d'or. 

10. De la méme maniere est 

dans un jardin l'aubépine, sur la- 


quelle toute espèce d'oiseau se 


BARUCH. 


1359 
perche. Pareillement, à un mort 
jeté dans les ténebres sont sem- 
blables leurs dieux de bois et 
dorés et argentés. 

11. Par la pourpre aussi et par 
l'écarlate qui est sur eux et que 
rongent /es vers, vous saurez donc 
quils ne sont pas dieux. Eux- 
mémes aussi enfin sont mangés, 
et ils seront un opprobre dans le 
pays. 

12. Mieux vaut l'homme juste 
qui n'a point de simulacres; car 
il sera loin des opprobres. 


69. Un épouvantail qu'on a mis dans un champ effraye d'abord les oiseaux ; mais 
ils découvrent bientót ce qu'il est réellement, et dés lors il ne leur inspire plus 


aucune crainte. 


10. * L'aubépine ne nuit pas aux oiseaux qui se perchent sur ses branches et ne 


les effraie pas. 


ÉZÉCHIEL 


INTRODUCTION 


Ezéchiel (Dieu rend fort) était fils de Buzi, et de race sacerdotale. Onze ans 
avant la ruine de Jérusalem, en 598 av. J.-C., il fut transporté par Nabucho- 
donosor à Babylone avec le roi Jéchonias, les grands du royaume et un cerlain 
nombre de prêtres. Il se fixa à Tell-Abib, sur les bords du fleuve Chobar, au 
milieu d'une colonie de Juifs, déportés comme lui; là il se maria et eut une 
maison à lui. La cinquième année de sa captivité, 593 av. J.-C., il fut appelé de 
Dieu au ministère prophétique, et il l'exerca au moins vingt-deux ans, puisque la 
prophétie xxix, 17, est datée de la vingt-septième année de sa caplivité, 571 
av. J.-C. Une antique tradition rapporte qu'il fut mis à mort par un prince de 
son peuple à qui il reprochait son 100181116, et qu'il fut enseveli dans 16 tombeau 
de Sem et d'Arphaxad. Il mourut sur la terre étrangére, avant la conquéte de 
Babylone par Cyrus. Ce prophéte vécut ainsi pendant les plus mauvais jours de 
l'histoire de Juda; déporté, il apprit en exil les détails lamentables de la ruine 
de Jérusalem et du temple, et il ne vit point briller le jour de la délivrance, 
plus malheureux que Jérémie, laissé par les Chaldéens dans sa patrie pour en 
pleurer les désastres, et que Daniel, qui contribua auprés du vainqueur de 
Babylone à mettre un terme à la captivité. 

Mais l'énergie et la forte trempe ₪6 son caractère, qui avaient leur racine 
dans sa foi, lui firent supporter avec patience et courage les épreuves de la cap- 
tivité. Profondément attaché à la religion de ses pères, rempli des sentiments 
du plus ardent patriotisme, c'était bien le prophéte qu'il fallait pour soutenir 
ses fréres emmenés avec lui en captivité; aussi allaient-ils chercher auprés de 
lui et dans sa maison les consolations dont ils avaient besoin. Jamais il ne se 
conduit comme un homme ordinaire; il se comporte toujours, il pense, il sent, 
il agit, comme un prophéte soutenu par le bras de Dieu et plein d'une force 
surnaturelle. 

Le style d'Ezéchiel se distingue dans l'original par un grand nombre de mots 
et de formes qui lui sont propres. Il s'efforce d'imiter le langage du Penta- 
leuque; mais vivant au milieu d'un peuple étranger qui parle l'araméen, il 
emprunte beaucoup à cette langue. Le trait le plus caractéristique du genre du 
prophète, c'est sa prédilection pour les symboles. Non seulement ils sont très 
hombreux dans ses écrits, mais il les expose et les développe plus longuement 
et avec plus de détails qu'aucun autre écrivain inspiré. De plus, un grand 
nombre de ses images sont nouvelles et empruntées au milieu dans lequel il 


fon. 1.] ÉZÉCHIEL. 1861 


vivait, ainsi que nous le verrons plus loin. C'est principalement de là que pro- 
vient l’obscurilé de son langage. Mais si son langage est peu clair, la faute en 
est beaucoup plus à notre ignorance qu'à sa maniére de parler; les images qui 
lui étaient familiéres, ainsi qu'à ceux qui vivaient avec lui en captivité, nous 
sont inconnues, et par suite fort peu intelligibles. Il n'a pas, du reste, l'éclat 
d'Isaie, maisil surpasse en élégance Jérémie. 

L'authenticité des prophéties d'Ezéchiel n'a jamais été sérieusement contestée. 

Ces prophéties forment un tout bien ordonné. Elles se partagent en deux par- 
ties trés distinctes : la première, 1-xxxir, antérieure à la prise de Jérusalem, a 
pour objet les jugements de Dieu contre son peuple et les peuples étrangers; et 
la seconde, xxxmr-xLvir, postérieure à la ruine de Jérusalem et du temple, 
l'accomplissement des promesses messianiques faites à Israél. 

La destruction de la capitale de la Judée est donc le point central de tout le 
livre. Avant la catastrophe, le but d'Ezéchiel est d'exciter au repentir de leurs 
fautes ceux qui vivent dans une fausse sécurité, de les prémunir contre la con- 
fiance aveugle qu'ils mettent dans les secours de l'Egypte, car elle ne pourra les 
sauver des mains des Babyloniens, et de les assurer que le siége de la cité 
sainte est proche et leur malheur inévitable. Aprés ce terrible événement, il 
s'occupe surtout de consoler les captifs par la promesse de la délivrance future 
et du retour dans la patrie; il les encourage en méme temps par l'assurance des 
bénédictions messianiques. 

Tous les oracles d'Ezéchiel sont disposés par ordre chronologique, excepté 
ceux qui concernent les nations étrangères, xxv-xxxrir. Ces derniers sont rangés 
d’après la nature des sujets; ils portent leur date, et elle montre qu'ils appar- 
tiennent à la premiére partie du livre, non à la seconde. Ils ont été la plupart 
composés dans l'intervalle qui sépare l'annonce du siège de Jérusalem et l'arri- 
vée de la nouvelle de la prise de cette ville. — On admet généralement que les 
prophéties d'Ezéchiel ont été rangées dans leur ordre actuel par leur auteur lui- 
méme. 


1. Or il arriva en la trentieme 
CHAPITRE PREMIER. année, au quatrième 7207s, au cin- 


Première vision d'Ezéchiel. Au milieu | Quième jour du mois, que lorsque 
d'un nuage enflammé paraissent quatre | j'étais au milieu des captifs, prés 


animaux; prés d'eux quatre roues; au- | du fleuve de Chobar, lescieux fu- 
dessus d'eux, un firmament sur lequel 


est un tróne, et, sur ce tróne, un rent ouverts, et je vis les visions 
homme assis et tout environné d'éclat. | de Dieu. 


Cuap. I. 1. Infra, ,זוז‎ 23; x, 20; xri, 3. 


1. Trentiéme année d'Ezéchiel, selon les uns, de la découverte du livre de la loi 
sous Josias, suivant les autres, ou selon d'autres, parmi lesquels l'auteur de la Para- 
phrase chaldaique, du commencement du règne de Nabopolassar, père de Nabucho- 
donosor; manière de calculer les années qui étaient en usage chez les Babyloniens. 
— Quatrième mois de l'année sacrée, et le dixième de l'année civile. Il commencuit 
à la nouvelle lune de juin, selon les rabbins, mais c'était plus probablement à celle 
de juillet. — Chobar; en hébreu Chébar; fleuve qui prend sa source dans la Méso- 


180? ÉZÉCHIEL. (cu. 1.] 


2. Le cinquième du mois, c'est 4. Et je vis, et voilà qu'un vent 
la cinquième année de la trans- | de tourbillon venait de l'aquilon; 
migration du roi Joachim, etune grande nuée,etun feu tour- 


3. La parole du Seigneur fut | noyant, et une lumiere éclatante 
adressée à Ezéchiel, le prétre, | tout autour, et du milieu, c'est-à- 
fils de Buzi, dans la terre des Chal- | dire du milieu du feu, brillait 
déens, prés du fleuve deChobar,et | comme une espèce de succin; 
là fut sur lui la main du Seigneur. 5. Et au milieu du feu la ressem- 


potamie et se jette dans l'Euphrate. — * Il est assez difficile de savoir au juste quel 
est ce fleuve Chobar, Kebár. Ce n'est pas le Chaboras, KAábor, de Gozan, qui se jette 
dans le Tigre, IV Rois, xvu, 6, puisque ce nom est écrit différemment; c'est, d'après 
la plupart des anciens interprétes, le Khabour actuel, qui arrose la haute Mésopo- 
tamie et se jette dans l'Euphrate; il est cependant plus vraisemblable que ce nom 
désigne ici un des canaux de l'Euphrate, dans les environs de Babylone, parce que 
le texte ajoute, r, 3, dans la terre des Chaldéens, désignation qu'on ne peut appliquer 
au Khabour, qui coule au nord de Babylone, tandis que la Chaldée était située au 
eud de cette ville. 

3. La main du Seigneur; c'est-à-dire, l'action, la force, l'énergie de l'Esprit saint, 
dit Théodoret. 

4-28. * Les trois premiers grands prophètes reçurent chacun leur mission dans 
une vision qui en marque le caractère spécial, 1s., vi; Jér., 1; Ez., rm, 21. Eloigné 
du temple et de la cité sainte, Ezéchiel vit en exil, prés du fleuve Chobar, en Chaldée. 
Là se trouvaient une parlie des Juifs qui avaient été déportés en méme temps que 
le roi Jéchonias, par Nabuchodonosor, lors de son second siège contre Jérusalem. Le 
but que s'était proposé la Providence, en condamnant son peuple à la captivité, avait 
été, non pas de l'abandonner, mais de le convertir et dele purifier. Elle. suscita done 
un prophéte destiné à rappeler aux captifs que le Dieu de leurs péres ne les délais- 
serait point, mais qu'il tiendrait fidèlement toutes les promesses qu'il leur avait 
faites, et enverrait un jour à leurs enfants le libérateur qu'il leur avait annoncé. — 
Aux enfants de Jacob, transplantés sur une terre étrangère, Dieu fait parler par son 
Prophète un nouveau langage. C'est en hébreu qu'il s'adresse encore aux captis ; 
mais les images dont il va se servir sont empruntées en grand nombre au spectacle 
nouveau quils ont sous les yeux, aux monuments de l'art assyro-chaldéen en par- 
ticulier, — Dieu se révèle à son Prophète sous une forme humaine assez semblable 
à celle par laquelle les Assyro-Chaldéens représentaient le Dieu supréme. Il était 
porté sur ce qu'on a appelé improprement char, d’où le nom de vision du char que 
les rabbins donnent à cette théophanie ou manifestation divine. Des anges, d'une 
forme extraordinaire, apparaissent à Ezéchiel, comme les ministres des volontés du 
Seigneur. ll les décrit comme des animaux symboliques, saus les désigner par un 
nom particulier; il apprit plus tard qu'ils s'appelaient chérubins. On a découvert ces 
dernières années, dans les ruines des palais de l'Assyrie, des animaux sculptés qui 
portent précisément le méme nom et ressemblent d'une maniére frappante aux ani- 
maux décrits par le Prophète. Les chérubins avaient la forme de quatre animaux 
distincts. Ils avaient un corps de lion à droite et un corps de taureau à gauche, 
avec des pieds droits; une figure d'homme et des ailes d'aigle. Ils se regardaient 
deux à deux, face à face, comme dans les palais royaux et les temples d'Assyrie, et 
ils produisaient ainsi l'impression que décrit le Prophéte : « Ils ne se retournaient 
pas quand ils marchaient, mais chacun d'eux allait devant sa face. » En réunissant 
en eux les caractéres des quatre rois de la création animée, ils nous apparaissent 
comme l'embléme de toutes les qualités physiques et morales. 

4. Un vent, etc. C'est Nabuchodonosor qui devait venir du cóté du nord dans la 
Judée pour la désoler. Quoique Ezéchiel füt dans la Mésopotamie, Dieu lui représente 
les objets comme s'il eüt été en Judée. — De succin (electri); que les anciens appe- 
laient electrum, à cause de sa couleur jaune. — * Au lieu de succin, il faut plus pro- 
bablement entendre un émail aux couleurs éclatantes. 

9. La ressemblance, etc. Le Prophète ne nous donne pas ces animaux pour réels, 


[ΒΕ 1.] 


blance dequatre animaux ; et voici 
leur aspect : la ressemblance d'un 
homme. 

6. Chacun d'eux avait quatre 
faces, et chacun d'eux quatre 
ailes. 

7. Leurs pieds étaient droits, 
et la plante de leurs pieds comme 
la plante du pied d'un veau, et 
il sortait d'eux des étincelles 
avant l'apparence de l'airain le 
plus brillant. 

8. Et des mains d'hommes 
étaient sous leurs ailes aux quatre 
côtés ; et ils avaient des faces et 
des ailes aux quatre cótés. 

9. Et les ailes de l'un étaient 
jointes à celles de l'autre; ils ne 
seretournaient pas lorsqu'ils mar- 
chaient; mais chacun d'eux allait 
devant sa face. 

10. Quant à la ressemblance de 
leur visage, c'était une face 


ÉZÉCHIEL. 


1863 


d'homme et une face de lion, àla 
droite des quatre; mais une face 
de bœuf à la gauche des quatre, 
et une face d'aigle au-dessus des 
quatre. 

11. Leurs faces et leurs ailes s'é- 
tendaient en haut: ils se tenaient 
l'un l’autre par deux deleursailes, 
etils couvraient leur corps parles 
deux autres; 

19. Et chacun d'eux marchait 
devant sa face ; 18 où était l'impé- 
tuosité de l'esprit, là ils allaient; 
et ils ne se retournaient pas lors- 
qu'ils marchaient. 

13. Et la ressemblance des 
animaux e£ leur aspect étaient 
comme un feu de charbons ar- 
dents et comme un aspect de 
lampes. Voici ce qu'on voyait 
courir au milieu des animaux : 
l'éclat d'un feu, et la foudre sor- 
tant du feu. 


mais pour des esprits qu'il dépeint dans sa langue hiéroglyphique, langage auquel 
les Indiens et bien d'autres peuples anciens étaient accoutumés aussi bien que les 
Hébreux. Nous-mêmes, nous donnons aux anges des têtes d'hommes et des ailes d'oi- 
seaux qui sont le symbole de l'intelligence et de la rapidité. Cette ressemblance d'a- 
nimaux représentait des chérubins (x, 15, 20). 

6. * Ils n'avaient pas quatre visages différents, comme on l'explique d'ordinaire; 
mais, par leur ensemble, ils représentaient quatre animaux distincts. Le mot hébreu 
panim, que la Vulgate traduit par facies, ne signifie pas seulement visage, mais aussi 
apparence, forme extérieure. C'est dans ce dernier sens que paraît l'avoir compris 
S. Jean dans l'Apocalypse, iv, 6-1; c'est ainsi que l'a expliqué avec raison Prado 
dans son grand commentaire d'Ezéchiel. — On sait que les quatre animaux d'Ezéchiel 
sont regardés comme les symboles des quatre évangélistes, et on ne leur a jamais 
attribué comme tels qu'un seul visage. 

8. * Dans les sculptures assyro-chaldéennes oü les animaux symboliques à téte 
humaine sont représentés avec des bras et des mains, ces bras semblent sortir de 
dessous les ailes. 

9. Ils ne se retournaient, etc.; c'est-à-dire que, pour aller et venir, chacun des ani- 
maux allait toujours devant l'une de ses quatre faces sans avoir besoin de se re- 
tourner. 

10. C'était une face, etc. La face dhomme marque l'intelligence, celle du lion, le 
ravage; celle du bœuf, la force, et celle de l'aigle, la rapidité. Ces figures se concoi- 
vent aisément, si l'on considére qu'Ezéchiel parlait à des Juifs accoutumés, comme 
Jes Orientaux en général, au langage symbolique, et dans un temps oü la langue 
hiéroglyphique était en usage. — * À /a droile; ne se rapporte qu'à face ou ressem- 
blance de Lion, et à la gauche qu'à face ou ressemblance d’aigle. Les chérubins vus 
par Ezéchiel avaient une téte humaine et des ailes visibles de tout cóté, mais leur 
corps était celui d'un lion du cóté droit et celui d'un taureau du cóté gauche. 

12. Chacun d'euz, etc. Voy. le verset 9, 


1864 


14. Et les animaux allaient et 
revenaient, comme la foudre étin- 
celante. 

15. Et comme je regardais les 
animaux, apparut sur la terre, 
près des animaux, uneroue ayant 
quatre faces ; 

16. Et l'aspect des roues etleur 
structure étaient comme la vue 
de la mer, et toutes quatre se 
ressemblaient : et leur aspect et 
leurstructurcétaientcommeceux 
d'une roue qui estau milieu d'une 
autre roue. 

17. Elles allaient constamment 
par leurs quatre cótés, et elles ne 
se retournaient pas lorsqu'elles 
marchaient. 

18. Les roues avaient aussi une 
étendue, une hauteur et un aspect 
horrible; et tout le corps des 
quatre roues était plein d'yeux 
lout autour. 

19. Et lorsquelesanimaux mar- 
chaient, marchaient pareillement 
aussiles roues pres d'eux ; et lors- 
que les animaux s'élevaient de 
terre, s'élevaient en méme temps 
aussi les roues. 

90. Partout où allait l'esprit, là 
allant l'esprit, les roues aussi pa- 
reillement s'élevaient en le sui- 
vant. Carl'esprit de vie était dans 
les roues. i 

91. Lorsque les animaux al- 
laient, {es roues allaient; lorsqu'ils 
s'arrétaient, elles s’arrêtaient; 

18. Infra, x, 12. 


ÉZÉCHIEL. 


]68. 1. 
lorsqu'ils s'élevaient deterre, pa- 
reillement s'élevaient aussi les 
roues, en les suivant; parce que 
l'esprit de vie était en elles. 

29. Et une ressemblance du fir- 
mament était au-dessus de la téte 
desanimaux,comme l'aspect d'un 
cristal horrible et étendu en haut 
sur leurs tétes. 

23. Mais sous le firmament, 
leurs ailes étaient droites l'une 
vis-à-vis de lautre; lun avec 
deux de ses ailes voilait son 
corps, et l'autre semblablement 
se voilait. 

24. Et j'entendais le bruit de 
leurs ailes comme le bruit des 
grandes eaux, comme la voix du 
Dieu trés haut : quand ils mar- 
chaient, c'était comme le bruit 
d'une grande multitude, comme 
le bruit d'un camp; et quand ils 
s'arrétaient, leurs ailes s'abais- 
saient. 

25. Car lorsque la voix se fai- 
sait entendre au-dessus du firma- 
ment qui était sur leurs tétes, 
ils s'arrétaient et baissaient leurs 
ailes. 

26. Et sur ce firmament qui 
était suspendu au-dessus de leurs 
tétes, c'était comme l'aspect d'un 
saphir ressemblant à un tróne; 
et sur cette ressemblance d'un 
trône, une ressemblance comme 
l'aspect d'un homme dessus. 

27. Et je vis comme une espèce 


..-=תת-כת-כ רר\ר\\\\\\בבבבבבב ורוו וו 


15. Près des animaux; c'est-à-dire prés de chacun des animaux; ainsi il y avait 
quatre roues pour les quatre animaux. Ayant quatre faces, elles pouvaient aller de 
quatre cótés; c'était comme deux roues, l'une dans l'autre, qui se coupaient et se 
croisaient en haut et en bas à angles droits; elles étaient de méme grandeur (vers. 16). 

11. Elles ne se relournaient pas. Différentes en cela des roues ordinaires, qui n'a- 
vancent qu'en tournant autour de leur essieu, celle-ci pouvaient aller en tous seis, 
et sans tourner, parce qu'elles avaient quatre faces. Compar. les vers. 9, 20. 

21. Succin. Voy., sur ce mot, le verset 4. 


[cu. π.} 


de succin, comme l'apparence 
d'un feu, au dedans delui tout au- 
tour; depuis ses reins et au-des- 
sus, et depuis ses reins jusqu'en 
bas, je vis comme une espèce de 
feu, resplendissant tout autour. 

98. Je vis comme l'aspect de 
l'arc, lorsqu'il est dans une nuée 
au jour de la pluie; tel était 
l'aspect de la splendeur tout au- 
lour. 


| CHAPITRE II. 


Mission d'Ezéchiel. Infidélité des enfants 


ÉZÉCHIEL. 


1865 
de la gloire du Seigneur; et je vis; 
et je tombai sur ma face, et j'en- 
tendis la voix de quelqu'un par- 
lant. Et il me dit: Fils d'un hom- 
me, tiens-toi sur tes pieds, et je 
te parlerai. 

2. Et il entra en moi un esprit, 
aprés que /e Seigneur m'eut par- 
lé, et il m'établit sur mes pieds; 
et jentendis quelqu'un me par- 
lant, 

3. Et disant : Fils d'un homme, 
moi je t'envoie vers les fils d'Is- 


raél, vers ces nations apostates 
qui se sont retirées de moi; eux 
et leurs peres ont violé mon al- 
liance jusqu'à ce jour. 

4. Et ce sont des enfants à la 
face dure, au cœur indomptable, 


d'Israél. Le Seigneur exhorte son Pro- 
phéte à ne pas craindre leurs menaces 
et à ne pas imiter leur indocilité. Une 
main lui présente un livre rempli de 
plaintes lugubres. 


1. Telle fut la vision de l'image 


1-9. * Le premier chapitre raconte à grands traits la manifestation de Dieu à son 
Prophète; les ch. n-ur, 1-22, expliquent plus en détail quelle sera la mission d'Ezé- 
chiel et 16 rôle qu'il devra remplir, i, 3-7. Il lui fait manger un livre dans lequel est 
contenue sa parole, afin que le Prophète puisse en nourrir ses frères aprés s'en être 
nourri lui-même, 1r, 8-9; m1, 4-3. Les contradictions, qui sont toujours réservées au 
ministre de Dieu, mm, Ἴ; cf. Matth., x, 24-26, ne lui manqueront pas, mais le Seigneur 
le rendra plus fort que le diamant, m, 8-9. La scéne de la vocation d'Ezéchiel se 
termine d'une manière saisissante par les actions de grâces que les chérubins rendent 
à Dieu, qui vient de se choisir un prophète, nr, 12-13. Aprés une sorte de retraite 
de sept jours, qui était prescrite aux grands-prétres pour leur consécration, Exode, 
xxix, 30; Lévilique, vin, 33, Ezéchiel devient comme la sentinelle de son peupie, 
responsable du mal qu'il n'aura pas empéché ou du bien qu'il n'aura pas fait faire, 
quand il l'aurait pu. Les deux idées principales qui sont l'objet du livre entier des 
prophéties d'Ezéchiel se trouvent déjà dans le récit de son inauguration prophé- 
tique: le peuple est puni, parce qu'il a été infidéle à son Dieu; cette pensée est dé- 
veloppée dans les ch. in-xxxn; Dieu n'en tiendra pas moins ses promesses en scellant 
son alliance par la venue du Messie, c'est ce qui est exposé, XXXIII-XLVIII. 

1. De quelqu'un; c'est-à-dire du Seigneur, nommé auparavant dans ce méme verset, 
— Fils d'un homme; ou d'homme; expression poétique familière à Ezéchiel, et qui 
signifie seulement un homme, un mortel. 

2. Un esprit; ainsi portent l'hébreu et les Septante : ce ne peut étre qu'une inspi- 
ration divine. Voy., p. 1, comment Dieu se révélait à ses prophètes. — Le Seigneur; 
mot sous-entendu, est le vrai sujet grammatical du verbe eut parlé (locutus est); le 
latin peut être amphibologique, mais l'hébreu ne l'est pas. — Il m'établit; a, au con- 
traire, pour sujet wn esprit, pour la méme raison. 

3. Les fils d'Israël; c'est-à-dire les fils de Juda, qui, à raison de leur origine, pou- 
vaient étre appelés fils d'Israél, d'autant plus que ce nom ne pouvait offrir aucune 
équivoque, à celte époque où le royaume d'Israël ne subsistait plus. Voilà d’où vient 
que l'éerivain sacré emploie dans son livre la première dénomination au lieu de la 
seconde. Or les Juifs sont traités comme les gentils de nation rebelle, apostate, 
parce qu'ils avaient abandonné le Seigneur; et, comme le Prophète était envoyé de 
Dieu, tant à ceux qui étaient alors en captivité qu'à ceux qui étaient encore en Judée, 
il devait parler de vive voix aux premiers, et écrire aux seconds. 


1800 
ceux auquels moi je t'envoie; et 
tu leur diras: Voici ce que dit le 
Seigneur Dieu : 

5. Pour voir si par hasard ils 
écouteront, et si par hasard ils y 
manqueront; parce que c'est une 
maison qui m’exaspère; etils sau- 
ront qu'un prophète a été au mi- 
lieu d'eux. 

6. Toi donc, fils d'un homme, 
ne les crains point, n'appréhende 
pas leurs discours, parce que des 
incrédules et des destructeurs 
sont avec loi, et que tu habites 
avec des scorpions ; ne crains pas 
leurs paroles, n'aie pas peur de 
leurs visages; parce que c'est une 
maison qui 7? exaspere. 

7. Tu leur diras donc mes pa- 
roles, pour voir si par hasard ils 
écouteront, et s'?/s y manqueront, 
parce qu'ils m'irritent sans cesse. 

8. Mais toi, fils dun homme, 
écoute tout ce que je te dis; ne 
m'exaspère pas comme cette na- 
lion m’exaspère sans cesse; ou- 
vre la bouche et mange tout ce 
que moi je te donne. 

9. Et je vis, et voilà que fut 
envoyée vers moi une main dans 
laquelle était un livre roulé; et 
elle déploya devant moi ce livre 
qui était écrit au dedans et au 
dehors; et là étaient écrites des 


EZECHIEL. 


[cH. ur.] 


lamentations, un chant et mal- 
heur. 


CHAPITRE III. 


Ezéchiel mange le livre qui lui est pré- 
senté. Le Seigneur lui donne une fer- 
meté inflexible. Il est transporté au 
milieu des captifs de son peuple. Dieu 
l'établit sentinelle pour la maison d'Is- 
raél. [1 voit de nouveau la gloire du 
Seigneur. 


1. Et il me dit : Fils d'un hom- 
me, tout ce que tu trouveras, 
mange-le, mange ce livre, et va 
parler aux fils d'Israël. 

9. Et j'ouvris ma bouche, et il 
me fit manger ce livre ; 

3. Et il me dit : Fils d'un hom- 
me, ton ventre mangera; et tes 
entrailles seront remplies de ce 
livre que moi je te donne. Et je 
16 mangeai, et il fut dans ma bou- 
che comme un miel doux. 

4. Et il me dit : Fils d'un hom- 
me, va à la maison d'Israël, et tu 
leur diras mes paroles. 

ὃ. Car ce n'esl pas vers un 
peuple d'un langage profond et 
d'une langue inconnue, que tu 
seras envoyé, mais à la maison 
d'Iraél; 

6. Ni à des peuples nombreux, 
d'un langage profond et d'une 
langue inconnue, e£ dont tu ne 
puisses pas entendre les paroles; 


Cuar. II. 9. Apoc., v, 1. — Cana. III. 3. Apoc., x, 9, 10. 


8. Mange ce que je te donne; ce livre (vers. 9); c'est-à-dire pense à ce que tu vois et 
tu entends; médite-le bien profondément. C'est une métaphore assez usitée (Apocal., 
x, 8-10). Les Romains appelaient Varron un dévoreur de livres. D'ailleurs le livre ne 
fut pas réellement présenté à Ezéchiel, mais seulement en vision. 

9. Un chant; triste et lugubre. — Malheur; c'est-à-dire des malédictions. — * Un 
livre roulé. Les livres des anciens étaient généralement roulés et écrits seulement 
au dedans, c'est-à-dire à l'intérieur du rouleau. 


1. Fils d'un homme. Voy. τι, 1. — Mange ce livre. Voy. n, 8. — Aux fils d'Israël, 


Voy. τι, 3. 


9. * D'une langue inconnue. Les Juifs captifs, en arrivant en Babylonie, ue devaient 


pas en comprendre la langue. 


[cu. [.זוז‎ 
et si tu étais envoyé vers eux, ils 
t'écouteraient. 

7. Mais la maison d'Israël ne 
veut pas t'écouter, parce qu'elle 
ne veut pas m'écouter; car toute 
la maison d'Israél est d'un front 
d'airain et d'un cœur dur. 

8. Voilà que j'ai rendu ta face 
plus ferme que leurs faces, et ton 
front plus dur que leurs fronts. 

9. Comme un diamant, comme 
une pierre, j'ai rendu ta face; ne 
les crains pas, ne redoute pas 
leur face, parce que c'est une 
maison qui 7?'exaspere. 

10. Et il me dit : Fils d'un hom- 
me, toutes les paroles que moi je 
te dis, prends-les dans ton cœur, 
et écoute-les de tes oreilles; 

11. Et va, rejoins la transmigra- 
tion, les fils de ton peuple; tu leur 
parleras, et tu leur diras : Voici 
ce que dit le Seigneur Dieu, pour 
voir si par hasard ils écouteront 
et 87/8 y manqueront. 

19. Et un esprit m'enleva, et 
jentendis derriere moi la voix 
d'une grande commotion : Bénie 
lagloire du Seigneur de son lieu; 

13. Et j'entendis la voix des ai- 
lesdesanimaux, qui /esfrappaient 
lune contre l'autre, et là voix 
des roues qui suivaient les ani- 


17. Infra, xxxui, 1. 


ÉZÉCHIEL. 


1357 
maux, et la voix d'une grande 
commotion. 

14. Un esprit donc me souleva 
et m'emporta; et je m'en allai 
plein d'amertume dans l'indigna- 
lion de mon esprit : mais la main 
du Seigneur était avec moi, me 
fortifiant. 

15. Et je vins à la transmigra- 
tion, près d'un tas de nouveaux 
fruits, vers ceux qui habitaient le 
long du fleuve de Chobar; et je 
m'assis où ils étaient assis, et je 
demeurailà sept jours triste au 
milieu d'eux. 

16. Mais lorsque furent passés 
les sept jours, la parole du Sei- 
gneur me fut adressée, disant : 

17. Fils d'un homme, je t'ai éta- 
bli sentinelle dans 18 maison d'Is- 
raél; tu entendras de ma bouche 
une parole, et tu /z leur annon- 
ceras de ma part. 

18. Si, moi disant à l'impie : Tu 
mourras de mort, tu ne le lui an- 
nonces pas, et ne lui parles pas 
pour qu'il se détourne de sa voie 
impie, et qu'il vive, l'impie lui- 
méme dans son iniquité mourra ; 
mais je redemanderai son sang à 
ta main. 

19. Mais situ /'annonces à l'im- 
pie, et qu'il ne se détourne pas 


10. Ecoute-les, etc.; hébraisme, pour écoule-les très attentivement. 

11. S'ils y manqueront; c'est-à-dire s'ils manqueront d'écouter; c'est le vrai sens 
de la Vulgate aussi bien que du texte hébreu. 

12. Un esprit; l'Esprit de Dieu, selon les uns; un ange, selon les autres; le vent, 


suivant plusieurs. 


1%. Un esprit. Voy. le vers. 12. — Dans l'indignation, etc.; indigné de l'infidélité de 
mon peuple, irrité de toutes ses impiétés. — La main du Seigneur. ΝΟΥ. τ, 3. 

45. Un tas de nouveaux fruits; ou d'épis, est la traduction des mots hébreux 1 
ábib, que la plupart des interprétes prennent pour le nom propred'une ville ou d'un 


canton. 


16. Disant (dicens); grammaticalement ce mot se rapporte à parole (verbum) qui 


précède ; mais logiquement à Seigneur. 


18. Tu mourras de mort; hébraisme, pour £u mourras infailliblement. 


1868 


de son impiété et de sa voie im- 
pie, lui-méme, àla vérité, mourra 
dans son iniquité; mais toi, ₪ 
auras délivré ton âme. 

20. Mais si le juste abandonne 
sa justice et commet l'iniquité, je 
mettrai une pierre d'achoppe- 
ment devant lui; il mourra lui- 
méme, parce que tu ne le lui as 
pas annoncé ; il mourra dans son 
péché, et il ne sera pas mémoire 
de ses œuvres de justice qu'il a 
faites ; mais je te redemanderai 
son sang. 

21. Mais si toi, tu annonces au 
juste de ne pas pécher, et que lui 
ne peche pas; vivant, il vivra, 
parce que tu lui as annoncé, et 
toi. tu as délivré ton àme. 

22. Et la main du Seigneur fut 
sur moi, el il me dit : Lève-toi, 
sors dans la campagne, et là je te 
parlerai. 


23. Supra, 1, 3. 


ÉZÉCHIEL. 


[cn. 111. 


23. Et je me levai, et je sortis 
dans la plaine; et voici que là 
étaitlagloire du Seigneur, comme 
la gloire que je vis près du fleuve 
de Chobar; et je tombai sur ma 
face. 

24. Et un esprit entra en moi 
et m'établit sur mes pieds, et /e 
Seigneur me parla et il me dit : 
Entre, enferme-toi au milieu de ta 
maison. 

98. Et toi, fils dun homme, 
voici qu'on metsurtoi des chaines; 
ils t'en lieront, et tu ne sortiras 
pas du milieu d'eux. 

26. Et je ferai que ta langue 
s'atlachera à ton palais; et tu 
seras muet, et non plus comme 
un homme qui réprimande ; parce 
que c'est une maison qui 7?'exas- 
pére. 

27. Mais, lorsque je t'aurai par- 
lé, j'ouvrirai ta bouche et tu leur 


22-21. * Premiére partie : Prophéties sur le peuple de Dieu et sur les peuples 
étrangers, ΠΙ, 22-xxxr. — La première partie se partage en deux sections trés dis- 
tinctes : — 1» Prophéties sur Jérusalem et sur Israël, rr, 22-xxiv; — 29 Prophéties 
contre les peuples étrangers, xxv-xxxir. — Ire Section : Prophéties sur Jérusalem et 
sur Israël, nr, 22-xx1v. — La première section, contenant les prophéties contre Jéru- 
salem et contre Israël, peut se subdiviser en sept groupes : — 1° Prophétie symbo- 
lique du siège de Jérusalem et des malheurs de ses habitants, nr, 22-v. — 20 Châti- 
ment de la terre d'Israël coupable d'idolátrie, vr. — 39 Ruine d'Israël, vr. — 
19. Vision de la ruine de Jérusalem, dans une seconde théophanie, vin-xi — 
5° Groupes d'oracles non datés qui complètent les prophéties précédentes, .אזא-11א‎ — 
3° Prophéties contre Juda et Israël, xx-xxrr. — 75 Annonce symbolique du siège de 
Jérusalem, xxiv. — 1» Prophétie symbolique du siège et de la prise de Jérusalem, m, 
22-v. — Aussitôt aprés sa vocation au ministère prophétique, et dans le méme en- 
droit, à Tell-Abib, au milieu des captifs, Ezéchiel eut sa première vision prophétique 
sroprement dite, im, 22-24. Elle comprend trois discours que Dieu lui adresse et qui 
:ommencent tous par : Et toi, fils d'un homme, 111, 25; 1v, 1; v, 1. — 15 Dans le pre- 
nier, Dieu lui ordonne de se charger de chaines et de garder le silence comme s'il 
Stait muet, pour symboliser les malbeurs qui vont frapper son peuple et la douleur 
]u'il en éprouve, ni, 25-21. 

22. La main du Seigneur. Voy. 1, 8. 

23. La gloire du Seigneur; c'est une vision mystérieuse semblable à celle qui est 
décrite au chap, Ier. 

24. Un esprit. Voy., pour ce mot et les suivants. r1, 2. 

26. Je ferai, etc. Je l'obligerai à garder un silence absolu; la maison d'Israël m'a 
tellement exaspéré par ses crimes, qu'elle ne mérite pas que je lui parle davantage, 

21. Que celui, etc.; écoute qui voudra. Ce sont les dernières marques de l'indi- 


ἴση, 1v.] 
diras : Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Que celui qui écoute, écou- 
te; que celui qui y manque, 7 
manque; car c’est une maison qui 
m'exaspère. 


CHAPITRE IV. 


Dieu ordonne à Ezéchiel de représenter 


ÉZÉCHIEL. 


1869 


2. Et tu disposeras contre elle 
un siège, et tu bâtiras des for- 
tifications, tu formeras un rem- 
part, tu établiras contre elle des 
camps, et tu mettras des béliers 
autour. | 

3. Et toi, prends pour toi une: 
poêle de fer, et tu la placeras 


comme un mur de fer entre toi 
et entre la cité; tu dirigeras fixe- 
ment ta face contre elle, et elle 
sera assiégée, et tu l'entoureras ; 
c'est un signe pour la maison 
d'Israél. 

4. Et toi, tu dormiras sur ton 
cóté gauche, et tu mettras sur 
ce cóté làles iniquités de la mai- 
son d'Israël, selon le nombre 


sur une brique le siège de Jérusalem; 
de porter pendant un certain nombre 
de jours l’infidélité d'Israél et celle de 
Juda; de manger et de boire par me- 
sure, et de se nourrir d'un pain souillé, 
pour figurer la misére extréme de son 
peuple. 


1. Et toi, fils dun homme, 
prends une brique, mets-la devant 
toi, et tu y traceras la cité de Jé- 
rusalem. 


gnation du Seigneur, ses dernières menaces de laisser Israël dans son endurcisse- 
ment. 


1-17. * 20 Dans le second discours, il lui commande de prophétiser le siège de Jéru- 
salem etses horreurs par quatre signes : — 19 le siège lui-même, en le représentant, 
au moyen du dessin, sur une brique, 1v, 1-2; — 99 son issue fatale, en prenant une 
poéle de fer, image de la sentence irrévocable portée contre son peuple par le Sei- 
gneur, qui ne se laissera pas fléchir par la prière et ne sauvera pas la ville, voir 
Is., LiX, 2; Lam., ut, 44; Ez.,1v, 3; — 3» afin de montrer combien les péchés du 
peuple sont grands et nombreux, le Prophète recoit l'ordre de se coucher 390 jours 
sur le cóté gauche, pour figurer les crimes d'Israel, et 40 jours sur le cóté droit, pour 
figurer ceux de Juda : il obtiendra ainsi une diminution de châtiment pour ses 
frères, 1v, 4-8; — 4° pour marquer la disette qui désolera Jérusalem assiégée et la 
pénurie de combustible dont elle aura à souffrir, Dieu commande à Ezéchiel de se 
nourrir avec trés peu de nourriture et de la faire cuire à l'aide d'excréments 
humains desséchés. Comme ce mode de cuisson excite la répugnance du Prophéte, le 
Seigneur lui permet de substituer la fiente de bœufs aux excréments humains, iv, 
9-18. 

1. Fils d'un homme. Voy., sur cette expression, 11, 1. — Une brique. Plusieurs la 
supposent de terre molle et non cuite, à cause des dessins que le Prophéte devait 
tracer dessus; au reste, sur une brique cuite il pouvait les tracer avec un burin ou 
avec de la craie. — * C'était un usage commun en Chaldée de tracer des plans de 
villes, de champs, etc., sur la brique molle. On pouvait, si l'on voulait, la faire cuire 
ensuite. On a retrouvé des briques contenant des dessins de ce genre. Sur l'une 
d'entre elles est représentée une partie de la ville de Babylone. 

2. Et tu disposeras, etc.; dans ton tracé, tu figureras un siége, etc. 

3. Prends, etc.; c'est-à-dire pour te mettre à couvert, ou pour montrer quil y a 
entre eux et moi un mur de fer, et que leurs péchés m'ont rendu inexorable pour 
eux. — * Une poéle de fer; plaque de fer qu'on faisait chauffer pour cuire dessus du 
pain ou des galettes. 

4. Tu meltras, etc. Par cette posture le Prophète représentait la peine due aux 
Israélites; ce qui peut s'entendre de la captivité; car les captifs ne peuvent se tour- 
ner de cóté et d'autre. — * Selon les uns, le Prophéte se couche réellement, de la 
maniére indiquée, pendant le temps marqué, en vaquant cependant, le jour, pensent 
plusieurs, à ses occupations ordinaires; selon ies autres, tout se passe en vision. Ou 


1870 
de jours que tu dormiras, et tu 
prendras sur toi leurs iniquités. 

9. Pour moi, je t'ai donné les 
années de leur iniquité, au nom- 
bre de trois cent quatre-vingt-dix 
jours; et tu porteras l'iniquité de 
la maison d'Israël. 

6. Et, quand tu auras accompli 
cela, tu dormiras une seconde 
fois sur ton côté droit, el tu pren- 
dras sur toi l'iniquité de la mai- 
son de Juda pendant quarante 
jours; c'est un jour pour une an- 
née; un jour, dis-je, pour une 
année, que je t'ai donné. 

1. Et vers le siege de Jérusalem 
tu tourneras ta face, et ton bras 
sera étendu, et tu prophétiseras 
coutre elle. 

8. Voilà que je t'ai environné 


ÉZÉCHIEL. 


(cm. 1v.] 
lautre cóté, jusquà ce que tu 
8168 accompli les jours de ton 
siege. 

9. Et toi, prends pour toi du fro- 
ment, de lorge, des fèves, des 
lentilles, du millet et de la vesce, 
et tu les mettras dans un seul 
vase, et tu t'en feras des pains, 
selon le nombre de jours que tu 
dormiras sur ton cóté; pendant 
trois cent quatre-vingt-dix jours, 
tu mangeras cela. 

10. Orl'aliment donttu te nour- 
riras sera du poids de vingt sta- 
teres par jour, et tu en mangeras 
d'untempsàuntemps. .... 

11. Etl'eau, tu en boiras par me- 
sure, la sixième partie d'un hin ; 
et tu la boiras d'un temps à un 
temps. 


de chaines, et tu ne te retour- 
neras pas d'un de tes cótés sur 


Cap. IV. 6. Nomb., xiv, 34. 


12. Et tu le mangeras comme 
un pain d'orge cuil sous la cen- 


est également en désaccord sur le point de savoir à quoi correspondent les chiffres 
de 390 et 40; ils désignent des années d'iniquité, 1v, 5-6. Les 390 années d'Is aël sont 
à peu prés celles qui se sont écoulées depuis le schisme des dix tribus jusqu'alors, 
916 — 595 == 381; les 40 de Juda, depuis 16 18e aunée de Josias, où fut renouvelée 
l'aliance du peuple avec Dieu, à la prise de Jérusalem en 588. 

9. Au nombre, etc. Ce nombre n'est nullement impossible, s'il ne s'agit ici que 
d'une simple vision; mais, quand il s'agirait de réalité, il ne serait pas absolument 
impossible, puisque les faquirs de l'Inde gardent plusieurs années la méme posture. 
D'ailleurs rien n'empéche de croire qu'Ezéchiel ne demeura dans cette position que 
pendant le jour, lorsqu'il pouvait étre vu par ceux que ce spectacle était destiné à 
instruire. Ajoutons qu'il était obligé de se servir dans ses divers besoins, de préparer 
et de se procurer ses aliments, ete. (vers. 9-15; v, 2). Enfin, lors méme qu'aucune de 
ces hypothéses ne serait fondée, Dieu ne pouvait-il pas faire un miracle, s'il voulait 
que son prophète restàt ainsi couché pendant ce long intervalle? 

5, 6. Les nombres de 390 et de 40 ans s'expliquent facilement, si l'on considère que 
les iniquités d'Israël dataient de la séparation des dix tribus, et qu'elles cessèrent à 
la ruine de Jérusalem, car, d’après les chronologistes, cet intervalle est de 390 ans. 
Quant aux prévarications de Juda, il est probable qu'elles datent du temps oü Jéré- 
mie commença à prophétiser; or, depuis cette époque à la ruine de Jérusalem, il 
s'est écoulé 40 ans. A la vérité, le siège de Jérusalem dura 540 jours; mais l'Eeriture 
nous fait remarquer que le siége fut interrompu par l'arrivée des Egyptiens qui le 
firent lever. Or il est trés probable que cette interruption dura 100 jours; car les 
Juifs, qui ne pouvaient oublier aussitót une époque qui leur était si connue, n'au- 
raient pas manqué de s'inscrire en faux contre Ezéchiel, s'il eüt fait un faux calcul. 

9. * De la vesce. Voir Isa?e, xxvut, 25. 

10. Statères. Voy. Jérém., xxxu, 9. 

11. Hin; mesure qui valait environ cinq pintes de Paris. 

12, Tu le couvriras, etc.; selon l'hébreu, £u le cuiras sous la cendre avec des exeré- 


‘CH. 1v.] 


dre; et de l'ordure qui sort de 
l'homme, tu le couvriras à leurs 
yeux. 

13. Et dit le Seigneur : C'est 
ainsi que les enfants d'Israél man- 
geront leur pain souillé parmi 
les nations vers lesquelles je les 
chasserai. 

14. Et je dis : Ah! ah! ah! Sei- 
gneur Dieu, voilà que mon àme 
n'a pas été souillée; et je n'ai pas 
mangé d'animal crevé, ni déchiré 
par des bêtes, depuis mon enfance 
jusqu'à maintenant, et il n’est en- 
tré dans ma bouche aucune chair 
immonde. 


ÉZÉCHIEL. 


1571 

15. Et il me dit : Voilà que 
je t'ai donné la fiente des bœufs 
au lieu des excréments humains ; 
et tu feras ton pain avec cette 
fiente. 

16. Et il me dit : Fils d'un hom- 
me, voilà que moi je briserai le 
bâton du pain dans Jérusalem; 
et ils mangeront le pain au poids 
el dans l'inquiétude, et ils boi- 
rontl'eau par mesure et dans l'an- 
goisse ; 

11. Afin que, le pain et l'eau 
manquant, chacun tombe sur son 
frere et qu'ils se déssechent dans 
leurs iniquités. 


13. Osée, 1x, 4. — 16. Infra, v, 16; xiv, 13. 


ments, etc. Personne n'ignore que, dans les pays pauvres de l'Orient, on emploie 
souvent, faute de bois, de la fiente de bœuf, de chameau, etc., sèche, pour la cuisson 
des aliments. Ainsi Dieu veut que le prophète fasse, pour cuire son pain, du feu, 
non avec la fiente des animaux, mais avec des excréments humains, dont les plus 
pauvres ne sont pas forcés ordinairement de se servir, afin de marquer par là que 
l'excès de misère où les Juifs seront réduits en punition de leurs crimes sera tel, 
qu'ils se trouveront forcés d'employer pour préparer leur nourriture ce dont les 
hommes ont horreur. La concision de la Vulgate pourrait à la rigueur favoriser une 
autre interprétation, mais cette version doit s'expliquer par le texte hébreu. 

15. * L'usage d'employer les excréments d'animaux desséchés comme combustible 
est commun dans un grand nombre de contrées de l'Orient où le bois est rare ou 
bien fait défaut. « En différents endroits de la Palestine, dit Korte, j'ai vu cuire le 
pain au moyen d'excréments de bœufs et de chameaux, moins parce que, en ces 
lieux-là, le bois était trop rare ou trop cher, comme cela arrive en Egypte et dans 
les déserts d'Arabie, que parce qu'on trouve ce combustible plus commode. » — D'Ar- 
vieux décrit dans les termes suivants la manière dont on fait ainsi le pain : « [Les 
Arabes] mangent de trois sortes de pain... La seconde sorte de pain se cuit sous la 
cendre ou entre deux brasiers de fientes de vaches allumées, qui brülent d'un feu 
lent et euisent le pain tout à loisir. Ce pain est épais comme nos gâteaux, la mie en 
est fort bonne quand elle est mangée le méme jour... Ce n'est pas seulement chez 
les Arabes qu'on se sert de cette espéce de pain et de la fiente des vaches pour le 
cuire, les paysans s'en servent aussi, et tous les villageois qui sont dans les lieux 
oü il n'y a guére de bois prennent grand soin d'en faire des provisions. Les petits 
enfants les ramassent toutes fraiches et ils les appliquent contre les murailles pour 
les faire sécher; ils en détachent la quantité dont ils ont besoin pour cuire du pain 
ou pour se chauffer; elles brülent peu à peu et conservent longtemps un feu sem- 
blable à celui des mottes des tanneurs; on en fait de petites mottes qu'on laisse 
sécher au soleil. » Cette espéce de combustible n'est pas inconnue en France. On s'en 
sert, par exemple, au Croisic (Loire-Inférieure), où l'on fait sécher aussi la fiente 
de vache, comme le dit d'Arvieux, en lappliquant contre les murs des champs. — 
Voltaire ἃ fait les plus fades plaisanteries sur ce qu'il a appelé le déjeuner d'Ezé- 
chiel; il suppose que Dieu ordonna au Prophéte de se nourrir d'excréments; mais 
le texte original ne contient rien de semblable : il dit seulement que les alimeuts 
doivent étre cuits sur ce combustible. : 

16. Le pain est appelé 20/08, parce qu'il est le soutien de la vie, comme le bâtou 
est le soutien du corps. Compar. Lévilique, xxvi, 26, 


1872 


CHAPITRE V. 


Dieu ordonne à Ézéchiel de couper ses 
cheveux, sa barbe, et de les détruire 
de différentes maniéres, pour figurer 
les divers chátiments qu'il devait exer- 
cer sur son peuple. Jérusalem devien- 
dra un exemple terrible de la sévérité 
de sa justice. 


1. Et toi, fils d'un homme, 
prends un glaive affilé, qui rase 
les poils; et tu le prendras, et tu 
le feras passer sur ta téte et sur 
ta barbe, et tu prendras pour toi 
un poids de balance, et tu les par- 
tageras. 

2. Tu en brüleras un tiers au 
feu au milieu de la cité, dans l'ac- 
complissement des jours du siè- 
ge; et tu en prendras un autre 
tiers, et tu /e couperas avec le 
glaive autour de cette cité ; mais 
l'autre tiers, tu le disperseras au 
vent; et je tirerai le glaive apres 
eux. 

3. Et tu prendras de là un petit 


ÉZÉCHIEL. 


v.]‏ .זוס] 


nombre; et tu les lieras dans le 
coin de ton manteau. 

4. Et tu prendras encore de 
ceux-ci, et tu les jetteras au mi- 
lieu du feu, et tu les brüleras 
au feu, et de là sortira un feu 
qui s'étendra sur toutela maison 
d'Israël. 

9. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : C'est là Jérusalem : je l'ai 
placée au milieu des nations, et 
J'ai mis autour d'elle des pays. 

6. Et elle a méprisé mes ordon- 
nances jusqu'à se rendre plus 
impie que les nations, et mes 
préceptes, plus que les nations 
quisont autour d'elle; carils ont 
rejeté mes ordonnances; et dans 
mes préceptes ils n'ont pas mar- 
ché. 

1. C'est pourquoi voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Parce que 
vous avez surpassé en impiété les 
nations qui sont autour de vous, 
et que vous n'avez pas marché 


1-11. * 4» Dans le troisiéme discours, Dieu prédit ce qui arrivera aprés la prise de 
Jérusalem : Ezéchiel recoit l'ordre de se raser la téte et la barbe, et de brüler presque 
tous les cheveux et les poils rasés pour marquer la destruction des habitants de la 
ville, v, 1-4; le Seigneur annonce que le petit nombre qui survivra sera conduit en 
captivité et deviendra l'opprobre des Gentils, v, 5-17. 

1. Fils d'un homme. Voy. n, 1. — Glaive (gladium); c'est-à-dire rasoir; le terme 
hébreu correspondant se dit en effet du rasoir, du couteau, du ciseau de graveur, etc, 

2. Dans l'accomplissement, etc.; pendant que s'accompliront les jours, etc.; c'est le 
vrai sens de la Vulgate aussi bien que de l'hébreu, ce qui donne à entendre que les 
cheveux devaient être brûlés par parties et non pas tous à la fois. — Je tirerai, elc ; 
je les poursuivrai l'épée nue. 

3. De là; c'est-à-dire de ce troisième tiers. 

4. Et tu prendras, etc.; ce qui peut s'entendre des malheurs qui tombèrent sur les 
Juifs aprés la mort de Godolias (Jérém., זא‎ 2 et suiv.), ou de la persécution d'An- 
tiochus Epiphane du temps des Machabées (I Machab., vi; 11 Machab., 1v), ou bieu 
enfin du châtiment qui pèse encore maintenant sur les Juifs. 

9. Des pays (terras); ce mot est à l'accusatif comme régime direct du verbe J'ai 
placé (posui). Ce dernier membre de phrase exprime, quoique en termes différents, 
la méme idée que le précédent; cette espéce de pléonasme a souvent lieu dans le 
style poétique. — * Jérusalem était placée à peu prés au centre du monde ancien. 
« A l'est, dit S. Jérôme, expliquant ce passage, s'étend l'Asie; à l'ouest est l'Europe; 
au sud, la Libye et l'Afrique; au nord, 18 Scythie, l'Arménie, la Perse et toutes les 
nations du Pont. » 

1. Vous n'avez pas agi, etc. Les peuples paiens qui vous entourent sont attachés à 
leur religion et l'observent; ce que vous étes loin de faire vous-mémes, 


[c#. v.] 


dans mes preceptes, et que vous 
n'avez pas observé mes ordon- 
nances, et que vous n'avez pas 
méme agi comme les peuples qui 
sont autour de vous, 

8. Pour cette raison, voici ce 
que dit le Seigneur : Voilà que 
moi, je viens vers toi, et moi- 
méme j'exercerai des jugements 
au milieu de toi, aux yeux des 
nations ; 

9. Et je ferai contre toi ce que 
je n'ai pas fait, et je ne ferai plus 
de choses semblables, à cause de 
tes abominations. 

10. Pour cette raison, des peres 
mangeront leurs enfants au mi- 
lieu de toi, et des enfants mange- 
ront leurs pères; et j'exercerai en 
toi des jugements, et je jetlerai 
tous tes restes à tout vent. 

11. Cestpourquoije vis, moi, dit 
le Seigneur Dieu ; si, parce que tu 
as violé mon sanctuaire par tou- 
tes tes offenses et par toules tes 
abominations, je ne £e brise pas, 
moi aussi; et mon œil n'épar- 
enera pas, et je n'aurai pas de 
pitié. 

12. Le tiers de toi mourra dela 
peste, et sera consumé par la 
faim, au milieu de toi; et un autre 
tiers de toi tombera sous le glaive 
autour de toi; mais l'autre tiers, 


ÉZÉCHIEL. 


1873 


je le disperserai à tout vent, et je 
tirerai le glaive après eux. 

13. Et j'assouvirai ma fureur, 
et je ferai reposer sur eux mon 
indignation, et je serai 608016 ; 
et ils sauront que moi, le Sei- 
gneur, j'ài parlé dans mon zele, 
lorsque j'aurai assouvi mon indi- 
gnation sur eux. 

14. Et je ferai de toi un désert, 
et un objet d'opprobre pour les 
nations qui sont autour de toi, 
aux yeux de tout passant. 

15. Et tu seras un objet d'oppro- 
bre et de blasphème, un exemple 
et un objet de stupeur pour les 
nations qui sont autour de toi, 
lorsque j'aurai exercé en toi des 
jugements dans 270 fureur, dans 
mon indignation, et avec les chà- 
timents de ma colere. 

16. Moi, le Seigneur, j'ai dit : 
Lorsque j'enverrai contre eux les 
fleches cruelles de la faim, qui. 
donneront la mort, et que j'enver- 
rai pour vous perdre entierement ;. 
jamasserai la faim sur vous, et 
je briserai parmi vous le bâton du 
pain. 

11. Et j'enverrai contre vous la 
faim et des animaux cruels jus- 
qu'à votre exterminalion; et la 
peste et le sang passeront au mi- 
lieu de toi, et j'amenerai le glaive 


Cua». V. 13. Zach., 1, 8. — 16. Supra, ιν, 16; Infra, xiv, 13. 


9. Je ne ferai plus, etc. Il n'y a pas eu dans l'Ancien Testament de catastrophe 
semblable à la désolation de Jérusalem sous Nabuchodonosor. 

10. * Des pères mangeront leurs enfants, Voir Lamentations, 1v, 10. 

11. Je vis, moi; formule de serment. Voy. Jérém., XLVI, 18. — Sz je ne te brise pas; 
pour je te briserai. Voy., sur les formules de serment, Ps. xciv, 11. Ainsi le sens 
est: Je jure par ma vie éternelle que je briserai. 


12. Je tirerai, etc. Voy. le vers. 2. 


16. Contre eux. C'est comme une réflexion que le Seigneur fait à part, ou bien il 
s'adresse au Prophéte en disant ces mots. Au reste, ce changement subit de personne 
dans le même discours n'est pas sans exemples dans la Bible. — Le bâton du pain. 


3 


Voy. 1v, 16. 


11. Des animaux cruels pourraient, selon la remarque de Théodoret, s'entendre 


A, T. 


118 


187^ 
sur toi; c'est moi, le Seigneur, 
qui /'ai dit. 


CHAPITRE VI. 


Prédiction de la ruine des villes et des 
hauts lieux d'Israél, et du carnage de 
ce peuple. Reste que le Seigneur se 
réserve. Désolation d'Israël par le 
glaive, la famine et la peste; ce pays 
est réduit en solitude. 


1. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

2. Fils d'un homme, tourne ta 
face vers les montagnes d'Israél, 
et tu prophétiseras contre elles, 

3. Et dis-leur : Montagnes d'Is- 
raël, écoutez la parole du Sei- 
gneur Dieu aux montagnes, aux 
collines, aux rochers et aux val- 
lées : Voilà que moi j'amenerai 
sur vous le glaive, et je détruirai 
entierement vos hauts lieux, 

4. Et j'abattrai vos autels, et 
vos simulacres seront brisés; et 
je jetterai ceux qui vous seront 
tués devant vos idoles. 

5. Et je mettrai les cadavres des 
fils d'Israël devant la face de vos 
simulacres, et je disperserai vos 
os autour de vos autels. 


Cua». VI. 3. Infra, xxxvi, 1. 


ÉZÉCHIEL, 


[cm. vi.) 


6. Dans toutes vos habitations 
les villes seront désertes, et les 
hauts lieux seront abattus et dé- 
truits; et vos autels tomberont 
et seront brisés; vos idoles ne 
seront plus, et vos temples se- 
ront détruits, et vos ouvrages 
périront. 

7. Et les tués tomberont au mi- 
lieu de vous, et vous saurez que 
moi je suis le Seigneur. 

8. Et je laisserai d'entre vous 
ceux qui auront échappé au 
glaive, parmi les nations, lorsque 
je vous aurai dispersés dans les 
divers pays. 

9. Et ceux qui vous auront été 
délivrés se souviendront de moi 
parmi les nations, chez lesquelles 
ils auront été emmenés captifs, 
parce que j'ai brisé leur cœur for- 
nicateur et qui s'est retiré de moi, 
et leurs yeux qui ont forniqué à 
la suité de leurs idoles; et ils se 
déplairont à eux-mémes à cause 
des maux qu'ils ont faits dans 
leurs abominations. 

10. Et ils sauront que moi, le 
Seigneur, je n'ai pas dit en vain 
que je leur ferais ce mal. 


des Chaldéens mémes, qui, comme des bétes sauvages et cruelles, devaient ravager 
la Judée. 


1-14. * 90 Chátiment et ruine d'Israél coupable d'idolátrie, vr. — La prophétie pré- 
cédente est contre la ville de Jérusalem; celles des ch. vr et vix sont contre la terre 
d'Israël tout entière. — Une première prophétie annonce que les sanctuaires et les 
symboles idolátriques qui couvrent la Palestine seront détruits, et ses habitants 
tués, vr, 1-7; le petit nombre qui survivra sera déporté et se convertira, 8-10. Le 
châtiment qui sera ainsi infligé aux coupables est juste et mérité, 11-14. 

1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, nr, 1. 

2, Fils d'un homme. Voy. τι, 1. — Contre; sens qu'a certainement 101, comme dans 
bien d'autres endroits, la particule hébraïque rendue dans la Vulgate par ad. 

3. D'Israél; c'est-à-dire de Juda. Voy. 1, ὃ. — Les montagnes et les vallées sont 
mises ici pour leurs habitants. Les montagnes représentent les grands du peuple, 
et les vallées, les petits. — * Vos hauts lieux; les lieux élevés consacrés au culte des 
idoles. 

9. Leur cœur fornicateur. L'Ecriture désigne ordinairement l'idolátrie sous le nom 
de fornication, 


(cu. νπ.] 


11. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Frappe ta main, et heurte 
ton pied, et dis : Malheur sur 
toutes les abominations des maux 
de la maison d'Israél, parce que 
c'est par le glaive, par la famine 
et par la peste qu'ils doivent 
tomber. 

19. Celui qui est au loin mour- 
ra de la peste; mais celui qui est 
pres tombera sous le glaive; ce- 
lui qui aura été laissé et assiégé 
mourra de faim; et j'assouvirai 
mon indignation sur eux. 

13. Et vous saurez que je suis 
le Seigneur, lorsque ceux qui 
vous auront été tués seront gi- 
sants au milieu de vos idoles, au- 
tour de vos autels, sur toute col- 
line élevée, et sur tous les som- 
mets des montagnes, et sous tout 
arbre touffu, et sous tout chéne 
feuillu ; lieux où ils ont brülé des 
encens odorants en l'honneur de 
leurs idoles. 

14. Et j'étendrai ma main sur 
eux, et je rendrai la terre désolée 
et abandonnée, depuis le désert 
de Déblatha, dans toutes leurs 


ÉZÉCHIEL. 


1875 


habitations; et ils sauront que je 
suis le Seigneur. 


CHAPITRE VII. 


La ruine de la terre d'Israël est proche. 
Dieu répandra sa fureur sur elle sans 
être touché de ses maux. Ses habitants 
périront par le glaive, la peste et la 
famine. Leurs richesses ne les sauve- 
ront pas. Le sanctuaire méme sera 
violé. Ils seront accablés de maux et 
privés de toute consolation. 


1. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

2. Et toi, fils d'un homme, voici 
ce que dit le Seigneur Dieu à la 
terre d'Israël : La fin vient, elle 
vient la fin sur les quatre cótés 
de la terre. 

3. Maintenant la fin est sur toi, 
et j'enverrai ma fureur contre toi; 
et je te jugerai selon tes voies, et 
je poserai contre toi loutes tes 
abominations. 

4. Et mon œil ne t'épargnera 
pas, et je n'aurai pas de pitié; 
mais tes voies, je les poserai sur 
toi, et tes abominations seront au 
milieu de toi; et vous saurez que 
je suis le Seigneur. 


11. Les abominations des maux; hébraisme, pour les abominations mauvaises, ou 
Les crimes abominables. — Qu'ils doivent. Ce verbe est au pluriel, tant dans l'hébreu 
que dans la Vulgate, parce que son sujet maison d'Israél est un collectif qui signifie 
les habitants d'Israël, les Israëlites. 

13. Lieux; littér. lieu (locum). Ce mot étant une sorte d'attribut dont les sujets 
partiels sont autels, colline, etc., et, se trouvant placés après eux, peut en hébreu 
ne concorder qu'avec le dernier. Or ce dernier est le nom singulier chéne. 

14. Depuis le désert de Déblatha; selon l'hébreu, depuis le désert jusqu'à Diblá. Or 
Diblá est, selon les uns, la méme chose que Diblátaim (Nombr., xxxur, 46) et Béth 
Diblátaim (Jérém., xvvur, 2), ville des Moabites; et, suivant les autres, ce mot est une 
faute de copiste, mis pour Ribla, ville située au nord de la Palestine (Nombr., xxxiv, 
11); mais nous devons dire que tous les manuscrits et toutes les anciennes versions 
lisent unanimement Dib/á. 


1-21. * 399 Approche du châtiment annoncé dans la prophétie précédente, vir. — 
Une seconde prophétie complète la précédente et annonce que le châtiment est 
proche : /a fin vient, vit, 1-4; la ruine est inévitable. Le Prophéte déplore le sort 
d'Israël dans une 616816 en quatre strophes, 5-9; 10-14; 15-22; 23-21. 

1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, rr, 16. 

2. Fils d'un homme. ΝΟΥ. 11, 1. — Les quatre, etc.; c'est-à-dire tout le pays d'Israél, 

3. La fin est sur loi; ta tin est arrivée, 


1876 
5. Voici ce que dit le Seigneur 

Dieu : Une afflietion unique, une 

affliction, voici qu'elle vient. 

6. La fin vient, elle vient la fin, 
elle s'est éveillée contre toi ; voici 
qu'elle vient. 

7. La ruine vient sur toi, qui 
habites la terre ; il vient, le temps; 
il est près, le jour de la tuerie, et 
non de la gloire des montagnes. 

8. C'est maintenant de près que 
je répandrai ma colére sur toi, et 
que j'assouvirai ma fureur sur toi; 
et que je te jugerai selon tes voies; 
et que je t'imposerai tous tes 
crimes ; 

9. Et mon oeil n'épargnera pas, 
et je n'aurai pas de pitié; mais 
tes voies, je te les imposerai; 
et tes abominations seront au 
milieu de toi; et vous saurez que 
moi je suisle Seigneur qui frappe. 

10. Voici le jour, voici qu'il 
vient : la ruine est sortie, la verge 
a fleuri, l'orgueil a germé; 

11. L'iniquité s'est élevée sur 
la verge de l'impiété ; il ne reste- 
ra rien d'eux, ni du peuple, ni de 
leur bruit; et il n'y aura pas de 
repos pour eux. 

12. Il est venu le temps, il s'est 
approché le jour; que celui qui 
achete ne se réjouisse point; et 


ÉZÉCHIEL. 


[cu. vir.) 


que celui qui vend ne s'afflige 
pas, parce que la colere est sur 
tout son peuple. 

13. Parce que celui qui vend 
ne reviendra pas à ce qu'il a ven- 
du, lors méme qu'ils seraient 
encore au nombre des vivants; 
parce que la vision qui regarde 
tout le peuple ne reviendra pas 
sans être accomplie; et l'homme 
par l'iniquité ne sera pas affermi. 

14. Sonnez de la trompette; 
que tous se préparent, et il n'est 
personne qui aille au combat; 
car ma colere est sur tout son 
peuple. 

15. Le glaive au dehors; et la 
peste et la famine au dedans; 
celui qui est dans la campagne 
mourra par lépée; et ceux qui 
sont dans la cité seront dévorés 
par la peste et par la famine. 

16. Et seront sauvés ceux qui 
d'entre eux auront fui: mais ils 
seront sur les montagnes comme 
les colombes des vallées, tout 
tremblants, chacun dans son ini- 
quité. 

17. Toutes les mains seront 
affaiblies, et l'eau coulera de tous 
les genoux. 

18. Et ils se revétiront de cilices, 
el la frayeur les couvrira; sur 


Cua». VII. 18. Isaie, xv, 2; Jér., xr.vin, 37. 


5. * On explique ordinairement ce verset en ce sens qu'à peine une première afflic- 
tion est-elle venue, il en survient une autre. 

9. Tes abominations; les châtiments dus à tes abominations. — Vous saurez. ΝΟΥ͂.» 
sur ce pluriel, vi, 11. 

41. L'iniquité, etc.; c'est-à-dire: la verge de l'impiélé, aprés avoir fleuri, a donné 
pour fruit l'iniquité. 

13. Ne reviendra pas, etc.; ne rentrera pas en possession de ce qu'il a vendu, lors 
même qu'il vivrait jusqu'à l'année du jubilé, puisqu'à cette époque il sera captif 
dans un pays étranger. On sait que, d'aprés la loi mosaique, l'Israélite qui vendait 
son héritage avait le droit d'y rentrer dans l'année du jubilé (Lévit., xxv, 13 et suiv.). 
— Qu'ils seraient, etc.; littér. et encore parmi les vivants de leur vie. Le pluriel leur 
(eorum) se rapporte au vendeur et à l'acheteur mentionnés au verset précédent. 

L'eau coulera, etc.; la frayeur dont on sera saisi fera qu'on ne pourra pas re-‏ ידו 
tenir son uriue. Compar. xxi, à.‏ 


fon. vnr.] 


toute face sera la confusion. et 
sur toutes les têtes la calvitie. 

19. Leur argent sera jeté de- 
hors, et leur or sera comme du 
fumier. Leur argent et leur orne 
pourront les délivrer au jour de la 
fureur du Seigneur; ils ne rassa- 
sieront pas leur âme, et leurs 
ventres ne seront pas remplis, 
parce que c’est devenu une pierre 
d'achoppement dansleuriniquité. 

20. Ils ont fait servir l'ornement 
de leurs colliers à /eur orgueil; 
et ils en ont fait les images de 
leurs abominations et de leurs 
simulacres; àcause de cela, je l'ai 
rendu pour eux un objet immon- 
de; 

91. Et je le livrerai aux mains 
des étrangers pour étre pillé, et 
aux impies de la terre pour étre 
leur proie; et ilsle souilleront, 

22. Et je détournerai ma face 
d'eux; 6+ 115 violeront mon secret; 
et des émissaires y entreront et 
le souilleront. 

93. Fais la conclusion, parce 
que la terre est pleine de juge- 
ments de sang et que la cité est 
remplie d'iniquité. 


ÉZÉCHIEL. 


1877 


24. Et j'amènerai les plus mé- 
chants d’entre les nations, et ils 
posséderont leurs maisons; et je 
ferai cesser l’orgueil des puis- 
sants,etcesméchantsposséderont 
leurs sanctuaires. 

25. L'angoisse survenant, ils 
chercheront la paix, et il n'y en 
aura pas. 

26. Trouble sur trouble vien- 
dra, et bruit sur bruit; ils cher- 
cheront quelque vision auprès 
d'un prophète, et la 101 manquera 
au prêtre, et le conseil aux an- 
ciens. 

27. Le roi sera en deuil, le 
prince sera couvert de tristesse, 
et les mains du peuple de la terre 
trembleront. Selon leur voie je 
leur rendrai, et selon leurs juge- 
ments je les jugerai; et ils sau- 
ront que je suis le Seigneur. 


CHAPITRE VIII. 


Ezéchiel est transporté en esprit dans le 
temple; il y voit les abominations qui 
s'y commettent. Le Seigneur lui an- 
nonce les vengeances qu'il va exercer. 


1. Or il arriva en la sixième 
année, au sixieme mois, au cin- 


19. Prov., xr, 4; Sophon., r, 18; Eccli., v, 10. 


—————————————————————— 


21. Aux impies de la terre; de ce pays, où nous vivons aujourd'hui, aux Chaldéens. 
— Ils le souilleront; c'est-à-dire ils le traiteront comme une chose profane et souillée. 

22. Mon secret (arcanum meum); mon sanctuaire. 

23. Fais la conclusion (fac conclusionem) ; achéve de prononcer la sentence de leur 
condamnation; ou, selon d'autres, renferme-toi dans ta maison, comme il en a déjà 
recu l'ordre, m1, 24. Selon l'hébreu : Fais la chaîne; pour figurer, sans doute, la capti- 
vité du roi et du peuple. Compar. Jérém., xxvii, 2. — De jugements de sang; de ju- 
gements portés contre le meurtre; ou bien du crime de meurtre; car en hébreu le 
mot jugement signifie aussi faute, crime, et le mot sang, surtout au pluriel comme 
il l'est ici (sanguinum), se prend pour sang versé, meurtre. 

26. Quelque vision; favorable, propre à les consoler. — La loi; l'intelligence, l'in- 
terprétation de la loi. Le chaldéen a traduit par doctrine, enseignement; ce qui est le 
vrai sens de l'hébreu dans ce passage. 


1-18. * 4» Vision de la ruine de Jérusalem, וט‎ xi. — Deux ans et deux mois après 
sa vocation au ministére prophétique, Ezéchiel vit de nouveau la gloire du Seigneur 
et les chérubins. Il fut transporté en esprit à Jérusalem, dans la cour du temple, 
vit, 1-4, et là il vit les quatre espèces d'actes idolátriques auxquels se livraient les 


1878 


‘quième jour du mois, que, lors- 
que j'étais assis dans ma maison, 
et que les vieillards de Juda 
étaient assis devant moi, tomba 
là sur moi la main du Seigneur 
Dieu. 

2. Et je vis, et voilà la ressem- 
blance d’un homme, comme l'as- 
pect d'un feu; de l'aspect de ses 
reins et au-dessous c'était du feu ; 
et des reins et au-dessus, comme 
l'aspect d'une splendeur, comme 
la vue du succin. 

3. Et la ressemblance d'une 
main envoyée par cet homme me 
saisit par une boucle de cheveux 
de ma téte; et un esprit m'éleva 
entre le ciel et la terre, et m'a- 
mena à Jérusalem dans une vi- 
sion de Dieu, pres de la porte in- 
térieure qui regardait du côté de 
laquilon, où était placée l'idole 
de la jalousie, pour provoquer la 
jalousie. 

4. Et voici que là était la gloire 

Cap. VIII. 3. Dan., xiv, 35. 


ÉZÉCHIEL. 


[cn. vir.] 


du Dieu d'Israël, selon la vision 
que j'avais vue dans la plaine. 

5. Et il me dit : Fils d'un hom- 
me, lève tes yeux vers la voie de 
l'aguilon. Et je levai mes yeux 
vers la voie de l'aquilon ; et voilà 
que du cóté de l'aquilon de la 
porte de l'autel était Vidole de la 
jalousie à l'entrée méme. 

6. Etil me dit : Fils d'un hom- 
me, vois-tu, toi, ce que fontceux- 
ci, les grandes abominations que 
la maison d'Israél faitici, afin que 
je me retire loin de mon sanc- 
luaire? et si tu te tournes encore, 
tu verras des abominations plus 
grandes. 

7. Et il me conduisit à l'entrée 
du parvis, et voilà que je vis un 
trou dans la muraille. 

8. Et il me dit : Fils d'un hom- 
me, perce la muraille. Et lorsque 
j'eus percé la muraille, parut une 
porte. 

9. Et il me dit : Entre, et vois 


hommes et les femmes d'Israël, זנט‎ 5-18; les premiers adoraient probablement Baal 
. ou Moloch, le soleil et les animaux sacrés de l'Egypte; les femmes pleuraient la 
mort d'Adonis, comme on le faisait en Phénicie. — Alors sept anges apparaissent 
pour châtier les habitants de Jérusalem, 1x; la ville est brûlée et le temple abandonné 
de Dieu, x; Ezéchiel est chargé d'annoncer ces malheurs et la mort de Pheltias, xi, 
1-13, et de prédire aux captifs leur délivrance future, 14-21; il est enfin transporté 
de nouveau en esprit en Chaldée, et raconte à ses fréres ce qu'il vient de voir, 22-25. 

1. La sixième année de la captivité d'Ezéchias, qui fut emmené à Babylone avec 
le roi Jéchonias. — Le sixième mois de l’année sacrée, et le douzième de l'année 
civile. Il commençait à la nouvelle lune d'août, selon les rabbins, mais c'était plus 
probablement à celle de septembre. — La main du Seigneur. Voy. 1, 3. 

2. D'un homme cette expression se lit ici dans les Septante, et les mots ses reins 
semblent l'exiger. Ajoutons que ces mêmes mots qui se trouvent dans une descrip- 
; tion semblable (1, 21), sont précédés de un homme (vers. 26). — Du succin (electri), 
Voy. 1, 4. 

3. Prés de la porte intérieure; dans le parvis le plus extérieur. — L'idole de la ja- 
lousie; selon saint Jéróme et la plupart des interprétes, l'idole de Baal, qui avait été 
dressée dans le temple par Manassé (IV Rois, xxr, 7; 11 Paralip., xxxm, 1), et qui, 
ayant été détruite par Josias (II Paralip., xxxiv, 4), avait été rétablie par ses succes- 
seurs. D. Calmet pense que c'était l'idole d'Adonis, mentionnée au vers. 14, — Pour 
provoquer la jalousie du Seigneur. 

4. Selon la vision, etc. Compar. 1, 4 et suiv. 

1. Parvis du peuple, appelé simplemént parois, par opposition à celui des prétres 
et des Lévites, nommé parvis intérieur (vers. 16). Compar. III Hos, vr, 36. 


[cur. vur.] 


les abominations horribles que 
ces gens font ici. 

10. Et étant entré, je vis, et 
voici que toute sorte d'images de 
reptiles et d'animaux, l'abomina- 
tion et toutes les idoles de la 
maison d'Israél étaient peintes 
sur la muraille tout autour. 

41. Et soixante-dix d'entre les 
anciens de la maison d'Israél se 
tenaient debout devant les pein- 
Lures, et Jézonias, fils de Saphan, 
était au milieu d'eux ; et chacun 
d'eux avait un encensoir en sa 
main; et une vapeur comme un 
nuage s'élevait de l'encens. 

19. Et il me dit : Certes tu vois, 
fils dun homme, ce que les an- 
ciens de la maison d'Israël font 
dans les ténèbres, chacun dans le 


ÉZÉCHIEL. 


1879 


sent : Le Seigneur ne nous voit 
point; le Seigneur a délaissé la 
terre: 

13. Etil me dit : Si tu te tournes 
encore, tu verras des abomina- 
tions plus grandes que celles que 
ces gens font. 

14. Etil me conduisit à l'entrée 
de la porte de la maison du Sei- 
gneur, qui regardait du cóté de 
laquilon, et voici que là les 
femmes étaient assises pleurant 
Adonis. 

15. Et il me dit : Gertes, tu 
as vu, fils d'un homme; si tu te 
tournes encore, tu verras des 
abominations plus grandes que 
celles-ci. 

16. Et 11 me conduisit dans le 
parvis intérieur de la maison du 


secret de sa chambre; car ils di- | Seigneur; et voilà qu'à l'entrée 


10. * Cette description parait indiquer que les Juifs, qui comptaient sur le secours 
des Egyptiens contre les Chaldéens, adoraient les dieux de l'Egypte, reptiles et ani- 
maux, comme on les voit peints sur les murs des temples égyptiens. 

41. Et soixante-dix, etc.; vraisemblablement les membres du grand conseil (sanhé- 
drin) des Juifs. — Jézonias paraît être 101 le chef de ces soixante-dix. — Saphan; 
scribe sous le régne de Josias (IV Rois, xxn, ὃ et suiv.). 

14. Adonis; dans l'hébreu hattammouz, et dans les Septante le Thammousz; ce qui 
montre que ce n'est pas un nom propre, mais un simple appellatif, dont la signi- 
fication, il faut bien en convenir, est entierement inconnue. Quant au mot Adonis, 
saint Jéróme l'a probablement employé pour nous montrer que les Syriens hono- 
raient Hattammouz d'un deuil semblable à celui dont les Grecs honoraient Adonis. 
— * Le culte sensuel d'Adonis était ancien en Phénicie et en Chanaan. Les rites volup- 
tueux de ce culte furent une des formes les plus populaires du culte de Baal. Le 
nom d'Adonis ne diffère point par le sens de celui de Baal; l'un et l'autre signifient 
également maître, seigneur, dans les langues sémitiques. Du temps de saint Jérôme, 
il existait encore un bois sacré d'Adonis dans les environs de Bethléem. Le prophète 
Jérémie, xxir, 18, semble faire allusion, mais moins clairement qu'Ezéchiel, au culte 
que les femmes israélites rendaient à Adonis. C'est surtout à Gebal ou Byblos qu'il 
était adoré, parce que là coulait le fleuve Adonis qui portait son nom. On y voit 
encore de nombreuses ruines des tombeaux d'Adonis. Les femmes allaient y pleurer 
sa mort, à l'époque de l'année oü le fleuve devient rouge, ce qu'on prenait pour son 
sang. Sur ces monuments est figurée la fin d'Adonis. Deux rochers sculptés le mon- 
trent la lance au poing, attendant l'attaque de l'ours. Les bas-reliefs représentent 
les femmes qui le pleurent. Pour rappeler la mort du dieu, elles plantaient dans un 
vase de la laitue, de l'orge et du fenouil, qu'elles exposaient sur la terrasse des mai- 
sons. Dans les sanctuaires brülaient des parfums. Là se trzuvait le simulacre d'A- 
donis qu'on enterrait. Le sixième jour, le dieu ressuscitait et alors commencaient de 
hideuses bacchanales. Les femmes sacrifiaient à Thammouz leur chevelure. Ces fétes 
avaient lieu à deux époques de l'année, au printemps et à l'automne. 

16. Le parvis intérieur. Voy. vers. 1. — Environ (quasi) vingt-cinq hommes, etc. Il 
y avait toujours dans le temple douze prétres et douze lévites qui servaient par 


188 
du témple du Seigneur, entre le 
vestibule et l'autel, environ vingt- 
cinq hommes tournant le dos au 
temple du Seigneur, et la face 
vers l'orient; et ils adoraient vers 
le lever du soleil. 

11. Etil me dit : Gertes, tu as 
vu, fils d'un homme; est-ce peu 
à la maison de Juda d'avoir fait 
les abominations qu'ils ont faites 
ici, puisque remplissant la terre 
d'iniquité, ils se sont appliqués à 
m'irriter? et voici qu'ils appro- 
chent le rameau de leurs narines. 

18. Ainsi donc moi aussi j'agi- 
rai dans ma fureur; mon œil n'é- 
pargnera pas, je n'aurai pas de 
pitié; et lorsqu'ils crieront à mes 
oreilles à haute voix, je ne les 
écouterai point. 


CHAPITRE IX. 


Sept hommes paraissent; l'un est envoyé 
marquer d'un signe tous ceux qui gé- 
missent des désordres de Jérusalem; 


ÉZÉCHIEL. 


[cu. 1x.] 


les six autres ont ordre d'exterminer 
tous ceux qui ne seront pas marqués 
de ce signe. Exécution de cet ordre. 


1. Et il cria à mes oreilles d'une 
voix forte, disant : Les visitations 
de la ville s'approchent, et chacun 
a un instrument de meurtre dans 
sa main. 

2. Et voilà que six hommes ve- 
naient de la voie de la porte su- 
périeure qui regarde vers l'aqui- 
lon, et l'instrument de mort de 
chacun était dans sa main, un 
homme aussi au milieu d'eux 
était vétu de lin, et l'écritoire du 
scribe était attachée à ses reins; 
et ils entrerent, et ils se tinrent 
pres de l'autel d'airain; 

3. Et la gloire du Dieu d'Israël 
s'éleva de dessus 16 chérubin sur 
lequel elle était, vers le seuil de 
la maison; et elle appela l’homme 
qui était vétu de lin, et qui avait 
l'écritoire du scribe à ses reins. 

4. Et le Seigneur lui dit ; Passe 


IX. 4. Exode, xri, 7; Apoc., vri, 3.‏ .א 


semaine, et le grand-prétre faisait le vingt-cinquième. — * Tournant le dos au temple. 
Pour protester contre les cultes solaires, le sanctuaire du vrai Dieu était vers le cou- 
chant, au lieu d’être dirigé vers le levant, comme les temples idolátriques. 

17. His approchent, etc. On voit bien qu'il s'agit d'un rite idolâtrique; mais le Pro- 
phéte ne le détermine pas avec précision; il fait peut-étre allusion à l'usage des Perses 
qui, en adorant le soleil levant, tenaient à la main gauche un petit faisceau de verges. 


1. Les visitations; hébraisme, pour punitions, chäliments. — Un instrument de 
meurtre; l'hébreu porte l'instrument de sa perte; c'est-à-dire que chacun porte en 
lui-méme la cause de sa propre ruine. Ceci semble prouver qu'au lieu de unusquisque, 
il faudrait lire dans la Vulgate uniuscujusque, comme au vers. 2. 

2. Sir hommes, etc. Ces six hommes figurent les Chaldéens qui devaient venir dans 
la Judée par le nord (Jérém., τ, 13, 14). — La porte supérieure; la porte des prétres, 
dont le parvis était, en effet, plus élevé que celui du peuple. — L’inshrument de la 
mort de chacun (uniuscujusque). Voy. le verset précédent. — Un homme aussi, etc. 
Ce septième homme, véfu de lin, comme l'était le grand-prétre à la fête de l'expia- 
tion (Lévit., xvr, 4), était un messager de paix et de miséricorde. — À ses reins. On 
portait à la ceinture une sorte d'écritoire dans laquelle on réunissait tous les petits 
ustensiles nécessaires pour écrire; usage qui s'est conservé en Orient. L'écritoire de 
cet homme devait servir à marquer les Israélites qui seraient épargnés. — * L'autel 
d'airain; l'autel des holocaustes, placé dans le parvis des prêtres, sur lequel on offrait 
les sacrifices sanglants. 

3, 6. La maison (domus); c'est-à-dire le temple. 

4. Thau; est la dernière lettre de l'alphabet hébreu; il avait originairement la forme 


cn. x.] 


par le milieu de la cité, au milieu 
de Jérusalem, et marque un thau 
sur les fronts des hommes qui 
gémissent et qui souffrent de 
loutes les abominations qui se 
font au milieu d'elle. 

5. Etaux autres, il dit, moi l'en- 
tendant : Traversez la cité en le 
suivant, et frappez; que votre œil 
n'épargne pas, et n'ayez pas de 
pitié. 

6. Le vieillard, le jeune homme, 
etla vierge, l'enfant et les fem- 
mes, tuez-les jusqu'à extermina- 
tion complète; mais ne tuez per- 
sonne sur qui vous verrez le thau; 
et commencez par mon sanc- 
tuaire. Ils commencèrent donc 
par lesanciens qui étaient devant 
la maison. 

7. Et il leur dit : Souillez la 
maison ef remplissez les parvis 
de tués, sortez. Et ils sortirent, 
et ils frappaient ceux qui étaient 
dans la cité. 

8. Et, le carnage achevé, moi 
je demeurai, et je tombai sur ma 
face, et je dis en criant : hélas, 
hélas, hélas, Seigneur Dieu; per- 
drez-vous donc entierement tous 
les restes d'Israél, en répandant 
votre fureur sur Jérusalem? 

9. Et il me dit : L'iniquité de la 
maison d'Israél et de Juda est 
grande, tres grande; et la terre 


ÉZÉCHIEL. 


1881 


est remplie de sang, et la cité esc 
pleine de révolte ; car ils ont dit : 
Le Seigneur a délaissé la terre, le 
Seigneur ne voit pas. 

10. Ainsi donc mon œil n'épar- 
gnera pas, et je n'aurai pas de pi- 
(16: leur voie, jela ramenerai sur 
leur téte. 

11. Et voilà que l'homme vétu 
de lin, qui avait l'écritoire à son 
dos, répondit une parole, disant: 
J'ai fait comme vous m'avez or- 
donné. 


CHAPITRE X. 


Un des sept hommes est envoyé prendre 
des charbons de feu pour les répandre 
sur Jérusalem. Nouvelle description du 
char mystérieux. Le Seigneur qui était 
descendu de ce char y remonte. 


1. Et je vis, et voilà que dans le 
firmament qui était sur la téte 
des chérubins, parut comme une 
pierre de saphir, comme une es- 
pèce de ressemblance de trône 
au-dessus d'eux. 

2. Et 6 Seigneur dit à l'homme 
qui était vêtu de lin : Entre au 
milieu des roues qui sont sous 
les chérubins, etremplistes mains 
de charbons ardents de feu qui 
sont entre les chérubins, et ré- 
pands-les sur la cité. Et il entra 
en ma présence; 

3. Mais les chérubins se tenaient 


d'une croix, qui, chez les Egyptiens, était le symbole de la vie. Ainsi, au moins dans 
le sens moral et figuré, ce {hau marquerait la croix du Sauveur, signe de la ré- 
demption. Le texte hébreu porte à la lettre : Marque une marque; et les versions 
grecque, chaldaique, syriaque et arabe ont rendu unanimement le mot íAau par 
signe, marque. 

6. Les anciens; probablement les vingt-cinq, mentionnés vi, 16. 

10. Leur voie; leur conduite; c'est-à-dire je ferai tomber sur eux les maux qu'ils 
ont mérités par leur conduite. 

41. A son dos; dans l'hébreu, à ses reins. Compar. vers. 2, 3. 


1. Au-dessus d'eux; c'est-à-dire des chérubins, que la Vulgate fait du genre neutre 
(super ea), comme étant des animaux qui en latin (animalia) sont en effet de ce genre. 
3. La maison du Seigneur, le temple. — La nuée; comme portent le texte hébreu 


1832 


àla droite de la maison, lorsque 
l'homme entra, etla nuée remplit 
le parvis intérieur. 

4. Et la gloire du Seigneur s'é- 
leva de dessus les chérubins vers 
le seuil de sa maison; et la mai- 
son fut remplie de la nuée, et le 
parvis fut rempli de l'éclat de la 
gloire du Seigneur. 

5. Et l'on entendait le bruit des 
ailes des chérubins jusqu'au par- 
vis extérieur, comme la voix du 
Dieu tout-puissant lorsqu'il parle. 

6. Et lorsque le Seigneur eut 
commandé à l'homme qui était 
vétu de lin, en disant : Prends du 
feu du milieu des roues qui sont 
entre les chérubins, celui-ci entra 
et se tint pres de la roue. 

7. Et le chérubin étendit sa 
main, du milieu des chérubins, 
vers le feu qui était entre les ché- 
rubins; et il en prit, et il le mit 
dans les mains de celui qui était 
vêtu de lin; lequel l'ayant recu, 
sortit. 

8. Et il parut dans les chéru- 
bins, la ressemblance d'une main 
d'homme sous leurs ailes. 

9. Et je vis, et voilà quatre roues 
prés des chérubins; une roue 
pres d'un chérubin, et une autre 
roue près d'un autre chérubin ; 
mais l'apparence des quatre roues 
était comme celle d'une pierre de 
chrysolithe ; 

10. Et d'apres leur apparence, 


ÉZÉCHIEL. 


[cu. x.] 


toutes les quatre avaient la méme 
forme; comme serait une roue 
au milieu d'une autre roue. 

11. Et lorsqu'elles marchaient, 
elles allaient de quatre cótés et 
ne se retournaient pas en mar- 
cliant; mais quand la premiere 
allait d'un côté, les autres sui- 
vaient et ne se détournaientpoint. 

19. Et tout le corps de ces qua- 
treroues, etlescous, οἱ les mains, 
et les ailes et les cercles étaient 
pleins d’yeux tout autour. 

13. Et cesroues furent appelées, 
moi l'entendant, les roulantes. 

14. Chacun de ces animaux 
avait quatre faces; la premiere 
face était la face du chérubin, la 
seconde face une face dhomme, 
le troisième animal avait une 
face de lion, et le quatrième une 
face d'aigle. 

15. Etles chérubins s'éleverent ;, 
c'est l'animal méme que j'avais 
vu pres du fleuve de Chobar. 

16. Et lorsque les chérubins 
marchaient, allaient pareillement 
aussi les roues près d'eux; et 
lorsque les chérubins haussaient 
leurs ailes, afin de s'élever de 
terre, les roues n'y restaient pas, 
mais elles étaient près d'eux. 

11. Eux s'arrétant, elles s'arré- 
taient, et quand ils s'élevaient, 
elles s'élevaient, parce que l'es- 
prit de vie était en elles. 

18. Et la gloire du Seigneur 


et les Septante; c'est-à-dire celle dont il est parlé r, 4. — Le parvis intérieur; celui 


des prétres. 
5. Parvis extérieur ; celui du peuple. 


6. Prés de la roue; c'est le sens de la Vulgate expliquée par l'hébreu; on peut l'en- 
tendre de l'une des roues. Le grec lit au pluriel des roues. 

1. Le chérubin; sans doute pour l’un des chérubins. 

8. * La ressemblance d'une main d'homme. Le buste humain des chérubins assyriens 
avait quelquefois deux bras et deux mains humaines. Voir plus haut, 1, 8, et, en gé- 


néral, pour cette description, le ch. r. 


19. C'est l'animal méme; c'est-à-dire c'est l'espèce méme d'aniinal. 


[.זצ .68] 


ÉZÉCHIEL. 


1883 


sortit du seuil du temple, elle se | fils de Banaias, princes du peuple. 


reposa sur les chérubins. 

19. Et les chérubins, haussant 
leurs ailes, s'éleverent de terre 
devant moi; et eux sortant, les 
roues aussi les suivirent; et ils 
s'arréterent à l'entrée de la porte 
orientale de la maison du Sei- 
gneur; et la gloire du Dieu d'Is- 
raél était sur eux. 

20. C'est l'animal méme que je 
vis au-dessous du Dieu d'Israël 
près du fleuve de Chobar; et je 
reconnus que c'étaient des ché- 
rubins. 

21. Chacun avait quatre faces, 
et chacun quatre ailes; et la res- 
semblance d'une main d'homme 
sous leurs ailes. 

22. Et la ressemblance de leurs 
visages, c'étaient les visages mé- 
mes que j'avais vus près du fleuve 
de Chobar, et aussi leur aspect, 
et l'impétuosité de chacun à mar- 
cher devant sa face. 


CHAPITRE XI. 


Prophétie contre ceux qui méprisent les 
menaces des prophétes. Mort de l'un 
d'entre eux. Promesses en faveur des 
Israélites captifs et dispersés. Le char 
du Seigneur sort de la ville, et s'arréte 
sur la montague des Oliviers. 


1. Et un esprit m'éleva, et me 
conduisit àla porte orientale de 
la maison du Seigneur, qui re- 
garde le soleil levant; et voilà à 
lentrée de la porte vingt-cinq 
hommes, et je vis au milieu d'eux 
Jézonias, fils d'Azur, et Pheltias, 


(παρ. X. 20. Supra, 1, 1, 3. 


2. Et il me dit : Fils d'un hom- 
me, voici leshommes qui pensent 
l'iniquité, et qui forment un con- 
seil pervers en cette ville, 

3. Disant : N'est-ce pas depuis 
longtemps que sont báties des 
maisons? celle-ci est la chaudière, 
et nous nous sommes la chair. 

4. C'est pourquoi prophétise 
sur eux, prophétise, fils d'un 
homme. 

9. Et l'esprit du Seigneur s'em- 
para de moi, et me dit : Parle : 
Voici ce que dit le Seigneur : 
Ainsi vous avez parlé, maison 
d'Israél, et les pensées de votre 
cœur, je les connais. 

6. Vous avez fait mourir un 
tresgrandnombre danscette ville, 
et vous avez rempli ses rues de 
tués. 

1. À cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Vos tués, 
que vous avez mis au milieu de 
la ville, ceux-là sont 18 chair, et 
celle-ci la chaudière ; mais je vous 
lirerai du milieu de cette ville. 

8. Vous avez craint le glaive, et 
j'amènerai 16 glaive sur vous, dit 
le Seigneur Dieu. 

9. Et je vous chasserai du mi- 
lieu d'elle, et je vous livrerai à la 
main des ennemis, et j'exercerai 
sur vous des jugements. 

10. Vous tomberez sous le glai- 
ve; c'est sur les confins d'Israël 
que je vous jugerai, et vous sau- 
rez que je suis le Seigneur. 

M. Cette ville neserapoint pour 


== —B————, ÁMÁMMÓÓÓÓÓÓÓMBÁÁ σ᾽ 


19. Ils s'arrétérent; littér. et par hébraisme, i s'arréta; c'est-à-dire chacun d'eux 


s'arréta. 


20. C'est l'animal méme. Voy. le vers. 15. 


10. Vous tomberez, etc. Voy. IV Rois, xxv, 19, 21; Jérém., xxxIx, 5, 6; Lu, 9, 10. 


1884 


vous une chaudière, et vous, vous 
ne serez point comme des chairs 
au milieu d'elle; c'est dans les 
confins d'Israél que je vous juge- 
rai. 

19. Et vous saurez que je suis 
le Seigneur, parce que vous n'a- 
vez pas marché dans mes pré- 
ceptes, et que vous n'avez pas ac- 
compli mes ordonnances, mais 
que vous avez agi suivant les 
coutumes des nations qui sont 
autour de vous. 

13. Et il arriva, lorsque je pro- 
phétisais, que Pheltias, fils de 
Banaïas, mourut; et je tombai 
sur ma face, criant à haute voix, 
et je dis : Hélas, hélas, hélas! Sei- 
gneur Dieu, c'est vous qui con- 
sumez les restes d'Israël? 

14. Etla parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

15. Fils dun homme, tes fre- 
res, tes frères, les hommes, tes 
proches, et toute la maison d'Is- 
raël, tous ceux àqui les habitants 
de Jérusalem ont dit : Retirez- 
vous loin du Seigneur, c'est à 
nous que la terre a été donnée en 
possession. 

16. À cause de cela, voici ce 
que dit le Seigneur Dieu : Parce 
que je les ai envoyés loin parmi 
les nations, et que je les ai dis- 
persés dans les pays, je leur serai 
en petite sanctification dans la 
terre où ils sont venus. 


ÉZÉCHIEL. 


[cH. xr.] 


17. A cause de cela dis : Voici ce 
que ditle Seigneur Dieu: Je vous 
rassemblerai du milieu des peu- 
ples, et je vousréuniraides terres 
dans lesquelles vous avez été dis- 
persés, et je vous donnerai le sol 
d'Israël. 

18. Et ils y entreront, et ils óte- 
ront d'elle tous ses scandales et 
toutes ses abominations. 

19. Et je leur donnerai un 
méme cœur, et je mettrai un es- 
prit nouveau dans leurs entrail- 
les; et j'óterai le cœur de pierre 
de leur chair, et je leur donnerai 
un cœur de chair, 

20. Afin qu'ils marchent dans 
mes préceptes, et qu'ils gardent 
mes ordonnances, et qu'ils les 
exéculent; et qu'ils soient mon 
peuple, et que moi je sois leur 
Dieu. 

21. Mais ceux dont le cœur 
marche après leurs pierres d'a- 
choppement et leurs abomina- 
lions, je mettrai leur voie sur 
leur téte, dit le Seigneur Dieu. 

22. Et les chérubins éleverent 
leurs ailes, etles roues s'élevérent 
avec eux; et la gloire du Dieu 
d'Israél était sur eux. 

23. Et la gloire du Seigneur 
monta du milieu de la cité, et s'ar- 
réta sur la montagne qui est à 
l'orient de la ville. 

24. Et un esprit m'éleva, et me 
conduisiten Chaldée vers la trans- 


Cxap. XI. 19. Jérém., xxxi, 33; Infra, xxxvi, 26. 


14. Disant. Voy. m, 16. 


16. Je leur serai, etc.; je serai pour eux un petit sanctuaire, puisqu'ils ne s'assem- 
bleront plus dans ce vaste temple qui m'est consacré dans Jérusalem. 

19. * J’élerai le cœur de pierre de leur chair. Les Egyptiens mettaient toujours 
dans le corps des défunts momifié un grand scarabée de pierre à la place du cœur, 
Quelques commentateurs croient qu'Ezéchiel fait ici allusion à cet usage. 

21. Je mellrai, ete.; je ferai retomber leur conduite, leurs crimes sur leurs têtes. 

23. La montagne, etc.; c'est le mont des Oliviers. 


(ca. xm.] 


migration, dans la vision, par 
esprit de Dieu; et la vision que 
javais vue me fut enlevée. 

25. Etje dis à la transmigration 
toutes les choses que le Seigneur 
m'avait montrées. 


CHAPITRE XII. 


Ézéchiel prédit par différents signes la 
captivité des habitants de Jérusalem et 
celle de leur roi. Il annonce l'extrémité 
où ils seront réduits pendant le siège. 
Reproches du Seigneur contre ceux qui 
se flattaient que les menaces des pro- 
phétes ne seraient pas sitót accomplies. 


4 Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

9. Fils d'un homme, tu habites 
au milieu d'une maison qui »?'ex- 
aspère ;ils ontdes yeux pour voir, 
etils ne voient pas;et des oreilles 
pour entendre, et ils n'entendent 
pas : parce que c'est une maison 
qui 2?'exaspéere. 

3. Toi donc, fils d'un homme, 
fais-toi des meubles de transmi- 
gration, et tu émigreras pendant 
le jour devant eux, mais tu pas- 
seras de ton lieu à un autre lieu 
en leur présence, pour voir si 
par hasard ils regarderont; parce 
que c'est une maison qui 7?'exas- 
père. 


EZECHIEL. 


1885 


4. Et tu emporteras au aehors 
tes meubles comme les meubles 
d'un émigrant, pendantle jour en 
leur présence ; mais toi, tu sorti- 
ras le soir devant eux, comme 
sort un émigrant. 

ὃ. Devant leurs yeux perce-toi 
la muraille, et tu sortiras par 
cette ouverture. 

0. En leur présence tu seras 
porté sur les épaules, tu seras 
emporté dans l'obscurité; tu voi- 
leras ta face, et tu ne verras pas 
la terre, parce que je t'ai établi 
signe pour la maison d'Israél. 

1.Jefis donc commeleSeigneur 
m'avait ordonné; je transportai 
mes meubles commeles meubles 
d'un émigrant pendantle jour; et 
le soir je me percaila muraille de 
ma main, et je sortis dans l'obs- 
curité, porté sur les épaules en 
leur présence. 

8. Et la parole du Seigneur 
me fut adressée le matin, di- 
sant : 

9. Fils dun homme, est-ce que 
la maison d'Israël, maison qui 
m'exaspère, ne t'a pas dit : Que 
fais-tu? 

10. Dis-leur : Voici ce que dit 
le Seigneur Dieu : Ce malheur 
accablant £ombera sur le chef qui 


1-28. * 5» Série d'oracles complétant les prophéties précédentes, xir-xix. — Les 
ch. xir-xix renferment une série d'oracles non datés, qui se rattachent étroitement 
aux précédents et les complètent. Ils appartiennent aux onze mois qui se sont 
écoulés entre la prophétie, vir, 1, et celle de xx, 1. — 19 Le ch. xir symbolise la 
fuite avortée du roi juif de la ville assiégée, 3-16, et la détresse dans laquelle ce 
siège jettera le peuple, 17-20; il annonce enfin que la prophétie s'accomplira bientôt, 
21-28. 

1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, 111, 16. 

2. Ils ont; littér. qui ont; pour qui a; la maison étant mise pour ses habitants. 

9. Fais-toi, etc.; fais les préparatifs d'un homme qui va en exil. Tout ceci a pu 
se passer en vision. D'ailleurs, par le transport de ses meubles, Ezéchiel figurait Ja 
captivité de la manière la plus claire et la plus propre à faire impression sur les 
Juifs. 

9. Ne t'a pas dit; littér., et par hébraisme, ne t'ont pas dit. Compar. le vers. 2, 

10. Malheur accablant. Voy., sur le sens de cette expression, /saie, xiu, 1- 


cR 


1880 


est dans Jérusalem, et sur toute 
la maison d'Israél, qui est au mi- 
lieu d'eux. 

11. Dis : Moi je suis votre signe; 
comme j'ai fait, ainsi il leur sera 
fait; ils iront en transmigration 
et en captivité. 

12. 06 chef qui est au milieu 
d'eux sera porté sur les épaules; 
il sortira dans l'obscurité ; ils per- 
ceront la muraille pour le faire 
sortir de la ville, sa face sera cou- 
verte, afin qu'il ne voie pas de 
l'œil la terre. 

18. Et j'étendrai mon rets sur 
lui, et il sera pris dans ma seine; 
et [6 l’emmènerai à Babylone 
dans la terre des Chaldéens; et il 
ne la verra pas, et il y mourra. 

14. Et tous ceux qui sont au- 
tour de lui, sa garde, ses ba- 
taillons, je les disperserai à tout 
vent, et je tirerai le glaive apres 
eux. 

15. Et ils sauront que je suis 
le Seigneur, quand je les aurai 
dispersés parmi les nations, et 
que je les aurai disséminés dans 
les divers pays, 

16. Et je laisserai un petit 
nombre d'entre eux échapper au 
glaive, à la famine et à la peste, 
afin qu'ils racontent tous leurs 
crimes parmi les nations chez 
lesquelles ils entreront; et ils 
sauront que je suis le Seigneur. 


Crap. XII. 13. Infra, xvi, 20. 


ÉZÉCHIEL. 


(cu. χα. 


17. Et la parole du Seigneur 
me fut adressée, disant : 

18. Fils dun homme, mange 
ton pain dans le trouble; et ton 
eau, bois-la aussi à la hâte et dans 
la tristesse. 

19. Et tu diras au peuple du 
pays : Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu à ceux qui habitent dans Jé- 
rusalem, dans la terre d'Israël : 
Ils mangeront leur pain dans l'in- 
quiétude; leur eau, ils la boiront 
dans la désolation, afin que cette 
terre soit dépouillée de sa multi- 
tude d'habitants, à cause de l'ini- 
quité de tous ceux qui habitent 
en elle. 

20. Et les cités qui sont mainte- 
nant habitées seront désolées, et 
la terre déserte; et vous saurez 
que je suis le Seigneur. 

21. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

22. Fils d'un homme, quel est 
ce proverbe qui court parmi vous 
dans la terre d'Israël, proverbe 
de gens disant : Pour longtemps 
seront différés les jours, et toute 
vision s'évanouira? 

93. Pour cela, dis-leur : Voici ce 
que dit le Seigneur Dieu : Je ferai 
cesser ce proverbe, et on ne le 
dira plus publiquement dans Is- 
rael; et dis-leur que les jours sont 
proches, ainsi que la réalisation 
de toute vision. 


A1. Je suis, etc.; je suis pour vous un signe de ce qui doit vous arriver à vous ou 


à vos fréres. Compar. le vers. 6. 
12. * Ce chef; Sédécias, roi de Juda. 


13. Et il ne la verra pas. Compar. Jérém., xxxIx, 7; Lu, 11. 
22. Pour longtemps, etc.; ces jours malheureux dont on nous menace seront telle- 
ment différés, que lorsqu'ils arriveront, nous ne serons plus, et que toutes les pré- 


dictions seront par là méme sans effet. 


23. La réalisation; littér., (a parole, ou plutôt la chose, l'événement prédit dans les 


visions. 


[cu. [.זוזא‎ 


24. Car aucune vision ne sera 
plus vaine, ni aucune divination 
ambigué, au milieu des enfants 
d'Israél. 

25. Parce que moi le Seigneur 
je parlerai; et toute parole que 
j'aurai dite s'aecomplira et ne 
sera pas différée davantage; mais 
durant vos jours, maison qui 
m'exasperes, je dirai une parole 
et je l'exécuterai, dit le Seigneur 
Dieu. 

26. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

27. Fils d'un homme, voilà la 
maison d'Israël disant : La vision 
que celui-ci voit »'aura son effet 
que dans bien des jours, et c'est 
pour des temps éloignés quil 
prophétise. 

98. A cause de cela dis-leur : 
Voici ce que ditle Seigneur Dieu: 
Aucune de mes paroles ne sera 
plus différée; la parole que j'au- 
rai dite s'accomplira, dit le Sei- 
gneur Dieu. 


CHAPITRE XIII. 


Reproches et menaces du Seigneur contre 
les faux prophétes et les fausses pro- 
phétesses. 


1. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

2. Adresse tes prédictions aux 
prophétes d'Israél qui prophéti- 
sent, et tu diras à ceux qui pro- 


EZÉCHIEL. 


1887 
phétisent d'aprèsleurcœur:Ecou- 
tez la parole du Seigneur. 

3. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Malheur aux prophètes in- 
sensés qui suivent leur esprit, et 
ne voient rien. 

4.Tes prophètes, Israël, étaient 
comme des renards dans les dé- 
serts. | 

9. Vous n'étes pas montés à la 
rencontre de l'ennemi, vous n'a-| 
vez pas opposé un mur pour la 
maison d'Israël, afin de tenir 
ferme dans le combat au jour du 
Seigneur. 

6. Ils voient des choses vaines, 
et ils prophétisent le mensonge, 
disant : Le Seigneur dit, lorsque 
le Seigneur ne les a pas envoyés; 
et ils persistent à maintenir leur 
discours. 

1. Est-ce que vous n'avez pas 
vu une vision vaine, et annoncé 
une prédiction mensongere? et 
vous dites : Le Seigneur dit, lors- 
que moi je n'ai pas parlé. 

8. A cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Parce que 
vous avez dit des choses vaines, 
et que vous avez vule mensonge ; 
cest pourquoi, voici que moi je 
suis contre vous, dit le Seigneur 
Dieu. 

9. Et ma main sera sur les pro- 
phètes qui voient des choses vai- 
nes, et qui prédisentle mensonge; 


Care. XIII. 3. Jérém., xxu, 1; Infra, xiv, 9; xxxiv, 2. 


24. Divination (divinatio); c'est-à-dire prédiction inspirée de Dieu. 

1-23. * 20 Le ch. xiu s'éléve contre les faux prophètes et les fausses prophétesses, 
1-1 et 17-19; il prédit quel sera le châtiment des uns et des autres, 8-16 et 20-23. 

1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, nr, 11. 

4. * Tes faux prophétes,... comme des renards, s'enfuient à l'approche du danger. 

8. Contre. C'est évidemment le sens qu'a ici la particule hébraïque rendue dans la 


Vulgate par ad. 


9. Le livre; ou catalogue, registre; littèr. écriture, écrit (scriptura); mais le terme 
hébreu correspondant réunit ces diverses siguifications. 


- À 


/ 


4888 


ils ne seront pas dans le conseil 
de mon peuple, et ils ne seront 
point écrits dans le livre de la 
maison d'Israël, et ils n'entreront 
pas dans la terre d'Israél, et vous 
saurez que je suis le Seigneur 
Dieu; 

10. Parce qu'ils ont trompé mon 
peuple, disant : Paix, et il n'y a 
point de paix ; et lui bâtissait une 
muraille; mais eux l'enduisaient 
de boue, sans paille. 

11. Dis à ceux qui enduisent 
sans mélange, que la muraille 
tombera; car viendra une pluie 
inondante, et je lancerai des pier- 
res énormes qui tomberont d'en 
haut, et un vent de tempéte qui 
la renversera. 

12. Si toutefois la muraille 
tombe, ne vous dira-t-on pas : Où 
est l'enduit dont vous l'avez en- 
duite? 

13. À cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Je ferai écla- 
ter un vent de tempêtes dans mon 
indignation, et une pluie inon- 
dantese répandra dans mafureur, 
et dans ma colère des pierres 
énormes consumeront éoué. 

14. Et je détruirai la muraille 
que vous avez enduite sans mé- 
lange; et je l'égalerai à la terre, 
et ses fondements seront mis à 
nu; et 6116 tombera; et celui qui 
l'avait enduite sera consumé au 
milieu d'elle; et vous saurez que 
moi je suis le Seigneur. 

15. Et j'assouvirai mon indi- 


EZÉCHIEL. 


(en. [.זוזצ‎ 
gnation contre la muraille, et 
contre ceux qui l'enduisent sans 
mélange, et je vous dirai : La 
muraille n'est plus, et ceux qui 
l'ont enduite ne sont plus. 

16.//snesont plus,les prophètes 
d'Israël qui prophétisent à Jéru- 
salem, et qui voient pour elle une 
vision de paix; etil n'y a point 
de paix, ditle Seigneur Dieu. 

47. Et toi, fils d'un homme, 
tourne ta face contre les filles de 
ton peuple qui prophétisent d'a- 
près leur cœur, et fais des prédic- 
tions contre elles, 

18. Et dis : Voici ce que dit 
le Seigneur Dieu : Malheur à 
celles qui cousent des coussi- 
nets pour tous les coudes, et qui 
font des oreillers sous la téte 
des personnes de tout âge, afin 
de s'emparer des âmes; et lors- 
qu'elles s'emparaient des âmes 
de mon peuple, elles les vivi- 
fiaient. 

19. Elles me déshonoraient au- 
pres de mon peuple pour un peu 
d'orge et un morceau de pain, afin 
de tuer les âmes qui n'étaient pas 
mortes, et de vivifier les âmes 
qui ne vivaient pas, mentant à 
mon peuple, qui croit aux men- 
songes. 

90. A cause de cela, voici ce 
que dit le Seigneur Dieu : Voici 
que moi je suis contre vos coussi- 
nets avec lesquels vous prenez 
des âmes au vol, je les déchirerai 
de dessus vos bras, et je laisserai 


10. Sans paille. La paille, lorsqu'on la mélait à cette boue, espèce de mortier, lui 


donnait une certaine consistance. 


11. Pierres énormes, etc.; c'est-à-dire probablement des pierres de gréle, de gros 
grélons, comme porte le texte hébreu. Compar. Josué, x, 11. 

18. Tous les coudes; littér., tout coude de main. C'est sans doute une allusion aux 
coussins dont les Orientaux se servent sur leurs sofas pour s'asseoir, se reposer et 
appuyer leur coude. — Elles les vivifiuient; c'est-à-dire, elles prétendaient les viviler, 


[cir. χιν.] 


aller les âmes que vous avez 
prises, cesámes pour qu'elles s'en- 
volent. 

21. Et je déchirerai vos oreil- 
lers; et je délivrerai mon peuple 
de votre main, et ils ne seront 
plus en vos mains comme une 
proie; et vous saurez que je suis 
le Seigneur. 

92. Parce que vous avez affligé 
en mentant le cœur du juste, 
que moi je n'ai pas contristé; et 
parce que vous avez fortifié les 
mains de limpie, afin qu'il ne 
revint point de sa voie mau- 
vaise, et qu'il ne trouvát point la 
vie; 

23. A cause de cela, vous ne ver- 
rez plus de choses vaines, et vous 
ne ferez plus de prédictions, et 
j'arracherai mon peuple de votre 
main, et vous saurez que je suis 
le Seigneur. 


CHAPITRE XIV. 


Menaces contre ceux qui consultent les 
faux prophètes et qui demeurent dans 
leurs déréglements. Sévérité de la jus- 
tice du Seigneur sur tout autre pays. 
Restes épargnés d’entre les habitants 
de Jérusalem. 


4. Et vinrent vers moi des hom- 
mes des anciens d'Israël, et ils 
s'assirent devant moi. 


EZÉCHIEL. 


1889 

2. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

3. Fils d'un homme, ces hom- 
mes ont mis leurs impuretés dans 
leurs cœurs, et placé le scandale 
de leur iniquité devant leur face; 
est-ce que consulté, je leur ré- 
pondrai? 

4. À cause de cela, parle-leur, 
et tu leur diras : Voici ce que dit 
le Seigneur Dieu : Tout homme 
de la maison d'Israél qui aura 
mis sesimpuretlés dans son cœur, 
et aura placé le scandale de son 
iniquité devant sa face, et sera 
venu vers le prophéte, m'interro- 
geant par lui, moi le Seigneur, je 
lui répondrai selon la multitude 
de ses impuretés; 

ὃ. Afin que la maison d'Israël 
soit prise dans son cœur, par le- 
quel ils se sont retirés de moi 
pour s'attacher à toutes leurs 
idoles. 

0. À cause de cela, dis à la mai- 
son d'Israél : Voici ce que dit le 
Seigneur Dieu : Convertissez- 
vous, retirez-vous de vos idoles, 
et detoutes vos souillures détour- 
nez vos faces. 

7. Car tout homme de la mai- 
son d'Israél, et quiconque d'entre 
les prosélytes est étranger en Is- 
rael, s'il s'est détourné de moi et 


1-93. * 3e Le ch. xiv contient deux oracles, Le premier, 1-11, est dirigé contre les 
idolâtres qui, malgré leur infidélité, vont consulter Dieu; ils n'en recevront point 
d'autre réponse que des chátiments ou les paroles trompeuses des faux prophètes, 
Le second, 12-23, déclare aux coupables que l'intercession des saints, Noé, Daniel, 
Job, sauvera les bons, mais non les méchants, dans Jérusalem. 

2. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, πι, 16. 

3. Ces hommes, etc.; c'est-à-dire qu'ils sont encore attachés de cœur à leur idolátrie, 
et ils ont encore les yeux tournés vers ces idoles qui ont été pour eux des pierres 
d'achoppement et des sujets de chute (vers. 6). Ils viennent néanmoins consulter, 
comme si leur cœur était droit, et leur intention pure. 

4. Le prophèle; c'est-à-dire, le faux prophète. 

1. Les prosélytes; c'est-à-dire étrangers, sont les Chananéens, que les Israélites 
conservèrent parmi eux, à condition qu'ils renonceraient à l'idolâtrie, et qu'ils les 
serviraient. 


A. T. 119 


1890 


qu'il ait mis ses idoles dans son 
cœur, et qu'il ait placé le scan- 
dale de son iniquité devant sa 
face, et qu'il soit venu vers le 
prophéte pour me consulter par 
lui; moi, le Seigneur, je lui répon- 
drai moi-méme. 

8. Etjetournerai ma face contre 
cet homme, et je le donnerai en 
exemple et en proverbe, et je l'ex- 
termineraidu milieu de mon peu- 
ple; et vous saurez que je suis le 
Seigneur. 

9. Et lorsque le prophète a erré 
et qu'ila dit une parole, c est moi, 
le Seigneur, qui ai trompé ce pro- 
phète; et j'étendrai ma main sur 
lui, et je l'effacerai du milieu de 
mon peuple d'Israël. 

10. Etils porteront leuriniquité ; 
selon l'iniquité de celui qui con- 
sulte, ainsi sera liniquité du pro- 
phete; 

11. Afin que la maison d’Is- 
raël ne s'égare plus en se retirant 
de moi, et qu'elle ne se souille 
point par toutes ses prévarica- 
lions; mais qu'ils soient mon 
peuple, et que moi je sois leur 
Dieu, dit le Seigneur des armées. 

12. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant: 

13. Fils d'un homme, quant à 


EZECHIUL. 


(or. xiv.] 


une terre, lorsqu'elle aura péché 
contre moien multipliant ses pré- 
varications, j'étendrai ma main 
sur elle, et je briseraila verge de 
son pain, et j'enverrai sur elle la 
famine, et j'en tuerai les hommes 
et les bêtes. 

14. Et si ces trois hommes 
justes, Noé, Daniel et Job, sont 
au milieu d'elle, eux-mémes, par 
leur justice, délivreront leurs 
âmes, dit le Seigneur des ar- 
mées. 

15. Que si j'amène sur cette 
terre des bétes cruelles, afin que 
je la dévaste, et qu'elle devienne 
inaccessible, pour qu'il n'y ait 
personne qui y passe à cause des 
bêtes ; 

16. Si ces trois hommes y sont, 
je vis, moi, dit le Seigneur Dieu, 
ils ne délivreront ni leurs fils, 
ni leurs filles; mais eux seuls 
seront délivrés, et la terre sera 
désolée. 

11. Ou si jamene le glaive 
sur cette terre, et que je dise au 
glaive : Passe par cette terre, et 
que j'en tue les hommes et les 
bêtes ; 

18. Et que ces trois hommes 
soient au milieu d'elle; je vis, 
moi, dit le Seigneur Dieu, ils ne 


CxaP. XIV. 9. Supra, xur, 3. — 13. Supra, 1v, 16; v, 16. 


| 9. L'expression (romper un prophète, lorsqu'elle est appliquée à Dieu, signifie sim- 
plement que Dieu l'abandonne au déréglement de son cœur, en permettant que, de 
son cóté, un peuple corrompu se laisse séduire. Dieu, selon la remarque de saint Jé- 
róme, use souvent de ce langage pour qu'on n'attribue pas à la vertu particulière 
des faux prophètes que le peuple soit ainsi trompé; mais que l'on reconuaisse que 
c'est un effet de la colère de Dieu qui permet que des hommes dont le cœur est cor- 
rompu ferment les oreilles aux avis de ses prophétes, pour les ouvrir au mensonge 
de ceux qui les trompent. 

13. Quant à une terre. Le mot erre (terra) représente dans le texte hébreu aussi 
bien que dans la Vulgate ce qu'on appelle un nominatif absolu. — Mullipliant, etc.; 
littér. et par hébraisme, prévariquant, prévarique. — La verge de son pain; est sy- 
nonyme de Le bälon de son pain. Voy. 1v, 6. 

16, 18. Je vis, moi. Voy. Jérém., xLvi, 18. 


Ícu. xv.] 


délivreront ni leurs fils, ni leurs 
filles; mais eux seuls seront dé- 
livrés. 

19. Mais si j'envoie la peste sur 
cette terre et que je répande mon 
indignation sur elle par le sang, 
afin que j'en enlève les hommes 
et les bêtes; 

90. Et que Noé, Daniel et Job 
solent au milieu d'elle, je vis, 
moi, dit le Seigneur Dieu, ils ne 
délivreront ni fils, ni fille; mais 
par leur justice ils délivreront 
leurs propres âmes. 

91. Parce que voici ce que dit 
leSeigneur Dieu : Que si j'envoie 
à Jérusalem mes quatre juge- 
ments cruels, le glaive, la famine, 
les bétes mauvaises. et la peste, 
afin que j'en tue LYaime et bé- 
tail, 

99. Cependant il y sera laissé 
des hommes qui se sauveront, et 
feront sortir leurs fils et leurs 
filles; voilà qu'eux-mémes vien- 
dront vers vous, et que vous ver- 
rez leur voie et leurs inventions, 
et que vous serez consolés du mal 
que j'aurai amené sur Jérusalem, 
et de tous les f/éauz dont je l'au- 
rai accablée. 

99. Et ils vous consoleront, 
lorsque vous verrez leur voie et 
leurs inventions; et vous recon- 
naitrez que ce n'est pas sans rai- 
son que j'aurai fait à Jérusalem 


EZÉCHIEL. 


1894 
tout ce que j'y aurai fait, dit e 
Seigneur Dieu. 


CHAPITRE XV. 


Prophétie contre les habitants de Jéru- 
salem comparés au bois de la vigne 
qui n'est bon qu'à brûler. 


1. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant: 

2. Fils d'un homme, que fera- 
t-on de l'arbre de la vigne entre 
tous les arbres des bois, qui sont 
parmi les arbres des foréts? 

3. Est-ce qu'on prendra du bois 
dela vigne pourfaireunouvrage, 
ou en faconnera-t-on une cheville 
pour y suspendre un objet quel- 
conque? 

4. Voilà qu'on le met au feu, 
pour en étre la proie; le feu con- 
sume les deux extrémités, et le 
milieu est réduit en cendre brü- 
lante; est-ce qu'il sera utile pour 
un ouvrage? 

9. Et méme lorsqu'il était en- 
Uer, il n'était propre à aucun ou- 
vrage: combien plus, lorsque le 
feu l'aura dévoré et entierement 
brülé, on n'en fera aucun ou-. 
vrage? 

6. À cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Comme 
l'arbre de la vigne parmi les ar- | 
bres des foréts, que j'ai mis au, 
feu pour le dévorer, ainsi jelivre- 
rai les habitants de Jérusalem. 


22. Vers vous qui êtes ici maintenant en captivité. — Inventions; c'est-à-dire 


actions, œuvres. Voy. Isaie, rj, ὃ. 


1-8. * 4» Dans le ch. xv, Jérusalem est comparée à une vigne sauvage dont le bois 


coupé n'est bon qu'à étre jeté au feu. 


1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, rir, 10. 


2. Que fera-t-on, etc. Le sens de cette phrase, d'ailleurs trés obscure, parait être, 
en l'expliquant par l'hébreu : Quel avantage aura l'arbre de la vigne parmi toutes 
les branches des arbres de la forét? Les écrivains sacrés comparent souvent le 
peuple juif à une vigne ou à un cep, qui, en effet, est d'une grande utilité lorsqu'il 
porte des fruits, tandis qu'il n'est bon qu'à étre jeté au feu, quand il est stérile, 


1892 

7. Et je tournerai ma face con- 
tre eux; ils sortiront du feu, et 
le feu les consumera; et vous 
saurez que je suis le Seigneur, 
lorsque jaurai tourné ma face 
contre eux, 

8. Et que j'aurai rendu la terre 
inaccessible et désolée, parce 
qu'ils se sont montrés prévarica- 
teurs, dit le Seigneur Dieu. 


CHAPITRE XVI. 


ÉZÉCHIEL. 


[cH. xvi.] 


1. Etla parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

2. Fils dun homme, fais con- 
naître à Jérusalem ses abomina- 
tions, 

3. Et tu diras : Voici ce que dit 
le Seigneur Dieu à Jérusalem : 
Ta racine et ta génération sont 
de la terre de Chanaan; ton père 
était Amorrhéen, et ta mère Cé- . 
théenne. 

4. Et quant tu es née, au jour 


de ta venue au monde, on n'a 
pas coupé le conduit par où tu 
étais nourrie dans le sein de ta 
mere, tu n'as pas été lavée de 
l'eau salutaire, ni lavée avec le 
sel, ni enveloppée de langes. 

9. Aucun œil, ayant pitié de toi 
n'a cherché à te faire une seule 
de ces choses ; mais tu as été jetée 


Ezéchiel recoit du Seigneur l'ordre de re- 
présenter à Jérusalem l'état misérable 
d’où il l'a tirée, la gloire à laquelle il 
l'a élevée, l'infidélité dont elle s'est ren- 
due coupable, les excès auxquels elle 
s'est portée, les vengeances quil va 
exercer sur elle. Son infidélité surpasse 
celle de Samarie et celle de Sodome. 
Rétablissement de ces trois sœurs. Re- 
nouvellement de l'alliance du Seigneur 
avec Jérusalem =. 


T. Ils sortiront, etc.; c'est-à-dire qu'ils sortiront d'un feu pour tomber dans un autre 
feu qui les consumera. 


* Ezéchiel représente dans ce chapitre Jérusalem et Samarie sous l'image de deux 
prostituées. Les inerédules se sont récriés contre la prétendue obscénité des pein- 
tures qu'il emploie dans cette allégorie. Mais ils auraient dü considérer que l'obscé- 
nité ne consiste pas dans la représentation des choses elles-mémes, mais dans les 
idées accessoires dont on les environne. C'est l'usage en effet qui attache ces idées 
accessoires aux expressions et qui les en sépare. C'est ainsi que les termes les plus 
libres sont chastes dans la bouche des médecins et des chirurgiens qui ont des 
mœurs, parce qu'ils ne font pas d'impression sur eux. D'ailleurs combien d'expres- 
sions qui étaient chastes autrefois et qui ne le sont plus aujourd'hui; il y a, par 
exemple, dans la Bible de Calvin, une foule d'endroits qui font rougir maintenant, 
et qui assurément ne produisaient pas cet effet lorsqu'elle fut publiée, car on se 
piquait alors d'une grande sévérité de mœurs à Genève. Ainsi les expressions d'Ezó- 
chiel pouvaient étre honnétes de son temps et ne pas faire sur les Juifs la méme 
impression que sur nous. Voltaire lui-méme, dont le témoignage n'est certainement 
pas suspect, Voltaire, parlant sur ce sujet (Traité de la Tolérance), dit: « Ces expres- 
sions, qui nous paraissent libres, ne l'étaient point alors; les termes qui ne sont point 
déshonnétes en hébreu, le seraient dans notre langue. » 

1-63. * 5° Ch. xvi. Jérusalem est une ingrate, qui a méprisé les bienfaits de Dieu, 
1-34; elle sera punie de son idolâtrie, 35-52; cependant le reste qui sera sauvé ren- 
trera en gráce, 53-63. 

1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, rr, 16. 

3. Céthéenne; est le méme mot que Héthéenne; mais prononcé différemment. Or les 
Héthéens étaient un des peuples qui habitaient la terre de Chanaan, avant qu'elle füt 
possédée par les Hébreux. On sait que la race de Chanaan était maudite et dévouée 
à l'anathéme (Genèse, 1x, 25; Exode, xxin, 32, 33; xxxiv, 15, 16; Deutéron., vu, 1-3). 

4. Tu n'as pas été lavée, etc. Les anciens avaient coutume de laver les nouveaux- 
nés dans l'eau froide. — Ni salée, etc. C'est encore l'usage en Orient de frotter les 
enfants naissant de sel, pour les purifier et raffermir leur chair, 

9. Ton âme; c'est-à-dire ta personne, toi. 


[cu. xvi.] 


sur la face de la terre, en mépris 
de ton àme, le jour que tu es 
née. 

6. Or, passant pres de toi, je te 
vis foulée aux pieds dans ton 
sang. et je dis, lorsque tu étais 
ainsi dans ton sang : Vis; je te 
dis encore : Malgré ton sang, vis. 

7. Je t'ai multipliée comme la 
verdure des champs, et tu as crü, 
et tu as grandi, et tu es entrée ez 
áge de prendre les parures de 
ton sexe; tes seins se sont formés, 
avec les autres signes de la pu- 
berté; mais tu étais nue et pleine 
de confusion. 

8. Et j'ai passé pres de toi, et 
je 081 vue, et voici que ton 
temps 6181116 temps d’être aimée ; 
et j'ai étendu mon vétement sur 
toi, et j'ai couvert ton ignominie : 
et je t'ai juré fidélité, et j'ai fait 
une alliance avec toi, dit le Sei- 
gneur Dieu, et tu es devenue à 
moi. 

9. Et je t'ai lavée dans l'eau, et 
je t'ai purifiée de tes souillures, 
et je t'ai ointe d'huile. 

10. Et je t'ai revétue de diver- 
ses couleurs, et je t'ai donné une 
chaussure d'hyacinthe; et je t'ai 
ceinte de byssus, et je l'ai parée 
des vétements les plus fins. 

11. Et je t'ai parée d'une belle 


ÉZÉCHIEL, 


1893 


parure, j'ai mis des bracelets à 
tes mains et un collier autour de 
ton cou. 

19. Et j'ai mis un anneau au- 
dessus de ta bouche, et des bou- 
cles à tes oreilles, et une couronne 
d'éclat sur ta téte. 

19. Et tu as été ornée d'or et 
d'argent, et vétue de byssus et 
d'un tissu de plusieurs fils et de 
couleurs variées; tu t'es nourrie 
de farine la plus pure, de miel et 
d'huile, tu es devenue extréme- 
ment belle; et tu es parvenue à 
la royauté. 

14. Et ton nom est allé jusque 
chez les nations, à cause de ta 
beauté; parce que tu étais par- 
faite par l'éclat que j'avais mis en 
toi, dit le Seigneur Dieu. 

15. Mais, ayant confiance en ta 
beauté, tu as forniqué àla faveur 
de ton nom, tu t'es abandonnée 
à tout passant, afin d'étre à lui. 

16. Et prenant detes vétements, 
tu en as fait l'ornement de tes 
hauts lieux, apres les avoir cou- 
sus d'un cóté et de l'autre, et là 
tu y as forniqué comme il ne s'est 
pas fait, et comme il ne se fera 
pas. 

11. Et tu as pris les vases de ta 
gloire, faits de mon or et de mon 
argent, que jet'ai donnés;ettuen . 


8. J'ai étendu, etc.; je t'ai prise pour mon épouse. Compar. Ruth, ur, 9. Même au- | 
jourd'hui dans les mariages des Juifs, l'époux étend un voile sur l'épouse, pour ^ 
marquer que dés ce moment elle vivra sous sa protection. — Ton ignominie; ta nu- 
dité (vers. 7). 

12. Un anneau au-dessus de ta bouche; c'est-à-dire au nez, et pendant sur la bouche. 
Tous les voyageurs disent que, dans certaines parties de l'Orient, les femmes se 
percent le nez et y passent un anneau. 

14. Ton nom, etc. Le bel ordre et la sage administration du gouvernement des 
Hébreux excita l'admiration des peuples, et en particulier de la reine de Saba 
)111 Rois, x). 

17. Les vases de ta gloire; c'est-à-dire, selon plusieurs interprètes, les vases du 
temple que l'impie Achab prit pour en faire des idoles (II Paralip., xxvur, 24); d'autres 
lentendent des ornements et des parures dont les femmes tirent vanité; mais la 
première interprétation est plus probable. Compar. 0560, u, 8. 


1894 
as fait des images d'hommes, et 
tu as forniqué avec elles. 

18. Et tu as pris tes vêtements 
de couleurs variées, et tu les en 
a couvertes; et mon huile et mes 
parfums, tu les a apposés devant 
elles. 

19. Et le pain que 16 t'ai donné, 
18 plus pure farine, et l'huile et 
le miel dont je t'ai nourrie, tu les 
as mis en leur présence, en odeur 
de suavité, et cela a été fait, dit 
le Seigneur Dieu. 

90. Et tu as pris tes fils et tes 
filles que tu m'as engendrés, et 
tu les leur as immolés pour étre 
dévorés. Est-ce qu'elle est sans 
importance, ta fornication? 

91. Tu as immolé mes enfants 
et tu /esleur as livrés, en les con- 
sacrant. 

22. Et, après toutes tes abomi- 
nations et tes fornications, tu ne 
t'es pas souvenue des jours de ta 
jeunesse, quand tu étais nue, 
pleine de confusion, foulée aux 
pieds dans ton sang. 

93. Et il est arrivé qu'après 
toute ta malice (malheur, mal- 
heur à toi, ditle Seigneur Dieu), 

24. Tu as bâti pour toi un lieu 
de prostitution, et tu as préparé 
pour toi une maison de débauche 
sur toutes les places publiques. 

25. A toute entrée de la voie tu 
as dressé le signe de ta prostitu- 
tion; ettu as rendu ta beauté abo- 


ÉZÉCHIEL. 


]68. xvi.] 


minable, et tu t'es livrée à tout 
passant, et tu as multiplié tes 
fornications. 

26. Et tu as forniqué avec les 
fils del'Egypte, les voisins d'une 
haute stature; et tu as multiplié 
ta fornication pour m'irriter. 

27. Et voilà que moi j'étendrai 
ma main sur toi, et j'écarterai ta 
justification, et je te livrerai aux 
âmes des filles des Philistins, qui 
le haissent, qui rougissent de ta 
voie criminelle. 

98. Et tu as forniqué avec les 
fils des Assyriens, parce que tu 
n'étais pas encore assouvie; et 
apres que tu as ainsi forniqué, tu 
n'as pas été encore rassasiée. 

29. Et tu as multiplié ta forni- 
cation dans la terre de Chanaan 
avec les Chaldéens; et tu n'as pas 
encore été rassasiée. 

30. Avec quoi purifierai-je ton 
cœur, dit le Seigneur Dieu, lors- 
que tu fais les œuvres d'une pros- 
tituée, et d'une impudente? 

31. Parce que tu t'es formé un 
lieu de débauche à la tête de toute 
voie, el tu t'es fait un haut lieu 
sur toute place publique; et tu 
n'as pas été comme une prosti- 
tuée, augmentant son prix par 
dédain pour celui qui lui est of- 
ft, 

39. Mais comme une femme 
adultère, qui préfère des étran- 
gers à SON mari. 


18. Tu les en as couvertes. Compar. Jérém., x, 9; Baruch, νι, 12. 

20. Tu as pris les fils, etc. Compar. IV Rois, xvr, 3; xvir, 17, et suiv. 

21. Ta justification; les moyens de te rendre juste à mes yeux, les choses saintes, 
le temple, la loi, les cérémonies. L'hébreu porte, {on droit; c'est-à-dire ce qui te re- 
vient, selon la loi, en ta qualité d'épouse. — Aux âmes; aux personnes. Les Philistins 
ont été souvent les instrumeuts des vengeances»du Seigneur contre les Juifs. 

31. Un haut lieu (excelsum); un autel ou une maison de prostitution sur un lieu 
élevé; cav l'un et l'autre se pratiquaient. — 4 /a fureur, etc. A la fureur d'un mari 


jaloux. 


[cn. xvi.] 


33. A toutes les prostituées on 
donne des récompenses ; mais toi 
tu as donné des récompenses à 
tous tes amants, et tu leur faisais 
beaucoup de présents, afin qu'ils 
vinssent de toutes parts pour for- 
niquer avec toi. 

34. Et il est arrivé en toi dans 
tes fornications le contraire de la 
coutume des autres femmes; et 
après toi il n'y aura pas de forni- 
cation, car par cela méme que tu 
as donné des récompenses, et que 
tu n'as pas recu de récompenses, 
il est arrivé en toile contraire des 
autres. 

35. A cause de cela, femme de 
mauvaise vie, écoute la parole du 
Seigneur. 

36. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Parce que ton argent a été 
dissipé, et que ton ignominie 
s'est révélée dans tes fornica- 
tions avec tes amants et avec tes 
idoles abominables, et dans le 
sang de tes enfants que tu leur as 
donnés: . 

37. Voilà que moi j'assemblerai 
tous tes amants, auxquels tu 
l'es prostituée, et tous ceux que 
iu as aimés avec tous ceux que tu 
haissais; et je les assemblerai 
contre toi de toutes parts, et je 
mettrai à nu ton ignominie de- 
vant eux, et ils verront toute ta 
turpitude. 

38. Et je te jugerai comme on 
juge les femmes adultères et qui 
ont répandu le sang; et jelivrerai 
ton sang à la fureur et à la ja- 
lousie. 


EZÉCHIEL. 


1895 


39. Et je te livrerai à leurs 
mains et ils détruiront ta maison 
de débauche, et ils renverseront 
ta maison de prostitution, et ils 
te dépouillerontde tes vêtements, 
et ils enléveront les ornements de 
ta gloire, et ils te laisseront nue 
et pleine d'ignominie ; 

40. Et ils amèneront contre toi 
une multitude, et 115 + 
de pierres, et ils t'égorgerontavec 
leurs glaives. 

41. Et ils mettront le feu à tes 
maisons, et ils exerceront contre 
toi des jugements aux yeux d'un 
très grand nombre de femmes; 
et tu cesseras de forniquer, et 
tu ne donneras plus de récom- 
penses. 

49. Alors s'apaisera mon indi- 
gnation contre toi, et ma jalou- 
sie se retirera de toi, et je me 
tiendrai en paix, et je ne m'irri- 
terai plus. 

43. Parce que tu ne t'es pas sou- 
venue des jours de ta jeunesse, et 
que tu m'as provoqué en tout 
ceci; c'est pourquoi moi aussi j'ai 
mis tes voies sur ta téte, dit le 
Seigneur Dieu; et je ne t'ai pas 
traitée selon tes crimes dans tou- 
tes tes abominations. 

44. Voilà que quiconque dit 
ordinairement des proverbes se 
servira de celui-ci contre toi en 
disant : Comme est la mere, ainsi 
sa fille. 

45. Toi, tu es vraiment la fille 
de ta mère qui a abandonné son 
mari et ses enfants; et tu es la 
sœur de tes sœurs, qui ont aban- 


IV Rois, xxv, 9.‏ .41 — .10 זנאא XVI. 37. Infra,‏ .גח 


- 


39. Les ornements de ta gloire. Voy. le vers. 17. 


43. J'ai mis, etc. Voy. xr, 21. 
43. Céthéenne. Voy. le vers. 3 


4806 
donné leurs maris et leurs en- 
fants; votre mereétait Céthéenne, 
et votre pére Amorrhéen. 

46. Et ta sceur ainée est Sama- 
rie, elle et ses filles, qui habitent 
à ta gauche ; mais tasceur puinée, 
qui habite à ta droite, est Sodome 
et ses filles. 

A1. Mais tu n'as pas méme mar- 
ché dans leurs voies, et quant à 
leurs crimes, tu n'en as pas fait 
moins qu'elles; tu as fait des cho- 
ses presque plus criminelles, dans 
toutes tes voies. 

48. Je vis, moi, dit le Seigneur 
Dieu, Sodome ta sceur, elle et ses 
filles, n'ont pas fait comme tu as 
fait, toi et tes filles. 

49. Voici quelle a été l'iniquité 
de Sodome ta sœur : l'orgueil, 
lexces de nourriture, labon- 
dance, et l'oisiveté d'elle et de ses 
filles; etelles ne tendaient pas la 
main à l'indigent et au pauvre. 

50. Et elles se sont élevées, et 


49. Genése, xix, 24. 


EZECHIEL. 


(cH. xvi.] 


elles ont fait des abominations 
devant moi ; et je les ai détruites 
comme tu as vu. 

51. Et Samarie n'a pas commis 
la moitié de tes péchés; mais tu 
les as surpassées partes crimes, et 
tu as justifié tes sœurs par toutes 
tes abominations que tu as faites. 

52. Porte donc aussi ta confu- 
sion, toi qui as surpassé tes sceurs 
par tes péchés, agissant plus cri- 
minellement qu'elles : car elles 
ont été justifiées par toi; sois donc 
confondue, et porte ton ignomi- 
nie, 207 qui as justifié tes sœurs. 

53. Et je les ferai retourner en 
les rétablissant par le retour de 
Sodome avec ses filles, et par le 
retour de Samarie et de ses filles. 
et je te ferai retourner au milieu 
d'elles, 

54. Afinque tu portes ton igno- 
minie, et quetu sois confondue de 
tout ce que tu as fait, de maniere 
à les consoler. 


46. Et ta sœur, etc. Le Prophète considère ici Samarie et Sodome comme subsis- 
tantes, quoique Sodome eüt été brülée par le feu du ciel au temps d'Abraham et 
Samarie ruinée longtemps avant Ezéchiel par Salmanasar; son but en cela est uni- 
quement d'établir entre ces trois villes une comparaison sous le rapport de leurs 
crimes. De même, s'il nomme Samarie sœur ainée de Jérusalem, ce n'est point 
qu'elle fût plus ancienne, mais c'est parce qu'elle était sa plus proche parente, et la 
plus puissante, la plus peuplée, et celle que Jérusalem avait imitée la premiére, 
n'étant pas tombée tout d'un coup dans les déréglements de Sodome, comme le re- 
marque Théodoret. — Ses filles; hébraisme, pour /es villes qui dépendaient d'elle. — 
Qui habitent à ta gauche... qui habite à ta droite. Saint Jéróme dit, pour expliquer 
cette expression, que si quelqu'un regardait du temple de Jérusalem vers l'Orient, 
il avait à gauche la ville de Samarie, et à droite Sodome. — * Samarie. Voir la note 
sur III Rois, xvi, 24. — Sodome. Voir la note sur Genése, xir, 10. 

48. Je vis, moi; c'est-à-dire. je jure par moi-même. Voy. v, 11. 

49. L'excès de nourriture (saturitas panis); l'intempérance. 

51, 52. Tu les as justifiées; tu les as rendues plus justes, moins coupables que toi: 
elles étaient justes auprés de toi. 

53. Je les ferai retourner toutes deux, Sodome et Samarie. — Εἰ je te ferai re- 
tourner toi-même, Jérusalem. Il est certain que Samarie et Jérusalem furent rétablies 
et qu'elles se virent dans un état trés florissant. Quant à Sodome, il n'est pas moins 
certain que Dieu avait déclaré par la bouche de Jérémie (xivur, 47; xuix, 6), qu'il 
ramènerait de la captivité les Moabites et les Ammonites. Or ces deux peuples étaient 
originaires de Sodome par les filles de Lot. 

54. De manière à les consoler. La grandeur de ton châtiment sera un sujet de conso- 


[cH. xvu.] 


do. Τὰ sœur Sodome et ses filles 
retourneront à leur ancien état. 
Samarie et ses filles retourneront 
àleur ancien état; et toi et tes 
filles, vous retournerez à votre 
ancien état. 

90. Mais Je nom même de So- 
dome, ta sœur, n'a pas été en- 
tendu sortir de ta bouche, au jour 
de ton orgueil, 

91. Avant qu'eüt été révélée ta 
méchanceté, comme elle l’a été 
en ce temps o% fu es devenue 
l'opprobre des filles de Syrie et 
de toutes les filles de la Palestine 
qui t'environnent de toutes parts. 

58. Tuas porté ton crime et ton 
iguominie, dit le Seigneur Dieu. 

59. Parce que voici ce que dit 
le Seigneur Dieu : Je te ferai 


ÉZÉCHIEL. 


1897 


01. Et tu te souviendras de tes 
voies, el tu seras confondue, lors- 
que tu recevras avec toites sœurs 
ainées et tes sceurs puinées; et 
je te les donnerai pour filles, mais 
non par une alliance qui vienne 
de toi. 

62. Et moi j'établirai mon al- 
liance avec toi; et tu sauras que 
je suis le Seigneur, 

63. Afin que tu te souviennes 
et que tu sois confondue, et qu'il 
n'y ait plus lieu pour toi d'ouvrir 
la bouche, à cause de taconfusion, 
lorsque je t'aurai pardonné tout 
ce que tu as fait, ditle Seigneur 
Dieu. 


CHAPITRE XVII. 


Parabole d'un aigle qui coupe la tête d'un 


cèdre, et plante une vigne; cette vigne 
étend ses branches vers un second 
aigle, et cst arrachée par le premier. 
Explication de cette parabole. Rejeton 
du cèdre planté sur la montagne d'Is- 
raël. 


comme tu as fait, toi qui as mé- 
prisé un serment, afin de rendre 
vaine une alliance. 

60. Et moi je me souviendrai 
de mon alliance avec toi aux jours 
de ta jeunesse, et j'établirai avec 
toi une alliance éternelle. 


1. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 


lation pour tes sœurs, Samarie et Sodome, parce qu'elles en concluront qu'elles étaient 
moins coupables que toi. 

56, 57. Le nom méme, etc. Tu regardais Sodome, ta sœur, avec horreur et mépris, 
tu ne prononcais pas méme son nom, à cause de ses crimes; mais c'était avant que 
tu devinsses toi-méme criminelle comme tu l'as été depuis, et que tu fusses un objet 
d'opprobre pour les villes de Syrie, etc. 

61. Je te ies donnerai, etc. Samarie et Sodome, dans le sens que nous les avons 
expliquées au vers. 53, sont réellement devenues les filles de Jérusalem. Le pays de 
Samarie fut cédé aux Juifs par Alexandre le Grand, dit l'historien Josèphe (Contr. 
App.,l. m), mais. ils n'en jouirent pas longtemps. Sous les Machabées, les rois de 
Syrie démembrérent quelques villes du même pays pour les joindre à la Judée 
(1 Machab., x, 28, 34). Enfin la Samarie entiére fut entiérement soumise aux Juifs 
sous Jean Hircan, qui en prit et en ruina Ja capitale (IV Machab., vi; Jos. Anliq., 
l. xiu, c. xvir). Quant à Sodome, c'est-à-dire aux Moabites et aux Ammonites, des- 
cendants de Lot, ils furent égalements réduits à l'obéissance des Juifs par Judas 
Machabée et par ses fréres, aussi bien que l'Idumée et ce qui était autour du lac 
Asphaltite (I Machab., v, 3, 26, 21 et suiv.; Jos. Anlig., 1. xit, c. xu). Enfin les peuples 
gentils, figurés par Samarie et Sodome, sont devenus les enfants de Jérusalem par 
la nouvelle et éternelle alliance dans laquelle Jésus-Christ a bien voulu comprendre 
les étrangers avec les enfants, les Juifs avec les Gentils (Isaie, xy, 21; Lvi, 3; Rom. 
tit, 9 et suiv.; Galat., 1v, 24 et suiv.; v, 6). 

1-24. * 6? Ch. xvir. — 1° Ezéchiel propose l'énigme ou parabole des deux aigles et 
du plant de vigne, 1-10. — 2° Les deux aigles sont le roi de Babylone et le roi d'E- 


1898 


2. Fils dun homme, propose 
une énigme, et raconte une pa- 
rabole à 18 maison d'Israël, 

3. Et tu diras : Voici ce que dit 
le Seigneur Dieu : L'aigle énorme, 
aux grandesailes, aux longs mem- 
bres, plein de plumes variées, 
vint sur le Liban, et prit la moelle 
du cèdre. 

4. Il arracha les sommités de 
ses branches, et les transporta 
dans la terre de Chanaan; il les 
mit dans une ville de marchands. 

5. Et il prit de la graine du pays 
et illa mit en terre comme une 
semence, afin qu'elle prit racine 
sur de grandes eaux ; il la mit sur 
la surface de la terre. 

6. Et lorsqu'elle eut germé, elle 
crüt et devint une vigne étendue, 
mais basse; ses branches regar- 


ÉZÉCHIEL. 


₪. xvir.] 


dant l'aigle; et ses racines étaient 
sous lui, elle devint donc une vi- 
ene, elle poussa du sarment et 
produisit des rejetons. 

7. Etily eut un autre aigle 
énorme, aux grandes ailes et aux 
nombreuses plumes; et voilà que 
cette vigne sembla porter ses 
racines et étendre ses sarments 
vers laigle, afin qu'il l'arrosát 
des eaux des planches oü elle a 
poussé. 

8. C'est dans une bonne terre, 
sur le bord des grandes eaux,, 
qu'elle a été plantée, afin qu'elle 
donnát des feuilles, qu'elle por- 
tàt du fruit, et qu'elle devint une 
grande vigne. 

9. Dis : Voici ce que dit le Sei- 
gneur Dieu : Est-ce donc qu'elle 
prospérera? est-ce que l’aigle 


gypte; le plant de vigne, c'est le roi de Juda, Jéchonias; sa race, c'est son oncle 
Sédécias, ef. Jér., xui, 1 ; ΠΙ Rois, xr, 14; Jéchonias est conduit captif en Chaldée par 
Nabuchodonosor; Sédécias fait alliance avec l'Egypte, il tombera aussi entre les 
mains de Nabuchodonosor, 11-21; cf. IV Rois, xxiv, 11; Jér., xxiv, 1; xxix, 2; — 
39 mais néanmoins de ce plant Dieu fera sortir le Messie, 22-24. 

1. Disant (dicens). Voy. sur ce mot, nur, 16. 

3. L'aigle, du cédre. C'est ainsi que portent les Septante et le texte hébreu lui- 
méme, nullement un aigle, d'un cèdre, en général; ce qui montre que ces deux 
objets étaient connus des Juifs, auxquels s'adressait le Prophète. — Variées; de 
diverses couleurs. Cet aigle énorme représente Nabuchodonosor; la grandeur de son 
corps et de ses ailes, son plumage de diverses couleurs, marquent sa force, sa puis- 
sance, la grandeur de son empire, le grand nombre de ses sujets et la rapidité de 
ses conquétes; le Liban figure le temple, selon les uns, la Judée, selon les autres, et 
Jérusalem, suivant d'autres; le cédre est le peuple juif, la moelle du cédre, c'est-à- 
dire ce qu'il y avait de meilleur, marque le roi Jéchonias ou Joachim, avec sa mére, 
ses princes, ses officiers (IV Rois, xxiv, 12; Esther, τι, 6, etc.). — * La moelle du cèdre. 
Hébreu : la pointe du cèdre, d’après plusieurs. 

4. Les sommités de ses branches; c'est-à-dire la famille royale avec la plus noble 
partie du peuple. 

5. De la graine du pays, etc.; c'est Sédécias, oncle du roi Jéchonias (vers. 43); Nabu- 
chodonosor l'étabit roi dans la Judée. — Sur /a surface, etc. Le Prophéte semble dire 
par là que le régne de Sédécias ne devait pas étre solidement établi, et par consé- 
quent de longue durée. 

T. Un autre aigle; c'est-à-dire le roi d'Egypte, prince grand et puissant, mais moins 
que le roi de Babylone. Voyez pour la signification des ailes et des plumes le vers. 3. 
Le roi de Juda eut recours au roi d'Egypte pour en obtenir du secours contre les 
Chaldéens. Ce secours est représenté sous l'image de l'irrigation telle qu'elle se pra- 
tiquait en Egypte, c'est-à-dire en tirant de l'eau du Nil par des machines et en la 
répandant dans des rigoles faites exprés, qui la conduisaient daus les jardins et dans 
les champs. 


[cu. [.זצצ‎ 


n'arrachera pas ses racines, et 
n'abattra pas ses fruits; et ne sé- 
chera-t-il pas ses rejetons, et ne 
durcira-t-elle pas, sans qu'il faille 
un bras fort et un peuple nom- 
breux pourl'arracher jusque dans 
la racine? 

10. Voilà qu'elle est plantée, 
וי‎ donc qu'elle prospérera? 
est-ce que, lorsqu'un vent brülant 
laura touchée, elle ne se dessé- 
Ichera pas, et que dans les plan- 
ches oü elle a poussé elle ne dur- 
cira pas? 

11. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

19. Dis à la maison qui m'exas- 
père : Ne savez-vous pointce que 
ces choses signifient? Dis : Voici 
que le roi de Babylone vient à 
Jérusalem, et il prendra le roi et 
ses princes, et il les emmènera 
avec lui à Babylone. 

43. Et il prendra wn prince de 
la race royale, et il fera avec lui 
alliance, et il recevra son ser- 
ment; maisles puissants du pays, 
il les enlèvera ; 

14. Afin que ce soit un royaume 
humble, qui ne se relève pas, 
mais qui garde son traité d'al- 
liance et l'observe. 

15. Mais ce prince, s'étant dé- 
taché delui, envoya des ambassa- 
deurs en Egypte pour qu'elle lui 
donnát des chevaux et des trou- 
pes nombreuses. Est-ce qu'il pros- 


ÉZÉCHIEL. 


1899 
pérera ou qu'il obtiendra son sa- 
lut, celui qui a fait ces choses? et 
celui qui a rompu un traité, échap- 
pera-t-il? 

16. Je vis, moi, dit le Sei- 
gneur Dieu; au séjour du roi qui 
l'a établi roi, dont il a rendu 
vain le serment et rompu le 
traité qu'il avait conclu avec 
lui, au milieu de Babylone il 
mourra. 

11. Et ce n'est pas avec une 
grande armée ni avec un peuple 
nombreux que Pharaon fera con- 
tre lui la guerre; ni par la fonda- 
tion d'un rempart et par la cons- 
truction de forts pour détruire un 
grand nombre d'àmes. 

18. Car il avait méprisé le ser- 
ment,afin de rompre l'alliance, et 
voici quil a donné sa main 0 ' 
l'Egypte, et quoiquil ait fait 
toutes ces choses, il n'échappera 
pas. 

19. A cause de cela, voici ce 
que dit le Seigneur Dieu : Je 
vis, moi; le serment qu'il a mé- 
prisé, et l'allance qu'il a en- 
freinte, je les mettrai sur sa 
téte. 

20. Et j'étendrai sur lui mon 
rets, et il sera pris dans ma sei- 
ne; et je l’'emmènerai à Babylone 
et je le jugerai là à cause de la 
prévarication par laquelle il m'a 
méprisé. 

21. Et tous les fugitifs qui l'ont 


CnaP. XVII. 20. Supra, xi, 13; Infra, xxxii, 3. 


12. Le roi de Jérusalem, Jéchonias. — Vient. Ce verbe et les suivants, y compris 
ceux du vers. 13, sont au passé dans le texte hébreu; cette partie de la parabole 
était accomplie lorsqu'Ezéchiel la racontait. 

15. * Envoya des ambassadeurs en Egypte. Voir note sur Jérémie, xxi, 2. 

16, 19. Je vis, moi. Voy. Jérém., xLvI, 18. 

47. Et ce m'est pas, etc.; c'est-à-dire Pharaon se mit en effet en marche pour 
secourir Jérusalem; mais Nabuchodonosor alla au-devant de lui et l'obligea de se 
retirer (Jérém., xxxvii, 4 et suiv.). 


1900 


suivi et toutes ses troupes tom- 
beront sous le glaive; et le reste 
sera dispersé à tout vent; et vous 
saurez qu ec'est moi, le Seigneur, 
qui ai parlé. 

22. Voici ce que dit le Sei- 
gneur Dieu : Et moi, je pren- 
drai de la moelle du cèdre élevé 
et je la placerai; au sommet de 
ses rameaux, je cueillerai une 
branche tendre, et je la plante- 
rai sur une montagne haute et 
élevée. 

23. C'est sur la haute montagne 
d'Israël que je la planterai; elle 
poussera un rejeton, et produira 
du fruit, et deviendra un grand 
cèdre; et sous ce cèdre habiteront 
tous les oiseaux, et tout ce qui 
vole à l'ombre de ses feuilles fera 
son nid. 

24. Et tous les arbres de la con- 
trée sauront que c'est moi le Sei- 
gneur qui ài humilié un arbre 
élevé, et élevé un arbre humble; 
et qui ai séché un arbre vert et 
fait reverdir un arbre aride. C'est 
moi, le Seigneur, j'ai parlé et 
exécuté. 


XVIII. 2. Jérémie, xxxr, 29.‏ .ג 


ÉZÉCHIEL. 


[cu. xvur.] 


CHAPITRE XVIII. 


On ne dira plus dans Israél que le fils 
porte l'iniquité du pére, mais chacun 
portera seul la peine de son péché. Si 
l'impie fait pénitence, il ne mourra pas; 
si le juste abandonne la justice, il pé- 
rira. Exhortation à la pénitence. 


1. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

2. D'où vient que parmi vous 
vous tournez la parole en ce pro- 
verbe dans la terre d'Israël, di- 
sant: Des péres ont mangé du 
raisin vert, et les dents des en- 
fants en sont agacées? 

3. Je vis, moi, dit le Seigneur 
Dieu, si cette parabole vous sera 
désormais £owrnée en proverbe 
dans Israël. 

4. Voilà que toutes les àmes 
sont à moi; comme l’âme du pere, 
ainsi aussi l’âme du fils est à 
moi ;lámequiaura péché, mourra 
elle-même. 

ὃ. Et si un homme est juste, 
et qu'il pratique l'équité et la jus- 
tice ; 

6. Qu'il ne mange point sur les 


22. Et moi, je prendrai, etc. Quelques-uns appliquent cette prophétie à Zorobabel, 
ou aux Machabées, mais les termes mêmes dont elle est conçue ne peuvent convenir 
qu'au Messie, Jésus-Christ, qui descendait de Jéchonias et de David; son Eglise est 
une montagne élevée et qui est au-dessus de toutes les autres sociétés par les pré- 
rogatives divines qui la distinguent. Compar. Isaïe, τι, 2; Michée, 1v, 1. 


1-32. * To Ch. xvi. Chacun porte le poids de ses propres iniquités; les fils ne sont 
pas punis pour les péchés de leurs pères. Qu'Israél se convertisse et il sera sauvé. 

1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, rir, 16. 

2. Des péres, etc. Ce proverbe se trouve déjà dans Jérémie (xxxi, 29); il parait 
qu'en ce temps-là l'usage en était fort commun dans Israél. Ce qui y avait donné lieu 
était ce qu'on lit dans Moise; que Dieu punit l'iniquité des péres sur les enfants jus- 
qu'à la troisième et quatrième génération (Exod., xx, 5, etc.). 

3. Je vis, moi, etc.; c'est-à-dire, je jure par ma vie, par moi-même, que cette para- 
bole ne sera plus un proverbe parmi vous; vous n'aurez plus sujet de vous en ser- 
vir, parce que chacun portera la peine de son péché. — Quant à l'analyse grammati- 
cale de la formule du serment, voy. Jérém., xv, 11. 

6. Qu'il ne mange point, etc. Les sacrifices qu'on offrait aux idoles sur les hauteurs 
étaient toujours accompagnés de festins. 


[ci xvin] 
montagnes, et qu'il ne leve point 
ses yeux vers les idoles de la 
maison d'Israél; et. qu'il ne viole 
point la femme de son prochain, 
et qu'il ne s'approche point d'une 
femme qui est dans ses mois; 

7. Et quil ne contriste per- 
_sonné ; qu'il rende le gage à son 
; débiteur; que par violence il ne 
ravisse rien; qu'il donne de son 
pain à celui qui a faim, et qu'il 
couvre d'un vétement celui qui 
est nu; 

8. Qu'il ne préte point à usure 
et ne recoive pas plus qu'il n'a 
prété ; que de l'iniquitéil détourne 
sa main, et qu'il rende un juge- 
ment équitable entre un homme 
et un homme; 

9. Qu'il marche dans mes pré- 
ceptes, eLearde mes ordonnances, 
afin d'accomplir la vérité; celui- 
là est juste, il vivra de la vie, dit 
le Seigneur Dieu. 

10. Mais s'il engendre un fils 
voleur, répandant le sang, et qui 
commette l'une de ces choses, 

11. Quand il ne les commettrait 
pas toutes, mais qui mange sur 

les montagnes, et qui souille la 
femme de son prochain, 

19. Et qui contriste l'indigent 
et le pauvre, qui commette des 
rapines, qui ne rende point le 
gage d son débiteur, qui leve ses 
yeux vers les idoles, qui fasse des 
abominations, 

13. Qui préte à usure et qui re- 
çoive plus qu'il n'a prêté; est-ce 
qu'il vivra? non, il ne vivra point; 
lorsqu'il aura fait toutes ces cho- 


7. Isaie, vin, 7; Matth., xxv, 35. 


ÉZÉCHIEL. 


1901 
ses détestables,ilmourra de mort, 
son sang sera sur lui-méme. 

14. Que sil engendre un fils 
qui, voyant tous les péchés que 
son père a faits, craigne et ne 
fasse rien de semblable à ces pé- 
chés; 

15. Qu'il ne mange point sur 
les montagnes, et qu'il ne lève 
point les yeux vers les idoles de 
la maison d'Israël; qu'il ne viole 
point la femme de son prochain, 

16. Et qu'il ne contriste per- 
sonne; qu'il ne retienne pas le 
gage à son débiteur, et qu'il ne 
commette point de rapines; qu'il 
donne de son pain à celui qui a 
faim, et qu'il couvre d'un véte- 
ment celui qui est nu; 

17. Qu'il détourne sa main de 
toute injustice contre le pauvre; 
qu'il ne donne point à usure, et 
ne recoive rien au delà de ce qu'il 
a prété; quil accomplisse mes 
ordonnances, quil marche dans 
mes préceptes; celui-làne mourra 
point dans l'iniquité de son père, 
mais il vivra de la vie. 

18. Son père, qui a calomnié et 
a fait violence à son frere, et a 
commis le mal au milieu de son 
peuple, voilà qu'il est mort dans 
sa propre iniquité. 

19. Et vous dites : Pourquoi le 
fils n’a-t-il point porté liniquité 
de son pere? Il est clair que c'est 
parce que le fils a agi selon l'é- 
quité et selon la justice, qu'il a 
gardé tous mes préceptes, et qu'il 
les a pratiqués, qu'il vivra de la 
vie. 


9, 41, 19, 21, 28. IL vivra, etc.; hébraisme, pour, 71 vivra certainement, 


1l. Qu'il mange, etc. Voy. vers. 6. 


43. 11 mourra, etc.; hébraisme pour, à mourra infailliblement, 


4907 

90. L'âme qui a péché mourra 
elle-même; un fils ne portera pas 
l'iniquité de son père, et un père 
ne portera pas liniquité de son 
fils : la justice du juste sera sur 
lui et l'impiété de l'impie sera sur 
lui. 

21. Maissi l'impie fait pénitence 
, detous ses péchés qu'il a commis, 
et qu'il garde tous mes préceptes, 
et qu'il accomplisse le jugement 
et la justice, il vivradela vie et ne 
mourra point. 

22. Je ne me souviendrai d'au- 
cune de ses anciennes iniquités; 
à cause de la justice qui'il a pra- 
tiquée, i: vivra. 

23. Est-ce que je veux la mort 
de l'isipie, dit le Seigneur Dieu, 
et nou qu'il se détourne de ses 
voies 64 qu'il vive? 

24. Mais si le juste se détourne 
de sa justice, et qu'il fasse l'iui- 
quité selon toutes les aboinina- 
tions que limpie a coutume de 
commettre, est-ce quil vivra? 
toutes les œuvres de justice qu'il 


ÉZÉCHIEL. 


(cit. xvitr.] 


avait faites seront oubliées, et 
dans la prévarication par laquelle 
il a prévariqué, et dans le péché 
par lequel il a péché, il mourra. 

25. Et vous avez dit : Elle n'est 
pas juste, la voie du Seigneur. 
Ecoutez done, maison d'Israél : 
Est-ce ma voie qui n'est pas juste, 
et ne sont-ce pas plutôt les vôtres 
qui sont corrompues? 

26. Car lorsqu'un juste se sera 
détourné de sa justice, et qu'il 
aura commis l'iniquité, il y mour- 
ra; dans l'injustice qu'il a com- 
mise, il mourra. 

27. Et lorsqu'un impie se sera 
détourné de son impiété qu'il a 
commise, et qu'il agira selon l'é- 
quité et selon la justice, il vivi- 
fiera lui-méme son àme. 

98. Gar réfléchissant, et se dé- 
teurnant de toutes ses iniquités, 
il vivra de la vie, et 11 ne mourra 
point. 

29. Et les enfants d'Israël di- 
sent : Elle n'est pas juste, la voie 
du Seigneur. Sont-ce mes voies 


20. Deut., xxiv, 18; IV Rois, xiv, 6; 1] Par., xxv, 4. — 23. Infra, XXXII; XXXIII, 
11; 11 Pierre, nr, 9. — 25. Infra, xxxin, 20. 


20. Un fils, etc. On a prétendu trouver ici une contradietion avec ce qui est. dit 
dans l'Exode (xx, 5), que Dieu punit l'iniquité des pères dans les enfants, jusqu'à la 
quatrième génération. Mais cette contradiction n'est qu'apparente. En effet, dans 
l'Exode, il ne s'agissait pas d'un simple individu qui commetfait personnellement un 
crime, mais bien de tout Israél, qui abandonnait le culte de son Créateur pour adorer 
des dieux étrangers, crime qui, en passant aux descendants, les rendait coupables 
comme leurs pères. 101, au contraire, il n'est question que des fautes personnelles 
des individus, et par conséqueut de punitions également personnelles. Moise lui- 
méme dit, dans le Deutéronome (xxiv, 16), qu'on ne fera pas mourir les péres pour 
les enfants, ni les enfants pour les péres, mais que chacun mourra pour son péché, 
parce que dans ce passage du Deutéronome, comme dans celui d'Ezéchiel, il ne s'agit 
que des fautes des individus. Ainsi les Juifs, réduits en captivité, ne furent pas punis 
à cause des péchés de Manassé, leur roi, mais parce qu'ils imiterent sa conduite cri- 
minelle. 

22. Je ne me souviendrai d'aucune, ete.; littér., je ne me souviendrai pas de toutes, etc. 
Comme nous l'avons déjà fait observer, en hébreu, les mots (out, toute, tous, accom - 
pagnés d'une négation, signifient aucun, nulle, nuls. 

26. Y; littér., en ces choses (in eis); l'hébreu peut signifier, à cause de ces choses; 
c'est-à-dire parce qu'il se sera ainsi détourné de la justice, et qu'il aura commis l'ini- 
quité. 


fer. xix.] ÉZÉCHIEL. 4903 


qui ne sont pas justes, maison | elle reposée parmi des hons, et 
d'Israël, et ne sont-ce pas plutôt | a-t-elle nourri ses petits au milieu 
les vôtres qui sont corrompues? | des lionceaux ? 

30. C'est pour cela que je juge- 3. Elle a fait sortir un de ses 
rai chacun selon ses voies, mai- | lionceaux, et il est devenu lion; 
son d'Israël, dit le Seigneur Dieu. | et il a appris à ravir sa proie et à 
Convertissez-vous, et faites péni- | dévorer des hommes. 
lence de toutes vos iniquités, et 4. Et les peuples ont oui parler 
l'iuiquité ne vousserapasáruine. | de lui, et ils l'ont saisi, mais non 

31. Reïetez loin de vous toules | sans recevoir des blessures, et 
les prévarications par lesquelles | ils l'ont emmené enchaîné en 
vous avez prévariqué, et faites- | Egvpte. 
vous un CŒur nouveau et un es- 9. Comme la mère vit qu'elle 
prit nouveau; et pourquoi mour- | étaitsans force,e! que sonattente 
rez-vous, maison d Israël? élait détruite, eile prit un autre de 

32. Car je ne veux poirtla mort | ses | Bonceaux, i'ét tablit lion. 
de celui qui meurt, dit le Seigneur . [| marchatt parmi ies lions 
Dieu; revenez, et vivez. et Ἢ Gevint lion; et il apprità 
ravir sv proie et à dévorer des 

CHAPITRE XIX. Pr 
Cantique lugubre sur le désastre des | 7 apprit à faire des veuves 
princes de Juda représentés sous 6 eti à réduire les 61168 en déserts: 
symbole de deux lionceaux, et sur la | et la terre aiusi que sa plénitude 


désolation de Jérusaiem figurée par | tu désolée à la voix de son ruvis- 
une vigne. r ES 


———— —À—— À —— — — ς.. 


sement. 
1. Et toi, prophéte, emploie un 8. Et contrelui des nations s'as- 
chant lugubre pour les princes | semblerent de toutes parts des 
d'Israël, provinces, et elles étendireut sur 


2. Et tu diras : Pourquoi ta | lui leurs rets, il fut pris, mais eu 
mère, qui est une lionne, s'est- | leur faisant des blessures. 


30. Matth., ur, 2; Luc, ur, 3. — 32. Supra, xxm; Infra, xxxim, 11; 11 Pierre, ru, 9. 


—— — — —— — 


32. Revenez, et vivez; hébraïsme, pour, revenez et vous vivrez. 


1-14. * 8 Ch. xix. Elégie sur les malheurs de la maison royale de Juda. — 19 Jérusa- 
lein, la lionne, a élevé des lionceaux ; l'un d'eux, Joachaz, vers. 4; voir 17 Rois, אא‎ 
31, a été pris en Egypte; l'autre, Jéchonias, 5-7; voir IV Rois, xxv;, 12, à Baby!one, 
8-9. — 2» La mère elie-même, Jérusalem, est comparée dans ta seconde partie 66 6 
à une vigne qui est arrachée et transplantée, c'est-à-dire que ses habitants sont con- 
duits en captivité, 10-14. 

2. Une lionne; c'est-à-dire Jérusalem. — Des lions: les rois des nations. — Des lion- 
ceaux; les princes successeurs du roi Josias (IV Rois, xxur, 34; xxiv, 12). 

3. Elle a fait sortir, etc.; elle a mis sur le trône Joachaz, fils de Josias (IV Rois, 
xxur, 30, 31). 

8. Contre lui; contre Jéchonias, selon les uns (IV Rois, xxiv, 10, 12, 15; xxv, 21); 
contre Sédécias, selon les autres, parce que l'on peut appliquer d'une manière fort 
naturelle à ce prince les circonstances racontées ici et au vers. suivant par le pro- 
phéte. — S'assemblèrent, etc. Le roi de Babylone assembla son armée, composée de 
différents peuples, et vint assiéger Jérusalem, qui se défendit fortement et ne se 
rendit qu'après avoir fait des blessures à son vainqueur. 


4004 

9. Et ils le mirent dans une 
cage, l'emmenèrent enchaîné au 
roi de Babylone ; et ils le mirent 
dans laprison, afin qu'on n'enten- 
dit plussa voix surles montagnes 
d'Israél. 

10.Tamèrecommela vigneaété 
plantée dans ton sang sur le bord 
de l’eau; son fruit et ses feuilles 
ont crü par de grandes eaux. 

11. Et ses branches solides sont 
devenues des sceptres de domina- 
teurs, 0188 tige s’est élevée parmi 
ses feuilles, et elle a vu sa hau- 
teur parmi la multitude de ses 
sarments. 

12. Kt elle ἃ été arrachée avec 
colere, et jetée sur la terre; et 
un vent brülant a desséché son 
fruit; les branches qui faisaient 
sa force se sont flétries et deve- 
nues arides; un feu l'a dévorée. 


EZÉCHIEL. 


[cu. xx.] 


une terre sans voie et altérée. 

14. Et il est sorti un feu de la 
tige de ses rameaux, lequel a 
dévoré son fruit, et 11 n'y a plus 
eu en elle une tige forte, sceptre 
de dominateurs. C'est un chant 
lugubre, et ce sera un chant lu- 
gubre. 


CHAPITRE XX 


Le Seigneur reproche aux Israélites 
leurs infidélités et celles de leurs pères, 
depuis la sortie d'Egypte jusqu'alors. Il 
leur annonce ses vengeances. Il promet 
de les ramener dans leur pays, et de 
les attacher à son service. Prophétie 
contre la forét, c'est-à-dire contre la 
Judée. 


1. Or il arriva en la septième 
année, au cinquième 7220/5, au 
dixième jour du mois, que des 
hommes d'entre les anciens d'Is- 
raél vinrent pour consulter le Sei- 


13. Et maintenant elle a été | gneur, et qu'ils s'assirent devant 
transplantée dans le désert, dans | me* 


Cuar. XIX. 12. Osée, xim, 15. 


19. Avec colère. Nabuchodonosor fut irrité en effet de l'infidélité de Sédécias, qui, 
sans égard pour ses promesses et ses serments, s'était ligué avecle roi d'Egypte. 

13. Elle a été transplantée. Ce que le Prophéte met ici au passé n'était pas encore 
entièrement accompli; il ne le fut réellement qu'après que le roi Sédécias eut été 
pris, que Jérusalem eut été détruite et le reste de ses habitants transporté à Ba- 
bylone. 

14. Un feu, etc.; c'est Ismahel, fils de Nathanias, dont l'histoire est racontée dans 
Jérémie (xr, 8 et suiv.; ,זזצ‎ 1 et suiv.). 


4-44. * 60 Prophéties contre Juda et Israël, xx-xxrr. — Les ch. xx-xxur contienuent 
quatre oracles de la méme époque, xx, 1; cf. xxiv, 1; ils se distinguent les uns des 
autres, excepté xxr, par les mots : Si tu les juges (l'expression est toujours la méme 
en hébreu), indiquant que le Prophète doit juger son peuple, c'est-à-dire lui repro- 
cher ses crimes et lui annoncer le châtiment, xx, 4; xxir, 2; ΧΧΠῚ, 36. — 19 L'occa- 
sion de la prophétie, xx, 1-45, est une visite des anciens du peuple qui viennent au- 
prés du prophète pour consulter le Seigneur, xx, 1-3, comme xiv, 1. Ezéchiel leur 
rappelle les révoltes de ieurs péres contre leur Dieu, en Egypte, 5-9, et dans le dé- 
sert, 10-17 et 18-26. Si le Seigneur ne les extermina pas complétement, ce fut seule- 
ment pour l'honneur de son nom, 27-31. Comme Israël n'a pas renoncé à l'idolátrie 
dans la Terre Promise, il ne leur répondra plus, mais il les chátiera et les dispersera, 
32-38, et se choisira parmi les captifs un peuple selon son cœur, 39-44. Cette pro- 
phétie est anaiogue à celle du ch. xvr. 

1. La septiéme année; de la captivité de Jéchonias et d'Ezéchiel. Voy. vir, 1. — Le 
cinquièrre mois de l'année sacrée, et le onzième de l'année civile. Il commençait à la 
io lune de juillet, selon les rabbins, mais c'était plus probablement à celle 

’août. 


.cH. xx.] ÉZÉCHIEL. 


2. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

3. Fils d'un homme, parle aux 
anciens d'Israël, et tu leur diras : 
Voici ce que dit le Seigneur Dieu: 
Estce pour me consulter que 
vous étes venus, vous? Je vis, 
moi, je ne vous répondrai point, 
dit le Seigneur Dieu. 

4. Si tu les juges, fils d'un 
homme, si tu les juges, montre- 
“eur les abominations de leurs 
pères. 

ὃ. Et tu leur diras : Voicice que 
dit le Seigneur Dieu : Au jour où 
je choisis Israël, et où je levai ma 
main pour la race de la maison 
de Jacob, et où je leur apparus 
dans la terre de l'Egypte, et où 
je levai ma main pour eux, di- 
sant : Je suis le Seigneur votre 
Dieu: 

6. En ce jour-là, je levai ma 
main pour eux, afin de les con- 
duire de la terre d'Egypte dans 
une terre que je leur avais des- 
tinée, où coulent du lait et du 
miel, et qui est excellente entre 
toutes les terres. 

7. Et je leur dis : Que chacun 
éloigne les scandales de ses yeux, 
et ne vous souillez point par les 
idoles de l'Egvpte; je suis le Sei- 
gneur votre Dieu. 

8. Mais ils m'ont irrité, et n'ont 
pas voulu m'écouter, aucun d'eux 
n'a rejeté les abominations de 
leurs yeux, et ils n'ont pas quitté 


1905 
les idoles de l'Egypte; et j'ai dit 
que je répandrais mon indigna- 
tion sur eux, et que j'assouvirais 
ma colère sur eux, au milieu de 
la terre d'Egypte. 

9. Mais j'ai agi à cause de mon 
nom, afin qu'il ne füt pas violé 
devant les nations au milieu des- 
quelles ils étaient, et parmi les- 
quelles je leur ai apparu, afin de 
les retirer de la terre d'Egypte. 

10. Je les ai donc fait sortir de 
la terre d'Egypte, et je les ai con- 
duits dans le désert. 

11. Et je leur ai donné mes pré- 
ceptes, je leur ai fait connaitre 
mes ordonnances, dans lesquelles 
l'homme qui les accomplira trou- 
vera la vie. 

12. De plus je leur donnai aussi 
mes sabbals, afin qu'ils fussent un 
signe entre moi et eux, et qu'ils 
sussent que je suis le Seigneur 
qui les sanctifie. 

13. Mais la maison d'Israél m'a 
irrité dans le désert; ils n'ont pas 
marché dans mes préceptes; ils 
ont rejeté mes ordonnances dans 
lesquelles l'homme quiles accom- 
plira trouvera la vie, et mes sab- 
bats, ils les ont violés griève- 
ment : j'ai dit done que je répan- 
drais ma fureur sur eux dans le 
désert, et que je les extermine- 
rais. 

14. Mais j'ai fait autrement à 
cause de mon nom, afin qu'il ne 
füt pas violé devant les nations, 


(βαρ. XX. 11. Lév., xvii, 5; Rom., x, 5. — 12. Exode, xx, 8; xxxi, 13; Deut., v, 12, 


2, 45. Disant (dicens). Voy. sur ce mot, ur, 16. 

5, 6. Je levai ma main ; c'est-à-dire je promis avec serment. 

12. Mes sabbals; c'est à-dire, non seulement le repos du septième jour, mais encore 
loutes les autres fétes dans lesquelles on devait observer le méme repos que le sep- 


tième jour de la semaine. 


14. Mais j'ai fait autrement; je me contentai de faire un exemple des plus cou- 


pables, et je conservai la nation. 


A. T. 


120 


1906 
d'oü je les ai retirés en leur pro- 
pre présence. 

45. Moi donc j'ai levé ma main 
sur eux dans le désert, pour ne 
les pas faire entrer dans la terre 
que je leur avais donnée, où cou- 
lent du lait et du miel, la princi- 
pale de toutesles terres; 

16. Parce qu'ils ont rejeté mes 
ordonnances, et qu'ils n'ont pas 
marché dans mes préceptes, et 
qu'ils ont violé mes sabbats; car 
c'est à la suite des idoles que leur 
cœur allait. 

17. Et mon œil les 8 épargnés 
pour ne pas leur ôter la vie, et je 
ne les ai pas exterminés dans le 
désert. 

18. Mais j'ai dit à leurs enfants 
dans la solitude : Ne marchez point 
dans les préceptes de vos pères, 
ne gardez point leurs coutumes, 
et ne vous souillez point par leurs 
idoles. 

19. Je suis le Seigneur votre 
Dieu; marchez dans mes pré- 
teptes, gardez mes ordonnances 
et pratiquez-les ; 

90. Et mes sabbats, sanctifiez- 
les, afin qu'ils soient un signe 
entre moi et vous, et que vous sa- 
chiez que moi, je suis le Seigneur 
votre Dieu. 

91. Maisles enfants m'ont aigri, 
ils n'ont pas marché dans mes 
préceptes, et ils n'ont pas gardé 


EZÉCHIEL. 


(cu. xx.] 


mes ordonnances, de manière à 
accomplirles choses parlesquelles 
l'homme qui les aura accomplies 
vivra; et mes sabbats, ils les ont 
violés; et j'ai menacé de répan- 
dre ma fureur sur eux, et d'assou- 
vir ma colère sur eux dansle dé- 
sert. 

22. Mais j'ai détourné ma main, 
et j'ai agi à cause de mon nom, 
afin qu'il ne füt pas violé devant 
les nations, d'oü je les ai retirés 
sous leurs propres yeux. 

23. De nouveau j'ai levé ma 
main sur eux dans la solitude, afin 
de les disperser parmi les nations 
et de les jeter au vent dans les 
divers pays; 

24. Parce qu'ils n'avaient pas 
observé mes ordonnances, et 
qu'ils avaient rejeté mes pré- 
ceptes, et violé mes sabbats, et 
que leurs yeux s'étaient portéssur 
les idoles de leurs peres. 

95. Moi done aussi je leur ai 
donné des préceptes qui n'étaient 
pasbons, et des ordonnances dans 
lesquelles ils ne trouveront pas la 
vie. 

26. Je les ai souillés dans leurs 
présents, lorsqu'ils offraient tout 
ce qui ouvre un sein, pour leurs 
péchés ; et ils sauront que je suis 
le Seigneur. 

27. C'estpourquoi parle à la mai- 
son d'Israël, fils d'un homme, et 


93. J'ai levé ma main. Voy. le vers. 5. 


25. Je leur ai donné, etc.; c'est-à-dire que, puisqu'ils ont rejeté mes préceptes et mes 
ordonnances qui devaient les faire vivre et les rendre heureux, je les ai laissés suivre 
des préceptes et des statuts tout différents, les rites cruels etles pratiques détestables 
des peuples idolâtres. Comme nous l'avons déjà remarqué plus d'une fois, l'Ecriture 
dit souvent que Dieu fait ce qu'il permet seulement. 

26. Je les ai souillés ; j'ai permis qu'ils se souillassent (Voy. le vers. précédent), ou 
je les ai déclarés souillés, comme l'explique saint Jéróme, suivi d'une foule de com- 
mentateurs; explication qui est confirmée par plusieurs exemples, entre autres par 
celui où il est dit que Le prétre souillera le lépreux (Lévit., xnx, 41), au lieu de i/ Le 
déclarera lépreux. — Tout ce qui ouvre un sein; tout premier-né. 


]68. xx.] 


tu leur diras : Voici ce que dit le 
Seigneur Dieu : Vos péres m'ont 
encore outragé en cela, qu'apres 
qu'ils m'avaient dédaigné parleur 
mépris, 

28. Et que je les avais fait entrer 
dans la terre que j'avais juré de 
leur donner, ils ont vu toute col- 
line élevée et tout arbre touffu, et 
là ils ont immolé leurs victimes, 
et là ils m'ont donné un sujet 
d'irritation par leurs oblations, là 
ils ont consumé leurs parfums de 
suavité, et ils ont fait leurs nom- 
breuses libations. 

29. Et je leur ai dit : Quel est ce 
haut lieu où vous allez? et on a 
appelé son nom Haut lieu jusqu'à 
ce jour. 

30. A cause de cela, dis àla mai- 
son d'Israël : Voici ce que dit le 
Seigneur Dieu : Certainement 
vous vous souillez vous-mémes 
dans la voie de vos pères, et vous 
forniquez à la suite de leurs pier- 
res d'achoppement; 

31. Et parl'oblation de vos dons, 
vous vous souillez, lorsque vous 
faites passer vos enfants au feu, 
et par toutes vos idoles jusqu'à 
ce jour; et moi je vous répondrai, 
maison d'Israël? Je vis, moi, dit 
le Seigneur Dieu, je ne vous ré- 
pondrai point. 

329. Et la pensée de votre esprit 
ne s'accomplira pas,lorsque vous 


ÉZÉCHIEL. 


1907 


dites : Nous serons comme les 
nations et comme les familles de 
la terre, nous adorerons comme 
eux du bois et de la pierre. 

33. Je vis, moi, dit le Seigneur 
Dieu, avec une main forte, et 
avec un bras étendu, et dans ma 
fureur épanchée je régnerai sur 
vous. 

34. Et je vous ferai sortir du 
milieu des peuples, et je vous 
rassemblerai des pays dans les- 
quels vous avez été dispersés, 
avec une main forte, et avec un 
bras étendu, et dans ma fureur 
épanchée je régnerai sur vous. 

39. Et je vous amènerai dans 
le désert des peuples, et là j'entre- 
ral en jugement avec vous, face 
à face. 

36. Comme j'ai disputé en juge- 
ment contre vos peres dans le 
désert de l'Egypte, ainsi je vous 
jugerai, ditle Seigneur Dieu. 

37. Et je vous assujettirai à 
mon sceptre, et je vous ferai en- 
trer dans les liens de mon al- 
liance. 

38. Et je séparerai de vous les 
transgresseurs et les impies; et je 
les ferai sortir du pays oü ils 
demeuraient comme étrangers; 
mais dans la terre d'Israël ils 
n'entreront pas. et vous saurez 
que je suis le Seigneur. 

39. Et vous, maison d'Israël, 


30. Vous forniquez; vous commettez l'idolátrie. Voy. vi, 1. — Leurs pierres d'achop- 


pement; c'est-à-dire, leurs idoles. 


31. Et moi je répondrai, etc. Le Seigneur s'adresse aux anciens de son peuple qui 
étaient venus pour le consulter dans un esprit de curiosité et avec de mauvaises in- 
tentions. — Je vis, moi, je jure que. — * Vos enfants au feu, en les offrant en sacritice 


au dieu Moloch. 


32. Lorsque vous dites; littér., de vous disant (dicentium). — Nous adorerons; littér., 


afin que, ou en sorle que nous adorions. 


31. Mon; pronom représenté dans le texte original par l'article déterminatif, qui se 
met, en effet, souvent en hébreu, pour le pronom possessif. 
39. Suivez, etc.; adorez maintenant, si vous l'osez, adorez vos idoles, cela n'em- 


1908 
voici ce que dit le Seigneur Dieu: 
Suivez chacun vos idoles et les 
servez. Quesien cela méme vous 
ne m'écoulez pas, et que vous 
souilliez encore mon nom saint 
par vos présents et par vos idoles, 

40. Sur mamontagne sainte, sur 
la montagne élevée d'Israël, dit 
le Seigneur Dieu, là me servira 
toute la maison d'Israël; tous, 
dis-je, me serviront dans la terre 
en laquelle iis me seront agréa- 
bles; et là je demanderai vos 
prémices et vos premieres dimes, 
dans tout ce que vous me consa- 
crerez. 

41. Comme une odeur de sua- 
vité je vous recevrai, lorsque je 
vous aurai retirés d'entre les peu- 
ples, et que je vous aurai rassem- 
blés des pays oü vous avez été 
dispersés, et je serai sanctifié par- 
mi vous aux yeux des nations. 

49. Et vous saurez que je suis 
leSeigneur, lorsque je vous aurai 
fait rentrer dans la terre d'Israël, 
dans la terre pour laquelle j'ai 


EZÉCHIEL. 


(cu. xx.] 


levé ma main que jela donnerais 
à Vos pères. 

43. Et là vous vous souviendrez 
de vos voies, et de tous vos cri- 
mes dont vous vous êtes souillés ; 
et vous vous déplairez à vous- 
mêmes à vos propres yeux, à 
cause de toutes les méchancetés 
que vous avez commises. 

44. Et vous saurez que je suis 
le Seigneur, lorsque je vous au- 
rai fait du bien à cause de mon 
nom, et non point selon vos voies 
mauvaises, ni selon vos crimes 
détestables, ὃ maison d'Israël, 
dit le Seigneur Dieu. 

45. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

46. Fils d'un homme, tourne ta 
face contre la voie du midi; et 
répands tes paroles vers l'Africus, 
et prophétise à la forèt du champ 
du midi. 

47. Et tu diras à la forét du 
midi : Ecoute la parole du Sei- 
gneur; volci ce que dit le Sei- 
gneur : Voici que moi j'allumerai 


péchera pas (vers. 40) toute la maison d'Israël de s'assembler sur la montagne sainte 
pour m'y offrir les hommages de son adoration. 

- 40. Vos premières dimes; littér., le commencement de vos dimes; cette expression, 
jointe à la précédente, vos prémices, signitie, en vertu d'un hébraisme, toutes sortes 


de prémices, prémices de toute nature. 


41. Je serai sanclifié; je ferai éclater ma sainteté par mes jugements, dont la justice 


sera reconnue. 
42. J'ai levé ma main. Voy. vers. 5. 


45 et suiv. * 20 Prophétie de l'incendie de la forêt et du glaive du Seigneur, xx, 
45-xx1. 19 Un feu allumé par la colère divine consumera la forét du sud, xx, 45-49; 
29 ce qui signifie que le glaive du Seigneur fera périr la population de Juda, xxr, 1-11; 
3» le glaive du Seigneur, c'est l'armée de Nabuchodonosor, qui frappera le royaume 
de Juda et les enfants d'Ammon, 18-32. Cette derniére partie de la prophétie contient 
un passage remarquable qui annonce, vers. 27, la venue du Messie : Jusqu'à ce que 
vint celui à qui appartient le jugement. On reconnait universellement que ces mots 
sont une allusion à la prophétie de Jacob, Genèse, xux, 10 : > Jusqu'à ce que vienne 
Schilóh, »; cf. Galales, 1, 19; ils annoncent que le Sauveur sera la justice même et 
rendra la justice. Voir Ps. Lxx1; Isaïe, 1x, 0; xvi, 1; Jér., XXII, 9; xxxi, 7. 

45. Ici commence daus le texte hébreu le chap. xxr, dont la première prophétie est 
en effet une suite et une explication de celle-ci. 

46. La voie du midi, etc. Cette région méridionale est la Judée, située au midi de 
la Mésopotamie où était alors Ezéchiel. — * Vers δ Africus; du côté où souffle le vent 
qui vient de l'Afrique, vert וי[‎ 


[cn. xx1.] ÉZÉCHIEL. 1909 


en Loi un feu, et je brülerai en | reau contre toute chair, du midi 
toi tout arbre vert et tout arbre | jusqu'à l'aquilon; 
aride; la flamme de l'embrase- 9. Afin que toute chair sache 
ment ne s'éteindra pas; et par | quemoileSeigneurj'aitiré de son 
elle toute face sera brûlée, depuis | fourreau mon irrévocable glaive. 
le midi jusqu'à l'aquilon. 6. Et toi, fils dun homme, gé- 
48. Et toute chair verra que j mis jusquau brisement de tes 
moi, le Seigneur, j'ai allumé la | reins, et avec amertume gémis 
flamme, et elle ne séteindra pas. | devant eux. 
49. Et j'ai dit : Ah! ah!ah!5Sei- 1. Et lorsqu'ils te diront : Pour. 
zneur Dieu; eux disent de moi: | quoi gémis-tu? tu diras : À cause 
Est-ce qu'il ne parle pas en para- | dece quej'aientendu e£ qui vient; 


boles, celui-ci? et tout cœur se fondra, et toutes 
ad les mains deviendront défaillan- 
CHAPITRE XXI. tes, et tout esprit sera sans force, 


Menaces contre la terre d'Israël. Epée du | et l'eau coulera de tous les ge- 
Seigneur préparée contre son peuple. noux; voici que cela vient, et que 


Nabuchodonosor délibère s'il doit mar- : 2L ΜΕ 3 : 
cher contre les Ammonites ou contre cela s accomplira, dit je Seigneur 


Jérusalem. La couronne est cédée à Dieu. 

Sédécias. Prophétie contre les Ammo- 8. Et la parole du Seigneur me 
ites et centre les Babyloniens. 0 : E 

τι Ἢ 2 fut adressée, disant : 


1. Et la parole du Seigneur me 9. Fils d'un homme, prophétise, 
fut adressée, disant : et dis : Voici ce que dit le Sei- 


9. Fils dun homme, tourne ton | gneur Dieu. Dis : Le glaive, le 
visage vers Jérusalem; fais tom- | glaive a été aiguisé et poli. 


ber tes paroles sur les sanctuai- 10. C'est afin de tuer des victi- 
res, et prophétise contre la terre | mes qu'il a été aiguisé ; c'est afin 
d'Israël; de briller qu'il a été poli; toi qui 


3. Et tu diras à la terre d'Israël: | abats le sceptre de mon fils, tu as 
Voici ce que ditle Seigneur Dieu : | coupé tout arbre par le pied. 
Voici que je viens vers toi; et je 11. Et je l'ai donné à polir pour 
lirerai 16 glaive de sou fourreau, | qu'il soit tenu à la main; il a été 
et je Luerai en toi le juste etl'im- | aiguisé, ce glaive, et il a été poli, 


pie; afin qu'il soit dans la main de ce- 
4. Mais parce que j'ai tué en toi | lui qui tue. 
le juste etl impie, pourcela méme 12. Crie et hurle, fils d'un hom- 


mon glaive sortira de son four- | me, parce qu'il a été fait pour 


49. Est-ce qu’il, etc. Cet homme ne parle-t-il pas toujours en paraboles obscures, 
et auxquelles on ne peut rien comprendre? Vaine excuse alléguée par les Juifs pour 
ne pas changer de conduite. 


1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, 111, 16. 

1. Qui vient; litlér., parce qu'il vient: mais c'est un pur hébraisme dont le vrai 
sens est celui que nous avons rendu dans notre traduction. — L'eau coulera, etc. 
Voy. vit, 1T. 

12. Frappe sur ta cuisse. Ce geste se fait souvent dans l'admiration, mais ici il 
marque la douleur. Compar. Jérém., xxxi, 19. 


1910 
tuer mon peuple, pour éuer tous 
les chefs d'Israél qui avaient pris 
la fuite : ils ont été livrés au glaive 
avec mon peuple; c'est pourquoi 
frappe sur £a cuisse, 

13. Parce qu'il a été éprouvé; 
et ce sceptre, lorsqu'il l'aura ren- 
versé, ne sera plus, ditleSeigneur 
Dieu. 

14. Toi donc, fils d'un homme, 
prophétise, frappe des mains, et 
qu'il soit doublé le glaive, et qu'il 
soit triplé le glaive des tués; c'est 
le glaive de la grande tuerie, le- 
quel les frappe de stupeur, 

15. Et fait fondre les cœurs et 
multiplieles ruines. A toutes leurs 
portes j'ai jeté l'épouvante du 
glaive aiguisé et poli pour briller, 
engainé pour le carnage. 

16. Aiguise-toi, va à droite ou 
à gauche, partout oü tu désires 
porter ta face. 

17. Bien plus, moi-même je 
frapperai des mains et j'assou- 
virai mon indignation; c'est moi 
le Seigneur qui ai parlé. 

18. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 


ÉZÉCHIEL. 


[cH. xxi.] 

19. Et toi, fils de l’homme, pose- 
toi deux voies, afin que vienne 
le glaive du roi de Babylone; 
toutes deux sortiront d'une seule 
terre; et c'est de la main qu'il 
tirera sa conjecture, et à la tête 
de la voie de la cité qu'il conjec- 
turera. 

20. Tu feras une voie, afin que 
vienne le glaive à Rabbath des 
fils d'Ammon, et à Juda contre 
Jérusalem, ville tres fortifiée. 

21. Car le roi de Babylone s'est 
arrêté à la double voie, à la tête 
des deux chemins, cherchant un 
augure, mêlant les flèches : il a 
interrogé les idoles, il a consulté 
les entrailles. 

99. À sa droite le sort est tombé 
sur Jérusalem, afin qu'il place des 
béliers, qu'il ouvre sa bouche 
pourle carnage, qu'il éleve la voix 
avec un hurlement, qu'il place 
des béliers contre les portes, qu'il 
forme un rempart et qu'il bátisse 
des fortifications. 

23. Et il sera à leurs yeux 
comme consultant vainement un 
oracle, et imitant le repos des 


"———— "—"-':»2o—-N.»-"'""———-———————————————————HUÓHÓUEHEUEEOOA|I—— M —— M — 


13. Ce sceptre. Voy. vers. 10. — Lorsqu'il; c'est-à-dire le glaive. 

44. Frappe des mains; littér., de main à main; soit en signe d'applaudissement aux 
vengeances du Seigneur (vers. 17), soit en signe de douleur et d'indignation contre 
les infidélités du peuple (xxr, 13). — Qu'il soit triplé, etc. Saint Jérôme voit dans ces 
mots les trois invasions de Nabuchodonosor : l'une, qui eut lieu lorsque ce prince se 
rendit Joakim tribuaire (IV Rois, xxiv, 1); la seconde, lorsqu'il fit Jéchonias captif 
(Ibid., vers. 15), et la troisième, lorsqu'il transporta Sédécias à Babylone (IV Rois, 
xxv, 21). 

11. Je frapperai des mains. Compar. vers. 14. 

19. Pose-toi; c'est-à-dire représente, trace. — C'est de la main, etc. La manière de 
conjecturer, de deviner par la main, ou de tirer au sort, est décrite au vers. 21: 

20. Afin que vienne, etc. Nabuchodonosor veut aller à Rabbath, capitale des Am- 
monites, parce que les Ammonites, les Iduméens et les Moabites s'étaient ligués avec 
Sédécias contre le roi de Babylone, comme nous l'apprend Jérémie (xxv, 3). 

21. Mélant les fléches. Lorsqu'un général voulait savoir quelle ville il devait d'abord 
attaquer, il écrivait sur les fléches d'un carquois les noms des différentes villes qu'il 
voulait attaquer, et il les mettait daus le carquois, et celle qu'il tirait indiquait la 
ville qui devait être prise la première. C'est ainsi que, la flèche qui portait le nom 
de Jérusalem ayant été tirée la première, Nabuchodonosor prit aussitôt 16 chemia 
de cette ville. 


[cn. xxir.] 


sabbats; mais lui-méme se sou- 
viendra de leur iniquité, pour 
prendre Jérusalem. 

24. C'est pourquoi voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Parce que 
vous vous étes souvenus de votre 
iniquité, et que vous avez révélé 
vos prévarications, et que vos 
péchés ont paru dans toutes vos 
pensées; parce que, dis-je, vous 
vous en étes souvenus, vous serez 
saisis par sg main. 

25. Mais toi, profane, chef impie 
d'Israél, dont le jour marqué d'a- 
vance est venu dans le temps de 
la punition de ton iniquité ; 

96. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Ote la tiare, enlève la cou- 
ronne; n'est-ce pas cette couronne 
qui a élevé l'homme et humilié 
le grand? 

297. Je la montrerai iniquité, 
iniquité, iniquité [mais cela n'ar- 
riva pas jusqu'à ce que vint celui 
à qui appartient le jugement], et 
je la lui livrerai. 

98. Et toi, fils d'un homme, pro- 
phétise et dis : Voici ce que dit 
le Seigneur Dieu aux fils d'Am- 
mon, et pour leur opprobre : 
Glaive, glaive, sors du fourreau 
pour tuer, polis-toi, afin que tu 
iues et que tu brilles, 


EZECHIEL. 


1914 
29. Lorsqu'on voit pour toi des 


choses vaines, et qu'on prédit des 
mensonges, afin que tu tombes 
surle cou des impies blessés à 
mort, dont le jour marqué d'a- 
vance est venu dans le temps de 
la punition de leur iniquité. 

30. Rentre dans ton fourreau, 
dans le lieu oü tu as été créé, 
dans la terre de ta naissance je 
te jugerai; 

31. Et je verserai sur toi mon 
indignation: dans le feu de ma 
fureur je soufflerai sur toi, et 
je tabandonnerai aux mains 
d'hommes insensés, et qui ont 
machiné £a perte. 

32. Du feu tu seras la páture, 
ton sang sera répandu au milieu 
de la terre, tu seras livré à l'oubli, 
parce que c'est moi le Seigneur 
qui ai parlé. 


CHAPITRE XXII. 


Crimes qui se commettent dans Jérusa- 
lem et qui hátent sa ruine. La maison 
d'Israël est devenue comme un mau- 
vais métal que le Seigneur purifiera 
par le feu. Ses princes, ses prétres, ses 
prophétes, son peuple, sont tous cor- 
rompus; il n'y a personne qui arréte la 
colère du Seigneur. 


1. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 


27. Mais cela, etc. Il est impossible de ne pas considérer cette phrase comme une 
parenthése, les verbes étant au passé dans l'hébreu aussi bien que dans la Vulgate. 
C'est pour cela que nous l'avons mise entre des crochets. 

30-32. Cette derniere prophétie regarde en partie Nabuchodonosor, et en partie 
ses successeurs et la monarchie méme des Babyloniens, qui, aprés avoir été l'ins- 
trument des vengeances du Seigneur contre tant de peuples, fut elle-même ensuite 
détruite par Cyrus. 


1-31. * 3» Crimes de Jérusalem et d'Israël, xxi. Aprés avoir annoncé la punition 
des péchés de Juda, Ezéchiel revient sur le tableau de ses infidélités, afin de montrer 
combien ce châtiment est juste. Cette prophétie contient trois oracles : 1? le sang 
versé par Jérusalem et son idolâtrie hâtent sa ruine, 1-16; 99 la maison d'[sraél 
n'est plus que scories, Dieu va la jeter dans la fournaise, 17-22; 39 tous sont cor- 
rompus, prophètes, prêtres, princes et peuple; tous seront punis, 23-31. 

1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, uir, 6. 


1912 


9. Et toi, fils d'un homme, est-ce 
que tu ne juges pas la cité du 
sang? 

3. Et tu lui montreras toutes 
ses abominations, et tu diras : 
Voici ce que ditle Seigneur Dieu : 
Une cité répandant le sang au 
milieu d'elle, afin que vienne son 
temps, et qui a fait des idoles 
contre elle-méme, afin de se souil- 
ler, 

4. Par le sang qui par toi a été 
répandu, tu t'es rendue coupable, 
et par les idoles que tu as faites 
tu t'es souillée, ettu as avancé tes 
jours et amené le temps de tes 
années; à cause de cela, je t'ai 
rendue l'opprobre des nations et 
la dérision de tous les pays. 

9. Ceux qui sont prés et ceux 
qui sont loin de toi triompheront 
de toi, souillée, noble, grande 
par ta ruine. 

6. Voilà que les princes d'Israël 
ont usé chacun de leur bras chez 
toi, pour répandre le sang. 

7. Is ont accablé d'outrages 
pèré et mère au milieu de toi ; ils 
ont calomnié l'étranger au milieu 
de toi, et ils ont contristé la veuve 
et l'orphelin chez toi. 

8. Tu as méprisé mes sanctuai- 
res, et souillé mes sabbats. 

9. Des hommes détracteurs ont 
été chez toi pour répandre le 
sang; et sur les montagnes ils ont 
mangé chez toi, ils ont opéré le 
crime au milieu de toi. 


CHar. XXII. 11. Jér., v, 8. 


ÉZÉCUIEL, 


(cu. xxir.] 


10. Ils ont découvert la nudité 
du père chez toi, ils ont humilié 
l'impureté de la femme qui était 
dansses mois chez toi; 

11. Et chacun d'eux a commis 
une abomination sur la femme de 
son prochain, et le beau-père a 
souillé sa belle-fille par un crime 
horrible; le frere a fait violence à 
sa propre sœur, à la fille de son 
père chez toi. 

12. Ils ont reçu des présents 
chez toi, pour répandre le sang; 
tu as reçu un intérêt et un profit 
de surplus; et par avarice, tu 
calomniais tes ‘proches, et tu 
m'as oublié, dit le Seigneur 
Dieu. 

13. Voici que moi j'ai frappé des 
mains contre ton avarice, et con- 
tre le sang qui a été répandu au 
milieu de toi. 

14. Est-ce que ton cœur se sou- 
liendra, ou tes mains prévau- 
dront-elles, aux joursznaheureux 
que je ferai pour toi? c'est moi le 
Seigneur qui ai parlé, et j'exécu- 
terai. 

15. Et je te disperserai parmi 
les nations, et je te jellerai au 
vent dans divers pays, et je ferai 
disparaitre ton impureté du mi- 
lieu de toi. 

16. Et je te posséderai en pré- 
sence des nations, et tu sauras 
que je suis le Seigneur. 

17. Etla parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 


2. Cilé de sang; littér., cilé de sangs (civitatem sanguinum); c'est-à-dire qui répand 
des sangs. Les Hébreux employaient le mot sang au pluriel, principalement lorsqu'il 
s'agissait du sang versé, répandu par [6 meurtre, parce que dans ce cas il y avait, 
en effet, plusieurs saugs versés : le sang de l'un et le sang de l'autre. 

3, 4. Son temps, tes jours, le temps des années; expressions qui toutes signilient le 
temps de la destruction, de la ruine de Jérusalem. 

13. J'ai frappé des mains. Voy. xxt, 14, 17. 


[cH. [,זזצצ‎ 


18. Fils dun homme, la mai- 
son d'Israël s'est changée pour 
moi en scorie; tous sont de l'ai- 
rain, et de l'étain, et du fer et du 
plomb, au milieu d'un fourneau; 
ils sont devenus une scorie d'ar- 
gent. 

19. A cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Parce que 
vous avez été tous changés en 
scorie, à cause de cela, voilà que 
moi, je vous assemblerai au mi- 
lieu de Jérusalem, 

90. Comme on met ensemble 
l'argent, et l'airain, et le plomb, 
et 16 fer, au milieu d'un fourneau ; 
comme j'y allumerai unfeu pour 
les fondre, ainsi je vous rassem- 
blerai dans ma fureur et dans ma 
colere; et je me reposerai, et je 
vous fondrai; 

91. Et je vous rassemblerai, et 
je vous embraserai par le feu de 
ma fureur, et vous serez fondus 
au milieu de Jérusalem. 

22. Comme l'argent fond au mi- 
lieu d'un fourneau, ainsi vous se- 
rez au milieu d'elle; et vous sau- 
rezque jesuisleSeigneur, lorsque 
j'aurai répandu mon indignation 
sur VOUS. 

23. Etla parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

24. Fils d'un homme, dis-lui : 
Tu es une terre impure, et qui 


91. Mich., i, 11; Soph., nr, 3. 


ÉZÉCHIEL. 


1913 
n'a point été arrosée de pluie au 
jour dela fureur. 

25. La conjuration de ses pro- 
phètes est au milieu d'elle; com- 
me un lion rugissant et ravissant 
une proie, ils ontdévoréles âmes, 
ils ont recu des richesses et des 
récompenses, ils ont multiplié ses 
veuves au milieu d'elle. 

26. Ses prétres ont méprisé ma 
loi, ils ontsouillé messanctuaires; 
entre le saint et le profane ils 
n'ont pas mis de différence; et 
entre l'impur et le pur ils n'ont 
pas distingué; et de mes sabbats, 
ils ont. détourné leurs yeux, et 
j étais souillé au milieu d'eux. 

27. Ses princes sont au milieu 
d'elle comme des loups ravissant 
une proie pour répandre le sang, 
perdre les àmes, et par avarice 
courir apres le gain. 

28. Mais ses prophètes les en- 
duisaient sans mélange, voyant 
des choses vaines, et leur prédi- 
saut le mensonge, disant : Voici 
ce que dit le Seigneur Dieu, quoi- 
que le Seigneur n'ait point parlé. 

29. Les peuples du pays ajou- 
taient ealomnie à calomnie, et 
commettaient des rapines avec 
violence; ilsaffligeaientl'indigent 
et le pauvre, et ils opprimaient 
l'étranger par la calomnie sans 
jugement. 


————————M M — € —— MM PP M — M 


18. * Tous sont de l'airain, etc. Des métaux de moindre valeur, airain, élain, plomb, 
peuvent étre mélés à l'argent; ils en sont séparés dans le creuset et deviennent 
ainsi scorie d'argent. 

22. D'elle; c'est-à-dire, de Jérusalem, dont il est question aussi dans les versets 
suivants. 

38. Les enduisaient, ete. Les habitants de Jérusalem sont comparés ici à une mu- 
raille qu'on couvre d'un enduit sans solidité. Compar. xui, 14, 13. 

29. Ajoutaient calomnie à calomnie; c'est le vrai sens que donne la réunion des 
deux mots calomniuient (calumniabantur) et calomnie (calumniam). Mais nous devons 
rappeler que les termes hébreux correspondants signifient proprement, opprimer, 
trailer violemment, injustement, et oppression, violente injustice. 


1014 


30. Et j'ai cherche parmi eux un 
homme, qui mit une haie entre 
moi et-eux, et qui se tint opposé 
à moi pour cette terre, afin que je 
ne la détruisisse point; et je n'en 
al pas trouvé. 

31. Cest pourquoi j'ai ré- 
pandu mon indignation sur eux; 
dans le feu de ma colere je les 
ai consumés, j'ai ramené leur 

voie sur leur téte, dit le Sei- 
gneur Dieu. 


CHAPITRE XXIII. 


Samarie et Jérusalem représentées sous 


ÉZÉCHIEL. 


[cu. xxur.] 


la figure de l'infidélité de ces deux 
femmes, le Prophéte décrit l'idolátrie 
de Samarie et de Jérusalem s. 


1. La parole du Seigneur me fut 
encore adressée, disant : 

2. Fils d'un homme, deux fem- 
mes furent filles d'une seule mere. 

3. Et elles ont forniqué en 
Egypte; c'est dans leur jeunesse 
qu'elles ont forniqué : là leur sein 
ἃ été déshonoré et leur virginité 
ἃ été souillée. 

4. Or, Oolla était le nom de l’at- 
née, Ooliba le nom de sa jeune 
sœur; et je les ai eues pour fem- 
mes, et elles ont enfanté des fils et 


le symbole de deux sœurs, Oolla et 
Ooliba. Oolla devenue infidèie porte la 
peine de son infidélité. Ooliba devenue 
plus infidéle qu'Oolla, boira jusqu'à la 
derniere goutte la coupe d'Oolla. Elles 
ont commis les mémes crimes; elles 
porteront aussi les mêmes peines. Sous 


des filles. Quant à leurs noms, 
Oolla est Samarie, et Ooliba est 
Jérusalem. 

9. 00118 a donc forniqué contre 
moi, et elle a étéfollement éprise 


30. Un homme qui mit une haie, etc.; c'est-à-dire qui par ses prières et ses vertus 
arrêtât ma colère et en suspendit les effets, comme Abraham essaya de le faire en 
faveur de Sodome, Moïse, Aaron et Phinéés en faveur des Israélites (Genèse, xvi, 23 
et suiv.; Exode, xxxit, 11 et suiv.; Nombres, xvi, 48; Ps. cv, 23, 30). 

31. J'ai ramené, etc., Voy. 1x, 10. 


* Voyez sur l'objet de ce chapitre les observations que nous avons faites en téte 
du seizième. 

1-49. * 4» Oolla et Ooliba, Samarie et Jérusalem, leurs crimes et leur chátiment. 

1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, ri, 16. 

2-4. Les Hébreux d'une méme souche, nés d'Abraham et de Sara, n'ont fait qu'un 
peuple, et sont demeurés unis jusqu'au schisme arrivé aprés la mort de Salomon. 
Alors ce royaume fut séparé en deux parties, dont l'une, composée des tribus de Juda 
et de Benjamin, recut le nom de royaume de Juda, dont Jérusalem était la capitale; 
et l'autre comprenant les dix autres tribus, s'appelait le royaume d'Israél, eut dans 
la suite Sumarie pour capitale. Ces deux royaumes, sortis d'une méme souche, sont 
figurés par les deux sœurs venant d'une méme mère. Oo//a, l'ainée, et dont le nom 
signifie tente d'elle, représente Samarie, ou le royaume d'Israél, au milieu duquel fut 
d'abord placé le tabernacle du Seigneur jusqu'à la mort du grand-prétre Héli. Ooliba, 
qui est la jeune, et dont le nom signilie ma lente est en elle, représente Jérusalem, 
ou le royaume de Juda, au milieu duquel fut placé le tabernacle du Seigneur depuis 
la mort du grand-prétre Héli. Ces deux grandes portions de l'ancien Israél ont été 
comparées aux deux grandes portions du nouvel Israél, les Orientaux et les Occi- 
dentaux; l'église grecque qui a imité le schisme de Samarie, et l'église latine qui 
jouit des prérogatives de Jérusalem. Quant aux infidélités des deux sœurs, Ool/a et 
Ooliba, elles peuvent figurer celles des chrétiens prévaricateurs, dont les chátiments 
sont tracés sous les chàtiments de ces deux sœurs. Saint Jérôme applique en effet 
aux mauvais chrétiens ce chapitre méme, ainsi que le seizième, où sont également 
comparées les deux sœurs. 

3. Elles ont forniqué; elles sont tombées dans l'idolátrie. 

9. Contre moi; en manquant à la fidélité conjugale, 


[cu. xxiu.] 


de ses amants, des Assyriens ses 
voisins, 

6. Vétus d'hyacinthe, princes et 
magistrats, jeuneshommes pleins 
d'attraits, tous cavaliers montés 
sur des chevaux. 

7. Et elles'est abandonnée dans 
ses fornications à ces hommes 
choisis, tous fils des Assyriens, et 
à tous ceux dont elle était folle- 
ment éprise ; elle s'est souillée de 
leurs impuretés. 

8. De plus, elle n’a pas même 
quitté ses fornications auxquelles 
elle s'était livrée en Egypte; car 
les Egyptiens ont dormi avec elle 
dans sa jeunesse, etils ont désho- 
noré son sein virginal et souillé 
son corps. 

9. A cause de cela je l'ai livrée 
aux mains de ses amants, aux 
mains des fils d'Assur, dont la 
passion lui a fait perdre le sens. 

10. Eux-mémes ils ont décou- 
vert son ignominie, et ils ont en- 
levé ses 1118 6% ses filles, et ils l'ont 
tuée elle-même avec le glaive ; et 
les femmes sont devenues fameu- 
ses par les jugements quils ont 
exercés contre elles. 

11. Ce qu'ayant vu sa sceur Ooli- 
ba, elle a perdu le sens plus qu'elle 
par la passion, et elle a porté sa 
fornication plus loin que la forni- 
cation de sa sœur. 

12. Elle s'est livrée impudem- 


Cuar. XXIII. 10. Supra, xvi, 37. 


ÉZÉCHIEL. 


1915 
ment aux fils des Assyriens, aux 
chefs et aux magistrats qui ve- 
naient à elle revétus d'habits de 
diverses couleurs, aux cavaliers 
montés sur des chevaux, età tous 
les jeunes hommes d'une beauté 
remarquable. 

13. Et j'aivuquela voie des deux 
sœurs était souillée. 

14. Et elle a augmenté ses for- 
nications; et lorsqu'elle a vu des 
hommes peints sur la muraille, 
les images des Chaldéens tracées 
avec des couleurs, 

15. Et ces hommes ayant les 
reins ceints de /eurs baudriers, et 
des tiares teintes sur leurs tétes, 
ayant tous l'aspect de chefs, et 
l'air des fils de Babylone et de la 
terre des Chaldéens dans laquelle 
ils sont nés, 

16. Elle a perdu le sens par la 
concupiscence de ses yeux, et elle 
leur a envoyé des messagers en 
Chaldée. 

11. Et lorsque les fils de Baby- 
lone sont venus au lieu de ses 
prostitutions, ils l'ont souillée de 
leursimpuretés, et elle aété souil- 
lée par eux, et son àme s'est ras- 
sasiée d'eux. 

18. Elle a aussi mis a nu ses 
fornications, et elle a découvert 
son ignominie; et mon âme s'est 
relirée d'elle comme mon àme 
s'est retirée de sa sceur, 


7. A tous ceux (omnibus); ce datif représente le second régime indirect du verbe 
latin dedit, c'est-à-dire a donné, quoique le premier soit exprimé par sur (super) avec 
l'aceusatif; c'est un des idiotismes de l'hébreu. Compar. Ps. rx1, ὃ. 

9. Je l'ai livrée, etc. Les dix tribus eurent à souffrir de Phu:, de Théglathphalasar, 
et enfin de Salmanasar, qui emmena captif tout ce que ses prédécesseurs avaient 
épargné, et détruisit le royaume de Samarie (IV Rois, xv, 19, 29; xvir, xviu). — Les 


fi/s d'Assur; des Assyriens. 


14-15. * Des hommes peints sur la muraille, avec des couleurs, etc. C'est de la facon 
dont nous les décrivent ces deux versets que les Chaldéens et les Zssyriens sont 
représentés sur les bas-reliefs retrouvés dans les ruines des palais assyriens. 


1916 


19. Car elle a multiplié ses for- 
nications, se ressouvenant des 
jours de sa jeunesse pendant les- 
quels elle a forniqué dans la terre 
d'Egypte. 

20. Et elle a perdu le sens par 
la passion, en s'abandonnant à 
ceux dont la brutalité est comme 
la brutalité des ànes et des che- 
vaux. 

21. Et tu as renouvelé le crime 
de 18 jeunesse, quand ton sein ἃ 
été déshonoré en Ezypte, et que 
ta virginité a été souillée. 

92. À cause de cela, Ooliba, 
voici ce que ditle Seigneur Dieu : 
Voilà que moi je susciterai contre 
toi tous tes amants, dont ton âme 
s'est rassasiée; et je les rassem- 
blerai contre tot de toules parts; 

23. Les fils de Dabylone et 
tous les Chaldéens, les grands, 
et les souverains et les princes; 
tous les fils des Assyriens, les 
jeunes hommes d'une beauté re- 
marquable, les généraux et tous 
les magistrats, les princes des 
princes et les cavaliers renom- 
més; 

24. EL ils viendront contre toi 
munis de chariots et de roues, et 
avec une multitude de peuples ; 
ils seront armés de cuirasses, de 
boucliers et de casques, en venant 
contre toi de toules parts; et je 
ieur remellrai le jugement, et ils 


EZECHIEL. 


[cu. xxur.] 
te jugeront selont leurs propres 
jugements. 

25. Je tournerai contre toi ma 
jalousie, qu'ils exerceront avec 
fureur; ils couperont ton nez et 
les oreilles; et ce qui restera de 
ton peupletombera sousle glaive; 
eux-mémes prendront tes fils et 
tes filles, et ton dernier débris se- 
ra dévoré par le feu. 

26. Et ils te dépouilleront de tes 
vétements, et ils enlèveront les 
vases de ta gloire. 

27. Et je ferai cesser le crime 
en toi, et ta fornicalion apportée 
de la terre d'Egypte; et tu ne le- 
veras plus tes yeux vers eux, et 
de l'Egypte tu ne te souviendras 
pius. 

28. Parce que voici ce que dit 
le Seigneur Dieu : Voilà que moi 
je te livrerai aux mains de ceux 
que tu hais, aux mains de ceux 
dont ton àme s'est rassasiée. 

29. Or ils agiront contre toi avec 
haine; ils enleveront tous tes tra- 
vaux, et ils te laisseront nue, et 
pleine d'ignominie; et sera ré- 
vélée l'ignominie de tes fornica- 
tions, ton crime et tes fornica- 
tions. 

90. Ils t'ont fait cela, parce que 
tu as forniqué à la suite des na- 
lions parmi lesquelles tu tes 
souillée par leurs idoles. 

31. Tu as marché dans la voie 


24. Avec une mullitude. Ainsi lisent l'hébreu et les Septante; la Vulgate porte au 
nominatif, une multitude (multitudo), comme si ce mot était le sujet du verbe précé- 
dent, ils viendront (venient). — Selon leurs propres jugements; c'est-à-dire selon leurs 
propres lois; ce qui fut accompli à la lettre dans la personne de Sédécias, jugé par 
Nabuchodonosor à Réblatha (IV Rois, xxv, 6). 

25. Ils couperont, etc.; sortes de mutilations usitées parini les Chaldéens, et même 
parmi les Egyptliens contre les adultères. 

26. Les vases de ta gloire. Voy. xvi, 14. 

21. Vers eux; vers les faux dieux, les 110108. Compar. xvii, 6, 

30. Iis lont fait cela. Ainsi portent l'hébreu et les Septante aussi bien que la Vul- 
gate; mais le contexte demande le futur, is feront. 


trit. K£UI.] 
de La sœur, et je meltrai son calico 
dans {a main. 

. Voici ce que dil ie Seignenr 
Dieu : Tu hoiras le calice 66 ta 
sœur, profond etlarge, et tu seras 
un objet de dérision et d'insuite; 
calice qui estimmense. 

33. Tu seras remplie d'ivresse 
et de douleur, par un calice d'af- 
flietion et de tristesse, par le ca- 
lice de ta sœur Samarie. 

34. EL Lu le boiras, et tu l'épui- 
seras jusqu'à la lie, tu en dévore- 
ras les fragments et tu déchireras 
ton sein; parce que moi j'ai parlé, 
dit le Seigneur Dieu. 

35. À cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Parce que 
tu m'as oublié, et que tu m'as 
rejeté derrière ton corps, toi aussi 
porte ton crime et tes fornica- 
Lions. 

36. Et le Seigneur me parla, di- 
sant : Fils d'un homme, est-ce que 
tu ne juges pas Oolla et Ooliba, 
et que tu ne leur annonces pas 
leurs crimes? 

31. Parce qu'elles sont adultè- 
res, et que leur sang est dans 
leurs mains, et qu'elles ont for- 
niqué avec leurs idoles; de plus 
les fils mémes qu'elles m'ont en- 
gendrés, elles 108 leur ont offerts 
pour Zes dévorer. 

38. Mais elles m'ont encore fait 
cela : elles ont souillé mon sanc- 


*) כ‎ 
oz 


EZECH 


1017 
tuaire en ce jour-là et elles ont 
prefané mes sabbats. 

32. 5t lorsqu'elles immolaient 
leurs enfants à leurs idoles, et 
qu'elles entraient dans mon sanc 
tuaire en ce jour-là, afin de le 
souiller, elles ont encore fait ces 
choses au milieu de ma maison. 

40. Elles ont envoyé à des hom- 
mes venant de loin, auxquels elles - 
avaient envoyé un messager; 
c'est pourquoi voilà qu'ils sont ar- 
rivés : tu t'es lavée pour eux, tu 
as mis de l'antimoine autour de 
tes yeux, et tu t'es 09060 d'une 
parure de femme. 

41. Tu t'es assise sur un lit ties 
beau, une table a été ornée de- 
vant toi; et tu as placé mon en- 
cens et mes parfums sur celle 
table. 

42. Et là était entendue la voix 
d'une multitude exultante; et par- 
mi les hommes qui de la multi- 
lude de gens étaient amenés et 
venaient du désert, elles mirent 
des bracelets à leurs mains et des 
couronnes éclatantes sur leurs 
tétes. 

49. Et je dis à celle qui s'est 
usée dans les adulteres : Mainte- 
nant elle forniquera toujours, 
méme celle-ci. 

44. Et ils sont entrés chez elle 
comme chez une femme de mau- 
vaise vie; ainsi ils entraient chez 


32. Calice qui est immense; liltér., laquelle conlient beaucoup (quæ est capacissima); 
le mot calice étant Gn féminin en hébreu, saint Jérôme a conservé ce méme genre 
dans le latin. Quant a la signification, ca/ice, dans le style des prophétes, se met 
ordinairement pour les maux qu'on est obligé de souffrir. 

31. * Elles les leur ont offert; au dieu Moloch, en l'honneur de qui on brülait les 


eufants. 


40. De: hommes, etc. ; les Assyriens, les Egyptiens, etc., que Jérusalem a appelés 
ἃ son secours. — * De l'antimoine. Voir plus haut, Jérémie, iv, 30. 

41. * Mon encens et mes parfums. La loi défendait de se servir du parfum sacré 
autrement qu'en l'honneur du vrai Dieu, Ezode, xxx, 32-33. 

43. A ceile; ou mieux, de celle; sens que permet l'hébreu, 


1918 


Oolla et Ooliba, femmes crimi- 
nelles. 

45. Ces hommes donc sont jus- 
tes; ce sont eux qui les jugeront 
du jugement des femmes adul- 
teres et du jugement de celles 
qui répandent le sang, parce 
qu'elles sont adultères et que le 
sang est dans leurs mains. 

46. Car voici ce que dit le Sei- 
gneur Dieu : Amene contre elles 
une multitude, et livre-les au tu- 
multe et au pillage; 

47. Et qu'elles soient lapidées 
avec les pierres des peuples, et 
qu'elles soient percées par leurs 
glaives; ils tueront leurs fils et 
leurs filles; et leurs maisons, ils 
les brüleront par le feu. 

48. Et j'enlèverai le crime de la 
terre, ettouteslesfemmesappren- 
dront à ne pas agir selon le crime 
de celles-ci. 

49. Ils reporteront votre crime 
sur vous, el vous porterez les 
péchés de vos idoles; et vous 


ÉZÉCHIEL. 


[cu. xxiv.] 


saurez que je suis le Seigneur 
Dieu. 


CHAPITRE XXIV. 


Marmite rouillée et pleine de chair, figure 
de Jérusalem assiégée par les Chal- 
déens. Le Seigneur annonce à Ezéchiel 
la perte de ce qu'il avait de plus cher, 
et lui défend d'en faire aucun deuil, 
afin de figurer l'état où se trouveraient 
les enfants d'Israël aprés la ruine du 
Temple. 


1. Orla parole du Seigneur me 
fut adressée en la neuvième au- 
née, au dixieme mois, au dixieme 
jour du mois, disant: 

2. Fils d'un homme, écris pour 
toi le nom de ce jour, auquel le 
roi de Babylone s'est fortifié con- 
tre Jérusalem, 26 jour d'aujour- 
d'hui. 

3. Et tu proposeras en figure à 
la maison provocatrice une pa- 
rabole, et tu leur diras : Voici ce 
que dit le Seigneur Dieu : Mets 
une marmite sur le feu; mets-la, 
dis-je, et verse de l'eau dedans. 


49. Sont justes; comparativement à ces femmes criminelles; Dieu les emploie pour 
servir de ministres à sa juste vengeance contre elles. C'est ainsi que Samarie et So- 
dome sont dites plus haut (xvr, 51, 52) justifiées par Jérusalem devenue beaucoup 
plus coupable que ses deux sœurs. 


1-21. * 1? Prophétie de la prise de Jérusalem, xxiv. — Le jour méme où Nabucho- 
donosor mit le siège devant Jérusalem, Ezéchiel annonça à ses frères en Chaldée, 
les malheurs qui allaient fondre sur la ville sainte, 1-2. Dieu ordonne à son Prophète 
de représenter aux captifs par un symbole, celui d'un grand vase rouillé rempli de 
viandes, dans lequel ces viandes sont brülées, le sort réservé aux habitants de Jéru- 
salem, 3-14. A la suite de cet oracle, le Seigneur annonce à Ezéchiel la mort de sa 
femme, et lui défend d'en porter le deuil, pour marquer que les Juifs exilés ne doi- 
vent point pleurer le sort qu'a subi justement Jérusalem, 15-27. C'est là-dessus que 
se termine la première section de la première partie d'Ezéchiel. 

1. La neuvième année du règne de Sédécias et de la captivité du roi Jéchonias, 
lorsque Nabuchodonosor commença à former le siège de Jérusalem (IV Rois, xxv, 1). 
Dixième mois de l’année sacrée, et quatrième de l'année civile. ll commençait à la 
nouvelle lune de décembre, selon les rabbins, mais c'était plus probablement à celle 
de janvier. — Disant (dicens). Voy., sur ce mot, ri, 16. 

2. Ecris, etc. Ezéchiel, qui était alors en Mésopotamie, recoit de Dieu l'ordre d'é- 
crire le jour méme, la date de la formation du siège de Jérusalem par Nabucho- 
donosor, afin que les Juifs qui étaient prés de lui, et qui ne pouvaient manquer 
d'appreudre bientót ce qui serait arrivé à la capitale de leur pays, vissent clairement 
qu'Ezéchiel ne prophétisait pas en l'air, et qu 18 ne doutassent plus de ses prédic- 
tions. 


xxiv.)‏ .אס] 


4. Rassembles-y des morceaux 
de viande, toutes les bonnes 
parties, la cuisse et l'épaule, 
les endroits choisis et pleins d'os. 

5. Prends la béte la plus grasse, 
fais aussi au-dessous une pile de 
ses os; elle a bouilli à gros bouil- 
lons, et ses os ont cuit entiere- 
ment au milieu de la marmite. 

6. A cause de 0618, voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Malheur à 
la cité de sang, à la marmite 
rouillée et dont la rouille ne s'est 
pas détachée ; jettes-en toutes les 
pieces de viande ies unes apres 
les autres; on n'a pas jeté le sort 
sur elle. 

7. Car son sang est au milieu 
d'elle; c'est sur une pierre très 
lisse qu'elle l'a répandu : elle ne 
l'a pas répandu sur la terre, parce 
qu'il aurait pu étre couvert par 
la poussière. 

8. Afin done d'amener une indi- 
gnalion sur elle, et de tirer une 
vengeance complete, j'ai répandu 
son sang sur une pierre 8 
lisse, pour qu'il ne füt pas cou- 
vert. 


CuaP. XXIV. 9. Nah., ur, 1; Hab,, u, 12. 


ÉZÉCHIEL. 


1919 


9. À cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Malheur à 
la cité de sang, dont je ferai moi- 
méme un grand bücher. 

10. Entasse les os que je brüle- 
rai par le feu; toutes les chairs 
seront consumées, et tout ce qui 
compose la marmite sera cuit, et 
les os se fondront. 

11. Mets-la aussi vide sur des 
charbons ardents, afin qu'elle s'é- 
chauffe et que son airain se liqué- 
fie, que son ordure se fonde au 
milieu d'elle, et que sa rouille se 
consume. 

12. On ἃ sué avec beaucoup de 
peine pour la nettoyer, mais sa 
rouille considérable n’a pas été 
enlevée même par le feu. 

13. Ton impurelé est exécra- 
ble; parce que j'ai voulu te puri- 
fier, et tu n'as pas été purifiée 
de tes ordures; aussi tu ne se- 
ras pas purifiée avant que je 
fassereposer monindignation sur 
toi. 

14. Moi le Seigneur [ 81 parlé : 
Le temps viendra et j'agirai; jene 
passerai pas outre, et je n'épar- 


4. Des morceaux de viande, etc.; ce sont les Juifs de toutes les classes et de toutes 
les conditions, qui devaient, ou trouver la mort à Jérusalem pendant le siège, ou 
étre conduits en captivité. 

5. Elle a bouilli, ses os ont cuit. Les Septante ont mis le prétérit, ainsi que la Vul- 
gate, comme si l'ordre de Dieu était déjà exécuté; mais dans le texte hébreu, le 
second verbe seulement est au prétérit; le premier a la forme impérative. 

6. De sang; littér., de sangs. Voy., sur ce pluriel, xx, 2. — Jettes-en, etc, littér., 
Jette-la dans les diverses pièces qu'elle contient. — On n'a pas jeté le sort, etc., 
pour voir celles qui seraient conservées; allusion aux habitants de Jérusalem qui 
devaient tous, sans exception, étre jetés hors dela ville, les uns à l'état de cadavres, 
168 autres comme exilés. 

1. C'est sur une pierre, etc. Les Hébreux avaient une horreur extréme du sang; 
de là leur usage de couvrir aussitót avec de la terre le sang des animaux qu'on tuait 
(Lévitique, xvir, 13). Contrairement à cela, Jérusalem, qui avait versé non le sang des 
animaux, mais le sang des hommes, et des hommes innocents, au lieu de le couvrir 
de terre, afin qu'au moins il ne parüt point, elle l'avait répandu sur une pierre trés 
lisse, afin qu'il s'y imprimát, et qu'ainsi il y demeurát visible plus longtemps. 

14. Inventions. Voy., pour le sens de ce mot, 15006, ui, 8. 


1050 


gnerai pas, et je ne m'apaiserai 
pas, mais selon tes voies et selon 
tes inventions je te jugerai, dit le 
Seigneur. 

15. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

16. Fils d'un homme, voici que 
moi je t'enléve ce qui est désira- 
ble à tes yeux, en le frappant 
d'une plaie, et tu ne te lamente- 
ras pas, el teslarmes necouleront 
pas. 


17. Gémis en silence, tu ne fe- 


ras pas le deuil des morts : que 
ta couronne soit liée sur ta tête, 
et ta chaussure sera à tes pieds, 
et tu ne couvriras pas d'un voile 
ton visage, et tu ne mangeras pas 
les mets de ceux qui sont dans le 
deuil. 

18. Je parlai done au peuple le 
matin, et ma femme mourut le 
soir; etjefis 16 matin comme Dieu 
m'avait ordonné. 

19. Et le peuple me dit: Pour- 
quoi ne nous indiquez-vous pas 
ce que signifie ce que vous faites? 

20. Et je leur répondis : La pa- 


ÉZÉCHIEL. 


(cn. xxiv.] 
role du Seigneur m'a été adres- 
sée, disant : 

21. Dis à la maison d'Israél : 
Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Voilà que moi je souillerai 
mon sanctuaire,l'orgueil de votre 
empire, et le désir de vos yeux, et 
l'objet dela frayeur de votre âme ; 
vos fils et vos filles que vous avez 
laissés tomberont sous le glaive. 

22. Et vousferez comme j'ai fait : 
vous ne couvrirez pas d’un voile 
votre visage, el vous ne mange- 
rez pas les mets de ceux qui sont 
dans le deuil. 

23. Vous aurez des couronnes 
sur vos têtes, etune chaussure à 
vos pieds; vous ne vous lamen- 
terez pasetvousne pleurerez pas; 
mais vous sécherez dans vos ini- 
quités, et chacun gémira sur son 
frère. 

24. Et Ezéchiel sera pour vous 
un signe; selon tout ce que j'ai 
fait, vous ferez, lorsque sera venu 
le temps; et vous saurez que je 
suis le Seigneur Dieu. 

25. Et loi, fils d'un homme, 


15. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, ru, 16. 


16. Ce qui est désirable à les yeur; ce que tu as de plus cher; c'est-à-dire ta femme. 
C'est ce qui ressort du vers. 18. 

11. Couronne; espèce de bandeau dont les Hébreux se serraient la tête; c'était leur 
seule coiffure. 

21. Je souillerai; hébraisme, pour 7e /laisserai souiller. — Le désir de vos yeux; 
probablement, vos femmes, dont la mort est figurée par la mort de la femme d'Ezé- 
chiel. Compar. les vers. 16, 18. 

28. Vous aurez, ete.; c'est-à-dire, vous porterez, comme à l'ordinaire, le bandeau 
dont vous ceignez vos 16168 (vers. 11) et que l'on quitte néanmoins dans 16 deuil; il 
en sera de méme de la chaussure. — Mais vous sécherez, etc. Compar. 1v, 17; Lévi- 
(ique, XXVI, 99. — Sur son frère; au sujet, à cause de son frère; signilication qu'a 
incontestablement, en quelques endroits, la particule hébraïque rendue dans la Vul- 
gate par, vers, du côlé de (ad). Si l'on veut conserver le sens primitif du mot hébreu 
et la signification naturelle de la préposition latine, il faudra nécessairement sup- 
poser l'ellipse d'un verbe, tel que se tourner, regarder, et traduire : Gémira en se tour- 
nant vers ou en regardant son frère; genre de construction qui n'est pas rare dans 
le style biblique. Voy. à cet égard nos Observalions préliminaires sur des Psaumes, 
p. 342, 20. 

24. Ezéchiel sera, ete. Compar. xw, 1], 

49. Le désir de leurs yeux. ΝΟΥ͂. les vers. 16, 21. 


[eu. xxv.) 


voici qu'au jour oü je leur óterai 
leur force, et la gloire de /eur 
dignité, et le désir deleurs yeux. 
et ce sur quoi se reposent leurs 
âmes, leurs fils et leurs filles; 

96. En ce jour-là viendra un 
fuyard vers toi, pour te donner 
des nouvelles; 

27. En ce jour-là, dis-je, ta 
bouche s’ouvrira avec celui qui ἃ 
fui; et tu lui parleras, et tu ne de- 
meureras plus dans 16 silence; tu 
seras pour eux un signe; et vous 
saurez que je suis le Seigneur. 


CHAPITRE XXV. 


Prophéties contre les Ammonites et les 
Moabites, qui se sont réjouis des maux 
de la maison de Juda, et contre les Idu- 
méens et les Philistins, qui ont satis- 
fait sur elle leur haine *. 


1. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

9. Fils d'un homme, tourne ta 
face contre les enfants d'Ammon, 
et tu prophétiseras sur eux. 

3. Ettu dirasaux fils d'Ammon : 
Ecoutez la parole du Seigneur 


ÉZÉGCHIEL. 


1921 
Dieu: Voici ce que ditle Seigneur 
Dieu : À cause que tu as dit : 
Tres bien, tres bien, au sujet de 
mon sanctuaire, parce qu'il a été 
souillé; et au sujet de la terre 
d'Israél, parce qu'elle a été déso- 
lée; et au sujet de la maison de 
Juda, parce qu'ils ont été emme- 
nés en captivité; 

4. À cause de cela, je te livre- 
rai aux fils de l'Orient en héri- 
tage, et ils établiront les parcs 
de leurs troupeaux en toi, et ils 
dresseront en toi leurs tentes : 
ils mangeront eux-mémes tes 
fruits, et ils boiront eux-mémes 
ton lait. 

9. Et je rendrai Rabbath la de- 
meure des chameaux, et /a £erre 
des fils d'Ammon le refuge des 
troupeaux : et vous saurez que je 
suis le Seigneur. 

6. Parce que voici ce que dit le 
Seigneur Dieu : 4 cause que tu 
as battu des mains et frappé du 
pied, et que tu t'es réjouie de tout 
ton cœur au sujet de la terre 
d'Israël : 


? L’authenticité de ce chapitre, comme celle des chap. וצאצ‎ XXXV, XXXVI, XXXVIII 
et xxxix, qui ont pour objet, comme celui-ci, les nations étrangères, a été attaqué 
dans ces derniers temps par quelques exégètes rationalistes d'Allemagne. 

1. et .טנטפ‎ * 116 Section : Prophéties contre les peuples étrangers, xxv-xxxmr. — 
Ezéchiel 8 prophétisé contre sept peuples étrangers : 19 Ammon; 29 Moab; 3» l'Idu- 
mée et 49 les Philistins, xxv; 5° Tyr et 69 Sidon, xxvi-xxvii; 79 l'Egypte, xxix-xxxir. 
— Ces chapitres sont partagés en treize oracles, distingués par la formule : La parole 
du Seigneur me fut adressée. La prophétie contre Ammon, Moab, l'Idumée et les Phi- 
listins forme un oracle; celle contre Tyr, 4; contre Sidon, 1; contre l'Egypte, 7. Ils 
sont tous, à part le fragment contre l'Egypte, xxix, 11-21, de l'époque du siege et de 
la prise de Jérusalem, du temps pendant lequel Ezéchiel devait rester muet sur 
Israël ; xxiv, 21, comparé avec 1r, 26-21 et xxxii, 21-22. — Les prophéties contre les 
peuples étrangers, en particulier celles contre Tyr et l'Egypte, sont remarquables par 
l'abondance et l'exactitude des détails. L'histoire atteste qu'elles se sont littéralement 
accomplies. On a fait quelques difficultés au sujet du siége de Tyr par les Chaldéens, 
prédit par le Prophète, mais S. Jérôme nous apprend que tout ce qu'E*échiel avait 
annoncé s'était exécuté. 

1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, mi, 16. 

4. Aux fils de l'Orient; c'est-à-dire aux Arabes. 

5. Rabbath; capitale des Ammonites, — La demeure des chameaux. Les Arabes 
allaient sur des chameaux 


AT. 421 


1. A cause de cela, voilà que 
moi j'étendrai ma main sur toi, 
et je te livrerai en proie aux na- 
tions, et je te retrancherai du 
milieu des peuples, et je t'efface- 
rai de la terre, et je te briserai, 
et tu sauras que je suis le Sei- 
gneur. 

8. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : À cause que Moab et Séir 
ont dit : Voilà que comme tou- 
tes les nations est la maison de 
Juda; 

9. A cause de cela, voilà que moi 
jouvrirai l'épaule de Moab, du 
côté des cités, de ses cités, dis-je, 
et du côté de ses confins ; /'owvrz- 
rai lesillustres cités de la terre de 
Bethiésimoth, 0 et Ca- 
riathaim, 

10. Aux fils 1 Orient avec les 
fils d'Ammon, et jela donnerai en 
héritage ; afin qu'il n'y ait plus sou- 
venir des fils d'Ámmon parmi les 
nations. 

11. Etdans Moab j'exerceraiznes 
jugements; et ils sauront que je 
suis le Seigneur. 

12. Voici ce que ditle Seigneur 


ÉZECHIEL. 


(cu. x&v.] 


Dieu : A cause que l'Iduméea tiré 
vengeance pour se venger des fils 
de Juda, et qu'elle a péché grieve- 
ment, et qu'elle a désiré avec ar- 
deur de se venger; 

13. A cause de cela, voici ce 
que dit le Seigneur Dieu : J'é- 
tendrai ma main sur l'Idumée, 
et jen enlèverai les hommes et 
les bétes, et je la rendrai dé- 
serte du cóté du midi, et ceux qui 
sont à Dédan tomberont sous le 
glaive. 

14. Et j'exercerai ma vengeance 
sur l’Idumée par là main de mon 
peuple Israël; et 115. agiront en 
Edom selon ma colere et ma fu- 
reur : et ils sauront ma vengean- 
ce, dit le Seigneur Dieu. 

15. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : ἃ cause que les Philistins 
ont tiré vengeance, et qu'ils se 
sont vengés de tout leur cœur, 
tuant οἱ satisfaisant d'anciennes 
inimiliés, 

16. A cause de cela, voicice que 
dit le Seigneur Dieu : Voilà que 
moi j'étendrai ma main sur les 
Philisüns, et je tuerai ceux qui 


8. Séir; partie montagneuse de l'Idumée; elle se prend ici pour l'Idumée elle- 
méme, le pays d'Edom (vers. 12 et suiv.). 

9. J'ouvrirai; je rendrai accessible, je donnerai l'entrée à. — L'épaule de Moab ; sa 
force, son soutien. — Du côté de ses confins. C'était surtout aux frontières qu'étaient 
situées les villes les mieux fortifiées de Moab, telles que Bethiésimoth, Béelméon, Ca: 
riathatm, — De la terre (terrz); a pour complément les trois villes susdites, qui, par 
conséquent, représentent le génitif. Si le latin est 101 amphibologique, l'hébreu ne 
l'est nullement; c'est ce qu'ont parfaitement compris les auteurs de la traduction 
anglaise catholique de Douai. 

10. Aux fils de l'Orient; c'est-à-dire aux Arabes, est le régime indirect du verbe 
jouvrirai, exprimé au vers. précédent. — La (eam); c'est-à-dire Moab. Voy. Jérém., 
xLvrl, 4. 

13. Dédan; ville fameuse de l'Idumée. 

14. J'exercerai, etc. Cette prophétie fut accomplie aprés 16 retour de la captivité, au 
temps desMachabées (I Machab., v, 65; IL Machab., x, 16), — Edom; c'est l'Idumée, 
appelée ainsi ἃ Edom ou Esaü, qui l'habita. 

16. Les restes, etc. Les Philistins sont ainsi désignés parce qu'ils habitaient sur les 
cótes de la mer Méditerranée, et parce que dans les temps antérieurs les Assyriens 
et les Egyptiens avaient beaucoup diminué leur population (/sute, xiv, 305 Jérém., 
xXv, 20% טנא‎ 4; Sophonie, 11, 4). 


"cH. XXVI.] 
ont tué, et je perdrai les restes de 
la contrée maritime ; 

17. Et j'exercerai sur eux de 
grandes vengeances, les repre- 
nant dans ma fureur, et ils sau- 
ront que je suis le Seigneur, lors- 


que j'aurai exercé ma vengeance 


sur eux. 


ÉZÉCHIEL. 


1993 

2. Fils d’un homme, à cause 
que Tyr a dit: de Jérusalem 
Très bien :les portes des peuples 
ont été brisées, elle s’est tournée 
vers moi; je serai remplie, elle 
est déserte; 

3. À cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Voilà que 


moi je suis contre toi, à Tyr, et 
je ferai monter vers toi des na- 
tions nombreuses, comme la mer 
fait monter ses flots. 

4. Et ils renverseront les murs 
de Tyr, et ils détruirontsestours; 
j'en râclerai la poussiere, et je la 
rendrai comme une pierre très 
lisse. 

ÿ. Elle servira à sécher les fi- 


CHAPITRE XXVI. 


Tyr sera. détruite par Nabuchodonosor, 
pour avoir insulté au malheur de Jéru- 
salem. Sa ruine inspirera la frayeur à 
tous les peuples maritimes. 


1. Et il arriva à la onzieme 
année, au premier Jour du mois, 
que la parole du Seigneur me fut 
adressée, disant : 


4. La onziéme année de la captivité de Jéchonias et du règne de Sédécias, l'année 
méme de la prise de Jérusalem (IV Rois, xxv, 2 et suiv.; Jérém., 11 ὃ et suiv.). — 
Du mois; ce mois n'étant désigné ni dans le texte original, ni dans les versions, les 
interprétes se sont livrés à diverses conjectures, dont aucune ne parait entierement 
satisfaisante. — Disant (dicens). Voy., sur ce mot, ni, 16. 

2. et suiv. * « Si le prophète Ezéchicl, annoncant à la cité arrogante et superbe 
(Tyr) ses malheurs futurs, n'y eût joint le tableau de la grandeur dont elle allait 
déchoir, nous n'aurions aujourd'hui, dit l'amiral Jurien de la Gravière, qu'une idée 
imparfaite du degré d'opulence auquel pouvait atteindre, daus l'antiquité, une place 
de commerce. Tyr s'était réjouie du sac de Jérusalem; le prophéte lui prédit que ses 
murs aussi tomberont, assaillis par les tours de bois et pov. les chaussées de terre, 
ébranlés à la base par les béliers. Ge rocher, ox les péche:rs font de nos jours sécher 
leurs filets, a été jadis le marché du. monde. Les flottes y rapportaient des contrées 
les plus éloignées des richesses immenses : des ports de la Lybie, du fer, de l'étain et 
du plomb; de la Gréce, des esclaves et des chevaux. L'Ethiopie fournissait l'ébene et 
l'ivoire; la Syrie, les pierres précieuses, la pourpre, les étoffes de lin et de soie; la 
Judée, le froment, le baume, le miel, l'huile et les résines. Du territoire de Damas 
venaient les laines et les vins ; de l'Arabie, les bestiaux; de Saba, l'or et les parfums. 
L'Afrique, l'Asie et l'Europe contribuaient à l'envi au luxe d'une cité assez riche pour 
garnir d'ivoire les baucs de ses rameurs et dont chaque armateur vivait entouré de 
la splendeur d'un prince. Pendant prés de six siècles, cette prospérité merveilleuse 
connut à peine quelques passagères éclipses. En l'année 115, le roi d'Assyrie vint 
frapper sans succés aux portes de Tyr; cent quarante et un ans plus tard, le roi de 
Babylone, Nabuchodonosor, les enfonca. Le siège dura cependant quatorze ans. Plus 
d'un guerrier y perdit les cheveux et revint les épaules courbées. » Tyr ne s'est plus 
relevée de sa ruine. « Quelques centaines de maisons croulantes et presque désertes, 
où les Arabes rassemblent le soir les grands troupeaux de moutons et de chèvres 
noires, aux longues oreilles pendantes, qui défilent devant nous dans la plaine, voilà 
la Tyr d'aujourd'hui, dit Lamartine. Elle n'a plus de port sur les mers, plus de che- 
mins sur la terre; les prophéties se sont dès longtemps accomplies sur elle. » 

2.* Les portes des peuples. Ces mots, qui s'appliquent à Jérusalem ei qui sont mis 
dans la bouche des Tyriens, indiquent que les Phéniciens avaient pris ombrage du 
commerce que les habitants de Jérusalein faisaient avec les peuples voisins, et pour 
ce motif, ils applaudissent à la ruine de la cité sainte. 

5, Suivant les récits des voyageurs, de nos jours mème, les pécheurs étendent 


1924 


lets au milieu de la mer; parce 
que moi j'ai parlé, ditle Seigneur 
Dieu;et Tyrsera en proie aux na- 
tions. 

6. Ses filles aussi qui sont dans 
la campagne seront tuées par le 
glaive ; et ils sauront que je suis 
le Seigneur. 

1. Parce que voici ce que dit le 
Seigneur Dieu : Voilà que moi j'a- 
mènerai à Tyr, de la terre de l'a- 
quilon, Nabuchodonosor, roi de 
Babvlone, roi des rois, avec des 
chevaux et des chars,et des cava- 
liers, et une multitude, etunnom- 
breux peuple. 

8. Tes filles qui sont dans la 
campagne, il les tuera par le 
glaive; et il t'environnera de for- 
tifications, et il formera un rem- 


part autour, et il élévera contre 


loi un bouclier. 

9. Etil organisera des mantelets 
et des béliers contre tes murs, et 
il détruira tes tours avec ses 
armes. 

10. A cause de l'inondation de 
ses chevaux tu seras couverte de 
poussière ; au bruit des cavaliers, 
et des roues, et des chars, tes 
murailles s'ébranleront, lorsqu'il 
entrera dans tes portes comme 
par la brèche d'une ville prise 
d'assaut. 


CnaP. XXVI. 13. Jérém., virt, 34, 


ÉZÉCHIEL. 


(cu. xxvr.] 


11. Sous les sabots de ses che- 
vaux il foulera toutes tes places: 
il frappera ton peuple du elaive, 
ettes fameuses statues tomberon 
à terre. 

19. Ils raviront tes richesses, 
pilleront Les marchandises, et dé- 
truiront tes murs; ils renverse- 
ront tes maisons magnifiques, et 
tes pierres, et tes bois, et ta pous- 
sière, ils les jetteront au milieu 
des eaux. 

13. Et je ferai cesser la mul- 
titude de tes cantiques, et le son 
de tes harpes ne sera plus en- 
tendu. 

14. Et je te rendrai comme une 
pierre trés lisse, et tu serviras à 
sécher les filets, et tu ne seras 
plus rebátie; parce que moi j'ai 
parlé, dit le Seigneur Dieu. 

15. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu à Tyr : Est-ce qu'au bruit de 
ta ruine, et au gémissement de 
tes tués, lorsqu'ilsauront été mis 
à mort au milieu de toi, les iles ne 
seront pas émues? 

10. Et tous les princes de la 
mer descendront de leurs trónes, 
et ils quitteront les marques de 
leur grandeur, et ils jetteront 
leurs habits de diverses couleurs, 
et ils seront vêtus de stupeur, 
ils s'assiéront sur la terre, et 


réellement et font sécher leurs filets sur l'emplacement où s'élevait Tyr. — Au milieu 
de la mer. L'ancienne Tyr était située sur le continent, et la nouvelle dans une île; 
mais elles ne constituaient toutes deux qu'une seule république, et en quelque sorte 
qu'une méme ville. 

6, Ses filles; les villes de sa dépendance 

12. Ta poussiére; c'est-à-dire la poussière de tes bâtiments. 

14. Tu serviras, etc. Voy. le vers. 5. — Tu ne seras plus vebátie. L'ancienne Tyr, 
prise par Nabuchodonosor, ne fut jamais rebátie. Quant à la prédietion d'Isaie 
(xxu, 17), que Tyr, après un oubli de soixante-dix années, serait visitée par le Sei- 
gneur, et mise en état de recommencer son premier commerce, elle peut s'expliquer 
en l'appliquant à Tyr la nouvelle, qui fut élevée par les habitants de l'ancienne, lors- 
qu'ils se rélugièrent dans l'ile pendant le siège, 


108. xxvir,] 
épouyantés de tachute soudaine, 
ils seront dansl’étonnement. 

47. Et faisant entendre sur toi 
des lamentations, ils te diront : 
Comment as-tu péri, toi qui ha- 
bites sur la mer, ville illustre, 
qui as été puissante sur la mer, 
avec tes habitants que tous re- 
doutaient? 

18. Désormais les vaisseaux se- 
ront frappés de stupeur au jour 
de ton effroi, et les îles seront 
troublées dans la mer, parce que 
personne ne sort de toi. 

49. Parce que voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Lorsque 
j'aurai fait de toi une ville dé- 
solée comme les cités qui ne 
sont pas habitées, et que j'aurai 
amené sur toi labime, et que 
les grandes eaux t'auront cou- 
verte ; 

20. Et que je t'aurai précipitée 
avec ceux qui descendent dans 
la fosse vers le peuple eternel, et 
que je t'aurai placée dans une 
terre trés profonde, con:me les 
solitudes anciennes, avec ceux 
qui sont. conduits dans la fosse, 
afin que tu ne sois pas hsbitée; 
mais lorsque j'aurai établi ma 


ÉZÉCHIEL. 


1925 

91. Je te réduirai à rien, et tu 
ne seras plus ; et on te cherchera, 
et on ne te trouvera plus jamais, 
dit le Seigneur Dieu. 


CHAPITRE XXVII. 


Lamentations sur la ruine de Tyr. Des- 
cription de sa beauté, de sa force, de 
ses richesses, de l'étendue de son com- " 
merce. Sa chute répandra l'étonnement 
parmi tous les peuples maritimes. 


1. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

2. Toi donc, fils d'un homme, 
fais entendre sur Tyr des lamen- 
tations ; 

3. Et tu diras à Tyr, qui habite 
alentrée de la mer, au 5/0706 du 
commerce des peuples pour des 
iles nombreuses : Voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : O Tyr, tu 
as dit, je suis d'une parfaite beau- 
té, 

4. Et située au milieu de la mer.' 
Tes voisins qui t'ont bátie ont mis 
le comble à ta beauté. 

ὃ, C'est avec les sapins du Sa- 
nir qu'ils t'ont construite ainsi 
que tous tes étages qui plon- 
gent dans la mer; ils ont pris un 
cedre du Liban pour te faire un 


gloire dans la terre des vivants, | mát. 


18. Personne, etc.; parce que tu es déserte, sans habitants. 


19. Que j'aurai amené, etc. C'est une figure de la multitude des troupes de Nabu- 
chodonosor. Les armées sont souvent représentées dans l'Ecriture sous l'image dea 
flots de la mer, des grandes eaux. 

20. La fosse (lacum) ; le sépulere, le tombeau. — Le peuple élerne!; les morts des- 
tinés à des supplices éternels. — Une terre tres profonde (terra novissima), trés cachée ; 
ce qui peut s'entendre de l'enfer. — Les solitudes anciennes ; les ruines séculaires dont 
il ne reste plus de traces. — Que j'aurai, etc. Lorsque j'aurai rétabli Israël dans sa 
première gloire. — La terre des vivants: La terre d'Israél est ainsi appelée, soit 
parce que le vrai Dieu, le Dieu vivant y était adoré, soit parce que les justes qui y 
étaient ensevelis devaient en leur temps étre rendus à la vie éternelle. 


1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, 11 16. 

9. Sanir; nom que les Amorrhéens donnaient au mont Hermon. Cette montagne 
était située à l'orient du Jourdain, sur les confins dela Syrie, de méme que le Liban 
à l'occident. — 2/0068, etc., littér., étages de la mer (tabulatis maris); c'est-à-dire les 
étages du vaisseau. 


1999 


6. Ils ont poli des chénes de 
Basan pour tes rames; et ils ont 
fait tes banes avec livoire des 
Indes, et les prétorioles avec le 
bois des iles d'Italie. 

7. Le byssus varié d'Egypte a 
été tissu en forme de voile pour 
être mis sur ton mát ; l'hyacinthe 
et la pourpre des iles d'Elisa sont 
devenues ta couverture. 

8. Les habitants de Sidon et 
d'Arad ont été tes rameurs; tes 
sages, ὃ Tyr, sont devenustes pi- 
lotes. 

9. Les vieillards de Gébal et 
ses hommes habiles ont eu des 
nautoniers pour le service de tout 
ton équipage; tous les vaisseaux 
dela mer et leurs nautoniers ont 
été engagés dans ton commerce. 

10. Les Perses, et les Lydiens, 
et les Lybiens étaient dans ton 
armée, tes hommes de guerre; 
ils ont suspendu chez toi la cui- 
rasse et le bouclier pour ton or- 
nement. 


ÉZÉCHIEL. 


[cu. xxvir.] 


11. Les fils d'Arad, et ton ar- 
mée, étaient sur tes murs tout 
autour; et aussi les Pygmées qui 
étaient sur tes tours ont suspen- 
du leurs carquois à tes murs tout 
autour; ils ont mis eux-mêmes le 
comble à ta beauté. 

12. Les Carthaginois qui négo- 
ciaient avec toi par l'abondance 
de toutes les richesses, ont rem- 
pli tes foires d'argent, de fer, 
d'étain, et de plomb. 

13. La Grèce, Thubal et Mosoch 
étaient tes courtiers ; ils ont ame- 
né des esclaves et des vases d'ai- 
rain à ton peuple. 

14. De la maison de Thogorma 
on amenait des chevaux, des 
cavaliers et des mulets à ton 
marché. 

15. Les fils de Dédan ont né- 
gocié avec toi; beaucoup d'iles 
ont négocié par tes mains; elles 
t'ont donné des dents d'ivoire et 
de l’ébène en échange de tes mar- 
chandises. 


6. Prétorioles (pretoriola); ce sont les chambres des capitaines de vaisseau. — * Des 
chénes de Basan. Voir Nombr., xxi, 33. — Des iles d'Italie. En hébreu : des iles de 
Kittim, ce qui désigne les iles de la Méditerranée et les pays de l'Occident. 

1. Elisa; c'est-à-dire l'Elise, dans le Péloponèse. — Ta couverture. Les couvertures 
servent à différents usages dans les vaisseaux. 

8. Arad ; 116 célèbre sur les côtes de Phénicie. 

9. Gébal; ville de Phénicie, appelée Biblos par les Grecs. — Ont été engagés, ete.; 
littér., ont été parmi le peuple de ton commerce. 

11. Pygmées (Pygmzi); signifie, en grec, combattants, comme l'a remarqué saint 
Jérôme. — * Le mot rendu par Pygmées est dans l'original gammadim, qui signifie 
braves ; il désigne les troupes indigènes de Phénicie. 

12. * Les Carthaginois. Dans l'original: les habitants de Tharsis ou Tartessus, dans 
la Bétique, en Espagne, d'où les Phéniciens tiraient les métaux énumérés dans ce 


verset. 


13. Thubal; fut le cinquième fils de Japhet, et Mosoch le sixième (Genèse, x, 2); 


mais ces noms représentent ici deux peuples, sur lesquels on n'est guère d'accord. 
Cependant il y a quelque probabilité que Thubal signifie les Tibéraniens, voisins du 
rivage méridional de la mer Noire ; et Mosoch, les Mosques sur la côte orientale de 
la mer Noire. 

14. Thogorma; la Phrygie selon les uns, l'Arménie selon les autres, la Sarmatie, 
suivant d'autres. ll est certain que les chevaux de ces trois pays sont trés vantés par 
les ancieus auteurs. 

15. Dédan ; fils de Jecsan et petit-fils d'Abraham et de Céthura, s'établit dans l'Arabie 
(Genèse, xxv, ὃ). 


xxvir.]‏ .8ס] 


16. Le Syrien qui négociait avec 
toi à cause de la multitude de tes 
ouvrages,aexposé dans ton mar- 
ché des pierreries et de la pour- 
pre, et des vétements de tricot, et 
du byssus, et de la soie, et du 
chodchod. 

11. Juda et la terre d'Israél 
étaient aussi tes courtiers; ils 
ontexposé dans tes foires du fro- 
ment de premiere qualité, du bau- 
me, du miel, de l'huile et de la 
résine. 

18. Damas, qui négociait avec 
toi, te donnait pour la multidude 
de tes ouvrages une multitude de 
différentes richesses, du vin gé- 
néreux, des laines de la couleur 
la plus belle. 

19. Dan, et la Grèce et Mosel 
dans tes foires ont exposé du fer 
travaillé ; il y avait du stacté et 
de la canne dans ton commerce. 

20. Dédan était ton courtier 
pour les tapis à s'asseoir. 


ÉZÉCHIEL. 


1927 

21. L'Arabie et tous les princes 
de Cédar ont négocié par tes 
mains; avec des agneaux, et des 
béliers, et des boues, ils sont ve- 
nus vers toi étant en commerce 
avec toi. 

29. Les marchands de Saba et 
de Réema eux-mêmes ont négo- 
cié avec toi en toutes sortes d'ex- 
cellents aromates, en pierres pré- 
cieuses, et en or qu'ils ont exposé 
dans ton marché. 

23. Haran, et Chené, et Eden 
ont négocié avec toi; Saba, Assur 
et Chelmad t'ont vendu leurs mar- 
chandises. 

24. Eux aussi trafiquaient avec 
toi de bien des manières pour des 
balles d'hyacinthe, de tissus de 
diverses couleurs et de trésors 
précieux qui étaient enveloppés 
et attachés avec des cordes; ils 
avaient encore des cèdres dans 
leurs trafics avec toi. 

95. Les vaisseaux de la mer 


16. Chodchod; ce mot du texte sacré, conservé ici par les Septante et la Vulgate, 
se trouve encore dans 18076, viv, 12, où il a été rendu dans ces mêmes versions par 
jaspe. La signification primitive de ce terme parait être, en hébreu, é£ncelant. 

17. * Baume. > Les montagnes de Galaad étaient couvertes d'a;:yris, arbrisseau 
d'où découle le baume de Judée ou baume de Galaad, parfum fort estimé alors. 
L'amyris est devenu excessivement rare de nos jours, et le peu de baume qu'on en 
récolte est réservé à l'usage du Sultan. Quelques auteurs ont voulu en conclure que 
les richesses aromatiques de la Judée avaient été grandement exagérées parles an- 
ciens, mais il ne faut pas oublier que ces arbres furent détruits par les Tures, lors- 
qu'ils envahirent le pays. » (E. RIMMEL.) 

19. Dan; probablement la ville de ce nom vers les sources du Jourdain, appelée 
dans la suite Panéade; car, pour la tribu de Dan, elle avait été emmenée captive 
longtemps auparavant par le roi d'Assyrie. — Mose/; lieu inconnu Dos quelques-uns 
pensent étre la Carie. 

20. Dédan; marque peut-être ici les descendants de Dédan, fils de Regma et petit- 
is de Chus, différents de ceux du vers. 15. Dans Genése, x, 7, au lieu de Dédan, 
q52 lit l'hébreu, la Vulgate porte Dadan ; mais cette légère différence d'orthographe 
n'empéche pas que ce ne soit le méme personnage. 

21. Cédar. Noy. Jérém., xyix, 28. — À L’Arabie, le pays qui s'étend à l'est et au sud- 
est de la Paiestine jusqu'à ia mer Rouge. 

22. Saba et Réema; provinces situées dans l'Arabie Heureuse, près du golfe Persique. 

25. Haran et Chené; noms de iieux de la Mésopotanie. — Eden; province où était 
situé le paradis terrestre. — Saba; différent de celui du vers. 22, était probablement 
près de l’Idumée. — Assur; 168 Assyriens. — Chelmad; est la Carmanie, selon les 
Septante, et la Médie, suivant la paraphrase chaldaique. 

25. Tes princes, etc.; c'est-à-dire entretenaient ton principal commerce, 


1928 
étaient tes princes dans ton com- 
merce ; tu as été comblée de ri- 
chesses et extrémement glorifiée 
au milieu de la mer. 

26. Tes rameurs t'ont conduite 
sur les grandes eaux; mais le 
vent du midi t'a brisée au fond 
de la mer. 

97. Tes richesses, et tes tré- 
sors, et ton nombreux équipage, 
tes nautoniers, tes pilotes qui 
avaient en garde les objets à 
ton usage et commandaient à tes 
gens; et aussi tous les hommes 
de guerre qui étaient en toi, avec 
toute la multitude qui se trouve 
au milieu de toi, tomberont au 
fond de la mer au jour de ta 
ruine. 

98. Au bruit de la clameur de 
tes pilotes, les flots seront trou- 
blés; 

99. Et ils descendront de leurs 
vaisseaux, tous ceux qui tenaient 
la rame; les nautoniers et tous 
les pilotes de la mer se tiendront 
surla terre. 

30. Ils se lamenteront sur toi à 
haute voix, et pousseront des cris 
amers ; et ils jetteront de la pous- 
siere sur leurs tétes et se couvri- 
ront de cendre. 

31. Et ils raseront à cause de 
toi leur chevelure et se ceindront 
de cilices;etils te pleureront dans 
l'amertume de l'àme d'un pleur 
irés amer. 

39. Et ils entonneront sur toi 
un chant lugubre, et se désoleront 
à ton sujet, disant : Quelle ville 
est comme Tyr, et quelle ville est 


ÉZÉCHIEL. 


[cu. xx vum] 


devenue muette au milieu de la 
mer? 

33. Toi qui, en faisant sortir 
tes marchandises de la mer, as 
comblé de biens des peuples nom- 
breux, qui, par la multitude de 
tes richesses et de tes peuples, 
as enrichi des rois de la terre; 

34. Maintenant tu as été brisée 
par la mer;tes richesses et toute 
la multitude qui était au milieu 
de toi sont tombées au profond 
des eaux. 

39. Tous les habitants des iles 
seront frappés de stupeur sur 
loi; et tous leurs rois battus par 
cette tempête ont changé de vi- 
sage. 

36. Les marchands de tous les 
peuples ont sifflé sur toi : tu as été 
réduite au néant, et tu ne seras 
plus à jamais. 


CHAPITRE XXVIII. 


Prophétie de la ruine du roi de Tyr. 
Cantique lugubre sur la ruine de ce 
prince. Prophétie de la désolation de 
Sidon. Promesse du rétablissement 
d'Israël. 


1. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

2. Fils d'un homme, dis au 
prince de Tyr : Voici ce que ditle 
Seigneur Dieu : À cause que ton 
cœur s'est élevé, et que tu as 
dit : Moi je suis un Dieu, je suis 
assis sur le trône d’un Dieu au 
milieu de la mer, lorsque tu n'es 
quun homme et non un Dieu; 
parce que tu as posé ton cœur 
comme le cœur d'un Dieu; 


26. Le vent du midi; selon l’hébreu, de l'orient. On l'entend généralement de Nabu- 
chodonosor, qui vint de l'Orient assiéger Tyr. 
30. * Enumération des signes de deuil et de désolation. 


1. Disant (dicens). Voy. sur ce mot, nr, 16. 


[cri. xz viu.) 

3. Voilà que tu es plus sage que 
Daniel; aucun secret n'est caché 
pour toi. 

4. Par ta sagesse et ta prudence 
tu t'es créé de la puissance, et tu 
as amassé de l'or et de largent 
dans tes trésors. 

5. Parlagrandeur de ta sagesse, 
et par ton commerce tu as multi- 
plié ta puissance, et ton cœurs est 
élevé dans ta force. 

6. À cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Parce que 
ton cœur s'est élevé comme le 
cœur d'un Dieu, 

7. À cause de cela, voici que 
moi j'amènerai sur toi des étran- 
gers, les plus forts d'entre les 
nations , et ils tireront leurs glai- 
ves sur la beauté de ta sa- 
gesse, et ils souilleront ta splen- 
deur. 

8. Ils te tueront et te précipite- 
ront dans la fosse, et tu mourras 
dans la destruction des tués au 
milieu de la mer. 

9. Est-ce que tu parleras, di- 
sant : Je suis un Dieu, devant 
ceux qui te tueront; lorsque tu 
n'esqu'un homme et non un Dieu, 


ÉZÉCHIEL. 


1929 


dans la main de ceux qui te fe- 
ront mourir ? 

10. Tu mourras de la mort 
des incirconcis par la main des 
étrangers, parce que c'est moi 
qui ai parlé, dit le Seigneur Dieu. 

11. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : Fils d’un 
homme, fais entendre un chant de 
deuil sur le roi de Tyr, 

12. Et tu lui diras : Voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Toi le sceau 
de la ressemblance de Dieu, toi 
plein de sagesse et parfait en 
beauté, 

13. Tu as été dans les délices 
du paradis de Dieu; toute pierre 
précieuse était ta couverture : la 
sardoine, la topaze, le jaspe, la 
chrysolithe, l'onyx, lebéryl, le sa- 
phir, l'escarboucle, l'émeraude ; 
l'or servait à relever ta beauté ; et 
tes bijoux percés ont été préparés 
pour le jour auquel tu as été créé. 

14. Tu étais un chérubin aux 
ailes étendues et protecteur; et je 
t'ai établi sur la montagne sainte 
de Dieu ; et tu as marché au mi- 
lieu de pierres étincelantes com- 
me le feu. j 


3. Tu es plus sage que Daniel; paroles dites par ironie. Daniel vivait alors à la cour 
du roi de Babylone, avec la réputation de l'homme le plus éclairé de cet empire. Il 
y avait quatorze ou quinze ans qu'il avait expliqué à Nabuchodonosor le songe de la 
statue composée de divers métaux (Daniel, τι, 21, 28), ce qui avait été le commence- 
ment de sa grande réputation. 

8. Dans la fosse. Ces mots sont dans l'hébreu. 

10. * De la mort des incirconcis, de mort violente. 

12. La plupart des Pères regardent la description de la puissance du roi de Tyr 
comme une figure de la gloire et de la ruine de Lucifer. 

13. Ta couverture (operimentum tuum); exprime non seulement le vétement, mais 
tout ce qui sert à couvrir, comme les couvertures de lit, etc.; il en est de méme du 
terme hébreu correspondant, il signifie couverture en général. — Tes bijoux percés; 
littér., tes trous (foramina tua); c'est-à-dire, selon saint Jéróme, et les plus habiles 
- hébraisants modernes, les endroits ou tu renferme tes trésors; suivant d'autres, 
des chatons de bagues dans lesquels on enchásse des pierres précieuses; explication 
parfaitement conforme au contexte. 

14. Tu étais un chérubin, etc.; allusion aux chérubins qui couvraient et protégeaient 
ainsi l'arche dans le temple du Seigneur, sur sa montagne sainte. — Tu as mar- 
ché, etc.; c'était la coutume cliez les anciens d'orner les murs et le pavé des appar- 


1990 

15. Tu as été parfait dans tes 
voles depuis le jour de ta créa- 
tion jusqu'à ce que l'iniquité a été 
trouvée en toi. 

16. Dans la multiplication de ton 
commerce ton intérieuraété rem- 
pli d'iniquité, et tu as péché ; et je 
l'aichassé delamontagne de Dieu, 
et je t'ai exterminé, ὃ chérubin, 
couvrant le propitiatoire du mi- 
lieu des pierres étincelantes com- 
me le feu. 

11. Et ton cœur s'est élevé dans 
ta beauté : tu as perdu ta sagesse 
dans ta beauté; jet'ai jeté sur la 
terre, et je t'ai exposé devant la 
face des rois, afin qu'ils t'aper- 
qussent. 

18. Dans la multitude de tes ini- 
quités, et dans l’iniquité de ton 
commerce tu as souillé ton sanc- 
tuaire : je ferai donc sortir du mi- 
lieu de toi un feu quite dévorera, 
et je te réduirai en cendre sur la 
terre en présence de tous ceux 
qui te verront. 

19. Tous ceux qui te verront 
parmi les nations seront frappés 
de stupeur sur toi; tu es devenu 


ÉZÉCHIEL. 


[cu. xx vi] 
comme un néant, et tu ne seras 
plus à jamais. 

20. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

91. Fils dun homme, tourne 
lon visage contre Sidon; et tu 
prophétiseras sur elle, 

22. Et tu diras : Voici ce que dit 
le Seigneur Dieu : Voilà que je 
viens vers toi, Sidon, et je serai 
glorifié au milieu de toi; et ils 
sauront que je suis le Seigneur, 
lorsque j'aurai exercé sur elle des 
jugements, et que j'aurai été sanc- 
tifié en elle. 

23. Et je lui enverrai la peste 
et le sang sur ses places publi- 
ques; et les tués tomberont au 
milieu d'elles par le glaive quz 
frappera tout autour; et ils sau- 
ront que je suis le Seigneur. 

24. Et elle ne sera plus pour la 
maison d'Israél une pierre d'a- 
choppement, et un sujet d'amer- 
tume, et une épine causant de la 
douleur de tous cótés à ceux qui 
l'environnent et qui la combat- 
tent ; etils sauront que je suis le 
Seigneur Dieu. 


tements, non seulement de marbre, mais encore de pierres précieuses. D. Calmet a 
cité plusieurs exemples de ces sortes de somptuosités dans son Comment. littér. sur 
le livre d'Esther, x, 6. 

18. Ton sanctuaire ; la montagne sainte de Dieu. Compar. vers. 14. 

22. Je serai glorifié; par les châtiments que j'exercerai sur toi. — Ils sauront; 
c'est-à-dire ses habitants. — Sur elle. Le Seigneur ne s'adresse plus directement à 
Sidon, mais à son Prophète. Ce changement subit de personne est trés commun dans le 
style prophétique. — Que j'aurai été sanctifié en elle; voy. sur cette expression, xx, 41. 

94. Sidon ne sera plus, etc. Sidon, en effet, fut un sujet de honte et de scandale 
pour la maison d'Israël, en l'engageant dans l'idolátrie par Jézabel, femme d'Achab 
et fille d'Ethbaal, roi des Sidoniens (III Rois, xvr, 31). Sidon fut aussi un sujet d'af- 
flietion et d'amertume pour le peuple du Seigneur en insultant à son malheur et à 
sà captivité. Enfin elle fut comme une épine qui pique et qui blesse douloureusement, 
par les vexations et les violences qu'elle commit contre les Israélites, aussi bien que 
leurs autres voisins les Tyriens, les Moabites, les Ammonites, etc. — L'environnent, la 
combattent. Dans l'hébreu comme dans la Vulgate, au lieu du singulier féminin la, on 
lit le masculin pluriel des; parce que Sidon, et maison d'Israël, sont mis ici pour les 
Sidoniens et les Israélites. — 7 A Sidon, « point de traces de sa grandeur passée, dit 
Lamartine. Une jetée circulaire, formée de rochers énormes, enceint une darse 
comblée de sable, et quelques pêcheurs avec leurs enfants, les jambes dans l'eau, 


(cn. xxix.] 

95, Voici ce que ditle Seigneur 
Dieu : Lorsque j'aurai rassemblé 
la maison d'Israël du milieu des 
peuples parmi lesquels ils. ont 
été dispersés, je serai sanctifié 
parmi eux devant les nations; 
et ils habiteront dans leur terre, 
que j'ai donnée à mon serviteur 
Jacob. 

96. Et ils y habiteront avec sé- 
curité, et ils bâtiront des mai- 
sons, et ils planteront des vignes, 
etils habiteront avec confiance, 
lorsque j'aurai exercé des juge- 
ments sur tous ceux quiles envi- 
ronnent et qui les combattent, et 
ilssauront que je suis le Seigneur 
leur Dieu. 


CHAPITRE XXIX. 


Prophétie contre le roi d'Egypte. Déso- 
lation de l'Egypte, et son rétablisse- 
ment. Autre prophétie de la désolation 
de l'Egypte. Promesses en faveur d'Is- 
raël. 


1. En la dixième année, au di- 
xieme mois, au onzième jour du 
mois, la parole du Seigneur me 
futadressée, disant : 

9. Fils dun homme, tourne ta 
facecontre Pharaon, roi d'Egypte, 


Cap. XXIX. 6. Isaïe, ,טאאא‎ 


ÉZÉCHIEL. 


1931 
ct tu prophétiseras sur lui etsur 
toute l'Egypte. 

3. Parle, et tu diras : Voici ce 
que dit le Seigneur Dieu : Voilà 
que moi je viens vers toi, Pha- 
raon, roi d'Egypte,grand dragon, 
qui te couches au milieu de tes 
fleuves, et dis : Le fleuve est à 
moi, et je me suis fait moi-même. 

4. Et je mettrai un frein à tes 
máochoires, et j'attacherai les pois- 
sons de tes fleuves à tes écailles ; 
et je te tirerai du milieu de tes 
fleuves, et tous les poissons s'at- 
tacheront à tes écailles. 

9. Et je te jeiterai dans le dé- 
sert, toi et tous les poissons de 
ton fleuve; tu tomberas sur la 
face de la terre; tu ne seras ni 
recueilli ni ramassé ; aux bétes de 
la terre et aux volatiles du ciel, 
je t'ai donné pour étre dévoré. 

6. Et tous les habitants de l'E- 
gypte sauront que je suis le Sei- 
gneur, parce que tu as été un 
báton de roseau pour la maison 
d'Israël. 

Quand ils t'ont pris avec la‏ .ד 
main, tu t'es rompu, et tu leur as‏ 
déchiré toute l'épaule; et lors-‏ 
qu'ils se sont appuyés sur toi, tu‏ 


poussent à la mer une barque sans máture et sans voiles, seule image maritime de 


cette seconde reine des mers. » 


25. Is; c'est-à-dire les Israélites, désignés par l'expression /a maison d'Israël. Voy. 
la note précédente. — Je serai sanctifié. Voy. sur cette expression, xx, 41. 


26, Ils. Voy. la note précédente. 


1. La divriéme année; de la captivité de Jéchonias et d'Ezéchiel. Compar. vin, 1. — 
Dixiéme mois. Voy. xxiv, 1. — Disant (dicens). Voy. ur, 16. 
2..* Contre Pharaon. Apriès ou Hophra, celui qui est appelé Ephrée, dans Jérémie, 


xXLIV, 30. Apriés mourut en 572 ou 571. 


3. Grand dragon; probablement le crocodile. — Au milieu de tes fleuves; entre le 


Nil et ses bras. 


4. Tous les voissons; ce sont les sujets du roi d'Egypte, qui s'attacheront à lui, le 
croyant inviucibie et impénétrable aux traits de ses ennemis; mais ils seront pris 
avec lui et menés dans une terre étrangère où ils périront. 

1. Tu t'es; littér. et par hébraisme, et tu t'es. La particule ef n'est pas ici conjonc- 


tive; elle marque seulement l'apodose, 


1932 
as été mis en pieces, ettu as brisé 
tous leurs reins. 

8. A cause de cela, voici ce que 
ditle Seigneur Dieu : Voilà que 
moi j'amenerai sur toi le glaive, 
et je tuerai de toi les hommes et 
les hétes. 

9. Et la terre de l'Egypte sera 
convertie en désert et en soli- 
tude; et ils sauront que je suis le 
Seigneur, parce que tu as dit : Le 
fleuve est à moi, et c'est moi qui 
l'ai fait. 

10. C'estpourquoi voici que moi 
je viens vers toi et vers tes fleu- 
ves: et je ferai de 18 terre d'Egypte 
des solitudes, après qu'elle aura 
été ravagée par le glaive, depuis 
la tour de Syene jusqu'aux fron- 
tières de l'Ethiopie. 

11. Le pied d’un homme ne la 
traversera pas, et le pied d’une 
bête n'y marchera pas; et elle ne 
sera pas habitée pendant qua- 
rante ans. 

12. Et je rendrai la terre d'E- 
gypte déserte parmi des terres 
désertes, et ses cités ruznées par- 
mi des villes ruinées, et elles se- 
ront désolées pendant quarante 
ans; et je disperserai les Egyp- 


ÉZÉCHIEL. 


[cu. xxix.) 


tiens parmi les nations, et je 
les jetterai au vent dans les dé: 
vers pays. 

13. Parce que voici ce que dit 
le Seigneur Dieu: Apres la fin de 
quarante années, je rassemblerai 
les Egyptiens du milieu des peu- 
ples, parmi lesquels ils. avaient 
été dispersés. 

14. Et je ramènerai les captifs 
de l'Egypte, et [6108 établirai dans 
la terre de Phathurès, dans. la 
terre de leur naissance, et là ils 
formeront un humble royaume ; 

15. Entre tous. les royaumes, 
elle sera le plus humble, et. elle 
ne s'élevera plus au-dessus des 
nations; et je les affaiblirai, pour 
qu'ils ne commandent pas aux na- 
tions. 

16. Et ils ne seront plus la con- 
fiance de la maison d'Israël, ἐμὲ 
enseignant liniquité, afin qu'ils 
me fuient et qu'ils les suivent; et 
ils sauront que je suisle Seigneur 
Dieu. 

17. Et il arriva en la vingt-sep- 
tième année, au premier 71075, au 
premier Jour du mois, que la. pa- 
role du Seigneur me fut adressée. 
disant : 


10. Depuis la tour de Syène; ou plutôt conformément à l'hébreu : Depuis Migdol 
jusqu'à Syène. Le mot migdol, qui signifie tour, était aussi un nom propre de ville 
mentionnée dans l'Exode (xiv, 2), dans les Nombres (xxxii, 1), et dans Jérémie (xuiv, 
1; xLvi, 14); עס‎ la Vulgate l'a rendu dans ces divers passages par Magdalum, et les 
Septante l'ont constamment traduit par Magdólon. — L'expression, depuis la tour de 
Syéne, se trouve de nouveau dans Ezéchiel (xxx, 6). Migdol était au nord, et Syéne 
au midi. — * Nabuchodonosor poussa ses conquêtes en Egypte jusqu'à Syène, dans 
la Haute-Egypte, aujourd'hui Assouan, près de la première cataracte du Nil, presque 
sous le tropique. 

13. Après la fin de quarante années; c'est-à-dire probablement lorsque Cyrus, au 
commencement de son règne, rendit la liberté à tous les peuples que Nabuchodonosor 
et ses prédécesseurs avaient emmenés captifs au delà de l'Euphrate. — Les Egyptiens; 
littér., l'Egypte; mais le pluriel masculin, i/s avaient été dispersés (dispersi fuerant): 
qui lui sert d'attribut, montre clairement que le pays est mis pour ses habitants. 

14. Phathurés; canton situé dans la Haute-Egypte, vers la Thébaide. 

11. La vingt-seplième année de la captivité de Jéchonias (Compar. vni, 1); l'année 
méme de la prise de Tyr, ou l'année suivante. Cette prophétie est postérieure à plu 
sieurs autres ci-après, — Premier mois de l’année sacrée et le septième de l'année 


xxx.]‏ .א6] 

18. Fils dun homme, Nabucho- 
donosor, roi de Babylone, a fait 
faire un grand travail à son ar- 
mée contre Tyr; toute téte est de- 
venue chauve, toute épaule s'est 
dépilée; et il ne lui à pas été 
donné de récompense, ni à son 


armée, au sujet de Tyr, pour le 
travail qu'il a fait pour moi con- 


tre elle. e 

19. A cause decela, voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Voilà que 
moi j'établirai Nabuchodonosor, 
roi de Babylone, dans la terre 
d'Egypte; etil en prendra la mul- 
titude, et il en fera son butin, et 
il enlévera ses dépouilles; et ce 
sera une récompense pour son 
armée, 

90. Et pour le service qu'il m'a 
rendu contre Tyr; jelui ai donné 
la terre d'Egypte, parce qu'il a 
travaillé pour moi, ditle Seigneur 
Dieu. 

21.Encejour-à, une corne pous- 
sera à la maison d'Israël; pour toi, 
je t'ouvrirai la bouche au milieu 


19. Jér., xLvi, 2. 


ÉZÉCHIEL. 


1933 


d'eux ; et ils sauront que je suis le 
Seigneur. 


CHAPITRE XXX. 


Désolation prochaine de l'Egypte; l'E- 
thiopie en sera saisie d'effroi. Le Sei- 
gneur achèvera de briser le bras de 
Pharaon et fortifiera le bras du roi de 
Babylone. 


1. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

2.Fils d'un homme, prophétise, 
et dis: Voiciceque ditle Seigneur 
Dieu : Hurlez, malheur, malheur 
au jour; 

9. Car le jour est pres, et il ap- 
proche, le jour du Seigneur, jour 
de nuage; ce sera le temps des 
nations. 

4. Et viendra un glaive sur l'E- 
gypte; et la frayeur sera dans l'E- 
thiopie, lorsque tomberont les 
blessés en Egypte; quand sa mul- 
lilude sera enlevée, et que ses 
fondements seront détruits. 

ὃ. L'Ethiopie, et la Libye, et la 
Lydie, et tout le reste des peuples, 


civile. Il commencait à la nouvelle lune de mars, selon les rabbins, mais c'était plus 
probablement à celle d'avril. 

18. * Nabuchodonosor avait assiégé Tyr pendant quatorze ans. Voir plus haut, xxvr, 2. 
Au bout de ce temps, la ville fut prise, mais le roi de Babylone n'eut pas de récom- 
pense, parce que, dit S. Jéróme, lorsque les Tyriens virent qu'ils ne pouvaient plus 
résister, ils emportérent leurs richesses dans leurs vaisseaux. 

19. Voilà que moi, etc. On a objecté contre la véracité de cette prophétie, que les 
auteurs profanes ne disent rien des conquêtes de Nabuchodonosor en Egypte. Mais 
Bérose et Mégasthène (300 ans avant Jésus-Christ), en ont parié. D'ailleurs le silence 
des auteurs profanes ne formerait qu'un argument purement négatif, qui n'aurait 
aucune valeur contre le témoignage positif d'une nation entière. — J'établirai; c'est 
le sens du latin dabo, expliqué par l'hébreu, car le verbe hébreu donner, signifie, 
mettre, poser, quand il se trouve dans la phrase construite comme l'est ici celle de 
la Vulgate. — La multitude; c'est-à-dire le peuple tout entier. 

21. Corne; mot qui, comme on l'a déjà vu plusieurs fois, était, chez les Hébreux, 
synonyme de force et de puissance. 


1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, ni, 16. 
"3. Le temps, etc.; c'est-à-dire, le temps du châtiment des nations. 
4. Sa mullitude; son peuple tout entier. 
8. La Lydie; fort différente de celle d'Asie. — Et tout le reste des peuples; et tous 


» 


1934 


et Chub, et les fils de la terre de 
l'alliance avec eux, sous le glaive 
tomberont. 

6. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Et ils tomberont, ceux qui 
soutenaient l'Egypte, et l'orgueil 
de son empire sera détruit; de- 
puis la tour de Syene, ils tombe- 
ront par l'épée, dit le Seigneur 
Dieu des armées; 

7. Et ils seront dispersés au 
milieu des terres désolées, et ses 
villes seront entre les cités dé- 
sertes. 

ὃ. Et ils sauront que je suis le 
Seigneur, lorsque j'aurai mis le 
feu dans l'Egypte et qu'auront été 
brisés tous ses auxiliaires. 

9. En ce jour-là, sortiront de de- 
vant ma face des messagers sur 
destriremes, pour détruire la con- 
fiance de l'Ethiopie, et 18 frayeur 
sera sur eux au jour de l'Egypte, 
parce que sans aucun doute ce 
jour viendra. 

10. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : J'anéantiraila multitude de 
l'Égypte par la main de Nabucho- 
donosor, roi de Babylone. 

11. Lui et son peuple avec lui, 
les plus puissants des nations se- 


Quar. XXX. 13. Zach., זזצ‎ 2. 


ÉZECHIEL. 


[cg. xxx.] 
rontamenés pour détruirele pays; 
ils tireront leurs glaives contre 
l'Egypte, etils rempliront la terre 
de tués. 

12. Et je mettrai à sec les lits 
des fleuves, et je livrerai le pays 
entre les mains des plus mé- 
chants ; je détruirai le pays et sa 
plénitude, par la main des étran- 
gers; c'est moi le Seigneur, qui 
ai parlé. * 

13. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Et j'exterminerai les simu- 
lacres, et j'anéantirai les idoles 
de Memphis; il n'y aura plus de 
prince du pays d'Egypte; et je 
porterai la terreur dans la terre 
d'Egypte. 

14. Je perdrai entierement la 
terre de Phathurès, et je mettrai 
le feu dans Taphnis, et j'exer- 
cerai des jugements dans Alexan- 
drie. 

45. Et je répandrai mon indi- 
gnation sur Péluse, la force de 
l'Egypte; je perdrai la multitude 
d'Alexandrie, 

16. Et je mettrai le feu dans 
l'Egypte; comme une femme en 
travail, Péluse sera dans les dou- 
leurs; Aiexandrie sera ravagée 


les autres peuples alliés à l'Egypte. Compar. xxvi, 10. — Chub; c'est-à-dire les Ciru- 
biens, que Ptolémée place dans la Maréote. 

1. Entre; littér., au milieu (in medio); c'est-à-dire au rang. 

9. Au jour de l'Egypte; au jour du châtiment, etc. 

10. La multitude; le peuple tout entier. 

12. * Les lits des fleuves; le Nil avec ses bras et ses nombreux canaux qui, comine 
autant de fleuves, arrosent l'Egypte et en font la richesse. 

13. Memphis; une des principales villes de l'Egypte, et le centre de l'idolàtrie égy p- 
tienne, — * n'y aura plus de prince du pays d'Egypte. Depuis Nectancbo, 16 deraier 
pharaon indigène, défait en 354 par Artaxerxes {1 Ochus, roi de Perse, l'Egypte a 
toujours été soumise aux étrangers : Perses, Macédoniens, Romains, Arabes et Turcs. 

14. Phathurés. Voy. xxix, 14. — Taphnis; une des principales villes de l'Egypte. — 
Alexandrie; voy. Jérém., xLvI, 25. 

15. Péluse; ville sur les ruines de laquelle fut bàtie Damiette; elle est appelée ἐκ 
force de l'Egypte, parce qu'elle en défendait l'entrée du côté de la Méditerranée, de 
l'Arabie et de la Palestine. — La multitude; le ocuole. 


(em. xxx.) 


0% dans Memphis seront des an- 
goisses continuelles. 

11. Les jeunes hommes d'Hé- 
liopolis et de Bubaste tomberont 
sous le glaive, et /es femmes 
elles-mémes seront emmenées 
captives. 

18. Et à Taphnis s'obscurcira le 
jour, lorsque jy briserai les 
sceptres de l'Egypte, et que l'or- 
gueil de sa puissance s'y éva- 
nouira : un nuage la couvrira 
elle-méme, mais ses filles seront 
emmenées en captivilé. 

19. Et j' exercerai des jugements 
en Egypte; et ils sauront que je 
suis le Seigneur. 

20. Et il arriva en la onzième 
année, au premier mois, au sep- 
tième Jour du mois, que la pa- 
role du Seigneur me fut adressée, 
disant : 

91. Fils dun homme, j'ai brisé 
le bras de Pharaon, roi d'Egypte; 
et voilà qu'il n’a pas été enve- 
loppé, de maniere que la guéri- 
son lui füt rendue; quii füt lié 
avec des compresses, et qu'il füt 
entouré de linges, afin qu'ayant 
repris sa force, il püt tenir un 
glaive. 


EZÉCHIEL. 


1935 

92. ("est pourquoi voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Voilà que 
mol Je viens vers Pharaon, roi 
d'Egypte; et je mettrai en pieces 
son bras fort, mais brisé; et je 
ferai tomber le glaive de sa 
main; 

23. Et je disperserai les Egyp- 
tiens parmi les nations, et je les 
jetterai au vent dans les divers 
pays. 

94. Et je fortifierai le bras du 
roi de Babylone, et je mettrai 
mon glaive dans sa main, et 76 
briser&i *es bras de Pharaon, et 
les siens pousseront de grands 
eémissements, étant tués devant 
sa face. 

95. Et je fortifierai les bras du 
roi de Babylone, et les bras de 
Pharaon tomberont; et ils sau- 
ront que je suis le Seigneur, 
lorsque j'aurai mis mon glaive 
dans la main du roi de Babylone, 
et qu'il aura étendu sur la terre 
d'Egypte. 

26. Et je disperserai les Egyp- 
tiens parmi les nations, je les jet- 
terai au vent dans les divers pays; 
et ils sauront que je suis le Sei- 
gneur. 


11. Héliopolis; ville dans la Basse-Egypte. — Bubaste; ville sur le bord oriental du 
bras du Nil le plus avancé vers l'Arabie. — * Le bras pélusiaque du Nil, à côté de 


la ville actuelle de Zagazig. 


18. Taphnis; ville d'Egypte trés fortifiée, où Pharaon avait une résidence (Jé;6m., 
xunr, 9), est différente de celle du vers. 14 : c'est celle que les géographes appellent 
Daphné de Péluse. — Ses filles; c'est-à-dire les autres villes. 

20. La onzième année de la captivité du roi Jéchonias (Compar. vir, 1), est celle de 
la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor. Ainsi cette prophétie est de beaucoup 
antérieure à celle qui commence, xxix, 11, et qui est continuée jusqu'ici. — Premier 


mois. Voy. xxix, 11. 


21. J'ai brisé, etc.; ce qui peut s'entendre de la victoire de Nabuchodonosor rern- 
portée sur Pharaon, lorsqu'il lui enleva tout ce qu'il possédait entre le Nil et l'Eu- 


phrate (IV Rois, xxiv, 1). 


22. Je mettrai en pièces; j'achèverai de briser 


1936 


CHAPITRE XXXI 


Le Seigneur exhorte le roi d'Egypte à con- 
sidérer la puissance du roi d'Assyrie, 
qui, quoique beaucoup. plus graude, 
avait néanmoins été détruite, et lui 
annonce le méme sort. 


1. Et il arriva en la onzième 
année, au troisieme mois, au pre- 
mier jour du mois, que la parole 
du Seigneur me fut adressée, di- 
sant : 

2. Fils d'un homme, dis à Pha- 
raon, roi d'Egypte, et à son 
peuple : À qui es-tu devenu sem- 
blable dans ta grandeur? 

3. Voilà qu'Assur était comme 
un cedre sur le Liban, beau en 
ses branches, abondant en feuil- 
lage, et d'une hauteur très éle- 
vée, et entre des rameaux touf- 
fus montait sa cime. 

4. Des eaux l'ont nourri; l'abime 
la fait pousser en haut; ses 
fleuves coulaient autour de ses 
racines, et il a envoyé ses ruis- 
seaux vers tous les arbres de la 
campagne. 

5. À cause de cela, sa hauteur 
s'est élevée au-dessus de tous 
les arbres de 18 contrée, et ses 
branches se sont multipliées; 
et ses rameaux se sont élevés, 


ÉZÉCHIEL. 


[cH. xxxr.] 


arrosés par les grandes eaux. 

6. Et, lorsqu'il eut étendu son 
ombre, tous les volatiles du ciel 
firent {eur nid sur ses rameaux, 
et sous son feuillage toutes ies 
bêtes des forêts déposèrent leurs 
petits, et sous son ombrage ha- 
bitait une troupe de nations tres 
nombreuses. 

7. Et il était très beau dans sa 
grandeur et dans létendue de 
ses branches, car sa racine était 
près des grandes eaux. 

8. Les cèdres n'étaient pas plus 
élevés dans le paradis de Dieu, 
les sapins n'égalaient pas sa cime, 
et les platanes ne lui étaient pas 
égaux en feuillage; aucun arbre 
du paradis de Dieu ne fut com- 
parable à lui et à sa beauté. 

9. Parce que je le fis s? beau, 
et avec des feuilles s? nombreu- 
ses et si épaisses, tous les arbres 
de délices, qui étaient dans le 
paradis de Dieu, lui ont porté 
envie. 

10. A cause de cela, voici ce 
que dit le Seigneur Dieu : Parce 
quil s'est élevé en hauteur, et 
qu'il a poussé sa cime verdoyante 
et touffue, et que son cœur s'est 
enorgueilli dans sa grandeur, 

11. Je 181 livré à la main de 


1. La onzième année. Voy. xxx, 20. — Troisième mois de l'année sacrée et le neu- 
vième de l'année civile. Il commençait à la nouvelle lune de mai, selon les rabbins, 
mais c'était plutôt à celle de juin. — Disant (dicens). Voy., 11, 46. 

2.* A Pharaon, Apriés. Ezéchiel fait cette prophétie contre l'Egypte trente-huit 
jours avant la prise de Jérusalem, pour montrer aux Juifs captifs à Babylone, qui 
espéraient encore que l'armée égyptienne délivrerait Jérusalem, combien leur espé- 
rance est vaine. 

3. Assur; le roi d'Assyrie et son royaume. 

4. Des eaux; ce sont les richesses et la puissance des Assyriens. — L'abime, ses 
fleuves; c'est-à-dire les nations diverses qui payaient le tribut aux rois d'Assyrie. — 
Ses ruisseaux; figurent les princes et les gouverneurs qu'ii envoyait dans les pro- 
vinces, à qui il faisait part de ses richesses et de son autorité. 

8. Le paradis de Dieu; allusion au paradis terrestre (Genèse, 1, 8) 

9. Tous les arbres; littér. et tous. Voy. xxix, 1. 

M. L'homme; mot évidemment sous-entendu; parce que l'adjectif masculin Le plus 


(cu. sxxr.] 
l'homme le plus fort des nations, 
qui agira comme il voudra ; selon 
son impiété je l'ai rejeté. 

19. Et des étrangers, et les 
hommes les plus cruels des na- 
tions le couperont par le pied, et 
le jetteront sur les montagnes; 
et dans toutes les vallées tom- 
beront ses rameaux, et ses bran- 
ches seront brisées sur tous les 
rochers de la terre; et tous les 
peuples de la terre se retireront 
de son ombrage et l'abandonne- 
ront. 

13. Dans ses ruines ont habité 
tous les volatiles du ciel, et dans 
ses rameaux ont demeuré toutes 
les bêtes de la contrée. 

14. C'est pour cetteraison qu'au- 
cun arbre planté sur les eaux ne 
s'élevera dans sa hauteur, etil ne 
portera pas son sommet au milieu 
de rameaux touffus et feuillus, et 
aucun de ceux qui sont arrosés 
par les eaux ne se soutiendra 
dans son élévation, parce que 
tous ont été livrés à la mort, 
précipités au fond de la terre, 
au milieu des fils des hommes, 
avec ceux qui descendent dans la 
fosse. 

15. Voici ce que dit le Seigneur 


ÉZÉCHIEL. 


1937 
Dieu : Au jour qu'il est descendu 
aux enfers, j'ai fait faire un deuil, 
je 181 couvert de l'abime; et j'ai 
arrêté ses fleuves, et retenu les 
grandes eaux : le Liban a été 
attristé sur lui, et tous les arbres 
des champs ont été ébranlés. 

16. Par le bruit de sa ruine, 
j'ai agité des nations, lorsque je 
le conduisais dans l'enfer avec 
ceux qui descendent dansla fosse; 
et ils se sont consolés au fond de 
laterre,tous les arbres de délices, 
beaux et magnifiques du Liban, 
tous ceux qui étaient arrosés par 
les eaux. 

17. Car eux-mêmes aussi des- 
cendront avec lui dans l'enfer 
parmi les tués par le glaive; et le 
bras de chacun d'eux restera im- 
mobile sous son ombrage au mi- 
lieu des nations. 

18. À qui as-tu été assimilé, ὃ 
illustreet sublime entre les arbres 
de délices? Voilà que tu as été pré- 
cipité au plus profond de la terre 
avec les arbres de délices, tu dor- 
miras au milieu des incirconcis, 
avec ceux qui ont été tués par le 
glaive;c'est là Pharaon lui-méme 
et toute sa multitude, dit le Sei- 
gneur Dieu. 


fort (fortissimi) ne saurait se rapporter à nations (gentiwm), qui est du féminin en 
latin aussi bien qu'en francais. Cet homme est Nabopolassar, pére de Nabuchodo- 
nosor, lequel détruisit la monarchie assyrienne et fonda celle des Chaldéens. — Qui 
agira, etc.; littér. et par hébraisme, agissant agira (faciens faciet). 

13. Dans ses ruines, etc. Les peuples soumis à l'empire d'Assyrie sont demeurés dans 
le méme assujettissement, mais sous un autre maitre. Ils sont restés dans leurs pro- 
vinces et dans leurs demeures, mais sous un prince différent. 

14. Au fond de la terre; c'est le sens de l'expression dans la terre dernière (ad ter. 
ram ultimam) de la Vulgate expliquée par l'hébreu. — La fosse; le tombeau. 

18-11. Les enfers, lenfer; en hébreu scheó/. Par ce mot il faut entendre, non le 
sépulcre, le tombeau, qui se dit en hébreu kéber, mais ce lieu souterrain que les Hé- 
breux regardaient comme le séjour des àmes aprés la mort. Ainsi c'est à tort que 
quelques interprétes catholiques traduisent les termes infernus, inferi de la Vulgate, 
par {ombeuu, sépulcre. 

18. Sa multitude; c'est-à-dire son peuple. 


r^ dp ig 122 


CHAPITRE XXXII. 


Lamentations sur la ruine de Pharaon. 
Autres lamentations sur la ruine du 
peuple de l'Egypte. 


1. Et il arriva, en la douzième 
année, au douzième mois, au pre- 
mier jour du mois, que la parole 
du Seigneur me fut adressée, di- 
sant : 

9. Fils d'un homme, fais enten- 
dre des lamentations sur Pha- 
raon, roi d'Egypte, et tu lui diras : 
Tu as été assimilé à un lion de 
nations etau dragon qui est dans 
la mer, et tu agitais £a corne dans 
tes fleuves, et tu troublais les 
eaux avec tes pieds, et tu foulais 
leurs fleuves. 

3. À cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur : J'étendrai sur toi 
mon filet par une multitude de 
peuples nombreux, et je t'entrai- 
nerai dans mon filet. 

4. Je te jetterai sur la terre, et 
je tétendrai sur la face d'un 
champ; et je ferai habiter sur toi 
tous les volatiles du ciel, et je ras- 
sasierai de toi toutes les bêtes de 
la terre. 

5. J'exposerai ta chair sur les 
montagnes, et je remplirai les 
collines de ta sanie. 

6. J'arroserai la terre sur les 
montagnes de ton sang infect; 


ÉZÉCHIEL. 


[cu. xxxir.] 
et les vallées seront remplies de 
toi. 

7. Et lorsque tu t'éteindras, je 
60 vrirai le ciel, et je ferai noircir 
ses étoiles; je couvrirai le soleil 
d'un nuage, etla lune ne donnera 
pas sa lumiere. 

8. Tous les flambeaux du ciel, 
je les ferai s'affliger sur toi; et je 
répandrai des ténèbres sur ta 
terre, dit le Seigneur Dieu; lors- 
que tomberont tes blessés sur la 
terre, dit le Seigneur Dieu. 

9. Et j'irriterai le cœur de peu- 
ples nombreux, lorsque j'appren- 
drai ta destruction parmi les na- 
tions, à des pays que tune connais 
pas. 

10. Et je frapperai de stupeur 
àtonsujet despeuplesnombreux ; 
et leurs rois seront saisis d'effroi 
et d'une horreur extréme à cause 
de toi, lorsque mon glaive com- 
mencera à voler sur leurs faces, et 
chacun sera soudainement frappé 
de stupeur pourson àme au jour 
de ta ruine. 

11. Parce que voici ce que dit 
le Seigneur Dieu : Le glaive du 
roi de Babylone viendra à toi ; 

19. Par les glaives des forts 
jabattrai ta multitude; toutes ces 
nations sont invincibles, et elles 
détruiront l'orgueil de l'Egypte, 
et sa multitude sera dissipée. 


XXXII. 3. Supra, xi, 13; xvu, 20. — 7. Isaie, xti, 10; Joel, ui, 10; ur, 15;‏ .ג 


Matth., xxiv, 29. 


1. La douzième année de la captivité du roi Jéchonias. Compar. vri, 4. — Douziéme 
mois de l'année sacrée etle sixième mois de l'année civile. Il commençait à la nou- 
velle lune de février, selon les rabbins, mais c'était plus probablement à celle de mars. 


— Disant. Voy. ur, 16. 


2. Dragon; probablement le crocodile. Compar. xxix, 3. — Tu agitais la corne; 
c'est-à-dire £u l'agitais avec force, avec violence. Les Hébreux employaient souvent 


le mot corne pour exprimer la force. 


6. De toi; c'est-à-dire de ce qui sortira de toi, 
10. Son âme; hébraisme, pour sa personne, son individu. 
11. * Du roi de Babylone; Nabuchodonosor, 


(cn. xxxn.] 

13. Et je ferai périr toutes ses 
bétes qui étaient le long des 
grandes, eaux; et le pied de 
l'homme ne les agitera plus, et le 
sabot des bétes ne les troublera 
pas. 

14. Alors je rendrai leurs eaux 
très pures, et je ferai couler leurs 
fleuves comme l'huile, dit le Sei- 
gneur Dieu, 

15. Lorsque j'aurailivré la terre 
d'Egypte à la désolation; mais la 
terre sera dénuée de ce qui la 
remplissait, quand j'aurai frappé 
tous ses habitants; et ils sauront 
que je suis le Seigneur. 

16. Voici un cantique de deuil, 
et on le chantera; les filles des 
nations le chanteront; c'est sur 
l'Egypte et sur sa multitude 
qu'elles le chanteront, dit le Sei- 
gneur Dieu. 

11. Et il arriva, en la douzieme 
année, au quinzième jour du 
mois, que la parole du Seigneur 
me fut adressée, disant : 

18. Fils dun homme, chante 
un cantique lugubre sur la mul- 
titude de l'Egypte; et précipite-la, 
elle-méme et les filles des nations 
puissantes, au fond de la terre, 
avec ceux qui descendent dans la 
fosse. 

19. Que qui es-tu plus belle? 
descends, et dors avec les incir- 
concis. 

90. C'est au milieu des tués par 


ÉZÉCHIEL. 


1929 


le glaive qu'ils tomberont, le 
glaive a été livré, ils l'ont attirée 
ainsi que tous ses peuples. 

21. Ils lui parleront du milieu 
de l'enfer, les plus puissants 
d'entre les forts qui sont descen- 
dus avec ses auxiliaires, et qui 
dorment incirconcis, tués par le 
glaive. 

22. Là est Assur et toute sa 
multitude ; autour de lui sont ses 
sépulcres, tous les tués, et ceux 
qui sont tombés sous le glaive; 

23. Dont les sépulcres ont été 
placés au plus profond d'une 
fosse; et sa multitude se trouve 
autour de son tombeau; tous 
tués et tombés sous le glaive, 
qui autrefois avaient répandu la 
frayeur dans la terre des vivants. 

24. Là est Elam, et toute sa 
multitude autour de son sépulcre ; 
tous ceux-ci tués et tombés sous 
le glaive; qui sont descendus in- 
circoncis au fond de la terre, qui 
ont jeté la terreur dans la terre 
des vivants, et ont porté leur 
ignominie avec ceux qui des- 
cendent dans la fosse. 

25. Au milieu des tués on a 
placé son lit parmi tous ses 
peuples; autour de lui est son sé- 
pulcre; tous ceux-ci sont des in- 
circoncis et des tués parle glaive ; 
car ils jetèrent la terreur dans la 
terre des vivants, et ils ont porté 
leur ignominie avec ceux qui 


16. Sa multitude; son peuple tout entier. 


11. La douziéme année. ΝΟΥ. vers. 1. — Du mois. Ce mois n'est pas nommé; c'est 
upparemment le douziéme dontil est parlé au vers. 1. 
18. La multitude; le peuple tout entier. — Les filles; c'est-à-dire les villes. — Au 


fond de la terre. La fosse. Voy. xxxi, 14. 


22. Assur; le roi d'Assyrie et son royaume. — Ses sépulcres; les sépuleres de tout 


son peuple. 


24. Elam; c'est-à-dire le roi des Elamites, peuple voisin des Assyriens, auxquels 
out succédé les Perses. Les Elamites avaient été autrefois trés puissants, comme on 


le voit dans Genèse, xiv et suiv = 


1010 
descendent dans la fosse ; c'est au 
milieu des tués qu'ils ont été 
placés. 

26. Là est Mosoch, et Thubal, et 
toute sa multitude; autour de lui 
sont ses sépulcres; tous ceux-ci 
sont des incirconcis, et des tués, 
et des tombés sous le glaive, 
parce qu'ils jeterent la frayeur 
dans la terre des vivants. 

27. Et ils ne dormiront pas avec 
les forts, et ceux qui sont tombés, 
et les incirconcis descendus dans 
l'enfer avec leurs armes, et qui 
ont mis leurs glaives sous leurs 
tétes; et leurs iniquités ont pé- 
nétré dans leurs os, parce qu'ils 
sont devenus la terreur des forts 
dans la terre des vivants. 

28. Et toi donc, au milieu des 
incirconcis lu seras brisé, et tu 
dormiras avec les tués par le 
glaive. 

29. Là est l'Idumée, et ses rois 
et tous ses chefs, qui ont été mis 
avec leur armée parmi les tués 
par le glaive, et qui ont dormi 
avec les incirconcis et avec ceux 
qui descendent dans la fosse. 

30. Là sont tous les princes de 


ÉZÉCHIEL. 


(cn. xxxm.] 


laquilon et tous les chasseurs 
qui ont été amenés avec les tués, 
tremblants et confondus dans 
leur force; qui ont dormi in- 
circoncis avec les tués par le 
glaive, et ont porté leur confusion 
avec ceux qui descendent dans la 
fosse. 

31. Pharaon les ἃ vus, et il s'est 
consolé de toute 88 multitude qui 
a été tuée par le glaive ; Pharaon 
et toute son armée, dit le Sei- 
gneur Dieu, 

32. Parce que j'ai répandu ma 
terreur dans la terre des vivants, 
et 11 a dormi au milieu des incir- 
concis avec les tués parle glaive; 
Pharaon et toute sa multitude, 
dit le Seigneur Dieu. 


CHAPITRE XXXITI. 


Ezéchiel est établi sentinelle pour la mai- 
son d'Israél. Le Seigneur ne veut pas 
la perte de la maison d'[sraél, mais sa 
conversion, En vain les enfants 0'18- 
raël se flattent-ils de demeurer en pos- 
session de leur terre, tandis qu'ils ir- 
ritent le Seigneur. Ils écoutent Ezéchiel 
sans profiter de ses avertissements. 


1. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 


26. Mosoch, Thubal. Voy. xxvi, 13. 


30. Tous les princes de l'aquilon; probablement les rois de Phénicie, de Syrie, de 
Tyr, de Sidon, etc., connus dans l'Ecriture sous le nom de princes du nord. — Les 
chasseurs; c'est-à-dire les hommes violents, les tyrans oppresseurs. — Qui ont dormi; 
qui sont morts. 


1. et suiv. * Seconde partie: Le rétablissement d'Israël et le royaume messianique, 
xxxmr-xLvir. — Cette seconde partie se divise en deux sections : 19 Prophéties sur 
la délivrance et le rétablissement d'Israél et sur la ruine des empires paiens, xxxuI- 
xxxix; — 20 Tableau prophétique du futur royaume de Dieu et de sa gloire, ה-א‎ 
Ces oracles, étant postérieurs à la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, annoncent 
d'abord le retour d'Israël dans la Terre Promise et la ruine de ses ennemis. Là pre- 
mière partie contenait principalement des menaces; la seconde est pleine de pro- 
messes. — 19 Elle s'ouvre par deux discours de Dieu à son Prophète, xxxui, 1-20 et 
23-33, indiquant quel doit être le but de la mission d'Ezéchiel, après la prise de Jé- 
rusalem. — 29 Dieu prédit que les mauvais pasteurs seront chassés, et que les 
brebis d'Israël seront confiées à un berger fidèle, xxxiv. — 89 L'Idumée sera ravagée à 
cause de sa haine contre Israël, xxxv. — 49 Au contraire, Israël sera rétabli dans la 
Terre Promise, et elle refleurira, xxxvi, 1-15, — 5» Toutes les nations seront bénies 


[cu. xxxur.] 


2. Fils d'un homme, parle aux 
fils de ton peuple, et tu leur diras: 
Quant à une terre, lorsque j'au- 
rai amené le glaive sur elle, et 
que le peuple de cette terre aura 
pris un homme des derniers des 
siens, et l'aura établi pour eux 
sentinelle ; 

3. Et que cet homme aura vu 
le glaive venant sur cette terre, 
et aura sonné de la trompette et 
aura averti le peuple; 

4. Mais que celui, quel qu'il soit, 
qui a entendu le son de la trom- 
pette, ne se garde pas, et que le 
glaive vienne et l'emporte et le 
iue, son sang sera sur sa téte. 

9. Il 8 entendu le son de la 
trompette, et il ne s'est pas 
gardé; son sang sera sur lui; 
mais s'il se garde, il sauvera son 
àme. 

6. Que si la sentinelle a vu le 
glaive venant, et qu'elle n'ait pas 
sonné de la trompette, et que le 
peuple ne se soit pas gardé, et 
que le glaive soit venu, et qu'il 
enlève une âme d'entre eux, 
celle-ci, à la vérité, aura été 


ÉZÉCHIEL. 


1941 
prise dans son iniquilé, mais je 
redemanderai son sang à la sen- 
tinelle. | | 

1. Et toi, fils d'un homme, jet'ai 
établi sentinelle pour la maison 
d'Israël; écoutant donc les paroles 
de ma bouche, tu les leur annon- 
ceras de ma part. 

8. Si, moi disant à l'impie : Im- 
pie, tu mourras de mort, tu ne 
parles pas pour que l'impie se 
garde de sa voie, lui-méme l'im- 
pie danssoniniquité mourra, mais 
je redemanderai son sang à ta 
main. 

9. Mais si, toi annonçant à l'im- 
pie qu’il se détourne deses voies, 
il ne se détourne pas de sa voie, 
lui-même dans son iniquité mour- 
ra, mais toi tu auras délivré ton 
áme. 

10. Toi donc, fils d'un homme, 
dis à la maison d'Israël : C'est 
ainsi que vous avez parlé, di- 
sant: Nos iniquités et nos péchés 
sont sur nous; nous y séchons, 
comment donc pourrons-nous. 
vivre? 

11. Dis-leur : Je vis, moi, dit le 


CBAP. XXXIII. 7. Supra, ni, 17, — 11. Supra, xvii, 23, 32. 


M MM —— — —— M —— M M M M S 


en Israël, xxxvi, 16-38. — 60 Vision des ossements desséchés et des deux morceaux de 
bois réunis, symbole de la résurrection du peuple captif sous un roi unique, xxxvir. 
— 19 Extermination de Gog et de son armée dans la terre d'Israél, xxxvir-xxxix. 

* 1.-33. 1° Mission d'Ezéchiel aprés la ruine de Jérusalem, xxx. Quand Jérusalem 
et son temple sont détruits, le Prophéte recoit une mission nouvelle. Le chátiment 
qu'il avait annoncé dans la premiére partie est maintenant réalisé; ses fréres sont 
accablés sous le coup, il est chargé de leur apporter des consolations et de leur indi- 
quer le moyen de rentrer en gràce avec Dieu. Tel est le sujet des deux discours que 
Dieu lui adresse dans le ch. xxx, 1-28, et 23-33. Ils sont séparés l'un de l'autre par 
une date et une notice historique, 21-22. La pensée principale est exprimée au 
vers. 11 : le fond de la prédication nouvelle doit étre celui-ci : Je ne veux pas la mort 
de l'impie, mais... qu'il vive. 

1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, mi, 16. 

2. Quant à une terre. Voy. xiv, 13. 

4. Son sang, etc.; il en sera seul responsable; nul autre que lui n'en répondra. 

ὃ. Son áme; hébraisme, pour sa personne, son individu. 

6. Une áme d'entre euz; c'est-à-dire un d'entre eux. 

8. Tu mourras de mort; hébraisme pour fu mourras infailliblement, 

14. Je vis, moi; formule de serment; c'est-à-dire je jure par moi-même, 


1942 


Seigneur Dieu; je ne veux pas la 
mort de l'impie, mais que l'impie 
se détourne desa voie et qu'il vive. 
Détournez-vous, détournez-vous 
de vos voies tres mauvaises; et 
pourquoi mourrez-vous, maison 
d'Israél? 

12. C'est pourquoi toi, fils d'un 
homme, dis aux fils de ton peu- 
ple: La justice du juste ne le déli- 
vrera pas, en quelque jour qu'il 
peche; et l'impiété de l’impie ne 
lui nuira pas, en quelque jour 
qu'il se détourne de son impiété ; 
et le juste ne pourra pas vivre 
dans sa justice, en quelque jour 
qu'il peche. 

13. Quand méme j'aurai dit au 
juste qu'il vivra de la vie, si, se 
confiant dans sa justice, il a com- 
mis l'iniquité, toutes ses ceuvres 
de justice seront livrées à l'oubli, 
et dans son iniquité méme, qu'il 
aura opérée, il mourra. 

14. Mais si je dis à l'impie : Tu 
mourras de mort, et qu'il fasse 
pénitence de son péché, et qu'il 
accomplisse le jugement et]a jus- 
lice; 

15. Et que cet impie rende le 
gage qu'on lui avait confié, et 
qu'il restituece qu'il avait enlevé, 
et qu'il marche dans les comman- 
dements de 18 vie, et qu'il ne fasse 
rien d'injuste, il vivra de la vie, et 
il ne mourra pas. 

16. Tous ses péchés quil a 
commis ne lui seront point im- 


20. Supra, xvi, 25. 


ÉZÉCHIEL. 


[cu. xxxur.] 
putés ; il a accompli le jugement 
et la justice, il vivra de la vie. 

17. Et les fils de ton peuple ont 
dit : Elle n'est pas d'un poids 
équitable, la voie du Seigneur; 
mais c'est leur voie qui est in- 
juste. 

18. Car lorsque le juste se 
sera écarté de sa justice, et qu'il 
aura commis des iniquités, il y 
mourra. 

19. Et lorsque l'impie se sera 
écarté de son impiété, qu'il aura 
accomplile jugement et la justice, 
il y vivra. 

20. Et vous dites : Elle n'est pas 
droite, la voie du Seigneur. Je ju- 
gerai chacun de vous selon ses 
voles, maison d'Israël. 

21. Et il arriva en la douzième 
année, au dixième mois, au cin- 
quieme Jour du mois de notre 
transmigration, qu'un homme qui 
avait fui de Jérusalem vint vers 
moi, disant : La cité a été dé- 
vastée. 

22. Or la main du Seigneur 
avait été sur moi le soir, avant 
que vint celui qui avait fui; et le 
Seigneur ouvrit ma bouche jus- 
qu'à ce qu'il vint vers moi le ma- 
tin; et ma bouche ayant été ou- 
verte, jene demeurai plus dans le 
silence. 

23. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

24. Fils d'un homme, ceux qui 
habitent dans ces lieux ruinés 


15-16. I vivra de la vie; hébraisme pour à vivra cerlainement. 
21. La douzième année. Voy. xxxu, 1. — Dixième mois. Voy. xx1v, 4. 
23. La main du Seigneur, etc. Voy. 1, 3. — Le Seigneur ouvrit, etc. Le Seigneur, en 


effet, l'avait promis à Ezéchiel (xx1v, 21). 


24. Ceuz qui habilent, etc.; le petit nombre de Juifs qui avaient été laissés dans le 
pays. Compar. Jérém., xxxix, 16-18. — Abraham etait seul encore, et sans postérité, 


lorsque la terre lui fut promise. 


CH, XXXIV.] 


sur la terre d'Israël, disent en 
parlant : Abraham était un seul 
homme et il a possédé cete terre 
en héritage; mais nous, nous 
sommes en grand nombre, le 
pays nous a été donné en posses- 
sion. 

95. A cause de cela, tu leur di- 
ras: Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Vous qui mangez des vian- 
des avec le sang, et qui levez vos 
yeux vers vos impuretés, et qui 
répandez le sang, est-ce que vous 
posséderez la terre en héritage? 

26. Vous vous étes appuyés sur 
vos glaives; vous avez fait des 
abominations ; chacun de vous a 
souilléla femme de son prochain; 
et vous posséderez la terre en hé- 
ritage ? 

97. Tu leur diras : Ainsi dit le 
Seigneur Dieu : Je vis, moi ; ceux 
qui habitent dans les lieux ruinés 
tomberont sous le glaive, et celui 
qui est dans les champs sera li- 
vré aux bétes pour étre dévoré, 
et ceux qui sont dans les forts et 
dans les cavernes mourront dela 
peste. 

28. Et je réduirai cette terre en 
uue solitude et en un désert, et 
sa force superbe défaudra ; et les 
montagnes d'Israél seront déso- 
1668 de ce qu'il n'y aura personne 
qui y passe. 

29. Et ils sauront que je suis le 
Seigneur, lorsque jaurai rendu 


ÉZÉCHIEL. 


1943 


cause de toutes leurs abomina- 
lions qu'ils ont commises. 

30. Et toi, fils d'un homme, les 
fils de ton peuple qui parlent de 
toilelong des murs et aux portes 
de leurs maisons, se disent l'un à 
l'autre, en parlant chacun à son 
compagnon : Venez, et écoutons 
quelle est 18 parole qui sort de la 
bouche du Seigneur. 

31. Et ils viennent vers toi com- 
me si un peuple s'avancait, et ils 
s'asseyentdevanttoi,comme étant 
mon peuple, etils écoutent tes pa- 
roles, et ils ne les accomplissent 
pas, parce qu'ils en font un can- 
tique qu'ils ont dans leur bou- 
che, et que leur cœur suit leur 
avarice. 

32. Et tu es pour eux comme un 
air de musique qui se chante d'un 
ton suave et doux, et ils écoutent 
tes paroles, et ils ne les accom- 
plissent pas. 

33. Mais lorsque sera arrivé ce 
qui a été prédit (car voici qu'il 
arrive), alors ils sauront qu'il y 
aura un prophéte parmi eux. 


CHAPITRE XXXIV. 


Prophétie contre les mauvais pasteurs 
d'Israél. Le Seigneur, vient juger les 
pasteurs et les brebis. Il rassemblera 
son troupeau etle fera paitre lui-méme. 
Il suscitera au milieu des brebis un 
pasteur unique. Il fera avec elles une 
alliance de paix. 


1. Et 18 parole du Seigneur me 


leur terre désolée et déserte à | fut adressée, disant : 


———————————M— 


1-31. * 20 Le Pasteur fidèle, xxxiv. La première consolation que Dieu donne à son 
peuple, aprés la grande catastrophe, est celle de la venue du pasteur fidèle, xxxiv. 
Les mauvais pasteurs qui ont perdu Israël, c'est-à-dire les prêtres et les rois infidéles, 
comme l'expliquent saint Ephrem et Théodoret, seront chassés, et le troupeau du 
Seigneur sera confié à un berger qui les gardera avec soin, 22-23. Ce bon pasteur, 
cest 16 Messie, Jsaie, xt, 11; Os., nr, 5; Jér., xxx, 5-6; Jean, 1, 45; x, 41, 44, 16; 
I Pierre, τι, 25. Plus loin, vers. 29, Jésus-Christ est appelé un germe renommé. Voir 
Isaïe, xi, 4-2,10; Jean, xv, 5. 

1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, 1, 16. 


1944 


9. Fils d'un homme, prophétise 
sur les pasteurs d'Israél : prophé- 
tise, et tu diras aux pasteurs 
Voici ce que ditle Seigneur Dieu : 
IMalheur aux pasteurs d'Israël qui 
se paissaient eux-mémes; n'est- 
ce pas les troupeaux que les pas- 
teurs font paitre? 

3. Vous mangiez le lait, et vous 
vous couvriez des laines, et ce 
qui était gras, vous l'égorgiez : 
mais mon troupeau, vous ne le 
paissiez pas. 

4. Ge qui était faible, vous ne 
l'avez pas fortifié; et ce qui était 
malade, vous ne l'avez pas guéri; 
et ce qui a été brisé, vous ne l'a- 
vez pas lié; et ce qui était égaré, 
vous ne l'avez pas ramené; et ce 
qui était perdu, vous ne lavez 
pas cherché ; mais vous leur com- 
mandiez avec rigueur et avec 
empire. 

9. Et mes brebis ont été disper- 
sées, parce qu'il n'y avait point 
de pasteur ; etelles sont devenues 
la pâture de toutes les bêtes des 
champs, et elles ont été disper- 
sées. 

6. Mes troupeaux ont erré sur 
toutes les montagnes et sur toute 
colline élevée; et sur toute la 6 
de la terre mes troupeaux ont 
été dispersés, et il n'y avait per- 
sonne qui les recherchât, il n'y 
avait personne, dis-je, qui les re- 
cherchát. 

7. À cause de cela, pasteurs, 
écoutez la parole du Seigneur. 


CHAP. XXXIV. 2. Jérém., xxur, 1; Supra, xin, 3. 


ÉZÉCHIEL. 


[cH. xxxiv.] 
8. Je vis, moi, dit le Seigneur 
Dieu : parce que mes troupeaux 
sont devenus une proie, et mes 
brebis la páture de toutes les 
bétes des champs, parce qu'il n'y 
avait pas de pasteur, car mes pas- 
teurs n'ont pas cherché mon trou- 
peau; mais les pasteurs se pais- 
saient eux-mémes, et mes trou- 
peaux, ils ne les paissaient pas ; 
9. A cause de cela, pasteurs, 
écoutez la parole du Seigneur. 

10. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Voilà que je viens moi- 
méme vers ces pasteurs; je re- 
demanderai mon troupeau à leur 
main, et j'empécherai qu'ils ne 
paissent à l'avenir un troupeau, 
et que ces pasteurs ne se paissent 
eux-mêmes; et j'arracherai mon 
troupeau à leur bouche, et il ne 
sera plus leur nourriture. 

11. Parce que voici ce que dit 
le Seigneur Dieu : Voilà que moi- 
méme je rechercherai mes bre- 
bis, et que je les visiterai. 

19. Comme un berger visite son 
troupeau au jour où il est au mi- 
lieu de ses brebis disséminées ; 
ainsi je visiterai mes brebis; et je 
les délivrerai de tous les lieux où 
elles avaient été dispersées dans 
un jour de nuage et d'obscurité ; 

43. Et je les retirerai d'entre 
les peuples, et je les rassemblerai 
de divers pays, et je les amenerai 
dans leur propre terre, et je les 
ferai paitre sur les montagnes 
d'Israél, le long des ruisseaux, et 


פיד 


2. Les pasteurs d'Israël sont les prêtres, les 1601108, les docteurs de la loi, les rois, 
les princes, les magistrats et les juges. — Les troupeaux ; c'est-à-dire les peuples. 

4. Ce qui «a été brisé, etc.; vous n'avez pas bandé les plaies des brebis blessées. 

12. Dans un jour, etc. Les loups profitent des brouillards et de l'obszurité pour 


ravir et dévorer les brebis. 


[cg. xxx1v.] 


dans tous les lieux habités du 
pays. 

14. Cest dans les pâturages les 
plus abondants que je les ferai 
paître, et sur les hautes monta- 
genes d'Israël que seront leurs 
pâturages : là, elles se reposeront 
sur des herbes verdoyantes, et 
elles paitront dans des pâturages 
gras, sur les montagnes d'Israël. 

15. C'est moi qui paitrai mes 
brebis, moi qui les ferai reposer, 
dit le Seigneur Dieu. 

16. Ce qui était perdu, je le re- 
chercherai; et ce qui était égaré, 
je le ramènerai; et ce qui était 
brisé, je le lierai; et ce qui était 
faible, je le fortifierai; et ce qui 
était fort et gras, je le conserve- 
rai, et je les ferai paitre avec dis- 
cernement. 

17. Mais vous, mes troupeaux, 
voici ce que ditleSeigneur Dieu : 
Voilà que moi je juge entre trou- 
peau et troupeau de béliers et de 
boucs. 

18. N'était-ce pas assez pour 
vous de paître en de bons pâtu- 
rages? mais vous avez de plus 


ÉZÉCHIEL. 


1945 
foulé aux pieds les restes de vos 
pâturages, 6110780 vous buviez 
une eau tres pure, vous troubliez 
le reste avec vos pieds. 

19. Et mes brebis paissaient ce 
qui avait été foulé par vos pieds, 
etce que vos pieds avaient trou- 
blé, ellesle buvaient. 

20. À cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Voilà que 
moi-méme je juge entre une bre- 
bis grasse et une maigre; 

21. Parce que vous heurtiez des 
côtés et de l'épaule, et que vous 
choquiez de vos cornes toutes les 
brebis faibles, jusqu'à ce qu'elles 
fussent dispersées dehors; 

99. Je sauverai mon troupeau, 
il ne sera plus en proie, et je ju- 
gerai entre brebis et brebis. 

93. Em JE SUSCITERAI SUR ELLES UN 
PASTEUR UNIQUE qui les paisse, mon 
serviteur David; lui-même me 
les paitra, et il sera pour elles un 
pasteur. 

24. Mais moi, le Seigneur, je 
serai leur Dieu, et mon serviteur 
David sera prince au milieu d'eux; 
c'estmoi, le Seigneur, qui ai parlé. 


23, Isaie, xr, 11; Osée, rir, 5; Jean, 1, 45; x, 11, 14. 


16. Ce qui était brisé. Voy. le vers. 4. — Avec discernement (in judicio); soit en 
choisissant les pâturages les moins exposés aux bêtes féroces, soit en examinant avec 
soin la nature, les qualités des troupeaux et de chaque animal en particulier, etc. 

11. Entre troupeau, etc. C'est la seule traduction dont nous aient paru susceptibles 
les mots de la Vulgate : Inter pecus et pecus, arietum et hircorum. 

18. * Ce n'est pas chose rare en Orient de voir des gens boire de l'eau troublée par 
les pieds de ceux qui sont dans le courant au-dessus d'eux. 

23. Un pasteur unique; C'est-à-dire le Messie, Jésus-Christ, d'après l'explication 
unanime des Juifs et des chrétiens. Il est désigné sous le nom de David ; comme dans 
Jérémie (xxx, 9), et dans Osée (ur, 6), parce que David était la figure du Messie, qui 
est descendu de lui selon la chair, et que son nom méme qui, en hébreu, signifie 
aimé, convient parfaitement à Jésus-Christ, appelé par son Père céleste mon fils bien- 
aimé (Matth., 11, 11, etc.). Le pasteur est unique, parce que, selon la remarque de 
saint Augustin, tous ceux qu'il rend participants de son autorité et de sa sollicitude 
pour paitre ses brebis, ne forment en lui qu'un seul pasteur. Dans ce verset et dans 
le 31e, le texte hébreu passe successivement des brebis aux Juifs, dont elles sont la 
figure; c'est pourquoi il emploie tantôt le féminin elles, et tantôt le masculin eux; 
dans tous les autres, il n'emploie, comme la Vulgate, que le masculin. 


1946 

95. Et je ferai avec eux une al- 
liance de paix, et j'exterminerai 
de la terre les bétes trés mau- 
vaises; el ceux qui habitent dans 
le désert dormiront avec sécu- 
rité dans les foréts. 

26. Et je les rendrai autour de 
ma colline une bénédiction; et 
jamenerai la pluie en son temps ; 
ce seront des pluies de bénédic- 
tion. 

97. Et l'arbre des champs don- 
nera son fruit, et la terre donnera 
son germe; et ils seront dans 
leur terre sans crainte; et 115 
sauront que je suis le Seigneur, 
lorsque j'aurai brisé les chaînes 
de leur joug, et que je les aurai 
arrachés de la main de ceux qui 
les tenaient sous leur empire. 

9%. Et ils ne seront plus en 
proie aux nations, et les bétes de 
la terre ne les dévoreront pas; 
mais ils habiteront avec confiance 
sans aucune crainte. 

99. Et je leur susciterai un 
germe renommé, ils ne seront 
plus détruits par la famine sur la 
terre, et ils ne porteront plus 
l'opprobre des nations. 

30. Et ils sauront que moi le 


31. Jean, x, 11. 


ÉZÉCHIEL. 


[cH. xxxv.] 


Seigneur leur Dieu, je suis avec 
eux, et qu'eux-mémes sont mon 
peuple, la maison d'Israél, dit le 
Seigneur Dieu. 

31. Mais vous, mes troupeaux, 
les troupeaux de mon pâturage, 
vous êtes des hommes, et moi je 
suis le Seigneur votre Dieu, dit le 
Seigneur Dieu. 


CHAPITRE XXXV. 


Prophétie contre l'Idumée, qui sera ré- 
duite en solitude, pour avoir répandu 
le sang des Israélites, et s'étre réjouie 
de leurs malheurs. 


1. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

2. Fils d'un homme, tourne ton 
visage contre le mont de Séir; 
prophétise sur lui, et tu lui diras : 

3. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Voilà que je viens vers toi, 
mont de Séir, et j'étendrai ma 
main sur toi, et je te rendrai dé- 
solé et désert. 

4. Tes villes, je les détruirai et 
tu seras désert; et tu sauras que 
je suis le Seigneur. 

5. Parce que tu as été un en- 
nemi éternel, et que tu as ren- 
fermé les fils d'Israël dans la 


C cd‏ 77 הווה 


26. Je les rendrai, etc.; ce qui peut signifier, ou que les Juifs seront comblés de 
bénédictions, puisque, en hébreu, le substantif mis au lieu de son adjectif exprime 
souvent le superlatif, ou qu'ils seront par leur pasteur une source de bénédictions 
pour leurs voisins. Au reste, quelque sens que l'on donne à ce verset, il se rapporte 
aussi bien que les précédents et les suivants au temps du Messie. 


1-15. * 3e Ruine de l’Idumée et restauration d'Israël, xxxv. — Ce ne seront point 
seulement les chefs impies qui ont perverti Israél qui seront punis, les peuples voi- 
sins qui ont coopéré ou applaudi à sa ruine, xxxv, 15, recevront aussi leur châti- 
ment. Edom, de qui la dévastation est annoncée, xxxv, représente ici les nations 
païennes, comme dans /saie, Lxur, 1-8; Ezéch., xxxvr, 9. Il sera ravagé, 1-4, à cause 
de sa haine pour Israël, 5-9, de son désir de s'emparer d'une partie du royaume de 
Juda et de ses blasphèmes contre Dieu, 10-15. 

^. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, ni, 16. 

2. Le mont de Séir; est pris ici pour toute l'Idumée. 

5, et suiv. Pour l'explication de la prophétie contre Séir, voyez xxv, 3 et suiv. 


CH. XXXVI.] 


main du glaive au temps de leur 
afflicüon au temps de leur ini- 
quité extréme; 

6. A cause de cela, je vis, moi, 
dit le Seigneur Dieu; je te livre- 
rai au sang, et le sang te pour- 
suivra; et puisque tu as hai le 
sang, le sang te poursuivra. 

7. Et je rendrai le mont de 
Séir désolé et désert; et j'en 
retrancherai l'allant et le reve- 
nant. 

8. Et je remplirai ses mon- 
lagnes de ses morts; sur tes col- 
lines, dans tes vallées, et le long 
de tes torrents, les tués sous le 
glaive tomberont. 

9. Je te réduirai en solitudes 
éternelles ; et tes cités ne seront 
pas habitées; et vous saurez que 
je suis le Seigneur Dieu. 

10. Parce que tu as dit: Deux 
nations et deux terres seront à 
moi, et je les posséderai en hé- 
ritage, quoique le Seigneur y 
füt; 

11. À cause de cela, je vis, moi, 
dit le Seigneur Dieu, j'agirai se- 
lon ta colere et selon ta jalousie 
que tu as exercées, parce que tu 
les haissais; et je me ferai con- 
naitre par eux, lor-que je t'aurai 
jugé. 

19. Tu sauras que moi, le Sei- 
gneur, jai entendu toutes les 
paroles outrageantes que tu as 
proférées contre les montagnes 


04. XXXVI. 1, Supra, vr, 3. 


ÉZÉCHIEL. 


1917 
d'Israël, en disant : Ce sont des 
déserts; ils n us ont été donnés 
pour étre dévorés. 

18. Et vous vous étes élevés 
contre moi par votre bouche, et 
vous avez prononcé dédaigneu- 
sement contre moi vos paroles; 
moi j'ai entendu. 

14. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Lorsque toute la terre se 
réjouira, je te réduirai en une 
solitude. 

15. Comme tu t'es réjoui sur 
l'héritage de la maison d'Israël, 
de ce qu'elle avait été dévastée, 
ainsi je te ferai; tu seras dévasté, 
mont de Séir, et toute l'Idumée; 
et ils sauront que je suis le Sei- 
gneur Dieu. 


CHAPITRE XXXVI. 


Promesse du retour des enfants d'Israël 
et du rétablissement de leur terre. Ce 
ne sera pas à cause de leurs mérites, 
mais pour la gloire du Seigneur. Dieu 
leur donnera un cœur et un esprit 
nouveau. Les biens dontilles comblera 
le feront reconnaitre pour le Seigneur. 


1. Mais toi, fils d'un homme, 
prophétise sur les montagnes 
d'Israél, et tu diras : Montagnes 
d'Israël, écoutez la parole du Sei- 
gneur; 

2. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu: Parce que l'ennemi a dit 
de vous : Tres bien, des hauteurs 
éternelles nous ont été données 
pour héritage; 


6, 11. Je vis, moi. Voy. xxxnr, 11. — Je /6 livrerai, etc. Cela fut accompli sous Judas 
Machabée (I Machab., iv, 15; v, 3; 11 Machab., x, 16, 41). 

10. Deux nations, etc.; l'Idumée et Israél, ou bien Juda et Israël. 

13. Vous vous étes, etc.; vous avez tenu des discours outrageants contre moi, et 
vous avez dérogé à mon honneur par vos paroles. 


1-15. * 4» Restauration d'Israël, xxxvr, 1-15. La terre d'Israël, dontles paiens se sont 
emparés, xxxvi, 1-7, sera rendue à ses enfants et de nouveau heureuse, 8-15. 


1948 

3. À cause de cela, prophétise, 
et dis: Voici ce que dit le Sei- 
gneur Dieu : Parce que vous avez 
été désolées et foulées aux pieds 
de tous cótés, et que vous avez 
été l'héritage des autres nations, 
et que vous êtes devenues la 
raillerie et l'opprobre du peuple; 

4. À cause de cela, montagnes 
d'Israél, écoutez la parole du Sei- 
gneur Dieu aux montagnes et aux 
collines, aux torrents, et aux val- 
lées, et aux déserts, aux maisons 
ruinées, et aux villes abandon- 
nées qui ont été dépeuplées et 
insultées par les autres nations 
d'alentour; 

ὃ. A cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Puisque 
dans le feu de mon zèle j'ai parlé 
contre les autres nations et con- 
tre toute l'Idumée, qui se sont 
attribué ma terre comme un hé- 
ritage, avec joie, et de tout leur 
cœur et de toute leur âme, et qui 
l'ont dépeuplée pour la ravager. 

6. En ce cas, prophétise sur la 
terre d'Israël, et Lu diras aux mon- 
tagnes, aux collines, et aux co- 
teaux et aux vallées : Voicice que 
dit le Seigneur Dieu : Voilà que 
moi j'ai parlé dans mon zèle et 
dans ma fureur, parce que vous 
avez été couverts de confusion 
par les nations. 

7. C'est pourquoi voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Moi, j'ai 


ÉZÉCHIEL. 


[cH. xxxvi.] 


levé ma main, afin que les na- 
tions qui sont autour de vous 
portent elles-mêmes leur confu- 
sion. 

8. Et vous, montagnes d'Israël, 
poussez vos branches et portez 
votre fruit pour mon peuple Is- 
raél; car il est près de venir; 

9. Parce que voici que je viens 
vers vous, et que je me retourne- 
rai vers vous; et que vous serez 
labourées, et que vous recevrez 
la semence. 

10. Et je multiplierai en vous 
les hommes, et j'y ferai croître 
toute la maison d'Israël; et les ci- 
tés seront habitées, et les lieux 
ruinés seront rétablis. 

11. Et je vous remplirai d'hom- 
mes et de bétes; et ils se multi- 
plieront et ils croitront; et je vous 
ferai habiter comme dès le prin- 
cipe, je vous donnerai de plus 
grands biens que vous n'en avez 
eu au commencement, et vous 
saurez que je suis le Seigneur. 

19. Et j'amenerai sur vous des 
hommes, mon peuple Israél; et 
ils te posséderont comme leur 
héritage, et tu ne seras plus de 
nouveau sans eux. 

13. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Parce qu'on a dit de vous: 
Tu dévores les hommes, tu étouf- 
fes ta propre nation ; 

14. A cause de cela, tu ne dé- 
voreras plus les hommes, ettu ne 


3. Vous étes devenues, etc.; littér., e£. vous étes montées sur une lèvre de langue; 
c'est-à-dire vous avez passé par les bouches des hommes. 

5. Ils l'ont dépeuplée (ejecerunt eam); c'est-à-dire ils en ont chassé les habitants. 

1. J'ai levé ma main; j'ai juré. 

19. Dans ce verset et les suivants, le texte sacré, en parlant d'Israél, emploie tantôt 
le singulier et tantót le pluriel, parce qu'il considére tantót la terre, le pays, et 
tantôt ses habitants. — Tu ne seras plus de nouveau sans eux; littér. et par hé- 
braisme, tu n'ajouleras plus que tu sois sans eux. En hébreu, en effet, le verbe ajouter 
tient souvent lieu de l'adverbe derechef, de nouveau. — Sans eux; sans tes habi- 
tants. 


[ca. xxxvi.] 


détruiras plus ta nation, dit le 
Seigneur Dieu. 

15. Je ne ferai plus entendre en 
toi laconfusior dont te couvraient 
les nations, et tu ne porteras en 
laucune maniere l'opprobre des 
'peuples; et tu ne perdras plus ta 
nation, dit le Seigneur Dieu. 

16. Etla parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

47. Fils d'un homme, les en- 
fants d'Israél ont habité dans leur 
terre; ils l'ont souillée par leurs 
voies et par leurs affections; 
comme est l'impureté de la fem- 
me qui a ses mois, ainsi est deve- 
nue leur voie devant moi. 

18. Aussi ai-je répandu mon in- 
dignation sur eux, à cause du 
sang qu'ils ont versé sur la terre, 
et à cause de leurs idoles, par 
lesquelles ils l'ont souillée. 

19. Et je les ai dispersés parmi 
les nations, etils ontété jetés au 
vent dans les divers pays; et se- 
lon leurs voies et leurs inven- 
tions, je les ai jugés. 

90. Ils sont entrés chez les na- 
tions vers lesquelles ils étaient 
allés et ils ont souillé mon saint 
nom, lorsqu'on disait d'eux : C'est 

20. Is., zur, 5; Rom., 11, 24. 


EZÉCHIEL. 


1949 


le peuple du Seigneur, et c'est de 
sa terre qu'ils sont sortis. 

21. Et j'ai épargné la sainteté 
de mon nom, qu'avait souillé la 
maison d'Israël parmi les nations 
chez lesquelles ils entrèrent. 

29. C'est pour cela que tu diras 
à la maison d'Israël : Voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Ce n'est pas 
à cause de vous, maison d'Israël, 
que j'agirai, mais c'est à cause 
de mon nom saint que vous avez 
souillé parmi les nations chez 
lesquelles vous étes entrés. 

93. Et je sanctifierai mon grand 
nom, qui a été souillé parmi les 
nations et que vous avez souillé 
au milieu d'elles; afin que les na- 
tions sachent que je suis le Sei- 
gneur, ditle Seigneur des armées, 
lorsque j'aurai été sanctifié parmi 
vous devant eux. 

24. Car je vous retirerai d'entre 
les nations, et je vous rassemble- 
rai de tous les pays, et je vous 
ramenerai dans votre terre. 

95. Et je répandra: sur vous 
une eau pure, et vous serez puri- 
fiés de toutes vos souillures, et je 
vous purifierai de toutes vos 
idoles. 


49. Tu ne perdras, ete.; ton peuple ne sera plus chassé, 


16-38. * 5» La félicité d'Israël devient la félicité universelle, xxxvi, 16-38. La félicité 
d'Israél deviendra celle de tous, Dieu pardonnera ses péchés à son peuple, 16-21; il 
le rassemblera des lieux dans lesquels il est dispersé, il le fera marcher dans ses 
commandements et lui communiquera un esprit nouveau, 22-28; il le bénira, et tous 
les peuples reconnaitront ainsi qu'il est le seul vrai Dieu, 29-38. 

16. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, rir, 16. 

19, Inventions. Voy., sur ce mot, xiv, 22. 

20. Ils ont souillé, etc.; ils ont donné aux peuples étrangers qui ne me connais- | 
saient pas occasion de blasphémer mon nom, en voyant si impie ét si corrompu un 
peuple qui se disait l'élu et le privilégié du Dieu créateur du ciel et de la terre. 
Compar. 12046, χων, 9; 111, 5. 

23. J'aurai été sanctifié. Voy., sur cette expression, xx, 4l. 

25. EL je répandrai, ete.; allusion aux aspersions qui étaient usitées chez les an- 
ciens Hébreux pour se purifier des souillures légales, et qui figuraient la purification 
future par le sang de Jésus-Christ. — Les Péres et la plupart des interprétes recon- 


1950 

26. Et je vous donnerai un 
cœur nouveau, et je mettrai un 
esprit nouveau au milieu de vous; 
et j'óterai le cœur de pierre de 
votre chair, et je vous donnerai 
un cœur de chair. 

21. Et mon esprit, je le mettrai 
au milieu de vous; et je ferai 
que vous marchiez dans mes pré- 
ceptes, et que vous gardiez mes 
ordonnances, et que vous les pra- 
liquiez. 

28. Et vous habiterez dans la 
terre que j'ai donnée à vos peres: 
vous serez mon peuple, et moi je 
serai votre Dieu. 

29. Et je vous délivrerai detou- 
tes vos souillures; et j'appellerai 
le froment, et je le multiplierai, et 
je ne ferai plus peser sur vous la 
famine. 

30. Je multiplierai le fruit des 
arbres et les productions des 
champs, afin que vous ne portiez 
plus l'opprobre de la famine de- 
vant les nations. 

91. Et vous vous souviendrez 
de vos voies trés mauvaises et de 
. vos affections déréglées; et vos 
crimes et vos iniquités vous dé- 
plairont. 

32. Ce n'est pas à cause de vous 
que j'agirai, dit le Seigneur Dieu, 
sachez-le ; soyez confus et rougis- 
sez de vos voies, maison d'Israél. 


26. Supra, xi, 19. 


EZECHIEL. 


[cu. xxxvir.] 

33. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Le jour auquel je vous au- 
raipurifiés de toutes vos iniquités, . 
61 quej'auraifaithabiter vos villes, 
et que j'aurai rétabli les lieux rui- 
nés ; 

34. Et qu'aura été bien cultivée 
la terre qui était autrefois dé- 
serteet désolée aux yeux du voya- 
geur, 

39. On dira : Cette terre inculte 
est devenue comme un jardin de 
délices; et les cités désertes, et 
abandonnées, et démolies, sont 
fortifiées. 

90. Et toutes les nations qui se- 
ront restées autour de vous, sau- 
ront que c'est moile Seigneur qui 
ai rétabli les lieux ruinés, planté 
les champs incultes, que c'est moi 
le Seigneur qui ai parlé et exé- 
cuté. 

31. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Encore en ceci, Les enfants 
de la maison d'Israél me trouve- 
ront disposé à agir pour eux; je 
les multiplierai comme un trou- 
peau d'hommes ; 

38. Comme un troupeau saint, 
comme le troupeau de Jérusalem 
dans ses solennités; c'est ainsi 
que les cités désertes seront rem- 
plies de troupeaux d'hommes; et 
ils sauront que je suis le Sei- 
gneur. 


naissent que les grandes promesses contenues dans ce verset et les suivants n'ont 
recu leur entier accomplissement que dans la nouvelle alliance dont Jésus-Christ est 
le médiateur, et dont un caractère distinctif est cet enseignement par lequel Dieu, 
répandant son esprit en nous, nous donne un cœur nouveau et un esprit nouveau, 
c'est-à-dire de nouvelles affections, de nouveaux sentiments conformes aux vérités 
que la foi nous enseigne et aux règles que l'Evangile nous prescrit, 

26. * Le cœur de pierre. Voir la note plus haut, xt, 19. 

31, Les enfants; est évidemment sous-entendu. Voy, le vers, 12, 


xxxvir.]‏ ,8ס] 


CHAPITRE XXXVII. 


Prophétie du retour de la captivité des 
Juifs, sous la figure d'un champ plein 
d'ossements secs qui revivent. Réunion 
d'Israël et de Juda. Un seul roi les 
commandera. Le sanctuaire du Seigneur 
sera fixé au milieu d'eux. 


1. La main du Seigneur fut sur 
moi, et elle me mena dehors par 
l'esprit du Seigneur, et elle me 

conduisit au milieu d'un champ, 
qui était plein d'ossements. 

9. Elle me mena tout autour de 
ces ossements; oril y en avait un 
trés grand nombre sur la face du 
champ, etils étaientextrémement 
desséchés. 

3. Et il me dit : Fils d'un hom- 
me, penses-tu que ces ossements 
vivront? Et jedis:SeigneurDieu, 
c'est vous qui le savez. 

4. Et il me dit : Prophétise sur 
ces ossements, et tu leur diras : 
Ossements arides, écoutez la pa- 
role du Seigneur. 

5. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu à ces ossements : Voilà que 


ÉZÉCHIEL. 


1951 


moi j'enverrai en vous un esprit, 
et vous vivrez. 

6. Et je mettrai sur vous des 
nerfs, et je ferai croitre sur vous 
des chairs, et j'étendrai en vous 
une peau; et je vous donnerai un 
esprit, et vous vivrez,et vous sau- 
rez que je suis le Seigneur. 

7. Et je prophétisai comme il 
m'avait ordonné; et il se fit un 
bruit, moi prophétisant, et voilà 
un ébranlement ;etdesossements 
s’approchèrent des ossements, 
chacun à sa jointure. 

8. Et je vis, et voilà que des 
nerfs et des chairs sur eux se pla- 
cerent; et une peau s'y étendit par 
dessus; mais un esprit, ils ne l'a- 
valent pas. 

9. Et il me dit : Prophétise à 
l'esprit, prophétise, fils d'un hom- 
me, et tu diras à l'esprit : Voicice 
que dit le Seigneur Dieu : Viens 
des quatre vents, esprit, et souffle 
sur ces hommes tués, et qu'ils re- 
vivent. 

10. Et je prophétisai comme il 
m'avait ordonné ; et l'esprit entra 


1-28. * 60 Vision des ossements desséchés. Dans le ch. xxxvir, Ezéchiel décrit une 
de ses plus belles visions, celle des ossements desséchés qui revivent, 1-14. Elle est 
accompagnée de celle des deux morceaux de bois réunis, qui ne forment plus qu'un 
seul tout, 15-28. L'une et l'autre sont le symbole de la résurrection du peuple capti, 
sous un roi unique, sous la houlette du Pasteur-Messie qui a été déjà annoncé plus 
haut, xxxiv, 23. — 19 Les vers. 1-10 exposent la vision des ossements arides, les 
vers. 11-14 en donnent l'explication. Théodoret ἃ observé avec justesse que la résur- 
rection des corps se fait par deux actes successifs, comme la création de l'homme 
dans la Genèse ; Dieu restitue d'abord le corps, 1-8, et puis il lui rend l'àme, 9-10. Dieu 
explique lui-méme à Ezéchiel le sens de ce qu'il lui à montré : Tous ces ossements sont 
la maison d'Israél, M ; elle se relèvera et sera rétablie dans la Terre Sainte. — Les 
Péres et les docteurs ont vu dans cette vision magnifique une preuve soit directe, 
soit plutôt indirecte et typique, de la résurrection générale. — 20 15-28. Non seule- 
ment Israél recouvrera sa patrie, mais il ne sera plus divisé : Juda et Ephraim seront 
comme deux morceaux de bois inséparablement réunis. 

1. La main du Seigneur. Voy. 1, 3. Cette résurrection des ossements desséchés se 
rapporte à la délivrance de la captivité des Juifs et figure en méme temps la résur- 
rection future des morts. Car, comme le remarquent Tertullien, saint Jéróme, Théo- 
doret, et plusieurs autres aprés eux, la parabole ou la figure tirée de la résurrection 
suppose l'existence de la chose dont elle est prise; car on ne prend pas de similitude 
d'une chose qui n'existe pas. 

8. * Un esprit qui anime et donne la vie. 


1059 
dans les ossements, et ils devin- 
rent vivants, et ils se tinrent sur 
leurs pieds, formant une armée 
innombrable. 

41. Et il me dit : Fils d'un hom- 
me, tous ces ossements sont les 
enfants de 18 maison d'Israël ; ils 
disent eux-mémes : Nos osse- 
ments sont devenus arides, et no- 
ire espérance est perdue, et nous 
sommes retranchés. 

12. À cause de cela, prophétise, 
et tu leur diras : Voici ce que dit 
le Seigneur Dieu : Voilà que moi 
jouvrirai vos tombeaux, et je 
vous tirerai de vos sépulcres, mon 
peuple, et je vous conduirai dans 
la terre d'Israël. 

13. Et vous saurez que je suis 
le Seigneur, lorsque j'aurai ou- 
vert vos sépulcres, et que je vous 
aurai tirés de vos tombeaux, mon 
peuple; 

14. Et que jaurai mis mon es- 
prit en vous, et que vous aurez 
vécu, et que je vous ferai reposer 


ÉZÉCHIEL. 


xxxvir.]‏ .אס] 


sur votre terre; et vous saurez 
que c'est moi le Seigneur qui ai 
parlé, et exécuté, dit le Seigneur 
Dieu. 

15. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

16. Et toi, fils d'un homme, 
prends un morceau de bois, et 
écris-y dessus : C'est le bois de 
Juda et desenfants d'Israël qui lui 
sontunis;et prends unautre mor- 
ceau de bois et écris-y dessus : 
Pour Joseph, pour le bois d'E- 
phraim, et pour toute la maison 
d'Israéletdeceux quiluisontunis. 

11. Et joins-les l'un à lautre, 
pour qu'ils ne soient pour toi 
qu'un seul bois; et ils seront unis 
dans ta main. 

18. Mais lorsque les fils de ton 
peuple te diront, en parlant : Est- 
ce que vous ne nous indiquez pas 
ce que vous voulez par là? 

19. Tu leur diras : Voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Voilà que 
moi je prendrai 16 bois de Joseph 


11. Les enfants. Voy. טאאא‎ 31. 


15. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, rit. 16. 


16. Prends; littér. et par hébraisme, prends-toi (sume tibi). — Un morceau de bois 
ou du bois (lignum); vrai sens de l'hébreu é/s. Les mots planche, ais, de la paraphrase 
chaldaique, et celui de verge qu'on lit dans les Septante ne sont que de simples in- 
terprétations et nullement des traductions proprement dites. — De Juda et des en- 
fants. La plupart des exemplaires de la Vulgate lisent au génitif, mais il en est qui 
portent le datif Jude, et filiis Israel sociis ejus, conformément à l'édition Sixtine. 
Quant au texte hébreu, on peut le rendre aussi exactement par le génitif que par le 
datif. Au reste, ces deux leçons reviennent au même sens. — Par les enfants d'Israël 
qui lui (à Juda) sont unis, il faut entendre les tribus de Benjamin et de Lévi, et plu- 
sieurs Israélites des autres tribus, lesquels, lors du schisme de ces dernières, ne 
voulant point participer à l'idolátrie des veaux d'or de Jéroboam, se retirérent dans 
le royaume de Juda, et firent partie des états de Roboam. Voy. 111 Rois, xt, 13; xu, 47; 
}1 Paralip., x1, 18 et suiv. 

11. £L joins-les, etc. Cet ordre que reçoit le Prophète marque la réunion des dix 
tribus avec celle de Juda; réunion qui eut lieu, en effet, après le retour de Baby- 
lone; en sorte qu'on ne distingua plus Juda d'Israél, comme formant deux royaumes 
différents. Dans un sens plus relevé, la jonction de ces deux bois signifiait la réunion 
des peuples de toutes les nations dans l'Eglise de Jésus-Christ, Compar., Galat, ΠΙ, 
28; Ephés., τι, 14; Coloss., nur, 11. | 

19. Le bois de Joseph, etc.; c'est-à-dire que Jéroboam, premier roi des dix tribus, 
dius. Ephraimite, Joseph, ou Manassé, et les autres tribus étaient dans la main d'E- 
phraim. 


[cu. xxx vur.] 
qui est dans la main d'Ephraim, 
et les tribus d'Israél qui lui sont 
unies, et je les joindrai avec le 
bois de Juda, et j'en ferai un seul 
bois, et ils n'en seront qu'un dans 
sa main. 

20. Or ces bois sur lesquels tu 
auras écrit seront dans ta main, 
devant leurs yeux. 

91. Et tu leur diras : Voici ce 
que dit le Seigneur Dieu : Voilà 
quemoi je prendrai les fils d'Israël 
du milieu des nations vers les- 
quelles ils sont allés; je les ras- 
semblerai de toutes parts, et je les 
ramenerai dans leur terre, 

22. Et je ferai d'eux une seule 
nation dansleur terre surles mon- 
tagnes d'Israël, et un seul roi 
commandera à tous; et à l'avenir 
ils ne formeront pas deux nations, 
et ils ne seront plus divisés en 
deux royaumes. 

23. Et ils ne se souilleront plus 
par leurs idoles, et par leurs abo- 
minations, et par toutes leurs ini- 
quités; je les sauverai en les re- 
tirant de tous les lieux de séjour 
oü ils ont péché, et je les purifie- 
rai; et ils seront mon peuple, et 
moi je seraileur Dieu. 

24. Et mon serviteur David sera 
leur roi; un seul pasteur sera pour 
eux tous; ils marcheront dans 


ÉZÉCHIEL. 


1055 
mes ordonnances, ils garderont 
mes commandements, et ils les 
pratiqueront. 

25. Et ils habiteront sur la terre 
que j'ai donnée à mon serviteur 
Jacob, dans laquelle ont habité 
vos peres ; et ils y habiteront, eux 
et leurs enfants, et les enfants de 
leurs enfants à jamais; et David, 
mon serviteur, sera leur prince 
pour toujours. 

26. Et je ferai avec eux une al- 
liance de paix; un pacte avec eux 
sera éternel; et je les établirai 
solidement, et je les multiplierai, 
et je placerai mon sanctuaire au 
milieu d'eux pour toujours. 

27. Et mon tabernacle sera au 
milieud'eux ; et je serai leur Dieu, 
et eux seront mon peuple. 

28. Et les nations sauront que 
je suis le Seigneur, le sanctifica- 
teur d'Israél, lorsque mon sanc- 
tuaire sera au milieu d'eux pour 
toujours. 


CHAPITRE XXXVIII. 


Prophétie contre Gog. Ce prince viendra 
avec une armée nombreuse contre les 
enfants d'Israél récemment revenus de 
leurcaptivité. Le Seigneur exterminera 
ce prince et son armée. 


1. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 


Cuar. XXXVII. 22. Jean, x, 16. — 24. [s., xr, 11; Jér., xxur, 5; Supra, xxxiv, 23; 
Dan., 1x, 24; Jean, 1, 49. — 26. Ps. cix, 4; exvi, 2; Jean, ,זוא‎ 


22. Un seul voi. C'est Jésus-Christ, à qui seul cette prophétie peut convenir à la 


rigueur de la lettre. 


24. Mon serviteur David, etc. Voy. xxxiv, 23. 


26. Une alliance de paix, etc. Rien dans l'histoire des Juifs ne peut justifier la réa- 
lisation de ces promesses; elles ne peuvent donc se rapporter qu'à la nouvelle alliance 
dont Jésus-Christ, le prince de la paix, 686 le médiateur : Jésus-Christ qui nous donne 
la vraie paix, la paix intérieure, surpassant tout ce qu'on peut en concevoir. Compar. 
Philipp., 1v, 1; Coloss., xii, 15. 

1. et suiv. * 1° Extermination de Gog et de son armée, xxvir-xxrix, Sur cette pro- 
phétie, voir la note 24 à l1 fin du volume. 

1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, זז‎ 16 


rubus .423 


1954 

2. Fils d'un homme, tourne ta 
face vers Gog, vers la terre de 
Magog, prince et chef de Mosoch 
et de Thubal, et prophétise sur 
lui, 

3. Et tu lui diras : Voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Voilà que 
je viens vers toi, Gog, prince et 
chef de Mosoch et 06 Thubal; 

4. Et je te ferai tourner de tous 
côtés, et je mettrai un frein dans 
tes máchoires ; et je te ferai sortir, 
toi et toute ton armée, tous tes 
chevaux, et tes cavaliers couverts 
de cuirasses, et la grande multi- 
tude de ceux qui ont prisla lance, 
le bouclier et le glaive. 

5. Les Perses, les Ethiopiens, 
et les Libyens seront avec eux, 
tous armés de boucliers et coiffés 
d'un casque. 

6. Gomer et tous ses bataillons, 
la maison de Thogorma, les cótés 
de l'aquilon, et toute sa force, et 
des peuples nombreux seront avec 
toi. 

7. Prépare-toi et dispose-toi 


ÉZÉCHIEL. 


[cH. xxxvur.] 


avec toule ta multitude qui s’est 
rassemblée auprès de toi; et 
prends le commandement sur 
eux. 

8. Après de longs jours tu se- 
ras visité; et dans les dernières 
années tu viendras dans une 
terre qui a échappé au glaive, et 
a été rassemblée d’entre des peu- 
ples nombreux vers les monta- 
gnes d'Israël qui furent conti- 
nuellement désertes; cette terre 
a été retirée d'entre les peuples, 
et ils y habiteront tous avec con- 
fiance. 

9. Mais, montant comme une 
tempéte et comme un nuage, tu 
viendras, afin que tu couvres la 
terre, toi, et tous tes bataillons, 
et des peuples nombreux avec 
toi. 

10. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : En ce jour-là, des projets 
monteront dans ton cœur et tu 
penseras une pensée trés mau- 
vaise; 


11. Et tu diras : Je monterai 


(παρ. XXXVIII. 2. Infra, xxxix, 1; Apoc., xx, 7. 


2, Vers Gog, etc. C'est la traduction assez généralement reçue ; mais le texte hébreu, 
aussi bien que la Vulgate, porte à la lettre : Vers Gog, terre de Magog, prince de la 
téte (ou du chef) de Mosoch et de Thubal. Ainsi Gog est considéré comme un nom de 
lieu, et Magog comme un nom de personne, ce qui est d'ailleurs conforme à la Genèse 
(x, 2), où il figure, en effet, comme un des fils de Japheth. Si donc Gog parait ici 
méme dans le vers. 3, et dans plusieurs autres passages, comme une personne, c'est, 
sans doute, par une prosopopée trés usitée dans l'Ecriture et en vertu de laquelle 
on personnifie les choses inanimées, mais surtout les lieux, les pays. — La terre de 
Magog ; peut-étre la Scythie ou la Grande-Tartarie. Quant aux événements auxquels 
on peut plus probablement appliquer la prophétie, c'est aux persécutions d'An- 


tiochus Epiphane contre les Juifs, ou à la déroute de l'armée de Cambyse, roi des | 


Perses, à son retour d'Egypte, et à la mort de ce prince dans les montagnes de la 
Judée. 

3. Mosoch, Thubal. ΝΟΥ. xxvu, 13. 

6. Gomer, fils aîné de Japheth (Genèse, x, 2), fut, selon les uns, le père des peuples 
de Galatie, qui s'appelaient Gamares, avant que les Galates se rendissent maîtres de 
leur pays; selon les autres, il fut le pére des anciens Cimbres ou Cimmériens, et il 
peupla méme les îles de la Méditerranée, la Grèce, l'Italie et les Gaules. — Thogorma. 
Voy. xvir, 14. — Les côlés de l'aquilon; dans le style biblique signifient les provinces 
du nord de la Mésopotamie, et méme ia Chaldée, la Mésopotamie, la Syrie et la Ba- 
bvlonie. 


. 


-CH. xxxvnr.] 


dans une terre sans mur; je vien- 
drai vers ceux qui demeurent en 
repos, et qui habitent en sécurité ; 
tous ceux-là habitent sans mur; 
ils n’ont ni verrous ni portes; 

12. Afin que tu ravisses des dé- 
pouilles, et que tu saisisses une 
proie ; que tu portes ta main sur 
ceux qui avaient été abandonnés 
et qui après cela ont été rétablis, 
et sur un peuple qui ἃ été ras- 
semblé d'entre des nations, et 
qui commencait à posséder, et à 
ètre habitant de l'éminence de la 
terre. 

13. Saba et Dédan, et les mar- 
chands de Tharsis, et tous ses 
lions te diront : Est-ce que tu ne 
viens pas pour prendre des dé- 
pouilles? Voici que tu as rassem- 
blé ta multitude pour saisir une 
proie, afin d'emporter de l'argent 
et del'or,etd' enlever des meubles 
et des richesses, et d'emporter un 
butin immense. 

14. A cause de cela, prophé- 
tise, fils d'un homme, et dis à 
Gog : Voici ce que ditleSeigneur 
Dieu : N'est-ce pas qu'en ce jour- 
là, lorsque mon peuple Israël ha- 
bitera avec confiance, tu le sau- 
ras? 

15. Et tu viendras de ton lieu, 
des cótés de l'aquilon, toi, et des 
peuples nombreux avec toi, tous 
montés sur des chevaux, grande 
assemblée et armée redoutable. 


20. Matth., xxiv, 29; Luc, xxr, 25. 


ÉZÉCHIEL. 


1955 

16. Et tu monteras contre mon 
peuple Israël comme un nuage, 
afin de couvrir la terre. Tu seras 
dans les derniers jours, et je t'a- 
mènerai sur ma terre, afin que les 
nations me connaissent, lorsque 
j'aurai été sanctifié en toi, àleurs 
yeux, ὃ Gog. 

11. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Toi donc tu es celui dont 
jai parlé dans les jours anciens 
par l'entremise de mes servi- 
teurs les prophètes d'Israël, qui 
ont prophétisé dans les jours de 
ces temps-là que je t’'amènerais 
contre eux. 

18. Et il arrivera en ce jour-là, 
au jour de la venue de Gog sur la 
terre d'Israël, ditleSeigneur Dieu, 
mon indignation montera jusqu'à 
la fureur. 

19. Et c'est dans mon zèle, dans 
le feu de ma colere, que j'ai par- 
lé. Parce qu'en ce jour-là il y aura 
une grande commotion dans la 
terre d'Israél; 

20. Etils seront violemment 
agités devant ma face, les pois- 
sons de la mer, etles oiseaux du 
ciel, et les bétes dela campagne, 
et tout reptile qui se meut sur 
la terre, et tous les hommes qui 
sont sur la face de la terre; et 
les montagnes seront renversées, 
et les haies tomberont, et toute 
muraille s'écroulera sur le sol. 

21. Et j'appellerai contre luisur 


12. L'éminence; littér., le nombril; c'est-à-dire l'endroit le plus éminent, le plus 
élevé du pays. — * La Terre Sainte est un pays montagneux et élevé. Jérusalem, en 
particulier, est à 119 mètres d'altitude au-dessus du niveau de la Méditerranée. 

13. Saba. Voy. xxvir, 22. — Dédan. Voy. xxvi, 15. — Tharsis. Voy. Isaïe, τι, 16. 


15. Des cótés de l'aguilon. Voy. vers. 6. 


16. J'aurai été sanctifié. Voy. xx, 41. 


11. Par l'entremise; littér. et par hébraisme, par la main, 
21-22, Lui; c'est-à-dire Gog, nommé au vers. 18, 


1956 
toutes mes montagnes le glaive, 
dit le Seigneur Dieu; et le glaive 
de chacun sera dirigé contre son 
frere. 

22. J'exercerai mes jugements 
sur lui par la peste, et par le sang, 
et par une pluie violente, et par 
des pierres énormes, et je ferai 
pleuvoir le feu et le soufre sur 
lui, et sur son armée, et sur les 
peuples nombreux qui sont avec 
lui. 

28. Et je serai glorifié, et je serai 


sanctifié, et je serai connu aux 


yeux d'un grand nombre de na- 
tions; etils sauront que ie suis le 
Seigneur. 


CHAPITRE XXXIX. 


Suite de la prophétie contre Gog. Le Sei- 
gneur le fera venir sur la montagne 
d'Israël, où il périra avec son armée. 
Les Israëlites enlèveront ses dépouilles. 
La gloire du Seigneur éclatera au mi- 
lieu des nations. Il répandra ses misé- 
ricordes sur son peuple. 


1. Mais toi, fils d'un homme, pro- 
phétise contre Gog, et tu diras : 
Voici ce que dit le Seigneur Dieu: 
Voilà que je viens vers toi, Gog, 
prince et chef de Mosoch et de 
Thubal. 

2. Et je te ferai tourner de tous 
les cótés, et je te retirerai; et je 
te ferai monter des côtés del’aqui- 
lon, et je te conduiraisurlesmon- 
tagnes d'Israél. 

3. Et je briserai ton arc dans ta 
main gauche, et je ferai tomber 


ÉZÉCHIEL. 


(cu. xxxix.] 


tes flèches de ta main droite. 

4. Sur les montagnes d'Israël 
tu tomberas, toi, et tous tes ba- 
taillons, et tes peuples qui sont 
avec toi; aux animaux sauvages, 
aux oiseaux, à tout volatile, et 
aux bétes de la terre, je t'ai livré 
pour étre dévoré. 

9. Sur la face des champs, tu 
tomberas, parce que c'est moi 
qui ai parlé, dit le Seigneur Dieu. 

6. Et jenverrai le feu sur 
Magog et sur ceux qui habitent 
dans les iles avec confiance; et 
ils sauront que je suis le Sei- 
gneur. 

7. Et je ferai connaitre mon 
nom saint au milieu de mon peu- 
ple Israél, et je ne souillerai plus 
mon nom saint; et les nations 
sauront que je suis le Seigneur, le 
saint d'Israël. 

8. Voici qu'est venu et qu'est 
arrivé ce que j'ai annoncé, dit le 
Seigneur Dieu; voici le jour dont 
jai parlé. 

9. Et les habitants sortiront des 
cités d'Israël; et ils brüleront et 
réduiront en cendres les armes, 
le bouclier et les lances, l'arc et 
les fleches, et les bátons de leurs 
mains, et les épieux; et ils les 
consumeront par le feu pendant 
sept ans. 

10. Et ils n'apporteront point 
de bois du milieu des champs, et 
ils n'en couperont point dans les 
foréts, parce qu'ils consumeront 


1. Gog, prince, etc. Voy., sur ce passage, xxxvii, 2. — Mosoch, Thubal. Voy. xxvi, 13. 

2. Des cótés de l'aquilon. Voy. xxxvi, 6. 

1. Je ferai connaitre, etc.; par la défaite des ennemis, — Je ne souillerai (non pol- 
luam); hébraisme, pour 7e ne laisserai pas souiller. 

9. Ils brüleront, etc.; c'est-à-dire il y aura dans le pays une si grande quantité de 
boucliers, etc., qu'on s'en servira longtemps pour se chauffer. Dans ces pays chauds 
on ne fait pas beaucoup de feu. — Sept; plusieurs. Les Hébreux mettaient assez sou- 
vent ce mot pour un nombre indéterminé. 


cn. XXxIx.] 


les armes par le feu, parce qu'ils 
feront leur proie de ceux dont ils 
avaient été la proie, et ils pille- 
ront leurs dévastateurs, dit le 
Seigneur Dieu. 

11. Et il arrivera en ce jour-là 
que je donnerai à Gog un lieu 
célèbre pour sépulture dans Is- 
raél,la vallée des voyageurs, à 
l'orient de la mer; laquelle vallée 
frappera d'étonnement ceux qui 
passeront; et ils enseveliront là 
Gog et toute sa multitude; et elle 
s'appellera la vallée de la multi- 
tude de Gog. 

12. Et la maison d'Israél les en- 
sevelira, afin de purifier la terre 
pendant sept mois. 

13. Or, tout le peuple du pays 
les ensevelira; et il sera célebre 
pour eux,ce jour dans lequel j'ai 
signalé ma gloire, dit le Seigneur 
Dieu. 

14. Et ils établiront sans inter- 
ruption des hommes qui visite- 
rontle pays pour ensevelir et re- 
chercher ceux qui sont demeurés 
sur la face de la terre, afin de la 
purifier; or, aprés sept mois, ils 
commenceront à chercher. 

15. Et ils parcourront le pays, 
et lorsqu'ils auront vu l'ossement 


ÉZÉCHIEL. 


1957 


d'un homme, ils y mettront à 
cóté un indice, jusqu'à ce que les 
ensevelisseurs les ensevelissent 
dans la vallée de la multitude de 
Gog. 

16. Or, le nom de 18 cité sera 
Amona; et ils purifieront le pays. 

11. Et toi, fils d'un homme, 
voici ce que ditle Seigneur Dieu : 
Dis à tout ce qui vole et à tous les 
oiseaux, et à toutes les bétes de 
la terre : Venez tous ensemble, 
hátez-vous, accourez de toutes 
parts à la victime que moi je vous 
immole, grande victime qui a été 
égorgée sur les montagnes d'Is- 
raél, afin que vous mangiez la 
chair et que vous buviez le sang. 

18. Vous mangerez les chairs 
des forts, et vous boirez le sang 
des princes de la terre, des bé- 
liers, et des agneaux, et des 
boucs, et des taureaux, et de la 
volaille engraissée, et de tout ce 
qu'il y a de gras. 

19. Et vous mangerez de la 
graisse jusqu'à satiété, et vous 
boirez jusqu'à l'ivresse du sang 
de la victime que je vous immo- 
lerai. 

20. Et vous vous rassasierez 
sur ma table de /a chair des che- 


11. La mer de Génésareth ou de Tibériade, selon ceux qui croient qu'il s'agit ici 
soit de la victoire que Simon, un des fréres de Judas Machabée, remporta sur les 
nations 12806165 dans la Galilée, soit de toutes celles que Judas et Jonathas rempor- 
terent dans le méme temps au pays de Galaad; ou bienla mer Méditerranée, suivant 
ceux qui voient dans la prophétie la déroute des armées de Cambyse à son retour - 
d'Egypte, ce prince féroce et cruel étant mort et ayant été enterré à Ecbatane, au 
pied du mont Carmel, précisément à l'orient de la Méditerranée, où était le grand 
passage pour se rendre de l'Assyrie et de tous les pays du nord, dans la Palestine et 
les régions méridionales, et réciproquement. 

12. Les ensevelira ; pour obéir à la loi (Nombr., xix, 11, 16 ; Deutér., xx1, 1, 2, 23), 
et pour éviter l'infection qu'aurait pu causer un si grand nombre de corps morts. — 
Sept. Voy. le vers. 9. 

14. Aprés sept mois, etc.; c'est-à-dire aprés que l'on aura enterré durant sept mois, 
on recommencera cette recherche, qui ne sera pas nécessaire auparavant, parce que 
pendant les sept mois on rencontrera à chaque pas des victimes de la mort. 

16. Amona; en hébreu, Aamona, qui veut dire multitude. 


1955 
vaux, et des vaillants cavaliers, 
et de tous les hommes de guerre, 
dit le Seigneur Dieu. 

91. Et j'établirai ma gloire 
parmi les nations; et toutes les 
nations verront mon jugement 
que j'aurai exercé, et ma main 
que j'aurai appesantie sur eux. 

92. Et les enfants d'Israël sau- 
ront, depuis ce jour-là et dans la 
suite, que je suis le Seigneur leur 
Dieu. 

93. Et les nations sauront que 
c'est à cause de son iniquité qu'a 
été captive la maison מ‎ 1 
parce qu'ils m'ont abandonné, et 
que je leur ai caché ma face, et 
que je les ai livrés aux mains de 
leurs ennemis, et qu'ils sont tom- 
bés tous sous le glaive. 

24. Je les ai traités selon leur 
impureté et selon leur crime, et 
je leur ai caché ma face. 

95. A cause de cela, voici ce 
que dit le Seigneur Dieu : main- 
tenant je ramenerai les captifs de 
Jacob, et j'aurai pitié de toute la 
maison d'Israél, et je m'armerai 
de zele pour mon nom saint. 


(βαρ. XXXIX. 28. Supra, xxxvi, 23. 


ÉZÉCHIEL. 


[cu. xL.] 


96. Et ils porteront leur con- 
fusion et toute la prévarication 
par laquelle 115 ont prévariqué 
contre moi, lorsqu'ils habiteront 
dans leur terre avec confiance, 
ne redoutant personne; 

27. Et que je les aurai remenés 
d'entre les peuples, et que je les 
aural rassemblés des terres de 
leurs ennemis, et que j'aurai été 
sanctifié parmi eux aux yeux des 
nations les plus nombreuses. 

28. Et ils sauront que je suis le 
Seigneur leur Dieu, parce que je 
les ai transportés parmi les na- 
tions, et que je les ai rassemblés 
dans leur pays, et que je nai 
laissé là aucun d'eux. 

29. Et je ne leur cacherai plus 
ma face, parce que j'ai répandu 
mon esprit sur toute la maison 
d'Israël, dit le Seigneur Dieu. 


ὑπο CHAPITRE XL. 


Description du tempie montré en esprit 
à Ezéchiel. Description des portes, ves- 
tibules et parvis du peuple et des 
prêtres, et du vestibule dn temple 3. 


|. En la vingt-cinquieme an- 


ו -=-הק. ‏ ₪₪= ₪ 


91. J'aurai 616 sanctifié. Voy. xx, 41. 


+ 


98. Là ; c'est-à-dire parmi les nations. Compar. xxxvi, 24. 


ὁ Les interprètes les plus habiles reconnaissent que ce chapitre offre les plus 
grandes difficultés. On ne devra donc pas s'étonner si, aprés nos explications, il reste 
encore bien des choses à éclaircir, tant pour la valeur rigoureuse des mots, que pour 
la construction des phrases. 

1. et .טנטפ‎ * Ile Section : Le nouveau royaume de Dieu, xL-xLvur. — Cette seconde 
section, quoique composée plusieurs années aprés les prophéties précédentes, se 
rattache étroitement à elles. Le premier temple est détruit; mais Dieu rétablira son 
ancien sanctuaire, xxxvir, 26-28, nous a déjà dit Ezéchiel. Un nouveau temple s'élé- 
vera, digne du Seigneur, et il en prendra possession, comme il va maintenant nous 
l'apprendre, xurr. Le peuple d'Israël recouvrera également sa patrie, comme le Pro- 
phéte l'avait annoncé, xxxxvit, 25, et comme il le développe maintenant tout au long. 
Les neuf derniers chapitres nous décrivent le nouveau royaume de Dieu, la restaura- 
tion de la religion et de la nationalité juives. Dans une vision magnifique, Ezéchiel 
est transporté dans la Terre Sainte, la vingt-cinquieme année de la captivité, la qua- 
torzième aprés la prise de Jérusalem (574), et là Dieu lui montre à l'avance ce qu'il 
accomplira dans l'avenir, le nouveau temple, le nouveau culte qui lui sera rendu et le 


[cn. x] ÉZÉCHIEL. 1959 


née de notre transmigration, au 9. Dans des visions arvines, il 
commencement de l'année, au | m'amena dans la terre d'Israël, 
dixieme jour du mois, en la qua- | et me laissa sur une montagne 
torzieme année, apres qu'eut été | trés haute, sur laquelle était com- 
frappée la cité; en ce méme jour, | me 1601866 d'une cité tournée 
la main du Seigneur fut sur moi, | vers le midi. 

et il m'amena là. 8. Etil m'introduisit là, et voilà 


nouveau partage de la Palestine. Ce triple sujet forme la matiére des trois subdivi- 
sions de la dernière section : — 19 le temple futur, וקזא- זא‎ ; — 29 le culte, xum-xrv1; — 
30 la félicité de la terre de Chanaan et le partage qui en est fait entre les douze 
tribus, .חנ זצ-חט וא‎ — Cette dernière partie d'Ezéchiel a été toujours regardée comme 
la plus difficile à comprendre et à expliquer, Les uns l'ont entendue. dans un sens 
littéral,les autres dans un sens purement allégorique. Parmi ceux-ci, il faut compter 
la plupart des Péres qui s'en sont occupés : ils ont tout interprété comme une allé- 
gorie, dans l'impossibilité où ils étaient de découvrir une signification littérale aux 
paroles du Prophète. — Pour saisir le véritable sens de ces oracles, il faut, distinguer 
entre les divers chapitres. Les derniers, qui décrivent la division future de la Terre 
Sainte, xLvr-xLvm (et probablement aussi ceux qui traitent du culte qu'on rendra à 
Dieu dans l'avenir, ,(נטמא-והזא‎ ne doivent certainement pas se prendre à la lettre; 
ce ne sont que des symboles qui ont une signification beaucoup plus haute. La pro- 
phétie du nouveau royaume d'Israël annonce, sans doute, le retour de la captivité ; 
mais ce n'est point là son objet principal : elle a surtout pour but de peindre le 
règne du Messie et les biens qu'il apportera au monde. 1] est évident que la source 
du temple, xrvi, 1-12, n'est qu'une image; la nouvelle terre. d'Israël, 18 nouvelle 
Jérusalem, séparée du temple, que nous représente le ch. xrvir, ne sont aussi que 
des figures. L'interprétation donnée par les Péres de ces passages est incontestable. 
Quant au temple lui-même, tel qu'il est décrit, xz-xum, plusieurs n'ont voulu y voir 
également qu'un temple symbolique, mais il parait plus naturel d'entendre littérale- 
ment sur ce point le langage du Prophète. Il commence par décrire des choses réelles, 
et il s'élève ensuite peu à peu du réel au symbolique, de l'édifice que construiront 
les Juifs aprés la fin de la captivité au régne du Messie. 

4. Au commencement de l’année; c'est-à-dire au premier mois de l’année sacrée, 
qui était le septième de l'année civile. Il commençait à la nouvelle lune de mars, 
selon les rabbins, mais c'était plus probablement à celle d'avril. — La main du Sei- 
gneur. Voy. 1, 3. — Là; dans la cité, à Jérusalem. 

2. La plupart des Péres et des interprétes reconnaissent que cet édifice représente, 
sous des symboles mystérieux, l'Eglise de Jésus-Christ. 

3. et .טנטפ‎ * 19 Le nouveau temple, xr-xum. — Aprés avoir indiqué brièvement dans 
l'introduetion de la vision, xr, 1-4, en quel temps, en quel lieu et dans quel but elle 
lui a été accordée, Ezéchiel commence la description du temple. — 19 Il décrit d'a- 
bord les enceintes et les parvis avec les portes et les logements, xr, 5-47; — 29 puis 
16 sanctuaire avec les bâtiments qui en dépendent, xr, 40-x11, 26; — 30 enfin les édi- 
fices destinés aux repas des prétres aprés les sacrifices et à la garde des vétements 
sacerdotaux, xiu. — 6 Le temple qui nous est décrit par Ezéchiel est, selon toutes 
les apparences, le méme qu'il avait vu avant sa captivité et qui avait été brülé par 
les Chaldéens quatorze ans avant cette vision. En comparant les livres des Rois et 
des Paralipomènes avec Ezéchiel, nous remarquons les mêmes dimensions dans les 
piéces que les uns et les autres ont décrites ; par exemple, le temple, ou le lieu qui 
comprenait 16 sanctuaire et le Saint, le vestibule de devant le temple, tout cela se 
trouve de mesure égale dans les Rois comme dans Ezéchiel;les ornements du dedans 
du temple y sont tous les mêmes. Dans tous les deux, on voit deux parvis, l'un in- 
térieur pour les prêtres et l’autre extérieur pour le peuple. Il y a done lieu de 
croire que dans tout le reste, le temple d'Ezéchiel était ressemblant à l'ancien temple, 
et que le dessein de Dieu, en retraçant ses idées dans la mémoire du Prophète, 
était de conserver la mémoire du plan. des dimensions, des ornements et de toute 
là structure de ce divin édifice, atin qu'au retour de la captivité le peuple pût plus 


1960 
un homme dont l'apparence était 
comme l'apparence de l'airain; et 
un cordeau de lin était dans sa 
main, et une canne à mesurer 
dans son autre main; mais il se 
tenait à la porte. 

4. Et ce même homme me dit : 
Fils dun homme, vois de tes 
yeux, et écoute de tes oreilles, et 
applique ton cœur à toutes les 
choses que moi je te montrerai, 
parce que c'est pour qu'elles te 
soient montrées que tu as été 
amené ici; et annonce tout ce que 
tu vois à la maison d'Israél. 

5. Et voici au dehors un mur 
tout autour dela maison, et dans 
la main de l'homme une canne à 
mesurer de six coudées et d'un 
palme; et il mesura la largeur de 
l'édifice, qui était d'une canne; 
et la hauteur, qui était aussi d’une 
canne. 

6. Et il vint à la porte qui regar- 
dait la voie de l'orient, etil mon- 
ta par ses degrés; et il mesura le 
seuil de la porte; 7/ avait une 


ÉZÉCHIEL. 


[cu. xL.] 


canne en largeur, c'est-à-dire. 
qu'un seuil avait une canne en 
largeur; 

7. Il mesura aussi la chambre; 
elle avait une canne en longueur 
et une canne en largeur, et entre 
les chambres, cinq coudées ; 

8. Et le seuil de la porte près du 
vestibule au-dedans de la porte, 
une canne. 

9. Et il mesura le vestibule de 
la porte; il avait huit coudées, et 
son frontispice, il avait deux cou- 
dées; or le vestibule de la porte 
était en dedans. 

10. Mais à la porte qui regardait 
la voie de l’orient étaient trois 
chambres d’un côté et trois cham- 
bres de l’autre; les trois chambres 
et les frontispices des deux côtés 
étaient d'une méme mesure. 

11. Et il mesura la largeur du 
seuil de la porte; elle était de dix 
coudées; et la longueur de la 
porte, elle était de treize coudées; 

19. Et un rebord qu'il y avait 
devantleschambres ;ilétait d'une 


aisément 16 rétablir suivant ce modèle. L'application du Prophète à décrire cet édifice 
était un motif d'espérance pour les Juifs de se voir un jour délivrés de la captivité 
et de voir le temple rebáti et leur nation dans son ancien héritage. Ezéchiel touche 
assez légèrement la description du temple ou de la maison du Seigneur, qui compre- 
nait le Saint et le sanctuaire, décrits exactement dans les livres des Rois. Il s'étend 
davantage sur les portes, les galeries et les appartements du temple, dont l'histoire 
des Rois n'avait pas parlé ou qu'elle n'avait fait que marquer en passant. » (Carukr.) 

3. Un homme; c'est-à-dire un ange sous la forme d'un homme. — Canne (calamus); 
mesure de 6 coudées (vers. 5). Or la coudée avait 24 doigts ou 20 pouces et demi en- 
viron. 

5. La maison; c'est-à-dire le temple. — D'un palme; littér., avec un palme; c'est le 
sens du latin (palmo), expliqué par l'hébreu. — 1} mesura, ete.; littér., ἐξ mesura la 
largeur de l'édifice par une canne; construction elliptique qui se reproduit dans plu- 
sieurs des versets suivants, quoique sous une forme diíférente. — * Pour la valeur 
des mesures données dans ce chapitre et les suivants, voir la note 1 à la fin du vo- 
lume. 

6. La porte qui regardait, etc. 11 y avait quatre grandes portes dans le temple : la 
porte orientale, celle qui regardait le septentrion ou l'aquilon, celle du midi et celle 
du cóté de l'occident. 

1. Les chambres servaient au logement des portiers et des gardes. Il y en avait 
trois de chaque côté du vestibule (vers. 10) et elles étaient séparées les unes des 
autres par un mur épais de 5 coudées. 

12. Un rebord (marginem); espèce de banquette qui s'étendait par le bas tout le 


(cs. ΧΙ. 


coudée; une coudée finissait le 
rebord des deux cótés; et les 
chambres d'un cóté et de l'autre 
étaient de six coudées. 

13. Etil mesura la porte depuis 
le toit d'une chambre jusqu'au 
toit de l'autre, largeur de vingt- 
cinq coudées; une porte était vis- 
à-vis une aure porte. 

14. Et il fit les frontispices de 
soixante coudées, et dans ses me- 
sures il ajouta aux frontispices le 
vestibule de la porte qui régnait 
d'un cóté et de l'autre tout au- 
tour. 

15. Et devant la face de la pre- 
miére porte qui s'étendait jusqu'à 
la face du vestibule de la porte 
intérieure, il mesura cinquante 
coudées ; 

16. Il mesura aussi les fenêtres 
de biais aux chambres et aux 
frontispices qui étaientau-dedans 
de la porte, d'un côté et de l’autre 
tout autour; mais il y avait pa- 
reillement au dedans des vesti- 
bules, des fenétres tout autour, 
et devant les frontispices des pal- 
mes peintes. 

17. Et il me mena au parvis ex- 
térieur; et voici des chambres, et 
jum pavé de pierres dans le parvis 


ÉZÉCHIEL. 


1961 


tout autour; et trente chambres 
autour du pavé. 

18. Et le pavé au frontispice 
des portes était plus bas, selon la 
longueur des portes. 

19. Et il mesura la largeur de- 
puis la face de la porte d'en bas, 
jusqu'au frontispice du parvis in- 
térieur par dehors ; // y avait cent 
coudées vers l'orient et vers l'a- 
quilon. 

20. La porte aussi qui regardait 
la voie de l'aquilon du parvis ex- 
térieur, illa mesura tant en lon- 
gueur qu'en largeur; 

91. Et ses chambres, trois d'un 
côté et trois de l'autre, et son 
frontispice et son vestibule, se- 
lon la mesure de la premiere 
porte; à y avait cinquante cou- 
dées de long et vingt-cinq cou- 
dées de large. 

22. Mais ses fenétres, son ves- 
tibule et ses sculptures étaient 
selon la mesure de la porte qui 
regardait vers l'orient; et on y 
montait par sept degrés, etil y 
avaitau devant un vestibule. 

29. Et la porte du parvis inté- 
rieur était vis-à-vis de la porte 
de l'aquilon et de l'orient; et il 
mesura d'une porte à l'autre 


long du portique. — Une coudée finissait; etc.; c'est-à-dire que la mesure du rebord 
était fixe et déterminée à une coudée en tous sens. Or ce rebord servait comme de 
base aux palmes qui étaient en guise de pilastres entre chaque chambre, Voy. vers. 16. 

13. La porte; c'est-à-dire l'espace compris entre une porte et l'autre. 

16. Des palmes peintes; mais en relief, sculptées ou ciselées, comme il est dit au 
vers. 26. C'étaient des espéces de colonnes ou de pilastres qui ornaient le mur de 
séparation, situé entre chaque chambre du vestibule. 

11. Le parvis est appelé extérieur, par rapport au parvis des prêtres, nommé ₪6 
parvis intérieur. — Des chambres (gazophylacia); dans plusieurs desquelles on serrait 
les choses nécessaires au service du temple, par exemple le bois, le sel, le vin, 
l'huile, etc., pour les sacrifices, et où logeaient les prêtres durant le temps de leur 
service. — Trente chambres; dont quinze apparemment étaient à droite du vestibule 
et quinze à gauche. 

20. Du parvis extérieur; celui des lsraélites, qui était entre le parvis des Gentils et 
celui des prêtres. Compar. vers. 11. 

21. La première porle; la porte orientale. Voy. vers. 6, 


1902 
porte; 11 y avait cent coudées; 

94. ll me mena aussi vers la 
voie du midi, et voici une porte 
qui regardait vers le midi, etil en 
mesura le frontispice et le vesti- 
bule;ils étaient selon les mesures 
des précédents. 

95. Il mesura aussi ses fené- 
tres avec les vestibules autour 
comme les autres fenêtres; elles 
avaient cinquante coudées de 
long, et de large vingt-cinq cou- 
dées. 

26. Et on y montait par sept 
degrés ; et le vestibule était de- 
vant la porte; et il y avait des 
palmes ciselées, une d'un cóté et 
l'autre de l'autre au frontispice du 
vestibule. 

27. Et il y avait une porte au 
parvis intérieur du côté du midi; 
et il mesura d’une porte jusqu’à 
l'autre porte, du côté du midi; #7 
y avait cent coudées. 

98. Il m'introduisit aussi dans 
le parvis intérieur de la porte du 
midi, et il mesura la porte selon 
les mesures précédentes, 

29. Lachambre du parvis, etson 
frontispice, et son vestibule, avec 
les mémes mesures; et ses fené- 
tres et son vestibule tout autour; 
ily avait cinquante coudées de 
long, et de large vingt-cinq cou- 
dées; 

30. Il mesura aussi le vestibule 
tout autour; il avait vingt-cinq 
coudées de long, et de large 
cinq; 


ÉZÉCHIEL. 


[cH. XL., 


31. Et son vestibule a//ait au 
parvis extérieur; et ses palmes 
sur le frontispice; or il y avait 
huit degrés par lesquelson y mon- 
tait. 

32. Et il m'introduisit dans le 
parvis intérieur par la voie de l'o- 
rient, et il mesura la porte selon 
les mesures précédentes, 

33. Et sa chambre, et son fron- 
tispice, et son vestibule, comme 
il est dit plus haut; et ses fené- 
tres, et ses vestibules tout au- 
tour; ils avaient cinquante cou- 
dées de long, et de large vingt- 
cinq. 

34. 14 mesura aussi son vesti- 
bule, c'est-à-dire le vestibule du 
parvis extérieur; et il y avait 
des palmes ciselées sur le fron- 
tispice d'un côté et de l'autre; et 
c'est par huit degrés qu'on y mon- 
tait. 

35. 11 me mena ensuite vers la 
porte qui regardait l'aquilon, et il 
mesura selon les mesures précé- 
dentes, 

36. Sa chambre, et son frontis- 
pice, et son vestibule, et ses fené- 
tres tout autour; 2 y avait cin- 
quante coudées de long, et de 
large vingt-cinq coudées. 

37. Et son vestibule regardait 


vers le parvis extérieur; et il y : 


avait des palmes ciselées au fron- 
tispice d'un côté et de l’autre; et 
c'est par huit degrés qu'on y mon- 
tait. 

38. Et à chaque chambre du tré- 


26. Des palmes ciselées. Compar. vers. 16. = 
30. De large cinq. D'aprés les vers. 15, 21, 25, 29, 33, 36, paralléles à celui-ci, il faut 


lire cinquante. 


31. Et son veslibule, etc.; on passait par ce vestibule pour aller d'un parvis à 


l'autre. 


38. C'était là qu’on lavait les pieds et les intestins des animaux qui devaient être 


brülés en holocaustes. 


T RT 


CH. XL.] 


sor,ily avaitune entrée aux fron- 
tispices des portes; c'était là qu'on 
lavait l'holocauste. 

39. Et dans le vestibule de la 
porte il y avait deux tables d'un 
côté, et deux tables de l’autre, 
afin que füt immolé dessus l'ho- 
locauste pour le péché et pour le 
délit. 

40. Et au côté extérieur qui 
monte vers l'entrée de la porte 
qui va vers l'aquilon, étaient deux 
tables; et à l’autre côté devant 
le vestibule de la porte, deux 
tables. 

41. Quatre tables d'un côté, et 
quatre tables de l'autre; aux có- 
tés de la porte, étaient en tout 
huit tables, sur lesquelles on im- 
molait. 

49. Or, les quatre tables pour 
l'holocauste étaientconstruites de 
pierres carrées ; 01168 avaient une 
coudée et demie de long, et de 
large une coudée et demie, et de 
haut une coudée; on mettait 'des- 
sus les instruments avec lesquels 
on immolait l'holocauste et la vic- 
time. 

43. Etleurs rebords d'un palme 
se courbaient en dedans tout au- 
tour, el on mettait sur les tables 
les chairs de l'oblation. 

44. Et en dehors de la porte in- 
térieure, étaient les chambres des 
chantres dans le parvis intérieur, 


ÉZÉCHIEL, 


1963 
qui était à côté de la porte qui re- 
garde vers l'aquilon; et leur face 
était tournée vers le midi;ily en 
avait une du cóté de la porte 
orientale, qui regardait vers l'a- 
quilon. 

45. Etil me dit : Voici la cham- 
bre qui regarde le midi; eile sera 
pourles prétres qui veillent à la 
garde du temple. 

46. Maisla chambre qui regarde 
vers laquilon sera pour les pré- 
tres qui veillentpourle ministere 
de l'autel; ceux-ci sont les fils de 
Sadoc, qui d'entre les fils de Lévi 
s'approchent du Seigneur, afin de 
le servir. 

47. 11 mesura aussi le parvis; 7 
avait cent coudées de long, et de 
large cent coudées en carré; et 
l'autel devant la face du temple. 

48. Et il m'introduisit dans le 
vestibule du temple, et il mesura 
le vestibule, 27 avait cinq coudées 
d'un 6016, et cinq coudées de 
l'autre; et la largeur de la porte, 
elle avait trois coudées d'un côté, 
et trois coudées de l’autre ; 

49. Mais ?// mesura la longueur 
du vestibule; e/le était de vingt- 
cinq coudées; et la largeur, e//e 
était de onze coudées ; et c'était 
par huit degrés qu'on y montait. 
Et il y avait dans les frontispices 
deux colonnes, l'une d'un côté et 
l'autre de l’autre. 


39. Pour le péché, etc. Compar. Lévitiq., v, 15; vr, 17; vir, 1; Nombr., xvur, 9. 

43. Leurs rebords ; c'est-à-dire les rebords qui s'élevant au-dessus de la surface des 
tables avaient pour but d'empécher les instrusnents qu'on y mettait et les parties des 
victimes qu'on y préparait de tomber par terre. — D'un palme; de quatre doigts. 

46. Ceux-ci, etc. Les descendants de Sadoc, le grand-prétre, étaient chargés d'offrir 
les sacrifices sur l'autel des holocaustes. Voy. xuut, 19; χιαν, 15 ; ,טמא‎ 

49. Deux colonnes. On peut en voir la description dans 111 Rois, vir, 15, et suiv.; 


1I Paralip., uz, 15 et suiv. 


M 


1961 


CHAPITRE XLI. 


Description du Saint, du sanctuaire, et 
des chambres contigués au temple. 


1. Et il m'introduisit dans le 
temple ; et il mesura les poteaux 
de l'entrée du temple, ils avaient 
six coudées de largeur d'un cóté, 
et six coudées de l'autre côté; lar- 
geur du tabernacle. 

2. Et la largeur de l'ouverture 
de la porte était de dix 6000608 ; 
et les côtés de la porte éfaient de 
cinq coudées d'un cóté, et de cinq 
coudées de l'autre; et il mesura 
sa longueur; e//e était de qua- 
rante coudées, et sa largeur, e//e 
était de vingt coudées. 

ὃ. Et étant entré bien avant 
dans le temple, il mesura un po- 
teau de la porte; il avait deux 
coudées; et /a hauteur dela porte, 
elle était de six coudées; et sa lar- 
geur, e//e était de sept coudées; 

4. Et il mesura sa longueur, 
elle était de vingt coudées; et sa 
largeur, elle était de vingt cou- 
dées devant la face du temple; 
et il me dit : C'est le saint des 
saints. 

ὃ. Et il mesura l'épaisseur de 
la muraille dela maison ; elle était 
de six coudées; et la largeur de 
chaque chambre latérale, elle 


ÉZÉCHIEL 


[cu. xur.] 


était de quatre coudées, de tous 
cótés autour de la maison. 

6. Or, les chambres latérales, 
une chambre joignant une autre 
chambre, éfaient au nombre de 
deux fois trente-trois ; et il y avait 
des arcs-boutants qui s'avan- 
caient sur la muraille de la mai- 
son, laquelle avait été construite 
pour les chambres, de maniere à 
lessoutenir, maisàne pas toucher 
àla muraille du temple. 

7. ἘΠῚ y avait une galerie mon- 
tant en haut par un escalier en 
limacon, et qui conduisait à la 
chambre la plus haute du temple, 
toujours en tournant; c'est pour- 
quoi le temple était plus large 
dans les parties supérieures; et 
ainsi on montait des parties infé- 
rieures aux parties supérieures 
par le milieu. 

8. Et je vis dans la maison, la 
hauteur tout autour; les fonde- 
ments des chambres latérales 
avaient la mesure d'une canne o4 
de six coudées; 

9. Je vis aussi l'épaisseur du 
mur des chambres à l'extérieur; 
elle était de cinq coudées; et la 
maison intérieure était entourée 
parles chambres collatérales de 
l'autre maison. 

10. Et entre les chambres 7e vis 
lalargeur, elle était de vingt cou- 


1. Il (CAnge. Voy. xv, 3) mesura, etc.; littér., 11 mesura les poleaux, six coudées de 
largeur, construction elliptique que nous avons déjà remarquée au ohapiipe précédent 
et qui se reproduit dans plusieurs des versets suivants. Compar. xr, 5. 

3. Etant entré bien avant; littér. et-par hébraisme, étant entré dedans au deduns. 
Ezéchiel, en effet, était entré dans la première partie du temple (vers. 1). 

5. De la maison; c'est-à-dire du temple. — Chague; le verset suivant prouve que le 
singulier chambre est mis pour le pluriel. 

9. Je vis, sous-entendu, explique parfaitement l'accusatif l'épaisseur (latitudinem) 
autrement inexplicable. — La maison intérieure, etc.; le temple proprement dit; il 
était environné au nord, à l'occident et au midi, par des chambres qui formaient un 
second bâtiment. 

10. La largeur ; c'est-à-dire l'espace. 


‘che [.זזא‎ 


dées autour de la maison de tous 
côtés. 

44. Etla porte de chaque cham- 
bre latérale était tournée vers 
le lieu de la prière; une porte du 
côté de l'aquilon, et une porte du 
côté du midi; je vis aussi la lar- 
geur dulieu destiné pourlapriere; 
elle était de cinq coudées tout 
autour. 

12. L'édifice qui était séparé du 
temple, et tourné du cóté de la 
voie regardant vers la mer, était 
d'unelargeur de soixante-dix cou- 
dées; mais la muraille de £ow£ 
l'édifice était de cinq coudées de 
largeur tout autour, et sa lon- 
gueur de quatre-vingt-dix cou- 
dées. 

13. Et il mesura lalongueur de 
la maison, elle était de cent cou- 
dées; et l'édifice qui en était sé- 
paré et ses murailles, étaient 
d'une longueur de cent coudées. 

14. Mais la largeur devant la 
face dela maison, et celle de l'édi- 
fice qui en était séparé du cóté de 
l'orient, éfaient de cent coudées. 

15. Et il mesura lalongueur de 
l'édifice vis-à-vis de celui qui en 
était séparé par derriere, et les 
portiques des deux côtés; elles 
étaient de cent coudées, ainsi que 
le temple inférieur et les vestibu- 
les du parvis. 

16. Il mesura encore les seuils 
et les fenêtres de biais, et les por- 


[S 


ÉZÉCHIEL. 


1965 
tiques qui environnaient /e tem- 
ple de trois côtés vis-à-vis du seuil 
de chaque porte, et ce qui était 
revétu de bois alentour; or la 
terre allait jusqu'aux fenêtres, 
et les fenêtres étaient fermées au- 
dessus des portes. 

47. Et 27 soumit à la mesure 
jusqu'à la maison intérieure et 
au dehors, le long de toute la mu- 
raille, à l'entour, au dedans et au 
dehors. 

18. Et il y avait des chérubins 
artistement travaillés et des pal- 
mes, et il y avait une palme en- 
tre un chérubin et un autre ché- 
rubin; et chaque chérubin avait 
deux faces. 

19. Je vis d'une partla face d'un 
homme 1000066 vers l'une des 
palmes, et d'autre part la face 
d'un lion £ournée vers lautre 
palme, gravée tout autour de la 
maison. 

20. Depuis la terre jusqu'au 
haut de la porte, les chérubins et 
les palmes ciselées étaient sur la 
muraille du temple. 

21. Le seuil du temple était 
quadrangulaire, et la face du 
sanctuaire répondait à celle du 
temple, étant en regard l’une 
devant l’autre. 

22. La hauteur de l’autel de bois 
était de trois coudées, et sa lar- 
geur de deux coudées; et ses cor- 
nes, sasurface et ses cótés étaient 


וו 


18. Les portiques; c'est le mot par lequel la Vulgate a rendu ailleurs (xui, 8, 5) le 
terme hébreu correspondant atüikim, qu'elle a traduit 101 et au verset suivant par 


ethecas. 


16. La terre allait, etc., c'est-à-dire que les fenêtres étaient au niveau du sol, de 
plain-pied, et qu'elles étaient fermées soit par des jalousies, soit par des rideaux, de 
sorte que du bas des parvis on ne pouvait pas les voir. 

19. Gravée. C'est ainsi que porte la Vulgate (expressam), en faisant concorder 
grammaticalement ce mot avec la dernière palme (palmam); quoique logiquement il 
se rapporte aux deux. — De la maison; c'est-à-dire du temple. 


1966 


de bois. Et l'ange me dit : Voilà 
la table qui doit être devant le 
Seigneur. 

93. Or il y avait deux portes 
dans le temple et dans le sanc- 
tuaire. 

24. Et aux deux portes étaient 
de chaque côté deux petites por- 
tes, qui se repliaient l’une sur 
l'autre; car il y avait deux autres 
portes des deux cótés des portes. 

25. Et aux portes mémes du 
temple, il y avait des chérubins 
et des palmes sculptées, comme 
il y en avait aussi de gravées 
dans les murailles; à cause de 
cela il y avait de grosses pieces 
de bois au frontispice du vesti- 
bule par dehors; 

96. Au-dessusdesquellesétaient 
des fenétres de biais, et des figu- 
res de palmes d'un côté et de 
l'autre sur les cótés du veslibule, 
selon qu'il y en avait sur les côtés 
de la maison et sur l'étendue des 
murailles. 


CHAPITRE XLI. 


Description et usage des appartements 
qui étaient vis-à-vis du temple dans le 
parvis des prétres. Dimension de toute 
l'étendue du parvis extérieur. 


1. Etil me fit passer dans le par- 
vis extérieur par la voie qui con- 
duit à l'aquilon, et m'introduisit 
dans la chambre du trésor, qui 
était vis-à-vis de l'édifice séparé, 


ÉZÉCHIEL. 


[cu. xni.] 
et vis-à-vis de la maison tournée 
vers l'aquilon. 

2. JI mesura la face de la cham- 
óre; il y avait cent coudées de 
longueur depuisla porte de l'aqui- 
lon, et cinquante coudées de lar- 
geur, 

3. Vis-à-vis des vingt coudées 
du parvis intérieur, et vis-à-vis 
du pavé de pierres du parvis ex- 
térieur, où était le portique joint 
au triple portique. 

4. Et devant les chambres du 
trésor, il y avait une allée de dix 
coudées de largeur, laquelle re- 
gardait du côté intérieur vers 
une voie d’une coudée; et leurs 
portes étaient vers l'aquilon, 

5. Où ces chambres étaient plus 
basses par le haut, parce qu'elles 
étaient soutenues sur les porti- 
ques qui saillaient de l'étage d'en 
bas et de celui du milieu de l'édi- 
fice. 

6. Car il y avait trois étages, et 
elles n'avaient pas de colonnes, 
comme étaient les colonnes des 
parvis; à cause de cela elles s'éle- 
vaient de cinquante coudées de 
l'étage d'en bas et de celui du mi- 
lieu à partir du sol. 

1.Quantàl'enceinte extérieure, 
le long des chambres qui étaient 
dans la voie du parvis extérieu 
de devant ces chambres, sa lon- 
gueur é/ai( de cinquante cou- 
dées. 


1. Il; c'est-à-dire l'ange. Voy. xL, 3. — Le parvis extérieur; le parvis des prétres, 
appelé ici extérieur par rapport à l'enceinte du temple. 

2. 11 mesura ; c'est ce verbe sous-entendu qui gouverne l’accusatif coudées (cubitos). 
Ce méme verset offre, de plus, une construction elliptique dont on peut voir l'expli- 
cation, xr, 5. 

5. Où ces chambres, etc. Les portiques du second et du troisième étage étant moins 
hauts, les chambres devaient par conséquent être plus basses que celles du premier 
étage ; ainsi les chambres du milieu étaient plus basses que celles d'en bas, et celles 
d'en haut ou du dernier étage encore plus basses, 


CH. וצ‎ 11.[ 


8. Parce que la longueur de ce 
bátiment des chambres du par- 
vis extérieur éfait de cinquante 
coudées; et la longueur devant 
la face du temple, de cent cou- 
dées. 

9. Etil y avait sous ces chambres 
une entrée du cólé de l'orient 
pourceux qui y venaient du parvis 
extérieur. 

10. Danslalargeur de l'enceinte 
du parvis qui était vis-à-vis de la 
voie de l'orient, vers la face de 
l'édifice séparé du temple, i y 
avait aussi devant cet édifice des 
chambres, 

11. Et une voie le long de ces 
chambres, semblable à celle des 
chambres qui étaient sur la voie 
de l'aquilon; comme éfait leur 
longueur, ainsi aussi élait leur 
largeur, et toutes /eurs entrées, 
leurs figures et leurs portes; 

19. Comme étaient les portes 
des chambres qui étaient dans la 
voie regardant vers le midi, ainsi 
était une porte à la téte de la 
voie qui était devantle veslibule 
séparé, pour ceux qui entraient 
par la voie de l'orient. 

13. Et il me dit : Les chambres 
de l'aquilon et les chambres du 
midi, qui sont devant l'édifice 
séparé du temple, ce sont des 
chambres saintes, dans lesquelles 
mangent les prétres qui appro- 
chent du Seigneur pour les cho- 


ÉZÉCHIEL. 


1967 


ses trés saintes; c'est là qu'ils 
mettront les choses très saintes, 
et l'oblation pour le péché et 
pourle délit; car le lieu est saint. 

14. Or quand les prétres seront 
entrés, ils ne sortiront point des 
lieux saints dans le parvis exté- 
rieur; et là ils déposeront leurs 
vêtements avec lesquels ils offi- 
cient, parce qu'ils sont saints; et 
ils se revétiront d'autres véte- 
ments, et ils s'avanceront ainsi 
vers le peuple. 

15. Et lorsqu'il eut achevé de 
mesurer la maison intérieure, il 
me fit sortir par la voie de la 
porte del'orient, et il mesura tout 
autour. 

16. Il mesura donc vis-à-vis le 
vent de l'orient avec la canne à 
mesurer; 07 y avait cinq cents 
cannes tout autour. 

17. Et il mesura vis-à-vis le vent 
de l'aquilon avecla canne à mesu- 
rer; 27 y avait cinq cents cannes 
tout autour. 

18. Et 11 mesura vers le vent du 
midi, avec la canne à mesurer; 7 
y avait cinq cents cannes tout 
autour. 

19. Et il mesura vers le vent de 
loccident; 7/ y avait cinq cents 
cannes tout autour. 

20. Aux quatre vents il mesura 
son mur de toutes parts tout au- 
tour, 27 avait 18 longueur de cinq 
cents coudées, et la largeur de 


13. Les choses très saintes; ou les plus saintes; littér., les choses saintes des choses 
sainles; c'est une des formes du superlatif en hébreu. On entend par cette expression 
les viandes des victimes qui avaient été offertes sur l'autel et que les prétres seuls 
avaient droit de manger, et cela seulement dans le temple. Compar. Lévitig., vi, 25 
et .טנטפ‎ — Pour le péché, etc. Voy. xr, 39. 

16. Il mesura, etc. Ce verset et les suivants offrent une construction elliptique dont 
on peut voir l'explication, xL, >. 

20. Aux quatre vents; aux quatre côtés, — Son mur; le mur de l'édifice, — Du lieu 
destiné, etc.; de la partie du temple où tout le monde indistinctement pouvait entrer. 


1968 ÉZÉCHIEL. (cu. xum.] 


cinq cents coudées; mur qui sé- 4. Et la majesté du Seigneur 

parait le sanctuaire du lieu des- | entra dans le temple par la porte 
tiné à la multitude. qui regardait vers l'orient. 

5. ELun esprit m'éleva, et m'in- 

CHAPITRE XLIII. troduisit dans le parvis intérieur; 


et voilà que la maison était rem- 
Le Seigneur rentre dans son temple. Il 7 : 1 
déclare qu'il y demeurera toujours, et je ἐς PASA CUS du Seigneur. 
que la maison d'Israël ne profanera 6. Et j'entendis quelqu'un me 
plus son nom. Description de l'autel parlant du temple; etun homme 
des holocaustes. Cérémonies pour la : Meme mrs ₪ 3 : 
consécration de cet autel. qu EH pes EIU 
7. Me dit : Fils d'un homme, 
1. Et il me mena à la porte | iciest le lieu de mon trône, et le 
qui regardait vers la voie de l'o- | lieu des traces de mes pieds, où 
rient. jhabite au milieu des enfants 
9. Et voilà que la gloire du | d'Israél pour jamais; la maison 
Dieu d'Israél entrait par la voie | d'Israél ne souillera plus mon 
de l'orient, et sa voix était com- | nomsaint, ni eux-mémes, nileurs 
me la voix des grandes eaux, et la | rois, par leurs fornications et par 
terre resplendissait de sa majesté. | les ruines de leurs rois, et parles 
3. Et je vis une vision selon la | hauts lieux. 
ressemblance de celle que j'avais 8. Ils ont fait leur seuil pres de 
vue, quand il vint pour perdre la | mon seuil, et leurs poteaux près 
cité; et sa forme était selon la | de mes poteaux; el un mur seu- 
forme que j'avais vue pres du | /ement était entre moi et eux; et 
fleuve de Chobar; et je tombai | ils ont souillé mon nom saint par 
sur ma face. les abominations qu'ils ont faites ; 


(παρ. XLIII. 3. Supra, 1x, 1; Supra, 1, 1. 


1. et suiv. * 20 Le nouveau culte, xzur-xLvi. — 19 Quand le nouveau temple est fini, 
Dieu en prend possession. « Le Seigneur apparait, et il remplit la maison de sa propre 
gloire, pour montrer, dit Théodoret de Cyr, que non seulement elle sera bátie, mais 
aussi qu'elle sera remplie d'une vertu divine. » Il annonce au Prophète qu'israël ne 
profanera plus son nom, mais sera fidèle à son culte, xui, 1-12. — 2» Un nouvel autel 
des holocautes sera élevé; les mesures en sont données et les sacrifices qui doivent 
être offerts pour son inauguration indiqués, ,וזא‎ 13-21. — 39 Les règles du nouveau 
culte sont ensuite tracées : nous apprenons quelle est la place et quels sont les devoirs 
des princes, xuiv, 1-4, des lévites et des prétres qui desservent l'autel et le Saint, 
xLv, 5-31; — 40 quelles seront les redevances dues aux ministres du sanctuaire 
et au prince, aprés la division future du pays, ,טמא‎ 1-17; — 5° quels sacrifices 
devront être offerts aux jours de sabbat, aux néoménies, aux fêtes et chaque jour, 
xLv, 18-xLvi, 15. — 6» Enfin Dieu règle les droits de propriété du prince, ,טוא‎ 
et trace le plan des cuisines destinées à faire cuire la chair des victimes offertes sur 
son autel, 19-24. 

1. Il; c'est-à-dire l'Ange. Voy. xL, 3. 

2. La gloire du Dieu d'Israél, comme la majesté du Seigneur (vers. 4), c'est la divi- 
nité se manifestant d'une manière sensible, comme aux chap. I, Vit, IX. 

1. Leurs fornicalions; c'est-à-dire, selon le langage des prophètes, leurs idolâtries. 
— Les ruines; mentionnées aussi au vers. 9, sont, suivant l'hébreu, des cadavres. 1] 
est certain par l'histoire des rois des Juifs, que leurs sépulcres étaient dans leurs 
jardins et dans l'étendue de la montagne de Sion, dontle mont Moria, sur lequel le 
temple était bâti, faisait partie. 


fcu. xrnr.] 
à cause de quoi je les ai détruits 
dans ma colere. 

9. Maintenant donc, qu'ils re- 
jettent au loin leur fornication, 
et loin de moi les ruines de leurs 
rois, et j'habiterai toujours au mi- 
lieu d'eux. 

10. Mais, toi, fils d'un homme, 
montre à la maison d'Israël le 
temple, et qu'ils soient confondus 
de leurs iniquités, et qu'ils me- 
surent eux-méme sa structure; 

11. Et qu'ils rougissent de tou- 
tes les choses qu'ils ont faites; 
montre-leur la figure de la mai- 
son et de sa structure, les entrées 
et toute sa description, et toutes 
les ordonnances les concernant et 
tout l'ordre qu'il faut y garder, 
et toutes les lois faites pour elle, 
et tu écriras 1070168 ces choses de- 
vant leurs yeux, afin qu'ils gar- 
dent tout ce qui aura été décrit et 
les ordonnances les concernant, 
et qu'ils les observent. 

12. Telle est 18 loi pour la mai- 
son sur le sommet de la monta- 
gne; toute son étendue à l'entour 
est tres sainte; telle est donc la 
loi pour la maison. 


ÉZÉCHIEL. 


1969 

13. Or, voici les mesures de 
l'autel, prises avec la coudée trés 
exacte qui avait une coudée et un 
palme; elle avait une coudée en 
profondeur et une coudée en lar- 
geur; et sa clóture jusqu'à son 
bord et tout à l'entour, un palme; 
ainsi telle était la fosse de l'autel. 

14. Du bas de la terre jusqu'au 
rebord inférieur il y avait deux 
coudées de hauteur, etla largeur 
de ce rebord était d'une coudée; 
et de ce rebord qui était le plus 
petit, jusqu'au rebord le plus 
grand, 77 y avait quatre coudées, 
et la largeur de ce rebord était 
d'une coudée. 

15. Mais Ariel lui-méme avait 
quatre coudées; d'Ariel jusqu'en 
haut s’élevaient quatre cornes. 

16. Et Ariel était de douze cou- 
dées en longueur sur douze cou- 
dées de largeur; quadrangulaire 
à cótés égaux. 

11. Et son rebord était de qua- 
torze coudées de longueur, sur 
quatorze coudées de largeur, à 
ses quatre coins; et la couronne 
autour d'elle était d'une demi- 
coudée, etson enfoncementd' une 


10. Qu'ils soient confondus; en voyant sa grandeur et sa majesté. — De leurs ini- 
quités, qui ont été cause de sa destruction. 

12. La loi, etc.; la règle qu'on doit garder en bâtissant la maison de Dieu sur le 
haut, etc. : 
13. L'autel des holocaustes. — La coudée trés exacte (cubito verissimo); c'est-à-dire 
la coudée qu'on appelle sacrée, par opposition à la coudée commune qui avait un 

palme de moins que la première. 

15. Ariel; est le nom de la partie supérieure ou du foyer de l'autel. En hébreu il 
est écrit la première fois haharél, c'est-à-dire la montagne de Dieu; mais la seconde 
fois et dans le verset suivant, háariél, c'est-à-dire le lion de Dieu. La première déno- 
mination lui viendrait de ce qu'il s'élevait au milieu du parvis des prétres comme 
une petite montagne; et la seconde, de ce que, comme un lion, il dévorait les vic- 
limes qu'on offrait chaque jour. — Quatre cornes. Compar. Exode, xxvir, 2 ; xxix, 12; 
Lévitiq., wv, 1, 18. — Sa clôlure (definitio ejus); espèce de parapet tout autour de la 
osse, qui pouvait surtout servir à recevoir le sang des victimes et à l'empécher de 
se répandre dans le vestibule. 

11. Ses degrés. Comme la loi mosaique défendait aux prétres de monter à l'autel 
par des degrés, afin que leur nudité ne fût pas à découvert (Exod., xx, 26), les inter- 
prètes juifs prétendent que, par degrés, il faut entendre ici une montée d'une pente 


B 124 


1970 


coudée tout autour; or ses de- 
grés étaient tournés vers l'orient. 

18. Etil me dit : Fils d'un hom- 
me, voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Voici les rites pour l'autel 
au jour quelconque où il aura été 
construit, afin qu'un holocauste 
y soit offert dessus, que du sang 
y soit répandu. 

19. Et tu es donneras aux pré- 
tres et aux Lévites qui sont de la 
race de Sadoc, qui s'approchent 
de moi, ditle Seigneur Dieu, afin 
qu'ils m'offrent un veau du trou- 
peau pour le péché. 

20. Et prenant de son sang, tu 
en mettras sur les quatre cornes 
de l'autel, et sur les quatre coins 
de son rebord, et sur la couronne 
tout autour; et tule purifieras et 
le sanclifieras. 

21. Et tu emporteras le veau 
qui aura été offert pour le péché, 
et tu le brüleras dans un lieu de 
la maison séparé, hors du sanc- 
tuaire. 


ÉZÉCHIEL. 


(cu. xrum]) 

22. Et le second jour, tu offri- 
ras un bouc de chèvres sans 
tache pour le péché; et l'on sanc- 
tifiera l'autel, comme on l'a sanc- 
tifié avec le veau. 

23. Et lorsque tu auras achevé 
de 16 sanctifier, tu offriras un veau 
sans tache, pris d’un troupeau, et 
un bélier sans tache, pris d'un 
troupeau. 

24. Et tu les offriras en pré- 
sence du Seigneur, et les prêtres 
répandront du sel sur eux, et les 
offriront en holocauste au Sei- 
gneur. 

25. Durant sept jours, tu sacri- 
fieras chaque jour un bouc pour 
le péché; et l'on offrira un veau 
pris d'un troupeau, {ous deux 
sans tache. 

26. Durant sept jours, les pré- 
tres sanctifieront l'autel, et le pu- 
rifieront, et le consacreront. 

27. Et les sept jours accomplis, 
les prétres offriront, le huitième 
jour et dans la suite, vos holo- 


douce. L'historien Josèphe dit d'ailleurs que dans le temple réparé par Hérode on 
montait à l'autel du côté du midi par une rampe aisée et qui s'élevait doucement 
jusqu'au haut. Que si l'on conserve la signification rigoureuse de degrés, on peut sup- 
poser que ces degrés étaient couverts des deux cótés à une certaine hauteur; ce qui 
obviait à l'inconvénient signalé par la loi. 

19. Aux prétres et aux Lévites; ou mieux selon l'hébreu et les Septante, les prétres 
lévites; c'est-à-dire de la tribu ou de la race de Lévi. Il n'y avait pas de simples 
lévites dans la famille de Sadoc, qui était une des familles sacerdotales. — Pour ie 
péché. Compar. xr, 39. 

20. Et prenant, etc. Ceci s'adresse non à Ezéchiel, mais au prêtre qui devait con- 
sacrer l'autel. Voy. Exod., xxix, 16; Lévitiq., xvi, 18. 

91. Et tu emporteras, etc. Compar. Lévitiq., 1v, 12; vr, 80; xvr, 21. — Hors du sanc- 
tuaire; hors de l'enceinte du temple, mais néanmoins sur la montagne, où il est bâti. 

22. Un bouc de chèvres (hircum caprarum); c'est-à-dire, selon plusieurs interprètes, 
un jeune bouc qui tette encore sa mère. C'est dans ce sens que les mêmes interprètes 
expliquent, dans les versets suivants, un veau, un bélier pris d'un troupeau. Mais 
l'expression bouc de chèvres, en particulier, employée dans Daniel (vir, 5, 8, 21), ne 
saurait justifier cette interprétation, Pour nous, il nous semble qu'une pareille locu- 
tion est la méme que fils d'un homme, fils d'hommes, qui signifient simplement 
homme, hommes. — * Pour le péché ; sacrifice offert en expiation des péchés. 

26. Le consacreront ; littér., empliront sa main; formule usitée pour la consécration 
des prétres, parce qu'on mettait dans leurs mains soit les victimes qui devaient êlre 
ollertes en sacrifice, soit les instruments sacrés de leur ministère. 

21. Les hoslies. etc.; c'est-à-dire les hosties pacifiques qu'on offrait à Dieu pour le 


]68. xztv.] 


caustes sur l'autel, et 166 8 
qu'ils offrent pour la paix, et je 
m'attendrirai sur vous, dit le Sei- 
gneur Dieu. 


CHAPITRE XLIV. 


Porte orientale qui demeure fermée. Re- 
proche contre les Israélites qui ont in- 
troduit des étrangers dant le temple. 
Prétres exclus du ministère sacré. La 
race de Sadoc est confirmée dans le 
sacerdoce. Règlement pour les prêtres 
dans le temps de leur service. 


1. Et il me fit retourner vers la 
voie de la porte du sanctuaire 
extérieur, qui regardait vers 
lorient; et elle était fermée. 

2. Et le Seigneur me dit : Cette 
porte sera fermée; elle ne sera 
pas ouverte, et aucun homme 
n'y passera, parce que le Sei- 
eneur Dieu d'Israél est entré par 
celte porte; et elle sera fermée 

3. Pour le prince. Le prince lui- 
méme s'y assiéra, afin de manger 
le pain devant le Seigneur; par 
la voie dela porte du vestibule, 
il entrera, et par sa voie il sor- 
tira. 

4. Et il m'amena par la voie de 
la porte de l'aquilon, à la vue de 
la maison, et je vis, et voilà que 
la gloire du Seigneur remplit la 


ÉZÉCHIEL. 


1971 


maison du Seigneur, et je tombai 
sur ma face. 

9. Et le Seigneur me dit : Fils 
d'un homme, applique ton cœur, 
et vois de tes yeux, et de tes 
oreilles écoute toutes les choses 
que je te dis de toutes les céré- 
monies de la maison du Seigneur 
et de toutes ses lois : et tu appli- 
queras ton cœur à considérer les 
voies du temple avec toutes les 
sorties du sanctuaire. 

6. Et tu diras à la maison d'Is- 
raël qui m'exaspere : Voici ce que 
dit le Seigneur Dieu : Que tous 
vos crimes vous suffisent, maison 
d'Israël ; 

7. Car vous engagez des fils 
de l'étranger, incirconcis de cœur 
et incirconcis de chair, à se tenir 
dans mon sanctuaire, et à souiller 
ma maison; et vous offrez mes 
pains, de la graisse et du sang, 
et vous rompez mon alliance par 
tous vos crimes. 

8. Et vous n'avez point observé 
les ordonnances de mon sanc- 
tuaire; et c'est pour vous-mémes 
que vous avez établi des gardiens 
de mes prescriptions dans mon 
sanctuaire. 

9. Voici ce que dit le Seigneur 


louer, pour le reconnaitre comme souverain Seigneur; en actions de gráces, par pure 
dévotion, pour satisfaire à un vœu. Voy. Lévitig., nt, 12; vir, 12; xix, >. 

2. Elle sera fermée pendant les six jours de la semaine. mais on l'ouvrira les jours 
de sabbat, et les premiers jours du mois. Compar. xLvi, 1 et suiv. 

3. Pour le prince. Les rois de Juda avaient dans le temple une place distinguée, 
une espèce de tribune vis-à-vis de la porte orientale du parvis des prêtres. — Manger 
le pain; c'est-à-dire la chair des victimes dans les sacrifices pacifiques. Comme on l'a 
déjà vu, le mot pain, chez les Hébreux, se prenait pour signifier toute espéce de 
nourriture. — Sa voie; la voie du vestibule. 

4. Maison; signifie le temple, ici et dans tout le chapitre. 

9. Avec; ou et; littér., à travers (per). Selon l'hébreu : Tu poseras ton cœur à l'entrée 
de la maison, dans toutes les sorties du sanctuaire ; ce qui, dans le style biblique, peut 
signifier tout ce qui se pratique concernant le temple. — Le sanctuaire est également 
mis, ainsi que dans tout le chapitre, pour Le temple. 

8. C'est pour vous-mémes, etc.; vous avez pris des gardiens de votre choix, suivant 
votre goüt, et sans me consulter. 


1072 
Dieu : Aucun étranger incircon- 
sis de cœur et incirconeis de chair 
n'entrera dans mon sanctuaire, 
aucun fils de l'étranger qui est au 
milieu des enfants d'Israël. 

10. Mais les Lévites mémes qui 
se sont relirés loin de moi dans 
l'erreur des enfants d'Israël, et se 
sont égarés à la suite de leurs 
idoles, et ont porté la peine de 
leur iniquité, 

11. Seront dans mon sanctuaire 
gardiens et portiers aux portes 
de la maison, et serviteurs de la 
maison; ce seront eux qui tue- 
ront les bêtes pour les holocaustes, 
et les victimes du peuple; et ce 
seront eux qui se tiendront en sa 
présence, afin de le servir. 

19. Parce qu'ils l'ont servi de- 
vant ses idoles et qu'ils sont de- 
venus pour la maison d'Israël 
une pierre d’achoppement dans 
l'iniquité; c'est pour cela que j'ai 
levé ma main sur eux, dit le Sei- 
gneur, et ils porteront leur ini- 
quité. 

13. Et ils ne s'approcheront pas 
de moi pour remplir les fonctions 
du sacerdoce en ma présence, et 
ils n'approcheront d'aucun de 
mes sanctuaires prés des choses 
très saintes; mais ils porteront 
leur confusion et leurs crimes 
qu'ils ont commis. 


ÉZÉCHIEL. 


(cu. xuv.] 


14. Et je les établirai portiers 
de la maison, dans toute sorte 
d'offices et dans tout ce qui s'y 
fait. 

15. Mais quant aux prétres et 
aux Lévites, fils de Sadoc, qui ont 
gardé les cérémonies de mon 
sanctuaire, lorsque les enfants 
d'Israél erraient loin de moi, ce 
seront eux qui s'approcheront de 
moi pour me servir; et ils se tien- 
dront en ma présence pour m'of- 
frir la graisse et 16 sang des vic- 
times, dit le Seigneur Dieu. 

16. Ce seront eux qui entreront 
dans mon sanctuaire, et eux qui 
s'approcheront de ma table pour 
me servir et pour garder mes cé- 
rémonies. 

17. Et lorsqu'ils entreront dans 
les portes du parvis intérieur, ils 
seront vétus de robes de lin, et il 
n'y aura rien sur eux qui soit en 
laine, quand ils rempliront leur 
ministere aux portes du parvis 
intérieur, et au dedans. 

18. Des bandeaux de lin seront 
àleur téte, et des calecons de lin 
seront sur leurs reins, et ils ne se 
ceindront pas dans la sueur. 

19. Et lorsqu'ils sortiront dans 
le parvis extérieur pour aller par- 
mi le peuple, ils quitteront les 
vétements avec lesquels ils au- 
ront officié, et ils les déposeront 


» 


om 


10. Les Lévites; c'est-à-dire les prêtres mêmes, descendants de Lévi (Compar. 
xunur, 19), que Jéroboam entraîna dans son schisme et son idolàtrie. 

11-14, Le Prophète décrit la condition humiliante de ces prêtres prévaricateurs. 

13. Près des choses très saintes. Compar. xui, 13. 

485. Quant aux prêtres et aux Lévites, fils de Sadoc. Voy. נוא‎ 19. 

16. Qui s'approcheront, etc.; qui mettront sur ma table les pains de proposition. 

11. En laine; la laine, en effet, pouvait venir d'une bête ayant quelque défaut, ou 
morte; la brebis était d'ailleurs un animal pur. 

18. Des calecons. Compar. Exode, xxvur, 42. — Dans la sueur (in sudore) ; pendant 
qu'ils seront en sueur, selon les uns; ou bien, plus probablement, suivant les autres, 


jusqu'à suer. 


19. Lorsqu'ils sortiront, etc. Compar., ,זא‎ 14. 


— Ils ne sanclifieront pas le 


[cu. χαν.] 
dans ia chambre du sanctuaire, 
ils se revétiront d'autres véte- 
ments, et ils ne sanctifieront pas 
le peuple avec leurs vétements. 

90. Or ils ne raseront pas 
leur téte, et n'entretiendront pas 
leur chevelure ; mais ils tondront 
soigneusement leurs tétes. 

91. Aucun prétre ne boira de 
vin, lorsqu'il devra entrer dans 
le parvis intérieur. 

22. Ils ne prendront pas pour 
épouses une veuve et une femme 
répudiée, mais des vierges de la 
race de la maison d'Israél; et ils 
pourront prendre aussi une veuve 
qui sera veuve d'un prétre. 

93. Et ils enseigneront à mon 
peuple ce qu'il y a de différent 
entre ce qui est saint et ce qui est 
souillé; et ils lui montreront /a 
différence entre ce qui est pur et 
ce qui est impur. 

24. Et lorsqu'il y aura une con- 
testation, ils s'en tiendront à mes 
jugements, et ils jugeront; mes 
lois et mes ordonnances, ils les 
observeront dans toutes mes so- 
lennités, et mes sabbats, ils les 
sanctifieront. 

25. Et ils n'entreront pas près 
d'un homme mort, afin qu'ils ne 
soient point souillés, à moins que 
ce ne soit près d'un père et d’une 
mere, et d'un fils, et d'une fille, 
et d'un frère, et d'une sœur qui 


ÉZÉCHIEL. 


1973 


n'a pas eu un second mari; ils en 
deviendraient impurs. 

26. Et aprés que quelqu'un d'en- 
tre eux aura été purifié, on lui 
comptera encore sept jours. 

27. Et le jour de son entrée 
dans le sanctuaire au parvis in- 
térieur, afin de me servir dans le 
sanctuaire, il fera une oblation 
pour son péché, dit le Seigneur 
Dieu. 

28. Mais il n'y aura point pour 
eux d'héritage; c'est moi qui suis 
leur héritage; et vous ne leur 
donnerez point de possession en 
Israél, car c'est moi qui suis leur 
possession. 

29. La victime et pour le péché 
et pour le délit, ce sont eux qui 
la mangeront, et tout ce qui sera 
offert par vœu en Israël leur ap- 
partiendra. 

30. Et les prémices de tous les, 
premiers-nés et tous les prélève- 
ments sur toutes les choses qui 
sont offertes, appartiendront aux 
prétres; les prémices méme de 
toute votre nourriture, vous les 
donnerez au prétre, afin qu'il ré- 
pande la bénédiction sur votre 
maison. 

91. Les prétres ne mangeront 
d'entre les oiseaux et d'entre les 
troupeaux aucun animal mort 
naturellement, ou pris par une 
béte. 


Cuar. XLIV. 22. Lév., xxr, 14. — 28. Nomb., xviit, 20; Deut., xvii, 1. — 30. Exode, 


xxir, 29, — 31. Lév., xxii, 8. 


peuple, etc.; ils ne mettront pas le peuple dans la nécessité de se sanctifier, c'est-à- 
dire de se purifier; car les laiques qui touchaient les vétements sacrés étaient obligés 


de se purifier, et d'expier leur faute. 


20. Ils tondront soigneusement ; littér., et par hébraisme, fondant, ils tondront. 

26. On lui comptera, etc.; avant qu'il remplisse ses fonctions. 

30. Votre maison; littér., dans l'hébreu et la Vulgate {a maison ; parce que l'écrivain 
sacré ne s'adresse plus anx individus en particulier, mais à la réunion de ces indi- 


dus formant un seul peuple. 


1974 


CHAPITRE XLV *. 


Place pour la ville sainte. Partage du 
prince. Balances et mesures justes. 
Tributs dus au prince. Sacrifices du 
commencement de l'année sainte. So- 
lennité de Pâques. Fêtes des taber- 
nacles. 


1. Et lorsque vous commence- 
rez à diviser la terre par le sort, 
séparez les prémices pour le Sei- 
gneur; wn lieu de la terre sanc- 
tifié, d'unelongueur de vingt-cinq 
mille coudées, et d'une largeur 
de dix mille; il sera sanctifié 
dans toute sa limite autour. 

9. Et il y aura de sanctifié de 
tout cóté cinq cents coudées en 
carré tout autour, et cinquante 
coudées encore pour ses fau- 
bourgs aux environs. 

3. Et d'apres cette mesure, tu 
mesureras une longueur de vingt- 
cinq mille coudées, et une largeur 
de dix mille, et dans ce lieu méme 
sera le temple, et le saint des 
saints. 

4. Ce qu'il y aura de sanctifié 
de cette terre sera pour les pré- 


ÉZÉCHIEL. 


]08. xLv.] 
tres, ministres du sanctuaire, qui 
s'approchent du ministère du Sei- 
gneur; et ce lieu sera pour leurs 
maisons, et pour le sanctuaire de 
sainteté. 

5. Or, vingt-cinq mille coudées 
de longueur et dix mille de lar- 
geur seront pour les Lévites qui 
servent dans 18 maison; ils possé- 
deront aussi eux-mêmes vingt 
chambres. 

6. Et pour la possession de la 
cité, vous donnerez cinq mille 
coudées de largeur, etde longueur 
vingt-cinq mille, selon ce qui est 
séparé pour le sanctuaire; e£ ce 
sera pour toute la maison d'Is- 
raël. 

7. Au prince aussi vous donne- 
rez ce qui s'étendra de part et 
d'autre, lelong de ce qui a été sé- 
paré pour le sanctuaire et pour 
la possession de la cité, vis-à-vis 
de ce qui ἃ été séparé pour le 
sanctuaire, et vis-à-vis de la pos- 
session de la ville; depuis le 
cóté de la mer jusqu'à la mer, 
et depuis le cóté de l'orient jus- 
qu'à l'orient; or la longueur de 


/ 0 יווהה 


Comme ce chapitre et les trois suivants contiennent plusieurs récits assez obscurs‏ י 
sur le partage de la terre d'Israël, nous avons cru devoir ajouter à la suite du xrvure‏ 
un tableau qui pourra aider à les faire mieux comprendre.‏ 

1. Plusieurs savants interprètes ont remarqué avec raison que le partage de la 
terre d'Israél ne s'est pas fait aprés le retour de la captivité de Babylone, tel que le 
Seigneur le prescrit dans ces derniers chapitres, soit que les Juifs en aient été em- 
péchés par leurs ennemis, soit que Dieu ait voulu nous faire entendre que toutes ces 
choses étaient dites en figure et ne devaient s'accomplir parfaitement que dans 
l'Eglise chrétienne, et d'une manière spirituelle; ainsi que l'ont pensé les meilleurs 
interprétes. — Par le sort; expression consacrée dans la distribution des héritages, 
mais qui n'a pas ici son application, puisque le partage se fait par l'ordre et sous la 
direction de Dieu méme. — Coudées. Le vers. 2 prouve, ce semble, que c'est la me- 
sure qui fut employée dans la division de la terre, mentionnée dans le récit suivant. 
— Sanctifié; c'est-à-dire consacré au Seigneur. 

4. Leurs maisons; leurs logements. — Sanctuaire de sainteté; hébraisme, pour très 
saint. 

5. Dans la maison ; dans le temple. 

1. De la mer: c'est-à-dire de l'occident. — Jusqu'à la mer; jusqu'à lorient ; signifie 
que la portion du prince s'étendra du côté occidental vers l'occident, et du côté 
oriental vers l'orient. — La longueur de sa possession ; littér., de longueur (longitu- 


[cu. xLv.] 


sa possession sera égale dans cha- 
cune de ses portions, depuis les 
bornes de l'occident jusqu'aux 
bornes de l'orient. 

8. Il aura une possession de la 
terre dans Israél, et les princes 
ne dépouilleront plus mon peu- 
ple, mais ils donneront la terre à 
la maison d'Israël, selon leurs 
tribus. 

9. Voici ce que dil le Seigneur 
Dieu : Que ce/a vous suffise, prin- 
ces d'Israél; cessez liniquité et 
les rapines; faites jugement et 
justice; séparez vos confins de 
ceux de mon peuple, dit le Sei- 
gneur Dieu. 

10. Vous aurez une balance 
juste, et un éphi juste, et un bat 
juste. 

11. L'éphi et le bat seront 
égaux, et d'une méme mesure; 
en sorte que le bat tiendra la di- 
xieme partie du cor, et l'éphi la 
dixieme partie du cor; leur poids 
sera égal, par rapport à la mesure 
du cor. 

12. Mais le sicle a vingt oboles. 
Or vingt sicles, et vingt-cinq 
sicles, et quinze sicles, font la 
mine. 

13. Et voici quelles seront les 
prémices que vous prendrez : la 
sixieme partie de l'éphi sur un 


ÉZÉCHIEL. 


1975 


cor de froment; etlasixieme par- 
tie de l'éphi surun eor d'orge. 

14. Voici aussi la mesure de 
l'huile : le bat d'huile est la di- 
xieme partie du cor; et les dix 
bats font un cor, parce queles dix 
bats remplissent un cor. 

45. Et 205 offriront un bélier d'un 


troupeau de deux cents bétes de 


celles que le peuple d'Israél nour- 
rit pour le sacrifice, et pour l'ho- 
locauste, et pour les oblations 
pacifiques, afin d'expier leurs 
fautes, dit le Seigneur Dieu. 

16. Tout le peuple du pays sera 
obligé à ces prémices pour le 
prince en Israél. 

17. Et à la charge du prince 
seront les holocaustes, et le sa- 
crifice, et les libations dans les 
solennités, et dans les calendes 
et dans les sabbats, et dans tou- 
tes les solennités de la maison 
d'Israël; c'est lui qui offrira le 
sacrifice pour le péché, l'holo- 
causte et les victimes pacifiques 
pour lexpiation de la maison 
d'Israël. 

18. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Au premier mois, et au 
premier Jour de ce mois, tu pren- 
dras d’un troupeau un veau sans 
tache, et tu expieras le sanc- 
tuaire. 


Car. XLV. 12. Exode, xxx, 13; Lév., xxvir, 25; Nomb., ni, AT. 


dinis); mais ce génitif suppose nécessairement un nom dont il est le complément. Or 
le contexte semble indiquer que ce nom sous-entendu est précisément possession. 
10-11. L'éphi et le bat (batus); mesures; contenaient environ trente pintes de Paris. 
1. Le cor (corus) contenait dix éphis. Voy. le vers. précédent. 
12. Le sicle valait environ 1 fr. 47, selon les uns, et 1 fr. 60 suivant les autres. La 
mine ainsi composée de 60 sicles, valait environ 88 fr. 29, ou bien 91 fr. 50 de notre 


monnaie. 


15. Ils offriront ; Vaccusatif bélier (arietem), suppose nécessairement que ce verbe 
est sous-entendu. — Les oblations pacifiques, appelées aussi eucharistiques, se fai- 
saient, soit pour remercier Dieu des grâces qu'on avait reçues ds, lui, soit pour lui 


en demander de nouvelles. 


18, 21. Au premier mois. Voy. xxix, 17. 


1976 


19. Et le prétre prendra du sang 
qui sera pour le péché, et il en 
mettra aux poteaux de la maison, 
aux quatre coins du rebord de 
l'autel, et aux poteaux de la porte 
du parvis intérieur. 

20. Et ainsi tu feras au septiè- 
me jour du mois pour quiconque 
a péché par ignorance, et a été 
trompé par une erreur humaine, 
et tu expieras ans? la maison. 

91. Au premier mois, et au qua- 
torzieme jour de ce mois, sera 
pour vous la solennité de la Pà- 
que; sept jours durant, on man- 
gera des azymes. 

29. Et le prince offrira en ce 
jour-là pour lui-méme et pour 
tout le peuple du pays, un veau 
en sacrifice pour le péché ; 

93. Et pendant la solennité des 
sept jours, il offrira en holocauste 
au Seigneur sept veaux et sept 
béliers sans tache, chaque jour 
durant les sept jours, et pour le 
péché, un bouc de chèvres chaque 
jour. 

24. Et il offrira en sacrifice un 
éphi de farine par veau, et un 
éphi par bélier, et un hin d'huile 
par chaque éphi. 

95. Au septième mois, au quin- 
zieme jour de ce mois, pendant 
la solennité, il fera sept jours de 
suite les mémes choses qui ont 
été dites auparavant, tant pour 
lexpiation du péché, que pour 
l'holocauste, et pour le sacrifice 
des oblations et pour l'huile. 


ÉZÉCHIEL, 


[cu. xLvi.] 


CHAPITRE XLVI. 


Règlement pour l'ouverture de la porte 
orientale du parvis des prétres. Par 
quelle porte le roiet le peuple doivent 
entrer et sortir du temple. Diverses 
sortes de sacrifices. Dons du prince. 
Cuisine du temple. 


1. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : La porte du parvis inté- 
rieur qui regarde vers l'orient 
sera fermée les six jours dans 
lesquels on travaille; mais le jour 
du sabbat elle sera ouverte; et 
aussi le jour des calendes elle 
sera ouverte. 

2. Et le prince entrera par la 
voie du vestibule de la porte de 
dehors ; et il s'arrétera sur le seuil 
de la porte; et les prêtres offri- 
ront son holocauste, et ses obla- 
tions pacifiques; il adorera sur le 
seuil de la porte, et il sortira; 
mais la porte ne sera pas fermée 
jusqu'au soir. 

3. Et le peuple du pays ado- 
rera aussi devant le Seigneur à 
l'entrée de cette porte aux sab- 
bats et aux calendes. 

4. Or le prince offrira au Sei- 
gneur cet holocauste : le jour du 
sabbat six agneaux sans tache, et 
un bélier sans tache; 

5. Et le sacrifice d'un éphi de 
farine par bélier; mais pour les 
agneaux le sacrifice sera ce que 
donnera sa main; et un hin d'huile 
par chaque éphi. 

6. Mais au premier jour des ca- 


19, 29, 23. Pour le péché. Compar. Lévit., v, 15; vi, 17; vu, 15 Nombr., xvi, 9. 
21. Des azymes; des pains ou des gâteaux faits sans levain. 


23. Un bouc de chèvres. Voy. xuui, 22. 


24. De farine. Compar. Exode, xxix, 40; Nombr., xv, 4, 6, 9. — Hin. Voy. 1v, 11. 
4, 2. La porte, ete. Compar. xuiv, 4, 2. 3. — 2. Oblations pacifiques. Voy. xLV, 13. 
5. Ephi de farine, Voy. xuv, 10. Compar. Exod., xxix, 40; Nombr., xv, 4, 6, 9. 


9, 1, etc. Hin. Voy. 1v, 11. 


feu. xLvr.] 


lendes, un veau sans tache, pris 
d'un troupeau ; et six agneaux et 
sir béliers sans tache seront 
ajoutés. 

7. Et il offrira en sacrifice un 
éphi de farine par veau, un éphi 
aussi par bélier; mais quant aux 
agneaux, /e sacrifice sera selon 
que sa main aura trouvé, et un 
hin d'huile par chaque éphi. 

8. Et lorsque le prince doit en- 
irer dans le temple, qu'il entre 
par la voie du vestibule de la 
porte orientale; et qu'il sorte par 
la méme voie. 

9. Mais lorsque le peuple du 
pays entrera en la présence du 
Seigneur dans les solennités, que 
celui qui entre par la porte de 
l'aquilon, pour adorer, sorte par 
la voie dela porte du midi; et que 
celui qui entre par la porte du 
midi, sorte parla voie de la porte 
de l'aquilon; »w/ ne retournera 
par la voie de la porte par laquelle 
il sera entré; mais il sortira par 
celle d'en face. 

10. Mais le prince au milieu 
d'eux, entrera avec ceux qui 
entrent, et sortira avec ceux qui 
sortent. 

11. Et aux jours de foire et 
dans les solennités, le sacrifice 
sera un éphi de farine par veau 
et un éphi par bélier; mais pour 
les agneaux, le sacrifice sera se- 
lon que la main de chacun aura 
trouvé, et un hin d'huile par 
chaque éphi. 


ÉZÉCHIEL. 


1977 


19. Or lorsque le prince offrira 
au Seigneur un holocauste volon- 
taire, ou des victimes pacifiques 
volontaires, on lui ouvrira la 
porte qui regarde vers lorient; 
et il offrira son holocauste et ses 
victimes pacifiques, comme cela 
a coutume de se faire au jour du 
sabbat; οἱ il sortira, et la porte 
sera fermée apres qu'il sera sorti. 

13. Et il offrira chaque jour 
en holocauste au Seigneur un 
agneau de la méme année, sans 
tache; et il l'offrira toujours le 
matin. 

14. Et il offrira tous les matins 
en sacrifice pour cet agneau la 
sixieme parlie d'un éphi, et la 
troisieme partie d'un hin d'huile, 
afin qu'elle soit mélée avec la fa- 
rine; c'est là le sacrifice qu'il est 
obligé, selon la loi, d'offrir au Sei- 
eneur, sacrifice continuel et per- 
pétuel. 

15. 1| immolera lagneau, et 
offrira le sacrifice et l'huile, tous 
les matins; holocauste éternel. 

16. Voici ce que dit le Seigneur 
Dieu : Si le prince fait un don à 
l'un de ses fils, ce sera son héri- 
tage à lui et à ses fils; ils le pos- 
séderont héréditairement. 

47. Mais s'il fait un legs de son 
héritage à l'un de ses serviteurs, 
il ne lui appartiendra que jusqu'à 
l'année de rémission; et alors il 
retournera au prince, mais son 
héritage appartiendra à ses fils. 

18. Et le prince ne prendra 


————————MM——————————— 


T, A4 Selon que sa main, etc.; selon son pouvoir, ses moyens, ses facultés. 
11. * Aux jours de foire; hébreu : aux jours de fêtes, celle de Pâques, de la Pente- 


côte et des Tabernacles. 


14, 15. Tous les malins ou chaque matin; littér., selon le matin, le matin, ou au 
matin, malin (cata mane mane). Le mot cata, que saint Jérôme a pris du grec kata 
veut dire entre autres choses, selon, au moment de, pendant. p n 

11, De rémission ; c'est-à-dire du jubilé. Vov. Lévitig,, xxv 40 41. 


, 


1978 ÉZÉCHIEL. 


rien par violence de l'héritage du 
peuple, ni de ses biens; mais de 
son bien propre il donnera un 
héritage à ses fils, afin que parmi 
mon peuple, personne ne soit 
écarté de ce qu'il possède. 

19. Et il m'introduisit par l'en- 
trée qui était à côté de la porte, 
dans les chambres du sanctuaire, 
près des prêtres, chambres qui 
regardaient vers l'aquilon; et là 
était un lieu tourné vers l'occi- 
dent. 


[cu. xLvir.] 


parvis 77 y avait une petite cour. 

99. Ces petites cours ainsi dis- 
posées aux quatre coins du par- 
vis, avaient quarante coudées de 
long, et trente delarge;les quatre 
étaient d'une méme mesure. 

93. Et une muraille enfermait 
tout autour les quatre petites 
cours ; et des cuisines avaient été 
construites sous les portiques 
tout autour. 

24. Et il me dit : Voici la maison 
des cuisines, dans laquelle les 


ministres de la maison du Sei- 
gneur cuiront les victimes du 
peuple. 


20. Et il me dit : C'est le lieu où 
les prêtres cuiront 768 viandes des 
victimes immolées pour le péché 
et pour le délit; où ils cuiront ce 
qui sert au sacrifice, afin qu'ils 
ne les portent point dans le par- 
vis extérieur, et que le peuple ne 
soit pas sanctifié. 

91. Et il me fit sortir dans le 
parvis extérieur, et me mena aux 
quatre coins du parvis; et voici 
quil y avait une petite cour au 
coin du parvis; à chaque coin du 


CHAPITRE XLVII ₪. 


Eaux qui sortent de dessous la porte 
orientale du temple, et qui, se grossis- 
sant à mesure qu'elles avancent, vont 
se rendre dans la mer Morte dont elles 
assainissent les eaux. Limites de la 
terre d'Israél. 


|. Et il me fit revenir vers la 
porte de la maison; et voici que 


19. 1/; c'est-à-dire l'ange. Voy. xr, 3. 

20. Pour le péché, etc. Compar. Lévitiq., v, 15; vr, 17; vir, 1; Nombr., xvi, 9. — Que 
le peuple ne soit pas sanclifié. Voy. ,נוא‎ 19. 

94, Les viclimes du peuple; c'est-à-dire destinées pour le peuple. 

^ Le partage dela terre d'Israél, tel qu'il est prescrit à la fin dece chapitre et dans 
le chapitre suivant, n'eut pas d'accomplissement littéral au retour des Juifs dans la 
Judée sous les rois de Perse, et il ne put méme l'avoir, puisque la plus grande partie 
des douze tribus ne revint pas, et queles peuples étrangers qui occupaient la Samarie 
ne furent pas chassés. C'est donc encore ici une description mystérieuse et symbo- 
lique; et comme elle regarde principalement les douze tribus d'Israël, 11 paraît que 
ce partage n'aura son entier accomplissement que dans la conversion future des Juifs, 
à l'égard de qui tout ceci doit étre entendu, non dans le sens littéral et immédiat, 
mais dans un sens spirituel couvert sous le voile de la lettre. 

1. et .טנטפ‎ * 3° Le nouveau partage de la Terre Sainte, xrvir-xLvmr. — 19 Ce n'est 
point seulement Jérusalem et le temple qui seront rendus à Israël, ce sera toute la 
Terre Sainte, redevenue féconde. Elle deviendra semblable au paradis terrestre, 
avait déjà prédit 16 prophète, xxxvi, 34; une magnifique vision symbolise maintenant 
la félicité nouvelle de la vieille terre de Chanaan. ll y avait dans l'ancien temple une 
source qui servait aux besoins du culte; ses eaux, après avoir été employées par les 
prétres, allaient, par des canaux souterrains, se jeter dans le torrent de Cédron et de 
là dans la mer Morte. Dieu fait de cette source, transfigurée aux yeux du prophète, 
voir Joël, nz, 18; Zach., xiv, 8, l'emblème de la félicité messianique, cette eau vive 
du salut que Jésus-Christ apportera au monde, Jean, 1v, 14; vir, 31-38; le filet d'eau 
du mont Moriah grossit et devient un grand fleuve, il adoucit les ondes salées du 


[(Β. xrvir.] 


des eaux sortaient de dessous le 
seuil vers l'orient; car la face de 
la maison regardait vers l'orient; 
or les eaux descendaient au cóté 
droit du temple, vers le midi de 
l'autel. 

2. Et il me fit sortir par la voie 
de la porte de l'aquilon, et me 
fit retourner vers la voie hors de 
la porte extérieure, voie qui re- 
gardait vers l'orient; et voici que 
les eaux venaient en abondance 
du cóté droit. 

3. Lorsque l'homme fut sorti 
vers l'orient, ayant un cordeau 
en sa main, il mesura mille cou- 
dées, et il me fit passer dans ] 
jusqu'à la cheville des pieds. 

4. Et de nouveau il mesura 
mille coudées, et 11 me fit passer 
dans l'eau jusqu'aux genoux. 

ὃ. Il mesura encore mille cou- 
dées,etilmefitencore passer dans 
l'eau jusqu'aux reins. Il mesura 
de plus ilte coudées, et ce fut 
un torrent que je ne pus passer, 
parce que les eaux de ce pro- 
fond torrent s'étaient tellement 


ÉZÉCHIEL. 


1979 
enflées, qu on ne pouvait le pas- 
ser à gué. 

6. Et il me dit: Certainement tu 
as vu, fils d'un homme. Et il me 
fit sorlir et me fitretourner sur la 
rive du torrent. 

7. Et lorsque je me fus re- 
tourné, voici sur la rive du tor- 
rent beaucoup d'arbres des deux 
cótés. 

8. Et il me dit : Ces eaux qui 
sortent vers les monceaux de sa- 
ble de l'orient, et descendent 
dans les plaines du désert, en- 
treront dans la mer et en sorti- 
ront, et seseaux seront assainies, 

9. Et toute àme vivante qui 
rampe, vivra partout oü viendra 
le torrent; et il y aura un très 
grand nombre de poissons, apres 
que ces eaux y seront venues, et 
tout ce quiaura touché le torrent 
sera guéri etvivra. 

10. Et les pêcheurs se tiendront 
sur ces eaux; et depuis Engaddi 
jusqu'à Engallim on séchera les 
filets; il y aura beaucoup d'es- 
peces de ses poissons; comme 


lac Asphaltite et rend verdoyantes et fertiles ses rives désolées; belle image des 
changements merveilleux qu'apportera au monde l'Evangile, xLvu, 1-19. — 20 La 
terre d'Israël ainsi régénérée sera de nouveau partagée entre les douze tribus, xvii, 
13-xLvirr. — 1° Le Prophète nous fait d'abord connaitre quelles seront les limites de 
ce nouveau royaume, destiné à étre divisé entre les enfants d'Israél etles prosélytes 
qui se sont joints à eux, xuvrr, 13-23. — 2» 1[ énumére ensuite, dans une distribution 
idéale, la part de chacune des douze tribus, xvin, 1-29. — 30 Enfin la vision et le 
livre entier de ses prophéties se terminent par la description de la ville capitale du 
nouveau royaume, dont le nom sera le Seigneur est là, xLvu, 30-35. 

1. De la maison c'est-à-dire du temple. — Des eaux sortaient, etc. Tous les inter- 
prétes conviennent que ces eaux ne furent jamais réellement dans le temple, de la 
maniere dont elles sont ici décrites. Aussi, d'aprés tous les Péres, doivent-elles s'en- 
. tendre de la gráce de Jésus-Christ, dela doctrine del'Evangile, de l'effusion de l'Esprit- 
Saint, des eaux sacrées du baptéme. Jésus-Christ a comparé sa doctrine à une source 
d'eau. Il a dit lui-même qu'il était la fontaine de vie. Voy. Isaie, xit, 3; Jean, 1v, 18, 
14; vit, 38. 

9. Un trés grand, nombre (multi satis). Le mot hébreu rendu ici dans la Vulgate par 
assez (satis), signifie beaucoup, extrémement. 

10. On séchera les filets. Voy. xxvi, 5. — La grande mer; mentionnée dans plusieurs 
versets suivants, est la Méditerranée. — * Depuis Engaddi jusqu'à Engallim. Saint 
Jérôme place Engallim à l'endroit où le Jourdain se jette dans la mer Morte, Engaddi 


1080 
les poissons de la grande mer, 
ils seront d'une multitude prodi- 
gieuse. 

11. Mais sur ses rivages et les 
marais qw'elle forme, les eaux 
ne seront pas assainies, parce 
qu'elles fourniront aux salines. 

12. Et le long du torrent, il s'é- 
lèvera sur les bords aux deux 
côtés toutes sortes d'arbres frui- 
tiers; leur feuille ne tombera 
point, et leur fruit ne fera pas dé- 
faut; à chaque mois il donnera 
des primeurs, parce que les eaux 
du torrent seront sorties du sanc- 
tuaire, et leurs fruits serviront 
à nourrir, et leurs feuilles à gué- 
TID. 

13. Voici ce que ditle Seigneur 
Dieu : Voici les bornes dans les- 
quelles vous posséderez la terre 
dans les douze tribus d'Israël, 
parce que Joseph a un double 
partage. 

14. Mais vous posséderez tous 
également, chacun autant que 
son frere, de cette terre touchant 
laquelle j'ai levé la main que je 


ÉZÉCHIEL. 


[cH. xrvm.: 


la donnerais à vos peres; et cette 
terre vous tombera en posses- 
sion. 

15. Or voici les bornes de cette 
terre : Du cóté du septentrion, 
depuis la grande mer, par la 
voie de Héthalon en venant à 
Sédada, 

16. Emath, Bérotha, Sabarim, 
qui est entreles limites de Damas, 
etles confins d'Emath; la maison 
de Tichon, qui est sur les limites 
d'Auran ; 

17. Et ses bornes seront de- 
puis la mer, jusqu'à la cour 
d'Enon qui fait les limites de 
Damas, et depuis un aquilon jus- 
qu'à l’autre aquilon; les bornes 
d'Emath seront le cóté septen- 
irional. 

18. Or son cóté oriental se pren- 
dra du milieu d'Auran et du mi- 
lieu de Damas, et du milieu de 
Galaad et du milieu de la terre 
d'Israél; le Jourdain la bornera 
en tirant vers la mer orientale ; 
vous mesurerez aussi le cóté 
oriental. 


était situé sur la rive occidentale de cette mer, à peu prés à égale distance de son 
extrémité septentrionale et de son extrémité méridionale. 

11. * Aux salines. A l'ouest de la mer Morte, il y a beaucoup de parties tout à fait 
stériles, parce qu'elles sont couvertes de sel. 

19. Ces arbres mystérieux peuvent représenter les justes, que David représente 
sous le méme symbole (Ps. 1, 1-3). 

13. Partage; littér., corde. Voy. Ps. xv, 6. 

14. J'ai levé la main; hébraisme, pour : J'ai juré. 

15. * Héthalon, Sédada ; villes inconnues. Il existe une ville de Sadad au nord de 
Damas, mais il est peu probable que ce soit Sédada. 

16. La maison de Tichon; selon l'hébreu, Hátsér Hatticôn, qui veut dire, ia cour ou 
le village du milieu. — * Emath ; aujourd'hui Hamah, ville dela Ceelésyrie. — Bérotha. 
Voir la note sur Il Rois, vni, 8. — Sabarim; la Zaberane actuelle sur la route d'Emèse 
à Hamah. — Auran ; le Hauran actuel, au nord-est de la Palestine. La maison de Ti- 
chon, qui est sur les limites du Hauran, doit être traduit, d’après beaucoup de com - 
mentateurs modernes, par Hazer, ville située sur la frontiére du Hauran. 

17. La mer Méditerranée. — La cour d'Enon; en hébreu, Hatsar Héinón, qui si- 
gnifie 76 cour ou le village des fontaines. Au lieu de Héinón et d'Enon, on lit ailleurs 
(xvii, et Nombr., xxxiv, 9, 10), Héinan, Enan. — Depuis un aquilon, etc.; depuis un 
côté du nord jusqu'à l'autre côté. 

18. La, mer orientale; c'est-à-dire la mer Morte. 


(cu. xr.vii.) 


19. Mais le cóté méridional, de- 
puis Thamar jusqu'aux eaux de 
contradiction de Cadés, et de- 
puis le torrent jusqu'à la grande 
mer; et c'est là le cóté vers le 
midi. 

90. Et le cóté de la mer sera la 
grande mer, à prendre en droite 
ligne, depuis la limite jusqu'à ce 
que tu viennes 8 Emath; c'est le 


ÉZÉCHIEL. 


1981 
milieu de vous; et ils seront pour 
vous comme des indigènes par- 
mi les enfants d'Israél; ils parta- 
geront avec vous la terre de pos- 
session au milieu des tribus d'Is- 
raél. 

23. Et dans quelque tribu que 
soit un étranger, vous lui donne- 
rez là son partage, ditle Seigneur 
Dieu. 


cóté de la mer. 

91. Vous partagerez cette terre 
entre vous, selon les tribus d'Is- 
rael. 

99. Et vous la prendrez en hé- 
ritage pour vousetpour les étran- 
gers, qui se joindront à vous, et 
qui engendreront des enfants au 


CHAPITRE XLVIII. 


La terre d'Israél partagée en douze tri- 
bus. Portion consacrée pour le temple 
et pour la ville sainte. Partage des lé- 
vites et du prince. Noms des portes de 
la ville. 


1. Et voici les noms des tribus, 


19. Thamar; ville au midi de la mer Morte. — Aux eaux, etc. Voy. Nombr., xx, 1 
et suiv. — Le torrent d'Egypte. Compar. Nombr., xxxv, 5. 
90. Jusqu'à ce que tu viennes à Emath; c'est-à-dire jusqu'en face d'Emath. 


1-35. * Résumé des dernières prophéties d'Ezéchiel. Il sera utile de réunir comme en 
un seul tableau les traits épars dans la dernière grande vision d'Ezéchiel, xLvi-xLvir, 
et dans les prophéties concernant la restauration d'Israél, xxxiv-xxxvrt. Quand Dieu 
aura établi dans la terre de Chanaan les Israélites ramenés de la captivité, nous 
apprend le Prophéte, ils formeront uu seul peuple, qui sera gouverné par son servi- 
teur David, c'est-à-dire le Messie. Il3 se partageront à nouveau la Terre Promise, de 
la manière suivante : Au milieu, ils laisseront un espace de 25,000 coudées carrées, 
formant à peu près le cinquième de la Palestine, pour le nouveau temple et ses mi- 
nistres, ainsi que pour la capitale et ses ouvriers; des deux côtés seront réservées 
des propriétés pour le prince. Le temple sera bàti au centre, sur une haute mon- 
tagne; il occupera avec ses dépendances une superficie de 500 coudées carrées; les 
possessions des prétres, de 25,000 coudées de long sur 10,000 de large, seront au sud 
du temple; celles des lévites au nord; celles du prince à l'est et à l'ouest; la 
capitale sera située au midi de la terre sacerdotale. Le reste du pays sera 
partagé entre les douze tribus, sept au nord, cinq au sud, de telle sorte que cha- 
cune d'elles s'étende depuis le Jourdain ou la mer Morte jusqu'à la Méditerranée. 
Les étrangers qui habiteront au milieu d'ísraél recevront leur part comme les cn- 
fants de Jacob; les paiens feront partie du royaume du Messie et participeront aux 
bienfaits de l'Evangile. — Le peuple ainsi rétabli dans la Terre Sainte devra, à la 
suite de son prince, aller honorer Dieu en son temple aux fétes solennelles et lui 
offrir ses présents. Le prince, à toutes les fêtes, sera tenu d'offrir les victimes pour 
les sacrifices; le peuple lui devra pour cela la 60e partie de la récolte du froment, la 
100e partie de l'huile et la 200e des troupeaux. Le service-de l'autel et du Saint ne 
pourra être fait que par les prêtres de la race de Sadoc, restée fidèle au Seigneur 
quand Israël sacrifiait aux idoles; tous les autres enfants de Lévi seront employés 
aux bas ministères; les incirconcis ne pénétreront plus dans le temple. Quand Israël 
adorera ainsi son Dieu, il sera comblé des plus abondantes bénédictions : une source 
d'eau vive se répandra du seuil du temple dans la vallée du Jourdain et rendra 
douces les eaux amères de la mer Morte; ses rives se couvriront d'arbres fruitiers, 
portant leurs fruits tous les mois; leurs feuilles ne se flétriront jamais et seront 
elles-mémes utiles. Ce sont là, sous d'autres images, les bienfaits de la venue du 


πιῶ 4 


1982 
depuis les confins del'aquilon, le 
long de la voie de Béthalon, lors- 
qu'on va à Emath : la cour d'Enan 
sera la borne du cóté de Damas 
vers l'aquilon, le long de la voie 
d'Emath. Et à lui sera le cóté 
oriental, la mer; Dan, une por- 
tion. 

2. Et sur la frontiere de Dan, 
depuis le cóté oriental jusqu'au 
côté de la mer, Aser, une por- 
tion. 

3. Et sur la frontiere d'Aser, 
depuis le cóté oriental jusqu'au 
côté de la mer, Nephthali, une 
portion. 

4. Et sur la frontiere de Neph- 
thali, depuis le cóté de l'orient 
jusqu'au cóté dela mer, Manassé, 
une portion. 

5. Et sur la frontiere de Ma- 
nassé, depuis le cóté oriental jus- 
qu'au cóté de la mer, Ephraim, 
une portion. 

6. Et surla frontiere d'Ephraim, 
depuis le cóté oriental jusqu'au 
6016 de la mer, Ruben, une por- 
tion. 

1. Et sur la frontiere de Ruben, 
depuis le cóté oriental jusqu'au 
cóté de la mer, Juda, une por- 
tion. 

8. Et sur la frontiere de Juda, 
depuis le cóté oriental jusqu'au 
cóté de la mer, seront les pré- 
mices que vous séparerez; elles 


ÉZÉCHIEL. 


(eu. xr.vit. 
seront de vingt-cinq mille 6 
sures de largeur et de longueur 
comme chacune des portions 
depuis le côté oriental jusqu'au 
cóté de la mer; et le sanctuaire 
sera au milieu de cette portion. 

9. Quant aux prémices que vous 
séparerez pour le Seigneur, leur 
longueur sera de vingt-cinq mille 
mesures, et leur largeur de dix 
mille. 

10. Or ces prémices du sanc- 
tuaire des prétres seront, vers l'a- 
quilon, d'une longueur de vingt- 
cinq mille mesures, et vers 18 mer 
d'une largeur de dix mille ; mais 
aussi vers l'orient d'une largeur 
de dix mille, et vers le midi d'une 
longueur de vingt-cinq mille ; et 
le sanctuaire du Seigneur sera 
au milieu de cette portion. 

11. Le sanctuaire sera pour les 
prétres, d'entre les fils de Sadoc 
qui ont gardé mes cérémonies, et 
qui ne se sont pas égarés, lorsque 
les enfants d'Israél s'égaraient, 
comme se sont égarés les Lévites 
mémes. 

12. Et ils auront pour prémices, 
au milieu desprémices dela terre, 
lesaint des saints, le long de la 
frontiere des Lévites. 

13. Mais les Lévites aussi au- 
ront également, lelong des con- 
fins des prétres, vingt-cinq mille 
coudées de longueur, et de lar- 


Messie, prédits déjà par Isaie et les autres prophétes, l'annonce des changements 
merveilleux que le Rédempteur opérera dans le monde en fécondant, par la rosée de 
sa grâce, la terre rendue'auparavant stérile par le péché. 

4. La cour d'Enan. Voy. xLvnr, 11. — A lui; à Dan. — La mer Méditerranée. — 
Dan, une porlion (Dan una); c'est-à-dire que, dans la terre d'Israél, Dan aura une 
portion, telle qu'elle vient d'étre décrite. La méme formule qui existe également 
dans le texte hébreu, se répéte dans ce chapitre pour toutes les autres tribus. 

8. Mesures; ce mot est évidemment sous-entendu ici et dans plusieurs des versets 
suivants jusqu'au 16e, où il se trouve exprimé. Or, la mesure dont il s'agit dans tous 
ces passages est, selon les uns, la coudée, et selon les autres, la canne. Voy. sur la 
valeur de ces deux mesures, xL, 3, 


(ἐπ. xLvin.] 
geur dix mille. Toute la longueur 
de leur portion sera de vingt- 
cinq mille, et la largeur de dix 
mille. 

14. Et ils n'en vendront point 
et n'en changeront point; ces pré- 
mices de la terre ne seront point 
transférées 4 d'autres, parce 
qu'elles ont été consacrées au 
Seigneur. 

15. Mais les cinq mille mesures 
qui restent de largeur sur les 
vingt-cinq mille, seront profanes, 
et destinées aux édifices de la ville, 
et à ses faubourgs; et la cité sera 
au milieu de cette portion. 

16. Et voici quelles seront ses 
mesures : au cóté septentrional, 
quatre mille et cinq cents; et au 
côté méridional, quatre mille et 
cinq cents; et au cóté oriental, 
quatre mille et cinq cents; et au 
côté occidental, quatre mille et 
cinq cents. 

47. Mais les faubourgs de la 
cité en auront vers l'aquilon deux 
cent cinquante, et vers le midi, 
deux cent cinquante; et vers 
l'orient, deux cent cinquante; et 
versla mer, deux cent cinquante. 

18. Quant à ce qui restera sur 
la longueur proche des prémices 
du sanctuaire, savoir dix mille 
mesures vers lorient, et dix mille 
vers l'occident, elles seront com- 
me les prémices mêmes du sanc- 
tuaire; et les fruits que l'on en 
retirera seront pour nourrir ceux 
qui serviront la cité. 

19. Or ceux qui serviront à la 


ÉZECHIEL. 


1983 
cité s y emploieront de toutes 1es 
tribus d'Israél. 

20. Toutesles prémices de vingt- 
cinq mille mesures encarréseront 
séparées pour étreles prémices du 
sanctuaire, etla possession de la 
cité. 

21. Mais ce qui restera sera au 
prince de tout côté, des prémices 
du sanctuaire, et dela possession 
de la cité, vis-à-vis des vingt-cinq 
mille mesures des prémices, jus- 
qu'à la frontière orientale, et 
aussi vers la mer, vis-à-vis des 
vingt-cinq mille mesures, jusqu'à 
la limite de la mer, sera pareille- 
ment dans les portions du prince; 
et les prémices du sanctuaire et 
le sanctuaire du temple seront au 
milieu de ses portions. 

22. Or ce qui restera dela pos- 
session des Lévites et de la pos- 
session de la cité, au milieu des 
portions du prince, sera entre la 
frontiere de Juda et entre lafron- 
tiere de Benjamin. 

93. Et pour les autres tribus, 
depuis le cóté oriental jusqu'au 
côté occidental, Benjamin, une 
portion. 

24. Et contre la frontiere de 
Benjamin, depuis lecóté oriental 
jusqu'au cóté occidental, Siméon, 
une portion. 

95. Et sur la frontiere de Si- 
méon, depuis le côté oriental jus- 
qu'au côté occidental, Issachar, 
une portion. 

26. Et sur la frontiere d'Issa- 
char, depuis le cóté oriental jus- 


19. Ceux qui serviront, etc.; c'est-à-dire les ouvriers et les artisans de toutes sortes 
pourront venir des différentes tribus travailler dans la cité; tandis que les prétres 
et les lévites seront dans Israël, comme une race noble et distinguée (Exode, xix, 6), 
qui ne devra s'occuper que du culte du Seigneur, de l'étude de sa loi, et de l'instruc- 


tion des peuples. 


23. Benjamin, une porlion. Voyez pour le sens de ces mots, le vers. 1°r, 


198 4 


qu'au côté occidental, Zabulon, 
une portion. 

Et sur la frontiere de Zabu-‏ .דפ 
lon, depuis le cóté oriental jus-‏ 
qu’au côté de la mer, Gad, une‏ 
portion.‏ 

98. Et sur la frontiere de Gad, 
sera ce qui s'étend vers le cóté de 
l'auster au midi; et sa limite sera 
depuis Thamar jusqu'aux eaux 
de contradiction de Cadès; son 
héritage s'étendra contre la gran- 
de mer. 

29. Telle est la terre que vous 
distribuerez au sort entre les tri- 
bus d'Israël; et tels seront leurs 
partages, dit le Seigneur Dieu. 

30. Et voici les sorlies de la 
ville : Du cóté septentrional, tu 
mesureras quatre mille et cinq 
cents mesures. 

31. Et les noms des portes de la 
ville seront d'apres les noms des 
tribus d'Israél; trois portes au 


ÉZECHIEL. 


(cm. xLvut.| 


septentrion; la porte de Ruben, 
une, la porte de Juda, une, la porte 
de Lévi, une; 

39. Et vers le côté oriental, 
tu mesureras quatre mille et 
cinq cents mesures; et il y aura 
trois portes : la porte de Joseph, 
une, la porte de Benjamin, une, 
la porte de Dan, une; 

33. Et vers le côté méridional, 
tu en mesureras quatre mille et 
cinq cents; et 27 y aura trois por- 
tes : la porte de Siméon, une, la 
porte d'Issachar, une, la porte de 
Zabulon, une; 

34. Et vers le cóté occidental, 
quatre mille et cinq cents; et 2/ 
y aura trois portes : la porte de 
Gad, une, la porte d'Aser, une, la 
porte de Nephthali, une. 

39. Par son circuit elle aura 
dix-huit mille mesures; et le nom 
de la cité sera depuis ce jour-là : 
Le Seigneur est là méme. 


98. Thamar, etc. Voy. xuvit, 19. — La grande mer; c'est-à-dire la Méditerranée. — 


* Cadés. Voir la note sur Nombr., xx, 4. 


35. Le Seigneur, etc. Ce nom n'a jamais convenu à Jérusalem qu'imparfaitement et 
que pour un temps trés borné. Il n'y a que l'Eglise chrétienne qui puisse le porter 
en toute vérité, puisque c'est à elle seule que Jésus-Christ a promis, en la personne 
de ses apôtres, d'être avec elle jusqu'à la fin du monde (Mat/A., xxvii, 20). 


fen. xr.vnr.] EÉZÉCHTEL. 198 


PARTAGE DE LA TERRE D'ISRAEL 


D'après la description d'Ezéchiel 


(ch. xrv-xrvrimr) 


SEPTENTRION 
== 1 
| DAN 
ASER 


NEPHTHALI 


| MANASSÉ 
| ÉPHRAÏM 
RUBEN 
| JUD A 
| 25,000 mesures | 
| i 
n 
ω 
- 
| 5 
ua 
LA 2 כו‎ 
LÉVITES Ξ LÉVITES 
5 
c 
5 
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OUVRIERS DE 5 LA VILLE 
BENJAMIN 
SIM ÉON 
ISSACHAR 
ZABULON 
GAD | 
Tiu MIDI 


A. L 425 


ORIENT 


DANIEL 


INTRODUCTION 


Daniel, « Dieu est mon juge ou mon défenseur, » le quatrième des grands 
prophètes, était de race royale, Dan., 1, 3. W fut emmené captif à Babylone, la 
troisième année du règne de Joakim (606). Là, avec trois de ses compagnons, 
il fut élevé à l’école du palais royal, observa fidèlement la loi mosaïque, gagna 
la confiance de celui qui était chargé de veiller sur lui, 1, 8-16; fit de rapides 
progrès, el, au bout de trois ans, 1, 5, 18, eut l'occasion de montrer sa pénétra- 
tion d'esprit et sa perspicacité en expliquant le songe de Nabuchodonosor, rt, 
14 sq.; et en montrant l'innocence de Susanne, xim, 45 sq. Le roi le nomma 
gouverneur en chef, it, 48. Il interpréta plus tard un second songe de Nabucho- 
donosor, iV, 7-27, et le mané, thécel, pharés du festin de Balthasar, v, 10-28, 
quoiqu'il n'occupàt plus alors son ancienne position officielle parmi les mages, 
v, 9, 7, 8, 12. Après la conquête de Babylone par les Mèdes et les Perses, il 
devint, sous Darius le Mède, le premier des trois ministres de l'empire, Dan., 
vi, 2; il excita ainsi l'envie, et ses ennemis le firent jeter deux fois dans une 
fosse aux lions, où il fut miraculeusement préservé, vi; xiv, 29-42, ce qui l'af- 
fermit dans les bonnes grâces de Darius. Cyrus se montra également bien dis- 
posé envers lui, vi, 28; cf. 1, 21. C'est la 3* année de ce roi, 534, qu'il eut, sur 
les rives du Tigre, sa derniere vision, x, 1, 4. La fin de sa vie nous est incon- 
nue. On croit communément qu'il mourut à Suse; on y montre son tombeau, 
où les pèlerins se rendent en foule. Ezéchiel, dans ses prophéties, cite Daniel, 
avec Noé et Job, comme un modèle de justice; il vante aussi sa sagesse. — Le 
dernier des grands prophétes occupa, à la cour des rois de Chaldée et de Perse, 
une situation analogue à celle de Joseph à la cour des pharaons. Au commence- 
ment et à la fin de l'histoire du peuple juif, nous voyons ainsi un représentant 
da. vrai Dieu auprès des monarques paiens. Daniel n'exerca pas sur l'avenir de 
son peuple une influence de màme nature que Joseph; mais par sa position et 
plus encore par ses oracles, par ses prédictions sur la venue du Messie, il agit 
puissamment sur ses frères et prépara ainsi les voies à l'avènement du Christia- 
nisme. 

L'authenticité du livre de Daniel est universellement niée aujourd'hui par les 
ralionalistes; ils prétendent qu'il est apocryphe et que les prophéties qu'il con- 
lient ont été écrites aprés coup, du temps des Machabées. — La tradition a tou- 


* Ce livre ne présente pas toutes les prophéties daus l'ordre chronologique, 


DANIEL. — INTRODUCTION. 1987 


jours admis au contraire Daniel comme un livre canonique et digne de foi. 
Toute la partie qui subsiste encore en hébreu et en araméen est acceptée sans 
contestation par les Juifs et les chrétiens; quant à la partie qui n'existe plus 
qu'en grec, elle est rejetée par les Juifs et les protestants; mais le concile de 
Trente en a consacré avec raison l'autorité. — Les principales preuves de l'au- 
thenticité de Daniel sont les suivantes : — 1° Le témoignage du Nouveau Testa- 
ment, Matth., xxiv, 15; Héb., xi, 33; etc. — 2° Celui de Josèphe; il raconte, 
qu'on montra les prophéties de Daniel à Alexandre le Grand, quand ce dernier 
visita Jérusalem. — 99 Le premier livre des Machabées, qui est presque contem- 
porain des événements qu'il raconte, suppose l'existence du livre de Daniel, 
bien plus, la eonnaissance de la version grecque de ce livre, par conséquent 
celui-ci avait été écrit assez longtemps avant celte époque. — 4^ On ne peut 
expliquer l'admission de Daniel dans le canon juif qu'en le regardant comme 
une œuvre authentique. Ce canon était clos avant l'époque des Machabées, et 
par conséquent tous les écrits qu'il contient sont d'une date antérieure. — 5? La 
connaissance minutieuse que possède l’auteur des mœurs, des coutumes, de 
l'histoire et de la religion chaldéennes est une preuve qu'il était contemporain 
des faits qu'il raconte; aprés la ruine de l'empire de Nabuchodonosor par les 
Perses et les Médes, personne n'aurait pu étre initié à tant de détails minutieux 
dont les découvertes modernes confirment l'entiére exactitude. — 6° La langue 
est celle dun homme vivant à l'époque de la captivité. Il avait l'habitude de 
s'exprimer dans les deux langues, hébraique et araméenne; du temps des Ma- 
chabées, on ne parlait plus qu'araméen : l'emploi de certains mots, d'origine 
aryenne et non sémitique, ne s'explique non plus que par l'habitation de Daniel 
à la cour des rois perses : un Juif écrivant en Palestine n'aurait jamais usé de 
pareilles expressions. 

Le livre de Daniel se divise en deux parties très distinctes : la première, 1-vi, 
est historique; la seconde, vrr-xir, est. prophétique. Dans la partie historique, 
Daniel parle à la troisième personne; dans la partie prophétique, à la première, 
le verset d'introduction excepté, vir, 1 et x, 1. Malgré cette différence de langage, 
on admet généralement l'unité du livre. L'emploi successif des deux personnes 
s'explique par la nature du sujet : 16 prophète raconte sous forme de narration 
impersonnelle les faits et les événements symboliques, parce qu'ils peuvent étre 
directement contrólés, mais il parle en son propre nom, quand il rapporte des 
révélations et des visions personnelles, parce qu'elles tirent leur autorité du té- 
moignage méme du prophète à qui elles ont été communiquées. On remarque 
quelque chose d'analogue dans les autres prophètes, /s., vit, 3; xx, 2; xxxvi-xxxix. 
— Un appendice, contenant l'histoire de Susanne et celle de Bel et du dragon, 
xir-xiv, termine le livre de Daniel dans la Bible latine. 


1933 DANIEL. [cx. 1.] 


de son dieu, et il mit les vases 
CHAPITRE PREMIER. dans la maison du trésor de son 
Daniel, Ananias, Misaël et Azarias, choisis dieu. ΠΕ. Ε 
pour servir à la cour de Nabuchodo- 9. Et le roi dit à Asphénez, pré- 
nosor. Ils ne veulent pas se souiller en posé des eunuques, de choisir 
mangeant des viandes de la table du | d'entre les fils d'Israël, et de la 
roi. Dieu les remplit de lumières. . 1 
race des rois, et des princes, 
|. En la troisieme année du 4. De jeunes hommes qui fus- 
regne de Joakim, roi de Juda, Na- | sent sans aucun défaut, d'une 
puchodonosor, roi de Babylone, | belle apparence, et instruits en 
vint à Jérusalem et l'assiégea. toute sagesse, habiles dans les 
2. Et le Seigneur livra en sa | sciences et dans les arts, et qui 
main Joakim, roi de Juda, et une | pussent demeurer dans le palais 
partie des vases de la maison de | du roi, afin qu'il leur apprit les 
Dieu; et il les emporta dans la | lettres et la langue des Chaldéens. 
terre de Sennaar, dans la maison 5. Et le roi établit qu'on les 


1-21. * Ire Partie : Partie historique, r-vr. — Le but de cette partie du livre de 
Daniel n'est point de donner une histoire sommaire de la captivité ou de la vie du 
Prophéte, mais de nous faire connaitre les moyens que Dieu employa, pendant cette 
période de chátiment et de désolation, pour consoler, encourager et soutenir Israél, 
en lui montrant que Dieu ne l'avait pas abandonné. — 1» Le premier chapitre forme 
l'introduction à tout le livre, en nous apprenant comment Daniel fut élevé à la cour 
méme du roi. 

1. En la lroisième année, etc. Nabuchodonosor partit de Babylone vers la fin de 
cette année, et vint former le siége de Jérusalem du commencement de la suivante 
(Jérém., xxv. 1). — * La lroisième année du règne de Joakim est l'an 606 avant J.-C. 
— Sur Nabuchodonosor, voir Jérém., XXI, 1. 

2. La terre de Sennaar; ancien nom de la Babylonie (Genèse, x, 10. — Son dieu ; 
Bel ou Bélus, dont le temple était le plus riche et le plus somptueux de tous ceux 
de Babylone. 

3. Préposé des eunuques (prepositus eunuchorum); c'est-à-dire, chef des officiers 
de la cour. On donnait communément le nom d'eunuques aux officiers du palais des 
rois d'Orient, parce que pour l'ordinaire ils étaient réellement eunuques. — Des 
princes; des premiers par le rang; c'est le vrai sens du tyrannorum de la Vulgate, 
expliqué par l'hébreu ou plutôt par l'idiome des anciens Perses, car l'hébreu Pharle- 
min ou Parlemin, tire probablement son origine de Pardomim, qui signifie en effet 
les grands, les premiers (primi, magnates). Nous dirons de méme des différentes 
lecons des Septante, partommein, porthemmein, phortommin, porthommein). 

4. De jeunes hommes (pueros). Tout ce qui est dit de Daniel et de ses compagnons 
dans ce chapitre et les suivants, prouve qu'ils étaient au moins adolescents. D'ail- 
leurs le terme hébreu est pris plus d'une fois dans ce sens, aussi bien que le mot 
latin puer, qui se dit d'un garcon de 17 ans, et que Cicéron lui-même a appliqué à 
Octave âgé de 19 ans. — Les lettres (litteras) ; les caractères, l'écriture des Chaldéens 
qui différait de celle des Hébreux. C'est aussi le sens du texte original, et en parti- 
2ulier des Septante qui traduisent d'ailleurs (vers. 17) 16 inóme mot hébreu par gram- 
maire. — * L'écriture cunéiforme ou assyrienne, qu'on enseignait dans l'école 
royale, était très compliquée et fort difficile à apprendre. On enseignait de plus, dans 
cette école, une langue antique, nécessaire pour bien comprendre les monuments an- 

ciens, la grammaire, l'histoire, la géographie, l'astronomie, les sciences magiques, etc. 

‘est ce que nous attestent les livres écrits sur des tablettes d'argile, qui formaient 

es bibliothèques assyro-chaldéennes, et dont des restes considérables ont été re-‏ ן 
ו trouvés,‏ 
En présence du roi; pour le servir, s‏ .9 


[cn. 1. 
nourrirait chaque jour de ses 
propres mets et qu'ils boiraient 
du vin dont il buvait lui-méme, 
afin qu'étant ainsi nourris pen- 
dant trois ans, ils pussent en- 
suite demeurer en présence du 
roi. 

6. Or, entre ces jeunes hommes, 
il se trouva des enfants de Juda, 
Daniel, Ananias, Misaël et Aza- 
rias. 

7. Et le préposé des eunuques 
leur donna des noms, appelant 
Daniel, Baltassar; Ananias, Si- 
drach ; Misaél, Misach ; et Azarias, 
Abdénago. 

8. Mais Daniel résolut dans son 
cœur de ne point se souiller par 
les mets dela table du roi, et par 
le vin dontil buvait, et il demanda 
au préposé des eunuques de ne 
point se souiller. 

9. Or, Dieu fit trouver à Daniel 
grâce et faveur devant le prince 
des eunuques. 

10. Et le prince des eunuques 
dit à Daniel : Moi je crains mon 
seigneur le roi, qui a déterminé 
pour vous les mets et le vin; or, 
s'il voit vos visages plus maigres 
que ceux des autres jeunes hom- 
mes de votre àge, vous livrerez 
ma téte à la condamnation du roi. 

11. Et Daniel dit à Malasar, que 


DANIEL. 


1989 


le prince des eunuques avait eta- 
bli sur Daniel, Ananias, Misaél et 
Azarias : 

12. Eprouvez, je vous prie, vos 
serviteurs dix jours, et qu'on 
nous donne des légumes à man- 
ger et de l'eau à boire; 

13. Et aprés cela regardez nos 
visages, et les visages des jeunes 
hommes qui se nourrissent des 
mets du roi; et selon que vous 
aurez vu, vous agirez avec vos 
serviteurs. 

14. Celui-ci, ayant entendu de 
telles paroles, les éprouva pen- 
dant dix jours. 

15. Mais apres dix jours, leurs 
visages parurent meilleurs et 
d'un embonpoint plus grand que 
celui de tous les jeunes hommes 
qui mangeaient des mets du roi. 

16. Malasar donc enlevait les 
mets et le vin qu'on leur servait 
pour boire, et leur donnait des 
légumes. 

17. Or à ces jeunes hommes 
Dieu donna la science et la con- 
naissance de toutlivre et de toute 
sagesse, mais à Daniel l'intelli- 
gence de toutes les visions et de 
tous les songes. 

18. C'est pourquoi étant accom- 
plis les jours après lesquels le roi 
avait dit qu'ils seraient introduits, 


T. Leur donna des noms. Le changement des noms était une marque de domaine 
et d'autorité; les maitres, en prenant des esclaves, leur donnaient de nouveaux noms. 
— * En assyrien, Abdénago devait s'appeler Abed-Nebo, ce qui signifie « serviteur du 
dieu Nébo. » La signification exacte de Sidrach et de Misach est inconnue. — Baltassar. 
La véritable forme assyrienne est Balatsu-usur, (Dieu) protége sa vie. 

8. Daniel résolut, etc. Les paiens mangeaient indifféremment de toutes sortes de 
viandes, et par conséquent de celles qui étaient défendues aux Juifs (Lévilig., x1; 
Deutér., xiv). De plus ils eonsacraient à leurs dieux tout ce qui était servi sur la 
fable. 

9. Le prince; est le méme que /e préposé des eunuques. 

11. * Malasar est un titre de dignité. 

11. Livre (liber). La Vulgate a traduit (vers. 4) par (elfres, le méme mot hébreu 
qu'elle rend 101 par livre. Voy. le vers. 4. — De toutes les visions, etc., envoyées de 
Dieu lui-même. 


1990 
le préposé des eunuques les in- 
troduisit devant Nabuchodono- 
sor. 

19. Et lorsque le roi leur eut 
parlé, il ne se trouva point parmi 
tous les autres de jeunes hommes 
tels que Daniel, Ananias, Misaél 
et Azarias; et ils demeurèrent en 
présence du roi. 

90. Et sur toute question de 
sagesse et d'intelligence que leur 
fit le roi, il trouva en eux dix fois 
plus que dans tous les devins et 
les mages qui étaient dans tout 
son royaume. 

21. Or Daniel fut à /a cour jus- 
quà la premiere année du roi 


DANIEL. 


[CH. 11, 


niel le lui fait connaitre et le lui ex- 
plique. Honneurs que Nabuchodonosor 
fait à Daniel. 


1. En la seconde année du 
regne de Nabuchodonosor, Nabu- 
chodonosor vit un songe, et son 
esprit fut extrémement effrayé; 
et son songe s'enfuit de lui. 

2. Or le roi ordonna qu'on 
assemblát les devins, les mages 
et les enchanteurs, et les Chal- 
déens, afin qu'ils indiquassent au 
roi ses songes ; ceux-ci, lorsqu'ils 
furent venus, se tinrent devant 
le roi. 

3. Et le roi leur dit : J'ai vu 
un songe, et, troublé d'esprit, 


jignore ce que j'ai vu. 

4. Et les Chaldéens répondirent 
au roi en syriaque : Roi, vivez à 
jamais; dites le songe à vos ser- 
vileurs, et nous en donnerons 
l'interprétation. 


Cyrus. 
CHAPITRE II. 


Songe de Nabuchodonosor, statue com- 
posée de quatre métaux. Les devins de 
Chaldée ne peuvent pas faire connaitre 
au roi ce songe qu'il avait oublié. Da- 


Cap, I. 21. Infra, vi, 28. 


19. En présence du roi; pour le servir. Compar. vers. 3. 

90. Dix fois plus de lumiéres, de connaissances. 

21. Daniel fut, etc. Compar. vr, 28; x, 1; xiv, 4. 

1-49. * 2e Le second chapitre contient le récit d'un songe de Nabuchodonosor, en 
602 ou 603, et l'explication qu'en donna Daniel. Le roi avait vu une statue dont la 
tête était d'or, la poitrine et les bras d'argent, le ventre et les cuisses de bronze, les 
jambes de fer, une partie des pieds de fer et l'autre d'argile. Le Prophéte expliqua 
au roi, comme Joseph l'avait fait autrefois au pharaon, la signification du songe. Les 
diverses parties de la statue marquaient les empires qui devaient se suecéder dans 
le monde : la tête d'or, c'est l'empire de Nabuchodonosor; la poitrine d'argent, c'est 
l'empire médo-perse; le ventre de bronze, c'est l'empire d'Alexandre et les royaumes 
des Séleucides et des Ptolémées, la Syrie et l'Egypte, qui en sont issus ; les jambes 
de fer, c'est l'empire romain qui brise et écrase tout ; les pieds, moitié argile, moitié 
fer, c'estce méme empire divisé en empire d'Orient et empire d'Occident. Une petite 
pierre détachée de la montagne, c'est-à-dire Jésus-Christ, renverse le colosse, et 
Dieu fonde le royaume éternel de son Eglise. 

1. * La seconde année. Probablement la seconde année du régne de Nabuchodonosor, 
depuis la mort de son père Nabopolassar (602). 

2. Les Chaldéens; probablement les prétres chaldéens adonnés à l'astrologie. — 
* Les devins, les mages, etc., sont les diverses classes de magiciens qu'on distinguait 
à Babylone, où la magie était si cultivée que chaldéen devint synonyme de magiciens. 

^. En syriaque; selon le texte hébreu, en araméen, c'est-à-dire en chaldéen et en 
syriaque; car anciennement ces deux langues n'en faisaient qu'une (IV Rois, xvur, 26; 
I Esdr., 1v, 1); et quoique depuis elles aient formé deux idiomes, d'ailleurs fort rap- 
prochés, on les a toujours comprises l'une et l'autre sous la dénomination commune 
de langue araméenne. — Depuis ce verset jusqu'à la fin du chap. vu, le texte primitif 


(cn. 11.] 


5. Et répondant, le roi dit 
aux Chaldéens : La chose m'est 
échappée de la mémoire, si vous 
ne m'indiquez 16 songe et sa 
signification, vous périrez, vous, 
et vos maisons seront confis- 
quées. 

6. Maissi vous me ditesle songe 
et sa signification, vous recevrez 
de moi des dons, des présents et 
de grands honneurs; dites-moi 
donc mon songe et son interpré- 
tation. 

Ils lui répondirent pour la‏ .ד 
seconde fois, et ils dirent : Que le‏ 
roi dise le songe à ses serviteurs,‏ 
et nous lui en donnerons l'inter-‏ 
prétalion.‏ 

8. Le roi répondit et dit : Cer- 
tainement, je reconnais que vous 
cherchez à gagner du temps, 
parce que vous savez que la chose 
m'est échappée de la mémoire. 

9. Si donc vous ne m'indiquez 
pas 16 songe, je n'aurai qu'une 
opinion de vous, c'est que vous 
avez méme préparé une inter- 
prétation fallacieuse et pleine de 
déception, afin de me la dire, 
jusqu'à ce que le temps se passe. 
C'estpourquoi dites-moi le songe, 
afin que je sache que vous don- 


DANIEL. 


! 1091 
nerez aussi sa véritable interpré- 
tation. 

10. Répondant donc, les Chal- 
déens dirent devant le roi : ll n'y 
a pas d'homme sur la terre qui 
puisse, ὃ roi, accomplir votre pa- 
role; et aucun roi, grand et puis- 
sant, ne fait de question de cette 
sorte à aucun devin, à aucun 
mage, à aucun Chaldéen. 

11. Car ce que vous demandez, 
ὃ roi, est difficile; et il ne se 
irouvera personne qui puisse 
l'indiquer en présence du roi, 
excepté les dieux, qui n'ont point 
de commerce avec les hommes. 

12. Ce qu'ayant entendu, le roi, 
en fureur, et dans une grande 
colere, ordonna que tous les 
sages de Babylone périraient. 

13. Et, lasentence promulguée, 
les sages étaient mis à mort; et 
l'on cherchait Daniel et ses com- 
pagnons, afin qu'ils périssent. 

14. Alors Daniel s'informa de 
la loi et de la sentence auprès 
d'Arioch, prince de la milice du 
roi, qui était sorti pour faire 
mourir les sages de Babylone. 

15. Et il lui demanda à lui qui 
avait recu pouvoir du roi, pour 
quel motif une si cruelle sen- 


est écrit en chaldéen. — * En syriaque ou en araméen ne signifie pas que les Chal- 
déens parlérent au roi en cette langue, mais que ce qui suit dans le livre du Pro- 
phète est écrit en syriaque. Après : un roi, il faudrait un point. En syriaque est une 


indication donnée au lecteur. 


9, 8. La chose; le songe; selon d'autres, {a parole; c'est-à-dire l'ordre, 16 comman- 


dement est émané de moi. 


10. * Les livres de magie chaldéens, dont plusieurs sont parvenus jusqu'à nous, 
donnent l'interprétation des différentes choses qu'on peut voir en songe, mais ils ne 
peuvent apprendre quel a été le songe sur lequel on consulte; Dieu seul peut faire 


cette révélation. 


13. Les sages étaient mis à mort (interficiebantur). D'après ces paroles on avait déjà 
commencé à exécuter la sentence du roi; celles du vers. 24 ne disent pas formelle- 


ment le contraire. 


14. * Arioch; en assyrien : Eriaku, signifie, d'après quelques-uns, serviteur du dieu 


Lune. 


13. Emanée du roi; littér. sortie de la face du roi. Compar, vers. 19 


4992 
tence était émanée du roi. Lors 
donc qu'Arioch eut indiqué la 
chose à Daniel, 

16. Daniel, étant entré, pria le 
roi de lui accorder quelque temps 
pour indiquer la solution au roi. 

17. Et, étant entré dans sa 
maison, il fit part de la chose à 
ses compagnons Ananias, Misaël 
et Azarias, 

18. Afin qu'ils implorassent la 
miséricorde de la face du Dieu du 
ciel, au sujet de ce secret, et que 
Daniel et ses compagnons ne pé- 
rissent point avec les autres 
sages de Babylone. 

19. Alors le mystère fut décou- 
vert à Daniel dans une vision, 
durant la nuit; et Daniel bénit le 
Dieu du ciel, 

20. Et ayant parlé, i1 dit : Que 
le nom du Seigneur soit béni 
dun siecle jusqu'à un autre 
siecle, parce que la sagesse et la 
force sont à lui. 

91. Et c’est lui qui change les 
temps et les âges, qui transfère 
les royaumes et les établit, qui 
donne la sagesse aux sages et la 
science à ceux qui comprennent 
l'instruction. 

22. C'est lui qui révèle les cho- 
ses profondes et cachées, qui 
connait ce qui se trouve dans les 
ténèbres, et la lumiere est avec 
lui. 

93. C'est vous, Dieu de nos pè- 


DANIEL. 


[cn. ur.] 
res, que je célebre, c'est vous 
que je lone, parce que vous m'a- 
vez donné la sagesse et la force, 
et que vous m'avez montré main- 
tenant ce que nous vous avons 
demandé, puisque vous nous avez 
révélé la parole du roi. 

24. Aprés cela, Daniel étant en- 
tré chez Arioch, que le roi avait 
établi pour perdre les sages de 
Babylone, il lui parla ainsi : Ne 
perdez point les sages de Baby- 
lone; introduisez-moien présence 
du roi, et je donnerai la solution 
au roi. 

95. Alors Arioch, se hátant, in- 
troduisit Daniel auprès du roi, et 
lui dit : J'ai trouvé un homme 
d'entre les fils de la transmigra- 
tion de Juda, lequel donnera au 
roi la solution. 

26. Le roi répondit, et dit à Da- 
niel, dont le nom était Baltassar : 
Penses-tu que tu peux vérilable- 
ment dire mon songe, et son in- 
terprétation? 

27. Et répondant, Daniel dit 
devant le roi: Le mystère sur le- 
quel le roi »#'interroge, les sages, 
les mages, les devins et les au- 
gures ne peuvent le découvrir au 
roi. 

28. Mais il est un Dieu dans le 
ciel qui révèle les mystères et 
qui vous ἃ montré, roi Nabucho- 
donosor, les choses qui doivent 
arriver dans les derniers temps. 


23. La sagesse et la force qui nous étaient nécessaires pour nous délivrer d'un 1 


grand danger. 


24. La solution; l'éclaircissement qu'il demande. 


28. Les derniers temps, dans l'Ancien Testament, et surtout dans le style des pro- 
phètes, désignent ordinairement l'avénement du Messie, et l'établissement de son 
règne. Compar. Isaze, τι, 2. — Les visions, etc., sont la méme chose que votre songe. 
— L'expression vision de la lêle, familière à Daniel, veut dire, vision qui ne vient pas 
me l'esprit par la vue des objets extérieurs, mais qui est formée uniquement dans 
e cerveau. 


[cir. 1.) 


Votre songe et les visions de vo- 
ire téte dans votre lit sont de 
cette sorte : 

99. Vous, Ó roi, vous avez com- 
mencé à penser dans votre lit 
ce qui devait arriver dans la 
suite, et celui qui révèle les mys- 
teres vous a montré les choses à 
venir. 

30. A moi aussi ce secret m'a 
été révélé, non par une sagesse 
qui est en moi plus qu'en tous les 
êtres vivants, mais afin que l'in- 
terprétation devint manifeste 
pour le roi, et que vous connus- 
siez les pensées de votre esprit. 

31. Vous, ὃ roi, vous voyiez, et 
voilà comme une grande statue ; 
et cette statue grande et considé- 
rable par la hauteur, se tenait 
debout devant vous et son regard 
était terrible. 

32. La téte de cette statue était 
d'or trés pur; mais la poitrine 
et les bras d'argent; et le ventre 
et les cuisses d'airain; 

33. Mais les jambes de fer; une 
partie des pieds était de fer, mais 
l'autre d'argile. 

34. Vous voyiezainsi, jusqu'à ce 
qu'une pierre fut détachée de la 
montagne sans les mains d'aucun 
homme, et elle frappa la statue 


DANIEL. 


1993 


dans ses pieds de fer, et d'argile, 
et elle les mit en pièces. 

35. Alors furent brisés ensem- 
ble le fer, l'argile, l'airain, l'ar- 
gent et l'or, et ils devinrent com- 
me la cendre brülante d'une aire 
d'été; et ils furent emportés par 
le vent; et il ne se trouva aucun 
lieu pour eux; mais la pierre qui 
avait frappé la statue devint une 
grande montagne et remplit toute 
la terre. 

36. Voilà le songe; son inter- 
prétation, nous la dirons devant 
vous aussi, Ô roi. 

37. C'est vous qui êtes le roi 
des rois; et le Dieu du ciel vous ἃ 
donné le royaume, et la force, et 
l'empire, et la gloire, 

38. Et tous les lieux dans les- 
quels habitent les fils des hommes 
et les bêtes dela campagne; il a 
mis aussi les oiseaux du ciel en 
votre main, et sous votre puis- 
sance il a établi toutes choses; 
c'est donc vous qui êtes la tête 
d'or. 

39. Et après vous s'élévera un 
royaume moindre que vous, un 
royaume d'argent, puis un autre, 
un troisième royaume d'airain, 
qui commandera à toute la terre. 

40. Et le quatrieme royaume 


35. Comme la cendre brülante d'une aire d'élé; toute autre traduction ferait évidem- 
ment violence au texte de la Vulgate (Quasi in favillam zstive arez). Quant au terme 
chaldéen Aour, qui peut trés bien signifier les ordures qui restent sur l'aire, aprés 
qu'on a battu les grains, rien n'empéche de supposer qu'on brülait ces ordures, dont 
la cendre était emportée parle vent; et que c'est à cela que fait allusion l'écrivain 
sacré. Ajoutons que le mot grec des Septante koniortos signifie, entre autres choses, 
cendre enlevée par 16 vent. 

31. Le roi des rois; titre ordinaire que prenaient aussi les rois de Perse. Nabucho- 
donosor était alors le plus grand roi du monde. 

38. Les fils des hommes; expression poétique, signifiant simplement, les hommes. 

39. Un royaume moindre, etc.; c'est le royaume Medico-Persique fondé par Darius le 
Mède et Cyrus, et qui fut moindre en effet que l'empire babylonien, tant par la durée 
que par l'étendue et la puissance. — Un íroisiéme royaume, l'empire des Grecs, fondé 
par Alexandre le Grand. 

40. Le quatriéme royaume, l'empire romain, qui brisa et mit en poudre tous les 


1994 


sera comme le fer : de même que 
le fer brise et dompte toutes cho- 
ses, de même il brisera et réduira 
en poudre tous ces autres royau- 
mes. 

41. Mais parce que vous avez 
vu qu'une partie des pieds et des 
doigts des pieds était d'argile, et 
une partie de fer, le royaume 
sera divisé, quoiqu'il tirera son 
origine du fer, selon que vous 
avez vu le fer mêlé à l'argile fan- 
geuse. 

42. Et comme vous avez vu les 
doigts des pieds, en partie de fer, 
et en partie d'argile fangeuse, le 
royaume sera en partie affermi, 
et en partie brisé. 

43. Et, parce que vous avez vu 
le fer mêlé avec l'argile, ils se 
méleront, il est vrai, par des al- 
liances humaines; mais ils ne 
s'uniront pas, comme le fer ne 
peut se mêler avec l'argile. 

41. Mais dans les jours de ces 
royaumes, le Dieu du ciel susci- 
lera un royaume qui jamais ne 
sera détruit, et son royaume ne 
sera pas donné à un autre peu- 
ple; or il mettra en pieces et con- 
sumera tous ces royaumes; et il 
subsistera lui-méme éternelle- 
ment. 


DANIEL. 


[cm. 11.] 


45. Selon que vous avez vu 
qu'une pierre fut détachée de la 
montagnesans les mains d'aucun 
homme, et qu'elle mit en pièces 
l'argile et le fer, 6% l'airain et l'ar- 
gent, et l'or, le grand Dieu a 
montré au roi les choses qui doi- 
vent arriver dans la suite; et vé- 
ritable est le songe, et fidèle son 
interprétation. 

46. Alors le roi Nabuchodonosor 
tomba sur sa face, et adora Da- 
niel; et il ordonna qu'on lui offrit 
des hosties et de l'encens. 

41. Parlant donc, le roi dit à 
Daniel : Véritablement votre Dieu 
est le Dieu des dieux, et le Sei- 
gneur des rois; et il révèle les 
mystères, puisque toi, tu as pu 
découvrir ce secret. , 

48. Alors le roi éleva Daniel en 
honneur et lui fit de nombreux et 
de grands présents, et il l'établit 
prince sur toutes les provinces de 
Babylone, et chef des magistrats 
au-dessus de tous les sages de 
Babylone. 

49. Or Daniel demanda au roi, 
et le roi préposa aux affaires de 
la province de Babylone, Sidrach, 
Misach et Abdénago; mais lui- 
même Daniel était à la porte du 
roi. 


royaumes qui subsistaient avant lui dans l'Europe, dans l'Afrique et dans presque 


toute l'Asie. 


41-43. Tout ceci regarde le dernier âge de l'empire romain depuis Auguste. L'an- 
cienne vigueur de la république romaine s'énerva sous le gouvernement des empe- 
reurs, représentés par les pieds de la statue. 

44. Un royaume qui jamais, etc. Ce royaume éternel est celui du Messie qui prit 
naissance sous Auguste, le premier empereur des Romains, et qui n'a jamais passé 


au pouvoir d'un autre peuple. 


45. Une pierre, etc. C'est Jésus-Christ, né d'une vierge, et qui a établi son royaume 
sur la terre sans le concours d'aucune puissance humaine. Il a frappé les pieds du 
colosse, c'est-à-dire de l'empire idolâtre des Romains. 

49. A la porte du roi; prés de la personne du roi. 


ἢ. 11. 


CHAPITRE ΠΙ. 


Statue d'or dressée par Nabuchodonosor. 
Les trois compagnons de Daniel refu- 
sent d'adorer cette statue; ils sont jetés 
dans une fournaise ardente. Dieu les y 
conserve. Prière d'Asarias. Cantique 
d'Asarias et de ses compagnezs. Or- 
donnance de Nabuchodonosor en faveur 
de la religion des Juifs. 


1. Le roi Nabuchodonosor fit 
une statue d'or de soixante cou- 
dées de hauteur, de six coudées 
de largeur, et la placa dans le 
champ de Dura, de la province de 
Babylone. 

2. (est pourquoi le roi Nabu- 
chodonosor envoya pour rassem- 
bler les satrapes,les magistrats et 
les juges, les chefs de l'armée, et 
les princes, et les intendants, et 
tous les gouverneurs de provin- 


DANIEL. 


1995 


élevée le roi Nabuchodonosor. 

3. Alors s'asembleérent les sa- 
trapes, les magistrats etles juges, 
les chefs de l'armée, et les pre- 
miers par le rang, et les grands 
qui étaient constitués en puissan- 
ce, et tous les gouverneurs de 
provinces, afin qu'ils vinssent en- 
semble à la dédicace de la statue 
qu'avait posée le roi Nabuchono- 
nosor; 

4. Etun hérautcriait fortement: 
Il vous est dit à vous, peuples tri- 
bus et langues : 

5. A l'heure à laquelle vous en- 
tendrez le son dela trompette, et 
de la flûte, et de la harpe, de la 
sambuque, et du psaltérion, et de 
la symphonie, et de toute espèce 
de musique, tombantaterre, ado- 
rez lastatue d'or qu'a élevée le roi 


Nabuchodonosor. 
6. Si quelqu'un ne se prosterne 


ces, afin qu'ils vinssent ensemble 
à la dédicace de la statue qu'avait 


1-97. * 30 Dans le ch. ri, 1-97, nous voyons comment Dieu sauva miraculeusement 
des flammes de la fournaise les compagnons de Daniel qui avaient refusé d'adorer la 
statue érigée par Nabuchodonosor; nous y lisons aussi le cantique par lequel ils re- 
mercièrent Dieu de sa protection. 

1. * Une 8/0/06 d'or. On sait que les Chaldéens faisaient des statues colossales en 
métaux précieux, mais souvent l'intérieur était en bois et elles étaient seulement 
plaquées d'or. — Soirante coudées de hauteur; plus de trente mètres, mais la statue 
proprement dite était probablement placée au haut d'une colonne, comme on la 
représente dans les catacombes. C'était sans doute une image de la grande divinité 
babylonienne, Bel ou Mérodach. — Dura; partie dela plaine de Babylone située au 
sud-ouest de la ville. 

2-3. Les princes (tyrannos). Voy. 1, 3. Les interprétes les plus habiles et les plus 
consciencicux conviennent que la signification rigoureuse de ces noms de dignités 
ne saurait étre bien déterminée. 

4. Peuples, tribus et langues; c'est-à-dire peuples, tribus de différentes langues, 
ou de langue quelconque, comme on lit au vers. 96. Ce genre de construction se 
trouve daus d'autres passages de la Bible; c'est une figure grammaticale, nommée 
hendiade; c'est-à-dire une chose exprimée par deux mots. 

5. Symphonie; désigne dans ce chapitre un instrument, probablement la cornemuse. 
— De musique ou d'instruments de musique. C'est le sens du mot de la Vulgate, mu- 
sicorum, expliqué par 16 texte original. D'où il suit que ce terme latin représente le 
génitif pluriel neutre de l'adjectif musicus, a um, et non point du substantif masculin, 
musicus, i qui signifie musicien. — Les mots d'origine grecque qui se rencontrent ici 
et dans plusieurs autres passages de ce livre, ne prouvent nullement qu'il n'est pas 
authentique. — * La sambuque, d'aprés l'opinion la plus vraisemblable, était une 
harpe d'une forme particulière. 

6. * Dans la fournaise d'un feu ardent. Supplice commun chez les Assyriens et les 
Chaldéens, mais inusité chez les Juifs. 


1996 


pas pour adorer, à la méme heure 
il sera jeté dans la fournaise d’un 
feu ardent. 

7. Après cela donc, dès que 
tous les peuples eurent entendu 
le son de la trompette, de la flûte 
et de la harpe, de lasambuque, et 
du psaltérion,etde la symphonie, 
et de toute espèce de musique, 
tombant ὦ terre, tous les peuples, 
les tribus et les langues, adorè- 
rent la statue d'or qu'avait élevée 
le roi Nabuchodonosor. 

8. Et aussitôt dans ce temps- 
là méme, des hommes des Chal- 
déens, s'approchant, accuserent 
les Juifs ; 

9. Et ils dirent au roi Nabu- 
chodonosor : Roi, vivez à jamais; 

10. C'est vous, roi, qui avez 
renduce décret, que tout homme 
qui aura ouile son de la trom- 
pette, de la flüte, et de la harpe, 
de la sambuque, et du psaltérion, 
et de la symphonie, et de toute 
sorte de musique, se prosterne et 
adore la statue d'or; 

11. Et que si quelqu'un ne se 
prosterne pas et ne l'adore pas, 
qu'il soit jeté dans la fournaise 
d'un feu ardent. 

19. Et voilà que des hommes 
juifs que vous avez préposés aux 
affaires de la province de Baby- 
lone, Sidrach, Misach et Abdéna- 
go, voilà que ces hommes, ὃ roi, 
ont méprisé votre décret; ils 
n'honorent point vos dieux, et la 
statue d'or que vous avez érigée, 
ils ne l'adorent pas. 

13. Alors Nabuchodonosor, en 
fureur et en colere, ordonna que 
Sidrach, Misach et Abdénago fus- 
sent amenés; lesquels furent aus- 
sitôt conduits en la présence du 
TOi. 


DANIEL. ΄ 


[.זוז .זוס] 
Et prenant la parole, le roi‏ .14 
Nabuchodonosor leur dit : Est-il‏ 
vrai, Sidrach, Misach et Abdéna-‏ 
que vous n'honorez pas mes‏ ,₪0 
dieux, et que la statue d'or que‏ 
j'ai élevée, vous ne l’adorez pas?‏ 
Maintenant done, si vous‏ .15 
êtes prêts 0 obéir, à quelque‏ 
heure que vous entendiez le son‏ 
de la trompette, de la flûte, de la‏ 
harpe, de la sambuque et du psal-‏ 
térion, et de la symphonie, et de‏ 
toutes sortes de musiques, pros-‏ 
ternez-vous, et adorez la statue‏ 
que j'ai faite; que si vous ne l'a-‏ 
dorez pas, à la méme heure vous‏ 
serez jetés dans la fournaise d'un‏ 
feu ardent; et qui est le Dieu qui‏ 
vous arrachera de ma main?‏ 

16. Sidrach, Misach et Abdé- 
nago, répondant, direntau roi Na- 
buchodonosor : Il n'est pas besoin 
que nous vous répondions sur ce 
sujet. 

17. Car voilà que notre Dieu que 
nous honorons peut nous retirer 
de la fournaise d'un feu ardent, 
et nous délivrer, ὃ roi, de vos 
mains. 

18. Que s'il ne /e veut pas, sa- 
chez, ὃ roi, que nous n'honorons 
pas vos dieux, et que la statue 
que vous avez érigée, nous ne 
l'adorons pas. 

19. Alors Nabuchodonosor fut 
rempli de fureur; et l'aspect de 
sa face fut changé pour Sidrach, 
Misach et Abdénago, etil ordonna 
que la fournaise füt embrasée 
sept fois plus qu'on n'avait cou- 
tume de l'embraser. 

20. Et il commanda aux hom- 
mes les plus forts de son armée 
de lier les pieds de Sidrach, Mi- 
sach et Abdénago, et de les jeter 
dans la fournaise du feu ardent. 


[cu. ur.) 


91. Et aussitót ces £rois hom- 
mes-ci, ayant été liés, ils furent 
jetés, avec leurs chausses, et 
leurs tiares, et leurs chaussures, 
et leurs vétements, au milieu de 
la fournaise du feu ardent. 

92. Car le commandement du 
roi pressait, et la fournaise était 
extrémement embrasée. Or, les 
hommes qui avaient jeté Sidrach, 
Misach et Abdénago, la flamme du 
feu les consuma. 

93. Mais ces troishommes, c'est- 
à-dire Sidrach, Misach et Abdé- 
nago tomberentliés au milieu de 
la fournaise du feu ardent. 


Ce qui suit, je ne l'ai pas trouvé dans 
les volumes hébreux. 


94. Et ils marchaient au milieu 
de la flamme, louant et bénissant 
le Seigneur. 

95. Or, se tenant debout, Aza- 
rias pria ainsi, et, ouvrant sa 
bouche au milieu du feu, dit : 

96. Vous étes béni, Seigneur 
Dieu de nos peres, et louable et 
glorieux est votre nom dans les 
siecles; 

27. Parce que vous êtes juste 
dans tout ce que vous nous avez 
fait; et que toutes vos œuvres 
sont vraies, et vos voies droites, 
et tous vos jugements vrais. 

98. Car vous avez exercé des 
jugements vrais dans tous les 
maur que vous avez fait venir 
sur nous et sur la sainte cité de 
nos peres, Jérusalem; parce que 
c'est dans la vérité et dans la 


DANIEL. 


1997 


justice que vous avez fait venir 
tous ces Maux, à cause de nos 
péchés. 

29. Car nous avons péché, et 
nous avons commis l'iniquité en 
nous retirant de vous; et nous 
avons manqué en toutes choses; 

30. Et nous n'avons pas écouté 
vos pyéceptes et nous ne /es 
avons pas gardés, et nous n'avons 
pas agi comme vous nous aviez 
ordonné, afin que bien nous füt. 

31. Dans tous les maux donc 
que vous avez fait venir sur nous, 
et daus tout ce que vous nous 
avez fait, c'est dans une justice 
véritable que vous avez agi; 

99. Et vous nous avez livrés 
aux mains de nos ennemis ini- 
ques, trés méchants et prévarica- 
teurs, et à un roi injuste etle plus 
méchant de toute la terre. 

33. Et maintenant nous ne pou- 
vons pas ouvrir la bouche, et 
nous sommes devenus un objet 
de confusion et d'opprobre pour 
vos serviteurs et pour ceux qui 
vous adorent. 

34. Ne nous livrez pas pour tou- 
jours, nous vous en prions, à 
cause de votre nom, et ne détrui- 
862 pas votre alliance; 

98. Et ne retirez pas votre mi- 
séricorde de nous, à cause d'A- 
braham votre bien-aimé, et d'I- 
saac votre serviteur, et d'Israël 
votre saint ; 

36. Auxquels vous avez parlé, 
promettant que vous multiplie- 
riezleurrace commeles étoiles du 


21. * Enumération des diverses piéces qui composaient le costume chaldéen. 

23. Ce qui suit; c'est-à-dire, depuis le vers. 24 jusqu'au 90e inclusivement. Saint 
Jéróme, l'auteur de cette remarque, n'ayant pas trouvé ce fragment dans le texte 
original, qui est le chaldéen, l'a traduit smr la version grecque de Théodotion, comme 
il le dit lui-même plus bas (vers. 90). Or ce fragment inséré dans notre Vulgate a ét” 
reconnu par l'Eglise comm? faisant partie des divines Ecritures, 


1998 


ciel et comme le sable qui est sur 
le rivage de la mer; 

31. Parce que, Seigneur, nous 
avons été diminués plus que tou- 
tes les nations, et nous sommes 
humiliés sur toute la terre aujour- 
d'hui, à cause de nos péchés. 

38. Et il n'est en ce temps-ci 
parmi nous ni prince, ni chef, ni 
prophète, ni holocauste, ni sacri- 
fice, ni oblation, ni encens, ni lieu 
pour offrir des prémices devant 
vous, 

39. Afin que nous puissions 
obtenir votre miséricorde, mais 
que nous soyons reçus dans notre 
cœur contrit et notre esprit hu- 
milié. 

40. Que comme dans un holo- 
causte de béliers et de laureaux, 
et comme dans /7mmolation de 
milliers d'agneaux gras, ainsi soit 
offert aujourd'hui notre sacrifice 
en votre présence, et qu'il vous 
plaise, parce qu'il n'est point de 
confusion pour ceux qui se con- 
fient en vous. 

41. Et maintenant nous vous 
suivons de tout notre cœur, et 
nous vous craignons, et nous 
cherchons votre face. 

42. Ne nous confondez pas, 
mais faites-nous selon votre man- 
suétude et la grandeur de votre 
miséricorde ; 

49. Et délivrez-nous par vos 


DANIEL. 


feu. ur.] 
merveilles, et donnez gloire à 
votre nom, Seigneur; 

44. Et qu'ils soient confondus, 
tous ceux qui font souffrir des 
maux à vos serviteurs; 8 
solent confondus par votre toute- 
puissance, et que leur force soit 
brisée ; 

49. Et qu'ils sachent que c'est 
vous seul qui éles le Seigneur 
Dieu, etle glorieux sur le globe 
des terres. 

40. Et les ministres du roi qui 
les avaient jetés dans le feu ne 
cessaient d'embraser la fournaise 
avec du naphte, de l'étoupe, de la 
poix et du sarment; 

47. Et la flamme se répandait 
au-dessus de la fournaise à qua- 
rante-neuf coudées ; 

48. Et elle s'élanca, et elle brüla 
d'entre les Chaldéens ceux qu'elle 
trouva près de la fournaise. 

49. Mais lange du Seigneur 
descendit avec Azariasetses com- 
pagnons dans la fournaise, et il 
écartala flamme de feu de la four- 
naise. 

50. Et il rendit le milieu de la 
fournaise comme un vent qui ré- 
pand la rosée; et le feu ne les 
toucha en aucune maniere, et ne 
les incommoda pas, et ne leur fit 
aucune peine. 

91. Alors ces trois jeunes hom- 
mes, d'une méme voix, louaient, 


38. Il n’est pas parmi nous, etc.; c'est-à-dire dans notre nation, dans la Judée, 
comme autrefois, des rois et des princes absolus, des prophètes avec autorité, un état 
réglé et indépendant. Dans la captivité, il y avait des chefs des tribus qui conser- 
vaient quelque autorité sur les autres captifs. Compar. IV Rois, xxv, 21; I Paralip., 
v, 6; Daniel, xu. 

4^. Qui font souffrir; littér., qui montrent. Dans le style biblique on dit souvent 
voir, pour sentir, éprouver; et faire voir, montrer, pour faire sentir, faire éprouver. 

46. * Du naphte ou bitume, matière très inflammable. Le naphte proprement dit est 
ane huile minérale dans le genre du pétrole. 

91. * D'une méme voix. Ces paroles ne doivent pas s'entendre sans doute en ce 
sens qu'ils prononcèrent tous les trois toutes les paroles du cantique; puisque chaque 


CH. in. 
at glorifiaient, et bénissaient Dieu 
dans la fournaise, disant : 

52. Vous êtes béni, Seigneur 
Dieu de nos pères, et louable, et 
glorieux, etsouverainement exal- 
té dans les siècles; et béni est le 
nom saint de votre gloire, etloua- 
ble etsouverainement exalté dans 
tous les siecles. 

53. Vous étes béni dans le tem- 
ple saint de votre gloire, et sou- 
verainement louable, et souve- 
rainement glorieux dans les siè- 
cles. 

54. Vous étes béni sur le tróne 
de votre royaume, souveraine- 
ment louable et souverainement 
exalté dans les siecles. 

55. Vous étes béni, vous qui 
regardez l'abime, et qui étes assis 
sur des chérubins; et louabie et 
souverainement exalté dans les 
siècles. 

56. Vous êtes béni dans le fir- 
mament du ciel, et louable et glo- 
rieux dans les siècles. 

51. Bénissez le Seigneur, vous 
tous, ouvrages du Seigneur; 
louez, et exaltez-le souveraine- 
ment dans les siècles. 

58. Bénissez le Seigneur, vous 
tous, anges du Seigneur, louez, et 


(παρ. III. 59. Ps. ,וטא‎ 4, 


DANIEL. 


1999 


exaltez-le souverainement dans 
les siècles. 

99. Dénissez le Seigneur, ὃ 
cieux ; louez, et exaltez-le souve- 
rainement dans les siècles. 

60. Bénissez le Seigneur, vous 
toutes, les eaux, qui étes au- 
dessus des cieux; louez, et exal- 
tez-le souverainement dans les 
siecles. 

61. Bénissez le Seigneur, vous 
toutes, les armées célestes du Sei- 
gneur; louez, et exaltez-le souve- 
rainement dans les siecles. 

62. Bénissez le Seigneur, soleil 
et lune; louez, et exaltez-le sou- 
verainement dans les siècles. 

63. Bénissez le Seigneur, étoiles 
du ciel; louez, et exaltez-le sou- 
verainement dans les siècles. 

64. Bénissez le Seigneur, vous 
toutes, pluie et rosée; louez, et 
exaltez-le souverainement dans 
les siecles. 

65. Bénissez le Seigneur, vous 
tous, souffles de Dieu; louez, et 
exallez-le souverainement dans 
les siecles. 

66. Bénissez le Seigneur, feu et 
chaleur brülante; louez, et exal- 
tez-le souverainement dans les 
siecles. 


bénédietion est suivie du méme refrain, il y a lieu de présumer que l'un des jeunes 
gens faisait l'invitation aux créatures à louer Dieu et que les deux autres répétèrent 
le refrain. L'ordre général suivi dans le cantique est celui du chapitre ier de la 
Genése; du général on descend au particulier, du ciel à la terre, et aux diverses 
espèces de créatures pour terminer par l'homme. 

53. Le temple saint de votre gloire; le ciel. Le temple de Jérusalem n'existait plus 
alors. 

54. Le trône de votre royaume; c'est-à-dire le ciel. 

55. * Qui éles assis sur des chérubins. Les chérubins de l'arche d'alliance. 

61. Les armées célestes; c'est-à-dire, les astres nommés souvent dans l'Ecriture la 
milice du ciel. Ajoutons que dans un passage parallèle Ps. cr (Hebr., cnr), 24, le mot 
de la Vulgate est le même qu'ici (virtutes), et que le texte hébreu porte armées. Com- 
par. Matth., xxiv, 29. 

65. Souffles ; c'est-à-dire, vents que Dieu fait souffler, 


2000 

67. Bénissez le Seigneur, froid 
et chaleur brülante; louez, et 
exallez-le souverainement dans 
les siecles. 

68. bénissez le Seigneur, rosée 
et frimas ; louez, etexaltez-le sou- 
verainement dans les siecles. 

69. Dénissez le Seigneur, gelée 
et froid; louez, et exaltez-le sou- 
verainement dans les siècles. 

10. 8618862 10 Seigneur, glaces 
et neiges; louez, et exaltez-le sou- 
verainement dans les siecles. 

14. Bénissez le Seigneur, nuits 
et jours; 101102, et exaltez-le sou- 
verainement dans les siècles. 

12. Bénissez le Seigneur, lu- 
miere et ténèbres; louez, et exal- 
tez-le souverainement dans les 
siecles. 

19. Bénissez le Seigneur, éclairs 
et nuées; louez, et exaltez-le sou- 
verainement dans les siècles. 

74. Que la terre bénisse le Sei- 
gneur, qu'elle le loue et l'exalte 
souverainement dans les siecles. 

15. Bénissez le Seigneur, mon- 
tagnes et collines ; 101162, et exal- 
tez-le souverainement dans les 
siecles. 

16. Bénissez le Seigneur, vous 
loutes, plantes qui germez dans 
la terre; louez, et exaltez-le sou- 
verainement dans les siecles. 

Bénissez 16 Seigneur, fontai-‏ .דד 
nes; 101102, et exaltez-le souverai-‏ 
nement dans les siecles.‏ 

18. Bénissez le Seigneur, mers 
et fleuves; louez, et exaltez-le 
souverainement dans les siècles. 

19. Bénissezle Seigneur, grands 


DANIEL. 


(eu. ur.) 


poissons, et vous toutes, bétes qui 
vousmouvez dansleseaux ;louez, 
eLexaltez-lesouverainement dans 
les siecles. 

80. Bénissez le Seigneur, vous 
tous, oiseaux du ciel; louez, et 
exallez-le souverainemeni dans 
les siecles. 

81. Dénissez le Seigneur, vous 
toutes, bétes sauvages, et trou- 
peaux ; louez, et exaltez-le souve- 
rainement dans les siecles. 

82. Dénissez le Seigneur, fils 
des hommes; louez, et exaltez-le 
souverainement dans les siècles. 

83. Qu'Israél bénisse le Sei- 
gneur; qu'il le loue et l'exalte 
souverainement dans les siecles. 

84. DénissezleSeigneur,prótres 
du Seigneur; louez, et exaltez- 
le souverainement dans les siè- 
cles. 

88. Bénissez le Seigneur, servi- 
Leurs du Seigneur; louez, et exal- 
tez-le souverainement dans les 
siècles. 

86. 2611886210 Seigneur, esprits 
et âmes des justes ; louez, et exal- 
tez-le souverainement dans les 
siècles. 

87. Bénissez le Seigneur, vous, 
saints et humbles de cœur; louez, 
etexaltez-le souverainement dans 
les siècles. 

88. Bénissez le Seigneur, Ana- 
nias, Azarias, Misaél; louez, et 
exaltez-le souverainement dans 
les siecles. 

Parce qu'il nous ἃ arrachés à 
l'enfer, et qu'il nous a sauvés de 
la main de la mort; et qu'il nous 


61. " Chaleur brûlante. Ce mot, joint ici au froid, doit signifier l'espèce de brülure 
que produit un froid trop vif sur les étres animés. 

82. Fils des hommes. Voy. sur le sens de cette expression, r, 38. 

96. Esprils, etc.; les âmes des saints séparées de leurs corps. 


[crr. ππ.] 
ἃ délivrés du milieu dela flamme 
ardente, et qu'il nousa retirés du 
milieu du feu. 

89. Louez le Seigneur, parce 
quilest bon, parce que pour ja- 
mais est sa miséricorde. 

90. Bénissezle Seigneur,le Dieu 
des dieux, vous tous, hommes 
religieux; louez et célébrez-le, 
parce que dans tous les siècles 
est sa miséricorde. 

Ce qui précéde jusqu'ici ne se trouve 
pàs dans l'hébreu; et ce que nous avons 


mis a été traduit de l'édition de Théo- 
aotion. 


91. Alors le roi Nabuchodono- 
sor fut frappé de stupeur, et il se 
leva promptement, et il dit aux 
grands de sa cour: Est-ce que 
nous n'avons pas jeté trois 
hommes au milieu du feu en- 
chainés? Ceux-ci, répondant au 
roi, dirent : Il est vrai, ὃ roi. 

92. I répondit et dit : Voici que 
moi, je vois quatre hommes dé- 
liés et marchantau milieu du feu; 
il n'y arien en eux de corrompu, 
et le quatrieme est semblable à 
un fils de Dieu. 

93. Alors Nabuchodonosor s'ap- 
procha de la fournaise du feu ar- 
dent, et dit : Sidrach, Misach, et 
Abdénago, serviteurs du Dieu 
tres haut, sortez et venez. Et aus- 
sitôt Sidrach, Misach, et Abdé- 
nago sortirent du milieu du feu. 


DANIEL. 


2001 


94. Et les satrapes, et les ma- 
gistrats, et les juges, et les 
puissants aupres du roi, assem- 
blés, contemplaient ces hommes, 
parce que le feu n'avait eu aucun 
pouvoir sur leur corps, et que pas 
un cheveu de leur téte n'avait été 
brülé, et que leurs vétements 
n'avaient recu aucune atteinte, et 
que l'odeur du feu n'était pas ve- 
nue jusqu'à eux. 

95. Et rompant le silence, Na- 
buchodonosor dit : Béni leur 
Dieu, c'est-à-dire Ze Dieu de Si- 
drach, de Misach et d'Abdénago, 
lequel a envoyé son ange et dé- 
livré ses serviteurs, qui ont cru 
en lui, qui ont enfreint la parole 
du roi, et ont livré leur corps 
pour ne servir et n'adorer aucun 
dieu, excepté leur Dieu. 

96. Voici donc le décret qui par 
moi a élé porté, c'est que tout 
peuple, tribu et langue quel- 
conque, qui aura proféré un blas- 
pheme contre le Dieu de Sidrach, 
de Misach et d'Abdénago, périsse, 
et que sa maison soit dévastée; 
car il n'est pas un autre dieu qui 
puisse ainsi sauver. 

97. Alors le roi éleva en dignité 
Sidrach, Misach et Abdénago, 
dans la province de Babylone. 

98. NABUCHODONOSOR, roi, à tous 
les peuples, nations et langues 
qui habitent dans toute la terre : 


90. Ce qui précède, etc.; remarque de saint Jérôme. Voy. vers. 23. 


99. * A un fils de Dieu; à un ange. 


94. Vétements; littér. sarabala, pantalons fort larges, comme les portent les Orien- 


taux. 
96. Et langue quelconque. Voy. ut, 4. 


98. * 40 Les ch. ,זוז‎ 98-1v, renferment une lettre de Nabuchodonosor, dans laquelle 


ce roi raconte comment Daniel lui expliqua un songe destiné à lui annoncer qu'il 
vivrait sept ans comme une bête, atteint de cette espèce de folie qu'on appelle lycan- 
thropie et qui consiste à croire que l'on a été changé en bête. Tout ce qu'avait dit le 
Prophéte s'était réalisé. La forme épistolaire est abandonnée, 1v, 25-30, et reprise 
31-34. 


À Le 139. 


2002 
que la paix 86 multiplie pour 
vous. 

99. Le Dieu trés haut a fait chez 
moi des prodiges et des mer- 
veilles. Il m'a donc plu de. pu- 
blier 

100. Ses prodiges, parce qu'ils 
sont grands, et ses merveilles, 
parce qu'elles sont puissantes; et 
son royaume est un royaume 
éternel, etsa puissance sera pour 
toutes les générations. 


CHAPITRE IV. 


Suite de la lettre de Nabuchodonosor, 
commencée, III, 98. Son songe : arbre 
abattu. Daniel lui explique ce songe. 
Ce songe s'accomplit. Nabuchodonosor 
est réduit pendant sept ans au rang 
des bétes. ll reconnait la main de Dieu 
et est rétabli dans son royaume. 


1. Moi, Nabuchodonosor, j'étais 
tranquille dans ma maison, et 
florissant dans mon palais; 

2. J'ai vu un songe qui m'a fort 
épouvanté; et mes pensées dans 
mon lit, et les visions de ma téte 
m'ont troublé. 

3. Et par moi fut publié le dé- 
cret que fussent introduits en ma 
présence tous les sages de Baby- 
lone, afin qu'ils me donnassent 
l'explication de mon songe. 

4. Alors entrèrent les devins, 
les mages, les Chaldéens et les 
augures, et je racontai le songe 


CnaP. 111. 100. Infra, 1v, 31; vir, 14. 


DANIEL. 


[cn. iv.] 
en leur présence, et ils ne m'en 
donnèrent point l'explication; .. 

9. Jusqu'à ce que fut introduit 
en ma présence, leur, collègue 
Daniel, dont 16 nom est aussi Bal- 
tassar, selon le nom de mon dieu, 
et qui a en lui l'esprit des dieux 
saints; et je dis le songe devant 
lui. 

6. Baltassar, prince des devins, 
parce que moi je sais que tu as 
en toi l'esprit des dieux saints, et 
que nul secret n'est impénétrable 
pour toi, dis la vision de mes 
songes, et leur explication. 

7. Vision de ma téte dans mon 
lit : Je voyais, et voilà un arbre 
au milieu de la terre, et sa hau- 
teur était excessive. 

8. Get arbre était grand et fort; 
et sa hauteuratteignait le ciel; sa 
vue s'étendait jusqu'aux extré- 
mités de toute la terre. 

9. Ses feuilles étaient très 
belles, et son fruit en tres grande 
quantité, et en lui était la nour- 
riture de tous; les animaux et 
les bêtes sauvages y habitaient 
dessous, et sur ses rameaux de- 
meuraient les oiseaux du ciel; 
et de lui se nourrissait toute 
chair. 

10. Je voyais dans la vision de 
ma tête sur mon lit; et voilà qu'un 
veillant et un saint descendit du 
ciel. 


100. Toutes les générations; littér,, génération et génération. Dans le style biblique, 
comme on l’a déjà vu, la répétition d'un méme substantif indique souvent l'univer- 


salité. 


2-1, Les visions de ma ἰδία. a Nogu 1, 28, 
2 Les Chaldéens: ΝΟΥ. w, 2. 


9. Toute chair; expression qui se prend or | dinairement dans la Bible, ou pour tous 
les bommes, ou pour tout ce qui a vie en général. 
10. Un. veillant el un saint. Chez les Babyloniens, ainsi: que chez plusieurs autres 


peuples de l'autiquité, 
- 


les anges étaient cousidérés comme une compagnie d'esprits 


ea. 1v.] 

11. Il cria fortement, et dit 
ainsi : Coupez l'arbre par le pied 
et retranchez ses branches ; faites 
tomber ses feuilles et jetez cà et 
là ses fruits; qu'ils s'enfuient, les 
animaux qui habitent sous son 
ombre, et que les oiseaux s'en- 
volent de ses branches. 

19. Cependant laissez dans la 
terre le germe de ses racines, et 
qu il soit attaché avec un lien de 
fer et d'airain parmi les herbes 
qui sont en plein air; et que par 
la rosée du ciel il soit humecté, 
et qu'avec les bétes féroces soit 
son partage dans lherbe de la 
terre. 

13. Que son cœur d'homme 
soit échangé, et qu'un cœur de 
bête féroce lui soit donné ; et que 
sept temps soient renouvelés sur 
lui. 

14. Cela a été décrété par la 
sentence des veillants; c'est la 
parole et la demande des saints, 
jusqu'à ce queles vivants sachent 
que le Tres-Haut domine sur le 
royaume des hommes, et qu'il le 
donnera à quiconque il voudra, et 


2003 
qu'il y établira l'homme le plus 
humble. 

15. J'ai vu ce songe, moi, Nabu- 
chodonosor, roi ; toi donc, Baltas- 
sar, donnes-e2 promptement l'in- 
terprétation, parce que tous les 
sages de mon royaume ne peu- 
vent m'ez dire la signification; 
mais toi, tu /e peux, parce que 
l'espritdes dieux saints est en toi. ' 

16. Alors Daniel, dont le nom 
est Baltassar, commenca sans 
rien dire à penser en lui-même 
environ une heure; et ses pen- 
sés le troublaient. Mais, prenant 
la parole, le roi dit : Baltassar, 
que le songe etson interprétation 
ne te troublent point. Baltassar 
répondit, et dit : Mon Seigneur, 
que le songe soit pour ceux qui 
vous haissent, et l'interprétation 
pour vos ennemis. 

Ai. L'arbre que vous avez vu 
élevé et fort, dont la hauteur tou- 
chait au ciel, et dont la vue s'é£en- 
dait sur toute la terre; 

18. Et ses branches étaient très 
belles, et son fruit en très grande 
quantité, et en lui était la nourri- 


veillant autour du trône céleste, et servant de messagers divins. On voit par le 
vers. 14 que les veillants jugeaient et décidaient du sort des hommes. 

12. Laissez, etc. Il y a ici, comme dans bien d'autres songes racontés dans l'Ecri- 
ture, destraits dont les uns se rapportent à la figure et les autres à la chose figurée. 

13. Sept; selon quelques-uns signifie simplement p/usieurs, la Bible fournissant un 
certain nombre d'exemples qui autorisent cette interprétation. — Temps ; c'est-à-dire 
années, suivant l'opinion la plus commune. — Sur lui. Le pronom masculin eum, ne 
peut se rapporter ni à germe, ni à arbre, dont le premier est en latin du genre 
neutre et le second du féminin; il représente nécessairement le nom roi ou Nabu- 
chodonosor. Voy. la note précédente. 

14. Il y élablira; c'est-à-dire, sur le royaume, suivant le texte chaldéen et la ver- 
sion grecque ; mais dans la Vulgate, le pronom masculin eum ne pouvant se rapporter 
qu'au relatif à quiconque (cuicumque), le sens est que 16 Très-Haut, quand il le vou- 
dra, établira l'homme le plus humble au-dessus de celui à qui il lui avait plu de 
donner auparavant le royaume. Cependant nous devons ajouter que dans le passage 
parallèle (v, 21), la méme Vulgate lit le neutre i//ud, lequel se rapporte évidemment 
au mot royaume. 

16. Prenant la parole; littér., répondant (respondens). En chaldéen aussi bien qu'en 
hébreu, le verbe qu'on traduit généralement par répondre signitie aussi et plus pri- 
mitivement élever la voix, prendre la vurole. 


2094 
ture de tous; les bêtes de la cam- 
pagne habitaient dessous, et sur 
ses branches demeuraient les oi- 
seaux du ciel; 

19. C'est vous, ὁ roi, qui êtes 
devenu grand et puissant; et vo- 
tre grandeur s'est acerue, et elle 
est parvenue jusqu'au ciel, et 
votre puissance s est étendue jus- 
qu'aux extrémités de toute la 
terre. 

20. Quant à ce que le roi a vu, 
un veillant et un saint descendre 
du ciel et dire : Coupez l'arbre 
par le pied et dispersez-le; ce- 
pendant laissez le germe de ses 
racines dans la terre, et qu'il soit 
lié avec du fer et de l'airain par- 
mi les herbes en plein air, et que 
de la rosée du ciel il soit arrosé, 
et qu'avec les bétes féroces soit 
sa nourriture, jusqu'à ce que sept 
temps se soient renouvelés sur 
lui : 

21. Voici l'interprétation de la 
sentence du Tres-Haut, qui atteint 
mon seigneur le roi. 

99. On vous chassera loin des 
hommes, et avec les animaux et 
les bétes féroces sera votre de- 


DANIEL. 


[cu. 1v.] 
meure, et vous mangerez du foin 
comme le bœuf, et de la rosée du 
ciel vous sereztrempé ; septtemps 
aussi se renouvelleront sur vous, 
jusqu'à ce que vous sachiez que 
le Très-Haut domine surle royau- 
me des hommes, et qu'il le donne 
à quiconque il veut. 

29. Quant à ce qu'il a ordonné 
que le germe de ses racines, c'est- 
à-dire des racines de l'arbre, soit 
laissé; votre royaume vous res- 
lera, aprés que vous aurez re- 
connu que la puissance vient du 
ciel. 

24. À cause de cela, ὃ roi, que 
mon conseil vous soitagréable, et 
rachetez vos péchés parl'aumóne, 
et vos iniquités parla miséricorde 
enversles pauvres; peut-être qu'il 
vous pardonnera vos offenses. 

25. Toutes ces chosesarriverent 
au roi Nabuchodonosor. 

96. Apres la fin de douze mois, 
il se promenait dans le palais de 
Babylone. 

27. Et le roi pritla parole, et 
dit : N'est-ce pas là celte grande 
Babylone que moi j'ai bâlie com- 
me le siege de mon royaume, 


Cab. IV. 22. Infra, v, 21. — 24. Eccli., πὶ, 33. 


90. Sept temps, sur lui. Voy. vers. 13. 


25. Parmi les opinions différentes sur la métamorphose de Nabuchodonosor, la 
plus suivie et la plus probable est que ce prince, par un effet de la puissance de 
Dieu, tomba dans la manie, et dans la /ycantAhropie, maladie dans laquelle un homme 
s'imagine qu'il est devenu loup, bœuf, chien ou chat, et prend toutes les inclinations, 
les manières et les sentiments de ces animaux. 

26. * Dans le palais; sur la terrasse qui formait le toit du palais, d'où la vue domi- 
nait toute la ville. 

21. Prit la parole (respondit. Voy. le vers. 16). — Que moi j'ai bâtie. 161, comme en 
plusieurs autres passages, bdtir signifie rebdtir, faire des agrandissements, des em- 
bellissements. Babylone bâtie par Nemrod (Genèse, x, 10), tut augmentée et embellie 
considérablement par Sémiramis; mais Nabuchodonosor en fit là plus grande et la 
plus belle ville de l'Orient. — * N'est-ce pas là celte grande Babylone que moi j'ai 
bälie? On pert dire que presque toutes les inscriptions de Nabuchodonosor qui ont 
été retrouvées depuis quelques années confirment l'exactitude de ces paroles, car 
elles sont presque exclusivement consacrées à décrire les édifices bâtis ou restaurés 
par ce monarque dans sa capitale. 


[cu. v.] 


dans la force de ma puissance et 
dans ma brillante gloire? 

28. Etlorsque ces paroles étaient 
encore en la bouche du roi, une 
voix partit du ciel : Il t'est dit, ὃ 
Nabuchodonosor, roi : Ton em- 
pire passera loin de toi, 

29. Et d'entre les hommes on te 
chassera, et avec les animaux et 
les bétes féroces sera ta demeure: 
tu mangeras du foin comme le 
bœuf, et sept temps se renouvel- 
leront sur toi, jusqu'à ce que tu 
saches que le Très-Haut domine 
sur le royaume des hommes, et 
qu'ille donne à quiconque il veut. 

30. A la méme heure cette pa- 
role fut accomplie sur Nabucho- 
donosor, et d'entre les hommes 
il fut chassé, et il mangea du foin 
comme le bœuf, et de la rosée du 
ciel son corps fut couvert; jusqu'à 
ce que ses cheveux s'accrurent 
comme les plumes d'un aigle, et 
ses ongles comme les griffes des 
oiseaux. 

31. Après donc la fin des jours, 
mol, Nabuchodonosor, j'ai levé 
les yeux vers le ciel, et le sens 
m'a été rendu; et j'ai béni le 
Tres-Haut, et j'ai loué et glorifié 
celui qui vit éternellement, parce 
que sa puissance est une puis- 
sance éternelle, et son royaume 


31. Supra, 111, 100; Infra, vii, 14. 


DANIEL. 


2005 


sera pour toutes les générations. 

32. Et tous les habitants de la 
terre sont réputés devant lui com- 
me un néant; il fait selon sa vo- 
lonté, tant parmi les armées du 
ciel que parmi les habitants de la 
terre ; il n'est personne qui résiste 
à sa main, et quilui dise : Pour- 
quoi avez-vous fait ainsi? 

33. En ce méme temps le sens 
me revint, et je rentrai dans les 
honneurs etl'éclat de mon royau- 
me, ma premiere forme me fut 
rendue, et mes grands et mes 
magistrats me rechercherent, et 
je fus rétabli dans mon royaume, 
et une plus grande magnificence 
me fut donnée par surcroit. 

34. Maintenant donc, moi, Na- 
buchodonosor, je loue et je ma- 
gnifie et je glorifie le roi du ciel, 
parce que toutes ses œuvres sont 
vraies, et ses voles de vrais ju- 
gements, et quil peut humilier 
ceux qui marchent dans l'or- 
gueil. 


CHAPITRE V. 


Festin du roi Baltassar. Apparition d'une 
main qui écrit sur la muraille. Les 
sages de. Babylone ne peuvent lire ni 
expliquer cette écriture. Daniel la lit 
etl'explique. Mort de Baltassar. Darius 
le Méde lui succède. 


1. Le roi Baltassar fit un grand 


—————————— 


80. " Description des effets de la maladie de Nabuchodonosor, qui consistent en 
particulier à le rendre hirsute et à faire recourber ses ongles, comme cela arrive 
quand ils ne sont pas taillés. Il se nourrit d'herbes comme le font les bœufs, parce 


qu'il croit être devenu bœuf lui-même. 


31. Des jours; que Dieu avait déterminés pour le châtiment du roi. — Toutes les 


générations. Voy. ,דד‎ 
32. Les armées du ciel. Voy. xm, 61. 


34. Pour suivre l'ordre des temps, il faut passer de ce vers. aux chap. vu et vir. 
Les chap. v et vi qui ont rapport à la fin du règne de Baltassar, et au commence- 
ment du règne de Darius le Méde, ont été déplacés. 


1. * Baltassar, selon l'opinion la plus probable, est le fils du dernier roi de Baby- 
lone, Nabonide; du moins Nabonide, dans ses inscriptions, nous apprend qu'il avait 


2008 


festin à mille de ses grands, et 
chacun buvait selon son âge. 

2. Il ordonna donc, étant déjà 
ivre, qu'on apportàtles vases d'or 
et d'argent que Nabuchodonosor 
son pere avait emportés du tem- 
ple qui fut àJérusalem, afin que le 
roi, et ses grands, et ses épouses, 
et ses concubines y bussent. 

3. Alors furent apportés les 
vases d'or et d'argent, qu'il avait 
transportés du temple qui avait 
été à Jérusalem; et le roi, et ses 
grands, et ses épouses et ses con- 
cubines y burent. 

4. Ilsbuvaient du vin,etlouaient 
leurs dieux d'or, et d'argent, et 
d'airain, et de fer, et de bois, et de 
pierre. 

5. Ala méme heure apparurent 
des doigts, comme d'une main 
d'homme éocrivant vis-à-vis du can- 
délabre, sur la surface de la mu- 
raille du palais du roi, et le roi re- 
gardait les doigts de la main qui 
écrivait. 

6. Alors le visage du roi chan- 
gea, etses pensées le troublaient; 
elles jointures de ses reins se bri- 
58101, etsesgenoux se heurtaient 
l'un contre l'autre. 


DANIEL. 


[cu. v.] 
7. C'est pourquoi le roi s'écria 
d'une voix forte qu'onintroduisit 
les mages, les Chaldéens et les 
augures. Et élevant la voix, le roi 
ditaux sages de Babylone : Qui- 
conque lira cette écriture et m'en 
donnera une interprétation ma- 
nifeste sera revétu de pourpre, 
et aura un collier d'or au cou, 
et sera le troisième dans mon 
royaume. 

8. Alors tous les sages du roi 
entrerent, et ils ne purent lire l'é- 
criture, ni en donner l'interpréta- 
tion au roi. 

9. D'où le roi Baltassar fut ex- 
trémement troublé, et son visage 
changea, mais ses grands aussi 
étaient troublés. 

10. Or la reine, à cause de ce 
qui était arrivé au rol et à ses 
grands, entra dans là maison du 
festin, et, élevant la voix, elle 
dit : Roi, vivez à jamais, que 
vos pensées ne vous troublent 
pas, et que votre visage ne change 
point. 

11. Il est un homme dans votre 
royaume qui a en lui-méme l'es- 
prit des dieux saints; et durant 
les jours de votre père, la science 


——  —— — M M — M ——————— 


un fils appelé Baltassar. Ce dernier n'était pas roi, mais il en exercait le pouvoir, 
parce que son pére parait l'avoir associé au gouvernement et l'avoir chargé de la 
défense de Babylone, d’où il était absent, quand Cyrus s'en empara. 

2. * Nabuchodonosor son père. Baltassar est regardé comme le fils de Nabuchodo- 
nosor, soit qu'il descendit de lui par les femmes, soit qu'il fut simplement considéré 
comme son successeur dans le gouvernement. 

6. Les jointures de ses reins; c'est-à-dire de ses lombes; car les reins proprement 
dits n'ont ni jointures ni articulations. 

1, 11. Chaldéens. ΝΟΥ. τι, +. 

1. * Sera le troisième dans mon royaume. Baltassar ne peut donner à l'interprète 
de l'écriture mystérieuse que le troisième rang dans le royaume, parce qu'il n'occupe 
lui-méme que le second, étant. simplement associó au tróne. — Le texte original 
porte dans le royaume, et non dans mon royaume, parce que ce n'était pas le royaume 
de Baltassar, mais celui de son père. 

8. I/s ne purent lire, etc. Voy. vers. 25. 

9. Extrémement; c'est le vrai sens du latin satis expliqué par le chaldéen. 

11. De votre pére; c'est-à-dire de votre grand-pére (vers. 1). 


[cn. v.] 


et la sagesse furent trouvées en 
lui; car méme Nabuchodonosor 
votre pere l'établit prince des 
mages, des enchanteurs, des Chal- 
déens et des augures; votre père, 
dis-je, Ô roi; 

12. Parce qu'un esprit plus éten- 
du, et la prudence, et l'intelli- 
gence, etl'interprétation des son- 
ges, et la manifestation des se- 
£rets, et le dénoüment des choses 
liées furent trouvés en lui, c'est- 
à-direen Daniel, à qui le roi donna 
le nom de Baltassar. Maintenant 
done que Daniel soit appelé, et il 
donnera l'interprétation. 

13. Ainsi Daniel futintroduit de- 
vant 16 roi. Le roi, s'étant adressé 
d'abord à lui, dit : Es-tu Daniel, un 
des fils dela captivité deJuda, que 
le roi mon père a amenés de 
Judée? | 

14. J'ai oui dire de toi que tu as 
l'esprit des dieux,et qu'une scien- 
ce, et une intelligence, et une sa- 
gesse plus étendues ont été trou- 
vées en toi. 

15. Et maintenant ont été intro- 
duits en ma présence les mages 
remplis de sagesse, afin de lire 
celle écriture, et de m'en donner 
l'interprétation; et ils n'ont pu 
direle sens de ces paroles. 

16. Mais moi j'ai oui dire de 
toi que tu peux inlerpréter les 
choses obscures, et délier les 
choses liées; si donc tu peux lire 
cette écriture et m'en donnerl'in- 
terprétation, tu seras vêtu de 
pourpre, tu auras un collier d'or 
autour de ton cou, et tu seras 


(ΠΑΡ. V. 21. Supra, 1v, 22. 


DANIEL. 


2007 
le troisième prince dans mon 
royaume. 

17. À quoi répondant Daniel, il 
dit devant le roi : Que vos présents 
soient pour vous, et donnez les 
dons de votre maison à un autre; 
mais je vous lirai l'écriture, ὃ roi, 
et je vous montrerai son inter- 
prétation. 

18. O roi, le Dieu Tres-Haut 
donna le royaume et la magnifi- 
cence, la gloire et l'honneur, à 
Nabuchodonosor votre père. 

19. Et à cause de la magnifi- 
cence qu'il lui avait donnée, tous 
les peuples, les tribus, les langues 
tremblaient et le craignaient; et 
il tuait ceux qu'il voulait, et il 
frappait ceux qu'il voulait, et 
il exaltait ceux quil voulait, et 
il humiliait ceux qu'il voulait. 

20. Mais, quand son cœur se fut 
élevé, et que son esprit se fut af- 
fermi dans l’orgueil, il fut déposé 
du tróne, et sa gloire lui fut ótée. 

21. Et il fut chassé loin des fils 
des hommes; mais méme son 
cœur fut mis avec les bêtes, et 
avecles onagresétaitsa demeure ; 
il mangeait aussi du foin comme 
le bœuf, et de la rosée du ciel son 
corps fut couvert, jusqu'àce qu'il 
reconnüt que le Très-Haut a pou- 
voir surleroyaume des hommes, 
et qu'il y élève celui qu'il veut. 

22. Vous aussi, son fils Baltas- 
sar, vous n'avez pas humilié vo- 
ire cœur, lorsque vous saviez 
toutes ces choses; 

23. Mais contre le dominateur 
du ciel vous vous êtes élevé; et 


21. Fils des hommes; expression poétique, pour hommes. — * Avec les onagres 
dans Jes lieux sauvages. Sur les onagres, voir Job, xxxix, 5. 
23. Votre souffle vital; votre vie, votre âme. 


2008 
les vases de sa maison ont été ap- 
portés devant vous; et vous, et 
vos grands, et vos épouses, et vos 
concubines, y avez bu du vin; et 
vous avezloué les dieux d'argent, 
et d'or, et d'airain, et de fer, et 
de bois, et de pierre, quine voient 
point, qui n'entendent point, qui 
ne sentent point; mais le Dieu 
qui a en sa main votre souffle et 
toutes vos voies, vous ne l'avez 
pas glorifié. 

24. C'est pour cela qu'a été en- 
voyé par lui le doigt de la main 
qui ἃ écrit ce qui est tracé. 

95. Or voici l'écriture qui a été 
tracée : Mané, Tu£ckr, .גו‎ 

26. Et voici l'interprétation de 
ces paroles: Mané : Dieu acompté 
les jours de votre regne, etil y a 
mis fin. 

27. Tuécez : Vous avez été pesé 
dans la balance, et vous avez été 
trouvé ayant trop peu de poids. 

98. PuanEs : Votre royaume à 
été divisé, et ila été donné aux 
Mèdes et aux Perses. 

99. Alors, le roi ordonnant, Da- 
niel fut vétu de pourpre, et un 
collier d'or fut mis autour de son 
cou, et on publia à son sujet qu'il 
serait le troisième ayant la puis- 
sance dans son royaume. 


DANIEL. 


[cB. vi. 


30. Dans la même nuit, fut tué 
Baltassar, roi de Chaldée. 

31. Et Darius 16 Mède /wi suc- 
céda au royaume, étant âgé de 
soixante-deux ans. 


CHAPITRE VI. 


Daniel élevé en honneur par Darius le 
Mède. Jalousie des satrapes contre lui. 
Ordonnance qu'ils obtiennent contre 
lui du roi. Accusation qu'ils forment 
contre Daniel. Daniel est jeté dans la 
fosse aux lions, il en sort sans étre 
blessé. Edit de Darius en faveur de la 
religion des Juifs. 


1. Il plut à Darius d'établir sur 
le royaume cent vingt satrapes; 
afin qu'il y en eüt dans tout son 
royaume; 

2. Ktau-dessus d'eux, trois prin- 
ces, dont un était Daniel; afin 
que les satrapes leur rendissent 
compte, et que le roi n'eütaucune 
peine. 

3. Ainsi Daniel était au-dessus 
de tous les princes et satrapes, 
parce que l'esprit de Dieu était 
plus abondant en lui. 

4. Or le roi pensait à l'établir 
sur toutle royaume; d'oüles prin- 
ces et les satrapes cherchaient à 
trouver un moyen d'accusation 
contre Daniel du côté du roi; et 
ils ne purent découvrir aucune 


ee 


25. Mané, etc. Les sages du roi n'ont pu lire ces mots (vers. 8), soit parce qu'ils 
pouvaient étre en un caractére inconnu dans le pays, tel que l'hébreu ancien, le phé- 
nicien, le samaritain, soit parce qu'étant dépourvus de voyelles, isolés et sans suite, la 
lecture et par là même l'interprétation en devenaient tout naturellement impossibles ; 
soit enfin parce qu'ils étaient simplement exprimés par leurs lettres initiales; hypo- 
thése qui n'a rien d'invraisemblable, et qui exprimerait parfaitement l'embarras des 
sages du roi. 

31. Darius le Méde; selon bieu des savants, le méme que les historiens grecs ap- 
pellent Cyazare 11, fils d'Astyage; mais ni l'histoire ni la critique ne fournissent des 
preuves suffisantes de cette identité. 


1. Cent vingt satrapes. Du temps d'Esther, où le royaume de Perse avait pris de 
plus grands accroissements par les conquêtes postérieures, on comptait cent vingt- 
sept satrapies (Esther, 1, 1; vui, 9). 

4. * Du cólé du roi; dans les affaires qu'il faisait pour le roi, 


[cu. vi.] 
cause de suspicion, parce qu'il 
6181) fidèle, et qu'aucune faute et 
aucun soupcon ne se trouvaient 
en lui. 

ὃ. Ces hommes dirent donc : 
Nous ne trouverons contre ce Da- 
niel aucun moyen d'accusation, 
si ce n'est dans la 101 de son Dieu. 

6. Alors les princes et les sa- 
trapes surprirent le roi, et lui 
parlerent ainsi : Darius, roi, vivez 
à jamais. 

7. Tous les princes de votre 
royaume, les magistrats et les 
satrapes, les sénateurs et les 
juges, sont d'avis qu'un décret 
impérial paraisse, et un édit : Que 
quiconque fera quelque demande 
à quelque dieu ou à quelque hom- 
me que ce soit d'ici à trente jours, 
sinon à vous, Ô roi, qu'il soit jeté 
dans la fosse aux lions. 

8. Maintenant donc, ὃ roi, con- 
firmez cet avis, et écrivez le dé- 
cret, afin que ce qui a été statué 
par les Mèdes et par les Perses 
ne soit pas changé, et qu'il ne soit 
permis à personne de /e trans- 
gresser. 

9. Or le roi Darius proposa l'é- 
dit, et le publia. 

10. Lorsque Daniel eut appris 
cela, c'est-à-dire la loi portée, il 
entra dans sa maison ; et, les fe- 
nétres ouvertes, il fléchissait les 
genoux dans sa chambre haute 


DANIEL. 


2009 


trois fois le jour, tourné vers Jé- 
rusalem, et il adorait, et rendait 
grâce devant son Dieu, comme il 
avait accoutumé de faire aupara- 
vant. 

11. Ces hommes donc, épiant 
très soigneusement, trouvèrent 
Daniel priant et suppliant son 
Dieu. 

12. Et, venant auprès du roi, ils 
lui dirent touchant l'édit : O roi, 
est-ce que vous n'avez pas décidé 
que tout homme qui jusqu'apres 
trente jours prierait quelqu'un 
des dieux ou des hommes, sinon 
vous, ὃ roi, serait jeté dans la 
fosseaux lions? Le roi, leurrépon- 
dant, dit: Gette parole est véri- 
table, selon le décret des Mèdes 
et des Perses, qu'il n'est pas per- 
mis de transgresser. 

13. Alors, répondant, ils dirent 
au roi : Daniel, un des enfants de 
la captivité de Juda, n'a tenu au- 
cun compte de votreloi et del'édit 
que vous avez porté; mais trois 
fois par jour il fait sa priere ac- 
coutumée. 

14. Lorsque le roi eut entendu 
cette parole, il fut extrémement 
contristé, et il appliqua son cœur 
à délivrer Daniel, et jusqu'au cou- 
cher du soleil il travaillait à le 
sauver. 

15. Mais ces hommes, compre- 
nant le roi, lui dirent : Sachez, ὃ 


1. * Dans la fosse aux lions. C'était, avec la fournaise, un des supplices les plus 


usités en Chaldée. 


8. Afin que ce qui a été statué, etc. Chez les Perses une loi ou une ordonnance ou 
un édit fait avec les formalités ordinaires ne pouvait plus étre révoqué méme par 


le roi (Esther, 1, 19; vu, 8). 


10. Dans sa chambre haute (in canaculo). Compar. Tobie, ux, 10; Actes, τ, 13. — 
Tourné, ete. Les Juifs, hors de Jérusalem, tournaient leur visage, pendant la prière, 
du côté de cette ville (III Rois, viu, 4%). — Trois fois le jour. Voy. Ps. iiv, 18: 


Actes, m, 1. 


19. Qu'il west pas permis, etc. Voy. le vers. 8. 


14. Extrémement (salis). Voy. v, 9. 


2010 
roi, que c’est une 101 des Mèdes et 
des Perses, que tout décret que le 
roi a porté ne peut être changé. 

16. Alors le roi ordonna: et ils 
amenerent Daniel, et le jeterent 
dans la fosse aux lions. Et le roi 
dit à Daniel : Ton Dieu, que tu 
adores toujours, c'est lui qui te 
délivrera. 

11. Et l'on apporta une pierre, 
et elle fut placée sur l'ouverture 
de la fosse, que le roi scella de 
son anneau et de l'anneau de ses 
grands, afin qu'il ne fût rien fait 
contre Daniel. 

18: Et le roi s'en alla à sa mai- 
son, et il se coucha sans avoir 
soupé; et l'on n'apporta pas de 
nourriture devant lui; de plus, 
le sommeil méme s'éloigna de 
lui. 

19. Aprés cela, le roi, s'étant 
levé au point du jour, alla en se 
hátant à la fosse aux lions; 

20. Et, s'étant approché de la 
fosse, il appela Daniel d'une voix 
mêlée de larmes, et lui parla 
ainsi : Daniel, serviteur du Dieu 
vivant, ton Dieu que tu sers tou- 
jours a-t-il pu te délivrer des 
lions? 

21. Et Daniel, répondant au roi, 
dit : O roi, vivez à jamais; 

22. Mon Dieu a envoyé son 
ange, et a fermé les gueules des 
lions, et ils ne m'ont pas fait de 
mal, parce que devant lui la jus- 
tice a été trouvée en moi; mais 
méme devant vous, ὃ roi, je n'ai 
pas fait de faute. 


DANIEL. 


[cu. vi.] 
25. Alors le roi se réjouit beau- 
coup à cause de lui, etil ordonna | 
que Daniel füt tiré de la fosse; 
et Daniel fut tiré de la fosse, et 
on ne trouva aucune blessure en 
lui, parce qu'il avait cru en son 

Dieu. 

24. Or, le roi ayant commandé, 
les hommes qui avaient accusé 
Daniel furent amenés, et jetés 
dans la fosse aux lions, eux, leurs 
fils et leurs femmes; et ‘ils 
n'étaient pas parvenus jusqu'au 
pavé de la fosse, que les lions les 
saisirent et brisèrent tous leurs 
05. 

25. Alors Darius le roi écrivit 
à tous les peuples, aux tribus, et 
aux langues, habitant dans toute 
la terre : Que la paix se multiplie 
pour vous. 

90. Par moi est établi le décret, 
que dans tout mon empire et 
mon royaume, on tremble et on 
craigne le Dieu de Daniel, car 
c'est lui qui est le Dieu vivant et 
éternel dans les siecles; et son 
royaume ne sera pas détruit, et 
sa puissance subsistera éternelle- 
ment. 

27. C'est lui qui est le libéra- 
teur el le sauveur, faisant des 
prodiges et des merveilles dans 
le ciel et sur la terre; lui qui a 
délivré Daniel de la fosse aux 
lions. 

98. Or Daniel continua d'étre en 
dignité jusqu'au règne de Darius, 
et au règne de Cyrus, roi de 
Perse. 


Cap. VI. 22. Machab., 11, 60 — 28. Supra, r, 21. 


25. Et aux langues. Voy. nit, 4. 


28. Pour suivre l'ordre des temps, il faut passer de ce verset au chap. 1x, 168 
chap. vi et vur se rapportant, comme nous l'avons dit plus haut (1v, 34), aux temps 
qui ont précédé les faits marqués aux chap. v et vi. 


‘ci. vir.] 


CHAPITRE VII *. 


Vision de quatre bétes qui représentent 
quatre empires. Caractères particuliers 
de la quatriéme béte. Puissance enne- 
mie des saints. Jugement du Seigneur. 
Régne du Fils de l'homme, régne des 
saints. 


|. En là premiere année de 
Baltassar, roi de Babylone, Da- 
niel vit un songe; mais cette vi- 
sion de sa tête, 7/ eut dans son 
lit; et écrivant le songe, il le re- 
cueillit en peu de paroles, et le 
rapportant sommairement, il dit : 
^ 9. Je voyais dans ma vision, 
durant la nuit, et voici que les 
quatre vents du ciel combattaient 
sur la grande mer. 

3. Et quatre grandes bétes 
montaient de la mer, différentes 
entre elles. 


DANIEL. 


2011 
4. La première était comme une 
lionne, et elle avait des ailes 
d'aigle; je la regardais jusqu'à ce 
que ses ailes furent arrachées et 
qu'elle fut élevée de terre; et elle 
se tint sur ses pieds comme un 
homme; et un cœur d'homme lui 
fut donné. 

5. Et voici qu'une autre béte 
semblable à un ours, se tint à 
côté; etil y avait trois rangs dans 
sa gueule 6! dans ses dents, et on 
lui disait ainsi : Lève-toi, mange 
beaucoup de chairs. 

6. Après cela je regardais, et 
voici une autre béte comme un 
léopard, et elle avait quatre 
ailes d'oiseau au-dessus d'elle; et 
cette béte avait quatre tétes, et 
la puissance lui fut donnée. 

7. Après cela je regardais dans 
cette vision de nuit, et voici une 


* Les chapitres précédents contiennent la partie historique du livre de Daniel; 
celui-ci et les suivants, jusqu'au xue inclusivement, sont consacrés aux prophéties. 

1-98. * 1» Prophétie des quatre empires représentés par quatre animaux. — Le 
chap. vit contient le récit d'un songe prophétique de Daniel. La première année du 
régne de Baltassar, il vit les mémes empires dont il a été déjà question au chap. τι, 
mais sous un nouveau symbole; au lieu de la statue, ce sont maintenant des ani- 
maux : l'empire chaldéen est représenté par un lion ailé, tel qu'on en voit sur les 
monuments indigènes; le médo-perse, par un ours avec trois rangs de dents dans la 
gueule (les royaumes de Lydie, d'Egypte et de Babylone, cf. vr, 2); le gréco-macé- 
donien, par un léopard qui avait quatre ailes (Antigone, Ptolémée, Lysimaque et Cas- 
sandre, successeurs d'Alexandre); le romain, par une béte terrible, aux dents de fer, 
et à dix cornes, entre lesquelles en pousse une onzième qui arrache trois des pré- 
cédentes, L'interprétation de la quatrieme béte donne lieu à des contestations. Plu- 
sieurs croient qu'elle représente l'empire grec, non le romain, parce qu'ils font du 
méde et du perse deux empires successifs; à leurs yeux les dix cornes sont dix rois 
de Syrie, et la onzième corne est Antiochus Epiphane. Cette explication est invrai- 
semblable : elle a le tort de partager en deux l'empire médo-perse. Les dix cornes 
sont dix empereurs romains; quant à la onzième, les commentateurs catholiques la 
considèrent généralemeut comme l'emblème de l'Antéchrist, persécuteur de l'Eglise, 
II Thess., τι. 

1. Ballassar; le méme dont il est parlé v, 1 et suivants. — Vision de sa (éte. 
Voy, ir, 28. 

2. Les quatre vents; les troubles, les agitations que les quatre empires, dont le 
Prophéte va parler, causeront dans le monde désigné par la grande mer. 

3. Quatre grandes bétes; c'est-à-dire quatre grands empires (vers. 17), dont pro- 
bablement le premier est l'empire des Chaldéens; le second, celui des Médes et des 
Perses; le troisiéme, celui des Grecs; le quatriéme, celui des Romains. 

6. Ces quatre ailes et ces quatre téles représentent probablement les quatre princes 
qui, aprés la mort d'Alexandre, se partagèrent son royaume. Compar. vr, 8, 22. 


2012 
quatrième bête terrible et mer- 
veilleuse, et extrèmement forte; 
elle avait de grandes dents de 
fer,mangeant,et mettant en piè- 
ces, et foulant les restes avec ses 
pieds; mais elle était différente 
des autres bêtes que j'avais vues 
avantelle;et elle avait dix cornes. 

8. Je considérai ses cornes, et 
voici qu'une autre petite corne 
s'éleva du milieu d'elles; et trois 
des premières cornes furent ar- 
rachées de sa face; et voici que 
des yeux comme des yeux d'un 
homme étaient à cette corne, et 
qu'une bouche disait de grandes 
choses. 

9. Je regardais jusqu'à ce que 
des trônes furent placés, et un 
vieillard s'assit; son vêtement 
était blanc comme la neige, et 
les cheveux de sa tête blancs 
comme une laine pure; son tróne, 
des flammes de feu; ses roues, 
un feu brülant. 

10. Un fleuve de feu et rapide 
sortait de sa face; des milliers 
de milliers d’anges le servaient, 
et dix milliers de centaines de 
milliers d'anges assistaient de- 


DANIEL. 


[cu. νι. 
vant lui; le jugement se tint, et 
des livres furent ouverts. 

11. Je regardais à cause de la 
voix desgrandes paroles que cette 
corne prononcait; et je vis que la 
béte fut tuée, et que son corps pé- 
rit, et qu'il futlivrépourétre brülé 
par lefeu; 

12. Je vis aussi que la puissance 
des autres bêtes leur fut ôlée, 
et que les temps de vie leur fu- 
rent marqués jusqu'à un temps et 
un temps. 

13. Je regardais donc dans la 
vision de nuit, et voici comme le 
fils d'un homme qui venait avec 
les nuées du ciel; et il s'avanca 
jusqu'au vieillard, et ils le présen- 
terent devant lui. 

14. Et il lui donna la puissance, 
et l'honneur, et le royaume; et 
tous les peuples, tribus etlangues 
le serviront ; sa puissance es? une 
puissanceéternelle, quine /uzsera 
pas enlevée; et son royaume, «n 
royaume qui ne sera pas détruit. 

15. Mon esprit fut saisi d'effroi ; 
moi Daniel, je fus épouvanté de 
ces choses, et les visions de ma 
téte me troublèrent. 


Car. VII. 10, Apoc., v, 11. — 14. Supra, mt, 100; iv, 31; Mich., iv, 7; Luc, 1, 32. 


8. Une autre petite corne, etc.; le royaume de l'Antéchrist, selon la plupart des 
interprètes; celui de Mahomet, selon quelques-uns. — Disait de grandes choses; c'est- 
à-dire, selon le style biblique, disait des paroles insolentes, pleines d'orgueil, de 
blasphémes, d'impiétés, Compar. le vers. 25 et xt, 36. 

9. Un vieillard ; littér. dans le texte original et le grec, un ancien de jours; expres- 
sion qui, dans la langue persane, a la méme signification. Or ce vieillard, c'est Dieu, 


juge éternel des vivants et des morts. 


12. Un temps et un temps; la période de temps déterminée dans les décrets divius. 

13. Le fils d'un homme; ou, comme portent le chaldéen et le grec, un fils d'homme; 
expression poétique, qui, comme nous l'avons déjà remarqué, signifie um homme. 
Or ce que dit ici Daniel ne peut convenir à la lettre qu'à Jésus-Christ dans son se- 
cond avénement. Compar. Matth., xxvi, 64. — Vieillard. Voy. le vers. 9. 

44. Il lui donna, etc. On ne saurait employer de termes plus forts et plus formels 
pour exprimer le régne éternel du Sauveur; il semble qu'il faisait lui-méme allusion 
à ce passage, quand il disait : « Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et sur 
la terre » (Matth., xxvi, 18). — Et langues. Voy. וז‎ 4. 


15. Les visions de ma téte. Voy. n, 28. 


[en. vit.] 


16. Je m'approchai de l'un des 
assistants, et lui demandai la 
vérité sur toutes ces choses. Et il 
me donna l'interprétation des pa- 
roles, et il m'instruisit, disant: 

' 47. Ces quatre grandes bétes 
sont quatre royaumes qui s’élè- 
veront de la terre. 

18. Et les saints du Dieu tres- 
haut recevront le royaume, et ils 
le posséderont jusqu'au siecle et 
au siecle des siecles. 

19. Apres cela je voulus soi- 
geneusement m'informer de la 
quatrieme béte, qui était tres dif- 
férente de toutes /es autres, et 
terrible; ses dents et ses ongles 
étaient de fer; elle mangeait, et 
mettait en pieces, et foulait les 
restes avec ses pieds; 

90. Je voulus m'informer aussi 
des dix cornes qu'elle avait à la 
tête, et de l'autre qui s'était éle- 
vée, devant laquelle étaient tom- 
bées trois cornes; et de cette 
corne qui avait des yeux et une 
bouche qui disait de grandes cho- 
ses et était plus grande que les 
autres. 


DANIEL. 


2013 
21. Je regardais, et voici que 
celte corne faisait la guerre aux 
saints et prévalaitsur eux, 

22. Jusqu'à ce que vintl'ancien 
des jours, et qu'il donna le juge- 
ment aux saints du Tres-Haut; et 
le temps arriva, et les saints pos- 
sédèrent le royaume. 

93. Et il ditainsi : La quatrieme 
bête sera le quatrième royaume 
sur la terre, lequel sera plus 
grand que tous les autres royau- 
mes, et dévorera toute la terre, et 
la foulera et laréduira en poudre. 

24. Or les dix cornes de ce 
royaume méme seront dix rois; et 
un autre s'élévera après eux, et 
celui-ci sera plus puissant que les 
premiers, etil humilieratrois rois. 

95. Et il proférera des paroles 
contre le Très-Haut, et il brisera 
les saints du Très-Haut; et il pen- 
sera qu'il peut changerles temps 
et les lois; et ils seront livrés 
en sa main jusquà un temps, 
el deux temps, et la moitié d'un 
temps. 

26. Et le jugement se tiendra, 
afin que la puissance lui soit ótée, 


18. Les saints du Dieu trés-haut règnent avec Jésus-Christ dans le ciel depuis qu'il 
leur en a ouvert l'entrée par son ascension glorieuse; mais à la fin du monde, lors- 
qu'ils viendront avec le Sauveur au dernier jugement, ils prendront du royaume 
céleste une possession en quelque sorte plus complète et plus parfaite. Voy. Mallh., 
xxv, 34, C'est à tort que dom Calmet traduit, les grands saints du Seigneur, en atta- 
quant la version grecque de Théodotion. Le chaldéen Heliónin, est simplement uu 
pluriel d'excellence ou de majesté, comme ElóAim en hébreu. 

20. Disait de grandes choses. Voy. le vers. 8. 

22, 25, 21. Saints du Très-Haut. Voy. 16 vers. 18. 

25. Il proférera, etc.; ce qui convient non seulement à l'Antéchrist (Apocal., xut, 6), 
mais aussi à Antiochus Epiphane (vir, 23; I Machab., τ, 23, 43-53; 11 Machab., 1x, 28), 
et à Mahomet lui-même, qui a établi sa nouvelle loi à main armée. — Un temps, etc.; 
c'est-à-dire l'espace de trois ans et demi, suivant l'opinion commune, qui applique 
ce passage à la persécution de l'Antéchrist (4pocal , xir, 6; xii, 5). L'historien Joséphe 
dit expressément, dans la préface de son Histoire de la guerre des Juifs, qu'Antio- 
chus Epiphane posséda Jérusalem frois ans et six mois. Mais par rapport à l'empiro 
de Mahomet, il semble que ces temps doivent étre pris autrement que pour les autres 
einpires. 

20. Et le jugement, etc. La plupart des iuterprétes rapportent ceci à la ruine de 
l'Antéchrist, et au jugement dernier 


2014 
et qu'il soit brisé, et qu'il périsse 
entierement pour jamais ; 

97. Mais que le royaume, et la 
puissance, et l'étendue du royau- 
me, laquelle est sous le ciel entier, 
soit donnée au peuple des saints 
du Très-Haut, dont le royaume 
est un royaume éternel, et tous 
les rois le serviront et ἐμὲ obéi- 
ront. 

28. Ici est la fin de la parole. 
Moi, Daniel, j'étais beaucoup 
troublé par mes pensées, et ma 
face changea en moi ; mais la pa- 
role, je la conservai dans mon 
cœur. 


CHAPITRE VIII 2. 


Vision d'un bélier à deux cornes, et d'un 
bouc qui n'en a qu'une. Cette corne 
unique se rompt, mais il s'en forme 
quatre à sa place. Explication de cette 


DANIEL. 


(cu. viit.] 


vision par l'ange Gabriel. Roi impru- 
dent, ses efforts, ses victoires, sa chute, 
sa perte. 


|. En la troisieme année du 
regne du roi Baltassar, une vi- 
sion m'apparut. Moi, Daniel, après 
ce que j'avais vu au commence- 
ment, 

2. Je vis en ma vision, quand 
j'étais au cháteau de Suse, qui est 
dans la région d'Elam, je vis en 
ma vision que j'étais sur la porte 
d'Ulai. 

3. Et je levailes yeux, et je 
vis : et voici un bélier qui se te- 
nait devant le marais, ayant des 
cornes hautes, et l'une plus haute 
que l’autre et qui croissait. En- 
suite 

4. Je vis que le bélier frappait 
de ses cornes contre l'occident, 


27. Cette partie de la prophétie ne saurait s'expliquer de l'empire que Dieu donna 
aux Machabées, et aux princes leurs successeurs ; car leur puissance ne fut ni assez 
absolue ni assez étendue pour vérifier de si grandes et de si magnifiques promesses. 
Il ny a que l'empire de Jésus-Christ et de son Eglise en qui l'on en trouve l'accom- 
plissement réel et véritable. 

28. De la parole; du discours de l'ange. 


a Ce chapitre et les suivants jusqu'au xue inelusivement sont écrits en hébreu. 

1-21. * 2» Prophétie de la persécution d'Antiochus Epiphane, vir. — La seconde 
vision développe une partie de la première. La troisième année du règne de Baitassar, 
Daniel vit l'empire médo-perse sous la figure d'un bélier, et l'empire grec sous celle 
d'un bouc à une corne. Le bouc triomphe du bélier et grandit; alors sa corne unique 
se brise et il lui en pousse quatre autres à la place; de l'une d'elles en sort une cin- 
quiéme qui s'éléve jusqu'au ciel et opprime le peuple des saints pendant 2300 jours. 
— La premiére corne du bouc est Alexandre le Grand qui ruine l'empire perse; les 
quatre cornes sont les quatre royaumes qui se forment des débris de son empire : 
celui de Macédoine, à l'ouest; de Syrie, à l'est; d'Egypte, au sud, et de Thrace, au 
nord. La cinquième corne, qui fait cesser le sacrifice perpétuel, est Antiochus Epis 
phane. Les 2300 jours font six ans et demi, en années lunaires. On peut les compter 
depuis l'an 143 de l'ére des Séleucides, auquel Antiochus se rendit maitre de Jéru- 
salem, I Mac., τ, 21, jusqu'à l'an 149, qui est celui de sa mort, I Mac., vi, 16. 

|. Au commencement du règne de Baltassar. 

2. Elam; province de Perse, appelée aussi Elymaïde. — Sur la porte; sur le bord, 
près de. — Ulaï; fleuve qui séparait 18 Susiane de l'Elymaide; c'est l'Eulée des géo- 
graphes. — * Suse; capitale de la Susiane, sur l'U/ai, une des résidences des rois de 
Perse. 

3. Un bélier. Ce bélier représente l'empire des Perses et des Mèdes (vers. 20). La 
corne la plus élevée signitie la puissance des Perses, supérieure à celle des Mèdes, 
figurée par la corne moins élevée. 

4. Et il devint trés puissant. Les rois de Perse étendirent en effet de proche en 
proche leurs conquétes, sans trouver de résistance, 


(cn. vur.] 


et contre l'aquilon, et contre le 
midi; et aucune béte ne pou- 
vait ni lui résister, ni se délivrer 
de sa puissance; et il fit selon 
sa volonté, et il devint très puis- 
sant. 

9. Et je considérais attentive- 
ment; mais voici qu'un boue de 
chèvres venait de l'occident sur 
14 face de toute la terre, et il ne 
touchait pas la terre; or le bouc 
avait une corne remarquable en- 
ire les yeux. 

6. Et il vint jusqu à ce bélier 
qui avait des cornes, et que j'avais 
vu se tenant devant la porte, et il 
courut àlui dans l'impétuosité de 
sa force. 

1. Etlorsqu'il fut près du bélier, 
il se jeta avec furie sur lui, et 
le frappa, et brisa ses deux cor- 
nes; et le bélier ne pouvait lui 
résister; et lorsqu'il l'eut jeté à 
terre, il 16 foula aux pieds, et per- 
sonne ne pouvait délivrer le bé- 
lier de sa puissance. 

8. Alorsle bouc des chèvres de- 
vint extrémement grand ; et lors- 
qu'il eut ,עס‎ sa grande corne se 


DANIEL. 


2015 
rompit, et quatre cornes s'éleve- 
rent sous celle-:à vers les quatre 
vents du ciel. 

9. Et de l'une d'elles sortit une 
petite corne;et elle devint grande 
vers le midi, et vers l'orient, et 
vers la force. 

10. Et elle s'éleva jusqu'à la 
force du ciel, et renversa une par- 
tie de la force, et des étoiles, et les 
foula aux pieds. 

11. Et elle s'éleva jusqu'au 
prince de la force, elle lui ravit 
son sacrifice perpétuel, et ren- 
versa le lieu de sa sanctification. 

12. Or la force lui fut donnée 
contre le sacrifice perpétuel, à 
cause des péchés;etla vérité sera 
abattue sur la terre, et il agira, 
et il prospérera. 

13. Et j'entendis un des saints 
parlant; et un saint dit à l'au- 
tre, je ne sais lequel, qui par- 
lait : Jusques à quand la vision, 
et le sacrifice perpétuel, et le 
péché qui a causé la désola- 
tion; Jusques d quand le sanc- 
tuaire, et la force sera foulée aux 
pieds? 


5. Bouc de chèvres. Voy. sur la valeur de cette expression, Ezéch., זוז זא‎ 22. Ce bouc 
représente la monarchie des Grecs; la corne, le premier de leurs rois. Alexandre le 
Grand (vers. 21); la rapidité de la course de ce bouc, la rapidité des conquétes de 
ce prince. 

8. Quatre cornes, eic. Voy. vir, 6. 

9. Une pelile corne; c'est Antiochus Epiphane, au commencement sans puissance, 
— Vers la force (contra fortitudinem); c'est aussi le sens de la version grecque; mais 
Thébreu porte, vers la beauté; c'est-à-dire vers la terre de la beauté, nom par lequel 
les prophètes désignent fréquemment la Judée (xr, 16, 41; Jérém., rm, 19; Ezéch., 
xx,) 6,145). 

10. La force du ciel; selon la Vulgate et le grec; mais suivant l'hébreu, l’armée du 
ciel. Par cette force ou armée du ciel, on entend le peuple du Seigneur persécuté ; 
el par les étoiles renversées, soit les Juifs qui moururent courageusement dans la 
persécution, soit ceux qui renoncérent à leur religion, pour obéir aux ordres du 
tyran (1 Machab., τ, 48, 55 et suiv.; II Machab., 1v, 14 et suiv.). Les étoiles et les astres 
en général sont trés souvent mis dans l'Ecriture pour désigner les saints, les justes 
et les savants, — Dans les trois vers. suivants, l'hébreu porte également armée, au 
lieu de force. 

11. Prince de la force; c'est-à-dire Dieu lui-même. — Le lieu de sa sanctification ; 
de sa consécration, qu'il s'était consacré, son sanctuaire, son temple. Voy. Ps. Lxxvir, 54. 


2016 

14. Et il dit : Jusqu'à un soir 
et un matin, deux mille trois 
cents jours, et le sanctuaire sera 
purifié. 

15. Or, il arriva que, lorsque je 
voyais, moi Daniel, la vision, et 
que j'en cherchais l'intelligence, 
voilàque s'arréta en ma présence 
comme 18 ressemblance d'un 
homme. 

16. Et j'entendis la voix d'un 
homme entre l'Ulai, et il cria et 
me dit : Gabriel, fais-lui compren- 
dre cette vision. 

11. Et il vint, et il s'arréta pres 
du lieu où moi j'étais; etlorsqu'il 
fut venu, effrayé je tombai sur 
ma face, et il me dit: Comprends, 
fils dun homme, parce qu'au 
temps de la fin s'accomplira la 
vision. 

18. Et comme il me parlait, je 
tombai incliné vers la terre; et il 
me toucha, et il me remit sur mes 
pieds, 

19. Et il me dit : C'est moi qui 
te montrerai les choses qui doi- 
vent arriver au dernier moment 
de la malédiction, parce que le 
temps a sa fin. 

20. Le bélier que tu as vu, qui 


DANIEL. 


(en. viu] 


avait des cornes, est le roi des 
Medes et des Perses. 

21. Mais le bouc des chèvres 
est le roi des Grecs, et la grande 
corne qui était entre ses yeux, 
c'est le premier roi. 

22. Or celle-ci ayant été rom- 
pue, quatre se sont élevées à sa 
place; quatre rois de sa nation 
s'éleveront, mais non avec sa 
force. 

23. Et après leur regne, lorsque 
les iniquités se seront accrues, 
un roi à la face impudente vien- 
dra et comprendra les choses ca- 
611608 ; 

24. Et 58 puissance s'affermira, 
mais non par ses propres forces ; 
et il dévastera toutes choses au 
delà de ce que l'on peut croire, et 
il prospérera, etil agira. Etil tuera 
des forts, et un peuple de saints 

95. Selon sa volonté, et la 
fraude sera dirigée par sa main ; 
et il élèvera son cœur, et dans 
son abondance de toutes choses 
il fera périr un trés grand nom- 
bre de victimes, et contrele prince 
des princes il s'élévera, et sans 
la main d'aucun homme il sera 
brisé. 


14. Jusqu'à un soir, etc.; c'est-à-dire, jusqu'à deux mille et trois cents jours com- 
posés d'un soir et d'un matin. Chez les Hébreux, le jour commencait le soir (Genése, 
I, 5, 8, etc.). Ces deux mille trois cents jours font six ans et demi selon le calcul des 
années lunaires de trois cent cinquante-quatre ou trois cent cinquante-cinq jours, 
et peuvent se compter depuis l'an 143 des Grecs, auquel Antiochus marcha contre 
Israël, et se rendit maitre de Jérusalem (I Machab., 1, 21), jusqu'à l'année 149, qui 
est celle de la mort de ce prince (I Machab., vi, 16). — Le sanctuaire sera purifié ; il 
le fut aprés la défaite de Lysias, le vingt-cinquième jour du neuvième mois de l'an 
148 du règne des Grecs (I Machab., 1v, 52). 

16. Entre l'Ulai, Voy. vers. 2. — Gabriel. C'est l'ange de ce nom sous la forme d'un 
homme. 

19. Le temps a sa fin; le temps de ces visions s'accomplira enfin. 

21. Le bouc des chèvres. Voy. Ezéch., ,זז וא‎ 

23. Les choses cachées (propositiones). Voy. Ps. Lxxvir, 2. 

24. Un peuple de saints; le peuple consacré au Seigneur, les Juifs, qui souffrirent 
une persécution sanglante sous le règne d'Antiochus (I Machab., τ, 53 et suiv.). 

20, Et sans la main, etc. Voy. 11 Machab., 1x, la fin d'Antiochus. 


ei. 1x.) 


“96. Et la vision du soir et du 
matin, qui à été mentionnée, est 
véritable; toi donc, scelle la vi- 
sion, parce que c'est apres bien 
les jours qu'elle sera accomplie. 

97. Et moi Daniel, j'ai langui et 
jai été malade pendant des jours; 
et, lorsque je me fus levé, je tra- 
vaillais aux affaires du roi, et 
jétais dans la stupeur au sujet 
de la vision, et il n'y avait ver- 
sonne qui l'interprétàt. 


CHAPITRE IX. 


Daniel implore la miséricorde du Sei- 
gneur pour son peuple. L'ange Gabriel 
lui annonce le temps précis de la venue 
du Messie. 


1. En la premiere année de Da- 
rius, fils d'Assuérus, de la race 
des Mèdes, qui régna sur le royau- 
me des Chaldéens; 

9. La premiere année de son 
regne, moi, Daniel, je compris 
dans les livres le nombre des 
années, au sujet duquella parole 
du Seigneur avait été adressée à 
Jérémie, le prophète, afin que 
fussent accomplis les soixante et 


DANIEL. 


9017 
dix ans dela désolation de Jéru- 
salem. 

3. Et je posai ma face vers le, 
Seigneur mon Dieu, pour prier et | 
supplier dans les jeünes, le sac 
et la cendre. 

4. Et je priai le Seigneur mon 
Dieu, et je confessai mes fautes, 
et dis : Jevous conjure, Seigneur, 
Dieu grand et terrible. qui gardez 
l'alliance et la miséricorde à ceux 
qui vous aiment et qui gardent 
vos commandements. 

9. Nous avons péché, nous 
avons commis l'iniquité, nous 
avons agi avec impiété, et nous 
nous sommes retirés, et nous 
nous sommes détournés de vos 
commandements et de vos juge- 
ments. 

6. Nous n'avons pas obéi à vos 
serviteurs les prophètes, qui ont 
parlé en votre nom à nos rois, à 
nos princes, à nos peres, etàtout 
le peuple de la terre. 

7. À vous, Seigneur, la justice, 
et à nous la confusion du visage, 
comme elle est aujourd'hui à 


l'homme de Juda, et aux habi- 


IX. 2. Jérém., xxv, 11; xxix, 10. — 4. 11 Esd., 1, 5. — 5. Bar., 1, 11.‏ .סג 


26. Et la vision du soir et du matin; c'est-à-dire dans laquelle a été montré ce qui 
doit arriver daus un certain nombre de jours ordinaires composés de la nuit et du 
iour. — Scelle la vision. Les prophètes avaient accoutumé de publier leurs prophé- 
ties, surtout celles qui devaient bientót s'accomplir, mais l'ange ordonna à Daniel de 
garder celle-ci, et de la tenir fermée avec un sceau. Voy, vers. 14. 

.91. Pour suivre l'ordre des temps, il faut placer à la suite-de ce verset les chap. 


y et vr. 


1-21. * 39 Prophétie des 10 semaines d'années, ix. — La troisième vision développe 
Ia prophétie messianique contenue dans les chapitres 11 et vir. La première année de 
Darius le Mède, Daniel pensait aux soixante-dix ans que devait durer la captivité, 
d’après la prophétie de Jérémie, et priait Dieu de pardonner ses péchés à son peuple. 
L'ange Gabriel lui apparait alors,-et lui aunonce à quelle époque viendra le Messie, 
Daniel désirait connaitre à quel moment finiraient les soixante-dix ans de la capti- 
vité; Dieu lui révèle une délivrance bien plus importante, dont celle que Jérémie 


avait prédile n'était que la figure. 


1. Darius; le méme que celui qui est mentionné, v, 31 
2. Les livres saints, les divines Ecritures, parmi lesquelles se trouvaient les pro- 
phéties de Jérémie. — Les soixante-dix ans, ete. Voy. Jérém., xxv, 11, 12; xxix, 10. 


A. T 


Tas. 


2018 
tants de Jérusalem, et à tout Is- 
raél; à ceux qui sont pres et à 
ceux qui sont loin, dans toutes 
les terres oü vous les avez jetés 
à cause de leurs iniquités par les- 
quelles ils ont péché contre vous. 

8. Seigneur, à nous la confu- 
sion du visage, et à nos rois, et à 
nos princes, et à nos pères qui 
ont péché. 

9. Mais à vous, Seigneur notre 
Dieu, la miséricorde et la propi- 
tialion, parce que nous nous som- 
mes retirés de vous; 

10. Et nous n'avons pas écouté 
la voix du Seigneur notre Dieu, 
afin de marcher dans sa loi qu'il 
nous ἃ donnée par ses serviteurs 
les prophètes. 

11. Et tout Israël a prévariqué 
contre votre loi, et il s’est dé- 
tourné pour ne pas écouter votre 
voix; et la malédiction a distillé 
sur nous, et l'exécration qui est 
écrite dans le livre de Moise, ser- 
viteur de Dieu, parce que nous 
avons péché contre lui; 

19. Et il a confirmé ses paroles 
quil a dites sur nous, et sur nos 
princes qui nous ont jugés, afin 
de faire venir sur nous un grand 
mal, tel qu'il n'en fut jamais sous 
le ciel, comme celui qui a élé fait 
en Jérusalem. 

13. Comme il est écrit dans la 
loi de Moïse, tout ce mal est venu 
sur nous; et nous n'avous pas 
prié votre face, Seigneur notre 
Dieu, afin de revenir de nos ini- 


DANIEL. 


(cu. 1x.) 
quités, et de méditer votre vérité. 
14. Et le Seigneur a veillé sur 
le mal, et l'a amené sur nous; il 
est juste, le Seigneur notre Dieu, 
en toutes ses ceuvres qu'il a faites; 
car nous n'avons pas écouté sa 
voix. : 

15. Et maintenant, Seigneur 
notre Dieu, qui avez tiré votre 
peuple de la terre d'Egypte par 
une main puissante, et qui vous 
êtes fait un nom comme il est au- 
jourd'hui, nousavons péché, nous 
avons commis l'iniquité. 

16. Seigneur, par toute votre 
juslice, je vous conjure, que vo- 
tre colère et votre fureur soient 
détournées de votre cité, Jérusa- 
lem, et de votre montagne sainte. 
Car c’est à cause de nos péchés et 
des iniquités de nos pères, que 
Jérusalem et votre peuple sont 
en opprobre à tous autour de 
nous. 

17. Maintenant donc exaucez, 
ὃ notre Dieu, la prière de votre 
serviteur et ses supplications; et 
montrez votre face sur votre 
sanctuaire, qui est désolé, à cause 
de vous-méme. 

18. Inclinez, 6 mon Dieu, votre 
oreille, et écoutez; ouvrez vos 
yeux et voyez notre désolation, 
et la cité sur laquelle votre nom 
a été invoqué, car ce n'est pas en 
vue de notre justice que, proster- 
nés, nous répandons nos prieres 
devant votre face, mais en vue 
de vos miséricordes abondantes. 


11. Deut., xxvir, 14. — 15. Bar., 11, 11; Exode, xiv, 22. 


11. Dans le livre de Moïse. Voy. Lévit., xxvi; Deutéron., xXxVit-XXIX. 
13. Votre vérité; votre fidélité dans l'exécution de vos paroles, soit promesses, soit 


menaces, 


18, Sur laquelle. etc.; selon d'autres : Laquelle a été appelée de votre nom; qui porte 
votre nom. Le texte hébreu est susceptible de ces deux sens, 


fcn. 1x.) 


19. Exaucez-nous, Seigneur: 
apaisez-vous, Seigneur; soyez at- 
tentif et agissez; ne tardez pas, à 
cause de vous-même, Ô mon 
Dieu; parce que votre nom a été 
invoqué sur la cité et sur votre 
peuple: 

20. Et comme je parlais encore, 
et que je priais, et que je con- 
fessais mes péchés et les péchés 
de mon peuple Israël, et que pros- 
terné, je répandais mes prières 
en la présence de mon Dieu, pour 
la montagne sainte de mon Dieu; 

91. Moi parlant encore dans ma 
prière, voilà que l'homme Ga- 


DANIEL. 


2019 


briel, que j'avais vu dans 18 vi- 
sion, au commencement, volant 
vite, me toucha au temps du sa- 
crifice du soir. 

92. Et il m'instruisit, et il me 
parla, et dit : Daniel, maintenant 
je suis sorti afin de t'instruire, et 
que tu comprennes. 

23. Dès le commencement de - 
tes prieres est sortie une parole; 
mais moi je suis venu pour te la 
faire connaitre, parce que tu es 
un homme de désirs; toi donc, 
sois attentif à cette parole, et 
comprends la vision. 

24. Soixante-dix semaines ont 


24. Jean, 1, 45. 


94. L'homme Gabriel. Voy. vim, 16. 

23. Un homme de désirs; hébraisme, pour un homme trés désirable, trés digne d'étre 
aimé. 

24-21. * Voicila traduction de cette importante prophétie d'aprés le texte original : 
« Soixante-dix semaines, dit-il, ont été fixées pour ton peuple et pour ta ville sainte, 
afin que la prévarication soit abolie, que le péché finisse et que l'iniquité soit effacée 
[par la mort de J.-C.]; afin que la justice éternelle [le Messie, Jér., xxi, 6; xxxii, 
16; Is., xLv, 8; 1 Cor., 1, 30], vienne [sur la terre], que les visions et les prophéties 
soient accomplies [en Jésus-Christ qu'elles ont annoncé], et que le Saint des saints 
{le Verbe de Dieu fait chair! soit oint [ou rempli de la vertu du Saint-Esprit, Acf., x, 
38; cf. Is., א‎ 1; Luc, 1v, 18]. — Sache-le donc et remarque-le bien : Depuis la pu- 
blication de l'ordre qui sera donné pour rebátir Jérusalem jusqu'au prince Messie 
[ou Christ], il y aura sept semaines, et soixante-deux semaines, et les places et les 
murailles de la ville seront rebàties dans des temps difficiles. Et aprés soixante- 
deux semaines, le Christ sera mis à mort, et le peuple qui doit le renier ne sera plus 
son peuple. Un peuple, avec son chef qui doit venir [Vespasien ou Titus, avec l'armée 
romaine], détruira la ville de Jérusalem et le sanctuaire; elle finira par une ruine 
entière; quand la guerre sera terminée, arrivera la désolation qui lui a été prédite. 
— [Alors le Christ] fera une alliance ferme [et stable, comme l'avait prédit Jérémie, 
xxxi, 91], avec un grand nombre, [avec tous ceux qui voudront embrasser sa foi et! 
participer ainsi à ses mérites, car il est mort pour tous], dans une semaine, [par 
l'effusion de son sang et la prédication de l'Evangile]; et au milieu de la semaine, 
[quand le Messie sera immolé], les oblations et les sacrifices cesseront, [ils seront 
rendus inutiles et sans valeur par la mort de Jésus-Christ, de qui ils tiraient leur 
vertu]. Et l'abomination de la désolation sera dans le temple, et la désolation durera 
jusqu'à la consommation et à la fin. » Cette dernière partie de la prophétie est 
obscure dans le texte original. « L'hébreu à la lettre: El sur l’aile, l'abomination de 
désolalion, dit Calmet. Cette aile marque le temple, du consentement des anciens in- 
terprétes, On peut donner ce nom principalement au toit et à la hauteur du temple, 
Matth., 1x, 5... L'abomination se vit dans le temple, lorsque les Romains, l'ayant 
pris, y plantérent leurs enseignes chargées des figures de leurs dieux et des images 
des Césars; ou bien cette abomination marque les infamies, les meurtres et les autres 
sacriléges qui furent commis dans ce lieu saint par les Juifs mêmes, pendant le der- 
nier siège. Le Prophète ajoute que l'abomination y demeurera, usque ad consumma- 
tionem et finem,... ou plutôt, suivant l'hébreu, jusqu'à la ruine déterminée, jusqu'à ce 
que le temple soit entièrement ruiné. C'est le sens le plus naturel; les termes de 


2020 
été abrégées pour ton peuple et 
pour ta ville sainte, afin que soit 
abolie la prévarication, et que 
prenne fin le péché, et, que soit 
effacée liniquité, et que vienne 
la justice éternelle, et que soient 
accomplies la vision et la pro- 
phétie, et que soit oint le saint 
des saints. 

25. Sache donc, et remarque 
bien : Depuis que sortira la pa- 
role pour que de nouveau soit 
bàtie Jérusalem, jusqu'au Christ 
chef, il y aura sept semaines et 
soixante-deux semaines, et de 
nouveau sera bâtie la place pu- 


DANIEL. 


(cr. 1x.) 


blique et les murailles dans les 
temps diffieiles. 

26. Et après soixante-deux se- 
maines, le Christ sera mis à mort; 
et il ne sera pas son peuple, /e 
peuple qui doit le renier. Et un 
peuple, avec un chef qui doit ve- 
nir, détruira la cité et le sanc- 
tuaire; et sa fin sera la dévasta- 
lion, et apres la fin de la guerre, 
la désolation décrétée. 

27. Mais il confirmera son al- 
liance avec un grand nombre 
dans une semaine; et au milieu 
de la semaine cesseront l’obla- 
tion et le sacrifice; et l'abomina- 


21. Matth., xxiv, 19. 


l'original marquent ordinairement une perte entière et l'exécution des plus sévères 
jugements de Dieu. » 11 faut remarquer que la profanation du temple par Antiochus 
est aussi prédite, Dan., xr, 34, mais la profanation commise par le roi Séleucide 
n'est pas l'aecomplissement de la prophétie que nous avons ici; cette ‘dernière se 
rapporte incontestablement aux temps messianiques. La profanation du temple par 
le roi syrien ne fut que partielle et temporaire, celle des Romains fut compléte et 
définitive. Quant aux chiffres que nous donne cette prophétie, en voici la valeur : les 
soixante-dix semaines d'années font 490 ans. L'ange Gabriel les divise en trois par- 
ties : la premiére est de sept semaines ou de 49 ans, après lesquels les murs de Jéru- 
salem seront achevés; la seconde est de soixante-deux semaines ou 434 ans, à la fin 
desquels le Christ sera oint; la troisième comprend la soixante-dixième semaine, au 
milieu de laquelle le Messie sera mis à mort. La détermination de ces dates n'est pas 
sans offrir des difficultés. La plupart des commentateurs font partir les soixante-dix 
semaines de l'édit d'Artaxercès, vers l'an 445. Depuis cette date jusqu'à la 189 année 
de Tibére, qui est l'année du baptéme de Notre-Seigneur, il s'est. écoulé. environ 
415 ans; nous arrivons ainsi à peu de chose près à la 10e semaine, au milieu 6 
laquelle le Sauveur fut crucifié. 

24. Soixante-dir, etc.; c'est-à-dire, le temps de la captivité a été abrégé et réduit à 
soixante-dix semaines en faveur de ton peuple et de ta ville sainte. Ces soixante-dix 
semaines qui sont des semaines d'années (Compar. Lévit., xxv, 8), et qui font quatre 
cent quatre-vingt-dix ans, se comptent depuis l'ordre donné par Artaxerxès Longue- 
main pour le rétablissement de Jérusalem. Cette prophétie de Daniel, qui commence 
à ce verset et se continue aux trois suivants, ne saurait avoir d'autre objet que le 
Messie, Jésus de Nazareth. Aussi le trés petit nombre des interprétes, qui l'appliquent 
à Cyrus ou à Alexandre, a contre lui non seulement toute l'antiquité, mais encore 
la lettre même du texte sacré. — * La Vulgate porte : ont été abrégées; mais abréger 
signifie ici, de mème que 16 mot hébreu, nekhtak, dont il est la traduction, trancher, 
arréler, déterminer, fixer, comme 1s., x, 22,-où consummalio abbreviata siguilie. un 
malheur total et déterminé. Ce n'est pas une prophétie conditionnelle et incertaine, 
mais sûre, qui s'accomiplira au temps marqué. 

20. *.[L ne sera, pas son peuple. L'hébreu porte : Le Messie sera exterminé [ou re- 
tranché, mis à mort], e£ ce n'est pas lui. Ce dernier membre de phrase incomplet est 
diversement interprété, mais le sens le plus simple et le plus naturel est celui de 
notre Vulgate : Le peuple qui l'a renié n'est plus à lui, 

21. La désolation. La fin de cette désolation fut une entière ruine commencée 
par Titus et achevée par Adrien. — Pour suivre l'ordre des: temps. il semble qu'il 


e. x.] 
lion de la désolation sera dans le 
temple, et la désolation conti- 
nuera jusqu'à la consommation 
et à la fin. 


CHAPITRE X *. 


Vision de Daniel sur le Tigre. Le prince 
des Perses résiste à l'ange Gabriel. Saint 
Michel vient au secours de Gabriel. Le 
prince des Perses vient se joindre à 
celui des Grecs contre Gabriel. 


1. En la troisième année de 
Cyrus, roi des Perses, une parole 
fut révélée à Daniel, par le sur- 
nom Baltassar, une parole véri- 
table, et une grande force; et il 
comprit la parole; car il est be- 
soin d'intelligence dans cette vi- 
sion. 

2. En ce jour-là, moi Daniel, je 
pleurais pendant les jours de 
trois semaines; 

3. Je ne mangeais pas de pain 


DANIEL. 


2021 
désirable, et la chair et le vin 
n'entrerent pas dans ma bouche, 
et je ne répandis pas sur moi de 
parfum, jusqu'à ce que fussent 
accomplis les jours de trois se- 
maines. 

4. Mais le vingt-quatrième jour 
du premier mois, j'étais pres du 
grand fleuve qui est le Tigre. 

5. Et je levai mes yeux, et je 
vis; et voici un homme vêtu de 
lin, et ses reins ceints d'un or 
irés pur; 

6. Et son corps étaitcomme une 
chrysolithe, et sa face comme 
l'aspect de la foudre, et ses yeux 
comme une lampe ardente; et ses 
bras et et ses parties basses jus- 
qu'aux pieds, comme une appa- 
rence d'airain étincelant, et la 
voix de ses paroles, comme la 
voix d'une multitude. 

1. Or, moi Daniel, je vis seul la 


faut passer d'ici au chap. xiv, qui, ne se trouvant pas dans les exemplaires hébreux, 
a été renvoyé à la fin du livre dans les exemplaires grecs et latins. 


* * 4» Prophéties sur l'époque des Séleucides, x-xu. La quatrième vision développe 
plus longuement la seconde. La troisième année de Cyrus, Dieu prédit à Daniel les 
événements qui devaient s'accomplir sous les Séleucides par rapport à son peuple. 
Le ch. x forme l'introduction à la prophétie; les ch. זא‎ et xir entrent dans de nom- 
breux détails sur l'époque qui précéda les Machabées. — La 3* année de Cyrus, un 
ange révéle à Daniel, sur les bords du Tigre, l'histoire future des rois étrangers sous 
la domination desquels sera la Palestine, et il lui fait connaitre en particulier la per- 
sécution d'Antiochus Epiphane pour prémunir à l'avance les Juifs fidéles contre la 
séduction. Il y aura d'abord quatre rois perses; le quatrième (Xerxès) fera la guerre 
contre la Gréce, xi, 2. Surviendra un roi puissant (Alexandre), dont le royaume sera 
partagé, mais non entre les siens, xr 3-4 Le roi du Sud (Ptolémée d'Egypte), 
deviendra fort; cependant l'un de ses généraux (Séleucus Nicator de Syrie) l'empor- 
tera sur lui comme roi du Nord, xr, 5-6. Leurs descendants se feront la guerre, xt, 
1-20. Un prince méprisé, despectus, montera sur le tróne du nord : c'est Antiochus 
Epiphane, le persécuteur des saints, le profanateur du temple de Jérusalem, xt, 21-45. 
Saint Michel délivrera les Juifs de l'oppression; il annonce la résurrection générale 
et la gloire des saints, xit, 1-4. L'épreuve de Juda, figure de la persécution de l'Anté- 
christ, durera trois ans et demi, xm, 5-11. Daniel n'en sera pas témoin pendant sa 
vie, xi, 12-13. 

1. Une parole véritable; une vraie prophétie. — Force; selon la Vulgate et la version 
grecque de Théodotion ; armée, suivant l'hébreu. 

3. Pain désirable (panem desiderabilem); délicat, recherché. On l'a déjà remarqué, 
par le nom de pain, les Hébreux désignaient souvent la nourriture en général. 

4, Premier mois. Voy. Ezéch., xiv, 48. 

3. Un homme, etc.; probablement l'ange Gabriel qui avait déjà apparu à Daniel, 


9052 


22 DANIEL. 


vision, et les hommes qui étaient 
avec moi ne la virent pas; mais 
une terreur extraordinaire se sai- 
sit d'eux, etils s'enfuirent dans un 
lieu caché. 

8. Mais moi étant demeuré 
seul, je vis cette grande vision; 
et il ne resta pas en moi de force; 
mais méme mon visage fut 
changé en moi, et je séchai, et je 
n'eus aucune force. 

9. Et j'entendis la voix de ses 
paroles; et, enl'entendant, j'étais 
couché tout consterné sur ma 
face, et mon visage était collé à 
la terre. 

10. Et voici qu'une main me 
toucha, et me dressa sur mes ge- 
noux et sur le plat de mes mains. 

41. Et la voix me dit : Daniel, 
homme de désirs, entends les 
paroles que je te dis, et tiens-toi 
sur tes pieds; car je suis mainte- 
nant envoyé vers toi. Et lorsqu'il 
m'eut dit ces paroles, je me tins 
debout tremblant. 

12. Et il me dit : Ne crains pas, 
Daniel, parce que dés le premier 
jour où tu as appliqué ton cœur 
à comprendre, afin de t'affliger 
en présence de ton Dieu, tes pa- 
roles ont été entendues; et je 


]08. x.] 


suis venu à cause de tes discours. 

13. Or le prince du royaume 
des Perses m'a résisté durant 
vingt et un jours : et voilà que 
Michel, un des premiers princes, 
est venu à mon secours, et moi, 
je suis demeurélà près du roi des 
Perses. 

14. Mais je suis venu afin de 
t'apprendre ce qui doit arriver à 
ton peuple dans les derniers 
jours; parce que la vision est en- 
core pour ces jours. 

45. Et lorsqu'il me disait de 
telles paroles, j'abaissai mon vi- 
sage contre terre, et je me tins 
en silence. 

16. Et voici que comme 18 res- 
semblance du fils d'un homme 
toucha mes lèvres; et ouvrant 
ma bouche, je parlai et je dis à 
celui qui était debout vis-à-vis de 
moi : Mon Seigneur, à votre vue 
mes jointures se sont brisées, et 
il n'est rien resté en moi de 5 
forces. 

17. Et comment le serviteur de 
mon Seigneur pourra-t-il parler 
avec mon Seigneur? car il n'est 
rien resté en moi de 7nes forces, 
el méme ma respiration est ar- 
rétée. 


11. Homme de désirs. Voy. 1x, 23. 


13. Le prince du royaume des. Perses; c'est-à-dire, selon saint Jérôme, Théodoret, 
saint Chrysostome, saint Grégoire le Grand, plusieurs autres Pères et la plupart des 
interprétes, l'ange protecteur du royaume des Perses. ll est appelé prince, comme 
l'archange saint Michel lui-même. Ce prince des Perses désirait que les Juifs demeu- 
rassent dans la Perse, le plus longtemps possible, afin d'y propager la connaissance 
et le culte du vrai Dieu, tandis que Gabriel et Michel souhaitaient de les voir retour- 
ner dans leur patrie pour y rétablir la ville et le temple. Le concours de l'archange 
Michel a pour objet d'une part de faire connaitre à l'ange protecteur des Perses la 
volonté prise de Dieu, et de l'autre, de persuader au roi des Perses de laisser partir les 
Juifs, ce en quoi néanmoins il ne réussit qu'après que Gabriel eut achevé sa mission. 

14. La vision, etc.; c'est-à-dire, ne s'accomplira que dans ces derniers jours. — Le 
mot ces de notre traduction est suffisamment justifié par l'article déterminatif qui 
dans le texte hébreu se trouve attaché au mot jours. 

16. Comme la ressemblance, etc. C'est l'ange Gabriel. — Du fils d'un homme. Voy. 
eur cette expression, 1, 38. — Mes jointures; les jointures de mes lombes. Voy. v, 6. 


[cn. xr.] 

18. Et de nouveau donc, comme 
la vision d'un homme me toucha, 
et me fortifia, 

19. Et dit: Ne crains pas, homme 
de désirs; paix à toi; prends cou- 
rage et sois fort. Et comme il par- 
lait avec moi, je pris des forces, 
et je dis : Parlez, mon Seigneur, 
parce que vous m'avez fortifié. 

20. Et il dit : Est-ce que tu sais 
pourquoi je suis venu vers toi? 
Et maintenant je m'en retourne- 
rai afin de combattre contre le 
prince des Perses; lorsque moi 
je sortais, le prince des Grecs a 
apparu venant vers mor. 

21. Mais cependant je t'annon- 
cerai ce qui est exprimé dans une 
écriture de vérité ; et il n'est per- 
sonne qui m'aide en toutes ces 
choses, sinon Michel, votreprince. 


CHAPITRE XI. 


Empire des Perses ruiné par le roi des 
Grecs. Guerre contre les rois du midi 
et du septentrion. Roi impie; ses ex- 
péditions contre l'Egypte et la Judée; 
sa fin malheureuse. 


4. Or moi, dès la première an- 


DANIEL. 2023 


née de Darius le Mède, je me 
prêtais à ce qu'il devint fort et 
puissant. 

9. Et maintenant je vous an- 
noncerai la vérité. Voici qu'il y 
aura encore trois rois en Perse, 
et le quatrième s'enrichira de 
très grandes richesses par-dessus 
tous les autres ; et lorsqu'il sera 
devenu puissantparsesrichesses, 
il animera tous 708 peuples contre 
le royaume de la Grèce: 

3. Mais il s'élévera un roi fort, 
et il dominera avec une grande 
puissance, et il fera ce qui lui 
plaira. 

4. Et lorsqu'il sera affermi, son 
royaume sera brisé, et sera par- 
tagé vers les vents du ciel, mais 
non pas entre ses descendants, 
ni selon la puissance avec la- 
quelle il aura dominé; car son 
royaume sera déchiré et passera 
à des étrangers outre ceux-là. 

ὃ. Et le roi du midi se fortifiera, 
et «n de ses princes prévaudra 
sur lui, et il dominera par sa 
puissance, Car grande sera sa do- 
mination. 


18. Comme la vision, etc. C'est encore le méme ange Gabriel. 


19. Homme de désirs. Voy. 1x, 23. 


21. Une écriture de vérité ; hébraisme, pour une écriture trés véritable; c'est-à-dire 
le livre où sont écrits les décrets divins dont l'accomplissement ne peut manquer. 
Compar. Exod., xxxu, 32, 33; Ps. Lxxxvi, 6; cxxxvmr, 16; Apocal., m, 5. — Michel 
votre prince. Toute l'antiquité a reconnu saint Michel comme l'ange protecteur de la 
synagogue; l'Eglise chrétienne l'honore en la même qualité. 


1. Or moi, etc. C'est la continuation du discours de l'ange Gabriel. 

2. Encore; c'est-à-dire aprés Cyrus, premier roi des Perses, lequel régnaitau temps 
où Daniel eut cette vision (x, 1). — Trois rois; Cambyse, Smerdis et Darius fils 
d'Hystaspe. — Le quatrième; Xerxès. 

3. Un roi fort, etc. C'est Alexandre le Grand. 

4. Sera partagé. C'est le partage du royaume d'Alexandre en quatre grands 
royaumes. Compar. virt, 8, 22. — Outre ceux-là, etc. Outre quatre grands royaumes 
dont on vient de parler, il se forma de celui d'Alexandre, d'autres petits Etats dans 
la Cappadoce, l'Arménie, la Bithynie, sur le Bosphore, etc. 

5. Le roi du midi; le roi d'Egypte, située en effet au midi par rapport à la Judée et 
à la Syrie. Ce roi est Ptolémée, fils de Lagus. — Un de ses princes; des princes d'A- 
S ND. (vers. 4). Ce prince est Séleucus-Nicator, fondateur du nouveau royaume de 

vrie 


2024 


plies, ils feront alliance ; et la fille 
du roi du midi viendra vers le roi 
de l'aquilon: pour faire amitié; 
mais elle n'acquerra pas la force 
du bras, et sa race ne subsistera 
pas; etelle sera livrée, elle et les 
jeunes hommes qui l'ont amenée, 
et ceux qui la soutenaient en ces 
temps-là. 

7. ἘΠῚ) s'élèvera du germe de 
ses racines un plant; et il viendra 
avec une armée, et entrera dans 
la province du roi de l'aquilon, et 
il les maltraitera, etil s'en rendra 
le maitre. 

8. Et de plus, il emménera cap- 
tifs en Egypte leurs dieux, et 
leurs images taillées au ciseau 
comme aussi les vases précieux 
d'argent et d'or; celui-là pré- 
vaudra contre le roi de l'aquilon. 

9.Etle roi du midi entrera dans 
son royaume, puis il reviendra 
dans son propre pays. 

10. Mais ses fils seront irritéset 
assembleront une multitude de 
très nombreuses armées; et l’un 
d'eux viendra, se hâtant et se ré- 


Cap. XI. 14. Is., 


xx, «10. 


DANIEL. 
6. Et, après des années accom- 


[cu. x1.] 


pandant partout; et il reviendra, 
et il s'animera,. et il combattra 
contre ses forces. 

11. Et irrité, le ror du midi sor- 
tira et combattra contre le roi de 
laquilon; il préparera une tres 
grande multitude de troupes, et 
une multitude sera livrée en sa 
main. | 

19. Et il prendra la multitude, 
et son cœur s'élevera; et il abat- 
tra beaucoup de milliers ; mais il 
ne prévaudra pas. 

13. Car le roi de l'aquilon re- 
viendra, et préparera une multi- 
tudebeaucoup plus grande qu'au- 
paravant; et à la fin des temps et 
des années, il viendra se hâtant 
avec une grande armée et des 
forces immenses. 

14. Et dans ces temps-là, un 
grand nombre s'éleveront contre 
le roi du midi; et aussi les fils 
des prévaricateurs de ton peuple 
s'éleveront, afin qu'ils accom- 
plissent la vision, et ils tombe- 
ront. 

15. Et le roi de l'aquilon vien- 
dra, et il formera un. rempart, et 


6. La fille, ete.; Bérénice, fille de Ptolémée Philadelphe. — Viendra. pour épouser 
Antiochus Théus, roi de Syrie, petit-fils de Séleucus Nicator; condition de l'alliance. 
— La force du bras; une grande autorité. — Les jeunes hommes; ses serviteurs et ses 
familiers. 

1. Un plant; Ptolémée Evergète, fils et successeur de Ptolémée Philadelphe, et 
frére de Bérénice, est figuré par ce plant. 

9. Son royaume; le royaume de l'aquilon. 

10. Ses fils; les fils du roi de l'aquilon (vers. 8), Séleucus Callinicus; ces fils sont 
Séleucus. Céraunius et Antiochus 16 Grand. — L'un d'eux; c'est le dernier. — Ses 
forces; les forces du roi d'Egypte. 

11. Le roi du midi, Ptolémée Philopator, successeur de Ptolémée Evergète. 

13. Le roi de l’aquilon; Antiochus. — 4 la fin, etc.; c'est-à-dire après un certain 
nombre d'années. .: 

14. Les fils des prévaricateurs; expression pottique, qui signifie simplement les 
prévaricateurs. On l'entend communément des Juifs qui suivirent Onias, fils du grand- 
prétre Onias III, lorsque s'étant retiré en Egypte, il s'attacha au service de Ptolémée 
Philopator, fils et successeur d'Epiphane, et obtint de lui la permission de bâtir dans 
son royaume un temple sembable à celui de Jérusalem, prétendant accomplir ainsi 
la prophétie d'Isaie, xix, 48, 19. 


[cu. x1.] 


il prendra des villes tres forti- 
fiées; etles bras du midi ne pour- 
ront soutenir l'attaque, et ses 
hommes d'élite s'éleveront pour 
résister, et ils n'auront pas de 
force. 

16. Et venant sur lui, il fera 
selon qu'il lui plaira, et il n'y aura 
personne qui tienne devant sa 
face; et il s'arrêtera dans la terre 
illustre, et elle sera détruite par 
ses mains. 

11. Et il posera sa face pour ve- 
nir s'emparer de tout son royau- 
me; il fera des conditions justes 
avec lui, il lui donnera une fille 
de ses femmes, afin de renverser 
son royaume; mais 11 ne réus- 
sira pas, et elle ne sera pas pour 
lui. 

18. Et il tournera sa face vers 
les iles, et il en prendra beau- 
coup; et il arrétera le prince de 
son opprobre, et son opprobre 
retombera sur lui. 

19. Et iltournera sa face vers la 
terre de son empire, etil se heur- 
tera, et il tombera, et on ne le 
trouvera pas. 

20. ἘΠῚ] s'élévera à sa place un 
homme tres vil et indigne de la 
majesté royale;et en peu de jours 
il sera brisé, non dans la fureur ni 
dans un combat. 


DANIEL. 2025 


91. ἘΠῚ] s'élevera à sa place un 
prince méprisé,etl'honneur royal 
ne lui sera pas rendu; et il vien- 
dra en secret, et, il obtiendra le 
royaume par la fraude. 

22. Et les bras du combattant 
seront vaincus devant sa face, et 
brisés, aussi bien que le chef de 
lalliance. 

23. Or, après lamitié faite, il 
emploiera la fraude contre lui; et 
il montera, et il triomphera avec 
un peuple peu nombreux. 

24. Et il entrera dans les villes 
riches et opulentes, et il fera ce 
que n'ont pas faitses peres et les 
pères de ses pères : il disipera 
leurs. rapines, leur butin, leurs 
richesses, et ilformera des des- 
seins contre Jes villes les plus 
fortes; et cela jusqu'à un temps. 

95. Et sa force et son cœur s'a- 
nimeront contre le roi du midi, 
avec une grande armée; etle roi 
du midi sera excité au combat 
par des secours nombreux et 
très puissants; et ils ne résiste- 
ront pas, parce qu'il se formera 
contre lui des complots. 

96. Ceux qui mangent le pain 
avec lui le briseront; et son 
armée sera accablée, et il tom- 
bera une trés grande quantité de 
tués, 


16. La terre illustre; selon l'hébreu, La terre de la beauté; c'est-à-dire, la Judée. 


Compar. vri, 9. 


17. Elle ne sera pas pour lui. La fille d'Antiochus en effet, devenue femme de Pto- 
lémée, abandonna les intérêts de son père et embrassa ceux de son mari. 
18. Les iles. Le mot hébreu correspondant signifie proprement région lointaine, con 


trée très éloignée. 


19. Et on ne le trouvera pas ; il disparaîtra. Antiochus ayant pillé un temple. dans 
la province d'Elymais, fut massacré par la population. 

20. Et il s’élèvera, etc. Le successeur d'Antiochus fut son fils aîné, Séleucus Philo- 
pator. — Il sera brisé,etc. Séleucus périt par les artifices de son ministre Héliodore 


qui voulait usurper son royaume. 


94. Leurs rapines, leur bulin; les rapines, le butin des ennemis. 
796. Ceuz qui mangent, etc.; hébraisme, pour qui prennen! leur nourriture avec. lui, 


qui mangent à sa table. 


2026 

97. Et le cœur des deux rois 
sera porté à mal faire; et à une 
méme table ils parleront le men- 
songe; etils ne réussiront pas, 
parce que la fin est pour un autre 
temps encore. 

98. Et il retournera dans son 
pays avec de grandes richesses ; 
et son cœur sera contre l'alliance 
sainte ; et il agira, et il retournera 
dans son pays. 

29. Au temps marqué, il re- 
tournera, et il viendra vers le 
midi; mais sa derniere expédition 
ne sera pas semblable à la pre- 
miere. 

30. Et viendront contre lui des 
triremes et des Romains; et il 
sera frappé, et il retournera, et il 
sera indigné contre l'alliance du 
sanctuaire, et il agira, etil retour- 
nera, et il formera des desseins 
méme contre ceux qui ont aban- 
donné l'alliance du sanctuaire. 


DANIEL. 


[cu. xi.] 

31. Et des bras armés par lui 
se lèveront, et souillerontle sanc- 
tuaire de la force, et feront cesser 
le sacrifice perpétuel, et ils ajou- 
teront à l'abomination la désola- 
tion. 

32. Et contre l'alliance, les im- 
pies useront d'une feinte trom- 
peuse;mais le peuple connaissant 
son Dieu prévaudra et agira. 

33. Et les savants parmi le 
peuple instruiront hien des gens, 
et ils tomberont sous le glaive, 
dans la flamme, en captivité, et 
par un brigandage de plusieurs 
jours. 

34. Et lorsqu'ils seront tom- 
bés, ils seront soulagés par un 
trés petit secours, et beaucoup 
se joindront à eux frauduleuse- 
ment. 

39. Et d'entre ces savants, plu- 
sieurs succomberont, afin. qu'ils 
passent par le feu, qu'ils soient 


21. La fin, etc.; le temps de leur ruine n'est pas pas encore venu. 

28. Il retour néra ; c'est-à-dire, Antiochus Epiphane. — L’alliance sainte (testamen- 
tum sanctum); la loi divine des Juifs, appelée au vers. 30 l'alliance du sanctuaire, 
parce qu'elle était conservée dans le temple. On pourrait encore entendre par cette 
expression tout ce qui הש‎ à la religion des Juifs. Compar. sur l'ensemble de 
ce vers. 28, I Machab., 1, 20-24; II Machab., v, 21. 

30. Des trirémes et los HWonidihs; Deb aisrfie, pour les trirèmes des Romains; c'est 
à-dire, les Romains sur leurs trirémes. Le texte hébreu porte des vaisseaux de Céthim, 
ou de la Macédoine. Nous savons par Tite-Live et Justin que des légats romains 
mirent fin à la guerre et obligérent Antiochus à s'en retourner. Ges historiens re- 
marquent qu'étant arrivés à l’île de Délos, les légats y trouvèrent des vaisseaux 
légers macédoniens. Or cette remarque autorise à eroire que les légats s'en servirent 
pour leur voyage. — L'alliance du sanctuaire. Voy. le vers. 28. Compar. I Machab., 
I, 30, 54; II Machab., 1v, 1 et suiv.; v, 24, 26. — Contre ceux. C'est évidemment le sens 
de la Vulgate (adversum eos). C'est aussi celui qu'ont donné les versions catholiques 
allemande, anglaise, italienne, Ménochius, etc. Ce texte hébreu peut signifier pour 
ceux, en faveur de ceux; mais il est aussi susceptible du sens donné par la Vulgate. 

31. Et des bras, etc. Voy. Y Machab., τ, 43 et suiv.; II Machab., νι, 1 et suiv. — La 
sanctuaire de la force; le temple, ainsi appelé parce qu'on y adorait le Dieu fort, le 
tout-puissant, ou parce que le temple lui-même était très fortifié, à l'instar d'une ci- 
tadelle. 

32. Les impies useront, etc. Voy. 11 Machab., νι, 21. 

33. Les savants, etc. Ceci regarde principalement Mathathias et ses fils, de la tribu 
de Lévi. Voy. I Machab. ., It, 21 et suiv. 

34. Par un trés petit secours; celui des frères Machabées. Voy. I Machab., n, 4 et 
suiv. — Beaucoup se joindront, etc. Voy. 11 Machab., vin, 1 et suiv. 

35. Un autre temps; un temps différent, un temps 'de consolation. 


reg. x1.] 
purifiés, et qu'ils deviennent 
blancs jusqu'au temps déterminé, 
parce qu'il y aura encore un autre 
temps. 

36. Et le roi agira selon sa 
volonté, et il s'élèvera et se glo- 
rifiera, contre tout dieu ;etcontre 
le Dieu des dieux il parlera avec 
arrogance, et il prospérera, jus- 
qu'à ce que le courroux de Dieu 
contre son peuple soit accompli; 
car la décision ἃ été prise. 

37. Et il comptera pour rien le 


Dieu de ses pères; et il sera //vré 


à la concupiscence des femmes, 
et il n'aura souci d'aucun des 
dieux, parce qu'il s'élévera contre 
toutes choses, 

38. Mais il vénérera en son lieu 
le dieu Maozim, et il honorera le 
dieu que ses pères ont ignoré, 
avec de l'or et de l'argent, et des 
pierres précieuses, et d'autres cho- 
565 précieuses. 

39. Et il fera en sorte de forti- 
fierMaozim avec un dieu étranger 
quil a connu, et il multipliera 
leur gloire, et il leur donnera la 
puissance sur un grand nombre; 
et il partagera la terre gratuite- 
ment. 

40. Et, au temps marqué, le roi 


DANIEL. 2027 


du midi combattra contre lui; et 
comme une tempéte viendra con- 
tre lui le roi de l'aquilon, avec 
des chars et des cavaliers, et une 
grande flotte; et il entrera dans 
ses terres et 768 détruira, et pas- 
sera au delà. 

41. Et il entrera dans la terre 
glorieuse, et beaucoup de terres 
seront ruinées ;orcelles-là seules 
seront sauvées de sa main :Edom 
et Moab, etle commencement des 
fils d'Ammon. 

49. Et il étendra sa main surles 
terres, et la terre d'Egypte n'é- 
chappera pas. 

49. Et il se rendra maître des 
trésors d'or et d'argent, et de 
toutes les choses précieuses de 
l'Egypte : il passera aussi au tra- 
vers de la Libye et de l'Ethiopie. 

44. Et des bruits venant de 
lorient et de l'aquilon le trou- 
bleront; et il viendra avec une 
grande multitude, afin de briser 
et de tuer un trés grand nombre. 

45. Et il plantera son taber- 
nacle à Apadno entre des mers 
sur une montagne illustre et 
sainte; et il viendra jusqu'à son 
sommet, et personne ne le se- 
courra. 


31. Il sera livré, etc. Voy. 11 Machab., 1v, 30. 


98. Le dieu Maozim; est selon plusieurs l'idole de Jupiter Olympien, qu'Antiochus 
fit placer dans le temple de Jérusalem. Compar. 1 Machab., τ, 51; 1] Machab., νι, 12. 
L'hébreu porte, El6hah, máhuzzim, qui signifie dieu de lieux fortifiés, de forteresses; 
ce que quelques-uns entendent de Mars, dieu de la guerre; mais d'autres du vrai Dieu. 

39. Maozim; c'est-à-dire, les forteresses; allusion à la signification du nom du dieu, 
Antiochus fit bâtir en effet une forteresse auprès du temple du Seigneur, où il avait 
placé la statue de son Dieu, comme pour le défendre contre toute attaque. — Leur; 
se rapporte aux Juifs qui adorèrent l'idole d'Antiochus. 

40. Ce verset et les suivants sont une récapitulation des vers. 22-30. 

41. La terre glorieuse; la Judée. Compar. vri, 9; xt, 16. — Le commencement, etc.; 
les premieres, les principales terres des Ammonites. 

45. Apadno ; nom d'un lieu que Théodoret place non loin de Jérusalem, et saint Jé- 
róme prés de Nicopolis; Théodotion et Procope font également de ce mot un nom 
propre de lieu; mais les interprètes modernes l'expliquent généralement par cita- 
delle, valais, sens au'il a en hébreu, en chaldéen, en syriaque, et méme en arabe, 


2028 DANIEL. 


CHAPITRE XII. 


Délivrance du peuple de Dieu. Résurrec- 
tion. Gloire des saints. Terme de la du- 
rée de la grande désolation. 


1. Mais en ce temps-là s'éle- 
vera Michel le grand prince, 
qui est pour les fils de ton peu- 
ple; et viendra un temps, tel 
quil n en ἃ pas eu. depuis 
que les nations ont commencé 
d'être jusqu'alors. Et en ce temps- 
là, sera sauvé quiconque de ton 
peuple sera trouvé écrit dans le 
livre. 

2. Et beaucoup de ceux qui 
dorment dans la poussière de la 
terre s'éveilleront : les uns pour 
la vie éternelle, et les autres 
pour lopprobre, afin qu'ils /e 
voient toujours. 

3. Or ceux qui auront été sa- 
vants brilleront comme la splen- 
deur du firmament, et ceux qui 
enseignent la justice à un grand 


[cu. xm.] 


nombre, serontcommeles étoiles 
dans les perpétuelles éternités. 

4. Mais toi, Daniel, ferme. 8 
paroles, et scelle le livre jusqu'au 
temps déterminé; beaucoup [6 
parcourront et la science sera 
multipliée. 

9. EL je vis, moi Daniel, et voilà 
comme deux autres hommes qui 
se tenaient debout : l'un en decà, 
sur la rive du fleuve, et l'autre 
au delà, sur la rive du fleuve. 

6. Et je dis à l'homme qui était 
vétu de lin, qui se tenait sur les 
eaux du fleuve : Quand sera la 
fin de ces prodiges? 

7. Et j'entendis l'homme. qui 
était vétu de lin, qui se tenait de- 
bout sur les eaux du fleuve, lors- 
qu'il eut élevé sa main droite et 
sa main gauche au ciel, et qu'il 
eut juré par celui qui vit éter- 
nellement, en disant : Dans un 
temps, et deux temps, et la moi- 
tié d'un temps. Et quand la dis- 


Caab. XII. 2. Matth., xxv, 46. — 3. Sag., rir, 7. — 7. Apoc., x, 5. 


1. Mais, etc.; continuation du chapitre précédent. — En ce temps-là ; c'est-à-dire 
au temps d'Antiochus Epiphane, selon saint Chrysostome et quelques commentateurs; 
mais, suivant la plupart des autres Pères et des interprètes, au temps de l'Antéchrist 
et de la fin du monde. Dans le style prophétique, en elfet, cette expression ne se 
rapporte pas toujours au temps dont il vient d'étre question, mais simplement au 
temps à venir, que l'esprit de Dieu découvre aux prophétes, et dans lesquels les di- 
vers événements qu'ils annoncent sont quelquefois séparés de plusieurs siècles. — 
Qui est pour, etc. Compar. x, 21. — Viendra un temps, etc. Voy. Matth., xxiv, 21; Rom., 
xi, 26. — Le livre; de vie. Etre écrit duns ce livre, c'est étre prédestiné à la gloire. 

2. Beaucoup de ceux; c'est-à-dire, toute la multitude de ceux. Dans le style biblique 
on met fréquemment beaucoup pour la totalité, lorsque cette totalité comprend un 
nombre considérable. — Qu'ils le voient; hébraisme, pour qu’ils le sentent, qu'ils 
léprouvent. — Ge verset et sa suite montre clairement qu'il s'agit de la résurrection 
générale à la fin du monde. 

3. Brilleront, etc. Compar. Sagesse, x, 7; Matth., xu, 43. 

4. Ferme les paroles, οἷο. Voy. vut, 26. — Temps délerminé pour leur accomplisse- 
ment. — Le parcourront alors. — La science, etc.; ils en retireront beaucoup de con- 
naissances; selon d'autres, ils en donneront diverses explications. 

5, 6. Du fleuve; du Tigre. Compar. x, 4. 

5. L'homme qui était vélu de lin. Voy. x, ὃ. — La fin; Vaccomplissement. 

7. Disant (quia). Comme nous l'avons remarqué ailleurs, tel est le vrai sens des 
particules latines quia, quoniam, lorsque représentant le κι hébreu, elles ne servent 
qu'à introduire dans le récit un discours direct; ce qui nous a paru étre le cas dans 
ce passage. — Un lemps, Voy. vu, 25. 


(en, xii.) 
persion de l'assemblée du peupie 
saint sera accomplie, toutes ces 
choses seront accomplies. 

8. Et moi j'entendis et ne com- 
pris pas. Et je dis : Mon. Sei- 
gneur, qu'est-ce qui sera apres 
ceci? 

9. Et il dit : Va, Daniel; car les 
paroles sont fermées et scellées 
jusqu'au temps fixé. 

10. Beaucoup seront purifiés, et 
deviendront blanes et éprouvés 
comme le feu, et les impies agi- 
ront avec impiété, et aucun des 
impies ne comprendra; mais les 
savants comprendront. 

11. Et depuis le temps qu'aura 
été aboli le sacrifice perpétuel, et 
qu'aura été établie l'abomination 
de là désolation, il s'écoulera 
mille deux cent quatre-vingt-dix 
jours. 

19. Bien heureux celui qui at- 
tend et qui parvient jusqu'à mille 
trois cent trente-cinq jours. 

13. Mais toi, và jusqu'au terme 
fixé, et tu seras en repos, et tu 


DANIEL. 


2029 


demeureras dans ton état jusqu'à 
la fin des jours. 

Jusqu'ici nous avons lu Daniel dans 
le volume hébreu. Ce qui suit jusqu'à la 


fin du livre ἃ été traduit de l'édition de 
Théodotion. 


CHAPITRE XIII. 


Histoire de Susanne injustement accusée 
et condamnée. Daniel la délivre 3, 


1. Or il y avait un homme ha- 
bitant à Babylone, et son nom 
était Joakim. 

2. Et il prit une femme du nom 
de Susanne, fille d'Helcias, fort 
belle, et craignant Dieu. 

3. Car, comme ses parents 
étaient justes, ils éleverent leur 
fille selon la loi de Moise. 

4. Or, Joakim était tres riche, 
etil avait un verger pres de sa 
maison; et les Juifs affluaient 
souvent chez lui, parce qu'il était 
le plus considérable de tous. 

9. Et on établit juges d'entre 
le peuple en cette année là deux 
vieillards, dont le Seigneur a 


AU. Aucun des impies (neque omnes impii). En hébreu, le mot fout, accompagné d'une 
négation, équivaut à pas un, aucun, nul. 

19. Mille, etc., ce qui fait quarante-cinq jours de plus qu'au verset précédent. Or, 
suivant saint Jéróme et Théodoret, ces quarante-cinq jours sont ceux qui s'écou- 
leront entre la mort de l’Antéchrist qui arrivera au bout de mille deux cent quatre- 
vingt-dix jours, et le dernier avénement de Jésus-Christ. Ceux qui en font l'applica- 
tion au temps des Machabées entendent les jours qui s'écoulérent entre la nouvelle 
consécration du temple et la mort d'Antiochus. 

13. Mais loi; Daniel. — Va, etc.; c'est-à-dire, attends jusqu'à ta mort, tu vivras 
dans la paix et le repos, et tu jouiras de tes dignités, de ton rang élevé jusqu'à la 
fin de ta vie; ou bien, tu mourras, mais tu jouiras aussitót d'un repos qui durera 
jusqu à la fin des temps, où tu ressusciteras pour entrer en possession de la félicité 
éternelle. — Jusqu'ici, ete. C'est une remarque de saint Jérôme. Les deux chapitres 
suivants, quoique n'ayant pas été traduits du texte original, ont été reconnus par 
l'Eglise comme faisant partie des divines Ecritures, Voyez notre observation page 449, 


? Dans l'ordre des temps, cette histoire devrait être placée après le chapitre Ier; 
elle est arrivée au temps de la captivité des Juifs à Babylone, lorsque Daniel était 
encore jeune (vers. 45), et par conséquent dans les trois premières années de la cap- 
tivitc. 

1. * Joakim était un des principaux Juifs captifs à Babylone. 

2. * Susanne signifie lis. 

8. On elabli!, etc. On voit par ces paroles que, quoiqu'en captivité, les Juifs n'étaient 


2030 
parlé, disant : L'iniquité est sor- 
tie de Babylone par des juges 
vieillards qui paraissaient gou- 
verner le peuple. 

6. Ces juges se rendaient fré- 
quemment dans la maison de 
Joakim, el tous ceux qui avaient 
des contestations venaient vers 
eux. 

7. Mais lorsque le peuple s'en 
était allé sur le midi, Susanne 
entrait et se promenait dans le 
verger de son mari. 

8. Et les vieillards la voyaient 
tous les jours entrant et se pro- 
menant; et ils concurent une vio- 
lente passion pour elle; 

9. Et leur sens fut perverti, et 
ils détournèrent leurs yeux afin 
de ne pas voir le ciel, et de ne 
pas se souvenir des justes juge- 
ments. 

10. Ils étaient done tous deux 
blessés par l'amour de Susanne, 
et ils ne se dirent pas l'un à l'au- 
tre leur peine; 

11. Car ils rougissaient de se 
faire connaitre leur passion, vou- 
lant {ous deux lYassouvir. 

19. Et ils épiaienttous les jours 
avec la plus grande vigilance /e 
moment de la voir. Et l'un dit à 
l’autre : 

13. Allons à la maison, car c'est 
l'heure du diner. Et, étant sortis, 
ils se séparerent. 

14. Mais, comme ils revinrent, 
ils se trouvèrent ensemble; et, 


DANIEL. 


(cu. xui] 


s'en demandant mutuellement la. 
cause, ils s'avouerent leur pas- 
sion ; et alorsils fixerentensemble 
le temps, quand ils pourraient la 
trouver seule. 

15. Or, il arriva que, lorsqu'ils 
épiaient le jour convenable, Su- 
sanne entra, comme la veille et 
lavant-veille, seulement. avec 
deux jeunes filles, et voulut se 
baigner dans le verger, car il fai- 
sait chaud. 

16. Et il n'y avaitlà personne, 
excepté les deux vieillards ca- 
chés, et quila regardaient. 

11. Et elle dit donc aux jeunes 
filles : Apportez-moi de l'huile et 
des savons, et fermez les portes 
du verger, afin que je me baigne. 

18. Et elles firent comme elle 
avait ordonné, et elles fermerent 
les portes du verger, et sorlirent 
par la porte de derriere, pour ap- 
porter ce qu'elle avaitcommandé, 
et elles ne savaient pas que les 
vieillards fussent cachés au de- 
dans du verger. 

19. Mais, lorsque les servantes 
furent sorties, les deux vieillards 
se levèrent et accoururent à elle, 
el dirent : 

20. Voici que les portes du jar- 
din sont fermées, et personne ne 
nous voit, nous avons conçu une 
violente passion pour vous; à 
cause de cela, rendez-vous à nos 
désirs et livrez-vous à nous. 

91. Que si vous ne voulez pas, 


pas privés du droit de juger des cas qui concernaient leurs lois et les affaires des 
individus de leur nation entre eux. — Disant. Voy. sur ce mot, xit, 7. — L'iniquité, etc. 
Cette citation n'est pas écrite dans les Livres saints, elle pouvait se trouver dans la 
tradition. Quelques-uns prétendent qu'elle se rapporte à Jérém., xxu, 14, et xxix, 
où on voit en effet une pensée analogue à celle qu'exprime ici Daniel. 


9. Des justes jugements de Dieu. 


13. L'heure du diner; l'heure de midi (vers. 1). 
415. La veille, etc.; littér. Aier et avant-hier; hébraisme, pour auparavant, 


[cg. xiu.] 


nous. porterons contre vous 16- 
moignage, qu'il y avait avec vous 
un jeune homme, et que c'est 
pour cela que vous avez ren- 
voyé les jeunes filles d'auprés de 
vous. 

22. Susanne soupira, et dit : Je 
suis dans desangoisses de toutes 
parts; car si je fais cela, c'est la 
mort pour moi; et si je ne le fais 
point, je n'échapperai pas à vos 
mains. 

23. Mais il est mieux pour moi 
de tomber sans crime en vos 
mains, que de pécher en la pré- 
sence du Seigneur. 

24. Et Susanne s'écria d'une 
voix forte; mais les vieillards s'é- 
criérent aussi contre elle. 

25. Et l'un d'eux courut aux 
portes du verger, et les ouvrit. 

26. Lors done que les serviteurs 
de la maison entendirent les cris 
dans le verger, ils coururent par 
la porte de derriere, afin de voir 
ce que c'était. 

27. Mais, aprés que les vieillards 
eurent parlé, les serviteurs rou- 
girent d'une honte extréme, parce 
que jamais parole de cette sorte 
n'avait été dite de Susanne. Et le 
lendemain arriva. 

28. Et comme le peuple vint 
vers Joakim, son mari, vinrent 
aussi les deux vieillards, pleins 
d'une pensée inique contre Su- 
sanne, afin de la faire mourir. 

29. Et ils dirent devant le peu- 
ple : Envoyez vers Susanne, fille 


DANIEL. 


2051 


d'Helcias, femme de Joakim. Et 
aussitôt on y envoya. 

30. Et elle vint avec son père 
et sa mère, et ses fils, et tous ses 
parents. 

31. Or Susanne était extrème- 
ment gracieuse et belle de vi- 
sage. 

32. Mais ces hommes iniques 
commandèrent qu'on lui ótàt son 
voile (car elle était voilée), afin 
qu'au moins, de cette maniere, 
ils se rassasiassent de sa beauté. 

38. Et ses parents pleuraient, et 
tous ceux qui la connaissaient. 

34. Cependant les deux vieil- 
lards, se levant au milieu du peu- 
ple, mirent leurs mains sur 58 
iéte. 

35. Et elle, en pleurant, leva les 
yeux au ciel, car son cœur avait 
confiance au Seigneur. 

36. Et les vieillards dirent : 
Comme nous nous promenions 
seuls dans le verger, celte femme 
est entrée avec deux jeunes ser- 
vantes, et elle a fermé les portes 
du verger, et renvoyé d'auprès 
d'elle les jeunes filles. 

31. Et est venu vers elle un 
jeune homme qui était caché et a 
commis le crime avec elle. 

38. Pour nous, comme nous 
étions dans un coin du verger, 
voyant cette iniquité, nous avons 
couru vers eux et les avons vus 
ensemble. 

39. A la vérité, nous n'avons pu 
saisir 16 jeune homme, parce qu'il 


——————— M Ó € ,ןוו‎ 


..92. Commandérent, etc. On voit, dans la loi mosaïque, que la femme accusée d'a- 
dultére par son mari, avait le visage découvert pendant le jugement (Nomór., v, 18). 
Les accusateurs de Susanne prirent sans doute prétexte de cet article de la loi, pour 
lui faire ôter son voile, sans lequel aucune femme en Orient ne peut paraître en 
public. 

34. Mirent leurs mains, etc.; usage consacré chez les Hébreux, surtout dais les 
condamnations à mort (Lévit., xxiv, 44). 


2052 


était plus fort que nous, et qu'a- 
près avoir ouvert les portes, il est 
sorti avec précipitation. 

40. Mais elle, lorsque nous l'a- 
vons eu prise, nous εἶ avons de- 
mandé quelétaitce jeunehomme, 
et elle n'a pas voulu nous le faire 
connaitre; de ceci nous sommes 
témoins. 

41. La multitude les crut comme 
vieillards et juges du peuple; et 
ils la condamnèrent à mort. 

49. Mais Susanne s'éeria d'une 
voix forte, et dit : Dieu éternel, 
qui connaissez les choses cachées, 
qui connaissez toutes choses 
avant qu'elles soient faites, 

43. Vous savez qu'ils ont porté 
un faux témoignage contre moi; 
et voilà que je meurs, quoique je 
n'aie rien fait de tout ce que ces 
hommes ont malicieusement in- 
venté contre moi. 

44. Or le Seigneur exauca sa 
voix. 

45. Et comme on 18 conduisait 
à la mort, le Seigneur suscita l'es- 
prit saint d'un jeune enfant dont 
le nom est Daniel; 

46. Et il s'écria d'une voix forte : 
Je suis innocent du sang de cette 
femme. 

41. Ettoutle peuple s’étanttour- 
né vers lui, dit : Quelle est cette 
parole que tu as dite? 


Cuar. XIII. 58. Exode, א‎ 7. 


DANIEL. 


(cu. xur.] 

48. Et lui, se tenant debout au 
milieu d'eux, dit : C'est ainsi, in- 
sensés, enfants d'Israél, que ne 
jugeant et ne connaissant pas ce 
qui est véritable, vous condamnez 
une fille d'Israel? 

49. Retournez au jugement, car 
ils ont porté un faux témoignage 
contre elle. | 

90. Le peuple done retourna 
promptement, et les anciens lui 
dirent : Viens, et asssieds-toi au 
milieu de nous, et éclaire-nous, 
parce que Dieu t'a donné l'hon- 
neur de la vieillesse. 

91. Et Daniel leur dit : Sépa- 
rez-les l'un de l'autre, et je les 
jugerai. 

92. Lors done qu'ils furent sé- 
parés l'un de l'autre, il appela 
l'un d'eux, et lui dit : Vieillard 
plein. de jours mauvais, main- 
tenant ils sont venus, les péchés 
que vous commettiez aupara- 
vant, 

53. Rendant des jugements in- 
justes, opprimant les innocents 
et renvoyant les coupables, le 
Seigneur disant : Tu ne feras 
pas mourir un juste et un inno- 
cent. 

54. Maintenant donc, si vous 
l'avez vue, 01163 sous quel arbre 
vousles avez vus s'entretenant. 
Et il dit : Sousun lentisque. 


41. A mort. La lapidation était la peine de l’adultère (Lévit., 1, 10; Jean, vu, 5). 

49. L'esprit saint; Vesprit de prophétie, pour découvrir le crime des vieillards et 
les convaincre par leur propre bouche avant l'instruction de l'affaire. — D'un jeune 
homme (pueri junioris). L'épithète junior, liltér. plus jeune, ne change pas la signi- 
fication de puer, qualification donnée déjà quatre lois ) 4, 13, 15, 11) à Daniel, sans 
cet adjectif. Au reste, quel que fût l'âge de Daniel, aidé d'une lumière surnaturelle, 
il n'a nullement été précipité dans son jugement, comme l'ont prétendu certains in- 
erédules. 

52. Mainlenant, etc.; c'est maintenant que tous vos crimes sont retoimbés sug votis, 
et que vous allez les expier. 

93. Tu ne feras pas, etc. (Exod,, xxu, 1). 


[cn. x1v.] 


88. 008161 dit: Vous avez pré- 
cisément menti contre votre tête; 
car voici qu'un ange deDieu, ayant 
recu sa sentence, vous coupera 
par le milieu. 

56. Et l'ayant fait retirer, il 
commanda que l’autre vint, et 
il lui dit : Race de Chanaan, et 
non de Juda, la beauté vous ἃ 
séduit, et la passion a perverti 
votre cœur. 

57. C'est ainsi que vous agissiez 
avec les filles d'Israël, et elles, sai- 
sies de crainte, vous parlaient; 
mais la fille de Juda n'a pas souf- 
fert votre iniquité. 

58. Maintenant donc, dites-moi 
sous quel arbre vous les avez sur- 
pris se parlant. Et il dit: Sous 
une yeuse. 

59. Or Daniellui dit: Vous avez 
précisément menti vous aussi 
contre votre téle, car l'ange du 
Seigneur est tout prét, ayant le 
glaive afin de vous couper par 
le milieu, et de vous tuer {ous 
deux. 

60. C'est pourquoi toute l'as- 
semblée s'écria d'une voix forte, 
et ils bénirent Dieu qui sauve 
ceux qui espèrent en lui. 

61. Et ils s'éleverent contre les 

62. Deut., xix, 18, 19. 


DANIEL. 


2033 


deux vieillards (car Daniel les 
avait convaincus par leur propre 
bouche qu'ils avaient porté un 
faux témoignage), et ils les trai- 
terent selon le mal qu'ils avaient 
faità leur prochain, 

62. Afin d'agir suivant la loi de 
Moise, et ils les mirent à mort, et 
un sang innocent fut sauvé en ce 
jour-là. 

63. Or Helcias et sa femme loue- 
rent Dieu pour leur fille Susanne, 
avecJoakim, son mari, et tous les 
parents, parce qu'aucune chose 
honteuse n'avait été trouvée en 
elle. 

64. Mais Daniel devint grand 
en la présence du peuple, depuis 
ce jour-là et dans la suite. 

65. Et le roi Astyage fut réuni 
à ses peres, et Cyrus le Perserecut 
son royaume. 


CHAPITRE XIV. 


Daniel découvre l'imposture des pré- 
tres de Bel, fait mourir un dragon 
adoré par les Babyloniens, est jeté 
dans la fosse aux lions, et en est dé- 
livré. 


1. Or Daniel était convive duroi, 
et honoré au-dessus de tous ses 
amis. 


55, 59. Contre votre téte; de maniére que votre mensonge va retomber sur votre 
tête, va tourner à votre perte. — Vous 'coupera par le milieu. ll y a un jeu de mots 
dans le grec; d'où on a prétendu que le grec était le texte original; mais en bonne 
critique cela ne le prouve point, parce que l'allusion a pu se trouver dans la version 
sans avoir été dans le texte, et qu'il pouvait y avoir dans le texte une allusion sem- 
blable à celle qui se lit dans la version; mais on ne connait pas assez les noms hé- 
breux des arbres pour pouvoir déterminer quelles étaient les expressions du texte. 
Il est probable que l'expression, vous coupera par le milieu, signifie ici vous exler- 
minera, et que les deux vieillards furent lapidés, suivant la loi du talion qui veut 
que le faux accusateur souffre la peine qu'il a voulu faire souffrir à l'innocent. Voy. 
les vers. 61, 62; Deutéron., xix, 18, 19. 

63. Ce verset n'a aucun rapport avec l'histoire de Susanne, arrivée au commence- 
ment du règne de Nabuchodonosor; il appartient plutôt au chapitre suivant, où sont 
racontés des faits qui datent du commencement du règne de Cyrus. — Aslyage; est 
selon plusieurs le fils d'Astyage, Cyaxare II, Darius 16 Méde, mais voy. v, 34. 


IX. HM ix 


2034 


2. ]l y avait aussi chez les Ba- 
byloniens une idole du nom de 
bel, et on employait pour elle 
chaque jour douze artabes de 
fleur de farine, et quarante bre- 
bis, et six amphores de vin. 

3. Le roi aussi lhonorait, et 
allait chaque jour l'adorer; mais 
Daniel adorait son Dieu. Et le roi 
lui dit : Pourquoi n'adores-tu pas 
Bel? 

4. Et Daniel, répondant, lui dit : 
Parce que je n'honore pas les 
idoles faites à la main, mais le 
Dieu vivant, qui a créé le ciel et 
la terre, et qui a puissance sur 
toute chair. | 

9. Et le roi lui dit : Bel ne te 
semble-t-il pas un Dieu vivant? 
33-00 que tu ne vois pas com- 
bien il mange et boit chaque 
jour. ? 

6. Et Daniel dit en souriant : 
Ne vous y trompez pas, Ô roi, car 
Bel au dedans est d'argile, et au 
dehors, d'airain, et il ne mange 
jamais. 

7. Et le roi irrité appela ses 
prétres, et leur dit : Si vous ne 
me dites qui est celui qui mange 
tout ce qui se dépense ainsi, 
vous mourrez. 

δ. Mais, si vous montrez que 


DANIEL. 


(c. xiv.] 


Bel mange ces choses, Daniel 
mourra, parce qu'il a blasphémé 
contre Del. Et Daniel dit au roi : 
Qu'il soit fait selon votre pa- 
role. 

9. Or il y avait soixante-dix 
prétres de Bel, outre les femmes, 
et les petits enfants, et les fils. Et 
le roi vint avec Daniel au temple 
de Del. 

10. Et les prêtres de Bel dirent : 
Voici que nous, nous sortons de- 
hors; et vous, Ó roi, mettez les 
aliments et mélez le vin; et fer- 
mez la porte et la scellez de votre 
anneau; 

11. Et, lorsque vous serez en- 
tré le matin, si vous ne trouvez 
pas que tout ait été mangé par 
Bel, nous mourrons de mort, 
2/0168, ou Daniel qui a menti contre 
nous. 

12. Mais ils parlaient par bra- 
vade, parce qu'ils avaient fait 
sous la table une entrée secrete; 
etilssintroduisaient toujours par 


- là, et dévoraient le tout. 


13. Il arriva done qu'apres que 
ceux-ci furent sorlis, le roi mit 
des aliments devant Bel; Daniel 
ordonna à ses serviteurs, et ils 
apporterent de la cendre, et il la 
cribla e£ la répandit dans tout le 


2. Bel; ancien roi de Babylone qui fut mis au rang 108 dieux par ses sujets après 
sa mort. — Arftabes; mesure en usage chez les Babyloniens; elle contenait soixante- 
douze setiers, suivant saint Epiphane et saint Isidore de Séville; mais d'autres lui 
donnent une capacité différente. — Amphores. 11 s'agit probablement ici de l'amphore 
attique, qui contenait trois urnes ou soixante-douze setiers, et non de la romaine 
qui était seulement de deux urnes ou quarante-huit setiers; le grec lit métrètes, 
c'est-à-dire mesures, — * Pour la valeur de ces diverses mesures, voir la note 4 à 
la tin du volume. 

4. Toute chair. Voy. sur cette expression, rv, 9. 

6. * Est d'argile. Beaucoup de statues à Babylone étaient en argile, parce que la 
Chaldée n'a pas de pierre et que le bois y est rare. On recouvrait quelquefois d'un 
métal précieux ces statues de terre. 

9. Ff les petits enfants, etc.; c'est-à-dire, tous les enfants grands et petits. 

10. Mélez le vin; c'est-à-dire, préparez. Compar. Proverb., 1x, 2. 

41. Nous mourrons de mort; hébraisme, pour érrémissiblement, 


E 


(cu. xiv.) 


temple, devant le roi; et, étant 
sortis, ils fermerent la porte, et, 
la scellant de l'anneau du roi, ils 
s'en allèrent. 

14. Or les prétres entrèrent la 
nuit, selon leur coutume, ainsi 
que leurs femmes et leurs en- 
fants, et ils mangèrent et burent 
tout. 

15. Mais le roi se leva au point 
du jour, et Daniel avec lui. 

16. Et le roi dit: Les sceaux 
sont-ils intacts, Daniel? et il ré- 
pondit : Intacts, à roi. 

17. Et aussitót qu'il eut ouvert 
la porte, le roi, ayant regardé la 
table, s'écria d'une voix forte : Tu 
es grand, Bel, et il n'y a en toi 
aucune fraude. 

18. Et Daniel rit, et il retint le 
roi, afin qu'il n'avancàt pas plus 
avant, et il dit: Voici le pavé, re- 
marquez de qui sont ces traces 
de pieds. 

19. Et le roi dit: Je vois des 
iraces de pieds d'hommes, et de 
femmes, et d'enfants. Et le roi 
fut irrité. 

20. Alors il fit saisir les prêtres, 
leurs femmes et leurs enfants; et 
ils lui montrerent les petites 
portes secrètes par lesquelles ils 
entraient, et mangeaient ce qui 
était sur la table. 

91. Le roi les fit donc mourir, 
et livra Bel en la puissance de 
Daniel, qui le renversa ainsi que 
son temple. 

22. Il y avait aussi un grand 
dragon en ce lieu-là, et les Baby- 
loniens l'adoraient. 

23. Et le roi dit à Daniel : Voici 
maintenant, tu ne peux pas dire 


DANIEL. 


2035 


que celui-ci ne soit pas un Dieu 
vivant : Adore-le donc. 

24. Et Daniel dit : J'adore le 
Seigneur mon Dieu, parce que 
c'est lui qui est un Dieu vivant; 
mais celui-ci n'est pas un Dieu 
vivant. 

25. Mais vous, ὃ roi, donnez- 
m'en le pouvoir, et je tuerai le 
dragon sans glaive et sans bâton. 
Et le roi dit : Je te /e donne. 

26. Daniel prit donc de la poix 
el de la graisse et des poils, et 
les fit cuire ensemble; etil en fit 
des masses, et les jeta dans la 
gueule du dragon, et le dragon 
creva. Et Daniel dit : Voici ce que 
vous adoriez. 

27. Lorsque les Babyloniens 
eurent appris cela, ils furent ex- 
trémement indignés, et, s'étant 
assemblés contre le roi, ils di- 
rent : Le roi est devenu Juif; il a 
détruit Bel, il a tué le dragon, et 
il a fait mourir les prétres. 

28. Et ils dirent, lorsqu'ils fu- 
rent venus vers le roi : Livrez- 
nous Daniel; autrement nous 
vous tuerons, vous et votre mai- 
son. 

29. Le roi vit done qu'ils ve- 
naient à lui avec violence; et, 
contraint par la nécessité, il leur 
livra Daniel. 

30. Ils le jetèrent dans la fosse 
aux lions, et il y demeura six 
jours. 

31. Or dans la fosse étaient sept 
lions, et on leur donnait deux 
corps chaque jour, et deux brebis; 
mais alors on ne leur en donna 
point, afin qu'ils dévorassent Da- 
niel. 


22.* Un grand dragon; probablement un grand serpent consacré au dieu Bel, 
31. Deux corps d'hommes probablement condamnés à mort. 


2036 

32. Or Habacuc, le prophète, 
était en Judée, etil avait fait cuire 
un mets, et il avait émietté des 
pains dans un vase, et il allait au 
champ, pour /es porter aux mois- 
sonneurs. 

33. Et l'ange du Seigneur dit à 
Habacuc : Porte le diner que tu 
as à Babylone, à Daniel, qui est 
dans la fosse aux lions. 

34. Et Habacuc dit : Seigneur, 
je n'ai jamais vu Babylone, et la 
fosse, je ne la connais pas. 

35. Et l'ange du Seigneur le 
prit par le sommet de sa téte, et 
le porta par les cheveux, et le 
mit à Babylone, sur la fosse, avec 
la rapidité de son esprit. 

36. Et Habacuc cria, disant : 
Daniel, serviteur de Dieu, prends 
le diner que Dieu t'a envoyé. 

37. Et Daniel dit: Vous vous 
étes souvenu de moi, 6 Dieu, et 
vous n'avez pas abandonné ceux 
qui vous aiment. 


Cap. XIV. 35. Ezéch., vr, 3. 


DANIEL. 


[cg. xiv.] 


38. Et Daniel se levant mangea. 
Mais lange du Seigneur remit 
aussitót Habacuc en son lieu. 

39. Et le roi vint au septième 
jour, afin de pleurer Daniel; et il. 
vint à la fosse, et il regarda de- 
dans, et voici Daniel assis au mi- 
lieu des lions. 

40. Et le roi s'écria d'une 
voix forte, disant : Vous étes 
grand, Seigneur Dieu de Daniel. 
Et il le retira de la fosse aux 
lions. 

41. Mais ceux qui avaient voulu 
sa perte, il les jeta dans la fosse; 
et ils furent dévorés en un mo- 
ment devant lui. 

42. Alors le roi dit : Que tous 
ceux qui habitent sur toute la 
terre redoutent le Dieu de Daniel; 
parce que c'est lui qui est le sau- 
veur sur la terre, faisant des pro- 
diges et des merveilles, lui qui a 
délivré Daniel de la fosse aux 
lions. 


32. Habacuc, etc. On a prétendu que le prophète Habacuc ne pouvait exister sous 
Cyrus. Mais rien ne prouve qu'il s'agisse ici d'Habacuc, un des douze petits pro- 
phétes. D'un autre cóté Habacuc ne datant point ses prophéties, et ayant vécu, 
eomme Daniel, avant la captivité, il a pu fort bien, quoique plus ágé que lui, vivre 
jusqu'au régne de Cyrus. 

35. L'ange, ete. Si ce transport d'Habacuc par l'ange était faux à cause de son in- 
vraisemblance et de son absurdité méme, comme le prétendent les incrédules, Daniel 
se serait bien gardé de l'insérer dans son livre. Si donc il l'a rapporté, c’est parce 
qu'il avait des preuves de sa réalité. D'ailleurs ces sortes de transports ne sont pas 
sans exemples dans l'Ancien et le Nouveau Testament )111 Rois, xvur, 12; Matth.,, 
Iv, 5,8; Actes, vir, 39, 40). 

38. En son lieu; dans le lieu où il l'avait pris. 


i EAE rr À) qoaa ter ctt 


OSÉE' 


INTRODUCTION 


Osée (Jéhovah sauve), le premier des petits prophétes, nous apprend qu'il 
était fils de Bééri ; c’est la seule chose certaine que nous sachions de sa vie. La 
plupart des interprétes s'accordent à reconnaitre qu'il était du nord du royaume 
d'Israél. Une ancienne tradition rapporte qu'il était originaire de la ville, d'ail- 
leurs inconnue, de Bélémoth, dans la tribu d'Issachar, et que c'est là qu'il mou- 
rut. On place son tombeau en différents lieux. 

Osée est le premier des petits prophètes dans la Vulgate. Cette place lui est 
donnée probablement à cause de l'étendue de sa prophétie, qui est plus consi- 
dérable que celle des autres petits prophètes. Ce n'est certainement pas en rai- 
son de l'ordre chronologique : car, sans parler des petits prophétes plus anciens 
dont les écrits ne sont pas datés, Amos, qui n'occupe que le troisiéme rang, lui 
est antérieur, comme il résulte de l'inscription de son livre, dans laquelle nous 
apprenons qu'il florissait du temps d'Ozias. 

Osée fut contemporain d'Isaie. Il prophétisa, aprés la ruine de la maison 
d'Achab, sous Jéroboam II, qui fut le second successeur de Jéhu, contre Israél, 
quoiqu'il parle à l'occasion de Juda. Il a sans cesse présent devant les yeux le 
crime de la famille de Jéhu, qui, aprés avoir exterminé la maison d'Achab, en 
a perpétué l'idolátrie et continue à faire adorer les veaux d'or. Le mot «encore 
un peu, » I, 4, indique, d'après presque tous les interprètes, qu'Osée écrivit 
dans les dernières années du règne de Jéroboam. Ce roi occupa le trône #1 ans, 
de 825 à 784 avant J -C. Osée écrivait donc avant l’an 784. La détermination de 
cette date est importante pour constater le caractère surnaturel de ses prédic- 
tions : il annonce à l'avance la ruine de la maison de Jéhu, qui n’eut lieu qu'en 
782, et celle du royaume d'Israél, qui ne s'accomplit qu'en 721. Du temps de 
Jéroboam II, le royaume d'Israél avait atteint son plus haut degré de gloire. 
C'est au moment où il jetait le plus d'éclat que Dieu en révéla la fin prochaine. 

Profondément pénétré des iniquités de son peuple, Osée s'exprime par phrases 
coupées et brisées; les propositions ne sont pas reliées entre elles, les images 
se précipitent et s'accumulent; son langage ressemble à un torrent impétueux. 
Le prophète a cependant un cœur brülant d'amour pour ses frères et plein de 


a Osée emploie souvent les mots adullére, fornication, ou prostitution; il faut 
remarquer qu'ils désignent généralement /'idolátrie, parce que la nation juive était 
‘considérée comme l'épouse de Dieu, par l'alliance qu'il avait contractée avec elle, en 
lui donnant sa loi. | 


2038 OSÉE. [cu. 1.] 


confiance en la bonté et la miséricorde de Dieu : ce contraste entre l'indigna- 
tion que lui causent les péchés d'Israël, et l'espérance que lui donne l'affection 
paternelle de Dieu pour les enfants de Jacob, est la source des plus grandes 
peautés de son livre. Rien de plus tendre que la maniére dont le Seigneur parle 
de son peuple, vi, 3-4; rien de plus énergique que sa réprobation du péché, v, 
1^; xui, 8. 

Les prophéties d'Osée ne forment qu'un seul tout; elles ne renferment pas 
une série d'oracles écrits à des époques diverses, ou de discours prononcés et 
adressés au peuple en différents temps, comme les recueils des quatre grands 
prophétes; c'est une composition d'un jet, faite en une seule fois, vers la fin 
de la vie du prophéte, dans laquelle il résume lui-méme et présente, dans leur 
ensemble, les prédictions qu'il avait promulguées pendant le cours de son mi- 
nistère prophétique. Son livre se divise en deux parties : dans la première, r-ur, 
il expose, sous une forme symbolique, les infidélités d'Israël; dans la seconde, 
1v-xiv, il interpelle directement le peuple, lui reproche ses crimes et lui annonce 
les maux qui en seront le châtiment, mais non sans lui promettre la fin de ses 
épreuves. 


dans les jours d'Ozias, de Joa- 
CHAPITRE PREMIER. than, d'Achaz et d'Ezéchias, rois 


Infidélité de Samarie et de ses enfants. | de Juda, et dans les jours de 
Sang de Jezrahel vengé sur la maison τ + זה‎ 
de Jéhu. Réprobation de la maison d'Is- De fils de Joas, roi d'Ts 
rail. Protection de la maison de Juda. | 1 
Multiplication des enfants d'Israël. Réu- 2. Commencement des paroles 


nion des enfants d'Israël avec les en- | Qu Seigneur par Osée: et le Sei- 
fants de Juda. ie L j 

gneur dit à Osée: Va, prends pour 

1. Parole du Seigneur qui fut | toi une femme de fornications, et 

adressée à Osée, fils de Bééri, | des enfants de fornications; par- 


oo 


4-24. * Ire partie : Tableau symbolique de l'infidélité d'Israël, 1-1. — La première 
partie contient les prophéties qu'Osée avaitfaites sous le régne de Jéroboam 11,1, 2. 
Elle dépeint, sous une forme symbolique, les infidélités du peuple envers Dieu, la 
vengeance divine et le pardon qui sera enfin accordé au coupable. — Premier sym- 
bole : — 19 1-1t, 4. Osée reçoit du Seigneur l'ordre d'épouser une femme de fornicu- 
lions, figure d'Israél coupable; il en a deux fils et une fille qui recoivent des noms 
prophétiques; l'ainé s'appelle Jezrahel, en souvenir de l'extermination dela maison 
d'Achab par Jéhu dans la plaine de Jezrahel, et pour annoncer la punition des des- 
cendants de Jéhu, parce qu'ils n'ont pas été plus fidéles qu'Achab et sa race; la fille 
est nommée Ló-roukhámáh, Sans miséricorde, pour signifier que la patience divine 
est à bout, et le second fils Ló-'ammi, Non mon peuple, pour marquer la séparation 
qui existe entre le Seigneur et son peuple. Cependant, si Israél se convertit, Dieu 
aura pitié de lui. 

1. Jéroboam, fils de Joas, est Jéroboam 11, contemporain d'Ozias, mais mort avant 
ce prince. 

2. Commencement, etc.; littér., le commencement de parler par le Seigneur dans Osée. 
On ne saurait en effet expliquer autrement que par l'ablatif le Domino de la Vulgate, 
laquelle d'ailleurs est parfaitement conforme au texte hébreu portant à la lettre : 
commencement de a parlé Jéhova dans Osée. Ainsi le sens est: Voici les premières 
paroles du Seigneur dans Osée. — Prends pour toi une femme; expression qui en 


[cu. 1. 
ce que forniquant la terre for- 
niquera en se séparant du Sei- 
gneur. 

3. Et il alla, et il prit Gomer, fille 
de Débelaïm ; et elle concut, etelle 
lui enfanta un fils. 

4. Et le Seigneur dit à Osée : 
Appelle son nom Jezrahel; parce 
qu'encore un peu de temps, et 
je visiterai le sang de Jezrahel 
sur la maison de Jéhu, et je ferai 
cesser le royaume de la maison 
d'Israël. 

ὃ. Et en ce jour-là, je briserai 
l'arc d'Israël dans la vallée de 
Jezrahel. 

6. Et elle conçut encore, et 
elle enfanta une fille. Et Je Sei- 


OSÉE. 


2039 
qu'à l'avenir je n'aurai plus de 
pitié pour la maison d'Israël, 
mais que je les oublierai entière- 
ment. 

7. Et j'aurai pitié de la mai- 
son de Juda, et je les sauverai 
par le Seigneur leur Dieu, et je 
ne les sauverai pas par l'arc, par 
le glaive, et par la guerre, et par 
les chevaux et par les cavaliers. 

8. Et Gomer sevra sa fille qui 
était appelée Sans miséricorde. 
Et elle concut et elle enfanta un 
fils. 

9. Et Dieu dit : Appelle son 
nom, Non mon peuple, parce 
que vous n'étes plus mon peuple, 
et que moi je ne serai pas pour 


vous. 
10. Et le nombre des enfants 


gneur dit à Osée : Appelle son 
nom, Sans miséricorde, parce 
Cæae. I. 10. Rom., 1x, 26. 


hébreu signifie se marier légitimement. — Une femme de fornicalions: qui a été 
prostituée. E/ des enfants de fornications; les enfants qu'elle a eus dans son état de 
prostitution. Ces mots dans l'Hébreu et dans les Septante sont un second complément 
direct du verbe prends. Quant à ceux (et fac tibi filios fornicationum) que saint Jéróme 
a ajoutés, ils signifient : et fais tiens, recueille, reçois ses enfants pour les élever, ou 
bien, et aie des enfants de cette ancienne prostituée; mais la première interprétation, 
conforme d'ailleurs au texte original, est plus simple et plus naturelle. Ainsi, par son 
mariage, Osée retire du crime une malheureuse, et sauve ses enfants du danger 
auquel autrement ils auraient été exposés. Et puis, est-il donc impossible qu'au mi- 
lieu de ses désordres, cette femme n'ait point pratiqué quelque vertu, n'ait point fait 
quelque action louable, qui lui ait mérité sa conversion, et qu'en ordonnant au Pro- 
phéte de l'épouser, le Seigneur ne lui ait pas révélé son mérite? — Forniqué, forni- 
quera; hébraisme, pour, elle forniquera par toutes sortes de fornications. — En se sépa- 
rant; est évidemment sous-entendu, la particule latine « suivie de l'ablatif, ne 
pouvant être le complément du verbe fornicabitur. C'est un pur hébraisme. Voy. 
t. II, p. 342, 2». — Quant au mariage qui parait si étrange et si singulier, c'est une 
figure et un symbole dans lequel la femme prostituée représente Samarie, qui s'était 
abandonnée à l'idolátrie, et les enfants par leurs noms figuratifs, la colère du Sei- 
gneur poussée à bout, et sa vengeance toute préte à éclater contre son peuple. Les 
prophéties ont été souvent des signes de ce qui devait arriver à Israël. Voy. Isaie, 
xx; Jérém., xxvii; Ezéch., 1v, etc. 

4. Jezrahel; signifie en hébreu, Dieu sémera, dispersera; c'est ce dernier sens qui 
est applicable ici. — Je visiterai, etc.; c'est-à-dire, je vengerai sur la maison de Jéhu 
le sang qu'il a répandu dans la vallée de Jezrahel. Cempar. IV Rois, 1x, 21 et suiv.; 
x, 17, 31 et suiv. 

6. Sans miséricorde; à qui on ne fait pas miséricorde. — Je n'aurai plus de pitié; 
littér., je n'ajouterai pas à avoir de pilié. Voy. sur cet hébraisme, t. Il, p. 342, 2o, 

1. J'aurai pilié, etc. Voy. pour l'aceomplissement de cette prophétie, IV Rois, xix, 
35; [saie, XXXVI-XXXVII. 

10. Saint Paul (Rom., 1x, 25, 26), saint Pierre (I Pier., ii, 10) appliquent ce passage 
aux Juifs et aux Gentils qui entreront dans l'Eglise. 


2040 
d'Israël sera comme le sable de la 
mer, qui est saus mesure, et qui 
ne se comptera pas, et dans le 
lieu où il leur sera dit : Vous 
n'étes pas mon peuple, il leur sera 
dit : Vous étes les fils du Dieu vi- 
vant. 

11. Et les fils de Juda et les fils 
d'Israél se réuniront ensemble; 
et ils se donneront un seul chef, 
et ils s'éléveront de la terre, 
parce que grand est le jour de 
Jezrahel. 


CHAPITRE II. 


Réunion d'Israël et de Juda. Réproba- 
tion de Samarie et de ses enfants. Ré- 
tablissement d'Israél. 


1. Dites à vos frères : Mon peu- 
ple; et à votre sœur : Tu as reçu 
miséricorde. 

2. Jugez votre mere, jugez-la ; 
elle n'est pas mon épouse, et moi 
je ne suis pas son époux ; qu'elle 
ôte ses fornications de sa face, el 
ses adultères du milieu de son 
sein. 

3. De peur que je ne la dé- 
pouille à nu, et que je nela mette 
comme au jour de sa naissance ; 
et que je ne la réduise en soli- 
tude, et que je ne la rende 
comme une terre inaccessible, 
et que je ne la fasse mourir de 
soif. 


OSEE. 


[cm. n.) 
4.16 n'aurai pas »itié de ses en- 
fants, parce que ce sont des en- 
fants de fornications : 

5. Parce que leur mère a for- 
niqué, que celle qui les a con- 
cus s'est couverte de confusion ; 
parce qu'elle a dit : J'irai apres 
mes amants, qui me donnent 
mon pain et mon eau, ma laine 
et mon lin, mon huile et mon 
breuvage. 

6. A cause de cela, voici que moi, 
jentourerai ton chemin d'une 
haie d'épines, je l'entourerai 
d'une muraille, et elle ne retrou- 
vera pas ses sentiers. 

1. Etelle poursuivra sesamants, 
et elle ne les atteindra pas; et 
elle les cherchera, et elle ne les 
trouvera pas; et elle dira : J'irai, 
et je retournerai à mon premier 
mari, parce quej'étaisalors mieux 
que maintenant. 

8. Elle n'a pas su que moi, je 
lui ai donné le blé, le vin et 
l'huile; j'ai multiplié pour elle 
l'argent et l'or qui ont fait Baal. 

9. C'est pour cela que je chan- 
gerai, et que je reprendrai mon 
blé en son temps et mon vin en 
son temps ; et que j'enléverai mon 
lin et ma laine qui couvraient son 
ignominie. 

10. Et maintenant je révélerai 
sa folieaux yeux de ses amants, 


11. De la terre de la captivité, de la dispersion. Ceux qui revinrent de la captivité 
&u temps de Cyrus, de quelque tribu qu'ils fussent, se réunirent tous sous Zorobabel, 
qui devint en cela la figure de Jésus-Christ. — Grand, par les grands événements 
qui s'accompliront en ce jour. — Jezrahel, qui signifie proprement Dieu dispersera 
en mauvaise part (Compar. vers. 4), veut dire aussi par extension, Dieu sèmera, 
plantera, en bonne part, c'est le sens qu'il a dans ce passage. 


2-24.* 20 rr, 2-24. Le Prophète s'adresse au peuple; il le menace, le presse de se 
convertir et lui promet enfin la félicité, s'il est fidèle, 

4. Des enfants de fornications; voy. 1, 9. 

8. Qui ont fait Baal (qua fecerunt Baal); c'est-à-dire, avec lesquels eile a fait des 
idoles de Baal; c'est aussi le vrai sens de l'hébreu et du chaldéen, et celui que con- 
lirme un passage parallèle, vin, 4. 


[cn. [,זז‎ 


et pas un homme ne l'arrachera 
de ma main. 

41. Et je ferai cesser sa joie, 
ses solennités, ses néoménies, 
son sabbat et tous ses temps de 
fétes. 

12. Je gàterai sa vigne et son 
figuier dont elle disait : Ce sont 
mes récompenses que m'ont don- 
nées mes amants ; et j'en ferai une 
forêt, etla bête dela campagne la 
mangera. 

18. Et je visiterai sur elle les 
jours de Baalim, pendant lesquels 
elle brülait de l'encens, et se pa- 
rait de ses pendants d'oreilles et 
de son collier, et allait apres ses 
amants, et m'oubliait, dit le Sei- 
gneur. 

14. A cause de cela, voici que 
moi, je l'attirerai doucement et 
l'amenerai dans la solitude, et je 
parlerai à son cœur. 

15. Et jelui donnerai des vigne- 
rons du méme lieu, et la vallée 
d'Achor pour lui ouvrir une espé- 
rance ; et elle chantera là comme 
aux jours de sa jeunesse, et com- 
me au jour oü elle remonta de la 
terre d'Egypte. 

16. Et il arrivera qu'en ce jour- 
là, dit le Seigneur, elle m'appel- 


(ΠΑΡ. II. 24. Rom., 1x, 25; 1 Pierre, 11, 10. 


OSÉF. 2041 


lera : Mon époux, et elle ne m'ap- 
pellera plus Baali. 

17. J'ôterai de 88 bouche les 
noms de Baalim, et elle ne se sou- 
viendra plus de leur nom. 

48. Et je contracterai en ce 
jour-là uneallianceavec eux, avec 
la béte de la campagne, et avec 
l'oiseau du ciel, et avec le reptile 
de la terre; et je briserai l'arc, et 
le glaive, et la guerre, en les fai- | 
sant disparaître de la terre, et je 
les ferai dormir dans la confiance. 

19. Et je te prendrai pour mon 
épouse à jamais: et je te prendrai 
pour mon épouse par la justice, 
et par le jugement, et par la mi- 
séricorde, et par les bontés. 

20. Et je te prendrai pour mon 
épouse par la foi, et Lu sauras que 
je suis le Seigneur. 

21. Et il arrivera qu'en ce jour- 
là, j'exaucerai, dit le Seigneur, 
jexaucerai les cieux, et eux exau- 
ceront la terre. 

92. Et la terre exaucera le blé, 
et le vin, et l'huile, et ces choses 
exauceront Jezrahel. 

93. Je la semerai sur la terre, 
et jaurai pitié de ce/le qui fut 
nommée Sans miséricorde. 

24. Et je dirai à celui qui n'était 


13. Je visilerai, etc.; c'est-à-dire je vengerai, etc. Voy. 1, 4. — Les jours des Baalim; 
les jours consacrés au culte des idoles. — Baalim, voy. Jérém., u, 23. — Brálait de 


l'encens en sou honneur. 


15. La vallée d'Achor, prés de Jéricho, une des premiéres possessions du peuple 
hébreu dans la terre promise (Josué, vir, 94, 26). 

16. Baali ; mot qui en hébreu signifie mon maitre, mon mari; mais comme on le 
donnait aussi aux idoles, le Seigneur veut que la nation juivele bannisse entiérement 
du langage pour y substituer Ischi, qui veut dire aussi mon mari, littér. mon homme. 

18. Je contraclerai alliance, etc. Compar. Ezéch., xxxiv, 25. — En les exterminant 
est sous-entendu. Voy. 1, 2. — Je les; c'est-à-dire, les habitants de la terre. 

19. Par la justice, etc.; c'est-à-dire, que la justice, etc., devait être la dot que le 
Seigneur lui donnerait. C'était l'époux qui donnait la dot. 

22. Jezrahel; vallée la plus fertile de la Palestine, est prise ici pour tout le pays, et 


méme pour toute la nation des Hébreux. 


23, 24. Sans miséricorde, n'était pas mon peuple. Voy. 1, 6, 9, 10, 


2042 
pas mon peuple : Tu es mon peu- 
ple; et lui dira : Vous étes mon 
Dieu, vous. 


CHAPITRE III. 


Infidélité des enfants d'Israél; leur longue 
captivité; leur retour au Seigneur. 


1. Et le Seigneur me dit : Vas 
encore, etaime une femme aimée 
par un ami, et adultère; comme 
le Seigneur aime les enfants d'Is- 
raél, et eux se tournent vers les 
dieux étrangers, et ils aiment le 


OSÉE. 


[cu. 1v.] 


niqueras pas, et tu ne seras à au- 
cun homme; et moi aussi je t'at- 
tendrai. 

4. Parce que durant de longs 
jours, les enfants d'Israél seront 
sans roi et sans prince, et sans 
sacrifice et sans autel, et sans 
éphod et sans théraphim. 

59. Et après cela, les enfants 
d'Israël reviendront, et ils cher- 
cheront le Seigneur leur Dieu et 
David leur roi; et ils craindront 
en approchant du Seigneur et de 
ses biens au dernier des jours. 


marc de raisins. 

9. Et j'achetai cette femme 
quinze pieces d'argent, et un cor 
d'orge, et un demi-cor d'orge. 

3. Et je lui dis: Tu m'attendras 
durant de longs jours; tu ne for- 


CHAPITRE IV. 


Infidélité reprochée à Israél. Vengeance 
dont il est menacé. Juda exhorté à ne 
pas imiter son infidélité. 


1. Ecoutez la parole du Sei- 


1. III. 5. Ezéch., xxxiv, 29, 


1-5. * Second symbole, ur. Osée reçoit l'ordre d'épouser une femme adultère et de 
la faire attendre, pour indiquer que les Israélites seront sans rois et sans sacrifices, 
jusqu'à ce qu'ils se convertissent. Le dernier verset du ch. mr contient l'annonce 
que cette conversion aura lieu à l'époque dela venue du Messie. 

1. Le Seigneur, etc. Ce second commandement n'est pas plus répréhensible que le 
premier (r, 2). Osée achète cette femme, la place dans une maison, où elle ne voit 
plus aucun homme, et par là il met fin à ses désordres. Cette action symbolique 
représente avec la plus grande fidélité l'état et la conduite du peuple juif. — * Le 
marc de raisins. En hébreu, des gáteaux faits avec des raisins secs, qu'on préparait 
et qu'on mangeait en l'honneur d'Astarté, la reine du ciel, Jérém., vi, 18. 

2. J'achetai ; littér. je creusai (fodi). Le verbe hébreu qui signifie creuser, se prend 
aussi pour acheter. Or, le mariage par acbat a toujours été en usage chez les Orien- 
taux. — Pièces d'argent; c'étaient probablement des sicles. Voy. pour leur valeur, 
Jérém., xxxit, 9. — Le cor ou kór; mesure pour les matières sèches, valait environ 
99 pintes et demie de Paris, 284 litres, 587. 

4. Ephod; vêtement de dessus que portait le grand-prétre dans les cérémonies. 
Voy. Exod., xxviu, 6 et ,טנטפ‎ — Théraphim; mot hébreu qui signifie des idoles 
domestiques que l'on consultait. 

5. Ce retour, cette conversion au Seigneur et à la maison de David, n'eut lieu que 
fort imparfaitement aprés la captivité : aussi ne sont-elles qu'une simple figure d'un 
retour d'une plus longue captivité et d'une conversion plus parfaite, lorsque les 
Juifs retourneront à Jésus-Christ, vrai fils et successeur de David (Rom., 1x, 26). — 
En approchant est sous-entendu. Voy. 1, 2. — Ses biens; ses grâces, ses faveurs, selon 
le sentiment le plus recu; cependant le terme hébreu {oub, rendu dans la Vulgate 
par bonne chose, bien, &onum, signifiant incontestablement dans plus d'un passage, 
beauté, éclat, majesté, nous pensons avec d'habiles interprètes qu'il a ce méme sens 
ici, où il semble d'ailleurs déterminé par le verbe i/s craindront (pavebunt). 


1-19. * Ile partie : Impiété d'Israél; son châtiment; son pardon, 1v-xiv. — La 
seconde partie contient les prophéties que fit Osce aprés la mort de Jéroboam, lorsque 
les prédictions qu'il avait déjà promulguées du temps de ce roi commengaient à 


[cu. 1v.] 


gneur, fils d'Israël, parce que voici 
venir le jugement du Seigneur 
avec les habitants de la terre; car 
il n'y a pas de vérité, et il n'y a 
pas de miséricorde, etil n'y a pas 
de science de Dieu sur la terre. 

2. L'imprécation, et le men- 
songe, et l'homicide, et le vol, et 
ladultere, ont inondé /a terre, 
et le sang s'est mêlé au sang. 

3. A cause de cela, la terre sera 
dans le deuil, et quiconque l'ha- 
bite languira avec la béte de la 
campagne, et avec l'oiseau du 
ciel ; et méme les poissons de la 
mer seront enveloppés dans cette 
ruine. 

4. Mais cependant que personne 
ne juge, et qu'aucun homme ne 
soit repris; car ton peuple est 


OSÉE. 


2045 


comme ceux qui contredisent le 
prétre. 

ὃ. Et tu succomberas aujour- 
d'hui, et succombera aussi le 
prophète avec toi : la nuit j'ai ré- 
duit ta mere au silence. 

6. Mon peuple s'est tu à cause 
qu'il n'a pas eu la science; parce 
que toi, tu as rejeté la science, je 
te rejetterai, afin que tu n'exerces 
pas le sacerdoce pour moi; et 
comme tiu as oublié la loi de ton 
Dieu, j'oublierai tes enfants, moi 
aussi. 

7. À proportion de leur multi- 
tude, ils ont péché contre moi ; je 
changerai leur gloire en igno- 
minie. 

8. Ils se nourriront des péchés 
de mon peuple, et ils encourage- 


s'accomplir. Elles sont énoncées en forme de discours et se partagent en trois sec- 
tions, dont la fin est marquée par la promesse réitérée, vr, 1-3; x1, 9-11 et xiv, 2-9. — 
1» Dans la première, 1v-vi, 3, Osée décrit l'état déplorable de la religion et des 
mœurs dans Israël; il annonce comment Dieu l'en chátiera et ensuite le sauvera. 

1. Fils d'Israël; c'est-à-dire les Israélites des tribus, auxquels principalement sont 
adressés les reproches contenus dans ce chapitre. 

4. Que personne, etc.; il serait inutile de s'élever contre vous et de vous reprocher 
vos crimes; vous ne sauriez vous corriger. — Ton peuple (populus tuus); est mis 
pour volre peuple; puisque la parole est adressée aux fils d'Israël (vers. 1); mais 
comme ces derniers mots forment un seul tout, quoique collectif, on peut les consi- 
dérer, comme un singulier pur et simple. — Comme ceuz, eic. La loi punissait de 
mort ceux qui n'obéissaient pas au prêtre, ministre du Seigneur (Deuféron., xvi, 12). 

5. Les pronoms singuliers £u, toi, ta, sont mis pour vous, votre. Voy. au vers. précéd. 
la note sur {on peuple. — Le prophète; peut s'entendre des faux prophètes, parce qu'ils 
étaient appelés ainsi dans leur pays, ou des vrais prophétes d'Israél, qui ne furent 
pas exempts des malheurs de leur patrie dans sa derniére disgràce. 

6. La science; la connaissance de la loi divine, la doctrine de vérité. — Tu as 
rejeté, etc. Ceci est adressé aux prêtres, suivant l'opinion commune; mais, selon 
saint Jéróme, suivi de plusieurs habiles interprétes, c'est à la nation. Voilà pourquoi 
dans la Vulgate le verbe fu as oublié est au féminin (ob/ita es). Le texte hébreu ne 
s'oppose nullement à cette derniére interprétation, et la suite et la liaison des idées 
paraissent l'autoriser. Quant à nous, il nous semble que le Prophéte reproche aux 
Israélites des dix tribus d'avoir rejeté et méprisé la science de la loi divine et la con- 
naissance de leurs devoirs, en abandonnant le Seigneur, en établissant un culte nou- 
veau et de leur choix, ainsi qu'un sacerdoce, non approuvé du Seigneur, et qu'il les 
menace de les rejeter à son tour, et de ne pas laisser subsister son sacerdoce parmi 
eux (III Rois, xir, 28 et suiv.). Mais il nous semble aussi que ces reproches et ces 
menaces s'adressent également aux prétres de la race d'Aaron qui eurent l'impiété 
d'abandonner le Seigneur, comme nous l'apprend Ezéchiel (xuiv, 10 et suiv.), pour se 
joindre à Jéroboam, et se consacrer au service de ses hauts lieux. 

8. Des péchés de mon peuple; c'est-à-dire, des victimes offertes pour les péchés de 
mon peuple. 


2944 


ront leurs âmes dans leurs ini- 
quités. 

9. Et comme sera le peuple, 
ainsi sera le prêtre; et je visiterai 
sur lui sa voie, et je lui rendrai 
selon ses pensées. 

10. Et ils mangeront, et ils ne 
seront pas rassasiés; ils ont for- 
niqué, et ils n'ont pas cessé, parce 
qu'ils ont abandonné le Seigneur 
en ne gardant point sa /o7. 

41. La fornication, et le vin, et 
l'ivresse emportent 16 cœur. 

12. Mon peuple a interrogé son 
bois, et son báton lui a annoncé 
l'avenir, car l'espritde fornication 
les a déçus; et ils ont forniqué 
en se séparant de leur Dieu. 

13. Sur les sommets des mon- 
tagnes ils sacrifiaient; et sur les 
collines ils brülaient de l'encens; 
sous un chéne, et un peuplier, et 
un térébinthe, parce que bonne 
en était l'ombre; pour cela forni- 
queront vos filles, et vos femmes 
seront adultères. 

14. Je ne punirai pas vos filles 


Cnap. IV. 9. 18816, xxiv, 2. 


OSEE. 


]08. 1v.] 


lorsqu'elles auront forniqué, ni 
vos femmes lorsqu'elles auront 
commis l'adultére; puisqu'eux- 
mémes vivaient avec des femmes 
de mauvaise vie, et qu'avec des 
efféminés ils sacrifiaient, et qu'un 
peuple non intelligent sera chá- 
6 

15. Si tu forniques, 101, 1 
que Judaau moins ne peche point, 
et n'entre pas à Galgala, et ne 
monte pas à Bethaven, et ne jure 
pas : Le Seigneur vit. 

16. Puisque, comme une gé- 
nisse bondissante, Israél s'est dé- 
tourné, maintenant le Seigneur 
les fera paitre comme un agneau 
dans une vaste campagne. 

11. Ephraim est attaché aux 
idoles; abandonne-le. 

18. Leur festin est séparé dw 
vótre; ils ont forniqué par la for- 
nication ; ses protecteurs ont aimé 
à le couvrir d'ignominie. 

19. Un vent l'a enveloppé dans 
ses ailes, et ils seront confondus 
par leurs sacrifices. 


9. Je visiterai. Voy. 1, 4. — Sur lui; sur le peuple. 


12. Son bois; ses idoles de bois. — Son bdton, etc. Il y avait chez les anciens plu- 
sieurs maniéres de consulter les dieux par les verges ou baguettes. — En se séparant, 
mots sous-entendus. Compar. r, 2. 

14. Puisqu'eux-mémes, etc.; réflexion que le Seigneur fait à part; de là le change- 
ment de personne dans les verbes. 

15. Galgala; frontière de la tribu d'Ephraim, devint un des sièges principaux de 
l'idolàtrie. Compar. Osée, 1x, 15; xu, 11; Amos, 1v, 4; v, 5. — Bethaven; est la méme 
que Béthel. Jéroboam y avait établi l'un des veaux d'or (III Rois, xit, 29); ce qui donna 
lieu de changer le nom de Béthel, qui signifie Maison de Dieu, en celui de Bethaven, 
qui veut dire Maison de vanité ou d'idole. — Le Seigneur vit; formule de serment qui 
équivaut à: Je jure par le Seigneur. 

16. Les; se rapporte à Israél, qui étant un nom collectif, est considéré, tantót 
comme un singulier, et tantót comme un pluriel. 

11. Ephraim; est mis ici pour les dix tribus, dont elle était le centre. 

18. Leur; pronom pluriel qui se rapporte à Ephraim, nom collectif. Compar. le 
vers, 16. — Ils ont forniqué par la fornication ; hébraisme, pour: 118 se sont entiére- 
ment livrés à la fornication. 

19. Leurs sacrifices; les sacrifices qu'ils ont offerts aux idoles. 


(en. v.] 


CHAPITRE V. 


Vengeance que le Seigneur exercera 
contre Israél et contre Juda. 


1. Ecoutez ceci, prétres, etsoyez 
attentive, maison d'Israël; et, 
maison du roi, prétez l'oreille; 
parce que c'est contre vous que le 
jugement est préparé, parce que 
vous étes devenus un lacs dans 
un lieu d'observation, et un rets 
tendu sur le Thabor. 

2. Et vous avez détourné des 
victimes en les faisant tomber 
dans un endroit profond; et moi 
je les ai tous instruits. 

3. Moi, je connais Ephraim, et 
Israël ne m'est point caché; Je 
sais que maintenant Ephraim a 
forniqué, qu'Israél s'est souillé. 

4. Ils n appliqueront pas leurs 
pensées à revenir à leur Dieu, 
parce que lesprit de fornication 
est au milieu d'eux, et qu'ils n'ont 
pas connu le Seigneur. 


OSÉE. 


2045 
9. Et l'arrogance d'Israël lui 
répondra en face; et Israël et 
Ephraim tomberont par leur ini- 
quité, et Juda tombera avec eux. 

6. Avecleurs troupeaux de me- 
nu et de gros bétail, ils iront pour 
chercher le Seigneur et ils ne le 
trouveront pas; il s'est retiré 
d'eux. 

1. C'estcontrele Seigneur qu'ils 
ont prévariqué, parce qu'ils ont 
engendré des enfants étrangers; 
maintenant un mois les dévorera 
avec leurs biens. 

8. Sonnez du cor dans Gabaa, 
de la trompette à Rama; hurlez 
à Dethaven, et arriere, toi, ὃ Ben- 
jamin. 

9. Ephraim sera dans la désola- 
tion au jour du chátiment; dans 
les tribus d'Israél j'ai montré ma 
fidélité. 

10. Les princes de Juda sont de- 
venus comme ceux qui enlèvent 
une borne; sur eux je répandrai 
comme l'eau ma colere. 


1. Prétres. Ce sontles faux prétres que Jéroboam avait institués quoique n'étant ni 
descendant d'Aaron, ni de la tribu de Lévi. — Le jugement; la correction, le chàti- 
ment. — Dans un lieu d'observation ou pour épier (speculalioni); c'est aussi le sens 
des Septante. Le chaldéen porte une pierre d'achoppement. Quant au terme hébreu 
correspondant, Mi/sphá, il signifie proprement lieu d'observation; mais comme dans 
le membre de phrase suivant, se trouve en parallèle Thabor, mont fameux pour la 
chasse, on l'entend assez communément aujourd'hui de Maspha, contrée située au 
delà du Jourdain dans les montagnes de Galaad, et qui pouvait porter en effet ce 
nom, comme étant propre à observer soit les ennemis, soit les bêtes sauvages. 

2. Vous avez détourné (declinastis), etc. C’est probablement une allusion à une 
autre manière de chasser, fort connue dans l'Ecriture, laquelle consiste à creuser 
des fosses, et à les couvrir de branches d'arbres et de terre, afin que les bétes passant 
par-dessus y enfoncent. — En les faisant tomber; mots sous-entendus. Compar. 1, 2. 
— Et moi Je les, etc.; réflexion que le Seigneur faisait à part: de 18 le pronom /es au 
lieu de vous. Compar. 1v, 14. Ainsi le sens de ce verset, est que les faux prétres ont 
précipité dans l'abime tous les Israélites qu'ils avaient séduits. 

9. Lui répondra, etc.; témoignera ouvertement contre lui. Compar. 18006, 1i, 9. 

6. Avec leurs troupeaux ; en offrant en sacrifice leurs troupeaux. 

1. Des enfants, etc.; qu'ils ont eus en épousant des femmes étrangères contre la loi 
mosaïque (Deutér., vir, 2), ou par la prostitution. — Un mois, etc.; c'est-à-dire, dans 
un court espace de temps, les Assyriens détruiront tout ce qu'ils trouveront dans le 
pays d'Israél. 

8. * 00000. Voir I Rois, xt, 4. — Rama; aujourd'hui er-Ram, au nord de Jérusalem, 
— Bethaven, plus haut, 1v, 15, 


2046 

11. Ephraim souffre l’oppres- 
sion, brisé parle jugement, parce 
qu'il s'est mis àaller apres les or- 
dures. 

12. Et moi, jesuis pour Ephraim 
comme la teigne, et comme la 
gangrene pourla maison de Juda. 

13. Et Ephraim ἃ vu sa lan- 
gueur, et Juda ses liens; et 
Ephraim est allé vers Assur, et il 
à envoyé vers un roi vengeur, et 
lui-méme ne pourra vous guérir, 
et ne pourra rompre vos liens. 

14. Parce que moi, 7e suis com- 
me unelionne à Ephraim, et com- 
me le petit d'un lion à la maison 
de Juda; moi, moi, je saisirai et 
jem'en irai; [ emporterai et il n'y 
a personne qui arrachera de mes 
mains. 

15. Allant,jeretourneraien mon 
lieu, jusqu'à ce que vous tombiez 
en défaillance et que vous cher- 
chiez ma face. 


Cnar. VI. 3. I Cor., xv, 4. 


OSÉE. 


(cu. vi.] 


CHAPITRE VI. 


Retour d'Israél et de Juda. Reproches du 
Seigneur contre Israél et contre Juda. 


1. Dans leur tribulation, ils se 
lèveront dès le matin ponr venir 
vers moi : Venez, et retournons 
au Seigneur. 

2. Parce que c’est lui qui 
nous à pris et qui nous sauvera; 
il aous frappera et il nous gué- 
rira ; 

3. Il nous rendra la vie après 
deux jours; au troisième jour, il 
nousressuscitera, et nous vivrons 
en sa présence. Nous connaitrons, 
et nous chercherons à connaitre, 
le Seigneur; comme le point du 
jour a été préparée sa sortie, et il 
viendra pour nous comme la pluie 
de la première et de l’arrière-sai- 
son. 

4 Queferaiï-je pour toi, Ephraim? 


11. L'oppression (calumniam). ΝΟΥ. Jérém., v, 33 

12. * Comme la teigne, qui ronge les vêtements. 

13. À vu; hébraisme pour a senti, éprouvé. — Ephraim est allé, etc. Manahem, roi 
d'Israël, appela à son secours Phul, roi d’Assyrie; Achaz, roi de Juda, appela Thé- 
glathphalasar, roi du même pays (IV Rois, xv, 19; טא‎ 1). 

19. En mon lieu ; dans le ciel qui est ma demeure. 


1. Iis se lèveront dés le matin; hébraisme pour I/s se hdleront. 


2. C'est lui, ete.; allusion à la comparaison de la lionne et du jeune lion (tv, 14). 

3. Il nous rendra, etc. D. Calmet fait sur ce passage une juste et très importante 
remarque: « La prophétie, dit-il, prise dans son sens propre et littéral, ne s'est 
jamais exécutée dans la rigueur sur le peuple hébreu. Inutilement chercherait-on 
dans l'histoire ce nombre de deux jours où il devait recevoir la vie, et ce troisième 
jour auquel il devait ressusciter. Osée insinuait par là la résurreetion des fidéles 
rachetés par le sang de Jésus-Christ. Il désignait de la maniere la plus expresse la 
résurrection du Sauveur lui-même, qui nous a rendu la vie, lorsque nous étions morls 
par nos péchés, el qui nous a vessuscilés, el nous a fait asseoir dans le ciel (Ephés., 
IL, 5, 6). C'est à ce passage que l'Apótre faisait allusion, lorsqu'il disait que le Sauveur 
élail ressuscité des morts le troisième jour, suivant les Ecritures (1 Corinth., xv, 4). 
C'est ainsi que les Péres et presque tous les interprétes l'ont toujours entendu. » — 
Sa sorlie (egressus ejus) de sa demeure, sa venue au milieu de nous. Ces paroles des 
captifs de Babylone s'appliquent trés bien à Jésus-Christ venant du ciel en ce monde 
| pour y répandre la lumière, ou sortant du tombeau tout brillant de gloire. — Comme 
la pluie, etc.; c'est-à-dire la pluie du printemps et la pluie de l'automne; car dans 
la Judée il ne pleut ordinairement que dans ces deux saisons. 

4-11. * 2» Dans la seconde section, vi, 4-x1, 11, Osée s'indigne contre l'opiniâtreté 


[cu. vn.] 


Que ferai-je pour toi, Juda? Votre 
miséricorde est comme la nuée du 
matin et comme la rosée qui se 
dissipe. 

5. À cause de cela, je les ai 
traités durement par les pro- 
phèles, je les ai tués par les 
paroles de ma bouche; et tes ju- 
|gements éclateront comme la lu- 
mière. 

6. Parce que c’estla miséricorde 
que je veux et non le sacrifice, et 
la science de Dieu plus que les 
holocaustes. 

7. Mais eux comme Adam, ils 
ont transgressé l'alliance, là ils 
ont prévariqué contre moi. 

8. Galaad est une cité de fabri- 
cateurs d'idoles, renversée par le 
sang. 

9. Et elle est comme le gosier 
des voleurs altéré de carnage, 
alliée aux prétres qui sur la voie 


OSÉE. 


2047 
tuent ceux qui viennent de Si- 
chem; parce qu'ils sont livrés au 
crime. 

10. Dans la maison d'Israël j'ai 
vu une chose horrible; là sont les 
fornications d'Ephraim; Israël 
s'est souillé. 

11. Mais £o? aussi, Juda, pré- 
pare-toi une moisson, lorsque je 
ramènerai de la captivité mon 
peuple. 


CHAPITRE VII. 


Reproches et menaces du Seigneur 
contre Israël. 


4. Lorsque je voulais guérir 
Israël, l'iniquité d'Ephraim et la 
malice de Samarie ont été révé- 
lées, parce qu'ils ont commis le 
mensonge; et un voleur est en- 
tré pillant, un brigand a pillé au 
dehors. 


0. PRoïs, xv, 22; Eccli., 1v, 17; Matth., 1x, 19; xi, 1. 


des dix tribus qui, malgré toutes les exhortations et les avertissements, persistent 
dans l'idolâtrie et rendent ainsi leur punition inévitable et terrible; la grande misé- 
ricorde de Dieu pourra seule les préserver d'une ruine complète. 

4. Que ferai-je, etc. Compar. 15000, v, 4. — Votre miséricorde; le bien que vous 
faites. — Comme la nuée, etc. Voy. une semblable locution, xri, 3. —* Comme la nuée 
du matin que le soleil levant dissipe promptement et comme /a rosée qui est abon- 
dante la nuit et le matin en Palestine, mais que séche aussitót la chaleur du jour. 

9. Tes jugements; ta condamnation, ton châtiment ; paroles qui s'adressent à Israël. 
Mais les Septante, le chaldéen et le syriaque lisent mes jugements; qu'on explique 
par mes ordonnances. 

| 8. Galaad; province au delà du Jourdain, appartenant au royaume d'Israél. — Ren- 

| versée par le sang (supplantata sanguine); c'est-à-dire, renversée, détruite, à cause 

' des meurtres sans nombre commis par ses habitants; explication qui nous semble 
un peu forcée; nous préférerions celle dont est susceptible le texte hébreu : Em- 
preinte ou pleine de traces de sang. 

9. * Sichem. Voir Genése, xit, 6. 

11. Mais toi aussi, Juda; tu t'es souillé comme Israël (vers. 10). — Prépare-toi ; 
c'est-à-dire, tu te prépareras, l'impératif ici, comme en bien d'autres endroits, étant 
mis pour le futur. Ainsi le sens est : Tu étais en sécurité, ó Juda, tu croyais que tu 
pourrais semer et recueillir, dans ta terre, c'est-à-dire, vivre tranquillement, tu le 
feras, non dans peu, il est vrai, mais lorsque je t'aurai ramené de Babylone. 


1. Lorsque je voulais, etc.; semble se rapporter au temps du roi Jéhu, par lequel 
Dieu voulait guérir Israël de son idolâtrie. Compar. IV Rois, ix, 7. — Un voleur, ete.; 
c'est-à-dire que la maison d'Israél a été en butte aux vexations des princes, des 
juges du pays et des usurpateurs du royaume, et aux ravages des rois d'Assyrie, 
de Syrie, etc., qui sont venus la piller. 


2048 


9. Et que par hasard ils ne di- 
sent point dans leurs cœurs que 
je me suis souvenu de toute 
E malice; maintenant leurs in- 
ventions les ont investis, c'est 
devant ma face qu'elles ont été 
commises. 

3. Par leur malice ils ont réjoui 
un roi;et parleurs mensonges des 
princes. 

4. Tous sont adulteres, sem- 
blables à un four allumé par le 
boulanger; la ville a goüté un 
peu de repos, depuis que le 
levain a été mêlé avec la pâte, 
jusqu'à ce qu'elle ait été toute 
levée. 

5. C'est le jour de notre roi; 
les princes ont commencé à étre 
en fureur par le vin, le roi a ten- 
du la main aux railleurs; 

6. Parce qu'ils ont rendu leur 
coeur comme un four, lorsqu'il 
leur tendait un piege; durant 
toute la nuit 11 a dormi en les fai- 
sant cuire ; désle matin, lui-méme 
a été embrasé comme un feu de 
flamme. 

1. Tous ont été chauffés comme 
un four, et ils ont dévoré leurs 
juges; tous leurs rois sont tom- 
bés; il n'est personne parmi eux 
qui crie vers moi. 

8. Ephraim lui-méme se mélait 


OSÉE. 


(en. vir.] 
avec les peuples; Ephraim est 
devenu comme un pain cuit sous 
la cendre, e£ qu'on ne retourne 
pas. 

9. Des étrangers ont consumé sa 
force, etlui-móme ne l'a pas senti; 
mais de plus ses cheveux répan- 
dus sur sa téte sont devenus 
blancs, et lui-méme ne s'en est 
point aperçu. 

10. Et l'orgueil d'Israél sera 
humilié à sa face; et ils ne sont 
pas revenus vers le Seigneur 
leur Dieu, et ils ne l'ont pas re- 
cherché au milieu de tous ces 
maux. 

11. Et Ephraïm est devenu com- 
me une colombe séduite, n'ayant 
pas de cœur; ils invoquaient l'E- 
gypte;ils sont allés vers les Assy- 
riens. 

19. Et lorsqu'ils seront partis, 
jétendrai sur eux mon rets; com- 
me l'oiseau du ciel je les ferai 
descendre, je les taillerai en pie- 
ces, selon que l'a entendu leur 
assemblée. 

13. Malheur à eux, puisqu'ils 
se sont retirés de moi; ils se- 
ront désolés, parce qu'ils ont 
prévariqué contre moi; et moi 
je les ai rachetés, et eux, ils ont 
proféré contre moi des men- 
songes. 


2, Inventions; en hébreu, œuvres, actions. 

8. Un roi; Jéhu, selon quelques-uns, mais plus probablement Jéroboam, fils de 
Nabat, qui, par son mauvais exemple, a entrainé dans sa prévarication tout Israël, et 
tous les rois ses successeurs. 

5. Le jour d'un roi est le jour de sa naissance, ou celui de son avénement au 
trône. — Railleurs; c'est-à-dire pervers, dépravés. 

8. * Qu'on ne retourne pas. Si l'on ne retourne pas le pain cuit sous la cendre, il 
est brülé d'un eóté et n'est pas cuit de l'autre. 

11. * N'ayant pas de cœur signifie n'ayant pas d'intelligence. Au lieu de colombe 
séduite, V'hébreu peut se traduire : colombe simple, sans intelligence. — Ils invoquaient 
16 secours de l'Egypte; ils sont ensuite allés vers les Assyriens, se soumettant à eux. 

12. Selon, etc.; comme il leur a été annoncé dans leurs assemblées; ce qui peut 
faire allusion à la lecture des passages de la loi mosaïque (Lévit., xxvi, 14 et suiv.; 
Deutér., xxvi, 15; xxvn, 45), et aux avertissements des prophètes (IV Rois, xvi, 13). 


68. vim.] 

14. Et ils n'ont pas crié vers 
moi en leur cœur; mais ils hur- 
laient sur leurs couches; ils médi- 
taient sur le blé et le vin, et ils se 
sont retirés de moi. 

45. Et moi, je les ai châtiés, et 
jai forüifié leur bras, et contre 
moi ils ont eu des pensées de 
malice. 

16. Ils sont revenus à vouloir 
étre sans joug; ils sont devenus 
comme un arc trompeur; leurs 
princes tomberont sous le glaive, 
par la fureur de leur langue. Ceci 
les rendra un objet de dérision 
dans la terre d'Egypte. 


CHAPITRE VIII. 


Reproches et menaces du Seigneur contre 
Israél. Menaces contre Juda. 


1. Que dans ta bouche soit une 
trompette, comme l'aigle sur la 
maison du Seigneur, à cause 
qu'ils ont transgressé mon allian- 
ce, et que contre ma loi ils ont 
prévariqué. 

2. Ils m'invoqueront, disant : 
Mon Dieu, nous vous reconnais- 
sons, nous, Israël. 

3. Israël a rejeté le bien; l'enne- 
mi le poursuivra. 


OSÉR. 


9049 
4. Ils ont régné par eux- 
mémes, et non par moi; des 
princes se sont élevés, et je ne 
les ai pas connus; de leur ar- 
gent et de leur or ils se sont 
fait des idoles, afin d'étre exter- 
minés. 

5. Ton veau, Samarie, a été 
jeté par terre; ma fureur s'est 
irritée contre eux; jusques à 
quand ne pourront-ils pas se pu- 
rifier? 

6. Parce que c’est d'Israél que 
vient ce veau; un ouvrier l'a fait, 
ce n'est pas un Dieu, puisque le 
veau de Samarie sera commeune 
toile d'araignée. 

7. Parce qu'ils semeront du 
vent et moissonneront une tem- 
péte; il n'y a pas un épi debout; 
le grain ne donnera pas de farine, 
et que s'il en donne, les étrangers 
la mangeront. 

8. Israél a été dévoré; main- 
tenant il est devenu parmi les 
nations comme un vase im- 
monde. 

9. Parce qu'ils sont montés vers 
Assur, onagre solitaire qui ne vit 
quepourlui-méme ; Ephraim afait 
des présentsàceux àquiilse pros- 
tituait. 


16. * Un objet de dérision dans la terre d'Egypte. Les Israélites du royaume du 
nord comptérent sur le secours de l'Egypte pour résister aux Assyriens, mais ils furent 
décus dans leur espoir et furent emmenés captifs en Assyrie. 


1. Ta bouche; littér. et par synecdoche, {on gosier. — Soit une trompette comme 
laigle; c'est-à-dire, un cri élevé et percant comme celui de l'aigle. — Sur ou contre 
la maison du Seigneur; contre la maison, la famille d'Israël, le peuple. Voy. sur cette 
expression, 1x, 8, 15; Nomór., xir, 1. C'est ainsi que saint Paul {Hébr., iz, 6) appelle 
les chrétiens {a maison du Christ. Plusieurs, changeant la ponctuation du texte, tra- 
duisent : Comme l'aigle, l'ennemi vient de fondre sur la maison du Seigneur, enten- 
dant par cet ennemi, les uns Sennachérib, les autres Salmanasar, d'autres Nabucho- 
donosor, d'autres enfin ces trois princes, et par /a maison du Seigneur, le peuple 
d'Israël, ou 16 temple de Jérusalem. 

4. Connus; reconnus, approuvés. Compar. Matth., vir, 23; xxv, 12. 

5. Ton veau; le veau que tu adorais. — Contre eux; contre les habitants de Sa- 
marie. Voy. sur le changement de personne, iv, 14. 

9. Assur; les Assyriens, — Onagre; est au nominatif dans la Vulgate, quoique se 


AST. 129 


2050 

10. Mais, lorsqu'ils auront ache- 
té le secours des nations, je les 
rassemblerai; etils se reposeront 
un peu du fardeau imposé par un 
roi et par des princes. 

11. Parce qu'Ephraim a multi- 
plié les autels pour pécher, les 
autels sont devenus pour lui une 
occasion de crime. 

12. J'écrirai pour lui mes nom- 
breuses lois qui ont été considé- 
rées comme étrangeres. 

13. Ils offriront des hosties, ils 
immoleront de la chair, et ils en 
mangeront, et le Seigneur ne les 
recevra pas; maintenant li se 
souviendra de leur iniquité, et il 
visitera leurs péchés; e£ eux, ils 
retourneront en Egypte. 

14. Et Israél a oublié son créa- 
teur, et il a bâti des temples; et 
Juda a multiplié ses villes forti- 
fiées; et j'enverrai un feu dans 
ses cités, et il dévorera ses édi- 
fices. 


OSÉE. 


(ca. ix.] 


CHAPITRE IX. 


Vengeanees que le Seigneur exercera sur 
Israël. Infidélité de ce peuple. 


1. Ne te réjouis pas, Israél; 
n'exulte pas comme les peuples : 
parce que tu as forniqué en te 
séparant de ton Dieu, tu as aimé 
la récompense plus que toutes les 
aires de blé. 

2. L'aire et le pressoir ne les 
nourriront pas, etle vin trompera 
leur attente. 

3. Ils n'habiteront pas dans la 
terre du Seigneur; Ephraim est 
retourné en Egypte, il mange 
parmi les Assyriens ce qui est im- 
pur. 

4. Ils ne feront pas au Seigneur 
de libations de vin, et ils ne lui 
plairont pas; leurs sacrifices se- 
ront comme le pain de ceux qui 
sont en deuil; tous ceux qui en 
mangeront seront souillés; parce 


rapportant à Assur, qui est lui-méme à l'accusatif. La Bible offre plus d'un exemple 
de ce genre de construction, contraire à la concordance latine. Cependant beaucoup 
d'interprétes, moyennant un léger changement dans la ponctuation de la Vulgate, 
rapportent ce mot au suivant, Ephra?m, qui signifie ici les Israélites des dix tribus, 
et qui, étant par là méme un nom collectif, peut être le sujet du verbe pluriel ils ont 
fait (dederunt). Ajoutons que le chaldéen autorise cette dernière interprétation. — 
A ceux, etc.; c'est-à-dire aux Assyriens. Compar. IV Rois, xv, 19, 20. 

13. J'écrirai pour lui (scribam ei); c'est-à-dire, de nouveau je lui intimerai. Les Sep- 
tante et l'hébreu mettent le verbe au futur, comme la Vulgate, mais le chaldéen le 
met au prétérit. C'est une allusion aux châtiments terribles dont les transgresseurs 
de la loi sont menacés (Deutér., xxvii, xxvi). 

13. Il visitera; c'est-à-dire, suivant le style de l'Ecriture, il punira. — Ils relour- 
neront en Egypte. Voy. 1x, 36. 

14. J'enverrai, ete. Voy. IV Rois, xxv, 9; Amos, τι, 5. 


1. Ne te réjouis pas, ete. Sous Jéroboam II, le royaume d'Israél jouit d'une heureuse 
et longue paix; mais aprés sa mort, il tomba dans la décadence, et ce ne fut plus 
qu'une suite de malheurs et de disgráces. — En te séparant. Voy. τ, 2. 

:3. Ephraim est relourné, etc. Aprés la prise de Samarie, une partie des Israélites 
se sauva en Egypte, oü elle trouva la mort (vers. 6). 

4. [ls ne feront pas, etc. Outre qu'il n'était pas permis d'offrir des sacrifices hors 
du temple de Jérusalem, les Israélites ne pouvaient faire des oblations de vin au 
Seigneur dans le lieu de leur exil, parce que le vin, l'huile et tous les aliments y 
étaient impurs, comme /e pain (selon l'hébreu, /a nourriture en général) de ecuz qui 
sont en deuil. Compar. Nombr., xix, 11, 13, 14, 16, 92. — Pour leur âme; pour leur 
personne, pour eux-mémes, c'est-à-dire pour leur propre besoin, 


[cn. 1x.] 


que leur pan sera pour leur âme, 
il n'entrera pas dans la maison 
du Seigneur. 

5. Que ferez-vous au jour 50- 
lennel, au jour de la fète du Sei- 
gneur? 

6. Car voilà qu'ils sont partis à 
cause de 18 dévastation ; l'Egypte 
les ramassera, Memphis les ense- 
velira; l'argent, objet de leurs 
désirs, l'ortie en héritera, la bar- 
dane cro?tra dans leurs taberna- 
cles. 

7. Ils sont venus, les jours de la 
visite; ils sont venus, les jours de 
la rétribution ; sachez, Israél, que 
le prophète est un fou, et l'homme 
inspiré, un insensé, à cause de la 
grandeur de ta démence. 

8. Ephraim est une sentinelle 
avec mon Dieu; le prophète est 
devenu un lacs de ruine sur toutes 
ses voies, une démence dans la 
maison de son Dieu. 

9. Ils ont péché profondément, 
comme aux jours de Gabaa; /e 
Seigneur se souviendra de leur 
iniquilé, et il visitera leurs pé- 
chés. 

10. J'ai trouvé Israél comme oz 


OSÉE. 


9051 
rencontre des grappes de raisin 
dans le désert; j'ai vuleurs peres 
comme les premiers fruits quz pa- 
raissent au sommet d'un figuier; 
pour eux, ils sont entrés à Béel- 
phégor, et ils se sont éloignés de 
moi pour leur confusion, et ils 
sontdevenusabominablescomme 
les choses qu'ils ont aimées. 

11. Ephraim, sa gloire a disparu 
comme l'oiseau, dès son enfante- 
ment et dès le sein de sa mère, et 
dès sa conception. 

12. Et que s'ils ont élevé des 
fils, je ferai qu'ils seront sans en- 
fants parmi les hommes; mais 
aussi malheur à eux, quand je me 
serai retiré d'eux. 

13. Ephraim, comme je /'ai vu, 
était une autre Tyr, fondée sur 
la beauté; et Ephraim conduira 
ses fils au meurtrier. 

14. Donnez-leur, Seigneur. Que 
leur donnerez-vous? Donnez-leur 
un sein sans enfants, et des ma- 
melles arides. 

15. Toutes leurs méchancetés 
se sont montrées à Galgal; parce 
que c'est là que je les ai eus en 
horreur; à cause de la malice de 


CHAP. IX. 9. Juges, xix, 25. — 15. I Rois, virt, 5. 


6. Memphis était la capitale de l'Egypte. 
1. La visite; la punition, le chátiment. 


8. Sentinelle; se dit métaphoriquement des prophètes. Compar. Ezéch., ur, 11. UM 
Avec (cum); ou bien, auprès de, selon des significations du terme hébreu correspon- 
dant. Le sens de ce passage est, qu'Ephraim feint de rendre un culte au vrai Dieu, ' 
tandis qu'il le rend aux idoles, et que c'est ainsi qu'il est devenu un véritable piège: 


pour le peuple de Dieu, etc. 


9. Gabaa; ville de la tribu de Benjamin, célébre par un crime énorme qui s'y 
commit au temps des Juges d'Israël. Voy. Juges, xix, 12 et suiv.; xx, 4 et suiv. — 


Il visitera; voy. vers. T. 


10. Comme; c'est-à-dire, avec le méme plaisir que. — Béelphégor; lieu qui tire son 


nom d'une divinité des Moabites. 


13. Ephraim; c'est-à-dire le pays et le royaume d'Israél (vers. 8, 11, 16). — Tyr. 
Voy. la peinture magnifique qui est faite de cette ville dans Ezéch., xxvii, xxviu. 

15. Galgal; ville royale des Chananéens, où les Israélites érigèrent des autels aux 
idoles. Compar. xit, 11. — Inventions. Voy. vit, 2. — Je ne les aimerai plus ; littér. et 
par hébraïsme, je n'ajouterai pas pour que je les aime. Compar. 1, 6. 


2052 
leurs inventions, je les chasserai 
de ma maison, je ne les aimerai 
plus; tous leurs princes se reti- 
rent de mot. 

16. Ephraim a été frappé, leur 
racine a été desséchée; ils ne por- 
leront pas du tout de fruit. Et que 
s'ils ont engendré, je ferai périr 
les fruits de leur sein qui leur 
sont les plus chers. 

17. Mon Dieules rejettera, parce 
qu'ils ne l'ont pas écouté; et ils 
seront errants parmi les nations. 


CHAPITRE X. 


Vengeance du Seigneur sur Israél. Les 
deux maisons de Jacob, d'abord celle 
d'Israél, puis celle de Juda, porteront 
chacune la peine de leurs iniquités. 


|. Israël était une vigne cou- 
verte de feuilles, le fruit les éga- 
lait; selon l'abondance de son 
fruit elle a multiplié ses autels; 
suivant la fertilité de sa terre, 
elle a été féconde en simulacres. 

2. Leur cœur s'est partagé, 
maintenant ils périront; lui-mé- 
me brisera leurs simulacres, il 
renversera leurs autels. 


OSÉE. 


(cu. x.] 
3. Parce qu'alors ils diront : 
Nous n'avons pas de roi; car nous 
ne craignons pas le Seigneur; et 
le roi, que nous fera-t-il? 

4. Vous prononcez les paroles 
d'une vision inutile, et vous ferez 
une alliance; et le jugement du 
Seigneur germera comme l'herbe 
amere sur les sillons d'un champ. 

5. Les habitants de Samarie ont 
adoré les vaches de Bethaven; 
parce que le peuple a pleuré sur 
lui, et les gardiens de sontemple 
se sont réjouis de sa gloire, parce 
qu'elle s'est éloignée de lui. 

6. Puisquelui-méme a été porté 
en Assyrie, en présent à un roi 
vengeur; la confusion couvrira 
Ephraim, et Israél sera confondu 
dans ses desseins. 

7. Samarie a fait disparaître son 
roi comme l’écume sur la surface 
de l'eau. 

8. Les hauteurs de l'idole, pé- 
ché d'Israël, seront dévastées; la 
bardane et le chardon monteront 
sur leurs autels; et eux diront 
aux montagnes : Couvrez-nous; 
etaux collines : Tombez sur nous. 


Cuapr. X. 8. Is., 11, 19; Luc, xxrim, 30; Apoc., vi, 16. 


9. S'est partagé entre le culte de Baal et celui du Seigneur. 


5. Vaches; pour veaux. Chez les Hébreux aussi bien que chez les Grecs et les 
Romains, le féminin se mettait quelquefois au lieu du masculin, par mépris et par 
dérision. — Bethaven. Voy. 1v, 15. — Le peuple, etc. Pour que cette fin de verset 
puisse avoir un sens, il faut nécessairement, comme l'ont fait plusieurs interprétes, 
changer l'ordre des mots aussi bien dans l'hébreu que dans la Vulgate. Pour nous, 
voici l'explication de ce passage qui nous a paru la mieux fondée, parce qu'elle exige 
moins de suppositions plus ou moins forcées : — Son peuple; le peuple de Bethaven; 
— A pleuré sur lui; sur Bethaven; — Et les gardiens de son temple; qui autrefois se 
sont réjouis de sa gloire, de ce qui faisait sa gloire, de ses veaux d'or, ont aussi 
pleuré sur lui (super eum); — Parce qu'elle, sa gloire; — S'est éloigné de lui (migravit 
ab eo); a été transportée hors de son pays. 

6. Lui-méme (ipse); Bethaven, qui, par une figure trés commune dans le style 
biblique, est mis ici pour son contenu. — Un roi vengeur. Compar. v, 13. 

8. Diront aux montagnes, etc. Jésus-Christ a employé les mémes paroles, en annon- 
cant aux Juifs le chátiment que Dieu devait exercer sur eux par les armes des Ro- 
mains (Luc, xxur, 30), et saint Jean, pour marquer la frayeur des méchants au 
jugement dernier (Apocal., vi, 16). 


[cn. x.] 
9. Depuis les jours de Gabaa, 
Israél a péché ; là ils se sont arré- 
tés ; ce ne sera pas une guerre 
comme à Gabaa contre des en- 
fants d'iniquité, qui les atteindra. 
10. Selon mon désir, [0.108 chà- 
tierai;les peuples s'assembleront 
contre eux, lorsqu'ils seront chà- 
tiés pour leur double iniquité. 

11. Ephraim est une génisse 
qu'on a apprise à aimer le bat- 
tage, et moi j'ai passé surson beau 
cou; je monterai sur Ephraim; 
Juda labourera et Jacob tracera 
par lui-méme des sillons. 

19. Semez pour vous dans la 
justice, et vous moissonnerez en 


OSÉE. 


2053 
proportion de votre miséricorde, 
mettez votre terre en novale; 
mais il sera temps de rechercher 
le Seigneur, lorsque sera venu 
celui qui vous enseignera la jus- 
lice. 

13. Vous avezcultivé l'impiété, 
vous avez moissonné l'niquité, 
vous avez mangé un fruit de 
mensonge, parce quetu t'es con- 
fié en tes voies, en la multitude 
de tes braves. 

14. Le tumulte s’élèvera parmi 
ton peuple, et toutes les fortifica- 
tions seront dévastées, comme 
fut dévasté Salmana au jour du 
combat par la maison de celui 


9. Juges, xix, 25. — 12. Jér., 1v, 3. — 14. Juges, vir, 12, 


9. Depuis les jours (ex diebus); ou bien plus que dans les jours; Yhébreu est sus- 
ceptible des deux sens. — De Gabaa. Voy. 1x, 5. — Là ils se sont arrétés (ibi steterunt); 
c'est-à-dire, selon l'hébreu, ils sont restés debout, ils n'ont pas entiérement péri. Les 
Benjamites, en effet, ne périrent pas tous dans l'affaire de Gabaa ; il s'en trouva 600, 
qui servirent à rétablir leur tribu dans son premier état. Cette interprétation nous 
semble la meilleure, comme se liant trés bien à ce qui suit. — Ce ne sera pas, etc. La 
guerre contre les Israélites, annoncée ici, sera beaucoup plus terrible que celle qui 
eut lieu à Gabaa, puisque Samarie elle-méme doit étre détruite de fond en comble 
par les Assyriens. 

10. Leur double iniquité; c'est-à-dire, le mépris qu'ils ont fait de Dieu, et le culte 
qu'ils ont rendu aux idoles; ou bien les deux veaux d'or qu'ils ont adorés, l'un à 
Dan, et l'autre à Béthel. 

11. J'ai passé; j'ai fait passer le joug. — Son beau cou; littér. et par hébraisme, ia 
beauté de son cou. — Je monterai sur Ephraim; je le dompterai. 

12. Et vous moissonnerez; littér. et par hébraisme, et moissonnerez. — En propor- 
tion de; estle vrai sens de l'expression hébraique, rendue exactement d'ailleurs dans 
la Vulgate par im ore. — Votre miséricorde; le bien que vous faites. Compar. 1v, 4. 
— Celui qui, etc. Les Pères et après eux le commun des interprètes appliquent ce 
passage à Jésus-Christ, maitre par excellence de la justice. 

13. Un fruit de mensonge; un fruit trompeur, qui ne saurait nourrir. 

14. Salmana; un des princes madianites, qui furent défaits par Gédéon (Juges, 
vi-Vin). — Celui qui jugea Baal (qui judicavit Baal), Gédéon, qui détruisit l'autel de 
Baal et le bois qui était autour (Juges, νι, 25). — * Le nom de Salmana, dans ce pas- 
sage d'Osée, n'est pas écrit en hébreu comme celui dont il est question dans le livre 
des Juges. Le texte hébreu porte : Comme Schalman a dévasté Beth-Arbel au jour 
de la guerre. Saint Jéróme ne connaissant aucun fait biblique auquel ce passage put 
faire allusion, si ce n'est la victoire de Gédéon sur Salmana, supposa, comme il le dit 
lui-même, qu'Arbel était 16 même mot que Jérobaal, surnom de Gédéon. De là sa tra- 
duction de ce passage. Osée faisait allusion à un fait connu de ses contemporains, 
mais oublié depuis. Nous en avons peut-étre l'explication dans un passage des 
annales de Téglathphalasar, roi d'Assyrie, qui mentionne un roi de Moab, appelé 
Schalamanu. Il est possible que ce roi ait pris et saccagé Beth-Arbel. Il existait deux 
villes de ce nom, l'une en Galilée, entre Sepphoris et Tibériade; l'autre à l'est du 
Jourdain, dans les environs de Pella. 


2054 
qui jugea Baal, la mère ayant été 
écrasée sur les enfants, 

45. Ainsi vous a fait Béthel, à 
cause de la malice de vos méchan- 
cetés. 


CHAPITRE XI. 


Amour et soins paternels du Seigneur 
pour Israél. Ingratitude et infidélité de 
ce peuple. Vengeances qui tomberont 
sur lui. Tendresse du Seigneur à son 
égard. Promesse de son retour et de 
son rétablissement. Faux attachement 
d'Israél; fidélité de Juda. 


1. Comme un malin passe, ainsi 
a passé le roi d'Israël. Parce qu'Is- 
rael était un enfant, je l'ai aimé, 
et de l'Egypte j'ai rappelé mon 
fils. 

2. Mes prophétes les ont appe- 
lés, et c'est ainsi qu'ils s'en sont 
allés 7078 de leur face; ils immo- 
laient aux Baalim, et ils sacri- 
fiaient aux simulacres. 

3. Et moi, comme le pére nour- 
ricier d'Ephraim, je les portais 
dans mes bras; et ils n'ont pas 

compris que je prenais soin d'eux. 

4. Je les attirerai par les atta- 
ches d'Adam, par les liens de la 


OSÉE. 


(cu. xr.] 
charité, et je serai pour eux 
comme celui qui enlèverait le 
joug de dessus leurs joues, et je 
me suis tourné vers lui, afin qu'il 
eüt de quoi manger. 

5. Il ne retournera pas dans la 
terre d'Egypte; et Assurlui-méme 
sera son roi, puisqu'ils n'ont pas 
voulu se convertir. 

6. Le glaive a commencé dans 
ses cités, et il consumera ses 
hommes d'élite, et il dévorera 
leurs chefs. 

1. Et mon peuple aspirera après 
mon retour; mais il leur sera im- 
posé à tous ensemble un joug qui - 
ne sera pas enlevé. 

8. Comment te traiterai-je, 
Ephraim, te protégerai-je, Israël? 
est-ce que je te traiterai comme 
Adama, ferai-je de toi comme de 
Séboim? Mon cœur est bouleversé 
au dedans de moi, pareillement 
mon repentir est suscité. 

9. Je n'assouvirai pasl'ardeur de 
ma colere; je n'en viendrai point 
à perdre entierement Ephraim, 
puisque je suis Dieu et non pas 
un homme; 76 suis saint au milieu 


Caap. XI. 1. Matth., ,זז‎ 15. — 8. Genèse, xix, 24, 


1. Ce verset est une continuation du précédent, auquel le texte hébreu le rattache. 
— Le roi d'Israél ; probablement Osée, qui fut le dernier, et qui ne régna pas loug- 
temps (IV Rois, xvit). — Parce que (quia); ou bien selon un des sens de la particule 
hébraïque correspondante, lorsque, dans le temps que. — Je l'ai ; littér. et je l'ai; mais 
la particule e£, qui se trouve aussi dans l'hébreu et les Septante, est ici purement 
pléonastique, ou ne sert qu'à marquer l'apodose, c'est-à-dire, une proposition qui 
est subordonnée à la précédente. Bien qu'elle ne puisse s'exprimer ici en francais, 
elle signifie alors, dans ce cas, cela supposé. — J'ai rappelé, etc. Saint Matthieu (tr, 15) 
applique ces paroles à Jésus-Christ, ramené d'Egypte aprés la mort d'Hérode. 

2. Baalim. Voy., sur ce mot, Jérém., τι, 23. 

4. Adam; est mis ici pour les hommes en général, le genre humain; voilà pourquoi 
les pronoms suivants qui représentent ce mot sont mis également au pluriel et au 
singulier. — Je me suis tourné, etc. C'est probablement une allusiom à la manne dont 
Dieu nourrit autrefois son peuple daus le désert. 

8. * Adama et Séboim, villes de la Pentapole qui furent détruites en méme temps 
que Sodome et Gomorrhe. Deutéron., xxix, 23. 

9. Saint au milieu de toi. Compar. Isaie, xu, 16. Dans une cilé; pour la détruire, 
comme fait d'ordinaire un cruel vainqueur. 


[cn. xn.] 


de toi; et je n'entrerai pas dans 
une cité. 

10. Ils iront après le Seigneur; 
il rugira comme un lion; parce 
que lui-méme rugira, les fils de 
la mer seront saisis d'effroi. 

11. Et ils s'envoleront de l'E- 
gypte, comme un oiseau, et 
comme une colombe de la terre 
des Assyriens; et je les établirai 
dans leurs maisons, dit le Sei- 
gneur. 

19. Ephraim m'a circonvenu 
par tromperie, et la maison d'Is- 
raël par feinte; mais Juda s'est 
conduit avec Dieu et avec les 
saints en témoin fidèle. 


CHAPITRE XII. 


Infidélité d'Ephraim. Jugement du Sei- 
gneur contre Juda. Toute la maison de 
Jacob châtiée. Bienfaits du Seigneur 
envers ce patriarche. Ingratitude de 
ses descendants. Exhortations, pro- 
messes, reproches, menaces adressées 
à Ephraim. 


1. Ephraim se repait de vent et 


OSÉE. 


2055 
poursuit un air brülant; tout le 
jour il multiplie le mensonge et 
la dévastation; il a fait alliance 
avec les Assyriens et il portait de 
l'huile en Egypte. 

2. Voici donc venir le juge- 
ment du Seigneur avec Juda, et 
sa visite sur Jacob; il lui ren- 
dra selon ses voies et ses inven- 
tions. 

3. Dans 16 sein maternelil sup- 
planta son frère; par sa force il 
lutta avec l'ange. 

4. Et il prévalut contre l'ange 
et il fut fortifié; il pleura, et le 
pria: il le trouva à Béthel, et là 
le Seigneur nous parla. 

5. Et le Seigneur, le Dieu des 
armées, le Seigneur devint l'objet 
de son souvenir. 

6. Et toi, Israël, à ton Dieu tu te 
convertiras ; garde la miséricorde 
et le jugement, et espère en lon 
Dieu, toujours. 

7. Quant à Chanaan, dans sa 
main est une balance trompeuse; 
il a aimé l'oppression. 


Cnar. XII. 3. Genèse, xxv, 25; זאאא‎ 24. 


10. Les fils; littér. et les fils. Voy. sur ce et qui forme l'apodose, vers. 1. — Les fils 
de la mer; les peuples des contrées maritimes, ou les Israélites mêmes qui s'étaient 
sauvés dans les iles et dans les pays éloignés. 

12-xiv, 10. * 30 Dans la troisième section, xr, 12-xiv, l'indignation d'Osée croît encore : 
le coupable est mür pour le chátiment; la longanimité et les bienfaits de son maitre 
n'ont servi qu'à l'endurcir, mais l'heure de l'expiation est proche; il compte sur 
l'Assyrie et sur l'Egypte, il se repait de vent; que Samarie périsse, parce qu'elle a 
abreuvé son Dieu d'amertume! Néanmoins la bonté de Dieu est telle que si l'infi- 
déle se convertit, il lui accordera son pardon. 

12. S'est conduit avec; littér., est descendu avec (descendit cum), expression qui, 
selon l'explication de ce passage donnée par saint Jérôme lui-même, équivaut à aller, 


marcher avec. Or cette dernière expression s'applique fréquemment en hébreu à la. 


manière d'agir, de se conduire. — Les saints du Seigneur, soit ses prophètes, soit 
ses prêtres. — Témoin fidèle de la divinité du Seigneur qu'il a toujours reconnue et 
confessée. 


2. Sa visite; sa vengeance, son châtiment. — Inventions ; en hébreu, œuvres, actions. 

4. Nous. Osée parle au nom du peuple, de la nation. 

6. Le jugement, ou bien la justice; l'hébreu signifie l'un et l'autre. 

1. Chanaan; c'est-à-dire, Israël corrompu comme lui. Souvent les prophètes 
donnent aux choses et aux personnes des noms figurés, qui marquent leurs bonnes 
ou mauvaises qualités (Ezéch., xvr, 3). Le nom de Chanaan se prenait aussi pour 


2056 

8. Et Ephraim a dit : Cependant 
je suis devenu riche, j'ai trouvé 
une idole pour moi; aucun de mes 
travaux ne trouvera l'iniquité par 
laquelle j'ai péché. 

9. Et moi, je suis le Seigneur ton 
Dieu, depuis que je tai retiré de 
la terre d'Egypte; je te ferai en- 
core demeurer dans des taberna- 
cles comme aux jours de féte. 

10. Et j'ai parlé aux prophetes, 
et c'est moi qui ai multiplié les 
visions; et par le ministere des 
prophètes j'ai été assimilé aux 
hommes. 

11. Si Galaad éfait une idole, 
c'est donc en vain qu'ils sacri- 


OSÉE. 


[cu. xur.] 


19. Jacob a fui dans la contrée 
de Syrie, et Israël a servi pour une 
femme, et pour une autre femme 
il a servi. 

13. Par un prophète, le Sei- 
gneur a tiré Israël de l'Egypte, 
et par un prophète il a été con- 
servé. 

14. Par ses plaintes amères, 
Ephraim m'a provoqué au cour- 
roux; et son sang retombera sur 
lui, et son opprobre, le Seigneur 
le lui rendra. 


CHAPITRE XIII. 


Reproches et menaces du Seigneur contre 
les enfants d'Israél. Promesse de leur 


fiaient aux bœufs de Galgal; car délivrance. 


leurs autels sontcomme des mon- 
ceaux de pierre sur les sillons des 
champs. 


1. Ephraim parlant, un frisson 
a saisi Israël, et il a péché en ado- 
rant Baal, et il est mort. 


12. Genèse, xxvii, 5. — 13. Exode, xiv, 21, 22. 


marchand; c'est ce qui explique la métaphore qui suit immédiatement. — L'oppres- 
sion (calumniam). Voy. Jérém., 1, 33. 

8. Aucun de mes travaux; rien de ce j'ai acquis par mon travail, c'est le vrai sens de 
lhébreu. — Ne trouvera, etc., ne montrera que je l'ai acquis en péchant, par iniquité. 

9. Je te ferai, etc. Pendant sept jours que durait la fête des tabernacles, les Juifs 
habitaient dans des tabernacles (d’où vient le nom de cette solennité) ou tentes faites 
de branches d'arbre, en mémoire de ce que leurs pères avaient ainsi campé dans le 
désert. 

10. Saint Jérôme explique lui-même ainsi ce verset dans son commentaire : « Car 
c'est moi qui, par tous les prophètes et les différents genres de visions, ait été assi- 
milé aux hommes (assimilatus sum hominibus), et t'ai provoqué à la pénitence. » 
Puis, pour justifier son explication, le savant Pére cite plusieurs passages tirés des 
prophétes, entre autres, celui oü Jonas est représenté passant trois jours et trois 
nuits au fond de la mer, afin de signifier le Seigneur ressuscitant des enfers le troi- 
sième jour (μέ Dominum significet die lertia ab inferis resurgentem). Dans le texte 
hébreu, le verbe rendu dans la Vulgate par le passif (assimilatus sum), est à l'actif 
et paraît signifier : Je proposerai, ou je propose des paraboles. 

11. Galaad, qu'on a déjà vu plus haut (vr, 8), est mis ici pour son contenu. 
Bethaven. Compar. x, 6. — Galgal. Voy. 1x, 15. 

19. Dans la contrée de Syrie; dans la Mésopotamie. — Israël est le méme que 
Jacob (Genèse, xxxn, 28). — A servi, etc.; a gardé longtemps les troupeaux de Laban, 
pour avoir en mariage ses deux filles, Rachel et Lia (Genèse, xxix). 

13. Par un prophèle; par Moïse. 

14. Son sang, etc.; il sera lui-même la cause de sa mort. 


1. Ephraim; tribu du royaume d'Israël, avait pris tant d'ascendant sur les autres, 
que quand elle parlait, celles-ci étaient saisies de crainte et de respeet. Mais plu- 
sieurs, d'aprés saint Jéróme, entendent ici par Ephraim, Jéroboam, qui était de cette 
tribu, et qui avait proposé à son peuple d'adorer ses veaux d'or; Israël, par crainte, 
se rendit à ses désirs (III Rois, xit, 28 et suiv.). 


[cir xur.] 


2. Et maintenant ils ont encore 
péché ; et ils se sont faitavec leur 
argent une statue jetée en fonte 
semblable aux idoles, tout cela 
est un ouvrage d'artisans; à ceux- 
ci eux-mémes disent : Immolez 
des hommes, vous qui adorez des 
veaux. 

3. C'est pour cela qu'ils seront 
comme un nuage dumatin,etcom- 
me la rosée du matin qui se dis- 
Isipe, comme la poussière empor- 
| tée de l'aire par un tourbillon, et 
comme la fumée qui s'échappe 
d'une cheminée. 

4. Mais moi, je suis le Seigneur 
ton Dieu, depuis que je t'ai re- 
tiré de la terre d'Egypte; tu ne 
connaitras pas de Dieu hors moi, 
et il n'est de sauveur que moi. 

5. Et je t'ai connu dans le 
désert, dans une terre de soli- 
lude. 

6. À proportion de leurs pâtu- 
rages ils se sont remplis et rassa- 
siés; et ils ont enflé leur cœur, et 
ils m'ont oublié. 

7. Et moi, je serai pour eux 


OSÉE. 


2057 
comme une lionne, comme un 
léopard sur la voie ces Assy- 
riens. 

8. Je courrai à eux comme une 
ourse, quand on lui a ravi ses 
petits, je déchirerai leurs entrail- 
165; et là je les dévorerai comme 
un lion; la bête des champs les 
meltra en pièces. 

9. Ta perte vient de toi, Israël; 
c'est seulement en moi qu'est ton 
Secours. 

10. Oü est ton roi? que sur- 
tout maintenant il te sauve dans 
toutes tes villes; et qu'ils te 
sauvent, tes iuges dont tu as dit : 
Donnez-moi un roi et des princes. 

11. Je te donnerai un roi dans 
ma fureur, et /óterai dans mon 
indignation. 

12. L'iniquité d'Ephraim estliée, 
et son péché caché. 

13. Les douleurs d'une femme 
qui enfante viendront sur lui : 
c'est un fils qui n'est point sage ; 
car maintenant il ne subsistera 
pas dans le carnage de ses fils. 
14. Je les délivrerai de la main 


ὕπαρ. XIIL 4. Is., ,הנא‎ 11. — 10. I Rois, vir, 5. — 14. I Cor., xv, 54; Héb., n, 14. 


2. Ils ont encore péché; littér. et par hébraisme, ts ont ajouté à pécher (addiderunt 
ad peccandum). — A ceux-ci; à ces Israélites idolátres, dont il est question dans ce 
verset même. — Eux-mémes; c'est-à-dire, les faux prophètes, selon le chaldéen, ou 
les prêtres et les princes, suivant saint Jérôme; ou bien enfin, selon d'autres, les pro- 
phétes du Seigneur et les Juifs demeurés fidéles, qui reprochent aux Israélites des dix 
tribus d'offrir à Moloch des victimes humaines, pendant qu'ils adorent des veaux d'or. 

3. D'une cheminée (de fumario) ; c'est-à-dire, du trou pratiqué dans le mur pour le 
passage de la fumée; car les Israélites n'avaient pas de cheminées comme les nôtres. 
— * Comme un nuage du matin, etc. Voir plus haut, vi, 4. — Comme la poussière em- 
portée de l'aire par un tourbillon. L'aire étant aplanie et unie, le vent en emporte 
plus facilement la poussiére. 

5. * Je l'ai connu dans le désert du Sinai, à l'époque de la sortie d'Egypte. 

10. * Juges a ici le sens de chefs militaires qui sauvent des ennemis. 

12. Le sens de ce verset est que les iniquités et les péchés d'Israël n'ont été ni ou- 
bliés, ni punis, ni pardonnés ; mais seulement comme liés et serrés dans un sac ou 
dans une bourse, pour en étre retirés au temps voulu par le Seigneur, et recevoir de 
jui leur juste chátiment. Compar. Job, xtv, 41. 

13. Dans le carnage, etc.; lorsque ses fils seront brisés et massacrés par les ennemis. 

14. Ta morsure (morsus tuus) ; selon les Septante aigvillon, mot que saint Paul a 
employé, en citant ce passage (I Corinth., xv, 55). 


2058 


de la mort, je les rachèterai de la 
mort; je serai ta mort, ὃ mort; je 
serai ta morsure, 6 enfer; la con- 
solation s'est cachée à mes yeux. 

15. Parce qu'il divisera les fre- 
res, le Seigneur fera venir un 
vent brülant qui montera du dé- 
sert; et 11 séchera ses ruisseaux, 
et tarira sa source, et enlèvera 
le trésor de tous ses objets pré- 
cieux. 


CHAPITRE XIV. 


Ruine de Samarie. Israël est exhorté à se 
convertir au Seigneur. Biens dont le 
Seigneur comblera les enfants d'Israél 
au temps de leur retour. 


1. Périsse Samarie, puisqu'elle 
a poussé son Dieu à l'exaspéra- 
tion; qu'ils périssent parle glaive, 
que leurs petits enfants soient 
écrasés, et que ses femmes en- 
ceintes soient coupées en deux. 

9, Convertis-toi, Israël, au Sei- 
gneur ton Dieu, puisque tu es 
tombé par ton iniquité. 

3. Prenezavec vous des paroles 
de pénitence, et converlissez-vous 
au Seigneur, et dites-lui : Otez- 
nous toutes nosiniquités, recevez 
le bien que nous vous offrons, et 
nous vous rendrons le sacrifice de 
nos lèvres. 

4. Assur ne nous sauvera pas, 
nous ne monterons pas sur des 


15, Ezéch., xix, 12. 


OSÉE. 


[cu. xiv.] 


chevaux, et nous ne dirons plus: 
Vous êtes nos dieux, œuvres de 
nos mains; parce que vous aurez 
pitié de l'orphelin qui se repose 
en vous. 

5. Je guérirai leurs meurtrissu- 
res, je les aimerai de mon propre 
mouvement, parce que ma fureur 
s'est détournée d'eux. 

6. Je serai comme la rosée, Is- 
raël germera comme 16 lis, et sa 
racine poussera avecforcecomme 
les plantes du Liban. 

7. Ses rameaux s'étendront, et 
sa gloireserasemblableal'olivier, 
et son parfum comme celui du Li- 
ban. 

8. Ils retourneront, s'asseyant 
sous sonombre ;ils vivront deblé, 
et ils germeront comme la vigne ; 
son souvenir sera comme le vin 
du Liban. 

9. Ephraim dira : Pourquoi 
aurais-je désormais des idoles? 
c'est moi qui l'exaucerai, et c'est 
moi qui le rendrai comme un 
sapin toujours vert; c'est par moi 
que du fruit a été trouvé sur toi. 

10. Qui est sage, et il com- 
prendra ces choses? qui est in- 
telligent, et il les saura? parce 
que les voies du Seigneur sont 
droites, et les justes y marche- 
ront; mais les prévaricateurs y 
tomberont. 


15. Un vent brülant, etc.; c'est-à-dire, l'armée des Assyriens. 


1. Qu'ils périssent; c'est-à-dire, les habitants de Samarie. — Ses (ejus); ce pronom, 
qui est aussi au singulier dans l'hébreu, se rapporte également à Samarie. 

3. De pénitence. Cette expression ou toute autre semblable, qui ne se lit dans l'hé- 
breu ni dans les Septante, mais que réclame évidemment le contexte, se trouve dans 
la version chaldaique sous le nom de confession, louange, et dans le commentaire de 
saint Jérôme sous celui de prière, confession de faules. -— Le sacrifice de nos lèvres; 
nos louanges, nos actions de grâces; littér., les veaux de nos lèvres; allusion aux 
sacrifices dans lesquels on offrait des veaux au Seigneur. 

8. * Le vin du Liban a été de tout temps très estimé. 


JOEL 


INTRODUCTION 


Joél, fils de Phatuel, est le second des petits prophétes dans la Vulgate. Son 
nom signifie « Jéhovah est Dieu. » Nous ne savons rien de sa vie, si ce n'est 
qu'il était du royaume de Juda. Peut-étre vivait-il à Jérusalem. Le Pseudo- 
Epiphane le fait à tort de la tribu de Ruben, et dit qu'il était né et qu'il fut en- 
seveli à Béthoron, entre Jérusalem et Césarée. Quelques commentateurs sup- 
posent, sans preuve, qu'il était prétre. 

Ses prophéties ne sont pas datées, mais on peut regarder comme certain 
qu'elles sont des plus anciennes qui nous soient parvenues. 

Presque chaque verset de Joël montre en lui un maitre dans l'art de la parole; 
sa langue est aussi pure qu'énergique, aussi vive que claire; nous pouvons bien 
l'appeler classique, et, en fait, il servit de modéle aux prophétes qui le suivirent, 
lesquels lui empruntérent des passages entiers. Son style s'éléve, par la subli- 
mité, au-dessus de celui des autres prophétes, excepté Isaie et Habacuc. Il unit 
la force de Michée à la tendresse de Jérémie et à la vivacité de couleurs de 
Nahum. Sa deseription de l'invasion des sauterelles est un admirable morceau 
littéraire; on l'a accusée d'exagération, mais l'exactitude de chaque trait est 
garantie par les voyageurs qui ont été témoins du fléau. 

L'oecasion de sa prophétie fut une terrible invasion de sauterelles, suivie d'une 
grande famine. Elle 56 divise en deux parties qui ont la forme de discours, 1 
17, et .וזו-18 ,זז‎ Les deux discours sont séparés l'un de l'autre par un verset his- 
torique qui sert de transition, m, 18-19. — 19 Joël décrit les ravages des sau- 
terelles, en qui il voit les messagers de la colére de Jéhovah ou du jour du 
Seigneur, 1-π|, 11, et il conclut cette première partie par une exhortation pres- 
sante au jeûne et à la pénitence, π, 12-17. — Sa parole dut être écoutée, car Joël 
continue, sous forme narrative, en disant que Dieu pardonne à son peuple, et en 
lui prédisant un heureux avenir. Bientót l'ennemi sera détruit et une pluie abon- 
dante rendra la terre fertile, it, 18-27. Cette pluie sera le symbole d'une effusion 
du Saint-Esprit sur son peuple, 11, 28-29; plus tard viendra le jour du Seigneur 
qui anéantira tous les ennemis des Juifs, rassemblés contre Jérusalem, dans la 
vallée de Josaphat. Les signes avant-coureurs de ce grand jour sont décrits, rr, 
30-32, et le jour lui-même, ur, 1-17. Ce jugement de Dieu aménera pour Juda et 
pour Jérusalem la plénitude des bénédictions messianiques, 11, 18-21. 


2060 


CHAPITRE PREMIER. 


Désolation de la Judée par le fléau des 
insectes et de la sécheresse. Exhorta- 
tion à la pénitence. Jour terrible qui 
doit succéder à ce premier fléau. 


1. Parole du Seigneur qui fut 
adressée à Joël, fils de Phatuel. 

2. Ecoutez ceci, vieillards, et 
prêtez l'oreille, vous tous, habi- 
tants de la terre; est-ce que cela 
est arrivé dans vos jours, ou dans 
les jours de vos pères? 

9. Racontez-le à vos fils, et vos 
fils à leurs fils, et leurs fils à une 
autre génération. 

4. Les restes de la chenille, la 
sauterelle les a mangés, et les 
restes de la sauterelle, le bru- 
chus les a mangés, et les restes 
du bruchus, la nigelle les a man- 


gés. 


JOEL. 


[cn. 1. 
5. Réveillez-vous,ivres, et pleu- 
rez, et hurlez, vous tous quibuvez 
du vin doux; parce qu'il est banni 
de votre bouche. 

6. Car unenation est montée sur 
mon pays, forte,innombrable ; ses 
dents sont comme les dents d'un 
lion, etses molaires, comme celles 
d'un lionceau. 

1. Elle a réduit ma vigne en un 
désert, et mon figuier, elle l'a 
écorcé; le dégarnissant de ses 
feuilles, elle l'a dépouillé, et jeté 
par terre,et ses rameaux sont de- 
venus blancs. 

8. Pleure, comme une vierge 
vétue d'un sae sur l'époux de sa 
jeunesse. 

9. Le sacrifice et la libation 
sont bannis de la maison du Sei- 
gneur; les prêtres, ministres du 
Seigneur, sont dans le deuil. 


9. Vieillards, etc. Joël s'adresse aux habitants de Juda. 

4. La chenille, etc. Selon le plus grand nombre des interprétes, tant juifs que chal- 
déens, ces insectes ne sont qu'une figure, qu'un symbole des ennemis du peuple juif. 
Le Prophéte, en effet, emploie parfois des expressions qui ne conviennent nullement à 
des insectes quelconques. — * L'invasion des sauterelles, qui occupe une si large 
place dans la prophétie de Joël, est interprétée de deux façons très différentes. — 
1» La paraphrase chaldaique, S. Ephrem, S. Jéróme et un grand nombre de commen- 
tateurs, n'ont vu dans ces insectes qu'un symbole des peuples paiens, Assyriens, 
Mèdes, Perses, Romains. — 29 Beaucoup de modernes entendent cette invasion dans 
le sens littéral, s'appuyant surtout sur ce que le Prophète ne parle que des dégâts 
causés dans les champs et du mal fait aux animaux, non aux personnes, tandis que, 
s'il s'agissait d'une guerre, les personnes auraient eu beaucoup à souffrir, et Joél 
n'aurait pu se dispenser de parler de leurs tribulations. De plus, toutes ses paroles 
semblent se rapporter à un fait passé et non futur. — 3» Quoiqu'il soit difficile de 
ne pas voir dans les deux premiers chapitres un événement historique, on peut néan- 
moins concilier ensemble, jusqu'à un certain point, les deux opinions en admettant, 
comme cela parait trés vraisemblable, que Joël, dans sa seconde partie, considère 
l'invasion dont il a parlé dans la premiere comme le type du jugement de Dieu qui 
approche. 

5. Douz; littér., avec douceur (in dulcedine). Comme nous l'avons remarqué plus 
d'une fois, les adjectifs en hébreu sont souvent remplacés par un substantif précédé 
d'une proposition. Ajoutons que le terme hébreu que la Vulgate a traduit ici par 
douceur signifie le vin doux ou nouveau, en latin mustum, mot qu'elle a employé 
ailleurs elle- -méme. (Cant., var, 25 15040, xux, 26.) 

6. * Une nation; les sauterelles, ‘qui ravagent et détruisent tout. 

T. * Les sauterelles rongent aussi et dévorent l'écorce des arbres. 

8. Un sac; c'est-à-dire, un vétement rude et grossier qu'on portait dans le deuil. 

9. Les préires, etc.; parce qu'ils ne peuvent plus offrir de sacrifices, à cause du 
manque de toutes les récoltes. 


{cx. 1.] 


10. La contrée a été ravagée, 
le sol a pleuré, parce que le blé a 
été détruit, que le vin a été con- 
fondu, et que l'huile s’est dessé- 
chée. 

11. Les laboureurs ont été con- 
fondus, les vignerons ont hurlé 
sur le blé et l'orge, parce que la 
moisson des champs a péri. 

19. La vigne a été confondue, 
etlefiguier a langui, le grenadier, 
et le palmier, et le pommier, et 
tous 165 arbres des champs se sont 
desséchés; en sorte que la joie 
s'est évanouie des fils des hom- 
mes. 

13. Prétres, ceignez-vous et 
pleurez; hurlez, ministres de l'au- 
tel; entrez, couchez-vous dans un 
sac, ministres de mon Dieu, parce 
qu'a été retranché de la maison 
de votre Dieu le sacrifice ainsi 
que la libation. 

14. Consacrez un jeûne, con- 
voquez une assemblée, rassem- 
blez les vieillards, tous les habi- 
tants de la terre, dans la maison 
de votre Dieu, et criez au Sei- 
gneur : 

15. Ah! ah! ah! au jour; parce 
qu'est prochele jour du Seigneur; 


(παρ. 1. 14, Infra, 11, 15. 


JOEL. 


2061 


et comme une désolation il vien- 
dra du Tout-Puissant. 

16. N'est-ce pas devant vos yeux 
que les aliments ont disparu de 
la maison de notre Dieu, ainsi 
que 18 joie et l'exultation ? 

17. Les bêtes de somme ont 
pourri dans leur ordure, les gre- 
niers ont été démolis et les gran- 
ges dévastées, parce que le blé a 
été confondu. 

18. Pourquoi l’animal a-t-il gé- 
mi, et les troupeaux de gros bé- 
tail ont-ils mugi? Parce qu'il n'y 
a pas de pâturage pour eux ; mais 
méme les troupeaux de menu 
bétail ont péri entierement. 

19. C'est vers vous, Seigneur, 
que je crierai, parce qu'un feu a 
dévoré ce qu'il y avait de beau 
dans le désert, et une flamme a 
brülé tous les arbres de la con- 
irée. 

20. Mais méme les bétes de 
la campagne, comme un champ 
qui a soif de la pluie, ont levé 
leurs regards vers vous, parce 
que les sources des eaux ont été 
séchées, et qu'un feu a dévoré 
ce quil y avait de beau dans le 
désert. 


10. Le vin a été confondu ; honteux de n'avoir pas répondu à ce qu'on en attendait, 
C'est une prosopopée semblable à /e sol a pleuré, du méme verset. Compar. les vers. 
12, 11; Isaie, xxiv, 1; מזוצצצ‎ 9. Les Septante portent partout on! séché; quant à l'hé- 
breu, il est à la rigueur susceptible des deux sens, mais le premier parait mieux 
fondé. 

12. En sorte que. C'est la véritable signification qu'a ici 16 quia de la Vulgate ex- 
pliqué par l'hébreu, et la seule que comporte le contexte. 

18. Ceignez-vous; revétez-vous d'habits de deuil. 

15. Ah! ah! ah! au jour (a, a, a, diei) ; c'est-à-dire, ὃ jour malheureux! 

11. Le blé a été confondu. Voy. le vers. 10. — * L'invasion des sauterelles ayant tout 
dévasté, les animaux périssent faute de nourriture. 

19. * Un. feu; la stérilité, qui rend les champs comme brülés et qui est la suite des 
ravages des sauterelles. 


2062 


CHAPITRE II. 


Jour terrible aprés le premier tléau. Une 
armée nombreuse et formidable désole 
la Judée. Exhortation à la pénitence. 
Réconciliation du Seigneur avec son 
peuple. Docteur de justice. Effusion de 
l'esprit de Dieu. Signes qui annonce- 
ront les vengeances du Seigneur. Sa- 
lut qui viendra de Sion. 


1. Sonnez dela trompette dans 
Sion, hurlez sur ma montagne 
sainte, que tous les habitants de 
la terre soient dans le trouble, 
parce que vient le jour du Sei- 
gneur, parce qu'il est proche. 

2. Jour de ténèbres et d'obscu- 
rité; jour de nuée et de tempête; 
comme /a lumière du matinrépan- 
duesurles montagnes serépandra 
un peuple nombreux et fort; de 
semblable à lui, il n'y en a pas eu 
depuislecommencement, etapres 
lui il n'y en aura point pendant les 
aunées des diverses générations. 

3. Devant sa face un feu dévo- 
rant, et derriere lui une flamme 
brülante; la terre est comme un 
jardin de délices devant lui; et 
derriere lui, la solitude d'un dé- 
sert; etil n'y a personne qui lui 
échappe. 


JOEL. 


]68. 11.] 


4. Comme l'aspect des chevaux 
est leur aspect; et comme des ca- 
valiers, ainsi ils courront. 

5. Sur les sommets des monta- 
gnes, ils sauteront en faisant un 
óruit comme le bruit des quadri- 
ges, comme le bruit de la flamme 
d'un feu qui dévore la paille, 
comme un peuple fort préparé au 
combat. 

6. À sa face, les peupies seront 
tourmentés ; tous les visages con- 
tracteront /a couleur d'une mar- 
mite. 

7. Ils courront comme des bra- 
ves; comme des hommes de 
guerre ils monteront sur le mur; 
hommes de cœur, ils marche- 
ront dans leurs voies, et ne se 
détourneront pas de leurs sen- 
tiers. 

8. Aucun d'eux ne pressera son 
frere, chacun marchera dans sa 
route; mais méme ils se précipi- 
teront par les fenétres, et ne dé- 
moliront pas. 

9. Ils entreront dans la ville, 
ils courront sur le mur; ils mon- 
teront au haut des maisons : ils 
entreront par les fenétres comme 
le voleur. 


1. * Sonnez de la trompette pour engager le peuple à faire pénitence. 
2. Diverses généralions; littér. et par hébraisme, génération et génération. 


4. * Comme l'aspect des chevaux est leur aspect (des sauterelles). Les auteurs orien- 
taux ont remarqué que la téte de la sauterelle a quelque ressemblance avec celle du 
cheval. 

9. * Les sauterelles qui ravagent par myriades les pays exposés à leurs dépréda- 
tions, produisent en effet dans leur marche un bruit semblable à ceux dont parle 
le Prophète. 

6. À sa face; à sa présence, à la présence de ce peuple fort, etc. (vers. 5), les autres 
peuples seront dans un affreux tourment. — La couleur d’une marmite; c'est-à-dire 
terne et plombée. 

1. * Les sauterelles ne dévient pas de leur marche, quand elles inondent un pays, 
et elles pénétrent jusque dans les tentes et les maisons, vers. 9. 

8. Ne démoliront pas; n'auront pas besoin de rien abattre, puisqu'ils entreront par 
les fenêtres qui sont des ouvertures toutes pratiquées. D'autres, prenant demolientur 
pour un verbe passif et non déponent, traduisent par ne seront plus abattus, ou bles- 
868, 06 qui est le sens du texte hébreu. 


[cu. u.] 


10. À sa face la terre a tremblé, 
les cieux se sont ébranlés, le so- 
leil et la lune se sont couverts de 
ténèbres, et les étoiles ont retiré 
leur splendeur. 

11. Et le Seigneur a fait enten- 
dre sa voix à la face de son armée, 
parce que ses troupes sont extré- 
mement nombreuses, parce qu'el- 
les sont fortes, et qu'elles exécu- 
teront sa parole; car le jour du 
Seigneur est grand et bien ter- 
rible, et qui le soutiendra? 

12. Maintenant donc, dit le Sei- 
gneur, convertissez-vous à moi 
de tout votre cœur, dansle jeûne, 
dans le pleur et dans le gémisse- 
ment; 

13. Et déchirez vos cœurs, et 
non vos vêtements; et conver- 
tissez-vous au Seigneur votre 
Dieu, parce qu'il est bon et mi- 
séricordieux, patient et d'une 
grande miséricorde, et pouvant 
revenir sur le mal dont il vous a 
menaces. 

14. Qui sait s'il 26 reviendra 
pas, et s'il ze pardonnera pas, 
et s'il ne laissera pas apres lui 
la bénédiction, le sacrifice, et la 
libation pour le Seigneur votre 
Dieu? 


JOEL. 


2063 


15. Sonnez dela trompette dans 
Sion, consacrez un jeüne, convo- 
quez une assemblée. 

16. Assemblez le peuple, sanc- 
tifiez l'assemblée; réunissez les 
vieillards, rassemblez les petits 
enfants et ceux qui sont à la ma- 
melle; que l'époux sorte de sa 
couche, et l'épouse de son lit 
nuptial. 

17. Entre le vestibule et l'au- 
tel pleureront les prétres, mi- 
nistres du Seigneur, et ils di- 
ront : Pardonnez, Seigneur, par- 
donnez à votrepeuple, et nelivrez 
pas votre héritage à l'opprobre, 
en sorte que les nations les do- 
minent; pourquoi dirait-on parmi 
les peuples : Où est votre Dieu? 

18.LeSeigneuramontré du zèle 
pour sa terre, il à pardonné à son 
peuple. 

19. Et le Seigneur a répondu, 
et a dit à son peuple : Voici que 
moi, je vous enverrai le blé, le 
vin et l'huile, et vous serez ras- 
sasiés; et je ne vous livrerai plus 
en opprobre parmi les nations. 

20. Et celui qui vient de l'aqui- 
lon, jel'éloignerai de vous; et je 
le chasserai dans une terre inac- 
cessible et déserte, sa face vers la 


CuaP. IT. 10. Is., xi, 10; Ezéch., xxxi, 7 ; Infra, ui, 15; Matt., xxiv, 29; Marc, xri, 24; 
Luc, xxt, 25. — 11. Jérém., xxx, 7; Amos, v, 18; Soph., 1, 15.— 13. Ps. Lxxxv, ל‎ Jon., 
Iv, 2. — 14. Jon., rir, 9. — 15. Supra, 1, 14. 


10. A lremblé. Ge prétérit et les suivants du méme verset, ainsi que deux des vers. 
21 et 22, sont mis pour des futurs. Voy. sur cet idiotisme, t. 11, pag. 342,20, — * La 
multitude des sauterelles est quelquefois si considérable qu'elle obscurcit la lumière 
du soleil comme un épais nuage. 

13. Pouvant revenir ou se repentir. Saint Jérôme explique lui-même ainsi les 
termes de la Vulgate przstabilis super malitia. Il est certain que le mot mal (malitia) 
se prend dans plusieurs endroits pour peine, malheur, calamité. 

14. S'il ne reviendra pas, etc. La négation est évidemment sous-entendue dans la 
Vulgate aussi bien que dans l'hébreu. — Le sacrifice, etc. Compar. 1, 9. 

30. Celui, etc.; le roi de Chaldée. L'Eeriture désigne ordinairement ce prince par 
laquilon ou le septentrion, qui est la situation de son pays, par rapport à la terre 
d'Israël. — * La mer orientale; la mer Morte; la mer (a plus reculée, ou plutôt, selon 
l'original, la mer de derriére, celle qu'on a derriére soi en Palestine, quand on re- 


2064 


mer orientale, et son extrémité 
vers la mer la plus reculée ; et sa 
puanteur montera, et sa pulré- 
faction montera, parce qu'il a agi 
avec orgueil. 

21. Ne crains pas, terre, exulte 
et réjouis-toi, parce que le Sei- 
gneur a fait de grandes choses. 

22. Ne craignez plus, animaux 
de la contrée, parce que ce qu'il 
y a de beau dans le désert a ger- 
mé, parce que l'arbre a porté son 
fruit, le figuier et la vigne ont 
donné leurs richesses. 

99. Et vous, fils de Sion, exul- 
tez, et réjouissez-vous dans le 
Seigneur votre Dieu, parce qu'il 
vous a donné un docteur de jus- 
tice, etil fera descendre sur vous 
la pluie du matin et /a pluie du 
soir, comme au commencement. 

24. Vos aires seront pleines de 
blé, et vos pressoirs regorgeront 
de vin et d'huile. 

95. Et je vous rendrai les an- 
nées qu'ont dévorées la saute- 
relle, ainsi que le bruchus et la 


28. Is., xuiv, 3; Actes, 11, 17. 


JOEL. 


[cu. 1. ] 


nigelle, et la chenille, ma grande 
force, que j'ai envoyée contre 
vous. 

26. Et vous mangerez abon- 
damment, et vous serezrassasiés; 
et vous louerez le nom du Sei- 
gneur votre Dieu, qui a fait des 
merveiles pour vous; et mon 
peuple ne sera plus confondu à 
jamais. 

21. Et vous saurez que c'est moi 
qui suis au milieu d'Israél, moi 
qui suis le Seigneur votre Dieu, 
et qu'il n'y en a plus Aors moi; et 
mon peuple ne sera plus confondu 
à jamais. 

28. Et il arrivera après cela 
que je répandrai mon esprit sur 
loute chair; vos fils prophétise- 
ront ainsi que vos filles; vos vieil- 
lards songeront des songeset vos 
jeunes hommes verront des vi- 
sions. 

29. Mais aussi sur mes servi- 
teurs et servantes en ces jours-là 
je répandrai mon esprit. 

90. Je ferai paraitre des prodi- 


garde le levant, c'est-à-dire la mer Méditerranée. — Sa puanteur, etc. « De nos jours, 
dit S. Jéróme, nous avons vu des troupes de sauterelles couvrir la terre de Judée. 
Le vent s'étant levé, elles ont été précipitées dans la mer [Morte] et la mer [Médi- 
terranée]. Et comme le rivage des deux mers était couvert des cadavres des saute- 
relles mortes que les flots avaient rejetés, il en est résulté une corruption et une 
puanteur si nuisible que l'air en a été corrompu et a produit une peste qui a frappé 
les animaux domestiques et les hommes. » 

21. A fait. Voy., sur ce prétérit et ceux du verset suivant, le vers. 10. 

23. Un docteur de justice (doctorem justitiz). Ni Joël, nile grand prêtre d'alors, ni 
15816 ou Jérémie n'ont mérité ce titre comme 16 Messie, Jésus-Christ, la vraie lu- 
mière « qui éclaire tout homme venant en ce monde » (Jean, 1, 9). — La pluie, etc.; 
les pluies du printemps et de l'automne. Voy. Osée, νι, 3. 

25. Ma grande force; ma puissante armée. 

26. Vous mangerez sbondamment; littér. et par hébraisme, vous mangerez, vous 
nourrissant. 

28. Aprés cela; dans un temps reculé. — Toute chair; hébraisme pour, fous les 
mortels, tous les hommes. — Saint Pierre nous découvre (Actes, ir, 16 et suiv.) l'accom- 
plissement dela prophétie rapportée ici et au verset suivant dans l'effusion de l'Esprit- 
Saint, sur les apótres et les disciples de Jésus-Christ. 

30, 31. Je ferai paraitre, etc. Ces paroles peuvent s'appliquer aux signes qui pré- 
céderont la ruine de Jérusalem, selon la prédiction de Jésus-Christ (Luc, xxi, 11), 


[cu. uu.) 


ges dans le ciel, et sur la terre, du 
sang et du feu, et une vapeur de 
fumée. 

31. Le soleil sera changé en té- 
nebres, et la lune en sang, avant 
que vienne le jour du Seigneur, 
grand et terrible. 

32. Etil arrivera que quiconque 
invoquera le nom du Seigneur 
sera sauvé : parce que, surla mon- 
tagne de Sion et dans Jérusalem 
sera le salut, comme l'a dit le Sei- 
gneur, etdansles restes du peuple 
que le Seigneur aura appelés. 


CHAPITRE III. 


Vengeance du Seigneur contre les enne- 
mis de son peuple. Reproches contre 
Tyr et Sidon, et contre les Philistins. 
Jugement du Seigneur. Bonheur de Jé- 
rusalem et de la Judée. Désolation de 
l'Egypte et de l'Idumée. 


1. Parce que voilà qu'en ces 
jours-là et en ce temps-là, lors- 
que j'aurai ramené les caplifs de 
Juda et de Jérusalem, 


JOEL. 


2065 


2. J'assemblerai tous les peu- 
ples, et je les conduirai dans la 
vallée de Josaphat, et là, j'entre- 
rai en jugement avec eux tou- 
chant mon peuple et mon héri- 
tage, Israël, qu'ils ont dispersés 
parmi les nations; et ma terre, 
ils l'ont partagée ; 

3. Et sur mon peuple ils ont 
jeté le sort; et ils ont exposé le 
jeune enfant dans un lieu de pros- 
titulion, et la jeune fille, ils l’ont 
vendue pour du vin, afin de boire. 

4. Mais qu'y a-t-il entre moi et 
vous, Tyr et Sidon, et 20, 6 
entiere des Philistins? Est-ce que 
vous lirerez vengeance de moi? 
Mais si vous vous vengez de moi, 
je vous rendrai la pareille promp- 
tement, tout d'un coup, sur votre 
propre téte. 

9. Car vous avez enlevé mon 
argent et 220% or, et toutes mes 
choses précieuses et très belles, 
vous les avez emportées dans vos 
temples. 


31. Supra, ir, 10; Matt., xxiv, 29; Luc, xxr, 25; Actes, 1 20. — 32. Rom,, x, 13. 


mais plus particuliérement à ceux qui précéderont le dernier avénement du Sauveur, 
et dont il parle aussi lui-même (Luc, xxr, 25 et suiv.). 

32. Quiconque invoquera, etc., s'entend indistinctement des Juifs et des gentils, 
comme le remarque saint Paul (Rom., x, 12, 13). — Les restes, etc. Un petit nombre 
de Juifs qui invoquaient le nom du Seigneur, et qui avaient conservé la mémoire de 
son culte dans les pays étrangers, revinrent en fudée, et trouvèrent leur salut dans 
Jérusalem. Ils sont en cela une figure des restes fidéles que Dieu appela d'entre les 
Juifs dans l'établissement de l'Eglise, et des derniers restes qu'il appellera, soit de 
la nation juive, soit de la gentilité, à la fin des siècles. 


1. En ces jours-là, en ce temps-là; ces expressions ici, comme en bien d'autres pas- 
sages prophéliques, ne se rapportent pas à ce qui précéde immédiatement, mais à 
l'avenir, et ordinairement au temps du Messie, venant en ce monde ou jugeant tous 
les hommes à la fin des siècles. Or c'est ce jugement dernier qui va être ici annoncé 
d'une maniére énigmatique. 

2. La vallée de Josaphat, dont il n'est parlé qu'en cet endroit de l'Ecriture, ne 
parait pas étre un lieu réel, mais simplement une expression énigmatique qui signifie 
le lieu où le Seigneur jugera, les Pères n'étant nullement unanimes sur le lieu du 
jugement général, et l'Eglise n'ayant rien décidé sur ce point. — Mon peuple, ete. 
Les Chaldéens avaient dispersé les Israélites, et les avaient emmenés captifs au delà 
de l'Euphrate; les Tyriens, les Sidoniens, les Philistins, et surtout les Iduméens et 
d'autres. peuples avaient partagé les terres d'Israël et de Juda, et se les étaient ap- 
proprites pendant leur absence et leur captivité. 


AMO 1320 


2056 


0 Et les fils de Juda et les fils 
de Jérusalem, vous les avez ven- 
dus aux fils des Grecs, afin de les 
éloigner de leurs confins. 

Et moi, je les retirerai du 
lieu dans lequel vous les avez 
venduset je ferai retomber ce que 
vous leur avez fait sur votre tête. 

8. Et je vendrai vos fils et vos 
filles par les mains des fils de 
Juda; ils les vendront aux Sa- 
béens, à une nation éloignée; 
parce que c'est le Seigneur qui a 
parlé. 

9. Criez ceci parmi les nations : 
Consacrez une guerre, réveillez 
les braves; qu'ils s'approchent, 
qu'ils montent, tous les hommes 
de guerre. 

10. Taillez vos charrues en 
glaives et vos hoyaux en lances. 
Que le faible dise : Je suis fort, 
mol. 

41. Faites une sortie, et venez, 
vous toutes, nations d'alentour, 
rassemblez-vous ; c'est là que le 
Seigneur fera tomber tes braves. 

19. Que les nations se lèvent et 
montent dans la vallée de Josa- 
phat, parce que c'estlà que je se- 
rai assis, afin de juger toutes les 
nations d'alentour. 


ὕπαρ. HI. 
1, 2. — 18. Amos, 1x, 13. 


JOEL. 


13. Apoc., xiv, 15. — 15. Supra, ir, 


(cur. [.זוז‎ 


13. Mettez les faucilles dans le 
blé, parce que la moisson est 
müre ; venez, et descendez, parce 
que le pressoir est plein, que les 
pressoirs regorgent; parce que 
leur malice s'est multipliée. 

14. Peuples, peuples, accou- 
rez dans la vallée du carnage; 
parce qu'est proche le jour du 
Seigneur, dans la vallée du car- 
nage. 

45. Le soleil et la lune se sont 
couverts de ténèbres, etlesétoiles 
ont retiré leur splendeur. 

16. Et le Seigneur rugira de 
Sion; et de Jérusalem il fera e«- 
tendre sa voix; et le ciel et la 
Lerre seront ébranlés; et le Sei- 
gneur sera lespérance de son 
peuple, et la force des fils d'Israël. 

47. Et vous saurez que je suis 
le Seigneur votre Dieu, habitant 
dans Sion, ma montagne sainte ; 
et Jérusalem sera sainte, et les 
étrangers ne la traverseront plus. 

18. Et il arrivera en ce jour-là 
que les montagnes distilleront la 
douceur, et que le lait coulera 
des collines, et que dans tous les 
ruisseaux de Juda se répandront 
les eaux, et qu'une fontaine sor- 
tira de la maison du Seigneur, 


10, 31. — 16. Jérém., xxv, 30; Amos, 


—————————————————————————————————————————————————————————————————O 


8. Les Sabéens sont peut-être ceux qui habitaient au fond de l'Arabie Heureuse, 


au midi de la Judée. 


11. Tes, qui se trouve aussi dans l'hébreu, au lieu de vous, ne saurait s'expliquer 
grammaticalement qu'en supposant que le Prophéte adresse la parole à Juda. 
13. Le temps de la vengeance est souvent exprimé dans l'Ecriture sous l'idée d'une 


moisson ou d'une vendange. 


14. Peuples, peuples ; répétition qui signifie une multitude de peuples. 


15. Se sont couverts, ont retiré; pour se couvriront, retireront. Voy. sur cet idio- 
tisme, t. 11, page 342, 20, 

18. La douceur ; c'est-à-dire, du vin doux, comme la Vulgate a traduit le méme 
terme hébreu, 1, 5. — Remplira, etc.; selon l'hébreu, abreuvera la vallée des Acacias, 
vallée située dans les plaines de Moab, non loin de la mer Morte. Ce qui est dit dans 
ce verset est un symbole et une figure de la doctrine évangélique, qui devait sortir 
de Jérusalem et se répandre dans la gentilité, terrain ingrat et couvert d'épines. 


πων MER 0 


[cu. 111] JOEL. 2067 


et remplira le torrent des épines. 
19. L'Egypte sera désolée, l'Idu- 
mée un désert de perdition, parce 
qu'elles ont agi iniquement en- 
| vers les fils de Juda, et qu'elles 
ont répandu un sang innocent 
sur leur terre. 


20. Et la Judée sera éternelle- 
ment habitée, et Jérusalem dans 
loutes les générations. 

91. Et je purifierai leur sang 
que je n'avais pas encore purifié ; 
et le Seigneur demeurera dans 
Sion. 


19. L'Egypte sera désolée; elle le fut en effet par Cambyse, puis par Artaxerxes 
Ochus, et enfin par Antiochus Epiphane. — L'Idumée, etc. Ce furent principalement 
les Machabées qui la réduisirent à un état affreux (I Machab., v, 65; 11 Machab., x, 


16 et suiv.). — Sa terre; la terre de Juda. 


20. Toutes les générations. Voy. Lament. de Jérém., v, 19. 


המ חר 


AMOS 


INTRODUCTION 


Amos est le troisième des petits prophètes, d’après l'ordre recu dans nos 
Bibles. L'orthographe de son nom montre qu'il était différent du père d'Isaie, 
avec qui on l'a quelquefois confondu. Ce dernier s'appelait 'Amots, et le petit pro- 
phète ‘Amos. Il nous fournit lui-même sur sa personne quelques renseignements 
utiles à connaitre pour l'intelligence de sa prophétie. Il était berger et cultivait 
les sycomores à Thécué (vir, 13), à quatre ou cinq lieues de distance au sud de 
Jérusalem. Sur l'ordre de Dieu, il quitta sa patrie pour aller à Béthel, dans le 
nord, prophétiser contre Israél. Quoiqu'il s'occupe principalement du royaume 
des dix tribus dans son livre, il parle plusieurs fois aussi de Juda. 

Amos prophétisa sous le règne d'Ozias, roi de Juda, 809-758 avant J.-C., et de 
Jéroboam 11, 825-784, deux ans avant le tremblement de terre. Nous ignorons à 
quelle date eut lieu cet événement. Il est certain qu'Amos fut contemporain 
d'Osée; il le fut probablemeat aussi d'Isaie; il était, croyons-nous, plus âgé 
qu'eux. 

A l'époque où Amos prophétisa, le royaume d'Israél était très florissant sous 
le gouvernement de Jéroboam II. Ce prince était habile et, par des guerres heu- 
reuses, avait agrandi son royaume, qui s'étendait de la ville chananéenne 
d'Emath, dans la Cœlésyrie, autrefois limite septentrionale de l'empire de David, 
jusqu'à la mer Morte. Malheureusement le roi d'Israél, si habile à gouverner 
ses sujets au point de vue humain, n'avait point su leur faire pratiquer la reli- 
gion de leurs pères : l'idolàtrie, avec tous les vices qui l'accompagnent, désho- 
norait ses Etats. C'est contre ces crimes que s'éléve Amos : Dieu l'envoie pour 
annoncer aux coupables que, malgré la prospérité matérielle dont ils jouissent, 
Dieu les punira bientôt de leurs infidélités. 

Le style d'Amos, sans s'élever jusqu'au sublime, se distingue par de grandes 
qualités : il est clair, vif, énergique, coloré comme les mûres des buissons qu'il 

‘taillait dans le désert de Thécué, ainsi que le remarque S. Jérôme. Les images 
sont la plupart originales, empruntées à la vie pastorale et aux scènes cham- 
pétres. 

La prophétie d'Amos forme un tout suivi, rédigé probablement quand l'au- 
teur eut terminé sa mission en Israél ; elle se divise en trois parties : Introduc- 
tion, 1-1; prophélies contre Israël, ur-vi; visions et symboles prophétiques 
annonçant le chàtiment d'Israël, vir-ix. 


[cu. 1.] 


CHAPITRE PREMIER. 


Mission d'Amos. Vengeances du Seignenr 
contre Damas, contre les Philistins, 
zontre les Tyriens, contreles Iduméens, 
zontre les Ammonites. 


1. Paroles d'Amos, qui fut un 
des pasleurs de Thécué, paroles 
relatives aux choses quil a vues 
touchant Israél, au temps d'Ozias, 
roi de Juda, et de Jéroboam, fils 
de Joas, roi d'Israél, deux ans 
avant le tremblement de terre. 


AMOS. 


2069 


de Sion, et de Jérusalem il fera 
entendre sa voix; et les beaux 
páturages des pasteurs ont été 
dans le deuil, et la cime du Car- 
mel a été desséchée. 

3. Voici ce que ditle Seigneur: 
à cause des trois et méme des 
quatre crimes de Damas, je ne 
le convertirai pas; parce qu'ils 
ont écrasé Galaad sous des cha- 
riots armés de fer. 

4. Et j'enverrai un feu dans la 
maison d'Azaél, et il dévorera les 


2. Et il dit : Le Seigneur rugira | maisons de Bénadad. 


CnaP. I. 1. Zach., xiv, 5. — 2. Jér., xxv, 30; Joel., 111, 16. 


1. Paroles, ete. Nous n'avons pas cru devoir nous écarter de la traduction ordinaire, 
surtout en l'expliquant comme l'a fait Scio, dans sa version espagnole. Cependant 
notre conviction particulière est que le terme hébreu signifie ici, non paroles, mais 
choses, faits, événements, comme l'a rendu la Vulgate elle-même dans bien d'autres 
passages. Ce sens d'ailleurs cadre beaucoup mieux avec qu'il a vues (quæ vidit). — 
Le tremblement de terre; dont parle le prophète était très connu des Juifs; c'est pour- 
quoi dans son texte il ajoute au mot, l'article déterminatif. Zacharie aussi parle de 
ce tremblement de terre (xiv, 5). Suivant l'historien Joséphe, il eut lieu lorsqu'Ozias 
chercha à s'arroger les fonctions du sacerdoce (IV Rois, xv, 5; 11 Paralip., xxvi, 18 ct 
suiv.). — * Thécué était une ville chananéenne qui fut prise par les Hébreux à leur 
entrée dans la Terre Promise, Josué, xv, 60, et restaurée ensuite par Caleb, I Paralip., 
n, 24. Elle était située à l'ouest de la mer Morte, dans la tribu de Juda, au milieu 
du désert de Judée. La partie du désert qui l'environne s'appelle désert de Thécué, 
II Machab., 1x, 33, Depuis le xiv? siècle, Thécué est abandonnée et complètement 
détruite. Ses ruines occupent un emplacement considérable. On y compte six cents 
citernes. 

2-15. * .ד‎ La première partie est une introduction contenant des oracles contre 
les Syriens, 1, 3-5; les Philistins, 6-8; les Phéniciens, 9-10; les Iduméens, 11-12; les 
Ammonites, 13-15; les Moabites, 11, 1-3; Juda, 4-5; et Israël, 6-16. Elle prend pour 
point de départ la parole de Joël, nz, 16 : Le Seigneur rugira de Sion, et de Jérusalem 
iL fera entendre sa voix. Chacune des huit prédictions comminatoires d'Amos est 
énoncée d'une maniére analogue. Elles commencent toutes par les mots : Voici 
ce que dit le Seigneur, qui sont suivis de ceux-ci : À cause des írois et méme des 
quatre crimes, etc. Avant de s'élever directement contre Israél, Amos se plaint de la 
malice des tribus voisines; il excite l'indignation de ceux à qui il s'adresse en leur 
montrant le péché en autrui, et il arrive enfin à son sujet pour ne plus le quitter. 

2. Carmel. se prenant quelquefois pour un lieu très fertile en général, 76 cime du 
Carmel pourrait signifier les lieux les plus fertiles. 

3. Trois et méme quatre. Cette expression, répétée plusieurs fois dans ce chapitre 
ct le suivant, est mise, selon tous les interprétes en général, pour un nombre indé- 
fini, tel que beaucoup, une multitude. — Je ne le convertirai pas (non convertam eum); 
traduction littérale de l'hébreu; c'est-à-dire, je ne le changerai pas, je permettrai 
quil persévere dans ses crimes. On interpréte assez généralement ces paroles par: 
Je ne retiendrai pas ma parole, je ne révoquerai pas ma sentence, je ne détournerai 
pas ma menace; mais, il faut en convenir, cette interprétation s'éloigne du texte, 
bien que le fond de l'idée s'en rapproche. 

4. Azaël ou Hazaél, roi de Damas. — Bénadad était son fils. Compar. IV Rois, 
X, 02, 33; xul, 3, 4, 1,:22: 


2010 


5. Et je briseraile verrou de Da- 
mas, et j'exterminerai du champ 
de l'idole l'habitant, et de la mai- 
son de plaisir celui qui tient le 
sceptre; et le peuple de Syrie 
sera transporlé à Cyrene, dit le 
Seigneur. 

6. Voici ce que dit le Seigneur : 
A cause des trois et quatre crimes 
de Gaza, je nele convertirai pas, 
parce qu'ils ont transféré tous les 
captifs, afin deles renfermer dans 
l'Idumée. 

1. Et j'enverrai un feu contre 
le mur de Gaza, et il dévorera ses 
édifices. 

8. l'exterminerai d'Azot l'ha- 
bitant, et d'Ascalon celui qui tient 
le sceptre; et je lournerai ma 
main sur Accaron, et les restes 
des Philistins seront détruits, dit 
le Seigneur Dieu. 

9. Voici ce que ditle Seigneur: 
A cause des trois et méme des 
quatre crimes de Tyr, je ne le con- 
vertirai pas, parce qu'ils ont ren- 
fermé tous les captifs dans l'Idu- 
mée, et qu'ils ne se sont pas sou- 
venus de l'alliance faite avec leurs 
frères. 

10. Et j'enverrai un feu contre 
les murs de Tyr, et il dévorera ses 
édifices. 

11. Voici ce que dit le Seigneur : 
A cause des trois et même des 
quatre crimes d'Edom, je ne le 


AMOS. 


[cu. n.] 
convertirai pas, parce qu'il a pour- 
suivi son frère parle glaive, qu'il 
a violé envers lui la miséricorde, 
qu'il n'a pas mis de bornes à sa 
fureur, et qu'il a conservé le res- 
sentiment de sa colére jusqu'à 
la fin. 

12. J'enverrai un feu dans Thé- 
man, etil dévorera les édifices de 
Bosra. 

13. Voici ce que dit le Seigneur: 
A cause des trois et méme des 
quatre crimes des fils d'Ammon, 
je ne les convertirai pas, parce 
qu'ils ont ouvert le sein des fem- 
mes enceintes de Galaad pour 
étendre leurs frontières. 

14. J'allumerai un feu dans les 
murs de Rabba, et il dévorera 
ses édifices parmi les eris, en un 
jour de combat, parmi la tour- 
mente, en un jour de boulever- 
sement. 

15. Et Melchom ira en captivité, 
lui et ses princes avec lui, dit le 
Seigneur. 


CHAPITRE II. 


Vengeance du Seigneur contre Moab, 
contre Juda et contre Israël. Ingrati- 
tude et infidélité des Israélites. Ven- 
geances du Seigneur sur eux. 


1. Voici ce que dit le Seigneur : 
A cause des trois et méme des 
quatre crimes de Moab, je ne le 
convertirai pas, parce qu'ils ont 


5. Je briserai, etc. Voy. l'accomplissement de cette prophétie, dans IV Rois, xvr, 9. 
— Du champ de l'idole; en hébreu Aven, vallée de la Syrie de Damas, aujourd'hui 
el-Bukaa. — Cyréne; en hébreu, Kir, pays soumis à l'Assyrie, arrosé par le fleuve 
Kyr, qui, uni à l'Araxe, se jette dans la mer Caspienne. 

6. Gaza; capitale des Philistins, parait étre mise ici pour les Philistins en général. 

8. * Azot, Ascalon, Accaron; trois des principales villes des Philistins. 

9. L'alliance, etc. Voy. 111 Rois, 1x, 11 et suiv. 

12, 15. Théman, Bosra, fils d'Ammon, Rabba ou Robbath, Melchom. Voy. Jérém,, 


xLIX, 1, 3, 6-8, 13. 
15. * Melchom ; idole des Ammonites. 


1. A cause de trois, etc. Voy. 1, 3. — * Voir IV Rois, tu, 26-21, 


feu. 11] 
brülé les os du roi d'Edom, jus- 
qu'à les réduire en cendres. 

9. Et jenverrai un feu dans 
Moab, et il dévorera les édifices 
de Carioth; et Moab mourra au 
milieu du bruit des armes et au 
son de la trompette; 

3. Et j'exterminerai le juge du 
milieu de Moab, et Lous ses prin- 
ces, je les ferai périr avec lui, 
dit le Seigneur. 

4. Voici ce que dit le Sei- 
gneur : À cause des trois et 
même des quatre crimes de Juda, 
je ne le convertirai pas, parce 
qu'ils ont rejeté la loi du Sei- 
gneur, et n'ont pas gardé ses 
commandements; carleursidoles 
les ont trompés, ces idoles apres 
lesquelles avaient couru leurs 
peres. : 

5. Etj'enverraiun feu dans Juda, 
et il dévorerales édifices de Jéru- 
salem. 

6. Voici ce que dit le Seigneur : 
A cause des trois et méme des 
quatre crimes d'Israél, je ne le 
convertirai pas; parce quil ἃ 
vendu le juste pour de l'argent, 
et le pauvre pour une chaus- 
sure. 

7. Ils brisent sur la poussière 
les tétes des pauvres et détour- 
nent la voie des humbles ; le pere 


AMOS. 


2071 
et le tils sont allés vers une jeune 
fille, afin de violer mon nom 
saint. 

8. Et c’est sur des vêtements re- 
cus en gage qu'ils se sont couchés 
près de tout autel; et ils buvaient 


le vin descondamnés dans le tem- 


ple de leur Dieu. 

9. Cependant c'est moi qui ai 
exterminé à leur face l'Amorrhé- 
en, dont la hauteur était la hau- 
teur des cèdres, et il était fort lui- 
méme comme un chéne; et j'ai 
détruit son fruit en haut, et ses 
racines en bas. 

10. C'est moi qui vous ai fait 
monter de la terre d'Egypte, et 
vous ai conduits dans le désert 
pendant quarante années, afin 
que vous possédiez la terre de 
l'Amorrhéen. 

11. Et d'entre vos fils j'ai sus- 
cité des prophètes, et d'entre vos 
jeunes hommes des Nazaréens. 
Est-ce qu'il n'en est pas ainsi, ὃ 
fils d'Israel? dit le Seigneur. 

12. Et vousoffrirez du vin à boire 
aux Nazaréens, et vous comman- 
derez aux prophètes, disant : Ne 
prophétisez point. 

13. Voilàque moi, je crierai sous 
vous,comme crie 16 chariot char- 
₪6 de foin. 

14. Etla fuite manquera au plus 


(ΒΑΡ. II. 9. Nomb., xxr, 24; Deut., 11, 24. — 10. Exode, xiv, 24; Deut., vin, 2. 


2. Carioth. Voy. Jérém., xyvni, 24. 


9. Et j'enverrai un feu, etc. Ce fut particulièrement par Nabuchodonosor que cette 


prophétie fut accomplie. 


1. Ils détournent, etc.; ils pervertissent la voie des petits, des faibles, ils les en- 
gagent dans des voies perverses, criminelles. 

8. Sur des vélements, etc. La loi mosaïque ordonnait de rendre au pauvre avant le 
coucher du soleil le vêtement qu'il avait donné en gage (Exode, xxu, 26; Deutér., 
xxiv, 12, 13). — De leur Dieu; c'est-à-dire, de leur idole ou de leurs idoles. 

12. L'usage du vin était défendu aux Nazaréens. 

13. Je crierai, etc.; c'est-à-dire pressé sous le poids de vos crimes, [6 crierai, pour 
m'en décharger, je ne le supporterai pas plus longtemps. 


44, 15. Son âme; c'est-à-dire sa vie. 


2072 
rapide, et le brave ne jouira pas 
de sa valeur,et le fort ne sauvera 
pas son àme; 

15. Et celui qui manie l'arc ne 
résistera pas, et le plus vite de 
ses pieds ne se sauvera pas, et 
le cavalier ne sauvera pas son 
áme. 

16. Etle plus hardi entreles bra- 
ves s'enfuira nu en ce jour-là, dit 
le Seigneur. 


CHAPITRE III. 


Reproches et avertissements aux douze 
tribus d'Israël. Nations prises à témoin 
de leurs crimes. Annonce des ven- 
geances du Seigneur sur Samarie et sur 
le royaume des dix tribus. 


1. Ecoutez la parole que le 
Seigneur a dite sur vous, fils 
d'Israël, et sur toute la famille 
que j'ai retirée de la terre d'E- 
gypte. 

9. C'est seulement vous que 
jai connus de toutes les familles 
de la terre; c'est pour cela que je 
visiterai en vous toutes vos ini- 
quités. 

3. Est-ce que deux Aommes 
marcheront ensemble, si cela ne 
leur convient pas? 

4. Est-ce qu'un lion rugira dans 


AMOS. 


[cu. ni.) 
la forêt, s'il n'a pas une proie? 
est-ce que le petit d'un lion fera 
entendre sa voix de sa taniere, s'il 
n'a rien saisi? 

5. Est-ce qu'un oiseau tombera 
dans un laes posé sur la terre, 
sans qu'un oiseleur /ait tendu? 
est-ce qu'on enlèvera un lacs de 
dessus la terre, avant qu'il ait 
rien pris? 

6. Si une trompette sonne, le 
peuple ne sera-t-il pas épouvan- 
té? Y aurait-il un mal dans une 
cité, que le Seigneur n'aura pas 
fait? 

7. Car le Seigneur Dieu n'a rien 
fait, s'il n'a auparavant révélé 
son secret à ses serviteurs les 
prophètes. 

8. Un lion rugira, qui ne crain- 
dra? le Seigneur Dieu a parlé, qui 
ne prophétisera? 

9. Faites-le entendre sur les 
édifices d'Azot et sur les édifices 
de la terre d'Egypte, et dites : 
Assemblez-vous sur les monta- 
enes de Samarie, voyez des folies 
nombreuses au milieu d'elle, et 
ceux qui souffrent l'oppression 
dans son enceinte. 

10. Et ils n'ont pas su faire le 
bien, dit le Seigneur,thésaurisant 


1-15, * 20 Prophéties contre Israël, ur-vr. — La seconde partie se compose de trois 
discours, commençant chacun par les mots : Ecoutez la parole, ut, 1; 1v, 1, et v, 1. 
— 19 mr. Dans le premier discours, Amos reproche au peuple son ingratitude et ses 
crimes: il avait été choisi de Dieu entre toutes les nations de la terre, et il a été in- 
filéle; il n'en sera que plus sévèrement puni; il a accumulé crimes sur crimes, l'en- 
nemi viendra, pillera Samarie, fera périr ses habitants et détruira les autels impies 
de Béthel avec la capitale du royaume. 

6. Un mal (malum), un malheur, une calamité; c'est le sens de l'hébreu, aussi bien 
que de la Vulgate. Ainsi tombe l'objection de ceux qui prétendent qu'Amos fait ici 
Dieu l'auteur du mal moral, c’est-à-dire, du péché; mais il suffit de lire ce qui pré- 
cède et ce qui suit pour voir que le Prophète ne veut parler ici que du mal, en tanb 
que peine ou chátiment; or rien n'est plus juste que d'attribuer cette sorte de mal 
à la justice divine, qui l'exerce en punition du mal moral, ou péché, couimis par la 
malice des hommes. 

9. L'oppression (calumniam). Voy. Jérém., 1, 33. — * Azol; ville des Philistins, dans 
la plaine de la Séphéla, au nord d'Accaron. 


\ 


68. 1v.] 
liniquité et la rapine dans leurs 
maisons. 

11. A cause de cela. voici ce que 
dit leSeigneur Dieu:La terre sera 
pressurée et cernée; et ta force 
te sera ótée, et tes édifices seront 
pillés. 

12. Voici ce que dit le Seigneur: 
Comme si le pasteur arrachait de 
la gueule du lion deux jambes 
ou un bout d'oreille, ainsi se- 
ront arrachés des mains de l'en- 
nemi les fils d'Israél qui habi- 
tent dans Samarie sur le coin 
d'un petit lit et sur un grabat de 
Damas. 

13. Ecoutez, et déclarez 818 mai- 
son de Jacob, dit 16 Seigneur Dieu 
des armées, 

14. Disant : Àu jour oü je com- 
mencerai à visiter les prévarica- 
tions d'Israél, etles autels de Bé- 
thel, alors seront arrachées les 
cornes de l’autel et elles tombe- 
roni par terre. 

15. Et je frapperai la maison 
d'hiver avec la maison d'été, et 
les maisons d'ivoire périront, et 
des édifices nombreux seront dé- 
Lruits, dit le Seigneur. 


AMOS, 


2073 


CHAPITRE IV. 


Reproches et menaces contre les femmes 
de Samarie. Les Israélites abandonnés 
à leur dépravation. Fléaux dont ils 
n'ont pas profité. Vengeances du Sei- 
gneur. Exhortation aux Israélites d'al- 
ler au-devant de leur Dieu. 


1. Ecoutez cette parole, vaches 
grasses qui êtes sur la monta- 
gne de Samarie, qui opprimez 
les indigenes et qui écrasez les 
pauvres, qui dites à vos maîtres : 
Apportez, et nous boirons. 

2. Le Seigneur Dieu a juré par 
sa saintelé, disant : Voici que des 
jours viendront sur vous, et on 
vous enlèvera avec des perches, 
et on jettera vos restes dans des 
chaudieres bouillantes. 

3. Et vous sortirez par des ou- 
vertures, l'une devant l'autre, et 
vous serez jetées en Armon, dit le 
Seigneur. \ 

4. Venez à Béthel, et agissez 
avec impiété; allez à Galgala et 
multipliez vos prévarications; et 
amenez des le matin vos viclimes, 
ettous les trois jours apportez vos 
dimes. 


11. Ta, te, tes (tua, te, tuæ), représentant 101 /sraël, nom collectif, peuvent se mettre 
aussi bien que votre, vous, vos. 

12. Le but du Prophète dans ce verset est de montrer qu'un très petit nombre d'Israé- 
lites sera sauvé lors de l'invasion des ennemis, en comparant ce petit nombre à la faible 
partie d'un animal qu'un berger peut quelquefois arracher à la gueule du lion. 

14. Disant, est la vraie signification qu'a ici le mot quia de la Vulgate, expliqué 
par l'hébreu. Nous lavons déjà remarqué, cette particule sert quelquefois à intro- 
duire dans le récit un discours direct. Cet idiotisme est commun à l'arabe et au 
persan. — Seront arrachées; littér. et seront arrachées. Voy. sur ce mot ef, Osée, xt, 1. 
— * Les cornes de l'autel, qui étaient placées aux quatre angles de l'autel, d'oü elles 
ressortaient en s'infléchissant. 

15. * La maison d'hiver avec la maison d'élé. Voir Jérémie, xxxvi, 22. — Les maisons 
d'ivoire, dans lesquelles il y avait des ornements et des incrustations d'ivoire. 

1-13. * 20 1v. Second discours : Les chátiments n'ont pas corrigé les coupables; ils 
en subiront bientót de nouveaux. 

1. Vaches grasses; c'est-à-dire, femmes sensuelles et voluptueuses. 

3. Armon; l'Arménie, selon plusieurs habiles interprètes; et en effet les Israélites 
des deux tribus furent emmenés captifs dans les provinces de l'Arménie et de la Médie. 

4. Venez à Béthel, etc.; paroles ironiques. Compar. Osée, iv, 15; 1x, 15; xir, 11. 


2074 


D. Et offrez avec du levain des 
sacrifices de louange; et procla- 
mez et annoncez des oblations 
volontaires; car c'est ainsi que 
vous l'avez voulu, fils d'Israël, dit 
le Seigneur Dieu. 

6. De là moi aussi, je vous ai 
donné un engourdissement de 
dents dans toutes vos villes, et 
un manque de pains dans tout 
votre pays, et vous n'êtes pas re- 
venus à moi, dit le Seigneur. 

7. Moi aussi, je vous ai refusé 
la pluie, lorsqu'il restait encore 
Lrois mois jusqu'à la moisson; et 
j'ai fait pleuvoir sur une cité, et 
sur une autre cité je n'ai pas fait 
pleuvoir; une partie n'a pas reçu 
de pluie,etune partie sur laquelle 
je n'ai pas fait pleuvoir a été des- 
séchée: 

8. Et deux et trois cités sont 
venues vers une seule cité afin 
d'y boire de l’eau, et elles n'ont 
pas été désaltérées; et vous 
n'êtes pas revenus à moi, dit le 
Seigneur. 

9. Je vous ai frappés d'un vent 
brülant et de la nielle, et la che- 
nille a dévoré la multitude de vos 
jardins et de vos vignes, et vos 


AMOS. 


[cH. 1v.] 


plants d'olivierset vos plants de fi- 
guiers;etvousn'étes pas revenus 
à moi, dit le Seigneur. 

10. J'ai envoyé contre vous la 
mort sur la voie de l'Egypte; j'ai 
frappé par le glaive vos jeunes 
hommes; j'ai étendu la capti- 
vité jusque sur vos chevaux; 
j'ai fait monter l'infection de vos 
camps à vos narines; et vous 
n'étes pas revenus à moi, dit le 
Seigneur. 

11. Je vous ai détruits, comme 
le Seigneur a détruit Sodome et 
Gomorrhe; vous étes devenus 
comme un tison arraché à un in- 
cendie ; el vous n'étes pas revenus 
à moi, dit le Seigneur. 

12. C'est pourquoi je te traiterai 
ainsi, Ô Israël; etapreés que jet'au- 
rai traité ainsi, prépare-loi à aller 
à la rencontre de ton Dieu, à Is- 
raël. 

13. Parce que voici celui qui 
forme les montagnes et qui crée 
les vents, et qui annonce à 
l'homme sa parole, qui produit la 
nuée du matin, et qui marche 
sur les hauteurs de la terre; son 
nom est le Seigneur Dieu des ar- 
mées. 


Car. IV. 9. Agg., ir, 18. — 11. Genèse, xix, 24. 


5. Offrez, etc. Le Prophéte continue son ironie. La loi défendait d'offrir du levain 
dans les sacrifices (Lévit., 11, 11; vir, 12). 

1. Lorsqu'il restait, etc.; c'est-à-dire dans le temps où elle a coutume de tomber 
dans ce pays, et où elle est le plus nécessaire. 

8. * Deux ou trois cilés qui n'avaient plus d'eau sont venues vers une seule cité qui 
en avait encore, mais qui n'a pas pu leur en fournir suffisamment pour se désaltérer. 

11. Je vous ai détruils, ete.. C'est l'état oà furent réduits les Israélites par les guerres 
qu'ils eurent à soutenir contre les Syriens sous les règnes de Jéhu et de Joachaz son 
fils (IV Rois, x, 32, 33; xur, 3, T). — Comme un tison, etc.; expression proverbiale, 
pour signifier ce qui échappe à un danger avec perte et dommage. Compar. Za- 
char., iu, 2. 

19. C'est pourquoi, etc., je ferai tomber sur toi les maux dont je t'ai menacé. Cela 
s'entend des menaces qu'Amos avait déjà faites à Israël de la part du Seigneur, et 
qui sont exprimées au commencement de ce chapitre et dans les deux précédents, 


[cn. v.] 


CHAPITRE V. 


Le prophéte déplore la ruine d'Israél. Il 
l'exhorte à prévenir la colére du Sei- 
gueur. Jour terrible des vengeances du 
Seigneur. Culte illégitime rejeté. 


|. Ecoutez cette parole, chant 
lugubre que j'entonne sur vous : 
Lamaison d'Israëlest tombée, elle 
nese relèvera plus. 

2. La vierge d'Israël a été jetée 
par terre, et il n'y a personne qui 
la rétablisse. 

3. Parce que voici ce que dit le 
Seigneur Dieu : Dans la ville de 
laquelle sortaient mille hommes, 
il en restera cent; et dans celle 
de laquelle sortaient cent, il en 
restera dix, dans la maison d'Is- 
rael. 

4. Parce que voici ce que dit 
le Seigneur à la maison d'Israél : 
Cherchez-moi et vous vivrez. 

5. Et ne cherchez point Béthel, 
et n'allez point à Galgala, et vous 
ne passerez point à Bersabée, 
parce que Galgala sera emmenée 
captive, et Déthel sera réduite à 
rien. 


AMOS. 


2075 


6. Cherchez le Seigneur, et vi- 
vez; de peur que la maison de 
Joseph ne s'embrase comme un 
feu; et le feu la dévorera, et il 
n'y aura personne qui éteigne 
béthel. 

7. C'est vous qui changez en, 
absinthe le jugement, et quil 
abandonnez la justice sur la; 
terre. | 

8. Cherchez qui ἃ fait Arcturus 
et Orion, qui convertit les ténè- 
bres en lumière du matin, et qui 
change le jour en nuit, qui ap- 
pelle les eaux de la mer et la ré- 
pand sur la face de la terre; le 
Seigneur est son nom. 

9. Il sourit en amenant la ruine 
sur le fort, et il porte le ravage 
sur le puissant. 

10. Ils ont eu en haine celui 
qui les reprenait à la porte; celui 
qui parlait à bon droit, ils l'ont 
abominé. 

11. Cest pourquoi, parce que 
vous dépouilliez le pauvre, que 
vous lui enleviez un butin pré- 
cieux, vous bátirez des maisons 
en pierre de taille, et vous n'y 


CnaP. V. 8. Infra, 1x, 6. — 11. Soph., 1, 13. 


1-21. * 39 v-vr. Troisième discours : C'est une 616816 sur la ruine de l'incorrigible 
Samarie. Le Prophète l'annonce et la pleure; il fait entendre le cri vengeur, v, 18; 
vi, 1, parce qu'Israél a refusé d'écouter le Seigneur, v, 4, 6, 14. Tant d'endurcissement 


sera enfin puni sans retour. 


1. Ne se relévera plus; littér., n'ajoutera pas à se relever. Voy. sur cet hébraisme, 


t. lI, p. 342, 29. 


2. La vierge; c'est-à-dire la ville. Compar. Isa?e, xuvit, 1; Jérém., xviu, 12. 
5. * Bersabée. Voir Genèse, xxi, 14. — Galgala, Bethel; lieux où les Israélites se li- 


vraient à l'idolàtrie. Voir Osée, 1v, 45. 


6 Et vivez; hébraisme, pour el vous vivrez. — La maison de Joseph est Israël, 
dont les tribus les plus considérables, Ephraim et Manasses, formaient la postéritá 
de Joseph. — Béthel, est encore mis pour Israël comme en étant le lieu le plus cé- 


Ièbre. 
T. * En absinthe. Voir Proverbes, v, 4. 


8. * Arcturus; la constellation de l'Ourse avec ses sept étoiles. — Orion; autre cons- 
tellation composée d'un grand nombre d'étoiles. 

10. À la porte de la ville. Voy. Isaie, xxix, 21. 

11. Un butin précieux (predam electam); ce qu'il y avait de plus précieux. 


2076 
habiterez pas; vous planterez des 
vignes délicieuses, et vous n'en 
boirez pas le vin. 

12. Parce que j'ai connu vos 
nombreux crimes, et vos graves 
péchés; ennemis du juste, vous 
recevez des présents, et vous dé- 
primez les pauvres à la porte. 

13. C'est pour cela que l’homme 
prudent en ce temps-là se tien- 
dra en silence, parce que le temps 
est mauvais. 

14. Cherchez le bien et non le 
mal, afin que vous viviez, et le 
Seigneur Dieu des armées sera 
avec vous, comme vous avez dit. 

15. Haissez le mal, et aimez le 
bien, et établissez à la porte de /a 
villele jugement; peut-étre que 
le Seigneur Dieu des armées aura 
pilié des restes de Joseph. 

16. À cause de ceci, voici ce 
que dit le Seigneur Dieu des ar- 
mées, le donateurs : Sur toutes 
les places publiques, lamenta- 
lions, et dans tous les lieux qui 
sont hors de /a ville, on dira 
Malheur! malheur! et on appel- 
lera 16 laboureur au deuil, et aux 
lamentations ceux qui savent se 
lamenter. 

17. Et dans toutes les vignes il 


15., Ps. xcGyr, 


21. Is., 1, 11; Jérém., vr, 20; Malach., 


AMOS. 


10; Rom., xu, 9. — 18. Jérém., xxx, 7; Joel, 1 
1-412. 


[cH. v.] 


y aura des lamentations, parce 
que je passerai au milieu de toi, 
dit le Seigneur. 

18. Malheur à ceux qui désirent 
le jour du Seigneur! pourquoi le 
désirer pour vous? Ce jour du 
Seigneur sera pour vous ténebres 
et non lumière. 

19. Comme si un homme fuit à 
la face du lion, et qu'il rencontr( 
l'ours; et qu'il entre dans la mai- 
son, et appuie de sa main sur la 
muraille, et que le serpent le 
morde. À 

20. Est-ce que le jour du Sei- 
gneur ne sera pas ténèbres et non 
lumiere ; obscurité et non splen- 
deur? 

21. Je hais, et j'ai rejeté vos 
fétes; je ne respirerai pas l'odeur 
de vos assemblées. 

29. Que si vous m'offrez des 
holocaustes et des présents, je ne 
les recevrai pas; et les grasses 
victimes qui accompagneront vos 
vœux, je ne les regarderai pas. 

23. Eloigne de moi le tumulte 
de tes cantiques; et les airs de ta 
lyre, je ne les écouterai pas. 

24. Etle jugement se découvrira 
comme l'eau, et la justice comme 
un torrent violent. 


1; Soph,, 1, 15. — 


12. * Vous déprimez les pauvres à la porte, vous ne rendez pas justice aux pauvres 
dans les jugements qui sont rendus à la porte de la ville. 

14. Comme vous avez dit; comme vous prétendez faussement qu'il y est maintenant. 

15. Des restes de Joseph; de ceux du royaume d'Israél qui ont échappé aux Sides 


précédents (vers. 6). 
16. Ceux qui savent, etc.; 
par. Jérém., 1x, 11. 


les pleureurs et les pleureuses publiques et à gage. Com- 


1T. De toi (lui) pour, de vous (vestri). Voy. ,זז‎ 

18. Désirer. L'accusatif eam suppose que ce verbe est sous-entendu. 

19. * Le serpent caché dans un trou de la muraille. Les serpents sont nombreux 
en Palestine et quelques-uns sont trés venimeux. 

24. Se découvrira (revelabitur); selon l'hébreu, roulera de haut en bas, tombera, 


fondra sur lui, 


_cH. vi.] 


95. Est-ce que vous m'avez of- 
fert des 110861 :י‎ et des sacrifices 
dans le désert pendant quarante 
ans, maison d'Israël? 

96. ΕΓ vous avez porté le ta- 
hernacle de votre Moloch, et 
‘image de vos idoles, l'étoile de 
votre dieu, que vous vous étes 
fait. 

27. Aussi je vous ferai émigrer 
au delà de Damas, dit le Sei- 
gneur; car le Dieu des armées 
est son nom. 


CHAPITRE VI. 


Malheur aux grands de Samarie. Repro- 
ches contre eux. Vengeances du Sei- 
gneur sur eux, sur toute la maison 
d'Israël, et sur tout le pays occupé par 
les douze tribus. 


1. Malheur à vous qui étes opu- 
lents dans Sion, et qui vous con- 
fiez en la montagne de Samarie ; 
grands, chefs des peuples, qui 
entrez avec pompe dans la mai- 
son d'Israël. 

2. Passez à Chalanée, et voyez, 
allez de 18 à Emath la grande, et 


AMOS 


2077 


descendez à Geth des Philistins 
et dans tous leurs plus beaux 
royaumes, pour voir si leurs li- 
mites sont plus étendues que vos 
limites. 

3. Vous qui 6108 réservés pour 
un jour mauvais, et qui vous 
avancez vers un trône d'ini- 
quité ; 

4. Qui dormez sur des lits d'i- 
voire, et vous étendez mollement 
sur vos couches; qui mangez l'a- 
gneau du premier bétail et les 
veaux firés du milieu du gros bé- 
tail ; 

ὃ. Qui chantez aux accords du 
psallérion; ils ont pensé qu'ils 
avaient des instruments pour les 
cantiques comme David ; 

6. Ils buvaient du vin dans des 
coupes, se parfumaient de la 
meilleure huile de senteur et 
étaient insensibles à la ruine de 
Joseph. 

1. & cause de quoi, ils transmi- 
greront à la téte des exilés, et 
cette troupe d'efféminés sera em- 
portée. 


25. Actes, vir, 42. — CnaP. VI. 1. Luc, vi, 24. 


25. Des hosties el des sacrifices privés, volontaires. — * Comme les Israélites of- 
frirent certainement des sacrifices, même particuliers, à Dieu dans le désert, plusieurs 
interprètes modernes traduisent l'hébreu d'une manière qui parait plus historique : 
Ne m'avez-vous pas offert des hoslies, etc., et néanmoins vous avez porté, etc. 

26. Moloch; idole des Moabites; on convient assez généralement que c'était Saturne. 


— τ Le tabernacle de Moloch. Le texte hébreu se traduit ainsi : 


« Vous avez porté Sic- 


cuth, votre roi, et Kaivan, vos idoles. » Kaivan était un dieu babylonien correspondant à 


la planète Saturne. 


21. * Au delà de Damas ; c'est-à-dire en Assyrie. 
1. La maison d'Israël; les assemblées du peuple d'Israël. 


2, Passez, etc. Amos, pour convaincre les Israélites d'ingratitude, leur représente 
que leur royaume n'est en rien inférieur à ceux des peuples voisins. — * 
la méme que Calano. Voir Isaïe, x, 9. 

3. Un mauvais jour; celui de la captivité. — Qui vous avancez, etc.; qui étes prés 
de tomber sous la domination du roi d'Assyrie, roi inique. 

9. Ils ont pensé, etc.; c'est-à-dire, ils croient pouvoir se servir des instruments de 
musique aussi bien que David, mais David ne s'en servait que pour le culte et la 
gloire du Seigneur (II Paralip., vit, 6; xxix, 26, 21), tandis qu'eux ne s'en servent 
que pour leur propre plaisir. Ce verbe à la troisième personne indique une réflexion 
faite comme à part. 


9018 

8, Le Seigneur Dieu a juré par 
son àme; le Seigneur Dieu des 
armées dit : Je déteste l'orgueil 
de Jacob, et je hais ses maisons ; 
et je livreraila cité avec ses habi- 
tants. 

9. Que s'il reste dix hommes 
dans une seule maison, eux-mé- 
mes aussi mourront. 

10. Et le parent de l'un l’enlè- 
vera et le brülera, afin d'empor- 
ter ses os de la maison, et il dira 
àcelui qui est au fond de la mai- 
son : Est-ce qu'il y a encore quel- 
qu'un chez toi? 

11. Et il répondra : C'est la fin. 
Et l’autre lui dira : Tais-toi, et ne 
te souviens pas du nom du Sei- 
gneur. 

12. Parce que voici que le Sei- 
gneur commandera, et il frappera 


8. Jérém., εἰ, 14. 


AMOS. 


(cut. vi.] 


la grande maison de ruines, et la 
petite maison de déchirements. 

13. Est-ce que des chevaux 
peuvent courir au milieu des 
rochers, ou peut-on labourer 
avec les buffles? C'est pourtant 
ce que vous avez fait vous-mé- 
mes, puisque vous avez changé 
le jugement en amertume, et le 
fruit de la justice en absinthe. 

14. Vous qui vous réjouissez 
dans le néant, qui dites : N'est- 
ce point par notre propre force 
que nous avons établi notre puis- 
sance ? 

15. Maison d'Israël, voici que 
je susciterai contre vous une na- 
tion, dit le Seigneur Dieu des ar- 
mées, et elle vous brisera depuis 
l'entrée d'Emath jusqu'au torrent 
du désert. 


8. Son âme; hébraisme pour sa vie (Nombres, xiv, 22, etc.); ou bien, sa personne, 
lui-méme (Isaie, xLV, 23, eto.). 

10. Le parent, etc. C'étaient les plus proches parents qui devaient prendre soin des 
corps des morts. — Le brülera. Dans ces temps-là, on brülait les corps morts des 
Hébreux (1 Rois, xxxi, 12; 1[ Paralip., xvt, 14); mais depuis la captivité, on les en- 
terrait, comme dans le principe. 

11. C'est la fin (finis est); c'est le dernier, il n'en reste plus. — Ne fe souviens pas, ete.; 
n'invoque pas le Seigneur, il ne nous protège plus. Le motif de cette recommanda- 
tion est exprimé dans le verset suivant. 

12. La grande maison; probablement le royaume d'Israël. — La petite maison; le 
royaume de Juda. 

13. C'est pourtant ce que vous avez fait vous-méme. Cette phrase ou toute autre sem- 
blable est absolument nécessaire pour l'enchainement et la liaison des idées du texte 
sacré. — Vous avez changé, etc.; c'est-à-dire par des jugements injustes et oppressifs 
vous avez rempli d'amertume et d'aigreur ceux que vous deviez au contraire con- 
soler et réjouir par les doux fruits d'une bonne justice. — * Est-ce que des chevaux 
peuvent courir au milieu des rochers? Les chevaux des anciens le pouvaient d'autant 
moins qu'on ne les ferrait pas. — Avec les buffles, avec des bœufs sauvages, non ac- 
coutumés au joug. 

14. Puissance; littér., cornes, qui étaient, en effet, chez les Hébreux le symbole de 
la force et de la puissance. 

15. Depuis l'entrée, etc.; c'est-à-dire, dans toute l'étendue du royaume d'Israël. — 
Emath est appelée entrée, parce que les ennemis d'Israël, les Assyriens devaient 
pénétrer par là dans le pays, ou parce que cette ville était sur la frontiére, — Le 
torrent du désert ne forme pas proprement la limite du royaume d'Israél, mais de 
celui de Juda. Si donc il est cité ici, c'est parce que la prophétie concerne les deux 
royaumes 


(cu. vir.] 


CHAPITRE VII. 


Diverses visions d'Amos sur la déso- 
lation d'Israël. Ruiue de la maison 
de Jéroboam. Amasias s'éléve contre 
Amos. Punition d'Amasias. Captivité 
d'Israél. 

1. Voiei ce que m'a montré le 
Seigneur Dieu : or voici qu'il for- 
mait la sauterelle, lorsque les 
plantes commencaient à germer 
par la pluie de l'arriere-saison ; et 
voici la pluie de l'arriere-saison 
après la coupe du roi. 

2. Et il arriva que lorsque la 
sauterelle eut achevé de manger 
l'herbe de la terre, je dis : Sei- 
eneur Dieu, soyez propice, je vous 
conjure ; qui rétablira Jacob, car il 
est bien faible ? 

3. Sur cela, le Seigneur a eu 


AMOS. 


2079 


pitié : Ce que tu crains ne sera 
pas, dit le Seigneur. 

4. Voici ce que m'a montré le 
Seigneur Dieu; or, voici que le 
Seigneur Dieuappelaitlefeu pour 
exercer le jugement, et il dévora 
un grand abime, et consuma en 
méme temps une partie de la 
plaine. 

ὃ. Et je dis : Seigneur Dieu, 
apaisez-vous, je vous conjure ; qui 
rétablira Jacob, car il est bien 
faible? 

6. Sur cela, le Seigneur eut pi- 
tié : Il n'en sera pas ainsi, dit le 
Seigneur Dieu. 

1. Voici ce que m'a montré le 
Seigneur Dieu; voici que le Sei- 
gneur se tenait debout sur une 
muraille crépie, et que dans sa 
main éfait une truelle de macon. 


1-11. * 30 Visions et symboles prophétiques annoncant le châtiment d'Israël, vrr-1x. 
— La dernière partie d'Amos contient cinq visions qui confirment ce qui a été dit 
dans les discours précédents. Les quatre premières commencent de la méme manière : 
Voici ce que m'a montré le Seigneur, vit, 1, 4, 1; vin, 1; la cinquième, qui est indé- 
pendante des précédentes, s'ouvre par les mots : J'ai vu le Seigneur, etc., 1x, 1. Dans 
la première et la seconde, celle des sauterelles, vir, 1-3, et du feu, vir, 4-6, le Pro- 
phéte intercéde pour la race de Jacob, et Dieu lui promet d'avoir pitié d'elle; mais 
dans la troisième, celle du cordeau, vu, 7-9, et la quatrième, celle de la corbeille de 
fruits, vir, 1-3, le Seigneur refuse de pardonner encore. — Entre ces deux dernières 
se place, vir, 10-17, un épisode historique. Au vers. 9, Dieu annonce la ruine de la 
maison de Jéroboam 11. Amasias, le chef des prêtres infidéles de Béthel, irrité des 
prédietions d'Amos, en avertit le roi, et veut forcer le Prophéte à quitter le royaume 
d'Israél; mais le Voyant, nom qu'Amasias lui donne sans doute par dérision, vir, 12, 
veut remplir la mission que Dieu lui a 60166, et annonce à son persécuteur le chà- 
timent qui l'attend. — La vision de la corbeille de fruits confirme la ruine prochaine 
du royaume des dix tribus. La cinquième et dernière vision, 1x, nous montre Dieu 
ordonnant la ruine du temple schismatique de Déthel et celle du peuple impie. La 
prophétie se termine néanmoins par des paroles d'espérance et par la peinture du 
règne messianique, 1x, 11-15. 

1. Ma montré dans une vision. — Or voici, etc. C'est grammaticalement le com- 
plément ou régime direct du verbe a montré, qui précède. — La saulerelle figure 
l'armée des Assyriens. — La coupe du roi; la coupe du foin que le roi avait fait faire 
pour ses chevaux. — * La pluie de l'urriére-saison aprés la coupe du roi. La pluie de 
l'arriére-saison tombe après que le premier fourrage a été recueilli pour l'usage des 
étables du roi. י‎ 

4. Appelait, etc.; littér., appelait le jugement au feu. Compar. Isaie, Lxvi, 16. Selon 
saint Jérôme, celte prophétie regarde le royaume de Juda; suivant d'autres, elle 
concerne l'expédition de Théglathphalasar, qui emmena captives les tribus d'au-delà 
du Jourdain sous le régne de Phacée. 

1-8. * Une truelle de maçon. Dans l'original : un fil à plomb. 


2080 


8. Et le Seigneur me dit : Que 
vois-tu, Amos? Et je dis : Une 
truelle de maçon. Et le Seigneur 
dit : Voici que moi je déposerai la 
truelle au milieu de mon peuple 
d'Israël; etje ne le crépirai plus à 
l'avenir. 

9. Et les hauts lieux consa- 
crés à l’idole seront détruits, et 
les sanctuaires d'Israël seront 
désolés; et je m'élèverai avec le 
glaive contre la maison de Jéro- 
boam. 

10. Et Àmasias, prêtre de Béthel, 
envoya vers Jéroboam, roi d'Is- 
raël, disant : Amos s'est révolté 
contre toi au sein de la maison 
d'Israél. Ta terre ne pourra sup- 
porter tous ses discours. 

11. Car voici ce que dit Amos : 
Parleglaive mourra Jéroboam, et 
Israél émigrera de sa terre; 

19. Et Amasias dit à Amos : Toë 
qui vois, va, fuis dans la terre de 
Juda et mange là ton pain, et tu 
prophétiseras là. 


AMOS. 


[eu. vir.] 


13. Mais dans Béthel tu ne pro- 
phétiseras plus à l'avenir, parce 
que c'est le sanctuaire du roi, et 
le siege du royaume. 

14. Et Amos répondit et dit à 
Amasias : Je ne suis pas fils de 
prophete, mais je suis pátre, ef- 
feuillant des sycomores. 

15. Et le Seigneur m'a pris lors- 
que je suivais mon troupeau, et 
le Seigneur m'a dit : Va, prophé- 
lise à mon peuple d Israël. 

16. Et maintenant écoute la pa- 
role du Seigneur : Tu dis : Tu ne 
prophétiseras pas sur Israël, et tu 
ne répandras pas £es oracles sur 
la maison de l'idole. 

17. À cause de cela, voici ce 
que dit le Seigneur : Ta femme 
dans la cité forniquera; tes fils 
et tes filles sous le glaive tom- 
beront; ton sol sera mesuré au 
cordeau; et toi, c'est sur une 
terre souillée que tu mourras, 
et Israël captif émigrera de sa 
terre. 


8. Je ne le crépirai plus; littér.; je n'ajouterai pas à le récrépir. Voy. sur cet hé- 
7 N 


braisme, t. II, p. 342, 20. 


9. Je m'éléverai, etc. Zacharie, fils et successeur de Jéroboam, fut tué par Sellum 
qui usurpa sur lui le royaume (IV Rois, xv, 8-10). 

10. * Amasias, prétre de Déthel, attaché au culte du veau d'or. 

11. Amasias fait ici une fausse imputation. Amos avait menacé la maison de Jéro- 


boam, mais non sa personne. 


19. Qui vois; qui as des visions, qui es voyant, c'est-à-dire, prophéte. 


14. Effeuillant des sycomores. C'est la traduction qui nous a paru la plus conforme 
à la Vulgate aussi bien qu'à l'hébreu. — * Ceux qui connaissent le mieux la Pales- 
tine pensent que l'oceupation d'Amos consistait à faire l'opération suivante: Les sy- 
comores à figues (voir note sur Luc, xix, 4) étaient nombreux à Thécué. Ils produisent 
des fruits depuis le commencement de juin jusqu'à l'hiver et on peut faire jusqu'à 
sept récoltes de figues par an. Ces figues, plus fades et plus ligneuses que celles du 
figuier ordinaire, sont, quelque temps avant de les cueillir, savoureuses et servaient 
de nourriture au peuple; mais pour pouvoir les manger, il faut les ouvrir avec 
l'ongle ou les piquer avec un instrument, afin de faire écouler une partie de la séve 
qui est âcre; elles sont ensuite bonnes à manger après deux ou trois jours. C'était 
là le travail auquel se livrait le pasteur prophète de Thécué. 

15. Mon troupeau; selon le texte original /e (roupeau; mais en hébreu l'article tient 
souvent lieu du pronom. 

16. La maison de l'idole; c'est-à-dire, Béthel. 

11. Ton sol sera mesuré, partagé par l'ennemi, 


εἴσῃ, vilr.] 


CHAPITRE VIIT. 


Autre vision d'Amos sur la ruine d'Israël]. 
Iniquité de ce peuple. Vengeances du 
Seigneur snr lui. Description des effets 
de ces vengeances. 


1. Voici ce que m'a montré le 
Seigneur Dieu; or voici un cro- 
chet pour abattre des fruits. 

9. ἘΠῚ dit : Que vois-tu, Amos? 
Et je dis : Un crochet pour abat- 
tre des fruits. Et le Seigneur me 
dit: Elle est venue, la fin pour 
mon peuple d'Israël; je ne le tra- 
verserai plus à l'avenir. 

3. Et les gonds du temple re- 
tentiront en ce jour-là, dit le Sei- 
gneur Dieu; beaucoup mourront; 
en tout lieu régnera le silence. 

4. Ecoutez ceci, vows qui écra- 
sez le pauvre, et qui faites dé- 
faillir les indigents de la terre, 

5. Disant : Quand sera passé le 
mois, alors nous vendrons nos 


AMOS. 


2081 
marchandises; etguandserapassé 
le Sabbat, alors nous ouvrirons 
nos greniers de blé, afin que nous 
diminuions la mesure, et que nous 
augmentions le sicle, et que nous 
substituions des balances trom- 
peuses, 

6. Afin d'avoir en notre posses- 
sion, pour de l'argent, des indi- 
gents et des pauvres, pour des 
chaussures, et que nous vendions 
le rebut du blé. 

7. Le Seigneur a juré contre 
l'orgueil de Jacob : Si j'oublierai 
jamais aucune de leurs œuvres. 

8. Est-ce que sur cela la terre. 
ne sera pas ébranlée, et que 
tous ses habitants ne seront pas 
dans le deuil? et que tous en- 
tierementne monteront pas com- 
me le fleuve, et qu'ils ne seront 
pas chassés, et qu'ils ne s'écou- 
leront pas comme le fleuve d'E- 
gypte? 


1. M'a montré, et or voici, etc. Voy. vir, 1. — * Un crochet; dans l'original : une 
corbeille de fruits. 

2, Je ne le traverserai plus; littér., je n'ajouterai pas à le traverser, (non adjiciam 
ut pertranseam. eum); je le délaisserai, je l'abandonnerai à lui-même. Voy. sur cet 
hébraisme, t. II, p. 342, 2». L'hébreu porte à la lettre: Je n'ajoulerai pas à passer à 
lui; à me déclarer pour lui, à le défendre contre ses ennemis; ce qui revient à notre 
explication de la Vulgate. Cependant on interpréte généralement ainsi ce passage : 
Je ne le laisserai pas plus longtemps impuni, je ne dissimulerai pas ses fautes. 

3. Du temple érigé à Béthel, en l'honneur du veau d'or. 

5. Le mois; ou bien, le premier jour du mois; la néoménie, selon saint Jérôme, 
Théodoret, etc. D'ailleurs le mot. hébreu signilie l'un et l'autre. Quoique la loi n'or- 
donnát le repos que pour la néoménie du septième mois, on l'observait communément 
dans Israël pour toutes les autres. — Alors (et). Voy. sur ce mot Osée, xt, 4. Les 
marchands animés par la soif du gain se plaignaient de ce que les fêtes les empè- 
chaient de faire leur trafic ordinaire. — Le sabbat; signifie probablement ici, comme 
dans bien d'autres passages, l'année sabbatique, pendant laquelle il n'était pas per 
mis de faire aucune récolte, ni de cultiver la terre. — Afin que, etc. Ces marchands 
avares mesuraient ce qu'ils livraient avec de petites mesures, et en recevaient le prix 
au plus haut poids qu'ils pouvaient, l'argent monnayé n'étant pas encore en usage, 
Or l'inégalité des poids et des mesures était défendue par la loi mosaique (Deutéron., 
xxv, 13, 14), et le Sage dit que c'est une abomination aux yeux du Seigneur (Prov,, 
xx, 19, 23). : 

1. Si j'oublierai; pour que je n'oublierai pas. Voy., sur les formules de serment 
chez les Hébreux, P's. xciv, 41. 

8. Tous entièrement (universus); c'est-à-dire, tous les habitants. — Monleronl, ete.; 
iront en captivité daus le vaste royaume d'Assyrie, comme le fleuve du Nil s'élève au- 
dessus de ses borda, el se dissipe aprés ses débordements. Tout ce que la Vulgate 


A. T. 131 


2082 

9. Et ἢ arrivera en ce jour- 
là, dit le Seigneur Dieu, que le 
soleil se couchera à midi, et je 
ferai que la terre se couvrira 
de ténèbres en un jour de lu- 
miere. 

10. Et je convertirai vos fétes 
en deuil, et tous vos cantiques 
en lamentalions; et je mettrai 
sur tous vos reins un cilice, el 
sur toutes vos têtes la calvitie; 
et je plongerai Israël dans le 
deuil, comme. ὦ la mort d'un 
fils unique, et ses derniers mo- 
ments seront comme un jour 
amer. 

11. Voilà que des jours vien- 
nent, dit le Seigneur, et j'enver- 
rai la faim sur la terre, non la 
faim du pain, ni la soif de l'eau, 
mais d'entendrela parole du Sei- 
gneur. 

42. Et ils seront dans le trouble 
depuis une mer jusqu'à l'autre, et 
depuis l'aquilon jusqu'à l'orient; 
ils iront de tous cótés, cherchant 
la parole du Seigneur, et ils ne 0 
trouveront pas. 

18. En ce jour-là, les vierges 
dans leur beauté et les jeunes 
hommes défaudront par la soif. 


AMOS. 


(cu. 1x.] 
14. Ceux qui jurent par le péché 
de Samarie et disent: Il vit, ton 
Dieu, Dan! et elle vit, la voie de 
Bersabée ! tomberont et ne se re- 
lèveront plus. 


CHAPITRE IX. 


Vengeance du Seigneur sur les Israélites; 
leur dispersion. Rétablissement de la 
maison de David. Retour et rétablisse- 
ment des Israélites. 


1. J'ai vu le Seigneur se tenant 
sur lautel, disant : Frappez le 
eond, et que les linteaux soient 
ébranlés; car l’avarice est dans 
la téte de tous, et [6 tuerai le der- 
nier d'entre eux par le glaive; la 
fuite ne leur sera pas favorable. 
Ils fuiront, et celui d'entre eux 
qui aura fui ne sera pas sauvé. 

2. S'ils descendent jusqu'à l'en- 
fer, ma main les en retirera; et 
s'ils montent jusqu'au ciel, je les 
en ferai tomber. 

3. Et s'ils se cachent sur le som- 
met du Carmel, je les y cherche- 
rai et les en enlèverai; 515. se 
cachent à mes yeux dans les pro- 
fondeurs de la mer, là je com- 
manderai à un serpent, et il les 
mordra. 


(παρ. VIII. 10. Tobie, 1t, 6; I Mac., 1, 4l. — Cnar. IX. 2. Ps. cxxxvui, 8 


mm 


dit ici des habitants de la terre d'Israël, le texte hébreu le rapporte à la terre elle- 
même: ce que fait aussi la Vulgate dans une phrase parallèle, 1x, 5. 

9. Le soleil, etc. La plupart des Pères expliquent ceci de l'obscurcissement qui arriva 
à la mort de Jésus-Christ. 

10. Je mettrai, etc; je vous réduirai tous à vous revêtir d'un sac, et à vous raser 
la tête. Cela se pratiquait dans le deuil. 

44. Le péché de Samarie; le faux dieu Baal, — I/ vit! pour vive! — Ton Dieu, Dan. 
L'un des veaux d'or avait été placé à Dan, ville située prés des sources du Jourdain. 
— La voie; hébraisme pour /a religion, le culte. — Tomberont; littér., e£ tomberont, 
Voy. sur ce et purement pléonastique, Joël, xi, 1. — * Dan, Bersabée, Voir la note sur 
Juges, xx, 4. 


1. L'autel; sans doute celui du temple de Jérusalem, d'où le Seigneur devait exercer 
ses jugements contre le royaume des dix tribus. — Frappe, etc. Cet ébranlement de 
la porte du temple est le signe de la colère du Seigneur, de méme que le rugissement 
dont il est parlé au chap. 1, vers. 2. 

3. Un serpent; c'est-à-dire, un monstre marin. 


Cii. ix.] 


4. Et s'ils sont en captivité de- 
vant leurs ennemis, là, je com- 
manderai au glaive, etillestuera; 
je fixerai mes yeux sur eux pour 
leur mal et non pour leur bien. 

5. Et le Seigneur Dieu des ar- 
mées touche la terre et elle se 
fondra, et ils seront dans le deuil, 
tous ceux qui y habitent; et elle 
montera comme le fleuve tout 
enliere, et s'écoulera comme le 
fleuve d'Egypte. i 

6. Celui qui établit dans le cie 
son élévation et qui a fondé son 
faisceau sur la terre ; qui appelle 
les eaux de la mer, et les répand 
sur la face de laterre; le Seigneur 
est son nom. 

7. Est-ce que vous n'êtes pas 
pour moi comme les fils des Ethio- 
piens, fils d'Israël, dit le Sei- 
eneur? Est-ce que je n'ai pas fait 
monter Israëlde la terre d Egypte, 
et les Philistins de la Cappadoce, 
et les Syriens de Cyrene? 

8. Voici que les yeux du Sei- 


gneur sont sur le royaume pé- | 
cheur, je le détruirai de 1a tace ae | 


la terre; cependant, détruisant, 


AMOS. 


2083 
je ne détruirai point la maison de 
Jacob, dit le Seigneur. 

9. Car voici que moi je comman- 
derai et j'agiterai parmi toutes 
les nations la maison d'Israél, 
comme est agité le blé dans le 
crible, et il ne tombera pas une 
seule petite pierre sur la terre. 

10. C'est parleglaive que mour- 
ront tous les pécheurs d'entre 
mon peuple, ceux qui disent : 
Non, il n'approchera pas, il ne 
viendra pas sur nous, le mal 
quon nous prédit. 

11. En ce jour-là, je releverai le 
tabernacle de David, qui est 
tombé; et je refermerai les ou- 
vertures de ses murs, et ce qui 
était écroulé, je le restaurerai, et 
je le rebâtirai comme dans les 
jours anciens. 

19. Afin qu'ils possèdent les 
restes de l'Idumée et toutes les 
nalions, parce que mon nom ἃ 
été invoqué sur eux, dit le Sei- 
gneur, qui fera ces choses. 

13. Voici que des jours vien- 
nent, ait le Seigneur, et le labou- 
reur succédera immédiatement 


4. Jér., xuiv, 11. — 6. Supra, v, 8. — 11. Actes, xv, 16. — 13. Joël, ri, 18, 


5. Elle montera, etc. Voy., pour le sens de ce passage, vir, 8. 


6. Son élévaliôn (ascensionem suam); son trône. — Son faisceau (fasciculum suum); 
la réunion, l'ensemble des divers éléments qui composent lunivers, selon les uns, 
la voüte des cieux, selon les autres, qui expliquent le mot hébreu par le terme arabe , 
correspondant, lequel signifie une voüte solidement construite, 1 

1. * De la Cappadoce. Voir Jérémie, xLvu, 4. — De Cyrène, voir plus haut, τ, 5 

8. Détruisant je ne détruirai point; hébraisme pour, je ne détruirai pas entièrement.” 

9. Une petite pierre (lapillus); un grain de terre. Ce qu'Amos dit ici par une figure, 
Ezéchiel l'exprime en propres termes (xx, 38). 

11. Je reléverai, etc. L'apótre saint Jacques cite ces paroles (Actes, xv, 16), qui ont 
eu un commencement d'aecomplissement par Cyrus, mais qui n'ont été complète- 
ment accomplies que par Jésus-Christ. 

13. Les restes de l'Idumée, rivale et ennemie de la maison de Jacob, peuvent repré- 
senter les Juifs mêmes charnels, d'entre lesquels Dieu sauva par sa grâce des restes 
précieux qu'il réunit à son peuple, c'est-à-dire, à son Eglise, en répandant le don de 
foi sur eux (Rom., xi, 5), comme sur les gentils qui furent alors appelés de toutes 
les nations du monde. —Mon nom, etc. Voy., sur cette locution, Daniel, 1x, 18. 

13. La douceur; c'est-à-dire, le miel. Compar. Joël, um, 18. 

13-15. Comme il n'y eut qu'un trés petit nombre d'Israclites des dix tribus qui 


208^ 
au moissonneur, et celui qui foule 
le raisin à celui qui répand la .56- 
mence; les, montagnes distille- 
ront la douceur, et toutes les 
collines seront cultivées. 

14. kt je ramènerai les captifs 
de mon peuple d'Israël; et ils bà- 
tiront des cités désertes et ils 8 


AMOS. 


[cu. [.צנ‎ 


habiteront; et ils planteront des 
vignes, et ils en boiront le vin,et 
ils feront des jardins, et ils en 
mangeront les fruits. 

15. Et je les planterai dans leur 
propre sol et je.ne les arracherai 
plus de leur terre que je leur ai 
donnée, dit le Seigneur ton Dieu. 


reviorent de la captivité, et que dans la suite leurs descendants furent arrachés de 
leur pays par les Romains, il semble qu'il ne s'agit ici que d'une promesse mysté- 
rieuse des biens spirituels que Dieu réserve aux enfants d'Israël pour le temps de 


leur derniére conversion, 
45. Ton Dieu; 00 7 


Ao רינש‎ . " 
eua petat IL TR Pace NOR SALES 


ABDIAS 


INTRODUCTION 


Abdias (le serviteur de Jéhovah), est le quatrième des petits prophètes. Sa 
prophétie ne nous fait connaitre que son nom. Une tradition le confond avec le 
pieux Tsraélite dont il est question dans l'histoire d'Achab et d'Elie, et qui s'ap- 
pelait aussi Abdias, mais il n'est pas possible de savoir si elle est fondée. Une 
autre tradition voit en lui un prosélyte Iduméen, sans doute parce qu'il a pro- 
phétisé contre l'Idumée, ou bien le troisième capitaine envoyé par Ochozias à 
Elie, etc. On peut conclure de sa prophétie qu'il était du royaume de Juda; nous 
ne pouvons rien affirmer de plus sur sa personne. 

Son langage est animé 61 rapide, abondant en apostrophes et en interroga- 
lions; le style est pur et souvent trés poétique. 

L'époque d'Abdias est trés difficile à déterminer. Les uns le regardent comme 
le plus ancien des petits prophétes, les autres le font vivre du temps de la cap- 
tivité. La brièveté de sa prophétie, qui non seulement n'a point de titre, mais 
ne renferme aucune allusion assez précise, explique ces divergences si considé- 
rables entre les savants. 

La prophétie d'Abdias ne renferme que 21 versets : c'est l'écrit le plus court 
de tout l'Ancien Testament, — 4° Il prédit la ruine de l'Idumée, 1-9; — 2* à 
cause de la part coupable qu'elle a priseaux malheurs du peuple de Dieu, 10-16. 
— 3° Jérusalem au contraire sera sauvée et triomphera d'Esaü et de tous ses 
ennemis, 17-21. — Les Iduméens sont le type des faux amis qui, au lieu de sou- 
tenir ceux à qui ils devraient porler secours, les abandonnent au jour da 
malheur. Ils sont aussi la figure des ennemis de l'Eglise, qui triomphe de ses 
adversaires par la force du Messie. — La prophétie d'Abdias contre Edom fut 
accomplie probablement par Nabuchodonosor, quand il traversa ce pays pour 
envahir l'Egypte; elle le fut surtout par Jean Hyrcan et par les Nabatéens, qui 
enlevérent à jamais aux descendants d'Esaü leur caractére national, 


FEES‏ ש ₪ 55 וטס המח 415 הש 


CHAPITRE UNIQUE. 


Orgueil des Iduméens. Leur infidélité à 
l'égard des enfants de Jacob. Ven- 
geance du Seigneur contre les Idu- 
méens. Rétablissement des enfants de 
Jacob. Etendue de leurs possessions. 
Jugement exercé par eux sur la mai- 
son d'Esaü. Règne du Seigneur. 


1. Vision d'Abdias. Voici ce que 
ditleSeigneur Dieu à Edom : [Nous 
avons entendu une nouvelle ve- 
nant du Seigneur; et il a envoyé 
un messager vers les nations : 
Levez-vous, et levons-nous en- 
semble contre lui pour le combat]. 

2. Voici que je ₪81 placé très 
petit parmi les nations, tu es fort 
méprisable. 

3. L'orgueil de ton cœur t'a 
élevé, {oi habitant dans les fentes 
des rochers, exaltant ton trône; 
toi qui dis dans ton cœur : Qui 
me fera descendre à terre? 

4. Si tu l’élèves comme l'aigle, 
et que parmi les astres tu poses 
ton nid, je t'en ferai descendre, 
dit le Seigneur. 

5. Si des voleurs, sides brigands 
élaient entrés chez toi durant la 
nuit, comment aurais-tu gardé le 
silence? N'auraient-ils pas volé ce 
qui leur suffisait? Si des vendan- 
geurs étaient entrés chez toi, est- 
ce qu'ils ne t'auraient pas laissé 
au moins une grappe de raisin? 


ABDIAS. 


[cu. 1] 


6. Comment les ennemis ont-ils 
fouillé Esaü, fureté dans ce qu'il 
avait de caché? 

7. Ils t'ont éconduit jusqu'à la 
frontiere; tous tes alliés se sont 
joués de toi; les hommes qui vi- 
vaient en paix avec toi ont pré- 
valu contre toi; ceux qui mangent 
ton pain dresseront des embü- 
ches sous tes pas; il n'y a pas de 
prudence en lui. 

8. N'est-ce pas en ce jour-là, dit 
le Seigneur, que je perdrai les 
sages de l'Idumée. οἱ bannirai la 
prudence dela montagne d'Esaü? 

9. Et ils craindront, tes braves 
du midi, que l'homme de la mon- 
tagne d'Esaü ne périsse. 

10. À cause de tes meurtres et 
àcause de ton iniquité contre Ja- 
cob ton frere, la confusion te cou- 
vrira, et tu périras pour jamais. 

11. Au jour que tu t'élevais 
contre lui, quand des ennemis se 
rendaient maitres de son armée, 
et que des étrangers entraient 
dans ses portes, et que sur Jé- 
rusalem ils jetaient le sort, toi 
aussi tu étais comme l'un d'entre 
eux. 

12. Et tu ne mépriseras pas ton 
frère en son jour malheureux, au 
jour de son exil, et tu ne te ré- 
jouiras pas sur les fils de Juda au 
jour de leur ruine; et tu ne par- 


CnaP. I. 1. Jér., xxix, 14. — 8. Is., xxix, 14; I Cor., 1, 19. — 10. Genèse, xxvir, 4t. 


1. Dit. Le complément de ce verbe ne se trouvant qu'au vers. 2, nous avons mis, 
comme Martini entre des crochets, les mots nous avons entendu, etc.; mots qui se 
lisent d'ailleurs dans Jérém., xux, 14. — A Edom, ou (ouchant Edom; c'est-à-dire, 
l'Idumée. — Nous, prophètes. Outre Abdias, Isaie (xxxiv), Jérémie (xzix, 1-22), Ezé- 
chiel (xxv, 12-14), et l'auteur du Ps, oxxxv:, "7, 05% rrophétisé contre Edom. 

3. * Habitant dans les fentes des rochers. Les habitants de Pétra, capitale de l'Idu- 
mée, avaient des demeures taillées dans le roc. 

6. Esaü, qui s'appelait aussi Edom (Genèse, xxv, 25, 30), est mis ici pour ses des- 
cendants, les Iduméens. Dans ce verset et le suivant les verbes sont au passé, quoi- 
qu'ils expriment des événements futurs. Cet énallage de temps est trés usité daus le 
style des prophètes. 


cu. 1.] 
leras pas orgueilleusement au 
jour de l'angoisse. 

13. Et tu n'entreras pas dans 
la porte de mon peuple au jour 
de leur ruine; et tu ne les mépri- 
seras pas, toi non pius, au milieu 
de ses maux, au jour de sa déso- 
lation; et tu ne seras pas envoyé 
contre son armée au jour de sa 
désolation. 

14. Et tu ne te tiendras pas dans 
les carrefours, afin de tuer ceux 
qui fuiront, et tu n'enfermeras 
pas les restes de ses habitants au 
jour de la tribulation. 

15. Parce que le jour du Sei- 
gneur est pres d'éclater surtoutes 
les nations; comme tu as fait, il 
te sera fait; ce que tu leur as fait, 
il le fera retomber sur ta téte. 

16. Car comme vous avez bu 
sur ma montagne sainte, toutes 
les nations boiront sans disconti- 
nuer; et elles boiront, elles ava- 
leront, et elles seront comme si 
elles n'étaient point. 

11. Mais sur la montagne de 


ABDIAS. 2087 


Sion sera le salut et elle sera 
sainte : la maison de Jacob possé- 
dera ceux qui l'avaient possédée. 

18. Et la maison de Jacob sera 
un feu, et la maison de Joseph. 
une flamme, et la maison d'Esaü 
une paille; et ils l'embraseront, 
et ils la dévoreront, et il n'y aura 
pas de restes de la maison d'Esaü, ' 
parce que le Seigneur a parlé. 

19. Et ceux qui sont au. midi 
hériteront dela montagne d'Esaü ; 
et ceux qui sont dans les plaines 
assujettiront les Philistins ; et ils 
posséderont la contrée d'Ephraim 
et la contrée de Samarie, et Ben: 
jamin possédera Galaad. 

20. Et les exilés de cette armée 
des enfants d'Israël posséderont 
tous les lieux des Chananéens jus- 
qu'à Sarepta; et les exilés de Jé- 
rusalem, qui sont surle Bosphore, 
posséderont les cités du midi. 

21. Et leslibérateurs monteront 
sur la montagne de Sion pour ju- 
ger la montagne d'Esaü ; et le re- 
ene sera au Seigneur. 


14. Carrefours. C'est par ce mot, d'ailleurs conforme à l'hébreu, que saint Jéróme 
explique lui-même le latin exilibus de la Vulgate. 
16. Toutes les nations, etc. Compar. Jérém., xxv, 15 et suiv.; xLix, 12. 


17. Elle sera sainte; par le temple qui y sera rebâti. — Ceux qui l'avaient possédée; 
les Iduméens, les Moabites, les Ammonites et les Philistins. 

18. La maison de Jacob, etc. Apres leur retour de Babylone, les Juifs furent comme 
un feu pour la maison d'Esaü, ou les Iduméens auxquels ils firent souvent la guerre. 
Cela peut donc regarder ies expéditions des Machabées contre les Iduméens (Machab., 
v, 3), mais ce ne fut que longtemps après que la maison d'Esaü fut entièrement 
éteinte. 

19. Galaad; c'est-à-dire, le pays au delà du Jourdain. — * Dans les plaines de la 
Séphéla. Voir la note sur Juges, xv, 5. 

20. Des enfants d'Israël; des Israélites des dix tribus. — Les Chananéens sont mis 
ici pour les Phéniciens, parce que ces derniers étaient Chananéens d'origine. — Sa- 
repta; ville du territoire de Sidon. — * Bosphore; en hébreu : Sepharad. L'identification 
de ce pays est fort incertaine. Les inscriptions perses mentionnent un pays appelé 
Sparad ou Sparda qui est assez vraisemblablement celui dont il est question ici. Il 
parait désigner la Lydie dont Sardes était la capitale. 

21. Les libérateurs (salvatores), c'est-à-dire, suivant la plupart, les Machabées ef les 
princes asmonéens, mais dans un sens plus élevé, c'est Jésus-Christ que cette pro- 
phétie concerne. — Le régne, etc.; promesse qui n'aura son parfait accomplissement 
qu'au dernier jour, où, toute puissance étant détruite, Dieu seul régnera sur ses saints 
et avec ses saints dans l'éternité (I Corinth., xv, 24; Apocal., xi, 15). 


JONAS 


INTRODUCTION 


Jonas, le cinquième des petits prophètes, était du royaume d'Israël, Son père 
s'appelait Amathi, et le lieu de sa naissance, Gath-Hépher, dans la tribu. de 
Zabulon, aujourd’hui Medjad, au nord de Nazareth, sur la route de Séphoris à 
Tibériade. Son livre n'est point daté, mais nous savons qu'il vivait du temps de 
Jéroboam II, roi d'Israël. 

Le livre de Jonas ne ressemble pas aux autres écrits prophétiques; il ne con- 
tient point d'oracles proprement dits. C'est un récit historique de la mission 
qu'il recut. d'aller. précher la pénitence aux Ninivites et de la manière, dont il 
l'accomplit. Il est écrit en style simple. S'il est rangé parmi les livres prophé- 
tiques, c'est parce qu'il a pour auteur un prophète, et que, quoiqu'il ne con- 
tienne aucune révélation directe de l'avenir, il nous fait connaitre le séjour de 
Jonas pendant trois jours dans le ventre d'un poisson, merveille qui figure Ie sé- 
jour de Notre-Seigneur pendant trois jours dans le tombeau. Cette circonstance 
si extraordinaire dela vie de Jonas a provoqué de tout temps les railleries des 
incrédules, mais rien n'est impossible à la puissance de Dieu, et puisqu'il jugeait 
à propos, daus sa sagesse, de forcer par là son ministre à exécuter ses volontés 
et à devenir le type du mystère de la résurrection de son fils, pourquoi notre 
faible esprit oserait-il trouver à redire aux voles de la Providence? 

Cette Providence se montre admirable dans toute l'histoire du prophéte. La 
prédication de Jonas à Ninive n'était pas un fait sans portée; elle avait au con- 
traire la signification la plus haute : en méme temps qu'elle était pour ses com- 
patriotes une exhortation à se repentir de leurs péchés, elle annoncait que Dieu 
ne voulait pas se révéler seulement aux enfants de Jacob, mais aussi à ces gen- 
tils si méprisés des Juifs; c'était la prédiction de notre vocation à la foi; 
comme le prélude du voyage des mages à Jérusalem et dela féte de l'Epiphanie. 
De plus, dans aucun autre livre de la Bible, la patience, la bonté et la miséri- 
corde de Dieu n'apparaissent en traits plus touchants : sa compassion pour le 
pécheur, sa facilité à lui pardonner, le soin qu'il prend de veiller sur tous, 
méme sur les paiens et jusque sur les animaux, sont peints dans ce récit en 
trails ineffacables, et nous ne trouvons nulle part des paroles plus émouvantes 
que celles qui terminent ce récit. 


[eu 1.] 


CHAPITRE PREMIER. 


Jonas envoyé à Ninive, s'enfuit de devant 
le Seigneur, et s'embarque pour aller à 
Tharsis. Le vaisseau étant agité par 
une violente tempéte, on tire au sort 
pour en. découvrir la cause. Le sort 
étant tombé sur Jonas, on le jette à la 
mer. 


1. Or, la parole du Seigneur fut 
-adressée à Jonas, fils d'Amathi, 
disant : 

9. Lève-toi, et va dans Ninivela 
grande cité, et préches-y, parce 
que sa malice est montée devant 
moi. 

3. Et Jonas se leva afin de fuir 
à Tharsis, de devant la face du 
Seigneur; et il descendit à Joppé, 
et il trouva un vaisseau qui allait 
à Tharsis, et il donna le prix de 
son passage, et il descendit dans 
le vaisseau, afin d'aller avec les 
autres à Tharsis, pour fuir de la 
face du Seigneur. 

4. Mais le Seigneur envoya un 
grand vent sur la mer, et il se fit 
une grande tempéle sur la mer, 
et le vaisseau étaiten péril d'étre 
brisé. 

5. Orles matelots craignirent, 
et les hommes crierent vers leur 
Dieu, et ils jetèrent à la mer ce 


JONAS. 


2089 


qui était dans le vaisseau, afin 
qu'il en füt allégé; or Jonas 
descendit au fond du vaisseau, 
et il dormait d’un sommeil pro- 
fond. 

6. ₪116 pilote s'approcha de lui, 
et lui dit : Pourquoi es-tu accablé 
par le sommeil?lève-toi, invoque 
ton Dieu, peut-être que Dieu son- 
gera à nous et que nous ne péri- 
rons pas. 

1. Et chacun ‘dit à son compa- 
gnon : Venez, et jetons les sorts 
pour savoir d’où ce malheur nous 
est venu. Et ils jetèrent les sorts, 
et le sort tomba sur Jonas. 

8. Et ils lui dirent : Indique- 
nous à cause de qui ce malheur 
nous arrive; quelle est ton occu- 
pation? quel est ton pays et oü 
vas-tu? ou bien à quel peuple ap- 
partiens-tu? 

9. Et il leur dit : Je suis Hé- 
breu, et je crains le Seigneur, le 
Dieu du ciel, qui a fait la mer et 
la terre. 

10. Et ces hommes craignirent 
d'une grande crainte, et ils lui di- 
rent : Pourquoi as-tu fait cela? 
(Carceshommes surent qu'ilfuyait 
la face du Seigneur, parce qu'il /e 
leur avait appris.) 


1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, Ezéch., τι, 16. 


2. * Ninive, capitale de l'Assyrie, sur le Tigre. La cité royale était sur la rive gauche 
du fleuve, à l'endroit appelé aujourd'hui Koyoundjik, où sont entassées les ruines 
des palais des rois d'Assyrie, vis-à-vis de la ville actuelle de Mossoul. Les auteurs 
anciens rapportent que la ville entière avait à peu prés la forme d'un parallélogramme 
rectangulaire de 150 stades de longueur sur 90 de largeur. La longueur totale des 
murs était de 480 stades ou 90 kilomètres. 

3. Avec les autres; littér. avec eux (cum eis), c'est-à-dire, avec les passagers. — 
Tharsis. Voy. Isaïe, עו‎ 16. — * Joppé, aujourd'hui Jaffa, port de mer sur la Méditer- 
ranée, à l'ouest de Jérusalem. 

9. Les hommes, etc.; selon l'hébreu, 115 (les matelots) crièrent, chacun vers son Dieu. 
— Descendit, ou plutót était descendu, car c'est le vrai sens de l'hébreu. 

1. Chacun; littér., un homme (vir); c'est en effet la signification primitive du terme 
hébreu correspondant. 

9. Je crains; c'est-à-dire, d'aprés le texte original, j'adore, je sers. 

10. Ces; ce pronom est représenté dans l'hébreu par l'articie déterminati£ 


2000 


11. Et ils lui dirent : Que te fe- 
rons-nous, afin que la mer se cal- 
me pour nous? parce que la mer 
allait en grossissant. 

19. Et il leur dit : Prenez-moi 
et jetez-moi dans la mer,et la mer 
se calmera pour vous, car je sais, 
moi, que c'est à cause de moi que 
cette grande tempéte est venue 
sur vous. 

18. Et les hommes ramaient 
afin de revenir vers la terre, et 
ils ne /e pouvaient; car la mer 
allait en grossissant au-dessus 
d'eux. 

14. Et ils crierent au Seigneur, 
et ils dirent : Nous vous prions, 
Seigneur, de ne pas nous faire 
périr à cause del'àme de cet hom- 
me, et ne faites pas retomber sur 
nous un sang innocent, parce que 
vous,Seigneur, comme vous àvez 


JONAS. 


(cu. 11.) 
jetèrent dans la mer, et la mer 
apaisa sa furie. 

16. Les hommes craignirent 
d'une grande crainte le Seigneur, 
et ils immolèrent des hosties au 
Seigneur, et ils vouerent des 
veux. 


CHAPITRE IL 


Jonas est englouti par un poisson. Il in- 
voque le Seigneur. Le poisson le jette 
vivant sur le bord de la mer. 


1. Et le Seigneur prépara un 
grand poisson, afin qu'il engloutit 
Jonas; et Jonas fut dans le ventre 
du poisson pendant trois jours et 
trois nuits. 

2. Et Jonas pria le Seigneur son 
Dieu du ventre du poisson. 

3. Et il dit : [F'aierié vers leSei- 
gneur du milieudematribulation, 
et il m'a exaucé ; du sein de l'en- 


voulu, vous avez fait. 
15. Et ils prirent Jonas, et ils le 


fer j'ai crié, et vous avez entendu 
ma voix. 


CHÀP, II. 1. Matt., xit, 40; xvr, 4; Luc, x1, 30; I Cor., xv, 4. — 3. Ps. cxix, 1. 


11. Allait en grossissant; littér. et par hébraisme, allait et grossissait. 
14. De l'âme; c'est-à-dire, de la personne. 


1. Jonas dans le ventre du poisson; est une figure de Jésus-Christ dans le tombeau. 
Compar. Matth., xui, 40. — * Nous ignorons à quelle espèce appartenait le poisson 
qui engloutit Jonas. On dit vulgairement que c'était une baleine; mais outre qu'elle 
est trés rare dans la Méditerranée, elle a la gueule trop étroite pour avaler un homme 
entier. Le texte sacré ne détermine rien ; il dit simplement « un grand poisson; » 
Il est vraisemblable que c'était une espèce de requin trés vorace, squalus carcharis 
Linnzi; il abonde dans la Méditerranée et dévore avidement tout ce qu'il peut 
saisir; on a trouvé un cheval dans le ventre d'un de ces poissons, pesant cent quin- 
taux et péché à l'ile Sainte-Marguerite, en France; dans celui d'un autre, un homme 
avec son armure. Un fait encore plus intéressant, c'est celui qui est raconté de la 
maniére suivante: « Il arriva en 1158 que, pendant une tempéte, un matelot tomba 
d'une frégate dans la mer. [Un requin), qui était tout prés, saisit aussitót le mal- 
heureux qui nageait et criait au secours, et la victime disparut sur-le-champ dans sa 
large gueule. Tandis qu'il nageait, quelques-uns de ses camarades s'étaient déjà jetés 
dans la chaloupe pour lui porter secours. Au moment même où il était dévoré, le 
capitaine du vaisseau, témoin de l'accident, eut assez de présence d'esprit pour or- 
donner de tirer sur le monstre avec un fusil qui était sur le pont. Le coup fut tiré 
avec tant de bonheur que le requin cracha aussitót le matelot qu'il avait dans sa 
gueule; sa proie n'était que légérement blessée et elle fut repéchée aussitót, encore 
vivante, par la chaloupe; le poisson lui-même fut pris par les autres marins avec des 
härpons et des cordes, monté sur la frégate, et là suspendu en travers pour qu'il pt 
sécher. Le capitaine en fit ensuite don au matelot si extraordinairement préservé par 
le Providence et celui-ci se mit à parcourir l'Europe pour le montrer. א‎ (L. L. MuLLER.) 


(cur. 1π|.] 


4. Et vous m'avez jeté dans le 
profond d'un gouffre, dans le 
cœur d'une mer, et des eaux 
m'ont environné; toutes vos va- 
gues et vos flots ont passé sur 
moi. 

5. Et moi j'ai dit : Je suis re- 
jeté de la présence de vos yeux, 
mais je verrai encore votre tem- 
ple saint. 

6. Des eaux m'ont environné 
jusqu'à l'àme, un abime m'a en- 
veloppé, une mer a couvert ma 
tête. 

7. Je suis descendu jusqu'aux 
fondements des montagnes; les 
barrières de la terre étaient fer- 
mées sur moi pourtoujours ; mais 
vous préserverez ma vie de la cor- 
ruption, Seigneur mon Dieu. 

8. Lorsque mon àme était res- 
serrée en moi, je me suis souve- 
nu du Seigneur, afin que ma 
prière vienne jusqu'à vous, jus- 
qu'à votre temple saint. 

9. Ceux qui s'attachent aux va- 
nités inutilement, abandonnent 
leur miséricorde. 

10. Mais moi, je vous immole- 
rai des victimes avec la voix de la 
louange; tout ce que j'ai voué, je 
le rendrai au Seigneur, pour mon 
salut. 

11. Et le Seigneur parla au 


JONAS. 


2091 


poisson, et il jeta Jonas sur la 
terre; 


CHAPITRE TII. 


Le Seigneur ordonne une seconde fois à 
Jonas d'aller à Ninive. Il prédit la ruine 
prochaine de cette ville. Les Ninivites 
se convertissent et font pénitence. Dieu 
leur pardonne. 


- 


1. Et la parole du Seigneur fut 
adressée une seconde fois à Jo- 
nas, disant: 

2. Lève-toi, et va dans Ninive 8 
grande cité, et préches-y ce que 
moi je te dis de précher. 

3. Et Jonas se leva, et alla à Ni- 
nive selon la parole du Seigneur; 
or Ninive était une grande cité de 
trois jours de chemin. 

4. Jonas commenca à entrer 
dans la cité, & faire le chemin 
d'un jour; et il cria, et il dit : En- 
core quarante jours et Ninive sera 
renversée. 

5. Les hommes de Ninive cru- 
rent en Dieu, et ils publièrent un 
jeüne, et se revétirent de cilices, 
depuisle plus grand jusqu'au plus 
petit. 

6. Et le bruit en parvint au roi 
de Ninive; et il se leva de son 
trône, et quitta son vêtement, et 
se revétit d'un sac, et s'assit sur la 
cendre. 


6. Ps, Lxvirr, 2. — ὕπαρ, III. 5. Matt., xrr, 41; Luc, xr, 32. 


9. Aux vanilés; c'est-à-dire, aux idoles. — Leur miséricorde; la miséricorde qu'ils 
recevraient du Seigneur, s'ils lui restaient fidèles. Il est incontestable qu'en hébreu 
le pronom possessif a souvent un sens passif. 


1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, Ezéch., n, 46. 

3. * Une grande cité de trois jours de chemin, c'est-à-dire qu'il fallait trois jours 
pour en parcourir les rues et y annoncer les menaces du Seigneur. 

6. Le bruit, la nouvelle; c’est le sens qu'a assez fréquemment dans la Vulgate le 
mot verbum, et son correspondant hébreu. Cependant il peut signifier la parole de 
Jonas en particulier (vers. 4), ou bien l'événement qui s'en suivit, ou bien enfin l'une 
et l'autre; car le méme terme s'emploie de ces différentes manières. — * Au roi de 
Ninive. Le nom de ce roi n'est pas connu d'une maniére certaine, mais l'on peut 


2002 

7. Et il eria et dit dans Ninive 
parla bouche du roi et de ses 
princes, disant : Que les hommes 
et les animaux, et les bœufs et 
les troupeaux de menu bétail ne 
goütent rien; et qu'ils ne pais- 
sent point, et ne boivent point 
d'eau. 

8. Et que les hommes se cou- 
vrent de sacs ainsi que les ani- 
maux, et qu'ils crient au Seigneur 
avec force, et que chacun se con- 
verlisse de sa voie mauvaise, et 
de liniquilé qui est en. leurs 
mains. 

9. Qui sait si Dieu ne reviendra 
pas et ne pardonnera pas; et s'il 
ne se détournera pas dela fureur 
de sa colere, et nous ne périrons 
pas? 

10. Et Dieu vit leurs œuvres, 2 
vit qu'ils étaient convertis de leur 
voie mauvaise; et Dieu eut pitié 
d'eux, touchant le mal qu'il avait 
dit qu'il leur ferait, et il ne Ze fit 
pas. 


CHAPITRE IV. 


Jonas s'afflige de ce que sa prophétie 
n'est pas accomplie. Le Seigneur lui 
fait comprendre les raisons qui l'ont 
porté à pardonner à Ninive. 


1. Et Jonas fut affligé d'une 
grande affliclion, et il s'irrita; 


JONAS. 


[cg. 1v.] 
2. Et il priale Seigneur, et dit : 
Je vous conjure, Seigneur, n'est- 
ce pas là ce que je disais, lorsque 
jétaisencore dans mon pays?c'est 
à cause de cela que je me suis 
empressé de fuir à Tharsis; car 
je sais que vous étes un Dieu 
clément οἱ miséricordieux, pa- 
tient, et d'une grande commisé- 
ration, et pardonnant le mal. 

3. Et. maintenant, Seigneur, 
retirez, je vous prie, mon áme de 
moi; parce que mieux vaut 8 
mort pour moi que la vie. 

4. Et le Seigneur lui dit : Pen- 
ses-tu qu'il est bien que tu tir- 
rites, toi? 

9. Et Jonas sortit de Ninive et 
demeura à l'orient de la cité; et 
il se fit là un petit couvert, et 
y demeura dessous à l'ombre, 
jusqu 'à ce quil vit ce qui arrive- 
rait à la cité. 

6. Et le Seigneur Dieu een 
un lierre qui s'éleva au-dessus de 
la tête de Jonas, afin qu'il y eût 
une ombre sur sa tête pour le 
protéger; car il s'était fatigué ; et 
Jonas se réjouit au sujet de son 
lierre, d'une joie tres grande. 

7. Et Dieu préparalelendemain, 
à la levée de l'aurore, un ver qui 
rongea le lierre, et il se dessécha. 
8. Et lorsque le soleil se fut 


9. Jér., xviu, 11; Joël, τι, 14. — Cnar. IV, 2. Ps. ,טאאא‎ Ὁ; Joël, 1, 13. 


admettre que c'était Rammannisar, contemporain de Jonas, qui régna de 810 à 782 


avant notre ére. 


1. Il cria et dit par la bouche; suivant l'hébreu, 2/ fit crier el dire par l'ordre: 


10. Qu'ils étaient convertis, etc. (quia conversi sunt); 


forme un second complément 


du verbe i/ vit (vidit), ou bien la particule quia est purement explicative, comme sa 
correspondante hébraique l'est quelquefois. 


6. Un lierre (hedera). Selon l'opinion la plus généralement reçue, il faut l'entendre 
du ricin, comme l'a fait saint Jérôme lui-même, en avouant qu'il ne s'est servi du 
mot hedera, que parce que la langue latine ne lui en fournissait pas d'autre qui ei- 
guifiät la plante désignée par le terme de l'original. 

8. Il demanda, etc.; il souhaita la mort. Compar. le vers. 3. 


[cu. 1v.] 


levé, Dieu commanda à un vent 
chaud et brülant; et le soleil 
frappa sur la téte de Jonas, et il 
étouffait de chaleur; etil demanda 
pour son âme qu'elle mourût, et 
il dit : Mieux vaut pour moi mou- 
rir que de vivre. 

9. Et le Seigneur dit à Jonas: 
Penses-tu qu'il est bien: que tu 
V'irrites, toi, pour ce lierre? Et il 
dit : Il est bien que [6 m'irrite, 
moi, jusqu'à la mort. . 

10. Et le Seigneur lui dit : Tu 


JONAS. 


2093 
Vaffliges pour un lierre, pour le- 
quel tu n'as pas pris de peine, et 
que tu n'as pas fait croitre, qui 
en une nuit est né, et en une nuit 
a péri; 

11. Et moi, je ne pardonnerai 
pas à Ninive, la grande cité, dans 
laquelle se trouvent plus de cent 
vingt mille hommes qui ne savent 
pas quelle différence il y a entre 
leur droite et leur gauche, et 
vivent des animaux en grand 
nombre. 


9. Il est bien, etc.; j'ai raison de m'irriter jusqu'à souhaiter de mourir. 
10-11. * > Episode incomparable, un des plus beaux de l'Ecriture, et auquel irait 


bien comme épilogue cette autre parole du Seigneur dans Osée : 


« Je ne donnerai 


» pàs cours aux emportements de ma colére, et je n'en viendrai pas à perdre Ephraim, 
» ear je suis Dieu, moi, et non pas homme. » Osée, xz, 9. (G. LoNGHAYE.) 

14. * Cent vingt mille hommes, etc. On a calculé qu'il devait y avoir, d'après 8 
&awbre de 420,000 enfants, environ 600,000 habitants à Ninive. 


יצ 


Ἐν ὁ “τῶν 


QAM Ia ΤῸ 
$ 


MICHÉE 


nt 


INTRODUCTION 


Michée, dont le nom complet était Michaya, « qui est comme Jéhovah? » est 
le sixième des petits prophètes. Il était de Morasthi, dans les environs de Geth, 
et différent d'un autre prophète Michée, fils de Jemla, qui vivait un siècle aupa- 
ravant. Il prophétisa à Jérusalem, sous les régnes de Joathan, d'Achaz et d'Ezé- 
chias; il fut par conséquent contemporain d'Isaie. Ses oracles s'adressent à 
toutes les tribus, mais particulièrement au royaume de Juda. Leur authenticité 
n'est pas sérieusement contestée : elle est garantie par la citation qui en est 
faite dans Jérémie, xxvi, 18, et par les rapports qu'on remarque entre Michée 
et Isaie. 

Le style de ce petit prophéte est remarquable par l'élévation des pensées, 
l'éclat et la vivacité de l'expression, la richesse des images el des comparaisons, 
la verve, la clarté, l'élégance, la pureté, l'harmonie; il aime les jeux de mots, 
comme tous les écrivains orientaux; ses transitions sont brusques. 

La prophétie de Michée renferme trois discours commencant tous par 
« Ecoutez », 1, 2; nt, 4; vr, 4 : — 1? Châtiment de Samarie et de Juda; 1-11; — 
20 Abaissement de Juda; glorification de la maison de Dieu et restauration de 
Sion par 16 Messie, m-v; — 3° La voie du salut, vi-vir. — 11 prédit l'invasion de 
Salmanasar, 1, 6-8; IV Rois, xvii, 4-6; celle de Sennachérib, r, 9-16; IV .Rois, 
xvii, 13; la destruction de Jérusalem, nir, 12 ; vu, 13; la captivité de Babylone, 
iv, 10, et le retour, 1v, 1-8; vir, 41; l'établissement du royaume messianique, 
iv, 8, et la gloire de Bethléem, v, 2. 


(cu. 1. 


CHAPITRE PREMIER. 


Vengeance du Setgneur sur Samarie et 
sur Jérusalem. Ruine de Samarie; dé- 
solation de Jérusalem. Avertissements, 
reproches, menaces adressés à la mai- 
son de Juda. 


1. Parole du Seigneur, qui fut 
adressée à Michée le Morasthite, 
dans les jours de Joathan, d'A- 
chaz, et d'Ezéchias, rois de Juda, 
parole relative ἃ ce qu'il a vu lou- 
chant Samarie et Jérusalem. 

2. Ecoutez, vous tous, peuples, 
et que la terre soit attentive, ainsi 
quesa plénitude; et que le Sei- 
eneur Dieu soit témoin contre 
vous, le Seigneur du fond de son 
temple saint. 

3. Parce que voici que le Sei- 
gneur sortira de son lieu; et il 
descendra et foulera aux pieds 
les hauteurs de la terre. 

4. Etles montagnes seront con- 
sumées sous lui; et les vallées se 
fendront e£ disparaitront comme 
la cire à la face de la flamme, 
comme les eaux qui coulent sur 
une pente. 


MICHÉE. 


2095 
5. Tout cela à cause du crime 
de Jacob et des péchés de la mai- 
son d'Israél. Quel est le crime de 
Jacob? N'est-ce pas Samarie? et 
quelles sont les hauteurs de Juda? 
n'est-ce pas Jérusalem? 

6. Etje rendrai Samarie comme 
un monceau de pierres qu'on ra- 
masse dans le champ, lorsqu'on 
plante une vigne; je ferai rouler 
ses plerres dans la vallée, et ses 
fondements, je les découvrirai. 

1. Et toutes ses images taillées 
au ciseau seront brisées, et tous 
les dons qu'elle a reçus seront 
brülés par le feu, et toutes ses 
idoles, je les livrerai àla destruc- 
lion, parce qu'elles ont été ac- 
quises avec les salaires d'une 
prostituée, et elles deviendront 
le salaire d'une prostituée. 

8. Sur cela je me lamenterai, 
et je hurlerai; j'irai dépouillé et 
nu; je ferai des hurlements com- 
me ceux des dragons, et des cris 
lugubres comme ceux des autru- 
ches : 

9. Parce que sa plaie est déses- 
pérée, qu'elle s'est étendue jus- 


(πάρ. I. 2. Deut., xxxu, 1; Is., 1, 2. — 3. Is., xxvi, 21. 


1-16. * 19 Dans le premier discours, 1-1, Michée annonce 16 châtiment des péchés 
d'Israël, 1, 2-5, la ruine de Samarie, 6-7; la dévastation de Juda et la transportation 
de ses habitants, 8-16, à cause des violences des grands, 10 1-11. Dieu traitera ce- 
pendant avec bonté les restes de son peuple, 12-13 

1. Le Morasthite ou de Morasthie; bourgade de la tribu de Juda, dans le voisinage 
d'Hébron. — Parole relative, etc. Voy. Amos, 1, 1. 

5. Samarie, où Jéroboam établit le culte des veaux d'or. — Les hauls lieux; les 
montagnes sur lesquelles on sacriliait aux faux dieux. — Jérusalem, d'où l'idolàtrie, 
qui y avait été d'abord introduite, s'est répandue dans tout le pays. Compar. 111 Rois, 


xiv, 45; xv, 26; IV Rois, xvi, 10; xxii, 4. 


6. Comme un monceau, etc. Quand on plantait une vigne dans un terrain pierreux, 
on ótait les pierres dont on faisait un tas. Compar. Isaïe, v, 9. Ainsi Samarie sera 
réduite en un monceau de pierres qui seront jetées dans la vallée, et à l'endroit 
méme qu'elle oecupait, on plantera une vigne. 

8. Nu. Voy., sur le vrai sens de ce mot, Isaie, xx, 2. — * Des dragons; en hébreu, 
des chaeals, dont l'aboiement, pendant la nuit, est lugubre, comme l'est aussi le eri 


de l'autruche. Voir Job, xxx, 29. 


9. Sa plaie; la plaie de Samarie, nommée au vers. 5. — Elle s'est étendue jusqu'à 
Juda, Aprés avoir désolé le royaume d'Israël, sous les règnes de Phul, de Théglath- 


2096 
qu'à Juda, elle a pénétré jusqu'à 
la porte de mon peupie, jusqu'à 
Jérusalem. à 

10. Nel'annoncez pas dans Geth, 
ne donnez pas un libre cours à 
vos larmes; dans la maison de 
poussière, couvrez-vous de pous- 
siere. | 

11. Et passez confuse d'igno- 
minie, belle habitation. Elle n'est 
pas sortie, celle qui habite sur la 
limite; la maison voisine, qui 
s'est soutenue, recevra de vous 
un sujet de lamentation. 

19. Parce qu'elle est devenue 
faible pour le bien, celle qui ha- 
bite au milieu des amertumes; 
parce que le mal est descendu du 


MICHÉE. 


(cu: 1.] 
Seigneur à la porte de Jérusalem. 

13. Le bruit du quadrige est un 
objet de stupeur pour l'habitant 
de Lachis; la source du péché de 
la fille de Sion, e'est qu'en toi se 
sont trouvés les crimes d'Israël. 

14. A cause de cela, elle enverra 
des messagers à l'héritage de 
Geth; mais c'est une maison de 
mensonge pour tromper les rois 
d'Israël. 

15. Je t'amenerai encore l'héri- 
tier, à toi qui habites à Marésa; 
jusqu'à Odollam, la gloire d'is- 
raél viendra. 

16. Coupe ta chevelure, tonds- 
toi au sujet des fils de tes délices ; 
sois entièrement chauve comme 


phalasar et de Salmanasar, les Assyriens s'avancérent dans le royaume de Juda, sous 
le règne de Sennachérib, qui vint assiéger Jérusalem. 

10. Ne l’annoncez pas, cette prophétie. Le Prophète fait cette recommandation, 
pour ne pas donner aux ennemis un sujet de joie. Compar. II Rois, τ, 20, — Gelh; 
ville des Philistins. — * Dans lu maison de poussière, traduction du nom propre de 
ville que renferme l'hébreu : Beth leaphra, c'est-à-dire la localité appelée ailleurs Ophra, 
dans la tribu de Benjamin. 

11. Il y a daus le texte hébreu de ce verset plusieurs noms propres de villes qui 
forment des paronomases trés élégantes, mais dont l'auteur de la Vulgate a donné 
seulement la signification. — Passez; littér., passez pour vous (fransitle vobis); hé- 
braisme semblable à la locution des Latins, vade tibi, et à l'idiotisme francais, va- 
l'en. Le verbe est au pluriel, parce que son sujet est Aabilation, nom collectif équi- 
valent à habitants. — Celle qui habite sur la limile; Samarie, selon saint Jérôme. 
Samarie était en effet située sur les confins de la Palestine, du côté des Assyriens. 
— La maison voisine; le royaume de Juda, suivant le même saint docteur. — Qui s'est 
soulenue (qua stelit sibimet); Juda ἃ subsisté après la ruine de Samarie par les As- 
syriens. — Recevra, etc.; en voyant ce qui vous est arrivé. 

12. Parce qu'elle, ete. La maison de Juda s'est trouvée trop faible pour. assister 
Samarie, plongée elle-méme dans l'amertume. — Le mal, etc.; l'ennemi envoyé par 
le Seigneur est venu jusqu'aux portes de Jérusalem. 

13. Lachis; ville méridionale de Juda à laquelle Sennachérib s'attaqua avant d'as- 
siéger Jérusalem (IV Rois, xvi, 13 et suiv.). — La fille de Sion. Voy., pour le sens 
de cette expression, /saie, 1, 8. — C'est qu'en loi; paroles qui s'adressent à la fille de 
Sion elle-même. Ce changement subit de personne est très fréquent dans le style 
prophétique. 

14. L'héritage de Geth; c'est-à-dire, les Assyriens, qui occupaient alors les villes.des 
Philistins, ou bien, Mórescheth. de Geth, comme on lit dans l'hébreu. Môrescheth, qui 
signifie Aéritage, était une ville qui appartenait à Geth. 

15. Marésa; ville de. Juda (Josue, xv, 21, 4&). — L’hérilier, selon l'hébreu; 16 6 
porte de méme l'article déterminatif. Or cet héritier est l'Assyrien vainqueur. — 
Odollam ; caverne dans la tribu de. Juda (I Rois, xxn, 1); mais il s'agit probablement 
ici de la ville de 66 méme nom qu'Eusébe et saint Jérôme mettent à dix milles d'Eleu- 
téropolis, vers l'orient. — La gloire d'Israét ; est mis ici par antiphrase pour la honte 
et l'ignominie, 

16, Coupe (a chevelure; comme la loi (Lévitiq., xix, 21; Deutéron., xiv, 1) défendait 


(eu. ποἷ 
l'aigle ; parce qu'ils ontété emme- 
nés captifs loin de toi. 


CHAPITRE 1. 


Infidélité des Israélites. Vengeances du 
Seigneur sur eux. Promesse de leur 
retour de la captivité. 


1. Malheur à vous, qui songez 
à l'inutile, et qui inventez le mal 
sur vos lits ; à la lumiere du ma- 
tin ils l'accomplissent, parce que 
c'est contre Dieu qu'est élevée 
leur main. 

9. Et ils ont convoité des 
champs, et ils Jes ont pris violem- 
ment; et ils ont usurpé des mai- 
sons; et ils opprimaient un hom- 
me et sa maison ; un autre homme 
et son héritage. 

3. C'est pour cela, voici ce que 
ditle Seigneur : Voici que moi je 
prépare pour celte famille un 
malheur dont vous ne retirerez 
pas vos cous, et vous ne marche- 
rez pas en superbes, parce que 
c'est un temps trés mauvais. 

4. En ce jour-là, vous serez pris 


MICHÉE. 


2097 
pour un sujet de parabole, et 
avec un doux plaisir sera chantée 
la chanson de ceux qui diront : 
Par la désolation nous avons été 
ravagés ; la portion de mon peu- 
ple a été changée ; comment se 
retirera-t-il de moi, puisqu'il re- 
vieudra pour partager nos con- 
trées ? 

ὃ. À cause de cela, il n’y aura 
personne qui mette le cordeau de 
partage dans l'assemblée du Sei- 
gneur. 

6. Ne dites point sans cesse : Il 
ne répandra pas ses oracles sur 
eux, la confusion ne les couvrira 
pas. 

1. La maison de Jacob dit : Est- 
ce que l'esprit du Seigneur a été 
raccourci, ou es£-cequwue telles sont 
ses pensées? Mes paroles ne sont- 
elles pas favorables à celui qui 
marche dans la droiture? 

8. Mais, au contraire, mon peu- 
ple s'est levé en adversaire; de 
dessus la tunique, vous avez en- 
levé le manteau; et ceux qui pas- 


aux Juifs d'user de cette pratique qui était ordinaire aux gentils pour exprimer leur 
douleur, le dessein du Prophète n'est pas de leur ordonner d'agir de la sorte; mais 
seulement de leur prédire que leur douleur sera excessive, et qu'ils ne pourront trou- 
ver des marques de deuil assez vives pour en exprimer la violence. — Comme l'aigle; 
qui pendant sa mue perd toutes ses plumes, et tombe dans une sorte de langueur 
qui l'empéche de chasser à son ordinaire, et de se faire craindre des autres oiseaux. 


1. L'inutile (inutile); le terme hébreu signifie aussi iniquité, injustice; sens qui cou- 
vient mieux ici. 

2 Ils opprimuient (calumniabantur). Voy., sur ce mot, Jérém., 1, 33. 

3. Un malheur, qui sera comme un joug dont vous ne pourrez vous affranchir. 

4. Un sujet de parabole. Voy. Jérém., xxiv, 9. — De ceux qui diront comme si vous 
le disiez vous-mémes. — À été changée contre la terre de la captivité. — Comment 
se relirera-l-il de moi, l'Assyrien qui reviendra au contraire pour s'emparer de nos 
terres et les partager entre les siens? Cette réflexion d'un Israélite, laquelle fait partie 
de la chanson, s'adresse aux faux prophètes et aux flatteurs qui disaient que les 
Assyriens abandonneraient le pays d'Israél, sans y causer un grand dommage. 

9. * Le cordeau de partage, la corde qui sert à mesurer pour faire le partage des 
héritages. 

6. Ne diles point sans cesse; littér., et par hébraisme, disant ne dites point. 

1. Telles, etc.; c'est-à-dire, peut-il avoir ces pensées de nous perdre qu'on lui at- 
tribue? 

8. De dessus, etc. Cela pourrait s'entendre de la cruauté exercée par 105 8 


AUD 132 


2098 
saient de bonne foi, vous les avez 
tournés à la guerre. 

9. Vous avez chassé les femmes 
de mon peuple dela maison de 
leurs délices; vous avez enlevé 
ma louange à leurs petits enfants 
pour jamais. 

10. Levez-vous, et allez, parce 
qu'il n'y a point de repos ici pour 
vous; à cause de son impureté, 
cette terre sera corrompue d'une 
putréfaction horrible. 

11. Plüt à Dieu que je fusse un 
homme n'ayant pas l'esprit pro- 
phétique, et que je parlasse plu- 
tôt mensonge! je te verserai le 
vin de la colère de Dieu, et je 
lenivrerai; et celui pour qui il 
sera versé, sera ce peuple. 

12. Je te rassemblerai certaine- 
ment tout entier, ὁ Jacob; je réu- 
nirai les restes d'Israël; je les 
mettrai tous ensemble comme 
dans une bergerie, comme un 


MICHÉE. 


(cu. ut.) 


troupeau au milieu de son parc; 
une multitude d'hommes y cau- 
sera du tumulte. 

13. Car celui qui ouvrira le 
chemin, montera devant eux: 
ils se partageront, et passeront 
à la porte et entreront par elle; 
et leur roi passera en leur pré- 
sence, et le Seigneur sera à leur 
téte. 


CHAPITRE ΠΙ. 


Désordres des princes, des juges, des 
prétres et des faux prophétes de Juda 
et d'Israél. Menaces contre ces princes 
et ces juges. Jérusalem et le temple 
seront détruits. 


|. Et j'ai dit : Ecoutez, princes 
de Jacob, et chefs de la maison 
d'Israël : N'est-ce pas à vous de 
connaitre ce qui est juste, 

2. Vous qui avez en haine le 
bien et qui aimez le mal; vous qui 
enlevez violemment leur peau de 


sur leurs frères habitants de Juda, sous le règne de Phacée, roi d'Israél, et d'Achaz, 
roi de Juda (II Paralip., xxvut, 6 et suiv.). 

9. Vous avez chassé, etc. Sous le règne d'Achaz, les Israélites ont enlevé de Juda 
deux cent mille personnes, tant femmes que filles et petits enfants (II Paralip., 
xxviu, 8). — Vous avez enlevé, etc. Les enfants ainsi emmenés captifs, et dépouillés 
de tous les biens qui excitaient leur reconnaissance, ne poussaient que des cris de 
douleur et de plainte, au lieu de célébrer les louanges du Seigneur, comme ils le 
faisaient dans la tranquillité de leurs maisons. 

10. Sera corrompue, etc., étant abandonnée à des idolátries. 

11. Le vin ou le calice que Dieu fait boire à ses ennemis, signifie trés souvent sa 
colère et sa vengeance. — Ce peuple; le peuple méme d'Israél. 

12. Y causera du tumulle, comme lorsqu'un troupeau nombreux vient tout d'un 
coup à la porte de l'étable ou du parc. La multitude des Israélites était innombrable 
dans les derniers temps de la république des Hébreux. 

12, 13. Saint Jéróme et plusieurs interprétes entendent ces deux versets de ia 
réunion future des restes d'Israël avec les gentils dans l'Eglise de Jésus-Christ, qui 
est lui-méme leur roi et leur Dieu. 


1-12. * 2e Dans le second discours, x-v, le Prophète s'étend plus longuement, ut, 
sur les péchés des princes, des faux prophétes, des juges iniques et des mauvais 
prétres, et il leur prédit la ruine de Sion et du temple; mais il s'étend surtout sur 
la promesse du rétablissement d'Israél, iv; elle n'occupait que deux versets dans le 
premier discours, n, 12-13; elle remplit 101 les deux chapitres 1v et v. Michée an- 
nonce la conversion des Gentils, la naissance du Messie à Bethléem, v, 2, Mat(A., u, 6; 
Jean, vir, 42, et le triomphe du peuple de Dieu. 

1. Princes, etc. Le Prophète désigne ici les principaux des deux royaumes de Juda 
et d'Israël (vers. 9, 10, 12). 

2. Leur, leurs; c'est-à-dire, de mon peuple, de Juda et d'Israël (vers. 1, 3). 


(en. 1v.] 


dessus eux et leur chair de dessus 
leurs os? 

3. Qui ont mangé la chair de 
mon peuple, et ont arraché leur 
peau, brisé leurs os, et ils Jes ont 
coupés en morceaux comme pour 
les faire cuire dans une chaudière, 
et comme de la chair qu'on met 
dans une marmite. 

4. Alors ils crieront vers le Sei- 
gneur; mais il ne les exaucera 
pas;etilleur cachera sa face en 
ce temps-là, à cause de la malice 
de leurs inventions. 

9. Voici ce que dit le Seigneur 
contre les prophètes qui séduisent 
mon peuple; qui mordent avec 
leurs dents, et prèchent la paix; 
si quelqu'un ne leur met pas dans 
la bouche quelque chose, ils con- 
sacrent contre lui un combat. 

6. A cause de cela, vous aurez 
pour vision une nuit, et des ténè- 
bres pour révélation; et le soleil 
se couchera pour les prophètes, 
et le jour se couvrira de ténèbres 
pour eux. 

7. Et ceux qui voient des vi- 
sions seront confondus, les de- 
vins seront confondus; et tous 
se voileront le visage, parce 
qu'il n'y a pas de réponse de Dieu. 

8. Mais cependant moi j'ai été 
rempli de la force de l'esprit du 
Seigneur, de sa justice et de sa 
vertu, afin que j annonce à Jacob 


MICHÉE. 


2099 
son crime et à Israël son péche. 

9. Ecoutez ceci, princes de la 
maison de Jacob, et juges de la 
maison d'Israël, vous qui abomi- 
nez le jugement et perverlissez 
tout ce qui est juste; 

10. Qui bâtissez Sion avec du 
sang, et Jérusalem avec l'iniquité. 

11. Ses princes jugeaient pour 
des présents, etses prétres ensei- 
gnalent pour un salaire, et ses 
prophètes prédisaient pour de 
l'argent; etils se reposaient sur 
le Seigneur, disant : Est-ce que 
le Seigneur n'est pas au milieu de 
nous? Les maux ne viendront pas 
sur nous. 

12. C'est pour cela qu'àcause de 
vous, Sion comme un champ sera 
labourée, et que Jérusalem sera 
comme un monceau de pierres, et 
la montagne du temple une haute 
forét. 


CHAPITRE IV. 


. Rétablissement de Sion. Concours des 


peuples qui y viennent rendre leurs 
hommages au Seigneur, Paix dans toute 
la terre. Sion et Samarie ramenées de 
captivité. Puissance rendue à Sion. Dé- 
faite des nations soulevées contre elle. 


1. Et il arrivera au dernier des 
jours que la montagne de la mai- 
son du Seigneur sera préparée sur 
lesommet des montagnes, et éle- 
vée au-dessus des collines; et des 
peuples y afflueront. 


Cuae. ΠΙ. 11. Ezéch., xxi, 27 ; Soph., riz, 3. — 12, Jér., xxvi, 18. — (ΠᾺΡ. IV. 4. Is., 


n; 2 


4. Inventions ; en hébreu, œuvres, actions 


5. Is consacrent; ils préparent. Compar. Jérém., vt, 4. 

12. Sion, etc. Cette prophétie a été citée par Jérémie (xxvr, 18). — * S. Jéróme écri- 
vait au sujet de cette prophétie : « Nous voyons accompli tout ce qui a été prédit ; 
nos yeux nous montrent la vérité de cet oracle et l'aspect des lieux atteste l'exacti- 


tude de la prophétie. » 


1-3. La prophétie contenue dans ces trois versets se lit daas Isaie (1t, 2, 4), où nous 


en avons donné le sens 


2100 


9. rt beaucoup de nations se 
háteront et diront : Venez, mon- 
tons à la montagne du Seigneur 
et àla maison du Dieu de Jacob ; 
et il nous instruira de ses voies, 
et nous marcherons dans ses sen- 
tiers, parce que de Sion sortira la 
loi, et la parole du Seigneur de 
Jérusalem. 

3. Et il exercera son jugement 
sur beaucoup de peuples, et il 
châtiera des nations puissantes 
jusqu'aux pays lointains, et ils 
tailleront leurs glaives en 5005 de 
charrue etleurslancesenhoyaux ; 
une nation ne prendra pas le 
glaive contre une autre nation, 
et ils n'apprendront plus à faire 
la guerre, 

4. Et chacun se reposera sous 
sa vigne et sous son figuier, et il 
n'y aura personne qui les effraye, 
parce que c'est la bouche du Sei- 
gneur qui a parlé. 


9. Car tous les peuples marche- 


ront chacun au nom de son Dieu; 
mais nous, nous marcherons au 
nom du Seigneur Dieu, jusque 
dans l'éternité et au-delà. 

6. En ce jour-là, dit le Seigneur, 
je rassemblerai celle qui était 
boiteuse, et je recueillerai celle 
que j'avais rejetée et celle que 
j'avais affligée. 

1. Je ferai que celle qui était 
boiteuse ait des restes, et que 


MICHÉE. 


[cu. 1v.] 


celle qui avait été dans la peine 
devienne une nation puissante; 
et le Seigneur régnera sur eux, 
sur la montagne de Sion, depuis 
ce moment jusqu'à jamais. 

8. Et toi, tour du troupeau, en- 
vironnée de nuages, fille de Sion, 
jusqu'à toi viendra, oui elle vien- 
dra, la puissance souveraine, 
l'empire de la fille de Jérusalem. 

9. Pourquoi es-tu maintenant 
tourmentée par le chagrin? Est-ce 
que tu n'as point de roi, ou ton 
conseiller a-t-il péri, puisque la 
douleur t'a saisie comme une 
femme qui est en travail? 

10. Afflige-toi, et tourmente- 
toi, fille de Sion, comme une 
femme en travail, parce que main- 
tenant tu sortiras de la cité, et tu 
habiteras dans une région éfran- 
gére, et tu viendras jusqu'à Βὰ- 
bylone;là, tu seras délivrée; là, 
le Seigneur te rachètera de la 
main de tes ennemis. 

11. Et maintenant se sont ras- 
semblées contre toi beaucoup de 
nations, qui disent : Qu'elle soit 
lapidée, et que notre cil consi- 
dere Sion. 

12. Mais eux-mêmes n'ont pas 
connu les pensées du Seigneur, 
etils n'ont pas compris que son 
dessein était de les assembler 
comme le foin de l'aire. 

13. Fille de Sion, leve-toi et 


7. Soph., 11, 19; Dan., vrr, 14; Luc, 1, 32. 


1. Des vestes; c'est-à-dire, une postérité. 

8. Tour du troupeau ; c'est, selon la plupart des interprétes, Jérusalem, ordinaire- 
ment appelée fille de Sion, parce qu'elle était au pied et autour de cette montagne; 
et selon les mêmes autorités le nom de four du troupeau lui est donné ici, parce qu'on 
la considère comme ruinée par les Chaldéens et réduite à l'état des huttes de bergers, 
que l'Eeriture nous représente comme les plus chétives habitations (IV Rois, xxvu, 9; 
xvi, 8). — Fille de Sion. Voy., sur cette expression, 14016, 1, 8. 

13. * Je te poserai une corne de fer, etc. Je te rendrai forte comme un taureau qui 
aurait des cornes de fer et un sabot d'uirain. 


v.]‏ .8ס] 


foule aux pieds £es ennemis ; parce 
que je te poserai une corne de 
fer, el je te poserai des ongles 
d'airain, et tu briseras beaucoup 
de peuples, et Lu immoleras au 
Seigneur leurs rapines, et leur 
puissance au Seigneur de toute 
la terre. 


CHAPITRE V. 


Naissance du Messie. Réprobation des 
Juifs. Conversion des gentils. Rappel 
des Juifs. Israél délivré de la puissance 
des Assyriens. Restes de Jacob exaltés. 
L'idolâtrie détruite parmi eux. 


1. Maintenant tu seras ravagée, 
ville de voleurs; ils ont mis le 
siège devant nous; avec la verge 
ils frapperont la joue du juge 
d'Israël. 

2. Er ΤΟΙ, Berazéem Ephrata, tu 
es très petit entre les mille de 
Juda; de toi sortira pour moi ce- 
lui qui doit être le dominateur 
en Israël, et sa génération est du 


Cap. V. 2. Matt., 11, 6; Jean, vi, 42. 


MICHEE. 


2101 


commencement, des jours de l'é- 
ternité. 

3. À cause de cela, il les livrera 
jusquau jour oü celle qui doit 
enfanter enfantera, et les restes 
de ses frères se tourneront vers 
les fils d'Israël. 

4. Et il demeurera ferme, et il 
paitra son troupeau dans la force 
du Seigneur, dans la sublimité 
du nom du Seigneur son Dieu; 
etils se convertiront, parce qu'a- 
lors il sera glorifié jusqu'aux ex- 
trémités de la terre. 

5. Et celui-ci sera la paix : lors- 
que lAssyrien sera venu dans 
notre terre, et qu'il aura foulé 
aux pieds /e pavé de nos maisons, 
nous susciterons contre lui sept 
pasteurs et huit hommes du pre- 
mier rang. 

6. Et ils gouverneront la terre 
d'Assur avec le glaive, et la terre 


de Nemrod avec ses propres lan- 


ces; et il nous délivrera de l'As- 


1. Ce verset est une continuation du précédent, auquel le texte hébreu le rattache. 
— * Le sens de l'hébreu est celui-ci : « Maintenant rassemble tes troupes, fille de la 
mullitude, » c'est-à-dire, rassemble tes hommes de guerre pour montrer ta force et 
te défendre. 

2. Ephrata; est l'ancien nom de Bethléhem (Genèse, xxxv, 19; xLvur, 1); ce mot la 
distingue d'une autre Bethléhem située dans la tribu de Zabulon. — Trés petit (par- 
vulus). Ce masculin qui se lit aussi dans le texte original, forme une exception à la 
règle générale suivant laquelle les noms de villes et de pays sont du genre féminin. 
Selon saint Jean (vir, 42), ce n'était qu'un bourg. — Entre les mille de Juda. Les Hé- 
breux étaient anciennement divisés en diverses classes dont l'une était composée de 
mille hommes (Exode, xvii, 21 et suiv.; Deutéron.). Quand saint Matthieu (u, 6) dit 
que Bethléhem n'est pas la moindre parmi les principales villes de Juda, il est évident 
qu'il ne l'entend pas de son étendue et de sa population, mais bien de son importance, 
comme étant le lieu de la naissance du Messie. Il n'est pas moins évident par le pas. 
sage de saint Matthieu (rr, 1 et suiv.) qu'au temps de Jésus-Christ, les Juifs eux-mêmes 


voyaient le Messie dans la prophétie de Michée. — * Sur Bethléhem, voir la note 2 
à la fin du t. IV, p. 658. 
5. L'Assyrien est mis ici pour les ennemis en général du peuple de Dieu. — Nous 


susciterons; littér., et nous. Voy. sur ce et, Osée, xt, 1, — * Sept pasteurs et huit 
hommes, locution qui signifie un grand nombre. ; 

6. Ses (ejus), étant au féminin dans l'hébreu, ne peut se rapporter qu'au mot ferre, 
qui précède immédiatement. — * Lu terre d'Assur, l'Assyrie dont Ninive était la ca- 
pitale. — La terre de Nemrod, la Babylonie, où Nemrod commenca à régner (Genèse, 
> SE LUE 


2102 


syrien, lorsqu'il sera venu dans 
notre terre, et qu'il aura foulé 
aux pieds 16 so/ de nos confins. 

1. Et les restes de Jacob seront 
au milieu de beaucoup de peuples 
comme la rosée du Seigneur, 
comme des gouttes sur l'herbe, 
qui n'attend pas un homme, et 
n'espere pas dans les fils des 
hommes. 

8. Et les restes de Jacob seront 
parmi les nations, et au milieu 
de beaucoup de peuples, comme 
un lion parmi les bétes des foréts, 
comme 16 petit d'un lion parmi 
les troupes de menu bétail; lors- 
qu'il a traversé wn troupeau, et 
foulé aux pieds, et ravi sa proie, il 
n'y a personne qui /a lui arrache. 

9. Ta main s'élévera sur ceux 
qui te combattent, et tous tes en- 
nemis périront. 

10. Et il arrivera en ce jour-là, 
dit le Seigneur, j'enlèverai les 
chevaux du milieu de toi, et je 
briserai tes quadriges. 

11. Et je ruinerailes cités de ton 
pays, et je détruirai toutes tes 
fortifications; j'enlèverai les ma- 
léfices de ta main, et il n'y aura 
plus de divinations dans toi. 


VI. 3. Jérém., 11, 5.‏ .פאז 


MICHÉE. 


[cH. vi." 
12. Et je ferai périr tes images 
taillées au ciseau et les statues du 
milieu detoi, et tu n'adoreras plus 
les ouvrages de tes mains. 

13. Et j'arracherai tes bocages 
du milieu de toi, et je briserai tes 
cités. 

14. Et j'exercerai dans 200 fu- 
reur et dans 270% indignation la 
vengeance sur toutes les nations 
qui ne m'ont pas écouté. 


CHAPITRE VI. 


Ingratitude des 1898611168. Moyens de 
plaire au Seigneur. Infidélités des ls- 
raélites. Vengeance du Seigneur sur 
eux. 


1. Ecoutez ce que dit le Sei- 
eneur : Lève-toi, plaide contre les 
montagnes, et que les collines en- 
tendent ta voix. 

2. Que les montagnes écoutent 
le jugement du Seigneur, ainsi 
que les fermes fondements de la 
terre; car le Seigneur a une dis- 
cussion avec son peuple, et avec 
Israël il entrera en jugement. 

3. Mon peuple, que t'ai-je faitou 
en quoiai-je été fácheux pourtoi? 
réponds-moi. 

4. Est-ce parce que je t'ai retiré 


1. * La vosée,... qui n'atlend pas un homme, mais vient du Seigneur et conserve en 
Palestine par son abondance les fruits de la terre, durant la saison d'été où il ne 
tombe pas de pluie. 


1. et suiv. * 39 Le troisième discours, vi-vir, est un dialogue entre Dieu et son peuple; 
il dépeint d'une manière dramatique quelle a été l'ingratitude de ce dernier, Le Pro- 
phéte, vr, 1-2, annonce la discussion ; 3-5, Dieu rappelle à Israél les bienfaits dont il 
l'a comblé ; 6-7, le peuple, ne pouvant nier son infidélité, demande comment il pourra 
désarmer la colère divine ; 8, Michée lui montre la voie du salut et lui répond que 
z'est en faisant le bien; 9-16, malheuraux enfants de Jacob s'ils continuent à vivre dans 
l'injustice, le châtiment sera terrible! Après avoir proféré cette menace, que le Sei- 
zneur l'a chargé de faire entendre en son nom à Juda, le Prophéte demande à Dieu 
pardon pour les coupables, vir, 1-14. Dieu se laisse toucher, il promet de renouveler 
les merveilles d'autrefois, 15-17, et Michée termine en le remerciant de sa bonté et 
de sa miséricorde, 18-20. 

4. Marie était la sœur de Moïse. 


(cn. vi.] 
de la terre d'Egypte, et queje t'ai 
délivré d'une maison d'esclaves, 
et que j'ai envoyé devant ta face 
Moise, Aaron et Marie? 

5. Mon peuple, souviens-toi, je 
te prie, de ce que pensa Balach, 
roi de Moab, et de ce que lui ré- 
pondit Balaam, fils de Béor, de- 
puis Sétim jusqu'à Galgala, afin 
que tu reconnusses les justices du 
Seigneur. 

6. Qu'offrirai-je de digne au Sei- 
gneur? fléchirai-je le genou de- 
vant le Dieu très haut? Est-ce que 
jelui offrirai des holocaustes et 
des génisses d'une année? 

7. Est-ce que le Seigneur peut 
étre apaisé avec mille béliers ou 
avec beaucoup de milliers de 
boues engraissés? Est-ce que je 
donnerai mon premier-né pour 
mon crime,et le fruit de mes en- 
irailles pour le péché de mon 
âme? 

8. Je t'indiquerai, ó homme, ce 
qui est bon, etce que ie Seigneur 
demande de toi : C'est de prati- 
quer la justice, d'aimerla miséri- 
corde et d'étre vigilant à marcher 
avec ton Dieu. 

9. La voix du Seigneur crie à 


MICHÉE. 2105 


la cité, et le salut sera pour ceux 
qui craignent votre nom : Ecou- 
tez, ὃ tribus; mais qui approuvera 
cela? 

10. Les trésors de liniquité 
sont encore un feu dans la mai- 
son de limpie, et la petite me- 
sure est pleine de la colere dw 
Seigneur. 

11. Est-ce que je jusüfierai une 
balance impie et les poids trom- 
peurs du sachet? 

19. Cest par ees moyens que 
ses riches se sont remplis d'ini- 
quité, et ses habitants parlaient 
mensonge, et leur langue était 
frauduleuse dans leur bouche. 

13. Et moi donc j'ai commencé 
à te frapper de perdition à cause 
de tes péchés. 

14. Tu mangeras, et ne seras 
pas rassasié; et ton humiliation 
sera au milieu de toi; tu saisiras, 
et ne sauveras pas; et ceux que 
tu auras sauvés, je les livrerai au 
glaive. 

15. Tu semeras et ne moisson- 
neras pas; tu presseras l'olive, et 
tu ne toindras pas d'huile, tu 
feras du moüt, et ne boiras pas 
de vin. 


5. Nomb., xxi, xxi, — 15. Deut., xxvir, 38; Agg., 1, 6. 


5. De ce que pensa; des desseins, etc. Voy. Nombr., xxu, xxiv. — Sélim, lieu où les 
Israélites se livrérent à l'idolàtrie avec les Moabites. — Galgala, le premier campe- 
ment des Israélites dans la terre de Chanaan (Josué, 1v, 19). — * Sétim, sur les bords 
du Jourdain, à l'est, prés de son embouchure dans la mer Morte, était vis-à-vis de 
Galgala et de Jéricho. 

8. Marcher, etc.; hébraisme, pour se conduire d'une manière irréprochable, parfai- 
tement conforme à la volonté divine. 

9. La cité, Jérusalem ou Samarie, capitale du royaume d'Israél; car il parait, par 
le vers. 16, que la prophétie contenue dans ce chapitre regarde les dix tribus. — 
Qui approuvera cela: qui est-ce qui recevra avec soumission la parole du Seigneur? 

10. La petite mesure. Voy. Amos, vin, 5. 

. 11. Anciennement, chez les Hébreux, chacun portait sur soi un sachet dans leque] 
étaient des pierres qui servaient de poids pour peser l'argent. 

12. Ses riches; les riches de Jérusalem, ou de Samarie, Voy. vers. 9, 

13. Dans ce verset et les suivants Dieu s'adresse à Samarie, 

14. Tu saisiras; tu prendras tes enfants entre tes bras. 


2104 


16. Ft tu as gardéles préceptes 
d'Amr et toutes les œuvres de 
la maison d'Achab, et tu as mar- 
ché dans leurs volontés, afin que 
je te livre à la ruine, et ses ha- 
bitants au sifflement; l'opprobre 
de mon peuple, vous le porterez. 


CHAPITRE VII. 


Petit nombre des justes dans la maison 
de Jacob. Vengeances du Seigneur. At- 
tente de ses miséricordes. Ruine de 
Babylone. Rétablissement d'Israël et 
de toute la maison de Jacob. Merveilles 
de leur délivrance. 


1. Malheur à moi, parce que je 
suis devenu comme celui qui re- 
cueille en automne des grappes 
deraisins oubliées pendantla ven- 
dange ; 11 n'y a pas une grappe à 
manger; mon âme a désiré quel- 
ques figues précoces. 

2. Le sainta disparu de la terre, 
il n'y a pas un juste parmi les 
hommes; tous tendent des pieges 
dans le sang; l'homme fait une 
chasse à mort à son frère. 

3. Ils appellent bien le mal de 
leurs mains; le prince demande, 
etle juge est pour la rétribution, 
et le grand a dit le désir de son 
âme, et ainsi ils ont troublé la 
terre. 


CHAP. VII. 6. Matt., x, 35, 36. 


MICHÉE. 


[cg. vir.] 


4. Celui qui estle meilleur d'en- 
tre eux est comme un paliure, et 
celui qui est juste, comme l'épine 
d'une haie. Le jour de ton ins- 
pection, ta visite est venue; alors 
sera leur désolation. 

9. Ne croyez pas à un ami, et 
ne vous confiez pas à un guide; 
pour celle qui dort près de toi, 
ferme la porte de ta bouche. 

6. Le fils fait outrage à son 
père, et la fille s'élève contre sa 
mère, la belle-fille contre sa belle- 
mère; les ennemis de l'homme 
sont ses serviteurs. 

7. Mais moi, je porterai mes 
regards sur le Seigneur, j'atten- 
drai le Dieu mon. Sauveur; mon 
Dieu m'écoutera. 

8. Ne te réjouis pas sur moi, 
mon ennemie, parce que je suis 
tombée; je me relèverai lorsque 
je me serai assise dans les téne- 
bres, le Seigneur est ma lumiere. 

9. Je porterai la colere du Sei- 
gneur, parce que j'ai péché contre 
lui, jusqu'à ce qu'il juge ma cause 
et qu'il accomplisse mon juge- 
ment : il me fera sortir à la lu- 
miére, je verrai sa justice. 

10. Et mon ennemie verra et 
sera couverte de confusion, elle 
qui me dit : Où est le Seigneur 


16. Amri, roi d'Israël, et Achab son fils, furent de trés méchants princes (III Rors, 
xvi, 25 et suiv.). — Au sifflement; c'est-à-dire, à la risée. 
1. * Figues précoces, les premières figues, qui sont excellentes. 


3. Le mal de leurs mains; le mal qu'ils font. — Le prince demande, exige des choses 
injustes. — Le juge est pour la rétribution (Judex in reddendo est), se fait rétribuer, 
exige des présents de ses clients. Compar. nr, 11. Pour cette interprétation qui paraît 
la plus simple et la plus conforme au texte hébreu, il faut supposer que reddendo a 
ici le sens passif. Or ce n'est pas le seul cas où le gérondif en latin se trouve employé 
dans ce sens. — 3. La terre; le pays. Le pronom féminin eam se rapporte à ferre 
(ferra) du verset précédent. 

4. Ta visite; c'est-à-dire, ta punition, ton châtiment. — Leur désolation; la désola- 
tion du prince et du juge, mentionnés au verset précédent. 

8. Ne te réjouis pas, etc.; c'est Samarie qui parle à Babylone, 


[cH. vir.] 


ton Dieu? Mes yeux la verront; 
alors elle sera foulée aux pieds 
comme la boue des places pu- 
bliques. 

11. Le jour oü les murs de cló- 
ture seront bátis, en ce jour-là 
s'éloignera de 707 la loi. 

19. En ce jour-là, on viendra 
d'Assur et jusqu'à toi et jusqu'à 
tes cités fortifiées; et des cités 
fortifiées jusqu'au fleuve, et d'une 
mer à l’autre mer, et de la mon- 
tagne jusqu'à la montagne. 

13. Et la terre sera désolée à 
cause de ses habitants et à cause 
du fruit de leurs pensées. 

14. Seigneur, paissez avec vo- 
ire verge votre peuple, le trou- 
peau de votre héritage, qui de- 
meure seul dans la forét, au mi- 
lieu du Carmel; ils paitront en 
Basan et en Galaad, comme aux 
jours anciens. 

15. Comme aux jours de ta sor- 
tie de la terre d'Egypte, je lui 
ferai voir des merveilles. 

16. Des nations verront, et se- 


18. Jér., x, 6; Actes, x, 43. 


MICHÉE. 


2105 


ront confondues avec toute leur 
puissance; elles mettront la main 
sur Jeur bouche, et leurs oreilles 
seront assourdies. 

17. Elles lécheront la poussière 
comme les serpents; comme les 
reptiles de la terre, elles seront 
fortement troublées dans leurs 
demeures; elles redouteront le 
Seigneur notre Dieu, et elles te 
craindront, ὁ 1sraël. 

18. Quel Dieu est semblable à 
vous, qui Ôtez l'iniquité, et passez 
sous silence le péché du reste de 
votre héritage? il n'enverra plus 
désormais sa fureur, parce qu'il 
veut la miséricorde. 

19. Il reviendra, etil aura pitié 
de nous; il laissera de cóté nos 
iniquités, et il jettera dans le 
profond de la mer tous nos pé- 
chés. 

20. Seigneur, vous accomplirez 
votre vérité envers Jacob, votre 
miséricorde envers Abraham ; ce 
que vous avez juré à nos pères 
des les jours anciens. 


11. S'éloignera, etc.; tu seras affranchie de la loi du vainqueur. 

12. D'une mer, etc. Ces deux mers sont probablement la Méditerranée à l'occident 
et la mer Morte à l'orient. — De la montagne, etc., c'est-à-dire, depuis les montagnes 
de l'Arabie Pétrée jusqu'à celles du Liban au septentrion. — * Au lieu de cités forti- 
fiées, l'hébreu porte : cités d'Egyple. — Jusqu'au fleuve de l'Euphrate. 

14. Le troupeau, etc.; ce sont les Israélites revenus de la captivité. Affranchis de la 
captivité de leurs ennemis, capables de se soutenir seuls et sans le secours d'autrui, il: 
paissent en liberté et sans crainte au milieu de leur pays, et dans la fertilité du 
Carmel. — * Basan. Noir Nomór., xxi, 34. — Galaad. Voir Nombr., xxxi, 1. 

16. * Elles mettront la main sur leur bouche pour marquer que l'étonnement 1 


l'admiration les rendent muettes. 
17. * Lécher la noussiére, c'est ramper. 


NAHUM 


INTRODUCTION 


Nahum (consolation ou celui qui console), le septième des petits prophètes, 
était originaire d'Elgósch, petit village de Galilée. Il prophétisa contre Ninive, 
avec une telle vivacité de couleurs, que plusieurs critiques ont cru qu'il avait vu 
de ses yeux la capitale de l'Assyrie, ce qui est néanmoins fort peu probable. Il 
vivait en Palestine, et il écrivait aprés la ruine du royaume des dix tribus et 
l'invasion de Sennachérib. La date de son livre, qui a été contestée jusque dans 
ces derniers temps, nous est maintenant donnée d'une maniére certaine par les 
documents assyriens. Il fut rédigé peu aprés la: ruine de la ville de No Amon, 
c'est-à-dire Thèbes, appelée dans la Vulgate Alexandrie, mr, 8; or cet événe- 
ment eut lieu vers l'an 665 av. J.-C. — L'authenticité dela prophétie de Nahum 
est admise par tout le monde. 

Nahum avait une imagination vive et riche, son style, malgré quelques em- 
prunts aux écrivains antérieurs, se distingue par son originalité ; il est remar- 
quable par sa pureté et sa clarté. 

La prophétie de Nahum porte le titre de Massá, malheur accablant, comme les 
prophéties d'Isaie contre les nations étrangères. Elle annonce la ruine de Ninive 
et de la puissance assyrienne, qui non seulement avait anéanti Samarie, ri, 2, 
mais avait aussi profondément abaissé Juda, τ, 9, 11, 12. Ninive est alors dans 
tout l'éclat de sa gloire, 1, 12; 11, 41-12; πὶ, 9; mais à cause de ses péchés, ri, 
1, 4, elle périra, 1, 13; 11, 10; ur, 7. 

Nahum divise son oracle en trois parties, 1, 1-14; τ, 15-11; m. La première fait 
connaitre le jugement que Dieu a prononcé contre la capitale de l'Assyrie; la 
seconde, la prise, le pillage et la destruction de cette ville; la troisiéme, ses 
crimes et sa ruine irréparable. Cette prédiction a été si littéralement accom- 
plie que jusqu'en l'année 1842, on a ignoré jusqu'à l'emplacement qu'avait 
occupé Ninive. 


(cu. 1.] 


CHAPITRE PREMIER 


Prophétie contre Ninive. Le Seigneur est 
juste, puissant et terrible dans ses 
vengeances. ll protège ceux qui espè- 
rent en lui. Ruine de Ninive. Défaite 
des Assyriens. Délivrance de Juda. 


1. Malheur accablant de Ninive : 
Livre de la vision de Nahum I El- 
céséen. 

2. C'est un Dieu jaloux et qui se 
venge, le Seigneur; le Seigneur 
se venge, et il a de la fureur; le 
Seigneur se venge de ceux qui le 
combattent, et il se met en colère 
contre ses ennemis. 

3. Le Seigneur est patient et 
grand en puissance ;il ne fera pas 
pur et innocent wn coupable. Le 
Seigneur, ses voles sont dans la 
tempéte, et les tourbillons, et les 
nuées sont la poussiere de ses 
pieds. 

4. Il gourmande la mer et il la 
desseche; et il convertit tous les 
lleuves en un désert. Le Basan et 
le Carmel ont langui, et la fleur 
du Liban s'est flétrie. 

9. Lesmontagnes ont été ébran- 
lées par lui, et les collines ont été 
désolées,etla terre a tremblé de- 


NAHUM. 


2107 
vant sa face, ainsi que le globe et 
tous ceux qui l'habitent. 

6. Devantlaface de son indigna- 
tion qui subsistera? et qui résis- 
tera devantla colere de sa fureur? 
Son indignation s'est répandue 
comme 16 feu; les rochers ont été 
dissous par lui. 

7. Bon est le Seigneur, il forti- 
fie au jour de la tribulation, il sait 
ceux qui espèrent en lui. 

8. Et par un déluge qui passera, 
il consommera laruine de ce lieu, 
et ses ennemis, des ténèbres les 
poursuivront. 

9. Que méditez-vous contre le 
Seigneur? il consommera lui-mé- 
me la ruine; et il n'y aura pas lieu 
a une double tribulation. 

10. Parce que comme des épi- 
nes s'entrelacent, ainsi est leur 
festin, quand ils boivent ensem- 
ble; ils seront consumés, comme 
une paille entierement seche. 

11. Detoi sortira celui qui pense 
le mal contre le Seigneur, qui 
dans son esprit médite la prévari- 
cation. 

12. Voici ce que dit le Seigneur : 
S'ils sont complets, et par là-mé- 
me nombreux, ils subiront des 


——————————————— 


1. Malheur accablant. Voy., sur cette expression, Isaie, xus, 1. — L'Elcéséen; c'est- 
à-dire, d'Eleés ou Elcésé, village de Galilée, selon Eusébe et saint Jérôme. — * Ninive, 


Voir Jonas, 1, 2. 


3. Il ne fera pas, ete.; littér., purifiant, il ne fera pas innocent, et selon l'hébreu : 
vurifiant, il ne purifiera pas, c'est-à-dire, il ne laissera pas 16 crime impuni. 

4.* Basan. Voir la note sur Nomór., xxi, 33. — Le Carmel et le Liban sont nommés 
avec Basan à cause de leur riche végétation. 

6. La colére de sa fureur. Voy. sur cette expression, Jérémie, 1v, 8. 

8. Par un déluge, etc. Dans l'Ecriture, le déluge, l'inondation se prend souvent pour 
un fléau terrible, telle que l'invasion d'un ennemi qui ravage et détruit tout. Mais 
rien n'empéche de l'entendre ici à la lettre d'une inondation réelle du Tigre sur 


lequel Ninive était située. 


10. Comme des épines, etc. Lorsque le feu prend à des épines bien entrelacées, tout 
est consumé, de maniére qu'on n'en puisse sauver la moindre partie; ainsi en sera- 
t-il des Assyriens réunis ensemble dans leurs festins. 

12. Complets; c'est le vrai sens du latin perfecti, expliqué par l'hébreu. — Subiront 
des retranchements; littér., seront tondus; figure employée aussi par Isaie (vri, 20), en 


parlant des Assvriens. 


2108 
retranchements, et chacun d'eux 
passera; je t'ai affligé, mais je ne 
t'affligerai plus. 

13. Et maintenant je briserai sa 
verge en l'éloignant de ton dos, 
et je romprai tes liens. 

14. Et le Seigneur donnera ses 
ordres à ton sujet, on ne semera 
plus en ton nom; du temple de 
lon Dieu je détruirai limage 
taillée au ciseau, et la statue 
jelée en fonte, j'en ferai ton sé- 
pulcre, parce que tu t'es désho- 
noré. 

15. Voici sur les montagnes les 
pieds de celui qui évangélise et 
annonce la paix ; célebre, ὁ Juda, 
tes fêtes, et acquitte tes vœux; 
parce que Bélial ne passera plus 
à l'avenir au milieu detoi;ilapéri 
tout entier. 


CHAPITRE II. . 


Le Seigneur prend la dé'ense de la mai- 
son de Jacob, et exerce ses vengeances 
sur les Ninivites. Prise, désolation, 
ruine de Ninive. 


1. Il monte, celui qui ravagera 


CuaP. I. 15. Is., ru, 7; Rom., x, 15. 


NAHUM. 


[cn. 11.) 


devant toi, qui maintiendra le 
siege; considère la voie, affermis 
tesreins,augmente extrémement 
taforce. —— 

2. Parce que le Seigneur a réta- 
bli la gloire de Jacob et la gloire 
d'Israél; parce que les dévasta- 
teurs les ont dispersés et ont gâté 
leurs rejetons. 

3.Le bouclier de ses braves est 
de feu, les hommes de l'armée 
sont vétus d'écarlate; les cour- 
roies de son char sont de feu, au 
jour desa préparation au combat, 
et ceux quile conduisent se sont 
assoupis. 

4. Sur les routes ils sont allés 
sans ordre; les quadriges se sont 
heurtés au milieu des places pu- 
bliques; leur aspect était comme 
des lampes, comme des éclairs 
sillonnant /es nues. 

8. Il se souviendra de ses bra- 
ves; ils tomberont dans leurs 
marches; ils monteront rapide- 
ment sur ses murs, et il Jeur sera 
préparé un abri. 

6. Les portes desfleuves ont été 


13. En l’éloignant est évidemment sous-entendu. Compar. Osée, 1, 2. 


14. On ne sèmera, etc.; c'est-à-dire, ton nom ne sera pas perpétué parmi tes des- 
cendants, tu n'auras pas de postérité; ou bien, selon d'autres, le bruit de ton nom 
ne se répandra plus à l'avenir, on ne sémera plus de nouvelles effrayantes à ton sujet. 

15. Voici sur les montagnes, etc. Voy. Isaie, ut, 7. — Bélial, le roi d'Assyrie, dési- 
gné ici par ce mot. Voy. II Corinth., vi, 15. — Ne passera plus; littér., n'ajoutera pas 
à passer. Voy. sur cet hébraisme, t. Il, p. 342, 2e. — Tout entier (universus); c'est-à- 
dire, avec tout son peuple. 


9. La gloire, la grandeur ; c'est le sens du latin superbiam, expliqué par l'hébreu, 

3. Se sont assoupis; par la confiance qu'ils avaient dans la force de leurs armes. — 
* « Qu'y a-t-il, dans l'antiquité profane, de comparable à Nahum voyant de loin en 
esprit tomber la superbe Ninive sous les efforts d'une armée innombrable? On croit 
voir cette armée, on croit entendre le bruit des armes et des chariots; tout est 
dépeint d'une maniére vive qui saisit l'imagination : il laisse Homére loin derriére 
lui. » (FÉNELON.) 

4. Sur les roules, etc.; ils sont venus en si grand nombre qu'ils n’ont pu garder 
aucun ordre dans leur marche, et que lorsqu'ils sont entrés dans quelque ville, leurs 
zhariots n'ont pu passer librement dans les rues. 

6, 8. Voy. sur les mots /leuves, piscine d'eaux, 1, 8. — * Une inscription de Senna- 


(cu. ur.) 
ouvertes, et le temple ἃ été ren- 
versé par terre. 

7. Et le soldat a été emmené 
captif, et ses servantes étaient 
conduites, gémissant comme des 
colombes et murmurant dans 
leurs cœurs. 

8. Et Ninive, ses eaux étaient 
comme une piscine d'eaux ; mais 
eux ont pris la fuite : arrétez, ar- 
rétez, et il n'est personne qui re- 
vienne. 

9. Pillez l'argent, pillez l'or; et 
ses richesses en toute sorle de 
choses précieuses sont sans fin. 

10. Ninive a été dévastée, dé- 
chirée, mise en pièces, et le cœur 
s'est fondu, et 1 y a eu faiblesse 
dansles genoux, défaillance dans 
tous les reins; et les faces d'eux 
tous étaient comme le noir d'une 
marmite. 

11. Où est nive, demeure des 
lions, et propre au páturage des 
petits des lions, vers laquelle allait 
le lion, afin d'y entrer, ainsi que 
le petit du lion, etil n'y a personne 
qui l'épouvante. 

49. Le lion a ramassé suffisam- 
ment pour ses petits, et a égorgé 
pour ses lionnes ; et il a rempli de 


NAHUM. 


2109 


proie ses tanières, et son repaire 
de rapine. 

13. Voici que moi je viens à toi, 
dit le Seigneur des armées, et 
je mettrai le feu à tes quadriges, 
et je les réduirai en fumée, et le 
glaive dévorera tes lionceaux ; et 
j'exterminerai de laterre ta proie, 
et l'on n'entendra plus la voix de 
les messagers. [ 


CHAPITRE Ill. 


Crimes de Ninive; vengeances du Sei- 
gneur sur elle. Exemple qui lui est 
proposé dans la désolation de No- 
Ammon. Désolation et ruine de Ninive. 


1. Malheur, cité de sang, tout 
entière au mensonge, pleine de 
brigandages; la rapine ne te quit- 
tera pas. 

2. Voix du fouet et voix de l'im- 
pétuosité de la roue, et du cheval 
qui frémit, du quadrige brülant, 
et du cavalier qui monte; 

3. Et du glaive brillant, et dela 
lance étincelante, et de la multi- 
tude tuée, et de la ruine cruelle; 
et les cadavres sont sans fin, et 
ils tomberont sur leurs corps 
morts. 

4. À cause dela multitude des 


69. III. 1. Ezéch., xxiv, 9 ; Habac., 11, 12. 


chérib, dite de Bellino, parle des dégàts et des dévastations produites par une inon- 
dation dans un palais royal de Ninive. — Ouvrir les portes des fleuves, c'est en rompre 
les digues et donner aux eaux libre carrière, L'historien syrien Barhébræus dit que 
lorsque le perse Arbace prit la ville, il brisa les portes du Tigre et inonda ainsi 
Ninive. 

11. Propre au páturage; le mot pascua est ici le féminin de l'adjectif pascuus, 
comme le prouve le relatif suivant, laquelle (quam), qui représente lui-méme le sub- 
stantif Ninive. 

13. J'exterminerai, etc.; je ferai que tu ne pourras plus ravir de proie sur la terre, 
ou bien, j'enléverai de ton pays tout ce que tu as pris aux autres. — L'on n'entendra 
plus, etc.; allusion au discours impie et menaçant de Rabsacès, messager de Senna- 
chérib. Voy. IV Rois, xviu, 17 et suiv.; IL Paralip., xxxu, 9 et suiv.; [saie, xxxvi, 2 
et suivant. 


1. De sang; littér., et par hébraisme, de sangs. Voy. Ezéch., xxu, 2. 


3. Sans fin; sans nombre. — 1/9 tomberont, etc., c'est-à-dire, les soldats tomberont 
et ne pourront pas avancer, faut sera grand le nombre des corps morts des Ninivites, 


2110 NAHUM. 


fornications de lacourtisane, belle 
et gracieuse, et possédant l'art 
des maléfices, laquelle a vendu 
des peuples par ses fornications, 
et des nations par ses maléfices; 


9. Voici que moi je viens vers : 


toi, dit leSeigneur des armées, et 
je découvrirai ta honte à ta face, 
et je montrerai à des nations ta 
nudité, et à des royaumes ton 
ignominie. 

6. Et je jetterai sur toi £es abo- 
minations, et je te couvrirai d'in- 
famie, et je ferai de toi un exem- 
ple. 

1. Et il arrivera que quiconque 
te verra se retirera de toi, et dira : 
Elle a été dévastée, Ninive; qui 
secouera la téte sur toi? oü cher- 
cherai-je un consolateur pour toi? 

8. Est-ce que tu es meilleure 
qu'Alexandrie des peuples, qui 
habite au milieu des fleuves, en- 
vironnée d'eaux; dont les ri- 
chesses sont la mer, et les eaux 
les murs? 

9. L'Ethiopie éfait sa force, 


δ, πὶ. ΧΟΝΤΙ, Ὁ» 


(cu. ui. | 
ainsi que l'Egypte, et il n'y a pas 
de fin ; l'Afrique et la Libye sont 
venues à ton secours, ὁ Alezan- 
drie. | 

10. Et cependant elle-même a 
été emmenée en exil et en capti- 
vité; ses petits enfants ont été 
écrasés à l'entrée de toutes les 
rues; el sur ses hommes illustres 
on a jeté le sort, ettous ses grands 
ont été chargés d'entraves. 

11. Et toi aussi, Ninive, tu seras 
done enivrée, et tu seras mépri- 
sée;et tu demanderas du secours 
à un ennemi. 

12. Toutes tes fortifications se- 
ront comme des figuiers avec des 
figues précoces; s'ilssontsecoués, 
elles tomberont dans la bouche de 
celui qui les mangera. 

13. Voilà ton peuple, ce sont des 
femmes au milieu de toi;les por- 
tes de ta terre seront tout ou- 
vertes à tes ennemis; un feu dé- 
vorera tes verroux. 

14. Puise de leau, à cause du 
siege; consiruis tes fortifications; 


7. Qui secouera, etc.; qui aura compassion de toi? Comme nous l'avons déjà remar- 
qué (Job, xvi, 5), mouvoir, ou secouer la téte sur quelqu'un signifie tantôt se moquer, 
tantôt avoir compassion de lui. Or c'est dans le dernier sens que cette expression doit 
se prendre ici. , 

8. Alexandrie des peuples; pleine de peuple, populeuse. — * Le texte original porte 
No-Amon, c'est-à-dire Thébes, au lieu d'Alexandrie. Saint Jéróme, ignorant quelle 
ville désignait No-Amon, crut qu'il s'agissait, non pas d'Alexandrie, qui n'existait 
pas du temps de Nahum, mais d'une ville qui aurait fleuri antérieurement à la méme 
place. Thèbes, capitale de la Haute-Egypte, au milieu des eaux du Nil, fut saccagée 
du temps de Nahum par les Assyriens. Le roi de Ninive, Assurbanipal, ayaut 
battu les troupes du roi d'Egypte, Urdaman, successeur de Tharaca, dans les envi- 
rons de Memphis, Urdaman se retira à Thébes. L'armée assyrienne l'y poursuivit et 
mit au pillage cette riche cité, le pharaon s'étant enfui à l'approche des ennemis, 
vers l'an 665. 

9. Π| m'y a pas de fin à énumérer les autres nations qui pouvaient être ses auxiliaires, 
— * L'Ethiopie était sa force. Tharaca, père d'Urdaman, avait été d'abord roi d'Ethio- 
pie et avait uni ce pays à l'Egypte. — L'Afrique, en hébreu Put, en égyptien Punt, 
contrée d'Arabie, selon les uns; la côte de Somal, selon les autres. — La Libye, à 
l'ouest de l'Egypte. 

13. Tout ouvertes; littér., et par hébraisme, par l'ouverture elles seront ouvertes. 

14.* Fais de la brique; les murs et les maisons de Ninive étaient en briques. 


[c. τπΆ 


entre dans l'argile, et foule-/a aux 
pieds; en la mettant en couvre, 
fais de la brique. 

15. Là, un feu te consumera ; 
tu périras par le glaive, il te dé- 
vorera comme le bruchus; ras- 
semble-toi comme le bruchus; 
multiplie-toi comme la saute- 
relle. 

16. Tu as fait plus de trafics qu'il 
n'y a d'étoiles au ciel; lebruchus 
s'est répandu et envolé. 

11. Tes gardes sont comme des 
sauterelles, et tes petits enfants 
comme les sauterelles des saute- 
relles qui se posent dans les haies 


NAHUM. 


2111 


dans un jour de froid; le soleil 
s'est levé, et elles se sont envolées 
et on ne connaît pas la place où 
elles ont été, 

18. Ils se sont endormis, tes pas- 
teurs, ὃ roi d'Assur, tes princes 
seront ensevelis dans le sommeil; 
ton peuple s'est caché dans les 
montagnes et il n'y apersonne qui 
le rassemble. 

19. Ta blessure n'est pas cachée, 
sa plaie est très maligne; tous 
ceux qui ont appris des nouvelles 
de toi ont frappé des mains à ton 
sujet; car sur qui ta malice ne 
5. est-elle pas toujours portée? 


11. Les sauterelles des sauterelles, les petits des sauterelles, les jeunes sauterelles. 
19. * Ninive succomba vers l'an 606 sous les coups des Mèdes et des Babylonicas 
réunis, et elle ne s'est jamais relevée de sa ruine. 


en tn SO om) 


HABACUC 


INTRODUCTION 


dabacuc, le huitième des petits prophètes, était de la tribu de Lévi. C'est 
tout ce que nous savons d'authentique sur sa personne. Sa prophétie n'est point 
datée, mais, d'aprés le contenu, nous voyons qu'elle est antérieure à l'invasion 
des Chaldéens en Palestine, r, 6. Cette invasion est annoncée comme prochaine, 
1, δ; c'est par conséquent entre l'an 650 et l'an 627 qu'a prophétisé Habacuc. 

Il a écrit dans une forme poétique trés régulière. Sa prière, nr, est une com- 
position sans rivale pour la hardiesse de la conception, la sublimité de la pen- 


sée et la majesté de la diction. — L'authenticité de son livre est hors de 
contestation. 
La prophétie d'Habacuc se divise en deux parties. — 1^ La première, 1-11, est 


an dialogue entre Dieu et le prophète, annonçant le châtiment de Juda par les 
Chaldéens, 1, et puis la ruine des Chaldéens eux-mêmes, 11. Habacuc se plaint 
des succés des Juifs impies, 1, 2-4. Le Seigneur lui répond qu'il va armer contre 
eux les Chaldéens. Ceux-ci, néanmoins, se rendront coupables à leur tour, 
parce qu'ils attribueront leur victoire, non à lui, mais à leurs idoles, 5-11. Le 
prophète intercéde alors pour son peuple, afin que Dieu en ait pitié quand il 
l'aura châtié, 12-17. Dieu annonce que les Chaldéens périront ; il prononce cinq 
fois Malheur contre eux, 11, à cause de leurs cinq principaux crimes : 1? Leur 
insatiable ambition, 6-8; 2° leur cupidité, 9-11; 3° leur cruauté, 12-14; 4° leur 
ivrognerie, 45-17, et 5° leur idolátrie, 18-20. — La seconde partie, ri, contient 
une prière d'Habacue en faveur de Juda; il implore la miséricorde céleste, 2; il 
décrit la majesté de Dieu qui vient juger le monde, 3-15; il tremble d'abord 
devant lui, 16-17, mais le sentiment de la confiance l'emporte et il termine par 
des accents d'espérance et de joie, 18-19. 


(cu. 1.] 


CHAPITRE PREMIER. 


Plaintes du prophète sur les iniquités de 
Juda. Vengeances du Seigneur exercées 
sur les Chaldéens. Chàtiment de Nabu- 
chodonosor. Dieu ne laisse pas l'oppres- 
sion impunie. 


1. Malheur accablant qu'a vu 
Habacuc, le prophete. 

2. Jusques à quand, Seigneur, 
crierai-je et vous ne m'exaucerez 
pas, jusques à quand élèverai-je 
ma voix avec force vers vous, 
souffrant violence, et vous ne me 
sauverez pas? 

| 3. Pourquoi m'avez-vous mon- 
tré l'iniquité et la peine, pourquoi 
avez-vous fait voir la rapine et 
l'injustice devant moi? 11 y a eu 
jugement, mais l'opposition a été 
plus puissante. 

4. A cause de cela, la loi a été 
déchirée, etle jugement n'est pas 
parvenu à l'exécution, parce que 
l'impie prévaut contre le juste; 
c'est pourquoi il sort de la une 
décision injuste. 

5. Jetez les yeux sur les nations, 
et voyez; admirez et soyezfrappés 
de stupeur : parce qu'il s'est fait 


Cuae. I. 5. Actes, xir, 41. 


HABACUC. 


2113 


en vos jours une ceuvre que per- 
sonne ne croira lorsqu'elie sera 
racontée. 

6. Car voici que moi je suscite- 
rai les Chaldéens, nation cruelle 
et prompte, qui parcourt l'éten- 
due de la terre, afin de s'emparer 
des tabernacles qui ne sont pas à 
elle. 

7. Elle est horrible et formi- 
dable; c'est d'elle-méme que le 
jugement et la charge sortiront. 

8. Ses chevaux sont plus légers 
que les léopards, et plus vites que 
les loups du soir; et ses cavaliers 
se répandront; car ses cavaliers 
viendront de loin, ils voleront 
comme un aigle se hátant pour 
manger. 

9. Tous viendront au butin; 
leur face est comme un vent brü- 
lant; et ils assembleront les cap- 
tifs, comme le sable. 

10. Et lui-méme triomphera des 
rois, et les princes seront pour 
lui un sujet de dérision; lui-même 
se moquera de toute fortification, 
et il formera un terrassement, et 
il la prendra. 

11. Alors son esprit serachangé; 


1. Malheur accablant (onus). Voy. 13076, xui, 1. | 
5. Parce qu'il s'est fait, etc. Saint Paul fait usage de ces paroles (Ac/es, xur, 40, 41), 
contre les Juifs incrédules, en leur anuoncant les maux qui vont fondre sur eux, et 
dont ceux qui arrivérent à leurs ancétres par les armes des Chaldéens étaient la 


figure. 


6. Tabernacles; mot consacré pour désigner les demeures des anciens Hébreux. 

1. C'est d'elle-méme, etc.; c'est de sa propre et unique volonté que la nation des 
Chaldéens rend la justice et impose des charges. 

8. Les loups du soir, c'est-à-dire, qui courent la nuit, et sont d'autant plus agiles et 
plus prompts, qu'ils ont souffert la faim pendant tout le jour. 

9. Ils assembleront; littér., id assemblera (congregavit). Dans les récits, le singulier 
se met souvent pour le pluriel, parce que l'on sous-entend chacun d'eux; à moins 
qu'on ne sous-entende ici le roi des Chaldéens, Nabuchodonosor, qui est représenté 
dans le verset suivant par le pronom /ui-méme (ipse). 

10. Les princes (tyranni). Voy. Daniel, 1, 3. — Lui-méme. Voy. le verset précé- 


dent. 


11. Sa puissance, etc.; littér.; sa puissance de son dieu, dont le sens pourrait ètre, 


INS. 


193 


2114 
il passera et tombera; voilà quelle 
est sa puissance qu'il tient de son 
Dieu. 

12. Est-ce que vous, vous n'étes 
pas dès le commencement, Sei- 
gneur mon Dieu, mon Saint, pour 
que nous ne mourions pas? Sei- 
gneur, vous l'avez établi pour 
accomplir votre jugement et vous 
l'avez rendu fort, afin de le chà- 
tier. 

13. Vos yeux sont purs, afin de 
ne point voir le mal; vous ne 
pourrez regarder l'iniquité : pour- 
quoi regardez-vous ceux qui font 
des iniquilés et gardez-vous le 
silence, l'impie dévorant celui qui 
est plus juste que lui? 

14. Et vous traitez des hommes 
comme les poissons de la mer, 
el comme un reptile qui n'a pas 
de prince. 

15. IL a tout enlevé avec un ha- 
mecon, il l'a entrainé dans sa 
seine, et rassemblé dans son rets. 
Sur cela il se réjouira, et il exul- 
lera. 

16. À cause de cela, il im- 
molera des victimes à sa seine. 
et il sacrifiera à son rets, parce 
que par eux son partage s'est 
accru, et sa nourriture a été ac- 
quise. 

17. À cause de cela, donc il tend 


HABACUC. 


(cu. tr. 


sa seine, et jamais il ne s'abslien- 
dra de tuer des nations. 


CHAPITRE IT. 


Ordre au prophéte d'écrire sa vision, 
Malheur à celui dont l'ambition est in- 
satiable, à celui qui établit sa maison 
par la violence, à celui qui bâtit sa ville 
dans le sang, à celui qui mêle le fiel 
dans le vin pour enivrer son allié, à 
celui qui adore le bois et la pierre. 


1. Jeme tiendrai à mon poste 
et j'arréterai mes pas sur la for- 
üfication, et je regarderai atten- 
tivement, afin que je voie ce qui 
me sera dit, et ce que je répondrai 
àcelui qui m'interpellera. 

2. Et le Seigneur me répondit 
et dit : Ecris la vision, et expose- 
la sur des tablettes, afin que ne 
s'arréte pas celui qui la lira ; 

3. Parce que /'accomplissement 
dela vision est encore éloigné, 
mais il paraitra à la fin, et il ne 
trompera pas, s'il met un certain 
délai, attends-le; caril va venir, 
et il ne tardera pas. 

4. Voici que celui qui est incré- 
dule n'aura pas en lui une âme 
droite; mais le juste vivra de sa 
foi. 

5. Et comme le vin trompe ce- 
lui qui ez boit, ainsi en sera-t-il de 
l'homme superbe, et il ne sera 
pas honoré; lui qui a dilaté son 


(παρ, II. 4. Jean, ur, 36; Rom., 1, 17; Gal., 11, 10; Héb., x, 38. 


la puissance de lui, c'est-à-dire, de son dieu, genre de construction qui n'est pas sans 


exemple en hébreu. 


14. Qui n'a pas de prince, pour le défendre, le protéger. 
11. Jamais il ne s'abstiendra; littér. et par hébraisme, foujours il ne s'abstiendra 


pas. 


2. Ne s'arréte pas; lise de suite, couramment. 


4. Mais le juste, etc.; paroles que saint Paul (Rom., 1, 17; Hébr., x, 38) applique à la 
foi en Jésus-Christ, en l’œuvre de la rédemption. 

9. Et dl ne sera pas honoré. La particule e£ peut être ici purement pléonastique, 
marquant l'apodose (voy. Osée, xr, 1), ou bien explicative, synonyme de c'est-à-dire, 
sens qu'elle a. quelquefois dans la Bible. Cette prophétie peut s'entendre non seule- 
ment de Nabuchodonosor, mais encore de la monarchie méme des Chaldéeus. 


]68. 11.[ 


âme comme l'enfer; et comme la 
mort il ne se rassasie pas; et il 
rassemblera vers lui toutes les 
nations, il réunira en foule auprès 
de lui tous les peuples. 

6. Est-ce que tous ceux-ci ne le 
prendront pas pour un sujet de 
parabole, et pour le mot de /eurs 
énigmes sur lui, et ne dira-t-on 
pas : Malheur à celui qui multi- 
plie des biens qui ne sont pas à 
lui? jusques à quand accumulera- 
t-il contre lui-mème une boue 
épaisse? 

1. Est-ce qu'ils ne se lèveront 
pas soudain, ceux qui doivent te 
mordre; et ne se réveilleront-ils 
pas, ceux qui doivent te déchirer, 
el ne seras-tu pas leur proie? 

8. Parce que tu as dépouillé 
beaucoup de nations, ils te dé- 
pouilleront toi-méme, tous ceux 
qui seront restés des peuples, à 
cause du sang d'homme que tu 
as versé, et de l'iniquité que £u as 
commise sur le pays, la cité ettous 
ceux qui habitent en elle. 

9. Malheur à qui ramasse 8 
fruits d’une avarice criminelle 
pour sa maison, afin que son 
nid soit sur un lieu élevé, et qui 
pense échapper à la main du 
malheur. 

10. Tu as formé pour ta mai- 


12. Ezéch., xxiv, 9; Nah., ur, 1. 


HABACUC. 


2115 
son des desseins qui ont été sa 
confusion, tu as mis en pièces 
beaucoup de peuples, et ton âme 
ἃ péché. 

11. Parce que la pierre du mi- 
lieu de la muraille criera; et le 
bois qui forme les jointures des 
édifices répondra. 

12. Malheur à celui qui bátit une 
cité dans le sang, et qui fonde 
une ville sur l'iniquité. 

13. Est-ce que toutes ces choses 
ne viennent pas du Seigneur des 
armées? car des peuples travail- 
leront pour un grand feu, et des 
nations pour le néant, et péri- 
ront. 

14. Parce que la terre, afin 
qu'on connaisse la gloire du Sei- 
gneur, sera remplie d'ennemis, 
comme /e //f de la mer est cou- 
vert parles eaux. 

15. Malheur à celui qui donne à 
boire à son ami en mettant son 
fiel dans la coupe et en l'eni- 
vrant, afin de regarder sa nu- 
dité: 

16. Tu as été rempli d'igno- 
minie au lieu de gloire; bois, toi 
aussi, et sois frappé d'assoupis- 
sement ; le calice de la droite du 
Seigneur t'environnera, et un 
vomissement d'ignominie vien- 
dra sur ta gloire. 


—— M M  —— MÀ À—MÁ— Hi .. 


6. Ne le prendront pas, etc. Voy. Jérém., xxiv, 7. — * Une boue épaisse, comparaison 


pour désigner les richesses. 


1. Le Prophéte désigne ici les Médes et les Perses, qui, sous la conduite de Cyrus, 
attaquèrent l'empire des Chaldéens, et le détruisirent sous Baltassar, petit-fils de 


Nabuchodonosor. 


9. Malheur, etc. On explique encore ordinairement ceci du roi de Babylone. 

12. Le sang; littér., les sangs. Voy. Ezéch., xxu, 2. 

13. Toutes ces choses que j'annonce, n'est-ce pasle Seigneur qui me les fait annoncer, 
et qui les exécutera? — Des peuples travailleront, etc., c'est-à-dire, que leurs travaux 
seront consumés par le feu. Compar. Jérém., τι, 58. 

16. Le calice, etc.; allusion à l'ancien usage selon lequel, dans les repas, la mème 


coupe passait d'un convivive à l'autre. 


2116 


17. Parce que l'iniquité com- 
mise sur le Liban te couvrira, et 
le ravage exercé sur les animaux 
les épouvantera à cause du sang 
des hommes versé, et de l'iniquité 
commise sur le pays et la cité, et 
tous ceux qui habitent en elle. 

18. A quoi sert une image tail- 
lée au ciseau, que son auteur a 
18116 ainsi qu'une statue jetée en 
fonte et une image fausse? Car 
l'auteur a espéré assez dans son 
œuvre pour faire des simulacres 
muets. 

49. Malheur à celui qui dit au 
bois : Réveille-toi, à la pierre si- 
lencieuse :Lève-toi; est-ce qu'elle- 
même pourra linstruire? Voici 
qu'elle est couverte d'or et d'ar- 
gent; etil n'y a aucune vie daus 


HABACUC. 


(cg. m.] 


son temple saint; que devant sa 
face toute la terre soit en silence. 


CHAPITRE III 


Prière d'Habacuc *. Il se rappelle les mer- 
veilles opérées par le Seigneur en fa- 
veur de son peuple. Il s'afflige de la 
désolation qui menace son peuple. Il 
se console par l'espoir du secours que 
le Seigneur accordera à ce peuple. 


|. Prière d'Habacuc, le pro- 
phète, pour les ignorances. 

2. Seigneur, j'ai entendu votre 
parole, et j'ai craint, 

Seigneur, votre œuvre ; au mi- 
lieu des années, vivifiez-la. 

Au milieu des années vous /a 
ferez connaitre; lorsque vous se- 
rez en colere, vous vous souvien- 
drez de la miséricorde. 


ses entrailles. 
20. Mais le Seigneur est dans 


3. Dieu viendra du midi, et le 
saint dela montagne de Pharan; 


Ὁ) 05: ΣΧ; Ὁ: 


17. Le Liban; nom que les prophètes donnaient à Jérusalem. — Te couvrira ; re- 
tombera sur toi. Compar. /saze, xxxvi, 24. 

18. L'analyse grammaticale de ce verset est trés difficile, pour ne pas dire impos- 
sible à faire, tant dans l'hébreu que dans la Vulgate. Les mots síatue jetée en fonte 
(conflalile) et image fausse (imaginem falsam) étant à l'accusatif, sont nécessairement 
des compléments directs du verbe a fait ou sculplé (sculpsit). Une traduction rigou- 
reuse étant impossible dans notre langue, nous croyons cependant avoir rendu le 
fond de la pensée de l'éerivain saeré en combinant les deux textes grec et latin. 

20. Son temple saint; expression qui sert souvent à exprimer le ciel méme; elle 
peut avoir ici cette signification. 


a La plupart des anciens Pères et beaucoup d'interprétes modernes expliquent 
cette priére uniquement de la venue du Messie; et l'Eglise dans son office en a em- 
prunté divers passages qu'elle applique à Jésus-Christ. D'autres croient qu'on peut 
l'expliquer à la lettre du retour de la captivité. 

1. Pour les ignorances; c'est-à-dire pour les péchés commis par ignorance. C'est 
ainsi que l'ont compris le chaldéen, saint Jéróme, Aquila, Symmaque, l'auteur de la 
einquiéme édition grecque, et il faut avouer que le texte hébreu lui-même est sus- 
ceptible de ce sens, quoique la plupart des hébraisants modernes l'entendent d'un 
instrument de musique ou d'un cantique, sur l'air duquel la prière du Prophète 
devait étre chantée. Quant aux Septante, ils ont traduit avec un cantique. Le Pro- 
phéte, selon plusieurs, ἃ voulu, dans la priére qui suit, demander pardon à Dieu 
d'avoir par ignorance osé disputer avec lui sur sa providence, et, selon d'autres, il 
demande que les ignorances, c'est-à-dire les péchés du peuple soient effacés et par- 
donnés, afin que sa délivrance ne soit pas différée. 

2. * Au milieu des années, bientôt, sans attendre trop longtemps. 

3. Dieu vicndra, etc.; allusion à ce que dit Moïse, Deuléron., xxxur, 2. — Le midi 
et Pharan désiguent ici l'Arabie Pétrée, où Dieu fit éclater sa gloire sur le mont Sinai, 


(cn. [.זזז‎ 


Sa gloire a couvert les cieux, 
et de sa louange est pleine la 
LOEPe. 

4. Sa splendeur brillera com- 
me la lumiere, ses cornes sont 
dans ses mains; 

Là a été cachée sa puissance; 

5. Devant sa face ira la mort. 

Et le diable sortira devant ses 
pieds. 

6. Il s’est arrêté, et il a mesuré 
la terre. 

Il a regardé, et il a dissipé les 
nations; et les montagnes du 
siecle se sont entr'ouvertes. 

Les collines du monde ont été 
abaissées par les marches de son 
éternité. 

1. J'ai vu les tentes de l'Ethio- 
pie renversées pour son iniquité; 
les pavillons dela terre de Madian 
seront troublés. 

8. Est-ce contre les fleuves que 
vous étes en colere, Seigneur? 
ou contre les fleuves qu'est votre 
fureur; ou bien contre la mer 
qu'est votre indignation? 


HABACUC. 


2117 


Vous qui monterez sur vos che- 
vaux; et vos quadriges seront le 
salut. 

9. Préparant, vous préparerez 
votre arc, selon les serments que 
vous avez faits aux tribus. 

Vous diviserez les fleuves de la 
terre. 

10. Les montagnes vous ont vu 
et elles ont été dans la douleur. 
La masse des eaux s'est écoulée. 

L'abime a fait entendre sa voix; 
il a levé en haut ses mains. 

11. Le soleil et la lune se sont 
arrètés dans leur demeure; ils 
iront à la lumière de vos flèches, 
à 12608) de votre lance fou-, 
droyante. 

19. Dans votre frémissement, 
vous foulerez aux pieds la terre ; 
dans votre fureur, vous épouvan- 
terez les nations. 

13. Vous étes sorti pour le sa- 
lut de votre peuple, pour le salut 
avec votre Christ. 

Vous avez frappé le chef de la 
maison de limpie; vous l'avez 


lorsqu'il y proclama sa loi (Exode, xix, 16 et suiv.). Habacuc rappelle cet événement, 
comme un gage de la future délivrance d'Israél par la toute-puissance de Dieu. 

4. Ses cornes; hébraisme, pour sa force. 

6. Du siècle, du monde; c'est-à-dire, aussi anciennes que les siècles, que le monde; 
les mots du texte original signifient éternité. Les Hébreux donnent souvent cette 
épithéte aux montagnes, parce que dans la nature rien n'est moins sujet au chan- 
gement que ces lourdes masses, ces énormes amas de terre et de rochers qui sub- 
sistent depuis le commencement des siècles. -- Par les marches, etc.; sous les pas 
éternels, sous les pas de ce Dieu éternel. 

7. Les pavillons ou tentes; littér., les peaux, parce que cette sorte d'habitation 
était anciennemeut faite avec des peaux. Compar. Cant. des Cant., 1, 4. 

8. Esl-ce, etc.; allusion au passage de la mer Rouge (Ezode, xiv), et du Jourdain 
(Josué, 11). 

9. Préparant vous préparerez; c'est-à-dire, vous préparerez avec le plus grand soin. 
Voy. sur cet hébraisme, Ps. xxxix, 1. — Selon les serments. Le mot juramenía, en 
vertu d'un hébraisme trés fréquent, est un accusatif employé d'une manière adver- 
biale. 

10. IL a levé. C'est le mot précédent /'abime, qui est le sujet de ce verbe. — En haut. 
Tel est le sens de l'hébreu, véritable accusatif adverbial, que la Vulgate a rendu par 
le nominatif hauteur (altitudo). — Ses mains; c'est-à-dire ses flots. 

11. Le soleil, etc.; allusion au miracle dont il est question dans Josué, x, 12, 13. 

13. Christ, ou oint, c'est-à-dire, consacré, constitué; ce qui convient à Moise, que 
Dieu constitua pour sauver son peuple. 15816, comme on l'a vu, appelle (xtv, 1) Cyrus 


2118 


mis à nu uepuis les pieds jusqu'au 
cou. 

14. Vous avez maudit ses scep- 
tres, le chef de ses guerriers qui 
venaient comme un tourbillon 
pour me mettre en déroute. 

Leur exultation était comme 
l'exultation de celui qui dévore 
le pauvre en secret. 

15. Vous avez faitune voie dans 
la mer à vos chevaux, dans la 
fange des grandes eaux. 

10. J'ai entendu, et mes en- 
trailles ont été émues; à cette 
voix, mes lèvres ont frémi. 

Que la pourriture entre dans 
mes os, et qu'elle abonde sous 
moi; 

Afin que je me repose au jour 
de la tribulation, afin que je 


HABACUC. 


[cn. nu.] 
monte vers notre peuple ceint. 

11. Car le figuier ne fleurira 
pas, et il n'y aura pas de germe 
dans les vignes. 

Le produit de l'oliviertrompera 
l'attente, et les champs ne porte- 
ront pas de grains. 

Le troupeau de menu bétail 
sera arraché de la bergerie, et il 
n'y aura pas de troupeau de gros 
bétail dans les étables. 

18. Mais moi, je me réjouirai 
dans le Seigneur, et j'exulterai 
en Dieu mon Jésus. 

19. Dieu le Seigneur est ma 
force; et il rendra mes pieds 
comme ceux des cerfs. 

Et vainqueur il me conduira 
sur mes hauteurs, pendant que je 
chanterai des psaumes. 


le christ de Dieu. Mais Moïse, comme Cyrus, n'a été que la figure du Christ par ex- 
cellence, de Jésus-Christ. — Vous l'avez mis, etc.; littér.: Vous avez mis à nu ses fon- 
dements jusqu'au cou. 

15. * Allusion au passage de la mer Rouge et du Jourdain par les Israélites. 

16. Ceint (accintum); c'est-à-dire, préparé, prêt à partir. Ceindre ses reins, se disait 
chez les anciens Hébreux d'un homme qui entreprenait un voyage ou allait au combat. 
Compar. 111 Rois, xv, 46; Job, xxxvi, 3. 

17. Ne fleurira pas. Quelques inerédules ont prétendu que cette menace était ridi- 
cule, puisque le figuier ne fleurit jamais en quelque contrée que ce soit; mais il faut 
interpréter la Vulgate d’après l'hébreu qui signifie proprement sorlir avec violence, 
s'élancer, faire irruption; de là pousser, germer et fleurir. C'est ainsi que ce méme 
verbe hébreu s'emploie pour marquer l'éruption de la lèpre (Lévitig., xu, 39), et 
s'applique aux plantes qui poussent leur germe. — Le produit ou de fruit, liltér., de 
iravail, l'euvre (opus). — De grain; littér., de nourriture, 

18. Jésus; mot hébreu qui veut dire sauveur. 

19. Hauteurs; c'est-à-dire, montagnes et collines. 


PR ©) gt phar m 


SOPHONIE 


| 


INTRODUGCTION 


Sophonie, le neuviéme des petits prophétes, descendait d'Ezéchias, à la qua- 
triéme généralion, 1, 1. Ezéchias n'est pas qualifié de roi, mais il y a tout lieu 
de penser qu'il s'agit bien du monarque sous lequel prophétisait Isaie, car les 
autres prophèles ne nomment jamais que leur père; si Sophonie remonte plus 
haut, cela ne peut être que pour arriver à un personnage historique célèbre. Il 
nous apprend lui-même qu'il vivait du temps de Josias, 1, 1; c'était dans les 
commencements du régne de ce roi, puisque le culte de Baal était encore en 
honneur, 1, 4-5; cf. IV Rois, xxur, 4-5; 1 Paralip., xxxiv, 3-8, et que Ninive 
était encore debout, π, 13. 

Le style de Sophonie est pur, facile, vif, mais il manque un peu d'originalité : 
il est plein de réminiscences et d'emprunts faits aux anciens prophètes. 

La prophétie de Sophonie forme un tout suivi : les deux premiers chapitres 
annoncent le châtiment ; le troisième contient les promesses. En punition de 
son idolàtrie et des crimes des grands et du peuple, Juda sera désolé, 1, 3-13. 
Le jour approche où la colère de Dieu livrera tous les coupables à la ruine, 
14-18. Le ch. nest une exhortation à la pénitence, 18, 1-3. Tous les voisins et 
les ennemis de Juda, Ninive elle-même, éprouveront la colère du ciel; que les 
enfants de Jacob reviennent done à Dieu. 4-15. La récompense de la conversion, 
ce sera la destruction de tous ceux qui ont fait du mal à Juda, le retour des 
captifs, l'extirpation du mal et une félicité durable. Le ton général de la fin du 
livre de Sophonie est messianique, quoique aucun trait ne se rapporte explici- 
tement à la personne de Notre-Seigneur, 


2120 


CHAPITRE PREMIER. 


Reproches et menaces contre Juda et Jé- 
rusalem. Jour terrible des vengeances 
du Seigneur sur son peuple. Désolation 
affreuse prête à tomber sur les enfants 
de Juda. 


1. Parole du Seigneur qui fut 
adressée à Sophonie, fils de Chusi, 
fils de Godolias, fils d'Amarias, 
fils d'Ezécias, aux jours de Josias, 
fils d'Amon, roi de Juda. 

2. Rassemblant je rassemblerai 
toutes choses de la face de la 
terre, dit le Seigneur ; 

3. Rassemblant les hommes et 
les bétes, rassemblant les vola- 
tiles du ciel et les poissons de la 
mer; et la ruine des impies arri- 
vera; et j'exterminerai les hom- 
mes de la face de la terre, dit le 
Seigneur. 

4. Et j'étendrai ma main sur 
Juda et sur tous les habitants de 
Jérusalem, et j'exterminerai de 
ce lieu les restes de Baal, et les 
noms des gardiens du temple 
avec les prêtres ; 

9. Et ceux qui adorent sur les 
toits la milice du ciel, qui adorent 
le Seigneur et jurent par lui, et 
jurent par Melchom ; 

6. Et ceux qui se détournent en 
arriere du Seigneur, et ceux qui 
n'ont pas cherché le Seigneur, et 
ne s'en sont pas mis en peine. 


SOPHONIE. 


(ca. 1.] 

7. Soyez en silence devant la 
face du Seigneur Dieu, parce 
qu'est proche le jour du Seigneur, 
parce que le Seigneur ἃ préparé 
une hostie, il a sanctifié ses con- 
vives. 

8. Et il arrivera qu'au jour de 
l'hostie du Seigneur je visiterai 
les princes et les fils du roi, et 
ceux qui sont vétus d'un habit 
étranger; 

9. Et je visiterai quiconque 
entre arrogamment sur le seuil 
du temple en ce jour-là, et qui 
remplit la maison du Seigneur 
son Dieu d'iniquité et de trom- 
perie. 

10. Et il y aura, en ce jour-là, 
dit le Seigneur, une voix de cla- 
meur venant de la porte des Pois- 
sons, et un hurlement venant 
de la seconde porte, et le bruit 
d'une grande ruine venant des 
collines. 

11. Hurlez, habitants de Pila; 
tout le peuple de Chanaan s'est 
tu, tous ceux qui étaient cou- 
verts d'argent ont été extermi- 
nés. 

12. Et il arrivera qu'en ce jour 
je scruterai Jérusalem avec des 
lampes; et je visiterailes hommes 
enfoncés dans leur lie; qui disent 
en leurs cœurs : Le Seigneur ne 
fera pas de bien, et il ne fera pas 
de mal. 


1. Ezécias ; selon l'hébreu, Ezéchias. 


2.-Rassemblant je rassemblerai; hébraisme, pour : Je rassemblerai exactement, soi- 


gneusement. 
5. Melchom; dieu des Ammonites. 


1. Sanctifié, signifie proprement en hébreu séparer un objet de l'usage commun et 
profane pour l'employer à un usage sacré et divin. 

9. Entre sur le seuil; ou, selon l'hébreu, saute par-dessus le seuil, par suite d'une 
superstition empruntée des Philistins (I Rois, v, 4, 5). 

10. * De (a porte des Poissons. Voir là note 1 à la fin du tome II, p. 795. 

11. Pila; nom propre d'une vallée voisine de Jérusalem, suivant les uns, ou d'un 
quartier de cette méme ville, suivant les autres. 


[cu. 1.] 


13. Et leurs richesses seront au 
pillage, et leurs maisons réduites 
en un désert; et ils bátiront des 
maisons, et ils ne les habiteront 
pas; et ils planteront des vignes, 
et ils n'en boiront pas le vin. 

14. Il est proche, le grand jour 
du Seigneur, il est proche et ex- 
trémement prompt; la voix du 
jour du Seigneur est amère; le 
fort sera alors dans la tribula- 
tion. 

15. Jour de colère, ce jour-là; 
jour de tribulation et d'angoisse; 
jour de calamité etde misère; jour 
de ténèbres et d'obscurité, de 
nuage et de tempéte. 

16. Jour de la trompe et du 
bruit retentissant sur les cités 
fortifiées, et sur les angles élevés. 

47. Et j'affligerai les hommes, 
et ils marcheront comme des 
aveugles, parce qu'ils ont péché 
contre le Seigneur; et leur sang 
sera répandu comme de la pous- 
siere, et leurs corps comme des 
ordures. 

18. Mais méme leur argent et 
leur or ne pourra les délivrer au 
jour de la colère du Seigneur; par 
le feu de son zèle toute la terre 
sera dévorée, parce qu'il exter- 


SOPHONIE. 


2121 


minera promptement tousles ha- 
bitants de la terre. 


CHAPITRE II. 


Exhortation à prévenir la colére du Sei- 
gneur. Menaces contre les Philistins, 
les Moabites, les Ammonites et les 
Ethiopiens. Vengeances du Seigneur 
sur les Assysiens. Ruine de Ninive. 


1. Venez ious ensemble, réu- 
nissez-vous, nation indigne d’être 
aimée ; 

2. Avant qu'un ordre enfante 
un jour comme la poussière qui 
passe, avant que vienne sur vous 
la colére delafureur du Seigneur, 
avant que vienne sur vous le jour 
de l'indignation du Seigneur. 

3. Cherchez le Seigneur, vous 
tous humbles de la terre, qui 
avez exéculé ses jugements; cher- 
chez la justice, cherchez la dou- 
ceur; peut-étre serez-vous à cou- 
vert au jour de la fureur du Sei- 
gneur. 

4. Parce que Gaza a été dé- 
iruite et Ascalon réduite en un 
désert; on chassera Azot, en plein 
midi, et Accaron sera déracinée. 

5. Malheur à vous qui habitez la 
région de la mer, nation d’hom- 
mes perdus:la parole du Seigneur 


Cap. I. 13. Amos, v, 11. — 15. Jérém., xxx, 7; Joel, 11, 11; Amos, v, 18. — 18. Ezéch., 


vir, 19; Infra, nr, 8. 


13. Richesses; vraie signification du mot fortitudo, expliqué par l'hébreu, et celle 


que semble exiger d'ailleurs le contexte. 


14. Le jour dontil est parlé dans ce verset et les suivants, avait été déjà annoncé 
par Joël (rt, 12); c'est la captivité de Babylone. Saint Jérôme y voit la figure du jour 
oü à la fin des temps seront frappés les pécheurs à cause de leurs iniquités. 

16. Les angles élevés; c'est-à-dire, les tours qu'on élevait aux angles des murs. 


2. Un ordre du Seigneur, un ordre divin. 


4. * Gaza, Ascalon, Azot, Accaron, les quatre principales villes des Philistins, au 


sud-ouest de la Palestine. 


5. La région; littér., le cordeau (funiculus). Comme on l'a déjà vu plus d'une fois, 
plusieurs anciens peuples sc servaient de cordes pour mesurer les terres. — La pa- 
role, etc. Voy. Amos, 1, 6, 8. — Chanaan; c'est-à-dire, peuple aussi pervers que celui 


de Chanaan, 


2122 


a 616 prononcée contre vous, 
Chanaan, terre des Philistins, et 
je t'exterminerai, en sorte qu'il 
n'y ait pas en 707 d'habitant 

6. Et la région de la mer sera 
le lieu de repos des pasteurs, et 
le parc des troupeaux de menu 
bétail; 

1. Et cette région appartiendra 
à celui qui seraresté de la maison 
dé Juda; là ils paitront les trou- 
peaux, dans les maisons d'Asca- 
lon ils se reposeront le soir; parce 
que le Seigneur leur Dieu les vi- 
sitera, et les ramènera de leur 
captivité. 

8 J'ai entendu les paroles ou- 
trageantes de Moab et les blas- 
phèmes des fils d'Ammon, quand 
ils ont outragé mon peuple et 
l'ont bravé 5111 565 frontières. 

9. A cause de cela, je vis, moi, 
dit le Seigneur des armées, le 
Dieu d'Israél, Moab sera comme 
Sodome, et les fils d'Ammon 
comme Gomorrhe; 7/s auront des 
épines seches, et des morceaux 
de sel, etun désert pour toujours; 
les restes de mon peupleles pille- 
ront, el ceux de ma nation qui 
auront survécu en seront les 
maitres. 


CnaP. II. 14. Isaie, xxxiv, 11. 


SOPHONIE. 


[cr. 11.] 


10. Cela leur arrivera à cause 
de leur orgueil; parce qu'ils ont 
blasphémé, et ont bravé le peu- 
ple du Seigneur des armées. 

11. Le Seigneur sera terrible 
contre eux, et il anéantira tous 
les dieux de la terre; et les hom- 
mes l'adoreront, chacun en son 
lieu, ainsi que toutes les iles des 
nations. 

19. Mais vous aussi, Ethiopiens, 
vous serez tués par mon glaive. 

13. Et il étendra sa main vers 
laquilon et perdra Assur; et il 
fera de la cité magnifique une so- 
litude, et un lieu inaccessible, et 
comme un désert. 

14. Et se coucheront au milieu 
d'elle les troupeaux, et toutes les 
bétes des nations; et l'onocrotale 
et le hérisson demeureront sur 
ses linteaux : la voix de l'oiseau 
chantant retentira sur la fenêtre; 
le corbeau croassera sur le lin- 
teau, parce que j'anéantirai sa 
force. 

15. Voilà la cité glorieuse qui 
demeurait dans la confiance; qui 
disait en son cour : Moi je suis, 
et hors moi il n'y en a plus d'au- 
tre; comment est-elle devenue 
un désert, un repaire de béte sau- 


8. J'ai entendu, etc. Compar. Jérém., ;וזא לא‎ Ezéch., xxv; Amos, .זו‎ — L'ont 
bravé. Cette version, qui est celle des premiers traducteurs francais, nous a paru la 
plus conforme au contexte 6% à la signification constante du verbe hébreu, et méme 
du magnificali sunt de la Vulgate. Compar. 18076, xvi, 6. — Ses; selon l'hébreu et la 
version latine leurs (eorum), parce que ce pronom représente le mot peuple, qui est 
un nom collectif. 

9. Je vis, moi; formule de serment. Voy. Isaïe, xux, 18. — Des épines sèches; littér. 
et par hébraisme, une sécheresse d'épines. 

11. Les îles des nations; c'est-à-dire, les pays lointains habités par les idolâtres. 
Voy. sur le mot îles, Daniel, xi, 18. Ce verset contient une des prophélies les plus 
expresses de la conversion des gentils. En vain des Juifs veulent-ils l'expliquer du 
temps qui suivit le retour de Babylone; car on ne vit pas à cette époque les peuples 
étrangers venir à Jérusalem et se Convertir au judaisme, 

15. 'Siffler, etc., en signe de mépris. 


icu. n.] 
vage? Quiconque la traversera, 
sifflera et agitera sa main. 


CHAPITRE IIT. 


Reproches contre Jérusalem et Juda. Ven- 
geances du Seigneur sur ce peuple. 
Promesses du Seigneur en faveur de 
Sion et des Israélites. 


1. Malheur, cité provocatrice et 
rachetée, colombe! 

2. Elle n'a pas écouté la voix, 
et elle n’a pas reçu les instruc- 
tions; elle ne s'est pas confiée au 
Seigneur, elle ne s'est pas appro- 
chée de son Dieu. 

3. Ses princes au milieu d'elle 
sont comme des lions rugissants; 
ses juges, loups du soir, ne lais- 
saient rien pour le malin. 

4. Ses prophètes sont insensés 
et sans foi, ses prétres ont souillé 
les choses saintes et ont agi in- 
justement contre la loi. 

5. Le Seigneur, juste au milieu 
d'elle, ne commettra pas lini- 
quité; chaque matin il produira 
sont jugement à la lumiere, et ne 
se cachera pas; mais /e peuple 
iniquen'a pas connu sz confusion. 

6. Pai exterminé les nations, et 
leurs angles ont été détruits; j'ai 
rendu leurs voies désertes, en 


SOPHONIE. 2123 


sorte qu'il n'y a personne qui 7 
passe; leurs citésont été désolées, 
pas un homme n'y restant, et nul 
n'y habitant. 

1. J'ai dit : Mais cependant tu 
me craindras, tu recevras les ins- 
truclions; et tà demeure ne pé- 
rira pas à cause detoutes les cho- 
ses pour lesquelles je l'ai visitée; 
mais cependant se levant au point 
du jour, ils ont corrompu toutes 
leurs pensées. 

8. C'est pourquoi, attends-moi, 
dit le Seigneur, au jour de ma 
résurrection à venir; parce que 
ma résolution est de rassembler 
les nations, et de réunirles royau- 
mes et de répandre sur eux mon 
indignation et toute la colere de 
ma fureur; car par le feu de ma 
colere toute la terre sera dé- 
vorée. 

9. Parce que alors je donnerai 
aux peuples une levre choisie, 
afin que tous invoquent le nom 
du Seigneur, et qu'ils le servent 
d'un commun accord. 

10. D'au delà des fleuves d'E- 
thiopie viendront mes suppliants, 
les fils de mes dispersés m'appor- 
teront un présent. 

11. Encejour-là, tu ne seras pas 


₪. III. 3. Ezéch., xxu, 27; Mich., ur, 11. — 8. Supra, 1, 18. 


— €  —— M M —— RE E — . 


1. Colombe; c'est-à-dire, stupide comme une colombe. 

9. Chaque matin; littér. et par hébraisme, matin, matin. 

6. Angles; c'est-à-dire, tours. Compar. 1, 16. 

1. Visilée; punie, châtiée. — Se levant, 610.; hébraisme pour, se hátant. 

8. La prophétie contenue dans ce verset et les suivants a eu un commencement 
d'accomplissement au retour de la captivité de Babylone; mais il y a des traits qui 
conviennent les uns au premier, les autres au dernier avénement de Jésus-Christ. 


9. Lévre choisie (labium electum); dans l'hébreu, pure. — D'un commun accord; 


, 


littér., d'une seule épaule; métaphore empruntée des crocheteurs, qui portent en- 
semble un fardeau comme s'ils n'avaient tous qu'une même épaule. 
10. Ces fleuves d'Ethiopie ne sont autres que le Nil partagé en ses sept bras à son 


embouchure dans la Méditerranée. 


11. Inventions; en hébreu, actions, œuvres. — Tu ne tenorgueilliras plus; littér., 
tu n'ajouteras pas à Cenorgueillir. Voy. sur cet hébraisme, t. II, p. 342, 2o, — Sur 


2124 
confondue pour toutes les inven- 
tions par lesquelles tu as préva- 
riqué contre moi; parce que j'en- 
lèverai du milieu de toi les flat- 
teurs fastueux de ton orgueil ; tu 
net'enorgueilliras plus désormais 
sur ma montagne sainte. 

19. Et je laisserai au milieu de 
toi un peuple pauvre et indigent, 
et ils espereront dans le nom du 
Seigneur. 

13. Les restes d'Israél ne com- 
mettront pas l'iniquité et ne par- 
leront pas mensonge; il ne se 
trouvera pas dans leur bouche 
de langue trompeuse; parce 
qu'eux-mémes paitront, et se cou- 
cheront, et il n'y aura personne 
qui les épouvante. 

14. Loue, fille de Sion; jubile, 
Israël; réjouis-toi, et exulte en 
tout ton cœur, fille de Jérusa- 
lem. 

15. Le Seigneur a effacé ton 
arrêt, il a éloigné tes ennemis; le 
roi d'Israël, le Seigneur, es£ au 
milieu de toi; tu ne craindras 
plus le malheur. 

16. En ce jour-là, on dira à Jé- 


SOPHONIE. 


[cu. πι. 
rusalem : Ne crains pas; Sion, que 
tes mains ne s'affaiblissent point. 

17. Le Seigneur, ton Dieu, le 
Dieu fort sera au milieu de toi; 
lui-même £e sauvera; il se ré- 
jouira de joie en toi, il se reposera 
en ton amour, il exultera en toi, 
au milieu des louanges. 

18. Les hommes légers qui s'é- 
taient écartés de 18 101, je les ras- 
semblerai, parce qu'ils t'appar- 
tenaient, afin que tu n'aies plus 
en eux un sujet d'opprobre. 

19. Voici que moi, je tuerai tous 
ceux quit'ontaffligée en ce temps- 
là, et je sauverai celle qui boitait, 
et celle qui avait été rejetée, je 
la ramenerai; je les établirai en 
louange et en nom dans tout pays 
où ils étaient couverts de confu- 
sion. 

20. En ce temps-là, je vous 
ramenerai, et dans ce temps-là, je 
vous rassemblerai; car je vous 
établirai en nom et en louange 
devant tous les peuples de la 
terre, lorsque j'aurai changé votre 
captivité devant vos yeux, dit le 
Seigneur. 


ma montagne sainte, c'est-à-dire, dans mon temple. Les Juifs tiraient vanité outre 
mesure de la beauté de leur temple; Jérémie (vu, 4) leur en fait un reproche. 

11. Il se réjouira de joie; hébraisme pour, | 77 se réjouira beaucoup. 

19. Celle qui boitait; probablement la maison de Juda, qui avait voulu allier le 
culte du Seigneur avec celui des idoles. — Celle qui avait été rejetée; peut-être la 
maison d'Israël, qui avait été répudiée à cause de ses infidélités. Compar. Michée, 1v, 6. 


.- = cO EA 4-6 = 


AGGÉE 


-- 
-—À 


INTRODUCTION 


Avec Aggée, le dixième des petits prophètes, nous entrons dans une période 
de l'histoire du peuple de Dieu complétement différente de celle pendant 
laquelle avaient prophétisé ses prédécesseurs ; nous sommes maintenant arrivés 
à l'époque qui suivit la captivité de Babylone. D'aprés le Talmud, Aggée était 
membre de la grande synagogue; d'aprés les Péres, il avait été captif en Chal- 
dée, et en était revenu avec Zorobabel. Dieu lui donna pour mission de presser 
le peuple d'achever le second temple, r, 2, 4; il y réussit, 1, 14; I Esd., v, 1; 
vi, 14. La reconstruction du temple avait été commencée sous le régne de 
Cyrus, en 535. L'hostilité des Samaritains avait fait suspendre les travaux sous 
les régnes de Cambyse et du faux Smerdis. Ils furent repris, sur les instances 
d'Aggée et de Zacharie, après l'avènement de Darius, fils d'Hystaspe, en 520, et 
poussés avec vigueur. La dédicace du nouveau temple fut faite la sixième année 
de Darius, en 517. 

Le style d'Aggée ne s'éléve guére au-dessus de la prose; il y a cependant un 
certain rythme dans sa prophétie, 1, 6, 9, 10; ir, 6, 8, 22, et il s'efforce d'y 
mettre du mouvement et de la vie par de fréquentes interrogations, 1, 4, 9; rr, 
4, 13, 14, 20. Il a quelques formules favorites qu'il répète souvent, 1, 2, 5, 7; 
ו‎ δ οι 

La prophétie d'Aggée, malgré sa brièveté, renferme quatre oracles distincts 
et datés, 1; 11, 1-10; 11-20; 21-24; ils ont tous le méme objet et sont tous de la 
méme année, la seconde de Darius, fils d'Hystaspe, 521 avant J.-C. Le premier 
temple avait été détruit en 588; il y avait encore des vieillards qui, dans leur 
jeunesse, avaient vu sa magnificence, 11, 4. 

19 Dans sa première prophétie, 1, Aggée reproche au peuple son indifférence 
et sa négligence à relever le temple; il lui montre dans la sécheresse, qui a 
amené une disette, une punition de cette faute; il exhorte Zorobabel et Jésus, 
fils de Josédec, le grand-prétre, à reprendre les travaux, 2-14. Ses avis furent 
écoutés et l’œuvre reprise, 12-14. 

2° La seconde prophétie, τι, 1-10, faite vingt-trois jours après la première, 
célèbre la gloire du nouveau temple. C'est le passage le plus important de ce 
livre. 

3° Trois mois aprés la seconde prophétie, Aggée en fit une nouvelle, 11,11-20. Le 
peuple avait repris les travaux du temple, Dieu lui annonce que la disette par 


LY 


2126 AGGÉE. (cm. 1.] 
laquelle il avait puni sa négligence touche a son terme, et qu'il va lui donner 
une abondante récolte. 

4? La quatrième et dernière prophétie, rr, 21-24, la plus courte de toutes, eut 
lieu le méme jour que la troisiéme : c'est une promesse par laquelle Dieu s'en- 
gage à garder et à protéger Zorobabel, le représentant de la maison de David, 
au milieu de tous les bouleversements politiques qui vont ébranler le monde. 


Ces derniers mots nous font entrevoir le règne du Messie. 


CHAPITRE PREMIER. 


Temps de la prophétie d'Aggée. Le Sei- 
gneur reproche aux Juifs leur négli- 
gence à rebâtir son temple, et leur dé- 
clare que c'est là la cause de la stéri- 
lité et de la disette dont ils ont été af- 
fligés. Ils recommencent à bâtir la mai- 
son du Seigneur. 


1. Enla seconde année du roi 
Darius, au sixième mois, au pre- 
mier jour du mois, la parole du 
Seigneur fut adressée, par l'en- 
tremise d'Aggée, le prophète, à 
Zorobabel, chef de Juda, fils de 
Salathiel, et à Jésus, le grand- 
prêtre, fils de Josédec, disant : 

2. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : Ce peuple dit : ll n'est 
pas encore venu, le temps de bà- 
tir la maison du Seigneur. 

3. Et la parole du Seigneur fut 
adressée parl'entremise d'Aggée, 
le prophète, disant : 

4. Est-ce qu'il est temps pour 
vous d'habiter dans des maisons 
lambrissées, quand cette maison 
est déserte? 


5. Et maintenant, voici ce que 
dit le Seigneur des armées : Ap- 
pliquez vos cœurs à vos voies. 

0. Vous avez semé beaucoup, 
et vous avez peu recueilli; vous 
avez mangé, et vous n'avez pas 
été rassasiés; vous avez bu, et 
vous n'avez pas été désaltérés; 
vous vous étes couverts, et vous 
ne vous êtes pas réchauffés; et 
celui qui a accumulé des profits 
les a mis dans un sac percé. 

1. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : Appliquéz vos cœurs 
à VOS voies... 

ὃ. Montez sur la montagne, por- 
162 des bois, et bátissez la maison, 
et elle me sera agréable, et je 
serai glorifié, dit 16 Seigneur. 

9. Vous avez espéré plus, et il 
arrive moins; ce peu, vous l'avez 
apporté dans votre maison, et j'ai 
soufflé dessus; pour quel motif, 
ditle Seigneur des armées? parce 
que ma maison est déserte, et 
que chacun de vous se háte pour 
la sienne. 


(ΠΑΡ. I. 1. I Esdr., v, 1. — 6. Deut., xxvii, 38; Mich., νι, 15. 


[MÀ וו‎ 


1. Darius, fils d'Hystaspe, roi de Perse. — Au sixième mois. Voy. Ezéch., vu, 1. — 
Jésus est le méme que Josué, fils de Josédec, mentionné dans I Esdras, nur, 2, etc. 
— Disant (dicens); grammaticalement, ce mot se rapporte à parole (verbum); mais 
logiquement à Seigneur (Domini). — Par l'entremise; littér., par la main. Les Hébreux 
se servaient des mots main, mains pour exprimer les idées de moyen, d'instrument, 
d'entremise, ete. — * Darius Ier régna de 523 à 485 avant J.-C. 

4. Celle maison; le temple du Seigneur. 

8. * La montagne de Moria. — La maison, le temple. 


(cu. u.] 

10. C'est pour cela qu'au-dessus 
de vousilaété défendu aux cieux 
de donner de la rosée, et qu'à la 
terre il a été défendu de donner 
ses productions. 

11. Et j'ai appelé la sécheresse 
sur la terre, et sur les montagnes, 
et sur le blé, et sur le vin, et sur 
l'huile, et sur tout ce que produit 
la terre, et sur les hommes, et 
sur les bétes, et sur tous les tra- 
vaux de vos mains. 

19. Et Zorobabel, fils de Sala- 
thiel, et Jésus, fils de Josédec, le 
grand-prétre, et tous ceux qui 
étaient restés du peuple, enten- 
dirent la voix du Seigneur leur 
Dieu, et les paroles d'Aggée, le 
prophéte, qu'envoya vers eux le 
Seigneur leur Dieu; et le peuple 
fut saisi de crainte devant la face 
du Seigneur. 

13. Et Aggée, envoyé du Sei- 
gneur dans les messages du Sei- 
gneur, parla, disant au peuple : 
Moi, je suis avec vous, dit le Sei- 
gneur. 

14. Et le Seigneur suscita l'es- 
prit de Zorobabel, fils de Sala- 
thiel, chef de Juda, et l'esprit de 
Jésus, fils de Josédec, le grand- 
prétre, οὐ l'esprit de tous ceux 
qui étaient restés du peuple, et 
ils entrèrent dans le temple, et 
ils travaillaient dans la maison 
du Seigneur des armées leur 
Dieu. 


AGGÉE. 


2197 


CHAPITRE II. 


Le temple rebáti parait bien inférieur au 
premier; mais sa gloire sera beaucoup 
plus grande par la présence du Messie. 
Construction du temple précédée des 
vengeances du Seigneur, et suivie de 
ses bénédictions. 


1. Au vingt-quatrieme jour, au 
sixiéme mois, en la seconde an- 
née du roi Darius; 

2. Au septième mois, au vingt- 
unième our du mois, la parole 
du Seigneur futadressée par l’en- 
tremise d'Ageée, le prophète, di- 
sant : 

ὃ. Parle à Zorobabel, fils de 
Salathiel, chef de Juda, et à Jésus, 
fils de Josédec, le grand-prètre, 
et à ceux qui sont restés du peu- 
ple, en disant : 

4. Qui est celui parmi vous qui, 
élant resté, a vu cette maison 
dans sa première gloire? et com- 
ment la voyez-vous maintenant? 
Est-ce qu'elle n'est pas à vos yeux 
comme si elle n'existait pas? 

5. Mais maintenant, Zorobabel, 
prends courage, dit le Seigneur; 
prends courage, Jésus, fils de 
Josédec, grand-prétre; prends 
courage aussi, peuple entier de 
la terre, dit le Seigneur des ar- 
mées; et observez (parce que, 
moi, je suis avec vous, dit le Sei- 
gneur des armées) 

6. L'alliance que j'ai faite avec 


1. Ce verset est la conclusion du chapitre précédent, auquel il est méme joint dans 
les Bibles hébraiques. — Au sixième mois. Voy. Ezéch., vu, 1. 

2. Au seplième mois de l'année sacrée, et premier de l'année civile. ll commençait 
à la nouvelle lune de septembre, selon les rabbins; mais c'était plus probablement 
à celle d'octobre. — Disant (dicens). Voy. 1, 1. 

6. L'alliance; littér., (a parole (verbum); ce mot est évidemment le régime direct 
du verbe observez ou exécutez (facile) du verset précédent, où les mots parce que, 
moi, etc., forment une parenthèse. C'est ainsi que l'ont trés bien compris Martini et 
Allioli dans leurs traductions italienne et allemande. 


2198 
vous, lorsque vous étes sorlis de 
la terre d'Egypte : et mon esprit 
sera au milieu de vous; ne crai- 
gnez point. 

1. Parce que voici ce que dit le 
Seigneur des armées : Encore un 
peu de temps, et j'ébranlerai le 
ciel, et la terre, et la mer, et la 
partie aride. 
| 8. Et j'ébranlerai toutes les 
nations : ET VIENDRA LE DÉsIRÉ de 
toutes les nations; et je rem- 
plirai cette maison de gloire, dit 
le Seigneur des armées. 

9. A moi estl'argent, et à moi 
est l'or, dit le Seigneur des ar- 
mées. 

10. La gloire de cette dernière 
maison sera plus grande que celle 
de la premiere, dit le Seigneur 
des armées ; et en ce lieu je don- 
nerai la paix, dit le Seigneur des 
armées. 

11. Au vingt-quatrième Jour du 
neuvieme mois, en la seconde 
année du roi Darius, la parole du 
Seigneur fut adressée à Aggée, le 
prophete, disant : 

12. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : Interroge les prétres 
sur la loi, en disant : 


Cuae. 11. 7. Hébr., xu, 26. 


AGGÉE. 


(cu. mr.) 
13. Si un homme porte de la 
chair sanclifiée dans un coin de 
son vétement, et que ce coin de 
son vétement touche du pain ou 
de la viande, ou du vin, ou de 
l'huile, ou tout autre aliment, ce 
qu'il aura touché sera-t-il sancti- 
fié? Or, répondant, les prêtres di- 
rent : Non. 

14. Aggée dit : Si un homme 
souillé par Zattouchement d'un 
cadavre touche quelqu'unede tou- 
tes ces choses, sera-t-elle souil- 
lée? Et les prêtres répondirent et 
dirent : Elle sera souillée. 

15. Et Aggée reprit et dit : 
Ainsi est 66 peuple, ainsi esf cette 
nation devant ma face, dit le Sei- 
gneur, et ainsi esé-ùl de toute 
œuvre de leurs mains, et tout ce 
qu'ils m'ont offert en ce lieu sera 
souillé. 

16. Et maintenantappliquez vos 
cœurs ὦ ce qui s'est passé depuis 
ce jour et au-delà, avant qu'une 
pierre eût été posée sur une 
pierre au temple du Seigneur. 

17. Lorsque vous vous appro- 
chiez d'un tas de vingt boisseaux 
de grains, 118 se réduisaient à dix; 
et /orsque vous entriez au pres- 


1. La parlie aride; la terre ferme signifie généralement dans l'Ecriture, la terre 
elle-méme. Ce verset et les suivants contiennent incontestablement une prophélie du 
Messie, aussi bien que des dons divins et des trésors spirituels dont il a enrichi son 
Eglise. 

11. Du neuviéme mois de l'année sacrée, et troisiéme de l'année civile. Il commen- 
cait à la nouvelle lune de novembre, selon les rabbins; mais c'était plus probablement 
à celle de décembre. — Disant (dicens). Voy. 1, 4. 

13. Que ce coin, etc.; littér., qu'il (l'homme) touche avec le coin de lui (du vétement), 
du pain, etc. — Sera-t-il sanctifié? Cette question était fondée sur ce qui est dit dans 
la loi (Lévit., vr, 21, 28), que tout ce qui touche la chair d'une victime offerte pour le 
péché sera sanctifié. Comme ici ces aliments ne touchent pas immédiatement la chair 
sanctifiée, les prétres font une réponse négative. 

14. Elle sera souillée. Cette réponse est fondée sur ce que la loi déclare (Nombres, 
xix, 22), que celui qui est souillé souillera tout ce qu'il touchera. 

11. Ce verset paraît être un complément de : Appliquez vos cœurs, du verset précé- 
dent et signifie par conséquent : Souvenez-vous aussi que lorsque vous vous ap- 


fcn. m.] 


soir pour faire cinquante cruches 
de vin, il s'en faisait vingt. 

18. Je vous ai frappés d'un vent 
brülant; et jai frappé de la nielle 
et de la gréle tous les travaux de 
vos mains; etil n'y a eu personne 
parmi vous qui revint à moi, dit 
le Seigneur. 

19. Appliquez vos cœurs à ce qui 
se fera depuis ce jour et à l'ave- 
nir, depuis le vingt-quatrieme 
jour du neuvième mois; depuis 
le jour que les fondements du 
temple du Seigneur ont été jetés, 
appliquez votre cœur. 

20. Est-ce que les grains n'ont 
déjà pas germé? et la vigne, et le 
figuier et le grenadier et l'olivier 
n'ont-ils pas fleuri? Depuis ce jour 
je bénirai. 

21. Et la parole du Seigneur fut 


18. Amos, 1v, 9. — 24, Eccli., xrix, 13. 


AGGÉE. 


2129 
adressée une seconde fois à Aggée 
le vingt-quatrième jour du mois, 
disant: 

22. Parle à Zorobabel, chef de 
Juda, en disant : Moi j'ébranlerai 
à la fois le ciel et la terre. 

23. Et je renverserai le tróne 
des royaumes, et je briserai la 
force du règne des nations; et 
je renverserai le quadrige, et ce- 
lui qui le monte; les chevaux 
tomberont ainsi que leurs cava- 
liers; un homme £ombera sous 
le glaive .de son frère. 

24. En ce jour-là, ditle Seigneur 
des armées, je te prendrai, Zoro- 
babel, fils de Salathiel, mon ser- 
viteur, dit le Seigneur, et je te 
poserai comme un sceau, parce 
que je t'ai choisi, dit le Seigneur 
des armées, 


prochiez, etc. — Is se réduisaient à dix; littér., et qu'ils se réduisaient à dix (et fierent 
decem); ce qui fait de ce membre de phrase une continuation de la protase lorsque 
vous, etc., et laisse ainsi le sens inachevé. Notre interprétation est d'ailleurs parfai- 
tement conforme à ce qui suit immédiatement. — 1] s'en faisait; littér., el il s'en 
faisait (et fiebant). Ce et, purement pléonastique, ne fait qu'indiquer l'apodose, dott 
la protase est, lorsque vous entriez, etc. 

19. Du neuvième mois. Voy. le vers. 11. 

21. Disant (dicens). Voy. 1, 1. 

23. Un homme, etc ; hébraisme pour, l’un tombera sous le glaive de l'autre. 

24. Selon la plupart des interprétes, ces promesses qui s'adressent à Zorobabel ne 
regardent à la lettre, ai son temps, ni sa personne, mais seulement Jésus-Christ, 
qui devait sortir de sa race. Toutefois les uns les rapportent au premier avénement 
du Sauveur, et les autres, parmi lesquels saint Jéróme, au second. 

24. Je te poserai comme un sceau; c'est-à-dire, je prendrai de toi le plus grand soiu. 
Cette image est empruntée du soin avec lequel on conservait les sceaux. Le sceau a 
toujours été considéré chez les Hébreux comme une chose précieuse et chére. On 
sait d'ailleurs que les Orientaux veillent avec le plus grand soin sur les sceaux, à 
cause de l'abus qu'on pourrait en faire, s'ils venaient à tomber en des mains étran- 
gères. 


OS - - 


^ — ZACHARIE 


INTRODUCTION 


Zacharie, « celui dont Jéhovah se souvient, » est le onziéme des petits pro- 
phétes. Il était de race sacerdotale, fils de Barachie et petit-fils d'Addo, τ, 1, 7. 
Addo était le chef d'une des familles sacerdotales revenues de captivité avec 
Zorobabel, II Esd., xii, 4, 16. A cause de sa renommée, Zacharie est appelé son 
fils, par omission du nom de Barachie, dans I Esd., v, 1; vi, 14. Il commenca à 
prophétiser la méme année qu'Aggée, deux mois aprés lui, l'an 521 avant J.-C., 
1, 1. La prophétie du ch. vii est de l'an 548, vu, 1; ses deux derniers oracles, 
IX-Xiv, sont, postérieurs à celui de 518, mais nous en ignorons la date précise, 
de sorte qu'il est impossible de savoir combien de temps dura son ministère 
prophétique. Une partie du livre renferme des visions et des symboles, r, 7-vi; 
une autre, de simples discours, vir-vir; les derniers chapitres, 1x-xiv, sont de 
magnifiques tableaux. Le style est vif, coloré; la langue pure et presque sans 
aramaismes. 

La prophétie de Zacharie se divise en trois parties trés dislinctes : 1? Une série 
de visions, 1, 7-v1; 2° un discours contenant une réponse de Dieu aux envoyés 
de Béthel, au sujet du jeüne institué en mémoire de la prise de Jérusalem par 
Nabuchodonosor, vir-vin; 3° deux prophéties, l'une contre Hadrach, l'autre 
contre Israël, rx-xiv. Ces trois parties sont précédées d'une introduction, 1, 1-6, 
dans laquelle:nous apprenons que Zacharie est chargé de précher à son peuple 
la pénitence et la conversion. 


persé Juda et Jerusalem. Quatre ou- 

CHAPITRE PREMIER vriers envoyés pour abattre ces cornes. 
Zacharie exhorte les Juifs à ne pas imi- 1. Au huitième mois; en la se- 
ter l'endurcissement de leurs pères. Un | conde année du roi Darius, la pa- 
ange implore la miséricorde du Sei- | role du Seigneur fut adressée à 


gneur sur Jérusalem et sur Juda. Pro- fe ; 1 
messes du Seigneur en faveur de Jé- Zacharie, le prophete, fils de Ba 


rusalem. Quatre cornes qui ont dis- | rachie, fils d'Addo, disant : 


1. Darius, fils d'Hystaspe, roi de Perse. — Au huitiéme mois de l'année sacrée, ct 
second de l'année civile, lequel commencait à la nouvelle lune d'octobre, selon les 
rabbins; mais c'était plus probablement à celle de novembre. — Disant (dicens). Voy. 
40266 1, 1. | 


Íen. x.] 


9. Le courroux du Seigneur a 
été irrité contre vos pères. 

3. Et tu leur diras : Voici ce 
que dit le Seigneur des armées : 
Revenez à moi, dit le Seigneur 
des armées, et je reviendrai à 
vous, dit le Seigneur des armées. 

4. Ne soyez pas comme vos 
pères auxquels les prophètes an- 
térieurs criaient en disant : Voici 
ce que dit le Seigneur des armées : 
hevenez de vos voies mauvaises 
et de vos pensées très mauvaises; 
et ils ne m'ont pas écouté, et ils 
n'ont pas fait attention à moi, dit 
le Seigneur. 

ὃ. Vos pères, où sont ils? et les 
prophètes, est-ce qu'ils vivront 
éternellement? 

6. Mais cependant mes paroles 
et mes décrets, que j'ai confiés à 
mes serviteurs les prophètes, est- 
ce quils n'ont pas atteint vos 
peres, et est-ce qu'ils se sont con- 
verlis, et ont dit : Comme le Sei- 
gneur des armées avait résolu 
de nous faire selon nos voies et 
selon nos inventions, ainsi il a 
fait? 

7. Le vingt-quatrieme jour du 
onzième mois appelé Sabath, en 
la deuxième année du roi Darius, 


ZACHARIE. 


2131 
la parole du Seigneur fut adressée 
à Zacharie, le prophète, fils de Ba- 
rachie, fils d'Addo, disant : 

8. Je vis pendant la nuit; et 
voilà un homme monté sur un 
cheval roux, et il se tenait par- 
mi les myrtes qui étaient dans un 
lieu profond ; et apres lui des che- 
vaux roux, mouchetés et blancs. 

9. Et je dis : Qui sont ceux-ci, 
6 mon Seigneur? Et l'ange, qui 
parlait en moi, me répondit : Moi, 
je t'indiquerai ce que ceci signifie. 

10. Et l'homme qui se tenait 
parmi les myrtes répondit, et dit : 
Ceux-ci sont ceux qu'a envoyés le 
Seigneur, afin qu'ils parcourent 
la terre. 

11. EL ils répondirent à l'ange 
du Seigneur, qui se tenait parmi 
les myrtes, et dirent : Nous avons 
parcouru la terre, et voilà que 
toute la terre est habitée, et est 
en repos. 

12. Et l'ange du Seigneur reprit 
et dit : Seigneur des armées, jus- 
quà quand n'aurez-vous point 
pitié de Jérusalem, et des villes 
de Juda contre lesquelles vous 
étes irrité? C'est déjà la soixante 
et dixième année. 

13. Et le Seigneur répondit à 


Cap. I. 3. Isaie, xxr, 12; xxxi, 6; x1v, 22; Jérém., ur, 12; Ezéch., xvii, 30; ,אאא‎ 


11; Osée, xiv, 2; Joël, 11, 12; Malach., ur, 7. 


6. Décrets; c'est le vrai sens de legitima, expliqué par l'hébreu. — Inventions ; dans 


l'hébreu, actions, œuvres. 


1-17. * Ire section : Vision sur le sort futur des Juifs, 1, 7-vr. — Trois mois après 
sa vocation au ministére prophétique, en l'an 521, Zacharie eut une nuit plusieurs 
visions. — 1° Dans la première, 1, 8-17, il vit un cavalier au milieu des myrtes, 
signe de miséricorde et de bénédictions célestes pour Jérusalem. 

1. Du onzième mois de l'année sacrée, et cinquième de l'aunée civile, lequel com- 
mencait à la nouvelle lune de janvier, selon les rabbins; mais c'était plus probable- 
ment à celle de février. — Disant (dicens). Voy. Aggée, τ, 1. 

9. En moi; cette expression qui est reproduite dans plusieurs autres versets de ce 
chapitre signifie plutôt, selon le véritable sens de l'hébreu, avec moi. 

12. La soixanle et dixième année. Ces soixante et dix ans de la désolation de Jéru- 
salem et de tout le pays sont différents des soixaute et dix ans de la captivité, 


2132 


l'ange qui parlait en moi de bonne 
paroles, des paroles de consola- 
lion. 

14. Et l'ange qui parlait en moi 
me dit : Crie en disant : Voici ce 
que ditle Seigneur des armées : 
Je brûle pour Jérusalem et pour 
Sion d'un trés grand zele. 

15. Et je suis aussi enflammé 
d'une trés grande colere contre 
les nations opulentes, parce que, 
quand moi je n'ai été qu'un peu 
irrité, elles, au contraire, ont aidé 
au chátiment. 

16. A cause de cela, voici ce que 
dit le Seigneur : Je reviendrai à 
Jérusalem avec des senliments 
de miséricorde; et ma maison y 
sera bâtie, dit le Seigneur des 
armées, et le niveau sera étendu 
sur Jérusalem. 

11. Grie encore, en disant : Voici 
ce que ditle Seigneurdes armées: 


14. Infra, vur, 2. 


ZACHARIE. 


[cu. 1.] 
Mes cités regorgeront encore de 
biens; le Seigneur consolera en- 
core Sion, et il choisira encore 
Jérusalem. 

18. Et j'ai levé mes yeux, et j'ai 
vu ; et voilà quatre cornes. 

19. Et j'ai dit à l'ange qui par- 
lait en moi : Qu'est ceci? et il me 
répondit : Ce sont les cornes qui 
ont jeté au vent Juda, Israël et 
Jérusalem. 

20. Et le Seigneur me montra 
quatre ouvriers. 

21. Et je dis : Que viennent 
faire ceux-ci? Il répondit en di- 
sant : Voilà les cornes qui ont 
jeté au vent, homme par homme, 
tous les habitants de Juda, et au- 
cun d'eux n'alevé satéte ; etceux- 
ci sont venus les épouvanter, 
afin d'abattre les cornes des na- 
tions qui ont levé la corne contre 
la terre de Juda pour la disperser. 


15. Le sens de ce verset est que Dieu est trés irrité contre les nations qu'il avait 
chargées d'exercer sa vengeance sur Jérusalem, parce que dans l'exercice de cette 
vengeance, elles sont allées bien au-delà du chátiment qu'il voulait infliger à son 
peuple, pour lequel, malgré ses infidélités, il avait conservé un grand amour (vers. 
13, 14). 

16. Le niveau, etc.; c'est-à-dire, qu'on rebátira les murs et les maisons de Jérusa- 
lem, aussi bien que le temple. 

18-21. * 20 Dans la seconde vision, 1, 18-21, Zacharie vit quatre cornes et quatre 
forgerons, symboles de la ruine des peuples qui ont persécuté Juda : les quatre for- 
gerons brisent les quatre cornes, c'est-à-dire les Chaldéens, les Perses, les Grecs et 
les Romains. 

18, 19. Les quatre cornes désignent les quatre grands empires qui dans divers 
temps ont dispersé Israél et Juda, comme un taureau en fureur jette au vent tout 
ce qu'il rencontre, et qui sont, selon les uns, les Assyriens, les Chaldéens, les Perses 
et les Egyptiens, et selon les autres, parmi lesquels saint Jéróme, les Chaldéens, les 
Perses, les Grecs et les Romains, parce que les Assyriens étaient déjà renversés; mais 
es partisans de la premiére opinion croient que cette vision représente en méme 
temps et ce qui était accompli, et ce qui restait encore à accomplir. 

90, 94. Quatre ouvriers. La qualité de ces ouvriers n'est déterminée ni par l'hébreu, 
ni par le chaldéen, ni par les Septante; mais on pense communément que c'étaient 
des forgerons, peut-étre parce qu'on se les représente comme armés de marteaux 
pour abattre les quatre cornes. Saint Jéróme regarde ces ouvriers comme des figures 
des anges qui en diverses occasions ont affaibli les quatre grands empires. 

21. Les épouvanter. Le pronom /es étant au neutre (ea) se rapporte grammaticale- 
ment à cornes (cornua), puisque ce mot est également du neutre en latin. L'hébreu 
met le masculin; mais le sens est le méme puisque les cornes signifient proprement 
les rois et les princes ennemis du peuple de Dieu. 


[cn. 11.] 


CHAPITRE II. 


Gloire de Jérusalem; multitude de ses 
habitants ; Dieu lui servira de rempart. 
Vengeances du Seigneur sur ceux qui 
ont opprimé son peuple. Les nations 
s'attacheront au Seigneur; il habitera 
au milieu de son peuple. 


1. Et je levailes yeux, et je vis; 
et voilà un homme, et dans sa 
main un cordeau d'arpenteur. 

2. Et je dis: Où vas-tu? Et il me 
répondit : Mesurer Jérusalem, et 
voir quelle est sa largeur et quelle 
est sa longueur. 

3. Et voilà que l'ange qui parlait 
en moi sortit, et un autre ange 
sortait à sa rencontre. 

4. Et il lui dit : Cours, parle à ce 
jeune homme, en disant : Jéru- 
salem sera habitée sans mur, à 
cause dela multitude des hommes 
et des troupeaux qui seront au 
milieu d'elle. 


ZACHARIE. 


2133 


9. Et moi je lui serai, dit le Sei. 
gneur, un mur de feu tout autour. 
et je serai dans lagloire au milieu 
d'elle. 

6. Ah! ah! fuyez de la terre de 
l'aquilon, dit le Seigneur; parce 
que vers les quatre vents du ciel, 
je vous ai dispersés, dit le Sei- 
gneur. 

7. Fuis, 6 Sion, qui habites chez 
la fille de Babylone. 

8. Parce que voici ce que dit le 
Seigneur des armées : Après la 
gloire établie au milieu de vous, 
il m'a envoyé versles nations qui 
vous ont dépouillés ; car celui qui 
vous touche, touche la prunelle de 
mon ceil. 

9. Parce que voici que je lève 
ma main sur eux, et ils seront la 
proie deceux qui étaientleurs es- 
claves; et vous reconnaitrez que 
c'est le Seigneur des armées qui 
m'a envoyé. 


1-13. * 3» Dans la troisième vision, ,זז‎ un homme apparait à Zacharie armé d'un 
cordeau pour mesurer Jérusalem et signifier qu'elle sera abondamment repeuplée, 
c'est-à-dire quele royaumede Dieu ou l'Eglise s'étendra sur toute la terre. 

1. Un homme; probablement l'ange du chap. 1, 8, 1]. 


3. Qui parlait en moi. Voy. 1, 9. 


4. Ce jeune homme ; c'est-à-dire Zacharie. — Sans mur. La nouvelle Jérusalem aura 
une si grande multitude d'habitants, qu'il ne faut pas la renfermer dans des murs. 
— Peu d'années avantsa ruine par Titus, elle était en effet trop étroite; et on dut ajouter 
une nouvelle ville à l'ancienne, et enfermer un grand nombre de maisons qui s'étaient 
élevées peu à peu hors de son enceinte. Cette multitude infinie d'habitants dans: 
Jérusalem, était une figure et comme un gage de l'affluence des peuples qui devaient 
un jour- entrer dans l'Eglise. 

5. Je serai dans la gloire, etc.; par ma présence dans son sein je la comblerai de 
gloire et d'honneur. 

6, 1. Fuyez, ete. Depuis la prise de Babylone par Cyrus, il y était encore resté 
beaucoup de Juifs malgré la liberté que ce princeleur avait laissée de retourner dans 
leur patrie. C'est à eux que s'adressent ces paroles. 

1. Fille de Babylone. Les orientaux appellent filles, les capitales, et les autres villes 
d'un pays. 

8. Voici ce que dit, etc., semble annoncer que c'est Dieu méme qui va parler; mais 
la suite prouve que celui qui parle est l'envoyé de Dieu. Saint Jéróme en conclut que 
c'est Jésus-Christ qui parle par la bouche de cet ange, comme étant en méme temps 
et l'envoyé de Dieu et Dieu lui-méme, égal à Dieu son Pére. Vox Salvatoris inducitur. 
— Aprés la gloire (post gloriam). Cette expression, évidemment elliptique, semble 
faire allusion à ces mots du vers. 5 : Je serai dans la gloire au milieu d'elle. Nous 
avons donc cru qu'on ne pouvait mieux restituer l'ellipse qu'en ajoutant par forme 
de paraphrase : Eíaólie au milieu de vous. 


2134 


10. Loue le Seigneur, et réjouis- 
oi, fille de Sion; car voici que 
je viens moi-méme, et que j'ha- 
biterai au milieu de toi, dit le Sei- 
gneur. 

11. Et beaucoup de nations s'at- 
tacheront au Seigneur en ce jour; 
et elles seront mon peuple, et 
j habiterai au milieu de toi; et tu 
sauras que le Seigneur des ar- 
mées m'a envoyé vers toi. 

19. Et le Seigneur possédera 
Juda comme son partage dans la 
terre sainte, et il choisira encore 
Jérusalem. 

13. Que toute chair soit en si- 
lence devantlaface du Seigneur; 
parce qu'il s'est réveillé du milieu 
de son habitacle saint 


CHAPITRE IIT. 


Le grandeprétre Jésus est accusé par Sa- 
tan. On lui óte ses habits sales, et on 
lui en donne de rechange. Le Seigneur 
lexhorte à étre fidéle, et promet de 
récompenser sa fidélité. Orient ou 
germe promis. Pierre mystérieuse. 


1. Etle Seigneur me montra le 
grand-prétre Jésus qui était de- 
bout devant l'ange du Seigneur, 
et Satan était à sa droite, afin de 
s'opposer à lui. 

Cuae. III. 8. Luc, r, 18. 


ZACHARIE. 


fcm. m.] 

9. Et le Seigneur dit à Satan : 
Que le Seigneur te réprime, ὃ Sa- 
lan; et qu'il te réprime, le Sei- 
gneur qui a choisi Jérusalem; 
n'est-ce pas là ce tison retiré du 
feu? 

3. Et Jésus était revétu d'habits 
sales; etilse tenait devant la face 
de l'ange, 

4. Qui répondit, et s'adressa à 
ceux qu se tenaient devant lui, 
disant : Otez-lui ses vêtements 
sales. Et il lui dit : Voilà que j'ai 
616 de toi ton iniquité, et que je 
t'ai revétu d'habits de rechange. 

5. Et il dit: Posez une tiare pro- 
pre sur sa téte. Et ils mirent une 
tiare propre sur sa tête, et le re- 
vêlirent d'habits;etl'ange du Sei- 
gneur se tenait debout. 

6. Et l'ange du Seigneur faisait 
cette déclaration à Jésus, disant : 

1. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : Si tu marches dans 
mes voies, et si tu observes ce que 
jai commandé d'observer, toi 
aussi tu gouverneras ma maison, 
et tu garderas mes parvis, et je te 
donnerai, afin qu'ils marchent 
avec toi, quelques-uns de ceux qui 
assistent ici. 

8. Ecoute, Jésus, grand-prétre, 


10. Fille de Sion. Voy. vers. 1. — Les promesses faites dans ce vers, et le suivant 
n'ont été accomplies que dans le premier avénement de Jésus-Christ, et dans la vo- 


cation des gentils à la foi. 


12. La terre sainte, c'est-à-dire, qui lui a été consacrée, 
18. Toute chair; hébraisme pour, {ous les hommes, tous les mortels. 


1-10. * 40 Dans la quatrième vision, rir, 16 grand-prétre Jésus, fils de 1086060, est de- 
boutdevant un ange quile fait revétir d'ornements nouveaux, pour marquer la gloire 
future de la cité sainte et du Messie. Cette vision se termine, en effet, par une pro- 


phétie messianique. 


1. Le Seigneur (Dominus) n'étant pas dans le texte hébreu, on en a conclu que le 
personnage qui parle ici est l'ange qui figure dans le chapitre précédent. — Jésus. 


Voy. 47066, 1, 1. 


9. Tison, etc. Voy. sur cette expression, Amos, tv, 11. 
8. Orient ; nom dans lequel les ancieus Juifs et les chrétiens reconnaissent le Messie, 


1v.]‏ .אס] 


toi ettes amis qui habitent auprès 
de toi, parce qu'ils sont les figures 
de l'avenir: car voici que moi, JE 
FERAI VENIR MON SERVITEUR ORIENT. 

9. Parce que voici la pierre que 
jai mise devant Jésus; sur cette 
seule pierre sont sept yeux; voici 
que moi, je la graverai avec le ci- 
seau, ditle Seigneur des armées; 
et j'óterailiniquité de cette terre 
en un seul jour. 

10. En ce jour-là, ditle Seigneur 
des armées, un homme appellera 


ZACHARIE. 


2135 


revint, et me réveilla comme un 
homme qu'on réveille de son som- 
meil. 

2. Et il me dit : Que vois-tu, 
toi? Et je répondis : J'ai vu, et 
voilà un chamdelier tout d'or, et 
sa lampe sur son sommet, et ses 
sept lampes au-dessus; et sept 
canaux aux lampes qui étaient 
sur son sommet; 

3. Et deux oliviers au-dessus; 
un à la droite delalampe, etun à 
sa gauche. 


son ami sous une vigne et sous 
un figuier. 


4. Et je pris la parole, et je dis 
à l'ange qui parlait en moi: Qu'est 
ceci, mon Seigneur? 

ὃ. Et l'ange qui parlait en moi 
me répondit et me dit : Est-ce 
que tu ne sais pas ce que c'est? 
Et je dis : Non, mon Seigneur. 

6. Et il reprit, et s'adressa à 
mol, disant: Voici la parole du 
Seigneur à Zorobabel. Ce n'est 
point par une armée, ni par la 


CHAPITRE IV. 


Chandelier d'or ayant sept lampes sur 
sept branches, et deux oliviers à ses 
côtés. Zorobabel achévera le temple 
dont il a posé les fondements. Les sept 
lampes sontles sept yeux du Seigneur; 
les deux oliviers sont les deux oints 
de l'huile sainte. 


1. Et l'ange qui parlait en moi 


Compar. Luc, 1, 1, 8. Le mot hébreu correspondant /sémah, qui signifie germe, rejeton, 
est appliqué au Messie dans 13076, 1v, 2; Jérém., xxur, 5; xxxi, 15; aussi bien que 
le titre de serviteur de Dieu, dans Isaie, xum, 1; xux, 3 ; v, 10; ru, 13; rur, 41. 

9. La pierre, etc., est encore un nom qui désigne le Messie dans Ps. cxvir, 22; 
Matth., xxx, 42, 44; Actes, 1v, 11; Rom., 1x, 32, 33. — Ces sept yeux peuvent signifier 
la plénitude des dons de l'Esprit ‘de Dieu, que Jésus-Christ possédait sans mesure, ou 
bien la vigilance parfaite du divin Sauveur dans la formation, le progrès et la conser- 
tion de son Eglise. — Je la graverai, etc. Beaucoup d'interprètes entendent ce pas- 
sage des saints stigmates que la couronne d'épines, les clous de la croix, la lance du 
soldat, etc., ont laissés sur son corps adorable. — En un seul jour; le jour de sa 
passion. 

10. Un homme, etc.; image des biens spirituels apportés aux hommes par Jésus- 
Christ, et qu'ils devaient se communiquer dans le sein de son Eglise. 


1-14. * 55 Dans la cinquième vision, 1v, Dieu montre au Prophète un candélabre 
d'or, placé entre deux oliviers; le candélabre et les oliviers sont l'embléme du temple 
qui sera achevé par Zorobabel et enrichi de tous les dons du Saint-Esprit. 

1. Qui parlait en moi, Voy. 1, 9. — Revint, c'est-à-dire qu'aprés s'étre approché 
du grand-prétre Jésus, auquel se rapporte le chapitre précédent, et aprés lui avoir 
parlé, l'ange revient à Zacharie, semble le frapper et l'éveiller; car tout FE se passe 
en vision. Voy. plus haut Observat. prélimin., pag. 1, 2. 

2. Le chandelier avait la forme de celui que Moïse décrit (Exod., xxv, 31 et suiv.; 
xxxvit, 17 et suiv.); il avait sept lampes montées sur sept branches; l'huile se com- 
muniquait également aux sept lampes par sept canaux qui la recevaient d'un vase 
placé sur le sommet du chandelier, et l'huile dont ce vase était rempli y découlait 
par des tuyaux qui s'étendaient vers les deux oliviers placés aux deux cótés du chan- 
delier. Voy. vers. 3, 12. 


2136 
torce, que zu achéveras le temple, 
mais par mon esprit, dit le Sei- 
gneur des armées. 

7. Qu'es-tu, grande montagne, 
devant Zorobabel? £u seras apla- 
nie; il posera la pierre principale, 
et il ajoutera une beauté égale à 
sa beauté. 

8. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

9. Les mains de Zorobabel ont 
fondé cette maison, et ses mains 
l'achèveront; et vous saurez que 


ZACHARIE. 


[cu. v.] 
fois, et je lui dis : Que sont ces 
deux branches d'oliviers qui sont 
auprès de deux becs d'or dans 
lesquels sont les canaux d'or par 
où coule l'huile? 

13. Et il m'interpella, en disant: 
Est-ce que tu ne sais pas ce que 
c'est? Et je répondis : Non, mon 
Seigneur. 

14. Et il dit : Ce sont les deux 
fils de l'huile sainte, qui assistent 
devant le Dominateur de toute la 
terre. 


le Seigneur des armées m'a en- 
vOyé vers vous. 

10. Car qui a vu avec mépris les 
jours courts? Mais on se réjouira, 
et on verraleplomb à la main de 
Zorobabel. Ce sontlàles sept yeux 
du Seigneur qui parcourent toute 
la terre. 

11. Et je repris et je lui dis: Que 
sont ces deux oliviers à la droite 
du chandelier, et à sa gauche? 

19. Et je repris une seconde 


CHAPITRE V. 


Volume volant qui est appelé malédic- 
tion, et qui consume la maison des pré- 
varicateurs. Femme assise dans une 
amphore; elle est appelée l'impiété, et 
l'amphore est fermée par une masse de 
plomb. Deux femmes ailées enlèvent 
cette amphore, et la portent dans la 
terre de Sennaar. 


1. Et je meretournai, et je levai 
mes yeux; et je vis, et voilà un 
volume volant. 


8. Disant. Voy. sur ce mot Aggée, τ, 1. 

10. Les jours courts, dans le style biblique, sont ceux où il se fait peu de chose, 
comme au contraire les grands jours signifient les jours où se passent des choses 
importantes, de grands événements. Le sens de ce passage est done : Qui est celui 
d'entre vous qui a pu voir avec mépris les faibles commencements du temple, et 
regarder comme une entreprise téméraire sa reconstruction par Zorobabel, quand 
tous vous verrez avec joie ce prince de Juda, le plomb et le niveau à la main, hâter 
l'ouvrage, et le conduire heureusement à sa fin? — Ce sont là, etc. Ces mots semblent 
étre l'interprétation du symbole des septlampes (vers. 2), lesquelles marquent à leur 
tour les sept anges qui sont comme les yeux et les inspecteurs dont Dieu se sert 
pour veiller à l'accomplissement de ses œuvres. Les rois de Perse avaient des officiers 
qu'on appelait les yeux du roi, et qui étaient comme ses espions. 

14. Fils de l'huile; hébraisme, pour oints de Ühuile. Ces deux oints de l'huile sainte 
sont Jésus comme grand-prétre, et Zorobabel comme prince du peuple et de la fa- 
mille des rois de Juda; l'un et l'autre éclairés par les sept lampes, et tous deux 
versant l'huile pour entretenir ces lampes, parce qu'avec lassistance des anges ils 
sont les ministres de la puissance du Seigneur pour l'exécution de ses desseins sur 
son peuple. Sous un autre point de vue ils représententles deux apótres, saint Pierre 
et saint Paul, qui ont été dans l'établissement de l'Eglise les principaux ministres des 
miséricordes du Seigneur pour la conversion des Juifs et des gentils; de même qu'à 
la fin des temps, les deux prophétes Elie et Hénoch seront envoyés de Dieu, l'un 
pour ramener les Juifs à Jésus-Christ, et l'autre pour précher la pénitence aux nations; 
c'est de ceux-ci qu'il est dit dans l'Apocalyse, xi, 4 : Ce sont les deux oliviers et les 
deux chandeliers dressés devant le Seigneur de la terre. 


4-11, * 65 et T°. Dans la sixième etla septième vision, qui ont l'une et l'autre la même 


[cu. v.] 


9. Et l'ange me dit : Que vois- 
tu? Et je répondis : Je vois un 
volume volant : sa longueur est 
de vingt coudées, et sa largeur 
de dix. 

3. Et il me dit : C'est la malé- 
diction qui sort sur la face de 
toute la terre; parce que tout vo- 
leur, selon qu'il est écrit dans ce 
volume, sera jugé ; et quiconque 
jure faussement sera jugé pareil- 
lement d’après ce volume. 

4. Je le ferai sortir, dit le Sei- 
gneur des armées; et il viendra 
à la maison du voleur et à la mai- 
son de celui qui jure faussement 
en mon nom; et 11 demeurera au 
milieu de sa maison, etla consu- 
mera ainsi que ses bois et ses 
pierres. 

5. Et l'ange qui parlait en moi 
sortit, et me dit : Lève tes yeux, 
et vois qu'est-ce qui sort. 

6. Et je dis : Qu'est-ce? Et il 
répondit : C'est une amphore qui 


ZACHARIE. 


2137 
sort. Et il ajouta : C'est leur ceil 
sur toute la terre. 

7. Et voilà que l'on portait un 
talent de plomb, et qu'une femme 
était assise au milieu de lam- 
phore. 

8. Et il dit : Cestl'impiété ; et il 
la renversa au milieu de l'am- 
phore, et il posa une masse de 
plomb sur l'ouverture. 

9. Et je levai mes yeux, et je 
vis; et voilà deux femmes sor- 
tant, et un vent soufflait dans 
leurs ailes, et elles avaient des 
ailes comme des ailes de milan; 
etelles éleverent l'amphore entre 
la terre et le ciel. 

10. Et je dis à l'ange qui parlait 
en moi : Oü ces femmes portent- 
elles l'amphore? 

11. Et il me répondit : Cest 
afin qu'on lui bátisse une maison 
danslaterre de Sennaar, et qu'elle 
soit établie, et qu'elle soit posée 
sur sa base. 


signification, v, un volume qui s'envole et une femme placée dans un épha ou amphore 
avec un poids de plomb, soulevée en l'air par deux autres femmes, figurent l'exclusion 


des pécheurs du royaume de Dieu. 


2. Sa longueur, etc. Les anciens livres étaient composés de feuilles ou de morceaux 
de vélin attachés bout à bout et en longueur, qu'on roulait autour d'un bâton. 

3. Tout voleur, etc. Le vol peut s'entendre ici de toutes les injustices et les violences 
exercées contre les hommes; et le faux jurement, ou parjure, de toutes les fautes 
commises contre Dieu. — Faussement est évidemment sous-entendu, on le voit par 


le verset suivant. 
5. Qui parlait en moi. Voy. 1, 9. 
6. Amphore. Voy. Daniel, xiv, 


9, — C'est leur œil, etc.; c'est-à-dire, leur ressem- 


blance, leur vrai portrait, selon les uns, ou bien, suivant les autres, c'est sur l'am- 
phore qu'est fixé leur ceil, pour la remplir de leurs crimes. 

1. Talent (talentum); est expliqué par masse (massam) au vers. 4. — Seule (una). Ce 
mot, qui se trouve aussi dans l'hébreu et dans les Septante, a été mis dans le texte 
probablement parce qu'au vers. 9 il est question de deux femmes. 

9. Ces deuz femmes signifient, selon les Juifs, les Médes et les Grecs, qui ont affligé 


les Babyloniens, 


et qui ont établi leur monarchie dans leur pays; 


selon saint 


Jerome, les Hébreux eux-mémes, dont ceux du royaume d'Israél furent emmenés 
capti's par les Assyriens, et ceux de Juda par les Chaldéens. 
11. Dans la terre de Sennaar, c'est-à-dire à Babylone, qui était dans cette terre. 
Comme dans le style figuré des prophètes, et dans le livre méme de l'Apocalypse, 
Babylone représente Rome paienne, la terre de Sennaar peut trés bien représenter 
ici l'empire romain, au milieu duquel les Juifs ont été transportés et dispersés depuis 


Jésus-Christ. 


2138 


CHAPITRE VI. 


Quatre quadriges qui sortent du milieu 
de quatre montagnes d'airain, et qui 
vont vers différentes parties du monde. 
Couronne pour le grand-prétre Jésus, 
et pour l'homme appelé l'Orient, qui 
bátira le temple du Seigneur. 


1. Et je me retournai, 61 je le- 
vai mes yeux, et je vis; et voilà 
quatre quadriges sortaut du mi- 
lieu de deux montagnes, et les 
montagnes éfaient des monta- 
gnes d'airain. 

2. Au premier quadrige éfaient 
des chevaux roux, et au second 
quadrige des chevaux noirs; 

3. Au troisième quadrige, des 
chevaux blancs, et au quatrième 
quadrige, des chevaux mouchetés 
et forts. 

4. Et je pris la parole, et je dis 
àl'ange qui parlaiten moi : Qu'est- 
ceci, mon Seigneur? = 

5. Et l'ange répondit et me dit: 
Ce sont les quatre vents du ciel, 
qui sortent pour se présenter de- 
vant le Dominateur de toute la 
terre. 


ZACHARIE. 


[cu. vi.] 


6.Les chevaux noirs, quiétaient 
au second quadrige, allaient vers 


18 terre de l’aquilon; et les blancs 


allèrent après eux ; etles mouche- 
tés sortirent vers la terre du midi. 

7. Mais ceux qui étaient les plus 
forts sortaient et cherchaient à 
aller et à courir par toute la terre. 
Et l'ange dit : Allez, parcourez la 
terre ; etils parcoururentla terre. 

8. Et il m'appela, et me parla, 
disant : Voilà que ceux qui sor- 
tent vers la terre de l'aquilon ont 
apaisé mon esprit dans la terre 
de l'aquilon. | 

9. Et la parole du Seigneur me 
fut adressée, disant : 

10. Prends delatransmigration, 
de Holdai, de Tobie, et d'Idaia 
leurs dons, ettu viendras, toi, en 
ce jour-là, et tu entreras dans la 
maison de Josias, fils de Sopho- 
nias, qui sont revenus de Baby- 
lone. 

11. Et tu prendras de l'or et de 
l'argent, et tu en feras des cou- 
ronnes, et tu les poseras sur la 
téte de Jésus, fils de Josédec, le 
grand-prétre. 


1-8. * 85 Dans la huitième vision, vi, 1-8, quatre chars correspondant aux quatre vents 
ou points cardinaux, voir Daniel, vit, 4, sortent de deux montagnes d'airain (Sion 
et Moria) : c’est le signe du jugement par lequel Dieu renouvelle le monde coupable. 

1. Les quadriges, d’après le vers. 5, représentent les vents du ciel. Voy. ce verset. 

4. Qui parlait en moi. Voy. 1, 9. 

5. Ces quatre vents du ciel, figurés parles quatre quadriges, sont, suivant l'opinion 
commune, les quatre monarchies mentionnées dans Daniel, m, vir, cest-à-dire, 
celles des Chaldéens, des Perses, des Grecs et des Romains. 

8. Le sens de toute la vision poétique est que Dieu, dominateur souverain de toute 
la terre, fera subir la punition qu'ils méritent, non seulement aux Juifs, mais encore 
à tous les peuples du monde qui s'opposent à ses ordonnances, jusqu'à ce que sa 
justice soit satisfaite. 

9-15. * 9» Enfin une action symbolique, vi, 9-15, le couronnement du grand-prétre 
Jésus, indique qu'Orient,le chef du royaume de Dieu, réunira en sa personne la 
dignité de roi et de pontife. 

9. Disant (dicens). Voy. Aggée, τ, 1. 

10. Holdaï, Tobie, Idaïa et Josias étaient des délégués des Juifs qui étaient restés à 
Babylone, et qui étaient venus apporter des présents pour le temple. Le Prophète devait, 
au jour marqué par le Seigneur, se rendre auprés d'eux, ct recevoir leur or et leur 
argent, dont la destination est indiquée avec plus de détails dans les versets suivants, 


[cu. vi] 


12. Et tu lui parleras, en disant: 
VoILA L'HOMME, ÜRIENT EST SON NOM; 
et il germera de lui-méme, et bà- 
tira un temple au Seigneur. 

13. Et lui-méme construira un 
temple au Seigneur; et lui-méme 
portera la gloire, et il s'assiéra, 
et dominera sur son trône; le 
prétre aussi sera sur son tróne, 
et un conseil de paix sera entre 
eux deux. 

14. Etles couronnes seront pour 


ZACHARIE. 


2139 


CHAPITRE VII. 


Députation aux prétres du Seigneur tou- 
chant les jeünes observés durant la 
captivité. Défaut de ces jeünes. OEuvres 
de justice que le Seigneur recommande, 
et dont le mépris attire sa colére. 


1. Et il arriva dans la quatrieme 
année du roi Darius, que la pa- 
role du Seigneur fut adressée à 
Zacharie, au quatrième 201 du 
neuvième mois, qui est appelé 


Casleu. 

2. Or Sarasar et Rogommélech 
et les hommes qui étaient avec 
lui, envoyèrent à la maison de 
Dieu pour implorer la face du 
Seigneur, 

3. Afin de parler aux prêtres de 
la maison du Seigneur des ar- 
mées et aux prophètes, en leur 
disant : Faut-il que je pleure dans 


Hélem, et Tobie, et Idaia, et Hem, 
fils de Sophonias, un souvenir 
dans le temple du Seigneur. 

15. Et ceux qui sont au loin 
viendront, et bátiront dans le 
temple du Seigneur; et vous sau- 
rez que le Dieu des armées m'a 
envoyé vers vous. Or, ceci aura 
lieu, si vous écoutez fidelement 
la voix du Seigneur votre Dieu. 


Car. VI. 12. Luc, 1, 78. 


12. Voilà l’homme, etc. Ces paroles semblent, au premier abord, se rapporter à 
Zorobabel, qui était le rejeton, l'espérance de la maison de David, et que Dieu avait 
choisi pour rétablir son temple; mais les mots, 77 germera de lui-méme (littér. sous 
lui, subter eum), ne conviennent qu'à Jésus-Christ, vrai rejeton de David, qui dans 
sa naissance temporelle n'a rien emprunté d'aucun homme, mais est sorti d'une 
vierge immaculée, comme un rejeton de sa souche ([saze, מא‎ 1), et qui a bâti le 
temple le plus glorieux qui püt étre élevé à Dieu, son Eglise, édifice spirituel dont 
nous sommes nous-mêmes les pierres vivantes. Compar. Zacharie, ni, 8. 

15. Si vous écoutez fidèlement; avec une grande attention; littér., et par hébraisme, 
si par audition vous écoutez. 


1-14. * 119 section : Réponse du Seigneur aux envoyés de Béthel à l'occasion du 
jeûne en mémoire de la prise de Jérusalem par les Chaldéens, vu-vur. — L'an 518, 
des messagers vinrent de Béthel à Jérusalem pour demander aux prétres et aux pro- 
phétes si le jeüne institué, en signe de deuil, à cause de la ruine de là capitale et du 
temple par Nabuchodonosor, devait étre encore observé, maintenant que la ville et 
la maison de Dieu étaient restaurées, vir, 1-3. Dieu leur fait répondre par Zacharie 
que ce qui lui plait, ce n'est pas l'abstinence, mais l'obéissance, 4-7; s'il a dispersé 
son peuple parmi les paiens, c'est à cause de son indocilité, 8-14; désormais il trai- 
tera Sion avec bonté, après l'avoir affligée, vir, 1-17; il changera les jours de jeûne 
en jours de joie et glorifiera la cité sainte, de telle sorte que des peuples puissants 
et nombreux accourront pour l'y adorer, quand ils se convertiront, à la venue du 
Messie, 18-23. 

1..Du neuvième mois. Voy. Aggée, m, 11. 

2. * Le texte hébreu porte : On envoya à Béthel Sarasar et Rogommélech, etc. Sara- 
sar est un nom assyro-chaldéen, signifiant : (Que Dieu) protège le roi! L'Israélite qui 
le portait était né sans doute en Chaldée. 

3, 5. Le cinquième mois. Voy. Ezéch., xx, 1. — Me sanctifier, c'est-à-dire, me puri- 
fier. Le jeûne et les lamentations en usage dans le cinquième mois furent établis en 


2140 


le cinquième mois, ou dois-je me 
sanctifier comme je l'ai déjà fait 
pendant beaucoup d'années? 

4. Et la parole du Seigneur des 
armées me fut adressée, disant : 

5. Parle à tout le peuple de la 
terre et aux prétres, en disant : 
Lorsque vous avez jeüné et pleuré 
dans le cinquième et le septième 
mois, pendant ces soixante-dix 
années, est-ce pour moi que vous 
avez jeüné? 

6. Et lorsque vous avez mangé 
et que vous avez bu, n'est-ce pas 
pour vous que vous avez mangé 
et pour vous que vous avez bu? 

7. Ne sont-ce pas là les paroles 
qu'a dites le Seigneur par l'entre- 
mise des prophètes antérieurs, 
lorsque Jérusalem était encore 
habitée, et qu'elle était opulente, 
elle-méme et les villes autour 
d'elle, et qu'au midi et dans la 
plaine fout était habité ? 

8. Et la parole du Seigneur des 
armées fut adressée à Zacharie, 
disant : 

9. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : Jugez selon la vérité, 
usez de miséricorde et de clé- 
mence, chacun envers son frère. 


ZACHARIE. 


[cu. vir.] 

10. Et n'opprimez point la veu- 
ve, ni l'orphelin, ni l'étranger, ni 
le pauvre; et qu'un homme ne 
médite pas dans son cœur le mal 
contre son frère. 

11. Mais vos pères n'ont pas 
voulu être attentifs ὦ ma voix, 
et ils ont détourné l'épaule en se 
retirant, et ils ont appesanti leurs 
oreilles pour ne pas entendre. 

12. Et leur cœur, ils l'ont rendu 
dur comme un diamant, pour ne 
pas écouter la loi etla parole que 
le Seigneur des armées leur en- 
voya avec son esprit, par l'entre- 
mise de ses prophètes antérieurs; 
et le Seigneur des armées concut 
une grande indignation. 

13. Or il est arrivé comme il a 
parlé, et ils n'ont pas écouté; 
ainsi ils crieront, et je ne les 
écouterai pas, dit le Seigneur 
des armées. 

14. Et je les ai dispersés dans 
tous les royaumes qu'ils ne con- 
naissent pas; et leur terre a été 
désolée derriere eux, en sorte 
qu'il n'y avait personne qui y 
passät, et qui en revint, et ils 
ont fait d'une terre délicieuse un 
désert. 


(παρ. VII. 5. 18816, Lvii, 5. — 10. Exode, זאא‎ 22; Isaie, 1, 23; Jér., v, > 


mémoire de l'incendie du temple, brülé par les Chaldéens le dixiéme jour de ce 
méme mois (Jérém., xxxix, 8; 111, 13). Les envoyés parlent au nom du corps des Juifs, 
pour lequel ils sont venus consulter; de là vient qu'ils emploient le nombre singulier, 

4, 8. Disant (dicens). Voy. Aggée, 1, 1. 

5. Le septième mois. Voy. Aggée, τι, 2. — Le jeûne et les lamentations usités dans 
le septième mois furent établis et fixés au troisième jour de ce mois, en souvenir du 
meurtre de Godolias et de la dispersion du reste du peuple qui était avec lui. (IV Rois, 
XXV, 25; Jérém., הזד‎ 1, 3). 

1. Par l'entremise (per manum). Voy. Aggée, 1, 1. 

10. N'opprimez point (nolite calumniari). Voy. Jérém., v, 33. 

41. L'épaule en se retirant; littér., l]épaule qui se retirait (scapulam recedentem), 
ce que porte aussi le texte hébreu. 

14. Derrière eur, ou aprés eux; c'est le vrai sens du αὐ eis de la Vulgate, expliqué 
par l'hébreu et les Septante, | 


(ἐπ. νπι.] 


CHAPITRE VIII. 


Le Seigneur, aprés avoir chátié Sion, 
reviendra vers elle, lui rendra la paix, 
et rassemblera son peuple. Les deux 
maisons d'Israél et de Juda seront en 
bénédiction. Les peuples étrangers se 
joindront aux fils de Juda pour adorer 
avec eux le Seigneur ὃ. 


4. Et la parole du Seigneur des 
armées me fut adressée, disant : 

2. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : J'ai été zélé pour 
Sion d'un grand zèle, et j'ai été 
animé contre elle d'une grande 
indignation. 

3. Voici ce que dit le Seigneur 
desarmées:Je suisrevenu à Sion, 
et j'habiterai au milieu de Jérusa- 
lem; et Jérusalem sera appelée la 
cité de la vérité, et la montagne 
du Dieu des armées, la montagne 
sainte. 

4. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : Des vieillards et 
des vieilles femmes habiteront 
encore sur les places de Jéru- 
salem, et des hommes, chacun 
un báton en sa main, à cause de 
la multitude de /eurs jours. 

5. Et les places de la cité seront 
remplies de petits garçons et de 
petites filles qui joueront sur ses 
places. 

0. Voici ce que dit le Seigneur 


ZACHARIE. 2141 


des armées : Si ma prédiction 
paraît difficile aux yeux des res- 
tes de ce peuple en ces jours-là, 
est-ce qu’à mes yeux elle sera dif- 
ficile, dit le Seigneur des armées? 

7. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : Voici que moi, je 
sauverai mon peuple de la terre 
de l'orient et de la terre du cou- 
cher du soleil. 

8. Et je les ramènerai, et ils ha- 
biteront au milieu de Jérusalem ; 
et ils seront mon peuple, et moi 
je serai leur Dieu, dans la vérité 
et dans la justice. 

9. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : Que vos mains se 
fortifient, vous qui entendez en 
ces jours ces paroles par la bou- 
che des prophètes, au jour auquel 
a été fondée la maison du Sei- 
gneur des armées, afin que le 
temple füt bâti. 

10. Car avant ces jours-là, il 
n'y avait pas de récompense pour 
les hommes, ni de récompense 
pour les bétes; et pour celui qui 
entrait et pour celui qui sortait, il 
n'y avait pas de paix à cause dela 
tribulation; et j'abandonnai tous 
les hommes chacun contre son 
prochain. 

11. Mais maintenant ce ne sera 
pas comme aux jours antérieurs 


* Ce chapitre contient la continuation du discours précédent à l'occasion des eu- 
voyés de Sarasar et de Rogommélech. 

1, 18. Disant (dicens). Voy. Aggée, 1, 1. 

2. Et j'ai été animé, etc., parce qu'elle a méprisé et outragé mon amour pour elle, 

3. Sainte; littér., sanctifiée (sanctificata), c'est-à-dire, consaerée à Dieu. Ces titres de 
cité de la vérité ou de la fidélité, et de montagne sainte, n'appartiennent proprement 
qu'à l'Eglise chrétienne, dont ils caractérisent la sainteté, l'unité et la visibilité. 

8. Je les raménerai, etc. Cette promesse n'aura son parfait accomplissement sur les 
Juifs que lorsque, par leur conversion, ils rentreront dans le sein de l'Eglise repré- 
sentée par Jérusalem. 

10. Dans les premières années qui suivirent le retour de la captivité, il n'y avait 
parmi les Juifs ni gain, ni commerce; ils étaient entiérement livrés aux divisions, 
aux querelles et aux procés. D'un autre cóté la jalousie et la haine de leurs ennemis 
du dehors ne leur donnaient aucun repos (I Esdr., iv; 11 Esdr., 1v; Aggée, τι, 16, 18). 


- 


29149 
que moi je traiterai les restes de 
ce peuple, dit le Seigneur des ar- 
mées. 

12. Mais il y aura une semence 
de paix; la vigne donnera son 
fruit, et la terre donnera ses pro- 
 ductions, et les cieux donneront 
| leur rosée ; et je ferai posséder 
tous ces biens aux restes de ce 
peuple. 

13. Et il arrivera que comme 
vous étiez un objet de malédic- 
lion parmi les nations, maison 
de Juda et maison d'Israél, ainsi 
je vous sauverai, et vous serez 
un objet de bénédiction; ne crai- 
gnez point; que vos mains se for- 
üfient. 

14. Parce que voici ce que dit 
le Seigneur des armées : Comme 
j'ai songé à vous punir, lorsque 
vos pères m'ont provoqué au 
courroux, dit le Seigneur, 

15. Et que je n'ai pas eu de pi- 
lié; ainsi, revenu ὦ euz, j'ai songé 
en ces jours à faire du bien à la 
maison de Juda et à Jérusalem; 
ne craignez point. 

16. Voici donc ce que vous fe- 
rez: Parlez vérité, chacun avec 
son prochain; jugez selon la vé- 
rité, et rendez des jugements de 
paix à vos portes. 


(παρ, VIII. 16. Ephés., 1v, 25. 


ZACHARIE. 


(cu. vur.] 

17. Qu'aucun de vous ne médite 
en son cœur le mal contre son 
ami; et n'aimez pas le serment 
mensonger; car ce sont toules 
choses que je hais, dit le Sei- 
gneur. 

18. Et la parole du Seigneur 
des armées me fut adressée, di- 
sant : 

19. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : Le jeüne du qua- 
trième mois, et le jeûne du cin- 
quieme, et le jeüne du septième, 
et le jeûne du dixième seront 
changés pour la maison de Juda 
en joie et en allégresse, et en so- 
lennités brillantes; aimez seule- 
ment la vérité et la paix. 

20. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : Que des peuples 
viennent encore, et qu'ils habi- 
lent dans beaucoup de cités; 

21. Et que les habitants aillent 
l'un vers l'autre, disant : Allons, 
et implorons la face du Seigneur, 
et cherchons le Seigneur des ar- 
mées ; j'irai, moi aussi. 

22. Et beaucoup de peuples 
viendront ainsi que des nations 
puissantes pour chercher le Sei- 
gneurdesarmées dansJérusalem, 
et pour implorer la face du Sei- 
gneur. 


12. Les biens terrestres que Dieu promet ici à son peuple sont l'image des biens 
célestes qu'il promet aux vrais fidèles. La rosée du ciel est le symbole de la grâce, et 
les productions de la terre représentent les fruits de justice que nos âmes produisent 


par l'influence de cette rosée. 


16. A vos portes, c'est-à-dire, aux portes de vos villes; c'est là que se trouvaient 


les tribunaux. 


19. Du quatrième mois. Voy. Ezéch., τ, 1. — Du cinquième de l'année sacrée, et 
onzième de l'année civile. Il commençait à la nouvelle lune de juillet, selon les ra- 
bins, mais c'était plus probablement à celle d'août. — Du septième. Voy. Aggée, τι, 2. 
— Du dixiéme. Voy. Ezéch., xxiv, 1. — Ces quatre jeünes étaient célébrés depuis la 
captivité, et les Juifs les observent encore aujourd'hui. 

20. Que des peuples viennent encore (usquequo veniant populi); selon l'hébreu, encore 


que viendront, 


[cu. 1x.] 


23. Voici ce que dit le Seigneur 
des armées : Ceci arrivera en 
ces jours-là, dans lesquels dix 
hommes de toutes les langues 
des nations, saisiront la frange 
de la robe d'un homme juif, di- 
sant : Nous irons avec vous, car 
nous avons appris que Dieu est 
avec vous. ; 


CHAPITRE IX. 


Prophétie contre les Syriens, les Phéni- 
ciens et les Philistins. Le roi de Sion 
vient à elle. Le Seigneur armera de 
foree Juda et Ephraim contre la Gréce. 
ll comblera son peuple de ses biens 
les plus excellents. 


1. Malheur accablant de la pa- 
| 2016 du Seigneur contre la terre 
d'Hadrach etde Damas, lieu de son 
repos; parce que l'œil du Seigneur 


ZACHARIE. 


2145 


est sur un homme et sur toutes 
les tribus d'Israël. 

2. Contre Emath aussi sur ses 
frontières, et contre Tyr et Sidon ; 
car elles se sont attribué une bien 
grande sagesse. 

3. Et Tyr a bâti ses fortifica- 
tions, eta entassé l'argent comme 
la poussière, et l'or comme la 
boue des places publiques. 

4. Voici que le Seigneur s'en 
rendra miitre, et il brisera sa 
force sur la mer, et elle sera dé- 
vorée par le feu. 

5. Ascalon verraetelle craindra ; 
et Gaza verra et elle sera dans une 
très grande douleur ; et Accaron, 
parce que son espérance sera con- 
fondue; et il n'y aura plus de roi 
en Gaza, et Ascalon ne sera plus 
habitée. 


93. De toules les langues des nations; hébraisme, pour des nations de toutes les 
langues, ou de toutes les nations et de toutes les langues. — La frange, ete., c'est- 
à-dire, les houppes que Moise ordonne aux Hébreux de mettre aux coins de leurs 
manteaux, pour les distinguer des autres peuples (Nomór., xv, 38; Deuléron., xxi, 12). 
— Nous irons, etc. Ces promesses ont été accomplies dans la conversion des gentils 
par la prédication des apôtres. 

1-11. * HI? section : Prophéties contre Hadrach et Israël, ix -xiv. — La dernière section 
contient deux oracles, qui portent le nom de massa’ ou malheur accablant; 16 premier 
est dirigé contre Hadrach et les pays voisins, ix-xt; le second contre Israël, xir-xiv. — 
19 Oracle contre Hadrach. La position de cette ville est restée inconnue jusqu'à nos 
jours; un certain nombre d'exégéles, méme contemporains, ont soutenu que ce nom 
était purement symbolique et ne répondait à aucune réalité; c'est une erreur: la ville 
d'Hadrach a existé; elle est plusieurs fois mentionnée dans le récit des guerres des 
rois d'Assyrie; elle était située en Syrie. Elle est mentionnée ici avec tous les pays 
voisins, Damas, Hamath, la Phénicie et le pays des Philistins. Toute cette contrée sera 
ruinée, ix, ce qui eut lieu par les armes d'Alexandre le Grand; le peuple de Dieu, au 
contraire, sera béni et puissant, x; il reviendra de la captivité sous son nouveau roi, 

1. Malheur accablant. Voy. Isaie, xuz, 1. — Hadrach est selon la plupart des nou- 
veaux interprétes le nom d'une petite contrée voisine de Damas. — Lieu de son repos; 
c'est-à-dire, qu'Hadrach se reposait sur Damas, mettait toute sa confiance en elle. 
Les anciens l'ont pris pour un mot symbolique, qui doit s'expliquer par sa signi- 
fication même; mais on est loin de s'aecorder sur son vrai sens. — Il parait que les 
prophéties contenues dans ce chapitre contre les Syriens, les Phéniciens et les Phi- 
listins regardent les expéditions d'Alexandre 16 Grand contre ces peuples. — L'œil du 
Seigneur, etc., veille sur chaque homme en particulier et sur toutes les tribus d'Israél 
(Compar. le vers. 8); littér., selon la Vulgate et l'hébreu du (ou au) Seigneur est l'ail 
(c'est-à-dire, l'inspection, l'observation) d'un homme et de toutes, etc., et, selon les 
Septante, le Seigneur inspecte (ou observe) hommes et toutes tribus d'Israël. 

4. Sur la mer. Alexandre coula à fond les vaisseaux de Tyr devant ses murailles. 

5-6. * Ascalon, Gaza, Accaron, Azot, les quatre principales villes des Philistins, au 
sud-ouest de la Palestine. 


9144 


6. Un étranger s'établira dans 
Azot, et je détruirai entierement 
l'orgueil des Philistins. 

7. Et j'óterai son sang de sa 
bouche, et ses abominations d'en- 
tre ses dents, et il restera lui aussi 
à notre Dieu; et il sera comme 
chef dansJuda, et Accaron comme 
un Jébuséen. 

8. Et j'environnerai ma mai- 
son de ceux qui combattent pour 
moi; ils iront et reviendront; et 
il ne passera plus sur eux d'exac- 
teur; parce que maintenant je 8 
ai vus de mes yeux. 

9. Exulte complètement, fille 
deSion; jubile, fille deJérusalem; 
VOICI QUE TON ROI viendra à toi, 
juste et sauveur; lüi-méme pau- 
vre, et monté sur une ânesse et 
surun poulain, petit d'une ânesse. 

10. Et je détruirai entièrement 
d'Ephraim les quadriges, et de 


ZACHARIE. 


]68. 1x.] 


Jérusalem les chevaux, et l'arc de 
la guerre sera anéanti; et il pu- 
bliera la paix aux nations, et sa 
puissance s'étendra depuis une 
mer jusqu'à une autre mer, et 
depuis les fleuves jusqu'aux con- 
fins dela terre. 

11. Toi aussi par le sang de ton 
alliance, tu as fait sortir tes pri- 
sonniers d'un lae qui est sans 
eau. 

12. Retournez aux fortifica- 
tions, prisonniers qui avez con- 
servé l'espérance; aujourd'hui 
aussi, j'annonce, 6 Sion, que je 
te rendraile double. 

13. Parce que j'ai tendu pour 
moi Juda comme un arc, j'ai rem- 
pli Ephraim de flèches ; et je susci- 
terai tes fils, 6 Sion, contre tes 
fils, ὁ Grèce; et je te rendrai 
comme le glaive des forts. 

14. Etle Seigneur Dieu paraitra 


CnaP. IX. 9. Isaie, זא‎ 11; Matt., xxt, 5. 


6. Un étranger (separator); ainsi les Septante; selon l'hébreu, un bdlard, c'est-à- 
dire, Alexandre, comme l'entendent quelques-uns, ou bien les colonies d'étrangers 
d'une origine fort différente, que ce prince avait mises dans les villes des Philistins, 
et qui étaient par rapport à eux, et aux villes qu'on leur donnait, de véritables 
bátards; ou bien enfiu les Juifs qui se rendirent maitres des villes des Philistins 
sous les Machabées, ce que les versets suivants donnent à entendre. 

1. Son sang, le sang qu'il boit; soit le sang des victimes qu'il a immolées, soit celui 
qui se trouve dans les viandes que l'on mange. Les Hébreux avaient horreur de tous 
ceux qui mangeaient de la viande avec le sang. — Ses abominations; ses viandes 
consacrées aux idoles. — Comme un Jébuséen, c'est-à-dire, comme un habitant na- 
turel de Jérusalem. Cette ville était anciennement habitée par des Jébuséens, et elle 
s'appelait méme Jébus. 

8. Sur eux; sur mon peuple. — De mes yeux; d'un œil favorable. 

9. Fille de Sion, fille de Jérusalem. Voy. τι, 7. — Il n'y a que Jésus-Christ qui ait 
parfaitement accompli les prédictions contenues dans ce verset et le suivant. Compar. 
Matth., xxt, 5; Jean, xit, 15. 

10. * Depuis une mer, etc. Son royaume comprendra la terre entière. 

11. Par le sang, etc. L'alliance faite par le Seigneur avec les Hébreux sur 5 1 
fut scellée par le sang (Exode, xxiv, 8; Lévit., xvi, 11; Hébreux, 1x, 18). Par cette 
alliance ils se consacrérent au Seigneur, et ils acquirent un droit à sa protection. — 
Un lac qui est sans eau, signifie une prison (Jérém., xxxvim, 6); et la prison elle- 
méme est la figure d'une grande affliction (Ps. xxxix, 2; nxxxvir, 1; Isaïe, xuu, 22). 

13. J'ai tendu, etc. On entend communément ceci des victoires que les Juils rempor- 
térent du temps des Machabées sur les rois gréco-syriens. 

14. Un tourbillon du midi. Les tempétes du midi dans la Palestine ont toujours été 
trés violentes, 


ἴδε; x.] 


au-dessus d'eux, et son dard par- 
tira comme la foudre; et le Sei- 
eneur Dieu sonnera de la trom- 
pette; il s'avancera dans un tour- 
billon du midi. 

15. Le Seigneur des armées les 
protégera; et ils dévoreront Jeurs 
ennemis et les soumettront avec 
les pierres de la fronde ; et buvant 
leur sang, ils seront enivrés com- 
me de vin; et ils seront remplis 
comme les coupes, et comme les 
cornes de l'autel. 

16. Et le Seigneur leur Dieu les 
sauvera en ce jour-là comme le 
troupeau de son peuple; parce 
que des pierres saintes s'élève- 
ront sur sa terre. 

11. Car qu'est-ce que le Se 
gneur a de bon et de beau, sinon 
le froment des élus, et le vin qui 
fait germer les vierges? 


CHAPITRE X. 


C'est le Seigneur qu'il faut invoquer, et 
non les idoles. Colère du Seigneur 
contre les pasteurs de son peuple. Il 
visitera dans sa miséricorde la maison 
de Juda. Il rassemblera la maison d'Is- 
raél. 


1. Demandez au Seigneur la 
pluie dans larriere-saison, et le 
Seigneur fera {omber la neige ; il 


ZACHARIE. 


2145 


leur donnera une pluie abon- 
dante, à chacun l'herbe dans soz 
champ. 

2. Parcequelesidoles ont ditdes 
choses vaines, et que les devins 
ont vu le mensonge, et que les in- 
terprètes des songesont parléinu- 
tilement; ils donnaient de vaines 
consolations ; c'est pour cela qu'ils 
ontété emmenés comme un trou- 
peau; ils seront affligés, parce 
qu'ils n'ont pas de pasteur. 

9. Contre les pasteurs, ma fu- 
reur s' 65. irritée, et je visiterai les 
boucs; parce que le Seigneur des 
armées a visité son troupeau, la 
maison de Juda, et il en a fait 
comme son cheval de gloire à la 
guerre. 

4. De lui sortira l'angle, de lui 
le pieu, de lui l'are du combat, 
de lui tout exacteur en méme 
temps. 

5. Et ils seront comme les forts 
qui dans le combat foulent 7en- 
nemi comme la boue des rues; et 
ils combattront, parce que le Sei- 
gneur esé avec eux; et ceux qui 
montent sur des chevaux seront 
confondus. 

6. Et je fortifierai la maison de 
Juda, et je sauverai la maison de 
Joseph; et jeles convertirai, parce 


45. Les coupes qui servent aux sacrifices. — Les cornes de l'aulel où l'on égorge 


les victimes. 


11. Ce froment et ce vin sont ici la figure de l'Eucharistie, qui est la nourriture dez 
élus, le pain des forts, et qui fait croître la pureté des âmes saintes. 


1. La pluie dans l'arriére-saison; hébraisme, pour de l’arrière-saison. — Une pluie 
abondante; littér. et par hébraisme, une pluie de pluie. 

3. Je visilerai les boucs; je punirai les chefs, les conducteurs du peuple. — Son 
cheval de gloire; littér., et encore par hébraisme, Je cheval de sa gloire, c'est-à-dire, 


16 cheval instrument de sa gloire. 


4. De lui; de Juda. — Cette prophétie s'est vérifiée en Jésus-Christ, qui est sorti 
de la tribu de Juda, étant fils de David selon la chair, et qui est en méme temps la 
vraie pierre angulaire qui lie l'édifice spirituel. Voy. /saze, xxir, 23 et suiv. 

6. La maison de Joseph; les dix tribus qui avaient pour chef celle d'Ephraim, fils 


, de Joseph, 
Ἂς: le 


459 


9446 
que J'aurai pitié d'eux ; et ils se- 
ront comme ils ont été quand je 
ne les avais pas rejetés; car je 
suis le Seigneur leur Dieu, et je 
les exaucerai. 

7. Et ils seront comme les bra- 
ves d'Ephraim, et leur cœur sera 
réjoui comme par le vin; et leurs 
fils verront, et ils se réjouiront, 
et leur cœur exultera dans le Sei- 
gneur. 

8. Je sifflerai, et je les rassem- 
blerai, parce que je les ai rache- 
tés; et je les multiplierai comme 
auparavant ils se multipliaient. 


ZACHARIF. 


(en. [.זצ‎ 
Liban; et il ne se trouvera pas 
assez de place pour eux. 

11. Et /sraël passera par le dé- 
troit de la mer, et 06 Seigneur 
frappera les flots dans la mer, et 
toutes les profondeurs du fleuve 
seront confondues, et l'orgueil 
d'Assur sera humilié, etlesceptre 
d'Egypte sera écarté. 

12. Je les fortifierai dans le Sei- 
gneur, et ils marcheront en son 
nom, dit le Seigneur. 


CHAPITRE XI. 


Incendie du temple; ruine de Jérusalem: 


pasteur suscité de Dieu, les deux hou- 
lettes de ce pasteur; trois pasteurs in- 
fideles retranchés en un mois. Pre- 
mière houlette brisée. Trente pièces 
d'argent données pour la récompense 
du pasteur. Seconde houlette brisée. 
Pasteur infidèle suscité sur la terre. 


9. Et je les répandrai parmi les 
peuples, et au loin ils se souvien- 
dront de moi ; et ils vivront avec 
leurs fils, et ils reviendront. 

10. Et je les ramenerai de la 
terre d'Egypte, etjeles rassemble- 
rai de l'Assyrie, et je les condui- 
rai dans la terre de Galaad et du 


1. Ouvre tes portes, ὃ Liban, 
et qu'un feu dévore tes cèdres. 


1. Les braves d'Ephraim. La tribu d'Ephraim fut toujours célèbre par sa valeur 
(Deutéron., xxxii, 11). La suite de la prophétie se rapporte particulièrement aux dix 
tribus. 

8. Je sifflerai; littér., je leur sifflerai. Voy. Isaïe, v, 26. 

10. * Du Liban, dans la Palestine du nord. Le pays de Galaad et la Galilée furent 
trés peuplés du temps des Machabées et beaucoup de Juifs s'y étaient établis. 

41. Israël passera, etc.; allusion au passage de la mer Rouge, et à celui du Jour- 
dain. — Du fleuve (fluminis) probablement du Nil; car le terme hébreu correspon- 
dant Yeor ne s'emploie presque jamais que pour signifier ce fleuve. — Confondues, 
de se voir mises à sec. Voy. Joël, 1, 10, où sont cités plusieurs exemples d'une sem- 
blable prosopopée. 


1-17. * Un tableau de désolation succède, xr, au tableau de félicité du chap. x. La 
terre d'Israël est dévastée par les ennemis qui l'ont envahie, xi, 1-3. Zacharie reçoit 
l'ordre de soigner et de garder avec soin le troupeau destiné à la mort, (son peuple) 
qu'il avait abandonné aux Gentils, 4-6. Le Prophéte, armé de deux bátons, appelés l'un 
Beauté et l'autre Cordeau, protège avec le premier contre les nations les brebis con- 
fiées à ses soins, et avec le second il les tient réunies. Cependant Dieu, en un mois, 
c'est-à-dire 30 jours ou 30 X 7 = 210 ans, voir Daniel, 1x, 2, et Jérém., xxv, 11; xxix, 10 
et Daniel, 1x, 24, détruit trois pasteurs (de peuples), cf. vi, 1-8, les Chaldéens, les 
Perses et les Grecs; il abandonne les Juifs et les livre à leur malheureux sort, 7-11. 
Dieu leur dit alors: Puisque je ne serai plus votre pasteur et que vous m'obligez à 
vous quitter, donnez-moi au moins mon salaire. Dieu continue : Ils me traitent 
comme un vil esclave, ils m'offrent le salaire d'un esclave, trente sicles d'argent. Le 
Seigneur fait rejeter cette somme dans le temple, et son peuple cesse de lui appar- 
tenir, son alliance avec les Juifs est rompue, 12-14. L'histoire de Notre-Seigneur nous 
explique clairement ce passage. Le Messie, méconnu des siens, fut acheté trente sicles 
d'argent; cette somme fut rapportée au temple par Judas, le traître qui l'avait reçue, 
et consacrée par les prêtres à acheter 16 champ d'un potier. — Le peuple élu, désor- 


[ce. x1.] 

2. Hurle, sapin, parce quun 
cedre est tombé, parce que des 
grands ont été abattus; hurlez, 
chéne de Basan, parce que la forét 
fortifiée a été coupée. 

3. Le bruit du hurlement des 
pasteurs retentit, parce que leur 
magnificence a été ruinée ;lebruit 
du rugissement des lions se fait 
entendre, parce que l'orgueil du 
Jourdain a été détruit. 

4, Voici ce que dit le Seigneur 
mon Dieu : Paislestroupeaux de 
tuerie, 

5. Que ceux qui les possédaient 
tuaient sans pitié, et ils les ven- 
daient, disant : Béni le Seigneur! 
nous sommes devenus riches ; et 
leurs pasteurs ne les épargnaient 
pas. 


ZACHARIE. 


2147 

6. Et moi je n'épargnerai pas 
à l'avenir des habitants de la 
terre, dit le Seigneur : voici 
que moi je livrerai les hommes, 
chacun à la main de son pro- 
chain et à la main de son roi; 
et ils ravageront la terre, et 
je ne les délivrerai pas de leur 
main. 

7. Et je paitrai le troupeau de 
tuerie, ὃ pauvres du troupeau. 
Et je pris pour moi deux hou- 
161108 ; j'appelai l'une Beauté, et 
jappelai l'autre Cordelette, et je 
fis paitre le troupeau. 

8. Et j'ai retranché trois pas- 
teurs en un seul mois; mon 
àme s'est resserrée à leur égard, 
parce que leur àme a varié pour 
mol. 


mais irrévocablement délaissé par Dieu, est livré à un pasteur insensé, les Romains 
qui consomment sa ruine, 15-17. | 

1. Liban. Le temple peut être comparé au Liban à cause de la quantité de colonnes 
de cèdre qui ornaient ses portiques. Le Prophète annonce ici la dernière ruine du 
temple par les Romains. 

2. Des grands; des princes, des nobles, etc.; littér., des magnifiques (magnifici); ce 
mot, mis au masculin dans la Vulgate, ne saurait se rapporter à cèdres ni à arbres 
en général, parce que l'un et l'autre sont en latin du féminin. — Le terme hébreu 
adirim est une épithète qu'on donne ordinairement aux princes, aux hommes illus- 
tres, puissants, etc. — La forêt fortifiée. Le temple était une vraie forteresse; c'est 
ainsi que Tacite (Hist., v) le représente. — * Basan. Voir la note sur Nombres, xxi, 33. 

3. Le bruit, etc. Voy. Jérém., χα, 5; ,אופצ‎ 19; L, 44. 

5. Sans pitié; littér., et n'étaieni pas affligés (et non dolebant). Cela peut regarder 
particulièrement les violences des Romains à l'égard des Juifs. 

6. Chacun, etc. Au dernier siège de Jérusalem, les différentes factions qui exis- 
taient parmi le peuple juif se détruisirent les unes et les autres. Ceux qui survócurent 
tombérent sous la domination de leur roi, c'est-à-dire, de l'empereur romain, auquel 
ils aimèrent mieux se soumettre qu'à Jésus-Christ (Jean, xix, 15). 

1. Je paitrai, etc. Zacharie (comp. le vers. 4), en cette qualité de pasteur, représen- 
tait Jésus-Christ méme. — Beauté (decorem). Le terme hébreu signifie aussi douceur, 
aménilé, c'est-à-dire, le gouvernement doux et plein de bonté que Dieu a exercé 
pendant longtemps envers son peuple aprés la captivité. — Cordelette (funiculum) 
ou fouet; symbole de la sévérité avec laquelle Dieu a commencé à punir les Juifs à 
cause de l'abus qu'ils ont fait de ses gràces et de ses bienfaits, et a continué de les 
châtier jusqu'à la fin. Selon d'autres Cordelelte, marque l'union qui devait être entre 
les deux maisons d'Israél et de Juda, c'est-à-dire, le peuple ancien et le peuple nou- 
veau (vers. 14). 

8. Les trois pasteurs, sont, selon la plupart des interprétes, les prétres, les princes 
et les magistrats, et suivant quelques-uns, trois personnages, mais sur lesquels on 
est loin de s'accorder; suivant d'autres enfin, le nombre trois est mis pour un 
nombre indéterminé. — Un seul mois, suivant l'opinion commune, signitie un court 


espace de temps, 


9148 

9. Et j'ai dit: Je ne vous paitrai 
pas; que ce qui meurt meure, 
que ce qui est retranché soit 
retranché ; que les autres dévo- 
rent chacun la chair de son pro- 
chain. 

10. Et je pris la houlette qui 
s'appelait Beauté, et je la brisai, 
pour rendre vaine mon alliance 
que j'ai faite avec tous les peu- 
ples. 

11. Et cette alliance fut rendue 
vaine en ce jour-là, et les pauvres 
du troupeau qui me gardent fidé- 
lité ont reconnu que c'était la pa- 
role du Seigneur. 

19. Et je leur dis : Si cela est 
bon à vos yeux, apportez-moi 
ma récompense; et sinon, de- 
meurez en repos. Et ils peserent 
ma récompense, trente pièces 
d'argent. 

13. Et le Seigneur me dit: Jette 
au staluaire ce prix magnifique 
auquel j'ai été évalué par eux. Et 


Cap. XI. 12. Matt., xxvi, 9. 


ZACHARIE. 


(ca. xr.] 


je pris les trente pièces d'argent, 
et je les jetai dans la maison du 
Seigneur au statuaire. 

14. Et je brisai ma seconde hou- 
lette qui s'appelait Cordelette, 
afin de détruire la fraternité entre 
Juda et Israél. 

15. EtleSeigneurme dit: Prends 
encore les instruments d'un pas- 
teur insensé. 

16. Parce que voici que moi, je 
susciterai sur la terre un pasteur 
qui ne visitera pas la órebis aban- 
donnée, ne recherchera pas 16- 
garée, et ne guérira pas la bles- 
sée, et ne nourrira pas celle qui 
se tient ferme sur ses pieds, mais 
mangera les chairs des grasses, et 
brisera leurs sabots. 

17.0 pasteur et idole, qui aban- 
donne le troupeau; un glaive 
tombera sur son bras et sur son 
œil droit; son bras sera entière- 
ment desséché ; et son 011 
sera tout couvert de ténèbres. 


9. * Ce verset semble annoncer les trois fléaux les plus redoutables, la guerre, là 


peste et la famine. 


12, 18. Compar. cette prophétie avec Ma£th., xxvr, 15; xxvi, 3 et suivants. 


14. Juda désigne les Juifs fidèles qui crurent en Jésus-Christ, et Israël, les Juifs 
endurcis quile rejetérent. 

15. Les instruments (vasa), etc., tels qu'une besace percée qui ne pourrait pas con- 
tenir ce qui est nécessaire pour lui et pour ses brebis, une houlette noueuse ou 
ferrée dont les coups blessent et donnent méme la mort. Ce pasteur insensé, qui suc- 
céde au vrai pasteur, à Jésus-Christ, est Caligula, ou Claude ou enfin Néron; car 
selon les historiens romains eux-mémes, ces trois empereurs étaient des insensés ou 
des furieux; et le portrait qu'en fait Zacharie au verset suivant, leur convient parfai- 
tement. 

11. Ο pasteur et idole, c'est-à-dire, fantôme de pasteur. — Un glaive, etc. L'histo- 
rien Josephe assure (Antig., 1. xix, c. 1) que lorsque Caligula fut tué par Chéréas et 
par ses conjurés, on lui porta le premier coup au haut du bras entre le cou et 
l'épaule; et que comme il voulait se sauver, un des conjurés le fit tomber à terre 
sur ses genoux, et qu'il fut achevé par les autres. Ce fut sans doute alors qu'il reçut' 
sur l'eil droit le coup dont parle Zacharie. Ajoutons que l'œil droit. et le bras 
peuvent être employés ici d'une manière figurée pour désigner la force et la Inmiére 
de l'homme, ce que l'homme ἃ de plus cher et de plus nécessaire, 


]68. xu.] 


CHAPITRE XII. 


Juda et Jérusalem seront affligés par leurs 
ennemis; mais le Seigneur prendra 
leur défense, et renversera leurs enne- 
mis. Il répandra un esprit de grâce et 
de priéres sur son peuple; ils pleure- 
ront celui qu'ils auront percé. 


1. Malheur accablant de la pa- 
role du. Seigneur sur Israél. Le 
Seigneur qui a étendu le ciel, et 
fondé la terre, et formé l'esprit de 
l'homme en lui, dit : 

2. Voici que moi je ferai de Jé- 
rusalem une porte d'enivrement 
pour tous les peuples d'alentour; 
mais Juda méme sera pendant le 
siege contre Jérusalem. 

8. EL il arrivera qu'en ce jour-là 


ZACHARIE. 


2149 


tous les chevaux, et ceux qui 
les montent de démence; et sur 
18 maison de Juda j'ouvrirai mes 
yeux : tous les chevaux des 
peuples, je les frapperai de. cé- 
cité. 

ὃ, Et les chefs de Juda diront en 
leur cœur : Que les habitants de 
Jérusalemtrouvent un appui pour 
moi dans le Seigneur des armées, 
leur Dieu. 

6. En ce jour-là, je ferai des 
chefs de Juda comme un foyer 
de feu sous du bois, comme une 
torche de feu dans la paille; et 
ils dévoreront à droite et à gau- 
che les peuples d'alentour, et Jé- 
rusalem sera de nouveau habi- 
tée en son propre lieu, à Jérusa- 


lem. 

1. Et le Seigneur sauvera les 
tabernacles de Juda comme au 
commencement; afin que la mai- 
son de David ne se glorifie point 
fastueusement, et que la gloire 
des habitants de Jérusalem ne s'é- 
leve pas contre Juda, 


je ferai de Jérusalem une pierre 
de poids pour tous les peuples; 
tous ceux qui la soulèveront se- 
ront meurtris et déchirés ; et tous 
les royaumes de la terre s'assem- 
bleront contre elle. 

4. En ce jour-là, dit le Sei- 
gneur, je frapperai de stupeur 


1-14. * 20 Prophétie sur Israël, xir-xiv. Zacharie annonce, en terminant, la gloire 
finale de Jérusalem dans la conversion des peuples au Messie. La guerre contre Jéru- 
salem ou l'Eglise tournera au détriment de ses ennemis, ,וזא‎ 1-4. Dieu fera triompher 
son peuple, 5-9; il répandra sur lui son esprit et sa grâce, de sorte que Juda regret- 
tera amèrement la mort du Messie, 10-14, et se puritiera de toute idolâtrie, xir, 1-6. 
Cependant le Seigneur extirpera les méchants du milieu des bons, 1-9; les nations 
marcheront contre Jérusalem, la prendront et emmèneront en captivité la moitié de 
ses habitants, xiv, 1-2; mais quand les impies auront été ainsi punis, Dieu sauvera le 
reste des siens, il viendra établir son royaume, 3-5; de Jérusalem coulera sur toute la 
terre un fleuve de salut, 6-11; les ennemis de la cité sainte seront anéantis, 12-15; 
les autres peuples se convertiront et adoreront le vrai Dieu, 16-21. 

1. Malheur accablant, Voy. Isaie, xu, 1. 

2. Une porte; littér., un linteau (superliminare). Par une figure souvent employée 
dans la Bible, la partie est mise ici pour le tout. Ainsi je ferai de Jérusalem un lieu 
où l'on s'enivre; tous les peuples viendront pour l'attaquer, mais ils s'y enivreront 
et tomberont. — Mais Juda méme, etc. Compar. xiv, 14. 

3. Une pierre de poids. Selon saint Jérôme il y avait dans les villes et les villages 
de la Palestine une ancienne coutume qui existait encore de son temps, et qui con- 
sistait en ce que les jeunes hommes, pour essayer leurs forces, soulevaient le plus 
haut qu'ils pouvaient de grosses pierres rondes. 

1. Ne se glorifie point, comme si c'était par ses propres forces qu'elle eüt remporté 
ces avantages. — Ne s'élève pas contre Juda, comme si c'était à elle (à la gloire des 
habitants de Jérusalem) que Juda füt redevable de son salut, 


2150 


8. En ce jour-là, le Seigneur pro- 
tégera les habitants de Jérusa- 
lem, et celui qui d’entre eux tom- 
bera en ce jour-là sera comme 
David, et la maison de David 
comme une maison de Dieu, com- 
me un ange du Seigneur en leur 
présence. 

9. Et il arrivera qu'en ce jour- 
là, j'aurai soin de briser toutes les 
nations qui viennent contre Jéru- 


ZACHARIE. 


[cu. xur.] 
comme le pleur d'Adadremmon 
dans la plaine de Mageddon. 

19. La terre pleurera, familles 
et familles à part; les familles de 
la maison de David à part, etleurs 
femmes à part ; 

13. Les familles de la maison de 
Nathan à part, et leurs femmes à 
part; les familles de la maison 
de Lévi à part, et leurs femmes 
à part; les familles de Séméi à 


salem. 

10. Et je répandrai sur la mai- 
son de David et sur les habitants 
de Jérusalem l'esprit de gráce et 
de prières; etils regarderont vers 
moi, qu'ils ont percé; et ils pleu- 
reront amerement celui qu'i/s ont 
percé, comme 8 pleureraient 
leur fils unique, et ils s'affligeront 
àson sujet, comme on a coutume 
de s'affliger à la mort du premier- 
né, 

11. En ce jour-là, il y aura un 1. En ce jour-là, il y aura une 
grand pleur dans Jérusalem, | fontaine ouverte à la maison de 

Gap. XII. 10. Jean, xix, 37. — 11. II Par., xxxv, 22. 


part, et leurs femmes à part. 

14. Toutes les autres familles, 
familles et familles à part, et leurs 
femmes à part. 


CHAPITRE XIII. 


Fontaine ouverte à la maison de David 
et aux habitants de Jérusalem. Idoles 
abolies. Faux prophétes punis. Pasteur 
frappé, brebis dispersées. Deux parties 
du peuple sont dispersées, la troisiéme 
conservée, éprouvée comme par le feu. 


8. Comme David, c'est-à-dire, fort comme David. — Une maison de Dieu; inacces- 
sible aux hommes. 

10. Iis regarderont, etc. Quelques-uns entendent ce passage de Judas Machabée qui 
fut tué par les ennemis; mais la plupart conviennent qu'il regarde littéralement 
Jésus-Christ crucifié par les Juifs et reconnu par eux (Jean, xix, 31; Luc, xxu, 48 ; 
Actes, 11, 31). — Ils pleureront amèrement; littér. et par hébraisme, i/s pleureront de 
de pleur (plangent planctu). — Leur fils. Le pronom leur est représenté dans le texte 
hébreu par l'article déterminatif. 

11. Mageddon, la méme ville que Mageddo (Josué, xvir, 11). On croit que le Prophéte 
fait allusion au deuil qu'on fit à la mort de Josias, roi de Juda, blessé à Mageddo en 
combattant contre l'armée de Néchao, roi d'Egypte (IV Rois, xxur, 29; IL Paralip., 
xxxv, 22-25). 

12. Dans les deuils publics et solennels, on allait par bandes, les hommes à part et 
les femmes à part, pleurer sur les places publiques, dans les rues, et méme hors des 
villes, en poussant des cris et des lamentations; quelquefois, pour rendre la pompe 
plus triste et plus touchante, on employait des instruments d'un son lugubre. Les 
voyageurs assurent que cela se pratique encore aujourd'hui dans plusieurs contrées 
de l'Orient. 

13. La maison de Nathan était une des principales branches de la famille de 
David, mais qui n'avait pas eu de part à la royauté (I Paralip., m, 5). Les familles 
de Séméi étaient une des principales branches de la famille de Lévi, mais qui n'avaient 
pas eu de part au sacerdoce (I Paralip., vi, 41). 


1. Une fontaine; probablement la méme que celle dont il est parlé dans Ezéch., 
וצ‎ 1 et suiv.; Joël, nt, 18. Dans le sens littéral, c'était l'eau que l'on conduisait au. 


[cu. xur.] 


David et aux habitants de Jé- 
rusalem, pour laver le pécheur 
et la femme qui est dans ses 
mois. 

2. Et il arrivera en ce jour-là, 
ditle Seigneur des armées, que 
je détruirai de la terre les noms 
des idoles, et qu'on n'en conser- 
vera plus la mémoire; et les faux 
prophètes etl'esprit immonde, je 
les enlèverai de la terre. 

3. Etil arrivera que si quelqu'un 
prophétise encore, son père et sa 
mère qui l'ont engendré, lui di- 
ront : Tu ne vivras pas, parce que 
tu as proféré lemensonge au nom 
du Seigneur; et son pére et sa 
mere, les auteurs de ses jours, le 
perceront, parce qu'il aura pro- 
phétisé. 

4. Et il arrivera en ce jour-là 
que les prophètes seront confon- 
dus, chacun par sa propre vision, 
lorsqu'il prophétisera; et ils ne se 
couvriront pas d'un sac, afin de 
mentir; 


5. Mais chacun d'eux dira : Je 


ZACHARIE. 


2151 


ne suis point prophète; je suis 
un homme laboureur; car Adam 
est mon modèle depuis ma jeu- 
nesse. 

6. Et on lui dira : Que sont ces 
plaies au milieu de tes mains? 
Et il dira : J'ai été percé de ces 
plaies que j'ai recues dans la mai- 
son de ceux qui m'aimaient. 

7. O épée à deux tranchants, 
réveille-toi; viens contre mon 
pasteur, contre l'homme qui se 
tient attaché à moi, dit le Sei- 
gneur des armées; frappe le pas- 
leur, et les brebis seront disper- 
sées;etjetournerai ma main vers 
les petits. 

8. Et il y aura dans toute la 
terre, dit le Seigneur, deux parties 
qui seront dispersées, et qui dé- 
faudront, et la troisième partie y 
sera laissée. 

9. Et je ferai passer la troi- 
sième partie par le feu, et je la 
chaufferai fortement, comme on 
chauffe l'argent, et je l'éprou- 
verai comme on éprouve l'or. 


(παρ. XIII. 2. Ez., xxx, 13. — 7. Matt., xxvi, 31; Marc, xiv, 27. 


temple par des aquedues aprés la captivité, et qui servait aux ablutions et aux puri- 
fications légales; mais, dans le sens figuré, elle marque l'eau du baptéme et la piscine 


de la pénitence. 


3. Le perceront. Compar. le vers. 6. Voy. Deutéron., xi, 6, 10; xvur, 20, où est 
exposé le chátiment que la loi infligeait aux faux prophétes. 

4. D'un sac; littér., d'un manteaa de sac (pallio saccino), c'est-à-dire, fait en forme 
de sac, ou bien de poils, comme étaient les sacs; vétement des prophétes. 


4-6. Lorsqu'un faux prophète verra sa fourberie découverte, il prétendra qu'il n’est : 


pas prophéte, mais simple agriculteur, et que les plaies de ses mains lui ont été 
faites par ses parents en punition de ses fautes. Compar. le vers. 3. L'Eglise, dans 
son office, applique les paroles du 6* verset aux plaies adorables du Sauveur. 

3. * Adam est mon modèle. L'hébreu porte : Un homme m'a possédé, m'a acheté, dés 
ma jeunesse, c'est-à-dire, tant s'en faut que je sois prophète que je suis obligé de cul- 
tiver la terre et de me livrer aux plus rudes travaux comme un esclave. 

1. Frappe le pasteur. Jésus-Christ s'est appliqué à lui-même cette prophétie (Matlh., 
xxvi, 34; Marc., xiv, 21). — Au lieu de frappe (percute), qu'on lit dans l'hébreu 
comme dans la Vulgate, l'Evangile porte, je frapperai (percutiam). 

8. Deux parlies; les Juifs et les gentils. — La troisième partie; les Chrétiens. 

9. Je la chaufferai; littér., je les (eos) ; ce pronom masculin pluriel, qui se lit aussi 
dans l'hébreu, est mis comme représentant le nom collectif partie, lequel représente 
lui-méme le pluriel masculin hommes. — Elle ; littér., lui-même (ipse); ce pronom mas- 


= 


2152 


Elle invoquera mou nom, et 
moi je l'exaucerai. Je lui dirai : 
Tu es mon peuple; et elle, elle 
dira : Le Seigneur est mon Dieu. 


CHAPITRE XIV. 


Prise de Jérusalem, Division de la mon- 
tagne des Oliviers. Jour du Seigneur. 
Rétablissement de Jérusalem. Ruine de 
ses ennemis. Les peuples viendront 
adorer à Jérusalem ; ceux qui n'y vien- 
dront pas seront punis. 


4. Voici que viendront les jours 
du Seigneur, et seront partagées 
tes dépouilles au milieu de toi. 

2. Et j'assemblerai toutes les 
nations à Jérusalem pour le com- 
bat, et la cité sera prise, et les 
maisons seront dévastées, et les 
femmes seront violées ; la moitié 
des habitants de la cité sortira 
emmence en captivité, et le reste 
du peuple ne sera pas enlevé de 
la ville. 

3. Et le Seigneur sortira el 
combattra contre ces nations, 
comme il a combattu au jour du 
combat. 


(παρ. XIV. 5. Amos, 1, 1. 


ZACHARIE. 


xiv.]‏ .אס] 

4. Et ses pieds se poseront en 
ce jour-là sur la montagne 8 
Oliviers, qui est. vis-à-vis de Jé- 
rusalem, à l'orient : et la mon- 
tagne des Oliviers sera. fendue 
par la moitié à l'orient et à l’occi- 
dent, avec un très grand. escar- 
pement, et une. moitié de la 
montagne s'écartera vers l'aqui- 
lon et son autre moitié vers de 
midi. 

5. Et vous fuirez vers la vallée 
de ces montagnes, parce que la 
vallée de ces montagnes sera 
jointe à la montagne voisine ; et 
vous fuirez comme vous avez 
fui devant le tremblement 6 
terre dans les jours d'Ozias, roi 
de Juda; etleSeigneur mon Dieu 
viendra, et tous les saints avec 
lui. | 
6. ₪6 il arrivera en ce jour-là 
qu'il n'y aura pas de lumiere, mais 
du froid et de la gelée. 

1. Et il y aura un jour qui est 


connu du Seigneur; il ne sera o 


jour ni nuit; et au moment du 
soir il y aura de la lumière. 


culin qui se trouve également dans l'hébreu, se rapporte g grammaticalement, en vertu 
d'un pur hébraisme, non point à partie (par Lem) qui précède, mais à peuple. (populus) 
qui suit immédiatement. 


1. Voici que viendront, etc.; prophétie que les uns rapportent à la: persécution 
d'Antiochus Epiphane, et les autres au temps de la guerre des Romains contre les 
Juifs. 

3. Du combat, pour son peuple. Compar. Exod., χιν. 

4. Ses pieds, 610. Ceux qui appliquent le sens littéral de 66 passage à la persécution 
d'Antiochus prétendent que le sens est que Dieu prendra la défense de son peuple, 
et donnera pour marque de sa présence un grand tremblement de terre; mais ceux 
qui l'expliquent de la guerre des Romains contre les Juifs disent que Zacharie 
désigne ici les creux et les profondeurs que firent les troupes romaines en creusant 
dans les montagnes, afin d'en tirer une grande quantité de terre et des pierres, pour 
faire leurs. terrasses, leurs murailles et leurs autres ouvrages, dans la vallée du 
Cédron et au midi de Jérusalem. Compar. le vers. suivant. 

9. Dans les jours d'Ozias, ete. Compar. Amos, 1, 1. — Et tous les saints avec lui. 
Voy. Deulér., xxx, 2. — * La vallée de ces montagnes. La vallée du Cédron. 

6. La lumière signifie la joie, le bonheur, et la gelée (le froid), la tristesse, l'affliction. 

1. Jour signifie également joie, bonheur, et nuit, affliction, malheur. Dans la 
guerre des Juifs contre les Romains, il y eut un temps où τέ n'élait ni jour minuit, 


ἴση. xiv.] 


8: Εἰ il arrivera en ce jour-là 
que des eaux vives sortiront de 
Jérusalem; la moitié de ces eaux 
ira à la mer orientale, et leur au- 
tre moitié à 18 derniere mer; en 
été et en hiver elles existeront. 

9. Et le Seigneur sera roi sur 
toute la terre ; en ce jour-là il sera 
le Seigneur unique, et son nom 
sera unique. 

10: Toute la: terre. reviendra 
jusqu'au: désert, depuis la colline 
jusqu'à Remmon, au midi de Jé- 
rusalem; et Jérusalem s'élèvera, 
et elle habitera en son propre 
lieu, depuis la porte de Benjamin 
jusquà lendroit de lancienne 
porte et jusqu'à la porte des an- 
gles, et depuis la tour de Hana- 
néel, jusqu'aux pressoirs du roi. 

11. Et on y habitera, et il n'y 
aura plus d'anathème ; mais Jéru- 
salem reposera en sécurité. 

42. Et voici la plaie dont le 
Seigneur frappera toutes les na- 
lions qui ont combattu contre 


ZACHARIE. 


/ 2153 


Jérusalem; la chair de quiconque 
sera debout sur ses pieds se des- 
séchera, et ses yeux se. dessé- 
cheront dans leur orbite, et sa 
langue se desséchera .dans. sa 
bouche. 

13. En ce jour-là, un grand tu- 
multe du, Seigneur. sera parmi 
eux; et un homme. prendra Ja 
main de son prochain, et sa main 
s'entrelacera dans la main de son 
prochain: 

14. Mais Juda aussi combattra 
contre Jérusalem; et les richesses 
de toutes les nations d'alentour 
serontrassemblées : l'or, l'argent 
et les vêtements en trés grand 
nombre. 

15. Et ainsi sera la destruction 
du cheval, et du mulet, et du cha- 
meau, et delàne,et de toutes les 
bétes qui se trouveront dans ces 
camps; e//e sera comme cette des- 
truction. 

16. Et tous ceux qui seront 
restés de toutes ces nations qui 


c'est-à-dire où le succès du combat demeura douteux entre les uns et les autres ; 
mais au moment du soir il y eut de la lumière, c'est-à-dire, vers la fin du combat, les 
Romains eurent l'avantage. 

8. Des eaux vives, etc. Cette prédiction ne saurait s'entendre à la lettre, de la Jéru- 
salem terrestre, qu’on la considère depuis la persécution d’Antiochus, ou depuis sa 
dernière prise par les Romains. Ces eaux vives sont la figure du baptême et des 
autres sacrements de l'Eglise, de la doctrine de l'Evangile et de la grâce du Saint- 
Esprit. — La mer orientale, la mer Morte qui représente les Juifs. — La mer occi- 
dentale, la mer Méditerranée, qui figure les gentils. — L'été et l'hiver, chez les 
Hébreux, comprennent l'année entière. 

9. Le Seigneur, etc. Ce passage se rapporte évidemment à Jésus-Christ et à la reli- 
gion chrétienne. Compar. Matth., xxvri, 18; Jean, xim, 13, 14; Philipp., τι, 9, 11. 

10. Elle habitera, etc. Voy. xit, 6. — * Remmon, au midi de Jérusalem, pour distin- 
guer ce Remmon d'un autre qui était au nord de la Palestine, Josué, xix, 13. — Pour 
les portes et les tours mentionnées ici, voir la note 1 à la fin du volume ri, p. 195. 

13. Un grand tumulte, ete.; c'est-à-dire, le Seigneur excitera un grand tumulte. — 
Sa main, etc., pour y trouver un secours, un appui, selon les uns, ou pour le livrer 
au persécuteur,et l'empécher de se défendre; ce qui parait plus conforme au contexte. 

14. Trés; beaucoup. C'est le vrai sens du satis de la Vulgate expliqué par l'hébreu. 

15. Ainsi sera la destruction, comme cetle destruction. Pour le sens de ces mots il 
faut se reporter au vers. 12. — Par cheval, mulet, etc., quelques interprètes en- 
tendent les simples soldats, les peuples grossiers et stupides; mais chez les anciens 
l'anathéme s'étendait aux animaux aussi bien qu'aux personnes (Josué, vr, 21). 

16. La féte des tabernacles, une des trois fêtes solennelles que tous les Juifs étaient 


ZACHARIE. 


seront venues contre Jérusalem 
monteront d'année en année, afin 
d'adorer le Seigneur Dieu des ar- 
mées,et de célébrerla féte des ta- 
bernacles. 

17. Et il arrivera que celui qui 
d'une des familles de la terre ne 
montera pas à Jérusalem, afin 
d'adorer le roi Seigneur des ar- 
mées, la pluie ne descendra pas 
sur lui. 

18. Que si méme la famille 
d'Egypte ne monte pas et ne vient 
pas; ce ne sera pas /a pluie sur 
eux, mais ce sera la ruine dont le 
Seigneur frappera toutes les na- 
tions qui ne monteront pas pour 
célébrer la féte des tabernacles. 

19. Voilà quelle sera 18 peine du 


[cg. x1v.] 


péché de lEgypte et de toutes 
les nations qui ne monteront pas 
pour célébrer la féte des taber- 
nacles. 

20. En ce jour-là, ce qui est sur 
la bride du cheval sera consacré 
au Seigneur; et les chaudières 
seront consacrées dans la maison 
du Seigneur comme les coupes 
devant l'autel. 

91. Et toute chaudière dans Jé- 
rusalem et dans Juda sera consa- 
crée au Seigneur des armées; et 
tous ceux qui sacrifieront s'en 
serviront, et y feront cuire /a 
chair des victimes, et il n'y aura 
plus de marchand dans la maison 
du Seigneur des armées, en ce 
jour-là. 


obligés d'aller célébrer à Jérusalem, en mémoire des quarante années qu'ils avaient 


passées sous des tentes dans le désert. 


18. * Ce ne sera pas la pluie sur eux. Un des traits caractéristiques du climat d'E- 
gypte, c'est qu'il n'y pleut presque jamais; l'inondation du Nil remplace la pluie. 


Deutéron., xx, 10-11. 


19. La peine du péché. Dans l'Ecriture le mot péché se prend assez souvent pour 


punilion, chátiment du péché. 


20. Ce qui est sur la bride, etc.; c'est-à-dire, les ornements en riches métaux qui 
décoraient les brides des chevaux. Anciennement les brides elles-mémes étaient d'or. 
C'est du moins ce que nous apprennent Quinte-Curce et Virgile. 


MALACHIE 


INTRODUCTION 


Malachie (envoyé), le dernier des prophétes, était contemporain de Néhémie; 
il prophétisa pendant le séjour de ce dernier à Jérusalem, aprés l'an 32 d'Arta- 
xerxés Longuemain, vers 432, et appuya par ses oracles les réformes de Néhé- 
mie, s'élevant contre les mariages avec les femmes païennes, 1 10-16, voir 
זז‎ Esd., xin, 23-24; contre l'offrande de victimes indignes de Dieu, et la négli- 
gence à payer la dime, ni, 7-12. Le temple était alors terminé et 16 culte pleine- 
ment réorganisé, 1, 10; ui, 1. 

L'authenticité et l'intégrité des prophéties de Malachie n'ont pas été contestées. 

Son style est en général clair, concis et remarquable, quoiqu'il n'atteigne pas 
à l'élévation d'Isaie. — Son livre est une sorte de dialogue entre Dieu et le 
peuple ou les prétres. 

Les prophéties de Malachie forment un seul tout qui se subdivise en trois sec- 
tions. La première, 1-1, 9, dépeint l'amour de Dieu pour son peuple ; la seconde, 
y, 10-16, montre en Jéhovah le Dieu unique et le père d'Israël; la troisième, rr, 
174v, représente le Seigneur comme juge : il viendra punir les péchés des cou- 
pables; mais en faveur des justes et pour préparer le salut, il enverra un 
second Elie, le précurseur, saint Jean-Baptiste. C'est ainsi que le dernier des 
prophétes de la loi ancienne a annoncé la venue de celui qui devait révéler au 
monde le Messie. 


role du Seigneur, adressée à Is- 
CHAPITRE PREMIER. raél, par l'entremise de Malachie. 
Ingratitude des Israélites envers le Sei- 4-46, Yos il aes, DRE 2m 
gneur. Mépris des prêtres pour son | 80001, et vous avez dit : En quoi 
autel. On lui offrira en tout lieu une | nous avez-vous aimés? Est-ce. 
oblation pure. Son nom sera respecté qu'Esaü n'était pas frere de Ja- 
parmi les nations | . 6 Da: aimul 
cob? dit le Seigneur, et j'ai aimé! 

1. Malheur accablant de la pa- | Jacob; 


βαρ. T. 2. Rom., 1x, 13. 


1. Malheur accablant. Voy. Isaie, xut, 1.— Par l'entremise (per manum), voy. Aggée, 1,4, | 
2, 3. J'ai aimé Jacob, mais j'ai hai Esaü, en prévision des bonnes dispositions de. ὁ 


2156 


8. Mais jai hai Esaü; et j'ai 
fait de ses montagnes une solitu- 


de, et j'ai abandonné son héri- . 


lage aux dragons du désert. 

4. Que si l'Idumée dit : Nous 
avons été détruits, maisrevenant 
nous bátirons ce qui a été dé- 
truit: voici ce que dit le Seigneur 
des armées : Ceux-ci; bátiront, et 
moi je détruirai; et ils seront ap- 
pelés bornes d'impiété et peuple 
contre qui le Seigneur s'est irrité 
jusqu'à jamais. 

5. Et vos yeux verront, et vous 
direz : Que le Seigneur soit ma- 
gnifié par delà les limites d'Is- 
rael. 

6. Un fils honore son père etun 
serviteurson maitre; si donc moi, 
je suis votre père, où est mon 
honneur? et si moi, je suis votre 
Seigneur, où est la crainte de 
moi? dit le Seigneur des armées, 
à vous, ὃ prêtres, qui méprisez 
mon nom, et qui dites : En quoi 
avons-nous méprisé votre nom? 

7 Vous offrez sur mon autel un 


"הד 


MALACHIE. 


[cn. [.ז‎ 


pain souillé, et vous dites : En 
quoi vous ayons-nous souillé ? En 
ce que vous dites : La table du 
Seigneur est méprisée. 

8. Si vous offrez un animal 
aveugle pour être immolé, n'est- 
ce pas un mal? et si vous en of- 
frez un boiteux ou malade, n'est- 
ce. pas: un mal? offre-le à ton 
gouverneur gowr voir sil lui 
plaira, ou s'il accueillera ta face, 
dit le Seigneur des armées. 

9. Et maintenant implorez la 
face du Seigneur, afin quil ait 
pitié de vous (car c'est par votre 
main que cela a été fait), pour 
voir si de quelque maniere il ac- 
cueillera vos faces, ditle Seigneur 
des armées. 

10. Qui est celui parmi vous 
qui ferme les portes de mon tem- 
ple, et qui allumele feu sur mon 
autel gratuitement? mon affec- 
lion n'est pas en vous, dit le 
Seigneur des armées, et je ne 
recevrai pas de présent de votre 
main. 


lun et des mauvaises inclinations de l'autre. Saint Paul (Romains, 1x, 11, 18); et 
après lui saint Augustin et la plupart des écrivains ecclésiastiques ont enseigné que 
ces deux frères étaient la figure des élus et des réprouvés. 

3. Une solitude. Outre que l'Idumée était stérile d'elle-méme, elle avait été ravagée 
par l'armée de Nabuchodonosor, cinq ans aprés la prise de Jérusalem (Isaie, xx et 
suiv.; Jérém., xuix, 7 et suiv.; Ezéch., xxv, 13; xxxv, 3; Amos, 1, 11, 12). — * A l'é- 
poque où prophétisait Malachie, les Nabatéens s'étaient emparés de l'Idumée et en 
avaient chassé pour toujours les anciens habitants. — Aux dragons du désert; d'après 
l'original, aux chacals. 

Pain. Par ce mot les Hébreux entendaient toutes sortes d'aliments.‏ .ד 

8. Si vous offrez, etc. Dieu voulait que toutes les victimes qu'on lui offrait fussent 
sans défaut (Lévit., xxix, 21, 92; Deutér., xv, 21), — S'il accueillera ta face; hébraisme, 
pour, s’il fe vecevra favorablement. 

9. Cela, c'est-à-dire, les abus, les désordres, signalés dans les versets précédents, — 
1i accueillera vos faces. Voy. le vers. 8. 

10, 11. Il y a dans ces versets deux points qui ne sauraient être exprimés d'une 
manière plus précise et plus explicite : 16 premier, l'abolition des sacrifices et des 
cérémonies de l'ancienne loi; le second, un sacrifice entièrement pur, offert au Sei- 
gneur en tout lieu, et au milieu des nations. On a prétendu que les paroles du Pro- 
phéte devaient s'entendre du temps oü il les prononca, puisque les verbes sont au 
présent et non au futur. Mais d'abord il y a un verbe au futur au vers. 10, savoir, 
je recevrai (suscipiam). En second lieu, saint Jérôme, lui-même, tout en traduisant 
par le présent, a vu dans ce passage, avec les autres Pères de l'Eglise, une vraie pro- 


(cn. u.] 


41. Car, depuis lelever du soleil 
jusqu'à son coucher, grand est 
mon nom parmi les nations; et 
en tout lieu l'on sacrifie, et une 
oblation pure est offerte à mon 
nom, parce que grand est mon 
nom parmi les nations, ditle Sei- 
gneur des armées. 

12. Et vous l'avez souillé en ce 
que vous dites : La table du Sei- 
gneur est souillée; et ce qu'on 
pose dessus est méprisable, aussi 
bien que le feu qui le dévore. 

13. Et vous avez dit : Voilà de 
notre travail, et vous avez soufflé 
dessus, dit le Seigneur des ar- 
mées; et vous avez amené un 
animal boiteux et malade, fruit 
de vos rapines, et vous l'offrez en 
présent; est-ce que je le recevrai 
de votre main? dit le Seigneur. 

14. Maudit le fourbe qui à dans 
son troupeau un mále, et qui fai- 
sant un vœu, immole un animal 
débile au Seigneur; parce que je 
suis le grand roi, dit le Seigneur 
des armées, et mon nom est ter- 
rible parmi les nations. 


MALACHIE. 


2157 


CHAPITRE Il. 


Menaces contre les prétres. Alliance du 
Seigneur avec la famille de Lévi. Re- 
proches contre les enfants de Juda, qui 
ont épousé des femmes étrangéres, qui 
ont répudié leurs femmes légitimes, et 
qui ont douté de la Providence. 


1. Et maintenant, à vous ce 
commandement, ὃ prétres. 

2. Si vous ne voulez pas écouter 
et si vous ne voulez pas prendre 
à cœur de rendre gloire à mon 
nom, dit le Seigneur des armées, 
jenverrai sur vous l’indigence, 
et je maudirai vos bénédictions ; 
et je les maudirai, parce que vous 
n'avez pas pris à cceur 7008 pa- 
roles. 

3. Voici que moi, je vous jette- 
rai en avant l'épaule de vos vic- 
times, et je répandrai l'ordure de 
vos solennités sur votre visage, 
et elle s'attachera à vous. 

4. Et vous saurez que je vous ai 
envoyé ce commandement, afin 
que mon alliance fül avec Lévi, 
dit le Seigneur des armées. 


11. PS. cxu, 3. — Cuab. II. 2. Lév., xxvi, 14; 200%. xxvii, 15. 


phétie, annoncant des choses futures : ubi manifeslissima prophelia de futuris texitur. 
Troisiémement dans le texte hébreu, il n'y à pas un seul verbe à un temps défini; il 
n'y a que des participes qui supposent le verbe ébre sous-entendu. Or les pärticipes 
en hébreu ne renferment en eux-mêmes aucune idée des temps : ce sont plutôt des 
noms verbaux qui ne peuvent étre déterminés à un temps particulier que par le 
contexte. Quatriémement enfin, comme nous l'avons remarqué plus haut (pag. 2), 
il arrive souvent aux prophétes de représenter comme déjà accomplis des faits qui 
ne doivent l'étre que dans un temps à venir. 

13. Voilà de notre travail (Ecce de labore). Aprés ecce, est évidemment sous-en- 
tendu un mot du genre neutre, tel que aliquid, negotium, oblatum, avec lequel puisse 
s'accorder le pronom neutre suivant : i//ud. Ainsi le sens parait être : Ce que nous 
vous offrons est le fruit le plus excellent de notre travail, et cependant vous avez 
soufflé dessus; c'est-à-dire, vous le méprisez au fond, puisque c'est un aniinal, etc. 
Voy. le vers. 8. 

14. Un mâle sans défaut était la victime désignée par la loi pour les vœux faits 
au Seigneur (Lévit., xxii, 18 et suiv.). 


3. L'épaule des victimes était la portion destinée aux prêtres (Deutér., xvin, 3). 

4. Avec Lévi, c'est-à-dire, avec Aaron et ses enfants, exprimés 101 sous le nom de 
Lévi, parce qu'ils étaient de la tribu et de la race de ce patriarche, et que c'était à 
cette tribu que Dieu avait attaché son sacerdoce. Quelques-uns pensent que Malachie 


2158 


5. Mon alliance avec lui fut une 
alliance de vie et de paix; et je 
lui ai donné de la crainte, et il 
m'a craint, et devant la face de 
mon nom il était saisi de frayeur. 

6. La loi de vérité a été dans sa 
bouche, et l'iniquité n'a pas été 
trouvée sur ses lèvres; dans la 
paix et dans l'équité il a marché 
avec moi, el il ἃ détourné un 
grand nombre de l'iniquité. 

7. Car les lèvres du prêtre gar- 
deront la science, et l’on recher- 
chera la loi de sa bouche, parce 
quil est l'ange du Seigneur des 
armées. 

8. Mais vous vous êtes écartés 
de la voie, vous avez scandalisé 
le plus grand nombre dans la loi; 
vous avez rendu vaine l'alliance 
de Lévi, dit le Seigneur des ar- 
mées. 

9. À cause de quoi, moi aussi je 
vous ai rendus vils et abjects à 
tous les peuples, en raison de ce 
que vous n'avez pas conservé 
mes voies, et que vous avez fait 
acception de personnes dans la 
loi. 

10. Est-ce que nous n'avons pas 
tous un père unique? N'est-ce 
pas un Dieu unique qui nous ἃ 
créés? pouquoi donc chacun de 
nous méprise-t-il son frère en 
violant l'alliance de nos peres? 

10. Matt., xxur, 9; Ephés., 1v, 6. 


MALACHIE. 


(cu. u.] 


11. Juda a transgressé, et l'abo- 
mination s'est commise dans Is- 
raél et dans Jérusalem, parce que 
Juda a souillé la sanctification du 
Seigneur, qu'il a aimée, et qu'il a 
pris une fille d'un dieu étranger. 

12. Le Seigneur perdra entière- 
ment du milieu de Jacob l'homme 
qui aura fait cela; le maître et 
le disciple, méme celui qui offrira 
un don au Dieu des armées. 

13. Et vous avez fait encore ceci: 
vous couvriez de larmes lautel 
du Seigneur par votre pleur et 
vos mugissements; en sorte que 
je ne regarderai plus au sacrifice, 
et que je ne recevrai rien d'expia- 
toire de votre main. 

14. Et vous avez dit : Pour quel 
motif? parce que le Seigneur a été 
le témoin entre toi et la femme 
de ta jeunesse quetu as méprisée, 
et c’est elle qui est ta compagne 
etla femme de ton alliance. 

15. N'est-ce pas un seul qui l'a 
faite, et n'est-ce pas un reste de 
son esprit? Et cet un que veut-il, 
et que demande ce seul, sinon 
une race d'enfants de Dieu? Gar- 
dez donc votre esprit, et ne mé- 
prise pasla femme de ta jeunesse. 

16. Lorsque tu /'auras en aver- 
sion, renvo1ie-/a, dit le Seigneur 
Dieu d'Israël; or l'iniquité cou- 
vrira son vêtement, dit le Sei- 


parle ici, non de cette premiére alliance qui fut faite entre le Seigneur et la tribu de 
Lévi dans le désert, mais du renouvellement de cette alliance aprés le retour de la 


captivité (II Esdras, 1x, 38; x, 1). 


1. L'on recherchera, etc.; c'est lui qui fera connaitre la loi, qui l'expliquera. 

9. Dans la loi, quand il s'agissait de juger selon la loi. 

11. La sanctification du Seigneur; c'est-à-dire, la nation sainte, le peuple consacré 
au Seigneur. Compar. Exode, xix, 6; Ps. cxui, 2; Jérém., it, 3. — * Il a pris, épousé, 
une fille d'un dieu étranger, une femme idolâtre. 

16. L'iniquilé, etc.; celui qui renverra sa femme, lorsqu'il aura congu de l'aversion 
pour elle, se couvrira d'iniquités. La loi, en permettant le divorce aux Juifs, afin de 
prévenir les plus graves excés, ne les exemptait pas pour cela de péché, parce qu'ils 


[cn. ur.] 


gneur des armées; gardez votre 
esprit, οἱ ne méprisez pas vos 
femmes. 

11. Vous avez fait souffrir le 
Seigneur par vos discours, et 
vous avez dit : En quoi l'avons- 
nous fait souffrir? En ce que vous 
= 41108 : Quiconque fait le mal est 
bon aux yeux du Seigneur : tels 
sont ceux qui lui plaisent; certes, 
s'il en est ainsi, où est le Dieu de 
la justice? 


CHAPITRE II. 


Avénement du précurseur du Messie et 
du Messie lui-même. Les enfants de 
Juda sont exhortés à se convertir. Re- 
proches contre les enfants de Juda qui 
manquent à offrir leurs dimes et leurs 
prémices au Seigneur, et qui blasphé- 
ment contre sa providence. 


4. Voici que moi j'envoie mon 
ange, et il préparera la voie de- 
vant ma face. Et aussitôt viendra 
dans son temple le dominateur 
que vous cherchez, et l'ange de 
l'alliance que vous désirez. Voici 
qu'il vient, dit le Seigneur des ar- 
mées ; 

2. Et qui pourra penser au jour 
de son avénement, et qui en sou- 
tiendra la vue? Car il sera comme 


MALACHIE. 


2199 


un feu qui fond les métaux, et 
comme une berbe de foulons. 

3. Et il sera assis fondant et 
épurant l'argent; et il purifiera 
les fils de Lévi, et il les roulera 
comme l'or et l'argent, et ils of- 
friront au Seigneur des sacrifices 
dans la justice. 

k. Et le sacrifice de Juda et de 
Jérusalem sera agréable au Sei- 
gneur, comme aux jours des sie- 
cles passés, et comme dans les 
années anciennes. 

9. Et je viendrai à vous en ju- 
gement, et je serai un témoin 
empressé contre les magiciens, 
les adultères et les parjures, et 
ceux qui commeltent des injus- 
lices dans le salaire du merce- 
naire, envers les veuves et les 
orphelins, et qui oppriment l'é- 
iranger, et qui ne m'ont pas 
craint, ditle Seigneur des armées. 

6. Car je suis le Seigneur, et je 
ne change point; et vous, fils de 
Jacob, vous n'avez pas été consu- 
més. 

7. Car dès les jours de vos pe- 
res, vous vous étes écartés de mes 
lois, vous neles avez pas gardées. 
Revenez à moi, et je reviendrai à 


(πὰρ. III. 1. Matt., xi, 10; Marc, 1, ;ל‎ Luc, 1, 17; vir, 21. — 7. Zach., 1, 3. 


s'éloignaient par cette conduite de la fin pour laquelle Dieu avait institué le mariage 
des le commencement; et le divorce de ces Juifs auxquels Malachie s'adresse était 
encore plus criminel, puisqu'ils quittaient leurs femmes légitimes pour épouser des 
idolâtres. 


1. Voici que, etc. Les évangélistes et Jésus-Christ lui-même ont expliqué ceci de 
la venue de saint Jean-Baptiste, précurseur du Messie (Matth., xi, 10; Marc, 1, 25 
Luc, vu, 21). 

3. Il sera assis. Dans l'Orient, les orfèvres qui épurent l'or et l'argent travaillent 
assis, et ont leur creuset au milieu de leur boutique, à terre et sans cheminée. 

4. Les mots jours et années sont au nominatif dans la Vulgate, comme s'ils for- 
maient le sujet du verbe il a élé agréable (placuit), sous-entendu. Dans ce cas, la 
comparaison manquerait de justesse; c'est pourquoi nous avons pensé que, dans le 
texte original, ces mémes mots représentaient un accusatif adverbial, d'autant qu'en 
hébreu, de même qu'en arabe, on emploie l'accusatif d'une manière adverbiale, quand 
on veut déterminer le temps dans lequel une chose a été faite. Le sens est done, eu 
restituant l'ellipse du verbe : Comme il lui a été agréable aux jours, etc. 


2460 


vous, dit le Seigneur des armées. 
Et vous avez dit : Comment re- 
viendrons-nous ? 

8.Un homme affligera-t-il Dieu ? 
car vous m'avez outragé, et vous 
avez dit : En quoi vous avons- 
nous outragé? Dans les dimes et 
les prémices. 

9, Et vous avez été maudits 
dans la pénurie, et vous m'outra- 
gez, vous, la nation entière. 

10. Apportez toute la dime dans 
mon grenier, et qu'il y ait de la 
nourriture dans ma maison, et 
éprouvez-moi en cela, dit le Sei- 
gneur : vous verrez si je n'ouvre 
pas les sources du ciel, et si je 
ne répands pas sur vous la béné- 
diction jusqu'à l'abondance. 

11. Et je menacerai en votre 
faveur l'insecte dévorant, et il ne 
détruira pas le fruit de votre 
terre; et la vigne ne sera pas sté- 
rile dans les champs, dit le Sei- 
gneur des armées. 

19. Et toutes les nations vous 
diront bien heureux : car vous 
serez vous-mémes une terre. dé- 
licieuse, dit le Seigneur des ar- 
mées. 

13. Vos paroles ont pris de la 
force contre moi, dit le Seigneur. 

14. Et vous avez dit : Qu'avons- 
nous dit contre vous? Vous avez 


14. Job, it, 15. 


MALACHIE. 


(ci. 1v.] 
dit: Vain est celui qui sert Dieu; 
et quel ₪ été notre avantage 
pour avoir gardé ses préceptes 


et pour avoir marché tristes de- 


vant le Seigneur des armées? 

15. Maintenant done nous di- 
sons heureux les arrogants, puis- 
qu'ils se sont établis en commet- 
tant l'impiété, et ils ont tenté 
Dieu, et ils ont été sauvés. 

16. Alors ceux qui craignent le 
Seigneur ont parlé chacun avec 
son prochain; et le Seigneur a 
été attentif, et il a écouté; et il a 
été écrit un livre de souvenir 
devant lui pour ceux qui crai- 
enentle Seigneur et qui méditent 
son nom. 

17. Et ils seront, ditle Seigneur, 
mon bien particulier, au jour au- 
quel j'agirai; et je les épargnerai 
comme un père épargne son fils 
qui le sert. 

18. Et vous vous convertirez, 
et vous verrez la différence qu'il 
y ἃ entre le juste et l'impie, et 
entre celui qui sert Dieu et celui 
qui ne le sert pas. 


CHAPITRE 1V. 


Jour de vengeance contre les méchants 
et de salut pour les justes. Avénement 
d'Elie, conversion future des Juifs. 


1. Car voici que viendra un jour 


16. Chacun avec som prochain; hébraisme, pour, l’un avec l'autre. — 11 a été 
écrit, etc. L'Ecriture représente souvent Dieu conime un monarque qui tient registre 
de ses troupes et de ses officiers, et comme un juge qui rend la justice, suivant ce qui 
est écrit dans ses mémoires. 

11. J'agirai (facio), c'est-à-dire, j'exercerai mon jugement. La Vulgate a mis le 
verbe au présent. Il est certain que l'expression du texte hébreu je suis agissant, prise 
en elle-même, peut signifier également 7e suis agissant, et je serai agiasunt, mais le 
contexte exige évidemment le futur. Voy. 1, 10, 11, ce que nous avons dit sur les 
participes hébreux. 


1. Un jour; selon la plupart des interprètes, c'est le dernier jour, lorsque Jésus= 
Christ descendra du. ciel, précédé d'un feu vengeur (IE Thessaion:, 1, 8). 


]68. 1v.] 


embrasé comme la fournaise ; et 
tous les superbes et tous ceux 
qui commettent l'impiété seront 
de la paille, et le jour qui viendra 
les enflammera, dit le Seigneur 
des armées, et il ne leur laissera 
ni racineni germe. 

2. Et il se lèvera pour vous qui 
craignez mon nom, un soleil de 
justice, la guérison sera sous ses 
ailes: el vous sortirez et vous 
bondirez comme les veaux d'un 
troupeau. 

3. Et vous foulerez aux pieds 
les impies, lorsqu'ils seront de la 
cendre sous 18 plante de vos pieds, 


MALACHIE. 


2161 


au jour auquel moi j'agirai, dit le 
Seigneur des armées. 

4. Souvenez-vous de la loi de 
Moïse, mon serviteur, loi que je 
lui ai donnée à Horeb pour tout 
Israél, des préceptes et des or- 
donnances. 

9. Voici que moi je vous enver- 
rai Elie, le prophète, avant que 
vienne le jour grand et terrible 
du Seigneur. 

6. Et il ramènera le cœur des 
pères aux fils et le cœur des fils 
à leurs pères, de peur que je ne 
vienne et que je ne frappe la 
terre d'anathéme. 


ὕπαρ. IV. 2. Luc, 1, 78. — 4. Exode, xx; Deut., 1v, 5, 6. — 5. Matt., xvir, 10; Marc, 


IX 10]: Euc; 1, 17. 


2. Un soleil de justice; c'est Jésus-Christ, qui est la lumière du monde par sa doc- 
triue, et l'auteur de sa justice par sa grâce. 

3. Je vous enverrai, etc. C'est la tradition constante et universelle de la synagogue 
et de l'Eglise chrétienne, que le prophéte Elie viendra en personne à la fin du monde 
pour s'opposer à l'Antechrist, et pour convertir les Juifs à Jésus-Christ. Le Sauveur 
lui-même confirme cette promesse de l'avénement d'Elie (Matth., xvii, 4; Marc, 1x, 11), 
bien que dans un autre endroit, il donne le nom d'Elie à saint Jean-Baptiste, parce 
que sa mission était semblable à celle du prophète de Thesbé. Elie est encore un des 
deux prophètes dont l'avénement futur est annoncé par saint Jean (Apocal., xt, 3). 


mmy ὩΣ τες SOIR. ou DS 


Ac 136 


LES MACHABEES 


I MACHABÉES 


INTRODUCTION 


Les quatre siècles qui s'écoulérent depuis Néhémie jusqu'à la naissance de 
Notre-Seigneur ne nous sont pas connus par une histoire suivie. Nous ne pos- 
sédons, sur toute celte période, que les deux livres des Machabées, qui nous ont 
conservé la mémoire des luttes soutenues par les Juifs fidéles contre l'impiété. 

Machabée fut d'abord un surnom de Judas, troisième fils du prêtre Mathathias ; 
la gloire qu'il saequit par ses exploits fit donner ce nom à toute sa famille. 
Dans le Talmud, dans Josèphe, et dans beaucoup d'histoires modernes, les des- 
cendants de Mathathias sont appelés, non pas Machabées, mais Asmonéens, 
du. nom de leur ancétre Asamón. 

Le premier livre des Machabées s'ouvre par une introduction, 1-u, el raconte 
ensuite, en trois sections, 1? l'histoire des guerres de Judas Machabée, ni, 1x, 22; 
2» l'histoire du gouvernement de Jonathas, ix, 23-x11, 5&; 39 l'histoire du gou- 
vernement de Simon, xurxvtr. La période historique qu'il embrasse et qu'il 
expose selon l'ordre chronologique est de 33 ans; elle s'étend de l'an 168 à l'an 
135 avant J. -C., c'est-à-dire depuis le commeucement des guerres entreprises par 
ses fils de Mathathias pour la défense de la religion jusqu'à la mort de Simon. 

Le texte original du premier livre des Machabées est aujourd'hui perdu, mais 
nous savons qu'il avait été écrit en hébreu. A travers la traduction, en grec 
alexandrin, perce la phrase sémilique; les expressions sont helléniques, la 
construction et la maniére de parler sont hébraiques ; des idiotismes sémitiques 
ont élé traduits mot à mor. 

Les derniers mots de ce livre, qui renvoient aux annales du pontificat de Jean 
Hyrcan, mort en l'an 107 avant J.-C., indiquent que l'auteur écrivait quelques 
années aprés la mort de Simon, laquelle eut lieu en 135 avant J.-C., peut-étre 
pendant que le grand-prétre Jean Hyrcan vivait encore. L'ensemble du récit montre 
que l'historien était peu éloigné des événements qu'il raconte. Nous ne savons du 
reste absolument rien sur sa personne. La traduction greeque est fort ancienne, 
car Joséphe s'en est servi dans la rédaction de ses Antiquités hébraiques, et l'a 
souvent copiée mot pour mot. 

Voici l'analyse du premier livre des Machabées. [| s'ouvre par une intro- 
duclion qui se divise en trois parties : — 1? 1, 1-10, coup d'œil sur 168585 8 
d'Alexandre et sur le partage de son empire par ses généraux. — 5 1, 11-67, 


= 


| MACHADBEES. — INTRODUCTION. “109 


récit des maux qu'occasionnèrent en Judée les Juifs infidéles, sous le règne 
d'Antiochus IV Epiphane, monté sur le tróne en 175 : pillage de Jérusalem 
et du temple, construction d'une forteresse sur le mont Sion, introduction du 
culte polythéiste dans la ville sainte et dans toute la Palestine. — 3° 11. Ces 
crimes indignérent le prétre Mathathias; il prit les armes avec ses enfants et 
les Juifs fidéles, et commenca la guerre glorieuse des Machabées contre l'étran- 
ger, pour l'indépendance de la patrie et surtout pour la conservation de la foi. 
Le ch. זז‎ finit par la mort de Mathathias, l'an 166 avant J.-C. 

Aprés cette introduction historique, l'auteur raconte en trois sections et dans 
l'ordre chronologique les événements principaux de cette époque, les combats e* 
les victoires de Judas Machabée et de ses frères. La 17% section contient l'histoire 
des guerres de Judas, ur-ix, 22; la 2* celle du gouvernement de Jonathas, 1x, 
23-xit, et la 3* celle du gouvernement de Simon, xi-xvi. 

I' section : Histoire des guerres de Judas Machabée, ur-1x, 22. Aprés la mort 
de son pére Mathathias, Judas Machabée se mit à la téte des Juifs fidéles au Dieu 
de leurs pères. — 1? Il battit les généraux syriens Apollonius et Séron, puis 
Gorgias et enfin Lysias, vice-roi d'Antiochus; il reprit Jérusalem, à part la cita- 
delle, purifia le temple et rétablit le service divin, ur-1iv. — 2° Le ch. v raconte 
comment le vainqueur des Syriens châtia les voisins des Juifs, animés contre 
eux d'intentions hostiles. — 3° La mort terrible d'Antiochus IV Epiphane, l'au- 
teur de tous les maux des Juifs, est dépeinte en traits éloquents, νι, 1-16. — 
4? Son successeur, Antiochus V Eupator, marcha contre Judas, qui assiégait la 
forteresse de Jérusalem ; la campagne ne fut décisive ni d'un côté ni de l'autre, 
vi, 17-63. — 5° Quand, en 162, Démétrius If", cousin d'Antiochus V, se fut em- 
paré du trône des Séleucides, il envoya contre la Judée Bacchide et Alcime, mais 
ils ne purent réussir à la vaincre. Nicanor fut envoyé à son tour. Ce général fut 
battu d'abord à Capharsalama et tué ensuite dans une seconde bataille, à Bé- 
thoron. La défaite des Syriens fut si complète que les Juifs instituèrent une fète 
pour en perpétuer la mémoire, vi. — 6° Judas profita de la paix pour faire 
alliance avec les Romains, vi. — 7° Sur ces entrefaites, Bacchide et Alcime 
envahirent de nouveau la Judée avec une armée formidable. Judas les attaqua 
à Laïsa, mais il périt dans ce combat, 1x, 1-22. 

Ile section : Gouvernement de Jonathas, 1x, 23-xu. — 19 La mort de Judas Ma- 
zhabée devint funeste aux Juifs fidèles. Le parti hellénisant l'emporta avec l'aide 
de Bacchide. Jonathas, frère de Judas, choisi pour succéder à ce grand homme, 
fut contraint de se réfugier, avec ses partisans, dans le désert de Thécué. Il 
voulut faire mettre en süreté chez les Nabathéens, ses alliés, les trésors de sa 
famille (texte grec), mais la caravane qui les transportait, sous la conduite de 
Jean, son frère, fut pillée par les Arabes Bédouins de Madaba et Jean fait pri- 
sonnier. Jonathas alla chàtier ces brigands. A son retour, l'armée de Bacchide 
lui barra le passage à l'embouchure du Jourdain; il réussit à se frayer un che- 
min à travers les ennemis, en tuant mille d'entre eux. Bacchide se dédommagea 
de cet échec en couvrant la Judée de places forles. Sur ces entrefaites, il revint 
auprès du roi de Syrie, après la mort d'Alcime. Au bout de deux ans, il retourna 
en Judée, appelé par les Juifs de son parti; il assiégea Belhbessen, où s'élait 
réfugié Jonathas, mais celui-ci parvint à sortir de cette place, et Simon, son 
frère, battit les Syriens. Jonathas obtint alors de vivre indépendant à Machmas. 
Aiusi se termina la guerre de Jonathas contre Baechide, ix, 23-72. — 2» En 152, 


9164 I MACHABÉES. [cu. 1.1 


il s éleva contre le roi Démétrius Ier un compétiteur, Alexandre Balas. L'un et 
l'autre recherchèrent l'appui de Jonathas. Celui-ci se prononca pour Alexandre 
et fut reconnu par lui comme grand-prétre des Juifs. En 146, Démétrius II 
voulut s'emparer de la couronne des Séleucides; il envoya Apollonius contre 
les Juifs; Jonathas le battit, et sa victoire lui valut de nouvelles faveurs de la 
part d'Alexandre, x. — 3? Pendant la guerre entre Ptolémée VI Philométor 
d'Egypte et Alexandre, Jonathas sut, par sa prudence, conserver ses avantages, 
et, aprés la mort de ces deux rois, en obtenirde nouveaux de Démétrius II. Il en 
témoigna sa reconnaissance en envoyant à ce dernier un corps de troupes auxi- 
liaires, pour l'aider à réprimer une sédition qui avait éclaté à Antioche, mais il 
en fut mal récompensé : Démétrius 1] ne tint pas ses promesses. La position 
devenait critique pour le grand-prétre juif, lorsque Tryphon opposa à Démé- 
trius le fils d'Alexandre, Antiochus VI. Jonathas se déclara pour le jeune roi et 
l'aida à triompher de ses adversaires, xr. — 4? Il renouvela alors l'alliance avec 
les Romains, ainsi qu'une alliance ancienne avec les Spartiates ; il remporta de 
nouveaux succès contre les généraux de Démétrius et augmenta les fortifications  : 
de Jérusalem ; mais il périt enfin, victime de la fourberie de Tryphon, qui, aspi- 
rant à la couronne, voulait se débarrasser auparavant d'un homme qui pouvait 
contrarier efficacement ses projets (143 avant J.-C.), xi; voir xir, 23. 

IIIe section : Gouvernement de Simon, ΧΠΙ-ΧΥ͂Ι. — 1° Jonathas eut pour sue- 
cesseur son frére Simon. Le nouveau grand-prétre fit enterrer Jonathasà Modin 
et élever, en ce lieu, à sa famille un monument magnifique. 11 obtint de Démé- 
trius divers priviléges et reprit enfin la forteresse de Jérusalem sur les Syriens, 
xir. — 20 Il employa les années de paix qui suivirent à agrandir ses Etats, à 
orner le temple et à faire prospérer le commerce; il renouvela l'alliance avec 
les Romains et les Lacédémoniens. Le peuple, en reconnaissance de ses bien- 
faits, le réconnut, lui et sa pôstérité, comme pontife et prince, xiv. — 
3° Quelque temps aprés, Antiochus VII Sidétes, voulant reconquérir le trône sur 
Tryphon, chercha à s'assurer l'alliance de Simon et lui renouvela toutes les 
concessions qui lui avaient été déjà faites par ses prédécesseurs, en y ajoutant 
le droit de battre monnaie; mais aprés avoir triomphé de son adversaire, il 
oublia ses promesses et fit marcher contre la Judée son général Cendébée. Celui- 
ci fut battu par les fils du grand-prétre, Judas et Jean. Cependant Ptolémée, 
gendre de Simon et gouverneur de Jéricho, ne laissa pas son beau-pére jouir de 
la victoire de ses enfants. Ille fit périr par trahison. Simon eut pour successeur 
son fils Jean Hyrcan, xv-xvi. Le premier livre des Machabées s'arréte à l'avéne- 
ment de ce prince 


E ὩΣ ses ordres. Il veut contraindre les 18- 
CHAPITRE PREMIER. raélites d'abandonner leur loi. Il fait 


Victoires d'Alexandre le Grand. Sa mort. dresser une idole dans le temple. 


Partage de ses Etats. Juifs impies qui 1. Or, il arriva qu'apres qu'A- 


se séparent de l'alliance sainte. Antio- 0 E RU 
chus Epiphane ravage la Judée, et pille lexandre le Macédonien, fils de 


le temple. Jérusalem est désolée par | Philippe, qui régna le premier 


1-9. * Règne d'Alexandre le Grand et partage de son royaume après sa mort. — 
Alexandre 111, surnommé le Grand, né en 356, mort eu 323 avant J.-C., fils de PAi- 


].1 .8ס] 


dans la Grèce, fut sorti dela terre 
de Céthim, et quil eut frappé 
Darius, roi des Perses et des 
Mèdes, 

2. Il livra de nombreux com- 
bats, et s'empara des villes fortes 
de toutes les nations, et tua les 
rois de la terre; 

9. Et il passa jusqu'aux confins 
de la terre, il s'empara des dé- 
pouilles de la multitude des na- 
tions, et la terre se tut en sa pré- 
sence. 

4. Et il assembla des forces, et 
une armée des plus puissantes, et 
son cœur s'éleva et s'enfla. 

5. Et il se rendit maitre des 
contrées des nalions, ainsi que 
des rois, et ils devinrent ses tri- 
butaires. 


I MACHABÉES. 


2165 


6. Et apres cela, il tomba au 
lit, et il connul qu'il mourrait. 

1. Et il appela ses serviteurs, 
les grands qui avaient été nourris 
avec lui des la jeunesse, et il leur 
partagea son royaume pendant 
qu'il vivait encore. 

8. Or Alexandre régna douze 
ans, et il mourut. 

9. Et ses serviteurs possédèrent 
un royaume, chacun dans son 
lieu. 

10. Et ils prirent tous le dia- 
deme apres sa mort, et leurs fils 
apres eux, durant beaucoup d'an- 
nées, etles maux se multiplièrent 
sur la terre. 

11. Et il sortit d'eux une racine 
pécheresse, Antiochus l'Illustre, 
fils du roi Antiochus, qui avait été 


lippe 11, roi de Macédoine (360-336), succéda à son père en 336. — Qui règna le pre- 
mier dans la Grèce. Alexandre n'eut pas le titre de roi de Grèce, mais il en eut effec- 
tivement le premier la puissance. — Darius 11] Codoman, dernier roi des Perses 
(336-331). Alexandre ayant passé l'Hellespont avec son armée, en 334, battit les Perses 
en juin de la méme année, sur les bords du Granique, et Darius en personne, d'abord 
en novembre 333, à Issus, et enfin en octobre 331 prés d’Arbèles. Darius fugitif périt 
assassiné et tout son empire tomba ainsi entre les mains d'Alexandre. 

1. Céthim. C'est ainsi que les Hébreux nommaient la Macédoine. Voy. plus bas, 
vii, 5, et Genèse, x, ^; Isaïe, τ, 12. 

2. * Tua les rois de la terre, Bessus, meurtrier de Darius, qui avait pris le nom 
d'Artaxerxés et le titre de roi. Alexandre peut étre considéré aussi comme ayant fait 
périr Darius, celui-ci ayant été assassiné à la suite de sa défaite. 

3. Jusqu'aux confins de la terre, c'est-à-dire, jusqu'aux Indes; les anciens ne con- 
naissaient rien au delà. 

4. * Son cœur s'éleva. 11 voulut se faire adorer comme un dieu et fit périr le philo- 
sophe Callisthène qui refusa de lui rendre un culte. 

8. * Régna douze ans et huit mois, de 336 à 323. Pris de la fièvre dans la nuit du 
dernier jour de mai au 4er juin, il mourut le soir du 11 juin. 

9. * Ses servileurs, ses généraux, possédérent un royaume, Antigone en Asie, Ptolé- 
mée en Egypte, Séleucus à Babylone, puis à Antioche, Lysimaque en Thrace, Cas- 
sandre en Macédoine. 

11-67. * Maux produits en Judée par les Juifs infidéles sous le régne d'Antiochus IV 
Epiphane, fils d'Antiochus III le Grand (222-187) et frére de Séleucus IV Philopator 
(181-115). 

11. L'Illustre; en Grec Epiphane. — Du roi Antiochus le Grand. — La cent trente- 
seplième année du règne des Grecs; elle répond à la cent soixante-quatorzième avant 
Jésus-Christ. — * Du règne des Grecs ou de l’ère des Séleucides. Cette ère date de la 
victoire que Séleucus Ier Nicator, fondateur de la dynastie des Séleucides, remporta 
près du Tigre, sur Nicanor, général d'Antigone, pendant l'été de l'an 313 à 311 
avant J.-C.; elle commence à l'automne 312, d'après le calcul des Syriens, et au prin- 
temps de la même année, d'après le calcul des Juifs. L'an 137 de l'ére des Séleucides 
correspond, d’après cette double manière de compter, à l'an 114 ou à l'an 115. — 


2166 
en otage à Rome; et il régna en 
l’année cent trente-septième du 
règne des Grecs. 

12. En ces jours-là, sortirent 
d'Israël des fils iniques etils con- 
seillèrent un grand nombre, di- 
sant : Allons, et faisons alliance 
avec les nations qui sont autour 
de nous; parce que depuis que 
nous nous sommes retirés d'elles, 
des maux nombreux sont tombés 
sur nous. 

13. Et ce discours parut bon à 
leurs yeux. 

14. Et quelques-uns du peuple 
résolurent de se rendre auprès 
du roi, et il leur donna pouvoir 
de pratiquer le droit des nations. 

15. Et ils bátirent un gymnase 
à Jérusalem selon les lois des na- 
tions. 

16. Etils cachèrent les marques 
de la circoncision, et ils se sépa- 
rèrent de l'alliance sainte, et ils 
se joignirent aux nations, et se 
vendirent afin de faire le mal. 


MACHABEES.‏ ז 


fen. t.] 


17. Et le royaume de Syrie fut 
préparé en présence d'Antiochus, 
et il entreprit de régner dans la 
terre d'Egypte afin de régner 
dans les deux royaumes. 

18. Et il entra en Egypte avec 
une multitude imposante, avec 
des chariots et des éléphants, et 
des cavaliers, et une grande mul- 
titude de vaisseaux. 

19. Et il. déclara la guerre à 
Ptolémée, roi d'Egypte, et Pto- 
lémée eut peur devant lui, etil 
s'enfuit, et il tomba des blessés 
en grand nombre. 

20. Et Antiochus prit les cités 
fortifiées dans la terre d'Egypte, 
et s'empara des dépouilles de la 
terre d Egypte. 

21. Et Antiochus revint après 
quil eut ravagé l'Egypte en la 
cent quarante-troisieme année, 
et monta vers Israël, . 

22. Il monta à Jérusalem avec 
une multitude imposante. 

23. Etil entra avec orgueil dans 


A la conclusion de la paix qu'Antiochus 111 avait été obligé de faire avec les Romains 
après la bataille de Magnésie (189), voir plus loin, vii, 6, le roi de Syrie dut livrer 
à ses vainqueurs vingt otages parmi lesquels était son fils. En 174, Antiochus Epiphane 
tut remplacé à Rome par le fils de son frère Séleucus IV Philopator. Pendant qu'An- 
tiochus retournait en Syrie, Séleucus fut assassiné par un de ses courlisans, Hélio- 
dore, qui essaya de s'emparer du tróne. Antiochus Epiphane, avec l'aide des gens 
de Pergame, l'empécha de réaliser ses desseins ambitieux et il fut reconnu lui-même 
comme roi par les Romains. 

12. * Des fils iniques, dont le principal était Jason. Voir II Machabées, 1v, 9. 

14. Du roi; Antiochus Epiphane. 

45. Gymnase; lieu principalement destiné aux exercices du corps, où l'on s'exercait 
tout nu à lutter, à sauter, etc., et où l'on célébrait des jeux en l'honneur des divi- 
nités. Compar. I Machab., 1v, 9. 

11. Et le royaume, etc.; c'est-à-dire, une fois établi dans son royaume, il forma le 
dessein de régner en Egypte. — * IJ entreprit de régner dans la terre d'Egypte. An- 
tiochus Epiphane fit plusieurs campagnes en Egypte. Celle dont il est question ici 
est la seconde, comme nous l'apprend II Machabées, v, 1. 

19. * Plolémée VI Philométor (180-146), roi d'Egypte, d'après l'opinion la plus com- 
mune, ou Ptolémée VII Physcon, son frère (110-117), qui régna une premiere fois pendant 
que Philométor était dans les mains d'Antiochus. Pour l'explication plus détaillée des 
événements auxquels il cst fait ici allusion, voir 11 Machabées, 111, 3; 1v, 24. 

21. La cent quarunle-lroisième année du règne des Grecs; elle répondait à la cent 
soixante-huitième avant Jésus-Christ. 

23. Lieu saint; littér., sanctification, mot qui ordinairement dans ce livre signifie 


{cn 1.] 
le lieu saint, et il prit l'autel d'or, 
et le chandelier qui éclairait, et 
tous ses vases, et 18 table de pro- 
position, et les bassins, et les 
tasses et les petits mortiers d'or, 
et le voile, et les couronnes, et 
l'ornement d'or qui était devant 
le temple, et il brisa tout. 

24. Et il prit l'argent et l'or et 
les vases précieux ; il prit aussi 
les trésors cachés qu'il trouva, et, 
tout ayant été enlevé, il retourna 
dans son pays. 

95. Et il fit un carnage d'hom- 
mes, et il parla avec un grand 
orgueil, 

26. Et il y eut un grand deuil 
parmi le peuple d'Israël, et dans 
toute leur terre; 

97. Et les princes et les vieil- 
lards gémirent ; les vierges et les 
jeunes hommes furent abattus, 
et la beauté des femmes fut chan- 
gée. 

28. Tout mari s'abandonna aux 
lamentations, et les femmes qui 
étaient assises sur le lit nuptial 
pleuraient ; 

29. Et la terre s'émut sur ses 
habitants, et toute la maison de 
Jacob fut couverte de confu- 
sion. 

30. Et aprés deux années de 
jours, le roi envoya un chef des 
tribuls dans les cités de Juda; et 
il vint à Jérusalem avec une 
grande suite. 

31. Et il leur parla astucieuse- 


I MACHABÉES, 


2167 


ment en termes pacifiques, et ils 
le crurent. 

32. Et il se jeta sur la cité tout 
d'un coup, et la frappa d'une 
grande plaie; et il détruisit un 
grand nombre du peuple d'Israél. 

39. Et il prit les dépouilles de 
la cité et y mit le feu, et il détrui- 
sit ses maisons et ses murs tout 
autour ; 

34. Et ils emmenerent les 
femmes captives, et ils se ren- 
dirent maîtres des enfants et des 
troupeaux. 

39. Et ils bátirent autour de la 
cité de David un mur grand et 
fort, et de fortes tours, et elle 
devint pour eux une citadelle ; 

90. Et ils y mirent une nation 
pécheresse, des hommes iniques, 
et s'y fortifierent ; et ils y mirent 
des armes et des vivres, et ils y 
rassemblerent les dépouilles de 
Jérusalem ; 

31. Etils/esmirentlàen réserve, 
et ils devinrent un grand laes. 

38. Et cela devint un piége 
pour le lieu saint, et un diable 
mauvais pour Israël; 

39. Et ils répandirent un sang 
innocent autour du lieu saint, et 
ils souillèrent le lieu saint. 

40. Et les habitants de Jérusa- 
lem s'enfuirent à cause d'eux, et 
elle devint l'habitation des étran- 
gers, et elle devint étrangère à 
sa race, et ses propres enfants 
l’abandonnèrent. 


le temple. — Le chandelier qui éclairait; littér., le chandelier de la lumière; proba- 
blement le chandelier à sept branches (Zachar., iv, 2). — Les couronnes. Voy. plus 


bas, 1v, 51. 


30. Années de jours; hébraisme, pour années pleines, entières. — Le roi, etc. Voy. 
MW Machab., v, 2% et .טנטפ‎ — * Un chef des tribuls, Apollonius, chargé de lever les 
impôts, qui fit plus tard une campagne contre les Juifs et y perdit la vie. Voy. plus 


loin. nr, 10-11. 


35. La cité de David ; c'est-à-dire, la citadelle. 


2168 


41. Son lieu saint fut désolé 
comme une solitude, et ses jours 
de féte furent converlis en un 
deuil, ses sabbats en opprobre, 
ses honneurs en néant. 

42. Selon sa gloire s'est multi- 
pliée son ignominie, et son élé- 
vation a été convertie en un 
deuil. 

43. Et le roi Antiochus envoya 
des lettres à tout son royaume, 
afin qu'il n'y eût qu'un seul 
peuple, et que chacun abandon- 
nât sa loi; 

44. Et toutes les nations ac- 
quiescèrent à la parole du roi 
Antiochus; 

45. Et beaucoup d'sraélites 
acquiescerent à la servitude qu'il 
leur imposait, et ils sacrifierent 
aux idoles etsouillèrent le sabbat. 

46. Et le roi envoya des livres 
par les mains de messagers à Jé- 
rusalem et à toutes les cités de 
Juda, afin qu'elles suivissent les 
lois des nations de la terre. 

47. Et qu'elles empéchassent 
que des holocaustes, et des sacri- 
fices, et des hosties d'expiation 
fussent offerts dans le temple de 
Dieu, 

48. Et qu'elles empéchassent 
qu'on célébrât le sabbat, et les 
jours solennels ; 

49. Et il commanda qu'on souil- 
làt les lieux saints, etle saint peu- 
ple d'Israél. 


I. 41. Tobie, ir, 6; Amos, vir, 10.‏ .א 


MACHABÉES.‏ ז 


[cu. 1.] 


50. Et il commanda qu'on cons- 
truisit des autels et des temples 
et des idoles, et qu'on immolât de 
la chair de porc et d'autres bétes 
immondes ; 

01. Il leur commanda aussi de 
laisser leurs fils incirconcis, et 
de souiller leurs âmes par toutes 
les viandes impures et les abo- 
minations, en sorte qu'ils ou- 
bliassent la loi et qu'ils changeas- 
sent toutes les ordonnances de 
Dieu. 

52. Et que tous ceux qui n'au- 
raient pas agi conformément à la 
parole du roi Antiochus fussent 
mis à mort. 

53. Il écrivit conformément à 
toutes ces paroles dans tout son 
royaume ; et il préposa surle peu- 
ple des chefs qui devaient leforcer 
à exécuter ces ordres. 

94. Et ils commanderent aux 
cités de Juda de sacrifier. 

do. Et beaucoup de personnes 
du peuple se joignirent à ceux 
qui avaient abandonné la loi du 
Seigneur, et ils firent bien du mal 
dans le pays. 

56. Et ils contraignirent le peu- 
ple d'Israël à s'enfuir dans des 
lieux cachés et dans des retraites 
de fugitifs. 

51. Au quinzième jour du mois 
de Casleu, en la cent quarante-cin- 
quième année, le roi Antiochus . 
dressa l’abominable idole de la 


43. * Sa loi, sa religion. 


46. Livres; dans le grec, petits livres, qu'on entend généralement de lettres, d'au- 
tant que le terme hébreu correspondant signifie écrit, lettre et livre. 

91. Les ordonnances, ainsi que les commandements, la loi et les préceptes de Dieu 
sont nommées justificalions, parce qu'en les observant nous sommes justifiés, et nous 


croissons en justice et en sainteté. 


51. Au quinziéme jour. Dans toute la suite de ce livre et du suivant, on lit que ce 
fut le vingt-cinquième jour qu'eut lieu la profanation du temple; ce qui peut faire sup- 


[cu. 1. 


désolation sur lautel de Dieu, 
et dans toutes les cités de Juda, 
tout autour l'on bátit des autels ; 

58.Et devantles portes des mai- 
sons et dans les places publiques, 
ils brülaient de l'encens et sacri- 
fiaient ; 

59. Et les livres delaloi de Dieu, 
ils les brülèrent au feu en les dé- 
chirant; 

60. Et celui chez lequel on 
trouvait les livres de l'alliance 
du Seigneur, et quiconque ob- 
servait la loi du Seigneur, se- 
lon l'édit du roi, ils le massa- 
craient. 

61.Dansleurpuissance, ils agis- 
saienL ainsi envers 16 peuple d'Is- 
raél qui se trouvait à chaque mois 
dans les cités. 

62. Et le vingt-cinquième jour 
du mois ils sacrifiaient sur l'autel, 
qui était vis-à-vis de l'autel de 
Dieu. 

63. Et les femmes qui circonci- 
saient leurs fils étaient massa- 
crées, selon le commandement 
du roi Antiochus; 

64. Et ils pendaient les enfants 


I MACHABÉES. 


2169 


au cou de leurs mères dans toutes 
leurs maisons; et ceux qui les 
avaient circoncis, ils les massa- 
craient. 

65. Or beaucoup de personnes 
du peuple d'Israël résolurent en 
elles-mêmes de ne pas manger 
des choses impures, et elles ai- 
mèrent mieux mourir que de ae 
souiller par des viandes impures; 

66. Et elles ne voulurent pas en- 
freindre la loi sainte de Dieu, et 
elles furent massacrées ; 

67. Et une grande colère tomba 
sur le peuple. 


CHAPITRE II. 


Mathathias, touché des maux de son 
peuple, se retire à Modin. Il refuse de 
sacrifier aux idoles; il tue un Juif qui 
s'avancait pour sacrifier, et l'officier qui 
l'y contraignait. beaucoup de Juifs se 
retirent dans le désert, de peur de 
violer le sabbat. Mathathias avec un 
corps d'armée entreprend de détruire 
le culte des idoles; il exhorte ses fils, 
il meurt. 


1. En ces jours-là, Mathathias, 
fils de Jean, fils de Siméon, prétre 
d'entre les fils de Joarib, sortit de 


poser que le mot quinzième est ici une faute de copiste, ou qu'en vertu d'un 
hébraisme dont la Bible fournit de nombreux exemples, le verbe au lieu d'indiquer 
une chose comme positive, ne signifie réellement que dire, déclarer, publier. Ainsi le 
vrai sens serait ici, que dés le quinzième du mois de Casleu, le roi déclara, publia, etc., 
que l'idole serait dressée; ce qui fut exécuté le vingt-cinquiéme. — Casleu était le 
neuvième mois de l'année sacrée, et le troisième de l'année civile. Voy. Aggée, τι, 11. 
— La cent quarante-cinquieme année du règne des Grecs, et la cent soixante-sixième 
avant Jésus-Christ. — L'ubominable idole; 16 simulacre de Jupiter Olympien. Compar. 
II Mach., vi, 2. 

61. Qui se trouvait, etc. Il parait par 11 Mach., vr, 7, qu'on célébrait chaque mois la 
fète de la naissance du roi, ct qu'on obligeait tous ceux qui habitaient les différentes 
vtiles à participer aux sacrifices qu'on y offrait pour la santé du prince. 

63. * Les femmes... étaient massacrées. Voir 11 Mach., vr, 10. 

64. Leurs maisons; les maisons où ils les trouvaient. 

61. Une grande colère, c'est-à-dire, les effets de la colère de Dieu contre les préva- 
ricateurs. 


1-10.* Histoire de Mathathias, père des Machabées. Simon, 16 grand-père de Matha- 
thias, est désigné dans Josèphe par l'appellation de l'Asmonéen, d'où le surnom 
d'Asmoncen qu'on donne aussi à la famille des Machabées. 

4. Joarib, ou Joiarib; sa famille était une des vingt-quatre familles 8 8 


2170 


Jérusalem, et se retira sur la mon- 
tagne de Modin. 

2. Or il avait cinq fils: Jean qui 
était surnommé Gaddis ; 

3. Et Simon qui était surnommé 
Thasi ; 

4. Et Judas qui était appelé Ma- 
chabée ; 

ὃ, Et Eléazar qui était surnom- 
mé Abaron, et Jonathas qui était 
surnommé Apphus; 

6. Ceux-ci virent les maux que 
l'on faisait au peuple de Juda et 
dans Jérusalem. 

7. Et Mathathias dit : Malheur à 
moi! pourquoi suis-je né pour 
voirla destruction de mon peuple 
et la destruction de la cité sainte, 
et pour y demeurer lorsqu'elle 
estlivrée aux mains des ennemis? 

8. Les choses saintes sont entre 
les mains des étrangers, son 
temple esí comme un homme 
ignoble. 

9. Les vases de sa gloire ont 
été emportés comme des caplifs ; 
ses vieillards ont été massacrés 
sur les places publiques, et ses 
jeunes hommes sont tombés sous 
le glaive des ennemis. 

10. Quelle nation n'a point hé- 
rité de son royaume, et n'a pas 
pris ses dépouilles? 


MACHABÉES.‏ ז 


[cn. u.] 

11. Toute sa magnificence a été 
enlevée. Celle qui était libre est 
devenue esclave. 

12. Et voilà que nos choses sain- 
tes, et notre beauté et notre éclat 
ont été désolés, et les nationsles 
ont souillés. 

13. Que nous importe donc de 
vivre encore? 

14. Et Mathathias et ses fils dé- 
chirerent leurs vétements; et ils 
se couvrirent de cilices, et firent 
un grand deuil. 

15. Et ceux qui avaient été en- 
voyés parle roi Antiochus vin- 
rent là afin de forcer ceux qui 
s'étaient retirés dans la cité de 
Modin de sacrifier et de brüler de 
l'encens, et de renoncer à la loi 
de Dieu. 

16. Et beaucoup d'entre le peu- 
ple d'Israël y consentant, se joi- 
gnirent à eux ; mais Mathathias et 
ses fils demeurèrent fermes. 

17. Or, répondant, ceux qui 
avaient été envoyés par le roi 
Antiochus dirent à Mathathias : 
Tu es un chef, et un homme ires 
illustre et considérable dans cette 
cité et entouré de fils et de freres; 

18. Viens donc le premier et 
accomplis l'ordre du roi, comme 
l'ont accompli toutes les nations, 


(I Paralip., xxiv, 1). — Modin, au nord-ouest de Jérusalem, non loin de la mer; 
c'est un bourg selon saint Jérôme, dans son comment. sur Isaïe (xxx); mais dans 
ce méme chapitre, τι, vers. 15, 17 23, 27, 28, où il est question de ce méme lieu, il y 
est constamment désigné sous le nom de ville, tant dans le texte grec que dans la 
Vulgate. 

4. * Judas... Machabée. Voir plus loin, ri, 1. 

9. Comme des captifs (captiva); c'est-à-dire, dans une terre étrangère. 

11. Magnificence, ou bien ornement, parure, gloire; car le terme grec a ces diverses 
significations. Dans la Vulgate, on lit ordre, arrangement, (compositio), qui parait 
moins bien convenir ici. 

15. Là; à la montagne de Modin. Voy. vers. 1. 

11. Répondant, c'est-à-dire, élevant la voix, prenant la parole; car telle est la signi- 
fication primitive du verbe hébreu rendu dans le grec et le latin par répondant, et la 
seule qui convienne dans ce passage. 

48, * Parmi les amis du roi. Ami du roi était un titre officiel donné aux personnes 


cu, [.זז‎ 


etles hommes de Juda et ceux 
qui sont restés dans Jérusalem, 
et tu seras, toi et tes fils, parmi 
les amis du roi, et comblé d'or et 
d'argent, et de beaucoup de pré- 
sents. 

19. Et Mathathias répondit et 
dit d'une voix forte : Quand tou- 
tes les nations obéiraient au roi 
Antiochus et que tous ceux d'Is- 
raël renonceraient à l'observa- 
tion de la loi de leurs peres et 
acquiesceraient à ses commande- 
ments, 

20. Moi et mes fils et mes freres 
nous obéirons à la loi de nos 
pères. 

21. Que Dieu nous soit pro- 
pice! il ne nous est pas bon d'a- 
bandonner la loi etles ordonnan- 
ces de Dieu. 

22. Nous n'écouterons pas les 
paroles du roi Antiochus, et nous 
ne sacrifierons pas en transgres- 
sant les commandements de no- 
tre loi, afin d'aller par une autre 
voie. 

23. Et comme il cessait de par- 
ler, un certain Juif s'avanca pour 
sacrifier aux idoles en présence 
de tous sur l'autel dans la cité de 
Modin, selon l'ordre du roi, 

94. Et Mathathias /e vit, et il fut 
saisi de douleur; et ses reins 
tremblerent, et sa fureur s'alluma 


Cuap. II. 26. Nomb., xxv, 13. 


1 MACHABÉES. 


2171 
selon l'esprit de la loi, et, se pré- 
cipitant, il le tua sur l'autel; 

25. Et l'homme aussi que le roi 
Antiochus avait envoyé, et qui 
forcait les Juifs à sacrifier, il le 
tua dans le même temps, et il dé- 
truisit l’autel, 

26. Et il fut transporté du 
zèle de la 101, comme fit Phinéès, 
lorsqu'il tua Zamri, fils de Sa- 
lomi. | 

27. Et Mathathias cria d'une 
voix forle dans la cité, disant : 
Que quiconque a le zele de la loi 
et garde fidèlement l'alliance, me 
suive. 

28. Et il s'enfuit, lui et ses fils, 
sur les montagnes; et ils laissè- 
rent tout ce qu'ils avaient dans la 
cité. 

29. Alors beaucoup de Juifs qui 
recherchaient la loi et la justice 
descendirent dans le désert ; 

30. Et ils y demeurerent eux et 
leurs fils, et leurs femmes et leurs 
troupeaux, parce que les maux se 
sont débordés sur eux. 

91. Eton annonca aux hommes 
du roi et à l'armée qui était à Jé- 
rusalem, la cité de David, que cer- 
tains hommes qui avaient anéanti 
le commandement duroi s'étaient 
retirés dans des lieux cachés dans 
le désert et que beaucoup étaient 
allés avec eux. 


qui avaient la confiance du roi et en particulier aux grands dignitaires de la cour, qui 
remplissaient les grandes fonctions militaires et administratives. Parmi les amis du 
roi, on distinguait les principaux ou premiers, titre supérieur à celui de simple ami, 
1 Mach., x, 65; xi, 21; 11 Mach., vu, 9. 

21. Les ordonnances de Dieu sont appelées justices, parce qu'elles sont toutes fon- 
dées sur la justice, et qu'elles ne contiennent rieu qui ne soit parfaitement conforme 
à l'équité la plus rigoureuse. 

26 Salomi, nommé Salu dans Nombr., xxv, 14. 

29, * Dans le désert de Juda, sur la rive occidentale de la mer Morte, désert d'une 
grande aridité, excepté là où sont des sources, qui entretiennent autour d'elles une 
riche végétation. 


2172 


32. Et aussitôt ils marchèrent 
vers eux, et préparèrent contre 
eux un combat pour le jour des 
sabbats. 

33. Et ils leur dirent : Résiste- 
rez-vous encore à présent? Sortez 
et faites selon 18 parole du roi An- 
liochus, et vous vivrez. 

34. Et ils répondirent : Nous ne 
sorlirons pas, et nous n'exécute- 
rons pas la parole du roi Antio- 
chus, de maniere que nous souil- 
lions le jour des sabbats. 

39. Et les ennemis préparerent 
un combat contre eux. 

36. Et les Juifs ne leur répondi- 
rent pas, et ils ne jetèrent pas une 
seule pierre contre eux, et ils ne 
boucherent pas les lieux où ?/s 
s étaient cachés, 

31. Disant : Mourons tous dans 
notre simplicité, et le ciel et la 
terre seront témoins pour nous 
que vous nous faites mourir in- 
justement. 

98. Et les ennemis leur firent la 
guerre pendant ces sabbats, et 
ils furent tués, eux et leurs fem- 
mes, et leurs fils, et leurs trou- 
peaux, jusqu'à mille àmes d'hom- 
mes. 

39. Et Mathathias /e sut ainsi 
que ses amis, et ils firent un grand 
deuil à leur sujet. 

40. Et l'un dit à l’autre : Si tous 
nous faisons comme nos frères, 
et que nous ne combattions point 


I MACHABÉES. 


[cn. 11. 


contre les nations pour nos âmes 
et pour notre loi, ils nous exter- 
mineront en peu de temps de la 
terre. 

41. Ils prirent donc en ce jour- 
là une résolution, disant : Tout 
homme quelconque qui viendra 
vers nous pour nous attaquer le 
jour du sabbat, combattons con- 
tre lui, et nous ne mourrons pas 
tous comme sont morts nos fre- 
res dans les lieux oz ils s'étaient 
cachés. 

42. Alors l'assemblée des Assi- 
déens, trés brave en Israël, se 
joignit à eux; quiconque s'était 
attaché volontairement à la loi, 

43. Et tous ceux qui fuyaient 
les maux s'unirent à eux et devin- 
rent pour eux un appui. 

44. 115 formèrent donc une ar- 
mée, etils frappèrentles pécheurs 
dans leur colère, et les hommes 
iniques dans leur indignation; et 
tous les autres s'enfuirent vers 
les nations pour échapper au dan- 
2 
45. Et Mathathias alla partout 
ainsi que ses amis, et ils détruisi- 
rent les autels; 

46. Et ils circoncirent les en- 
fants incirconcis autant qu'ils en 
trouvèrent dans les confins d'Is- 
raël, et avec un grand courage. 

41. Et ils poursuivirent les fils 
d'orgueil, et l'œuvre prospéra en 
leurs mains; 


32, 34, 38. Sabbats; ce pluriel constamment employé dans le texte grec lui-même 
indique que la guerre devait se faire, et qu'elle se fit réellement pendant plusieurs 


sabbats. 


38. Mille dmes d'hommes ; hébraisme, pour mille personnes. 
40. L'un dit à l'autre; littér., et par hébraisme, un homme dit à son prochain. — 
Nos âmes; nos vies ou nos personnes. — Pour notre loi (justificalionibus nostris), 


Voy. 1, 1. 


42. Assidéens, en hébreu justes, pieux, saints, parait désigner ici ceux qui s'étaient 
consacrés plus particulièrement au service du Seigneur, tels que furent les Récha- 
bites et les Esséniens. — Trés brave; littér. et par hébraisme, brave par les forces. 


(cn. 11.] 


48. Et ils retirerent la loi des 
mains des nations et des mains 
des rois, etils ne donnèrent pas 
de force au pécheur. 

49. Or, les jours de la mort de 
Mathathias approchèrent, et il dit 
à ses fils : Maintenant l'orgueil 
s'est affermi, et c'es£ un temps de 
chátiment et de ruine, de colere 
et d'indignation. 

50. Maintenant donc, ὦ mes fils, 
soyez les zélateurs de la loi; et 
donnez vos àmes pour l'alliance 
de vos peres. 

51. Et souvenez-vous des œu- 
vres de vos pères, œuvres qu'ils 
ont faites dans leurs générations, 
et vous recevrezune grande gloire 
et un nom éternel. 

52. Abraham n'a-til pas été 
trouvé fidèle dans la tentation, et 
cela ne lui a-t-il pas été imputé à 
justice? 

53. Joseph dans le temps de son 
angoisse a gardé les commande- 
ments, et il est devenu le maitre 
de l'Egypte. 

54. Phinéès, notre père, brülant 
d'un grand zèle pour Dieu, a recu 
l'alliance d'un sacerdoce éternel. 

55. Josué, Landis qu'il accomplit 
la parole du Seigneur, est devenu 
chef en Israél. 

56. Caleb, tandis qu'il rendait 
témoignage au milieu de l'assem- 
blée, a recu un héritage. 

91. David, par sa douceur, ἃ 


I MACHABÉES. 


2118 
obtenu le tróne d'un royaume 
pour des siècles. 

58. Elie, tandis qu'il brûle d'un 
grand zèle pour la loi, a été en- 
levé dans le ciel. 

59. Ananias et Azarias et Misaël, 
croyant, ont été sauvés des flam- 
mes. : 

60. Daniel, par sa simplicité, ἃ 
été délivré de la gueule des lions. 

01. Et ainsi considérez de gé- 
nération en génération que tous 
ceux qui espèrent en Dieu ne s'af- 
faiblissent point. 

62. Et les paroles d'un homme 
pécheur, ne les craignez point, 
parce que sa gloire, c'est de la 
boue et un ver; 

63. Aujourd'hui il s'élève, et 
demain on ne le trouvera pas, 
parce qu'il 681 retourné dans la 
poussiere, et sa pensée s'est éva- 
nouie. 

64. Vous donc, mes fils, forti- 
fiez-vous, et agissez courageuse- 
ment en laloi, parce que c'est en 
elle que vous serez glorieux. 

65. Et voici Simon, votre frere : 
je sais quil est homme de con- 
seil; écoutez-le toujours, etilsera 
pour vous un père. 

00. Et que Judas Machabée, 
tres brave dès sa jeunesse, soit 
pour vous prince de la milice; et 
lui-méme dirigera la guerre du 
peuple. 

67. Et vous joindrez à vous tous 


52. Genèse, xxii, 2. — 53. Genèse, xrr, 40. — 54. Nomb., xxv, 13; Eccli., xLv, 28. — 
55. Jos., 1, 2. — 56. Nomb., xiv, 6; Jos., xiv, 14. — 57. 11 Rois, 11, 4. — 58. IV Rois, 
ri, 11. — 59. Daniel, 111, 50. — 60. Dan., vi, 22. 


48. Ils vetirérent; c'est-à-dire, ils délivrérent la loi de l'asservissement des nations 
et des rois, et ne permirent pas à l'impie Antiochus d'abuser de son pouvoir. -- 
Force, ou puissance; littér., et par hébraisme, corne. 


400. Très brave. Voy. vers. 42. 


61. Vous vengerez entièrement; littér., vous vengerez la vengeance. Voy. sur cet 


hébraisme, t. 11, p. 342, 20. 


2174 
les observateurs de la loi, et vous 
vengerez entièrement votre peu- 
ple. 

68. Rendez rétribulion aux na- 
tions, et soyez attentifs aux pré- 
ceptes de la loi. 

69. Et il les bénit, et il futréuni 
à ses peres. 

70. 11 mourut en la cent qua- 
rante-sixieme année; etil fut en- 
seveli à Modin par ses fils dans 
les sépulcres de ses pères, et tout 
Israël le pleura d'un grand pleur. 


CHAPITRE ΤΙ. 


Judas Machabée succède à Mathathias 
son père. ll défait et tue Apollonius. 
Il marche contre Séron et le défait. 
Les victoires de Juda irritent Antio- 
chus. Lysias envoie une armée nom- 
breuse contre les Juifs. Judas et les 
siens se préparent à combattre les en- 
nemis. 

1. Et Judas, son fils, qui était 
appelé Machabée, se leva à sa 
place; 

9. Et tous ses freres l'aidaient, 
ainsi que {ous ceux qui s'étaient 
joints à son pere; et ils combat- 
taientle combat d'Israél avec joie. 

3. Et il étendit au loin la gloire 
de son peuple, et il se revétit de 
la cuirasse, comme un géant, et 
il se ceignit de ses armes guer- 


| MACHABÉES. 


(eur. ur.) 
rières dans les combats, et il pro- 
tégeait le camp de son glaive. 

4. Et il devint semblable à un 
lion dans ses hauts faits, et 7 éfait 
comme le petit d'un lion rugis- 
sant à la chasse. 

5. Et il poursuivit les iniques, 
les cherchant de toutes parts; 
ceux qui troublaient son peuple, 
il les livra aux flammes; 

6. Et ses ennemis furent re- 
poussés par la crainte qu'il inspi- 
rait, el tous lesouvriers d'iniquité 
furent troublés, et le salut fut di- 
rigé par sa main. 

7. Etilirritait beaucoup de rois, 
el il réjouissait Jacob par ses 
hauts faits, et sa mémoire sera à 
jamais en bénédiction. 

8. Et il parcourut les villes de 
Juda, et il en extermina les im- 
pies, et il détourna la colère loin 
d'Israél. 

9. Etson nom parvint jusqu'aux 
extrémités de la terre, et il ras- 
sembla ceux qui étaient près de 
périr. 

10. Alors Apollonius assembla 
les nations, et partit de Samarie 
avec une armée nombreuse et 
puissante, pour combaltre contre 
Israël. 

11. Judas 06 sut, et sortit au- 


68. Rendez rélribution aux nalions; littér. : Rélribuez rétribulion aux nations, c'est-à« 
dire, donnez aux nations avec une exactitude rigoureuse ce qu'elles ont mérité; 


mème hébraisme qu'au vers. 67. 


10. La cent quarante-sixième année du règne des Grecs (1, 4); elle répond à la cent 


soixante-cinquieme avant Jésus-Christ. 


1. * Machabée. Ce surnom glorieux, qui devint celui de la famille de Mathathias, 
signifie probablement marteau, parce que Judas fut comme un marteau qui écrasa 


les ennemis de son peuple. 


3, 15. Le cump, c'est-à-dire, toute l'arinée. 
6. Le salut, etc.; c'est lui qui procura 16 salut du peuple. 


10. * Apollonius. Cest probablement celui qui avait été chargé de lever les tributs, 
plus haut, 1, 29. La guerre ouverte n'avait pas éclaté pendant la vie de Mathathias. 
Elle commeuce maintenant pour ne cesser que par l'ulfauchissement final du peuple 
juil. 


Cu. 111.) 


devant de lui, et il le défit et le 
iua; et il tomba des blessés en 
grand nombre, et le reste s'en- 
fuit. 

12. Et il s'empara de leurs dé- 
pouilles, et 11 prit le glaive d'A- 
pollonius, et il combattit avec 
ce glaive tous les jours de sa vie. 

13. Et Séron, général de l'armée 
de Syrie, apprit que Judas avait 
formé une réunion et une grande 
assemblée d'hommes fideles au- 
pres de lui, 

14. Etil dit : Je me ferai un nom 
et je serai glorifié dans le royau- 
me, et je soumettrai par les ar- 
mes Judas et ceux qui sont avec 

lui, et qui méprisent la parole du 
ΤΟΙ. 

15. Et il se prépara, et le camp 
des impies, puissants auxiliaires, 
monta avec lui pour se venger des 
fils d'Israël. 

16. Et ils s'avancerent jusqu'à 
Béthoron, et Judas sortit au-de- 
vant de lui avec peu de gens. 

17. Mais, dès que ceux-ci virent 
l'armée venant au-devant d'eux, 
ils dirent à Judas : Comment pour- 
rons-nous, en si petit nombre, 
combattre contre une multitude 
si grande et si forte, fatigués com- 
me nous 16 sommes du jeüne d'au- 
jourd'hui? 

18. Et Judas dit: Un grand nom- 
bre peut facilement êlre enfermé 
dans les mains d'un petit, et il 


1 MACHABEES. 


2179 
n'y a pas de différence en 18 pré- 
sence du Dieu du ciel, de sauver 
avec un grand nombre, ou avec 
un petit ; | 

19. Parce que la victoire à la 
guerre ne dépend pas d'uue ar- 
mée nombreuse, mais c'est du ciel 
que la force vient. 

20. Eux viennent vers nousavec 
une multitude insolente et su- 
perbe, afin de nous perdre, nous 
el nos femmes et nos enfants, et 
afin de nous dépouiller; 

21. Mais nous, nous combat- 
lons pour nos àmes et pour nos 
lois; 

22. EtleSeigneur lui-méme les 
brisera devant notre face; mais 
vous, ne les craignez point. 

23. Or, lorsqu'il eut cessé de 
parler,il s'élanca 80881101 sur eux, 
οἱ Séron fut battu en sa présence, 
ainsi que son armée. 

24. Et Judas le poursuivit à la 
descente de Béthoron jusqu'à la 
plaine, et il tomba d'entre eux 
huit cents hommes, mais le reste 
s'enfuit dans la terre des Philis- 
tins. 

95. Et la crainte de Judas et de 
ses freres, et l'épouvanteserépan- 
dirent sur toutes les nations au- 
tour d'eux. 

26. Et son nom parvint jusqu'au 
roi, et toutes les nations racon- 
taient les combats de Judas. 

21. 0r, dès que le roi Anliochus 


13. * Nous ne savons sur Séron, général d'Antiochus Epiphane, que ce que nous 


en raconte le texte, 13-24. 


15. Des impies, c'est-à-dire, des Juifs qui avaient apostasié. 
16. De lui, de Séron. Voy. vers. 13. — * Béthoron, ville d'Ephraim, à l'entrée des 
défilés qui conduisent dans la Séphéla ou plaine des Philistins. 


21. Nos dmes, nos vies ou nos personues. 


24. * Judas poursuivit l'armée syrienne de Béthoron-le-Haut, sur la hauteur, à l'en- 
trée du passage, à la descente qui conduit à Béthoron-le-Bas, à la sor.i: du passage 


qui débouche dans la plaine des Philistins. 


2176 


eut appris ces nouvelles, il s'irrita 
en son cœur, et il envoya, et il 
assembla l’armée de tout son 
royaume, laquelle formauncamp 
très puissant; 

98. Et il ouvrit son trésor, et il 
donna la solde à l'armée pour un 
an, et il leur commanda d’être 
prêts à tout. 

29. Mais il vit que l'argent de 
ses trésors manquait, et que les 
tributs de la contrée de Judée 
élaient faibles, à cause des dissen- 
sions et du mal qu'il avait fait 
dans le pays en ótant la loi qui 
exislait dés les anciens jours; 

30. Et il craignit de ne pas 
avoir, comme une premiere et 
une seconde fois, de quoi four- 
nir aux frais de la querre, et 
aux libéralités qu'il faisait au- 
paravant d'une main généreuse; 
car il avait surpassé en richesses 
les rois qui avaient été avant 
lui. 

31. Et il était dans une grande 
consternalion d'esprit, et il son- 


1 MACHABÉES. 


(cu. att.) 


gea à aller en Perse, et à recueil- 
lir les tributs des contrées, et à 
amasser beaucoup d'argent. 

32. Il laissa donc Lysias, homme 
noble de la race royale, chargé 
des affaires du royaume, et du 
commandement, depuis le fleuve 
d'Euphrate jusqu'au fleuve de l'E- 
gypte; 

33. Et afin qu'il élevât Antio- 
chus, son fils, jusqu'à ce qu'il re- 
vint ; 

34. Et il lui livra la moitié de 
son armée et les éléphants; et il 
lui donna ses ordres pour tout 
ce qu'il voulait, et pour les ha- 
bitants de la Judée et de Jérusa- 
lem; 

39. Et afin qu'il envoyät vers 
eux une armée pour briser et ex- 
tirper les forces d'Israël et les 
restes de Jérusalem, et pour effa- 
cer de ce lieu leur souvenir; 

36. Et afin qu'il établit pour ha- 
bitants des fils d'étrangers dans 
tous leurs confins, et qu'il distri- 
buât au sort leur terre. 


30, Comme une première, etc., c'est-à-dire, comme il avait eu une première, etc. 

31. * En Perse se prend ici dans un sens large, pour désiguer la province du 
royaume de Syrie qui s'étendait au delà de l'Euphrate et comprenait la Médie, outre 
la Perse. Voir plus loin, vr, 56. 

32. * Lysias commanda les armées du roi de Syrie sous Antiochus IV Epiphane et 
sous Antiochus V Eupator. Chargé de gouverner le royaume et de soumettre la Judée 
pendant qu'Antiochus IV allait au delà de l'Euphrate, il envoya d'abord contre Judas 
Machabée une première armée sous le commandement de Ptolémée, de Nicanor et 
de Gorgias (166-165), puis, celle-ci ayant été battue, une seconde qu'il commanda lui- 
méme, lannée suivante, mais qui fut également défaite. Lysias, de retour à An- 
tioche, s'occupait à préparer de nouveaux armements, quand il y apprit la mort 
d'Antiochus Epiphane. D'aprés les dernieres volontés de ce prince, la régence devait 
être confiée à un personnage appelé Philippe (voir vi, 14), pendant la minorité 
d'Antiochus V Eupator; mais Lysias, sans respecter ces ordres, s'empara du pouvoir 
au nom du jeune roi, dont il se fit un instrument et, en 163-162, il eutreprit une nou- 
velle campagne contrela Judée. Elle lui fut d'abord favorable. Judas Machabée fut 
battu à Bethzachara et Jérusalem, assiégée. La situation des Juifs devenait fort cri- 
tique, lorsque les nouvelles de Syrie obligèrent Lysias à suspendre la guerre et à 
fairela paix avec Judas pour retourner précipitamment à Antioche. Philippe voulut 
en vain arracher le pouvoir à son antagoniste. Lysias réussit à triompher de son 
rival. Cependant peu aprés Démétrius Ier devenait roi de Syrie et faisait périr Lysius 
et son pupille Antiochus V (162 av. J.-C.). 

33. * Anliochus, son fils, connu sous le nom d'Antiochus V Eupator, 


(ca. πι.] 


37. Et le roi prit la moitié de 
l'armée qui restait, et sortit d'An- 
tioche, capitale de son royaume, 
en la cent quarante-septieme an- 
née; et il passa le fleuve de l'Eu- 
phrate, et il parcourait les provin- 
ces supérieures. 
| 38. Et Lysias choisit Ptolémée, 

fils de Dorymine, Nicanor et Gor- 
gias, hommes puissants entre les 
amis du roi; 

39. Et il envoya avec eux qua- 
rante mille hommes de pied, et 
sept mille cavaliers, afin qu'ils 
vinssent dans la terre de Juda, et 
qu'ils la perdissent entieremeut, 
selon la parole du roi. 

40. Et ils s'avanceérent avec tou- 
tes leurs forces, etils vinrent, et 
ils campèrent prés d'Emmaüs, 
dans la partie de la plaine. 

41. Etles marchands des régions 
voisines entendirent leur nom, 


I MACHABÉES. 


2477 
et ils prirent beaucoup d'argent 
et d'or, et des serviteurs; et ils 
vinrent au camp afin d'acquérir 
les fils d'Israël comme esclaves: 
et l'armée de Syrie se joignit à 
eux, ainsi queles pays des étran- 1 
gers. 

42. Et Judas vit, ainsi que ses 
frères, queles maux s'étaient mul- 
tipliés, et que les armées enne- 
mies campaient près de leurs fron- 
tieres, et ils surent les paroles 
par lesquelles le roi avait com- 
mandé de livrer le peuple à la 
destruction et à une ruine com- 
plète. 

43. Et 115 dirent chacun à son 
prochain : Relevons l’état d'abais- 
sement de notre peuple, et com- 
battons pour notre peuple et nos 
choses saintes. 

44. Et l'assemblée se réunit, 
afin qu'ils fussent préts pour un 


37. La cert quarante-septième année du règne des Grecs (1, 1); elle répond à 
l'an 164 avant Jésus-Christ. — * Antioche, sur l'Oronte, au pied d'une montagne dans 
une plaine trés fertile, capitale du royaume de Syrie sous les Séleucides. — Les pro- 
vinces supérieures, la Perse etla Médie. 

38. * Ptolémée, fils de Dorymine, surnommé Macron, avait été gouverneur de Chypre 
sous Ptolémée Philométor. Il avait livré cette ile à Antiochus Epiphane, qui avait fait 
de lui son favori et l'avait nommé gouverneur de la basse Syrie et de la Phénicie. Il 
fut disgracié sous Antiochus V Eupator et s'empoisonna. Son père Dorymine est peut- 
étre un Etolien de ce nom qui avait combattu contre Antiochus le Grand, quand celui-ci 
attaqua la Cœlésyrie. — Nicanor était fils de Patrocle, un des plus ardents ennemis des 
Juifs; il périt dans un combat contre Judas Machabée. — Gorgias fut le général 
syrien sur lequel Judas Machabée remporta sa première grande victoire. 

40. * Près d'Emmaüs, aujourd'hui Amouas, à l'extrémité de la plaine de la Séphéla, 
au pied des premières montagnes de Juda, à peu près à moitié chemin entre Jaffa et 
Jérusalem. Cette ville, fortifiée par Bacchide, I Machabées, 1x, 50, fut plus tard brûlée , 
par Quintilius Varus et rcbátie par l'empereur Héliogabale sous le nom de Nicopolis. 
On y voit à peine aujourd'hui quelques misérables huttes. 

41. Enlendirent leur nom; apprirent leur arrivée. — Et is prirent, etc. Voy. 
IL Machab., viz, 10 et suiv. — * Le commerce des esclaves était une des parties prin- 
cipales du commerce des Phéniciens et des Philistins. Ces derniers sont trés proba- 
blement désignés ici sous le nom d'étrangers. Nicanor avait fait venir ces marchands 
d'esclaves des bords de la mer afin de pouvoir payer avec l'argent qu'ils lui donne- 
raient, en échange des esclaves, le tribut que le roi de Syrie était tenu de payer aux 
Romains. 

42. Ils surent, etc. Cette traduction nous a paru se rapprocher 16 plus possible du 
texte qui se refuse d'ailleurs à toute analyse grammaticale, tant dans les &eptante 
que dans la Vulgate. 

43, Chacun à son prochain; hébraïsme pour l’un à l'autre. 


AM 137 


2178 
combat, et afin de prier et de 
demander la miséricorde et les 
commisérations du Seigneur. 

45. Or Jérusalem n'était pas 
habitée, mais elle était comme un 
désert; il n'y avait aucun de ses 
enfants qui entràt et sortit; et le 
sanctuaire était foulé aux pieds; 
et les fils des étrangers étaient 
dans la citadelle; là était l’habita- 
tion des nations ; et le plaisir fut 
banni de Jacob, et la flüte cessa 
ainsi que la harpe. 

40. Ils s'assemblerent donc et 
vinrent à Maspha, vis-à-vis de Jé- 
rusalem, parce qu'il y avait autre- 
fois un lieu de prières à Maspha 
en Israél. 

47. Et ils jeûnèrent ce jour-là, 
et ils se revétirent de cilices, et 
ils mirent de la cendre sur leur 
tête, et déchirèrent leurs véte- 
ments ; 

48. Et ils étendirent les livres 
de laloi dans lesquels les gentils 
cherchaient 4 frouver de la res- 
semblance avec leurs simulacres ; 


1 MACHABÉES. 


[cH. 1π.} 


49. Et ils apporterent les orne- 
ments sacerdotaux, et les prémi- 
ces et les dimes; et ils appele- 
rent les Nazaréens qui avaient 
accompli leurs jours; 

50. Et ils crierent d'une voix 
forte jusqu'au ciel, disant : Que 
ferons-nous à ceux-ci, et oü les 
conduirons-nous? 

91. Et vos choses saintes ont 
616 foulées aux pieds, et ont été 
souillées; et vos prétres ont été 
voués au deuil et à l'humilia- 
tion; 

99. Et voilà que les nations se 
sont assemblées contre nous, afin 
de nous perdreentierement ; vous 
savez ce qu'elles méditent contre 
nous. 

53. Comment pourrons-nous 
subsister devant leur face, si 
vous, ὁ Dieu, ne nous assistez 
point? 

54. Et ilsfirentretentirles trom- 
pettes avec un grand bruit. 

do. Et, apres cela, Judas établit 
des chefs du peuple, des tribuns, 


46. Maspha, avant que 16 temple fut bâti, était un lieu de prières (I Rois, vir, 5, 9); 
et sous Judas Machabée, le temple se trouvant souillé et profané par les nations, c'est 
à Maspha que les Juifs se rendaient, pour y faire comme ils pouvaient les exercices 
de leur religion. — * Maspha, la Neby-Samouil d'aujourd'hui, sur une hauteur d’où 
la vue domine Jérusalem, la mer Méditerranée et les montagnes à l'est du Jourdain, 
à cinq milles romains de Jérusalem, prés de Rama. 

48. Ils étendirent les livres. Les livres alors étaient en forme de rouleaux. — Dans 
lesquels les Genlils, etc. Les gentils cherchaient d'ordinaire dans les Livres sacrés des 
prétextes pour autoriser leurs fables et toutes leurs cérémonies sacrilèges. Les Juifs 
s'indignent de cette profanation, et conjurent le Seigneur de ne point la souffrir plus 
longtemps. 

49. Les ornements sacerdotaux qu'ils avaient sauvés du temple, lorsqu'Antiochus, 
et ensuite Apollonius, le profanèrent. — Les Nazaréens, après avoir accompli le temps 
de leurs vœux, devaient offrir des hosties dans le temple (Nomór., vi, 1 et suiv.); 
mais dans l'état où se trouvaient les Juifs, ils ne pouvaient que se présenter aux 
prétres, et prier le Seigneur de les mettre à méme d'exercer plus parfaitement son 
culte, en leur rendant l'usage du temple. Or c'est la prière qu'ils lui font en commun 
dans les vers. suivants. " 

94. Ils firent retentir, ete. La loi ordonnait aux prétres de sonner des trompettes 
avant le combat (Nombr., x, 8, 9). 

Des tribuns commandant à mille hommes; des centurions, à cent; des penta-‏ * .ספ 
contarques, à cinquante et des décurions, à dix.‏ 


<< 


(cu. 1v.] 


et des centurions, des pentacon- 
tarques, et des décurions. 

90. Et il dit à ceux qui bâtis- 
saient des maisons, et qui pre- 
naient des femmes et qui plan- 
taient des vignes, ainsi qu'aux 
timides, de retourner chacun en 
sa maison, selon la loi. 

57. Et ils levèrent le camp, et le 
posèrent au midi près d'Emmaüs. 

58. Et Judas dit : Ceignez-vous, 
etsoyez des fils puissants, et soyez 
prêts pour le matin, afin que vous 
combattiez contre ces nations qui 
se sont assemblées contre nous 
pour nous perdre entierement, 
nous et nos choses saintes ; 

59. Parce que mieux vaut pour 
nous de mourir dans le combat, 
que de voir les maux de notre 
nation et des choses saintes ; 

60. Mais que, comme sera la 
volonté de Dieu dans le ciel, 
ainsi il arrive. 


CHAPITRE IV. 


Judas Machabée attaque séparément Ni- 
canor et Gorgias, et les met en dé- 
route. 11 remporte 18 victoire sur Lysias. 
Il vaà Jérusalem, purifie les lieux saints, 
et fortifie la montagne de Sion. 


1. Alors Gorgias prit cinq mille 
hommes de pied, et mille cava- 
liers choisis, et ils leverent le 
camp durant la nuit, 


1 MACHABÉES. 


2179 
2. Afin de camper près du camp 
des Juifs et de les frapper sou- 
dain; et ceux qui étaient de la 
citadelle étaient leurs guides. 

3. Et Judas l'apprit, et il se leva 
lui et les vaillants pour frapper 
le gros des troupes du roi qui 
étaient à Emmaüs. 

4. Car l’armée était encore dis- 
persée hors du camp. 

ὃ. Et Gorgias vint durant la nuit 
au camp de Judas, et n'y trouva 
personne ; et il les cherchait sur 
les montagnes, disant : Ceux-ci 
fuient devant nous. 

6. Et lorsque le jour fut venu, 
Judas parut dans la plaine avec 
trois mille hommes seulement, 
lesquels n'avaient pas de bou- 
cliers, et de glaives; 

Et ils virent un camp de na-‏ .ד 
tions fort, et des cuirassiers, et‏ 
une cavalerie autour d'eux, et ces‏ 
hommes exercés au combat.‏ 

ὃ. Et Judas dit aux hommes qui 
étaient avec lui : Ne craignez 
point leur multitude, et n’appré- 
hendez point leur attaque. 

9. Souvenez-vous de quelle 
maniere nos peres furent sauvés 
dans la mer Rouge, lorsque Pha- 
raon les poursuivait avec une 
grande armée. 

10. Et maintenant crions au 
ciel; et le Seigneur aura pitié de 


CnaP. III. 56. Deut., xx, 5, 6, 7, 8; Juges, vir, 3. — (ΒΑΡ. IV. 9. Exode, xiv, 9. 


56. Selon la loi. Voy. Deutér., xx, 5 et suiv.; Juges, vit, 3. 
98. Ceignez-vous. Voy. sur cette expression, Habacuc, ui, 16. 


4. * Gorgias. Voir plus haut, mr, 38. 


2. Ceux qui, etc.; littér., et par hébraisme, Les fils qui, etc. 


6. De boucliers et de glaives; le texte grec et quelques exemplaires latins ajoutent: 
Comme ils les auraient voulus. On comprend en effet difficilement que les Juifs qui 
avaient déjà gagné deux batailles, qui avaient profité des dépouilles et des armes des 
troupes d'Apollonius et de Séron, fussent alors absolument sans boucliers et sanse 
glaives; et nest-il pas dit expressément un peu plus bas (vers. 45) qu'ils percérent 
par le glaive tous les soldats de Nicanor qui ne purent se sauver par la fuite? 


2180 
nous, et il se souviendra de l'al- 
liance de nos pères, et il brisera 
cette armée devant notre face au- 
jourd'hui. 

11.Et toutes les nations sauront 
qu'il y a un rédempteur et un li- 
bérateur d'Israël. 

12. Et les étrangers leverent les 
yeux, et ils les virent venant vis- 
à-vis. 

13. Et ils sortirent de leur camp 
pourle combat, etceux qui étaient 
avec Judas sonnèrent de la trom- 
pette. 

14. Et ils les chargerent, et les 
nations furent battues, et elles 
s'enfuirent dans la plaine. 

15. Mais les derniers tombèrent 
sous le glaive, et Judas et les 
siens les poursuivirent jusqu'à Gé- 
zéron et jusqu'aux champs de 11- 
dumée et d'Azot et de Jamnia; et 
il tomba d'entre eux jusqu'à trois 
mille hommes. 

16.Et Judas revint avec son ar- 
mée qui le suivait, 

17. Et il dit au peuple: Ne dési- 
rez pas les dépouilles, parce 
qu'une guerre est encore préparée 
contre nous, 

18. Et Gorgias et son armée sont 
près de nous sur la montagne; 
mais demeurez fermes mainte- 
nantcontre nos ennemis, et ache- 


1 MACHABÉES. 


(cu. 1v.] 


vez de les battre, et après cela, 
vous enlèverez leurs dépouilles 
en sûreté. 

19. Or, Judas parlant encore, 
voici qu'une certaine partie de 
l’armée regardait de la monta- 
gne; 

20. Et Gorgias vit que les siens 
avaient été mis en fuite, et que 
son camp avait été brülé; car la 
fumée qui paraissait montrait ce 
qui était arrivé. 

21. Ce qu'ayant aperçu, et 
voyant en même temps Judas et 
son armée dans la plaine, prête 
à combattre, ils eurent une gran- 
de frayeur. 

22. Et ils s'enfuirent tous dans 
le pays des étrangers ; 

23. Et Judas retourna pour les 
dépouilles du camp, etils empor- 
terent beaucoup d'or et d'argent, 
et de l'hyacinthe, et de la pourpre 
marine, et de grandes richesses. 

24. Et revenant, ils chantaient 
des hymnes et bénissaient Dieu, 
élevant la voix vers le ciel, di- 
sant : Parce qu'il est bon, parce 
qu'éternelle est sa miséricorde. 

95. Et une grande victoire fut 
remportée par Israël en ce jour- 
là. 

26. Or tous ceux des étrangers 
qui échappèrent, vinrent et an- 


18. Gézéron; probablement la méme ville que Gézer (II Rois, v, 2) ou Gazer, dans la 
tribu d'Ephraim (Josué, טא‎ 3; xxr, 21). — Idumée; petite contrée au midi de Juda. 
— Azot, Jamnia; villes des Philistins dont la première était à huit lieues et la se- 
conde à vingt-deux au sud d'Emmaüs. — Trois mille hommes furent tués sur place, 
sans compter ceux qui le furent dans la fuite, et qu'on peut évaluer à plus de six 
mille, puisque l'auteur du 115 livre des Machabées (vin, 24) porte le nombre général 
des morts à plus de neuf mille. 

22. * Dans le pays des étrangers, des Philistins. 

23. La pourpre marine se faisait avec le sang du poisson nommé purpura, et elle 
était plus estimée que celle qui se tirait de certaines herbes, — * La pourpre marine 

eétait de couleur écarlate; l’hyacinthe était une espèce de pourpre tirant sur le violet. 

24. Parce qu'il est bon, etc.; reprise ou refrain d'un cantique d'actions de gráces, et 
particuliérement du psaume cxxxv. , 


]68. 1v.] 


noncèrent à Lysias tout ce qui 
était arrivé. 

Ce qu'ayant entendu, celui-‏ .דפ 
ci consterné sentait son cœur dé-‏ 
faillir, parce qu'il n'était pas ar-‏ 
rivé en Israël comme il avait‏ 
voulu,etcomme avait commandé‏ 
le roi.‏ 

28. Et l'année suivante, Lysias 
réunit soixante mille hommes de 
pied choisis etcinq millecavaliers, 
pour soumettre les Juifs. 

99. Et ils vinrent en Judée, et 
poserent leur camp pres de Dé- 
thoron, et Judas vint à leur ren- 
contre avec dix mille hommes. 

30. Et ils virent l'armée puis- 
sante des ennemis, et Judas pria 
et dit : Soyez béni, sauveur d'Is- 
raél, vous qui avez brisé la force 
d'un géant par la main de votre 
serviteur David, et qui avez livré 
le camp des étrangers aux mains 
de Jonathas, fils de Saül, et de son 
écuyer. 

31. Enfermez cette armée dans 
la main de votre peuple Israél, et 
qu'ils soient confondus avec leur 
armée et leurs cavaliers. 

32. Inspirez-leur la frayeur, et 
détruisez leur force audacieuse, 
et qu'ils soient bouleversés dans 
leur ruine. 

33. Renversez-les avecle glaive 
de ceux qui vous aiment, afin que 
tous ceux qui connaissent votre 


30. I Rois, xvi, 50; I Rois, xiv, 13. 


I MACHABEES. 


2181 
nom vous louent par des hymnes. 

34. Et ils engagèrent le combat, 
et il tomba de l'armée de Lysias 
cinq mille hommes. 

39. Or Lysias, voyant la fuite 
des siens et l'audace des Juifs, qui 
étaient préts à vivre ou à mourir 
courageusement, s'en alla à An- 
tioche, et choisit des soldats, afin 
qu'étant plus nombreux qu'aupa- 
ravant,ils vinssent de nouveauen 
Judée. 

36. Mais Judas dit ainsi que ses 
frères : Voilà que nos ennemis 
ont été défaits; montons mainte- 
nant pour purifier leslieux saints 
et les renouveler. 

91. Et toute l'armée s'assembla, 
et ils montèrent à la montagne de 
Sion. 

38. Et ils virent les lieux saints 
déserts, et l'autel profané, et les 
portes brülées, et dans les parvis 
des arbustes qui s'étaient élevés 
comme dans une forét ou sur des 
montagnes, et les chambres dé- 
truites. 

39. Et ils déchirèrent leurs vé- 
tements, et ils firent un grand 
deuil, et ils mirent de la cendre 
sur leur tête; 

40. Et ils tombérent la face con- 
tre terre, et ils firent retentir les 
trompettes du signal, et ils crie- 
rent jusqu'au ciel. 

41. Alors Judas commanda des 


99. * Béthoron. Voir ru, 26. 


35. * Lysias. Voir plus haut ur, 22. — Antioche. Voir ur, 31. 
36. Purifier; c'est-à-dire, faire disparaitre les objets profanes, comme l'autel des 
idoles, etc. — Renouveler; c'est-à-dire, consacrer, destiner de nouveau au culte du 


Seigneur par la priére, les saerifices, etc. 


38. Les chambres (pastophoria); ce mot comprend les magasins et les habitations 


des prétres dans les parvis du temple. 


41. Afin de combattre contre ceuz, etc.; ou plutót, afin de leur résister, dans le cas 
oü ils voudraient empécher Judas et les siens de purifier le temple, 


2182 
hommes, afin de combattre con- 
tre ceux qui étaient dans la cita- 
delle, jusqu'à ce qu'ils eussent 
purifié les lieux saints. 

42. Et il choisit des prêtres sans 
tache, ayant le zèle de la loi de 
Dieu. 

43. Et ils purifièrent les lieux 
saints, et ils emportèrent les 
pierres de contamination en un 
lieu impur. 

44. Et Judas songea au sujet 
de l'autel des holocaustes qui 
avait été profané, à ce qu'il en 
ferait. 

45. Et il leur vint la bonne pen- 
sée de le détruire, de peur qu'il 
ne füt pour eux un opprobre, 
parce que les nations lavaient 
souillé; et ils le démolirent. 

46. Etils mirent les pierres sur 
la montagne de la maison dans 
un lieu convenable, jusqu'à ce 
que vint un prophète et qu'il pro- 
noncát à leur sujet. 

47. Et ils prirent des pierres 
entières, selon la loi, et ils bâti- 
rent un autel nouveau, semblable 
à celui qui existait auparavant; 

48. Et ils bátirent les lieux 
saints, et ce qui était dans l'inté- 
rieur de la maison, et ils sancti- 
fierent le temple et les parvis. 

49. Et ils firent de nouveaux 

,vases sacrés, οἱ ils porterent le 


I MACHABÉES. 


iv.]‏ .א" 
chandelier et l'autel des parfums‏ 
et la table dans le temple.‏ 

- 50. Et ils poserent l'encens sur 
l'autel, et allumèrent les lampes 
qui étaient sur le chandelier et 
qui éclairaient dans le temple. 

51. Et ils placèrent sur la table 
des pains, et ils suspendirent les 
voiles et achevèrent tous les ou- 
vrages qu'ils avaient faits. 

52. Et avant le matin ils se le- 
vèrent, le vingt-cinquième jour 
du neuvieme mois (c'est le mois 
de Casleu) en la cent quarante- 
huitième année; 

53. Et ils offrirent un sacrifice 
selon la loi, sur le nouvel autel 
des holocaustes qu'ils firent. 

54. Gefut dans le méme temps 
et dans le méme jour que les na- 
tions l'avaient souillé, qu'il fut 
rétabli au bruit des cantiques, 
des harpes, des lyres et des cym- 
bales. 

55. Et tout le peuple tomba la 
face contre terre, et ils adorerent, 
et bénirent jusqu'au ciel celui 
qui les avait fait prospérer. 

56. Et ils firent la dédicace de 
lautel durant huit jours, et ils 
offrirent des holocaustes avec 
joie, et un sacrifice d'actions de 
grâces et de louanges. 

57. Et ils ornèrent la facade du 
temple avec des couronnes d'or 


43. Les pierres de contamination, les pierres qui avaient été souillées en servant à 
l'autel sacrilège, dressé sur l'autel des holocaustes (1, 57). 
46. La montagne de la maison, la montagne où le temple était bâti. 


41. Selon la loi. Voy. Exode, xx, 25. 


48. De la maison, c'est-à-dire du temple. 


51. Des pains de proposition (Exode, xxv, 30). — Les voiles étaient à l'entrée du 


saint et du sanctuaire. 


52. Casleu. Voy. 1, 51. — La cent quarante-huilième année du règne des Grecs; elle 
répond à la cent soixante-troisiéme avant Jésus-Christ. 

55. Bénirent en élevant leurs voix jusqu'au ciel. 

57. Ils ornérent, etc., ils rétablirent autant qu'ils le purent la facade du temple, et 
ils y remirent des ornements pareils à ceux qu'Antiochus en avait enlevés. — Les. 


[cm. v.] 


et de petits boucliers; et ils dé- 
dièrent les portes du temple et 
les chambres, et ils y mirent des 
portes. 

. 58. Et il y eut une très grande 
joie parmi le peuple, et l'oppro- 
bre des nations fut banni. 

59. Et Judas établit, ainsi que 
ses frères et toute l'assemblée 
d'Israël, que le jour dela dédicace 
de l'autel serait célébré à des 
temps fixés, d'année en année, 
pendant huit jours, depuis le 
vingt-cinquième jour du mois de 
Casleu, avec allégresse et joie. 

60. Et ils construisirent en ce 
temps-là, surla montagne de Sion 
ettout autour,de hauts murs et de 
fortes tours, de peur que quelque 
jour les nations ne vinssent et ne 
la foulassent aux pieds, comme 
elles avaient fait auparavant; 

61. Et il y posta un corps de 
troupes, afin de la garder, et illa 
fortifia pour assurer Bethsura, 
afin que le peuple eüt une forte- 
resse en face de l'Idumée. 


59. Jean, x, 22. 


] MACHABEES, 2183 


CHAPITRE V. 


Guerres de Judas contre les Iduméens 
et contre les Ammonites. Expéditions 
de Simon dans la Galilée, et de Judas 
dans le pays de Galaad. Joseph et Aza- 
rias, laissés en Judée, s'avancent témé- 
rairement contre Gorgias, et sont vain- 
cus. Judas, revenu en Judée, marche 
contre les [duméens et contre les Phi- 
listins. 


1. Et il arriva que dès que les 
nations d'alentour apprirent que 
lautel et le sanctuaire avaient 
été bátis comme auparavant, elles 
furent tres irritées ; 

2. Et elles songeaient à détruire 
ceux delarace deJacob qui étaient 
parmi eux, etellescommencèrent 
à tuer quelques-uns d'entre le 
peuple et 0 poursuivre /es autres. 

3. Cependant Judas combattait 
les fils d'Esaü dans l'Idumée et 
ceux qui étaient. dans Acraba- 
thane, parce qu'ils cernaient les 
Israélites, et il les frappa d'une 
grande plaie. 

4. Et il se souvint de la malice 


couronnes et les petits boucliers étaient des monuments des victoires des Hébreux, 
et des marques de leur reconnaissance envers le Dieu des armées. — Les chambres. 
Voy. vers. 38. 

59. La dédicace de l'autel; fête connue dans l'Evangile sous le nom d'Encænia (Jean, 
x, 22). — A des temps fixés; littér., en ses temps (in temporibus suis). 

61. Bethsura; ville entre Jérusalem et Hébron, sur les frontières de l'Idumée. — 
* Bethsura, ville de la tribu de Juda, aujourd'hui Kherbet Beit-Sour, est située sur une 
colline isolée de trois côtés par de petites vallées et des rochers à pic. Le quatrième côté 
est adhérent au reste de la colline. Les rochers sont percés de grottes sépulcrales. 
Du côté du nord, contre la paroi du rocher, il y a un beau puits dont l'eau bonne à 
boire alimentait la ville actuellement ruinée. — Bethsura domine la route conduisant 
à Hébron qui se trouve à environ une heure et demie de marche plus au sud. Hébron, 
à cette époque, appartenait aux Iduméens. Les Syriens paraissent être venus plusieurs 
fois attaquer la Judée en contournant le sud de la mer Morte et en arrivant par con- 
séquent en Juda par l'Idumée, De là l'importance de Bethsura. C'était la première 
place forte du domaine de la Judée qui pouvait arréter les Syriens dans leur marche. 


3, Acrabathane; lieu situé vers l'extrémité méridionale de la mer Morte, frontière 
de l'Idumée. C'est probablement le défilé qui est nommé ailleurs la Montée des Scor- 
pions. Compar. Nombr., xxxiv, 4; Josué, xv, 3, etc. 

4. Les fils de Béan sont inconnus d'ailleurs. Il y avait prés de la mer Morte une 
ville nommée Béon (Nombr,, xxxi, 3); c'est peut-être la même que Béan. 


2184 


des fils de Béan, qui étaient pour 
le peuple un lacs et une pierre 
d'achoppement, tendant des em- 
büches sur la voie. 

5. Et ils furent enfermés parlui 
dans les tours, et il les investit, 
et il les dévoua à l'anatheme, et 
brüla leurs tours avec tous ceux 
qui étaient dedans; 

6. Et il passa chez les fils d'Am- 
mon, et il y trouva de fortes 
troupes, un peuple nombreux, et 
Timothée leur chef; 

7. Et il engagea avec eux beau- 
coup de combats, et ils furent 
défaits en présence des Israélites, 
et il les tailla en pièces. 

8. Et il prit la cité de Gazer et 
ses filles, et il revint en Judée, 

9. Et les nations qui étaient en 
Galaad s'assemblerent contre les 
Israélites qui étaient dans leurs 
confins, pourlesexterminer ; mais 
ils s'enfuirent dans la forteresse 
de Datheman. 

10. Et ils envoyerent des lettres 
àJudas et à ses freres, disant : 
Les nations se sont assemblées 


1 MACHABÉES. 


[cu. v.] 
de tous côtés pour nous perdre; 

11. Et elles se préparent à venir 
et à occuper la forteresse dans la- 
quelle nous nous sommes retirés; 
et Timothée est le chef de leur 
armée. 

19. Maintenant donc, venez et 
arrachez-nous de leurs mains, 
parce qu'une multitude d'entre 
nous est déjà tombée. 

13. Et tous nos freres qui étaient 
aux environs de Tubin ont été 
tués ; et Jes ennemis ont emmené 
en captivitéleurs femmes et leurs 
enfants, et emporté les dépouil- 
les, et ils ont tué en ce lieu-là 
pres de mille hommes. 

14. Onlisait encore leurs lettres, 
et voici que d'autres messagers 
vinrent de Galilée, avec des tuni- 
ques déchirées, apportant de sem- 
blables nouvelles. 

15. Disant qu'on s'était assem- 
blé contre eux de Ptolémaide, de 
Tyr et de Sidon; et toute la Gali- 
lée est remplie d'étrangers, afin 
de nous détruire entierement. 

16. Or, dés que Judas et le peu- 


————  ———— ——— —— M M —— M — ——— 


5. L'anathéme; c'est-à-dire, l'extermination entiére. 

6. * Les fils d'Ammon habitaient au nord-est de la mer Morte, entre l'Arnon et le 
Jaboc. Ils avaient pour capitale Rabbath-Ammon, sur le cours supérieur du Jaboc .— 
Timothée, qui porte un nom grec, ne devait pas étre Ammonite, mais le général syrien 
de ce nom (II Machabées, x, 24). 

8. Ses filles; c'est-à-dire, suivant le style de l'Ecriture, les villes ou les villages qui 
en dépendaient. — * Gazer, ville de la tribu de Gad, qui, à l'époque des rois, était 
tombée au pouvoir des Moabites et appartenait maintenant aux Ammonites. C'est pro- 
bablement l'es-Ssir actuel, à la source de l'ouadi de ce nom, à l'ouest de Rabbath- 
Aminon ou Philadelphie et au nord d'Hésébon. 

9. Datheman, forteresse d'ailleurs inconnue; le grec lit Dathema, que quelques-uns 
confondent avec Rathma (Nombr., xxxur, 18). Il est certain qu'en hébreu les lettres 
d et r ont la plus grande ressemblance. 

11. Timothée, selon plusieurs interprètes, n'est pas celui du vers. 6, lequel fut tué 
avec son frère Chéréas à Gazara l'année précédente (II Machab., x, 31). 

13. Tubin, probablement la terre de Tob, au delà du Jourdain, dans le pays de 
Galaad (Juges, x1, 3, 5). 

45. * Ptolémaide, l Accho du livre des Juges, port de la Méditerranée, à l'embouchure 
du Bélus, prés du mont Carmel, appelée plus tard Saint-Jean-d'Acre. Elle avait pris 
d'un des Ptolémées d'Egypte son nom grec de Ptolémaide.— La Galilée, partie septen- 
trionale de la Palestine, οὰ les étrangers, c'est-à-dire les paiens, étaient mélés aux 
Juifs. 


[cn. v.] 


ple entendirent ces paroles, une 
grande assemblée se réunit pour 
songer à ce qu'ils feraient pour 
leurs frères qui étaient dans la 
tribulation, et vivement attaqués 
par leurs ennemis. 

17. Et Judas dit à Simon, son 
frère : Choisis-toi des hommes, et 
va, et délivretes frères en Galilée ; 
mais moi et mon frère Jonathas, 
nous irons en Galaad. 

18. Et il laissa Joseph, fils de 
Zacharie, et Azarias, chefs du peu- 
ple, avec le reste de l'armée en 
Judée, pour 70 garder; 

19. Et il leur ordonna, disant : 
Restez àla téte de ce peuple, et 
n'engagez pas de combat contre 
les nations jusqu'à ce que nous 
soyons revenus. 

20. Et l'on donna à Simon trois 
mille hommes pour sa part, afin 
qu'il allât en Galilée, mais à Ju- 
das huit mille pour aller en Ga- 
laad ; 

21. Et Simon s'en alla dans la 
Galilée, etil engagea beaucoup de 
combats avec les nations, et les 
nations furent défaites devant sa 
face, et illes poursuivit jusqu'àla 
porte 

92. De Ptolémaide ; et il tomba 
pres de trois mille hommes des 


I MACHABÉES. 


2185 


nations; et il emportla leurs dé- 
pouilles, 

23. Et il prit avec lui les Juifs 
qui étaient dans la Galilée et dans 
Arbates, avec leurs femmes et 
leurs enfants et tout ce qui leur 
appartenait, et il les emmena en 
Judée avec une grande joie. 

24. Et Judas Machabée et Jona- 
thas, son frere, passèrent le Jour- 
dain, et firent un chemin de trois 
jours à travers le désert. 

95. Et les Nabuthéens vinrent à 
leur rencontre, et ils les recurent 
dans un esprit de paix, et ils leur 
raconterent tout ce qui était ar- 
rivé à leurs freres en Galaad; 

26. Et que beaucoup d'entre eux 
avaient 616 enfermés dans Ba- 
rasa, et Bosor, et dans Alimas, et 
dans Casphor, et Mageth, et Car- 
naim; c'étaient toutes des cités 
forlifiées et grandes. 

Iis ajoutérent : Mais encore‏ .דפ 
dans toutes les autres cités de‏ 
Galaad on les tient enfermés, et‏ 
leurs ennemis ont résolu de faire‏ 
approcher le lendemain une ar-‏ 
mée contre ces cités, et de les‏ 
prendre et de les exterminer fous‏ 
en un seul jour.‏ 

28. Et Judas, ainsi que son ar- 
mée, dirigea aussitót sa marche 


18. * Joseph et Azarias ne nous sont pas autrement connus. 


23. Arbates, que quelques-uns croient être pris de l'hébreu Araboth ou mieux Ha- 
raboth, lieux stériles, incultes, plaines, pourrait cependant signifier une ville, ou une 
petite contrée de la Galilée, puisque Abialbon, un des vaillants guerriers de David, 
est qualifié d’Arbathile, c'est-à-dire, natif d'Arbates (II Rozs, xxur, 31). 

25. Les Nabuthéens; le grec porte ici Nabaléens, et, 1x, 35, Naccaléens. On les fait 
descendre de Nabaioth, fils aîné d'Ismaél (Genèse, xxv, 13); mais il faut avouer que 
cette filiation ne repose sur aucun témoignage des écrivains sacrés. 

96 Les villes ici mentionnées étaient situées dans le pays de Galaad, mais elles 
sont en partie inconnues. — * Bosor. Voir Deuléronome, iv, 43. — Barasa est proba- 
blement Bosra, une des villes les plus importantes du Hauran. — Carnaim, Astaroth- 
Carnaim, à l'est de la mer Morte, aujourd'hui Tell Aschtere, entre Noua et Mezareib. 
— Casphor, appelée Casbon, vers. 26, la méme probablement que Casphin (II Ma- 
chabées, xu, 13), est identifiée par plusieurs avec le Khastin actuel, à l'est du lac de 
Tibériade. 


2186 


vers le désert de Bosor, etil occu- 
pa la cité, et il tua tout mâle par 
le tranchant du glaive, et il prit 
toutes leurs dépouilles, etil mitle 
feu à la cité. 

29. Et 115 en sortirent durant la 
nuit, et ils allaient jusqu'à la for- 
teresse. 

30. Et il arriva qu'au point du 
jour, lorsqu'ils eurent levé les 
yeux, ils apercurent une troupe 
innombrable de gens portant des 
échelles et des machines, afin de 
s'emparer de la forteresse et de 
se rendre maitre de ses défen- 
seurs. 

31.Judas vit donc que la guerre 
était commencée, et que le cri de 
la guerre montait vers le ciel, 
comme /e son de la trompette, et 
qu'un grand cri s'élevait de la 
cité. 

32. Et il dit à son armée 
Combattez aujourd'hui pour vos 
freres. 

33. Et il vint en trois corps der- 
riere les ennemis, et ils firent re- 
tentir les trompettes et ils poussè- 
rent des cris dans /eur prière. 

34. Et le camp de Timothée re- 
connut que c'était Machabée, et il 
s'enfuit devant lui, et les Juifs les 
frappèrent d'une grande plaie, et 
il tomba d'entre eux, en ce jour- 
là, prés de huit mille hommes. 


I MACHABÉES. 


[cu. v.] 

35. Et Judas s'en alla à Maspha, 
et il l'attaqua vivement et la prit, 
etil tua tous les máles, et rem- 
porta ses dépouilles, et y mit le 
feu. 

36. De 18 il s'avanca, et prit Cas- 
bon, et Mageth, et Bosor et les 
autres cités de Galaad. 

87. Après cela, Timothée as- 
sembla une autre armée, et posa 
son camp vis-à-vis de Raphon, au 
delà du torrent. 

38. Et Judas envoya reconnai- 
tre cette armée, et l'on revint à 
lui, disant : Elles se sont réunies 
à Timothée, toutes les nations 
qui sont autour de nous; leur 
armée est trés nombreuse. 

39. Et ils ont fait venir les Ara- 
bes à leur secours, et ils ont posé 
leur camp au delà du torrent, 
préts à venir vers vous pour un 
combat. Et Judas alla à leur ren- 
contre. 

40. Alors Timothée dit aux prin- 
cipaux de son armée : Lorsque 
Judas et son armée se seront ap- 
prochés du torrent d'eau, s'il s'a- 
vance vers nous le premier, nous 
ne pourrons lui résister, parce 
quil sera trés puissant contre 
nous; 

41. Mais s'il craint de passer, et 
qu'il pose son camp au delà du 
fleuve, traversons-/e, allons à 


29. La forteresse de Datheman. Voy. vers. 9. 


35. * Maspha désigne ici une ville du pays de Galaad dont la situation précise n'est 
pas connue. — Casbon est Casphor. Voir vers. 26. 

31. Aprés cela; littér., aprés ces paroles (post hzc verba). Nous avons déjà remarqué 
plus d'une fois qu'en hébreu, le mot parole signifie aussi chose, fait, événement. — 
Du torrent de Jéboe ou Jaboc sur la frontière des Ammonites (Deutér., 111, 16; Jo- 
sué, xu, 2). — * Raphon, ville de la Décapole, qui n'était pas éloignée d'Astaroth- 
Carnaim, — Au delà du torrent, probablement l'Hiéromax ou Mandhour, qui grossit 
considérablement au moment de la fonte des neiges. 

38. Disant ; littér. disant que (dicens quia); ce que, en vertu d'un hébraisme. est ici 
purement pléonastique, car il signifie proprement disant. 

40. Il sera très puissant; littér. et par hébraisme : Pouvant, il pourra. 


cR. v.] 


eux, et nous serons puissants 
contre lui. 

49. Or, lorsque Judas fut pro- 
che du torrent d'eau, il placa les 
scribes du peuple le long du tor- 
rent, etleur commanda, disant : 
5 laissez aucun homme ci, mais 
quils viennent tous au combat. 

43. Et il traversa Ze torrent le 
premier, allant aux ennemis, et 
tout le peuple après lui; et toutes 


les nations furent défaites devant 


leur face, et elles jetèrent leurs 
armes; et elles s'enfuirent vers 
le temple qui était à Carnaïm. 

44. ἘΠῚ) s'empara de la cité elle- 
même et brüla le temple avec 
tous ceux qui étaient dedans; et 
Carnaïm fut écrasée, et ne put 
subsister devant la face de Judas. 

45. AlorsJudasassemblatousles 
Israélites qui étaient en Galaad, 
depuis le plus petit jusqu'au plus 
grand, et leurs femmes et leurs 
enfants, et une fort grande ar- 
mée, afin qu'ils vinssent dans la 
terre de Juda. 

46. Et ils vinrent jusqu'à 
Ephron; or, cette ville, située à 
l'entrée du pays, était grande et 
très fortifiée, et il n'était pas pos- 
sible de s'en détourner à droite ou 
à gauche, mais au milieu était le 
chemin. 

41. Et ceux qui étaient dans la 
cité se renfermèrent, et bouchè- 
rent les portes avec des pierres; 


I MACHABÉES. 


2187 


et Judas envoya vers eux avec 
des paroles de paix, 

48. Disant : Souffrez que nous 
passions par votre terre, afin que 
nous allions dans notre terre; et 
personne ne vous nuira : nous ne 
ferons seulement que passer. 
Mais ils ne voulaient pas leur ou- 
vrir. 

49. Alors Judas ordonna de pu- 
blier dans le camp que chacun 
attaquát dans le lieu dans lequel 
il se trouvait; 

50. Et les hommes les plus vail- 
lants attaquèrent; et il donna l'as- 
saut àla cité durant tout le jour 
et toute la nuit, et la cité fut li- 
vrée entre ses mains; 

51. Et ils tuèrent tousles mâles 
parle tranchant du glaive, et il 
détruisit la cité jusqu'aux fonde- 
ments, et il emporta ses dépouil- 
les, et il traversa toute la cité sur 
les tués. 

52. Ils passèrent ensuiteleJour- 
dain dans la grande plaine, vis-à- 
vis de Bethsan. 

53. EtJudas ralliait les derniers, 
et il exhortait le peuple dans tout 
le chemin, jusqu'à ce qu'ils vin- 
rent dans la terre de Juda; 

54. Et ils montèrent sur 18 mon- 
tagne de Sion avec allégresse et 
joie, et ils offrirent des holocaus- 
tes, parce que personne d'entre 
eux n'avait succombé, jusqu'à ce 
quils fussent revenus en paix. 


42. Les scribes du peuple ou officiers qui tenaient les róles, levaient les troupes, 
les congédiaient, et étaient chargés de ce qui regardait les approvisionnements de 


l'armée. 


46. * Ephron était située dans un étroit défilé à l’est du Jourdain. Son site n'a pas 


été retrouvé. 


48. Nous ne ferons, etc.; littér., seulement par les pieds nous passerons. — Leur, 


c'est-à-dire, à Judas et aux siens. 


52. La grande plaine, ou le grand champ d'Esdrélon, appelée aussi la vallée de Jez- 
rahel. — Bethsan, la Scythopolis des Grecs, était située au-dessous du lieu où le 


Jourdain sort du lac de Génésareth. 


2188 


55. Et pendant les jours aux- 
quels Judas était, ainsi que Jona- 
thas, dans la terre de Galaad, et 
Simon, son frère, dans la Galilée, 
vis-à-vis de Ptolémaide, 

56. Joseph, fils de Zacharie, ap- 
prit ainsi qu'Azarias, prince de 
l'armée, les exploits des autres et 
les combats qui avaient été li- 
vrés, 

51. Et il dit : Faisons-nous aussi 
nous-mémes un nom, et allons 
combattre contre les nations qui 
sontautour de nous. 

98. Et il donna des ordres à 
ceux qui étaient dans son armée, 
et ils allérent vers Jamnia. 

59. Et Gorgias sortit de la cité 
ainsi que ses hommes, au-devant 
d'eux. 

60. Et Joseph et Azarias furent 
mis en fuite jusqu'aux confins de 
la Judée; et il tomba en ce jour- 
là du peuple d'Israél environ deux 
mille hommes, et la fuite fut 
grande parmi le peuple; 

61. Parce qu'ils n’écoutèrent 
point Judas et ses frères, s'ima- 
ginant qu'ils signaleraient leur 
courage. 

62. Mais ils n'étaient pas eux- 


I MACHABÉES. 


[cu. v.] 


mémes de la race de ces hommes 
par qui le salut a été opéré en 
Israél. 

63. Orles hommes de Judas fu- 
rent en grand honneur aux yeux 
de tout Israël et de toutes les na- 
tions oü on entendait leur nom. 

64. Et l'on vint en foule à eux 
avec des acclamations de joie. 

65. Et Judas sortitainsi que ses 
freres, et ils combattirent les fils 


'd'Esaü dans la terre qui est vers le 


midi, et il frappa Chébron et ses 
filles; et il mit le feu à ses murs 
et aux tours qui l'environnaient. 

66. Et il leva son camp afin 
d'aller dans 18 terre des étrangers, 
et il parcourait la Samarie. 

67. En ce jour-là des prêtres 
succombèrent dans la guerre, 
voulant signaler leur courage, en 
sortant sans réflexion pour un 
combat. 

68. Et Judas se détourna pour 
aller vers Azot, dans la terre des 
étrangers, et il renversa leurs 
autels, et livra au feu les images 
de leurs dieux taillées au ci- 
seau ; et il prit les dépouilles des 
cités, et il revint dans la terre de 
Juda. 


58. * Jamnia dans le pays des Philistins. Voir plus haut, 1v, 15. 

59. D’eux ; 668 Israélites. — * Gorgias. Voir plus haut, rmi, 38. 

65. Il frappa. C'est Judas qui est le sujet de ce verbe et de tous les suivauts qui 
sont au singulier. — Chébron, probablement la même qu'IIébron, ville célèbre dans 
la partie méridionale de Juda. Les deux noms en effet ont dà avoir en hébreu la 
méme lettre initiale dont la prononciation pouvait étre différente, par rapport aux 
circonstances de temps et de lieux. On dit encore aujourd'hui cheth et he(h, pour 
désigner la huitième lettre de l'alphabet hébreu. 
íi 66. * La Samarie. L'ancienne Italique et Josèphe lisent Marisa, au lieu de Samaria, 
Comme il est peu vraisemblable que Judas Machabée soit allé passer au nord par la 
Samarie en partant d'Hébron au sud pour revenir ensuite dans le pays des Philis- 
tins, la leçon Marisa paraît préférable. C'était une ville de Juda, dans le voisinage de 


Beit-Djibrin. 


61. Voulant. etc. Nous avons cru devoir traduire littéralement d'après le grec, 
parce que la Vulgate, quoique rendant fidèlement ce texte, ne saurait s'accommoder 


aux exigences de notre langue. 


68. Pour aller; mots sous-entendus en vertu d'un hébraisme usité dans la Bible, 


(cu. vi. 


CHAPITRE VI. 


Mort d'Antiochus Epiphane; son fils Eu- 
pator lui succéde. Eupator vient en 
Judée avec une puissante armée. Prise 
de Bethsur. Les Juifs sont assiégés 
dans le temple. Paix entre Eupator et 
les Juifs. 


1. Etleroi Antiochus parcourait 
les hautes provinces, et il apprit 
qu Elymaide, en Perse, était une 
cité très célèbre et abondante en 
argent et en or, 

2. Et quil y avait un temple 
trés riche, oü étaient les voiles 
d'or, les cuirasses, et les bou- 
cliers que laissa Alexandre, roi 
de Macédoine, fils de Philippe, 
lequel régna le premier dans la 
Grèce. 

3. Et il vint, et il cherchait à 
s'emparer de cette cité et à la pil- 
ler; mais il ne le put, parce que la 
chose fut connue à ceux qui 
étaient dans la cité. 

4. Et ils se soulevèrent pour un 
combat, et il s'enfuit et s'en alla 
dans une grande tristesse, et il 
revint vers Babylone. 

9. Et vint quelqu'un qui lui an- 
nonca en Perse que le camp qui 
était dans la terre de Juda avait 
été mis en fuite; 

6. Et que Lysias était allé, avec 
une armée des plus fortes, et qu'il 
avait été mis en fuite à la face des 


1 MACHABÉES. 


2189 
Juifs, et que ceux-ci étaient deve- 
nus plus forts par les armes, et 
parles troupes, et par les nom- 
breuses dépouilles qu'ils avaient 
enlevées de son camp, qui avait 
été détruit; 

1. Et qu'ils avaientrenversé l'a- 
bomination qu'il avait construite 
sur l'autel qui était à Jérusalem, 
et que le lieu saint, ils l'avaient 
entouré comme auparavant de 
hauts murs aussi bien que Beth- 
sura, leur cité. 

8. Or il arriva que, des que le 
roi apprit ces choses, il fut épou- 
vanté et trés agité ;et il se mit au 
lit et tomba dans la langueur à 
cause de sa tristesse, parce que 
rien n'étaitarrivé commeil l'avait 
pensé. 

9. Et il fut là pendant bien des 
jours, parce qu'une grande tris- 
tessese renouvelaen lui;et ilcrut 
qu'il allait mourir. 

10. Etil appelatous ses amis,et 
leur dit: Le sommeil s'est éloigné 
de mes yeux, et je suis abattu, et 
j'ai défailli par le cœur, à cause de 
mon chagrin. 

11. Et j'ai dit en mon cœur : A 
quelle tribulationsuis-je arrivé, et 
à quels flots de la tristesse main- 
tenant je me trouve, moi qui 
étais joyeux et chéri dans ma 
puissance ! 

12. Mais maintenant je me sou- 


] 


Voy. t. II, p. 342, 2e — * Vers Azot, dans la plaine de la Séphéla, au nord d'Acca- 
ron. — Dans la terre des étrangers, c'est-à-dire des Philistins. 


1. Elymaide; était appelée aussi Persépolis. Voy. II Machab., 1x, 2. — * Ou plutôt. 


il faut traduire, comme le portent les meilleurs manuscrits grecs : 


ll y a en Ely- 


maide, province qui fait partie du royaume de Perse, une ville, etc. Cette ville n'est 
pas nommée ici; l'auteur sacré n'indique que la région dans laquelle ellese trouve, 


2. * Alexandre. Voir plus haut, 1, 1-9, 
3. La chose (sermo). Voy. v, 31. 

1. Bethsura. Voy. 1v, 61. 

10. * Ses amis. Voir plus haut, rr, 18, 


2190 


viens des maux que j'ai faits dans 
Jérusalem, d'où j'ai emporté tou- 
tes 168 dépouilles d'or et d'argent 
qui y étaient, et j'ai envoyé dé- 
truire sans motif ceux qui habi- 
taient la Judée. 

18. Je reconnais donc que c’est 
à cause de cela que ces maux sont 
tombés sur moi; et voici que, par 
une grande tristesse, je péris dans 
une terre étrangère. 

14. Alors il appela Philippe, l'un 
de ses amis, et le préposa sur tout 
sonroyaume; 

15. Il lui donna son diademe, 
et sa robe, et son anneau, afin 
qu'il ramenât Antiochus, son fils, 
et qu'il 161684, et que celui-ci ré- 
gnât. 

16. Et Antiochus le roi mourut 
là, en l’année cent quarante-neu- 
vième. 

17. Et Lysias apprit que le roi 
était mort, etil établitpourrégner 
Antiochus, son fils, qu'il avait 
élevé tout jeune, et il appela son 
nom Eupator. 

18. Or ceux qui étaient dans la 
citadelle avaient fermé à Israél 
toutes les avenues autour des 
saints lieux, et ne cherchaient 
qu'à leur faire du maletà fortifier 
-es nations. 

19. Et Judas songea à les perdre 


MACHABÉES.'‏ ז 


[ca. vr.] 
entierement, et il convoqua tout 
le peuple afin de les assiéger; 

20. Et ils vinrent tous ensemble 
et les assiégerent en l'année cent 
cinquantieme, et firent des balis- 
les et d'autres machines. 

21. Et quelques-uns de ceux qui 
étaient assiégés sortirent, et quel- 
ques impies d'Israélse joignirent 
à eux. 

22. Et ils allèrent vers le roi,et 
dirent : Jusqu'à quand ne ferez- 
vous pas justice, et ne vengerez- 
vous pas nos frères? 

23. Nous nous sommes engagés 
à servir votre père et à marcher 
dans ses préceptes, et à obéir à 
ses édits. 

24. Et les fils de notre peuple, 
à cause de cela, s'éloignaient de 
nous, et tous ceux qui étaient 
trouvés d'entre nous étaient tués, 
et nos héritages étaient pillés. 

25. Et ce n'est passur nous seu- 
lement qu'ils ont étendu leur 
main, mais c'est aussi sur tous 
nos confins. 

26. Et voici qu'ils sont venus au- 
jeurd'hui assiéger la citadelle de 
Jérusalem pour s'en rendre mai- 
tres, et la forteresse Bethsura, ils 
l'ont fortifiée. 

27. Et si vous ne les prévenez 
au plus vite, ils feront plus que 


13. * Dans une terre étrangère. Antiochus Epiphane mourut à Tàbés, en Perse. 


14. * Philippe, frère de lait d'Antiochus Epiphane, 11 Machab., 1x, 29, est vraisem- 
blablement le Phrygien, dont les Juifs avaient eu beaucoup à 80 plaindre, 1] Machab., 
v, 22, Àntiochus Epiphane le chargea de gouverner le royaume après sa mort, pendant 
la minorité d'Antiochus V, mais il fut chassé d'Antioche par Lysias qui gouvernait au 
nom d'Antiocius V Eupator. Voir plus haut, 111, 32. Philippe fut obligé de se réfugier en 
Egypte, 11 Machaë., x, 29. 

16. L'année cent quarante-neuvieme du règne des Grecs; elle répond à la cent 
soixante-deuxième avant Jésus-Christ. 

11. * Lysias. \ שנס‎ plus haut, iu, 32. — Antiochus V Eupalor, fils d'Antiochus Epi- 
phane, avait neuf ans, d'après Appien, à la mort de son père (quatorze, d’après Eusèbe). 
Pendant les deux ans qu'il régna nominalement, il ne fut qu'un instrument entre les 
mains de Lysias (164-1062). 11 périt par l'ordre de son cousin Démétrius I*" qui se rendit 
maitre du royaume. 


Fes 


(ca. vi.] 
cela, et vous ne pourrez les assu- 
jettir. 

28. Et le roi fut irrité dès qu'il 
entendit cela; et il convoqua tous 
ses amis et les princes deson ar- 
mée, et ceux qui commandaient 
la cavalerie ; 

29. Mais aussi des autres royau- 
mes et des iles maritimes vin- 
rent vers lui des troupes merce- 
naires. 

30. Et le nombre de son armée 
était de cent mille hommes de 
pied, et de vingt mille cavaliers et 
de trente-deux éléphants dressés 
au combat. 

31. Et ils vinrent par l'Idumée, 
etassiégerent Bethsura, etils com- 
battirent durant bien des jours, et 
ils firent des machines; et les as- 
siégés sortirentet y mirentle feu, 
et ils combattirent avec un grand 
courage. 

32. Et Judas s'éloigna de la ci- 
tadelle, porta son camp vers 
Bethzachara, vis-à-vis du camp du 
roi. 

33. Et le roi se leva avant le 
jour, et fit marcher ses troupes 
avec impétuosité sur la voie de 


1 MACHABÉES. 


2191 


Bethzacharà ; et les armées se pré- 
parerent au combat, et sonnerent 
des trompettes. 

34. Ils montrèrent aux élé- 
phants du sang de raisin et de 
müre, pour les animer au combat ; 

88. Et ils partagèrent les bêtes 
par légions; et près de chaque 
éléphant se tenaient mille hom- 
mes avec des cottes de mailles, 
et des casques d'airain étaient sur 
leurs tétes; et cinq cents cava- 
liers choisis avaient ordre de se 
tenir toujours pres de chaque 
béte. 

36. Ceux-ci, en quelque lieu 
qu'était la béte, ils y étaient au- 
paravant; et partout où elle allait, 
ils y allaient, et ils ne s'écartaient 
pas d'elle. 

31. Mais il y avait aussi sur les 
éléphants de fortes tours de bois 
qui mettaient à couvert chaque 
bête; et sur les tours étaient des 
machines; et sur chaque tour 
trente-deux vaillants hommes qui 
combattaient d'en haut; et un 
Indien 6/0 le conducteur de 8 
béte. 

38. Et le reste de la cavalerie, 


28. * Le roi Antiochus V. Malgré sa jeunesse, les ambassadeurs parlent devant lui, 
ou bien, selon un usage commun, ce que fait Lysias lui est attribué. — Ses «mis, ses 
conseillers, voir 11, 18. 

32. Bethzachara, lieu entre Jérusalem et Bethsura. — * ἃ quatre heures de dis- 
tance au sud-ouest de Jérusalem. 

34. * Les éléphants aiment beaucoup le vin et les liqueurs enivrantes. Pour les irri- 
ter, on leur montre seulement, au lieu de 16 leur faire boire, le sang de raisin et de 
mire, c'est-à-dire du vin rouge, et une liqueur spiritueuse faite avec des müres de 
mürier. 

31. On croit avec raison que ces éléphants étaient de l'Inde, et par conséquent 
beaucoup plus gros et plus forts que ceux d'Afrique. Les faits rapportés par Pline et 
par plusieurs autres auteurs prouvent que l’Ecriture n'exagére nullement dans ce 
qu'elle dit iei de ces animaux. — * Un éléphant ne pouvait porter £rente-deuz hommes, 
ce qui est matériellement impossible, mais au plus quatre ou cinq combattants. Il y 
a ici ou une fausse traduction ou une altération de chiffres. Le texte hébreu original 
avait probablement deux ou trois hommes, d'oü l'on a tiré trente-deux par une fausse 
combinaison de chiffres. 

38. Le reste de la cavalerie, etc. Chez les anciens, la cavalerie servait à couvrir les 
flancs des troupes de pied. 


2192 


il le placa d'un côté et de l'autre 
sur les deux ailes, pour exciter 
l'armée parle son des trompettes, 
et pour animer /'infanterie serrée 
dans ses bataillons. 

39. Or, dès que le soleil eût lui 
sur les boucliers d'or et d'airain, 
les montagnes resplendirent de 
leur éclat, et elles resplendirent 
comme des lampes ardentes. 

40. Et une partie de l'armée du 
roi se répanditle long des hautes 
montagnes, et lautre dans les 
lieux bas; et tous allaient avec 
précaution et avec ordre. 

44. Et tousles habitants du pays 
étaient émus des cris de la multi- 
tude, et de la marche de la foule, 
et du fracas des armes; car l'ar- 
mée était grande et forte. 

42. Et Judas s'avanca, ainsi que 
son armée, pour le combat, et il 
tomba six cents hommes de l'ar- 
mée du roi. 

49. Alors Eléazar, fils de Saura, 
vit une des bêtes, caparaconnée 
de caparacons royaux, et plus 
grande que toutes les autres bé- 
tes, crut que le roi était dessus; 

44. Et il se dévoua atin.de déli- 
vrer son peuple, et pour s'acqué- 
rir un nom immortel. 


1 MACHABÉES. 


(en. vi.] 


45. Et ilcouruthardiment à elie 
au milieu de la légion, tuant à 
droite et à gauche, et les ennemis 
tombaient 68 et là sous ses coups. 

46. Et il alla entre les pieds de 
l'éléphant, et 11 se mit sous lui, et 
le tua; et l'éléphant tomba par 
terresur lui, et Eléazar mourut là. 

47. Or les Juifs, voyant la force 
du roi et l'impétuosité de son ar- 
mée, se retirerent en s'éloignant 
d'eux. 

48. Mais l'armée du roi monta 
contre eux àJérusalem, et l'armée 
du roi s'avanca en Judée et pres 
de la montagne de Sion. 

49. Et Je roi fit la paix avecceux 
qui étaient dans Bethsura, et ils 
sortirent de la cité, parce qu'il 
n'y avait pas de vivres pour ceux 
qui y étaient enfermés, parce que 
c'étaient les sabbats de la terre. 

50. Ainsi le roi prit Dethsura, et 
y mitune garnison pourlagarder. 

51. Et il fit marcher ses troupes 
vers le lieu saint, où à demeura 
bien des jours; et il y établit bien 
des balistes et des béliers, et des 
falariques, et des machines pour 
jeter des pierres, et des dards, 
et des scorpions pour lancer des 
flèches, et des frondes. 


QE 


49. * Eléazar, fils de Saura. On doit lire ici comme 1, 5, Eléazar qui était sur- 
nommé Abaron, un des fréres de Judas Machabée. La signification de ce surnom est 
inconnue. Eléazar, voyant cet éléphant couvert de caparagons royaux, crut qu'il 
portait le roi et se dévoua pour le faire périr, dans l'espoir que la mort du roi, pri- 
vaut l’armée et Lysias de son chef nominal, en entrainerait la défaite, mais, dit 
Josèphe, le roi n'était pas sur cet éléphant et peut-être méme n'assistait-il pas au 
combat à cause de sa jeunesse et parce que Lysias tenait à ménager sa vie, dont son 
pouvoir dépendait. 

46. Sous lui, sous son ventre, qui est l'endroit où l'éléphant a la peau la moins dure. 

48. Et l'armée du roi s'avanga. C'est un autre corps de troupes, une autre partie 
de l'armée. 

49. Les sabbats de L4 terre, l'année sabbatique, durant laquelle on laissait la terre 
en repos, sans la travailler, sans qu'il füt permis de semer et de récolter. 

51. Saint; littér., de sunctificution. Voy. 1, 23. — * Des balistes, machines de guerre 
pour lancer des pierres. — Béliers, autres machines de guerre avec lesquelles on 
battait les murs d'uue ville. — Des falariques, tlèches incendiaires. — Des scorpions, 


(cu. vir.] 


59. Or 165 assiégés firent aussi 
eux-mémes des machines contre 
leurs machines, et ils combatti- 
rent pendant bien des jours. 

53. Mais il n'y avait pas de vi- 
vres dans la cité, parce que c'é- 
tait la septième année, et que 
ceux d'entre les nations qui 
étaient restés dans la Judée 
avaient consommé les restes de ce 
qui avait été mis en réserve. 

54. Et il ne demeura qu'un pe- 
titnombre d'hommes pour défen- 
dre les lieux saints, parce que la 
famine les avait atteints; et ils 
furent dispersés, chacun étant 
retourné en son lieu. 

55. Cependant Lysias apprit que 
Philippe, qui avait été choisi par 
le roi Antiochus, lorsqu'il vivait 
encore, pour élever Antiochus, 
son fils, et le faire régner, 

56. Etait revenu de Perse et de 
la Médie avec l'armée qui l'y 
avait accompagné, et qu'il cher- 
chait à prendre /e gouvernement 
des affaires du royaume; 

57. Il se háta d'aller et de dire 
au roi et aux chefs de l'armée : 
Nous nous consumons ici tous 
les jours et nous avons peu de 
vivres; et la place que nous as- 
siégeons est fortifiée, et nous de- 
vons mettre ordre aux affaires du 
royaume. 

58. Maintenant done donnons 
la main droite à ces hommes ; fai- 


Í MACHABÉES. 


9193 


sons la paix avec eux et avec 
toute leur nation; 

99. Et décidons à leur égard 
quils vivront selon leurs lois 
comme auparavant, car c'est à 
cause de leurslois que nous avons 
méprisées, qu'ils se sont irrités 
et qu'ils ont fait toutes ces choses. 

60. Or ce discours plut en pré- 
sence du roi et des princes de l'ar- 
mée, et il envoya pour faire la 
paix avec les Juifs, qui l'acceple- 
rent. 

61. Et le roi /a leur jura ainsi 
que les princes de l'armée, et les 
Juifs sortirent de la forteresse. 

62. Alors le roi entra sur la 
montagne de Sion; et visita la 
forteresse du lieu, et il viola aus- 
sitót le serment qu'il avait fait; 
car il commanda de détruire le 
mur tout autour. 

63. Et il partit en grande háte, 
etretournaàAntioche, 6111 trouva 
Philippe maitre de la cité; et il 
combattit contre lui, et il reprit la 
cité. 


CHAPITRE VII. 


Démétrius, fils de Séleucus, vient en Sy- 
rie, et fait mourir Antiochus Eupator 
et Lysias. ll envoie en Judée Bacchide 
pour établir grand prêtre l'impie Al- 
cime. Bacchide cherche en vain à sur- 
prendre Judas;il se retire. Nicanor est 
envoyé contre Judas; il est tué, et son 
armée entiérement défaite. 


1. En l'année cent cinquante et 


petites machines pour lancer des fléches, qui pouvaient être manœuvrées par un seul 


soldat. 


53. La seplième année. Voy. le vers. 49. 
54. En son lieu, en sa maison, chez soi. 


55. * Lysias et Philippe. Voir plus haut, nr, 32 et vi, 44. 

58. Donnons, etc. La plupart des Orientaux n'avaient pas de marques plus assutées 
de leurs promesses, que de donner la main droite. 

59. Qu'ils vivront, etc.; littér., et par hébraisme, qu'ils marcheront dans, etc. 

4-4. * Démétrius Ier Soter, fils de Séleucus IV Philopator. Ce dernier était le fils aîné 
d'Antiochus 11] le Grand. Démétrius aurait dû succéder naturellement à son pere, 


À, d. 


153 


2194 
unieme, Démétrius, fils de Séleu- 
cus, sortit de la ville de Rome, et 
monta avec peu d'hommes dans 
une cité maritime, et il y régna. 

2. Et il arriva, dès qu'il fut en- 
tré dans la maison du rovaume de 
ses peres, que l'armée se saisit 
d'Antiochus et de Lysias pour les 
amener à Démétrius. 

3. Et la chose lui fut connue, et 
il dit: Ne me montrez pas leur 
face. 

4. Etl'armée les tua. Et Démé- 
trius s'assit sur le trône de son 
royaume; 

5. Alors vinrent vers lui des 
hommes iniques et impies d's- 
raél; et leur chef était Aleime, qui 
voulait devenir grand prélre. 

6. Et ils accusèrent le peuple 
devant le roi, disant : Judas et 
ses freres ont fait périr tous vos 
amis, et ils nous ont chassés de 
notre terre. 

7. Maintenant done envoyez un 
homme en qui vous avez con- 
fiance, afin qu'il aille et qu'il voie 


MACHABÉES.‏ ז 


(cH. vir.] 
toutle malatfreux que Judasnous 


a fait, à nous et aux provinces 
du roi, et qu'il punisse tous ses 
amis et ses partisans. 

8. Et le roi choisit d'entre ses 
amis Bacchide, qui commandait 
au delà du grand fleuve dans son 
royaume, et était fidèle au roi; et 
il l'envoya, 

9. Afin quil reconnüt le mal 
affreux qu'avait fait Judas ; mais 
aussi il établit limpie Alcime 
dans le sacerdoce, et lui ordonna 
de tirer vengeance des fils d'Is- 
raël. 

40. Et ils se leverent, et vinrent 
avec une grande armée dans la 
terre de Juda, et ils envoyèrent 
des messagers, et ils parlèrent à 
Judas etàses frères en termes pa- 
cifiques pour les tromper. 

11. Mais ils n'eurent point égard 
à leurs paroles; car ils virent 
quils étaient venus avec une 
grande armée. 

19. Cependant l'assemblée des 
scribes vint vers Alcime et Bac- 


—— — M — Ha M — ——————— 


mais à la mort de celui-ci, il était retenu comme ôtage à Rome, et son oncle Antio- 
chus IV Epiphane en profita pour s'emparer du trône. A la mort de son oncle, 
Démétrius essaya de faire reconnaitre ses droits par le sénat romain. Ce fut en vain. 
Rome trouvait sans doute plus avantageux pourelle que le tróne de Syrie füt occupé 
par un enfant, Antiochus V Eupator. Démétrius avait alors 22 ans, et paraissait 
déjà sans doute à craindre. Il parvint cependant à s'échapper de Rome et à se rendre 
en Syrie sur un vaisseau carthaginois. Il débarqua à Tripoli, rassembla des troupes, 
gagna celles de son compétiteur, fit périr son cousin Antiochus V avec Lysias et 
devint ainsi seul possesseur du royaume. Nous allons voir comment il traita les Juifs. 

1. L'année cent cinquante et unième du règne des Grecs; elle répond à la cent 
soixantiéme avant Jésus-Christ. 

5. Alcime était prêtre de la race d'Aaron (vers. 14). — Qui voulait être confirmé 
dans la dignité dé grand prétre qu'il avait injustement obtenue sous Antiochus 
Eupator. 

8. * Bacchide, envoyé par Démétrius en Judée avec le semi-paien Alcime, avait été 
gouverneur des provinces syriennes à l'est de l'Euphrate. C'était un des plus habiles 
généraux de l'armée de Syrie. ll réussit dans sa première mission. Nicanor ayant 
été battu et tué l'année suivante, Bacchide fut envoyé avec une grande armée contre 
les Juifs. Il défit Judas Machabée qui périt dans le combat. Plus tard, en 751, il revint 
en Palestine pour combattre Jonathas, mais il fut obligé de faire la paix avec lui. 

9. Dans le sacerdoce, c'est-à-dire, dans la souveraine sacrificature. Compar. la note 
précédente. 

12. Scribes. Voy. sur ce mot, v, 42. 


fcu. vu] 


chide demander des choses qui 
sont justes; 

13. Et les premiers d'entre les 
fils d'Israël étaient les Assidéens, 
et ils demandaient la paix. 

14. Car ils dirent : C'est un hom- 
me prétre de la race d'Aaron qui 


vient ὦ n0ous,il ne nous trompera 


pas. 

15. Et 4/0006 leur adressa des 
paroles de paix, et il leur jura, 
disant : Nous ne vous ferons de 
mal ni à vous ni à vos amis. 

16. Et ils le crurent; et il prit 
d'entre eux soixante hommes, et 
illes fit mourir en un seul jour, 
selon cette parole qui est écrite : 

17. Ils ont répandu la chair de 
vos saints, et leur sang autour de 
Jérusalem,et il n'y avait personne 
qui les ensevelit. 

18. Et tout le peuple fut saisi de 
crainte et d'épouvante, car ils di- 
rent : Il n'y a ni vérité ni justice 
parmi eux, car ils ont violé ce qui 
a été arrété, et le jurement qu'ils 
ont juré. 

19. Et Dacchide levale camp de 
Jérusalem, et alla le poser pres 
de Bethzécha; et il envoya,.et il 
pritbeaucoup deceux quil'avaient 
abandonné, et il tua quelques-uns 
d'entrele peuple, et illes jeta dans 
un grand puits; 

90. Et il remit la province à AI- 
cime, à qui il laissa un secours 
pour le soutenir. Et Bacchide s'en 
alla vers le roi. 


1 MACHABÉES. 


2195 


21. Cependant Alcime agissait 
beaucoup pour 18 principauté de 
son sacerdoce; 

22. Et tous ceux qui troublaient 
son peuple s’assemblèrent auprès 
de lui, et ils se rendirent maîtres 
dela terre de Juda, et ils firent 
une grande plaie dans Israél. 

23. Et Judas vit que tous les 
maux qu'Alcime et ceux qui 
étaient avec lui avaient faits aux 
fils d'Israél étaient beaucoup plus 
grands que les maux que les na- 
tions leur avaient faits, 

24. Et il fit une sortie sur tous 
les confins de la Judée aux alen- 
tours, et il exerca sa vengeance 
sur tous les hommes déserteurs, 
et dans la suite ils cessèrent de 
faire des sorties dans la contrée. 

25. Mais Alcime vit que Judas et 
ceux qui étaient avec lui étaient 
les plus forts, et il reconnut qu'il 
ne pouvait leur résister; aussi il 
retourna vers le roi, etles accusa 
de beaucoup de crimes. 

26.Alorsle roi envoya Nicanor, 
l'un des princes de son armée les 
plus illustres, qui nourrissait des 
inimitiés contre Israel, et il lui 
commanda de détruire ce peuple. 

27. Et Nicanor vint à Jérusalem 
avec une grande armée, et il en- 
voya vers Judas et vers ses frères 
avec des paroles de paix, pour /es 
tromper, 

28. Disant : Qu'il n'y ait poin; 
de guerre entre moi et vous; je 


Cuar. VII. 17. Ps. zxvir, 1, 2, 3. — 26. [I Mach., xv, 1. 


13. Les Assidéens. Compar. ir, 42. 


19. Bethzécha; selon le grec, Bézelh; probablement la ville nommée dans Juges, 
vit, 25. Bacchide reprenait ainsi le chemin de la Syrie. 

21. Beaucoup, extrémement; c'est le vrai sens du latin satis, par lequel la Vulgate 
rend quelquefois le terme hébreu, érès, fort, excessivement, etc. — Pour la princi- 


pauté, etc. Compar. vers. 5. 
26. * Nicanor. Voir plus haut, rir, 38, 


i 


2196 
viendrai avec peu d'hommes, afin 
de voir vos faces pacifiquement. 

99. Et il vint vers Judas, et ils 
se saluerent mutuellement en ter- 
mes pacifiques; et les ennemis 
étaient préts à enlever Judas. 

30. Maisilfut connu àJudas que 
c'était par tromperie qu'ils étaient 
venus vers lui; et il eut une 
frayeur extréme de lui, et il ne 
voulut plus revoir sa face. 

31. Et Nicanor sut que son des- 
sein était découvert, et il sortit 
au devant de Judas pour /e com- 
battre prés de Capharsalama. 

32. Et il tomba de l'armée de 
Nicanor prés de cinq mille hom- 
mes, et /es autres s'enfuirent dans 
la cité de David. 

33. Et apres cela, Nicanor.monta 
sur la montagne de Sion, et quel- 
ques-uns des prêtres sorlirent 
pour le saluer en esprit de paix, 
et lui montrer les holocaustes qui 
s'offraient pour le roi. 

34. Mais, raillant, il les méprisa, 
et 11168 traita comme des hommes 
profanes, leur parla avec hauteur, 

35. Et il jura avec colère, di- 
sant : Si Judas n'est livré entre 
mes mains, ainsi que son armée, 
aussitót que je serai revenu tran- 
quillement, je brülerai cette mai- 
son. Et il sortit dans une grande 
colere. 

36. Alors les prétres entrèrent, 


1 MACHABÉES. 


(cn. vn.) 


se tinrent debout en face de l'au- 
tel et du temple, et pleurant, ils 
dirent : 

37. C'est vous, Seigneur, qui 
avez choisi cette maison pour que 
votre nom y fütinvoqué et qu'elle 
devint une maison de prière et 
de supplication pour votre peu- 
ple; 

38. Exercez votre vengeance 
sur cet homme et son armée, et 
quils tombent sous le glaive; 
souvenez-vous de leurs blasphè- 
mes, et ne permettez pas qu'ils 
subsistent longtemps. 

39. Et Nicanor sortit de Jérusa- 
lem, et posa son camp pres de 
Béthoron, et l'armée de. Syrie 
courut au-devant de lui. 

40. Et Judas campa à Adarsa 
avec trois mille hommes; et Ju- 
das pria et dit : 

41. Ceux qui avaient été en- 
voyés par le roi Sennachérib, ὃ 
Seigneur, parce qu'ils vous blas- 
phémèrent, un ange sortit et 
frappa d'entre eux cent quatre- 
vingt-cinq mille Aomies; 

42. Drisez ainsi cette armée en 
notre présence aujourd'hui; et 
que tous les autres sachent que 
Nicanor a mal parlé contre vos 
lieux saints, et jugez-le selon sa 
malice. 

43. Et les armées engagèrent 
un combat, le treizieme jour du 


41. IV Rois, xix, 35; Tobie, 1, 21; Eccli., xr viu, 24 ; Isaie, xxxvri, 36; 11 Mac., virt, 19, 


30. Il fut connu; littér., la parole fut connue. Voy. vi, 3. 

31. Capharsalama, lieu inconnu, qui devait étre prés de Jérusalem, puisque Judas 
s’y retira aprés le premier combat contre Nicanor. 

32. La cité de David; la citadelle de Jérusalem. 

33. Aprés cela; littér., aprés ces paroles. Voy. vi, 3. 

39. Courut, etc.; c'est-à-dire, vint se joindre à lui) — * Béthoron. Voir m, 16. 

40. Adarsa, selon le grec Adasa; apparemment la méme qu'Adazer (vers. 45), ville 
de la tribu d'Ephraim. — * Adarsa était à quarante stades de Béthoron. 

42, 49. Adar, le douziéme mois de l'année sacrée, et le sixiéme de l'aunée civile, 1} 


— 


[cg. [.זזזט‎ 


mois d'Adar, et le camp de Nica- 
nor fut renversé, et il tomba lui- 
méme le premier dans le combat. 

44. Or dés que l'armée de Nica- 
nor vit qu'il avait succombé, ils 
jetérent leurs armes et s'enfui- 
rent; 

45. Et les Juifs les poursuivirent 
durant une journée de chemin, 
depuis Adazer jusqu'à ce qu'on 
arrive à Gazara, et ils sonnèrent 
des trompettes comme marque 
de leur victoire ; 

46. Et il sortit de tous les vil- 
lages d'alentour de la Judée des 
gens, qui les chargeaient avec 
une grande vigueur et revenaient 
de nouveau vers eux, et ils tom- 
bèrent tous sous le glaive, et il 
n'en échappa pas méme un seul. 

41. Et ils s'emparèrent de leurs 
dépouilles comme butin; et ils 
coupèrent la tête à Nicanor, et sa 
main droite qu'il avait insolem- 
ment étendue contre le temple; 
et ils Jes apportèrent, et Jes sus- 
pendirent à la vue de Jérusalem. 

48. Etle peuple se réjouit beau- 
coup, et ils passèrent ce jour 
dans une grande allégresse. 

49. Et il ordonna que ce jour 


I MACHABÉES. 


2107 


serait célébré tous les ans, au 

treizieme jour du mois d'Adar. 
90. Etla terre de Juda demeura 

en repos pendant peu de jours. 


CHAPITRE VIII. 


Judas Machabée, ayant connu les Ro- 
mains par la renommée, envoie des 
messagers à Rome pour faire alliance 
avec eux. Formule et conditions de 
cette alliance. 


1. EtJudas apprit par la renom- 
mée que les Romains étaient trés 
puissants, et qu'ils acquiescaient 
à tout ce qui leur était demandé, 
et qu'ils avaient lié amitié avec 
tous ceux qui étaient allés à eux, 
et qu'ils étaient trés puissants. 

9. Les Juifs apprirent aussi 
leurs combats et les grandes ac- 
tions qu'ils avaient faites dans la 
Galatie, en se rendant maîtres de 
ces peuples, et en les soumettant 
au tribut; 

3. Et tout ce qu'ils avaient fait 
dans la contrée d'Espagne, et 
comment ils avaient réduit en 
leur puissance les mines d'argent 
et d'or qui y sont, et pris posses- 
sion de tout le pays par leur con- 
seil et la patience; 


commençait à la nouvelle lune de février selon les rabbins; mais c'était plus proba- 


blement à celle de mars. 


45. Adazer. Voy. vers. 40. — Gazara, Voy. xiv, 34. 

46. Les .chargeaient, etc.; littér., les Jetaient au vent, les faisaient sauter en l'air 
avec leurs cornes; métaphore empruntée des taureaux. 

41. Les suspendirent. Compar. 11 Machab., xv, 33, 35. 


1. Judas apprit, etc.; littér., Judas apprit le nom des Romains, qu'ils étaient, etc.; 
genre de construction hébraïque, dont la Bible fournit de nombreux exemples. Trés 
puissants ; littér., et par hébraisme, puissants en forces. 

2. Les Juifs; est évidemment le sujet sous-entendu du verbe pluriel apprirent (au- 
dierunt). — La Galatie se prenant aussi en grec pour la Gaule, les uns expliquent 
ceci d'une partie de la Galatie qui était soumise aux Romains, et les autres, des 
Gaulois de la Narbonaise, qui étaient alors tributaires des Romains. Il est certain 
que l'an 489 avant Jésus-Christ, les Romains, sous la conduite du consul Manlius 
Vulso, vainquirent les Galates, peuples de l'Asie Mineure, dans deux combats. 

3. * D'Espagne. Les Phéniciens avaient longtemps tiré d'Espague des métaux pré- 
cieux. Les Romains tenaient aussi particulièrement à la possession de ce pays à 


2108 


4. Et qu'ils avaient soumis des 
pays très éloignés d'eux, et défait 
les rois qui étaient venus contre 
eux des extrémités de la terre, et 
quils les avaient frappés d'une 
grande plaie, et que tous les au- 
tres leur payaient un tribut tous 
les ans; 

5. Et qu'ils avaient défait Phi- 
lippe et Persée, rois des Céthéens, 
et tous les autres qui avaient 
porté les armes contre eux, et 
qu'ils s'en étaient rendus maitres; 

6. Et qu'Antiochus le Grand, 
roi d'Asie, qui leur avait fait la 
guerre, ayantcentvingtéléphants 


I MACHABÉES. 


[cH. vu] 


et une très grande armée, avait 
été défait par eux; 

7. Et qu'ils l'avaient pris vivant, 
et qu'ils lui avaient prescrit qu'il 
payerait, lui et ceux qui regne- 
raient apres lui, un grand tribut, 
et qu'il donnerait des otages, et 
ce qui avait été convenu; 

8. Et la région des Indiens et 
les Mèdes et les Lydiens, qui 
étaient des meilleures de leurs 
régions, et qu'ils avaient conqui- 
ses, et données ensuite au roi Eu- 
mene; 

9. Les Juifs apprirent encore 
que ceux qui étaient dans la Grèce 


et de la cavalerie, et des chariots | avaient voulu aller contre eux et 


cause de ses mines. Il fut une des causes principales de la seconde guerre punique, 
et abandonné formellement aux Romains par les Carthaginois après la bataille de 
Zama en 201, 

4. * Les rois qui étaient venus contre eux des extrémités de la terre, les rois qui 
régnaient en Espagne et aussi les généraux carthaginois, à qui les anciens donnaient 
souvent le titre de roi. 

5. Céthéens ou Macédoniens. Compar. 1, 1. — * Philippe 111, roi de Macédoine, fils de 
Démétrius II (221-179) fut complètement battu, aprés une guerre de plusieurs 
années à Cynocéphale en 197 et obligé de signer une paix humiliante. — Persée, son 
fils naturel et son successeur, dernier roi de Macédoine (179-168) fut battu en 168 à 
Pydna par Paul-Emile, et conduit en triomphe à Rome oü il mourut en prison 
vingt ans aprés. — Tous les autres, qui avaient fourni des troupes à Persée, les Epi- 
rotes, les Thessaliens, les Thraces, les Illyriens. 

6. * D'Asie. Ce nom désigne dans l'Ecriture tout ou partie de l'Asie Mineure. 4n- 
tiochus ΠῚ Le Grand portait le titre de roi d'Asie comme souverain de la Syrie et 
d'une grande partie de l'Asie Mineure. Aprés plusieurs combats, il fut complétement 
défait par les Romains à la bataille de Magnésie (189) et il dut céder à ses vain- 
queurs, qui les donnèrent à Eumène II, roi de Pergame, ses possessions à l'ouest du 
Taurus, la Mysie, laLydie et la Phrygie. 

1. * Un grand tribut, quinze mille talents eubéens (ou plus de quatre-vingt-trois 
millions). Cinq cent talents devaient étre payés à la conclusion des négociations; 
deux mille cinq cents à la ratification de la paix, et les douze mille restant pendant 
les douze années suivantes, mais les paiements ne furent pas faits régulièrement, 6 
sorte qu'Antiochus Epiphane avait encore à payer les arrérages en 173, au rapport 
de Tite-Live. — Qu'il donnerait des otages. Antiochus Epiphane fut un de ces otages. 
Voir plus haut, vri, 7. 

8. Comme du temps de Judas Machabée les Romains n'avaient porté leurs armes 
ni dans les Indes, ni dans la Médie, quelques interprètes pensent qu'on. doit lire 
Ioniens, au lieu d'Indiens, et Mysiens, au lieu de Médes; mais il faut remarquer que, 
pour la vérité de l'histoire, il suffit que les Juifs l'eussent ainsi entendu dire. — 
* Euméne 11, roi de Pergame (197-159), fils et successeur d'Attale Ier, avait hérité de, 
son père la faveur et l'alliance des Romains. Ceux-ci le récompensérent des services 
quil leur avait rendus et de la part qu'il avait prise à la victoire de Magnésie, en| 
commandant son contingent de troupes en personne, par le don de plusieurs pro- 
vinces enlevées à Antiochus le Grand. Voir vers. 6. 

9-10. * Ce qui est dit des événements de Grèce est vague, sans doute parce que la 


[cg. ν πὶ. 


les détruire, et que la chose leur 
fut connue ; 

10. Et qu'ils avaient envoyé 
vers eux un général, et avaient 
combattu contre eux, et qu'il en 
était tombé un grand nombre, 
et qu'ils emmenèrent leurs fem- 
mes captives, ainsi que leurs en- 
fants, et qu'ils les pillèrent et 
prirent possession de leur terre, 
et détruisirent leurs murs, et les 
réduisirent en servitude jusqu'à 
ce jour ; 

11. Et qu'ils avaient ruiné et ré- 
duit en /eur pouvoir le reste des 
royaumes et les iles qui autrefois 
leur avaient résisté ; 

12. Mais qu'ils conservaient leur 
amitié avec leurs amis et ceux qui 
se reposaient sur eux, et qu'ils s'é- 
taient rendus maitres des royau- 
mes qui étaient proches et de ceux 
qui étaient au loin, parce que tous 
ceux qui entendaient leur nom les 
eraignaient ; 

13. Et que ceux qu'ils voulaient 
secourir pour qu'ils régnassent, 
régnaient, mais que ceux qu'ils 2e 
voulaient pas étaient chassés de 


I MACHABÉES. 


2199 
leur royaume ; et qu'ainsi ils s'é- 
taient élevés à une trés grande 
puissance ; 

14.Etqu'avectoutcela personne 
parmi eux ne portait le diadème, 
et ne se revétait de pourpre, afin 
d'y être magnifié; 

15. Mais qu'ils s'étaientforméun 
sénat, et que tousles jours ils con- 
sultaient les trois cent vingt qui 
temaient toujours conseil pour la 
multitude, afin de faire ce qui 
était convenable ; 

16. Et qu'ils confiaient tous les 
ans à un seul homme leur magis- 
trature pour dominer sur toute 
leur terre, et que tous obéissaient 
à un seul, qu'il n'y avait ni envie, 
ni jalousie parmi eux. 

17. Alors Judas choisit Eupolé- 
mus, fils de Jean, fils de Jacob, et 
Jason, fils d'Eléazar, et les envoya 
à Rome pour faire avec eux ami- 
tié et alliance, 

18. Et afin qu'ils les délivras- 
sent du joug des Grecs, parce 
que les Juifs virent qu'ils rédui- 
saient en servitude le rovaume 
d'Israél. 


renommée n'avait rien fait connaitre de bien précis en Palestine sur ce qui s'était 
passé en Gréce. L'auteur sacré rapporte simplement les bruits qui étaient arrivés 
aux oreilles de Judas Machabée. 115 contiennent une allusion à l'alliance que les Eto- 
liens avaient cherché à nouer avec Antiochus III le Grand. 

9. La chose; littér., la parole. Compar. vt, 3. 

11. * Le veste des royaumes el les iles, la Sicile, la Sardaigne et les îles grecques de 
l'Archipel. 

12-16. * Il y a ici plusieurs bruits qui ne sont vrais que grosso modo, mais c'étaient 
les bruits qui couraient en Palestine. Ainsi le sénat ne s'assemblait pas tous les jours, 
mais seulement aux calendes, aux nones, aux ides et aux fétes. Depuis Tarquin l'an- 
cien jusqu'en 123 avant J.-C., il ne compta que 300 membres. Pour avoir le chiffre 
de 320, il faut y ajouter les dix tribuns, les quatre édiles, les deux questeurs, les deux 
préteurs et les deux consuls. — Il n'y avait pas qu'un seul consul, mais les traités 
d'alliance portaient le nom du président du sénat (avec celui de l'ambassadeur). 

11. * Eupolémus, fils de Jean. Ce Jean avait obtenu des rois de Syrie de grands 
avantages pour les Juifs. 11 Machabées, 1v, 11. Il était de race sacerdotale. — Jason, 
fis d'Eléazar, était probablement aussi de race sacerdotale, mais on ne connait de 
lui que ce qui en est dit ici. Voir plus loin, xir, 16. 

18. Les Juifs virent (viderunt). Compar. vers. 2. — * Du joug des Grecs, des rois de 
Syrie, qui étaient d'origine grecque. 


9200 I MACHABÉES. 


19.115 firent doncle chemin tres 
long de Rome, et ils entrèrent 
dans le Sénat, et dirent : 

20. Judas Machabée et ses frè- 
res, et le peuple des Juifs nous ont 
envoyés vers vous pour faire avec 
vous alliance et paix, et pour que 
vous nous inscriviez vos alliés et 
vos amis. 

21. Or ce discours plut en leur 
présence. 

22. Et voici le rescrit qu'ils gra- 
verent sur des tables d'airain, et 
qu'ils envoyeérentàJérusalem,afin 
qu'ilfütlàpour eux unmonument 
de paix et d'alliance. 

23. QUE BIEN 5011 AUX Romains et 
à la nation des Juifs sur mer et 
sur terre à jamais; et que le glaive 
et l'ennemi soient loin d'eux. 

24. (6 51] survient une guerre 
aux Romains d'abord, ou à quel- 
qu'un de tous leurs alliés dans 
toute leur domination, 

25. La nation des Juifs leur por- 
tera secours de tout son cœur, 
selon que le temps le permettra; 

26. Et {es Romains ne donneront 
et ne fourniront pas aux combat- 
tants du blé, des armes, de l'ar- 
gent, des vaisseaux; ainsi il a plu 
aux Romains, et 68 Juifs garde- 
ront leurs commandements, ne 
recevant rien d'eux. 

27. Or de méme, si une guerre 
arrive d'abord à la nation des 
Juifs, les Romains les aideront de 
cœur selon que le temps le per- 
mettra ; 

98. Et à ceux qui les aideront il 
ne sera pas donné de blé, d'ar- 


(cu. 1x.] 
mes, d'argent, de vaisseaux ; ainsi 
il a plu aux Romains;etils garde- 
ront leurs commandements sans 
tromperie. 

29. Selon ces paroles, les Ro- 
mains se sont alliés au peuple 
juif. 

30. Que si, après ces paroles 
ceux-ci ou ceux-là veulent ajou- 
ter ou retrancher quelque chose 
à cela, ils le feront de concert; et 
tout ce qu'ils ajouteront ou re 
trancheront sera ratifié. 

31. Et quant aux maux que le 
roi Démétrius a faits aux Juifs, 
nous lui e» avons écrit, disant : 
Pourquoi avez-vous appesanti 
votre joug sur nos amis et alliés 
les Juifs? 

32. 51 donc ils viennent de nou- 
veau vers nous, nous leur fe- 
rons justice contre vous, et nous 
vous combattrons par mer et par 
lerre. 


CHAPITRE IX. 


Bacchide et Alcime reviennent en Judée. 
Judas.est tué dans le combat. Jonathas 
son frére lui succéde. Bacchide le pour- 
suit. Jean, frére de Jonathas, est tué. 
Jonathas traverse le Jourdain à la vue 
de l'ennemi. Alcime meurt frappé de 
Dieu. Bacchide se retire; il revient et 
est défait par Jonathas. Paix entre Jo- 
nathas et Bacchide. ᾿ 


4. Cependant, dès que. Démé- 
irius apprit que Nicanor était tom- 
bé, ainsi que son armée, dans le 
combat, il se proposa d'envoyer 
de nouveau Bacchide et Alcimeen 
Judée et l'aile droite de sestroupes 
avec eux. 


19. Ils firent, etc.; littér., ils allèrent à Rome, voie trés grande. 


1. * Démélrius Ier Soter. — Nicanor, voir vir, 26, 43. — De nouveau Bacchide et Al- 
cime. Voir vi, 5, 8. — L'aile droite, expression obscure. Plusieurs commentateurs 
pensent qu'elle désigne la partie principale de l'armée syrienne, 


(cH, 1Χ.} 


9. Et ils s'en allèrent par la 
voie qui mene en Galgala, et po- 
serent leur camp à Masaloth qui 
est en Arbelles; et ils la prirent, 
et firent périr un grand nombre 
d'àmes d'hommes. 

3. Au premier mois de l'année 
cent cinquante-deuxième, ils fi- 
rent approcher l'armée pres de 
Jérusalem ; 

4. Et ils se leverent, et s'en al- 
lèrent à Bérée, au nombre de 
vingt mille hommes de pied et 
deux mille cavaliers. 

5. OrJudas avait posé son camp 
à Laisa, et trois mille hommes 
choisis étaient avec lui; 

6. Et ils virent que la mulli- 
tude de l’armée était trés grande, 
et ils craignirent fortement; et 
beaucoup se retirèrent du camp, 
et il nen demeura que huit 
cenis. 

7. Et Judas vit que son armée 
avait grandement diminué et que 
18 guerre le pressait; 11 fut brisé 
de cœur, parce qu'il n'avait pas 
le temps de les rassembler, et il 
sentit faiblir son courage. 

8. Cependant il dit à ceux qui 
élaient restés : Levons-nous et 


I MACHABÉES. 


2201 


allons à nos ennemis pour com- 
battre contre eux, si nous pou- 
vons. 

9. Mais ils l'en détournaient, 
disant : Nous ne le pourrons pas; 
mais délivrons nos âmes mainte- 
nant, et retournons vers nos frè- 
res, et alors nous combattrons 
contre eux ; car nous sommesen 
petit nombre. 

10. Et Judas dit : Loin de nous 
de faire que nous fuyions devant 
eux. Si notre temps est venu, 
mourons avec courage pour nos 
frères, et n'atüirons pas de re- 
proche sur notre gloire. 

11. Et l'armée ennemie sortit 
hors du camp et ils vinrent contre 
eux, elles cavaliers se diviserent 
en deux corps, et les frondeurs et 
les archers marchaient en avant 
de l'armée, et les premiers de la 
bataille étaient les plus vaillants. 

12. Bacchide était àl'aile droite ; 
et la légion s'approcha des deux 
cótés, et ils sonnaient des trom- 
pettes. 

13. Mais ceux qui étaient du 
parti de Judas en sonnèrent aussi 


: eux-mémes, et la terre fut émue 


du bruit des armées ; et le com- 


2. Galgala, probablement la Galilée. — Masaloth, peut-être la méme que Masal, 
ville de la tribu d'Aser (Josué, xxi, 30; 1 Paralip., νι, 14). — Arbelles, peut-être mis 
ici pour Araboth, ou plaines. Compar. v, 23. — Ames, c'est-à-dire, personnes, est ici 
purement pléonastique, son complément hommes ayant la méme signification. — 
+ Sur Arbelles, voir Osée, x, 1^. 

3. Au premier mois de l'année sacrée, qui était le septième de l’année civile. Ce 
mois commençait à la nouvelle lune de mars, selon les rabbins; mais c'était plus 
probablement à celle d'avril. — L'année cent cinquante-deuxième du règne des Grecs; 
elle répond à la cent cinquième-neuvième avant Jésus-Christ. 

4. Bérée, peut-être la méme que Béroth, ville de la tribu de Benjamin (Josué, ,זזוטא‎ 25). 

5. * Laïsa, site inconnu. Ce nom est diversement écrit dans les versions et les 
manuscrits. Cette localité devait étre située en tout cas à l'ouest ou au sud de Jéru- 
salem. 

9. Nos âmes, c'est-à-dire, nos personnes ou nos vies. 

12. Légion (legio), chez les anciens Romains, signifiait un corps de gens de guerre, 
composé d'infanterie et de cavalerie. Le texte grec porte phalange, terme de milice 
macédonienne, qui désignait un bataillon de troupes serrées d infanterie. 


2202 


bat fut engagé depuis le matin 
jusqu'au soir. 

14. Et Judas vit que l'aile à 
droite del'armée de Bacchide était 
la plus forte, et tous ceux d'un 
cœur ferme vinrent ensemble au- 
près de lui. 

15. Et cette aile droite fut rom- 
pue par eux, et Judas les pour- 
suivit jusqu'à la montagne d'A- 
zot. 

16. Mais ceux qui étaient à 86 
gauche, virent que l'aile droite 
avait été rompue, et suivirent par 
derriere Judas et ceux qui étaient 
avec lui; 

11. Et le combat devint plus 
opiniâtre, et il tomba beaucoup de 
blessés de part et d'autre. 

18. Et Judas tomba mort, et 
tous les autres s'enfuirent. 

19. Et Jonathas et Simon em- 
portèrent Judas leur frère, et 
lensevelirent dans le sépulcre 
de leurs pères, en la cité de Mo- 
din. 

20. Et tout le peuple d'Israël le 
pleura d'un grand pleur, et ils 
furent en deuil bien des jours. 


91. Et ils disaient : Comment : 


est tombé le vaillant qui sauvait 
le peuple d'Israël? 

99. Et toutes les autres guerres 
de Judas et les grandes actions 
qu'il a faites et sa grandeur n'ont 
pas été écrites; car elles étaient 
en très grand nombre. 

23. Orilarriva qu'après la mort 


I MACHABÉES. 


[cn. 1x.] 
de Judas les hommes iniques ap- 
parurent dans tous les confins 
d'Israël, et s'éleverent tous 58 
hommes qui opéraient l'iniquité. 

24. En ces jours-là, il survint 
une trés grande famine, et toute 
la contrée se livra à Bacchide avec 
ses habitants. 

25. Et Bacchide choisit les hom- 
mes impies, et les établit maîtres 
de la contrée; 

26. Etils recherchaient avecsoin 
et sondaient les amis de Judas, 
et les-amenaient à Bacchide, qui 
se vengeait sur eux et les insul- 
tait. 

27. Et il survint en Israël une 
grande tribulation, telle qu'il n'y 
en a pas eu depuis le jour oü il 
n'a point paru de prophète en 
Israél. 

28. Et tous les amis de Judas 
s’assemblèrent, et dirent à Jona- 
thas : 

29. Depuis que votre frère Judas 
est mort, il n'y a point dhomme 
semblable à lui, qui sorte contre 
nos ennemis, Bacchide et ceux 
qui sont les ennemis de notre na- 
tion. 

30. C'est pourquoi nous vous 
avons choisi aujourd'hui comme 
prince et chef, pour conduire no- 
tre guerre. 

31. Et Jonathas recut en ce 
temps-là le commaudement, et 
se leva à la place de Judas son 
frère. 


15. Azol, ville des Philistins. 


22. Toutes les autres guerres de Judas; littér., toutes les autres paroles (Voy. vi, 3) 
des guerres de Judas; le grec porte: Les resles des discours et des querres de Judas. 

21. Depuis le jour, etc., c'est-à-dire, depuis la mort des prophètes Aggée, Zacharie 
et Malachie, qui parurent quelque temps aprés la captivité de Babylone. 

28. * Jonathas se distingua par sa vaillance dans les combats et plus encore par 
son habileté politique. 1] sut si bien mettre à profit les divisions intestines de la 


Syrie qu'il réussit à affranchir la Judée. 


[cu. 1x.] 


39. Bacchide e» eut connais- 
sance, ef il cherchait à le faire 
mourir. 

33. Mais Jonathas /e sut, ainsi 
que Simon son frère, et tous ceux 
qui étaient avec lui; et ils s'enfui- 
rent dans le désert de Thécua, et 
ils s'arréterent prés des eaux du 
lac d'Asphar. 

94. Et Bacchide /e sut et, le 
jour des sabbats, il. vint, lui et 
toute son armée, au delà du Jour- 
dain. 

39. Et Jonathas envoya son 
frere chef du peuple et pria les 
Nabuthéens, leurs amis, de leur 
préter leur équipage de guerre 
qui était considérable. 

36. Mais les fils de Jambri sor- 
tirent de Madaba, et prirent Jean 
et tout ce qu'il avait, et s'en alle- 
rent en l'emportant. 

37. Après cela, on vint dire à 
Jonathas età Simon son frere, que 
les fils de Jambri faisaient un 
grand mariage, et qu'ils ame- 
naient de Madaba l'épouse, fille 
d'un des grands princes de Cha- 
naan, en grande pompe. 

38. Et ilsse souvinrent du sang 
de Jean leur frère; et ils montè- 
rent et se cacherent à l'abri de la 
montagne. 

39. Et ils levèrent leurs yeux, 


I MACHABÉES. 


2203 


et ils virent; et voici un tumulte 
et un grand appareil, et l'époux 
s'avanca, ainsi que ses amis et 
ses frères, au-devant d'eux avec 
des tambours et des instruments 
demusique, et beaucoup d'armes. 

40. Etilssortirent contre eux de 
leur embuscade, et ils les tuèrent, 
et il tomba beaucoup de blessés, 
et le reste s'enfuit sur les monta- 
gnes; et ils prirent toutes leurs 
06011168 ; 

41. Et les noces 56 
en deuil, et la voix des instru- 
ments de musique en lamenta- 
tion. 

49. Et ils tirèrent ainsi une 
grande vengeance pour le sang 
de leur frere; et ils retournerent 
sur larive du Jourdain. 

49. Or Bacchide /apprit, et il 
vint, le jour des sabbats, sur le 
bord du Jourdain avec une puis- 
sante armée. 

44. Et Jonathas dit aux siens : 
Levons-nous et combattons con- 
ire nos ennemis; car il n'en est 
point aujourd'hui comme hier et 
avant-hier; ; 

45. Car voici la guerre en face, 
et les eaux du Jourdain d'un cóté 
et de l'autre, etles rives, et les 
marais et le bois, et il n'y a pas 
moyen de se détourner. 


33. Thécua, ville prés de Jérusalem, dans la tribu de Juda. — Le /ac d'Asphar est 
probablement le lac AspAaltite, nommé par les Hébreux la mer de Sodome, et par les 
Grecs, Asphallite, à cause de l'asphalte ou bitume qu'on en tire. — * Le désert de 
Thécua, qui tire son nom de la ville ainsi appelée, commence à deux heures environ 
au sud-est de Bethléhem et s'étend jusqu'à la mer Morte. Il n'y a guère que des 
pâturages pour les troupeaux. Sur la ville de Thécua, voir Amos, 1, 1. 

35. Les Nabuthéens; voy. v, 25. — De leur préler, ou bien de prendre sous leur 
garde, comme portent le grec, le syriaque, l'historien Josèphe et méme quelques 
exemplaires latins, qui lisent en effet, commendarent iliis. 

36. Madaba, ville célèbre dans la terre de Moab (Isaie, xv, 2). — Jean était un des 
fils de Mathathias. Compar. plus haut, rm, 2. 

31. Cela; littér., ces paroles. Voy. v1, 3. 

4^. Hier et avant-hier; hébraisme pour, auparavant. 


2204 


46. Maintenant donc criez au 
ciel, afin que vous soyez délivrés 
de la main de vos ennemis. Et la 
bataille s'engagea. 

41. Et Jonathas étendit sa main 
pour frapper Bacchide, mais Bac- 
chide l'évita en se retirant en ar- 
riere; 

48. Et Jonathas et ceux qui 
étaient avec lui se jetèrent dans 6 
Jourdain et passerent à la nage le 
Jourdain devant eux. 

49. Et il tomba en ce jour-là, 
mille hommes du cóté de Bacchi- 
de et Jes autres relournèrent à 
Jérusalem ; 

50. Et ils bátirent des cités for- 
lifiées dans la Judée ; e£ ils donné- 
rent à la forteresse qui était à Jé- 
richo, et à Ammaüs, et à Bétho- 
ron, et à Béthel, et à Thamnata, 
et à Phara, età Thopo, de hautes 
murailles, et des portes et des 
serrures. 

51. Et Dacchide y mit une gar- 
nison, afin d'exercer des hostilités 
contre Israël; 

52. Et il fortifia la cité de Beth- 
sura, et Gazara et la citadelle, et 
il y mit des troupes et une provi- 
sion de vivres; 

53. Et il prit pour otages les fils 


Car. IX. 46. II Par., xx, 3. 


I MACHABÉES. 


(cu. 1x.] 
des principaux de la contrée, et 
les mit en prison dans la citadelle, 
à Jérusalem. 

δά. Etenl'année centcinquante- 
troisième, au second mois, Al- 
cime ordonna de détruire les 
murs de la partie intérieure de 
la maison sainte, et de dé- 
truire les ouvrages des prophè- 
tes, et il commenca à les dé- 
truire. 

95. En ce temps-là, Alcime fut 
frappé de Dieu, et ses ouvrages 
furent arrêtés, et sa bouche fut 
fermée; et il fut perclus par une 
paralysie, et il ne put plus direun 
mot, et donner des ordres concer- 
nant sa maison. 

56. Et Aleime mourut en ce 
temps-là, au milieu de grandes 
douleurs. 

57. Et Bacchide vit qu'Alcime 
était mort, et il retourna vers le 
roi, et la terre de Judée fut en re- 
pos pendant deux ans. 

58. Et tous les hommes iniques 
pensèrent, e£ dirent : Voilà que 
Jonathas et ceux qui sont aveclui 
vivent en repos avec confiance; 
maintenant done faisons venir 
Bacchide, et il les prendra tous en 
une seule nuit. 


pI—————————————————————————P——R———DO————————r σον ο---------.-------.---.ς.---. 


50. Ammaüs, Emmaüs (Nicopolis). — Thamnala, ville de la tribu de Dan. — Phara, 
selon le grec Pharatoni, dans la tribu d'Ephraim (Juges, xit, 15). — Thopo, peut-être 
la méme que Taphua, dans la méme tribu. — * Béthoron, voir ut, 16. — Sur, Emmaüs, 
voir 111, 40. 

52. Belhsura. Voy. 1v, 61. — Gazara. Voy. xiv, 34. 

5%. La cent cinquante-troisième année du règne des Grecs; elle répond à la cent 
cinquante-huitieme avant Jésus-Christ. — Au second mois de l'année sacrée, qui 
était le huitième de l'année civile. Ce mois commençait à la nouvelle lune d'avril, 
selon les rabbins, mais c'était plus probablement à celle de mai. — Les murs, etc. 
Il y avait dans l'intérieur du temple plusieurs murs: celui qui séparait le saint d'avec 
le sanctuaire ; celui qui séparait le parvis des prêtres d avec le parvis du peuple, enfin 
celui qui séparait les gentils d'avec les Juifs. — Les ouvrages des prophètes. C'étaient 
en effet les prophètes Aggée et Zacharie, qui avaient contribué, par leurs exhortations, 
à la construction du temple aprés la captivité. 


(cu. 1x.] 


59. Et ils allerent, et ils lui don- 
nèrent ce conseil. 

60. Et il se leva afin de venir 
avec une grande armée, et il en- 
voya secrètement des leltres à ses 
alliés qui étaient en Judée, afin 
qu'ils prissent Jonathas et ceux 
qui étaient avec lui; mais ils ne 
le purent pas, parce que leur des- 
sein fut connu de Jonathas et de 
ceux qui étaient avec lui. 

61. Et Jonathas prit d'entre les 
hommes de la contrée, cinquante 
hommes qui étaientles auteurs du 
dessein malicieux ,etilles fit mou- 
rir. 

62. Et Jonathas et Simon, et 
tous ceux qui étaient avec lui, se 
retirerent à Bethbessen, qui est 
dans le désert, et il en répara les 
ruines et la fortifia. 

63. Mais Bacchide ez eut con- 
naissance, et il assembla toutes 
ses troupes, et il 76 fit savoir à 
ceux qui étaient de la Judée. 

64. Etil vint, etil posa son camp 
au-dessus de Bethbessen; et il 
l’assiégeapendant bien des jours, 
et il fit des machines. 

65. Mais Jonathas laissa son 
frère Simon dans la cité, et sortit 
dans le pays, et marcha avec nom- 
bre de gens. 

00. Et il frappa Odaren et 
ses freres et les fils de Phaséron 
dans leurs tabernacles, et il com- 
menca à tailer en pieces ses 


1 MACHABÉES. 


2205 
ennemis et à croître en forces. 

67. Mais Simon et ceux qui 
étaient avec lui sortirent de la 
cité, et brülèrent les machines; 

68. Et ils combattirent contre 
Bacchide, et il fut défait par 
eux, et ils l'affligerent extréme- 
ment, parce que son dessein 
et son entreprise étaient sans 
effet. 

69. C'est pourquoi, irrité contre 
leshommesiniques quiluiavaient 
donné le conseil de venir dans 
leur contrée, il en fit mourir un 
grand nombre ; pour lui,il songea 
à s'en aller en son pays avec le 
reste de son armée. 

10. Et Jonathas ez eut connais- 
sance, et il envoya vers lui des 
messagers pour faire la paix avec 
lui et lui rendre les prisonniers. 

14. Bacchide recut de bon gré 
ce message, et il agit selon ses 
paroles et jura qu'il ne lui ferait 
aucun mal durant tous les jours 
de sa vie. 

72. Et il lui rendit les pri- 
sonniers quil avait pris précé- 
demment dans la terre de Juda, 
et il s'en retourna dans son 
pays, et ne revint plus dans ses 
confins. 

13. Et le glaive se reposa en 
Israel, et Jonathas habita à Mach- 
mas; etil commenca à juger le 
peuple, et il extermina les impies 
du milieu d'Israél. 


62. Bethbessen; le grec lit Baithbasi, l'historien Josèphe, Bethalaga; vraisemblable- 
ment la méme ville que Beth-Hagla, dans le désert de Jéricho (Josué, xv, 6). 

66. * Odaren et ses fréres et les fils de Phaséron, tribus d'Arabes nomades dans les 
environs de Bethbessen. 

: des Dans son pays, à Antioche. — Ses confins (fines ejus), les confins de Juda, la 
udée. 

13. Machmas, sur les limites des tribus d'Ephraim et de Benjamin (1 Rois, xit, 1). 
Jonathas fit d'abord là sa résidence, parce qu'alors les troupes de Démétrius occu- 
paient encore la citadelle de Jérusalem. — Juger, c'est-à-dire, gouverner avec une 
pleine autorité. 


2206 


CHAPITRE X. 


Compétition entre Démétrius Ier et Ale- 
xandreler Balas. Celui-ci épouse la fille 
de Ptolémée Philométor. Il fait venir Jo- 
nathas à Ptolémaide, et l'éléve en gloire. 
Démétrius Nicator envoie Apollonius 
contre les Juifs. Jonathas défait Apollo- 
nius. 


1. En l'année cent soixantieme, 
Alexandre, fils d'Antiochus, qui 
fut surnommé le Noble, monta 
et prit Ptolémaide; et les habi- 
tants le reçurent, et il y régna. 

2. Et le roi Démétrius l'apprit, 


‘et il assembla une armée très 


considérable, et il sortit au-de- 
vant de lui pour le combat. 

3. Et Démétrius envoya une 
lettre à Jonathas en termes paci- 
fiques, afin de le magnifier. 

4. Car il dit : Hâtons-nous de 
faire la paix avec lui, avant qu'il 
la fasse avec Alexandre contre 
nous. 

5. Car il se souviendra de tous 
les maux que nous lui avons faits, 
à lui et à son frère, et à sa nation. 

6. Et il lui donna le pouvoir 
d'assembler une armée, et de fa- 


1 MACHABÉES. 


(cu. x.] 


briquer desarmes, etd'étre méme 
son allié; et il ordonna que les 
otages qui étaient dans la cita- 
delle lui fussent livrés. 

1. Et Jonathas vint à Jérusalem, 
et lut les lettres aux oreilles de 
tout le peuple et de ceux qui 
étaient dans la citadelle. 

8. Et tous craignirent d'une 
grande crainte, parce qu'ils ap- 
prirent que le roi lui avait donné 
le pouvoir d'assembler une ar- 
mée. 

9. Les otages furent livrés à 
Jonathas, et il les rendit à leurs 
parents. 

10. Et Jonathas habita dans Jé- 
rusalem, et il commenga à bâtir 
et à renouveler la cité. 

11. Et il dit à ceux qui faisaient 
les travaux de construireles murs 
et de bátir tout autour de la mon- 
tagne de Sion, en pierres carrées, 
pour la fortifier; et ils firent ainsi. 

12. Et ils s'enfuirent, les étran- 
gers qui étaient dans les forte- 
resses que Bacchide avait báties. 

13. Et chacun quitta son lieu, 
et s'en alla dans son pays. 


1. L'année cent soixantième du règne des Grecs; elle répond à la cent cinquante- 
unième avant Jésus-Christ. — Le noble (nobilis), ou l’Illustre; c'est-à-dire, Antiochus 
Epiphane. — * Alexandre Ier Balas, qui passait pour fils d'Antiochus Epiphane, fut 
opposé à Démétrius Ier comme prétendant au tróne de Syrie par Attale 11, roi de 
Pergame. A l'instigation d'Attale II, Héraclide, ancien trésorier d'Antiochus Epiphaue, 
le présenta avec Laodicée, qu'on disait fille de ce dernier roi, au sénat romain, afin 
de les faire reconnaitre comme héritiers d'Antiochus Epiphane et leur assurer le 
secours de la république pour faire valoir leurs droits à la couronne des Séleucides. 
Les Romains, qui trouvaient sans doute Démétrius Ier trop puissant, adhérèrent à 
ce projet. Attale II procura une armée à Alexandre, avec l'aide du roi Ptolémée VI 
Philométor d'Egypte et d'Ariarathe V, roi de Cappadoce, qui avaient à se plaindre 
de Démétrius. Alexandre s'empara ainsi de Ptolémaide. Sur Ptolémaide, voir plus 
haut, v, 15. 

2. * Démétrius, pour résister à Alexandre Balas, est obligé de faire la paix avec 
Jonathas. Celui-ci était assez puissant pour faire pencher la balance en faveur de l'un 
des deux antagonistes. Alexandre chercha à le gagner à son tour; il le nomma grand 
prêtre et lui envoya un manteau de pourpre et une couronne d'or, 45-21. Démé- 
trius Ier enchérit alors sur Alexandre, 22-45. Jonathas se défia de ses offres et se pro- 
nonca pour Alexandre, qui bientôt aprés battit Démétrius dans un combat 0 
ce dernier, 46-50, 


(cn. x.] 


14. Seulement il resta à Beth- 
sura quelques-uns de ceux qui 
avaient abandonné la loi et les 
préceptes de Dieu; car cette ville 
leur servait de refuge. 

15. Etle roi Alexandre apprit 
les promesses que Démétrius 
avait promises à Jonathas, et on 
lui raconta les batailles et les 
grandes actions qu'il avait faites, 
lui etses frères, et les maux qu'ils 
avaient soufferts ; 

16. Et il dit : Est-ce que nous 
trouverons un tel homme ? aussi 
nous en ferons maintenant notre 
ami et notre allié. 

17. Et ilécrivit et il lui envoya 
une lettre conçue en ces termes : 

18. Le roi Alexandre à son frère 
Jonathas, salut. 

19. Nous avons appris à votre 
sujet que vous étes un homme 
ires puissant, et vous étes digne 
d'étre notre ami ; 

90.Aussi, maintenant nous vous 
constituons grand prétre de votre 
nation, et nous voulons que vous 
soyez appelé ami du roi (et il Iui 
envoya une robede pourpre et une 
couronne d'or),afin que voussoyez 


attaché à nos intéréts, et que 


MACHABÉES.‏ ז 


2207 


vous gardiez amitié avec nous. 

21. Et Jonathas se revétit de la 
robe sainte au septieme mois, en 
l'année cent soixantieme, au jour 
solennel de la scénopégie, et il 
assembla une armée et fabriqua 
des armes en quantité. 

22. Et Démétrius l'apprit, et il 
fut contristé et dit : | 
23. Pourquoi avons-nous fait 
qu' Alexandre soit venu avant 
nous obtenir l'amitié des Juifs 

pour se fortifier? 

2%. Je leur écrirai moi aussi 
des choses obligeantes, et Zeur 
offrirai des dignités et des dons, 
afin qu'ils soient avec moi pour 
me secourir. 

25. Et il leur écrivit en ces ter- 
mes : Le roi Démétrius à la na- 
tion des Juifs, salut. 

26. Nous avons appris, et nous 
nous sommes réjouis de ce que 
vous avez gardé notre alliance et 
que vous étes demeurés dans no- 
tre amitié et ne vous êtes pas 
rapprochés de nos ennemis. 

27. Et maintenant, continuez 
encore à nous garder la fidélité, et 
nous vous récompenserons pour 
ce que vous avez fait pour nous; 


14. * Bethsura. Voir 1v, 61. 


18. La coutume entre les souverains de s'appeler frères est très ancienne (III Rois, 
IX, 13; xx, 33). D'ailleurs ce méme nom se donnait alors assez souvent aux gouver- 
neurs des provinces (II Machab., xr, 22). — Salut est à l'aceusatif (salutem) comme 
complément d'un verbe, tel que donne ou souhaite, sous-entendu. 

19. Trés puissant. Compar. var, 1. 

20. L'usage de la pourpre et de la couronne d'or était réservé aux rois, et à ceux 
à qui ils voulaient bien l'accorder. — * Ami du roi. Voir τι, 18. 

21. Au seplième mois. Voy. Aggée, τι, 2. — L'année cent soizantiéme. Voy. vers. 4. 
— La scénopégie; c'est-à-dire, la fête des labernacles. — * Jonathas se revélit de la 
robe sainte, insigne du souverain pontificat. Le pontificat était vacant depuis sept ans 
par la mort de l'impie Alcime, ix, 56, qu'Antiochus V Eupator avait imposé aux Juifs 
comme grand prétre, vir, ὃ, 21. Depuis le meurtre d'Onias III et la fuite de son fils 
en Egypte, il n'y avait plus de successeur légitime du grand prétre Jésus, dans la 
famille duquel avaient été pris les souverains pontifes depuis la captivité. Jonathas, 
étant de race sacerdotale, pouvait recevoir cette dignité. 

29. Salut (salutem). Voy. vers. 48. 


28. Et nous vous remettrons 
beaucoup de vos redevances, et 
nous vous ferons de grands dons. 

99. Et dès à présent, je vous 
délivre des tributs, vous et tous 
les Juifs, et je vous dispense des 
impóts de sel, et je vous remets 
les couronnes, et la troisième 
partie de la semence. 

30. Et la moitié des fruits des 
arbres, qui est ma part, je vous 
la laisse dès ce jour et pour l'a- 
venir, afin qu'on ne la prenne 
plus dans la terre de Juda, ni dans 
les trois cités qui lui ont été ajou- 
tées de la Samarie et de la Ga- 
lilée, depuis ce jour et dans aucun 
temps; 

31. Et que Jérusalem soit sainte 
et libre avec ses confins, et que 
les dimes et les tributs soient à 
elle. 

32. Je remets aussi en votre 
pouvoir la citadelle qui est dans 
Jérusalem, et je la donne au 


grand prêtre, afin qu'il y établisse' 


les hommes quelconques qu'il 
aura choisis lui-même pour la 
garder. 


Í MACHABÉES. 


(ca. x.] 

33. Je laisse aussi en liberté, 
sans rancon, tous les Juifs qui ont 
été emmenés en captivité de la 
terre de Juda dans tout mon 
royaume, en sorte qu'ils soient 
tous affranchis des tributs, et 
méme des charges dues pour leurs 
besliaux. 

34. Et que tous les jours solen- 
nels, et les sabbats, et les néomé- 
nies, et les jours ordonnés, et 
les trois jours avant le jour so- 
lennel, etles trois jours apres le 
jour solennel, soient des jours 
dimmunité et de franchise pour 
tous les Juifs qui sont dans mon 
royaume; 

35. Et personne n'aura le pou- 
voir en ces divers jours de rien 
faire ni de susciter des affaires à 
quelqu'un d'eux, pour aucun mo- 
tif. 

36. Et que dans l'armée du roi 
on enróle d'entre les Juifs jusqu'à 
trente mille hommes, et on leur 
donnera la solde comme il le faut 
dans toutes les armées du roi, et 
on en choisira pour étre dans les 
forteresses du grand roi; 


29. Je vous remets, etc. Les Juifs devaient payer l'usage du sel, quoique les salines 
qui étaient autour de la mer Morte leur en fournissaient en abondance (xr, 3); ils 
devaient aussi donner au roi des couronnes tous les ans (xr, 39). — * Les couronnes 
étaient en or. C'étaient primitivement des dons volontaires qui étaient faits aux rois 
par des princes ou des villes, mais souvent ils avaient été rendus obligatoires et 
constituaient un véritable tribut équivalant à une somme d'or déterminée. 

30. Les trois cités; le grec lit nome, ou canton; l'historien Josephe, toparchie, ou 
gouvernement d'une contrée, d'une province. Or les principales villes de ces trois 
cantons réunis étaient Lyda, Ramatha et Aphéréma. Compar. xr, 34. — Dans aucun 
temps (in totum tempus). Comme nous l'avons déjà remarqué, en hébreu, le {out joint 
à une négation signifie nul, pas un seul. 

33, Tous les Juifs ; littér., et par hébraisme, toute dme, c'est-à-dire, toute personne de 
Juifs. — El méme, etc.; c'est-à-dire, qu'ils soient tous affranchis, méme des corvées et des 
charges publiques, pour lesquelles on les obligeait de fournir leurs animaux de service, 

34. Les jours ordonnés (dies decreti) ou privilégiés, comme la fête de Judith, celle 
des Sorts, de la dédicace du temple, etc. — * Les jours solennels sont les fêtes de 
Pâques, de la Pentecôte οἱ des Tabernacles. — Les néoménies, premier jour du mois. 

35. Pour aucun molif (in omni causa). Voy. vers. 30. 

36. Que dans l'armée, etc. Chez les Grecs, l'état militaire était le plus honorable, 
parce que c'était celui des citoyens libres. 


(cn. x.] 

97. Et plusieurs d'entre eux se- 
ront établis sur les affaires du 
royaume qui demandent 86 
grande fidélité, et que leurs chefs 
soient pris parmi eux, et qu'ils 
marchent dans leurs lois, ainsi 
que le roi l'a commandé dans la 
terre de Juda. 

38. Et les trois cités de la con- 
trée de Samarie, qui ont été ajou- 
tées à la Judée, seront coinptées 
avec la Judée, afin qu'elles soient 
sous un seul chef et qu'elles n'o- 
béissent à d'autre puissance qu'à 
celle du grand prétre : 

39. Ptolémaide et ses con- 
fins, que jai donnés en don 
aux lieux saints qui sont dans 
Jérusalem, fourniront aux dé- 
011868 1600858108 choses 
saintes. 

40. Moi, je donne aussi chaque 
année quinze mille sicles d'ar- 
gent des revenus du roi qui m'ap- 
partienuent; 

41. Et tout ce qui est resté ef 
que n'ont pas rendu ceux qui 
étaient à la téte des affaires, les 
années précédentes, ils le donne- 
ront pour les ouvrages de la mai- 
son du Seigneur. 

42. Et quant aux cinq mille 
sicles d'argent qu'ils prélevaient 
chaque année sur le revenu des 
lieux saints, qu'ils appartiennent 


CnaP. X. 46. Supra, vit, 11. 


I MACHABÉES. 


2209 


aux prétres qui remplissent les 
fonctions du ministere. 

49. Et tous ceux qui se seront 
réfugiés dans le temple qui est à 
Jérusalem et dans tous ses con- 
fins, lesquels sont redevables au 
roi pour une affaire queleonque, 
quils demeurent en süreté; et 
tout ce qui leur appartient dans 
mon royaume, qu'ils en aient la 
libre jouissance. 

44. Et pour édifier et restaurer 
les ouvrages des //euz saints, on 
fournira aux frais avec les reve- 
nus du roi; 

49. Et pour construire les murs 
de Jérusalem et les fortifier tout 
autour, on fournira aux frais avec 
les revenus du roi, ainsi que pour 
construire les autres murs dans 
la Judée. 

46. Dès que Jonathas et le peu- 
ple eurent entendu ces paroles, 
ils n'y crurent point, et ne les 
reçurent point, parce qu'ils se 
souvinrent des grands maux que 
Démétrius avait faits en Israël, et 
des tribulations dont il les avait 
accablés. 

41. Et il leur plut de se tourner 
vers Alexandre, parce qu'il avait 
été le premier auteur de paroles 
de paix, et ils lui portaient tou- 
jours secours. 

48. Or le roi Alexandre assem- 


31. Qu'ils marchent, etc.; hébraisme, pour, qu'ils suivent, qu'ils se conforment, etc. 

38. Les trois cités, etc. Voy. vers. 80, 

39. Fourniront ou bien seront, est sous-entendu. On sait en effet que le verbe sub- 
stantif être, se sous-entend continuellement dans le style biblique. D'ailleurs le no- 
minatif Plolemaida ne laisse aucun doute ici. Nous ne croyons donc pas que le relatif 
que (quas) de la Vulgate soit une faute. A la vérité, le texte grec ne porte pas ce 
pronom, mais il met à l'aceusatif Ptolémaide, comme complément direct du verbe 
J'ai donné. Ptolémaide était occupée alors par Alexandre (vers. 1); la promettre aux 
Juifs, c'était les engager puissamment à aider Démétrius à s'en rendre maître, 

40. Quinze mille sicles, Voy. Ezéch., xxv, 12. 


A. T. 439 


2210 
bla une grande armée, et leva le 
camp contre Démétrius. 

49. Et les deux rois engagèrent 
le combat, et l'armée de Démé- 
trius s'enfuit, et Alexandre le 
poursuivit et fondit sur eux. 

50. Et le combat devint très 
opiniâtre jusqu'à ce que le soleil 
fut couché, et Démétrius périt ce 
jour-là. 

51. Et Alexandre envoya vers 
Ptolémée, roi d'Egypte, des mes- 
sagers, disant : 

52. Parce QUE je suis rentré dans 
mon royaume, et que je suis assis 
sur le tróne de mes peres, et que 
jai obtenu la domination, et que 
jai brisé Démétrius, et que je 
possède notre contrée ; 

53. Et que j'aiengagé le combat 
avec lui, et qu'il a été défait, lui et 


t? MACHABEES. 


[cu. x.] 

54. Maintenant done faisons 
amitiél'un avec l'autre; donnez- 
moi votre fille pour femme, et 
moi je serai votre gendre, et je 
vous feraiainsi qu'àelle beaucoup 
de présents dignes de vous. 

95. Et le roi Ptolémée répondit, 
disant : Heureux le jour auquel 
vous étes rentré dans la terre de 
vos pères, et auquel vous vous 
étes assis sur le tróne de leur 
royaume. 

90. Maintenant je ferai ce que 
vous avez écrit; mais venez à ma 
rencontre à Ptolémaide, afin que 
nous nous voyions l'un l’autre, 
et que je vous donne ma fille en 
mariage, comme vous avez dit. 

57. Ptolémée sortit donc d'E- 
egypte, lui et Cléopâtre sa fille, et 
vint à Ptolémaide enlannée cent 


soixante-deuxieme. 
58. Et le roi Alexandre vint. à 
sa rencontre, οἱ Ptolémée lui 


son armée, par nous, et que nous 
sommes assis surle tróne de son 
royaume ; 


49. Sur euz (super eos), sur Démétrius et ses soldats. 

50. * Démétrius Ier, aprés avoir vaillamment combattu, tomba dans un marais et 
c'est là qu'il périt, couvert de blessures. ll avait régné une douzaine d'années (162-150). 

51. Plolémée Philométor. — * Ptolémée VI Philométor (180-145) avait épousé sa 
sœur Cléopâtre et il en avait eu une fille, appelée aussi Cléopâtre, vers. 57, qu'Ale- 
xandre demanda en mariage, dans le but sans doute de fortifier sa domination en 
Syrie. Ptolémée VI avait favorisé dés le commencement les prétentions d'Alexandre, 
voir plus haut, x, 1; il devait donc être très disposé à consentir à ce mariage, qui 
entrait probablement dans ses plans, car il devait espérer pouvoir ainsi acquérir de 
l'influence en Syrie et recouvrer un jour les provinces de Cœælésyrie et de Phénicie 
que l'Egypte avait perdues depuis le régne d'Antiochus ΠῚ le Grand, La suite de 
l'histoire dévoile ses vues intéressées et ambitieuses. 

56. * Venez... à Ptolémaide. Alexandre était sans doute à Antioche. 

51. * Cléopálre, que l'on a justement appelée « femme funeste aux Séleucides, » 
devenue l'épouse d'Alexandre Balas en 150, ne resta que quatre ans avec lui. Les 
succes d'Alexandre layant rendu indolent et inactif, son beau-pére Ptolémée VI 
abandonna sa cause et se ligua contre lui avec Démétrius 1I Nicator, voir vers. 67, 
auquel il donna, en 146, comme épouse sa fille Cléopâtre, enlevée à Alexandre, Elle 
eut de son nouveau mari deux fils, Séleucus V et Antiochus VIII Grypus, Démétrius Il 
ayant été fait prisonnier par les Parthes, Cléopâtre donna sa main au frère du roi 
vaincu, Antiochus VII Sidéte qui occupa le trône pendant la captivité de Démétrius 1], 
Celui-ci ayant recouvré sa liberté et sa couronne, la reine se retira à Ptolémaide. 
En 125, Démétrius, obligé de fuir devant Alexandre 11 Zébina, alla à Ptolémaide 
réclamer du secours auprès de son aucienne épouse. Elle le repoussa et on l'accusa 
même de l'avoir fait assassiner à Tyr. Elle fit périr aussi son propre fils Séleucus V, 
mais son autre fils, Antiochus VIIL Grypus, mit fin à tous ses crimes en la contrai- 
gnant à boire le poison que celte mère dénaturée avait préparé pour lui, 


]₪3. x.] 


donna Cléopâtre, sa fille, et il fit 
ses. noces à Ptolémaide, comme 
les rois avec une grande magni- 
ficence. 

59. Et le roi Alexandre écrività 
Jonathas qu'il vint au-devant de 
lui, 

60. Et il alla avec un grand éclat 
à Ptolémaide, et il y vint àlaren- 
contre des deux rois, et il leur 
donna beaucoup d'argent et d'or 
et de présents, et il trouva gràce 
devant eux. 

61. Alors se réunirent contre lui 
des hommes d'Israël, pestes pu- 
bliques, des hommes élevant des 
plaintes contre lui; mais le roine 
les écouta point. 

62. Il ordonna méme que Jona- 
thas füt dépouillé de ses véte- 
ments, et revétu de pourpre; et 
on fit ainsi. Et le roi le fit asseoir 


1 MACHABEES. 2211 


63. Et il dit aux grands de sa 
cour : Sortez avec lui au milieu 
de la cité, et publiez que per- 
sonne n'éléve des plaintes contre 
lui en aucune affaire, et que nul 
ne lui soit fácheux sous aucun 
rapport. 

64. Or il arriva que, dès que 
ceux qui voulaientl’accuser virent 
sa gloire, ce qu'on publiait de lui, 
et qu'il était couvert de pourpre, ' 
ils s'enfuirert tous. 

65. Et le roi le magnifia, et il 
l'inserivit parmi ses principaux 
amis, et le fit chef et l'associa à sa 
domination. 

66. Et Jonathas revint àJérusa- 
lem en paix et avec joie. 

67. En l’année cent soixante- 
cinquième, Démétrius, fils de Dé- 
métrius, vint de Crète dans la 
terre de ses pères. 


avec lui. 68. El le roi Alexandre l'apprit, 


65. * Parmi ses principaux amis. Il avait déjà recu le titre d'ami, vers. 20; main- 
tenant il reçoit 16 titre supérieur d'ami principal. Voir 1x, 48. 
61. * Démétrius 11 Nicator, fils de Démétrius Ier Soter, vint de Crète, en 148, afin de 
reconquérir le royaume de son pére. C'était l'ainé des deux tils de Démétrius Ier, 
Celui-ci, au commencement de sa guerre avec Alexandre Ier Balas, avait envoyé ses 
deux fils, avee de grands trésors, à l'un de ses amis à Cnide en Carie, afin de les 
soustraire aux dangers de la guerre. Ayant appris que le nouveau roi de Syrie vivait 
dans là mollesse, le jeune Démétrius débarqua en Cilicie avec une armée levée par 
le Crétois Lasthéne. Alexaudre avait fait probablement de Ptolémaide sa résidence 
ordinaire depuis son mariage avec Cléopâtre. Elfrayé à la nouvelle de l'arrivée de 
son compétiteur, il se rendit à Antioche, laissant Apollonius comme gouverneur de 
la Celésyrie. Démétrius II avait gagné Ptolémée VI Philométor. Avec son aide, il 
détit sur la riviére OEnoparos, dans la plaine d'Antioche, Alexandre Balas, qui fut 
contraint de s'enfuir en Arabie, où il périt assassiné, xr, 16-17. Démétrius II fut ainsi 
reconnu de tous roi de Syrie. Il ne se montra pas d'abord hostile aux Juifs, xi, 20 
Aussi une sédition ayant éclaté contre lui à Antioche, les Juifs le défendirent contre 
les séditieux. Mais comme il ne tint pas les promesses qu'il leur avait faites, ils pas- 
sèrent du côté de ses ennemis, ainsi que les anciens soldats syriens qu'il avait li- 
cenciés. Un général d'Alexandre Balas, peu aprés le triomphe de Démétrius II, avai* 
fait proclamer roi un fils mineur d'Alexandre, Antiochus VI Dionysos, xt, 39. Tryphon. 
battit Démétrius et se rendit maitre d'Antioche. La guerre continua entre eux plu- 
sieurs années, jusqu'à ce que Démétrius 11 fut fait prisonnier dans une campagne 
contre le roi parthe Mithridate Ier Arsace, xiv, 1. Il ne recouvra sa liberté qu'au bou* 
de dix ans. Pendant ce temps, son frère Antiochus VII Sidètes avait occupé le trón« 
et renversé Tryphon. Antiochus VII périt dans une guerre contre les Parthes et Dé- 
métrius 11 remonta sur le trône. Alexandre 11 Zébina le lui disputa et le vainquit à 
Damas. Démétrius 11 alla demander en vain du secours à Ptolémaide à sa femme 
Cléopâtre. Il fut peu aprés assassiné à Tyr en 125, 


2919 


mc 


et il en fut très contristé, et il re- 
tourna à Antioche. 

69. Or le roi Démétrius établit 
pour général Apollonius, qui gou- 
vernait là Ceelésyrie; et il assem- 
bla une grande armée et vint à 
Jamnia, etil envoya vers Jonathas 
le grand prétre, 

10. Disant : Toi seul tu nous 
76818108 ; et moi je suis devenu 
un objet de dérision et d'oppro- 
bre, parce que tu exerces un pou- 
voir contre nous dans les mon- 
tagnes. 

71. Maintenant donc, si tu te 
confies en tes forces, descends 
vers nous dans la plaine, et 
mesurons-nous ensemble, parce 
qu'avec moi est la force des com- 
bats. 

12. Demande et apprends qui 
je suis, moi et tous les autres 
qui me prétent secours, qui di- 
sent aussi que votre pied ne pour- 
rait tenir ferme devant notre face, 
et que par deux fois tes pères 
ont été mis en fuite dans leur 
terre. 

13. Maintenant donc, comment 
pourras-tu soutenir ma cavalerie 
et une si grande armée dans une 
plaine oü il n'y a ni pierre, ni ro- 
cher, ni un lieu pour fuir? 

14. Or, des que Jonathas eut en- 


I MACHABÉES. 


fcu. x.] 
tendu res paroles d'Apollonius, il 
fut ému en son cœur, et il choi- 
sit dix mille hommes, et il sortit 
de Jérusalem, et Simon, son frère, 
vint à sa rencontre pour le se- 
courir. 

15. Ils poserent leur camp pres 
de Joppé, quilui ferma l'entrée de 
la cité, parce que Joppé étaitune 
garnison d'Apollonius et il l'atta- 
qua. 

16. Mais, épouvantés, ceux qui 
étaient dans la ville lui ouvrirent, 
et Jonathas prit Joppé. 

17. Or Apollonius l'apprit, et il 
mit en mouvement trois mille ca- 
valiers et une grande armée. 

18. Et il marcha comme pour 
aller vers Azot, et il se jeta tout 
d'un coup dans la plaine, parce 
qu'il avait une multitude de cava- 
liers, et qu'il se confiait en eux. 
Et Jonathas le suivit vers Azot, et 
ils engagerent un combat. 

19. Apollonius laissa secréte- 
ment derriere les Juifs mille ca- 
valiers dans son camp. . 

80. Jonathas sut qu'il y avait 
une embuscade derriere lui, et 
les ennemis environnèrent son 
camp, et lancerent des traits con- 
tre son peuple depuis le matin 
jusqu'au soir. 

81. Mais 16 peuplerestait ferme, 


69. * Apollonius, probablement fils de l'Apollonius dont parle le second livre des 
Machabées, וד‎ 5, 7, avait été l'ami et le confident de Démétrius Ie* pendant que 
celui-ci était retenu comme otage à Rome. C'est ce qui explique pourquoi il aban- 
donna 81 facilement le parti d'Alexandre Balas, en faveur du fils de son ancien ami, et 
obtint aussitôt la confiance de Démétrius 1]. — La Cœlésyrie proprement dite désie 
gnait la longue et large vallée comprise entre le Liban et l'Antiliban, mais le gou- 
vernement de la Cælésyrie comprenait aussi la Phénicie et la Palestine jusqu'à Raphia. 

12. Que par deux fois, etc. Cela se rapporte peut-être à la défaite de Joseph et 
d'Azarias (v, 60), et au combat où Judas fut tué (ix, 6, 18). 

13-16. * La garnison syrienne fit fermer les portes de la ville à l'armée de Jonatbas, 
mais les habitants les lui ouvrirent, malgré la garnison, Joppé ou Jaffa est à quatre 
heures et demie de marche de Jamnia où était. Apollonius. 

18, * Vers Azol. Voir plus haut, v, 68. 


[cu x1.] 


ainsi que l'avait commandé Jona- 
thas ; etles chevaux des ennemis 
se fatiguèrent. 

82. Alors Simon fit sortir son 
armée et l'engagea contre la lé- 
gion; car les cavaliers étaient fa- 
Ugués; et ils furent défaits, et ils 
s'enfuirent. 

83. Et ceux qui étaient épars 
dans la plaine s'enfuirent à Azot, 
et entrerent dans Bethdagon, leur 
idole, pour s'y mettre en süreté. 

84. Mais Jonathas brüla Azot et 
les cités qui étaient autour d'elle, 
et il. prit leurs dépouilles; et le 
temple de Dagon et tous ceux qui 
s'y étaient réfugiés, il les livra 
aux flammes. 

85. Or ceux qui tomberent sous 
le glaive, avec ceux qui furent 
brülés, étaient près de huit mille 
hommes. 

80. Et Jonathas leva son camp 
de ce lieu, et le posa à Ascalon; 
et les habitants. sortirent de la 
cité au-devant de lui e£ /e recu- 
rent avec de grands honneurs. 

87. Et Jonathas retourna à Jé- 
rusalem avec les siens, portant 
beaucoup de dépouilles. 


I MACHABÉES. 


2213 

88. Or il arriva que, dés que 
le roi Alexandre apprit ces cho- 
ses, il honora encore davantage 
Jonathas. 

89. Et il lui envoya une agrafe 
d'or, comme il est d'usage d'en 
donner aux parents des rois, Et il 
lui donna Accaron ettous ses con- 
fins en possession. 


CHAPITRE ΧΙ. 


Ptolémée Philométor usurpe ie royaume 
d'Alexandre Balas. Alexandre se sauve; 
on lui tranche la téte. Ptolémée meurt. 
Démétrius Nicator monte sur le tróne, 
comble d'honneurs Jonathas, accorde 
plusieurs priviléges aux Juifs. Entre- 
prise de Tryphon. Soulévement à An- 
tioche. Les Juifs sauvent Démétrius. 
Ingratitude de ce prince. Antiochus 
Théus est mis surle tróne et recherche 
lamitié de Jonathas. Guerre de Jona- 
thas contre les troupes de Démétrius, 


1. Or le roi d'Egypte assembla 
une armée qui était comme le 
sable du rivage de la mer, et un 
grand nombre de vaisseaux ; et 
il cherchait à s'emparer du royau- 
me d'Alexandre par ruse et à l'a- 
jouter à son royaume. 

2. Et il sortit dansla Syrie avec 
des paroles pacifiques, et les cités 


.82, La légion (legionem) dans le grec, phalange. Voy. 1x, 12. 


83. El ceux qui; le grec porte, e£ la cavalerie, ce qui a fait penser que les copistes 
ont mis dans la Vulgate et qui, pour ef equi, et les chevaux, les cavaliers. 

84. Bethdagon, c'est-à-dire, maison ou temple de Dagon, comme la Vulgate elle- 
méme l'explique au vers. suivant. Or Dagon était une idole des Philistins, laquelle a 
donné son nom à plusieurs villes. 

86. * A Ascalon, dans la plaine de la Séphéla, au nord de Gaza, sur la Méditerranée; 
position trés forte. 

88. Ces choses (sermones istos). Voy. v, 31. 

89. L'agrafe d'or était une grande marque de distinction parmi les Grecs, les 
Perses, les Macédoniens et les Romains; elle servait à rattacher sur l'épaule la partie 
de devant à celle de derrière, de l'habit de dessus. — Les parents des rois (cognati 
regum). Les rois appelaient par distinction et par honneur, parenís, des personnes 
revétues de la première dignité, mais qui souvent ne tenaient nullement à eux ni par 
le sang ni par les alliances. Ils traitaient de méme leurs simples amis. — * Accaron, 

.l'une des principales villes du pays des Philistins, dans la plaine de la Séphéla, s: 
sud-ouest de la Paleetine. 


1. Le roi d'Egypte, Ptolémée Philométor, 


2214 1 MACHABÉES. 


lui ouvraient leurs portes et ve- 
naient à sa rencontre, parce que 
le roi Alexandre avait commandé 
d'aller au-devant de lui, à cause 
que lero? d'Egypte était son beau- 
père. 

3. Maislorsque Ptolémée entrait 
dans une cité, il y mettaitune gar- 
nison de ses soldats. 

4. Et dès quil fut venu près 
d'Azot, on lui montra le temple 
de Dagon auquel on avait mis 
le feu, et Azot et toutes les au- 
tres ruines, et les cadavres éten- 
dus et les monceaux de ceux 
qui avaient été taillés en pièces 
dans la guerre, monceaux qu'on 
avait faits lelong de la voie. 

5. Et ils racontèrent au roi que 
Jonathas avait fait ces choses, 
pour lelui rendre odieux ; mais le 
roi se tut. 

6. Or Jonathas vint à la ren- 
contre du roi à Joppé avec un 
grand éclat, et ils se saluèrent ré- 
ciproquement, et dormirent en 
ce lieu. 

7. Et Jonathas s'en alla avec le 
roi jusqu'au fleuve qui est appelé 
Eleuthère ; et il retourna à Jéru- 
salem. 

8. Orleroi Ptolémée obtint ainsi 
la domination des cités jusqu'à 
Séleucie pres de la mer, et il mé- 


[cu. x1.] 


ditait contre Alexandre de mau- 
vais desseins. 

9. Il envoya done des messa- 
gers à Démétrius, disant : Ve- 
nez, faisons ensemble alliance, 
et je vous donnerai ma fille 
qu'Alexandre a épousée, et vous 
régnerez dans le royaume de vo- 
ו‎ ΟΣ: 

10. Car je me repens de lui avoir 
donné ma fille, car il a cherché à 
me faire mourir. 

11. Or il l'accusait, à cause qu'il 
convoitait son royaume. 

19. Et il enleva sa fille et la 
donna à Démétrius, et il s'éloigna 
d'Alexandre, et ses inimitiés de- 
vinrent manifestes. 

13. Et Ptolémée entra dans An- 
tioche, et mit deux diadèmes sur 
sa téte, celui d'Egypte et celui 
d'Asie. 

14. Or le roi Alexandre était en 
Cilicie en ces temps-là, parce que 
ceux qui étaient en ces lieux s'é- 
taient révoltés. 

15. Et Alexandre l'apprit et il 
vint vers lui pour le combattre; et 
le roi Ptolémée fit avancer son ar- 
mée, et marcha à sa rencontre, 
avec de fortes troupes, et il le mit 
en fuite. 

16. Et Alexandre s'enfuit en 
Arabie afin d'y trouver du se- 


E M ————— 


1. Eleuthère. Les uns mettent ce fleuve entre Tyr et Sidon, les autres avec beaucoup 
plus de probabilité au delà du Liban, au nord de cette montagne. 

8. * Séleucie prés de la mer, ainsi surnommée, pour la distinguer des huit autres 
villes de ce nom bâties ou restaurées par Séleucus Ier Nicator. Elle était située à 
quarante stades, ou sept à huit kilomètres au nord de l'embouchure de l'Oronte, à 
vingt-deux kilomètres environ d'Antioche. On l'appelait aussi Piéria, parce qu'elle 
s'élevait au pied du mont Piérius. 

9. * Ma fille Cléopâtre. Voir plus haut, χ, 5T. 

13. * D'Asie. Voir plus haut, vu, 6. 

14, En ces lieux, dans les provinces de Syrie. — * En Cilicie. Nous avons vu, x, 61, 
que c'est là qu'avait débarqué Démétrius 11, pour disputer la couronne à Alexandre 
Balas. 

16. * En Arabie, qui s'étend à l'est et au sud de la Palestine, jusqu'à la mer Rouge. 


cH. xi.) 


cours, mais 16 roi Ptolémée triom- 
pha. 

17. Et Zabdiel l'Arabe enleva la 
tête à Alexandre, et l'envoya à 
Ptolémée. 

18. Et le roi Ptolémée mourut 
le troisième jour aprés; et ceux 
qui étaient dans les forteresses 
furent tués par ceux qui étaient 
dans le camp. 

19. Et Démétrius régnaen l'an- 
née cent soixante-septième. 

20. En ces jours-là, Jonathas 
assembla ceux qui étaient dans la 
Judée, afin d'attaquer vivement 
la citadelle qui est à Jérusalem, 
et ils firent contre elle beaucoup 
de machines. 

21. Mais quelques-uns qui hais- 
saient leur nation, hommes ini- 
ques, allèrent vers Démétrius, et 
lui rapportèrent que Jonathas as- 
siégeait la citadelle. 

99. Et dès qu'il apprit cela, 
il fut irrité, et aussitôt il vint à 
Ptolémaïde, et écrivit à Jonathas 
de ne pas assiéger la citadelle, 
mais de venir en grande hâte à 
sa rencontre pour conférer avec 
lui. 

23. Mais dès que Jonathas ap- 


I MACHABÉES. 


2215 


prit cette nouvelle, 11 commanda 
que l'on fit le siege; et il choisit 
quelques-uns des anciens d'Israél 
et des prêtres et il sabandonna 
au péril. 

24. Et il prit de l'or, et de l'ar- 
cent, et des vétements, et beau- 
coup d'autres présents, et il alla 
vers le roi à Ptolémaide, et il 
trouva gráce devant lui. 

25. Etquelques hommes iniques 
desa nation élevaient des plaintes 
contre lui. 

26. Mais le roi fit pour lui com- 
meavaient fait ses prédécesseurs, 
et il l'exalta en présence de tous 
ses amis. 

27. Et il lui confirma 18 princi- 
pauté du sacerdoce et toutes les 
marques d'honneur qu'il avait 
eues auparavant, et le fit le pre- 
mier de ses amis; 

28. Et Jonathas demanda au 
roi d'accorder limmunité à la 
Judée, et aux trois toparchies, et 
à la Samarie, et à ses confins; et 
il lui promit trois cents talents. 

29. Et le roi consentit, et écri- 
vit à Jonathas sur toutes ces cho- 
ses, des lettres contenant ce qui 
suit : 


17-18. * Alexandre Balas s'était enfui avec cinquante des siens, parmi lesquels, au 
rapport de Diodore de Sicile, étaient deux de ses officiers, qui achetérent par sa 
mort les bonnes gráces de Démétrius II. Le fils d'Alexandre, le jeune Antiochus était 
déjà en Arabie. Voir xr, 39. Les officiers qui déterminèrent Zabdiel à faire périr Ale- 
xandre, portèrent sans doute eux-mêmes sa tête à Ptolémée, qui détestait son ancien 
zendre. Ptolémée, d'après les récits des auteurs profanes, avait été grièvement blessé 
à la téte dans le combat. Il mourut de sa blessure trois jours aprés. Les soldats que 
Ptolémée avait placés dans les forteresses des places fortes furent alors massacrés par 
ceux qui habitaient ces places. 

19. * Démétrius, délivré de ses compétiteurs, resta maitre du tróne en 146 ou 145 
avant J.-C. 

22. * A Ptolémaide. Voir plus haut, v, 15. 
| 96. * Ses amis. Voir plus haut, 11, 18. 

21. * Le premier de ses amis. Voir plus haut, 11, 18. 

98. Aux trois toparchies. Voy. vers. 34 et x, 30. — Trois cents talents. L'écrivain 
sacré ne dit pas si c'étaient des talents d'argent ou d'or. Chez les Hébreux, le talent 
d'argent valait environ 4414 fr. 50, et le talent d'or, environ 6366 ἔτ, 


2210 

80. Le ποι Démétrius à 807 6 
Jonathas, et à la nation des Juifs, 
salut. 

31. Nous vous avons envoyé la 
copie de la lettre que nous avons 
écrite à Lasthène, notre parent, 
à votre sujet, afin que vous /a 
connaissiez. 

32. Le roi Démétrius à Lasthè- 
ne, son parent, salut. 

33. Nous avons résolu de faire 
du bien à la nation des Juifs, nos 
amis, qui observent ce qui est 
juste à notre égard, à cause dela 
bonne volonté qu'ils ont pour 
nous. 

34. Nous avons done ordonné 
en leur faveur que toute la Judée 
et les trois cités Aphéréma, Lyda 
et Ramatha, qui ont été ajoutées 
à la Judée de la Samarie, et tous 
leurs confins, seront destinées 
pour tous ceux qui sacrifient à Jé- 
rusalem, à la place de ce que le 
roi recevait d'eux comme impóts 
tous les ans, et des fruits de la 
terre et des arbres. 

35. Et ce qui nous appartenait 


I MACHABÉES. 


[cu. x1.] 
des dimes et des tributs, nous le 
remettons dés à présent, ainsi 
que les places. des salines et les 
couronnes qui nous étaient ap- 
portées, 

36. Nous leur donnons toutes 
ces choses, et rien de ces conces- 
sions ne sera sans effet des ce mo- 
ment et: dans aucun temps. 

37. Maintenant done, ayez soin 
de faire une copie de cette or- 
donnance, e£ qu'elle soit donnée 
à Jonathas, et déposée sur !a 
montagne sainte, en un lieu bien 
connu. 

38. Or, le roi Démétrius, voyant 
que la terre se taisait en sa pré- 
sence et que rien ne lui résistait, 
renvoya toute son armée, chacun 
en sa demeure, excepté l'armée 
des étrangers qu'il avaitlevée des 
peuples des iles des nations; et 
toutes les troupes de ses pèreslui 
étaient ennemies. 

39. Or un certain Tryphon était 
auparavant du parti d'Alexandre; 
et il vit que toute l'armée mur- 
murait contre Démétrius, et il 


30. Salut (salutem). Voy. x, 18. 


31. Lasthéne, Crétois qui contribua à mettre Démétrius sur le trône de ses pères, 
en lui fournissant les troupes avec lesquelles il passa en Cilicie et de là en Syrie. 
Compar. x, 61. — Notre parent, c'est-à-dire notre ami. Voy. x, 89. 

34. Les trois cités. La Vulgate ne porte que Lyda et Ramatha; mais les Septante 
ajoutent Aphéréma. Voy. x, 30. — Seront destinées, etc. Compar. x, 30, 38, 42. 

35. Les places des salines (areas salinarum); selon le grec, les lacs ou les étangs cu 


sel. Compar. pour ce vers. x, 29. 


36. Aucun temps (omne lempus). Voy. x, 30. 


31. * Sur la montagne sainte, le mont Moria où était le temple, en un lieu bien 
connu, où elle fût trés visible. L'ordonnance avait probablement été gravée sur une 
tablette d'airain, comme vin, 22. 

38. * Des iles des nations, des iles de la Méditerranée. La plupart de ses soldats 
étrangers étaient Crétois, mais il y en avait aussi de Rhodes, de Chypre et des iles 
de l'Archipel.— Toutes les troupes de ses pères, Séleucus IV Philopator et Démétrius l*', 
ou ses prédécesseurs en général. 

39. * Un certain Tryphon. Son vrai nom était Diodote; il était connu sous le sur- 
nom de Tryphon ou le Dissolu. Né à Casiana, plaee forte des environs d'Apamée en 
Syrie, et élevé à Apamée, il devint un des officiers d'Alexandre Balas. Rempli d'am- 
bition, il résolut de mettre à profit le mécontentement des anciens soldats contre 
Démétrius II pour jouer un grand rôle, Il alla chercher le fils d'Alexandre, celui dont 


]08. xi.] 


alla vers Emalchuel, Arabe qui 
élevait Antiochus, fils d'Alexan- 
dre, 

40. Et il le pressait de le lui don- 
ner, afin qu'il régnât en la place 
de son père; et il lui rapporta 
tout ce que Démétrius avait fait 
et lesinimitiés de ses armées con- 
tre lui. Et il demeura en ce lieu 
bien des jours. 

41. Cependant Jonathas envoya 
vers le roi Démétrius afin qu'il 
chassát ceux qui étaient dans la 
citadelle à Jérusalem, et ceux qui 
étaient dans les garnisons, parce 
qu'ils faisaient la guerre à Israël. 

49. Et Démétrius envoya vers 
Jonathas, disant : Non seulement 
je ferai pour vous ces choses et 
pour votre nation, mais je vous 
éleverai en gloire, vous et votre 
nation, lorsque ce sera opportun. 

43. Maintenant donc, vous fe- 
rez bien si vous envoyez des 
hommes à mon secours, parce 
que toute mon armée s'est re- 
lirée. 

44. Et Jonathas envoya trois 
mille hommes trés vaillants à An- 
tioche, et ils vinrent vers le roi, 
et le roi se réjouit de leur arrivée. 


I MACHABÉES. 


2217 


45. Et ceux qui étaient de la cité 
s'assemblerent au nombre de cent 
vingt mille hommes, et ils vou- 
laient tuer le roi. 

46. Et le roi s'enfuit dans le 
palais, et ceux qui étaient de la 
cité occupèrent toutes les rues de 
la cité et commencèrent à atta- 
quer. 

47. Et le roi appela les Juifs à 
son secours et ils vinrent tous 
ensemble auprès de lui; puis 
ils se répandirent tous dans la 
cité; 

48. Et ils tuèrent en ce jour-là 
cent mille hommes, et ils mirent 
le feu à la cité,etils prirent beau- 
coup de dépouilles, et délivrèrent 
le roi. 

49. Et ceux qui étaient de la 
cité virent que les Juifs s'étaient 
rendus maitres dela cité, comme 
ils voulaient; et ils faiblirent, et 
ils crièrent au roi avec prières, 
disant : 

50. Donnez-nousla main droite, 
et que les Juifs cessent de nous 
attaquer, nous et notre cité. 

91. Et ils jetèrent leurs armes, 
et firent la paix; et les Juifs fu- 
rent glorifiés en présence du roi, 


il devait faire Antiochus VI Dionysos, en Arabie où il était élevé. Le gardien de l'en- 
fant, Emalchuel (peut-étre le fils de Zabdiel, vers. 11), refusa longtemps de le donner 
à Tryphon, sans doute parce qu'il avait pénétré les secrets desseins de cet ambi- 
lieux. Cest pendant que Tryphon était en Arabie qu'éclata à Antioche contre Démé- 
trius II la révolte que ce roi parvint à réprimer gráce à la fidélité des Juifs, vers. 41-53. 
Tryphon parvint enfin à son but. Il emmena avec lui le jeune Antiochus, et il le fit 
proclamer roi (145). Toutes les troupes qu'avait licenciées Démétrius II se groupèrent 
autour d'Antiochus VI et battirent leur ancien roi, qui fut réduit à s'enfuir. Tryphon 
prit ainsi possession d'Antioche. Jonathas se déclara aussi pour lui, mais Tryphon 
ne tint pas dans la suite les promesses qu'il lui avait faites et le fit méme périr 
traitreusement, xir, 39 et suiv.; xur, 12 et suiv. Il fit aussi assassiner son pupille An- 
tiochus VI, alors âgé de dix ans, aprés un règne nominal de trois ans et demi environ, 
et s'empara de sa couronne (142). Il continua à être en guerre avec Démétrius II. 
Quand celui-ci fut tombé entre les mains des Parthes, son successeur, Antiochus VII 
Sidéte, en 139-138, continua à combattre Tryphon. Il le poursuivit à Dora en Phénicie, 
à Ptolémaide, à Orthosiade et enfin à Apamée où il l'assiégea et où Tryphon trouva 
la mort, en 138. 
50. Donner la main droite était un signe de réconciliation et de paix, 


2248 


en présencé de tous ceux qui 
étaient dans son royaume, et ils 
se firent un nom dans le royau- 
me, et ils s'en retournerent à Jé- 
rusalem, portant beaucoup de dé- 
pouilles. 

92. Et le roi Démétrius s'assit 
sur son tróne, et la terre se tut 
en sa présence. 

53. Mais il mentit en tout ce 
qu'il avait dit, et il s'éloigna de 
Jonathas; il ne lui rendit point 
selon les bienfaits qu'il en avait 
reçus, et lui faisait méme beau- 
coup de mal. 

94. Or, après cela, Tryphon re- 
vint, et avec lui Antiochus, jeune 
enfant qui régna et se mit le dia- 
deme sur la tête. 

99. Et toutes les armées que 
Démétrius avait dispersées s'as- 
sembleérentautourd' Antiochus, et 
combattirent contre Démétrius; 
et il s'enfuit, et tourna le dos. 

56. Et Tryphon prit les bêtes et 
s'empara d'Antioche. 

97. Et le jeune Antiochus écri- 
vit à Jonathas, disant : Je vous 
confirme dans le sacerdoce, et je 
vous établis sur les quatre cités, 
afin que vous soyez des amis du 
roi. 

98. Et il lui envoya des vases 


I MACHABÉES. 


[cu. xr.] 
d'or pour son service, etlui donna 
le pouvoir de boire dans lor, et 
d'être dans la pourpre, et d'avoir 
une agrafe d'or. 

59. Et Simon, son frère, il l'é- 
tablit gouverneur depuis les li- 
mites de Tyr jusqu'aux confins 
d'Egypte. 

60. Et Jonathas sortit, et il par- 
courait les cités au delà du fleu- 
ve; et toute larmée de Syrie 
s'assembla auprès de lui à son 
secours, et il vint à Ascalon, et 
les habitants allèrent de la cité à 
sa rencontre, e£ le recurent hono- 
rablement. 

01. Et il alla de là à Gaza; et 
ceux qui étaient à Gaza s'enfer- 
merent, et il l'assiégea, mit à feu 
ce qui était autour de la cité, et 
le pilla. 

62. Et les habitants de Gaza 
implorerent Jonathas, et il leur 
donna la main droite, et il prit 
leursfils pour otages, et les en- 
voya à Jérusalem, etil parcourut 
la contrée jusqu'à Damas. 

63. Or Jonathas apprit que les 
princes de /a milice de Démétrius 
prévariquaient à Cadés, qui est en 
Galilée, avec une armée nom- 
breuse, voulant l'écarter de l'ad- 
ministration du royaume; 


54. * Tryphon revint d'Arabie, où il était allé chercher Antiochus VI Dionysos. Voir 


vers. 39. 


96. Les bétes (bestias), c'est-à-dire les éléphants. 

51. Les quatre cilés. Aux trois dont nous avons parlé plus haut (x, 30), quelques- 
uns ajoutent comme quatrième Acco ou Ptolémaide. 

58. Des vases d'or, etc. Le roi et ceux à qui il en donnait la permission pouvaient 
seuls se servir de vaisselle d'or. — Une agrafe d'or. Voy. x, 89. 

59. * Depuis les limites de Tyr jusqu'aux confins d'Egypte, toute la côte maritime 
depuis l'Echelle de Tyr, haute montag ne située d’après Josèphe à cent stades au nord 
de Ptolémaide, jusqu'à l'ouadi el-Arisch ou ruisseau d'Egypte près de Rhinocolure, 

60. Du fleuve, c'est-à-dire du Jourdain. — * Ascalon, voir plus haut, x, 86. 

62. Il leur donna la main droite. Voy. vers. 50. 

65. * Cadés en Galilée, appelée ailleurs Cédés, dans la tribu de Nephtali, place for- 
11866, non loin de Safed. L'armée syrienne-rassemblée à Cadés avait pour mission de 


, 267628500 


[cn. x11.] 

64. Et il alla à leur rencontre, 
mais il laissa son frère Simon 
dans laprovince. 

65. Et Simon campa devant 
Bethsura, et l'attaqua pendant 
bien des jours, et tint investis 
les assiégés. 

66. Et ils lui demandérent de 
recevoir sa main droite, et il /a 
leur donna; et il les fit sortir de 
là, et il prit la cité et y mit une 
garnison. 

67. Mais Jonathas et son camp 
s'approcherent de l'eau de Géné- 
sar, et avant le jourils se leverent 
dans la plaine d'Azor. 

68. Et voilà que le camp des 
étrangers accourait dans la plai- 
ne, et lui dressait des embuscades 
dans les montagnes; mais lui- 
méme accourut vis-à-vis. 

69. Et ceux qui étaient dans les 
embuscades se leverent de leurs 
lieux, et engagerent un combat. 

70. Et tous ceux qui étaient du 
cóté de Jonathas s'enfuirent, et 
personne d'entre eux nedemeura, 
sinon Mathathias, fils d'Absolom, 
et Juda, fils de Calphi, prince de 
la milice de l'armée. 

71. Et Jonathas déchira ses vé- 
tements, et mit de laterre sur sa 
téte, et il pria. 


MACHADÉES.‏ ז 


2219 

72. Et Jonathas retourna vers 
eux au combat, et ils combatti- 
rent, et il les mit en fuite. 

79. Et ceux de son parti qui 
fuyaient virent ce/a, et revinrent 
auprès de lui, et poursuivirent 
tous les fuyards avec lui jusqu'à 
Cadès, à leur camp, et ils vinrent 
jusque-là. 

74. Et il tomba d'entre les étran- 
gers en ce jour-là, trois mille 
hommes; et Jonathas retourna à 
Jérusalem. 


CHAPITRE XII. 


Jonathas renouvelle l'alliance avec les Ro- 
mains et avecles Lacédémoniens. Il met 
en fuite l'armée de Démétrius. ll tourne 
ses armes contre les Arabes et les Sy- 
riens. Simon étend ses conquétes jus- 
qu'à Joppé. Jonathas est pris à Ptolé- 
maide par Tryphon. 


1. Or Jonathas vit que le temps 
le favorisait, et il choisit des 
hommes, et les envoya à Rome, 
pour établir et renouveler amitié 
avec les Romains; 

2. Et aux Spartiates, et en d'au- 
tres lieux il envoya des lettres 
avec la méme formule; 

3. Et ses messagers allèrent à 
Rome, et ils entrerent dans le 
Sénat, disant : Jonathas, le grand 
prêtre, etla nation des Juifs, nous 


65. * Bethsura. Au bas de la colline sur laquelle était bátie Bethsur ou Bethsura, 
il y a l'abondante fontaine appelée aujourd'hui de S. Philippe, sur la route d'Hébron. 
Cette fontaine permettait aux Juifs de tenir indéfiniment Bethsura investie, sans avoir 
à souffrir de la soif, tandis que les assiégés ne devaient guère avoir d'eau sur la hau- 
teur. 

61. L'eau de Génésar, le lac de Géuésareth. — 118. se levèrent (vigilaverunt), ou ils 
arrivérent avec diligence. — * La plaine d'Azor, la plaine située à l'ouest du lac Mérom 
qui était dominé par la ville d'Azor, située sur une éminence. 

12. Ils combattirent (pugnaverunt), ou bien, i/s firent de la résistance; les Septante 
lisent: I/ leur fit tourner le dos, et ils fuirent. 

13. Ils vinrent, etc., ils n'allérent pas plus loin. 

1. * Jonathas dut envoyer cette ambassade à Rome vers 148 ou 142, peu aprés la 
prise de Carthage et de Corinthe. 


2. * Numénius et Antipater, envoyés à Rome, vers. 16, passèrent à leur retour de 
Rome par Sparte. 


2220 
ontenvoyés, ann que nous renou- 
velions amitié et alliance comme 
par le passé. 

4. Et les Romains leurs donnè- 
rent des lettres pour leurs gou- 
verneurs dans les divers lieux, afin 
qu'on les ramenát en paix dans la 
terre de Juda. 

9. Or voici la copie des lettres 
due. Jonathas écrivit aux Spar- 
tiates : 

6. JoxATHAs, grand prêtre, et les 
anciens de la nation, et les pré- 
tres, et le reste du peuple des 
Juifs, aux Spartiates leurs frères, 
salut. 

7. Déjà depuis longtemps des 
lettres ont été envoyées à Onias, 
le grand prétre, par Arius, qui 
régnait chez vous, pour dire 
que vous étes nos fréres, comme 
le contient l'écrit mis sous vos 
yeux. 

8. Et Onias accueillit avec hon- 
neur l'homme qui avait été en- 
voyé, et il reçut les lettres dans 
lesquelles il était question d'al- 
liance et d'amitié, 

9. Pour nous, quoique nous 
n'eussions aucun besoin de ces 
choses, ayant pour consolation 


! MACHABEES, 


[cu. xn.] 
les saints livres qui sont en: nos 
mains ; 

10. Nous avons mieux aimé 
envoyer vers vous pour renouve- 
ler la fraternité et lamitié, de 
peur que nous ne vous devenions 
étrangers ; car il s'est passé bien 
du temps depuis que vous avez 
envoyé vers nous. 

11. Nous donc en tout temps 
sans interruption dans les jours 
solennels, et tous les autres aux- 
quels il le faut, nous nous souve- 
nons de vous dans les sacrifices 
que nous offrons et dans les ob- 
servances, comme il est permis, 
et comme il convient de se sou- 
venir de ses frères. 

12. C'est pourquoi nous nous 
réjouissons de votre. gloire. 

13. Mais de nombreuses tribu- 
lations et de nombreux combats 
nous ont environnés, et ils ont 
combattu contre nous, les rois 
qui sont autour de nous. 

14. Nous n'avonsdonc pas voulu 
vous étre à charge ni à nos au- 
tres alliés et amis, dans ces com- 
bats. 

15. Car nous avons eu du ciel 
du secours, et nous avons été 


6, 20. Salut (salutem). ΝΟΥ. x, 18. 


1. * Onias. On distingue quatre grands prêtres de ce nom. Onias Ie", fils de Jaddus, 
qui était grand prétre à l'époque d'Alexandre le Grand. Il fut contemporain de Ptolé- 
mée Ier Lagus et de Séleucus I*' Nicator; il exerca ses fonctions de 323 à 300 avant J.-C. 
— Onias 11, fils de Simon II, était pontife du temps de Séleucus IV Philopator (187- 
115). — Onias 111 était grand prêtre sous le règne d'Antiochus IV Epiphane (175-164) 
et il fut forcé d'abandonner le souverain sacerdoce à son frère Jason, II Machabées, 
ni-v. — Son fils Onias IV éleva en Egypte le temple de Léontopolis. Les commen- 
tateurs ont vu dans l'Onias dont il est question ici, les uns le premier, d'autres le 
second et d'autres le troisième, mais il ne peut être question que d'Onias Ie", parce 
qu'il est le seul qui ait été contemporain d'Arius, roi de Sparte. ll y a eu deux 
rois de ce nom. Arius 1" régna de 309 à 265 avant notre ère. C'est celui dont 
parle la lettre de Jonathas. Arius II, petit-fils du 19 mourut à l’âge de huit ans 
en 251. 

11. Dans les observances; le grec porte, dans nos prières, ce qui a fait penser qu'on 
lisait primitivement dans la Vulgate in obsecralionibus, au lieu de in observationibus. 
D'autant que les Juifs priaient et offraient des sacrifices pour les princes leurs alliés, 
et pour ceux auxquels ils étaient soumis (vir, 33; Baruch, 1, 10). 


(or. xir.] 


délivrés, nous, et nos ennemis 
ont été humiliés. 

16. C'est pourquoi nous avons 
choisi Numénius, fils d'Anthio- 
chus, et Antipate. fils de Jason, 
et nous les avons envoyés vers 
les Romains pour renouveler avec 
eux l'amitié etl'alliance ancienne. 

17. C'est pourquoi nous leur 
avons ordonné de venir aussi 
vers vous, et de vous saluer; et 
de vous remettre nos lettres sur 
le renouvellement de notre fra- 
ternité. 

18. Et maintenant vous ferez 
bien en nous répondant à ce su- 
jet. 

19. Or voici la copie des lettres 
qu'Arius avait envoyées à Onias: 

90. Arius, roi des Spartiates, 
à Onias, grand prétre, salut. 

91. Il a été trouvé dans un écrit 
sur les Spartiates et les Juifs, 
qu'ils sont frères et qu'ils sont 
de 18 race d'Abraham. 

99. Et maintenant que nous 
avons su ces choses, vous faites 
bien de nous écrire si vous jouis- 
sez de la paix. 

93. Mais nous aussi nous vous 
avons écrit : Nos troupeaux et 
nos possessions sont à vous, et 
les vótres à nous; c'est pourquoi 
nous avons ordonné que cela 
vous soit annoncé. 

94. Cependant Jonathas apprit 


MACHABEES.‏ ז 


9291 


que les princes de la mulice de 
Démétrius étaient revenus avec 
une armée beaucoup plus forte 
qu'auparavant pour combattre 
contre lui. 

95. Il sortit donc de Jérusalem, 
et il alla à leur rencontre dans la 
région d'Amath; car il ne leur 
avait pas donné le temps d'entrer 
dans sa propre région. 

26. Et il envoya des espions 
dans leur camp; et ceuz-ci, étant 
revenus, rapportèrent que les 
ennemis avaient résolu de les 
surprendre pendant la nuit. 

27. Or, lorsque le soleil fut cou- 
ché, Jonathas commanda aux 
siens de veiller et d'étre en armes 
toute la nuit, prêts au combat,, 
et il mit des gardes autour du 
camp. 

28. Et les ennemis apprirent 
que Jonathas était prét au combat 
avec les siens; et ils craignirent, 
et ils redoutèrent en leur cœur, 
et ils allumèrent des feux dans 
leur camp, e£ se retirérent. 

29. Mais Jonathas, et ceux qui 
étaient avec lui, ne surent pas 
leur retraite jusqu'au matin, puis- 
quils voyaient des feux allu- 
més. 

90. Et Jonathas les suivit, mais 
il ne les atteignit pas; car ils 
avaient déjà traversé le fleuve 
Eleuthère. 


16. * Numénius et Antipater nous sont inconnus; mais le Jason, dont celui-ci est fils, 
doit être celui qui avait été envoyé à Rome par Judas Machabée, vu, 17. 

22, Vous faites bien. Le mot de la Vulgate benefacitis semble avoir été mis pour 
benefacietis (vous ferez bien), plus conforme au contexte, et confirmé par la lecon du 


grec. 


25. La région d'Amath; littér., la région d'Amathite. Plusieurs pensent qu'Amath 
est la même qu'Emath (en hébreu Hamath), ville située sur les frontières septentrio- 


pales de la Palestine. 


28. * Ils allumerent des feux dans leur camp, pour faire croire aux Juifs qu'ils 


étaient toujours 4. 
30. Le fleuve Eleuthère. Voy. xi, T, 


2222 Í MACHABÉES, 


31. Et Jonathas alla de là vers 
les Arabes qui sont appelés Zaba- 
déens, et 11 108 frappa, et prit leurs 
dépouilles. 

32. Et il continua, et vint à Da- 
mas; et il parcourait toute cette 
contrée. 

33. Mais Simon sortit, et vint 
jusqu'à Ascalon et aux garnisons 
voisines, etilse dirigea versJoppé 
et Ja prit 

34. (Car il avait appris qu'on 
voulait livrer la forteresse à ceux 
du parti de Démétrius); et il y 
mit une garnison pour la garder. 

35. Et Jonathas revint, et con- 
voqua les anciens du peuple, et 
il songea avec eux à bâtir des 
garnisons dans la Judée, 

36. Et à bâtir des murs à Jéru- 
salem, et à élever une muraille 
d'une grande hauteur entre la ci- 
tadelle et la cité, afin de séparer 
la citadelle de la cité, et qu'elle 
füt sans communication, et qu'on 
n'achetàt ni ne vendit. 

31. On s'assembla donc afin de 
bâtir la ville; et le mur qui était 
sur le torrent, du côté du lever du 
soleil, tomba, et Jonathas répara 
celui qui est appelé Caphététha. 

38. Et Simon bâtit Adiada en 
Séphéla, et la fortifia, et il y mit 
des portes et des serrures. 


(ca. xu] 

39. Et comme Tryphon avait 
songé à régner sur l'Asie, et à 
prendre le diadème et à étendre 
la main sur le roi Antiochus, 

40. Craignant que Jonathas ne 
le lui permit point, mais qu'il ne 
combattit contre lui, il. cherchait 
à le prendre et à le faire mourir. 
Et se levant, il alla à Bethsan. 

41. Mais Jonathas sortit au de- 
vant de lui avec quarante mille 
hommes choisis pour le combat 
et vint à Bethsan. 

49. Et Tryphon vit que Jona- 
thas étail venu avec une armée 
nombreuse pour étendre la main 
sur lui; il craignit. 

43. Et il le reçut avec honneur 
etlerecommanda àtous ses amis, 
et lui donna des présents et com- 
manda àses armées de lui obéir 
comme à lui-méme. 

44. Et il dit à Jonathas : Pour- 
quoi avez-vous tourmenté tout ce 
peuple, puisqu'il n'y a point de 
guerre entre nous? 

45. Maintenant donc, renvoyez- 
les dans leurs maisons ; mais choi- 
sissez-vous un petit nombre 
d'hommes qui soient avec vous, 
et venez avec moi à Ptolémaide, 
et je vous la livrerai, ainsi que le 
reste des garnisons et tous ceux 
qui ont la conduite des affaires, 


31. Zabadéens. On ne connait pas d'Arabes de ce nom; c'est pourquoi la plupart 
des commentateurs lisent avec l'historien Joséphe Nabathéens, en supposant que les 
Nabathéens ou Nabuthéens (voy. plus haut, v, 25), qui étaient amis des Juifs, étaient 
devenus leurs ennemis ense déclarant pour Démétrius. 


33. * Ascalon. Voir plus haut, x, 86. 


31. Le torrent de Cédron, à l'orient de Jérusalem. — * Caphététha était vraisem- 
blablement le nom de la partie du mur de Jérusalem qui était tombée dans le Cedron, 
parce que les fondements étaient trop faibles. 

38. Adiada, vile à l'occident de Jérusalem. — Séphéla, plaine au couchant des 
montagnes de Juda. — * Sur la Séphéla, voirla note sur Juges, xv, 5. 

UE "Sur l'Asie, voir plus haut, vri, 6. — Sur l'usurpation de Tryphon, voir xi, 39, 


40, 41. Bethsan. Voy. v, 92. 


4A. Ce; pronom qui se lit dans le grec, et que le contexte réclame, 


45. * A Plolémaïde. Voir plus haut, v, 15, 


(ou. χιμ.] 
et je m'en rewournerai ; car c'est 
à cause de cela que je suis venu. 

40. Jonathas le crut, et il fit 
comme il avait dit; et il renvoya 
l'armée, et ils s'en allèrent dans 
la terre de Juda. 

47. Mais il retint avec lui trois 
mille hommes, dont il renvoya 
deux mille en Galilée; mais mille 
vinrent avec lui. 

48. Mais des que Jonathas fut 
entré à Ptolémaide, les Ptolémai- 
diens fermerent les portes de la 
cité, et ils le prirent, et tous ceux 
qui étaient entrés avec lui, ils les 
tuèrent par le glaive. 

49. Et Tryphon envoya une ar- 
mée et des cavaliers en Galilée 
et dans la grande plaine, afin de 
perdre tous les compagnons de 
Jonathas. 

50. Mais ceux-ci, lorsqu'ils eu- 
rent appris que Jonathas avait été 
pris, et qu'il avait péri, ainsi que 
tous ceux qui étaient avec lui 
s'exhorterent les uns les autres, 
et sortirent préparés au combat. 

91. Mais ceux qui les avaient 
poursuivis, voyant qu'il s'agissait 
pour eux de sauver leur vie à 
tout prix, s'en retournèrent. 

52. Ainsi ils vinrent tous en 
paix dans la terre de Judée. Et ils 
pleurérent beaucoup Jonathas et 
ceux qui étaient aveclui; et Israël 
pleura d'un grand pleur. 

53. Et toutes les nations qui 
étaient autour d'eux cherchèrent 
à les détruire; car elles dirent : 


MACHABÉES.‏ ז 


3229 


^ 


54.Ilsn'ont pas de chefet d'aide; 
maintenant donc attaquons-les, 
et effacons leur mémoire parmi 
les hommes. 


CHAPITRE XIII. 


Simon succède à Jonathas. ll s'oppose 
aux entreprises de Tryphon. Mort de 
Jonathas. Simon bátit un sépulere pour 
son père et ses frères. Tryphon tue le 
jeune Antiochus, et régne à sa place. 
Simon recherche l'amitié de Démétrius 
Nicanor, et obtient l'affranchissement 
de son pays. Il assiège et prend Gaza. 
La citadelle de Jérusalem lui est ren- 
due. Il met Jean Hyrcan son fils à la 
téte de l'armée. 


1. OrSimon apprit que Tryphon 
avait assemblé une armée consi- 
dérable, afin de venir dans la 
terre de Juda et dela ravager. 

2. Et voyant que le peuple était 
dans la frayeur et la crainte, il 
monta à Jérusalem, et assembla 
le peuple; 

3. Et l'exhortant, il dit : Vous, 
vous savez combien moi et mes 
frères, et la maison de mon pere, 
nous avonslivré de combats pour 
les lois et pour les saints Zeuz, 
et quelles angoisses nous avons 
éprouvées; 

4. À cause de cela tous mes 
freres ont péri pour Israél, et moi 
j'ai été laissé seul. 

5. Et maintenant qu'il ne m'ar- 
rive pas d'épargner mon àme en 
tout ce temps de tribulation; car 
je ne suis pas meilleur que mes 
frères. 

6. C’est pourquoi je vengerai 


49. La grande plaine. Voy. v, 52. 


50. Lorsqu'ils eurent appris, etc. On crut d'abord que Tryphon avait fait mourir 
Jonathas; mais on sut le contraire dans la suite (xr, 12, 15). 

51. Qu'il s'agissait, etc.; c'est-à-dire, qu'ils feraient payer leur vie bien cher, littér., 
que pour l’âme ou la vie, à eux est la chose. 

3. Les saints lieux, c'est-à-dire le temple. 

5. Mon âme, ma personne ou ma vie. 


22214 


mon peuple et les saints lieux, 
nos enfants aussi, et nos femmes, 
parce que toutes les nations se 
sont assemblées pour nous briser 
par inimitié. 

7. Or l'esprit du peuple fut en- 
flammé dès qu'il entendit ces pa- 
roles; 

8. Et tous répondirent à haute 
voix, disant : Vous étes notre 
chef à la place de Judas et de Jo- 
nathas, votre frère; 

9. Combattez notre combat, et 
tout ce que vous direz, nous le 
ferons. 

10. Alors, assemblant tous les 
hommes de guerre, il se hâta 
d'achever tous les murs de Jéru- 
salem, et il lafortifia tout autour. 

11. Et il envoya Jonathas, fils 
d'Absalom, et avec lui une nou- 
velle armée, à Joppé; et ayant 
chassé ceux qui étaient dedans, 
il y demeura lui-méme. 

12. Et Tryphon sortit de Ptolé- 
maide avec une armée nom- 
breuse, afin de venir dans la terre 
de Juda, et Jonathas qu’il tenait 
en prison était avec lui. 

13. Mais Simon campa prés 
d'Addus, vis-à-vis de la plaine. 

14. Et dès que Tryphon sut que 
Simon s'était mis à la place de 
son frere Jonathas et qu'il devait 
engager un combat avec lui, il 
lui envoya des messagers, 


MACHABÉES,‏ ז 


[cu. xt] 


15. Disant : Nous avons retenu 
votre frere Jonathas pour ce qu'il 
devait au roi à cause des affaires 
qu'il ἃ administrées. 

46. Et maintenant envoyez cent 
talents d'argent et ses deux fils 
pour otages, afin que mis en li- 
berté, il ne quitte pas notre parti; 
et nous vous le renverrons. 

17. Mais Simon connut que 0'6- 
tait par tromperie qu'il lui parlait 
ainsi; il commanda cependant 
que l'argent /uzfüt livré ainsi que 
les enfants, pour ne pas s'attirer 
une grande inimitié dela part du 
peuple d'Israél, qui aurait dit : 

18. Parce qu'il ne luia pas en- 
voyé l'argent et les enfants, c'est 
pour cela que Jonathas a péri. 

19. Il envoya donc les enfants 
et cent talents; et Zryphon men- 
tit, et ne renvoya pas Jonathas. 

20. Et après cela Tryphon vint 
dans la contrée pour la ravager; 
et ils tournèrent par la voie qui 
mène à Ador ; mais Simon et son 
armée se portaient dans tous les 
lieux où ils allaient. 

21. Mais ceux qui étaient dans 
la citadelle envoyerent des messa- 
gers à Tryphon, afin qu'il se hà- 
tàt de venir parle désert, et qu'il 
leur envoyát des vivres. 

29. Et Tryphon prépara toute 
sa cavalerie afin de venir durant 
cette nuit-là méme ; maisil y avait 


19. * À Ptolémaide. Voir plus haut, v, 15. 


13. Addus parait étre la méme ville qu'Adiada (xit, 38). — La plaine de Séphéla 
(xir, 38). — * Addus devait être dans le voisinage de Lydda. 


16. Cent talents d'argent. Voy. ,וצ‎ 28. 
18. Lui, c'est-à-dire à Tryphon. 


20. Ador, probablement la ville appelée Adora dans l'historien Joséphe, Aduram 
dans II Paralip., xi, 9. — * Ador était à l'ouest de l'Hébron. 

21. * Ceux (la garnison syrienne) qui étaient dans la citadelle d'Acra, à Jérusalem. 
— Par le désert de Juda, à l'ouest de la mer Morte. 

22. * Il ne vint pas en Galaad. Le texte grec dit au contraire, ce qui est plus facile 
à comprendre, qu'il vint en Galaad. La neige qui tomba inopinément, ce qui u'est 


]68. xur.j 


beaucoup de neige et il ne vint 
pas en Galaad. 

93. Et lorsqu'il fut près de Bas- 
caman , il tua là Jonathas et ses 
fils. 

94. Εἰ il s'en retourna et s'en 
alla en son pays. 

25. Alors Simon envoya et re- 
cut les ossements de Jonathas, 
son frère, et les ensevelit à Mo- 
din, cité de ses peres. 

96. Et tout Israélle pleura d'un 
grand pleur, et il fut en deuil du- 
rant bien des jours. 

97. Et Simon bâtit sur le sépul- 
cre de son pere et de ses freres 
un édifice qu'on voyait de loin, 
en pierres polies derriere et de- 
vant. 

98. Et il dressa sept pyramides 
l'une vis-à-vis del'autre, pour son 
pere et sa mère, et pour ses qua- 
tre freres. 

99. Et il posa tout autour de 
grandes colonnes, et sur les co- 
lonnes des armes, en souvenir 
éternel; et aupres des armes, des 
navires sculptés, pour étre vus 
de tous ceux qui naviguent sur 
la mer. 

30. C'est là le sépulere qu'il fit 
à Modin, et qu'on y voit jusqu'à 
ce jour. 


I MACHADÉE.. 


2225 


31. Ur, lorsque Tryphon était 
en voyageavecAntiochusle jeune 
roi, ille tua par ruse. 

32. Et il régna en sa place, et il 
mit sur sa tête le diadème d'Asie, 
etilfitun grand mal dans le pays. 

33. Et Simon répara les garni- 
sons de la Judée, les fortifiant de 
hautes tours, et de grands murs, 
et de portes, et de serrures; et il 
mit des vivres dans les forte- 
resses. 

34. Ensuite Simon choisit des 
hommes et les envoya vers le roi 
Démétrius, afin qu'il accomplit 
l'affranchissement de la contrée; 
car tous les actes de Tryphon 
avaient été accompagnés de bri- 
gandage. 

39. Et le roi Démétrius lui ré- 
pondit sur ces paroles, et lui écri- 
vit un lettre ainsi concue : 

36. Le roi Démétrius à Simon, 
le grand prétre et ami des rois, et 
aux anciens et à la nation des 
Juifs, salut : 

31.Nousavonsreculacouronne 
d'or et le bahem que vous nous 
avez envoyés,et nous sommes 
préts à faire avec vous une paix 
durable, et à écrire aux inten- 
dants royaux de vous remettre ce 
que nous avons accordé. 


pas trés rare à Jérusalem et sur les hauteurs, en janvier et février, quoiqu’elle ne 
dure pas longtemps, empécha Tryphon d'aller ravitailler la garnison de Jérusalem 
et lui fit rebrousser chemin du cóté du pays de Galaad. 

23. * Bascaman, localité inconnue, dans le pays de Galaad. 


25. * A Modin. Voir plus haut, ,זז‎ 4. 


28. Simon dressa sans doute la septiéme pyramide pour lui-méme. 

29. Il posa, etc. Simon était alors gouverneur de toutes les côtes maritimes, depuis 
Tyr jusqu'aux frontières de l'Egypte. (Compar. xr, 59). 

31. * Tryphon... tua Antiochus par ruse. Tite-Live rapporte qu'il fit tuer cet enfant 
de dix ans par les médecins, sous prétexte de lui faire une opération chirurgi- 


cale (142). 
32. * D'Asie. Voir plus haut, viri, 6. 
36. Salut (salutem). Voy. x, 18. 


31. Le bahem ; ce mot de la Vulgate qui peut être l'accusatif de bahis ou bahes est 
inconnu d’ailleurs. Le grec lit bainen, que l'on entend assez généralement d'une 


AT 


140 


2996 I MACHABÉES. 


38. Car tout ce que nous avons 
ordonné subsiste pour vous. Que 
les forteresses que vous avez édi- 
fiées soient à vous. 

39. Nous vous remettons aussi 
les fautes d'ignorance et les man- 
quements commis jusqu'à ce 
jour, et la couronne que vous 
deviez; et s'il y avait quelque au- 
tre chose d'imposé comme tribut 
à Jérusalem, que désormais il ne 
le soit plus. 

40. Et si quelques- uns d'entre 
vous sont aples à étre enrólés 
avec les. nótres, qu'ils soient en- 
rôlés, et qu'entre nous soil la 
paix. 

A4. En l’année cent soixante-di- 
xieme, le joug des nations fut 6 
d'Israël. 

49. Etle peuple d'Israël com- 
menca à écrire sur les tables et 
les registres publics, dans la pre- 
miere année, sousSimon,le grand 
prétre, grand chef et prince des 
Juifs. 

43. En ces jours-là, Simon 
campa. près de Gaza et lenvi- 
ronna de. son camp, et il fit des 
machines, {es approcha de 18 ci- 
té, etil attaqua une tour, et l'em- 
porta. 

44. Et ceux. qui étaient dans 
une des machines avaient fait 
irruption dans la cité, et il s'é- 
leva un grand tumulte dans la 
cité. 


(cu. xim.] 


45. Et ceux qui étaient dans 
la cité montèrent avec les fem- 
mes et les enfants sur le mur, 
leurs vétements déchirés, et ils 
crièrent d'une voix forte; deman- 
dant àSimon qu'ou ee donnât la 
main droite, 

46. Et ils dirent : Ne nous ren- 
dez point selon notre malice, mais 
selon vos miséricordes. 

41. Et Simon, fléchi, ne les fit 
pas périr; cependant illes chassa 
de la cité, et purifia les édifices 
dans lesquels il y avait eu des 
idoles, puis il entra dans Gaza, 
bénissant le Seigneur par des 
hymnes. 

48. Et toute impureté en ayant 
été bannie, il y établit des hom- 
mes qui devaient observer la loi ; 
et il la fortifia, et il y fit son ha- 
bitation. 

49. Mais à ceux qui étaient dans 
la citadelle de Jérusalem, il était 
défendu d'en sortir, et d'entrer 
dans le pays, et d'acheter et de 
vendre; et ils furent dans une 
grande disette, et beaucoup d'en- 
tre eux périrent par la faim, 

50. Et ils crierent. vers Simon 
afin de recevoir la main droite, 
etil /a leur donna, et il les chassa 
de là, et il purifia 18 citadelle des 
souillures ; 

51. Et Jes Juifs y entrèrent le 
vingt-troisieme jour du second 
mois, en l'année cent soixante 


palme ou d'une branche de palmier. Compar. 11 Machab., xiv. On suppose que cette 
palme ou cette branche de palmier était d'or comme la couronne. 
41. L'année cent soixante-dixième du règne des Grecs, la cent quarante et unième 


avant Jésus-Christ. 
49. Gaza, ville des Philistins. 


45, 50. Sur donner la main droile, voy. xx, 50. 

41. Gaza, nommée au vers. 43, et représentée ici par le pronom edle (eam). 

51. Du second mois. Voy. 1x, 54. — L'année cenl soixante et onzième du xégne des 
Grecs. et la cent trente-neuvième avant Jésus-Christ, 


חח 


[cu. xiv.] 


et onzieme, au milieu des louan- 
ges et des branches de palmier, 
et des lyres, et des cymbales, et 
des. nables, et des hymnes et 
des cantiques, parce qu'un grand 
ennemi avait été exterminé d'Is- 
rael. 

2, Et il décida que tous les ans 
ces jours seraient célébrés avec 
allégresse. 

53. Et il fortifia la montagne du 
temple qui était pres de la cita- 
delle, etil y habita, lui etceux qui 
étaient avec lui. 

94. Or Simon vit que Jean son 
fils. était un homme de guerre 
vaillant, et il l'établit chef de tou- 
tes les armées; et Jean habita à 
Gazara. 


CHAPITRE XIV. 


Guerre de Démétrius contre les Parthes ; 
il est fait prisonnier. Bonheur du gou- 
vernement de Simon. Les Romains et 
les Spartiates renouvellent alliance avec 
lui. Les Juifs lui contirment par un 
acte solennel la souveraine autorité. 


1. En l'année cent soixante et 
douzieme, le roi Démétrius as- 
sembla son armée, et s'en alla 
en Médie pour se procurer des 
secours, afin de combattre Try- 
phon. 


I MACHABÉES; 


222] 


2. Et Arsacès, roi de Perse et 
de Médie, apprit que Démétrius 
était entré sur ses confins, et il 
envoya un de ses princes de /a 
milice afin de le prendre vivant 
et de lelui amener. ! 

3. Et il s'en. alla et battit l'ar- 
mée de Démétrius; et ille prit, et 
il le conduisit à Arsace qui le mit 
en prison. 

4. Et toute la terre de Juda fut 
en repos durant tous les jours de 
Simon, et il rechercha le bonheur 
pour sa nation; et sa puissance 
plut aux Juifs ainsi que sa gloire, 
durant tous ses jours. 

9. Et outre toutes ses autres ac- 
tions glorieuses, ilprit Joppé pour 
port, et il en fit une entrée dans 
les îles de la mer. 

6.ILétendit les confins de sa na- 
tion,etilse rendit maître de toute 
la contrée. 

7.Etil assembla un grand nom- 
bre de prisonniers, et s'empara de 
Gazara, de Bethsura et de la cita- 
delle, et il en bannitlessouillures, 
eL il n'y avait personne qui lui ré- 
sistàt. 

8. Alorschacun cultivait sa terre 
en paix; et la terre de Juda don- - 
nait ses fruits et les arbres des 
champs leur fruit. 


94. Gazara. Voy. xiv, 34. — * Jean, surnommé Hyrean. Voir plus loin, xvi, 1. 


1, 21. L'année cent soirante-douzióme du règne des Grecs, et la cent trente-neu- 
-:Njiéme avant Jésus-Christ. — ^ Démétrius 11 Nicator. Voir plus haut, x, 67. 1] s'en alla 
en Médie pour en tirer des troupes afin de combattre son compétiteur Tryphon. 

2. Arsacès; nom commun aux rois de Perse ; il s’agit 101 de Mithridate Ier, — * Mi- 
thridate Ier était le sixième roi des Parthes portant le nom d'Arsacés. La Perse et la 
Médie désignentle royaume parthe, parce qu'elles en étaient les deux provinces prin- 
cipales. Mithridate Ier possédait tous les pays à l'est de l'Euphrate jusqu'à l'Inde. 

3. * Mithridate Ier donna plus tard sa fille Rodogune en mariage à Démétrius II et 
lui rendit enfin la liberté. Voir plus haut, x, 67. 

4. * Toute la terre de Juda fut en repos. La captivité de Démétrius II a été racontée 
pour expliquer comment la Judée est laissée en repos. 

5. Les iles de la. mer. Les Hébreux appelaient ainsi méme tous les pays maritimes 
ct qui n'étaient pas du continent de la Palestine. 

7, Gazara. Voy. vers. 34. — Les souillures les idoles, — * Bethsura. Voir 1v, 61. 


2328 


9. Les vieillards étaient tous 
assis sur les places publiques, et 
ils s'entretenaient des biens de 
la terre, et les jeunes gens se re- 
vêtaient de gloire et d'habits de 
guerre. 

10. Et il fournissait des aliments 
aux cités, et il les disposait de 
maniere qu'elles fussent des pla- 
ces d'armes, à ce point que le 
nom de sa gloire a été célébré 
aux extrémités de la terre. 

41. Il établit là paix surla terre, 
et Israël se réjouit d'une grande 
joie. 

19. Et chacun était assis sous 
sa vigne et sous son figuier, et il 
n'y avait personne qui les épou- 
vantàt. 

13. Et il ne se trouva plus sur 
la terre d'ennemi pour les alta- 
quer; les rois furentabattus en ces 
jours-là. 

14. Et il soutint tous les hum- 
bles de son peuple, et il rechercha 
la loi, et ilextermina tout homme 
inique et méchant. 

15. Les saints lieux, il les glo- 
rifia, et 11 multiplia les vases des 
saints lieux. 

16. Or on apprit à Rome et jus- 
que chez les Spartiates que Jona- 
thas était mort, et fous en furent 
très contristés. 

17. Mais dès qu'ils surent que 
Simon, son frere, avait été fait 
grand prétre en sa place, et qu'il 
était maitre de toute la contrée et 
de toutes ses cités, 


1 MACHABÉES. 


[cn. xtv.] 

18. Ils lui écrivirent sur des ta- 
bles d'airain pour renouveler l'a- 
mitié et l'alliance qu'ils avaient 
faite avec Judas et avec Jonathas 
ses freres. | 

19. Et es lettres furent lues de- 
vant l'assemblée de Jérusalem. 
Et voicila copie des lettres que 
les Spartiates envoyèrent : 

20. Les princes des SPARTIATES 
et 168 01668, à Simon, grand prêtre, 
et aux anciens, et aux prêtres, et 
au reste du peuple des Juifs, /eurs 
freres, salut: 

21. Les messagers qui ont été 
envoyés à notre peuple nous ont 
informés de votre gloire, de vos 
honneurs et de votre joie; et 
nous nous sommes réjouis à leur 
arrivée. 

22. Et nous avons écrit en ces 
termes ce qui avait élé dit dans 
les assemblées du peuple : Numé- 
nius, fils d'Antiochus, et Antipa- 
ter, fils de Jason, messagers des 
Juifs, sont venus vers nous, re- 
nouvelant avec nous l'amitié an- 
cienne. 

23. Et il a plu au peuple de les 
recevoir honorablement et de dé- 
poser une copie de leurs paroles 
dans les registres particuliers du 
peuple, afin qu'elle soit en souve- 
nir parmi le peuple des Spartiates. 
Mais nous en avons écrit une 
copie pour Simon le grand prétre. 

24. Or, aprés cela, Simon en- 
voya Numénius à Rome, portant 
un grand bouclier d'or, du poids 


9. Des biens de la terre (de bonis lerra), probablement, de ce qui concernait le bien 
de la nation. — De gloire, c'est-à-dire de vétements magnifiques. — D'habits de 


guerre pris sur les ennemis. 


22. * Numénius, Antipater. Voir plus haut, xit, 16. 
24. Mille mines. Voy. Ezech., xwv, 12. — Romain; ce mot ne se trouve ni dans le . 
texte grec ni dans la version syriaque. Les interprètes conviennent d'ailleurs qu'il, 
s’agit ici du peuple juif, puisque dans les vers, suivants, ce sont les Juifs mêmes qui 


cH. σιν. 


de mille mines, atin de confirmer 
l'alliance avec eux. Or, lorsque le 
peuple romain eut entendu 

95.: Ces paroles, ils dirent : 
Quelles actions de grâce ren- 
drons-nous à Simon et ἃ 565 fils? 

96. Car il ἃ rétabli lui-même ses 
frères et il a attaqué vivement 
les ennemis d'Israël, e£ les a chas- 
568 du milieu d'eux, et ils lui as- 
surèrent la liberté, etilsécrivirent 
cela sur des tables d'airain, et 6 
mirent parmi les inscriptions sur 
la montagne de Sion. 

Et voici la copie de l'écrit :‏ .דפ 
AU DIX-HUITIÈME jour du mois d'E-‏ 
lul, en l'année cent soixante et‏ 
douzieme, en la troisieme année‏ 
de Simon, grand prétre, à Asara-‏ 
mel,‏ 

28. Dans la grande assemblée 
des prétres et du peuple, et des 
princes de la nation, et des an- 
ciens de la contrée, voici ce qui a 
été notifié : Fréquemment des 
combats ont été livrés dans no- 
ire contrée; 

29. Mais Simon, fils de Matha- 
thias, des fils de Jarib, et ses 


I MACHABÉES. 


2220 
freres se sont livrés au péril, et 
ont résisté aux ennemis de leur 
nation, afin que leurs saints lieux 
fussent maintenus ainsi que leur 
loi; et ils ont glorifié leur nation 
d'une grande gloire. 

30. EL Jonathas assembla.sa na- 
tion, et devint leur grand prêtre, 
et il a été réuni à son peuple. 

31. Et leurs ennemis ont voulu 
les fouler aux pieds, et ravager 
leur contrée, et étendre la main 
sur leurs saints lieux. 

32. Alors Simon a résisté et 
combattu pour sa nation, et il a 
donné beaucoup d'argent, et il a 
armé les hommes vaillants de sa 
nation; et il leur a donné une 
solde; 

33. Et il a fortifié les cités de 
Judée et Bethsura, qui était sur 
les confins de Judée, où étaient 
les armes des ennemis aupara- 
vant, etil y a mis une garnison 
de soldats juifs. 

84. Et il a fortifié Joppé, qui 
était près de la mer, et Gazara, 
qui est sur les confins d'Azot, où 
les ennemis habitaient aupara- 


parlent, et que la réponse du peuple romain se trouve plus bas, xv, 16. — * On avai* 
coutume d'envoyer ainsi à Rome des objets précieux pour le renouvellement des 
alliances ou pour obtenir quelque faveur. Antiochus Epiphane avait envoyé des vases 
d'or de 500 livres, pour renouveler son alliance avec le peuple romain; Démétrius Ier 
et Tryphon, pour se faire reconnaitre comme rois, envoyèrent, le premier une cou- 
ronne d'or de vingt-cinq livres et le second une statue d'or de la Victoire, du méme 
poids. 

21. Elul, sixième mois de l'année sacrée, et douzième de l'année civile. Il com- 
mencait à la nouvelle lune d'aoüt, selon les rabbins; mais c'était plus probablement 


à celle de septembre. — La troisième année du pontificat de Simon. — Asaramel; le 
grec porte Saramel, qui parait étre le nom du lieu oü se tint l'assemblée mentionnée 
au verset suivant. — * La situation d'Asaramel est inconnue. 


28. Fréquemment. Le mot quoniam, qui précède dans la Vulgate, est un pur hé- 
braisme; il n'a pour but ici que d'introduire le discours direct ; il répond aux mots à 
savoir, c'est-à-dire. 

2 Jarib, nommé Joarib, 11, 4. 

30. IL a été réuni, etc., c'est- à-dire il est mort. 

34. Gazara, la même que Gazer, selon Eusèbe et saint Jérôme; mais comme ces 
Pères mettent Guzer dans la tribu d'Ephraim à trois milles de Nicopolis, la. Gazara 
dont ils parlent ne saurait être celle-ci, qui était située sur les confins d'Azot, et par 


2230 


vant, et il y ἃ établi des Juifs; 
et tout ce qui était propre à 
leur défense, il l'a mis dans ces 
villes. 

35. Etle peuple a vula conduite 
de Simon, et la gloire qu'il son- 
geait à procurer à sa nation, et 
ils l'ont établi leur chef et prince 
des prétres, parce que c'est lui 
qui avait fait toutes ces choses, 
et à cause de sa justice, et de la 
fidélité qu'il avait conservée pour 
sa nation, et parce qu’il chercha 
par toutes sortes de moyens à 
exalter son peuple. 

36. Et durant ses jours fout ἃ 
prospéré en ses mains, en sorte 
qu'ont été chassées du pays des 
Juifs les nations, et ceux qui 
étaient dans la cité de David à Jé- 
rusalem, dans la citadelle, d’où 
ils sortaient et souillaient tout ce 
qui est autour des saints eur 
et faisaient une grande plaie à la 
pureté de ces lieux. 

37. Et il y a établi des Juifs 
pour la défense de la contrée et 
de la cité, et il a relevé les murs 
de Jérusalem. 

38. Et le roi Démétrius lui 
a confirmé le souverain sacer- 
doce. | 

39. Outre cela, il l'a fait son 
ami, et il l'a glorifié d'une grande 
gloire; 

40. Car il a appris que les Juifs 
furent appelés par les Romains 


I MACHABÉES. 


[cu. xiv.] 
amis, et alliés, et freres, et que 
ceuz-ci recurent les messagers de 
Simon avec honneur. 

41. Et que les Juifs et leurs pré- 
tres consentirent quil füt leur 
chef et leur grand prétre pour 
toujours, jusqu'à ce qu'il s'élevát 
un prophète fidèle ; 

49. Et qu'il fût pour eux un 
chef, qu'il eût soin des saints 
lieur, et quil étabiit des inten- 
dants sur leurs ouvrages et sur 
la contrée, et sur les armes et 
sur les garnisons; 

43. Et qu'il eût soin des saints 
lieux, et qu'il fût écouté de tous, 
et que tous les actes publies fus- 
sent écrits en son nom dans la 
contrée; et qu'il fût revêtu de 
pourpre et d’or; 

44. Et qu'il ne fût permis à 
personne du peuple, ni des prè- | 
tres, de rendre vaine quelqu'une 
de ces choses, ni de contredire ce 
qui serait dit par lui, ni de con- 
voquer d'assemblée dans la.con- 
trée sans lui, ni de se revétir de 
pourpre et de porter une agrafe 
d'or; 

45. Mais que celui qui agirait 
contrairement à ces choses ou 
en rendrait quelqu'une vaine, se- 
rait coupable. 

46. Et il plut à tout le peuple 
d'établir Simon chef, et d'agir se- 
lon ces paroles. 

41. Et Simon accepta, et il lui 


conséquent assez éloignée des frontières d'Ephraim. — * Joppé, Jaffa, port de mer sur 
la Méditerranée. — Azo. Voir plus haut, v, 68. 

35. Dans le grec comme dans la Vulgate, les mots justice et fidélité sont à l'accusatif 
comme complément de avait fait; construction qu'on ne saurait conserver. dans 


notre langue. 


36. Et faisaient, etc., en troublant le culte qu'on y rendait au vrai Dieu. 


43. Qu'il fut revétu, etc. Voy. x, 20. 
44. Une agrafe d’or. Voy. x, 89. 


4T. D'étre à la téle de tous (praeesset omnibus) ou d'avoir le commandement de toutes 
choses ; le texte est amphibologique dans la Vulgate. 


cu. xv.] 


plut de remplir les fonctions de 
grand prétre, et d'être le chef et 
le prince de la nation des Juifs et 
des prétres, et d'étre à la téte de 
tous. 

48. Et on ordonna d'écrire cette 
déclaration sur des tables d'ai- 
rain, et de les placer dans les ga- 
leries du temple, en un lieu bien 
connu; 

49. Mais d'en déposer une co- 
pie dans le trésor, afin qu'elle 


I MACHABEES. 


iles de la mer à Simon, pretre et 
prince de la nation des Juifs, et 
à toute la nation. 

2. Et elles contenaient ce qui 
suit: LE nor Antiochus à Simon, 
grand prêtre, et à la nation des 
Juifs, salut. 

3. À la vérité, des hommes per- 
nicieux se sont rendus maitres 
du royaume de nos pères; mais 
je veux le recouvrer et le réta- 
blir comme il était auparavant; 


servit à Simon et à ses fils. et j'ai formé une armée choisie, 
et j'ai construit des vaisseaux de 
guerre. 

4. Je veux avancer par la con- 
trée, afin de me venger de ceux 
qui ont corrompu notre contrée, 
et qui ont désolé beaucoup de ci- 
tés dans mon royaume. 

ὃ. Maintenant donc je vous re- 
mets tous les tributs que vous 
ont précédemment remis tous 
les rois, et les autres charges 
quelconques qu'ils vous ont re- 
mises; 


CHAPITRE XV. 


Offres avantageuses d'Antiochus Sidétes 
à Simon. Tryphon, abaudonné de ses 
troupes, est assiégé dans Dora. Les Ro- 
mains écrivent en faveur des Juifs aux 
rois et aux peuples leurs voisins. An- 
tiochus se brouille avec Simon. Tryphon 
se sauve de Dora. Antiochus le pour- 
suit, aprés avoir donué ordre à Cen- 
débée de marcher contre les Juifs avec 
une puissante armée. 


1. Or le roi Antiochus, fils de 
Démétrius, envoya deslettres des 


₪ * En un lieu bien connu. Voir xi, 31. 


1. Antiochus, surnommé plus tard Sidèles, était dans l'ile de Rhodes, lorsqu'il apprit 
Ja captivité de son frére Démétrius, et ce fut de là qu'il écrivit à Simon, — * Le roi 
Antiochus VII Sidètes, ainsi surnommé de la ville de Sida, en Pamphylie, où il avait 
été élevé, fils de Démétrius I*r et frère de Démétrius 11, fut roi de Syrie pendant les 
dix ans que dura la captivité de son frère chez les Parthes, plus haut, x, 61. Il con- 
tinua la guerre contre Tryphon, le battit et l'assiégea à Dora, sur le bord de la mer, en 
Phénicie. Tryphon réussit à s'échapper et à se sauver à Ptolémaide, puis à Orthosiade 
et enfin à Apamée, place forte sur l'Oronte. Antiochus VII l'y poursuivit et c'est là 
que Tryphon perdit la vie, plus haut, xr, 39. Antiochus VII se trouva ainsi seul 
maître de la Syrie. Pendant le siège de Dora, Simon, qui en avait reçu beaucoup de 
privileges, lui avait offert des secours, mais le Séleucide, n'étant plus bien disposé en 
sa faveur, les avait refusés avec hauteuret avait réclamé à Simon plusieurs villes et 
méme la citadelle de Jérusalem, ce qui fut naturellement refusé. Antiochus VII en- 
-voya alors, pendant qu'il poursuivait Tryphon, son général Cendébée contre la Judée. 
* Celui-ci fut battu par les fils de Simon. Le roi lui-même fit plus tard en personne 
une campagne contre Jean Hyrcan, fils et successeur de Simon. Jérusalem soutint 
un long siége, qui se termina par une paix assez onéreuse pour les Juifs en 133. En 
129, le belliqueux Sidétes entreprit une guerre contre les Parthes. 1] y perdit la vie, 
on ne sait au juste en quelle année (128, 121 ou 126). 

2, 16. Salut (salutem). Voy. x, 18. 

3. A la vérité, daus la Vulgate, est précédé de quoniam. Voy. sur ce mot, xiv, 28. 
— Des hommes, etc.; ces usurpateurs étaient Alexandre Balas, Antiochus Théus, son 
fils, et particulièrement Tryphon. 

.140 


22232 


6. Et je vous permets de faire 
battre la monnaie à votre propre 
coin dans votre contrée. 

7. Mais je veux que Jérusalem 
soit sainte et libre; et que toutes 
les armes qui ont été fabriquées, 
et que les garnisons que vous 
avez établies, que vous occupez, 
vous restent. 

8. Et toute dette, et tout ce qui 
doit étre au roi, depuis ce mo- 
ment et en tous temps vous sont 
remis. 

9. Mais quand nous aurons con- 
quis notre royaume, nous vous 
glorifierons, vous et volre nation, 
et le temple, d'une grande gloire, 
en sorte que votre gloire soit ma- 
nifestée dans toute la terre. 

10. En l'année cent soixante et 
quatorzieme, Antiochus partit 
pour le pays de ses peres, et toules 
les armées vinrent à lui, en sorte 
que peu d'hommes demeurèrent 
avec Tryphon. 

11. Et le roi Antiochus le pour- 


I MACHABEES. 


]68. xv.] 
suivit, et Tryphon vint à Dora, 
fuyantle long de la mer; 

12. Car il savait bien que les 
maux s'amoncelaient sur lui, et 
que l'armée l'avait abandonné. 

13. Et Antiochus s'approcha de 
Dora avec cent vingt mille hom- 
mes de guerre de pied, et huit 
mille cavaliers. 

14. Et il investit la cité, et les 
navires qui étaient sur la mer 
s'approcherent; et on pressa la 
cité par terre el par mer, eton ne 
laissait personne entrer ou sortir. 

15. Cependant Numénius et 
ceux qui étaient avec lui vinrent 
de la ville de Rome portant des 
lettres écrites aux rois etaux con- 
trées, et dans lesquelles était con- 
tenu ceci : 

16. Lucius, consul des Romains, 
au roi Ptolémée, salut. 

11. Les messagers des Juifs nos 
amis sont venus vers nous, pour 
renouveler l'amitié et l'alliance 
anciennes, envoyés par Simon, 


6. * C’est done de Simon Machabée que datent les plus anciens 810168 hébreux, 
nom des monnaies hébraiques. Voir note 25 à la fin du volume. 

9. * Antiochus VII traite ainsi Simon et les Juifs, parce qu'il a besoin de se ména- 
ger des amis et des secours contre Tryphon. Celui-ci, aprés la captivité de Démé- 
trius II, laquelle était si favorable à son ambition, continuait à combattre contre les 
généraux du roi prisonnier, contre Dionysios en Mésopotamie, Sarpédon et Palaméde 
en Syrie, et Æschion à Séleucie sur mer. Cette ville était en la possession de la reine 
Cléopâtre, successivement femme d'Alexandre Balas et de Démétrius II (plus haut, 
x, 51). La crainte qu'inspirait Tryphon était si grande qu'Antiochus VII n'eut pas 
d'abord 16 succès qu'il avait espéré en quittant l'ile de Rhodes : aucune ville ne vou- 
lut le recevoir et il était réduit à vivre errant et fugitif, lorsque Cléopátre, craignant 
que le parti de Tryphon ne l’emportât à Séleucie, se résolut, pour conserver son titre 
de reine, à offrir au frére de son mari de l'épouser et assit ainsi sa fortune. Tryphon 
fut alors abandonné et le nouveau roi put en triompher. 

11,13, 25. Dora, ville maritime de la Palestine, au midi du mont Carmel. — Le 
long de la mer, littér., par la maritime (per maritimam), sous-entendu, rive (ripa) ou 
côle (ora). 

15. Numénius avait été envoyé à Rome par Simon, pour renouveler l'alliance avec 
les Romains (xiv, 24). 

16. Lucius Calpurnius Pison, selon plusieurs interprètes. — * Lucius Calpurnius 
Pison fut consul avec M. Popillius Lœnas, l'an de Rome 615, c'est-à-dire l'an 9 
avant J.-C. Le second consul, Leenas, n'est pas nommé dans cette lettre, parce qu'il 
était alors en Espagne. — Au roi Ptolémée VII Physcon, qui, après la mort de son 
frère Ptolémée VI Philométor (plus haut, xi, 18), régna encore 29 ans. 


[cn. xv.] 
prince des prétres, et par le peu- 
pie des Juifs. 

18.115 ont aussi apporté un bou- 
clier d'or de mille mines. 

19. C'est pourquoi il nous a plu 
d'écrire aux rois et aux contrées 
de ne leur point faire de mal, 
et de ne point les attaquer, 22 
eux, ni leurs cités, ni leurs con- 
trées, et de ne point prêter se- 
cours à ceux qui combattent con- 
ire eux. 

20. Or il nous a semblé bon de 
recevoir d'eux le bouclier. 

21. Si done quelques hommes 
pernicieux se sont enfuis de leur 
contrée vers vous, livrez-les 
à Simon, le prince des prêtres, 
afin qu'il les punisse selon leur 
loi. 

99. Ces mêmes choses furent 
écrites au roi Démétrius, et à 
Attale, et à Ariarathès, et à Ar- 
sacès, 

23. Et à toutes les contrées : 
et à Lampsaque, et aux Spar- 
tiates, et à Délos, et à Myndos, 


I MACHABÉES. 2238 


et à Sicyone, et en Carie, et à 
Samos, et en Pamphylie, et en 
Lycie, et à Halicarnasse, et à 
Coo, et à Side, et à Aradon, et à 
Rhodes, et à Phasélis, et à Gor- 
tyne, et à Gnide, et à Chypre, et 
à Cyrene. 

24. Ils en envoyèrent aussi une 
copie à Simon, le prince des pré- 
tres, et au peuple des Juifs. 

25. Mais le roi Antiochus mitle 
siege devant Dora une seconde 
fois, là serrant toujours de plus 
pres, et faisant des machines; et 
il enferma Tryphon, afin qu'il ne 
sortit pas. 

26. Alors Simon lui envoya un 
secours de deux mille hommes 
choisis, et de l'argent et de l'or 
et beaucoup de vases précieux. 

27. Mais il ne voulut point les 
recevoir, et il rompit toute l'al- 
liance qu'il avait faite avec lui au- 
paravant, et il s'éloigna entiere- 
ment de lui. 

28. Et il lui envoya Athénobius, 
lun de ses amis, pour traiter 


18. Mille mines. Voy. Ezéch., xvv, 12. 


22. Ces mêmes, etc. Cette lettre fut adressée à Démétrius, dont les Romains igno- 
raient la captivité chez les Parthes, et qui la lui écrivirent, parce qu'ils n'avaient 
reconnu ni Tryphon, ni Antiochus Sidétes. — Aftale II surnommé PAiladelphe. — 
Ariarathés VI surnommé Philopator. — Arsacés ou Mithridate Ie". Compar. xiv, 2. -- 
* Ariarathés Vl (ou plutót V) Philopator régna en Cappadoce de 162 à 130 avant notre 
ère. — Attale II Philadelphe régna jusqu'en 138. 

23. Lampsaque, ville célèbre dans la Mysie sur l'Hellespont. — Délos, ile célèbre 
de la mer Egée. — Myndos, ville de Carie. — Sicyone, ville trés ancienne dans l'A- 
chaïe. — Carie, province maritime de l'Asie Mineure. — Samos, ile prés des cótes de 
l'Asie Mineure. — Pamphylie;il y a plusieurs villes de ce nom; celle-ci est probable- 
ment celle de Cilicie, au delà du mont Taurus, et qui a donné son nom à une petite 
province. — Lycie; elle est voisine de la Pamphylie. — Halicarnasse, vile de Carie, 
trés célèbre dans l’antiquité. — Coo, ile et ville célèbre de la Carie. — Side ou Si- 
dem, ville de Pamphylie. — An adon ou Arade, ile prés des côtes de Syrie. — Rhodes, 
ville et ile célèbre par son colosse. — Phasélis ou Phasélides, ville maritime sur les 


confins de la Lycie et de la Pamphylie. — Gortyne, ville fameuse dans l'ile de Crète. 
— Gnide, ile voisine de Rhodes. — Chypre, ile trés connue. — Cyrène, province 
d'Egypte. 


21. * Antiochus VII, sûr maintenant du succès contre Tryphon, change de conduite 
et, contrairement à tout ce qu'il avait écrit, vers. 2-9, il se montre trés exigeant en- 
vers les Juifs. 

28. * Athénobius, l'un de ses amis, Sur ce titre, voir ,זו‎ 18. 


2391 
avec lui, disant : Vous occupez 
Joppé 61 Gazara, et la citadelle qui 
est à Jérusalem, cités de mon 
royaume ; 

29. Vous en avez désolé les con- 
fins, et vous avez fait un grand 
ravage dans le pays;et vous avez 
dominé en beaucoup delieux dans 
mon royaume. 

30. Maintenant done rendez les 
cités que vous avez prises, et les 
£ributs des lieux surlesquels vous 
avez dominé hors des confins de 
18 Judée ; 

31. Sinon, donnez pour ces 
cités-là cinq cents talents d'ar- 
gent; et pour le grand dégât 
que vous avez fait et pour les 
tributs des cités, cinq cents au- 
tres talents; sinon, nous vien- 
drons et nous vous ferons la 
guerre. 

32. Et Athénobius, ami du roi, 
vint à Jérusalem, et vit la gloire 
de Simon, et l'éclat de son or et 
de son argent, et son riche mobi- 
lier; et il fut frappé d'étonne- 
ment, et lui rapporta les paroles 
du roi. 

39. Et Simon lui répondit et 
jui dit: Nous n'avons pas pris la 
terre d'autrui, et nous ne re- 
tenons pas le bien d'autrui, mais 
l'héritage de nos pères, qui ἃ 
été injustement possédé par nos 
ennemis pendant quelque temps. 

34. Pour nous, en ayant l'occa- 


I MACHABEES. 


[cu. xv.] 
sion, nous recouvrons l'héritage 
de nos pères. 

35. Car quant à ce dont vous 
vous plaignez au sujet de Joppé 
et de Gazara, elles ont fait elles- 
mémes de grands maux parmi 
le peuple, et dans notre pays; 
cependant nous donnerons pour 
elles cent talents. Et Athénobius 
ne lui répondit pas un mot. 

36. Mais, revenu avec colère 
vers le roi, il lui rapporta ces 
paroles, et la gloire de Simon, 
et tout ce qu'il avait vu; et 
le roi entra dans une grande co- 
lere. 

37. Cependant Tryphon s'en- 
fuit dans un navire à Ortue- 
siade. 

88. Et le roi établit Gendébée 
chef maritime, et iui donna une 
armée de fantassins et de cava- 
liers. 

39. Et il lui commanda de con- 
duire son armée contre la Judée; 
il commanda aussi de bâtir Gédor, 
et de boucher les portes dela cité 
et de réduire le peuple par les 
armes. Cependant le roi poursui- 
vait Tryphon. 

40. Et Cendébée vint jusqu'à 
Jamnia, et commenca à irriter la 
population, et à fouler la Judée, 
et à faire des prisonniers parmi 
le peuple, et à tuer, et à bâtir 
Gédor. ἢ 

41. Et il y mit des cavaliers 


91, Cinq cents talents d'argent. Voy. x1, 18. 

35. Elles- mémes; littér.,et par hébraisme, euz-mémes (?psi), au masculin, parce que 
les villes dont il s'agit ici sont mises pour leurs habitants. 

31. Orlhosiade, ville de la Phénicie, vis-à-vis de l'ile d'Arada (vers. 23). 

38. * On ne sait de Cendébée que ce qui est raconté ici et dans le chapitre suivant. 

39, 40. Gédor, ville de la Palestine, que l'on place aux environs de Jamnia et d'Azot 


(1v, 15, et Josué, xv, 58). 


39. * Le roi Antiochus VII poursuivait Tryphon d'Orthosiade jusqu'à Apamée, où 
Tryphon avait été élevé et où il trouva la mort, plus haut, xr, 39. 


[cH. xvr.] 


et une armée de fantassins, afin 
que, sortis de 70,115 parcourussent 
les routes de la Judée, commele 
roi lui avait ordonné. 


CHAPITRE XVI. 


Guerre de Cendébée contre les, Juifs. Il 
est mis en fuite par les fils de Simon. 
Simon esttué par Ptolémée, son gendre. 
Jean Hyrcan 80066606 à Simon son père. 


4, Or Jean monta de Gazara, 
et annonça à Simon, son père, ce 
que Cendébée avait fait dans leur 
peuple. 

9. Et Simon appela ses deux 
fils les plus âgés, Judas et Jean, 
et leur dit : Moi et mes freres, 
et 18 maison de mon père, avons 
combattu les ennemis d'Israël, 
depuis notre jeunesse jusqu'à ce 
jour; et la prospérité est venue 
en nos mains pour délivrer quel- 
quefois Israël. 

3. Mais maintenant j'ai vieilli; 
mais prenez ma place, et celle de 
mes freres, et sortez, combattez 
pour notre nation, et que le se- 
cours du ciel soit avec vous. 

4. Et il choisit de la contrée 
vingt mille hommes de guerre 
fantassins et des cavaliers; et ils 
partirent contre Cendébée, et dor- 
mirent à Modin. 

5. Et ils se levèrent dès le ma- 
lin et s'enallerent dans 18 plaine; 


I MACHABÉES. 


2235 
et voilà une grande armée. de 
fantassins et de cavaliers à leur 
rencontre, et un fleuve rapide 
était au milieu d'eux. 

6. Et il transporta le camp en 
face des ennemis, lui et son peu- 
ple; etil vit que le peuple crai- 
gnait de traverser le torrent, et il 
traversa le premier; et ses hom- 
mes le virent, et passèrent après 
lui. 

1. Et il divisale peuple, et mit 
les cavaliers au milieu des fan- 
tassins; or la cavalerie des enne- 
mis était très nombreuse. 

8. Et ils firent retentir les trom- 
pettes sacrées, et Cendébée fut 
mis en fuite ainsi que son camp ; 
etil tomba d'entre eux un grand 
nombre de blessés, et le reste 
s'enfuit dans la forteresse. 

9. Alors fut blessé Judas, frere 
de Jean; mais Jean les poursuivit 
jusqu'à ce que Cendébée füt venu 
à Cédron, qu’il avait bâtie. 

10. Et ils s'enfuirent jusqu'aux 
tours qui étaient dans les champs 
d'Azot, et il y mit le feu. Et il 
tomba d'entre eux deux mille 
hommes, et il retourna en paix 
dans la Judée. 

11. Or Ptolémée, fils d'Abobi, 


avait été établi chef dans la plaine 


de Jéricho, et il avait beaucoup 
d'argent et d'or; 


1, 19, 21. Gazara, Voy. xiv, 34. 


1. * Jean, surnommé Hyrcan, qui devait succéder à son pére Simon. comme prince 
et grand prèlre des Juifs (135-105), était probablement le frère cadet de Judas, 
vers, 2, mais le plus brave et le plus habile des fils de Simon. 

3. De mes frères; le grec porte, de mon frère, probablement Jonathas, qui avait été 
tué dans le temps qu ‘ils gouvernaient ensemble. 

5. * Un fleuve rapide, un gros torrent d'hiver: 

8. La forteresse de Gédor, qu'il avait fait fortifier, selon l’ordre d'Antiochus (xv, 40). 

9. Cédron ne peut être autre que. Gédor. Compar, xv, 39. 


10. * Azot. Voir plus haut, v, 18. 


11. * Plolémée, fils d'Abobi, ne nous est connu que par le récit de ce chapitre. Son 
nom grec semble indiquer des tendances hellénisantes dans sa famille. 


2236 

12. Car il était le gendre du 
grand prêtre. 

13. Et son cœur s'exalta, et il 
voulait s'emparer du pays, et il 
méditait une trahison contre Si- 
mon et ses fils, afin de les dé- 
truire. 

14.0r Simon, parcourant]les ci- 
tés qui étaient dans la contrée de 
la Judée, et en prenant soin, des- 
cendit à Jéricho, lui et Mathathias 
son fils et Judas, en l’année cent 
soixante-dix-septième et au on- 
zieme mois, c'est-à-dire le mois 
de Sabath. 

15. Et le fils d'Abobi les recut 
avec tromperie dans une petite 
forteresse qui est appelée Doch, 
qu'il avait bâtie, et il leur fit un 
grand festin, et cacha dans ce 
lieu des hommes. 

16. Et lorsque Simon eut fait 
bonne chère, ainsi que ses fils, 
Ptolémée se leva avec les siens, 
et ils prirent leurs armes, et en- 
trèrent dans la salle du festin, et 
tuérent Simon et ses deux fils et 
quelques-uns de ses serviteurs. 

17. Hl commit une grande trahi- 
son dans Israél, et il rendit le 
mal pour le bien. 

18. Et Ptolémée écrivit cela et 
envoya vers le roi, afin qu'il dé- 


I MACHABÉES. 


[ca.. x v1.] 
péchát une armée à son aide, et 
qu'il lui livrât là contrée et ses, 
cités, et les tributs. 

19. Il envoya aussi. d'autres 
gens à Gazara pour se défaire de 
Jean; etil envoya aux tribuns des 
lettres, afin qu'ils vinssent vers 
lui, et qu'il leur donnerait de l'ar- 
gent et de l'or, et des présents. 

20. Et il envoya d'autres gens 
pour se rendre maitre de Jérusa- 
lem etde la montagne du temple. 

21. Mais un homme, les ayant 
prévenus, annonça à Jean 8 Ga- 
zara que son pere était mort ainsi 
que ses frères, et 16 6 
avail envoyé pour le tuer aussi. 

99. Dès qu'il apprit cette nou-. 
velle, il fut extrèmement épou- 
vanté; et il prit les hommes qui 
étaient venus pour le perdre, et 
il les fit mourir; car il reconnut 
qu'ils avaient dessein de le perdre. 

93. Et le reste des paroles de 
Jean, et de ses guerres, et de ses 
bonnes qualités parlesquellesilse 
conduisit vaillamment, et le soin 
qu'il eut de rebâtir les murs de Jé- 
rusalem, et ses autres exploits, 

94. Voilà qu'ils sont écrits dans 
le livre des jours de son sacer- 
doce, depuis qu'il fut fait prince 
des prêtres après son père. 


44. L'année cent soixante-dix-septième du règne des Grecs, et la cent trente-qua- 
trième avant Jésus-Christ. — Sabath, en hébreu Schebat, onzième mois de l'année 
sacrée et cinquième de l'année civile. Il commençait à la nouvelle lune de janvier, 
selon les rabbins; mais c'était plus probablement à celle de février. 

18. Doch; l'historien Josèphe l'appelle Dagon, et la place au-dessus de Jéricho. 

16. Eut fait bonne chère. Dans le langage des Hébreux et des Hellénistes, le mot 
rendu dans Ja Vulgate par inebriari, signifie aussi boire autant que la soif et la né- 
cessité le demandent, ou simplement faire bonne chére; sens que les interprétes lui 


donnent généralement ici. 


21. Le tuer; littér., te tuer. Cette sorte de changement subit de personne qui n'est 
pas rare dans le style biblique, a pour but de donner de la force à l'idée qu'on ex- 


prime. 


23. Forcé par les exigences de notre langue de nous écarter de la littéralité dans 
ce verset, nous croyons cependant l'avoir fait aussi peu que possible. 


24. Le livre des Jours, les annales. 


MACHABÉES. — INTRODUCTION, 2231‏ זז 


II MACHABÉES 


INTRODUCTION 


Le second livre des Machabées n'est pas la suite du premier : c'est une œuvre 
compléte en soi et indépendante, quoique racontant en partie les mêmes événe- 
ments. Elle se divise en deux parties très distinctes, de nature diverse et d'iné- 
gale longueur, mais tendant l'une et l'autre au méme but. La première, r-11, 19, 
|, est. un. simple recueil. de documents; elle contient deux lettres adressées : 
1? par les habitants de Jérusalem aux Juifs d'Egypte, pour les inviter à la fête 
des Tabernacles, 1, 1-10? ; 2° par le sanhédrin à Aristobule, précepteur de Pto- 
lémée VI, et aux Juifs d'Egypte pour leur annoncer la mort d'Antiochus 111 le 
Grand et quelques autres événements importants; elle se termine par une invi- 
tation à participer à la fête des Tabernacles, 1, 10b-11, 19. 

2» La seconde partie est l'histoire proprement dite. Après une préface, ir, 20-33, 
dans laquelle il indique qu'il va résumer les cinq livres de Jason de Cyréne, 
l'auteur raconte en deux sections, cf. u, 23 : 1? les événements de l'histoire 
juive qui se sont accomplis sous le régne d'Antiochus Epiphane et en particulier 
ses persécutions, ΠΙ-Χ, 9; 2° les événements qui se rapportent au règne d'Antio- 
chus Eupator, x, 10-xv. Chacune des deux sections se termine par la mention 
de l'institution d'une féte, x, 6; xv, 36-37. — Ce livre embrasse une période de 
quinze ans, de 175 à 161 avant J.-C., c'est-à-dire de la dernière année ou à peu 
près de Séleucus IV, mort en 175, à la mort de Nicanor en 164. 

Il ἃ été écrit en grec, comme l'atteste S. Jérôme. ἃ part quelques hébraismes 
que l'on rencontre chez tous les écrivains juifs qui ont rédigé leurs ouvrages en 
grec, le style est pur et, pour le fond, semblable à celui des écrivains profanes 
du dernier siècle avant J.-C. La phrase est arrondie, coulante et riche en locutions 
véritablement grecques. 

Des rétlexions dont l'auteur parsème son récit, il résulte qu'il n'écrit pas seu- 
lement pour raconter, mais aussi pour instruire et édifier. Les deux lettres 
qu'il rapporte en commençant, dans sa première partie, n'ont pas uniquement 
pour but de donner une première vue d'ensemble sur les événements qu'il rap- 
portera ensuite plus au long, mais aussi d'exciter les Juifs à la célébrationugdes 
fétes religieuses et à l'assistance aux sacrifices offerts en l'honneur de Dieu 
dans le temple. Faire ressortir la saintelé de la maison du Seigneur est une des 
choses qu'il a le plus à cœur et comme le but principal de son œuvre ; il exalte 
le temple par toute sorte d'épithétes; il montre les étrangers lui rendant hon- 
neur; il raconte tous les traits qui peuvent en rehausser la gloire et l'éclat ; les 
deux fêtes instituées par Judas Machabée, en mémoire de la purification du 
temple et de la victoire sur Nicanor qui avait insulté la maison de Dieu, sont 
comme le pivot de son récit, car chacune de ses deux parties se termine par la 
mention de ces jours commémoratifs ; il conclut méme son ouvrage, aprés avoir 


2298 ii MACHABÉES. 


parlé dé la dernière, sans nous faire connaître la fin de Judas. A une époque où 
les Juifs étaient dispersés partout, il était d'une extréme importance, pour la 
conservation de leur religion, qu'ils n'oubliassent point la sainteté du temple, 
qu'ils n'en érigeassent point à l'étranger et qu'ils contractassent l'habitude du 
pèlerinage à Jérusalem. 

L'auteur était un Juif helléniste, qui avait vécu ou vivait à Jérusalem, mais il 


(ex. 1.] 


est d'ailleurs complétement inconnu. 


CHAPITRE PREMIER. 


Lettre des Juifs de Judée à ceux d'Egypte, 
pour leur recommander de célébrer la 
féte dela nouvelle dédicace du temple. 
Autre lettre pour les exhorter à célé- 
brer avec eux la féte de la nouvelle dé- 
dicace du temple et celle du recouvre- 
ment du feu sacré, 


1. Aux Juifsleurs frères quisont 
répandus en Egypte, les Juifs qui 
sont dans Jérusalem et dans le 
pays de Judée, disent salut et heu- 
reuse paix. 

9. Que Dieu bien vous fasse; 
quil se souvienne de l'alliance 
qu'il a contractée avec Abraham, 
Isaac et Jacob; qu'il se souvienne 
de ses serviteurs fideles. 

3. Qu'il vous donne à tous un 
. cœur, afin que vous l'adoriez, et 
que vous fassiez sa volonté avec 
un cœur grand, et un esprit do- 
2116. 

4. Qu'il ouvre votre cœur à sa 


loi et à ses préceptes, et qu'il eous 
donne la paix. 

5. Qu'il exauce vos prieres, et 
qu'il se réconcilie avec vous et 
qu'il ne vous abandonne point au 
temps mauvais. 

6. Et maintenant nous sommes 
ici priant pour vous. 

1.Démétriusrégnant,en l'année 
cent soixante-neuvième, nous, 
Juifs, nous vous avons écrit, dans 
la tribulation et l'agitation qui 
nous survint duranl ces années, 
depuis que Jason se fut retiré de 
la terre sainte et du royaume. 

8. Ils brülérent la porte du 
temple et répandirent le sang 
innocent; et nous priâmes le Sei- 
gneur, et nous fümes exaucés, 
et nous offrimes le sacrifice et la 
fleur defarine,et nous allumâmes 
les lampes, et nous exposámesles 
pains. 

9. Et maintenant célébrezlaféte 


2. De ses servileurs fidèles étant au génitif (servorum suorum fidelium), représente 
nécessairement 16 complément du verbe qu'il se souvienne (memineril) ; voilà 0 
dx as notre traduction nous avons répété ce verbe. 

1. L'année cent soirante-neuvième du règne des Grecs, la cent quarante-deuxième 
avant Jésus-Christ. — * Démétrius II Nicator. Voir 1 Machabées, x, 61. — Jason. Voir 


plus loin, 1v, 7. 
8. Ils óválérent, etc. Voy. 1 Machab., 
etc. Compar. I Machab. ,1V, 56 et suiv. 


1, 39 et suiv.; 


vi, 49 et suiv. — Nous ir 


9-10. * La date qui est donnée au commencement du. vers. 10, l'an 188 de l'ére des 
Séleucides, est celle de la lettre contenue dans les vers. 1-9 et non celle de la lettre, 


qui commence dans le vers. 10, aux mots : 


porte pas de date. 


Le peuple, etc. Cette seconde "us Ue 


9. La scénopégie. Voy. 1 Machab., x, 22. pria: lI Machab:, x, 6 et ו‎ 


Casleu. Noy. 1 Machab,, x, 31, 


{ΠῚ Ἵ 
1 C6 1} 


(em. 1.) 
de la scénopégie du mois de Cas- 
leu. * 

10. En l'année cent quatre- 
vingt-huitieme, le peuple qui est 
dans Jérusalem et dans la Judée, 
le Sénat et Judas, à Aristobule, 
précepteur du roi Ptolémée, de 
la race des prêtres sacrés, et aux 
Juifs qui sont en Egypte, salut et 
prospérité. | 

11. Délivrés de grands périls 
par Dieu, nous lui rendons aussi 
grandement gráce, attendu que 
nous avons combattu contre un 
tel roi. 

19. Car ce fut lui qui fit sortir 
de Perse ceux qui combattirent 
contre nous et la sainte cité. 

13. Car lorsquece cheflui-méme 
était en Perse, et avec lui une 
armée très considérable, il pé- 
rit dansle temple de Nanée, trom- 
pé par le conseil des prétres de 
, Nanée. 

14. Car Antiochus y vint avec 
ses amis pour épouser la déesse 
et afin de recevoir de grandes 
sommes d'argent àtitre de dot. 

15. Et lorsque les prêtres de Na- 


ii MAGHABÉES. 


2239 


née les eurent présentées et que 
lui-même fut entré avec peu de 
gens dans l'intérieur du lieu sa- 
cré, ils refermèrent le temple, 

16. Lorsqu'Antiochus fut entré, 
puis ayant ouvert l'entrée se- 
crète du temple, ils lancèrent des 
pierres et frappèrent le chef et 
ceux qui étaient avec lui, et ceux 
qui l'accompagnaient, et /e déchi- 
rerent membre pàr membre, et 
leur ayant coupé 18 tête, ils 5 
jeterent dehors. 

11. Béni soit Dieu en toutes 
choses, lui qui a livré les impies. 

18. Devant donc faire au vingt- 
cinquième jour du mois de Cas- 
leu la purification du temple, 
nous avons cru nécessaire de 
vous le faire savoir, afin que 
vous aussi, vous célébriez le 
jour de la scénopégie et le jogr 
du feu qui fut donné, quand Né- 
hémie, le temple ayant été bâti 
ainsi que l'autel, offrit des sacri- 
fices. 

19. Car lorsque nos pères fu- 
rent emmenés en Perse, les pré- 
tres alors occupés au service di- 


10. L'année cent quatre-vingl-huitiéme; la cent vingt-troisième avant Jésus-Christ. 
— Judas, eu égard au temps, ne saurait étre Judas Machabée, mais ce pourrait étre 
Judas l'Essénien, prophète célèbre dont parle Joséphe (Anliqg., 1. xuz, c. xix). — Salut 
(salutem), etc. Voy. I Mach., x, 18. — * Aristobule, précepteur du roi Ptolémée VI Phi- 
: lométor (181-246), est le philosophe péripatéticien de ce nom qui dédia à Ptolémée VI 
;son exposition allégorique du Pentateuque. 

11. Contre un lel roi: Antiochus Sidètes, selon la plupart des interprètes, ou An- 
tiochus Epiphane suivant quelques-uns. — * Ou plutôt Antiochus 111 le Grand (222- 

187) qui, d’après le récit des auteurs profanes, périt massacré par les habitants d'une 
ville de Perse dont il voulait piller le temple. Les Romains, apres l'avoir compléte- 
ment battu à Magnésie, lui avaient imposé un lourd tribut qu'il était hors d'état de 
payer. Voir I Machabées, vin, 6-7. 

19. De Perse. Les Juifs, du temps de l'auteur de ce livre, comprenaient sous le 
nom de Perse, tout le pays situé au delà de l'Euphrate. — * Le mot de Perse ne se lit 
" pas dans le texte grec; il se trouve seulement au vers. 43, 

13. Nanée, déesse des Perses, la Diane des Grecs. 

44. * Avec ses umis. Voir 1 Machabées, τι, 18. 

18. Devant donc, etc. Voy. vers. 9. — Le jour du feu, etc., c'est-à-dire, la fête de 
la découverte du feu sacré au temps de Néhémie. 

19, En Perse, c'est-à-dire, en Chaldée. Voy. vers. 42, — * D'après une tradilion, 


2240 


vin, ayant pris secrètement le feu 
qui était sur l'autel, le cachèrent 
dans une vallée, où il y avait un 
puits profond et desséché; et ils 
ly mirent en süreté, de telle 
sorte que ce lieu demeurát in- 
connu à tous. 

20. Mais lorsque beaucoup d'an- 
nées se furent écoulées, il plut 
à Dieu que Néhémie füt envoyé 
en Judée par le roi de Perse; il 
envoya les petits-fils de ces pré- 
tres qui avaient caché le feu, pour 
le chercher, et comme ils nous 
lont raconté, ils ne trouverent 
point le feu, mais seulement une 
eau épaisse. 

91. Et le prêtre Néhémie leur 
commanda de puiser cette eau et 
de /a lui apporter; etil leur com- 
manda d'asperger avec cette eau 
et les victimes qui avaient été 
mises sur l’aulel, et le bois, et ce 
qui avait élé mis dessus. 

99, Et des que cela fut fait, 
et qu'arriva le temps auquel res- 
plendit le soleil, qui était au- 
paravant dans un nuage, il s'al- 
luma un grand feu, en sorte que 
tous furent dans l'admiration. 

23. Gependant tous les prétres 
faisaient la prière jusqu'à ce que 
le sacrifice 11) consumé, Jona- 
thas commençant et les autres ré- 
pondant. 


Il MACHABEES. 


(cu. 1.) 


94. Et la prière de Néhémie était 
ainsi : Seigneur, Dieu créateur de 


. touteschoses, terribleetfort,juste 


et miséricordieux, qui seul êtes 
bon roi. 

25. Seul excellent, seul juste, 
et tout-puissant, et éternel, qui 
délivrez Israël de tout mal, qui 
avez choisi nos pères et les avez 
sanctifiés; 

26. Recevez ce sacrifice pour 
tout votre peuple Israël, conser- 
vez votre portion, et la sanctifiez. 

97. Rassemblez nos /réres dis- 
persés, délivrez ceux qui sont 
esclaves des gentils, et regardez 
ceux qui sont méprisés et abomi- 
nés, afin que les nations sachent 
que c'est vous qui êtes notre Dieu. 

28. Affligez ceux qui nous op- 
priment et qui nous outragent 
avec orgueil. 

29. Etablissez votre peuple dans 
votre lieu saint, comme ἃ dit 
Moise. 

30. Cependant les prêtres chan- 
taient des hymnes, jusqu'à ce que 
le sacrifice füt consumé. 

31. Mais, lorsque le sacrifice fut 
consumé, Néhémie commanda 
que le reste de l'eau 101 versé sur 
les grandes pierres. 

32. Dès que cela eut été fait, il 
s'y alluma une grande flamme : 
mais par une lumiere qui resplen- 


Cab. I. 29. Deut., xxx, 3, 5; Infra, 11, 18. 


le puits profond serait le puits appelé aujourd'hui Bir Eyoub, ou puits de Job, à 
l'endroit où la vallée d'Hinnom se joint avec la vallée du Cédron. | 

20. Il plut (placuit) est précédé de et; mais cette particule est ici purement, pléo- 
aastique; elle ne sert qu'à marquer l'apodose. Bien qu'elle ne puisse s'exprimer en 
français, elle a le sens de alors, dans ce cas, cela supposé. — * Néhémie fut envoyé 
par le roi de Perse Artaxerxes Longuemain. Voir l'Introduction au second livre d'Esdras. 

23. * Jonathas, grand prêtre du temps de Néhémie, Il Esdras, xu, 11. 

26. Votre portion, votre héritage, votre peuple Israël. 

29. Comme a dit Moise. Voy. Deuléron., xxx, 3 et suiv. 

32. Il s'y alluma, sur les pierres arrosées d'eau (vers. 31). 


]6₪. π.] 


dit de l'autel elle fut consumée. 

33. Mais dés que la chose de- 
vinl publique, on rapporta au roi 
de Perse que dans lelieu dans le- 
quel les prétres qui avaient été 
emmenés captifs avaient caché le 
feu sacré, avait paru une eau dont 
Néhémie et ceux qui étaient avec 
lui avaient purifié les sacrifices. 

34. Or, le roi considérant et 
examinant soigneusement la cho- 
se, afin de vérifier ce qui s'était 
passé, fil bdtir en ce méme lieu 
un temple. 

35. Et lorsqu'il eut vérifié ce qui 
s'était passé, 11 donna aux prêtres 
de grands biens, et leur fit divers 
présents, et les prenant de sa pro- 
pre main, il /es leur distribuait. 

36. Or Néhémie appela ce lieu 
Nephtar, qui signifie purification. 
Mais il est appelé par la plupart 
Néphi. 


CHAPITRE Il. 


Suite de la lettre précédente, où se trou- 
vent diverses particularités arrivées au 
temps de la transmigration des Juifs à 
Babylone. Préface οὐ l'auteur de ce livre 
expose son dessein. 


1. Or on trouve, dans les écrits 
du prophète Jérémie, qu'il com- 
manda à ceux qui émigraient de 
prendre le feu sacré, comme on 


Cuae. II. 4. Deut., xxxiv, 1. 


1 MACHABÉES. 


2241 


l'aindiqué auparavant, etcomme 
il avait commandé aux émigrés 
précédents. 

2. Et il leur donna la loi, afin 
qu'ils n'oubliassent pas les pré 
ceptes du Seigneur, et que leur 
esprit ne les égarât point, lors- 
quils verraient les idoles d'or et 
d'argent et leurs ornements. 

3. Et disant d'autres choses de 
cette sorte, il les exhortait à ne 
pas éloigner la loi de leur cœur. 

4. Il était aussi marqué, dans 
le méme écrit, comment le pro- 
phéte, une réponse divine lui 
ayant été faite, commanda qu'on 
apportât avec lui le tabernacle et 
l'arche, jusqu'à ce qu'il füt arrivé 
à la montagne, sur laquelle Moise 
monta et vit l'héritage de Dieu. 

5. Et venant là, Jérémie trouva 
un lieu oü était une caverne; et 
il y porta le tabernacle, l'arche 
el l'autel des parfums; et 11 bou- 
cha l'entrée. 

6. Or quelques-uns de ceux qui 
l'avaient suivi s'approcherent en- 
semble, afin de remarquerle lieu, 
et ils ne purent /e trouver. 

1. Mais des que Jérémie /e sut, 
illes blàma, et dit: Ce lieu sera 
inconnu jusqu'à ce que Dieu ras- 
semble tout le peuple, et qu'il lui 
soit propice; 


34. * Au lieu de fit bâlir en ce méme lieu un temple, le grec porte : il rendit ce lieu 


saint, sacré, inviolable. 


36. Néphi est probablement une corruption de Nephlhar; le grec lit Nephtaei. Le 
mot Nephthar parait être lui-même une corruption de Nechphar, dérivé du verbe hé- 
breu cáphar, dont on trouve (Deutér., xxt, 8), la forme niccaphér, pour nithcaphér, 


qui signifie &/ a été expié. 


1. Dans les écrits, etc. Ces écrits étaient encore entre les mains des Juifs, lorsqu'ils 
écrivirent cette lettre; mais on ne les trouve plus depuis fort longtemps dans les 


écrits qui nous restent de Jérémie. 


4. Sur laquelle Moise, etc. Voy. Deutér., xxxiv, 4. 
7. Ce lieu. Le mot quod, qui précéde dans la Vulgate, est un pur hébraisme Com- 


par. quoniam, 1 Machab., xiv, 28. 


ו 


141 


5919 

8. Et alorsle Seigheur montrera 
ces choses, et la majesté du Sei- 
gneur apparaîtra, et il y aura une 
nuée, et comme lorsque cette ma- 
jesté élait manifestée à Moïse et 
comme lorsque Salomon deman- 
da que le temple füt sanctifié pour 
le grand Dieu, il les manifestait. 

9. Car il relevait magnifique- 
ment sa sagesse, et c'est comme 
un homme possédant la sagesse 
qu'il offrit le sacrifice de la dédi- 
cace et de la consommation du 
temple. 

10. Et de méme que Moise 
priait le Seigneur, et qu'un feu 
descendit du ciel et consuma l'ho- 
locauste, de méme aussi Salomon 
pria, et le feu descendit du ciel et 
consuma l'holocauste. 

44. Et Moise dit : Parce que ce 
qui était offert pour 16 péché n'a 
point été mangé, il ἃ été consumé 
par le feu; 

19. Pareillement aussi, Salo- 
mon célébra pendant huit jours 
la dédicace du temple. 

13. Orces mémes choses étaient 
portées dans les écrits, et dans 
les mémoires de Néhémie, ainsi 
que la maniere dont il forma une 


it MACHABÉES. 


(eu. 1i. ] 
bibliothèque, et rassembla de di- 
verses contrées les livres et des 
prophètes, et de David, et les let- 
tres des rois, et ce qui regardait 
les dons faits au temple. 

14. Pareillement aussi, Judas a 
recueilli tout ce qui s'était perdu 
pendant la guerre qui nous était 
arrivée, et ces écrits sont chez 
nous. 

15. Si donc vous les désirez, 
envoyez-nous des personnes qui 
vous les portent. 

16. C'est pourquoi, devant cé- 
lébrer la purification, nous vous 
avons écrit; vous ferez donc bien 
si vous célébrez ces jours. 

17. Or Dieu, qui a délivré son 
peuple, et a rendu /eur héritage 
à Lous, et a rétablile royaume, le 
sacerdoce et le lieu saint, 

18. Comme 11 78 promis dans la 
loi, nous espérons que bientót il 
aura pilié de nous, et nous ras- 
semblera de dessous le ciel, dans 
le lieu saint : 

19. Car 1 nous a délivrés de 
grands périls, et il a purifié le 
saint lieu. 

20. Mais quant à Judas Macha- 
bée et ses freres, et à la purifica- 


8. III Rois, vin, 11; II Par., vr, 14. — 10. Lévit., 1x, 24; II Par., ט‎ 1. — 14. Lévit., 
x, 16, 17. — 18. Deut., xxx, 3, 5; Supra, τ, 29. 


8. Comme lorsque Salomon, etc. Voy. 111 Rois, vrrr, 14; II Paralip., vr, 14. -- les 
manifeslait, c'est-à-dire, le Seigneur manifestait ces choses (Læc), les choses men- 


tionnées au commencement du verset. 


9. * De la consommation du temple. Le temple ne fut pour ainsi dire complètement 
achevé, que lorsqu'il fut dédié, parce qu'alors seulement Dieu put y être honoré 


selon tous les rites. 


10. Moise priait, etc. Voy. Lévitiq., 1x, 24. — Salomon pria, etc. Voy. 11 Paralip., vu, 1. 


11. Moïse dit, etc. Voy. Lévitiq., x, 16, AT. 
3. * Dans les mémoires de Néhémie, aujourd'hui perdus. 


14. * Pareillement, comme l'avait fait Néhémie. 
16. La purification; c'est la 1616 dont il est parlé, 1, 18. 
17. Le lieu saint; littér., la sanctification. Compar. I Machab., 1, 23. 


19. Ici finit la lettre des Juifs. 


20. Depuis ce verset jusqu'à la fin du chapitre, préface de l’auteur de ce Xi:re, 
Ajoutons qu'iei commence une phrase qui ne se termine qu'au vera. 24. 


(cu. n.) 


tion du grand temple, et à la dé- 
dicace de l'autel, 

91. Et aussiles combats qui ont 
eu lieu sous Antiochusle Noble et 
sous son fils Eupator; 

22. Et les apparitions qui sont 
venues du ciel en faveur de 
ceux qui ont combattu courageu- 
sement pour les Juifs; en sorle 
qu'ils ont conquis toute la con- 
irée, quoiqu'ils fussent en pe- 
üt nombre, et quils ont mis 
en fuite la multitude des bar- 
bares; 

93. Et qu'ils ont recouvré le 
temple, le plus fameux qui soit 
dans tout l'univers, délivré la ci- 
té, et rétabli les lois qui avaient 
été abolies, le Seigneur leur étant 
devenu propice en leuraccordant 
toute tranquillité ; 

24. De méme aussi, quant à ce 
qui à élé compris par Jason le 
Cyrénéen en cinq livres, nous 
avons tenté de l'abréger en un 
seul volume. 

95. Car considérant la multi- 
tude des livres et la difficulté 
quily a pour ceux qui veulent 
aborder les récits historiques, 
à cause de la multitude des 
choses, 

26. Nous avons mis nos soins à 
ce que notre travail füt pour ceux 
qui voudraient bien le lire un 


il MACHABÉES. 


2243 


amusement d'esprit; de-maniere 
cependant que les hommes stu- 
dieux pussent plus facilement /e 
confier à la mémoire; et que, 
pour tous ceux qui le liraient, il 
eüt de l'utilité. 

27. Or, quant à nous, qui nous 
sommes chargés d'abréger cet 
ouvrage, ce n'est pas un travail 
facile que nous avons entrepris, 
au contraire, c'est une œuvre 
pleine de veilles et de sueur. 

28. Comme ceux qui préparent 
un festin cherchent à se rendre 
au désir des autres, ainsi, en fa- 
veur d'un grand nombre, nous 
entreprenons volonliers ce tra- 
vail. 

29. Nous nous reposons certai- 
nement de la vérité de chaque 
chose sur les auleurs, mais nous 
nous attachons à abréger, dans la 
forme qui a été donnée par les 
auteurs. 

30. Car, comme c'est à l'archi- 
tecte d'une maison nouvelle à 
avoirsoindetoutelaconstruction, 
et à celui qui est chargé de pein- 
dre à rechercher ce qui est propre 
à l'embellir, ainsi on doit juger de 
nous. 

31. Car recueillir ce qu'il sait, 
et raconter avec ordre, et recher- 
cher avec le plus grand soin les 
circonstances particulières, c'est 


21. Le Noble. Voy. 1 Mach., x, 1. — * Sur Anliochus IV Epiphane, voir I Machabées, 
1, 14 et .טנטפ‎ — Sur Antiochus V Eupator, voir | Machubées, 11, 32. 

22. Les apparilions. C'est le vrai sens du mot i/uminationibus, expliqué par le cor- 
respondant du texte grec. Compar. d'ailleurs les chapitres suivants, πὶ, 25, 26; v, 2, 5. 


23. * Le temple, la cité de Jérusalem. 


24. * Jason le Cyrénéen. Sa personne ^t sa vie nous sont inconnues. On peut seule- 
ment admettre avec vraisemblance qu'étant de Cyrène, ville d'Afrique où les Juifs 
étaient nombreux et parlaient grec, il avait lui-même écrit en grec. — Sur Cyrène, 


voir Actes, 11, 10. 


28. L'auteur semble faire allusion à la coutume recue chez les anciens, de choisir 
dans les festins quelqu'un d'entre eux pour avoir soin de préparer tout ce qui était 
nécessaire pour le festin et de faire ensuite que chacun des conviés füt content, 


2244 
28 qui convient à l'auteur d'une 
histoire. 

32. Mais chercher la brièveté du 
discours, et éviter les développe- 
ments des choses, c'est ce qu'on 
doitaccorder à celui qui fait un 
abrégé. 

33. Dés ce moment donc, nous 
commencerons notre narralion ; 
que ce que nous avons dit suffise 
pour la préface; car il serait in- 
sensé d'étre diffus avant de com- 
mencer une histoire et d'étre con- 
cis dans l'histoire méme. 


CHAPITRE III. 


Bonheur des Juifs sous le pontificat d'O- 
nias III. Simon, préfet du temple, fait 
savoir à Séleucus, roi de Syrie, qu'il y 
a de grands trésors dans le temple. 
Héliodore est envoyé pour les enlever. 
Dieu le chátie par la main des anges. 


1. Donc, lorsque la sainte cité 
était habitée en toute paix,et que 
les.lois aussi étaient encore par- 


1 MACHABÉES. 


fcu. nr.) 
faitement observées, à cause de 
la piété d'Onias, le pontife, et des 
esprits, qui avaient en haine le 
mal, 

2. Il arrivait que les rois eux- 
mémes et les princes jugeaient ce 
lieu digne du plus grand honneur, 
et ornaient le temple de très ri- 
ches présents. 

3. En sorte que Séleucus, roi 
d'Asie, pourvoyait de ses reve- 
nus à toutes les dépenses qui 
regardaient le ministère des sa- 
crifices. 

4. Mais Simon, de la tribu de 
Benjamin, constitué intendant du 
temple, s'efforcait, le prince des 
prétres s'opposant à lui, d'entre- 
prendre quelque chose d'inique 
dans la cité. 

5. Mais comme il ne pouvait 
vaincre Onias, il vint vers Apol- 
lonius, fils de Tharsée, qui en ce 
lemps-là était gouverneur de la 
Cœlésyrie et de la Phénicie; 


4. Onias 111. Voy. 1 Mach., xxt, 1. 

3. * D'Asie. Voir la note sur I Machabées, viu, 6. — Séleucus est Séleucus IV Philo- 
pator, fils et successeur d'Antiochus III le Grand (181-175). Sous les premiers Ptolé- 
mées, la Palestine avait appartenu à l'Egypte. Elle était tombée en la possession 
d'Antiochus III le Grand, quand ce prince eut remporté en 198 une grande victoire à 
Panéas. En mariant sa fille Cléopâtre au jeune Ptolémée V Epiphane, roi d'Egypte, 
il lui avait bien donné comme dot les provinces conquises de la Colésyrie, de la Phé- 
nicie et de la Palestine, mais en fait, il ne s'en était pas dessaisi, de sorte que son fils 
Séleucus IV hérita de la Palestine, comme de toute la Syrie. Le régne de Séleucus IV 
fut peu brillant. Accablé sous le poids des impôts que les Romains avaient imposés 
à son père (voir I Machabées, vin, 7), sa grande préoccupation fut de se procurer 
l'argent nécessaire pour satisfaire ses impitoyables vainqueurs. De là sa tentative 
pour faire piller le temple de Jérusalem par Héliodore. 1] périt assassiné par ce méme 
Héliodore en 175. 

4. Intendant du lemple pour les affaires du dehors, ou purement temporelles, 
puisqu'appartenant à la tribu de Benjamin, il n'était ni prétre ni lévite. — * Le dé- 
saccord qui s'éleva entre Simon et Onias devait provenir de difficultés concernant les 
achats pour le temple. Onias 111 alla plus tard se plaindre au roi de Syrie de la con- 
duite de Simon, 1v, 1-6; mais l'auteur sacré ne nous apprend pas quel fut le résultat 
de cette démarche. Le grand prétre usurpateur Ménélaüs, dont il est parlé plus loin, 
ιν, 23, élait frère d'un Simon, sans doute le méme que celui dont il est question ici. 

5. * Apollonius, fils de Tharsée..., gouverneur de la Calésyrie et de la Phénicie, doit 
être différent du collecteur d'impôts mentionné plus loin, v, 24 (voir I Machabées, 
1, 30). C'est probablement l'Apollonius dont parle Polybe comme d'un homme ayant 
une grande situation à la cour de Séleucus et dont le fils, qui portait le méme nom, 
était gouverneur de la Colésyrie, celui dont parle 1 Machabées, x, 69, 


[cu. ur.] 


6. Et il lui annonca que le 
irésor public à Jérusalem était 
plein de sommes innombrables 
d'argent, et quil y avait des ri- 
chesses publiques immenses, qui 
ne regardaient pas la dépense des 
sacrifices, et qu'elles pouvaient 
tomber toutes sous la puissance 
du roi. 

7. Et lorsqu'Apollonius eut in- 
formé le roi des sommes d'argent 
qui lui avaient été dénoncées, ce- 
lui-ci fit venir Héliodore, qui était 
chargé de ses affaires, et l'envoya 
avec ordre de transporter ledit 
argent. 

8. Et aussitót Héliodore se mit 
en chemin, en appanence comme 
s'il allait visiter les cités de )20016- 
syrie et de 1161010 ; mais en réa- 
lité c'était pour exécuter l'inten- 
tion du roi. 

9. Mais lorsqu'il fut arrivé à 
Jérusalem et qu'il eut été recu 
avec bonté dans la cité par le 
grand prêtre, il lui rapporta l'avis 
donné au roi sur les sommes 
d'argent, et lui manifesta pour 
quel motif il était venu; et il lui 
demandait si les choses étaient 
ainsi. | 

10. Alors le grand prétre lui re- 
présenta que cet argent était dé- 
posé dans le temple, et que c'était 


II MACHABÉES. 


2245 


la subsistance des veuves et des 
orphelins ; 

11. Qu'une partie méme dans ce 
dont limpie Simon avait donné 
avis appartenait à Hircan-Tobie, 
homme éminent; mais que toute 
la somme consistait en quatre 
cents talents d'argent et en deux 
cents d'or; 

12. Mais que tromper ceux qui 
avaient confié /eur argent à un 
lieu et à un temple qui dans le 
monde entier était honoré pour 
sa vénération et sa sainteté, était 
entierement impossible. 

13. Mais Héliodore, à cause des 
ordres qu'il avait recus du roi, 
disait qu'il fallait qu'à tout prix 
cet argent füt porté au roi. 

14. Ainsi au jour marqué, Hé- 
liodore entrait dans le temple, 
pour exécuter cette entreprise. 
Cependant une agitation consi- 
dérable régnait dans la cité en- 
tiere. 

15. Or les prétres avec leurs 
robes sacerdotales, se prosterne- 
rent devant 180161, et ils invo- 
quaient dans le ciel celui qui a 
établi la loi sur les dépóts, afin 
quil les conservát saufs à ceux 
qui les avaient faits. 

16. Mais celui qui voyait le vi- 
sage du grand prétre était blessé 


1. Chargé de ses affaires (super negotia ejus), c'est-à-dire, surintendant de ses fi- 
nances. — " On a trouvé en 1877 et 1879 dans l'ile de Délos deux inscriptions grec- 
ques qui se rapportent à Héliodore. Elles nous font connaitre que son pére s'appelait 
Eschyle et qu'il était originaire d'Antioche. L'une d'elles lui donne le méme titre que 
le livre des Machabées, lequel correspond à trésorier du roi. Héliodore assassina 
peu aprés son maitre Séleucus IV Philopator (115). 

41. Talents. Voy. 1 Mach , xi, 28. — * Hircan- Tobie ou fils de Tobie est, selon les 
uns, un fils de Tobie et d'une sœur du grand prêtre Onias III; selon d'autres, c'est 
seulement un petit-fils de Tobie, dont le père s'appelait Joseph et le méme que cet 
Hircan dont Joséphe raconte l'histoire et qui joua à cette époque un rôle politique 
important. 

16. Sa face el sa couleur; pour La couleur dé sa face: figure grammaticale dont la 
Bible fournit plusieurs exemples. 


2216 
au cœur: car sa face et sa couleur 
changée annonçaient la douleur 
intérieure de son âme. 

17. Car une certaine tristesse 
était répandue sur ce£ homme, 
ainsi qu'une horreur dont son 
corps élait saisi, horreur par la- 
quelle la douleur de son cœur 
devenait manifeste pour ceux qui 
le regardaient. 

48. D'autres aussi accouraient 
par troupes de leurs maisons, con- 
jurant Dieu par des prières pu- 
bliques, à cause que le lieu saint 
allait étre exposé au mépris. 

19. Et les femmes, le sein cou- 
vert de cilices, accouraient en 
foule sur les places publiques, et 
les vierges mémes, qui étaient 
enfermées, couraient les unes 
vers Onias, les autres vers les 
murs, et quelques-unes regar- 
daient par les fenêtres ; 

90. Mais toutes, tendant les 
mains vers le ciel, priaient avec 
instance. 

21. Car déplorable était l'attente 
de cette multitude confuse et du 
grand prétre livré à l'angoisse. 

99. Et ceux-ci donc invoquaient 
le Dieu tout-puissant, afin que le 
dépót fütconservé dans toute son 
intégrité à ceux qui l'avaient 
confié. 

93. Mais Héliodore exécutait ce 
qu'il avait décidé, étant lui-méme 
présent dans le méme lieu avec 
les gardes autour du trésor. 

24. Mais l'esprit du Dieu tout- 


II MACHABÉES, 


[cir. nt] 


puissant se montra avec une 
grande évidence, en sorte que 
tous ceux qui avaient osé obéir à 
Héliodore, renversés parla vertu 
de Dieu, tomberent dansla défail- 
lance et la frayeur. 

25. Car il leur apparut un che- 
val orné d'un trés beau capara- 
con, ayant un cavalier terrible; 
et ce cheval froissa Héliodore 
avec les pieds de devant, et celui 
qui le montait semblait avoir des 
armes d'or. 

26. Parurent aussi deux autres 
jeunes hommes, remarquables 
par leur force, brillants de gloire 
et riches dans leur vétement; les- 
quels se tinrent autour de lui, et 
ils le flagellaient des deux cótés, 
le frappant sans reláche d'un 
grand nombre de coups. 

27. À l'instant done Héliodore 
tomba par terre, et on l'enleva 
enveloppé dans une grande obs- 
curité, et apres l'avoir mis dans 
une chaise à porteurs, on le jeta 
hors dw temple. 

98. Ainsi celui qui entra dans 
ledit trésor avec un grand nombre 
de coureurs et de gardes était 
emporté, nul ne lui portant se- 
cours, la vertu manifeste de Dieu 
ayant été reconnue. 

99. Et lui, par cette vertu divine, 
était couché muet, et privé de 
toute espérance et de guérison. 

30. Mais les Juifs bénissaient le 
Seigneur, parce quil magnifiait 


| son lieu saint; et le temple qui 


-.-,͵,͵ο᾿͵᾿᾽᾿᾽᾿Τττιιτι͵7͵ή7ή7ή.ὲ-΄9----------------ς-----ς-Ξ-------------- 5. οθ.ρ.5 


11. Cet, pronom représenté par l'article déterminatif qui se lit dans le texte grec, 
et qui dans le style biblique se met pour le pronom démonstratif et possessif. 

19. Les vierges, etc. Dans lorient, les filles ne paraissent presque jamais au dehors 
de la maison. C'est pour cela que les Hébreux et les Arabes les désignent par des 


termes qui signifient cachées, séparées. 


29. De toute espérance el de quérison ; pour de toute espérance de guérison, Compar. 
X 


vers. 16, 


(cg. 1v.] 


peu auparavant était plein de 
crainte et de tumulte, le Seigneur 
tout-puissant apparaissant, fut 
rempli de joie et d'allégresse. 

31. Et alors quelques-uns des 
amis d'Héliodore priaient Onias 
d'invoquerle Très-Haut, afin qu'il 
donnát la vie à celui qui se trou- 
vait à son dernier moment. 

32. Or le grand prétre, consi- 
dérant que le roi pourrait peut- 
étre soupconner les Juifs d'avoir 
commis quelque attentat contre 
Héliodore, offrit pour la guérison 
de cet homme une hostie salu- 
taire. 

33. Et lorsque le grand prêtre 
priait, les mémesjeuneshommes, 
revétus des mémes habits, se pré- 
sentant à Héliodore, dirent : 
Rends gráces au grand prétre 
Onias, car à cause de lui le Sei- 
gneur t'a donné la vie. 

34. Mais toi, chátié par Dieu, 
annonce à tous les merveilles de 
Dieu et sa puissance. El cela dit, 
ils ne parurent plus. 

35. Or Héliodore, ayant offert 
une hostie à Dieu, et voué de 
grandes promesses à celui qui 
lui accorda de vivre, et ayant 
rendu grâces à Onias et rejoint 
l'armée, retourna vers le roi. 

90. Or il rendait témoignage à 
tous des œuvres du grand Dieu, 
qu'il avait vues de ses yeux. 

31. Et comme le roi demanda à 
Héliodore, qui étail propre à être 
envoyé encore une fois à Jérusa- 
lem, il dit : 

38. Si vous avez quelque enne- 


II MACHABÉES. 2247 


mi ou quelqu un formant des des- 
seins contre votre royaume, en- 
voyez-le là, et vous le recevrez 
flagellé, si toutefois il en revient, 
parce qu'en ce lieu il y a vraiment 
quelque vertu de Dieu. 

39. Car celui qui a dans les 
cieux son habitation est le visi- 
teur et le protecteur de ce lieu, et 
ceux qui y viennent pour mal 
faire, il les frappe et les détruit. 

40. Ainsi par rapport à Hélio- 
dore et à la conservation du tré- 
sor, C'est ainsi que la chose se 
passa. 


CHAPITRE 1V. 


Calomnies de Simon. Jason obtient à prix 
d'argent la souveraine sacrificature. Il 
commet toutes sortes d'impiétés. An- 
tiochus est recu à Jérusalem ; Ménélaüs 
supplante Jason. Il est accusé devant 
Antiochus et laisse à sa place Lysi- 
maque. Onias reprend Ménélaüs, et est 
tué par Andronique. Antiochus venge 
la mort d'Onias. Lysimaque est tué par 
le peuple. Ménélaüs rachéte sa vie par 
une somme d'argent. 


1. Mais Simon, le délateur qui a 
été dit dessommesd'argentetdela 
patrie, parlait mal d'Onias, comme 
si Onias avait inspiré à Héliodore 
ce qu'il avait fait, et qu'il eüt été 
l'instigateur de ces maux ; 

2. Et le pourvoyeur de la citéet 
le défenseur de sa nation, et le 
zélateur de laloi de Dieu, il osait 
le dire formant des desseins con- 
tre le royaume. 

9. Mais comme cette inimitié 
allait si loin que méme par quel- 
ques amis de Simon, il se com- 
mettait des meurtres, 


31. A son dernier moment; littér., à son supréme souffle. 


33. Cet. Voy. sur ce mot, vers. 1T. 


39. Son. Voy. sur ce pronom possessif, vers, 11, 


3. * Simon. Voir plus haut, ri, 4, 


9248 


4. Onias,considérant le danger 
de cette lutte, et qu'Apollonius 
agissait en insensé puisqu' étant 
gouverneur de la Colésyrie et de 
la Phénicie, il fortifiait la malice 
de Simon, se rendit auprès du 
roi; 

5.Non comme accusateur de ses 
concitoyens, mais considérant en 
lui-méme l'utilité commune du 
peuple tout entier. 

6. Car il voyait que sans l'in- 
tervention royale il était impos- 
sible de pacifier les choses, et 
que Simon ne pourraitrenoncer à 
sa folie. 

7. Mais, après 18 mort de Séleu- 
cus, lorsqu'Antiochus, qui était 
appelé le Noble, lui eut succédé 
dans le royaume, Jason, frère 
d'Onias, ambitionnait le souve- 
rain sacerdoce. 

8. Etant venu vers le roi, lui 
promettant trois cent soixante ta- 
lents d'argent et quatre-vingts ta- 
lents d'autres revenus, 

9. Outre celail promettait aussi 
cent cinquanle autres talents, si 
on lui accordait le pouvoir d'é- 


II MACHABÉES. 


[cH. 1v.: 


tablir un gymnase et une éphé- 
bie, et d'inscrire les habitants de 
Jérusalem parmi les citoyens 
d'Antioche. 

10. Lorsque le roi le lui eut 
accordé, et qu'il eut obtenu la 
principauté, aussitôt il commen- 
ca à transporterles coutumes des 
gentils parmi ses concitoyens. 

11. Et abolissant ce que par 
bontéles rois avaient accordé aux 
Juifs par l'entremise de Jean, pere 
d'Eupoleme, qui fut chargé d'une 
légation auprès des Romains, con- 
cernant lamitié et l'alliance des 
Juifs avec eux, il renversait les 
ordonnances légitimes de ses con- 
citoyens, et sanclionnail des cons- 
titutions perverses. 

12. Car il osa établir un gym- 
nase sous la citadelle méme, et 
exposer tous les jeunes hommes, 
les meilleurs, dans les lieux in- 
fâmes. 

13. Et ce n'était pas un com- 
mencement, mais un certain ac- 
croissement et un progrès de 
la vie paienne et étrangère, cau- 
sée par le crime abominable et 


—————————————————————— — 


4. * Apollonius. Voir plus haut, ur, 5. 


6. Sa folie, c'est-à-dire, ses folles entreprises. 


1. Le Noble. Voy. 1 Machab., x, 4. — * Séleucus IV Philopator. Voir plus haut, mr, 3. 
— Antiochus IV le Noble ou Epiphane, frère et successeur de Séleucus IV (115-164). 
Voir 1 Machab., 1, 11 et .טנטפ‎ — Jason est la forme grécisée du nom hébreu Josué 
ou Jésus. Ce fut lui-même, dit Josèphe, qui modifia ainsi son nom. 1| voulait mani- 
fester ainsi son penchant pour les Grecs et leurs coutumes. ll acheta le souverain 
pontificat d'Antiochus Epiphane et en fit dépouiller son propre frère Onias 111. l'en- 
dant trois ans, vers 174-171, il travailla à rendre Jérusalem paienne. Les intrigues de 
Ménélaüs, qui offrit une plus grosse somme d'argent au roi de Syrie, lui firent perdre . 
sa dignité usurpée. ll essaya, mais sans succès, de la recouvrer, et aprés avoir erré 
en Arabie et en Egypte, il alla mourir à Lacédémone. 

8. Talents. Voy. 1 Mach., ,א‎ 28. 

9, 19. Le gymnase dont nous avons déjà parlé (I Mach., τ, 15) était pour les hommes 
faits, tandis que l'éphébie était destinée aux exercices des adolescents, comme l'ex- 
prime le mot grec éphébie lui-méme. 

41. Et abolissant, etc. Voy. 1 Mach., vim, 47. — * Jean, père d'Eupolème. Voir 
I Machab., vn, 17. 

13. Non prétre; Jason est ainsi désigné parce qu'il avait usurpé le titre de grand 
prétre. 


(en. 1v.] 
inoui de limpie et non prétre 
Jason. 

14. De telle sorte que les prêtres 
nes'attachaientplusaux fonctions 
de l'autel, mais que méprisant le 
temple et négligeant les sacrifi- 
ces, ils se hátaient de prendre part 
à la palestre et à son injuste dis- 
tribution des priz, et aux exerci- 
ces du palet; 

15. Et méme comptant pourrien 
ce qui faisait honneur à leur pa- 
trie, ils regardaient comme par- 
faites les gloires des Grecs. 

16. A cause de ces gloires, une 
dangereuse émulation régnait 
parmi eux; etils enviaient leurs 
coutumes, et en toutes choses ils 
désiraient être semblables à ceux 
qu'ils avaient eus pour ennemis 
et destructeurs. 

47.Car agir d'une manière impie 
contre les lois divines impuné- 
ment, on n'y parvient pas, et la 
circonstance suivante le montre- 
rà clairement. 


MACHABÉES.‏ זז 


2249 


18. Or lorsqu'on célébrait à Tyr 
les fétes quinquennales en pré- 
sence du roi, 

19.Le criminel Jason envoya de 
Jérusalem des hommes pécheurs 
portant trois cents didrachmes 
d'argent pour le sacrifice d'Her- 
cule; ceux qui les avaient appor- 
tés demandèrent qu'ils ne fussent 
pas employés à des sacrifices, 
parce que cela ne se devait pas, 
mais qu'ils fussent destinés à d’au- 
tres dépenses. 

20. Ainsi ils furent offerts, il 
est vrai, par celui qui les avait 
envoyés, pour le sacrifice d'Her- 
cule; mais à cause de ceux qui 
les apporlerent, ils furent em- 
ployés à la construction de na- 
vires triremes. 

21. Cependant Apollonius, fils 
de Mnesthée, ayant été envoyé 
en Egypte, à cause des grands 
de la cour du roi Ptolémée Philo- 
métor, lorsque Antiochus eut re- 
connu qu'il étaitentièrement éloi- 


14. Injusle, parce que les prétres ne pouvaient y participer sans crime. — * La 
palestre, l'endroit consacré aux exercices grecs de la gymnastique et ces exercices eux- 
mêmes. — Palel, petit disque en métal poli et lourd qu'on lancait au loin. 

15. * Les gloires des Grecs, les titres et les dignités grecques, les luttes dans les 
jeux publies et les récompenses qui étaient décernées aux vainqueurs des jeux. 

11. La circonstance suivante; la suite de cette histoire. 


18. * Les fêles quinquennales, probablement une sorte d'imitation des jeux olym- 
piques de la Grèce. 

19. Le didrachme ou double drachme valait environ quatre-vingts centimes. — Her- 
cule était la divinité titulaire de Tyr. — * La divinité phénicienne s'appelait propre- 
ment Melkart ou le roi de la cité, et c'était un dieu solaire. Les Grecs l’identifièrent 
avec leur Héraklés ou Hercule. 

20. * Navires trirémes, vaisseaux de guerre à trois rangs de rames. 

21. * Apollonius, fils de Mnesthée, diffèrent de celui dont il est parlé, rz, 5, 1, est 
peut-étre celui qu'Antiochus IV Epiphane avait mis à la téte de l'ambassade qu'il 
envoya à Rome. Plusieurs croient que c'est aussi le général que ce méme prince envoya 
contre Judas Machabée et qui périt dans la bataille racontée I Machab., 1. 30. — Pto- 
lémée VI Philométor (181-146). — À cause des grands de la cour. Le mot grec corres- 
pondant est obscur. Flusieurs exégètes le traduisent aujourd'hui par premier règne 
ou inauguration du régne de Ptolémée VI, laquelle eutlieu lorsque ce prince attei- 
gnit sa quatorziéme année, en 173. Depuis 181 jusqu'à cette date, il avait été sous 
la tutelle de sa mére Cléopátre et puis, aprés la mort de la reine, sous celle d'Eu- 
iæus et de Lénæus. Ptolémée VI régna deux fois. Antiochus Epiphane attaqua plu- 
sieurs fois l'Egypte, de 171 à 168. Dans une de ces campagnes, en 171, Philométor 


2250 


gné des affaires du royaume, con- 
sultantses propres intérêts, il par- 
tit delà, vint à Joppé, et delàà 
Jérusalem. 

22. Or, ayant été recu magni- 
fiquement par Jason et par la 
cité, 11 fit son entrée à la lumiere 
des flambeaux et au milieu des 
louanges; et de là il retourna en 
Phénicie avec son armée. 

23. Et après un laps de temps 
de trois ans, Jason envoya Méné- 
laüs, frere de Simon, dont il a 
été parlé plus haut, pour porter 
de largent au roi, et rapporter 
ses réponses sur des affaires im- 
portantes. 

24. Mais Ménélaüs, s'étant rendu 


MACHABÉES.‏ זז 


]68. 1v.] 


agréable au roi en rehaussant la 
grandeur de sa puissance, fit tom- 
ber en ses mains la souveraine 
sacrificature, en donnant trois 
cents talents de plus que Jason. 

95. Et ayant reçu les ordres du 
roi, il revint, n'ayant à la vérité 
rien digne du sacerdoce, mais ap- 
portant le cœur d’un tyran cruel 
et la rage d'une bête farouche. 

26. Ainsi, Jason, qui avait sur- 
pris son propre frère, trompé lui- 
même, fugitif, fut chassé dans le 
pays des Ammanites. 

27. Et Ménélaüs s'empara de la 
souveraine sacrificature; mais il 
ne s'occupait nullement de l'ar- 
gent promis au roi, quoiqu'il en 


tomba entre les mains du roi de Syrie et les Egyptiens placèrent son frère Ptolé- 
mée VII Physcon sur le trône. Les deux frères régnèrent simultanément pendant 
six ans, de 170 à 164. Au bout de ce temps, ne pouvant plus s'entendre, Philométor 
garda pour lui l'EZypte et Chypre, et Physcon eut la Cyrene et 18 Lybie, grâce à l'in- 
tervenlion de Rome. Philométor régna ainsi de nouveau seul jusqu'à sa mort en 146, 
Voici le sens de la fin du vers. 21. Ptolémée VI voulait recouvrer les provinces de 
Palestine, de Phénicie et de Cælésyrie qui avaient été enlevées par les Séleucides à 
l'Egypte et qui avaient été promises comme dot à Cléopâtre sa mère, mais ne lui 
avaient pas 616 rendues, plus baut, ni, 3. Philométor fit donc ses préparatifs pour 
reprendre ces provinces de vive force. Antiochus Epiphane envoya Apollonius en 
Egypte pour parer 16 coup, mais trouvant que son ambassadeur ne prenait pas 8 cœur 
les affaires de son royaume, se rendit à Jatfa pour mettre la ville en état de résister 
aux attaques des Ezyptiens, et c'est delà qu'il se rendit à Jérusalem. 

93. Dont il a élé parlé. Voy. ux, 4. — * Ménélaüs, frere de Simon, était par consé- 
quent de la tribu de Benjamin et ne pouvait aspirer légitimement au sacerdoce, 
n'étant pas descendant d'Aaron. Il acheta néanmoins le souverain pontificat, en 
surenchérissant sur Jason, vers l'an 170. Il n'était pas moins partisan que Jason des 
idées et des coutumes grecques. Cependant, comme il ne payait pas à Antiochus Epi- 
phane les sommes qu'il lui avait promises, il fut chassé du pontificat et son frére 
Lysimaque tint sa place. I] ne cessa point pour cela ses intrigues. Il déroba des vases 
d'or du temple et en offrit une partie à Andronique, officier d'Antiochus IV. Onias 1 
ayant reproché ses crimes à Ménélaüs, celui-ci, pour se venger, le fit périr par la 
main d'Andronique. Les Juifs ayant accusé plus tard Ménélaüs auprés du roi lui- 
méme des crimes qu'il ne cessait de commettre, ne purent obtenir justice et ses 
accusateurs furent condamnés à mort, grâce à sa perfidie. Il aida Antiochus Epiphane 
à piller le temple de Jérusalem, v, 15. La suite de son histoire est inconnue. Nous 
savons seulement qu'il expia enfin ses crimes et périt étouffé dans 18 cendre, xui, 3-8. 

26. Avait surpris; littér., avait fait captif; selon le grec, avait trompé, fraudé. — 
Ammaniles; c'est-à-dire, Ammonites. La Vulgate porte ici ainsi que le grec 4mma- 
nites; mais dans 11] Rois, xiv, 21, où elle porte Ammanile, l'hébreu et le grec lui- 
méme lisent Ammonite. 

21. La citadelle des Grecs à Jérusalem. Compar. 1 Mach., 1, 35, — * Sostrate, en 
vertu de ses fonctions, avait certainement des soldats syriens sous ses ordres. Comme 
il était chargé du recouvrement des tributs, vers, 28, c'est lui qui devait naturelle- 
ment réclamer de Ménélaüs l'accomplissement de ses promesses. 


(cn. 1v.] 
füt pressé par Sostrate, qui était 
préposé à la citadelle 

98. (Car c'était à lui que la le- 
vée des tributs appartenait); pour 
ce motif l'un et l'autre furent ap- 
pelés auprès du roi. 

99. Et Ménélaüs fut écarté du 
sacerdoce, Lysimaque, son frere, 
lui succédant ; etSostrate fut pré- 
posé sur les Cypriotes. 

30. Or pendant que ces choses 
se passaient, il arriva que les ha- 
bitants de Tarse et de Mallo exci- 
tirent une sédition, parce qu'ils 
avaient été donnés à Antiochide, 
concubine du roi. 

31. C'est pourquoi le roi vint en 
grande hâte pour les apaiser, 
ayant laissé pour son lieutenant 
un des grand de sa cour, Andro- 
nique. 

32. Mais Ménélaüs, pensant 
avoir saisi le temps opportun, 
déroba du temple quelques vases 
d'or, les donna à Andronique, el 
les autres, il les avait vendus à 
Tyr et dans les cités voisines. 

33. Lorsqu'Onias l'eut su très 
certainement, il /e reprochait à 
Ménélaüs, lui-même se tenant 
dans un lieu sûr,à Antioche, près 
de Daphné. 


Il VACHABÉES. 


2251 


34. D'où vint que Ménélaüs s'é- 
tant rendu aupres d'Andronique, 
le pria de tuer Onias. Lorsqu'An- 
dronique fut venu près d'Onias, 
et que lui ayant donné la main 
droite avec serment (quoiqu'il 
füt suspect à Onias), il l'eut en- 
gagé à sortir de son asile, il le 
iua ausssitót, n'ayant aucun res- 
pect pour la justice. 

35. Pour ce motif, non seule- 
ment les Juifs, mais aussi les au- 
ires nations s'indignaient, et sup- 
portaient avec peine la mort 
injuste d'un si grand homme. 

36. Aussi le roi étant revenu du 
pays de la Cilicie, les Juifs et les 
Grecs allérent ensemble le trou- 
ver à Antioche, se plaignant dela 
mort inique d'Onias. 

31. C'est pourquoi Antiochus 
fut contristé au fond du cœur à 
cause d'Onias, et touché de com- 
passion, il répandit des larmes, 
se souvenant de la sobriélé et de 
la modestie du mort; 

38. Et l'esprit enflammé de co- 
lère,ilcommanda qu'Andronique, 
dépouillé de la pourpre, füt con- 
duit à travers toute la cité, et que 
dans le méme lieu dans lequel il 
avait commis l’impiété contre 


29: Les Cyprioles, les habitants de Cypre ou Chypre. — * Lysimaque, frère de Mé- 
nélaüs, tint la place de son frère éloigné de Jérusalem et ne se montra pas moins 
pervers que lui. Il expia ses crimes par sa mort, vers. 41. 

30. Tarse, capitale de la Cilicie. — Mallo, ou Mallus, ville de la méme province, sur 
le fleuve Pyramus. — * Antiochide avait recu les revenus des deux villes de Tarse et 
de Mallo. Les rois d'Orient avaient coutume de donner aux reines pour leur entretien 
des villes ou méme des provinces dont elles percevaient les revenus. Les habitants 
de Tarse et de Mallo se révoltent, soit parce qu'ils sont indignés d'étre donnés à une 
femme illégitime, soit parce qu'ils craignent d'étre trop pressurés par elle. 

31. * Andronique gouverne à Antioche, en l'absence d'Epiphane. Nous ne savons sur 
ce personnage que ce qui en est raconté dans ce chapitre. 

32. Ménélaüs, etc.; il n'était plus à Jérusalem; mais il y avait Lysimaque son vice- 
gérant, qui par ses ordres enleva des vases d'or du temple (vers. 39). 

33. * Antioche, sur l'Oronte, capitale du royaume de Syrie. — Daphné, ainsi appelée 
à cause de ses bois de lauriers, était pour les habitants d'Antioche un lieu de plai- 
sance. 


2252 


Onias, le sacrilège fût privé de la 
vie, le Seigneur lui rendant la 
Junition tout à fait méritée. 

39. Cependant de nombreux 
sacrilèges ayant été commis dans 
le temple par Lysimaque, d'apres 
le conseil de Ménélaüs, et le bruit 
s'en étant répandu, la multitude 
s'assemblacontre Lysimaque, une 
grande quantité d'or ayant été 
déjà emportée. 

40. La foule donc se soulevant, 
et les esprits étant remplis de co- 
lere, Lysimaque commença par 
employer environ trois mille 
mains iniques armées, le chef 
étant un certain tyran, également 
avancé en áge et en démence. 

41. Mais, dès que l'on s'apercut 
de l'entreprise de Lysimaque, les 
uns prirent des pierres, les autres 
de gros bátons, et quelques-uns 
jetèrent de la cendre contre Lysi- 
maque. 

42. Etbeaucoup des siens furent 
blessés, et quelques-uns même 
succombèrent, mais tous furent 
mis en fuite; et le sacrilège lui- 
même, on le tua près du trésor. 

43. On commença donc à accu- 
ser Ménélaüs de toutes ces choses. 

44. Et, lorsque le roi fut venu 
à Tyr, trois hommes envoyés par 
les anciens l’informèrent de cette 
affaire. 

45. Et comme Ménélaüs avait 
le dessous, il promit à Ptolé- 
mée de lui donner une grande 
somme d'argent pour qu'il per- 


MACHABÉES.‏ זז 


[ca. v.] 
suadát le roi en sa faveur. 

46. C'est pourquoi Ptolémée alla 
trouver le roi, quis'était mis dans 
un vestibule comme pour pren- 
dre le frais, et le fit revenir de sa 
résolution. 

41. Et Ménélaüs, certainement 
coupable de tout le mal, Ze roi 
l'acquitta; mais les malheureux 
députés, qui, s'ils avaient plaidé 
leur cause devant des Scythes, 
auraient été jugés innocents, il 
les condamna à mort. 

48. Aussitôt donc ils subirent 
une peine injuste, ceux qui 
avaient défendu la cause de lacité, 
et du peuple, et des vases sacrés. 

49. C'est pour cette raison que 
méme les Tyriens, étantiudignés, 
furent trés généreux pour leur 
sépulture. 

50.CependantMénélaüs, à cause 
de l'avarice de ceux qui étaient 
puissants auprès du roi, se main- 
tenait dans lautorité, croissant 
en malice pour tendre des pièges 
à ses concitoyens. 


CHAPITRE V. 


Antiochus se prépare à marcher contre 
l'Egypte. Prodiges effrayants qui pa- 
raissent dans l'air au-dessus de Jéru- 
salem. Expédition de Jason contre Jé- 
rusalem ; sa fuite et sa fin malheureuse. 
Antiochus marche contre Jérusalem; 
violences qu'il y exerce. ll y envoie 
Apollonius, qui exerce de nouvelles 
cruautés. Judas Machabée se retire dans 
le désert. 


1. Dans le méme temps, Antio- 


40. Tyran, nom propre selon plusieurs interpréles. Les Acées des Apótres (xix, 9) 


parlent aussi d'un personnage de ce nom. 


45. Plolémée. Voy. 1 Mach., xx, 38. 


41. * Les Scylhes étaient considérés par les anciens comme les plus barbares dee 


hommes. 


1. Dans le méme lemps, c'est-à-dire, lorsque le jeune roi Ptolémée Philométor était 
monté sur le trône d'Egypte. Voy. 1v, 21. — * Voir aussi I Machab., 1, 11, 


(ca. v.] 


chus prepara une seconde expé- 
dition en Egypte. 

2. Or il arriva que, dans toute 
la cité de Jérusalem, on vit, du- 
rant quarante jours, des cavaliers 
courant à travers les airs, ayant 
des robes d'or, et armés de lan- 
ces comme les cohortes ; 

3. Et des combats de chevaux 
rangés par escadrons, des enga- 
gements qui se livraient de pres, 
et des mouvements de boucliers, 
et une multitude de so/dats coif- 
fés d'un casque avec des glaives 
nus, et des dards lancés, et l'éclat 
des armes d'or, et de toute sorte 
de cuirasses. 

4. C'est pourquoi tous priaient 
que ces prodiges tournassent à 
bien. 

5. Mais, comme un faux bruit 
de la mort d'Antiochus s'était 
répandu, Jason, ayant pris non 
moins de mille hommes, atta- 
qua tout d'un coup la cité; et 
les citoyens accourant au mur, 
et la cité à la fin ayant été prise, 
Ménélaüs s'enfuit dans la cita- 
delle. 

6. Mais Jason n'épargnait pas 
dans le carnage ses conciloyens, 
el il ne considérait pas que la 
prospérité au préjudice des pro- 
ches est un très grand malheur, 
croyant remporter un trophée 
sur des ennemis et non sur des 
conciloyens. 

7. Et cependant il ne put obte- 


MACHABÉES.‏ זו 


2253 


nirla principauté; et pour dernier 
fruit de sa trahison, il recueillit 
sa propre confusion; et fugitif de 
nouveau, il se retira dans le pays 
des Ammanites. 

8. A la fin il fut enfermé dans 
une prison par Arétas, tyran des 
Arabes, qui voulait sa perte; et 
s'étant échappé, et fuyant de cité 
en cité, odieux à tous, comme 
un violateur des lois, et exécra- 
ble, comme ennemi de la patrie 
et de ses concitoyens, il fut chassé 
en Egypte; 

9.Et celui qui avait banni beau- 
coup de personnes de leur patrie, 
périt dans une terre étrangère, 
étant allé à Lacédémone, comme 
devantytrouverunrefuge àcause 
de la parenté. 

10. Et celui qui avait jeté beau- 
coup de corps sans les ensevelir, 
est lui-même jeté sans être pleuré 
et enseveli, et sans recevoir une 
sépulture même étrangère, et 
sans avoir part à un sépulcre dans 
sa patrie. 

11. Les choses s'étant ainsi pas- 
sées, le roi soupconna que les 
Juifs abandonneraient son allian- 
ce; et à cause de cela il partit d'E- 
egypte, la rage dansle cœur, et prit 
la cité d'assaut. 

12. Orilcommanda à ses soldats 
de tuer, et de ne point épargner 
ceux qu'ils rencontreraient, de 
monter méme dans les maisons 
pour massacrer. 


9. * Jason. Voir plus haut, tv, 7. 
7. Ammaniles. Voy. 1v, 26. 


8. * 476/08, tyran ou roi des Arabes Nabatéens, qui s'étaient emparés de l'Idumée 
et dont la capitale était Pétra. On connait quatre Arétas, rois des Nabatéens, Celui- 
ci est Arétas Ier (169 av. J.-C.). Celui que nomme saint Paul, II Corinthiens, xt, 32, est 


Arétas IV Ænéas Philodéme. 


9. A cause de la parenté que les Lacédémoniens prétendaient avoir avec les Juifs, 
se croyant issus d'Abraham aussi bien qu'eux. Compar. I Mach., xu, 21, 


2254 


13. Il se fit doric un carnage de 
jeunes hommes et de vieillards, 
et une extermination de femmes 
et d'enfants, et un massacre de 
vierges et de tout petits en- 
fants. 

14. Oril y eut, dans l'espace en- 
ter de trois jours, quatre-vingt 
mille tués, quarante mille en- 
chainés, et pas moins de ven- 
dus. 

15. Mais cela ne suffisait point 
ἃ Antiochus; il osa méme entrer 
dans le temple, Zeu plus saint que 
toute la terre, conduit par Méné- 
laüs, qui fut traitre aux lois et à 
la patrie ; 

16. Et prenant de ses mains cri- 
minelles les vases sacrés, qui par 
d'autres rois et d'autres cités 
avaient été placés pour étre l'or- 
nement et la gloire du lieu sant, 
il les touchait indignement et les 
souillait. 

17. Ainsi Antiochus, ayant l'es- 
prit aliéné, ne considérait pas que 
c'était à cause des péchés des ha- 
bitants de la cité, que Dieu était 
irrité pour un peu de temps; que 
c'était pour cela que le mépris 
avait atteint ce lieu. 

18. Autrement, s'il ne leur était 
pas arrivé d'étre enveloppés dans 
beaucoup de péchés, comme Hé- 

CuaP. V. 18. Supra, ur, 25, 27. 


ft MACHABÉES. 


feat. v.] 
liodore, qui fut envoyé par Séleu- 
cus pour pillerle trésor, lui aussi, 
aussitót arrivé, eüt été flagellé, et 
certainement repoussé dans son 
audace. 

19. Mais Dieu n'a pas choisi la 
nation à cause du lieu, mais lelieu 
à cause de la nation. 

20. Et c'est pourquoi le lieu 
lui-méme a participé aux maux 
du peuple, mais dans la suite il 
sera associé à ses biens; et lui 
qui a été délaissé pendant 18 co- 
lere du Dieu tout-puissant, sera 
encore élevé à une tres grande 
eloire, dans la réconciliation du 
souverain Seigneur «avec Son 
peuple. 

21. Ainsi Antiochus, mille et 
huit cents talents ayant été em- 
portés du temple par lui, retourna 
promptementàAntioche, pensant 
dans son orgueil et à cause de la 
fierté de son esprit, qu'il rendrait 
la terre navigable, et ferait mar- 
cher sur la mer. 

22. Il laissa aussi des gouver- 
neurs pour tourmenter la nation; 
savoir : dans Jérusalem, Phi- 
lippe, Phrygien d'origine, par na- 
ture plus cruel que celui par qui 
il fut établi; 

23. Et, à Garizim, Andronique, 
el Ménélaüs, qui étaient plus 


14. Enchainés (vincti); c'est-à-dire, faits captifs ou prisonniers. — Vendus comme 


esclaves. 


16. Lieu. Ce mot désigne le temple ici et aux vers. 17, 19, 20. 
18. Lui aussi, Antiochus, — Repoussé, etc., empêché d'exécuter son entreprise aus 


dacieuse. 
21. Talents. Voy. 1 Machab., x1, 28. 


22, * Philippe, Phrygien. Voir 1 Machab., vt, 14. 


23. ' A Garizim, montagne de la Samarie, vis-à-vis du mont Hébal. Sichem est 
bâtie dans la vallée qui sépare les deux montagnes. Les Samaritains, après la capti- 
vité, élevèrent sur le mont Garizim un temple qu'ils opposèrent à celui de Jérusatem. 
Voir la note sur Jean, iv, 20. — Andronique, difièrent de celui dont l'histoire est 
racontée, 1v, 31, et d'ailleurs inconnu. 


(ox. vi. 
acharnés que les autres contre 
leurs concitoyens. 

94. Et comme il avait été em- 
porté contre les Juifs, 27 leur en- 
voya comme gouverneur l'odieux 
Apollonius avec une armée de 
vingt-deux mille hommes, lui or- 
donnant de tuer tous ceux qui 
seraient dans la force de l’âge, de 
vendre les femmes et les jeunes 
hommes. 

98. Lorsqu'Apolloniusfut arrivé 
àJérusalem,feignant de vouloir la 
paix, il se reposa jusqu'au saint 
jour du sabbat; mais alors les 
Juifsse livrant au repos de la féte, 
il ordonna aux siens de prendre 
les armes. 

96. Et tous ceux qui étaient 
venus comme spectateurs, il les 
massacra; et, parcourant la cité 
avec les siens, il fit périr une 
grande mullitude de personnes. 

27. Cependant Judas Machabée 
s'était reliré, lui dixième, en un 
lieu désert; et il y vivait avec 
les siens, parmi les bètes sau- 
vages, sur les montagnes; et 
se nourrissant de l'herbe des 
champs, ils demeuraient /4, afin 
de ne prendre point part à la con- 
tagion. 


li MACHABÉES, 


2255 


CHAPITRE VI. 


Antiochus force les Juifs d'abandonner 
les lois de Dieu pour embrasser le culte 
des idoles. Cruautés exercées contre les 
Juifs fidéles à la loi du Seigneur. Des- 
sein de Dieu en permettant ces maux. 
Martyre du saint vieillard Eléazar. 


1. Mais, peu de temps apres, le 
roi envoya un certain vieillard 
d'Antioche pour forcer les Juifs à 
abandonner les lois deleur patrie 
et de Dieu; 

2. Pour sóuiller aussi le temple 
qui était à Jérusalem, et lui don- 
nerle nom deJupiter Olympien ; 
à celui qui était à Garizim, le nom 
de Jupiter hospitalier, comme 
élaientceux qui habitaient celieu. 

3. Aussi y avait-il une invasion 
de maux trés cruelle et funeste 
à tous; 

4. Car le temple était rempli 
des dissolutions et des orgies des 
Gentils, et dhommesimpudiques, 
de prostituées; et des femmes se 
présentaient librement dans le 
lieu sacré, y portant ce qui était 
défendu. 

9. L'autel aussi était plein de 
choses illicites qui étaient prohi- 
bées par les lois. 


24. * Apollonius. Voir plus haut, ur, 5, et I Machab., τ, 30. 
26. * Comme spectateurs des exercices militaires. 


21. * Lui dirième, c'est-à-dire avec neuf autres personnes. L'auteur termine ici son 
récit par là mention de la retraite de Judas Machabée dans le désert de Juda, pour 
préparer le récit de ses exploits, qu'il commencera au chapitre vin. 


1. D'Antioche; selon le grec, d'Athènes. — * Si ce vieillard, dont le nom n'est pas 
donné, était Athénien d'origine, comme le suppose le texte grec, il est clair qu'il 
s'était mis au service d'Epiphane. 

2. Hospitalier, ou étranger. — Comme étaient, etc. Les Samaritains qui habitaient au 
pied du Garizim étaient des étrangers qu'on y avait transportés, pour remplacer les 
vaturels du pays, emimenés en captivité. — * Le Jupiter Olympien était leJupiter habitant 
le mont Olympe, le maitre du ciel et le maitre des dieux. Donner le nom de ce dieu au 
temple de Jérusalem, c'était profaner le lieu saint en le consacrant au culte d'une 
fausse divinité. — Jupiter hospitalier était Jupiter considéré comme le défenseur des 
droits de l'hospitalité, le protecteur des hótes et des étrangers. — Sur Garizim, 
voir v, 23. 


9256 


6. En outre ni les sabbats n'é- 
taient gardés, ni les jours solen- 
nels de la patrie n'étaient obser- 
vés, et nul n'avouait franchement 
qu'il était Juif. 

7. Mais ils étaient conduits par 
une cruelle nécessité, le jour de 
la naissance du roi, aux sacrifices 
profanes; et lorsqu'on célébrait 
la féte de Bacchus, on les contrai- 
gnait d'aller couronnés de lierre 
en l'honneur de Bacchus. 

8. De plus, par la suggestion 
des Ptolémées, il parut un décret 
pour les cités des Gentils, voisines 
de la Judée : qu'elles agiraient 
elles aussi de la méme maniere 
contre les Juifs, afin qu'ils sacri- 
fiassent; 

9. Etque ceux quine voudraient 
pointse conformer aux coutumes 
des gentils, elles les tueraient ; 
ainsi il n'y avait à voir que mi- 
sere. 

10. En effet, deux femmes, 
ayant été accusées d'avoir circon- 
cis leurs enfants, furent condui- 
les publiquement par la cité avec 
ces enfanls pendus à leurs ma- 
melles, et on les précipita par les 
murs. 

11. Mais d'autres s'étant réunis 
dans des cavernes voisines, et y 


11 MACHABÉES. 


[cu. vi.] 


célébrant en secret le jour du 
sabbat, lorsqu'ils eurent été dé- 
noncés à Philippe, ils furent brü- 
lés par les flammes, parce qu'ils 
craignaient par religion et pour 
l'observation du sabbat de se dé- 
fendre. 

12. Je conjure donc ceux qui 
doivent lire ce livre, de ne pas 
se scandaliser à cause de tant de 
malheurs, mais de considérer 
qu'ils sont arrivés, non pour la 
ruine, mais pour le chátiment de 
notre race. 

13. Et en effet, ne pas laisser 
longtemps les pécheurs agir se- 
lon leurs désirs, mais en tirer 
promptement vengeance, c'est la 
marque d'un grand bienfait de 
Dieu. 

14. Caril n'en est pas pour nous 
comme pour les autres nations; 
le Seigneur attend patiemment 
que le jour du jugement soit 
venu, afin de les punir dans la 
plénitude de leurs péchés. 

15. Mais pour nous, il a décidé 
de maniere que, nos péchés étant 
montés au comble, c'est précisé- 
ment alors qu'il se vengera de 
nous. 

16. C'est pour cela que jamais 
il ne détourne sa miséricorde de: 


1." Le jour de la naissance du roi était fêté dans tout l'Orient. Le grec ajoute que 
cette fête se célébrait tous les mois et il est certain en effet que les rois d'alors ne se 
contentaient pas de faire célébrer leur anniversaire au mois de leur naissance, mais 
à chaque mois de l'année. — Le lierre était consacré à Bacchus et l'on célébrait sa 
féte en se ceignant de couronnes faites avec le feuillage de cette plante. 

8. Qu'elles ; littér., qu'ils, au masculin, parce que le mot cités est pris ici, non pour 
les lieux, mais pour les habitants de ces lieux. — * Des Ptolémées. Quelques manus- 
crits grecs portent Plolémée, au singulier, et cette lecture est plus vraisemblable. 1] 
s'agit de Ptolémée, fils de Dorymine, l'ennemi des Juifs, iv, 45; I Machab., 111, 38. — 
Les cilés des Gentils voisines, où il y avait des Juifs, en Phénicie, etc. 

41. * Les cavernes sont nombreuses dans les environs de Jérusalem. — A Philippe, 
Plus haut, v, 22. 

15. Nos péchés, etc.; c'est-à-dire, dés que nos péchés seront, etc. Plusieurs donnent 
à ce verset un sens opposé, en se fondant sur le grec ; mais nous croyons que ce texte 
dit au fond la méme chose que 1 


(cu. vi.] 


nous; et quand il chátie son peu- 
ple par l'adversité, il ne l'aban- 
donne pas. 

{7. Mais que ce peu de paroles 
dites par nous pour l'instruction 
des lecteurs soient suffisantes. 
Maintenant donc il faut en venir 
à la narration. 

18. Ainsi Eléazar, l'un d'entre 
les premiers des scribes, homme 
avancé en áge, et beau de visage, 
élait, la bouche forcément ou- 
verte, pressé de manger de la 
chair de porc. 

19. Mais lui, préférant une mort 
très glorieuse à une vie odieuse, 
allait volontairement au supplice. 

20. Et considérant comment il 
faudrait s'en approcher, et demeu- 
rant ferme dans la patience, il 
résolut de ne pas commettre des 
choses iilicites par amour pour la 
vie. 

91. Orceux qui élaient présents, 
louchés d'une injuste compas- 
sion, 8 681156 de /eur ancienne ami- 
üépour cet homme, 6616 prenant à 
part, de priaient de souffrir qu'on 
apportàt des viandes dont il était 
permis de manger, afin qu'on püt 
feindre quil avait mangé des 
viandes du sacrifice, comme le 
roi l'avait commandé ; 

22. Afin que par ce moyen il 
füt sauvé de la mort; et c'est à 
cause de /eur ancienne amitié 
pour cethomme, qu'ils exercaient 
envers lui cette humanité. 


Il MACHABÉES. 


2201 


23. Mais lui commença ἃ consi- 
dérer ce qui était digne de son 
âge et de sa vieillesse vénérable, 
et la blancheur de ses cheveux 
unie à une noblesse innée de son 
âme, et les actes d'une parfaite 
conduite depuis son enfance ; et, 
selonles préceptes dela loi sainte, 
et établie par Dieu, il répondit 
aussitót, disant, qu'il voulait plu- 
tót étre envoyé dans l'enfer. 

24. Caril n'est pas digne de no- 
tre âge de feindre, dit-il, pour que 
beaucoup de jeunes hommes, 
pensant qu'Eléazar, vieillard de 
quatre-vingt-dix ans, aurait passé 
àla vie des étrangers, 

25. Soient eux-mêmes trompés 
par cette feinte, commise pour 
conserver un pelit reste de cette 
vie corruptible, et que, par là, 
jattire une tache et l'exécration 
sur ma vieillesse. 

20. Car quand méme dans le 
temps présent je me délivrerais 
des supplices des hommes, je ne 
fuirais pas néanmoins la main du 
Tout-Puissant, ni étant vivant, 
ni étant mort. 

27. C'est pourquoi sortant cou- 
rageusement de la vie, je paraitrai 
digne de ma vieillesse; 

28. Et aux jeunes hommes je 
laisserai un exemple de courage, 
si d'un esprit résolu, et courageu- 
sement, je souffre une mort ho- 
norable pour nostrès importantes 
et très saintes lois. Ces paroles 


18.* Eléazar avait 90 ans, vers. 24; il était scribe savant dans la science de la loi 
mosaique. 

23. L'enfer (infernum). Comme nous l'avons déjà remarqué plusieurs fois, 3 
Ilébreux entendaient par ce mot, non le sépulcre, le tombeau, raais le lieu souterrain 
οὐ étaient réunies les àmes aprés la mort. 

24. Des étrangers, c'est-à-dire, des paiens. 

25. Par celte feinle commise, etc.; c'est-à-dire, par cette feinte dont j'aurais usé pour 
conserver un petit reste de cette vie corrv»ntible. 


E T. 142 


2258 


dites, on l'entrainait aussitôt au 
supplice. | 

29. Or ceux qui le conduisaient, 
et qui un peu auparavant avaient 
616 plus doux, passèrent à 18 co- 
lere, à cause des paroles qu'il 
avait dites, e£ qu'eux attribuaient 
à l'orgueil. 

30. Mais, lorsqu'il périssait sous 
les coups, il gémit, et dit : Sei- 
gneur, qui avez la sainte scien- 
ce, manifestement vous savez 
que lorsque je pourrais étre déli- 
vré de la mort, je supporte dans 
mon corps de cruelles douleurs; 
mais que dans làme je souffre 
ces choses avec joie, à cause de 
votre crainte. 

31. Et cet homme renonca de 
cette maniere à la vie, laissant 
non seulement aux jeunes hom- 
mes, mais aussi à toute la nation, 
le souvenir de sa mort comme un 
exemple de vertu et de courage. 


CHAPITRE VII. 


Martyre des sept fréres Machabées et 
de leur mére. 


1. Or, il arriva que sept frères 
qu'on avait pris aussi avec leur 
mere, étaient pressés par le roi, 
de manger contre la défense de 
la loi divine, de la chair de porc, 
apres qu'ils avaient été déchirés 
avec des fouets et des nerfs de 
bœuf. 

2. Or l’un d'eux, qui était l'ai- 

Cnuar. VII. 6. Deut., xxx11, 36, 43. 


Ii MACHABEES. 


(cit. var. ] 


né, parla ainsi : Que demandez- 
vous, et que voulez-vous appren- 
dre de nous? Nous sommes préts 
à mourir plutót que de trans- 
gresser les lois de la patrie et de 
Dieu. 

3. C'est pourquoi le roi, irrité, 
commanda qu'on fit chauffer des 
poéles el des marmites d'airain, 
lesquelles étant aussitót chauf- 
fées, 

4. ll commanda qu'on coupátla 
langue à celui quile premier avait 
parlé, et qu'après lui avoir arra- 
ché la peau de la téte, on lui tran- 
chát aussi l'extrémité des mains 
et des pieds à la vue deses frères 
et de sa mere. 

5. Et apres qu'il eut été mutilé 
dans tous ses membres, il com- 
manda qu'on approchát le feu, et 
que respirant encore, il füt róti 
dans une poéle; pendant qu'il y 
était longtemps torturé, tous ses 
autres frères et sa mère s'exhor- 
taient l'un l'autre à mourir coura- 
geusement, 

6. Disant : Le Seigneur Dieu 
verra la vérité;il sera consolé en 
nous, selon que Moise l'a déclaré 
par les paroles de son cantique : 
Et dans ses serviteurs il scra con- 
solé. "m 

7. C’est pourquoi, ce premier 
élant mort de cette manière, on 
conduisait le second pour le li- 
vrer aux outrages; et lui ayant 
arraché la peau de la téte avec 


1. Sept frères; ils sont généralement appelés Machabées; mais on ne s'accorde pas 
sur l'origine de cette dénomination. Quant à leur martyre, l'opinion commune est 


qu'ils le souffrirent à Antioche. 


3. Qu'on fit chauffer ; littér., qu'on allumdt au-dessous. 

5. Qu'il eut été mulilé; littér., qu'il fut fait inulile. 

6. Les paroles; littér., la protestation, l'assurance. — Dans ses servileurs, etc. Ce 
texte du Deutéronome (xxxi, 36), est cité selon la version des Septante. 


[cu. vir.] 
les cheveux, on ἐμ demandait s'il 
mangerait plutót que d'étre dé- 
chiré dans chacun des membres 
de tout son corps. 

8. Mais lui, répondant dans la 
langue de sa patrie, dit : Je ne /e 
ferai pas. A cause de cela, il souf- 
frit lui aussi à son tour les mêmes 
tourments que le premier; 

9. Et, se trouvant à son der- 
nier moment, il parla ainsi : A 
la vérité, vous, le plus criminel 
des hommes, vous nous détruisez 
dans la vie présente; maisle Roi 
du monde nous ressuscitera à la 
résurreclion de la vie éternelle, 
nous morts pour ses lois. 

10. Après celui-ci, on livra le 
troisième aux outrages; et com- 
me on lui demanda sa langue, il 
la présenta aussitót, et il étendit 
les mains avec fermeté, 

11. Et dit avec assurance : C'est 
du ciel que j'ai reçu ces membres ; 
mais à cause des lois de Dieu, 
maintenant jeles dédaigne, parce 
que j'espere que je les recevrai de 
lui de nouveau. 

12. En sorte que le roi, et ceux 
qui étaient avec lui, admiraient 
le courage de ce jeune homme, 
qui comptait pour rien les tour- 
ments. 

13. Et celui-ci étant mort ainsi, 
ils maltraitaient le quatrieme, le 
tourmentant de la méme ma- 
niere. 

14. Et lorsque déjà il était pres 
de la mort, il parla ainsi : Il vaut 
mieux que ceux qui sont livrés à 
la mort par les hommes attendent 
de Dieu l'espoir qu'ils seront par 


li MACHABÉES. 


2259 


lui rendus de nouveau à la vie; 
car pour vous il n'y aura point de 
résurrection à la vie. 

15. Et lorsqu'ils eurent fait ap- 
procher le cinquième, ils le tour- 
mentaient. Mais celui-ci, regar- 
dant le roi, dit : 

16. Vous avez la puissance par- 
mi les hommes; quoique vous 
soyez mortel, vous faites ce que 
vous voulez; mais ne pensez pas 
que notre race soit délaissée de 
Dieu. 

17. Pour vous, attendez patiem- 
ment, et vous verrez sa grande 
puissance, de quelle maniere il 
vous tourmentera, vous et votre 
lignée. 

18. Aprés celui-ci, ils conduisi- 
rent le sixième, et étant près de 
mourir, il parla ainsi : Ne vous 
trompez pas vainement;car nous, 
c'est à cause de nous que nous 
souffrons ainsi, et que des choses 
dignes d'étonnement sont arri- 
vées parminous, ayant péché con- 
tre Dieu ; 

19. Mais vous, ne croyez pas 
rester impuni, puisque vous avez 
tenté de combattre contre Dieu. 

20. 0rla mere, infiniment admi- 
rable et digne de la mémoire 
des bons, laquelle voyant ses sept 
fils périr dans l'espace d'un seul 
jour, souffrait avec constance, à 
cause de l'espoir qu'elle avait en 
Dieu ; 

21.Elleexhortait fortementcha- 
cun d'eux dans la langue de sa pa- 
trie, pleine de sagesse; et alliant 
un cceur d'homme au sentiment 
d'une femme, 


— M M M — M MÀ € 


8. La langue de sa patrie; l'araméen, que l'on parlait alors en Palestine, 
9. Son dernier moment; littér., son dernier souffle. Compar. iiu, 31. 
16. Mortel; littér., sujet à la corruption (corruptibilis). 


9260 


29, Elle leur dit : Je ne sais de 
quelle maniere vous avez paru 
dans mon sein; car ce n'est pas 
moi qui vous ai donné l'esprit, 
l'àme, ni la vie, et les membres de 
chacun de vous, ce n'est pas moi 
qui les ai assemblés, 

23. Mais bien le créateur du 
monde, qui a formé l'homme à 
sa naissance, et qui a donné l'o- 
rigine à toutes choses, et qui 
vous rendra de nouveau avec 
miséricorde l'esprit et la vie, par- 
ce que maintenant vous vous mé- 
prisez vous-mémes à cause de ses 
lois. 

94. Or Antiochus, pensant qu'on 
le méprisait, et dédaignant en 
méme temps le langage de celle 
qui lui adressait des reproches, 
comme le plus jeune restait en- 
core, non seulement il l'exhortait 
par ses paroles, mais lui assurait 
avec serment qu'il le rendrait ri- 
che et heureux, et que s'il aban- 
donnait les lois de sa patrie, il 
le prendrait pour ami et lui don- 
nerait toutes les choses néces- 
saires. 

25. Mais comme le jeune hom- 
me ne se rendait point à ces rai- 
sons, le roi appela la mère, et 
lengageait à sauver le jeune 
homme. 

90. Lors donc qu'il 'eut exbor- 
tée en beaucoup de paroles, elle 
promit qu'elle conseillerait son 
fils. 


li MACHABEES. 


]68. vir.) 

27. C'est pourquoi s'étant bais- 
sée vers lui, et se moquant du 
cruel tyran, elle dit dans la lan- 
gue de sa patrie : Mon fils, aie pi- 
tié de moi, qui dans mon sein t'ai 
porté neuf mois, qui t'ai allaité 
trois ans, qui l'ai nourri et amené 
jusqu'à cet âge. 

28. Je te conjure, mon enfant, 
de regarder le ciel et la terre et 
toutes les choses qui y sont; et 
de comprendre que de rien Dieu à 
faittouteschoses, ainsi que la race 
des hommes. 

29, Ainsi il arrivera que tu ne 
craindras pas ce bourreau ; mais, 
devenu digne parlicipantdes souf- 
frances de tes frères, reçois la 
mort, afin que dans cette miséri- 
corde que nous aitendons, je te 
recolve avec tes freres. 

30. Comme elleparlaitencore,le 
jeune homme dit : Qu'attendez- 
vous de moi?je n'obéirai point au 
précepte du roi, mais au précepte 
de la loi qui nous a été donnée 
par Moïse. 

31. Quant à vous, qui étes deve- 
nu l'inventeur de toute méchan- 
celé contre les Hébreux, vous 
n'échapperez point à la main de 
Dieu; 

39. Car nous, c'est pour nos 
péchés que nous souffrons ces 
choses. 

33. Et si contre nous, afin de 
nous châtier et de nous corriger, 
le Seigneur notre Dieu s'est irrilé 


24. Dédaignant, etc.; selon le grec : 


soupconnant un langage insultant. Yl paraît 


qu'Antiochus ne comprenait pas la langue (Compar. vers. 8) que cette mère parlait 
à ses enfants; mais les voyant si fermes, il se douta qu'elle les encourageait, et ren- 
dait ainsi inutiles, et ses menaces, et ses supplices. — * Pour ami. Sur le sens de ce 
titre, voir 1 Machabées, 1x, 18. 

29. Dans celle miséricorde, etc. Voy. vers. 23. 

30. Qu'altendez-vous de moi? lttér., quel (quem) atlendez-vous? comment me croy c4. 
vous disposé ? 


(cm. vur.] 


pour un peu de temps, toutefois 
il se réconciliera de nouveau avec 
ses serviteurs. 

34. Mais vous, ὃ criminel, et le 
plus infáme de tous les hommes, 
ne vous flattez pas inutilement 
par de vaines espérances, en- 
flammé contre ses serviteurs; 

35. Car vous n'avez pas encore 
échappé au jugement du Dieu 
tout-puissant, et qui voit toutes 
choses. 

36. Car mes freres, ayant souf- 
fert maintenant une légère dou- 
leur, sont entrés dans l'alliance 
de l’éternelle vie; mais vous, 
vous subirez au jugement de Dieu 
les justes peines de votre or- 
gueil. 

31. Quant à moi, comme mes 
freres eux-mémes, je livre mon 
corps et mon âme pour les lois 
de la patrie, invoquant Dieu, 
afin que bientót il devienne pro- 
pice à notre nation, et que vous 
confessiez, au milieu des tour- 
ments et des coups, qu'il est le 
seul Dieu. 

38. Mais avec moi et avec mes 
freres finira la colére du Tout- 
puissant, qui sur toute notre race 
est tombée justement. 

39. Alors le roi, enflammé de 
colere, sévit contre celui-ci plus 
cruellement que contre tous les 
autres, souffrant avecindignation 
qu'on se moquát de lui. 

40. C'est pourquoi celui-ci aussi 
mourut sans s'être souillé, se 
confiant en toutes choses au Sei- 
gneur. 


II MACHABÉES. 


2061 


44. Or en dernier lieu la mère 
aussi souffrit la mort après ses 
fils. 

42. Mais sur les sacrifices et sur 
les excessives cruautés il en a été 
assez dit. 


CHAPITRE VIII, 


Judas Machabée fortifie son parti et at- 
taque les ennemis. Nicanor et Gorgias 
sont envoyés contre lui. Il exhorte les 
siens à combattre avec courage. Il met 
en fuite l'armée ennemie. Il continue 
de rapporter de grands avantages, Ni- 
canor s'enfuit à Antioche. 


1. Cependant Judas Machabée 
et ceux qui étaient avec lui en- 
traient secrètement dans les vil- 
lages, et, appelant leurs parents 
et leurs amis, et ceux qui étaient 
demeurés fermes dans le judais- 
me, les prenant avec eux, ils s'at- 
tirèrent six mille hommes. 

2. Et ils invoquaient le Sei- 
gneur, afin qu'il regardât favora- 
blementson peuple, quiétaitfoulé 
aux pieds par tout le monde, et 
quil füt touché de compassion 
pour son temple, qui était souillé 
par les impies; 

3. Qu'il eût pitié aussi d'une cité 
qui allait étre rasée sur-le-champ, 
et qu'il écoutât la voix du sang 
qui criait jusqu'à lui; 

4. Et qu'il se souvint aussi des 
meurtres trés iniques des petits 
enfants innocents, et des blas- 
phèmes proférés contre son nom, 
et qu'il s'indignát contre ces cri- 
mes. 

ὃ. Machabée donc, ayant ras 
semblé une grande multitude, 


36. Dans l'alliance, etc.; c'est-à-dire, dans la jouissance de la vie éternelle promise 
par l'alliance que Dieu a faite avec leurs pères. 
42. Les sacrifices profanes. — Les excessives cruautés d'Antiochus. 


1. Villages. C'est le sens du mot castella de la Vulgate, expliqué par le texte grec. 


2262 


devenait formidable aux nations; 
car la colere du Seigneur se chan- 
gea en miséricorde. 

6. Et fondant à l'improviste sur 
les villages et les cités, il les brü- 
lait; et occupant les lieux avanta- 
geux, il faisait un grand carnage 
des ennemis; 

7. Mais c'était surtout pendant 
les nuits qu'il se livrait de cette 
sorte à des excursions, et le bruit 
de sa valeur se répandait de tou- 
tes parts. 

8.0rPhilippe, voyantleprogres 
que cet homme faisait insensible- 
ment, et que le plus souvent les 
choses tournaientàsonavantage, 
écrivit à Ptolémée, gouverneur 
dela Cœlésyrie et de la Phénicie, 
d'apporter du secours aux affaires 
du roi. : 

9. Mais Ptolémée lui envoya 
promptement Nicanor, fils de Pa- 
trocle, son ami, parmi les grands 
de la cour,lui donnant de diverses 
nations non moins de vingt mille 
hommes armés, afin qu'il exter- 
minát la race entière desJuifs, et 
lui adjoignant Gorgias, homme 
belliqueux, et dans les choses de 
la guerre trés expérimenté. 

10. Or Nicanor résolut de four- 
nir au roi le tribut de deux mille 
talents qui devait étre donné aux 
Romains, sur /a vente des escla- 
ves juifs; 

11. Et aussitót il envoya vers 


II MACHABÉES. 


[ca. vim.] 


les cités maritimes, invitant 5 
marchands à l'achat des esclaves 
juifs, promettant de leur en ven- 
dre quatre-vingt-dix pour un ta- 
lent, sansconsidérerla vengeance 
du Tout-Puissant qui allait l'at- 
teindre. 

12. Mais Judas, quand il apprit 
larrivée de Nicanor, avertit les 
Juifs qui étaient avec lui. 

13. Qaelques-uns d'entre eux, 
saisis de frayeur et ne croyant 
pas à la justice de Dieu, prenaient 
la fuite; 

14. Mais les autres, si quelque 
chose leur était resté, ils le ven- 
daient, et en méme temps ils con- 
juraient le Seigneur de les déli- 
vrer de limpie Nicanor, qui, 
avant d’être arrivé auprès d'eux, 
les avait vendus; 

15. Sinon à cause d'eux, au 
moins à cause de l'alliance qu'il 
avait faite avec leurs peres, et de 
son nom saint et glorieux qui 
était invoqué sur eux. 

16. Or Machabée, les sept mille 
hommes qui étaient avec lui ayant 
été assemblés, les priait de ne 
pas se réconcilier avec leurs en- 
nemis, et de ne pas craindre la 
multitude d'ennemis qui venaient 
injustement contre eux, mais de 
combattr courageusement, 

11. Ayant devant les yeux l'ou- 
trage qui avait été fait injuste- 
ment par eux au lieu saint, et de 


—— MM € M — HM — M M —— 


8. * Philippe. Voir I Machabées, vi, 14. — Píolémée. Voir 1 Machabées, ,זוז‎ 

9. * Nicanor, Gorgias, voir 1 Machabées, ru, 38. — Son ami, voir 1 Machabées, τι, 18. 

10. Antiochus le Grand, pére d'Antiochus Epiphane, ayant été vaincu par les Ro- 
mains, dut payer quinze mille talents pour les frais de la guerre; les deux mille ta- 
tents que devait alors Antiochus Epiphane, étaient le reste de cette somme. Or ce 
sont ces deux mille talents que Nicanor se flatta de fournir au roi, pour lui faire sa 
cour. — Talents. Voy. 1 Mach., xi, 28. 

13. De les délivrer, sinon à cause, etc. 

16. Sept mille; selon le grec, six mille, ce qui s'accorde avec le vers. 22. 


]68. vur.] 
méme linjure à la cité tournée 
en dérision, et encore les consti- 
tutions des anciens déchirées. 

18. Car, ajoutait-il, eux se con- 
fient tout à la fois dans /eurs ar- 
mes et dans leur audace; mais 
nous, c'est dans le Seigneur tout- 
puissant, qui peut d'un signe dé- 
truire et ceux qui viennent contre 
nous etle monde entier, que nous 
nous confions. 

19. Il les fit souvenir aussi des 
secours de Dieu, qui furent accor- 
dés à leurs peres, et des cent qua- 
tre-vingt-cinq mille hommes qui 
périrent sous Sennachérib; 

20. Et de la bataille qu'ils sou- 
tinrent contre les Galates dans la 
Babylonie, de maniere que, lors- 
qu'on en vint à l'action, les Macé- 
doniens, leurs alliés, chancelant, 
eux en tout six mille hommes 
seulement, en tuèrent cent vingt 
mille à cause du secours venu du 
ciel, et pour cela ils obtinrent un 
tres grand nombre de faveurs. 

21. Par ces parolesils devinrent 


MACHABÉES. 2263‏ זז 


inébranlables, et préts à mourir 
pour les lois et la patrie. 

22. C'est pourquoi Judas établit 
chefs de l'un et de l'autre corps, 
ses freres Simon, Joseph et Jona- 
thas, mille et cinq cents hommes 
ayant été placés sous /e comman- 
dement de chacun d'eux. 

23. Outre cela, lelivresaintleur 
ayant été lu par Esdras, et le se- 
cours de Dieu ayant été donné 
pour signal, il se placa lui-méme 
comme chef au premier rang et 
combattit contre Nicanor. 

24. Et le Tout-puissant s'étant 
fait leur aide, ils tuèrent plus de 
neuf mille hommes; mais, la plus 
grande partie de l'armée de Nica- 
nor étant affaiblie par les bles- 
sures, ilsla forcerent de fuir. 

25. Quant à l'argent de ceux qui 
étaient venus pour les acheter, 
ils l'enleverent et ils les poursui- 
virent eux-mémes en tous lieux. 

26. Mais ils revinrent pressés 
par l'heure; car c'était avant le 
sabbat; pour ce motif ils ne con- 


Cuar. VIII. 19. IV Rois, xix, 35; Tobie, 1, 21; Eccli, מתטמא‎ 24; Isaie, xxxvi, 36; 


I Mach., vu, 41. 


20. De la bataille. On ignore le temps et l'occasion de cette bataille. On sait seule- 
ment que sous le régne d'Antiochus le Grand, les Galates étaient trés puissants en 
Asie, et que les Juifs, depuis Alexandre le Grand, servaient ordinairement dans les 
armées des rois de Syrie. — Les Macédoniens, c'est-à-dire, les troupes grecques et 
syriennes auxquelles on avait confié la garde de la Babylonie, en y joignant un corps 
de Juifs. — Six mille; selon le grec, quatre mille. Voy. vers. 16. 

22. De l’un et de l'autre corps. Le grec pas plus que la Vulgate n'est susceptible 
d'aucun autre sens. Ce qui suppose que l'armée était divisée en deux corps ou régi- 
ments divisés eux-mémes en quatre compagnies, dont une était commandée par Judas 
(voy. cependant le verset suivant), et les autres par ses fréres. Or, chacune de ces 
compagnies se composant de quinze cents hommes, on a le nombre de six mille, 
marqué au vers. 16 du texte grec. — Joseph ne se trouvant pas ailleurs au nombre 
des frères de Judas, les uns croient que c'est Jean (I Mach., τι, 2), les autres préten- 
dent que ce Joseph était simplement parent ou beau-frére de Judas. 

23. Le livre saint, c'est-à-dire, un ou plusieurs passages; peut-étre Deutéron., xx, 2 
et suiv. Compar. I Mach., τι. 56. — Esdras; le grec porte Eléazar, mis à l'accusatif, 
comme quatriéme complément du verbe i/ établit (constituit) du vers. précédent, et 
il présente Judas en lui-même comme ayant lu dans 16 livre saint. — Le secours, etc.; 
leur ayant donné pour signal ou mot d'ordre du guet : Le secours de Dieu. Compar. 
xur, 15. — * Esdras ou Eléazar était sans doute un prêtre attaché à l'armée, 

26, Avant, etc.; la veille du sabbat, qui commengait au coucher du soleil. 


tinuèrent pas à les poursuivre. 

27. Rassemblant ensuite leurs 
armes et leurs dépouilles, ils cé- 
lébrerent le sabbat, bénissant le 
Seigneur, qui les avait délivrés 
en ce jour-là, distillant sur eux 
les premieres gouttes de sa misé- 
ricorde. 

28. Et après le sabbat, ils par- 
tagerent les dépouilles entre les 
infirmes, les orphelins etles veu- 
ves; et le reste, ils le retinrent 
pour eux et pour les leurs. 

29. C'est pourquoi, les choses 
s'étant ainsi passées, et la prière 
ayant été faite par tous ensemble, 
ils demandaient au Seigneur mi- 
séricordieux qu'enfin il se récon- 
ciliât avec ses serviteurs. 

30. Et d'entre ceux qui étaient 
avec Timothée et Bacchide, et 
combattaient contre eux, ils en 
tuèrent plus de vingt mille, et ils 
se rendirent maîtres de hautes 
forteresses, et partagèrent un 
grand butin en égales portions 
entre les infirmes, les orphelins 
et les veuves, et méme les vieil- 
lards. 

31. Et lorsqu'ils eurent recueilli 
avec soin les armes des ennemis, 
ils les mirent toutes en réserve 
dans des lieux convenables, mais 
le reste des dépouilles, ils le por- 
tèrent à Jérusalem. 

32. Et 115 tuèrent Philarque, 
homme criminel, qui était avec 
Timothée, ef qui avait fail aux 
Juifs beaucoup de maux. 


II MACHABÉES. 


[cH. 1x.] 

33. Et lorsqu'ils faisaient des 
réjouissances à Jérusalem pour 
celte victoire, ils brülerent celui 
qui avait brülé les portes sa- 
crées, c'est-à-dire (Callisthène, 
lorsqu'il s'était réfugié dans une 
certaine maison, lui rendant une 
digne récompense pour ses im- 
piétés. 

34. Mais Nicanor, couvert de cri- 
mes, qui avait amené mille mar- 
chands pour vendre les esclaves 
juifs, 

35. Humilié avec le secours du 
Seigneur, par ceux quil avait 
comptés pour rien, s'enfuit par 
le milieu des terres, dépouillé de 
ses vétements de gloire, et il ar- 
riva seul à Antioche, ayant trouvé 
lecomble du malheur dansla perte 
de son armée. 

96. Et celui qui avait promis de 
payer le tribut aux Romains avec 
le prix de la vente des captifs de 
Jérusalem, publiait alors que les 
Juifs avaient Dieu pour protec- 
teur, et qu'ils étaient invulnéra- 
bles, à cause qu'ils suivaient les 
lois par lui établies. . 


CHAPITRE IX. 


Antiochus revient de Perse. Il apprend 
la défaite de ses généraux par les Juifs. 
Il jure la perte de ce peuple. Dieu le 
frappe. et le force de confesser sa 
propre faiblesse. Vaine protestation 
d'Antiochus. Lettre qu'il écrit aux Juifs. 
Il meurt misérablement. Philippe trans- 
porte son corps. 


1. Dans le méme temps, Antio- 


29. Enfin (in finem); ou bien par hébraisme, entièrement, pour toujours. 

30. * Timothée. Voir I. Machabées, v, 6. — Bacchide est considéré communément 
comme le méme que celui dont 11 est parlé I Machabées, vir, 8. 

32. * Philarque, connu seulement par ce passage. 


33. * Callisthène, partisan de Nicanor. 


3*. * Par le milieu des terres, par le chemin le plus direct et le plus court. 


1. * De Perse. Voir I Machabées, m, 31. 


[cn. צז‎ ,[ 
chus revenait honteusement de 
Perse. 

2. Car il était entré dans la 
cité qui s'appelle Persépolis; il 
tenta de piller le temple et d'op- 
primer la cité; mais, la multi- 
tude ayant couru aux armes, ils 
furent mis en fuite; et ainsi il 
arriva qu'Antiochus, après cette 
fuite, s'en retourna honteuse- 
ment. 

3. Et lorsqu'il fut venu vers 
Ecbatane, il suf ce qui s'était 
passé à l'égard de Nicanor et de 
Timothée. 

4. Or, étant transporté de co- 
lere, il pensait quil pourrait 
tourner contre les Juifs l'outrage 
que lui avaient fait ceux qui 
lavaient mis en fuite; et c'est 
pourquoi ilcommanda de presser 
son char, hátant sa marche sans 
relâche, la vengeance céleste le 
poursuivant, parce quil avait 
dit superbement quil viendrait 
à Jérusalem et qu'il en ferait le 
tombeau commun des Juifs. 

9. Mais celui qui voit tout, le 
Seigneur, Dieu d'Israél, le frappa 
d'une incurable et invisible plaie. 
Car dès qu'il eut proféré cette 
parole, une douleur cruelle d'en- 
irailles le saisit, ainsi que des 


(βαρ. IX. 5. II Par., xvi, 9. 


II MACHABÉES. 


2265 


tourments violents dan les in- 
testins; 

6. Et à la vérité très justement, 
puisqu'il avait déchiré lui-même 
les entrailles des autres par de 
nombreux et de nouveaux tour- 
ments, et qu'il n'avait en aucune 
manière renoncé à sa méchan- 
ceté. 

1. Mais, outre cela, rempli d'or- 
gueil, respirant en son cœur feu 
et flamme contre les Juifs, et com- 
me il ordonna qu'on précipitât sa 
marche, il arriva qu'en allant avec 
impétuosité, il tomba de son 
char, et que par le choc terrible 
de son corps ses membres furent 
meurtris. 

8. Ainsi celui qui se figurait 
qu'il commandait méme aux flots 
de la mer, plein d'un orgueil dé- 
passant la limite de l’orqueil hu- 
main, et qui pesait dans une ba- 
lance les hauteurs des monta- 
gnes, alors humilié jusqu'à terre, 
était porté dans unelitiere, attes- 
tant dans sa personne la vertu 
manifeste de Dieu ; 

9. Au point que du corps de ce£ 
impie des vers sortaient comme 
d'une source, et que vivant dans 
les douleurs, seschairs tombaient 
par pieces, et que méme l'armée 


————————————————————M ——————— . 


2. Voy. I Mach., vi, 1. — * Persépolis, une des capitales de la Perse, au nord de 
l'Araxe, dans une plaine fertile; elle fut appelée Istakhar sous les Sassassides. Brülée, 
mais non détruite par Alexandre le Grand, elle demeura longtemps encore une ville 
importante, mais finit par tomber tout à fait en ruines. On y voit encore de nom- 
breux monuments des rois perses. 

3. Ecbatane, ville capitale de la Médie. — * Sur Ecbatane, voir Tobie, ni, 7. 

4. Le tombeau; littér., l'amas, le monceau de cadavres. 

6. Trés justement. C'est le vrai sens des mots salis juste, expliqués par le grec et 
méme par l'hébreu. Compar. I Mach., vu, 21. 

8. Les hauleurs des montagnes; hébraisme, pour, les montagnes trés élevées. 

9. Son odeur infecte; littér., son odeur et infection; figure grammaticale, dont la 
Bible fournit un certain nombre d'exemples. — * Du corps de cet impie des vers 
sorlaient. Hérode Agrippa ler mourut d'une maladie semblable, très probablement 


2266 


était incommodée de son odeur 
infecte. 

10. Et celui qui un peu aupa- 
ravant croyait toucher les astres 
du ciel, personne ne pouvait le 
porter, à cause de son infection 
insupportable. 

41. Dès lors donc, il commen- 
ça, descendu de ce grand orgueil, 
à venir à la connaissance de lui- 
méme, averti par la plaie divine, 
ses douleurs à chaque moment 
prenant de l'accroissement. 

12. Etcommelui-méme ne pou- 
vait plus souffrir son infection, il 
dit : Il est juste d'étre soumis à 
Dieu, et qu'un mortel ne se croie 
pas égal à Dieu. 

13. Or ce criminel priait le Sei- 
gneur, de qui il ne devait pasobte- 
nir miséricorde. 

14. Et la cité vers laquelle il ve- 
nait en se hátant, afin de l'abais- 
ser jusqu'au sol, et d'en faire un 
sépulcre de cadavres amoncelés, 
il souhaite maintenant de la ren- 
dre libre. 

15. Et les Juifs, dont il avait 
dit qu'il neles traiterait pas com- 
me étant dignes de la sépulture, 
mais qu'il les livrerait aux oi- 
seaux et aux bétes féroces, pour 
être déchirés, et qu'il Jes extermi- 
neraitavec les plus petits enfants, 
il promet maintenant de les ren- 
dre égaux aux Athéniens; 

16. Et le temple saint aussi, 
quil avait auparavant pillé, 7 


MACHABÉES.‏ זז 


[cu. [.צו‎ 
promet de l'orner de dons pré- 
cieux, de multiplier les vases sa- 
crés, et de fournir de ses reve- 
nus aux dépenses relatives aux 
sacrifices ; 

11. Outre cela, de se faire Juif et 
de parcourir tous les lieux de la 
terre, pour publier la puissance 
de Dieu. 

18. Mais, les douleurs ne ces- 
sant pas (car le juste jugement de 
Dieu lui était survenu), perdant 
l'espérance, il écrivit aux Juifs en 
forme de supplication, une lettre 
contenant ceci : 

19. Aux EXCELLENTS Citoyens 
juifs, le roi et prince Antiochus 
souhaite une trés longue vie, et 
de bien se porter et d'étre heu- 
reux. 

20. Si vous vous portez bien, 
vous et vos enfants, et si toutes 
choses vont à votre gré, nous en 
rendons de grandes actions de 
gráces ὦ Dieu. 

91. Et moi, étant retenu par la 
maladie, mais me souvenant de 
vous avec bonté, revenu du pays 
de Perse, et surpris par une ma- 
ladie grave, j'ai jugé nécessaire 
de prendre soin des intérêts com- 
muns; 

22. Ne désespérant pas de moi- 
méme, mais ayant un grand es- 
poir d'échapper à la maladie. 

23. Considérant donc que mon 
pere lui-méme, dans les temps 
où il conduisait son armée dans 


l'helminthiasis, maladie qui produit des vers dans les entrailles, des abcès, des ulcères 
remplis de vers qui répandent une infection insupportable. 

11. La plaie divine; la plaie dont Dieu l'avait frappé. 

13. De qui, etc.; parce que sa prière était l'effet de l'excès de son mal, mais nulle- 
ment de la conversion de son cœur. — * Les rendre égaux ou semblables aux Athé- 
niens, leur accorder l'indépendance et l'autonomie. 


20. A Dieu est exprimé dans le grec. 


23. Les hautes provinces, les provinces d'au-delà de l'Euphrate. — * Mon pére, An- 


cu. x.] 


les hautes provinces, désigna ce- 
lui qui, apres lui, devait recevoir 
la domination; 

94. Afin que, si quelque chose 
s'y opposait ou qu'une nouvelle 
fàcheuse se répandait, ceux qui 
étaient dans les provinces de son 
royaume, sachant à qui était 
laissée la domination, ne se trou- 
blassent point. 

95. De plus, considérant que 
tous les puissants les plus proches 
et nos voisins épient les temps, et 
attendent l'événement, j'ai dési- 
gné pour roi mon fils Antiochus, 
que je recommandais souvent à 
beaucoup d'entre vous, en retour- 
nant dans les royaumes supé- 
rieurs ; et je lui ai écrit ce qui est 
ci-dessous. 

96. C'est pourquoi je vous prie, 
et je demande que, vous souve- 
nant de mes bienfaits publics et 
particuliers, chacun garde la fi- 
délité envers moi el envers mon 
fils. 

97. Car jai confiance qu'il se 
conduira avec modération et hu- 
manité, et qu'il suivra mes inten- 
tions, et qu'il sera tout à vous. 

98. Ainsi cet homicide et blas- 
phémateur a été frappé d'une 
horrible plaie, et comme lui- 
même avait traité les autres, il 
termina sa vie dans les monta- 
gnes, à l'étranger, par une mort 
misérable. 


MACHABÉES.‏ זז 


2267 


29. Et Philippe, son frère de 
lait, transporta son corps; et crai- 
gnant le fils d'Antiochus, il s'en 
alla en Egypte, vers Ptolémée 
Philométor. 


CHAPITRE X. 


Purification du temple par Judas Macha- 
bée. Lysias régent du royaume de Sy- 
rie sous Antiochus Eupator. Mort de 
Ptolémée Macron. Courses de Gorgias 
sur les Juifs. Victoires de Judas sur les 
Iduméens. Défaite de Timothée. Prise 
de Gazara. 


1. Or Machabée, et ceux qui 
étaient avec lui, le Seigneur les 
protégeant, reprirent la cité et le 
temple. 

2. Mais les autels que les étran- 
gers avaient élevés sur les places 
publiques, de méme que les tem- 
ples des idoles, il les démolit. 

3. Et le temple ayant été purifié, 
ils firent un autre autel; et ayant 
tiré du feu de pierres ignées, ils 
offrirent des sacrifices deux ans 
apres et mirent 72 l'encens et les 
lampes, et les pains de proposi- 
tion. 

4. Ce qui ayant été fait, pros- 
ternés en terre, ils demandaient 
au Seigneur de ne plus tomber 
dans de tels maux; mais que, si 
un jour ils péchaient, ils fussent 
repris par lui avec plus de dou- 
ceur, et non livrés à des hommes 
barbares et blasphémateurs. 

ὃ. Etil arriva qu'au jour où le 


tiochus 11] le Grand. Il avait péri en essayant de piller un temple en Elymaide, 
comme venait de le faire Antiochus IV Epiphane à Persépolis. Voir plus haut, ,זז‎ 
— Désigna celui qui devait recevoir la domination, son fils aîné, Séleucus IV Philopator, 
frére d'Antiochus Epiphane. Séleucus succéda en effet à son pére sans aucune con- 


testation. 


25. Les royaumes supérieurs sont les contrées d'au delà de l'Euphrate (vers. 23). — 
Antiochus V Eupator. Voir I Machabées, ur, 32. 
21. Il sera, etc.; littér., i vous sera commun. 


29. Voy. sur ce vers. I Mach., vi, 14-17. 


5. Casleu. Voy. 1 Mach., x, 21. 


9268 


temple avait été souillé par les 
étrangers, au méme jour la puri- 
fication se fit, le vingt-cinquieme 
du mois de Casleu. 

6. Et ils célébrerent cette féte 
pendant huit jours avec allé- 
gresse, comme celle des taberna- 
cles, se souvenant que, peu de 
lemps auparavant, ils avaient 
célébré le jour solennel des taber- 
nacles dans les montagnes et dans 
les antres, comme des bétes sau- 
vages. 

7. C'est pourquoi ils portaient 
des thyrses, des rameaux verts 
el des palmes, en l'honneur de 
celui qui leur avait procuré l'a- 
vantage de purifier son lieu. 

8. Et ils enjoignirent, par un 
commandement général, et par 
un décret, à toute la nation des 
Juifs de célébrer tous les ans ces 
mémes jours. 

9. Quant à la fin de la vie d'An- 
tiochus, qui fut appelé le Noble, 
elle fut ainsi que nous l'avons dit. 

10. Mais maintenant nous ra- 
conterons ce qui s'est passé tou- 
chant Eupator, fils de l'impie An- 
tiochus, en abrégeant le récit des 
maux qui sont arrivés pendant 
les guerres. 

11. Ce prince, en effet, étant 
devenu maitre du royaume, éta- 
blit sur les affaires du royaume 
un certain Lysias, prince de l'ar- 
mée de Phénicie et de Syrie. 


Il MACHABÉES. 


[cn. x.] 

12. Car Plolémée, qui était ap- 
pelé le Maigre, résolut de ne point 
se départir de la justice envers 
les Juifs, principalement à cause 
de liniquité qui avait été com- 
mise contre eux, et d'agir dans 
un esprit de paix avec eux. 

13. Mais, à cause de cela, il fut 
accusé par ses amis aupres d'Eu- 
pator; comme fréquemment il 
s'entendait appeler traitre, parce 
qu'il avait abandonné Chypre, qui 
lui avait été donnée en garde par 
Philométor, et qu'après avoir 
passé dans le parti d'Antiochus 
le Noble, il s'était aussi éloigné 
de lui, il finit sa vie parle poison. 

14. Or Gorgias, lorsqu'il était 
gouverneur de ces contrées, ayant 
pris des étrangers, faisait fré- 
quemment la guerre aux Juifs. 

15. Mais les Juifs qui occupaient 
des forteresses d'une situation 
avantageuse, recevaient ceux qui 
avaient été chassés de Jérusalem 
et tentaient des guerres. 

16. Cependant ceux qui étaient 
avec Machabée, ayant par leurs 
prières conjuré le Seigneur d’être 
leur aide, firent irruption sur les 
forteresses des Iduméens ; 

17. Et avançant avec vigueur, 
ils S'emparerent d'un grand nom- 
bre de lieux, massacrerent ceux 
qui venaient à leur rencontre, et 
tous ensemble ne tuèrent pas 
moins de vingt mille hommes. 


1. Thyrses signifie proprement des bátons couverts de branches de lierre ou de 
vigne, que portaient Bacchus et les bacchantes; mais il se prend aussi quelquefois 
pour de simples rameaux de verdure. — Son lieu, c'est-à-dire, son temple. 

9. Le Noble. Voy. 1 Mach., x, 4. — Ainsi, etc. Voy. I Mach., vx, 1-16, et 11 Mach., 


1, 13-17. 


10. * Antiochus V Eupator. Voir I Machabées, in, 32. 


11. * Lysias. Voir 1 Machabées, ur, 32. 


12. Maigre (macer); dans le grec, long, haut de taille. — * Plolémée, Voir 1 Ma- 


chabées, 11, 38. 


14. * Gorgias. Voir plus haut, I Machabées, ur, 38. 


| 


[cu. x.] 


48. Et, comme quelques-uns 
s'étaientréfugiés dans deux tours 
très fortifiées, ayant fait tous les 
préparatifs pour se défendre, 

19. Machabée, pour les forcer, 
ayant laissé Simon et Joseph, 
ainsi que Zachée, et ceux qui 
étaient avec eux en nombre suf- 
fisant, se tourna lui-méme vers 
des combats qui étaient plus pres- 
sants. 

20. Mais ceux qui étaient avec 
Simon, guidés par la cupidité, 
furent gagnés pour de l'argent 
par quelques-uns de ceux qui 
élaient dans les tours, et, ayant 
recu soixante-dix mille didrach- 
mes, ils en laissèrent échapper 
quelques-uns. 

21. Or, lorsqu'on eut annoncé 
à Machabée ce qui avait été 
fait, les princes du peuple ayant 
été assemblés, il les accusa d'a- 
voir pour de l'argent vendu leurs 
freres, en laissant aller leurs ad- 
versaires. 

22. Il tua donc ceux qui s'étaient 
rendustraitres, 61 aussitót il s'em- 
para des deux tours. 

23. Et par ses armes et ses ef- 
forts, en faisant toutes choses 
avec succes, il tua plus de vingt 
mille hommes dans les deux for- 
leresses. 

24. Mais Timothée, qui aupa- 

ravant avait été vaincu par les 


MACHABEES.‏ זז 


2269 
Juifs, ayant appeie une armée de 
troupes étrangères, et assemblé 
la cavalerie d'Asie, vint comme 
pour prendre la Judée par les 
armes. 

25. Or Machabée, et ceux qui 
étaient avec lui, tandis qu'il s'ap- 
prochait, prierentle Seigneur, ré- 
pandant de la terre sur leurs 
tétes, ceignant leurs reins de ci- 
lices, 

26. Prosternés au pied de l'au- 
tel, afin que 76 Seigneur leur fit 
propice, mais qu'il füt l'ennemi 
de leurs ennemis, et l'adversaire 
de leurs adversaires, comme la 
loi dit. 

27. Et ainsi, après la prière, 
ayant pris les armes, et s'étant 
avancés tres loin hors de la cité, 
et devenus trés proches de leurs 
ennemis, ils s'arréterent. 

28. Mais au premier lever du 
soleil, les uns et les autres enga- 
gerent la bataille, ceux-ci, il est 
vrai, ayant pour garant de la 
victoire et du succès, outre leur 
valeur, le Seigneur, mais les au- 
tres avaient pour chef dans la 
guerre leur courage. 

29. Mais, lorsque le combat était 
opiniátre, apparurent du ciel à 
leurs ennemis cinq hommes sur 
des chevaux, éclatants par des 
freins d'or, el conduisant les 
Juifs; 


19. Joseph. Voir plus haut, vin, 92. — Zachée est tout à fait inconnu. 


20. Didrachmes. Voy. 1v, 19. 


24, * Timothée, dont il a été parlé plus haut, vin, 30. 


26. Au pied ou à la base de l'autel (ad altaris crepidinem); selon le grec : à La base 
de l'autel du parfum; c'est-à-dire, entre l'autel des holocaustes et le vestibule du 
temple. C'est l'endroit où, selon le prophète Joël (π, 17), les prêtres se prosternaient 
pour prier dans les calamités publiques. — Comme dit la loi (Exod., xxu, 22, 23). 

29. Ecialants ou brillants, étant au nominatif (decor?) dans la Vulgate, se rapporte 
aux cinq hommes (viri quinque); mais le grec le rapporte plus naturellement, ce 
semble, aux chevaux. Peut-être que le decori de la Vulgate est une simple faute de 
copiste, et qu'il faudrait lire decoris. 


30. Deux d'entré ces hommes 
ayant Machabée au milieu d'euz, 
couvert de leurs armes, le con- 
servaient sain et sauf; mais, sur 
les ennemis, ils jetaient des traits 
et des foudres; d’où confondus 
par la cécité, et remplis de trou- 
ble, ils tombaient morts. 

31. Ainsi ils furent tués au nom- 
bre de vingt mille cinq cents 
hommes de pied, et six cents ca- 
valiers. 

32. Or Timothée s'enfuit à Ga- 
zara, place forte que commandait 
Chéréas. 

33. Mais Machabée et ceux qui 
étaient avec lui, se réjouissant, 
assiégèrent la place durant quatre 
jours. 

34. Et ceux qui étaient dedans, 
se confiant à la force du lieu, 
les maudissaient outre mesure, 
et proféraient des paroles im- 
pies. 

39. Mais, lorsque le cinquième 
jour commençait à briller, vingt 
jeunes hommes, de ceux qui 
étaient avec Machabée, enflam- 
més de colère, à cause de ces 
blasphèmes, s’approchèrent vail- 
lamment du mur, et s'avancant 
avec un courage intrépide, ils 
montaient. 

36. Mais d’autres aussi, mon- 
tant pareillement, commencèrent 
à mettre le feu aux tours et aux 
portes, et à brüler tout vivants 
ceux mêmes qui /es maudis- 
saient. 

87. Or, pendant deux jours de 


1 MACHABÉES. 


[cr. x1.! 


suite, la place ayant été dévas- 
tée, ils trouverent Timothée qui 
se cachait en un certain lieu, 
et 16 massacrerent, et ils tuèrent 
son frere Chéréas et Apollopha- 
nes. 

38. Ce qui ayant été fait, ils 
bénissaient par des hymnes et 
des louanges le Seigneur qui 
avait fait de grandes choses en 
Israél, et leur avait donné la vic- 
toire. 


CHAPITRE XI. 


Lysias vient en Judée avec une armée 
nombreuse. Les Juifs invoquent le Sei- 
gneur et remportent la victoire. Lysias 
leur demande la paix; Judas l'aecorde. 
Lettre de Lysias aux Juifs. Lettre d'An- 
tiochus Eupator à Lysias et aux Juifs. 
Lettre des Romains aux Juifs. 


1. Or,peudetempsapres,Lysias, 
gouverneur du roi et son parent, 
et préposé aux affaires dw royau- 
me, supportant avec peine ce qui 
était arrivé, 

2. Ayant assemblé quatre-vingt 
mille hommes de pied, et toute 
sa cavalerie, il venait contre les 
Juifs, pensant qu'après avoir pris 
la cité, il en ferait une habitation 
pour les nations; 

3. Que, quant au temple, il en 
tireraitun profit en argent comme 
de tous les autres temples des na- 
tions, et qu'il vendrait tous les 
ans le sacerdoce; 

4. Ne songeant nullement à la 
puissance de Dieu, mais effréné 
en son esprit, c'était à la multi- 
tude de ses hommes de pied, et 


32, Gazara. Voy. 1 Mach., xiv, 34. — Chéréas, frère de Timothée (vers. 31). 
31. * Apollophanés est un personnage inconnu. 


1. * Lysias. Voir I Machab., זז‎ 32. 


3. Il en tirerait, etc., soit en vendant les charges et les dignités de ce temple, soit 
en exigeant de l'argent de ceux qui y venaient offrir des victimes, 


(cn. x1.] 


aux milliers de ses cavaliers et à 
ses quatre-vingts éléphants qu'il 
se confiait. 

5. Or, étant entré en Judée, et 
s'étant approché de Bethsura, qui 
était dans un lieu étroit distant de 
Jérusalem de cinq stades, il atta- 
quait cette place. 

6. Mais, dès que Machabée et 
ceux qui étaient avec lui surent 
que les places fortes étaient atta- 
quées, ils conjurèrent le Seigneur 
avec des soupirs et des larmes, 
eux et toute la multitude avec 
eux, d'envoyer un bon ange pour 
le salut d'Israel. 

7. Et Machabée lui-méme, le 
premier, ayant pris les armes, 
exhorta tous les autres à s'expo- 
ser aveclui au péril, et à porter 
secours à leurs frères. 

8. Et comme ils s'avancaient 
tous également avec un esprit 
résolu, apparut à Jérusalem un 
cavalier marchant devant eux 
avec un vétement blanc, des ar- 
mes d'or, e£ agitant une lance. 

9. Alors tous ensemble bénirent 
le Seigneur miséricordieux, et 
s'animerent d'un grand courage, 
préts, non seulement à passer au 
travers des hommes, mais encore 
au travers des bétes les plus fé- 
roces et des murs de fer. 

10. [15 allaient done bien réso- 
lus, ayant du ciel un aide, et le 
Seigneur qui avait pitié d'eux. 


MACHABÉES.‏ זז 


2271 

11. Or, comme des lions se pré- 
cipitant impétueusement sur les 
ennemis, ils en tuerent onze mille 
hommes de pied, et seize cents 
cavaliers ; 

12. Pour tous /es autres, ils les 
mirent en fuite; mais la plupart 
d'entre eux échappèrent blessés 
οἱ désarmés. Lysias lui-même 
échappa aussi, mais en fuyant 
honteusement. 

13. Et comme il ne manquait 
pas de sens, considérant en lui- 
méme la diminution qui s'était 
faite de ses troupes, et reconnais- 
sant que les Hébreux étaient in- 
vincibles, lorsqu'ils s'appuyaient 
sur le secours du Dieu tout-puis- 
sant, il envoya vers eux, 

14. Et il promit qu'il consenti- 
rait à tout ce qui serait juste, et 
qu'il persuaderait au roi de deve- 
nir eur ami. 

15. Or Machabée se rendit aux 
prières de Lysias, consultant en 
toutes choses l'intérêt public; et 
tout ce que Machabée écrivit à 
Lysias touchant les Juifs, le roi 
l'accorda. 

16. Caril avaitélé écritaux Juifs 
par Lysias des lettres contenant 
ce qui suit : 

Lysias au peuple des Juifs, sa- 
lut. 

11. Jean et Abesalom, qui 
avaient été envoyés par vous 
pour remettre vos écrits, deman- 


5. Etant entré, etc. Cette guerre est différente de celle qui est mentionnée I Mach., 
vi, 98 et suiv. — Síades, ou selon la version alexandrine Schènes. Or le schène 
variait selon les lieux, mais le moindre valait trente stades; ce qui s'accorde mieux 
avec Eusébe et saint Jéróme, qui mettent en effet la ville de Bethsura à vingt milles 


de Jérusalem. 


14. * Il persuaderait au roi de devenir leur ami. Le roi Antiochus V Eupator n'étant 
qu'un enfant, Lysias pouvait lui faire faire tout ce qu'il voulait. 
16, 22, 21, 34. Salut (salutem). Voy. I Machab., x, 18. 


17. Ecrits (scripta), c'est-à-dire, lettres, 


2272 


daient que ce qui était exprimé 
pàr eux, je l'accomplisse. 

18. Ainsi toutce qui a pu étre 
rapporté au roi, je l'ai exposé ; ce 
que l'état des choses permettait, 
il l'a aecordé. 

19. Si donc dans les traités 
vous gardez la foi, je m'effor- 
cerai désormais de vous étre 
utile. 

20. Pour toutes les autres cho- 
ses, j'ai commandé de vive voix 
et à ceux-ci, età ceux qui ont été 
envoyés par moi, de conférer de 
chacune en particulier. 

21. Portez-vous bien. Enl'année 
cent quarante-huitième, au mois 
de Dioscorus, le vingt-quatrieme 
jour. 

22. Or la lettre du roi contenait 
ceci : LE Ror Antiochus, à son 
frere Lysias, salut. 

23. Notre père ayant été trans- 
porté parmi les dieux, nous, vou- 
lant que ceux qui sont dans notre 
royaume vivent sans tumulte, et 
qu'ils soient appliqués à leurs af- 
faires, 

24. Nous avons appris que les 
Juifs n'ont pas cédé à mon pere 


t1 MACHABÉES. 


[cu. xt.] 


en passant au rite des Grecs, 
mais qu'ils veulent conserver leur 
regle de conduite, et qu'à cause 
de cela ils nous demandent qu'il 
leur soit accordé de suivre leurs 
lois. 

95. Voulant donc que cette na- 
tion aussi soit en paix, statuant, 
nous avons jugé que leur temple 
leur soit rendu, afin qu'ils vivent 
selon la coutume de leurs ancé- 
tres. 

90. Tu feras done bien si tu en- 
voles vers eux, et si tu leur don- 
nesla main droite, afin que, notre 
volonté étant connue, ils repren- 
nentcourage et s'attachent à leurs 
propres intéréts. 

97. Mais la lettre du roi aux 
Juifs était ainsi: 

Le זסת‎ Antiochus, au sénat des 
Juifs et aux autres Juifs, salut. 

98. Si vous vous portez bien, 
vous étes comme nous le dési- 
rons; et nous aussi nous nous 
portons bien. 

29. Ménélaüs est venu vers 
nous, disant que vous voulez des- 
cendre vers les vólres qui sont 
auprès de nous. 


19. Je m'efforcerai ; littér., et je, etc. Voy. sur ce et, Osée, xx, 1 
20. Ceux-ci, ceux qui sont ici présents, vos envoyés. 


21, 33, 38. L'année cent quarante-huitième du règne des Grecs, la cent soixante- 
troisième avant Jésus-Christ. — Dioscorus ou Dioscore, mois inconnu parmi les 
Grecs; le texte grec lit Dios corinthiou, c'est-à-dire de Jupiler de Corinthe qui n'est 
pas plus connu; de là les diverses opinions des savants. 

92, Son frère; titre honorifique. Voy. I Machab., x, 18. —* Le roi Antiochus V Eu- 
vator. 

23. * Notre père Antiochus IV Epiphane. 

25. * Voulant que cetle nation soit aussi en pair. Lysias, qui fait parler et agir 
le roi enfant, avait tout intérét à faire la paix avec les Juifs, afin de pouvoir com- 
battre Philippe qu'Antiochus Epiphane avait désigné en mourant comme tuteur 
de son fils, ce que Lysias ne voulait pas accepter, étant bien décidé à garder lui- 
méme une tutelle qui le rendait maitre du royaume de Syrie. Voir I MacAab., in, 32; 
γι, 14. 

29. Ménélaüs passait encore pour grand prêtre des Juifs, ayant été Ctabii par An- 
tiochus Epiphane (tv, 23 et suiv.), quoiqu'il ne fût pas reçu dans Jérusalem et qu'il 
n'exercàt point les lonctions du sacerdoce dans le temple. Pendant son absence, les 
Juifs avaient déféré la dignité de grand prétre à Judas. 


[cu. xur.] 


30. A ceux done qui voudront 
venir jusqu'au trentieme jour du 
mois de Xanthicus, nous donnons 
la main droite en signe d'assu- 
rance, 

31. Afin que les Juifs usent de 
leurs aliments et de leurs lois 
comme auparavant, et que per- 
sonne d'entre eux n'éprouve de 
la peine en aucune maniere des 
choses qui ont été faites par igno- 
rance. 

32. Et nous avons aussi envoyé 
Ménélaüs pour vous parler. 

33. Portez-vous bien. En l'an- 
née cent quarante-huitième, du 
mois de Xanthicus le quinzieme 
jour. 

34. Or les Romains aussi en- 
voyèrent une lettre ainsi conçue : 

Quinrus Memmius et Titus Ma- 
nilius, envoyés des Romains, au 
peuple des Juifs, salut. 

98. Ce que Lysias, parent du 
roi, vous a accordé, nous vous 
l'accordons nous aussi. 

36. Mais quant à ce qu'il a jugé 
devoir étre référé au roi, envoyez 
aussitót quelqu'un, apres enavoir 
très soigneusement délibéré en- 
tre vous, afin que nous ordon- 
nions comme il vous convient; 
car nous, nous allons à Antioche. 


Il MACHABÉES. 2273 


37. Et c'est pourquoi hátez-vous 
de nous récrire, afin que nous 
aussi nous sachions quel est vo- 
tre désir. 

38. Portez-vous bien. En l'an- 
née cent quarante-huitième, au 
quinzième jour du mois de Xan- 
thicus. 


CHAPITRE XII. 


Les Juifs sont persécutés par les gouver- 
neurs des pays voisins de la Judée. 
Expédition de Judas contre les habi- 
tants de Joppé, et contre ceux de Jam- 
nia. Il marche contre Timothée, au delà 
du Jourdain. I! défait l'armée de Timo- 
thée. Il revient à Scythopolis. Il marcha 
contre Gorgias, et le met en fuite. Obla- 
tion pour les Juifs qui avaient été tués 
dans ce combat. 


1. Ces conventions faites, Ly- 
sias se rendit vers le roi, et les 
Juifs donnaient leurs soins à l'a- 
ericulture. 

9. Mais ceux qui étaient de- 
meurés, Timothée et Apollonius, 
fils de Gennéus, aussi Jérôme et 
Démophon, et Nicanor, gouver- 
neur de Chypre, ne les laissaient 
pas vivre en paix et en repos. 

3. Or les habitants de Joppé 
commirent ce crime : ils prierent 
les Juifs avec lesquels ils habi- 
taient, de monter sur des barques 


30, 33, 38. Xanlhicus ou Xanthique. Ce mois des Macédoniens répond au mois 
d'avril. 

34. * Quintus Memmius et Titus Manilius. Ces noms sont écrits trés différemment 
dans les textes et les manuscrits et l'on ne sait pas au juste quels sont ces per- 
sonnages. 


2, Timothée, le méme qui est nommé I Machab., v, 11, et ci-après, vers. 10, et dans 
la suite du chapitre. — Jérôme et Démophon sont inconnus d'ailleurs. — * Apol/onius, 
fils de Gennéus, est différent des deux autres personnages de ce nom qui étaient 
l'un, fils de Tharsée, nr, 5, 7, l'autre, fils de Mnesthée, 1v, 21. Il est aussi probable- 
ment différent d'Apollonius, gouverneur de la Cœælésyrie, sous Démétrius, I Machab., 
x, 69, parce qu'à l'époque dont il s'agit ici, cet Apollonius était à Rome avec Démé- 
trius Ier. Apollonius, fils de Gennéus, était vraisemblablement le pére du gouverneur 
de la Cœlésyrie. Voir I Machab., x, 69. — Nicanor, gouverneur de Chypre, doit être 
différent de Nicanor, fils de Patrocle, vir, 9, préposé aux éléphants, xiv, 13, et dont 
il est longuement question I Machab., vit, 26-41 et II Machab., xiv, 12-xv. 


A. T. 143 


2214 


qu'ils avaient préparées, avec 
leurs femmes et leurs enfants, 
comme n'y ayant aucune inimilié 
entre eux. 

4. Cest pourquoi d'apres un dé- 
cret arrêté en commun par lacité, 
el eux-mêmes ayant acquiescé, 
et ne soupconnant rien, à cause 
dela paix qui était entre eux, lors- 
qu'ils furent avancés dans la 
haute mer, les habitants de Joppé 
n'en noyerent pas moins de deux 
cents. 

9. Dès que Judas sut que cette 
cruaulé avait été commise contre 
deshommes de sa nalion,ildonna 
des ordres aux hommes qui 
élaient avec lui; et Dieu, le juste 
juge, invoqué, 

6. Il marcha contre les meur- 
triers de ses frères, et mit le feu 
au port pendant la nuit, brüla les 
barques; mais ceux qui avaient 
échappé au feu, il les fit périr par 
le glaive. 

1. Etlorsqu'il eut fait cela,il s'en 
alla, comme devant encore reve- 
nir et exterminer tous les ha- 
bitants de Joppé. 

8. Mais, lorsqu'il sut que ceux 
qui étaient à Jamnia voulaient 
trailer de la méme maniere les 
Juifs qui demeuraient avec eux, 

9. Il surprit aussi les Jamniles 
pendant la nuit, et brüla le port 
avec les vaisseaux, en sorte que 
la lumiere du feu se voyait à Jé- 


MACHABÉES.‏ זז 


[cu. [.זוצ.‎ 


rusalem, éloignée de deux cent 
quarante stades. 

10. Et lorsqu'ils furent partis de 
là et qu'ils en étaient à neuf sta- 
des, cheminant vers Timothée, 
des Arabes, au nombre de cinq 
mille Aommes. de pied et de cinq 
cents cavaliers, engagerent /a ba- 
taille avec lui. 

11. Et lorsque le combat devint 
opiniátre, et que, par le secours 
de Dieu, il eut tourné à l'avantage 
des Juifs, les Arabes qui étaient 
restés, sevoyant vaincus, deman- 
daient à Judas de leur donner la 
main droite, promeltant de don- 
ner des pâturages, et de /u être 
utiles en lout le reste. 

12. Or Judas, pensant qu'ils se- 
raient, en effet, utiles en beau- 
coup de choses, promit la paix; 
et ayant reçu sa main droite, ils 
se relirerent dans leurs taber- 
nacles. 

13. Or il attaqua aussi une cité 
forle environnée de ponts et de 
murs, laquelle était habitée par 
une multitude d'hommes de di- 
verses nalions eé dont le nom 
était Casphin. 

14. Mais ceux qui étaient de- 
dans, se confiant en la force de 
leurs murs et dans leur provision 
de vivres, se défendaient tres fai- 
blement, harcelant Judas par des 
injures, et blasphémant, et profé- 
rant des paroles impies. 


4. Ewr-mémes, les Juifs. — Ayant acquiescé à ce décret qui ratifiait la proposition 
faite aux Juifs (vers. 3) de monter sur des barques. 


8. * Jamnia. Noir 1 Machab., 1v, 15. 


9. Deux cent quarante stades; environ dix lieues. 

10. Avec lui, Judas (vers. 5). — * Des Arabes, Bédouins nomades, habitant entre 
] Egypte et la Palestine et faisant souvent des incursions dans le pays des Philistins, 

11. De leur donner la main droite. Voy. Y Machab., xx, 50. 

13. Casphin, peut-être la mème ville que Casbon (I Mach., v, 36). — * Casphin 
élait environnée de ponts, c'est-à-dire, d'après un des sens du mot grec, de larges 


murs en terre, 


[cu. xn.] 


15. Mais Machabée, ayant invo- 
qué le grand prince du monde, 
qui sans bélier et sans machines 
au temps de Jésu fit tomber Jéri- 
cho, monta impétueusement sur 
les murs. 

16. Et, la cité prise par la vo- 
lonté du Seigneur, il fit le plus 
grand carnage, de sorte que 16- 
tang adjacent de deux stades 
delargeur semblaitroulerlesang 
des tués. 

47. Ils partirent de là, et ayant 
fait sept cent cinquante sta- 
des, ils vinrent à Characa, vers 
les Juifs qui sont appelés Tubia- 
néens. 

18. Et toutefois ils ne purent 
prendre Timothée en ces lieux ; 
car n'ayant rien pu y achever, il 
s'en était retourné après avoir 
laissé en un certain lieu une tres 
forte garnison. 

19. Mais Dosithée et Sosipater, 
qui étaient chefs avec Machabée, 
tuerent ceux qui avaient été lais- 
sés en garnison par Timothée, 
au nombre de dix mille hommes. 

20. Cependant Machabée, ayant 
mis en ordre autour de lui six 
mille hommes, et les ayant dis- 
posés par cohortes, marcha con- 
tre Timothée, qui avait avec lui 
cent vingt mille hommes de pied 
el deux mille cinq cenls cava- 
liers. 

CuaP. XII. 15. Jos., vr, 20. 


MACHABÉES.‏ זו 


2275 


21. Or, l’arrivée de Judas ayant 
été connue, Timothée envoya de- 
vant lui les femmes et les en- 
fants, et le reste du bagage dans 
une place forte qui est appelée 
Carnion; car elle était inexpu- 
gnable, et d'un acces difficile, à 
cause des défilés qui l'environ- 
naient. 

22. Mais, lorsque la premiere 
cohorte de Judas eut paru, la 
crainte s'empara des ennemis par 
la présence du Dieu qui voit tou- 
tes choses; et ils furent mis en 
fuite l'un par lautre, en sorte 
qu ils étaient plutôt renversés par 
les leurs, et blessés parles coups 
de leurs glaives. 

23. Or Judas les poursuivait vi- 
vement, punissant ces profanes, 
et il en tua trente mille. 

24. Mais Timothée lui-méme 
tomba au milieu des bandes de 
Dosithée et deSosipaler, et il les 
priait avec beaucoup d'instances 
de le laisser aller en vie, parce 
qu'il avait ex son pouvoir beau- 
coup de pères et de frères de 
Juifs, à qui, par sa mort, il arrive- 
rait d'étre décus. 

25. Et lorsqu'il eut donné sa 
foi, qu'illes rendrait selon la con- 
vention, ils le laissèrent aller sans 
lui faire aucun mal à cause de la 
vie de leurs frères. 

26. Or Judas marcha contre 


15. Jésu, c'est-à-dire, Josué. — * Voir Josué, νι, 1-20. 

17. Tubianéens qui habitaient le pays de Tubin ou de Tob. Voy. I Machab., v, 13. 
— * Characa, d'après les uns, Kir, ville de Moab, sur l'ouadi Kérek, mais, d'après 
d'autres, comme Kir n'était pas dans le pays de Tob, simple camp retranché, situé 


entre l'Ammonitide et la Syrie. 


19. * Dosilhée et Sosipater, lieutenants sous les ordres de Judas Machabée. 

21. Carnion, la même ville que Carnaim (I Mach., v, 26, 43). 

24. Parce qu'il avait, etc. Timothée veut dire qu'ayant fait prisonniers un grand 
nombre ce pères et de frères des Juifs, ils seraient par sa mort trompés dans leur 


espérance de recouvrer la liberté. 


2276 


Carnion, οὐ 1] tua vingt-cinq mille 
hommes. 

27. Après la fuite et le carnage 
de ces ennemis, il fit avancer son 
armée vers Ephron, cité fortifiée, 
dans laquelle une grande multi- 
tude de diverses nations habi- 
tait; et de jeunes hommes vigou- 
reux, se tenant devant les murs, 
combattaient courageusement; 
or il y avait dans la cité beaucoup 
de machines et une provision 
d'armes de jet. 

28. Mais, lorsqu'ils eurent in- 
voqué le Tout-Puissant, qui par 
sa puissance brise les forces des 
ennemis, ils prirent la cité; et de 
ceux qui élaient dedans, ils tue- 
rent vingt-cinq mille 4072s. 

29. De là ils allérent à la cité 
des Scythes, qui était éloignée de 
Jérusalem de six cents stades. 

90. Mais les Juifs qui étaient 
chez les Scythopolitains, ayant 
assuré qu'ils avaient été traités 
par eux avec bienveillance, même 
dans les temps de /eur malheur; 
que Jes habitants de cette ville 
avalent agi avec modération en- 
vers eux; 

31. Judas et les siens leur ayant 
rendu grâces, et les ayant exhor- 
tés à être encore dans la suite 
bienveillants envers leur nation, 
ils vinrent à Jérusalem, le jour so- 
lennel des semaines approchant. 

32. Et après la Pentecôte, ils 


MACHABÉES.‏ זז 


]08. xur.] 
marchèrent contre Gorgias, pré- 
posé sur l'Idumée. 

33. Or Judas sortit avec trois 
mille hommes de pied, et quatre 
cents cavaliers. 

34. Après qu'ils en furent ve- 
nus aux mains, il arriva qu'un 
petit nombre de Juifs succombè- 
rent. 

39. Or un certain Dosithée, ca- 
valier d'entre les Bacénores, 
homme brave, s'était emparé de 
Gorgias; et comme il le voulait 
prendre vivant, un certain cava- 
lier d'entre les Thraces se jeta sur 
lui et lui coupa l'épaule; et ainsi 
Gorgias s'enfuit à Marésa. 

36. Mais, ceux qui étaient avec 
Esdrin combattant depuis long- 
temps et étant fatigués, Judas in- 
voqua le Seigneur pour qu'il de- 
vint Jeur aide et /eur chef dans le 
combat ; 

31. Commencant ὦ chanter 
dans la langue de sa patrie, etl 
poussant en l'air des cris avec 
des hymnes, il mit en fuite les 
soldats de Gorgias. 

38. Cependant Judas, son armée 
rassemblée, vint à la cité d'Odol- 
lam; et, comme le septième jour 
était arrivé, s'étant purifiés, se- 
lon la coutume, ils célébrerent le 
sabbat dans le méme lieu. 

39. Et le jour suivant, Judas 
vint avec les siens, afin d'enlever 
les corps des morts, et de les dé- 


21. * Ephron. Voir I Machab., v, 46. 


29. * La cilé des Scythes ou Scythopholis, la même que Bethsan. Voir I Mach., v, 52. 
31. Le jour solennel des semaines, la Pentecôte, ainsi nommée, parce que, d’après 
les termes mêmes de la loi, elle se célébrait sept semaines complètes après Pâques 


(Lévit., xxix, 15, 16). 
32. * Gorgias. Voir I Machab., 111, 38. 


35. Marésa, ville de la tribu de Juda. — * Dosithée d’entre les Bacénores, différent 


du Dosithée des vers. 19 et 94, 


31. La langue de sa patrie, l'araméen. Voy. vit, 8. 
38. Odollam, dans la partie méridionale de Juda. 


jcu. ΧΠΙ.] 


poser avec 1eurs parents dans les 
sépulcres de leurs pères. 

40. Or ils trouvèrent sous les 
tuniques des tués des offrandes 
faites aux idoles qui étaient àJam- 
nia, e£ que la loi interdit aux 
Juifs; il devint donc manifeste à 
tous que c'est pour ce motif qu'ils 
avaient succombé. 

44. C'est pourquoi tous bénirent 
le juste jugement du Seigneur 
qui avait rendu manifestes les 
choses cachées. 

49. Et ainsi, s'étant mis en 
prière, ils demandèrent au Sei- 
gneur que l'offense qui avait été 
commise füt livrée à l'oubli. Mais 
le trés vaillant Judas exhortait le 
peuple à se conserver sans péché, 
voyant sous leurs yeux ce qui 
élait arrivé à cause des péchés de 
ceux qui avaient élé tués. 

49. Et, une collecte ayant été 
faite, il envoya à Jérusalem douze 
mille drachmes d'argent, afin 
qu'un sacrifice füt offert pour les 
péchés des morts, pensant bien 
et religieusement touchant la ré- 
surrection 

44. (Car s'il n'avait pas espéré 
que ceux qui avaient succombé 


40. Deut., vu, 25. 


MACHABEES.‏ זו 


2211 


devaient ressusciter, il /u aurait 
semblé superflu et vain de prier 
pour les morts); 

45. Mais c'est parce qu'il consi- 
dérait que ceux qui s'étaient en- 
dormis dans la piété recevraient 
une trés grande gráce réservée 
pour eux. 

46. Elle est donc sainte et salu- 
taire la pensée de prier pour les 
morts, afin qu'ils soient délivrés 
de leurs péchés. 


CHAPITRE XIII. 


Antiochus Eupator marche contre les 
Juifs avec une puissante armée. Il fait 
mourir Ménélaüs. Judas jette le trouble 
dans le camp des ennemis. Siège de 
Bethsura. Paix entre Eupator et les 
Juifs. 


1. En lannée cent quarante- 
neuvieme, Judas sut qu'Antio- 
chus Eupator venait avec une 
multitude contre la Judée, 

2. Et qu'avec lui était Lysias, 
régent et préposé aux affaires du 
royaume, ayant avec lui cent dix 
mille hommes de pied, et cinq 
mille cavaliers, et vingt-deux élé- 
phants, et trois cents chars ar- 
més de faux. 


40. Ils trouvérent, etc. Il est probable que ces choses trouvées avaient été enlevées 
lors de l'expédition contre Jamnia (vers. 8 et suiv.). — Que la loi, etc. Voy. Deuté»., 
vit, 25, 26. 

43. La drachme valait environ quarante centimes. — Afin qu'un sacrifice, etc. Cette 
fin du verset et les versets suivants prouvent incontestablement la résurrection des 
morts et l'existence du purgatoire. C'est pour cela que Luther a rangé les livres des 
Machabées parmi les apocryphes; mais l'authenticité et la divinité de ces livres sont 
prouvées par des arguments aussi solides que l'autorité de tous les autres livres de 
la Bible. Quant aux vers. 43, 46, en particulier, nous croyons devoir dire, aprés 
D. Calmet : « On ne s'arréte point à réfuter l'imagination de Munster, qui a soupconné 
ce passage d'avoir été ajouté en cet endroit; tous les exemplaires grecs, latins et 
syriaques, tant imprimés, que manuscrits, le portent uniformément, comme la Vul- 
gate, et les anciens Péres l'ont cité et connu, sans aucune variété, ni aucun doute. » 


1. L'année cent quarante-neuviéme du règne des Grecs, la cent soixante-deuxième 
avant Jésus-Christ. — * Pour cette campagne, voir I Machab., vi, 28-62. 


2218 


3. Or Ménélaüs aussi se mêla 
avec eux; et avec une insigne 
fourberie, il suppliait Antiochus, 
non pour le salut du pays, mais 
dans l'espoir d’être établi dans la 
principauté. 

4. Mais le Roi des rois suscita 
le courroux d'Antiochus contre le 
pécheur; et Lysiaslui ayant dit 
que cet homme était la cause de 
tousles maux, il commanda(com- 
me c'estleur coutume)de 16 pren- 
dre, et de le faire périr dans le 
méme lieu. 

5. Or dans ce méme lieu était 
une tour de cinquante coudées, 
ayant de tous 60168 un tas de cen- 
dres; cette tour avait vue sur un 
précipice; 

6. Ilcommanda que de là le sa- 
crilègefütjeté danslacendre, tous 
aidant à sa mort. 

7. Et ce fut par une telleloi qu'il 
arriva que le prévaricateur de la 
loi mourut et que Ménélaüs nefut 
pas confié à la terre. 

8. Et à la vérité ce fut tres jus- 
tement, parce qu'il avait commis 
beaucoup de crimes contre l'au- 
tel de Dieu, dont 16 feu et 18 cen- 
dre étaient saints; il fut con- 
damné à mourir dans les cendres. 

9. Gependantleroi, effréné dans 
son esprit, venait pour se mon- 
trer aux Juifs plus méchant que 
son père. 


MACHABÉES.‏ זז 


[ca. xur.] 
10. Ce qui ayant été su par Ju- 
das, il ordonna au peuple d'invo- 
quer le Seigneur, le jour et la 
nuit, afin que, comme toujours, 
il les aidàt maintenant 
1. (Car ils avaient à craindre 
d’être privés de la 101, de la pa- 
trie et du saint temple), et qu'il 
ne permit pas que le peuple, qui 
depuisquelque temps respirait un 
peu, fütassujetti aux nations blas- 
phématrices. 

12. C’est pourquoi l'ayant fait 
tous ensemble, et ayant deman- 
dé au Seigneur miséricorde, par 
des pleurs et des jeünes, pros- 
ternés durant trois jours conti- 
nus, Judas les exhorta à se tenir 
prêts. 

13. Et lui-même résolut avec 
les plus anciens de sortir, avant 
que le roi fit pénétrer son armée 
dans la Judée, et prit la cité, et de 
remettre l'issue de l'affaire au ju- 
SA du Seigneur. 

4. C'est pourquoi, attribuant]la 
Mae sur toutes choses à 
Dieu, créateur du monde, et ayant 
exhortéles siens à combattre vail- 
lamment, et à rester debout jus- 
qu'à la mort pour les lois, le tem- 
ple, la cité, la patrie et Jeurs con- 
citoyens, il établit son armée près 
de Modin. 

45. Et la victoire de Dieu ayant 
été donnée aux siens pour signal, 


3.* Ménélaüs. Voir 1v, 23. 


4. Dans le méme lieu, ou, selon le grec, comme c'est la coutume dans ce lieu-là. 
5. De cendres chaudes. Les Perses, pour qui le feu était un élément sacré, auraient 
cru le profaner en y jetant les condamnés à la peine capitale; c'est pourquoi ils les 


précipitaient dans la cendre chaude. 


7. Ne fût pas, etc., c'est-à-dire, qu'il fût privé des honneurs de la sépulture. 
11. Car, etc., est une réflexion que l'auteur faità part et qui se détache du récit prin- 
δ 0 "est pour cela que nous avons cru devoir la renfermer dans des parenthèses, 


* Modin. Voir 1 Machabées, τι, 1. 
τὰ La victoire de Dieu, etc. Voy. VIII, 


23. — * Le plus grand des éléphants. Indication 


sommaire de l'exploit d'Eléazar raconté I Machabées, vr, 43-46. 


[ci. xiv.] 


et les hommes les plus braves 
ayant été choisis, il attaqua du- 
rant la nuit le quartier du roi, et 
tua dans son camp quatre mille 
hommes, et le plus grand des élé- 
phants avec ceux qui étaient mon- 
tés dessus, 

16. Ayantremplile camp desen- 
nemis d'une trés grande frayeur 
et de trouble, etles choses s'étant 
faites heureusement, ils s'en allè- 
rent. 

17. Or cela se passa, le jour 
commencant à paraitre, la pro- 
lection du Seigneur ayant aidé 
Judas. 

18. Mais le roi, ayant fait l'essai 
de la hardiesse des Juifs, essayait 
de vaincre par stratageme la dif- 
ficulté des lieux. 

19. Hl fit donc approcher son 
camp de Bethsura, qui était une 
place fortifiée des Juifs; mais il 
fut repoussé, renversé et amoin- 
dri. 

20.Cependant,àceux qui étaient 
dans la place, Judas envoyait les 
choses nécessaires. 

21. Mais un certain Rhodocus, 
de larmée des Juifs, révéla les 
secrets aux ennemis; on le cher- 
cha, il fut pris, et mis en prison. 

22, De nouveau le roi conféra 
avec ceux qui étaient dans Beth- 
sura;illeur donna sa main droite, 
recut la leur et s'en alla. 

23. 11 engagea le combat avec 
Judas; il fut vaincu. Mais, dès 


MACHABÉES.‏ וז 


R219 


qu'il sut que Philippe, qui était 
resté à la téte des affaires, s'était 
révolté à Antioche, il fut cons- 
terné en son âme; suppliant les 
Juifs, et s'étant soumis à eux, il 
leur jura tout ce qui parut juste; 
et, réconcilié, il offrit un sacrifice, 
honora le temple et déposa des 
présents. 

24. Il embrassa Machabée, et le 
fit chef et prince, depuis Ptolé- 
maide jusqu'aux Gérréniens. 

25. Mais, dès qu'il vint à Ptolé- 
maide, les Ptolémaidiens souf- 
frirent avec peine le traité de 
paix avec les Juifs, étant indignés 
dans la crainte de rompre eux- 
mêmes par la leur alliance avec 
le roi. 

26. Alors Lysias monta sur le 
tribunal, et exposa les raisons du 
traité, et apaisa le peuple, et re- 
tourna 8 Antioche;et de cette ma- 
nière le départ du roi réussit ainsi 
que son retour. 


CHAPITRE XIV. 


Démétrius, fils de Séleucus, vient se re- 
mettre en possession du royaume de 
Syrie. Alcime lirrite contre Judas. Il 
envoie Nicanor contre les Juifs. Nica- 
nor fait la paix avec Judas. Alcime la 
trouble. Démétrius ordonne à Nicanor 
de lui envoyer Judas lié et garrotté. Ju- 
das se retire. Nicanor blasphème contre 
le temple. On accuse auprès de lui Ra- 
zias; mort glorieuse de ce vieillard. 


1. Mais après un intervalle de 
trois ans, Judas sut, ainsi que 


19. * Bethsura. Noir I Machabées, 1v, 61. 


33. Donna sa main droite. Voy. 1 Mach., xi, 50. 

23. Il engagea le combat; auparavant. Compar. I Mach., vi, 43 et suivants. — Phi- 
lippe, qui était resté à la 16/6 des affaires. Antiochus IV Epiphane lui avait confié le 
pouvoir en mourant. Voir I Machabées, vi, 55. 

21. Les Gerréniens habitaient le pays où était l'ancienne Gérara (Genèse, xx, 1), le 
ueme que Gerrus, frontière d'Egypte. — * Plolémaide. Voir 1 Machabées, v, 15. 


41. * Démétrius Ie, fils de Séleucus IN Philopator. Voir I Machabées, vir, 1-4. — Tri- 


2280 


ceux qui étaient avec lui, que 
Démétrius, fils de Séleucus, avec 
une puissante multitude et des 
vaisseaux, était monté par le port 
de Tripoli, dans des lieux avan- 
tageux, 

2. Et qu'il s'était rendu maitre 
des contrées, malgré Antiochus 
etle chef de son armée, Lysias. 

3. Or un certain Alcime, qui 
avait été grand prétre, mais qui 
volontairement s'était souillé 
dans les temps du mélange, con- 
sidérant qu'en aucune manière il 
n'y avait desalut pour lui, ni d'ac- 
ces à l'autel, 

4. Vint vers le roi Démétrius 
en la cent cinquantieme année, 
lui offrant une couronne d'or et 
une palme, etde plus des rameaux 
qui semblaient étre du temple. Et, 
à la vérité, en ce jour-là, il garda 
le silence, 

ὃ. Mais il trouva un temps fa- 
vorable à son dessein extrava- 
gant; ayant été appelé au conseil 
par Démétrius, et interrogé sur 
quelles choses, et quels conseils 
les Juifs s'appuyaient, 

6. 11 répondit : Ceux des Juifs 
qui sont appelés Assidéens, et à 
la téte desquels est Judas Macha- 
bée, entretiennent les guerres et 
excitent les séditions, et ne souf- 


MACHABÉES.‏ זז 


[cu. xiv.] 


frent pas quele royaume soit en 
paix; 

7. Car moi aussi, ayant été 
frustré de la gloire de mes parents 
(je veux dire du souverain sacer- 
doce), je suis venu ici : 

8. Premierement, il est vrai, 
pour garder la fidélité aux inté- 
rêts du roi, mais secondement, 
pour m'occuper de znes conci- 
toyens; car c'est par leur perver- 
sité que toule notre nation n'est 
pas peu tourmentée. 

9. Ainsi je vous prie, ὃ roi, 
chacune de ces choses vous étant 
connue, prenez soin et du pays 
et dela nation, selon votre huma- 
nité publiée par tout le monde; 

10. Car tant que Judas subsiste, 
il est impossible qu'il y ait de la 
paix dans l'Etat. 

11. Or de telles paroles ayant 
été dites par Alcime, tous ses 
amis qui se montraient hostiles à 
Judas enflammèrent Démétrius, 

12. Qui aussitôt envoya comme 
chef en Judée Nicanor, préposé 
aux éléphants ; 

13. Des ordres lui ayant été 
donnés de prendre Judas lui-mé- 
me, mais de dissiper ceux qui 
étaient avec lui, et d'établir AI- 
cime souverain prêtre du très 
grand temple. 


poli, ville phénicienne et port de mer, au nord de Sidon, entre Byblos et Aradus, au 
pied de la partie la plus haute de la chaîne du Liban, appelée Tripoli ou les trois 
villes, parce qu'elle se composait de trois colonies distinctes de Sidon, de Tyr et 
d'Aradus, place de commerce encore aujourd'hui assez importante. — Dans des lieux 
avantageux, probablement Séleucie. Voir I Machabées, xi, 8. De là, il était facile de 
se rendre à Antioche, capitale de la Syrie. 

3. Alcime, etc. Voy. vers. 7, et 1 Mach., vir, 5, 9, 14. 

4. La cent cinquanliéme année du règne des Grecs, la cent soixante et uniéme avan( 
Jésus-Christ. 

6. Assidéens. Voy. 1 Mach., u, 42. 

10. Dans l'Etat; littér., dans les affaires. 

11. Tous; littér., et tous. Voy. sur ce et, purement pléonastique, Osée, xi, 4. 

12. Nicanor, probablement le méme que celui qui est mentionné vui, 9 et suiv., 
et 1 Mach., ur, 38; vir, 26. 


[cH. xiv.] 


14. Alors les gentils qui avaient 
fui Judas, en quittant la Judée, se 
joignaient par troupes à Nicanor; 
regardant les misères et les dé- 
sastres des Juifs comme la pros- 
périté de leurs propres affaires. 

15. C'est pourquoi les Juifs, 
ayant appris l'arrivée de Nicanor 
et le complot des nations, se cou- 
vrirent de terre, et ils priaient ce- 
lui qui constitua son peuple, afin 
de le conserver éternellement, et 
qui protége son héritage par des 
miracles éclatants. 

16. Or par l'ordre de leur chef, 
ils partirent aussitôt de là, et 
vinrent ensemble au cháteau de 
Dessau. 

17. Simon, frere de Judas, avait 
engagé le combat avec Nicanor; 
mais il fut épouvanté par l'arri- 
vée soudaine des ennemis. 

18. Cependant Nicanor, appre- 
nant la valeur des compagnons 
de Judas, et la grandeur du cou- 
rage qu'ils montraient dans les 
combats pour leur patrie, crai- 
gnait de tenter un combat san- 
glant. 

19. Pour ce motif, il envoya de- 
vant Posidonius, et Théodotius, 
et Matthias, afin qu'ils donnas- 
sent /eur main droite et qu'ils 
recussent /a sienne. 

20. Et comme la délibération 
sur ce sujet durait longtemps, et 
que le chef lui-méme en avait ré- 
féré à la multitude, l'avis unique 


II MACHABÉES. 


2281 


de tous fut de consentir à l'al- 
liance. 

21. C'est pourquoi ils fixèrent 
un jour auquelils devaient secrè- 
tement traiter affaire entre eux, 
et, pour chacun, des sieges furent 
apportés et posés. 

22. Cependant Judas ordonna 
quil y eût des gens armés dans 
leslieux avantageux, de peur que 
de la part des ennemis quelque 
chose de fácheux n'arriváàt; et ils 
eurent un entrelien convenable. 

23. Or Nicanor demeurait à Jé- 
rusalem, et il ne faisait rien ini- 
quement; et la masse des trou- 
pes qui avaient été assemblées, 
il les renvoya. 

24. Et il aimait Judas de cœur, 
et il avait une inclination pour 
cet homme. 

95. Il le pria méme de se ma- 
rier et d'avoir des enfants. Judas 
se maria, jouit du repos, et ils 
vivaient en commun. 

26. Mais Alcime, voyant leur 
amitié l'un pour l'autre, et leurs 
traités, vint vers Démétrius, et 
disait que Nicanor favorisait les 
intérêts des étrangers, et qu'il 
avait destiné pour son successeur 
Judas qui trahissait son royaume. 

27. C'est pourquoi le roi, exas- 
péré, et irrité par les accusations 
criminelles de cet homme, écrivit 
à Nicanor, disant qu'il supportait 
avec peine le traité d'amitié, qu'il 
commandait donc que Machabée 


16. Cháteau ou village, car le mot castellum a ces deux sens dans la Bible. — Des- 


sau; on en ignore la situation. 


18. De tenter, etc.; littér., de faire le jugement par du sang. Nicanor, craignant que 
la retraite des Juifs ne füt un stratagéme pour le faire tomber dans une embuscade, 


voulait surtout éviter un grande bataille. 


19. Qu'ils donnassent, etc. Voy. 1 Mach., x1, 50. 
21. Ils, les armées des deux chefs. — Des sièges, etc. C'était un honneur réservé seu. 
lement aux personnes de la première distinction, 


2282 
füt au plus tót envoyé chargé de 
chaines à Antioche. 

28. Ce qu'ayant connu, Nicanor 
était consterné, et il supportait 
avec peine de rendre vaines les 
choses qui avaient été convenues, 
n'ayant été blessé en rien par cet 
homme. 

29. Mais, parce qu'il ne pouvait 
résister au roi, il cherchait une 
occasion favorable pour exécuter 
ses ordres. 

30. Or Machabée, voyant que 
Nicanor le traitait plus durement, 
et que dans son abord ordinaire 
il montrait plus de fierté, e£ com- 
prenant que cetle rigueur ne pou- 
vait venir d'une bonne cause, il 
rassembla un petit nombre des 
siens et se déroba à Nicanor. 

31. Lorsque celui-ci sut qu'il 
était prévenu courageusement 
par l'homme, il vint dans le très 
grand et le très saint temple, et 
commanda aux prêtres qui of- 
fraient les hosties accoutumées 
de lui livrer l'homme. 

32. Ceux-ci ayant dit avec ser- 
ment qu'ils ne savaient pas où 
était celui qu’on cherchait, Vica- 
nor, étendant la main vers le tem- 
ple, 

99. Jura, disant : Si vous ne me 
livrez Judas chargé de chaînes, 
je raserai ce temple de Dieu, et je 
démolirail'autel, et je consacrerai 
ce temple au pere Bacchus. 

94. Et cela dit, il s'en alla. 
Orles prétres, étendantles mains 
vers le ciel, invoquaient celui 
qui toujours avait été le défen- 
seur de leur nation, disant ceci : 


Il Wu a 


[cit. xiv.] 


5. O vous, Seigneur de toutes 
E qui n'avez besoin d'au- 
cune chose, vous avez voulu que 
le temple de votre habitation füt 
parmi nous. 

80. Et maintenant, Saint des 
saints, Seigneur de toutes choses, 
conservez éternellement, sans 
étre souillée, cette maison qui na- 
guere a été purifiée. 

91. 0run certain Razias, d'entre 
les anciens de Jérusalem, fut ac- 
cusé auprès de Nicanor; c'était un 
homme qui aimait la cité et d'une 
bonne renommée, et qui pour son 
affection, était appelé le père des 
Juifs. 

38. Get homme, dans beaucoup 
d'occasions, s'était maintenu pur 
danslejudaisme, content de livrer 
et son corps et son âme pour y 
persévérer. 

99. Or Nicanor, voulant mani- 
fester la haine qu'il avait contre 
les Juifs, envoya cinq cents sol- 
dals pour le prendre. 

40. Car il pensait que, s'il le ré- 
duisait, il porterait aux Juifs un 
grand tort. 

41. Mais lorsque ces troupes 
s'efforcaient d'entrer dans sa mai- 
son et de briser la porte, et de 
mettre le feu, et que déjà il allait 
être pris, il se frappa d'un glaive; 

49. Aimant mieux mourir no- 
blement que d'étre assujetti aux 
pécheurs et de souffrir des outra- 
ges indignes de sa naissance. 

43. Mais comme, dans sa préci- 
pitation, il ne s'était pas frappé 
d'un coup assuré, et que la foule 
pénétrait par les portes, courant 


28. Convenues entre Machabée et lui. 


30. Un pelit nombre; selon le grec ct le ו‎ non un petit nomóra, 


31. L'homme, Judas Machabée. 


[cu. xv.] 
hardiment vers le mur, il se pré- 
cipita lui-méme courageusement 
sur la foule, 

44. Qui ayantfait promptement 
de la place poursa chute, il tomba 
sur le milieu dela téte. 

45. Etcommeil respirait encore, 
enflammé de courage, il se leva, 
et, quoique son sang coulát en 
abondance, et qu'il füt couvert 
des plaies les plus graves, il passa 
en courant au travers de la foule; 

46. Et, se tenant debout surune 
pierre escarpée, ayant déjà perdu 
son sang, il saisit ses entrailles de 
ses deux mains, e/ les jeta sur la 
foule, invoquant le dominateur 
de sa vie et de son esprit, afin 
qu'il les lui rendit de nouveau, 
et c'est ainsi qu'il termina sa vie. 


CHAPITRE XV. 


Nicanor veut attaquer les Juifs. Il blas- 
phéme contrele Seigneur. Judas exhorte 
les siens ; il leurrapporte une vision qu'il 
a eue. Il défait l'armée de Nicanor. Ni- 
canor est trouvé tué sur le champ de 
bataille; sa téte οἵ sa main sont sus- 
pendues à la vue de tous. Actions de 
grâces rendues et fête instituée en l'hon- 
ueur de cette victoire, 


1. Or Nicanor, des quil apprit 
Crap. XV. 1. I Mac., vir, 26. 


Il MACHABÉES. 


2283 


que Judas était dans le pays de 
Samarie, résolut de commencer 
la guerre avec toutes ses forces le 
jour du sabbat. 

2. Et quand lesJuifs, qui le sui- 
vaient par nécessité, lui disaient : 
N'agissezpas si fierement et d'une 
maniere si barbare, mais rendez 
honneur au jour de sanctification 
et honorez celui qui voit toutes 
choses; 

3. Ce malheureux demandait 
s'ilya un puissant dans le ciel qui 
ait commandé de garder le jour 
des sabbats. 

4. El eux ayant répondu : C'est 
le Seigneur vivant lui-méme, 
puissant dans le ciel, qui a com- 
mandé de garder le septième 
jour. 

5. Mais lui répliqua : Et moi je 
suis puissant sur la lerre; je 
commande de prendre les armes 
et d'accomplir les ordres du roi. 
Toutefois il ne parvint pas à exé- 
cuter son dessein. 

6. Ainsi Nicanor, transporté 
d'un orgueil sans bornes, avait 
pensé à élever un trophée com- 
mun de Judas, e£ de ceux qui 
étaient avec lui. 


44. Qui, etc.; selon le grec : Qui s'étant promplement relirés, un espace ayant été 
fait. La foule qui était au pied du mur, voyant Razias se précipiter, s'empressa tout 
naturellement de s'écarter, pour ne pas être écrasée par sa chute. — 17 tomóa sur 
le milieu de la tête (venit per mediam cervicem); le grec porte : I7 tomba sur le milieu 
du ventre, ou sur le milieu de l'espace vide; car le terme grec kénéón signifie égale- 
ment ventre, flanc et lieu vide d'édifices. — * Razias se donna la mort sans raison 
suffisante et l'on ne peut excuser sa conduite que par la droiture de ses intentions 
ou par une inspiration divine particulière. Il n'agit point par désespoir, mais avec 
foi, demandant à Dieu de lui rendre un jour le corps qu'il abandonne. « Sa conduite 
fut plus admirable que sage, dit S. Augustin, et l'Ecriture a raconté sa mort telle 
qu'elle eut lieu, sans la louer comme si elle eût été l'accomplissement d'un devoir. » 


3. De sanclificalion. de consécration, de sainteté; c'est à-dire, saint, consacré. 
6. Et de ceuz, ete. C'est le sens du grec, le mot commun (commune) de la Vulgate 
semble d'ailleurs le supposer. — * Elever un trophée signifie élever un monument 


de victoire composé de dépouilles de l'ennemi, ou simplement, par figure, remporter 
un triomphe sur les ennemis, 


2284 


1. Mais Machabée espérait tou- 
jours avec une entiere confiance 
qu'un secours lui viendrait de 
Dieu. 

8. Et il exhortait les siens à ne 
pas s'effrayer à la venue des na- 
tions, mais à avoir présents à 
l’espritles secours quileuravaient 
été donnés du ciel, et à espérer 
présentement que la victoire leur 
viendrait du Tout-Puissant. 

9. Et leur ayant parlé de la loi 
et des prophétes,leurayantrappe- 
lé aussi lescombats qu'ils avaient 
livrés auparavant, il les rendit 
plus résolus. 

10. Et après avoir ainsi relevé 
leur courage, il leur montrait 
en méme temps la fourberie des 
nations, et la violation des ser- 
ments. 

11. Il arma donc chacun d'eux, 
non point de boucliers et de lan- 
ces, mais de paroles excellentes 
et d'exhortations, leur rapportant 
un songe digne de foi, par lequel 
il les réjouit tous. 

19. Or telle était sa vision ; 27 
vit qu'Onias, qui avait été grand 
prétre, homme de bien et bien- 
veillant, modeste dans le regard, 
réservé dans ses moeurs, agré- 
able dans ses discours et qui 
des lenfance était exercé à la 
pratique des vertus, tendant ses 
mains, priait pour tout le peuple 
des Juifs ; 

13. Qu'aprés cela avait apparu 
aussi un autre homme, vénérable 


MACHABÉES.‏ זו 


[cu. xv.] 
par l’âge, et la gloire, et le carac- 
tere dela grande majesté qui l'en- 
vironnait ; 

14. Et qu'Onias, prenant la pa- 
role, avait dit : Voici l'ami de ses 
frères et du peuple d'Israël; voici 
celui qui prie pourle peuple et 
pour toute la sainte cité, Jérémie, 
le prophète de Dieu; 

15. Et que Jérémie avait tendu 
la main droite, et avait donné à 
Judas un glaive d'or, disant: 

16. Prends ce saint glaive, don 
de Dieu, avec lequel tu extermi- 
nerasles ennemis de mon peuple 
Israél. 

17. Etant donc excités par les 
excellentes paroles de Judas, au 
moyen desquelles l'ardeur pou- 
vait étre ranimée, et les esprits 
des jeunes hommes étre fortifiés, 
ils résolurent de livrer bataille et 
de combattre courageusement, 
afin que la valeur décidàt des af- 
faires, parce que la cité sainte et 
le temple étaient en péril. 

18. Car leurs inquiétudes sur 
leurs femmes et sur leurs enfants, 
et sur leurs frères et sur leurs pa- 
rents, étaient les moindres; mais 
leur plus grande etleur première 
crainte était pour la sainteté du 
temple. 

19. Mais ceux mêmes qui se 
trouvaient dans la cité n'avaient 
pas une petite inquiétude sur 
ceux qui devaient combattre. 

20. Et lorsque déjà tous s'atten- 
daient à la décision qui allaitavoir 


12. Onias 111, ei souvent loué dans l'Ecriture. Compar. ,ץז‎ 

14. Prenant la parole. Le verbe hébreu que les Septante et la Vulgate ont cons- 
tamment traduit par répondre, signifie souvent, comme ici, élever la voix, prendre 
da parole. — * Jérémie. Voir l'Introduclion à ce prophète, p. 142. 

11. Jeunes hommes, soldats appelés ainsi chez les Hébreux. 

20. Les bétes, les éléphants, qui, comme on l'a déjà vu, sont quelquefois désignés 


par cc terme général dans les Machabées. 


]68. xv.] 


lieu, que les ennemis étaient en 
présence, etl'arméedisposée pour 
la bataille, les bétes et les cava- 
liers rangés dans un lieu avanta- 
geux, 

91. Machabée, considérant l'ar- 
rivée de la multitude, et l'appa- 
reil des armes diverses, et la fé- 
rocité des bétes, tendit les mains 
vers le ciel, et invoqua le Sei- 
gneur qui fait les prodiges, qui 
donne la victoire, non point se- 
lon la puissance des armes, mais 
comme il lui plait, à ceux qui en 
sont dignes. 

29. Il dit donc, invoquant /e Sei- 
gneur de cette manière : Vous, 
Seigneur, qui avez envoyé votre 
ange sous Ezéchias, roi de Juda, 
et qui avez tué cent quatre-vingt- 
cinq mille hommes de l'armée de 
Sennachérib, 

23. Maintenant aussi, domina- 
teur des cieux, envoyez votre bon 
ange devant nous dans la crainte 
et la frayeur de la grandeur de 
votre bras, 

94. Afin qu'ils craignent,ceux 
qui viennent avec le blasphème 
contre votre saint peuple. Et 
c’est ainsi que Machabée pria. 

25. Cependant Nicanor, et ceux 


qui étaient avec lui, approchaient | 


au milieu des trompettes et des 
cantiques. 

26. Mais Judas et ceux qui 
étaient avec lui, ayant invoqué 
Dieu par leurs prières, commen- 
cerent l'attaque. 

27. Combattant des mains, il 
est vrai, mais priant le Seigneur 


22. Supra, vin, 19. 


MACHABÉES.‏ זז 


2289 


en leurs cœurs, ils ne tuerent pas 
moins de trente-cinq mille Aom- 
mes, grandement charmés de la 
présence de Dieu. 

28. Et lorsqu'ils eurent cessé 
le combat, et qu'ils s’en retour- 
naient avec joie, ils surent que 
Nicanor était tombé avec ses ar- 
mes. 

29. C’est pourquoi un cri ayant 
été jeté, et un bruit confus s'étant 
élevé dans la langue de /eur pa- 
trie, ils bénissaient le Seigneur 
tout puissant. 

30. Mais Judas, qui, en toutes 
choses, était prét, de corps et 
d'âme, à mourir pour ses conci- 
toyens, ordonna qu'on coupât la 
téte de Nicanor et la main avec 
l'épaule, et qu'on les apportàt à 
Jérusalem. 

31. Lorsqu'il y fut arrivé, ayant 
convoqué ses compatriotes, etles 
prêtres auprès de l'autel, il fit 
venir aussi ceux qui étaient dans 
la citadelle, 

32. Et ayant montré la téte de 
Nicanor, etla main criminelle qu'il 
avait étendue contre la sainte 
maison du Dieu tout puissant, en 
se glorifiant orgueilleusement, 

33. 11 commanda aussi que la 
iangue ae limpie Nicanor füt 
coupée, et donnée par morceaux 
aux oiseaux, et que la main de 
cet insensé füt suspendue en face 
du temple. 

34. Tous done bénirent le Sei- 
gneur du ciel, disant : Béni, celui 
qui ἃ gardé son lieu sans étre 
souillé! 


ור 


29. La langue de leur patrie, l'araméen, Voy. vir, 8, 


34. Son lieu, c'est-à-dire, son temple. 


2286 


95. Il suspendit aussi 18 tête de 
Nicanor au sommet de la cita- 
delle, afin qu'elle fût un signe 
évident et manifeste du secours 
de Dieu. 

36. C'est pourquoi tous, d'un 
commun avis, décidèrent que ce 
jour-là ne se passerait en aucune 
maniere sans solennilé; 

81. Et que la solennité aurait 
lieu le treizieme jour du mois 
d'Adar, comme il est dans la lan- 
eue de Syrie, la veille du jour de 
Mardochée. 

38. Cela donc s'étant fait en- 
vers Nicanor, et depuis ces temps- 
là, la cité ayant élé possédée par 


II MACHABÉES. 


cu. [.צ:‎ 
les Hébreux, moi aussi je mettral 
fin par là à ma relation. 

39. Et si elle est bien, el comme 
il convient à l'histoire, c'est ce 
que moi-méme je voudrais; que 
si, au contraire, elle est moins 
digne dw sujet, on doit me le par- 
donner. 

40. Car, comme boire toujours 
du vin, ou boire toujours de l'eau 
est une chose désagréable, mais 
qu'il est agréable d'useralternati- 
vementde l'un et del'autre ; ainsi, 
si le discours est toujours uni- 
forme, il ne plait pas à ceux qui 
lisent. Ici done se terminera ma 
relation. 


31. Adar. Voy. 1 Mach., vit, 43. — La veille de la fète des Sorts (Phurim), en la- 
quelle on célébrait la délivrance procurée aux Juifs par Mardochée (Esther, 1x). 

40. Boire toujours, etc. En Orient on boit aujourd'hui l'eau aprés le vin pour en 
tempérer la chaleur. Les anciens orientaux mélaient toujours le vin avec l'eau. Le 
texte grec est conforme à cette coutume. — Uniforme; on voit clairement que c'est 
le sens du latin exaclus, et qu'il s'agit uniquement du style, 


LA 


SAINTE BIBLE 


SELON LA WXDLDLGATE 
תדו ו‎ EN FRANCAIS, AVEG DES NOTES 
L'ABBÉ J.-B. GLAIRE 


AVEC INTRODUCTIONS, NOTES COMPLÉMENTAIRES ET APPENDICES 
PAR 


ες VTC OUR OURX 


Prêtre de Saint-Sulpice 


---- . eS . --- 


NOUVEAU TESTAMENT 


APPROUVÉ PAR LE SAINT-SIÈGE 
APRÉS EXAMEN FAIT A ROME PAR LA SACRÉE CONGRÉGATION DE L'INDEX 


- י‎ ἢ MAGHABAME: 
E הככ‎ dit ה‎ da 5046 00. | 78000070 x ἸΌΝ 
Νίδαπον :: 030% de ρα ΒΝ κὰν ἢν ₪ 
ἀδῆο, cou ןומט 100 ששה‎ 00 Εἰ א‎ 
ex i ₪6 ואוו‎ du sicot de ^^ vica 8 
| UT IDs τ: τη θ᾿ do με 
Gast pouequor tous, dM zi ud MERE 
nmismavis, décderent quie sujet, vnlg 


à 


Ἵ Aia nmn te 1 ]אק‎ TEE Ps (d ii ant 6 zii dns n ñ 
cud qure 01100 du i δας Ie stade 4 
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I Dein ו‎ gant falten | | B. zo pi PA 


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τῷ ὅρῳ 


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TAAMATENT 3 / ]ו‎ 
ΠΤ I HAS 0088 τὸ 
xad. da HOT Oil Z0 WÉAHDAR AJ Bes סוה‎ B TUA 


EH 


A SON ÉMINENCE 


LE CARDINAL DONNET 


ARCHEVÉQUE DE BORDEAUX 


MONSEIGNEUR, 


En dédiant à votre Éminence ma Traduction française du Nouveau Testament, 
je ne fais que remplir un devoir. Prêtre bordelais, vicaire général, comment 
pourrais-je oublier tout ce que vous avez fait et tout ce que vous faites encore 
pour le diocése de Bordeaux? Certes, s'il est donné à vos saints et illustres pré- 
décesseurs de voir du haut du ciel les œuvres de Votre Éminence, ils les admirent 
comme moi, et comme moi aussi, ils bénissent le divin auteur de toute grâce 


excellente et de tout don parfait, de ce qu'il opère chaque jour de si grandes choses 
par l'homme de sa droite. 


Je suis avec le plus profond respect, 
De Votre Éminence, 


Le tout humble et tout obéissant serviteur, 


J. B. GLAIRE. 


144 


DECRETUM 


FERIA III, DIE 22 JANUARII 1861 


Quum ₪. Ind. C. gallicam N. Testamenti versionem ex Textu latine Vulgate auc- 
tore Joanue Baptista GrainE nonnullis ex Consultoribus sedulo expendendam commi- 
serit, iisdem proprio jam functis munere, referentibus nil prorsus quod fidei aut 
moribus sit adversum eo in Opere contineri; censuit ob id præviis emendationibus 
ac notis per designatos theologos inserendis, nihil obstare, quominus memorati 
interpretationis editio permitti possit. 

Quibus per me inscriptum SANCTISSIMO DOMINO NOSTRO PIO PP. IX. relatis in 
Audientia diei 25 Januarii sacriTAs sua Decretum probavit. 


HIERONYMUS, Episc. SapiNus, CARD. DE ANDREA, Pn zr. 


Fr. ANGELus-VixcEvTIUS MODENA, 
Ord. Pred. S. Ind. Congr. a Secretis. 


Loco + sigilli. 


DECLARATIO 


Qua sui muneris partes erant, memorate in superiori Decreto versionis Auctorem 
emendationibus notisque subjectis ad mentem S. C. studiose diligenterque explevisse, 
inscriptus ex officio testor. 

In quorum fidem, etc. 

Datum Rome ad S. Mariæ super Minervam idibus Februarii 1861. 

Fn. ANeELus ViNcENTIUS MODENA, 
Ord. Præd. S. Ind. Congr. a Secretis. 


DECRET 
MARDI 22 JANVIER 1861 


La S. Congrégation de l'Index, ayant chargé quelques-uns des Consulteurs d'exa- 
miner avec soin la version française du N. Testament d'après le Texte de la Vulgate 
latine par 1. B. GLAIRE, et ces mêmes Consulteurs, après avoir fait l'examen qui leur 
avait été prescrit, ayant certifié que cet Ouvrage ne contenait rien de contraire à la 
foi ou aux mœurs, a été d'avis que rien ne s'opposait à ce que la publication de 
ladite version püt étre permise, pourvu qu'on y insérát préalablement les corrections 
et les notes indiquées par les théologiens à ce désignés. 

Lorsqu'il en a été référé par moi soussigné à NOTRE TRÈS SAINT-PÈRE, LE PAPE 
PIE IX, dans l'Audience du 25 Janvier, sA sAINTETÉ à approuvé le Décret. 


JÉROME, Év. De SairE-SaniNE, Carp. D'ANDRÉA, PRérer. 
Fn, ANGE-ViNcENT MODENA, 


De l'Ordre des Précheurs, Secrétaire de la 
S. Congr. de l'Indez. 


Lieu + du sceau. 


DÉCLARATION 


Le soussigné atteste d'office que pour ce qui regardait l'Auteur dans le Décret ci- 
dessus, il s’est soigneusement et exactement conformé à l'intention de la S. Congréga- 
Lion, en faisant les corrections et en ajoutant les notes qui lui ont été indiquées. 

En foi de quoi, etc. 

Donné à Rome, à Sainte-Marie de la Minerve, le 13 Février 1861. 

Fn. ANGE-ViNcENT MODENA, 
De l'Ordre des Précheurs, Secrétaire de la 
S. Congr. de l'Index. 


LETTRES EPISCOPALES 


ADRESSÉES A M. L'ABBÉ GLAIRE 


SUR SA TRADUCTION DU NOUVEAU TESTAMENT 


—— -- -οοοΞεῦΌοο------ 


« MONSIEUR τ᾿ Δ Βρέ, 


» Je suis trés reconnaissant de la bonté que vous avez eue de m'adresser le 
volume de votre traduction francaise de la Bible. Cette ceuvre élaborée par vous rend 
un grand service aux prétres et aux fidéles, puisque les travaux de ce genre déjà 
faits laissent beaucoup à désirer. Votre nom était à lui seul une grande garantie; 
mais vous avez voulu que votre livre reçüt la plus haute sanction, celle du Saint- 
Siège : la confiance la plus entière lui est donc assurée. Je le recommanderai avec 
empressement au clergé et aux fidèles de mon diocèse. 


» Recevez, etc. 2 
כ‎ + JEAN, Évéque d'Agen. ₪ 


« MONSIEUR L'ABBÉ, 


» Il ya trente ans que j'avais l'avantage, à Saint-Sulpice, de profiter de vos bonnes 
leçons, et, après un si long temps écoulé, je suis heureux de pouvoir profiter encore 
de vos bons ouvrages. 

» Votre traduction du Nouveau Testament, approuvée par le Saint-Siège, me fait 
désirer vivement la traduction de l'Ancien Testament. Tous les catholiques seront 
heureux de pouvoir opposer en toute sécurité à l'influence protestante une édition 
de nos Livres saints publiée en langue vulgaire avec la plus haute approbation que 
puisse ambitionner notre foi. 

» Que Dieu bénisse de plus en plus vos travaux, monsieur l'abbé, et qu'il récom- 
pense les études si laborieuses et si saintes auxquelles vous avez dévoué votre vie 
entière. C'est un vœu qui sort d'un cœur plein pour vous de reconnaissance et 
d'amitié. 

» Veuillez, etc. » + GEORGES, Archevéque d'Aix. » 


« MON CHER ARBÉ, 


» 11 y a longtemps que je suis et que j'admire vos savants travaux sur nos Livres 
saints; mais le plus éminent service que vous ayez rendu à l'Eglise parmi nous, c'est 
la traduction du Nouveau Testament en francais que vous avez publiée aprés l'examen 
attentif et sous l'approbation supérieure du Saint-Siège. Il y a là pour les prêtres ef 
pour les fidéles une garantie que nulle autre ne remplace. 

» Veuillez donc en agréer mes félicitations les plus sincéres unies à mes vieux sen- 
timents d'affection en Notre Seigneur 


» T P. L., Evéque d'Arras, de Boulogne et de Saint-Omer. » 


2292 LETTRES ÉPISCOPALES. 


« MONSIEUR ET RESPECTABLE AMI, 


» Vous me demandez ce que je pense de votre traduction du Nouveau Testament 
que vous avez fait revoir à Rome. Il ne m'appartient pas d'en juger l'orthodoxie, 
puisque vous vous étes adressé à un juge auquel je soumets moi-méme, de la ma- 
niére la plus complète, tout ce qui sort de ma plume. Je ne puis donc que vous 
exprimer ce que j'ai éprouvé en lisant votre traduction. Je crois, mon cher ami, que 
vous avez rendu un trés grand service en consacrant votre talent et votre érudition 
si remarquable à la traduction de la sainte Écriture. Tout ce que jai pu lire m'a 
paru fort bien traduit, et l'application que vous avez mise à rendre d'une maniére 
littérale le texte sacré ne peut, à mon avis, que mériter des éloges. Puissiez-vous 
mener votre grande entreprise à bonne fin! 

» Adieu. Je vous renouvelle, etc. 


» + Jos. An., Evéque de Beauvais, Noyon et Senlis, » 


Dans une circulaire au clergé de son diocèse, sur l'adoption de nouveaux livres 
liturgiques, Son Éminence le Cardinal-Archevéque de Bordeaux dit : 

« Nous saisissons cette occasion pour vous annoncer qu'une traduction francaise 
du Nouveau Testament va bientôt paraitre. C'est la première de la Bible en langue 
vulgaire que le Saint-Siège ait approuvée après examen fait à Rome méme par la 
Sacrée Congrégation de l'Index. Or, nous devons d'autant plus nous en féliciter, que 
l'auteur est un enfant du diocèse, un prêtre laborieux qui fait partie de notre chapitre 
depuis trente ans, et à qui nous avons donné des lettres de vicaire général honoraire, 
pour reconnaitre les services importants qu'il a rendus à l'Église par de nombreuses 
et savantes publications. M. l'abbé Glaire, en effet, outre ses travaux philologiques, 
qui lui ont assigné un trés haut rang parmi les Orientalistes, a publié, comme vous 
le savez, une Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau 
Testament, et les Livres Saints vengés : ouvrages devenus classiques, non seulement 
en France et dans les autres pays où l'on parle notre langue, mais encore en Italie 
et méme au Chili; car ils ont été traduits en italien et en espagnol. Nous désirons 
donc que la traduction du Nouveau Testament de M. Glaire remplace toutes celles qui 
ont été tolérées dans notre diocése jusqu'à ce jour. » 

Le savant et pieux Mgr Malou, dont l'Église déplore la mort récente, écrivait à 
M. Glaire le 2 novembre 1860 : « Je verrai avec grand intérêt la nouvelle traduction 
francaise de la Bible que vous préparez. De toutes les traductious de la Bible en 
langue moderne que j'ai pu apprécier, les traductions francaises sont, sans contredit, 
les plus faibles et les moins satisfaisantes. Puissiez-vous combler une lacune mani- 


feste. 
» Recevez, monsieur l'abbé, l'hommage de mon respect et de mon dévouement bien 


sincére, : 
» + J. B. Evéque de Bruges, » 


« MONSIEUR L'ABBÉ, 


» Je vous remercie bien sincérement de l'attention que vous avez eue de m'offrir un 
exemplaire de votre traduction du Nouveau Testament. 

» Aprés l'incomparable approbation du Saint-Siège, c'est vous dire peu en vous 
donnant l'assurance que ma confiance et mes sympathies sont acquises à l'œuvre et 
à l'auteur, 


LETTRES ÉPISCOPALES. 2293 


» Le clergé et les fidèles auront enfin une traduction autorisée des saintes Écri- 
tures. Je vous félicite et vous remercie, pour ma part, de nous l'avoir donnéé. 
Lorsque l'occasion s'en présentera, je me ferai un vrai plaisir de recommander votre 


ouvrage. , 
» Agréez, etc. » + JEAN, Évéque de Cahors. » 


« MONSIEUR L'ABBÉ, 


» D'incessantes occupations ne m'ayant pas encore permis de lire au moins une 
partie notable de votre traduction du Nouveau Testament, dont vous avez bien voulu 
m'offrir un exemplaire, je suis bien en retard pour vous remercier et vous féliciter 
de ce précieux travail. Mais, en attendant que le temps me laisse libre d'en lire 
davantage, j'ai besoin au moius de vous dire que ce qui a déjà passé sous mes yeux 
m'a inspiré de la confiance et un vif intérét. A vos sérieuses études des langues et de 
la science biblique se trouve jointe l'approbation du Saint-Siège, qui donne un grand 
prix à cette œuvre. Aussi n'hésiterai-je pas à le recommander au clergé de mon 


diocèse. 
» Recevez, etc. » + L. C., Evéque de Clermont. » 


> MONSIEUR L'ABBÉ, 


» Si j'avais recu l'exemplaire de votre traduction du Nouveau Testament, je me 
serais empressé de vous remercier. Je tenuis beaucoup à connaitre cette traduction, 
voilà pourquoi je l'achetai chez M. Jouby. 

» Le Pére Modéna me parla beaucoup de voire travail. Je lui dis que j'avais lu 
avec la plus grande attention votre traduction du Nouveau Testament, et que j'atten- 
dais avec impatience l'Ancien. Je lui exprimai toute ma satisfaction de la lecture que 
j'avais faite. 

» Vous avez rendu à la religion, à la science saerée un grand service par votre tra- 
duction de la Bible. Mes collégues dans l'épiscopat seront heureux, comme moi, de 
la voir se répandre dans tous les diocéses de France. J'espére que vous en annonce- 
rez bientót la publication. 

» Veuillez agréer, monsieur l'abbé, l'assurance de ma respectueuse considération, 


» J. L. M. Cardinal de Boxarp, Archevéque de Lyon. » 


« MONSIEUR L'Anní, 


» Je viens un peu tard, parce que j'ai voulu le faire en connaissance de cause, 
vous adresser mes remerciements les plus sincéres pour votre sainte Bible traduite 
en francais. . 

» Vous avez comblé une lacune essentielle, et rendu un véritable service à l'Église 
de. France en lui offrant une traduction des Livres saints dont l'orthodoxie est ga- 
rantie par la révision et l'approbation du Saint-Siège. Des études consciencieuses et 
approfondies sur les langues et les sciences bibliques, de longues années d'un ensei- 
guement dont il m'a été donné d'apprécier le mérite, vous avaient préparé à ce beau 
et utile travail, qui sera le digne couronnement d'une vie consacrée tout entière à 
l'interprétation et à la défense des saintes Écritures. 

» Tous ceux qui connaissent votre Nouveau Testament font des veux pour que 
l'Ancien ne tarde pas à paraître, et vienne compléter une œuvre appelée à produire 


9204 LETTRES ÉPISCOPALES, 


des fruits aussi durables qu'abondants. C'est en particulier le désir ardent de celui qui 
& l'honneur d'étre votre ancien éléve et dévoué serviteur en Notre Seigneur. 


» + CuanLEs, Évéque du Mans. א‎ 


« MONSIEUR L'ABBÉ, 


» Je regrette bien vivement que des occupations pressantes et des voyages que j'ai 
été forcé de faire ne m'aient pas permis, comme je l'aurais désiré, de vous remercier 
plus tót de l'envoi que vous avez bien voulu me faire d'un exemplaire de votre traduc- 
tion francaise du Nouveau Testament. Je vous prie d'excuser ce retard, qui n'a pas 
dépendu de moi, et d'agréer mes sincéres remerciements. 

» La tâche que vous avez entreprise, monsieur l'abbé, en traduisant la Bible, est 
assurément pleine de difficultés; mais nul mieux que vous ne pouvait en triompher. 
Les études si savantes et si approfondies que vous avez faites sur la sainte Écriture 
vous faciliteront votre nouveau travail; il nous manque en effet une bonne traduc- 
tion dela Bible; vous saurez combler cette lacune vraiment regrettable. Je suis, 
pour ma part, bien satisfait de ce que j'ai lu de votre traduction du Nouveau Testa- 
ment, et je ne saurais trop vous engager à continuer la publication des autres parties 
de la Bible. 

» Veuillez, etc. » + ALEXANDRE, Évéque de Nantes. » 


« CHER MONSIEUR L'ABBÉ, 


» Fai reçu avec beaucoup de reconnaissance le volume que vous avez bien voulu 
m'envoyer; je vous remercie et vous félicite d'avoir conduit à bonne fin cette entre- 
prise, mais surtout d'avoir obtenu à Rome un témoignage aussi rare, sinon unique, 
de la plus grande et de la plus honorable approbation; nul doute qu'il n'y ait là une 
garantie certaine de succès et un gage de la bénédiction divine sur votre œuvre. 

» Je ne manquerai pas, dans l'occasion, de parler de votre traduction et de la re- 
commander, puisque vous avez obtenu une approbation qui suffit à tout et au delà. 


» + J. M., Cardinal-Archevéque de Paris. » 


> MONSIEUR L'ABBÉ, 


» Je vous prie de recevoir mes remerciements et mes félicitations pour votre tra- 
duction du Nouveau Testament et pour les notes aussi pieuses que savantes dont 
elle est accompagnée. 

» Obligé jusqu'ici de travailler avec des traductions défectueuses, quelquefois méme 
peu süres, nous sentons, en France mieux qu'ailleurs, tout le prix d'un travail comme 
le vôtre, et ce que vous avez donné au publie augmente son désir de posséder le reste; 
continuez donc avec courage. Quand cette grande œuvre sera menée à bonne fin, 
vous aurez bien mérité de l'Église ; en attendant, agréez mes compliments, ainsi que 
l'assurance du respectueux attachement avec lequel je suis, 

» Votre tout dévoué serviteur et ami, 


» + Rent, Évéque de Quimper. » 


LETTRES ÉPISCOPALES. 2295 


« MONSIEUR L'ABBÉ, 


» Je vous remercie bien affectueusement de votre gracieuse attention. 

» En rentrant chez moi, aprés une absence, je trouve votre traduction du Nouveau 
Testament approuvée du Saint-Siège. 

» Ce seul titre remplace tous les éloges que je pourrais vous donner, ou pour par- 
ler plus juste, en dépassant toutes les louanges, il interdit la possibilité de vous en 
faire accepter aucune. 

» Il ne me reste plus qu'à souhaiter le prompt achévement de ce travail qui man- 
quait à la France, ce qui du moins va nous permettre de nous conformer aux lois de 
l'Église, en rejetant les traductions sans autorité que nous étions condamnés à subir. 


» Veuillez, etc. : 
כ‎ + L. M., Evéque de Saint-Dié, » 


« MONSIEUR, 


» Vous m'avez fait l'honneur de m'offrir un volume de votre traduction francaise 
de la Bible, comprenant le Nouveau Testament, je vous en remercie. 

Les hautes approbations dont l'ouvrage est revêtu et votre mérite bien connu‏ כ 
sont d'excellentes recommandations.‏ 

» Je m'associe bien volontiers à l'appréciation élogieuse qu'a faite de votre traduc- 
tion le savant évéque de Bruges, Mgr Malou, et je ne négligerai rien pour recom- 
mander votre livre aux prétres et aux fidéles de mon diocése. 


» + B. S. V., Évéque de Tarbes. » 


« MONSIEUR L'ABBÉ, 


» Je vous remercie de la bonté que vous avez eue de m'adresser un exemplaire de 
votre traduction du Nouveau Testament. Je n'ai pas encore pu trouver le temps de 
lire votre travail, mais je ne doute pas qu'il ne réponde à la réputation que vous ont 
méritée les ouvrages que vous avez déjà publiés sur la sainte Écriture. Il était dans 
tous les cas trés opportun d'avoir une traduction francaise approuvée par les Con- 
grégations romaines. 

» Agréez, monsieur l'abbé, avec mes remerciements, l'assurance de mes sentiments 


dévoués. 
» + 7. Hirp., Archevéque de Tours. » 


JUGEMENT 


DES CRITIQUES LES PLUS HABILES ET DES INTERPRÈTES LES PLUS SAVANTS 
DU PROTESTANTISME SUR LA VULGATE 


1. Louis de Dieu, si versé dans la connaissance des langues orientales, com- 
parant la Vulgate avec les traductions latines du Nouveau Testament faites par 
Bèze et par Érasme, dit : « Si j'affirme que l'auteur de la Vulgate, quel qu'il 
soit, est un savant et un trés savant homme, je ne croirai pas avoir mal jugé. 
Il a des. défauts, je l'avoue, il a aussi ses barbarismes ; mais je ne puis nier que 
j'admire partout sa bonne foi et son jugement, méme dans les endroits oü il 
parait barbare (1). » Cet auteur ne s'est pas borné à cet aveu; dans, ses 
remarques tant sur l'Ancien que sur le Nouveau Testament, il appuie souvent 
la Vulgate et la défend contre ceux qui l'attaquent. 

2. Grotius, rendant raison du motif qui l'a porté à choisir la Vulgate pour en 
faire le fond de ses notes sur l'Ancien Testament, dit : « J'ai toujours beaucoup 
estimé cette version, non seulement parce qu'elle ne renferme rien de contraire 
à la saine doctrine (nulla dogmata insalubria conlinel), mais encore parce que 
son auteur est plein d'érudition (2). » 

3. Paul Fage traite de demi-savants et d'impudents tous ceux qui osent mal 
parler de cette version : « Non est ergo temere nata Vulgala editio, ut quidam 
scioli stulte et impudenter clamitant (3). » 

4. Drusius loue le concile de Trente d'avoir donné à la Vulgate la sanction de 
son autorité, « parce que, dit-il, les versions nouvelles ne sont pas meilleures 
que cette ancienne, et qu'elles ont peut-être de plus grands défauts (4). » 

5. Thomas Hartwel Horne, quoique n'ayant pas une grande autorité. parmi 
les critiques, peut d'autant mieux étre invoqué en faveur de la Vulgate, qu'étant 
anglican, son jugement n'est pas suspect, et qu'il parle d'aprés l'opinion com- 
mune de ses coreligionnaires. Cet écrivain dit donc que, « bien que la Vulgate 
ne soit ni inspirée, ni infaillible...., il est cependant reconnu qu'elle est en 
général une version fidéle, qu'elle rend assez souvent le sens des Écritures avec 
plus d'exactitude que les versions plus modernes...., et que, par conséquent, 
elle ne doit en aucune manière être négligée dans la critique biblique (5). » 

6. W. Gesenius, mort en 1842, était assurément l'hébraisaut le plus habile de 
l'époque; eh bien, ce savant philologue, malgré ses préjugés dogmaliques el 


(4) Notz ad Evangelia, passim. 

(2) Præfat. annotationum iu Vet. Test. 

(3) Præfat. ad collat. translat. Vet. Test. 

(4) Loca difficilia Pentateuchi. 

(5) An Introd. to the critical study and Knowledge of the holy Scriptures, vol. Il, 
part. 1, page 239. Eighth edition. 


JUGEMENT. 2297 


son rationalisme si prononcé, combat trés souvent les significations de mots 
hébreux et les interprétations données, soit par toutes les autres versions, soit 
par les commentateurs et les hébraisants anciens et modernes, pour maintenir 
les sens assignés aux mots et aux phrases du texte original par l'auteur de la 
Vulgate. On n'a pour s'en convaincre qu'à parcourir son Thesaurus linguæ 
hebrec et chaldææ Vet. Test. 

7. Br. Walton reconnait qu'on doit faire grand cas de la Vulgate (magni 
faciendam), tant pour son antique et son long et universel usage dans l'Occident, 
que pour le savoir (doctrinam) et la fidélité (fidelitatem) de l'interpréte Jérôme, que 
les plus savants protestants (protestantium doctissimi) proclament avec recon- 
naissance comme ayant bien mérité de l'Église... Puis, aprés avoir cité comme 
défenseurs de cette version, Béze, Andrews, Fage, Louis de Dieu et Casaubon, 
il ajoute : « Ces témoignages prouvent assez clairement que les protestants les 
plus savants, bien qu'ils n'accordent pas à la Vulgate une autorité souveraine, 
el qu'ils ne l'égalent pas aux sources primitives, en la déclarant exempte de toute 
erreur, ils ne la méprisent pas; ils lui rendent, au contraire, l'honneur qui lui 
est dà. C'est pourquoi nous l'avons insérée dans notre édition de la Bible, 
laissant de cóté les traductions latines qui ont été faites de nos jours, d'aprés 
des manuscrits hébreux et grecs trés récents, et auxquelles, à cause de leur 
nouveauté méme, nous n'avons pas dû convenablement donner une place parmi 
les versions que leur antiquité rend vénérables (1). » 


J.-B. GLAIRE. 
(4) Polyglotte, prolegom. X. 


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(2) לשו‎ um 3t. Vet, Ts 
T 3) Prafut: ad transat, Vet, 
(ἢ Loci dif citi Pentoieucii, 


(2 An Inzrod; £o fh eritical síudg x 
par. 1, page, 239. 200008 édition, = 


AVERTISSEMENT 


DE LA SECONDE ÉDITION 


Si, comme nous en avons la preuve consolante entre les mains, notre 
Traduction du Nouveau Testament a reçu l'accueil le plus favorable dans 
toutes les parties du monde où on lit la Bible en francais; si les protes- 
tants eux-mémes ont reconnu qu'elle rendait le texte de la Vulgate 
avec la fidélité la plus rigoureuse, elle a été cependant l'objet de 
reproches plus ou moins spécieux. C'est pour cela que nous avons cru 
nécessaire de dire ici quelques mots qui puissent mettre le lecteur à 
méme de voir ce qu'il y a de fondé dans ces reproches. 

On a donc dit que nous avions donné au Décret de la Sacrée Congré- 
gation de 110062, rendu en faveur de notre version, une portée qu'il 
est loin d'avoir, et que nous nous étions astreint à une littéralité exa- 
gérée qui nous a forcé de nous écarter parfois du génie de notre langue 
sans raison suffisante. 

Le premier reproche n'est certainement pas mérité. Nous n'avons parlé 
qu'une seule fois du Décret dela Sacrée Congrégation de VIndez, et voici 
en quels termes : « Il nous reste une derniere remarque à faire, c'est 
que les diverses fautes que l'on pourra relever dans notre traduction ne 
sauraient être d'une grande importance, puisque le Saint-Siège, auquel 
nous avons cru devoir la soumettre, n’en a permis la publication qu'après 
un long examen fait par la Sacrée Congrégation de l'Index. » (Avertis- 
sement, p. xxvi.) Or, y a-t-il là un seul mot qui exagère le sens du 
Décret? Quelques personnes, il est vrai, prétendent que notre livrea été 
examiné uniquement sous le rapport de la foi et de la morale, et nulle- 
ment au point de vue de sa fidélitéetdeson exactitude comme traduction. 
— Mais cette supposition est une injure faite à Pie IX aussi bien qu'à la 
Sacrée Congrégation de l’?ndex. Est-il permis, en effet, de supposer que 
le tribunal sacré de l’Index, chargé officiellement par le chef infaillible de 
l'Église de lui déclarer si un livre annoncé comme contenant les paroles 
de Jésus-Christ et celles des Apôtres peut, en cette qualité, être livré aux 
mains des fidèles, ait donné une réponse affirmative, après s’être borné 
à voir si ce livre ne contenait rien de contraire à la foi et aux mœurs, et 
sans s'inquiéter si ces paroles divines ou divinement inspirées avaient 


2300 AVERTISSEMENT 


passé sous la plume du traducteur pures el exemptes de toute altération? 
Est-il permis encore de supposer que le juge supréme, aussi peu sou- 
cieux lui-méme de la vérité que ses mandataires, dans la cause la plus 
importante qu'il ait puleur confier (cause dont le sujet et la matière sont 
Dieu et ses oracles sacrés), ait confirmé de son autorité un pareil juge- 
ment? Non, celle supposition n'est pas vraisemblable; ajoutons qu'elle 
n'est nullement vraie. En effet, si on consulte les archives de la Sacrée 
Congrégation, on y verra que, dans l'intervalle de plus de deux années, 
notre traduction a eu à subir son contróle direct, et qu'au bout de cet 
intervalle, deux Évéques francais des plus distingués ont été chargés 
officiellement par Pie IX de donner leur opinion motivée; on y verra que 
les Rapports des deux prélats, aprés avoir 646 discutés, sont devenus 
l'objet de nouveaux Rapports faits au sein méme de la Sacrée Congréga- 
lion, et qu'on a réuni et imprimé ces divers travaux (dont un en parli- 
culier n'a pas moins de 204 pages in-fol.); on y verra qu'alors nous 
avons élé appelé chez un consulteur, où nous avons dû, pendant plusieurs 
semaines, répondre, tous les jours, dans des séances de 3 à 4 heures, aux 
nombreuses et minutieuses difficultés contenues dansles divers Rapports, 
et toutes relatives à la conformité de notre traduction avec la Vulgate ; 
enfin on y verra que ce n'est qu'à la suite de ce long examen qu'a été 
présenté à l'assemblée des EE. Cardinaux membres de la Sacrée Congré- 
galion de l’?ndex un dernier Rapport qui a été examiné et approuvé par 
eux, pour l'étre ensuite, en dernier ressort, par le Souverain Pontife. 
On a prétendu encore q'ie par la formule du Décret : Nihil obstat quo- 
minus editio permitti possit, il n'avait 616 accordé aucune approbation 
à noire Version, mais seulement la permission de la publier aprés exa- 
men et par suite des correclions insérées par l'auteur. — Pour faire une 
pareille observation, il faut ignorer, ou avoir oublié que dans le langage 
ordinaire les mots approbation, autorisation, permission d'imprimer 
ou de publier, sont absolument synonymes, et par là méme continuelle- 
ment confondus; aussi n'est-il pas un seul évêque au monde qui se 
fasse un scrupule de les employer indistinetement l'un pour l'autre. ἢ 
faut ignorer encore qu'il y a plusieurs sortes d'approbations, et qu'il en 
est une au moins qu'on ne saurait contester à notre Traduction : « Il faut 
distinguer trois sortes d'approbations, a dit M. Malou, ancien évéque de 
Bruges, et dont l'Église pleure la mort récente. La premiere est donnée 
par un concile œcuménique ou par le Souverain Pontife, proposant à tous 
les fidèles, comme chef de l'Église, un point de doctrine catholique; la 
seconde est accordée par le Souverain Pontife, comme chef de l'Église à 
des auteurs catholiques, pour autoriser l'usage des versions nouvelles; la 
troisième peut être donnée par un archevéque, un évêque, une université 
catholique..... Celle (dernière) approbation est inférieure aux deux pré- 
cédentes; et, d'abord, elle ne donne à la version approuvée aucune auto- 
rité dans l'Église universelle; 6110 est naturellement circonscrite dans le 


DE LA SECONDE ÉDITION. 2301 


territoire propre à la juridiction dont elle émane, elle ne place pas la 
version au-dessus de toute contestation ; que dis-je? Elle peut être préci- 
pitée, hasardée, erronée et reprouvée par l'Église. C'est ainsi que la ver- 
sion francaise de Richard Simon, imprimée à Trévoux avec l'approbation 
de deux docteurs de Sorbonne, fut condamnée par Bossuet; c'est ainsi 
que le Nouveau Testament de Mons, approuvé par plusieurs théologiens, 
ful condamné par les évéques de France et par le Saint-Siége; c'est ainsi 
que la version du P. Quesnel, approuvée par le cardinal de Noailles, 
d'abord évêque de Chálons, ensuite archevêque de Paris, fut condamnée 
par l'épiscopat français et par Clément XI (1). » Ainsi le second genre 
d'approbation appartient incontestablement à notre Traduction. Quant 
aux corrections (emendationibus) dont il est parlé dans le Décret, nous 
pouvons prouver, pièces en main, que la Sacrée Congrégation n'a pas 
eu à signaler, soit dans la traduction du texte, soit dans les notes, une 
seule faute ayant quelque importance, mais seulement des observations 
relatives à une rédaction plus soignée de quelques phrases, et à quelques 
expressions mieux choisies. 

Quant au second reproche adressé à notre traduction, celui qui re- 
garde le système de rigoureuse littéralité que nous avons constamment 
suivi, nous pensons en être pleinement juslifié par la considéralion que 
ce système nous a été imposé par le traducteur sans égal, Bossuet, que 
nous avons pris pour modèle, et à qui, par conséquent, nous avons dû 
faire le plus d'emprunts possible. Or, Bossuet ne connait pas de raison 
suffisante d'abandonner jamais, méme au délriment du génie de notre 
langue, une littéralité qui rend le texte el le texte tout entier dans sa 
simplicité, dans sa rudesse, ct, le cas échéant, dans ses ombres et son 
obscurité; une littéralilé qui n'autorise point la licence criminelle d'in- 
iroduire dans le texte des paraphrases qu'on devrait renvoyer dans les 
noles, pour ne point mêler ou substituer la pensée de l'homme à la 
pensée de Dieu ; une liltéralilé qui ne veul pas que par un espril de mé- 
nagement et une fausse délicatesse on donne un sens vague à un terme 
précis; une littéralité qui exige non seulement que les expressions et 
les tours identiques dans le texte se rendent de la méme sorte dans la 
traduction; mais encore que la figure du texte, son allure, sa manière 
d'étre, sa physionomie, soient fidélement reproduites, en conservant 
tous les idiolismes grecs ou hébreux. Enfin, Bossuet ne connait pas de 
raison sufigante d'abandonner une littéralité, qui, en présence du texte 
sacré, rejetant toutes les pompes de l'éloquence humaine, parle simple- 
ment et comme de mot à mot la langue des pauvres pécheurs de Galilée. 
Ces considérations, que Bossuet a répandues cà et là dans ses écrits (2), 


(1) J.-B. Malou, La lecture de la Bible en lungue vulgaire, etc., t. I, p. 14, 16. 

(2) M. Wallon, de l'Institut, digne interpréte de Bossuet, a réuni la plupart de 
ces considérations dans les Evanailes, traduction de Bossuel, mise en ordre. Avertis- 
sement, passim, 


9302 AVERTISSEMENT 


se trouvent parfaitement résumées dans 16 passage suivant, où, en par- 
lant de la traduction de Sacy, imprimée à Mons, il dit au maréchal de 
Bellefonds : « Je vois avec regret que quelques-uns affectent de lire 
une certaine version plus à cause des traducteurs qu'à cause de Dieu 
qui parle, paraissent plus touchés de ce qui vient du génie ou de 1'610- 
quence de l'interpréte que des choses mémes. J'aime pour moi qu'on 
respecte, qu'on goüte et qu'on aime dans les versions les plus simples 
la sainte vérité de Dieu. Si la version de Mons a quelque chose de blà- 
mable, c'est principalement qu'elle affecte trop de politesse, qu'elle veut 
faire trouver dans sa traduction un agrément que le Saint-Esprit a 
dédaigné dans l'original. Aimons la parole de Dieu pour elle-méme, que 
ce soit la vérité qui nous touche, et non les ornements dont les hommes 
éloquents l'auront parée. La traduction de Mons aurait eu quelque 
chose de plus vénérable et de plus conforme à la gravité de l'original, 
si on l'avait faite un peu plus simple, et si les traducteurs eussent moins 
mélé leur industrie et l'élégance naturelle de leur esprit à la parole de 
Dieu (1). » 

On comprend aisément qu'ayant souscrit à ces conditions imposées à 
quiconque veut traduire la Bible d'une manière digne et convenable, 
nous n'ayons pas couru apres l'élégance du style, vaine chimère qu'on 
n'atteindra jamais dans une traduction de la Bible, sans s'écarter de la 
voie de la fidélité et de l'exactitude. Nousavions d'ailleurs un autre mo- 
dele que nous devions imiter tout naturellement, nous voulons parler de 
saint Jérôme lui-même. Or, le savant Père s'est-il jamais fait un scru- 
pule de violer le génie de l'idiome latin en employant des termes et des 
tours de phrases inusités dans la pure lalinité classique ? Et si, sans re- 
monter aussi haut, nous demandions à l'Italien Martini, à l'Espagnol Scio, 
à l'Allemand Allioli et aux auteurs de la Bible anglaise catholique, pour- 
quoi ils ont, eux aussi, sacrifié si souvent dans leurs versions le génie de 
leur langue et surtout l'élégance du style, ils ne manqueraient pas de 
répondre, que c'était pour ne pas être obligés de sacrifier quelque chose 
de beaucoup plus important, le respect et la fidélité dus au texte sacré. 
Mais si notre traduction, comme toutes celles qui se piquent d’une ri- 
goureuse fidélité, n’est pas d'une élégance classique, comme on dit, elle 
est du moins correcte; aussi, nous ne craignons pas de le dire, ceux qui 
en ont critiqué certains passages ont prouvé par là méme qu'ils avaient 
une connaissance bien imparfaite de notre langue. 

Comme beaucoup de catholiques ne rougissent point de se joindre au 
commun des protestants pour déprimer la Vulgate, ou au moins pour 
lui refuser toute l'estime qui lui est due à tant de titres, nous avons cru 
devoir mettre en tête de notre volume les témoignages des critiques les 
plus habiles et des interprétes les plus savants du protestantisme en fa- 


(1) Leltre XXIX, au maréchal de Bellefonds, t. xxxvi, p. 16; édit. de Versailles, 1818, 


DE LA SECONDE ÉDITION. 2908 


veur de cette Version, qui a conquis d'ailleurs la vénération de tous les 
siecles qu'elle a traversés... 

Comme aussi nous avons été blàmé (là méme où nous espérions trou- 
ver naturellement toute autre chose qu'un blâme) de nous être adressé à 
Rome pour y faire autoriser notre traduction, il nous a paru convenable 
de rapporter les lettres de NN. SS.les Evéques qui ont daigné nous féli- 
citer de cette démarche, en employant, soit dit en passant, les expres- 
sions de la plus haute sanction, celle du Saint-Siége; la plus haute approba- 
tion que puisse ambitionner notre foi; l'approbation supérieure du Saint- 
Siège; une garantie pour les prétres et pour les fidèles qu'aucune autre ne 
remplace ; approuvée par le Saint-Siège; une approbation qui suffit à tout et 
au delà. 

Le R. P. Grenier, missionnaire Oblat, à Québec, dans le bas Canada, 
a bien voulu nous proposer quelques améliorations que nous avons 
mises à profit avec reconnaissance. La Table qui termine notre volume 
est une de ces améliorations. Ainsi, c'est d’après les conseils du savant 
missionnaire que nous avons traduit en francais A Table of References, 
placée à la fin des Bibles anglaises catholiques, en l'intitulant : Citations 
par ordre alphabétique des textes de la Bible qui établissent les dogmes catho- 
liques contre les erreurs des protestants. Les catholiques peuvent opposer 
ces citations avec confiance aux protestants qui leur disent, que leurs 
prétendus dogmes ne sont nullement fondés sur l'Écriture, et qu'ils 
n'ont d'autre appui que les décisions imaginaires de l'Église romaine. 
C'est encore d'aprés ses conseils que nous avons ajouté à la fin de ce 
volume une note supplémentaire dont le but est d'appuyer par des 
exemples celle que nous avons faite sur les expressions, les fréres, les 
sœurs de Jésus (Matth., xii, 46; xur, 55, 56), « point très important, dit 
le Pére Grenier, dont nos fréres séparés se servent tous les jours pour 
égarer nos pauvres catholiques. » 

Un dernier mot sur notre traduction. Il y a, sans contredit, dans le 
Nouveau Testament, comme dans les autres parties de la Bible, äes 
passages difficiles à comprendre, puisque l'apótre saint Pierre lui-méme 
avoue qu'il s'en trouve dans les Épitres de saint Paul (II Pierre, 11, 16). 
Nous rappellerons donc au lecteur, que, comme, d'aprés le méme 
apôtre, à n’est pas permis d'expliquer aucune prophétie, c'est-à-dire au- 
cune parole inspirée de l'Écriture par une interprétation particulière, il 
devra, pour tous ceux que nous n'avons pu expliquer suffisamment, 
recourir aux pasteurs de l'Église, qui ont recu lumière et mission pour 
éclaircir les difficultés, comme on recourt ordinairement et tout naturel- 
lement aux jurisconsultes, par exemple, pour toute question de légis- 
lation embarrasante, ou bien aux médecins pour tous les cas difficiles 
que peut présenter la pathologie, ou toute autre partie de la médecine. 


J.-B. GLAIRE. 


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AVERTISSEMENT 


DE LA PREMIÈRE ÉDITION 


Bien que préparé à cette traduction par une étude des langues et de la science 
sibliques, continuée pendant plus de quarante années, nous n'aurions osé 
entreprendre une táche aussi difficile, si nous n'y avions été fortement engagé, 
et en France et en plusieurs pays étrangers, par des hommes dont l'autorité 
doit étre du plus grand poids pour nous. Si donc il y a eu témérité de notre 
part, nous espérons trouver dans ces encouragements une excuse légitime. 

Nous avions d'abord pensé à reproduire la version de Sacy, avec de nom- 
breux changements ; mais, aprés un examen plus approfondi et une confronta- 
tion plus rigoureuse de cette version avec la Vulgate, nous avons dû renoncer à 
celte idée. Sacy, en effet, est moins traducteur que paraphraste; il semble 
méme, dans une multitude de passages, affecler de s'écarter de la lettre, sans 
qu'il y ait le plus léger motif qui puisse l'y obliger. Aussi, il faut bien le recon- 
naître, si sa traduction se recommande par une grande pureté et une certaine 
élégance de style, elle ne laisse pas méme entrevoir qu'elle soit la représenta- 
tion d'un texte qui a conservé dans tout leur naturel les couleurs si vives et si 
tranchées de la composition orientale dont il émane. Ajoutons que ce mode de 
traduction libre, tout en mettant fort à l'aise le traducteur lui-méme, laisse 
souvent la pensée de l'écrivain sacré dans un vague et une obscurité qui ne 
permettent pas au lecteur de la saisir d'une manière claire et précise. De là 
vient que quand on compare Sacy avec saint Jéróme, on ne comprend pas tou- 
jours quel rapport il peut y avoir entre l'un et l'autre. 

Quant à la traduction de M. Genoude, elle est trop défectueuse pour que 
nous ayons songé un seul instant à la prendre pour base de notre travail. L'au- 
teur, profondément ignorant de tout ce qui touche à nos divines Écritures, a 
accumulé contre-sens sur contre-sens, omis une foule de mots importants ; et, 
quoiqu'il semble avoir voulu se conformer à la Vulgate et la reproduire aussi 
littéralement qu'il est possible, il lui arrive constamment de l'abandonner pour 
suivre l'hébreu ou le grec, sans les traduire exactement, et de copier, avec une 
fidélité scrupuleuse, la paraphrase de Sacy. 

On comprend aisément que nous ayons cherché à mettre à profit les traduc- 
tions bibliques de Bossuet. 1 y ἃ vingt-cinq ans que, sur les instances d'ur 
vénérable sulpicien, M. Mollevaut, nous entreprimes de recueillir de ses divers 
ouvrages tout ce qu'il a traduit de nos saintes Écritures. Ainsi nous devons 
beaucoup au grand évéque de Meaux; cependant il nous est arrivé fort souvent 
de donner des interprétations autres que les siennes. On ne saurait s'en éton- 


N. T 145 


2306 AVERTISSEMENT 


ner, puisque, malgré son érudition d'ailleurs prodigieuse, Bossuet manquait 
d'une connaissance indispensable à tout exégéte de la Bible, de la connaissance 
de l'hébreu. 

Mais nous devons au lecteur quelques explications sur la nature de notre 
propre travail. Le premier devoir d'un traducteur étant de choisir un texte qui 
puisse donner toutes les garanties désirables, nous nous sommes entiérement 
conformé à l'édition de la Vulgate donnée à Turin par Hyaciiuthe Marietti, et 
approuvée par un décret de la Congrégation de l'Index, en date, du 26 juin 
1856. Quant à notre traduction elle-même, ce qui la caractérise surtout, c'est 
une rigoureuse littéralité. Ainsi, toutes les fois que les exigences de notre lan- 
gue ne s'y sont pas opposées, nous avons rendu la Vulgate mot pour mot. Or, 
voici les avantages que nous avons cru trouver dans ce genre d'interprétation. 
D'abord la Bible conserve mieux son admirable simplicité, sa noble concision, 
la richesse et la vivacité de ses images, la hardiesse de ses tropes; en un mot, 
tout le charme d'un style pittoresque, qui altache le lecteur sans le fatiguer 
jamais. En second lieu, toutes les traductions autorisées ont suivi le système 
de la littéralité, et la Vulgate elle-méme s'y est généralement conformée; car 
le manque de clarté qu'on lui reproche dans un grand nombre de passages 
vient précisément de ce que son auteur a cru devoir expliquer les textes origi- 
naux au pied de la lettre (1). Troisièmement enfin, le respect méme dû à la 
parole de Dieu nous a empéche d'adopter le mode d'une traduction libre, comme 
exposant continuellement le traducteur à faire prendre le change sur le vrai 
sens des écrivains sacrés, en leur prétant des idées qui ne sont pas les leurs. 
Cependant, hàtons-nous de le dire, partout oü une trop grande littéralité ne 
rendait pas assez fidèlement ou assez clairement la pensée de ces écrivains, 
nous l'avons abandonnée ; mais, dans ce cas même, nous ne nous en sommes 
éloigné que le moins possible, et en reproduisant dans les notes les termes et 
les constructions que notre langue ne permettait pas d'introduire dans le corps 
du texte. D'un autre cóté, nous n'avons pas cru nous en écarter, en traduisant 
certains mots de plusieurs manières, parce que dans les textes primitifs ils 
offrent réellement une variété de sens. Tel est, par exemple, le verbe dire (en 
latin dico) qui, en hébreu aussi bien qu'en chaldéen, en syriaque et en arabe, 
signifie souvent répondre, répliquer, repartir, etc., et auquel saint Jérôme lui- 
méme a substitué tantôt inquio, tantôt aio. Tel est encore répondre (respondeo), 
mot représentant l'hébreu HANA, primitivement élever la voix, crier; combien de 
fois n'échange-t-il point sa significalion premiére contre celle de prendre ἴα 
parole, ou parler avant tout autre ? Et, pour ne plus citer qu'un exemple en ce 
genre, la méme particule et ne réunit-elle pas, dans les quatre langues orien- 
tales que nous venons de nommer, les nuances diverses de mais, cependant, en 
outre, ensuile, etc., tandis qu'en mille endroits elle devient purement pléonasti- 
que pour un traducteur francais, surtout quand elle marque simplement l'apo- 
dose? Enfin, on ne viole certainement pas les lois de la littéralité, ni en 
négligeant dans une traduction francaise les particules quia, quoniam, quand 
elles ne sont qu'explicatives, ou en les rendant par disant, en disant, lorsque, 


(4) Plusieurs critiques ont objecté que saint Jérôme 868% souvent éloigné du texte 
hébreu; nous avons répondu ailleurs à cette objection; nous nous bornerons à dire 
ici que le texte hébreu que lisaitle saint docteur était évidemmeut différont du nôtre 
dans plusieurs endroits 


DE LA PREMIÈRE EDITION. 2307 


représentant le x: hébreu, le AN arabe, le xi persan, elles ne servent qu'à 
introdu.re dans le récit un discours direct; ni en substituant un nom au pro- 
nom qui le représente, afin d'éviter la confusion, l'amphibologie, et, en un 
mot, tout ce qui pourrait blesser la susceptibilité de notre langue. 

Nous croyons avoir rendu plus fidélement que la plupart des traducteurs en 
langues vulgaires un certain nombre de passages tant de l'Ancien que du Nou- 
veau Testament, non seulement en tenant compte de l'emploi ou de l'omission 
de l'article déterminatif, qui existe dans l'hébreu et dans le grec, et que l'au- 
teur de la Vulgate n'a pu reproduire dans le latin; mais en conservant, autant 
qu'il a été possible, l'ordre méme des mots, attendu que cet ordre influe tou- 
jours plus ou moins sur le sens du texte; car il est incontestable que certaines 
inversions, contraires à la marche naturelle et ordinaire dela phrase, ne sont 
nullement arbitraires et un pur effet d'euphonie, mais que le mot qui occupe 
la première place dans une proposition est généralement celui auquel l'écrivain 
sacré attache le plus d'importance, et par conséquent sur lequel il veut arréter 
plus particulièrement l'esprit du lecteur (1). 

Comme un certain nombre de passages de l'Écriture se trouvent diversement 
rendus dans les versions autorisées des catholiques anglais, espagnols, italiens 
et allemands, nous avons emprunté de ces versions les sens qui nous ont paru 
les mieux fondés, mais nous avons mentionné les autres en note (2). 

L'Église s'opposant avec la plus grande sagesse à la publication de versions 
en langues vulgaires, quand elles ne sont pas accompaguées de notes tirées des 
saints Péres ou de savants écrivains catholiques, nous en avons ajouté à notre 
traduction ; elles ont pour objet, tantôt d'éclaircir les passages obscurs, Lantôt 
de justifier la Vulgale contre l'accusation de barbarie, en montrant que les 
irrégularités si étranges qu'on lui reproche ne sont que de purs hébraismes, 
qu'elle a voulu conserver par respect pour le texte sacré, tantót de réfuter les 
objections faites dans le monde par des chrétiens qui ne sont pas suffisamment 
instruits de ce qui touche à la religion, tantót enfin de concilier les contradic- 
lions apparentes de la Bible: toutes choses que nous nous proposons de faire 
avec beaucoup d'étendue dans l'édition destinée plus particuliérement aux 
ecclésiastiques, et que nous espérons publier immédiatement après celle-ci. 

L'Abrégé d'iniroduction aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, 
auquel nous avons souvent renvoyé le lecteur, est un complément de notre 
traduction. Craignant de rendre moins facile l'acquisition de notre livre 
en le grossissant par un trop grand nombre de notes, nous avons pensé que 
ces deux ouvrages pourraient être trés ulilement consultés par toutes 
les personnes du monde désireuses de connaitre les vrais principes sur lesquels 
repose l'autorité de nos Livres saints, et la solution des difficultés soulevées par 
les incrédules modernes, et surtout par les mythologues et les critiques ratio 

' (4) Ce n'est pas seulement dans les langues bibliques que l'on trouve ces sortes de 
constructions grammaticales, c'est encore dans beaucoup d'autres idiomes, tant de 
l'Orient que de l'Occident; et le francais, en particulier, en fournit de nombreux 
exemples. 

(2) Ges versions, que nous avons souvent confrontées en composant la nótre, sont 
la Bible anglaise, dont l'Ancien Testament a été publié pour la première fois à Douai 
par le Collége anglais, et le Nouveau à Reims, également par le Collége anglais; la Bible 
espagnole de Philippe Scio; la Bible italienne d'Antoine Martini et la Bible allemande 
de Joseph-Francois Allioit. 


Π 


9308 AVERTISSEMENT DE LA PREMIÈRE ÉDITION. 


nalistes, contre la. vérité historique et divine des principaux récits qui y sont 
contenus. 

Nous venons de dire en quoi nous avons táché de mieux faire que nos devan- 
ciers, et par quelle voie nous avons cherché à y parvenir. Avons-nous atteint 
ce but? on en jugera. Évidemment, quant à nous, si nous ne pensions pas que 
notre travail, envisagé sous les nombreux et divers points de vue qu'il em- 
brasse, réunit au moins quelques avantages de plus que les autres travaux de 
méme genre, nous n'aurions jamais eu l'idée de le publier, ou plutót nous 
l'aurions abandonné, dés que nous aurions reconnu l’inanité de nos efforts. 
Mais avons-nous réussi de manière à êlre satisfait de notre œuvre, à la juger, 
non plus par comparaison avec les autres traductions francaises, mais avec le 
modéle dont nous avons entrepris la copie, c'est-à-dire la Vulgate, le livre que 
tout homme versé dans les matiéres bibliques considére comme le plus diffi- 
cile à faire passer dans notre langue ? Sous ce rapport, personne assurément ne 
jugera notre traduction plus sévérement que nous ne l'avons fait nous-méme, 
parce que personne n'a mieux compris toute l'étendue des difficultés que pré- 
sente un pareil travail, non seulement pour le langage et pour le style, mais 
pour le sens exégétique et théologique. Aussi n'est-ce pas sans dessein que, dés 
le premiers mots de cette préface, nous avons déclaré que, malgré nos qua- 
rante années consacrées à l'étude des diverses branches de la science biblique, 
nous n'aurions pas osé entreprendre une tâche aussi difficile, si nous n'y avions 
élé fortement engagé par des hommes dont l'autorité doit étre du plus grand 
poids pour nous. Nous sommes donc pleinement convaincu que dans quelques 
passages sur le sens desquels different entre eux, et les théologiens, etles com- 
mentateurs, el les Péres eux-mémes, nous avons pu ne pas choisir le senti- 
ment le mieux fondé, malgré la comparaison la plus minutieuse des divers 
moyens qu'offre à un traducteur la critique sacrée, aussi bien que l'herméneu- 
tique et l'exégése. Nous ne sommes pas moins convaincu qu'en ce qui touche 
au langage et au style, plusieurs imperfections ont pu nous échapper, les unes 
par inadvertance, les autres par suite du système de littéralité, que nous avons 
adopté. Disons cependant que sur ce dernier point nous ne pensons pas avoir 
dépassé les limites que nous ont tracées des écrivains qui jouissent d'une grande 
autorité dans le monde littéraire. 

Quant aux notes qui accompagnent notre traduction, il en est quelques-unes 
qui, au premier abord, paraitront peut-étre trop scientifiques; mais, comme 
cette traduction est destinée à tous les catholiques indistinctement, et par con- 
séquent aux hommes instruits et méme aux savants, aussi bien qu'à ceux dont 
l'esprit est moins cultivé, nous avons cru qu'elles ne seraient pas sans quelque 
utilité. Encore ici, nous n'hésitons pas à le dire, il est trés possible que nous ne 
soyons pas toujours resté dans une juste mesure. 

Il nous reste une derniére remarque à faire : c'est que les diverses fautes que 
l'on pourra relever dans notre traduction ne sauraient étre d'une grande im- 
portántee, puisque le Saint- «Siege; auquel nous avons cru devoir la soumettre, 
n'en a permis la publication qu'aprés un long examen fait par la S. Congréga- 
Lion de l'Index. 


J.-B. GLAIRE. 


PRÉFACE ‘ 


Le Nouveau Testament signifie proprement la nouvelle alliance 
que Dieu a faite avec les hommes par la médiation de Jésus-Christ 
mort sur la croix, mais ici il se prend pour les monuments ou les 
livres sacrés, qui nous font connaître, sous ses divers rapports, cette 
divine alliance ; c'est-à-dire les Évangiles, les Actes des Apótres, les 
Épîtres de saint Paul, de saint Jacques, de saint Pierre, de saint Jean, 
de saint Jude, et l'Apocalypse. 

Le nom d'Évangile, qui est grec, et qui veut dire bonne, heu- 
reuse nouvelle, a été donné à l'histoire de l'avènement, de la doctrine, 
des actions, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, le Mes- 
sié promis de Dieu, et annoncé par les prophètes. Les seuls Évan- 
giles que l'Église chrétienne ait reconnus comme authentiques sont 
ceux qui ont été composés par saint Matthieu, saint Marc, saint Luc 
et saint Jean. Or, en écrivant son Évangile, saint Matthieu a eu prin- 
cipalement en vue de prouver aux Juifs que Jésus-Christ était le vrai 
Messie, fils de David, né d'une vierge, annoncé par les prophètes; 
aussi a-t-il cité plus de passages de l'Ancien Testament que les autres 
évangélistes. Saint Marc, en s'attachant, dans presque tous les cha- 
pitres de son livre, à faire ressortir la puissance divine de Jésus de 


(4) Ge qui fait l'objet de cette Préface ne peut étre indiqué ici que fort sommaire- 
ment, on le trouvera plus développé dans notre Abrégé d'introduction aux livres de 
l'Ancien et du Nouveau Testament, p. 319 et suiv. 


9316 PRÉFACE. 


Nazareth, indique suffisamment que dans la composition de son 
Évangile, son but a été de prouver que ce méme Jésus était le mai- 
tre souverain de toutes choses. Quant à saint Luc, il résulte bien de la 
lecture de son prologue, qu'il à voulu opposer à des histoires sans 
autorité ou peu exactes, son Évangile qu'il tenait de saint Paul et 
des apôtres, témoins fidèles et sûrs des faits qu'il raconte; mais si on 
examine son livre sous un point de vue général, on apercoit que son 
dessein est de montrer, par l’ensemble des faits et toutes les cir- 
constances de la vie de Jésus de Nazareth, que ce méme Jésus est le 
véritable Sauveur de tous les hommes. Enfin saint Jean a eu plu- 
sieurs motifs d'écrire son Évangile. D'abord il ne pouvait résister au 
désir ardent des fideles d'Asie, qui voulaient avoir par écrit ce qu'il 
leur avait dit de vive voix. En second lieu, il était tout naturel qu'il 
cherchát à réfuter les erreurs de Cérinthe et d'Ebion, qui niaient la 
divinité du Verbe. Troisiemement, il voulait laisser à l'Église un 
corps plus complet de l'histoire et de la doctrine du Sauveur, et qui 
fût le supplément des autres Évangiles. 

Le livre des Actes des Apótres, écrit par saint Luc, estainsinommé, 
parce qu'il contient le récit de ce que firent les apótres à Jérusalem, 
dans la Judée et dans les autres parties de l'univers, apres l'ascension 
de Jésus-Christ.Ainsi ilformecomme]lecomplément des Évangiles, qui 
contiennent en effet des promesses et des prédiclions, dont il pré- 
sente lui-même l'accomplissement et la réalisation. Ajoutons qu'il 
est. très utile pour faire comprendre les Épitres des apôtres et sur- 
tout celles de saint Paul, lesquelles, sans les lumières qu'il nous 
fournit, resteraient dans bien des passages entierement inintelli- 
gibles. 

Les Épîtres de saint Paul sont au nombre de quatorze, savoir: 
une aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Galates, une 
aux Éphésiens, une aux Philippiens, une aux Colossiens, deux 
aux Thessaloniciens, deux à Timothée, une à Tite, une à Philémon 
et une aux Hébreux. Dans notre Abrégé d'introduction, etc., nous 
avons signalé les principales sources des difficultés particulieres à 
ces Epitres, en indiquant les moyens de les faire disparaître, au moins 
en partie. 

Les autres Építres sont au nombre de sept, savoir : une de saint 
Jacques, deux.de saint. Pierre, trois, de saint Jean et; une de. saint 
Jude, Onles appelle catholiques, ou universelles, parce qu'elles con- 
tiennent des choses communes à toutes les Églises. On les nomme 
aussi canoniques, parce qu'elles renferment des règles ou canons 


PRÉFACE. 2344 
imporlants pour les mœurs et les instructions sur les matières de la 
foi, ou plutót parce qu'elles font partie du canon ou catalogue des 
livres sacrés. Le but général des Épîtres catholiques est, selon saint 
Augustin (De fide et operib., c. xiv), de réfuter les hérésies naissantes 
de Simon le Magicien, celles des Nicolaites, des Ébionites et autres 
hérétiques qui, abusant de la liberté évangélique, et prenant à con- 
tre-sens les paroles de saint Paul, enseignaient que la foi sans les 
œuvres suffisait pour le salut, et introduisaient ainsi une morale 
très corrompue. 

Le mot grec Apocalypse, qui signifie révélation en général, dési- 
gne ici la révélation particulière qu'eut saint Jean l'Évangéliste dans 
l’île de Patmos, et qu'il a décrite lui-même dans unlivre qui, pour ce 
motif, a été aussi nommé Apocalypse. Mais comme ce livre, qui est 
en grande partie prophétique, contient un grand nombre de passages 
difficiles à comprendre, nous avons cru en faciliter l'intelligence, 
en établissant dans notre Abrégé d'introduction, etc., p. 503 et suiv., 
quelques principes à suivre, et quelques regles à observer dans son 
explication. 

Nous rappellerons ici que l'Écriture sainte est la parole méme de 
Dieu, son divin Testament, le dépót de ses secrets et de ses divines 
volontés, et qu'elle ne saurait étre profitable, qu'autant qu'on la lira 
avec une foi vive, une humilité profonde, une soumission par- 
faite et une entière pureté d'intention. 


J.-B. GLAIRE. 


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TABLE 


DES ÉPITRES ET ÉVANGILES 


QUI SE LISENT DANS L'ÉGLISE PENDANT TOUTE L'ANNÉE 


(RITE ROMAIN) 


Dans cette Table, le premier chiffre indique le chapitre ; les deux autres, le premier 
et le dernier verset de chaque Épître ou Évangile. 


L'AVENT. 
Ier Dimauche. 


Epttre, Rom. chap. 13, de- 
puis le verset 11 jusqu'au 


verset 14. 


Evangile, Luc, 21, v. 25-33. 


Ile Dimanche. 
Ep. Rom., 15, v. 4-13. 
Ev. Matth., 11, v. 2-10. 
Ille Dimanche. 
Ep. Philipp., 4, v. 4-7, 
Ev. Jean, 1, v. 19-28. 
Le Mercredi des Quatre-Temps. 
Ev. Luc, 1, v. 26-38. 


Le Vendredi des Quatre-Temps. 
Ev. Luc, 1, v. 39-47. 


Le Samedi des Quatre-Temps. 


VI. Ep. 2 Thessal., 2, v. 


Ev. Luc, 3, v. 1-6. 
1719. Dimanche. 
Ep. 4 Corinth., 4, v. 4-5, 
Ev. Luc, 3, v. 1-6. 
La veille de Noél, 
le 24 décembre. 


Ep. Rom:, 1, v. 1-6. 
Ev. Matth., 4, v. 18-21. 


Le jour de Noél, 
le 25 décembre. 

A la première messe, 
Ep. Tite, 2, v. 11-15. 
Ev. Luc, 2, v. 1-14. 

Α la seconde messe. 
Ep. Tite, 3, v. 4-1. 

Ev. Luc, 2, v. 15-20. 

À la toisième messe. 
Ep. Hébr., 1, v. 1-12, 
Ev. Jean, 4, v. 1-14. 


Saint Etienne, premier martyr, 
le 26 décembre. 


Ep. Act., 6, v. 8-10, et 1, v. 


54-59. 
Ev. Matth., 23, v. 34-39. 
Saint Jean, évangéliste, 
le 21 décembre. 
Ev. Jean, 21, v. 19-24. 
Les Saints Innocents, 
le 28 décembre. 
Ep. Apoc., 14, v., 1-5. 
Ev. Matth., 2, v. 3-18. 
Saint Thomas de Cantorbéry, 
le 29 décembre. 


Ep. Hébr., 5, v. 1-6. 
Ev. Jean, 10, v. 11-16, 


Le Dimanche dans l'Octave 
de Noël. 


Ep. Galat., 4, v. 1. 
Ev. Luc, 2, v. 33-40. 
Le Jour de la Circoncision, 
le 1e* janvier. 
Ep. Tite, 2, v. 11-15. 
Ev. Luc, 2, v. 94. 
La Veille des Rois, 
le ὃ janvier. 
Ep. Galat., 4, v. 1-7. 
Ev. Matth., 2, v. 19-23, 


Le Jour des Rois, 
le 6 janvier. 
Ev. Matth., 2, v. 1-12. 
Le Dimanche dans l'üctave 
des Rois. 

Ep. Rom., 12, v. 1-5. 
Ev. Luc, 2, .v,. 42-52. 

L'Octave des Rois. 
Ev. Jean, 1, v. 29-34. 

Ile Dimanche après les Rois. 
Ep. Rom., 12, v. 6-16. 
Ev. Jean, 2, v. 1-11. 

Ille Dimanche aprés les Rois. 


Ep. Rom., 12, טש‎ 
Ev. Matth., 8, v. 1-13. 


2314 


[Ve Dimanche aprés les Rois. 
Ep. Rom , 13, v. 8-10. 

Ev. Matth., 8, v. 23-21. 

V* Dimanche aprés les Rois. 
Ep. Coloss., 3, v. 12-17. 
Ev. Matth., 13, v. 24-30. 

VIE Dimanche après les Rois. 
Ep. ! Thessal., 1, v. 2-10. 
Ev. Matth., 13, v. 31-35. 

Le Dimanche de la Septuagésime. 
Ep. 1 Corinth., 9, v. 24-21, 
et 10, v. 1-5. 
Ev. Matth., 20, v. 1-16. 
Le Dimanche de la Sexagésime. 
Ep. 2 Corinth., 11, v. 19-33, 
et 12, v. 1-9. 
Ev. Luc, 8, v. 4-15. 
Le Dimanche de la Quinquagésime. 
Ep. 1 Corinth., 13, v. 1-13. 
Ev. Luc, 18, v. 31-43. 
Le Mercredi des Cendres. 
Ev. Matth., 6, v. 16-21. 


ler Jeudi de Carême. 
Ev. Matth., 8, v. 5-13. 


Ier Vendredi de Caréme. 
Ev. Matth., 5, v. 43-43,et 6, 
ν. 1-4, 
Ier Samedi de Carême. 
Ev. Marc, 6, v. 41-56. 


Ier Dimanche de Caréme. 


Ep. 2 Corinth., 6, v. 1:10. 
Ev. Matth., 4, v. 1-11. 


Ier Lundi de Caréme. 
Ev. Matth., 93, v. 31-46. 
Ier Mardi de Caréme. 
Ev. Matth., 21, v. 10-17. 
Ile Mercredi de Caréme. 
Ev. Matth., 12, v. 38-50. 
Ile Jeudi de Carème. 
Ev. Matth., 18, v. 21-98. 
119 Vendredi de Caréme. 
Ev. Jean, 5, v. 1-15. 
Il? Samedi de Caréme. 
Ep. 1 Thessal,, 5, v. 14-23. 


Ev. Matlh., 11, v. 1-9. 


Ile Dimanche de Caréme. 


Ep. 1 Thessal., 4, v. 1-7. 
Ev.le méme qu'au samedi 
précédent. 


Ile Lundi de Caréme. 
Ev: Jean, 8, v. 21-29. 
Ile Mardi de Caréme. 
Ev. Matth., 23, v. 1-12, 
Ille Mercredi de Caréme. 
Ev. Matth., 20, v. 17-28. 
Ille Jeudi de Caréme. 
Ev. Luc, 16, v. 19-31. 
1115 Vendredi de Caréme. 
Ev. Matth., 21, v. 33-46. 
Ille Samedi de Carême. 
τὰν: Κὺ; div 11Ξ339᾽ 
Ille Dimanche de Caréme. 
Ep. Ephés., 5, v. 1-9. 
Ev. Luc, 14, v. 14-26. 
IIIe Lundi de Caréme. 
Luc, 4, v. 23-30. 
III* Mardi de Caréme. 
Matth., 18, v. 15-22, 


Ev. 


Ev. 
IVe Mercredi de Caréme. 
Matth., 15, v. 1-20. 


IVe Jeudi de Carême. 
. Luc, 4, v. 33-34, 


Ev. 


IVe Vendredi de Caréme. 
: Jean, 4, v. 5-42. 

]Ve Samedi de Caréme. 
. Jean, 8, v. 4-11. 


IVe Dimanche de Caréme. 


Galat., 4, v. 2-3. 
Jean, 6, 1-15. 


Ep. 
Ev. 
179 Lundi de Caréme. 
. Jean, 2, v. 13-25. 
IYe Mardi de Caréme. 
. Jean, 7, v. 14-21. 
Ve Mercredi 060 60 


Ev. Jean, 9, v. 1-38, 


TABLE DES ÉPITRES ET ÉVANGILES. 


Ve Jeudi de Caréme. 
Luc, 7, v. 11-16. 


Ve Vendredi de Caréme 
. Jean, 11, v. 4-45. 

Ve Samedi de Carême. 
. Jean, 8, v. 12-10. 

Dimanche de la Passion, 


. Hebr., 9, v. 11-15, 
Ev. Jean, 8, v. 46-59. 


Ev. 


Lundi de la Passion. 
. Jean, 1, v. 32-39. 


Mardi de la Passion. 
. Jean, 7, v. 1-13. 


Mercredi de la Passion. 
. dean, 10, v. 22-38. 


Jeudi de la Passion. 


Ev. Luc, 1, v. 36-50. 


Vendredi de la Passion. 


Ev. Jean, 11, v. 41-54. 


Samedi. de la Passion. 


Ev. Jean, 12, v. 10-36. 


Dimanche des Rameaux. 


Evangile pour la bénédic- 
tion des palmes, Matth., 
21, v. 1-9. 


A la messe. - 

Ep. Philip., 2, v. 41. 

La Passion de Notre-Sei- 
gneur Jésus-Christ selon 
5. Matthieu. Les ch. 26-21. 

Lundi Saint. 

Ev. Jean, 12, v. 1-9. 


Mardi Saint. 


La Passion, de Notre-Sei- 
gneur Jésus-Christ selon 
saint Jean. Les chap. 14 
et 15. : 


Mercredi Saint. 


La Passion de Notre-Sei- 
gneur Jésus-Christ selon 
saint Luc. Le chap. 22, 
et le chap. 93, 1-53. 


Jeudi Saint. 


Ep. 1 Corinth., 41, v. 20-32. 
Ev. Jcan, 13, v. 4-19. 


TABLE DES ÉPITRES ET ÉVANGILES. 


Vendredi Saint. 

La Passion de Notre-Sei- 
gneur Jésus-Christ selon 
S. Marc. Les ch. 18 et 19. 

Samedi Saint. 
Coloss., 3, v. 4-4. 
Matth., 28, v. 1-1. 

Le Jour de Páques. 
1 Corinth., 5, v. 1-8. 
Mare, 16, v. 4-1. 
Lundi. 
Act, 10; v. 31-43. 
Luc, 24, v. 13-35. 
Mardi. 


Act., 13, v. 16-33. 
Luc, 24, v. 36-47. 


Ep. 
Ev. 


Ep. 
Ev. 


Ep. 
Ev. 


Ep. 

Ev. 
Mercredi. 

Act., 9, v. 18-19. 

Jean, 24, v. 1-14. 
Jeudi. 

Act., 8, v. 26-40. 

Jean, 20, v. 11-48. 
Vendredi. 

1 Pierre, 3, v. 18-22, 

Matth., 98, v. 16-30. 
Samedi. 


1 Pierre, 2, v. 1-10. 
Jean, 20, v. 1-9. 


Ep. 
Ev. 


Ep. 
Ev. 


Ep. 
Ev. 


Ep. 
Ev. 
Dimanche de Quasimodo. 
Ep. 1 Jean, 5, v. 4-10. 
Ev. Jean, 20, v. 19-34. 

II* Dimanche aprés Páques. 
Ep. 1 Pierre, 2, v. 21:25. 
Ev. Jean, 10, v. 11-16. 

Ille Dimanche aprés Pâques. 
Ep. ! Pierre, 2, v. 11-18. 
Ev. Jean, 10, v. 16-22, 

IVe Dimanche aprés Pâques. 
Ep. jacques, 1, v. 17-21. 
Ev. Jean, 16, v. 5-14. 

Ve Dimanche après Pâques. 
Ep. Jacq., 1, v. 22-27. 
Ev. Jean, 16, v. 23-30. 

Les Rogations. 


Ep. Jacq., 5, v. 16-20. 
Ev. Luc; 41,-v.: 5-13. 


La Veille de ' Ascension. 
Ep. Ephés., 4, v. 1-13. 
Ev. Jean, 17, v. 4-M. 
Le Jour de l'Ascension. 
Ep. Act., 4, v. 1-11, 
Ev. Mare, 16, v. 14-90. 
Le Dimanche dans l'üctave 
de l'Ascension. 
ΕΡ. Pierre, 4, v. 1-14. 
Ev. Jean, 15, v. 26, 27, et 
16, v. 1-4. 
La Veille de la Pentecôte. 
Ep. Act., 19. v. 1-8. 
Ev. Jean, 14, v. 45-94. 
Le Dimanche de la Pentecóte. 
Ep. Act., 9, v. 1-11. 
Ev. Jean, 14, v. 93-34. 
Lundi. 
Ep. Act., 10, v. 42-48. 
Ev, Jean, 3, v. 16-21. 
Mardi. 
Ep. Act., 8, v. 1441. 
Ev. Jean, 10, v. 4-10. 
Mercredi des Quatre-Temps. 
I'Ep. Act, 2, v. 14-21. 
II Ep. Act., 5, v. 19-16. 
Ev. Jean, 6, v. 44-59. 
Jeudi. 
Ep.. Act., 8, v. 5-9. 
Ev. Luc, 9, v. 1-6. 
Vendredi des Quatre-Temps. 
Ev. Luc, 5, v. 11-96. 


Samedi des Quatre-Temps. 


;| Ep. Rom., 5, v. 1-5. 


Ev. Lue, 4, v. 38-44. 

Le Dimanche de la Sainte 

Trinité, 
Ep. Rom., 11, v. 32-36. 
Ev. Matth., 98, v. 18-90. 
Ier Dimanche aprés la Pente- 
cóte. 

Ep. 1 Jean, 4, v. 8-91. 
Ev. Luc, 6, v. 30-32. 

Le Jour du Saint Sacrement. 


Ep. Corinth., 11, v. 23- 
91 


Ev. Jean, 6, v. 55-59, 


2319 
Ile Dimanche sprès la Pentecôte, 
dans l'Oct. du Saint Sacrement, 

Ep. 1 Jean, 3, v. 13-18. 

Ev. Luc, 14; v; 16-24, 

Pour l'Octave du Saint Sacrement. 

Comme au jour du saint 
Sacrement. 

IIIe Dimanche après la Pentecôte. 

Ep. 1 Pierre, 3, v. 6-11. 

Ev. Luc, 15, v. 1-41. 

IVe Dimanche après la Pentecôte, 

Ep. Rom., 8, v. 18-23. 

Ev. Luc, 5, v: 1-1. 

Ve Dimanche aprés la Pentecóte. 

Ep. 1 Pierre, 3, v. 8-15. 

Ev. Matth., 5, v. 90-24. 

VIe Dimanche aprés la Pentecôte. 

Ep. Rom., 6, v 3-11. 

Ev. Marc, 8, v. 1-9. 

Vile Dimanche aprés la Pentecôte 

Ep. Rom., 6, v. 19-23. 

Ev. Malth., 7, v. 15-21. 

Ville Dimanche aprés la Pentecôte. 

Ep. Rom., 8, v, 12-11. 

Ἐν. ΠΠῸ, 10, ν. 1.0. 

IX* Dimanche aprés la Pentecôte. 

Ep. 1 Corinth , 10, v. 6-13. 

Ev. Luc, 19, v. 41-41. 

X* Dimanche aprés la Pentecóte 

Ep. 1 Corinth., 12, v. 9-11, 

Ev. Luc, 18, v. 9-14. 

Xle Dimanche aprés la Pentecôte. 

Ep. 1 Corinth., 15, v. 1-10, 

Ev. Marc, 1, v. 31-31. 

X11* Dimanche aprés la Pentecóte. 

Ep. 2 Corinth., 3, v. 4-9. 

ΕΥ ΠΟ, 40, v... 23-31. 

X111* Dimanche après la Pentecôte. 

Ep. Galat., 3, v.16-22. 

Ev. Luc, 17, v. 41-19. 

117% Dimanche aprés la Pentecôte. 

Ep. Galat., 5, v. 16-94. 

Ev. Matth., 6, v. 24-33. 

XVe Dimanche aprés la Pentecôte. 


Ep. Galat., 5, v. 25, 26, et 6, 
v. 4-10. 


2316 
Ev. Luc, 1, v. 11-16. 


XVIe Dimanche après la Pentecôte. 
Ep. Ephés., 3, v. 13-91. 
Ev. Luc, 14, v. 1-11. 
XV11e Dimanche après la Pentecôte 
Ep. Ephés., 4, v. 1-6. 
Ev. Matth., 92, v. 35-45. 
Le Mercredi des Quatre-Temps 
de Septembre. 
Ev. Marc, 9, v. 16-98. 
Le Vendredi des Quatre-Temps 
de Septembre. 
Ev. Luc, 1, v. 36-50. 
Le Samedi des (uatre-Temps 
de Septembre. 
VI Ep. Hébr., 9, v. 1-12, 
Ev. Luc, 13, v. 6-11. 
XV111* Dimanche après la Pentecôte 
Ep. 1 Corinth., 1, v. 4-8. 
Ev. Matth., 9, v. 4-8. 
XIXe Dimanche après la Pentecôte. 
Ep. Ephés., 4, v. 23-98. 
Ev. Matth., 22, v. 1-14. 
XXe Dimanche aprés la Pentecôte. 
Ep. Ephés., 5, v. 15-31. 
Ev. Jean, 4, v. 46-53. 
XXIe Dimanche aprés la Pentecôte. 
Ep. Ephés., 6, v. 10-17. 
Ev. Matth., 18, v. 33-25. 
XX11e Dimanche après la Pentecôte. 
Ep. Philipp., 1, v. 6-11. 
Ev. Matth., 22, v. 15-91. 
XX11 1e Dimanche après laPentecôte 
Ep. Philipp., 3. v. 11-21, et 
4, v, 1-3. 
Ev. Matth., 9, v. 18-96. 
XXIVe Dimanche après la Pente- 
côte. 


Ep. Coloss., 1, v. 9-14. 
Ev. Matth., 24, v. 18-35, 


PROPRE DES SAINTS. 


Novembre. 


29. Veille de. saint. André, 
apôtre. 


Ev. Jean, 4, v. 35-54, 


30. Saint André, apótre. 
Ep. Rom., 10, v. 10-18. 
Ev. Matth., 4, v. 18-22. 

Décembre. 

3. Saint François-Xavier. 

Ev. Marc, 16, v. 15-18. 
4. Saint Pierre Chrysologue. 
Ep. 2 Timothée, 4, v. 1-8. 
Ev. Matth., 5, v. 13-19. 
6. Suint Nicolas. 
Ep. Hébr., 13, v. 1-11. 
1. Saint. Ambroise. 
Epitre et Evangile du 4. 


8. La Conception de la Vierge 
Ev. Matth., 4, v. 1-16. 


11, Saint Damase. 
Ep. Hébr., 7, v. 23-98. 
Ev. Matth., 24, v. 42-41. 
13. Sainte Luce. 
Ep. 2 Corinth., 10, v. 17-18; 
44, v. 1-2. 
Ev. Matth., 13, v. 31-52. 
21. Saint Thomas, apôtre. 
Ep. Ephés., 2, v. 19-22. 
Ev. Jean, 20, v. 24-99. 


Janvier. 


Féte du saint Nom de Jésus. 
Ev. Luc, 2, v. 21. 


15. Saint Paul, ermite. 
Ep. Philipp., 3, v. 1-12. 
Ev. Matth., 11, v. 25-30. 


18. La Chaire de saint Pierre 
à Rome. 


Ep. 1 Pierre, 1, v. 1-1. 
Ev. Matth., 16, v. 13-19. 


20. S. Fabien et S. Sébastien. 


Ep. Hébr., 11, v. 33-39. 
Ev. Luc, 6, v. 11-23. 


Zi. Sainte Agnès. 
Ev. Matth., 5, v. 1-13. 


25. Conversion de saint Paul, 
apôlre. 


Ep. Act., 9, v. 1-22. 
Ev. Matth., 19, v. 21-29. 


TABLE DES ÉPITRES ET ÉVANGILES. 


26. Saint Polycarpe, 


Ep. 4 Jean, 3, v. 10-16. 
Ev. Matth., 10, v. 26-32, 


21. Saint Jean Chrysostome. 
Ep. 2 Timoth., 4, v. 1-8. 
Ev. Matth., 5, v. 13-19, 


Février. 


4. Saint Ignace. 


Ep. Rom;, 8, v. 35-39. 
Ev. Jean, 12, v. 94-96. 


2. La Purification de la 
Vierge. 
Ev. Luc, 2, v. 22-32. 
5. Sainte Agathe, vierge 
et martyre. 


Ep. 4 Corinth., 1, v. 26- 
31. 
Ev. Matth., 19, v. 3-12. 


24 ou 25. Saint Mathias, 
apótve. 
Ep. Act., 4, v. 15-26. 
Ev. Matth., 11, v. 25-30. 
Mars. 

8. Saint Jean de Dieu. 
Ev. Matth., 22, v. 35-46. 
10. Les Quarante Martyrs. 
Ep. Hébr., 11, v. 33-39. 

19. Saint Joseph. 
Ev. Matth., 1, v. 18-21. 


95. L'Annonciation de la 
Vierge. 


Ev. Luc, 4, v. 26-38. 
Avril. 

2. Saint François de Paule. 
Ep. Philipp., 3, v. 1-12. 

41. Saint Léon, pape. 
Ev. Matth., 16, v. 13-19. 

13. Saint Herménégilde. 
Ev. Luc, 14, v. 26-33. 

175. Saint Anicet. 

Ev. Jean, 16, v. 20-22. 
25. Saint Marc, évangéliste. 
Ev. Luc, 10, v. 1-9, 


TABLE DES ÉPITRES ET ÉVANGILES. 2317 
30. Commémoration de saint | 14. Veille. de l’Assomption. 
Paul, apôtre. Ev. Luc, 11, v; 21-98. 


Ep. Galat., 1, v. 11-90. : y ἃ 
Ev. Matth., 10, v. 15-22. 15. L'Assomption de la 
Vierge. 


Εν. Luc, 10, v. 38-42. 
24. Saint Barthélemi 
apótre. 
Ep. 4 Corinth., 12, v. 97-31. 
Ev. Luc, 6, v. 12-19. 
25. Saint Louis, roi de 
France. 
Ev. Luc, 19, v. 12-36. 


Mai. 
1. Saint Jacques et saint 
Philippe, apôtres. 
Ev. Jean, 44, v. 1-13. 
2. Saint Athanase, évéque. 


Ep. 2 Corinth., 4, v. 5-14 
Ἐν. Matth., 10, v. 23-98. 


Juillet. 


Premier dimanche. Féte du 
précieux Sang. 

Ep. Hébr., 9, v. 11-15. 

Ev. Jean, 19, v. 30-35. 

2. La Visitation de la Vierge. 

Ev. Luc, 1, v. 39-41. 


16. Notre-Dame du Mont 
Carmel. 


Ev. Luc, 11, v. 21-98. 


11. Saint Alexis, confesseur. 


Ep. 1 Tim., 6, v. 6-12. 
Ev. Matth., 19, v. 27-29, 


19. Saint Vincent de Paul. 
Ev. Luc, 10, v. 1-9. 

22. Sainte Madeleine. 
Ev. Luc, 1, v. 36-50. 


3. L'Invention de la sainte 
Croix. 


Ep. Philipp., 2, v. 5-14. 
Ev. Jean, 3, v. 1-15. 

4. Sainte Monique. 
Ev. Luc, 7, v. 11-16. 


6. Saint Jean Porte-Latine. 
Ev. Matth., 20, v. 20-23. 


29. La Décollation de saint 
Jean-Baptiste. 


Ev. Marc, 6, v. 11-29. 


Septembre. 


8. La Nativité de la Vierge. 

Ev. Matth., 4, v. 1-16. 

14. L'Ezaltation de la sainte 
Croix. 

Ep. Philipp., 2, v. 5-41. 

Ev. Jean, 12, v. 31-36. 


Juin. 


11. Saint Barnabé, apôtre. 
Ep. 0001 11, mw. 91-96, «οἱ 
48,. v..1-3. 

Ev. Matth., 10, v. 6-22. 
14. Saint Basile. 

Ev. Luc, 14, v. 26-35. 

19. Saint Gervais et saint 

Protais. 


Ep. 1 Pierre, 4, v. 13-19. 
Ev. Luc, 6, v. 11-93. 


25. Saint Jacques, apôtre. 


Ep. 4 Corinth., 4, v. 9-15. 
Ev. Matth., 20, v. 90-23. 


18. Saint Joseph de Cupertin. 
Ep. 1 Corinth., 13, v. 1-8. 
Ev. Matth., 22, v. 2-14. 
20. Veille de saint Matthieu, 
apôtre. 

Ev. Lue, 5; v, 21:52. 

21. Saint Matthieu, apôtre. 
Ev. Matth., 9, v. 9-13. 


29. La L'édicace de saint 
Michel, archange. 


26. Sainte Anne, mére de la 
Vierge, à Paris le 98. 


; y Ev. Matth., 13, v. 44-52. 
22. Saint Paulin, évéque. 
Ep. 2 Corinth., 8, v. 9-15. 
Ev. Luc, 12, v. 39-34. 
23. Veille de saint Jean- 
Baptiste. 


Ev. Luc, 1, v. 5-17. 


29. Sainte Marthe, vierge. 
Ev. Luc, 10, v. 38-42. 


Aoüt. 


2. Saint Alphonse de Liguori 


Ep. 2 Timoth., 9, v. 1-1. 
Ev. Luc, 10, v. 1-9, 


j : Ep. Apoc., 1, v. 1-5. 
24. Saint Jean-Baptiste. Ev. Matth., 18, v. 1-10. 


Ev. Luc, 1, v. 51-68. 4. Saint Dominique. 


Ep. 2 Timoth., 4, v. 4-8. 
Ev. Luc, 12, v. 35-40. 


: Octobre. 
26. Saint Jean et saint 


Paul. 
Ev. Luc, 12, v. 1-9. 
28. Veille de saint Pierre et 
saint Paul. 
Ep. Act., 3, v. 1-10. 
Ev. Jean, 21, v. 15-19. 
29. Saint Pierre et saint 
Paul, apôtres. 


Ep. Act., 12, v. 1-41. 
Ev. Matth., 16, v. 13-19, 


2. Saint Anges gardiens. 
Ev. Matth., 18, v. 1-10. 


4. Saint François, confesseur. 


Ep. Galat., 5, v. 44-18. 
Ev. Matth., 14, v. 25-30. 


9. Saint Denis et ses com- 
pagnons, martyrs. 

Ep. Act., 17, v. 22-34. 

Ev. Luc, 12, v. 4-8: 

A Paris. Ev. Luc, 6, v. 11-93, 


6. La Transfiguration. 
Ep. 2 Pierre, 4, v. 16-19. 
Ev. Matth., 11, v. 1-9. 

1. Saint Gaëtan. 
Εν. Matth., 6, v. 94-33. 


10. Saint Laurent, martyr. 


Ep 2 Corinth., 9, v. 6-10. 
ἘΝ lean. 12, v. 24-926. 


2318 


18. Saint Luc, évangéliste, 
Ep. 2 Corinth., 8, v. 16-14. 
Ev. Luc, 10, v. 1-9. 


91. Veille de saint Simon 


et saint Jude, apôtres. 
Ep. 1 Corinth., 4, v. 9-14. 
Ev. Jean, 15, v. 1-11. 
28.Saint Simon et saint Jude, 
apôtres. 
Ep. Ephés., 4, v. 1-13. 
Ev. Jean, 15, v. 11-25. 
31. Veille de tous les 
Saints. 


Ep Apoc., 5, v. 6-12. 
Ev. Lue, 6, v. 11-23. 


Novembre. 


4. Tous les Saints. 
Ep. Apce., 7, v. 2-12. 
Ev. Matt., 5, v. 1-12. 
9. Commémoralion des 
Morts. 
Ep. 1 Corinth., 45, v. 51- 
ὉΠ: 
Ev. Jean, 5, v. 25-29. 
11. Saint Martin, évéque. 
Ev. Lue, 11, v. 33-36. 
91. La Présentation de la 
Vierge. 
Ev. Luc, 11, v. 21 28. 
22. Sainte Céc?le. 
Ev. Matth., 25, v. 1-13. 


93. Saint Clément. 


Ep. Philipp., 3, v. 11-21; 
4, v. 1-3. 
Ev. Matth., 24, v. 42-41. 


95. Sainte Catherine, vierge 
et martyre. 


Ev. Matth., 25, v. 1-13. 


COMMUN DES SAINTS. 
Veille d'un. Apótre. 
Ev. Jean, 15, v. 12-16. 


Un saint Martyr, pontife. 


Ep. 2 Corinth., v. 3-T. 
Autre Ep. Jacq., 1, v. 12-18. 
Ev. Luc, 14, v. 26-33. 
Autre Ev.Matth.,16,v.24-27. 


Un saint Martyr, non pontife. 


Ep. 2 Tim, v. 8-10, el 9, 
v. 10-42. 

Autre Ep. Jacq., 1, v. 2-12. 

Autre Ep. 4 Pierre, 4, v. 13- 
"18. 

Ev. Matth., 10, v. 26-32: 

Autre Ev. ibid., 10, v. 34-43. 

Autre Ev. Jean, 12, v. 24-26. 


Un saint Martyr au temps 
de Páques. 


Ev. Jean, 15, v. 1-T. 


Plusieurs SS. Martyrs au 
temps de Püques. 


Epid Pierre; ον ΠΕΣ 
Autre Ep. Apoc., 19, v. 1-9. 
Ev. Jean, 15, v. 5-11. 
Autre. Ev Jean, 10, v. 20-22. 


Plusieurs SS. Martyrs, hors 
du temps de Pâques. 


Ep. Rom., 5, v. 1-5. 
Autre Rom., 8, v. 18-23. 
Autre 2 Corinth., 6, v. 4-10. 
Autre Hébr., 10, v. 32-38. 
Autre Hébr., 11, v. 33-39. 
Autre Apoc., 1, v. 13-11. 
Ev. Matth., 24, v. 3-13. 
Autre Matt., 5, v. 1-12, 
Autre Matt., 11, v. 25-30. 
Autre Luc, 10, v. 16-20, 
Autre Luc, 11, v. 41-51. 
Autre Luc, 12, v. 1-8. 


Un saint. Confesseur, pontife 
Ep. Hébr., 5, v. 1-4, 


——— 2900/2 (6€ O-9-9— - mia 


TABLE DES ÉPITRES ET ÉVANGILES 


Autre Hébr., 1, v. 23-21. 
Autre Hébr., 13, v. 1-11. 
Ev. Matth., 24, v. 42-41. 
Autre Matth., 25, v. 14-23, 
Autre Marc, 13, v. 33-31. 
Autre Luc, 11, v. 33-36. 


Un saint Docteur. 


Ep. 2 Timoth., 4, v. 1-8. 
Ev. Matth., 5, v. 13-19. 


Un saint Confesseur, non 
pontife. 


Ep. 1 Corinth, 4, v. 9-14. 
Autre Philipp., 3, v. 7-12. 
Ev. Luc, 12, v. 392-34. 
Autre Luc, 12, v. 35-40. 
Autre Luc, 19, v. 12-26. 


Un saint Abbé. 
Ev. Matth., 19, v. 21-29. 


Une sainte Vierge el 
Martyre 
Ev. Matth., 13, v. 44-52 
Autre Matth., 25, v. 1-13. 


Une sainte Vierge, non 
Martyre. 
Ep. 1 Corinth., 7, v. 25-34. 
Autre 2 Cor., 10, v. 11-18, 
Ev. comme pour une sainte 
Vierge et Martyre. 


Une Sainte ni vierge, ni 
martyre. 
Ep. 1 Tim., 5, v. 3-10. 
Ev. Matth., 13, v. 44-52. 


La Dédicace d'une église. 


Ep. Apoc., 24, v. 2-5. 
Ev. Lue, 19, v. 1-10. 


Pour un mort. 


Ep. 1 Thess., 4, v. 13-18. 
Autre Apoc., 14, v. 13. 
Ev. Jean, 6, v. 31-40. 
Autre Jean, 6, v. 51-55. 
Autre Jean, 11, v. 21.-27, 


ו א געט LES‏ 


De tous les livres de l'Ecriture, l'Evangile est le plus divin. « La 
sagesse éternelle, qui est engendrée dans le sein du Pere..., se rend 
[particulièrement] sensible par la parole de l'Evangile... C'est là, en 
effet, que nous la voyons, dit Bossuet. Ce Jésus qui a conversé avec 
les Apótres, vit encore pour nous dans son Evangile, et il y répaná 
encore, pour notre salut, la parole de vie éternelle. Comme il était 
le Sauveur de tous, il devait se montrer à tous. Par conséquent il ne 
suffisait pas qu'il parüt en un coin du monde, il fallait qu'il se mon- 
trât par tous les endroits où la volonté de son Père lui avait préparé 
des fidèles. Il ἃ paru dans la Judée par la vérité de sa chair, il est 
porté par toute la terre par la vérité de sa parole. » 

« Jésus-Christ, maitre de sa doctrine, la distribue tranquillement, 
remarque Fénelon; il dit ce qu'il lui plait, et il le dit sans aucun 
effort; il parle du royaume et de la gloire céleste comme de la mai- 
son de son Père. Toutes ces grandeurs qui nous étonnent lui sont 
naturelles; il y est né, et il ne dit que ce qu'il voit, comme il nous 
l'assure lui-méme. » 

> Une parole de l'Evangile, dit encore Fénelon, est plus précieuse 
que tous les autres livres du monde ensemble; c'est la source de 
toute vérité. » 


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LE 


SAINT EVANGILE DE JESUS-CHRIST 


SELON SAINT MATTHIEU 


— 0-0 0:2 € 0 0-99 


INTRODUCTION 


L'auteur du premier évangile est l'apótre S. Matthieu. Il n'y a qu'une voix à 
cet égard dans la tradition. Les Pères s'aecordent également à dire que cet 
évangile a paru avant tous les autres, que S. Matthieu l'a écrit en hébreu pour 
l'usage des chrétiens de Judée, avant de quitter ce pays pour aller précher la 
foi parmi les Gentils, entre l'an 45 et l'an 48, un peu avant que S. Paul écrivit 
ses premiéres Epitres. Quant à la version grecque du texte hébreu de S. Matthieu, 
il est certain que, si l'auteur ne l'a pas faite lui-méme, comme Joséphe a fait la 
traduction de sa Guerre des Juifs, elle date du moins du temps des apótres et a 
dà étre approuvée par eux; car dés le premier siécle, et avant la mort de 
S. Jean, elle était citée et recue par toute l'Eglise avec l'autorité des textes 
inspirés; et s'il en avait été autrement, on aurait peine à s'expliquer la dispa- 
rition du texte hébreu. 

L'évangile de S. Matthieu n'est pas proprement une histoire, une biographie. 
On y trouve bien une esquisse de la vie du Sauveur et un sommaire de sa pré- 
dication. Mais les faits n'y tiennent pas une grande place; ils sont peu circons- 
tanciés et souvent groupés, comme les discours, suivant leurs analogies. L'ordre 
chronologique fait défaut, aussi bien que les dates. Le dessein de l'auteur est 
donc, avant tout, dogmatique et moral. Ce qu'il se propose, c'est de montrer à 
ses lecteurs, ce qu'il a préché jusque-là de vive voix, que Jésus est le Messie 
promis au peuple Juif, qu'il faut croire à sa parole, accepter ses maximes, en- 
trer dans son Eglise, et se conformer à ses lois. Aussi s'attache-t-il à signaler 
dans sa personne toutes les prérogatives que les prophétes ont attribuées au 
Messie, celles de roi, de législateur, de thaumaturge, de prophéte, de souverain : 
prêtre. A tous ces points de vue, il a soin de faire remarquer l'accord des pros ' 
phéties avec les faits qu'il décrit. 

Cet évangile a été appelé quelquefois l'évangile du royaume des cieur, parce 
qu'on y voit annoncée et souvent désignée sous ce nom l’œuvre que le Fils de 
Dieu venait accomplir en ce monde; mais l'auteur a soin de faire sentir que sa 
royauté est spirituelle, qu'elle a pour fin le salut des àmes. 


NCC, 146 


2322 L'ÉVANGILE DE SAINT MATTHIEU. 

Ses vingt-huit chapitres se divisent en trois parties : les premiéres années du 
Sauveur, sa prédication, ses derniers jours. Les premiéres années du Sauveur 
remplissent trois chapitres, dans lesquels il est surtout représenté comme 
roi, 1-11. Ses derniers jours, depuis le commencement de sa Passion jusqu'à 
son retour au ciel, en occupent trois également, xxvr-xxvim : Notre Seigneur 
y parait comme prélre et victime. La partie intermédiaire, la seconde, est de 
beaucoup plus considérable, rv-xxv. Si l'on en fait deux sections, on aura d'a- 
bord sa prédication dans la Galilée, 1v-xvrr, puis son ministère, si laborieux et 
si combaitu, dans la Judée, xix-xxv. La première fait voir en lui le législateur, 
1v-vir, et le thaumaturge, vii-xvim. Dans la seconde, xix-xxv, il agit en pro- 
phèle : il enseigne, il reprend, il prédit. Mais ces points de vue s'entremélent, 
et il parait plusieurs fois sous le méme aspect. 

Les caractéres de cet évangile s'accordent sur tous les points avec le témoi- 
gnage de la tradition. On ne peut s'empécher de reconnaitre, en le lisant, que 
l'auteur était juif, qu'il avait été témoin des faits, qu'il écrivait pour les Juifs 
de Palestine, à une époque peu éloignée de la mort du Sauveur, enfin qu'il 
avait bien le caractère et les dispositions que devait avoir S. Matthieu. 

1° L'auteur élait juif de naissance. — Ses citations indiquent un homme versé 
dans l'étude de l'Ancien Testament et dans la méditation des prophétes. Son 
langage dénote un habitant de la Palestine qui à recu une éducation juive et 
qui est habitué à parler l'idiome de son pays. A ses yeux, la maison d'Israël est 
toujours la maison de Dieu; tous ceux qui en font partie ont le Seigneur pour 
pére. Jérusalem est encore /a cilé sainte, malgré son déicide; le temple est en- 
core le lieu saint. Les hébraismes et les répétitions ou oppositions paralléliques 
surabondent dans son style. Enfin l'aspect de la Galilée, son ciel, ses cam- 
pagnes, son sol, ses troupeaux, ses figuiers, ses montagnes, ses torrents, son 
lac, s'y reflétent comme ils durent se refléter dans les discours de notre Sau- 
veur, dans ses paraboles, ses comparaisons et ses images. 

20 Il a été témoin des faits qu'il rapporte. — C'est ce qu'il suppose évidemment, 
en retraçant en détail les actions du divin Maitre, et surtout en reproduisant ses 
discours avec lant d'étendue, sans jamais indiquer aucune source, ni donner 
d'autre garantie que son témoignage. A la vérité, ses récits sont moins circons- 
tanciés que ceux de S. Marce, et il ne suit pas l'ordre des temps aussi fidèle- 
ment que S. Luc; mais cette particularité s'explique par le but spécialement 
dogmatique de sa composition. Quant aux discours, qui tiennent la plus grande 
partie de son ouvrage, si l'auteur ne les avait pas recueillis de la bouche du 
Sauveur, il faudrait dire qu'il les a inventés ou qu'il les a rédigés d'aprés la 
tradition; mais, dans ce cas, ces discours conviendraient-ils si bien au carac- 
tère du Fils de Dieu, à sa dignité, à ses lumières, à sa sainteté? Y trouverait-on 
ce naturel, cette élévation, cette placidité, ce charme? Il nous semble voir trop 
d'unité dans le fond et dans la forme, trop de pureté dans la doctrine, trop de 
noblesse et de simplicité dans le langage, pour n'y pas reconnaitre une repro- 
duction directe de l'enseignement du divin Maitre. C'est un assez grand hon- 
neur pour l'évangéliste d'avoir reproduit sans altération cette morale et ce style. 

3° IL écrivait pour ses compatriotes, c'est-à-dire pour les Juifs de Palestine 
converlis au christianisme. — S'il avait destiné son évangile aux Gentils, il se 
proposerail un autre but, il suivrait une autre marche; il insisterait sur d'autres 
points; il ferait moins d'emprunts à l'Ancien Testament; il parlerait un autre 


INTRODUCTION. 2929 
langage. À qui peut-il s'adresser, sinon à des Juifs, quand il annonce la venue 
du royaume de Dieu, quand il établit l'autorité du Sauveur sur sa qualité de 
Messie, quand il lui applique les prédictions des prophétes, quand il commence 
par décrire sa généalogie, quand il l'appelle le fils de David, quand il parle du 
lieu saint et de la sainte cité, quand il mentionne sans nulle explication les lo- 
calités, les lois et les usages du pays, quand il met les Gentils sur la méme 
ligne que les publicains, quand il rapporte avec tant de détails les invectives 
du Sauveur contre les Pharisiens, quand il fait entendre que le régne de la 
Synagogue est fini et qu'une autre Eglise, une Eglise universelle, va s'élever sur 
ses ruines, etc.? Mais si c'est à des Juifs convertis qu'il destine son évangile, 
ce ne peut étre qu'à ceux de la Palestine, car ils ne formaient une église par- 
ticuliére qu'en Judée, et partout ailleurs ils étaient mélés avec les Gentils. 

4* Il a composé son livre de bonne heure, assez peu de temps aprés l'Ascension du 
Sawveur. — Puisque l'auteur est un apótre, et qu'il destine son livre aux Juifs de 
la Palestine, i! a dà l'écrire lorsqu'il était au milieu d'eux, avant la dispersion 
du collége apostolique, de l'an 45 à l'an 48 au plus tard. Si l'on compare cet 
évangile avec les deux autres synoptiques, on est conduit à la méme conclusion, 
car il est visiblement le plus ancien. On concoit S. Maroc, disciple de S. Pierre, 
abrégeant S. Matthieu et retranchant de l'évangile hébreu ce qui était sans 
intérét pour les Romains. On concoit S. Luc, disciple de S. Paul, complétant les 
Mémoires des premiers évangélistes, et s'efforcant de mettre dans leurs récits 
l'ordre et la correction qui y manquent. Mais on ne concevrait pas S. Matthieu, 
un témoin oculaire, un apótre, prenant pour guide dans beaucoup d'endroits un 
simple disciple, paraphrasant S. Marc, traduisant S. Luc dans un langage moins 
correct et s'écartant à dessein de l'ordre chronologique. Matthieu 16 publicain ἃ 
donc été le premier à écrire l'Evangile, comme Madeleine la pécheresse a été la 
premiére à annoncer la Résurrection. 

5° Les dispositions qu'il mani[este conviennent parfailement à S. Matthieu. — 
Le style de cet écrit est simple, uniforme et peu soigné. C'est partout la méme 
maniére de passer des faits aux discours et des discours aux faits. Le mot 
« alors » se trouve répété près de cent fois. Néanmoins cette rédaction, et sur- 
tout les citations de l'Ancien Testament dont elle est semée, supposent une 
culture d'esprit que la plupart des apótres n'avaient pas. Or, l'emploi que 
S. Matthieu remplissait, avant son apostolat, demandait précisément un degré 
particulier d'instruction. Rien d'étonnant qu'il soit le premier à qui on ait 

demandé et qui ait entrepris de tracer une esquisse de la prédication du Sau- 
veur. De plus, on fait observer que l'auteur du premier évangile s'exprime avec 
une précision remarquable, lorsqu'il s'agit de cens et d'impôt. — 1° Sa modestie 
n'est pas moins remarquable. S. Matthieu trouvait, comme S. Paul, un sujet 
de confusion dans la premiére partie de sa vie, et il est à croire que lui seul, 
entre les disciples du Sauveur, pouvait se plaire à rappeler son ancienne pro- 
fession de publicain. Or c'est précisément ce qui a lieu. Comme il avait changé 
son nom de Lévi en celui de Matthieu, don de Dieu, au moment où il s'attachait 
à Notre Seigneur, lorsque S. Marc et S. Luc rapportent le fait de sa vocation et 
qu'ils font connaitre son premier emploi, ils ont soin de ne le désigner que par 
son ancien nom, afin de ne pas associer dans l'esprit des fidéles l'idée d'un 
apótre avec le souvenir d'une profession odieuse. Mais le premier évangéliste 
ne songe pas à rien dissimuler : il dit simplement Matthieu, ou Le publica ; et 


2324 L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


il indique le bureau qu'il occupait à Capharnaüm. Cette observation a été faite 
de bonne heure : nous la trouvons dans Eusèbe, S. Jérôme et S. Chrysostóme. 
On peut y joindre une autre remarque du méme genre. On sait que le Sauveur 
envoya ses Apótres précher l'Evangile deux à deux. Les trois synoptiques qui 
rapportent ce fait mettent, comme compagnons d'apostolat, au quatriéme rang, 
S. Matthieu et S. Thomas, mais avec cette différence que le premier évangé- 
liste donne la premiére place à S. Thomas et que les deux derniers la donnent 
à S. Matthieu. Quiconque tiendra compte des lecons données par le Sauveur à 
ses Apótres et du sentiment qu'on a toujours eu de leur vertu, croira volontiers 
que c'est S. Matthieu lui-méme qui s'est mis ici au second rang, tandis que ses 
collègues le placaient au premier. (M. Bacuez.) (1). 


(4) Toutes les citations de M. Bacuez faites dans ee volume sont tirées du Manuel 
biblique. 


LE SAINT ÉVANGILE 


DE JÉSUS-CHRIST 


SELON 


SAINT MATTHIEU 


CHAPITRE PREMIER. 


Généalogie de Jésus-Christ. Sa concep- 
tion dans le sein de la Vierge. Soupcons 
de Joseph, époux de Marie. Il est ras- 
suré par un ange. Naissance de Jésus- 
Christ. 


1. Livre de la généalogie de Jé- 
sus-Christ, fils de David, 815 d'A- 
braham. 

2. Abraham engendra Isaac. 
Isaac engendra Jacob. Jacob en- 
gendra Juda et ses freres. 

3. Juda engendra de Thamar, 
Phares et Zara. Phares engendra 
Esron. Esron engendra Aram. 

4. Aram engendra Aminadab. 
Aminadab engendra Naasson. Na- 
asson engendra Salmon. 


9. Salmon engendra de Rahab, 
Booz. Booz engendra de Ruth, 
Obed. Obed engendra Jessé. Et 
Jessé engendra David, roi. 

6. David, roi, engendra Salo- 
mon, de celle qui fut femme d'U- 
rie. 

1. Salomon engendra Roboam. 
Roboam engendra Abias. Abias 
engendra Asa. 

8. Asa engendra Josaphat. Jo- 
saphat engendra Joram. Joram 
enzendra Ozias. 

9. Ozias engendra Joatham. Jo- 
atham engendra Achaz. Achaz en- 
gendra Ezéchias. 

10. Ezéchias engendra Manassé. 
Manassé engendra Amon. Amon 
engendra Josias. 


1. Luc, ,מז‎ 31. — 2. Gen., ,זצא‎ 3; xxv, 25; xxix, 35. — 3. Gen., xxxvii, 29; I Par., 
i, 4; Ruth, 1v, 18; I Par., 11, 5. — 4. Num., vir, 12. — 5. Ruth, 1v, 21, 22; I Rois, xvi, +. 
— 6. 11 Rois, xit, 24. — 7. III Rois, xi, 43; xiv, 31 ; xv, 8. — 9. II Par., xxvi, 23; xxvi, 9; 
,זיא‎ 27. — 10. 11 Par., xxxi, 33; xxx, 20; זוצאא‎ 25. 


8. Ozias n'était pas fils immédiat de Joram. Joram fut pére d'Ochozias qui le fut 
de Joas; et Joas eut pour fils Amasias, pére d'Ozias. On croit que saint Matthieu a 
passé Ochozias, Joas, Amasias, pour conserver la distribution de cette généalogie en 
trois parties, chacune de quatorze générations (vers. 11), et peut-étre aussi à cause 
de leur impiété, ou enfin, à cause de l'arrét prononcé contre la maison d'Achab, dont 
ils étaient descendus par Athalie, leur mère (III Rois, xxi, 21). Au reste, c'est la cou- 
tume des Juifs, et méme des Orientaux en général, d'omettre plusieurs descendants 
dans leurs généalogies, parce que leur but est de faire connaitre certains personnages 
illustres plutôt que de présenter une énumération complète de tous les individus 
appartenant à l'échelle généalogique. 


29:0 L'ÉVANGILE SELON 


41. Josias engendra Jéchonias 
et ses frères vers la transmigra- 
tion de Babylone. 

19. Et après la transmigration 
de Babylone, Jéchonias engendra 
Salathiel. Salathiel engendra Zo- 
robabel. 

43. Zorobabel engendra Abiud. 
Abiud engendra Eliacim. Eliacim 
engendra Azor. 

14. Azor engendra Sadoc. Sa- 
doc engendra Achim. Achim en- 
gendra Eliud. 

15. Eliud engendra Eléazar. Elé- 
azar engendra Mathan. Mathan 
engendra Jacob. 

16. Et Jacob engendra Joseph, 
époux de Marie, de laquelle est 
né Jésus, qui est appelé Christ. 


SAINT MATTHIEU. 68. 1.] 
ham jusqu'à David, quatorze gé- 
nérations; de David jusqu’à la 
transmigration de Babylone, qua- 
torze générations; et de la trans- 
migration de Babylone jusqu'au 
Christ, quatorze générations. 

18. Or telle fut la naissance du 
Christ : Marie, sa mere, étant fian- 
cée àJoseph, avant qu'ils vinssent 
ensemble, il se trouva qu'elle 
avait concu de l'Esprit-Saint. 

19. Mais Joseph, son mari, qui 
était un homme juste, ne voulant 
pas la diffamer, résolut de la ren- 
voyer secrètement. 

20. Et comme il pensait à ces 
choses, voici qu'un ange du Sei- 
gneur lui apparut en songe, di- 
sant: Joseph, fils de David, ne 


47. Ill y a donc en tout, d'Abra- | crains point de prendre avec toi 


44. II Par., xxxvi, 4, 2. — 18. Luc, 1, 27. 


M MÀ  — —— — M — M MW —M—HÀÀ 


16. Saint Matthieu, en donnant ici la généalogie de saint Joseph, se conforme à 
l'usage des Juifs, qui, dans leurs listes généalogiques, ne faisaient point mention des 
femmes; mais il n'en donne pas moins la généalogie de Jésus-Christ, puisque la 
sainte Vierge, sa mére, descendait aussi bien que saint Joseph dela famille de David. 
— Sur la double généalogie de Notre Seigneur donnée par saint Matthieu et par 
saint Luc, voir la note 1 à la fin du volume. — *Saint Joseph était, comme nous 
l'apprend l'Evangile, de la tribu de David et exercait un métier pour gagner sa vie. 
C'était, d'après la tradition, le métier de charpentier. Il vivait à Nazareth, et c'est 
là qu'il épousa la sainte Vierge. Le choix que Dieu fit de lui pour étre le gardien de 
la virginité de Marie et le père adoptif de Notre Seigneur nous montre quelle était 
sa vertu et sa sainteté. On ne sait pas à quelle époque il mourut, mais tout porte à 
croire que ce fut avant la vie publique de Jésus-Christ. — Marie, en hébreu Miryam, 
signifie probablement maitresse, dame, de sorte que le nom de Notre Dame, donné 
à la sainte Vierge, n'est sans doute que la traduction de son nom. Exemptée du 
péché originel par un privilège spécial, et destinée à être la mère de Dieu, elle devait 
dépasser en sainteté toutes les créatures. Son pére fut saint Joachim, et sa mére 
sainte Anne. Elle était de la tribu de Juda et de la race de David. La tradition nous 
apprend qu'elle fut présentée à 1886 de trois ans au temple de Jérusalem et employée 
au service de Dieu. Elle épousa saint Joseph à Nazareth, où eut lieu le mystère de 
l'Annonciation. L'évangile nous fait connaître sa visite à sa cousine Elisabeth, 
comment elle mit son fils Jésus au monde à Bethléem, s'enfuit avec lui en Egypte, 
habita avec lui à Nazareth, le perdit dans le temple de Jérusalem quand il avait 
douze ans, l'accompagna dans une partie de ses courses apostoliques, le suivit au 
Calvaire Elle était avec les Apôtres au Cénacle le jour de la Pentecôte. Elle habita 
ensuite avec saint Jean que Jésus lui avait donné à sa place. Les uns la font mourir 
à Ephése, les autres à Jérusalem. Elle rendit son àme à Dieu dans un áge avancé et 
son corps fut transporté miraculeusement dans le ciel. 

17. * La captivité de Babylone commença en 606 avant Jésus-Christ, 68 finit en 536, 
aprés avoir duré soixante-dix ans. 

18, Avant qu'ils vinssent ensemble. Voy. plus bas, vers. 25. 


[cn. 11.] 


Marie, ta femme; car ce qui a été 
engendré en elle est du Saint-Es- 
prit; 

21. Elle enfantera un fils auquel 
tu donneras le nom de Jésus; car 
c'est lui qui sauvera son peuple 
de ses péchés. 

22. Or tout cela se fit pour que 
füt accomplie cette parole que le 
le Seigneur a dite par le prophète : 

93. Voilà que la Vierge conce- 
vra, et enfantera un fils, et on le 
nommera Emmanuel, ce que l'on 
interprète par : Dieu avec nous. 

24, Ainsi réveillé de son som- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


9397 
meil, Joseph fit comme l'ange du 
Seigneur lui avait ordonné, et 
prit sa femme avec lui. 

95. Orilne l'avait point connue, 
quand elle enfanta son fils pre- 
mier-né, à qui il donnale nom de 
Jésus. 


CHAPITRE ἢ. 


Adoration des Mages. Fuite de Jésus en 
Egypte. Meurtre des enfants de Beth- 
léem par Hérode. Retour de Jésus de 
l'Egypte. 


1. Lors donc que Jésus fut né 
en Bethléem de Juda, aux jours du 


21. Luc, 1, 31; Actes, 1v, 12. — 23. Isaie, vir, 14. -— (ΒΑΡ, II, 1. Luc, ,זז‎ 7. 


21. * Jésus, en hébreu Yehoschouah, sous sa forme complète, c'est-à-dire Jéhovah est 
sauveur. Jésus a été en effet le sauveur des hommes, le Dieu sauveur qui nous a 
rachetés et délivrés du péché. 

23. La Vierge par excellence, qui était destinée à devenir la mére du Messie. 

25. L'expression premier-né, comme le remarque judicieusement saint Jéróme, 
n'emporte pastoujours dans l'Ecriture l'idée d'autres enfants qui seraient venus aprés. 
Ainsi elle marque simplement ici que Marie n'en avait point eu auparavant. De méme, 
dans la phrase textuelle du grec et de la Vulgate : 17 ne (a connut point jusqu'à ce 
quelle eut enfanté, ia particule Jusqu'à ce que ne dit pas non plus que Joseph connut 
Marie aprés la naissance du Sauveur. L'Ancien et le Nouveau Testament fournissent 
une foule d'exemples qui prouvent que les particules jusqu'à ce que, avant que, tout 
en niant une chose pour le passé, ne l'affirment nullement pour l'avenir. D'ailleurs 
quand, dans le langage ordinaire, on dit qu'un juge a condamné un coupable avant 
de l'entendre, et qu'une femme a refusé de pardonner à ses ennemis jusqu'à la mort, 
s'ensuit-il que ce juge ait entendu le coupable après l'avoir condamné, et que cette 
femme ait pardonué à ses ennemis après sa mort? — *La tradition place au 25 dé- 
cembre la nativité de Notre Seigneur. Quant à l'année où eut lieu ce grand événe- 
ment, on ne la connait pas d'une manière certaine. Les chronologistes la placent 
entre l'an 7 et l'an 1 avant notre ère. Une seule chose est incontestable, c'est que, par 
suite d'une erreur de calcul, le commencement de l'ére chrétienne n'a pas été fixé à 
l'année méme de la naissance de Jésus-Christ, mais à une année postérieure qu'il a 
été jusqu'à présent impossible de préciser avec certitude. De là vient que la mort 
d'Hérode eut lieu avant l'ére chrétienne, selon notre maniére de compter, quoiqu'il 
ne mourüt qu'après la nativité de Notre Seigneur. 


1. * Voir note 2, à la fin du volume, la description de Bethléem. — « Il est parlé dans 
l'Evangile, de deux Hérodes, Hérode l'Ancien ou le Grand, fils d'Antipater, meurtrier 
des Innocents, et Hérode Antipas, fils du précédent et d'une samaritaine, appelée 
Malthace, tétrarque de Galilée, époux adultère d'Hérodiade, meurtrier de saint 
Jean-Baptiste, celui que Notre-Seigneur appelle uz renard, et devant qui il comparait 
dans sa Passion. C'est aveclui que Manahen avait été élevé. C'est lui qui eut pour inten- 
dant Chusa, dont la femme était au nombre des disciples les plus dévoués du divin 
Maitre. ll mourut dans l'exil. — Les Actes parlent encore d'un troisième Hérode, 
surnommé Agrippa, petit-fils d'Hérode l'Ancien, fils d'Aristobule et d'une petite-fille 
de Marianne, neveu d'Hérode Antipas et son beau-frére par Hérodiade. Celui-ci, 
porté subitement au tróne par le caprice de Caligula, dont il était le compagnon 
de débauche et le favori, fit décapiter saint Jacques et incarcérer saint Pierre, puis 


9328 
roi Hérode, voilà que des mages 
vinrent de l'Orient à Jérusalem, 

9. Disant : Oü est celui qui est 
né roi des Juifs? car nous avons 
vu son étoile en Orient, et nous 
sommes venus l'adorer. 

"8. Ayant appris cela, le roi Hé- 
rode se troubla, et tout Jérusa- 
lem avec lui. 

4. Et assemblant tous les prin- 


ces des prêtres et les scribes du. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


(ca. π.] 
peuple, il s'enquit d'eux où παῖ- 
trait le Christ. 

5. Or eux lui dirent : À Beth- 
léem de Juda; car il a été ainsi 
écrit par le prophete : 

6. Et toi, Bethléem, terre de 
Juda, tu n'es pas la moindre 
parmi les principales villes de 
Juda; car c’est de toi 6 868 
le chef qui doit régir Israél mon 
peuple. 


6. Mich., v, 2; Jean, vir, 42. 


————————————————————————————————MMMMÓÁÓÁÁ———— —— 


périt rongé des vers. Le roi Agrippa, devant qui Festus fit comporaître saint Paul, 
était son fils. — Les Hérodes étaient Iduméens d'origine, c'est-à-dire descendants 
d'Esaü. Le premier naquit à Ascalon. » (L. BAcugz). — Son père Antipater avait été 
nommé procureur de la Judée par Jules César, sous le pontificat d'Hyrcan Il, en 
41 avant Jésus-Christ. Les Iduméens s'étaient convertis à la religion juive, quand ils 
avaient été soumis par Jean Hyrcan, vers 129 avant Jésus-Christ. A la mort d'An- 
tipater, son fils Hérode, âgé, dit-on, de quinze ans, devint gouverneur de la Galilée, 
puis de la Cœlésyrie. Plus tard, Marc-Antoine le nomma tétrarque de Judée avec 
son frère Phasaél. Une invasion des Parthes, qui soutenaient les anciens princes 
Asmonéens, l'oblizea de fuir à Rome. Là il fut nommé, par le Sénat, roi de Judée, 
an 40 avant Jésus-Christ, et dans la suite, Auguste augmenta encore son pouvoir 
et son royaume. Hérode, qu'on a surnommé le Grand, se distingua par son luxe et 
ses cruautés. Il rebâtit le temple de Jérusalem et aussi celui de Samarie, il intro- 
duisit les jeux paiens dans sa capitale, et le culte paien à Césarée ; à Rome, il avait 
sacrifié à Jupiter. ll mourut à l'àge de 70 ans, souillé du sang de sa femme Marianne, 
de trois de ses fils, des Saints Iunocents et de bien d'autres. On place ordinairement 
sa mort l'an 4 avant notre ére. — Les mages étaient des sages ou savants qu'on 
croit étre venus de l'Arabie Déserte, de la Chaldée ou de la Mésopotamie, aux envi- 
rons de l'Euphrate. Comme le fameux devin Balaam avait habité ces contrées, on 
pouvait y avoir conservé le souvenir de la prophétie par laquelle il avait annoncé 
l'avènement du Messie sous l'emblème d'une étoile qui devait s'élever de Jacob 
"Nombres, xxi, 11). 

2. * Voir sur l'éfoile des mages la note 3 à la fin du volume. 

4. * Les princes des prétres, c'est-à-dire les chefs des prêtres, comme le porte le texte 
grec, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales qui faisaient à tour de róle une 
semaine chacun le service du temple. La Vulgate ayant employé le mot principes, on a 
pris l'habitude de traduire en francais /es princes des prétres, mais il faut remarquer 
que le mot principes n'a pas le sens restreint de notre mot princes et signifie ici dans 
le texte latin chefs, chefs des familles sacerdotales. Ils étaient membres du sanhé- 
drin. — Les scribes du peuple. On appelait scribes des hommes habiles dans la science 
et l'explication de la loi mosaique. Ils jouissaient d'une grande considération parmile 
peuple. Ils sont ordinairement mentionnés comme ici avec les princes, c'est-à-dire 
les chefs des prétres. Comme corps, ils avaient une plus grande influence que les prétres 
simplement dits. Plusieurs d'entre eux faisaient partie du sanhédrin avec les princi- 
paux des prétres et les anciens. Leur nombre était considérable; ils avaient des écoles 
οὰ ils enseignaient; ils donnaient aussi des conseils à ceux qui les consultaient. Les 
docteurs de la loi étaient des scribes, mais on réservait ce titre de docteurs à ceux 
des scribes qui étaient spécialement juristes et interprétaient la loi. La plupart des 
scribes étaient pharisiens; ils comptaient cependant aussi dans leurs rangs quelques 
saducéens. Ils avaient surchargé la loi de pratiques minulieuses; ils adressèrent 
souvent au Sauveur des questions captieuses et ils méritèrent d'être traités par lui 
d'hypocrites et de guides aveugles. 


[ca. [.זז‎ L'ÉVANGILE SELON 


7. Alors Hérode, les mages se- 
cretement appelés, s'enquit d'eux 
avec soin du temps où l'étoile leur 
était apparue; 

8. Et, les envoyant à Bethléem, 
il dit : Allez, informez-vous exac- 
tement de l'enfant; et lorsque 
vous l'aurez trouvé, faites-le-moi 
savoir, afin que moi aussi j'aille 
l'adorer. 

9. Ceux-ci donc, après avoir en- 
tendu le roi, s'en allerent ; et voilà 
que l'étoile qu'ils avaient vue en 
Orient les précédait jusqu'à ce 
qu'elle vint et s'arréta au-dessus 
du lieu oü était l'enfant. 

10. Or, voyant l'étoile, il se ré- 
jouirent d'une grande joie. 

41. Et, entrant dans la maison, 
ils trouverent l'enfant avec Marie, 
sa mere, et, se prosternant, ils 
ladorerent; puis, leurs trésors 
ouverts, ils lui offrirent des pré- 
sents, de l'or, del'encens et de la 
myrrhe. 

19. Mais ayant été avertis en 
songe de ne point retourner vers 
Hérode, ils revinrent dans leur 
pays par un autre chemin. 


SAINT MATTHIEU. 2399 

18. Après qu'ils furent partis, 
voilà qu'un ange du Seigneur ap- 
parut à Joseph pendant son som- 
meil, et dit : Leve-toi, prends 
l'enfant etsa mere, fuis en Egypte 
et restes-y, jusqu'à ce que je te 
parle; car il arrivera qu'Hérode 
cherchera lenfant pour le faire 
mourir. 

14. Joseph, s'étant levé, prit 
lenfant et sa mere pendant la 
nuit et se retira en Egypte ; 

15. Et il s'y tint jusqu'à la mort 
d'Hérode, afin que füt accomplie 
cette parole que le Seigneur a dite 
par le prophète : J'ai rappelé mon 
fils de l'Egypte. 

16. Alors Hérode, voyant qu'il 
avait été trompé par les mages, 
entra en une grande colere, et il 
envoya tuer tous les enfants qui 
étaient dans Bethléem et dans 
tous ses environs, depuis deux 
ans et au-dessous, selon le temps 
dont il s'était enquis des mages. 

17. Ce fut alors que s'accomplit 
la parole du prophete Jérémie, di- 
sant : 

18. Une voix a été entendue 


11. Ps. rxxi, 10, — 19. Osée, xr, 1. — 18. Jérém., xxxi, 15. 


9. * Du lieu où était l'enfant. Ce lieu est appelé maison au y. 11, d'où divers com- 
mentateurs ont conclu que la sainte Vierge et saint Joseph avaient quitté la grotte et 
létable et avaient été reçus dans une maison proprement dite, avant l'arrivée des 
mages. Il est cependant possible que le mot de maison, dont la signification est très 
large dans les langues orientales, soit appliqué ici à la grotte et pris simplement dans 
le sens de demeure, habitation. La tradition actuelle place dans la grotte l'adoration 
des mages. 

11. La plupart des Pères ont remarqué dans ces présents un mystère qui désignait 
la divinité, la royauté et l'humanité de Jésus-Christ. 

10. Un auteur paien a conservé le souvenir du massacre des Saints Innocents. 
« Macrobe raconte entre les bons mots d'Auguste que cet empereur, ayant appris que 
parmi les enfants qu'Hérode, roi des Juifs, avait fait tuer en Syrie, âgés de deux ans 
et au-dessous, il avait enveloppé son propre fils dans ce massacre, dit : 17 vaut mieux 
étre le pourceau d'Hérode que son fils. » (GLAIRE.) 

18, * Rachel fut enterrée près de Bethléem. Son tombeau est à une demi-lieue, au 
nord de ce village. Le tombeau actuel > ne remonte qu'à Mohammed IV, qui l'a renou- 
velé en 1679. Un Juif d'Europe l'a fait réparer récemment, dit Mgr Mislin. Des 
ruines sont éparses sur les collines; quelques-uns ont cru que ce devait étre celles de 


2330 
daus Rama, des pleurs et des cris 
déchirants souvent répétés : c'é- 
tait Rachel pleurant ses fils et ne 
voulant point se consoler, parce 
qu'ils ne sont plus. 

49. Hérode élant mort, voilà 
qu'un ange du Seigneur apparut 
à Joseph pendant son sommeil en 
Egypte, 

20. Disant : Lève-toi, prends 
l'enfant et sa mere, et va dans la 
terre d'Israél; car ils sont morts, 
ceux qui recherchaient la vie de 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[cH. π|.} 


laüs régnait en Judée à la place 
d'Hérode, son père, il appréhenda 
d'y aller; et, averti pendant son 
sommeil, il se retira dans le pays 
de Galilée. 

93. Etant done venu, il habita 
une ville qui est appelée Nazareth, 
afin que s'accomplit ce qui a été 
dit par les prophètes : Il sera ap- 
pelé Nazaréen. 


CHAPITRE III. 


Prédication de saint Jean; sa pénitence; 


l'enfant. 

21. Joseph s'étant levé, pritl'en- 
fant et sa mere et vint dans la 
terre d'Israël. 

22. Mais ayant appris qu'Arché- 


son baptéme; ses reproches contre les 
Pharisiens et les Saducéens. Jésus- 
Christ vient à lui et recoit son bap- 
téme. 


1. Or, en ces jours-là, vint Jean- 


Rama. Au témoignage d'Eusèbe, [il y avait] un lieu appelé Rama près de Bethléem. » 
Il paraît plus exact [à d'autres] de prendre ici simplement ce mot dans le sens de 
hauteur. Ce fut là qu'on entendit les cris déchirants qui s'élevérent jusqu'au ciel des 
mères de Bethléem et des environs, personnifiées dans Rachel, la mère des enfants 
d'Israël. — Pourquoi, se demande saint Jérôme, ces enfants sont-ils plus particuliè- 
rement attribués à Rachel, tandis qu'elle est la mère de Benjamin et non de Juda, 
dans la tribu duquel est située la ville de Bethléem? Il répond : « Parce que Rachel 
est ensevelie prés de Bethléem, et qu'elle ἃ pris le titre de mére de la terre qui a 
donné l'hospitalité à son corps; ou encore, parce que les deux tribus de Juda et de 
Benjamin se touchaient, et qu'Hérode avait ordonné de mettre à mort non seule- 
ment les enfants de Bethléem, mais ceux de tous les environs. » 

22, * Archélaüs, fils d Hérode le Grand et dela samaritaine Malthace, avait été dési- 
gné par son père pour être son successeur dans le royaume de Judée. Les soldats le 
proclamèrent roi, mais il ne voulut prendre ce titre qu'après y avoir été autorisé par 
Auguste. Avant de partir pour Rome, il fit périr prés de trois mille Pharisiens pour 
réprimer une sédition. Il revint de la capitale de l'empire avec le titre d'ethnarque 
et épousa Glaphyra, veuve de son frére Alexandre. Son mépris de la loi mosaique et 
ses cruautés révoltèrent les Juifs qui portérent leurs plaintes à Auguste. Archélaüs 
fut déposé (an 7 de Jésus-Christ) et exilé à Vienne, dans les Gaules, où il mourut. 
Quelques commentateurs ont vu une allusion au voyage d'Archélaüs à Rome dans la 
parabole de Notre Seigneur rapportée dans saint Luc, xix, 12-14. — Archélaüs 
végnait en Judée, et non en Galilée, οὐ était située Nazareth. L'autorité d'Archélaüs 
s'étendait sur la Judée, l'Idumée et 18 Samarie. Le reste du royaume d'Hérode avait 
été partagé entre ses deux autres fils : Hérode Antipas avait eu la Galilée etla Pérée, 

et Philippe la Batanée, la Trachonitide et l'Hauranitide. La Judée proprement dite 
correspondait à peu près à l'ancien royaume de Juda, formé par la Palestine du Sud. 
— Le pays de Galilée. Sur la Galilée, voir la note 4 à la fin du volume. 

23. * Nazarelh. Voir sur Nazareth la note 5 à la fin du volume. 


1. En ces jours-là, c'est-à-dire au temps de Jésus-Christ dont ce livre contient 
l'histoire; car cette expression n'indique pas toujours que les faits qui la suivent 
soient immédiatement arrivés après ceux qui la précédent. — * Jean (Yohanan, Jéhovah 
fait grâce), surnommé Baptiste, parce qu'il baptisait dans le Jourdain, était de race 
sacerdotale, fils de Zacharie et d'Elisabeth, cousine de la sainte Vierge, Luc, 1, 5-80. 
Destiné par la Providence à être le précurseur du Messie, il se prépara à sa mission 


[ca. ur.) L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 9331 
Baptiste préchant dans le désert 3. C'est lui dont a parlé le pro- 
de Judée, phéte 18816, disant : Voix de quel- 

9. Et disant : Faites pénitence, | qu'un qui crie dans le désert : 
car le royaume des cieux ap- | Préparez la voie du Seigneur 
proche. faites droits ses sentiers. 


2. Mare, r, 4; Luc, 111, 3. — 8. Iseie, xr, 3; Marc, 1, 3; Luc, ri, 4. 


E MM — M —— MM M MÀ M MÀ ה החדה‎ M M HÀ MÀ "MÀ ÜÀ Áo € MM M — T RÀ T ÓÀ 


par une vie rude et austère, et il l'accomplit en préchant la pénitence, en annonçant 
la venue du Messie, en baptisant Jésus et en montrant en lui l'agneau qui efface les 
péchés du monde, celui auquel il était chargé de préparer lui-même les voies. Il 
mourut martyr de son zèle à défendre la sainteté du mariage et fut décapité à Ma- 
chéronte par ordre d'Hérode Antipas. Voir Matt., xiv, 1-12. — Le désert de Judée, 
ainsi appelé, non qu'il fût stérile et sans paturages, mais parce qu'il était inhabité, est 
la région située à l'ouest de la mer Morte. « ll consiste en un plateau déchiré par 
de profonds ravins, et sur lequel s'élévent des monticules coniques. C'est un désert 
jaunátre et sans eau, d'une largeur de 25 kilométres et d'une longueur d'environ 
100 kilométres. La chaleur de cette contrée dépourvue d'arbres est considérable. » 
(A. Socix). La tradition fixe le séjour du Précurseur à trois heures de Bethléem, à 
la Grotte de S. Jean-Bapliste ou désert de S. Jean, appelé dans le pays ei-Habiz. « Cette 
grotte est située sur le haut d'une colline très escarpée, tournée au nord-ouest, et 
qui domine la vallée du Térébinthe. Elle est d'un accès assez difficile; mais quand 
ou est dedans, on la trouve si bien appropriée à la destination qu'elle a eue, à la vie 
d'ermite, qu'on la croit faite de main d'homme. C'est une cellule naturelle, longue 
de dix à douze pieds, large de six; elle a deux ouvertures, dont l'une sert de porte 
et l'autre de fenétre: celle-ci donne sur la vallée et ἃ une trés belle vue. Au fond de 
la grotte, il y a un rocher qui semble taillé tout exprés pour servir de siége et de 
couche; on l'appelle lit de S. Jean. Une source d'eau fraiche et limpide sort d'une 
fente de montagne: elle forme au pied de la grotte un petit bassin et s'épanche dans 
la vallée en traçant un étroit ruban de verdure. » (Misu.) 

2. Le royaume des cieux. — «Le mot, royaume de Dieu, employé plus de cinquante 
fois par saint Marc et par saint Luc; celui de royaume des cieux, non moins souvent 
répété par S. Matthieu; ceux de royaume du Christ ou simplement de royaume par 
excellence, semblent pris indistinctement ou à prés peu dans le méme sens. Ils sont 
propres à la révélation chrétienne, dit saint Augustin. Néanmoins l'expression royaume 
des cieux était déjà employée par le Précurseur pour annoncer l'avènement du Sau- 
veur, et nous avons lieu de croire qu'elle était dès lors en usage pour désigner 
l'œuvre du Messie ou le nouvel état religieux et politique qu'on s'attendait à lui 
voir fonder. Dans l'esprit de Notre Seigneur, ces mots avaient un sens non moins 
précis qu'étendu. Ils signifiaient la société chrétienne, l'Eglise dont il devait être le 
fondateur et le chef; le grand royaume prédit par Daniel, comme supérieur à tout 
autre ; royaume véritablement céleste, qui ne tire 0101-2885 ni son origine, ni son 
autorité, ni sa constitution, ni sa hiérarchie; royaume surnaturel, qui n'admet dans 
son sein que des hommes régénérés, élevés à la dignité d'enfants de Dieu; royaume 
universel, dont l'autorité s'étend sur le monde entier et qui aspire à s'incorporer 
tous les peuples; royaume toujours combattu et toujours incomplet sur la terre; 
royaume éternel néanmoins, qui ne finira pas ici-bas avant la fin des temps, et qui 
doit se perpétuer et se consommer dans le ciel pour l'éternité. Mais il s'en faut que 
ces expressions aient éveillé dés lors des idées aussi nettes et aussi exactes dans 
tous ceux qui les entendaient. Comme elles n'énoncaient clairement qu'une chose, à 
savoir, que le Messie régnerait et que sa royauté ne serait pas terrestre comme les 
autres, elles permettaient à chacun de faire ses conjectures et de garder les vues 
qu'il pouvait avoir sur les caractères, les prérogatives et les destinées de cette 
royauté à venir. On ne la désirait pas avec moins d'ardeur: au contraire. Ce qu'il y 
avait de vague dans l'idée qu'on s'en formait servait à écarter les difficultés; et les 
ennemis du Sauveur, comme ses disciples, s'accordaient pour désirer de voir bientót 
s’accomplir les desseins du ciel. ₪ (L. BAcuez.) 


2992 


4. Or Jean avait un vétement 
de poils de chameau et une cein- 
ture de cuir autour de ses reins; 
et sa nourriture était des saute- 
relles et du miel sauvage. 

5. Alors accourait à lui Jérusa- 
lem, toutela Judée et toutle pays 
autour du Jourdain ; 

6. Et ils étaient baptisés par lui 
dansle Jourdain, confessant leurs 
péchés. 

1. Or voyant beaucoup de Pha- 
risiens et de Saducéens venant à 
son baptéme, il leur dit : Race de 
vipères, qui vous a montré à fuir 
devant la colère qui va venir? 

8. Faites donc de dignes fruits 
de pénitence. 

9. Et ne songez pas à dire en 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


₪ nt.] 


ham pour père; car je vous le dis, 
Dieu peut, de ces pierres mêmes, 
susciter des enfants à Abraham. 

10. Déjà la cognée a été mise à 
la racine des arbres. Tout arbre 
done qui ne produit pas de bon 
fruit sera coupé et jeté au feu. 

11. Moi, à la vérité, je vous bap- 
lise dans l'eau pour 18 pénitence; 
mais celui qui doit venir après 
moi est plus puissant que moi ; et 
je ne suis pas digne de porter sa 
chaussure : lui-méme vous bapti- 
sera dans l'Esprit saint et dans le 
feu. 

19. Son van est dans sa main, 
et il nettoyera entierement son 
aire : il amassera son blé dans le 
grenier; mais il brülera la paille 


vous-mémes : Nous avons Abra- | dans un feu qui ne peut s'éteindre. 


5. Marc, 1, 5. — 7. Luc, 11, 7. — 9. Jean, vir, 39. — 11. Marc, τ, 8; Luc, ,זז‎ 16; Jean, 
1, 26; Actes, 1, 5. 


4.* Jean avait un vélement de poils de chameau et une ceinture de cuir autour de ses 
veins. « La ceinture de cuir, le vétement de poils de chameau sont encore portés par 
les Arabes les moins riches. Les pauvres gene qui n'ont pas de manteau portent une 
courte tunique retenue par une ceinture; c'était le costume de Jean. » (J.-H. Micros.) 
— Sa nourriture était des saulerelles. On a toujours mangé et l'on mange encore les 
sauterelles en Orient. Elles sont plus grosses que celles de nos contrées. On enlève 
les pattes et les ailes et on les prépare des maniéres les plus diverses. Elles ont un 
goüt qui approche de celui de l'écrevisse ou du homard. Les rois d'Assyrie en exi- 
geaient comme tribut des peuples qu'ils avaient soumis. — Du miel sauvage. 11 abonde 
dans le désert de Judée où les abeilles sauvages le produisent dans les trous des 
rochers. 

5. * Tout le pays autour du Jourdain. C'est-à-dire la région appelée dans l'Ancien 
Testament Kikkar,aujourd'hui le Ghór; c'est la gorge profonde creusée par le Jour- 
dain depuis le lac de Tibériade jusqu'à la mer Morte. Il s'agit surtout ici sans doute 
de la partie méridionale du Ghór. 

6. Le baptéme de saint Jean était un symbole de la rémission des péchés, qu'il 
promettait à ceux qui s'en approchaient dans un esprit de componclion et de péni- 
tence, aprés avoir confessé leurs péchés. 

1. Les Pharisiens et les Saducéens étaient les deux principales sectes des Juifs. 
Ceux-ci prétendaient qu'il n'y avait ni anges ni démons; ils rejetaient l'immortalité 
de l'àme et la résurrection des morts. Les Pharisiens croyaient toutes ces vérités ot 
faisaient profession d'étre exacts observateurs de la loi de Dieu et des traditions des 
anciens; mais ils faisaient consister presque toute la religion dans des pratiques 
purement extérieures et corrompaient la loi de Dieu par de fausses interprélations. 
— * Voir les notes 6 et 7 à la fin du volume sur les Pharisiens et 1065 

41. C'était la coutume des Hébreux, aussi bien que des Grecs et des Romains, de 
faire porter, lier et délier leurs souliers par les derniers de leurs esclaves. — Dans 
l'Esprit saint et dans le feu; c'est-à-dire dans l'Esprit saint qui purifie et qui enflamme 
comme le feu. 


(ou. 1v.) 


13. Alors Jésus vint de la Gali- 
lée au Jourdain vers Jean pour 
étre baptisé par lui. 

14. Or Jean le détournait, di- 
sant : C'est moi qui dois étre bap- 
tisépar vous, et vous venez à moi! 

15. Mais, répondant, Jésus lui 
dit : Laisse maintenant, car c'est 
ainsi qu'il convient que nous ac- 
complissions toute justice. Alors 
Jean le laissa. 

16. Or ayant été baptisé, Jésus 
sortit aussitôt de l’eau; et voici 
que les cieux lui furent ouverts : 
il vit l'Esprit de Dieu descendant 
en forme de colombe et venant 
sur lui. 

17. Et voici une voix du ciel 
disant : Celui-ci est mon fils bien- 
aimé en qui j'ai mis mes complai- 
sances. 


CHAPITRE IV. 


Jeüne et tentation de Jésus-Christ. ll se 
retire en Galilée et fixe sa demeure à 
Capharnaüm. Il préche dans ce pays. 
Vocation de Pierre et d'André, de 
Jacques et de Jean. Miracles et réputa- 
tion de Jésus-Christ. 


1. Alors Jésus fut conduit par 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2333 
l'Esprit dans le désert pour y étre 
tenté par le diable. 

2. Et lorsqu'il eut jeüné qua- 
rante jours et quarante nuits, il 
eut faim. 

3. Et le tentateur s'approchant, 
lui dit : Si vous étes le Fils de 
Dieu, dites que ces pierres de- 
viennent des pains. 

4. Jésus, répondant, dit : Il est 
écrit : L'homme ne vit pas seule- 
ment de pain, mais de toute pa- 
role qui sort de la bouche de 
Dieu. 

9. Le diable alors le transporta 
dans la cité sainte et le placa sur 
le haut du temple, 

6. Et il lui dit : Si vous étes le 
Fils de Dieu, jetez-vous en bas, 
car il est écrit : Π vous a confié à 
ses anges, et ils vous porteront 
en leurs mains, de peur que vous 
ne heurtiez votre pied contre 
quelque pierre. 

7. Jésus lui dit : Il est éerit 
aussi : Tu ne tenteras point le 
Seigneur ton Dieu. 

8. Le diable de nouveau le 
transporta sur une montagne 


13. Marc, 1, 9. — 16. Luc, uit, 22. — 17. Luc, 1x, 90 Ἢ Pierre, 1, 17. — Cnap. IV. 1. Marc, 
1, 12; Luc, 1v, 1. — 4. Deut., vin, 3; Luc, 1v, 4. — 6. Ps. xc, 11. — 7. Dout., vi, 16. 


16-17. On voit ici se manifester dislinctement les trois personnes de la trés sainte 
Trinité. 

1. * Le désert de la tentation est, d'aprés la tradition, le désert de la Quarantaine, 
ainsi appelé des quarante jours qu'y passa Notre-Seigneur. 1] s'étend à l'ouest de 
Jéricho; il est très accidenté et ses montagnes sont des plus belles de la Palestine 
méridionale; elles se composent de calcaire blanc et sont remplies de cavernes; 
c'est là vraisemblement que se réfugièrent les espions envoyés par Josué à Jéricho 
(Jos., 11, 22); elles furent peuplées d'anachorétes, après l'ére chrétienne, en souvenir 
. du jeüne du Sauveur. 
5 ^ B.*Sur le haut du temple. Littéralement sur le pinacle du temple. Le sens est incer- 
tain. D'aprés les uns, c'est le faite du temple proprement dit; d'aprés les autres, 
comme le texte grec emploie un mot qui désigne ordinairement l'ensemble des 
constructions du temple,hiéron c'est le faite du portique de Salomon à l'est ou bien 
le faite de la porte royale qui se dressait au sud au-dessus d'un précipice profond, 
d'après le témoignage de Josèphe. 

8. * Sur une montagne très élevée. 1] est impossible de savoir quelle est cette mon- 
tagne. 


ἘΞ τ DR 


2334 
très élevée; il lui montra tous les 
royaumes du monde et leurgloire, 

9. Et lui dit : Je vous donnerai 
toutes ces choses, si, vous pros- 
ternant, vous m'adorez. 

10. Alors Jésus lui dit : Retire- 
toi, Satan, car il est écrit : Tu ado- 
reras le Seigneur ton Dieu et tu 
le serviras, lui seul. 

11. Alors le diable le laissa; et 
voilà que des anges s'approche- 
rent et ils le servaient. 

19. Mais quand Jésus eut appris 
que Jean avait été mis en prison, 
il se retira en Galilée; 

13. Et ayant quitté la ville de 
Nazareth, il vint demeurer à Ca- 
pharnaüm, ville maritime sur les 
confins de Zabulon et de Neph- 
tali; 

14. Afin que s'accomplit la pa- 
role du prophète Isaie, disant : 

45. La terre de Zabulon et la 
terre de Nephtali, voie de la mer, 
au delà du Jourdain, Galilée des 
nations, 

16. Le peuple qui était assis 
dans les ténèbres a vu une grande 
lumiere; quant à ceux qui étaient 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


(ca. 1v.] 
assis dans la région de l'ombre 
de la mort, une lumiere s'est le- 
vée aussi pour eux. 

17. Depuis ce temps-là, Jésus 
commença à précher et à dire : 
Faites pénitence, car le royaume 
des cieux approche. 

48. Or, marchant le long de la 
mer de Galilée, Jésus vit deux 
frères, Simon qui est appelé 
Pierre, et André, son frère, qui 
jetaient leurs filets dans la mer 
(car ils élaient pêcheurs), 

19. Et il leur dit : Suivez-moi, 
et je vous ferai devenir pécheurs 
d'hommes. 

20. Et eux aussitót, quittant 
leurs filets, le suivirent. 

21. Et savancant de là, il vit 
deux auires frères, Jacques, fils 
de Zébédée, et Jean, son frère, 
dans leur barque avec Zébédée, 
leur père, racommodant leurs 
filets, et illes appela. 

22. Et eux, aussitôt, ayant laissé 
leurs filets et leur père, le sui- 
virent. 

23. Et Jésus parcourait toute la 
Galilée enseignant dans leurs sy- 


10. Deut., vr, 48. — 12. Marc, τ, 14; Luc, 1v, 14; Jean, iv, 43. — 15. Isaie, 1x, 1. — 
17. Marc, 1, 15. — 18. Marc, 1, 16; Luc, v, 2. 


13. * Capharnaüm. Le site de Capharnaüm, dont le nom revint si scuvent dans les 
Evangiles, est encore aujourd'hui un probléme. La malédiction prononcée par le. 
Sauveur contre cette ville coupable s'est si littéralement accomplie que personne ne 
peut dire avec certitude où il faut en chercher les ruines. D’après les uns, Caphar- 
naüm était à Khan Miniéh, d'aprés les autres à Tell Hum. Khan Miniéh est un mon- 
ceau de ruines qui tire son nom d'un vieux khan du voisinage, sur les bords du lac 
de Tibériade, à l'extrémité nord-ouest de la plaine. Tell Hum est à une heure de 
chemin au nord de Khan Miniéh, à trois quarts d'heure environ à l'ouest-sud-ouest 
de l'embouchure du Jourdain dans le lac. 

18.* La mer de Galilée. Sur la mer de Galilée ou lac de Tibériade, voir la note 8 à 
la fin du volume. 

21. * Zébédée, pècheur de la mer de Galilée, époux de Salomé, qui parait avoir joui 
d'une certaine aisance. 

23. Les synagogues élaient des lieux d'assemblée de religion pour les Juifs; ils 
s'y réunissaient les jours de sabbat et les jours de fête pour prier, lire et entendre 
a parole de Dieu, et pour y exercer les autres pratiques de leur loi. Voy. notre 
Abrégé d'introduclion aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, p. 554, 2e édit, 
— Du royaume; c'est-à-dire du royaume de Dieu. 


fcu. v.) L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 2995 
nagogues, préchant l'Evangile du 


royaume, et guérissant toute lan- CHAPITRE V. 
gueur et toute infirmité parmi le | sermon sur la montagne. Béatitudes. 
peuple. Apótres, sel et lumière de la terre. Loi 


/ E . ne : non détruite. Faire et enseigner. Jus- 
24. Sa réputation se répandit tice abondante. Parole injurieuse. Ré- 


aussi dans toute la Syrie, de conciliation. Adultère dans le cœur. 
sorte qu'on lui présenta tous les S'arracher l'œil. Mariage indissoluble. 
malades, tous ceux qui étaient Jurement. Etre prét à tout souffrir. 

: Amour des ennemis. Perfection. 
atteints de souffrances et de 


maux divers, des démoniaques, 1. Jésus voyant la foule, monta 

des lunatiques, des paralytiques, | sur la montage, et, lorsqu'il se 

et il les guérit. fut assis, ses disciples s'appro- 
25. Et une grande multitude le | cherent de lui, 

suivit de la Galilée, de la Déca- 2. Et ouvrant sa bouche, il les 

pole, de Jérusalem, de la Judée | instruisait, disant : 

et d'au delà du Jourdain. ὃ. Bienheureux les pauvres 


25. Marc, 11, 7; Luc, vi, 17. — .גח‎ V. 3. Luc, vi, 20. 


24. * Toute la Syrie. La Syrie désigne dans le Nouveau Testament le pays borné a 
l'est par 'Euphrate et l'Arabie, au sud par la Palestine, à l'ouest par la mer Médi- 
terranée et la Phénicie, au nord par la chaine de l'Amanus et du Taurus. 

25. * La Décapole était la confédération de plusieurs villes unies entre elles pour 
leur commune défense. Quoique le mot Décapole signifie dix villes, le nombre des 
cités confédérées était variable. La plupart d'entre elles étaient situées à l'est du Jour- 
dain. La capitale, Scythopolis, l’ancienne Bethsan, à l'ouest du fleuve, est la clef de 
la Palestine proprement dite. Aprés Scythopolis, les villes les plus importantes de 
la Décapole étaient Césarée de Philippe, Asor, Cédés de Nephtali, Séphet, Corozain, 
Capharnaüm, Bethsaide, Jotapata et Tibériade. Le territoire confédéré s'étendait 
donc depuis Scythopolis au sud jusqu'au Liban et à Damas au nord; à l'ouest, il se 
prolongeait jusqu'à Sidon; à l'est, il se prolongeait au delà de Gadara, d'Hippos et de 
Pella. 


1. Sur la montagne voisine du lieu où il se trouvait. — * 6 Si le sermon surla mon- 
tagne est l'abrégé de toute la doctrine chrétienne, les huit béatitudes sont l'abrégé 
de tout le sermon sur la montagne. » (Bossuer.) — Cette montagne est, d'après la 
tradition, celle à laquelle on a donné, en mémoire des huit béatitudes par lesquelles 
le Sauveur commence son discours, le nom de Mont des Béatitudes, situé au 
- nord-ouest de la ville de Tibériade, à environ deux heures de marche. « Le Mont 
des Béatitudes ou Kurn-Hattin (Koroun-Hattin), ainsi que l'appellent les indigènes, 
ne s'éléve à guère plus de 50 mètres au-dessus de la plaine. Son plateau peut 
avoir une centaine de mètres de long. Les deux extrémités se terminent chacune 
par une petite éminence, et c'est ce qui lui a fait donner le nom de Kurn-Hattin 
(les cornes d'Hattin). Par un temps clair, du haut du Mont des Béatitudes, on voit 
au sud-ouest le mont Thabor; à l'est le pays de Galaad et le lac de Tibériade; au 
nord-est, à l'horizon, le grand Hermon. » (Liévin DE HAE.) 

3. Les pauvres d'esprit sont les pauvres de cœur et d'affection. S'ils n'ont point de 
richesses, ils n'en désirent pas; s'ils en ont, ils n'y sont point attachés. — * « Bien- 
heureux sont les pauvres d'esprit, c'est-à-dire, non seulement ces pauvres volontaires, 
qui ont tout quitté pour le suivre, et à qui il a promis le centuple dans cette vie, 
et dans la vie future la vie éternelle; mais encore tous ceux qui ont l'esprit détaché 
des biens de la terre; ceux qui sont effectivement dans la pauvreté sans murmure 
et sans impatience, qui n'ont pas l'esprit des richesses, le faste, l'orgueil, l'injustice, 
lavidité insatiable de tout tirer à soi. La félicité éternelle leur appartient sous le 
tire majestueux de royaume. Parce que le mal de la pauvreté sur la terre, c'est de 


2336 L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTIiIEU. (cn. v.] 


d'esprit, parce qu'à eux appar- 6. Dienheureux ceux qui ont 

tient le royaume des cieux. faim et soif de la justice, parce 
4. Bienheureux ceux qui sont | qu'ils seront rassasiés. 

doux, parce qu'ils posséderont la 7. Bienheureux les miséricor- 

terre. dieux, parce qu'ils obtiendront 
9. Dienheureux ceux qui pleu- | eux-mémes miséricorde. 

rent, parce qu'ils seront consolés. 8. Bienheureux ceux qui ont 


4. Ps. xxxvi, 11. — 5. Isaie, ,זא‎ 2, — 8. Ps. אא‎ 4 


rendre méprisable, faible, impuissant, la félicité leur est donnée comme un remède 
à cette bassesse, sous le titre le plus auguste, qui est celui de royaume. » (Bossuer.) 

4. La terre, c'est-à-dire La terre des vivants, comme l'appelle l'Ecriture, ou le ciel. — 
* « Bienheureux ceux qui sont doux. Apprenez de moi que je suis doux, sans aigreur, 
sans enflure, sans dédain, sans prendre avantage sur personne, sans insulter au 
malheureux, sans méme choquer le superbe; mais táchant de le gagner par dou- 
ceur; doux méme à ceux qui sont aigres, n'opposant point l'humeur à l'humeur, la 
violence à la violence, mais corrigeant les excés d'autrui par des paroles vraiment 
douces. — On est bienheureux dans sa douceur, et om posséde la terre. La terre 
sainte promise à Abraham est appelée une terre coulante de lait et de miel. Toute 
douceur y abonde; c'est la figure du ciel et de l'Eglise. Ce qui rend l'esprit aigre, 
c'est qu'on répand sur les autres le venin et l'amertume qu'on a en soi-même. 
Lorsqu'on a l'esprit tranquille par la jouissance du vrai bien et par la joie d'une 
bonne conscience, comme on n'a rien d'amer en soi, on n'a que douceur pour les 
autres; la vraie marque de l'innocence, ou conservée ou recouvrée, c'est la dou- 
ceur. » (Bossuer.) 

5. * « Bienheureux ceux qui pleurent, soit qu'ils pleurent leurs miséres, soit qu'ils 
pleurent leurs péchés; ils sont heureux et ils recevront la consolation véritable, qui 
est celle de l'autre vie, où toute affliction cesse, où toutes les larmes sont essuyées. » 
(Bossukr.) 

6. * « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront vassasiés. Faim 

et soif, c'est une ardeur vive, un désir avide et pressant qui vient d'un besoin ex- 
tréme. Cherchez le royaume de Dieu et sa justice. La justice règne dans les cieux; 
elle doit aussi régner dans l'Église qui est souvent appelée le royaume des cieux. 
Elle régne lorsqu' on rend à Dieu ce qu'on lui doit, car alors on rend aussi pour 
l'amour de Dieu tout ce qu'on doit à la créature qu'on regarde en lui. On se rend 
ce qu'on se doit à soi-même, car on s'est donné tout le bien dont on est capable, 
quand on s'est rempli de Dieu. L'àme alors n'a plus de faim, n'a plus de soif; elle a 
. sa véritable nourriture. » (Bossuer.) 
τ T.*« Bienheureuz les miséricordieux, car ils obliendront miséricorde. Le plus bel effet 
de la charité, c'est d'étre touché des maux d'autrui. Ceux qui sont inflexibles, insen- 
sibles, sans tendresse, sans pitié, sont dignes de trouver sur eux un ciel d'airain, 
qui n'ait ni pluie ni rosée. Au contraire, ceux qui sont tendres à la misère d'autrui 
auront part aux gráces de Dieu et à sa miséricorde; il leur sera pardonné comme 
ils auront pardonné aux autres; il leur sera donné comme ils auront donné aux 
autres ; ils recevront selon la mesure dont ils se seront servi envers leurs frères; c'est 
Jésus-Christ qui le dit; et autant qu'ils auront eu de compassion, autant Dieu en 
aura-t-il pour eux-mêmes. » (Bossuer.) 

8.* « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur. Qui pourrait dire la beauté d'un cœur pur? 
Une grâce parfaitement nette, un or parfaitement affiné, un diamant sans aucune 
tache, une fontaine parfaitement claire, n'égalent pas la beauté et la netteté d'un cœur 
pur. 1[ faut en ôter toute ordure, et celles principalement qui viennent des plaisirs 
des sens, car une goutte de ces plaisirs trouble cette belle fontaine. Qu'elle est belle, 
qu'elle est ravissante cette fontaine incorruptible d'un cœur pur! Dieu se plait à s'y 
voir lui-même comme dans un beau miroir; il s'y imprime lui-même dans toute sa 
beauté. Ce beau miroir devient un soleil par les rayons qui le pénètrent; il est tout 
resplendissant. La pureté de Dieu se joint à la nôtre qu'il a lui-même opérée en nous, 


[cu. v.] 
le cœur pur, parce qu'ils verront 
Dieu. 

9. Bienheureux les pacifiques, 
parce qu'ils seront appelés en- 
fants de Dieu. 

10. Bienheureux ceux qui 
souffrent persécution pour la 
justice, parce qu'à eux appartient 
le royaume des cieux. 

11. Vous étes heureux, lorsque 
les hommes vous maudissent et 
vous persécutent, et disent faus- 
sement toute sorte de mal de 
vous, à cause de moi. 

12. Réjouissez-vous et tressail- 
lez de joie, parce que votre 
récompense est grande dans les 
cieux; car c'est ainsi qu'ils ont 
persécuté les prophétes qui ont 
été avant vous. 

13. Vous étes le sel de la terre. 
Que sile sel perd sa vertu, avec 
quoi le salera-t-on? I]. n'est plus 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2337 
bon qu'à être jeté dehors et foulé 
aux pieds par les hommes. 

14. Vous êtes la lumière du 
monde. Une ville ne peut étre 
cachée, quand elle est située sur 
une montagne. 

15. Et on n'allume point une 
lampe pour la mettre sous le 
boisseau, mais sur un chandelier, 
afin qu'elle éclaire tous ceux qui 
sont dans la maison. 

16. Qu'ainsi donc luise votre 
lumière devant les hommes, afin 
qu'ils voient vos bonnes œuvres 
et qu'ils glorifient votre Père qui 
est dans les cieux. 

17. Ne pensez pas que je sois 
venu abolir la loi ou les prophè- 
tes : je ne suis pas venules abolir, 
mais les accomplir. 

48. Car, en vérité je vous le 
dis, jusqu'à ce que le ciel et la 
terre passent, un seul iota ou 


10. I Pierre, i1, 20; ur, 14; iv, 14. — 13. Marc, 1x, 49; Luc, xiv, 34. — 15. Marc, 1v, 21; 
Luc, vir, 16; xr, 33. — 16. 1 Pierre, 11, 12. — 18. Luc, טא‎ 17. 


et nos regards épurés le verront briller en nous-mémes, et y luire d'une éternelle 
lumière : Bienheureux donc ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. » (Bossuer.) 

9. * > Bienheureuz les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu. Dieu est ap- 
pelé Ze Dieu de paix. Sa bonté concilie tout. Il a composé cet univers des natures et 
les qualités les plus discordantes ; il fait concourir ensemble la nuit et le jour, l'hiver 
et l'été, le froid et le chaud, et ainsi du reste, pour la bonne constitution de l'univers 
et pour la conservation du genre humain. Jésus-Christ, le Fils unique du Père cé- 
leste, est le grand pacificateur, qui a annoncé la paix à ceux qui étaient de loin, 
el à ceux qui étaient de prés, pacifiant par le sang qu'il a répandu sur la croix tout 
ce qui est dans le ciel et dans la terre, comme dit S. Paul. A l'exemple du Fils unique, 
les enfants d'adoption doivent prendre le caractère de leur père et se montrer vrais 
enfants de Dieu par l'amour de la paix. » (Bossuer.) 

10.* « Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce que le royaume 
des cieux leur appartient. Tous ceux qui souffrent pour avoir bien fait, pour avoir 
donné bon exemple, pour avoir obéi simplement et avoir confondu par leur exemple 
ceux qui ne vivent pas assez réguliérement, en sorte qu'on se prend à eux des 
reproches qu'on fait aux autres, souffrent persécution pour la justice. Ceux qui 
portent leur croix tous les jours et persécutent persévéramment en eux-mêmes leurs 
mauvais désirs, souffrent persécution pour la justice. C'est ici la dernière et la plus 
parfaite de toutes les béatitudes, parce que c'est elle qui porte le plus vivement en 
elle-même l'empreinte et 16 caractère du Fils de Dieu. » (BosscET.) 

15. * Sous le boisseau. Le boisseau était une mesure de capacité pour les solides, 
qu'on avait dans les maisons, contenant la sixième partie d'un médimne attique, 
c'est-à-dire environ huit litres et demi. Si l'on voulait cacher sans l'éteindre une lampe 
allumée, on mettait le boisseau par-dessus. iu 

i 


INA SP, 


- 


2338 
un seul point de la loi ne pas- 
sera pas que tout ne soit accompli. 

19. Celui donc qui violera l'un 
de ces moindres commande- 
ments, et enseignera ainsi aux 
hommes, sera appelé très petit 
dans le royaume des cieux; mais 
celui qui fera et enseignera, celui- 
là sera appelé grand dans le 
royaume des cieux. 

20. Car je vous dis que si votre 
justice n'est plus abondante que 
celle des Seribes et des Phari- 
siens, vous n'entrerez point dans 
le royaume des cieux. 

21. Vous avez entendu qu'il a 
été dit aux anciens : Tu ne tueras 
point; ear celui qui tuera sera 
soumis au jugement. 

22. Mais moi je vous dis que 
quiconque se meten colere contre 
son frere sera soumis au juge- 
ment. Et celui qui dira à son 
frère : Raca, sera soumis au con- 
seil. Mais celui qui lui dira : Fou, 


19. Jac., 11, 10. -- 20. Luc, xi, 39. — 21. 


xm, 58. — 27. Exode, xx, 14. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


(ce. v.] 
sera soumis à la géhenne du 
feu. 

23. Si donc tu présentes ton 
offrande à l'autel, et que là tu te 
souviennes que ton frere a quel- 
que chose contre toi, 

24. Laisse là ton don devant 
l'autel, et va d'abord te réconcilier 
avec ton frère, et alors, revenant, 
tu offriras ton don. 

25. Accorde-toi au plus tôt avec 
ton adversaire pendant que tu 
chemines avec lui, de peur que 
ton adversaire ne te livre au juge, 
et que le juge ne te livre au mi- 
nistre, et que tu ne sois jeté en 
prison. 

26. En vérité, jete le dis, tu ne 
sortiras point de là que tu n'aies 
payé jusqu'au dernier quart d'un 
as. 

27. Vous avez entendu qu'il a 
été dit aux anciens : Tu ne com- 
mettras point d'adultere. 

28. Mais moi je vous dis que 


Exode, xx, 19; Doeut., v, 17. — 25. Luc, 


19. Sera appeté; sera regardé, considéré, ou simplement sera, en vertu d'un hé- 
braisme. 

21-22. Le jugement est probablement le tribunal qui était établi dans chaque ville 
et qui se composait de vingt-trois juges; comme le conseil signifie le tribunal sou- 
verain composé de soixante-douze membres, et qui jugeait en dernier ressort les 
crimes contre la religion et l'Etat. — Jésus-Christ veut donc dire iei que la haine, la 
colère, le désir de la vengeance sont aussi criminels aux yeux de Dieu que l'homi- 
cide, qui est puni de mort, parce que quiconque conserve de la haine coutre son 
semblable est censé désirer sa mort, et que s'il ne se porte contre lui aux derniéres 
extrémités, c'est uniquement la crainte qui le retient: que dire à son frère des 
paroles telles que Raca, vil, abject, c'est se rendre coupable devant Dieu des mêmes 
peines dont le conseil punit les plus grands crimes: qu'enfin, joindre à la haine, 
aux paroles de mépris, les outrages et les discours infamants, c'est mériter l'enfer, 
la terre n'ayant point de supplice capable d'expier un tel crime. 

22. La géhenne du feu; c'est-à-dire l'enfer. Le nom de géhenne vient de deux mots 
hébreux désignant une vallée où l'on a autrefois brûlé des victimes humaines, et qui 
était devenue depuis la voirie de Jérusalem. 

23. * L'autel des holocaustes, placé devant le temple proprement dit, dans la cour 
des prétres, sur lequel on offrait et brülait les victimes des sacrifices. 

25. Par le ministre, il faut entendre ici l'exécuteur de la justice. 

26. L'as valait à peu prés un sou de notre monnaie. Voy. notre Ab/égé d'introduce 
(ion, etc., p. 944, 


feu. v.] 
quiconque aura regardé une 
femme pour la convoiter, a déjà 
commis l'adultere dans son cœur. 

99. Que si ton cil droit te scan- 
dalise, arrache-le et jette-le loin 
de toi ; car il vaut mieux pour toi 
qu'un de tes membres périsse, 
que si tout ton corps était jeté 
dans la géhenne. 

30. Et si ta main droite et scan- 
dalise, coupe-la et la jette loin de 
toi; car il vaut mieux pour toi 
qu'un de tes membres périsse, 
que si tout ton corps était jeté 
dans la géhenne. 

31. I aétó dit aussi : Quiconque 
renvoie sa femme, qu'il lui donne 
un acte de répudiation. 

32. Et moi je vous dis que qui- 
conque renvoie sa femme hors le 
cas d’adultère, la rend adultère : 
et quiconque épouse une femme 
renvoyée, commet un adultère. 

33. Vous avez encore entendu 
qu'il a été dit aux anciens : Tu 
ne le parjureras point, mais tu 
tendras au Seigneur tes ser- 
ments. 

34. Et moi je vous dis de ne ju- 
rer en aucune façon, ni par le ciel, 
parce que c'est le trône de Dieu; 

39. Ni par la terre, parce que 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU., 


2339 
c'est l'escabeau de ses pieds ; ni 
par Jérusalem, parce que c'est 
la ville du grand roi ; 

36. Ne jure pas non plus par ta 
téte, parce que tu ne peux rendre 
un seul de tes cheveux blane ou 
noir. 

87. Que votre langage soit : 
Oui, oui : Non, non ; car ce qui 
est de plus, vient du mal. 

38. Vous avez entendu qu'il a 
été dit : OEil pour ceil et dent pour 
dent. 

30. Et moi je vous dis de ne 
point résister aux mauvais trai- 
tements; mais si quelqu'un te 
frappe sur la joue droite, pré- 
sente-lui encore l'autre. 

40. Et à celui qui veut t'appeler 
en justice pour t'enlever ta tuni- 
que, abandonne-lui encore ton 
manteau. 

41. Et quiconque te contraindra 
de faire avec lui mille pas, fais- 
en deux autres mille. 

49. Donne à qui te demande, 
et ne te détourne point de celui 
qui veut emprunter de toi. 

49. Vous avez entendu qu'il 8 
été dit : Tu aimeras ton prochain 
et tu hairas ton ennemi. 

44. Mais moi je vous dis : Ai- 


29. Marc, 1x, 46; Infra, xviu, 9. — 31. Deut., xxiv, 1; Infra, xix, 7. --- 32. Marc, x, 11; 
Luc, xvi, 18; 1 Cor., vir, 10. — 33. Exode, xx, 7; Lévit., xix, 19; Deut., v, 11; Jac., 
v, 12. — 37. Jac., v, 12. — 38. Exode, xx1, 24; Lévit., xxiv, 20; Deut., xix, 21. — 39. Luc, 
vi, 29. — 40. I Cor., vi, 7. — 42. Deut., xv, 8. — 43. Lévit., xix, 18. 


29-30. La géhenne. Voy. vers. 22. 


32. Le Sauveur permet à un mari, en cas d'adultére, de se séparer de sa femme, 
mais non pas d'en épouser une autre du vivant de sa première. 
j 33. Il n'est pas méme permis de jurer avec vérité, sans une véritable nécessité. 


39-42. Et moi, etc. Jésus-Christ veut nous montrer ici que c'est pour nous un véri- 
table devoir de ne rechercher, ni méme de désirer la vengeance, et d'étre disposés 
iutérieurement à renoncer à ce qui nous est dû toutes les fois que la charité et la 
gloire de Dieu le demandent. Pour l'exécution à la lettre de ses divines paroles, c'est 
un simple conseil de perfection propre à nous faire acquérir plus de mérite aux yeux 
de Dieu. 

40. Ta lunique, chilôn. C'estle vétement de dessous qu'on avait coutume de porter 
sur la peau. — Ton manleau, imation. Votemeut qu'on mettait par dessus la tunique, 


2310 L'ÉVANGILE SELON 


mez vos ennemis, faites du bien 
à ceux qui vous haissent, et priez 
pour ceux qui vous persécutent 
et vous calomnient ; 

45. Afin que vous soyez les 
enfants de votre Père qui est dans 
les cieux, qui fait lever son soleil 
sur les bons et sur les méchants, 
et pleuvoir sur les justes et les 
injustes. 

46. Car si vous aimez ceux qui 
vous aiment, quelle récompense 
aurez-vous ? Les publicains ne le 
font-ils pas aussi ? 

47. Et si vous saluez vos frères 
seulement, que faites-vous de 
surcroît? Les paiens ne le font-ils 
pas aussi ? 

48. Soyez donc parfaits, vous, 
comme votre Père céleste est 
parfait. 


CHAPITRE VI. 


Suite du sermon sur la montagne. Au- 
mône. Prière. Jeüne. Trésor dans le 
ciel. OEil simple. Servir Dieu, non l'ar- 
gent. Ne point s'inquiéter des besoins 
de la vie. Confiance en la Providence. 


1. Prenez garde à ne pas faire 
votre justice devant les hommes, 
pour étre vus d'eux ; autrement 
vous n'aurezpoint de récompense 


SAINT MATTHIEU. (ca. vi.| 
de votre Père qui est dans les 
cieux. 

2. Lors done que tu fais l’au- 
móne, ne sonne pas de la trom- 
pette devant toi, comme font les 
hypocrites dans les synagogues 
et dans les rues, afin d'étre ho- 
norés des hommes. En vérité, je 
vous le dis, ils ont recu leur ré- 
compense. 

3. Pour toi, quand tu fais l'au- 
móne, que ta main gauche ne 
sache pas ce que fait ta droite, 

4. Afin que ton aumóne soit 
dans le secret; et ton Père, qui 
voit dans le secret, te le rendra. 

5. Et, lorsque vous priez, ne 
soyez pas comme les hypocrites 
qui aiment à prier debout dans 
les synagogues et au coin des 
grandes rues, afin d'étre vus des 
hommes. En vérité, je vous le 
dis, ils ont recu leur récompense. 

6. Mais toi, quand tu pries, 
entre dans ta chambre, et, la 
porte fermée, prie ton Père en 
secret : et ton Pere, qui voit dans 
le secret, te le rendra. 

7. Or, priant, ne parlez pas 
beaucoup comme les paiens ; ils 
simaginent qu à force de paroles 
ils seront exaucés. 


44. Luc, vr, 27; Rom., xir, 20; Luc, xxur, 34; Actes, vu, 59. 


46. Les publicains dont parle ici l'Evangile étaient des commis qui recueillaient les 
impôts, et qui, à plus d'un titre, étaient regardés.comme des gens vils et mépri- 
sables. 


5. Les Juifs priaient ordinairement debout; mais cet usage n'était point général, 
tantót ils se tenaient à genoux, et tantót ils se prosternaient le visage contre terre. 

6. Jésus-Christ ne défend point ici les prières publiques qui se font dans les 
assemblées des fidèles, puisqu'il nous dit lui-même qu'il se trouve au milieu de deux 
ou trois personnes rassemblées pour prier en son nom; mais il veut que dans les 
prières particulières et de simple dévotion chacun se retire dans le secret pour prier 
avec plus de recueillement et pour éviter l'ostentation. Il ne condamne pas non plus 
d'une manière absolue les longues prières, puisque lui-même a passé quelquefois 
les nuits à prier; il s'élève seulement contre l'abus qu'en faisaient les Juifs à l'imi- 
tation des paiens, qui croyaient se rendre plus aisément leurs dieux propices lorqu'ils 
parlaient beaucoup en priant. 


[«Β. vr.] 


8. Neleur ressemblez donc pas, 
car votre Père sait de quoi vous 
avez besoin, avant que vous le 
lui demandiez. 

9. C'est ainsi donc que vous 
prierez : Notre Pére, qui étes 
dans les cieux, que votre nom soit 
sanctifié. 

10. Que votre regne arrive. Que 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2341 
votre volonté soit faite sur la terre 
comme au ciel. 

11. Donnez-nous aujourd’hui le 
pain nécessaire à notre subsis- 
tance. 

19. Et remettez-nous nos dettes 
comme nous les remettons nous- 
mémes à ceux qui nous doivent. 

13. Et ne nous induisez pas en 


9. Luc, ,זא‎ ₪ 


9. *« Notre Père. Dès ce premier mot de l'oraison dominicale le cœur se fond en 
amour. Dieu veut être notre Père par une adoption particulière. Π a un Fils unique 
qui lui est égal, en qui ila mis sa complaisance ; il adopte les pécheurs. Les hommes 
n'adoptent des enfants que lorsqu'ils n'en ont point; Dieu qui avait un tel Fils, nous 
adopte encore. L'adoption est un effet de l'amour; car on choisit celui qu'on adopte; 
la nature donne les autres enfants, l'amour seul fait les adoptifs. Dieu qui aime son 
Fils unique de tout son amour, et jusqu'à l'infini, étend sur nous l'amour qu'il a 
pour lui. — Notre Père qui êles dans les cieux. Vous êtes partout, mais vous êtes 
dans les cieux comme dans le lieu où vous rassemblez vos enfants, où vous vous 
montrez à eux, où vous leur manifestez votre gloire, où vous leur avez assigné 
leur héritage. כ‎ (Bossuer.) 

9-10. * > Votre nom soit sanclifié; volre règne arrive; votre volonté soil faite en la 
terre comme au ciel. C'est la perpétuelle continuation de l'exercice d'aimer. Sanctitier 
le nom de Dieu, c'est le glorifier en tout et ne respirer que sa gloire. Désirer son 
règne, c’est vouloir lui être soumis de tout son cœur, et vouloir qu'il règne sur nous, 
et non seulement sur nous, mais encore sur toutes les eréatures. Son règne est dans 
le ciel, son règne éclatera sur toute la terre dans le dernier jugement. » (Bossuer.) 

41. * > Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour. C'est ici le vrai discours 
d'un enfant qui demande en :onfiance à son pére tous ses besoins jusqu'aux 
moindres. O notre Pére, vous nous avez donné un corps mortel; vous ne l'avez pas 
fait tel d'abord; mais nous vous avons désobéi, et la mort est devenue notre par- 
tage. Le corps infirme et inortel 1 besoin tous les jours de nourriture; ou il tombe en 
défaillance, ou il périt. Donnez-la-nous, donnez-la-nous simple, donnez-la nous autant 
qu'elle est nécessaire. Que nous apprenions en la demandant que c'est vous qui nous la 
donnez, de jour à jour. Vous donnez à vos enfants, à vos serviteurs, à vos soldats, 
si on veut qu'ils combattent sous vos étendards, vous leur donnez chaque jour leur 
pain. Que nous le demandions avec confiance ; que nous le recevions comme de votre 
main avec action de grâce! » (Bossuer.) 

12. * « Pardonnez-nous comme nous pardonnons. C'est une chose admirable comment 
Dieu fait dépendre le pardon que nous attendons de lui, de celui qu'il nous ordonne 
d'accorder à ceux qui nous ont offensés. Non content d'avoir partout inculqué cette 
obligation, il nous la met à nous-mêmes à la bouche dans la prière journalière, afin 
que si nous manquons à pardonner, il nous dise comme à ce mauvais serviteur : Je 
le juge par ta propre bouche, mauvais serviteur. Tu m'as demandé pardon, à con- 
dition de pardonner; tu as pronoucé ta sentence, lorsque tu as refusé de pardonner 
à ton frére. Va-t-en au lieu malheureux oü il n'y a plus ni pardon ni miséricorde. » 
(Bossukr.) 

13. * « Ne nous induisez point en tentation. On ne prie pas seulement pour s'empécher 
de succomber à la tentation, mais pour la prévenir, conformément à cette parole : 
Veillez et priez, de peur que vous n'entriez en tentation. Non seulement de peur que 
vous n'y succombiez, mais de peur que vous n'y entriez. ll faut entendre par ces 
paroles la nécessité de prier en tout temps, et quand le besoin presse, et avant qu'il 
presse. N'attendez pas la tentation; car alors le trouble et l'agitation de votre esprit 
vous empéchera de prier. Priez avant la tentation et prévenez l'ennemi. — Délivrez- 


2342 
tentation, mais délivrez-nous du 
mal. Ainsi soit-il. 

14. Car si vous remettez aux 
hommes leurs offenses, votre 
Père céleste vous remettra à vous 
aussi vos péchés. 

45. Mais si vous ne les remettez 
point aux hommes, votre Père 
céleste ne vous remettra point 
non plus vos péchés. 

16. Lorsque vous jeünez, ne 
vous montrez pas tristes comme 
les hypocrites : car ils exténuent 
leur visage, pour que leurs jeünes 
paraissent devant les hommes. 
En vérité, je vous dis qu'ils ont 
recu leur récompense. 

17. Pour toi, quand tu jeünes, 
parfume ta téte et lave ton vi- 
sage; 

18. Afin que tu n'apparaisses 
pas aux hommes jeünant, mais à 
ton Pere qui est présent à ce qui 
est secret; et ton Père, qui voit 
dans le secret, te le rendra. 

19. Ne vous amassez point de 
trésors sur la terre, oü la rouille 
et les vers rongent, et où les vo- 
leurs fouillent et dérobent. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


]68. νι 


20. Mais amassez-vous des tré- 
sors dans le ciel, où ni la rouille 
ni les vers ne rongent, et où les 
voleurs ne fouillent ni ne dé- 
robent. 

91. Où en effet est ton trésor, 
là est aussi ton cœur. 

22. La lampe de ton corps est 
ton œil. Si ton cil est simple, tout 
ton corps sera lumineux. 

93. Mais si ton œil est mauvais, 
tout ton corps sera ténébreux. Si 
donc la lumière qui est en toi est 
ténèbres, les ténèbres  elles- 
mémes que seront-elles? 

24. Nul ne peut servir deux 
maîtres ; car ou il haira l'un et ai- 
mera l'autre, ou il s'attachera à 
l'un et méprisera l'autre. Vous ne 
pouvez servir Dieu et l'argent. 

25. C'est pourquoi je vous dis : 
Ne vous inquiétez point pour 
votre vie de ce que vous mange- 
rez, ni pour votre corps de quoi 
vous vous vêtirez. La vie n'est- 
elle pas plus que la nourriture, et 
le corps plus que le vétement? 

26. Regardez les oiseaux du 
ciel; ils ne sèment ni ne mois- 


14. Eccli., xxvi, 3, 4, 5; Infra, xvin, 35; Marc, xr, 25. — 20. Luc, xi, 33; I Tim., 
vi, 19. — 22. Luc, xt, 34. — 24. Luc, xvi, 13. — 25. Ps. Liv, 23; Luc, xu, 22; Philip., 
Iv210 1 1ἴπὶ, 78 ו ו‎ Ave Me 


nous du mal. L'Eglise explique : Délivrez-nous de tout mal, passé, présent et à venir. Le 
mal passé, mais qui laisse de mauvais restes, c'est le péché commis; le mal présent, c'est 
le péché où nous sommes encore; le mal à venir, c'est le péché que nous avons à 
craindre. Tous les autres maux ne sont rien qu'autant qu'ils nous portent au péché 
par le murmure et l'impatience. C'est principalement en cette vue que nous deman- 
dons d'étre délivrés des autres maux. Délivrez-nous du mal. Délivrez-nous du péché 
et de toutes les suites du péché, par conséquent de la maladie, de la douleur, de la 
mort; afin que nous soyons parfaitement libres. Alors aussi nous serons souverai- 
nement heureux. » (BossuEr.) 

24. Jésus-Christ ne défend pas absolument aux chrétiens d'avoir des biens tempo- 
rels, mais seulement d'y attacher leurs cœurs et d'en être les esclaves. 

26-28. *« Regardez les oiseaux du ciel. Voyez les lis des champs. Jésus-Christ noua 
apprend, dans cesermon admirable, à considérer la nature, les fleurs, les oiseaux, les 
animaux, notre cops, notre âme, notre accroissement insensible, afin d'en prendre 
occasion de nous élever à Dieu. Il nous fait voir toute la nature d'une manière plus 
relevée, d'un œil plus percant, comme l'image de Dieu. Le ciel est son trône; la terre 


[cH. vir.] 


sonnent, ni n'amassent dans des 
greniers, et votre Pere céleste les 
nourrit; n'étes-vous pas beaucoup 
plus qu'eux? 

27. Qui de vous, en s'inquiétant 
ainsi, peut ajouter à sa taille une 
seule coudée? 

98. Et quantau vétement, pour- 
quol vous inquiétez-vous? Voyez 
les lis des champs; comme ils 
croissent; ils ne travaillent ni ne 
filent, 

29. Or je vous dis que Salomon 
méme dans toute sa gloire n'a ja- 
mais été vêtu comme l'un d'eux. 

30. Que si l'herbe des champs 
qui est aujourd'hui et qui demain 
est jetée dans le four, Dieu la vé- 
tit ainsi, combien plus vous, 
3o0mmes de peu de foi! 

31. Ne vous inquiétez donc 
point, disant : Que mangerons- 
nous, ou que boirons-nous, ou de 
quoi nous vétirons-nous? 

32. Car ce sont' toutes choses 
que les paiens recherchent; mais 
votre Père sait que vous en avez 
besoin. 

39. Cherchez donc première- 
ment le royaume de Dieu et sa 
justice, et toutes ces choses vous 
seront données par surcroit. 

34. Ainsine soyez pointinquiets 
pour le lendemain. Le jour de 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2318 
demain, en effet, sera inquiet 
pour lui-même; à chaque jour 
suffit son mal. 


CHAPITRE VII. 


Suite du sermon sur la montagne. Ne 
point juger témérairement. Ne pas 
donner les choses saintes aux chiens. 
Demander, chercher et frapper. Cha- 
rité. Voie étroite. Faux prophétes. Fruit 
semblable à l'arbre. Dieu juge sur les 
œuvres. Bâtir sur la pierre et non sur 
le sable. 


1. Nejugez point, afin que vous 
ne soyez point jugés. 

2. Car d'aprés le jugement se- 
lon lequel vous aurez jugé, vous 
serez jugés, et selon la mesure 
avec laquelle vous aurez mesuré, 
mesure vous sera faite. 

3. Pourquoi vois-tu la paille 
qui est dans I'veil de ton frere et 
ne vois-tu point la poutre qui est 
dans ton cil? 

4. Ou comment dis-tu à ton 
frere : Laisse-moi ôter la paille 
de ton cil, tandis qu'il y a une 
poutre dans le tien? 

5. Hypocrite, 616 d'abord la 
poutre de ton œil, et alors tu son- 
geras à óter la paille de l'œil de 
ton frere. 

6. Ne donnez pas les choses 
saintes aux chiens, et ne jetez pas 
vos perles devant les pourceaux, 


1. Luc, vi, 37; Rom., rr, 1. — 2. Marc, tv, 24. 


est l'escabeau de ses pieds ; la capitale du royaume est le siège de son empire; son 
soleil se lève, la pluie se répand pour nous assurer de sa bonté. Tout nous en parle : 
il ne s'est pas laissé sans témoignage. » (BossuEr.) 

30. * Est jetée dans le four. Comme le bois est rare dans plusieurs parties de la Pa- 
lestine, on se sert d'herbes séches pour faire cuire le pain. 

32. Les paiens qui n'avaient point d'espérance solide, mettaient toute leur confiance 
dans leur travail et dans leur industrie. Un chrétien doit travailler de maniére à 
attendre tout de la main et de la bénédiction de Dieu. 

1. Ne jugez point; c'est-à-dire n'allez pas vous informer par des motifs de curiosité, 
des mœurs et des actions des autres, pour les soumettre à votre jugement et les y 


condamner. 


3. Ce verset et les suivants contiennent différentes manières de parler proverbiales. 


2944 
de peur qu'ils ne les foulent aux 
pieds, et que, se tournant, ils ne 
vous déchirent. 

7. Demandez, et il vous sera 
donné; cherchez et vous trouve- 
rez;frappez, etil vous sera ouvert. 

8. Car quiconque demande, re- 
coit; et qui cherche, trouve; et à 
qui frappe, il sera ouvert. 

9. Quelestd'entre vousl'homme 
qui, si son fils lui demande du 
pain, lui présentera une pierre? 

10. Ou si c'est un poisson qu'il 
lui demande, lui présentera-t-il 
un serpent? 

11. Si donc vous qui 6405 mau- 
vais, voussavez donner de bonnes 
choses à vos enfants, combien 
plus votre Père qui est dans les 
cieux donnera-t-il de bonnes 
choses à ceux qui les lui de- 
mandent? 

19. Ainsi, tout ce que vous vou- 
lez que les hommes vous fassent, 
faites-le leur aussi : car c'est la 
loi et les prophètes. 

13. Entrez par la porte étroite ; 
parce que large est la porte et 
spacieuse la voie qui conduit à 
la perdition; et nombreux sont 
ceux qui entrent par elle. 

14. Combien est étroite la porte 
et resserrée la voie qui conduit à 
la vie, et qu'il en est peu qui la 
trouvent! 

15. Gardez-vous des faux pro- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[cu. vir.] 


phétes qui viennent à vous sous 
des vétements de brebis, tandis 
qu'au dedans ce sont des loups 
ravissants : 

16. Vous les connaitrez à leurs 
fruits. Cueille-t-on des raisins sur 
des épines, ou des figues sur des 
ronces? 

11. Ainsi, tout arbre bon pro- 
duit des fruits bons; mais tout 
mauvais arbre produit de mau- 
vais fruits. 

18. Un arbre bon ne peut pro- 
duire de mauvais fruits, ni un 
arbre mauvais produire de bons 
fruits. 

19. Tout arbre qui ne produit 
point de bon fruit sera coupé et 
jeté au feu. 

20. Vous les connaitrez donc à 
leurs fruits. 

91. Ce ne sont pas tous ceux 
qui me disent : Seigneur, Sei- 
geneur, qui entreront dans le 
royaume des cieux; mais celui 
qui fait la volonté de mon Père 
qui est aux cieux, celui-là entrera 
dans le royaume des cieux. 

99, Beaucoup me diront en ce 
jour là:Seigneur, Seigneur, n'est- 
ce pas en votre nom que nous 
avons prophétisé; en votre nom 
que nous avons chassé des dé- 
mons, et en votre nom que nous 
avons fait beaucoup de miracles? 

23. Et alors je leur dirai haute- 


7. Infra, xxi, 22; Marc, ,זא‎ 24; Luc, ,זא‎ 9; Jean, xiv, 13; Jac., 1, 6. — 9. Luc, xr, 11. 
— 19. Tobie, 1v, 16; Luc, vr, 31. — 18. Luc, xui, 24. — 19. Supra, riz, 10. — 21. Infra, 
xxv, 11; Luc, vi, 46. — 22. Actes, xix, 13. — 23. Ps. vr, 9; Infra, xxv, 41; Luc, xir, 21. 


15. Les Hébreux comprenaient par pr'ophèles non seulement ceux qui prédisaient 
l'avenir, mais en général aussi quiconque se donnait pour inspiré, ou qui se mélait 
d'interpréter l'Ecriture et d'enseigner. Et, sous le nom de faux prophètes, les Pères 
ont compris ici tous les faux docteurs, juifs ou chrétiens. 

22-23. La prophétie et le don des miraeles ne sont pas toujours des preuves cer- 
taines de la sainteté et du mérite de ceux à qui Dieu en fait part; témoin Balaam et 
Judas lui-même. (Nombres, xxiv, 11; Matlh., x, 1.) 


[cg. vur.] 


ment :Jene vousai jamais connu: 
retirez-vous de moi, vous qui opé- 
rez l'iniquité. 

24. Quiconque done entend ces 
paroles que je dis et les accom- 
plit, sera comparé à un homme 
sage qui a báti sa maison sur la 
pierre : 

95. Et la pluie est descendue, 
et les fleuves se sont débordés et 
les vents ont soufflé et sont venus 
fondre sur cette maison, et elle 
n'apas étérenversée, parce qu'elle 
était fondée sur la pierre. 

26. Mais quiconque entend ces 
paroles que je dis, et ne les ac- 
complit point, sera semblable à 
un homme insensé qui a báti sa 
maison sur le sable; 

27. Et la pluie est descendue, 
et les fleuves se sont débordés, et 
les vents ont soufflé et sont venus 
fondre sur cette maison ; elle s'est 
écroulée et sa ruine a été grande. 

28. Or il arriva que, lorsque Jé- 
sus eut achevé ces discours, le 
peuple était dans l'admiration de 
sa doctrine. 

29. Caril les instruisait comme 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2345 
ayant autorité, et non comme 
leurs scribes et les pharisiens. 


CHAPITRE VIII. 


Guérison d'un lépreux et de beaucoup 
d'autres malades. Dispositions pour 
suivre Jésus-Christ. Tempéte apaisée. 
Démons chassés, pourceaux précipités. 


1. Or, lorsqu'il fut descendu de 
la montagne, une grande foule le 
suivit : 

2. Et voilà qu'unlépreux venant 
à lui l'adorait, disant : Seigneur, 
si vous voulez, vous pouvez me 
guérir. 

9. Et Jésus étendant la main le 
toucha, disant : Je le veux, sois 
guéri. Et à l'instant sa lèpre fut 
guérie. 

4. Alors Jésus lui dit : Prends 
garde, ne le dis à personne, mais 
va, montre-toi au prétre, et offre 
le don prescrit par Moise, en té- 
moignage pour eux. 

5. Et comme il était entré dans 
Capharnaüm, un centurion s'ap- 
procha de lui, le priant, 

6. Et disant : Seigneur, mon 
serviteur git paralytique dans ma 


24. Luc, vr, 48; Rom., 11, 13; Jac., 1, 22. — 29. Marc, 1, 22; Luc, 1v, 32. — (παρ. VIII. 
2. Marc, 1, 40; Luc, v, 12. — 4. Lévit., xiv, 2. — 5. Luc, vu, 1. 


2. * Un lépreux. La lèpre, maladie de la peau qui peut être très grave et faire tomber 
tout le corps en pourriture, était commune en Palestine. Elle rendait impur aux yeux 
de la loi celui qui en était atteint. 

4. En témoignage pour eux; c'est-à-dire afin que ce soit pour eux un témoignage et 
une preuve incontestable de ma puissance et de ma fidélité à faire observer la loi. — 
Le mot eux peut signifier par hébraisme : à chacun des prêtres, ou bien : à la foule 
du peuple dont il est parlé au vers. 1. 

ὃ. * Capharnaüm. Voir Matth., iv, 13. — Un centurion. Le centurion était le chef 
d'une centurie légionnaire, c'est-à-dire de cent hommes. Il était chargé de la discipline 
de sa centurie, en présidait les exercices et les travaux, et marchait à sa tête quand 
on allait au combat. Il avait comme insigne de son autorité un casque à cimier et 
une branche de vigne qui lui servait à chàtier ceux de ses hommes qui enfreignaient 
les règles de la discipline. Sa paie était double de celle des soldats. 

6. Il y a une paralysie imparfaite qui consiste dans la privation ou du mouvement 
seul, ou du sentiment seul. C'est ce qu'ont reconnu tous les médecins tant anciens 
que modernes. Ainsi le paralytique, dont il est ici question, a pu souffrir extréme- 
ment, méme dans les parties paralysées, puisqu'il suffisait que les nerfs moteurs 


2316 
maison , 
ment. 

7. Jésus lui dit : J'irai, et le gué- 
rirai. 

8. Maisle centurion répondant: 
Seigneur, dit-il, je ne suis pas 
digne que vous entriez sous mon 
toit; mais dites seulement une 
parole et mon serviteur sera 
guéri. 

9. Car moi qui suis un homme 
soumis à la puissance d'un autre 
et qui ai sous moi des soldats, 
je dis à l'un : Va, et il va; et à 
un autre : Viens, et il vient, et à 
mon serviteur : Fais cela, et il le 
fait. 

10. Or Jésus, l'entendant, fut 
dans l'admiration, et il dit à ceux 
qui le suivaient : En vérité, je 
vous le dis; je n'ai pas trouvé une 
si grande foi dans Israél. 

41. Aussi je vous dis que beau- 
coup viendront de l'Orient et de 
l'Occident et auront place dans le 
royaume des cieux avec Abraham, 
Isaac et Jacob; 

19. Tandis que les enfants du 
royaume seront jetés dans les té- 
nèbres extérieures; là sera le 
pleur et 16 grincement de dents. 

13. AlorsJésus dit au centurion: 


et i] souffre violem- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[cH. vur.] 


Va, et que selon que tu as cru i] 
te soit fait. Et son serviteur fut 
guéri à cette heure méme. 

14. Jésus étant venu ensuite 
dans la maison de Pierre vit sa 
belle-mère gisante et ayant la 
fièvre. 

15. Il lui toucha la main, et la 
fièvre la quiita; aussitôt elle se 
leva, et elle les servait. 

16. Le soir étant venu, on lui 
présenta beaucoup de démo 
niaques, et par sa parole il chas 
sait les malins esprits, etil guérit 
tous les malades : 

47. Afin que s'accomplit la pa- 
role du prophète Isaïe, disant : 
Lui-même a pris nos infirmités et 
il s'est chargé de nos maladies. 

18. Or Jésus voyant une grande 
foule autour de lui ordonna de 
passer à l'autre cóté de la mer. 

19. Alors un scribe s'appro- 
chant, lui dit: Maitre, je vous 
suivrai partout où vous irez. 

20. Et Jésus lui dit : Les renards 
ont des tanieres, et les oiseaux 
du ciel des nids; mais le Fils de 
l'homme n'a pas où reposer sa 
ו‎ 

21. Un autre de ses disciples lui 
dit : Seigneur, permetltez- moi 


8. Luc, vit, 6. — 11. Mal., 1, 11. — 16. Marc, τ, 32. — 17. Isaie, Lr, 4; I Pierre, rm, 24. 


— 20, Luc, 1x, 58. 


fussent seuls affectés, tandis que les nerfs sensitifs étaient entièrement libres et pou- 
valent, par là méme, servir d'instrument à la douleur. 

19. Les ténèbres extérieures désignent l'enfer. Jésus-Christ continue l'allégorie d'un 
festin. Or dans les festins, la salle était toujours bien éclairée ; de sorte que ceux qui 
en étaient expulsés se trouvaient dans les ténèbres, pleurant et grincant les dents 
de dépit et de rage. 

16. On a voulu expliquer les possessions dont il est parlé dans les évaugélistes par 
de simples maladies ou par un déréglement de l'imagination, ou par des possessions 
purement spirituelles, ou enfin par le seul emportement des passions. Mais les 
termes dont se sont servis les écrivains sacrés et Jésus-Christ lui-même sont trop 
clairs et trop explicites pour qu'on puisse les entendre autrement que l'Eglise les a 
toujours entendus, c'est-à-dire de possessions dans lesquelles le démon agit sur lea 
corps. 

18, * De la mer de Galilée. 


]6₪. vir.) L'ÉVANGILE SELON 


d'aller d'abord et d'ensevelir mon 
père. 

22. Mais Jésus lui dit : Suis-moi 
et laisse les morts ensevelir leurs 
morts. 

23. Etant ensuite monté dans la 
barque, ses disciples le suivirent 

24. Et voilà qu'une grande tem- 
péte se leva sur la mer; de sorte 
que la barque était couverte par 
les vagues; lui-méme cependant 
dormait. 

25. C'est pourquoi ses disciples 
s'approchereut de lui et l'éveil- 
lerent, disant : Seigneur, sauvez- 
nous, nous périssons. 

26. Jésus leur dit : Pourquoi 
craignez-vous, hommes de peu 
de foi? Alors, se levant, il com- 
manda aux vents et à la mer, et 
il se fitun grand calme. 

97. Or, saisis d'admiration, ces 
hommes disaient : Quel est celui- 
ci, que les vents et la mer lui 
obéissent? 

28. Lorsqu'il fut venu de l'autre 


SAINT MATTHIEU. 2547 


côté de la mer, dans le pays des 
Géraséniens, coururentau-devant 
de lui deux démoniaques, sortant 
des sépulcres extrémement fu- 
rieux, au point que personne n'o- 
sait passer par ce chemin; 

29. Et ils se mirent à crier, di- 
sant : Qu'importe ànouset à vous, 
Jésus fils de Dieu? Etes-vous venu 
ici avantle temps pour nous tour- 
menter? t 

30. Or était non loin d'eux un 
grand troupeau de pourceaux qui 
paissaient; 

91. Et les démons le priaient, 
disant : Si vous nous chassez d'ici, 
envoyez-nous dans ce troupeau 
de pourceaux. 

32. Il leur répondit : Allez. Eux 
donc, étant sortis, entrerent dans 
les pourceaux; et voilà que le 
troupeau tout entier se précipita 
impétueusement dans la mer; et 
ils moururent dans les eaux. 

33. Et les gardiens s'enfuirent; 
et venant dans la ville, ils racon- 


23. Marc, 1v, 36; Luc, vir, 22, — 28, Marc, v, 1; Luc, virt, 26, — 30. Marc, v, 11; 


Luc, vri, 32. 


24.*« Il n'y a de tempête sur la mer de Tibériade que par les vents d'ouest. Venant 
de la cóte de Capharnaüm, ils devaient chasser la barque avec violence et l'empécher 
d'aborder. » (J. H. Micnox.) 

28. Voy. sur les possessions le vers. 16. — * Gérasa (le texte grec porte : Gergésa) 
était situé, d'après l'opinion commune, à l'endroit où sont aujourd'hui les ruines 
informes de Khersa, sur la rive gauche de l'ouadi es-Semak, qui se jette dans le lac 
de Génésareth à l'est. Là, entre l'ouadi es-Semak et l'ouadi Fik, vis-à-vis de la ville 
de Tibériade, cessent les collines et commence la plaine qui s'étend au nord sur la rive 
orientale du lac. Les ruines de Khersa sont entourées d'un mur. Un peu au sud, en 
un seul endroit, sont des rochers très escarpés qui s'avancent en pointe daus la mer 
de Galilée et c'est de là que les pores poussés par les démons dürent se précipiter 
dans les flots. Partout ailleurs il y a une bande de terre cultivable entre les mon- 
tagnes et le lac. — Sortant des sépulcres. Les tombeaux chez les Juifs pouvaient servir 
d'habitation. C'étaient des cavernes ou des excavations artificielles au milieu des 
jardins ou des champs ou dans les flancs des montagnes. Ils étaient souvent assez 
vastes, renfermant des cours avec des chambres souterraiues, disposées le long de 
corridors et remplies de niches où l'on plaçait des cadavres; on fermait ensuite la 
niche avec une pierre. Sur plusieurs de ces tombeaux on élevait des édicules. Les 
démoniaques dont parle saint Matthieu pouvaient habiter dans l'un de ces édicules 
9 dans les corridors du tombeau. 

32. * Le troupeau tout entier se précipila dans la mer. Voir la note sur Matth., xxi, 19, 


2948 


lerent tout ceci, et le sort de ceux 
qui avaient été démoniaques. 

34. Aussitôt toute la ville sortit 
au-devant de Jésus; et l'ayant vu, 
ils le priaient de sortir de leurs 
confins. 


CHAPITRE IX. 


Guérison d'un paralytique. Vocation de 
saint Matthieu. Jeüne. Hémorroisse 
guérie. Fille de Jaire ressuscitée. Gué- 
rison de deux aveugles. Possédé muet 
délivré. Brebis sans pasteurs. Moisson. 
Ouvriers. 


1. Jésus étant monté dans la 
barque, traversa la mer et vint 
dans sa ville. 

2. Et voilà que des gens lui pré- 
sentaient un paralytique gisant 
sur un lit. Or Jésus voyant leur 
foi, ditàce paralytique : Mon fils, 
aie confiance, tes péchés te sont 
remis. 

3. Et voici que quelques-uns 
d'entre les scribes dirent en eux- 
mémes : Celui-ci blaspheme. 

4. Mais, comme Jésus avait vu 
leurs pensées, il dit : Pourquoi 
pensez-vous mal en vos cours? 

5. Lequel est le plus facile de 
dire : Tes péchés te sont remis, ou 
de dire : Lève-toi et marche? 

6. Or, afin que vous sachiez que 
le Fils de l'homme a le pouvoir 
sur la terre de remettre les pé- 
chés : Lève-toi, dit-il alors au pa- 
ralytique, prends ton lit et re- 
tourne en ta maison. 

1. Et il se leva et s'en alla dans 
sa maison. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[cu. 1x.] 

8. Mais, voyant cela, la multi- 
tude fut saisie de crainte, et ren- 
dit gloire à Dieu qui a donné une 
telle puissance aux hommes. 

9. Lorsqu'il fut sorti de là, Jé- 
sus vit un homme nommé Mat- 
thieu assis au bureau des impóts, 


| etillui dit : Suis-moi. Et, se le- 


vant, il le suivit. 

10. Or il arriva que Jésus étant 
à table dans la maison, beaucoup 
de publicains et de pécheurs vin- 
rent s'y asseoir avec lui et ses dis- 
ciples. 

11. Les pharisiens voyant cela, 
disaient à ses disciples : Pourquoi 
votre maitre mange-t-il avec les 
publicains et les pécheurs? 

19. Mais Jésus, entendant, dit : 
Ce nesontpas ceux qui se portent 
bien qui ont besoin de médecin, 
mais les malades. 

18. Allez done et apprenez ce 
que veut dire : J'aime mieux la 
miséricorde que le sacrifice. Car 
je ne suis pas venu appeler les 
justes, mais les pécheurs. 

14. Alors s’approchèrent de lui 
les disciples de Jean, disant: Pour- 
quoi nous et les pharisiens jeü- 
nons-nous fréquemment, et vos 
disciples ne jeünent-ils point? 

15. Jésus leur répondit : Les fils 
de l'époux peuvent-ils s'attrister 
pendant que l'époux est avec eux? 
Mais viendront des jours ou l'é- 
poux leur sera enlevé, et alors ils 
jeüneront. 

16. Personne ne met une piece 


3^, Marc, v, 17; Luc, vin, 37. — (παρ. IX. 2. Marc, τι, 3; Luc, v, 18. — 9. Marc, m, 14; 
Luc, v, 21. — 13. Osée, vi, 6; Infra, xu, 7; 1 Tim., 1, 15. — 14. Marc, 1 18; Luc, v, 33. 


1. * Dans sa ville. Capharnaüm, où il habitait alors ordinairement, 

15. Les fils de l'époux, pour les amis et les compagnons de l'époux; hébraisme. 
— “Les amis de l'époux étaient chargés de faire tous les préparatifs des noces et 
prenaient part ensuite aux fêtes du mariage qui duraient ordinairement sept jours. 


[cu. 1x.] 


d'étoffe neuve à un vieux véte- 
ment, car elle emporte du véte- 
ment tout ce qu'elle recouvre, et 
la déchirure devient plus grande. 

17. Et l'on ne met point de vin 
nouveau dans des outres vieilles, 
autrement les outres se rompent, 
le vin se répand, et les outres 
sont perdues; mais on met le vin 
nouveau dans des outres neuves, 
et tous les deux se conservent. 

18. Comme il leur disait ces 
choses, un chef de synagogue 
s'approcha de lui et l'adorait, di- 
sant : Seigneur, ma fille vient de 
mourir; mais venez, imposez 
votre main sur elle, et elle vivra. 

19. Et Jésus, se levant, le sui- 
vait avec ses disciples. 

20. Et voilà qu'une femme af- 
fligée d'une perte de sang depuis 
douze ans, s'approcha de lui par 
derriere et toucha la frange de 
son vétement. 

21. Car elle disaiten elle-méme: 
Si je touche seulement son véte- 
ment, je serai guérie. 

22. Mais Jésus s'étant retourné, 
et la voyant, dit : Ma fille, ayez 
confiance, votre foi vous a gué- 
rie. Et cette femme fut guérie à 
l'heure méme. 

23. Or lorsque Jésus fut arrivé 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2349 
à la maison du chef de synagoque, 
et qu'il eut vu les joueurs de flûte 
et la foule tumultueuse, il disait : 

24. Retirez-vous; car la jeune 
fille n'est pas morte, mais elle 
dort. Et ils se moquaient de lui. 

25. Aprés done qu'on eut ren- 
voyé la foule, il entra, pritla main 
de la jeune fille, et elle se leva. 

20. Et le bruit s'en répandit 
dans tout le pays. 

27. Gomme Jésus sortait de là, 
deux aveugles le suivirent, criant 
et disant : Fils de David, ayez 
pitié de nous. 

28. Et lorsqu'il fut venu dans la 
maison, les aveugles s'approche- 
rent de lui. Et Jésus leur dit : 
Croyez-vous que je puisse faire 
cela? Ils lui dirent : Oui, Seigneur. 

29. Alors il toucha leurs yeux, 
disant : Qu'il vous soit fait selon 
votre fol. 

90. Aussitót leurs yeux furent 
ouverts, et Jésus les menaca, di- 
sant : Prenez garde que personne 
ne le sache. 

31. Mais eux, s'en allant, ré- 
pandirent sa renommée dans 
tout ce pays-là. 

32. Après qu'ils furent partis, 
on lui présenta un homme muet, 
possédé du démon. 


18. Marc, v, 22; Luc, viu, 41. — 20. Marc, v, 25; Luc, vin, 43. — 32. Infra, xi, 53; 


Luc, xi, 14. 


17. * Des outres. Les Orientaux se servent d'outres de peau de chèvre, de chameau 
ou d'âne pour conserver le vin et les autres liquides. < 
18. Un chef de synagogue; c'est ainsi que cet homme est qualifié dans saint Marc, 


et dans saint Luc. — * Son nom était Jaire. 


20. Selon la 101, les Hébreux étaient obligés de porter des franges aux quatre coins 
de leurs manteaux (Nombres, xv, 38; Deut., xxu, 12). 

28. * Les joueurs de flûte et la foule. Les pleureuses et les joueurs de flûte étaient un 
accompagnement ordinaire des funérailles. Voir Jérémie, 1x, 17. 

28. Cela; c'est-à-dire ce que vous me demandez. 

30. Jésus-Christ fait cette défense pour nous donner l'exemple de l'humilité. Nous 
ue devons pas aimer qu'on publie nos vertus et nos bienfaits : à Dieu seul appar- 


tiennent l'honneur et la gloire. 


2350 

33. Or, le démon chassé, le 
muet parla; et le peuple saisi 
d'admiration disait : Jamais rien 
de semblable ne s'est vu en Israél. 

34. Mais les pharisiens disaient: 
C'est par le prince des démons 
qu'il chasse les démons. 

35. Et Jésus parcourait toutes 
les villes et tous les villages, en- 
seignant dans leurs synagogues, 
préchant l'évangile du royaume 
et guérissant toute maladie et 
toute infirmité. 

36. Or en voyant cette multi- 
tude, il en eut compassion, parce 
qu'ils étaient accablés et couchés 
comme des brebis n'ayant point 
de pasteur. 

31. Alors il dit à ses disciples : 
La moisson est abondante, mais 
il y a peu d'ouvriers. 

38. Priez done le maitre de la 
moisson qu'il envoie des ouvriers 
à sa moisson. 


CHAPITRE X. 


Mission des Apôtres. Leurs noms. Ins- 
tructions que Jésus-Christ leur donne; 
puissance qu'il leur communique. 1 
leur recommande le désintéressement, 
la prudence, la patience, la confiance 
en Dieu. Il leur annonce les maux qu'ils 
auront à souffrir et la récompense qu'ils 
en recevront. 


1. Et ayant convoqué ses douze 
disciples, il leur donna puissance 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


fen. 2. 
sur les esprits impurs, pour les 
chasser, et pour guérir toute ma- 
ladie et toute infirmité. 

2. Or voici les noms des douze 
apótres : Le premier, Simon, 
appelé Pierre, et André son frere: 

3. Jacques, fils de Zébédée, el 
Jean son frère, Philippe et Bar- 
thélemi, Thomas et Matthieu le 
publicain, Jacques, fils d'Alphée, 
et Thadée : 

4. Simon le Cananéen, et Judas 
Iscariote, qui le trahit. 

5. Ce sont ces douze que Jésus 
envoya, leur commandant en 
disant: N'allez point vers les gen- 
lils, et n'entrez point dans les 
villes des Samaritains ; 

6. Mais allez plutót aux brebis 
perdues de la maison d'Israél. 

7. Alant donc, préchez, disant: 
Le royaume des cieux est proche. 

8. Guérissez les malades, res- 
suscitez les morts, purifiez les lé- 
preux, chassez les démons ; c'est 
gratuitement que vous avez recu, 
gratuitement donnez. 

9. Ne possédez ni or, ni argent, 
ni aucune monnaie dans vos 
ceintures : 

10. Nisae pourla route, ni deux 
tuniques, ni chaussure, ni bâton; 
car l'ouvrier mérite sa nourri- 
ture. 

11. En quelque ville ou village 


35. Marc, vi, 6. — 37. Luc, x, 2. — ὕπαρ. X. 1. Marc, rr, 13; Luc, vr, 13; 1x, 4. — 
6. Actes, xii, 46, — 9. Marc, vi, 8; Luc, 1x, 3; x, 4. 


MEN כת<- ביבר‎ - d 


34. Par le prince des démons; c'est-à-dire par la puissance du prince des. démons, 
comme si Jésus-Christ avait eu des intelligences avec Satan. 


4. * Judas Iscariote, c'est-à-dire de Carioth, ville de la tribu de Juda. (Jos., xv, 95.) 

5. * Les Samaritains, ainsi nommés parce qu'ils habitaient la Samarie, étaient les 
descendants des étrangers transportés dans ce pays aprés la ruine du royaume 
d "Israel, et les ennemis invétérés des Juifs. Voir IV Rois, xvi. 

9. On portait autrefois la bourse suspendue à la ceinture; on mettait aussi l'argent 
dans la ceinture elle-même, qui était creuse et large, comme 16 sont encore la plupart 


de celles des Orientaux. 


leu. x.] 


que vous entriez, demandez qui 
y en est digne, et demeurez chez 
lui jusqu'à votre départ. 

19. Or, en entrant dans la mai- 
son, saluez-la, disant: Paix àcette 
maison. 

13. Et si cette maison en est 
digne, votre paix viendra sur elle, 
et si elle n'en est pas digne, votre 
paix reviendra à vous. 

14. Lorsque quelqu un ne vous 
recevra point, et n'écoutera point 
vos paroles, sortant dela maison 
ou de la ville, secouez la pous- 
siere de vos pieds. 

15. En vérité, je vous dis : Il y 
aura moins à souffrir pour So- 
dome et pour Gomorrhe au jour 
du jugement que pour cette ville. 

16. Voici que je vous envoie 
comme des brebis au milieu des 
loups. Soyez donc prudents 
comme les serpents et simples 
comme les colombes. 

17. Mais gardez-vous des 
hommes ; car ils vous feront com- 
paraître dans leurs assemblées, 
et vous flagelleront dans leurs 
synagogues. 

18. Et vous serez conduits à 
cause de moi devant les gouver- 
neurs et les rois, en témoignage 
pour eux et pour les nations. 

19. Lors donc que l’on vous 

livrera, ne pensez ni comment, ni 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2351 
ce que vous devrez dire; il vous 
sera donné, en effet, à l'heure 
méme ce que vous devrez dire. 

20. Car ce n'est pas vous qui 
parlez, mais l'Esprit de votre Père 
qui parle en vous. 

21. Or le frere livrera le frere à 
la mort, et le pere le fils ; les en- 
fants s'éléveront contre les pa- 
rents et les feront mourir. 

22. Et vous serez en haine à 
tous, à cause de mon nom ; mais 
celui qui aura persévéré jusqu'à 
la fin, celui-là sera sauvé. 

28. Lors donc qu'on vous persé- 
cutera dans une ville, fuyez dans 
une autre. En vérité, je vous le 
dis : Vous n'aurez pas fini d'évan- 
géliser toutes les villes d'Israël 


jusqu'à ce que vienne le Fils de 


l'homme. 

24. Le disciple n'est point au- 
dessus du maître, ni l'esclave au- 
dessus de son seigneur. 

25. Il suffit au disciple qu'il soit 
comme son maitre, et à l'esclave 
comme son seigneur. S'ils ont 
appelé le père de famille Béelzé- 
bub, combien plus ceux de sa 
maison? 

26. Ne les craignez donc point: 
car il n'y a rien de caché qui ne 
sera révélé, et rien de secret qui 
ne sera su. 

27. Ce que je vous dis dans les 


16. Luc, x, 3. — 19. Luc, xii, 11. — 24. Luc, vi, 40; Jean, xmi, 16; xv, 20. — 20. Marc, 


IV, 9. 1π|0, VIT ΕΓ; ΧΠ ee 


15. * Sodome avait été détruite, de mème que Gomorrhe, à cause de ses crimes, par 
la vengeance divine, Gen., xix, 24, qui fit pleuvoir sur elles une pluie de soufre et 


de feu. 


18. En témoignage pour eux et pour les nations; c'est-à-dire pour servir de témoi- 
gnage et de preuve irrécusable du soin que Dieu a pris de leur faire annoncer la 
doctrine du salut, et de l'opiniàtreté avec laquelle ils l'ont refusée. 

25. Béelzébub était le nom d'une idole des Philistins. Les Juifs donnaient ce nom 
au démon, parce que les faux dieux sont des démons. 

21. Sur les toits. Pour bien comprendre le sens de ce verset, voyez ce que nous 


2352 
ténèbres, dites-le dans lalumière, 
et ce qui vous est dit à l'oreille, 
préchez-le sur les toits. 

98. Ne craignez point ceux qui 
tuent le corps et ne peuvent tuer 
l'âme ; mais craignez plutôt celui 
qui peut précipiter l'àme et le 
corps dans la géhenne. 

29. Deux passereaux ne se 
vendent-ils pas un as? cependant 
pas un d'eux ne peut tomber sur 
la terre sans votre Père. 

90. Les cheveux mémes de 
votre tête sont tous comptés. 

31. Ainsi ne craignez point : 
vous valez plus qu'un grand 
nombre de passereaux. 

39. Quiconque donc me confes- 
sera devant les hommes, moi 
aussi je le confesserai devant 
mon Père qui est dans les cieux : 

33. Mais celui qui m'aura renié 
devant les hommes, moi aussi je 
le renierai devant mon Père qui 
est dans les cieux. 

34. Ne croyez pas que je sois 
venu apporter la paix sur la terre 
je ne suis pas venu apporter la 
paix, mais le glaive. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


(or. 1 


35. Car je suis venu séparer 
l'homme de son père, la fille de 
sa mere et la belle-fille de sa 
belle-mère. 

36. Ainsi les ennemis de 
l'homme seront les gens de sa 
propre maison. 

31. Qui aime son père ou 9 
mere plus que moi n'est pas digne 
de moi, et qui aime son fils ou sa 
fille plus que moi, n'est pas digne 
de moi. 

38. Et qui ne prend pas sa 
croix et ne me suit pas n'est pas 
digne de moi. 

80. Qui trouve son âme, la 
perdra, et qui aura perdu son 
àme pour l'amour de moi, la re 
trouvera. 

40. Qui vous recoit, me recoit, 
et qui me recoit, recoit celui qui 
m'a envoyé. 

41. Celui qui recoit un prophete 
en qualité de prophète, recevra 
la récompense d'un prophete, et 
celui qui recoit un juste en qua- 
lité de juste, recevra la récom- 
pense d'un juste. 

49. Et quiconque aura donné à 


29. II Rois, xiv, 11; Actes, xxvir, 35. — 32. Marc, vir, 38; Luc, 1x, 26; xir, 8; II Tim., 
at, 12. — 34. Luc, xir, 51. — 36. Mich., vu, 5. — 37. Luc, xiv, 26. — 38. Infra, xvi, 24; 
Marc, vir, 34; Luc, xiv, 27. — 39. Luc, 1x, 24; xvit, 33; Jean, xir, 29. — 40. Luc, ,א‎ 
Jean, ,זוזא‎ 20. — 42. Marc, 1x, 40. 


avons dit sur les habitations des Hébreux dans notre Abrégé d'introduction, etc., 
p. 530, 2e édit. — * Les toits des maisons orientales sont en forme de terrasse. Voir 
note sur Mare, tr, 4. 

28. Dans la géhenne. Voy. v, 22. 

29. Un as. Compar., v, 26. — Sans votre Pére; c'est-à-dire sans la volonté, sans 
l'ordre de votre Pére. Le Sauveur veut faire entendre ici à ses apótres qu'ils sont 
sous la protection spéciale du Pére céleste, et que, par conséquent, ils n'ont rien à 
craindre de la part des hommes. 

34. L'Evangile est ce glaive qui sépare un fils de son père, quand ce père veut per- 
sister dans son infidélité, ete, Et le verset suivant n'est que l'explication de celui-ci. 

39. Qui trouve son âme; c'est-à-dire qui tient beaucoup à sa vie, qui tient par-dessus 
tout à la conserver. Dans l'Ecriture, le mot dme, ou substance spirituelle, se prend 
aussi pour la vie et les biens de ce monde, et pour la personne méme, le soi. Or, ici 
et dans les passages paralléles, Jésus- Christ ἃ eu probablement en vue ces divers 
sens. 


(cu. x1.] 


l'un de ces plus petits seulement 
un verre d'eau froide à boire, 
parce qu'il est de mes disciples, 
en vérité, je vous le dis, il ne 
perdra point sa récompense. 


CHAPITRE XI. 


Saint Jean envoie deux de ses disciples 
à Jésus-Christ. Eloge de saint Jean. 
Jésus-Christ et saint Jean rejetés par 
les Juifs. Villes impénitentes pires que 
Sodome. Sages 87608168 ; simples éclai- 
rés. Joug de Jésus-Christ doux et léger. 


1. Etil arriva que lorsque Jésus 
eutfini de donner ces comman- 
dements à ses douze disciples, il 
partit de là pour enseigner et 
précher dans leurs villes. 

2. Or, Jean, quand il eut appris 
dans la prison les œuvres de 
Jésus-Christ, envoyant deux de 
ses disciples, 

3. Lui dit : Est-ce vous qui devez 
venir, ou est-ce unautre que nous 
attendons ? 

4. Et Jésus, répondant leur dit: 
Allez, rapportez à Jean ce que 
vous avez entendu et vu : 

9. Des aveugles voient, des 
boiteux marchent, des lépreux 
sont guéris, dessourds entendent, 
des morts  ressuscitent, des 
pauvres sont évangélisés. 

6. Et heureux est celui qui 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2353 
ne se scandalisera point de moi. 

7. Comme ils s'en retournaient, 
Jésus commenca à dire de Jean à 
la multitude : Qu'étes-vous allés 
voir au désert? un roseau agité 
par le vent? 

8. Mais encore, qu'étes-vous 
allés voir? un homme vêtu mol- 
lement ? Mais ceux qui se vêtent 
mollement sont dans les maisons 
des rois. 

9. Qu'étes-vous donc allés voir? 
un prophete ? Oui, je vous le dis, 
et plus quun prophete; 

10. Car c’est lui dont il est écrit: 
Voici que moi j'envoie mon ange 
devant votre face, lequel prépa- 
rera votre voie devant vous. 

11. En vérité, je vous le dis, il 
ne s'est pas élevé entre les enfants 
des femmes de plus grand que 
Jean-Daptiste ; mais celui qui est 
le plus petit dans le royaume des 
cieux est plus grand que lui. 

19. Or, depuis les jours de Jean- 
Baptiste jusquà présent, le 
royaume des cieux souffre vio- 
lence, et ce sont des violents qui 
le ravissent, 

13. Car tous les prophètes et la 
loi ont prophétisé jusqu'à Jean. 

14. Et si vous voulez le com- 
prendre, il est lui-même Elie qui 
doit venir. 


2. Luc, vu, 18. — 5. Isaie, xxxv, 5; Lxt, 1. — 7. Luc, vir, 24. — 10. Mal., ur, 1; Marc., 


I, 2; Luc, vit, 27. — 14. Mal., 1v, 5. 


1. Par les villes des douze apôtres, on peut entendre celles de la Galilée, où les 
apótres étaient tous ou presque tous nés. 

2. * Saint Jean-Baptiste était prisonnier à Machéronte, à l’est de la mer Morte. Voir 
note sur Matth., xiv. 3. 

14. La prophétie de Malachie (tv, 5, 6), dont l'objet littéral est l'avénement personnei 
d'Elie, qui doit précéder le dernier avènement, se trouve aussi vérifiée dans un pre: 
mier sens moins littéral en la personne de Jean-Baptiste, qui fut suscité dans l'esprit 
et dans la vertu d'Elie (Luc, 1, 11) pour précéder le Messie, au temps de son premier 
avènement. Les Juifs, qui confondaient ce double avénement du Messie, attendaient 
alors Elie méme en personne. 

A 


N. ΠΣ 148 


2394 

45. Que celui qui a des oreilles 
pour entendre, entende. 

16. Mais à qui comparerai-je 
cette génération? Elle est sem- 
blable à des enfants assis dans la 
place qui, criant àleurs compa- 
gnons, 

11. Disent : nous avons chanté 
pour vous, et vous n'avez point 
dansé ; nous nous sommes lamen- 
tés, et vous n'avez poussé ni 
plaintes ni gémissements. 

18. Jean, en effet, est venu ne 
mangeant, ni ne buvant, et ils 
disent : Il est démoniaque. 

19. Le Fils de l’homme est venu 
mangeant et buvant, et ils disent : 
Voilà un homme de bonne chère 
et adonné au vin, ami des pu- 
blicains et des pécheurs. Mais la 
sagesse a été justifiée par ses en- 
fants. 

20. Alors il commença à faire 
des reproches aux villes dans les- 
quelles s'était opéré le plus grand 
nombre de ses miracles, de ce 
qu'elles n'avaient pas fait péni- 
lence. 

91. Malheur à toi, Corozain; 
malheur à toi, Bethsaïde! car si 
les miracles qui ont été faits au 
milieu de vous avaient été faits 
dans Tyr et Sidon, elles auraient 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


(cu. x1.] 


fait pénitence autrefois sous le 
cilice et dans la cendre. 

99. Aussi, je vous le dis : Pour 
Tyr et pour Sidon, il y aura plus 
de rémission au jour du juge- 
ment que pour vous. 

25. Et toi, Gapharnaüm, est-ce 
jusqu'au ciel que tu t'éleveras? 
Tu descendras jusqu'aux enfers, 
parce que, si dans Sodome avaient 
été faits les miracles qui ont été 
faits au milieu de toi, elle aurait 
peut-être subsisté jusqu'à ce jour. - 

24. Dien plus, je vous dis que 
pour le pays de Sodome, il y aura 
au jour du jugement plus de ré- 
mission que pour toi. 

25. Encetemps-là, Jésus prenant 
la parole, dit : Mon Père, Seigneur 
ducieletde laterre,je vous rends 
eloire de ce que vous avez caché 
ces choses aux sages et aux pru- 
dents, et que vous les avez révé- 
lées aux petits. 

26. Oui, mon Père, parce qu'il 
vous a plu ainsi. 

97. Toutes choses m'ont été 
données par mon Père. Et nul ne 
connait le Fils, si cen'est le Père; 
et nul ne connait le Père, si ce 
n'est le Fils, et celui à qui le Fils 
aura voulu le révéler. 

28. Venez à moi, vous tous qui 


21. Luc, x, 13. — 27. Jean, vi, 46; vir, 28; viri, 19; x, 15. 


91. * Corozain, bourgade de Galilée, qui n'est mentionnée ni dans l'Ancien Testament 
nidans Joséphe. S. Jérome dit qu'elle était située à deux mille romains de Capharnaüm, 
sur les bords du lac de Génésareth. Beaucoup la placent aujourd'hui au nord de 
Capharnaüm dans la plaine. — Bethsaïde, ville de Galilée, dont le nom signifie maison 
de péche, située sur la rive occidentale du lac de Génésareth, non loin de Capharnaüm. 
Il y avait à l'extrémité septentrionale du lac, à l'est, prés du Jourdain, une autre 
Bethsaide, qui faisait partie de la Gaulonitide; elle fut agrandie par Philippele té- 
trarque et reçut le surnom de Julias, en l'honneur de Julie, fille de l'empereur Au- 
guste. D'aprés plusieurs interprétes, la Bethsaide dont il est question dans S. Luc, 
ix, 10, et aussi dans S. Mare, vin, 22, est Bethsaide-Julias; dans tous les autres pas- 
sages du Nouveau Testament où Bethsaide est nommée, il faut entendre celle de Gas 
lilée. — Tyr et Sidon. Voir Marc, m, 8. 

33. * Capharnaüm, voir Matt., vir, 5. 


[cu. [.זנצ‎ 


prenez de la peine et qui êtes 
chargés, et je vous soulagerai. 
29. Prenez mon joug sur vous, 

et apprenez de moi que je suis 
doux et humble de cœur, et vous 
trouverez du repos pour vos 
ámes. 

| 80. Car mon joug est doux et 

mon fardeau léger. 


CHAPITRE XII. 


Murmures des pharisiens contre les dis- 
ciples de Jésus-Christ, qui arrachaient 
des épis un jour de sabbat. Guérison 
d'un homme qui avaitla main desséchée. 
Douceur du Messie. Possédé aveugle et 
muet. Blasphèmes des pharisiens. Pé- 
ché contre le Saint-Esprit. Miracle de 
Jonas. Démon rentrant. Mère et frères 
de Jésus-Christ. 


4. En ce temps-là, Jésus passait 
le long des blés un jour de sab- 
bat, et ses disciples ayant faim se 
mirent à cueillir des épis et à les 
manger. 

2. Les pharisiens voyant cela 
lui dirent : Voilà que vos disciples 
font ce qu’il n’est pas permis de 
faire aux jours du sabbat. 

3. Mais 11 leur dit : N'avez-vous 
point lu ce que fit David, lorsqu'il 
eut faim, lui et ceux qui étaient 
aveclui? 

4. Comme il entra dans la mai- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2990 


son de Dieu, et mangea les pains 
de proposition qu'il ne lui était 
pas permis de manger, ni à ceux 
qui étaient avec lui, mais aux 
prétres seuls? 

9. Ou n'avez-vous pas lu dans 
laloi, qu'aux jours du sabbat les 
prétres, dans le temple, violent 
le sabbat et sont sans péché? 

6. Or, je vous dis qu'il y a ici 
quelqu'un de plus grand que le 
temple. 

7. Et si vous compreniez ce que 
signifie: Je veux la miséricorde 
et non le sacrifice, vous n'auriez 
jamais condamné les innocents. 

8. Car le Fils de l'homme est 
maitre du sabbat méme. 

9. Etant parti de là, il vint dans 
leur synagogue. 

10. Or, voilà qu'un homme avait 
la main desséchée, et ils l'inter- 
rogaient, disant : Est-il permis de 
guérir les jours de sabbat? afin 
de l'accuser. 

11. Mais il leur répondit : Quel 
sera l'homme d'entre vous qui, 
ayant une brebis, si cette brebis 
tombe dans une fosse le jour du 
sabbat, nelaprendra pas pour l'en 
retirer? 

19. Orcombien uu homme vaut 
mieux qu'une brebis? Il est donc 


29. Jérém., vr, 16. — 30. I Jean, v, 3. — (ΒΑΡ. XII. 1. Marc, 11, 23; Luc, vi, 1. — 


* XXIE, ἊΣ: 


3. I Rois, xxr, 6. — 4. Lévit,, xxiv, 9. — 5. Nom., xxvii, 9. — 7. 1 Rois, xv, 22; 
Eccl., 1v, 17; Osée, vi, 6; Supra, 1x, 13. — 10. Marc, ur, 1; Luc, vi, 6. — 11. Deutér., 


dans un champ (Deut., xxii, 25). 


1. * La loi mosaique permettait à ceux qui avaient faim de cueillir quelques épis 


4. Les pains de proposition sont ceux qu'on exposait tous les samedis sura table 


d'or devant le Seigneur. 


6. * Que le temple, en grec, hiéron. Voir Matt., xxi, 12. 

9. * Dans leur synagogue. Voir Matt., iv, 23. 

11. On a prétendu qu'il n'est pas permis aux Juifs de retirer, le jour du sabbat, 
une bête d'un puits ou d'une fosse où elle serait tombée, et que, par conséquent, le 
discours de Jésus-Christ n'est pas conforme à la vérité. Nous convenons que cette 
défense existe, mais elle est bien postérieure au temps de Jésus-Christ. 


2356 
permis de faire le bien les jours 
de sabbat. 

13. Alors il dit à cet homme : 
Etends ta main. Il l'étendit, et 
elle devint saine comme l'autre. 

14. Cependant les Pharisiens 
élant sortis tinrent conseil contre 
lui comment ils le perdraient. 

15. Mais Jésus, le sachant, par- 
tit de là, et beaucoup le suivirent 
et il les guérit tous. 

16. Et il leur ordonna de ne 
point le révéler. 

11. Afin que füt accomplie la 
parole du prophète Isaie, disant : 

18. Voici mon serviteur que j'ai 
choisi, l'objet de ma dilection, en 
qui mon áme a mis toutes ses 
complaisances. Je ferai reposer 
mon esprit sur lui, et il annon- 
cera la justice aux nations. 

19. Il ne disputera point, il ne 
criera point, el personne n'enten- 
dra sa voix dans les places pu- 
bliques. 

90. Iln'achevera pas de rompre 
un roseau à demi brisé, et n'é- 
teindra point une mèche encore 
fumante, jusqu'à ce quil assure 
le triomphe de la justice. 

91. Et les nations espéreront 
en son nom. 

22. Alors on lui présenta un dé- 
moniaque, aveugle et muet, et il 


L'EVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


(cu. xn.] 
le guérit, en sorte qu'il parlait et 
voyait. 

95. Et tout le peuple, frappé de 
stupéfaction, disait: N'est-ce point 
là le Fils de David? 

24. Or, entendant cela, les pha- 
risiens disaient: Celui-ci ne chasse 
les démons que par Béelzébub, 
prince des démons. 

95. Mais, Jésusconnaissantleurs 
pensées, leur dit : Tout royaume 
divisé contrelui-méme seraruiné, 
et toute ville ou maison divisée 
contre elle-méme ne subsistera 
pas. 

90. Que si Satan chasse Satan, 
il est divisé contre lui-méme; 
comment done son royaume sub- 
sistera-t-il? 

27. Et si moi je chasse les dé- 
mons par Béelzébub, par qui vos 
enfants les chassent-ils? C'est 
pourquoi ils seront eux-mêmes 
vos juges. 

28. Mais si je chasse les démons 
par l'esprit de Dieu, le royaume 
de Dieu est donc parvenu jusqu'à 
vous. 

29. D'ailleurs, comment quel- 
qu'un peut-il entrer dans la mai- 
son du fort et enlever ce qu'il pos- 
sede,siauparavantil nelie le fort? 
C'estalors qu'il pillera sa maison. 

30. Qui n'est pas avec moi est 


18. Isaie, xri, 1. — 24. Supra 1x, 34; Marc, ur, 22; Luc, xr, 15. — 25. Luc, xr, 17. 


18-21. Ce texte d'Isaie (xru, 1-4) s'applique à Jésus-Christ méme dans le sens lit- 
téral. En effet, Jésus-Christ était Fils coéternel et consubstantiel au Pére par 88 
nature divine, mais il s'est rendu son serviteur, comme 16 dit saint Paul (PAilipp., 
1, 2), en serevétant de la chair et des infirmités humaines. 

24, * Béelzébub. Voir Matt., x, 25. 

29. Le fort, ou le fort armé,comme l'appelle saint Luc (x1, 21), était 16 la£riensis des 
anciens, c'est-à-dire un officier fidéle et vaillant à quil'on confiait la garde d'une 
maison. 

30. Jésus-Christ parle ici à des pharisiens, qui, par le seul refus qu'ils faisaient de 
croire en lui, formaient une opposition des plus fortes à la prédication de l'Evangile. 
Car, comme ils étaient les plus accrédités des Juifs, leur exemple empéchait un 
grand nombre de conversions, 


L'ÉVANGILE SELON‏ [.זזצ .אס] 


contre moi, et qui ne rassemble 
pas avec moi, disperse. 

31. C'est pourquoi je vous dis : 
Tout péché et tout blasphème 
sera remis aux hommes; mais le 
blasphème contre l'Esprit ne sera 
point remis. 

32. Et quiconque aura parlé 
contre le Fils de l'homme, il lui 
sera remis, mais si quelqu'un 8 
parlé contre l'Esprit-Saint, il ne 
lui sera remis, ni en ce siecle, ni 
dans le siecle à venir. 

33. Ou estimez l'arbre bon et 
le fruit bon; ou estimez larbre 
mauvais et le fruit mauvais; car 
c'est par le fruit qu'on connait 
l'arbre. 

34. Race de vipères, comment 
pouvez-vous dire de bonnes 
choses, puisque vous étes mau- 
vais? C'est. en effet, de l'abon- 
dance du cœur que la bouche 
parle. 

39. L'homme bon tire du bon 
trésor de bonnes choses, et 
l'homme mauvais tire du mau- 
vals trésor de mauvaises choses. 

80. Orje vous dis que toute pa- 
role oiseuse que les hommes au- 


SAINT MATTHIEU. 2357 


ront dite ils en rendront compte 
au jour du jugement. 

31. Car c'est partes paroles que 
tu seras justifié et par tes paroles 
que tu seras condamné. 

38. Alors quelques-uns des 
scribes et des pharisiens prirent 
la parole aprèslui, disant : Maitre, 
nous voulons voir un miracle de 
vous. 

39. Jésus, répondant, leur dit : 
Une génération méchante et adul- 
iere demande un miracle, et il 
ne lui sera donné d'autre miracle 
que celui du prophète Jonas. 

40. Car comme Jonas fut trois 
jours et trois nuits dansle ventre 
du poisson, ainsi le Fils de 
l'homme sera dans le sein de la 
terre trois jours et trois nuits. 

41. Les Ninivites se léveront au 
jugement avec cette génération 
etla condamneront, parce qu'ils 
firent pénitence à la prédication 
de Jonas, et cependant il y a ici 
plus que Jonas. 

42. La reine du Midi se lèvera 
au jugement avec cette généra- 
tion, et la condamnera, parce 
qu'elle vint des extrémités de la 


3l. Marc, ur, 28, 29; Luc, xu, 10. — 34. Luc, vr, 45. — 39. Infra xvi, 4; Luc, xt, 29; 
I Cor., 1, 22; Jon., 11, 1. — 41. Jon., uir, 5. — 42. ΠῚ Rois, x, 1; II Par., 1x, 1. 


32. 1] résulte du contexte màme que le péché contre le Saint-Esprit, dont il est ici 
parlé, consiste à attribuer au démon les miracles du Sauveur. Or ce péché est dit 
irrémissible, parce qu'il est moralement impossible d'en obtenir la rémission, 
attendu qu'il y ἃ une malice intrinsèque naturellement opposée au pardon. 1] faudrait 
pour cela un miracle de la grâce que Dieu n’accorde pas selon le cours ordinaire de 
sa providence. D'un autre cóté, c'est un dogme de la foi catholique qu'il n'y a aucun 
péché absolument irrémissible, l'Eglise ayant reçu le pouvoir de remettre tous les 
péchés sans exception, et Dieu, dans sa miséricorde, pouvant toucher le cœur du 
pécheur le plus endurci. 

31. Car c'est par tes paroles, etc. 11 parait que c'est un proverbe que l'évangéliste 
rapporte textuellement, puisque les verbes sont au singulier. 

40. Si l'on a égard à la manière dont les Juifs divisaient le temps, on reconnaîtra 
sans peine que le corps de Jésus-Christ est resté trois jours et trois nuits dans le sein 
de la terre. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 535, 2e édit. 

42. La reine du Midi; c'est-à-dire la reine de Saba, province d'Arabie située au 
sud de la Judée. 


9308 
terre écouter la sagesse de Salo- 
mon; et cependant il y a ici plus 
que Salomon. 

49. Lorsque l'esprit impur est 
sorti d'un homme, il s'en va er- 
rant en des lieux arides, cher- 
chant du repos, et il n'en trouve 
point. 

44. Alors 11 dit : Je retournerai 
dans ma maison d'où je suis 
sorti, et y revenant, il la trouve 
libre, purifiée de ce qui la souil- 
lait et ornée. 

45. Alors il va et prend sept 
autres esprits plus mauvais que 
lui, et entrant, ils y demeurent; 
et le dernier état de cet homme 
est pire que le premier. Ainsi en 
sera-t-il de cette génération per- 
verse. 

46. Lorsqu'il parlait encore au 
peuple, voilà que sa mère et ses 
freres étaient dehors, cherchant 
à lui parler. 

41. Quelqu'un lui dit : Voilà 
votre mere et vos frères qui sont 
dehors et qui vous cherchent. 

48. Mais, répondant à celui qui 
lui parlait, il dit : Qui est ma mère 
et qui sont mes frères? 

49. Et étendant la main vers ses 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[cu. xur.] 
disciples, il dit : Voici ma mère 
et mes frères. 

50. Car quiconque fait la volonté 
demon Père qui estdansles cieux, 
celui-là est mon frère et ma sœur 
et ma mère. 


CHAPITRE XIII. 


Parabole de la semence et son explica- 
tion. Plusieurs autres paraboles. Jésus 
méprisé dans sa patrie. 


1. Ce jour-là, Jésus étant sorti 
de la maison, s'assit sur le bord 
de la mer. 

2. Et il s'assembla près de lui 
une grande foule, de sorte que, 
montant sur la barque, il s'assit, 
et la foule resta sur le rivage; 

3. Et il leur annonca beaucoup 
de choses en paraboles, disant : 
Voilà que celui qui sème est sorti 
pour semer. 

4. Et, pendant qu'il semait, des 
grains tombèrent le long du che- 
min, etles oiseaux du ciel vinrent 
et les mangerent. 

ὃ. D'autres tombèrent sur un 
terrain pierreux, oü il n'y avait 
pas beaucoup de terre, et ils le- 
vèrenttrès vite, parce quela terre 
était peu profonde. 


43. Luc, xr, 24. — 45. II Pierre, 11, 20. — 46. Marc, ri, 31; Luc, vu, 19. — (ΒΑΡ. XIII. 


2. Marc, rv, 1; Luc, vin, 4. 


46. On sait que chez les anciens et surtout chez les Hébreux le mot frère se prenait 
dans le sens de cousin et de proche en général. — Sur les fréres du Seigneur, voir 
la note 9 de M. Glaire à la fin du volume. 

48-50. La réponse du Sauveur signifie, selon l'explication des Péres, que quand il 
s'agit de la gloire et des intéréts de Dieu, on ne doit considerer ni parents ni amis; 
pas plus qu'on ne doit considérer la chair et le sang, dès qu'ils s'opposent à ce que 
Dieu demande de nous. Enfin Jésus-Christ nous apprend par là qu'il préfère aux 
parents et aux amis selon la chair, ceux qui lui sont attachés selon l'esprit, ceux qui 
l'écoutent, qui l'aiment et qui le suivent. Ainsi sa réponse n'avait nullement pour 
but de montrer du mépris pour sa mére et ses parents. 


4. * Jésus étant sorti de la maison, probablement à Capharnaüm, où il demeurait 
depuis le commencement de son ministère (Matt., iv, 13). — S'assit sur le bord de la 
mer de Galilée ou lac de Tibériade. 

3. * En paraboles. Sur les paraboles de l'Evangile, voir la note 10 à la fin du vo- 
lume. 


[cu. xin.] 


6. Mais le soleil s'étant levé, ils 
furent brülés, et parce qu'ils n'a- 
vaient point de racine, ils se des- 
séchèrent. 

7. D’autres tombèrent parmi 
les épines, et les épines crürent 
et les étouffèrent. 

8. D'autres tombèrent dans une 
bonne terre et produisirent des 
fruits, l'un cent, l'autre soixante, 
l'autre trente. 

9. Que celui qui a des oreilles 
pour entendre, entende. 

10. Et ses disciples s'appro- 
chant, lui dirent : Pourquoi leur 
parlez- vous en paraboles? 

11. Il leur répondit, en disant : 
Parce que, pour vous, il vous ἃ 
été donné de connaitre les mys- 
teres du royaume des cieux ; mais, 
pour eux, il ne leur a pas été 
donné. 

12. Car celui qui a, on lui don- 
nera, et il sera dans l'abondance; 
mais celui qui n’a pas, méme ce 
qu'il a lui sera 6. 

13. C'est pourquoi je leur parle 
en paraboles, parce que voyant, 
ils ne volent point, et qu'écou- 
tant, ils n'entendent ni ne com- 
prennent. 

14. Aussi, c'est en eux que s'ac- 
complit la prophétie d'Isaie, di- 
sant : Vous écouterez de vos 
oreilles, et vous ne compren- 
drez point; vous regarderez de 
vos yeux, et vous ne verrez 
point. 

15. Car le cœur de ce peuple 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2359 
s'est appesanti, et ses oreilles se 
sont endurcies, et ils ont fermé 
leurs yeux, de peur que leurs 
yeux ne voient, que leurs oreilles 
n'entendent, que leur cœur ne 
comprenne, et que. se convertis- 
sant, je ne les guérisse. 

16. Mais heureux vos yeux, 
parce qu'ils voient, et vos oreilles, 
parce qu'elles entendent. 

47. Car, en vérité, je vous dis 
que beaucoup de prophètes et de 
justes ont désiré voir ce que vous 
voyez, et ne l'ont pas vu; en- 
tendre ce que vous entendez, et 
ne l'ont point entendu. 

18. Vous donc, entendez la pa- 
rabole de celui qui seme. 

19. Quiconque entend la parole 
du royaume et ne la comprend 
pas, l'esprit malin vient et il en- 
lève ce qui a été semé dans son 
cœur : tel est celui qui a recu la 
semence lelong du chemin. 

20. Celui qui a recu la semence 
dans les endroits pierreux, c'est 
celui qui écoute la parole et la re- 
coit d'abord avec joie; 

21. Mais comme il n'a pas en lui 
de racine, il ne se maintient pas 
longtemps; car la tribulation et 
la persécution survenant à cause 
de la parole, 1} est aussitót scan- 
dalisé. 

22. Celui qui a recu la semence 
parmi les épines, c'est celui qui 
écoute la parole; mais les solli- 
citudes de ce siècle et la trom- 
perie des richesses étouffent cette 


12. Infra xxv, 29. — 14. Isaie, vr, 9; Marc, tv, 12; Luc, vir, 10; Jean, xir, 40; Actes, 


xxvi, 26; Rom., xr, 8. — 17. Luc, x, 24. 


13. I] ne s'agit ici que des mystères du royaume de Dieu. et non des préceptes 
évangéliques que tous doivent entendre et pratiquer. Or Jésus-Christ ne proposait 
qu'en paraboles les mystéres aux Juifs, afin de les punir de l'aveuglement de leur 
esprit et de l'endurcissement de leur cœur. Voy. Mare, tv, 12. 


2860 
parole, et elle reste sans fruit. 

93. Mais celui qui a recu 18 se- 
mence dans une bonne terre, c'est 
celui qui écoute la parole et la 
comprend; qui porte du fruit, et 
rend ou cent, ou soixante, ou 
trente. 

24. Il leur proposa une autre 
parabole, disant : Le royaume des 
cieux est semblable à un homme 
qui avait semé du bon grain dans 
son champ. 

95. Mais pendant que les 
hommes dormaient, son ennemi 
vint et sema de l'ivraie au milieu 
du froment, et s'en alla. 

96. L'herbe ayant done crü et 
produit son fruit, alors parut aussi 
l'ivraie. 

97. Cependant les serviteurs du 
père de famille s'approchant, lui 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[cu. xum.] 


vous pas semé du bon grain dans 
votre champ? D'où vient donc 
qu'il y a de l'ivraie? 

98. Et il leur répondit : C'est 
un homme ennemi qui a fait eela. 
Les serviteurs lui demandèrent : 
Voulez-vous que nous allions l'ar- 
racher? 

29. Il répondit : Non, de peur 
qu'arrachant l'ivraie, vous n'ar- 
rachiez aussi le froment avec 
elle. 

30. Laissez l'un et l’autre croître 
jusqu'à la moisson, et, au temps 
de la moisson, je dirai aux mois- 
sonneurs : Arrachez d'abord 11- 
vraie, et liez-la en gerbes pour la 
brüler; mais le froment, rassem- 
blez-le dans mon grenier. 

31. Il leur proposa une autre 
parabole, disant : Le royaume 


demandèrent : Seigneur, n'avez- | des cieux est semblable à un grain 


24. Marc, 1v, 26. — 31. Marc, 1v, 31; Luc, xir, 19. 


93. Ou cent, etc.; littér. autre cent, etc. 

95. * L'ivraie est une plante aunuelle, de la famille des graminées et de la tribu des 
hordéacées. Il en existe plusieurs espèces. Celle de la parabole est le Lolium temu- 
lentum ou ivraie enivrante. Elle est commune dans les moissons d'Europe comme 
en Palestine. « L'ivraie enivrante est la seule graminée qui possède des propriétés 
malfaisantes. Son nom lui vient de l'espéces d'ivresse qu'elle occasionne. Ses semences 
mélées au blé, ont souvent produit des symptómes d'empoisonnement, des nausées, 
des vertiges. » (CnENv.) Par la cuisson, l'action de la chaleur lui enlève ses propriétés 
malfaisantes. — Son ennemi sema de l'ivraie.«Notre -Seigneur n'a rien imaginé ici, 
mais il parle d'un acte de malice qui a dû être connu de ses auditeurs. La loi ro- 
maine le suppose, et un écrivain moderne (Rogers), en parlant des coutumes et des 
mœurs de l'Orient, affirme qu'il est également pratiqué dans l'Inde. « Voyez, dit-il, 
ce coquin attentif au moment où sou voisin labourera son champ; dés que le champ 
est ensemencé, il s'y rend à son tour, le nuit, et y répand ce que les natifs appellent 
pandinellu, c'est-à-dire de l'ivraie; elle croit avant la bonne semence et se propage 
rapidement, tellement que le malheureux propriétaire du champ doit attendre des 
années avant de pouvoir se débarrasser de cette plante nuisible. » (TRENCH, L'àvraie.) 

29-30. * L'ivraie, avaut de s'étre développée, ressemble si fort au froment, qu'il est 
trés difficile de distinguer les deux plantes l'une de l'autre. Mais > quand 16 blé com- 
mence à former l'épi, l'ivraie fait de méme, et alors un enfant ne peut plus la con- 
fondre avec le froment ou avec l'orge. Auparavant le triage serait impossible. Les 
cultivateurs eux-mémes qui, en Palestine, ont l'habitude d'arracher les mauvaises 
herbes dans leurs champs, n'essaient point d'enlever l'ivraie. » (THomson.) 

31. *Un grain de sénevé ou de moutarde. La sinapis nigra ou moutarde noire de 
Palestine est une plante annuelle, aux rameaux nombreux et à larges feuilles. Tous 
les voyageurs rapportent qu'en Terre Sainte, elle atteint, méme à l'état sauvage, de 
grandes proportions et s'éléve souvent à plus de trois métres de hauteur, de sorte 
que les oiseaux du ciel peuvent se reposer littéralement sur ses rameaux. 


[cu. [.זזזצ‎ L'ÉVANGILE SELON 


de sénevé, qu'un homme prit et 
sema dans son champ. 

32. C'est, à la vérité, le plus 
petit de tousles grains ; mais lors- 
qu'il a ,עס‎ il est plus grand que 
toutes les plantes, etil devient un 
arbre; de sorte que les oiseaux 
du ciel viennent habiter dans ses 
rameaux. 

33. Il leur dit encore cette autre 
parabole : Le royaume du ciel est 
semblableaulevain qu'unefemme 
prend et méle dans trois mesures 
de farine, jusqu'à ce que le tout 
ait fermenté. 

94. Jésus dit toutes ces choses 
en paraboles à 18 multitude; et il 
ne lui parlait point sans para- 
boles; 

99. Afin que s'accomplit la pa- 
role du prophète disant : J'ouvri- 
rai ma bouche en paraboles, et 
je révélerai des choses cachées 
depuis la fondation du monde. 

90. Alors, la multitude ren- 
voyée, il vint dans la maison, et 
ses disciples s'approchérent de 
lui, disant : Expliquez-nous la pa- 
robole de livraie semée dans le 
champ. 

91. Jésus répondant, leur dit : 
Celui qui seme le bon grain, c'est 
le Fils de l'homme, 

38. Etle champ, c'estle monde. 
Mais le bon grain, ce sont les en- 


SAINT MATTHIEU. 2361 


fants du royaume, et l’ivraie les 
enfants du malin esprit. 

39. L'ennemi qui la semée, 
c'est le démon. La moisson, c'est 
la consommation du siècle; et les 
moissonneurs sont les anges. 

40. Comme donc on arrache 
l'ivraie et qu'on la brüle dans le 
feu, ainsi en sera-t-il àla consom- 
mation du siecle. 

41. Le Fils de l'homme enverra 
ses anges, et ils enlèveront de 
son royaume tous les scandales 
61 ceux quicommettentTl'iniquité; 

42. Et ils les jetteront dans la 
fournaise du feu. Là serale pleur 
et le grincement de dents. 

43. Alors les justes resplendi- 
ront comme le soleil dans le 
royaume de leur Père. Que celui 
qui a des oreilles pour entendre, 
entende. 

44. Le royaume des cieux est 
semblable à un trésor caché dans 
un champ; celui qui l'a trouvé, 
le cache, et à cause de la joie qu'il 
en a, il va et vend tout ce quil a, 
et il achète ce champ. 

49. Le royaume des cieux est 
encore semblable à un marchand 
qui cherchait de bonnes perles ; 

46. Or, une perle précieuse 
trouvée, il s'en alla, vendit tout 
ce qu'il avait, et l'acheta. 

41. Le royaume de Dieu est 


33. Luc, א‎ 21. — 35. Ps. Lxxvir, 2. — 86, Marc, 1v, 34. — 39. Apoc., xiv, 15. = 


43. Sagesse, ΠῚ, 7; Daniel, xir, 3. 


om i t 


32. * Il devient un arbre. Les premiers chrétiens ont souvent représenté Jésus-Christ 
dans le tombeau avec un arbre qui sort de sa bouche et sur les branches duquel 


sont les Apótres. 


33. * Trois mesures de farine, trois sata, c'est-à-dire environ 39 litres. 
39. La consommation du siécle; c'est à-dire la fin du monde. 


A4. * > Saint Augustin nous dit que le champ dans lequel on peut trouver le céleste 
trésor n'est autre que la vraie Eglise, parce que dans l'Eglise seule nous pouvons trou- 
ver dans toute leur pureté et les dogmes révélés de Dieu, et les lois qu'il nous ἃ impo- 
sées, et le culte qu'il exige. » (VENTURA DE RAULICA.) 


2362 
encore semblable à un filet jeté 
dans la mer, qui prend toutes 
sortes de poissons ; 

48. Et, lorsqu'il est plein. 58 
pécheurs le retirant, puis, s'as- 
seyant sur le rivage, ils choisis- 
sentles bons, les mettent dans 
des vases, et jettent les mauvais 
dehors. 

49. Ainsi en sera-t-il à la con- 
sommation du siècle ; les anges 
viendront et sépareront les mé- 
chants du milieu des justes, 

50. Etles jetteront dans la four- 
naise du feu. Là sera le pleur et 
le grincement de dents. 

91. Avez-vous bien compris 
tout ceci? Ils lui dirent : Oui. 

52. Et il ajouta : C'est pourquoi 
tout 807126, instruit de ce qui 
touche le royaume des cieux, est 
semblable au pere de famille qui 
lire de son trésor des choses 
nouvelles et des choses anciennes. 

59. Et il arriva que, lorsque 
Jésus eut achevé ces paraboles, 
il partit de là. 

94. Or étant venu dans son 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[en. xiv.] 


pays, il les instruisait dans leurs 
synagogues ; de sorte que saisis 
d'étonnement, ils disaient : D’où 
viennent à celui-ci cette sagesse 
et ces miracles ? 

55. N'est-ce pas le fils du char- 
pentier? Sa mère ne s'appelle- 
t-elle point Marie? et ses freres, 
Jacques, Joseph, Simon et Jude? 

56. Et ses sœurs, ne sont-elles 
pas toutes parmi nous? D'oü lui 
viennent donc toutes ces choses? 

57. Et ils se scandalisaient de 
lui. Mais Jésus leur dit : Un pro- 
phète n'est pas sans honneur si ce 
n'est dans sa patrie et dans sa 
maison. 

58. Et il ne fit pas là beaucoup 
de miracles, à cause de leur in- 
crédulité. 


CHAPITRE XIV. 


Mort de saint Jean-Baptiste. Multipliea- 
tion des cinq pains et des deux pois- 
sons. Jésus et Pierre marchent sur les 
eaux. Vertus des vótements de Jésus- 
Christ. 


1. En ce temps-là Hérode, le 


54. Marc, vi, 1; Luc, 1v, 16. — 55. Jean, vr, 42. — (παρ. XIV.1. Marc, vi, 14; Luc, 1x, T. 


54. * Elant venu dans son pays, Nazareth. 

55-56. Ses frères, ses sœurs, c'est-à-dire ses cousins, ses cousines, ses parents en 
général. Voyez la note supplémentaire sur Matth., xir, 46. — * Jacques est saint Jacques 
le Mineur, un des douze apótres. Jude est l'apótre saint Jude, l'auteur de l'épitre catho- 
lique qui porte son nom. Simon fut le successeur de saint Jacques le Mineur, son frére, 
sur le siège de Jérusalem. On ne connait de Joseph (ou Josès, comme l'appelle le texte 
grec) que son nom. Ces quatre cousins de Notre-Seigneur étaient fils de Cléophas et 
d'une Marie qui était sœur ainée de la sainte Vierge, suivant les uns; sa belle- 
sœur suivant les autres, Cléophas étant le frère de saint Joseph, époux de la sainte 
Vierge. 

58. A cause de leur incrédulilé ; pour les punir de leur incrédulité. 

1. On. donnait le titre de /éfrarques à des princes qui gouvernaient la quatrième 
partie d'un royaume démembré. — * Hérode le tétrarque s'appelait aussi Antipas et il 
était fils, comme Archélaüs (voir Matth., u, 22), d'Hérode le Grand et de Malthace la 
Samaritaine. Aprés la mort de son pére, il devint tétrarque de la Galilée et de la 
Pérée. 11 épousa d'abord une fille du roi arabe Arétas mais se lia ensuite avec Héro- 
diade, sa nivce, femme de son demi-frère, Hérode Philippe (Matth., xiv, 3). Cette 
liaison coupable fit de lui le meutrier de saint Jean-Baptiste et amena plus tard sa 
ruine, comme il est dit, note sur Matth., xiv, 3. C'est à cet Hérode que Pilate envoya 
Notre Seigneur (Luc, xxi, 1-12). C'était un esprit faible, superstitieux, rusé et sans 


[cu. xiv.] 
tétrarque, appritla renommée de 
Jésus; 

9. Et il dit à ses serviteurs : 
C'est Jean-Baptiste, c'est lui- 
méme qui est ressuscité des 
morts, et voilà pourquoi des mi- 
racles s'operent par lui : 

3. Car Hérode s'était saisi de 
Jean, l'avait chargé de fers et 
jeté en prison, à cause d'Héro- 
diade, femme de Philippe son 
frère; 

4. Car Jean lui disait : 1 ne t'est 
pas permis de l'avoir. 

ὃ. Et voulant le faire mourir, 
il craignit le peuple qui le tenait 
pour prophète. 

6. Or, au jour de la naissance 
d'Hérode, la fille d'Hérodiade 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2363 


dansa au milieu de sa cour, el 
plut à Hérode. 

7. D'où il lui promit, avec ser- 
ment, de lui donner toutce qu'elle 
lui demanderait. 

8. Mais elle, instruite à l'avance 
par sa mère : Donnez-moi, dit- 
elle, ici dans un bassin, la tête de 
Jean-Baptiste. 

9. Et le roi fut contristé ; cepen- 
dant à cause du serment et de 
ceux qui étaient à table avec lui, 
il commanda qu'on la lui donnût. 

10. Et il envoya décapiter Jean 
dans la prison. 

11. Et sa tête fut apportée dans 
un bassin, et donnée à la jeune 
fille, qui la porta à sa mère. 

19. Or ses disciples étant venus 


3. Marc, vi, 17; Luc, ,זוז‎ 19, — 5. Infra xxi, 26. 


principes (Luc, xur, 31-32). Exilé à Lyon, en l'au 39, il fut transféré ensuite en 
Espagne, où il mourut. 

3. * Hérodiade était fille d'Aristobule, un des fils d'Hérode le Grand et de Mariamne ; 
elle était sœur d'Hérode Agrippa Ier. Elle épousa d'abord Hérode Philippe 16, mais 
elle le quitta pour Hérode Antipas, fils d'Hérode le Grand, comme Philippe Ier, mais 
par une autre femme. Hérode Antipas était déjà marié depuis longtemps avec une 
fille d'Arétas, roi d'Arabie. Ce dernier, pour venger l'affront fait à sa fille, attaqua 
l’armée d'Hérode et la tailla en pièces. Le peuple, raconte Josèphe, considéra cette 
défaite comme une juste punition du meurtre de Jean-Baptiste, commis peu aupara- 
vant pour plaire à Hérodiade et à sa fille Salomé. Ce ne fut pas du reste le seul chá- 
timent que Hérodiade attira sur Antipas. Cette femme ambitieuse le pressa d'aller à 
Rome pour y obtenir le titre de roi. Les émissaires d'Agrippa combattirent ses pré- 
tentions à la cour de Caligula et il fut exilé à Lyon, l'an 39 de notre ére. Sa coupable 
épouse l'y aecompagna et c'est 18 qu'elle mourut. — Philippe, 16 mari légitime d'Hé- 
rodiade, fils d'Hérode le Grand et de Mariamne, avait été déshérité par son père et 
vécut comme simple particulier. C'est sans doute ce qui porta l'ambitieuse Héro- 
diade à l'abandonner pour Hérode Antipas. ll ne faut pas confondre ce Philippe 
avec sou demi-frére Philippe le tétrarque d'Iturée et de Trachonitide dont parle 
saint Luc, ur, À. 

4.*La loi de Moïse prohibait le mariage entre beau-frère et belle-sceur, même 
divorcés (Lévilique, xvin, 16). 

6. * La fille d'Hérodiade qui se fit donner par Hérode Antipas la téte de saint Jean- 
Baptiste, en récompense de ses danses, s'appelait Salomé. Elle était fille d'Hérode 
Philippe Ier, l'époux légitime d'Hérodiade. Elle épousa en premières noces Philippe, 
tétrarque de Trachonitide, et plus tard Aristobule, roi de Chalcis. 

10. * Dans la prison. Josephe nous apprend que saint Jean-Baptiste était emprisonné 
à Machéronte (Machærus, aujourd'hui M'Kaur), à l'est de la mer Morte. C'était une 
forteresse construite par Alexandre fils d'Hyrcan Ier. Hérode le Grand en avait fait 
la place la plus forte de la Pérée. La citadelle, située sur une colline de rochers trés 
élevés, au milieu de vallées profondes, était entourée d'une enceinte haute de 
160 coudées, qui enfermaient le palais royal. Elle est à 4158 mètres au-dessus de la 
mer Morte, à 164 mètres au-dessus de la Méditerranée. 


9364 
prirentson corps etl'ensevelirent; 
puisils vinrentl'annoncer àJésus. 

13. Ce que Jésus ayant entendu, 
il partit de là dans une barque, 
pour se retirer àl'écart en un lieu 
désert ; mais le peuple l'ayant su, 
le suivit à pied, des villes. 

14. Et, comme il sortait de la 
barque, il vitune grande foule ; il 
eut pitié d'eux, et il guérit leurs 
malades. 

15. Or le soir étant venu, ses 
disc: les s'approchérent de lui, 
disant : Ce lieu est désert, et déjà 
l'heïire est avancée; renvoyez le 
peuple, pour qu'ils aillent dans 
les villages acheter de quoi 
manger. 

16. Mais Jésus leur dit : 1] n'est 
pas nécessaire qu'ils y aillent ; 
donrez-leur vous-mêmes à man- 
ODE 

17. Ils lui répondirent : Nous 
n'avons ici que cinq pains et deux 
poissons. 

18. Jésus leur dit: Apportez-les- 
7701 ἴθ]. 

19. Et aprés avoir ordonné à la 
multitude de s'asseoir sur l'herbe, 
il pritles cinq pains et les deux 
poissons, et levant les yeux au 
ciel, 11168 bénit ; puis rompant les 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


(cii, xiv.] 


pains, il les donna à ses disciples, 
et ses disciples au peuple. 

20. Ils en mangèrent tous et 
furent rassasiés; et les disciples 
emporterent les restes, douze 
paniers pleins de morceaux. 

21. Or, le nombre de ceux qui 
mangèrent fut de cinq mille 
hommes, outre les femmes et les 
petits enfants. 

22. Aussitót Jésus ordonna à ses 
disciples de monter danslabarque 
et de le précéder de l'autre cóté 
de la mer, tandis au'il renverrait 
le peuple. 

293. Et, le peuple renvoyé, il 
monta seul sur la montagne pour 
prier. Or, le soir étant venu, il se 
trouvait là seul. 

24. Cependant, la barque était 
agitée par les flots au milieu de 
la mer ; carle vent était contraire. 

25. Mais à la quatrième veille 
de la nuit, il vint à eux marchant 
sur la mer. 

26. Or, le voyant marcher sur 
18 mer, ils se troublèrentet dirent: 
C'est un fantôme ; et ils poussè- 
rent des cris de frayeur. 

297. Mais Jésus aussitôt leur 
parla, disant : Ayez confiance, 
c'est moi, ne craignez point. 


43. Marc, vi, 81; Luc, ix, 10; Jean, vi, 1. — 17. Jean, vi, 9. — 22. Marc, vi, 45. 


— 23. Jean, vi, 15. 


13. Des villes; c'est-à-dire des villes voisines. — * Le lieu désert où Jésus se retira se 
trouvait dans les environs de Bethsaide-Julias, au nord-est du 186 de Tibériade (Matth., 
xi, 21), dans la tétrarchie de Philippe, prince d'un caractère doux, pacifique. Voir 
note sur Luc, i', 1. La région qui s'étend au nord-est du lac est peu peuplée, parce 
qu'elle est moins arrosée et par suite moins fertile. 

19. Il les bénit. Compar., Luc, 1x, 6. 

23. Sur la montagne ; c'est-à-dire 18 montagne voisine. Compar., v, 1. 

25. Du temps de Jésus-Christ, les Juifs partageaient la nuit en quatre veilles égales 
gntre elles, à la manière des Grecs et des Romains. Voy. notre Abrégé d'introduc- 
lion, etc., p. 536, 2e édit. — * La première veille commençait au coucher du soleil; la 
seconde, appelée minuit, commençait vers neuf heures et se prolongeait jusqu'au 
milieu de la nuit; la troisième, appelée le chant du coq, se terminait vers trois heures 
du matin; la quatrième finissait à la pointe du jour. 


(en. xv.] 
98. Pierre, répondant, dit 
Seigneur, si c'est vous, ordon- 
nez-moi de venir à vous sur les 

eaux. 

29. Et Jésus dit : Viens. Et 
Pierre descendant de la barque, 
marchait sur les eaux pour venir 
à Jésus. 

30. Mais, voyant la violence du 
vent, il eut peur; et comme il 
commencait à enfoncer, il eria, 
disant : Seigneur, sauvez-moi ! 

31. Et à l'instant même Jésus 
étendant la main, le saisit, et lui 
dit : Homme de peu de foi, pour- 
quoi as-tu douté ? 

32. Or, lorsqu'ils furent montés 
dans la barque, le vent cessa. 

33. Alors ceux qui étaient dans 
la barque, vinrent et l'adorerent, 
disant : Vraiment, vous étes le fils 
de Dieu. 

34. Lorsqu'ils eurent traversé 
la mer, ils vinrent dans la terre 
de Génésar. 

99. Et quand les hommes de 
ce lieu l'eurent reconnu, ils en- 
voyerent danstoute cette contrée, 
et lui présentèrent tous les ma- 
lades; 


34, Marc, vi, 53. — Cap. XV. 1. Marc, vu, 1l. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2365 

36. Et ils lui demandaient de 
toucher seulement la frange de 
ses vêtements ; et tous ceux qui 
la touchèrent furent guéris. 


CHAPITRE XV. 


Scandale des pharisiens en voyant lea 
disciples de Jésus manger sans avoir 
lavé leurs mains. Guérison de plu 
sieurs malades. Multiplication des sept 
pains. 


1. Alors s'approchérent de lui 
les scribes et les pharisiens de 
Jérusalem, disant : 

2. Pourquoi vos disciples trans- 
gressent-ils la tradition des an- 
ciens ? car ils ne lavent pas leurs 
mains, lorsquils mangent du 
pain. 

3. Mais Jésus leur répondit, 
disan* : Et vous, pourquoi trans- 
gressez-vaus le commandement 
de Dieu, pour votre tradition? Car 
Dieu ἃ dit : 

4. Honore ton père et ta mere; 
et quiconque maudira son pere ou 
sa mere, mourra de mort. 

5. Mais vous, vous dites : Qui- 
conque dit à son père ou à sa 
mere: Tout don que j'oifre, tour- 


— 2. Marc, vir, 5. — 4. Exode, xx, 


1?rabBent.. v. 16; Ephés;, vr,.2; Exode, xxr, 17; Levit., xx, 9; Prov., xx, 20. 


34. * Génésar ou Génésareth. La terre de Génésar était sur le bord du lac de Géné- 
sareth ou de Tibériade, à l'ouest, probablement à l'endroit appelé aujourd'hui el- 
Ghoueir, entre Khan Minyèh et Medjdel. Josèphe dit que cette terre était trés fertile 
et d'une grande beauté. 

36. La frange de ses vélements. Compar., 1x, 20. 

2. Manger du pain, ou manger le pain, dans la langue des Hébreux, signifie simple- 
ment prendre de la nourriture, faire un repas. — * La tradilion des anciens, c'est-à- 
dire des ancêtres, désigne les préceptes pour la plupart rituels qui, d’après les Juifs 
d'alors, avaient été donnés oralement par Moïse et transmis oralement jusqu'à eux 
soit pour expliquer la loi, soit pour la compléter. Ils y attachaient la même impor- 
tance qu'à la loi écrite. Le précepte de laver les mains avant de manger était une ad- 
dition à la loi écrite. Dans saint Marc, vir, 1, Jésus appelle cette tradition Za tradition 
des hommes, par opposition avec la véritable loi de Dieu. 

4. Mourra de mort; c'est-à-dire 77 mourra infailliblement, il sera puni de mort sans 
rémission. Daus la Bible, comme dans les auteurs profanes, ce genre de répétition a 
pour but de donner de la force et de l'énergie au discours. 


9966 L'ÉVANGILE SELON 
nera à votre profit, satisfait à la 
doi ; 

6. Et cependant il n'honore 
point son père ou sa mère ; ainsi 
vous avez détruit le commande- 
ment de Dieu pour votre tradi- 
üon. 

7. Hypocrites, Isaie a bien pro- 
phétisé de vous, disant : 

8. Ce peuple m'honore des le- 
vres; mais son cœur est loin de 
moi. 

9. Et il est vain le culte qu'ils 
me rendent, enseignant des doc- 
trines et des ordonnances hu- 
maines. 

10. Puis, ayant appelé à lui le 
peuple, il leur dit: Ecoutez et 
comprenez. 

11. Gen'est pasce quientre dans 
la bouche qui souilie l'homme; 
mais ce qui sort de la bouche, 
voilà ce qui souille l'homme. 

19. Alors, ses disciples s'appro- 
chant, lui dirent : Savez-vous que 
les pharisiens, cette parole enten- 
due, se sont scandalisés? 

13. Mais Jésus, répondant, dit : 
Toute plante que mon Père cé- 
leste n'a point plantée, sera arra- 
chée. 

14. Laissez-les; ils sont aveu- 
gles et conducteurs d'aveugles ; 


SAINT MATTHIEU. 


or, si un aveugle conduit un 
aveugle ils tombent tous deux 
dans une fosse. 

15. Prenant alors la parole, 
Pierre lui dit : Expliquez-nous 
cette parabole. 

16. Mais Jésus répondit : Et vous 
aussi, étes-vousencore sans intel- 
ligence? 

11. Ne comprenez-vous point 
que tout ce qui entre dans la 
bouche vaau ventre, et est rejeté 
en un lieu secret ? 

18. Mais ce qui sort de la bouche 
vient du cœur, et voilà ce qui 
souille 'homme. 

19. Car du cœur viennent les 
mauvaises pensées, les homici- 
des, les adulteres, les fornica- 
tions, les vols, les faux témoi- 
gnages, les blasphèmes. 

90. C'est là ee 41] 5011116 
l'homme; mais manger sans avoir 
lavé ses mains, ne souille point 
l'homme. 

21. Jésus étant parti de là, se 
retira du côté de Tyr et de Sidon. 

22. Et voici qu'une femme cha- 
nanéenne, sortie de ces contrées, 
s'écria, lui disant : Seigneur, fils 
de David, ayez pitié de moi ; ma 
fille est cruellement tourmentée 
par le démon. 


fca. xv.] 


8. Isaïe, xxix, 15; Marc, vir, 6. — 13. Jean, xv, 2. — 14. Luc, vr, 39, — 15. Marc, vir, 11. 


— 24. Marc, vir, 24. 


9. Jésus-Christ veut censurer ici les commandements contraires à la loi de Dieu, 
comme l'oubli et la négligence des parents, sous prétexte que l'on donne à Dieu, ou 
au moins ceux qui ne conduisent nullement à la vraie piété, comme 16 lavement 
fréquent des mains, sans égard à la pureté du cceur. 

11. On abuse souvent de ces paroles pour autoriser la violation de l'abstinence 
prescrite par l'Eglise. Il est vrai que les viandes qui entrent dans le corps de l'homme 
ne peuvent souiller son àme; mais le mépris des lois de l'Eglise établie par Jésus- 
Christ lui-méme, la sensualité, voilà ce qui souille et rend coupable devant Dieu. 
C'est ainsi qu'Adam n'a pas été souillé par le fruit qui entra dans sa bouche, mais 
par sa désobéissance à loi de Dieu. 

21. * Du cólé de Tyr et de Sidon, villes de Phénicie, sur la Méditerranée, au nord de 
la Palestine. 


fcu. xv.] 


93. Jésus ne lui répondit pas un 
mot. Et ses disciples s'approchant 
de lui le priaient, disant : Ren- 
voyez-la, car elle crie derrière 
nous. 

24. Mais Jésus répondant, dit : 
le n'ai été envoyé qu'aux brebis 
perdues de la maison d'Israël. 

25. Elle, cependant, vint et l'a- 
dora, disant : Seigneur, secourez- 
moi! 

26. Jésus répliquant, dit: ll n'est 
pas bien de prendre le pain des 
enfants et de le jeter aux chiens. 

97. Mais elle repartit : Il est 
vrai, Seigneur; mais les petits 
chiens mangent les miettes qui 
tombent de la table de leurs mai- 
tres. 

98. Alors reprenant la pa- 
role, Jésus lui dit : O femme, 
grande est votre foi; qu'il vous 
soit fait comme vous désirez. Et 
sa fille fut guérie dès cette heure- 
là. 

29. Et lorsqu'il fut parti de là, 
Jésus vint le long de la mer de 
Galilée; et montant sur la mon- 
tagne, il s'y assit. 

30. Alors s'approcha de lui une 
grande foule, ayant avec elle des 
muets, des aveugles, des boiteux, 
desinfirmesetbeaucoup d'autres; 
et on les mit à ses pieds, et il les 
guérit : 

91. De sorte que la foule était 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2367 
dans ladmiration, voyant des 
muets parlant, des boiteux mar- 
chant, des aveugles voyant ; et 
elle glorifiait le Dieu d'Israél. 

32. Cependant, Jésus ayant ap- 
pelé ses disciples, dit : J'ai pitié 
de ce peuple, car il y a déjà trois 
jours qu'ils sont constamment 
avec moi, et ils n'ont pas de quoi 
manger;etje ne veux pas les ren- 
voyer à jeun, de peur qu'ils ne dé- 
faillent en chemin. 

33. Les discipleslui répondirent: 
Où donc nous procurer, dans un 
désert, assez de pains pour ras- 
sasier une si grande multitude? 

34. Et Jésus leur demanda : 
Combien avez-vous de pains? Et 
eux lui dirent : Sept, et quelques 
petits poissons. 

39. Alorsilcommandaau peuple 
de s'asseoir sur la terre. 

96. Et prenant les sept pains et 
les poissons, et rendant grâces, 
il les rompit et les donna à ses 
disciples, et ses disciples les don- 
nerent au peuple. 

31. Ettous mangerent et furent 
rassasiés. Et de ce qui resta de 
morceaux, ses disciples empor- 
terent sept corbeilles pleines. 

98. Or, ceux qui mangerent 
étaientaunombre de quatre mille 
hommes, outre les petits enfants 
et les femmes. 

39. Etle peuple renvoyé, il mon- 


2%. Supra, x, 6; Jean, x, 3. — 30. Isaie, xxxv, 5. — 32. Marc, vr, 1. 


23. Jésus-Christ ne répondit rien à cette femme pour éprouver sa foi. 
24. Le Messie avait été envoyé pour sauver les nations aussi bien que les Juifs, 
mais il ne devait point précher au milieu d'elles; cette mission était réservée à ses 


apôtres. 


26. Les Juifs traitaient les gentils de chiens, à catise de la corruption de leurs 


mœurs. 


29. Sur la montagne. Voy. xiv, 23. — * La mer de Galilée. Voir la note 8 à la fin du 


volume. 


39. * Magédan ou Magdala, comme porte le texte grec, aujourd'hui el-Medjdel, sur 


2368 
ta dans !à barque, et vint aux 
confins d: Magédan. 


CHAPITRE XVI. 


Prodige demandé ei refusé. Levain des 
pharisiens et des sadducéens. Confes- 
sion et primauté de saint Pierre. Jésus- 
Christ prédit sa passion, sa mort et sa 
résurrection. Saint Pierre repris. Croix 
et renoncement à soi-même. 


4. Alors vinrent à lui les phari- 
siens et les sadducéens, pour le 
tenter, et ils le prièrent de leur 
faire voir un prodige dans le ciel. 

2. Mais Jésus répondant leur 
dit : Le soir venu, vous dites : : 1 
fera beau, car le ciel est rouge. 

3. Et le matin : Aujourd'hui, de 
l'orage, car le ciel est sombre et 
rougeâtre. 

4. Vous savez donc juger l'as- 
pect du ciel, et vous ne savez pas 
reconnaître les signes des temps ? 
Une génération méchante et adul- 
tere demande un prodige, et il ne 
lui sera point donné de prodige, 
si ce n'est le prodige du prophète 
Jonas. Et les ayant quittés, il s'en 
alla. 

5. Or, lorsque ses disciples 
étaient venus de l'autre cóté de 
la mer, ils avaient oublié de pren- 
dre des pains. 


L'EVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


(en. xvi.] 


6. Jésus leur dit : Gardez-vous 
soigneusement du levain des pha- 
risiens et des sadducéens. 

7. Mais eux pensaient en eux- 
mémes, disant : C'est parce que 
nous n'avons pas pris de pains. 

8. OrJésus 10 sachant dit: Pour- 
quoi pensez-vous en vous-mémes, 
hommes de peu de foi, à ce que 
vous n'avez pas de pains? 

9. Ne comprenez-vous pas en- 
core, et ne vous souvient-il point 
des cinq pains distribués aux cinq 
mille hommes, et combien de 
corbeilles vous avez remportées? 

10. Ni des sept pains distribués 
aux qualre mille hommes et com- 
bien de corbeilles vous avez rem- 
portées? 

11. Gomment ne comprenez- 
vous point que ce n'est pas au su- 
jet du pain que je vous ai dit : 
Gardez-vous du levain des phari- 
siens et des sadducéens? 

12. Alors ils comprirent qu'il 
n'avait pas dit de se garder du 
levain des pains, mais de la doc- 
trine des pharisiens et des saddu- 
céens. 

13. OrJésus vint aux environs 
de Césarée de Philippe, et il in- 
terrogeait ses disciples, disant : 
Quel est celui que les hommes 


(παρ. XVI. 1. Marc, vir, 11. — 2. Luc, xii 54. — 4. Supra, xir, 39; Jon., ir, 4. — 
6. Marc, vri, 15; Luc, xir, 4. — 9. Supra, xiv, 17; Jean, vr, 9. — 10. Supra, xv, 34. — 
43. Marc, vrir, 21. 


la rive occidentale du lac de Tibériade, à l'extrémité méridionale de la plaine de 
Génésareth, à une heure et un quart environ au nord de Tibériade. On croit que 
c'est là qu'était née Marie-Madeleine et que c'est de Magdala qu'elle tirait son surnom. 


5. C'était la coutume de ce temps et de ce pays que les voyageurs portassent le 
pain dont ils pouvaient avoir besoin. 

13.* Césaree de Philippe, aupied del'Hermon, prés d'une des sources du Jourdain, en 
Gaulonitide, s'appelait d'abord Panéas. Quand Philippe le tétrarque l'eut agrandie, il 
l'appela Césarée en l'honneur de Tibére César, et on y ajouta le nom méme de 
Philippe pour la distinguer de la Césarée bàtie sur la Méditerranée, par Hérode le 
Grand, entre Joppé et Dora. Aujourd'hui Césarée de Philippe a repris son nom prie 
mitif sous la forme Bànias et compte environ 150 maisons. 


[cu. xvi.] '"EVANGILE SELON 
disent étre le Fils de l'homme? 

14. Ceux-ci répondirent : Les 
uns disent que c'est Jean-Baptiste; 
d'autres, Elie; d'autres Jérémie, 
ou quelqu'un des prophètes. 

15.Jésusleur demanda: Et vous, 
qui dites-vous que je suis ? 

16. Prenant la parole, Simon 
Pierre dit: Vous étes le Christ, le 
fils du Dieu vivant. 

47. Et Jésus répondant, lui dit: 
Tu es heureux, Simon, fils de 
Jean, car ni la chair ni le sang ne 
t'ont révélé ceci, mais mon Pere 
qui est dans les cieux. 

18. Aussi moi je te dis que tu es 
Pierre, et sur cette pierre je bâti- 
rai mon Eglise, et les portes de 
l'enfer ne prévaudront point con- 
ire elle. 

19. Et je te donnerai les clefs 
du royaume des cieux; et tout ce 
que tu lieras sur la terre sera lié 
aussi dans les cieux; et tout ce 
que tu délieras sur la terre, sera 
aussi délié dans les cieux. 


SAINT MATTHIEU. 2369 
20. Alorsil commanda à ses dis- 

ciples de ne dire à personne qu'il 

était lui-méme Jésus le Christ. 

21. Dès lors Jésus commenca à 
découvrir à ses disciples qu'il fal- 
lait qu'il 81186 à Jérusalem, qu'il 
souffrit beaucoup de la part des 
anciens, des scribes et des princes 
des prêtres ; qu'il fût mis à mort οἱ 
que 16 troisieme jouril ressuscitát. 

22. Et, le prenant à part, Pierre 
se mit àle reprendre, disant: A 
Dieu ne plaise, Seigneur! cela ne 
vous arrivera point. 

23. Mais Jésus se retournant, 
dit à Pierre : Retire-toi de moi, 
Satan; tu es un scandale pour 
moi, parce que tu ne goütes pas 
ce qui est de Dieu, mais ce qui 
est des hommes. 

24. Alors Jésus dit à ses dis- 
ciples : Si quelqu'un veut venir 
après moi, quil renonce à lui- 
méme, qu’il porte sa croix et me 
suive. 

25. Car qui voudra sauver son 


14. Marc, vin, 28; Luc, 1x, 19. — 16. Jean, vr, 10. — 18. Jean, 1, 42. — 19. Isaïe, 
xxl, 22; Jean, xx, 23. — 23. Marc, viri, 33. — 24. Supra, x, 38; Luc, ix, 23 et xiv, 21. 
— 25. Luc, xvir, 33; Joan, xir, 25. 


18. Dans le syro-chaldéen que l'on parlait au temps de Jésus-Christ, il n'y avait 
point de différence de genre entre le nom propre Pierre, et le nom commun pierre; 
c'est pourquoi, dans cette langue, l'allusion est plus naturelle. — Les portes de l'enfer, 
c'est-à-dire le palais, le royaume de l'enfer, l'enfer lui-même. Comme partie princi- 
pale d'un édifice, les portes sont mises pour le tout. On dit la Porte Ottomane pour 
ie royaume ottoman. hemarquez aussi que l'enfer est souvent représenté dans 
1 Ecriture comme un palais ayant des portes et des verrous. 

19. Les mots lier et délier sont synonymes d'ouvrir et de fermer ; parce qu'ancien- 
nement on ouvrait les portes en déliant la barre, et on les fermait en la liant. Les 
clefs sont le symbole de la puissance. Voy. Jean, xxi, 11. 

21.* De la part des anciens, des scribes et des princes des prétres. Les anciens, titre 
de dignité, dont il est si souvent question dans les Evangiles, sont les membres du 
sanhédrin. Cette dénomination provient de ce que primitivement les chefs des villes 
eiles juges étaient choisis parmi les vieillards. Dans plusieurs passages des Actes, xr, ! 
30, etc., et dans les Epitres, le mot d'anciens a un autre sens, comme il sera expliqué 
en son lieu. — Sur les scribes et les princes des prêtres, voir la note Matth., 11, 4. 

23. Relire-loi, etc. C'est comme si le Sauveur disait: Ma volonté et celle de mon 
Père est que [6 meure pour 16 salut des hommes, et tu veux m'empêcher de souffrir; 
tu mérites donc d'étre appelé Satan, c'est-à-dire adversaire, contradicteur. 

20. Car qui voudra sauver, etc. Compar., x, 39. 


N. T. 149 


2310 
âme, la perdra; mais qui perdra 
son âme à cause de moi, la trou- 
vera. 

26. Et que sert à l'homme de 
gagner le monde entier, s'il perd 
son âme? Ou quedonneral'homme 
en échange de son âme? 

97. Carle Fils de l'homme vien- 
dra dans la gloire de son Père 
avec ses anges; et alors il rendra 
à chacun selon ses œuvres. 

28. En vérité, je vous dis : Il 
y en à quelques-uns ici pré- 
sents, qui ne goüteront pas de la 
mort jusqu à ce qu'ils voient le 
Fils de l'homme venant dans son 
royaume. 


CHAPITRE XVII. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[cu. &vir.] 


Pierre, Jacques et Jean son frere, 
et les conduisit sur une haute 
montagne, à l'écart. 

9. Et il fut transfiguré de- 
vant eux; sa face resplendit 
comme le soleil, et ses véte- 
ments devinrent blancs comme 
la neige. 

3. Et voiläque Moïse et Elie leur 
apparurent, s'entretenant avec 
lui. 

4. Or, prenant la parole, Pierre 
dit à Jésus : Seigneur, il nous est 
bon d'étre ici; si vous voulez, fai- 
sons-y irois tentes, une pour 
vous, une pour Moise, et une pour 
Elie. 

5. Il parlait encore, lorsqu'une 
nuée lumineuse les couvrit. Et 


voici une voix dela nuée, disant : 
Celui-ci est mon fils bien-aimé, en 
qui j'ai mis toutes mes complai- 
sances. Ecoutez-le. 

6. Or, les disciples entendant 
1. Six jours après, Jésus prit | cela, tombèrent sur leur face, et 


21. Actes, xvir, 31; Rom., ,זז‎ 6. — 28. Marc, vir, 39; Luc, 1x, 27. — Cap. XVII. 1. Mare, 
ix, 1; Luc, 1x, 28. — 5. Supra, ur, 17; II Pierre, 1, 11. 


Transfiguration de Jésus-Christ. Avéne- 
ment d'Elie. Guérison d'un enfant luna- 
tique. Puissance de la foi. Jésus-Christ 
prédit sa passion. Il paye le tribut pour 
lui et pour saint Pierre. 


28. Plusieurs Péres de l'Eglise croient que le Sauveur veut parler de sa transfigu- 
ration, rapportée dans le chapitre suivant; l'expression quelques-uns de ceux qui 
sont ici donne à ce sentiment une grande probabilité. — * A cause des nombreux pas- 
sages paralléles, dans lesquels le texte ne peut s'entendre de la Transfiguration, on 
peut donner avec d'autres interprétes l'explication suivante. Au lieu de: Venant dans 
son royaume, S. Marc, vin, 39, dit: Venant dans sa puissance: « Pendant tout le pre- 
mier siècle, il y eut au sein de l'Eglise une croyance que Jésus allait paraître dans 
le monde, pour y établir son règne dorénavant triomphant et glorieux. [Les incré- 
dules prétendent que Jésus-Christ parle] d'une venue temporelle dans le monde, 
[ce qui n'est pas arrivé]. S. Luc donne la solution en disant: Quelques-uns sont ici qui 
ne goüteront point la mort qu'ils n'aient vu le royaume de Dieu (Luc, 1x, 21). Or, la 
prophétie s'est accomplie merveilleusement, et Jean le disciple, avant de mourir, a 
vu une admirable diffusion de la parole évangélique dans le monde. Le royaume de 
Dieu, avait dit Jésus, 051 au dedans de vous (Luc, xvir, 21). L'annonce de ce fameux 
événement n'était pas autre que le règne de Dieu dans les âmes. » (J.-H. Micnox.) 


1. Sur une haute montagne. On croit communément que c'est le Thabor dans la 
Galilée. — * G'es$ l'opinion qui a été soutenue par Eusèbe et S. Jérôme. Elle est néan- 
moins aujourd'hui trés contestée, parce que le Sauveur était précédemment fort loin 
du Thabor, à Césarée de Philippe (Matt., xvi, 16) et qu'après la transfiguration, les 
Evangélistes parlent de son retour en Galilée (Matt., xvii, 21; Marc, 1x, 29), sans 
mentionner aucun voyage dans l'intervalle. On pense donc que la montagne de la 
Transfiguration était située plus au nord, et à l'est du Jourdain, mais sans pouvoir 
le déterminer d'une manière précise. 


- 


[cu. xvir.] L'ÉVANGILE SELON 
furent saisis d'une frayeur ex- 
tréme. 

7. Mais Jésus s'approcha et les 
toucha ; et il leur dit : Levez-vous 
et ne craignez point. 

8. Alors, levant les yeux, ils ne 
virent plus personne, si ce n'est 
Jésus, seul. 

9. Et comme ils descendaient 
de la montagne, Jésus leur com- 
manda, disant : Ne parlez à per- 
sonne de cette vision, jusqu'à ce 
que le Fils de l'homme ressuscite 
d'entre les morts. 

10. Et les disciples l’inter- 
rogèrent, disant : Pourquoi donc 
les scribes disent-ils qu'il faut 
qu'auparavant Elie vienne? 

11. Jésus répondant, leur dit : 


. Elie, en effet, doit venir, et il ré- 


tablira toutes choses. 

19. Mais je vous le dis : Elie est 
déjà venu, et ils ne l'ont point 
connu, et ils lui ont fait tout ce 
quils ont voulu. C'est ainsi que 
le Fils de l'homme lui-même doit 
être traité par eux. 

13. Alors les disciples com- 
prirent quil leur avait parlé de 
Jean-Baptiste. 

14. Lorsqu'il fut venu vers le 
peuple, un homme s'approcha de 
lui, etil se jeta à ses pieds, disant: 
Seigneur, ayez pitié de mon fils, 
parce qu'il est lunatique et qu'il 


SAINT MATTHIEU. 2971 
souffre cruellement; car il tombe 
souvent dans le feu et souvent 
dans l'eau. 

15. Je l'ai présenté à vos dis- 
ciples, et ils n'ont pu le guérir. 

16. Et répondant, Jésus dit : O 
race incrédule et perverse, jus- 
qu'à quand serai-je avec vous? 
jusqu'à quand vous supporterai- 
je? Amenez-le-moi ici. 

17. Or, Jésus ayant gourmandé 
le démon, il sortit de l'enfant, qui 
fut guéri à l'heure méme. 

18. Alors les disciples s'appro- 
cherent de Jésus en secret, et 
lui dirent : Pourquoi nous, n'a- 
vons-nous pu le chasser? 

19. Jésus leur répondit: A cause 
de votre incrédulité. En vérité, 
je vous le dis, si vous aviez de la 
foi comme un grain de sénevé, 
vous diriez à cette montagne : 
Passe d'ici là, et elle y passerait, 
et rien ne vous serait impossible. 

20. Mais ce genre de démons ne 
se chasse que par la priere et le 
jeüne. 

21. Or, tandis qu'ils se trou- 
vaient en Galilée, Jésus leur dit : 
Le Fils de 'homme doit étre livré 
entre les mains des hommes. 

292. Et ils le tueront, et le troi- 
sième jour il ressuscitera. Et ils 
furent extrémement contristés. 

23. Lorsqu'ils vinrent à Caphar- 


10. Marc, 1x, 10. — 11. Malach., 1v, 5. — 12. Supra, xt, 14; xiv, 10. — 14. Marc, ix, 16; 
Luc, 1x, 38. — 19. Luc, xvir, 6. — 21. Infra, xx, 18; Marc, 1x, 30; Luc, 1x, 44. 


10. Le prophète Malachie dit, en effet, qu'Elie doit venir avant le grand et épou- 
vantable jour du Seigneur. Compar. ce que nous avons dit un peu plus haut, ch. xt, 14. 

19, * Un grain de sénevé. Voir Matt., xur, 31. 

23. Le didrachme ou double drachme valait environ quatre-vingt-un centimes. 
Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 543. — *« Ce didrachme était la contribution 
d'un demi-sicle, ou de deux drachmes, que les familles juives étaient habituées à 
payer pour l'entretien du Temple. Vespasien le fit percevoir plus tard pour le Ca- 
pitole. Les collecteurs s'adressent à S. Pierre, soit par respect pour le Sauveur, soit 
pour engager le disciple à s'acquitter à la place du maitre. La réponse du Sauveur 


2372 
naüm, ceux qui recevaient le di- 
drachmes'approchèrent dePierre, 
et lui demandèrent : Est-ce que 
votre maître ne paye pas le di- 
drachme ? 

24. 11 répondit : 11 le paye. Et 
lorsqu'il fut entré dans la maison, 
Jésus le prévint, disant : Que t'en 
semble, Simon? De qui les rois 
de la terre recoivent-ils le tribut 
ou le cens? de leurs enfants ou 
des étrangers? 

25. Et Pierre répondit : Des 
étrangers. Jésus lui dit : Ainsi, les 
enfants en sont exempts. 

26. Cependant pour ne les point 
scandaliser, va à la mer, jette un 
hamecon; et le poisson qui le pre- 
mier montera, prends-le; puis 
ouvrant sa bouche, tu trouveras 
un statère; l'ayant pris, donne-le 
pour moi et pour toi. 


CHAPITRE XVIII. 


S'humilier. Devenir enfant. Fuir le scan- 
dale. Parabole de la brebis égarée. Cor- 
rection fraternelle. Pouvoir des clefs. 
Pardon des injures. Parabole du créan- 
cier et du débiteur. 


1. En ce moment-là les dis- 
ciples s'approcherent de Jésus, 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[cg. xvim.] 


disant : Qui, pensez-vous, est le 
plus grand dans le royaume des 
cieux? 

2. Et Jésus appelant un petit 
enfant, le placa au milieu d'eux, 

3. Et dit : En vérité, je vous le 
dis, si vous ne vous converlissez, 
et ne devenez comme les petits 
enfants, vous n'entrerez point 
dans le royaume des cieux. 

4. Quiconque donc se fait petit 
comme cet enfant, celui-là est le 
plus grand dans le royaume des 
cieux. 

5. Et qui recoit en mon nom un 
petit enfant semblable, me recoit. 

6. Mais celui qui scandalise un 
de ces petits qui croient en moi, 
il vaudrait mieux pour lui que 
l'on suspendit une meule de mou- 
lin à son cou, et qu'on le précipi- 
tât au profond de la mer. 

7. Malheur au monde, à cause 
des scandales ; caril est nécessaire 
quil vienne des scandales : ce- 
pendant malheur à l'homme par 
qui le scandale arrive. 

8. 81 donc 18 main ou ton pied 
te scandalise, coupe-le, et jette-le 
loin de toi; il vaut mieux pour toi 
entrer dans la vie, privé d'une 


Cuap. XVIII. 1. Marc, 1x, 33; Luc, 1x, 46. — 2, Infra, xix, 14. — 3. I Cor., xiv, 20.— 
6. Marc, 1x, 41; Luc, xvii, 2. — 8. Supra v, 30; Marc, 1x, 42. 


suppose clairement sa divinité. Pour ne pas scandaliser ceux qui l'ignorent, il con- 
sent à payer; mais il fait observer qu'il n'est pas soumis à l'impót, et il reléve par 
un miracle cet acte de condescendance. Le statére avait la valeur d'un tétradrachme, 
trois francs environ, et par conséquent suffisait pour deux personnes.» (BAGUEZ.) — 
Capharnaüm, voir Matt., 1v, 43. 

26. Le statère valait quatre drachmes. 


6. De moulin; littér., d'àne; qu'un âne tourne. — * Dans chaque maison, on faisait 
moudre chaque jour la quantité de blé nécessaire pour l'usage de la famille; il y 
avait par conséquent dans chaque maison un moulin à bras ou à àne, tourné 
dans le premier cas par une ou deux personnes. Le moulin à àne était plus grand, 
mais composé comme le moulin à bras de deux meules de pierre superposées, l'in- 
férieure étant immobile et la supérieure mobile. Le grain était écrasé entre les deux 
meules. 

8. Dans la vie, c'est-à-dire dans la vie éternelle, 


[cu. ΧΥΠΙ.] 
main ou d'un pied, que d'étre 
jeté, ayant deux mains ou deux 
pieds, dans le feu éternel. 

9. Et si ton œil te scandalise, 
arrache-le et le jette loin de toi; 
il vaut mieux pour toi entrer dans 
la vie avec un seul ceil, que d'étre 
jeté ayant deux yeux dans la gé- 
henne du feu. 

10. Prenez garde de mépriser 
un seul de ces petits; parce que, 
je vous le dis, leurs anges voient 
sans cesse dans le ciel la face de 
mon Père qui est dans les cieux. 

11. Car le Fils de l'homme est 
venu sauver ce qui avait péri. 

19. Que vous en semble? 1 
quelqu'una cent brebis, et qu'une 
d'elles s'égare, ne laisse-t-il pas 
les quatre-vingt-dix-neuf dans les 
montagnes, et ne s'en va-t-il pas 
chercher celle qui s'est égarée? 

18. Et s'il arrive qu'il la trouve, 
en vérité, je vous dis, elle lui 
donne plus de joie que les quatre- 
vingt-dix-neuf qui ne se sont pas 
égarées. 

14. Ainsi ce n'est pas la volonté 
de votre Père qui est dans les 
cieux, qu'un seul de ces petits 
périsse. 

15. Si ton frère a péché contre 
toi, va et reprends-le entre toi et 
lui seul : s'il t'écoute, tu auras 
gagné ton frere; 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 2919 


16. S'il ne t'écoute point, prends 
encore avec toi une ou deux per- 
sonnes, afin que sur la parole de 
deux ou trois témoins tout soit 
avéré. 

17. Que s'il ne les écoute point, 
dis-le à l'Eglise; et s'il n'écoute 
point l'Eglise, qu'il te soit comme 
un paien et un publicain. 

18. En vérité, je vous le dis, 
tout ce que vous lierez surlaterre, 
sera lié aussi dans le ciel : et tout 
ce que vous délierez sur la terre, 
sera délié aussi dans le ciel. 

19. Je vous dis encore, que si 
deux d'entre vous s'accordent su1 
la terre, quelque chose qu'ils de 
mandent, il le leur sera fait par 
mon Père qui est dans les cieux. 

20. Car là où deux ou trois sont 
réunis en mon nom, je suis au 
milieu d'eux. 

21. Alors, s'approchant, Pierre 
lui dit: Seigneur, combien de fois, 
mon frère péchant contre moi, 
lui pardonnerai-je? jusqu'à sept 
fois? 

22. Jésus lui dit : Je ne te dis 
pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à 
septante fois sept fois. 

23. C'est pourquoi le royaume 
des cieux est comparé à un 
homme-roi qui voulut compter 
avec ses serviteurs. 

24. Or, lorsqu'il eut commencé 


10. Ps. xxxi, 8. — 11. Luc, xix, 10. — 12. Luc, xv, 4. — 15. Lév., xix, 17 ; Eccli., 
xix, 13; Luc, xvii, 3; Jac., v, 19. — 16. Deut., xix, 15; Jean, viu, 17; 11 Cor., xur, 4; 
Hébr., x, 28. — 17. I Cor., v, 11; II Thess., ut, 14. — 18. Jean, xx, 23. — 21. Luc, 
XVII, 4. 


—————————ÀMMÁ—— M — M a a — MÀ 


9. Dans la géhenne. Voy. v, 22. 

11. À l'Eglise, c'est-à-dire aux chefs, aux pasteurs de l'Eglise. 

24. Quand il ne s’agirait ici que du petit talent des Egyptiens, des Arabes et des 
Juifs, ce serait toujours une somme prodigieuse pour un particulier. Le Sauveur a 
voulu nous faire comprendre par là que nos dettes envers Dieu sont incalculables, — 
* Le talent d'argent valant 8.500 francs, dix mille talents font 85.000.000 de francs. On 
peut supposer, du reste, que le débiteur de la parabole est un des principaux officiers 


2374 
à compter, on lui en présenta un 
qui lui devait dix mille talents. 

95. Et comme il n'avait pas de 
quoi les rendre, son maitre or- 
donna qu'on le vendit, lui, sa 
femme et ses filles, et tout ce qu'il 
avait, et qu'on payát. 

26. Mais se jetant à ses pieds, 
le serviteur le priait, disant : Ayez 
palience à mon égard, et je vous 
rendrai tout. 

97. Alors le maitre de ce servi- 
teur ayant pitié de lui, le renvoya 
et lui remit sa dette. 

28. Mais ce serviteur étant 
sorti, rencontra un de ses com- 
pagnons qui lui devait cent de- 
niers; et l'ayant saisi, il l'étouf- 
fait, disant : Rends-moi ce que tu 
dois. 

29. Et se jetant à ses pieds, son 
compagnon le priait, disant : Aie 


palience à mon égard, et je te | 


rendrai tout. 

30. Mais lui ne voulut pas; et 
il s'en alla, et le fit mettre en 
prison jusqu'à ce quil payât sa 
dette. 

91. Voyant ce qui se passait, les 
autres serviteurs furent grande- 
ment contristés ; ils vinrent et ra- 
conterent à leur maitre tout ce 
qui s'était fait. 

32. Alors son maitre l'appela, et 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


(cu. xix.] 


lui dit : Méchant serviteur, je t'ai 
remis toute ta dette, parce que tu 
m as prié : 

33. Ne fallait-il donc pas que toi 
aussi tu eusses pitié de ton com- 
pagnon, comme j'ai eu moi-méme 
pitié de toi? 

34. Et son maitre irrité le livra 
aux bourreaux, jusqu'à ce qu'il 
payât toute sa dette. 

35. C'est ainsi que vous traitera 
aussi mon Père céleste, si chacun 
de vous ne pardonne à son frère 
du fond de son cœur. 


CHAPITRE XIX. 


Indissolubilité du mariage. Eunuques vo- 
lontaires. Enfants présentés à Jésus- 
Christ. Conseils de perfection. Salut 
des riches difficile. Récompense pro- 
mise à ceux qui quittent tout pour 
Jésus-Christ. 


1. Or, il arriva que lorsque Jé- 
sus eut achevé ses discours, il 
partit de Galilée et vint aux con- 
fins de la Judée, au delà du Jour- 
dain; 

2. Et de grandes troupes le 
suivirent, et il les guérit. 

3. Et les pharisiens s'appro- 
cherent de lui pour le tenter, di- 
sant: Est-il permis àun homme de 
renvoyer sa femme pour quelque 
cause que ce soit ? 


Cnap. XIX. 1. Marc, x, 1. — 3. Marc, x, 2. 


du roi, un fermier ou un administrateur des revenus royaux. Dans une parabole 
juive, qui ἃ quelque ressemblance avec la parabole évangélique, il s'agit du tribut 
que doit payer toute une ville et dont le roi la libére, sur sa demande. 

25. Suivant l'ancien droit des Hébreux et de plusieurs autres peuples, un créan- , 
cier pouvait vendre ou réduire en esclavage ses débiteurs insolvables. — * Dans 
diverses contrées del'Orient, par exemple en Perse, aujourd'hui encore, la disgráce 
royale entraine la confiscation des biens, la perte des esclaves et quelquefois celle de 
la femme et des enfants du condamné. 

28. Le denier, pièce d'argent des Romains, valait environ 0,80 centimes. 

2. Et il les guérit; c'est-à-dire qu'il guérit en ce lieu tous les malades qu'on lui 
présenta. 


[cu. xix.] 


4. Jésus répondant, leur dit: 
N'avez-vous pas lu que celui qui 
fit l'homme au commencement, 
les fit mâle et femelle, et qu'il 
lit : 

5. A cause de cela l'homme 
quittera son père et sa mere, et 
s'attachera à sa femme, et ils se- 
ront deux dans une seule chair? 

6. Ainsi ils ne sont plus deux, 
mais une seule chair. Ce que Dieu 
donc a uni, que l'homme ne le 
sépare point. 

7. Ils lui demanderent : Pour- 
quoi donc Moise a-t-il commandé 
de lui donner un acte de répudia- 
tion et de la renvoyer ? 

8. Il leur répondit : Parce que 
Moise, à cause de la dureté de 
votre cœur, vous a permis de ren- 
voyer vos femmes ; mais au com- 
mencement il n'en fut pas ainsi. 

9. Aussi je vous dis que qui- 
conque renvoie sa femme, si ce 
n'est pour cause d'adultére, et en 
épouse une autre, commet un 
adultère ; et celui qui épouse une 
femme renvoyée se rend adultère. 

10. Ses disciples lui dirent : Si 
telle est la condition de l'homme 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2919 


àlégard de sa femme, il n'est 
pas bon de se marier. 

11. Jésus leur dit: Tous ne com- 
prennent pas cette parole, mais 
ceux à qui il a été donné. 

12. Car il y a des eunuques qui 
sont nés tels dès le sein de leur 
mère; il y en a que les hommes 
ont fait eunuques ; et il y ena 
qui se sont eux-mêmes rendus 
eunuques, à cause du royaume 
des cieux. Que celui qui peut 
comprendre comprenne. 

13. Alors on lui présenta des 
petits enfants, pour qu'il leur im- 
posât les mains et priât. Or les 
disciples les rebutaient. 

14. Mais Jésus leur dit : Laissez- 
ces petits enfants et ne les empé- 
chez point de venir à moi ; car à 
de tels appartient 16 royaume des 
cieux. 

15. Et lorsqu'il leur eut imposé 
les mains, il partit de là. 

16. Et voilà que quelqu'un s'ap- 
prochant, lui dit : Bon maitre, 
que ferai-je de bon pour avoir la 
vie éternelle ? 

17. Jésus lui répondit : Pour- 
quoi m'interroges-tu sur ce qui 


4. Gen., 1, 27. — 5. Gen., r1, 24; I Cor., vi, 16; Ephés., v, 31. — 7. Deut., xxiv, 1. — 
9. Supra, v, 32; Marc, x, 11; Luc, תטא‎ 18; 1 Cor., vir, 10. — 18. Marc, x, 13; Luc, 
xvii, 19. — 14. Supra, xvii, 3. — 16. Marc, x, 17; Luc, xvii, 18. 


4. L'homme, c'est-à-dire la créature humaine. Ainsi ce mot doit s'entendre non 
d'un individu, mais de l'espéce; c'est pourquoi il est considéré ici comme un pluriel 
dans la Vulgate : 1 Les fit mâle et femelle, et dans l'hébreu méme, d’où Jésus-Christ a 
emprunté sa citation. 

1. C'est dans le Deutéronome (xxiv, 1), que Moïse a ordonné à tout homme qui 
répudiait sa femme de lui donner un acte de répudiation. 

9. Jésus-Christ permet à un mari, en cas d'adultére, de se séparer de sa femme, 
mais non pas d'en épouser une autre du vivant de la première. 

12. Il y en a qui se sont rendus, etc. Ce sont ceux qui ont renoncé pour toujours 
aux plaisirs des sens, pour servir avec une plus grande liberté de cour Dieu et la 
justice, et mériter ainsi le bonheur éternel. 

14. Car à de tels, etc. Cette traduction nous a paru la seule qui pût rendre fidé- 
lement la concision énergique du texte. Bossuet d'ailleurs traduit: À de tels appar- 
üent le royaume de Dieu. 


16. Quelqu'un; c'est-à-dire un jeune homme, comme portent les versets 20 et 22. 


2916 
est bon ? Dieu seul est bon. Mais 
situ veux entrer dansla vie, garde 
les commandements. 

18. Lesquels? demanda-t-il. 
Jésus répondit : Tu ne tueras 
point : Tu ne commettras point 
d'adultere : Tu ne déroberas point: 
Tu ne rendras point de faux 
témoignage : 

19. Honore ton pere etta mère, 
et aime ton prochain comme toi- 
méme. 

20. Le jeune homme lui dit : 
J'ai observé tout cela depuis ma 
jeunesse; que me manque-t-il 
encore ? 

91. Jésus lui dit: Si tu veux 
être parfait, va, vends ce que tu 
as et donne-le aux pauvres, et tu 
auras un trésor dans le ciel ; viens 
ensuite, et suis-moi. 

99. Lorsque le jeune homme 
eut entendu cette parole, il s'en 
alla triste ; car il avait de grands 
biens. 

93. Alors Jésus dit à ses dis- 
ciples : En vérité, je vous dis 
qu'un riche entrera difficilement 
dans le royaume des cieux. 

24, Et je vous dis encore : Il est 
plus facile à un chameau de passer 
par le chas d'une aiguille, qu'à 
un riche d'entrer dansle royaume 
des cieux. 

95. Or, ces choses entendues, 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[cu. xx.] 


ses disciples s'étonnaient gran- 
dement, et disaient : Qui donc 
pourra étre sauvé? 

26. Mais Jésus les regardant 
leur dit : Aux hommes, cela est 
impossible, mais à Dieu tout est 
possible. 

27. Alors reprenant, Pierre lui 
dit : Et nous, voici que nous avons 
tout quitté pour vous suivre : qu'y 
aura-t-il donc pour nous? 

28. Jésus leur dit: En vérité, je 
vous dis que vous qui m'avez 
suivi, lorsqu'à la régénération, 
le Fils de l'homme sera assis sur 
le tróne de sa gloire, vous aussi, 
vous serez assis sur douze trônes, 
jugeant les douze tribus d'Israël. 

29. Et quiconque aura quitté 
ou maison, ou frères, OU Sœurs, 
ou père, ou mère, ou femme, ou 
fils, ou terre, à cause de mon 
nom, recevra 16 centuple, et aura 
pour héritage la vie éternelle. 

30. Mais beaucoup de premiers 
seront les derniers, et beaucoup 
de derniers les premiers. 


CHAPITRE XX. 


Parabole des ouvriers envoyés à la vigne. 
Jésus-Christ prédit sa passion. De- 
mande des enfants de Zébédée. Domi- 
nation interdite. Deux aveugles guéris 
près de Jéricho. 


1. Le royaume des cieux est 


18. Exod., xx, 13. — 30. Infra, xx, 16; Marc, x, 31; Luc, xir, 90. 


24. C'était un proverbe usité chez les Juifs pour marquer une chose naturellement 
impossible. Les Arabes en ont un semblable. 


1-16. Cette parabole est une explication de la fin du chapitre précédent. Elle nous 
montre que Dieu est maître de ses dons, et qu'il peut se faire que celui qui a tra- 
vaillé une heure mérite autant que celui qui a travaillé une journée entière, s'il l'a 
fait avec plus de zèle. Elle s'applique aux gentils qui, n'entrant qu'à la dernière 
heure dans l'Eglise, auront part à la méme récompense que les Juifs qui y ont été 
appelés les premiers. — * Il faut remarquer d'ailleurs que > quand Jésus-Christ se sert 
d'une comparaison, énonce une parabole, il ne veut pas nous faire entendre qu'il y 
ait toujours une parité complète entre l'allégorie et la vérité. 11 ne faut prendre 


[cu. xx.] 


semblable à un père de famille 
qui sortit de grand matin, afin de 
louer des ouvriers pour sa vigne. 

9. Or, convention faite avec les 
ouvriers d'un denier par jour, il 
les envoya à sa vigne. 

9. Et étant sorti de nouveau, 
vers la troisieme heure, il en vit 
d'autres qui se tenaient sur la 
place sans rien faire. 

4. Et il leur dit : Allez, vous 
aussi, à ma vigne, et ce qui sera 
juste, je vous le donnerai. 

5. Et ils y allèrent. Il sortit en- 
core vers la sixième et la neu- 
vieme heure, et il fit la méme 
chose. 

6. Enfin, vers la onzieme heure, 
il sortit, et il en trouva d'autres 
qui étaient là, et il leur dit : Pour- 
quoi étes-vous ici, tout le jour, 
sans rien faire? 

7. Ils répondirent : Parce que 
personne ne nous a loués. Il leur 
dit : Allez, vousaussi, à ma vigne. 

8. Or, lorsqu'il se fit soir, le 
maitre de la vigne dit à son in- 
tendant : Appelle les ouvriers, 
et paye-les, en commençant par 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2317 
les derniers jusqu'aux premiers. 

9. Ceux done qui étaient venus 
vers la onzième heure s'étant ap- 
prochés, recurent chacun un de- 
nier. 

10. Or les premiers venant en- 
suite, pensèrent qu'ils devraient 
recevoir davantage; mais ils re- 
curent aussi chacun un denier. 

11. Et en le recevant, ils mur- 
muraientcontrele père de famille, 

19. Disant : Ces derniers ont 
travaillé une heure, et vous les 
traitez comme nous, qui avons 
porté le poids du jour et de la 
chaleur. 

13. Mais, répondantàl'un d'eux, 
il dit : Mon ami, je ne te fais point 
de tort ; n'es-tu pas convenu d'un 
denier avec moi ? 

14. Prends ce qui est à toi et 
va-len; je veux donner méme à 
ce dernier autant qu'à toi. 

15. Ne m'est-il pas permis de 
faire ce que je veux? et ton œil 
est-il mauvais parce que je suis 
bon? 

16. Ainsi les derniers seront les 
premiers, et les premiers seront 


(ΠΑΡ. XX. 16. Supra, xix, 30; Marc, x, 31; Luc, xri, 30. 


souvent que le fond des choses et les circonstances générales. Tout le reste n'est 
pour l'ordinaire qu'une espèce d'ornement sur lequel il est bon de ne pas trop s'ap- 
pesantir. Il y a des traits qui sont nécessaires pour le complément de la figure, dit 
S. Jean Chrysostome, et qui ue le sont nullement pour la réalité. [Ici] l'excuse des 
ouvriers du soir, le murmure de ceux de la première heure, les reproches du maitre 
n'ont point d'application. » (Mgr PICHENOT.) 

2. * Un denier. Voir Matt., xvii, 28. 

3. * Vers la troisième heure. Vers neuf heures du matin. 

ὃ. * Vers la sixième et la neuvième heure. Vers midi et vers trois heures du soir. 

6. * Vers la onziéme heure. Vers cinq heures du soir. 

15. Ton œil est-il mauvais? Dans le style des Hébreux, comme dans celui des Grecs 
et des Latins, un mauvais œil est un cil jaloux et désigne un homme envieux et 
souvent un avare, Au contraire, un œil bon marque la bonté, la libéralité. 

16. Ainsi les derniers, etc. 1l semble au premier abord que la conclusion de cette 
parabole manque de justesse, et qu'il aurait fallu la terminer ainsi: Les derniers seront 
comme les premiers. C'est en effet le sens du texte original, où la particule de com- 
paraison comme se trouve sous-entendue en vertu d'un hébraisme que les auteurs 
du Nouveau Testament ont souvent imité, 


2978 


les derniers; car beaucoup sont 
appelés, mais peu sont élus. 

17. Or Jésus montant à Jérusa- 
lem prit à partles douze disciples 
et leur dit : 

18. Voilà que nous montons à 
Jérusalem, et le Fils de 'homme 
sera livré aux princes des prétres 
et aux scribes, et ils le condam- 
neront à mort. 

19. Et ils le livreront aux gentils 
pour étre moqué et flagellé et 
crucifié ; et le troisième jour il 
ressuscitera. 

20. Alors la mere des fils de 
Zébédée s'approcha de lui avec 
ses fils, l'adorant et lui deman- 
dant quelque chose. 

91. Jésus lui dit : Que voulez- 
vous? Elle lui répondit : Ordon- 
nez que mes deux fils que voici 
soient assis, l'un à votre droite, 
l'autre à votre gauche, dans votre 
royaume. 

22. Mais. répondant, Jésus dit : 
Vous ne savez ce que vous de- 
mandez. Pouvez-vous boire le ca- 
lice que je vais boire? Ils lui ré- 
pondirent : Nous le pouvons. 

93. Il leur dit : Vous boirez en 
effet mon calice : mais d'étre as- 
sis à ma droite ou à ma gauche, 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


fcu. xx.] 


il ne m'appartient pas de vous 
l’accorder à vous, mais à ceux à 
qui mon Père l'a préparé. 

24. Or, entendant cela, les dix 
sindignerent contre les deux 
freres. 

25. Mais Jésus les appela à lui, 
et leur dit : Vous savez que les 
princes des nations les dominent, 
et que les grands exercent la 
puissance sur elles. 

26. Il n'en sera pas ainsi parmi 
vous ; mais que celui qui voudra 
étre le plus grand parmi vous, 
soit votre serviteur ; 

27. Et celui qui voudra être le 
premier parmi vous sera votre 
esclave. 

28. Comme le Fils de l'homme 
n'est point venu pour être servi, 
mais pour servir et donner sa vie 
pour là rédemption d'un grand 
nombre. 

29. Lorsqu'ils sortaient de Jéri- 
cho, une grande foule le suivit : 

30. Et voilà que deux aveugles 
assis sur le bord du chemin, en- 
tendirent que Jésus passait ; et ils 
éleverent la voix, disant : Sei- 
eneur, fils de David, ayez pitié de 
nous. 

91. Et la foule les gourmandait - 


17. Marc, x, 32; Luc, xvi, 31. — 20. Marc, x, 35. — 24. Marc, x, 41. — 25. Luc, 
xxu, 25. — 28. Philip., u, 7. — 29. Marc, x, 46; Luc, xvii, 35. 


20. * La mère des fils de Zébédée s'appelait Salomé. Ses deux fils étaient S. Jacques 


le Majeur et S. Jean l'Evangéliste. 


22. Ce calice désigne les souffrances de Jésus-Christ. 


23. Pour attacher ses disciples à la foi dont ils ne comprenaient pas encore la vertu, 
le Sauveur remet à son Pére ce qui regarde la gloire, et ne se réserve que de prédire 
et de distribuer les afflictions; quoique cependant tout ce qui est au Père soit au 
Fils, et tout ce qui est au Fils soit au Père (Jean, xvi, 10). 

24. Or les dix; c'est-à-dire les dix autres apôtres. 

28. D'un grand nombre; c'est-à-dire de tous, de tout le monde (ce qui constitue en 
effet un grand nombre), comme l'explique saint Jean dans sa première épitre (tt, 2). 
On pourrait encore entendre cette expression de ceux-là seulement qui, par leur foi 
et leur conduite vraiment chrétienne, ont une part réelle aux mérites du Sauveur, 
mérites que les autres ont volontairement refusé de s'appliquer. 


[cu. xx1.] 
pour qu'ils se tussent; mais eux 
criaient encore plus, disant 
Seigneur, fils de David, ayez pitié 
de nous. 

39. Alors Jésus s'arréta, les 
appela, et dit: Que voulez-vous 
que je vous fasse? 

33. lls lui répondirent : Sei- 
gneur, que nos yeux s'ouvrent. 

34. Et ayant pitié d'eux, Jésus 
toucha leurs yeux ; et aussitót ils 
recouvrerent la vue et ils le sui- 
virent. 


CHAPITRE XXI. 


Entrée de Jésus-Christ dans Jérusalem. 
Vendeurs chassés du temple. Acclama- 
tions des enfants. Figuier séché. Puis- 
sance de la foi. Autorité de Jésus. Bap- 
téme de Jean. Parabole des deux fils 
envoyés à la vigne, des vignerons ho- 
micides. Parabole de la pierre angu- 
laire. 


1. Lorsqu'ils approchèrent de 
Jérusalem et qu'ils furent venus 
à Bethphagé, prés du mont des 
Oliviers, Jésus envoya deux dis- 
ciples, 

2. Leur disant : Allez au village 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2379 


qui est devant vous, et soudain 
vous trouverez une ânesse atta- 
chée, et son ánon avec elle; dé- 
liez-les et amenez-les-moi. 

3. Et si quelqu'un vous dit 
quelque chose, répondez que le 
Seigneur en a besoin ; et aussitót 
il les laissera emmener. 

4. Or tout cela fut fait, afin que 
s'accomplit la parole du prophète, 
disant : 

9. Dites à la fille de Sion : Voici 
que votre Roi vient à vous plein 
de douceur, monté sur uneánesse 
et sur l'ànon de celle qui est sous 
le joug. 

6. S'enallant done, les disciples 
firent comme Jésus leur avait 
commandé ; 

7. 118 amenèrent l'ánesse et l'à- 
non, mirent dessus leurs véte- 
ments et l'y firent asseoir. 

8. La plus grande partie du peu- 
ple étendit ses vétements le long 
de laroute, d'autres coupaient des 
branches d'arbres et enjonchaient 
le chemin. 

9. Or la foule qui précédait et 


Zach., 1x, 9; Jean, xir, 15.‏ ;11 ,זז XXI. 1. Marc, xt, 1; Luc, xix, 29. — 5. Isaie,‏ .ג 
Ps. cxvir, 26; Marc, σι, 10; Luc, xix, 38.‏ .9 — 


1. * Bethphagé était un village non loin de Béthanie, et, comme le dit le texte, prés 
du mont des Oliviers. — Le mont des Oliviers lui-méme est situé à l'est de Jérusalem 
dont il est séparé par le torrent de Cédron et la vallée de Josaphat. « Pour s'y ren- 
dre, on passe par la porte Saint-Etienne et la vallée de Josaphat; on traverse le 
torrent de Cédron sur un pont d'une seule arche. Le torrent de Cédron traverse la 
vallée de Josaphat; il est à vingt pas de Gethsémani. Non loin de Gethsémani est 
l'endroit où, malgré l'incertitude des traditions à cet égard, les chrétiens d'Orient 
soutiennent qu'eurent lieu les merveilles de l'Assomption de la trés sainte Mére de 
Dieu. De cet endroit, on commence à monter le mont des Olives qui est fort roide. 
Rien n'égale la surprise que l'ou éprouve, lorsque, arrivé à la moitié de sa hauteur, 
en se retournant, on aperçoit devant soi Jérusalem [et l'on jouit du magnifique 
spectacle qu'elle présente. Du haut de la montagne, en s'avancant vers le levant, 
on voit] la mer Morte, la plaine de Jéricho, le Jourdain et au delà les montagnes de 
l'Arabie Pétrée. » (Dg GéRAB.) 

9. Cette citation parait étre empruntée d'Isaie et de Zacharie, mais surtout de 
ce dernier. Nous devons faire observer que l'évangéliste donne le sens du texte, 
sans en rapporter les propres termes. 

9. Hosanna est un mot formé de l'hébreu, signifiant : Sauvez, je vous prie, et ren- 


2330 
celle qui suivait criaient, disant : 
Hosanna au fils de David : béni 
celui qui vient au nom du Sei- 
gneur! Hosanna au plus haut des 
cieux ! 

10. Lorsqu'il fut entré dans Jé- 
rusalem, toute la ville fut émue, 
demandant : Qui est celui-ci? 

11. Et la multitude répondait : 
C'est Jésus, le Prophète de Naza- 
reth en Galilée. 

12. EtJésusentra dans le temple 
de Dieu, et chassa tous ceux qui 
vendaient et aclietaient dans le 
temple; il renversa méme les ta- 
bles des changeurs et les sièges 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


(cu. xxr.] 


13. Et il leur dit : Il est écrit : 
Ma maison sera appelée maison 
de prière ; mais vous en avez fait 
une caverne de voleurs. 

14. Et des aveugles et des hoi- 
teux s’approchèrent de lui dans le 
temple, et il les guérit. 

15. Mais les princes des prêtres 
etlesseribes,voyantles merveilles 
qu'il faisait et les enfants qui 
criaient dans letemple et disaient: 
Hosanna au fils de David, s'indi- 
enerent, 

16. Etlui dirent : Entendez-vous 
ce que disent ceux-ci? Jésus leur 
répondit : Oui. N'avez-vousjamais 


lu : C'est de la bouche des enfants 
et de ceux qui sont à la mamelle, 


de ceux qui vendaient des co- 
lombes; 


12. Marc, ,א‎ 15; Luc, xix, 45; Jean, 11, 14, — 19. Isaie, Lvi, 7; Jér., vir, 11; Luc, xix, 
46. — 16. Ps. vri, 3. 


fermant, comme le latin vivat, non seulement 16 souhait d'une longue vie, mais d'une 
vie accompagnée de prospérité et de gloire. 

10. * Lorsqu'il fut entré dans Jérusalem. Une tradition très vraisemblable fait entrer 
Notre Seigneur dans la ville par la porte Dorée, située à l'est du temple et aujour- 
d'hui murée, 

12. * Dans le temple, en gree, hiéron. Le texte original distingue toujours soigneu- 
sement le Aiéron et le naos. Le hiéron était l'ensemble des bâtiments et des cours 
qui étaient consacrés à Dieu; le 20s était le sanctuaire proprement dit. Comme nos 
églises consistent exclusivement dans l'édifice qui est la maison de Dieu, nos langues 
n'ont point de termes propres pour désigner ces deux choses autrefois si distinctes. 
Le 0408 ou maison de Dieu proprement dite se composait d'un portique, puis du 
Saint où étaient l'aute! des parfums, le chandelier à sept branches et les pains de 
proposition, et enfin du Saint des Saints où avait été d'abord l'arche et où le grand 
prétre seul pouvait pénétrer une fois par an. Les sacrifices ne s'offraient point dans 
le nuos, mais au dehors. Devant le 240s était une cour ou terrasse, appelée le parvis 
des Prétres : c'est là qu'était l'autel des holocaustes sur lequel on offrait les victimes 
immolées au Seigneur. Les prétres et les Lévites seuls pouvaient y pénétrer. Autour 
de cette terrasse en était une autre, plus basse de quinze marches, qui portait le 
nom de parvis des Israélites. À l'est, une cour élevée de cinq marches était réservée 
aux femmes. Une barrière séparait la cour des Juifs d'une troisième cour qui portait 
le nom de parvis des Gentils, parce que les Gentils eux-mêmes pouvaient y pénétrer, 
tandis qu'il leur était défendu sous peine de mort de pénétrer dans la cour d'Israel. 
Le parvis des Gentils était plus étendu à l'est et surtout au sud qu'au nord et qu'à 
l'ouest, parce que le naos n'était pas au milieu de la plateforme du mont Moriah, 
mais au nord-ouest. Le parvis des Gentils était fermé au levant par le portique de 
Salomon et au midi par le portique royal qui était beaucoup plus large que celui de 
Salomon. L'un et l'autre étaient magnifiques; ils étaient formés de colonnes mono- 
lithes de marbre blane de douze à treize métres de haut. C'est sous ces portiques que 
se sont passées une partie des scènes racontées par les Evangiles et en particulier 
celle des vendeurs du temple. — Les tables des changeurs. « Ces usages se sont per- 
pétués à Jérusalem, où, dans les rues voisines du bazar, les changeurs sont assis 
devant de petites tables chargées de diverses espèces de monnaie. א‎ (J. H. Micnox.) 


[cu. [.נצצ‎ 


que vous avez tiré la louange la 
plus parfaite? 

11. Et, les ayant quittés, il s'en 
alla hors de la ville à Béthanie et 
s’y arréta. 

18. Lelendemain matin, comme 
ilrevenait à la ville, il eut faim. 

19. Orapercevantunfiguier près 
du chemin, il s'en approcha; et 
n'y trouvant rien que des feuilles, 
il lui dit : Que jamais fruit ne 
naisse de toi désormais. Et à l'ins- 
tant le figuier sécha. 

20. Ce qu'ayant vu, les disciples 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2981 
s'étonnerent, disant : Comment 
a-t-il séché sur-le-champ? 

21. Alors, Jésus prenant la pa- 
role, leur dit : En vérité, je vous 
dis : Si vous avez de la foi et que 
vous n'hésitiez point, non seule- 
ment vous ferez comme j'ai fait 
au figuier, mais méme, si vous 
dites à cette montagne : Lève-toi 
et te jette dans la mer, cela se 
fera. 

22. Et tout ce que vous deman- 
derez dans la priere avec foi, vous 
l'obtiendrez. 


19. Marc, xi, 19. — 20. Marc, ,זא‎ 20. — 22. Supra vir, 7; Marc, xi, 24; I Jean, 
m, 22. 


11. * Béthanie, aujourd'hui el-Azariyéh ou Lazariéh, si célèbre par les récits de 
l'Evangile, est maintenant un pauvre petit village d'une vingtaine de familles. Elevé 
sur la pente orientale du mont des Oliviers, il est proche de l'endroit où la route de 
Jérusalem à Jéricho commence à descendre avec rapidité vers la vallée du Jourdain. 
On y montre le site traditionnel de la maison et du tombeau de Lazare, ainsi que 
de la maison de Simon le lépreux. 

19. * Et à l'instant le figuier sécha.« En arrivant de Béthanie à Jérusalem le matin, 
Jésus eut faim ; ayant vu de loin un fiquier, il s'en approcha pour voir sil y trouverait 
du fruit; mais n'y trouvant que des feuilles, parce que ce n'était pas le temps des fruits, 
il le maudit. — C'est une parabole de choses, semblable à celle de paroles qu'on 
trouve en saint Luc, xu1, 6. Il ne faut donc point demander ce qu'avait fait ce figuier, 
ni ce qu'il avait mérité : car qui ne sait qu'un arbre ne mérite rien ? ni regarder cette 
malédiction du Sauveur par rapport au figuier, qui n'était que la matière de la para- 
bole. Il faut voir ce qu'il représentait, c'est-à-dire la créature raisonnable qui doit 
toujours des fruits à son créateur, en quelque temps qu'il lui en demande ; et lors- 
qu'il ne trouve que des feuilles, un dehors apparent, et rien de solide, il la maudit. 
Jésus-Christ continua son voyage et revint à Béthanie, selon sa coutume, et la ma- 
tinée d’après, ses disciples s'arrétérent au figuier, qu'ils trouvèrent desséché depuis 
la racine; et Pierre dit au Sauveur : Maitre, le fiquier que vous avez maudit est séché. 
Jésus-Christ ne voulait pas sortir de ce monde sans faire voir les effets sensibles de 
sa malédiction, voulant faire sentir ce qu'elle pouvait ; mais par un effet admirable de 
sa bonté, il frappe l'arbre et épargne l'homme. Ainsi quand il voulut faire sentir 
combien les démons étaient malfaisants, et jusqu'oü allait leur puissance, lorsquil 
leur làchait la main, il le fit paraître sur un troupeau de pourceaux que les démons 
précipitèrent dans la mer (Matth., viu, 32). Qu'il est bon et qu'il a de la peine à 
frapper l'homme! » (Bossuer.) — 11 faut d’ailleurs remarquer que Notre Seigneur 
pouvait s'étonner, en Palestine, de ne pas trouver de figues sur un figuier, quoique 
ce ne fut pas le temps ordinaire des figues (Marc, xr, 13), parce que en Palestine les 
figuiers ont des fruits à peu prés toute l'année, voir Luc, x, 6. Josèphe dit qu'on 
cueillait des figues sur les figuiers des bords du lac de Génésareth pendant dix mois 
de l'année. Souvent, surtout sur les vieux arbres, il y a des figues qui ne sont pas 
encore müres quand les feuilles tombent et que la végétation s'arréte; elles ne se 
détachent point des branches, mais y restent suspendues pendant tout l'hiver et 
deviennent bonnes à manger quand la végétation recommence au printemps. Notre 
Seigneur pouvait donc trouver des fruits sur l'arbre aux environs de Pâques. Les 
figuiers étaient nombreux autrefois sur le mont des Oliviers et il y en a encore 
quelques-uns aujourd'hui. 


2382 

93. Or, comme il vint dans le 
temple, les princes des prétres et 
les anciens du peuple s'appro- 
cherent de lui, tandis qu'il ensei- 
enait, et dirent : Par quelle auto- 
rité faites-vous ces choses? Et qui 
vous a donné ce pouvoir? 

24. Jésus répondant, leur dit : 
je vous ferai, moi aussi, une de- 
mande; si vous y répondez, je 
vous dirai par quelle autorité je 
fais ces choses. 

95. Le baptéme de Jean, d'où 
était-il? du ciel ou des hommes? 
Maiseux pensaienteneux-mémes, 
disant : 

96. Si nous répondons: Du ciel, 
il nous dira : Pourquoi donc n’y 
avez-vous pas cru! Et si nous ré- 
pondons : Des hommes, nous 
avons à craindre le peuple; tous, 
en effet, tenaient Jean pour pro- 
phète. 

97. Ainsi, répondant à Jésus, ils 
dirent : Nous ne savons. Et Jésus 
aussi leur répondit : Ni moi non 
plus je ne vous dirai par quelle 
autorité je fais ces choses. 

98. Mais que vous en semble? 
Un homme avait deux fils; s'ap- 
prochant du premier, il lui dit : 
Mon fils, va-t'en aujourd'hui tra- 
vailler à ma vigne. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


(cu. xxi] 

29. Celui-ci répondant, dit : Je 
ne veux pas. Mais apres, touché , 
de repentir, il y alla. 

30. S'approchant ensuite de 
l'autre, il dit de méme. Et celui- 
ci répondant dit : J'y vais, Sei- 
gneur, et il n'y alla point. 

31. Lequel des deux a fait la 
volonté du père? [1518] dirent : Le 
premier. Jésus leur répliqua : En 
vérité je vous dis que les publi- 
cains et les femmes de mauvaise 
vie vous précéderont dans le 
royaume de Dieu. 

32. Car Jean est venu à vous 
dans la voie de la justice et vous 
n'avez pas cru en lui; mais les 
publicains et les femmes de mau- 
vaise vie ont cru en lui; et vous, 
ayant vu cela, vous n'avez pas 
méme eu de repentir ensuite, de 
maniere à croire en lui. 

33. Ecoutez une autre parabole: 
Il y avait un homme, père de fa- 
mille, qui planta une vigne et 
l'entoura d'une haie, y creusa un 
pressoir, et bátit une tour; illa 
loua ensuite à des vignerons, et 
partit pour un voyage. 

34. Or, lorsque le temps des 
fruits approcha, il envoya ses ser- 
viteurs aux vignerons, pour en 
recevoir les fruits. 


23. Marc, xi, 28; Luc, xx, 2. — 26. Supra, xiv, Ὁ. — 33. Isaie, v, 1; Jér., 1 21; Marc, 


KID Ee EIOS σῶς 0e 


, 


23. * Les princes des prétres, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales. — Les 
anciens du peuple, les membres du sanhédrin. 

33. Y creusa un pressoir. Les pressoirs étaient des cuves souterraines où l'on con- 
servait le vin sur ses lies jusqu'à ce qu'on le mit dans des cruches ou dans des outres. 
— * On trouve encore aujourd'hui en Palestine, spécialement dans le sud, d'anciens 
pressoirs qui ont été creusés ou taillés dans le roc. — Et bátit une tour. « L'habitude 
de construire des tours pour protéger, principalement à l'époque de la récolte, 
les enclos qu'elles dominent, remonte en Palestine à la plus haute antiquité. [En- 
core aujourd'hui], au centre de la plupart des jardins que délimitent de petits murs 
en pierres séches, on remarque des tours de garde de forme ronde, et dont plu- 
sieurs sont peut-être trés anciennes. Elles servent à protéger la récolte contre les 
déprédations des voleurs et les dévastations des bétes fauves, principalement des 
chacals. » (V. Guérin.) Judée, 1, 125. 


cir, XXII] 


35. Mais les vignerons s'étant 
saisis de ses serviteurs déchi- 
rerent l’un de coups, tuèrent l'au- 
tre el en lapiderent un autre. 

36. ll envoya encore d'autres 
serviteurs en plus grand nombre 
que les premiers, et ils leur firent 
pareillement. 

57. En dernier lieu il leur en- 
voya son fils, disant : Ils auront du 
respect pour mon fils. 

38. Mais les vignerons voyant 
le fils dirent en eux-mêmes : Ce- 
lui-ci est l'héritier; venez, tuons- 
le, et nous aurons son héritage. 

39. Et après l'avoir pris, ils le 
jeterent hors de la vigne, et le 
tuèrent. 

40. Lors donc que viendra le 
maître de la vigne, que fera-t-il à 
ces vignerons ? 

41. Is lui répondirent : Ii fera 
mourir misérablement ces misé- 
rables, et il louera sa vigne à 
d'autres vignerons qui lui en ren- 
dront le fruit en son temps. 

49. Jésusleur demanda : N'avez- 
vous jamais lu dans les Ecritures : 
La pierre rejetée par ceux qui bà- 
tissaient, est devenue un sommet 
d'angle. Ceci est l'œuvre du Sei- 
gneur et elle est admirable à nos 
yeux? 

43. C'est pourquoi je vous dis 
que le royaume de Dieu vous sera 
óté, etqu'ilsera donné à un peuple 
qui en produira les fruits. 

44. Celui qui tombera sur cette 
pierre, se brisera; et celui sur qui 
elle tombera, elle l'écrasera. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2983 


45. Or, lorsque les princes des 
prétres et les pharisiens eurent 
entendu ses paraboles, ils com- 
prirent que c'était d'eux qu'il par- 
lait. 

46. Et cherchant à se saisir de 
lui, ils craignirentle peuple, parce 
qu'il le regardait comme un pro- 
phète. 


CHAPITRE XXII. 


Parabole du festin des noces. Rendre à 
César ce qui est à César. Résurrection 
des morts. Vie angélique. Amour de 
Dieu et du prochain. Le Messie, fils et 
seigneur de David. 


1. Jésus reprenant, leur parla 
de nouveau en paraboles, di- 
sant : 

2, Le royaume des cieux est 
semblable à un roi qui fit les noces 
de son fils. 

0. Or il envoya ses serviteurs 
appeler les conviés aux noces; 
mais ils ne voulurent point venir. 

4. ll envoya encore d'autres 
serviteurs, disant : Dites aux con- 
viés : Voilà que jai préparé mon 
festin, mes bœufs et les animaux 
engraissés ont été tués; tout es! 
prét, venez aux noces. 

5. Mais ils n'en tinrent compte. 
et ils s'en allèrent, l'un à sa mai- 
son des champs, et l'autre à son 
négoce. 

6. Les autres se saisirent des 
serviteurs, et apres les avoir ou- 
tragés, ils les tuerent. 

7. Or lorsque le roi l'eut appris, 
il en fut irrité; et ayant envoyé 


38. Infra, xxvi, 3 et xxvi, 1; Jean, xr, 53. — 42. Ps. cxvur, 22; Actes, 1v, 11; Rom., 
Ix, 88; 1 Pierre, it, 7. — 049. XXII. 1. Luc, xiv, 16; Apoc., xix, 9. 


35. Ils déchirérent, etc. C'est le vrai sens du texte; car le mot employé par la Vul- 
gate signifie faire tomber, couper, trancher, tailler en pièces; et celui du grec, écor- 


cher, arracher, enlever la peau. 


2384 
ses armées, il extermina ces 
meurtriers et brüla leur ville. 

8. Alors il dit à ses serviteurs : 
Les noces ont été préparées, mais 
ceux qui avaient été conviés, n’en 
ont pas été dignes. 

9. Allez donc dans les carre- 
fours, et tous ceux que vous trou- 
verez, appelez-les aux noces. 

10. Et ses serviteurs s'étant dis- 
persés sur les chemins, rassem- 
blèrent tous ceux quils trou- 
verent, bons et mauvais, et la 
salle des noces fut remplie de 
convives. 

11. Or le roi entra pour voir 
ceux qui étaient à table, et il aper- 
cut un homme qui n'était point 
revétu de la robe nuptiale. 

12. Il lui dit : Mon ami, com- 
ment es-tu entré ici sans avoir la 
robe nuptiale? Et celui-ci resta 
muet. 

13. Alors le roi dit à ses ser- 
viteurs : Liez-lui les pieds et 
les mains et jetez-le dans les té- 
nèbres extérieures; là sera le 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[cg. xxu.] 
pleur et le grincement de dents. 

14. Car beaucoup sont appelés, 
mais peu élus. 

15. Alors les pharisiens s'en 
allant, se concertèrent pour le 
surprendre dans ses paroles. 

16. Is envoyerent donc leurs 
disciples avec des hérodiens, di- 
sant : Maitre, nous savons que 
vous étes vrai, que vous ensei- 
gnez la voie de Dieu dansla vérité, 
et que vous n'avez égard à qui 
que ce soit; car vous ne considé- 
rez point la face des hommes. 

17. Dites-nous done ce qui vous 
en semble : Est-il permis de payer 
le tribut à César, ou non? 

18. Mais Jésus, leur malice con- 
nue, dit : Hypocrites, pourquoi 
me tentez-vous? 

19. Montrez-moi la monnaie du 
tribut. Et eux lui présentèrent un 
denier. 

20. Jésus leur demanda : De qui 
est cette image et cette inscrip- 
tion ? 

21. Is lui répondirent : De Cé- 


13. Supra, viz, 12 et xir, 42; Infra, xxv, 30. — 15. Marc, xir, 19; Luc, xx, 20. — 
21. Rom., xur, 7. 


11.* La robe nuptiale. C'est partout la coutume que les invités aux noces se revétent 
d'habits de fêtes. Peut-être y a-t-il aussi une allusion à une coutume orientale, en 
vertu de laquelle les rois et les princes envoient à ceux qu'ils appellent à leur table 
une robe dont ils doivent se couvrir pour prendre part au festin. 

14. Car beaucoup sont appelés, etc. Ces paroles sont la conclusion naturelle de la 
parabole, d'aprés laquelle beaucoup de ceux qui avaient été invités au festin des 
noces ne s'y rendirent pas. 

16. Par les hérodiens dont il est ici question, les uns entendent des membres d'une 
secte de ce nom,les autres de simples partisans d'Hérode qui étaient, comme la secte 
elle-même, pour 165 Romains, et par conséquent opposés aux pharisiens; de sorte que, 
de quelque maniere que le Sauveur répondit, il ne pouvait manquer d'étre accusé 
par l'un ou l'autre parti. Mais il sut éluder leur demande et éviter ainsi le piége 
qu'ils lui tendaient. — La face des hommes ; c'est-à-dire leur qualité, leur condition. 
Le sens de ce passage est que le Sauveur ne faisait acception de personne. — * Les 
hérodiens ou partisans des Hérodes étaient probablement un parti surtout politique, 
qui considérait la famille d'Hérode comme le meilleur appui des Juifs contre l'ab- 
sorption totale de leur pays dans l'empire romain, mais qui cherchait en méme temps 
à établir une sorte de compromis entre le judaisme et le paganisme, et avait par suite 
peu de zéle pour l'observation de la loi. 

11. * A César. Le César alors régnant était Tibére. Voir Lue, ur, 1. 


(CH. Xxit.] 


sar. Alors il leur répliqua : Ren- 
dez donc à César ce qui est à Cé- 
sar, et à Dieu ce qui est à Dieu. 

22. Ge qu'ayant entendu, ils 
furent saisis d'admiration, et le 
laissant, ils s'en allèrent. 

93. Ce jour-là, vinrent à lui les 
sadducéens, qui disent qu'il n'y a 
point de résurrection, et ils l'in- 
terrogerent, 

94. Disant : Maitre, Moïse a dit: 
Si quelqu'un meurt n'ayant pas 
d'enfant, que son frère épouse sa 
femme et suscite des enfants à 
son frere. 

95. Or il y avait parmi nous 
sept freres : le premier ayant pris 
une femme, mourut, et n'ayant 
point eu d'enfants, il a laissé sa 
femme à son frère. 

96. Pareillement 1e second et le 
troisieme jusqu'au septieme. 

97. Enfin apres eux tous la 
femme aussi est morte. 

28. A la résurrection donc du- 
quel des sept sera-t-elle femme 
puisque tous lont eue pour 
femme? 

29. Mais, répondant, Jésus leur 
dit : Vous errez, ne comprenant 
ni les Ecritures, ni la puissance 
de Dieu. 

30. Car à la résurrection les 
hommes ne prendront point de 
femmes, ni les femmes de maris; 
mais ils seront comme les anges 
de Dieu dans le ciel. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2385 

31. Et touchant la résurrection 
des morts, n'avez-vous point lu 
la parole qui vous a été dite par 
Dieu : 

32. Je suis le Dieu d'Abraham, 
et le Dieu d'Isaac et le Dieu de 
Jacob? Or Dieu n'est point le Dieu 
des morts, mais des vivants. 

33. Et le peuple l'entendant, 
admirait sa doctrine. 

34. Mais les pharisiens appre- 
nant qu'il avait réduit les saddu- 
céens au silence, s'assemblerent ; 

39. Et l'un d'eux, docteur de la 
loi, l'interrogea pour le tenter : 

36. Maitre, quel est le grand 
commandement de la loi? 

31. Jésus lui dit : Tu aimeras le 
Seigneur ton Dieu de tout ton 
cœur, de toute ton âme et de tout 
ton esprit. 

98. C'est là le premier et le plus 
erand commandement. 

39. Le second lui est semblable: 
Tu aimeras ton prochain comme 
toi-méme. 

40. A ces deux commandements 
se rattachent toute la loi et les 
prophètes. 

41. Or, les pharisiens étant as- 
semblés, Jésus les interrogea, 

49. Disant : Que vous semble 
du Christ? de qui est-il fils? Ils lui 
répondirent : De David. 

43. Il leur répliqua : Comment 
donc David l'appelle-t-il en esprit, 
son Seigneur, disant : 


23. Actes, xxii, 8. — 24. Deut., xxv, 5; Marc, xir, 19; Luc, xx, 28. — 32. Exod., ,זז‎ 6. 
— 35. Marc, xir, 28; Luc, x, 25. — 31. Deut., vi, 5. — 39. Lév., xix, 18; Marc, xri, 81. 
— 43. Luc, xx, 41. 


32. Je suis le Dieu d'Abraham, etc. Avec ces paroles qui sont prises de l'Exode 
Jésus-Christ prouve ici la résurrection des corps par l'immortalité de l'àme, parce 
que, en effet, ces deux dogmes sont inséparables. L'âme étant immortelle doit né. 
cessairement étre un jour réunie à son corps, pour y recevoir la récompense ou la 
punitien qu'elle a méritée dans ce corps même, lorsqu'elle en était revêtue. 

43. En esprit; c'est-à-dire parlant par l'Esprit de Dieu. Voy. Ps. cix, +. 


ioc. 159 


2350 

44. Le Seigneur a dit à mon 
Seigneur : Asseyez-vous à ma 
droite, jusqu'à ce que je fasse de 
vos ennemis 168080080 de vos 
pieds? 

45. Si donc David l'appelle son 
Seigneur, comment est-il son fils? 

40. Et personne ne pouvait lui 
rien répondre, et, depuis ce jour, 
nul n'osa plus l'interroger. 


CHAPITRE XXIII. 


Ecouter ceux qui sont assis sur la chaire 
de Moise. Vanité et hypocrisie des 
scribes et des pharisiens. Reproches de 
Jésus-Christ contre eux. Prédiction 
contre Jérusalem. 


1. Alors Jésus parla au peuple 
et à ses disciples, 

2. Disant : C'est sur la chaire 
de Moise que sont assis les scribes 
et les pharisiens. 

3. Ainsi, tout ce qu'ils vous 
disent, observez-le et faites-le, 
mais n'agissez pas selon leurs 
œuvres; car ils disent et ne font 
pas. 

4. 115 attachent des fardeaux 
pesants et qu'on ne peut porter; 
et ils les mettent sur les épaules 
des hommes; mais ils ne veulent 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


(cu. xxm.) 


pas méme les remuer du doigt. 

ὃ. Ils font toutes leurs œuvres 
pour être vus des hommes; car 
ils portent de très larges phylac- 
teres, et des franges fort longues. 

6. Ils aiment les premières 
places dans les festins et les pre- 
miers sieges dansles synagogues, 

Lessalutations dans les places‏ .ד 
publiques, et à être appelés‏ 
maitres par les hommes.‏ 

8. Pour vous, ne veuillez pas 
étre appelés mailres; car un seul 
est votre maitre, et vous étes tous 
FÉES: 

9. Et n'appelez sur la terre per- 
sonne votre père; car un seul 
est votre Père, lequel est dans les 
Cieux. 

10. Qu'on ne vous appelle point 
non plus maîtres; parce qu'un 
seul est votre maitre, le Christ. 

11. Gelui qui est le plus grand 
parmi vous, sera votre serviteur. 

19. Car quiconque s'exaltera, 
sera humilié; et quiconque s'hu- 
miliera, sera exalté. 

13. Mais malheur à vous, scribes 
et pharisiens hypocrites, parce 
que vous fermez aux hommes le 
royaume des cieux. Vous n'entrez 


44. Ps. cix, 1. — Cnar. XXIII. 2. II Esd., vir, 4. — 4. Luc, xi, 46; Actes, xv, 10. — 
5. Deut., vr, 8 et xxrr, 12; Nomb., xv, 38. — 6. Marc, xir, 39; Luc, ,זא‎ 43 et xx, 46. — 
8. Jac., 111, 1. — 9. Malach., 1, 6. — 12. Luc, xiv, 11 et xvru, 14. 


4^. * L'escabeau de vos pieds. Les vainqueurs avaient la coutume de poser leurs pieds 
sur le cou des vaincus en signe de leur triomphe, de sorte que faire de ses ennemis 
l'escabeau de ses pieds, c'est les soumettre à sa puissance. 


5. Les phylactères ou préservatifs étaient des bandes de parchemin qu'on portait 
sur le front et sur le bras, et sur lesquelles étaient écrites certaines paroles de la 
loi. Compar. Exode, xu, 16; Deutér., vi, 8; xi, 18. — Et des franges fort longues. 
Compar. Matth., 1x, 20. 

9-10. Ce qui selit dans ces deux versets veut dire que nous devons mettre incom- 
parablement notre Pére céleste au-dessus de tout pére selon la chair, et que nous ne 
devons suivre aucun maître qui nous détourne de Jésus-Christ. Mais cela ne nous 
empéche pas d'avoir, conformément à la loi divine, tout le respect dü pour nos 
pères selon la chair, pour nos pères spirituels (1 CorintA., iv, 15), pour nos maîtres 
et nos précepteurs. 


(cu. xxur.] 


pas vous-mémes, et vous ne souf- 
frez pas que les autres entrent. 

14. Malheur à vous, scribes et 
pharisiens hypocrites, parce que 
sous le prétexte de vos longues 
prieres, vous dévorezles maisons 
des veuves : c'est pour cela que 
vous subirez un jugement plus 
rigoureux. 

45. Malheur à vous, scribes et 
pharisiens hypocrites, parce que 
vous parcourez la mer et la terre 
pour faire un prosélyte; et quand 
il est fait, vous faites de lui un 
fils de la géhenne deux fois plus 
que vous. 

16. Malheur à vous, guides 
aveugles, qui dites : Quiconque 
jure par le temple, ce n'est rien; 
mais quiconque jure par l'or du 
temple, doit ce qu'il a juré. 

11. Insensés et aveugles, lequel 
estleplus grand, l'or ouletemple 
qui sanctifie l'or? 

18. Et quiconque jure par l'au- 
tel, ce n'est rien : mais quiconque 
jure par loffrande déposée sur 
l'autel, est engagé. 

19. Aveugles, lequel est le plus 
grand, l'offrande ou l'autel qui 
sanctifie l'offrande? 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2981 

20. Celui done qui jure par l'au- 
tel, jure par lui et par tout ce qui 
est dessus lui. 

21. Et quiconque jure par le 
temple, jure par lui et par celui 
dont il est la demeure. 

22. Et celui qui jure par le ciel, 
jure par le trône de Dieu et par 
celui qui y est assis. 

23. Malheur à vous, pharisiens 
et scribes hypocrites, qui payez 
la dime de la menthe et de l'anetli 
et du cumin, et qui négligez les 
choses les plus graves de la loi, 
la justice, la miséricorde et la foi; 
il fallait faire ceci, et ne pas 
omettre cela. 

24. Guides aveugles, qui em- 
ployez un filtre pour le mou- 
cheron, et qui avalez le cha- 
meau. 

98. Malheur à vous, scribes et 
pharisiens hypocrites, parce que 
vous nettoyez les dehors de la 
coupe et du plat, tandis qu'au de- 
dans vous étes pleins desouillures 
et de rapine. 

20. Pharisien aveugle, nettoie 
d'abord le dedans de la coupe et 
du plat, afin que le dehors soit 
net aussi. 


14. Marc, xit, 40; Luc, xx, 47. — 23. Luc, x1, 42. 


15. Fils de la géhenne; c'est-à-dire de l'enfer; hébraisme, pour digne de l'enfer. 
Ainsi le sens est : Vous le rendez digne de l'enfer deux fois plus que vous. — 
Géhenne. Voy. Matt., v, 22. — * Pour faire un prosélyte, un converti du paganisme au 
judaisme. Les Rabbins distinguaient deux espéces de prosélytes : les prosélytes de 
la justice, qui ayant recu la circoncision, observaient tous les préceptes de la loi mo- 
saique, et les prosélytes de la porte, non circoncis, mais habitant au milieu des Juifs 
et observant certains préceptes, les sept appelés noachiques. Ils étaient ainsi nom- 
més sans doute parce que le Pentateuque parle des étrangers qui habiteut « dans 
les portes » ou l'intérieur des villes juives. Exode, xx, 10; Deul., xiv, 21; xxiv, 14. 

16. Par ie temple, dans le texte grec, naos. Voir Matt., xxi, 12. 

23. * La menthe est commune en Syrie et les Juifs en mettaient dans lessynagogues 
et dans leurs maisons pour y répandre une bonne odeur. — L’aneth, l'anis, plante 
de la famille des ombelliferes qui atteint un mètre de hauteur. Les Juifs se servaient 
des grains d'anis comme de condiment dans leur cuisine, — Le cumin est une plante 
également de la famille des ombellifères dont le fruit était aussi employé pour aro- 
matiser le vin et pour d'autres usages culinaires, 


9588 

97. Malheur à vous, scribes et 
pharisiens hypocrites, parce que 
vous ressemblez à des sépuleres 
blanchis, qui au dehors paraissent 
beaux aux hommes, mais au de- 
dans sont pleins d'ossements de 
morts et de toute sorte de pour- 
riture. 

98. Ainsi vous aussi, au dehors, 
vous  paraissez justes aux 
hommes ; mais au dedans vous 
êtes pleins d’hypocrisie et d'ini- 
quité. 

29. Malheur à vous, scribes 
et pharisiens hypocrites, qui bà- 
tissez les tombeaux des pro- 
phètes, ornez les monuments des 
justes, 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


(ca. xxm.] 


n'aurions pas été complices avec 
eux du sang des prophètes. 

31. Ainsi vous étes à vous- 
mémes un témoignage que vous 
étes les fils de ceux qui ont tué 
les prophètes. 

32. Comblez donc aussi la me: 
sure de vos peres. 

39. Serpents, races de vipères, 
comment fuirez-vous le jugement 
de la géhenne ? 

34. C'est pourquoi voici que 
moi-méme je vous envoie des 
prophètes, des sages et des doc- 
teurs; vous tuerez et crucifierez 
les uns, et vous en flagellerez 
d'autres dans vos synagogues, et 
vous les poursuivrez de ville en 


ville : 
98. Afin que retombe sur vous 


30. Et qui dites : Si nous avions 
été du temps de nos pères, nous 


33. Supra, ri, 7. — 35. Gen., 1v, 8; Hobr., xr, 4; II Par., xxiv, 22. 


21. Les Juifs, dans la crainte qu'on ne se souillât en touchant les tombeaux, les 
blanchissaient au dehors afin qu'on les distinguát. 

33. Le jugement de la géhenne; c'est-à-dire la condamnation à la géhenne, à l'enfer. 
Compar., v, 22. 

35. Zachare, fils de Barachie. «Il y a divers sentiments, plus ou moins plausibles, sur 
la personne de Zacharie, fils de Darachie. — Plusieurs interprètes pensent qu'il s'agit iei 
de celui que les zélateurs ont immolé dans le temple, pendant le dernier siège de Jé- 
rusalem. Notre Seigneur aurait pu parler de ce meurtre à l'avance et annoncer qu'il 
serait puni; mais il ne parait pas le faire ici. Il parle au passé, comme d'un crime déjà 
commis. — D'autres supposent qu'il est question de Zacharie, le dernier des petits 
prophétes. Son pére s'appelait bien Barachie; mais si un personnage si connu, le plus 
récent des prophètes, avait été tué entre le vestibule et l'autel,est-il à croire qu'il n'en 
füt fait mention nulle part? — La plupart croient, comme S. Jéróme, que ce Zacharie 
est celui qui fut lapidé par Joas, in atrio domus Domini, c'est-à-dire dansle parvis des 
prêtres, entre l'autel des holocaustes placé en avant du vestibule et le saint ou l'en- 
ceinte qui précédait immédiatement le Saint des saints. C'était probablement un 
usage parmi les Juifs d'unir le meurtre d'Abel à celui de ce pontife, comme les deux 
crimes les plus odieux qui eussent jamais été déjà commis. Si l'on objecte que le 
meurtre de Zacharie était déjà bien ancien pour être cité comme le dernier dont ils 
fussent coupables, on répond que le livre dans lequel on le lisait était un des livres 
historiques les plus récents de leur canon. Ainsi le meurtre d'Abel se lisait aux pre- 
miéres pages de la Bible, et celui de Zacharie aux derniéres. La difficulté de ce 
sentiment est que, selon les Paralipoménes, ce Zacharie était fils de Joiadas et non 
pas de Barachie. On peut néanmoins la résoudre de plusieurs manières: — 1° En 
supposant que le pére de Zacharie, Joiadas, avait deux noms, qu'il était surnommé 
Barachie ou fils d'Achias, ce qui n'a rien d'invraisemblable. — 2° En prenant le mot 
fils dans le sens de petit-fils ou d'héritier, ce qui a lieu fréquemment. Si l'on sup- 
pose Barachie mort avant son pére Joiadas, il était naturel que l'auteur des Parali- 
pomènes donnât à Zacharie la qualification de fils, c'est-à-dire de descendant et 
d'héritier de Joiadas, son aieul, plutôt que de Barachie, son père. Or, il parait que 


z 


xxiv.] L'ÉVANGILE SELON‏ .זס] 


tout le sang innocent qui a été 
versé sur la terre, depuis le sang 
du juste Abel jusqu'au sang de 
Zacharie, fils de Barachie, que 
vous avez tué entre le temple et 
l'autel. 

36. En vérité je vous dis : Tout 
ceci viendra sur cette génération. 

37. Jérusalem, Jérusalem, qui 
tues les prophetes etlapides ceux 
qui te sont envoyés, combien de 
fois ai-je voulu rassembler tes 
enfants comme une poule ras- 
semble ses petits sous ses ailes, 
et tu n'as pas voulu ? 

38. Voilà que votre maison vous 
sera laissée déserte. 

39. Car je vous le dis, vous ne 
me verrez plus, jusqu'à ce que 
vous disiez : Béni celui qui vient 
au nom du Seigneur! 


CHAPITRE XXIV. 


Jésus-Christ prédit la ruine de Jérusalem. 
Questions des disciples à l'occasion de 
cette prédiction, et réponse de Jésus- 
Christ. Signes de la ruine de Jérusa- 
lem,et du dernier avénement de Jésus- 
Christ. 


1. EtJésus étant sorti du temple, 
s'en alla. Alors ses disciples s'ap- 
prochèrent pour lui faire remar- 
querles constructions du temple. 


SAINT MATTHIEU. 2389 


2. Maislui-méme, prenantla pa- 
role, leur dit : Voyez-vous toutes 
ces choses? En vérité je vous dis: 
Il ne restera pas là pierre sur 
pierre qui ne soit détruite. 

3. Et comme il était assis sur 
le mont des Oliviers, ses disciples 
s'approcherent de lui en particu- 
lier, disant : Dites-nous quand ces 
choses arriveront? et quel sera le 
signe de votre avènement et de 
la consommation du siecle ? 

4. Et Jésus répondant, leur dit : 
Prenez garde que quelqu'un ne 
vous séduise ; 

5. Car beaucoup viendront en 
mon nom, disant : Je suis le 
Christ, et beaucoup seront séduits 
par eux. 

6. Vous entendrez parler de 
combats et de bruits de combats. 
N'en soyez point troublés, car il 
faut que ces choses arrivent; 
mais ce n'est pas encore la fin. 

7. Car un peuple se soulèvera 
contre un peuple, un royaume 
contre un royaume ; et il y aura 
des pestes et des famines, et des 
tremblements de terre en divers 
lieux. 

8. Mais toutes ces choses sont | 
le commencement des douleurs. 

9. Alors on vous livrera aux 


31. Luc., xur, 34. — (ΒΑΡ. XXIV. 1. Marc, xiu, 1; Luc, xxr, 5. — 2. Luc, xix, 44. — 
4. Ephés., v, 6; Col., ir, 18. — 9. Supra, x, 17; Luc, xxi, 12; Jean, xv, 20 et xvi, 2. 


l'âge de Joiadas confirme cette supposition. — 3» En supposant que les mots, fils de 
Barachie, qui ne sont pas en S. Luc et qui manquent dans le manuscrit du Sinai, à 
cet endroit de S. Matthieu, ont été introduits par un des premiers copistes, qui aura 
cru qu'il s'agissait du dernier Zacharie. » (L. Bacuez.) — Entre le temple, le naos, la 
maison de Dieu, et l’autel des holocaustes. Voir Matt., xxi, 12. 

39. Jusqu'à ce que, etc.; c'est-à-dire jusqu'à ce que vous me reconnaissiez pour le 
Messie, à la fin des temps, et que, dans mon avénement pour juger le monde, vous 
me saluiez par des acclamations comme votre Dieu et votre Seigneur. 


1. * Du temple, en grec, hiéron. Voir Matt., xxi, 12. 
3. * Sur le mont des Oliviers. Voir Matt., xxt, 1. Du mont des Oliviers, on dominait 
le Temple et on avait en vue toute la ville de Jérusalem, ses murs et ses édifices. 


2390 
tribulations et à la mort, et vous 
serez en haine à toutes les nations 
à cause de mon nom. 

10. Alors beaucoup se scanda- 
liseront ; ils setrahiront et se hai- 
ront les uns les autres. 

11. Beaucoup de faux prophètes 
aussi s'élèveront, et beaucoup 
seront séduits par eux. 

19. Et parce que l'iniquité aura 
abondé, la charité d'un grand 
nombre se refroidira. 

13. Mais celui qui persévérera 
jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé. 

14. Et cet Evangile du royaume 
sera préché dans le monde entier, 
en témoignage à toutes les na- 
tions ; et alors viendra la fin. 

15. Quand done vous verrez 
l'abomination de la désolation, 


15. Marc, xur, 14; Luc, xxr, 20; Dan., 1x, 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[cH. xxiv.] 
prédite par le prophète Daniel, 
régnant dans le lieu saint (que 
celui qui lit entende) : 

16. Alors, que ceux qui sont 
dans la Judée fuient sur les mon- 
tagnes ; 

17. Et que celui qui sera sur le 
toit ne descende pas pour empor- 
ter quelque chose de sa maison : 

18. Et que celui qui sera dans 
les champs ne revienne pas pour 
prendre sa tunique. 

49. Mais malheur aux femmes 
enceintes et à celles qui nourri- 
ront en ces jours-là ! 

20. Priez donc que votre fuite 
n'arrive pas en hiver, ni en un 
jour de sabbat. 

21. Car alors la tribulation sera 
grande, telle qu'il n’y en a point 


21. — 20. Actes, 1, 12. 


11. * Beaucoup de prophèles aussi s'éléveronl. Les premiers écrivains ecclésiastiques 
ont vu ces faux prophètes dans les pseudo-Messies, Théodas (Act, v, 36), Barco- 
chébas, dans Simon 16 Magicien, Cérinthe, etc. Il faut du reste remarquer que dans 
toute cette prophétie les événements qui devaient s'accomplir à la ruine de Jéru- 
salem sont mélés avec ceux qui ne doivent se réaliser qu'à la fin du monde, sans 
qu'il soit toujours possible de bien les déméler les uns des autres. « Le Seigneur, dit 
un ancien auteur ecclésiastique à qui l'on doit l'Ópus imperfectum publié dans les 
œuvres de S. Jean Chrysostome, le Seigneur n'a pas spécifié quels sont les signes qui 
appartiennent à la destruction de Jérusalem et quels sont ceux qui appartiennent à 
la fin du monde, de sorte que les mémes signes semblent convenir à l'une et à 
l'autre, parce qu'il n'expose point avec ordre comme dans une histoire ce qui devait 
se passer, mais il annonce d'une manière prophétique ce qui arrivera. » 

14. En témoignage à toutes les nations; c'est-à-dire pour servir de témoignage à 
toutes les nations du soin que Dieu a pris de leur faire annoncer la doctrine du 
salut. — Et alors viendra la fin. Compar. le vers. 6. 

15. * L'abomination de la désolation; une idole, d'aprés l'interprétation des Juifs et 
de plusieurs Pères. 

16. * Fuient sur les montagnes. Au moment du siège de Jérusalem par Titus, les 
chrétiens se réfugièrent en effet à Pella dans les montagnes de Galaad. 

11. Sur le toit. Compar., x, 21. 

19. Malheur aux femmes enceintes, etc.; parce qu'elles ne pourront se sauver avec 
toute la promptitude nécessaire. 

20. En hiver, à cause des incommodités de cette saison. — Ni en un jour de sabbat ; 
parce que les Juifs croyaient qu'il neleur était pas permis de faire plus de deux mille 
pas, c'est-à-dire environ une demi-lieue de chemin le jour du sabbat. 

21. * Alors la tribulation sera grande. Les tribulations qu'endurérent les Juifs pen- 
dant le dernier siège de Jérusalem et dont Josèphe nous a raconté les détails dépas- 
sent toute imagination. Toutes les prophéties du Sauveur s'accoinplirent à la lettre 
et le peuple déicide expia son crime par la ruine totale de ce pays dont il était si fier, 
« Les yeux plutôt que les oreilles, dit S. Jérôme, pcuvent juger de ce que sont de- 


[cH. xxiv.] 


eu depuis le commencement du 
monde jusqu'à présent, et qu'il 
n'y en aura point. 

22. Et si ces jours n'eussent été 
abrégés, nulle chair n'aurait été 
sauvée; mais à cause des élus, 
ces jours seront abrégés. 

23. Alors, si quelqu'un vous dit: 
Voici le Christ, ici, ou là, ne le 
croyez pas. 

24. Car il s'élévera de faux 
Christs et de faux prophetes ; et 
ils feront de grands signes et des 
prodiges, en sorte que soient in- 
duits en erreur (s'il peut se faire) 
méme les élus. 

25. Voilà que je vous l'ai prédit. 

26. Si donc on vous dit : Le voici 
dans le désert, ne sortez point : 
le voilà dans le lieu le plus retiré 
de 18 maison, ne le croyez pas. 

97. Car, comme l'éclair part de 
l'orient et apparait jusqu'à l'occi- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2394 
dent, ainsi sera l'avénement du 
Fils de l’homme. 
28. Partout où sera le corps, là 
aussi s'assembleront les aigles. 
29. Mais aussitôt après la tribu- 
lation de ces jours, 16 soleil s'obs- 
curcira, et la lune ne donnera 
plus sa lumiere ; les étoiles tom- 
beront du ciel et les vertus des 
cieux seront ébranlées. | 
80. Alors apparaitra le signe du 
Fils de homme dansle ciel ; alors 
pleureront toutes les tribus de la 
terre, et elles verront le Fils de 
l’homme venant dans les nuées 
du ciel, avec une grande puis- 
sance et une grande majesté. 
31. Et il enverra les anges, qui, 
avec une trompette et une voix 
éclatante, rassembleront ses élus 
des quatre vents de la terre, du 
sommet des cieux jusqu’à leurs 
dernières profondeurs. 


23. Marc, xir, 21; Luc, xvi, 23. — 28. Luc, xvii, 37. — 29. Isaie, xui, 10; Ézéch., 
xxxit, 7; Joël, rt, 10 et rir, 15; Marc, xri, 24; Luc, xxr, 25. — 30. Apoc., 1, 7. — 34. I Cor., 
xv, 52; 1 Thess., 1v, 15. 


venues les villes et les places fortes de la Judée; nous qui pouvons voir l'état de 
cette province dans laquelle nous habitons, nous pouvons certifier l'exactitude de 
tout ce qui a été écrit. A peine découvrons-nous quelques vestiges de ruines là où 
s'élevaient autrefois de grandes villes... Les vignerons perfides (voir la parabole 
Matt., xxt, 33-41) aprés avoir tué les serviteurs et enfin le Fils de Dieu lui-même, 
n'ont plus maintenant le droit d'entrer dans Jérusalem que pour y pleurer et alin 
qu'ils puissent pleurer sur les ruines de leur capitale, ils sont obligés de payer une 
somme d'argent, de sorte que ceux qui avaient acheté le sang du Christ achètent 
maintenant la permission de verser des larmes et les pleurs mémes ne leur sont per- 
mis quà prix d'argent. Voyez venir au jour anniversaire de la prise et de la des- 
truction de Jérusalem par les Romains, voyez venir ce peuple lugubre; ces vieilles 
femmes décrépites, ces vieillards chargés de haillons et d'années sont par leur tenue 
et par leur extérieur, autant de témoins de la colére de Dieu. La troupe misérable 
se rassemble, et tandis que brillent l'instrument du supplice du Seigneur et l'église 
de la Résurrection, tandis que l'étendard de la croix est déployé tout éclatant sur 
le mont des Oliviers, ce peuple malheureux pleure sur les ruines de son temple. » 

22. Nulle chair. L'Ecriture emploie souvent le mot chair pour désigner l'homme. 

28. Tous les hommes ressuscités et renouvelés comme des aigles s'assembleront 
autour du corps de Jésus-Christ, qui a été immolé pour eux. — * Le corps, le cadavre. 
— Les aigles. L'aigle proprement dit ne se nourrit pas de cadavres, ordinairement du 
moins. L'oiseau de proie dont il s'agit ici est le vautour percnoptére qui ressemble 
beaucoup à laigle et que Pline considère comme formant la quatrième espèce du 
genre aigle. Nous avons du reste ici une locution proverbiale. 

30. Le signe du Fils de l’homme; c'est-à-dire la croix, qui est comme l'étendard du 
Sauveur. 


2392 

32. Apprenez la parabole prise 
du figuier. Quand ses rameaux 
sont encore tendres et ses feuilles 
naissantes, vous savez que l'été 
est proche. 

33. Ainsi vous-mémes, lorsque 
vous verrez toutes ces choses, 
sachez que le Christ est proche, à 
la porte. 

34. En vérité je vous dis que 
cette génération ne passera point 
jusqu'à ce que toutes ces choses 
s'accomplissent. 

35. Le ciel et la terre passeront, 
mais mes paroles ne passeront 
point. 

36. Mais pour ce jour et cette 
heure, personne ne les sait, pas 
méme les anges du ciel; il n'y a 
que Te Père. 

37. Et comme aux jours de Noé, 
ainsi sera l'avenement du Fils de 
l'homme. 

38. Car, comme ils étaient aux 
jours d'avant le déluge, man- 
geant et buvant, se mariant 
et mariant leurs enfants, jus- 
qu'au jour où Noé entra dans 
l'arche, 

39. Et qu'ils ne reconnurent 
point de déluge, jusqu'à ce qu'il 
arriva et les emporta tous : ainsi 
sera l'avènement méme du Fils 
de l'homme. 

40. Alors de deux hommes qui 


L'EVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[cH. xxiv.] 


seront dans un champ, l'un sera 
pris et l'autre laissé. 

41. De deux femmes qui mou- 
dront ensemble, l'une sera prise 
et l'autre laissée. 

42. Veillez donc, parce que vous 
ne savez pas à quelle heure votre 
Seigneur doit venir. 

43. Mais sachez ceci : Si le père 
de famille savait à quelle heure le 
voleur doit venir, il veillerait 
certainement et ne laisserait pas 
percer sa maison. 

44. C'est pourquoi vous aussi, 
tenez-vous préts; car vous igno- 
rez l'heure à laquelle le Fils de 
l'homme doit venir. 

49. Qui, pensez-vous, est le 
serviteur fidele et prudent que 
son maitre a établi sur tous ses 
serviteurs, pour leur distribuer 
dans le temps leur nourriture? 

46. Heureux ce serviteur, que 
son maitre, lorsqu'il viendra, 
trouvera agissant ainsi. 

47. En vérité, je vous dis qu'il 
l'établira sur tous ses biens. 

48. Mais si ce mauvais servi- 
teur dit en son cœur : Mon maitre 
tarde à venir ; 

49. Et qu'il se mette à battre 
ses compagnons, à manger et à 
boire avec des ivrognes, 

50. Le maitre de ce serviteur 
viendra le jour οἱ il ne s'y attend 


Jo. Marc, xii, 31. — 37. Gen., vii, 1; Luc, xvir, 26. — 43. Marc, xri, 33; Luc, ,זא‎ 99, 


— 46. Apoc., xvi, 15. 


32. * Du figuier. Voir Luc, xut, 6. 


31. Comme aux jours de Noé; c'est-à-dire de la même manière qu'aux jours de Noé. 
Il faut suppléer fut, se passa la venue du déluge. C'est une sorte d'ellipse que l’on 
trouve souvent dans la Bible, et qui s'explique facilement par le contexte. 

40-41. Ces facons de parler marquent le discernement qui se fera alors des élus et 


aes réprouvés. 


41. Les esclaves de l'un et de l'autre sexe étaient employés à moudre le grain à 
force de bras. — * La meule supérieure du moulin est souvent tournée en Orient par 
deux personnes. Voir note sur Matt., xvii, 6. 


₪ 


[cu. xxv.] 
pas, et à l'heure qu'il ignore; 
51. Et il le divisera, et il lui 
donnera ainsi sa part avec les hy- 
pocrites : là sera le pleur et le 
grincement de dents. 


CHAPITRE XXV. 


Parabole des dix vierges. Parabole des 
talents. Dernier jugement. OEuvres de 
miséricorde faites ou refusées à Jésus- 
Christ dans la personne de ses membres. 


1. Alors le royaume des cieux 
sera semblable à dix vierges qui, 
ayant pris leurs lampes, allèrent 
au-devant de l'époux et de 16- 
pouse. 

2. Cinq d'entre elles étaient 
folles et cinq sages. 

3. Les cinq folles, en prenant 
leurslampes, n'emporterent point 
d'huile avec elles : 

4. Mais les sages prirent de 
l'huile dans leurs vases avec les 
lampes. 

5. Or l'époux tardant à venir, 
elles s'assoupirent toutes, ets'en- 
dormirent. 

6. Mais au milieu de la nuit, un 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2393 
cri s'éleva: Voicil'époux qui vient; 
sortez au-devant de lui. 

7. Aussitôt toutes ces vierges 
se levèrent, et préparerent leurs 
lampes. 

8. Mais les folles dirent aux 
sages : Donnez-nous de votre 
huile, parce que nos lampes s'é- 
teignent. 

9. Les sages répondirent, di- 
sant : De peur qu'il n'y en ait pas 
assez pour nous et pour vous, 
allez plutôt à ceux quien vendent, 
et achetez-en pour vous. 

10. Or pendant qu'elles allaient 
en acheterl'époux arriva; et celles 
qui étaient prêtes entrèrent avec 
lui dans la salle des noces, et la 
porte fut fermée. 

11. Enfin les autres vierges 
vinrent aussi, disant : Seigneur, 
Seigneur, ouvrez-nous. 

19. Mais l'époux répondant, dit: 
En vérité je vous dis que je ne 
vous connais point. 

13. Veillez donc, parce que vous 
ne savez ni le jour ni l'heure. 

14. C'estcomme un homme qui, 


51. Supra, xir, 42; Infra, xxv, 30. — Cuar. XXV. 13. Maic, xirt, 99. — 14. Luc, xix, 12. 


51. Et il le divisera; c'est-à-dire il 16 fera mourir. Dans l'Ecriture, le mot diviser se 
met souvent pour séparer l'àme du corps, óter la vie. Les maitres d'ailleurs avaient 
droit de vie et de mort sur leurs esclaves. 


1.* La cérémonie principale du mariage chez les Juifs consistait à conduire la fiancée 
de sa propre maison dans la maison de son futur époux. Elle avait lieu le soir, 
quand il était déjà nuit, ce qui obligeait d'emporter des lampes pour éclairer la 
marche. La fiancée richement habillée et entourée de ses compagnes, les dix vierges 
dont il est ici question, attendait la venue de l'époux et de ses amis (voir Matt., 
ix, 15) qui venaient la chercher et la conduisaient dans la maison qui devait étre 
désormais la sienne. — Les mots de l’épouse ne se lisent pas dans le grec. De fait 
{es compagnes vont attendre seulement l'époux. 

3-4. * Les lampes étant petites, analogues à celles qu'on trouve dans les 6818601205 , 
1l fallait en renouveler l'huile pour une si longue veille. C'est pour cela que les vierges 
sages avaient emporté avec leurs lampes un vase plein d'huile, tandis que les folles 
n'avaient pas pensé à en prendre avec elles. 

6. * Au milieu de la nuit. Voir Matt., xiv, 25. 

10. * La porte fut fermée. Les vierges folles n'arrivent que lorsque 16 cortège qui a 
accompagné la mariée à la maison de son époux est déjà entré dans la salle des noces 
et que la porte en est fermée. 


2894 
partant pour un voyage, appela 
ses serviteurs et leur remit ses 
biens. 

15. A l’un il donna cinq talents, 
à un autre deux, à un autre un, 
à chacun selon sa capacité, et il 
partit aussitót. 

16. Or celui qui avait recu les 
cinq talents s'en alla, les fit valoir 
et en gagna cinq autres. 

17. Pareillement celui aussi, qui 
en avait recu deux, en gagna 
deux autres. 

18. Maiscelui qui n'en avait re- 
cu qu'un, s'en allant, creusa la 
la terre et cacha l'argent de son 
maitre. 

19. Longtemps apres, le maitre 
de ces serviteurs revint et compta 

. AVEC eux. 

20. Alors celui qui avait reçu 
cinq talents s'approchant, lui pré- 
senta cinq autres talents, disant : 
Seigneur, vous m'avez remis cinq 
lalents, en voici cinq autres que 
j'ai gagnés de plus. 

21. Son maitre lui répondit : 
Fort bien, serviteur bon etfidèle : 
parce que tu as été fidèle en peu 
de choses, je t'établirai sur beau- 
coup : entre dans la joie de ton 
maitre. 

22. Celui qui avait recu deux 
talents vint aussi, et dit : Sei- 
gneur, vous m'aviez remis deux 
talents; en voici deux autres que 
j'ai gagnés. 

23. Son maitre lui répondit : 
Fort bien, serviteur bon et fidele: 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[cH. xxv.] 


parce que tu as été fidèle en peu 
de choses, je t'établirai sur beau- 
coup : entre dans la joie de ton 
maitre. 

24. Puis s'approchant aussi, ce- 
lui qui avait recu un seul talent 
dit : Seigneur, je sais que vous 
étesunhomme sévere ; vous mois- 
sonnezoiü vous n'avez pointsemé, 
et recueillez oü vous n'avez rien 
mis. 

25. Aussi, craignant, je m'en 
suis allé et j'ai caché votre talent 
dans la terre: voici, je vous rends 
ce qui est à vous. 

26. Son maitre répondant lui 
dit : Serviteur mauvais et pares- 
seux, tu savais que je moissonne 
où je n'ai point semé, et que je 
recueille où je n'ai rien mis: 

97. Hl fallait donc remettre mon 
argent aux banquiers, et, reve- 
nant, j'aurais reçu avec usure ce 
qui est à moi. 

28. Reprenez-lui donc le talent, 
et donnez-le à celui qui a dix ta- 
lents. 

29. Caron donnera à celui qui a, 
et il sera dans l'abondance ; mais 
à celui qui n'a pas, méme ce qu'il 
semble avoir, lui sera óté. 

30. Et jetez ce serviteur inutile 
dans les ténèbres extérieures : là 
sera le pleur et le grincement de 
dents. 

31.0r,quandle Fils de l’homme 
viendra dans sa majesté, et tous 
les anges avec 101, alorsils'assiéra 
sur le trône de sa majesté. 


29. Supra, xix, 12; Marc, 1v, 25; Luc, vin, 18 et xix, 26. 


15. Chez les Hébreux, le talent valait environ 4,414 francs. 

21. IL fallait donc, etc. Par cette comparaison, Jésus-Christ veut nous montrer que 
nous ne devons rien négliger pour faire valoir les grâces que nous avons reçues de 
Dieu, soit pour notre perfection, soit pour le salut de nos fréres. 

30. Dans les lénèbres extérieures. Compar., vur, 12. 


[cu. xxvi.] 


39. Et toutes les nations seront 
rassemblées devant lui, et il les 
séparerales uns d'avecles autres, 
comme le pasteur sépare les bre- 
bis d'avec les boucs; 

33. Et il placera les brebis à sa 
droite et les boucs à sa gauche. 

34. Alors, le roi dira à ceux qui 
seront à sa droite : Venez, les bé- 
nis de mon pere; possédez le 
royaume préparé pour vous de- 
puis la fondation du monde : 

35. Car j'ai eu faim, et vous m'a- 
vezdonnéàmanger; j'ai eu soif, et 
vous m'avez donné à boire ; j'étais 
sansasile, etvous m'avez recueilli ; 

36. Nu, et vous m'avez vêtu, 
malade, et vous m'avez visité ; en 
prison, et vous êtes venus à moi. 

97. Alors les justes lui répon- 
dront : Seigneur, quand est-ce 
que nous vous avons vu ayant 
faim, et que nous vous avons 
rassasié ; ayant soif, et que nous 
vous avons donné à boire ? 

38. Quand est-ce que nous vous 
avons vu sans asile, et que nous 
vous avons recueilli; ou nu, et 
que nous vous avons vétu? 

39. Ou quand est-ce que nous 
vous avons vu malade ou en pri- 
son, et que nous sommes venus 
à vous? 

40. Et le roi répondra, disant : 
En vérité, je vous dis : Chaque 
fois que vous l'avez fait à l'un de 
ces plus petits d'entre mes freres, 
c'est à mol que vous l'avez fait. 

41. Alors il dira aussi à ceux 
qui seront à sa gauche : Allez loin 
de moi, maudits, au feu éternel. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2395 
qui ἃ été préparé au diable et à 
ses anges; 

42. Car j'ai eu faim, et vous ne 
m'avez point donné à manger; 
jai eu soif, et vous ne m'avez 
point donné à boire ; 

43. J'étais sans asile, et vous ne 
m'avez point recueilli ; nu, et vous 
ne m'avez point vétu ; malade et 
en prison, et vous nem'avez point 
visité. 

44. Alors, eux aussi lui répon- 
dront, disant : Seigneur, quand 
est-ce que nous vous avons vu 
ayant faim, ou soif, ou sans asile, 
ou nu, ou malade, ou en prison, 
et que nousne vous avons point 
assisté? 

45. Alors il leur répondra, di- 
sant: En vérité, je vous le dis, 
chaque fois que vous ne lavez 
point fait à l'un de ces petits, à 
moi non plus, vous ne l'avez point 
fait. 

46. Et ceux-ci s'en iront à l'éter- 
nel supplice, et les justes dans la 
vie éternelle. 


CHAPITRE XXVI. 


Conspiration des Juifs. Parfums répandus 
sur la téte de Jésus-Christ. Trahison 
de Judas. Dernière cène. Institution de 
lEucharistie. Renoncement de saint 
Pierre prédit. Prière de Jésus dans le 
jardin des Oliviers. Il est pris, conduit 
chez Caiphe, accusé, condamné, ou- 
tragé. Renoncement et pénitence de 
saint Pierre. 


1. Oril arriva que lorsque Jésus 
eut achevé tous ces discours, il 
dit à ses disciples : 

2. Vous savez que la pâque se 


35. Isaie, Lvrr, 7; Ézéch., וטא‎ 7, 16. — 36. Eccli., vir, 39. — 41. Ps. v1,9; Supra, vir, 23 ; 
Luc, xui, 27. — 46. Dan., xir, 2; Jean, v, 29. — (παρ. XXVI. 2. Marc, xiv, 1; Luc, xxii, 1. 


2. * La Páque, la fête la plus solennelle des Juifs, se célébrait en mémoire de la dé- 
livrance du peuple juif de la servitude de l'Egypte, par 18 mauducation de l'agneau 


2396 
fera dans deux jours, et que le 
Fils de l'homme sera livré pour 
étre crucifié. 

3. Alors les princes des prétres 
et les anciens du peuple s'assem- 
blèrent dans la salle du grand 
prétre appelé Caiphe, 

4. Et tinrent conseil pour se 
saisir de Jésus par ruse, et le faire 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[cg. xxvi.] 


5. Mais ils disaient:Non pas un 
jour de la féte, de peur qu'il ne 
s'élevàt du tumulte parmi le 
peuple. 

6. Or, comme Jésus était à Bé- 
thanie, dans la maison de Simon 
le lépreux, 

7. Vintauprès de lui une femme 
ayant un vase d’albâtre plein d'un 


mourir. parfum de grand prix, et elle le 


7. Marc, xiv, 8; Jean, xr, 2 et xir, 3. 


pascal, figure de Notre Seigneur, I Cor., v, 7. Elle se célébrait le 14 nisan (mars-avril) 
et durait sept jours. 

3.* Les princes des prêtres, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales. — Les 
anciens du peuple, les membres du Sanhédrin. — Du grand prêtre appelé Caiphe. 
Caiphe, qu'on appelait aussi Joseph, fut nommé grand-prétre par le procurateur 
romain Valérius Gratus vers l'an 21 ou 28 de notre ère, à la place de Simon, fils de 
Camith. Il conserva ses fonctions pendant toute l'administration de Pilate, mais il fut 
déposé en l'an 36 ou 91 par le proconsul Vitellius et remplacé par Jonathan, fils du 
pontife Ananus ou Anne. 

6. Simon le lépreux; c'est-à-dire qui avait été lépreux. — * « Le repas décrit par 
S. Jean, xir, 2, est-il différent de celui qui eut lieu chez Simon le lépreux, Malt., 
xxvi, 6, et de celui que décrit S. Luc, vir, 362 — Il est probable que le repas décrit 
par S. Jean est le méme que S. Matthieu nous dit avoir eu lieu chez Simon. 
Les deux Evanugélistes placent la scène à Béthanie; les récits présentent les mêmes 
circonstances et se rapportent à la même époque. Le Sauveur revint dans ce bourg six 
jours avant Pâques, comme le dit S. Jean, le samedi soir par conséquent, un peu avant 
le repas, ou le vendredi, si l'on compte les six jours à partir du jeudi soir où la fête 
commencait. Si S. Matthieu parle de deux jours avant Páques, quelques versels plus 
haut, cest à propos d'un autre fait, de la résolution prise par le Sanhédrin de faire 
mourir Jésus; et cette anticipation n'empêche pas quil ne décrive ensuite trés natu 
rellement ce repas de Béthanie, qui a fourni à Judas l’occasion de quitter son Maitre 
et de le vendre aux Juils. Que Lazare et ses sœurs assistent à ce repas, ce n'est pas 
une preuve qu'il eut lieu chez eux. Celui qui l'offrait ne pouvait-il pas être de leurs 
parents ou de leurs amis? C'est méme probablement parce qu'on n'était pas chez 
eux que S. Jean croit devoir signaler leur présence et surtout le zèle de Marthe à 
servir les convives. lci comme ailleurs, le dernier évangile compléte les précédents, 
en ajoutant à leur récit de nouveaux traits. S. Matthieu et S. Marc disent: une 
femme; S. Jean dit: Marie, sœur de Lazare. Ils parlent de l'onction de la tête seule- 
ment; lui signale l'onction des pieds. 

» Le repas dont parle S. Luc eut lieu assez longtemps auparavant, en Galilée, et 
selon toute apparence à Naim. On ne peut donc pas le confondre avec celui qui eut 
lieu à Béthanie six jours avant Pâques, où Notre Seigneur eut à reprendre les sen- 
timents de Judas, et non ceux de Simon. Seulement on peut demander si ce n'est 
pas le méme Simon qui les a donnés l'un et l'autre. La plupart distinguent Simon 
le pharisien de Simon le lépreux. Ils ne semblent pas, disent-ils, avoir le même 
domicile, ni le méme caractère, ni les mêmes dispositions envers le Sauveur. Ces 
raisons ne sont cependant pas une démonstration. Il n'est pas sür que Simon füt de 
Naim, ni méme de Galilée: S. Luc ne le dit pas; et quoique pharisien, il avait pu 
étre guéri de la lépre par Notre Seigneur et changer de sentiment à son égard. » 
(L. BACUEZ.) 

1. *« Une femme ayant un vase d'albátre. On croit que c'est Marie-Madeleine. Le 
sentiment commun est qu'il n'y a point de distinction à faire entre la pécheresse de 
S. Luc, Marie-Madeleine, délivrée de sept démons, Marie, sœur de Marthe, et Marie 


(cu. xxvi.] L'ÉVANGILE SELON 


répandit sur satéte, lorsqu'il était 
à table. 

8. Ce que voyant, ses disciples 
s'indignerent, disant : Pourquoi 
cette perte? 

9. Il pouvait, en effet, ce par- 
fum, se vendre tres cher et étre 
donné aux pauvres. 

10. Mais Jésus le sachant, leur 
dit : Pourquoi faites-vous de la 
peine à cette femme? c'est une 


SAINT MATTHIEU. 2397 


bonne œuvre qu'elle a faite en- 
vers moi. 

11. Car vous avez toujours 
les pauvres avec vous; mais 
moi, vous ne m'avez pas tou- 
jours. 

12. Cette femme, en répandant 
ce parfum sur mon corps, l'a fait 
pour m'ensevelir. 

13. En vérité, je vous le dis, 
partout οὐ sera préché cet évan- 


de Béthanie. Ce sentiment parait bien fondé. En effet: 19 Tel est l'avis des docteurs 
et des Péres les plus anciens, celui que l'Eglise romaine a toujours suivi dans sa 
liturgie. S'il s'agissait, dans ces passages, de personnes différentes, serait-il possible 
que les Apótres n'en eussent pas instruit les premiers fidèles ou qu il se füt établi 
dès les premiers temps une tradition opposée à leur enseignement? — 2° Lorsqu'on 
lit simplement l'Evangile, l'idée de ces distinctions ne s'offre pas à l'esprit. — Aprés 
avoir rapporté la conversion de la pécheresse chez Simon, 5. Luc parle aussitôt de 
plusieurs femmes qui avaient été guéries ou délivrées du démon par le Sauveur, ct 
qui l'assistaient de leurs biens: or, la première de toutes est Marie, surnommée Ma- 
deleine. — Quand S. Jean parle de Marie, sœur de Lazare et de Marthe, il ajoute, 
pour la faire connaitre, que c'est la personne qui a essuyé de ses cheveux les pieds 
du Sauveur. ἃ qui peut-on penser, sinon à la pécheresse qu'on sait avoir fait à Naim 
cet acte d'humilité et de religion? — On ne peut pas la méconnaitre davantage chez 
Simon, oü cette action est renouvelée, ni aux pieds du Sauveur, à la maison de 
Marthe, ni au pied de la croix, ni au tombeau, où elle parait sous le nom de Maric- 
Madeleine. Si ce n'était pas là, en effet, Marie de Béthanie, comment s'expliquer son 
absence, l'absence de la sœur de Lazare, eu pareille circonstance? D'ailleurs, ce 
sont les mêmes habitudes qui se manifestent partout, et l'identité du caractère in- 
dique l'identité de la personne. Mais si Marie de Béthanie est Marie-Madeleine, dé- 
livrée de sept démons, peut-on douter que ce ne soit la pécheresse de Naim, celle 
qui a témoigné à Notre-Seigneur tant de repentir et tant d'amour? — 3» On ne peut 
opposer à ce sentiment aucune difficulté réelle. — Une même personne ne peut-elle 
pas s'étre trouvée en Galilée, chez Simon le pharisien, avoir possédé un bien à Mag- 
dala, et être venue chez sa sœur à Béthanie? — Il est des esprits qui répuguent à 
croire que le Sauveur ait témoigné tant de bonté à une pécheresse, même après sa 
conversion. Mais n'a-t-il pas dit lui-même à Simon ce qu'on doit penser d'un tel 
sentiment? N'est-ce pas pour les pécheurs qu'il est venu sur la terre et ne voulait-il 
pas qu'on connüt ses dispositions? Ce qu'il a fait pour Madeleine, ne l'a-t-il pas fait 
pour la Samaritaine et pour une infinité d'auires? N'éótait-ce pas un présage, une 
ligure de la grâce qu'il destinait à toute la gentilité? Ne l'a-t-il pas aussi convertie? 
Ne l'a-t-il pas régénérée, honorée du nom d'épouse et mise à la place de la synagogue 
infidèle? — Enfin, si Marie, sœur de Marthe, n'était pas Marie-Madeleine, ne faudrait- 
il pas dire que l'Eglise est loin de remplir les intentions du Sauveur, qu'elle ne com- 
prend mérae pas la prédiction qu'il a faite au repas de Béthanie, puisqu'elle attribue 
à sainte Madeleine et qu'elle honore particulièrement en sa personne l'acte de reli- 
gion qu'il a signalé en Marie comme devant étre pour elle la source de tant de 
gloire? — Le caractére de Madeleine contraste admirablement avec celui de Judas à 
Béthanie, comme il contraste avec celui de Simon à.Naim.» (L. BAcugz.) — Un vase 
d'albátre. On ἃ trouvé de nombreux échantillons de ces vases à parfums dans des 
tombeaux. Ceux qui ont été découverts dans les tombeaux des rois de Sidon, en 
Phénicie, et qui remontent à une époque un peu antérieure à Notre Seigneur, sont 
tous en albâtre égyptien; ils ont la forme d'une poire; leur hauteur est de 0m25; 
l'orifice a 0203; l'épaisseur n'est guère que d'un centimètre. Ces vases faits au tour, 
sont donc trés fragiles. 


2398 
gile, dansle monde entier, on dira 
méme, en mémoire d'elle, ce 
qu'elle vient de faire. 

14. Alors un des douze, appelé 
Judas Iscariote, alla vers les 
princes des prétres, 

15. Etleur dit: Que voulez-vous 
me donner, et je vous le livrerai? 
Et ceux-ci lui assurèrent trente 
pieces d'argent. 

16. Et de ce moment il cher- 
chait une occasion favorable pour 
le leur livrer. 

17. Or, le premier jour des 
azymes, les disciples s'appro- 
cherent de Jésus, disant : Où vou- 
lez-vous que nous vous prépa- 
rions ce qu'il faut pour manger 
la pâque? 

18. Jésus répondit : Allez dans 
la ville, chez un tel, et dites-lui : 
Le maitre dit : Mon temps est 
proche, je veux faire chez toi la 
pàque avec mes disciples. 

19. Et les disciples firentcomme 
Jésus leur commanda, et ils pré- 
parerent la pâque. 

90. Le soir donc étant venu, il 


L'EVANGILE SELON 


SAINT MATTIHIEU. (cu. xxvi.] 
était à table avec ses douze dis- 
ciples. x 

21. Et pendant qu'ils man- 
geaient, il dit : En vérité, je vous 
dis qu'un de vous doit me trahir. 

22. Alors, grandement contris- 
tés, ils commencèrent à lui de- 
mander chacun en particulier : 
Est-ce moi, Seigneur? 

93. Mais Jésus répondant, dit : 
Gelui qui met avec moi la main 
dans le plat, celui-là me trahira. 

94. Pour ce qui est du Fils de 
l'homme, il s'en va, selon ce qui 
a été écrit de lui; mais malheur 
à l’homme par qui le Fils de 
l'homme sera trahi; il vaudrait 
mieux pour cet homme qu'il ne 
füt pas né. 

25. Mais prenant la parole, Ju- 
das qui le trahit, dit : Est-ce moi, 
maitre? Il lui répondit : Tu l'as dit. 

20. Or, pendant qu'ils sou: 
peaient, Jésus prit le pain, le bé- 
nit, le rompit, et le donna à ses 
disciples, et dit: Prenez et man 
gez; ceci est mon corps. 

Et, prenant 16 calice, il ren‏ .דפ 


14. Marc, xiv, 10; Luc, xxit, 4. — 17. Marc, xiv, 12; Luc, xxit, 7. — 20. Mare, xiv, 17; 
Luc, xxi, 14. — 21. Jean, xur, 21. — 24. Ps. xr, 10. — 26. I Cor., xr, 24. 


45. Trente pièces d'argent; c'est-à-dire trente sicles, qui font environ quarante-huit 
francs de notre monnaie; c'était le prix ordinaire d'un esclave. Exode, xxr, 32. 

A1. Les azymes; c'est-à-dire la fête des pains sans levain. — La páque; l'agneau 
pascal. 

48. * Je veux faire chez toi la pâque. Dans le cénacle. Voir sur 16 cénacle, Mare, 
XIV Το: 

19. * Is préparèrent la páque, l'agneau pascal et tout ce qui était nécessaire pour 
le manger selon les rites. Exode, xu, 3-20. 

93. * Dans le plat, en grec trublion, plat trés grand. En Orient, les assiettes sont 
inconnues; chacun prend immédiatement dans le plat, à mesure qu'il mange, chacun 
de ses morceaux, en se servant de son pain en guise de cuiller et de fourchette. Tous 
les Apótres mettaient donc la main dans le plat avecle Sauveur, et ces paroles ne 
désignaient pas 16 traître mais signifiaient seulement : C'est un de ceux qui mangent 
ici avec moi qui me trahira. 

26. Ceci est mon corps. Jésus ne dit pas : Ceci est la figure de mon corps; ni: Dans 
ceci ou avec ceci est mon corps; mais absolument: Ceci est mon corps, ce qui im- 
plique clairement la transsubstantiation. 

21. Buvez-en tous. Cela fut dit aux douze apótres, qui tous étaient alors présents; 
mais il ne s'ensuit nullement qu'il soit ordonné à tous les fidèles de boire de ce 


ו 


[cu. xxvi.] 
dit grâces, et le leur donna, di- 
sant : Buvez-en tous. 

98. Car ceci est mon sang, le 
sang du nouveau testament, qui 
sera répandu pour un grand 
nombre en rémission des péchés. 

29. Or, je vous le dis, je ne boi- 
rai plus désormais de ce fruit de 
la vigne, jusqu'au jour où je le 
boirai nouveau avec vous dans le 
royaume de mon Père. 

30. Et l'hymne dit, ils s'en al- 
lèrent à la montagne des Oli- 
viers. 

31. Alors Jésus leur dit : Vous 
tous vous prendrez du scandale 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2399 
pasteur, et les brebis du troupeau 
seront dispersées. 

32. Mais, après que je serai res- 
suscité, je vous précéderai en Ga- 
lilée. 

33. Or, Pierre répondant, lui 
dit : Quand tous se scandalise- 
raient de vous, pour moi jamais 
je ne me scandaliserai. 

34. Jésus lui répondit : En vé- 
rité, je te dis que cette nuit même, 
avant qu'un coq chante, tu me 
renieras trois fois. 

35. Pierre lui dit : Quand il me 
faudrait mourir avec vous, je ne 
vous renierai point. Et tous les 


à mon sujet pendant cette nuit; 
car il est écrit : Je frapperai le 


disciples dirent aussi de même. 
36. Alors Jésus vint avec eux à 


31. Marc, xiv, 27; Jean, xvi, 32; Zach., xur, 7. — 32. Marc, xiv, 28 et xvi, 1. — 
34. Marc, xiv, 30; Jean, xri, 38. — 35. Marc, xiv, 31; Luc, xxr, 33. 


calice, pas plus quil ne leur est ordonné de consacrer, d'offrir et d'administrer 
ce sacrement, parce que Jésus-Christ, dans le méme moment, commanda à ses 
apôtres de faire cela, selon ces paroles de saint Luc (xxir, 19) : Faites ceci en mémoire 
de moi. 

28. Le sang du nouveau testament. Comme l'ancien testament était consacré avec 
le sang des victimes (Exode, xxiv, 8) par ces paroles: Ceci est le sang du testament 
(Hébr., 1x, 20), de méme se trouve ici la consécration et l'institution du nouveau tes- 
tament dans le sang de Jésus-Christ répandu d'une manière mystique, par ces 
paroles: Ceci est le sang du nouveau Testament. — Pour un grand nombre. Voy. 
Matt., xx, 28. 

30. Et Ühymne dit; c'est-à-dire, selon les uns, après le chant des Psaumes cxi-cx vit, 
consacrés dans les rituels des Juifs, pour la céne pascale; ou, selon d'autres, aprés 
lechant du cantique composé par le Sauveur lui-màme pour la circonstance. — * Comme 
Jésus-Christ et les Apótres suivaieut ordinairement les coutumes juives, l'opinion 
des premiers est la plus probable. « La nuit pascale, les Juifs avaient coutume de 
chanter deux hymnes eucharistiques, appelés Hallel, l'un qui commence par A//eluia 
et qui se compose des Psaumes cxit, מוזצס‎ CXIV, CXV, cxvi, ווטצס‎ ; l'autre qu'on appelle 
grand, parce qu'on y dit vingt-six fois: Car sa miséricorde est à jamais (Ps. cxxxvr, 1) 
qui se compose du psaume cxxxvI. On divise le Hallel en deux parties: les psaumes 
ונאט‎ et cxiu avant de se mettre à table, le reste à la fin de la Cène pascale. » (H.-J. 
MitCBON.) 

36. * Gethsémani. « Au bord méme et presque à la naissance du torrent de Cédron, 
à l'est de Jérusalem, est Gethsémani ou le jardin des Oliviers. On y voit la grotte où 
Notre Seigneur répandit une sueur de sang. Cette grotte est irréguliére, profonde et 
haute, et divisée en deux cavités qui communiquent par une espèce de portique sou- 
terrain; on y a pratiqué des autels. Le jardin méme est entouré d'un petit mur de 
pierres sans ciment, et huit oliviers espacés de trente à quarante pas les uns des 
autres le couvrent presque tout entier de leur ombre. Ces oliviers sont au nompre 
des plus grands arbres que j'ai jamais rencontrés, dit Lamartine; la tradition fait 
remonter leurs années jusqu'à Ja date mémorable de l'agonie de l'Homme-Dieu qui 
les choisit pour cacher ses divines angoisses. [L'olivier est pour ainsi dire immortel, 
a observé Chateaubriand, parce qu'il renait de sa souche.] Leur aspect confirmerait 


2400 
une maison de campagne qui est 
appelée Gethsémani, et il dit à 
ses disciples : Asseyez-vous ici, 
pendant que j'irai là et que je 
prierai. 

87. Et ayant pris avec lui Pierre 
οἱ les deux fils de Zébédée, il 
commenca à s'attrister et à étre 
affligé. 

38. Alors il leur dit : Mon âme 
est triste jusqu'à 18 mort; demeu- 
rez ici, et veillez avec moi. 

39. Et, s'étant un peu avancé, il 
tomba sur sa face, priant et di- 
sant : Mon Père, s'il est possible, 
que ce calice passe loin de moi; 
toutefois, non ma volonté, mais 
là vótre. 

40. Ensuite il vint à ses dis- 
ciples, et il les trouva endormis, 
et 11 dit à Pierre : Ainsi, vous n'a- 
vez pu veiller une heure avec moi. 

41. Veillez et priez, afin que 
vous n'entriez point en tentation; 
àla vérité, l'esprit est prompt, 
mais la chair est faible. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


(cu. xxvi.] 


49. Il s'en alla encore une se- 
conde fois, et pria, disant : Mon 
Père, si ce calice ne peut passer 
sans que je le boive, que votre 
volonté se fasse. 

49. Ill vint de nouveau, et les 
trouva dormant, car leurs yeux 
étaient appesantis. 

4^4. Et les ayant laissés, il s'en 
alla encore, et pria une troisième 
fois, disant les mémes paroles. 

45. Alorsilrevintàses disciples, 
et leur dit : Dormez maintenant, 
et reposez-vous : voici que l'heure 
approche, et le Fils de l'homme 
seralivré aux mains des pécheurs. 

46. Levez-vous, allons; voici 
qu'approche celui qui me livrera. 

47. Jésus parlant encore, voici 
que Judas, l'un des douze, vint, 
et, avec lui, une troupe nom- 
breuse armée d'épées et de bà- 
tons, envoyée par les princes des 
prétres et par les anciens du 
peuple. 

48. Or celui qui le livra, leur 


47. Marc, xiv, 43; Luc, xxr, 41; Jean, xvnr, 3. 


au besoin la tradition qui les vénère; leurs immenses racines, comme les accroisse- 
ments séculaires, ont soulevé la terre et les pierres qui les recouvraient, et, s'élevant 
de plusieurs pieds au-dessus du niveau du sol, présentent au pélerin des siéges 
naturels, où il peut s'agenouiller ou s'asseoir pour recucillir les saintes pensées qui 
descendent de leurs cimes silencieuses. Un tronc noueux, cannelé, creusé par la 
vieillesse comme par des rides profondes, s'éléve en large colonne sur ces groupes 
de racines, et, comme accablé et penché par le poids des jours, s'incline à droite ou 
à gauche et laisse pendre ses vastes rameaux enirelacés, que la hache a cent fois 
relranchés pour les rajeunir. Ces rameaux, vieux et lourds, qui s'inclinent sur le 
tronc, en portent d'autres plus jeunes, qui s'élévent un peu vers le ciel, et d’où 
s'échappent quelques tiges d'une ou deux années, couronnées de quelques touffes de 
feuilles et noircies de quelques petites olives bleues, qui tombent, comme des reliques 
célestes, sur les pieds du voyageur chrétien. » (LAMARTINE.) 

39. Nous avons copié Bossuet, afin d'imiter le plus possible l'admirable concision 
du texte sacré, qui porte à la lettre: Toutefois, non comme je veux, mais comme vous 
(voulez.) 

45. Dormez maintenunt, etc. Ces paroles se prennent généralement dans un sens 
ironique. Ce n'est pas une permission que le Sauveur donne à ses apótres, mais 
un reproche qu'il leur fait de ce qu'ils se mettaient si peu en peine de l'approche du 
péril qu'il leur avait annoncé. 

41. * Les princes des prétres. Voir la note sur Matt., 11, 4. — Les anciens du peuple. 
Voir la note sur Matt.. xvi 21, 


(en. xxvi.) 


donna un,signe, disant : Celui que 
je baiserai, c'est lui-méme, saisis- 
sez-le. 

49. Et aussitót, s'approchant de 
Jésus, il dit : Jevous salue, maitre. 
Et il le baisa. 

80. Et Jésus lui répondit : Mon 
ami, dans queldessein es-tu venu? 
Alors ils s'avancerent, mirent la 
main sur Jésus et se saisirent de 
lui. 

51. Et voilà qu'un de ceux qui 
étaient avec Jésus, étendant la 
main, tira son épée, et, frappant 
le serviteur du prince des prétres, 
lui coupa l'oreille. 

59. Alors Jésus lui dit : Remets 
ton épée en son lieu; car tous 
ceux qui se serviront de l'épée 
périront par l'épée. 

53. Penses-tu que je ne puisse 
pas prier mon Père, et qu'il ne 
m'enverra pas à l'heure méme 
plus de douze légions d'anges? 

54. Comment donc s'accompli- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2401 
ront les Ecritures, disant qu il doit 
en étre ainsi? 

do. En cette heure-là, Jésus dit 
à la troupe : Vous étes sortis 
comme contre un voleur avec des 
épées et des bátons afin de me 
prendre; j'étais tous les jours as- 
sis parmi vous, enseignant dans 
le temple, et vous ne m'avez point 
pris. 

56. Or tout cela s'est fait, pour 
que s'accomplissent les Ecritures 
des prophètes. Alors tous les dis- 
ciples l'abandonnant, s'enfuirent. 

51. Mais les autres, se saisissant 
de Jésus, l'emmenerent chez Cai- 
phe, prince des prétres, oü s'é- 
taient assemblés les scribes et les 
anciens du peuple. 

58. Or Pierre le suivit de loin, 
jusque dans la cour du prince des 
prétres; et y étant entré, il s'assit 
avec les serviteurs, pour voir la 
tin. 

59. Cependant les princes des 


52. Gen., 1x, 6; Apoc., זוא‎ 10. — 54. Isaie, 111 10. — 56. Lament., 1v, 20; Marc, 
xiv, 50. — 57. Luc, xxu, 54; Jean, xvi, 24. 


49. *Maitre. Dans le texte latin Rabbi. Voir sur ce mot la note sur S. Jean, 1, 38. 

52. Périront par l'épée; c'est-à-dire mériteront de périr par l'épée. 

53. Dans la milice romaine, la légion était composée de six mille hommes. 

51. Selon le récit plus ample de saint Jean (xvin, 13 et suiv.), ils le menèrent d'abord 
chez Anne, beau-père de Caiphe, et ensuite chez Caiphe. — * D’après la tradition, la 
maison de Caiphe, soit que ce füt sa propre maison, soit que ce füt celle des grands 
prétres, était sur le mont Sion, dans la ville haute, à l'endroit où est aujourd'hui un 
petit eouvent qui appartient aux Arméniens. Ce couvent occupe un emplacement 
iriangulaire, en dehors de la porte actuelle qui porte le nom de Bab-es-Sioun ou 
Porte de Sion. On remarque au milieu une petite cour. C'est là, eroit-on, que saint 
Pierre se trouvait pendant qu'on jugeait son maitre et qu'il le renia trois fois. Nicé- 
phore nous apprend que sainte Héléne avait bàti en ce lieu une église dédiée au 
Prince des Apótres. 

59. * Tout le conseil, le sanhédrin. Le sanhédrin, qui est souvent désigné dans les 
Evangiles par la périphrase: /es princes des prétres, les scribes et les anciens du 
peuple (Mare, xiv, 43, 53) parce que c'étaient là les membres qui le constituaient, 
était le conseil et le tribunal supréme des Juifs. Il était composé de soixante-douze 
membres; le grand-prétre en était le président; les vingt-quatre chefs des familles 
sacerdotales ou princes des prétres (voir Matt., 11, 4) y représentaient l'élément sa- 
cerdotal; les scribes, la science juridique de la loi (voir Matt., 1, 4); les anciens du 
peuple, le reste d'Israél. Les Juifs faisaient remonter à Moïse l'origine du sanhédrin 
(Exode, xvin, 11-26); mais on ne le voit constitué comme il l'était du temps de Notre 
Seigneur, qu'aprés la captivité. Méine sous Pilate, le sanhédrin jugeait les causes 


pq. 151 


2402 
prétres et tout le conseil cher- 
chaient un faux témoignage 


contre Jésus, pour le livrer à la 
mort. 

60. Et ils n'en trouvèrent point, 
quoique beaucoup defauxtémoins 
se fussent présentés. En dernier 
lieu, vinrent deux faux témoins, 

61. Et ils dirent : Celui-ci ἃ 
dit : Je puis détruire letemple de 
Dieu, et, apres trois jours, le re- 
bâtir. 

62. Alors le prince des prêtres 
se levant, lui dit : Tu ne réponds 
rien à ce que ceux-ci témoignent 
contre toi? 

63. Mais Jésus se taisait. Et le 
prince des prétres lui dit : Je t'ad- 
jure par le Dieu vivant de nous 
dire si tu es le Christ, le Fils de 
Dieu. 

64. Jésus lui répondit : Tu l'as 
dit. De plus, je vous le déclare, 
vous verrez un jour le Fils de 
l'homme assis à la droite de la 
majesté de Dieu, et venant dans 
les nuées du ciel. 

65. Aussitótleprince des prétres 
déchira ses vétements, disant : 
ll a blasphémé; qu'avons-nous 
encore besoin de témoins? voilà 
que maintenant vous avez en- 
tendu le blasphème. 

66. Que vous en semble? Et eux 


L'ÉVANGILE SÉLON SAINT MATTHIEU. 


(cu. xxvI.] 
répondant, dirent : 11 mérite la 
mort. 

67. Alors 115 lui crachèrent au 
visage, et le déchirèrent à coups 
de poing; etd'autreslui donnèrent 
des soufflets, 

68. Disant : Christ, prophétise- 
nous, qui est celui qui t'a frappé? 

69. Cependant Pierre était assis 
dehors dans la cour; et une ser- 
vante s'approcha de lui, disant : 
Et toi aussi tu étais avec Jésus le 
Galiléen? 

10. Mais il nia devant tous, di- 
sant: Je ne sais ce que tu veux 
dire. 

11. Et comme il sortait hors de 
la porte, une autre servante 1'8- 
percut et dit à ceux qui se trou- 
vaient là : Celui-ci était aussi avec 
Jésus de Nazareth. 

Et il le nia denouveau avec‏ .פד 
serment, disant : Je ne connais‏ 
point cet homme.‏ 

19. Peu aprés, ceux qui se trou- 
vaient là s'approcherent et dirent 
à Pierre : Gertainement, toi aussi 
tu es de ces gens-là; ton langage 
te décèle. 

14. Alors il se mit à faire des 
imprécations et à jurer qu'il ne 
connaissait point cet homme. Et 
aussitót un coq chanta. 

15. Et Pierre se souvint de cette 


61. Jean, nu, 19. — 04. Supra, xvi, 27; Rom., xiv, 10; I Thess., 1v, 15. — 67. Isaie, 
L, 6; Marc, xiv, 65. — 69. Luc, זאא‎ 55; Jean, xvin, 17. 


graves, et il avait le droit de prononcer la peine de mort, à la condition que sa sen- 
tence füt confirmée par le procurateur romain. 

61. * Le temple, en grec naos. Voir Matt., xx1, 12. 

65. En signe d'une grande douleur ou d'indignation, les Juifs déchiraient leurs 


vétements. 


66. Selon la loi (Lévit., xxiv, 16), les blasphémateurs devaient étre punis de mort. 

61. Et le déchirèrent à coups de poing. Voy. xxi, 35. 

18. * Ton langage te décéle. Les Galiléens n'avaient pas le méme accent que les ha- 
litants de Jérusalem et de 18 Judée. Le Talmud dit que leur langage était corrompu 
X qu'ils brouillaient les lettres les unes avec les autres: le b avec le f., etc. 

15. * Et étant sorti, il pleura amèrement. Selon la tradition, S. Pierre alla pleurer 


(cu. xxvi.) 


parole que Jésus lui avait dite : 
Avant qu'un coq chante, tu me 
renieras trois fois. Et étant sorti, 
il pleura amèrement. 


CHAPITRE XXVII. 


Conseil des Juifs contre Jésus-Christ. 
Désespoir de Judas. Jésus devant Pilate; 
Barabbas lui est préféré. Cris des Juifs 
contre Jésus-Christ. Couronnement d'é- 
pines; insultes. Jésus-Christ est conduit 
au Calvaire et crucifié. Ténèbres. Mort 
de Jésus-Christ. Miracles aprés sa mort. 
Joseph d'Arimathie prend soin de sa 
sépulture. Gardes mis au sépulcre. 


1. Orle matin étant venu, tous 
les princes des prêtres et les an- 
ciens du peuple tinrent conseil 
contre Jésus, pour le livrer à la 
mort. 

9. Et l'ayant 116, ils l'emme- 
nèrent, et le livrèrent à Ponce 
Pilate, gouverneur. 

3. Alors Judas, qui l'avait livré, 
voyant qu'il était condamné, fut 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2403 
touché de repentir et reporta les 
trentepiecesd'argent aux princes 
des prétres et aux anciens, 

4. Disant : J'ai péché en livrant 
un sang innocent. Mais eux lui 
répondirent : Que nous importe? 
Vois toi-méme. 

ὃ. Alorsayant jeté l'argent dans 
le temple, il se retira et alla se 
pendre. 

6. Mais les princes des prétres, 
ayant pris l'argent, dirent : Il 
n'est pas permis de le mettre 
dans le trésor, parce que c'est le 
prix du sang. 

7. Etaprès s'étreconsultésentre 
eux, ils en achetèrent le champ 
du potier, pour la sépulture des 
étrangers. 

8. C'est pourquoi ce champ est 
encore aujourd'hui appelé Hacel- 
dama, c'est-à dire le champ du 
sang. 

9. Alors fut accomplie la parole 


Crap. XXVII. 2. Marc, xv, 1; Luc, מזזצא‎ 1; Jean, xvii, 28. — 5. Actes, 1, 18. — 8. Actes, 
I, 19. — 9. Zach., x1, 12. 


son péché dans une grotte, transformée en tombeau et située sur le versant de la 
partie du mont Sion qui regarde la vallée du Cédron. On éleva dans la suite, au- 
dessus de cette grotte, une église que les anciens pèlerins nomment Gallicante ou le 
Chant du coq. ἢ" 


1. * Les princes des prélres et les anciens du peuple. Voir Matt., xxvi, 3. 

2. «* Ponce-Pilate fut le cinquième procurateur envoyé de Rome en Judée. Il gouverna 
cette province de l'an 26 à l'an 36 de l'ére chrétienne, sous les ordres du légat de 
Syrie. C'était une créature de Séjan, favori de Tibere. Par ménagement pour la sus- 
ceptibilité des Juifs, il résidait à Césarée de Palestine, place forte sur la cóte de la 
mer; mais, comme Antipas, il venait à Jérusalem au temps des grandes fétes, et 
alorsil babitaitle prétoire, demeure contiguë au palais d'Hérode et à la tour Antonia. » 
(L. BACUEZ.) 

6. Le trésor était l'endroit du temple où le peuple mettait ses présents et ses 
offrandes. 

1. Du potier ; c'est-à-dire du potier de ce lieu. 

8.* Haceldama, c'est-à-dire le champ du. sang. L'emplacement traditionnel de ce 
champ, qui porte toujours le méme nom, est au sud de Jérusalem, sur le versant 
méridional de la vallée de Ben-Hinnon. 

9. Le texte qui est rapporté ici ne se lit pas dans Jérémie; mais on en trouve la 
substance dans Zacharie. Saint Matthieu a pu se borner à dire du prophète, sans ajou- 
ter aucun nom. 1[ est certain que la version syriaque et plusieurs anciens manus- 
crits latins ne nomment pas le prophète. Cependant les interprètes ne conviennent 
pas tous que saint Matthieu ait fait cette omission, et ils cherchent à maintenir, les 
uns le nom de Jérémie, les autres celui de Zachavie. 


2404 
du prophète Jérémie, disant : Ils 
ontrecu lestrente pieces d'argent, 
prix de celui qui a été apprécié 
suivantl'appréciation des enfants 
d'Israël ; 

10. Et ils les ont données pour 
'e champ du potier, ainsi que me 
l'a prescrit le Seigneur. 

41. Or Jésus comparut devant 
le gouverneur, qui l'interrogea, 
disant : Es-tu le roi des Juifs? Jé- 
sus lui répondit : Tu le dis. 

12. Et comme les princes des 
prétres etles anciens l'accusaient, 
il ne répondit rien. 

19. Alors Pilate lui dit : N'en- 
tends-tu point combien de té- 
moignages ils rendent contre 
toi? 

14. Maisil ne répondit à aucune 
de sesparoles, desorte quelegou- 
verneur en était extrémement 
étonné. 

15. À un des jours de la féte 
solennelle, le gouverneur avait 
coutume de délivrer au peuple 
un prisonnier, celui qu'ils vou- 
laient. 

16. Or il avait alors un prison- 
nier insigne nommé Barabbas. 

17. Le peuple étant donc assem- 
blé, Pilate dit : Lequel voulez- 
vous queje vous délivre, Barabbas 
ou Jésus, qui est appelé Christ? 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


(ca. xxvu.] 


18. Car il savait que c'était par 
envie qu'ils l'avaient livré. 

19. Or, pendant qu'il siégeait 
sur son tribunal, sa femme lui en- 
voya dire : Qu'il n'y ait rien entre 
toi et ce juste; car j'ai beaucoup 
souffert aujourd'hui dans un 
songe à cause de lui. 

20. Mais les princes des prétres 
et les anciens persuaderent au 
peuple de demander Barabbas, et 
de faire périr Jésus. 

21. Le gouverneur donc pre- 
nant la parole, leur dit : Lequel 
des deux voulez-vous que je vous 
délivre? Ils répondirent : Barab- 
bas. 

29, Pilate leur demanda : Que 
ferai-je done de Jésus appelé 
Christ? 

23. Ils s'écrierent tous: Qu'il 
soit crucifié. Le gouverneur leur 
repartit : Quel mal a-t-il fait? Mais 
ils criaient encore plus, disant : 
Qu'il soit crucifié. 

24. Pilate voyant qu'il ne ga- 
gnait rien, mais que le tumulte 
augmentait, prit de l'eau et se 
lava les mains devant le peuple, 
disant : Je suis innocent du sang 
de ce juste : voyez vous-mémes. 

25. Et tout le peuple répondant, 
dit : Son sang sur nous et sur nos 
enfants! 


11. Marc, xv, 2; Luc, xxii, 3; Joan, xvir, 33. — 20. Marc, xv, 11; Luc, xxr, 18; Jean, 


xvin, 40; Actes, 111, 14. 


15. A un des jours de la fêle solennelle; c'est-à-dire pendant la fête de pâque 
(Compar. Jean, xvut, 39). Comme c'était la plus grande de leurs solennités, les Juifs 
la désignaient assez ordinairement sous le nom de /a féle. 

16. * Barabbas, d'après les détails fournis par les divers évangélistes, avait trempé 
dans une sédition, et il était voleur et assassin. 

19. * Sa femme, Claudia Procula ou Procla, d’après la tradition. 


24. Les paiens aussi se lavaient les mains, soit dans les alliances, soit dans les sa- 
crilices qu'ils offraient aux dieux supérieurs, soit enfin pour expier un meurtre ou 
se purifier du sang répandu même à la guerre; mais on pense généralement que 
Pilate ἃ voulu dans cette circonstance se confovmer à l'usage des Juifs pour leur étre 
agréable. 


(cu. xx vir.] 
96. Alors il leur délivra Barab- 
bas; mais Jésus, apres l'avoir fait 
flageller, il leleur livra pour étre 
crucifié. 
97. Aussitót les soldats du gou- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


2405 
toire, rassemblèrent autour de 
lui toute la cohorte ; 

28. Et, l'ayant dépouillé, ils 
l'enveloppèrent d'un manteau d’é- 
carlate ; 


verneurmenantJésus dansle pré- 29. Puis tressant une couronne 


27. Marc, xv, 16; Ps. xxi, 17. — 29. Jean, xix, 2. 


26. Le supplice de la croix était la peine des esclaves, des voleurs, mais surtout des 
séditieux, suivant les lois romaines. Les Hébreux, selon Maimonide, ne crucifiaient 
régulièrement pas les hommes en vie, mais après leur mort; ils les attachaient au 
poteau et les en détachaient avant 16 coucher du soleil. Compar. Deutér., xxi, 22, 23. 

91. La cohorte romaine se composait de six cent vingt-cinq hommes. — * Menant 
Jésus dans le prétoire. Le prétoire, qui désigna d'abord la tente du général en chet 
dans le camp, fut aussi plus tard le nom donné à la résidence d'un gouverneur de 
province, comme était Pilate. C'est là qu'il habitait et qu'il rendait la justice. Les évan- 
gélistes ont conservé le nom latin grécisé que les Latins avaient donné au palais du 
procurateur dans la capitale de la Judée. A la place oü s'élevait autrefois le Prétoire 
est aujourd'hui en grande partie, à ce qu'on croit, la cour actuelle de la caserne 
turque, au nord-ouest du Temple. On y voit encore de grosses pierres qu'on dit avoir 
appartenu au prétoire. « L'escalier, qui, de la cour supérieure oü était le prétoire, 
conduisait dans la cour inférieure occupée aujourd'hui par une rue, a été transporté 
à Rome, cü il est vénéré prés de Saint-Jean de Latran. » (J. H. Micnox.) 

98. * Ils l'enveloppérent d'un manteau d'écarlate. En grec : d'une chlamyde. C'était 
une espéce de manteau de laine, ouvert et retroussé sur l'épaule gauche, où il s'at- 
tachait avec une agrafe, afin de laisser le bras droit libre. Le nom est d'origine 
grecque; il désigne ici le paludumenlum, vêtement militaire des soldats romains. Il 
était de forme ovale, se portait par-dessus la cuirasse et retombait en arrière, à peu 
prés jusqu'à mi-jambe. Les tribuns le portaient de couleur blanche; les généraux et 
les empereurs de couleur pourpre. 

29. * Une couronne d'épines. La couronne qu'on mit sur la téte de Notre Seigneur 
était de jones, entrelacés d'épines de zizyphus. La couronne proprement dite est con 
servée à Notre-Dame de Paris; Pise possède dans sa jolie église de la Spina une 
branche de zizyphus. La couronne de jones de Paris, « cette relique insigne, peut- 
être la plus remarquable de celles que possèdent les chrétiens, à cause de son inté- 
grité relative, vient sans conteste de saint Louis. Elle se compose d'un anneau de 
petits jones réunis en faisceaux. Le diamétre intérieur de l'anneau est de 210 milli- 
mètres, la section a 15 millimètres de diamètre. Les joncs sont reliés par quinze ou 
seize attaches de jones semblables. Quelques jones sont pliés et font voir que la 
plante est creuse; leur surface, examinée à la loupe, est sillonnée de petites cótes. 
Le jardin des Plantes de Paris cultive un jonc appelé juncus balticus, originaire des 
pays chauds et qui parait exactement semblable à la relique de Notre-Dame. Quant 
aux épines, nul doute que ce ne soit du rhamnus, nom générique de trois plantes qui 
se rapprochent tout-à-fait de l'épine de Pise. [Ce rhamnus était le zizyphus spina 
Christi ou jujubier. Dans la couronne de Notre Seigneur, ses] branches brisées ou 
courbées vers le milieu pour prendre la forme d'un bonnet, étaient fixées par chacune 
de leurs extrémités, soit en dedans, soit au dehors du cercle de jones. Il fallait que 
le cercle fût plus grand que le tour de la tête, afin de pouvoir l'y faire entrer, malgré 
le retrécissement causé par l'introduction des branches, et l'on trouve en effet que la 
couronne de Notre-Dame placée seule sur la téte tomberait sur les épaules. On n'a- 
vait méme pas besoin de nouveaux liens pour les fixer au cercle de joncs; et les 
rameaux passés alternativement dessus et dessous devaient suffire pour les mainte- 
nir. C'est cette opération que les [évangélistes] ont pu appeler le tressage. Les soldats 
sans doute, évitèrent de toucher à ces horribles épines, dont chacune plus tranchante 
que la griffe du lion fait jaillir le sang en abondance. [La branche de zizyphus de 
Pise] a 80 millimètres de hauteur. L'épine principale a plus de 20 millimètres de lon- 
gueur. » (ROBAULT DE FLEURY ? 


2406 
d'épines, ils la mirent sur sa téte, 
et un roseau dans sa main droite; 
et fléchissant le genou devant lui, 
ils le raillaient, disant : Salut, roi 
des Juifs. 

30. Et, crachant sur lui, ils pre- 
naient le roseau, eten frappaient 
sa téte. 

91. Apres qu'ils se furent ainsi 
joués de lui, ils lui ôtèrent le man- 
teau, le couvrirent de ses vête- 
ments, et l'emmenérent pour le 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


]68. xxvir.] 


32. Or, comme ils sortaient, ils 
rencontrerent un homme de Cy- 
rene, nommé Simon; ils le con- 
traignirent de porter sa croix. 

33. Et ils vinrent au lieu appelé 
Golgotha, qui est le lieu du Cal- 
vaire. 

34. Là, ils lui donnèrent à boire 
du vin mélé avec du fiel; mais 
lorsqu'ill'eut goûté, il ne voulut 
pas boire. 

39. Après qu'ils l'eurent cruci- 


crucifier. fié, ils partagerent ses vêtements, 


32. Marc, xv, 21; Luc, xxii, 26. — 33. Marc, xv, 22; Luc, xxii, 33; Jean, xix, 17, — 
35. Marc, xv, 24; Luc, xxi, 34; Jean, xix, 23; Ps. xxr, 19. 


32. * Sa croix. Les auteurs avaient émis les opinions les plus diverses sur la nature 
du bois ou des bois dont était formée la croix. Après l'examen scientifique de diverses 
reliques, « on peut affirmer que le bois de la croix provenait d'un conifère, et on ne 
peut douter que ce conifère ne soit du pin. [D’après l'opinion commune, l'instrument 
du supplice de Notre Seigneur se composait d'un montant] avec une traverse laissant 
passer la téte de la tige, comme l'usage de la représenter s'en est le plus générale- 
ment répandu. [D'aprés] une ancienne tradition, la hauteur du montant était de 
4 mètres 80, et celle de la traverse de 2 mètres 30 à 2 mètres 60, » Le supplice de la 
croix, trés fréquent chez les Romains, était spécial pour les esclaves. On l'appliquait 
quelquefois aux hommes libres, mais alors aux plus vils ou aux plus coupables, 
comme les voleurs, les assassins, les faussaires. Chez les Romains, les condamnés 
portaient leurs croix. Plaute a dit : qu'il porte la potence à travers la ville et qu'il 
soit ensuite attaché à la croix. « L'intervention de Simon le Cyrénéen peut s'entendre 
de deux manieres. Le texte sacré ne dit pas formellement si Notre Seigneur fut tota- 
lement déchargé de sa croix, ou s'il continua à la porter avec une aide étrangère. 
Dans la premiere hypothése,le Christ aurait marché en avant, Simon portant seul la 
croix en arrière. Dans la seconde, il aurait porté la partie antérieure et Simon Ja 
partie postérieure, le bout trainant à terre. Saint Augustin, saint Athanase, saint 
Jéróme, saint Léon, Origéne et plusieurs modernes supposent que Notre Seigneur 
fut entièrement déchargé. [On peut donner] à la croix un [poids total] d'environ cent 
kilogrammes. La croix devait trainer à terre, [parce que] ce long bois n'aurait pu 
rester en équiliibre sur l'épaule; la diminution de poids qui en résultait peut étre 
évaluée à 25 ou 30 kilogrammes. [Le Sauveur avait donc encore à porter] environ 
15 kilogrammes. [Ce fardeau dépassait ses forces, parce qu'il était] épuisé par les 
supplices qu'il avait endurés, par la longueur de la voie douloureuse dont on connaít 
au moins les deux extrémités et qui devait étre de 5 à 600 métres, et par la difficulté 
des chemins dans un sol montueux. » (ROHAULT DE FLEURY.) 

33. * Golgotha. Le Golgotha est actuellement enclavé dans l'église du Saint-Sépulere, 
dans la partie sud-est de la Basilique. 1[ s'éléve à la hauteur de 4 mètres 10 centi- 
mètres au-dessus du sol. Du temps de Notre Seigneur, le Calvaire était en dehors de 
Jérusalem, à l'ouest; aujourd'hui il est dans l'enceinte méme de la ville. 

34. * Du vin mélé avec du fiel. Voir Jean, xix, 29-30. 

35. * Après qu'ils l'eurent crucifié. « Tantót la victime était attachée par terre à la 
croix, qui était ensuite élevée avec son fardeau ; tantôt la croix était d'abord dressée, 
et le condamné attaché avec des cordes, puis cloué. Le premier mode parait avoir 
été plus probablement employé sur le Calvaire. Les crucifiés étaient souvent fixés 
avec des clous [placés au milieu des mains et aux pieds]. Avant de clouer les pieds, 
on préparait 16 trou avec une broche.Ge que dit le Sauveur à saint Thomas, (Jean, xx, 
21), prouve qu'il avait eu les mains percées de clous. Les auteurs profanes qui se 


xxvir.]‏ .8ס] 


jetant le sort, afin que fût accom- 
pliela parole du prophete, disant : 
Ils se sont partagé mes véte- 
ments, et sur ma robe, ils ont je- 
té le sort. 

96. Puis s'étant assis, ils le gar- 
daient. 

31. Et ils mirent au-dessus de 
sa téte sa condamnation ainsi 
écrite : Celui-ci est Jésus, le roi 
des Juifs. 

98. Alors furent crucifiés avec 
lui deux voleurs, l'un à droite et 
l'autre à gauche. 

39. Or les passants le blasphé- 
maient, branlant la tête, 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


9407 
iruis le temple de Dieu et le re- 
bátis en trois jours, sauve-toi toi- 
méme. Si tu es le Fils de Dieu, 
descends de la croix. 

44. Pareillementles princes des 
prétres eux-mémes se moquant 
de lui avec les scribes et les an- 
ciens, disaient : 

49. ll ἃ sauvé les autres, et il 
ne peut se sauver lui-méme : s'il 
est le roi d'Israél, qu'il descende 
maintenant de la croix, et nous 
croirons en lui : 

43. Il se confie en Dieu; qu'il 
le délivre maintenant, s'il veut; 
car il a dit : Je suis le Fils de 


40. Et disant : Ah! toi qui dé- | Dieu. 


40. Jean, 11, 19. — 42. Sag., 11, 18. — 43. Ps. xxi, 9. 


sont occupés du crucifiement parlent toujours de quatre clous. Toutes les peintures 
grecques représentent Notre Seigneur fixé sur la croix avec quatre clous. Le clou [de 
la passion conservé à] Notre-Dame [de Paris], de 90 millimètres de longueur, n'a pas 
de tête; sa pointe méplate est intacte. La forge en est grossière. Le clou que l'on 
voit dans la basilique de Sainte-Croix de Jérusalem à Rome a 120 millimètres de long, 
8 millimètres 4/2 de grosseur à sa plus grande dimension, et sa tête est couverte 
d'une espéce de chapeau creux au fond duquel il est rivé, comme on le voit à 
quelques clous antiques, à ceux par exemple de la Bibliothéque du Vatican. » 
(ROHAULT DE FLEURY.) 

31.* Celui-ci est Jésus, roi des Juifs. « Un écriteau destiné à faire connaître les mo- 
tifs de la condamnation [était] porté en avant du condamné, ou attaché à son cou; il 
était parfois remplacé par une proclamation du crieur public, annonçant le nom du 
criminel et l'arrét de la justice. Il était préparé quand Notre Seigneur sortit du pré- 
toire, afin de le précéder dans le long parcours de la voie douloureuse. Le titre ne 
tenait pas encore à la croix, à laqueile il ne fut attaché avec des clous que sur le 
Calvaire.» Les trois premiers évangélistes n'ont pas rapporté mot à mot l'inscription ; 
ils n'en ont donné que le sens. Saint Jean est le seul qui l'ait littéralement reproduite, 
en nous apprenant qu'elle portait ces mots : Jésus de Nazareth, roi des Juifs, écrits 
en trois langues, en hébreu ou araméen, en grec et en latin. L'église de Sainte-Croix 
de Jérusalem, à Rome, possède un fragment considérable du titre de la croix. « C'est 
une petite planche [de chóne ou bien de sycomore ou de peuplier], de 235 millimètres 
de largeur sur 130 millimétres de hauteur, sillonnée de trous de vers. On y voit trés 
distinctement deux restes d'inscription grecque et romaine, et dans le haut, l'extré- 
mité de quelques lignes courbes qui paraissent être ceux d'une troisième inscription 
[en lettres hébraiques]. La seconde inscription porte : Nazarenous (en caractères 
grecs) et la troisième : Nazarenus RE. Les lettres sont légèrement en creux, comme si 
elles avaient été tracées avec cet outil particulier dont les charpentiers se servent de 
nos jours pour marquer le bois, ou simplement avec une petite gouge. Elles ont de 
28 millimètres à 30 millimètres. Peintes en rouge sur un fond blanc, elles devaient 
être trés visibles à la hauteur où Ponce Pilate les fit placer. Les mots sont écrits [au 
rebours] de droite à gauche, en suivant l'ordre du titre hébreu, et les lettres sont 
renversées, comme si on les voyait dans une glace. » (Ronaurr De FLEURY.) Le titre de 
la croix, dans son intégrité, devait avoir approximativement 65 centimètres sur 20. 

40. * Le temple, en grec naos. Voir Matt., xxi, 12. 


2408 

44. Or, c'était aussi l'insulte que 
luifaisaient les voleurs qui étaient 
crucifiés avec lui. 

45. Mais, depuis la sixième 
heure, les ténèbres se répandirent 
sur toute la terre jusqu'à la neu- 
vième heure. 

46. Et, vers la neuvième heure, 
Jésus cria d’une voix forte, di- 
sant: Eli, Eli, lamma sabacthani? 
c'est-à-dire : Mon Dieu, mon 
Dieu, pourquoi m'avez-vous dé- 
laissé? 

41. Mais quelques-uns de ceux 
qui étaient là, et qui entendaient, 
disaient : C’est Elie que celui-ci 
appelle. 

48. Et aussitót l'un d'eux, cou- 
rant, prit une éponge, l'emplit 
de vinaigre, puis la mit au bout 
d'un roseau, et il lui présentait à 
boire. 

49. Mais les autres disaient : 
Laisse, voyons si Elie viendra le 
délivrer. 

50. Cependant Jésus, criant en- 

46. Ps. xxt, 2. — 54. II Par., ur, 14, 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[cH. xxvir.] 


core d'une voix forte, rendit l'es- 
prit. 

51. Et voilà que le voile du tem- 
ple se dechira en deux, depuis 
le haut jusqu'en bas, et la terre 
trembla, les pierres se fendirent, 

52. Les sépulcres s'ouvrirent, et 
beaucoup de corps des saints qui 
s'étaient endormis se levèrent; 

53. Et sortant de leurs tom- 
beaux, apres sa résurrection, ils 
vinrent dans la cité sainte, et ap- 
parurent à un grand nombre de 
personnes. 

54. Le centurion et ceux qui 
élaient avec lui pour garder Jé- 
sus, voyant le tremblement de 
terre et tout ce qui se passait, 
furent saisis d'une extrême 
frayeur, et dirent : Vraiment, ce- 
lui-ci était le Fils de Dieu. 

55. Il y avait aussi à quelque 
distance de là beaucoup de 
femmes qui, de la Galilée, avaient 
suivi Jésus pour le servir; 

86. Et parmi lesquelles étaient 


000 ממ ]תתו וו 


44. Saint Luc ne parle que d'un seul voleur qui ait insulté Jésus-Christ; mais on 
peut très légitimement supposer que les deux voleurs s'étaient d'abord permis ces 
insultes, et qu'ensuite l'un d'eux, touché de la gràce. blàma linsolence de son com- 
pagnon. On est encore fondé à dire que saint Matthieu parle áinsi de ces voleurs 
indistinctement, et qu'il a mis le pluriel pour le singulier, genre de licence qui se 
rencontre quelquefois dans les écrivains sacrés. 

45. Depuis la sixième heure, etc.; depuis midi jusqu'à trois heures. — 10800 la 
terre, signifie, selon plusieurs, la Judée et quelques pays voisins. 

50. * Jésus... rendit l'esprit. C'était le vendredi 14 nisan, à trois heures de l'aprés-midi, 
c'est-à-dire, selon les calculs les plus probables,le vendredi 7 avril de l'an 30 de 
notre ere. 

51. * Le voile du temple, en grec naos. ll y avait dans le temple de Jérusalem deux 
voiles. ou portières. Le premier voile séparait le portique du Saint; le second séparait 
le Saint du Saint des Saints. C'est ce dernier qui fut déchiré en deux au moment 
de la mort de Notre Seigueur. 

52. Qui s'étaient endormis; c'est-à-dire qui étaient morts. Souvent dans l'Ecriture 
le sommeil est mis pour la mort. \ 

54. * Le centurion et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus. « Les corps étaient 
gardés. Pétrone, dans une satire, dit que les soldats veillaient pour qu'on ne les 
dérobât pas pour les ensevelir. Il ajoute que les parents d'un crucifié profitérent 
d'une nuit où les soldats étaient absents et enlevèrent le corps de la croix. » (RoHAULT 
DE FLEURY.) 

56. * > Marie-Madeleine est célèbre dans l'Evangile par ses sentiments de charité 


D 


(CH. XXVIL.] L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 2409 

Marie-Madeleine, et Marie, mere | lui aussi, était disciple de Jésus, 

de Jacques et de Joseph, et la 58. Cet homme vint à Pilate, et 

mere des fils de Zébédée. lui demanda le corps de Jésus. 
57. Or, quand il se fit soir, | Alors Pilate commanda que le 

vint un homme riche d'Arima- | corps füt remis. 

thie, du nom de Joseph, qui, 59. Ayant donc recu le corps, 


57. Marc, xv, 42; Luc, זזאא‎ 50; Jean, xix, 38. 


ardente envers le Sauveur des hommes, et dans la tradition ecclésiastique par ses 
larmes et sa pénitence. Le surnom de Madeleine fut donné à Marie, parce qu'elle était 
du bourg de Magdale, en Galilée, prés du lac de Tibériade. On croit qu'elle était 
d'une famille distinguée par ses richesses. L'Evangile, en la nommant pécheresse, à 
fait supposer qu'elle s'était abandonnée à des débordements. On connait le châtiment 
que Marie-Madeleine subit durant quelques années: elle fut tourmentée du démon 
jusqu'au jour où le Sauveur, lui remettant ses péchés, l'affranchit de cette domina- 
tion horrible. (Quand elle versa ses parfums sur les pieds de Jésus, il lui remit 
ses péchés.] C'est depuis cette époque qu'elle s'imposa des pratiques de pénitence. 
Aprés avoir mis sa chevelure et ses parfums aux pieds du Seigneur, comme si 
elle avait voulu figurer son renoncement à toutes choses vaines, elle se joignit à 
quelques saintes et nobles femmes qui suivaient le divin Maitre, écoutaient ses pré- 
dications et l'assistaient de leurs biens dans ses courses évangéliques. Marie-Made- 
leine et les saintes femmes suivirent Jésus de la Galilée à Jérusalem et elles ne 
l'abandonnèrent pas, même à sa mort, qui arriva six mois aprés. Marie avec sa 
famille habitait le bourg de Béthanie. [C'est là que mourut son frére Lazare, et c'est 
là que Jésus le ressuscita. Peu aprés, dans un repas qui fut donné à Béthanie au 
Sauveur chez un homme qui avait été guéri de la lépre et oü Lazare assistait avec 
ses deux sœurs, Marie répandit un nouveau vase de parfums sur les pieds du Sau- 
veur.] Malgré les souffrances de son amour, Madeleine accompagna Jésus sur le 
Calvaire. [Elle lui rendit les derniers devoirs de la sépulture et mérita de voir des 
premières son Maître ressuscité.] A partir de cet instant, on ne trouve plus dans 
l'Evangile aucune trace de sainte Madeleine. 1] est probable toutefois qu'elle se 
rendit d'abord en Galilée, où Jésus devait se manifester à ses disciples. Ce fut 
lopinion générale des anciens que, aprés la descente du Saint-Esprit et la dis- 
persion des Apótres, Marie-Madeleine quitta Jérusalem et la Palestine. La tradi- 
tion [la] plus fondée fait aborder Marie-Madeleine en Provence avec Marthe et 
Lazare. D'après cette tradition, Lazare devint évêque de Marseille où il mourut; 
Marthe porta l'Evangile à Tarascon, et Marie-Madeleine se retira dans la caverne 
devenue si célébre sous le nom de Sainte-Baume. C'est là qu'elle finit ses jours dans 
les pratiques de la pénitence. » (Mgr Dansov.) — Marie, mère de Jacques et de Joseph, 
femme de Cléophas ou Alphée, sœur ou belle-sceur de la sainte Vierge, mère de saint 
Jacques 16 Mineur. — Sur Jacques et Joseph, ou Josès, voir Matt., xui, 55, 56. — La 
mère des fils de Zébédée, Salomé, mère de saint Jacques le Majeur et de saint Jean 
l'Evangéliste. 

57. * Arimathie, d'après Eusèbe, est la Ramathaim-Sophim située dans les mon- 
tagnes d'Ephraim, non loin de Béthel. D’après saint Jérôme, c’est la Ramléh actuelle, 
à quelques kilométres de Lydda. 

| 58. Les lois romaines défendaient de donner la sépulture aux criminels sans la 

permission des juges. — *« La croix était le tombeau du supplicié. Les Juifs atta- 
chèrent quelquefois à la croix les cadavres des suppliciés, mais ils ne les y aban- 
donnaient jamais aprés le coucher du soleil. Les Romains, plus cruels, y fixaient les 
condamnés vivants et les laissaient périr misérablement de faim, de soif et d'épui- 
sement. Leurs corps devenaient la proie des vautours et des chiens et se détruisaient 
en général par la putréfaction. » (ROHAULT DE FLEURY.) 

59. * Joseph l'enveloppa dans un linceul blanc. « Le suaire dont se servit Joseph 
d'Arimathie devait envelopper décemment le corps pour le porter au tombeau, indé- 
pendamment des autres linges nécessaires à l'embaumement » dont parle saint Jean, 
XIX, 40; xx, 5, 7. » (RonauLT DE FLEunv.) On honore à Cadouin (Dordogne) et à Turin 


2410 
Joseph l'enveloppa dans un lin- 
ceul blanc; 

60. Etille mit dans son sépulcre 
neuf qu'il avait fail tailler dans le 
roc. Ensuite il roula une grande 
pierre à l'entrée du sépulcre, et 
s'en alla. 

61. Mais Marie-Madeleine et 

lautre Marie étaient là, assises 
près du sépulere. 
| 62. Le lendemain, c'est-à-dire 
le jour d'apres la préparation du 
sabbat, les princes des prétres et 
les pharisiens vinrent ensemble 
vers Pilate, 

63. Et lui dirent : Seigneur, 
nous nous sommes rappelé que 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[CH. xxvir.] 


ce séducteur a dit, lorsqu'il vivait 
encore : Aprés trois jours je res- 
susciterai. 

64. Commandez donc que le sé- 
pulcre soit gardé jusqu'au troi- 
sième jour, de peur que ses dis- 
ciples ne viennent et ne le dé- 
robent, et ne disent au peuple : 
Il est ressuscité d'entreles morts; 
et la derniere erreur serait pire 
que la première. 

65. Pilate leur dit : Vous avez 
des gardes; allez, et gardez-le 
comme vous l'entendez. 

66. Ceux-ci donc s'en allant, 
munirent le sépulcre, scellant la 
pierre, et mettant des gardes. 


le saint suaire de Notre Seigneur. « La longueur du saint suaire [de Cadouin] est de 
2 m. 81; sa largeur de 1 m. 13. La pièce d'étoffe est entière, ayant une lisière sur les 
deux côtés larges et une bordure coloriée sur les deux côtés longs. » (DE GovnGurs.) 
Quant au saint suaire de Turin, « c'est une pièce d'étoffe de quatre mètres environ 
de longueur, en lin, un peu jauni par le temps et rayé comme du basin. De grandes 
taches, dont quelques-unes indiquent certainement la place de la téte, ne peuvent 
étre attribuées qu'au sang divin dont ce saint suaire fut décoré. Le temps a fait dans 
le tissu des trous imperceptibles dont quelques-uns ont été réparés par les princesses 
(de Savoie.] » (Mgr JeANCART.) 

60. C'était la coutume dans ce pays de faire tailler dans le roc des tombeaux pour 
les personnes de considération. — * Dans son sépulcre. D'après la tradition, 16 tom- 
beau de Joseph d'Arimathie était composé de deux chambres, taillées l'une et l'autre 
dans le roc, et dont la première servait de vestibule à la seconde où avait été déposé 
le corps du Sauveur. Sainte Héléne, en préparant le terrain pour isoler le tombeau 
de Notre Seigneur, placé aujourd'hui au milieu de la rotonde de l'église du Saint- 
Sépulere, modifia la forme du monument et le rendit quadrangulaire. La premiere 
chambre du tombeau, nommée chapelle de l'ange, parce qu'on croit que c'est là que 
l'Ange annonça aux saintes femmes la résurrection du Sauveur, est une sorte de 
vestibule long de 3 m. 45 sur 2m. 90 de large. On entre par une petite porte trés 
basse percée dans le mur ouest dans la seconde chambre appelée chapelle du tom- 

: beau de Notre Seigneur. Elle a 2 m. 07 de long sur 1m. 93 de large. Des plaques de 
marbre blanc couvrent le roc naturel. Le tombeau proprement dit s'élève de 65 cen- 
tim. au-dessus du pavement; il est long de 1 mètre 89 et large de 93 centim. Il est 
creusé en forme d'auge et adhérent aux parois ouest-nord et est. — Il roula une 
grande pierre. Les tombeaux, étant des grottes ou des édifices, sont fermés par une 
porte ou par une pierre. 

62. Le jour d’après la préparation du sabbat; c'est-à-dire le jour méme du sabbat. 
Les Juifs appelaient le vendredi la préparation du sabbat, parce qu'on y préparait à 
manger, ce qu'il n'était pas permis de faire le lendemain. Voy. notre Abrégé d'intro- 
duction, etc., p. 531. 

66.* Scellant la pierre et meltant des gardes. Les gardes furent placés à l'entrée 
du monument ou du vestibule extérieur, afin de surveiller les scellés. La garde 
romaine se composait ordinairement de seize hommes, qui se relevaient quatre par 
quatre de trois heures en trois heures. 


(es, xxvur.] 


CHAPITRE XXVIII. 


Résurrection de Jésus-Christ. Apparition 
de l'ange aux saintes femmes. Jésus- 
Christ méme leur apparait. Gardes cor- 
rompus par les princes des prétres. 
Apparition de Jésus en Galilée. Mission 
des apótres. 


1. Or la nuit du sabbat, le pre- 
mier jour dela semaine commen- 
cant à luire, Marie-Madeleine et 
l'autre Marie vinrent pour voir le 
sépulcre. 

9. Et voilà qu'il se fit un grand 
tremblement de terre; car un 
ange du Seigneur descendit du 
ciel, et s'approchant, il renversa 
la pierre et s'assit dessus : 

3. Son visage était comme un 
éclair, et son vétement comme la 
neige. 

4. Par la crainte qu'il leur ins- 
pira, les gardes furent épouvan- 
tés, et devinrent comme morts. 

5. Maisl'ange prenant la parole, 
dit aux femmes : Ne craignez 
point, vous; car je sais que vous 
cherchez Jésus, qui a été cru- 
cifié : 

6. ll n'est point ici; car il est 
ressuscité, comme ill'adit; venez, 
et voyez le lieu οἷ le Seigneur 
était déposé : 

1. Et allant promptement, dites 
àses disciples qu'il est ressuscité : 
el voici qu'il va devant vous en 
Galilée; c'est là que vous le ver- 
rez. Ainsi je vous l'ai dit d'avance. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MATTHTEU. 


2411 
8. Elles sortirent aussitôt du 
sépulcre avec crainte et avec une 
grande joie, courant porter ces 
nouvelles à ses disciples. 

9. Et voilà que Jésus se présenta 
à elles, disant : Je vous salue. Et 
elles, s'approcehant, embrasserent 
ses pieds et l'adorerent. 

10. Alors Jésus leur dit : Ne 
craignez point; allez, annoncez 
à mes frères qu'ils aillent en 
Galilée; c'est là qu'ils me ver- 
ront. 

11. Lorsqu'elles s'en furent al- 
lées, voilà que quelques-uns des 
gardes vinrent à la ville, et rap- 
portèrent aux princes des prêtres 
tout ce qui s'était passé. 

19. Et ceux-ci, s'étant assem- 
blés avec les ancieus, et ayant 
tenu conseil, donnèrent une 
erosse somme d'argent aux sol- 
dats, 

13. Disant : Dites : Ses disciples 
sont venus de nuit et l'ont enlevé, 
pendant que nous dormions. 

14. Et si le gouverneur l'ap- 
prend, nous le persuaderons, 
nous vous mettrons en süreté. 

15. Ainsi les soldats, l'argent 
recu, firent comme on leur avait 
appris; et ce bruit s'est répandu 
parmi les Juifs jusqu'à ce jour. 

16. Gependant les onze disciples 
s'en allerent en Galilée, sur la 
montagne que Jésus leur avait 
déterminée. 

17. Etle voyant, ils l'adorerent; 


645. XXVIII. 1. Marc, xv1, 1; Jean, ,אא‎ 


1. * L'autre Marie, Marie, femme de Cléophas. 
1. Les disciples de Jésus-Christ étant Galiléens devaient s'en retourner en Galilée 


après la fête de pàque. 


16. * Sur la montagne. On ignore quelle est la montagne de Galilée ici désignée: 

li. Quelques-uns néanmoins doutèrent; non quelques-uns des apôtres, puisque 
Thomas, qui seul avait douté de la vérité de la résurrection, en était alors pleine- 
ment convaincu; mais quelques-uns des disciples qui se trouvaient là présents avec 


2442 
quelques-uns néanmoins 
terent. 

18. Alors s'approchant, Jésus 
leur parla, disant : Toute puis- 
sance m'a été donnée dans le ciel 
et sur la terre. 

19. Allez donc, enseignez toutes 
les nations, les baptisant au nom 


19. Marc, xvi, 15. 


dou- 


L'EVANGILE SELON SAINT MATTHIEU. 


[cH. xxvii.) 
du Père, et du Fils, et du Saint- 
Esprit ; 

20. Leur apprenant à garder 
tout ce que je vous ai commandé: 
et voici que je suis avec vous tous 
les jours, jusqu'à la consomma- 
tion du siecle. 


les apótres et dont le doute portait non sur le fait de la résurrection, qui était indu- 
bitable, mais sur la personne méme de Jésus-Christ. 
20. Jusqu'à la consommation du siècle; c'est-à-dire jusqu'à la fin du monde. 


mme deri Op n rtm 


LE 


SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST 


SELON SAINT MARC 


INTRODUCTION 


Bien des savants distinguent S. Marc, l’évangéliste, de Jean Marc, parent de 
Barnabé. Le Bréviaire romain ne tranche pas la question; mais communément 
on admet l'identité. D’après les Actes, Jean ou Jean Mare était lié avec S. Pierre 
avant de se lier avec S. Paul. C'est chez la mère de ce disciple que le prince 
des Apótres, au sortir de la prison d'Hérode, trouve les chrétiens réunis. Cette 
circonstance fait supposer que Jean Marc n'était pas sans fortune, ni probable- 
ment sans instruction. Il est vraisemblable que S. Pierre laura pris pour son 
interpréte, selon le mot du prétre Jean dans Papias, ou plutót pour son secré- 
taire, comme le dit S. Jéróme, aprés que ce jeune disciple se fut séparé de 
S. Paul. De là le nom d'Evangile de Pierre, donné par Tertullien à sa composi- 
tion. S'il n'est pas nommé Jean, mais simplement Mare, comme évangéliste et 
compagnon de S. Pierre, c'est sans doute qu'il avait pris ce nom latin en en- 
trant dans l'empire, et qu'il n'était pas connu autrement à Rome et parmi les 
Gentils. S. Luc nous avertit que c'est un surnom. Il a pu aller en Egypte quelques 
années aprés la venue de S. Pierre à Rome, y fonder l'Eglise d'Alexandrie, puis 
se retrouver à Rome pendant la premiére captivité de S. Paul et à Ephése pen- 
dant la seconde. S. Pierre l'appelle son fils. Son Evangile, composé peu de temps 
aprés celui de S. Matthieu, dut être présenté à l'Eglise par le prince des Apótres, 
comme objet de foi et livre inspiré. 

Si l'on s'en rapporte aux caractéres de sa composition, l'auteur du second 
évangile était originaire de Judée, contemporain des Apótres, et disciple de 
S. Pierre; il a écrit pour les Gentils, spécialement pour les Romains, sans autre 
souci que d'unir l'exactitude et la précision à la briéveté et à la simplicité. 

| 109 L'auteur élait Juif d'origine et contemporain des Apôtres. — On distingue sa 
nationalité, à ses nombreux hébraismes, à ses citations syrochaldéennes et à 
la connaissance qu'il montre des usages de la Judée. On reconnait un contem- 
porain des Apótres aux particularités de ses récits. Ils sont vifs, précis, circons- 
tanciés, comme devaient l'étre ceux des premiers témoins de la vie du Sauveur. 
Il ne néglige aucun détail. Il indique nettement les moindres particularités de 


— στὸ 


= 


2414 L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


temps, de lieux, de nombre, de personnes, d'attitude, de disposition. Par 
exemple, il remarque que Jaïre était chef de synagogue, que la femme du pays 
de Chanaan était une grecque syrophénicienne, que l'aveugle de Jéricho s'appe- 
lait Bartimée, fils de Timée, que le crime de Barabbas était le meurtre, que 
Joseph d'Arimathie était membre du sanhédrin, et Simon de, Cyrène, père 
d'Alexandre et de Rufus. Il rapporte méme en langue syrochaldéenne certaines 
paroles de Notre Seigneur. Plusieurs pensent qu'il parle de lui-même dans le 
récit de la Passion, sans se nommer, comme fait aussi S. Jean et peut-étre S. Luc. 

20 [I était particulièrement attaché à S. Pierre. --- 1] expose avec la plus grande 
précision les faits qui concernent cet Apótre, ceux dont il a été l'auteur ou le 
témoin. Là oü les autres évangélistes nomment les apótres en général, S. Mare 
désigne S. Pierre séparément et tout d'abord, par exemple dans la guérison de 
sa belle-mére, dont il indique le jour, dans la résurrection de la fille de Jaire, 
dans la prédiction de la ruine de Jérusalem, dans les recommandations du Sau- 
veur ressuscité. Une autre remarque, faite par S. Chrysostome, c'est qu'il 
nomme S. Pierre dans les circonstances les plus propres à l'humilier, quand 
Notre Seigneur lui dit : « Retire-toi de moi, Satan », quand il s'endort au Jar- 
din des Olives, quand il renie son Maitre, tandis qu'il ne dit rien de sa marche 
sur les eaux prés de Tibériade, ni des prérogatives que Notre Seigneur lui 
accorde en récompense de sa foi et de son amour. Du reste, S. Marc rapporte 
les actions de Notre Seigneur avec plus de soin que ses discours; il semble sur- 
tout frappé des prodiges qu'il opérait et de l'empire qu'il exercait sur les pos- 
sédés. Cette particularité, en le distinguant de S. Matthieu, lui donne un rapport 
de plus avec le prince des Apótres, qui se montre toujours préoccupé de la pra- 
tique. C'est ce qui a fait dire que cet Evangile n'était que la réalisation du pro- 
gramme tracé par S. Pierre au Cénacle et le développement, des paroles dans 
lesquelles le méme Apótre a résumé la vie de l'Homme-Dieu : « Il a passé en 
faisant le bien et en guérissant tous ceux que le démon tourmentait. » 

30 Il écrivait pour tous les Gentils, quoique spécialement pour les Romains. — 
C'est la principale raison pour laquelle il s'appuie rarement sur l'Ancien Testa- 
ment et ne le eite presque pas. ll ne présente pas le Sauveur comme Messie, 
mais comme souverain du monde : il ne l'appelle pas Fils de David, mais Fils 
de l'homme ou Fils de Dieu, comme S. Jean qui destinait aussi son écrit aux 
Gentils. 11 omet, comme lui, les généalogies et l'adoration des Mages, qui inté- 
ressaient spécialement les Juifs et commence son récit par la prédication de l'Evan- 
gile. ll ne nomme pas une seule fois la Loi; il ne dit pas l'abomination « dans 
le sanctuaire, » mais « oü elle ne doit pas étre ». Dans le récit de la Passion, il 
passe sous silence le voile du temple déchiré, le tremblement de terre et le bri- 
sement de la pierre, qui ne se pouvaient constater qu'à Jérusalem. Il explique 


, les usages juifs, dont il fait mention, il évalue les pièces grecques en monnaies 


, latines, et traduit les termes araméens qu'il insére dans son récit, tandis qu'il 
.n'explique aucune des expressions latines qu'il fait entrer dans ses phrases 


grecques, etc. Il prend soin de dire que le Jourdàin est un fleuve, et que le mont 
des Oliviers est en face du temple. Il avertit que les Sadducéens ne croient pas 
à la résurrection, que les Pharisiens jeünent fréquemment, que les Juifs im- 
molent l'Agneau pascal le premier jour des Azymes, qu'ils sont en possession 
de remettre en liberté un prisonnier à Pâques. Les quatre paraboles qu'il repro- 
duit ont rapport à la prédication de l'Evangile, à l'établissement de l'Eglise et à 


INTRODUCTION. 2415 


la vocation des Gentils. Enfin il désigne Alexandre et Rufus comme fils de Simon 
de Cyrène, et l'on sait par S. Paul qu'ils étaient venus s'établir à Rome. 

4° Son écrit est rédigé comme un simple mémorial. — On n'y remarque aucune 
tendance spéciale, soit apologétique, soit polémique. S. Jéróme dit que S. Marc 
n'a fait qu'un abrégé de l'Evangile, Papias qu'il s'est borné à mettre par écrit 
les prédications de S. Pierre. S. Augustin l'appelle pedissequus Matthæi « le sui- 
. vant de S. Matthieu, » et Bossuet /e plus divin des abréviateurs. Cependant 
- S. Marc ne se borne pas à résumer, ou bien ce qu'il résume est plutôt l’histoire 
. du Sauveur que le livre de S. Matthieu. En certains endroits, il change l'ordre 
suivi par son devancier; en d'autres, il rafraichit ses tableaux en les complétant 
par de nouveaux traits; par exemple, dans la guérison de l'hémorrhoisse, dans 
la délivrance des possédés Géraséniens, dans le récit de la mort de S. Jean- 
Baptiste. Encore qu'il n'ait pas plus de vingt-sept versets dont on ne trouve pas 
l'équivalent dans S. Matthieu ou dans S. Luc, on lui doit cependant une para- 
bole, deux guérisons miraculeuses, celles du sourd-muet de la Décapole et de 
l'aveugle de Bethsaide, et un des incidents de l'arrestation du Sauveur, auquel 
l'évangéliste semble ne pas étre étranger. 

9* Pour le style. S. Marc est net, précis, serré, mais sec et négligé. Il aime à 
employer dans ses récits le langage direct, et à remplacer le passé par le pré- 
sent. Il affectionne les diminutifs. Il répète souvent les mêmes idées et les 
mémes termes, soit à dessein pour en renforcer le sens, soit par négligence, 
comme ef, qui reparait à tout moment, de nouveau, et aussitôt, qu'on trouve 
neuf fois dans le premier chapitre. 

Ainsi les caractéres intrinséques du second évangile justifient pleinement la 
croyance de l'Eglise sur l'origine et sur l'auteur de ce livre. (L. Bacuez.) 


LE SAINT EVANGILE 


DE JESUS-CHRIST 


SELON 


SAINT MARC 


CHAPITRE PREMIER. 


Prédication de saint Jean-Baptiste. Bap- 
téme, tentation et prédieation de Jésus- 
Christ. Vocation de Pierre et d'André, 
de Jacques et de Jean. Guérison de la 
belle-mére de saint Pierre. Prédication 
et miracles de Jésus-Christ. Guérison 
d'un lépreux. 


1. Commencement de l'Evan- 
gile de Jésus-Christ, fils de Dieu. 

9. Comme il est écrit dans le 
prophete Isaie : Voilà que j'envoie 
mon ange devant votre face, le- 
quel préparera votre voie devant 
vous. 

3. Voix de quelqu'un qui crie 
dans le désert : Préparez la voie 
du Seigneur, faites droits ses sen- 
tiers. 


baptisant et préchant le baptéme 
de pénitence pour la rémission 
des péchés. 

ὃ. Et tout le pays de Judée, 
et tous les habitants de Jérusa- 
lem allaient à lui; et ils étaient 
baptisés par lui dans le fleuve 
du Jourdain, confessant leurs pé- 
chés. 

6. Or Jean était vétu de poils 
de chameau, et d'une ceinture de 
cuir autour de ses reins; et il se 
nourrissait de sauterelles et de 
miel sauvage; et il préchait, di- 
sant : 

7. ll vient apres moi un plus 
puissant que moi; et je ne suis 
pas digne, me prosternant, de 


| délier les cordons de sa chaus- 


4. Jean a été dans le désert, | sure. 


CHAP. Ier. 2. Malach., ur, 1. — 3. Isaie, xr, 3; Matt, mr, 3; Luc, πὶ, 4; Jean, 1, 23. 
— 5. Matt., ur, 5. — 6. Matt., ii, 4; Lév., xi, 22. — 7. Matt., rrr, 11; Luc, mm, 16; Jean, 


FESTE 


2. Saint Marc réunit ici deux prophéties, dont l'une est de Malazhie (ur, 1), et l'autre 
d'Isaie (x,, 3.) —* Mon ange, c'est-à-dire mon envoyé, saint Jean-Baptiste. Voir 


Matt., nr, 1. 


3. * Dans le désert de Judée. Voir Matt., ur, +. 


4. * Jean. Voir Matt., n, 1. 


5. * Tout le pays de Judée, la Palestine méridionale, à l'exclusion de la Samarie, 


de laGali 166 et de la Pérée. 


6. * Jean était vétu de poils de chameau, etc. Voir note sur Matt., m, 4. 
1. De délier, etc. Voy. note sur Matt., an, 11. — * Les cordons de sa chaussure. 


Voir Marc, vi, 9. 


[cu. 1.] 


8. Moi je vous ai baptisés dans 
l'eau; mais lui vous baptisera 
dans l'Esprit-Saint. 

9. Orilarriva qu'en ces jours- 
18 Jésus vint de Nazareth, ville de 


> Galilée, et qu'il fut baptisé par 


Jean dans le Jourdain. 


10. Et soudain, sortant de l’eau. 
il vit les cieux ouverts, et l'Esprit 
descendant en forme de colombe, 
et se reposant sur lui. 

11. Et une voix vint des cieux : 
Vous êtes mon fils bien-aimé ; 
c'est en vous que j'ai mis mes 
complaisances. 

19. Et aussitôt l'Esprit le poussa 
dans le désert. 

13. Et il passa dans le désert 
quarante jours et quarante nuits; 
etil fut tenté par Satan ; et il était 
parmi les bétes, et les anges le 
servaient. 

14. Mais apres que Jean eut 
été livré, Jésus vint en Galilée, 
préchant l'Evangile du royaume 
de Dieu, 

15. Et disant : Parce que le 
temps est accompli, et que le 
royaume de Dieu est proche, faites 
pénitence et croyez à l'Evangile. 

16. Or passant 16 long dela mer 
de Galilée, il vit Simon et André 
son frere, qui jetaient leurs filets 
dans la mer, car ils étaient pé- 
cheurs ; 

: 17. Et Jésus leur dit : Suivez- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


2277 
moi, et je vous ferai devenir pé- 
cheurs d'hommes. 

18. Et aussitót, laissant leurs 
filets, ils le suivirent. 

19. De là s'étant un peu avancé, 
il vit Jacques fils de Zébédée, et 
Jean son frère, qui raccommo- 
daient leurs filets dans leur 
barque : 

20. Et au moment méme, il les 
appela. Or laissant leur pere Zé- 
bédée dans la barque avec les ou- 
vriers, ils le suivirent. 

21. Ils vinrent ensuite à Caphar- 
naüm ; et d'abord entrant le jour 
du sabbat dans la synagogue, il 
les instruisait. 

22. Et ils s'étonnaient de sa 
doctrine; car il les enseignait 
comme ayant autorité, et non 
comme les scribes. 

23. Or il y avait dans leur syna- 
gogue un homme possédé d'un 
esprit impur, et il s'écria, 

24. Disant : Qu'importe à nous 
et à vous, Jésus de Nazareth ? 
Etes-vous venu pour nous perdre? 
Je sais que vous étes le saint de 
Dieu. 

25. Et Jésus le menaca disant : 
Tais-toi et sors de cet homme. 

26. Alors l'esprit impur le dé- 
chirant, et criant d'une voix forte, 
sortit de lui. 

27. Et ils furent tous saisis d'é- 
tonnement, de sorte qu'ils s'in- 


8. Actes, 1, 5; 11, 4; xr, 16; xix, 4. — 10. Luc, 11, 22; Jean, 1, 32. — 12. Matt., 
IV, 1; Luc, 1v, 1. — 14. Matt., 1v, 12; Luc, 1v, 14; Jean, iv, 43. — 16. Matt., 1v, 18; 
Luc, v, 2. — 21. Matt., 1v, 13; Luc, 1v, 31. — 22. Matt., vir, 28; Luc, 1v, 32. — 23. Luc, 
w, 33. 


MM —ÀÀ—À— MM MÀ — וו‎ 


16. * Le long de la mer de Galilée. Voir la note 8 à la fin du volume. 

21. * Capharnaüm. Voir note sur Matt., 1v, 18. — Dans la synagogue. Voir Matt., iw, 23. 
21. Ce n'est pas que Jésus-Christ enseignât des nouveautés, ni qu'il préchát au 
fond une autre loi que celle qu'ils avaient recue; mais ils admiraient son autorité et - 
les miracles dont il accompagnait ses discours. Ils étaient surpris de la manière 

pleine d'empire avec laquelle il commandait aux démons. 


NOT, 


192 


9118 
terrogeaint entre eux, disant : 
Qu'est ceci? quelle est cette doc- 
trine nouvelle ? Car il commande 
avec empire, méme aux esprits 
impurs, et ils lui obéissent. 

98. Et sa renommée se répandit 
promptement dans tout le pays 
de Galilée. 

99. Et aussitôt, sortant de la 
synagogue, ils vinrent dans la 
maison de Simon et d'André, 
avec Jacques et Jean. 

30. Or la belle-mère de Simon 
était au lit, ayant la fievre : et 
incontinentils lui parlèrent d'elle. 

31. Alors s'approchant, il la fit 
lever en prenant sa main ; et sur- 
le-champ la fièvre la quitta, et 
elle les servait. 

39. Cependant, le soir venu, 
lorsque le soleil fut couché, ils lui 
amenèrent tous les malades, et 
les démoniaques. 

33. Et toute la ville était assem- 
blée à la porte. 

34. Et 1] guérit beaucoup de 
malades affligés de diverses in- 
firmités, et il chassait beaucoup 
de démons ; mais il ne leur per- 
mettait pas de dire qu'ils le con- 
naissaient. 

35. Le lendemain, s'étant levé 
de grand matin, il sortit et s'en 
alla en un lieu désert, oü il priait. 

36. Simon et ceux qui étaient 
avec lui le suivirent. 

31. Quand ils l’eurent trouvé, 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


]68. 1.] 


ils lui dirent : Tout le monde vous 
cherche. 

38. Il leur répondit : Allons 
dans les villages et les villes voi- 
sines, afin que je préche là aussi; 
car c'est pour cela que je suis 
venu. 

39. Il préchait done dans leurs 
synagogues et dans toute la 
Galilée; et il chassait les dé- 
mons. 

40. Or un lépreux vint à lui, le 
suppliant et se jetant à genoux, 
il lui dit : Si vous voulez, vous 
pouvez me guérir. 

41. Jésus, ému de compassion, 
étendit sa main, et le touchant, 
lui dit : Je le veux, sois guéri. 

42. Lorsqu'il eut parlé, la lèpre 
disparut soudain de cet homme, 
et il fut guéri. 

48. Mais Jésus le renvoya aus- 
sitót, le menaca, 

44. Et lui dit : Garde-toi de rien 
dire à personne; mais va et 
montre-toi au prince des prêtres, 
et offre pour ta guérison ce que 
Moise ἃ ordonné, en témoignage 
pour eux. 

45. Mais celui-ci étant parti, se 
mit à raconter et à publier par- 
tout ce qui s'était passé ; de sorte 
que Jésus ne pouvait plus paraitre 
publiquement dans la ville, mais 
qu'l se tenait dehors dans des 
lieux déserts ; et l'on venait à lui 
de tous cótés. 


29. Matt., vr, 14; Luc, 1v, 38. — 34. Luc, 1v, 41. — 40. Matt., vir, 2; Luc, v, 12. — 


44. Lév., xiv, 2. 


39. * Dans toute la Galilée. Voirla note 4 à la fin du volume. 

40. * Un lépreux. Voir note sur Matt., var, 2. 

44. Montre-toi. Compar. Lévit., xiv, 4. — En témoignage pour eux, c'est-à-dire pour 
que cela leur serve de témoignage et de preuve incontestable de ma puissance et de 


ma fidélité à faire observer la loi. 


{cu. u.] 


CHAPITRE II. 


Guérison d'un paralytique. Vocation de 
saint Matthieu. Jeüne. Etoffe neuve. 
Outres vieilles. Murmures des phari- 
sienscontre les disciples de Jésus-Christ, 
qui arrachaient des épis un jour de sab- 
bat. 


1. Or il entra de nouveau dans 
Capharnaüm, quelques jours 


| apres. 


2. Et lorsqu'on apprit qu'il était 
dans une maison, il s'y assembla 
une si grande foule de personnes, 
que l'espace méme en dehors de 
la porte ne pouvait les contenir; 
et il leur préchait la parole. 

3. Alors on lui amena un para- 
lytique qui était porté par quatre 
hommes. 

4. Et comme ils ne pouvaient 
le lui présenter à cause de la foule, 
ils découvrirent le toit au-dessus 
du lieu où il était, et y ayant fait 
une ouverture, ils descendirent 
le grabat où gisait le paralytique. 

ὃ. Jésus voyant leur foi, dit au 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


2419 
paralytique : Mon fils, tes péchés 
te sont remis. 

6. Or il y avait là quelques 
scribes, assis, qui pensaient dans 
leur cœur : 

7. Pourquoi celui-ci parle-t-il 
ainsi ? Il blasphème. Qui peut re- 
mettre les péchés, sinon Dieu 
seul? 

8. Jésus, aussitót, ayant connu 
par son esprit ce qu'ils pensaient 
en eux-mémes, leur dit : Pour- 
quoi pensez-vous ces choses dans 
vos cceurs? 

9. Lequel est le plus facile, de 
dire au paralytique : Tes péchés 
te sont remis ; ou de lui dire : 
Leve-toi, emporte ton grabat, et 
marche ? 

10. Afin done que vous sachiez 
que le Fils de l'Homme ἃ sur la 
terre le pouvoir de remettre les 
péchés (il dit au paralytique) : 

11. Je te le commande, lève- 
toi, emporte ton grabat, et va en 
ta maison. 

19. Et aussitót celui-ci se leva; 


(ΒΑΡ. II. 1. Matt., 1x, 1. — 3. Luc, v, 18. — 7. Job, xiv, 4; Isaïe, xui, 25. 


1. * Dans Capharnaüm. Noir Matt., 1v, 13. 

4. * Les toits étaient en plate-forme, et l'escalier qui y conduisait se trouvait souvent 
hors de la maison. (Abrégé d'introduction, etc., p. 530.) — « Les maisons des villages 
en Orient sont basses, souvent adossées à des collines. Le toit [formaut terrasse] est 
en terre battue supportée par d'épais branchages [sans parapet.] Dans les maisons 
aisées, la terrasse est couverte de dalles et entourée d'un parapet. On monte sans 
aucune peine sur ces toits. Les parents du malade [firent] un trou dans la terrasse 
de terre pour le faire descendre devant Jésus. » (J.-H. Micnosw.) Ils avaient monté le 
malade sur le toit par l'escalier extérieur que les rabbins appellent « la voie par le 
toit », afin de la distmguer de celle qu'ils nomment > la voie par la porte » ordi- 
naire de la maison. On pouvait pénétrer ordinairement dans la maison, sans faire 
le tour par l'escalier extérieur, au moyen d'une porte ou ouverture qui conduisait 
directement de la terrasse dans les appartements intérieurs, mais cette ouverture 
n'étant pas assez grande pour y faire passer le grabat ou la civière sur laquelle les 
quatre hommes portaient le paralytique, il fallut enlever une partie de la terrasse. 
Notre Seigneur devait se trouver immédiatement au-dessous de la terrasse formant 
le toit, dans l'appartement que nous avons pris l'habitude d'appeler cénacle (voir 
Actes, 1, 13, note) et que les écrivains du Nouveau Testament appellent en grec ana- 
gaion ou hyperóon. C'est là que les Orientaux avaient coutume de recevoir leurs 
hótes, de prendre leurs repas et de se retirer peudant le jour pour s'isoler, lire ou 
méditer, 


2420 
et, ayant pris son grabat, il s'en 
alla en présence de tous : de sorte 
que tous s'étonnaient et glori- 
fiaient Dieu, disant : Jamais nous 
n'avons rien vu de semblable. 

13. Or Jésus se retira de nou- 
veau pres de la mer : et tout le 
peuple venait à lui, et il les en- 
seignait. 

14. Et lorsqu'il passait, il vit 
Lévi, fils d'Alphée, assis au bu- 
reau des impôts, et il lui dit : 
Suis-moi. Et se levant, il le sui- 
vit. 

15. Il arriva que comme Jésus 
était à table dans la maison de 
cet homme, beaucoup de publi- 
cains et de pécheurs y étaient 
également avec lui et ses disci- 
ples; car il y en avait beaucoup 
qui le suivaient aussi. 

16. Les scribes etles pharisiens, 
voyant quil mangeait avec les 
publicains et les pécheurs, dirent 
àses disciples : Pourquoi votre 
maitre mange-t-il et boit-il avec 
les publicains et les pécheurs? 

17. Ce que Jésus ayant entendu, 
il leur dit : Ge ne sont pas ceux 
qui se portent bien qui ont be- 
soin de médecin, mais les ma- 
lades; car je ne suis pas venu 
appeler les justes, mais les pé- 
cheurs. 

18. Les disciples de Jean et les 
pharisiens jeünaient; or ils vin- 
rent et lui dirent : Pourquoi les 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


(eu. u.] 


disciples de Jean et ceux des 
pharisiens jeünent-ils, et que vos 
disciples ne jeünent point? 

19. Jésus leur dit : Les fils des 
noces peuvent-ils jeüner pendant 
que l'époux est avec eux? Aussi 
longtemps qu'ils ont avec eux 
l'époux, ils ne peuvent jeüner. 

20. Mais viendront des jours 
oü lépoux leur sera enlevé; et 
ils jeüneront en ces jours-là. 

21. Personne ne coud une pièce 
d'étoffe neuve à un vieux véte- 
ment; autrement l'étoffe neuve 
emporte une partie de la vieille, 
et la déchirure devient 89 
grande. 

22. Et personne ne met du vin 
nouveau dans de vieilles outres, 
autrement le vin rompra les ou- 
tres, et le vin se répandra, et les 
outres seront perdues : mais le 
vin nouveau doit se mettre dans 
des outres neuves. 

23. ll arriva encore que le Sei- 
gneur passant le long des blés, 
un jour de sabbat, ses disciples 
se mirent à cueillir des épis. 

24. Sur quoi les pharisiens lui 
dirent : Voyez, pourquoi font-ils 
le jour du sabbat ce qui n'est pas 
permis ? 

25. Et il leur répondit : N'avez- 
vous jamais lu ce que fit David, 
dans la nécessité, lorsqu'il eut 
faim, lui et ceux qui étaient avec 
lui? 


14. Matt., 1x, 9; Luc, v, 27. — 17. I Tim., 1, 15. — 20. Matt., 1x, 15; Luc, v, 35. — 
23. Matt., xit, 1; Luc, vi, 4. — 25. 1 Rois, xxi, 6. 


13. * Près de la mer de Galilée. 


14. * Lévi, flis d'Alphée; S. Matthieu. Voir l'Introduction à l'Evangile de saint Mat- 


thieu. 


18. * Les Pharisiens. Voir la note 6 à la fin du volume. 


19. Les fils des noces, ou de l'époux. 


22. * De vieilles outres. Voir Matt., 1x, 11. 


23. * Ses disciples se mirent à cueillir des épis. Voir note sur Matt, xir, 4. 


[cn. 11] 


96. Comment il entra dans la 
maison de Dieu, au temps du 
grand prétre Abiathar, mangea 
les pains de proposition qu'il n'é- 
tait permis qu'aux prétres de 
manger, et les donna à ceux qui 
étaient avec lui? 

27. I leur dit encore : Le sabbat 
a été fait pour l'homme, et non 
l'homme pour le sabbat. 

28. C'est pourquoi le Fils de 
l'homme est maitre du sabbat 
méme. 


CHAPITRE III. 


Guérison d'un homme qui avait une main 
desséchée. Concours du peuple auprés 
de Jésus. Election des apótres. Dlas- 
phéme des pharisiens. Péché contre le 
Saint-Esprit. Mère et frères de Jésus- 
Christ. 


1. Jésus entra une autre fois 
dans la synagogue ; oril s'y trou- 
vait un homme qui avait une 
main desséchée. 

9. Et on l'observait pour voir 
s'ille guérirait un jour de sabbat, 
afin de l'accuser. 

3. Et il dit à l'homme qui avait 
la main desséchée : Lève-toi, là, 
au milieu. 

4. Puis il demanda aux autres : 
Est-il permis, un jour de sabbat, 
de faire du bien ou du mal, de 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


2421 
sauver une àme ou de la perdre? 
Mais eux gardaient le silence. 

5. Alors les regardant avec co- 
lere, etcontristé del'aveuglement 
de leur cœur, il dit à cet homme: 
Etends ta main. Il étendit, et sa 
main devint saine. 

6. Orles pharisiens étant sortis, 
tinrent aussitót conseil contre lui 
avec les hérodiens, comment ils 
le perdraient. 

7. Mais Jésus se retira avec ses 
disciples vers la mer, et une 
troupe nombreuse le suivit de la 
Galilée et de la Judée, 

8. De Jérusalem, de l'Idumée, 
et d'au delà du Jourdain ; et une 
grande multitude des environs 
de Tyr et de Sidon, apprenant ce 
qu'il faisait, vint à lui. 

9. TI dit alors à ses disciples de 
lui amener une barque, à cause 
de la fouie, de peur qu'il n'en fût 
accablé. 

10. Car il en guérissait beau- 
coup, de sorte que tous ceux qui 
avalent quelque mal se jetaient 
sur lui pour le toucher. 

11. Les esprits impurs eux- 
mémes, lorsqu'ils le voyaient, se 
prosternaient devant lui et 
criaient, disant: 

12. Vous êtes le Fils de Dieu. 


26. Lév., xxiv, 9. — (ΒΑΡ. 118. 1. Matt., xit, 9; Luc, vi, 6. — 6. Matt., xir, 14. 


26. * Abiathar. Le premier livre des Rois, xxr, 2 et suiv. raconte que le fait men- 
tionné ici se passa sous le pontificat d'Achimélech, père d'Abiathar. Nous avons ici 
peut-étre une faute de copistes, ou bien Achimélech s'appelait aussi Abiathar. 


4. De sauver une âme, etc. Compar. Matt., x, 36. 


6. Les Hérodiens. Voy. Matt., xxu, 16. 


8. * De l’Idumée. L'Idumée tirait son nom d'Edom ou Ésaü, frère de Jacob, qui s'y 
était établi. Elle est située au sud de la Palestine. Les Iduméens vaincus par David, 
recouvrerent leur liberté sous Joram (IV Rois, viti, 20-22), et furent pendant long- 
temps les ennemis les plus acharnés des Juifs. Ils furent de nouveau vaincus par 
Jean Hyrcan. Les Hérodes étaient d'origine iduméenne. — Tyr, ancienne capitale de 
la Phénicie, sur la Méditerranée, célébre par son commerce, était soumise aux Ro- 
mains du temps de Notre Seigneur. — Sidon, capitale primitive de la Phénicie, sur 
la Méditerranée, au nord de Tyr. 


2422 
Mais il leur défendait avec de 
grandes menaces de le révéler. 

13. Etant monté sur la mon- 
tagne, il appela à lui ceux que 
lui-même voulut ; et ils vinrent à 
lui. 

4. ll en établit douze pour être 
avec lui et pour les envoyer pré- 
cher, 

15. Et il leur donna le pouvoir 
de guérir les maladies etde chas- 
ser les démons : 

16. D'abord Simon à quiil donna 
le nom de Pierre ; 

17. Puis Jacques, fils de Zébé- 
dée, et Jean son frère, auxquels 
il donna le nom de Boanerges, 
c'est-à-dire fils du tonnerre ; 

18.André, Philippe, Barthélemi, 
Matthieu, Thomas, Jacques fils 
d'Alphée, Thaddée, Simon le Ca- 
nanéen, 

19. Et Judas Iscariote, celui-là 
méme qui le trahit. 

90. Ils vinrent dans une maison, 
et la foule s'y assembla de nou- 
veau, en sorte qu'ils ne pouvaient 
pas méme manger du pain. 

21. Ce qu'ayant appris, les siens 
vinrent pour se saisir de lui, car 
ils disaient : 11 ἃ perdu l'esprit. 

29. Et les scribes, qui étaient 
venus de Jérusalem, disaient : Il 


13. Matt., 
Luc, xir, 10; I Jean, v, 16. 


L'EVANGILE SELON SAINT MARC. 


x, 1; Luc, vi, 13. — 22. Matt., 1x, 34 et xir, 24. — 28., Matt., 


[cu. ur.] 


est possédé de Béelzébub, et c’est 
par le prince des démons qu'il 
chasse les démons. 

23. Mais Jésus les ayant ap- 
pelés, leur disait en. paraboles : 
Comment Satan peut-il chasser 
Satan ? 

24. Si un royaume est divisé 
contre lui-même, ce royaume ne 
peut subsister. 

25. Et siune maison est divisée 
contre elle-même, cette maison 
ne peut subsister. 

26. Si donc Satan s’est élevé 
contre lui-même, il est divisé, et 
il ne pourra subsister; mais il 
touche à sa fin. 

27. Nul ne peut entrer dans la 
maison du fort et ravir ce qu'il 
possede, s'il ne l'a lié aupara- 
vant; c'est alors qu'il pillera sa 
maison. 

28. En vérité je vous le dis, tous 
les péchés seront remis aux en 
fants des hommes, méme les 
blasphèmes par lesquels ils au 
ront blasphémé. 

99. Mais celui qui aura blas- 
phémé contre l'Esprit-Saint n'en 
aura jamais la rémission ; mais il 
sera coupable d'un péché éternel. 

90. Parce qu'ils disaient : Il est 
possédé d'un esprit impur. 


xi) 91; 


13. Sur la montagne; c'est-à-dire sur la montagne voisine. Nous avons déjà fait 
observer dans saint Matthieu (v, 1) que c'était là le vrai sens de cette expression. — 
* Plusieurs commentateurs croient que cette montagne est celle de Koroun-Hattin ou 
Montagnes des Béatitudes. En voir la description note sur Matt., x, 1. 

20. Manger du pain; c'est-à-dire simplement manger, prendre de la nourriture, 


. Matth., xv, 2. — * Ceci se passait probablement à Capharnaüm. 


21,10 étaient ceux de ses parents dont saint Jean dit qu’ils ne croyaient pas en (ui. 


22. * Béelzébub. Voir Matt., x, 25. 
21. Du fort. Voy. note sur Matt. 


ΧΙ, 1292 


29. N'en aura jamais la rémission. ΝΟΥ͂. note sur Matt., xu, 31. 
30. Parce qu'ils disaient; c'est-à-dire Jésus tint ce discours parce qu'ils disaient, 
Ce genre d'ellipse est commun dans le style de l'Ecriture. 


Ki. iv.] 


31. Cependant sa mère et ses 
frères vinrent; et, se tenant de- 
hors, ils l'envoyerent appeler. 

99. Or la foule était assise au- 
tour de lui, et on lui dit : Voilà 
dehors votre mere et vos freres 
qui vous cherchent. 

98. Et leur répondant, il dit : 
Qui est ma mère, et qui sont mes 
freres? 

94. Et, regardant ceux qui 
étaient assis autour de lui : Voici, 
dit-il, ma mere et mes freres, 

39. Car quiconque fait la volonté 
de Dieu, celui-là est mon frere, et 
ma sœur, et ma mère. 


CHAPITRE IV. 


Parabole de la semence ; explication de 
cette parabole. Lampe sous le boisseau. 
Parabole de l'accroissement de la se- 
mence et du grain de sénevé. Tempête 
apaisée. 


1. ll commença de nouveau à 
enseigner aupres de la mer; et 
une grande multitude se rassem- 
bla autour de lui, de sorte que, 
montant dans la barque, il se te- 
nait sur la mer, et toute la multi- 
tude était à terre le long du ri- 
vage. 

2. Etil leur enseignait beaucoup 
de choses en paraboles, et leur 
disait dans son enseignement : 

3. Ecoutez, voilà que celui qui 
seme est sorti pour semer. 

4. Et, pendant qu'il semait, une 
partie de la semence tomba le 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


2102 
long du chemin, et les oiseaux 
du ciel vinrent, et la mangerent. 

9. Une autre partie tomba en 
des endroits pierreux, oü elle 
n'eut pas beaucoup de terre; et 
elle leva bientót, parce que la 
terre n'avait pas de profondeur : 

0. Et quand le soleil se leva, 
elle fut brülée; et comme elle 
n'avait point de racine, elle sécha. 

7. Une autre partie tomba par- 
mi les épines; et les épines gran- 
dirent et l'étoufferent : et elle ne 
donna point de fruit. 

8. Mais une autre tomba dans 
une bonne terre, et donna du 
fruit qui s'éleva et se multiplia; 
en sorte qu'un grain rendait 
trente, lautre soixante, lautre 
cent. 

9. Et il disait : Que celui qui a 
des oreilles pour entendre, en- 
tende. 

10. Mais, lorsqu'il fut loin de la 
foule, les douze qui étaient avec 
lui l'interrogeérent sur cette para- 
bole. 

11. Etil leur disait : C'est à vous 
qu'il a été donné de connaitre le 
mystère du royaume de Dieu; 
mais pour ceux qui sont dehors, 
tout se fait en paraboles, 

12. Afin que voyant ils voient 
et ne voient point, et qu'enten- 
dant ils entendent et ne com- 
prennent point; de peur qu'ils ne 
se convertissent, et que leurs pé- 
chés ne leur soient remis. 


31. Matt., xir, 46; Luc, viu, 19. — Cnuar. IV. 1. Matt., xur, 4; Luc, vur, 4, — 12. Isaie, 
vi, 9; Matt., xir, 14, Jean, ,א‎ 40; Actes, xxvi, 26; Rom., xi, 8. 


31-32. * Voyez la note sur Matt., xit, 46. 


1. * Auprès de la mer de Galilée. 


12, En punition de leur aveuglement volontaire, Dieu leur retire justement les 
lumières et les grâces que sans cela il leur aurait données pour leur conversion 
réelle. Compar. Isaïe, vi, 9; et Matt., xui, 15. 


2A9À 

13. Puis il leur dit : Vous ne 
comprenez point cette parabole? 
Et comment donc comprendrez- 
vous toutes les autres paraboles? 

14. Celui qui sème, sème la pa- 
role. 

15. Ceux qui se trouvent lelong 
du chemin oü la parole est semée, 
ce sont ceux qui ne l'ont pas plu- 
tót entendue, que Satan vient et 
enlève cette parole qui a été se- 
mée dans leurs cœurs. 

16. Et pareillement ceux qui 
ont recu là semence en des en- 
droits pierreux, sont ceux qui, 
entendant la parole, la recoivent 
d'abord avec joie; 

11. Mais n'ayant point de racine 
en eux, ils n'ont quun temps; 
apres quoi la tribulation et la per- 
sécution survenant à cause de la 
parole, ils se scandalisent aussi- 
tót. 

18. Et les autres qui recoivent 
la semence parmi les épines, sont 
ceux qui écoutent la parole; 

19. Mais les soucis du siecle et 
l'illusion des richesses, et toutes 
les autres convoitises entrant en 
eux, étouffent la parole et la 
rendent sans fruit. 

20. Enfin ceux qui ont recu la 
semence dans la bonne terre, 
sont ceux qui écoutent la parole 
et la recoivent, et produisent du 
fruit, l'un trente, l'autre soixante, 
et l'autre cent. 

91. Il leur disait aussi: Apporte- 
t-on la lampe pour la mettre sous 
le boisseau ou sous le lit? N'est-ce 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


]68. 1v.] 


pas pour la mettre sur le chande- 
lier? 

99. Car il n'y a rien de caché 
qui ne soit manifesté, ni rien de 
fait en secret qui ne vienne au 
grand jour. 

23. Si quelqu'un a des oreilles 
pour entendre, qu'il entende. 

24. Il leur disait encore : Pre- 
nez garde à ce que vous enten- 
dez. La mesure dont vous aurez 
usé pour les autres, on en usera 
pour vous, et en y ajoutant. 

25. Car on donnera à celui qui 
a;etcelui qui'n'a pas, méme ce 
qu'il a lui sera óté. 

26. Il disait aussi : ll en est du 
royaume de Dieu comme d'un 
homme qui jette de la semence 
en terre. 

97. Qu'il dorme, qu'il se lève de 
nuit et de jour, la semence germe 
et croit sans qu'il sache comment. 

28. Car c'est d'elle-méme que 
la terre produit du fruit; d'abord 
de l'herbe, puis un épi, et ensuite 
du blé tout formé dans l'épi. 

29. Et quand 16 fruit est en ma- 
turité, aussitôt on y met la faux, 
parce que c'est le temps de 18 
moisson. 

30. Il disait encore: À quoi com- 
parerons-nous le royaume de 
Dieu? ou sous quelle parabole le 
représenterons-nous? 

31. Il est comme un grain de 
sénevé qui, lorsqu'on le seme, 
est la plus petite de toutes les se- 
mences qui sont dans la terre. 
99. Et quand on la semé, il 


19. 1 Tim., vi, 17. — 21. Matt., v, 15; Luc, vir, 16 et x1, 33. — 22. Matt., x, 20; 
Luc, vir, 17. — 24. Matt., vu, 2; Luc, vr, 38. — 25. Matt., xin, 12 et xxv, 29; Luc, 
vi, 18 et xix, 26. — 31. Matt., xir, 31; Luc, xri, 19. 


21. * Sous le boisseau. Voir note sur Matt., v, 25. 
31. * Un grain de sénevé ou de moutarde, voir note sur Matt., xiu, 31. 


[cu. v.] 
monle et devient plus grand que 
toutes les plantes, et pousse de 
si grands rameaux, que les oi- 
seaux du ciel peuvent se reposer 
sous son ombre. 

33. Ainsi, c'est par beaucoup 
de semblables paraboles qu'illeur 
annonçait la parole, selon qu'ils 
pouvaient l'entendre. 

34. Car il ne leur parlait point 
sans paraboles ; mais en particu- 
lier il expliquait tout à ses dis- 
ciples. 

35. Or illeur ditce jour-là, lors- 
que le soir fut venu : Passons à 
l'autre bord. 

36. Et ayant renvoyé le peuple, 
ils 'emmeneéerent sur 18 barque où 
il était; et d'autres barques l'ac- 
compagnaient. 

91. Mais il s'éleva un grand 
tourbillon de vent, qui poussait 
les flots dans la barque, de sorte 
que la barque s'emplissait. 

38. Jésus cependant était à la 
poupe, dormant sur un oreiller; 
et iis le réveillèrent et lui dirent : 
Maitre, n'avez-vous point de souci 
que nous périssions? 

39. Alors se levant, il menaca 
le vent, et dit à la mer : Silence, 
calme-toi. Et le vent cessa, et il 
se fit un grand calme. 

40. Et il leur dit : Pourquoi étes- 
vous timides? N'avez-vous point 
encore la foi? Et ils furent saisis 
d'une grande crainte, et ils se di- 
saient l'un à l'autre : Qui pensez- 
vous est celui-ci, que et le vent et 
la mer lui obéissent? 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 919; 


CHAPITRE V. 


Légion de démons chassée; pourceaux 
précipités. Hémoroisse guérie. Fille de 
Jaire ressuscitée. 


1. Et ils vinrent de l'autre cóté 
de la mer dans le pays des Géra- 
séniens. 

2. Et comme Jésus sortait de la 
barque, tout à coup accourut à lui 
d'au milieu des sépulcres, un 
homme possédé d'un esprit im- 
pur, 

3. Lequel habitait dans les sé- 
puleres; et nul ne pouvait le tenir 
lié, méme avec des chaines. 

4. Car souvent, serré de chaines 
et les pieds dans les fers, il avait 
rompu ses chaines et brisé ses 
fers, et personne ne le pouvait 
dompter. 

9. Et sans cesse, le jour et 
la nuit, il élait parmi les tom- 
beaux et sur les montagnes 
criant et se meurtrissant avec des 
pierres. 

6. Or voyant Jésus de loin, il ac- 
courut et l’adora; 

1. Et, criant d'une voix forte, il 
dit : Qu'importe à moi et à vous, 
Jésus, Fils du Dieu Très-Haut? Je 
vous adjure par Dieu, ne me tour- 
mentez point. 

8. Car il lui disait : Esprit 1m- 
pur, sors de cet homme! 

9. Et il lui demanda : Quel est 
ton nom? Et il lui répondit : Lé- 
gion est mon nom; car nous 
sommes beaucoup. 

10. Et il le suppliait avec ins- 


86. Matt., viui, 23; Luc, viu, 22. — Cuap. V. 1. Matt., זנט‎ 28; Luc, vin, 26. 
——Ó————————— A ב בו ב‎ 00006 À——— € ה‎ 


1. * Le pays des Géraséniens. Voir note sur Matt., vin, 98. 
9. Légion. Voy. Matt., xxvi, 53. Le mot légion peut étre pris ici indéfiniment dans 
le sens d'un trés grand nombre. — * La légion romaine, du temps d'Auguste, se com- 


posait de 6,800 hommes. 


2426 
tance ae ne point le chasser hors 
de ce pays. 

11. Or il y avait là, le long de 
la montagne, un grand troupeau 
de pourceaux qui paissaient. 

19. Et les esprits suppliaient 
Jésus, disant : Envoyez-nous dans 
ces pourceaux, afin que nous en- 
trions en eux. 

13. Et Jésus le leur permit aus- 
sitót. Les esprits impurs, sortant 
done du possédé, entrèrent dans 
les pourceaux, et le troupeau, 
d'environ deux mille, se précipita 
impétueusement dans la mer, et 
S'y noya. 

14. Geux qui les gardaient s'en- 
fuirent et répandirent cette nou- 
velie dans la ville et dans les 
champs. Aussilót les gens sor- 
ürent pour voir ce qui était arrivé ; 

15. Ils vinrent vers Jésus, et ils 
virent celui qui avait été tour- 
menté par le démon, assis, vétu 
et sain d'esprit; et ils furent sai- 
sis de crainte. 

10. Et ceux qui avaient vu leur 
racontèrent ce qui était arrivé au 
possédé et aux pourceaux ; 

17. Etils commencèrent à prier 
Jésus de s'éloigner de leurs con- 
fins. 

18. Lorsqu'il montait dans la 
barque, celui qui avait été tour- 
menté par le démon, le supplia 
de lui permettre de rester avec 
lui; 

19. Mais il 16 lui refusa et lui 
dit : Va dans ta maison, vers les 


22. Matt., 1x, 18; Luc, vii, 41. 


20. * Dans la Décapole. Voir Matt., 1v, 25. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


[cH. v.] 


tiens, et annonce-leur tout ce que 
le Seigneur a fait pour toi, et 
comme il a eu pitié de toi. 

90. Il s'en alla donc, et com- 
menca à publier dans la Décapole 
tout ce que Jésus avait fait pour 
lui; ettous étaient dans l'admira- 
tion. 

21. Jésus ayant repassé dans la 
barque de l’autre côté de la mer, 
il s’assembla une grande multi- 
tude autour de lui; etil était pres 
de la mer. 

22. Or vint un chef de syna- 
gogue, nommé Jaire; le voyant, il 
se jeta à ses pieds, 

23. Etille suppliait instamment, 
disant : Ma fille est à l'extrémité; 
venez, imposez votre main sur 
elle, afin qu'elle guérisse et qu'elle 
vive. 

94. Et il s'en alla avec lui; et 
une grande multitude le suivait 
et le pressait. 

25. Alors, une femme qui avait 
une perte de sang depuis douze 
années, 

26. Et qui avait beaucoup souf- 
fert de plusieurs médecins, et 
avait dépensé tout son bien sans 
aucun fruit, se trouvant plutót 
dans un état pire, 

27. Ayant entendu parler de Jé- 
sus, vint dans la foule, par der- 
riere, et toucha son vétement; 

28. Car elle disait: Si je touche 
seulement son vétement, je serai 
guérie. 

29. Et aussitôt la source du 


22, * Un chef de synagogue, archisynagogus, en hébreu vósch hakséneth. Ses fonc- 
tions consistaient à administrer les affaires temporelles et spirituelles de la syna- 
gogue. Il présidait aux offices, désignait les lecteurs de la Sainte Ecriture, donnait 
la parole à ceux qui devaient l'expliquer ou l'expliquait lui-méme, et exergait sur 
tout ce qui se faisait dans la synagogue sa haute surveillance. 


[ca. vi.] 


sang tarit, et elle sentit en son 
corps qu'elle était guérie de son 
mal. 

30. Au même moment, Jésus 
connaissant en lui-même la vertu 
qui était sortie de lui, et se re- 
tournant vers la foule, deman- 
dait: Quiatouché mes vêtements ? 

31.Sesdisciplesluirépondaient: 
Vous voyez la foule qui vous 
presse, et vous demandez : Qui 
m'a touché? 

32. Et il regardait tout autour, 
pour voir celle qui l'avait fait. 

99. Alors lafemme, craintive et 
tremblante, sachant ce qui s'était 
passé en elle, vint et se prosterna 
devant lui, et lui dit toute la vé- 
nie. 

34. Jésus lui dit : Ma fille, votre 
foi vous a sauvée: allez en paix 
etsoyez guérie de votre infirmité. 

35. Comme 11 parlait encore, 
des gens du chef de synagogue 
vinrent, disant : Votre fille est 
morte; pourquoitourmentez-vous 
davantage le maître ? 

96. Mais Jésus, cette parole en- 
tendue, ditau chef de synagogue: 
Ne craignez point; croyez seule- 
ment. 

31. Et il ne permit à personne 
de le suivre, sinon à Pierre, à 
Jacques et à Jean frère de Jacques. 

38. En arrivant à la maison du 
chef de synagogue, il vit du tu- 
multe, des gens pleurant et pous- 
sant de grands cris. 

39. Or, étant entré, il leur dit: 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


2427 


Pourquoi vous troublez-vous et 
pleurez-vous? La jeune fille n'est 
pas morte, mais elle dort. 

40. Et ils se riaient de lui. Mais 
Jésus, les ayant tous renvoyés, 
prit le père et 18 mère de la jeune 
fille, et ceux qui étaient avec lui, 
et entra dans le lieu où la jeune 
fille était couchée. 

44. Ettenantla main de la jeune 
fille, il lui dit : Talitha cumi; ce 
que l'on interprète ainsi : Jeune 
fille (je vous le commande), le- 
vez-vous. 

49. Et aussitót la jeune fille se 
leva, et elle marchait ; car elle 
avait douze ans ; et tous furent 
frappés d'une grande stupeur. 

49. Mais il leur commanda for- 
tement que personne ne le süt, 
et il dit de lui donner à manger. 


CHAPITRE VI. 


Jésus méprisé dans sa patrie. Mission des 
Apótres. Mort de saint Jean-Baptiste. 
Multiplication des cinq pains. Jésus 
marche sur les eaux. Vertu des véte- 
ments de Jésus-Christ. 


1. Etant parti de là, il s'en alla 
dans son pays, et ses disciples le 
suivirent. 

2. Or un jour de sabbat étant 
venu, il commenca à enseigner 
dans la synagogue, et beaucoup, 
l'entendant, étaient dans l'admi- 
ration de sa doctrine, disant : 
D'où lui viennent toutes ces 
choses? quelle est cette sagesse 
qui lui a été donnée? et ces mer 


34. Luc, vir, 50; var, 48. — 03. VI. 1. Matt., xur, 94; Luc, tv, 16. 


38. * Voir Matt., 1x, 23. 


41. * Talitha cumi. Ce sont deux mots araméens, dont le premier signifie Zeune fille 
et dont le second est l'impératif de la seconde personne féminine : 1. 


1. * Etant parti de là, de Capharnaüm, Z/ s'en alla dans son pays, à Nazareth, qui 
est à deux petites journées de Capharnaüm. 


2428 
veilles sisurprenantes qui se font 
par ses mains? 

3. N'est-ce paslàcecharpentier, 
fils de Marie, frere de Jacques et 
et de Joseph, de Jude et de Si- 
mon? et ses sceurs ne sont-elles 
pas ici parmi nous? Et ils se scan- 
dalisaient de lui. 

4. Mais Jésus leur disait : Un 
prophéte n'est sans honneur que 
dans sa patrie, dans sa maison et 
dans sa famille. 

5. Et il ne put faire là aucun 
miracle, si ce n'est qu'il guérit 
quelques malades en leur impo- 
sant les mains. 

6. Et il s'étonnait de leur incré- 
dulité ; il parcourait toutefois les 
villages d'alentour et il y ensei- 
gnait. 

7. Orilappelales douze et com- 
menca àles envoyer deux à deux, 
et il leur donna puissance sur les 
esprits impurs. 

8. Et il leur commanda de ne 
rien prendrepourlechemin qu'un 
báton : ni sac, ni pain, ni argent 
dans leur ceinture ; 

9. Mais de chausser leurs san- 
dales et de ne point se munir de 
deux tuniques. 


L'EVANGILE SELON SAINT MARC. 


[cg. vi.] 


10. Etilleur dit : Quelque part 
que vous alliez, étant entrés dans 
une maison, demeurez-y jusqu'à 
ce que vous sortiez de ce lieu-là. 

11. Et quant à ceux quine vous 
recevront point et ne vous écou- 
teront point, lorsque vous sorti- 
rez de là, secouez la poussière de 
vos pieds en témoignage contre 
eux. 

12. Etant donc partis, ils pré- 
chaient qu'on fit pénitence; 

18. Chassaient beaucoup de dé- 
mons, oignaient d'huile beaucoup 
de malades et les guérissaient. 

14. Or le roi Hérode entendit 
parler de Jésus (car son nom s'é- 
tait répandu), et il disait : Jean- 
Baptiste est ressuscité d'entre les 
morts, et c'est pour cela que des 
miracles s'operent par lui. 

15. Mais d'autres disaient : C'est 
Klie. Et d'autres : C'est un pro- 
phète, semblable à un des pro- 
phètes. 

10. Cequ'ayantentendu, Hérode 
dit : Ce Jean que j'ai décapité est 
ressuscité d'entre les morts, 

17. Car Hérode lui-même avait 
envoyé prendre Jean, et l'avait 
retenu, chargé de fers, en prison, 


3. Jean, vi, 42. — 4. Matt., xi, 57; Luc, iv, 24; Jean, 1v, 44. — 7. Matt., x, 1; Supra, 
πὶ, 14; Luc, 1x, 1. — 9. Actes, xir, 8. — 11. Matt., x, 14; Luc, 1x, 5; Actes, xiu- 91 et 
xvii, 6. — 13. Jac., v, 44. — 14. Matt., xiv, 1, 2; Luc, 1x, 7. — 17. Luc, ur, 19 


3. * Sur ce verset, voir Matt., xi, 55, 56. 


5. Et il ne put faire, etc. Non par défaut de puissance de son côté, mais par défaut 


de dispositions de leur part. 


8. Ni argent dans leur ceinture. Voy. Matt., x, 9. 

9. * Leurs sandales, chaussures consistant en une semelle de cuir ou de bois qui était 
attachée avec des cordons sous la plante des pieds. 

44. En témoignage contre eux ; c'est-à-dire afin que ce soit pour eux un témoignage 
que vous ne pouvez plus avoir aucun commerce avec eux, puisqu'ils refusent d'em- 


15502 la religion divine que vous préchez. 


1^. * Leroi Hérode Antipas, tétrarque de la Galilée et de la Pérée. Voir Matt., xiv, 1. 
15. A un des prophèles; c'est-à-dire à un des anciens prophètes comme on lit dans 


saint Luc, 1x, 8. 


41. * Hérodiade. Voir Matt , xiv, 3. — Philippe. Voir Ibid. 


[cu. vi.] 
à cause d'Hérodiade, qu'il avait 
épousée, quoique femme de Phi- 
lippe, son frere. 

18. Parce que Jean disait à Hé- 
rode: Il net'estpas permis d'avoir 
la femme de ton frere. 

19. Or Hérodiade lui tendait des 
pièges, et voulait le faire périr; 
mais elle ne le pouvait pas. 

90, Hérode, en effet, craignait 
Jean, sachant que c'était un 


homme juste et saint; il le proté- . 


geait, faisait beaucoup de choses 
d'après ses avis, et l'écoutait vo- 
lontiers. 

21. Mais un jour opportun ar- 
riva, le jour de 18 naissance d'Hé- 
rode, oü il fit un festin aux grands 
de sa cour, et aux tribuns, et aux 
principaux de la Galilée. 

22, Or la fille d'Hérodiade même 
étant entrée, et ayant dansé et 
plu à Hérode, et à ceux qui étaient 
à table avec lui, le roi dit à la 
jeune fille : Demandez ce que 
vous voudrez, et je vous le don- 
nerai. 

93. Et il lui jura, disant : Tout 
ce que vous demanderez je vous 
le donnerai, füt-ce la moitié de 
mon royaume. 

24. Lorsqu'elle fut sortie, elle 
dit à sa mère : Que demanderai- 


je? Et sa mère répondit : La tête 


de Jean-Baptiste. 

| 95. Aussitôt s'étant rendue en 
grande hâte près du roi, elle fit 
sa demande, disant : Je veux que 
vous me donniez à l'instant, dans 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


2429 
un bassin, latéte de Jean-Baptiste. 

26. Le roi fut contristé ; cepen- 
dant, à cause de son serment, et 
à cause de ceux qui étaient à 
table avec lui, il ne voulut pas la 
contrarier. 

27. Aussi ayant envoyé un de 
ses gardes, il lui ordonna d'ap- 
porter la téte de Jean dans un 
bassin. Et le garde ledécapita 
dans la prison; 

28. Et apportant sa téte dans 
un bassin, il la donna à la jeune 
fille, et la jeune fille la donna à 
sa mere. 

29. Ce qu'ayant appris, ses dis- 
ciples vinrent, prirent son corps, 
et le déposerent dans un tom- 
beau. 

30. Or les apôtres s'étant ras- 
semblés auprès de Jésus, lui ren- 
dirent compte de tout ce qu'ils 
avaient fait et enseigné. 

31. Et il leur dit : Venez à l'é- 
cart en un lieu désert, et vous 
vous reposerez un peu. Car ceux 
qui allaient et venaient étaient si 
nombreux, qu'ils n'avaient pas 
même le temps de manger. 

39. Ainsi, montant dans la 
barque, ils se retirèrent à l'écart, 
dans un lieu désert. 

33. Mais beaucoup de gens les 
ayant vus partir et ayant connu 
leur dessein, y accoururent à 
pied de toutes les villes, et y ar- 
rivèrent avant eux. 

34. Ainsi, en débarquant, Jésus 
vit une grande multitude, et il 


18. Lév., xvur, 16. — 30. Luc, 1x, 10. — 31. Matt., xiv, 13; Luc, 1x, 10; Jean, vi, 4. 


— 84. Matt., 1x, 36 et xiv, 14. 


18. * Voir Matt., xiv, 4. 


21. * Tribun signifie ici un chef militaire quelconque, non un tribun romain. 
22. * La fille d'Hérodiade, Salomé. Voir Matt., xiv, 6. 
31. * En un heu désert dans les environs de Bethsaide Julias. Voir note sur Matt. , xiv, 43., 


2430 
en eut compassion, parce qu'ils 
étaient comme des brebis qui 
n'ont point de pasteurs, et il 
commenca àleur enseigner beau- 
coup de choses. 

35. Et comme déjà l'heure 
était fort avancée, ses disciples 
s'approcherent, disant : Ce lieu 
est désert et il est déjà tard; 

36. Renvoyez-les afin qu'ils 
aillent dans les villages et les 
bourgs voisins acheter de quoi 
manger. 

37. Mais leur répondant, il dit : 
Donnez-leur vous mémes à man- 
ger. Et ils lui repartirent : Irons- 
nous donc acheter pour deux 
cents deniers de pain afin de leur 
donner à manger? 

38. Alors il leur demanda : 
Combien avez vous de pains? 
Allez et voyez. Et lorsqu'ils eu- 
rent regardé, ils dirent : Cinq 
pains et deux poissons. 

39. Il leur commanda donc de 
les faire tous asseoir par groupes 
sur l'herbe verte. 

40. Et ils s'assirent par groupes 
de cent et de cinquante. 

41. Alors il prit les cinq pains 
et les deux poissons, et, levant 
les yeux au ciel, il les bénit; 
puis il rompit les pains, et les 
donna à ses disciples pour les 
mettre devant la multitude, et 
il partagea les deux poissons 
entre tous. 

49. Ils en mangèrent, et ils 
furent rassasiés. 

49. Et ses disciples emportèrent 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC 


[en. vi.] 
les restes, douze paniers pleins 
de morceaux et une partie des 
poissons. : 

44. Or ceux qui mangerent 
étaient au nombre de cinq mille 
hommes. 

45. Et aussitôt il fit monter ses 
disciples dans la barque, pour le 
précéder de l'autre côté de la 
mer, à Bethsaide, pendant que 
lui-méme renverrait le peuple. 

40. Et après qu'il l'eut renvoyé, 
il s'en alla sur la montagne pour 
prier. 

4T. Lorsqu'il fut soir, la barque 
se trouvait au milieu de la mer, 
et Jésus seul à terre. 

48. Et voyant ses disciples qui 
se fatiguaient à ramer (car le vent 
leur était contraire), vers la qua- 
trieme veille de la nuit, il vint à 
eux, marchant sur la mer; et il 
voulait les devancer. 

49. Mais eux, des qu'ils l'aper- 
curent marchant sur la mer, 
crurent que c'était un fantóme, et 
jetèrent un grand cri. 

50. Car tous le virent, et ils 
furent épouvantés. Mais aussitôt 
illeur parla, et leur dit : Rassurez- 
vous, c'est moi; ne craignez 
point. 

51. Et il monta avec eux dans 
la barque, et le vent cessa, et 
leur stupeur en devint plus 
grande : 

52. Caril n'avaient pas compris 
ce qui s'était fait à l'égard des 
pains, parce que leur cœur était 
aveuglé. 


36. Luc, 1x, 12. — 39. Jean, vi, 10. — 48. Matt., xiv, 24. 


31. Les deux cents deniers, si on les prend pour monnaie romaine, font envirop 
quatre-vingts francs. Voy. notre Abrégé d'introduction, ete., p. 543. 

45. * Bethsaide de Galilée. Voir Matt., xr, 21. 

48. Vers la qualrième veille de la nuit. Voy. note sur Matt., xiv, 25. 


(ca. vir.] 


53. Et, après avoir traversé la 
mer, ils vinrent vers la terre de 
Génézareth et y aborderent. 

54. Et des qu'ils furent sortis 
de la barque, 768 gens du pays 
reconnurent Jésus. 

55. Et parcourant toute la 
contrée, ils commencèrent à lui 
apporter de tous côtés, dans 
leurs grabats, les malades, là 
où ils entendaient dire qu'il 
était. 

δύ. Et partout où il entrait, 
dans les bourgs, dans les villages 
ou dans les villes, on mettait les 
malades sur les places publiques, 
et on le suppliait de les laisser 
seulement toucher la frange de 
son vétement; et tous ceux qui 
le touchaient étaient guéris. 


CHAPITRE VII. 


Scandale des pharisiens sur ce que les 
disciples de Jésus mangeaient sans avoir 
lavé leurs mains. Guérison de la fille de 
la Ghananéenne. Guérison d'un homme 
sourd et muet. 


1. Et les pharisiens et quel- 
ques scribes venus de Jérusa- 
lem, s’assemblèrent auprès de 
Jésus; 

2. Et ayant vu quelques-uns de 
ses disciples manger du pain avec 
des mains impures, c'est-à-dire 
qui n'avaient pas été lavées, ils 
les en blàmerent. 

3. Car les pharisiens et tous 
les Juifs ne mangent point sans 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


2481 


s'être souvent lavé les mains, 
gardant la tradition des anciens. 

4. Et lorsqu'ils reviennent de la 
place publique, ils ne mangent 
point non plus sans s'être lavés ; 
et il y a encore beaucoup d'autres 
pratiques qu'ils tiennent de la tra- 
dition, et qu'ils doivent observer, 
comme de laver les coupes, les 
cruches, les vases d'airain et les 
lits. 

9. Les pharisiens done et les 
scribes lui demandaient : Pour- 
quoi vos disciples ne se confor- 
ment-is point à 18 tradition des 
anciens, mais qu'ils mangent le 
pain avec des mains impures? 

6. Mais, répondant, Jésus leur 
dit: Isaie a bien prophétisé de 
vous, hypocrites, ainsi qu'il est 
écrit : Ce peuple m'honore des 
lèvres, mais leur cœur est loin de 
moi; 

7. Et il est en vain le culte 
qu'ils me rendent, en enseignant 
des doctrines et des ordonnances 
humaines. 

8. Car, laissant de cóté le com- 
mandement de Dieu, vous obser- 
vez la tradition des hommes, la 
purification des tasses et des 
coupes, et vous faites encore 
beaucoup d'autres choses sem- 
blables. 

9. Etilleur disait : Vous ren- 
dez entierement vain le précepte 


‘de Dieu, pour garder votre tradi- 


tion. 


53. Matt., xiv, 34. — (βαρ. VII. 2. Matt., xv, 2. — 6. Isaie, xxix, 13. 


53. * La terre de Génésareth. Voir note sur Matt., xiv, 34, 
56. * La frange de son vétement. Voir Matt., 1x, 20. 


2. Manger du pain. Voy., pour le vrai sens de cette expression, Matt., xv, 2 
3. * La tradition des anciens. Voir Matt., xv, 2. 

6. Ainsi qu'il est écrit; c'est-à-dire san ila écrit. Compar. Matt., xv, 7. 

8. * La tradition des homr:ces. Voir Matt., xv ,2. 


9439 

10. Car Moise a dit : Honore ton 
pere et ta mere. Et: Celui qui 
maudira son père ou sa mère, 
qu'il meure de mort. 

11. Mais vous, vous dites : Si 
un homme dit à son père ou à 
sa mere : Que tout corban (c'est- 
à-dire don) que je fais, tourne 
à votre profit, à satisfait à la 
loi. 

12. Et vous ne le laissez rien 
faire de plus pour son père ou 
pour sa mère, 

18. Abolissant le commande- 
ment de Dieu par votre tradition, 
que vous-même avez établie; et 
vous faites encore beaucoup de 
choses semblables. 

14. Et appelant de nouveau le 
peuple, il leur disait : Ecoutez- 
moi tous, et comprenez. 

15. Il n'est rien au dehors de 
l'homme, qui, entrant en lui 
puisse le souiller; mais ce qui sort 
de l'homme, c'est là ce qui souille 
l'homme. 

16. Si quelqu'un a des oreilles 
pour entendre, qu'il entende. 

17. Etant entré dans une mai- 
son apres avoir quitté le peuple, 
ses disciples l'interrogeaient sur 
cette parabole. 

48. Et il leur dit: Ainsi vous 
aussi, vous étes sans intelligence? 
Ne comprenez-vous point que 
toute chose du dehors entrant 
dansl homme, ne peutle souiller; 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


(cu. vu] 


19. Parce que cela n'entre point 
dans le cœur, mais va au ventre, 
el est jeté dans le lieu secret qui 
purifie tous les aliments? 

90. Mais, disait-il, ce qui sort 
de l'homme, c'estlà ce qui souille 
l'homme; 

91. Car c'est du dedans, du 
cœur des hommes, que sortent 
les mauvaises pensées, les adul- 
teres, les fornifications, les ho 
micides, 

99. Les larcins, lavarice, les 
méchancetés, la fraude, les im- 
pudicités, l'œil mauvais, le blas 
phème, l'orgueil, la folie. 

23. Toutes ces choses mauvaises 
viennent du dedans et souillent 
l'homme. 

91. Partant ensuite de là, il s'en 
alla sur les confins de Tyr et de 
Sidon; et étant entré dans une 
maison, il voulait que personne 
ne le süt, mais il ne put demeu- 
rer caché ; 

95. Car une femme dont la fille 
était possédée d'un esprit impur, 
sitót qu'elle eut oui dire qu'il 
était là, entra et se jeta à ses 
pieds. 

96. C'était une femme paienne 
syro-phénicienne de nation. Et 
elle le priait de chasser le démon 
hors de sa fille. 

97. Jésus lui dit : Laissez d'a- 
bord rassasier les enfants; car i) 
n'est pas bien de prendre le pain 


10. Exode, xx, 12; Deut., v, 16; Ephés., vi, 2; Exode, xxr, 17; Lévit., xx, 9; Prov., 
xx, 20. — 14. Matt., xv, 10. — 21. Genèse, vr, 5. — 24. Matt., xv, 21. 


nm 


10. Qu'il meure de mort. Voy., pour le sens de cette expression, Matt., xv, 4. 
18. Toute chose du dehors, etc. Voy. Matt., xv, 11, 
19. * Dans le cœur. Le cœur est considéré comme le siège et le centre de la vie 


spirituelle et intellectuelle, 


22. L'œil mauvais. Compar. Matt., xx, 15, pour la valeur de cette expression. 
24. * Sur les confins de Tyr et de Sidon. Voir Mare, ui, 8. 
21. De le jeler aux chiens. Voy. Matt., x, 26. 


[cu. viir.] 


des enfants et de le jeter aux 
chiens. 

28. Mais elle répondit et lui 
dit : Il est vrai, Seigneur; cepen- 
dant les petits chiens mangent 
sous la table les miettes des en- 
fants. 

29. Alors il lui dit : A cause de 
cette parole, allez; le démon est 
sorti de votre fille. 

30. Etlorsqu'elle revint dans sa 
maison, elle trouva sa fille cou- 
chée sur son lit, et que le démon 
était sorti. 

81. Quittant de nouveau les 
confins de Tyr, il vint par Sidon 
à la mer de Galilée, à travers le 
pays de la Décapole. 

32. Or on lui amena un sourd- 
muet, et onle suppliait de lui im- 
poser les mains. 

33. Le tirant dela foule à l'écart, 
il lui mit les doigts dans les 
oreilles, et toucha salangue avec 
de la salive; 

34. Puis levant les yeux au ciel, 
il soupira et dit : Ephphétha, c'est- 
ü-dire, ouvre-toi. 

39. Et aussitót ses oreilles s'ou- 
vrirent, et le lien de sa langue 
se rompit, et il parlait distincte- 
ment. 

96. Cependant il leur défendit 
de le dire à personne. Mais plus 
il le leur défendait, plus ils 16 pu- 
bliaient, 

91. Et plus ils étaient dans 
l'admiration, disant: Il a bien 
fait toutes choses; il a fait en- 
tendre les sourds et parler les 
muets. 


L'ÉVANGILE SELON. SAINT MARC. 


2433 


CHAPITRE VII. 


Multiplication des sept pains. Prodige de- 
mandé et refusé. Levain des pharisiens. 
Guérison d'un aveugle. Confession de 
saint Pierre, Passion prédite. Saint 
Pierre repris. Croix et renoncement à 
soi-méme. 


1. En ces jours-là, comme la 
multitude était grande encore et 
n'avait pas de quoi manger, il 
appela ses disciples et leur dit : 

2. J'ai pitié de cette multitude; 
car voilà déjà trois jours qu'ils 
sont constamment avec moi, et 
ils n'ont pas de quoi manger; 

3. Et si je les renvoie à jeun 
dans leurs maisons. ils tomberont 
de défailance en chemin, car 
quelques-uns d'entre eux sont 
venus de loin. 

4. Ses disciples lui répondirent : 
Comment pourrait-on les rassa- 
sier de pain ici, dans le désert? 

9. Et illeur demanda : Combien 
de pains avez-vous? Sept, répon- 
dirent-ils. 

6. Alors il commanda au peu- 
ple de s'asseoir àterre; puis ayant 
pris les sept pains etrendu gráces, 
illes rompitetles donna à ses dis- 
ciples pour les servir, et ils les 
servirent à la multitude. 

7.115 avaient en outre quelques 
petits poissons; il les bénit aussi, 
et les fit servir. 

8. Ils mangerent done, et ils 
furent rassasiés; et ses disciples 
emportèrent ce qui était resté de 
morceaux, sept corbeilles. 

9. Or ceux qui mangèrent 


32. Matt., 1x, 32. — Car. VIII. 1. Matt., xv, 32. 
-——————————Ó—————M———Á—M RARE 


31. * Le pays de ia Décapole. Voir Matt., 1v, 25. 
34. Ouvre-toi. Ces paroles sont directement adressées à la personne du sourd et 
muet” mais dans le sens logique, elles se rapportent a sa bouche et à ses oreilles, 


N. T. 


193 


TS 


2434 
étaient environ quatre mille : et 
il les renvoya. 

10. Montant aussitôt dans la 
barque avec ses disciples, il vint 
dans le pays de Dalmanutha. 

11. Alors les pharisiens étant 
venus, commencèrent à disputer 
avec lui, lui demandant un pro- 
dige dans le ciel pour le tenter. 

12. Mais gémissant au fond du 
cœur, ildit : Pourquoi cette gé- 
nération demande-t-elle un pro- 
dige? En vérité, je vous le dis, il 
ne sera point aecordé de prodige 
à cette génération. 

13. Et, les laissant, il monta de 
nouveau dans la barque et passa 
de l'autre cóté de la mer. 

14. Or Les disciples avaient ou- 
blié de prendre des pains, et ils 
n'avaient qu'un seul pain avec 
eux dans la barque. 

45. Et il leur commandait, di- 
sant: Gardez-vous avec soin du le- 
vain des pharisiens et du levain 
d'Hérode. 

16. Delàilss'entretenaiententre 
eux, disant : C'est parce que nous 
n'avons point de pains. 

11. Ce qu'ayant connu, Jésus 
leur dit : Pourquoi vous entrete- 
nez-vous de ce que vous n'avez 
point de pain? N'avez-vous donc 
encore ni sens ni intelligence ? 
Avez-vous donc toujours le cœur 
aveuglé ? 

18. Ayant des yeux, ne voyez- 
vous point? ayant des oreilles, 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


[cH. vi] 
n'entendez-vous point? et avez- 
vous perdu tout souvenir? 

19. Quand je rompis les cinq 
painspourles cinq mille hommes, 
combien de paniers emportâtes- 


vous pleins de morceaux ? Douze, . 


lui dirent-ils. 


20. Et quand je rompis les sept : 


pains pour les quatre mille 
hommes, combien emportâtes- 
vous de corbeilles pleines de 
morceaux ? Sept, lui dirent-ils. 

21. Et il ajouta : Comment ne 
comprenez-vous point encore? 

22. Lorsqu'ils arriverent à Beth- 
saide, on lui amena un aveugle, 
et on le priait de le toucher. 

99. Or, prenant la main de 
l'aveugle, il le conduisit hors du 
bourg, mit de la salive sur ses 
yeux; et lui ayant imposé les 
mains, il lui demanda s'il voyait 
quelque chose. 

24. Celui-ci regardant, dit : Je 
vois les hommes qui marchent 
semblables à des arbres. 

98. Jésus lui mit de nouveau 
les mains surles yeux, et il com- 
menca à voir, et il fut guéri, de 
sorte quil voyait clairement 
toutes choses. 

26. Alors il le renvoya à sa mai- 
son, disant : Va dans ta maison; 
et si tu entres dans le bourg, ne 
dis rien à personne. 

27. De là Jésus se rendit avec 
ses disciples dans les villages de 
Césarée de Philippe; en chemin 


1l. Matt., xvi, 1; Luc, xi, 54. — 14. Matt., xvi, 5. — 18. Supra, vi, 41; Jean, vi, 41. 


— 21. Matt., xvi, 13; Luc, 1x, 18. 


10. * Dalmanutha est, selon les uns, à l'est du lac de Tibériade ; selon d'autres; à 
l'ouest dans le voisinage de Magdala. Voir Matt., xv, 39. 
15. * Du levain d'Hérode Antipas. Voir Matt., xiv, 4. 


22, * Bethsaide. Voir Matt., xr, 21. 


21. * Césarée de Philippe. Voir note sur Matt., xvi, 13. 


« 
T 


|cH. 1x.] 
ilinterrogeaitses disciples,disant: 
Qui dit-on que je suis? 

28. Ils lui répondirent, en di- 
sant: Jean-Baptiste; d'autres, Elie; 
d'autres, comme un des pro- 
phètes. 

29. Alors il leur demanda : Mais 
vous, qui dites-vous que je suis? 
Pierre, prenant la parole, lui dit : 
Vous étes le Christ. 

30. Et il leur défendit avec me- 
nace dele dire à personne. 

91. Il commenca en méme 
temps à leur enseigner qu'il fal- 
lait que le Fils de l'homme souf- 
frit beaucoup; quil füt rejeté 
par les anciens, par les princes 
des prétres et par les scribes; 
quil füt mis à mort, et qu'apres 
trois jours il ressuscitát. 

32. Etilen parlaitouvertement. 
Alors Pierre, le tirant à part, 
commenca à le reprendre. 

39. Mais Jésus, se retournant et 
regardant ses disciples, gour- 
manda Pierre, disant : Retire-toi 
de moi, Satan, parce que tu ne 
goütes pas ce qui est de Dieu, 
mais ce qui est des hommes. 

34. Et appelant le peuple avec 
ses disciples, il leur dit : Si 
quelqu'un veut me suivre, qu'il 
renonce à lui-méme, qu'il porte 
sa croix et me suive. 

35. Car qui voudra sauver son 
àme, la perdra; et qui perdra son 
àme à cause de moi et de l'Evan- 
gile la sauvera. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


2435 

36. Et que servira à l'homme 
de gagner le monde entier, s’il 
perd son âme ? 

37. Ou que donnera l'homme 
en échange de son âme ? 

38. Car celui qui aura rougi de 
moietdemes paroles,au milieu de 
cette génération adultere et pé 
cheresse, le Fils de l'homme aussi 
rougira de lui, lorsqu'il viendra 
dans la gloire de son Pere avec 
les anges saints. 

39. Il leur disait encore : En 
vérité, je vous le dis, il y en a 
parmi ceux ici présents qui ne 
goüteront pas de la mort, qu'ils 
n'aient vu le royaume de Dieu 
venant dans sa puissance. 


CHAPITRE IX. 


Transfiguration de Jésus-Christ. Avene- 
ment d'Elie. Guérison d'un enfant pos- 
sédé. Jésus-Christ prédit sa passion. 
Qui sera le plus grand? Fuir le scan- 
dale. 


1. Six jours apres, Jésus prit 
Pierre, Jacques et Jean, et il les 
conduisit seuls à l'écart sur une 
haute montagne, et il fut transfi- 
guré devant eux. 

2. Ses vêtements devinrent res- 
plendissants et trés blancs comme 
la neige, d'une blancheur telle, 
qu'aucun foulon sur la terre ne 
pourrait l'égaler. 

3. Et Elie leur apparut avec 
Moise; et ils s’entretenaient avec 
Jésus. 


34. Matt., x, 38, et xvi, 24; Luc, 1x, 28 ot xiv, 27. — 35. Luc, טא‎ 33; Jean, 
xi, 20. — 38. Matt., x, 33; Luc, IX, 26 et'xm, 9. — 39. Matt., xvr, 28; Luc, 1x, 27. — 


Cap. IX. 1. Matt., xvi, 1; Luc, 1x, 28. 


c Isa רל‎ MO aem o i1 


31. * Les anciens. Voir la note sur Matt., xvi, 21. — Les princes des prélres el les 


stribes. Voir les notes sur Matt., 11, 4. 


33. Car qui voudra sauver, etc. Compar. Matt., x, 39. 
39. * IL yen a... qui ne goüterontpas de la mort, etc. Voir la note sur Matt., xvi, 28, 
1. * Sur une haute montagne. Voir note sur Matt., xvii, 4. 


2436 

4. Alors, prenant la parole, 
Pierre dit à Jésus : Maitre, il nous 
est bon d'étre ici. Faisons trois 
tentes, une pour vous, une pour 
Moise, et une pour Elie. 

5. Car il ne savait ce qu'il disait, 
parce qu'ils étaient saisis de 
crainte. 

6. Gependant il se fit une nuée 
qui les couvrit de son ombre; et 
il vint de la nuée une voix disant: 
Celui-ci est mon fils bien-aimé; 
écoutez-le. 

7. Et aussitót, regardant tout 
autour, ils ne virent plus per- 
sonne, si ce n'est Jésus seul avec 
eux. 

8. Mais lorsqu'ils descendaient 
dela montagne, il leur comman- 
da de ne raconter à personne ce 
qu'ils avaient vu, jusqu'à ce que 
le Fils de l'homme füt ressuscité 
d'entre les morts. 

9. Et ils gardèrent cette parole 
en eux-mémes, se demandant 
ce que voulait dire : Jusqu'à ce 
qu'il fût ressuscité d'entre les 
morts. 

10. Et ils l'interrogeaient, di- 
sant : Pourquoi donc les phari- 
siens et les scribes disent-ils qu'il 
faut qu'Elie vienne auparavant? 

11. Jésus répondant, leur dit : 
Elie viendra auparavant, et il ré- 
tablira toutes choses ; et, comme 
il est écrit du Fils de l'homme, il 
faudra qu'il souffre beaucoup et 
qu'il soit rejeté avec mépris. 

12. Mais je vous dis qu'Elie est 
déjà venu (et ils lui ont fait tout 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


[cu. 1x.] 
ce qu'ils ont voulu), ainsi qu'il est 
écrit de lui. 

13. Et venant vers ses disciples, 
il vit une grande foule autour 
d'eux, et des scribes disputant 
avec eux. 

14. Aussitôt tout le peuple aper- 
cevant Jésus, fut saisi d'étonne- 
mentet de frayeur; et, accourant, 
ils le saluaient. 

45. Alors il leur demanda : 6 
quoi disputez-vous ensemble? 

16. Et un homme de la foule 
prenant la parole, dit : Maitre, je 
vous ai amené mon fils, qui a en 
lui un esprit muet; 

17. Lequel, partout où il s'em- 
pare de lui, le brise contre terre, 
et lenfant écume, grince des 
dents, et il se desseche. J'ai dit à 
vos disciples de le chasser, mais 
ils ne l'ont pu. 

18. Jésus, s'adressant à eux, 
dit : O race incrédule, jusqu'à 
quand serai-je avec vous? jusqu'à 
quand vous supporterai-je? Ame- 
nez-le-moi. 

19. Et ils le lui amenerent. Or 
sitót qu'il eut vu Jésus, l'esprit le 
tourmenta; et, brisé contre terre, 
il se roulait en écumant. 

20. Jésus demanda à son pere : 
Combien y a-t-il de temps que 
cela lui arrive? Depuis son en- 
fance, dit le pere. 

91. Souvent il l'a jeté dans le 
feu et dans l'eau pour le faire pé- 
rir; mais si vous pouvez quelque 
chose, ayez pitié de nous et se- 
courez-nous. 


8. Matt., xvir, 9. — 10. Mal., 1v, 5. — 11. Isaie, Lr, 3, 4. — 12. Matt., xvii, 12. — 


16. Luc, 1x, 38. 


4.* Maitre. Le texte latin porte Rabbi. Voir sur Rabbi la note sur saint Jean, 1, 38. 
12. * Elie est déjà venu. Saint Jean-Baptiste. 


11, Contre terre. Voy. le verset 19. 


[cu. 1x.) 


92. Jésus lui dit : Si tu peux 
croire, tout est possible à celui 
qui croit. 

28. Et aussitót le pere de l'en- 
fant s'écria, disant avec larmes : 
Je crois, Seigneur; aidez mon in- 
crédulité. 

24. Et Jésus voyant une foule 
qui accourait, menaca l'esprit 
impur, lui disant : Esprit sourd et 
muet, je te le commande, sors de 
cet enfant et n'y rentre plus. 

25. Et poussant un grand cri et 
le déchirant violemment, il sortit 
de l'enfant qui devint comme 
mort; de sorte que beaucoup di- 
saient : Il est mort. 

26. Mais Jésus, prenant sa main 
et le soulevant, il se leva. 

27. Et lorsque Jésus fut entré 
dans une maison, ses disciples 
lui demandèrent en secret : Pour- 
quol, nous, n'avons-nous pu le 
chasser? 

28. Il leur dit : Ce genre de dé- 
mons ne peut se chasser que par 
la priere et le jeüne. 

29. Etant partis de là, ils traver- 
serent la Galilée; et il ne voulait 
pas que personne 16 sát. 

30. Cependant il instruisait ses 
disciples, et leur disait : Le Fils 
de l'homme sera livré entre les 
mains des hommes, et ils le tue- 
ront, et le troisième jour après 
sa mort, il ressuscitera. 

91. Mais ils ne comprenaient 
point cette parole, et ils crai- 
gnaient de l'interroger. 

32. Ils vinrent ensuite à Caphar- 
naüm; et, lorsqu'ils furent dans 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


2437 
la maison, il leur demanda : Que 
discutiez-vous en chemin? 

33. Et ils se taisaient, parce que 
dans le chemin ils avaient disputé 
ensemble qui d'entre eux était le 
plus grand. 

94. Et, s'étant assis, il appela 
les douze, et leur dit : Si quel- 
qu'un veut étre le premier, il sera 
le dernier de tous et le serviteur 
de tous. 

98. Puis, prenant un enfant, il 
le mit au milieu d'eux; et apres 
l'avoir embrassé, il leur dit : 

36. Quiconque reçoit en mon 
nom un petit enfant comme celui- 
ci, me reçoit; et quiconque me 
reçoit, reçoit non pas moi, mais 
celui qui m'a envoyé. 

97. Jean, prenant 18 parole, lui 
dit : Maitre, nous avons vu quel- 
qu'un qui chassait les démons en 
votre nom, et qui ne nous suit 
pas, et nous l'en avons empé- 
ché. 

38. Mais Jésus leur répondit : 
Ne l'en empéchez point; caril n'y 
a personne qui fasse un miracle 
en mon nom, et qui puisse incon- 
tinent mal parler de moi; 

39. Car qui n'est pas contre 
vous, est pour vous. 

40. Et quiconque vous donnera 
un verre d'eau en mon nom, parce 
que vous étes au Christ, en vérité, 
je vous le dis, il ne perdra point 
sa récompense. 

41. Mais quiconque scandali- 
sera un de ces petits qui croient 
en moi, il vaudrait mieux pour 
lui que l'on mit autour de son 


30. Matt., xvir, 21 ; Luc, 1x, 22, 44. — 33. Matt., xvii, 4; Luc, 1x, 46. — 37. Luc, Ix, 49. 
38. I Cor., xir, 3. — 40. Matt., x, 42. — 41. Matt., xviu, 6; Luc, xvu, 2. 


33. * A Capharnaüm. Voir Matt., 1v, 13. 


41. * Une meule de moulin. Voir note sur Matt., ,טא‎ 6. 


2438 
cou une meule de moulin, et 
qu'on le jetât dans la mer. 

49. Que si votre main vous 
scandalise, coupez-la : il vaut 
mieux pour vous entrer dans la 
vie, privé d'une main, que d'al- 
ler, ayant deux mains, dans la 
géhenne du feu qui ne peut s'é- 
teindre, 

43. Où leur ver ne meurtpoint, 
et leur feu ne s'éteint pas. 

44. Et si votre pied vous scan- 
dalise, coupez-le : 1] vaut mieux 
pour vous entrer, privé d'un pied, 
dans la vie éternelle, que d'étre 
jeté, ayant deux pieds, dans la 
géhenne du feu qui ne peut s'é- 
teindre, 

45. Oü leur ver ne meurt point, 
et leur feu ne s'éteint pas. 

46. Que si votre œil vous scan- 
dalise, arrachez-le : il vaut mieux 
pour vous entrer, privé d'un cil, 
dans le royaume de Dieu, que 
d'étre jeté, ayant deux yeux, dans 
la géhenne du feu, 

47. Où leur ver ne meurt point, 
et leur feu ne s'éteint pas. 

48. Car tous seront salés par le 
feu, comme toute victime doit 
étre salée par le sel. 

49. Le sel est bon; mais si le 
sel perd sa vertu, avec quoi l'as- 
saisonnerez-vous? Ayez du sel en 
vous, et conservez la paix entre 
vous. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


(ca. x.] 


CHAPITRE X. 


Indissolubilité du mariage. Enfants pré- 
sentés à Jésus-Christ. Conseil de perfec- 
tion. Salut des riches difficile. Récom- 
pense promise à ceux qui quittent tout 
pour Jésus-Christ. Passion prédite. De- 
mande des enfants de Zébédée. Domi- 
nation interdite. Guérison d'un aveugle 
prés de Jéricho. 


1. Partant de là, il vint aux con- 
fins de la Judée, au delà du Jour- 
dain; et le peuple s'assembla de 
nouveau pres de lui, et, selon sa 
coutume, il recommenca à les 
instruire. 

9. Et les pharisiens s'appro- 
chant, lui demandèrent sl est 
permis à un homme de renvoyer 
sa femme; c'était pour le ten- 
ter. 

3. Mais Jésus répondant, leur 
dit : Que vous a ordonné Moïse? 

4. 115 répliquèrent: Moïse a per- 
mis d'écrire un acte de répudia- 
tion, et de la renvoyer. 

5. Jésus leur répondant, dit : 
C'est à cause de la dureté de vo- 
tre cœur, qu'il vous a écrit ce 
précepte. 

0. Mais au commencement de 
la création, Dieu fit un homme et 
une femme. 

7. C'est pourquoi l’homme quit- 
tera son pere et sa mère, et s'at- 
tachera à sa femme; 

8. Et ils seront deux dans une 


42, Matt., v, 30; xvi, 8. — 45. Isaie, Lxvi, 24. — 48. Lév., it, 13. — 49. Matt., v, 13; 
Luc, xiv, 34. — .ג‎ X. 1. Matt., xix, 1. — 4. Deut., xxiv, 1. — 6. Genèse, 1, 27. — 
7. Genèse, ir, 24; Matt., xix, 5; 1 Cor., vii, 10; Ephés., v, 31. — 8. I Cor., vr, 16. 


49. La vie; c'est-à-dire la vie éternelle. Compar. le verset 44. — La géhenne. Voy. 


Matt., v, 22. 


43. Leur ver, etc.; c'est-à-dire le ver qui ronge ceux qui sont dans l'enfer. C'est une 


citation d'Isaie (Lxvr, 24). 


1. * De là, de Capharnaüm. — Aux confins de la Judée, vers Jérusalem. — Au delà 
du Jourdain, en passant par la Pérée, à l'est du Jourdain, pour ne pas traverser la 


Samarie, pays hostile aux Juifs, 


[cn.. x.] 


seule chair. Ainsi ils ne sont plus 
deux, mais une seule chair. 

9. Ce que Dieu done a uni, que 
l'homme ne le sépare point. 

10. Dans la maison, ses disci- 
ples l'interrogeérent encore sur le 
méme sujet. 

4. Et il leur dit: Quiconque 
renvoie sa femme et en épouse 
une autre, commet un adultere 
àlégard de celle-là. 

19. Et si une femme quitte son 
mari et en épouse un autre, 
elle se rend adultere. 

13. Cependant on lui présen- 
tait de petits enfants pour quil 
les touchát. Mais ses disciples me- 
nacaient ceux qui les présen- 
taient. 

14. Jésus, les voyant, fut indi- 
gné, et leur dit : Laissez ces pe- 
tits enfants venir à moi, et ne les 
en empéchez point; car à de tels 
est le royaume de Dieu. 

15. En vérité, je vous le dis : 
Quiconque n'aura point recu le 
royaume de Dieu comme un pe- 
tit enfant, n'y entrera point. 

16. Et les embrassant et impo- 
sant les mains sur eux, il les bé- 
nissait. 

17. Comme il se mettait en 
chemin, quelqu'un accourant et 
fléchissant le genou, lui de- 
manda: Bon maitre, que ferai-je 
pour avoir la vie éternelle? 

18. Jésus lui répondit : Pour- 
quoi m appelles-tu bon? Nul n'est 
bon, que Dieu seul. 

19. Tu connais les commande- 
ments: Ne commets point d'a- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


2439 
dultàre; ne tue point; ne dérobe 
point; ne rends point de faux té- 
moignage; ne fais point de 
fraude; honore ton père et ta 
mere. 

20. Mais le jeune homme re- 
prenant la parole, lui dit : Maitre, 
jai observé tous ces préceptes 
dès ma jeunesse. 

21. Jésus, l'ayant . regardé, 
l'aima, et lui dit : Une seule chose 
te manque ; va, vends tout ce que 
tu as, donne-le aux pauvres, et 
tu auras un trésor dans le ciel : 
puis viens et suis-moi. 

22. Mais, affligé de cette parole, 
il s’en alla triste, car il avait de 
grands biens. 

93. Alors Jésus regardant au- 
tour de lui, dit à ses disciples : 
Qu'il est difficile que ceux qui ont 
des richesses entrent dans le 
royaume de Dieu! 

24. Or ses disciples étaient 
tout étonnés de ce discours ; mais 
Jésus prenant de nouveau la 
parole, leur dit : Mes enfants 
bien-aimés, qu'il est difficile à 
ceux qui se confient dans les ri- 
chesses, d'entrer dans leroyaume 
de Dieu! 

25. Il est plus facile à un cha- 
meau de passer pàr le chas d'une 
aiguille, qu'à un riche d'entrer 
dans le royaume de Dieu. 

26. Et ils demeuraient encore 
plus étonnés, se disant l’un à 
l'autre : Et qui peut donc être 
sauvé ? 

27. Mais Jésus les regardant, 
dit : Aux hommes, cela estimpos- 


17. Matt., xix, 16; Luc, xvii, 18. — 19. Exode, xx, 13. 


A4. Car à de tels, etc. Voy. sur cette traduction Matt., xix, 14. 
11. Quelqu'un. D'après saint Matthieu (xix, 20, 22), c'était un jeune homme, 
25. Il est plus facile, etc. Compar. Matt., xix, 24 


2410 
81216, mais non pas à Dieu; car 
tout est possible à Dieu. 

98. Alors Pierre se mit à lui 
dire : Voici que nous avons, 
nous, tout quitté pour vous sui- 
vre; 

29. Jésus répondant, dit: En 
vérité, je vous le dis, nul n'aura 
quitté maison, ou frères, ou 
sœurs, ou pere, ou mère, ou fils, 
outerres à cause de moi et à cause 
de l'Evangile, 

30. Qui ne recoive maintenant, 
en ce temps méme, cent fois au- 
tant de maisons, de freres, de 
sœurs, de mères, de fils et de ter- 
res, avec des persécutions, et, 
dans le siècle à venir, la vie éter- 
pelle. 

31. Mais beaucoup de premiers 
seront les derniers, et beaucoup 
de derniers, les premiers. 

39. Or ils étaient en chemin 
pour monter à Jérusalem; Jésus 
marchait devant eux, et ils en 
étaient tout étonnés, etils le sui- 
vaient pleins de crainte. Et pre- 
nant encore à part les douze, il 
commença à leur dire ce qui de- 
vait lui arriver. 

33. Voilà que nous montons à 
Jérusalem, et le Fils de l’homme 
sera livré aux princes des prétres, 
aux scribes et aux anciens ; ils le 
condamneront à mort, et le livre- 
ront aux gentils ; 

34. Et ils l'insulteront, crache- 
ont sur lui, le flagelleront, et le 
ueront; et le troisième jour il 

-essuscitera. 

35. Alors s'approcherent de lui 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


[cn. x.] 


Jacques et Jean, fils de Zébédée, 
disant : Maitre, nous voudrions 
que lout ce que nous vous de- 
manderons, vous le fissiez pour 
nous. 

36. Mais il leur répondit : Que 
voulez-vous que je fasse pour 
vous? 

97. Et ils dirent : Accordez- 
nous que nous soyons assis l'un 
à votre droite et l'autre à votre 
gauche, dans votre gloire. 

38. Mais Jésus leur dit : Vous 
ne savez ce que vous deman 
dez : pouvez-vous boire le 6% 
lice que je bois, ou étre bapti- 
sés du baptéme dont je suis bap 
lisé? 

99. Ils lui répondirent : Nous le 
pouvons. Mais Jésus leur dit: A 
la vérité, le calice que je bois, 
vous le boirez, et vous serez bap- 
lisés du baptéme dont je suis 
baptisé ; 

40. Mais d'étre assis à ma droite 
ou àma gauche, il ne m'appar- 
tient pas de vous l'aecorder à 
vous, mais à ceux à qui il a été 
préparé. 

41. Or, entendant cela, les dix 
s'indignerent contre Jacques et 
Jean. 

42. Mais Jésus les appelant, dit : 
Vous savez que ceux qui passent 
pour régner sur les nations, les 
dominent, et que leurs princes 
ont puissance sur elles. 

43. 11 n'en est pas ainsi parmi 
vous; mais quiconque voudra de- 
venir le plus grand, sera votre 
serviteur; 


28. Matt., xix, 27; Luc, xviu, 28.-— 31. Matt, xix, 80, — 32. Luc, xvrr, 91. — 


35. Matt., xx, 20. — 42. Luc, xxnr, 25. 


4t. Les dix; c'est-à-dire les dix autres apôtres. 


— 


[cu. xi.] 


premier parmi vous, sera le ser- 
viteur de tous. 

45. Carle Filsdel'homme méme 
n'est pas venu pour étre servi, 
mais pour servir, et donner sa vie 
pour la rédemption d'un grand 
nombre. 

46. Ils vinrent ensuite à Jéri- 
cho; et comme il partait de Jéri- 
cho avec ses disciples et avec une 
grande multitude, le fils de Timée, 
Bartimée l'aveugle, qui était assis 
sur le bord du chemin, deman- 
dant l'aumóne, 

41. Ayant entendu que c'était 
Jésus de Nazareth, se mit à crier, 
disant : Jésus, fils de David, ayez 
pitié de moi! 

48. Nombre de personnes le 
menacaient pour le faire taire; 
mais lui criait beaucoup plus en- 
core : Fils de David, ayez pitié de 
moi! 

49. Alors Jésus, s'arrétant, or- 
donna qu'on l'appelàt. On appela 
donc l'aveugle en lui disant : Aie 
confiance, lève-toi, il t'appelle. 

50. Celui-ci, jetantson manteau, 
s'élanca et vint à Jésus. 

51. Et Jésus lui demanda : Que 
veux-tu que je te fasse? L'aveu- 
gle lui répondit : Maitre, que je 
voie. 

89. Va, lui dit Jésus, ta foi t'a 
guéri. Et aussitót il vit, et il le 
suivait dans le chemin. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 
44. Et quiconque voudra être le : 


CHAPITRE Xt. 


Entrée dans Jérusalem. Figuier maudit. 
Vendeurs chassés du temple. Puissance 
de la foi. Autorité de Jésus. Baptéme de 
Jean. 


1. Comme ils approchaient de 
Jérusalem et de Béthanie, pres du 
mont des Oliviers, il envoya deux 
de ses disciples, 

2. Et il leur dit : Allez à ce vil- 
lage qui est devant vous; et dès 
que vous y serez entrés, vous 
trouverez un ânon lié, sur lequel 
aucun homme ne s'est encore 
assis; déliez-le, et me l'amenez. 

3. Et si quelquun vous de- 
mande : Que faites-vous? dites 
que le Seigneur en a besoin, 
et aussitót il le laissera amener 
ici. 

4. S'en étant donc allés, ils trou- 
verent l'ànon lié dehors, devant 
la porte entre deux chemins, et 
ils 16 délierent. 

5. Et quelques-uns de ceux qui 
élaientlàleur disaient: Que faites- 
vous, déliant cet ànon? 

6. Ils leur répondirent comme 
Jésus le leur avait commandé, et 
on le leur laissa. 

1. Et ils amenerent l'ànon à Jé- 
sus, et ils le couvrirent de leurs 
vétements, et il monta dessus. 

8. Beaucoup de personnes aussi 
étendirentleurs vétementslelong 
de la route; d'autres coupaient 


46. Matt., xx, 29; Luc, xvii, 35. — (πὰρ. XI, 1. Matt, xxi 1; Luc, xix, 29 — 


1. Jean, xr, 14. 


ἀξ, Et quiconque, etc. Le Seigneur, par ces paroles, ne condamne pas la préémi- 
nence d'autorité; 11 blàme seulement le sentiment qui nous fait ambitionner la su- 


périorité et la domination sur les autres. 


49. D'un grand nombre. Voyez, pour le vrai sens de cette expression, Matt. xx, 28. 
1. * Béthanie. Voir Matt., xxi, 17. — Près du mont des Oliviers. Voir la note sur 


Matt., xxi, 1. 


2442 


chaient le chemin. 

9. Et ceux qui marchaient 
devant, et ceux qui. suivaient 
criaient, disant : Hosanna! 

10. Béni celui qui vientau nom 
\ du Seigneur; béni le règne qui 
arrive de notre père David; ho- 
sanna au plus haut des cieux! 

11. Et il entra à Jérusalem, dans 
le temple, et aprés avoir regardé 
touteschoses,commel'heure était 
déjà fort avancée, il se retira à 
Béthanie avec les douze. 

19. Le lendemain, comme ils 
sortaient de Béthanie, il eut 
faim. 

13. Or, voyant deloin un figuier 
qui avait des feuilles, il vint pour 
voir s'il y trouverait quelque fruit. 
Mais, lorsqu'il s'en fut approché, 
il n’y trouva que des feuilles, 
car ce n'était pas le temps des 
figues. 

14. Alors prenant la parole, il 
lui dit : Que jamais personne ne 
mange plus de fruit de toi! Etses 
disciples l'entendaient. 

15. lls vinrent ensuite à Jéru- 
salem. Or étant entré dans le 
temple, il commença à chasser 
ceux qui vendaient et achetaient 
dans le temple; il renversa méme 
les tables des changeurs et les 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 
des branches d'arbres, et en jon- | 


[cn, xr.] 
sieges de ceux qui vendaient des 
colombes. 

16. Et il ne souffrait pas que 
personne transportât d'objet par 
le temple. 

47. Il enseignait aussi, leur di- 
sant : N'est-il pas écrit : Ma mai- 
son sera appelée maison de prière 
pour toutes les nations? Et vous, 
vous en avez fait une caverne de 
voleurs. | 

18. Ce qu'ayant entendu, les 
princes des prétres et les scribes 
cherchaient comment ils le per- 
draient; car ils le craignaient, 
parceque tout le peuple était dans 
l'aámiration de sa doctrine. 

19. Lorsque le soir était venu, 
il sortait de la ville. 

20. Et comme le lendemain ma- 
ln ils passaient, ils virent le 
fieuier desséché jusqu'à la ra- 
cine. 

21. Alors Pierre se ressouve- 
nant, lui dit : Maitre, voilà que le 
figuier que vous avez maudit a 
séché. 

99. Et Jésus répondant, leur 
dit : Ayez foi en Dieu. = 

23. En vérité, je vous dis que 
quiconque dira àcette montagne: 
Lève-toi, et jette-toi dans la mer, 
et n'hésitera point dans son cœur, 
mais croira que tout ce qu'il aura 


9. Ps. cxvr, 26; Matt., xxi, 9; Luc, xix, 88. — 11. Matt., xxr, 10. — 13, Matt., xxt, 49. 
— 17. Isaïe, ivt d; Jérémie, vit, 11. — 22. Matt., xxi, 21. 


9. Hosanna. Voy. note sur Matt., xxr, 9. 

11. * Il entra à Jérusalem par la porte Dorée, à l'est. 

16. * Il ne souffrait pas que personne transportát d'objet par le temple. « L'enceinte 
du temple était traversée par les piétons qui voulaient descendre dans la vallée de 
Josaphat. Il en est encore de méme aujourd'hui; mais, au lieu de sortir par la porte 
Dorée qui est toujours fermée, on sort par une porte latérale auprés de la grande 
piscine. [Jésus-Christ regarde] comme un manquement de respect, non seulement de + 
vendre les colombes des sacrifices, mais d'y tenir de petits comptoirs de change de 
monnaie, et de porter des paquets à travers le parvis extérieur. » (J.-H.MicRON.) 

11. Ma maison, etc. Voy. Matt., v, 19 et xxr, 13. 

21. * Le figuier a séché. Voir Matt., xxr, 19. 


[cu. xu.] 
dit se doit faire, il lui sera réelle- 
ment fait. 

24. C'est pourquoi je vous le 
dis : Tout ce que vous demande- 
rez dans la prière, croyezque vous 
l'obtiendrez, et il vous arrivera. 

95. Et quand vous serez pour 
prier, pardonnez, si vous avez 
quelque chose contre quelqu'un, 
afin que votre Père, qui est dans 
les cieux, vous pardonne aussi 
vos péchés. 

26. Car si vous ne pardonnez 
point vous-mémes, votre Père 
qui est dans les cieux ne vous 
pardonnera point non plus vos 
péchés. 

97. Ils vinrent de nouveau à Jé- 
rusalem; et comme il se prome- 
nait dans le temple, les princes 
des prétres, les scribes et les an- 
ciens s'approcherent de lui, 

98. Et lui dirent : Par quelle au- 
torité faites-vous ces choses, et 
qui vous ἃ donné ce pouvoir de 
les faire? 

29. Jésus, répondant, leur dit : 
Je vous ferai, moi aussi, une de- 
mande ; répondez-moi, et je vous 
dirai par quelle autorité je fais ces 
choses. 

30. Le baptéme de Jean était-il 
du ciel ou des hommes? Répon- 
dez-moi. 

31. Mais eux pensaient en eux- 
mémes, disant: Si nous répon- 
dons : Du ciel, il dira : Pourquoi 
done n’y avez-vous pas cru? 

39. Si nous répondons : Des 
hommes, nous avons à craindre 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


2443 


| le peuple; car tous croyaient que 


Jean était vraiment prophete. 

33. Répondant donc, ils dirent 
à Jésus : Nous ne savons. Et ré- 
pliquant, Jésus leur dit : Ni moi 
non plus, je ne vous dispar quelle 
autorité je fais ces choses. 


CHAPITRE XII. 


Parabole des vignerons homicides et de 
la pierre angulaire. Rendre à César ce 
qui est à César. Résurrection des morts. 
Vie angélique. Amour de Dieu et du 
prochain. Le Messie Fils et Seigneur de 
David. Scribes superbes. Veuve donnant 
de son nécessaire. 


1. Etil commença à leur parler 
en paraboles : Un homme planta 
une vigne;ill'entoura d'une haie, 
creusa un pressoir, y bâtit une 
tour; illaloua ensuiteà des vigne- 
rons, et partit pour un voyage. 

2. Or, enlasaison,ilenvoyaaux 
vignerons un serviteur pour rece- 
voir d'eux du fruit dela vigne. 

3. Mais s'étant saisis de lui, ils 
le déchirèrent de coups, etle ren- 
voyerent les mains vides. 

4.11 leur envoya de nouveau un 
autre serviteur, et ilsle blesserent 
à la tête, et l'accablerent d'ou- 
trages. 

9. il en envoya encore un autre, 
et ils le tuèrent; ensuite plusieurs 
autres, dont ils déchirerentles uns 
de coups, et tuèrent les autres. 

6. Enfin, ayant un fils unique 
qui lui était trés cher, il le leur 
envoya le dernier, disant: Ils res- 
pecteront mon fils. 

1. Mais les vignerons se dirent 


24. Matt., vu, 7; xx1, 22. — 25. Matt., vr, 14; xvirt, 35; Luc, ΧΙ, 9. — 28. Luc, xx, 1. — 
Cnuar. XII. 1. 15810, v, 1; Jérémie, n, 21; Matt., xxr, 33; Luc, x, 9. 


mn‏ ההק ה חן 


91. Dans le temple; c'est-à-dire dans le parvis du temple. Compar. Jean, x, 23. 
3-5. Ils déchirèrent. Voy. sur cette expression Matt., xxr, 35. 


2444 
l'un à l'autre : Celui-ci est l'héri- 
tier; venez, tuons-le, et nôtre sera 
l'héritage. 

8. Ainsi, l'ayant pris, ils le 
Luerent et le jetèrent hors de la 
vigne. 

9. Que fera donc le maitre de la 
vigne?ll viendra, exterminera les 
vignerons, et donnera la vigne à 
d'autres. 

10. N'avez-vous point lu cette 
parole de l'Ecriture : La pierre 
qu'ont rejetée ceux qui bátissaient 
est devenue un sommet d'angle; 

11. C'est le Seigneur qui ἃ fait 
cela, etc'est admirableànos yeux? 

19. Des lors ils cherchaient à se 
saisir de lui; mais ils craignaient 
le peupie; ils reconnurent, en 
effet, que c'était à eux qu'il avait 
appliqué cette parabole. Ainsi le 
laissant, ils s'en allerent. 

13. Mais ils envoyerent vers lui 
quelques-uns des pharisiens et 
des hérodiens, pourle surprendre 
dans ses paroles; 

14. Lesquels étant venus, lui 
dirent : Maitre, nous savons que 
vous êtes véridique, et que vous 
n'avez égard à quique ce soil; car 
vous neconsidérez point la facedes 
hommes, mais vous enseignez la 
voie de Dieu dans la vérité : Est- 
il permis de payer le tribut à Cé- 
sar, ou ne le payerons-nous point? 

15. Jésus, connaissant leur ma- 
lice, leur dit: Pourquoi me tentez- 
vous? Apportez-moi un denier, 
que je le voie. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


[.זנצ .68] 


16. Et ils le lui apportèrent; et 
il leur demanda : De qui est cette 
image et cette inscription? De 
César, lui dirent-ils. 

17. Alors reprenant, Jésus leur 
dit: Rendez-done à César ce qui 
est à Gésar, et à Dieu ce qui est à 
Dieu. Et ils étaient en admiration 
de lui. 

18. Alors vinrent à lui les sad- 
ducéens, qui disent quil n'y a 
point de résurrection, et ils l'in- 
terrogeaient, disant : 

19. Maitre, Moise a écrit pour 
nous : Si le frère de quelqu'un 
meurt, et quitte ainsi sa femme 
sans laisser d'enfants, que son 
frere épouse sa femme, et suscite 
des enfants à son frere. 

20. Or il y avait sept freres : le 
premier prit une femme, et mou- 
rut sans laisser d'enfants. 

21. Le second 18 prit ensuite et 
mourut, et ne laissa point non 
plus d'enfants, et le troisième pa- 
reillement. 

22. Et ils l'ont ainsi épousée 
tous les sept, et ils n'ont point 
laissé de postérité. Enfin apres 
eux tous estmorte aussilafemme. 

93. Ala résurrection donc, lors- 
qu'ils ressusciteront, duquel d'en- 
ire eux sera-t-elle femme? Car 
tous lesseptl'onteuepourfemme. 

24. Et Jésusrépondant, leur dit : 
N'étes-vous point pour cela méme 
dans l'erreur, ne comprenant ni 
les Ecritures ni la puissance de 
Dieu? 


10. Ps. cxvir, 22; Isaie, xxvii, 16; Matt., xxt, 42; Actes, 1v, 11; Rom., 1x, 33; I Pierre, 
מז‎ 7. — 13. Matt., xxir, 15; Luc, xx, 20. — 17. Rom., xx, 7. — 18. Matt., xxir, 23; Luc, 


xx, 27. — 19. Deut., xxv, 5. 


13-14. Des hérodiens. — La face des hommes. Voy. sur ces mots Matt., xxi, 16. 
14. * A César ou à l'empereur, qui était alors Tibére. Voir Luc, ui, 1. 
48, * Des Sadducéens. Voir la note 7 à la fin du volume. 


[cu. xi.) 


95. Car, lorsqu'ilsressusciteront 
d'entre les morts, les hommes ne 
prendront point de femmes ni les 
femmes de maris, mais ils sont 
comme des anges dans le ciel. 

26. Et quant aux morts, en tant 
qu'ils ressuscitent, n'avez-vous 
point lu dans le livre de Moise, à 
l'endroit du buisson, comment 
Dieu lui parla, disant : Je suis le 
Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac 
et le Dieu de Jacob? 

27. ll n'est pasle Dieu des morts, 
mais des vivants. Vous donc, vous 
errez beaucoup. 

28. Alors s'approcha un des 
scribes, qui avait entendu les sad- 
ducéens linterroger, et voyant 
qu'il leur avait si bien répondu, il 
lui demanda quel étaitle premier 
de tous les commandements. 

29. Jésus lui répondit : Le pre- 
mier detous les commandements 
est : Ecoute, Israél, le Seigneur 
ton Dieu est le seul Dieu; 

90. Tu aimeras le Seigneur ton 
Dieu de tout ton cœur, de toute 
ton àme, de tout ton esprit et de 
toute ta force. Voilà le premier 
commandement. 

31. Le second est semblable à 
celui-là : Tu aimeras ton prochain 
comme toi-méme. Aucun autre 
commandement n'est plus grand 
que ceux-là. 

39. Et le scribe lui dit : Fort 
bien, maitre, vous avez dit en 


L'EVANGILE SELON SAINT MARC. 


2445 
toute vérité qu'il n'y a qu'un seul 
Dieu, et il n'y en a point d'autre 
que lui; 

33. Qu'on doit l'aimer de tout 
son cœur, de toute son intel- 
ligence, de toute son âme et de 
toute sa force; et qu'aimer le 
prochain comme soi-même est 
plus que tous les holocaustes et 
tous les sacrifices. 

94. Jésus voyant qu'il avait sa- 
gement répondu, lui dit : Tu n'es 
pas loin du royaume de Dieu. Et 
personne n'osait plus linter- 
roger. 

35. Mais prenant la parole, Jé- 
sus demandait en enseignant 
dans le temple : Comment les 
scribes disent-ils que le Christ est 
fils de David? 

36. Car David lui-même a dit 
par l'Esprit-Saint : Le Seigneur ἃ 
dit à mon Seigneur : Asseyez- 
vous à ma droite, jusqu'à ce que 
jaie fait de vos ennemis l'esca- 
beau de vos pieds. 

97. Ainsi David lui-méme l'ap- 
pelle son Seigneur; comment est- 
il son fils? Et une grande foule 
l'écoutait avec plaisir. 

38. Il leur disait encore dans 
son enseignement : Gardez-vous 
des scribes, qui se plaisent à se 
promener avec de longues robes, 
et à étre salués dans les places 
publiques; 

39. Et à s'asseoir sur les pre- 


26. Exode, ur, 6; Matt., xxir, 32. — 28. Matt., xxit, 39. — 29. Deut., vi, 4. —31. Lév., 
xix, 18; Matt., xxir, 39; Rom., xir, 9; Galat., v, 14; Jac., 11, 8. — 36. Ps. cix, 1; Matt., 
XXII, 44; Luc, xx, 42. — 38. Matt., xxi, 5; Luc, xr, 43 et xx, 46. 


————— M —— M —— M M — € —À 


26. A l'endroit du buisson; c'est-à-dire à l'endroit de son livre οὰ il parle du buis- 


son, dans l'Exode, 11, 4 et suiv. 
29. * Ecoute, Israël, etc. Deut., vi, 4. 


31. * Tu aimeras ton prochain. Lév., xix, 18. 
36. * L'escabeau de vos pieds. Voir note sur Matt., xxu, 44 
38. * Avec de longues robes (stolci). Voir Luc. xi, 22. 


9446 
miers sièges dans lessynagogues, 
et qui veulent les premieres 
places dans les festins; 

40.Quidévorent les maisons des 
veuvessousleprétexte delongues 
prieres : ces hommes-là subiront 
un jugement plus sévère. 

41. Apres cela, étant assis vis- 
à-vis du tronc, Jésus regardait de 
quelle maniere le peuple y jetait 
de l'argent; or nombre de riches 
y en jetaient beaucoup. 
| 42. Et une pauvre veuve étant 

venue, elle y mit deux petites 
pieces valant le quart d'un as. 

43. Appelant alors ses disciples, 
il leur dit : En vérité, je vous le 
dis, cette pauvre veuve a déposé 
plus que tous ceux qui ont mis 
dans le tronc. 

44. Car tous ont mis de ce qu ils 
avaientdesuperflu ; mais celle-ci à 
mis de son indigence méme tout 
ce qu'elle avait, tout son vivre. 


CHAPITRE XIII. 


Jésus prédit la ruine du temple. Ques- 
tions des disciples à l'occasion de cette 
prédiction. Réponses de Jésus-Christ 
aux questions de ses disciples. Signes 
de la ruine de Jérusalem. Signes du 
dernier avènement de Jésus-Christ. 


1. Lorsqu'il sortait du temple, 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


[cu. xt] 


un de ses disciples lui dit : Maitre, 
voyez quelles pierres et quels bà- 
timents. 

9. Et répondant, Jésus lui dit : 
Tu vois toutes ces grandes cons- 
tructions? Il n'y restera pas pierre 
sur pierre, qui ne soit détruite. 

3. Et comme il était assis sur 
le mont des Oliviers en face du 
temple, Pierre, Jacques, Jean et 
André lui demandaient en parti- 
culier : 

4. Dites-nous quand ceci arri- 
vera, et quel sera le signe que 
toutes ces choses commenceront 
de s'accomplir? 

5. Et répondant, Jésus com- 
mença par leur dire : Prenez 
earde que personne ne vous sé- 
duise ; 

6. Car beaucoup viendront en 
mon nom, disant : C'est moi; et 
beaucoup seront séduits par eux. 

1. Lorsque vous entendrez par- 
ler de guerres et de bruits de 
guerres, ne craignez point; car 
il faut que ces choses arrivent; 
mais ce n'est pas encore la fin. 

8. Car une nation se soulèvera 
contre une nation, un royaume 
contre un royaume et il y aura 
des tremblements de terre en di- 
vers lieux, et des famines. C'est 


41. Luc, xxi, 1. — Cra». XIII. 1. Matt., xxiv, 1. — 2. Luc, xix, 44; xxr, 6. — 5. Ephés., 


v, 6; II Thess., 11, 3. 


41.* Tronc; Gazophylucium, troncs au nombre de treize, appelés trompettes à cause de 
leur forme. Ils étaient destinés à recevoir les dons volontaires des Juifs et étaient placés 
dans la cour des femmes, devant les colonnes qui supportaient la galerie des femmes. 

49. Le quart d'un as. Compar. Matt., v, 26; et voy. notre Abrégé d'introduc- 


lion, etc., p. 544. 


1. * Voyez quelles pierres el quels bâtiments. Les constructions qui formaient l'en- 
semble du temple (Aiéron) étaient magnifiques. « Les pierres [des fondations qui 
restent encore] sont de dimensions très grandes, dit M. de Vogüé. La longueur des 
bloes varie depuis sept métres jusqu'à quatre-vingts centimétres; l'un d'eux a douze 


métres de long. » 


3. Sur le mont des Oli;iers. Voir Matt., xxr, 4. 


6. * Beaucoup» viendront 


Voir Matt., xxiv, 14, 


as ame 


[cu. xur.] 
là le commencement des dou- 
leurs. 

9. Prenez-garde aussi à vous- 
mêmes. Car on vous traduira de- 
vant les tribunaux; vous serez 
battus dans les synagogues, et 
vous comparaitrez à cause de 
moi devant les gouverneurs et 
les rois, en témoignage contre 
eux. 

10. Mais il faut d'abord que l'E- 
vangile soit préché chez toutes 
les nations. 

11. Lors done qu'on vous con- 
duira pour vous livrer, ne pensez 
point d'avance à ce que vous di- 
rez, mais ce qui vous sera ins- 
piré à l'heure méme, dites-le; car 
ce n'est pas vous qui parlez, mais 
l'Esprit-Saint. 

12. Un frere livrera son frere à 
la mort, et un pere son fils; et 
des enfants s'éleéveront contre 
leurs parents et ils les feront 
mourir. 

13. Et vous serez en haine à 
tous, à cause de mon nom. Mais 
celui qui restera ferme jusqu'à 
la fin, celui-là sera sauvé. 

14. Or quand vous verrez l'abo- 
mination de la désolation là où 
elle ne doit pas être (que celui 
qui lit entende) : alors que ceux 
qui sont dans la Judée, fuient vers 
les montagnes; 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


2447 

15. Et que celui qui est sur le 
toit, ne descende point dans la 
maison, et n’y entre point pour 
emporter quelque chose de sa 
maison; 

16. Et que celui qui sera dans 
le champ, ne retourne point sur 
ses pas pour prendre son véte- 
ment. 

17. Mais malheur aux femmes 
enceintes, et à celles qui nourri- 
ront en ces jours-là. 

18. Priez donc que ces choses 
n'arrivent point en hiver. 

19. Car ces jours seront des 
tribulations telles qu'il n'y en a 
point eu depuis le commence- 
ment des créatures que Dieu a 
faites jusqu'à présent, et qu'il n'y 
en aura point. 

20. Et si le Seigneur n'avait 
abrégé ces jours, nulle chair n'au- 
rait été sauvée; mais à cause des 
élus qu'il a choisis, il a abrégé 
ces jours. 

21. Et alors si quelqu'un vous 
dit: Voici le Christ ici, le voilà là, 
ne le croyez point. 

22. Car il s'élévera de faux 
Christs et de faux prophètes, et 
ils feront des signes et des pro- 
diges pour séduire, 511 peut se 
faire, méme des élus. 

23. Vous donc, prenez garde : 
voilà que je vous ai tout prédit. 


11. Matt., x, 19; Luc, xn, 14; xxi, 14. — 14. Dan. , 1x, 27; Matt., xxiv, 15; Luc, 
xxr, 20. — 21. Matt., xxiv, 23; Luc, נטא‎ 23; xxi, 8. 


9. En témoignage contre eux; c'est-à-dire pour rendre témoignage devant eux de 
la vérité et de la doctrine que je vous ai enseignée. 
14. * L'abomination de (a désolation. Voir note sur Matt., xxiv, 13. — Fuient vers ies 


montagnes. Voir Matt., xxiv, 16. 
15. Sur le toit. Voy., Matt., x, 21. 


11-18. Voy., pour l'explication de ces versets, Matt., xxiv, 19, 20. 
19. * Ces jours seront des tribulations. Voir Matt., xxiv, 21. 


20. Nulle chair. Voy. Matt., xxiv, 22. 


22. * De faux Christs el de faux prophètes. Voir Matt., xxiv, 11. 


2148 
94. Or en ces jours-là, après 
cette tribulation, le soleil sera 
couvert de ténèbres, et la lune ne 
donnera plus sa lumière ; 

95. Et les étoiles du ciel tom- 
beront, et les vertus qui sont 
dans les cieux seront ébranlées. 

26. Alors on verra le Fils de 
l'homme venant dans les nuées 
avec une grande puissance et une 
grande gloire; 

27. Alors aussi il enverra ses 
anges, et il rassemblera ses élus, 
des quatre vents, de l'extrémité 
de la terre jusqu'à l'extrémité du 
ciel. 

28. Apprenez la parabole prise 
du figuier. Lorsque ses rameaux 
sont encore tendres et que ses 
feuilles viennent de naitre, vous 
connaissez que l'été est proche : 

29. De méme vous, quand vous 
verrez ces choses arriver, sachez 
que 16 Fès de l'homme est proche, 
à la porte. 

90. En vérité je vous dis que 
cette génération ne passera point 
que toutes ces choses ne s'accom- 
plissent. 

31. Le ciel et la terre passeront, 
mais mes paroles ne passeront 
point. 

32. Mais sur ce jour ou sur 
cette heure, nul ne sait rien, 
ni les anges dans le ciel, ni le 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


(en. χιν.] 


Fils, mais le Père seulement. 
33. Tenez-vous sur vos gardes, 

veillez et priez, puisque vous ne 

savez quand ce temps viendra. 

34. Comme un homme qui par- 
tant pour un voyage, et laissant 
sa maison, donne pouvoir à ses 
serviteurs, à chacun suivant sa 
fonction, et commande au portier 
de veiller. 

39. Veillez donc (car vous igno- 
rez quand viendra le maître de 
la maison, le soir, ou au milieu 
de la nuit, ou au chant du coq, 
ou le matin), 

36. De peur que, venant subite- 
ment,il ne voustrouve endormis. 

97. Et ce que je vous dis, je le 
dis à tous : Veillez. 


CHAPITRE XIV. 


Conspiration des Juifs. Parfums répandus 
sur la téte de Jésus-Christ. Trahison 
de Judas. Dernière cène. Institution de 
lEucharistie. Renoncement de saint 
Pierre prédit. Priére de Jésus dans le 
jardin. Il est pris, conduit chez Caiphe, 
accusé, condamné, outragé. Renonce- 
ment et pénitence de saint Pierre. 


1. Or c'était la Pâque et les 
azymes deux jours après; et les 
princes des prétres et les scribes 
cherchaient comment ils se sai- 
siraient de lui par ruse, et le fe- 
raient mourir. 

2. Mais ils disaient : Non pas 


24. Isaie, xir, 10; Ezéch., xxxi, 7; Joël, 11, 10. — 27. Matt., xxiv, 31. — 33. Matt., 
xx1Iv, 42. — (παρ. XIV. 1. Matt., xxvi, 2; Luc, xxr, +. 


28. * Du figuier. Voir Luc, xur, 6. 


32. Le Fils de Dieu ignore ce jour, non selon sa divinité, qui connait tout, mais 
selon son humanité, qui ne le connait point par elle-même, c'est-à-dire par ses 
propres lumières, mais par la seule révélation que lui en fait la divinité, laquelle lui 


est intimement unie. 


35. * Le soir, ou au milieu de la nuit, etc. Voir Matt., xiv, 25. 


1. * La féte de Páque (voir note sur Matt., xxvi, 2) s'appelait aussi les Azymes, parce 
que pendant les sept jours qu'elle durait, les Israélites ne devaient manger que des 
pains azymes ou non fermentés, en mémoire de la sortie d'Egypte. 


» 


[cir. טנא‎ 
un jour de la fête, de peur quil 
ne s'élevát quelque tumulte dans 
le peuple. 

3. Et comme Jésus se trouvait 
à Béthanie, dans la maison de Si- 
mon le lépreux, et quil était à 
table, il vint une femme ayant un 
vase d'albátre plein d'un parfum 
de nard d'épi d'un grand prix. Or, 
le vase rompu, elle répandit le 
parfum sur sa téte. 

4. Quelques-uns s'en indignè- 
rent en eux-mémes, et ils di- 
saient : Pourquoi avoir ainsi 
perdu ce parfum ? 

5. 1 pouvait en effet, ce par- 
fum, se vendre plus de trois cents 
deniers, et étre donné aux pau- 
vres. Et ils murmuraient contre 
elle. 

6. Mais Jésus dit : Laissez-la: 
pourquoi lui faites-vous de la 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


2419 
peine? C'est une bonne œuvre 
qu'elle a faite envers moi; 

7. Car les pauvres, vous les 
aveztoujours avec vous, et quand 
vous voulez, vous pouvez leur 
faire du bien; mais moi, vous ne 
m'avez pas toujours. 

8. Ce qu'a pu celle-ci, elle l'a 
fait; elle a d'avance parfumé mon 
corps pour la sépulture. 

9. En vérité, je vous le dis: 
Partout oü sera préché cet Evan- 
gile, dans le monde entier, ce 
que celle-ci vient de faire, sera 
méme raconté en mémoire d'elle. 

10. Alors Judas 150811010, un 
des douze, alla trouverles princes 
des prétres, pour le leur li- 
vrer. 

41. Ceux-ci l'entendant, se ré- 
jouirent, et promirent de lui don- 
ner del'argent. Aussi cherchait-il 


3. Matt., xxvi, 6; Jean, xux, 4. — 10. Matt., xxvi, 14. 


3. Le nard a plusieurs épis qui servent à composer un parfum beaucoup plus 
estimé que celui qui se tire des feuilles de cette plante. — * Béthanie. Voir Matt., xx1, 
11. — Simon le lépreuz. Voir note sur Matt., xxvi, 6. — Un vase d'albátre. Voir Matt., 
ΧΧΥΙ, 1. — > Ptolémée dit que 16 nard est une plante odoriférante qui croit princi- 
palement 8 Rangamati, sur lesfrontieéres du pays qu'on nomme maintenant le Bootan. 
Pline en reconnait douze espéces. Il met en premiere ligne celui des Indes, puis le sy- 
riaque, le gaulois, celui de Crète, etc. Il décrit ainsi le nard indien : « C'est un arbuste 
» à racine épaisse et lourde, mais courte, noire et cassante, quoique onctueuse en 
» méme temps. L'odeur ressemble beaucoup à celle du cyperus; le goüt est ácre, les 
» feuilles sont petites et viennent en touffes. Les sommités du nard se développent 
» en épis barbus. De là vient que le nard est si fameux pour sa double production, 
» l'épi barbu et la feuille. » Le prix de ce nard était alors de cent deniers la livre 
(environ 85 francs). Les autres sortes, qui n'étaient que des herbes, coütaient beau- 
coup moins cher et pouvaient s'obtenir pour quelques deniers. Galien et Dioscoride 
parlent du nard (en grec nardostachys, nard à épis) à peu prés dans les mêmes 
termes. Ce dernier auteur prétend toutefois que le nard connu sous le nom de syrien 
venait en réalité des Indes et était apporté en Syrie, d’où on l'expédiait sur divers 
points... Sir William Jones, orientaliste distingué, fit une étude spéciale de cette 
question ardue, et finit par découvrir que le nard était une espéce de valériane 
appelée par les Arabes sumbul, ce qui signifie épi barbu, et par les Indous jatamansi 
ou méche de cheveux, noms dus tous deux à la forme de la tige qui ressemble à la 
queue d'une hermine ou d'une belette. Il lui donna donc la dénomination de Vale- 
riana jatamansi, qui ἃ été acceptée par tous les botanistes modernes. Le mot nard 
parait être dérivé du mot tamoul nar qui désigne une foule de substances odorantes... 
Le nard des anciens était probablement un nom générique sous lequel ils désignaient 
les parfums les plus exquis. » (E. RiuuEL.) 

9. Les trois cents deniers font environ cent cinquante francs de notre monnaie. 
Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 543. 


8 9 154 


2450 
une occasion favorable pour le 
leur livrer. 

12. Or le premier jour des 
azymes, auquel on immolait la 
pâque, ses disciples lui dirent : 
Oü voulez-vous que nous allions 
vous préparer ce quil faut pour 
manger la pàque? 

13. Et il envoya deux de ses 
disciples, et leur dit : Allez dans 
la ville; vous rencontrerez un 
homme portant une cruche d'eau, 
suivez-le ; 

14. Et, quelque part qu'il entre, 
dites au maitre de la maison : Le 
Maitre dit : Où est le lieu où je 
pourrai manger la páque avec 
mes disciples? 

15. Et il vous montrera un 
grand cénacle meublé; faites-y 
les préparatifs pour nous. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


[cH. xiv.] 


16. Ses disciples s'en allerent 
donc;ils vinrent dans la ville, 
trouverent les choses comme il 
leur avait dit, et préparèrent la 
páque. 

17. Le soir étant venu, il vint 
avec les douze. 

18. Et comme ils étaient à table 
et quils mangaient, Jésus leur 
dit : En vérité, je vous le dis, un 
de vous qui mange avec moi me 
trahira. 

19. Alors les disciples commen- 
cerent às'attrister, et à lui deman- 
der chacun en particulier: Est-ce 
moi? 

20. Il leur répondit: Un des 
douze, qui met avec moi la main 
dans le plat. 

91. Pour le Fils de l'homme, il 
s'en va, ainsi qu'il est écrit de lui ; 


12. Matt., xxvr, 17; Luc, xxir, 7. — 17. Matt., xxvi, 20; Luc, xxi, 14. — 18. Jean, 
xui, 21. — 21. Ps. xr, 10; Actes, 1, 16. 


12. * On immolait (a páque, c'est-à-dire l'agneau pascal qu'on immolait et qu'on 
mangeaitle 14 de nisan (mars-avril), en mémoire de la délivrance de la servitude 
d'Egypte, selon les rites prescrits par la 101. Exode, xu, 3-20, 21. 

13. * Un homme portant une cruche d'eau. Cet homme devait venir de la fontaine 
de Siloé. Voir Jean, 1x, 11. Aujourd'hui, les Arabes du village de Siloam, au sud de 
Jérusalem, portent l'eau de Siloé et vont la vendre dans Jérusalem. 

15. * Un grand cénacle, l'anagaion, l'appartement supérieur où l'on recevait les 
hôtes, etc. Voir la note sur Marc, 11, 4. Saint Epiphane, dans son livre Des mesures, 
raconte que l'empereur Adrien trouva Jérusalem détruite, « à l'exception de quelques 
maisons et de l’église de Dieu, qui était petite et se trouvait à l'endroit où les Apótres 
étaient montés au cénacle : c'est là qu'elle avait été bâtie, dans cette partie de Sion 
qui avait échappé à la dévastation. » En 1551, l'église du cénacle fut convertie en 
mosquée et recut le nom qu'elle porte encore aujourd'hui de Nebi-Daoud ou le pro- 
phéte David. > D’après la tradition, la maison [ou était le cénacle] appartenait à 
saint Joseph d'Arimathie. Elle avait probablement deux étages divisés chacun en 
deux parties, comme on l'a toujours vu. La première partie [de l'étage supérieur] est 
le cénacle ou salle de l'institution de la Sainte Eucharistie, et la seconde la salle du 
Cénotaphe de David. Aujourd'hui la salle du cénacle a quatorze métres de long sur 
neuf de large et elle est en style gothique du xiv? siècle parfaitement caractérisé. 
Deux colonnes correspondant aux piliers qui supportent l'étage inférieur la divisent 
dans le sens de sa longueur en deux nefs paralléles. L'étage inférieur est formé de 
substructions anciennes ef divisé en deux salles dont la plus grande est [considérée 
comme] la salle du lavement des pieds; c'est une vaste salle dont la voüte est sup- 
portée par des piliers dans la direction de l'est à l'ouest. A l'est de cette dernière 
salle se trouve celle du cénotaphe inférieur de David. » (Lrévin pe Haus.) 

16. * Ils préparèrent la páque, l'agneau pascal et tous les accessoires prescrits. 
Exode, xit, 3-20. 

20. * Dans le plat. Voir Matt., xxvi, 23. 


[cn. [,צזצ‎ 


maismalheuràl homme par qui le 
Fils del'homme sera livré ! Il vau- 
drait mieux pour cet homme qu'il 
ne füt pas né. 

29. Et pendant quils man- 
geaient, Jésus prit du pain, et puis 
l'ayant béni, il le rompit, le 
leur donna, et dit : Prenez, ceci 
est mon corps. 

29. Et, ayant pris le calice et 
rendu grâces, il le leur donna, et 
ils en burent tous. 

24. Et il leur dit: Ceci est mon 
sang, le sang du Nouveau Testa- 
ment, qui sera répandu pour un 
grand nombre. 

25. En vérité je vous le dis, je 
ne boirai plus de ce fruit de la 
vigne, jusqu'au jour où je le boi- 
rai nouveau dans le royaume de 
Dieu. 

96. Et, l'hymne dit, ils s'en al- 
lèrent au mont des Oliviers. 

27. Et Jésus leur dit : Vous vous 
scandaliserez tous de moi cette 
nuit; car il est écrit: Je frapperai 
le pasteur, et les brebis se disper- 
seront. 

98. Mais apres que je serai res- 
suscité, je vous précéderai en 
Galilée. 

99. Pierre lui dit alors: Quand 
tousles autres se scandaliseraient 
de vous, moi, non. 

30. Et Jésus lui repartit : En vé- 
rité je tele dis, aujourd'hui, cette 
nuit méme, avant qu'un coq ait 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


2451 
chanté deux fois, tu me remeras 
trois fois. 

31. Mais Pierre insistait : Quand 
il me faudrait mourir avec vous, 
je ne vous renierai pas. Et tous 
disaient de même. 

39. Etant venu à une maison 
de campagne nommée Gethsé- 
mani, il dit à ses disciples : 
Asseyez-vous ici pendant que je 
prierai. 

99. Et il prit avec lui Pierre, 
Jacques et Jean, et il commenca 
à s'effrayer et à tomber dans 
l'abattement. 

34. Et il leur dit: Mon àme est 
triste jusqu'à la mort; demeurez 
ici et veillez. 

35. Et, s'étant avancé un peu, il 
tomba la face contre terre, et il 
demandait que, s'il était possible, 
cette heure s'éloignát de lui. 

36. Et il dit : Abba, Père, toutes 
choses vous sont possibles, éloi- 
enez ce calice de moi; toutefois, 
non ma volonté, mais la vótre. 

31. Il revint ensuite, et, comme 
il les trouva dormant, il dit à 
Pierre : Simon, tu dors? Tu n'as 
pas pu veiller une heure? 

38. Veillez et priez, afin que 
vous n entriez point en tentation. 
L'esprit est prompt, mais la chair 
est faible. 

39. Et, s'en allant de nouveau, 
il priait, disant les mémes pa- 
roles. 


22. Matt., xxvi, 26; 1 Cor., xr, 24. — 27. Jean, xvi, 32; Zach., וזא‎ 7. — 89, Matt., 


xxvI, 36; Luc, xxii, 40. 


22-23. Voy. sur ces deux versets note sur Matt., xxvi, 26-29. 
24. Pour un grand nombre. Compar. Matt., xx, 23. 
26. L'hymne dit. Voy. Matt., xxvi, 30. — * Ils s'en allérent au mont des Oliviers. 


Voir la note sur Matt., xxr, 1. 


32. * Gethsémani. Voir note sur Matt., xxvr, 36. 


36. Père est mis ici comme explicatif de αὖϑα, mot syriaque. — Toutefois, non ma 
volonlé, etc. Voy. sur cette traduction Matt., xxvr, 39, 


2452 

40. Etant revenu, il les trouva 
encore dormant (carleurs yeux 
étaient appesantis), et ils ne sa- 
vaient que lui répondre. 

41. ll vint une troisieme fois et 
leur dit: Dormez maintenant et 
reposez-vous. C'est assez ; l'heure 
est venue, voilà que le Fils de 
l'homme sera livré aux mains des 
pécheurs. 

49. Levez-vous, allons ; voici 
que celui qui me livrera ap- 
proche. 

43. Jésus parlant encore, Judas 
Iscariote, l'un des douze, vint, 
et, avec lui, une grande troupe 
armée d'épées et de bâtons, et 
envoyée par les princes des pré- 
tres, et par les scribes et les an- 
ciens. 

44. Or le traitre leur avait don- 
né un signe, disant : Celui que je 
baiserai, c'estlui-méme, saisissez- 
le, et emmenez-le avec précau- 
tion. 

45. Etant donc venu, il s'ap- 
procha aussitôt de lui, disant : 
Maitre, je vous salue ; 661116 baisa. 

46. Et eux mirent la main sur 
lui, et le saisirent. 

41. Un de ceux qui étaient pré- 
sents, tirant son épée, en frappa 
le serviteur du grand prétre, et il 
lui coupa l'oreille. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


(cu. xtv.] 


48. Alors prenant la parole, Jé- 
sus leur dit: Vous étes venus 
comme à un voleur, avec des 
épées et des bâtons, afin de me 
prendre. 

49. J'étais tous les jours parmi 
vous, enseignant dans le temple, 
et vous ne m'avez point pris; 
mais c'est pour que les Ecritures 
s'accomplissent. 

90. Alors ses disciples laban- 
donnant, s'enfuirent tous. 

51. Un jeune homme le suivait, 
couvert seulement d'un linceul ; 
ils se saisirent de lui. 

52. Mais, laissant le linceul, il 
s'enfuit nu d'au milieu d'eux. 

53. Cependant ils amenèrentJé- 
sus chez le grand prétre, oü s'as- 
semblèrent tous 108 prêtres, et les 
scribes, et les anciens. 

94. Pierre le suivit de loin jus- 
que dans la cour du grand prêtre ; 
et il était assis près du feu avec 
les serviteurs, et se chauffait. 

55. Or les princes des prêtres et 
tout le conseil cherchaient un té- 
moignage contre Jésus pour le 
faire mourir, etils n'en trouvaient 
point. 

56. Car beaucoup témoignaient 
faussement contre lui; mais les 
témoignages ne s’accordaient 
point. 


43. Matt., xxvi, 47; Luc, xxr, 47; Jean, xvin, 3. — 50. Matt., xxvi, 56. — 53. Matt., 
xxvI, 57; Luc, xxit, 54; Jean, xvrr, 18. — 55. Matt., xxvi, 59. 


41. Dormez maintenant et reposez-vous, etc. Voy. pour le sens de ce passage Matt., 


XXVI, 45. 


51. D'un linceul. Le terme correspondant en grec et en latin signifie aussi un véte- 
ment de toile de lin dont on se sert pour la nuit. C'est une espéce de chemise qui 
couvre presque entièrement le corps. — * Plusieurs commentateurs croient que le 
jeune homme dont saint Mare est le seul à parler, était Marc lui-méme. 

54. * Il était assis prés du feu et se chauffait. « C'est encore l'usage en Orient où 
les nuits sont froides. On allume un feu de branchages ou d'herbes séches et l'on 
s'accroupit autour pour causer longuement jusqu'à ce que le sommeil l'emporte. 
Alors on s'enveloppe dans son manteau et l'on dort. » (J.-H. Micuow.) 

$3. * Le conseil. Le sanhédrin. Voir note sur Matt., xxvi, 59. 


[cH. χιν.] 


57. Et quelques-uns, se levant, 
portaient contre lui un faux té- 
moignage, disant : 

58. Nous l'avons entendu dire : 
Je détruirai ce temple fait de main 
d'homme, et en trois jours j'en 
rebátirai unautre non fait de main 
d'homme. 

59. Mais leur témoignage n était 
pas uniforme. 

60. Alors le grand prétre se 
levant au milieu d'eux interrogea 
Jésus, disant : Tu ne réponds rien 
à ce que ceux-ci déposent contre 
toi? 

61. Mais Jésus se taisait, etil ne 
répondit rien. Le grand prétre 
l'interrogea de nouveau et lui dit : 
Es-tu le Christ, le Fils du Dieu 
béni? 

62. Et Jésus lui dit : Je le suis; 
et vous verrez le Fils de l'homme 
assis àla droite de la majesté de 
Dieu, et venant sur les nuées du 
ciel. 

63. Alors le grand prétre déchi- 
rant ses vêtements, dit : Qu'a- 
vons-nous encore besoin de té- 
moins. 

64. Vous avez entendu le 
blasphème : que vous en semble? 
Tous le condamnèrent comme 
étant digne de mort. 

65. Aussitôt quelques-uns se 
mirent à cracher sur lui, à voiler 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


2453 
sa face, à le déchirer à coups de 
poing et à lui dire : Prophétise! 
et les serviteurs le déchiraient de 
soufflets. 

66. Et pendant que Pierre 
était en bas dans la cour, vint 
une des servantes du grand 
prêtre; 

67. Et lorsqu'elle eut apercu 
Pierre qui se chauffait, le regar- 
dant, elle dit : Toi aussi tu étais 
avec Jésus le Nazaréen. 

68. Mais il nia, disant : Je ne 
sais ni ne connais ce que tu veux 
dire. Et il sortit devant la cour, 
et un coq chanta. 

69. Or la servante l'ayant en- 
core vu, dit à ceux qui étaient 
présents : Celui-ci est un d'entre 
eux. 

70. Mais il le nia de nouveau. 
Et peu aprés ceux qui étaient là 
disaient à Pierre: Tu es certai- 
nement un d'entre eux, car tu es 
aussi Galiléen. 

71. Alors il se mit à faire des 
imprécations et à jurer: Je ne 
connais point cet homme que 
vous dites. 

72. Et aussitôt un coq chanta 
encore. Et Pierre se ressouvint 
de la parole que lui avait dite 
Jésus: Avant qu'un coq chante 
deux fois, tu me renieras trois 
fois. Et il se mit à pleurer. 


58. Jean, מז‎ 19. — 62. Matt, xxiv, 30; xxvi, 64 — 66. Matt., xxvi, 69; Luc, 
xx11, 56; Jean, xvi, 17. — 69. Matt., xxvi, 71. — 70. Luc, xx, 59; Jean, xvinr, 25. — 


12. Matt., xxvi, 15; Jean, xii, 38. 


58. * Je délruirai ce tempie, naos, la maison de Dieu. Voir Matt., xxi, 13. 

63. * Déchirant ses vétements. Voir Matt., xxvi, 65. 

65. Voy., pour le mot déchirer, Matt., xxr, 35. 

69. La servante. C'est ainsi que porte le grec; d'oü il parait que c'est la méme ser- 
vante dontil est parlé au verset 66. Mais voy. note sur Matt., xxvi, 71. 


10. * Tu es Galiléen. Voir Matt., ,טאצ‎ + 


945^ 


CHAPITRE XV. 


Conseil des Juifs contre Jésus-Christ. Jé- 
sus devant Pilate; on lui préfère Barab- 
bas. Cris des Juifs contre lui. Couron- 
nement d'épines; insultes. Jésus-Christ 
est conduit au Calvaire et crucifié. 
Blasphèmes. Ténèbres. Mort de Jésus. 
Miracles après sa mort. Joseph d’Ari- 
mathie prend soin de sa sépulture. 


1. Dès le matin, les princes des 
prêtres s'étant assemblés avec 
les anciens, et les scribes, et tout 
le conseil, ils lierent Jésus, l'em- 
menerent et le livrèrent à Pilate. 

2. Et Pilate l'interrogea : Es-tu 
le roi des Juifs? Jésus lui répon- 
dant, lui dit: Tu le dis. 

9. Et les princes des prétres 
portaient contre lui beaucoup 
d'accusations. 

4. Pilate linterrogea de nou- 
veau, disant: Tu ne réponds 
rien ? Vois de combien de choses 
ils t'accusent. 

ὃ. Mais Jésus ne répondit pas 
davantage, de sorte que Pilate en 
était étonné. 

6. Or à un des jours de la fête, 
il avait coutume de remettre au 
peuple un des prisonniers, celui 
qu'ils demandaient. 

7. ll y avait alors un nommé 
Barabbas qui avait été mis en 
prison avec d'autres séditieux, et 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


]08. xv.] 
qui avait commis un meurtre 
dans la sédition. 

8. Le peuple étant donc monté 
devant le prétoire, commenca à 
demander ce qu'il leur accordait 
toujours. 

9. Pilate leur répondant, dit : 
Voulez-vous que je vous délivre 
le roi des Juifs? 

10. Car il savait que c'était par 
envie que les princes des prétres 
l'avaient livré. 

11. Mais les pontifes exciterent 
le peuple à demander qu'il leur 
délivrât plutôt Barabbas. 

19. Pilate répondant encore, 
leur dit : Que voulez-vous donc 
que je fasse du roi des Juifs? 

13. Mais de nouveau ils criè- 
rent : Crucifiez-le! 

14. Pilate, cependant, leur di- 
sait : Mais quel mal a-t-il fait? Et 
eux criaient encore plus : Cruci- 
fiez-le ! 

15. Plate donc, voulant com- 
plaire au peuple, leur remit Ba- 
rabbas, et il leur livra Jésus 
déchiré de verges, pour étre cru- 
cifié. 

16. Or les soldats le con- 
duisirent dans là cour du pré- 
toire, et ayant convoqué toute la 
la cohorte, 

17. Ils le vétirent de pour- 


XV. 4. Matt., xxvir, 1; Luc, xxi, 66; Jean, xvni, 28. — 2. Jean, xvii, 33. —‏ .גצ 
Matt., xxvi, 12; Luc, ΧΧΙΠ, 2. — 12. Matt., xxvm, 22; Luc, xxu, 14. — 13. Jean,‏ .3 
xvru, 40. — 16. Matt., xxvii, 27; Jean, xix, 2.‏ 


MR aM ÓM— S 


1. * Tout le conseil, le sanhédrin. Voir Matt., xxvr, 59. — A Pilate. Voir Matt., 


XXVII, 2. 


6. À un des jours de la fête; c'est-à-dire à la fête, pendant la fête de pâque. Compar. 


Matt., xxvu, 15; et Jean, xvrr, 39. 
1. * Barabbas. Noir Matt., xxvir, 16. 


45. Déchiré. Voy. sur ce mot Matt., xxr, 35. 
16. La cohorte romaine se composait de six cent vingt-cinq hommes. — * Dans la 
cour du prétoire. Noir note sur Matt., xxvir, 2. 


1T. * Ils le vétirent de pourpre. Voir Matt., xxvir, 28. — EL £ressant une couronne 


d'épines. Voir Matt., xxvi, 29. 


[cg. xv.) 


pre, et tressant une couronne 
d'épines, ils la mirent sur sa 
téte. 

18. Puis ils commencèrent à le 
saluer, disant: Salut, roi des 
Juifs ! 

19. Et ils lui frappaient 18 téte 
avec un roseau ; et ils crachaient 
sur lui, et fléchissant le genou, 
ils l'adoraient. 

20. Et apres qu'ils se furent 
ainsi joués de lui, ils lui óterent 
la pourpre et le couvrirent de 
ses vétements; puis ils l'em- 
menèrent pour le crucifier. 

91. Et ils contraignirent un 
certain Simon de Cyrene, pere 
d'Alexandre et de Rufus, qui pas- 
sait par là en revenant de sa 
maison des champs, de porter sa 
croix. 

22. Ensuite ils le conduisirent 
au lieu appelé Golgotha; ce que 
l'on interpréte par lieu du Cal- 
vaire. 

93. Ils lui présentaient à boire 
du vin mélé de myrrhe; mais il 
n'en prit point. 

24. Et l'ayant crucifié, ils se 
partagèrent ses vêtements, y je- 
tant le sort, pour savoir ce que 
chacun en emporterait. 

95. Or il était la troisieme 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


2455 
heure lorsqu'ils le crucifièrent. 

26. Et le titre de sa condamna- 
tion était ainsi écrit : Le Ror pes 
JUIFS. 

27. Ils crucifièrent avec lui 
deux voleurs, l’un à sa droite, 
l’autre à sa gauche. 

28. Ainsi fut accomplie l'Ecri- 
ture, qui dit : Π ἃ été mis au rang 
des scélérats. 

29. Et les passants le blasphé- 
maient, branlant la téte, et di- 
sant: Ah! toi qui détruis le 
temple de Dieu et le rebátis en 
trois jours, 

30. Sauve-toi toi-méme, et des- 
cends de la croix. 

31. Pareillement les princes des 
prétres eux-mémes se moquant 
de lui avec les scribes, se disaient 
l'un à l’autre : Il ἃ sauvé les 
autres, et il ne peut se sauver 
lui-même. 

32. Que le Christ, le roi d'Israël, 
descende maintenant de la croix, 
afin que nous voyions et que 
nous croyions.Etceux quiavaient 
été crucifiés avec lui, l’outra- 
geaient de même. 

33. La sixième heure venue, 
les ténèbres se répandirent sur 
toute la terre jusqu'à 18 neuvième 
heure. 


21. Matt., xxvr, 32; Luc, xxn 26. — 24. Matt., xxvir, 35; Luc, xx, 34; Jean, 
xix, 29. — 38, Isaie, Lui, 12. — 29. Jean, i1, 19. 


21. * Sur la croix et Simon de Cyréne, voir note sur Matt., xxvir, 32. Saint Marc 
nomme ses deux fils, probablement parce qu'ils devinrent chrétiens. Rufus est sans 
doute celui que saint Paul nomme, Rom., xvi, 13, parmi ceux à qui il envoie ses sa- 


lutations. 


32. * Golgotha, Calvaire. Voir Matt., xxvi, 33. 

24. "Εἰ l’ayant crucifié. Voir note sur Matt., xxvir, 35. 

25. La troisiéme heure; c'est-à-dire la fin de la troisiéme heure, ou environ la 
sixiéme, comme le dit saint Jean, xix, 14. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., 


p. 536. 


26. * Le voi des Juifs. Voir Matt., xxvi, 81. 
29. * Le temple, en grec naos. Voir plus haut, xiv, 58. 
33. La sixième heure venue; c'est-à-dire à midi. 


2456 
34. Et à la neuvième heure, 
Jésus cria d'une voix forte, di- 
sant : Eloi, Eloi, lamma sabac- 
thani; ce que lon interprète 
ainsi: Mon Dieu, mon Dieu, 
pourquoi m'avez-vous délaissé? 
98. Quelques-uns de ceux qui 
l'environnaient, l'entendant, di- 
saient : Voilà qu'il appelle Elie. 

96. Et aussitót l'un d'eux, cou- 
rant, emplit de vinaigre une 
éponge, et l'ayant mise au bout 
d'un roseau, il lui présentait à 
boire, disant : Laissez; voyons si 
Elie viendra le délivrer. 

31. Mais Jésus ayant poussé un 
grand cri, expira. 

38. Et le voile du temple se 
déchira en deux, depuis le haut 
jusqu'en bas. 

89. Or le centurion, qui était 
vis-à-vis, voyant quil avait ex- 
piré en jetant un pareil eri, dit : 
Vraiment, cet homme était le fils 
de Dieu. 

40. Il y avait là aussi des 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


[cH. xv.] 


femmes qui regardaient de loin, 
parmi lesquelles étaient Marie- 
Madeleine, Marie, mère de Jac- 
ques le Mineur et de Joseph, et 
Salomé; 

41. Et qui, lorsqu'il était en 
Galilée, le suivaient et le ser- 
vaient; et beaucoup d'autres qui 
étaient montées avec lui à Jéru- 
salem. 

49. Le soir étant déjà venu 
(parce que c'était le jour de la 
préparation qui précède le sab- 
bat), 

49. Joseph d'Arimathie, noble 
décurion, qui lui-méme attendait 
le royaume de Dieu, vint et entra 
hardiment chez Pilate, et lui de- 
manda le corps de Jésus. 

44. Pilate s'étonnait qu'il fût 
mort sitôt; il fit donc venir 16 cen- 
turion, et lui demanda s'il était 
déjà mort. 

45. Or s'en étant assuré par le 
centurion, il donna le corps à Jo- 
seph. 


34. Ps. xxr, 2; Matt., xxvir, 46. — 40. Matt., xxvit, 55. — 41. Luc, vri, 2. — 42. Matt., 


xxvi, 51; Luc, xxii, 50; Jean, xix, 88. 


34. A la neuvième heure; c'est-à-dire à trois heures de l'aprés-midi. — Eloë, Eloi, etc. 


Ces paroles sont prises du Ps. xxi. 


36. * Emplit de vinaigre une éponge. Voir Jean, xix, 29-30. 


31. * Jésus... expira. Voir Matt., xxvii, 50. 


38. * Le voile du Saint des Saints. Voir Matt., xxvi, 51. 

39. * Le centurion. Voir Matt., vin, 5 et xxvrr, 54. 

40. * Marie-Madeleine. Voir Matt., xxvir, 56. — Marie de Cléophas, mère de Jacques 
le Mineur, apótre, et de Joseph. Voir Ibid. — Et Salomé, la mère des fils de Zébédée, 
c' est-à-dire de S. Jacques le Majeur et de S. Jean l'Evangéliste. 

42. — Le jour de la préparation, ete. Compar. Matt., xxvi, 62. 


43. * Joseph d'Arimathie. Voir Matt., xxvi, 51. — Décurion, en grec bouleutés, 
membre du sanhédrin. — Lui demanda le corps de Jésus. Voir Matt., xxvi, 58. 

44, * Pilate s'étonnait qu'il fat mort sitôt. > La mort venait ou de la perte du sang 
ou de la faim. On cite des crucifiés qui ont vécu deux ou trois jours et pouvaient 
parler.» (RonmauLT DE FLEunY.) > Quoique Pilate, quand on lui demanda le corps du 
Sauveur, s'étonnàt qu'il füt déjà mort, cette surprise était d'un homme peu sensible 
et méme peu attentif à tout ce que Jésus-Christ avait souffert dans le Prétoire, 
puisque la seule peine de la flagellation et du couronnement d'épines était capable 
de faire mourir l'homme le plus robuste. Aussi il était si affaibli, quand il sortit de 
la maison de Pilate, que le temps qu'il vécut depuis fut bien plus l'effet d'une vertu 
divine que d'une force humaine. » (Tnowas DE Jésus.) 


[cu. xvi.) 


46. Et Joseph ayant acheté un 
linceul et détaché Jésus de la 
croix, lenveloppa dans le lin- 
ceul, le mit dans un sépulcre qui 
avait été taillé dans le roc, et 
roula une pierre à l'entrée du sé- 
pulcre. 

47. Or Marie-Madeleine, οἱ 
Marie, mère de Joseph, regar- 
daient où on le mettrait. 


CHAPITRE XVI. 


Résurrection de Jésus-Christ. Apparition 
de l'ange aux saintes femmes. Jésus- 
Christ apparaît lui-même à Madeleine, 
à deux disciples et aux onze apôtres. 
Ascension de Jésus-Christ. 


1. Lorsque le sabbat fut passé, 
Marie-Madeleine, et Marie, mere 
de Jacques, et Salomé, achetèrent 
des parfums pour venir embau- 
mer Jésus. 

2. Ainsi parties de grand ma- 
tin, le premier jour de 18 semaine, 
elles arrivèrent au sépulcre, le so- 
leil étant déjà levé. 

3. Or elles se disaient l'une à 
l'autre : Qui nous ôtera la pierre 
de l'entrée du sépulcre? 

4. Mais regardant elles virent 
la pierre ótée; or elle était fort 
grande. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


2457 

5. Et entrant dans le sépulcre, 
elles aperçurent un jeune homme 
assis à droite, vétu d'une robe 
blanche, et elles furent frappées 
d'étonnement. 

6. Illeur dit : Necraignez point: 
c'est Jésus de Nazareth, le cruci- 
fié, que vous cherchez; il est res- 
suscité , il n'est point ici ; voilà le 
lieu où on l'avait mis. 

7. Mais allez, dites à ses dis- 
ciples et à Pierre qu'il va devant 
vous en Galilée; c'est là que vous 
le verrez, comme il vous la 
dit. 

8. Mais elles, sortant du sé- 
pulere, s'enfuirent, car le trem- 
blement et la peur les avait sai- 
sies;et elles ne dirent rien à per- 
sonne, tant elles étaient ef- 
frayées. 

9. Or Jésus étant ressuscité le 
malin, au premier jour de la se- 
maine, il apparut premièrement 
à Marie-Madeleine, de laquelle il 
avait chassé sept démons. 

10. Et elle alla l'annoncer à 
ceux qui avaient été avec lui, et 
qui s’affligeaient 61 pleuraient. 

11. Mais eux entendant dire 
qu'il vivait et qu'il avait été vu 
par elle, ne le crurent pas. 


CraP. XVI. 1. Matt., xxviu, 1; Luc, xxiv, 1; Jean, xx, 1. — 5. Matt., xxvii, 5; Luc, 
,טואא‎ 4; Jean, xx, 12. — 7. Supra, xiv, 28. — 9. Jean, xx, 16. 


46. * Le mit dans un sépulcre. Voir Matt., xxvi, 61. 


1. Lorsque le sabbat fut passé; c'est-à-dire le samedi au soir, lorsque le soleil fut 
couché. Le sabbat finissait au coucher du soleil. Pour accorder saint Marc avec saint 
Luc, qui dit que ces femmes avaient préparé les parfums dés la veille du sabbet, il 
faut traduire ici : Elles avaient achelé des parfums; ou bien elles achetèrent de nou- 
veau des parfums qu'elles joignirent à ceux qu'elles avaient achetés la veille, et qui ne 
suffisaient pas pour embaumer comme il faut le corps de Jésus-Christ. 

3. * La pierre de l'entrée qui servait de porte au tombeau et empéchait d'y péné- 
trer,la pierre qui avait recu les sceaux. 

5. * D'une robe blanche (stolé). Voir Luc, xu, 22. 

8. A personne; c'est-à-dire à aucune des personnes qu'elles rencontrérent : car il 
est constant, par saint Matthieu et par saint Luc, qu'elles en firent le rapport aux 
apótres, selon le commandement qu'elles avaient recu. 


2458 

19. Il 56 montra ensuite sous 
une autre forme, à deux d'entre 
eux, qui étaient en chemin et qui 
allaient à une maison de cam- 
pagne; 

13. Et ceux-ci allèrent l'annon- 
cer aux autres; mais ils ne les 
crurent pas non plus. 

14. Enfin il apparut aux onze 
lorsqu'ils étaient à table, et il 
leur reprocha leur incrédulité et 
ladureté deleurcceur, parce qu'ils 
n'avaient pascru ceux qui avaient 
vu qu'il était ressuscité. 

15. Et il leur dit: Allez dans 
tout l'univers, et préchez l'Evan- 
gile à toute créature. 

16. Celui qui croira et sera bap- 
tisé sera sauvé : mais celui qui 
ne croira pas sera condamné. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT MARC. 


[cn. xvi.] 


17. Or voiciles prodiges qui ac- 
compagneront ceux qui auront 
cru : ils chasseront les démons en 
mon nom; ils parleront des 
langues nouvelles ; 

18. Ils prendront les serpents, 
et 8118 boivent quelque poison 
mortel, il ne leur nuira point; 
ils imposeront les mains sur 
les malades, et ils seront gué- 
ris. 

19. Et le Seigneur Jésus, apres 
leur avoir parlé, fut élevé dans 
le ciel, oü il est assis à la droite 
de Dieu. 

20. Et eux, étant partis, pré- 
cherent partout, le Seigneur coo- 
pérant avec eux, et confirmant 
leur parole par les miracles qui 
l'accompagnaient. | 


12. Luc, xxiv, 13. — 17 Actes, xvi, 18; 11, 4; x, 46. — 18. Actes, xxVIN, 9; XXVIII, 


8. — 19. Luc, xxiv, 51. 


--.-. MÀ oo — 


19. Il avait apparu à Madeleine sous la forme d'un jardinier (Jean, xx, 19); il appa- 
rut à ces deux disciples sous celles d'un voyageur (Luc, xxiv, 15), 
19. * L'Ascension eut lieu sur le mont des Oliviers, Act., r, 12. 


ELLE (D) eit menm 


LE 


SAINT EVANGILE DE JESUS-CHRIST 


SELON SAINT LUC 


— —o0-0 03€ O0 0-0-——— 


INTRODUCTION 


Tous les auteurs ecclésiastiques, sauf Clément d'Alexandrie, attestent que cet 
évangile a paru aprés celui de S. Marc, et qu'il vient en troisiéme lieu. L'auteur 
dit lui-même qu'il n'est pas le premier qui ait essayé d'écrire la Vie du Sauveur. 
Ailleurs il nous apprend qu'il a publié son évangile avant d'écrire les Actes des 
Apótres. Or, le livre des Actes a été terminé, suivant toutes les apparences, en 
l'an 62 ou 63, époque à laquelle son récit s'arréte brusquement. Il est donc pro- 
bable que le troisi&me évangile a été écrit entre l'an 55 et l'an 60, une huitaine 
d'années aprés celui de S. Marc, une quinzaine aprés celui de S. Matthieu. A 
cette date, le christianisme était déjà établi dans beaucoup de contrées de 
l'empire; mais la plupart des Apótres étaient encore en vie. 

On peut distinguer dans l'Evangile de S. Luc quatre parties : — 1? Enfance 
et jeunesse de Notre Seigneur, 1, 5-1v, 13. — 2° Prédication dans la Galilée, rv, 
1&-1x, 50. — 3° Voyage de Galilée à Jérusalem, 1x, 51-xvir, 30. — 4° Derniers 
mystères, xvii, 31-xxiv. 

S. Luc n'avait pas connu Notre Seigneur, ni observé par lui-méme les faits 
évangéliques; mais il avait à sa disposition les écrits de S. Matthieu et de 
S. Marc, qui pouvaient le guider dans la plupart de ses récits. Quant aux faits 
qu'il rapporte seul, et aux circonstances qu'il ajoute aux récits de ses devan- 
ciers, il a eu pour s'en assurer diverses autorités : 

19 S. Paul, si bien instruit de tout ce qui concernait le Sauveur, soit par ses 
révélations, soit par les rapports des premiers disciples. On sait que S. Luc a 
longtemps vécu avec l'Apótre, qu'il l'a suivi dans la plus grande partie de ses 
missions. Les premiers chrétiens étaient si persuadés de la part que S. Paul 
avait prise à la composition du troisiéme évangile, qu'ils lui en faisaient hon- 
neur et que Tertullien l'appelle z//uminator Luca. 

2» Plusieurs personnages apostoliques : S. Barnabé, l'un des premiers lévites 
convertis qui devint fondateur de l'Eglise d'Antioche où S. Luc apprit les élé- 
ments de la doctrine chrétienne; S. Philippe, diacre de Césarée, chez lequel 
S. Luc logea avec S. Paul en se rendant à Jérusalem, et auprés de qui il de- 


2460 L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


meura les deux premiéres années de la captivité de l'Apótre; S. Jacques le Mi- 
neur, évêque de Jérusalem; S. Pierre et les autres Apôtres, avec lesquels S. Luc 
fut en rapport. 

3° La sainte Vierge et les parents de S. Jean-Baptiste. C'est à cette dernière 
source qu'a dû être puisé en particulier le récit des faits qui ont précédé la 
naissance du Sauveur; récit dont la couleur toute hébraique contraste avec le 
prologue de l'Evangile. Aussi S. Luc atteste-t-il qu'il a remonté jusqu'aux ori- 
gines, et fait-il remarquer à deux reprises que la mére de Dieu conservait dans 
son cœur le souvenir de tout ce qu'elle voyait et entendait. 

Le troisième évangile offre des marques trés nombreuses d'authenticité. On 
sait que S. Luc était médecin, et qu'il avait fait par conséquent quelques études, 
qu'il était Gentil d'origine, qu'il fut disciple de S. Paul, qu'il se consacra comme 
son maitre à la conversion des Gentils, enfin qu'aprés avoir écrit son évangile, 
il a composé les Actes des Apótres. Or, ces qualités, ces habitudes d'esprit, ces 
dispositions, ces particularités, se reflétent d'une maniére visible dans le troi- 
sième évangile. 

19 On reconnait la profession de l'auteur à la maniere dont il parle des mala- 
dies et de leur guérison; et il est facile de conslater la culture de son espril aux 
qualités de sa composition. — Cet évangile décrit les maladies guéries par le 
Sauveur avec bien plus de précision que les autres, en des termes qui lui sont 
propres et qui appartiennent au langage médical de l'époque. En outre, il a 
plus qu'aucun autre la forme de l'histoire. — Il commence, comme Josèphe, 
par un prologue, suivant l'usage des Grecs, et par une dédicace à un Théophile 
qu'il nomme Excellence, ou excellent. Ce Théophile pourrait étre un chrétien 
de Rome ou d'Achaie, honoré d'un emploi civil. Ce pourrait bien étre aussi, 
comme le pense Origène et comme on en trouve des exemples vers cette époque, 
un personnage fictif, représentant tous les fidéles, désireux de servir et d'aimer 
Dieu. « Si tu aimes Dieu, c'est à toi qu'il est écrit, » dit S. Ambroise, qui sui- 
vait ce sentiment. — L'auteur remonte au commencement des faits évangé- 
liques, et il conduit son récit jusqu'à la fin, en le rattachant aux événements 
contemporains, et en suivant autant qu'il peut la chronologie. C'est un soin que 
S. Matthieu avait négligé et dont l'importance commencait à se faire sentir. 
Déjà S. Marc avait essayé de rétablir cet ordre. S. Luc profite de son travail et 
cherche à le compléter. ll distribue tout autrement les faits rapportés par 
S. Matthieu du chapitre vin au chapitre xi. — Il s'efforce aussi de combler les 
lacunes de ses devanciers. Un tiers de ses récits, cinq miracles et douze para- 
boles lui appartiennent en propre. Il est le seul qui parle des soixante-douze 
disciples et de leur mission. C'est peut-étre ce qui a fait dire à plusieurs auteurs, 
à S. Epiphane en particulier, qu'il en faisait partie, bien que S. Luc lui-méme 
semble affirmer le contraire, suivant S. Grégoire le Grand. — Pour le style, 
quoique son grec ait encore bien des hébraismes, surtout au commencement, 
dans les cantiques en particulier, il est notablement plus pur que celui des 
écrivains du Nouveau Testament, Il ne les reproduit presque jamais sans leur 
donner plus de correction et d'élégance. 

2» On reconnaît un disciple de S. Paul. — Comme le Docteur des Gentils, il 
appelle le Sauveur Dominus, « le Seigneur, » titre qui suppose l'habitude de le 
considérer au ciel, dans sa gloire, plutót que le souvenir de sa vie sur la terre. 
— Il insiste sur la nécessité et l'efficacité de la foi, sur l'universalité de la ré- 


INTRODUCTION. 2461 
demption, sur le mérite de l'aumóne et de la pauvreté évangélique, sur la 
générosité nécessaire aux Apótres. — Le récit qu'il fait de l'institution de l'Eu- 
charistie differe de ceux de S. Matthieu et de S. Marc; mais il est presque 
identique avec celui que S. Paul fit vers la méme époque aux Corinthiens; les 
paroles sacramentelles sont suivies, dans l'un comme dans l'autre, de la méme 
recommandation : « Faites cela, etc. » Il est aussi, avec l'Apótre, le seul qui 
mentionne l'apparition de Notre Seigneur à S. Pierre aprés la Résurrection. — 
Enfin, on a remarqué que son élocution a quelque chose de l'abondance et de 
la facilité de S. Paul, de méme que celle de S. Marc tient de la concision et de 
la fermeté de S. Pierre, et l'on a relevé de nombreuses coincidences de pensée 
et d'expression avec les épitres de l'Apótre. 

3° L'ouvrage n'est pas fait pour les Juifs. — L'auteur ne suppose pas à ses lec- 
teurs une grande connaissance de la langue, des mœurs, de la géographie de - 
la Palestine. Il ne cite aucune parole du Sauveur en hébreu. Il nomme toutes 
les localités par leur nom grec, Il dit : le mont appelé des Oliviers, la bourgade 
qu'on nomme Bethléem, la féte des azymes, connue sous le nom de Páques. Il fait 
connaitre la distance d'Emmaüs. Il avertit qu'Arimathie est en Judée, que Ca- 
pharnaüm est en Galilée, aussi bien que Nazareth, mais non Gadare. Il évite de 
dire comme S. Matthieu : La cilé sainte, les anciens. Il remplace Rabbi par 
Maitre, Hosanna par une périphrase. ll présente Jésus-Christ comme le Sauveur 
du genre humain plutót que comme le Messie de la nation juive. Sa généalogie 
ne s'arréte pas à Abraham ; elle remonte jusqu'à Adam, et montre que tous les 
hommes sont de la famille du Sauveur. Ce n'est pas par les rois de Juda, mais 
par une ligne collatérale qu'elle le rattache à David. Zacharie, à la naissance de 
son précurseur, comme Siméon dans le récit de sa Présentation, annonce l'au- 
rore du salut au genre humain tout entier. Enfin les faits qui n'ont qu'un 
intérét temporaire et local, comme les longues disputes des Pharisiens avec le 
Sauveur, sont constamment écartés. 

&^ Il est destiné aux Gentils. — Tout ce qui eût pu les choquer ou donner lieu 
aux Juifs de se mettre au-dessus d'eux est passé sous silence. Au lieu d'opposer 
aux enfants de Dieu les nations ou les Gentils, comme S. Matthieu, il leur oppose 
les pécheurs, terme qui peut s'appliquer aux Juifs comme au reste des hommes. 
Daus plusieurs endroits, il fait mention de l'empire, de ses magistrats, de ses 
officiers, et toujours avec une considération bien marquée, Il évite de leur attri- 
buer le supplice du Sauveur. Quand il est question du royaume de Dieu, il fait 
remarquer qu'il est spirituel. Il recueille avec soin un grand nombre de traits 
négligés par S. Matthieu, qui étaient de nature, soit à humilier les Juifs, soit à 
toucher les paiens et à leur donner confiance : le salut promis à Zachée et au 
bon larron; le pardon accordé au prodigue et à la pécheresse; la préférence 
donnée au publicain sur le pharisien et au Samaritain sur le prétre et le lévite; 
les paraboles de la brebis égarée, de la drachme perdue, du figuier tardif; 
l'éloge fait par le Sauveur de plusieurs Gentils; sa prière pour ses bourreaux; 
la conversion d’un larron sur la croix, et celle du centenier à la mort du Fils de 
Dieu. Aussi a-t-on dit de cet évangile en particulier qu'il est l'évangile de la mi- 
séricorde et que les paroles d'Isaie, lues par le divin Maitre dans la synagogue 
de Nazareth, pourraient lui servir d'épigraphe. L'Homme-Dieu y parait comme 
le divin médecin. S. Matthieu l'avait présenté aux Hébreux comme Messie, et 
S. Marc aux Romains comme Fils de Dieu : S. Luc le préssnte aux Grecs, 


9469 L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


c'est-à-dire à tous les peuples civilisés, comme Sauveur du genre humain tout 
entier. 

5° Quant au style, cet évangile, plus correct, plus soigné que le reste du nou- 
veau Testament, a une grande analogie avec le livre des Actes. On remarque des 
deux cótés des passages empruntés à des piéces officielles ou à des écrits plus 
anciens, des paroles touchantes, affectueuses, pleines de délicatesse, des tableaux 
admirables de naturel, de simplicité et de gráce, qui font penser au talent de 
peintre attribué à l'auteur par la tradition. Des deux cótés, l'Ancien Testament 
est cité d’après les Septante; Jésus-Christ est appelé le Seigneur, et la foi en sa 
médiation est préconisée comme la condition et le moyen du salut. On trouve 
méme dans les deux livres des membres de phrases identiques, et des péri- 
phrases communes, « le Saint de Dieu, les discours du prophéte, le livre des 
psaumes, etc. » Ce sont aussi les mêmes mots favoris, « grâce, multitude, 
salut, cceur, évangéliser, etc. » 69 verbes sont répétés 254 fois dans le troisiéme 
évangile et 427 fois dans les Actes, tandis que dans tout le reste du Nouveau 
Testament, ils ne le sont que 271 fois; 33 mots se trouvent dans l'un et l'autre 
de ces livres, sans qu'on les rencontre en aucun autre. (L. Bacuez.) 


LE SAINT ÉVANGILE 


DE JÉSUS-CHRIST 


SELON 


SAINT LUC 


CHAPITRE PREMIER. 


Prologue de S. Luc. Naissance de saint 
Jean-Baptiste. L'incarnation du Verbe 
annoncée. Visite de la sainte Vierge à 
sainte Elisabeth. Son cantique. Nais- 
sance de saint Jean-Baptiste. Cantique 
de Zacharie. 


1. Comme beaucoup ont entre- 
pris de mettre par ordre le récit 
des choses qui se sont accomplies 
parmi nous, 

3. Suivant que nous les ont 
transmises ceux qui, dès le com- 
mencement, les ont eux-mêmes 
vues, et qui ont été les ministres 
de la parole; 

3. J'ai cru, moi aussi, excellent 


Cap, I. 5. I Par., xxiv, 10. 


Théophile, après m'être diligem- 
ment informé de tout dès l'ori 
gine, devoir t'en écrire par ordre 
toule l'histoire ; 

4. Afin que tu connaisses la 
vérité de ce dont tu as été 
instruit. 

9. Aux jours d'Hérode, roi de 
Judée, il y eut un prétre nommé 
Zacharie, de la classe d'Abia; et 
sa femme, d'entre les filles d'Aa- 
ron, s'appelait Elisabeth. 

6. Ils étaient tous deux justes 
devant Dieu, marchant sans re- 
proche dans les commandements 
et toutes les lois du Seigneur; 

7. Et ils n'avaient point de fils, 
parce que Elisabeth était stérile, 


1. Saint Luc peut avoir en vue ici, soit les écrits que plusieurs fidéles avaient com- 
posés dés les commencements du christianisme, écrits peu exacts et peu fidéles, mal- 
gré la bonne intention de leurs auteurs, soit les œuvres mensongères que des impos- 
teurs fabriquérent pour corrompre le dépót des vraies Ecritures, afin de mieux établir 
leurs fausses doctrines. 

3. * Théophile, chrétien de distinction, d'ailleurs inconnu, probablement d'origine 
paienne, à qui S. Luc a aussi dédié les Actes des apótres. 

5. * Zacharie, de la classe d'Abia. David avait partagé les prêtres en vingt-quatre 
classes ou familles qui remplissaient les fonctions sacrées à tour de rôle dans le 
temple une semaine chacune, d'un sabbat à un autre sabbat, I Par., xxiv, 4; 11 Par., 
vir, 4; II Esd., xir, 40. Zacharie appartenait à la huitième classe qui était celle d’Abia, 
Nous ne savons du reste sur lui que ce que nous apprend l'Evangile. — Elisabeth. 
Nous ne connaissons non plus d'elle que ce que nous raconte S. Luc. — Sur Hérode 
le Grand, voir Matt., 11, 1. 


2464 


et que tous deux étaient avancés 
en âge. 

8. Or il arriva que lorsque Za- 
charie remplissait devant Dieu, 
les fonctions du sacerdoce, au 
rang de sa classe, 

9. Il lui échut par le sort, sui- 
vant la coutume observée entre 
les prêtres, d'entrer dans le tem- 
ple du Seigneur pour y offrir 
l'encens. 

10. Et toute la multitude du 
peuple était dehors priant, à 
l'heure de l'encens. 

11. Et un ange du Seigneur lui 
apparut debout, à droite de l'au- 
tel de l'encens. 

19. Zacharie fut troublé en le 
voyant, et la crainte le saisit. 

13. Mais lange lui dit : Ne 
crains point, Zacharie, parce que 
ta prière a été exaucée ; Elisabeth, 
ta femme, enfantera un fils, et tu 
lui donneras le nom de Jean; 

14. Il sera pour toi un sujet 
de joie et d'allégresse, et, à sa 
naissance, beaucoup se réjoui- 
ront. 

45. Car il sera grand devant le 
Seigneur; il ne boira ni vin ni 
cervoise, etil serarempli du Saint- 
Esprit des le sein de sa mere; 


L'ÉVANGILE SELÓN SAINT LUC. 


(cu. 1.] 


16. Et 1] convertira un grand 
nombre d'enfants d'Israël au Sei- 
gneur leur Dieu; 

47. Et il marchera devant lui 
dans l'esprit et la vertu d'Elie, 
afin qu'il unisse les cœurs des 
pères à ceux des fils, ramène les 
incrédules à la prudence des jus- 
tes, pour préparer ainsi au Sei- 
gneur un peuple parfait. 

18. Et Zacharie dit à lange: 
Comment connaitrai-je cela ? car 
je suis vieux, et ma femme est 
avancée en áge. 

19. Et l'ange répondant, lui dit : 
Je suis Gabriel, qui me tiens de- 
vant Dieu, et j'ai été envoyé pour 
te parler et t'annoncer cette heu- 
reuse nouvelle. 

20. Et voilà que tu seras muet, 
el ne pourras parler jusqu'au 
jour où ces choses arriveront, 
parce que tu n'as pas cru à mes 
paroles, qui s'aecompliront en 
leur temps. 

21. Cependant le peuple était 
dans l'attente de Zacharie, et il 
s'étonnait qu'il demeurát si long- 
temps dans le temple. 

22. Mais étant sorti, il ne pou- 
vait leur parler; et ils comprirent 
qu'il avait eu une vision dans le 


10. Exode, xxx, 7; Lév., xvi, 17. — 17. Malachie, 1v, 6; Matt., x1, 14. 


9. * Dans le temple, le naos, la maison de Dieu, dans la partie appelée le Saint où 
était l'autel des parfums. Voir Matt., xxr, 12. 
10. A l’heure de l’encens. On offrait l'encens tous les jours, matin et soir. Exode, 


xxxvi, 6-8. 


11. L'autel de l'encens est le méme que l'autel des parfums. Exode, xxxvir, 21 et suiv. 

13. * Jean. Sur S. Jean-Baptiste, voir Matt., rr. 1. 

15. * Il ne boira ni vin ni cervoise, comme les Nazaréens, Nom., vi, 3. La cervoise 
indique une liqueur enivrante faite avec des fruits doux autres que le raisin. 

417. * Elie le prophète. Voir note sur Matt., xr, 4. Voir aussi Jean, 1, 21. 

19. * Gabriel, l'homme de Dieu, l'un des principaux anges quise tiennent devant le 
trône de Dieu, celui qui avait annoncé à Daniel l'époque de la venue du Messie. Dan., 


viti, 16; 1x, 21. 


21. * Le peuple était dans les parvis extérieurs de l'Aiéron et il ne voyait pas Zacha- 


rie qui était dans le Saint du naos. 


[cn. 1.[ 


temple. Et pour lui, illeur faisait 
des signes, et il resta muet. 

23. Et il arriva que lorsque les 
jours de son ministère furent 
accomplis, il s'en alla en sa mai- 
son. 

24. Or après ces jours, Elisa- 
beth, sa femme, concut, et elle 
se tenait cachée pendant cinq 
mois, disant : 

95. C'est ainsi que le Seigneur 
a fait pour moi aux jours oü 
il m'a regardée pour me déli- 
vrer de mon opprobre parmi les 
hommes. 

96. Au sixième mois, lange 
Gabriel fut envoyé de Dieu dans 
la ville de Galilée, appelée Naza- 
reth, 

27. À une vierge qu'avait épou- 
sée un homme nommé Joseph, 
de la maison de David ; et le nom 
de la vierge était Marie. 

98. Or l'ange étant venu vers 
elle lui dit : Je vous salue, pleine 
de gràce; le Seigneur est avec 
vous; vous étes bénie entre les 
femmes. 

99. Lorsque Marie l'eut en- 
tendu, elle fut troublée de ses 
paroles, et elle pensait quelle 
pouvait étre cette salutation. 

30. Mais l'ange lui dit : Ne crai- 
gnez point, Marie; vous avez 
trouvé grâce devant Dieu; 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2465 

91. Voilà que vous concevrez 
dans votre sein, et vous enfan- 
terez un fils à qui vous donnerez 
le nom de Jésus. 

32. Il sera grand, et sera ap- 
pelé le Fils du Très-Haut, et le 
Seigneur Dieu lui donnera le 
trône de David, son pere; et il 
régnera élernellement sur la 
maison de Jacob, 

33. Et son règne n'aura point 
de fin. 

34. Marie dit à l'ange : Com- . 
ment cela se fera-t-il? car je ne - 
connais point d'homme. 

39. Et lange répondant, lui 
dit : L'Esprit-Saint surviendra en 
vous, et la vertu du Très-Haut 
vous couvrira de son ombre. C'est 
pourquoi la chose sainte qui nai- 
ira de vous sera appelée le Fils de 
Dieu. 

36. Et voilà qu'Elisabeth, votre 
parente, a coneu, elle aussi, un 
fils dans sa vieillesse; et ce mois 
est le sixième de celle qu'on ap- 
pelle stérile, 

91. Car, à Dieu, rien n'est im- 
possible. 

38. Alors Marie reprit : Voici la 
servante du Seigneur, qu'il me 
soit fait selon votre parole. Et 
l'ange s'éloigna d'elle. 

39. Or en ces jours-là, Marie, se 
levant, s'en alla en grande hâte 


31. Isaie, vit, 14; Infra, τι, 21. — 32. Dan., vir, 14, 27; Mich., 1v, 7. 


23. * Il s'en alla en sa maison. A Hébron, suivant les uns, à Jutta, selon les autres. 


Voir plus bas, y. 39. 


26. * Ville de Galilée appelée Nazareth. Sur la Galilée et Nazareth, voir aux notes 


& et 5 à la fin du volume. 


31. Jésus; c'est-à-dire Sauveur. Voy. Matt., 1, 21. 
32. Sera appelé, etc.; hébraisme, pour sera le Fils, etc. 


34. Marie avait fait vceu de garder sa virginité, ou elle en avait au moins formé le 
propos, la résolutiou. 

39. * En une ville de Juda. Cette ville est, suivant les uns, Hébron, ville sacer- 
dotale, la plus importante des montagnes de Juda; suivant les autres, qui pensent 
qu'Hébron aurait été nommée par son nom, si cette ville avait été réellement la 


Ν ἢ: 455 


246€ 
vers les montagnes, en une ville 
de Juda ; 

40. Et elle entra dans la maison 
de Yacharie, et elle salua Eli- 
sabeth. 

44. Et il arriva que lorsque Eli- 
sabeth entendit la salutation de 
Marie, l'enfant tressailit dans 
son sein, et Elisabeth fut remplie 
de l'Esprit-Saint ; 

49. Alors elle s'écria d'une 
voix forte : Vous étes bénie entre 
les femmes, et le fruit de votre 
sein est béni. 

43. Et d'où m'arrive-t-il que la 
mere de mon Seigneur vienne 
vers moi? 

44. Car, dés que la voix de 
votre salutation est venue à mes 
oreilles, l'enfant a tressailli de 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


(cu. 1.] 
dit par le Seigneur s'accomplira. 

46. Alors Marie dit : Mon âme 
glorifie le Seigneur. 

47. Et mon esprit a tressailli 
d'allégresse en Dieu mon Sau- 
veur; 

48.Parce qu'il a regardé l'hu- 
milité de sa servante; et voici 
que désormais toutes les généra- 
tions me diront bienheureuse; 

49. Car celui qui est puissant 
m'a fait de grandes choses, et son 
nom est saint; 

90. Et sa miséricorde se répand 
d'âge en âge sur ceux qui le 
craignent. 

51. Il a déployé la force de son 
bras; il a dissipé ceux qui s'en- 
orgueillissaient dans les pensées 
de leur cœur. 


52. Il a renversé les puissants 
de leur trône, et il a élevé les 
humbles. 


joie dans mon sein. 
45. Et bienheureuse, vous qui 
avez cru! car ce qui vous a été 


51. Isaie, r1, 9; Ps. xxxir, 10. 


résidence de Zacharie, la ville de Juda est une autre ville sacerdotale dont le nom 
est légèrement défiguré, Jutta, située également dans la partie montagneuse de la 
Judée. 

46. * « Le Magnificat estle premier cantique du Nouveau Testament : il pourrait ser- 
vir de conclusion à l'Ancien. Il a du rapport avec plusieurs autres, surtout avec ceux 
de Marie, sœur de Moïse, et d'Anne, mère de Samuel ; mais combien l'àme de la sainte 
Vierge parait plus unie à Dieu et plus sainte! Combien son langage a plus de ma- 
jesté, d'élévation et de calme! C'est bien le prélude dela voix du Sauveur. — La con- 
duite de Dieu dans l'établissement du christianisme y est admirablement dépeinte. 
Marie a devant les yeux tous les événements qui vont s'accomplir : la synagogue 
réprouvée, l'Eglise fondée, les Apótres glorifiés, les Gentils comblés de gràce, enfin 
toutes les promesses magnifiquement accomplies. — A la salutation de sa parente : 
« Vous étes bénie entre les femmes, » la sainte Vierge répond par une prédiction 
aussi précise que merveilleuse : « Toutes les générations me diront bienheureuse. » 
Or, elle a vu pendant sa vie et nous voyons encore tous les jours l'accomplissement 
de cet oracle. — Les sentiments exprimés dans ce cantique sont bien ceux qui devaient 
pénétrer la mère de Jésus, après la faveur incompréhensible qu'elle avait reçue. Telles 
devaient étre sa foi, son humilité sa reconnaissance; tel son ravissement sur la sa- 
gesse, la puissance, la bonté de Dieu dans la rédemption du monde. Quel admirable 
modéle pour les àmes intérieures que le Ciel favorise de ses gráces! — Enfin remar- 
quez combien Marie était accoutumée au langage des écrivains sacrés. Elle n'emploie 
pas une expression qu'on ne lise dans le Psalmiste et dans les Prophètes. Toute la 
différence est dans la profondeur de ses pensées et dans la sublimité de ses senti- 
ments. » (L. Bacuez.) 

48. Ces paroles sont une prédiction de l'honneur insigne que l'Eglise, dans tous les 
siécles, devait rendre à la trés sainte Vierge. 


[cr 1.] 


53. ll a rempli de biens les af- 
famés, et il a renvoyé les riches 
les mains vides. 

54. Se souvenant de sa misé- 
ricorde, il a pris sous sa sauve- 
garde Israél, son serviteur, 

55. Comme il l'avait promis à 
nos peres, à Abraham, et à sa 
postérité pour toujours. 

56. Marie demeura avec Elisa- 
beth environ trois mois, et elle 
s'en retourna ensuite en sa mai- 
son. 

57. Cependant le temps d'en- 
fanter pour Elisabeth s'accomplit, 
et elle mit au monde un fils. 

58. Et ses voisins et ses pa- 
rents, ayant appris que Dieu 
avait signalé en elle sa miséri- 
corde, s'en réjouissaient avec 
elle. 

89. Or il arriva qu'au huitième 
jour, ils vinrent pour circoncire 
l'enfant, et ils le nommaient Za- 
charie, du nom de son pere. 

60. Mais sa mere prenant la 
parole, dit : Non, mais il s'appel- 
lera Jean. 

61. Ils lui dirent : Il n'y a per- 
sonne dans votre famille qui soit 
appelé de ce nom. 

62. Et ils demandaient par 
signes au père comment il vou- 
lait qu'on le nommát. 

63. Or, demandant des tablet- 
tes, il écrivit : Jean est son nom. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2467 
Ettous furent dans l'étonnement. 

64. Aussitót sa bouche s'ouvrit, 
sa langue se délia, et il parlait, 
bénissant Dieu. 

65. Et la crainte se répandit 
sur tous leurs voisins, et toutes 
ces merveilles furent divulguées 
dans toutes les montagnes de la 
Judée ; 

66. Et tous ceux qui les enten- 
dirent les recueillirent dans leur 
cœur, disant : Que pensez-vous 
que sera cet enfant? Car la main 
du Seigneur était avec lui. 

67. Et Zacharie, son père, fut 
rempli de l'Esprit-Saint, et pro- 
phétisa, disant : 

68. Béni le Seigneur, le Dieu 
d'Israël! de ce qu'il a visité et ra- 
cheté son peuple, 

69. Et nous a suscité une corne 
de salut dans la maison de son 
serviteur David, 

10. Comme il a promis par la 
bouche de ses saints prophètes, 
qui ont été dès les temps les plus 
anciens, 

71. De nous sauver de nos 
ennemis et de la main de tous 
ceux qui nous haissent, 

12. Pour accomplir ses miséri- 
cordes envers nos peres, en sou- 
venir de son alliance sainte; 

13. Selon le serment qu'il 8 
juré à Abraham, notre père, de 
faire pour nous, 


53. I Rois, rr, 5; Ps. xxx, 11. — 55. Genèse, xvir, 9; xxrt, 16; Ps. ,זאאאס‎ 11; Isaie, 
xLI, 8. — 63. Supra, y. 13. — 68. Ps. rxxmur, 12. — 69. Ps. cxxxr, 17. — 70. Jérémie, 
xxm, 6; xxx, 10. — 73. Genèse, xxrr, 16; Jérémie, xxxr, 33; Hébr., vr, 13, 17. 


56. * En sa maison à Nazareth. 


63. * Des tablettes, en grec pinakidion, planchette en bois de pin si l'on peut s'en 
rapporter à l'étymologie, probablement enduite de cireetsur laquelle on pouvait tra- 


cer des caractéres avec un stylet. 


69. Une corne de salut; c'est-à-dire un puissant sauveur. Chez les Hébreux, la corne 
était un symbole de la force. — * Dans la 94990 de David, dans sa postérité, ep 


Jésus. 


2108 

74. Qu'étantdélivrés de,nos en- 
nemis, nous le servions sans 
crainte, 

75. Dans la sainteté et la 
justice, marchant devant lui tous 
les jours de notre vie. 

76. Et toi, petit enfant, tu seras 
appelé prophète du Très-Haut; 
car tu marcheras devant la face 
du Seigneur pour lui préparer 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


(cu. n.] 


19. Pour éclairer ceux qui sont 
assis dans les ténèbres et l'ombre 
de la mort, pour diriger nos pieds 
dans une voie de paix. 

80. Or l'enfant croissait et se 
fortifiait en esprit; et il demeu- 
rait dans les déserts, jusqu'au 
jour de sa manifestation devant 
Israél. 


CHAPITRE IL. 


les voies; 

17. Pour donner au peuple la 
science du salut, et pour la ré- 
mission de ses péchés, 

78. Par les entrailles de la mi- 
séricorde de notre Dieu, avec 
lesquelles est venu nous visiter 4. Or il arriva en ces jours-là 
le soleil se levant d’en haut, qu'il parut un édit de César Au- 


77. Mal., 1v, 5; Supra, y. 17. — 78. Zach., n1, ὃ; vr, 12; Mal., 1v, 2. 


Naissance de Jésus-Christ. Apparition de 
lange aux pasteurs. Circoncision de 
Jésus-Christ. Purification de Marie. Si- 
méon; son cantique; sa prophétie; 
Anne la prophétesse. Jésus au milieu 
des docteurs. 


80. * Dans les déserts. Dans le désert de Judée. Voir Matt., ru, 1. 


1. * César Auguste, premier empereur romain, fils de Caius Octavius et d'Atia, nièce 
de Jules César, né en 62 avant notre ére. Adopté par Jules César, il forma pour ven- 
ger la mort de son grand oncle, tué en 44, le second triumvirat avec Marc-Antoine 
et Lépide. Ce dernier fut bientót mis de cóté et Antoine fut complétement battu à la 
bataille d'Actium, 31 av. J.-C. Octave, aprés cette victoire, recut du sénat le titre 
d'empereur. En 31 av. J.-C. il eut le titre d'Auguste. Il rétablit la paix dans tout l'em- 
pire et l'administra avec sagesse. Il mourut à Nole en Campanie, à l’âge de 16 ans, 
l'an 14 de notre ère. Hérode le Grand avait été nommé roi des Juifs en 40 av. J.-C. par 
Antoine, avec son assentiment. Devenu seul maitre de l'empire, Auguste confirma à 
Hérode, qui était venu le visiter à Rhodes, son titre de roi etil le favorisa pendant toute 
sa vie. Hérode à son tour bâtit Césarée sur la Méditerranée en son honneur et fit 
élever à sa gloire des temples non seulement à Césarée, mais aussi à Samarie et ail- 
leurs. Auguste, de son cóté, probablement par politique, fit une fondation pour qu'on 
offrit tous les jours à ses dépens deux sacrifices en son nom dans le temple de Jéru- 
salem, ce qui fut exécuté fidélement jusqu'au moment oü éclata la guerre juive, en 
66 de notre ére. En l'an 6, Auguste incorpora la Judée à la province romaine de Syrie. 

1-9. * Le recensement de Cyrinus ou Quirinus. « On a trouvé à Ancyre, en Galatie, 
sur les murs d'un temple consacré à Auguste, un résumé de l'histoire de son régne, 
écrit par lui pour étre placé dans son mausolée. Or, dans ce résumé il mentionne 
un recensement qu'il a fait des citoyens romains, recensement qui semble supposer 
un dénombrement général de l'empire. Il indique la date de cette opération, et cette 
date coincide avec celle de la naissance du Sauveur. Nous avons de plus le témoignage 
de plusieurs auteurs. Suétone (f 140), dans son Histoire des douze Césars, rapporte 
qu'Auguste a fait trois fois le recensement de l'empire et qu'il en a laissé un cadastre : 
breviarium. Tacite (+ 130) dit à peu prés la méme chose. Saint Justin, né à Sichem, 
à 12 lieues de Jérusalem, écrivait vers 138, dans son apologie à l’empereur Anto- 
nin : Jésus-Christ est né à Bethléem. Vous pouvez vous en assurer, en consullant le 
recensement de Quirinus, votre premier gouverneur en Judée. Tertullien écrivait de 
méme, 150 ans aprés la mort d'Auguste : Les piéces originales du dénombrement 
d'Augusle sont conservées dans les archives de Rome. Leur déposition fournit un 
témoignage authentique relativement à la naissance du Sauveur. D'aprés cet auteur, 
ce serait sous le gouvernement de Saturninus que le dénombrement aurait eu lieu; 


[cn. rr.) 


guste, pour qu'on fit le dénom- 
brement des habitants de toute 
la terre. 

2. Ge premier dénombrement 
fut fait par Cyrinus, gouverneur 
de Syrie; 

3. Et tous allaient se faire ins- 
crire, chacun dans sa ville. 

4. Joseph aussi monta de Naza- 
reth, ville de Galilée, en Judée, 
dans la ville de David, qui est ap- 
pelée Bethléem, parce qu'il était 
de la maison et de la famille de 
David, 

5. Pour se faire inscrire avec 
Marie, son épouse, qui était en- 
ceinte. 

6. Or il arriva que lorsqu'ils 
étaient là, les jours où elle devait 
enfanter furent accomplis. 

7. Et elle enfanta son fils pre- 
mier-né, et l'ayant enveloppé de 
langes, elle le coucha dans la 
creche, parce qu'il n'y avait point 
de place pour eux dans l'hôtel- 
lerie. 

8. Or en la méme contrée se 
trouvaient des bergers qui pas- 
saient la nuit dans les champs, 
veillant tour à tour à la garde de 
leurs troupeaux. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2469 

9. Et voilà qu'un ?nge uu Sei- 
gneur se présenta devant eux, et 
une lumiere divine les envi- 
ronna, et ils furent saisis d'une 
grande crainte. 

10. Mais lange leur dit : Ne 
craignez point, car voici que je 
vous apporte la bonne nouvelle 
d'une grande joie pour tout le 
peuple; 

11. C'est qu'il vous est né au- 
jourd'hui, dans la ville de David, 
un Sauveur, qui est le Christ- 
Seigneur. 

19. Et ceci sera pour vous le 
signe : Vous trouverez un enfant 
enveloppé de langes et couché 
dans une crèche. 

13. Au méme instant se joignit 
à lange une multitude de la 
milice céleste, louant Dieu, et 
disant : 

14. Gloire à Dieu au plus haut 
des cieux, et, sur la terre, paix 
aux hommes de bonne volonté. 

15. Et il arriva que lorsque les 
anges, remontant au ciel, les 
eurent quittés, les bergers se di- 
saient les uns aux autres : Pas- 
sons jusqu'à Bethléem, et voyons 
ce prodige qui est arrivé, et que 


Cuar. II. 4. Mich., v, 2; Matt., i1, 6; 1 Rois, xx, 6. 


mais cela n'empêche pas qu'il ait pu être exécuté par les soins de Quirinus, associé 
ou subordonné pour cet effet au gouverneur. » (L. BACUEZ.) 

1. Son fils premier-né. Cela ne veut pas dire que plus tard la sainte Vierge ait eu 
d'autres enfants. Les Hébreux appelaient premiers-nés, les enfants uniques aussi bien 
que ceux qui avaient des frères ou des sœurs. Voy. au vers. 23. — * Dans l’hôtellerie. 
Ce mot ne doit pas étre entendu dans le sens moderne. « L'hótellerie, l'auberge 
n'existait pas en Orient. Par la loi de l'hospitalité, l'étranger était recu dans chaque 
maison où il se présentait. A défaut de cette hospitalité, ou s'il ne voulait pas y recou 
rir, il pouvait se retirer dans une hôtellerie commune, appelée aujourd'hui khan, où 
hommes et bétes trouvent un abri. Quand l'hótellerie commune était occupée, force 
était à l'étranger de chercher ailleurs un abri. En général, la chose est facile en Pa- 
lestine, où le terrain montagneux et calcaire offre partout des grottes [naturelles ou] 
taillées de main d'homme, soit pour servir d'habitation, soit comme chambres sépul- 
crales. La plupart de ces excavations remontent à des époques trés reculées. » (J.-H. 
Micuon.) 

8. * Voir la note 2 à la fin du volume, 


2470 

le Seigneur nous a fait connaitre. 

16. Ils vinrent donc en grande 
háte, et ils trouverent Marie et 
Joseph, et l'enfant couché dans 
une creche. 

11. Or, en le voyant, ils recon- 
nurent la parole qui leur avait été 
dite sur cet enfant. 

18. Et tous ceux qui en enten- 
dirent parler admirèrent ce qui 
leur avait été raconté par les ber- 
gers. 

19. Or Marie conservait toutes 
ces choses, les repassant dans 
son cœur. 

20. Et les bergers s’en retour- 
nèrent, glorifiant et louant Dieu 
de toutes les choses qu'ils avaient 
entendues et vues, comme il 
leur avait été annoncé. 

21. Cependant les huit jours 
pour circoncire l'enfant étant ac- 
complis, il fut nommé Jésus, nom 
que l'ange lui avait donné, avant 
qu'il fut concu dans le sein de sa 
mére. 

22. Et apres que les jours de la 
purification de Marie furent ac- 
complis selon la loi de Moise, ils 
le portèrent à Jérusalem, pour le 
présenter au Seigneur, 

23. Comme il est écrit dans la 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


[cu. 11.] 


loi du Seigneur : Tout mále ou- 
vrant un sein sera appelé consa- 
cré au Seigneur ; 

24. Et pour offrir l'hostie selon 
ce qui est dit dans ta loi du Sei- 
gneur, une couple de tourte- 
relles, ou deux petits de co- 
lombes. 

95. Or il y avait à Jérusalem 
un homme appelé Siméon, et cet 
homme juste et craignant Dieu 
attendait la consolation d'Israël, 
et l'Esprit-Saint était en lui. 

26. Et il avait été averti par 
l'Esprit-Saint qu'il ne verrait 
point la mort, qu'auparavant il 
n'eüt vu le Christ du Seigneur. 

27. Conduit par l'Esprit, il vint 
dans le temple. Et comme les pa- 
rents de l'enfant Jésus l'y appor- 
taient, afin de faire pour lui selon 
la coutume prescrite par la loi, 

98. Il le prit entre ses bras, bé- 
nit Dieu, et dit : 

29. Maintenant, Seigneur, lais- 
sez, selon votre parole, votre 
serviteur s'en aller en paix; 

90. Puisque mes yeux ont vu 
le Sauveur qui vient de vous, 

31. Que vous avez préparé à la 
face de tous les peuples; 

32. Pour être la lumière qui 


21. Genèse, xvii, 12; Lév., xi, 3; Matt., 1, 21; Supra, τ, 51. — 22. Lév., xr, 6. — 
23. Exode, וזא‎ 2; Nom., vin, 16. — 24. Lévit., xir, 8. 


91. * Pour circoncire l'enfant. La circoncision fut sans doute faite par saint Joseph, 
dans la grotte de Bethléem. Dans le chœur de la basilique de la Nativité à Beth- 
léem, dans le bras de la croix au sud du maître-autel qui est placé à peu prés au- 
dessus de la grotte où est né Notre-Seigneur se trouve l'autel de la circoncision, à 
l'endroit où la tradition, mentionnée déjà par saint Epiphane, localise cette céré- 
monie. 

23. Ouvrant un sein; ouvrant un sein maternel; c'est-à-dire: un fils dont la mére 
n'a pas eu d'autre enfant auparavant; un premier-né, soit que sa mére engendre 
encore aprés lui, soit qu'il reste fils unique. Compar. vers. 1. — Sera appelé consacré, 
hébraisme, pour sera consacré. Compar. 1, 32. 

25. * Siméon. On a conjecturé, mais sans preuve, qu'il était le fils du fameux docteur 
juif Hillel et le père du Gamaliel dont il est parlé dans les Actes, xxr, 3. 

21. * Dans le temple, hiéron. 


[cn. [.זז‎ 


éclairera les nations, οἱ la gloire 
d'Israél, votre peuple. 

33. Et son père et sa mère 
étaient dans l'admiration des 
choses que l'on disait de lui. 

94. Et Siméon les bénit et dit 
à Marie, sa mère : Celui-ci a été 
établi pour 18 ruine et la résur- 
rection d'un grand nombre en 
Israél, et en signe que l'on con- 
tredira ; 

35. Et un glaive traversera votre 
áme, afin que les pensées de 
beaucoup de cœurs soient révé- 
lées. 

36. Il y avait aussi une prophé- 
tesse, Anne, fille de Phanuel, de 
la tribu d'Aser; elle était fort 
avancée en áge, et elle avait vécu 
sept ans avec son mari, depuis sa 
virginité ; 

37. Restée veuve, et ágée alors 
de quatre-vingt-quatre ans, elle 
ne quittait point le temple, ser- 
vant Dieu nuit et jour dans les 
jeünes et dans la priere. 

38. Elle aussi, survenant, à cette 
méme heure, louait le Seigneur, 
et parlait de l'enfant à tous ceux 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2474 
qui attendaient la rédemption 
d'Israël. 

39. Après qu'ils eurent tout ac- 
compli selon la loi du Seigneur, 
ils retournerent en Galilée, à Na- 
zareth, leur ville. 

40. Cependant l'enfant croissait 
et se fortifiait, plein de sagesse; 
et la gráce de Dieu était en lui. 

44. Or ses parents allaient tous 
les ans à Jérusalem à la féte de 
Páque. 

42. Lors donc qu'il eut douze 
ans, ils montèrent à Jérusalem 
selon la coutume de cette solen- 
nité ; 

43. Et, quand les jours de la fête 
furent passés, ils s'en retour- 
nerent; mais lenfant Jésus de- 
meura àJérusalem, etses parents 
ne s'en apercurent point. 

44. Pensant qu'il était avec 
quelqu'un de leur compagnie, ils 
marchèrent durant un jour, et ils 
lecherchaientparmileurs proches 
et leurs connaissances. 

49. Et ne le trouvant pas, ils 
revinrent à Jérusalem pour le 
chercher. 


84. Isaie, vin, 14; Rom., 1x, 33; I Pierre, ri, 7. — 41. Exode, אא‎ 15; xxxiv, 18; 


Deut., xvi, 1. 


33. L'Evangéliste nomme toujours Joseph pére de Jésus, parce qu'il était l'époux 
de Marie et le père nourricier de Jésus, et qu'il passait pour son père dans le monde. 
34. Dieu n'a pas envoyé son Fils pour la perte d'aucun homme; mais plusieurs, 
par leur propre perversité, et par leur refus obstiné de ne pas le recevoir, devaient 


y trouver l'oecasion de se perdre. 


35. * Un glaive, en grec romphaia, un grand glaive qu'on avait coutume de porter 
sur l'épaule droite, marque ici une grande douleur qui transpercera l'âme de Marie. 

31. * Elle ne quitta point le temple. 1] y avait dans le temple, hiéron, une cour avec 
ses dépendances réservée aux femmes. Voir Matt., xxi, 12. 

39. * A Nazareth. Voir la note 5 à la fin du volume. 


41. * Páque. Voir Matt., xxvi, 2. 


44. * > La tradition chrétienne rapporte à 18 localité moderne d'El-Biréh (la Bééroth 
biblique), le lieu οὐ Marie et Joseph s'apercurent que l'enfant Jésus n'était pas avec 
leur parenté. Une église chrétienne [fut bátie en cet endroit en souvenir de cet événe- 
ment]. Une portion notable du mur septentrional et de l'abside subsiste encore. El 
Biréh est aujourd'hui un village encore important. On y voit une magnifique piscine 
recevant les eaux d'une fontaine abondante. » (J.-H. Micnon.) 


2472 

46. Mais il arriva que trois jours 
après ils le trouvèrent dans 16 
temple, assis au milieu des doc- 
teurs, les écoutant et les interro- 
geant. 

47. Et tous ceux qui l'enten- 
daient étaient étonnés de sa sa- 
gesse et de ses réponses. 

48. En le voyant, ils furent 
étonnés, et sa mere lui dit : Mon 
fils, pourquoi avez-vous agi ainsi 
avec nous? Voilà que votre père 
et moi, fort affligés, nous vous 
cherchions. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


[cu. 11.[ 


49. Mais il leur répondit : Pour- 
quoi me cherchiez-vous? lgno- 
riez-vous qu'il faut que je sois aux 
choses qui regardent mon Père? 

50. Maiseux necomprirentpoint 
ce qu'il leur disait. 

51. Il. descendit ensuite avec 
eux, et vint à Nazareth; et il leur 
était soumis. Or sa mère con- 
servait toutes ces choses en son 
cœur. 

59. Cependant Jésus avancait 
en sagesse, en âge et en grâce de- 
vant Dieu et devant les hommes. 


46. * Dans le temple, hiéron (voir Matt., xxr, 12), dans une des salles qui faisaient 
partie du Aiéron, vraisemblablement dans la synagogue placée dans le parvis des 
gentils et où avaient lieu les leçons et les discussions des rabbins. 

52. * « Comment faut-il entendre ce verset de saint Luc: Jésus avangait en sagesse, 
en áge et en grüce? Pour ce qui est de l'intelligence, nous entendons saint Luc en ce 
sens qu'ayant, comme homme, les mémes facultés que nous et se trouvant ici-bas 
dans des conditions analogues aux nótres, le Sauveur éprouvait des impressions de 
méme genre, voyait les mêmes objets, se formait les mêmes idées, acquérait la même 
science; et que laissant paraître cette science au dehors selon qu'il l'aequérait et 
n'en faisant pas paraitre d'autre, il donnait de jour en jour à ceux qui l'observaient 
de nouvelles preuves de ses connaissances et de sa sagesse. Les Docteurs donnent à 
cette scienee le nom d'expérimentale, à cause de la maniére dont on l'acquiert pour 
l'ordinaire. Elle était pour Notre Seigneur la conséquence naturelle de la condition 
oü il s'était mis, et elle rend compte de ce qu'ont dit l'Ecriture et les Péres sur son 
enfance et sur le développement graduel de son intelligence. Puisqu'il acquérait 
réellement cette sorte de science, il devait aussi en donner des marques, y faire des 
progrés, apprendre certaines choses, y appliquer son esprit, interroger, admirer, 
s'étonner, etc. Cela n'empéche pas de reconnaitre en son àme dés le premier moment 
de l'Incarnation une science surhumaine et des lumières d'un ordre supérieur. Les 
principaux Docteurs et tous les théologiens enseignent qu'il avait recu par infusion, 
à la manière des prophètes et des saints, mais dans un degré incomparablement 
plus élevé, un degré de science proportionné à sa dignité et à sa mission. De plus, 
ils s'accordent à dire que son àme jouissait de la vision intuitive de l'essence divine, 
d'une maniere plus parfaite et plus pleine que tous les esprits du ciel. Ils regardent 
ces privilèges comme une conséquence naturelle de l'union hypostatique, et par 
conséquent ils ne sauraient admettre qu'il ait ἀὰ les mériter par ses ceuvres, ni 
qu'il en ait été un seul instant privé. A plus forte raison n'admettraient-ils pas que 
son esprit partageàt à son entrée dans le monde l'ignorance commune à lous les 
enfants d'Adam. Dans l'Apocalypse, on entend les élus du ciel célébrer sa sagesse et 
ses lumières en méme temps que sa divinité. Quant à la grâce dont l'àme de Notre 
Seigneur a été ornée, nous distinguons de méme, avec les théologiens, les habitudes 
et les actes surnaturels, les principes et les effets. Les œuvres de grâces ou les actes 
de vertus croissaient et se multipliaient sans cesse; mais les habitudes infuses, les 
dispositions vertueuses, la grâce sanctifiante, tout ce qu'exigeait en son âme sa 
dignité d'Homme-Dieu, ne pouvait croitre. Le Sauveur a toujours possédé ces dons 
au degré le plus élevé. » (L. 240082.( 


"si" 


cu. nr.) L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 2473 


César Tibere. Ponce Pilate étant 
CHAPITRE III. gouverneur de la Judée, Hérode, 
tétrar Blé ilippe, 
Prédication de saint Jean. Avis qu'il donne fri T pes E huy E i naL 
au peuple, aux publicains, aux soldats. rere, ie sese uree e : u 
Il rend témoignage à Jésus-Christ. Hé- | pays de Trachonite, et Lysanias 
rode le fait mettre en prison. Jésus- | tétrarque d'Abylene; 
Christ recoit le baptéme de Jean. Gé- Ἐπ £u Y 
Hébeie de Jesus-Christ. o Sous les grands prétres Anne 
: et Caiphe, la parole du Sei- 
1. L'an quinzieme du regne de | gneur se fit entendre à Jean, 


Cuar. III. 2. Actes, 1v, 6. 


1. * L'an quinzième du règne de César Tibère. Claude Tibère Néron, fils de Tibére 
Claude Néron et de Livia Drusilla, second empereur romain, était né à Rome l'an 42 
avant notre ère. Sa mère Livia épousa l'an 38 l'empereur Auguste qui l'adopta, l'an 
4 de notre ére, aprés lui avoir fait épouser l'an 11 avant Jésus-Christ sa fille Julie. 
Tibére fut associé en l'an 13 de notre ère au gouvernement de l'empire et chargé de 
l'administration des provinces. L'année suivante, en l'an 14, Auguste étant mort, son 
fils adoptif se trouva seul maître de l'empire. Il avait alors 55 ans. Il mourut en 31, 
àlàge de 18 aus. Pendant son régne, il donna deux procurateurs à la Palestine, 
Valerius Gratus, qui garda sa charge onze ans (15-26 de notre ère) et Ponce Pilate, 
qui fut procurateur pendant dix ans (26-36). La 15e année de Tibère va du 19 août 
de l'an 28 jusqu'à la méme époque de l'an 29 aprés J.-C. — Ponce Pilate. Voir 
Matt., xxvrt, 2. — Hérode, tétrarque de Galilée. Hérode Antipas. Voir Matt., xiv, 1. — 
Philippe le tétrarque ou Hérode Philippe était fils d'Hérode-le-Grand par sa cinquième 
femme, Cléopátre de Jérusalem. C'est le seul des fils de ce roi qui n'ait pas laissé la 
réputation de mauvais prince. Il épousa à un âge assez avancé Salomé, fille d'Héro- 
diade, la danseuse qui demanda ה[‎ tête de saint Jean-Baptiste. Philippe était té/rarque 
d'Iturée et du pays de Trachonite. L'Iturée, région montagneuse, conquise par le roi 
Aristobule environ un siécle avant J.-C., était au nord-est de la Palestine et à l'ouest 
de Damas. Ses habitants étaient célébres par leurs brigandages et par leur habileté 
à tirer de l'arc. La Trachonite, l'ancien Argob, le Ledja actuel, était également habitée 
par des pillards qui demeuraient sous des tentes. L'empereur Auguste donna ce pays 
à Hérodele Grand, l'an 23 avant notre ère, pour qu'il le purgeàt du brigandage. 
Saint Luc entend par Trachonite tout le pays situé au sud de l'Antiliban, à l'est du 
haut Jourdain et du lac de Tibériade jusqu'aux montagnes des Druses. Philippe 
gouverna ce pays 31 ans; il embellit et agrandit Césarée de Philippe, qui reçut de 
lui ce surnom, et Betsaide Julias et il mourut sans postérité l'an 34 de notre ére. — 
Lysanias n'est guére connu que de nom. C'était probablement le descendant d'un 
autre Lysanias, prince de Chalcis du Liban, que Cléopâtre avait fait périr insidieu- 
sement en 35 av. J.-C. — Abylène était le pays qui tirait son nom de la ville d'Abila. 
Il était situé entre le Liban et l'Hermon, au nord-ouesr de Damas, à dix-huit milles 
romains de cette derniere ville et à trente-sept milles d'Héliopolis. ו‎ 

2. * Sous les grands prétres Anne et Caïphe. Anne, fils de Seth, appelé par Josèphe 
Ananus, fut promu grand prétre par Quirinus, gouverneur de Syrie, l'an 1 de notre 
ère. Au commencement du règne de Tibére, en l'an 14, il fut déposé par Valerius 
Gratus, procurateur de Judée et remplacé par Ismael, fils de Phabi. Bientót aprés, 
Eléazar, fils d'Anne, recut le souverain pontificat, qu'il dut céder l'année suivante à 
Simon, fils de Camith. Ce dernier fut remplacé par le gendre d'Anne, Joseph Caiphe, 
qui conserva cette dignité de l'an 21 ou 28 à l'an 36 ou 31. Anne vécut longtemps e 
cinq de ses fils furent tour à tour grands prétres. Les Evangélistes l'ont nommé avec 
Caiphe, soit parce qu'il était son sagan ou vicaire, comme quelques-uns l'ont pensé, 
soit qu'il fut encore alors président du sanhédrin ou bien qu'ayant exercé les fonc- 
tions du souverain pontificat, il en portát encore le titre par honneur. Il devait, en 
tous cas, jouir d'une grande influence à Jérusalem, et en particulier auprés de 
Caiphe, son gendre. — Sur Caïphe, voir Matt., xxvr, 3. — Sur Jean, fils de Zacharie, 
voir Matt., 11, 1. — Dans le désert de Judée. Voir Matt., ur, 4. 


2474 
fils de Zacharie. dans le désert. 

3. Et il vint dans toute la ré- 
gion du Jourdain, prêchantle bap- 
téme de pénitence pour la rémis- 
sion des péchés. 

4. Ainsi qu'il est écrit au livre 
des paroles du prophète Isaie : 
Voix de quelqu'un qui crie dans 
le désert : Préparez la voie du Sei- 
gneur, faites droits ses sentiers : 

5. Toute vallée sera comblée, 
et toute montagne et toute col- 
line seront abaissées, les chemins 
tortueux deviendront droits, et 
les raboteux, unis ; 

6. Et toute chair verra le salut 
de Dieu. 

7. Ainsi il disait à ceux qui ac- 
couraient en foule pour étre bap- 
tisés par lui : Race de vipères, qui 
vous a montré à fuir la colere à 
venir? 

8. Faites donc de dignes fruits 
de pénitence, et ne commencez 
pas par dire : Nous avons pour 
pere Abraham. Car je vous dis 
que de ces pierres mémes Dieu 
peut susciter des enfants à Abra- 
ham. 

9. Déjà la cognée a été mise à 
la racine des arbres. Tout arbre 
donc qui ne produit pas de bon 
fruit sera coupé et jeté au feu. 

10. Et la foule l'interrogeait, 
disant : Que ferons-nous donc? 

11. Et répondant, il leur disait : 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


(cn. |.חז‎ 


Que celui qui a deux tuniques en 
donne une à celui qui n'ena point, 
et que celui qui a de quoi manger 
fasse de méme. 

12. Des publicains vinrent aussi 
pour être baptisés, et tui deman- 
derent : Maitre, que ferons-nous? 

13. Et il leur répondit : Ne faites 
rien de plus que ce qui vousa été 
prescrit. 

14. Et des soldats aussi l'inter- 
rogeaient, disant : Et nous, que 
ferons-nous? Et il leur dit : N'usez 
de violence ni de fraude envers 
personne, et contentez-vous de 
votre paye. 

15. Or le peuple croyait et tous 
pensaient en leurs cœurs que 
Jean pourrait bien étre le Christ. 

16. Jean répondit, disant à tous: 
Pour moi, je vous baptise dans 
l'eau; mais viendra un plus puis- 
sant que moi, de la chaussure 
de qui je ne suis pas digne de 
délier la courroie : lui vous bapti- 
sera dans l'Esprit-Saint et le feu; 

17. Son van est en sa main, et 
il nettoiera son aire, puis il ras- 
semblerale froment dans son gre- 
nier, et brülera la paille dans un 
feu qui ne peut s'éteindre. 

18. C'est ainsi qu'en lui appre 
nant beaucoup d'autres choses, il 
évangélisait le peuple. 

19. Mais comme il reprenail 
Hérodeletétrarque, au sujet d'Hé 


3. Matt., rrr, 1; Marc, 1, 4. — 4. Isaïe, xr, 3; Jean, 1, 29. — 7. Matt., rrr, 7; xxii, 383. 
— 44. Jac., 11, 15; I Jean, ir, 17. — 16. Matt., 11, 11; Marc, 1, 8; Jean, 1, 26; Actes, 1, 5; 
xi, 16; xix, 4. — 17. Matt., rr, 12. —- 19. Matt., xiv, 4; Marc., vr, 17. 


3. * Toute la région du Jourdain, le Ghór actuel. 


4. * Dans le désert de Judée. 
6. Toute chair. Voy. Matt., xxiv, 22. 


14. Ni de fraude. Le mot du texte, qui signifie proprement calomnie, s'emploie 
assez souvent dans la Bible pour fraude, injustice. 

16. * La chaussure, les sandales. Voir Mare, vt, 9. 

19. * Hérode le tétrarque Antipas. Voir Matt., xiv, 1. — Hérodiade, voir Matt., xiv, 3. 


== Femme de son frère, voir Matt., xiv, 3. 


| 


i 


| 
| 


[ca. ur.) 


rodiade, femme de son frere, et à 
cause de tous les maux qu'il avait 
faits, 

20. Hérode ajouta encore celui- 
ci à tous les autres, il fit mettre 
Jean en prison. 

91. Oril arriva que, comme tout 
le peuple recevait le baptéme, et 
que Jésus ayant été baptisé, priait, 
le ciel s'ouvrit ; 

22. Et l'Esprit-Saint descendit 
sur lui sous la forme sensible 
d'une colombe; et une voix vint 
du ciel : Vous étes mon fils bien- 
aimé; c'est en vous que j'ai mis 
mes complaisances. 

23. Or Jésus avait, quand il 
commenca son ministère, environ 
trente ans, étant, comme l'on 
croyait, fils de Joseph, qui le fut 
d'Héli, qui le fut de Mathat. 

24. Qui le fut de Lévi, quile fut 
de Melchi, qui le fut de Janné, qui 
le fut de Joseph, 

95. Quile fut de Mathathias, qui 
le fut d'Amos, qui le fut de Na- 
hum, qui le fut de Hesli, qui le fut 
de Naggé, 

96. Qui le fut de Mahath, qui le 
fut de Mathathias, qui le fut de 
Séméi, qui le fut de Joseph, qui 
le fut de Juda, 

27. Qui le fut de Joanna, qui le 
fut de Réza, qui le fut de Zoroba- 
bel, qui le fut de Salathiel, quile 
fut de Néri, 

98. Qui le fut de Melchi, qui le 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2475 
fat d'Addi, qui le fut de Cosan, 
qui le fut d'Elmadan, qui le fut 
de Her, 

29. Qui le fut de Jésu, qui le fut 
d'Eliézer, qui le fut de Jorim, qui 
le fut de Mathat, qui le fut de 
Lévi, 

30. Qui le fut de Siméon, qui le 
fut de Juda, qui le fut de Joseph, 
qui le fut de Jona, qui le fut 
d'Eliakim, 

91. Qui le fut de Méléa, qui le 
fut de Menna, quile fut de Matha- 
tha, qui le fut de Nathan, qui le 
futde David, 

32. Qui le fut deJessé, qui le fut 
d'Obed, qui le fut de Booz, qui le 
fut de Salmon, quile fut de Naas- 
son, 

33. Qui le fut d'Aminadab, qui 
le fut d'Aram, qui le fut d'Esron, 
qui le fut de Phares, qui le fut de 
Juda, 

34. Qui le fut de Jacob, qui le 
fut d'Isaac, qui le fut d'Abraham, 
qui le fut de Tharé, qui le fut de 
Nachor, 

93. Qui le fut de Sarug, qui le 
fut de Ragaü, quile fut de Phaleg, 
qui le fut d'Héber, qui le fut de 
Salé, 

36. Qui le fut de Cainan, qui le 
fut d'Arphaxad, qui le fut de Sem, 
qui le fut de Noé, qui le fut de 
Lamech, 

91. Quile fut de Mathusalé, qui 
le fut d'Hénoch, qui le fut de Ja- 


21. Matt., ur, 16; Marc, 1, 10; Jean, 1, 32. — 22. Matt., rr, 17; xvir, 5; Infra, 1x, 35; 
י‎ 1] Pierre, 1, 17. 


23. Suivant plusieurs interprétes, saint Joseph, qui, selon la nature, était fils de 
Jacob, était, selon la loi, fils d'Héli. Car Héli et Jacob étaient fréres utérins ; et Héli, 
l'ainé, étant mort sans postérité, Jacob, d'aprés la loi, épousa sa veuve et par suite 
de ce mariage, son fils Joseph fut réputé fils d'Héli selon la loi. D'autres disent que 
Toseph, fils de Jacob par nature, l'était d'Héli par alliance, ayant épousé Marie, qui 
en était la fille. — * Sur la double généalogie de Notre-Seigneur, voir la note 1 à la 


fin du volume. 


2476 
red, qui le fut de Malaléel, qui le 
fut de Caïnan, 

38. Qui le fut d'Hénos, qui le fut 
de Seth, qui le fut d'Adam, qui 
fut de Dieu. 


CHAPITRE IV. 


Jeüne et tentation de Jésus-Christ. Il 
préche dans la Galilée; il va à Naza- 
reth; et comme on veut le précipiter 
du haut d'une montagne, il se retire à 
Capharnaüm. Il y délivre un possédé, 
et guérit la belle-mére de saint Pierre. 
Autres merveilles qu'il opère. 


1. Jésus, plein de l'Esprit-Saint, 
revint du Jourdain ; et il était con- 
duit par l'Esprit dans le désert 

9. Pendant quarante jours, et 1 
était tenté par le diable. Durant 
ces jours il ne mangea rien, et 
apres qu'ils furent passés, il eut 
faim. 

3. Or le diable lui dit: Si vous 
étesle Fils de Dieu, dites à cette 
pierre qu'elle devienne du pain. 

4. Jésus lui répondit : Il est 
écrit : L'homme ne vit pas seule- 
ment de pain, mais de toute pa- 
role de Dieu. 

5. Alors le diable le conduisit 
sur une haute montagne, et il lui 
montra en un instant tous les 
royaumes de la terre; 

6. Puis il lui dit : Je vous don- 
nerai toute cette puissance et 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


[cn. 1v.] 


toute la gloire de ces royaumes : 
car ils m'ont été livrés, et je les 
donne à qui je veux. 

7. Si donc vous m'adorez, ils 
seront tous à vous. 

8. Et Jésus répondant, lui dit : 
Il est écrit : Tu adorcras le Sei- 
gneur ton Dieu, et tu ne serviras 
que lui seul. 

9. Il 16 conduisit ensuite à Jéru- 
salem, le posasur le haut du tem- 
ple et lui dit : Si vous étes le Fils 
de Dieu, jetez-vous d'ici en bas. 

10. Car il est écrit qu'il a or- 
donné à ses anges de vous gar- 
der; 

11. Et qu'ils vous porteront en 
leurs mains, de peur que vous ne 
heurtiez votre pied contre la 
pierre. 

12. Jésus répondant, lui dit : ἢ 
a été dit : Tu ne tenteras point le 
Seigneur ton Dieu. 

13. Or toute tentation achevée, 
le diable se retira de lui pour 
un temps. 

14. EtJésus retourna en Galilée, 
par la vertu de l'Esprit, et sa re- 
nommée se répandit daus tout le 
pays. 

15. Et il enseignait dans leurs 
synagogues, et il était exalté par 
tous. 

16. Il vint à Nazareth, οἱ il avait 


Cua». IV. 1. Matt., 1v, 1; Marc, τ, 12. — 4. Deut., vin. 3; Matt., 1v, 4. — 8, Deut., 
vi, 13: x, 90. — 10. Ps. xc, 11. — 12. Deut., vr, 16. — 14. Matt., 1v, 12; Marc, τ, 14; 
Jean, 1v, 45. — 16. Matt., xir, 94; Marc, vi, 1. 


38. * Qui fut de Dieu. « Ce simple mot, jetélà sans commentaire et sans réflexion, 
pour raconter la création, l'origine, la nature, les fins et le mystère de l'homme, est 
de la plus grande sublimité. » (E. LEFRANC.) 


4. * Dans le désert de la Quarantaine. Voir note sur Matt., iv, 1. 

9. * Sur le haut du temple. Voir Matt., 1v, 5. 

16. * La synagogue de Nazareth dans laquelle enseigna Notre-Seigneur se trouvait, 
d'aprés la tradition, sur l'emplacement de l'église actuelle des Grecs unis, à peu 
près au centre de la ville moderne, non loin du marché. — Sur Nazareth, voir la note 
5 à la fin du volume. — Sur les synagogues, voir Matt., 1v, 23. — Tous les Juifs pou- 
vaient lire et parler dans les synagogues. Il y avait des lecteurs chargés de lire le 


[ca. 1v.] 


été élevé, et il entra, suivant sa 
coutume, le jour du sabbat, dans 
la synagogue, et il se leva pour 
lire. 

47. On lui donna le livre du 
prophète Isaie; et l'ayant dérou- 
lé, il trouva l'endroit où il était 
écrit : 

18. L'Esprit du Seigneur est sur 
moi; c'est pourquoi il m'a consa- 
cré par son onction, et m'a en- 
voyé pour évangéliser les pau- 
vres, guérir ceux qui ont lecceur 
brisé, 

19. Annoncer aux captifs leur 
délivrance, aux aveugles le re- 
couvrement dela vue, rendre à la 
liberté ceux qu'écrasent leurs 
fers, publier l'année salutaire du 
Seigneur, et le jour de la rétribu- 
tion. 

90. Ayant replié le livre, il le 
rendit au ministre, et s'assit : Et 
tous, dans la synagogue, avaient 
les yeux attachés sur lui. 

21. Oril commenca à leur dire : 
C'est aujourd'hui que cette Ecri- 


3 
8 


18. Isaie, ,זא‎ 1. — 26. 111 Rois, xvr, 9. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2477 
ture que vous venez d'entendre 
est accomplie. 

99. Et tous lui rendaient témoi- 
gnage, et admirant les paroles 
de gráce qui sortaient de sa bou- 
che, ils disaient: N'est-ce pas là 
le fils de Joseph? 

93. Alors il leur dit : Assuré- 
ment vous m'appliquerez ce pro- 
verbe : Médecin, guéris-toi toi- 
méme, et me direz : Ces grandes 
choses faites à Capharnaüm et 
dont nous avons oui parler, fais- 
les ici dans ta patrie. 

94. Et il ajouta : En vérité, je 
vous dis qu'aucun prophète n'est 
accueilli dans sa patrie. 

95. Je vous le dis, en vérité, 
il y avait aux jours d'Elie beau- 
coup de veuves en Israël, lorsque 
le ciel fut fermé pendant trois 
ans et six mois, et qu'il y eut 
une grande famine sur toute la 
terre; 

260. Et Elie ne fut envoyé à au- 
cune d'elles, mais à une femme 
veuve, à Sarepta de Sidon. 


texte sacré, mais ils ne faisaient point partie du personnel officiel et le chef pouvait 
désigner à son gré la personne de l'assistance par qui il voulait faire remplir cet 
office. C'est ainsi que Jésus-Christ peut lire dans la synagogue de Nazareth. La lec- 
ture finie, le président invitait le lecteur ou un autre assistant à expliquer ce que l'on 
venait de lire ou à adresser une exhortation au peuple. En vertu de cet usage, 
Notre-Seigneur, y 21, s'adresse à l'auditoire. 

11. Et layant déroulé; c'est-à-dire ouvert. La forme des livres chez les anciens 
consistait en un rouleau. — L'endroit où, etc. Voy. Isaie, ,זא‎ 1 et suiv. 
|. 19. Le jour de la rétribution, le jour où Dieu rendra à chacun selon ses œuvres. 
On lit dans Isaie (1xr, 2) : Jour de vengeance, jour où le Seigneur se vengera de ses 
ennemis; ce qui exprime la même idée, mais d'une manière plus restreinte. 

20. * Au ministre, celui que les Rabbins appellent le Khazan, sorte de sacristain 
chargé d'ouvrir les portes de la synagogue, de préparer les manuscrits de l'Ecriture 
qu'on doit lire et de rendre tous les services nécessaires pendant les offices. 


93. * A Capharnaüm. Noir Matt., 1v, 18. 


26. * Elie, le prophéte, originaire de Thesbé, vécut sous les rois Achab et Ochozias 
d'Israél et fut enlevé miraculeusement au ciel. li récompensa la charité d'une veuve 
de Sarepta par un prodige : la farine et l'huile de cette pauvre femme ne s'épui- 
sèrent point tant que dura la famine. Sarepta est une ville de Phénicie, sur la Méditer- 
ranée, entre Tyr et Sidon, mais plus proche de cette derniére ville que de la pre- 


mière. Voir III Rois, xvir, 9. 


2478 

97. Etil y avait en Israël beau- 
coup de lépreux au temps du 
prophète Elisée, et aucun d'eux 
ne fut guéri, sinon Naaman le 
Syrien. 

28. En entendant ces paroles, 
ils furent tous remplis de colère 
dans la synagogue ; 

29. C’est pourquoi ils se le- 
verent, le jeterent hors de la 
ville, et le menèrent au som- 
met du mont sur lequel leur 
ville était bâtie, pour l'en préci- 
piter. 

30. Mais Jésus passant au mi- 
lieu d'eux, s'en alla. 

91. Et il descendit à Caphar- 
naüm, ville de Galilée, et là 8 
enseignait aux jours du sab- 
bat. 

39. Et ils s'étonnaient de sa doc- 
trine, parce qu'il leur parlait avec 
autorité. 

33. Oril y avait dans la syna- 
gogue un homme ayant en lui un 
démon impur, et il eria d'une 
voix forte, 

34. Disant Laissez-nous! 
Qu'importe à nous et à vous, Jé- 
sus de Nazareth? Etes-vous venu 
pour nous perdre? Je sais qui 
vous étes : le saint de Dieu. 

35. Et Jésus le gourmanda, di- 
sant: Tais-toi, et sors de cet 
homme. Et le démon l'ayant jeté 
àterre au milieu de l'assemblée, 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


]68. 1v.] 


sortit de lui et ne lui fit aucun 
mal. 

36. Et lépouvante les saisit 
tous, etils se parlaient entre eux, 
disant: Qu'est-ce que ceci: il 
commande avecpuissance etforce 
aux esprits impurs, et ils sor- 
tent? 

97. Et 88 renommée se ré- 
pandit de tous cótés dans le 
pays. 

38. Etant sorti de la synago- 
cue, Jésus entra dans la maison 
de Simon. Or la belle-mère de 
Simon avait une grosse fièvre; 
et ils le prièrent pour elle. 

39. Alors étant debout au- 
pres d'elle, il. commanda à la 
fièvre, et la fièvre la quitta. Et 
se levant aussitót, elle les ser- 
vait. 

40. Lorsque le soleil fut cou- 
ché, tous ceux qui avaient des 
infirmes atteints de diverses ma- 
ladies, les lui amenaient. Or Jé- 
sus, imposant les mains sur cha- 
cun d'eux, les guérissait. 

41. Et les démons sortaient 
d'un grand nombre, criant et di- 
sant: Vous étes le fils de Dieu; 
et les gourmandant il ne leur 
permettait pas de dire qu'ils sus- 
sent qu'il était le Christ. 

42. Lorsqu'il fit jour, il sortit 
et s'en alla en un lieu désert, et 
la foule le cherchait; et ils vin- 


21. IV Rois, v, 14. — 31. Matt., 1v, 13; Marc, 1, 21. — 32. Matt., vii, 28. — 33. Marc, 
23. — 38. Matt., vin, 14; Marc, 1, 30. — 41. Marc, 1, 34. 


21. * Elisée, disciple d'Elie et héritier de son esprit, guérit Naaman, grand per- 
sonnage de la cour de Syrie, de la maladie de la lépre, en le faisant laver sept fois 
dans le Jourdain. Voir IV Rois, v, 1-15. 

99. * Le mont de la Précipitation; c'est-à-dire la montagne sur laquelle les habitants 
de Nazareth conduisirent Notre-Seigneur, dans l'intention de l'en précipiter n'est pas 
identifiée d'une maniére certaine. Le site traditionnel est au sud de la ville, à une 
heure de chemin. Il y ἃ là un rocher qui aurait pu trés bien servir aux mauvais 
desseins des compatriotes du Sauveur. Les Franciscains ont élevé une église en cet : 
endroit. De là, on découvre la plaine d'Esdrelon. 


[cn. v.] 
rent à lui, et ils le retenaient, de 
peur qu'il ne les quittât. 

43. Il leur dit : Il faut que 
je préche aux autres villes le 
royaume de Dieu, car c'est pour 
cela que j'ai été envoyé. 

44. Et il préchait dans les sy- 
nagogues de Galilée. 


CHAPITRE V. 


Jésus dans la barque de Pierre. Péche 
miraculeuse. Guérison d'un lépreux et 
d'un paralytique. Vocation de saint 
Matthieu. Piéce d'étoffe neuve. Outres 
neuves. Vin nouveau. 


1. Oril arriva que lorsque la 
foule se précipitait sur lui pour 
entendre la parole de Dieu, il se 
tenait lui-méme aupres du lac de 
Génésareth. 

2. Oril vit deux barques qui 
étaient sur le bord du lac, et les 
pécheurs étaient descendus, et 
lavaient leurs filets. 

3. Montant dans une des bar- 
ques qui était à Simon, il le pria 
de s'éloigner un peu de la terre. 
Or, s'étant assis, il enseignait le 
peuple de dessus la barque. 

4. Lorsqu'il eut cessé de par- 
ler, il dit à Simon : Avance en 
mer, et jetez vos filets pour pé- 
cher. 
| à. Mais Simon, répondant, lui 

; dit : Maitre, nous avons travaillé 
toute la nuit sans rien prendre; 
cependant, sur votre parole, je 
jetterai le filet. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2479 


6. Et quand ils l'eurent fait, ils 
prirent une si grande quantité de 
poissons, que leur filet se rom- 
pait. 

7. Et 115 firent signe à leurs 
compagnons qui étaient dans 
l'autre barque de venir les aider. 
Ils vinrent donc, et emplirent les 
deux barques, au point qu'elles 
étaient près de couler à fond. 

8. Ce que voyant Simon Pierre, 
il tomba aux pieds de Jésus, di- 
sant : Retirez-vous de moi, Sei- 
gneur, parce que je suis un 
homme pécheur. 

9. Car il était plongé dans la 
stupeur, lui et tous ceux qui se 
trouvaient avec lui, à cause de 
la péche des poissons qu'ils 
avaient faite; 

10. Et pareillement Jacques et 
Jean, fils de Zébédée, qui étaient 
compagnons de Simon. Et Jésus 
dit à Simon : Ne crains point: 
désormais ce sont des hommes 
que tu prendras. 

11. Et, les barques ramenées 
à terre, ils laissèrent tout, et le 
suivirent. 

19. Or, il arriva, comme il était 
dansune des villes, qu'un homme 
couvert de lèpre, voyant Jésus, 
se prosterna la face contre terre, 
et le pria, disant: Seigneur, si 
vous voulez, vous pouvez me 
guérir. 

18. Et étendant la main, il le 
toucha, disant : Je le veux, sois 


Matt., 1v, 18; Marc, 1, 16. — 12. Matt., vin, 2; Marc, τ, 40.‏ .ל V.‏ ,שג 


1. * Lac de Génésareth. Voir la note 8 à la fin du volume. S. Luc est le seul des 
évangélistes qui qualifie de lac, le lac de Tibériade, en employant la dénomination 
grecque. Les autres auteurs sacrés l'appellent une mer, selon l'usage hébreu qui 


appelle mer tout amas d'eaux. 


12. Des villes; c'est-à-dire des villes voisines. — * Dans une des villes de Galilée, 


peut-étre Capharnaüm. 


2480 
guéri. Et sur-le-champ sa lèpre le 
quitta. 

14. Jésus lui commanda de ne 
le dire à personne: Mais va, 
dit-il, montre-toi au prêtre, et 
offre pour ta guérison ce que 
Moise a ordonné en témoignage 
pour eux. 

15. Cependant sa renommée 
se répandait de plus en plus; des 
troupes nombreuses venaient 
pour l'écouter et pour être gué- 
ries de leurs maladies. 

16. Mais il se retirait au désert, 
et priait. 

11. Et il arriva qu'un de ces 
jours, il était assis, enseignant. 
Or des pharisiens et des docteurs 
de la loi, qui s'étaient rendus 
de tous les villages de la Galilée, 
de la Judée et de Jérusalem, 
étaient aussi assis; et la vertu du 
Seigneur opérait pour guérir les 
malades. 

18. Et voilà que des gens por- 
taient sur un lit un homme para- 
lytique, et cherchaient à le faire 
entrer et àle poser devant lui. 

19. Mais ne trouvant point par 
où le faire entrer, à cause de la 
foule, ils monterent sur le toit, 
et, par les tuiles, ils le descendi- 
rent avec le lit, au milieu de l'as- 
semblée, devant Jésus; 

90. Qui, voyant leur foi, dit : 
Homme, tes péchés te sont remis. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


]08. v.] 

91. Alors les scribes et les pha- 
risiens commencèrent à réfiéchir, 
disant : Quel est celui-ci qui pro- 
fere des blasphèmes? Qui peut 
remettre les péchés, sinon Dieu 
seul? 

29. Mais dés que Jésus connut 
leurs pensées, il prit la parole et 
leur dit : Que pensez-vous en vos 
cœurs? 

93. Quel est le plus facile de 
dire : Tes péchés te sont remis; 
ou de dire : Lève-toi et marche? 

24. Or, afin que vous sachiez 
que 16 Fils de l'homme a sur la 
terre le pouvoir de remettre les 
péchés, il dit au paralytique : 
C'est à toi que je parle; lève-toi, 
prends ton lit et va t'en en ta 
maison. 

95. Etaussitót, se levant devant 
eux, il pritlelit où il était couché, 
ets'enallaensamaison, glorifiant 
Dieu. 

26. Et la stupeur les saisit tous, 
et ils glorifiaient Dieu. Et ils 
furent remplis de crainte, disant : 
Nous avons vu des merveilles 
aujourd'hui. 

27. Après cela il sortit, et vit un 
publicain nommé Lévi, assis au 
bureau des impóts; et il lui dit : 
Suis-mol. 

98. Et lui, ayant tout quitte, se 
leva et le suivit. 

29. Or Lévi lui fit un grand 


14. Lóv., xiv, 4. — 18. Matt., 1x, 2; Marc, ג‎ 3. — 27. Matt., 1x, 9; Marc, rr, 14. 


14. En témoignage pour eux, pour que cela leur serve de témoignage et de preuve 
incontestable de ma puissance et de ma fidélité à faire observer la loi. 

19. Sur le toit. Pour bien comprendre le sens de ce passage, voy. notre Abrégé 
d'introduction, etc., p. 530. — * Voir aussi la note sur Marc, iu, 4. Les mots par 8 
tuiles traduisent les mots grecs dia 1008 keramón. Keramos désigne tout ce qui est 
fait en terre et en particulier la terrasse en terre qui forme le toit des maisons 
orientales. 

21.* Un publicain nommé Lévi. S. Matthieu. Voir l'introduction à l'Evangile de 
₪. Matthieu. 


[CH. VI. 


banquet dans sa maison; et il y 
avait une. foule nombreuse de 
publicains et d’autres qui étaient 
à table avec eux. 

30. Et les pharisiens et les 
scribes en murmuraient et di- 
saient à ses disciples : Pourquoi 
mangez-vous et buvez-vous avec 
les publicains et les pécheurs? 

31. Jésus répondant, leur dit : 
Ce nesont pas ceux qui se portent 
bien qui ont besoin de médecin, 
mais les malades. 

32. Je ne suis pas venu appeler 
les justes à la pénitence, mais 
les pécheurs. 

33. Alors ils lui demanderent : 
Pourquoi les disciples de Jean 
jeünent-ils et prient-ils souvent, 
de méme que ceux des phari- 
siens, et que les vótres mangent 
et boivent? 

34. ll leur répondit : Pouvez- 
vous faire jeüner les fils de 
l'époux, tandis que l'époux est 
avec eux? 

359. Viendront des jours où 
l'époux leur sera enlevé; ils jeü- 
neront en ces jours-là. 

36. Il leur faisait aussi cette 
comparaison : Personne ne met 
une pièce d'un vêtement neuf à 
un vétement vieux; autrement 
ce qui est neuf déchire le vieux, 
et la pièce du neufne convient pas 
au vieux. 

31. De méme personne ne met 
du vin nouveau dans des outres 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2484 
vieilles; autrement le vin nou- 
veau rompra les outres, et se re- 
pandra, et les outres seront 
perdues. 

38. Mais il faut mettre le vin 
nouveau dans desoutres neuves; 
et l'un et l'autre sont conservés. 

99. Et personne venant de 
boire du vin vieux, n'en veut 
aussitót du nouveau, parce qu'il 
dit : Le vieux est meilleur. 


CHAPITRE VI. 


Murmure des pharisiens contre les dis- 
ciples de Jésus-Christ, qui arrachaient 
des épis un jour de sabbat. Guérison 
d'un homme qui avait une main dessé- 
chée. Election des Apótres. Abrégé du 
sermon de Jésus-Christ sur la mon- 
tagne. 


1. Or, il arriva qu'un jour de 
sabbat, second-premier, comme 
Jésus passait par les blés, ses 
disciples arrachaient les épis et 
en mangeaient, en les froissant 
dans leurs mains. 

2. Quelques-uns des pharisiens 
leur disaient : Pourquoi faites- 
vous ce qui n'est point permis les 
jours du sabbat? 

3. Jésus leur répondant, dit : 
N'avez-vous point lu ce que fit 
David lorsquil eut faim, lui et 
ceux qui étaient avec lui; 

4. Comment il entra dans la 
maison de Dieu, et prit les pains 
de proposition, en mangea, et en 
donna à ceux qui étaientaveclui, 
quoiqu'il ne soit pas permis d'en 


33. Marc, 1 18. — 0. VI. 1. Matt., xir, 1; Marc, τι, 23. — 4. I Rois, xx1, 6; Εχοδο, : 


xxix, 92; Lév., xxiv, 9. 


34. Les fils de l'époux. Voy. Matt., 1x, 15. 


31. * Des outres. Voir Matt., 1x, 11, 


1. Second-premier ; le premier sabbat aprés 16 second jour de la Pâque. — * Arra« 


chaient les épis. Voir note sur Matt., xir, 4. 


4. * Voir Matt., xir, 4. 


NOT. 


196 


2482 
manger, si ce n'est aux prêtres? 

5. Et il ajouta : Le Fils de 
l'homme est maitre méme du 
sabbat. 

6. Il arriva, un autre jour de 
sabbat, qu'il entra dans la syna- 
gogue, et qu'il y enseignait. Or 
il y avait là un homme dont la 
main droite était desséchée. 

7. Et les scribes etles pharisiens 
observaient s'il le guérirait le 
jour du sabbat, afin de trouver de 
quoi l'accuser. 

$. Mais il connaissait leurs 
pensées; il dit à l'homme qui 
avait la main desséchée : Lève- 
toi et tiens-toi là debout au mi- 
lieu. Et, se levant, il se tint de- 
bout. | 

9. Alors Jésus leur dit : Je vous 
le demande, est-il permis, les 
jours du sabbat, de faire du bien 
ou du mal, de sauver une âme ou 
de la perdre? 

10. Et après les avoir regardés 
tous, il dit à l’homme : Etends ta 
main. Il l'étendit, et sa main rede- 
vint saine. 

11. Mais eux, remplis de dépit, 
se consultaient sur ce qu'ils fe- 
raient à Jésus. 

12. ll arriva qu'en ces jours-là 
il se retira sur la montagne pour 
prier, et y passa toute la nuit à 
prier Dieu. 

13. Et quand le jour fut venu, il 
| appela ses disciples, et il en 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


[cu. vr.] 


choisit douze d'entre eux (qu'il 
nomma aussi apôtres) : 

14. Simon, auquel il donna le | 
surnom de Pierre, et André son 
frère ; Jacques et Jean; Philippe 
et Barthélemi; 

15. Matthieu et Thomas; Jac- 
ques, fils d'Alphée, et Simon, 
appelé le Zélé; 

16. Judas, frère de Jacques, et 
Judas Iscariote, qui fut le traître. 

17. Et, descendant avec eux, il 
s'arréta dans une plaine, de méme 
que la troupe de ses disciples, et 
une grande multitude de peuple 
de toute la Judée, de Jérusalem, 
dela contrée maritime, de Tyr et 
de Sidon, 

18. Qui étaient venus pour 
l'entendre et pour étre guéris de 
leurs maladies. Or ceux aussi qui 
étaient tourmentés par des esprits 
impurs, étaient guéris. 

19. Et toute la foule cherchait 
àle toucher, parce qu'une vertu 
sortait de lui, et les guérissait 
tous. 

20. Alors Jésus, les yeux levés 
sur ses disciples, dit : Bienheu- 
reux, ὃ pauvres! parce qu'à vous 
appartient le royaume de Dieu. 

21. Bienheureux, vous qui main- 
tenant avez faim, parce que vous 
serez  rassasiés. Bienheureux, 
vous qui pleurez maintenant, 
parce que vous rirez. 

22. Vous serezheureux lorsque 


6. Matt., xir, 10; Marc, ur, 1. — 13. Matt., x, 1; Marc, πι, 18. — 20. Matt., v, 2. — 


22.'Matt., v, 11. 


9. De sauver une âme, etc. Voy. Matt., x, 39. 
12. * Sur la montagne. Peut-être la montagne des Béatitudes, Koroun-el-Hattin. 


Voir Matt., v, 4. 


16. Judas, frére de Jacques, est communément appelé Jude, pour qu'on ne le 


confonde pas avec Judas l'Iscariote. 
1%. * Tyr et Sidon. Voir Marc, ri, 8. 
20-23. * Voir note eur Matt., v, 2-10. 


(cu. vr.] 


les hommes vous haïront, vous 
éloigneront, vous injurieront, et 
rejetteront votre nom comme 
mauvais, à cause du Fils de 
l'homme. 

93. Réjouissez-vous en ce jour- 
là, et tressaillez d'allégresse, 
parce que votre récompense est 
grande dans le ciel; car c'est 
ainsi que leurs peres faisaient 
aux prophètes. 

24. Cependant, malheur à vous, 
riches, parce que vous avez votre 
consolation. 

95. Malheur à vous qui êtes ras- 
sasiés, parce que vous aurezfaim. 
Malheur à vous qui riez mainte- 
nant, parce que vous gémirez et 
vous pleurerez. 

26. Malheur, quand les hommes 
vous loueront, car c’est ainsi que 
leurs pères faisaient aux faux 
prophètes. 

27. Mais je vous dis, à vous qui 
écoutez : Aimez vos ennemis, 
faites du bien à ceux qui vous 
haissent. 

28. Bénissez ceux qui vous mau- 
dissent, et priez pour ceux qui 
vous calomnient. 

29. À quiconque vous frappe 
sur une joue, présentez encore 
l'autre. Et pour celui qui vous 
prend votre manteau, laissez-le 
prendre votre tunique. 

90. Donnez à quiconque vous 
demande; etne redemandez point 
votre bien à celui qui vous le ravit. 

31. Comme vous voulez que les 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2483 


hommes vous fassent, faites-le- 
leur pareillement. 

32. Si vous aimez ceux qui vous 
aiment, quel est votre mérite? 
puisque les pécheurs aiment aussi 
ceux quiles aiment. 

33. Et si vous faites du bien à 
ceux qui vous en font, quel est 
votre mérite? puisque les pé- 
cheurs méme le font. 

34. Et si vous prétez à ceux de 
qui vous espérez recevoir, quel 
remerciement méritez-vous? car 
les pécheurs aussi prétent aux 
pécheurs, pour en recevoir un 
pareil avantage. 

95. Mais vous, aimez vos enne- 
mis, faites du bien et prétez, sans 
en rien espérer, et votre récom- 
pense sera grande, et vous serez 
les fils du Très-Haut; car il est 
bon pour les ingrats méme et 
pour les méchants. 

36. Soyez done miséricordieux, 
comme votre Père est miséricor- 
dieux. 

91. Ne jugez point, et vous ne 
serez point jugés; ne condamnez 
point, et vous ne serez point con- 
damnés ; remettez, et il vous sera 
remis. 

98. Donnez, et il vous sera 
donné; on versera dans votre sein 
une bonne mesure, pressée, bien 
remuée, et débordante. Car on 
usera pour vous de la méme me- 
sure dont vous aurez usé pour les 
autres. 

39. Il leur faisait aussi cette 


24. Eccli., xxxr, 8; Amos, vi, 1. — 25. Isaie, ,טא‎ 13. — 27. Matt., v, 44. — 29. Matt., 
v, 89;1 Cor., vr, 7. — 31. Tobie, tv, 16; Matt., vir, 12. — 32. Matt., v, 46. — 34. Deut., 
xv, 8; Matt., v, 42. — 37. Matt., vir, 1. — 38. Matt., vri, 2; Marc, 1v, 24. 


29. * Votre manteau... votre tunique. Voir Matt., v, 40. 
38. * Dans votre sein, pan de vêtement, cavité que produisait la partie supérieure 
et antérieure du vêtement qui était peu serré par la ceinture. 


2484 
comparaison : Un aveugle peut-il 
conduire un aveugle? ne tombe- 
ront-ils pas tous deux dans une 
fosse? 

40. Le disciple n'est point au- 
dessus du maitre; mais tout dis- 
ciple sera parfait, s'il est comme 
son maitre. 

M. Pourquoi voyez-vous la 
paille dans l’œil de votre frère, et 
n’apercevez-vous point la poutre 
qui est dans votre œil? 

49. Qu comment pouvez-vous 
dire à votre frère : Mon frère, 
laisse-moi ôter la paille de ton œil, 
ne voyant pas toi-même la poutre 
qui est dans le tien? Hypocrite, 
óte premièrement la poutre de 
ton œil, et alors tu verras à ôter 
la paille de l’œil de ton frère. 

43. Un arbre n'est pas bon s'il 
produit de mauvais fruits, et un 
arbre n'est pas mauvais s'il pro- 
duit du bon fruit. 

44. Car chaque arbre se connait 
par son fruit. On ne cueille point 
de figues sur des épines, et on ne 
vendange point du raisin sur des 
ronces. 

45. L'homme bon tire le bien 
du bon trésor de son cœur; et 
l'homme mauvais tire le mal du 
mauvais trésor. Car la bouche 
parle de l'abondance du cœur. 

46. Mais pourquoi m'appelez- 
vous Seigneur, Seigneur, et ne 
faites point ce que je dis? 

41. Quiconque vient à moi, 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


(cu. vur.] 


écoute mes paroles et les met en 
pratique, je vous montrerai à qui 
il est semblable. 

48. Il est semblable à un homme 
qui, bâtissant une maison, ἃ 
creusé très avant, et en a posé le 
fondement sur la pierre : l'inon- 
dation survenant, le fleuve s’est 
brisé contre cette maison, et n'a 
pu l’ébranler, parce qu'elle était 
fondée sur la pierre. 

49. Mais celui qui écoute et ne 
pratique point, est semblable à 
un homme qui a báti sa maison 
sur la terre, sans fondement : le 
fleuve s'est brisé contre elle, et 
elle s'est écroulée aussitôt; et la 
ruine decettemaisonaété grande. 


CHAPITRE VII. 


Guérison du serviteur du centurion. Ré- 
surrection du fils de la veuve de Naim. 
Saint Jean députe deux de ses disciples 
vers Jésus-Christ. Eloge de saint Jean. 
Jésus-Christ et saint Jean rejetés par 
les Juifs. Pécheresse qui parfume les 
pieds de Jésus-Christ. 


1. Lorsqu'il eut fini de faire en- 
tendre toutes ces paroles au 
peuple, ilentra dans Capharnaüm. 

2. Or un centurion avait un ser- 
viteur malade, qui se mourait, et 
qu'il aimait beaucoup. 

3. Ayant entendu parler de Jé- 
sus, il lui envoya des anciens 
d'entre les Juifs, le priant de ve- 
nir guérir son serviteur. 

4. Ceux-ci étant venus vers Jé- 
sus, le priaient avec grande ins- 


40. Matt., x, 24; Jean, xur, 16. — 41. Matt., vir, 3. — 49. Matt., vir, 18; xir, 33. — 
46. Matt., vir, 21; Rom., τι, 13; Jac., 1, 22. — .גא‎ VII. 1. Matt., vir, 5 


1. * Dans Capharnaüm. Voir Matt., 1v, 13. 


9. * Un centurion. Voir Matt., vir, 5. 


3.* Les anciens d'entre les Juifs, ceux qui étaient à la tête de l'administration de 
la ville. C'est le seul endroit des Evangiles où le titre d'anciens ne désigne pas des 


membres du sanhédrin. 


[cu. vm.] 


tance, lui disant : Il mérite que 
vous fassiez cela pour lui; 

5. Car il aime notre nation, il 
nous a méme báti unesynagogue. 

6. Jésus donc allait avec eux. 
Or comme il n'était plus loin de 
la maison, le centurion envoya 
de ses amis lui dire : Seigneur, 
ne vous donnez point tant de 
peine; car je ne suis pas digne 
que vous entriez sous mon toit; 

7. C'est pourquoi je ne me suis 
pas jugé digne de venir moi- 
méme à vous : mais dites un mot, 
et mon serviteur sera guéri. 

8. Car, moi qui suis un homme 
soumis à la puissance d'un autre, 
et ayant sous moi des soldats, je 
dis à celui-ci : Va, et il va; à un 


autre : Viens, et il vient; et à 
mon serviteur : Fais cela, et il 
le fait. 


9. Ce qu'ayant entendu, Jésus 
fut dans l'admiration, et se tour- 
nant vers la foule qui le suivait, 
il dit : En vérité, je vous 16 dis, je 
n'ai pas trouvé en Israël même 
une si grande foi. 

10. Revenus à la maison, ceux 
que le centurion avait envoyés 
trouvèrent le serviteur qui avait 
été malade, bien portant. 

11. Il arriva qu'il s’en alla en- 
suite dansune ville appelée Naim; 
et ses disciples l'accompagnaient 
ainsi qu'une foule nombreuse. 

19. Or comme il approchait de 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2485 
la porte de la ville, voilà qu'on 
emportait un mort, fils unique de 
sa mère; et celle-ci était veuve, 
et beaucoup de personnes de la 
ville l'accompagnaient. 

13. Lorsque le Seigneur l'eut 
vue, il fut touché de compassion 
pour elle et lui dit: Ne pleurez 
point. 

14. Alors il s’approcha, toucha 
le cercueil (ceux qui le portaient 
s'arrétérent), et il dit: Jeune 
homme, je te le commande, lève- 
tol. 

15. Et celui qui était mort se 
mit sur son séant, et commenca 
à parler; et Jésus le rendit à sa 
mere. 

16. Et tous furent saisis de 
crainte; et ils glorifiaient Dieu, 
disant : Un grand prophete s'est 
élevé parmi nous, et Dieu a vi- 
sité son peuple. 

17. Et le bruit s’en répandit 
dans toute la Judée et dans tout 
le pays d'alentour. 

18. Cependant les disciples de 
Jean lui ayant rapporté toutes ces 
choses, 

19. Il en appeladeux, et les en- 
voya vers Jésus, disant: Etes- 
vous celui qui doit venir, ou est- 
ce un autre que nous attendons? 

20. Etant donc venus vers lui, 
ces hommes lui dirent : Jean-Bap- 
tiste nous a envoyés vers vous 
pour vous demander : Est-ce vous 


6. Matt., vin, 8. — 16. Infra, xxiv, 19; Jean, 1v, 19. — 19, Matt., xr, 2. 
τ I ב‎ coo o CLR Pee Log σεν τ Ὁ τ τς 


5. * Une synagogue. Voir Matt. ιν, 23. 


11. * Naim, aujourd'hui Nain, est situé sur le versant nord-ouest du petit Hermon 
(Djébel-el-Dühy), au point où le terrain s'incline vers la plaine d'Esdrelon. On jouit 
de là d'une belle vue sur la plaine et sur les montagnes de Nazareth. A l'ouest du 
village, on remarque un grand nombre de tombeaux creusés dans le roc. 

12. * Naim était enfermé dans des murs et avait une porte, comme la plupart des 
villes et bourgs de Palestine qui avaient besoin d'étre à l'abri d'une surprise de la 


part des Bédouins pillards. 


2486 
qui devez venir, ou est-ce un 
autre que nous attendons? 

91. (A cette heure méme Jésus 
guérit un grand nombre de per- 
sonnes 81118668 de maladies, de 
plaiesetd'esprits malins, et rendit 
la vue à beaucoup d'aveugles.) 

22. Et répondant, il leur dit : 
Allez annoncer à Jean ce que vous 
avez entendu et vu : que des aveu- 
gles voient, des boiteux mar- 
chent, des lépreux sont purifiés, 
des sourds entendent, des morts 
ressuscitent, des pauvres sont 
évangélisés : 

23. Et bienheureux est celui 
qui ne sera point scandalisé de 
moi. 

24. Et lorsque les envoyés de 
Jean furent partis, il commença 
à parler ainsi de Jean au peuple : 
Qu étes-vous allés voir au désert? 
un roseau agité par le vent? 

95. Mais encore qu étes-vous 
allés voir? un homme vétu avec 
mollesse? Or ceux qui portent 
des vétements précieux et vivent 
dans les délices habitent les mai- 
sons des rois. 

96. Qu'étes-vous donc allés 
voir? un prophète? Oui, je vous 
le dis, et plus qu un prophète : 

97. C'est celui dont il est écrit : 
Voici que [ envoie mon ange de- 
vant votre face, pour préparer vo- 
ire voie devant vous. 

98. Car je vous le dis: Entre 
ceux qui sont nés des femmes, 
nul n'est plus grand prophète que 
Jean-Baptiste; mais le plus petit 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


(cu. vir] 


dans le royaume de Dieu est plus 
grand que lui. 

29. Ettoutle peuple qui l'écou- 
tait et les publicains reconnurent 
la justice de Dieu, s'étant fait bap- 
üser du baptéme de Jean. 

30. Mais les pharisiens et les 
docteurs de la loi méprisèrent le 
dessein de Dieu sur eux, ne s'é- 
tant point fait baptiser par Jean. 

91. Le Seigneur dit encore : ἃ 
qui donc comparerai-je les hom- 
mes de cette génération? et à qui 
sont-ils semblables? 

32. 115 sont semblables à des 
enfants assis dans la place, se par- 
lant l'un à lautre, et disant : 
Nous vous avons joué de la flüte, 
et vous n'avez point dansé : nous 
avons entonné des chants lugu- 
bres, et vous n'avez point pleuré. 

99. Car Jean est venu, ne man- 
geant point de pain, et ne buvant 
point de vin, et vous dites: lla 
un démon en lui. 

34. Le Fils de l'homme est 
venu, mangeant et buvant, et 
vous dites : Cest un homme de 
bonne chère, et qui aime le vin, 
ami des publicains et des pé- 
cheurs. 

35. Mais la sagesse a été justi- 
fiée par tous ses enfants. 

36. Or un des pharisiens le pria 
de manger avec lui. Etant donc 
entré dans la maison du pharisien, 
il se mit à table. 

91. Et voilà qu'une femme con- 
nue dans la ville pour une péche- 
resse, ayant su qu'il était à table 


22. 1810, xxxv, 5. — 21. Mal., πι, 1; Matt., xr, 10; Marc, 1, 2. — 31. Matt., xr, 16. \ 
— 33. Matt., nur, 4, et x1, 18; Marc, 1, 6. — 37. Matt., xxvi, 7; Marc, xiv, 3; Jean, 


&II, 9. 


36. * Un des pharisiens. Simon le lépreux. Voir Matt., xxvi, 6. 
31. * Une femme. Marie-Madeleine. Voir Matt., xxvir, 56. 


[cu. vu] 


dans la maison du pharisien, ap- 
porta un vase d’albâtre plein de 
parfums : 

88. Et se tenant par derrière 
à ses pieds, elle commença à les 
arroser de ses larmes; et les es- 
suyant avec ses cheveux, elle les 
baisait et les oignait de parfums. 

39. Ce que voyant, le pharisien 
qui lavait invité dit en lui- 
méme : Si celui-ci était prophete, 
il saurait certainement qui est, 
et ce qu'est la femme qui le tou- 
che : il saurait que c’est une pé- 
cheresse. 

40. Alors Jésus prenant la pa- 
role, lui dit : Simon, j'ai quelque 
chose à te dire. Il répondit : Mai- 
tre, dites. 

41. Un créancier avait deux dé- 
biteurs; l’un lui devait cinq cents 
deniers, et l’autre cinquante. 

42. Comme ils n'avaient pas de 
quoi payer, il leur remit la dette 
à tous deux. Lequel donc l'aime 
le plus? 

43. Simon répondit : Celui, je 
pense, à quiil a le plus remis. Jé- 
sus lui dit : Tu as bien jugé. 

44. Et se tournant vers la 
femme, il dit à Simon : Vois-tu 
cette femme? Je suis entré dans 
ta maison, et tu ne m'as point 
donné d'eau pour mes pieds; elle, 
au coniraire, les ἃ arrosés de ses 
larmes et les a essuyés avec ses 
cheveux. 

45. Tu ne m'as point donné de 
baiser;.mais elle, depuis qu'elle 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2487 
est entrée, n'a cessé de baise; 
mes pieds. 

46. Tu n'as pas oint ma tête 
d'huile, mais elle a oint mes 
pieds de parfums. 

47. C'est pourquoi je te le dis : 
Beaucoup de péchés lui sont re 
mis, parce qu'elle a beaucoup 
aimé. Mais celui à qui on remet 
moins aime moins. 

48. Alors il dit à cette femme : 
Vos péchés vous sont remis. 

49. Ceux qui étaient à table 
avec lui commencèrent à dire en 
eux-mémes : Qui est celui-ci, qui 
remet méme les péchés? 

90. Mais Jésus dit à la femme : 
Votre foi vous 8 sauvée; allez en 
paix. 

CHAPITRE VIII. 
Parabole de la semence et son explica- 
tion. Lampe sur le chandelier. Mére et 
fréres de Jésus-Christ. Tempéte apaisée. 


Légion de démons chassée. Hémor- 
roisse guérie. Fillede Jaireressuscitée. 


1. Et il arriva ensuite que Jé- 
sus parcourait les villes et les vil- 
lages; préchant et annoncant le 
royaume de Dieu; et les douze 
étaientavec lui, 

2. Ainsi que quelques femmes, 
quil avait délivrées des esprits 
malins et de leurs maladies : Ma- 
rie, appelée Madeleine, delaquelle 
sept démons étaient sortis, 

3. Jeanne, femme de Chusa, in 
tendant d'Hérode, Suzanne, et 
beaucoup d'autres, qui l'assis- 
taient de leurs biens. 


48, Matt., 1x, 2. — Care. VIII. 2. Marc, xvi, 9. 


41. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 543. 


2. * Marie Madeleine. Voir Matt., xxvir, 56. 


3. * Jeanne, femme de Chusa, se retrouve à l'ensevelissement de Notre-Seigneur, 
Luc., xxiv, 10. — Chusa était le trésorier ou l'économe d'Hérode Antipas. — Suzanne 


est tout-à-fait inconnue, 


9488 
4. Comme le peuple s'assem- 

blait en foule et accourait à lui 

des villes, il dit en parabole : 

5. Celui qui sème alla semer 
songrain ; etpendantqu'il semait, 
une partie de la semence tomba 
lelong du chemin, et fut foulée 
aux pieds, et les oiseaux du ciel 
la mangèrent. 

6. Une autre tomba sur la 
pierre, et ayant levé, elle sécha, 
parce qu'elle n'avait point d'hu- 
midité. 

7. Une autre tomba parmi les 
épines, et croissant en méme 
temps, les épines, l'étoufferent. 

8. Une autre tomba dans la 
bonne terre, et ayant levé, elle 
porta du fruit au centuple. Di- 
sant cela, il criait : Que celui qui 
a des oreilles pour entendre, en- 
tende. 

9. Or ses disciples lui deman- 
daient quel était le sens de cette 
parabole. 

10. Il leur dit: Pour vous, il 
vous a été donné de connaitre le 
mystere du royaume de Dieu; 
mais aux autres 7e parle seule- 
ment en paraboles; afin que 
voyant, is ne voient point, et 
qu'entendant, ils ne compren- 
nent point. 

11. Or voici le sens de cette 
parabole : La semence est la pa- 
role de Dieu. 

19. Ce qui tombe le long du 
chemin, cesontceux qui écoutent ; 
le diable vient ensuite, et enlève 
la parole de leur cceur, de peur 
que, croyant, ils ne soient sauvés. 

13. Ce qui tombe sur la pierre, 
ce sont ceux qui, ayant écouté la 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


(cu. vm.] 


parole, la recoivent avec joie; 
mais ceux-ci n'ont point de ra- 
cine, ils croient pour un temps, 
et au temps dela tentation, ils se 
retirent. 

14. Ce qui tombe parmi les 
épines, ce sont ceux qui écoutent 
la parole, mais, en allant, ils sont 
étouffés par les sollicitudes, les 
richesses et les voluptés de la 
vie, et ils ne portent point de 
fruits. 

15. Mais ce qui tombe dans la 
bonne terre, ce sont ceux qui 
écoutant la parole, la conservent 
dans un cœur bon et excellent, 
et portent du fruit par la patience. 

16. Personne, allumant une 
lampe, ne la couvre d'un vase ou 
ne la met sous un lit; mais il la 
pose sur un chandelier, afin que 
ceux qui entrent voient la lu- 
miere. 

17. Car il n’y a rien de caché qui 
ne soit découvert, et rien de se- 
cret qui ne soit connu, et ne 
vienne au grand jour. 

18. Voyez donc comment vous 
66011102. Car il sera donné à celui 
qui a; et quiconque n'a point, 
méme ce quil croit avoir, lui 
sera Ôté. 

19. Cependant sa mère et ses 
freres vinrent vers lui, et ils ne 
pouvaient l'aborder à cause de la 
foule. 

20. On vint donc lui dire : Votre 
mere et vos freres sont là dehors, 
qui voudraient vous voir. 

21. Jésus répondant, leur dit : 
Ma mère et mes frères sont ceux 
qui écoutent la parole de Dieu, et 
qui l'accomplissent. 


5. Matt., xi, 3; Marc, 1v, 3. — 10. Isaie, vr, 9; Matt., xi, 14; Marc, 1v, 12; Jean, 
xil, 40; Actes, xxviu, 26; Rom., xi, ὃ. — 16. Matt, v, 15; Marc, iv, 21. — 17. Matt., 
x, 26; Marc, iv. 22. — 18. Matt., xu, 12; xxv, 29. — 19. Matt., xir, 46; Marc, 11, 32. 


[cH. vu] 


29. Or il arriva un de ces jours- 
là qu'il monta sur une barque 
avec ses disciples, et il leur dit : 
Passons à l’autre bord du lac. Et 
ils partirent. 

23. Pendant qu'ils naviguaient, 
il s'endormit, et un grain de vent 
vint fondre sur le lac, et la barque 
s'emplissait d'eau, et ils étaient 
en péril. 

24. S'approchant donc, ils le 
réveillèrent, disant : Maitre, nous 
périssons. Alors, se levant, il 
gourmanda le vent et les flots ; et 
ils s'apaiserent, et il se fit un 
grand calme. 

95. Mais illeur dit : Où est votre 
foi? Et eux, effrayés, se regar- 
derent avec surprise les uns les 
autres, disant : Qui pensez-vous 
est celui-ci, qu'il commande au 
vent et à la mer, et ils lui 
obéissent? 

96. Ensuite ils abordèrent au 
pays des Géraséniens, qui est vis- 
à-vis de la Galilée. 

Et quand Jésus fut descendu‏ .דפ 
à terre, il vint au-devant de lui‏ 
un homme qui avait en lui un dé-‏ 
mon depuis longtemps; il ne por-‏ 
tait aucun vêtement, et ne de-‏ 
meurait point dans les maisons,‏ 
mais dans les sépulcres.‏ 

98. Celui-ci, des qu'il vit Jésus, 
se prosterna devant lui, et criant 
d une voix forte, dit : Qu'importe 


22. Matt., vri, 23; Marc, 1v, 36. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2489 
à moi et à vous, Jésus, Fils du 
Dieu Très-Haut? Je vous en con- 
jure, ne me tourmentez point. 

29. Car il commandait à l'esprit 
impur de sortir de cet homme. 
Depuis longtemps, en effet, il s'en 
était emparé; et, quoiqu'il füt lié 
de chaines et gardé, les fers au 
pieds, il rompait ses liens, et il 
était poussé par le démon dans 
le désert. 

30. Jésus l'interrogea, disant : 
Quel est ton nom? Il lui dit 
Légion; parce que beaucoup de 
démons étaient entrés dans cet 
homme. 

31. Et ils le priaient de ne pas 
leur commander d'aller dans 
l'abime. 

32. Or il y avait là un grand 
troupeau de pourceaux, qui pais- 
saient sur la montagne ; et ils le 
priaientdeleurpermettre d'entrer 
en ces pourceaux, et 1] le leur 
permit. 

33. Les démons sortirent donc 
de l'homme, et entrèrent dans les 
pourceaux; et le troupeau cou- 
rut impétueusementse précipiter 
dans le lac, et s'y noya. 

34. Ce qu'ayant vu, les gardiens 
s'enfuirent, etl'annoncerent dans 
la ville et dans les villages. 

35. Et plusieurs sortirent pour 
voir ce qui étaitarrivé, et vinrent 
à Jésus; ils trouvèrent, assis à 8 


22. Du lac de Génésareth. 


26. * Au pays des Géraséniens. Voir Matt., vin, 28. 

91. * Dans les sépulcres, voir Matt., vur, 98. 

30. Dans l'armée romaine, la légion était composée de six mille hommes. Ce mot 
peut être pris ici indéfiniment pour un grand nombre. 

31. Par l'abime, on entend communément l'enfer, que l'Ecriture nomme en effet 
souvent abime, parce qu'on le conçoit comme un lieu profond, où les démons sont 


renfermés pour jamais. 


33. * Se précipiler dans le iac. Voir Matt., xxi, 19. 


2496 


pieds, vêtu et sain d'esprit, 
l'homme dont les démons étaient 
sortis, et ils furent remplis de 
crainte. 

90. Et ceux qui lavaient vu, 
leur racontèrent commentil était 
échappé sain et sauf de la légion. 

37. Alors tout le peuple du pays 
des Géraséniens le pria de s'éloi- 
gner d'eux, parce qu'ils étaient 
saisis d'une grande frayeur. Jésus 
donc, montant dans la barque, 
s'en retourna. 

38. Et l'homme, dont les dé- 
mons étaient sortis, lui deman- 
dait instamment de rester avec 
lui. MaisJésus le renvoya, disant: 

99. Retourne en 18 maison, et 
raconte quelles grandes choses 
Dieu t'a faites. Et il s'en alla, 
publiant par toute la ville les 
grandes choses que Jésus lui avait 
faites. 

40. Or il arriva que lorsque 
Jésus fut de retour, la foule du 
peuple le reçut; car tous l'atten- 
daient. 

44. Et voilà qu'il vintunhomme, 
nommé Jaire, qui était chef de 
la synagogue, et qu'il se jeta aux 
pieds de Jésus, le priant d'entrer 
dans sa maison ; 

49. Parce qu'il avait une fille 
unique d'environ douze ans, qui 
se mourail. Et il arriva que 
comme il y allait, il était pressé 
par la foule. 

43. Or il y avait une femme 
malade d'une perte de sang de- 
puis douze ans, laquelle avait dé- 
pensé tout son bien en médecins, 


41. Matt., 1x, 18; Marc, v, 22, 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


[cH. vin] 
et n'avait pu être guérie par 
aucun. 

44. Elle s’approcha par derrière, 
toucha la frange de son véte- 
ment, et aussitót sa perte de sang 
s'arréta. 

45. Jésus dit alors : Qui est-ce 
qui m'a touché? Comme tous s'en 
défendaient, Pierre dit, ainsi que - 
ceux qui étaient avec lui : Maitre, 
la foule vous presse et vous ac- 
cable, et vous demandez : Qui 
m'a touché? 

46. Mais Jésus repartit : Quel- 
qu'un m'a touché; ear j'ai connu 
moi-méme qu'une vertu était sor- 
tie de moi. 

41. La femme, voyant qu'elle 
n'était pas restée cachée, vint, 
toute tremblante, et se jeta à ses 
pieds; et elle déclara devant tout 
le peuple pourquoi elle l'avait 
touché, et comment elle avait été 
guérie à l'instant. 

48. Et Jésus lui dit : Ma fille, 
votre foi vous a sauvée. Allez en 
paix. 

49. Comme il parlait encore, 
quelqu'un vint dire au chef de la 
synagogue : Ta fille est morte, ne 
le tourmente pas. 

50. Mais Jésus ayant entendu 
cette parole, dit au père de la 
jeune fille : Ne erains point, crois 
seulement, et elle sera sauvée. 

91. Et quand il fut venu à la 
maison, il ne laissa entrer per- 
sonne avec lui, si ce n'est Pierre, 
Jacques et Jean, et le père et la 
mère de la jeune fille. 

52. Or tous pleuraient et se la- 


41. * Jaire, chef de la synagogue. Voir note sur Marc., v, 22. 


4^. La frange. Cbmpar. Matt., 1x, 20. 


[cu. [.צז‎ 


mentaient sur elle. Mais Jésus 
dit: Ne pleurez point; la jeune 
fille n'est pas morte, mais elle 
dort. 

53. Et ils se riaient de lui, sa- 
chant qu'elle était morte. 

54. Mais Jésus, prenantsa main, 
éleva la voix, disant : Jeune fille, 
lève-toi! 

55. Et l'esprit lui revint, et elle 
se leva aussitôt; et il lui fit don- 
ner à manger. 

96. Et ses parents étaient hors 
d'eux-mémes d'étonnement, et il 
leur commanda de ne dire à 
personne ce qui s'était passé. 


CHAPITRE IX. 


Mission des apótres. Hérode souhaite de 
voir Jésus-Christ. Retour et retraite 
des apótres. Multiplication des cinq 
pains. Confession de saint Pierre. Croix 
et renoncement à soi-méme. Transfigu- 
ration de Jésus-Christ. Guérison d'un 
enfant lunatique. Passion prédite. Qui 
sera le plus grand. Jacques et Jean 
veulent faire tomber le feu du ciel. 
Dispositions pour suivre Jésus-Christ. 


1.Jésus, ayant appelé les douze 
apôtres, leur donna vertu et 
puissance sur tous les démons, et 
le pouvoir de guérir les maladies. 

2. C'est ainsi qu'il les envoya 
précher le royaume de Dieu, et 
rendre la santé aux malades. 

3. Et il leur dit : Ne portez rien 
en route, ni bâton, ni sac, ni 
pain, ni argent, et n'ayez point 
deux tuniques 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2191 

4. En quelque maison que vous 
entriez, demeurez-y, et n'en sor- 
tez point. 

ὃ, Quant à ceux, quels qu'ils 
solent, qui ne vous recevront 
point, secouez, en sortant de leur 
ville, la poussiere méme de vos 
pieds en témoignage pour eux. 

6. Etant donc partis, ils par- 
couraient les villages, évangéli- 
sant et guérissant en tout lieu. 

7. Cependant Hérode, le té- 
trarque, entendit parler de tout 
ce que faisait Jésus, et il ne sa- 
vait que penser, parce qu'il était 
dit 

8. Par quelques-uns : Jeau est 
ressuscité d'entre les morts; par 
quelques autres : Elie est apparu; 
et par d'autres : Un des anciens 
prophètes est ressuscité. 

9. Ainsi Hérode dit:J’ai décapité 
Jean; quel est donc celui-ci, de 
qui j'entends dire moi-même de 
telles choses? Et il cherchait à le 
voir. 

10. Les apôtres étant revenus, 
raconterent à Jésus tout ce qu'ils 
avaient fait; et les prenant avec 
lui, il se retira à l'écart dans un 
lieu désert, qui appartient à Beth- 
saide. 

11. Lorsque le peuple l'eut ap- 
pris, il le suivit; et Jésus les ac- 
cueillit, et il leur parlait du 
royaume de Dieu, et il rendait la 
santé à ceux qui avaient besoin 
d'étre guéris. 


Crap. IX. 1. Matt., x, 1; Marc, ui, 19. — 3. Matt., x, 9; Marc, vi, 8. — 5. Actes, xii, 51, 


— 7. Matt., xiv, 1; Marc, vi, 14. 


9. En témoignage pour eux. Afin que ce soit pour eux un témoignage que vous ne 
pouvez plus avoir rien de commun avec eux, puisqu'ils refusent d'embrasser la reli- 


gion divine que vous préchez. 


1, 9. * Hérode Antipas, tétrarque de Galilée. Voir note sur Matt., xiv, 4. 
10. * Dans un lieu désert. Voir Matt., xiv, 13. 


249? 


19. Cependant le jour commen- 
cait à baisser; et les douze s'ap- 
prochant, lui dirent : Renvoyez 
le peuple, afin qu'il aille dans les 
bourgs et dans les villages d'alen- 
tour, pour y loger et trouver de 
la nourriture; car ici nous 
sommes en un lieu désert. 

13. Mais il leur dit : Donnez- 
leur vous-mémes à manger. Ils 
lui répondirent : Nous n'avons 
pas plus de cinq pains et deux 
poissons, à moins que nous n'al- 
lions nous-mémes acheter des 
vivres pour toute cette multi- 
tude. 

14. Or ils étaient environ cinq 
mille hommes. Jésus dit alors à 
ses disciples : Faites-les asseoir 
par groupes de cinquante. 

45. Et ils firent ainsi: ils les 
firent tous asseoir. 

16. Jésus ayant donc pris les 
cinq pains et les deux poissons, 
leva les yeux au ciel, et les bénit; 
puis il les rompit, et les donna à 
ses disciples, pour les servir aux 
groupes. 

17. Ettous mangèrent et furent 
rassasiés. Et on emporta, de ce 
qui leur resta, douze corbeilles 
de morceaux. 

18. Or il arriva que comme il 
priait seul, n'ayant avec lui que 
ses disciples, il les interrogea, 
disant : Qui dit-on que je suis? 

19. Ils lui répondirent et dirent : 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


[cn. 1x.] 
Jean-Baptiste; d'autres, Elie; 
d'autres, un des anciens pro- 
phètes qui est ressuscité. 

90. Et vous, leur dit-il, qui dites- 
vous que je suis? Simon Pierre 
répondant, dit : Le Christ de Dieu. 

91. Mais il leur défendit, avec 
menace, de le dire à personne, 

22. Ajoutant : Il faut que le Fils 
de l'homme souffre beaucoup, 
qu’il soit rejeté par les anciens, 
par les princes des prêtres et par 
les scribes, qu'il soit mis à mort, 
et quil ressuscite le troisième 
jour. 

23. 11 disait encore à tous : Si 
quelqu'un veut venir après mol, 
qu'il renonce à lui-méme, et porte 
sa croix chaque jour, et me suive. 

94. Car celui qui voudra sauver 
son àme, la perdra; et qui per- 
dra son âme à cause de moi, la 
sauvera. 

25. Et que sert à l'homme de 
gagner 16 monde entier à son dé- 
triment et en se perdant lui- 
méme? 

26. Car qui aura rougi de moi 
et de mes paroles, le Fils de 
l'homme rougira de lui, lorsqu'il 
viendra dans sa majesté et dans 
celle du Père et des saints anges. 

27. Et je vous le dis en vérité : 
ll y en a quelques-uns ici présents 
qui ne goüteront point de la mort 
quils n'aient vu le royaume de 
Dieu. 


12. Matt., xiv, 15; Marc, vr, 38. — 13. Jean, vi, 9. — 18. Matt., xvi, 13; Marc, 
vri, 27. — 22. Matt., xvu, 21; Marc, vin, 31; 1x, 30. — 23. Matt., x, 38; xvi, 24; Marc, 
vir, 34; Infra, xiv, 21. — 24. Infra, xvir, 33; Jean, xir, 25. — 26. Matt., x, 33; Marc, 
vir, 38; II Tim., ir, 12. — 27. Matt., xvi, 28; Marc, vii, 39. 


18. * Il priait seul à Césarée de Philippe. Voir note sur Matt., ,טא‎ 
99.* Les anciens. Voir la note sur Matt., xvi, 21. — Les princes des prétres et les 


scribes. Voir les notes sur Matt., 11, 4. 


24-25. Voy., pour le sens de ces deux versets, Matt., x, 39. 
21 * Quelques-uns... ne goüteront point de la mort, eic. Voir la note sur Matt., xvi, 28. 


(ou. 1x.) 

98. Or, il arriva, environ huit 
jours aprés qu'il eut dit ces pa- 
roles, qu'il prit Pierre, Jacques, 
etJean, et monta sur la montagne 
pour prier. 

99. Et, pendant qu'il priait, 
l'aspect de sa face devint tout 
autre, et son vêtement d'une 
éclatante blancheur. 

30. Et voilà que deux hommes 
s'entretenaient avec lui. Or c'était 
Moise et Elie, 

31. Paraissant en grande ma- 
jesté; et ils parlaient de sa fin, 
qui devait s'accomplir à Jéru- 
salem. 

32. Cependant Pierre et ceux 
qui se trouvaient aveclui, étaient 
appesantis par le sommeil; et se 
réveillant, ils virent sa gloire, et 
les deux hommes qui étaient avec 
lui. 

33. Et il arriva que lorsqu'ils 
le quittèrent, Pierre dit à Jésus : 
Maitre, il nous est bon d'étre ici; 
faisons trois tentes, une pour 
vous, une pour Moïse, et une 
pour Elie; ne sachant ce quil 
disait. 

34. Comme il parlait ainsi, il se 
forma une nuée qui les enveloppa 
de son ombre; et les disciples 
furent saisis de frayeur en les 
' voyant entrer dans la nuée. 
᾿ς 85. Et une voix vint dela nuée, 
disant : Celui-ci est mon Fils bien- 
aimé ; écoutez-le. 

36. Et pendant que la voix par- 
lait, Jésus se trouva seul. Mais 
gardant eux-mêmes le silence, 
ils ne dirent à personne, en ces 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2493 
jours-là, rien de ce qu'ils avaient 
vu. 

31. ll arriva que le jour sui- 
vant, comme ils descendaient de 
la montagne, une foule nom- 
breuse vint au-devant d'eux. 

38. Et voilà que de la foule un 
homme s'écria, disant : Maitre, 
je vous supplie, jetez un regard 
sur mon fils; car c'est le seul que 
j'aie. 

39. Et voilà qu'un esprit se 
saisit de lui, et aussitót il crie, 
puis l'esprit le brise contre terre, 
le déchire en le faisant écumer, 
et à peine le quitte-t-il après 
l'avoir tout déchiré ; 

40. J'ai prié vos disciples de le 
chasser, et ils ne l'ont pu. 

M. Jésus répondant, dit: 0 
race infidele et perverse, jusqu'à 
quand serai-je avec vous, et vous 
supporterai-je? Amène ici ton 
fils. 

49. Et comme il approchait, le 
démon le brisa contre terre et le 
déchira. 

49. Alors Jésus gourmanda 
l'esprit impur, guérit l'enfant, et 
le rendit à son père. 

44. Et tous étaient fort étonnés 
de la grandeur de Dieu; et comme 
ils admiraient tout ce que faisait 
Jésus, il dit àses disciples : Mettez, 
vous autres, ces paroles dans vos 
cœurs : Il arrivera que le Fils de 
l'homme sera livré entreles mains 
des hommes. 

45. Mais eux n'entendaient pas 
cette parole ; elle était voilée pour 
eux, de sorte qu'ils ne la com- 


28. Matt., xvur, 1; Marc, 1x, 1. — 35. 11 Pierre, 1, 17. — 38. Matt., xvir, 14; Marc, 


1x, 16. 


28. * Sur la montagne. Voir note sur Matt., xvir, 1. 


39. Contre terre. Compar. Marc., ix, 19. 


240^ 
prenaient point; et ils craignaient 
de l'interroger sur cette parole. 

46. Or une pensée leur vint à 
l'esprit, lequel d'entre eux était 
le plus grand? 

41. Mais Jésus, voyant les pen- 
sées de leur cœur, prit un enfant, 
le placa près de lui, 

48. Et leur dit: Quiconque 
recevra cet enfant en mon nom, 
me reçoit; etquiconque me recoit, 
recoit celui qui m'a envoyé. Car 
celui qui est le plus petit entre 
vous tous, celui-là est le plus 
grand. 

49. Alors prenant la parole, 
Jean dit : Maitre, nous avons vu 
un homme qui chasse les démons 
en votre nom, et nous l'en avons 
empéché, parce qu'il ne vous suit 
pas avec nous. 

50. Et Jésus lui dit: Ne l'en 
empéchez point; car qui n'est 
point contre vous est pour vous. 

51. Or, 11 arriva que, quand les 
jours de son ascension s'accom- 
plissaient, il fixa son visage pour 
aller à Jérusalem. 

52. Il envoya done devant lui 
des messagers, qui, étant partis, 
entrèrent dans une ville des 
Samaritains, pour lui préparer 
un logement ; 

53. Mais il ne fut pas recu, 
parce que son visage était celui 
de quelqu'un allant à Jérusalem. 

54. Ce qu'ayant vu, ses disciples 
Jacques et Jean dirent : Seigneur, 
voulez-vous que nous disions que 
le feu descende du ciel, et les 
consume? 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


fca. x.] 

55. Mais se tournant, il les gour- 
manda, disant: Vous ne savez 
pas de quel esprit vous étes. 

56. Le Fils de l'homme n'est 
pas venu perdre les âmes, mais 
les sauver. Et ils s'en allerent 
dans un autre village. 

57. Et il arriva, comme 115 
étaient en chemin, que quelqu'un 
lui dit: Je vous suivrai partout 
où vous irez. 

58. Jésus lui dit : Les renards 
ont des tanieres, et les oiseaux 
du ciel des nids; mais le Fils de 
l'homme n'a pas où reposer la 
téte. 

59. Mais il dit à un autre : Suis- 
moi. Celui-ci répondit : Seigneur, 
permettez-moi d'aller d’abord, et 
d'ensevelir mon père. 

60. Et Jésus lui dit : Laisse les 
morts ensevelirleurs morts; pour 
toi, va, et annonce le royaume 
de Dieu. 

61. Un autre dit: Je vous sui- 
vrai, Seigneur; mais permettez- 
moi d'abord de renoncer à ce qui 
est dans ma maison. 

62. Jésus lui répondit: Qui- 
conque ayant mis la main à la 
charrue, regarde en arriere, n'est 
pas propre au royaume de Dieu. 


CHAPITRE X. 


Mission des soixante-douze disciples. 
Malheur des villes impénitentes. Re 
tour des disciples. Mystères cachés aux 
sages et révélés aux simples. Jésus in 
terrogé par un docteur. Parabole du 
Samaritain. Jésus chez Marthe et Marie, 


1. Apres cela, le Seigneur dé 


46. Matt., xvi, 1; Marc, 1x, 33. — 56. Jean, ni, 17; xir, 47. — 58. Matt., vri, 20. 


$1. Ii fiza son visage; il tourna sa face, il se mit en chemin pour aller à Jérusalem 


52, * Des Samaritains. Voir Matt., x, 5. 


4, * « La lis'e des soixante-douze disciples ne nous ἃ pas été transmise. Un petit 


[cu. x.] 


signa encore soixante-douze au- 
tres disciples, et les envoya deux 
à deux devant lui dans toutes les 
villes et tous les lieux où lui- 
même devait venir. 

9. Et il leur disait : La moisson 
est certainement grande, et les 
ouvriers en petit nombre. Priez 
donc le maitre de la moisson, 
quil envoie des ouvriers en sa 
moisson. 

3. Allez : Voici que je vous en- 
voie comme des agneaux au mi- 
lieu des loups. 

4. Ne portez ni sac, ni bourse, 
ni chaussure, et ne saluez per- 
sonne dans le chemin. 

5. En quelque maison que vous 
entriez, dites d'abord : Paix à 
cette maison ! 

6. Et s'il s'y trouve un fils de la 
paix, votre paix reposera sur lui ; 
sinon, elle reviendra à vous. 

7. Demeurez dans la méme mai- 
son, mangeant et buvant de ce 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2495 
qui sera chez eux; car l'ouvrier 
mérite son salaire. Ne passez 
point de maison en maison. 

8. Et, en quelque ville que vous 
entriez, et où vous serez reçus, 
mangez ce qui vous sera pré- 
senté. 

9. Guérissez les malades qui 
s'y trouveront, et dites-leur : Le 
royaume de Dieu est proche de 
vous. 

10. Mais, en quelque ville que 
vous soyez entrés, s'ils ne vous 
reçoivent point, sortez dans ses 
places, et dites : 

11. Nous secouons contre vous 
la poussiere méme de votre ville, 
qui s'est attachée à nos pieds; 
cependant sachez que le royaume 
de Dieu approche. 

42. Je vous 16 dis : Pour Sodome, 
en ce jour-là, il y aura plus de 
rémission que pour cette ville-là. 

13. Malheur à toi, Corozain! 


x 


Malheur à toi, Bethsaïde! Car si 


Cap. X.2.Matt.,1x, 87.-- 3. Matt., x,16. — 4. Marc, vi, 8; Matt., x, 10; IV Rois, 1v, 29. 
—7. Deut., xxiv, 14; Matt., x, 10; 1 Tim., v, 18. — 11. Actes, xri, 51. — 13. Matth., xr, 21. 


nombre seulement sont connus avec certitude. On sait qu'ils furent choisis parmi 
ceux qui suivaient habituellement le Sauveur, et que le divin Maitre les associa aux 
Apôtres pour les aider à instruire le peuple et 16 préparer à sa venue. Il est certain 
qu'ils étaient inférieurs aux douze, puisque Mathias, l'un d'entre eux, fut promu à 
l'apostolat à la place de Judas. S. Ignace les assimile aux diacres et S. Jérôme aux 
prétres. Leur ministère fut transitoire et purement personnel : ils ne transmirent à 
personne les pouvoirs qu'ils avaient recus. — Au lieu de soixante-douze disciples, la 
plupart des manuscrits grecs portent soixante-dix; mais on peut croire que c'est un 
nombre rond employé pour soixante-douze, comme lorsqu'il s'agit des interprétes 
de l'Ancien Testament, ou des personnes dont se composait la famille de Jacob à son 
entrée en Egypte. — On a fait cette remarque, que ce nombre répond à celui des 
peuples dont Moïse fait le dénombrement dans la Genèse, de même que le nombre 
douze répond à celui des tribus d'Israél; car, d'aprés les Juifs, l'humanité se compo- 
sait de soixante-dix (ou soixante-douze) peuples : quinze de Japhet, trente de Cham 
et vingt-sept de Sem. Cet accroissement du nombre des ouvriers apostoliques, de 
douze à soixante-douze, semblait annoncer l'extension prochaine de la prédication à 
l'univers entier. » (L. Bacuez.) 

4. Ne saluez personne dans votre chemin, manière de parler des Hébreux pour dire 
qu'il ne faut pas que rien les arréte en chemin. 

6. Un fils de la paix; hébraisme, pour quelqu'un digne de la paix. 

8. Mangez ce qui vous sera, présenié. Compar. Matt., xv, 11. 

13. * Corozain, Bethsaide. Voir note sur Matt., xr, 21. — Tyr et Sidon. Voir Marc., 
vii, 3. 


2196 
dans Tyr et Sidon s'étaient opé- 
rés les miracles qui ont été opé- 
rés au milieu de vous, elles au- 
raient autrefois fait pénitence 
sous le cilice et assises dans la 
cendre. 

14. Mais, pour Tyr et Sidon, il 
y aura au jugement plus de ré- 
mission que pour vous. 

15. Et toi, Capharnaüm, élevée 
jusqu'au ciel, tu seras plongée 
jusqu'au fond de l'enfer. 

16. Qui vous écoute, m'écoute; 
et qui vous méprise, me méprise; 
mais qui me méprise, méprise 
celui qui m'a envoyé. 

17. Or les soixante-douze re- 
vinrent avec joie, disant : Sei- 
gneur, les démons mémes nous 
sont soumis en votre nom. 

18. Et il leur dit : Je voyais Sa- 
tan tombant du ciel comme la 
foudre. 

19. Voilà que je vous ai donné 
le pouvoir de fouler aux pieds les 
serpents et les scorpions, et toute 
la puissance de l'ennemi; et rien 
ne vous nuira. 

20. Cependant, ne vous ré- 
jouissez pas de ce que les esprits 
vous sont soumis; mais réjouis- 
sez-vous de ce que vos noms sont 
écrits dans les cieux. 

91. En cette heure méme, il 
tressailit de joie par VlEsprit- 
Saint, et dit : Je vous rends gloire, 
à Père, Seigneur du ciel et de la 
terre, de ce que vous avez caché 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


x.]‏ .8ס] 


ces choses aux sages et aux pru- 
dents, et que vous les avez révé- 
lées aux petits. Oui, Père, car il 
vous a plu ainsi. 

22. Toutes choses m'ont été 
données par mon Pére. Et per- 
sonne ne sait quel est le Fils, si- 
non le Pére; et quel est le Pere, 
sinon le Fils, et celui à qui le Fils 
a voulu le révéler. 

93. Et, se tournant vers ses dis- 
ciples, il dit : Heureux les yeux 
qui voient ce que vous voyez! 

24. Car, je vous le dis, beau- 
coup de prophètes et de rois ont 
désiré voir ce que vous voyez, et 
ne l'ont point vu, entendre ce que 
vous entendez, et ne l'ont point 
entendu. 

25. Et voilà qu'un docteur de la 
loi, se levant pour le tenter, dit : 
Maitre, que ferai-je pour posséder 
la vie éternelle? 

26. Jésus lui dit : Qu'y a-t-il 
d'écrit dans 18 101? Quy lis-tu? 

277. Gelui-ci répondant, dit : Tu 
aimeras le Seigneur ton Dieu de 
tout ton cœur, de toute ton âme, 
de toutes tes forces, et de tout 
ion esprit; et ton prochain comme 
toi-méme. 

98. Jésus lui dit : Tu as bien ré- 
pondu; fais cela, et tu vivras. 

29. Mais lui, voulant se justifier 
lui-méme, dit à Jésus : Et qui est 
mon prochain? 

30. Jésus reprenant, dit : Un 
homme descendait de Jérusalem 


16. Matt., x, 40; Jean, xur, 20. — 21. Matt., xri, 25. — 23. Matt., xii, 10. — 25. Matt., 
xxi, 35; Marc., xir, 28. — 27. Deut., vi, 5. 


15. * Capharnaüm. Voir Matt., 1v, 13. 

30. * Un homme descendait de Jérusalem ἃ Jéricho. > I1 descendait, car Jérusalem 
est beaucoup plus élevée que Jéricho. La distance entre ces deux villes était d'envi- 
ron cent cinquante stades (en stades olympiques, de 27 à 28 kilom.); la route traver- 
sait une contrée aride, un désert. La plaine de Jéricho, véritable oasis dans le désert, 
était d'une grande fertilité, renommée pour ses roses, son miel et les meilleurs pro- 


(cn. 1 


à Jéricho, οἱ il tomba entre les 
mains de voleurs qui, l'ayant dé- 
pouillé et cousert de plaies, s'en 
allèrent, le laissant à demi mort. 

31. Or il arriva qu'un prétre 
descendait par le méme chemin; 
et l'ayant vu, passa outre. 

32. Pareillement un lévite, se 
trouvant près de là, le vit, et 
passa outre aussi. 

33. Mais un Samaritain, qui 
était en voyage, vint pres de lui, 
et, le voyant, fut touché de com- 
passion. 

34. Et, s'approchant, il banda 
ses plaies, y versant de l'huile et 
du vin; et, le mettant sur sa mon- 
ture, il le conduisit en une hótel- 
lerie, et prit soin de lui. 

Et le jour suivant, il tira‏ .ספ 
deux deniers, et les donnant à‏ 
l'hôte, dit : Aie soin de lui, et‏ 
tout ce que tu dépenseras de plus,‏ 
je te le rendrai à mon retour.‏ 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2497 

36. Lequel de ces trois te 
semble avoir été le prochain de 
celui qui tomba entre les mains 
des voleurs? 

31. Le docteur répondit : Celui 
quia été compatissant pour lui. Et 
Jésusluidit : Va, et fais de méme. 

38. Or il arriva que pendant 
qu'ils étaient en chemin, il entra 
dans un village, et une femme, 
nommée Marthe, le recut dans sa 
maison ; 

39. Et celle-ci avait une sceur, 
nommée Marie, laquelle assise 
aux pieds du Seigneur, écoutait 
sa parole. 

40. Cependant Marthe s’occu- 
paitavec empressement des soins 
nombreux du service; elle s'ar- 
réta et dit : Seigneur, ne voyez- 
vous pas que ma sceur me laisse 
servir seule? dites-lui donc qu'elle 
m'aide. 

41. Mais le Seigneur répon- 


duits de la Palestine. Le misérable village de Riha occupe aujourd'hui l'emplacement 
de l'ancienne Jéricho. — Pendant son voyage, i/ {lomba entre les mains des voleurs 
qui l'ayant dépouillé, etc. Josèphe raconte que la Palestine était alors infestée de 
brigands, et S. Jérôme nous apprend qu'une partie dela route de Jérusalem à Jéricho 
était appelée le chemin du sang, à cause du sang qui y avait été répandu; il y avait 
là une garnison romaine, pour la protection des voyageurs. Aujourd'hui encore les 
Arabes du désert pillent fréquemment ceux qui parcourent cette contrée. » (TRENCH.) 

34. * De l'huile et du vin. Les anciens se servaient de l'huile et du vin pour panser 
les blessures, du vin pour les laver et les purifier, de l'huile pour en calmer l'irrita- 
tion. — En une hôtellerie, non en une hôtellerie proprement dite, mais dans le khan 
ou caravausérail. Voir Luc., τι, 7. La tradition - place ce caravausérail à Khan el- 
Akhmar. 

35. Deux deniers. Voy. Matt., xvi, 28. — * L'Aófe, celui qui est chargé de la garde 
du caravansérail. 

38. * Dans un village. « Dans la partie méridionale de la Galilée, non loin de 
Naim. » (Mgr DarBoy.) A Béthanie, selon d'autres commentateurs. — Une femme 
nommée Marthe le reçut dans sa maison. « Marthe avait pour sœur Marie-Madeleine 
et pour frère Lazare; ils appartenaient à une famille considérable. Il semble que 
Marthe fut l'ainée, car elle est toujours citée la première ; c’est aussi à cause de cette 
qualité sans doute qu'on la voit faire à Jésus-Christ les honneurs de la maison et 
déployer plus que personne les sollicitudes de l'hospitalité. Sa sœur Marie était d'une 
nature moius agissante. On pense que Lazare, Marthe et Marie-Madeleine quittèremt 
la Galilée avec leur maître et ami divin, et fixèrent leur séjour en Judée, non loin de 
Jérusalem. Il est certain, dans tous les cas, qu'ils habitaient le bourg de Béthanie, à 
quinze stades ou trois quarts de lieue de la ville sainte, durant les six mois qui précé 
derent 18 mort du Sauveur. » (Mgr Dansov.) Voir la note sur Matt., xxvir, 56. 

39. * Marie Madeleine. Voir Matt., xxvir. 56. 


N. T. 222457 


2198 
dant, lui dit : Marthe, Marthe, 
vous vous inquiétez et vous vous 
troublez de beaucoup de choses. 

42. Or une seule chose est né- 
cessaire. Marie a choisi la meil- 
leure part, qui ne lui sera pas 
ôtée. 

CHAPITRE ΧΙ. 


Prière de Jésus-Christ. Demander, cher- 
eher et frapper. Délivrance d'un pos- 
sédé muet. Blasphéme des Juifs. Para- 
bole du fort armé. Démon rentrant. 
Bonheur de la mére de Jésus. Signe de 
Jonas. OEil simple. Dehors de la coupe. 
Reproches de Jésus-Christ contre les 
scripes et les pharisiens. 


1. Il arriva que, comme il priait 
en un certain lieu, un de ses 
disciples lui dit, apres qu'il eut 
fini : Seigneur, enseignez-nous à 
prier, comme Jean lui-méme l'a 
enseigné à ses disciples. 

9. Et il leur dit : Quand vous 
priez, dites : Père, que votre nom 
soit sanctifié. Que votre règne 
arrive. 

9. Donnez-nous aujourd'hui 
notre pain de chaque jour. 

4. Et remettez-nous nos péchés, 
puisque nous remeltons nous- 
mémes à tous ceux qui nous 
doivent; et ne nous induisez point 
en tentation. 

ὃ. Et il leur dit encore : Si 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


[cu. xn] 


quelqu'un de vous a un ami, et 
qu'il aille le trouver pendant la 
nuit, et lui dise : Mon ami, préte- 
moi trois pains, 

0. Parce qu'un de mes amis est 
arrivé chez moi de voyage, et 
que je n'ai rien à lui offrir; 

7. Et si celui-là, répondant de 
dedans sa maison, disait : Ne 
m'importune point; ma porte est 
déjà fermée, et mes enfants sont 
au lit avec moi; je ne puis me 
lever et t'en donner. 

8. Si cependant l'autre continue 
de frapper, je vous le dis, quand 
celui-ci ne se lèverait point pour 
lui en donner, parce qu'il est son 
ami; cependant à cause de son 
importunité, il se lévera et lui en 
donnera autant qu'il en a besoin. 

9. Et moi je vous dis aussi : De- 
mandez, et il vous sera donné; 
cherchez, et vous trouverez ; frap- 
pez, et l'on vous ouvrira. 

10. Car quiconque demande, 
recoit; et qui cherche, trouve; et 
l'on ouvrira à celui qui frappe. 

11. Si quelqu'un d'entre vous 
demande du pain à son père, lui 
donnera-t-il une pierre? ou si un 
poisson, lui donnera-t-il au lieu 
du poisson, un serpent? 

19. Ou s'il lui demande un ceuf, 
lui présentera-t-il un scorpion? 


XI, 2. Matt., vr, 9. — 9. Matt., vii, 7; xxr, 22; Marc, xi, 24; Jean, xiv, 13;‏ ג 


Jac., 1, 5. — 11. Matt., vr, 9. 


42, * Marie a choisi la meilleure part. > Non pas que le Seigneur voulüt blamer 
Marthe, car elle eut aussi sa récompense, c'est-à-dire le don de la foi et de la charité, 
mais il voulait recommander la noble occupation de Marie, qui a tant d'influence 
surles destinées de l'àme humaine. L'antiquité ecclesiastique a toujours vu dans ces 
deux femmes le double symbole de la vie active et répandue en bonnes œuvres, et 
dela vie contemplative et consumée en ardentes prières. » (Mgr DanBOY.) 


2-4. * Voir note sur Matt., vr, 9-13. 

11. Ou si un poisson. Cette traduction, qui est de Bossuet, rend plus fidèlement 
qu'aucune autre la concision énergique du texte, sans pourtant nuire à la clarté. 

12. * Un scorpion. Voir Luc, x, 19. Quelques commentateurs ont pensé, à cause de 
ces paroles, qu'il existait une certaine ressemblance entre un œuf et un scorpion, 


(cn. xi.) 


13. Si donc vous, qui étes mau- 
vàis, vous savez donner à vos 
enfants des choses bonnes; com- 
bien, à plus forte raison, votre 
Père céleste donnera-t-il un esprit 
bonàceuxquilelui demanderont? 

14. Or il chassait un démon, et 
ce démon était muet; et lorsqu'il 
eut chassé le démon, le muet 
parla, et le peuple fut dans 
l'admiration. 

15. Mais quelques-uns d'entre 
eux dirent: C'est par Béelzébub, 
prince des démons, qu'il chasse 
les démons. 

16. Et d'autres, pour le tenter, 
lui demandaient un prodige dans 
le ciel. 

47. Mais Jésus ayant vu leurs 
pensées, leur dit : Tout royaume 
divisé contre lui-méme sera dé- 
solé, et une maison tombera sur 
une autre maison. 

18. Que si Satan est divisécontre 
lui-méme, comment son royaume 
subsistera-t-il? car vous dites que 
c'est par Béelzébub que je chasse 
les démons. 

19. Etsi moi, je chasse les dé- 
mons par Béelzébub, vos fils, par 
qui les chassent-ils? C'est pour- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2499 
quoi ils seront eux-mémes vos 
juges. 

20. Mais si c'est par le doigt de 
Dieu que je chasse les démons, 
c'est que le royaume de Dieu est 
arrivé jusqu'à vous. 

21. Lorsque le fort armé garde 
l'entrée de sa maison, ce qu'il 
possède est en sûreté. 

22. Mais si un plus fort que lui 
survenant, en triomphe, il em- 
portera toutes ses armes dans 
lesquelles il se confiait, et il dis- 
tribuera ses dépouilles. 

23. Qui n'est pas pour moi est 
contre moi; et qui n'amasse pas 
avec moi, dissipe. 

24. Lorsque l'esprit impur sort 
de l'homme, il và par des lieux 
arides, cherchantdu repos;et n'en 
trouvant point, il dit : Je retour- 
nerai dans ma maison d’où je suis 
sorti. 

25. Et revenant il la trouve 
nettoyée de ses ordures, et ornée. 

20. Alors il s'en va, et prend 
avec lui sept autres esprits pires 
que lui, et, étant entrés dans cette 
maison, ils y demeurerent. Et le 
dernier état de cet homme de- 
vient pire que le premier. 


14. Matt., 1x, 32; xi, 22. — 15. Mátt., 1x, 84 ; Marc, ui, 22. 


mais le langage de Notre-Seigneur n'implique point cette ressemblance. Le scorpion 
est ordinairement noir, quoique d'anciens auteurs parlent d'un scorpion blanc. 

13. * Votre Père céleste donnera son bon esprit à ceux qui le lui demanderont. > 11 n'y 
a de bon esprit que celui de Dieu. L'esprit qui nous éloigne du vrai bien, quelque 
pénétrant, quelque agréable, quelque habile qu'il soit pour nous procurer des biens 
corruptibles, n'est qu'un esprit d'illusion et d'égzarement. L'esprit n'est fait que pour 
conduire à la vérité et au souverain bien. Il n'y a de bon esprit que celui de Dieu, 
parce qu'il n'y a que son esprit qui nous mène à lui. Il y a bien de la différence 
entre un bel esprit, un grand esprit et un bon esprit. Le bel esprit plait par son 
agrément; le grand esprit excite l'admiration par sa profondeur; mais il n y a que 
le bon esprit qui sauve et qui rende heureux par sa solidité et par sa droiture. » 
(FÉNELON.) 

15. * Béelzébub. Noir Matt., x, 25. 

19, En qualité d'exorcistes, certains Juifs chassaient les démons par l'invotation du 
nom de Dieu. 

21. Le fort armé, Voy. Matt., xit, 29. 


9500 

'97. Or il arriva que, comme il 
disait ces choses, une femme, 
élevant la voix d'au milieu de la 
foule, lui dit : Heureux le sein qui 
vous a porté, etles mamelles que 
vous avez sucées! 

28. Mais Jésus dit : Heureux 
plutôtceux qui écoutent la parole 
de Dieu et qui la gardent! 

29. Cependant le peuple s'amas- 
sant en foule, il commenca à dire : 
Gette génération est une généra- 
tion mauvaise; elle demande un 
prodige, et il ne lui sera point 
donné de prodige, si ce n'est le 
prodige du prophète Jonas. 

30. Car comme Jonas fut un 
prodige pour les Ninivites, ainsi 
sera le Fils de homme pour cette 
génération. 

31. La reine du midi sc lèvera 
au jugementavec les hommes de 
cette génération, et les condam- 
nera; parce qu'elle vint des extré- 
mités de la terre entendre la sa- 
gesse de Salomon; et il y a ici 
plus que Salomon. 

32. Les Ninivites se lèveront 
au jugement avec cette généra- 
tion, et la condamneront; parce 
qu'ils firent pénitence à la prédi- 
cation de Jonas; et 11 y a ici plus 
que Jonas. 

33. Personne n'allume une 
lampe pour la mettre en un lieu 
caché, ni sous 16 boisseau; mais 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


[cu. x1.] 


on la pose sur le chandelier, afin 
que ceux qui entrent voient la 
lumiere. 

34. La lampe de votre corps est 
votre œil. Si votre 0311 est simple, 
tout votre corps sera lumineux; 
mais s'il est mauvais, tout votre 
corps aussi sera ténébreux. 

35. Prenez donc garde que la 
lumiere qui est en vous ne soit té- 
nèbres. 

96. Si donc votre corps est tout 
entierlumineux, n'ayant aucune 
partie ténébreuse, tout sera lumi- 
neuxet vous serezéclairéscomme 
par la lampe qui brille. 

31. Pendant quil parlait, un 
pharisien le pria de diner chez lui. 
Etant donc entré, il se mit à table. 

38. Or le pharisien, pensant en 
lui-même, commenca à se deman- 


der pourquoi il ne s'était point 


lavé avant le repas. 

39. Et le Seigneur lui dit : Vous 
autres, pharisiens, vous netloyez 
le dehors de la coupe et du plat; 
mais ce qui est au dedans de vous 
est plein de rapine et d'iniquilé. 

40. Insensés ! celui qui a fait le 
dehors n'a-t-il pas fait aussi le 
dedans? 

41. Toutefois, faites l'aumóne 
de volre superflu, et tout sera 
pur pour vous. 

42. Mais malheur à vous, pha- 
risiens, parce que vous payez la 


29. Matt., xir, 39. — 30. Jonas, τι, 1. — 31. III Rois, x, 1; II Paral., 1x, 1. — 32, Jonas, 
ir, 5. — 33. Matt., v, 15; Marc, 1v, 21, — 34. Matt., vr, 22. — 39. Matt. xxii, 29. 


99. * Le prodige du prophète Jonas. Voir note sur Matt., xu, 39-40. 
31. * La reine du midi, la reine de Saba, dont le royaume était situé au midi par 


rapport à la Palestine. 


33. * Sous le boisseau. Voir note sur Matt., v, 15. 
38-39. * Compar. note sur Matt., xxi: 25-36. 


42. * De la menthe. Voir Matt., xxir, 23. — De la rue. La rue, ruta graveolens, plante 
très aromatique, d'un vert jaunâtre dont on faisait grand usage en Palestine pour 
lépicerie et la médecine, est très stimulante, antispasmodique et tonique. L'odeur 


[cu. xiu.) 


dime de la menthe, de la rue, et 
de toutes les herbes, et que vous 
négligez la justice et l'amour de 
Dieu! il fallait faire ces choses et 
ne pas omettre les autres. 

48. Malheur à vous, pharisiens, 
parce que vous aimez les pre- 
miers sieges dans les synago- 
gues et les salutations dans les 
places publiques! 

44. Malheur à vous, parce que 
vous êtes comme les sépulcres 
qui ne paraissent point; les 
hommes marchent dessus sans le 
savoir! 

45. Alors un des docteurs de la 
loi prenant la parole, lui dit : 
Maitre, en disant cela, vous nous 
faites injure à nous aussi. 

46. Mais Jésus dit : Et à vous 
aussi, docteurs de la loi, mal- 
heur; parce que vous imposez 
aux hommes des charges qu'ils 
ne peuvent porter, et que vous- 
mémes ne touchez pas les far- 
deaux du bout du doigt! 

41. Malheur à vous, qui bátissez 
des tombeaux aux prophètes, et 
vos pères les ont tués! 

48. Gertes, vous témoignez bien 
que vous consentez aux œuvres 
de vos pères; car eux les ont 
tués, et vous, vous leur bâtissez 
des sépulcres. 

49. C'est pourquoi la sagesse 
méme de Dieu a dit : Je leur en- 
verrai des prophètes et des apó- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2501 
tres, et ils tueront les uns et per- 
sécuteront les autres; 

90. Afin qu'on redemande à 
cette génération le sang de tous 
les prophètes qui a été répandu 
depuis la fondation du monde; 

91. Depuis le sang d'Abel jus- 
qu'au sang de Zacharie, qui pé- 
rit entre l'autel et le temple. Oui, 
je vous le dis, il sera redemandé 
à cette génération. 

52. Malheur à vous, docteurs 
de la loi, parce que vous avez 
pris la clef de la science; vous 
n'êtes pas entrés vous-mémes, el 
ceux qui entraient, vous les en 
avez empêchés! 

53. Comme il leur disait ces 
choses, les pharisiens et les doc- 
teurs de la loi commencèrent à 
le presser, et à l'accabler d'une 
multitude de questions, 

54. Lui tendant des pieges, et 
cherchant à surprendre quelque 
parole de sa bouche pour l'ac- 
cuser. 


CHAPITRE XII. 


Levain des pharisiens; ne craindre que 
Dieu. Blasphème contre le Saint-Esprit. 
Se garder de l'avarice. Ne point s'in- 
quiéter pour les besoins de la vie. Ne 
chercher que Dieu. Vigilance. Partage 
des serviteurs, fidèle et infidèle. Feu 
apporté sur la terre. Temps du Messie 
inconnu. S'accorder avec son adver- 
saire, 


1. Cependant une grande mul- 
titude s'étant assemblée autour 


43. Matt., xxim, 6; Marc, xir, 39; Infra, xx, 46. — 46. Matt., xxi, 4. — 54. Genèse, 
1v, 8; II Paral, xxiv, 22. — (ηλρ. XII. 1. Matt.. xvi, 2; Marc, vin, 15. 


en est trés forte; le goüt des feuilles est amer. Le Talmud déclare que la rue n'est 
pas soumise à la dime, mais les Pharisiens voulaient la mettre sur le méme pied 
que les autres plantes potagéres dont on devait payer la dime. 

48. Comme les docteurs de la loi ne bátissaient des tombeaux aux prophétes que 
par hypocrisie, au lieu de réparer aux yeux de Dieu les crimes de leurs péres, ils en 


comblaient plutót la mesure. 


91. * Jusqu'au sang de Zacharie. Voir Matt., וזצא‎ 35 


2502 
de lui, de sorte qu'ils marchaient 
les uns sur les autres, il com- 
mença à dire à ses disciples : 
Gardez-vous du levain des phari- 
siens, qui est l'hypocrisie. 

9. Car rien de caché qui ne se 
révèle, ni de secret qui ne se 
sache. 

3. Ainsi ce que vous avez dit 
dans les ténèbres se dira à la 
lumiere; et ce que vous avez 
dit à l'oreille, dans les chambres 
à coucher, sera publié sur les 
toits. 

4. Or je vous dis à vous, qui 
étes mes amis : Ne craignez point 
ceux qui tuent le corps, et après 
cela ne peuvent plus rien faire. 

ὃ. Mais je vous montrerai qui 
vous devez craindre : Craignez 
celui qui, après avoir óté la vie, 
a le pouvoir d'envoyer dans la 
géhenne : oui, je vous le dis, 
craignez celui-là. 

6. Cinq passereaux ne se ven- 
dent-ils pas deux as, et cepen- 
dant pas un d'eux n'est en oubli 
devant Dieu? 

7. Les cheveux mêmes de votre 
téte sont tous comptés. Ne crai- 
gnez donc point, vous valez plus 
que beaucoup de passereaux. 

8. Or je vous le dis : Quiconque 
m'aura  confessé devant les 
hommes, le Fils de l'homme aussi 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


[cu. xu.) 


le confessera devant les anges 
de Dieu. 

9. Mais qui m'aura renié devant 
les hommes, sera renié devant 
les anges de Dieu. 

10. Quiconque parle contre le 
Fils de l’homme, il lui sera remis; 
mais pour celui qui aura blas- 
phémé contre l'Esprit-Saint, il ne 
lui sera pas remis. 

11. Lorsqu'on vous conduira 
dans les synagogues, devant les 
magistrats et les puissances, ne 
vous inquiétez point de quelle 
maniere ou de ce que vous ré- 
pondrez, ou bien de ce que vous 
direz. 

19. Car l'Esprit-Saint vous en- 
seignera àl'heure méme ce qu'il 
vous faudra dire. 

13. Alors quelqu'un de la foule 
lui dit : Maitre, dites à mon frere 
de partager avec moi notre héri- 
tage. 

14. Mais Jésus lui répondit : 
Homme, qui m'a établi juge sur 
vous, ou pour faire vos parta- 
ges? 

15. Puis il leur dit : Voyez, et 
gardez-vous de toute avarice; car 
dans l'abondance méme la vie de 
chacun ne dépend point des 
choses qu'il possède. 

16. 11 leur dit ensuite cette pa- 
rabole : Il y avait un homme 


2. Matt,, x, 26; Marc, 1v, 22. — 8. Matt., x, 32; Marc, vur, 38; II Tim., ir, 12. — 
10. Matt., xi, 92; Marc, rr, 29. — 16. Eccli., xr, 19. 


3. Sur les toits. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 530. — * Voir Mare, u, 4. 


5. Dans la géhenne. Voy Matt., v, 23. 


6. * Cinq passereaux. Voir Matt., x, 29. 


10. Ij ne lui sera pas remis; parce qu'il mourra dans l'impénitence finale; car 
l'Eglise a le pouvoir de remettre toute sorte de péchés à quiconque se convertit sin- 


cèrement à Dieu. 


14. Jésus était juge de tout le monde; mais il ne voulait pas exercer toujours son 
pouvoir; il désirait aussi éprouver la foi de ceux qui lui demandaient quelque 


chose. 


[.זזצ .₪] 


riche dont le champ rapportait 
beaucoup de fruits; 

47. Or il pensait en lui-même, 
disant : Que ferai-je, car je n'ai 
point où serrer mes fruits? 

18. Et il dit : Voici ce que je fe- 
rai : je détruirai mes greniers, et 
j'en ferai de plus grands, et j'y ras- 
semblerai tous mes produits et 
tous mes biens. 

19. Et je dirai à mon âme : Mon 
àme, tu as beaucoup de biens en 
réserve pour plusieurs années; 
repose-toi, mange, bois, fais 
grande chère. 

90. Mais Dieu lui dit : Insensé, 
cette nuit méme on te redeman- 
dera ton âme; et ce que tu as 
amassé, à qui sera-t-il? 

91. Ainsi est celui qui thésau- 
rise pour lui, et qui n'est point 
riche devant Dieu. 

99. Et il dit à ses disciples : 
C'est pourquoi je vous dis : Ne 
vous inquiétez point pour votre 
vie, de ce que vous mangerez ; ni 
pour votre corps, de quoi vous le 
vétirez. 

93. La vie est plus que la nour- 
riture, et le corps plus que le vé- 
tement. 

94. Considérez les corbeaux, ils 
ne sement ni ne moissonnent, ils 
n'ont ni cellier ni grenier, et Dieu 
les nourrit. Combien ne valez- 
vous pas plus qu'eux? 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2503 

95. Qui de vous, en s'inquié- 
tant ainsi, peut ajouter à sa taille 
une seule coudée? 

26. Si donc vous ne pouvez 
méme pas les moindres choses, 
pourquoi vous inquiéter des au- 
tres? | 

27. Considérez les lis comme 
ils croissent; ils ne travaillent ni 
ne filent : et cependant je vous 
le dis, Salomon lui-méme, dans 
toute sa gloire, n'était pas vétu 
comme l'un d'eux. 

98. Or si l'herbe qui est aujour- 
d'hui dans les champs, et qui de- 
main sera jetée au four, Dieu la 
revét ainsi, combien plus le fera- 
t-il pour vous, hommes de peu de 
foi? 

29. Ne demandez donc point ce 
que vous aurez à manger ou à 
boire, et ne vous élevez pas si 
haut; 

30. Car ce sont ces choses que 
les nations du monde recher- 
chent; mais votre Père sait que 
vous en avez besoin. 

31. Ainsi cherchez première- 
ment le royaume de Dieu et sa 
justice; et toutes ces choses vous 
seront données par surcroit. 

32. Ne craignez point, petit 
troupeau, parce qu'il a plu à vo- 
tre Père de vous donner son 
royaume. 

33. Vendez ce que vous avez et 


22. Ps. τὰν, 23; Matt., vi, 25; I Pierre, v, 7. — 33. Matt., xix, 21; vi, 20. 


24. * Considérez les corbeaux. « Ne soyez point en inquiétude : considérez les corbeaux. 
Dans 5. Matthieu, il est dit en général Les oiseaux du ciel. Dans S. Luc, on lit 768 cor- 
beaux, animal des plus voraces, et néanmoins sans greniers ni provision, qui sans 
semer et sans labourer trouve de quoi se nourrir. Dieu lui fournit ce qu'il lui faut, 
à lui, e£ à ses petits qui l'invoquent, dit 16 Psalmiste. Dieu écoute leurs cris, quoique 
rudes et désagréables, et il les nourrit aussi bien que les rossignols et les autres, 
dont la voix est la plus mélodieuse et 18 plus douce. » (Bossuer.) 

28, * Demain sera jetée au four. Voir Matt., vr, 30. 

29. Ne vous élevez pas, etc., c'est-à-dire : n'élevez pas votre esprit jusqu'à ces soins 
inquiets; ne vous perdez pas dans ces vaines prévoyances. 


2504 
donnez l'aumóne. Faites-vous des 
bourses que le temps n'use point, 
un trésor qui ne vous fasse pas 
défaut dans les cieux, oü le vo- 
leur n'approche point, et oü les 
vers ne rongent point. 

34. Car oü est votre trésor, là 
sera aussi votre cœur. 

35. Geignez vos reins, et ayez 
en vos mains les lampes allu- 
mées; 

36. Semblables à des hommes 
qui attendent que leur maitre re- 
vienne des noces; afin que lors- 
quil viendra et frappera à la 
porte, ils lui ouvrent aussitôt. 

31. Heureux ces serviteurs, que 
le maitre, quand il viendra, trou- 
vera veillant! En vérité, je vous 
le dis, il se ceindra, et les fera 
mettre à table, et passant de l'un 
à l'autre, il les servira. 

38. Et s'il vient à la seconde 
veille, et s'il vient à la troi- 
sieme veille, et qu'il les trouve 
ainsi, heureux sont ces servi- 
teurs. 

39. Car sachez bien que si le 
pere de famille savait à quelle 
heure le voleur doit venir, il 
veillerait et ne laisserait point 
percer sa maison. 

40. Et vous aussi, tenez-vous 
prêts; parce qu'à lheure que 
vous ne pensez pas, le Fils de 
l'homme viendra. 

41. Or Pierre lui dit : Seigneur, 
est-ce pour nous que vous dites 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


]08. xu.] 


cette parabole, ou pour tout le 
monde? 

49. Et le Seigneur dit : Qui, 
pensez-vous, est le dispensateur 
fidele et prudent que le maitre a 
établi sur tous ses serviteurs 
pour leur distribuer, dans le 
temps, leur mesure de froment? 

43. Heureux ce serviteur que 
le maitre, lorsqu'il viendra, trou- 
vera agissant ainsi! 

44. Je vous dis, en vérité, 
qu'il l'établira sur tous les biens 
qu'il possède. 

45. Que si ce serviteur dit en 
son cœur : Mon maitre tarde à 
venir; et qu'il commence à battre 
les serviteurs et les servantes, à 
manger, à boire et à s'enivrer; 

46. Le maitre de ce serviteur 
viendra le jour où il ne s’y attend 
pas, et à l'heure qu'il ne sait pas, 
et il le divisera, et il lui donnera 
ainsi sa part avec les infideles. 

47. Mais ce serviteur, qui ἃ 
connu la volonté de son maitre, 
et ne s'est pas tenu prét, et de 
celte maniere n'a pas agi selon 
sa volonté, recevra un grand 
nombre de coups; 

48. Celui qui ne l'a pas connue, 
et qui a fait des choses dignes de 
châtiment, recevra peu de coups. 
Car à celui à qui on a donné beau- 
coup, on demandera beaucoup; 
et de celui à qui on a confié beau- 
coup, on exigera davantage. 

49. Je suis venu jeter un feu 


NT 


39. Matt., xxiv, 43. — 40. Apoc., xvi, 15. 


MM Ho M M M  -. 


35. * Ceignez vos reins. Les Orientaux ne ceignaient leurs amples vétements que 
pour se mettre en marche ou se préparer à faire quelque ouvrage. 

38. * La seconde veille, de neuf heures à minuit. — La troisième veille, de minuit à 
trois heures du matin. Voir Matt., xiv, 25. 

46. Et il divisera. Voy., pour le vrai sens de cette expression, Matt., xxiv, 51. 

49. * Un feu sur la terre. Le feu signifie métaphoriquement dans l'Ecriture l'amour 
et la tribulation. Il a ici le double sens d’après les Pères. Notre-Seigneur apporta 


xm.]‏ .אס] 


sur la terre; et que veux-je, si- 
non qu'il s'allume? 

50. Je dois être baptisé d'un 
baptéme; or combien je me sens 
pressé jusqu'à ce quil s'accom- 
plisse? 

91. Pensez-vous que je sois 
venu apporter 18 paix surla terre? 
Non, je vous le dis; mais la di- 
vision. 

52. Car, désormais, dans une 
seule maison, cinq seront divisés, 
trois contre deux, et deux con- 
tre trois; 

53. Seront divisés : le père 
contre le fils, et le fils contre le 
père; la mère contre la fille, et la 
fille contre la mère; la belle-mère 
contre sa belle-fille, et la belle- 
fille contre sa belle-mère. 

94. Il disait aussi au peuple : 
Lorsque vous voyez un nuage se 
former au couchant, aussitôt 
vous dites : La pluie vient, et 1] 
arrive ainsi. 

59. Et quand vous voyez souf- 
fler le vent du midi, vous dites : 
Il fera chaud, et cela arrive. 

96. Hypocrites, vous savez ju- 
ger d'apres l'aspect du ciel et de 
la terre; mais ce temps-ci, com- 
ment ne le reconnaissez-vous 
point? 

57. Comment ne discernez- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2505 
vous pas de vous-mémes ce qui 
est juste? 

98. Lorsque tu vas avec ton 
adversaire devant un magistrat, 
tâche de te dégager de lui en 
chemin, de peur qu'il ne te train? 
devant le juge et que le juge n» 
te livre à lexécuteur, et que 
l'exécuteur ne te jette en prison. 

99. Je te le dis, tu n'en sortiras 
point que tu n'aies payé jusqu'à 
la derniere obole. 


CHAPITRE XIIT 


Faire pénitence. Parabole du figuier sté- 
rile. Guérison d'une femme courbée. 
Paraboles du grain de sénevé et du le- 
vain dans la pâte. Porte étroite. Les 
derniers devenus les premiers. Ré- 
ponse de Jésus-Christ touchant Hérode. 
Vengeances prédites contre Jésus-Christ. 


1. Enceméme temps, quelques- 
uns vinrent lui annoncer ce qui 
s'était passé touchant les Gali- 
léens, dont Pilate avait mélé le 
sang à leurs sacrifices. 

2. Et Jésus répondant, leur dit : 
Pensez-vous que ces Galiléens 
fussent plus pécheurs que tous 
les autres Galiléens, parce qu'ils 
ont souffert de telles choses? 

3. Non, je vous le dis : mais si 
vous ne faites pénitence, vous 
périrez tous de la méme manière. 

4. Comme ces dix-huit sur qui 


51. Matt., x, 34. — 54. Matt., xvr, 2. — 58. Matt., v, 25. 


l'amour divin (S. Ambroise, S. Jérôme, S. Augustin, etc.), mais ses disciples auront 
aussi à passer par le feu de la persécution. (Tertullien, Maldonat.) 

50. Je dois étre baptisé d'un baptéme; c'est-à-dire : je dois étre infailliblement 
baptisé; je ne peux manquer d'étre baptisé. Voy. Matt., xv, 4. 


1. * Pilate. Voir Matt., xxvii. 3, Le fait rapporté ici ne nous est connu que par 
l'Evangile, mais l'histoire profane peint Pilate sous les mêmes traits et elle nous 
&pprend que sa disgráce finale fut occasionnée par la cruauté avec laquelle il avait 
traité une troupe de Samaritains sur le mont Garizim. 

4. Plus redevables à la justice de Dieu; c'est-à-dire : plus coupables, plus pécheurs. 
— * La tour de Siloé. Elle devait se trouver au sud de Jérusalem, dans le voisinage 


Je la piscine de Siloé. 


2506 
tomba 1a tour de Siloé, et qu'elle 
tua, croyez-vous qu'ils fussent 
plus redevables que tous les 
autres habitants de Jérusalem? 

5. Non, je vous le dis : mais si 
vous ne faites pénitence, vous 
périrez tous de la méme ma- 
niere. 

6. Il leur disait encore cette pa- 
rabole : Un homme avait un 
figuier planté dans sa vigne, et il 
vint y chercher du fruit, et n'en 
irouva point. 

7. Alors il dit au vigneron : 
Voilà trois ans que je viens cher- 
cher du fruit à ce figuier, et je 
n'en trouve point : coupe-le donc; 
pourquoi occupe-t-il encore la 
terre? 

8. Mais le vigneron répondant, 
lui dit: Seigneur, laissez-le encore 
cette année; jusqu'à ce que je 
creuse tout autour, et que j'y 
mette du fumier : 

9. Peut-étre qu'il portera ainsi 
du fruit; sinon vous le couperez. 

10. Or Jésus enseignait dans 
leur synagogue les jours du 
sabbat. 

11. Et voici venir une femme 
qui avait un esprit d'nfirmité 
depuis dix-huit ans; et elle était 
courbée et ne pouvait aucune- 
ment regarder en haut. 

19. Jésus, la voyant, l'appela et 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


(cn. xr.] 


lui dit: Femme, vous étes délivrée 
de votre infirmité. 

13. Et il lui imposa les mains, 
et aussitót elle se redressa, et elle 
glorifiait Dieu. 

14. Or le chef de la synagogue 
prit la parole, s'indignant de ce 
que Jésus l'eüt guérie pendant le 
sabbat; et il dit au peuple : Il y a 
six jours pendant lesquels on doit 
travailler; venez done ces jours- 
là vous faire guérir, et non pas 
le jour du sabbat. 

15. Mais le Seigneur, lui ré- 
pondant, dit : Hypocrites, cha- 
cun de vous ne délie-t-il pas son 
bœuf ou son âne de la crèche le 
jour du sabbat, pour les mener 
boire? 

16. Et cette fille d'Abraham que 
Satan a liée, voici dix-huit ans, 
ne fallait-il pas qu'elle füt délivrée 
de ses liens le jour du sabbat? 

11. Lorsqu'il parlait ainsi, tous 
ses adversaires étaient couverts 
de confusion, et tout le peuple se 
réjouissait de toutes les choses 
qu'il faisait avec tant d'éclat. 

18. Il disait donc : ἃ quoi est 
semblable le royaume de Dieu, 
et à quoi le comparerai-je? 

19. Il est semblable à un grain 
de sénevé qu'un homme prit et 
jeta dans son jardin; il crát, 
devint un grand arbre, et les 


CnaP. XIII. 19. Matt., xni, 31; Marc, iv, 31. 


6. * Un figuier. Le figuier était commun en Palestine et généralement planté dans 
les vignes. Le maître de la vigne peut s'étonner d'autant plus de ne jamais y trouver 
de fruits que cet arbre en produit régulièrement deux fois par an. Les premières 
figues apparaissent avant le retour des feuilles et sont mûres en Palestine vers le 
mois de juin. Les secondes figues poussent tant que le développement de la végéta- 
tion continue et mürissent à diverses époques à partir du mois d’août. 

10. * Dans leur synagogue. Noiv Matt., rv, 23. 

11. Qui avait un esprit d'infirmité. Elle était possédée d'un démon qui la rendait 
infirme. Nous voyons dans l'Eeriture une foule de maladies causées par les démons. 

14. * Le chef de la synagogue. Voir Marc, v, 22. 

19. * Un grain de sénevé. Voir note sur Matt., xnr, 31. 


[cn. xur.] 


oiseaux du ciel se reposerent sur 
ses branches. 

20. Et il dit encore : À quoi 
comparerai-je le royaume de 
Dieu? 

21. Il est semblable à du levain 
qu'unefemme prend et méle dans 
irois mesures de farine, jusqu'à 
ce que tout soit fermenté. 

29. Et il allait par les villes et 
par les villages, enseignant, et 
faisant son chemin vers Jéru- 
salem. 

23. Or quelqu'un lui demanda : 
Seigneur, y en a-t-il peu qui 
soient sauvés? Il leur répondit : 

24. Efforcez-vous d'entrer par 
la porte étroite; car beaucoup, 
je vous le dis, chercheront à 
entrer, et ne le pourront pas. 

25. Lorsque le père de famille 
sera entré et aura fermé la porte, 
vous commencerez par vous 
tenir dehors et par frapper à la 
porte, disant : Seigneur, ouvrez- 
nous; et vous répondant, il vous 
dira : Je ne sais d’où vous êtes. 

26. Alors vous commencerez à 
dire : Nous avons mangé et bu 
devant vous, et vous avez ensei- 
gné dans nos places publiques. 

27. Et il vous dira : Je ne sais 
d'où vous êtes; retirez-vous de 
moi, vous tous, ouvriers d'iniqui- 
quité. 

28. Là sera le pleur et le grin- 
cement de dents, quand vous 
verrez Abraham, Isaac, Jacob, et 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2507 
tous les prophetes dansle royau- 
me de Dieu, et vous, chassés de- 
hors. 

29. IL en viendra de l'orient, et 
de l'occident, et de l'aquilon, et 
du midi, et ils auront place au 
festin dans le royaume de Dieu. 

30. Et ce sont les derniers qui 
seront les premiers, et ce sont 
les premiers qui seront les 
derniers. 

31. (δ méme jour, quelques-uns 
des pharisiens s'approcherent, 
disant : Allez-vous-en, retirez- 
vous d'ici; car Hérode veut vous 
faire mourir. 

32. Et il leur dit : Allez, et dites 
à ce renard : Voilà que je chasse 
les démons et guéris les malades 
aujourd'hui et demain, 66 6 
troisième jour que je dois être 
consommé. 

33. Cependant il faut que je 
marche aujourd'hui et demain, 
et le jour suivant; parce qu'il ne 
peut se faire qu'un prophéte pé- 
risse hors de Jérusalem. 

34. Jérusalem, Jérusalem, qui 
tues les prophètes, et qui lapides 
ceux qui tesontenvoyés, combien 
de fois ai-je voulu rassembler tes 
enfants, comme un oiseau ras- 
semble sa couvée sous ses ailes, 
et tu ne l'as point voulu? 

39. Voici que votre maison 
vous sera laissée déserte. Je vous 
le dis, vous ne me verrez plus, 
jusqu'à ce qu'il arrive que vous 


21. Matt., xir, 39. — 24. Matt., vri, 13. — 25. Matt., xxv, 10. — 27. Matt., vir. 23; 
Ps. vr, 9; Matt, xxv, 41. — 30. Matt., xix, 30; xx, 16; Marc, x, 31. — 34. Matt., 


xxi, 37. 


21. * Trois mesures de farine, trois sata, prés de 39 litres. 
24. Ils désireront d'être sauvés, mais faute d'en prendre les moyens, ils ne le seront 


pas. 


31. * Hérode Antipas, tétrarque de Galilée et de 18 Pérée, Voir Matt., xtv. ₪ 
39. Jusqu'à ce qu'il, etc. Voy. Matt., ,אא‎ 


2008 
disiez : Béni celui qui vient au 
nom du Seigneur! 


CHAPITRE XIV. 


Hydropique guéri. Prendre la dernière 
place. Inviter les pauvres. Parabole des 
conviés qui s'excusent. Renoncer à tout 
poursuivre Jésus-Christ. Porter sa croix. 
Sel qui a perdu sa vertu. 


1. Il arriva que comme Jésus 
était entré un jour de sabbat dans 
la maison d'un chef des pharisiens 
pour y manger du pain, ceux-ci 
l'observaient. 

2. Et voilà qu'un homme hydro- 
pique était devant lui. 

3. Or prenant la parole, Jésus 
dit aux docteurs de la loi et aux 
pharisiens : Est-il permis de gué- 
rir le jour du sabbat? 

4. Maisils gardèrent le silence. 
Alors Jésus prenant cet homme 
par la main, le guérit et le ren- 
voya. 

5. Puis, s'adressant à eux, il de- 
manda : Qui de vous, si son àne 
ou son bœuf tombe dans un puits, 
ne l'en retire pas aussitôt, même 
le jour du sabbat ? 

6. Et ils ne pouvaient rien ré- 
pondre à cela. 

1. ll dit encore cette parabole 
aux conviés, en voyant comment 
ils choisissalent les premières 
places à table : 

Lorsque tu seras invité à‏ .8 י 
des noces, nete mets pas à la pre-‏ 
miere place, de peur que quel-‏ 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


[ca. xiv.] 
qu'un plus considéré que toi n'ait 
été invité aussi, 

9. Et que celui qui t'a invité, 
toi et lui, ne vienne et ne te dise: 
Donne cette place à celui-ci; et 
qu'alorstu n'ailles avec confusion 
occuper la dernière place. 

10. Mais lorsque tu seras invité, 
va te mettre à la dernière place, 
afin que, quand viendra celui qui 
t'a convié, il te dise: Mon ami, 
monte plus haut. Alors ce sera 
une gloire pour toi devant ceux 
qui seront à table avec toi : 

11. Car quiconque s'exalte sera 
humilié, et quiconque s'humilie 
sera exalté. 

12. Il disait aussi à celui qui 
l'avait invité : Lorsque tu donne- 
ras à diner ou à souper, n'appelle 
ni tes amis, ni tes frères, ni Les 
parents, ni tes voisins riches, de 
peur qu'ils ne t'invitent à leur 
tour, et qu'ils ne te rendent ce 
qu'ils ont recu de toi. 

13. Mais quand tu fais un fes- 
tin, appelles-y des pauvres, des 
estropiés, des boiteux et des aveu- 
gles : 

14. Et tu seras heureux de ce 
qu'ils n'ont rien à te rendre; car 
ce te sera rendu à la résurrection 
des justes. 

15. Ce qu'ayant entendu, un de 
ceux qui étaient à table lui dit : 
Heureux celui qui mangera du 
pain dans le royaume de Dieu. 

16. Mais Jésus lui dit : Un 


CuaP. XIV. 10. Prov., xxv, 7. — 11. Matt., xxii, 12; Infra, xvur, 14. — 12. Tobie, 1v, 7; 
P rov., ur, 9. — 16. Matt., xxir, 2; Apoc., xix, 9. 


1. Manger du pain; hébraisme, pour prendre un repas. Voy. Matt., xv, 2. — * Un 
chef des pharisiens, un des principaux de la secte. 

ὃ. * Dans un puils. Les puits en Palestine n'avaient pas ordinairement de garde-fou; 
ils étaient à fleur de terre et l'on en couvrait lorifice avec une pierre, mais si l'on 
négligait cette précaution, les animaux domestiques pouvaient y tomber. 

15. Qui mangera du pain. Voyez au verset 1. 


ו 


(ca. xiv.] 


homme fit un grand souper, et y 
appela beaucoup de monde. 

11. Et à l'heure du souper, il 
envoya son serviteur dire aux 
conviés de venir, parce que tout 
était prét. 

18. Mais ils commencèrent à 
s'excuser tous ensemble. Le pre- 
mier lui dit : J'ai acheté une mai- 


. son de compagne, et il faut que 


j aille la voir; je vous prie, excu- 
sez-moi. 

19. Un second dit : J'ai acheté 
cinq paires de bœufs, et je vais 
les essayer; je vous prie, excusez- 
moli. 

90. Et un autre dit : J'ai pris 
une femme, et c'est pourquoi je 
ne puis venir. 

91. Le serviteur étant revenu, 
rapporta tout ceci à son maitre. 
Alors le pere de famille irrité dit 
à son serviteur : Va vite dans les 
places et les rues de la ville, et 
amène ici les pauvres etles es- 
tropiés, les aveugles et les boi- 
teux. 

29. Et le serviteur dit : Sei- 
eneur, il a été fait comme tu l'as 
ordonné, et il y a encore de la 
place. 

23. Etle maitre dit au servi- 
teur : Va dans les chemins et le 
long des haies, et force les gens 
d'entrer, afin que ma maison soit 
remplie. 

24. Mais je vous le dis, aucun 
de ceux qui avaient été invités, 
ne goütera de mon souper. 

25. Or, comme une grande 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


5500 


foule de peuple allait avec lui, i: 
se tourna vers eux et leur dit : 

26. Si quelqu'un vient à moi, 
et ne hait point son pere et sa 
mere, sa femme et ses fils, ses 
freres et ses sceurs, et méme sa 
propre àme, il ne peut étre mon 
disciple. 

27. Et qui ne porte point sa 
croix etne me suit point, ne peut 
étre mon disciple. 

28. Car qui d'entre vous, vou- 
lant bátir une tour, ne s'assied 
pas auparavant, pour calculer les 
dépenses qui sont nécessaires, et 
s’il a de quoi l'achever? 

29. De peur qu'après avoir 
posé les fondements, et n'avoir 
pu l’achever, ceux qui le ver- 
ront ne se mettent à se moquer 
de lui, 

30. Disant : Cet homme a com- 
mencé à bátir; et il n'a pu ache- 
ver. 

31. Ou, quel est le roi qui, de-- 
vant aller faire la guerre à un 
autre roi, ne s'assied pas aupara- 
vant, et ne songe pas en lui- 
méme, s'il peut, avec dix mille 
hommes, aller à la rencontre de 
celui qui vient contre lui avec 
vingt mille? 

32. Autrement, tandis que ce- 
lui-ci est encore loin, envoyant 
une ambassade , illui fait des pro- 
positions de paix. 

33. Ainsi donc, quiconque 
d'entre vous ne renonce point à 
tout ce qu'il possède, ne peut 
étre mon disciple. 


26. Matt., x, 37. — 21. Matt., x, 38; xvi, 24; Marc, vui, 34. 


26. Dans le style biblique, Aairsiznifie trés souvent aimer moins. Ainsi le Sauveur 
commande seulement ici qu'on aime moins ses parents que lui, en sorte qu'on soit 
prét à les quitter pour le suivre. — Sa propre dme. Voy. Matt., x, 39. 

28-31. Ne s'assied pas auparavant; c'est-à-dire : n'examine pas en repos et à loisir, 


9510 

34. Le sel est bon. Mais si le sel 
perd sa vertu, avec quoi l'assai- 
sonnera-t-on? 

35. Il n'est plus propre, ni pour 
la terre, ni pour le fumier; mais 
il sera jeté dehors. Que celui qui 
a des oreilles pour entendre, en- 
Lende. 


CHAPITRE XV. 


Murmures des pharisiens contre Jésus- 
Christ qui reçoit les pécheurs. Parabole 
de la brebis égarée, de la drachme per- 
due, et de l'enfant prodigue. 


1. Orles publicains et les pé- 
cheurs s'approchaient de Jésus 
pour l'entendre. 

2. Et les pharisiens et les scri- 
bes murmuraient, disant : Celui- 
ci accueille les pécheurs etmange 
avec eux. 

3. Et il leur proposa cette pa- 
rabole, disant : 

4. Quel est celui d'entre vous 
qui a cent brebis, et qui, s'il en 
perd une, ne laisse les quatre- 
vingt-dix-neuf autres dans le dé- 
sert, et ne va après celle qui est 
perdue, jusqu'à ce qu’il la trouve? 

5. Et lorsqu'il 18 trouvée, il la 
met sur ses épaules, plein de joie; 
> 6. Et, venant à sa maison, il 
appelle ses amis et ses voisins, 
leur disant : Réjouissez-vous avec 
moi, parce que j'ai trouvé ma bre- 
bis qui était perdue. 

1. Je vous dis de méme qu'il y 
aura plus de joie dans le ciel pour 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


(ca. xv.] 


un pécheur faisant pénitence, que 
pour quatre-vingt-dix-neuf justes 
qui n'ont pas besoin de pénitence. 

8. Ou, quelle est la femme qui, 
ayant dix drachmes, si elle en 
perd une, n'allume sa lampe, ne 
balaye sa maison, et ne cherche 
soigneusement jusqu'à ce qu'elle 
la trouve? 

9. Et lorsqu'elle l'a trouvée, 
elle appelle ses amies et ses voi- 
sines, disant : Réjouissez-vous 
avec moi, parce que j'ai trouvé 


la drachme que j'avais perdue. 


10. Ainsi, je vous le dis, sera 
la joie parmi les anges de Dieu 
pour un pécheur faisant péni- 
tence. 

41. Et il ajouta : Un homme 
avait deux fils. 

19. Or le plus jeune des deux 
dità son pere : Mon pere, donnez- 
moi la portion de votre bien qui 
doit me revenir. Et le pere leur 
partagea son bien. 

13. Peu de jours après, le plus 
jeune fils ayant rassemblé tout ce 
qu'il avait, partit pour une région 
étrangère et lointaine, οἱ ἢ] y dis: 
sipa son bien, en vivant dans la 
débauche. 

14. Après qu'il eut tout con- 
sumé, il survint une grande fa- 
mine danscepays, etilcommença 
à se trouver dans l'indigence. 

18. Il alla donc, et 11 s'attacha à 
un habitant de ce pays. Or celui- 
ci lenvoya à sa maison des 


34. Matt., v, 13; Marc, ix, 49. — (παρ, XV. 4. Matt., xvii, 12. 


8. Dix drachmes ; la drachme valait environ quarante centimes. Voy. notre Abrégé 


d'introduction, etc., p. 543. 


12. * Donnez -moi la portion de votre bien que doit me revenir. D'après la loi, 15 


avait la moitié de moins que l'ainé. 


15. Il alla donc el il s’altacha; hébraisme, pour : Il alla s'attacher, 11 résolut de 


e'attacher. 


[ca. xv.] 


champs pourpaitreles pourceaux. 

16. Il désirait se rassasier des 
cosses que mangeaient les pour- 
ceaux, mais personne ne lui en 
donnait. 

47. Rentrant alors en lui-même, 
il dit: Combien de mercenaires, 
dans la maison de mon père, 
ont du pain en abondance, et moi 
ici je meurs de faim! 

18. Jeme lèverai, et j'irai à mon 
père, et je lui dirai : Mon père, 
j'ai péché contre le ciel et à vos 
yeux; 

19. Je ne suis plus digne d’être 
appelé votre fils; traitez-moi 
comme l'un de vos mercenaires. 

90. Et se levant, il vint à son 
pere. Gomme il était encore loin, 
son pere l'apercut, s'attendrit, et 
et accourant, tomba sur son cou 
et le baisa. 

91. Et le fils lui dit : Mon père, 
jai péché contre le ciel et à vos 
yeux, je ne suis plus digne d'étre 
appelé votre fils. 

22. Mais le pere dit à ses servi- 
teurs : Apportez vite sa robe 
premiere, et l'en revétez; mettez 
un anneau à sa main et une 
chaussure à ses pieds; 

23. Amenez aussi le veau gras, 
et tuez-le; mangeons et réjouis- 
sons-nous : 

24. Car mon fils que voici était 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2511 
mort, et il revit; 11 était perdu, et 
il est retrouvé. Et ils commencè- 
rent à faire grande chère. 

25. Cependant son fils aîné 
était dans les champs; et comme 
il revenait et approchait de la 
maison, 11 entendit une sympao- 
nie et des danses. 

26. 1 appela donc un de ses 
serviteurs, et lui demanda ce que 
c était. 

27. Le serviteur lui répondit : 
Votre frere est revenu, et votre 
pere ἃ tué le veau gras, parce 
qu'il ἃ recouvré son fils sain et 
sauf. 

28. Il s'indigna, et il ne voulait 
pas entrer. Son père donc étant 
sorti, se mit à le prier. 

29. Mais lui, répondant, dit à 
son pere: Voilà tant d'années 
que je vous sers, et jamais je n'ai 
manqué à vos commandements, 
et jamais vous ne m'avez donné 
un chevreau pour faire bonne 
chère avec mes amis; 

30. Mais aprés que cet autre 
fils, qui a dévoré son bien avec 
des femmes perdues, est revenu, 
vous avez tué pour lui le veau 
gras. 

31. Alors le père lui dit : Mon 
fils, toi, tu es toujoursavec moi, 
et tout ce qui est à moi est ἃ ἴοι; 

32. Mais il fallait faire un festin 


16. * Il désirait se vassasier des cosses que mangeaient les pourceauz. Il s'agit du 
fruit du caroubier, commun en Orient, et qu'on donne comme nourriture au bétail. 

20. I! tomba sur son cou. > Il ne s'y jette pas, il y tombe. » (Bossuer, Retraite sur la 
pénitence, 105 jour.) 

22. Sa robe première; celle qu'il avait avant de me quitter; selon d'autres, ₪ 8 
belle, la plus précieuse. — * Le texte original porte stolé, mot qui désigne un large véte- 
ment porté par les hommes les plus importants, rois, prétres, etc., et descendant 
jusqu'aux pieds. — Un anneau. L'anneau, qui servait de sceau, était une marque de 
distinction. — Une chaussure. Les esclaves allaient pieds nus; 18 chaussure indiquait 
donc un homme libre. 

23. * Le veau gras. Encore aujourd'hui pour fêter un personnage, on tue un veau 
gras. En temps ordinaire, les Orientaux ne mangent presque jamais de viande, 


2512 
et se réjouir, parce que ton frère 
était mort, et il revit; il était 
perdu, et il est retrouvé. 


CHAPITRE XVI. 


Parabole de l'économe infidéle. Nul ne 
peut servir deux maítres. Reproches 
contre les pharisiens. Indissolubilité 
du mariage. Mauvais riche. Lazare 
pauvre; supplice de l'un, récompense 
de l'autre. 


1. Jésus disait encore à ses dis- 
ciples : 11 était un homme riche 
qui avait un économe; et celui-ci 
fut accusé auprès de lui d'avoir 
dissipé ses biens. 

2. Il l'appela, et lui dit: Qu'est- 
ce que j'entends dire de toi? 
Rends-moi compte de ton admi- 
nistration, car désormais tu ne 
pourras plus la conserver. 

3. Alors l'économe dit en lui- 
méme : Que ferai-je, puisque mon 
maitre m'óte l'administration de 
ses biens? Travailler à la terre, 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


]68. xvi.] 


je n'en ai paslaforce, et j'ai honte 
de mendier. 

4. Je sais ce que je ferai, afin 
que, lorsque j'aurai été renvoyé 
de ma charge, il y en ait qui me 
recoivent dans leurs maisons. 

5. Ayant donc appelé chacun 
des débiteurs de son maitre, il 
demanda au premier : Combien 
devez-vous à mon maitre? 

6. Il. répondit : Cent barils 
d'huile.Et l'économe lui dit : Pre- 
nez votre obligation, et asseyez- 
vous vite, et écrivez cinquante. 

7. Ensuite il dit à un autre : Et 
vous, combien devez-vous? Celui- 
ci répondit : Cent mesures de 
froment. Prenez, lui dit-il, votre 
billet, et écrivez quatre-vingts. 

8. Et le maitre de l'économe 
infidèle le loua d'avoir agi pru- 
demment; car les fils du siecle 
sont plus prudents entre eux que 
les fils de la lumiere. 

9. Et moi je vous dis : Faites- 


6. * Cent barils d'huile. Dans le texte original : cent baths, c'est-à-dire environ 
3800 litres. 

T1. * Cent mesures de froment. Dans le texte original : cent kors, c’est-à-dire environ 
33800 litres. 

8. Les fils du siècle, les fils de la lumière, sont des locutions purement hébraiques, 
qui signifient les amateurs du siècle, ceux qui aiment les choses de 18 terre, les mon- 
dains et les hommes éclairés des lumières de la foi. — Entre eux, à l'égard les uns des 
autres; ou bien dans leur manière d'agir, dans leur conduite; mais la première inter- 
prétation est plus rapprochée du texte sacré. — Le maitre loue, non l'injustice de 
son économe, mais son activité et son adresse; il n'avait donné à celui-ci ni le droit 
ni la permission de disposer de son bien; tandis que Dieu a donné non seulement 
une permission,mais un ordre formel à tous ceux qui tiennent de lui des biens tem- 
porels ou spirituels, de les distribuer libéralement. — * « Par la conduite de l'éco- 
nome infidéle, le Seigneur a voulu, selon S. Augustin, nous faire comprendre que si 
un maitre de la terre a pu faire l'éloge de son serviteur qui, pour un intérét tem- 
porel, avait tenu une conduite frauduleuse, à plus forte raison nous serons agréables 
au maitre du ciel, si, conformément à ses divines lois et en vue de la vie éternelle, 
nous accomplissons envers le prochain des œuvres soit de justice, soit de miséricorde. 
Du reste le Seigneur n'a pas loué ce serviteur pour la nouvelle fraude commise 
envers son maître, mais pour la pénétration et l'esprit de prévoyance et de calcul 
dont il a fait preuve à son propre avantage. » (Mgr PrcnENOT.) 

9. Les richesses injustes sont ainsi appelées, parce qu'elles sont souvent mal 
acquises ou mal employées. Mais, comme en hébreu le même mot signifie vanité et 
iniquilé, d'autres croient qu'il s'agit ici de richesses vaines, opposées aux biens véri- 
tables, dont il est parlé au verset 11. 


[cu. xvi.] 


vous des amis avec les richesses 
injustes, afin que; lorsque vous 
viendrez à manquer, ils vous re- 
coivent dans les tabernacles éter- 
nels. 

10. Celui qui est fidele dans les 
moindres choses, est fidele aussi 
dans les grandes; et celui qui est 
injuste dans les petites choses, 
est injuste aussi dans les grandes. 

41. Si done vous n'avez pas été 
fidele dans les richesses injustes, 
qui vous confiera les véritables? 

19. Et si vous n'avez pas été 
fidèle dans le bien d'autrui, qui 
vous donnera celui qui est à vous? 

13. Nul serviteur ne peut servir 
deux maitres : car, oü il haira 
l'un et aimera l'autre, ou il s'atta- 
chera à l'un et méprisera l'autre 
vous ne pouvez servir Dieu et 
l'argent. 

14. Or les pharisiens, qui 
étaient avares, écoutaient toutes 
ces choses et se moquaient de lui. 

15. Et il leur dit : C'est vous 
qui vous justifiez devant les 
hommes, mais Dieu connait vos 
cœurs; car ce qui est grand aux 
yeux des hommes, est en abomi- 
nation devant Dieu. 

16. La loi et les prophètes ont 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2013 
duré jusqu'à Jean; depuis, le 
royaume de Dieu est annoncé, et 
chacun fait effort pour y entrer. 

17. Le ciel etla terre passeront, 
plutôt qu'il ne tombe un seul 
point de la loi. 

18. Quiconque 


renvoie 8 


femme et. en épouse une autre, 


commet un adultère; οὐ qui 
épouse une femme renvoyée par 
son mari, commet un adultère. 

19. Il y avait un homme riche 
qui était vétu de pourpre et de 
fin lin; et il faisait chaque jour 
une splendide chère. 

20. ll y avaitaussiun mendiant, 
nommé Lazare, lequel était cou- 
ché à sa porte; couvert d'ulceres, 

21. Désirant se rassasier des 
miettes qui tombaient de la table 
du riche, et personne ne lui en 
donnait; mais les chiens venaient 
et léchaient ses ulcères. 

22. Orilarriva que le mendiant 
mourut, et fut porté parles anges 
dans le sein d'Abraham. Le riche 
mourut aussi, et fut enseveli 
dans l'enfer. 

23. Or, levant 108 yeux, lors- 
qu'il était dans les tourments, il 
vit de loin Abraham, et Lazare 
dans son sein : 


Cuap. XVI. 13. Matt., vr, 24. — 16. Matt., xr, 12. — 17. Matt., v, 18. — 18. Matt., v, 32; 


Marc, x, 11; 1 Cor., Fu 10, 11. 


T3: f L'argent, dans l'original, mammôna, mot araméen qui signifie richesses et 
peut-étre aussi le dieu dés. richesses. 

20..* Lazare, personnage fictif, selon l'opinion commune. — nA à Sa porte. Le 
mot grec pylôn désigne la grande porte d'entrée, comme il y en a dans les maisons 
les plus importantes. 

22. Le sein d'Abraham; c'est-à-dire le lieu de repos des âmes des saints, jusqu'à ce 
que le Sauveur eüt ouvertle ciel par sa mort. — * Le riche mourut aussi et f'ut ense 
veli dans lenfer. « Le mauvais riche, dit S. Jean Chrysostome, n'est pas damn^ 
parce qu'il fut riche, mais parce qu'il ne fut pas miséricordieux. Le mauvais riche, 
dit S. Grégoire, n'est pas damné pour avoir dérobé le bien d'autrui, mais pour 
n'avoir pàs fait de son propre bien un légitime usage. Le mauvais riche, dit S. Am- 
broise, n'est pas damné pour avoir frappé le pauvre; miais-pour avoir été réellement 
homicide envers lui, en le laissant mourir sans secours. » (Mgr PicnENor.) 

23. * Dans les lourments de l'enfer. Voir plus bas ל‎ 


N. T. 158 


2514 

94. Et s'écriant, il dit : Père 
Abraham, ayez pitié de moi, et 
envoyez Lazare, afin qu'il trempe 
le bout de son doigt dans l'eau 
pour rafraichir ma langue; car 
je suis tourmenté dans cette 
flamme. 

25. Et Abraham lui dit : Mon 
fils, souviens-toi que pendant ta 
vie tu as recu les biens, de méme 
que Lazare les maux ; or mainte- 
nant il est consolé, et toi tu es 
tourmenté. 

26. De plus, entre nous et vous, 
il y ἃ pour jamais un grand 
abime, de sorte que ceux qui 
voudraient passer d'ici à vous, 
ou de là venir ici, ne le peuvent 
pas. 

Et le riche dit : Je vous prie‏ .דפ 
done, pere, de l'envoyer dans la‏ 
maison de mon père;‏ 

98. Car j'ai cinq frères; afin 
quil leur atteste ces choses, et 
qu'ils ne viennent pas aussi eux- 
mémes dans ce lieu de tour- 
ments. 

29. Mais Abraham lui repartit . 
118 ont Moïse et les prophètes: 
qu'ils les écoutent. 

30. Et il dit : Non, pere Abra- 
ham; mais si quelqu'un va des 
morts vers eux, ils feront péni- 
tence. 

31. Abraham lui répondit :' S'ils 
n’écoutent point Moïse et les pro- 
phètes, quand même quelqu'un 
des morts ressusciterait, ils ne 
croiraient pas. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


(ch. xvur.] 


CHAPITRE XVII. 


Scandale. Pardon des injures. Puissance 
de la foi. Nous sommes des serviteurs 
inutiles. Guérison de dix lépreux. 
Royaume de Dieu. Jours de séduction. 
Avènement de Jésus-Christ. 


1. Jésus dit encore à ses dis- 
ciples : Il est impossible qu'il 
n'arrive des scandales; mais mal- 
heur à celui par qui ils arrivent! 

2. I] vaudrait mieux pour lui 
qu'on mit autour de son cou une 
meule de moulin et qu'on le jetât 
dans la mer, que de scandaliser 
un de ces petits. 

3. Prenez-garde à vous : Si ton 
frère a péché contre toi, reprends- 
le; ets'il se repent, pardonne-lui. 

4. Et s'il a péché sept fois dans 
le jour contre toi, et que sept fois 
dans le jour il revienne à toi, di- 
sant : Je me repens; pardonne- 
lui. 

5. Et les apótres dirent au Sei- 
gneur : Augmentez-nous la foi. 

6. Mais le Seigneur dit : Si vous 
aviez de la foi comme un grain 
de sénevé, vous diriez à ce mü- 
rier Déracine-toi, et trans- 
plante-toi dans la mer; et il vous 
obéirait. 

7. Qui de vous, ayant un servi- 
teur attaché au labourage ou aux 
troupeaux, lui' dit, aussitót qu'il 
revient des champs : Viens vite, 
mets-toi à table? 

8. Et nelui dit pas au con- 
traire : Prépare-moi à souper, et 


Car. XVII. 4. Matt., xvnr, 7; Marc, 1x, 41. — 8. Lévit., xix, 17; Eccli. xix, 13; 


Matt., xvirr, 15. — 6. Matt., xvir, 19. 


2. * Une meule de moulin à âne, dans le texte original. Voir Matt., xvi, 6. 
6. * Un grain de sénevé ou de moutarde. Voir Matt., xur, 31. 


71. * A ce mürier, En grec : 


sycaminos, arbre qui par la forme et par les feuilles 


ressemble au mürier et dont les fruits sont semblables aux figues. 


M 


[cu. xvir.] 
ceins-toi, et me sers jusqu à ce 
que j'aie mangé et bu, et après 
cela, tu mangeras et tu boiras? 

9. A-t-il del'obligation à ce ser- 
viteur, parce qu'il a fait ce qu'il 
lui avait commandé? 

10. Non, je pense. Ainsi, vous- 
mémes, quand vous aurez fait ce 
qui vous est commandé, dites : 
Nous sommes des serviteurs inu- 
tiles; ce que nous avons fait, c'est 
ce que nous avons dà faire. 

11. Il arriva qu'en allant à Jéru- 
salem, il traversait le pays de Sa- 
marie et la Galilée. 

19. Et comme il entrait dans 
un village, il rencontra dix lé- 
preux, qui s'arréterent loin de 
lui ; 

13. Et ils éleverent la voix, di- 
sant : Jésus, Maitre, ayez pitié de 
nous. 

14. Dès que Jésus les vit, il dit: 
Allez, montrez-vous aux prétres. 
Et il arriva, pendant qu'ils y al- 
laient, qu'ils furent purifiés. 

15. Un d'eux, se voyant purifié, 
revint sur ses pas, glorifiant Dieu 
à haute voix ; 

16. Et il tomba sur sa face aux 
pieds de Jésus, lui rendant grá- 
ces; or celui-ci était Samaritain. 

17. Alors Jésus prenant la pa- 
role, dit : Est-ce que les dix n'ont 
pas été purifiés? etles neuf autres, 
où sont-ils? 

18. Il ne s'en est point trouvé 


L'ÉVANGILE SELON SAINT. LUC. 


9515 


qui revint et rendit gloire à Dieu, 
51 ce n'est cet étranger. 

19. Et il lui dit : Leve-toi, va, ta 
foi-t'a.sauvé. 

20. Interrogé par les phari- 
siens : Quand vient le royaume 
de Dieu? Leur répondant, il dit : 
Le royaume de Dieu ne vient 
point de maniere à étre remar- 
qué; 

21. Et on ne dira point : Il est 
ici ou il est là. Car voici que le 
royaume de Dieu est au dedans 
de vous. 

22. Il dit ensuite ἃ 585 disciples : 
Viendront des jours oü vous dé- 
sirerez voir un seul des jours du 
Fils de l'homme, et vous ne le 
verrez pas. 

23. Et on vous dira : Le voici 
ici et 16 voilà là. Ny allez point, 
et ne les suivez point. 

24. Car, comme l'éclair qui, 
brilantsous un côté du ciel, lance 
sa lumière sur tout ce qui est 
sous le ciel, ainsi sera le Fils de 
l'homme en son jour. 

25. Mais il faut auparavant 
qu'il souffre beaucoup de choses, 
et qu'il soit rejeté par cette géné- 
ration. 

26. Et comme il est arrivé aux 
jours de Noé, ainsi en sera-t-il 
aussi dans les jours du Fils de 
l'homme. 

27. Ils mangeaient et buvaient; 
ils se mariaient et mariaient leurs 


14. Lévit., xiv, 2. — 23. Matt., xxiv, 23; Marc, xii, 21. — 26. Genèse, vir, 7; 


XXIV, 31. 


M M M MM MÀ MÀ M MÀ M —À—— — . 


12. Les lépreux n'osaient s'approcher des personnes saines, de peur de les souiller. 


Voy. Lév., xui, 46. 


14. Ils furent purifiés et'de leur lèpre, et de la souillure légale qu'ils avaient con , 


tractée comme lépreux. 


21. Le royaume de Dieu, etc. Le Messie que vous attendez est au milieu de vous, et 
vous ne le.conuaissez pas. Compar. Jean, t, 26. — * Le royaume de Dieu est au dedans 


de vous Voie le note sur Matt., xvi, 28. 


9010 
enfants, jusqu'au jour οὐ Noé 
entra dans l'arche : et le déluge 
vint et il les perdit tous. 

98. Et comme il est arrivé en- 
core aux jours de Lot : ils man- 
geaient et buvaient, ils achetaient 
et vendaient, ils plantaient et bà- 
tissaient; 

29. Mais le jour oü Lot sortit de 
Sodome, Dieu fit pleuvoir le feu 
et le soufre du ciel, et il les per- 
dit tous : 

30. Ainsi en sera-t-il le jour oü 
le Fils de l'homme sera révélé. 

31. En cette heure-là, que celui 
qui se trouvera sur le toit et dont 
les meubles sont dans la maison, 
ne descende point pour les em- 
porter; et que celui qui est dans 
le champ, ne retourne point non 
plus en arriere. 

32. Souvenez-vous de la femme 
de Lot. 

33. Quiconque cherchera à sau- 
ver son âme, la perdra; et qui- 
conque la perdra lui donnera la 
vie. 

34. Je vous le dis, en cette nuit- 
là deux personnes seront en un 
lit, l'un sera pris et l'autre laissé : 

35. Deux femmes moudront 
ensemble, l’une sera prise, et 
l'autre laissée; deux hommes se- 
ront dans un champ, lun sera 
pris, et l'autre laissé. 

36. Prenant la parole, les dis- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT. LUC. 


(cH. [.צונצא‎ 
ciples lui dirent : Où, Seigneur? 
37. Et il répondit : Partout où 
sera le corps, là aussi s'assem- 
bleront les aigles. 


CHAPITRE XVHI. 

Paraboles de la veuve importune à un 
mauvais juge; du pharisien et du pu- 
blicain. .Entants.. présentés. à Jésus- 
Christ. Conseil de perfection. Salut des 
riches difficile. Récompense promise à 
ceux. qui quittent tout pour’ Jésus- 
Christ. Passion. prédite. Guérison d'un 
aveugle prés de Jéricho. 


1. Il leur proposait aussi cette 
parabole, sur ce qu'il faut tou- 
jours prier, et ne se lasser jamais. 

2. ΠῚ y avait, disait-il, dans une 
certaine ville un juge qui ne crai- 
gnait point Dieu, et ne se souciait 
point des hommes. 

3. Or il y avait une veuve dans 
cette méme ville, et elle venait à 
lui, disant : Faites-moi justice de 
mon adversaire. 

4. Et il nele voulut pas pendant 
longtemps. Mais ensuite il dit en 
lui-méme : Quoique je ne eraigne 
point Dieu et ne me soucie point 
des hommes, 

ὃ. Cependant, parce que cette 
femme m'importune;, je lui ferai 
justice, de peur qu'à la fin elle ne 
vienne me faire quelque affront. 

6. Le Seigneur ajouta : Enten- 
dez ce que dit le juge d'iniquité : 


1. Et Dieu ne vengera pas ses 


98. Genèse, xix, 95. — 33. Matt., x, 39; Mare, vii, 35; Supra, 1x, 24; Jean, xir, 90. — 
34. Matt., xxiv, 40. — (βαρ. XVIII 1. Eccli., xvi, 22; I Thess., v, 17. 


29. Dieu fit pleuvoir. Compar. Genése, xix. 24, et Matt., v, 45. 


31. Sur le toil; 
Voy. xxiv, 11. 


c'est-à-dire sur la terrasse ou plate-forme qui sert de toit. 


35. * Deux femmes moudront ensemble. Voir Matt., xv, 6. 
31. * Les aigles. Les percnoptéres. Voir Matt., xxiv, 28. 


3. * Une veuve. La veuve et l'orphelin sont toujours dans la Bible le type des per- 
sonnes faibles et livrées à la violence et à l'injustice, parce qu'elles n'ont pas de pro- 


tecteurs pour les soutenir et les défendre. 


(cu. xvi.] 
élus, qui crient vers lui jour et 
nuit, et il usera de délai pour eux? 

8. Je vous dis qu'il les vengera 
bientót. Mais quand le Fils de 
l'homme viendra; pensez-vous 
qu'il trouve de la foi sur la terre? 

9. Il dit encore cette parabole 
pour quelques-uns qui se con- 
fiaient en eux-mémes comme 
étant justes, et méprisaient les 
autres : 

10.. Deux hommes montèrent 
au temple pour prier; un phari- 
sien et un publicain. 

11. Le pharisien, se tenant ez 
avant, priait ainsi en lui-même : 
O Dieu, je vous rends grâces de 
ce que je ne suis pas comme le 
reste des hommes, qui sont vo- 
leurs, injustes, adulteres; ni 
méme comme ce publicain. 

19. Je jeüne deux fois la se- 
maine; je paie la dime de tout 
ce que je posséde. 

13. Et le publicain, se tenant 
éloigné, n'osait pas méme lever 
les yeux au ciel; mais il frappait 
sa poitrine , disant : O Dieu, ayez 
pitié de moi qui suis un pécheur. 

14. Je vous le dis, celui-ci s'en 
retourna justifié dans sa maison, 
et non pasl'autre : car quiconque 
s'exalte sera humilié, et qui- 
conque s'humilie sera exalté. 


14. Matt., xxir, 12; Supra, xiv, 11. — ₪. 


xix, 16. — 20. Exode, xx, 13. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2017 

15. On lui portait aussi les 
petits enfants, pour qu'il les tou- 
chát. Ce que les disciples voyant, 
ils les rebutaient. 

16. Mais Jésus les appelant, dit: 
Laissez les enfants. venir-à moi, 
et ne les empéchez point; car à 
de tels est le royaume de Dieu. 

17. En vérité je vous le dise: 
Quiconque ne recevra. point 
comme un enfant le royaume de 
Dieu, n'y entrera point. 

18. Un des principaux l'inter- 
rogea, disant : Bon maitre, que 
ferai-jepour posséder la vie. éter- 
nelle? 

19. Jésus lui dit : Pourquoi 
m'appelles-tu bon? Nul n'est bon 
que Dieu seul. 

20. Tu connais les commande- 
ments : Tu ne tueras point : Tu 
ne commettras point d'adultere : 
Tu ne porteras point faux témoi- 
gnage : Honore ton père et ta 
mere. 

21. Il répondit : J'ai observé 
tout cela depuis ma jeunesse. 

22. Ce qu'entendant, Jésus lui 
dit : Une chose encore te man- 
que : vends tout ce que tu as et 
donne-le aux pauvres, et tu au- 
ras un trésor dans le ciel : viens 
alors, et suis-moi. 

23. Mais lui, ces paroles enten- 


Matt., xix, 13; Marc, x, 18. — 48. Matt., 


10.* Deux hommes montèrent au lemple, parce que le temple étant sur le mont 
Moriah, il fallait monter pour s'y rendre. — Un pharisien. Voir la note 6 à la fin du 
volume; — Un publicain, voir Matt., v, 46. 

13. * Le publicain se tenant éloigné. Nile pharisien ni le publicain n'étaient dans 
le temple proprement dit, puisqu'on n'y entrait point, mais dans une cour du temple. 
Le pharisien se mettait en vue ; le publicain au contraire. 

44. La Vulgate et le grec présentent absolument le même sens, mais en employant 
pue locution hébraïque signiüant à la lettre : Celui-ci justifié, en comparaison de 
’autre. 

16. Car à de tels, etc. Voy., sur celte traduction, Matt., xix, 14. 

18. Un des principaux d'entre les pharisiens qui l'interrogeaient. Compar:, xvir, 20. 


2518 
dues, fut contristé, parce qu'il 
était fort riche. 

94. Or Jésus le voyant devenir 
triste, dit : Que ceux qui ont les 
richesses entreront difficilement 
dans le royaume de Dieu! 

25. Il est plus facile à un cha- 
meau de passer par le chas d'une 
aiguille, qu'à un riche d'entrer 
dans le royaume de Dieu. 

26. Ceux qui l'écoutaient de- 
manderent : Et qui peut donc étre 
sauvé? 

27. Il leur répondit : Ce qui est 
impossible aux hommes est pos- 
sible à Dieu. 

28. Alors Pierre dit : Et nous, 
voici que nous avons tout quitté 
pour vous suivre. 

29. Jésus leur répliqua : En vé- 
rité, je vous le dis, il n'est per- 
sonne qui ait quitté ou maison, 
ou parents, ou frères, ou femme, 
ou enfants, à cause du royaume 
de Dieu, 

30. Qui ne recoive beaucoup 
plus en ce temps méme, et, dans 
le siecle à venir, la vie éter- 
nelle. 

31. Ensuite Jésus prit à partles 
douze et leur dit : Voici que nous 
montons à Jérusalem, et que s'ac- 
complira tout ce qui a été écrit 
par les prophètes touchant le Fils 
de l'homme ; 

39. Caril sera livré aux gentils, 
et raillé, et flagellé, et couvert de 
crachats ; 

33. Et après qu'ils l'auront fla- 
gellé, ils le feront mourir, et le 
troisième jour, il ressuscitera. 

34. Mais les apótres ne com- 
prirent rien de ces choses, et 
cette parole leur était cachée; 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


[ca. xix.] 


ainsi ils ne comprenaient point 
ce qui leur était dit. 

35. Or il arriva, lorsqu'il appro- 
chait de Jéricho, qu'un aveugle 
était assis au bord du chemin, 
mendiant. 

36. Et entendant la foule qui 
suivait le chemin, il demanda ce 
que c'était. 

37. On lui dit que Jésus de Na- 
zareth passait. 

38. Alors il eria, disant : Jésus, 
fils de David, ayez pitié de moi! 

99. Ceux qui allaient devant, le 
gourmandaient pour qu'il se tüt. 
Mais il criait beaucoup plus en- 
core : Fils de David, ayez pitié de 
moi! 

40. OrJésus s'arrétant, ordonna 
qu'on le lui amenát. Et quand il 
se fut approché, il l'interrogea, 

41. Disant : Que veux-tu que je 
te fasse? Il répondit : Seigneur, 
que je voie. 

49. Et Jésus lui dit : 
foi t'a sauvé. 

43. Et aussitót il vit, et il le 
suivait glorifiant Dieu. Et tout 
le peuple, voyant, cela, donna 
louange à Dieu. 


Vois; ta 


CHAPITRE. XIX. 


Zachée recoit Jésus-Christ. Parabole des 
dix mines et des sujets rebelles. Entrée 
de Jésus dans Jérusalem. Il pleure sur 
cette ville et lui annonce sa ruine. Il 
chasse du temple les marchands. 


1. Jésus étant entré dans Jéri- 
cho, le traversait. 

2. Oril y avait un bonidisg ap- 
pelé Zachée; il était chef des pu- 
blicains, et même fort riche. 

3. Et il cherchait à voir qui 
était Jésus, et il ne le pouvait, à 


91. Matt,, xx, 17; Marc, x, 32. — 39. Matt., xx, 29; Marc, x, 46. 


\ 


[cu. [.צזא‎ 


cause de la foule, parce qu'il était 
très petit de taille. 

4. Courant donc en avant, il 
monta sur un sycomore pour le 
voir, parce qu'il devait passer 
par là. 

5. Lorsqu'il arriva en cet en- 
droit, Jésus leva les yeux, l'ap- 
pereut, et lui dit : Zachée, des- 
cends vite, parce qu'aujourd'hui 
il faut que jeloge dans ta maison. 

6. Et il. descendit à la hâte, et 
le recut avec joie. 

7. Voyant cela, tous murmu- 
raient disant qu'il était allé loger 
chez un homme pécheur. 

8. Mais se tenant devant le Sei- 
gneur, Zachée lui dit : Seigneur, 
voici que je donne la moitié de 
mes biens aux pauvres; et si j'ai 
fait tort à quelqu'un, je lui rends 
le quadruple. 

9. Jésus lui dit : Aujourd'hui 
cette maison a recu le salut, parce 
que celui-ci aussi est enfant d'A- 
braham. 

10. Car le Fils de l'homme est 
venu chercher et sauver ce qui 
était perdu. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2519 
11. Comme ils écoutaient ces 
discours, il dit encore une para- 
bole sur ce qu'il était pres de Jé- 
rusalem, etsur ce qu'ils pensaient 
que le royaume de Dieu serait 
incontinent manifesté. 

12. Il dit donc : Un homme de 
erande naissance s'en alla en un 
pays lointain pour prendre pos- 
session d'un royaume et revenir 
ensuite. 

13. Ainsi dix de ses serviteurs 
appelés, il leur donna dix mines, 
et leur dit : Négociez jusqu'à ce 
que je revienne. 

14. Or ceux de son pays le 
haissaient; et ils. envoyérent 
aprés lui une députation, disant : 
Nous ne voulons point que celui- 
Οἱ regne sur nous. 

15. Et il arriva qu'il revint, 
apres avoir pris possession du 
royaume, et il fit appeler les ser- 
viteurs auxquels il avait donné 
de l'argent, pour savoir combien 
chacun l'avait négocié. 

16. Le. premier vint, disant : 
Seigneur, votre mine a produit 
dix autres mines. 


(παρ. XIX. 10. Matt., xvii, 11. — 12. Matt., xxv, 14. 


&.* Sur un sycomore. Il ne faut pas entendre par ce nom le sycomore de nos 
pays, dont le nom vulgaire est érable blanc ou faux platáne, dont les feuilles larges 
et dentées, à cinq lobes pointus, sont blanches en dessous, d'un vert foncé 
en dessus ; les fleurs, petites ct verdâtres, pendant en grappes allongées. Le sycomore 
de l'Evangile est le sycomore à figues, Ficus sycomorus. Il ne pousse que dans 
les pays trés chauds; à Jaffa, dans la vallée brülante du Jourdain, dans la basse 
Galilée et en Egypte, où on en voit encore aujourd'hui formant allée dans les villes, 
d’où le nom de figuier d'Egypte par lequel on le désigne également. Il s’élève à une 
hauteur de douze à quinze mètres. Ses grandes et fortes branches se déploient 
horizontalement de maniere à former un pavillon touffu qui peut avoir jusqu'à 
une quarantaine de pas de diamètre. Les figues qu'il produit ne poussent pas sur 
les rameaux couverts de feuilles mais s'étalent en grappes soit sur le tronc soit sur 
les grosses branches. Elles mürissent au commencement de juin et depuis cette 
époque jusqu'à l'hiver, l'arbre porte constamment des fleurs, des fruits verts et des 
fruits mürs. Le bois de sycomore servait en Egypte à faire des boites de momie et 
on l'employait en Palestine comme bois de construction. Le nom de sycomore qui 
signifie figuier-mürier provient de ce que cet arbre a les fruits du figuier et le feuil- 
lage du mürier. 

13. La mine d'argent valait environ 88 fr. 29 cent. et la mine d'or, 630 fr. 60 cent. 


2520 

47: Il lui dit : Fort bien, bon 
serviteur, parce que tu as été 
fidèle en peu de choses, tu au- 
ras puissance sur dix villes. 

18. Un autre vint, et dit : Sei- 
gneur, votre mine a produit cinq 
autres mines. 

19. Et il dit à celui-ci : Toi aussi, 
sois à la tête de cinq villes. 

90. Un autre vint, disant : Sei- 
gneur, voici votre mine que j'ai 
tenu enveloppée dans un linge, 

91. Car je vous ai craint, parce 
que vous êtes un homme sévère : 
vous emportez ce que vous n'avez 
pas déposé, et moissonnez ce 
que vous n'avez pas semé. 

22. Le maitre lui dit : C'est par 
ta propre bouche que je te juge, 
mauvais serviteur. Tu savais que 
je suis un homme sévère, em- 
portant ce que je n'ai pas déposé, 
et moissonnant ce que je n'ai 
point semé. 

23. Pourquoi donc n'as-tu pas 
donné mon argent à la banque, 
afin que, moi revenant, je le re- 
prisse avec usure? 

24. Et il dit à ceux qui étaient 
présents : Otez-lui la mine, et 
donnez-la à celui qui a dix mines. 

25. 115. lui répondirent : Sei- 
gneur, ila déjà dix mines. 

26. Mais, je vous le dis, on 
donnera à celui qui ἃ, et il sera 
dans labondance; mais à celui 
qui n'a pas, méme ce qu'il a lui 
sera Ôté. 

27. Et pour mes ennemis, qui 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


xix.]‏ .זוס] 


n'ont pas voulu que je régnasse 
sur eux, amenez-les ici, tuez-les 
devant moi. 

98. Ces choses dites, 11 
devant eux, montant à Jérusa- 
lem. 

29. Or il arriva, comme il ap- 
prochait de Bethphagé et de Bé- 
thanie, prés du mont nommé des 
Oliviers, quil envoya deux de 
ses disciples, 

30. Disant : Allez au village qui 
est là devant : en y entrant, vous 
trouverez un ânon attaché, sur 
lequel aucun homme ne s'est ja- 
mais assis : déliez-le et l'amenez. 

31. Et si quelqu'un vous de- 
mande : Pourquoi le déliez-vous? 
vous lui répondrez ainsi : Parce 
que le Seigneur veut s'en servir. 

32. Ceux donc qui étaient en- 
voyés s'en allèrent, et trouverent, 
comme il leur avait dit; l'ànon 
arrété. 

33. Mais comme 115 
l'ànon, ses maîtres leur dirent : 
Pourquoi déliez-vous l'ànon? 

34. Ils répondirent : Parce que 
le Seigneur en a besoin. 

99. Et ils 'amenéerent à Jésus. 
Et jetant leurs vêtements sur 
l'ànon, ils mirent Jésus dessus. 

36. Partout où. il passait, le 
peuple étendait ses vêtements 
sur le chemin. 14 

37. Et comme il approchait de 
la descente du mont des Oliviers, 
toute la foule des disciples, pleine 
de joie, commença à louer Dieu 


26. Matt., xii, 12; xxv, 29; Marc, 1v, 25; Supra, vi, 18. — 29. Matt., xxi, 1; Marc, 


xi, 4. — 35. Jean, xir, 14. 


20. * Dans un linge, littéralement morceau d'étoffe qui sert à essuyer la sueur ou 


mouchoir. 


29. * Près du mont nommé des Oliviers. Voir la note sur Matt., xxt, 1. 
36. * Le peuple élendait ses vélements sur le chemin en guise de tapis. 


\ 


[cu..xx.] 


à haute voix de tous les prodiges 
qu'ils avaient vus, 

38. Disant : Béni celui qui vient 
roi au nom. du Seigneur! paix 
dans le ciel et gloire au plus haut 
des cieux! 

39. Alors quelques-uns des pha- 
risiens, du milieu de la foule, lui 
dirent.: Maitre, réprimez vos dis- 
ciples. 

40.. Il leur répondit : Je vous 
déclare que si ceux-ci se taisent, 
les. pierres crieront. 

41. Et comme il approchait, 
voyant la ville, il pleura sur elle, 
disant: 

49. 51 tu connaissais, toi aussi, 
au moins en ce jour qui t'est 
encore donné, ce qui importe à 
ia. paix! mais maintenant ces 
choses sont cachées à tes yeux. 

43. Car des jours viendront sur 

.toi, où tes ennemis t'environne- 
ront de tranchées, t'enfermeront, 
te serreront de toutes parts, 

44. Et terenverseront par terre, 
toi et tes enfants qui sont au 
milieu de toi, et ils ne laisseront 
pas en toi pierre sur pierre, parce 
que iu n'as pas connu le temps 
où tu as été visitée. 

45. Et étant entré dans le tem- 
ple, il commença à chasser ceux 
qui y vendaient et y achetaient, 

... 46. Leur disant: 11 est écrit: Ma 

,maison est une maison de prière ; 
| mais vous, vous en avez fait une 
caverne de voleurs. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2521 

47. Et il enseignait tous les 
jours dans le temple. Cependant 
les princes des prétres, les scribes, 
et les principaux du peuple, cher- 
chaient à le perdre; 

48. Mais ils ne trouvaient pas 
que lui faire; parce que tout le 
peuple était suspendu en l'écou- 
tant. 


CHAPITRE XX. 


Autorité de Jésus. Baptéme de Jean. Pa- 
raboles des vignerons homicides et de 
la pierre angulaire. Rendre à César ce 
qui està César. Résurrection des morts. 
Vie angélique, Le Messie fils et Seigneur 
de David. Scribes superbes. 


4. Or il arriva qu'un de ces 
jours-là, comme il enseignait le 
peuple dans le temple, et qu'il 
annonçait l'Evangile, les princes 
des prétres etles seribes y vinrent 
avec les anciens, 

2. Et lui adressèrent la parole 
en disant : Dis-nous par quelle 
autorité tu fais ces choses? ou : 
Qui est celui qui t'a donné ce 
pouvoir? 

3. Et Jésus répondant, leur dit : 
Je vous interrogerai, moi aussi, 
mais sur une seule chose. Répon- 
dez-moi. 

4. Le baptéme de Jean était-il 
du ciel ou des hommes? 

ὃ. Mais ils pensaient en eux- 
mémes, disant : Si nous répon- 
dons : Du ciel, il dira : Pourquoi 
donc n'y avez-vous point cru? 

6. Et si nous répondons : Des 


44. Matt., xxiv, 2; Marc, xur, 2; Infra, xxr, 6. — 45. Matt., xxi, 12; Marc, xr, 15. — 
46. Isaie, Lvi, 7; Jérémie, vir, 11. — (παρ. XX. 1. Matt., xxt, 23; Marc, x1, 97. 


42. Ce qui importe à ta paix; c'est-à-dire à ton bonheur parfait, à ton salut. Les 
Hébreux entendaient par paiz un bonheur complet, toute sorte de prospérités. 
45. * Etant entré dans le temple. Voir note sur Matt., xxi, 12. 


1. * Les princes des prêtres et les scribes y vinrent avec les anciens. Sur les princes 
des prêtres et les scribes, voir les notes sur Matt., n, 4; sur les anciens, voir la note 


sur Matt., xvt, 21. 


9522 
hommes, tout le peuple nous la- 
pidera, car ils tiennent pour cer- 
tain que Jean était prophète. 

7. Ils répondirent done qu'ils 
ne savaient d’où il était. 

8. Et Jésus leur dit : Ni moi, je 
ne vous dis pas non plus par 
quelle autorité je fais ces choses. 

9. Alors il se mit à dire au 
peuple cette parabole : Un homme 
planta une vigne, et 18 loua à des 
vignerons, et lui-même fut long- 
temps en voyage. 

10. Et dans la saison, il en- 
voya un de ses serviteurs aux 
vignerons, pour qu'ils lui don- 
nassent du fruit de la vigne. Mais 
eux, aprés lavoir déchiré de 
coups, le renvoyèrent les mains 
vides. 

11. Il envoya encore un autre 
serviteur. Mais eux, l'ayant aussi 
déchiré de coups et chargé d'ou- 
trages, ils le renvoyèrent les 
mains vides. 

12. Enfin il en envoya un troi- 
sième ; les vignerons le blessèrent 
aussi et le jetèrent dehors. 

43. Alors le maître de la vigne 
dit : Que ferai-je? J'enverrai mon 
fils bien-aimé; peutètre que 
lorsqu'ils le verront, ils le res- 
pecteront. 

14. Mais les vignerons l'ayant 
vu, pensèrent en eux-mêmes, 
disant : Celui-ci est lhéritier, 
tuons-le, afin que nótre devienne 
l'héritage. 

15. Et l'ayant jeté hors de la 
vigne, ils le tuèrent. Que leur 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


feu. xx.) 


fera donc le maitre de la vigne? 

16. Il viendra, et perdra ces 
vignerons, et donnera là vigne 
à d'autres. Ce qu'ayant entendu, 
ils lui dirent: A Dieu ne plaise! 

17. Mais Jésus les regardant dit : 
Qu'est-ce donc que ce qui estécrit : 
La pierre qu'ont rejetée ceux qui 
bátissaient est devenue un som- 
met d'angle? 

18. Quiconque tomberasur cette 
pierre sera brisé, et celui sur qui 
elle tombera, elle le réduira en 
poudre. 

19. Et les princes des prétres 
etlesscribes cherchaient à mettre 
la main sur lui en cette heure- 
là, mais ils craignirentle peuple; 
ils avaient compris que c'étaient 
à eux qu'il avait appliqué cette 
parabole. 

20. Et, l'épiant, ils envoyèrent 
des gens qui feignaient d'étre 
justes, pour lui tendre des em- 
büches et le surprendre dans ses 
paroles, afin de le livrer au ma- 
gistrat et au pouvoir du gouver- 
neur. 

91. Ainsi ils l'interrogerent di- 
sant : Maitre, nous savons que 
vous parlez et enseignez avec 
droiture; que vous ne faites ac- 
ceplion de personne, mais que 
vous enseignez la voix de Dieu 
dans la vérité : 

22. Nous est-il permis de payer 
le tribut à César, ou non? 

93. Considérant leur rusé, il 
leur dit : Pourquoi me tentez- 
vous? 


9. Isaïe, v, 1; Jérémie, rr, 21 ; Matt., xxi, 33; Marc, xir, 1. — 17. Ps. cxvrr, 22; Is je, 
xxvi, 16; Matt., xxi, 42; Actes, 1v, 11; Rom., 1x, 33; 1 Pierre, ir, T. — 20. Matt., 


xxiI, 19; Marc, xir, 13. 


10-11. Voy., pour le mot déchirer, Matt., xxi, 35. 
99. * A César ou à l'empereur. C'était alors Tibére. Voir Luc, ur, 4, 


[ca. xx.] 

94. Montrez-moi un denier. De 
qui porte-t-il l'image et l'inscrip- 
tion? Ils lui répondirent : De 
César. 

25. Et il leur dit : Rendez donc 
à Gésar ce qui est à César, et à 
Dieu ce qui est à Dieu. 

96. Et ils ne purent reprendre 
aucune de ses paroles devant le 
peuple; mais ils admirèrent sa 
réponse, et se turent. 

97. Quelques-uns des saddu- 
céens, qui nient qu'il y ait une 
résurrection, s’approchèrentalors 
et l'interrogerent; 

98. Disant : Maître, Moïse a écrit 
pour nous : Si le frère de quel- 
qu'un meurt, ayant une femme, 
mais étant sans enfants, que son 
frere prenne sa femme et suscite 
une postérité à son frere. 

99. Or il y avait sept frères; et 
le premier prit une femme, et 
mourut sans enfants. 

30. Le suivant prit la femme, et 
mourut lui-méme sans enfants. 

31. Et le troisieme la prit; et 
pareillement tous les sept, et ils 
n'ont point laissé de poslérité, et 
ils sont morts. 

32. Enfin, aprés eux tous, est 
morte aussi la femme. 

33. A la résurrection dono, 
duquel sera-t-elle femme, puis- 
queles sept l'onteuepourfemme? 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 2523 


34. Jésus leur dit : Les fils de 
ce siècle se marient et sont 
donnés en mariage; 

35. Mais ceux qui seront trou- 
vés dignes du siècle à venir et de 
la résurrection des morts, ne se 
marieront point et n'épouseront 
point de femmes; 

96. Car ils ne pourront plus 
mourir; parce qu'ils sont égaux 
aux anges, et fils de Dieu, étant 
fils de la résurrection. 

37. Or que les morts ressus- 
citent, Moise le montre à l'endroit 
du buisson, quand il appelle le 
Seigneur, le Dieu d'Abraham, le 
Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. 

38. Or Dieu n'est point le Dieu 
des morts, mais des vivants; car 
tous vivent pour lui. 

39. Quelques-uns des scribes, 
prenant la parole, lui dirent 
Maitre, vous avez bien dit. 

40. Et on n'osait plus lui faire 
aucune queslion. 

41. Mais il leur demanda : Com- 
ment dit-on que le Christ est fils 
de David? 

49. Puisque David lui-méme dit 
dans le livre des Psaumes : Le 
Seigneur à dit à mon Seigneur : 
Asseyez-vous à ma droite, 

43. Jusqu'à ce que je fasse de 
vos ennemis l'escabeau de vos 
pieds. 


25. Rom., xir, 7. — 27. Matt., xxi, 23; Marc, xr, 18. — 28. Deut, xxv, 59. — 
37. Exode, ur, 6 — 42. Ps. cix, 1; Matt., xxii, 44; Marc, xir, 36. 


24. Un denier. Voy. Matt., xvur, 28. 


21. * Des Sadducéens. Voir la note 7 à la fin du volume. 
34. Les fils de ce siècle; hébraisme, pour ceux qui vivent dans le monde, sur cette 


terre. 


35. Mais ceux qui, etc. Tous les méchants, sans exception, ressusciteront aussi, 
mais non point dans la gloire; si donc Jésus-Christ ne parle ici que des justes, c'est 
pour nous faire soupirer avec plus d'ardeur aprés la résurrection glorieuse. 

31. À lendroit du buisson; c'est-à-dire dans son récit relatif au buisson. Compar. 


Marc, xir, 26. 


A3. * L'escabeau de vos pieds. Voir Matt., xxi, 44, 


2524 

4%. Ainsi David l'appelle son 
Seigneur; comment done est-il 
son fils ? 

45. Or tout le peuple l'écoutant, 
il dit à ses disciples : 

46. Gardez-vous des. scribes, 
qui se plaisent à se promener avec 
de longues robes, aiment les sa- 
lutations.. dans les places pu- 
bliques, les premiers sièges dans 
les synagogues, et les premieres 
places dans les 1080128 ; 

47. Qui dévorent les maisons 
des veuves sous prétexte de 
longues prières. Ceux-ci subiront 
une condamnation plus rigou- 
reuse. 


CHAPITRE XXI. 


Veuve donnant de son indigence. Jésus 
prédit la ruine du temple; questions 
des disciples à l'occasion de cette pré- 
diction, et réponse de Jésus-Christ. 
Signes de la ruine de Jérusalem. Signes 
du dernier avènement de Jésus-Christ. 


1. OrJésus, regardant, vit des 
riches qui mettaient leurs au- 
mónes dans le tronc. 

2. Il vit aussi une pauvreweuve 
mettant deux pelites pieces de 
monnaie. 

3. ΒΠῚ dit : En vérité, je vous 
le dis, cette pauvre veuve a mis 
plus que tous les autres. 

4. Car tous ceux-là ont mis 
pour offrandes à Dieu, de leur 
superflu ; mais elle, elle a mis de 
son indigence méme, tout le 
vivre qu'elle avait. 

5. Et quelques-uns disant du 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


]08. xx1.] 
temple, qu'il était bâti de belles 
pierres, et orné de dons, il ré- 
pondit : 

6. Viendront des jours où de 
ce que vous voyez, il ne restera 
pas pierre sur pierre, qui ne soit 
détruite. 

7. 6115 l'interrogerent, disant : 
Maitre, quand ces choses arrive- 
ront-elles, et. quel sera le signe 
qu'elles commenceront de s'ac- 
complir? 

8. Jésus dit : Prenez garde 
d'être séduits; car. beaucoup 
viendront en mon nom, disant: 
C'est moi, et le temps approche; 
ne les suivez donc point. 

9. Et quand vous entendrez 
parler deguerres et de séditions, 
n'en soyez point effrayés; il faut 
auparavant que ces choses ar- 
rivent; mais ce n'est pas encore 
sitót la fin. 

10. Alors il leur disait : Une 
nation se soulèvera contre une 
nation, un royaume contre. un 
royaume. 

11. Il y aura degrands tremble- 
ments de terre en divers lieux, 
et des pestes, et des famines, et 
des signes effrayants dans le ciel, 

t de grands prodiges. 

19. Mais avant tout cela, on 
mettra la main sur vous; et on 
vous persécutera, vous livrant 
aux synagogues et aux prisons, 
vous trainant devant les rois et 
les gouverneurs à cause de mon 
nom. 


46. Matt., xxiz, 6; Marc, xir, 38; Supra, xr, 43. — Cuap. XXI. 1. Marc, xit, 41, — 
6. Matt., xxiv, 2; Marc, xni, 2; Supra, xix, 44. 


πο 3À 


46. * Avec de longues robes (slolai). Voir Luc, xv, 22. 
4. * Dans le (ronc.. Voir la note sur Marc, xit, 41. 


5. * De belles pierres. Voir Marc, xur, 1. 


8. Compar. Marc, xu, 42, et Matt, v, 26. 


(cu. xx1.] 


13. Or cela vous arrivera en 
témoignage. 

14. Mettez donc. bien. dans 
vos cœurs de ne point pré- 
méditer comment vous répon- 
_drez. 
|^ 45. Car je vous donnerai moi- 
méme une bouche et une sagesse 
| ₪ laquelle tous vos adversaires 
ne pourront résister, ni rien 
opposer. 

16. Vous serez livrés par vos 
pères et vos mères, par vos 
freres, vos parents et vos amis, 


et ils en mettront à mort d'entre 


vous. 

17. Et vous serez en haine à 
tous à cause de mon nom; 

18. Mais pasun cheveu de votre 
téte ne périra. 

19. C'est par votre patience que 
vous posséderez vos àmes. 

20. Or, quand vous verrez 
Jérusalem investie par une ar- 
mée, sachez que sa désolation 
est proche : 

291. Alors, que ceux qui sont 
dans la Judée fuient vers les 
montagnes, que ceux qui sont au 
milieu d'elle s'en éloignent; et 
que ceux qui sont dans 8 
contrées n'y entrent point. 

99. Parce que ce sont là des 
jours de vengeance, afin que 
s'aceomplisse tout ce qui est 
écrit. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2525 

93. Mais malheur aux femmes 
enceintes et à celles qui nour 
riront en ces jours-là; car il y 
aura une détresse affreuse dans 
le pays, et une grande colère 
contre ce peuple. 

24. Ils tomberont sous le 
tranchant du glaive, et seront 
emmenés captifs dans toutes les 
nations, et Jérusalem sera foulée 
aux pieds par les gentils, jusqu'à 
ce que les temps des nations 
soient accomplis. 

25. Et il y aura des signes 
dans le soleil, dans la lune et 
dans les étoiles; et, surla terre, 
la détresse des nations, à cause 
du bruit confus de la mer et 
des flots ; 

96. Les hommes séchant de 
frayeur dans l'attente de ce qui 
doit arriver à tout l'univers; car 
les vertus des cieux seront 
ébranlées ; 

97. Et alors ils verront le Fils 
de l'homme venant dans une 
nuée, avec une grande puissance 
et une grande majesté. 

28. Or, quand ces choses com- 
menceront à s'accomplir, regar- 
dez et levez la téte, parce que 
votre rédemption approche. 

99. Et il leur dit cette com- 
paraison: Voyez le figuier et tous 
les arbres; 

30. Quand ils commencent ὃ 


20. Dan., 1x, 27; Matt., xxiv, 15; Marc, xui, 14. — 25. Isaie, xiu, 10; Ezéch., xxxi, 7: 
Joël, 11, 10, 31; מז‎ 15; Matt., xxiv, 29; Marc, xir, 24, — 28. Rom., vii, > 


13. En témoignage; pour que vous rendiez témoignage à la vérité et à la sainteté 


de la doctrine que je vous ai enseignée. 


18. Une bouche. Dans le style de l'Ecriture, le mot bouche se met pour ce qui en 
sort, comme les paroles, les ordres, les commandements. 
-121, Les contrées voisines du lieu où il se trouvait. -- * Fuient vers les montagnes 


Voir Matt., xxiv, 10. 


23. Mais malheur, etc. Compar. Matt., xxiv, 19. 


29. * Voyez le figuier. Voir Luc, xiu, 6. 


9526 
produire du fruit, voussavez que 
l'été est proche. 

31. De méme vous, quand 
vous verrez ces choses arriver, 
sachez que le royaume de Dieu 
est proche. 

32. En vérité, je vous le dis, 
cette génération ne ‘passera 
point, jusqu’à ce que toutes ces 
choses soient accomplies. 

33. Le ciel et la terre passe- 
ront; mais mes paroles ne pas- 
seront point. 

34. Faites donc attention à 
vous, de peur que vos cceurs ne 
s'appesantissent dans la crapule, 
l'ivresse et les soins de cette vie, 
et que ce jour ne vienne sou- 
dainement sur vous. 

35. Car, comme un filet, 1] 
enveloppera tous ceux qui ha- 
bitent sur la face de la terre. 

36. Veillez donc et priez en 
tout temps, afin que vous soyez 
trouvés dignes d'éviter toutes 
ces choses qui doivent arriver, 
et de paraitre avec confiance de- 
vant le Fils de l'homme. 

31. Or, le jour il enseignait 
dans letemple; mais la nuit, sor- 
tant, ilse retirait sur la mon- 
tagne appelée des Oliviers. 

38. Et tout le peuple venait de 
grand matin vers ilui au temple 
pour l'écouter. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


[cu. xxu.) 


CHAPITRE XXII. 


Trahison de Judas; derniére céne. Insti- 
tution de l'Eucharistie. Domination in- 
terdite. Gloire promise. Priére pour la 
foi de saint Pierre. Son renoncement 
prédit. Agonie de Jésus. Il est pris et 
conduit chez, Caiphe. Renoncement et 
pénitence de. saint, Pierre. Jésus ou- 
tragé et condamne. 


1. Cependantapprochait la fête 
des azymes, qu'on appelle Päque. 

2. Et les princes des prétres et 
lesscribes cherchaient comment 
ils pourraient faire mourir Jésus; 
mais ils craignaient le peuple. 

3. Or Satan entra dans Judas, 
qui était surnommé . Iscariote, 
l'un des douze. 

4. Et il s'en alla, et il conféra 
avec les princes des prétres et 
les magistrats commentil le leur 
livrerait. 

ὃ. Et ils se réjouirent, et con- 
vinrent de lui donner de l'argent. 

6. IL 80268808 donc. Et dès 
lors il cherchait l’occasion de le 
livrer en l'absence du peuple. 

7. Cependant vint le jour des 
azymes, oü il était nécessaire 
d'immoler la pâque. 

8. Jésus donc envoya Pierre et 
Jean, disant : Allez nous préparer 
18 pâque, afin que nous 18 man- 
gions. 

9. Mais eux lui demandèrent : 


ὕπαρ. XXII. 1. Matt., xxvi, 2; Marc, xiv, 1. — 3. Matt., xxvi, 14; Marc, xiv, 10. 


31. * La montagne appelée des Oliviers. Voir Matt., 11, xxi, 1. 
4. * La féles des azymes qu'on appelle Páque. Voir Marc, xiv, 1 et note sur Matt., 


XXVI, 2. 


4. Les magistrats du temple (verset 52); c'est-à-dire les officiers. du temple, les 
lévites préposés à leurs fréres quifaisaient la garde aux portes du temple. 

6. En l'absence du peuple; avant que le peuple s'assemblàt pour; la solennité, car 
comme le peuple 16 tenait pour un prophète (Ma/t., xx1), on craignait qu'il ne se sous 
levát, si Jésus était arrêté pendant qu'il se trouvait réuni (Matf., xxvt, 5.) 

1. * Immoler la páque, l'agneau pascal. Exod., xu, 26. Voir Maro; xw, 12, 

8-13, * Préparer la Páque. Voir Matt., xxvi, 19. 


[cu. xxm.) 


Où voulez-vous que nous la pré- 
parions? 

10. Et ἢ leur répondit : Voici 
qu'entrant dans la ville, vous 
rencontrerez un homme por- 
. tant une cruche d'eau; suivez- 
le dans la maison où il en- 
trera; 

11. Et vous direz au père de 
famille de la maison : Le maitre 
vous dit: Où est le lieu où je 
pourrai manger la páque avec 
mes disciples? 

19. Et il vous montrera un 
grand cénacle meublé; faites-y 
les préparatifs. 

13. S'en allant donc, ils trou- 
verent comme il leur avait dit, 
et ils préparèrent la pâque. 

14. Et quand l'heure fut venue, 
il se mit à table, et les douze 
apôtres avec lui. 

15. Et il leur dit: J'ai désiré 
d'un grand désir de manger 
cette pàque avec vous, avant de 
souffrir. 

16. Car je vous le dis, je ne la 
mangerai plus désormais, jusqu'à 
ce qu'elle soit accomplie dans le 
royaume de Dieu. 

11. Et ayant pris le calice, il 


14. Matt., 
χιν, 20; Jean, xri, 18. — 22. Ps. xr, 10. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 2591 


rendit gráces, et dit : Prenez, et 
partagez entre vous, 

18. Car, je vous le dis, je ne 
boirai plus du fruit de la vigne, 
jusqu'àce que leroyaume de Dieu 
vienne. 

19. Et ayant pris du pain, il 
rendit grâces et le rompit, et le 
leur donna, disant : Ceci est mon 
corps, qui est donné pour vous: 
faites ceci en mémoire de moi. 

20. Il donna de la méme ma- 
niere le calice, après qu'il eut 
soupé, disant : C'est le calice, le 
nouveau testament en mon sang, 
qui sera répandu pour vous. 

21. Cependant, voici que la 
main de celui qui me trahit est 
avec moi à cette table. 

22. Pour ce qui est du Fils de 
l'homme, il s'en va, selon ce qui 
a'été déterminé; mais malheur 
à cet homme par qui il sera trahi] 

95. Et ils commencerent à se 
demander l'un à l'autre, qui était 
celui d'entre eux qui devait faire 
cela. 

24. Il s'éleva aussi parmi eux 
une contestation, lequel d’entre 
eux devait être estimé le plus 
grand. 


xxvi, 20; Marc, xiv, 17. — 19. I Cor., xi, 24. — 21. Matt., xxvi, 21; Marc, 


Came WI Te ctt 


10. * Un homme portant une cruche d'eau. Voir Marc, xiv, 13. 

12. * Un grand cénacle. Voir Marc, xiv, 15, 

15. J'ai désiré, etc. Cette répétition, comme nous l'avons déjà remarqué, ἃ pour, 
effet de donner de la force et de l'énergie au discours, 

16. Jésus veut dire par là qu'il ne mangera plus désormais de cette victime figu- 
rative, jusqu'à ce qu'elle ait eu son accomplissement dans le royaume de Dieu, où la 
victime qui va bientôt être immolée deviendra la pâque du peuple nouveau (I Cor., 


V, 


17. Ce calice est simplement la coupe que le maitre du repas bénissait en céré- 
monie, dont il buvait, et qu'il passait ensuite à tous ceux qui étaient à table. Il faut 
donc bien le distinguer du calice contenant le sang du Sauveur, et dont il est ques- 


tion au verset 20. 


20. Il donna de la méme manière le calice; c'est-à-dire après l'avoir pris et avoir 
rendu grâces, comme il avait fait pour le pain. Voy. Matt., xxvi, 26-29. 


21. * La main, etc. Voir Matt., 


xxvi, 23. 


9528 

95. Mais il leur dit : Les rois 
des nations les dominent, et ceux 
qui ont puissance sur elles sont 
appelés bienfaiteurs. 

26. Pour vous, ne faites pas 
ainsi; mais que celui qui est le 
plus grand = parmi vous, soit 
comme le moindre, et celui quia 
la préséance, comme celui qui 
sert. 

27. Car lequelest le plus grand, 
celui qui est à table, ou celui qui 
sert? N'est-ce pas celui qui est à 
table? Or, moi, je suis au milieu 
de vous, comme celui qui sert. 

98. C'est vous qui êtes demeu- 
rés avec moi dans mes tenta- 
tions. 

99. Aussi moi, je vous prépare 
le royaume, comme mon Père me 
l'a préparé ; 

30. Afin que vous mangiez et 
buviez à ma table dans mon 
royaume, et que vous siégiez sur 
des trônes, pour juger les douze 
tribus d'Israél. 

31. Le Seigneur dit encore : 
Simon, Simon, voilà que Satan 
vous ἃ demandés pour vous cri- 
bler, comme le froment; 

39. Mais j'ai prié pour toi, afin 
que ta foi ne défaille point; et toi, 
quand tu seras converti, confirme 
tes freres. 

33. Pierre lui dit : Seigneur, je 
suis prét à aller avec vous, et en 
prison, et à la mort. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


(cu.- xxu]. 
34. Mais il lui répliqua :Je te.le 


| dis, Pierre, un coq aujourd hui 


ne chantera point; que trois fois 
tu n'aies nié me connaitre. Il leur 
dit ensuite : 

35. Quand je vous ai envoyés 
sans sac, sans bourse et sans 
chaussure, quelque chose vous a- 
t-il manqué ? Y, 

36. Ils répondirent : Rien. ἢ 
ajouta done : Mais maintenant, 
que celui qui à un. 580 ou. une 
bourse, les prenne ; et que celui 
qui n'en a point, vende sa tuni- 
que, et achète une épée. 

37. Car, je vous le dis, il faut 
que ceci encore qui a été écrit, 
s'accomplisse en moi: ll ἃ été 
mis au rang des 8061617818. Car ce 
qui me regarde touche à sa fin. 

38. Mais eux lui dirent :.Sei- 
gneur, voici deux épées. Il leur 
répondit : C'est assez. 

39. Et étant sorti, il alla, selon 
sa coutume, àla montagne des 
Oliviers; et ses disciples le sui- 
virent. 

40. Lorsqu'il fut arrivé à son 
lieu accoutumé, 11 leur dit: Priez, 
de peur que vous n'eniriez en 
tentation. 

44. Puis il s'éloigna d'eux à la 
distance d'un jet de pierre; et, 
s'étant mis à genoux, il priait, 

49. Disant : Mon Père, si vous 
le voulez, éloignez ce calice de 
moi ; cependant que ma volonté 


25. Matt., xx, 25; Marc, x, 42. — 34. Matt., xxvi, 34; Marc, xjv, 30; — 35. Matt., x, % 
— 31. Isaie, ur, 12. — 39. Matt., xxvi, 36; Marc, xiv, 32; Jean, xviu, 1. — 41 
xxv1, 39; Marc, xiv, 90. 


— ורוו ו ויוי ו" 


39. * Ala, montagne des Oliviers. Voir les notes sur Matt., xxr, 1 el xxvi, 36. 

40. À son lieu accoutumé, au lieu où il avait coutume de. se. trouver avec. ses dis- 
ciples, et qui était appelé Gethsémani. Voy. Matt., xxvi, 36; Marc, xiv, 32; Jean, 
xvur, 1, 3. Quand aux mots son et accoutumé, ils ne sont que la traduction pure et 
simple de l’article déterminatif du grec, qui ne saurait avoir ici aucune autre signi- 
fication. 


(cn. [.זזצצ‎ 


ne se fasse pas, mais la vótre. 

48. Alors lui apparut un ange 
du ciel, le fortifiant; et étant 
tombé en agonie, il priait encore 
plus. 

44. Et il lui vint une sueur, 
comme des gouttes de sang dé- 
coulant jusqu'à terre. 

45. Et, s'étant levé de sa prière, 
il vint à ses disciples, etles trou- 
va endormis par suite de leur 
tristesse. 

46. Et il leur dit : Pourquoi 
dormez-vous ? Levez-vous, priez, 
de peur que vous n'entriez en 
tentation. 

AT. Jésus parlant encore, voici 
venir une troupe, et celui qui 
s'appelait Judas, l'un des douze, 
la précédait ; et il s'approcha de 
Jésus pour le baiser. 

48. Mais Jésus lui dit : Judas, 
c'est par un baiser que tu trahis 
le Fils de l'homme! 

49. Or ceux qui étaient autour 
de lui, voyant ce qui allait arri- 
ver, lui dirent : Seigneur, si nous 
frappions de l'épée? 

50. Et l'un d'eux frappa le ser- 
vileur du grand prêtre, et lui 
coupa l'oreille droite. 

51. Mais Jésus prenant la pa- 
role, dit : Arrétez-vous là. Et 
ayant touché son oreille, il le 
guérit. 

52. Puis Jésus dit à ceux qui 
étaient venus vers lui, princes 
des prétres, magistrats du tem- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2529 
ple et anciens : Vous êtes sortis 
comme contre un voleur, avec 
des épées et des bâtons ; 

53. Quand j'étais tous les jours 
avec vous dans le temple, vous 
n'avez pas mis la main sur moi; 
mais voici votre heure et la puis- 
sance des ténèbres. 

54. Se saisissant donc de lui, 
ils l'amenerent à la maison du 
grand prétre ; mais Pierre le sui- 
vait de loin. 

55. Or un feu ayant été allumé 
au milieu de la cour, et eux s'é- 
tant assis autour, Pierre se trou- 
vait au milieu d'eux. 

56. Une servante l'ayant vu as- 
sis devant le feu, et l'ayant re- 
gardé, dit : Celui-ci aussi était 
avee cet homme. 

57. Mais Pierre le nia, disant : 
Femme, je ne le connais point. 

98. Et peu après, un autre le 
voyant, dit : Toi aussi, tu es de 
ces gens-là. Mais Pierre dit: 
Homme, je n'en suis point. 

59. Et un intervalle d'environ 
une heure s'étant écoulé, un 
autre l'affirmait, disant : Vrai- 
ment, celui-ci aussi était avec lui ; 
car il est également Galiléen. 

60. Et Pierre dit: Homme, je 
ne sais ce que tu dis. Et aussitót, 
lui parlant encore, un coq chanta. 

61. Et le Seigneur se retour- 
nant, regarda Pierre. Et Pierre 
se ressouvint de la parole du Sei- 
gneur, lorsquil lui avait dit: 


47. Matt., xxvi, 27; Marc, xiv, 43; Jean, xvii, 3. — 54. Matt., xxvi, 57; Marc, xiv, 
53; Jean, xvin, 24. — 55. Matt., xxvi, 69; Marc, xiv, 66; Jean, xviu, 25. — 59. Jean, 
xvii, 26. — 61. Matt., xxvi, 34; Marc, xiv, 30; Jean, xui, 38. 


50. * Et l'un d'euz, S. Pierre. — Le serviteur du grand prétre, Malchus. 
92. Et aux magistrats du temple. Voy. verset 4. — * Princes des préíres. Voir 


Matt., תד‎ 4. — Anciens. Voir Matt., ,טא‎ 


93. * Un feu ayant été allumé. Voir note sur Marc, xiv, 54. 
- 99. * ILest également, Galiléen d'après son langage et son accent. Voir Matt., xxvi, 73. 


N. T. 


159 


2930 
Avant qu'un coq chante, tu me 
renieras trois fois. 

62. Et Pierre étant sorti, pleura 
amèrement. 

63. Et ceux qui tenaient Jésus 
le raillaient et le déchiraient de 
coups. 

64. Puis, lui ayant bandé les 
y eux, ils le frappaient au visage, 
05 l'interrogeaient, disant : Pro- 
phétise qui est celui qui t'a 
frappé? 

65. Et blasphémant ainsi, ils 
disaient beaucoup d'autres cho- 
ses contre lui. 

66. Lorsque le jour se fit, les 
anciens du peuple, les princes 
des prêtres et 108 scribes s'assem- 
blèrent, et le firent venir dans 
leur conseil, disant : Si tu es le 
Christ, dis-le-nous. 

67. Il leur répondit : Si je vous 
le dis, vous ne me croirez pas; 

68. Etsi je vous interroge, vous 
ne me répondrez pas, ni ne me 
renverrez. 

69. Mais désormais le Fils de 
l'homme sera assis à la droite de 
la puissance de Dieu. 

10. Alors ils dirent tous : Tu es 
donc le Fils de Dieu? Et Jésus ré- 
pondit : Vous le dites, je le suis. 

71. Et eux repartirent : Qu'a- 
vons-nous besoin d'autre témoi- 
gnage? Car nous-mémes nous 
l'avons entendu de sa propre 
bouche. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


(cu. [.חוצצ‎ 


CHAPITRE XXIIT. 


Jésus accusé devant Pilate, envoyé à Hé- 
rode et ramené devant Pilate. Barab- 
bas préféré à Jésus-Christ. Cris des Juifs 
contre Jésus-Christ. Jésus livré aux 
Juifs et conduit au Calvaire. Pleurs des 
femmes de Jérusalem. Crucifiement. 
Blasphèmes.Bonlarron. Ténèbres. Mort 
de Jésus-Christ; sa sépulture. 


1. Et toute l'assemblée se le- 
vant, ils le menèrent à Pilate. 

2. Et ils commencèrent à l'ac- 
cuser, disant : Nous avons trouvé 
celui-ci pervertissant notre na- 
tion, défendant de payer le tribut 
à César, et disant qu'il est Christ 
roi. 

3. Or Pilatel'interrogea, disant : 
Es-tu le roi des Juifs? Jésus ré- 
pondant, dit : Tu le dis. 

4. Alors Pilate dit aux princes 
des prétres et à la multitude : Je 
ne trouve aucune cause de 2207 
en cet homme. 

5. Mais eux insistaient, disant : 
Il soulève le peuple, enseignant 
par toute la Judée, commencant 
par la Galilée jusqu'ici. 

6. Pilate entendant nommer la 
Galilée, demanda si cet homme 
était Galiléen. 

7. Et dès qu'il sut qu'il était de 
la juridiction d'Hérode, il le ren- 
voya à Hérode, qui étaitlui-méme 
à Jérusalem en ces jours-là. 

8. Hérode, voyantJésus, s'en ré- 
jouit beaucoup; car il désirait de- 


66. Matt., תטאצ‎ 1; Marc., xv, 1; Jean, xvn, 28. — Cuar. XXIII. 2. Matt., xxu, 21; 
Marc, xit, 17. — 3. Matt., xxvir, 11; Marc, xv, 2; Jean, xvinr, 33. 


63, Et le déchiraient de coups. Voy., sur cette expression, Matt., xxr, 35. 
66. * Dans leur conseil, le sanhédrin. Voir Matt., xxvr, 59. 


1. * A Pilate. Voir Matt., xxvir, 2. 


2, Christ roi. Partout ailleurs le texte grec porte le Christ et le roi, avec l'article 
déterminatif. — * À César, à Tibère. Voir plus haut xx, 22. 

4. Aucune cause de mort. Compar. verset. 22. 

1. * Hérode Antipas était tétrarque de Galilée. Voir Matt., xiv, = 


[cH. xxur.] 


puis longtemps de le voir, parce 
qu'il avait entendu dire beaucoup 
de choses de lui, et qu'il espérait 
lui voir faire quelque miracle. 

9. Il lui faisait donc beaucoup 
de questions; mais Jésus ne lui 
répondait rien. 

10. Gependant se trouvaient là 
les princes des prétres et les 
scribes, l'accusant sans relâche. 

41. Mais Hérode avec sa cour le 
méprisa; il se joua de lui après 
l'avoir revétu d'une robe blanche, 
et il le renvoya à Pilate. 

19. Et Hérode et Pilate devin- 
rent amis ce jour-là méme; au- 
paravant ils étaient ennemis l'un 
de l'autre. 

13. Or Pilate ayant convoqué 
les princes des prétres, les ma- 
gistrats et le peuple, 

14. Leur dit : Vous m'avez pré- 
senté cet homme comme soule- 
vant le peuple; et voilà que, l'in- 
terrogeant devant vous, je n'ai 
rien trouvé en lui de ce dont vous 
l'accusez, 

15. Ni Hérode non plus; car je 
vous ai envoyés à lui, et on nel'a 
convaincu de rien qui mérite la 
mort. 

16. Je le renverrai donc apres 
l'avoir fait chátier. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2531 

17. Car il était obligé de leur 
remettre un prisonnier pendant 
la féte. 

18. Mais la foule tout entiere 
cria : Otez celui-ci du monde, et 
délivrez-nous Barabbas. 

19. (Lequel, à cause d'une sé- 
dition qui s'était faite dans la 
ville, et d'un meurtre, avait été 
mis en prison.) 

20. Pilate leur parla de nou- 
veau, désirant renvoyer Jésus. 

21. Mais eux redoublaient leurs 
clameurs, disant : Crucifiez-le, 
crucifiez-le! 

22. Et Pilate, pour la troisieme 
fois, leur dit : Mais quel mal a 
fait celui-ci? Je ne trouve aucune 
cause de mort en lui; je le chà- 
üerai donc et le renverrai. 

253. Mais ils insistaient avec de 
grands cris, demandant qu'on le 
61101184 ; et leurs cris devenaient 
de plus en plus forts. 

24. Et Pilate ordonna que ce 
quils demandaient füt exécuté. 

25. Ainsi il leur délivra celui 
qui avait été mis en prison pour 
cause de sédition et de meurtre, 
et qu'ils demandaient, et il aban- 
donna Jésus à leur volonté. 

26. Or comme ilsl'emmenaient, 
ils prirent un certain Simon de 


14. Jean, xvur, 38; xix, 4. — 22. Matt., xxvir, 23; Marc, xv, 19, — 26. Matt., xxvir, 32 


Marc, xv; 21. 


11, * Une robe blanche. Hérode en revétant Notre Seigneur d'un vêtement blanc, 
semble avoir voulu tourner en dérision la royauté du Christ, parce que les rois et 
les empereurs romains se paraient d'habits blancs dans les grandes solennités. 

16. * Aprés l'avoir fait châlier par la flagellation. Le Talmud décrit ainsi la flagel- 
lation. > Les mains du condamné sont attachées à la colonne; alors l'exécuteur 
public lui óte son vêtement, soit qu'il le déchire, soit qu'il l'en dépouille, de manière 
à découvrir la poitrine. Une pierre est alors placée derriere le patient. Sur cette 
pierre le licteur est debout, tenant un fouet ou des lanières de cuir pliées de manière 
à former deux courroies qui s'élévent et s'abaissent sur le condamné, » 

11. Pendant la féte, de Páque. Compar. Matt., xxvii, 15, et Jean, xvi, 39. 

18.* Barabbas. Voir Matt., xxxi, 16. 

26. * Sur la croix et Simon de Cyréne, voir note sur Matt., xxvir, 32, 


ro L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


ue) 
Cyrène, qui revenait des champs, 
et le chargerent de porter la croix 
derriere Jésus. 

97. Or une grande foule de 
peuple et de femmes le suivaient, 
se frappant la poitrine et se la- 
mentant sur lui. 

98. Mais Jésus, se tournant 
vers elles, dit: Filles de Jéru- 
salem, ne pleurez pas sur moi, 
mais pleurez sur vous-mémes et 
sur vos enfants ; 

29. Car voici que viendront des 
jours oü l'on dira : Heureuses les 
stériles, et les entrailles qui n'ont 
pas engendré, et les mamelles 
qui n'ont point allaité! 

30. Alors ils commenceront à 
dire aux montagnes : Tombez sur 
nous : et aux collines : Couvrez- 
nous. 

31. Car si l'on fait ainsi au bois 
vert, que sera-t-il fait au bois sec? 

32. On conduisait aussi avec lui 
deux autres hommes qui étaient 
des malfaiteurs, pour les mettre 
à mort. 

99. Et lorsqu'ils furent arrivés 
au lieu qui est appelé Calvaire, ils 
lecrucifierent, etles voleurs aussi, 
l'un à sa droite, et l'autre à sa 
gauche. 

34. Mais Jésus disait : Mon Père, 
pardonnez-leur, carils ne savent 
ce qu'ils font. Partageant ensuite 
ses vêtements, ils y jetèrent le 
sort. 


(cu. xxur.] 

39. Et le peuple était là, regar- 
dant, et les chefs le raillaient 
avec le peuple, disant : Il a sauvé 
les autres; qu'il se sauve, s'il est 
le Christ, l'élu de Dieu. 

36. Les soldats mémes, s'appro- 
chant, l'insultaient, lui présentant 
du vinaigre, 

31. Et disant : Si tu es le roi 
des Juifs, sauve-toi. 

38. Π y avait aussi au-dessus 
de lui une inscription où était 
écrit en caractere grecs, latins et 
hébreux : CELUI-CI EST LE ROI DES 
JUIFS. 

39. Or l'un des voleurs qui 
étaient suspendus en croix le 
b'asphémait, disant : Si tu es le 
Christ, sauve-toi toi-même, et 
nous aussi. 

40. Mais l’autre, répondant, le 
reprenait, disant : Ne crains-tu 
point Dieu, quand tu subis la 
méme condamnation? 

41. Encore pour nous, c'est avec 
justice; car nous recevons ce que 
nos actions méritent; mais celui- 
ci n'a rien fait de mal. 

49. Et il disait à Jésus : Sei- 
gneur, souvenez-vous de moi 
quand vous serez arrivé dans 
votre royaume. | 

43. Et Jésus lui dit : En vérité, 
je te le dis, aujourd'hui tu seras 
avec moi dans le paradis. 

44. 11 était environ 18 sixième 
heure, et les ténèbres couvrirent 


30. Isaie, rt, 19; Osée, x, 8; Apoc., vi, 16. — 33. Matth., xxvir, 33; Marc, xv, 22; Jean, 


xix, 17: 


33. * Au lieu qui est appelé Calvaire, dans le texte: (e Cráne. Voir note sur Matt., 
xxvir, 33. — 118 le crucifièrent. Voir Matt., נטאא‎ 35. 


35. L'élu de Dieu. Compar. Isaïe, xu, 1. 
36. * Du vinaigre. Voir Jean, xix, 29-50. 


38. * Celui-ci est le roi des Juifs. Voir Matt., xxvir, 31. 
4^4. La sixième heure, la neuvième heure, répondent à midi et à trois heures. ΝΟΥ͂.» 
sur la division des jours chez les Juifs, notre Abrégé d'introduction, etc., p. 536. 


[cH. xxiv.] 
toute la terre jusqu'à 18 neuvième 
heure. 

45. Et le soleil s'obscurcit, et le 
voile du temple se déchira par le 
milieu. 

46. Alors, criant d'une voix 
forte, Jésus dit : Mon Père, je re- 
mets mon esprit entre vos mains. 
Et disant cela, il expira. 

41. Or le centurion voyant ce 
qui était arrivé, glorifia Dieu, 
disant : Vraiment cet homme 
était juste. 

48. Et toute la multitude de 
ceux qui assistaientà ce spectacle, 
et qui voyaient ce qui se passait, 
s'en retournaient, frappant leur 
poitrine. 

49. Tousceux delaconnaissance 
de Jésus, et les femmes qui 
l'avaient suivi de Galilée, se te- 
naientàl' écart, considéranttoutes 
ces choses. 

50. Mais voilà qu'un décurion 
nommé Joseph, homme bon et 
juste, 

51. Qui n'avait consenti ni au 
dessein, ni aux actes des autres, 
et qui était d'Arimathie, ville de 
Galilée , et attendait lui-méme le 
royaume de Dieu, 

59. Vint vers Pilate, et lui 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


2533 
demanda le corps de Jésus 

53. Etl'ayantdétachédelacroix, 
il l'enveloppa d'un linceul, et le 
mit dans un sépulcre taillé dans 
leroc, où personne n'avait encore 
été mis. 

94. Or c'était le jour de la pré- 
paration, et le sabbat allait 
commencer. 

99. Les femmes qui élaient 
venues de la Galilée avec Jésus 
ayant suivi Joseph, virent le sé- 
pulere, et comment le corps de 
Jésus y avait été mis. 

90. Et s'en retournant, elles 
préparèrent des aromates et des 
parfums; et pendant le sabbat, 
elles demeurèrent en repos, selon 
la loi. 


CHAPITRE XXIV. 


Résurrection de Jésus-Christ Apparition 
des anges aux saintes femmes. Jésus- 
Christ apparaît aux deux disciples qui 
allaient à Emmaüs, et aux apôtres, 
auxquels il prouve sa résurrection et 
promet le Saint-Esprit. Ascension de 
Jésus-Christ. 


1. Mais le premier jour de la 
semaine, elles vinrent de grand 
matin au sépulcre, apportant les 
parfums qu'elles avaient pré- 
parés ; 


46. Ps. xxx, 6. — 50. Matt., xxvii, 57; Marc, xv, 43; Jean, xix, 98. — Cap. XXIV. 
1. Matt., xxvirr, 1; Marc, xvi, 2; Jean, xx, 1. 


45.* Le voile du Saint des Saints. Voir Matt., xxvir, 51. 


46. * IL expira. Voir Matt., xxvir, 50. 


41.* Le centurion. Voir Matt., vi, 5 et xxvi, 54. 
49. * Les femmes qui l'avaient suivi de Galilée, Marie-Madeleine, Marie de Cléophas, 


Salomé. 


30. * Un décurion, un membre du sanhédrin. 
91. * D'Arimathie. Voir note sur Matt., xxvir, 51. 
53. Dans le roc. Voy. Matt., xxvii, 60; Marc., xv, 46, — * IL l'enveloppa d’un linceul. 


Voir Matt., xxvir, 59. 


54. Le jour de la préparation. Voy. Matt., xxvi, 62. 

96. * Des aromates et des parfums. Voir Jean, xix, 39. 

1. On a déjà remarqué que le mot sabbat ou repos, jour de repos, signifiait aussi 
semaine. — * Le premier jour de la semaine est le dimanche, 


2534 

9. Et elles trouvèrent la pierre 
ótée du sépulcre. 

ὃ. Et étant entrées, elles ne 
trouvèrent point le corps du Sei- 
gneur Jésus. 

4. Or il arriva, pendant qu'en 
leur âme elles en étaient cons- 
ternées, que pres d'elles parurent 
deux hommes avec des robes 
resplendissantes. 

5. Et comme elles étaient 
effrayées et baissaient le visage 
vers la terre, ils leur dirent : 
Pourquoi cherchez-vous parmi 
les morts celui qui est vivant? 

6. Il n'est pas ici, mais il est 
ressuscité; rappelez-vous com- 
ment il vous a parlé quandil était 
encore en Galilée, 

7. Disant : Il faut que le Fils de 
l'homme soitlivré entreles mains 
des hommes pécheurs, qu'il soit 
crucifié, et que le troisième jour 
il ressuscite. 

8. Et elles se ressouvinrent de 
ses paroles. 

9. Etrevenues du sépulere, elles 
annoncerent toutes ces choses 
aux 0026 et à tous les autres. 

10. Or c'étaient Marie-Made- 
leine, Jeanne, Marie, mère de 
Jacques, et 165 autres qui étaient 
avec elles, qui rapportaient ces 
choses aux apôtres. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


[cu. xxiv.] 


11. Et ce récit leur parutcomme 
du délire, etils ne les crurent pas. 

12. Cependant Pierre, selevant, 
courut au sépulcre; et s'étant 
penché, il ne vit que les linges 
posés à terre, et il s'en alla, ad- 
mirant en lui-méme ce qui était 
arrivé. 

13. Or voici que deux d'entre 
eux allaient ce méme jour à un 
villagenommé Emmaüs, qui était 
à la distance de soixante stades 
de Jérusalem. 

14. Et ils s'entretenaient de 
tout ce qui s'était passé. 

15. Et il arriva, que pendant 
qu'ils discouraient et conféraient 
ensemble, Jésus lui-méme s'étant 
approché, marchait avec eux. 

16. Mais leurs yeux étaient re- 
tenus de peur qu'ils ne le re- 
connussent. 

17. Et il leur dit : Quels sont 
ces discours que vous tenez ainsi 
en marchant, et pourquoi étes- 
vous tristes? 

18. Et l'un d'eux, nommé Cléo- 
phas, répondant, lui dit : Es-tu 
seul si étranger dans Jérusalem, 
que tu ne saches point ce qui s'y 
est passé ces jours-ci? 

19. Quoi? leur ditil. Et ils ré- 
pondirent: Touchant Jésus de 
Nazareth, qui fut un prophète 


1. Matt., xvi, 21; xvir, 21; Marc, vir, 310; ix, 30. Supra, 1x, 22. — 13. Marc, xvi, 12. 


9. * La pierre qui servait de porte au sépulcre. 


10. * Marie-Madeleine, Marie de Cléophas, mère de Jacques le mineur. Voir Matt., 
x xvir, ὅθ. — Jeanne, femme de Chusa, intendant d'Hérode Antipas. Voir Luc, vu, 3. 

12. * Les linges. Voir Jean, xix, 40. 

13. Deuz d'entre eux; c'est-à-dire d'eux d'entre les disciples auxquels les saintes 
femmes racontèrent (vers. 9) ce qu'elles avaient vu au sépulcre. — * L'un des deux 
disciples est Cléophas nommé plus loin, verset 18; l'autre, suivant un certain nombre 
d'interprétes, aurait été S. Luc lui-méme. — Emmaüs, est probablement Nicopolis, 
aujourd'hui Amouâs. Selon d'autres, c'est Kolonieh ou Koubeibeh. 

18. * Cléophas parait étre une contraction de Cléopatras. On croit que ce disciple 
est différent de celui dont il est parlé en S. Jean, xix, 25, parce que S. Luc écrit ce 
dernier nom Alphée, vi, 15 et Actes, r, 19. 


[cu. xxiv.] 


puissant en ceuvres et en paroles 
devant Dieu et devant tout le 
peuple : 

90. Et comment les princes des 
prétres et nos chefs l'ont livré 
pour étre condamné à mort et 
l'ont erucifié : 

91. Pour nous, nous espérions 
que c'était lui qui devait rache- 
ter Israél : et cependant, apres 
tout cela, voici déjà le troisieme 
jour que ces choses sont arri- 
vées. 

22. A la vérité, quelques fem- 
mes qui sont des nótres nous ont 
effrayés; car étant allées avant 
le jour au sépulcre, 

93. Et n'ayant point trouvé son 
corps, elles sont venues disant 
qu'elles ont vu des anges méme 
qui disent qu'il est vivant. 

24. Quelques-uns des nôtres 
sont allés aussi au sépulcre, et ont 
trouvé toutes choses comme les 
femmes l'ont dit; mais lui, ils ne 
l'ont pas trouvé. 

95. Alorsil leur dit : O insensés 
et lents de cœur à croire tout ce 
qu'ont dit les prophètes! 

96. Ne fallait-il pas que le Christ 
souffrit ces choses, et entrát ainsi 
dans sa gloire? 

27. Et commençant par Moïse, 
et par tous les prophètes, il leur 
interprétait dans toutes les Ecri- 
tures ce qui le concernait. 

9S. Cependant ils approchèrent 
du village oü ils allaient; et Jésus 
feignit d'aller plus loin. 

29. Mais ils le presserent, di- 
sant : Demeure avec nous, car il 
se fait tard, et déjà le jour est sur 


86. Marc, xvi, 14; Jean, xx, 19. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT. LUC. 


2595 


son déclin. Et il entra avec eux. 

30. Or il arriva, pendant qu'il 
était à table avec eux, qu'il prit 
le pain, le bénit, lerompit, et il 
le leur présentait. 

31. Alorsleurs yeuxs'ouvrirent, 
et ils le reconnurent : et il dis- 
parut de devant leurs yeux. 

32. Et ilsse direntl'un àl'autre : 
Notre cœur n'était-il pas tout 
brülant au dedans de nous, lors- 
qu'il nous parlait dans 16 chemin, 
et nous ouvrait le sens des Ecri- 
tures? 

93. Puis se levant à lheure 
méme, ils retournerent à Jéru- 
salem, et ils trouvèrent les onze 
assemblés, et ceux qui étaient 
avec eux, 

94. Et disant : Le Seigneur est 
vraiment ressuscité, et il est ap- 
paru à Simon. 

95. Et eux, à leur tour, racon- 
terent ce qui leur était arrivé en 
chemin, et comment ils l'avaient 
reconnu à la fraction du pain. 

36. Or, pendant qu'ils s'en- 
tretenaient ainsi, Jésus parut au 
milieu d'eux, et leur dit : Paix à 
vous! c'est moi: ne craignez 
point. 

37. Mais eux, troublés et épou- 
vantés, croyaient voir un esprit. 

38. Etilleur dit: Pourquoi étes- 
vous troublés, 66 pourquoi ces 
pensées s’élèvent-elles dans vos 
cœurs ? 

39. Voyez mes mains et mes 
pieds; c’est bien moi : touchez et 
voyez: un esprit n'a ni chair ni 
08, comme vous voyez que j'ai. 

40. Et lorsqu'il eut dit cela, il 


34. * A Simon Pierre. 


39. * Foyez mes mains et mes pieds percés par les clous. 


2596 
leur montra ses mains et ses 
pieds. 

41. Mais eux ne croyant point 
encore, etétant transportés d'ad- 
miration et de joie, il dit : Avez- 
vous 101 quelque chose à manger? 

49. Et ils lui présentèrent un 
morceau de poisson róti et un 
rayon de miel. 

49. Or, lorsquil eut mangé 
devant eux, prenant les restes, 
il les leur donna. 

44. Puis il leur dit: Voilà ce 
que je vous ai dit, lorsque j'étais 
encore avec vous : qu'il fallait 
que füt accompli tout ce qui est 
écrit de moi dans laloi de Moise, 
dans les prophètes et dans les 
psaumes. 

45. Alors il leur ouvrit l'esprit, 
pour qu'ils comprissent les Ecri- 
tures; 

46. Et il leur dit : Il est ainsi 
écrit, et c'est ainsi qu'il fallait 
que le Christ souffrit, et qu'il res- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC. 


[cn. xxiv.] 


suscitàt d'entre les morts le troi- 
sième jour; 

47. Et qu'on préchát en son 
nom la pénitence et la rémission 
des péchés à toutes les nations, 
en commencant par Jérusalem. 

48. Pour vous, vous étes té- 
moins de ces choses. 

49. Et moi , je vais vous envoyer 
le donpromis de mon Pére. Vous, 
demeurez dans la ville, jusqu'à 
ce que vous soyez revétus de la 


force d'en haut. 
50. Puis il les mena du côté de 


Béthanie; el les mains levées, il 
les bénit. 

91. Et il arriva que, pendant 
quil les bénissait, il s'éloigna 
d'eux, et s'éleva au ciel. 

52. Et eux, l'ayant adoré, re- 
vinrent à Jérusalem avec une 
grande joie. 

53. Et ils étaient toujours dans 
le temple, louant et bénissant 
Dieu. Amen. 


46. Ps. xvii, 6. — 48. Actes, 1, 8. — 49. Jean, xiv, 26. — 51. Marc, xvi, 19; Actes, 1, 9. 


44. * Dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. Cette triple divi- 
sion embrasse tout l'Ancien Testament, parce que les auteurs des livres historiques 


étaient appelés prophétes par les Juifs. 


RO nd 


LE 


SAINT EVANGILE DE JÉSUS-CHRIST 


SELON SAINT JEAN 


——— ——o0005€009o—— 


INTRODUCTION 


La tradition est unanime à attribuer le quatriéme Evangile à l'apótre S. Jean. 
Tous les Péres qui parlent de l'auteur de cet évangile désignent S. Jean. ll en 
est de méme des manuscrits et des canons, à commencer par celui de Muratori. 
S. Théophile, septiéme évéque d'Antioche (t 180), S. Irénée ( 202), Clément 
d'Alexandrie (+ 217), Tertullien (190) nomment sans hésitation l'Apótre bien- 
aimé. S. Irénée nous apprend qu'il composa ce livre à Ephèse, où il vécut 
jusqu'au règne de Trajan (98-117). Suivant S. Jérôme, il fut le dernier des 
écrivains sacrés, et il se mit à l’œuvre au retour de Patmos, à la prière des 
pasteurs et des fidèles de l'Asie-Mineure. Il avait 90 ans suivant S. Épiphane, et 
probablement davantage. 

Dés le milieu du second siécle, cinquante ans aprés sa publication, le qua- 
trième évangile était partout connu comme l’œuvre de S. Jean. 

Le témoignage de la tradition se trouve confirmé de tout point par les carac- 
téres de l'ouvrage. Il suffit de l'étudier avec attention pour se convaincre qu'il 
a paru aprés les trois autres, sur la fin du premier siècle, que celui qui l'a 
écrit, bien qu'il vécüt parmi les Gentils, était né en Judée, qu'il avait été 
témoin des faits qu'il rapporte, et qu'il faisait partie du collége apostolique, 
enfin qu'il ne saurait étre que S. Jean. 

1* Cet évangile a été composé après les trois synoptiques. — 11 en révèle l'exis- 
tence de deux manières : par son silence sur certains points et ses allusions sur 
d’autres. — 1° D'abord son silence le suppose. Quoiqu'il sache trés bien la durée 
de la prédication du Sauveur et qu'il en distingue les années par l'indication des 
solennités pascales, les faits qu'il rapporte ne remplissent qu'une petite partie 
de ce temps. On voit qu'i! se tient dispensé de tout dire ou plutót qu'il ne 
cherche qu'à suppléer aux omissions des synoptiques relativement au but qu'il 
se propose. Aussi est-il trés bref sur le ministére du Sauveur en Galilée, et 
passe-t-il sous silence des périodes entiéres de son ministére, tandis qu'il rap- 
porte longuement ses voyages à Jérusalem à l'époque des principales fêtes. 
Aussi, quoiqu'il ait en vue d'établir la divinité de Jésus-Christ, quoiqu'il en 


2538 L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


donne pour preuve ses miracles et qu'il les suppose trés nombreux, il se borne 
à en décrire un petit nombre, sept seulement, la plupart passés sous silence par 
ses devanciers. Il omet la délivrance des possédés, la déclaration du Pére éter- 
nel au Jourdain et au Thabor, l'adjuration du grand-prétre, la prophétie sur 
Jérusalem, etc. — 2° Il fait plusieurs fois allusion aux autres évangélistes. Par 
exemple, au chapitre r, il met sur les lèvres de Jean-Baptiste ces paroles : « J'ai 
vu l'Esprit-Saint descendre sur la téte du Sauveur. » Or, ce fait n'est connu que 
par S. Matthieu et S. Luc. Au chapitre 11, aprés avoir dit que Jean-Baptiste et 
Notre Seigneur baptisaient en méme temps, il fait observer que le Précurseur 
n'était pas encore incarcéré : or l'emprisonnement de Jean-Baptiste n'est rap- 
porté que par les synoptiques, et l'observation faite en cet endroit ne parait 
avoir d'autre fin que d'écarter l'idée, qui pourrait venir en les lisant, que le 
ministère de S. Jean a fini aussitôt qu'a commencé celui du Sauveur. Au cha- 
pitre xr, il dit que Lazare était de Béthanie, bourg de Marie et de Marthe. Or, 
il n'a pas encore parlé de ces deux scurs, et elles ne peuvent étre connues du 
lecteur que par d'autres récits. Au chapitre xvur, les premiers versets semblent 
renvoyer aux synoptiques pour la scène de l'agonie, et le trente-deuxième 
rappelle expressément une prédiction qui n'est rapportée que par eux. Il parle 
des douze, en divers endroits, comme d'une société bien connue, sans en men- 
tionner l'origine nulle part; seulement, on voit qu'il entend par là ceux que les 
synoptiques placent dans le canon des Apótres. Enfin on peut remarquer que 
dans tout son récit, il est attentif à deux choses : à ne pas redire ce que les 
autres ont dit, ou bien à les confirmer et à les compléter par de nouveaux 
détails. Ainsi il ne répétera pas le récit de l'institution de l'Eucharistie; mais il 
rapportera la promesse que Notre Seigneur en avait faite, aprés la multiplica- 
tion des pains. Il passera sous silence la naissance du Sauveur à Bethléem, la 
confession de S. Pierre à Césarée, les paroles du Pére éternel au Jourdain et au 
Thabor, la résurrection de la fille de Jaire et du fils de la veuve de Naim, l'en- 
trée triomphante du Sauveur à Jérusalem et l'application qu'il se fait de la 
figure de Jonas; mais il mentionnera la croyance oü l'on était sur le lieu oü le 
Messie devait naitre, le nom de Céphas imposé à S. Pierre, la mission que son 
Maitre lui donne de paitre les agneaux el les brebis, la promesse qu'il fait de 
relever en trois jours le temple de son corps, la résurrection de Lazare qui 
donne lieu au triomphe du Fils de Dieu, la voix du Pére éternel s'engageant à 
le glorifier. C'est ainsi que nos évangiles, loin de se combattre, s'expliquent et 
se soutiennent les uns les autres. 

20 JI a écrit vers la fin du premier siècle. — 15 En effet, 11 suppose que tout est 
changé à Jérusalem et dans la Judée. Quand il parle des ennemis du Sauveur, 
il ne dit pas le peuple ou la foule, mais les Juifs, comme pour rappeler un 
peuple qui a perdu sa nationalité et auquel il a cessé d'appartenir. Il dit la 
Páque des Juifs, comme s'il en connaissait déjà une autre, et il nomme les 
chrétiens, les frères, sans crainte d'équivoque. — 2* 1] rappelle les principales 
prophéties dont on vit l'accomplissement dans la derniére partie du premier 
676016 : le martyre de S. Pierre; la réprobation des Juifs; la vocation des Gen- 
tils; l'universalité du christianisme. Sur tous ces points il est plus exprés que 
S. Paul lui-méme, et nul n'est plus attentif à montrer comment les Juifs ont 
mérité leur malheureux sort. — 3? Le style de cet évangile et ses analogies 
avec celui des trois épitres qui portent le nom de S. Jean donnent lieu de pen: 


INTRODUCTION. 


ser qu'il est de la même époque, ou que S. Jean l'a écrit lorsqu'il était déjà 
d'un âge fort avancé: Déjà le bruit courait qu'il ne mourrait pas. Déjà l'on 
voyait s'accomplir les prédictions de S, Paul à Milet : on commençait à parler 
d'Antechrist, les mots Verbe, vie, lumières, ténèbres, devenaient familiers aux 
Gnostiques, et l'on voyait se propager les erreurs que l'évangile réfute. 

3° L'auteur vivait parmi les Gentils ei il écrivait pour eux. — De là plusieurs 
particularités, qu'on chercherait en vain dans le premier évangile. Ainsi il a 
soin de traduire en grec tous les noms hébreux qu'il emploie. Il dit la mer de 
Galilée, la méme que celle de Tibériade. 11 donne un grand nombre de détails 
géographiques qui eussent été superflus, s'il s'était adressé à des habitants de 
la Judée. Quand il parle des Juifs, il entend, non les vrais Israélites, ni méme 
simplement les habitants de la Palestine, mais les ennemis du Sauveur, les 
aveugles volontaires qui ont refusé de le reconnaitre pour le Messie et qui l'ont 
fait attacher à la croix. Enfin il a soin de relever, dans les discours ou dans la 
vie de Notre Seigueur, tout ce qui a trait aux Gentils et qui est de nature à leur 
donner confiance. 

4° Il était Hébreu d'origine. — C'est ce que prouvent : 1? Les idiotismes de son 
langage. Quoique le dernier évangile ait moins d'hébraismes que l'Apocalypse, 
il en contient pourtant un grand nombre. Citons : Amen, amen, qui revient vingt- 
cinq fois et qu'on ne trouve ainsi redoublé que chez lui; « se réjouir de joie, les fils 
de perdition, etc., » et les passages de l'Ancien Testament cités assez librement, 
mais d’après l'original. — 2° Le caractère profondément hébraïque de sa com- 
position. On peut remarquer l'uniformité des phrases, l'emploi fréquent du pa- 
rallélisme, l'absence de toute période, des séries de propositions juxtaposées à 
la suite l'une de l'autre, sans coordination, sans liaison exprimée, ou qui ne se 
lient que par un mot commun, parfois des phrases répétées comme des refrains, 
certaines irrégularités dans la construction, les sens les plus inusités donnés aux 
particules. Pour toutes conjonctions et et donc. Et est mis pour mais, pour car, 
pour c'est pourquoi, pour ainsi, pour comme, pour c'est-à-dire, etc. — 3° La foi 
religieuse, les idées, les sentiments, les images dont l'àme de l'écrivain est rem- 
plie. On sent que l'auteur a été élevé dans l'attente du Messie et dans la médita- 
tion de l'Ancien Testament. Les figures de la Loi et les oracles des prophètes 
abondent, comme dans l'Apocalypse. Le Sauveur est le vrai temple, le serpent 
d'airain, la manne du désert, l'Agneau pascal, etc. 

5° [L avait habité la Palestine. — C'est ce que prouve la connaissance qu'il a 
de la langue hébraïque, presque étrangère aux Israélites de la dispersion, jointe 
à celle qu'il montre dela topographie et des usages de la Terre Sainte. La Ga- 
lilée, les bords du lac de Génésareth, son étendue, l'existence simultanée de 
deux localités du nom de Cana et de Bethsaide, l'élévation relative de Cana et 
de Capharnaüm lui sont connus. Il connait également la Judée et la Samarie. 
וז‎ dit la distance de Jérusalem à Béthanie. Il indique avec précision la vallée de 
Cédron et le jardin de Gethsémani, l'étang de Siloé, la porte des brebis, les tra- 
vaux faits dans le temple, le gazophylacium, le portique de Salomon, le Pré- 
toire et le Golgotha. En fait de mœurs, il sait les sentiments des Juifs à l'égard 
des Samaritains et des infidèles, l'opposition et le caractère des partis qui divi- 
saient la nation, le mépris des pharisiens pour la multitude ignorante, les 
usages introduits par la conquéte et la domination romaines, l'usage des ablu- 
tions chez ses compatriotes, celui des excommunications dans la synagogue, etc. 


2940 L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


6° 1} faisait partie du collège apostolique. — En effet : — 19 Il se donne pour 
témoin des faits qu'il retrace, et l'on ne saurait douter qu'il ne le fût, quand οὗ 
considère la fraicheur de ses tableaux, la vivacité de ses traits, la précision dt 
tous les détails. Nul ne caractérise mieux les scènes et les acteurs; nul n'im 
dique avec plus de détails les circonstances de temps, de lieux, de nombre 
Tous les portraits sont vivants; tous les faits localisés. Telle parole fut dite & 
Béthanie, à Ennon ou sur les bords du Jourdain, telle autre auprès du puits 
de Jacob. Telle discussion eut lieu sous le portique de Salomon, à cause de la 
rigueur de la saison. Pour plusieurs incidents, il indique l'heure de la jour- 
née. Si ces remarques sont vraies, elles ne peuvent venir que d'un témoin 
oculaire. Or, elles sont d'autant moins suspectes qu'elles étaient indifférentes 
au but de l'auteur et qu'elles eussent compromis son succès, si l'on eût pu les 
trouver fausses. — 2° Il parait se donner positivement pour Apótre. C'est ce 
qui semble résulter des détails minutieux oü il entre sur la vie intime du Sau- 
veur, sur ses rapports secrets avec ceux qui lui sont le plus unis, sur ses dispo- 
sitions personnelles. Depuis les premiers jours de sa prédication, jusqu'aux der- 
niers moments de son séjour sur la terre, rien de ce que le divin Maitre a dit 
ou fait ici-bas n'a échappé à ses regards. Il rapporte de préférence les incidents 
les plus secrets, ses paroles à André, à Nathanael, à la Samaritaine; ses 
avis à Judas, ses prières à son Père, ses confidences de la dernière Cène, etc. 
Comment eût-il connu tous ces détails, s'il n'avait vécu dans l'intimité du 
Sauveur, avec ses plus familiers amis ? 

79 Enfin, il ne peut. étre que l'auteur de l'Apocalypse et de l'Epitre calholique, 
dite ad Parthos, le second des fils de Zébédée, le disciple bien-aimé, le fils adoptif de 
Marie, en un mot l'apótre de S. Jean. 

4° Tout le monde convient aujourd'hui de l'authenticité de l'Apocalypse, et 
jamais on n'a mis en doute celle de la premiére Epitre attribuée à S. Jean. Or, 
il y a entre ces écrits et le quatriéme évangile des rapports aussi nombreux que 
frappants. On trouve dans chacun les mêmes préoccupations, les memes ten- 
dances dogmatiques et polémiques. Le style présente les mêmes caractères, la 
méme naiveté unie à la méme élévation et à la méme profondeur. C'est le méme 
langage au fond, sauf, dans l'Apocalypse, plus de poésie et des irrégularités 
plus nombreuses. 

20 Si l'évangéliste est un des fils de Zébédée, c'est le second, sans aucun 
doute, le premier ayant été mis à mort avant la dispersion des Apótres. Or, il 
ne parait pas douteux que l'auteur du quatriéme évangile n'eüt cette qualité, 
Ce qui le prouve, c’est surtout le silence qu'il garde sur ces deux frères. Quoi- 
qu'ils aient dû intervenir bien des fois dans les scènes qu'il retrace, comme 
étant des amis privilégiés du Sauveur, quoiqu'ils tiennent une place si considé- 
rable dans l'Evangile et dans les Actes, jamais il ne les signale dans ses récits. 
Il ne nomme pas méme leur mère parmi les personnes qui assistérent au cruci- 
fiement, bien que nous soyons assurés de sa présence par les synoptiques. Une 
fois seulement il mentionne les enfants de Zébédée; mais c'est au dernier cha- 
pitre, dans une sorte d'appendice; et il ne les met pas à la téte des apótres, 
comme ils sont toujours ailleurs, mais au dernier rang, entre les apôtres et de 
simples disciples. Comment expliquer cette particularité? Elle ne peut avoir 
pour cause, ce semble, que la modestie de l'auteur, qui veut imiter celle de son 
Maitre el s'effacer autant qu'il lui est possible. 


INTRODUCTION. 25/1 


3° On peut par le même procédé dégager plus directement encore du récit 
évangélique la personnalité de S. Jean. En effet, son nom ne parait nulle part. 
Dans les endroits où l'on croit devoir le trouver, on lit : un disciple, l'autre dis- 
ciple, celui qui a vu le fait de ses yeux. Non seulement il évite de mêler le nom 
de S. Jean à ceux des apótres, il semble méme oublier qu'on le lui donne; car 
toutes les fois qu'il parle du Précurseur, il l'appelle simplement Jean, sans 
ajouter à ce nom, comme les synoptiques, comme Josèphe lui-même, le titre 
qui le caractérise, le Baptiste, singularité d'autant plus remarquable que cet 
évangéliste a coutume de désigner ses personnages de la manière la plus pré- 
cise : Thomas Didyme, Céphas qu'on appelle Pierre, Judas non l'Iscariote, Nico- 
dème qui vint à Jésus la nuit. La raison de cette différence est la méme que 
nous avons indiquée plus haut. Ce n'est pas que l'évangéliste avait connu le 
Précurseur avaut qu'on lui donnàt ce surnom; car 5. Matthieu ne l'avait-il pas 
aussi connu à la méme époque? C'est que tandis que les synoptiques croient 
devoir distinguer Jean-Baptiste de Jean l'Apótre, lui n'a pas cette idée : il n'ima- 
gine pas que personne puisse confondre avec lui, ou seulement rapprocher de 
sa personne, l'illustre précurseur du Messie. 

4° Un dernier indice, plus convaincant encore, c'est l'amour tendre, délicat, 
religieux, qui respire dans cet évangile pour Jésus et pour Marie. Il suffit de 
lire le récit du miracle de Cana, celui de la résurrection de Lazare ou de la der- 
niére Cène, et surtout lentrevue supréme du Sauveur et de sa mère, au Cal- 
vaire, pour reconnaitre l'affection pieuse, émue, reconnaissante de l'Apótre 
bien-aimé et de l'enfant adoptif. C'est bien lui qui a dû nous transmettre ces 
touchants détails. Lui seul devait y attacher cette importance, les recucillir 
avec cette sollicitude et nous les transmettre avec cette fidélité. 

Ainsi l'étude du quatriéme évangile confirme pleinement le témoignage de la 
tradition. Il ne faut donc pas s'étonner si nos rationalistes n'osent plus en nier 
ouvertement l'authenticité, s'ils se réduisent à dire que les disciples de S. Jean 
ont pu l'écrire quelques années aprés sa mort, une trentaine d'années au plus. 
Ewald, plus décidé dans son langage dit qu'il faut avoir perdu l'esprit pour en 
contester la propriété à celui dont il porte le nom. 

Plusieurs Péres ont dit que le premier dessein de S. Jean a été de combler 
une lacune des synoptiques, en relracant la partie de la prédication du Sauveur 
qui ἃ précédé l'emprisonnement de son Précurseur, et en mettant en relief le 
côté spirituel et mystique de sa vie et de sa doctrine. Mais si l'on étudie l'évan- 
gile méme, on sera convaincu que la principale intention de l’auteur a élé de 
venger la personne du divin Maitre des attaques des premiers hérétiques, ou 
plutót de fortifier la foi des chrétiens à l'égard des dogmes contestés à cette 
époque, la divinité de Jésus-Christ, son union substantielle avec son Père et 
celle qu'il veut avoir avec nous par son esprit et par sa grâce. L'évangéliste l’af- 
firme lui-méme expressément : « Ceci a été écrit afin que vous croyiez que Jésus 
est le Christ, le Fils de Dieu, et afin que croyant, vous ayez la vie en son nom. » 

Il n'avait pas besoin, pour arriver à son but, d'écrire l'histoire du Sauveur en 
entier, ni de reproduire tout son enseignement. Aussi fait-il un choix et s'at- 
tache-t-il de préférence à ce que les autres ont omis. Les discours qu'il rapporte 
sont ceux oü le divin Maitre atteste sa dignité de Fils de Dieu, et l'union que 
ses membres doivent avoir avec lui; les miracles qu'il retrace, ceux ou 
paraissent avec le plus d'éclat ses perfections et ses desseins. Les autres faits sont 


9542 L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 

en petit nombre et destinés presque uniquement à lier ensemble les discours et 
les miracles, et à faire des uns et des autres une démonstration lumineuse du 
christianisme. Divinité du Sauveur, rédemption des âmes par la vertu de son 
sang, adoption des fidéles comme enfants de Dieu, justification intérieure par 
la grâce, à la seule condition d'une foi sincère et pratique : tels sont les dogmes 
auquels il s'attache et sur lesquels il s'efforce d'affermir la foi du lecteur. Tous 
les récits comme tous les discours se rapportent là. Croire à Jésus-Christ 
comme au Messie et au Fils de Dieu, croire à sa nature divine, à sa puissance, 
à sa charité, à sa résurrection : voilà le but constant et la conclusion inévitable 
de tous les chapitres. 

Quelles que soient les limites dans lesquelles il se resserre et les lacunes que 
présente son récit, l’œuvre répond au dessein de l'auteur. Il est difficile de trou- 
ver un livre qui offre plus d'unité, une marche plus droite, un progrés plus 
constant, une cohésion plus étroite de toutes les parties. 

4° Dans un prologue aussi bref que sublime, l'évangéliste dit ce que le Verbe a 
toujours été dans l'éternité et ce qu'il a voulu devenir dans le temps. Lumière et 
vie par essence, connaissance et activité infinies, il s'est fait par l'Incarnation 
prineipe de foi et source de vie surnaturelle pour les àmes. Telle est la grande 
vérité, tel est le mystère dont l'ouvrage offre le développement et la preuve. 
L'auteur entre aussitót en matiére. Rien sur l'origine temporelle ni sur la jeu- 
nesse du Sauveur. Il commence par l'histoire de sa prédication. Les faits et les 
discours dont elle se compose sont en harmonie avec le programme de l'évan- 
géliste. Mais de cette révélation progressive du Verbe fait chair, résultent deux 
effets contraires : dans les àmes droites une foi qui devient de plus en plus 
ferme; dans les esprits prévenus et orgueilleux une hostilité toujours eroissante. 
Le Sauveur apparait comme source de vie à Cana, au puits de Jacob, dans la 
multiplication des pains, dans la guérison des malades, dans la résurrection des 
morts. Il s'annonce comme principe de lumière dans la guérison de l'aveugle-né, 
mais surtout dans son enseignement et dans ses révélations, lorsqu'il fait voir 
que rien ne lui est caché, lorsqu'il dit qu'il vient rendre témoignage de la vérité, 
qu'il est la Vérité méme, qu'il donnera son esprit à ses apôtres pour instruire le 
monde entier. L'opposition ne tardant pas à éclater, ses auditeurs se divisent 
en deux parlis contraires. Un certain nombre, destinés à former le noyau de 
son Eglise et à lui fournir des ministres, ouvrent leur cœur à ses paroles et se 
montrent dociles à ses enseignements. Les autres, les plus nombreux, ceux qui 
possèdent l'autorité et l'influence, ferment les yeux à la lumière et s'irritent 
contre le prédicateur. Le divin Maitre s'efforce de dissiper leurs ténébres et de 
désarmer leur hostilité : eux ne songent qu'à le prendre en défaut et à le con- 
vaincre d'erreur. C'est une lutte continuelle de la lumière contre les ténèbres, 
de la vie contre la mort. A la fin, leur malice toujours déjouée, éclate d'une 
manière terrible. Ils se décident à le mettre à mort : ils le crucifient. Mais son 
immolation devient son triomphe. En sortant vivant du tombeau, il confirme la 
foi de ses disciples et fonde inébranlablement son Eglise. 

2° La liaison des parties n'est pas moins parfaite que l'unité du but. Tous les 
faits rapportés dans l'évangile ont pour fin d'amener un discours, de symboli- 
ser une idée, de rendre une instruction plus frappante; tous les discours ont 
dans les faits un complément ou une traduction sensible; et par les uns comme 
par les autres, l'évangéliste tend à son but, en montrant comment la foi s'est 


INTRODUCTION. 2543 


établie au commencement dans les cœurs droits, et quels ont été la malice, 
l’obstination et le malheur de ceux qui sont restés incrédules. Aussi l’histoire 
et la doctrine sont-elles fondues ensemble d'une manière indissoluble, et l'on ne 
conçoit pas qu'on ait pu dire que les discours étaient des interpolations. 
« L'évangile de S. Jean est comme la robe sans couture du Sauveur, a dit 
Strauss lui-méme. Il n'y a pas moyen d'en rien détacher : il faut accepter tout 
comme authentique ou tout rejeter. » 

S. Jean a un langage qui le distingue des autres évangélistes. Les discours 
qu'il rapporte et les tableaux qu'il trace ont, pour la forme et pour le fond, un 
caractére particulier. 

Son vocabulaire n'est pas abondant. Les mémes termes reviennent sans cesse, 
parce que la doctrine roule constamment sur les mémes idées; mais tous 
ces termes saisissent l’âme, toutes ces idées l'élévent et la tiennent en présence 
des plus grandes et des plus saintes réalités. C'est Dieu, vérité absolue, dont 
l'éclat rayonne à travers les ténébres; c'est le Verbe, le Fils unique de Dieu, son 
expression parfaite, qui vient ici-bas pour faire connaître et honorer son Père, 
et à qui son Pére rend témoignage par la parole et par les ceuvres. Un certain 
nombre écoutent sa voix et ouvrent les yeux à sa lumiére. Ceux-là ayant en eux 
son esprit et sa vie, sont appelés à partager sa gloire. Mais la plupart refusent 
d'écouter ses enseignements et d'obéir à ses lois. Loin de devenir des enfants 
de Dieu comme les premiers, ils seront des enfants du démon; ils n'ont pas la 
vie en eux : ils n'arriveront pas à la gloire. Voilà ce qui est annoncé dés le pre- 
mier chapitre, 11 et 12, et qu'on ne cesse de voir et d'entendre dans tout le 
cours de l'Evangile. 

Il a des expressions qui lui sont propres, surtout pour rendre les rapports du 
Père avec le Fils et du Fils avec nous : Etre chez Dieu, être dans le Père, demeu- 
rer en Dieu, naître de Dieu, marcher dans la lumiere, dans les ténèbres, etc. Il dit 
le Père, le Fils, d'une manière absolue, Il ἃ des tournures qu'il affectionne et 
qu'il répète : En cela, cela est. Quant à ces métaphores si souvent employées, 
lumière, vie, ténèbres, mort, mensonge, on ne peut pas dire qu'elles lui soient 
propres ; car on les trouve aussi dans les prophétes, dans S. Paul et méme dans 
les synoptiques; mais elles se lisent à toutes les pages de son évangile. Comme 
elles étaient familières aux gnostiques qu'il avait à réfuter, c'était pour lui une 
nécessité d'y revenir souvent, en revendiquant pour l'Homme-Dieu et pour sa 
doctrine les perfections que ces hérétiques attribuaient aux créations fantas- 
tiques de leur imagination. 

Il aime les sentences bréves et détachées, il se plait à énoncer ses pensées 
simplement, à la suite l'une de l'autre, comme autant d'intuitions, sans con- 
jonctions ni pronoms relatifs, ce qui n'empéche pas qu'étant unies par le fond, 
elles ne produisent dans leur ensemble un grand effet. Au lieu de déduire, il 
affirme, ou plutôt il atteste ce qu'il voit ou ce qu'il a vu, et il se plait à répéter 
les mots et les pensées, comme les vieillards, dit Michaélis, qui ont recours à ce 
moyen pour graver leurs maximes dans les esprits. 

En fait de figures, il emploie souvent l'antithése, pour faire ressortir ses 
idées. Il oppose les lumières aux ténèbres, ceux qui sont nés de Dieu à ceux qui 
sont nés des hommes, Jésus-Christ à Moïse, la loi à la gráce, les fidèles aux incré- 
dules ; ou bien aprés avoir affirmé une chose, il nie la chose opposée. Il parait 
aimer aussi l'apposition, qui se formule par c'est-à-dire, à savoir. 


2544 L'EVANGILE SELON SAINT JEAN. 


Mais.ce qui caractérise S. Jean, c'est moins la forme extérieure du langage 
que le fond de la pensée. 

La simplicité, la naïveté, la négligence méme se joignent chez lui à une 
finesse, à une pénétration, à une profondeur, à une élévation sans égales. 

Tout ce qu'il décrit est sensible et vivant. On croirait assister aux scénes qu'il 
retrace et avoir sous les yeux les acteurs. Ses récits sont autant de drames, 
pleins de vérité et de mouvement. Il fait parler ses personnages, comme 
S. Marc, et quelques mots lui suffisent pour les faire connaitre. 

Avec le talent de peindre, au degré le plus éminent, S. Jean a le don d'éveil- 
ler la pensée et de s'énoncer d'une manière frappante. Il sait donner un corps 
aux choses les plus abstraites et faire apparaitre le monde idéal et surnaturel 
à travers les réalités de l'ordre naturel et terrestre. Chez lui, tous les tableaux 
sont des emblémes ; l'importance des faits qu'il rapporte est dans les idées qu'ils 
suggérent; le présent figure l'avenir; chaque mot renferme une prophétie, une 
lecon, un mystére. 

Autant il est profond dans ses symboles, autant est-il sublime dans ses con- 
ceptions. Nul n'a le regard aussi hardi et aussi sür. Tout ignorant qu'il est des 
choses de la terre, ce pécheur de Galilée, inspiré par l'Esprit-Saint, ne craint pas 
de traiter de celles du ciel. Il ne veut voir dans l'Homme-Dieu lui-méme que ce 
qu'il a de plus divin; et les vérités qu'il nous révèle suffisent pour éclairer la foi, 
nourrir l'espérance et animer la charité jusqu'à la fin des siècles. 

Vivacité, profondeur, sublimité, voilà, en résumé, ce qui distingue cet évan- 
gile, ce qui l'a fait appeler par les Saints Péres /'Evangile de l'Esprit, ce qui fait 
que les cœurs purs y trouvent tant de charmes. Il n'est pas de livre où la divi- 
nité du Verbe rayonne avec tant d'éclat. OEuvre merveilleuse, sans modéle 
comme sans égale, qui porte en elle la preuve de son inspiration et de sa véra- 
cité, et qu'on ne pouvait mieux caractériser que par cette figure d'aigle qu'on 
lui a donnée pour emblème. (L. Bacuez.) 


LE SAINT ÉVANGILE 


DE JÉSUS-CHRIST 


SELON 


SAINT JEAN 


2. C'est lui qui au commence- 
CHAPITRE PREMIER. ment était en Dieu. 

Divinité du Verbe. Mission de saint Jean- 3. Toutes choses ont été faites 
Baptiste. Incarnation du Verbe. Ré- | par lui; et sans lui rien n'a été 
ponse de saint Jean aux députés des | fait de ce qui a été fait 
Juifs. Autre témoignage de saint Jean. ה‎ PRES jg L 
Deux disciples de saint Jean vonttrou- | Ἔ- EN Jul était la vie, et la vie 
ver Jésus. André lui amène Pierre. Jé- | était la lumière des hommes; 

ii uS Philippe, qui lui améne Na- 5. Etla lumiere luit dans les té- 
POM nèbres, et les ténèbres ne l'ont 
1. Au commencement était le | pas comprise. 

Verbe, et le Verbe était en Dieu, 6. 11 y eut un homme envoyé 

et le Verbe était Dieu. de Dieu dont le nom était Jean. 


Cuar. I. 6. Matt., ,זוז‎ 1; Marc, 1, 2. 


1. Et le Verbe était en Dieu. Compar. xiv, 10 : Ne croyez-vous pas que je suis dans 
le Pére, et que le Pére est en moi? —* « Le choix de ce mot, Verbe, Logos, n'a pas été 
fait au hasard par S. Jean, ni d'une maniére arbitraire. Il parait lui avoir été révélé. 
Que le Fils de Dieu l'ait fait connaitre à S. Jean avant de sortir de ce monde, ou que 
la révélation en ait été faite à cet Apôtre au moment où il écrivait l'évangile, c'est 
ce que rien ne détermine avec certitude; mais nous savons qu'à Patmos, S. Jean 
recut des assurances à cet égard : « Le nom dont on l'appelle est le Verbe de Dieu, » 
lisons-nous daus l'Apocalypse. Certains passages de l'Ancien Testament pouvaient 
suffire pour en suggérer l'idée. Dans ces textes, la création est attribuée au Verbe 
ou à la parole de Dieu. Ce Verbe est personnel. Il s'identifie avec la Sagesse et avec 
l'Ange de Dieu. Quoi d'étonnant quau temps du Sauveur ce mot füt employé chez 
les Juifs pour désigner le Fils éternel de Dieu? S. Paul parait sanctionner cet usage, 
aussi bien que S. Jean, en parlant de /a parole de Dieu vivante et agissante, qui 
discerne les pensées de l'esprit et les intentions du cœur. Aussi la difficulté pour l'évan- 
géliste n'était pas de faire reconnaitre aux Juifs qu'il y a en Dieu un Verbe personnel 
et tout-puissant, mais de les convaincre que Jésus était ce Verbe. D'ailleurs, la con- 
naissance de la doctrine révélée surles trois personnes divines étant donnée, le nom 
de Verbe ne devaitil pas s'offrir de lui-méme à l'esprit pour désigner la seconde ? 
Les rapports du Pére avec le Fils ont une analogie frappante avec ceux qui existent 
entre notre esprit et notre parole ou notre verbe. Il était naturel d'appeler le Fils 
de Dieu, la Parole du Pére. S. Jean n'avait donc pas d'emprunt à faire, ni à Platon 
(429-348), ni à Philon (T 55). Et que leur aurait-il emprunté? — Si Platon parle de 
Logos dans sa théorie de la création ou plutót de la disposition originelle des 


N. T. 160 


2546 

7. Celui-ci vint comme témoin 
pour rendre témoignage à la lu- 
mière, afin que tous crussent par 
lui; 

8. 11 n'était pas la lumière, mais 
il devait rendre témoignage à la 
. lumière. 

9. Celui-là était la vraie lumière, 
qui illumine tout homme venant 
en ce monde. 

10. 11 était dans le monde, et le 
monde a été fait par lui, et le 
monde ne l'a pas connu. - 

11.Il est venu chez lui, et les 
siens ne l'ont pas recu. 

19. Mais à tous ceux qui l'ont 
reçu, il a donné le pouvoir d'être 
faits enfants de Dieu; à ceux qui 
croient en son nom; 

13. Qui ne sont point nés du 
sang, ni de la volonté dela chair, 
ni de la volonté de l'homme, 
mais de Dieu. 

14. Et le Verbe a été fait chair, 
et il a habité parmi nous et nous 
avons vu 88 gloire comme 1a 
gloire qu'un fils unique recoit de 
son pere, plein de grâce et de vé- 
rité. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


(ca. 1.[ 

15. Jean rend témoignage de 
lui, et il crie, disant : Voici celui- 
ci dont j'ai dit : Celui qui doit ve- 
nir apres moi a été fait avant moi, 
parce qu'il était avant moi. 

16. Et nous avons tous reçu de 
sa plénitude, et gráce pour gráce; 

17. Car la loi a été donnée par 
Moïse, la grâce et la vérité sont 
venues par Jésus-Christ. 

18. Personne n’a jamais vu 
Dieu : le Fils unique qui est dans 
le sein du Père est celui qui l'a 
fait connaitre. 

19. Or voici le témoignage de 
Jean, lorsque les Juifs lui en- 
voyèrent deJérusalem des prêtres 
et des lévites pour lui demander: 
Qui es-tu? 

20. Car il confessa, et il ne le 
nia point; il confessa : Ce n'est 
pas moi qui suis le Christ. 

91. Et ils lui demandèrent : 
Quoi donc? Es-tu Elie? Et il dit : 


| Non. Es-tu le prophete? Et il ré- 


pondit : Non. 

22. Ils lui dirent done : Qui es- 
tu, afin que nous donnions une 
réponse à ceux qui nous ont en- 


9. Infra, πὶ, 19. — 10. Hébr., xr, ὃ. — 14. Matt., 1, 16; Luc, 11, 7. — 16. I Tim., vi, 17. 


— 18. I Tim., vi, 16; 1 Jean, iv, 12. 


choses, il donne à ce terme un sens fort différent de celui de S. Jean. Le Logos du 
philosophe grec n'est pas une personne, mais une abstraction, la raison de Dieu, 
réceptacle de toutes ses idées. Il n'a pas conscience de son existence. — Il en est 
de méme de celui de Philon, autant qu'on peut saisirla pensée de cet auteur, dans 
les nuages de ses allégories, Philon ne le nomme pas Dieu, le vrai Dieu; il ne 
lidentifie pas avec le Messie. Du reste, s'il avait une vraie connaissance du Verbe 
personnel, on devrait penser qu'il l'a puisée aussi dans la révélation, c'est-à-dire 
dans les écrits des prophétes et dans les traditions de leurs écoles. » (L. BACUEZ.) 

15. Parce qu'il était avant moi; puisque comme Verbe, il était de toute éternité. — 
D'autres traduisent : Parce qu'il était au-dessus de moi, bien plus que moi. 

19. * Le témoignage de Jean Baptiste. 

91. * Es-tu Elie? Et il dit: Non. > Dans un autre endroit (Matt., xt, 13-14), le Sei- 
gneur étant questionné par ses disciples sur la venue d'Elie, répondit : Elie est déjà 
venu, et si vous voulez le savoir, c'est Jean qui est Elie. Jean interrogé dit au con- 
traire : Je ne suis pas Elie... C'est que Jean était Elie par l'esprit qui l'animait, mais 
il n'était pas Elie en personne. Ce que le Seigneur dit de l'esprit d'Elie, Jean le nie 
de la personne. » (S. GRÉGOIRE-LE-GRAND.) 


[cn. 1.] 
voyés? Que dis-tu de toi-méme? 

93. Je suis, répondit-il, la voix 
de celui qui crie dans le désert : 
Redressez la voie du Seigneur, 
comme l'a dit le prophète Isaie. 

24. Or ceux qui avaient été 
envoyés étaient du nombre des 
pharisiens. 

95. Ils l'interrogèrent encore et 
lui dirent : Pourquoi donc bap- 
tises-tu, si tu n'es ni le Christ, ni 
Elie, ni le prophete? 

96. Jean leur répondit, disant : 
Moi je baptise dans l'eau, mais il 
y a au milieu de vous quelqu'un 
que vous ne connaissez point. 

27. C’est lui qui doit venir après 
moi, qui a été fait avant moi; je 
ne suis même pas digne de délier 
la courroie de sa chaussure. 

98. Ceci se passa en Béthanie, 
au delà du Jourdain oü Jean bap- 
tisait. 

29. Le jour suivant Jean vit 
Jésus venant à lui, et il dit: Voici 
lagneau de Dieu, voici celui qui 
óte le péché du monde. 

30. C'est celui de qui j'ai dit : 
Après moi vient un homme qui ἃ 
été fait avant moi, parce quil 
était avant moi; 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2547 


91. Et moi je ne le connaissais 
pas; mais c'est pour qu'il füt ma- 
nifesté en Israél, que je suis venu 
baptisant dans l'eau. 

32. Jean rendit encore témoi- 
gnage, disant : J'ai vu l'Esprit 
descendant sur lui en forme de 
colombe, et il s'est reposé sur 
lui. 

33. Et moi je ne le connaissais 
pas; mais celui qui m'a envoyé 
baptiser dans l'eau m'a dit : Ce- 
lui sur qui tu verras l'Esprit des- 
cendre et se reposer, c'est celui- 
làquibaptisera dansl Esprit-Saint. 

34. Et je l'ai vu, et j'ai rendu 
témoignage que c'est lui qui est 
le Fils de Dieu. 

99. Le jour suivant, Jean se 
trouvait de nouveau avec deux 
de ses disciples. 

96. Et regardant Jésus qui se 
promenait, il dit : Voilà l'agneau 
de Dieu. 

31. Les deux disciples l'enten- 
dirent parler ainsi, etils suivirent 
Jésus. 

38. Or Jésus s'étant retourné 
et les voyant qui le suivaient, 
leur dit : Que cherchez-vous? Ils 
lui répondirent : Rabbi (ce qui 


23. Isaie, xr, 3; Matt., 11, 35; Marc, 1, 3; Luc, 11, 4. — 20. Matt., nr, 11. — 97. Marc, 
1, 7; Luc, nr, 16; Actes, 1, 5; ,א‎ 16; xix, 4. — 32. Matt., πὶ, 16; Marc, 1, 10; Luc, 


III, 22. 


23. * Dans le désert de Judée. Voir Matt., m, 1. 


21. Qui a été fait avant moi. Voy. au vers. 15. — Délier la courroie, etc. Voy. 
Matt., ur, 14. — * La courroie de sa chaussure, de ses sandales. Voir Marc, vi, 9. 

28. * Béthanie, sur la rive orientale du Jourdain, à un endroit où le fleuve était 
guéable et qui, d'aprés plusieurs, s'appelait Bethabara ou maison du passage. 

35. * Jean Baptiste avec deux de ses disciples, André et S. Jean l'Evangéliste. André 
est nommé au y. 40. S. Jean, par humilité, ne se nomme jamais par son nom ni dans 
son Evangile ni dans ses Epitres, et quand il a besoin de parler de lui, il se désigne 
par une périphrase. 

38. * Rabbi, qui veut dire Maitre. C'est le titre que l'on donnait aux docteurs de la 
loi en Palestine et nous voyons par S. Jean, qui répéte ce titre huit fois dans son 
Evangile, que c'était celui que les Apótres donnaientà Jésus. S. Matthieu et S. Marc 
ont rarement conservé le mot sémitique Rabbi: ces deux évangélistes ont ordinai- 
rement, et S. Luc a toujours traduit la signification de ce mot : Maitre, 


2548 
veut dire, par interprétation, 
Maître), où demeurez-vous? 

39. Il leur dit : Venez et voyez. 
Ils vinrent, et virent où il demeu- 
rait, et ils restèrent avec lui ce 
jour-là : or, il était environ la 
dixième heure, 

40. Or André, frère de Simon- 
Pierre, était un des deux qui 
avaient entendu de Jean ce témoi- 
gnage, et qui avaient suivi Jésus. 

41. Or il rencontra d'abord son 
frere Simon, et lui dit : Nous 
avons trouvé le Messie (ce qu'on 
interprete par le Christ). 

49. Et il 'amena à Jésus. Et Jé- 
sus l'ayant regardé, dit : Tu es 
Simon, fils de Jona; tu seras ap- 
pelé Géphas, ce qu'on interprète 
par Pierre. 

43. Le lendemain, Jésus voulut 
aller en Galilée;iltrouva Philippe 
et lui dit : Suis-moi. 

44. Or Philippe était de Beth- 
saide, de la méme ville qu'André 
et Pierre. 

45. Philippe trouva Nathanaél, 
et lui dit : Nous avons trouvé ce- 
lui de qui Moise a écrit dans la loi 
et ensuite les prophètes, Jésus, 
fils de Joseph de Nazareth. 

46. Et Nathanael lui demanda : 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


(cu. a.) 


Peut-il venir de Nazareth quelque 
chose de bon? Philippe lui répon- 
dit : Viens et vois. 

47. Jésus vit venir à lui Natha- 
naél. et il dit de lui : Voici vrai- 
ment un Israélite en qui il n'y a 
point d'artifice. 

48. Nathanael lui demanda : 
D'où me connaissez-vous? Jésus 
répondit et lui dit : Avant que 
Philippe l'appelát, lorsque tu étais 
sous le figuier, je t'ai vu. 

49. Nathanaél lui répondit et 
dit : Rabbi, vous étes le Fils de 
Dieu, vous êtes le roi d'Israël. 

50. Jésus répliqua et lui dit : 
Parce que je t'ai dit : Je t'ai vu 
sous le figuier, tu crois; tu verras 
de plus grandes choses. 

51. Lt il ajouta : En vérité, en 
vérité, je vousle dis, vous verrez 
le ciel ouvert et les anges de Dieu 
montant et descendant sur le Fils 
de l'homme. 


CHAPITRE II. 


Noces de Cana. Changement de l'eau en 
vin. Vendeurs chassés du temple. Jésus 
annonce sa résurrection. Beaucoup 
croient en lui, mais il ne se fie pas à 
eux. 


1. Trois jours apres, il se fit des 


45. Genèse, xuix, 10; Deut., xvnr, 18; Isaie, xr, 10; xrv, 8; Jér., xxim, 5; Ezéch., 


xxxIv, 23; xxxvii, 24; Dan., 1x, 24, 25. 


39. La dixième heure; c'est-à-dire environ quatre heures aprés midi. Voy. notre 
Abrégé d'introduction aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, p. 535, 536. 

43. * En Galilée. Voir la note 3 à la fin du volume. 

44. * Bethsaide de Galilée. Voir Matt., x1, 21. 

45. * Nathanaël, c'est-à-dire Dieudonné. On croit communément que c'est celui qui 
devint l'apótre S. Barthélemy, Nathanaél étant son nom propre et Barthélemy étant un 


surnom qui veut dire fils de Tolmai. 


48. * Sous le figuier. Le figuier peut atteindre une grande hauteur en Palestine et son 
feuillage serré et touffu produit une ombre trés épaisse. Les rabbins juifs allaient 
volontiers étudier la loi de Moise à l'ombre des figuiers. 


49. Rabbi; c'est-à-dire Maitre. 


1. * Cana en Galilée est célèbre non seulement par le miracle de l’eau changée en 
vin, mais aussi par un autre miracle raconté dans S. Jean, 1v, 46-54. C'est là 


[cg. 11] 


x 


noces à Cana en Galilée : et la 
mère de Jésus y était. 

9. Et Jésus aussi fut convié aux 
noces avec ses disciples. 

3. Or le vin manquant, la mère 
de Jésus lui dit : Ils n’ont pas de 
vin. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2549 
qu'importe à moi et à vous? Mon 
heure n'est pas encore venue. 

9. Sa mere dit à ceux qui ser- 
vaient : Tout ce qu'il vous dira, 
faites-le. 

6. Or il y avait 15 six urnes 
de pierre préparées pour la pu- 


4. Et Jésus lui dit : Femme, | rification des Juifs, contenant 


qu'était né Nathanaél, Jean, xxr, 2. — « Aujourd'hui la Cana évangélique s'appelle 
Kafr-Kenna, sur le chemin de Nazareth à Tibériade. Les chrétiens y ont une église 
bátie des débris d'une autre plus magnifique, changée plus tard en mosquée et 
détruite aujourd'hui. On y [montre] deux des hydries dans lesquelles l'eau fut 
changée en vin. Elles sont en calcaire compact du pays ct travaillées assez grossière- 
ment. Elles n'ont absolument aucune sculpture. Voici leurs dimensions : la grande 
urne, de forme plus arrondie, a 1 m. 20 centim. sur 80 centim.; la seconde, plus allon- 
gée, a 90 centim. sur 15. Chacune des hydries contenait, dit l'évangéliste, deux ou trois 
métrétes ; or cette mesure vaut près de 39 litres. La capacité des urnes de l'Evangile 
variait donc de 78 à 117 litres. Or la plus grande des urnes actuelles peut contenir 
100 litres et la plus petite 60 litres. Il y a done compléte coincidence. Elles ont été 
vues à la fin du vi? siècle par Antonin le Martyr. — On montre encore à Kenna les 
ruines de Ja maison de l'un des douze Apótres, Simon, [que plusieurs croient étre 
l'époux des noces de Cana]. — S. Jérôme nous apprend qu'il y a deux Cana. L'une 
du côté de Sidon, et celle-ci il l'appelle la Grande; l'autre, qu'il appelle la Petite. 
Aujourd'hui les Arabes appellent Kenna-el-Djalil la Cana voisine de la Phénicie. Or 
el-Djalil en arabe signifie la Grande. Cet accord du nom moderne avec le texte de 
S. Jérôme tranche la question. » (J. 11. Micuow.) 

4. Femme. Ce mot ne renfermait jamais chez les Hébreux une idée de mépris 
comme en français. Jésus attaché à la croix s'en sert, lorsqu'il recommande, de la 
manière la plus tendre, sa mère à son disciple bien aimé. Les Romains et les Grecs 
donnaient le titre de femme à des princesses et à des reines, en leur adressant la 
parole. — * > Plusieurs traduisent, sur le latin : > Que nous importe àl'un et à l'autre? » 
Mais la plupart entendent ces mots autrement: > Qu’avons-nous à faire ou à con- 
certer ensemble? Laissez-moi la liberté que demande mon ministére. » Ce second 
sens parait mieux en harmonie avec l'acception de ces mots dans la Bible et avec 
l'esprit du quatrième évangile. Puisque S. Jean écrit pour prouver que Jésus-Christ 
estle Fils de Dieu, il doit plutót relever en lui un sentiment qui implique la con- 
science de sa divinité, qu'un autre où l'on verrait seulement un indice de sa nature 
humaine. « Un miracle, semble-t-il dire à sa Mère, est une œuvre toute divine : la 
chair et le sang n'y doivent avoir aucune part. C'est comme homme que je suis votre 
fils; c'est comme Dieu que je dois agir en ce moment. » En parlant ainsi, Notre 
Seigneur ne fait que répéter ce qu'il a déjà dit, en sortant du temple: que la volonté 
de son Père était la seule règle qu'il eût à suivre dans l'exercice de son ministère. 
Du reste, il n'y a dans ces paroles aucun reproche ni aucun blàme pour Marie, qui 
partage les sentiments de son Fils et qui entre dans sa pensée; mais pour ceux qui 
l'entendaient, pour les Apótres surtout, il y a une instruction importante: c'est que 
le Sauveur n'est pas avec sa Mére dans les mémes rapports qu'un enfant ordinaire ; 
c'est que, dans l'exercice de leur ministère, les ministres de Dieu ne doivent avoir 
aucun égard aux inspirations de la chair et du sang. — Quant au mot : « Femme, » 
c'est en hébreu comme en grec une appellation respectueuse, qui n'a rien de dur ni 
de dédaigneux. Sans exclure la tendresse filiale, clle réserve au Sauveur l'indépen- 
dance que son œuvre réclame. Il n'en emploiera pas d'autre quand il cherchera à 
consoler sa Mère au Calvaire, ni lorsqu'il se révélera à Madeleine, après sa résur- 
rection. » (L. BAcuEz.) 

6. * Deux ou trois mesures, dans l'original, melrelas. La metreta était là méme 
chose que le bath, lequel avait une capacité de 38 litres 88, — Pour la purification des 
Juifs, parce qu'ils se lavaient pour se purilier avant et aprés le repas. 


9550 


chacune deux ou trois mesures. 

1. Jésus leur dit : Emplissez les 
urnes d'eau. Et ils les emplirent 
jusqu'au haut. 

8. Alors Jésus leur dit : Puisez 
maintenant, et portez-en au 
maitre d'hótel; et ils lui en por- 
terent. 

9. Sitót que le maitre d'hótel 
eut goüté l'eau changée en vin 
(et il ne savait d’où ce vin venait, 
mais les serviteurs qui avaient 
puisé l'eau le savaient), le maitre 
d'hótel donc appela l'époux, 

10. Et lui dit : Tout homme 
sert d'abord le bon vin, et aprés 
qu'on ἃ beaucoup bu, celui qui 
vaut moins; mais toi, tu as 
gardé le bon vin jusqu'à cette 
heure. 

11. C'est là le commencement 
des miracles que fit Jésus à Cana 
de Galilée; et c'est ainsi qu'il ma- 
nifesta sa gloire et que ses dis- 
ciples crurent en lui. 

19. Après cela il descendit à 
Capharnaüm avec sa mère, ses 
frères et ses disciples; mais ils y 
demeurerent peu de jours. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


[cu. 11] 

13. Car la Páque des Juifs était 
proche, et Jésus monta à Jérusa- 
lem; 

14. Et il trouva dans le temple 
les vendeurs de bœufs, de brebis 
et de colombes, et les changeurs 
assis ὦ leurs tables. 

15. Et ayant faitcomme un fouet 
avec des cordes, il les chassa tous 
du temple avec les brebis et les 
bœufs, répandit l'argent des chan- 
geurs et renversa leurs tables. 

16. Et à ceux qui vendaient les 
colombes, il dit : Emportez cela 
d'ici, et ne faites pas de la maison 
de mon Père une maison de tra- 
fic. 

17. Or ses disciples se ressou- 
vinrent qu'il était écrit : Le zèle 
de votre maison me dévore. 

18. Les Juifs donc prenant la 
parole, lui dirent : Par quel signe 
nous montres-tu que tu peux faire 
ces choses? 

19. Jésus répondit et leur dit : 
Détruisez ce temple et je le relè- 
verai en trois jours. 

20. Mais les Juifs repartirent : 
On a mis quarante-six ans à bátir 


CnmaP. 1]. 17. Ps. Lxvur, 10. — 19. Matt., xxvi, 61; xxvm, 40; Marc, xiv, 58; 


xv, 29. 


8. * Le maitre d'hótel est appelé dans l'original architriclin, mot qu'on ἃ francisé 
et qui vient d'arché, commandement, et de ériclinion, lit où l'on se couchait pour 
prendre ses repas. L'architriclin était l'intendant du festin, il était chargé de tout 


surveiller et de tout diriger. 


19. Ses frères; c'est-à-dire ses parents. Voy. Matt., וא‎ 46. — * À Capharnaüm. 


Voir Matt., 1v, 13. 


13. * La Páque des Juifs. Voir Matt., xxvi, 2. 
14. * Et il trouva dans le temple, etc. Voir Matt., xxr, 12. 


19. Le Sauveur répond aux Juifs d'une maniere énigmatique, parce qu'il connaît 
leur incrédulité et la malice de leur cœur. — " Ce temple, en grec naos. Voir note sur 
Matt., xxr, 12 et xxvn, 40. 

20. * On a mis quarante-six ans. Hérode-le-Grand fit rebâtir et embellir le temple 
de Jérusalem, vers l'an 20 avant J.-C. Le temple proprement dit fut achevé en un an 
et demi et les bâtiments accessoires en huit ans, mais la décoration n'en fut achevée 
que l'an 64 de notre ére, c'est-à-dire plusieurs années aprés la mort de J.-C. Les 
Juifs disent à Notre Seigneur qu'il y a 46 ans qu'on travaille au temple, sans prétendre 
par là que tout est terminé. 


[cu. [.זוז‎ 


ce temple; et toi, tu le relèveras 
en trois jours? 

91. Mais Jésus parlait du temple 
de son corps. 

22. Lors donc qu'il fut ressuscité 
d'entre les morts, ses disciples se 
ressouvinrent qu'il avait dit cela, 
et ils crurent à l'Ecriture et à la 
parole qu'avait dite Jésus. 

25. Or lorsque Jésus était à Jé- 
rusalem pendant la fête de Páque, 
beaucoup crurent en son nom, 
voyant les miracles qu'il faisait. 

24. Mais Jésus ne se fiait point 
à eux, parce qu'il les connaissait 
tous, 

95. Et qu'il n'avait pas besoin 
que personne lui rendit témoi- 
gnage d'aucun homme, car il sa- 
vait par lui-méme ce qu'il y avait 
dans l'homme. 


CHAPITRE III. 


Nicodéme vient trouver Jésus-Christ; 
instruetions que Jésus lui donne. Le 
Fils de Dieu envoyé pouf sauver le 
monde. Celui qui ne croit pas en lui est 
condamné. Dispute entre les disciples 
de saint Jean et ceux de Jésus-Christ 
touchant le baptéme. Réponse de saint 
Jean à ses disciples. 


1. Or il y avait un homme par- 
miles pharisiens, nommé Nico- 
deme, un des chefs des Juifs. 

2. Get homme vint la nuit à 
Jésus, et lui dit : Maitre, nous 
savons que vous étes venu de 
Dieu pour enseigner; car nul ne 
pourrait faire les prodiges que 


22. Ps. rir, 6; 1.01, 9. — 03. III. 8. Ps 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


9551 
vous faites, si Dieu n'était avec 
lui. 

9. Jésus lui répondit et lui dit : 
En vérité, en vérité, je vous le 
dis, si quelqu'un ne nait de nou- 
veau, il ne peut voir le royaume 
de Dieu. 

4. Nicodème lui dit : Comment 
un homme peut-il naitre quand il 
est vieux? Peut-il rentrer dans le 
sein de sa mere, et naitre de nou- 
veau? 

9. Jésus répondit : En vérité, 
en vérité, je te le dis, si quel- 
qu'un ne renaît de l’eau et de 
l'Esprit-Saint, il ne peut entrer 
dans le royaume de Dieu. 

6. Ce qui est né de la chair est 
chair, et ce qui est né de l'esprit 
est esprit. 

7. Ne t'étonne point que je t'aie 
dit : Il faut que vous naissiez de 
nouveau. 

8. L'esprit souffle où il veut : 
tu entends sa voix, mais tu ne 
sais d'où elle vient ni où elle va: 
ainsi en est-il de quiconque est 
né de l'esprit. 

9. Nicodème répondit et lui dit : 
Comment cela se peut-il faire ? 

10. Jésus répondit et lui dit : 
Tu es maître en Israël, et tu 
ignores ces choses ? 

11. En vérité, en vérité, je te 
le dis, ce que nous savons, nous 
le disons, et ce que nous avons 
vu, nous lattestons, et vous ne 
recevez pas notre témoignage. 


ΟΣ Χ ΣΙΝ de 


1. Un des chefs des Juifs. Voy. vu, 50. — * Nicodème, un des chefs des Juifs, c'est- 
&-dire, membre du Sanhédrin. Le Talmud mentionne un Nicodéme, fils de Gorion, 
homme riche et pieux, qui est peut-étre le méme que celui dont parle S. Jean. 
D'après la tradition, Nicod!me se fit chrétien et fut banni du sanhédrin et de Jéru- 


ealem. 


8. * L'esprit. Dans l'original, le mot employé signifie esprit et vent. 


2552 
42. Si je vous dis les choses de 
la terre, et que vous ne croyiez 
point, comment croirez-vous, si 
je vous dis les choses du ciel? 

13. Car personne n'est monté 
au ciel que celui qui est descendu 
du ciel, le Fils de l'homme qui 
est dans le ciel. 

14. Et comme Moise a élevé le 
serpent dans le désert, il faut de 
méme que le Fils de l'homme soit 
élevé ; 

15. Afin que quiconque croit 
en lui ne périsse point, mais qu'il 
ait la vie éternelle. 

10. Car Dieu a tellement aimé 
le monde, qu'il a donné son Fils 
unique, afin que quiconque croit 
en lui ne périsse point, mais qu'il 
ait la vie éternelle. 

17. Car Dieu n’a pas envoyé 
son Fils dansle monde pour con- 
damner le monde, mais pour que 
le monde soit sauvé par lui. 

18. Qui croit en lui n'est point 
condamné, mais qui ne croit 
point est déjà condamné, parce 
quil ne croit pas au nom du Fils 
unique de Dieu. 

19. Or cette condamnation 
vient de ce que la lumiere a paru 
dans le monde, et que les 
hommes ont mieux aimé les té- 
nebres que la lumière, parce que 
leurs ceuvres étaient mauvaises. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


[cu. [.זזז‎ 


90. Car quiconque fait le mal 
hait la lumiere, et il ne vient 
point à la lumière, de peur que 
ses œuvres ne soient décou- 
vertes ; 

21. Mais celui qui accomplit la 
vérité vient à la lumière, afin que 
ses œuvres soient manifestées, 
parce qu'elles ont été faites en 
Dieu. 

22. Après cela, Jésus vint avec 
ses disciples dans la terre de Ju- 
dée, et il y demeurait avec eux, 
et il baptisait. 

93. Or Jean aussi baptisait à 
Ennon, pres de Salim, parce qu'il 
y avait là beaucoup d'eau et on y 
venait, et on y était baptisé. 

24. Car Jean n'avait pas encore 
été mis en prison. 

25. Or il s'éleva une ques- 
tion entre les disciples de Jean 
et les Juifs, touchant la purifica- 
tion. 

20. Et ceux-la étant venus vers 
Jean, lui dirent : Maitre, celui qui 
était avec vous au delà du Jour- 
dain, et à qui vous avez rendu 
témoignage, baptise maintenant, 
et toutle monde va à lui. 

97. Jean répondit et dit : 
L'homme ne peut rien recevoir, 
s'il ne lui a été donné du ciel. 

98. Vous m'étes témoins vous- 
mémes, que j'ai dit : Ce n'est pas 


14. Num., xxt, 9. — 16. I Jean, rv, 9. — 19. Supra, 1, 9. — 22. Infra, 1v, 1. — 26. Supra, 


1, 19. — 28. Supra, 1, 20. 


92. Et il baptisait, par les mains de ses apôtres, comme il est dit au chap. tv, 2. 

93. * Ennon > OEnon, dit S. Jérôme aprés Eusèbe, est un endroit qu'on montre 
encore aujourd'hui à 8 milles de Scythopolis, au sud, prés de Salim et du Jourdain. » 
Ennon, Aenon signifie sources — Sa/im, que l'Evangéliste mentionne pour fixer la 
situation d'Ennon, est malheureusement inconnu. On a trouvé un Salim à l'est et 
non loin de Naplouse (Samarie) et il y a là deux sources trés abondantes. On a dé- 
couvert un ouadi Selam ou Seleim, au nord-est de Jérusalem, à environ deux lieues, 
près del'ouadi Farah, où les sources abondent. 

94. * Mis en prison. Voir Matt., xiv, 3. 

25. * La purification, le baptéme de S. Jeau-Baptiste. 


[cu. 1v.] 
moi qui suis le Christ, mais j'ai 
été envoyé devant lui. 

29. Celui qui a l'épouse est l'é- 
poux; mais l'ami de l'époux, qui 
est présent et l'écoute, se réjouit 
de joie, à cause de la voix de l'é- 
pouse. Ma joie est donc mainte- 
nant à son comble. 

90. Il faut qu'il croisse et que 
je diminue. 

31. Celui qui vient d'en haut 
est au-dessus de tous. Celui qui 
est sorti dela terre est dela terre 
et parle de la terre. Ainsi celui 
qui vient du ciel est au-dessus de 
tous. 

39. Et il témoigne de ce qu'il a 
vu et entendu, et personne ne 
reçoit son témoignage. 

33. Celui qui a reçu son témoi- 
gnage a attesté que Dieu est vé- 
ritable. 

34. Car celui que Dieu a envoyé 
dit les paroles de Dieu, parce que 
ce n'est pas avec mesure que 
Dieu lui donne son esprit. 

35. Le Père aime le Fils, et ila 
tout remis entre ses mains. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2553 
36. Qui croit au Fils ἃ la vie 
éternelle; mais qui ne croit point 
au Fils ne verra point la vie, mais 
la colere de Dieu demeure sur 
lui. 
CHAPITRE IV. 


Jésus retourne en Galilée. Il s'entretient 
avec la Samaritaine, et répond à ses 
disciples au sujet de cet entretien. Foi 
des Samaritains. Jésus vient de nou- 
veau à Cana. Il guérit un malade à Ca- 
pharnaüm. 


1. Lors donc que Jésus sut que 
les pharisiens avaient appris qu'il 
faisait plus de disciples et bapti- 
sait plus que Jean, 

2. (Quoique Jésus ne baptisât 
point, mais ses disciples), 

3. Il quitta la Judée, et s’en alla 
de nouveau en Galilée : 

4. Or il lui fallait passer par la 
Samarie. 

ὃ. Il vint donc dans une ville 
de Samarie, nommée Sichar, près 
de l'héritage que Jacob donna à 
Joseph, son fils. 

6. Là était le puits de Jacob. 
Ainsi, Jésus, fatigué de la route, 


99, Rom., mr, 4. — 80. I Jean, v, 10. — (ΠΑΡ, IV. 1. Supra, nr, 22, — 5. Genèse, 


xxxrim, 19; xLvur, 22; Jos., xxiv, 32. 


29. Se réjouit de joie; hébraisme, pour éprouver une grande joie, étre ravi de joie. 
— * L'ami de l'époux. Voir Matt., 1x, 15. 

5-6. * Sichar, prés de l'héritage que Jacob donna à son fils. Là était le puits de 
Jacob. Sichar est, d'aprés les uns, Sichem, aujourd'hui Naplouse, à trois kilométres 
du puits de Jacob; d'aprés d'autres, qui jugent la distance de Sichem bien grande, 
Sichar était un village situé entre le puits et Naplouse, peut-être l'Askar actuel. — 
« Le champ donné par Jacob à Joseph est au nord de la Fontaine de Jacob, à environ 
mille mètres. On y voit le tombeau de Joseph dont les restes furent rapportés par 
les Hébreux de l'Egypte. La Fontaine de Jacob est presque à l'angle du chemin de 
Naplouse, se bifurquant pour aller à Jérusalem au midi, et au levant vers le Jour- 
dain. Un monument chrétien fut élevé sur l'emplacement de la Fontaine de Jacob. 
Il n'en reste que quelques colonnes de granit. {Il reste d'une église qui succéda à la 
premiére basilique] un chevet carré avec voüte à arétes, sous lequel est le puits lui- 
méme. L'orifice de la fontaine est aujourd'hui fermé par une énorme pierre. En 
Orient les fontaines non coulantes, comme celles-ci, étaient autrefois accessibles par 
un immense escalier droit au moyen duquel on atteignait l'eau. » (Micnox.) 

6. La sixième heure; c'est-à-dire environ midi. Voy. notre Abrégé d'introduc- 
tion, etc. p. 535, 536. 


9554 


s'assit sur le bord du puits. Il 
était environ la sixième heure. 

7. Or une femme de Samarie 
vint puiser de l’eau. Jésus lui dit : 
Donnez-moi à boire. 

8. (Carses disciples étaient allés 
àla ville acheter de quoi manger.) 

9. Cette femme samaritaine lui 
répondit donc : Comment toi, 
qui es Juif, me demandes-tu à 
boire, à moi, qui suis une femme 
samaritaine? car les Juifs n'ont 
point de commerce avec les Sa- 
maritains. 

10. Jésus lui répondit et dit : Si 
vous saviez le don de Dieu, et 
qui estcelui qui vous dit : Donnez- 
moi à boire, peut-étre lui en eus- 
siez-vous demandé vous-méme, 
et il vous aurait donné d'une eau 
vive. 

11. La femme lui repartit : Sei- 
gneur, tu n'as pas méme avec 
quoi puiser, et le puits est pro- 
fond ; d'où aurais-tu donc de l'eau 
vive? 

12. Es-tu plus grand que notre 
père Jacob qui nous a donné ce 
puits, et qui en a bu, lui, ses en- 
fants et ses troupeaux? 

13. Jésus répliqua et lui dit : 
Quiconque boit de cette eau aura 
encore soif; au coníraire, qui 
boira de l'eau que je lui donnerai, 
n'aura jamais soif; 

1^4. Mais l’eau que je lui donne- 
rai deviendra une fontaine d'eau 
jaillissante jusque dans la vie 
éternelle. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


[cr 1v.] 


15. La femme lui dit : Seigneur, 
donne-moi de cette eau afin que 
je n'aie plus soif, et que jene 
vienne point puiser ici. 

16. Allez, lui répondit Jésus, 
appelez votre mari et venez ici. 

17. La femme répliqua et dit: 
Je n'ai pointde mari.Jésus ajouta: 
Vous avez bien dit : Je n'ai point 
de mari; 

18. Car vous avez eucinq maris, 
et celuique vous avez maintenant 
n'est pas votre mari ; en cela vous 
avez dit vrai. 

19. La femme lui dit : Seigneur, 
je vois que vous étes vraiment 
prophète. 

20. Nos pères ont adorésur cette 
montagne, et vous dites, vous, 
que Jérusalem est le lieu où il 
faut adorer. 

91. Jésus lui dit : Femme, 
croyez-moi, vient une heure oü 
vous n'adorerez le Père ni sur 
celte montagne ni à Jérusalem. 

29. Vous adorez, vous, ce que 
vous ne connaissez point; nous, 
nous adorons ce que nous con- 
naissons, parce que le salut vient 
des Juifs. 

23. Mais vient une heure, et 
elle est déjà venue, oü les vrais 
adorateurs adoreront le Pere en 
esprit et en vérité; car ce sont 
de tels adorateurs que le Père 
cherche. 

24. Dieu est esprit, et ceux qui 
l'adorent doivent l'adorer en es- 
prit et en vérité. i 


20. Deut., xit, 5. — 22. IV Rois, xvii, 41. — 24. I Cor., 11, 17. 


9. * Les Juifs n'ont point de commerce avec les Samaritains. Voir Matt., x, 5. 

20. * Sur cette montagne, le mont Garizim, où les Samaritains avaient élevé un 
temple schismatique, prés de Sichem, avec l'autorisation du roi perse Darius 
Nothus. Jean Hyrcan détruisit ce temple, mais du temps de Notre Seigneur, les 
Samaritains avaient encore un autel sur cette montagne. 


[c. 1v.] 


95. La femme lui dit : Je sais 
que le Messie (c'est-à-dire le 
Christ) vient; lors donc qu'il sera 
venu, il nous apprendra toutes 
choses. 

96. Jésus lui dit : Jele suis, moi 
qui vous parle. 

27. En méme temps ses dis- 
ciples vinrent, et ils s'étonnaient 
de ce quil parlait avec une 
femme ; néanmoins aucun ne dit: 
Que lui demandez-vous? ou pour- 
quoi parlez-vous avec elle? 

28. La femme donc laissa là sa 
cruche, s’en alla dans la ville et 
dit aux habitants: 

29. Venez, voyez un homme 
qui m'a dit tout ce que j'ai fait, 
n'est-ce point le Christ? 

30. Ils sortirent donc de la ville, 
et ils venaient à lui. 

31. Cependant ses disciples le 
priaient, disant : Maitre, man- 
gez. 

32. Mais il leur dit : Moi, j'ai à 
manger une nourriture que vous 
ne connaissez point. 

33. Les disciples disaient alors 
entre eux : Quelqu'un lui a-t-il 
apporté à manger? 

34. Jésus leur dit : Ma nour- 
riture est de faire la volonté de 
celui qui m'a envoyé, et d'ac- 
complir san œuvre. 

39. Ne dites-vous pas vous- 
mêmes : ll y 8 encore quatre 
mois, el la moisson viendra? 
Mais moi, je vous dis maintenant: 
Levez les yeux et voyez les 
champs; car ils blanchissent déjà 
pour la moisson. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 9558 


36. Et celui qui moissonne re- 
coit une récompense, et recuocille 
du fruit pour la vie éternelle, afin 
que celui qui seme se réjouisse 
aussi bien que celui qui mois- 
sonne. 

31. Car, en ceci, ce qu'on dit 
est vrai : Autre est celui qui 
seme, et autre celui qui mois- 
sonne. 

98. Pour moi, je vous ai en- 
voyés moissonner oü vous n'avez 
point travaillé; d'autres ont tra- 
valllé, et vous, vous étes entrés 
dans leurs travaux. 

39. Or beaucoup de Samari- 
tains de cette ville crurent enlui, 
surla parole delafemme quiavait 
rendu ce témoignage : 11 m'a dit 
lout ce que j'ai fait. 

40. Lors donc que les Sa- 
maritains furent venus à lui, 
ils le prierent de demeurer en 
ce lieu, et il y demeura deux 
jours. 

41. Et beaucoup plus crurent en 
lui, à cause de ses discours. 

42. De sorte qu'ils disaient à la 
femme : Maintenant ce n'est plus 
sur votre parole que nous 
croyons, nous lavons entendu 
nous-mémes, et nous savons que 
c'est vraiment lui qui est le Sau- 
veur du monde. 

43. Ainsi aprés les deux jours 
il partit de là et s'en alla en Ga- 
lilée. 

44. Car Jésus lui-méme a rendu 
ce témoignage qu'un prophète 
n'est point honoré dans sa pa- 
trie. 


35. Matt., 1x, 37; Lue, x, 2. — 44. Matt., xir, 57; Marc, vi, 4; Luc, 1v, 24. 


-— 


33. * Il y a encore quatre mois et la moisson viendra. Comme la moisson commence 
en Palestine vers le milieu d'avril, il résulte de ces paroles que les faits racontés 
dans ce chapitre se passèrent vers le milieu du mois de décembre. 


2556 

45. Quand il fut venu en Ga- 
lilée, les Galiléens l'accueillirent, 
parce qu'ils avaient vu tout ce 
qu'il avait fait à Jérusalem pen- 
dant la fête; 68 118 étaient venus, 
eux aussi, à la féte. 

46. Π vint donc de nouveau à 
Cana de Galilée, où il avait 
changé l'eau en vin. Or il y avait 
un officier du roi dont le fils était 
malade à Capharnaüm. 

41. Lorsque cet officier eut 
appris que Jésus venait de Judée 
en Galilée, il alla vers lui, et le 
pria de venir guérir son fils qui 
se mourait. 

48. Jésus lui dit donc : Si vous 
ne voyez des miracles et des pro- 
diges, vous ne croyez point. 

49. L'officier lui dit : Seigneur, 
venez avant que mon fils meure. 

50. Jésus lui répondit : Va,ton 
fils vit. Cethomme crut àla parole 
que lui dit Jésus,et s'en alla. 

51. Or, comme il s'en retour- 
nait, ses serviteurs vinrent à sa 
rencontre et lui annoncerent que 
son fils vivait. 

52. Et il leur demandait à 
quelle heure il s'était trouvé 
mieux. Et ils lui dirent : Hier, à 
la septième heure, la fièvre l'a 
quitté. 

53. Le père reconnut alors que 


L'EVANGILE SELON SAINT JEAN. 


[cu..v.] 


c'était l'heure à laquelle Jésus lui 
avait dit : Ton fils vit; et il crut, 
lui et toute sa maison. 

54. Ce fut là le second miracle 
que fit encore Jésus quand il fut 
revenu de Judée en Galilée. 


CHAPITRE V. 


Guérison d'un homme malade depuis 
trente-huit ans. Murmures des Juifs sur 
le prétendu violement du sabbat, et sur 
ce que Jésus-Christ se déclarait le fils 
de Dieu. Réponse de Jésus-Christ aux 
Juifs. Le Fils agit avec le Pére; il a recu 
du Pére tout pouvoir de juger. 1] a la 
vie en lui de méme que le Pére. Té- 
moignage de Jean-Baptiste et du Père 
céleste. Inerédulité des Juifs. Moise 
sera leur accusateur. 


1. Apres cela se trouvait la féte 
des Juifs, et Jésus monta à Jéru- 
salem. 

2. Or il y a à Jérusalem une 
piscine probatique appelée en 
hébreu Bethsaida, et ayant cinq 
portiques. 

3. Sous lesquels gisait une 
grande multitude de malades, 
d'aveugles, de boiteux, de para- 
lytiques, attendantle mouvement 
des eaux. 

4. Car un ange du Seigneur 
descendait en un certain temps 
dans la piscine, et l'eau s'agitait. 
Et celui qui le premier descendait 
dans la piscine après le mouve- 


45. Matt., rv, 12; Marc, 1, 14; Luc, iv, 14. — 46. Supra, ir, 9. — Cuar. V. 1. Lévit., 


xxii, 5; Deut., xvi, 1. 


M — M — — ——— ———— 


45. Pendant la féle; c'est-à-dire pendant la féte de Pàque, qui était la grande 


solennité des Juifs. 


46. * Cana de Galilée. Noir Jean, τι, 1. — Capharnaüm, Matt., iv, 13. 
52. La septième heure; vers une heure aprés midi. 


1. La féte des Juifs; c'est-à-dire la fête de Pâque. Voy. 1v, 43. 


2. * Une piscine probatique. On croit qu'elle était ainsi appelée parce qu'on y lavait 
les animaux (probata) que l'on devait offrir en sacrifice dans le temple de Salomon. 
Elle est située au nord-ouest de la porte d'entrée de l'église actuelle de Sainte-Aune, 
non loin de la porte Saint-Etienne, dans la partie nord-est de Jérusalem. Cette 
piscine porte aujourd'hui le nom de Birket Israil. Elle était probablement alimentée 
par les eaux amenées au temple au moyen d'un aqueduc des environs de Bethléem, 


[cu. v.] 
ment de l’eau, était guéri de 
quelque maladie qu'il fût affligé. 

5. Or il y avait là un homme 
qui était malade depuis trente- 
huit ans. 

6. Lorsque Jésus le vit couché 
et qu'il sut qu'il était malade de- 
puis longtemps, il lui dit : Veux- 
tu étre guéri? 

7. Le malade lui répondit : Sei- 
eneur, je n'ai personne qui, 
lorsque l'eau est agitée, me jette 
dans la piscine; car, tandis que je 
viens, un autre descend avant 
moi. 

8. Jésus lui dit : Lève-toi, prends 
ton grabat et marche. 

9. Et aussitót cet homme fut 
guéri, et il prit son grabat, et il 
marchait. Or c'était un jour de 
sabbat. 

10. Les Juifs done disaient à 
celui qui avait été guéri : C'est 
un jour de sabbat, il ne t'est pas 
permis d'emporter ton grabat. 

11. Il leur répondit : Celui qui 
m'a guéri m'a dit lui-méme : 
Prends ton grabat et marche. 

12. Alors ils lui demandèrent : 
Qui est cet homme qui t'a dit : 
Prends ton grabat et marche? 

13. Mais celui qui avait été 
guéri ne savait qui il était; car 
Jésus s'était retiré de la foule as- 
semblée en ce lieu. 

14. Jésus ensuite le trouva 
dans le temple, et lui dit : Voilà 
que tu es guéri, ne peche plus, de 
peur quil ne tarrive quelque 
chose de pis. 

15. Cet homme s'en alla et an- 
nonca aux Juifs que c'était Jésus 
qui l'avait guéri. 

16. C'est pourquoi les Juifs per- 


10. Exode, xx, 11; Jérém., xvir, 24 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2551 
sécutaient Jésus, parce qu'il fai 
sait ces choses un jour de sabbat. 

17. Mais Jésus leur répondit : 
Mon Père agit sans cesse, et moi 
j'agis aussi. 

18. Sur quoi les Juifs cher- 
chaient encore plus à le faire 
mourir; parce que non seulement 
il violait le sabbat, mais qu'il di- 
sait que Dieu était son Père, se 
faisant ainsi égal à Dieu. Jésus 
répondant, leur dit : 

19. En vérité, en vérité, je vous 
le dis, le Fils ne peut rien faire 
de lui-même, si ce n'est ce qu'il 
voit que le Père fait; car tout ce 
que le Père fait, le Fils le fait pa- 
reillement. 

20. Car le Père aime le Fils, et 
lui montre tout ce qu'il fait; et il 
lui montrera des œuvres encore 
plus grandes que celles-ci, de 
sorte que vous en serez vous- 
mêmes dans l’admiration. 

21. Car, comme le Père réveille 
les morts et les rend à la vie, 
ainsi le Fils vivifie ceux qu'il 
veut. 

22. Le Père ne juge personne, 
mais il a remis tout jugement à 
son Fils. 

23. Afin que tous honorent le 
Fils comme ils honorent le Père : 
qui n'honore point le Fils n'ho- 
nore point le Père qui l'a envoyé. 

24. En vérité, en vérité, je vous 
dis que celui qui écoute ma pa- 
role et croit à celui qui m'a en- | 
voyé, a la vie éternelle et ne 
vient pas en jugement; mais il a 
passé de la mort à la vie. 

25. En vérité, en vérité, je vous 
le dis, vient une heure, et elle est 
déjà venue, oü les morts enten- 


2508 
dront la voix du Fils de Dieu, et 
ceux qui l'auront entendue, vi- 
vront. 

96. Car, comme le Père a la 
vie en lui-méme, ainsi il a 
donné au Fils d'avoir la vie en 
lui-méme; 

27. Et il lui a donné le pouvoir 
de juger, parce qu'il est Fils de 
l'homme. 

98. Ne vous en étonnez pas, 
parce que vient l'heure oü tous 
ceux qui sont dans les sépulcres 
entendront la voix du Fils de 
Dieu, 

99. Et en sortiront, ceux qui 
auront faitle bien, pour ressusci- 
ter à la vie; mais ceux qui auront 
faitle mal, pour ressusciter à leur 
condamnation. 

30. Je ne puis rien faire de moi- 
méme. Selon que j'entends, je 
juge ; et mon jugement est juste, 
parce que je ne cherche point 
ma volonté, mais la volonté de 
celui qui m'a envoyé. 

31. Si je rends témoignage de 
moi-même, mon témoignage 
n'est pas vrai. 

32. C'est un autre qui rend té- 
moignage de moi, et je sais que 
le témoignage qu'il rend de moi 
est véritable. 

89. Vous, vous avez envoyé 
vers Jean, et il a rendu témoi- 
gnage à la vérité. 

34. Pour moi, ce n'est pas d'un 
homme que jerecois témoignage; 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


[ca. v.] 


mais je dis ceci afin que vous 
soyez sauvés. 

35. 11 était la lampe ardente et 
luisante, et un moment vous 
avez voulu vous réjouir à sa 
lumiere. 

36. Mais moi, j'ai un témoi- 
gnage plus grand que celui de 
Jean. Car les œuvres que mon 
Père m'a données à accomplir, ces 
œuvres que je fais moi-même, 
rendent témoignage de moi, que 
le Père m'a envoyé. 

97. Et mon Père quim'aenvoyé 
a rendu lui-même témoignage de 
moi; vous n'avez jamais entendu 
sa voix ni vu sa figure ; 

38. Et vous n'avez pas sa parole 
demeurant en vous, parce que 
vous ne croyez pas à celui qu'il a 
envoyé. 

39. Scrutez les Ecritures, puis- 
que vous pensez avoir en elles 
la vie éternelle, car ce sont elles 
qui rendent témoignage de moi; 

40. Mais vous ne voulez pas 
venir à moi pour avoir la vie. 

41. Jen’accepte point une gloire 
venant des hommes. 

42. Mais j'ai reconnu que vous 
n'avez pas l'amour de Dieu en 
vous. 

43. Je suis venu moi-méme au 
nom de mon Pére, et vous ne 
me recevez point; si un autre 
vient en son nom, vous le rece- 
2. 


44. Comment pouvez-vous 


29, Matt., xxv, 46. — 32. Matt., 11, 17; Supra, 1, 15. — 87. Matt., ur, 17; xvi, 5; 


Deut., 1v, 12. 


DIR CS 


33. * Vers Jean Baptiste. 


39. Il faut s'aveugler volontairement, pour trouver ici un ordre donné à tous de 
lire les Ecritures. C'est évidemment un reproche fait aux pharisiens, de ce que lisant 
les Ecritures, et pensant y trouver la Vie éternelle, ils ne voulaient pas reconnaître 
Jésus-Christ, lui à qui toutes les Ecritures rendaient témoignage, et par qui seul ils 


pouvaient avoir cette véritable vie. 


]08. vi.) 
croire, vous qui recevez la gloire 
lun de lautre, et ne cherchez 
point la gloire qui vient de Dieu 
seul? 

45. Ne pensez pas que ce soit 
moiquidoive vous accuser devant 
le Père : celui qui vous accuse, 
c'est Moïse, en qui vous espérez. 

40. Car si vous croyiez à Moise, 
vous croiriez sans doute à moi 
aussi, parce que c'est de moi 
qu'il a écrit. 

47. Mais si vous ne croyez 
point à ses écrits, comment croi- 
rez-vous à mes paroles? 


CHAPITRE VI. 


Multiplication des cinq pains et des deux 
poissons. Jésus marche sur la mer. La 
nourriture qui ne périt point. Jésus- 
Christ déclare que sa chair et son sang 
sont une nourriture et un breuvage. 
Plusieurs se scandalisent de ses paroles 
et l'abandonnent. Les douze apótres 
demeurent avec lui. Jésus prédit l'infi- 
délité de l'un d'eux. 


1. Après cela Jésus s'en alla de 
l'autre cóté de la mer de Galilée, 
c'est-à-dire de 110611806 ; 

2. Et une grande multitude le 
suivait, parce qu'ils voyaient les 
miracles qu'il faisait sur ceux qui 
étaient malades. 

3. Jésus monta done sur la 
montagne, et là il était assis avec 
ses disciples. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2559 

4. Cependant approchait la 
Pâque, jour de la fête des Juifs. 

ὃ. Jésus donc ayant levé les 
yeux et vu qu'une très grande 
multitude était venue à lui, dit à 
Philippe : Où achèterons-nous 
des pains, pour que ceux-ci 
mangent? 

6. Or il disait cela pour l’éprou- 
ver; car pour lui il savait ce qu'il 
devait faire. 

1. Philippe lui répondit : Deux 
cents deniers de pain ne leur suf- 
firaient pas pour que chacun 
d'eux en eüt méme un petit mor- 
ceau. 

8. Un de ses disciples, An- 
dré, frère de Simon-Pierre, lui 
dit : 

9. ll y a ici un petit garcon qui 
a cinq pains d'orge et deux pois- 
sons : mais qu'est-ce que cela 
pour tant de monde? 

10. Jésus dit donc : Faites as- 
seoir ces hommes. Or il y avait 
beaucoup d'herbe en ce lieu. Ces 
hommes s'assirent donc au nom- 
bre d'environ cinq mille. 

11. Alors Jésus prit les pains, 
et quand il eut rendu grâces, il 
les distribua à ceux qui étaient 
assis; eL de méme des poissons, 
autant qu'ils en voulaient. 

12. Lorsqu'ils furent rassasiés, 
il dit à ses disciples : Amassez 


46. Genèse, rii, 15; זאא‎ 185; xüix, 10 ; Dout., xvirr, 15. — (ΒΑΡ. VI, 1. Matt., xiv, 13; 


‘ Marc, vi, 32; Luc, 1x, 10. 


1. * Jésus s'en alla de l'autre côté de la mer de Galilée. Voir note sur Matt., xtv, 13. 


— Sur Tibériade, voir au verset 23. 


3. Sur la montagne; c'est-à-dire sur la montagne voisine. 


4. * La, Páque. Voir Matt., xxvi, 2. 


10. * IJ y avait beaucoup d'herbe en ce lieu. L'herbe pousse abondamment sur cer- 
taines montagnes de la Palestine. Le P. de Géramb dit de celle des Béatitudes : 
« Arrivés au pied de cette montagne, nous fümes arrétés par la hauteur de l'herbe. 
Elle était si élevée qu'elle atteignait presque à la tête de nos chevaux, et si épaisse 
qu'elle obstruait tout le passage. Nos janissaires furent ebligés de 18 faucher avec 
leurs sabres pour nous ouvrir un chemin. » 


2560 


lesmorceaux qui sontrestés, pour 
qu'ils ne se perdent pas. 

13. 115 les amasserent donc, et 
remplirent douze paniers de mor- 
ceaux des cinq pains d'orge qui 
restèrent à ceux qui avaient 
mangé. 

14. Or ces hommes, ayant vu 
le miracle que Jésus avait fait, 
disaient : Celui-ci est vraiment le 
prophète qui doit venir dans le 
monde. 

15. Et Jésus, ayant connu qu'ils 
devaient venir pour l'enlever et 
le faire roi, s'enfuit de nouveau 
sur la montagne tout seul. 

16. Dès que le soir fut venu, ses 
disciples descendirent à la mer. 

11. Et quand ils furent montés 
dans la barque, ils vinrent de 
l'autre cótédelamer, vers Caphar- 
naüm. Or les ténèbres s'étaient 
déjà faites, et Jésus n'était pas 
venu à eux. 

18. Cependant, au souffle d'un 
grand vent, la mer s'enflait. 

19. Après donc qu'ils eurent 
ramé environ vingt-cinq ou trente 
stades, ils virent Jésus marchant 
sur 18 mer et s'approchant de la 
barque, et ils eurent peur. 

90. Mais il leur dit : C'est moi, 
ne craignez point. 

91. C'est pourquoi ils voulurent 
le prendre dans la barque, et aus- 


L'EVANGILE SELON SAINT JEAN. 


(cu. vi.] 


sitót la barque se trouva à la 
terre oü ils allaient. 

22. Le jour suivant, le peuple, 
qui se tenait de l'autre cóté de la 
mer, observa qu'il n'y avait eu 
là qu'une seule barque, que Jésus 
n'était point entré avec ses dis- 
ciples dans cette barque, mais que 
ses disciples seuls étaient partis ; 

23. Gependant, d'autres barques 
vinrent de Tibériade, prés du 
lieu où ils avaient mangé le pain, 
le Seigneur ayant rendu grâces. 

94. Quand le peuple eut vu que 
Jésus n'était point là, ni ses dis- 
ciples, il monta lui aussi dans les 
barques et vint à Capharnaüm, 
cherchant Jésus. 

95. Et l'ayant trouvé de l'autre 
cóté de la mer, ils lui dirent : 
Maitre, comment étes-vous venu 
ici? 

26. Jésus leur répondit, et dit : 
En vérité, en vérité, je vousle dis, 
vous me cherchez, non parce que 
vous avez vu des miracles, mais 
parce que vous avez mangé des 
pains et avez été rassasiés. 

27. Travaillez, non pas en vue 
de la nourriture qui périt, mais 
de celle qui demeure pour la vie 
éternelle, etqueleFils del'homme 
vous donnera; car Dieu le Père 
l'a scellée de son sceau. 

28. Ils lui demandèrent : Que 


15. Matt., x:iv, 23; Marc, vr, 46. — 27. Matt., 111, 17; xvir, 5; Supra, 1, 32. 


41. * Vers Capharnaüm. Voir Matt., 1v, 13. 


19. Vingt-cing, etc. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 545. — * Vingt-cinq à 
trente stades équivalent à cinq ou six kilométres. 

23. * Tibériade, sur les bords du lac auquel elle a donné son nom, fut bâtie, d'après 
Josèphe, par Hérode Antipas, et ainsi nommée par son fondateur en l'honneur de 
l'empereur Tibère. Cette ville fut la capitale de la Galilée depuis sa fondation jus- 
qu'au régne d'Hérode Agrippa II qui rétablit le siége de son gouvernement à Séphoris, 
ancienne capitale de la province. Plusieurs de ses habitants étaient Grecs et 
Romains. Dans le voisinage, il y avait des eaux thermales célébres chez les Latins. 
Le Sanhédrin s'y fixa vers le milieu du second siècle de notre ére,et des écoles 
uives trés renommées y fleurirent pendant longtemps. 


]68. vi.] 


ferons-nous pour travailler aux 
œuvres de Dieu? 

99. Jésus répondit et leur dit : 
L'euvre de Dieu, c'est que vous 
eroyiez en celui qu'il a envoyé. 

30. Ils lui repartirent : Quel mi- 
racle done faites-vous pour que 
nous voyions et que nouscroyions 
en vous? 

31. Nos pères ont mangé la 
manne dans le áésert, comme il 
est écrit : Il leur a donné du pain 
du ciel à manger. 

32. Jésus leur dit donc : En vé- 
rité, en vérité, je vous le dis, 
Moise ne vous ἃ point donné le 
pain du ciel, mais c'est mon Pere 
qui vous donne le vrai pain du 
ciel. 

33. Carle pain de Dieu est celui 
qui descend du ciel, et donne la 
vie au monde. 

34. 118 lui dirent donc : Sei- 
gneur, donnez-nous toujours ce 
pain. 

39. Et Jésus leur dit : C'est moi 
qui suis le pain de vie : qui vient 
àmoi n'aura pas faim, et qui croit 
en moi n'aura jamais soif. 

96. Mais je vous l'ai dit, vous 
m'avez vu, et vous ne croyez 
point. 

91. Tout ce que me donne mon 
Pere viendra à moi, et celui qui 
vient à moi, je ne le rejetterai 
pas dehors : 

38. Parce que je suis descendu 
du ciel, non pour faire ma vo- 
lonté, mais la volonté de celui 
qui m'a envoyé. 


L'EVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2564 


39. Or c’est la volonté de mon 
Père qui m'a envoyé, que de tout 
ce quil m'a donné, rien ne se 
perde, mais que je le ressuscite 
au dernier jour. 

40. C'estla volonté de mon Père 
qui m'a envoyé, que quiconque 
voitle Fils et croit en lui ait la 
vie éternelle, et moi je le ressus- 
citerai au dernier jour. 

41. Cependant les Juifs murmu- 
raient contre lui, parce qu'il avait 
dit : Moi je suis le pain vivant 
qui suis descendu du ciel, 

42. Et ils disaient : N'est-ce pas 
là Jésus, le fils de Joseph, dont 
nous connaissons le père et la 
mère? Comment donc dit-il : Je 
suis descendu du ciel? 

43. Mais Jésus répondit et leur 
dit : Ne murmurez point entre 
vous; 

44. Nul ne peut venir à moi, si 
le Père qui m'aenvoyé nel'attire: 
et moi je le ressusciterai au der- 
nier jour. 

45. Il est écrit dans les pro- 
phètes : Ils seront tous enseignés 
de Dieu. Quiconque a entendu la 
voix du Père et a appris, vient à 
mol. 

46. Non que personne ait vu le 
Pére, si ce n'est celui qui est de 
Dieu; car celui-là a vu le Père. 

41. En vérité, en vérité, je vous 
le dis : Qui croit en moi, a la vie 
éternelle. 

48. C'est moi qui suis le pain 
de la vie. 

49. Vos pères ont mangé la 


29. I Jean, 1x, 29, — 31. Exode, xvi, 14; Num., xr, 7; Ps. Lxxvu, 24; Sag., xvi, 20. — 
99. Eccli., xxiv, 29. — 42. Matt., xii, 55; Marc, vi, 3. — 45. Isaie, Liv, 13. — 46. Matt, 


xl, 27. — 49. Exode, xvi, 13. 


------------ὀ--.----ς-ς-ς--- .....- ---- τ Ὁ Ὁ τ הבהאה החדהה ה‎ 


31. * Dans le désert du Sinai. 


91. Tout ce que; c'est-à-dire (ous ceux que. Voy. jour cette énallage, Matt., xvi, 44, 


np 


161 


2562 


manne dans le désert et sont 
morts. 

50. Voici le pain qui descend 
du ciel, afin que si quelqu'un en 
mange, il ne meure point. 

91. Je suis le pain vivant, moi 
qui suis descendu du ciel. 

52. Si quelqu'un mange de ce 
pain, il vivra éternellement; et le 
pain que je donnerai, c'est ma 
chair pour la vie du monde. 

53. Les Juifs donc disputaient 
entre eux, disant : Comment ce- 
lui-ci peut-il nous donner sa chair 
à manger? 

54. Et Jésus leur dit : En vérité, 
en vérité, je vous le dis : Si vous 
ne mangez la chair du Fils de 
l'homme, et ne buvez son sang, 
vous n'aurez point la vie en vous. 

95. Qui mange ma chair et boit 
mon sang ἃ la vie éternelle; et 
moi, je le ressusciterai au dernier 
jour. 

56. Car ma chair est vraiment 
nourriture et mon sang est vrai- 
ment breuvage; 

57. Qui mange ma chair et boit 
mon sang demeure en moi et 
moi en lui. 

58. Comme mon Père qui est 
vivant m'a envoyé, et que moi 
je vis par mon Pére, ainsi celui 
qui me mange vivra aussi par 
moi. 

56. I Cor., x1, 27. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


(cu. vi.] 


59. Voici le pain qui est des- 
cendu du ciel. Ce n'est pas comme 
vos pères, qui ont mangé la 
manne et sont morts. Celui qui 
mange ce pain vivra éternelle- 
ment. 

60. Il dit ces choses, enseignant 
dans la synagogue, à Caphar- 
naüm. 

61. Mais beaucoup de ses dis- 
ciples l'ayant entendu, dirent : 
Ces paroles sont dures et qui 
peutles écouter? 

62. Or Jésus sachant en lui- 
méme que ses disciples en mur- 
muraient leur dit : Cela vous scan- 
dalise? 

63. Et si vous voyiez le Fils de 
l'homme montant où il était au- 
paravant? 

64. C'est l'esprit qui vivifie; la 
chair ne sert de rien : or les pa- 
roles que je vous ai dites sont es- 
prit de vie. 

65. Mais il en est parmi vous 
quelques-uns qui ne croientpoint. 
Car Jésus savait, dés le commen- 
cement, qui étaient ceux qui ne 
croyaient pas, et qui devait le 
trahir. 

66. Et il disait : C’est pourquoi 
je vous ai dit que nul ne peut 
venir à moi, s'il ne lui est donné 
par mon Père. 

67. Dès lors, beaucoup de ses 


54. Et ne buvez, etc. Voy. Matt., xxvi, 21. 

60. * Enseignant dans la synagogue. Voir Matt., 1v, 23 et Luc, tv, 16. 

62-63. Vous ne croyez pas maintenant que je puisse vous donner ma chair à 
manger, et mes paroles à cet égard vous scandalisent; mais en serait-il de méme, 
si vous me voyiez monter au ciel? Ce miracle ne vous prouverait-il pas la vérité de 
ce que je vous assure? 

64. La chair seule sans l'esprit ne sert de rien. C'est en vain que l'on recoit le corps 
de Jésus-Christ d'une manière sensible et corporelle, si l'on ne le reçoit en esprit et 
par la foi. — Les paroles de Jésus-Christ sont en effet esprit et vie, puisqu'elles con- 
tiennent la promesse d'un sacrement dans lequel on peut recevoir d'une manière 
miraculeuse l'esprit, la grâce et la vie dans sa source, 


[cu. vir.] 


disciples se retirerent, et ils n'al- 
laient plus avec lui. 

68. Jésus donc dit aux douze : 
Et vous, voulez-vous aussi vous 
en aller? 

69. Mais Simon-Pierre lui ré- 
pondit : Seigneur, à qui irions- 
nous? Vous avez des paroles de 
vie éternelle ; 

10. Pour nous, nous avons cru, 
et nous avons connu que vous 
étes le Christ, le Fils de Dieu. 

14. Jésus leur répondit : N'est- 
ce pas moi qui vous ai choisis 
tous les douze? Cependant l'un 
de vous est un démon. 

12. Il parlait de Judas Iscariote, 
fils de Simon : car c'était lui qui 
devait 16 trahir, quoiqu'il fût un 
. des douze. 


CHAPITRE VII. 


Les parents de Jésus veulent lui persua- 
der d'aller en Judée. Jésus y va en se- 
cret. 11 enseigne publiquement dans le 
temple. Ses reproches à ceux qui vou- 
laient le faire mourir. Il annonce l'ef- 
fusion de l'Esprit de Dieu. On veut en 
vain l'arréter. Nicodéme prend sa dé- 
fense. 


1. Aprés cela Jésus parcourait 
la Galilée: car il ne voulait point 
parcourir la Judée, parce que les 
Juifs cherchaient à lefaire mourir. 

2. Or approchait la fête des 
Juifs, la Scénopégie. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2563 

3. Ses frères donc lui dirent : 
Pars d'ici et va en Judée, afin que 
tes disciples voient, eux aussi, 
les ceuvres que tu fais. 

4. Car personne n'agit en se- 
cret, lorsqu'il cherche lui-méme 
a paraitre en public : puisque tu 
fais de telles choses, manifeste- 
toi au monde. 

5. Car ses frères mêmes ne 
croyaient pas en lui. 

6. Mais Jésus leur dit : Mon 
temps n'est pas encore venu, 
mais votre temps est toujours 
prêt. 

7. Le monde ne peut pas vous 
hair : pour moi, il me hait, parce 
que je rends de lui ce témoi- 
gnage que ses œuvres sont mau- 
vaises. 

8. Allez, vous, à cette féte : 
pour moi je n’y vais point, parce 
que mon temps n'est pas encore 
accompli. 

9. Ce qu'ayant dit, il demeura 
en Galilée. 

10. Mais lorsque ses freres fu- 
rent partis, il alla aussi lui-méme 
à la fête, non publiquement, mais 
comme en cachette. 

11. Les Juifs donc le cher- 
chaient pendant la fête et di- 
saient : Où est-il? 

19. Et il y avait une grande 
rumeur dans le peuple à son su- 


10. Matt., xvi, 16; Marc, virt, 29; Luc, 1x, 20. — (ΠΑΡ. VII. 2. Lévit., xxii, 34. 


2. La Scénopégie; c'est-à-dire la fête des Tabernacles. Voy. notre Abrégé d'introduc- 
lion, etc., p. 960. — * La féte des Tabernacles se célébrait tous les ans en mémoire 
du temps que les Hébreux, apres avoir quitté l'Egypte, avaient vécu sous la tente 
dans le désert du Sinai, Lévitique, xxi, 40, et aussi pour remercier Dieu de la 
moisson et de la vendange, Deutér., xvi, 13. Elle commencait le 15 du mois de 
Tischri (fin septembre) et durait sept jours. Pendant la semaine de la fête, les Juifs 
habitaient dans des tentes de feuillage, construites sur les toits plats des maisons ou 
dans les cours ou sur les places publiques, et c'est de là que venait le nom de Scé- 
nopégie. 

3, 9, 10. Ses frères. Voy. Matt., xii, 46. 


2904 
jet. Les uns disaient : En effet, 
c'est un homme de bien; mais 
d'autres disaient : Non, car il sé- 
duit la foule. 

13. Cependant personne ne par- 
laitdelui ouvertement par crainte 
des Juifs. 

14. Or, vers le milieu de la fête, 
Jésus monta au temple, et il en- 
seignait. 

15. Et les Juifs s'étonnaient, 
disant : Comment celui-ci sait-il 
les Ecritures, puisqu'il ne les a 
point apprises ? 

16. Jésus leur répondit et dit : 
Ma doctrine n’est pas de moi, 
mais de celui qui m'a envoyé. 

17. Si quelqu'un veut faire sa 
volonté, il connaîtra, touchant 
ma doctrine, si elle est de lui ou 
si je parle de moi-même. 

18. Celui qui parle de lui-même 
cherche sa propre gloire; mais 
qui cherche la gloire de celui 
qui l'a envoyé, celui-là est vrai, 
et il n'y a point d'injustice en 
lui. 

19. Moïse ne vous a-t-il pas 
donné la loi? Gependant nul de 
vous ne pratique la loi. 

20. Pourquoi cherchez-vous à 
me faire mourir? Le peuple ré- 
pondit et dit : Tu es possédé du 
démon : qui cherche à te faire 
mourir? 

21. Jésus répliqua et leur dit : 
J'ai fait une seule ceuvre, et vous 
étes tous étonnés. 

99. Cependant Moise vous a 
donné la circoncision (bien qu'elle 
ne soit pas de Moise, mais des 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


eu. vin. ] 
patriarches) : et vous circoncisez 
le jour du sabbat. 

93. Or, si un homme recoit la 
circoncision le jour du sabbat, 
afin que la loi de Moise ne soit 
point violée, comment vous indi- 
gnez-vous contre moi, parce que 
jai rendu un homme sain. tout 
entier un jour de sabbat? 

24. Ne jugez point sur l'appa- 
rence, mais rendez un juste ju- 
gement. 

25. Quelques-uns de Jérusalem 
disaient donc : N'est-ce pas là 
celui qu'ils cherchent ἃ faire 
mourir ? 

26. Et voilà qu'il parle. publi- 
quement, et ils ne lui disent rien. 
Les chefs du peuple auraient-ils 
réellement reconnu que c'est lui 
qui est le Christ? 

27. Cependant pour celui-ci, 
nous savons d'oü il est : mais 
quand le Christ viendra, per- 
sonne ne saura d'oü il est. 

28. Ainsi Jésus parlait à haute 
voix dans le temple, enseignant 
et disant : Et vous savez qui je 
suis, et vous savez d'oü je suis ; 
et je ne suis point. venu de moi- 
méme : mais il est vrai, celui qui 
m'a envoyé, et que vous ne con- 
naissez point. 

29. Moi je le connais, parce que 
je suis de lui, et que c'est lui qui 
m'a envoyé. 

30. 115 cherchaient done à le 
prendre; mais personne ne mit 
la main sur lui, parce que son 
heure n'était pas encore venue. 

31. Mais beaucoup d'entre le 


19. Exode, xxiv, 3. — 20. Supra, v, 18. — 22. Lévit., ,זוא‎ 3; Genèse, xvir, 10. — 


2%. Deut., 1, 16. 


21. Jésus parle ici de la guérison qu'il avait opérée sur le paralytique de la piscine, 


uu jo'ir de sabbat. Voy. v, 9 et suiv. 


[cg. vir.) 
peuple crurent en lui, et ils di- 
saient : Le Christ, quand il vien- 
dra, fera-t-il plus de miracles que 
celui-ci n'en fait ? 

32. Les pharisiens entendirent 
le peuple murmurant ainsi à son 
sujet; et les princes des prétres 
et les pharisiens envoyèrent des 
archers pour le prendre. 

93. Jésus leur dit: Je suis en- 
core un peu de temps avec vous; 
et je m'en vais à celui qui m'a 
envoyé. 

94. Vous me chercherez et ne 
me trouverez pas ; et où je suis 
vous ne pouvez venir. 

98. Les Juifs dirent entre eux : 
Où doit donc aller celui-ci, que 
nous ne le trouverons point? doit- 
il aller chez les nations disper- 
sées, et enseigner les gentils ? 

36. Quelle est cette parole qu'il 
ἃ dite : Vous me chercherez et 
ne me trouverez point : et où je 
suis vous ne pouvez venir? 

37. Le dernier jour de la féte, 
qui est le plus solennel, Jésus se 
tenait debout et s'écriait, disant : 
Si quelqu'un a soif, qu'il vienne 
à moi, et qu'il boive. 

38. Celui qui croit en moi, 
comme dit l'Ecriture, des fleuves 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEA^" | 


2565 


d'eau vive couleront de son sein. 

99. Il disait cela de l'Esprit que 
devaient recevoir ceux qui 
croyaient en lui; car l'Esprit n'a- 
vait pas encore été donné, parce 
que Jésus n'était pas encore glo 
rifié. 

40. Parmi donc cette multitude 
qui avait entendu ces paroles : 
les uns disaient : Celui-ci est 
vraiment le prophete. 

41. D'autres disaient : Celui-ci 
estle Christ. Mais quelques-uns 
disaient : Est-ce de la Galilée que 
vient le Christ? 

49. L'Ecriture ne dit-elle pas 
que c'est de la race de David et 
du bourg de Dethléem, oü était 
David, que vient le Christ? 

43. Il s'éleva donc une dissen- 
sion dansle peuple à cause de lui. 

44. Quelques-uns d'eux vou- 
laient le prendre, mais aucun 
d'eux ne mit la main sur lui. 

45. Ainsiles archers revinrent 
vers les pontifes 65165 pharisiens, 
qui leur demandèrent : Pourquoi 
ne l'avez-vous pas amené ? 

46. Les archers répondirent : 
Jamais homme n'a pàrlé comme 
cet homme. 

A1. Mais les pharisiens leur ré- 


34. Infra, ,זווא‎ 33. — 37. Lévit., xxi, 27. — 38. Isaie, χιαν, 8; Lvur, f1; Joël, 11, 28; 
Actes, 11, 17. — 42. Mich., v, 2; Matt., 11, 6. 


35.* Chez les nations dispersées. Le texte porte littéralement : dans la dispersion 
des gentils, ce qui chez les Juifs signifiait les Israélites dispersés et vivant au milieu 
des paiens. C'est le sens qu'a ici cette locution. Plus tard les Apótres appliquaient 
cette dénomination aux chrétiens ou Juifs convertis dispersés au milieu des Gentils, 
Jacques, 1, 1; I Pierre, 1, 1. 

31. * Le dernier jour de la féte des Tabernacles, un lévite allait puiser de l'eau à 
Siloé (voir sur cette fontaine Jean, 1x, 11) dans une urne d'or et on versait cette eau, 
dans le temple, sur la victime du sacrifice, en mémoire du miracle de Moise faisant 
jaillir l'eau du rocher au Sinai. C'est sans doute à cet usage, à cette eau et à cette 
fontaine que fait allusion le Sauveur, quand il dit : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne 
à moi el qu'il boive. 

42, Où élait David; c'est-à-dire où avait habité David. 

45. * Les avchers. Le texte porte les serviteurs, 


2566 


pliquèrent : Avez-vous été sé- 
duits, vous aussi? 

48. Est-il quelqu'un d'entre les 
chefs du peuple ou d'entre les 
pharisiens, qui ait cru en lui? 

49. Mais cette foule, qui ne con- 
naît pas la loi, ce sont des mau- 
dits. 

50. Nicodème leur dit (c'était 
celui qui était venu de nuit à Jé- 
sus, et qui était l'un d'entre eux): 

51. Est-ce que notre loi con- 
damne un homme sans qu'aupa- 
ravant on l'ait entendu, et sans 
qu'on sache ce qu'il a fait? 

52. Ils répondirent, et lui di- 
rent: Est-ce que tu es aussi Ga- 
liléen? Lis avec soin les Ecritures, 
et tu verras : De la Galilée pro- 
phéte ne surgit. 

53. Et ils s'en retournaient cha- 
cun en sa maison. 


CHAPITRE VIII. 


Femme adultére présentée à Jésus-Christ. 
Jésus lumiére du monde. Son pére lui 
rend témoignage. Impénitence des Juifs 
prédite. Crucifiement annoncé. Qui 
commet le péché est esclave du péché. 
Vrais enfants d'Abraham. Le démon 
est le pére du mensonge. Qui est de 
Dieu entend les paroles de Dieu. Jésus 
outragé laisse la défense de sa gloire à 
son Père. Il déclare qu'il est avant 
Abraham. 


1. Mais Jésus s'en alla à la 
montagne des Oliviers; 

9. Et des le point du jour il re- 
vint dans le temple, et tout le 
peuple vint à lui; et, s'étant as- 
sis, il les enseignait. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


[cæ. vin] 


3. Cependant les scribes et les 
pharisiens lui amenèrent une 
femme surprise en adultère, et 
la placèrent au milieu, 

4. Puis ils. dirent à Jésus : 
Maitre, cette femme vient d'étre 
surprise en adultere. 

5. Or Moise, dans la loi, nous a 
ordonné de lapider de telles 
femmes. Toi donc, que dis-tu ? 

6. Or ils disaient cela, le ten- 
tant, afin de pouvoir l’accuser. 
Mais Jésus, se baissant, écrivait 
du doigt sur la terre. 

7. Et comme ils continuaient à 
l'interroger, il se releva et leur 
dit : Que celui de vous qui est 
sans péché jette le premier une 
pierre contre elle. 

8. Et se baissant de nouveau, 
il écrivait sur la terre. 

9. Mais, entendant cela, ils sor- 
taient l'un après l'autre, à com- 
mencer parles vieillards. Et Jésus 
demeura seul avec la femme, qui 
était au milieu. | 

10. Alors Jésus, se relevant, lui 
dit : Femme, où sont ceux qui 
vous accusaient? Personne ne 
vous a condamnée? 

11. Elle répondit : Personne, 
Seigneur. Et Jésus lui dit : Ni moi, 
je ne vous condamnerai pas : 
allez, et ne péchez plus. 

12. Jésus leur parla de nou- 
veau, disant : C'est moi qui suis la 
lumière du monde : qui me suit 
ne marche pas dans les ténèbres, 


mais il aura la lumière de la vie. 


50. Supra, nr, 2. — 51. Deut., xvii 8; xix, 15. — Cuar. VIII. 5. Lév., xx, 10. 329! 


1. Deut., xvi, 7. — 12. I Jean, 1, 5. 


50. * Nicodème. Voir plus haut, itr, 4. 


52. Et tu verras; littér. e£ vois; ce qui est un pur hébraisme. 
1. * A la montagne des Oliviers. Voir Matt., xxt, 4. 


5. Dans la loi. Deutér., xx, 22, 24. 


[cn. vin.] 


13. Alors les pharisiens lui 
dirent : C'est toi qui rends témoi- 
gnage de toi-méme; ton témoi- 
gnage n'est pas vrai. 

14. Jésus répondit, et leur dit : 
Bien que je rende témoignage de 
moi-méme, mon témoignage est 
vrai; parce que je sais d'oü je 
viens et où je vais, mais vous, 
vous ne savez ni d'oü je viens ni 
oü je vais. 

45. Vous, vous jugez selon la 
chair; moi je ne juge personne; 

16. Et si je juge, mon juge- 
ment est vrai, parce que je ne 
suis pas seul; mais moi et mon 
Père qui m'a envoyé. 

47. Or dans votre loi il est écrit 
que le témoignage de deux 
hommes est vrai. 

18. C'est moi qui rends témoi- 
gnage de moi-méme; mais il 
rend aussi témoignage de moi, 
mon Père qui m'a envoyé. 

19. Ils lui disaient donc : Où est 
ton Père? Jésus répondit : Vous 
ne connaissez ni moi, ni mon 
Père : si vous me connaissiez, 
vous connaitriez sans doute aussi 
mon Père. 

20. Jésus dit ces paroles, ensei- 
gnant dans le temple, au lieu où 
est 16 trésor : et personne ne se 
saisit de lui, parce que son heure 
n'était pas encore venue. 

21. Jésus leur dit encore : Je 
m'en vais et vous me chercherez, 
et vous mourrez dans votre pé- 
ché. Mais oü je vais vous ne pou- 
vez venir. 

22. Les Juifs disaient donc : Se 


L'ÉVANGILE SELON SAINT EAN. 


2567 


tuera-t-il ui-même, puisqu'il dit : 
Oü je vais vous ne pouvez venir? 

23. Il leur disait aussi : Vous, 
vous étes d'en bas, moi je suis 
d'en haut. Vous êtes de ce monde, 
moi je ne suis pas de ce monde. 

24. Je vous ai donc dit que 
vous mourriez dans vos péchés ; 
car si vous ne me croyez pas ce 
que je suis, vous mourrez dans 
votre péché. 

25. Ils lui dirent donc : Qui es 
tu? Jésus leur dit : Le principe, 
moi-méme qui vous parle. 

26. J'ai beaucoup de choses à 
dire de vous, et à condamner en 
vous; mais celui qui m'a envoyé 
est vrai, et moi, ce que j'ai en- 
tendu de lui, je le dis au monde. 

27. Et ils ne comprirent pas 
qu'il disait que Dieu était son 
Père. 

28. Jésus leur &'* donc : Quand 
vous aurez ék. le Fils de 
lhomme, c'est alors que vous 
connaîtrez ce que je suis, et que 
je ne fais rien de moi-méme, 
mais que je parle comme mon 
Père m'a enseigné; 

29. Et celui qui m'a envoyé est 
avec moi, et il ne m'a pas laissé 
seul, parce que pour moi je fais 
toujours ce qui lui plaît. 

30. Comme il disait ces choses, 
beaucoup crurent en lui. 

31. Jésus disait donc à ceux 
des Juifs qui croyaient en lui : 
Pour vous, si vous demeurez 
dans ma parole, vous serez vrai- 
ment mes disciples; 

32. Et vous connaîtrez la vé- 


11. Deut., xvir, 6; xix, 15; Matt., xvii, 16; II Cor., xii, 1; Hébr., x, 28. — 26. Rom., 


n, 4. 


13. N'est pas vrai; c'est--dire n'est pas valable, n'est pas acceptable, 
20. * Où est le trésor, le tronc pour recevoir les aumónes, Voir Marc, xit, 41, 


2263 
rité, et la vérité vous rendra 
libres. 

33. Ils lui répondirent : Nous 
sommes la race d'Abraham, et 
nous n'avons jamais été esclaves 
de personne; comment dis-tu, 
toi : Vous serez libres? 

34. Jésus leur repartit : En vé- 
rité, en vérité, je vous le dis, 
quiconque commet le péché est 
esclave du péché; 

35. Or l'sclave ne demeure 
point toujours dans la maison; 
mais le fils y demeure toujours; 

36. Si donc le fils vous met en 
liberté, vous serez vraiment 
libres. 

97. Je sais que vous étes fils 
d'Abraham; mais vous cherchez 
à me faire mourir, parce que ma 
parole ne prend pas en vous. 

38. Pour moi, ce que j'ai vuen 
mon Père, je le dis; et vous, ce 
que vous avez vu en votre pere, 
vous le faites. 

39. Ilsrépliquerentetlui dirent : 
Notre père est Abraham. Jésus 
leur dit : Si vous étes fils d'Abra- 
ham, faitesles œuvres d'Abraham. 

40. Mais loin de là, vous cher- 
chez à me faire mourir, moi 
homme qui vous ai dit la vérité 
que j'ai entendue de Dieu ; c'est 
ce qu'Abraham n'a pas fait. 

41. Vous faites les ceuvres de 
votre père. Ils lui répliquèrent 
donc : Nous ne sommes pas nés 
de la fornication ; nous n'avons 
qu'un père, Dieu. 

49. Mais Jésus leur repartit : Si 


L'ÉVANGILE SELON. SAINT JEAN. 


[cn. ν 11. 


Dieu était votre père, certes vous 
m'aimeriez ; car c'est de Dieu que 
je suis sorti et que je suis venu; 
ainsi je ne suis point venu de 
moi-même, mais c'est lui qui m 
envoyé. 

49. Pourquoi ne, connaissez- 
vous point mon langage? parce 
que vous ne pouvez pas écouter 
ma parole. 

44. Vous avez le diable pour 
pere, et vous voulez aceomplir 
les désirs de votre père. Il a été 
homicide dés le commencement, 
et il n'est pas demeuré dans la 
vérité, parce qu'il n'y a pas de vé- 
rilé en lui; lorsqu'il parle men- 
songe, il parle deson proprefonds, 
parce qu'il est menteur et le Pere 
du mensonge. 

45. Pour moi, si je disla vérité, 
vous ne me croyez point. 

46. Qui de vous me convaincra 
de péché? Si je vous dis la vérité, 
pourquoi ne me croyez- vous 
point? 

41. Celui qui est de Dieu écoute 
les paroles de Dieu. Et si vous ne 
les écoutez point, c'est parce que 
vous n'étes point de Dieu. 

48. Mais les Juifs répondirent 
et lui dirent : Ne disons-nous 
pas avec raison que tu es un Sa- 
maritain, et qu'un démon est en 
toi? 

49. Jésus repartit : ll n'y 8 pas 
de démon en moi; mais j'honore 
mon Père, et vous, vous me dés- 
honorez. 

90. Pour moi, je ne cherche 


34. Rom., vi, 15, 16; II Pierre, tt, 19. — 4%. I Jean, nr, 8. — 47. I Jean, 1v, 6. 


40. Loin de là; c'est-à-dire loin de faire les ceuvres d'Abraham, vous cherchez, etc. 
C'est le 8001 868 conforme à la Vulgate aussi bien qu'au texte grec. 
48.* Un Samaritain,terme injurieux, puisque les Samaritains étaient schismatiques 


et ennemis des Juifs. 


[cm 1x1) 
point ma gloire; il est quelqu'un 
qui la cherchera et qui jugera. 

51. En vérité, en vérité, je vous 

le dis: Si quelqu'un garde ma 
parole, il ne verra jamais la 
mort. 
:082., Mais les Juifs lui dirent : 
Maintenantnousconnaissonsqu'il 
y 8 un démon en toi. Abraham 
est mort et les prophètes aussi, et 
tu dis: Si quelqu'un garde ma 
parole, il ne goütera jamais de la 
mort. 

93. Es-tu plus grand que notre 
père Abraham qui est mort? et 
les prophètes sont morts aussi ? 
Qui prétends-tu étre? 

54. Jésus répondit : Si je me 
glorifie moi-méme, ma gloire 
n'est rien; c'est mon Pére qui 
me glorifie, lui dont vous dites 
qu'il est votre Dieu. 

. 99. Et vous ne l'avez pas connu; 

mais moi je le connais; et si je 
disais que je ne le connais point, 
je serais semblable à vous, men- 
teur. Mais je le connais, et je 
garde sa parole. / 

56. Abraham, votre père, a tres- 
881111 pour voir mon jour; il l'a 
vu, et il s'est réjoui. 

91. Mais les Juifs lui répli- 
querent : Tu n'as pas encore cin- 
quante ans, et tu as vu Abraham ? 

58. Jésus leur dit : En vérité, 
en vérité, avant qu'Abraham eût 
été fait, je suis. 

59. Ils prirent donc des pierres 
pour les lui jeter; mais Jésus se 
cacha, et sortit du temple. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2569 


CHAPITRE IX. 


Aveugle-né guéri par Jésus-Christ. En- 
quête des pharisiens sur ce miracle. Ils 
chassent de la synagogue celui quiavait : 
été guéri. Instruit par Jésus-Christ, i 
se prosterne et l'adore. Double juge- 
ment exercé par Jésus-Christ. 


1.Et comme il passait, Jésus 
vit un homme aveugle de nais- 
sance; 

2. Et ses disciples l'interro- 
gerent: Maitre, qui a péché, celui- 
ci ou ses parents, pour quil soit 
né aveugle? 

3. Jésus répondit: Ni celui-ci n'a 
péché, ni ses parents, mais c'est 
pour que les ceuvres de Dieu 
soient manifestées en lui. 

4. Il faut que j'opère les œuvres 
de celui qui m'a envoyé, tandis 
qu'il est jour; la nuit vient, pen- 
dant laquelle personne ne peut 
agir; 

9. Tant que je suis dans le 
monde, je suis la lumière du 
monde. 

6. Lorsqu ileutditcela,ilcracha 
à terre, fit de la boue avec sa sa- 
live, et frotta de cette. boue les 
yeux de l'aveugle, 

Et il lui dit : Va, lave-toi dans‏ .ד 
la piscine de Siloé (ce qu'on in-‏ 
terprète par Envoyé). 11 s'en alla‏ 
donc, se lava, et revint voyant‏ 
clair.‏ 

8. De sorte que ses voisins et 
ceux qui l'avaient vu aupara- 
vant mendier, disaient : N'est-ce 
pas celui-là qui était assis et men- 


58: Avant qu'Abraham. eát. été. fait. La traduction ordinaire : Avant qu'Abraham füt, 
est; selon.]a remarque judicieuse de Bossuet, tout à fait inexacte, puisque l'être d'Abra- 
ham et celui de Jésus-Christ 76101601 ni les mêmes en soi ni expliqués par le méme 
moí.. Ajoutons que le grec, comme la Vulgate, emploie pour Abraham le verbe étre fait, 
et pour-Jésus-Christ, é/re; exister. 

7. * Va à la piscine de Siloé. La fontaine de Siloé est située au. pied, du mont 


2010 


diait? D'autres disaient 
lui. 

9. Et d'autres : Point du tout, 
seulement il lui ressemble. Mais 
lui disait : C'est moi. 

10. Ils lui demandaient donc : 
Comment tes yeux ont-ils été ou- 
verts ? 

11. Il répondit : Cet homme 
qu'on appelle Jésus a fait de la 
boue, il a frotté mes yeux, et m'a 
dit: Va à la piscine de Siloé, et 
lave-toi. J'y suis allé, je me suis 
lavé, et je vois. 

19. Ils lui demandèrent : Où est- 
il? Il répondit : Je ne sais. 

18. Alors ils amenérent aux 
pharisiens celui qui avait été 
aveugle. 

14. Or c'était un jour de sabbat 
que Jésus fit de la boue et ouvrit 
ses yeux. 

18. Les pharisiens lui deman- 
dèrent donc aussi comment il 
avait vu. Et il leur dit : Il m'a 
mis de la boue sur les yeux, je 
me suis lavé, et je vois. 


c'est 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


[cx. 1x.] 


16. Alors quelques-uns d'entre 
les pharisiens disaient : Cet 
homme n'est point de Dieu, puis- 
quil ne garde point le sabbat. 
Mais d'autres disaient : Comment 
un pécheur peut-il faire de tels 
miracles? Et il y avait division 
entre eux. 

11. 115 dirent donc encore à 
l'aveugle : Et toi, que dis-tu 
de celui qui t'a ouvert les yeux ? 
Il répondit : C'est un prophète. 

18. Mais les Juifs ne crurent 
point de lui qu'il eüt été aveugle 
et qu'il eüt recouvré la vue, jus- 
qu'à ce qu'ils eussent appelé les 
parents de celui qui avait recou- 
vré la vue; 

19. Et ils les interrogérent, 
disant : Est-ce là votre fils, que 
vous dites être né aveugle? Com- 
ment donc voit-il maintenant? 

20. Ses parents leur répon- 
dirent et dirent : Nous savons 
que c'est notre fils et qu'il est né 
aveugle ; 

21. Mais comment il voit main- 


וו ו" 


Ophel, regardant l'est et le village de Siloam qui fait face à Jérusalem, sur le versant 
septentrional de la vallée de Ben-Hinnom. On descend par un escalier de dix-sept 
marches sur un palier voûté en ogive et long de 3 m. 50 sur autant de largeur et de 
hauteur et ayant pour fond le rocher. Un autre escalier de quinze marches taillées 
dans le roc conduit à la fontaine méme. Elle est irréguliérement intermittente et 
l'eau en est légèrement saumátre. Le réservoir est rectangulaire; il 8 seize mótres 
de long environ, sur six mètres de large et six mètres de profondeur. L'eau arrive 
par un canal creusé dans le roc. Une inscription hébraïque découverte en 1880 et 
datant vraisemblablement du régne d'Ezéchias nous apprend que le tunnel qui a été 
percé dans la montagne pour amener l'eau à Siloó fut entrepris par les deux extré* 
mités à la fois. ll fait des zigzags et a 535 mètres de longueur. La source qui alimente 
a piscine de Siloó en passant par cet aqueduc souterrain est celle qu'on appelle 
aujourd'hui la Fontaine de la Vierge, la seule source naturelle qui soit proche de 
Jérusalem, cette ville n'ayant en outre que les citernes recueillant l'eau de pluie et 
les eaux conduites autrefois à grands frais des vasques de Salomon au sud de 
Bethléem. La Fontaine de la Vierge est situóe au fond d'une excavation taillée dans 
le roc, sur le versant oriental du mont Ophel. On y descend par un escalier de trente 
marches. La grotte est à environ huit métres de profondeur. Le bassin a trois mètres 
et demi de long et un mètre soixante centimètres de large. La source est intermittente; ? 
pendant l'hiver, à la saison des pluies, l'eau coule de trois à cinq fois par jour, à inter- 
valles irréguliers ; pendant l'été elle ne coule que deux fois, et une fois seulement pen- | 
dant l'automne. On suppose que l'eau provient d'un réservoir naturel caché sous le mont | 


Moriah, au-dessous du temple. 


fen. 1x.] 
tenant, nous ne le savons pas; ou 
qui lui a ouvert les yeux, nous 
ne le savons pas; interrogez-le : 
ila de l’âge, qu'il parle pour lui- 
même. 

22. Ses parents dirent cela, 
parce qu'ils craignaient les Juifs ; 
car déjà les Juifs étaient conve- 
nus ensemble que si quelqu'un 
confessait que Jésus était le 
Christ, il serait chassé de la sy- 
nagogue. 

23. C'est pourquoi ses parents 
dirent : 11 a de l’âge, interrogez- 
le lui-méme. 

24. Ils appelèrent donc de nou- 
veau l'homme qui avait été aveu- 
gle, et lui dirent : Rends gloire à 
Dieu; pour nous, nous savons 
que cet homme est un pécheur. 

95. Mais il leur dit : S'il est pé- 
cheur, je ne sais; je sais une seule 
chose, c'est que j'étais aveugle, 
et qu'à présent je vois. 

26. Ils lui répliquèrent donc : 
Que t'a-t-il fait? Comment t'a-t-il 
ouvert les yeux? 

27. 11 leur répondit : Je vous 
l'ai déjà dit, et vous l'avez en- 
tendu, pourquoi voulez-vous l'en- 
tendre encore? Est-ce que, vous 
aussi, vous voulez devenir ses 
disciples? 

98. Ils le maudirent donc, et 
dirent : Sois son disciple, toi ; mais 
nous, nous sommes disciples de 
Moise. 

29. Nous savons que Dieu a 
parlé à Moise; mais celui-ci, nous 
ne savons d'oü il est. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2571 

30. Get homme reprit et leur 
dit : Mais il y a en cela une chose 
étonnante, c'est que vous ne sa- 
chiez d'oü ilest, etil a ouvert mes 
yeux; 

91. Cependant nous savons que 
Dieu n'écoute point les pécheurs; 
mais si quelqu'un honore Dieu et 
fait sa volonté, c'est celui-là qu'il 
exauce. i 

32. Jamais on n'a oui dire que 
quelqu'un ait ouvertles yeux d'un 
aveugle-né. 

33. Si celui-ci n'était pas de 
Dieu, il ne pourrait rien faire. 

34, Ils répliquèrent et lui di- 
rent : Tu es né tout entier dans 
le péché, et tu nous enseignes! 
Et ils le jetèrent dehors. 

5. Jésus apprit qu'ils l'avaient 
jeté dehors; et, l'ayant rencontré, 
il lui demanda : Crois-tu au Fils 
de Dieu? 

36. Celui-ci réponditet dit : Qui 
est-il, Seigneur, afin que je croie 
en lui? 

81. Et Jésus lui dit : Mais tu 
l'as vu, et c'est lui-même qui te 
parle. 

88. Et celui-ci reprit : Je crois, 
Seigneur; et se prosternant, ii 
l'adora. 

39. Alors Jésus dit : C'est en 
jugement que je suis venu dans 
ce monde, afin que ceux qui ne 
voient pas, volent, et que ceux 
qui voient, deviennent aveugles. 

40. Or quelques-uns d'entre les 
pharisiens, qui étaient avec lui, 
l'entendirent et lui demandèrent: 


92. * Il serait chassé de la synagogue; c'est-à-dire qu'on ne lui permettrait plus 
d'entrer dans aucune synagogue pour y entendre la lecture de l'Ecriture et y prier 


avec les autres Israélites. 


39. C’est en jugement; c'est pour exercer un jugement, et par ce jugement mani- 
1 5 Ρ 5 


fester les desseins de Dieu sur les hommes. 


2012 
Est-cequenoussommes aveugles, 
nous aussi? 

41. Jésus leur répondit : Si vous 
étiez aveugles, vous n'auriez 
point de péché. Mais vous dites 
au contraire : Nous voyons. Ainsi 
votre péché subsiste. 


CHAPITRE X. 


Faux et vrai pasteur. Jésus est la porte 
des brebis; il est le bon pasteur. Carac- 
tére du mercenaire. Brebis réunies sous 
un seul pasteur. Jésus quitte sa vie 
pour la reprendre. Les brebis de Jésus 
entendent sa voix. Les Juifs veulent le 
lapider. Il prouve sa divinité par ses 
œuvres. 


1. En vérité, en vérité, je vous 
le dis: Celui qui n’entre point par 
la porte dans le bercail des brebis, 
mais y monte par ailleurs, est un 
voleur et un larron. 

2. Mais celui qui entre par la 
porte, est le pasteur des brebis. 

3. C'est à celui-ci que le portier 
ouvre, et les brebis entendent sa 
voix, et il appelle ses propres 
brebis par leur nom, et les fait 
sortir. 

4. Et lorsqu'il a fait sortir ses 
propres brebis, il marche devant 
elles, et les brebisle suivent, parce 
qu'elles connaissent sa voix. 

5. Elles ne suivent point un 
étranger, mais elles le fuient, 
parce qu'elles ne connaissent 
point la voix des étrangers. 

6. Jésus leur dit cette parabole. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


x.]‏ .אס] 
Mais ils ne comprirent pas ce qu'il‏ 
leur disait.‏ 

7. Jésus leur dit done encore : 
En vérité, en vérité, je vous le 
dis, c'est moi qui suis la porte 
des brebis. 

8. Tous ceux qui sont venus 
sont des voleurs et des larrons, 
eLles brebis ne les ont point écou- 
tés. 

9. C'est moi qui suis la porte. 
Si c'est par moi que quelqu'un 
entre, il sera sauvé; et il entrera, 
et il sortira, et il trouvera des pà- 
turages. 

10. Le voleur ne vient que pour 
voler, égorger et détruire. Moi je 
suis venu pour qu'elles aient la 
vie, et qu'elles l'aient plus abon- 
damment. 

11. Moi je suis le bon pasteur. 
Le bon pasteur donne sa vie pour 
ses brebis. 

19. Mais le mercenaire, et celui 
qui n'est point pasteur, dont les 
brebis ne sont pas le bien propre, 
voyant le loup venir, laisse làles 
brebis et s'enfuit; et 16 loup ravit 
et disperse les brebis; 

13. Or le mercenaire s'enfuit, 
parce quil est mercenaire, et 
quil n'a point de souci des bre- 
bis. 

14. Moi, je suis le bon pasteur, 
el je connais mes brebis et mes 
brebis me connaissent, 

15. Comme mon Pére me con- 


Cap. X. 11. Isaie, xr, 11; Ezéch., xxxiv, 23; מנטאאא‎ 24. — 15. Matt., ,זא‎ 21; Luc, 


ΣΧ 


41. Au coníraire. La traduction maintenant est inexacte. Compar. vir, 40. 

1. * Le bercail en Orient est ordinairement un enclos en plein air, dont l'enceinte 
consiste en un mur grossièrement fait de pierres ou en une palissade. C'est là qu'on 
enferme les troupeaux la nuit. Le berger entre par la porte avec ses brebis, mais le 
voleur pour y pénétrer monte par dessus le mur ou la palissade. 

11. * On sait que dans les catacombes les premiers chrétiens ont représenté des 
milliers de fois Notre Seigneur sous la forme du Bon Pasteur. 


i 


]68. x.] 
naît, et que moi-méme je connais 
mon Père; et je donne ma vie 
pour mes brebis. 

16. Mais j'ai d'autres brebis qui 
ne sont point de cette bergerie; 
et il faut que je les amène, et 
elles entendront ma voix, et il 
n'y aura qu'un bercail et qu'un 
pasteur. 

11. Et si mon Pére m'aime, 
cest parce que je quitte ma vie 
pour la reprendre. 

18. Personne ne me la ravit; 
mais je la donne de moi-même ; 
jaile pouvoir de la donner et j'ai 
le pouvoir de la reprendre. C'est 
le commandement que j'ai reçu 
de mon Père. 

19. Une dissension s'éleva de 
nouveau parmi les Juifs à cause 
de ces paroles. 

20. Beaucoup d'entre eux di- 
saient : Il a en lui un démon, et 
il a perdu le sens; pourquoi l'é- 
coutez-vous ? 

21. D'autres disaient : Ges pa- 
roles ne sont pas dun homme 
qui a un démon en lui; est-ce 
qu'un démon peut ouvrir les 
yeux des aveugles? 

29. Or on faisait à Jérusalem la 
Dédicace ; et c'était l'hiver. 

23. Et Jésus se promenait dans 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2073 
le temple, sous le portique de 
Salomon. 

24. Les Juifs donc l’entourèrent 
el lui dirent : Jusqu'à quand tien- 
dras-tu notre esprit en suspens ? 
Si tu es le Christ, dis-le-nous ou- 
vertement. 

25. Jésus leur répondit : Je vous 
parle et vous ne croyez point; les 
œuvres que je fais au nom de 
mon Père rendent témoignage 
de moi ; 

26. Mais vous ne croyez point, 
parce que vous n'étes point de 
mes brebis. 

27. Mes brebis écoutent ma 
voix ; moi je les connais et elles 
me suivent; 

28. Et je leur donne 18 vie éter- 
nelle, et elles ne périront jamais, 
et nul ne les ravira de ma main. 

29. Quant à mon Père, ce qu'il 
m'a donné est plus grand que 
toutes choses, et personne ne le 
peut ravir de la main de mon 
Pere. 

30. Moi et mon Père nous 
sommes une seule chose. 

91. Alors les Juifs prirent des 
pierres pour le lapider. 

32. Jésus leur dit : J'ai fait de- 
vant vous beaucoup d'œuvres 
excellentes par la vertu de mon 


17. Isaie, Lit, 7. — 22. I Mach., iv, 56, 59. 


22. La Dédicace. Voy. notre Aórégé d'inlroduction, etc., p. 561. — * > La féte de la 
dédicace remontait à l'an 164, où Judas Machabée, ayant délivré Jérusalem, avait 
brisé l'idole de Jupiter Olympien, placée dans le sanctuaire, et purifié le temple des 
profanations commises trois ans auparavant par Antiochus Epiphane. Elle durait 
huit jours et se célébrait à l'entrée de l'hiver, comme S. Jean en fait la remarque pour 
ses lecteurs, étrangers à la Judée. » (L. Bacuez.) 

23. * > La galerie couverte où se promenait Notre Seigneur s'appelait portique de 
Salomon, parce qu'elle était bâtie sur une terrasse élevée par Salomon. Peut-être y 
voyait-on encore quelques restes de l'ancien temple. [Elle s'étendait parallélement à 
la vallée de Josaphat et formait le cóté oriental de l'enceinte du temple.] On décou- 
vrait de là la colline des Oliviers et toute la vallée du Cédron. Le Sauveur et les 
Apôtres s'y tenaient de préférence, parce qu'elle était ouverte aux Gentils aussi bien 
qu'aux Juifs. » (L. Bacuez.) 


25/4 
Père; pour laquelle de ces œu- 
vres me lapidez-vous ? 

33. Les Juifs lui répondirent : 
Ce n'est pas pour une bonne ceu- 
vre que nous te lapidons, mais 
c'est pour un blasphème, et parce 
que toi, étant homme, tu te fais 
Dieu. 

94. Jésus leur repartit : N'est-il 
pas écrit dans votre loi: Je l'ai 
dit : Vous étes des dieux? 

88. Quand elle appelle dieux 
ceux à qui la parole de Dieu a été 
adressée, et que l'Ecriture ne peut 
étre détruite, 

36. Vous me dites, à moi que 
le Père a sanctifié et envoyé dans 
le monde : Tu blasphémes ; parce 
que j'ai dit : Je suis le Fils de 
Dieu? | 

37. Si je ne fais pas les œuvres 
de mon Père, ne me croyez point. 

38. Mais si je les fais, quand 
bien même vous ne voudriez pas 
me croire, Croyez aux œuvres, 
afin que vous connaissiez et 
croyiez que mon Père est en moi, 
et moi dans mon Père. 

39. Ils cherchaient donc à le 
prendre, mais il s'échappa de 
leurs mains. 

40. Et il s'en alla de nouveau 
au delà du Jourdain, dans le lieu 
oü Jean baptisait d'abord ; et il y 
demeura. 

41. Et beaucoup de personnes 
vinrent à lui, et ils disaient : Jean 
n'a fait aucun miracle. 

49. Mais tout ce que Jean a dit 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


(en. x1.] 


de celui-ci était vrai. Et beaucoup 
crurent en lui. 


CHAPITRE XI. 


Maladie et mort de Lazare. Jésus va à 
Béthanie pour le ressusciter. Entretien 
de Marthe avec Jésus. Jésus ressuscite 
Lazare. Les Juifs veulent perdre Jésus. 
Caïphe prophétise. Jésus se retire à 
Ephrem. Les Juifs cherchent l'occasion 
de le prendre. 


1. Or il y avait un certain ma- 
lade, Lazare, de Béthanie, du 
bourg oü demeuraient Marie et 
Marthe sa sceur. 

2. (Marie étaitcelle qui oignit le 
Seigneur de parfum, et lui essuya 
les pieds avec ses cheveux; et La- 
zare, alors malade, étaitson frere). 

3. Ses sœurs done envoyèrent 
dire à Jésus : Seigneur, voilà que 
celui que vous aimez est malade. 

4. 06 qu'entendant, Jésus leur 
dit : Cette maladie ne va pas à la 
mort, mais elle est pour la gloire 
de Dieu, afin que le Fils de Dieu 
en soit glorifié. 

5. Or Jésus aimait Marthe et sa 
sceur Marie, et Lazare. 

6. Ayant done entendu dire 
quil était malade, il demeura 
toutefois deux jours encore au 
lieu où il était ; 

7. Et après cela, il dit à ses 
disciples : Retournons en Judée. 

8. Les disciples lui dirent : 
Maitre, tout à l'heure, les Juifs 
cherchaient à vous lapider, et 
vous retournez là? 

9. Jésus répondit : N'y a-t-il pas 


94. Ps. Lxxxi, 6. — (παρ. XI. 2. Matt., xxvi, 1; Luc., vir, 37; Infra, xir, 3. 


40. * Jean Baptiste. 


4. * Béthanie, voir Matt., xxr, 11. — Marie Madeleine, voir Matt., xxvi, 56. — 


Marthe, voir Luc, x, 38. 


9. N'y a-t-il pas douze heures dans le jour? Les Juifs partageaient le jour de diffé- 
rentes manières. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 535, 536. 


— MÀ 


[ca. x1.] 
douze heures dans le jour? Si 
quelqu'un marche pendant le 
jour, il ne se heurte point, parce 
qu'il voitla lumiere de ce monde; 

10. Mais s'il marche pendant la 
nuit, il se heurte, parce qu'il n'a 
point la lumière. 

41. Π leur parla ainsi, et en- 
suite il leur dit : Lazare, notre 
ami, dort ; mais je vais le tirer de 
son sommeil. 

19. Or ses disciples lui dirent : 
Seigneur, s'il dort, il guérira. 

18. Jésus avait parlé de sa 
mort, mais eux crurent qu'il par- 
lait de l'assoupissement du som- 
meil. 

14. Alors Jésus leur dit claire- 
ment : Lazare est mort; 

15. Et je me réjouis à cause de 
vous, de ce que je n'étais pas là. 
afin que vous croyiez ; mais allons 
à lui. 

16. Sur quoi Thomas, qui est 
appelé Didyme, dit aux autres 
disciples : Allons, nous aussi, afin 
que nous mourions avec lui. 

11. Jésus vint donc, et il le 
irouva mis dans 16 sépulcre de- 
puis quatre jours. 

18. (Or Béthanie était pres de 
Jérusalem, à environ quinze sta- 
des.) 

19. Cependant beaucoup de 
Juifs étaient venus près de Marthe 
et de Marie, pour les consoler de 
la mort de leur frère. 

20. Marthe donc, dés qu'elle 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2910 
eut appris que Jésus venait, alla 
au-devant de lui, mais Marie se 
tenait dans la maison. 

91. Et Marthe dit donc à Jésus: 
Seigneur, si vous eussiez été ici, 
mon frère ne serait pas mort; 

99. Cependant, maintenant 
même, je sais que tout ce que 
vous demanderez à Dieu, Dieu 
vous le donnera. 

23. Jésus lui répondit : Votre 
frère ressuscitera. 

24. Marthe lui dit : Je sais qu'il 
ressuscitera à la résurrection, au 
dernier jour. 

25. Jésus lui dit : C'est moi qui 
suis la résurrection et la vie; celui 
qui croit en moi, quand même il 
serait mort, vivra; 

26. Et quiconque vit et croit en 
moi, ne mourra jamais. Croyez- 
vous cela? 

27. Elle lui répondit : Oui, Sei- 
gneur, je crois que vous êtes le 
Christ, le Fils du Dieu vivant, qui 
étes venu en ce monde. 

28. Aprés qu'elle eut dit cela, 
elle s'en alla et appela Marie, sa 
sœur, en secret, disant: Le Maitre 
est là, et il t'appelle. 

29. Ce que celle-ci ayant en- 
tendu, elle se leva promptement 
et vint à lui; 

30. Car Jésus n'éiait point en- 
core entré dans le bourg. mais il 
était dans le lieu où Marthe l'avait 
rencontré. 

91. Cependant les Juifs qui 


24. Luc, xiv, 14; Supra, v, 20. — 25. Supra, vi, 40. 


16. * Didyme signifie en grec jumeau. Thomas a en hébreu le méme sens. Une 
tradition dit qu'il avait une sœur jumelle appelée Lydie. 

18. * A environ quinze stades, un peu moins de trois kilomètres. 

25. C’est moi qui suis, etc.; c'est-à-dire c'est moi qui ressuscite et qui vivifie. Pour 
donner plus d'énergie au discours, les Hébreux employaient souvent les noms abs- 


traits pour les concrets. 


2576 
étaient dans la maison avec Ma- 
rie, et la consolaient, lorsqu'ils la 
virent se lever si promptementet 
sortir, la suivirent, disant : Elle 
va au sépulcre pour y pleurer. 

32. Et quand Marie fut venue 
où était Jésus, le voyant, elle 
tomba à ses pieds, et lui dit : Sei- 
eneur, 51 vous eussiez été ici, 
mon frere ne serait pas mort. 

33. Mais lorsque Jésus la vit 
pleurant, et les Juifs qui étaient 
venus avec elle pleurant aussi, il 
frémit en son esprit, et se troubla 
lui-méme. 

34. Et il dit 
mis? Ils lui répondirent 
gneur, venez et voyez. 

35. Et Jésus pleura. 


: Où l’avez-vous 
Sei- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


]68. x1.] 


36. Et les Juifs dirent : Voyez 
comme il l'aimait! 

87. Mais quelques-uns d'eux 
dirent: Ne pouvait-il pas, lui qui a 
ouvert les yeux d'un aveugle-né, 
faire que celui-ci ne mourût point? 

38. Jésus donc frémissant de 
nouveau en lui-méme, vint au 
sépulere : c'était une grotte, et 
une pierre était posée dessus. 

39. Jésus dit : Otez la pierre. 
Marthe, la sceur de celui qui était 
mort, lui dit : Seigneur, il sent 
déjà mauvais, caril est de quatre 
jours. 

40. Jésus lui répondit : Ne vous 
ai-je pas dit que, si vous croyiez, 
vous verriez la gloire de Dieu? 

41. Ils óterent donc la pierre; 


9i. Supra, Ix, Ὁ, 


38. * C'élait une grolle. « Le tombeau de S. Lazare fut vénéré dés les premiers 
temps du Christianisme. La petite porte du tombeau regarde le nord. L'entrée est 
obscure et difficile. [On y descend par] viugt-trois marches toutes usées. Le tombeau 
est une grotte souterraine pratiquée dans le rocher, mais ce rocher est dissous 
depuis longtemps, de sorte qu'on le prendrait facilement pour de la terre argileuse, 
excepté la partie avoisinant l'entrée où il a conservé toute sa dureté primitive. Ce 
changement est cause que nous trouvons aujourd'hui ce monument revétu d'une ma- 
connerie dont la voûte est en ogive. [Il] se compose de deux chambres carrées, 
presque de méme grandeur, d'à peu près trois mètres de long sur autant de large, 
et revétues d'une maçonnerie assez grossière. La première est la chambre où se 
trouvait Notre Seigneur quand il ressuscita Lazare. Du côté de l'est, on remarque 
une porte cintrée qui est murée depuis des siècles. Cette porte est précisément à 
l'entrée primitive du tombeau. Par une ouverture qui se trouve dans la paroi nord, 
on peut regarder dans le sépulcre proprement dit. De cette chambre on descend par 
un escalier bas et étroit de trois marches dans la chambre sépulcrale. La voûte en 
est légèrement ogivale. Quant à la couche funèbre de 5. Lazare, nous ne savons plus 
si elle avait la forme de four à cercueil, d'auge ou de banc; mais si l'on considère 
la forme carrée de la chambre, il parait probable que cette couche était un banc 
surmonté d'un arceau. Cette chambre était disposée pour en contenir encore deux 
| autres, ainsi qu'on en voit ailleurs en grand nombre, chacune des trois parois ayant 
son bane, tandis que celle où se trouve la porte d'entrée reste libre. » (LIÉVIN DE 
Hauue.) — * Une pierre était posée dessus. « Selon l'usage, une pierre fermait l'entrée 
de la grotte; mais le corps de Lazare était au fond de la grotte, dans une chambre 
sépulerale. Une pierre recouvrait la tombe proprement dite creusée dans le roc oü 
était le corps de Lazare. 1] y avait donc deux pierres à óter: l'une qui permettait 
d'entrer dans la grotte, dans le monument; l'autre, la véritable pierre tombale, dont 
l'encastrement dans le roc vif se voit encore. Ce fut celle-ci que Jésus ordonna de 
lever et qui laissa voir Lazare les pieds et les mains enveloppés de ses suaires. 
L'Evangéliste n'a mentionné naturellement que la pierre tombale qui recouvrait 
Lazare. Jésus avait dû descendre d'abord dans le monument par un escalier profond 
taillé dans le roc, puis de là descendre dans la chambre sépulcrale où Lazare avait 
été mis. » (J.-H. Micnow.) 


(cu. x1] 


alors Jésus, levant les yeux en 
haut, dit : Mon Père, je vous rends 
gráces de ce que vous m'avez 
écouté ; 

42. Pour moi, jesavais que vous 
m'écoutiez toujours; mais c'est à 
cause de ce peuple qui m'envi- 
ronne que j'ai parlé, afin qu'ils 
croient que c’est vous qui m'avez 
envoyé. 

43. Ayant dit cela, il cria d'une 
voix forte : Lazare, sors! 

44. Et aussitót sorlit celui qui 
avait été mort, 116 aux pieds et 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2017 

49. Beaucoup d'entre les Juifs 
qui étaient venus pres de Marie 
et de Marthe, et qui avaient vu ce 
que fit Jésus, crurent en lui. 

46. Mais quelques-uns d'entre 
eux allèrent vers les pharisiens 
et leur dirent ce qu'avait fait Jé- 
sus. 

47. Les Pontifes donc et les 
pharisiens assemblèrent le con- 
seil, et ils disaient : Que faisons- 
nous, car cet homme opere beau- 
coup de miracles? 

48. Si nous le laissons ainsi, 


aux mains de bandelettes, et le 
visage enveloppé d'un suaire. 
Jésus leur dit : Déliez-le et laissez- 
le aller. 


tous croiront en lui, et les Ro- 
mains viendront et ruineront 
notre pays et notre nation. 

49. Mais l'un d'eux, nommé 


49. Infra, xvut, 14. 


44. * De bandelelles. On enveloppait les cadavres d'une grande quantité de ban- 
delettes à la façon des Egyptiens. 

41. * Le conseil, le sanhédrin. — * Les ponlifes et les pharisiens assemblérent le 
conseil. Suivant une ancien tradition, le conseil fut assemblé à la maison de cam- 
pagne de Caiphe, située sur le mont du Mauvais Conseil, qui a tiré de là son nom. 
Ce mont est à l'ouest de Jérusalem et forme la limite méridionale de la vallée de 
Ben-Hinnom. 

43. * Les Romains viendront el ruineront notre pays. — « Les Romains viendront, et 
ils délruiront notre ville, notre lemple et toule notre nation. C'est le prétexte dont ils 
couvraient leur intérét caché et leur ambition. Le bien public impose aux hommes, 
et peut-étre que les pontifes et les pharisiens en étaient véritablement touchés, car 
la politique mal entendue est le moyen le plus sûr pour jeter les hommes dans l'aveu- 
glement et les faire résister à Dieu. 

« On voit ici tous les caractères de la fausse politique et une imitation dela bonne, 
mais à contre-sens. La véritable politique est prévoyante et par là se montre sage. 
Ceux-ci font aussi les sages et les prévoyants: Les ftomains viendronl. lls viendront, 
il est vrai, non pas comme vous pensez, parce qu'on aura reconnu le Sauveur; mais 
au contraire, parce qu'on aura manqué de le reconnaitre. La nation périra: vous 
lavez bien prévu; elle périra en effet; mais ce sera par les moyens dont vous 
prétendiez vous servir pour la sauver, tant est aveugle votre politique et votre 
prévoyance. La politique est habile et capable : ceux-ci font les capables. Voyez avec 
quel air de capacité Caiphe disait : Vous n’y entendez rien; i| n'y entendait rien lui- 
méme. [/ fuut qu'un homme meure pour le peuple: il disait vrai, mais c'était d'une 
autre facon qu'il ne l'entendait. La politique sacrifie le bien particulier au bien publie, 
et cela est juste jusqu'à un certain point. // faut qu'un homme meure pour le peuple : 
il entendait qu'on pouvait condamner un innocent au dernier supplice, sous prétexte 
du bien publie, ce qui n'est jamais permis, car au contraire le sang innocent 
crie vengeance contre ceux qui le répandent. La grande habileté des politiques, c'est 
de donner de beaux prétextes à leurs mauvais desseins. || n'y a point de prétexte 
plus spécieux que le bien publie, que les ponlifes et leurs adhérents font semblant 
de se proposer. Mais Dieu les confordit, et leur politique ruina le temple, la ville, 
la nation, qu'ils faisaient semblant de vouloir sauver. » (Bossukr.) 

49. * « Que signilient ces mots de S. Jean sur Caïphe : i/ élait le pontife de celle 


Ν π᾿ 163 


2575 
Caïphe, qui était le Pontife de 
cette année-là, leur dit : Vous n’y 
entendez rien, 

50. Et vous ne pensez pas qu'il 
vous est avantageux qu'un seul 
homme meure pour le peuple, et 
non pas que toute la nation pé- 
risse. 

51. Or il ne dit pas cela de lui- 
méme; mais étant le pontife de 
celte année-là, il prophétisa que 
Jésus devait mourir pour la na- 
tion ; 

52. Et non pas pour la nation 
seulement, mais encore pour ras- 
sembler en un les enfants de Dieu 
qui étaient dispersés. 

53. Dès ce jour donc ils pen- 
sèrent à le faire mourir. 

54. C'est pourquoi Jésus ne se 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


(cn. χι.Ἶ 


montrait plus en public parmi 
les Juifs; mais il s'en alla dans 
une contrée prés du désert, en 
une ville qui est appelée Ephrem, 
et il y demeurait avec ses dis- 
ciples. 

55. Or la Pâque des Juifs était 
proche, et beaucoup d'entre eux 
montèrent de cette contrée à Jé- 
rusalem, avant la pàque, pour se 
purifier. 

56. Ils cherchaient donc Jésus, 
et se disaient les uns aux autres, 
étant dans le temple: Que pen- 
sez-vous de ce qu'il n'est point 
venu pour la féte? Or les pontifes 
et les pharisiens avaient donné 
ordre que si quelqu'un savait oü 
il était, 11 le déclarát afin de le 
prendre. 


année-là? Les interprétes se divisent dans l'explication de ce passage. Suivant un 
certain nombre, par ces mots, Pontifex anni illius, répétés encore plus loin, S. Jean 
voudrait indiquer que c'était la première année du pontificat de Caiphe, le Sad- 
ducéen. Suivant d'autres, son intention serait de faire sentir l'avilissement du pon- 
tificat juif, sujet à passer, presque chaque année d'une personne à une autre, au gré 
des gouverneurs romains, et perdant à la fois l'inamovibilité, la considération et la 
sainteté. Plusieurs croient qu'il signale cette année entre les autres parce qu'elle a 
été marquée par des événements d'une supréme importance, surtout par la substi- 
tution du sacerdoce de Jésus-Christ à celui d'Aaron. Toutes ces interprétations sont 
plausibles à quelque degré. Mais il ne paraît pas qu'on puisse supposer qu'Anne et 
Caiphe exercaient alternativement le pontificat d'année en année. On n'a aucun 
exemple d'un pareil fait. S'il est dit dans les Actes qu'Anne était prince des prétres, 
cela signifie seulement qu'il était à la téte d'une famille sacerdotale; car S. Luc dis- 
tingue parfaitement en cet endroit le grand-prétre des princes des prétres. Quant à 
la liaison qu'établit S. Jean entre la prophétie de Caiphe et son titre de grand-prétre: 
« étant le pontife de cette année-là, il prophétisa », il ne pouvait en étre assuré que 
par révélation. C'était bien l'usage de recourir aux grands-prétres dans les cas dif- 
ficiles pour connaitre la volonté de Dieu, et l'Ecriture en certains endroits semble 
leur attribuer des lumiéres surnaturelles. Mais rien n'autorise à dire que le don de 
prophétie füt une de leurs attributions. D'ailleurs ce mot de S. Jean, « il prophétisa », 
ne doit pas se prendre à la lettre, dit S. Thomas. Ce qui résulte des paroles de 
lévangéliste, c'est que l'immolation du Sauveur a été décidée par celui qui avait 
charge d'offrir chaque année le sacrifice d'expiation pour le peuple. Le grand-prétre 
désigne bien ici et immole en quelque façon la victime divine qui va satisfaire pour 
les péchés du monde entier. En cela, il est, sans le savoir, l'instrument du ciel et 
l'orzane de l'esprit de Dieu. » (L. BACUEZ.) 

54. * Ephrem, ville dont la situation n'est pas bien connue. Elle était dans le voi- 
sinage de Béthel, d'après Josèphe, et par conséquent au nord de Jérusalem 

55. * La Páque des Juifs. Voir Matt., xxvi, 2. 


(cn. x11.] 


CHAPITRE XII. 


Marie parfume les pieds de Jésus. Mur- 
mures de Judas. Les Juifs veulent tuer 
Lazare. Entrée de Jésus à Jérusalem; 
des gentils demandent à le voir. Dis- 
cours de Jésus à cette occasion, Trouble 
de Jésus. Voix du ciel. Puissance de la 
croix. Marcher pendant la lumière. In- 
crédulité des Juifs. La parole de Jésus 
condamnera ceux qui ne la reçoivent 
point. 


1. Jésus donc, six jours avant la 
pâque, vint à Béthanie, où était 
mort Lazare qu'avait ressuscité 
Jésus. 

9. On lui prépara là un souper; 
Marthe servait, et Lazare était un 
de ceux qui étaient à table avec 
lui. 

3. Or Marie prit une livre de 
parfum d'un nard pur de grand 
prix; elle en oignit les pieds de 
Jésus, et les essuya avec ses che- 
veux, etla maison fut remplie de 
l'odeur du parfum. 

4. Alors un de ses disciples, Ju- 

das Iscariote, qui devait le trahir, 
dit : 
. 8. Pourquoi ce parfum n'a-t-il 
pas été vendu trois cents deniers, 
et n'a-til pas été donné aux 
pauvres? 

6. Or il dit cela, non qu'il se 
souciát des pauvres, mais parce 
qu'il était voleur, et qu'ayant la 
hourse, il portait ce qu'on y met- 
tait. 

7. Jésus dit donc : Laissez-la 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2519 
réserver ce parfum pour le jour 
de ma sépulture. 

8. Car, les pauvres, vous les 
avez toujours avec vous, mais 
moi, vous ne m'avez pas tou- 
jours. 

9. Une grande multitude de 
Juifs sut qu'il était là; et ils y 
vinrent, non à cause de Jésus 
seulement, maispour voir Lazare, 
qu'il avait ressuscité d'entre les 
morts. 

10. Les princes des prêtres 
songèrent donc à faire mourir 
Lazare lui-même, 

11. Parce que beaucoup d’entre 
les Juifs se retiraient d'eux à 
cause de lui, et croyaient en Jé- 
sus. 

12. Le lendemain, une foule 
nombreuse qui était venue pour 
la fête, ayant appris que Jésus 
venait à Jérusalem, 

19. Prit des rameaux de pal- 
miers, et alla au-devant de lui, 
criant : Hosanna, béni celui qui 
vient au nom du Seigneur, 
comme roi d'Israël! 

14. Et Jésus trouva un ânon, et 
s'assit dessus, comme il est écrit: 

15. Ne craignez point, filles de 
Sion, voici votre roi qui vient, 
assis sur le petit d'une ânesse. 

16. Ses disciples ne comprirent 
point ceci d'abord; mais quand 
Jésus fut entré dans sa gloire, 
alors ils se souvinrent que ces 
choses étaient écrites de lui, et 


Cnar. XII. 1. Matt., xxvi, 6; Marc, xiv, 3. — 14. Zach., 1x, 9; Matt., xxi, 7; Marc, 


xi, 7; Luc, xix, 35. 


3. * Une livre de parfum. Voir note sur Matt., xxvi, 7. La livre valait 326 grammes. 
Les vases à parfum trouvés à Saida peuvent contenir plus d'une livre de parfum. — 


Nard. Voir note sur Marc, xiv, 3. 
9. Voy. Mare, xiv, ὃ. 


13. Comme roi d'Israël. C'est le vrai sens du texte. Compar. Luc, xix, 38. — * IIosanna, 


Voir Matt., xxr, 9 


2530 
qu'ils les lui avaient appliquées. 

17. Or c'est ainsi que rendait 
témoignage la multitude qui était 
avec lui lorsqu'il appela Lazare 
du tombeau et le ressuscita d'en- 
tre les morts. 

18. C'est pour cela aussi que 
la foule vint au-devant de lui, 
parce qu'ils avaient appris qu'il 
avait fait ce miracle. 

19. Les pharisiens se dirent 
done entre eux : Voyez-vous que 
nous ne gagnons rien? voilà que 
tout le monde court après lui. 

20. Or il y avait quelques gen- 
tils, de ceux qui étaient venus 
adorer à la fête. 

91. Ceux-ci s'approcherent de 
Philippe, qui était de Bethsaïde 
en Galilée, et ils le priaient di- 
sant : Seigneur, nous voudrions 
voir Jésus. 

99. Philippe vint et le dit à 
André ; puis André et Philippe le 
dirent à Jésus. 

93. Et Jésus leur répondit, di- 
sant : L'heure est venue que le 
Fils de l'homme doit être glorifié. 

94. En vérité, en vérité, je 
vous le dis, si le grain de fro- 
ment, tombant sur la terre, ne 
meurt pas, 

95. Il reste seul; mais sil 
meurt, il porte beaucoup de 
fruits. Celui qui aime son àme la 
perdra; et celui qui hait son âme 
en ce monde, la conserve pour la 
vie éternelle. 

26. Si quelqu'un me sert, qu'il 
me suive, et où je suis, là sera! 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


(cu. xu.] 


aussi mon serviteur. Si quelqu'un 
me sert, mon Père l'honorera. 

27. Maintenant mon àme est 
troublée. Et que dirai-je? Mon 
Père, délivrez-moi de cette heure. 
Mais c’est pour cela que je suis 
venu en cette heure. 

28. Mon Père, glorifiez votre 
nom. Vint donc une voix du ciel : 
Je l'ai glorifié et je le glorifierai 
encore. 

29. Or la foule qui était là et 
qui avait entendu disait : C'est le 
tonnerre. D'autres disaient : Un 
ange lui a parlé. 

90. Jésus répondit et dit : Ce 
n'est pas pour moi que cette voix 
est venue, mais pour vous. 

31. C'est maintenant le juge- 
ment du monde, maintenant le 
prince de ce monde sera jeté de- 
hors. 

32. Et moi, quand jaurai été 
élevé de la terre, j'attirerai tout 
à moi ; 

33. (Or il disait cela, pour mar- 
quer de quelle mort il devait 
mourir.) 

34. Le peuple lui répondit : 
Nous avons appris par la loi que 
le Christ demeure éternellement; 
et comment dis-tu, toi : Il faut 
que le Fils de l'homme soit élevé? 
Qui est-ce Fils de l'homme? 

98. Jésus leur dit donc : C'est 
pour un peu de temps encore que 
la lumiere est au milieu de vous. 
Marchez pendant que vous avez 
la lumière, de peur que les ténè- 
bres ne vous surprennent ; celui 


95. Matt., x, 39; xvr, 25; Marc, vui, 35; Luc, 1x, 24; xvir, 39. — 84. Ps. cix, 4; XVI, 25 


Isaie, xr, 8; Ezéch., ,טאאא‎ 25. 


21. * Bethsaide en Galilée. Voir Matt., xi, 21. 
25. Il reste seul. Belle expression pour rendre l'idée d'infécondité, de stérilité 


compléte. 


(cn. xui. 


qui marche dans les ténèbres ne 
sait où il va. 

96. Pendant que vous avez la 
lumière, croyez en la lumière, 
afin que vous soyez des enfants 
de lumiere. Jésus dit ces choses, 
puis il s'en alla, et se cacha 
d'eux. 

37. Mais quoiqu'il eût fait de si 
grands miracles devant eux, ils 
ne croyaient pas en lui ; 

98. Afin que füt accomplie la 
parole que le prophète Isaie a 
dite : Seigneur, qui a cru à ce 
quil ἃ entendu de nous? Et le 
bras du Seigneur, à qui a-t-il été 
révélé ? 

39. C'est pourquoi ils ne pou- 
vaient croire ; et parce que Isaie 
a dit encore : 

40. Il a aveuglé leurs yeux et 
endurci leurs cœurs, pour qu'ils 
ne voient des yeux, et ne com- 
prennent du cœur, et qu'ils ne se 
converlissent, et que je ne les 
guérisse. 

41. Isaie a dit ces choses quand 
il a vu sa gloire et qu'il a parlé de 
lui. 

49. Cependant, méme parmi 
les chefs du peuple, beaucoup 
crurent en lui; mais à cause des 
pharisiens, ils ne le confessaient 
point, de peur d'être rejelés de la 
synagogue ; 

43. Car 115 aimèrent la gloire 
des hommes plus que la gloire de 
Dieu. 

44. Mais Jésus s'écria et dit : 
Qui croit en moi ne croit pas en 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2581 
moi, mais en celui qui m'a eir 
voyé. 

45. Et qui me voit, voit celui 
qui m'a envoyé. 

46. Moi, la lumiere, je suis ve- 
nu dans le monde, afin que qui- 
conque croit en moi ne demeure 
point dans les ténèbres. | 

47. Et si quelqu'un entend mes 
paroles et ne les garde point, je 
ne le juge pas, moi, car je ne suis 
pas venu pour juger le monde, 
mais pour sauver le monde. 

48. Celui qui me méprise et ne 
reçoit pas mes paroles, ἃ qui le 
juge : la parole que j'ai annoncée 
sera elle-même son juge au der- 
nier jour. 

49. Parce que je n'ai point parlé 
de moi-même, mais mon Père 
qui m'a envoyé lui-méme m'a 
prescrit ce que je dois dire et ce 
dont je dois parler. 

50. Et je sais que son comman- 
dement est la vie éternelle. Ainsi 
ce que je dis, je le dis comme 
mon Père me l'a ordonné. 


CHAPITRE XIII. 


Derniére céne de Jésus-Christ. Il lave les 
pieds à ses apótres. Prédiction de la 
trahison de Judas. Glorification de Jésus. 
Commandement de l'amour. Renonce- 
ment de saint Pierre prédit, 


1. Avantla fête de la pâque, 16- 
sus sachant que son heure était 
venue de passer de ce monde à 
son Pére, comme il avait aimé 
les siens, qui étaient dans le 
monde, il les aima jusqu'à la fin. 


38. Isaie, 111, 1; Rom., x, 16. — 40. Isaie, vr, 9; Matt., xi, 14; Marc, 1v, 12; Luc, 
vi, 10; Actes, xxvir, 26; Rom., xi, 8. — 48. Marc, xvi, 16. — Caar. XIII. 1. Matt., 


xxVI, 2; Marc, xiv, 1; Luc, xxr, 1. 


39. Ils ne pouvaient croire. Voy. Marc, 1v, 12. — Isaïe a dit encore. chap. vi, 9. 
1. * La féle de la Pâque. Voir note sur Matt., xxvi, 2. 


2082 

2. Etle souper fini, lorsque dé- 
jà le diable avait mis dans le cœur 
de Judas fils de Simon Iscariote 
de le trahir; 

3. Sachant que son Père lui 
avait remis toutes choses entre 
les mains, et qu'il était sorti de 
Dieu et retournait à Dieu, 

4. Π se leva de table, posa ses 
vétemert&s, et ayant pris un linge, 
il s'en ceignit. 

5. Ensuite il versa de l’eau dans 
un bassin, et commença à laver 
les pieds de ses disciples, et à les 
essuyer avec le linge dont il était 
ceint; 

0.11] vint à Simon Pierre, et 
Pierre lui dit : Vous, Seigneur, 
vous me lavez les pieds? 

7. Jésus répondit et lui dit : Tu 
ne sais pas maintenant ce que je 
fais; mais tu le sauras plus tard. 

8. Pierre lui dit : Jamais vous 
ne me laverez les pieds. Jésus lui 
répondit : Si je ne te lave, tu 
n'auras point de part avec moi. 

9. Simon Pierre lui dit : Sei- 
gneur, non seulement les pieds, 
mais encore les mains et la téte. 

10. Jésus lui dit : Celui qui a été 
lavé n'a besoin que de laver ses 
pieds, et il est entièrement pur. 
Vous aussi, vous étes purs, mais 
non pas tous. 

41. Car il savait celui qui le 
trahirait; c'est pourquoi il dit: 
Vous n'étes pas tous purs. 

19. Apres done qu'il leur eut 
lavéles pieds, et qu'il eut repris 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


[,זזזצ. .ז61] 


ses vétements, s'étant remis à 
table, il leur dit : Savez-vous ce 
que je viens de vous faire? 

13. Vous m'appelez vous-mémes 
Maitre et Seigneur; et vous dites 
bien, car je le suis. 

14. Si donc je vous ai lavé les 
pieds, moi votre Mailre et votre 
Seigneur, vous devez, vous aussi, 
vous laver les pieds les uns aux 
autres. 

15. Car je vous ai donné 
l'exemple, afin que, comme je 
vous ai fait, vous fassiez aussi 
vous-mêmes. 

16. En vérité, en vérité, je vous 
le dis, le serviteur n'est pas plus 
grand que son maitre, ni l'apótre 
plus grand que celui qui l'a en- 
voyé. 

17. 51 vous savez ces choses, 
vous serez heureux, pourvu que 
vous les pratiquiez. 

18. Je ne dis pas ceci de vous 
tous; je sais bien ceux que j'ai 
choisis; mais c'est pour que s’ac- 
complisse l'Ecriture : Gelui qui 
mange le pain avec moi, lèvera 
contre moi son pied. 

19. Je vous le dis à présent, 
avant que cela arrive, afin que 
lorsque ce sera arrivé, vous me 
croyiez ce que je suis. 

90. En vérité, en vérité, je vous 
le dis : Qui recoit celui que j'aurai 
envoyé, me reçoit; et qui me 
reçoit, reçoit celui qui m'a en- 
voyé. 

21. Lorsqu'il eut dit ces choses, 


16. Matt., x, 24; Luc, vi, 40; Infra, xv, 20. — 18. Ps. xz, 10, — 20. Matt., x, 40; Luc, 
x, 16. — 21. Matt., xxvi, 21; Marc, xiv, 18; Luc, xxrt, 21. 


 —— —— — — M — ——‏ — — וה 


8. * Ses vélements. L'ample vêtement qu'on portait par dessus la tunique, son 
manteau, comme dit le texte original. — Un linge, une serviette de lin, dit le texte. 
18. L'Ecriture. Ps. xy, 1. — Mange le pain. Voy. sur le sens de cette expression, 


Matt., xv, 2. 


[cn. xm.) 


Jésus fut troublé en son esprit; 
puis il parla ouvertement et dit : 
En vérité, en vérité, je vous le 
dis, un de vous me trahira. 

22. Les disciples donc se regar- 
daient l'un l'autre, incertains de 
de qui il parlait. | 

93. Or un des disciples de Jésus, 
que Jésus aimait, reposait sur 
son sein. 

24. Simon Pierre lui fit donc 
signe et lui dit : Qui est celui dont 
il parle? 

25. C'est pourquoi ce disciple 
s'étant penché sur le sein de 
Jésus, lui dit : Seigneur, qui 
est-ce? 

26. Jésus répondit : C'est celui 
à qui je présenterai du pain 
trempé. Et ayant trempé du pain, 
il le donna à Judas Iscariote, fils 
de Simon. 

91. Oraprès une bouchée, Satan 
entra en lui, et Jésus lui dit : Ce 
que tu fais, fais-le vite. 

28. Mais aucun de ceux qui 
étaient à table ne sut pourquoi il 
lui dit cela. 

29. Car quelques-uns pensaient 
que comme Judas avait la bourse, 
Jésus lui avait dit : Achète ce 
dont nous avons besoin pour la 
féte, ou donne quelque chose aux 
pauvres. 

90. Judas ayant donc pris cette 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2583 
bouchée sortit aussitót. Oril était 
nuit. 

31. Lorsqu'il fut sorti, Jésus dit: 
Maintenant le Fils de l'homme a 
été glorifié, et Dieu a été glorifié 
en lui. 

32. SiDieu a été glorifié en lui, 
Dieu aussi le glorifiera en lui- 
méme, et c'est bientót qu'il le 
glorifiera. 

33. Mes petits enfants, je ne 
suis que pour peu de temps en- 
core avec vous. Vous me cher- 
cherez, et comme j'ai dit aux 
Juifs : Où je vais, vous ne pouvez 
venir; je vous le dis aussi à vous 
maintenant. 

34. Je vous donne un comman- 
dement nouveau : C'est que vous 
vous aimiez les uns les autres; 
mais que vous vous aimiez les 
uns les autres comme je vous ai 
aimés. 

35. C'est en cela que tous con- 
naitront que vous étes mes dis- 
ciples, si vous avez de l'amour 
les uns pour les autres. 

36. Simon Pierre lui dit: Sei- 
gneur, oü allez-vous? Jésus ré- 
pondit : Où je vais, tu ne peux 
me suivre à présent; mais tu me 
suivras ensuite. 

37. Pierre lui dit : Pourquoi ne 
puis-je vous suivre à présent? Je 
donnerai mon âme pour vous. 


33. Supra, vir, 34. — 24. Lév., xix, 18; Matt., xxir, 39; Infra, xv, 12. — 37. Matt., 


xvi, 35; Marc, xiv, 29; Luc, xxii, 33. 


23. Les Juifs alors se mettaient à table couchés sur des lits, et placés les uns au- 
dessous des autres, en sorte que saint Jean, placé au-dessous de Jésus-Christ, devait 


avoir la téte sur le sein du Sauveur. 


26. * Du pain trempé. Les Orientaux mangent sans cuillers et sans fourchettes. Le 
pain leur tient lieu de cuiller pour preudre la sauce ou les légumes que tous les 
convives puisent directement pour chaque bouchée dans le plat. Jésus trempa un 
morceau de pain de cette manière dans le plat et l'offrit à Judas. 

31. Mon âme; d'autres traduisent : ma vie; mais la première expression, qui est 
celle de la Vulgate et du texte grec, dit bien plus que la premiére. 


2584 


38. Jésus lui répondit : Tu don- 
neras lon àme pour moi? En vé- 
rité, en vérité, jetele dis, un coq 
ne chantera pas que tu ne m'aies 
renié trois fois. 


CHAPITRE XIV. 


Sermon aprés la céne. Jésus va préparer 
un lieu à ses disciples. Il est la voie, la 
vérité et la vie. Qui le voit, voit son 
Père. Il fera ce qui sera demandé en 
son nom. Caractère de l'amour. Pro- 
messe de l'Esprit consolateur. Observa- 
tion des commandements. Le Saint- 
Esprit enseigne toutes choses. Paix de 
Dieu. Amour et obéissance de Jésus. 


1. Que votre cceur ne se trouble 
point. Vous croyez en Dieu, croyez 
aussi en moi. 

2. Illy a beaucoup de demeures 
dans la maison de mon Père; si- 
non, je vous laurais dit, car je 
vais vous préparer un lieu. 

3. Et quand je m'en serai allé, 
et que je vous aural préparé un 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


[cà. xiv.] 


prendrai avec moi, afin que làoü 
je suis, vous soyez aussi. 

4. Or oü moi je vais, vous le 
savez,et vous en savez la voie. 

5. Thomas lui dit : Seigneur, 
nous ne savons où vous allez; et 
commentpouvons-nous en savoir 
la voie? 

6.Jésus lui répondit : Moi je 
suis la voie, la vérité et la vie. 
Personne ne vient à mon Père 
que par moi. 

7. Si vous m'eussiez connu, 
vous auriez donc connu mon 
Père; mais bientôt vous le con- 
naitrez et vous l'avez déjà vu. 

8. Philippe lui dit : Seigneur, 
montrez-nous votre Père, et il 
nous suffit. 

9. Jésus lui répondit : Il y a si 
longtemps que je suis avec vous, 
et vous ne me connaissez pas? 
Philippe, qui me voit, voit aussi 
mon Père. Comment dis-tu, toi : 


lieu, je reviendrai, et je vous | Montrez-nous votre Pere? 


1. * Les discours contenus dans les chapitres xiv-xvir comptent parmi les plus beaux 
morceaux de l'Evangile. « Il y a un sermon de la Céne qui me paroit contenir toute 
notre religion, dit La Harpe, où chaque parole est un oracle du ciel; je ne l'ai jamais 
lu sans une émotion singulière, et que de fois je me suis dit ce que disoit aux 
Pharisiens cet agent de la Synagogue, en s'excusant de n'avoir pas fait arréter 
Jésus-Christ (Jean, vit, 46) : Que voulez-vous? jamais homme n'a parlé comme cet 
Homme! et c'est un juif qui disoit cela. Quel terrible arrét contre les chrétiens in- 
fidèles! Il m'est impossible, à chaque verset de ce sermon, de ne pas entendre un 
Dieu, et j'en suis aussi sûr que si [6 l'avois entendu en personne. » 

6. * « Comment Notre Seigneur est-il La voie, la vérité et la vie? — Etant homme et 
Dieu tout ensemble, Notre Seigneur est à la fois médiateur et fin. Il possède tout 
ce qui nous manque, la gloire comme la grâce; mais son office propre est de nous 
mettre en possession de tous les biens. Ainsi il est: 19 La voie; puisqu'il nous offre 
le moyeu de parvenir au ciel, soit en nous dirigeant par sa doctrine et ses exemples, 
soit en nous attirant par sa grâce, soit en nous y introduisant par ses mérites. 
20 La vérité. Vérité absolue comme Verbe, il est devenu pour nous, comme Verbe 
incarné, la vérité révélée, la lumière de la foi. C'est lui seul qui connait le Père, qui 
le fait connaitre et qui peut mener à lui. 39 La vie. Vie essentielle et infinie, comme 
Dieu, il est notre vie surnaturelle, comme Homme-Dieu; car il posséde en son 
humanité la plénitude de la vie divine, et son but en venant parmi nous est de nous 
y associer, par sa gráce d'abord et par la gloire eusuite. Tous les biens sont donc 
réunis en sa personne et il n'y a rien à chercher hors de lui. Quund on le posséde, 
on échappe à tous les périls, aux précipices, aux ténébres, à la mort. Qu'on juge 
quelle grâce c'est de le bien connaitre et pourquoi l'Apótre ne voulait pas d'autre 
science, » (L. BACUEZ.) 


[cn. xiv.) 


10. Ne croyez-vous point que je 
suis en mon Père, et que mon 
Pere est en moi? Les paroles que 
je vous dis, je ne les dis pas de 
moi-même. Mais mon Père, qui 
demeure en moi, fait lui-méme 
les œuvres. 

41. Ne croyez-vous point que 
je suis dans mon Pere, et que 
mon Père est en moi? 

49. Croyezle au moins à cause 
de mes œuvres. En vérité, en vé- 
rité, je vous le dis, celui qui croit 
en moi fera aussi lui-méme les 
œuvres que je fais, et il en fera 
de plus grandes encore, parce 
que je m'en vais à mon Père. 

13. Et quelque chose que vous 
demandiez à mon Père en mon 
nom, je le ferai; afin que le 
Père soit glorifié dans le Fils. 

14. Si vous me demandez quel- 
que chose en mon nom, je le 
ferai. 

15. Si vous m'aimez, gardez 
mes commandements. 

16. Et moi je prierai mon Père, 
et il vous donnera un autre Para- 
clet, pour qu'il demeure éternel- 
lement avec vous, 

47. L'Esprit de vérité que le 
monde ne peut recevoir, parce 
qu'il ne le voit pas etne le connait 
pas; mais vous, vous le connai- 
trez, parce qu'il demeurera au mi- 
lieu de vous, et qu'il sera en vous. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2585 


18. Je ne vous laisserai point 
orphelins; je viendrai à vous. 

19. Encore un peu de temps, et 
le monde ne me verra plus. Mais 
vous, VOUS me verrez, parce que 
je vis et vous vivrez aussi. 

20. En ce jour-là, vous connai 
trez que je suis en mon Père, et 
vous en moi, et moi en vous. 

91. Celui qui a mes comman- 
dements et les garde, c'est celui- 
là qui m'aime. Or celui qui 
m'aime sera aimé de mon Père, 
et moi je l'aimerai, et je me ma- 
nifesterai à lui. 

99. Judas, non pas l'Iscariote, 
lui dit : Seigneur, d'où vient que 
vous vous manifesterez à nous, 
et non au monde? 

23. Jésus répondit et lui dit : Si 
quelqu'un m'aime, il gardera ma 
parole, et mon Père l'aimera, et 
nous viendrons à lui, et nous fe- 
rons notre demeure en lui; 

24. Celui qui ne m'aime point 
ne garde pas mes paroles. Or la 
parole que vous avez entendue 
n'est pas de moi, mais de mon 
Pére, qui m'a envoyé. 

95. Je vous ai dit ces choses, 
demeurant encore avec vous. 

26. Mais le Paraclet, l'Esprit- 
Saint que mon Père enverra en 
mon nom, vous enseignera toutes 
choses, et vous rappellera tout 
ce que je vous ai dit. 


Cap, XIV. 13. Matt., vir, 7; xxr, 22; Marc, ,זא‎ 24; Infra, xvi, 23. 


10. Les œuvres; que vous me voyez faire, et que vous admirez. Ainsi c'est mon 


Pére qui parle et qui agit en moi. 


16. Paraclet; c'est-à-dire avocat, comme l'explique la Vulgate elle-méme dans la 
]re épitre de saint Jean, chap. 11, 1. — Elernellement avec vous. Ce qui prouve que 
l'Esprit-Saint a été promis non seulement aux apótres, mais encore à leurs succes- 


seurs dans la suite des générations. 


92. Judas, non pas l’Iscariole. Ce Judas, frère de Jacques, est communément appelé 
Jude, précisément pour qu'on ne le confonde pas avec Judas l'Iscariote, 


96. Mais le Paraclet. Voy. au verset 16. 


2586 


97.16 vous laisse la paix, je 
vous donne ma paix; mais ce 
n'est pas comme le monde la 
donne que je vous la donne moi- 
méme. Que votre cœur ne soit 
pas troublé, et qu'il ne s'effraie 
point. 

. 98. Vous avez entendu que je 

vous ai dit moi-même : Je m'en 
,vais, et je reviens à vous. Si 
vous m'aimiez, vous vous réjoui- 
riez de ce que je vais à mon 
Père, parce que mon Père est plus 
grand que moi. 

99. Et maintenant je vous le dis 
avant que cela arrive, afin que, 
quand ceseraarrivé, vous croyiez. 

30. Je ne vous parlerai plus 
guère; car le prince de ce monde 
vient, et il n'a rien en moi. 

31. Mais afin que 16 monde con- 
naisse que j'aime mon Pere, et 
que comme mon Père m'a com- 
mandé, ainsi je fais. Levez-vous, 
sortons d'ici. 


CHAPITRE XV. 


Suite du sermon après la cène. Jésus est 
la vigne; ses disciples sont les sar- 
ments. Vie et joie en lui seul. Comman- 
dement de l'amour. Choix des disciples. 
Monde ennemi des fidèles. Juifs inexcu- 
sables. Témoignage de l'esprit de vérité. 


1. Moi je suis la vraie vigne, et 
mon Père est le vigneron. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


[cn. xv.] 

2. Tous les sarments qui ne 
portent pas de fruit en moi, il les 
retranchera; et tous ceux qui 
portent du fruit, il les émondera, 
pour qu'ils portent plus de fruit 
encore. | 

3. Vous êtes déjà purs, vous, 
à cause des paroles que je vous 
ai dites. 

4. Demeurez en moi, et moi en 
vous. Comme le sarment ne peut 
porter de fruit par lui-méme, s'il 
ne demeure uni à la vigne ; ainsi 
vous non plus, si vous ne demeu- 
rez en moi. 

9. Moi je suis la vigne, et vous 
les sarments. Celui qui demeure 
en moi et moien lui portera beau- 
coup de fruit; parce que sans moi 
vous ne pouvez rien faire. 

6. Si quelqu'un ne demeure pas 
en moi,il sera jeté dehors comme 
le sarment, et 11 séchera; et one 
ramassera, et on le jettera au feu, 
et il brülera. 

7. Si vous demeurez en moi, et 
que mes paroles demeurent en 
vous, vous demanderez tout ce 
que vous voudrez, etil vous sera 
fait. 

8. C'est la gloire de mon Père 
que vous portiez beaucoup de 
fruit, et que vous deveniez mes 
disciples. 

9. Comme mon Père m'a aimé, 


31. Actes, 11, 29. — Cuar. XV. 3. Supra, xir, 10. 


28. Mon Pére est plus grand que moi. Jésus-Christ, en tant qu'homme, est inférieur 
à son Pére; mais il lui est égal en tant que Dieu. 

30. Vient, pour exercer sa cruauté contre moi. — Et il n'a, etc. Et il ne trouvera 
rien en moi qui lui appartienne. 

31. Mais je veux bien m'abandonner à sa fureur ct à sa rage, afin que le monde, etc. 
— * Levez-vous, sortons d'ici. « Cette expression : levez-vous, 80710708 d'ici, ferait croire, 
et cela trés vraisemblablement, que le reste du discours de Jésus a été tenu en 
chemin depuis la maison où se fit la Cène jusqu'à Gethsémani. La distance est de 
plus d'un kilométre, le chemin trés abrupt. » (H.-J. Micnox.) 


4. * Je suis la vraie vigne. L'image de la vigne est très fréquente dans l'Ecriture 
Sainte, parce que c'était une des cultures vorincipales de la Palestine. 


[cu. xv.] 


moi je vous ai aimés. Demeurez 
dans mon amour. 

10. Si vous gardez mes com- 
mandements, vous demeurerez 
dans mon amour; comme moi- 
méme j'ai gardé les commande- 
ments de mon Pére, et je de- 
meure dans son amour. 

11. Je vous ai dit ces choses, 
afin que ma joie soit en vous, et 
que votre joie soit complète. 

19. Voici mon commandement, 
c'est que vous vous aimiez les 
uns les autres comme je vous ai 
aimés. 

18. Personne n'a un plus grand 
amour que celui qui donne sa vie 
pour ses amis. 

14. Vous étes mes amis, si 
vous faites ce que je vous com- 
mande. 

18. Je ne vous appellerai plus 
serviteurs, parce que le serviteur 
ne sait pas ce que fait son maitre. 
Mais je vous ai appelés mes amis, 
parce que tout ce que j'ai entendu 
de mon Père, je vous l'aifait con- 
naitre. 

16. Ce n'est pas vous qui m'a- 
vez choisi, mais c'est moi qui 
vous ai choisis et vous ai établis, 
pour que vous alliez, et rappor- 
tiez du fruit, et que votre fruit 
demeure, afin que tout ce que 
vous demanderez à mon Pére en 
mon nom il vous le donne. 

17. Ce que je vous commande, 
c'est que vous vous aimiez les 
uns les autres. 

18. Si 16 monde vous hait, sa- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2981 


chez qu'il m'a eu en haine avant 
vous. 

19. Si vous aviez été du monde, 
le monde aimerait ce qui est à 
lui; mais parce que vous n'étes 
point du monde, et que je vous 
ai choisis du milieu du monde, 
c'est pour cela que le monde vous 
hait. 

20. Souvenez-vous de la parole 
que je vous ai dite : Le serviteur 
n'est pas plus grand que son 
maitre. S'ils m'ont persécuté, ils 
vous persécuteront aussi; s'ils 
ont gardé ma parole, ils garde- 
ront aussi la vótre. 

21. Mais ils vous feront toutes 
ces choses à cause de mon nom; 
parce qu'ils ne connaissent point 
celui qui m'a envoyé. 

22. Si je n'étais pas venu, et 
que je ne leur eusse point parlé, 
115. n'auraient point de péché; 
mais maintenant ils n'ont point 
d'excuse de leur péché. 

23. Qui me hait, hait aussi mon 
Père. 

24. Si je n'avais fait parmi eux 
les œuvres que nul autre n'a 
faites, ils n'auraient point de pé- 
chés ; mais maintenant, et ils les 
ont vues, et ils ont hai et moi et : 
mon Père. 

95. 11818 008% afin que s'accom- 
plissela parole qui est écrite dans 
leur loi: Ils m'ont hai gratuite- 
ment. 

26. Mais lorsque sera venu le 
Paraclet que je vous enverrai du 
Père, l'Esprit de vérité qui pro- 


12. Supra, xir, 34; Ephés., v, 2; I Thess., iv, 9. — 16. Matt., xxvur, 19. — 17. 1 Jean, 
rni, 14; iv, 7. — 20. Supra, xir, 16; Matt., x, 24; Matt., xxiv, 9. — 25. Ps. xxiv, 19. — 


26. Luc, xxiv, 49. 


25. Cette citation peut être empruntée du Ps. Lxvur, 5; ou xxxix, 9. 


. 26. Le Paraclet. Voy. xiv, 16. 


2088 


cède du Père, il rendra témoi- 
gnage de moi; 

97. Et vous aussi, vous rendrez 
témoignage, parce que, dès le 
commencement, vous êtes avec 
moi. 

CHAPITRE XVI. 


Suite du sermon après la cène. Prédiction 
des persécutions. Promesse du Paraclet. 
Triple conviction qu'il doit produire, 
et lumière qu'il doit répandre. Prière 
au nom de Jésus-Christ. Confiance au 
milieu des tribulations. 


1. Je vous 81 dit ces choses, 
afin que vous ne soyez point 
scandalisés. 

2. [15 vous chasseront des sy- 
nagogues; et vient l'heure où 
quiconque vous fera mourir croi- 
ra rendre hommage à Dieu; 

3. Et ils vous feront ainsi, parce 
qu'ils ne connaissent ni mon Père 
ni molt. 

4. Or je vous ai dit ces choses, 
afin que lorsqu'en sera venue 
l'heure, vous vous souveniez que 
je vous les ai dites. 

ὃ. Mais je ne vous les ai pas 
dites dès le commencement, 
parce que j'étais encore avec 
vous. Et maintenant je m'en vais 
à celui qui m'a envoyé, et per- 
sonne de vous ne me demande : 
Où allez-vous? 

6. Parce que je vous ai dit ces 
choses, la tristesse a rempli votre 
cœur. 

7. Cependant moi je vous dis 
la vérité; il vous est avanta- 
geux que moi je m'en aille, car 
si je ne m'en vais point, le Pa- 
raclet ne viendra pas à vous; 
mais si je m'en vais, je vous l'en- 
verrai. 

8. Et lorsqu'il sera venu, il con- 
vaincra le monde en ce qui touche 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


[cu. xvi.] 
le péché et la justice, et le juge- 
ment : 

9. Le péché, parce qu'ils n’ont 
pas cru en moi; 

10. La justice, parce que je vais 
à mon Pére, et que vous ne me 
verrez plus; 

11. Et le jugement, parce que 
le prince de ce monde est déjà 
jugé. 

12. J'ai encore beaucoup de 
choses à vous dire, mais vous ne 
les pouvez porter à présent. 

13. Quand cet Esprit de vérité 
sera venu, il vous enseignera 
toute vérité; car il ne parlera 
point de lui-méme, mais tout ce 
quil aura entendu, il le dira, et 
ce qui doit arriver, il vous l'an- 
noncera. 

14. Il me glorifiera, parce qu'il 
recevra de ce qui est à moi, el il 
vous l'annoncera. 

15. Tout ce qua mon Père est 
à moi; c'est pourquoi j'ai dit qu'il 
recevra ce qui est à moi, et vous 
l'annoncera. 

16. Encore un peu de temps, et 
vous ne me verrez plus; et en- 
core un peu de temps, et vous 
me verrez, parce que je vais à 
mon Père. 

17. Alors plusieurs de ses dis- 
ciples se dirent l'un à l'autre 
Qu'est-ce qu'il nous dit : Encore 
un peu de temps et vous ne me 
verrez plus; et encore un peu de 
temps et vous me verrez, parce 
que je vais à mon Père? 

18. Ils disaient donc : Qu'est-ce 
qu'il dit : Encore un peu de temps? 
Nous ne savons ce qu'il veut dire. 

19. Or Jésus connut qu'ils vou- 
laient l'interroger, et il leur dit : 
Vous vous 00182002 les uns aux 
autres ce que j'ai dit : Encore un 


(cg. xvir.] 


peu de temps et vous ne me ver- 
rez plus; et encore un peu de 
temps et vous me verrez. 

20. En vérité, en vérité, je vous 
le dis, vous gémirez et vous pleu- 
rerez, vous, maisle monde se ré- 
jouira; vous serez tristes, mais 
votre tristessesechangera en joie. 

21. La femme, lorsqu'elle en- 
fante, a de la tristesse, parce 
qu'est venue son heure; mais 
lorsqu'elle a mis l'enfant au jour, 
elle ne se souvient plus de sa souf- 
france, à cause de sa joie, de ce 
qu'un homme est né au monde. 

99. Vous donc aussi, vous avez 
maintenant de la tristesse ; mais 
je vous reverrai, et votre cœur se 
réjouira, et personne ne vous ra- 
vira votre joie. 

23. Et en ce jour-là vous ne 
m'interrogerez plus sur rien. En 
vérité, en vérité, je vous le dis : 
Si vous demandez quelque chose 
à mon Pere en mon nom, il vous 
le donnera. 

24. Jusqu'ici vous n'avez rien 
demandé en mon nom : Deman- 
dez et vous recevrez, afin que 
votre joie soit complete. 

25. Je vous ai dit ces choses 
en paraboles. Vient l'heure oü je 
ne vous parlerai plus en parabo- 
les, mais où je vous parlerai ou- 
vertement de mon Pere ; 

26. En ce jour-là vous deman- 
derez en mon nom ; et je ne vous 
dis pas que je prierai mon Pere 
pour vous; 


L'EVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2589 

27. Car mon Père lui-même 
vous aime, parce que vous m'a- 
vez aimé, et que vous avez cru 
que c'est de Dieu que je suis sorti. 

28. Je suis sorti de mon Père, 
et je suis venu dans le monde ; je 
quitte de nouveau le monde, et 
je vais à mon Père. 

29. Ses disciples lui dirent : 
Voilà que maintenant vous parlez 
ouvertement, et vous n'employez 
aucune parabole ; 

30. Maintenant nous voyons 
que vous savez toutes choses, et 
que vous n'avez pas besoin que 
l'on vous interroge ; en cela nous 
croyons que cest de Dieu que 
vous étes sorti. 

31. Jésus leur répondit : Vous 
croyez maintenant? 

32. Voici que vient une heure, 
et déjà elle est venue, où vous 
serez dispersés, chacun de son 
côté, et me laisserez seul; cepen- 
dant je ne suis pas seul, parce 
que mon Père est avec moi. 

33. Je vous ai dit ces choses, 
afin qu'en moi vous ayez la paix. 
Dans le monde vous aurez des 
tribulations, mais ayez confiance, 
jai vaincu le monde. 


CHAPITRE XVII. 


Jésus prie pour sa glorification. Il prie 
pour tous ceux qui croyaient déjà en 
lui, et pour tous ceux qui devaient 
croire en lui dans la suite. 


1. Jésus parla ainsi; puis, le- 
vant les yeux au ciel, il dit : Mon 


Car. XVI. 23. Matt., vir, 7; xxr, 22; Marc, ,זא‎ 24; Luc, xt, 9; Supra, xiv, 13; Jac., 


I. 9. — 32. Matt., xxvr, 31; Marc, xiv, 27. 


—————————QÓ— ÁO — € HE 


25. Sous le nou de parabole, les Hébreux comprenaient tout discours figuré ou 


énigmatique. 


90. J'ai vaincu le monde; et par ma victoire, je vous ai mérité les gráces nécessaires 


pour le vaincre aussi vous-mémes. 


9590 
Pere, elle est venue l'heure ; glo- 
rifiez votre Fils, afin que votre 
Fils vous glorifie; 

2. Puisque vous lui avez donné 
puissance sur toute chair, afin 
que, quant à tous ceux que vous 
lui avez donnés, il leur donne la 
vie éternelle. 

3. Or la vie éternelle, c'est 
qu'ils vous connaissent, vous seul 
vrai Dieu, et celui que vous avez 
envoyé, Jésus-Christ. 

4. Moi, je vous ai glorifié sur 
la terre; j'ai consommé l’œuvre 
que vous m'avez donnée à faire ; 

5. Et maintenant vous, mon 
Pere,glorifiez-moi en vous-même 
de la gloire que j'ai eue en vous 
avant que le monde füt. 

6. J'ai manifesté votre nom aux 
hommes que vous m'avez don- 
nés ; ils étaient à vous, vous me 
les avez donnés, et ils ont gardé 
votre parole. 

7. Maintenant ils ont connu que 
tout ce que vous m'avez donné 
vient de vous; 

ὃ. Parce que je leur ai donné 
les paroles que vous m'avez don- 
nées ; et ils les ont reques, et ils 
ont connu véritablement que 
c'est de vous que je suis sorti, et 
ils ont cru que c'est vous qui m'a- 
vez envoyé. 

9. Moi, je prie pour eux ; je ne 
prie point pour le monde, mais 
pour ceux que vous m'avez 
| donnés, parce qu'ils sont à vous; 


L'EVANGILE SELON SAINT JEAN. 


(cu. xvir.] 


10. Car tout ce qui est à moi 
est à vous, et tout ce qui est à 
vous est à moi ; et j'ai été glorifié 
en eux. 

11. Et déjà je ne suis plus dans 
le monde, et eux sont dans le 
monde, et moi je viens à vous. 
Père saint, conservez en votre 
nom ceux que vous m'avez don- 
nés, afin qu'ils soient une seule 
chose, comme nous. 

12. Quand j'étais avec eux, je 
les conservais en votre nom. Ceux 
que vous m'avez donnés, je les 
ai gardés, et pas un d'eux n'a 
péri, hors le fils de la perdi- 
tion, afin que l'Ecriture füt ac- 
complie. 

13. Mais maintenant je viens à 
vous; et je dis ces choses dans le 
monde, pour qu'ils aient en eux 
ma joie complete. 

14. Moi, je leur ai donné votre 
parole, et le monde les a eus en 
haine, parce qu'ils ne sont point 
du monde, comme moi-méme je 
ne suis pas du monde. 

15. Je ne demande point que 
vous les ótiez du monde, mais 
que vous les gardiez du mal. 

16. Ils ne sont point du monde, 
comme moi-même je ne suis pas 
du monde. 

17. Sanctifiez-les dans la vérité. 
Votre parole est vérité. 

18. Comme vous m'avez en- 
voyé dans le monde, moi aussi, 
je les ai envoyés dans le monde. 


Car. XVII. 2. Matt., xxvur, 18. — 12. Infra, xvii, 9; Ps. cvin, 8. 


2. Toute chair. Voy. Matt., xxiv, 22. 


12. Le fils de la perdition; hébraisme, pour: celui qui aime, qui recherche la per- 
dilion. Judas, en effet, s'est perdu volontairement par sa propre malice et par l'abus 
qu'il a fait de tous les services qu'il pouvait tirer de la présence du Sauveur, de ses 
instructions et de ses miracles, pour s'affermir dans la foi et dans la charité, comme 
les autres apôtres. Compar. une locution semblable, Luc, xvi, 8. 

11. Votre parole est vérité; hébraisme, pour très vraie. Compar. ,זא‎ 5 


(cai. xvu.] 


19. Et pour eux je me sanctifie 
moi-méme, afin qu'eux aussi 
soient sanctifiés en vérité. 

90. Je ne prie pas pour eux 
seulement, mais encore pour 
ceux qui, par leur parole, croi- 
ront en moi; 

91. Afin qu'ils soient tous une 
seule chose, comme vous, mon 
Père, êtes en moi, et moi en vous; 
qu'ils soient de méme une seule 
chose en nous, et qu'ainsi le 
monde croie que c'est vous qui 
m'avez envoyé. 

99. Pour moi, je leur ai donné 
la gloire que vous m'avez don- 
née, afin qu'ils soient une seule 
chose, comme nous sommes une 
seule chose. 

93. Je suis en eux et vous en 
moi, afin qu'ils soient consommés 
dans lunité, et que le monde 
connaisse que c'est vous qui m'a- 
vez envoyé, et que vous les avez 
aimés comme vous m'avez aimé. 

94. Mon Pere, je veux que là 
oü je suis, ceux que vous m'avez 
donnés soient aussi avec moi; 
afin qu'ils voient la gloire que 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2591 
vous m'avez donnée; parce que 
vous m'avez aimé avant la fonda- 
tion du monde. 

25. Père juste, le monde ne 
vous a point connu; mais moi je 
vous ai connu, et ceux-ci ont 
connu que c'est vous qui m'avez 
envoyé. 

26. Je leur ai fait connaître 
votre nom, et je le leur ferai con- 
naître encore, afin que l'amour 
dont vous m'avez aimé soit en 
eux, et moi en eux. 


CHAPITRE XVIII. 


Jésus dans le jardin. Juifs renversés. Jé- 
sus pris et mené devant Anne. Saint 
Pierrele suit. Jésus est envoyéà Caiphe, 
renié par saint Pierre et présenté à Pi- 
late. Barabbas lui est préféré. 


1. Lorsqu'il eut dit ces choses, 
Jésus s'en alla avec ses disciples 
au-delà du torrent de Cédron, oü 
il y avait un jardin dans lequelil 
entra, lui et ses disciples. 

2. Or Judas, qui le trahissait, 
connaissait aussi ce lieu, parce 
que Jésus y était venu souvent 
avec ses disciples. 


XVIII. 1. 11 Rois, xv, 23; Matt., xxvr, 36; Marc., xiv, 32; Luc, xxir, 39.‏ .ג 


19. En vérité; véritablement, d'une véritable et parfaite sanctification, ou selon 
d'autres: Dans la vérité, c'est-à-dire en moi qui suis la vérité ; mais la première in- 
terprétation est plus conforme 8 la lettre du texte. 


1. * Un jardin. Gethsémani. Voir note sur Matt., xxvi, 36. — Au-delà du (torrent 
de Cédron. Pour aller de Jérusalem au jardin de Gethsémani, il faut nécessairement 
franchir le Cédron, auprès et au-delà duquel le jardin est situé, à l'est, au bas du 
mont des Oliviers. Le mot Cédron signifie noir. Le torrent coule dans une gorge 
profonde à l'époque des pluies de l'hiver. Il recueille les eaux des trois vallées situées 
au nord et au nord-ouest de Jérusalem. En dehors des temps d'orage ou de pluie, ᾿ 
il est à sec. Les eaux ne coulent guère qu'une journée ou une demi-journée, mais 
elles sont quelquefois trés abondantes et roulent avec elles des pierres, des racines 
et des troncs d'arbres. Le lit du Cédron est parsemé de silex-agathes tombés des 
hauteurs du mont des Oliviers. Certaines années, les graviers et les terres charriés 
par les eaux sont suffisants pour qu'on puisse ensemencer le fond du torrent. 
Comme la gorge aux pieds du Temple est trés encaissée et que sa pente est trés 
considérable, elle forme en quelques endroits un fossé trés profond et rend la ville 
iuexpugnable de ce côté. La vallée du Cédrop porte aussi le nom de vallée de 
Josaphat. 


9592 

3. Judas ayant donc pris la co- 
horte et des archers des pontifes 
et des pharisiens, vint là avec des 
lanternes, des torches et des 
armes. 

4. Mais Jésus sachant tout ce 
qui devait lui arriver, s'avanga et 
leur demanda : Qui cherchez 
vous? 

5. Ils lui répondirent : Jésus de 
Nazareth. Jésus leur dit : C'est 
moi. Or avec eux se trouvait 
aussi Judas, qui le trahissait. 

6. Mais dès qu'il leur eut dit : 
C'est moi, ils furent renversés, 
et tombèrent par terre. 

7. Il leur demanda donc de 
nouveau : Qui cherchez-vous? Ils 
répondirent : Jésus de Nazareth. 

8. Jésus reprit : Je vous ai dit 
que c'est moi. Mais si c'est moi 
que vous cherchez, laissez aller 
ceux-ci. 

9. Afin que füt accomplie la pa- 
role qu'il avait dite : Je n'ai per- 
du aucun de ceux que vous m'a- 
vez donnés. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


(cu. xvur.] 

10. Alors Simon Pierre, qui 
avait une épée, la tira, et frappant 
le serviteur du grand prétre, il 
lui coupa l'oreille droite. Or le 
nom de ce serviteur était Mal- 
chus. 

11. Mais Jésus dit à Pierre : 
Remets ton épée dans le four- 
reau. Et le calice que mon Père 
m'a donné, ne le boirai-je donc 
point? 

19. Alors la cohorte, le tribun 
etlesarchers des Juifs se saisirent 
de Jésus et le lierent; 

18. Puis ils l'emmenèrent d'a- 
bord chez Anne, parce qu'il était 
le beau-pere de Caiphe, qui était 
le pontife de cette année-là. 

14. Or Caiphe était celui qui 
avait donné ce conseil aux Juifs : Il 
081 avantageux qu'unseulhomme 
meure pour le peuple. 

15. Cependant Simon Pierre 
suivait Jésus, et aussi l'autre dis- 
ciple. Or comme ce disciple était 
connu du pontife, il entra avec 
Jésus dans la cour du pontife. 


3. Matt., xxvi, 47; Marc, xiv, 43; Luc, xxii, 47. — 9. Supra, xvir, 12. — 19. Luc, rr, 2. 


— 14. Supra, x1, 49. 


3. La cohorte romaine était composée de six cent vingt-cinq hommes. — * Le pro- 
curateur romain conduisait tous les ans à Jérusalem une cohorte à l'époque de la fête 
de Pâques pour maintenir l'ordre au milieu de la multitude qu'attirait cette solennité. 
Les soldats romains étaient logés dans la forteresse Antonia au nord-ouest du temple. 

12. * Le tribun était le chef de la cohorte. 

43. * Anne. Voir note sur Luc, m, 2. — Caïphe, voir Matt., xxvi, 3. — Ils l'emme- 
nèrent d'abord chez Anne. S. Jean, qui est plus circonstancié sur cette partie de la 
passion que les autres évangélistes, nous apprend que Jésus fut conduit chez Anne 
avant d'étre conduit chez Caiphe. La maison d'Anne, d'aprés la tradition, était sur 
le mont Sion, tout prés et au nord-est de celle de Caiphe (voir Matt., xxvi, 51), à l'est 
du grand couvent des Arméniens et à peu de distance de la porte de Sion. Sur son 
emplacement s'éléve aujourd'hui l'église du couvent des sceurs de charité armé- 
niennes, appelé Deir Zéitoun. L'église se compose de deux oratoires séparés, mais 
communiquant sensemble. Dans l'un est une citerne à fleur de terre dont l'eau est 
fort bonne. Dans l'autre on montre aux pèlerins une chapelle latérale placée à gauche 
en entrant, où l'on suppose qu'eut lieu l'interrogatoire de Notre-Seigneur et où il fut 
souffleté. Hors de l'église, dans une petite cour située au nord, on voit plusieurs 
petits oliviers qu'on considère comme étant les rejetons d'un grand arbre auquel 
le Sauveur aurait été attaché pendant que les Juifs délibéraient sur son sort. 

15. * L'autre disciple, S. Jean l'évangéliste. 


[ππ. xvin.] 


16. Mais Pierre se tenait dehors 
à la porte. C'est pourquoi l'autre 
disciple, qui était connu du pon- 
tife, sortit, et parla à la portière, 
et elle fit entrer Pierre. 

17. Alors cette servante, qui 
gardait la porte, demanda à 
Pierre: Et toi, n'es-tu pas aussi 
des disciples de cet homme? Il 
lui répondit : Je n'en suis point. 

18. Or les serviteurs et les ar- 
chers se tenaient auprès du feu, 
et se chauffaient, parce qu'il fai- 
sait froid; et Pierre était aussi 
avec eux debout et se chauffant. 

19. Cependant le pontife inter- 
rogea Jésus touchant ses disciples 
et sa doctrine. 

20. Jésus lui répondit: J'ai par- 
lé publiquement au monde ; j'ai 
toujours enseigné dans la syna- 
eogue et dans le temple, où tous 
les Juifs s'assemblent, et en se- 
cret je n'ai rien dit. 

21. Pourquoi m'interroges-tu ? 
Interroge ceux qui ont entendu 
ce que je leur ai dit; voilà ceux 
qui savent ce que j'ai enseigné. 

22. Après qu'il eut dit cela, un 
des archers là présent donna un 
soufflet à Jésus, disant : Est-ce 
ainsi que tu réponds au pontife ? 

29. Jésus lui répondit : Si j'ai 
mal parlé, rends témoignage du 
mal; mais si j'ai bien parlé, pour- 
quoi me frappes-tu? 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN, 


2593 

24. Et Anne lenvoya lié à 
Caiphe, le grand prétre. 

25. Cependant Simon Pierre 
étaitlà debout et se chauffant. Ils 
lui dirent donc : Et toi, n'es-tu 
pas aussi de ses disciples? Il le 
nia et dit : Je n'en suis point. 

20. Un des serviteurs du pon- 
1116, parent de celui à qui Pierre 
avait coupé l'oreille, lui dit : Ne 
tai-je pas vu dans le jardin avec 
lui? 

27. Et Pierre le nia de nouveau; 
et aussitót un coq chanta. 

28. Ils amenèrent donc Jésus 
de chez Caiphe dans le prétoire. 
Or c'était le matin, et eux n'en- 
trerent point dans le prétoire, 
afin de ne point se souiller et de 
pouvoir manger la pâque. 

29. Pilate donc vint à eux de- 
hors et dit : Quelle accusation 
portez-vous contre cet homme? 

30. Ils répondirentet lui dirent : 
Si ce n'était pas un malfaiteur, 
nous ne vous l'aurions pas livré. 

31. Alors Pilate leur dit : Pre- 
nez-le vous-mêmes, et le jugez 
selon votre loi. Mais les Juifs lui 
répondirent : ll ne nous est pas 
permis de mettre personne à 
mort. 

32. Afin que füt accomplie la 
parole que Jésus avait dite, mon- 
trant de quelle mort il devait 
mourir. 


10. Matt., xxvi, 58; Marc, xiv, 54; Luc, xxir, 55. — 24. Matt., xxvi, 57; Marc, xiv, 53; 
Luc, xxir, 54. — 25. Matt., xxvr, 69; Marc, xiv, 67; Luc, מזאא‎ 56. — 28. Matt., xxvir, 2; 
Marc, xv, 1; Luc, xxi, 1; Actes, x, 28; ,זא‎ 3. — 32. Matt., xx, 19. 


18. * Auprés du feu. Voir Marc, xiv, 54. 


23. Me frappes-tu? Littér. me déchires-iu? Compar. Matt., xxi, 35. 

28. Les Juifs croyaient qu'en entrant dans la maison d'un paien, ils contractaient 
une souillure légale quiles empéchait de prendre part aux cérémonies de la religion, 
&u moins jusqu'au soir du méme jour. — * Dans le prétoire. Voir Matt., xxvu, 91. 


29. * Pilate. Voir Matt., xxvir, 2. 


31. Les Romains avaient óté aux Juifs le pouvoir de vie et de mort, et se l'étaient 


Téservé. 
N. τ 


163 


2094 

88. Pilate rentra donc dans le 
prétoire, appela Jésus, et lui dit: 
Es-tu le roi des Juifs ? 

84. Jésus répondit : Dis-tu cela 
de toi-même, ou d’autres te l’ont- 
ils dit de moi? 

35. Pilate reprit : Est-ce que je 
suis Juif, moi? Ta nation et les 
pontifes t'ont livré à moi; qu'as- 
tu fait? 

90. Jésus répondit : Mon royau- 
me n'est pas de ce monde; si mon 
royaume était de ce monde, mes 
serviteurs combattraient certai- 
nement pour que je ne fusse 
point livré aux Juifs ; mais je l'as- 
sure, mon royaume n'est pas 
d'ici. 

97. C'est pourquoi Pilate lui re- 
partit : Tu es donc roi? Jésus ré- 
pondit : Tu le dis, je suis roi. Si 
je suis né et si je suis venu dans 
le monde, c'est pour rendre té- 
moignage à la vérité; quiconque 
est de la vérité, écoute ma voix. 

38. Pilate lui demanda : Qu'est- 
ce que la vérité ? Et ayant dit cela, 
il alla de nouveau vers les Juifs, 
et leur dit: Je ne trouve en lui 
aucune cause de mort. 

39. Mais c'est la coutume parmi 
vous que je vous délivre un cri- 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


xix.]‏ .אס] 


minel à la Páque; voulez-vous 
donc que je vous délivre le roi 
des Juifs? 

40. Alors ils crièrent tous de 
nouveau, disant : Non pas celui- 
ci, mais Barabbas. Or Barabbas 
était un voleur. 


CHAPITRE XIX. 


Flagellation. Couronncment d'épines. Pi- 
late cherche les moyens de délivrer 
Jésus; il l'abandonne. Jésus est conduit 
au Calvaire et crucifié. Inscription de la 
croix. Partage de ses vêtements, La 
sainte Vierge et saint Jean au pied de 
la croix. Jésus a soif; il meurt. Son côté 
est percé. Joseph et Nicodéme prennent 
le soin d'ensevelir Jésus. 


1. Alors donc Pilate prit Jésus 
et le fit flageller. 

2. Et les soldats ayant tressé 
une couronne d'épines, la mirent 
sur sa tête, et 16 couvrirent d'un 
vétement de pourpre. 

3. Et ils venaient à lui et di- 

saient : Salut, roi des Juifs; et ils 
lui donnaient des soufflets. 
. 4. Pilate sortit donc de nou- 
veau, et leur dit : Voici que je 
vous l'amène dehors, afin que 
vous sachiez que je ne trouve en 
lui aucune cause de mort. 

5. (Ainsi Jésus sortit, portant la 


33. Matt., xxvii, 11; Marc, xv, 2; Luc, xxur, 3. — 39. Matt., xxvir, 15; Marc, xv, 6; 
Luc, xxnr, 17. — παρ. XIX. 1. Matt., נטאא‎ 26; Marc, xv, 10. 


36. Je l'assure; vrai sens de la particule, traduite généralement par maintenant, 
et qui est ici, comme en bien d'autres passages analogues, purement enclitique. Les 
Millénaires l'ont rendue par maintenant, pour le moment, afin de confirmer leur 
erreur. (Compar. xix, 21). Jésus-Christ était vraiment roi; mais il n'avait pas 
recu son pouvoir des hommes: « C'est pourquoi, remarque saint Augustin, il ne dit 
pas ici: Mon royaume n'est pas en ce monde, mais n'est pas de ce monde; » idée que 
rend parfaitement saint Chrysostome, quand il dit: > Il s'exprime ainsi, parce quil 
ne tient pas le royaume, comme le tiennent ici-bas les rois de la terre, et qu'il a 
recu d'en haut sa principauté qui n'est pas humaine, mais qui est bien plus grande 
et plus illustre. » 

38. De mort. Compar. Luc, xxur, 22, 

40. * Barabbas. Voir Matt., xxvn, 26. 


2. * Une couronnne d'épines, un vélement de pourpre. Voir Matt., xxvii. 28, 23. 


[cu. xix.] 


couronne d'épines etle vétement 
de pourpre.) Et Pilate leur dit : 
Voilà l'homme. 

6. Quand les pontifes et les ar- 
chers l'eurent vu, ils criaient, di- 
sant : Crucifiez-le, crucifiez-le! 
Pilate leur dit : Prenez-le vous- 
mémes, et le crucifiez, car moi, 
je ne trouve pas en lui une cause 
de mort. 

7. Les Juifs lui répondirent : 
Nous, nous avons une loi, et, se- 
lon cette loi, il doit mourir, parce 
qu'il s'est fait Fils de Dieu. 

8. Lors donc que Pilate eut en- 
tendu cette parole, il craignit da- 
vantage. 

9. Et, rentrant dans le prétoire, 
il dit à Jésus : D'où es-tu? Mais 
Jésus ne lui fit point de réponse. 

10. Pilate lui dit donc : Tu ne 
me parles pas? Ignores-tu que 
jai le pouvoir de te crucifier et le 
pouvoir de te délivrer? 

11. Jésus répondit : Tu n'aurais 
sur moi aucun pouvoir, s'il ne 
t'avait été donné d'en haut. C'est 
pourquoi celui qui m'a livré à toi 
a un plus grand péché. 

19. Et, dès ce moment, Pilate 
cherchait à le délivrer. Mais les 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 2509 


Juifs criaient, disant : Si vous le 
délivrez, vous n'étes pas ami de 
César; car quiconque se fait roi, 
se déclare contre César. 

18. Or Pilate ayant entendu ces 
paroles, fit amener Jésus dehors, 
etils'assit sur son tribunal, au 
lieu qui est appelé Lithostrotos, 
et en hébreu Gabbatha. 

14. C'était la préparation de la 
pâque, vers la sixième heure, et 
Pilate dit aux Juifs : Voilà votre 
roi. 

15. Mais eux criaient : Otez-le, 
ótez-le du monde, crucifiez-le! 
Pilate leur demanda : Crucifie- 
rai-je votre roi? Les pontifes ré- 
pondirent : Nous n'avons de roi 
que César. 

16. Alors il le leur livra pour 
étre crucifié. Ils prirent donc Jé- 
sus et l'emmenerent. 

17. Ainsi, portant sa croix, il 
alla au lieu qui est appelé Cal- 
vaire, et en hébreu Golgotha, 

18. Où ils le crucifierent, et 
avec lui deux autres, l'un d'un 
cólé, l'autre de l'autre, et Jésus 
au milieu. 

19. Pilate fit une inscription et 
la mit sur la croix. Or il était 


11. Matt., xxvir, 33; Marc, xv, 22; Luc, xxii, 33. 


1. Voy. Lévit., xxiv, 14-16. 


9. * Dans le préloire. Voir Matt., xxvit, 21. 

12. * De César, de Tibére. Voir Luc, it, 1. 

13. * Lithostrotos vient de deux mots grecs qui signifient pavé avec des pierres; il 
s'emploie surtout pour désigner un pavé en mosaique. Joséphe nous apprend que la 
colline du temple était pavée en mosaïque du côté où était le préloire. Le mot 
hébreu ou araméen Gabbatha désigne le méme lieu que Lithostrotos, mais il n'a 
pas la méme signification; il a le sens de lieu élevé, estrade. Le siège de Pilate, qui 
lui servait pour juger les causes déférées à son tribunal, fut porté en cet endroit. 

14. La préparation de la páque; c'est-à-dire la veille de pâque, le vendredi, — La 
81210706 heure, c'est-à-dire midi. 

11. * Calvaire, Golgotha. Voir note sur Matt, xxvn, 33. — Sur la croix, Voir 
Matt., xxvu, 32. | 

19. * Jésus de Nazareth. « S. Jean est le seul qui [mentionne le mot Nazaréen ou 
de Nazareth dans le titre de la croix], afin de compléter ce que les autres avaient 
dit; et, par une circonstance singuliére, c'est presque l'unique mot que nous ait con- 


2596 
écrit : Jésus de Nazareth, le roi des 
Juifs. 

20. Beaucoup de Juifs lurent 
cette inscription, parce que le lieu 
où Jésus avait été crucifié se trou- 
vait près de la ville, et qu'elle 
était écrite en hébreu, en grec et 
en latin. 

21. Les pontifes des Juifs dirent 
donc à Pilate : N’écrivez point : 
Le roi des Juifs; mais : Parce qu'il 
à dit : Je suis le roi des Juifs. 

99. Pilate répondit : Ce que j'ai 
écrit, je l'ai éerit. 

23. Cependant les soldats, après 
l'avoir erucifié, prirent ses véte- 
ments (etils en firent quatre parts, 
une part pour chaque soldat), et 
sa tunique. Or la tunique élait 
sans couture, d'un seul tissu d'en 
haut jusqu'en bas. 

24. Ils se dirent done lun à 
l'autre : Ne la divisons point, mais 
tirons au sort à qui elle sera. Afin 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


(cui. xix.] 


que s'accomplit l'Ecriture disant : 
Ils se sont partagé mes véte- 
ments, et sur ma robe ils ont jeté 
le sort. Les soldats firent donc 
cela. 

95. Cependant étaient debout 
près de la croix de Jésus, sa mère, 
et la sœur de sa mère, Marie, 
femme de Cléophas, et Marie-Ma- 
deleine. 

26. Lors donc que Jésus eut vu 
sa mere, et, près d'elle, le disciple 
quil aimait, il dit à sa mère : 
Femme, voilà votre fils. 

27. Ensuite il dit au disciple : 
Voilà ta mère. Et depuis cette 
heure-là, le disciple la prit avec 
lui. 

28. Après cela, Jésus sachant 
que tout était consommé, afin 
d'accomplir l’Ecriture, dit : J'ai 
soif. 

29. Oril y avait là un vase plein 
de vinaigre. C'est pourquoi les 


23. Matt., xxvir, 35; Marc, xv, 24; Luc, xxii, 94, — 24. Ps. xxt, 19, — 28. Ps. rxvur, 22. 


servé la relique du titre [de l'Eglise Sainte-Croix de Jérusalem, à Rome; voir Matt., 
xxvi, 37], comme pour confirmer le texte de S. Jean, 16 seul qui n'ait pas quitté 
Notre Seigneur un instant pendant sa passion. Il ἃ vu et rapporté littéralement ce 
dont les autres ont donné l'esprit. » (RonaAurT DE FLEURY.) 

93. * Après l'avoir crucifié. Voir note sur Matt., xxvii, 35. — Or la tunique était 
sans couture. « La tunique était le principal vétement de dessous; elle se rapproche 
fort par son usage de la chemise et par sa forme de la blouse moderne. [La tradition 
rapporte que Charlemagne reçut la sainte Tunique en présent de l'impératrice de 
Constantinople Irène et qu'il la déposa à Argenteuil. Elle a été divisée au moment 
de la Révolution]. Le tissu est en poil de chameau assez lâche et ressemble à du 
canevas fin dont les fils seraient trés tors. Elle est tissée depuis le haut dans toute 
son étendue, sans couture, et faite à l'aiguille sur le plus simple des métiers tel 
qu'une tablette recevant sur ses deux faces la chaine et la trame. C'était un vêtement 
descendant jusqu'au-dessous des genoux, prés des pieds, avec deux manches qui ne 
pouvaient couvrir les bras qu'à moitié. Elle avait 1 m. 45 de hauteur et 1 m. 15 de 
largeur. » (RonauLr DE FLEURY.) 

95, * Marie, femme de Cléophas. Voir Matt., xxvu, ὅθ, — Marie-Madeleine, voir 
Matt., xxvir, 56. 

26. * Le disciple qu'il aimait, S. Jean l'Evangéliste. 

21. * Le disciple S. Jean /a prit avec lui dans sa maison, comme le signifie le texte 
original. 

29. * Enlourant d'hysope. « Il existe, dit Benoit XIV, deux espèces d'hysope, l'une, 
plante parasite qui s'attache aux murs, l'autre qui croît dans les champs et s'éléve 
jusqu'à deux métres de hauteur. On ne sait pas si le suc de cette plante a été mélé 
au vinaigre, ou sisa tige ἃ servi de support pour approcher l'éponge, ou si ses ra- 


(cu. xix.) 


soldats entourant d'hysope une 
éponge pleine de vinaigre, la pré- 
sentèrent à sa bouche. 

30. Lors donc que Jésus eut pris 
le vinaigre, il dit : Tout est con- 
sommé. Et, la téte inclinée, il 
rendit l'esprit. 

31. Les Juifs donc (parce que 
c'était la préparation), afin que 
les corps ne demeurassent pas en 
croix le jour du sabbat(car ce jour 
de sabbat était très solennel), 
prièrent Pilate qu'on leur rompit 
les jambes et qu'on les enlevât. 

99. Les soldats vinrent dono, 
et ils rompirent les jambes du 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2597 

33. Mais lorsqu'ils vinrent à 
Jésus, et qu'ils le virent déjà 
mort, ils ne rompirent point les 
jambes ; 

34. Seulement un des soldats 
ouvrit son cóté avec une lance, 
et aussitót il en sortit du sang et 
de l'eau. 

35. Et celui qui l'a vu en a ren- 
du témoignage, et son témoi- 
enage est vrai. Et il sait qu'il 
dit vrai, afin que vous croyiez 
aussi. 

36. Car ces choses ont été fai- 
tes, afin que s'accomplit l'Ecri- 
ture : Vous n'en briserez aucun 


premier, puis du second qui avait | os 


été crucifié avec lui. 31. Et dans un autre endroit, 


36. Exode, xir, 46; Nom., 1x, 12. — 31. Zach., xu, 19. 


meaux flexibles ont composé un panier léger dans lequel se trouvait l'éponge; cnfir 
si de sa tige on a pu tirer un bâton qui n'avait pas besoin de plus de 60 à 65 cent: 
mètres de longueur pour &tteindre la tête du Crucifié. » 

30. * Jésus boit du vinaigre pour accomplir les prophéties de la passion. « Jésus 
avait tout prévu, et sachant les prophéties, il les accomplissait toutes avec connais- 
sance. C'est ce qu'il fit jusqu'à la mort; et c'est pourquoi, jusque sur la croix, voyant 
que tout s'accomplissait, et qu'il ne lui restait plus rien à accomplir durant sa vie que 
cette prophétie de David : I/s m'ont donné du fiel à boire, et, dans ma soif, ils m'ont 
abreuvé avec du vinaigre, i| dit : J'ai soif. On lui présenta le breuvage qui lui 
avait été prédestiné; il en goûla autant qu'il fallait pour accomplir la prophétie ; 
apres il dit : Tout est accompli; il n'y a plus qu'à rendre làme; à l'instant il 
baissa la 16/0, et se mit volontairement en la posture d'un homme mourant, el 
il expira. Jésus donc savait ce qu'il voulait, qui était l'accomplissement des pro- 
phéties ; mais une vertu cachée exécutait tout le reste. Il se trouva précisément 
un vaisseau oü il y avait du vinaigre [mélé de fiel]; il se trouva une éponge dant 
laquelle on lui pouvait présenter à la croix le vinaigre où on la trempa ; on l'atta- 
cha au bout d'une lance et on la lui mit sur la bouche. La haine implacable de ses 
ennemis, que le démon animait, mais que Dieu gouvernait secrétement. fit tous 
le préparatif nécessaire à l'accomplissement de la prophétie. » (BossuET.) — * Il rendit 
lesprit. Voir Matt., xxvit, 50. 

31. La préparatwn. Voy. vers. 14. — Efait très solennel, à cause de la fête de páque 
qui tomba cette année-là en ce méme jour. — *Qu’on leur rompit les jambes. 
« Le brisement des os était le complément ou la fin du supplice. Chez les Romains, 
le brisement des os était en usage, peut-être comme un adoucissement à la peine, 
puisqu'il accélérait la mort. Mais pour Notre Seigneur, les Juifs étaient devenus plus 
»ruels que les Romains, et ce ne fut pas chez eux un motif d'humanité qui les fit 
agir, ce fut la crainte que les corps ne restassent exposés pendant la Pâque. » (RomaurT 
9E FLEURY.) 

34. * Un des soldats ouvrit son côté avec une lance. D'après une tradition consignée 
dans le martyrologe romain, au 15 mars, ce soldat s'appelait Longin et se convertit 
plus tard au christianisme. — Avec une lance. « La lance, Jongue et légère, avec 
une téte large et plate servant à la fois de pique et de trait, avait une bride en cuir 
ittachée au bois. » (Rrcn.) 


2598 L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


l'Ecriture dit encore : Ils porte- 
ront leurs regards sur celui qu'ils 
ont transpercé. 

38. Après cela, Joseph d'Arima- 
thie (qui était disciple de Jésus, 
mais en secret, par crainte des 
Juifs) demanda à Pilate de pren- 
dre le corps de Jésus. Et Pilate le 
permit. Il vint donc, et enleva le 
corps de Jésus. 

39. Vint aussi Nicodéme, qui 
était d'abord venu trouver Jésus 
pendant la nuit; il apportait une 
composition de myrrhe et d'aloes 
d'environ cent livres. 

40. Ils prirent donc le corps de 
Jésus, et l'enveloppeérent dans 
des linges avec des parfums, 
comme les Juifs ont coutume 
d'ensevelir. 

M. Or il y avait au lieu où il 
fut crucifié, un jardin, et dans 
le jardin, un sépulcre neuf, 
où personne encore n'avait été 
mis. 

42. Là dono, à cause de la pré- 
paration des Juifs, et parce que le 
sépulcre était proche, ils dépo- 
serent Jésus. 


]08. xx.] 


CHAPITRE XX. 


Madeleine va au sépulcre; elle avertit 
Pierre et Jean; ils y viennent ensemble. 
Apparition des anges et de Jésus à 
Madeleine. Jésus apparait aux apótres 
et leur donne le Saint-Esprit. Seconde 
apparition de Jésus aux apôtres. Tho- 
mas voit et croit. 


4. Or le premier jour de la se- 
maine, au matin, quand les ténè- 
bres duraient encore, Marie-Ma- 
deleine vint au sépulcre, et vit la 
pierre 6466 du tombeau. 

2. Elle courut done et vint à 
Simon Pierre et à l'autre disciple 
que Jésus aimait, et leur dit : Ils 
ont enlevé le Seigneur du sépul- 
cre, et nous ne savons où ils l'ont 
mis. 

3. Pierre done sortit avec 
l’autre disciple, et ils vinrent au 
sépulcre. 

4. lls couraient tous deux en- 
semble; mais l'autre disciple 
courut plus vite que Pierre, et il 
arriva le premier au sépulcre. 

9. Or, s'étant penché, il vit les 
linges posés à terre; cependant 
il n’entra pas. 


38. Matt., xxvir, 57; Marc, xv, 43; Luc, xxii, 50. — 39. Supra, rir, 2, — ὕπαρ. XX. 
1. Matt., נטאא‎ 1; Marc, xvi, 1; Luc, xxiv, 1. 


38. * Joseph d'Arimathie. Voir note sur Matt., xxvii, 51, — Demanda... le corps de 


Jésus Voir Matt., xxvir, 58. 


39. Nicodeme. Voir Jean, 11, 4. —* Une composition ue myrrhe er d'aloes d'environ 


cent livres. « La myrrhe et l’aloès, dont les sucs [sont] trés amers, ont la propriété de 
préserver les corps de la putréfaction. Quatre ou cinq livres eussent suffi à la rigueur. 
Cette grande quantité d'aromates fait voir qu'il n'était pas seulement enduit, mais plongé 
dans les parfums pour accélérer l'opération, en évitant de toucher au corps. » (RoHAULT 
DE FLEURY.) Sur la myrrhe, voir Maitk., 11, 11 

.40 * L'enveloppérent dans des linges. « Les observations 168 plus scrupuleuses s'ac- 
cordent à faire reconnailre jusqu'à deux cents et trois cents métres superficiels de 
linges en lin sur une seule momie [égyptienne]. Un grand nombre de linges ont dü 
étre employés à l'ensevelissement du Sauveur. La respectueuse prodigalité indiquée 
dans l'emploi des aromates prouve qu'on n'a pas dà épargner davantage les linges et 
les bandelettes, d'ailleurs nécessaires pour les maintenir, » (RonaurLT DE FLEURY. 

41. * Un sépulcre neuf. Voir Matt., xxvi, 60, 61. 


1. * Le premier jour de la semaine est le dimanche. 
2. * L'autre disciple, S. Jean l'Evangéliste. 


[cu. xx.] 


6. Pierre, qui le suivait, vint 
aussi, et entra dans le sépulcre, 
et vit les linges posés d terre, 

7. Et le suaire qui couvrait sa 
téte, non point avec les linges, 
mais plié en un lieu à part. 

8. Alors donc entra aussi l'au- 
tre disciple qui était venu le pre- 
mier au sépulcre; et il vit et il 
crut. 

9. Car ils ne savaient pas en- 
core l'Ecriture : Qu'il fallait qu'il 
ressuscitát d'entre les morts. 

10. Les disciples donc s'en re- 
tournèrent chez eux. 

11. Mais Marie se tenait dehors 
près du sépulcre, pleurant. Or, 
tout en pleurant, elle se pencha, 
et regarda dans le sépulcre ; 

19. Elle vit deux anges vétus 
de blanc, assis, l'un à la téte, 
l'autre aux pieds, là où avait été 
mis le corps de Jésus. 

43. Ils lui demandèrent 
Femme, pourquoi pleurez-vous ? 
Elle leur répondit : Parce qu'ils 
ont enlevé mon Seigneur, et je 
ne sais où ils l’ont mis. 

14. Lorsqu'elle eut dit cela, elle 
se retourna en arrière, et vit Jé- 
sus debout; et elle ne savait pas 
que ce fût Jésus. 

45. Jésus lui demanda: Femme, 
pourquoi pleurez-vous ? Elle, pen- 
sant que c'était le jardinier, lui 
répondit : Seigneur, si c'est toi 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2599 
qui l'as enlevé, dis-moi oü tu l'as 
mis, et je l'emporterai. 

16. Jésus lui dit : Marie. Elle, 
se retournant, lui dit : Rabboni 
(ce qui veut dire Maitre). 

17. Jésus lui dit : Ne me tou- 
chez pas; car je ne suis pas en- 
core monté vers mon Père ; mais 
allez à mes frères ; et dites-leur : 
Je monte vers mon Père et votre 
Père, vers mon Dieu et votre 
Dieu. 

18. Marie-Madeleine vint an- 
noncer aux disciples : J'ai vu 
le Seigneur, et il m'a dit ces 
choses. 

19. Ce jour-là, premier de la 
semaine, lorsque le soir fut venu, 
et que les portes du lieu oü les 
disciplesse trouvaient assemblés, 
étaient fermées, de peur des 
Juifs, Jésus vint et se tint au mi- 
lieu d'eux, et leur dit : Paix à 
vous! 

20. Et, lorsqu'il eut dit cela, il 
leur montra ses mains et son có- 
té. Les disciples se réjouirent 
donc à la vue du Seigneur. 

91. Et il leur dit de nouveau : 
Paix à vous! Comme mon Père 
m'a envoyé, ainsi moi je vous 
envoie. 

22. Lorsqu'il eut dit ces mots, 
il souffla sur eux et leur dit : Re- 
cevez l'Esprit-Saint ; 

23. Ceux à qui vous remettrez 


11. Matt., xxvi, 1; Marc, xvi, 5; Luc, xxiv, 4. — 19. Marc, xvi, 14; Luc, xxiv, 36; 


I Cor., xv, 9. — 23. Matt., xvii, 18. 


9. L'Ecriture. Voy. Ps. xv, 10. 


, 19. La méme puissance qui faisait passer le corps entier de Jésus-Christ dans toute 
sa dimension à travers les portes fermées, rend le méme corps réellement présent 
dans le sacrement de l'Eucharistie, quoique ces deux choses surpassent notre intel- 
ligence. 

22. Jésus emploie le souffle de sa bouche comme un signe extérieur pour marquer 
qu'il leur communiquait son esprit. 

23. Il faut nécessairement ou rejeter l'authenticité de ces paroles, ou reconnaitre 
l'origine divine de la confession sacramentelle, 


2600 
les péchés, ils leur seront remis; 
et ceux à qui vous les retiendrez, 
ils leur seront retenus. 

94. Or Thomas, appelé Didyme, 
un des douze, n'était pas avec 
eux quand vint Jésus. 

95. Les autres disciples lui 
dirent donc : Nous avons vu le 
Seigneur. Mais lui leur répon- 
dit : Si je ne vois dans ses mains 
le trou des clous, et si je n'en- 
fonce mon doigt à la place des 
clous, et que je ne mette ma 
main dans son cóté, je ne croirai 
point. 

96. Et huit jours après, ses 
disciples étaientencore enfermés, 
et Thomas avec eux. Jésus vint, 
les portes fermées, etil se üntau 
milieu d'eux, et leur dit : Paix à 
vous! 

97. Puis il dit à Thomas : Mets 
ton doigt là, vois mes mains; 
approche ta main et mets-la dans 
mon cóté, et ne sols plus incré- 
dule, mais croyant. 

98. Thomas répondit et lui dit : 
Mon Seigneur et mon Dieu. 

99. Jésus lui dit : Parce que tu 
m'as vu, Thomas, tu as cru. Heu- 
reux ceux qui n'ont point vu et 
qui ont cru! 

30. Jésus a fait encore en pré- 
sence de ses disciples beaucoup 
d'autres miracles qui ne sont pas 
écrits dans ce livre. 

31. Mais ceux-ci ont été écrits 
afin que vous croyiez que Jésus 
est le Christ, le Fils de Dieu, et 
afin que, croyant, vous ayez la 
vie en son nom. 


30. Infra, xxi, 25. 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


[cu. xxt.] 


CHAPITRE XXI. 


Apparition de Jésus à ses disciples prés 
de la mer de Tibériade. Péche miracu- 
leuse. Amour de saint Pierre, Jésus lui 
confie ses brebis et lui prédit son mar- 
tyre. Saint Pierre demande à Jésus ce 
que deviendra saint Jean. 


1. Aprés cela, Jésus se mani- 
festa de nouveau à ses disciples 
prés dela mer de Tibériade. Or il 
se manifesta ainsi. 

9. Simon Pierre et Thomas, 
appelé Didyme, Nathanaél, qui 
était de Cana en Galilée, les fils 
de Zébédée, et deux autres de 
ses disciples, se trouvaient en- 
semble. 

3. Simon Pierre leur dit: Je vais 
pécher. 115 lui dirent : Nous y 
allons aussi avec vous. Ils s'en 
allèrent donc et montèrent dans 
la barque, et cette nuit-là ils ne 
prirent rien. 

4. Mais le matin venu, Jésus 
parut sur le rivage ; les disciples 
néanmoins ne connurent point 
que c'était Jésus. 

9. Jésus leur dit done : Enfants, 
n'avez-vous rien à manger? Ils 
répondirent : Non. 

6. Il leur dit : Jetez le filet à 
droite de la barque, et vous en 
trouverez. Ils le jetèrent donc, et 
ils ne pouvaient le tirer, à cause 
dela multitude des poissons. 

7. Alors le disciple que Jésus 
aimait dit à Pierre : C'est le Sei- 
gneur. Lorsque Simon Pierre eut 
entendu que c'était le Seigneur, 
il se ceignit de sa tunique (car 


2. * Nathanaél, Vapótre S. Barthélemy. Voir Jean, 1, 49. — Les fils de Zébédée, 
S Jacques le Majeur et S. Jean l'Evangéliste. 
1. Nu; c'est-à-dire, sans son vétement de dessus. 


]63. xx1.] 


il était nu), et se jeta dans la 
mer. 

8. Les autres disciples vinrent 
avec la barque (car ils n'étaient 
éloignés dela terre que d'envi- 
ron deux cents coudées), tirant 
le filet plein de poissons. 

9. Or dès qu'ils furent descen- 
dus à terre, ils virent des char- 
bons préparés et du poisson placé 
dessus, et du pain. 

10. Jésus leur dit : Apportez 
quelques-uns des poissons que 
vous avez pris à l'instant. 

11. Simon Pierre monta dans 
la barque, et tira à terre le filet 
plein de cent cinquante-trois gros 
poissons. Et quoiqu'il y en eût 
lant, le filet ne fut pas rompu. 

19. Jésus leur dit : Venez, man- 
gez. Et chacun de ceux qui pre- 
naient part au repas n'osait lui 
demander : Qui étes-vous? sa- 
chant que c'était le Seigneur. 

13. Et Jésus vint, prit le pain, 
etle leur donna, et le poisson pa- 
reillement. 

14. Ce fut la troisième fois que 
Jésus se manifesta à ses disciples, 
aprés qu'il fut ressuscité d'entre 
les morts. 

15. Lors donc qu'ils eurent 
mangé, Jésus dit à Simon Pierre : 
Simon, fils de Jean, m'aimes-tu 
plus que ceux-ci? Il lui répondit : 
Oui, Seigneur, vous savez que je 


L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN. 


2601 
vous aime. Jésus lui dit : Pais 
mes agneaux. 

16. Il lui dit de nouveau : Si- 
mon, fils de Jean, m'aimes-tu? Il 
lui répondit : Oui, Seigneur, vous 
savez que je vous aime. Jésus lui 
dit : Pais mes agneaux. 

17. Il lui dit une troisième fois : 
Simon, fils de Jean, m'aimes-tu? 
Pierre fut contristé qu'il lui eût 
dit une troisieme fois : M'aimes- 
tu? Et il lui répondit : Seigneur, 
vous connaissez toutes choses, 
vous savez que je vous aime. Jé- 
sus lui dit : Pais mes brebis. 

18. En vérité, en vérité, je te 
le dis : Quand tu étais jeune, tu 
te ceignais toi-méme, et tu allais 
oü tu voulais. Mais quand tu se- 
ras vieux, tu étendras les mains, 
et un autre te ceindra et te con- 
duira oü tu ne voudras pas. 

19. Oril dit cela, indiquant par 
quelle mort il devait glorifier 
Dieu. Et lorsqu'il eut ainsi parlé, 
il lui dit : Suis-moi. 

90. Pierre s'étant retourné, vit 
venir apres lui le disciple que Jé- 
sus aimait, qui s'était aussi re- 
posé pendant la cene sur son sein, 
et dit : Seigneur, qui est celui 
qui vous trahira? 

21. Pierre donc l'ayant vu, de- 
manda à Jésus : Seigneur, mais 
celui-ci, que deviendra-t-il? 

22. Jésus lui répondit : Je veux 


ΧΙ 19:1] Pierre, 1, 14, — 20. Supra, xui, 99,‏ ית ו 


| 


| T. Pais mes brebis. Le Sauveur avait promis à saint Pierre la suprématie spirituelle 
(Matt., xvi, 19): et il remplit ici sa promesse, en le chargeant de paitre toutes ses 
brebis sans exception, par conséquent tout son troupeau, c'est-à-dire toute son Eglise. 
19. *S. Pierre mourut sur une croix, à Rome, la téte en bas, l'an 61 de notre ére. 
Ce n'est que plusieurs années aprés le martyre du prince des apótres que S. Jean 
rappelait dans son Evangile cette prophétie du Sauveur. 
20. * Le disciple que Jésus aimait, S. Jean l'Evangéliste. 
22, 23. * Je veux qu'il demeure ainsi, Le texte grec porte: Si je veux, et laisse ainsi 
la chose dans le doute. 


2602 
quil demeure ainsi jusqu'à ce 
que je vienne, que t'importe? Toi, 
suis-moi. 

93. Le bruit courut donc parmi 
les frères que ce disciple ne mour- 
rait point. Gependant Jésus ne 
lui dit pas : 1 ne mourra point; 
mais : Je veux qu'il demeure ainsi 
jusquà ce que je vienne, que 
timporte ? 


25. Supra, xx, 30. 


L'ÉVANGILE. SELON SAINT JEAN. 


xxi.]‏ .חס] 


94. C'est ce méme disciple qui 
rend témoignage de ces choses, et 
qui les a écrites; et nous savons 
que son témoignage est vrai. 

95. ll y a encore beaucoup d'au- 
tres choses que Jésus a faites; si 
elles étaient écrites en détail, je 
ne pense pas que le monde lui- 
méme pát contenir les livres qu'il 
faudrait écrire. 


ב 


ACTES DES APOTRES 


INTRODUCTION 


Un a donné le nom d'Actes des Apôtres à des Mémoires divinement inspirés 
sur l'élablissement de l'Eglise et sur ses premiers développements parmi les 
Juifs et parmi les Gentils. Ce titre, qui parait aussi ancien que l'ouvrage, le ca- 
ractérise parfaitement. L'auteur y rapporte tout ce qu'il a vu ou appris sur ce 
sujet d'intéressant pour les chrétiens. C'est moins une histoire proprement dite 
qu'une suite de récits, ayant pour objet les travaux des Apótres (surtout ceux de 
S. Pierre et de S. Paul), et pour but l’affermissement des âmes dans la foi et 
leur progrès dans la ferveur. 

Par leur objet, les Actes des Apôtres complètent les Evangiles; ils en sont la 
suite et le couronnement. C'est pourquoi S. Luc les donne pour la seconde 
partie de son principal écrit. De plus, ils confirment l'histoire évangélique, en 
rappelant le souvenir des mystéres principaux du Sauveur, en constatant l'ac- 
complissement de ses prophéties et le fruit merveilleux de son œuvre. Si 
l'Evangile disparaissait, il serait facile, à l'aide des Actes, de le reconstruire, au 
moins en substance; et, sans ce livre, l’œuvre des évangélistes serait inachevée. 

Pour la composition, on trouve dans les Actes la méme simplicité et la méme 
briéveté que dans l'Evangile. On y remarque aussi la méme absence de dates. 
Nulle époque n'est indiquée, méme pour les faits principaux, et on n'en saurait 
fixer aucune que par approximation. Celle de l'Ascension, qui sert de point de 
départ, n'est pas mieux déterminée que les autres : le sentiment des auteurs 
oscille de l'an 29 à l'an 33. Il est vrai que nul écart ne saurait aller au delà de 
cinq ou six années. On convient, d'ailleurs, que l'auteur suit en général l'ordre 
des temps, que les faits qu'il rapporte se sont passés sous quatre empereurs, 
Tibére (An. 33-37), Caligula (37-41), Claude (41-54), Néron; et que la durée 
totale du récit est d'une trentaine d'années. 

Les Actes sont la meilleure introduction aux Epitres des Apótres, à celles de 
S. Paul en particulier. Nous n'avons guére d'autre document de cette époque 
sur les faits, les lieux, les personnes et les circonstances au milieu desquelles 
elles furent écrites. C'en est aussi le plus sür commentaire. Sans les renseigne- 
ments que ce livre fournit, bien des passages des Epitres resteraient obscurs et 
donneraient lieu à des discussions de toutes sortes. On aurait peine à s'expliquer 
le caractére de S. Paul, les persécutions qu'il a souffertes, ses controverses, ses 
apologies, ses voyages, etc. 


2604 ACTES DES APOTRES. 


L'auteur ne se nomme nulle part; mais, dés le début, il se donne pour évan- 
géliste. On voit, au milieu de son récit, qu'il est un des disciples et des compa- 
gnons de S. Paul, et la tradition nous fait connaitre son nom. C'est sans raison 
et contrairement à tous les témoignages que certains critiques ont donné cet 
ouvrage pour une compilation ou une juxtaposition d'écrits de provenances 
diverses. Dès le temps de S. Irénée, on l'attribuait tout entier à S. Luc, quoiqu'il 
eüt la méme étendue et la méme forme qu'aujourd'hui; et nous verrons que 
l'unité du livre atteste celle de son origine. 

Il est probable qu'en faisant ses recherches sur la vie du Sauveur, S. Luc eut 
soin de recueillir tout ce qui lui fut communiqué d'intéressant sur les premiers 
disciples. Outre les notes qu'on avait dà prendre et garder sur certains faits, 
par exemple, les délibérations du sanhédrin au sujet des Apótres, les premiers 
discours de S. Pierre, le jugement et le supplice de S. Etienne, outre certains 
documents officiels, comme la lettre synodale du Concile de Jérusalem, cet au- 
teur fut à méme de consulter et d'entendre les témoins les plus compétents : 
S. Paul, avec lequel il passa seize années entières et dont il avait les Epitres 
entre les mains, S. Pierre, qu'il eut plusieurs fois occasion de voir, S. Jacques 
le Mineur, auprés duquel il séjourna à Jérusalem, S. Philippe, qu'il visita en 
passant à Césarée et qu'il entretint à loisir dans les deux premiéres années de 
la captivité de son Maitre, S. Marc à Rome, et une foule de disciples dont on 
ignore les noms. Pour les faits qui remplissent les douze derniers chapitres, il 
n'avait qu'à se rappeler ses propres souvenirs; car aprés avoir quitté son pays 
pour s'attacher à S. Paul, il ne s'en est presque jamais séparé : d'Antioche il 
l'a suivi à Troade, à Philippes, à Milet, à Césarée, à Jérusalem et enfin 
à home. 

C'est dans cette dernière ville, probablement, que S. Luc acheva sa rédaction. 
ll avait pu commencer son travail auparavant, prendre des notes à mesure 
qu'il voyait les faits se succéder; mais tout porte à croire qu'il termina son 
écrit dans l'intervalle qui sépare la publication du troisiéme Evangile des der- 
niers faits rapportés dans les Actes, c'est-à-dire entre l'an 58 et lan 63, 
trente ans au plus aprés la mort de Jésus-Christ, huit ou dix avant la ruine de 
Jérusalem. Ainsi s'expliquent la précision, la vivacité, la fraicheur de souvenir 
qu'on remarque dans ses derniers récits, par exemple, la comparution de 
l'Apótre devant Agrippa, son voyage sur mer, sa rencontre avec les chrétiens 
de Rome sur la voie Appienne, sa premiére conférence avec les Juifs de cette 
ville. Au moins, le livre fut-il achevé avant la ruine de Jérusalem, qui est tou- 
jours supposée debout, et avant le martyre de l'Apótre dont l'auteur ne fait 
aucune menlion, qu'il ne fait pas méme pressentir. Bien plus, si l'on compare 
ce que S. Paul dit aux anciens d'Ephése, qu'ils ne doivent plus le revoir, avec 
les assurances qu'il donne aux Philippiens et à Philémon, on est porté à croire 
que l'éerit de S. Luc a été publié avant la fin de la première captivité; car s'ill 
l'avait été plus tard, il est probable que l'auteur n'aurait pas manqué d'écarter 
toute prévision funeste, en avertissant le lecteur que l'Apótre avait recouvré sa 
liberté et que ses disciples de Philippes et de Colosses avaient vu se réaliser les 
espérances qu'il leur donnait du fond de sa prison. 

Si l'on trouve dans les Acles quelques indications géographiques, c'est sur 
Jérusalem et la Palestine. On n'y voit aucune particularité sur l'Italie, ni sur le 
séjour que S. Paul a fait à Rome. C'est une raison de penser que l'auteur desti- 


INTRODUCTION. 2605 


nait son écrit particuliérement aux fidéles de cette ville et aux chrétiens 
d'Europe convertis par son Maitre. 

La tradition a toujours attribué les Actes des Apótres à S. Luc. 

On trouve, dans toutes les Introductions à la sainte Ecriture, les témoignages 
les plus convaincants de la foi de l'Eglise à cet égard : — le Canon de Mura- 
tori (160-170), qui place ce livre à la suite des Évangiles; — la Version italique 
et la Version syriaque, dont les Actes ont toujours fait partie ; — des citations 
, des auteurs les plus graves et des Pères les plus anciens, depuis S. Augustin, 
| qui nous apprend l'usage où était l'Eglise latine de faire lire ce livre durant le 
temps pascal, comme un monument assuré de la résurrection du Sauveur, 
jusqu'à Origéne (230), qui en a fait l'objet de vingt Homélies dont il reste 
quelques fragments, jusqu'à Tertullien (207), qui le cite en cinquante endroits 
de ses écrits, jusqu'à Clément d'Alexandrie (193), quitrouve un certain rapport 
entre le style des Actes et celui de l'Epitre aux Hébreux, jusqu'à S. Irénée (180), 
qui fait valoir, en les citant, l'autorité de S. Luc, jusqu'aux Péres apostoliques 
eux-mémes, en particulier S. Polycarpe, qui y fait visiblement allusion dans 
soa Epitre aux Philippiens, dés la première partie du second siècle. 

[/élude critique des Actes démontre de la manière la plus certaine : — que ce 
livre est l’œuvre d'un seul auteur; — que cet auteur était contemporain des 
4001098 ; — qu'il était disciple et compagnon de S. Paul; — qu'il a écrit le 
troisième Evangile ; — enfin, qu'il ne peut être différent de S. Luc. 

19 C'est l'œuvre d'un seul auleur. — L'unité de la composition est manifeste. 
C'est d'un bout à l'autre la méme doctrine, le méme dessein, la méme marche, 
la méme mise en scéne. Les particularités dont le style abonde, se retrouvent 
dans toutes les parties des Actes, partout les mêmes et dans une mesure à peu 
prés égale. Cette observation s'applique spécialement à trentre-quatre expres- 
sions singuliéres qu'on y a relevées et qu'on ne trouve dans aucune autre partie 
de la Bible, par exemple, voie pour religion, — à une vingtaine de termes favo- 
ris, fort rares ailleurs, fréquents ici : main pour puissance, en quatorze endroits; 
parole ou discours pour évangile, Aérésie, etc.; — à certains mots écrits d'une 
maniére inusitée, par exemple, Hierosolyma, répété quarante-deux fois en grec, 
pour Hiérousalém ; à l'emploi fréquent de cette formule : il fut fait que, qua- 
torze fois répétée, du mot se levant, dix-neuf fois ; se tenant dehors, six fois; — 
aux citations de l'Ancien Testament, toujours conformes aux Septante, pour le 
sens au moins, etc. 

2° L'auteur était des temps apostoliques. — La nature des faits qui le frappent, 
les discussions qu'il rapporte sur l’incorporation des Gentils à l'Eglise, sur les 
rites judaiques, sur les aliments prohibés; les renseignements qu'il donne sur 
Jérusalem, sur les croyances et le culte juif; la maniére dont il parle des pro- 
phéties anciennes et des prophètes de la loi nouvelle; l'importance qu'il y 
attache; les dispositions d'esprit dont son écrit porte l'empreinte; les détails 
nombreux et circonstanciés où il entre à l'égard des personnages, des emplois, 
. des usages, des lois de cette époque, ses allusions aux faits contemporains, aux 

sectes de la Judée, aux divisions territoriales; son grec mêlé d'hébraismes, 6 
fiel de l'amertume, etc., et de latinismes, colonia, etc. ; la justesse de ses indica- 
tions, leur accord parfait avec l'histoire et la géographie du temps, sont autant 
d'indices qui dénotent un auteur du premier siécle, contemporain des apótres. 

3° Jl a été disciple et compagnon de S. Paul. — Son disciple : car il est animé 


2606 ACTES DES APOTRES. 


du même esprit et préoccupé des mêmes pensées. Ce qu’il aime surtout à 
mettre en relief, c'est la nécessité et le mérite de la foi, l'universalité de la 
rédemption, la miséricorde de Dieu sur les Gentils, leurs bonnes dispositions 
qui contrastent avec l'endurcissement des Juifs, les conversions qui s'opérent 
parmi eux, la divinité du Sauveur, qu'il appelle habituellement Le Seigneur, à 
l'exemple de l'Apótre. Le mot gráce, que les autres évangélistes n'emploient 
jamais, et qui revient si souvent en S. Paul, est répété par S. Luc dix-sept fois 
dans les Actes et trente fois dans le troisième Evangile. — Son compagnon dans 
ses courses apostoliques : car la part qu'il fait à S. Paul dans ses récits, l'abon- 
dance et la justesse des détails politiques et topographiques, l'indication d'une 
. foule de circonstances et de personnages sans importance par eux-mêmes, sur- 
tout l'harmonie parfaite qui régne entre toutes les indications qu'il fournit et les 
Epitres de S. Paul, ne permettent pas de révoquer en doute ce que suppose 
l’auteur, en se mêlant au récit, qu'il l'a suivi dans une grande partie de ses 
voyages et qu'il ne fait que rapporler ce qu'il a vu de ses yeux : « Il écrivit 
l'Evangile d'aprés ce qu'il avait entendu, dit S. Jéróme, il composa les Actes 
des Apôtres d’après ce qu'il avait vu. » 

4 Il est l'auteur du troisième Evangile. — ll suffit de citer en preuve, après 
les premiers versets des Actes, la conformité qu'on remarque entre ces deux 
livres pour les sentiments, les dispositions d'esprit, les tendances, le langage. 
D'un côté comme de l'autre, on reconnait l'influence de S. Paul. C’est la méme 
attention à ne rien dire de blessant pour les Gentils, à ménager l'autorité 
romaine et méme à relever ce qui est à son avantage. C'est le méme respect 
pour les cérémonies judaiques, avec la méme conviction que l'Evangile est pour 
tous les peuples et le méme soin de rattacher les faits aux actes publies de 
l'empire. C'est la méme insistance sur la nécessité du détachement, la méme 
horreur de l'avarice. Ce sont aussi les mémes qualités descriptives, la méme 
manière de citer l'Ecriture, les mêmes expressions, les mémes tournures. Enfin 
ce sont les mémes particularités de style, des périphrases fréquentes, souvent 
identiques; une trentaine de mots qu'on ne rencontre jamais ou presque jamais 
dans le Nouveau Testament et qui se montrent également dans l'un et dans 
l'autre de ces livres ; des locutions semblables ou d'une analogie frappaute : le 
fruit du ventre pour fils, la main de Dieu pour la puissance de Dieu, etc. Pour 
étre fortuites et peu saillantes dans le détail, ces coincidences ne sont que plus 
décisives. Mais c'est dans le texte grec qu'il les faut chercher. 

5° Enfin, c'est S. Luc lui-même. — Nous savons que S. Luc a composé le troi- 
sième Evangile et qu'il était médecin, par conséquent qu'il avait fait quelques 
études. Or, le livre des Actes témoigne : — 19 Que l'auteur avait l'esprit cultivé. Tout 
mélé qu'il est d'hébraismes, son grec est plus pur que celui des autres écrivains 
du Nouveau Testament. — 29 Qu'il distinguait trés bien les maladies et les 
infirmités. Il les caractérise parfaitement et emploie pour les désigner des 
termes qui lui sont propres et qui appartiennent à la langue médicale de 
l'époque. — 3° Qu'il a écrit un Evangile, qui ne peut être que le troisième, 

On ne saurait exiger des marques d'authenticité plus nombreuses ni plus 
convaincantes. Réunies aux témoignages de la tradition, elles mettent absolu- 
ment hors de doute l'origine du livre des Actes. 

L'intégrité des Actes est déjà prouvée par ce que nous avons dit de l'unité de 
la composition; de plus, elle a une garantie certaine dans le caractère du livre 


INTRODUCTION. 2607 


et la notoriété de l'auteur. Les Actes des Apótres, ayant la méme origine que 
le troisiéme Evangile, recurent la méme publicité; ils furent l'objet du méme 
respect. Les chrétiens devaient donc veiller également à la conservation de ces 
deux écrits. Altérerles Actes dans ce qu'ils ont d'essentiel, y glisser furtivement 
par exemple les prodiges dont ils sont remplis ou remplacer les faits naturels 
par des événements miraculeux eût offert plus de difficultés encore que de sup- 
poser le livre tout entier. 

Il ne s'agit ici, bien entendu, que d'altérations essentielles, de nature à porter 
atteinte à la doctrine. Quant aux simples changements de termes, aux substitu- 
tions, additions ou transpositions de mots, il ἃ pu s'en produire, et il en est 
survenu un certain nombre; mais les variantes sont sans importance. 

La véracité des Actes des Apótres résulte aussi de leur authenticité et de leur 
intégrité; car on ne peut supposer en S. Lue ni erreur ni imposture sur les faits 
qu'il rapporte. — 4° I] ne pouvait être dans l'erreur. Pour les faits les plus 
récents, il atteste les avoir vus de ses yeux : comment prétendre qu'il est dans 
l'illusion, ou que ces faits, donnés par lui pour merveilleux, n'ont rien que de 
naturel? Pour ceux qui précédent, il les tient de S. Paul, des Apótres, de leurs 
disciples, les témoins les mieux informés et les plus sûrs. — 2° Il ne cherchait 
pas à tromper, car quel intérét pouvait l'y porter? Et comment eüt-il réussi, 
dans un temps oü S. Jean, d'autres Apótres, une foule de disciples étaient là 
pour contrôler ses récits, et où tant de chrétiens étaient disposés à mourir pour 
l'intégrité de leur foi? 

Pour apprécier la valeur du livre des Actes, on peut le considérer sous plu- 
sieurs aspects : — 1? Au point de vue de l'édification. S. Chrysostome affirme 
que la lecture des Actes n'est pas moins salutaire que celle de l'Evangile. Aucun 
écrit n'est plus propre à faire connaitre et à inspirer le véritable esprit du chris- 
tianisme. On y voit briller toutes les vertus chrétiennes, surtout les vertus 
sacerdotales, le détachement, la charité, le zéle de la gloire de Dieu, le mépris 
des souffrances, le désir du ciel. — 2° Au point de vue de la doctrine. Ce livre 
est doublement précieux, soit parce que les miracles qui y sont rapportés con 
firment hautement la prédication du Sauveur et le récit des évangélistes, soit 
parce que la plupart des dogmes révélés s'y trouvent établis, par l'enseignement 
des Apôtres et la pratique des fidèles. — 3° Au point de vue de l'histoire ecclé- 
siastique. C'est un monument d'une valeur incomparable. Il n'embrasse qu'une 
période assez courte et il a bien des lacunes ; mais il est le seul de cette époque, 
et cette période a une importance exceptionnelle. Comme la constitution de 
l'Eglise est divine et invariable, savoir ce qu'elle fut à son origine ou sur quel 
plan son fondateur voulut qu'elle s'établit, c'est savoir ce qu'elle a été depuis et 
ce qu'elle doit étre jusqu'à la fin des temps. 

| Les vingt-huit chapitres dont ce livre est composé forment deux parties bien 
distinctes. — 1? La premiére contient douze chapitres et comprend un espace 
de douze années environ. On y voit le christianisme préché à Jérusalem et dans 
la Palestine. Le personnage qui domine dans ces récits, c'est S. Pierre. Il y est 
nommé plus de cinquante fois, tandis qu'il n'est fait mention de S. Jean que 
six fois, et que les autres Apótres, sauf S. Jacques le Majeur, son frére, sont 
simplement énumérés au commencement. — 2? La seconde partie comprend 
dix-sept chapitres et embrasse environ vingt ans, durant lesquels l'Evangile est 
préché aux Gentils, C'est S. Paul qui parait ic: en première ligne. De xu à xvi, 


$608 ACTES DES APOTRES. 


l'auteur décrit les premiers progrés du christianisme parmi les paiens, spéciale- 
ment à Antioche, dans l'ile de Chypre et en Asie. A partir du chapitre xvi, 10, 
il rapporte les prédications de l'Apótre en Europe, dans la Macédoine, dans 
l'Achaie, enfin à Rome, dans la capitale du monde. 

Cette division n'était pas expressément dans l'esprit de l'auteur; elle n'a pas 
donné sa forme à l'ouvrage, mais elle en résulte et peut servir à le résumer. Les 
deux parties réunies font voir l'accomplissement de la dernière parole de Notre 
Seigneur à ses Apôtres : « Vous me rendrez témoignage à Jérusalem, dans la 
Judée, dans la Samarie et jusqu'aux extrémités du monde. » (L. Bacuszz.) 

«Je ne vous le cache pas, écrivait Lacordaire, les Actes des Apôtres m'é- 
meuvent plus que l'Evangile. En celui-ci, tout est trop divin, si l’on peut parler 
de la sorte; en celui-là l'homme parait; mais en quel moment et sous quel 
souffle! Jésus-Christ vient de quitter la terre... Les voilà seuls en face de l'uni- 
vers, qui ne croit rien de ce qu'ils croient, qui n'en sait méme rien encore, et 
qu'ils doivent convertir à leur foi du pied de la croix qui a vu périr leur Maitre. 
Y eut-il jamais pour des hommes un semblable moment? Et quels hommes? 
des artisans, des pécheurs. Ils vont dire au monde les premieres paroles de la 
prédication chrétienne; ils vont faire dans les âmes, aprés la leur, les premiers 
miracles de la toute-puissance apostolique, et tracer dans la corruption da 
siècle les premiers linéaments de ces mœurs où la charité s'enflammera des 
glaces de la pureté. Toutes les origines et toute l'éloquence du Christianisme 
sont dans ces courtes pages oü S. Paul, qui n'avait pas vu le Christ et qui le 
persécutait, se léve à cóté de S. Pierre; désormais inséparable de lui, moins 
grand par l'autorité, plus éclatant par la parole, égaux tous les deux en trois 
choses, leur amour, leur supplice et leur tombeau... C'est à Jérusalem qu'a 
commencé ce drame surnaturel; c'est à Rome qu'il se termine, aprés avoir , 
passé par Antioche, Athènes et Corinthe. S. Paul, tout chargé de chaines, 
apporta aux Romains la liberté de l'univers, et le bruit de ses pas dans la capi- : 
tale future du Christianisme est la dernière parole qu'on entende de lui. ₪ 


ACTES 


DES APOTRES 


CHAPITRE PREMIER. 


Prologue de saint Luc. Ascension de Jé- 
sus-Christ. Retour des apótres à Jéru- 
salem. Saint Mathias est élu à la place 
de Judas. 


1. J'ai fait mon premier récit, ὃ 
Théophile, sur tout ce que Jésus- 
Christ ἃ fait et enseigné depuis le 
commencement, 

2. Jusqu'au jour oü il fut enlevé 
au ciel, aprés avoir donné, par 
l'Esprit-Saint, ses commande- 
ments aux apótres qu'il avait 
choisis, 

3. Et auxquels, après sa pas- 
sion, il se montra vivant par 
beaucoup de preuves, leur appa- 
raissant pendant quarante jours, 
et leur parlant du royaume de 
Dieu. 

4. Ensuite, mangeant avec 
eux, il leur commanda de ne pas 
s'éloigner de Jérusalem, mais 
d'attendre la promesse du Père, 
que vous avez, dit-il, ouïe de ma 
bouche ; 

ὃ. Car Jean a baptisé dans l’eau; 


mais vous, vous serez baptisés 
dans l'Esprit-Saint, sous peu de 
jours. 

6. Ceux donc qui se trouvaient 
là assemblés l'interrogaient di- 
sant : Seigneur, est-ce en ce 
temps que vous rétablirez le 
royaume d'Israél? 

7. Et il leur répondit : Ce n'est 
pas à vous de connaitre les temps 
et les moments que le Père a ré- 
servés en sa puissance ; 

8. Mais vous recevrez la vertu 
de l'Esprit-Saint, qui viendra sur 
vous, et vous serez témoins pour 
moi, à Jérusalem, daus toute la 
Judée et la Samarie, et jusqu'aux 
extrémités de la terre. 

9. Et quand il eut dit ces 
choses, eux le voyant, il s'éleva, 
etune nuéeledérobaàleurs yeux. 

10. Et comme ils le regardaient 
allant au ciel, voilà que deux 
hommes se présenterent devant 
eux, avec des vétements blanes, 

11. Et leur dirent : Hommes de 
Galilée, pourquoi vous tenez- 
vous là, regardant au ciel? Ce 


Cab. I. 4. Luc, xxiv, 49; Jean, xiv, 26 ; Matt., ur, 41; Marc, 1, 8; Luc, ur, 16; Jean, 


1, 26. — 8. Infra, ir, 2; Luc, xxiv, 48. 


1. Mon premier récit; c'est-à-dire l'Evangile que j'ai composé. — * TAéophile. C'est 
le méme à qui S. Luc avait déjà dédié son Evangile. Voir Luc, r, 3. 
8. *La Judée proprement dite comprenait la Palestine méridionale; ia Samarie 


était située entre la Judée et la Galilée. 
9. * IL s’éleva sur le mont des Oliviers. 


10. Deux hommes; c'est-à-dire deux anges sous une forme humaine 


Ν T. 


164 


2010 
Jésus, qui du milieu de vous a 
été enlevé au ciel, viendra de la 
méme maniere que vous l'avez 
vu allant au ciel. 

19. Alors ils retournèrent à 
Jérusalem, de la montagne qu'on 
appelle des Oliviers, et qui est 
pres de Jérusalem, à la distance 
d'une journée de sabbat. 

13. Et lorsqu'ils furent entrés, 
ils monterent dans le cénacle, oü 
 demeuraient Pierre et Jean, 
Jacques et André, Philippe et 
Thomas, Barthélemi et Matthieu, 
Jacques, fils d'Alphée, et Simon 
le Zélé, et Jude, frère de Jacques; 

14. Tous ceux-ci persévéraient 
unanimement dans la prière, 
avec les femmes, et avec Marie, 
mere de Jésus, et avec ses freres. 

15. En ces jours-là, Pierre se 
levant au milieu des frères (or le 
nombre des hommes réunis était 
d'environ cent vingt), dit : 

16. Mes freres, il faut que s'ac- 
complisse ce qu'a écrit et prédit 
l'Esprit-Saint par la bouche de Da- 
vid, touchant Judas, qui a été le 
guide de ceux qui ont pris Jésus : 

11. Qui était compté parmi 


ACTES DES APOTRES. 


(eu. 1.1 


nous, et avait reçu sa part au 
même ministère. 

18. Et il a acquis un champ du 
salaire de liniquité, et s'étant 
pendu, il a crevé par le milieu, et 
toutes ses entrailles se sont ré- 
pandues. 

19. Et cela a été connu de tous 
les habitants de Jérusalem, en 
sorte que ce champ a été appelé 
en leur langue, Haceldama, c'est- 
à-dire champ du sang. 

20. Car il est écrit au livre des 
Psaumes : Que leur demeure de- 
vienne déserte, et qu'il n'y ait 
personne qui l'habite, et que son 
épiscopat, un autre le recoive. 

91. Il faut done que de ceux 
qui se sont unis à nous pendant 
tout le temps oü le Seigneur Jé- 
sus a vécu parmi nous, 

22. A commencer du baptéme 
de Jean, jusqu'au jour oü il a été 
enlevé d'au milieu de nous, il y 
en ait un qui devienne témoin 
avec nous de sa résurrection. 

23. Et ils en présentèrent deux, 
Joseph, qui 8 3000181 
et qui a été surnommé le Juste, 
et Mathias. 


16. Ps. xr, 10; Jean, xir, 18. — 18. Matt., xxvu, 7. — 20. Ps. Lxvin, 26; Ps. cvi, 8, 


12. Une journée de sabbat signifie ici la distance de deux mille pas de chemin, dis- 
tance que ne pouvaient pas dépasser les Juifs, le jour du sabbat. — * La montagne 
qu'on appelle des Oliviers. Voir Matt., xxi, 1. 

13. Le cénacle était une chambre haute où l'on se retirait pour prier, où l'on rece- 
vait les étrangers, etc. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 531. — * Le mot cé- 
nacle est la traduction du grec Ayperóon, sur lequel on peut voir la note Mare, ir, 4. 


14. Ses frères. Comp. Matt., xii, 46. 


19. * Haceldama. On montre ce champ, d'aprés une tradition ancienne, au sud-est 
de Jérusalem, dans la vallée de Ben-Hinnom. Il est situé au milieu d'anciens tom- 


beaux. 


20. Cette application des Psaumes a d'autant plus de force que saint Pierre la faisait 
en parlant à des Juifs qui admettaient le sens allégorique. 

21. A vécu parmi nous; littér. : Est entré et sorti avec nous. Par l'entrer et le sortir, 
les Hébreux comprenaient toutes les actions, l'ensemble de la vie et de la conduite. 

23.* Joseph... Barsabas ou fils de Sabas. Eusèbe dit qu'il était du nombre des soixante- 
douze disciples. — Mathias, devenu apótre à la place de Judas, alla précher l'Evangile 


en Ethiopie et y souffrit le martyre. 


(cu. 11.1 


94. Et, priant, ils dirent : Vous, 
Seigneur, qui connaissez les 
cœurs de tous, montrez lequel 
vous avez choisi, de ces deux, 

95. Afin de prendre place dans 
ce ministère et cetapostolat, dans 
lequel Judas a prévariqué pour 
s'en aller en son lieu. 

96. Et ils leur distribuerent les 
sorts, et le sort tomba sur Ma- 
thias, et il fut associé aux onze 
apôtres. 


CHAPITRE II. 


Descente du Saint-Esprit au jour de la 
Pentecôte. Don des langues. Première 
prédication de saint Pierre. Trois mille 
hommes convertis. Vie des premiers 
fidèles. 


1. Quand les jours de la Pente- 
côte furent accomplis, ils étaient 
tous ensemble dans 16 méme lieu; 

2. Et il se fit soudain un bruit du 
ciel, comme celui d'un vent impé- 
tueux qui arrive, et il remplit 
toute la maison où ils demeu- 
raient. 


ACTES DES APOTRES. 


2611 

3. Alors leur apparurent comme 
des langues de feu qui se parta- 
gèrent, et /e feu se reposa sur 
chacun d'eux ; 

4. Et ils furent tous remplis de 
l'Esprit-Saint,etilscommencerent 
à parler diverses langues, selon 
que l'Esprit-Saint leur donnait de 
parler. 

5. Or habitaient dans Jérusa- 
lem des Juifs, hommes religieux 
de toute nation qui est sous le 
ciel. 

6. Ce bruit donc s'étant répan- 
du, la multitude s'assembla et de- 
meura confondue en son esprit, 
parce que chacun entendait les 
disciples parler en sa langue. 

7. Et tous s'étonnaient et admi- 
raient, disant : Est-ce que tous 
ceux-ci qui parlent ne sont pas 
Galiléens? 

ὃ. Et comment nous, avons- 
nous entendu chacun notre lan- 
gue dans laquelle nous sommes 
nés? 

9. Parthes, Mèdes, Elamites, et 


ὕπαρ. II. 4. Matt., 111, 11; Marc, 1, 8; Luc, 11, 16; Jean, vri, 39; Supra, 1, 8; Infra, 


x1, 16; xix, 6. 


1. * Pentecóle est un mot grec qui signifie cinquantiéme, parce que la fête que 
nous appelons ainsi se célèbre le cinquantième jour après Pâques. C'était la seconde 
grande féte juive et elle avait pour objet de remercier Dieu à la fin dela moisson du 
bienfait de la récolte. 

2. * Toute la maison. On croit communément que 168 Apótres étaient dans le cénacle 

9. * Les quinze peuples énumérés ici et yy. 10-11 doivent s'entendre des Juifs ha- 
bitaut au milieu d'eux. Les premiers nommés sont à l'est de la Judée; de là S. Luc 
passe au nord, puis au sud et enfin à l'ouest. — Parthes. La Parthie était une province 
d'Asie, bornée à l'est par l'Ariane, au nord par l'Hyrcanie, à l'ouest par la Médie 
et au sud par les déserts de la Carmanie — Mèdes. La Médie, située aussi en Asie 
et confinant à l'est à la Parthie, était de plus limitrophe, de ce cóté, de l'Hyrcanie et de 
la Susiane; au nord elle était limitée par la mer Caspienne, à l'ouest par la Syrie et 
la grande Arménie et au sud par la Perse. Elle avait pour capitale Ecbatane. — La 
Mésopotamie est la région de l'Asie située entre les deux fleuves de l'Euphrate et du 
Tigre, d’où son nom qui signifie en grec : au milieu des fleuves. Les Juifs y étaient 
irés nombreux. — La Cappadoce, dans l'Asie Mineure, était bornée, dans l'empire 
romain, à l'est par la petite Arménie, au nord par le Pont, à l'ouest par la Galatie 
et la Lycaonie, au sud par la Cilicie et la Comagène. — Le Pont, aussi en Asie Mi- 
neure, avait pour frontiéres à l'est la petite Arménie; au nord, le Pont Euxin; à 
l'ouest, la Paphlagonie et la Galatie; au sud, la Cappadoce et la petite Arménie, 


2012 
ceux quihabitentla Mésopotamie, 
la Judée, la Cappadoce, le Pont 
et l'Asie, 

10. La Phrygie, la Pamphylie, 
l'Egypte et les contrées de la Li- 
bye voisine de Cyrène, et ceux 
venus de Rome, 

11. Juifs et prosélytes, Crétois 
et Arabes : nous les avons enten- 
dus parler en nos langues les 
grandes œuvres de Dieu. 

12. Ettous s'étonnaientetadmi- 
raient, se disant l'un à l'autre 
Qu'est-ce que ce peut étre? 

13. Mais d'autres, raillant, di- 
saient: Ils sont pleins de vin doux, 
ces gens-là. 

14. Alors Pierre, se présentant 
avec les onze, éleva sa voix, et 
leur dit: Hommes de Judée, et 
vous tous qui habitez Jérusalem, 
que ceci soit connu de vous, et 


ACTES DES APOTRES. 


[cn. 11.] 


que vos oreilles recueillent mes 
paroles. 

15. Ceux-ci ne sont pas ivres, 
comme vous le pensez, puisqu'il 
n'est que la troisième heure du 
jour; 

16. Mais c'est ce qui a été dit 
par le prophète Joël : 

17. Et 1] arrivera que, dans les 
derniers jours (dit le Seigneur), 
je répandrai de mon Esprit sur 
toute chair, et vos fils et vos filles 
prophétiseront, et vos jeunes 
hommes auront des visions, et 
vos vieillards feront des songes. 

18. Et méme sur mes servi- 
teurs et mes servantes, en ces 
jours-là, je répandrai de mon Es- 
prit, etils prophétiseront; 

19. Et je ferai des prodiges en 
haut dans le ciel, et des signes 
en bas sur la terre, du sang et 


17. Isaïe, xriv, 3; Joël, 11, 28. 


— L'Asie. Ce nom, dans la division administrative de l'empire romain, désignait 
l'Asie proconsulaire, c'est-à-dire la Mysie, la Lydie, la Carie et la Phrygie et com- 
prenait la plus grande partie de l'Asie Mineure orientale. La Phrygie est nommée 
séparément dans le y. 10 à cause de son importance. 

10. * La Phrygie avait pour limites à l'est et au nord la Galatie; au sud-est, la 
Lycaonie; au nord-ouest, la Pisidie; à l'ouest, la Lydie et la Mysie; au nord-ouest et 
au nord, la Bythinie. Les villes phrygiennes mentionnées dans les Actes sont Lao- 
dicée, Hiérapolis et Colosses. — La Pamphylie était au sud de la Pisidie, à l'ouest de 
la Cilicie, au nord de la mer Méditerranée et à l'est de la Lycie et de la Phrygie 
mineure. — Les contrées de la Libye voisine de Cyréne. La Libye. vaste région de 
l'Afrique septentrionale, à l'ouest de l'Egypte, renfermait la Cyrénaique, qui tirait 
son nom de la ville de Cyrène et où les Juifs étaient très nombreux. Cyrène était à 
onze milles romains de la Méditerranée. Les Juifs y avaient été établis par Ptolé- 
mée Ier, roi d'Egypte. 

aie Prosélytes; gentils convertis au judaisme. — *Juifs et prosélytes. Ces mots 

s'appliquent aux deux classes d'étrangers venus de Rome, les uns étant juifs d'ori- 
gine, les autres paiens de naissance. — Crétois, habitants de l'ile de Crète, dans l'Ar- 
chipel, aujourd'hui Candie. — Arabes, habitants de la péninsule de l'Arabie. Parmi 
les auditeurs des Apótres, les Parthes, les Médes etles Elamites devaient parler des 
dialectes de la langue persane; l’araméen était la langue de la Mésopotamie, ana- 
logue à celle de la Judée; l'arabe était l'idiome de l'Arabie; les habitants de la Cap- 
padoce, du Pont, de la province d'Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l'Egypte, 
de la Cyrénaïque et de la Crète parlaient grec; ceux de Rome latin et grec. 

15. La troisième heure du jour; c'est-à-dire neuf heures du matin. Voy. sur la di- 
vision du temps chez les Juifs, notre Abrégé d'introduciion, etc., p. 336. Aux jours 
de fêtes, les Juifs ne mangeaient qu'aprés les prières du matin finies, vers midi, 

11. Sur toute chair. Voy. Matt., xxiv, 22. 


[cn. n.] 
du feu et une vapeur de fumée. 
90. Le soleil sera changé en té- 
nèbres, et la lune en sang, avant 
que vienne le jour grand et ma- 
nifeste du Seigneur. / 

21. Et quiconque aura invoqué 
le nom du Seigneur sera sauvé. 

99. Hommes d'Israël, écoutez 
ces paroles: Jésus de Nazareth, 
homme que Dieu a autorisé par- 
mi vous par les miracles, les pro- 
diges et les merveilles que Dieu 
ἃ faits par lui au milieu de vous, 
comme vous le savez vous- 
mêmes ; 

23. Cet homme qui, suivant le 
conseil arrêté et la prescience de 
Dieu, a été livré, vous l'avez fait 
mourir, le tourmentant par les 
mains des méchants, 

94. Dieu l'a ressuscité, le déli- 
vrant des douleurs de l'enfer; car 
il était impossible qu'il y fût 
retenu. 

95. David en effet, dit de lui : 
Je voyais toujours leSeigneur en 
ma présence, parce qu'il està ma 
droite, afin que je ne sois pas 
ébranlé : 

26. C'est pourquoi mon cœur 
s'est réjoui; et ma langue ἃ tres- 
sailli; et même ma chair reposera 
dans l'espérance; 

27. Car vous ne laisserez point 


ACTES DES APOTRES. 


2613 
mon âme dans l'enfer, et ne souf- 
frirez point que votre Saint voie 
la corruption. 

28. Vous m'avez fait connaitre 
les voies de la vie, et vous me 
remplirez de joie par votre face. 

29. Hommes, mes freres, qu'il 
me soit permis de vous dire har- 
diment du patriarche David, qu'il 
est mort, qu'il a été enseveli; et 
son sépulere est jusqu'à ce jour 
au milieu de nous. 

30. Comme dono il était pro- 
phète, et qu'il savait que Dieu lui 
avait juré par serment qu'un fils 
de son sang s'assoirait sur son 
trône ; 

31. Par prévision, il a dit, tou- 
chant la résurrection du Christ, 
quil n’a point été laissé dans 
l'enfer, et que sa chair n'a point 
vu la corruption. 

39. Ce Jésus, Dieu l'a ressusci- 
té; nous en sommes tous té- 
moins. 

33. Elevé donc par la droite de 
Dieu, et ayant recu de son Père 
la promesse de l'Esprit-Saint, il a 
répandu cet Esprit que vous 
voyez et entendez vous-mémes. 

34. Car David n'est point monté 
au ciel, mais il a dit lui-méme : 
Le Seigneur a dit à mon Seigneur: 
Asseyez-vous à ma droite, 


21. Joël, 11, 82; Rom., x, 18. — 25. Ps. xv, 8. — 29. III Rois, ir, 10. — 30. Ps. cxxx1, 
41. — 31. Ps. xv, 10; Infra, xii, 35. — 34. Ps. cix, 1. 


23. Dieu a livré son Fils, et son Fils s'est livré lui-même à cause de son amour 
pour nous. Ainsi le sacrifice de Jésus-Christ livré pour nous a été saint, et la décision 
de Dieu méme. Mais ceux qui le trahirent et le crucifierent commirent un grand 
crime, suivant en cela leur propre malice et l'instigation du démon, et non la volonté 
et l'ordre de Dieu, qui n'était nullement l'auteur de leur perversité, bien qu'il le 
permit, parce qu'il pouvait, comme il le fit réellement, en tirer un si grand bien, 
c'est-à-dire notre salut. 

21. Dans l'enfer; c'est-à-dire dans les limbes, et nullement dans le tombeau, comme 
quelques-uns le prétendent. — Voie la corruption; hébraisme, pour éprouve la cor- 
ruption. 

29. * Au milieu de nous, dans Jérusalem. 


2014 

35. Jusqu a ce que je fasse de 
vos ennemis lescabeau de vos 
pieds. 

36. Qu'elle sache donc tres cer- 
tainement, toute la maison d'Is- 
raél, que Dieu a fait Seigneur et 
ihrist ce Jésus que vous avez 
0110116 . 

37. Ces choses entendues, ils 
furent touchés de componction 
en leur cœur, et ils dirent à Pierre 
et aux autres apótres : Hommes, 
mes freres, que ferons-nous? 

38. Et Pierre leur répondit : 
Faites pénitence, et que chacun 
de vous soit baptisé au nom de 
Jésus-Christ, en rémission de vos 
péchés, et vous recevrez le don 
de l'Esprit-Saint. 

39. Car la promesse vous re- 
garde, vous, vos eafants, et tous 
ceux qui sont éloignés, autant 
que le Seigneur en appellera. 

40. Et par beaucoup d'autres 
discours encore il rendait témoi- 
gnage, et il les exhortait, disant : 
Sauvez-vous de cette génération 
perverse. 

41. Ceux donc qui recurent sa 
parole furent baptisés; et il y 
eut d'adjoint, en ce jour là, envi- 
ron trois mille àmes. 

49. Et tous persévéraient dans 
la doctrine des apótres, dans la 
communion de la fraction du pain 
et dans !à priere. 


ACTES DES APOTRES. 


]68. ur.) 


43. Or la crainte était dans 
toutes les âmes, et beaucoup de 
prodiges et de merveilles se fai- 
saient aussi par les apôtres dans 
Jérusalem, et tous étaient dans 
une grande frayeur. 

44. Tous ceux qui croyaient 
étaient ensemble, et ils avaient 
toutes choses en commun. 

45. Ils vendaient leurs posses- 
sions et leurs biens, et les distri- , 
buaient à tous, selon que chacun, 
en avait besoin. ; 

40. Tous les jours aussi, persé- 
vérant unanimement dans le 
temple, et rompant le pain de 
maison en maison, ils prenaient 
leur nourriture avec allégresse et 
simplicité de cœur, 

47. Louant Dieu, et trouvant 
grâce aux yeux de tout le peuple. 
Et le Seigneur augmentait en 
méme temps chaque jour le 
nombre de ceux qui devaient 
étre sauvés. 


CHAPITRE I. 


Doiteux guéri à la porte du temple par 
saint Pierre au nom de Jésus-Christ. 
Seconde prédication de saint Pierre. 


1. Or Pierre et Jean montaient 
au temple pour la priere de la 
neuvième heure. 

2. Et voilà qu'on portait un 
homme qui était boiteux dès le 
sein de sa mère, et chaque jour 


—————————————————————————————————————————— 


35. * L'escabeau de vos pieds. Voir Matt., xxu, 44. 

38. Soit baptisé au nom de Jésus-Christ; c'est-à-dire du baptéme de Jésus-Christ et 
non de celui de saint Jean-Baptiste ; du baptéme qui, tirant sa vertu de Jésus-Christ, 
remet les péchés par lui-même. Ainsi ce texte ne prouve nullement que dans la pri- 
mitive Eglise on baptisát seulement en invoquant le nom de Jésus-Christ, sans faire 
mention des autres personnes de la Trinité. 


1. La neuvième heure commençait à trois heures aprés midi, et finissait au coucher 
du soleil. Voy. notre Abrégé d'introduclion, etc., p. 536. Les Juifs priaient trois fois 
par jour, Je matin, à midi et le soir. 

2, * La porte du temple appelée la Belle, parce qu'elle était plus belle queles autres. 
Josèphe nous apprend qu'elle était en airain de Corinthe, couvert d'or et d'argent. 


[cu. [.זזז‎ 
on 16 posait 8 la porte du temple, 
appelée la Belle, afin qu'il deman- 
dátl'aumóne à ceux qui entraient 
dans le temple. 

3. Celui-ci ayant vu Pierre et 
Jean, qui allaient entrer dans le 
temple, les priait pour avoir l’au- 
móne. 

4. Fixant avec Jean les yeux 
sur lui, Pierre dit : Regarde- 
nous. 

9. Et il les regardait, espérant 
recevoir quelque chose d'eux. 

6. Mais Pierre dit : De l'argent 
et de l'or, je n'en ai pas; mais ce 
que j'ai, je tele donne : Au nom 
de Jésus-Christ de Nazareth, leve- 
toi et marche. 

7. Et lui ayant pris la main 
droite, il se leva; et aussitót ses 
jambes et les plantes de ses 
pieds s'affermirent. 

8. Et, s'élancant, il se dressa de- 
bout et il marchait; et il entra 
avec eux dans le temple, mar- 
chant, sautant et louant Dieu. 

9. Et tout le peuple le vit mar- 
chant et louant Dieu. 

10. Ainsi, reconnaissant que 
c'était celui-là méme qui était as- 
sis à la Belle porte du temple 
pour demander laumóne, ils 
furent étonnés et hors d'eux- 
mémes de ce qui lui était ar- 
rivé. 

11. Et comme il tenait Pierre et 
Jean, tout le peuple étonné ac- 
courut vers eux au portique ap- 
pelé de Salomon. 


ACTES DES APOTRES. 


2615 

12. Ce que voyant, Pierre dit au 
peuple : Hommes d'Israél, pour- 
quoi vous étonnez-vous de ceci, 
ou pourquoi nous regardez-vous, 
comme si c'était par notre vertu 
ou par notre puissance que nous 
avons fait marcher cet homme? 

13. Le Dieu d'Abraham, le Dieu 
d'Isaac et le Dieu de Jacob, le 
Dieu de nos péres a glorifié son 
fils Jésus, que vous avez, vous, li- 
vré et renié devant Pilate, quand 
il jugeait lui-méme de le ren- 
voyer. 

14. Car c'est vous qui avez re- 
nié le Saint et le Juste, et qui avez 
demandé qu'on vous remit un 
meurtrier; 

18. Vous avez méme tué l'au- 
teur de la vie, que Dieu a ressus- 
cité d'entre les morts, ce dont 
nous sommes témoins. 

16. Orc'estparlafeiensonnom, 
que son nom a affermi cethomme 
que vous voyez et connaissez, et 
c'est la foi qui vient par lui qui a 
Opéré, en votre présence, cette 
entière guérison. 

17. Cependant, mes frères, je 
sais que c’est par ignorance que 
vous avez agi, aussi bien que vos 
chefs. 

18. Mais Dieu, qui avait prédit 
par la bouche de tous les prophè- 
tes que son Christ souffrirait, l'a 
ainsi accompli. 

19. Faites donc pénitenco el 
convertissez-vous, afin que vos 
péchés soient effacés; 


(βαρ. HI. 14, Matt., xxvi, 20; Marc, xv, 11; Luc, xxii, 18; Jean, xvii, 40. 


Elle était dans l'enceinte orientale du temple et conduisait du parvis des Gentils dans 


la vallée du Cédron. 


11. * Au portique appelé de Salomon. Voir Jean, x, 23. 


13. * Pilate. Voir Matt., xxvn, 2. 


14. * Un meurtrier, Barabbas. Voir Matt., xxvir, 10, 


2616 

90. Quand seront venus les 
temps de rafraîchissement devant 
la face du Seigneur, et qu'il aura 
envoyé celui qui vous a été pré- 
dit, Jésus-Christ, 

91. Que le ciel doit recevoir 
jusqu'au temps du rétablissement 
de toutes choses, dont Dieu a 
parlé par la bouche de ses saints 
prophetes, depuis le commence- 
ment du monde. 

99. Car Moise a dit: Le Sei- 
gneur votre Dieu vous susci- 
tera d'entre vos fréres un pro- 
phète comme moi; vous lé- 
couterez en tout ce quil vous 
dira. 

93. Or il arrivera que quicon- 
que n'écoutera pas ce prophete 
sera exterminé du milieu du 
peuple. 

94. Et tous les prophètes de- 
puis Samuel, et tous ceux qui 
depuis ont parlé, ont annoncé ces 
jours. 

95. Vous étes les fils des pro- 
phètes et de l'allance que Dieu 
a établie avec nos peres, disant à 
Abraham : Et en ta postérité se- 
ront bénies toutes les familles de 
la terre. 

26. C'est pour vous première- 
ment que Dieu, suscitant son Fils, 
l’a envoyé pour vous bénir, afin 
que chacun revienne de son ini- 
quité. 


22. Deut., נטא‎ 15. — 25. Genèse, xi, 3. 


, 


ACTES DES APOTRES. 


[ca. 1v.] 


CHAPITRE IV. 


Pierre et Jean mis en prison. Accroisse- 
ment du nombre des fidéles. Les deux 
apótres comparaissent devant le conseil 
des Juifs. Discours de Pierre. Silence 
imposé aux apótres. Réponse de Pierre. 
Prière de l'Eglise assemblée. Nouvelle 
effusion du Saint-Esprit. Union des 
fidéles. Barnabé vend son bien. 


1. Or, pendant qu'ils parlaient 
au peuple, survinrent les prétres, 
et le magistrat du temple, et les 
sadducéens, 

2. Courroucés de ce qu'ils en- 
seignaient le peuple, et annon- 
caient en Jésus la résurrection 
des morts; 

8. Et ils mirent la main sur eux, 
et les jetèrent en prison jusqu'au 
lendemain, car il était déjà soir. 

4. Cependant beaucoup de ceux 
qui avaient entendu 18 parole 
crurent, etle nombre deshommes 
fut de cinq mille. 

5. Or il arriva le lendemain que 
leurs chefs, les anciens et les 
scribes, s'assemblerent à Jérusa- 
lem, 

6. Et aussi Anne, prince des 
prétres, Caiphe, Jean, Alexandre, 
et tous ceux qui étaient de la race 
sacerdotale. 

7. Et les faisant placer au mi- 
lieu, ils demandaient : Par quelle 
puissance et en quel nom avez- 
vous fait cela, vous? 


20. Quand seront venus; littér. : Afin que, quand seront venus, ce qui laisse le sens 
suspendu. On pourrait compléter la phrase en traduisant : Afim que vous soyez ra- 
fraichis, quand, etc. — Rafraichissement veut dire ici jouissance, repos. 

24. ' Samuel, le dernier juge d'Israël, fut le fondateur des écoles de prophètes et 


prophète lui-même. 


1. Et le magistrat du temple. Voir Luc, xxi, 4. 

5. * Les anciens, les membres du Sanhédrin. — Les scribes. Voir Matt., τι, 4. 

6. * Anne. Voir Luc, ut, 2. — Caiphe, voir Matt., xxvi, 3. — Jean, Alexandre sont 
deux membres d'ailleurs inconnus du sanhédrin. 


n 
1 


| 
| 


[cu. 1v.) 

8. Alors, rempli de lEsprit- 
Saint, Pierre leur dit : Princes du 
peuple, et vous, anciens, écou- 
tez : 

9. Puisque aujourd'hui nous 
sommes jugés à cause d’un bien- 
fait en faveur d'un homme in- 
firme, et à cause de celui en qui 
il a été guéri, 

10. Qu'il soit connu de vous 
tous et de tout le peuple d'Israél 
que c'est au nom de Notre Sei- 
gneur Jésus-Christ de Nazareth, 
que vous avez crucifié et que Dieu 
a ressuscité des morts; c'est par 
lui que cet homme est ici devant 
vous, debout et sain. 

11. Ce Jésus est la pierre qui a 
été rejetée par vous qui bátissiez, 
et qui est devenue un sommet 
d'angle ; 

19. Et il n'y a de salut en aucun 
autre; car nul autre nom n'a été 
donné sous le ciel aux hommes, 
par lequel nous devions étre sau- 
vés. 

13. Voyant donc la constance 
de Pierre et de Jean, et ayant 
appris que c'étaient des hommes 
sans lettres, et du commun, ils 
s'étonnaient; ils savaient d'ail- 
leurs qu'ils avaient été aveo Jé- 
sus. 

14. Voyant aussi debout pres 
d'eux l’homme qui avait été gué- 
ri, ils ne pouvaient rien dire 
contre. 

45. Mais ils leur ordonnèrent 
de sortir du Conseil, et ils confé- 
raient entre eux, 

16. Disant : Que ferons-nous à 


ACTES DES APOTRES. 


2617 


ces hommes? Car un miracle fait 
par eux est connu de tous les 
habitants de Jérusalem; cela est 
manifeste, et nous ne pouvons le 
nier. 

17. Mais, afin qu'il ne se di- 
vulgue pas davaniage parmi le 
peuple, défendons-leur avec me- 
naces de parler désormais en ce 
nom à aucun homme. 

18. Etles ayant appelés, ilsleur 
enjoignirent de ne parler ni d'en- 
seigner en aucune sorte au nom 
de Jésus. 

19. Mais Pierre et Jean, répon- 
dant, leur dirent : S'il est juste 
devant Dieu de vous obéir plutót 
qu'à Dieu, jugez-en? 

90. Car nous ne pouvons pas 
ne point parler de ce que nous 
avons vu et entendu. 

21. Mais eux les renvoyèrent 
avec menaces, ne trouvant pas 
comment les punir à cause du 
peuple, paree que tous vantaient 
beaucoup ce qui était arrivé dans 
cet événement. 

22. Car il avait plus de quarante 
ans, l’homme sur qui avait été 
fait ce miracle de la guérison. 

23. Ainsi renvoyés, ils vinrent 
vers les leurs, etleur racontèrent 
tout ce que les princes des prêtres 
et les anciens leur avaient dit. 

24. Ce qu'ayant entendu, ceux- 
ci éleverent unanimement la voix 
vers Dieu, et dirent : Seigneur, 
c'est vous qui avez fait le ciel et 
la terre, et 18 mer, et tout ce qui 
est en eux ; 

25. Qui par l'Esprit-Saint et par 


Matt., xxr, 42; Marc, xit, 10; Luc,xx, 17;‏ ;16 זזנטאא IV. 11. Ps. cxvir, 22; Isaie,‏ ,גא 


Rom., 1x, 33; I Pierre, 11, 7. — 25. Ps. τι, 1. 


12. Dans l'Ecriture, le nom est souvent mis pour la personne. 
15. * Du Conseil, du sanhédrin. Voir Matt., xxvi, 59, 


2618 
la bouche ae nôtre père David, 
votre serviteur, avez dit : Pour- 
quoi les nations ont-elles frémi, 
et les peuples médité des choses 
vaines? 

26. Pourquoi les rois de la terre 
se sont-ils levés, et les princes se 
sont-ils ligués contre le Seigneur 
et contre son Christ ? 

27. Car Hérode et Ponce-Pilate 
se sont vraiment ligués dans 
cette 6116 avec les gentils et les 
peuples d'Israël, contre votre 
saint Fils Jésus que vous avez 
consacré par votre onction, 

28. Pour faire ce que votre bras 
et votre conseil avaient décrété 
qui serait fait. 

29. Et maintenant, Seigneur, 
regardezleursmenaces,et donnez 
à vos servileurs d'annoncer votre 
parole en toute confiance, 

90. En étendant votre main 
pour que des guérisons, des mi- 
racles et des prodiges soient faits 
par le nom de votre saint Fils 
Jésus. 

91. Et quand ils eurent prié, 
le lieu oü ils étaient assemblés 
trembla, et ils furent tous rem- 
plis de l'Esprit-Saint, et ils annon- 
çaient la parole de Dieu avec con- 
fiance. 

32. Orlamultitude des croyants 
n'avait qu'un cœur et qu'une 
âme; et nul ne regardait comme 
étant à lui rien de ce qu'il possé- 


ACTES DES APOTRES. 


[cn. v.] 
dait; mais toutes choses leur 
étaient communes. 

99. Et les apótres rendaient té- 
moignage avec une grande force 
de la résurrection du Seigneur 
Jésus-Christ, et une grande grâce 
était en eux tous. 

34. Aussi il n'y avait aucun 
pauvre parmi eux; car tout ce 
quil y avait de possesseurs de 
champs ou de maisons, les ven- 
daient, et apportaient le prix de 
ce qu'ils avaient vendu, 

39. Et le déposaient aux pieds 
des apótres ; on le distribuait en- 
suite à chacun selon qu'il en avait 
besoin. 

36. Joseph donc, surnommé 
par les apótres Barnabé (qu'on 
interprète par fils de consola- 
tion), lévite et Cypriote de nais- 
sance, 

97. Comme il avait un champ, 
le vendit, et en apporta le prix, 
et le déposa aux pieds des apó- 
tres. 

CHAPITRE V. 


Ananie et Saphire frappés de mort en 
punition de leur mensonge. Miracles 
des Apótres. Les apótres sont empri- 
sonnés, délivrés par un ange, puis 
amenés devant le conseil. Discours de 
Pierre. Conseil de Gamaliel. Les apótres 
pleins de joie d'avoir souffert des op- 
probres pour Jésus-Christ. 


1. Or un certain homme, du 
nom d'Ananie, avec Saphire, sa 
femme, vendit un champ, 


91. * Hérode Antipas, tétrarque de Galilée. Voir Matt., xiv, 1. — Ponce Pilate. Voir 
Matt., xxvii, 2. 

36. * Joseoh surnommé Barnabé, qui devait jouer un róle important dans la prédi- 
cation de l'Evangile aux Gentils, ne nous est connu qu'à partir de cet épisode de sa 
vie. On ignore s'il avait été un des disciples de Notre Seigneur pendant sa vie mor- 
telle. On a supposé, mais sans preuves, qu'il avait été condisciple de S. Paul à l'école 
de Gamaliel. Ce qui est certain, c'est qu'il fut longtemps le compagnon du grand 
Apótre. Les Actes nous font connaitre le reste de sa vie jusqu'au moment où il se 
rend en Chypre sa patrie, avec Jean Marc, son neveu, qu'on croit être le méme que 
l'Evangéliste S. Marc. 


[cn. v.) 


9. Et frauda sur le prix du 

champ, sa femme le sachant, et 
en apportant une partie, il la dé- 
posa aux pieds des apótres. 
. 9. Mais Pierre lui dit : Ananie, 
pourquoi Satan a-t-il tenté ton 
cœur, pour mentir à l’Esprit- 
Saint, et frauder sur le prix du 
champ? 

4. Restant en tes mains, ne 
demeurait-il pas à toi? et vendu, 
n'était-il pas encore en ta puis- 
sance ? Pourquoi donc as-tu for- 
mé ce dessein dans ton cœur? Tu 
n'as pas menti aux hommes, mais 
à Dieu. 

9. Or, entendant ces paroles, 
Ananie tomba et expira ; et il se 
répandit une grande crainte sur 
tous ceux qui apprirent ces cho- 
ses. 

6. Et de jeunes hommes, se 
levant, l’enlevèrent, et, l'ayant 
emporté, ils l'ensevelirent. 

7. Mais il arriva, dans l'espace 
d'environ trois heures, que sa 
femme, ignorant ce qui s'était 
passé, entra. 

8. Et Pierre lui dit : Femme, 
dites-moi si vous avez vendu le 
champ ce prix-là? Elle répondit : 
Oui, ce prix-là. 

9. Et Pierre lui dit : Pourquoi 
vous étes-vous concertés ensem- 
ble pour tenter l'Esprit-Saint? 


ACTES DES APOTRES. 


2619 
Voilà que les pieds de ceux qui 
ont enseveli votre mari sont à la 
porte, et ils vous emporteront. 

10. Et aussitót elle tomba à ses 
pieds, et elle expira. Orles jeunes 
hommes, étant entrés, la trou- 
verent morte; ils l'emporterent 
donc et l'ensevelirent auprès de 
son mari. 

11. Et il se répandit une grande 
crainte dans toute l'Eglise et en 
tous ceux qui apprirent ces cho- 
ses. 

19. Cependant, par les mains 
des apôtres, s'opéraient beaucoup 
de miracles et de prodiges au 
milieu du peuple. Et tous unis 
ensemble se tenaient dans le 
portique de Salomon. 

13. Or aucun des autres n'osait 
se joindre à eux ; mais le peuple 
les exaltait. 

14. Ainsi de plus en plus s'aug- 
mentait la multitude des croyants 
dans le Seigneur, hommes et 
femmes ; 

15. De sorte qu'ils apportaient 
les malades dans les places pu- 
bliques, et les posaient sur des 
lits et sur des grabats, afin que, 
Pierre venant, son ombre au 
moins couvrit quelqu'un d'eux, 
et qu'ils fussent délivrés de leurs 
maladies. 

16. Le peuple des villes voi- 


2. Ananie, comme on le voit au verset 8, était absolument maitre de son argent, 
et il n'aurait point péché en le gardant chez lui; mais ce qui l'a rendu coupable 
d'un crime que Dieu lui-même a jugé digne de mort, c'est d'avoir retenu par avarice 
une partie de cet argent, en voulant néanmoins se donner en public le mérite de 
l'avoir tout offert, et ne craignant pas pour cela de mentir à Dieu et aux hommes. 

4. N'était-il pas encore en ta puissance, par le prix que tu en avais retiré, et qu'il 
dépendait de toi de garder? 

6. * Ils l’ensevelirent. En Palestine, on enterrait les morts immédiatement après le 
décès. 

12. Par les mains des apôtres. Les Hébreux se servaient des mots main, mains, pour 
exprimer les idées de moyen, d'instrument, d'entremise, etc. — * Dans le portique de 
Salomon. Voir Jean, x, 23. 


2620 
sines de Jérusalem accourait 
aussi, apportant des malades et 
ceux que tourmentaient des es- 
prits impurs; et tous étaient gué- 
ris. 

17. Alors le prince des prêtres 
se levant, lui et tous ceux de son 
parti (c'est-à-dire de la secte des 
sadducéens), furent remplis de 
colère ; 

48. Ils mirent la main sur les 
apôtres et les jetèrent dans une 
prison publique. 

19. Mais un ange du Seigneur, 
ouvrant pendant la nuit les por- 
tes de la prison, et les faisant 
sortir, dit : 

90. Allez, et, vous tenant dans 
le temple, annoncez au peuple 
toutes les paroles de cette vie. 

91. Ce qu'ayant entendu, ils 
entrerent au point du jour dans 
le temple, et ils enseignaient. 
Cependant le prince des prétres 
élant venu, et ceux de son parti 
aussi, ils convoquerent le Conseil 
el tous les anciens des enfants 
d'Israël, et ils envoyèrent à la 
prison pour qu'on amenât les 
apótres. 

22. Quand les archers y furent 
arrivés, et qu'ayant ouvert la pri- 
son ils ne les trouvèrent point, 
ils revinrent l'annoncer, 

93. Disant : Nous avons trouvé 
la prison fermée avec le plus 
grand soin, et les gardes debout 


ACTES DES 


APOTRES. [cm. v.] 


devant les portes; mais ayant 
ouvert, nous n'avons trouvé 
personne dedans. 

24. Dès que le magistrat du 
temple et les princes des prétres 
eurent entendu ces paroles, 
pleins de doutes à l'égard de ces 
hommes, ils ne savaient ce que 
cela deviendrait. 

25. Mais quelqu'un survenant 
leur dit : Voilà que les hommes 
que vous aviez mis en prison 
sont dans le temple et enseignent 
le peuple. 

26. Alors le magistrat y alla 
avec ses archers, et il les amena 
sans violence, parce qu'ils crai- 
gnaient d'étre lapidés par le peu- 
ple. 

27. Lorsqu'ils les eurent ame- 
nés, ils les introduisirent dans le 
Conseil, et le prince des prêtres 
les interrogea, 

28. Disant : Nous vous avons 
défendu absolument d'enseigner 
en ce nom-là, et voilà que vous 
avez rempli Jérusalem de votre 
doctrine, et que vous voulez reje- 
ter sur nous le sang de cet 
homme. 

29. Mais Pierre et les apótres, 
répondant, dirent : Il faut plutôt 
obéir à Dieu quaux hommes. 

30. Le Dieu de nos pères a res- 
suscité Jésus, que vous-mémes 
vous avez fait mourir, le suspen- 
dant à un bois. 


11. * De la secte des sadducéens. Voir la note 1 à la fin du volume. 
20. L'expression cette vie peut désigner, ou la vie éternelle que les apôtres pré- 
chaient habituellement dans leurs discours, ou la vie nouvelle, c'est-à-dire la nouvelle 


religion, le christianisme. 


21, 21, 34, 41. * Le conseil, le sanhédrin. — Tous les anciens des enfants d'Israël, 
tous les membres du sanhédrin. Voir Matt., xxvr, 59. 

94. Le magistrat du lemple. Voy. Luc, xxr, 4. 

98. Nous vous avons défendu absolument; littér. En défendanl nous vous avons dé- 
fendu; hébraisme. dont le but est de donner de la force et de l'énergie au discours. 


[cx. v.] 


91. C'est lui que Dieu a élevé 
par sa droite comme prince et 
Sauveur, pour donner à Israél pé- 
nitence et rémission des péchés; 

32. Or nous sommes témoins 
de ces choses, nous et l'Esprit- 
Saint que Dieu a donné à tous 
ceux qui lui obéissent. 

33. Ce qu'ayant entendu, ils 
frémissaient de rage, et ils pen- 
saient à les faire mourir. 

3/. Mais un certain pharisien, 
du nom de Gamaliel, docteur de 
la loi, et honoré de toutle peuple, 
se levant dansleconseil, ordonna 
de faire sortir un moment les 
apótres; 

39. Et il leur dit : Hommes 
d'Israél, prenez garde à ce que 
vous ferez à légard de ces 
hommes. 

36. Car, avant ces jours-ci, 


ACTES DES APOTRES. 


2621 
Théodas a paru, se disant être 
quelqu'un, et auquel s’attacha un 
nombre d'environ quatre cents 
hommes; il fut tué, et tous ceux 
qui croyaient en lui se dissiperent 
et furent réduits à rien. 

97. Après lui s'éleva Judas, le 
Galiléen, aux jours du dénombre- 
ment, et il attira le peuple apres 
lui; i| périt, lui aussi, et tous 
ceux qui s'étaient attachés à lui 
furent dispersés. 

38. Voici donc pourquoi je vous 
dis : Ne vous occupez plus de ces 
hommes, et laissez-les ; car si 
celte entreprise ou cette ceuvre 
est des hommes, elle se dissipera; 

39. Que si elle est de Dieu, 
vous ne pourrez la détruire, et 
peut-étre que vous vous trouve- 
riezcombattrecontre Dieu méme. 
Ils acquiescèrent à son avis. 


34. * Gamaliel, pharisien, docteur de la 101, avait été le maitre de S. Paul. On croit 
généralement qu'il est le même que le docteur de ce nom si célèbre dans le Talmud. 
Il était fils de Rabbi Siméon et petit-fils de Hillel, l'un des docteurs de la 101 les plus 
renommés. 11 fut président du Sanhédrin sous Tibére, Caligula et Claude. D'après la 
tradition, il se convertit au christianisme et mourut dix-huit ans avant la prise de 
Jérusalem par Titus. 

36. Quelqu'un de grand, un personnage important, comme il est dit, vi, 9. — 
* Théodas. Josèphe parle d'un Tlióodas qui se révolta aussi contre les Romains, mais 
ce ne peut étre celui qui est mentionné par S. Luc, parce que celui dont l'historien 
juif nous a conservé le souvenir ne se souleva contre la domination étrangère que dix 
à douze ans au moins aprés le discours de Gamaliel, c'est-à-dire vers l'an 44 ou 45, 
sous l'empereur Claude. De plus, d'après les Actes, Théodas vivait avant Judas le 
Galiléen, dont l'insurrection éclata vers l'an 6 ou 1 de notre ère; il faut donc placer 
sa révolte à la fin du règne d'Hérode-le-Grand. L'année méme de la mort de ce roi 
fut agitée par beaucoup de troubles et il s'éleva de divers cótés des chefs fanatiques 
dont la plupart ne sont pas nommés par Joséphe. Parmi ces insurgés indiqués seu- 
lement d'une maniére vague pouvait se trouver le Théodas des Actes. Ce nom était 
assez commun en Palestine. 

31. * Judas le Galiléen ou le Gaulonite, qui se révolta contre les Romains « aux 
jours du dénombrement » de Quirinus, l'an 6 de notre ére, était, d'aprés les rensei- 
gnements que nous fournit Josèphe dans ses Anliquilés hébraiques, un Gaulonite, 
originaire de Gamala. Il recut le surnom de Galiléen, sans doute parce que son insur- 
rection éclata en Galilée. 11 avait pris pour mot d'ordre : « Nous n'avons pas d'autre 
Seigneur ni d'autre maitre que Dieu. » Judas périt et ses sectateurs 56 
Josèphe le considère, avec le pharisien Sadoc, commele fondateur d'une nouvelle secte, 
celle des Gaulonites, qui vint s'ajouter à celles des Pharisiens, des Sadducéens et des 
Esséniens. Les Gaulonites peuvent étre considérés comme les précurseurs ou les an- 
cétres des Zélotes qui dominérent à Jérusalem pendant le siège de cette ville par 
Titus. 


2622 
40. Ayant done rappelé les 
apôtres, ils leur défendirent, 


apres les avoirfait déchirer de 
coups, de parler aucunement au 
nom de Jésus; et ils les ren- 
voyerent. 

41. Et eux sortirent du conseil, 
pleins de joie de ce qu'ils avaient 
été jugés dignes de souffrir des 
outrages pour le nom de Jésus. 

49. Et tous les jours, ils ne ces- 
saient, dans le temple, et de mai- 
son en maison, d'enseigner et 
d'annoncer le Christ Jésus. 


ACTES DES APOTRES. 


[cn. vi.] 


9. Les douze donc, convoquant 
la multitude des disciples, dirent: 
Il n'est pas juste que nous aban- 
donnions la parole de Dieu, et 
que nous vaquions au service des 
tables. 

3. Cherchez donc parmi vous, 
mes freres, sept hommes de bon 
témoignage, pleins de lEsprit- 
Saint et de sagesse, que nous 
puissions préposer à cette ceuvre. 

4. Pour nous, nous nous appli- 
querons à la prière et au minis- 
tere de la parole. 


5. Ce discours plut à toute la 
multitude. Et ils élurent Etienne, 
homme plein de foi et de l'Esprit- 
Saint, Philippe, Prochore, Nica- 
nor, Timon, Parménas et Nicolas, 

1. Or en ces jours-là, le nombre | prosélyte d'Antioche. 
des disciples croissant, il s'éleva 6. Ils les présentèrent aux 
un murmure des Grecs contre | apôtres, et ceux-ci, priant, leur 
les Hébreux, de ce que leurs | imposerent les mains. 
veuves étaient négligées dans la 7. Et la parole du Seigneur 
distribution de chaque jour. croissait, et le nombre des disci- 


CHAPITRE VI. 


Murmures des Juifs grecs. Election des 
sept diacres. Etienne, plein de foi, fait 
des miracles. Il est accusé faussement. 


A ——————————————— 


40. Déchirer de coups. ΝΟΥ.» sur cette expression, Matt., xxr, 35. 


1. Le mot Grecs désigne ici les Juifs qui étant nés parmi les Grecs, ne parlaient 
quela langue grecque. — Les veuves avaient d'autant plus besoin d'étre assistées 
que, suivant la loi, elles ne pouvaient hériter. 

9. * Au service des tables, à ce qui est nécessaire pour la vie corporelle, acquisition, 
préparation et distribution des aliments. 

5. Prosélyle. Compar. m, 11. — * Etienne. Son nom, en grec, S{éphanos, signifie 
couronne. On croit que c'était un des soixante-douze discip'es. Son histoire est ra- 
contée dans le chapitre vu des Actes. — Philippe était marié et avait quatre filles 
qui furent douées du don de prophétie (Actes, xx1, 8, 9). Il fut un des disciples les 
plus zélés pour la propagation du christianisme (Acf., vur, 5-11, 26-40). On croit 
qu'il mourut à Césarée. — Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, prosélyte 
d'Anlioche, ne nous sont authentiquement connus que de nom par ce passage. Une 
tradition rapporte que Prochore fut sacré par S. Pierre comme évêque de Nicomédie. 
— Le pseudo-Hippolyte dit que Nicanor était un des soixante-douze disciples et qu'il 
mourut vers le méme temps que S. Etienne. — Timon, d'après un écrit attribué à 
Dorothée de Tyr, était aussi un des soixante-douze disciples; il devint évéque de 
Bostra et consomma son martyre par le supplice du feu. — Parménas subit, à ce 
qu'on croit, le martyre à Philippes sous le régne de Trajan. — Enfin Nico/as était 
d'origine paienne, puisqu'il est qualifié de prosélyte. D'après plusieurs, il fut infidèle 
à sa vocation et devint le chef de la secte des Nicolaites, dont parle S. Jean dans 
l'Apocalypse, n, 6, 19. Les Nicolaïtes le regardaient en effet comme leur père; mais 
il n'est pas certain que leur opinion füt fondée. — Les noms des sept diacres sont 
tous grecs, ce qui semble indiquer que les six premiers étaient des Juifs hellénistes, 
le septième étant d'origine grecque. 


[cu. vn.] 


ples se multipliait grandement à 
Jérusalem; et méme un grand 
nombre de prétres obéissaient à 
la foi. 

8. Or Etienne, plein de grâce et 
de force, faisait des prodiges et de 
grands miracles parmi le peuple. 

9. Mais quelques-uns de la sy- 
nagogue qui est appelée des Af- 
franchis, de celle des Cyrénéens 
et des Alexandrins, et de ceux qui 
étaient de Cilicie et d'Asie, se le- 
verent, disputant contre Etienne; 

10. Et ils ne pouvaient résister 
à la sagesse etàl'Esprit-Saint qui 
parlait. 

11. Alors ils subornèrent des 
hommes pour dire qu'ils l'avaient 
entendu proférer des paroles de 
blasphème contre Moïse et contre 
Dieu. 

19. Ils soulevèrent ainsi le 
peuple, les anciens et les scribes: 
et ceux-ci accourant ensemble, 
l'entrainerent et l'amenèrent au 
conseil, 

13. Et ils produisirent de faux 
témoins pour dire : Cet homme 


Cuar. VII. 3. Genèse, זא‎ 1. 


ACTES DES APOTRES. 


2623 


ne cesse de parler contre le lieu 
saint et contre la loi; 

14. Car nous lavons entendu 
disant que ce Jésus de Nazareth 
détruira ce lieu, et changera les 
traditions que nous a données 
Moise. 

15. Ettous ceux qui siégeaient 
dans le conseil, ayant fixé les 
yeux sur lui, ils virent son visage 
comme le visage d'un ange. 


CHAPITRE VII. 


Discours de saint Etienne devant le con- 
seil des Juifs. Il leur reproche leurs in- 
fidélités. Il est emmené hors de la ville 
et lapidé. Sa charité pour ses ennemis. 
Saul consent à sa mort. 


1. Alors le prince des prêtres 
lui demanda : Les choses sont- 
elles ainsi? 

2. 11 répondit : Hommes, mes 
frères et mes pères, écoutez : Le 
Dieu de gloire apparut à notre 
père Abraham lorsqu'il était en 
Mésopotamie, avant qu'il demeu- 
rât à Charan, 

3. Et il lui dit: Sors de ton pays 


9. * Sur les synagogues, voir Matt., rv, 23. D’après les Rabbins, il y avait à Jéru- 
salem quatre cent quatre-vingts synagogues. S. Luc énumère ici plusieurs d'entre 
elles. — On appelait A/franchis ceux qui d'esclaves étaient devenus libres. La syna- 
gogue des Affranchis avait été probablement construite par les Juifs que Pompée 
avait autrefois faits prisonniers de guerre et qui avaient recouvré ensuite leur liberté. 
Ils s'étaient fixés la plupart à Rome, mais ils avaient fait élever à leurs frais une 
synagogue à Jérusalem, afin de pouvoir s'y réunir quand ils allaient en pélerinage 
dans la ville sainte. — Celle des Cyrénéens, des Juifs de Cyrène en Afrique. Voir Act., 
11, 10. — Des Alexandrins, d'Alexandrie, ville d'Egypte où les Juifs étaient trés nom- 
breux. — De Cilicie, province de l'Asie Mineure, bornée au nord par la Cappadoce, 
la Lycaonie et l'Isaurie, à l'ouest par la Pamphilie, au sud par la Méditerranée, à 


lest par la Syrie. S. Paul étant Cilicien d'origine devait fréquenter la synagogue de 


Cilicie. — D'Asie, de la province proconsulaire de ce nom. Voir Actes, 11, 9. 

12 et suiv. Les incrédules prétendent que le récit du martyre de saint Etienne ren- 
ferme des circonstances qui révélent dans l'historien une profonde ignorance. — 
* Les anciens, les membres du Sanhédrin. — Au conseil, au sanhédrin. Voir Matt., 
XXVI, 59. 

15: 2 Dans le Conseil, dans le sanhédrin. 


2. * Mésopotamie. Voir Actes, 1t, 9. — Charan ou Haran, ville de Mésopotamie, sur 
le Bélilk, affluent de l'Euphrate. 


2624 
et de ta parenté, et viens dansla 
terre que je te montrerai. 

4. Alors il sortit du pays des 
Chaldéens,etildemeura àCharan. 
Et delà, aprés que son pere fut 
mort, Dieu le transporta dans 
celte terre que vous habitez au- 
jourd'hui. 

9. Et il ne lui donna là ni héri- 
ji tage, ni méme où poser le pied; 
‘mais il promit de la lui donner 

en sa possession et à sa postérité 
apres lui, lorsqu'il n'avait point 
encore de fils. 

6. Toutefois Dieu lui dit que sa 
postérité habiterait en une terre 
étrangère, où elle serait réduite 
en servitude et maltraitée pen- 
dant quatre cents ans; 

1. Mais la nation qui l'aura te- 
nue en servitude, c'est moi qui 
la jugerai, dit le Seigneur, etaprès 
cela, elle sortira et me servira en 
ce lieu-ci. 

8. Il lui donna l'alliance de la 
circoncision ; et ainsi il engendra 
Isaac, et le circoncit le huitième 
jour; et Isaac, Jacob; et Jacob, 
les douze patriarches. 

9. Et les patriarches envieux 
vendirent Joseph pour l'Egypte ; 
mais Dieu était avec lui; 

10. Et il le délivra de toutes ses 


ACTES DES APOTRES, 


fcu. vu.) 


tribulations, et il lui donna gràce 
et sagesse devant Pharaon, roi 
d'Egypte, qui le préposa sur 
l'Egypte et sur toute sa maison. 

11. Or vint une famine dans 
toute l'Egypte et en Chanaan, et 
une grande tribulation, et nos 
peres ne trouvaient pas de nour- 
riture, 

19. Mais quand Jacob eut appris 
qu'il y avait du blé en Egypte, il 
y envoya nos pères une première 
fois, 

13. Et la seconde, Joseph fut 
reconnu de ses frères, et son ori- 
eine fut découverte à Pharaon. 

14. Or Joseph envoya quérir 
Jacob son pere et toute sa parenté, 
au nombre de soixante-quinze 
personnes. 

15. Jacob descendit donc en 
Egypte, et il y mourut, lui et nos 
pères. 

16. Et ils furent transportés à 
Sichem, et déposés dans le sé- 
pulcre qu'Abraham avait acheté 
à prix d'argent des fils d'Hémor, 
fils de Sichem. 

11. Mais comme approchait le 
temps dela promesse que Dieu 
avait jurée à Abraham, le peuple 
crüt et se multiplia en Egypte, 

18. Jusqu'à ce qu'il s'éleva en 


6. Genèse, xv, 13. — 8. Genèse, תטא‎ 10; xxr, 2, 4; xxv, 25; xxix, 92; xxxv, 22. 
— 9. Genèse, xxxvir, 28. — 10. Genèse, χα, 37. — 12. Genèse, xui, 2. — 13. Genèse, 
XLV, 3. — 15. Genèse, xLvi, 5; (אזזא‎ 32. — 16. Genèse, xxm, 16; L, 5, 18; Jos., xxiv, 
32. — 11. Exode, 1, 7. 


6. O elle, etc. Au lieu de ce féminin singulier il y a dans le texte sacré le masculin 
pluriel, parce que le substantif postérité, auquel ce pronom se rapporte, représente 
le mot descendants. 

1. Dit le Seigneur. Voy. Gen., xv, 13, 14. — Elle sortira; c'est-à-dire la postérité 
d'Abraham dont il est question au verset précédent. 

‘ 16. * 4 Sichem, aujourd'hui Naplouse, dans les montagnes d'Ephraim, dans une 
vallée bien arrosée, au pied du mont Garizim. 

18. * Un autre roi qui ne connaissait pas Joseph. Les pharaons qui règnaient dans 
le pays de Gessen du temps de Moïse étaient d'origine égyptienne, tandis que les 
rois qui étaient maitres du Delta du temps de Joseph étaient des conquérants d'ori- 
gine sémitique comme les Hébreux. 


[cu. vir.] 


Egypte un autre roi, qui ne con- 
naissait point Joseph. 

19. Celui-ci, circonvenant notre 
nation, affligea nos peres jusqu'à 
leur faire exposer leurs enfants 
pour en empécher la propaga- 
tion. 

20. En ce méme temps naquit 
Moise qui fut agréable à Dieu, et 
nourri trois mois dans la maison 
de son père. 

21. Exposé ensuite, la fille de 
Pharaon le prit et le nourrit 
comme son fils. 

99. Et Moise fut instruit dans 
toute la sagesse des Egyptiens, et 
il était puissant en paroles et en 
œuvres. 

23. Mais lorsque s'accomplissait 
sa quarantième année, il lui vint 
dans l'esprit de visiter ses frères, 
les enfants d'Israél. 

94. Et ayant vu l'un d'eux in- 
justement traité, il défendit et 
vengea celui qui souffrait l'injure, 
en frappant l'Egyptien. 

25. Or il pensait que ses frères 
comprendraient que Dieu les sau- 
verait par sa main, mais ils ne le 
comprirent pas. 

26. Le jour suivant, il en vit 
qui se querellaient, et il tâchait 
de les remettre en paix, disant : 
Hommes, vous êtes frères; pour- 
quoi vous nuisez-vous lun à 
lautre? 

27. Mais celui qui faisait injure 
‘à l'autre le repoussa, disant : 


ACTES DES APOTRES. 


2625 
Qui t'a établi chef et juge sur 
nous? 

28. Veux-tu me tuer, comme 
tu as tué hier l'Egyptien? 

29. Moise s'enfuit à cette pa- 
role, et il demeura comme étran- 
ger, dans la terre de Madian, oü 
il engendra deux fils. 

30. Et quarante ans s' étant pas- 
sés, un ange lui apparut au dé- 
sert dela montagne de Sina, dans 
le feu d'un buisson enflammé, 

31. Ce que Moise apercevant, il 
admira la vision; et comme il 
s'approchait pour regarder, la 
voix du Seigneur se fit entendre 
à lui, disant : 

32. Je suis le Dieu de vos pères, 
le Dieu d'Abraham, le Dieu d'I- 
saac et le Dieu de Jacob. Mais 
devenu tout tremblant, Moise 
n'osait regarder. 

33. Et le Seigneur lui dit : Ote 
la chaussure de tes pieds, cat 
le lieu où tu es est une terre 
sainte. 

34. J'ai vu parfaitement l'afflic- 
tion de mon peuple qui est en 
Egypte; j'ai entendu son gémis- 
sement, et je suis descendu pour 
le délivrer. Maintenant, viens, je 
t'enverrai en Egypte. 

98. Ce Moïse qu'ils avaient re 
nié, disant : Qui t'a établi chef et 
juge? fut celui-là méme que Dieu 
envoya chef et libérateur par lo 
main de lange qui lui apparut 
dans le buisson; 


20. Exode, 11, 2; Hébr., xi, 29. — 24. Exode, 11, 12. — 26. Exode, 11, 13. — 30. Exodo, 


III, 2. 


25. Par sa main. Voy., pour cette locution, v, 12. 
29. * Dans la terre de Madian, dans la presqu'ile du Sinai où les Madianites me» 


naient la vie nomade. 


30. * De la montagne de Sina, le mont Sinaï proprement dit. 
34. J'ai vu parfaitement; littér. : Voyant j'ai vu, hébraisme. Voy. v, 28. 
80. Par la main; c'est-à-dire sous la conduite. Voy. v, 12. 


INST: 


165 


2620 

36. C’est lui qui les tira de la 
terre d'Egypte, y opérant des pro- 
diges et des miracles, aussi bien 
que dans la mer Rouge, et pen- 
dant quarante ans dans le désert. 

37. C'est ce Moise qui dit aux 
enfants d'Israél : Dieu vous sus- 
citera d'entre vos freres un pro- 
phète comme moi; vous l'écou- 
lerez. 

38. C'est lui qui se trouva dans 
l'assemblée du peuple, au désert, 
avec l'ange qui lui parlait sur le 
mont Sina, et avec nos pères; lui 
qui reçut des paroles de vie pour 
nous les donner. 

39. Et nos peres ne voulurent 
point lui obéir, mais ils le repous- 
serent, retournant de cœur en 
Egypte, 

40. Et disant à Aaron : Fais- 
nous des dieux qui aillent devant 
nous; car ce Moise qui nous a 
tirés de la terre d'Egypte, nous 
ne savons ce qui lui est arrivé 

44. Et ils firent un veau en ces 
jours-là, et ils offrirent une hos- 
tie à l'idole, et ils se réjouissaient 
dans l’œuvre de leurs mains. 

42. Et Dieu se détourna et les 
laissa servir la milice du ciel, 
comme il est écrit au livre des 


ACTES DES APOTRES. 


(cu. vir.) 
prophètes : Maison d'Israél, m'a- 
vez-vous offert des victimes et 
des hosties pendant quarante ans 
dans le désert? 

43. Au contraire, vous avez 
porté le tabernacle de Moloch et 
l'astre de votre dieu Remphan, 
figures que vous avez faites pour 
les adorer. Aussi je vous trans- 
porterai au delà de Babylone. 

44. Le tabernacle de témoi- 
enage a été avec nos pères dans 
le désert, comme Dieu leur or- 
donna, parlant à Moise, afin qu'il 
le fit selon le modèle qu'il avait 
vu. 

45. Et l'ayant reçu, nos pères 
l'emporterent sous Jésus, dans le 
pays des nations que Dieu chassa 
devant nos pères, jusqu'aux 
jours de David, 

40. Lequel trouva gráce devant 
Dieu et demanda de trouver une 
demeure pour le Dieu de Jacob. 

47. Et ce fut Salomon qui lui 
bâtit un temple. 

48. Mais le Tres-Haut n'habite 
point dans les temples faits de la 
main des hommes, selon ce que 
dit le prophete : 

49. Le ciel est mon tróne, et la 
terre l'escabeau de mes pieds. 


36 Exode, vir, 8, 9, 10, 11, 44. — 37. Deut., ,זזנטא‎ 15. — 38. Exode, xix, 3. — 40. Exode, 
xxxii, 1. — 42. Amos, v, 25. — 44. Exode, xxv, 40. — 45. Jos., 11 14; Hébr., vin, 9. — 
46. I Rois, xvi, 13; Ps. cxxxi, 5. — 47. ΠῚ Rois, vi, 1; I Par., מנטא‎ 12. — 48. Infra, 
xvi, 24. — 49. Isaie, Lxvi1, 1. 


36, 38, 42, 44. * Dans le désert du Sinai. 

49. * La milice du ciel, les astres adorés comme des dieux. 

43. * Moloch, idole des Ammonites, à qui l'on offrait des victimes humaines, prin- 
cipalement des enfants. — Remphan, probablement la planète Saturne divinisée. 

45. Jésus; c'est-à-dire Josué. Ces deux noms ayant la même signification, celle de 
Sauveur, se mettent quelquefois l'un pour l'autre. — Jusqu’aux jours de David, s'en- 
tend, selon les uns, du temps pendant lequel le tabernacle séjourna dans le pays des 
nations conquises; d’où le sens serait: Et il y demeura jusqu'aux jours de David; 
et sclon les autres, de l'expulsion méme des nations; en sorte qu'on doit traduire: 
Dans le pays des nalions que Dieu chassa peu à peu devant nos pères jusqu'aua jours 
de David, qui acheva de purger le pays de tous les Chananéens. 


(cn. vur.] 


Quelle maison me bátirez-vous, 
ditle Seigneur, ou quel est le lieu 
de mon repos? 

50. N'est-ce pas ma main qui a 
fait toutes ces choses? 

51. Durs de téte et incirconcis 
de cœur et d'oreilles, vous ré- 
sistez toujours à l'Esprit-Saint; 
il en est de vous comme de vos 
pères. 

52. Lequel des prophètes vos 
pères n'ontils point persécuté! 
Ils ont tué ceux qui prédisaient 
l'avènement du Juste que vous 
venez de trahir, et dont vous êtes 
les meurtriers, vous, 

53. Qui avez reçu la loi par le 
ministère des anges, et qui ne l'a- 
vez point gardée. 

54. Entendant cela, ils frémis- 
saient de rage en leur cœur, et 
grinçaient des dents contre lui. 

55. Mais comme il était rempli 
de l'Esprit-Saint, levant les yeux 
au ciel, il vit la gloire de Dieu, et 
Jésus qui se tenait à la droite de 
Dieu, et il dit : Voilà que je vois 
les cieux ouverts, et le Fils de 
l’homme qui est à la droite de 
Dieu. 

56. Eux alors, criant d'une voix 
forte et se bouchant les oreilles, 
se précipitèrent tous ensemble 
sur lui, 

97. Et l'entrainant hors de la 
ville, ils le lapidaient; et les té- 
moins déposèrentleurs vêtements 


ACTES DES APOTRES. 


2021 
aux pieds d'un jeune homme 
nommé Saul. 

58. Et ils lapidaient Etienne qui 
priait et disait : Seigneur Jésus, 
recevez mon esprit. 

59. Puis s'étant mis à genoux, 
il cria d'une voix forte : Seigneur, 
ne leur imputez point ce péché. 
Et lorsqu'il eut dit cela, il s'en- 
dormit dans 16 Seigneur. Or Saul 
était consentant de sa mort. 


CHAPITRE VIIT. 


Persécution contre les fidéles. Philippe 
préche en Samarie. Simon le Magicien 
est baptisé. Pierre et Jean donnent le 
Saint-Esprit aux Samaritains. Simon 
veut acheter ce pouvoir. Eunuque de 
la reine d'Ethiopie baptisé par Philippe. 


1. Or il s'éleva en ce temps-là 
une grande persécution contre 
l'Eglise qui était à Jérusalem, et 
tous, excepté les apótres, furent 
dispersés dans les régions de la 
Judée et de la Samarie. 

2. Des hommes craignant Dieu 
ensevelirent Etienne, et firent ses 
funérailles avec un grand deuil. 

3. Cependant Saul ravageait l'E- 
glise, entrant dans les maisons; 
et entrainant des hommes et des 
femmes, il les jetait en prison. 

4. Et ceux done qui avaient été 
dispersés, passaient d'un lieu 
dans un autre, en annoncant la 
parole de Dieu. 

5. Or Philippe étant descendu 


51. Incirconcis de cœur et d'oreilles; c'est-à-dire qui n'avez pas retranché de votre 
cœur tous les mauvais désirs, et qui n'avez pas fermé vos oreilles à toutes sortes de 


mauvais discours. 


51. * Saul de Tarse, depuis l'apótre S. Paul. — Et l’entrainant hors de la ville, au 
nord. C'est là que la tradition place 16 lieu de la lapidation de S. Etienne, et la topo- 
graphie des lieux montre en effet que le premier diacre a dà consommer son martyre 


au nord de Jérusalem. 


5. * Dans la ville de Samarie, ville dela tribu d'Ephraim fondée par le roi d'Israé: 
Amri, qui en fit sa capitale. Elle donna plus tard son nom au pays de Samarie et 
aux Samaritains. Détruite par les Assyriens en 121 avant J.-C., rebátie et de nou- 


2628 
dans la ville de Samarie, leur 
préchait le Christ. 

6. Et la foule était attentive à 
ce qui était dit par Philippe, l'é- 
coutant unanimement, et voyant 
les miracles qu'il faisait. 

7. Car des esprits impurs sor- 
taient d'un grand nombre de 
possédés en jetant de grands 
cris. 

8. Et beaucoup de paralytiques 
et de boiteux furent guéris. 

9.1 y eut donc une grande 
joie dans cette ville. Or un cer- 
tain homme, du nom de Simon, 
qui auparavant avait exercé la 
magie dans la ville, séduisait le 
peuple de Samarie, se disant étre 
quelqu'un de grand; 

10. Et tous, du plus petit jus- 
qu'au plus grand, l'écoutaient, di- 
sant : Celui-ci est la grande vertu 


ACTES DES APOTRES. 


[cu. vur.j 
que, depuis longtemps, il leur 
avait troublé l'esprit par ses en- 
chantements. 

12. Mais, quand ils eurent cru 
à Philippe, qui leur annoncait la 
parole de Dieu, ils furent bapti- 
sés, hommes et femmes, au nom 
de Jésus-Christ. 

13. Alors Simon lui-méme crut 
aussi, et lorsqu'il eut été baptisé, 
il s'attachait à Philippe. Mais 
voyant qu'il se faisait des prodi- 
ges et de grands miracles, il s'é- 
tonnait et admirait. 

14. Or lorsque les apótres, qui 
étaient à Jérusalem, eurent appris 
que Samarie avait reçu la parole 
de Dieu, ils leur envoyèrent 
Pierre et Jean, 

15. Qui étant venus, prierent 
pour eux, afin qu'ils recussent 
l'Esprit-Saint ; 


10. Car il n’était encore descen- 
du sur aucun d'eux, mais ils 


de Dieu. 
11. Ils s'attachaient à lui, parce 


veau renversée par Jean Hyrcan, elle fut encore relevée de ses ruines et l'empereur 
Auguste la donna à Hérode-le-Grand qui l'appela Sébaste (ou Auguste) en l'honneur 
de son bienfaiteur. C'est aujourd'hui un village sans importance appelé Sébastiéh. 

9. * Simon le magicien. « Le premier crime de Simon fut de vouloir acheter l'épis- 
copat, de prétendre trafiquer des dons de Dieu, et faire servir à ses intéréts les pou- 
voirs surnaturels que Dieu confère à ses ministres pour le salut des âmes. Loin de 
l'associer aux Apótres, S. Pierre donna à ses successeurs l'exemple de la sévérité 
dont ils devaient user contre le trafic des choses saintes, en retranchant ce fourbe 
ambitieux de la société des fidéles et en le menacant du sort le plus funeste; mais 
ni cette menace, ni cette peine ne purent le ramener. — Opposé en tout à Simon 
Pierre, Simon de Samarie se mit bientót à dogmatiser et devint le premier des héré- 
siarques. S. Justin, qui était de la même ville que lui et qui devait connaitre son 
histoire, nous apprend plusieurs particularités de sa vie et de sa doctrine. Ce séduc- 
teur se posait en antagoniste du Messie et s'attribuait à lui-même la divinité. Il 
opérait des prodiges au moyen de la magie. Il publiait, sous le titre d'Exposilion, un 
ivre qui contenait le germe des réveries gnostiques, cette généalogie d'Eons, des- 
cendant d'un principe unique et subordonnés les uns aux autres, jusqu'au dernier 
qui est le monde. Pour la morale, il ne reconnaissait aucune distinetion de vice et 
de vertu, et ne voyait de vérité ni de perfection que dans la gnose qu'il opposait à 
la foi. Mettant d'ailleurs sa conduite en harmonie avec ses principes, il vivait d'une 
manière fort répréhensible. Sa secte se perpétua jusqu'au cinquième siècle. La décou- 
verte des Philosophumena a confirmé ce que S. Justin et S. Irénée nous apprennent de 
ses caracteres et de son importance. Simon fut, aux yeux des premiers fidéles, comme 
l'hérésie personnifiée, le type et le père de tous les hérésiarques. » (L. Bacuez.) 

10. Est la grande vertu; littér.: La vertu qui est appelée grande. Nous avons déjà 
fait remarquer qu'en hébreu l'expression étre appelé signifie aussi simplement é(re. 


[cn. vin.] 


avaient seulement été baptisés 
au nom du Seigneur Jésus. 

47. Alors 115 leur imposaient 
les mains et ils recevaient l'Es- 
prit-Saint. 

18. Or Simon, voyant que, par 
l'imposition des mains des 
apôtres, l'Esprit-Saintétait donné, 
il leur offrit de l'argent, 

19. Disant : Donnez-moi aussi 
ce pouvoir, que tous ceux à qui 
jimposerai les mains recoivent 
l'Esprit-Saint. Mais Pierre lui dit: 

90. Que ton argent soit avec toi 
en perdition, parce que tu as es- 
timé que le don de Dieu peut 
s'acquérir avec de l'argent. 

21. Il n'y a pour toi ni part ni 
sort en ceci; car ton cœur n'est 
pas droit devant Dieu. 

22, Fais donc pénitence de cette 
méchanceté, et prie Dieu qu'il te 
pardonne, s'il est possible,cette 
pensée de ton cœur. 

93. Car je vois que tu es dans 
un fiel d'amertume et dans des 
liens d'iniquité. 


ACTES DES APOTRES. 


2629 
24. Simon, répondant, dit : 
Priez vous-mémes le Seigneur 
pour moi, afin qu'il ne m'arrive 
rien de ce que vous avez dit. 

25. Et eux, après avoir rendu 
témoignage et préché la parole 
du Seigneur, revenaient à Jéru- 
salem, et évangélisaient beau- 
coup de contrées des Samaritains. 

26. Cependant un ange du Sei- 
gneur parla à Philippe, disant: 
Lève-toi et va vers le Midi, sur le 
chemin qui descend de Jérusalem 
à Gaza : celle qui est déserte. 

97. Et, se levant, il partit. Et 
voilà qu'un Ethiopien, eunuque, 
puissant auprès de Candace, 
reine d'Ethiopie, et préposé sur 
tous ses trésors, était venu ado- 
rer à Jérusalem, 

98. Ets'en retournait, assis sur 
son char, et lisant le prophète 
Isaie. 

29. Alors l'Esprit dit à Philippe : 
Approche, et tiens-toi contre ce 
char. 

30. Et Philippe, accourant, en- 


18. * Il leur offrit de l'argent. C'est pour cela qu'on appelle simoniaques ceux qui 
achètent ou vendent à prix d'argent les choses spirituelles. 

26. Celle qui est déserte. I] y avait deux villes de Gaza; l'une ancienne, qui était 
abandonnée, et la nouvelle, bátie plus prés de la mer. — * Gaza. Pour se rendre de 
Jérusalem en Egypte et en Ethiopie, on passait par Gaza, ancienne ville philistine, 
située à la frontière sud-ouest de la Palestine, à onze milles de Jérusalem. 

21. * Candace. Ce nom ou ce titre était porté par toutes les reines qui gouver- 
naient la partie de l'Ethiopie dont la capitale était Napata, comme celui de Ptolémée 
était porté par tous les rois grecs d'Egypte. Eusèbe raconte que le trésorier éthio- 
pien converti par S. Philippe précha à son retour le christianisme en Ethiopie. — - 
L'Eunuque de la veine Candace. « L'Ethiopie s'étendait alors dans la vallée du Nil, 
vers le sud. Candace était un titre dynastique, comme Arétas, Pharaon, Ptolémée, etc. 
L'Eunuque de la reine d'Ethiopie n'était pas étranger à la religion juive; autrement 
םיסג‎ 61116 n'aurait pas été le premier Gentil baptisé; c'était ou un Israélite d'origine, ou 
an prosélyte venu des [bords] du Nil à Jérusalem pour adorer le vrai Dieu, et prendre 
part aux solennités de son culte. On croit qu'il devint l'Apótre de l'Ethiopie et quil 
prépara ses compatriotes à embrasser le christianisme. Quant à la voix qui se fait 
entendre à Philippe, aux lumières surnaturelles qui éclairent le prosélyte, à la promp- 
titude avec laquelle l'évangéliste lui confère le baptême, à la disparition subite de 
celui-ci et aux consolations dont l'âme du néophyte est remplie, on peut voir dans 
lhistoire des saints une multitude de faits analogues. La ville de Gaza, dont il est 
ici parlé, est celle dont Samson enleva les portes et oü il fit périr un si grand nombre 
de Philistins. » (L. Bacuzz.) 


2030 


tendit l'eunuque qui lisait le pro- 
phète Isaie, et lui dit : Crois-tu 
comprendre ce que tu lis? 

31. Il répondit : Et comment 
le pourrai-je, si quelqu'un ne me 
l'explique ? Et il pria Philippe de 
monter et de s'asseoir pres de 
lui. 

32. Or le passage de l'Ecriture 
qu'il lisait était celui-ci : Gomme 
une brebis, il a été mené à la 
boucherie ; et comme un agneau 
sans voix devant celui qui le tond, 
ainsi il n'a pas ouvert la bouche. 

33. Dans l'humiliation, son ju- 
gement a été aboli ; qui racontera 
sa génération, puisque sa vie sera 
retranchée de la terre? 

34. Or, répondant à Philippe, 
l'eunuque dit : De qui, je te prie, 
le prophete dit-il cela? Est-ce de 
lui, ou de quelque autre? 

35. Alors Philippe, ouvrant la 
bouche, et commengant par cet 
endroit de l'Ecriture, lui annonca 
Jésus. 

36. Et comme ils allaient par le 
chemin, ils rencontrerent de 
l'eau; et l'eunuque dit : Voilà de 
l'eau ; qui empéche que je ne sois 
baptisé ? 


ACTES DES APOTRES. 


[cu. 1x.] 
37. Philippe dit : Si tu crois de 
tout ton cœur, cela se peut. Et, 
répondant, il dit : Je crois que 
Jésus-Christ est le Fils de Dieu. 

38. Et il fit arrêter le char; 
alors, tous deux, Philippe et l'eu- 
nuque, descendirent dans l’eau, 
et il le baptisa. 

39. Lorsqu'ils furent remontés 
de l'eau, l'Esprit du Seigneur 
enleva Philippe, et l'eunuque ne 
le vit plus. Mais il continuait son 
chemin, plein de joie. 

40. Pour Philippe. il se trouva 
dans Azot et il évangélisait en 
passant toutes les villes, jusqu'à 
ce qu'il vint à Gésarée. 


CHAPITRE IX. 


Saul persécute les fidéles. Sa conversion, 
son baptéme. Il préche à Damas, va à 
Jérusalem, se retire à Césarée, puis à 
Tarse. Pierre guérit Enée et ressuscite 
Tabithe. 


1. Cependant Saul, respirant 
encore menaces et meurtre con- 
tre les disciples du Seigneur, vint 
auprès du prince des prêtres, 

9. Et lui demanda des lettres 
pour les synagogues de Damas, 
afin que, s’il y trouvait des 


Quar. VIII. 32. Isaie, Lu, 7. -— Cap. IX. 1. Galat., 1, 13. 


40. * 4208, une des cinq principales villes philistines, entre Ascalon et Jamnia, non 
loin de la Méditerranée, aujourd'hui petit village, appelé Esdüd. -- Césarée. Voir 
plus loin, 1x, 30. 


2. De celle voie. Le mot voie est pris ici figurément, comme souvent ailleurs dans 
l'Ecriture, pour conduite, profession, religion, secte, doctrine. — * > Damas, à une 
soixantaine de lieues, N.-E. de Jérusalem, avait été soumise par Pompée et était 
peut-être encore sous la domination romaine, au moment de la conversion de S. Paul; 
mais bientót aprés, elle tomba au pouvoir d'Arétas, roi d'Arabie, ainsi que le prouve 
une monnaie de cette ville, au type de ce prince. Comme [8 plupart des grandes 
cités de l'Asie-Mineure et de l'empire, elle renfermait une nombreuse colonie juive, 
qui habitait un quartier à part, et avait non seulement des assemblées religieuses, 
mais ses lois, ses magistrats et sa justice propres: priviléges dont les Juifs jouissent 
encore en plusieurs villes mahométanes. Le grand-prétre de Jérusalem exerçait sur 
eux son autorité, en matiére civile aussi bien que religieuse. C'est dans leurs rangs 
que se trouvaient ces nouveaux chrétiens, dont Saul prétendait chátier l'apostasie; 
et peut-être quelques fidèles de Jérusalem étaient-ils venus y chercher un asile. L'en- 


[cu. 1x.] 


hommes et des femmes de cette 
voie, il les conduisit enchainés à 
Jérusalem. 

3. Comme il était en chemin, 
et quil approchait de Damas, 
tout à coup une lumière du ciel 
brilla autour de lui. 

4. Et, tombant à terre, il en- 
tendit une voix qui lui disait : 
Saul, Saul, pourquoi me persé- 
cutes-tu ? 

5. Il dit : Qui êtes-vous, Sei- 
gneur? Et le Seigneur : Je suis Jé- 
sus que tu persécutes; il t'est dur 
de regimber contre l'aiguillon. 

6. Alors, tremblant et frappé 
de stupeur, il dit : Seigneur, que 
voulez-vous que je fasse? 

7. Et le Seigneur lui répondit : 
Lève-toi, entre dans la ville; car 
c'est là que te sera dit ce qu'il 
faut que tu fasses. Orles hommes 
qui l'accompagnaient demeu- 
raient tout étonnés, entendant 


ACTES DES APOTRES. 


2631 
bien la voix, mais ne voyant per- 
sonne. 

8. Saul se leva donc de terre, 
et, les yeux ouverts, il ne voyait 
rien. Ainsi, le conduisant par la 
main, ils le firent entrer dans 
Damas. 

9. ἘΠῚ y futtrois jours ne voyant 
point; et il ne but ni ne mangea. 

10. Oril y avait un certain dis- 
ciple à Damas, du nom d'Ananie; 
etle Seigneur lui dit en vision : 
Ananie. Et il dit: Me voici Sei- 
gneur. 

41. Et le Seigneur lui dit 
Lève-toi, et va dans la rue qu'on 
appelle Droite, et cherche dans la 
maison de Judas un nommé Saul 
de Tarse; car il y est en prieres. 

19. (Saul vit aussi un homme 
du nom d'Ananie, entrant et lui 
imposant les mains, pour qu'il 
recouvrát la vue.) 

13. Ananie répondit : Seigneur, 


SEMI Ipae XXII 65 1 COr., XV, 8; 11 Gor, xi 2. 


droit où le persécuteur fut terrassé et où il se soumit au divin Maître, se trouve à 
cinq cents pas de la ville. S. Augustin dit qu'il est bien connu et qu'on le montre 
aux voyageurs. Les chrétiens s'y rendent en procession chaque année, le 25 janvier. 
La rue droite traverse encore la ville dans toute sa longueur. » (L. Bacuez.) — Tous les 
voyageurs vantent à l'envila beauté de Damas. « Je comprends, dit Lamartine, que 
les traditions arabes placent à Damas le site du paradis perdu : aucun lieu de la terre 
ne rappelle mieux l'Eden. La vaste et féconde plaine, les sept rameaux du fleuve 
bleu qui l'arrosent, l'encadrement majestueux des montagnes, les lacs éblouissants 
qui réfléchissent le ciel sur la terre, la perfection du climat, tout indique au moins 
que. Damas a été une des premiéres villes báties par les enfants des hommes... Tant 
que la terre portera des empires, Damas sera une grande ville. » 

1. Ceci semble contradictoire avec ce qui est dit au chap. xxir, 9. Mais cette con- 
tradiction, qui n'est qu'apparente, s'évanouit quand on considère qu'entendre signifie 
tout à la fois étre frappé d'un son et comprendre. 

11. * La rue qu'on appelle Droite. « La rue Droite subsiste encore dans toute sa 
longueur; c'est la plus grande de la ville. Elle la traverse d'une extrémité à l'autre, 
d'orient en occident. Ses édifices de chaque cóté sont presque autant de boutiques ou 
de magasins dans lesquels sont étalées les plus riches marchandises soit d'Europe, 
soit des diverses parties de l'Asie, qu'y ont apportées les caravanes des pèlerins. » 
(DE GÉRAuB.) — Saul de Tarse. Sur Tarse, voir plus bas, y. 30. 

12. Saul vit aussi un homme. Pendant que le Seigneur faisait entendre sa voix à 
Ananie, il le montrait à Saul dans une vision. 

13. Les premiers chrétiens étaient communément appelés sainís, soit parce qu'ils 
avaient été sanctifiés par la grâce des sacrements, soit parce que la pureté de leurs 
maurs et la sainteté de leur vie les rendaient dignes de cette glorieuse dénomination, 


2632 
j'ai appris d'un grand nombre de 
personnes combien cet homme a 
fait de maux à vos saints dans 
Jérusalem ; 

14. Ici méme, il a pouvoir des 
princes des prétres, pour charger 
de liens ceux qui invoquent votre 
nom. 

15. Mais le Seigneur lui repar- 
tit : Va, car cet homme m'est un 
vase d'élection, pour porter mon 
nom devant les gentils, les rois 
et les enfants d'Israél. 

16. Aussi je lui montrerai com- 
bien il faut qu'il souffre pour mon 
nom. 

17. Et Ananie alla, et il entra 
dans la maison ; et lui imposant 
les mains, il dit : Saul mon frere, 
le Seigneur Jésus, qui t'a apparu 
dans le chemin par oü tu venais, 
m'a envoyé pour que tu voies et 
que tu sois rempli de l'Esprit- 
Saint. 

18. Et aussitôt tombèrent de 
ses yeux comme des écailles, et 
il recouvra la vue; et, se levant, 
il fut baptisé. 

19. Et lorsqu'il eut pris de la 
nourriture, il fut fortifié. Or 1] 
demeura quelques jours avec les 
disciples qui étaient à Damas. 

90. Et aussitôt il préchait dans 
les synagogues que c'est Jésus 
| qui est le Fils de Dieu. 

91. Or tous ceux qui l'écou- 
taient étaient étonnés et disaient: 
N'est-ce pas là celui qui poursui- 
vait dans Jérusalem ceux qui in- 


24. II Cor., xr, 32. 


ACTES DES APOTRES. 


[cu. 1x.) 


voquaient ce nom, 61 quiest venu 
ici pour les conduire chargés de 
liens aux princes des prétres? 

22. Cependant Saul se forti- 
fiait de plus en plus, et confon- 
dait les Juifs qui demeuraient à 
Damas, affirmant que Jésus est le 
Christ. 

29. Lorsque beaucoup de jours 
se furent passés, les Juifs prirent 
ensemble la résolution de le faire 
mourir. 

24. Mais leurs trames furent 
découvertes à Saul. Or comme ils 
gardaient nuit et jour les portes 
pour le tuer, 

25. Les disciples le prirent et 
le descendirent de nuit par la mu- 
raille, le mettant dans une cor- 
beille. 

26. Lorsqu'il fut venu à Jérusa- 
lem, il cherchait à se joindre aux 
disciples; mais tous le crai- 
gnaient, ne croyant pas qu'il füt 
disciple. 

27. Alors Barnabé l'ayant pris 
avec lui, 16 conduisit aux apôtres, 
et leur raconta comment il avait 
vu le Seigneur dans le chemin, 
que le Seigneur lui avait parlé, 
et comment, à Damas, il avait 
agi avec assurance au nom de 
Jésus. 

28. Saul demeurait donc avec 
eux à Jérusalem, agissant avec 
assurance au nom du Seigneur. 

29. Il parlait aussi aux gentils, 
et disputait avec les Grecs; or 
ceux-ci cherchaient à le tuer. 


21. Aux apôtres, Pierre et Jacques, qui se trouvaient alors à Jérusalem. — * Barnabé. 


Voir Actes, 1v, 36. 


28. Demeurait, etc.; littér.: Entrait et sortait; hébraisme. Voy. r, 21. 
29. * Les Grecs, dans le texte original; les Hellénistes, le nom désigne les Juifs 
qui, nés en pays étranger, parlaient la langue grecque. 


[cu. 1x.] 
30. Ce que les frères ayant su, 

ils le conduisirent à Césarée, et 

l'envoyerent à Tarse. 

31. L'Eglise cependant jouissait 
de la paix dans toute la Judée, la 
Galilée et le pays de Samarie; elle 
s'établissait marchant dans la 
crainte du Seigneur, et elle était 
remplie de la consolation du 
Saint-Esprit. 

32. Or il arriva que Pierre, en 
les visitant tous, vint voir les 
saints qui habitaient Lydde. 


ACTES DES APOTRES. 


2633 
33. Et il trouva là un homme 
du nom dEnée, gisant depuis 
huit ans sur un grabat, étant pa- 
ralytique. | 

34. Et Pierre lui dit : ₪66, le 
Seigneur Jésus-Christ te guérit; 
lève-toi et fais toi-même ton lit. 
Et aussitót il se leva. 

35. Et tous ceux qui habitaient 
Lydde et Sarone le virent, et ils 
se convertirent au Seigneur. 

36. ll y avait à Joppé, parmi les 
disciples, une femme du nom de 


30. * « Césarée de Palestine, qu'il faut distinguer de Césarée de Philippe, était une 
place forte, bâtie par Hérode, sur les bords de la mer, en l'honneur de César-Auguste, 
et munie d'un port de premiére importance. Le gouverneur romain résidait dans ses 
murs, avec un corps de troupe italien sur la fidélité duquel il pouvait compter. Le 
diacre Philippe s'y établit. Deux siècles et demi plus tard (315-340), cette ville avait 
pour évéque le premier historien de l'Eglise, Eusébe, et la maison du centurion 
Corneille, transformée en église, était devenue un lieu de pèlerinage.» (L. BAcugz.) — 
« Césarée, l'ancienne et splendide capitale d'Hérode, n'a plus un seul habitant, raconte 
Lamartine. Ses murailles, relevées par S. Louis pendant sa croisade, sont néanmoins 
intactes, et serviraient encore aujourd'hui de fortifications excellentes à une ville 
moderne. Nous franchimes le fossé profond qui les entoure, sur un pont de pierre 
à peu prés au milieu de l'enceinte, et nous entrámes dans le dédale de pierres, de 
caveaux entr'ouverts, de restes d'édifices, de fragments de marbre et de porphyre 
dont le sol de l'ancienne ville est jonché. Nous fimes lever trois chacals du sein des 
décombres qui retentissaient sous les pieds de nos chevaux; nous cherchions la fon 
taine qu'on nous avait indiquée, nous la trouvámes avec peine à l'extrémité orientale 
de ces ruines; nous y campâmes. Vers le soir, un jeune pasteur arabe y arriva avec 
un troupeau innombrable de vaches noires, de moutons et de chèvres; il passa 
environ deux heures à puiser constamment de l'eau de la fontaine pour abreuver ses 
animaux, qui attendaient patiemment leur tour, et se retiraient en ordre aprés avoir 
bu, comme s'ils eussent été dirigés par des bergers. Cet enfant, absolument nu, était 
monté sur un âne; il sortit le dernier des ruines de Césarée, et nous dit qu'il venait 
ainsi tous les jours, d'environ deux lieues, conduire à l'abreuvoir les troupeaux de 
sa tribu établie dans la montagne. Voilà la seule rencontre que nous fimes à Césarée, 
dans cette ville où Hérode, suivant Josèphe, avait accumulé toutes les merveilles des 
arts grecs et romains. » — « Tarse, sur les bords du Cydnus, était la capitale de la 
Cilicie. C'était une ville libre, qui élisait ses magistrats; mais il n'est pas certain 
qu'elle fût colonie romaine, ni qu'elle jouit du droit de municipe. Aussi eroit-on que 
le titre de citoyen romain, acquis à S. Paul dés sa naissance, était un privilege de. 
sa famille et non de sa patrie. Il est certain qu'il y avait en Asie, en particulier à 
Ephése et à Sardes, des Juifs qui avaient recu ce titre, soit pour leurs services mili- 
taires, soit pour quelque autre motif. La proximité de la mer et le voisinage de 
Chypre permettait à Tarse d'étendre son commerce et d'écouler les produits de son 
industrie. Ses écoles, que S. Paul avait pu fréquenter dans sa jeunesse, étaient célè-\ 
bres en Orientet rivalisaient, dit-on, avec celles d'Athènes et d'Alexandrie. » (L. Bacuez.) 

32. Les saints. Voy. vers. 13. — * Lydde, bourgade de la tribu de Benjamin, appelée 
aussi Diospolis du temps des Romains, à peu de distance de la Méditerranée. 

35. * Sarone. C'est la plaine de Saron qui est ici désignée. Elle s'étendait de Césarée 
de Palestine jusqu'à Joppé. Elle était trés fertile et par conséquent peuplée. 

36. Tabitha en syriaque, et en grec Dorcas, veut dire gazelle. — * Joppé, aujour- 
d'hui Jaffa, dont le nom signifie belle, sur la Méditerranée, aux confins de la tribu 


263 4 
Tabithe, qui veut dire par inter- 
prétation Dorcas. Elle était rem- 
plie de bonnes œuvres et elle 
faisait beaucoup d'aumónes. 

37. Oril arriva en ces jours-là 
qu'étant tombée malade, elle 
mourut. Aprés qu'on l'eut lavée, 
on la mit dans une chambre 
haute. 

38. Et comme Lydde était près 
de Joppé, les disciples ayant ap- 
pris que Pierre y était, envoyèrent 
vers lui deux hommes, pour lui 
faire cette prière : Hâte-toi de 
venir jusqu'à nous. 

39. Or Pierre, se levant, vint 
avec eux. Et lorsqu'il fut arrivé, 
ils le conduisirent dans le cé- 
nacle, et toutes les veuves l'en- 
tourèrent pleurant, et lui mon- 
trant des tuniques et des véte- 
ments que leur faisait Dorcas. 

40. Alors, ayant fait sortir tout 
le monde, Pierre, s'agenouillant, 
pria; et, se tournant vers le 
corps, il dit : Tabithe, lève-toi. Et 
elle ouvrit les yeux, et ayant vu 
Pierre, elle se mit sur son séant. 


ACTES DES APOTRES. 


[cn. x.] 


41. Alors, lui donnant la main, 
illaleva; et quand il eut appelé 
les saints etles veuves, il la leur 
rendit vivante. 

42. Cela fut connu dans tout 
Joppé; et beaucoup crurent au 
Seigneur. 

43. Or il arriva qu'il demeura 
un grand nombre de jours à 
Joppé, chez un certain Simon, 
corroyeur. 


CHAPITRE X. 


Vision de Corneille. Il envoie vers saint 
Pierre. Saint Pierre va trouver Cor- 
neille et lui préche Jésus. Effusion du 
Saint-Esprit sur Corneille et sur plu- 
sieurs autres gentils; leur baptéme. 


1. Il y avait à Césarée un certain 
homme, du nom de Corneille, 
centurion de la cohorte qui est 
appelée Italique, 

2. Religieux et craignant Dieu, 
avec toute sa maison, faisant 
beaucoup d'aumónes au peuple, 
et priant Dieu sans cesse; 

3. Cet homme vit manifeste- 
ment en vision, vers la neuvième 


de Dan et d'Ephraim. Les princes Asmonéens avaient rétabli son port. Incorporée par 
Pompée à la province de Syrie, cette ville fut rendue à Hyrcan II par Jules César. 
Plus tard elle fut sous la domination d'Hérode-le-Grand et d'Archélaüs. Unie de nou- 
veau à la Syrie, elle fut depuis ruinée par Cestius Gallus et par Vespasien. 1] y a 
peu de villes qui aient été aussi souvent saccagées, brülées et reconstruites. Au siècle 
dernier, elle était presque déserte, aujourd'hui elle est florissante et compte une 
quinzaine de mille habitants, gráce à son port, qui est le port de Jérusalem, quoi- 
qu'il soit peu sür et que le débarquement y soit fort difficile. Les jardins qui entourent 
Jaffa sont bien arrosés et d'une fertilité merveilleuse. Il y a encore des tanneries sur 
le bord de la mer et l'on y montre la maison de Simon le sorroyeur (Acf., 1x, 43; x, 6) 
de méme que le tombeau de Tabitha. 

31. * Chambre haute, hyperóon. Voir Marc, n, 4. 

39. Dans le cénacle. Voy. 1, 13. 


1. * A Césarée. Voir Actes, 1x, 30. — Corneille. Nous ne savons guère de lui que 
ce que nous en apprennent les Actes. Peut-étre était-il de l'illustre famille romaine 
des Cornélius. S. Jéróme dit qu'il bátit une église chrétienne à Césarée et la tradi- 
tion le fait évêque de Scamandios. — Centurion. Voir Matt., vin, 5. — De la cohorte. 
Voir Matt., xxvir, 21. — Appelée Ilalique, parce qu'elle se composait de soldats d'Italie, 
et non de soldats tirés des provinces, afin que le procurateur romain püt compter 
davantage sur eux. 

3. La neuvième heure. Voy. 111, 4. 


[cu. 3 .[ 


heure, un ange de Dieu venant à 
lui, et lui disant : Corneille. 

4. Et lui, le regardant, tout saisi 
de crainte, dit : Qu'est-ce, Sei- 
gneur? Et l'ange lui répondit: Tes 
prières et tes aumónes sont mon- 
tées en souvenir devant Dieu. 

5. Et maintenant envoie des 
hommes à Joppé, et fais venir 
Simon, qui est surnommé Pierre; 

6. Il loge chez un certain Si- 
mon, corroyeur, dont là maison 
est près de la mer; c'est lui qui 
te dira ce qu'il faut faire. 

1. Lorsque l'ange qui lui parlait 
se fut retiré, il appela deux de 
ses serviteurs, et un soldat crai- 
gnant Dieu, deceux qui lui étaient 
subordonnés. 

8. Quand il leur eut tout ra- 
conté, il les envoya à Joppé. 

9. Or, le jour suivant, eux étant 
en chemin et approchant de la 
ville, Pierre monta sur le haut de 
la maison, vers la sixième heure, 
pour prier. 

10. Et comme il eut faim, il 
voulut prendre quelque nour- 
riture. Pendant qu'on lui en ap- 
prétait, il lui survint un ravisse- 
ment d'esprit : 

11. IL vit le ciel ouvert, et 
comme une grande nappe sus- 
pendue par les quatre coins, et 
qu'on abaissait du ciel sur la 
terre, 

19. Et dans laquelle étaient 
toutes sortes de quadrupedes, 
de reptiles de la terre, et d'oi- 
seaux du ciel. 


ACTES DES APOTRES. 


2635 

13. Et une voix vint à lui : 
Lève-toi, Pierre, tue et mange. 

14. Mais Pierre dit : A Dieu ne 
plaise, Seigneur, car je n'ai ja- 
mais mangé rien d'impur et de 
souillé. 

15. Et la voix lui dit encore 
une seconde fois : Ce que Dieu a 
purifié, ne l'appelle pas impur. 

16. Orcela fut fait par trois fois, 
et aussitót la nappe fut retirée 
dans le ciel. | 

11. Pendant que Pierre hésitait 
en lui-méme sur ce que signifiait 
la vision qu'il avait eue, voilà 
que les hommes qui avaient été 
envoyés par Corneille, s'enqué- 
rant de la maison de Simon, ar- 
rivèrent à la porte. 

18. Et ayant appelé, ils deman- 
daient si ce n'était point là que 
logeait Simon, surnommé Pierre. 

19. Cependant, comme Pierre 
songeait à la vision, l'Esprit lui 
dit: Voilà trois hommes qui te 
cherchent. 

20. Lève-toi donc, descends, et 
va avec eux sans hésitation au- 
cune, parce que c'est moi qui les 
ai envoyés. 

21. Or Pierre étant descendu 
vers les hommes dit: Je suis celui 
que vous cherchez ; quelle est la 
cause pour laquelle vous étes ve- 
nus? 

22. 115 répondirent : Corneille, 
centurion, homme juste et crai- 
gnant Dieu, et ayant pour lui le 
témoignage de toute la nation 
juive ἃ reçu d'un ange saint l'or- 


9. Sur le haut, etc.; c'est-à-dire sur la plate-forme qui servait de toit. — Vers la 


sixième heure; c'est-à-dire vers midi. 


14. * Je n'ai jamais mangé rien d'impur. La loi de Moïse defendait aux Israélites 
de manger la chair d'un certain nombre d'animaux appelés pour cette raison impurs. 
11. * A la porte, Le mot qu'emploie le texte grec désigne la grande porte d'entrée 


de la maison. 


2090 
dre de vous appeler dans sa mai- 
son, et d'écouter vos paroles. 

93. Les faisant donc entrer, il 
les logea. Mais le jour suivant, il 
partit avec eux ; et quelques-uns 
des fréres de Joppé laccompa- 
gnerent. 

24. Et le jour d'apres il entra 
dans Césarée. Or Corneille les at- 
tendait, ses parents et ses amis 
les plus intimes étant assemblés. 

25. Et il arriva que lorsque 
Pierre entrait, il vint au devant 
de lui, et, tombant à ses pieds, il 
l'adora. 

96. Mais Pierre le releva, di- 
sant: Levez-vous; et moi aussi je 
ne suis qu'un homme. 

97. Et s’entretenant avec lui, il 
entra, et trouva un grand nombre 
de personnes qui élaient assem- 
blées ; 

98. Et il leur dit : Vous savez, 
vous, quelle abominalion c’est 
pour un homme juif, que de fré- 
quenter ou méme d'approcher 
un étranger; mais Dieu m'a mon- 
iré à ne traiter aucun homme 
d'impur ou de souillé. 

29. C'est pourquoi, ayant été 
appelé, je suis venu sans hési- 
tation. Je vous demande donc 
pour quel sujet vous m'avez ap- 
pelé? 

30. Et Corneille lui dit : ll y a 
ence moment quatre jours, j'étais 
priant dans ma maison, à la neu- 
vieme heure ; et voilà qu'un hom- 
me vétu de blanc se présenta de- 
vant moi, et dit : 

81. Corneille, ta priere a été 


ACTES DES APOTRES. 


[cu. x.] 


exaucée, et tes aumónes ont été 
en souvenir devant Dieu. 

32. Ainsi envoie à Joppé et fais 
venir Simon, qui est surnommé 
Pierre; il est logé dans la maison 
de Simon, corroyeur, près de la 
mer. 

33. Aussitôt donc, j'ai envoyé 
vers vous, et vous m'avez fait la 
gräce de venir. Maintenant donc, 
nous sommes tous devant vous 
pour entendre tout ce que le Sei- 
gneur vous a commandé. 

34. Alors, ouvrant la bouche, 
Pierre dit : En vérité, je vois que 
Dieu ne fait point acception des 
personnes; 

39. Mais qu'en toute nation ce- 
lui quile craintet pratique la jus- 
tice, lui est agréable. 

96. Dieu a envoyé 18 parole aux 
enfants d'Israël, annonçant la 
paix par Jésus-Christ (qui est le 
Seigneur de tous); 

31. Vous savez, vous, ce qui 
est arrivé dans toute la Judée, 
en commencant par la Galilée, 
après le baptéme que Jean a 
préché ; 

38. Comment Dieu a oint de 
l'Esprit-Saint et de sa vertu, 46- 
sus de Nazareth, qui a passé en 
faisant le bien et guérissant tous 
ceux qui étaient opprimés par le 
diable, parce que Dieu était avec 
lui. 

39. Et nous, nous sommes té- 
moins de tout ce qu'il a fait dans 
le pays des Juifs et à Jérusalem, 
ce Jésus qu'ils ont tué, le suspen- 
dant à un bois. 


Cuae. X. 34. Deut., x, 17; II Par., xix, 7; Job., xxxiv, 19; Sag., vi, 8; Eccli., xxxv, 15; 
Rom., rr, 11; Gal., 11, 6; Ephés., vi, 9; Coloss., זז‎ 29; I Pierre, 1, 17. — 37. Luc, 1v, 14. 


M M — M ———————‏ וו 


30. * Un homme véla de blanc. Les grands personnages sc revétaient d'habits blancs. 


Voir Luc, xxr, 11. 


[cu. x1.) 


40. Dieu la ressuscité le troi- 
sième jour, et lui a donné de se 
se manifester, 

41. Non à tout le peuple, mais 
aux témoins préordonnés de 
Dieu, à nous, qui avons mangé 
et bu avec lui, après qu'il fut res- 
suscité des morts. 

42. Et il nous a commandé 
de prêcher au peuple et d'at- 
tester que c'est celui que Dieu 
a établi juge des vivants et des 
morts. 

43. C'est à lui que tous les pro- 
phétes rendent ce témoignage 
que tous ceux qui croient en lui 
recoivent, par son nom, la rémis- 
sion des péchés. 

44. Pierre parlant encore, l'Es- 
prit-Saint descendit sur tous ceux 
qui écoutaient la parole. 

45. Et les fidèles circoncis, 
qui étaient venus avec Pierre, 
s'étonnerent grandement de ce 
que la grâce de l'Esprit-Saint 
était aussi répandue sur les gen- 
tils. 

46. Car ils les entendaient par- 
lant diverses langues et glorifiant 
Dieu. 

41. Alors Pierre dit : Peut-on 
refuser l'eau du baptéme à ceux 
qui ont recu l'Esprit-Saintcomme 
nous ? 

48. Et il ordonna qu'ils fussent 
baptisés au nom du Seigneur Jé- 
sus-Christ. Alors ils le prierent 
de demeurer avec eux quelques 
jours. 


43. Jérémie, xxxi, 34; Mich., vir, 18. 


ACTES DES APOTRES. 


2637 


CHAPITRE XI. 


Pierre repris rend raison de sa conduite. 
Disciples dispersés préchant aux Juifs, 
puis aux gentils. Barnabé et Paul pré- 
chent à Antioche. Disciples appelés 
Chrétiens. Prophétie d'Agabus. Au- 
mônes pour les chrétiens de Judée. 


1. Or les apôtres et les frères, 
qui étaient en Judée, apprirent 
que les gentils aussi avaient recu 
la parole de Dieu. 

2. Et, lorsque Pierre fut revenu 
à Jérusalem, ceux de la circonci- 
sion disputaient contre lui, 

3. Disant : Pourquoi es-tu entré 
chez des hommes incirconcis, et 
as-tu mangé avec eux? 

4. Et Pierre commença à leur 
exposer les choses par ordre, di- 
sant : 

9. J'étais dans la ville de Joppé, 
priant, et dans un ravissement 
d'esprit, je vis comme une grande 
nappe suspendue par les quatre 
coins, qu'on abaissait du ciel, et 
qui vint jusqu'à moi. 

6. En la considérant attentive- 
ment, je vis les quadrupedes de 
la terre, et les bétes sauvages, et 
les reptiles, et les oiseaux du 
ciel. 

1. Et j'entendis une voix qui me 
disait : Tue et mange. 

8. Et je répondis : Nullement, 
Seigneur; car jamais rien d'im- 
pur ou de souillé n'entra dans ma 
bouche. 

9. Et la voix du ciel me dit une 


== 


41. Préordonnés; ce mot, qui est de Bossuet, rend plus fidélement le texte sacré 
que celui de prédesliné, qui est généralement employé. 
48. Qu'ils fussent baptisés au nom, etc. Voy. i1, 38. 


5. * Joppé. Voir Actes, 1x, 36. 


2638 
seconde fois : Ce que Dieu a pu- 
rifié, ne l'appelle pas impur. 

10. Cela fut fait par trois fois, et 
tout rentra dans le ciel. 

11. Et voilà qu'aussitót trois 
hommes, envoyés vers moi de 
Césarée, s’arrêtèrent devant la 
maison où j'étais. 

12. Et l'Esprit me dit d'aller 
avec eux sans hésiter. Les six 
frères que voici vinrent avec moi, 
et nous entrámes dans la maison 
de cet homme. 

13. Oril nous raconta comment 
il avait vu dans sa maison un 
ange qui s'était présenté et lui 
avait dit : Envoie à Joppé et fais 
venir Simon, qui est surnommé 
Pierre; 

14. Π te dira des paroles par 
lesquelles tu seras sauvé, toi et 
toute ta maison. 

15. Lorsque j'eus commencé de 
parler, l'Esprit descendit sur eux 
comme sur nous au commence- 
ment. 

16. Alors je me souvins de la 
parole du Seigneur, lorsqu'il di- 
sait : Jean a baptisé dans l'eau; 
mais vous, vous serez baptisés 
dans l'Esprit-Saint. 

11. Si donc Dieu leur a donné 
la méme gráce qu'à nous, qui 
avons cru au Seigneur Jésus- 
Christ; qui élais-je, moi, pour 
in'opposer à Dieu? 


ACTES DES APOTRES. 


[cu. xi.] 


18. Ces choses entendues, ils se 
turent, et glorifierent Dieu, di- 
sant: Dieu a donc accordé la péni- 
tence aux gentils aussi, pour qu'ils 
aient la vie. 

19. Cependant ceux qui avaient 
été dispersés par la persécution 
qui s'était élevée au temps d'E- 
lienne, avaient passé jusqu'en 
Phénicie, en Chypre, et à Antio- 
che, n'annoncantla parole qu'aux 
Juifs seulement. 

20. Mais il y avait parmi eux 
quelques hommes de Chypre et 
de Cyrene, qui, étant entrés dans 
Antioche, parlaient aux Grecs, 
leur annoncant le Seigneur Jé- 
5115. 

91. Et la main du Seigneur 
était avec eux; et un grand nom- 
bre crurent et se convertirent au 
Seigneur. 

22. Or, lorsque le bruit en fut 
venu jusqu'aux oreilles de l'E- 
glise de Jérusalem, ils envoyèrent 
Barnabé à Antioche, 

23. Lequel, lorsqu'il fut arrivé 
et qu'il eut vu la grâce de Dieu, 
se réjouit; et il les exhortait tous 
à persévérer, d'un cœur ferme, 
dans le Seigneur; 

24. Car c'était un homme bon, 
plein de l'Esprit-Saint et de foi. 
Ainsi une grande multitude s'at- 
tacha au Seigneur. 

25. Barnabé partit ensuite pour 


CuaP. XI. 16. Matt., ur, 11; Marc, 1, 8; Luc, ur, 16; Jean, 1, 26; Supra, 1, 5; Infra, 


xiX, 4. 


19. * En Phénicie. Au premier siécle de notre ére, la Phénicie formait une province 
de la Syrie, longeant la Méditerranée entre le fleuve Eleuthére et le mont Carmel. — 
En Chypre, ile de la Méditerranée entre la Cilicie et la Syrie. Parmi les villes de cette 
ile, les Actes mentionnent Salamine et Paphos, xir, 5, 6. — Dans Antioche, capitale 
de la Syrie, sur l'Oronte, bâtie par Séleucus Nicanor et nommée par lui Antioche en 
l'honneur de son père Antiochus. Les Juifs hellénistes y étaient nombreux. 

20. * De Cyrene. Voir Actes, rr, 10. — Aux Grecs, les Juifs hellénistes parlant grec. 

25. * Pour Tarse. Voir Actes, 13, 30, 


(eu. xit. 


Tarse, afin de chercher Paul; et, 
l'ayant trouvé, il l'amena à An- 
tioche. 

96. Et pendant une année en- 
tiere ils demeurèrent dans cette 
Eglise, et y enseignèrent une 
foule nombreuse ; en sorte que ce 
fut à Anlioche que les disciples 
reçurent pour la première fois le 
nom de Chrétiens. 

291. Or, en ces jours-là, des 
prophètes vinrent de Jérusalem à 
Antioche; 

98. Et l'un d'eux, du nom d'A- 
gabus,se levant, annongait, par 
l'Esprit-Saint, qu'il y aurait une 
grande famine dans tout l'uni- 
vers; laquelle, en effet, arriva 
sous Claude. 

29. Et les disciples résolurent 
d'envoyer, chacun suivant ce 
quil possédait, des aumónes 


ACTES DES APOTRES. 


2639 
aux freres qui habitaient dans la 
Judée; 

30. Ce qu'ils firent, en effet, les 
envoyant aux anciens par les 
mains de Barnabé et de Saul. 


CHAPITRE XII. 


Martyre de saint Jacques le Majeur. Em- - 
prisonnement et délivrance de saint 
Pierre. Hérode Agrippa meurt frappé 
de Dieu. 


1. En ce temps-là, le roi Hé- 
rode porta les mains sur quel- 
ques-uns de l'Eglise pour les tour- 
menter. 

2. Il fit mourir par le glaive 
Jacques, frere de Jean. 

3. Et voyant que cela plaisait 
aux Juifs, il fit aussi prendre 
Pierre. Or c'étaient les jours des 
azymes. 

4. Lorsqu il l'eut pris, il le mit 


28. * Agabus, d'ailleurs inconnu, fit une autre prédiction plus tard pour annoncer 
l'emprisonnement de S. Paul, Actes, xxr, 10. — La famine qu'il annonça ici eut lieu 
vers l'an 44 et sévit cruellement en Judée, comme l'a raconté l'historien Josèphe, 
sous le règne de Claude, quatrième empereur romain, qui gouverna l'empire depuis 
l'assassinat de Caligula en 41 jusqu'en 5% où il fut empoisonné par sa femme 
Agrippine. 

30. Par les mains; c'est-à-dire sous la conduite. Voy. v, 12. — * Aux anciens, aux 
chefs de l'église, qui étaient les évêques et les prêtres. Le texte grec porte presbyleroi, 
mot qui signifie tout à la fois anciens ou vieillards, évéques et prétres. Le nom des 
prétres vient méme de là, par l'intermédiaire du latin presbyteri. 


1. Cet Hérode était surnommé Agrippa. — Porta les mains, ou mit les mains sur; 
hébraisme qui veut dire : se mettre à, entreprendre, commencer. — * Le roi Hérode 
Agrippa Ier, fils d'Aristobule et de Bérénice, petit-fils d'Hérode le Grand et neveu 
d'Hérode Antipas, était né vers l'an 10 avant notre ére. Elevé à Rome, il y avait été 
. mis en prison par Tibére, mais il fut mis en liberté à l'avénement de Caligula et 
obtint les tétrarchies de Philippe et de Lysanias avec le titre de roi. En l'an 41, 
Claude y ajouta la Judée et la Samarie, de sorte qu'Agrippa Ier fut ainsi aussi puis- 
sant qu'Hérode le Grand. 1l affectait un grand zéle pour le judaisme. Sa mort affreuse 
: racontée, Actes, xu, 21-23. Elle eut lieu l'an 44; il avait 54 ans et avait régné | 

ans. 

2. * Jacques le Majeur, fils de Zébédée, le premier des Apótres qui subit le martyre. 
— Il fit mourir par le glaive Jacques le Majeur. Sur le lieu traditionnel où fut dé- 
capité le saint apótre s'éléve une église qui lui est dédiée et qui appartient aux Ar- 
méniens non unis, dans la partie sud-ouest de Jérusalem, sur le mont Sion. S. Jacques 
fut le premier Apótre qui versa son sang pour Jésus-Christ, en l'an 44, onze aus 
aprés l'Ascension, aux environs de la Pàque juive, d'aprés le témoignage de Clément 
d'Alexandrie, conservé par Eusèbe, 

3. *Jours des azymes. Voir Matt., xxvi, 17. 


2640 
en prison, le confiant à la garde 
de quatre bandes de quatre sol- 
dats chacune, voulant, après la 
pàque, le produire devant le 
peuple. 

9. Ainsi Pierre était gardé dans 
la prison. Mais l'Eglise faisait à 
Dieu, sans interruption, des priè- 
res pour lui. 

6. Or la nuit méme d'avant le 
jour oü Hérode devait le produi- 
re, Pierre dormait entre deux 
soldats, lié de deux chaines, et 
des gardes devant la porte gar- 
daient la prison. 

7. Et voilà qu'un ange du Sei- 
gneur se présenta, et unelumiere 
brilla dans la prison; alors l'ange, 
frappant Pierre au cóté, le réveil- 
la, disant : Lève-toi prompte- 
ment. Et les chaines tomberent 
de ses mains. 

8. Alors l'ange lui dit : Ceins- 
toi et mets ta chaussure à tes 
pieds. Et il fit ainsi. Et l'ange dit: 
Prends ton vétement autour de 
toi, et suis-mol. 

9. Et sortant, il le suivait, et il 
ne savait pas que ce qui se faisait 
par l'ange füt véritable; car il 
croyait avoir une vision. 

10. Or ayant passé la premiere 
et la seconde garde, ils vinrent à 
la pute de fer qui mène à la ville; 
elle s'ouvrit d'elle-même à eux. 
Et, sortant, ils s’avancèrent dans 
une rue; et aussitót lange le 
quitta. 

11. Alors Pierre, revenu à lui, 


ACTES DES APOTRES. 


[cu. xu.) 


dit : Maintenant je reconnais vé- 
ritablementque Dieuaenvoyé son 
ange, et qu'il m'a soustrait à la 
main d'Hérode et à toute l'attente 
du peuple juif. 

12. Et, réfléchissant, il vint à la 
maison de Marie, mere de Jean, 
qui est surnommé Mare, où beau- 
coup de personnes étaient assem- 
blées et priaient. 

. 13. Or, comme il frappait à la 
porte, une jeune fille, nommée 
Rhode, vint pour écouter. 

14. Dès qu'elle reconnut la 
voix de Pierre, transportée de 
joie, elle n'ouvrit pas la porte, 
mais, rentrant en courant, elle 
annonça que Pierre était à la 
porte. 

15. Ils lui dirent : Tu es folle. 
Mais elle assurait qu'il en était 
ainsi. Sur quoi ils disaient : C'est 
sonange. 

16. Cependant Pierre continuait 
de frapper. Et lorsqu'ils eurent 
ouvert, ils le virent et furent 
dans la stupeur. 

17. Mais lui, leur faisant de la 
main signe de se taire, raconta 
comment le Seigneur l'avait tiré 
de la prison, et il dit : Annoncez 
ces choses à Jacques et à nos 
freres. Et étant sorti, il s'en alla 
dans un autre lieu. 

18. Quand il fit jour, il n'y eut 
pas peu de trouble parmi les 
soldats, au sujet de ce que Pierre 
était devenu. 

19. Hérode l'ayant faitchercher, 


12. * Jean Marc, parent de Barnabé, regardé communément comme le méme que 
S. Marc l'Evangéliste, accompagna S. Paul et S. Barnabé dans quelques-unes de leurs 
missions (voir Actes, xir, ὃ, 13; xv, 31, 39). Il devint plus tard secrétaire de S. Pierre. 


48. * Rhode. Ce nom signifie rose. 


47. * A Jacques le Mineur, fils d'Alphee, cousin de Notre Seigneur et premier évéque 


de Jérusalem. 
19. * A Césarée. Voir Actes, ix, 30. 


[cu. [.זווצ‎ 


et ne l'ayant point trouvé, fil 
donner la question aux gardes. 
et commanda de les mener au 
^ supplice; puis il descendit de 
iérusalem à Césarée, où il sé- 
journa. 

20. Il était irrité contre les Ty- 
riens et les Sidoniens. Mais ils 
vinrent d'un commun accord vers 
lui, et Blaste, chambellan du roi, 
ayant été gagné, ils demandaient 
la paix, parce que leur pays ti- 
rait sa subsistance des terres du 
roi. 

21. Ainsi, au jour fixé, Hérode, 
revêtu du vêtement royal, s'assit 
sur son trône, et il les haran- 
guait. 

22. Et le peuple applaudissait, 
criant : C'est le discours d'un 
dieu et non d'un homme. 

93. Et soudain un ange du 
Seigneur le frappa, parce quil 
n'avait point rendu gloire à 
Dieu; et, mangé des vers, il ex- 
pira. 

24. Gependant!a parole de Dieu 
croissait et se multipliait. 

95. Et Barnabé et Saul, leur 
mission remplie, revinrent de Jé- 
rusalem, ayant pris avec eux 
Jean, qui est surnommé Marc. 


(ΒΑΡ. XII. 25. Supra, xr, 30. 


ACTES DES APOTRES. 


2641 


CHAPITRE XIII. 


Pau! et Barnabé sont envoyés aux gentils. 
Ils passent dans l'ile de Chypre. Le ma- 
gicien Barjésu frappé d'aveuglement. 
Conversion du proconsul Sergius Pau- 
lus. Saint Paul vient à Antioche de Pi- 
sidie, où il préche dans la synagogue. 
Les Juifs lui résistent. Il se tourne vers 
les gentils. 


1. Il y avait dans l'église d'An- 
lioche des prophétes et des doc- 
teurs, parmi lesquels Barnabé et 
Simon, qui s'appelait le Noir, Lu- 
cius de Cyrene, et Manahen, frère 
de lait d'Hérode le tétrarque, et 
Saul. 

2. Or pendant qu'ils offraient 
au Seigneur les saints mystères, 
et qu'ils jeünaient, l'Esprit-Saint 
leur dit : Séparez-moi Saul et 
Barnabé pour l’œuvre à laquelle 
je les ai appelés. 

3. Alors, ayantjeüné et prié, ils 
leur imposerent les mains et les 
firent partir. 

4. Et eux, étant ainsi envoyés 
par lEsprit-Saint, allèrent à Sé- 
leucie, et de là ils firent voile 
pour Chypre. 

ὃ. Quand ils furent venus à Sa- 
lamine, ils annoncaient la parole 
de Dieu dans les synagogues des 


1. * Simon le Noir. En grec Suméón, personnage inconnu. — Lucius de Cyrene est 
peut-être le méme qui est nommé, Rom., xvi, 21. — ManaAhen est inconnu. — Hérode 
Le Létrarque. Voir Matt., xiv, 1. — Saul, S. Paul. 

3. " C'est ainsi que commenca la première mission de S. Paul, l'an 45 de notre 
ère. 

4. * Séleucie, ville de Syrie sur la Méditerranée, au sud et à 120 stades d'Antioche 
vis-à-vis de l'ile de Chypre, à 40 stades au nord de l'embouchure de l'Oronte. — 
£hypre. Voir Actes, xr, 19. 

9. * A Salumine. C'était une des villes principales de l'ile de Chypre, sur la côte 
orientale, avec un bon port. Les Juifs y étaient nombreux. On voit aujourd'hui ses 
ruines prés de la moderne Famagouste. — Dans les synagogues. Quand un Juif 
étranger assistait aux offices de la synagogue, le chef de la synagogue l'invitait à 
parler et S. Paul ne manqua jamais, dans toute sa carrière apostolique, de saisir cette 
occasion d'annoncer l'Evangile. Comparez Luc, חן‎ 10 et Act., xii, 18. 


Ν ἢ" 2% 100 


2042 
Juifs. Or Jean les aidait dans le 
ministère. 

6. Après qu'ils eurent parcouru 
toute 1116 jusqu'à Paphos, ils 
trouverent un certain homme, 
magicien, faux prophète et Juif. 
dont le nom était Barjésu, 

7. Et qui était avec le proconsul 
Sergius Paulus, homme prudent. 
Celui-ci, ayant fait venir Barnabé 
et Saul, désirait entendre la pa- 
role de Dieu. 

8. Or Elymas, le magicien (car 
cest ainsi qu'on interpréte son 
nom), leur résistait, cherchant à 
détourner le proconsul de la foi. 

9. Mais, rempli de l'Esprit-Saint, 
Saul, qui est le méme que Paul, 
le regardant, 


ACTES DES APOTRES. 


[cu. xur.] 


10. Dit : O homme plein de 
toute malice et de toute fraude, 
fils du diable, ennemi de toute 
justice, tu ne cesses de subvertir 
les voies droites du Seigneur. 

11. Mais maintenant, voilà la 
main du Seigneur sur toi, et tu 
seras aveugle, ne voyant point le 
soleil jusqu'à un certain temps. 
Et soudain tomba sur lui une 
profonde obscurité et des ténè- 
bres; et allant çà et là, il cherchait 
qui lui donnât la main. 

12. Alors 16 proconsul voyant ce 
fait, crut, admirant la doctrine du 
Seigneur. 

19. Paul et ceux qui étaient 
avec lui, s'étant embarqués à Pa- 
phos, vinrent à Perge de Pam- 


6. * Jusqu'à Paphos. Cette ville, port de mer, était à l'opposé de Salamine, sur la 
cóte occidentale de l'ile de Chypre. Elle servait alors de résidence au proconsul ro- 
main. L'ancienne Paphos, célébre chez les anciens par le culte de Vénus, était à 
soixante stades au nord. — Barjésu. Ce nom signifie fils de Jésus. 

1. * Sergius Paulus. « Les Actes donnent à Sergius Paulus le titre de proconsul. On 
sait, en effet, que la Chypre, à raison de son importance et de son étendue, formait 
à elle seule une province dans lempire, et l'on voit par plusieurs médailles qu'elle 
avait pour gouverneur un proconsul annuel, comme toutes les provinces dont le 
gouvernement dépendait du Sénat. L'éloge que ₪. Luc fait des lumières et de la 
sagesse de Sergius Paulus, et l'impression que l'Evangile produisit sur son esprit, 
donnent lieu de croire qu'il devint un des appuis du christianisme naissant. Le Mar- 
tyrologe romain le nomme au 22 mars, avec le titre d'évéque de Narbonne; et l'église 
de cette ville l'a toujours regardé comme son Apótre. D'aprés la tradition, S. Paul 
l'aurait établi sur ce siège, dans le voyage qu'il fit pour se rendre en Espagne. Nar- 
bonne est bien, en effet, sur la voie qui conduisait de l'Italie dans la Bétique. L'I£- 
néraire d'Antonin, qui décrit cette voie, nomme Nice, Arles, Narbonne, les monts 
Pyrénéens, Barcelone. — Plusieurs pensent que c'est en souvenir de la conversion 
de Sergius Paulus, comme signe de l'estime et de l'affection dont il honorait son 
généreux disciple, que l'Apótre aurait pris le nom de Paul, àla place de celui de 
Saul qu'il avait porté jusque-là. Mais, si cette conjecture a quelque vraisemblance, 
elle n'est pas nécessaire pour l'explication du fait. L'usage des doubles noms, ou des 
surnoms grecs et latins, était alors commun chez les Juifs. Un certain nombre qui 
avaient un nom significatif, le traduisaient dans l'une de ces langues, comme Céphas 
qui s'appela Petrus, Silas qu'on nomma Tertius ou Silvanus, etc. D'autres, renoncant 
tout à fait à leur nom, en prenaient un suivant leur goüt, comme Jean qui prit le 
nom de Marc, Jannès qui se nomma Alexandre, Onias qui s'appela Ménélaüs, Jésus 
qui prit celui de Juste. D'autres enfin se bornaient à changer quelque lettre ou à 
modifier la désinence de leur nom pour lui donner une apparence grecque ou latine. 
Ainsi on disait Jason au lieu de Jésus, Alcime pour Eliacim, Hégésippe au lieu de 
Joseph, Dosithée au lieu de Dosithai, Trypho pour Tarphon, Alphée pour Clopé, 
Diocletianus pour Dioclés. C'est ce qu'aura fait probablement S. Paul. Au moment 
d'entrer dans l'empire et de se mettre en rapport avec les Romains, il aura latinisé 
son nom, en l'altérant le moins possible. » (L. BAcuzz.) 

13. * A Perge, capitale de la Pamphylie, sur là rivière Cestros, à soixante stades 


[cH. xui] 
phylie. Mais Jean, se séparant 
d'eux, s'en retourna à Jérusa- 
lem. 

14. Mais eux, passant au delà 
de Perge, vinrent à Antioche de 
Pisidie, et, étant entrés dans la 
synagogue le jour du sabbat, ils 
s'assirent. 

15. Après la lecture de la loi et 
des prophètes, les chefs de la sy- 
nagogue envoyerent vers eux, 
disant : Hommes, nos frères, si 
vous avez quelque exhortation à 
faire au peuple, parlez. 

16. Alors Paul se levant, et 
dela main commandantle silence, 
dit : Hommes d'Israël, et vous 
qui craignez Dieu, écoutez : 

11. Le Dieu du peuple d'Israél 
a choisi nos pères, et a exalté ce 
peuple lorsqu'il habitait dans la 
terre d'Egypte, et, le bras levé, il 
l'en a retiré. 

18. Et pendant une durée de 
quarante ans, il supporta sa con- 
duite dans le désert. 

19. Puis, ayant détruit sept na- 
tions dans le pays de Chanaan, il 


ACTES DES APOTRES. 


2643 
lui en partagea la terre par le sort, 

20. Après environ quatre cent 
cinquante ans; et ensuite, il leur 
donna des juges jusqu'au pro- 
phète Samuel. 

21. Alors ils demandèrent un 
roi, et Dieu leur donna Saül, fils 
de Cis, dela tribu de Benjamin, 
pendant quarante ans; 

22. Puis l'ayant óté, il leur sus- 
cita pour roi David, à qui il ren- 
dit témoignage, disant : J'ai trou- 
vé David,fils de Jessé, homme 
selon mon cœur, qui fera toutes 
mes volontés. 

93. C'est de sa postérité que 
Dieu, selon sa promesse, a suscité 
à Israélle Sauveur Jésus, 

24. Jean, avant sa venue, ayant 
préché le baptéme de pénitence 
à tout le peuple d'Israël. 

25. Et lorsque Jean achevait sa 
course, il disait : Je ne suis 8 
celui que vous pensez; mais voi- 
là que vient aprés moi celui dont 
je ne suis pas digne de délier la 
chaussure. 

26. Hommes, mes freres, fils de 


Cmar. XIII. 17. Exode, 1, 1; xir, 21, 22. — 18. Exode, xvr, 3. — 19. Jos., xiv, 2. — 
20. Judic., 111, 9. — 21. I Bois, vin, 5; 1x, 16; x, 1. — 22. 1 Rois, xir, 14; טא‎ 13; 
Ps. nxxxvri, 2]. — 23. Isaie, xr, 1. — 24. Matt., ur, 1; Marc, τ, 4; Luc, 111, 3. — 25. Matt., 
YT Add Mare ΤΡ 05 Jean 1» σεν 


de la Méditerranée. Dans le voisinage, sur une éminence, était un temple célébre de 
Diane. — La Pamphylie, province de l'Asie-Mineure, est déjà mentionnée, Actes, 11, 10. 
Voir ce passage. — Jean Marc. Voir Actes, xir, 12. 

14. Du sabbat; littér., des sabbats. Le pluriel de ce mot se met quelquefois pour 
le singulier. — * Antioche de Pisidie était une ville de Phrygie, mais on l'appelait 
de Pisidie, à cause de la proximité de cette province et afin de la distinguer d'An- 
‘tioche de Syrie. Comme cette dernière, elle avait été bâtie par Séleucus Nicator qui 
va vait ainsi nommée en l'honneur de son père Antiochus. C'était une ville importante. 
Auguste en avait fait une colonie romaine. 

15. * Les chefs de la synagogue. Le premier archisynagogus (voir Marc, v, 22) était 
assisté d'un conseil composé d'un nombre plus ou moins considérable de membres, 
selon l'importance des synagogues. On les appelait quelquefois archisynagogi ou 
chefs de la synagogue. 115 avaient dans l'assemblée des sièges particuliers, prés du 
coffre destiné à recevoir les Saintes Ecritures. 

25. * La chaussure, les sandales. Voir Marc, vi, 9. 

26. La parole de ce salut; c'est-à-dire du salut dont Jésus-Christ est l'aateur. Com- 


2644 
la race d'Abraham, c'est à vous, 
età ceux qui parmi vouscraignent 
Dieu, que la parole de ce salut a 
été envoyée. 

97. Car ceux qui habitaient Jé- 
rusalem, et leurs chefs, le mécon- 
naissant et ne comprenant pas 
les paroles qui sontlues à chaque 
sabbat, ils les ont accomplies en 
le condamnant; 

28. Et, netrouvant enluiaucune 
cause de mort, ils demanderent 
à Pilate de le faire mourir. 

29. Et aprés qu'ils eurent con- 
sommé tout ce qui était écrit de 
lui, le descendant du bois, ils le 
mirent dans un sépulcre. 

30. Mais Dieu l'a ressuscité des 
morts le troisième jour, et pen- 
dant un grand nombre de jours 
il a été vu de ceux 

31. Qui étaient montés avec lui 
de Galilée à Jérusalem, et qui 
sont maintenant ses témoins de- 
vant le peuple. 

32. Et nous, nous vous annon- 
cons que la promesse qui ἃ été 
faite à nos peres, 

33. Dieu l'a tenue à nos fils, 
ressuscitant Jésus, comme il est 
écrit dans le deuxieme psaume : 
Vous étes mon fils, je vous ai en- 
gendré aujourd'hui. 

34. Et qu'ill'ait ressuscité d'en- 
tre les morts, pour ne plus re- 
tourner à la corruption, c'est ce 
qu'il a dit par ces paroles : Je 
vous tiendrai les promesses sa- 


ACTES DES APOTRES. 


[cu. xi.) 


crées faites à David, promesses 
inviolables. 

35. Et ailleurs encore il dit: 
Vous ne permettrez point que 
votre Saint voie la corruption. 

36. Car David, apres avoir ser- 
vi en son temps aux desseins de 
Dieu, s'endormit; 11 fut déposé 
près de ses pères, et vitla corrup- 
tion. 

91. Mais celui que Dieu a res- 
suscité d'entre les morts, n'a 
point vu la corruption. 

38. Qu'il soit donc connu de 
vous, mes freres, que c'est par lui 
que la rémission des péchés vous 
est annoncée; οἱ toutesles choses 
dont vous n'avez pu étre justifiés 
parla loi de Moise, 

39. Quiconque croit en lui, en 
est justifié par lui. 

40. Prenez done garde que ne 
vienne sur vous ce qui est dit 
dans les prophètes : 

44. Voyez, contempteurs, admi- 
rez et anéantissez-vous; car je 
fais une œuvre en vos jours, une 
ceuvre que vous ne croirez pas, si 
on vous la raconte. 

49. Lorsqu'ils sortaient de la 
synagogue, on les priait de par- 
ler, le sabbat suivant, sur le 
méme sujet. 

43. Et quand l'assemblée se fut 
séparée, beaucoup de Juifs et 
de prosélytes servant Dieu, sui- 
virent Paul et Barnabé qui, leur 
parlant, les exhortaient à per- 


28. Matt., xxvii, 20, 23; Marc, xv, 13; Luc, ,זא‎ 21, 23; Jean, xix, 15. — 30. Matt., 
זונטאצ‎ ; Marc., xv1; Luc, xxiv; Jean, xx. — 33. Ps. τι, 4. — 34. Isaie, Lv, 3. — 80, Ps. xv, 


10. — 36. III Rois, rr, 10. — 41. Habac., 1, 5. 


par. le vers. 23. Au chap. v, 20, on a pu remarquer une construction de phrase tout 


à fait semblable. 


98. * Pilate. Voir note sur Matt., xxvii, 20. 


35. Voie la corruption. Compar. n, 21. 


43. * De prosélyles, gentils convertis au judaïsme. 


]68. xiv.) 


sévérer dans la grâce de Dieu. 

44. Or, le sabbat suivant, pres- 
que toute la ville s'assembla pour 
entendre la parole de Dieu. 

45. Mais, voyant cette foule, les 
Juifs furent remplis de colère, et, 
blasphémant, ils contredisaient 
les paroles de Paul. 

46. Alors Paul et Barnabé dirent 
hardiment : C'était à vous qu'il 
fallait d'abord annoncer 18 parole 
de Dieu; mais puisque vous la 
rejelez, et que vous vous jugez 
indignes de la vie éternelle, voi- 
là que nous nous tournons vers 
les gentils; 

41. Car le Seigneur nous la 
commandé en ces termes : Je t'ai 
établi la lumiere des gentils, 
afin que tu sois leur salut jus- 
qu'aux extrémités de la terre. 

48. Ce qu'entendant, les gentils 
se réjouirent, et ils glorifiaient la 
parole de Dieu; et tous ceux qui 
étaient préordonnés à la vie éter- 
nelle embrasserent la foi. 

49. Ainsi la parole du Seigneur 
se répandait par toute la con- 
trée. 

50. Mais les Juifs ayant animé 
les femmes dévotes et de qualité, 
et les principaux de la ville, exci- 
tèrent une persécution contre 
Paul et Barnabé, et les chassèrent 
du pays. 

51. Alors ceux-ci, ayant secoué 


ACTES DES APOTRES. 


2043 
contre eux 18 poussiere de leurs 
pieds, vinrent à Icone. 

52. Cependant les disciples 
étaient remplis de joie et de l'Es- 
prit-Saint. 


CHAPITRE XIV. 


Succès de la prédication de Paul et de 
Barnabé à lcone. Ils sont chassés et se 
réfugient à Lystre. Paul y guérit un 
boiteux. On veut leur sacrifier; on les 
lapide. Ils vont à Derbe. Ils s'en re- 
tournent à Antioche de Syrie, en visi- 
tant les fidèles. 


1. Or il arriva 8 Icone, qu'ils 
entrerent ensemble dans la sy- 
nagogue, et parlèrent de telle 
sorte, qu'une grande multitude 
de Juifs et de Grecs embrassa la 
foi. 

2. Mais ceux des Juifs qui de- 
meurèrent incrédules, exciterent 
et irriterent l'esprit des gentils 
contre les freres. 

3. Ils demeurèrent donc là 
longtemps, agissant avec assu- 
rance dans le Seigneur, qui ren- 
dait témoignage à la parole de sa 
grace, opérant des miracles et des 
prodiges par leurs mains. 

4. Ainsi toute la ville se divisa; 
les uns étaient pour les Juifs, et 
les autres pour les apótres. 

5. Et comme les gentils et les 
Juifs, avec leurs chefs, allaientse 
jeter sur eux pour les outrager 
et les lapider, 


47. Isaie, xuix, 6. — 51. Matt., x, 14; Marc, νι, 11; Luc, 1x, 5. 


48. Préordonnés. Voy. sur ce mot, x, 41. 

91. * Icone, aujourd'hui Konyéh, ville importante de l'Asie-Mineure, chef-lieu de la 
province de Lycaonie, dans une plaine fertile, au pied du mont Taurus, sur la grande 
ligne de communication entre Ephèse et les villes de Tarse et d'Antioche de Pisidie. 
Elle était avantageusement placée pour servir de centre aux missions de S. Paul 
dans ces parages; aussi l’y reverrons-nous encore. 


2. Contre les fréres; c'est-à-dire contre les nouveaux convertis, tant du paganisme 
que du judaisme. 
3. Par leurs mains. Voy. v, 12, 


204G 

6. Les apôtres l'ayant su, s'en- 
fuirent à Lystre et à Derbe, villes 
de Lycaonie, et dans tout le pays 
d'alentour, et ils y évangélisaient. 

7. Or il y avait assis à Lystre, 
un certain homme perclus de ses 
pieds. Il était boiteux dès le sein 
de sa mère, et n'avait jamais 
marché. 

8. Il entendit Paul parler; et 
Paul, le regardant et voyant qu'il 
avait la foi qu'il serait guéri, 

9. Dit d'une voix forte : Lève- 
toi droit sur tes pieds. Et il s'é- 
lanca, et il marchait. 

10. Or la foule, ayant vu ce 
qu'avait fait Paul, éleva la voix, 
disant en lycaonien : Des dieux 
devenus semblables à des hom- 
mes sont descendus vers nous. 

11. Et ils appelaient Barnabé 
Jupiter; et Paul, Mercure, parce 
que cétait lui qui portait la 
parole. 

19. Bien plus, le prétre de 
Jupiter, qui était pres de la ville, 
étant venu devant la porte avec 
des taureaux et des couronnes, 
voulait, avec le peuple, leur sa- 
crifier. 

18. Ce qu'ayant entendu, les 
apótres Barnabé et Paul déchi- 


ACTES DES APOTRES. 


[cu xiv.] 
rèrent leurs tuniques, et s'élan- 
cerent dans la foule, criant, 

14. Et disant : Hommes, pour- 
quoi faites-vous cela? Nous aussi, 
nous sommes des morte!s, des 
hommes semblables à vous, qui 
vous exhortons à quitter ces cho- 
ses vaines pour le Dieu vivant, 
qui a fait 16 ciel, la terre, la mer, 
et tout ce qu'ils contiennent; 

15. Qui, dans les générations 


passées, ἃ laissé toutes [65 
nations marcher dans leurs 
voies. 


16. Mais néanmoins il ne s’est 
pas laissé lui-même sans témoi- 
gnage, répandant du ciel ses 
biens, en dispensant les pluies et 
les saisons fécondes, en nous 
donnant la nourriture en abon- 
dance, et en remplissant nos 
cœurs de joie. 

47. Méme en disant ces choses, 
ils empêchèrent à peine la foule 
de leur sacrifier. 

18. Cependant survinrent quel- 
ques Juifs d'Antioche et d'Icone, 
et, le peuple gagné, ilslapidèrent 
Paul, et le traînèrent hors de la 
ville, croyant qu'il était mort. 

19. Mais les disciples l'entou- 
rant, il se leva, et rentra dans la 


Cuap. XIV. 14. Genèse, 1, 1; Ps. cxLv, 6; Apoc., xiv, 7. 


6. * Lystre,au sud d'Icone, au nord du mont Taurus. Le disciple de S. Paul, Timothée, 
était probablement originaire de Lystre. — Derbe, au sud-est d'Icone, à l'est de 
Lystre, située probablement prés du passage appelé les portes de Cilicie. Ces deux 
villes, comme Icone, faisaient partie de la province de Lycaonie, en Asie-Mineure, 
bornée à l'est par la Cappadoce, au nord par la Galatie, à l'ouest par la Phrygie, et 
séparée au sud de la Cilicie par la chaine du Taurus. 

10. * En lycaonien, dialecte qu'on a supposé être le cappadocien, mais dont le vrai 
caractere est inconnu. 

11. * Jupiter, le maître des dieux de l'Olympe, était souvent accompagné d'après 
les fables grecques, de Mercure, le dieu de l'éloquence, qui parlait pour le roi des 
dieux. S. Paul étant l'orateur est pris pour Mercure. 

12. * Le prétre qui était prés de la ville, qui desservait le temple de Jupiter situé 
dans le voisinage de la ville. — Avec des laureaux et des couronnes. Les paiens avaient 
coutume d'orner de couronnes les victimes qu'ils offraient à leurs dieux. 

48. " D'Antioche de Pisidie. Voir Actes, xiu, 14. 


(cu. xv.) 
ville, et le jour suivant, il partit 
pour Derbe avec Barnabé. 

20. Et lorsqu'ils eurent évangé- 
lisé cette ville, et instruit un 
grand nombre de personnes, ils 
revinrent à Lystre, à Icone et à 
Antioche, 

21. Affermissant les âmes des 
disciples, les exhortant à persé- 
vérer dans la foi, et disant que 
cest par beaucoup de tribula- 
tions qu'il nous faut entrer dans 
le royaume de Dieu. 

99. Et après avoir ordonné des 
prétres en chaque église, et avoir 
prié et jeüné, ils les recomman- 
derent au Seigneur, en qui ils 
avaient cru. 

93. Traversant ensuite la Pisi- 
die,ils vinrent dans la Pamphylie; 

24. Puis ayant annoncé la pa- 
role du Seigneur à Perge, ils des- 
cendirent à Attalie, 

25. Et de là, firent voile pour 
Antioche, d'où on les avait com- 
mis à la grâce de Dieu pour 
l'œuvre qu'ils avaient accom- 
plie. 

26. Or, lorsqu'ils furent arri- 
vés, et quils eurent assemblé 
l'Eglise, ils racontèrent combien 
Dieu avait fait de grandes choses 


25. Supra, xii, 4. — Cuap. XV. 1. Gal., v 


ACTES DES APOTRES. 


2647 
avec eux, et qu'il avait ouvert 
aux gentils la porte de la foi. 

27. Et ils demeurerent là un 
certain temps avec les disciples. 


CHAPITRE XV. 


Dispute à Antioche sur les observations 
légales. Saint Paul et saint Barnabé 
vont à Jérusalem consulter les apótres. 
Concile de Jérusalem. Lettre du concile. 
Jude et Silas envoyés à Antioche avec 
Paul et Barnabé. Paul et Barnabé se 
séparent. 


1. Et quelques-uns, qui étaient 
descendus de Judée, enseignaient 
aux frères : Si vous n'étes circon- 
cis suivant le rit de Moïse, vous 
ne pouvez être sauvés. 

2. Paul et Barnabé s'étant donc 
fortement élevés contre eux, il 
fut résolu que Paul et Barnabé, 
et quelques-uns d'entreles autres, 
iraient à Jérusalem vers les 
apôtres et les prêtres pour cette 
question. 

3. Ceux-ci donc, accompagnés 
par l'Eglise, traversèrent la Phé- 
nicie et la Samarie, racontant la 
conversion des gentils; et ils cau- 
saient ainsi à tous les frères une 
grande joie. 

4. Arrivés àJérusalem, ils furent 
reçus par l'Eglise, parles apôtres 


12: 


93. * La Pisidie, province de l'Asie Mineure, bornée à l'est par la Lycaonie et la 


Cilicie, au sud par la Pamphylie, à l'ouest et au nord par la Phrygie. Les Apótres se 
dirigeant vers le sud, arrivent en Pamphylie, sur laquelle on peut voir Actes, 11, 10. 

94. * À Perge, capitale de la Pamphylie. Voir Actes, xii, 13. — 4170/70, aujourd'hui 
\ptali, ville et port de mer du sud-ouest de la Pamphylie, 8 l'embouchure du Catar- 
rachtès. Elle portait le nom d'Attalie, parce qu'elle avait été fondé par Attale II 
Philadelphe, roi de Pergame (159-138 avant Jésus-Christ). . 

25. D'où on les avait commis, etc., pour: D’où on les avait envoyés, en les commettant. 
C'est un genre de construction elliptique trés commun en hébreu. — * Pour Antioche 
de Syrie. Ici se termine par le retour au point de départ le premier grand voyage 
apostolique de S. Paul. Il avait duré cinq ans, de l'an 45 à l'an 50. 

1. * Les faits racontés dans ce chapitre se passérent en l'an 51. 

3. Accompagnés par l'Éolise; c'est-à-dire que l'Eglise les fit accompagner par quel- 
ques fidèles. — * La Phénicie. Voir Actes, xr, 19, 

4. * Les anciens, titre de dignité, les prétres. 


2048 
etles anciens, auxquels ils racon- 
terent combien Dieu avait fait de 
grandes choses avec eux. 

5. Mais que quelques-uns de la 
secte des pharisiens, qui avaient 
embrassé la foi, s'étaient levés, 
disant qu'il fallait qu'ils fussent 
circoncis, et qu'on leur ordonnát 
de garder la loi de Moise. 

6. Les apótres et les prétres 
s'assemblerent done pour exami- 
ner cette question. 

7. Mais aprés une grande dis- 
cussion, Pierre, se levant,leur dit: 
Hommes, mes freres, vous savez 
quen des jours déjà anciens, 
Dieu m'a choisi parmi vous afin 
que les gentils entendissent par 
ma bouche la parole de l'Evan- 
gile, et qu'ils crussent. 

8. Et Dieu, qui connnait les 
cœurs, leur a rendu témoignage, 
leur donnant  lEsprit-Saint, 
comme à nous ; 

9. Et il n'a fait entre nous et 
eux aucune différence, purifiant 
leurs cœurs par la foi. 

10. Maintenant donc, pourquoi 
tentez-vous Dieu, imposant aux 
disciples un joug que ni nos pères 
ni nous n'avons pu porter? 

11. Mais c'est par la gráce de 
Jésus-Christ que nous croyons 
étre sauvés, comme eux aussi. 

12. Alors toute l'assemblée se 


1. Supra, x, 20. — 8. Supra, x, 45. — 10. 


ACTES DES APOTRES. 


[cu. xv.] 


tut; et ils écoutaient Barnabé et 
Paul racontant combien de mi- 
racles et 00 prodiges Dieu avait 
faits par eux parmi les gentils. 

43. Et après qu'ils se furent 
tus, Jacques répondit, disant : 
Hommes, mes frères, écoutez- 
moi: 

14. Simon a raconté comment 
Dieu, dés le principe, a visité les 
gentils, afin de choisir parmi 
eux un peuple pour son nom. 

15. Etles paroles des prophètes 
s'accordent avec lui, ainsi qu'il 
est écrit: 

16. Après cela je reviendrai, et 
je rebâtirai le tabernacle de Da- 
vid, qui est tombé; je réparerai 
ses ruines et je 16 relèverai; 

17. Afin que le reste des hom- 
mes cherchent le Seigneur, et 
aussi toutes les nations sur les- 
quelles mon nom a été invoqué, 
dit le Seigneur, qui fait ces cho- 
ses. 

18. De toute éternité, Dieu con- 
nait son œuvre. 

19. C'est pourquoi moi, je juge 
qu'on ne doit pas inquiéter ceux 
d'entre les gentils qui se conver- 
tissent à Dieu, 

20. Mais leur écrire qu'ils s'ab- 
stiennent des souillures des ido- 
les, de la fornication, des ani- 
maux étouffés, et du sang. 


Amos., 1x, 11. 


5. Qu'ils fussent circoncis; c'est-à-dire que les gentils fussent circoncis quand ils 


se convertissaient. 


13. * Jacques le Mineur, premier évêque de Jérusalem, cousin de Notre Seigneur. 
14. Un peuple pour son nom; c'est-à-dire pour lui; un peuple qui lui appartiendrait 
d'une maniére toute particuliére. Nous avons déjà fait remarquer que dans l'Ecriture 
le nom se prend souvent pour la personne méme. Cela a lieu surtout quand il s'agit 


de Dieu. 


AT. Sur lesquelles mon nom a élé invoqué; ou bien qui sont appelées de mon nom, 
qui porlent mon nom. La phrase, en hébreu, est susceptible de ces deux sens. 
20. Les souillures des idoles signifient iciles viandes immolées aux idoles, divinités 


impures et abominables. 


[cn, xv.] 

91. Quant à Moise, depuis les 
lemps anciens, il a, en chaque 
ville, des hommes qui le préchent 
dans les synagogues, où on le lit 
tous les jours de sabbat. 

22. Alors il plut aux apótres et 
aux anciens, avec toute l'Eglise, 
de choisir quelques-uns d'entre 
eux, et de les envoyer, avec Paul 
et Barnabé, à Antioche : Jude, qui 
est surnommé Barsabas, et Silas, 
qui étaient des principaux entre 
les freres, 

93. Ecrivant par eux : Les 
APOTRES et les prêtres, frères, aux 
freres d'entre les gentils, qui 
sont à Antioche, et en Syrie et en 
Cilicie, salut. 

94. Comme nous avons appris 
que quelques-uns sortant d'au 
milieu de nous vous ont troublés 
par leurs discours, en boulever- 
sant vos ámes, quoique nous ne 
leur eussions donné aucun ordre, 

235. 1 a plu à nous tous de 
choisir des personnes et de les 
envoyer vers vous avec nos très 
chers Barnabé et Paul, 


ACTES DES APOTRES. 


2649 

26. Hommes qui ont exposé 
leur vie pour le nom de notre 
Seigneur Jésus-Christ. 

97. Nous avons donc envoyé 
Jude et Silas, qui vous rapporte 
rontles mémes choses de vive 
VOIX. 

98. Car il a semblé bon à l'Es- 
prit-Saint et à nous, de ne vous 
imposer aucun autre fardeau que 
ces choses-ci, qui sont néces- 
saires : 

29. Que vous vous absteniez de 
ce qui a été sacrifié aux idoles, du 
sang, des animaux étouffés, et de 
la fornication; en vous en abste- 
nant, vous agirez bien. Adieu. 

30. Ces envoyés donc se ren 
dirent à Antioche, et, les fideles 
rassemblés, ils  remirent [9 
lettre. 

91. Quand ils l'eurent lue, ils 
éprouvèrent beaucoup de joie et 
de consolation. 

32. Et comme Jude et Silas 
étaient eux-mêmes prophètes, ils 
consolerent les frères et les forti- 
fièrent parde nombreux discours. 


22. * Aux anciens, aux prêtres. — Jude... Barsabas n'est nommé que dans ce cha- 
pitre. — Silas, qui apparait ici pour la première fois, devint un des compagnons de 
S. Paul, qu'il suivit dans sa mission en Macédoine (Actes, xv, 40; xvir, 4). 11 demeura 
à Bérée quand S. Paul quitta cette ville, mais il rejoignit ensuite l'Apótre à Corinthe 
oü il continua probablement quelque temps à précher l'Evangile. Silas n'est qu'une 
contraction de Silvanus et c'est sous ce dernier nom que 5. Paul le mentionne dans 
ses Epitres. Le Silvanus par lequel S. Pierre envoya sa premiére Epitre aux Eglises 
de l'Asie-Mineure est probablement le même. 

23. Par eux; littér.: Par leurs muins. Voy. v, 12. — * En Syrie. Voir Matt., 1v, 24. 
— En Cilicie. Voir Actes, v, 9. 

29. Il était d'autant plus nécessaire de défendre expressément aux gentils la forni- 
cation, qu'elle passait généralement chez eux pour une chose permise. Quant au sang 
et à la chair des animaux étouffés, cette défense avait été faite aux hommes aussitót 
aprés le déluge. Saint Jacques est d'avis qu'on la maintienne, soit pour inspirer de 
plus en plus aux gentils convertis l'horreur du meurtre et du sang; soit afin que les 
Juifs eussent moins d'aversion pour les gentils qui embrassaient le christianisme, 
en les voyant d'accord avec eux sur un point qu'ils regardaient comme un des plus 
importants. Toutefois cette défense n'était que temporaire. 

32. Tous ceux qui avaient le don d'interpréterles Ecritures et de parler des choses 
de Dieu étaient appelés prophètes, aussi bien que ceux qui étaient inspirés pour 
prédire l'avenir, 


2000 


33. Et, aprés avoir passé là 
quelque temps, ils furent ren- 
voyés en paix par les frères 
à ceux qui les avaient envoyés. 

34. Cependant il parut bon à 
Silas de rester là, et Jude seul re- 
tourna à Jérusalem. 

39. Or Paul et Barnabé demeu- 
rèrent aussi à Antioche, ensei- 
gnant et annonçant avec plu- 
sieurs autres la parole de Dieu. 

36. Mais quelques jours après 
Paul dit à Barnabé : Retournons 
visiler nos frères dans toutes les 
villes où nous avons préché la 
parole du Seigneur, pour voir 
comment ils sont. 

31. Or Barnabé voulait prendre 
avec lui Jean, qui est surnommé 
Marc. 

98. Mais Paul lui représentait 
que celui qui les avait quittés en 
Pamphylie et n'était point allé 
avec eux pour cette ceuvre, ne 
devait pas étre repris. 

39. De làil y eut division entre 
eux, de sorte qu'ils se séparèrent 
lun de l’autre. Barnabé ayant 
donc pris Marc, s'embarqua pour 
Chypre. 

40. Et Paul ayant choisi Silas, 
partit, commis à la gráce de Dieu 
par les freres. 

41. Or il parcourait la Syrie et 


ACTES DES APOTRES. 


]68. xvi.] 


la Cilicie, contirmant les Eglises, 
et leur ordonnant de garder les 
préceptes des apótres et des 
prétres. 


CHAPITRE XVI. 


Paul prend avec lui Timothée. Il est dé- 
tourné de précher en Asie et en Bithy- 
nie; mais il est appelé en Macédoine. 
Il arrive à Philippes; conversion de 
Lydie. Pythonisse délivrée. Paul et Si- 
las, fouettés et mis en prison, conver- 
tissent le geólier; leur délivrance. 


1. Paul arriva à Derbe, puis à 
Lystre. Et voilà qu'il s'y trouvait 
un disciple du nom de Timothée, 
fils d'une femme juive fidele et 
d'un pere gentil. 

2. Les fréres, qui étaient à 
Lystre et à Icone, rendaient de 
lui un bon témoignage. 

3. Paul voulut l'emmener avec 
lui; il le prit donc et le circoncit 
àcause des Juifs qui étaient en 
ces lieux. Car tous savaient que 
son père était gentil. 

4. Or, en allant par les villes, 
ils leur recommandaient d'obser- 
verles décisions qui avaient été 
prises par les apótres et les an- 
ciens qui étaient à Jérusalem. 

5. Ainsi les Eglises s'affermis- 
saient dans la foi et croissaient 
en nombre tous les jours. 

6. Mais, comme ils traversaient 


31. * Jean... Marc. Voir Actes, xir, 12. 


38. * En Pamphylie. Voir Actes, xur, 13. 


39. * Pour Chypre. Voir Actes, xt, 19. 


40. * C'est le commencement du second voyage apostolique de S. Paul, en l'an 51, 
41. * La Syrie. Voir Matt., 1v, 24. — La Cilicie. Voir Actes, v, 9. 


1. * Derbe, Lystre. Voir Actes, xiv, 6. — Timothée. Voir l'Introduetion aux Epitres 


pastorales. 
2. * Icone. Voir Actes, xir, 51. 


3. Saint Paul ἃ pu circoncire Timothée, parce que les apótres n'avaient pas défini 
que la circoncision était illicite; ils s'étaient bornés, comme on le voit dans le cha- 
pitre précédent, à déclarer qu'elle n'était plus nécessaire. 


4. * Les anciens, les prétres. 


6. * La Phrygie. Voir Act., 1 10. — La Galatie. Voir Actes, xvi, 23. — Dans (Asia 


xvi.]‏ .אס] 


la Phrygie et le pays de Galatie, 
il leur fut défendu par lEsprit- 
Saint d'annoncer la parole de 
Dieu dans l'Asie. 

7. Etant venus en Mysie, ils 
tentèrent d'aller en Bithynie; 
mais l'Esprit de Jésus, ne le leur 
permit pas. 

8. Lorsqu'ils eurent traversé la 
Mysie, ils descendirent à Troas; 

9. Et Paul eut, la nuit, une vi- 
sion : Un certain homme de Ma- 
cédoine se tenait devant lui, le 
priant et disant : Passe en Macé- 
doine, et secours-nous. 


ACTES DES APOTRES. 


2651 

10. Aussitôt qu'il eut eu celte 
vision, nous cherchàmes à partir 
pour la Macédoine, assurés que 
Dieu nous appelait à y précher 
l'Evangile. 

11. Nous étant donc embarqués 
à Troas, nous vinmes droit à 
Samothrace, et le jour suivant à 
Néapolis, 

12. Et de là à Philippes, colonie 
qui est la première ville de cette: 
partie de la Macédoine. Or nous 
demeurâmes quelques jours à 
conférer dans cette ville. 

13. Le jour du sabbat, nous 


ו 
ו 


proconsulaire qui comprenait la plus grande partie de l'Asie Mineure orientale, c'est- 
à-dire, outre la Phrygie, la Mysie, la Lydie et la Carie. 

1. * En Mysie, province de l'Asie Mineure, faisant partie de l'Asie proconsulaire, 
entourée à l'est et en partie au nord par la mer Egée, entre la Propontide ou mer de 
Marmara et la Lydie, avait pour villes principales Pergame, Troas et Assos. — En 
Bithynie, autre province de l'Asie Mineure bornée au nord par le Pont Euxin, à 
l'ouest par la Propontide et la Mysie, au sud par la Phrygie et la Galatie et à l'est 
par la Paphlagonie. 

8. * Troas, ville et port de mer prés de l'Hellespont, entre les promontoires de 
Lectum et de Sigée, au sud de l'ancienne Troie, regardée par quelques-uns comme 
appartenant à la Mysie inférieure. Fondée par le roi Antigone, elle avait porté d'abord 
le nom d'Antigonia Troas; plus tard Lysimaque l'appela Alexandria Troas en l'hon- 
neur d'Alexandre le Grand. Elle était trés florissante à l'époque romaine et Auguste 
en fit une colonie avec tous les priviléges attachés à ce titre. L'étendue de ses ruines 
atteste quelle fut son importance. Elle la devait à sa situation sur la route qui me- 
nait en Macédoine de diverses parties de l'Asie Mineure. S. Paul arriva à Troas en 
l'an 52. 

9.* Macédoine, pays situé au nord de la Grèce proprement dite et borné à l'est par la 
Thrace, au nord par la Moesie, à l'ouest par l'lllyrie et au sud par l'Epire et la Thes- 
salie. Ses limites ont d'ailleurs varié à diverses époques. La Macédoine fut conquise par 
les Romains au temps de Persée, 161 av. J.-C., et divisée peu aprés en quatre districts 
qui avaient pour chefs-lieux Amphipolis, Thessalonique, Pella et Pelagonia. En 143 
av. J.-C., elle devint une province proconsulaire, unique jusqu'au régne de Tibére 
Sous Claude, toute la Gréce fut partagée en deux provinces sous le nom d'Achaie et 
de Macédoine. Les villes macédoniennes mentionnées dans les Actes sont Néapolis, 
Philippes, Apollonie, Bérée, Thessalonique, Amphipolis, Apollonie. La mission de 
S. Paul en Macédoine eut lieu en l'an 52. 

11. * Samothrace, ile dela mer Egée, au nord de Lemnos, au sud de la cóte de la 
Thrace, appelée d'abord Dardanie et plus tard Samothrace, parce qu'elle fut occupée 
successivement par les Thraces et par les Samiens. Elle était célèbre par les mystères 
de Cérés et de Proserpine qu'on y célébrait. — Néapolis, ville et port de mer sur la 
mer Egée, avait appartenu d'abord à la Thrace, mais fut incorporée à la Macédoine 
par Vespasien. 

12. * Philippes, ville de Macédoine, dans la première région de cette province, 
d'aprés la division romaine, sur la mer Egée entre le Strymon et le Nestus, sur la 
frontière de Thrace, à trente-trois milles romains au nord d'Amphipolis, à dix milles 
de Néapolis où 5. Paul avait débarqué. Auguste en avait fait une colonie. Elle tirait 
son nom de Philippe Ier, roi de Macédoine. 


2652 
sortimes hors de la porte près du 
fleuve, oü il paraissait que se fai- 
sait la prière; et, nous asseyant, 
nous parlàmes aux femmes qui 
s'étaient assemblées. 

14. Et une femme, nommée 
Lydie, marchande de pourpre de 
la ville dé Thyatire, et servant 
Dieu, nous écouta; et le Seigneur 
ouvrit son cœur pour prêter at- 
tention à ce que disait Paul. 

15. Lorsqu'elle eut été bapti- 
sée, elle et sa maison, elle nous 
pria, disant : Si vous m'avez ju- 
gée fidèle au Seigneur, entrez 
dans ma maison, et demeurez-y. 
Et elle nous y forca. 

16. Or il arriva qu'allant à la 
prière, nous rencontrámes une 
jeune fille ayant un esprit de py- 
thon, laquelle apportait un grand 
gain à ses maitres, en devinant. 

11. Cette jeune fille nous sui- 
vant, Paul et nous, criait, disant : 
Ces hommes sont des serviteurs 
du Dieu Très-Haut, qui vous an- 
noncent la voie du salut. 

18. Elle fit cela pendant bien 
des jours. Cependant Paul, le 
souffrantavec peine, et se retour- 
nant, dit à l'esprit : Je te com- 
mande, au nom de Jésus-Christ, 
de sortir d'elle. Etil sortitàl heure 
méme. 


ACTES DES APOTRES. 


xvr.]‏ .אס] 


19. Mais ses maitres, voyant 
que l'espoir de leur gain était 
perdu, se saisirent de Paul et de 
Silas, et les conduisirent sur la 
place publique devant les autori- 
tés ; 

20. Et les présentant aux ma- 
gistrats, ils dirent : Ces hommes 
troublent notre ville, attendu que 
ce sont des Juifs, 

21. Qui enseignent des pra- 
tiques qu'il ne nous est pas per- 
mis de recevoir ni de suivre, 
puisque nous sommes Romains. 

22. Et le peuple courut sur eux; 
etles magistrats, leurs vêtements 
déchirés, ordonnèrent qu'ils fus- 
sent déchirés de verges. 

23. Et, quand on les eut char- 
gés d'un grand nombre de coups, 
ils les envoyèrent en prison, or- 
donnant au geólier de les garder 
soigneusement. 

24. Le geólier, ayant recu cet 
ordre, les mit dans la prison 
basse, et serra leurs pieds dans 
les ceps. 

98. Or, au milieu de la nuit, 
Paul et Silas priant, louaient 
Dieu; et ceux qui étaient dans la 
prison, les entendaient. 

26. Tout-à-coup il se fit un 
grand tremblement de terre, de 
sorte que les fondements de la 


XVI. 22. II Cor., xi, 25; Phil., 1, 13; 1 Thess., 1, 2.‏ .פאס 


14. * Lydie était probablement une personne riche et ne résidait que temporaire- 
ment à Philippes. — TAyatire, sa patrie, célèbre par ses 60011608 de pourpre, était une 
ville de Lydie, en Asie-Mineure, colonisée par les Macédoniens, entre Sardes et Per- 


game, sur la rivière du Lycus. 


16. Un esprit de python; un esprit de magie. 


19. * Silas. Voir Actes, xv, 22. 


Nous sommes Romains, parce que Philippes était une colonie romaine.‏ * .ופ 


22, Déchirés de verges. Voy. Matt., xxr, 35. 

24. Ces ceps sont deux ais de bois qui se réunissent, et qui sont percés à diverses 
distances, dans les trous desquels on mettait les pieds des prisonniers à plus ou 
moins de distance; les prisonniers demeuraient ainsi couchés sur le dos, ayant les 
pieds serrés et les jambes étendues, d'une manière fort génante. 


[cu. xvir.] 


prison furent ébranlés. Et aussi- 
tót toutes les portes s'ouvrirent, 
etles liens de tous les prisonniers 
furent brisés. 

97. Alors, réveillé et voyant les 
portes de la prison ouvertes, le 
geólier tira son épée, et il voulait 
se tuer, pensant que les prison- 
niers s'étaient enfuis. ! 

98. Mais Paul cria d'une voix 
forte, disant : Ne te fais pas de 
mal, car nous sommes tous ici. 

29. Etle geólier, ayant demandé 
de la lumiere, entra; et, tout 
tremblant, il tomba aux pieds de 
Paul et de Silas; 

30. Et les faisant sortir, il de- 
manda : Seigneurs, que faut-il 
que je fasse pour étre sauvé? 

31. Ils lui répondirent : Crois 
au Seigneur Jésus, et tu seras 
sauvé, toi et ta maison. 

32. Et ils lui annoncèrent la pa- 
role du Seigneur, à lui et à tous 
ceux qui étaient dans sa maison. 

33. Et lui, les prenant à cette 
méme heure de la nuit, il lava 
leurs plaies, et il fut baptisé, lui 
et toute sa maison, aussitót 
apres. 

34. Puis, les ayant conduits 
chez lui, il leur servit à manger; 
et il se réjouit avec toute sa mai- 
son de ce qu'il avait cru en Dieu. 

35. Lorsqu'il fit jour, les ma- 
gistrats envoyèrent les licteurs, 


ACTES DES APOTRES. 


2653 
disant : Laisse aller ces hommes. 

36. Aussitôt le geólier rapporta 
ces paroles à Paul : Les magis- 
irats ont mandé de vous relâcher ; 
maintenant done, sortez et allez 
en paix. 

31. Mais Paul dit aux lieteurs : 
Apres nous avoir publiquement 
déchirés de verges, sans juge- 
ment, nous, citoyens romains, ils 
nous ont mis en prison, et main- 
tenant ils nous renvoient en se- 
cret? Il n'en sera pas ainsi, mais - 
qu'ils viennent, 

38. Et nous délivrent eux- 
mêmes. Les licteurs rapporterent 
donc ces paroles aux magistrats. 
Or ceux-ci furent saisis de crainte, 
ayant appris qu'ils étaient Ro- 
mains. 

39. Ils vinrent donc les sup- 
plier; et les faisant sortir, ils les 
prierent de se retirer de la ville. 

40. Or, sortant de la prison, ils 
allérent chez Lydie; et ayant vu 
les freres, ils les consolerent et 
partirent. 


CHAPITRE XVII. 


Paul à Thessalonique; les Juifs y sou- 
lévent le peuple contre lui. Il passe à 
Bérée; les Juifs de Thessalonique l'y 
poursuivent. Il est conduit à Athènes. 
Il préche dans l'Aréopage. 


1. Aprés avoir passé par Am- 
phipolis et Apollonie, ils vinrent 


35. * Les licteurs, officiers publics qui portaient des faisceaux de verges devant les 
magistrats romains et exécutaient leurs ordres. 

31. * Sans jugement, nous, citoyens romains. La loi romaine protégait avec beau- 
coup de soin les citoyens romains. « Beaucoup, dit Cicéron, peuvent étre absous 
aprés qu'on a entendu leur cause; personne ne peut étre condamné sans avoir été 
entendu. C'est un crime d'enchainer et de frapper un citoyen romain. » 


1. * Amphipolis, ville de Macédoine sur le Strymon, qui l'entourait, colonie athé- 
nienne, métropole sous les Romains de la première subdivision de la Macédoine. — 
Apollonie, autre ville de Macédoine, dans le district de Mydonie, dédiée à Apollon, 
d’où elle tirait son nom. Elle était située entre Amphipolis et Thessalonique, à trente 


2604 
à Thessalonique, à l'endroit où 
était la synagogue des Juifs. 

9. Or, selon sa coutume, Paul 
y entra, et pendant trois sabbats, 
il les entretint des Ecritures, 

3. Leur découvrant et leur fai- 
sant voir qu'il a fallu que le Christ 
souffrit, et qu'il ressuscitát des 
morts ; et ce Christ, disait-il, est 
Jésus-Christ, que je vous an- 
nonce. 

4. Quelques-uns d'entre eux 
crurent, et se joignirent à Paul 
et à Silas, aussi bien qu'une 
grande multitude de prosélytes, 
de gentils, et beaucoup de fem- 
mes de qualité. 

5. Mais les Juifs, poussés par 
lenvie, prirent avec eux quel- 
ques hommes méchants de la lie 
du peuple, et, les attroupant, ils 
suscitèrent un mouvement dans 
la ville; puis, assiégeant la mai- 
son de Jason, ils cherchaient Paul 
et Silas, pour les mener devant 
le peuple. 

6. Et ne les ayant point trou- 
vés, ils trainerent Jason et quel- 
ques-uns des freres devant les 
magistrats de la ville, criant : 
Voici ceux qui troublent la ville, 
et qui sont venus ici, 

1. Ceux que Jason a reçus; or 
tous sont rebelles aux décrets de 


ACTES DES APOTRES. 


[cH, x vit. 


César, disant qu'il y a un autre 
roi, Jésus. 

8. C'est ainsi qu'ils émurent le 
peuple et les magistrats de la 
ville, qui entendirent ce discours. 

9. Mais Jason et les autres ayant 
donné caution, ils les ren- 
voyerent. 

10. Et aussitôt les frères firent 
partir de nuit pour Bérée, Paul 
et Silas. Lorsqu'ils y furent arri- 
vés, ils entrèrent dans la syna- 
gogue des Juifs. 

11. Or ceux-ci avaient des sen- 
timents plus nobles que ceux de 
Thessalonique; ils reçurent la pa- 
role avec la plus grande avidité, 
cherchant tous les jours dans les 
Ecritures s'il en était ainsi. 

19. De sorte que beaucoup 
d'entre eux crurent, et parmi les 
gentils, beaucoup de femmes de 
qualité, et des hommes en assez 
grand nombre. 

13. Mais quand les Juifs de 
Thessalonique surent que la pa- 
role de Dieu était préchée par 
Paul à Bérée méme, ils y vinrent 
soulever et troubler la multitude. 

14. Aussitót les freres firent 
partir Paul, pour qu'il allât jus- 
qu'àla mer; mais Silas et Timo- 
thée demeurerent à Bérée. 

15. Or ceux qui conduisaient 


milles romains de la premiére et à trente-six milles de la seconde. — TAessalonique, 
métropole de la seconde partie de la Macédoine, port de mer sur le golfe Ther- 
maique, ville trés peuplée et trés florissante au temps de S. Paul. Elle tirait son nom 
de Thessalonica, sceur d'Alexandre-le-Grand et femme de Cassandre, qui l'avait bátie. 

4. * Silas. Voir Actes, xv, 22. 

5. * Jason était probablement le parent de S. Paul mentionné Romains, xvi, 21. 

10. * Bérée, ville de la troisiéme subdivision dela Macédoine, non loin de Pella, 
au pied du mont Bermius. Sosipatre, qui fut un des compagnons de S. Paul, était de 
Bérée, s'il est le méme que Sopater d'Actes, xx, 4, comme cela est probable. 

15. * Athènes, la célèbre ville de l'Attique, faisait partie du temps de S. Paul de la 
province romaine d'Achaie; mais c'était une ville libre, jouissant à ce titre de beau- 
coup de privilèges et en particulier de celui de diriger elle-même ses affaires intérieures. 
1] y avait à Athènes quatre collines dont trois, au nord, formaient une espèce de 
demi-cercle : l'Acropole, à l'est. rocher d'environ 45 mètres de hauteur; à l'ouest, 


[cu. xvir.] 


Paul, le menèrent jusqu'à Athe» 
nes; et ayant reçu de lui, pour 
51188 et Timothée, l'ordre de venir 
le rejoindre au plus vite, ils par- 
tirent. 

16. Pendant que Paul les at- 
tendait à Athènes, son esprit était 


ému en lui, voyant cette ville. 


livrée à l'idolátrie. 

17. ll disputait donc dans la 
synagogue avec les Juifs et les 
prosélytes, et tous les jours sur 
la place publique avec ceux qui 
s'y rencontraient. 

18. Quelques philosophes épi- 
curiens et stoiciens discouraient 
aussi avec lui, et plusieurs di- 
saient : Que veut dire ce semeur 
de paroles? Et d'autres : Il parait 
annoncer des dieux nouveaux; 
parce qu'il leur annonçait Jésus 
et la résurrection. 

49. Et, l'ayant pris, ils le con- 
duisirent devant l'Aréopage, di- 
sant: Pouvons-nous savoir quelle 


ACTES DES APOTRES. 


2655 
est cette nouvelle doctrine que 
tu publies ? 

20. Car tu portes à nos oreilles 
de certaines choses nouvelles; 
nous voudrions donc savoir ce 
que ce peut être. P 

91. (Ortous les Athéniens et les 
étrangers demeurant à Athènes 
ne s'occupaient qu'à dire ou à 
entendre quelque chose de nou- 
veau.) 

92. Ainsi, étant au milieu de 
l'Aréopage, Paul dit : Athéniens, 
je vous vois, en toutes choses, 
religieux presque jusqu'à l'exces. 

23. Car, passant, et voyant vos 
simulacres, j'ai trouvé méme un 
autel où il était écrit: Au Dreu 
INCONNU. ע0‎ ce que vous adorez 
sans le connaitre, moi, je vous 
l'annonce. 

24. Le Dieu qui a fait le monde, 
et tout ce qui est dansle monde, 
ce Dieu, étant le Seigneur du ciel 
et de la terre, n'habite point en 


(βαρ. XVII. 24. Genèse, 1, 1; Supra, vir, 48. 


l'Aréopage ou colline de Mars (Arés), moins élevé que l'Acropole, et ensuite le Pnyx 
où se tenaient les assemblées du peuple. La quatrième colline, appelée le Muséum, 
était au sud. L'agora ou place publique (Y. 11) qui servait de lieu de réunion et de 
marché était dans la vallée entre les quatre éminences. S. Paul fut pris de l'agora 
pour étre conduit sur la colline de l'Aréopage (Y. 19) oà le grand tribunal auquel la 
colline donnait son nom tenait ses séances. S. Paul est conduit sur la colline de 
l'Aréopage (non devant le tribunal pour y étre jugé) afin d'exposer sa doctrine devant 
la multitude. Ces faits se passaient en l'an 53. 

11. Prosélytes. Voy. 1, 11. 

18. Des dieux ; littér.: des démons. Mais, sous le nom de démons, les Grecs enten- 
daient des dieux à leur manière. — * Quelques philosophes épicuriens et stoiciens. 
Les Epicuriens (disciples d'Epicure, né à Samos (341-210 av. J.-C.), mais d'origine athé- 
nienne et ayant passé la plus grande partie de sa vie à Athènes), faisaient consister 
le bien moral dans le plaisir et croyaient que les dieux ne s'occupaient pas des 
hommes. Leur doctrine était done en opposition complète avec l'évangile. Les Síoi- 
ciens, ainsi appelés du portique (s{oa en grec) où leur fondateur Zénon (ive siècle 
avant J.-C.) enseignait à Athènes, faisaient consister la sagesse dans la résignation 
et 16 mépris de la douleur. Leur enseignement favorisait l'orgueil et était ainsi en 
contradiction avec le christianisme. 

23. * Pausanias, dans sa description d'Athénes, dit que l'autel au Dieu inconnu 
était prés de Phalére où peut-être S. Paul avait débarqué. 

24. La divinité n'est point renfermée dans les temples, comme en ayant besoin 
pour sa demeure, ou pour d'autres usages, ainsi que les paiens le croyaient, Mais, 
comme elle est présente en tout lieu, elle se trouve là, comme ailleurs. 


2656 
des temples faits de la main des 
hommes, 

95. Et n'est point honoré par les 
ouvrages des mains des hommes, 
commes'ilavaitbesoin de quelque 
chose, puisqu'il donne lui-même 
à tous la vie, la respiration et 
toutes choses ; 

26. Il ἃ fait que d’un seul toute 
la race des hommes habite sur 
. toute la face de la terre, déter- 
minant les temps de leur durée 
et les limites de leur demeure ; 

27. Afin qu'ils cherchent Dieu, 
et s'efforcent deletrouvercomme 
à tâtons, quoiqu'il ne soit pas 
loin de chacun de nous. 

98. Car c'es en lui que nous 
vivons, et que nous nous mou- 
vonsetquenous sommes ;comme 
quelques-uns assurément de vos 
poétes l'ont dit: nous sommes 
méme de sa race. 

29. Puisque donc nous sommes 
la race de Dieu, nous ne devons 
pas estimer que l'étre divin soit 
semblable à de l'or, ou à de l'ar- 
gent, ou àde la pierre sculptéepar 
l'art et l'industrie de l'homme. 

30. Mais, fermant les yeux sur 
les temps d'une telle ignorance, 
Dieu annonce maintenant aux 


ACTES DES APOTRES. 


[ἐπ. xvur.] 


hommes que tous, en tous lieux, 
fassent pénitence ; 

31. Parce qu'il a fixé un jour 
auquelil doit jugerle monde avec 
équité par l'homme qu'il a établi, 
comme il en a donné la preuve à 
tous, en le ressuscitant d'entre 
les morts. 

32. Mais lorsqu'ils entendirent 
parler de résurrection de morts, 
les uns se moquaient, etles autres 
dirent : Nous t'entendrons là- 
dessus une autre fois. 

33. C'est ainsi que Paul sortit 
d'au milieu d'eux. 

34. Quelques-uns cependant, 
s'attachant à lui, crurent : entre 
lesquels, Denys l'aréopagite, et 
une femme du nom de Damaris, 
et d'autres avec eux. 


CHAPITRE XVIII. 


Paul vient à Corinthe; il travaille des 
mains avec Aquila et Priscille.Il quitte les 
Juifs et instruit 168 gentils. Il est accusé 
devant le proconsul. Il vient à Ephése, 
va à Jérusalem, revient à Antioche, par- 
court la Galatie et la Phrygie. Apollon 
vient à Ephèse et passe en Achaïe. 


1. Après cela, Paul étant parti 
d'Athènes, vint à Corinthe ; 


9. Et ayant trouvé un certain 
Juif, du nom d'Aquila, originaire 


28. * Quelques-uns de vos poétes, Aratus, poéte cilicien, compatriote de S. Paul, et 
Cléanthe, disciple de Zénon. Ces deux 06168 vivaient au troisième siècle avant J.-C. 

34. * Denys l’aréopagile, c'est-à-dire juge au tribunal de l'Aréopage, selon la tra- 
dition de l'Eglise, devint le premier évéque de Paris et fut martyrisé à Montmartre. 
— Damaris. La mention qui est faite ici d'elle prouve qu'elle était de haut rang. On 
ἃ supposé sans preuve que c'était la femme de Denys l'Aréopagite. 


1. * A Corinthe, ville capitale de l'Achaie propre, dans l'isthme du Péloponèse, entre 
la mer Ionienne et la mer Egée. Voir l'introduction aux Epîtres aux Corinthiens. Le 
voyage de S. Paul à Corinthe eut lieu l'an 53 de notre ère. Il y séjourna pendant une 
partie de l'an 54 jusque vers la fête de Pâques. 

2.* Aquila, d'origine juive, né en Asie Mineure, dans le Pont (voir Actes, 11, 9), 
avait vécu à Rome avec sa femme Priscille jusqu'en l'an 50 ou 51 où l'empereur 
Claude (voir Actes, xr, 28) bannit tous les Juifs de sa capitale, à cause des troubles 
quils y avaient excités et qui paraissent avoir eu pour cause la division que la pré- 
dication du christianisme amena entre les Juifs qui refusèrent de se convertir et 
ceux qui se convertirent. Priscille parait avoir été une femme remarquable et avoir 


= 


[cu. xvur.] 


du Pont, qui était depuis peu 
venu d'Italie avec Priscille, sa 
femme (parce que Claude avait 
ordonné à tous les Juifs de sortir 
de Rome), il se joignit à eux. 

3. Et comme il était du méme 
métier, il demeurait chez eux et y 
travaillait: or leur métier était 
de faire des tentes. 

4. Mais il disputait dans les 
synagogues tous les jours de 
sabbat, interposant le nom du 
Seigneur Jésus, et il s'efforcait de 
persuader les Juifs etles Grecs. 

5. Et lorsque Silas et Timothée 
furent venus de Macédoine, Paul 
s'appliquait à précher avec plus 
d'ardeur encore, annoncant hau- 
tement aux Juifs le Christ Jésus. 

6. Mais les Juifs le contredisant 
et blasphémant, il secoua ses 
vetements et leur dit : Que votre 
sang soit sur votre téte, j'en suis 


(βαρ. XVIII. — 8. I Cor., 1, 14. 


ACTES DES APOTRES. 


2657 
pur; et désormais j'irai vers les 
gentils. 

7. En sortant delà, ilentra dans 
la maison dun homme nommé 
Tite Juste, qui servait Dieu, et 
dont la maison était attenante à 
la synagogue. 

8. Cependant Crispe, chef de la 
synagogue, erut au Seigneur avec 
toute sa famille. Beaucoup de 
Corinthiens, ayant entendu Paui, 
crurent aussi et furent baptisés. 

9. Or le Seigneur dit à Paul la 
nuit, dans une vision : Ne crains 
point, mais parle, et ne te tais pas; 

10. Car je suis avec toi, et per- 
sonne n'ira à ton encontre, pour 
te nuire, parce que j'ai un peuple 
nombreux dans cette ville. 

11. 11 demeura donc à Corinthe 
unan etsix mols, enseignant chez 
eux la parole de Dieu. 

12. Mais Gallion étant procon- 


joué avec Aquila un róle assez important dans les temps apostoliques. Elle s'était 
retirée avec son mari à Corinthe et c'est là qu'ils rencontrérent S. Paul. On ignore 
s'ils étaient déjà chrétiens ou si ce fut l'Apótre qui leur fit embrasser la religion 
nouvelle. 115 accompagnérent plus tard S. Paul à Ephése et quand le décret de ban- 
nissement de Claude fut tombé en désuétude, ils retournérent à Rome. La tradition 
nous apprend qu'ils moururent l'un et l'autre martyrs. — Priscille est 16 diminutif de 
Prisca ou Prisque et cette femme est nommée indifféremment sous l'une ou l'autre 
forme, conformément à un usage commun chez les Latins. 

3. " Leur mélier était de faire des tentes. En Orient, pour des voyages un peu con- 
sidérables, il fallait emporter avec soi des tentes afin de s'y abriter. S. Paul et Aquila 
fabriquaient de ces petites tentes. Ce métier était trés commun en Cilicie, patrie de 
S. Paul; on y faisait des tentes en grand nombre avec du poil de chévre et ce tissu 
avait pris le nom de cilicium, du pays d’où il venait. S. Paul avait dû apprendre ce 
métier pendant qu'il faisait ses études, selon la coutume juive d'enseigner à chacun 
les moyens de gagner sa vie en cas de besoin. 

5. * Silas. Voir Actes, xv, 22. — Timothée. Voir Actes, xvi, 1. — De Macédoine. 
Voir Actes, xvi, 9. 

1. * Tite Juste. Le nom de Tite ne selit pas dans la plupart des manuscrits grecs. 
Ce Corinthien n'est point le Tite à qui S. Paula écrit une de ses Epitres pastorales. 

8. " Crispe, chef de la synagogue. Sur le chef de la synagogue, voir Marc, v, 22. 
Crispe ou Crispus fut baptisé par S. Paul, I Cor., 1, 14. 

12. * Gallion. « Le proconsul au tribunal duquel on traîne l'Apótre est Gallion (+ 65), 
frére de Sénéque le philosophe et oncle du poéte Lucain. Non moins versé dans la 
littérature que dans l'administration, ce magistrat, d'origine obscure, avait pris le 
nom d'un Romain opulent, Junius Gallio, qui l'avait adopté; et la faveur de son frére 
lui avait valu le proconsulat d'Achaie. Sénéque bi dédia son traité De La Colère, en 


N. T. 467 


2808 
sul d'Achaie. les Juifs, d'un com- 
mun accord, s'éleverent contre 
Paul, et le conduisirent à son 
tribunal, 

13. Disant : Celui-ci persuade 
aux hommes de rendre à Dieu un 
culte contraire à la loi. 

14. Et au moment où Paul 
commençait à ouvrir la bouche, 
Gallion dit aux Juifs : S'il s'agis- 
sait, ὃ Juifs, de quelque injustice 
ou de quelque crime, je vous 
écouterais, comme c'est mon de- 
voir. 

15. Mais si ce ne sont que des 
questions de mots, de noms et 
de votre loi, voyez vous-mémes; 


18. Num., vi, 18; Infra, xxt, 24. 


ACTES DES APOTRES. 


(cu. xvi.] 
je ne veux pas, moi, étre juge de 
ces choses. 

16. Etilles renvoya de son tri- 
bunal. 

11. Et tous, s’emparant de Sos- 
thene, chef de la synagogue, le 
frappaient devant le tribunal, et 
Gallion ne s'en mit nullement en 
peine. 

18. Aprés qu'il eut demeuré un 
certain nombre de jours encore, 
Paul dit adieu aux freres, et fit 
voile pour la Syrie (et avec lui 
Priscille et Aquila), s'étant fait au- 
paravant couper les cheveux à 
Cenchrée ; car 11 avait fait un vœu. 

19. Et il vint à Ephèse, où il 


lui rendant ce témoignage, confirmé par Stace et non contredit par S. Luc, qu'il était 
le plus patient et le plus pacifique des hommes : Dulcis Gallio. 1[ eut besoin plus 
tard de sa patience et de sa philosophie pour supporter la disgráce de son frère, et 
la sienne qui suivit de prés. S. Paul était à Corinthe depuis dix-huit mois, lorsqu'il 
comparut devant ce proconsul. » (L. BaAcugz.) — Proconsul d'Achaie. L'Achaie, dans 
le sens restreint, désignait la partie maritime septentrionale du Péloponése. Dans 
son sens plus étendu, celui qu'il a ici et dans tout le Nouveau Testament, l'Achaie 
est la province romaine qui depuis l'an 146 avant J.-C. comprenait toute la Gréce, à 
l'exception de la Thessalie, qui taisait partie de la province de Macédoine. 

11. * Sosthène avait peut-être remplacé Crispe comme chef de la synagogue de 
Corinthe après la conversion de ce dernier. S. Paul, dans sa première Epitre aux 
Corinthiens, 1, 1, nomme un Sosthéne parmi ses collaborateurs. On ignore si c'est celui 
dont il est question ici. Ce nom était assez commun chez les Grecs. 

18. * Pour la Syrie. Voir Matt., iv, 24. — S'étant fait auparavant couper les cheveux..., 
car il avait fait un vœu, pour remercier sans doute le Seigneur du succès de sa mission 
apostolique. Josèphe dit que c'était de son temps une pieuse coutume parmi les Juifs 
de recourir à la protection divine en s'engageant à offrir un sacrifice dans le temple de 


| 


D 


Jérusalem et, trente jours auparavant, à se couperles cheveux et à s'abstenir de vin. 
— A Cenchrée, un des ports de Corinthe, du côté de l'Asie, sur le golfe Salonique. 
ï 19. * « Ephèse, ville libre de l'empire, bâtie sur les bords du Caistre, entre Milet 


et Smyrne, célèbre par son commerce, son temple de Diane et son zèle pour le culte 


. de sa grande déesse, était la métropole de l'Asie proconsulaire. Au-dessous du pro: | 


consul, qui avait le gouvernement de la province, était un magistra*, nommé Scribe, 
ou intendant de la cité. Des dignitaires nommés Asiarques, veillaieut aux fêtes reli- 
gieuses et aux représentations scéniques. Les Ephésiens passionnés pour l'honneur 
de la déesse ne l'étaient pas moins pour le plaisir et pour la magie, et il était dif 
ficile de trouver ailleurs plus de fanatisme et de superstition. — Le premier séjour 
de S. Paul en cette ville, au retour de sa seconde mission, fut de courte durée; mais 
l'Apótre revint bientôt et y séjourna deux ans et quelques mois (55-58), c'est-à-dire 
plus longtemps qu'en aucun autre endroit, excepté Rome. Malgré l'opposition des 
Juifs, qui s'y étaient établis en grand nombre, ses travaux produisirent des fruits 
abondants qui s'étendirent à toute la province d'Asie. Il écrivit de là sa première 
Epitre aux Corinthiens. Obligé de s'éloigner de l'Eglise qu'il avait ‘ondée, il lui 
donna pour évéque Timothée, son disciple; ce qui n'empécha pas S. θαι" de s'établir 


ΕΞ: 


— ον. «- 


[cr, xix.] ACTES DES 


laissa Priscilleet Aquila. Mais lui, 
étant entré dans la synagogue, 
il disputait avec les Juifs. 

90. Et ceux-ci le priant de res- 
ter plus longtemps avec eux, il 
n'y eonsentit point. 

91. Maisayant pris congé d'eux, 
et leur ayant dit : Je reviendrai 
vers vous, si Dieu le veut, il 
partit d'Ephèse, 

99. Et étant descendu à Césa- 
rée, il monta et salua l'Eglise; 
puis il descendit à Antioche. 

23. Et aprés y avoir passé 
quelque temps, il partit, parcou- 
rant par ordre tout le pays de 
Galatie et la Phrygie, et fortifiant 
tous les disciples. 

24. Or un Juif, du nom d'A- 
pollo, Alexandrin d'origine, hom- 
me éloquent et puissant dans les 
Ecritures, vint à Ephèse. 

95. Il avait été instruit de la 
voie du Seigneur, et, fervent 
d'esprit, il parlait et enseignait 
avec soin ce qui regarde Jésus, 
mais ne connaissant que le bap- 
téme de Jean. 

26. Il commença donc à parler 


APOTRES. 2659 
avec assurance dans la synago- 
gue. Lorsque Priscille et Aquila 
l'eurent entendu, ils le prirent 
chez eux, et lui exposerent avec 
plus de soin la voie du Seigneur. 

27. Et comme 11 voulait aller en 
Achaïe, les frères qui l'y avaient 
exhorté, écrivirent aux disciples 
de le recevoir. Lorsqu'il fut arri- 
vé, il servit beaucoup à ceux qui 
avaient embrassé la foi. 

28. Car il convainquait forte- 
ment les Juifs, montrant par 
les écritures que Jésus est le 
Christ. 


CHAPITRE XIX. 


Paul vient à Ephése, Disciples qui n'a- 
valent recu que le baptême, de Jean. 
Miracles de Paul. Exorcistes. Juifs bat- 
tus par les démons. Progrès de la pa- 
role divine. Sédition contre Paul, exci- 
tée par Démétrius. 


1. Or il arriva pendant qu'A- 
pollo était à Corinthe, que Paul, 
ayant parcouru les provinces su- 
périeures, vint à Ephèse et y 
trouva quelques disciples, 

2. Et il leur demanda : Avez- 
vous reçu lEsprit-Saint depuis 


aussi à Ephése après la mort de la sainte Vierge, et d'exercer longtemps sur toute 
la contrée le pouvoir exceptionnel que lui donnait sa qualité d'Apótre. — Le tableau 
si vif et si frappant que l'auteur des Actes trace de la sédition à laquelle S. Paul 
erut devoir céder aussi bien que de son séjour à Athènes, semble ne pouvoir venir 
que d'un témoin oculaire. Néanmoins il est remarquable qu'il y parle toujours à la 
troisième personne. Il ne recommence à se mêler au récit qu'après le passage de 
l'Apótre en Grèce, à son retour par la Macédoine.» (L. BAcusz.) 

22. * Césarée. Voir Actes, 1x, 30. — Il monta à Jérusalem. Ce voyage de S. Paul à 
Jérusalem était le quatriéme qu'il faisait dans cette ville depuis sa conversion. — 
IL descendit de Jérusalem à Antioche de Syrie et là se termina le second voyage 
apostolique de S. Paul, qui avait duré trois ans, de 51 à 54. 

23. Par ordre; c'est-à-dire en suivant l'ordre des lieux. — * 17 partit, C'est le com- 
mencement de la troisième mission de S. Paul, entreprise avec Timothée et Eraste, 
en 54. — Galalie, province du centre de l'Asie Mineure. Elle tirait son nom des 
Gaulois qui, aprés avoir quitté leur patrie, s'étaient rendus en Trace et de là au 
118 siécle avant notre ére en Asie Mineure. En 188 av. J.-C., ils furent soumis par 
les Romains, mais eurent néanmoins des rois propres jusqu'en 26 av. J.-C., où leur 
pays fut réduit en province romaine. — La Phrygie. Voir Actes, u, 10. 

24, * Apollo. Voir I Corinth., 1, 12. 

21. Il servit beaucoup, etc., par la lumière et la grâce dont il était rempli. 


9660 ACTES DES 
que vous croyez? Ils lui répon- 
dirent : S'il y a un Esprit-Saint, 
nous ne l'avons pas méme oui 
dire. 

3. Et lui leur repartit : De quel 
baptéme avez-vous done été 
baptisés? Ils répondirent : Du 
baptéme de Jean. 

4. Alors Paul répliqua : Jean a 
baptisé le peuple du baptéme de 
pénitence, leur disant de croire 
en celui qui devait venir apres 
lui, c'est-à-dire en Jésus-Christ. 

9. Ces paroles entendues, ils 
furent baptisés au nom du Sei- 
gneur Jésus. 

6. Et après que Paul leur eut 
imposé les mains, l'Esprit-Saint 
descenditsur eux, et ils parlaient 
diverses langues, et prophéti- 
saient. 

1. Ils étaient en tout environ 
douze. 

8. Alors étant entrés dans la 
synagogue, il y parla avec assu- 
rance pendant trois mois, dispu- 
tant et les persuadant du royau- 
me de Dieu. 

9. Et, comme quelques-uns 
s'endurcissaient et ne croyaient 
point, maudissant la voie du Sei- 
gneur devant la multitude, il s'é- 
loigna d'eux, et en sépara ses dis- 
ciples; il disputait tous les jours 
dans l'école d'un certain Tyran. 


APOTRES. 


10. Or c'est ce qui se fit pen- 
dant deux ans; de sorte que tous 
ceux qui demeuraient en Asie, 
Juifs et gentils, entendirent la 
parole du Seigneur. 

41. Et Dieu faisait, par la main 
de Paul, des miracles extraordi- 
naires ; 

19. Au point méme que l'on 
mettait surles malades des mou- 
choirs et des tabliers qui avaient 
touché son corps, et ils étaient 
guéris de leurs maladies, et les 
esprits mauvais sortaient. 

13. Orquelques Juifs exorcistes, 
qui allaient de cóté et d'autre, 
tentèrent d'invoquer le nom de 
Jésus sur ceux qui avaient en 
eux des esprits mauvais, disant : 
Je vous adjure par le Jésus que 
Paul préche. 

14. C'étaient sept fils deScéva, 
Juif et prince des prétres, qui fai- 
saient cela. 

15. Mais l'esprit mauvais, ré- 
pondant, leur dit : Je connais Jé- 
sus, et je sais qui est Paul; mais 
vous, qui étes-vous? 

16. Et l'homme en qui était le 
plus mauvais démon s'élanga sur 
eux, et, s'étant rendu maitre de 
deux d'entre eux, il les maltraita 
de telle sorte, qu'ils s'enfuirent 
de cette maison, nus et blessés. 

47. Cela fut connu de tous les 


[cH. xix.] 


Cab. XIX. 4. Matt., 11, 11; Marc, 1, 8; Luc, ri, 16; Jean, 1, 26; Supra, 1, 55 xr, 16. 


9. * Un certain Tyran. Ce personnage est inconnu. D'aprés les uns, c'était un Juif, 
qui enseignait dans une de ces écoles qu'on annexait quelquefois aux synagogues; 
d’après les autres, c'était un philosophe paien qui était à la 1616 d'une école profane. 

10. * En Asie, dans la partie de l'Asie Mineure dont les Romains avaient fait sous 


ce nom une province proconsulaire. 
11. Par la main de Paul. Voy. v, 12. 
12. * Des mouchoirs. Voir Luc, xix, 20. 


13. * Juifs exorcistes, Juifs vagabonds, qui faisaient profession de chasser les dé- 


mons, 


14. * Scéva était prince des prótres, c'est-à-dire probablement chef d'une des vingt- 
quatre familles sacerdotales. 11 n'est pas dit qu'il résidát lui-même à Ephèse. 


[cu. xix. 


Juifs et gentils qui habitaient 
Ephèse; et la crainte s'empara 
d'eux tous, et le nom du Seigneur 
Jésus était glorifié. 

18. Beaucoup d'entre les 
croyants venaient, confessant, et 
déclarant ce qu'ils avaient fait. 

19. Et beaucoup aussi de ceux 
qui avaient exercó les arts cu- 
rieux, apporterent leurs livres, et 
les brûlèrent en présence de tous; 
etle prix en ayant $*3supputé, on 
trouva !& sonne de cinquante 
mille.Gerists. 

99. Ainsi croissait et s'affer- 
missait puissamment 18 parole de 
Dieu. 

91. Ces choses accomplies, Paul 
résolut, par un mouvement de 
l'Esprit-Saint, la Macédoine et 
l'Achaïe traversées, d'aller à Jé- 
rusalem, disant : Aprés que j'au- 
rai été là, il faut que je voie Rome 
aussi. 

22. Et envoyant en Macédoine 
deux de ceux qui l'assistaient, 
Timothée et Eraste, 11 demeura 
lui-même quelque temps en Asie. 

25. Mais il survint en ce temps- 
là, un grand trouble au sujet de 
la voie du Seigneur. 


ACTES DES APOTRES. 


2661 

94. Car un certain orfevre, du 
nom de Démétrius, qui, faisant 
en argent de petits temples de 
Diane, procurait un gain consi- 
dérable aux ouvriers, 

95. Les ayant assemblés, avec 
d'autres qui faisaient de ces 
sortes d'ouvrages, il dit : Hom- 
mes, vous savez que c'est de 
celte industrie que vient notre 
gain; 

26. Et vous voyez et entendez 
dire que ce Paul ayant persuadé 
non seulement  Ephése, mais 
presque toute l'Asie, il a détourné 
une grande multitude, disant : 
Ils ne sont pas dieux ceux qui 
sont faits par des mains. 

97. Or, non seulement nous 
courons risque que notre métier 
soit décrié, mais que le temple 
méme de la grande Diane tombe 
dans le mépris, et que s'anéan- 
lisse insensiblement la majesté 
de celle que toute l'Asie et le 
monde entier révere. 

98. Ce discours entendu, ils 
furent remplis de colére, et ils 
s'écrierent, disant : Grande est la 
Diane des Ephésiens! 

29. La ville fut aussitót remplie 


19. * Les arts curieux ou magiques. La magie était en si grand honneur à Ephèse, 
que les formules magiques qu'on portait en Orient comme amulettes s'appelaient 
| dellres éphésiennes. — Cinquante mille deniers, 43,500 francs. 

91. * La Macédoine et lAchaie. Voir Actes, xvi, 9 et xvur, 12. — Rome, la capitale 
de l'empire, avait déjà des chrétiens assez nombreux dans son sein. 

22.* Timolhée. Voir Actes, xvi, 1. — Eraste est probablement le méme qui est 
nommé dans la seconde Epitre à Timothée (y. 20), mais il n'est pas possible de, 
savoir si c'est celui qui est qualifié de trésorier de Corinthe dans l'Epitre aux Ro- 


mains, xvi, 23. 


24. * Démétrius faisait fabriquer de petits édicules qui représentaient le célébre 
temple de Diane d'Ephése, considéré par les anciens comme l'une des merveilles du 
monde. — La Diane d'Ephése différait de la Diane grecque. Elle se rapprochait de 
l'Astarté syrienne et par conséquent de Vénus. 

26. * Presque toute l'Asie proconsulaire. Voir Act., xvi, 6. 

93. * Grande était 16 titre spécial de la Diane des Ephésiens. 

99. * Gaius, inconnu, différent du Gaius d'Actes, xx, 4. — Avistarque était de Thes- 
salonique. 1] était avec S. Paul à Rome (Actes, xxvn, 2) et il est mentionné comme 


2002 
de confusion, et ils firent irrup- 
tion dans le théátre, y entrainant 
Gaius et Aristarque, macédo- 
niens, compagnons de voyage de 
Paul. 

30. Or Paul, voulant pénétrer 
au milieu du peuple, les disciples 
ne le permirent pas. 

31. Quelques-uns aussi des 
Asiarques, qui étaient ses amis, 
envoyerent vers lui, le priant de 
ne pas se présenter au théâtre; 

32. Gependant les uns criaient 
une chose, les autres une autre. 
Car c'était une réunion confuse, 
etla plupart ne savaient pourquoi 
ils étaient assemblés. 

33. Cependant on dégagea 
Alexandre de la foule, à l’aide 
des Juifs qui le poussaient de- 
vant eux. Or Alexandre de- 
manda de la main qu'on fit si- 
lence, voulantse défendre devant 
le peuple. 

34. Mais, dés qu'il eut été re- 
connu pour Juif, tous, d'une seule 
voix, crierent pendant environ 
deux heures : Grande est la Diane 
des Ephésiens! 

35. Alors le scribe ayant apaisé 
la foule, dit : Ephésiens, quel est 
l’homme qui ignore que la ville 
d'Ephèse rend un culte à la grande 
Diane, fille de Jupiter? 

36. Puisque donc on ne peut le 
contester, il faut que vous soyez 


ACTES DES APOTRES. 


]08. xx.] 


calmes, et que vous ne fassiez 
rien témérairement. 

37. Car vous avez amené ces 
hommes, qui ne sont ni sacri- 
leges, ni blasphémateurs de 
votre déesse. 

38. Que si Démétrius et les ou- 
vriers qui sont avec lui ont à se 
plaindre de quelqu'un, il y a des 
audiences publiques, il existe des 
proconsuls; qu'ils s'accusent les 
uns les autres. | 

39. Mais si vous avez quelque 
autre affaire à proposer, elle 
pourra se terminer dans une as- 
semblée régulière. 

40. Car nous courons risque 
d’être accusés de sédition sur ce 
qui s'est passé aujourd'hui, n'y 
ayant personne qui donne un 
motif (que nous puissions justi- 
fier) de cet attroupement, Et lors- 
qu'il eut dit cela, il congédia l'as- 
semblée. 


CHAPITRE XX. 


Paul va en Macédoine et en Grèce. ll 
préche à Troas. Mort et résurrection 
d'Eutyque. Paul arrive à Milet. ll y as- 
semble les prêtres et les évêques de 
l'Eglise d'Ephése. Discours de, Paul 
dans cette assemblée. 


1. Apres que le tumulte eut 
cessé, Paul ayant appelé les dis- 
ciples, et leur ayant fait une 
exhortation, leur dit adieu, et 
partit pour aller en Macédoine. 


collaborateur de l'Apótre et prisonnier avec lui, Colossiens, iv, 10 et Philémon, 24, 
D'après la tradition, il devint évêque d'Apamée. * 

31. Les Asiarques étaient les pontifes paiens de l'Asie; onles choisissait parmi les 
plus riches et les plus considérables de la province. 

35. * Le scribe d'Ephése était un fonctionnaire public chargé de 18 rédaction et de 
la garde des actes administratifs. 


1. En se retirant, Paul ne càde pas à un sentiment de crainte et de pusillanimité 
personnelle, mais il agit trés sagement; il évite par là que Démétrius et les ouvriers 
ne se jettent sur tous les chrétiens et ne les immolent à leur fureur. C'est ainsi 
qu'en a usé plus tard saint Athanase dans ses démélés avec les Ariens, — * En Ma- 
cédoine. Voir Actes, xvi, 9. 


]68. xx.] 


2. Lorsqu'il eut parcouru ces 
contrées etfait beaucoup d'exhor- 
tations, il vint en Grece; 

3. Où, après avoir séjourné 
trois mois, il résolut de s'en re- 
tourner par la Macédoine, les 
Juifs lui ayant dressé une em- 
buscade surle chemin qu'il devait 
prendre pour se rendre par mer 
en Syrie. 

4. Sopater, fils de Pyrrhus, de 
Bérée, l’accompagna, de méme 
qu'Aristarque et Second, Thessa- 
loniciens; Gaius, de Derbe, et 
Timothée; Tychique et Tro- 
phime, tous deux d'Asie. 

5. Ceux-ci étant allés devant, 
nous attendirent à Troas; 

6. Pour nous, aprés les jours 
des azymes, nous nous embar- 
quàmes à Philippes, et en cinq 
jours nous les rejoignimes à 
Troas, où nous demeurâmes sept 
jours. 


ACTES DES APOTRES, 


2663 

7. Le premier jour de 1a se- 
maine, les disciples étant assem- 
blés pour rompre le pain, Paul, 
qui devait partir le lendemain, 
les entretenait, et il prolongea 
son discours jusqu'au milieu de 
la nuit. 

8. Or il y avait beaucoup de 
lampes dans le cénacle où nous 
étions rassemblés. 

9. Et un jeune homme, dunom 
d'Eutyque, qui était assis sur la 
fenétre, était enseveli dans un 
profond sommeil, car Paul par 
lait depuis longtemps, et en 
trainé par le sommeil, tomba du 
troisieme étage en bas, et fut re- 
levé mort. 

10. Paul étant descendu où il 
était, s'étendit sur lui, et, l'ayant 
embrassé, dit : Ne vous troublez 
point, car son âme est en lui. 

11. Puis étant remonté et ayant 
rompu le pain et mangé, il leur 


2, * En Grèce, par opposition à la Macédoine. La Grèce signifie ici la méme chose 
qu'Achaie dans le reste des Actes. Voir Actes, xvii, 12. 


3. * En Syrie. Voir Matt., 1v, 24. 


4, * Sopater, probablement le même que Sosipatre, parent de S. Paul, Rom., xvi, 21. 
— Aristarque. Voir Actes, xix, 29. — Second. Ce personnage, qui porte un nom latin, 
est inconnu, de méme que Gaius de Derbe. — Timothée. Voir l'introduction aux 
Epitres pastorales. — Tychique, peut-être originaire d'Ephèse. fut probablement le 
méme qui porta les Epitres de S. Paul aux églises d'Ephése et de Colosses (Eph., vr, 21; 
Col., iv, 7.) On croit qu'il accompagna Titus et Trophime dans la mission de Corinthe 
mentionnée 1] Corinthiens, vin, 16-24. — Trophime. « Ce Trophime est l'évéque que 
l'Église d'Arles honore comme son apótre. Il était d'Ephèse et Gentil d' origine. Aprés 
avoir suivi S. Paul à Jérusalem, il parait l'avoir rejoint à Rome, puis accompagné 
dans ses dernières missions, La seconde Epitre à Timothée nous le montre retenu à 
Milet par la maladie, durant la dernière captivité de l'Apótre; mais, d’après la tra- 
dition, il n'aurait guére tardé à repasser, comme S. Crescent, de l'Orient dans les 
Gaules, S'étant fixé à Arles, il précha l'Evangile avec zèle, et cultiva avec tant de 
soin le champ qui lui avait été assigné, que de là, comme d'une source abondante, 
les ruisseaux de la 101 se répandirent dans la France entière. » Ces paroles du Mar- 
tyrologe romain, 29 décembre, empruntées de la première Epitre de S. Zozime (411), 
indiquent l'existence d'une tradition, attestée quelques années plus tard (450), plus 
d'un siécle avant S. Grégoire de Tours, par tous les évéques de la province de 
Vienne. » (L. BACUEZ.) 

5.* A Troas. Voir Actes, xvi, 8. 

6. * Aprés les jours des azymes. Voir Matt., xxvi, 11. — A Philippes. Voir Actes, xvi, 12. 

1.* Le premier jour de la semaine, 16 dimanche. 

8. * Cénacle, hyperóon, voir Marc., u, 4. 

9. * Eutyque. Ce nom signifie fortuné. 


2664 
parla encore beaucoup jusqu'au 
jour, et il partit ainsi. 

19. Or on ramena le jeune 
homme vivant, et ils en furent 
grandement consolés. 

13. Pour nous, montant sur le 
vaisseau, nous naviguámes vers 
Asson, où nous devions re- 
prendre Paul; car il l'avait ainsi 
disposé, devant lui-méme aller 
par terre. 

14. Lors donc qu'il nous eut 
rejoints à Asson , nous le repri- 
mes, et nous vinmes à Mitylene. 

15. Et de là, naviguant, nous 
arrivâmes le jour suivant devant 
Chio; le lendemain nous abor- 
dâmes à Samos, et le jour d’après 
nous vinmes à Milet ; 

16. Car Paul s'était proposé de 
passer Ephése sans y prendre 
terre, depeur d'éprouver quelque 
retard en Asie. Car il se hâtait, 
afin d'être, s'il lui eût été possible, 
le jour de la Pentecóte à Jéru- 
salem. 

11. Or, de Milet envoyant à 
Ephèse, il appela les anciens de 
l'Eglise. 

18. Et lorsqu'ils furent venus 
prés de lui, et qu'ils étaient as- 
semblés, il leur dit : Vous savez 
comment, dès le premier jour où 


ACTES DES APOTRES. 


xx.]‏ .א6] 


je suis entré en Asie, j'ai été en 
tout temps avec vous, 

19. Servantle Seigneur en toute 
humilité, au milieu des larmes el 
des épreuves qui me sont sur- 
venues par les trames des Juifs; 

20. Comment je ne vous ai 
soustraitaucune des choses utiles, 
et que rien ne m'a empéché de 
vous les annoncer, et de vous les 
enseigner publiquement et dans 


. les maisons, 


21. Préchgnt aux Juifs et aux 
gentils la pénitence envers Dieu, 
et la foi en Notre Seigneur Jésus- 
Christ. 

22. Et maintenant voilà que, lié 
par l'Esprit, je m'en vais à Jéru- 
salem, ignorant ce qui doit m'y 
arriver: 

23. Si ce n'est que, dans toutes 
les villes, l'Esprit-Saint m'atteste 
que des chaines et destribulations 
m'attendent à Jérusalem. 

24. Mais je ne crains rien de 
ces choses, et je ne regarde pas 
ma vie comme plus précieuse que 
moi, pourvu que jaccomplisse 
ma course et le ministère que 
jai reçu du Seigneur Jésus, de 
rendre témoignage à l'Evangile 
de la gráce de Dieu. 

25. Et maintenant voilà que je 


13. * Asson ou Assos, port de mer de Mysie, vis-à-vis et au nord de l'ile de Lesbos, 
à neuf milles romains de la ville de Troas. 

14. * Mityléne, capitale de Lesbos, au sud de l'ile, dans la mer Egée, aujourd'hui 
Metelin, autrefois célébre par sa beauté, sa richesse et la culture littéraire de ses 
habitants. 

15. * Devant Chio, ile de la mer Egée, entre Lesbos et Samos, prés de la Lydie. 
— A Samos, 116 de la mer Egée, non loin du continent et d'Ephése. — A Miet, au 
sud d'Ephése, ancienne capitale de l'Ionie, prés de l'embouchure du Méandre, au- 
jourd'hui complètement ruinée. Elle avait quatre ports et fonda un grand nombre de 
colonies. 

16. * En Asie. Dans l'Asie proconsulaire. Voir Actes, xvr, 6. 

11. Les anciens de l'Eglise. Cenom est commun aux prétres et aux évéques (vers. 28). 
Saint Irénée pense que l'apótre fit venir non seulement l’évêque d'Ephese et les prêtres 
de cette Eglise, mais aussi ceux des Eglises voisines. 

25. Saint Paul pensait qu'il ne reviendrait plus à Milet; mais on voit dans ses 


[cu. xx1.] 


sais que vous ne verrez plus mon 
visage, vous tous au milieu des- 
quels j'ai passé, annoncant le 
royaume de Dieu. 

96. C'est pourquoi je vous 
prends à témoins aujourd'hui que 
je suis pur du sang de vous tous. 

97. Car je ne me suis point 
refusé à vous annoncer tous les 
desseins de Dieu. 

98. Soyez donc attentifs et à 


. vous et à tout le troupeau sur 


lequel Dieu vous ἃ établis 
évéques, pour gouverner l'Eglise 
de Dieu, qu'il a acquise par son 
sang. 

99. Car moi je sais qu'après 
mon départ s'introduiront parmi 
vous des loups ravissants, qui 
n'épargneront point le troupeau; 

30. Et que, d'au milieu de vous- 
mêmes, s'éléveront des hommes 
qui enseigneront des choses per- 
verses, afin d'attirer les disciples 
aprés eux. 

31. C'est pourquoi, veillez, re- 
tenant en votre mémoire que 
pendant trois ans je n'ai cessé 
d'avertir avec larmes chacun 
de vous. 

39. Et maintenant, je vous re- 
commande à Dieu et àla parole de 
sa grâce, à celui qui est puissant 
pour édifier, et pour donner un 
héritage parmi tousles sanctifiés. 


ACTES DES APOTRES. 


2665 


33. Je n'ai convoité ni l'or, ni 
largent, ni le vétement de per- 
sonne, comme 

34. Vous le savez vous-mémes; 
parce que, à l'égard des choses 
dont moi et ceux qui sont avec 
moi avions besoin, ces mains y 
ont pourvu. 

35. Je vous ai montré en tout 
que c'est en travaillant ainsi qu'il 
faut soutenir les faibles, et se 
souvenir dela parole du Seigneur 
Jésus; car c'est lui-méme qui a 
dit :ILestplus heureux de donner 
que de recevoir. 

36. Lorsqu'il eut dit ces choses, 
il se mit à genoux, et pria avec 
eux tous. 

97. Et il y eut un grand pleur 
parmi eux tous, et se jetant au 
cou de Paul, ils le baisaient, 

38. Affligés surtout de la parole 
qu'il avait dite, qu'ils ne devaient 
plus revoir son visage. Et ils le 
conduisirent jusqu'au vaisseau. 


CHAPITRE XXI. 


Paul va à Jérusalem. Filles de Philippe 
prophétesses. Agabus prédit les liens 
de Paul. Paul arrive à Jérusalem; il se 
purifie dans le temple, est maltraité 
par les Juifs, et enchainé par le tribun 
de la cohorte romaine. 


1. Or il arriva qu'ayant fait 
voile, apres nous étre arrachés 


Car. XX. 34. I Cor., 1v, 12; 1 Thess., i, 9; 11 Thess., ri, 8. 


Epilres qu'il forma depuis le dessein de retourner en Asie; et il paraît qu'en effet 


il y retourna. 


34. * Ces mains y ont pourvu en fabriquant des tentes. Voir Actes, xvin, 2. 


33. IL est plus heureuz, etc. Ces paroles ne se trouvent pas dans l'Evangile; saint Paul 
les avait apprises par la tradition des autres apótres. 


1. * Cos, petite ile de la mer Egée, vis-à-vis de Gnide et d'Halicarnasse, trés fertile 
et riche en vins et en blé. — Rhodes. Cette île, l'une des Cyclades, en face de la 
Carie et dela Lycie, était trés fertile et trés commercante. Le climat en est trés doux. 
— A Patare, ville maritime de Lycie, à l'embouchure du Xanthe, célèbre par un 
oracle d'Apollon. 


2666 
d'eux, nous vinmes droit à Cos, 
et le jour suivant à Rhodes, et de 
là à Patare. 

9. Et ayant rencontré un vais- 
seau qui allait en Phénicie, nous 
y montàmes, et mimes à la voile. 

3. Quand nous fümes en vue 
de Chypre, la laissant à gauche, 
nous naviguámes vers la Syrie 
et vinmes à Tyr, car c'est là que 
le vaisseau devait déposer sa 
charge. 

4. Or, y ayant trouvé les dis- 
ciples, nous y demeurâmes sept 
jours; et les disciples disaient par 
l'Esprit-Saint à Paul, de ne point 
monter à Jérusalem. 

5. Et ces jours écoulés, nous 
partimes, et ils vinrent tous, avec 
leurs femmes et leurs enfants, 
nous conduire jusque hors de la 
ville; et nous étant agenouillés 
sur le rivage, nous priàmes. 

6. Et après nous être dit adieu 
les uns aux autres, nous mon- 
{âmes sur le vaisseau, et ils s'en 
retournèrent chez eux. 

7. Pour nous, terminant notre 
navigation de Tyr, nous descen- 
dimes à Ptolémaide, et, les freres 
salués, nous demeurâmes un jour 
avec eux. 

8. Le lendemain, étant partis, 
nous vinmes à Césarée; et, en- 
tirant dans la maison de Philippe, 


XXI. 8. Supra, vi, 5; vir, 5.‏ .ג זו 


ACTES DES APOTRES. 


[cH. [.זאא‎ 


lévangéliste, qui était un des 
sept, nous demeurâmes chez lui. 

9. Il avait quatre filles vierges 
qui prophétisaient. 

10. Et comme nous y demeu- 
râmes quelques jours, il arriva 
de Judée un prophète nommé 
Agabus. 

11. Or, étant venu nous voir, 
il prit la ceinture de Paul, et, se 
liant les pieds et les mains, il dit : 
Voici ce que dit l'Esprit-Saint : 
L'homme à qui est cette ceinture, 
les Juifs le lieront ainsi à Jéru- 
salem, et ils le livreront entre les 
mains des gentils. 

19. Ce qu'ayant entendu, nous 
conjurions Paul, nous et ceux qui 
étaient en cet endroit, de ne 
point monter à Jérusalem. 

13. Alors Paul répondit et dit : 
Que faites-vous, pleurant et affli- 
geant mon cœur? Car moi, je suis 
prét, non seulement à étre lié, 
mais à mourir à Jérusalem pour 
le nom du Seigneur Jésus. = 

14. Mais ne pouvant le per- 
suader, nous nous tinmes en 
repos, disant : Que la volonté du 
Seigneur soit faite. 

45. Après ces jours, ayant fait 
nos. préparatifs, nous partimes 
pourJérusalem. ; 

16. Or avec nous vinrent aussi 
quelques disciples de Gésarée, 


MÀ —MÀ——————"Fe 


9. * En Phénicie. Voir Actes, xr, 19. 


3. * En vue de Chypre. Noir Actes, xi, 19. — Vers la Syrie. Voir Matt., tv, 24. — 


A Tyr. Voir Marc, ut, 8. 


1.* A Ptolémaide, depuis S. Jean d'Acre, port de la Méditerranée, au sud de Tyr, 


ville de Phénicie. 


8. Des sept diacres. Ce Philippe est nommé évangéliste, parce qu'il a été le premier 
à précher l'Evangile dans la Samarie. C'est dans ce sens que saint Paul recommande 
à son disciple Timothée (Il Tim., rv, 5) de remplir la charge d'évangéliste. — * À Cé- 


sarée, Voir Actes, 1x, 90, 
10. * Agabus. Voir Actes, xi, 28. 


16. * Mnason porte un nom grec et était probablement un Juif helléniste. 


[cu xxr.] 


amenant avec eux un certain 
Mnason, de Chypre, ancien dis- 
ciple, chez qui nous devions lo- 
ger. 

47. Quand nous fümes arrivés 
à Jérusalem, les frères nous re- 
curent avec joie. 

18. Le jour suivant, Paul en- 
trait avec nous chez Jacques, et 
tous les anciens s'assemblèrent. 

19. Apres les avoir salués, il 
racontait. en détail ce que Dieu 
avait fait pour les gentils par son 
ministere. 

90. Or eux, l'ayant entendu, 
glorifiaient Dieu; et ils lui dirent: 
Tu vois, mon frère, combien de 
milliers de Juifs ont cru; ce- 
pendant tous sont zélés pour la 
loi. 

91. Or ils ont oui dire de toi 
que tu enseignes aux Juifs qui 
sont parmi les gentils, d'aban- 
donner Moïse, disant qu'ils ne 
doivent point circoncire leurs 
fils, ni marcher selon les cou- 
lumes. 

29. Que faire donc? Certaine- 
ment la multitude devra s'as- 
sembler, car ils apprendront que 
tu es arrivé. 

93. Fais done ce que nous 
te disons : Nous avons ici quatre 
hommes qui sont liés par un 
vœu. 

24. Prends-les avec toi, puri- 


ACTES DES APOTRES. 


2667 
fie-toi avec eux, et paie pour 
eux, afin qu'ils se rasent la tête, 
et tous sauront que ce qu'ils ont 
entendu dire de toi est faux; 
mais que toi aussi tu marches 
observant la loi. 

25. Quant à ceux qui ont 
cru d'entre les gentils, nous 
avons écrit qu'ils devaient s'abs - 
tenir de ce qui a été immolé aux 
idoles, du sang, des animaux 
étouffés et de la fornication. 

26. Alors Paul ayant pris ces 
hommes, et s'étant le lendemain 
purifi& avec eux, entra dans le 
temple, indiquant les jours oü 
s'accomplirait la purification, et 
quand l'offrande serait présentée 
pour chacun d'eux. 

27. Mais comme les sept jours 
s'écoulaient, les Juifs d'Asie 
layant vu dans le temple, ému- 
rent tout le peuple, et mirent la 
main sur lui, criant : 

28. Hommes d'Israël, au se- 
cours! Voici l'homme qui ensei- 
gne partout contre le peuple, 
contre la loi, et contre celieu; et 
qui, de plus, a introduit des gen- 
tils dans le temple, et a ainsi vio- 
lé le saint lieu. 

29. Ils avaient vu, en effet, 
Trophime, d'Ephèse, dans la ville 
avec Paul, et ils pensèrent que 
Paul l'avait introduit dans le 
temple. 


24. Num., vi, 18; Supra, xvii, 18. — 25, Supra, xv, 20, 29. 


1T. * Quand nous fümes arrivés à Jérusalem, en 58. Le troisième voyage apostolique 


de S. Paul avait duré de 54 à 58. 


18. * Tous les anciens, tous les prétres. — Chez Jacques le Mineur, frére de S. Jean 


l'Evangéliste, évéque de Jérusalem. 
23. Par un vœu; celui des Nazaréens. 


28. Contre ce lieu; ce lieu saint; c'est le temple méme. — * Il était défendu sous 
peine de mort aux paiens de franchir les barriéres qui séparaient dans le temple le 
parvis des Gentils de celui des Israélites. Voir Matt., xxi, 12. 

29. * Trophime d'Ephése. Voir Actes, xx, ₪ 


2668 


30. Aussitôt toute la ville s'é- 
mut, et il se fit un grand con- 
cours de peuple. S'étant donc 
saisis de Paul, ils l'entrainerent 
hors du temple;et aussitót les 
portes furent fermées. 

31. Comme ils cherchaient à le 
tuer, on vint dire au tribun de la 
cohorte : Tout Jérusalem est en 
confusion. 

32. Celui-ci ayant pris, sur le 
champ, des soldats et des centu- 
rions, courut à eux. Dès qu'ils 
virent le tribun et les soldats, ils 
cesserent de frapper Paul. 

33. Alors s'approchant, le tri- 
bun le prit, etle fit lier de deux 
chaines; et il demandait qui il 
était, et ce qu'il avait fait. 

34. Mais, dans la foule, l'un 
criait une chose, lautre une 
autre. Ne pouvant rien savoir de 
certain à cause du tumulte, il le 
fitconduire au camp. 

35. Lorsque Paul fut arrivé sur 
les degrés, les soldats le portè- 
rent, à cause de la violence du 
peuple. 

36. Car une multitude de 
peuple le suivait, criant : Ote-le 
du monde. 

37. Comme il allait entrer dans 
le camp, Paul demanda au tri- 
bun : Mest-il permis de vous dire 


ACTES DES APOTRES. 


[cu. xxu] 


quelque chose? Le tribun lui ré- 
pundit : Sais-tu le grec? 

38. N'es-tu pas cet Egyptien 
qui ἃ excité, il y a quelques 
jours, une sédition, et qui a con- 
duit au désert quatre mille si- 
caires ? 

39. Et Paul lui répondit : Je 
vous assure que je suis Juif, de 
Tarse en Cilicie, et citoyen de 
cette ville qui n'est pasinconnue. 
Permettez-moi, je vous prie, de 
parlerau peuple. 

40. Le tribun l'aayant permis, 
Paul se tenant debout sur les de- 
grés, fit signe de la main au 
peuple, et en grand silence s'é- 
tant fait, il leur parla en langue 
hébraique, disant : 


CHAPITRE XXII. 


Discours de Paul aux Juifs, et fureur des 
Juifs contre lui. Le tribun veut le faire 
fouetter. 11 se déclare citoyen romain. 


1. Hommes, mes freres et mes 
peres, écoutez ma défense que je 
vais entreprendre devant vous. 

2. Quand ils entendirent qu'il 
leur parlait en langue hébraique, 
il se fit encore un plus grand si- 
lence. 

3. Il dit donc: Je suis Juif, né 
à Tarse en Cilicie, élevé dans 
cette ville aux pieds de Gamaliel, 


30. * Les portes du temple qui donnaient accès dans les parvis. 
31. * Au tribun de la cohorte. Voir Matt., xxvn, 2T. 


32. * Des centurions. Voir Matt., vin, 5. 


33. De deux chaines; c'est-à-dire une à chaque main. Compar. xit, 6, T. 
38. Sicaires; assassins alors répandus dans la Judée, et ainsi nommés, parce qu'ils 


portaient sous leurs habits un petit poignard, en latin sica. Joséphe donne trente 
mille hommes à cet Egyptien; mais rien n'empéche que ce nombre n'ait été d'abord 
que de quatre mille. Puis Joséphe ne dit pas que tous ces trente mille brigands 
fussent sicaires. Ajoutons qu'il ne s'accorde guère avec lui-même au sujet de cet 
événement. 

40. * En langue hébraïque; c'est-à-dire dans le dialecte araméen que parlaient alors 
les Hébreux. 


3. * Gamaliel. Voir Act., v, 34. 


[cu. xx.) 
instruit selon la vérité de la loi 
de nos pères, zélateur de cette 
loi, comme vous l'étes vous tous 
aujourd'hui ; 

4. Cest moi qui ai poursuivi 
jusqu'à la mort ceux de cette 
voie, les chargeant de liens, 
hommes et femmes, et les jetant 
en prison, 

9. Comme le prince des prétres 
m'en est témoin ainsi que tous 
les anciens; et méme, ayant re- 
cu d'eux des leltres pour nos 
frères de Damas, j'y allais pour 
les amener enchainés à Jérusa- 
lem, afin qu'ils fussent punis. 

6. Or il arriva que lorsque j'é- 
tais en chemin, et que j'appro- 
chais de Damas au milieu du 
jour, soudain brilla du ciel au- 
tour de moi une abondante lu- 
miere; 

1. Et tombant par terre, j'en- 
tendis une voix qui me disait : 
Saul, Saul, pourquoi me persé- 
cutes-tu ? 

8. Et moi je répondis : Qui 
êtes-vous, Seigneur? Et il me dit: 
Je suis Jésus de Nazareth, que tu 
persécutes. 

9. Et ceux qui étaient avec moi 
virent la lumière, mais ils n'en- 
tendirent pas la voix de celui qui 
me parlait. 

10. Alors je demandai : Que 
ferai-je, Seigneur? Etle Seigneur 
me répondit : Lève-toi, va à Da- 
mas ; et là on te dira tout ce qu'il 
faut que tu fasses. 

11. Et comme je ne voyais 
point, à cause de l'éclat de cette 


ACTES DES APOTRES. 


2669 


lumière, conduit par la main de 
mes compagnons, je vins à Da- 
mas. 

19. Or un certain Ananie, 
homme selon la loi, ayant le té- 
moignage de tous les Juifs qui 
habitaient dans cette ville, 

19. Venant à moi, et s'appro- 
chant, me dit : Saul, mon frere, 
regarde. Et moi, au méme ins- 
tant, je le regardai. 

14. Et lui reprit : Le Dieu de 
nos pères t'a préordonné pour 
connaitre sa volonté, voir le 
Juste, et entendre la voix de sa 
bouche ; 

15. Parce que tu lui seras té- 
moin devant tous les hommes, 
de ce que tu as vu et entendu. 

16. Et maintenant, que tardes- 
tu? Lève-toi, reçois le baptéme 
etlave tes péchés en invoquant 
son nom. 

17. Et il arriva qu'étant de re- 
tour à Jérusalem, et priant dans 
le temple, je tombai dans un ra- 
vissement d'esprit, 

18. Et je vis le Seigneur qui 
me disait : Hâte-toi, et sors vite 
de Jérusalem; carils ne recevront 
pas le témoignage que tu rends 
de moi. 

19. Et moi je répondis : Sei- 
gneur, ils savent eux-mémes que 
c'est moi qui enfermais en pri- 
son et déchirais de coups dans les 
synagogues ceux qui croyaient 
en vous ; 

20. Et que, lorsqu'on versait le 
sang d'Etienne, votre témoin, 
j étais là, et j'y consentais, et je 


(βαρ. XXII. 4. Supra, vin, 3. — 5. Supra, 1x, 2. — 19. Supra, vi, 3. — 90. Supra, 


vit, 57, 


oo nn 


9. Mais ils n’eniendirent, etc. Voy. 1x, 1. 
14. Préordonné. Voy. sur ce mot, x, 41. 


2670 


gardais les vêlements de ses 
meurtriers. 

21. Et il me dit : Va, parce que 
(e l'enverrai biei loin vers les 
nations. 

22. Ils l'avaient écouté jusqu'à 
ce mot; mais alors ils élevèrent 
leur voix, disant : Ote de la terre 
un pareil homme, car ce serait 
un crime de le laisser vivre. 

93. Eux donc, poussant de 
grands cris, jetant leurs véte- 
ments, et lançant de la poussière 
en l'air, 

94. Le tribun ordonna de le 
conduire dans le camp, de le dé- 
chirer de verges, et de le mettre 
à la question, afin de savoir pour- 
quoi ils criaient ainsi contre lui. 

95. Mais lorsqu'ils l'eurent lié 
avec des courroies, Paul dit au 
centurion qui était près de lui : 
Vous est-il permis de flageller un 
citoyen romain non condamné? 

96. Ce qu'ayant entendu, le 
centurion se rendit auprès du tri- 
bun, et l'avertit, disant : Qu'allez- 
vous faire? car cet homme est 
citoyen romain. 

97. Et le tribun venant à lui, 
demanda : Dis-moi, es-tu Ro- 
main ? Et Paul répondit : Oui. 

98. Le tribun repartit : C'est 
avec beaucoup d'argent que j'ai 
acquis ce droit de cité. Et Paul 
répliqua : Moi, je suis né citoyen. 


ACTES DES APOTRES. 


[cu. xx] 


29. Aussitôt donc s'éloignerent 
de lui ceux qui devaient lui don- 
ner la question; le tribun lui- 
méme eut peur, après qu'il eut 
appris qu'il était citoyen romain, 
parce qu'il l'avait fait lier. 

30. Le lendemain, voulant sa- 
voir plus exactement de quoi il 
était accusé par les Juifs, il lui 
óta ses liens, et ordonna aux 
prétres, et à tout le conseil de 
s'assembler, puis il amena Paul, 
et 16 placa au milieu d'eux. 


CHAPITRE XXIIT. 


Paul se justifie devant le conseil. Il recoit 
un soufflet par l'ordre du grand-prétre. 
Il divise les pharisiens d'avec les sadu- 
céens. Jésus-Christ lui apparait. Il dé- 
couvre une conjuration contre sa vie; 
il est envoyé au gouverneur Félix. 


4. Paul, regardant fixement le 
conseil, dit : Hommes, mes freres, 
jusqu'à ce jour je me suis conduit 
devant Dieu en toute bonne eons- 
cience. 

9. Mais le prince des prétres, 
Ananie, ordonna à ceux qui 
étaient pres de lui de le frapper 
au visage. 

3. Alors Paul lui dit : Dieu te 
frappera, muraille blanchie. Tu 
siéges pour me juger selon la loi, 
et, contre la loi, tu ordonnes de 
me frapper. 

4. Ceux qui étaient présents 


23, 26. * Le centurion. Voir Matt., viu, 5. 

98. Saint Paul ne tenait pas sa qualité de citoyen romain du lieu de sa naissance, 
mais de ses parents. Sans étre natifs d'une ville municipale, les Juifs pouvaient jouir 
du titre de citoyen et méme de chevalier romain; témoin l'historien Josèphe. 

30. * Tout le Conseil, tout 16 sanhédrin. Voir Matt., xxvi, 59. 


9. * Ananie, fils de Nébédée, avait reçu le souverain pontificat d'Hérode, roi de 
Chalcis, l'an 48 de notre ère, à la place de Joseph, fils de Camithas. Le procurateur 
romain Cumanus lenvoya à Rome en 52 pour répondre aux accusations portées 
contre lui par les Samaritains. Ananie fut acquitté et conserva sa dignité jusqu'en 59 
où il dut la céder à Ismael, fils de Phabi. Il périt de la main des sicaires qui lui 
rent expier ainsi ses liaisons avec les Romains, en 66 ou 6T. 


Ici. xxi.) 


dirent: Tu maudis le grand prêtre 
de Dieu? 

5. Et Paul répondit : J'ignorais, 
mes freres, que ce füt le prince 
des prétres, car il est écrit : Tu 
ne maudiras point le prince de 
ton peuple. 

6. Or Paul sachant qu'une par- 
lie étaient sadducéens, et l'autre 
pharisiens, s'écria dans le con- 
seil : Hommes, mes freres, je suis 
pharisien, fils de pharisien ; c'est 
à cause de lespérance et de la 
résurrection des morts que je 
suis en jugement. 

1. Lorsqu'il eut dit cela, il s'é- 
leva une discussion entre les 
pharisiens et les saducéens, et 
l'assemblée fut divisée. 

8. Car les sadducéens disent 
quil n'y a ni résurrection, ni 
ange, ni esprit; les pharisiens, 
au contraire, confessent l'un et 
l'autre. 

9. Il s'éleva donc une grande 
clameur. Quelques-uus des pha- 
risiens se levant, contestaient, 
disant : Nous ne trouvons rien 
de mal dans cet homme; et 
si un esprit ou un ange lui a 
parlé? 

10. Et comme le tumulte s'ac- 


ACTES DES APOTRES. 


9071 
croissait, letribun craignant que 
Paul ne füt mis en pieces par ces 
gens-là, commanda aux soldats 
de descendre, de l’enlever d'au 
milieu d'eux, et de le conduire 
dans le camp. | 

11. Mais, la nuit suivante, le 
Seigneur se présentant à lui, dit: 
Aie bon courage; car, comme tu 
m'as rendu témoignage à Jérusa- 
lem, il faut aussi que tu me ren- 
des témoignage à Rome. 

19. Le jour étant venu, quel- 
ques-uns d'entre les Juifs s'as- 
semblèrent, et se firent eux- 
mêmes anathème, disant qu'ils 
ne boiraient ni ne mangeraient 
qu'ils n'eussent tu& Paul. 

13. Ils étaient plus de quarante 
hommes qui avaient fait cette 
conjuration ; 

14. Ils se rendirent auprès des 
princes des prêtres et des an- 
ciens, et dirent : Nous avons fait 
le vœu, en appelant sur nous l'a- 
nathème, de ne goûter de rien, 
que nous n'ayons tué Paul. 

15. Maintenant donc, vous avec 
le conseil, faites avertir le tribun 
de l'amener devant vous, comme 
pour savoir quelque chose de 
plus cerlain sur lui. Nous, de 


Cuar. XXIII. 5. Exode, xxir, 28. — 6. Phil., ur, 5. — 8. Matt., xxi, 23. 


5. Saint Paul a pu aisément ne pas connaitre le grand prêtre, attendu qu'alors le 
pontificat était une dignité variable selon le caprice ou la politique des Romains. 
Josèphe dit qu'il y eut trois grands prêtres la même année, et que l'un d'eux ne con- 
serva sa dignité qu'un seul jour. Ainsi saint Paul a pu facilement étre dans l'ignorance 
sur ce point. Ajoutons que le grand prêtre n'avait pas alors ses vêtements de pontife; 
ils étaient renfermés dans la tour Autonia, d'où on ne les tirait qu'aux jours solen- 
uels. Enfin, en supposant que dans le lieu où se tenait le sanhédrin, il y avait une 
place affectée pour le grand prêtre, il ne s'en trouva assurément point de telle chez 
le tribun où se tint le conseil devant lequel comparut saint Paul. 

6. * Sadducéens, pharisiens. Voir les notes 6 et 1à la fin du volume. 

4. * Rome étant 18 capitale dû monde paien, l'Apótre des gentils doit y précher le 
christianisme. 

14. * Les princes des prêtres, voir Matt., 11, 4. — Les anciens, les membres du San- 
hédrin. 


2672 
notre côté, nous sommes prêts à 
le tuer avant qu'il arrive. 

16. Mais ayant oui parler de 
cette trahison, le fils de la sœur 
de Paul vint, entra dans le camp, 
et avertit Paul. 

47. Alors Paul appelant à lui 
un des centurions, dit : Conduisez 
ce jeune homme au tribun, car il 
a quelque chose à lui dire. 

48. Et le centurion le prenant 
avec lui, le conduisit au tribun, 
et 016 : Le prisonnier Paul m'a 
prié de vous amener ce jeune 
homme qui a quelque chose à 
vous dire. 

19. Aussitôt le tribun, le pre- 
nant par la main, se retira à part 
avec lui, et lui demanda : Qu'as- 
tu à me dire? 

20. Et le jeune homme répon- 
dit : Les Juifs sont convenus de 
vous prier d'amener demain Paul 
devant le conseil, comme pour 
savoir quelque chose de plus cer- 
[ain sur lui; 


ACTES DES APOTRES. 


(ou. xxm.) 


21. Mais vous, ne les croyez 
pas; car des embüches lui sont 
dressées par plus de quarante 
hommes d'entre eux, qui ont fait 
vœu de ne manger ni de boire, 
qu'ils ne l'aient tué ; et mainte- 
nant ils sont préts, attendant 
votre ordre. 

22. Le tribun donc renvoya le 
jeune homme, lui défendant de 
dire à personne qu'illui eût don- 
né cet avis. 

23. Puis, deux centurions ap- 
pelés, il leur dit : Tenez préts, à 
la troisieme heure de la nuit, 
deux cents soldats, soixante-dix 
cavaliers et deux cents lances, 
pour aller jusqu'à Césarée, 

24. Et préparez des chevaux 
pour monter Paul, et le conduire 
sürement au gouverneur Félix. 

95. (Car il craignit que les Juifs 
ne l'enlevassent et ne le tuassent, 
et qu'ensuite on ne l'accusát d'a- 
voir reçu de l'argent.) 

26. ll écrivit en méme temps 


23. La troisième heure de la nuit; c'est-à-dire le milieu de l'intervalle entre le cou- 
cher du soleil et minuit, — * À Césarée, résidence ordinaire du gouverneur romain. 
Voir Actes, ix, 30. 

24. * Félix. « L'historien profane le mentionne, comme ayant gouverné la Judée 
(52-59), sous le régne de Néron, pendant le pontificat d'Ananie, immédiatement avant 
Festus. Tacite, Suétone et Josèphe nous apprennent quelques particularités de sa 
vie. Il était frère de Pallade, et comme lui, un affranchi de la maison de Claude. 
Suivant Tacite, il gardait dans sa fortune les sentiments de sa première condition. 
Josèphe ajoute qu'il vivait en adultère, et qu'il s'était rendu fameux par ses concus- 
sions. Une fois déjà, les plaintes causées par sa rapacité l'avaient fait mander à 
Rome, et c'est grâce au crédit de son frère qu'il avait été absous. Les Actes con- 
lirment ce que l'histoire profane nous apprend de son avarice et de sa vie licen- 
cieuse. Cet esclave débauché eut successivement pour femmes trois filles de rois. La 
dernière était Drusille, fille d'Hérode Agrippa 1, sœur de Bérénice et d'Agrippa ll. 
Félix l'avait enlevée à Azize, roi d'Emése, grâce ‘aux artifices d'un magicien juif, 
nommé Simon. Elle lui donna un fils, qui périt avec sa mére, dans l'éruption du 
Vésuve, sous le règne de Titus, en 19. Il fallait l'intrépidité de l'Apótre pour oser 
parler de chasteté et de justice devant un pareil juge, qui pouvait l'envoyer à la 
mort. S. Paul fit plus. Il lui annonça hautement le jugement dernier où les vertus 
auront leur récompense et les vices leur chátiment. Si Félix ne se rendit pas, il ne 
put du moins se défendre d'un sentiment de terreur. » (L. Bacuez.) 

26. * Claude Lysias était probablement grec de naissance, comme semble l'indiquer 
son nom, et c'est pour cela qu'il avait été obligé d'acheter le titre de citoyen romain, 
Actes, xxi, 28. 


[cH. xxiv.] 


une lettre conçue en ces termes : 

Claude Lysias à l'excellent gou- 
verneur Félix, salut. 

97. Les Juifs avaient pris cet 
homme, et ils allaient le tuer, 
lorsque, arrivantavec les soldats, 
je l'ai tirai de leurs mains, ayant 
appris qu'il était Romain ; 

98. Et voulant savoir de quoi 
ils l'aecusaient, je lai conduit 
dans leur conseil. 

29. J'ai trouvé qu'il était accusé 
au sujet de questions qui concer- 
nentleur loi; mais qu'il n'avait 
commis aucun crime digne de 
mort ou de prison. 

30. Et comme j'ai été averti 
des embüches 4115 lui avaient 
dressées, je vous lai envoyé, 
déclarant aux accusateurs. eux- 
mémes, qu'ils aient à s'expliquer 
devant vous. Adieu. 

31. Ainsi, selon l'ordre qu'ils 
avaient, les soldats prirent Paul 
avec eux, et le conduisirent de 
nuit à Antipatride. 

32. Et le jour suivant, ayant 


laissé les cavaliers aller avec lui, 


ils revinrent au camp. 

33. Lorsque les cavaliers furent 
arrivés à Césarée, et qu'ils eu- 
rent remis la lettre au gouver- 
neur, ils lui présenterent aussi 
Paul. 

34. Or, quand il eut recu la 
lettre, et demandé à Paul de 


ACTES DES 


APOTRES. onys 
quelle province il était; appre- 
nant qu'il était de Cilicie : 

39. Je t'entendrai, dit-il, quand 
tes accusateurs seront venus. Et 
il ordonna de le garder dans le 
prétoire d'Hérode. 


CHAPITRE. XXIV. 


Paul accusé devant Félix; il se défend; 
il demeure prisonnier. Félix, étant avec 
Drusille, fait venir Paul : il est effrayé 
par son discours. Festus succède à Fé- 
lix, qui laisse Paul en prison. 


1. Cinq jours aprés, le prince 
des prétres, Ananie, descendit 
avec quelques anciens, et un cer- 
tain Tertullus, orateur; lesquels 
comparurent contre Paul devant 
le gouverneur. 

2. Or Paul ayant été appelé, 
Tertullus commenca de l'accuser, 
disant : Jouissant par vous d'une 
profonde paix, et beaucoup de 
choses étant redressées par votre 
prévoyance, 

3. Toujours et partout, excel- 
lent Félix, nous le reconnaissons, 
avec toute sorte d'actions de 
gráces. 

4. Mais pour ne point vous 
retenir plus longtemps, je vous 
prie de nous écouter un moment 
avec toute votre bonté. 

9. Nous avons trouvé que cet | 
homme, vraie peste, excite le 
trouble parmi les Juifs répandus 


31. * Antipatride, autrefois Kapharsaba, aujourd'hui Kefr Saba, dans une plaine 
fertile et bien arrosée, entre Jérusalem οἱ Césarée, à quarante-deux milles romains 
de Jérusalem et vingl-six de Césarée. Hérode le Grand, qui restaura Kapharsaba, 
lui donna le nom d'Antipatride en l'honneur de son père Antipater. 


54. * De Cilicie. Voir Actes, vi, 9. 


35. * Le prétoire d'Hérode. Palais construit par Hérode le Grand et 182116 par le 


gouverneur romain. 


Axe Quelques anciens, quelques membres du sanhédrin. — Tertullus, diminuiif de 
Tertius, indique un homme d'origine latine. C'était un avocat chargé par les Juifs 
d'accuser ₪. Paul. Les événements racontés ici °° vassèrent en l'an 58. 


Nod 


168 


2674 
dans le monde entier, et qu'il est 
chef de la secte séditieuse des 
82876688 ; 

6. Il ἃ méme tenté de profaner 
le temple; et l'ayant saisi, nous 
avons voulu le juger suivant 
notre loi. 

7. Mais le tribun Lysias surve- 
aant, l'a arraché avec une grande 
violence de nos mains, 

8. Ordonnant que ses accusa- 
teurs vinssent vers vous; c'est 
par lui que vous pourrez vous- 
méme, l'interrogeant, vous assu- 
rer des choses dont nous l'accu- 
sons. 

9. Et les Juifs ajoutèrent que 
cela était ainsi. 

10. Mais Paul (le gouverneur 
lui ayant fait signe de parler) 
répondit : Sachant que depuis 
plusieurs années, vous étes éta- 
bli juge sur ce peuple, je me dé- 
fendrai avec confiance. 

11. Car vous pouvez savoir 
qu'iln'y a pas plus de douze jours 
que je suis monté pour adorer à 
Jérusalem ; 

19. Et ils ne m'ont trouvé dis- 
putant avec quelqu'un ou ameu- 
tant la foule, ni dans le temple, 
ni dans la synagogue, 

13. Ni dans la ville; et ils ne 
sauraient vous prouver ce dont 
ils m'aceusent maintenant. 

14. Mais ce que je confesse de- 
vant vous, c'est que, suivant la 
secte qu'ils appellent hérésie, je 
sers mon Père et mon Dieu, 
croyant à tout ce qui est écrit 
dans la loi et dans les prophètes; 


ACTES DES APOTRES. 


[cH. xxiv.] 


15. Ayant en Dieu l'espérance 
qu'il y aura une résurrection, 
qu'eux aussi attendent, de justes 
et de méchants. 

16. C'est pourquoi je m'efforce 
d'avoir toujours ma conscience 
sans reproche devant Dieu et de- 
vant les hommes. 

17. Mais après plusieursannées, 
je suis venu pour faire des au- 
mónes à ma nation, et ὦ Dieu des 
offrandes et des vœux. 

18. C'est dans ces exercices 
qu'ils m'ont trouvé dans le tem- 
ple, sans concours ni tumulte. 

19. Et ce sont certains Juifs 
d'Asie, lesquels auraient dü se 
présenter devant vous et m'accu- 
ser, 5115 avaient quelque chose 
contre moi; 

20. Ou bien que ceux-ci disent 
s'ils ont trouvé en moi quelque 
iniquité, quand j'ai comparu de- 
vant le conseil ; 

91. Si ce n’est à l'éeard de cette 
seule parole que j'ai prononcée 
hautement étantau milieu d'eux: 
C'est à cause de la résurrection 
des morts, que suis aujourd'hui 
jugé par vous. 

22. Mais Félix qui connaissait 
tres bien cette voie, les remit, di- 
sant : Quand le tribun Lysias 
sera venu, je vous écouterai. 

23. Et il commanda au centu- 
rion de garder Paul, mais de lui 
laisser du repos, et de n'empé- 
cher aucun des siens de le 
servir. 

24. Or quelques jours aprés, 
Félix venant avec Drusille, sa 


Car. XXIV. 18, Supra, xxi, 26. — 21. Supra, xxui, 6. 


1%. Le mot secte n'est pas pris ici en mauvaise part. Le grec porte voie. Compar. 1x, 2. 


22. Cette voie. Compar. 1x, 2. 


24.* Avec Drusille. Voir Actes, xxri, 24, 


(on. xxv.] 
femme, qui était. Juive, appela 
Paul, et lentendit sur ce qui 
touche la foi dans le Christ-Jésus. 

95..Mais Paul discourant sur la 
justice, la chasteté, et le juge- 
ment futur, Félix effrayé, répon- 
dit.: Quant à présent, retire-toi ; 
je te manderai en. temps oppor- 
tun; 

26, Il espérait en méme temps 
que Paul lui donnerait de l’ar- 
gent; c'est pourquoi, le faisant 
souvent venir, il s'entretenait 
avec lui. 

97. Deux années s'étant écou- 
lées, Félix eut pour successeur 
Portius Festus. Or Félix, voulant 
faire plaisir aux Juifs, laissa Paul 
en prison. 


CHAPITRE XXV. 


Les Juifs accusent Paul devant Festus. 
Paul se défend et en appelle à César. 
Agrippa et Bérénice viennent à Césarée, 
Agrippa veut voir Paul. Festus fait ve- 
nir Paul devant Agrippa. 


1. Festus .done, étant arrivé 
dans la province, monta, trois 
jours après, de Césarée à Jérusa- 
lem. 

2. Et les princes des prêtres et 
les premiers d'entre les Juifs 
vinrent vers lui pour accuser 
Paul, et ils le priaient, 

3. Demandant en gráce, qu'il le 
fit amener à Jérusalem, ayant 


ACTES DES APOTRES. 2675 


préparé des embüches pour 16 
tuer en chemin. 

4, Mais Festus répondit que 
Paul était gardé à Gésarée, et que 
lui-même partirait bientôt. 

5. Que les principaux. donc 
d'entre vous (dit-il) descendent 
ensemble,. et, sil y ἃ quelque 
crime en cet homme, qu'ils l'ac- 
cusent. 

0. ΟΥ, apres avoir passé huit 
ou. dix jours parmi eux, il des- 
cendit à Césarée; et le jour sui- 
vant, il s'assit sur son tribunal, 
et ordonna d'amener Paul. 

1. Lorsqu'on leut amené, les 
Juifs qui étaient descendus de 
Jérusalem l’entourèrent, laccu- 
sant de beaucoup de crimes gra- 
ves, qu'ils ne pouvaient prouver, 

8. Paul se défendant ainsi : Je 
n'ai rien fait, ni contre la loi des 
Juifs, ni contre le temple, ni con- 
ire César. 

9. Mais Festus, qui voulait faire 
plaisir àux Juifs, répondant à 
Paul, dit: Veux-tu monter à Jé- 
rusalem, et y étre jugé sür ces 
choses devant moi? 

10.. Mais Paul répondit : C'est 
devant le tribunal de César que 
je suis: c'est là qu'il faut que je 
5015 jugé. Je n'ai nui en rien aux 
Juifs, comme vous-méme le sa- 
vez fort bien. 

11. Car si j'ai nui à quelqu'un 


26. * Lui donnerait de l'argent. La vénalité était une, des plaies de l'administration 
ro maine, surtout dans les provinces éloignées du centre de l'empire. 

31. * Festus, qui succéda à, Félix comme procurateur, était un affranchi aussi bien 
que.son prédécesseur. Il vint en. Judée en 59, la cinquième année de Néron, la se- 
c onde de la captivité de S. Paul ou de la légation de Félix. Si désireux qu'il fût de 
plaire aux Juifs, Festus sut rappeler, aux ennemis de l’Apôtre, ce qu'exigeaient le 
droit romain et l'équité naturelle: que nul accusé ne füt condamné avant d' avoir été 
confronté avec, ses accusateurs et mis à même de s'expliquer sur leurs imputations. 

1.* De Césarée résidence ordinaire du gouverneur romain. Voir Actes, 1x, 30. 

M. * J'en appelle à César. S. Paul avait droit de faire appel à César en sa qualité de 
citoyen romain. Le César auquel il en appelle.était alors Néron (an 60). 


2676 
ou si j'ai fait quelque chose qui 
mérite la mort, je ne refuse 
point de mourir; mais s'il n'en 
est rien des choses dont ils m'ac- 
cusent, personne ne peut me li- 
vrer à eux. J'en appelle à César. 

12. Alors Festus, ayant conféré 
avec le conseil, répondit : C'est 
à César que tu en as appelé, c'est 
devant César que tu iras. 

19. Quelques jours apres, le 
roi Agrippa et Bérénice descen- 


dirent à Césarée pour saluer Fes- | 


tus. 
14. Et comme ils demeurerent 


plusieurs jours, Festus parla de | 


Paul au roi, disant : Un certain 
homme a été laissé ici par Fé- 
lix comme prisonnier; 

15. A son sujet, lorsque j'étais 
à Jérusalem, les princes des pré- 
tres et les anciens des Juifs sont 
venus vers moi, demandant une 
condamnation contre lui. 

16. Je leur ai répondu : Ce 
n'est pas la coutume des Romains 
de condamner un homme avant 
que l'accusé ait ses accusateurs 
présents,et qu'on lui ait donné 
lieu de se défendre, pour se la- 
ver de l'accusation. 


ACTES DES APOTRES. 


[cu. xxv.) 


11. Apres done qu'ils furent ve- 
nus ici sans aucun délai, le jour 
suivant, siégeant sur mon tribu- 
nal, j'ordonnai d'y amener cet 
homme. 

18. Ses accusateurs s'étant pré- 
sentés, ne lui reprochàient aucun 
des crimes dont jé le soupçon- 
nais coupable ; 

19. Mais ils agitaiént contre lui 
quelques questions touchant leur 
superstition, et un certain Jésus, 
mort, que Paul affirmait étre vi- 
vant. 

90. Pour moi, hésitant à l'é- 
gard d'une question de cette 
sorte, je lui demandais s'il vou- 
lait aller à Jérusalem pour étre 
jugé sur ces choses. 

21. Mais Paul en ayant appelé, 
pour que sa cause füt réservée à 
la connaissance d'Auguste, j'ai 
ordonné qu'on 16 gardât jusqu'à 
ce que je l’envoie à César. 

22. Agrippa dit alors à Festus : 
Je voulais, moi aussi, entendre 
cet homme. Demain, répondit 
Festus, vous l’entendrez. 

23. Lelendemain donc, Agrippa 
et Bérénice étant venus en gran- 
de pompe, et étant entrés dans 


| 13. Cet Agrippa était alors roi de la Trachonite. Il avait pour père 11620006 sur- 
|nommé Agrippa, roi de Judée, qui avait fait mourir saint Jacques. Voy. xi, 1. — 
'*«Agrippa Il, fils du meurtrier de S. Jacques, Hérode Agrippa, était beau-frère de 
Félix par Drusille. C'était, d’après Josèphe, un Juif 2616 pour sa religion. Il porta le 
titre de roi, quoiqu'il n'ait pas succédé à son pére sur le tróne de Judée. 1] se retira 
à Rome en 66 et mourut en l'an 100. — Bérénice, sœur d'Agrippa, plus âgée que 
Drusille, déjà veuve du vieil Hérode de Chalcis, son oncle, et séparée de Polémon, 
roi de Cilicie, passait pour étre la concubine de son frére. Ces enfants déchus du 
graud Hérode viennent offrir leurs hommages à l'affranchi Festus, devenu momenta- 
nément favori et grand officier de l'empereur. Tandis qu'ils étalent leur faste, dans 
une ville où leur père est mort rongé des vers pour son orgueil, le gouverneur ro- 
main, voulant les distraire, les invite à présider un interrogatoire qui pourra les 
intéresser, parce qu'il a trait à leur religion. » (L. BACUEZ.) 
19. * Les princes des prêtres, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales. — Les 
anciens des Juifs, les membres du Sanhédrin, 
21. D'Auguste; c'est-à-dire de Néron. Le nom d'4uguste devint commun aux ein- 
pereurs romains, comme celui de César. 


[cu. xxvr.] 
la salle des audiences avec les 
tribuns et les principaux de la 
ville, Paul fut amené par ordre 
de Festus. 

94. Et Festus dit : Roi Agrippa, 
#ivous tous qui êtes ici réunis 
avec nous, vous voyez cet 
homme, au sujet de qui toute la 
multitude des Juifs m'a interpellé 
à Jérusalem, représentant et 
criant qu'il ne devait pas vivre 
plus longtemps. 

95. Pour moi, j'ai reconnu qu'il 
n'avait rien fait qui méritàt la 
mort; cependant lui-méme en 
ayant appelé à Auguste, j'ai dé- 
cidé de l'y envoyer. 

96. Et n'ayant rien de certain à 
écrire de lui à l'Empereur, je l'ai 
fait venir devant vous tous, mais 
principalement devant vous, roi 
Agrippa, afin que, l'interrogation 
faite, j'aie quelque cnose à écrire. 

97. Gar il me semble hors de 
raison d'envoyer un homme char- 
_gé de liens, et de ne pas en faire 
connaitre la cause. 


CHAPITRE XXVI. 


Discours de Paul devant Agrippa. Festus 
traite Paul d'insensé. Agrippa reconnait 
l'innocence de Paul. 


1. Alors Agrippa dit à Paul: On 
te permet de parler pour te dé- 
fendre. Paul aussitót, étendant 
la main, commenca sa justifica- 
tion. 

2. Roi Agrippa, je m'estime 
heureux d'avoir, sur toutes les 
choses dont les Juifs m'accusent, 


(παρ. XXVI. 10. Supra, vin, 4. 


ACTES LES APOTRES. 


2677 
à me défendre aujourd'hui devant 
vous, 

3. Surtout, vous connaissant 
toutes choses, et les coutumes et 
les questions qui existent parmi 
les Juifs. C'est pourquoi je vous 
supplie de m'écouter avec pa- 
tience. 

4. Et d’abord ma vie qui, depuis 
le commencement, s'est passée 
au milieu de ma nation à Jérusa- 
lem, tous les Juifs la connaissent, 

5. Sachant d'avance (s'ils veu- 
lent rendre témoignage), que, dès 
le commencement, j'ai vécu pha- 
risien, selon la secte la mieux 
fondée de notre religion. 

6. Et cependant me voici sou- 
mis à un jugement au sujet de 
l'espérance en la promesse qui ἃ 
été faite par Dieu à nos pères, 

7. Et dont nos douze tribus, ser- 
vant Dieu nuit et jour, espèrent 
entrer en possession. Ainsi, c'est 
au sujet de cette espérance, Ô roi, 
que je suis accusé par les Juifs. 

8. Juge-t-on incroyable parmi 
vous que Dieu ressuscite les 
morts ? 

9. Pour moi, j'avais pensé que 
je devais par mille moyens agir 
contre le nom de Jésus de Naza- 
reth ; 

10. Et c'est ce que j'ai fait à 
Jérusalem ; j'ai jeté en prison un 
grand nombre de saints, en ayant 


| recu le pouvoir des princes des 
| prétres; et, lorsqu'on les faisait 


mourir, j'ai donné mon suffrage. 
11. Et parcourant souvent 


10. De saints. Voy. 1x, 13. 


11. Saint Paul entre dans tous ces détails pour montrer au roi Agrippa qu'il n'avait 
pas embrassé le christianisme légérement, puisqu'il en avait été un persécuteur si 
ardent, et qu'il ne s'était rendu qu'à la force des miracles et à l'évidence de la vérité. 


2673 
toutes les synagogues pour les 
tourmenter, je les forçais: de 
blasphémer; et, de plus en plus 
furieux contre eux, je les pour- 
suivais jusque dans les villes 
étrangères. 

19. Comme j'allais dans ces dis- 
positions à Damas, avec pouvoir 
et permission des princes des 
prétres, 

43. Je vis, ὃ roi, au milieu du 
jour, dans le chemin, qu'une lu- 
mière du ciel, surpassant l'éclat 
du soleil, brillait autour de moi 
et de ceux qui étaient avec moi. 

44. Εἰ, étant tous tombés par 
terre, j'entendis une voix qui me 
disait en langue hébraique : Saul, 
Saul, pourquoi me persécutes-tu? 
Il t'est dur de regimber contre 
l'aiguillon. 

15. Et moi, je demandai : Qui 
étes-vous, Seigneur? Et le Sei- 
gneur répondit : Je suis Jésus que 
iu persécutes. 

10. Mais leve-toi et tiens-toi sur 
les pieds; ear je ne t'ai apparu 
que pour t'établir ministre et té- 
moin des choses que tu as vues; 
et de celles pour lesquelles je 
t'apparaitrai encore, 

17. Te délivrant des mains du 
peuple et de celles des gentils 
vers lesquels je t'envoie mainte- 
nant, 

18. Pour ouvrirleurs yeux,afin 
qu'ils se convertissent des ténè- 
bres à la lumiere, et de la puis- 
sance de Satan à Dieu, et qu'ils 
recoiventlarémission des péchés, 
et une part entre les saints, par 
la foi en moi. 

19. Ainsi, roi Agrippa, je ne fus 
pas incrédule à la vision céleste ; 


ACTES DES APOTRES. 


[cg. xxvr.] 


90. Mais à ceux de Damas, d'a- 
bord, puis à Jérusalem, dans tout 
le pays de Judée, et aux gentils, 
jannoncais qu'ils fissent péni- 
tence, et qu'ils se convertissent à 
Dieu, faisant de dignes œuvres 
de pénitence. 

91. Voilà pourquoi les Juifs; 
s'étant saisis de moi lorsque j'é- 
tais dans le temple,. cherchaient 
à me tuer. | | 

22. Mais, assisté du secours de 
Dieu, jusqu'à ce jour je suis de- 
meuré ferme, rendant témoi- 
gnage aux petits et aux grands, 
ne disant rien que ce que les pro- 
phètes et Moise ont prédit devoir 
arriver : 

93. Que le Christ souffrirait, 
qu'il serait le premier dans la ré- 
surrection des morts, et 1 
devait annoncer la lumiere à ce 
peuple et aux gentils. 

94.: Comme il parlait ainsi, ex- 
posant sa défense, Festus, d'une 
voix forte, dit : Tu es fou, Paul; 
ton grand savoir te fait perdre le 
sens. 

95. Et Paul : Je ne suis point 
fou (dit-il), à excellent Festus; 
mais je dis des paroles de sagesse 
et de vérité. | 

96. Et il sait bien ces choses, le 
roi devant qui je parle avec tant 
d'assurance; car je pense qu'il 
n'ignore rien de cela, aucune de 
ces choses ne s'étant passée dans 
un coin. 

97. Croyez-vous aux prophètes, 
roi Agrippa? Je sais ἘΠ vous y 
croyez. . 

28. Et Agrippa à Paul : Peu s'en 
faut que tu ne me persuades dé 
ire chrétien. 


12. Supra, 1x, 2. — 20. Supra, xur et xiv. — 21. Supra, xxr, 34, 


[cn. xxvn.) 


29. Mais Paul : Plaise à Dieu 
qu'il ne s'en faille ni peu ni beau- 
coup; que nor seulement vous, 
mais encore tous ceux qui m'é- 
coutent, deveniez aujourd hui 
tels que je suis moi-même, à 
l'exception de ces liens. 

- 90. Alors le roi, le gouverneur, 
Bérénice, et tous ceux qui étaient 
assis avec eux se levèrent. 

31. Et s'étant retirés à part, ils 
se parlaient l'un à l'autre, disant: 
Cet homme n'a rien fait qui mé- 
rite la mort ou les liens. 

32. Aussi Agrippa dit à Festus: 
Cet homme pourrait étre ren- 
voyé, sil n'en avait appelé à 
César. 


CHAPITRE XXVII. 


Paul est mis daus un vaisseau pour aller 
à Rome. Description de son voyage. 
Le vaisseau οὰ il se trouvait est battu 
par la tempéte. Dieu donne à Paul tous 
ceux qui étaient avec lui. Le vaisseau 
.86 brise; tous se sauvent. 


1. Lorsqu'il eut été résolu que 
Paul irait par mer en Italie, et 
(βαρ, XXVII. 2. Supra, xix, 29; xx, 4. 


ACTES DES APOTRES. 


270 
qu'on le remettrait, avec d'autres 
prisonniers, entreles mains d'un 
nommé Julius, centurion de la 
cohorte Augusta, 

2. Montant sur un navire d'A- 
drumette, nous levàmes l'ancre, 
commençant à naviguer le long 
des cótes d'Asie, et ayant tou- 
joursavec nous Aristarque, Macé- 
donien de Thessalonique. 

9. Le jour suivant, nous vin- 
mes à Sidon. Or Julius, traitant 
Paul avec humanité, lui permit 
d'aller chez ses amis, et de pren- 
dre?soin de lui-méme. 

4. Et quand nous fümes partis 
de là, nous naviguâmes au-des- 
sous de Chypre, parce que les 
vents étaient contraires. 

5. Traversant ensuite la mer de 
Cilicie et de Pamphylie, nous vin- 
mes à Lystre, ville de Lycie; 

6. Mais le centurion trouvant 
là un navire d'Alexandrie, qui 
faisait voile pour l'Itaiie, il nous 
y fit embarquer. 

7. Après avoir navigué lente- 


29. * A l'exception de ces liens. «Et il montra ces chaines, dit le comte de Maistre. 
Aprés que dix-huit siècles ont passé sur ces pages saintes, après cent lectures de 
cette belle réponse, je crois la lire encore pour la première fois, tant elle me parait 
noble, douce, ingénieuse, pénétrante! Je ne puis vous exprimer à quel point j'en 
suis touché. » 


1. * La cohorte Augusta dont Julius était centurion, était composée probablement 
des hommes appelés Augustani, qu'on a supposé étre les mémes que les vétérans 
formant la garde du corps des empereurs. Le départ de S. Paul eut lieu l'an 60. 

2.* D'Adrumette, port de mer de la Mysie (Asie Mineure), près de la rivière du 
Caique. — Aristarque. Voir note sur Actes, xix, 29. 

3. * A Sidon, ville de la Phénicie, au sud de Tyr. 

4. * De Chypre. Voir Actes, x1, 19. 

9. * La mer de Cilicie et de Pamphylie est comprise entre l'ile de Chypre et le lit- 
toral de l'Asie Mineure. — Lysíre, ville de Lycie. Le texte grec lit Myre, au lieu de 
Lystre qui était en Lycaonie, non en Lycie. Myre, que devait illustrer plus tard son 
évéque S. Nicolas, est en effet une ville de Lycie, en Asie Mineure, entre la Carie et 
la Pamphylie. Cette ville était un port de mer, à l'est de Patare. 

6. * Un navire d'Alezandrie (port de mer d'Egypte) avait été poussé à Myre par les 
vents contraires (y. 4). On pouvait aller en un jour de Myre à Cnide. 

7. * Devant Cnide, presqu'ile et ville du méme nom sur la côte de la Carie, entre 
l'ile de Cos et celle de Rhodes. — La Créte, 116 au sud ouest de Cnide. Le vent ayant 


2680 
ment pendant bien des jours, et 
être à peine arrivés devant Cnide, 
le vent nous arrétant, nous có- 
toyâmes la Crète, du côté de 
Salmone ; 

8. Et suivant la cóte avec dif- 
ficulté, nous vinmes en un lieu 
appelé. Bonsports, prés duquel 
était la ville de Thalasse. 

9. Beaucoup de temps s'étant 
ainsi écoulé, et comme la naviga- 
tion n'était déjà plus sûre, le 
temps du jeûne se trouvant déjà 
passé, Paul les consolait, 

10. Leur disant : Hommes, je 
vois quela navigation commence 
à n'étre pas sans péril et sans 
grand dommage, non seulement 
pour la cargaison et le vaisseau 
lui-méme, mais aussi pour nos 
ámes. 

11. Mais le centurion croyait 
plus au pilote et au patron qu'à 
ce que Paul disait. 


ACTES DES APOTRES. 


[cu. xxvu.] 


19. Et comme le port n'était 
pas propre pour hiverner, 18 plu- 
part émirent l'avis d'en partir, 
afin, s'il se pouvait, de gagner 
Phénice, port de Crète, qui re- 
garde l'Africus et le Corus, et d'y 
passer l'hiver. 

13. Un vent doux du midi s'é- 
tant levé, et eux pensant qu'ils 
accompliraient leur dessein, le- 
vèrent l'anere d'Asson et côtoyè- 
rent la Crète. 

14. Mais, peu après, il se leva 
contre 1118 un vent de typhon, 
qui est appelé euro-aquilon. 

15. Et comme le vaisseau était 
emporté, etne pouvait résisterau 
vent, nous nous laissâmes flotter 
avec le vaisseau au gré du vent. 

16. Et, poussés au-dessous 
d'une ile qui est appelée Cauda, 
à peine pümes-nous étre maitres 
de l'esquif. 

11. Lorsque les matelots l'eu- 


empéché d'aborder à Cnide, le vaisseau aurait dü passer au nord de la Créte, mais 
à cause du temps, il alla passer au sud de l'ile. — Salmone est un promontoire à 
l'extrémité orientale de la Créte. 

8-9. * Bonsporís, au sud de la Crète, à l'ouest de Salmone, où il y a un port à l'abri 
des vents du nord-ouest. — Thalasse, dans le texte grec Lasæa. Les ruines de cette 
ville ont été découvertes en 1856, prés du cap Léonda, non loin de Bonsports, à l'est. 

9, 10. Les consolait, etc.; les encourageait tout en les avertissant du danger qu'ils 
couraient pour leur vie. Le grec porte, en effet, conseiller, exhorter, etc. 

12. * Phénice, port de Créte, au sud-ouest de l'ile, probablement le Lutro actuel, 
protégé par des rochers contre les vents du sud-ouest, l'Africus, et du nord-ouest, 
le Corus. 

13. * Asson. 11 y a bien en Crète une ville d'Asos, mais ce n'est pas un port de mer. 
D'aprés l'interprétation commune, le traducteur latin a pris pour un nom propre un 
mot grec qui est en réalité un adverbe, asson, plus prés, et il faut traduire : ayant 
levé l'ancre, ils longérent la terre, la côte de Crète, de trés près. 

14-15. * Le vaisseau se dirigeait vers l'ouest. Aprés avoir doublé le cap Littino, il 
naviguait en sécurité dans la baie de Massara, lorsqu'il s'éleva un vent de (yphon ou 
produisant des tourbillons, d'entre l'est et le nord; la violence de ce vent emporta le 
navire sans qu'il füt possible d'y résister. 

16. * Le navire fut ainsi poussé au-dessous d'une île qui est appelée Cauda, aujour- 
d'hui Gaudo, au sud de la Créte. 

11. Lièrent; littér., ceignirent; c'est-à-dire qu'ils firent au vaisseau comme. une 
ceinture en le liant de bas en haut avec des câbles, afin d'en consolider les flancs.— 
En se faisant aider, autrement: En employant toutes sortes de moyens, comme les 
cordes, les crochets, etc.; mais la première traduction paraît mieux fondée. — Il y 
a deux syrtes ou bancs de sable sur la côte septentrionale de l'Afrique, la grande 
et la petite; c'est de la dernière qu'il est ici question. 


[cu. xxvn.] 


rent enfin tiré à nous, ils lièrent 
le vaisseau en se faisant aider, 
et, craignant de donner sur la 
syrte, ils abaisserent le mât, et 
s’abandonnèrent ainsi à la mer. 

18. Et comme nous étions for- 
tement battus de la tempéte, le 
jour suivant ils jetèrent les mar- 
chandises à la mer; 

19. Le troisieme jour, ils jetè- 
rent aussi, de leurs propres 
mains, les agrès du vaisseau. 

90. Or, le soleil ni aucun autre 
astre n'ayant paru pendant plu- 
sieurs jours, et une violente tem- 
péte sévissant, nous avions perdu 
tout espoir de salut. 

91. Et comme depuis long- 
temps on n'avait pas mangé, 
Paul se tenant au milieu d'eux, 
dit : Hommes, vous auriez dû, 
m'écoutant, ne point quitter la 
Crète, et vous épargner ainsi ce 
péril et cette perte. 

22. Cependant je vous exhorte 
à prendre courage, parce que 
aucune de vos âmes ne périra; il 
n'y aura que le vaisseau. 

93. Car un ange du Dieu à qui 
je suis et que je sers, s'est pré- 
senté à moi cette nuit, 

94. Disant : Paul, ne crains 
point; il faut que tu comparaisses 
devant César; et voilà que Dieu 
ta donné tous ceux qui navi- 
guent avec Loi. 

25. C'est pourquoi, hommes, 
ayez bon courage ; car j'ai foi en 
Dieu, qu'il en sera comme il m'a 
été dit. 

20. Mais il faut que nous soyons 


ACTES DES APOTRES. 


2681 
jetés contre une certaine ile; 

27. Or, quand la quatorzième 
nuit fut venue, nous naviguant 
dans l'Adriatique, vers le milieu 
de la nuit, les matelots crurent 
entrevoir quelque terre 

28. Jetant aussitôt la sonde, ils 
trouvèrent vingt brasses, et s'é- 
loignant un peu au delà, ils trou- 
vèrent quinze brasses. 

29.. Alors craignant de heurter 
contre quelque écueil, jetant de 
la poupe quatre ancres, ils sou- 


| haitaient vivement qu'il fit jour. 


90. Les matelots, cherchant à 
fuir du vaisseau, après avoir mis 
l'esquif en mer, sous prétexte de 
commencer à jeter des ancres du 
cóté de la proue, 

91. Paul dit au centurion et aux 
soldats : Si ces hommes ne res- 
tent pas dans le vaisseau, vous- 
mémes ne pouvez vous sauver. 

32. Alors les soldats couperent 
les cordages de l'esquif et le lais- 
serent aller. 

33. Et comme le jour commen- 
cait à se faire, Paul les exhorta 
tous à prendre de la nourriture, 
disant : C'est aujourd'hui le qua- 
torzieme jour que vous passez à 
jeun dans l'attente, ne prenant 
rien. 

34. C'est pourquoi je vous ex- 
horte, pour votre salut, à prendre 
de la nourriture ; car pas un che- 
veu de la tête d'aucun de vous ne 
périra. 

35. Et, quand il eut dit ces cho- 
ses, prenant du pain, il rendit 
gráces à Dieu en présence de 


——————— ——À 


21. * Dans l'Adriatique. Les anciens appliquaient ordinairement ce nom à la mer 
Ionienne, entre la Grèce et l'Italie méridionale. 
28. * Brasses. La brasse a la longueur des deux bras étendus; elle valait de cinq 


à six pieds grecs. 


2682 
tous; et l'ayant rompu, il se mit 
à manger. 

96. Alors tous les autres ayant 
repris courage, mangerent aussi. 

37. Or nous étions dans le vais- 
seau deux cent soixante-seize 
personnes en tout. 

38. Et quand ils furent rassa- 
siés, ils allégèrent le vaisseau en 
jetant le blé dans la mer. 

39. Lorsque le jour fut venu, 
ils ne reconnaissaient point la 
terre; mais ils apercevaient un 
golfe qui avait un rivage, sur le- 
quel ils songeaient à échouer le 
vaisseau s'ils le pouvaient. 

40. Ainsi, apres avoir levé les 
ancres, et en méme temps lâché 
les attaches des gouvernails, ils 
s'abandonnerent à la mer; et 
ayant dressé lartimon selon le 
vent qui soufflait, ils tiraient vers 
le rivage. 

44. Mais ayant rencontré une 
langue de terre baignée par deux 
mers de deux côtés, ils échouè- 
rent le vaisseau; et la proue s'é- 
tant enfoncée, demeurait immo- 
bile; mais la poupe se déjoignait 
par la violence des vagues. 

49. Alors le dessein des soldats 
fut. de tuer les prisonniers, de 
peur que quelqu'un d'eux ne s'en- 
fuit en nageant. 

48. Mais le centurion, voulant 
sauver Paul, les en empécha et 
ordonna à ceux qui savaient na- 


41. II Cor., ,זא‎ 20. 


ACTES DES APOTRES. 


[cu. xxvn.] 


ger, de se jeter à la mer les pre- 
miers, et dese sauver en gagnant 
la terre. 

44. Pour les autres, on les fit 
passer sur des planches, et quel- 
ques-uns sur des débris du vais- 
seau. Et ainsi il arriva que tous 
gagnèrent la terre. | 


CHAPITRE XXVII. 


Paul et ceux qui étaient avec lui sont re- 
cus à Malte. Il est mordu d'une vipére. 
Il guérit les malades de cette ile. Il 
continue son voyage, arrive à Rome, 
préche Jésus-Christ aux Juifs, leur re- 
proche leur endurcissement, et leur an- 
nonce que les gentils.leur seront pré- 
férés. 

1. Après nous être ainsi sauvés, 
nous apprimes que l’île s'appelait 
Malte. Et les barbares nous mon- 
trèrent beaucoup d'humanité. 

2. Car ayant allumé du feu, à 
cause de la pluie tombante et du 
froid, ils nous ranimaient. 

3. Alors Paul ayant rassemblé 
une certaine quantité 00 sar- 
ments, et les ayant mis au feu, 
une vipère que la chaleur en fit 
sortir s'élanca sur sa main. 

4. Dès que les barbares virent 


. cette bête qui pendait à sa main, 


ils se dirent l'un à l'autre : Assu- 
rément, cet homme est un meur- 
trier, puisque, apres avoir échap- 
pé à la mer, la vengeance ne 
permet pas qu'il vive. 

ὃ, Et lui, secouant la béte dans 


4. Les barbares; c'est-à-dire les restes des paysans africains qui étaient restés dans 
l'ile, depuis que les Romains s'en étaient rendus maîtres; ces paysans, ne parlant ni 
grec ni latin, étaient de ceux que les Grecs appelaient alors barbares. — * Malle. 
Quelques commentateurs croient qu'il s'agit ici de Meleda, dans le golfe de Venise, 
mais le plus grand nombre pensent que l'ile ici nommée est bien celle qui est con- 
nue aujourd'hui sous le nom de Malte, dans la mer Méditerranée, au sud de la Sicile. 

4. * La vengeance, en grec Diké, la vengeance divine personnifiée d'aprés les idées 
paiennes 


] 18 ,- xxvii.) 


le. feu, n'en souffrit aucun. mal. 
.6..Mais eux croyaient qu'il allait 
enfler, tomber soudainement et 
mourir. Et apres avoir attendu 
longtemps, voyant qu'il ne lui 
arrivaitaucun mal, ils changérent 
de sentiments, et dirent que c'é- 
tait un dieu. 

7. En ces lieux-là se trouvaient 
des terres appartenant au pre- 
mier de l'ile, nommé Publius, le- 
quel, nous recevant, se montra, 
durant trois jours, trés bon en- 
vers nous. 

8. Oril serencontra que le pere 
de Publius était au lit, tourmenté 
de la fièvre et de la dyssenterie. 
Paul alla le voir, et ayant prié, et 
lui ayant imposé les mains, il le 
guérit. 

9. Cela fait, tous ceux qui, dans 
1116, avaient des maladies, ve- 
naient, et étaient guéris ; 

10. 115. nous rendirent aussi 


ACTES DES APOTRES. 


2683 


beaucoup d'honneurs, et, quand 
nous nous mimes en mer, ils nous 
pourvurent de toutes les choses 
qui nous étaient nécessaires. 

11. Au bout de trois mois, nous 
nous embarquámes sur un vais- 
seau d'Alexandrie, qui avait hi- 
verné dans l'ile, et qui avait pour 
enseigne les castors. 

12. Et étant arrivés à Syracuse, 
nous y demeurámes trois jours. 

13. De là, faisant le tour de la 
côte, nous vinmes à Rhégium ; et 
un jour après. un vent ayant 
soufflé du midi, nous. vinmes à 
Pouzzoles, 

14. Θὰ nous trouvâmes de nos 
frères, qui nous prierent de de- 
meurer avec eux sept jours; et 
après nous partimes pour Rome. 

18. Ce qu'ayant appris, nos 
frères de Rome vinrent au-devant 
de nous jusqu'au forum d'Appius 
et aux trois Tavernes. Lorsque 


1. * Au. premier de l'ile, nommé Publius. Deux inscriptions, l'une grecque, l'autre 
latine, nous apprennent que le magistrat supréme de Malte portait le titre de Pre- 
mier de l'ile. 

41, * Les castors. En grec : les Dioscures, c'est-à-dire Castor et Pollux, fils de Jupiter 
et.de Léda, dont on avait donné le nom à une constellation et que les marins hono- 
raient comme une divinité tutélaire. Leur image était peinte sur la proue du vaisseau 
d'Alexandrie, qui, pour ce motif, portait leur nom. 

12. * Syracuse, capitale de la Sicile, sur la côte orientale de cette fle. 

13. * Rhégium, aujourd'hui Reggio, dans leroyaume de Naples, au sud-ouest, vis- 
à-vis de la Sicile. — « Le lieu nommé Puteoli par la Vulgate est Pouzzoles, ville de la 
Campanie, sur le golfe de Naples. Le port d'Ostie ne pouvant recevoir que des bar- 
ques, celui de Pouzzoles était le dernier où l'on abordát avant l'embouchure du Tibre. 
C'est vers ce port, parfaitement sûr, que cinglaient les nombreux vaisseaux qui ve- 
naient d'Alexandrie; et c'est là que débarquaient les Juifs et les Syriens qui se ren- 
daient à Rome. S. Paul y arriva deux jours aprés son départ de Reggio. Les frères 
qui l’accueillirent avec une charité si empressée, et qui le retinrent toute la semaine 

, avec S. Luc et Aristarque, étaient certainement des chrétiens, aussi bien que ceux 

| qui vinrent à sa rencontre jusqu'au Marché d'Appius, à neuf lieues de Rome, et aux 

| Trois Loges, à quatre lieues, Pouzzoles est. à peu de distance de Pompei. On a trouvé 
récemment dans les ruines de cette derniére ville, ensevelie dix-huit ans plus tard, 
en 79, sous les laves du. Vésuve, une synagogue, et dans une inscription gravée au 
trait sur le stuc d'une muraille, une trace certaine de l'existence du christianisme 
à cette époque: Audi christianos, sævos olores. » (L. Bacuez.) 

45. * Forum ou marché d'Appius. Il était situé sur la voie Appienne, à quarante- 
trois milles de Rome, au nord-ouest de Terracine. — Les trois Tavernes étaient encore 
plus au nord, sur la méme voie Appienne, à trente-trois milles de Rome. 


2684 
Paul les eut vus rendant grá- 
ces à Dieu, il fut rempli de con- 
fiance. 

16. Quand nous fûmes arrivés 
à Rome, on permit à Paul de de- 
meurer seul avec le soldat qui le 
gardait. 

17. Après le troisième jour, il 
fit appeler 168 premiers d'entre 
les Juifs. Et lorsqu'ils se furent 
assemblés,illeurdisait: Hommes, 
mes freres, n'ayant rien fait con- 
tre le temple ni contre les cou- 
tumes de nos peres, j'ai été char- 
gé de liens à Jérusalem, et livré 
aux mains des Romains, 

18. Lesquels, apres m'avoir 
interrogé, ont voulu merenvoyer, 
parce qu'il n'y avait aucune cause 
de mort en moi. 

19. Mais les Juifs s'y opposant, 
j'ai été forcé d'en appeler à Gésar, 
non que j'aie quelque sujet d'ac- 
cuser ma nation. 

90. Voilà donc pourquoi j'ai 
demandé à vous voir et à vous 
parler. Car c'est à cause de l'es- 
pérance d'Israël que j'ai été lié de 
cette chaine. 

21. Ils lui répondirent : Nous 
n'avons point requ de lettre de 
Judée à ton sujet, et aucun frere 
n'est venu, qui nous ait parlé, ou 
nous ait dit aucun mal de toi. 

99. Mais nous serions bien aises 
d'apprendre de toi-même ce que 


ACTES DES APOTRES. 


(ch. [,זזזטצצ‎ 


tu penses ; carce que nous savons 
de cette secte, c'est que partout 
on la combat. 

23. Lorsqu'ils lui eurent mar 
qué un jour, ils vinrent en grand 
nombre le trouver dans l'hótelle- 
rie ; et il leur expliquait, et con- 
firmait par des témoignages 16 
royaume de Dieu, s'efforcant, du 
matin au soir, de les persua- 
der de ce qui regarde Jésus, par 
la loi de Moise et par les pro- 
phétes. 

24. Et les uns croyaientce qu'il 
disait, etles autres ne le croyaient 
pas. 

95. Et comme ils ne s’accor- 
daient pas entre eux, ils se reti- 
raient, Paul disant ce seul mot : 
C'est avec raison que l'Esprit- 
Saint ἃ parlé à nos pères par la 
bouche du prophète Isaïe, 

26. Disant : Va vers ce peuple, 
et dis-lui : Vous entendrez de vos 
oreilles, et vous ne comprendrez 
point; regardant, vous regarde- 
rez, et vous ne verrez point. 

27. Car le cœur de ce peuple 
s'est appesanti, leurs oreilles sont 
devenues sourdes, et ils ont fer- 
mé leurs yeux ; de peur qu'ils ne 
voient de leurs yeux, qu'ils n'en- 
tendent de leurs oreilles, qu'ils 
ne comprennent de leur cœur, 
qu'ils ne se convertissent et:que 
je ne les guérisse. 


Cuar. XXVIII. 26. Isaie, vr, 9; Matt., xir, 14; Marc, iv, 12; Luc, vin, 10; Joan, xit, 


40; Rom., ΧΙ, 8. 


16. * Seul avec le soldat qui le gardait. C'était un soldat prétorien, auquel S. Paul, 
d'après la coutume romaine, était attaché par une chaine au bras. — 8S. Paul arriva 
à Rome au mois de mars de l'an 61, la Te année du règne de Néron. 


19. * À César, alors Néron. 


23. * Dans l'hôtellerie, proprement le logement où il recevait l'hospitalité, peut- 


être la maison d'Aquila et de Priscille. 


36. Regardant, vous regarderez; répétition qui, comme on a pu le remarquer plu: 
sieurs fois, a pour but de donner de la force et de l'énergie au discours. 


(cu. ΧΧΥΠΙ.] ACTES DES APOTRES. 2685 


98. Qu'il soit donc connu de 30. Or il demeura deux ans en- 
vous, que ce salut de Dieu a été | tiers dansunlogis qu'il avaitloué; 
envoyé aux gentils, et qu'eux | et il recevait tous ceux qui ve- 
écouteront. naient à lui, 

29. Lorsqu'il leur eut dit ces 31. Préchant le royaume de 
choses, les Juifs le quitterent, | Dieu, etenseignantce qui regarde 
ayant de grands débals entre | Jésus-Christ, en toute assurance 
eux. et sans empéchement. 


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33. * Doni; Tini 

me em ist 


sieurs this, 5 δὲ ἐξ Βαϊ" 


LES 


EPITRES DE SAINT PAUL 


— ái 
SAINT PAUL 


S. Paul, selon l'expression de Bossuet, a été le plus zélé des 
Apôtres et le plus illustre des prédicateurs. Non content de précher 
l'Evangile de vive voix, il l'a préché par ses écrits à ses contempo- 
rains et il nous le préche encore dans ses Epitres immortelles qui ont 
fait l'admiration de tous les siècles et qui seront à jamais la consola- 
tion, l'instruction etl'édification de l'Eglise.1l a bien réalisé la parole 
qu'avait dite de lui le divin Maitre : « C'est un vase d'élection, pour 
porter mon nom devant les Gentils, les rois et les enfants d'Israél. » 

Paul, appelé d'abord Saul, était né à Tarse en Cilicie (voir la 
note Ac£.,1x,30), d'une famille juive, de la tribu de Benjamin, vers le 
commencement de l'ére chrétienne. Son père était pharisien. Envoyé 
encore jeune à Jérusalem, Saul y reçut les leçons de Gamaliel (voir 
la note Act. v, 34). Quand le christianisme commença à se propager, 
il se fit remarquer entre tous parsa haine et son animosité contre les 
disciples de Jésus-Christ. Pendant le martyre de S. Etienne, il gardait 
les vétements de ceux qui le lapidaient. Quelque temps apres cet 

“événement, il se fit charger par les princes des prêtres d'aller pour- 
| suivre les Juifs convertis dans les villes étrangères. Mais le Sauveur 
l'attendait sur le chemin de Damas, et de persécuteur, il le fit apôtre 
(an 35). Saul avait alors environ 35 ans. 

Lorsque la Providence l'eut suffisamment préparé à l'œuvre de la 
conversion des Gentils, à laquelle elle l'avait particulierement appelé, 
S. Paul commença ses courses et ses missions à travers l'empire 
romain. C'était vers l'an 45. 

« On peut distinguer, dit M. Bacuez, trois voyages apostoliques de 


-- 


2688 LES EPITRES DE SAINT PAUL. 


S. Paul, ayant pour point de départ, non Jérusalem, capitale de la 
Judée, mais Antioche, la métropole:de l'Orient, dont la population 
mélangée et trafiquante était en rapport avec toutes les nations du 
monde et où les disciples du Sauveur portaient déjà le nom de 
chrétiens. 

» Le premier se fit avant le concile de Jérusalem, de 45 à 47 ou 48. 


Parti avec S. Barnabé, aprés avoir reçu le caractère épiscopal et 


avoir appris, dans un ravissement, des secrets merveilleux, l'Apótre 
commence par évangéliser l'ile de Chypre, puis il revient sur le con- 
tinent, préche à Perge en Pamphilie, à Antioche de Pisidie, à Icone, 
à Lystre, à Derbe de Lycaonie; et enfin, après une nouvelle visite à 
Lystre, Icone, Antioche de Pisidie, il rentre à Antioche. 

» Le second voyage eut lieu peu aprés le concile, et dura environ 
trois ans, de 51 à 53 environ. Il a plus d'importance encore que le 
premier. S. Paul, se séparant, dés le début, de Barnabé, qui retourne 
en Chypre, sa patrie, s'avance avec Silas vers le nord de lAsie- 
Mineure. 11 parcourt la Phrygie, et jette les premieres semences de 
la foi en Galatie. Ensuite, sur un avis qu'il reçoit du ciel, il passe en 
Europe. Il fonde les églises de Philippes, de Thessalonique et de 
Bérée dans la Macédoine ; puis, en Grece, celle d'Athenes, et celle de 
Corinthe, où il séjourne dix-huit mois chez Aquila, et d'où il écrit 
ses deux Lettres aux Thessaloniciens. Enfin il regagne Antioche par 
Ephèse, Césarée, Jérusalem. 

» Le dernier voyage est 16 plus long. Il eut lieu de 55 à 58 environ. 
Après avoir visité les églises de Galatie et de Phrygie, S. Paul fait à 
Ephèse et aux environs un séjour d'environ trois ans. Une sédition 
le forçant de quitter Ephèse, il en laisse le soin: à Timothée, et part 
pour la Macédoine. De làil revient à Troade, passe en Grèce, retourne 
à Corinthe oü il demeure trois mois; puis, revenant par la Macé- 
doine, il s'embarque à Philippes, passe à Troade, à Asson, à Milet. 
Quelques jours après, il est à Césarée, chez le diacre Philippe. Enfin 
il arrive à Jérusalem, oü il tombe au pouvoir de ses ennemis, et apres 
deux ans de captivité il se voit forcé d'appeler au tribunal de César. 
Dans le cours de ce dernier voyage il avait écrit quatre Epitres nou- 
velles, deux aux Corinthiens, la premiere d'Ephése, la seconde 6 
Philippes; puis l'Epître aux Galates et celle aux Romains, de 
Gorinthe. » 

> Il court ainsi, dit Bossuet, il court par toute la terre, portant 8 
tout la croix de Jésus; toujours menacé, toujours poursuivi avec une 
fureur implacable; sans repos durant trente années, il passe d'un 


LES ÉPITRES DE SAINT PAUL. 2689 


travail à un autre, et trouve partout de nouveaux périis ; des nau- 
frages dans ses voyages de mer, des embüches dans ceux de terre ; 
de la haine parmi les Gentils, de la rage parmi les Juifs; des calom- 
niateurs dans tous les tribunaux, des supplices dans toutes les villes; 
dans l'Eglise méme et dans sa maison des faux freres qui le trahissent, 
tantót lapidé et laissó pour mort, tantót battu outrageusement et 
presque déchiré par le peuple ; il meurt tous les jours pour le Fils de 
Dieu, quotidie morior; et il marque l'ordre de ses voyages par les 
traces de sang qu'il répand et par les peuples qu'il convertit. » 

S. Paul fut emprisonné vers l'an 58. Arrété à Jérusalem, conduit 
ensuite à Césarée, il fit, dans cette dernière ville, appel à César et 
fut conduit à Rome, où il comparut peut-être devant Burrhus et 
Sénèque, les ministres de Néron, de qui dépendait son sort. On croit 
qu'il recouvra sa liberté en 62, mais depuis son arrivée à Rome nous 
n'avons plus sur sa vie et ses actes les renseignements détaillés et 
authentiques que nous avait fournis jusque-là S. Luc. 

« Après les derniers récits des Actes, récits qui vont jusqu'en 58, 
60 ou 63, suivant les systèmes, tout ce qu'on sait de certain, c'est 
qu il travailla avec succes à la propagation de l'Evangile dans la capi- 
tale de l'empire, sans cesser de veiller sur les églises d'Asie; qu'il 
écrivit du lieu de sa captivité au moins quatre Epitres : aux Ephé- 
siens, aux Colossiens, à Philémon, aux Philippiens. Ceux qui 
n'admettent qu'une captivité le font mourir en 64, sous la persécution 
de Néron; mais le sentiment le plus commun est qu'il fut martyrisé 
avec saint Pierre, en l'an 67. Quant aux autres faits qui remplirent 
les dernieres années de sa vie, ils ne sont pas connus avec certitude. 
Néanmoins on s'accorde généralement à penser qu'apres avoir com- 
paru devant Néron et avoir été absous à son tribunal, S. Paul reprit 
ses courses apostoliques, qu'il se rendit en Espagne, suivant son 
ancien projet, en passant par les Gaules; qu'il revint en Orient, 
s'arréta à Colosses, à Troas, à Milet, dansl'ile de Crete, en Macédoine, : 
à Corinthe, à Nicopolis; puis qu'étant rentré à Rome, vers 66, il fu! 
arrété de nouveau avec S. Pierre et soumis à une dure captivité, 
enfin condamné à mort et décapité sur la route d'Ostie. D'autres 
pensent qu'il se rendit d'abord en Orient, en passant par l'ile de 
Crète, qu'il visita Jérusalem, Colosses, puis qu'après plusieurs 
voyages dans la Macédoine, dans la Grèce et à Ephèse, il arriva en 
Espagne en passant par Rome où il revint pour terminer sa vie. » 
(L. Bacuzz.) 

En mourant, S. Paul laissait en héritage à l'Eglise ses quatorze 


N. T. 169 


2690 LES ÉPITRES DE SAINT PAUL. 


Epîtres. Neuf d’entre elles sont adressées à des Eglises (en supposant 
que celle aux Hébreux a été écrite pour l'Eglise de Jérusalem), une à 
une province (la Galatie), quatre à des particuliers. Elles ont toutes 
été écrites en grec, à l'exception peut-être de l'Epitre aux Hébreux 
dans sa première rédaction. Leur date précise n'est pas toujours 
180118 à déterminer avec certitude. En voici le tableau chronologique, 
d’après M. Bacuez. 


Sir Epitres écrites dans l'espace de six ans, pendant son n° et son me voyage 
apostolique : 
l^ aux Thessaloniciens (v chap.), 2 voyage, en 52, de Corinthe. 
II* aux Thessaloniciens (ur chap.), méme année, de Corinthe. 
[τὸ aux Corinthiens (xvi chap.), 3* voyage, en 56, d'Ephèse. | 
115 aux Corinthiens (xi chap.), en 57, de Philippes. 
Aux Galates (v1 chap.), en 57, de Corinthe. 
Aux Romains (xvi chap.), en 58, de Corinthe. 


Quatre Epitres écrites sur la fin de sa première captivité : 


Aux Philippiens (tv chap.), 
Aux Ephésiens (vi chap.), 
Aux Colossiens (tv chap.), 
A Philémon (1 chap.), 


l'an 62, de Rome. 


Trois entre les deux captivites : 


Aux Hébreux (xui chap.), l'an 63, de l'Italie. 
A Tite (ur chap.), l'an 64, de la Macédoine. 
יז‎ à Timothée (νι chap.), méme date, et méme contrée. 


Douze sous Néron, de 56 à 66. 


Une pendant sa dernière captivité : 


II» à Timothée (tv chap.), l'an 66, de Rome. 

« Le grand prédicateur de Jésus-Christ, dit S. Cyrille de Jér usalem, 
c'est S. Paul. L'Esprit Saint a permis que les autres Apótres n'écri- 
visssent qu'un petit nombre d'Epitres; mais pour S. Paul, il a voulu 
qu'ilen écrivit quatorze. Pourquoi cela? Parce que S. Paul a com- 
mencé par persécuter le Christianisme et que rien ne prouve mieux 
la vérité d'une doctrine que le suffrage de ses persécuteurs. » 

Les lettres de l'Apótre des gentils n'ont rien d'analogue dans 
aucune langue, ni pour le fond ni pour la forme. La doctrine en est 
merveilleuse et divine; la dialectique, irrésistible. | 

« S. Paul a des moyens pour persuader que la Grèce n'enseigne 


LES EPITRES DE SAINT PAUL. 2691 


pas et que Rome n'a pas appris. Une puissance surnaturelle, qui se 
plait de relever ce que les superbes méprisent, s'est répandue et 
mélée dans l'auguste simplicité de ses paroles. De là vient que nous 
admirons dans ses admirables Epitres une certaine vertu plus qu'hu- 
maine, qui persuade contre les regles, ou plutót qui ne persuade pas 
tant qu'elle captive les entendements, qui ne flatte pas les oreilles, 
mais qui porte ses coups droit au cœur. » (Bossuer.) 

Pour exposer les grandes vérités chrétiennes, S. Paul se faconne à 
lui-même son langage. Il a créé la langue chrétienne, il a fait expri- 
mer à des mots paiens les vérités nouvelles que Jésus-Christ avait 
apportées au monde. « La sagesse du grand Paul, dit S. Grégoire de 
Nysse, se sert des mots à son gré, il les assujettit à sa volonté et 
adapte leur signification aux besoins de sa pensée, quoique l'usage 
leur ait attribué un autre sens et en ait fait l'expression de concep- 
tions différentes. » 

La nouveauté de son langage produit une certaine obseurité, mais 
plus encore son exposition. Les idées se pressent en foule sous sa 
plume ; elles s'accumulent, s'entassent et s'emmélent. De là un cer- 
tain désordre, de longues parentheses, des retours en arriere, des 
phrases inachevées, des constructions compliquées, etc. Ce n'est 
point la marche savante et méthodique des classiques de l'antiquité, 
mais si ce sont là des défauts au point de vue littéraire, comme ils 
sont largement compensés par des qualités d'ordre supérieur! Quelle 
vie, quel mouvement, quels élans et surtout quelles pensées divines 
dans ces Epitres! 

« N'attendez donc pas de l'Apótre, dit Bossuet, ni qu'il vienne flatter 
les oreilles par des cadences harmonieuses, ni qu'il veuille charmer 
les esprits par de vaines curiosités. S. Paul rejette tous les artifices 
de la rhétorique. Son discours, bien loin de couler avec cette dou- 
ceur agréable, avec cette égalité tempérée que nous admirons dans 
les orateurs, parait inégal et sans suite à ceux qui ne l'ont pas assez 
pénétré; et les délicats de la terre, qui ont, disent-ils, les oreilles 
fines, sont offensés de la dureté de son style irrégulier. Mais n'en 
rougissons pas. Le discours de l'Apótre est simple, mais ses pensées 
sont toutes divines. S'il ignore la rhétorique, s'il méprise la philoso- 
phie, Jésus-Christ lui tient lieu de tout, et son nom qu'il a toujours à 
la bouche, ses mystères qu'il traite si divinement, rendront sa sim- 
plicité toute puissante. Il ira, cet ignorant dans l’art de bien dire, 
avec cette locution rude, avec cette phrase qui sent l'étranger, il ira 
en cette Grèce polie, la mère des philosophes et des orateurs; et 


2692 LES ÉPITRES DE SAINT PAUL. 


malgré la résistance du monde, il y établira pius d'Eglises que Pla- 
ton n'y a gagné de disciples, par cette éloquence qu'on a crue divine. 
11 préchera Jésus dans Athènes, et le plus savant de ses sénateurs 
passera de l'Aréopage en l'école de ce barbare. Il poussera encore 
plus loin ses conquétes; il abattra aux pieds du Sauveur la majesté 
des faisceaux romains en la personne d'un proconsul, et il fera trem- 
bler dans leur tribunaux les juges devant lesquels on le cite. Rome 
méme entendra sa voix; et un jour cette ville maitresse se tiendra 
bien plus honorée d'une lettre du style de Paul, adressée à ses 
citoyens, que de tant de fameuses harangues qu'elle a entendues de 
son Cicéron. » 

« S. Paul est le théologien du Nouveau Testament et le dernier 
degré de la profondeur dans les choses divines. Venu apres Jésus- 
Christ, quand la révélation de tous les mystères était consommée, 
homme de science avant d'étre l'homme de Dieu, il a porté dans les 
abimes de lincarnation et de la rédemption une lumière si éner- 
gique, qu'elle éblouit d'abord, et une intrépidité de foi dont l'expres- 
sion abrupte cause une sorte de vertige à l'entendement qui n'y est 
pas préparé. S. Paul a une langue à lui, une sorte de grec tout trempé 
d'hébraisme, des tours brusques, hardis, brefs, quelque chose qui 
semblerait un mépris de la clarté du style, parce qu'une clarté supé- 
rieure inonde sa pensée et lui parait suffire à se faire voir elle-méme. 
Insouciant de l’éloquence comme de la lumière, il rebute d'abord 
l'àme qui vient à ses pieds; mais, quand on a la clef de son langage, 
et qu'une fois, à force de le relire, on s'est élevé peu à peu à l'en- 
tendre, on tombe dans l'enivrement de l'admiration. Tous les coups 
de sa foudre ébranlent et saisissent; il n'y a plus rien au-dessus de 
lui, pas méme David, le poète de Jéhovah, pas méme S. Jean, l'aigle 
de Dieu; s'il n'a pas la lyre du premier ni le coup d'aile du second, il 
a sous lui l'Océan tout entier de la vérité et ce calme des flots qui se 
taisent. David ἃ vu Jésus-Christ du haut de la montagne de Sion, 
S. Jean a reposé sur sa poitrine dans un banquet; pour S. Paul, c'est 
à cheval, le corps en sueur, l'ceil enflammé, le cceur tout rempli des 
haines de la persécution, qu'il a vu le Sauveur du monde, et que ren- 
versé à terre sous l'éperon de sa grâce, il lui a dit cette parole de 
paix : Seigneur, que voulez-vous que je fasse? » (LACORDAIRE.) 


EPITRE DE SAINT PAUL 


AUX ROMAINS 


INTRODUCTION 


Quand S. Paul écrivit cette Epilre, il était pour la troisième fois à Corinthe 
et logeait chez un chrétien nommé Caius, qu'il avait baptisé de sa main. Aprés 
trois mois passés dans cette ville ou aux environs, il allait partir pour Jérusa- 
lem, afin d'y porter la collecte qu'il avait faite parmi ses disciples de Corinthe 
et dans les autres églises d'Europe. C'était l'an 58, probablement. La féte de la 
Pentecóte approchait. Tandis que Néron, empereur depuis quatre ans, mais à 
peine arrivé à sa vingtiéme année, commencait à se signaler par sa fureur pour 
les jeux du Cirque et par ses courses nocturnes, jointes à l'enlévement de 
Poppée et à l'exil d'Othon, l'Apótre, aprés avoir évangélisé une bonne partie de 
l'Asie-Mineure et de la Gréce, se disposait à passer en Occident et à porter la 
foi dans les contrées les plus reculées de l'empire. Avant de quitter Cenchrée, 
il achève sa Lettre, et l'envoie aux chrétiens de Rome, par une veuve, nommée 
Phébée, qu'il désigne comme diaconesse de l'Eglise de Corinthe. Ainsi cette 
Epitre le devance de trois ans dans la capitale du monde. 

L'authenticité de l'Epitre aux Romains est incontestable, et, si l'on excepte 
les deux derniers chapitres, universellement reconnue, méme par les rationa- 
listes les plus outrés. 

Une colonie de Juifs était établie à Rome depuis prés d'un siécle. Auguste 
l'avait traitée avec bienveillance. Non content de lui assurer le libre exercice de 
son culte, il lui avait attribué une portion considérable de la région transtibé- 
rine, Elle était déjà considérable, à cette époque, puisque huit mille Juifs de 
Rome se joignirent aux députés de la Palestine pour réclamer auprès de ce 
prince contre le testament d'Hérode. Or, nous apprenons de S. Luc qu'un cer- 
tain nombre de Juifs et de prosélytes, étant venus de Rome à Jérusalem l'année 
de la mort du Sauveur, avaient assisté au miracle de la Pentecóte et entendu le 
premier discours de S. Pierre. Il y a lieu de croire que plusieurs se convertirent 
et emportérent avec eux, daus la capitale de l'empire, les premiéres semences 
de la foi. Des Juifs de la synagogue des A/franchis, qui étaient nés en cette ville 
ou aux envwons, et des Gentils de la cohorte italique, rappelés en Italie après 
l'élévation d'Hérode Agrippa sur le tróne de Judée, se joignirent probablement 
à ces premiers fidéles. Enfin, nous savons que S. Pierre, obligé par sa charge 


969^ ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


de se porler à la téte de l'Eglise, vint lui-méme à Rome organiser cette chré- 
tienté naissante, comme il avait organisé celle d'Antioche, et qu'assez longtemps 
avant la ruine de Jérusalem, dés le commencement du règne de Claude, il éta- 
blit son siége dans la capitale du monde. Si la date n'est pas absolument süre, 
le fait de cet établissement est incontestable : les preuves remontent jusqu'aux 
Apótres. 

Bannis un moment de Rome, comme les Juifs avec lesquels on les confondait, 
les chrétiens ne tardérent pas à y rentrer. En l'an 58, au moment oü S. Paul 
leur écrivait, ils formaient déjà une église considérable et bien organisée, dont 
la foi était connue du monde entier. Ils étaient Gentils d'origine pour la plu- 
part : c'est par là qu'ils se recommandaient particulièrement au zèle de S. Paul. 
En l'an 64, une trentaine d'années aprés la mort du Sauveur, ils s'étaient mul- 
tipliés au point de fournir à Néron une mullitude énorme de victimes. Des ensei- 
gnements que l'Apótre leur adresse, on est fondé à conclure qu'ils étaient fixés 
sur les principaux points de la doctrine chrétienne, et qu'on les avait instruits 
avec soin, non seulement de l'économie générale de la religion, mais encore des 
vérités les plus relevées du christianisme, des rapports de la loi nouvelle avec 
laloi mosaique, des prophéties, des sens spirituels, des figures de l'Ancien Tese 
tament, etc. 

S. Paul n'avait pas fondé cette Eglise, non plus que celle de Colosses ; mais il 
y avait des amis et des disciples qui sollicitaient son zéle et désiraient ses avis. 
Ce fut là pourtant son moindre motif pour lui écrire; le principal fut l'impor- 
tance de la conversion de Rome pour le progrés de la foi parmi les Gentils, dont 
il était l'Apótre. Il n'ignorait pas que Rome était au jugement du monde entier, 
la ville par excellence, que tous les peuples avaient les yeux sur elle, qu'elle 
exercait sur tout l'empire une fascination et une autorité irrésistibles. 11 
qu'elle était en relation continuelle avec les provinces, et que toutes les nations 
avaient des représentants dans son sein, de méme qu'elle comptait des citoyens 
dans toutes les contrées connues. Précher l'Evangile dans cette ville, c'était 
remplir de la manière la plus étendue et la plus fructueuse le ministère parti- 
culier dont il était chargé, celui de faire connaitre aux Gentils le Fils de Dieu 
et le mystère du salut. 

A ce motif, très suffisant par lui-même, on peut en joindre d'autres, au moins 
fort vraisemblables. — 1% L'absence prolongée de S. Pierre. On sait que le 
prince des Apôtres s'absenta plusieurs fois de son Eglise, sans qu'il en aban- 
donnát jamais le gouvernement. Le décret de Claude qui bannit de Rome la 
population juive, le concile de Jérusalem, tenu de 50 à 52, les besoins des 
églises d'Orient dont il fut l'Apótre, durent l'en tenir assez longtemps éloigné. 
— 9» Le désir que S. Paul devait avoir de disposer les chrétiens de Rome à 
profiter de son passage et à recevoir ses instructions lorsqu'il viendrait parmi 
eux, pour préparer.sa mission en Espagne. — 3° L'avantage qu'il pouvait espé- 
rer de sa Lettre, pour la paix del'Eglise et pour le succés de son ministére dans 
toutes les provinces. Quoi de plus propre, en effet, à dissiper les préventions des 
judaisants et à rendre manifeste l'union qui règnait dans le collège aposto- 
lique, que de faire publiquement à Rome ce qu'il avait déjà fait à Antioche, de 
joindre sa parole à celle de S. Pierre, et d'adresser à l'Eglise même du prince 
des Apótres le développement et les preuves de son évangile, de sa thèse prin- 
cipale, de celle qui soulevait le plus d'opposition parmi ses compatriotes, et 


INTRODUCTION. 2695 


qui avait le plus d'importance pour l'avenir du christianisme, savoir : que là 
grâce et le salut étaient offerts à tous, aux Gentils comme aux Juifs, à la seule 
condition de croire en. Jésus-Christ et d'embrasser sa loi? — 40 Les lumières 
que Dieu lui donnait sur lavenir de l'Eglise de Rome, destinée à étre le centre 
et le foyer du christianisme, mais menacée des plus terribles persécutions, et 
appelée à acheter, par trois siécles de martyre, sa domination si glorieuse et si 
féconde sur toutes les autres Eglises. 

Quoi qu'il en soit, S. Paul avait depuis longtemps le désir, non de s'établir à 
Rome, mais de précher l'Evangile aux Romains, et il ne parait pas qu'il ait 
jamais poursuivi avec autant d'ardeur aucun autre dessein. On sait par les Actes 
comment Dieu lui donna de le réaliser. 

Cette Epitre ne suppose-t-elle pas qu'il y avait à Rome, entre les convertis du 
Judaisme et ceux de la Gentilité, une contestation sur leur mérite relatif? — 
S. Augustin l'a pensé, et beaucoup d'interprétes aprés lui. Ils ont cru que les 
Juifs et les Gentils convertis se disputaient la palme du mérite, que les uns et 
les autres prétendaient avoir les meilleurs titres à la grâce de l'Evangile et à 
l'amitié de Dieu, que les premiers se prévalaient de leur fidélité à pratiquer la 
loi de Moise, et les seconds des lumiéres de leurs philosophes et des vertus de 
leurs sages. Mais c'est une simple hypothése, suggérée par certains versets, non 
un fait établi par des témoignages historiques. En outre, cette supposition ne 
s’accorde pas trés bien avec les éloges que S. Paul donne à l'Eglise de Rome, 
et ayec l'édification qu'elle répandait dés lors dans tout l'univers; et l'on n'a 
pas besoin d'y recourir pour expliquer les considérations de l'Apótre sur l'abus 
que les Gentils faisaient de leur raison, sur l'impuissance de la loi à justifier les 
àmes, et sur la gratuité absolue de la foi. S. Paul connaissait la disposition de 
ses compatriotes à se préférer au reste des hommes. Il savait quel était l'orgueil 
des Grecs et des Romains. N'était-ce pas assez pour qu'il prit soin de porter les 
uns et les autres à s'humilier devant Dieu, à reconnaitre leur indignité, à con- 
fesser que leur conversion était un pur effet de sa miséricorde? Tel est, ce nous 
semble, le véritable point de vue. S. Paul se propose moins de réprimer une 
contestation survenue à Rome entre deux partis rivaux, que d'en étouffer les 
germes, en inspirant aux uns et aux autres une profonde reconnaissance envers 
Dieu pour le don de la foi, en apprenant aux Juifs, comme aux Gentils, en quoi 
consiste la grâce de la justification, quelle en est l'origine, quels en sont les 
conditions, les caractères, les effets. et en leur faisant sentir l'impuissance où ils 
sont, soit d'y suppléer par la raison, soit de la mériter par leurs œuvres. 

L'Epitre aux Romains a, de tout temps, effrayé les interprétes. Les difficultés 
qu'elle présente ont rapport à la grâce, dont l'Apótre est le grand prédicateur, et 
aux questions qu'elle souléve, du péché originel, de la concupiscence, de la 
justification, de la prédestination et de la réprobation. Tous les hérétiques qui 
ont nié ou blessé plus ou moins la liberté humaine, depuis Valentin le gnos- 
tique jusqu'à Luther et Jansénius, ont allégué quelques passages de cette Epitre 
et de celle aux Galates. Mais, en condamnant leurs erreurs, l'Eglise a éclairci la 
matière et fixé le sens de beaucoup de textes. Si l'on tient compte de ses défi- 
nitions et qu'on ait soin de choisir de bons commentaires, on verra que l'Apótre 
est loin d'étre incompréhensible, et que ce n'est pas sans fruit qu'on étudie ses 
écrits, 

Il y a lieu de croire que l'Epitre aux Romains n'a pas été faite tout d'un jet, 


2696 EPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


en quelques heures, comme l'Epitre aux Galates. Bien qu'elle ne soit pas limée 
sous le rapport littéraire, la doctrine qu'elle contient parait avoir été méditée 
à loisir. L'importance du sujet, l'abondance et l'enchainement des idées, la 
concision du style, le grand nombre et le choix des citations, la subtilité des 
raisonnements, l'absence des répétitions ne permettent pas de penser qu'elle ait 
été écrite précipitamment. Il est probable que S. Paul y a résumé les instruc- 
tions qu'il avait coutume de donner dans les Eglises dont il était le fondateur. 
Sauf le prologue et la conclusion, l'Epitre ressemble à un traité plutót qu'à une 
lettre, Ce qu'on lit à la fin, qu'elle a été écrite de la main de Tertius, n'est pas 
une preuve qu'elle ait été dictée. S. Paul l'avait sans doute rédigée avant de la 
donner à transcrire. 

L'Epitre aux Romains se divise en deux sections. La première, qui est la prin- 
cipale, est dogmatique ou théorique, 1, 17-x1. Dans cette partie, l'Apótre, voulant 
exposer la doctrine de l'Eglise sur la justification, établit la nécessité de la foi 
chrétienne ou du christianisme, pour arriver au salut; et il fait sentir cette 
nécessité, en montrant l'impuissance de la nature et l'insuffisance de la loi mo- 
saique pour mener une vie sainte et mériter le ciel. Sa thése est donc assez 
complexe. Il établit la gratuité de la justification sur ce fondement, qu'elle 
n'est le fruit ni du mérite naturel ni des ceuvres légales, qu'elle a pour condition 
essentielle et unique la foi, une vraie foi, en Jésus-Christ, et il montre que la né- 
cessité et la valeur de cette foi sont les mémes pour tous les hommes. — La 
seconde section est pratique ou morale, xu-xvi. C'est une suite de préceptes et 
de conseils généraux et particuliers, de nature à confirmer les chrétiens dans 
la foi et à les porter à la perfection. La vie du juste, dont il trace l'esquisse et 
dont il dit que la foi chrétienne est le principe, contraste avec celle des paiens 
et des Juifs, dont il a fait le tableau dans ses premiers chapitres. (L. BAcuzz.) 


EPITRE 


DE SAINT PAUL 


AUX ROMAINS 


CHAPITRE PREMIER. 


Saint Paul établit et caractérise son apos- 
tolat. Il témoigne aux Romains son zèle 
pour eux. Ingratitude et impiété des 
philosophes. Dieu visible dans l'ordre 
du monde. Impiété punie par la dépra- 
vation des mœurs. 


1. Paul, serviteur de Jésus- 
Christ, appelé à l'apostolat, choisi 
pour l'Evangile de Dieu, 

2. Quil avait promis aupara- 
vant par ses prophètes dans les 
saintes Ecritures, 

3. Touchant son Fils, qui lui est 
né de la race de David selon la 
chair, 

4. Qui a été prédestiné Fils de 
Dieu en puissance, selon l'esprit 
de sanctification, par la résurrec- 
tion d'entre les morts, de Jésus- 
Christ Notre-Seigneur ; 

5. Par qui nous avons recu la 
grâce et l'apostolat, pour faire 


Cnar. I. 1. Actes, xui, 2. 


obéir à la foi toutes les nations 
en son nom; 

6. Parmi lesquelles vous étes, 
vous aussi, ayant été appelés par 
Jésus-Christ : 

7. A tous ceux qui sont à Rome, 
aux chéris de Dieu, appelés saints. 
Gráce à vous, et paix par Dieu, 
notre Père, et par Notre-Seigneur 
Jésus-Christ. 

8. Premièrement, je rends grà- 
ces à mon Dieu, par Jésus-Christ, 
pour vous tous, dece que votre foi 
est annoncée dans tout l'univers. 

9. Car le Dieu que je sers en 
mon esprit, dans l'Evangile de 
son Fils, m'est témoin que sans 
cesse je fais mémoire de vous 

10. Dans toutes mes prières; 
demandant que, par la volonté de 
Dieu, quelque heureuse voie me 
soit ouverte pour aller vers vous. 

44. Car je désire vous voir pour 
vouscommuniquer quelque chose 


4. Comme homme, Jésus-Christ était prédestiné pour étre le Fils de Dieu. Or, trois 
choses prouvent qu'il est réellement le Fils de Dieu: les miracles qu'il a opérés, la 
communication qu'il a faite du Saint-Esprit pour la sanctification des hommes, enfin 


sa résurrection. 
1. Appelés saints. Voy. Act., 1x, 13. 


9. Je fais mémoire de vous. Cette locution, qui est celle du texte sacré lui-méme, 
n'exprime pas un simple souvenir ordinaire, comme on l'entend communément, 
mais bien l'idée de commémoration, telle que l'Eglise l'a consacrée dans la liturgie. 


2698 
de la grâce spirituelle, afin de 
vous fortifier ; 

19. C'est-à-dire, pour me con- 
soler avec vous par cette foi, qui 
est tout ensemble et votre foi et 
la mienne. 

13. Aussi je ne veux pas que 
vous ignoriez, mes frères, que je 
me suis souvent proposé de venir 
vers vous (mais j'en ai été empé- 
ché jusqu'à présent), pour obtenir 
quelque fruit parmi vous, comme 
parmi les autres nations. 

14. Je suis redevable aux Grecs 
et aux barbares, aux sages et aux 
simples; 

45. Ainsi (autant quil est en 
moi), je suis prêt à vous évangé- 
liser, vous aussi qui êtes à Rome. 

16. Car je ne rougis point de 
l'Evangile, parce qu'il est la vertu 
deDieu, poursauvertout croyant, 
le Juif d'abord, et puis le Grec. 

11. La justice de Dieu, en effet, 
y est révélée par la foi et pour la 
foi, ainsi qu'il est écrit : Le Juste 
vit de la fol; 

18. Puisqu'on y découvre la 
justice de Dieu éclatant du ciel 
contre toute Timpiété et l'injus- 
tice deceshommes quiretiennent 
la vérité de Dieu dans l'injustice ; 

19. Car ce qui estconnu de Dieu 
est manifeste en eux; Dieu le 
leur a manifesté. 

90. En effet, ses perfections 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS 


[cH. 1.) 
invisibles, rendues compréhen- 
sibles depuis la création dumonde 
par les choses qui ont été faites, 
sont devenues visibles aussi bien 
que sa puissance éternelle et sa 
divinité ; de sorte qu'ils sont inex- 
cusables ; 

21. Parce que, ayant connu 
Dieu, ils ne l’ont point glorifié 
comme Dieu, ou ne lui ont pas 
rendu grâces; mais ils se sant 
perdus dans leurs pensées, et leur 
cœur insensé a été obscurci ; 

99. Ainsi, en disant qu'ils 
étaient sages, ils sont devenus 
fous. 

23. Ils ont changé la gloire du 
Dieu incorruptible contre une 
image représentant un homme 
corruptible, des oiseaux, des qua- 
drupèdes et des reptiles. 

94. Aussi Dieu les a livrés aux 
désirs de leurs cœurs, à l'impu- 
reté; en sorte qu'ils ont désho- 
noré leurs propres corps en eux- 
mêmes ; 

95. Eux qui ont transformé là 
vérité de Dieu en mensonge, 
adoré et servi la créature au lieu 
du Créateur, qui est béni dans les 
siecles. Amen. 

26. C'est pourquoi Dieu les ἃ 
livrés à des passions d'ignominie. 
Car leurs femmes ont changé l'u- 
sage naturel en l'usage contre 
nature. | 


AT. Hab., 11, 4; Gal., rr, 11; Hébr., x, 38. — 21. Ephes., 1v, 17. — 23. Ps. cv, 20; 
Jér., xr, 10. — 24. Infra, y. 27 et c. vr, 19; Ephos., 1v, 19. 


14. * Aux barbares. Par barbares on entendait ceux qui parmi les paiens ne par- 


laient pas le grec. 


11. La justice de Dieu, etc. C'est l'Évangile, en effet, qui nous fait connaître que 
la justice que Dieu nous a communiquée, et qui nous rend justes et saints, vient de 


la foi, et se perfectionne par la foi. 


23. * Une image, etc. Les idoles paiennes représentaient des hommes et des animaux. 
26. Dieu les a livrés, eic.; c'est-à-dire que, les ayant abandonnés à leur propre 
malice, il les a laissés tomber dans ces péchés honteux en punition de leur orgueil. 


[.זז .אס] 


97. Etpareillementleshommes, 
l'usage naturel de la femme aban- 
donné, ont brülé de désirs l'un 
pour l'autre, l'homme commet- 
tant l'infamie avec l'homme, et 
recevant ainsi en eux-mémes la 
récompense qui était due à leur 
égarement. 

98. Et comme ils n'ont pas 
montré qu'ils avaient la connais- 
sance de Dieu, Dieu les a livrés à 
un sens réprouvé, de sorte qu'ils 
ont fait les choses qui ne con- 
viennent pas; 

29. Remplis de toute iniquité, 
malice, fornication. avarice, mé- 
chanceté; pleins d'envie,. de 
meurtre, de l'espritdecontention, 
de fraude, de malignité ; déla- 
teurs, 

30. Détracteurs, hais de Dieu, 
violents, orgueilleux, arrogants, 
inventeurs de toutes sortes de 
mal, désobéissants à leurs pa- 
rents; 

31. Insensés, dissolus, sans 
affection, sans fidélité, sans misé- 
ricorde, 

89. Qui, ayant connu la justice 
de Dieu, n'ont pas compris que 
ceux qui font ces choses sont 
dignes de mort; etnon seulement 
ceux qui les font, mais quiconque 
aussi approuve ceux qui les font. 


—. CHAPITRE Il. 


Juifs faisant eux-mémes ce qu'ils con- 
damnent. Patience de Dieu redoutable 
aux impénitents. Ce sont ceux qui 
gardent la loi qui sont justifiés. Juifs, 
maîtres des autres, ne s'instruisent pas 
eux-mémes. Quel est le Juif et la cir- 
concision véritable. 


1. C'est pourquoi, ὃ homme, 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


qui que tu sois, tu es inexcu- 
sable de juger. Car, en jugeantau- 
trui, tu te condamnes toi-méme, 
puisque tu fais ce que tu con- 
damnes. 

2. Nous savons, en effet, que 
Dieu juge selon la vérité ceux 
qui font ces choses. 

9. Penses-tu donc, ó homme, 
qui juges ceux qui font ces cho- 
ses, et qui les fais toi-même, que 
tu échapperas au jugement de 
Dieu? 

4. Est-ce que tu méprises les 
richesses de sa bonté, de sa pa- 
tience et de sa longanimité ? Igno- 
res-tu que la bonté de Dieu t'in- 
vite à la pénitence? 

9. Cependant, par ta dureté et 
ton cœurimpénitent, tu t'amasses 
un trésor de colère pour le jour 
de la colère etde la manifestation 
du juste jugement de Dieu, 

6. Qui rendra à chacun selon 
ses œuvres : 

7. À ceux qui, par la persévé- 
rance dans les bonnes œuvres, 
cherchent la gloire, l'honneur et 
l'immortalité, la vie éternelle ; 

$. Mais à ceux qui ont l'esprit 
de contention, qui ne se rendent 
pas à la vérité, mais qui acquies- 
cent à l'iniquité, ce sera la colère 
et l'indignation. 

9. Tribulation et angoisse à 
l'àme de tout homme qui fait le 
mal, du Juif d'abord, et puis du 
Grec ; 

10. Mais, gloire, honneuretpaix 
à quiconque fait le bien, au Juif 
d'abord, et ensuite au Grec; 

41. Car Dieu ne fait point accep- 
tion des personnes. 


Cua». IJ. 1. Matt., vir, 2. — 4. Sap., xr, 24; xri, 2; 11 Pierre, ni, 9. — 6. Matt., xvi, 27. 
— 11. Deut., x, 17; 11 Par., xix, 7; Job, xxxiv, 19; Sap., vi, 8; Eccli., xxxv, 15; Actes. 


x, 34; Galat., 11, 6; Coloss., iu, 25. 


2700 ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


49. Ainsi, quiconque a péché 
sans la loi, périra sans la loi, et 
quiconque a péché sous la loi sera 
jugé par la loi; = 

13. [Car ce ne sont pas ceux qui 
écoutent la loi qui sont justes 

devant Dieu; mais ce sont les 
observateurs de la loi qui seront 
justifiés. 

44. En effet, lorsqueles gentils, 
qui n’ont pas la loi, font naturel- 
lement ce qui est selon la loi; 
n'ayant pas la loi, ils sont à eux- 
mêmes la loi : 

15. Montrant ainsi l’œuvre de 
la loi écrite en leurs cœurs, leur 
conscience leur rendant iémoi- 
gnage, etleurs pensées s'accusant 
et se défendant l'une l'autre,] 

16. Au jour oü Dieu jugera par 
Jésus-Christ, selon mon Evangile, 
ce qu'il y a de caché dans les 
hommes. 

11. Mais toi, qui portes le nom 
de Juif, qui te reposes sur la loi, et 
te glorifies en Dieu, 

48. Qui connais sa volonté, et 
qui, instruit par la loi, sais discer- 
ner ce qui est le plus utile, 

19. Tu te flattes d'étre le guide 


[cn. 11.) 
des aveugles, la lumiere de ceux 
qui sont dans les ténèbres, 

90. Le docteur des ignorants, 
le maitre des enfants, ayant la 
regle de la science et de la vérité 
dans la loi. 

91. Toi donc qui instruis les 
autres, tu ne t'instruis pas toi- 


méme ; toi qui préches de ne point. 


dérober, tu dérobes; 

22. Toi qui dis qu'il ne faut pas 
étre adultere, tu es adultere ; toi 
qui as en horreur les idoles, tu 
commets le sacrilege ; 

23. Toi qui te glorifies dans la 
loi, tu déshonores Dieu par la 
violation de la loi. 

24. (Car, à cause de vous, le 
nom de Dieu est blasphémé par- 
mi les nations, ainsi quil est 
écrit.) 

95. A la vérité, 18 circoncision 
est utile, si tu observes la loi; 
mais, si tu la violes, ta circonci- 
sion devient incirconcision. 

26. Si donc l'incirconcis garde 
les préceptes de la loi, son incir- 
concision ne lui sera-t-elle pas 
imputée à circoncision? 

27. Bien plus, celui qui, étant 


13. Matt., vir, 21; Jac., 1, 22. — 24. Isaie, vit, 5; Ezéch., xxxvi, 20. 


19. Sans la loi sainte, sans la loi de Moise. 

44. Font naturellement; c'est-à-dire sans la connaissance de la 101 mosaïque, et par 
la seule direction de la loi naturelle. — * Les auteurs paiens ont parlé expressément 
* dela loi naturelle. Dans l'Antigone de Sophocle, cette héroïne qui a rendu à son frère 
les devoirs de la sépulture, malgré les ordres du roi, répond à celui-ci qui lui de- 
mande s'il connaissait sa défense : « Je la connaissais. Mais une telle loi, ce n'est ni 
Jupiter ni la justice qui l'ont promulguée. Les décrets d'un homme ne peuvent pré- 
valoir contre les lois non écrites, œuvre immuable des dieux. Celles-là ne sont mi 
d'aujourd'hui ni d'hier; elles existent de tous les temps. » Le méme poète parle aussi 
dans l'OEdipe voi, « de ces lois émanées des cieux, dont l'Olympe est le pere et que 
jamais on ne saura abolir. » 

16. Au jour, etc. Ce verset parait faire suite au douzième, et les trois précédents 
semblent n'étre qu'une parenthèse. C'est pour cela que nous les avons enfermés dans 
des crochets. — Mon Evangile, c'est-à-dire l'Evangile que je préche. — * D'après 
d'autres, l'Evangile selon S. Luc, le compagnon de ₪. Paul, que S. Paul considérait 

pmme son Evangile. 

21, Avec la lettre de la loi mosaïque, 


[cu. 11.} 


naturellement  incirconcis, ac- 
tomplit la loi, te condamnera, toi 
qui, avec la lettre et la circonci- 
sion, es prévaricateur de la loi. 

98. Car le Juif n'est pas celui 
qui le parait au dehors; ni Ja cir- 
concision, celle qui se voit à l'ex- 
térieur sur la chair; 

29. Mais le Juif est celui qui 
l'est intérieurement, et la circon- 
cision est celle du cœur, faite en 
esprit et non selon la lettre; et 
ce Juif tire sa louange non des 
hommes, mais de Dieu. 


CHAPITRE III. 


Avantage des Juifs sur les gentils. L'infi- 
délité de l'homme ne détruit pas la 
fidélité de Dieu. Juifs et gentils, tous 
dans le péché. C'est la foi et non la loi 
qui justifie. Dieu est le Dieu des Juifs 
et des gentils. 


1. Qu'est-ce done que le Juif a 
de plus? ou de quoi sert la cir- 
concision ? 

2. Beaucoup, de toute manière. 
Premièrement, parce que c'est 
aux Juifs que les oracles de Dieu 
ont été confiés ; 

3. Car qu'importe si quelques- 
uns d'entre eux n'ont pas cru? 
Leur infidélité rendra-t-elle vaine 
la fidélité de Dieu? Non, sans 
doute. 

4. Dieu est vrai, mais tout 
homme, menteur; selon quil 
est écrit : Afin que vous soyez re- 
connu fidèle dans vos paroles, et 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


2101 
victorieux quand on vous juge. 

9. Que si notre iniquité relève 
la justice de Dieu, que dirons- 
nous? Dieu n'est-il pas injuste 
d'envoyer sa colere? 

6. (Je parle humainement.) 
Point du tout. Autrement com- 
ment Dieu jugera-t-il ce monde ? 

7. Car si, par mon infidélité, la 
vérité de Dieu a éclaté davantage 
pour sa gloire, pourquoi suis-je 
encore jugé comme pécheur? 

8. Et pourquoi ne ferons-nous 
pas le mal pour qu'il en arrive 
du bien (conformément au blas- 
phème qu'on nous impute, et à 
ce que quelques-uns nous font 
dire)? La condamnation de ceux- 
là est juste. 

9. Quoi donc? Sommes-nous 
au-dessus d'eux ? Nullement. Car 
nous avons convaincu les Juifs et 
les Grecs d'étre tous sous le pé- 
ché, 

10. Selon qu'il est écrit : Pas un 
seul n'est juste; 

11. Il n’y a personne qui com- 
prenne, il n'y ἃ personne qui 
cherche Dieu. 

12. Tous ont décliné, tous sont 
devenus inutiles; il n'en est pas 
qui fasse le bien, il n'en est pas 
méme un seul. 

13. Leur gosier est un sépulcre 
ouvert, leur langue un instru- 
ment de fraude ; un venin d'aspic 
est sous leurs lèvres ; 

14. Leur bouche est remplie 


Cana». III. .ל‎ Infra, ,או‎ 4. — 3. II Tim., τι, 19. — 4. Jean, ,וז‎ 33; Ps. cxv, 11; 1, 6. 
— 9. Gal., ur, 22. — 10. Ps. וזא‎ 3; Lu, 4. — 13. Ps. v, 11; cxxxix, 4; Jac., rit, 8. = 


14. Ps. 1x, 7. 


-ο Ó— M €— M ——M € À a ÀÀ— —Ó € 


10. I1 n'y a point d'homme juste en vertu de la loi naturelle ou de la loi écrite, 


mais seulement par la foi et par la grâce. 


11. Qui comprenne les choses saintes, qui ait du goût et du sentiment pour le biea ; 
reproche que Jésus-Christ adressait à saint Pierre lui-même. Malt., xvi, 23. 


2702 ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


de malédiction et d'amertume; 

15. Leurs pieds sont vites pour 
répandre le sang ; 

16. La destruction et 16 malheur 
sont dans leurs voies, 

17. Et la voie de la paix, ils ne 
l'ont pas connue ; 

18. La crainte de Dieu n’est pas 
devant leurs yeux. 

19. Or nous savons que tout ce 
que dit la loi, elle le dit à ceux 
qui sont sous la loi; de sorte que 
toute bouche soit fermée, et que 
tout le monde devienne soumis 
à Dieu; 

90. Parce que nulle chair ne 
sera justifiée devant lui par les 
œuvres de la 101. Car, par la loi, 
on n'a que la connaissance du 
péché. 

91. Tandis que maintenant, 
sans la loi, la justice de Dieu a 
été manifestée, étant confirmée 
parle témoignage de la loi et des 
prophètes ; 

22. Or la justice de Dieu par la 
foi en Jésus-Christ est pour tous 
ceux et sur tous ceux qui croient 
en lui; car il n’y a point de dis- 
tinction ; 

93. Parce que tous ont péché et 
ont besoin de la gloire de Dieu. 

24. Etant justifiés gratuitement 
par sa grâce, par la rédemption 
qui est dans le Christ Jésus, 

95. Que Dieu ἃ établi propitia- 
tion par la foi en son sang, pour 


15. Isaie, zix, 7; Prov., 


[cx. 1v.] 


montrer sa justice par la rémis- 
sion des péchés précédents, 

26. Que Dieu a supportés, pour 
montrer sa justice en ce temps, 
afin qu'il soit juste lui-méme, et 
quil justifie celui qui a la foi en 
Jésus-Christ. 

27. Oü est done le sujet de ta 
gloire? Il est exclu. Par quelle 
loi? Des œuvres? Non, mais par 
la loi de la foi. 

. 98. Car nous reconnaissons que 
l’homme est justifié par la foi, 
sans les œuvres de la loi. 

29. Dieu est-il le Dieu des Juifs 
seulement? Ne l'est-il pas aussi 
des gentils ? Oui, certes, des gen- 
lils aussi ; 

30. Puisqu'il n'y ἃ qu'un seul 
Dieu qui justifie les circoncis par 
la foi, et les incirconcis par la 
foi. 

91. Nous détruisons donc la loi 
par la foi? Loin de là; car nous 
établissons la loi. 


CHAPITRE IV. 


Abraham justifié non par ses ceuvres, 
mais par la foi en Dieu. Abraham jus- 
tifié par la foi avant la circoncision, 
est le père des croyants circoncis ou 
incirconcis. C'est par la foi et non par 
la loi qu'on est héritier d'Abraham. 
Fermeté de la foi d'Abraham. Ses imi- 
tateurs justifiés comme lui. 


1. Quel avantage dirons-nous 
done qu'Abraham, notre père, a 
eu selon la chair? 


1, 16. — 18. Ps. xxxv, 2. — 20. Gal., τι, 16. 


20. Nulle chair. L'Ecriture emploie souvent le mot chair pour désigner l'homme. 
— Par les œuvres de la loi, purement extérieures et dépouillées de ce qui peut les 
rendre agréables à Dieu, la foi et la charité. 

23. La foi qui justifie l'homme n'est pas une assurance présomptueuse d'étre jus- 
tifié, mais une ferme et vive croyance de tout ce que Dieu a révélé ou promis; une 
foi agissant par la charité en Jésus-Christ; enfin une foi accompagnée d'espérance, 
AN de repentir et de l'usage des sacrements. — Sans les œuvres, etc. Compar. 

ers. 2. 


[cn. 1v.) 


9. Car si Abraham a été justifié 
par les œuvres, il a de quoi se glo- 
rifier, mais non devant Dieu. 

3. En effet, que dit l'Ecriture? 
Abraham crut à Dieu, et ce lui fut 
imputé à justice. 

4. Or à celui qui travaille, le 
salaire n'est point imputé comme 
une gráce, mais comme une 
dette. 

9. Au contraire, à celui qui ne 
fait pasles œuvres, mais qui croit 
en celui qui justifie l'impie, sa foi 
est imputée à justice, selon le 
décret de la gráce de Dieu. 

6. C'est ainsi que David appelle 
heureux l'homme à qui Dieu im- 
pute la justice sans les ceuvres : 

7. Bienheureux ceux dont les 
iniquités ont été remises, et dont 
les péchés ont été couverts. 

8. Bienheureux l'homme à qui 
le Seigneur n’a pas imputé de 
péché. 

9. Or cette béatitude est-elle 
seulement pour les circoncis? 
N'est-elle pas aussi pour les incir- 
concis? Car nous venons de dire 
que la foi d'Abraham lui a été 
impulée à justice. 

10. Quand donc lui a-t-elle été 
imputée ? Est-ce après la circon- 
cision, ou avant la circoncision ? 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


2702 
Ce n’est point après la circonci- 
sion, mais avant la circoncision. 

11. Et il ne reçut la marque de 
la circoncision que comme sceau 
de la justice qu'il avait déjà ac- 
quise par la foi, étant encore in- 
circoncis, et pour être le père de 
tous les croyants incirconcis, afin 
que la foi leur füt aussi imputée 
à justice, 

19. Et pour être père de la cir- 
concision, non-seulement des 
circoncis, mais aussi de ceux qui 
suivent les traces de la foi qui 
était en notre pere Abraham, en- 
core incirconcis. 

13. Car ce n'est pas en vertu de 
la 101 qu'a été faite à Abraham ou 
à sa postérité la promesse d'avoir 
le. monde pour héritage, mais 
c'est en vertu de la justice de la 
foi. 

14. Et si ceux qui ont recu la 
loi sont héritiers, la foi devient 
vaine, et la promesse est abolie ; 

15. Attendu que la 101 opère la 
colère ; car où il n’y a point de 
loi, il n'y a point de prévarication. 

(6. Ainsi c'est à la foi qu'est 
attachée la promesse, afin qu'elle 
soit gratuite el assurée à toute 
la postérité d'Abraham, non seu- 
lement à celle qui ἃ requ la loi, 


. Cap. IV. 3. Genèse, xv, 6; Gal., 110 6; Jac., 11, 29. — 7, Ps. xxxi, 1. — 11. Genèse, 


xvii, 10, 11. — 13. Gal., זז‎ 18; Hébr., xr, 9. 


2. Abraham ne pouvait être justifié par ses propres forces, sans la grâce de Dieu 
et la foi au Messie. Des œuvres purement naturelles pouvaient le faire louer des 
hommes, mais p'avaient point la valeur nécessaire pour le rendre juste aux yeux de 


Dieu. 


1. Couverts; c'est-à-dire qui ne paraissent plus, parce qu'ils n'existent plus, ayant 
été détruits par la justice et l'innocence obtenues par la foi. 
8. A qui le Seigneur n'a pas imputé de péché; c'est-à-dire à qui il à pardonné ses 


péchés. 


14, Ceux qui ont reçu la loi de Moïse; c'est-à-dire les Juifs. 
15. La loi, si elle n'est pas accompagnée de la foi et de la grâce, produit la colère 
divine par occasion, puisqu'elle est une occasion de plusieurs transgressions qui pro- 


voqz?ant la colère de Dieu. 


2704 
mais encóre à celle qui suit la foi 
d'Abraham, qui est le pere de 
nous tous, 

17. (Selon qu'il est écrit : Je t'ai 
établi pere d'une multitude de 
nations), devant Dieu à qui il a 
cru, qui vivifie les morts, et ap- 
pelle les choses qui ne sont pas, 
comme celles qui sont ; 

18. Qui, ayant espéré contre 
l'espérance méme, a cru qu'il de- 
viendrait le pere d'un grand 
nombre de nations, selon ce qui 
lui fut dit: Ainsi sera ta posté- 
rité. 

19. Et sa foi ne faiblit point, et 
il ne considéra ni son corps éteint, 
puisqu'il avait déjà environ cent 
ans, ni l'impuissance de Sara. 

20. Iln'hésita point, en défiance 
dela promesse de Dieu; mais il 
se fortifia par la foi, rendant 
gloire à Dieu, 

21. Pleinement assuré que tout 
ce qu'il a promis, il est puissant 
pour le faire. 

99. Voilà pourquoi ce lui fut 
méme imputé à justice. 

93. Or, ce n'est pas pour lui 
seul qu'il est écrit que ce lui fut 
imputé à justice ; 

24. Mais pour nous aussi, à qui 
il sera imputé de méme, si nous 
croyons en celui qui a ressuscité 
d'entre les morts Jésus-Christ 
Notre Seigneur, 

25. Qui a été livré pour nos pé- 
chés, et qui est ressuscité pour 
notre justification. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


(cu. v.] 


CHAPITRE V. 


Avantages de la justification. L'amour de 
Dieu envers nous, fondement de notre 
confiance. De méme que le péché et la 
mort sont entrés dans le monde par 
un seul homme, de méme aussi la 
gráce et la vie se sont répandues sur 
un grand nombre par un seul. 


1. Etant donc justifiés par la foi, 
nous avons la paix avec Dieu par 
Jésus-Christ Notre Seigneur, 

2. Par qui aussi nous avons 
accès par la foi à cette grâce en 
laquelle nous sommes établis, et 
nous nous glorifions dans l’espé- 
rance de la gloire des enfants de 
Dieu. 

3. Mais outre cela, nous nous 
glorifions encore dans les tribu- 
lations, sachant que la tribulation 
produit la patience ; 

4. La patience, l'épreuve; et 
l'épreuve, l'espérance ; 

9. Or l'espérance ne confond 
point, parce que la charité de 
Dieu est répandue en nos cœurs 
par l'Esprit-Saint qui nous a été 
donné. 

6. En effet, pourquoi le Christ, 
lorsque nous étions encore infir- 
mes, est-il mort au temps mar- 
qué, pour des impies ? 

7. Certes, à peine quelqu'un 
mourrait-il pour un juste ; peut- 
étre cependant que quelqu'un 
aurait le courage de mourir pour 
un homme de bien. 

8. Ainsi, Dieu témoigne son 
amour pour nous, en ce que, dans 


17. Genèse, xvn, 4, — 18. Genèse, xv, 5. — 24. I Pierre, 1, 21, — Cuap, V. 2. Ephés., 
1, 18, — 3. Jac., 1, 3. — 6. Hébr., 1x, 14; I Pierre, ri, 48. 


11, 18, Abraham espéra contre l'espérance méme, parce qu'il eut foi en des pro- 
messes dans lesquelles il ne devait avoir aucune espérance, à supposer qu'il ne se 


confiât qu'aux lumières naturelles. 


19. * Sara avait 90 ans, quand elle devint mère d'Isaac. 


(ca. v.] 


le temps où nous étions encore 
pécheurs, 

9. Le Christ est mort pour nous. 
Maintenant donc, justifiés par 
sonsang, nous serons, à plus forte 
raison, délivrés par lui de la co- 
lere. 

10. Car si, lorsque nous étions 
ennemis de Dieu, nous avons été 
réconciliés avec lui par la mort 
de son Fils; à plus forte raison, 


> réconciliés, serons-nous sauvés 


par sa vie. 

11. Mais outre cela, nous nous 
glorifions en Dieu par Notre Sei- 
gneur Jésus-Christ, par qui main- 
tenant nous avons obtenu la ré- 
conciliation. 

19. Cest pourquoi, comme le 
péché est entré dans le monde 
par un seul homme, et la mort 
par le péché, ainsi la mort a passé 
dans tous les hommes par celui 
en qui tous ont péché. 

13. Carle péché a été dans le 
monde jusqu'à la loi ; mais le pé- 
ché n'était pas imputé, puisque la 
loi n'existait pas. 

14. Mais 18 mort a régné depuis 
Adam jusqu'à Moise, méme en 
ceux qui n'avaient point péché 
par une prévarication semblable 
à celle d'Adam, qui est la figure 
de celui qui devait venir. 

15. Mais il n'en est pas du don, 


comme du péché; car si par le 
péché d'un seul beaucoup sont 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


2705 
morts, bien plus abondamment 
la grâce et le don de Dieu, par la 
gráce d'un seul homme, Jésus- 
Christ, se sont répandus sur un 
grand nombre. 

16. Et il n'en est pas du don 
comme du péché venu par un 
seul ; car le jugement de condam- 
nation vient d’un seul, tandis que 
la grâce de la justification délivre 
d'un grand nombre de péchés. 

17. Et si, par le péché d'un 
seul, la mort a régné par un seul, 
à plus forte raison ceux qui re- 
coivent l'abondance de la gráce, 
et du don, et de la justice, regne- 
ront-ils dans la vie par un seul, 
Jésus-Christ. 

18. Comme donc c'est par le 
péché d'un seul que tous les 
hommes sont tombés dans la con- 
damnation, ainsi c'est par la jus- 
tice d'un seul que tous les hom- 
mes reçoivent la justification de 
la vie. 

19. Car, de méme que par la 
désobéissance d'un seul homme 
beaucoup ont été constitués pé- 
cheurs, de méme aussi, par l'o- 
béissance d'un seul, beaucoup 
sont constitués justes. 

20. La loi est survenue pour 
que le péché 8201084. Mais où le 
péché a abondé, la gràce a sura- 
bondé, 

21. Afin que, comme le péché 
ἃ régné pour la mort, ainsi la 


9. De la colère; c'est-à-dire de la colère divine. 

13. Le péché n'était pas imputé comme transgression d'une loi positive qui n'exis- 
tait pas encore; la conscience et la loi naturelle servaient à distinguer le mal, mais 
d'une maniére plus confuse que depuis la promulgation de la loi. 

20. La loi n'avait pas été donnée dans le but de faire abonder le péché; mais elle 
produisait cet effet par la méchanceté des hommes, qui prenaient occasion de la dé- 
fense méme du péché pour pécher davantage. 

21. Pour la mort, pour la vie éternelle; c'est-à-dire pour donner la mort, pour donner 


la vie éternelle 
ΝΙ- 


170 


2106 
grâce regne par la justice pour 
la vie éternelle par Jésus-Christ 
Notre Seigneur. 


CHAPITRE VI. 


Le baptisé mort au péché ne doit plus 
vivre que pour Dieu. Nous ne sommes 
pius sous la loi, mais sous la grâce. On 
doit se donner tout à Dieu, comme on 
s'est livré au péché. Fruit du péché et 
et de la justice. 


1. Que dirons-nous donc? De- 
meurerons-nous dans le péché, 
pour que la gráce abonde? 

2. A Dieu ne plaise! Car nous 
qui sommes morts au péché, 
comment y vivrons-nous encore? 

3. Ignorez-vous que nous tous 
qui avons été baptisés dans le 
Christ Jésus, nous avons été bap- 
tisés en sa mort? 

4. Car nous avons été ensevelis 
avec lui par le baptéme pour 
mourir, afin que, comme le Christ 
est ressuscité des morts par la 
gloire du Père, nous aussi, nous 
marchions dans une nouveauté 
de vie. 

9. Si, en effet, nous avons été 
entés en la ressemblance de sa 
mort, nous le serons aussi en 
celle de sa résurrection, 

6. Sachant bien que notre vieil 
homme a été crucifié avec lui, 
afin que le corps du péché soit 
détruit, et que désormais nous 
ne soyons plus esclaves du pé- 
ché. 


EPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


[cu. vi.] 


Attendu que celui qui est‏ .ד 
mort est justifié du péché.‏ 

8. Si donc nous sommes morls 
avec le Christ, nous croyons 
que nous vivrons aussi avec le 
Christ, 

9. Sachant bien que le Christ 
ressuscité d'entre les morts ne 
meurt plus ; la mort ne dominera 
plus sur lui. 

10. Car, s'il est mort pour le 
péché, il est mort une seule fois; 
et s'il vit, il vit pour Dieu. 

11. Ainsi pour vous, estimez 
que vous étes morts au péché, 
mais vivants à Dieu dans leChrist 
Jésus Notre Seigneur. 

12. Que le péché donc ne règne 
point dans votre corps mortel, en 
sorte que vous obéissiez à ses 
convoitises. 

19. Et n'abandonnez point vos 
membres au péché comme des 
instruments d'iniquité, mais of- 
frez-vous à Dieu, comme deve- 
nus vivants, de morts que vous 
étiez, et vos membres à Dieu, 
comme des instruments de jus- 
tice. 

14. Car le péché ne vous domi- 
nera plus, parce que vous n'êtes 
pas sous la loi, mais sous la 
gráce. 

15. Quoidonc? Pécherons-nous, 
parece que nous ne sommes pas 
sous la loi, mais sous la gráce? 
Dieu nous en garde. 

16. Ne savez-vous pas que, 


CnaP. VI. 4. Gal, ir, 27; Col., 11, 12; Ephés., 1v, 23; Hébr., xm, 1; I Pierre, m, 1; 


ιν, 2. -- 16. Jean, vin, 34; 11 Pierre, ir, 19. 


4. Pour mourir au péché. — Une nouveauté de vie; c'est-à-dire une vie nouvelle. 
6. Le corps du péché. C'est la concupiscence qui nous vient d'Adam. Or c'est princi- 
palement par les sens et par les passions dont le corps est le ministre et l'organe, que 


cette concupiscence exerce son empire. 


1%. Voy., pour le sens de ce verset, vu, 15. 
16. l'our la mort, pour la justice; c'est-à-dire pour y trouver la mort, la justice. 


[cn. vir.) 


lorsque vous vous rendez escla- 
ves de quelqu'un pour lui obéir, 
vous étes esclaves de celui à qui 
vous obéissez, soit du péché pour 
la mort, soit de l'obéissance pour 
la justice ? 

17. Mais grâces soient rendues 
à Dieu de ce qu'ayant été escla- 
ves du péché, vous avez obéi du 
fond du cœur à ce modèle de doc- 
trine sur lequel vous avez été 
formés. 

18. Ainsi, affranchis du péché, 
vous étes devenus esclaves de la 
justice. 

19. Je parle humainement, à 
cause de la faiblesse de votre 
chair; comme donc vous avez 
fait servir vos membres à l'impu- 
reté et à l'iniquité pour l'iniquité, 
ainsi maintenant faites servir vos 
membres à la justice pour votre 
sanctification. 

20. Car lorsque vous étiez es- 
claves du péché, vous étiez libres 
à l'égard de la justice. 

91. Quel fruit avez-vous donc 
tiré alors des choses dont vous 
rougissez maintenant? Car leur 
fin, c'est la mort. 

22. Mais maintenant, affranchis 
du péché, et faits esclaves de 
Dieu, vous en avez pour fruit la 
sanclification, et pour fin, la vie 
éternelle. 

23. Car 18 solde du péché est la 
mort; mais la grâce de Dieu est 
la vie éternelle dans le Christ Jé- 
sus, Notre Seigneur. 


Cuar. VII. 2. I Cor., vir, 39. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 2107 


CHAPITRE VII. 


Nous sommes morts à la loi par Jésns- 
Christ pour servir Dieu selon l'esprit. 
La loi est sainte par elle- méme, mais 
la concupiscence en prend occasion de 
s'irriter davantage. Le juste ne fait pas 
ce qu'il veut. La loi de la chair combat 
en lui contre la loi de l'esprit. Il n'a de 
secours à attendre que de la gráce. 


1. Ignorez-vous, mes frères 
(je parle à ceux qui connaissent 
la loi), que laloi ne domine sur 
l'homme que pendant le temps 
qu'il vit? 

2. Car la femme, qui est sou- 
mise à un mari,le mari vivant, 
est liée par la loi; mais si son 
mari meurt, elle est affranchie 
de la loi du mari. 

3. Donc, son mari vivant, elle 
sera appelée adultère, si elle s'u- 
nit à un autre homme; mais si 
son mar! meurt, elle est affran- 
chie de la loi du mari, de sorte 
qu'elle n'est pointadultère, si elle 
sunitàun autre homme. 

4. Ainsi, mes freres, vous aussi 
vous étes morts à la loi par le 
corps du Christ, pour étre à un 
autre qui est ressuscité d'entre 
les morts, afin quenous portions 
des fruits pour Dieu. 

9. Car, lorsque nous étions dans 
la chair, les passions du péché qui 
étaient occasionnées par la loi 
agissaient dans nos membres, en 
sorte qu'elles leur faisaient pro- 
duire des fruits pour la mort ; 

6. Mais maintenant nous soni- 


3. Elle sera appelée adultère; c'est-à-dire : Elle sera adullère. Nous avons déjà fai: 
remarquer plusieurs fois que les Hébreux disaient é/re appelé pour étre. 

ὃ. Lorsque nous étions dans la chair; c'est-à-dire sous la 101 charnelle. 

6. Dans la nouveauté de l'esprit; dans un esprit nouveau, dans des sentiments et 


des inclinations inspirés par l'Esprit-Saint. 


2108 
mes affranchis de laloi de mort 
dans laquelle nous étions rete- 
nus, afin que nous servions dans 
la nouveauté de l'esprit, et non 
dans la vétusté de la lettre. 

7. Que dirons-nous donc? La 
loi est-elle péché? Point du tout. 
Mais je n'ai connu le péché que 
par la loi; car je ne connaitrais 
pas la concupiscence si la loi 
n'eüt dit: Tu ne convoiteras 
point. \ 

8. Or, prenant occasion du 
commandement, le péché a opé- 
ré en moi toute concupiscence. 
Car sans la loi, le péché était 
mort. 

9. Et moi je vivais autrefois 
sans loi. Mais quand est venu le 
commandement, le péché a re- 
vécu. 

10. Et moi je suis mort; et il 
s'est trouvé que ce commande- 
ment qui devait me donner la 
vie a causé ma mort. 

11. Ainsi le péché, prenant oc- 
casion du commandement, m'a 
séduit, et par lui m'a tué. 

19. Ainsi la loi est sainte, et le 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


[cu. vir.] 


commandement saint, juste et 
bon. 

13. Ce qui est bon est donc de- 
venu pour moi la mort? Loin de 
là; car le péché, pour paraitre pé- 
ché, a, par une chose bonne, opé- 
ré la mort, de sorte qu'il est de- 
venu par le commandement une 
source extrémement abondante 
de péché. 

14. Car nous savons que la loi 
est spirituelle, et moi je suis 
charnel, vendu comme esclave 
au péché. 

15. Aussi ce que je fais, je ne 
le comprends pas; car le bien 
que je veux, je ne le fais pas, 
mais le mal que je hais, je le fais. 

16. Orsijefaisce que jene veux 
pas, j'acquiesce à la loi comme 
étant bonne. 

47. Ainsi ce n'est plus moi qui 
fais cela, mais le péché qui habite 
en moi. 

18. Car je sais que le bien n'ha- 
bite pas en moi, c'est-à-dire dans 
ma chair. En effet, le vouloir ré- 
side en moi, mais accomplir le 
bien, je ne l'y trouve pas. 


7. Exode, xx, 17; Deut., v, 21. — 12. I Tim., 1, 8. 


1. Avant la loi mosaique, on n'ignorait pas le péché, mais on n'y attachait pas la 
méme importance; on n'en sentait que trés imparfaitement la gravité; parce que 
d'un cóté le mauvais penchant d'une nature corrompue aveuglait les esprits, et que 
de l'autre on manquait de cette régle extérieure, de cette censure visible, qui repro- 
chait au pécheur le plus étourdi par la passion, ses déréglements. 

13. Pour paraitre péché; c'est-à-dire pour montrer toute sa corruption. 

15-11. Saint Paul semble contredire ici ce qu'il a avancé plus haut (vr, 14), que 
le péché ne dominera plus; mais cette contradiction n'est qu'apparente. En effet, le 
grand apótre reconnait deux captivités auxquelles nous pouvons étre assujettis : celle 
des sens, qui étant accoutumés à trouver leur satisfaction dans l'assouvissement des 
besoins, contractent l'habitude de préférer le plaisir au devoir; celle de la volonté, 
qui ne regarde comme bon et préférable que ce que les sens lui présentent comme 
plus doux. La gráce de Notre Seigneur nous délivre de cette seconde captivité, qui 
est la seule réelle; et c'est ce que saint Paul veut dire par ces paroles: Le péché ne 
vous dominera plus... vous éles sous la grâce. Cette méme grâce du Sauveur nous 
laisse au contraire sujets à la premiére, qui n'est pas un mal, mais une fragilité; et 
c'est ce que signifient ces mots: Ce n’est plus moi qui fais cela, mais le péché qui 
habite en moi (vers. 11). 


[cu. vu] 


19. Ainsi le bien que je veux, 
je ne le fais point; mais le mal 
que je ne veux pas, je le fais. 

90. Si donc je fais ce que je ne 
veux pas, ce n'est pas moi qui le 
fais, mais le péché qui habite en 
moi. 

21. Je trouve donc, quand je 
veux faire le bien, cette loi, parce 
que le mal réside en moi; 

29. Je me complais dans la loi 
de Dieu, selon l'homme intérieur; 

23. Mais je vois dans mes mem- 
bres une autre loi qui combat la 
loi de mon esprit, et me captive 
sous la loi du péché, laquelle est 
dans mes membres. 

94. Malheureux homme que je 
suis, qui me délivrera du corps 
de cette mort ? 

95. La gráce de Dieu par Jésus- 
Christ Notre Seigneur. Ainsi j'o- 
béis moi-méme par l'esprit à la 
loi de Dieu, et par la chair à la loi 
du péché. 


CHAPITRE VIII. 


Il n'y a point de condamnation pour ceux 
qui se conduisent, non selon la chair, 
mais selon l'esprit. Ils sont enfants de 
Dieu et cohéritiers de Jésus-Christ. 
Délivrance attendue par eux et par 
toutes les créatures. Le Saint-Esprit 
prie lui-méme en nous. Rien ne peut 
nous séparer de l'amour de Dieu en 
Jésus-Christ. 


1. I n'y a donc pas maintenant 
de condamnation pour ceux qui 
sont en Jésus-Christ, qui ne mar- 
chent pas selon la chair. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


2709 

2. Parce que la loi de l'esprit 
de vie, qui est dans le Christ Jó- 
sus, m'a affranchi de la loi du 
péché et de la mort. 

3. Car ce qui était impossible à 
la loi, parce qu'elle était affaiblie 
parla chair, Dieu, envoyant son 
Fils dans une chair semblable à 
celle du péché, a condamné le 
péché dans la chair à cause du 
péché méme, 

4. Afin que la justification de 
la loi s'accomplit en nous qui ne 
marchons point selon la chair, 
mais selon l'esprit. 

ὃ. En effet, ceux qui sont selon 
la chair goütent les choses de la 
chair; mais ceux qui sont selon 
l'esprit ont le sentiment des cho- 
ses de l'esprit. 

6. Or la prudence de la chair 
est mort; mais la prudence de 
l'esprit est vie et paix ; 

7. Parce que la sagesse de la 
chair est ennemie de Dieu; car 
elle n'est point soumise à la loi 
de Dieu, et elle ne le peut. 

8. Ceux donc qui sont dans la 
chair ne peuvent plaire à Dieu. 

9. Pour vous, vous n'êtes point 
dans la chair, mais dans l'esprit, 
si toutefois l'esprit de Dieu habite 
en vous. Or si quelquun n'a 
point l'esprit du Christ, celui-là 
n'est point à lui. 

10. Mais sile Christ est en vous, 
quoique le corps soit mort à cause 
du péché, l'esprit vit par l'effet 
de la justification. 


22. L'homme intérieur, signifie l'intelligence et la raison éclairées par la gráce, et 


fortifiées par l'Esprit-Saint. 


24. Du corps de cette mort; du corps qui est la cause de cette mort dont je viens de 
vous parler (vers. 10 et suiv.). Compar. Act., v, 20; xur, 26. 


ὃ, 8. Ceux qui sont selon la chair... dans la chair; les hommes charnels qui 8 
laissent emporter aux mouvements déréglés de la chair. 


2110 

11. Que si l'Esprit de celui qui 
a ressuscité Jésus d'entre les 
morts habite en vous, celui qui a 
ressuscité Jésus-Christ d'entre les 
morls vivifiera aussi vos corps 
mortels par son Esprit qui habite 
en vous. 

19. Ainsi, mes freres, nous ne 
sommes point redevables à la 
chair, pour vivre selon la chair. 

43. Car si c'est selon la chair 
que vous vivez, vous mourrez ; 
mais si par l'esprit vous mortifiez 
les œuvres de la chair, vous vi- 
vrez. 

14. Attendu que tous ceux qui 
sont conduits parl'Esprit de Dieu, 
ceux-là sont fils de Dieu. 

15. Aussi vous n'avez point re- 
cu de nouveau l'esprit de servi- 
tude qui inspire la crainte; mais 
vous avez recu l'esprit d'adoption 
des fils, dans lequel nous crions: 
Abba (Pére). 

16. En effet, l'Esprit lui-même 
rend témoignage à notre esprit 
que nous sommes enfants de 
Dieu. 

11. Mais si nous sommes en- 
fants, nous sommes aussi héri- 
liers; héritiers de Dieu et cohé- 
ritiers de Jésus-Christ, pourvu 
cependant que nous souffrions 
avec lui, afin d'étre glorifiés avec 
lui. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


[cg. vur.] 


18. Or j'estime que les souf- 
frances du temps présent ne sont 
pas dignes de la gloire future qui 
sera révélée en nous. 

19. Aussi la créature attend 
d'une vive attente la manifesta- 
tion des enfants de Dieu. 

20. Car elle est assujettie à la 
vanité, non point volontairement, 
mais à cause de celui qui l'y a 
assujettie dans l'espérance, 

21. Qu'elle-méme, créature, 
sera aussi affranchie de la servi- 
tude de la corruption, pour pas- 
ser à la liberté de la gloire des 
enfants de Dieu. 

22. Car nous savons que toutes 
les créatures gémissent et sont 
dans le travail de l'enfantement 
jusqu'à cette heure. 

93. Et non-seulement elles, 
mais aussi nous-mémes qui avons 
les prémices de l'Esprit; oui, 
nous-mêmes nous gémissons au 
dedans de nous, attendant l'adop- 
tion des enfants de Dieu, la ré- 
demption de notre corps. 

24. Car c'est en espérance que 
nous avons été sauvés. Or l'espé- 
rance qui se voit n'est pas de l'es- 
pérance; car ce que quelqu'un 
voit, comment l’espérerait-il ? 

95. Et si nous espérons ce que 
nous ne voyons pas encore, nous 
l'attendons par la patience. 


,אא VIII. 15. II Tim., 1, 7; Galat., 1v, 5. — 23. Luc,‏ .אס 


18. Abba, Pére. Voy. Mare, xiv, 36. 


16. Par le mouvement intérieur de l'amour divin et la paix de la conscience 
qu'éprouvent les enfants de Dieu, ils ont, en effet, une sorte de témoignage de la 
faveur divine, par laquelle ils sont raffermis dans l'espérance de leur justification et 
de leur salut, mais qui ne leur donne cependant pas une assurance absolue; car cette 
assurance ne s'obtient pas ordinairement en cette vie, où il nous est ordonné de 
travailler à notre salut avec crainte et tremblement, et à nous tenir sans cesse sur 
nos gardes, parce que celui qui se croit ferme est plus prés de tomber. 

19. La créature attend; littér. : L'attente attend. Ce genre de répétition a pour 
but de donner de la force au discours. 


[cn. rx.] 


96. De méme l'Esprit aussi aide 
notre faiblesse, car nous ne sa- 
vons ce que nous devons deman- 
der dans la prière; mais l'Esprit 
lui-méme demande pour nous 
avec des gémissements inénar- 
rables. 

97. Et celui qui scrute les 
cœurs sait ce que désire l'Esprit ; 
car c’est selon Dieu qu'il deman- 
de pour les saints. 

98. Or nous savons que tout 
coopere au bien pour ceux qui 
aiment Dieu, pour ceux qui, se- 
lon son décret, sont appelés à 
étre saints. 

29. Car ceux qu'il a connus par 
sa prescience, il les a aussi pré- 
destinés à être conformes à 11- 
mage de son Fils, afin qu'il füt 
lui-même le premier-né entre 
beaucoup de freres. 

30. Et ceux qu'il a prédestinés, 
il les a appelés; et ceux qu'il a 
appelés, il les a aussi justifiés, et 
ceux qu'il a justifiés, il les a aussi 
glorifiés. 

31. Que dirons-nous donc après 
cela? Si Dieu est pour nous, qui 
sera contre nous? 

32. Lui qui n'a pas épargné 
méme son propre Fils, mais qui 
l'a livré pour nous tous, com- 
ment ne nous aurait-il pas donné 
toutes choses avec lui? 

33. Qui accusera les élus de 
Dieu? C'est Dieu qui les justifie ; 

34. Quel est celui qui les con- 
damnerait? C'est le Christ Jésus 


36. Ps. זנזא‎ 22. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


2711 


qui est mort pour eux, qui de 
plus est ressuscité, qui est à la 
droite du Père, et qui méme in- 
tercède pour nous. 

39. Qui donc nous séparera de 
l'amour du Christ? Est-ce la tri- 
bulation? est-ce l'angoisse? est- 
ce la faim? est-ce la nudité? est-ce 
le péril? est-ce la persécution? 
est-ce le glaive? 

36. (Selon qu'il est écrit : A 
cause de vous, nous sommes mis 
à mort tout le jour; on nous re- 
garde comme des brebis de tue- 
rie.) 

97. Mais en tout cela nous 
triomphons par celui qui nous a 
aimés. 

98. Car je suis certain que ni 
mort, ni vie, ni anges, ni princi- 
paulés, ni puissances, ni choses 
présentes, ni choses futures, ni 
violence, 

39. Nice qu'il y a de plus éle- 
vé, ni ce qu'il y a de plus pro- 
fond, ni aucune autre créature, 
ne pourra nous séparer de l'a- 
mour de Dieu, qui est dans le 
Christ Jésus Notre Seigneur. 


CHAPITRE IX. 


Zéle de saint Paul pour les Juifs. Préro- 
galives de ce peuple. Leur chute ne 
rend pas les promesses de Dieu vaines 
et sans effet. Dieu choisit par miséri- 
corde et abandonne par justice ceux 
qu'il veut. Gentils appelés, Juifs rejetés. 


1. Je dis la vérité dans le 
Christ, je ne mens pas, ma cons- 


26. L'Esprit-Saint ne prie point et ne gémit point en sa personne, mais il produi 
en nous la prière et les gémissements, il nous fait parler dans la prière. Or les gémis- 
sements qu'il nous fait produire sont nommés inénarrables, ou à cause de leur vivacité 
et de leur ardeur, ou à cause de leur objet qui est surnaturel, ou, enfin, parce qu'ils 
nous sont intérieurs. 

21. Pour les saints. Voy. Act., 1x, 13. 


2112 ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


cience me rendant témoignage 
par l'Esprit-Saint, 

2. Qu'il y a une grande tris- 
tesse en moi, et une douleur con- 
tinuelle dans mon cœur. 

3. Car je désirais ardemment 
d’être moi-même anathème à l'é- 
gard du Christ, pour mes fr'res, 
qui sont mes proches selon la 
chair, 

4. Qui sont les Israélites, aux- 
quels appartiennent l'adoption 
des enfants, la gloire, l'alliance, 
la loi, le culte et les promesses, 

5. Dont les pères sont ceux de 
qui est sorti, selon la chair, le 
Christ méme qui est au-dessus 
de toutes choses, Dieu béni dans 
tous les siecles. Amen. 

6. Non que la parole de Dieu 
soit restée sans effet; mais tous 
ceux qui descendent d'Israél ne 
sont pas Israélites ; 

7. Ni ceux qui appartiennent à 
la race d'Abraham ne sont pas 
tous ses enfants; mais c'est en 
Isaac que sera ta postérité; 


]68. 1x.] 
8. C'est-à-dire, ce ne sont pas 
les enfants selon la chair qui sont 
enfants de Dieu, mais ce sont les 
enfants de la promesse qui sont 
comptés dans la postérité. 

9. Car voici les termes de la 
promesse : En ce temps, je vien- 
drai, et Sara aura un fils. 

10. Et non-seulement elle, mais 
aussi Rebecca, qui eut deux fils 
à la fois d'Isaac notre pere. 

11. Car avant qu'ils fussent nés 
ou qu'ils eussent fait ni aucun 
bien, ni aucun mal (afin que le 
décret de Dieu demeurát ferme 
selon son élection), 

12. Non à cause de leurs 
cuvres, mais par la volonté de 
celui qui appelle, il lui fut dit : 

19. L'ainé servira sous le plus 
jeune, selon qu'il est écrit : J'ai 
aimé Jacob, et j'ai hai Esaü. 

14. Que dirons-nous donc? Y a- 
t-il en Dieu de l'injustice? Nulle- 
ment. 

15. Car il dit à Moise : J'aurai 
pitié de qui j'ai pitié, et je ferai 


CnaP. IX. 3. Actes, 1x, 2; I Cor., xv, 9. — 7. Genèse, xxr, 12. — 8. Gal., 1v, 28. — 
9. Genèse, xvi, 10. — 10. Genèse, xxv, 24. — 13. Genèse, xxv, 23; Mal, 1, 2. — 
15. Exode, xxxii, 19. 


3. Bossuet remarque avec raison que l'apótre ne porte pas ses vœux vers l'état des 
damnés, quant aux peines, et quant au péché qui en est la cause, mais qu'il se borne 
à souhaiter d'étre privé de la gloire dont Dieu couronne les élus. D'ailleurs ce souhait 
n'est pas absolu, puisque, outre qu'il procède d'une condition impossible, saint Paul 
désire partout posséder Dieu. Ainsi on peut ne voir dans ces paroles qu'une hyper- 
bole dictée par un zèle qu'on admire, mais qui ue doit pas être poussé à la rigueur. 

1. Littér.: En Isaac sera appelée (a postérité, pour En Isaac sera ta postérité. 
Compar. vu, 3. 

10. * Qui eut deux fils Jacob et Esaü. 

13. Dans l'Eeriture, le mot hair signifie souvent aimer moins. Ainsi l'apótre veut 
dire que Jacob a été préféré à Esaü, mais il veut montrer en méme temps contre les 
Juifs, que par cette préférence donnée au plus jeune sur l'ainé, Dieu n'est lié envers 
aucune nation partieuliére dans la distribution de ses gráces. Car comme, en effet, 
il ne voit aucun mérite antérieur à sa gráce, mais quil trouve tout enveloppé dans 
le péché, dans la méme masse de condamnation, il n'y a personne qu'il ne puisse 
justement laisser dans cette masse; de sorte que quiconque en est délivré, l'est par 
sa miséricorde, et quiconque y est laissé, l'est avec justice. Comme lorsque, de deux 
hommes également criminels, un roi veut bien, par pure gráce, pardonner à l'un, 
tandis qu'il laisse la justice suivre son cours à l'égard de l'autre. 


1x.]‏ .זוס] 
miséricorde à qui je ferai misé-‏ 
ricorde.‏ 

16. Cela ne dépend done ni de 
celui qui veut, ni de celui qui 
court, mais de Dieu, qui fait misé- 
ricorde. 

17. Car l'Ecrituredit à Pharaon: 
Voici pourquoi je t'ai suscité : 
c'est pour faire éclater en toi 
ma puissance, et pour que mon 
nom soit annoncé dans toute la 
terre. 

18. Donc il a pitié de qui il veut, 
et il endurcit qui il veut. 

19. Gertainement vous me di- 
rez : De quoi se plaint-il encore? 
car qui résiste à sa volonté? 

20. O homme, qui es-tu, pour 
contester avec Dieu? Le vase dit- 
il au potier : Pourquoi m'as-tu 
fait ainsi? 

291. N'a-t-il pas le pouvoir, le 
potier, de faire dela méme masse 
d'argile un vase d'honneur et un 
autre d'ignominie ? 

92. Que si Dieu, voulant mani- 
fester sa colere et signaler sa 
puissance, a supporté avec une 
patience extréme les vases de 
colere propres à étre détruits, 

23. Afin de manifester les ri- 
chesses de sa gloire sur les vases 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


9118 
de miséricorde qu'il a préparés 
pour la gloire, 

24. En nous qu'il a de plus ap- 
pelés, non-seulement d'entre les 
Juifs, mais aussi d'entre les gen- 
tils, 

25. Comme il dit dans Osée: 
J'appellerai celui qui n'est pas 


mon peuple, mon peuple; celle | 


qui n'est pas bien-aimée, bien-ai- : 


| 


mée ; celle quin’apointobtenu mi- - 


séricorde, objet de miséricorde : 

26. Etilarrivera que 0818 10 lieu 
méme oü il leur fut dit : Vous 
n'êtes point mon peuple, ils seront 
appelés enfants du Dieu vivant. 

27. Et Isaie s'écrie à l'égard 
d'Israél : Le nombre des enfants 
d'Israél füt-il comme le sable de 
la mer, il n'y aura qu'un reste de 
sauvé. 

28. Or 16 Seigneur accomplira 
cette parole et 182268028 6 
équité ; oui, le Seigneur abrégera 
cette parole sur 18 terre ; 

29. Et comme 18816 avait dit 
auparavant: Si le Seigneur Sa- 
baoth ne nous avait réservé un 
rejeton, nous serions devenus 
comme Sodome, et semblables à 
Gomorrhe. 

90. Que dirons-nous donc? Que 


17. Exode, 1x, 16. — 20. Sag., xv, 7; Isaie, xLv, 9; Jérémie, xvm, 6. — 25. Osée, 


1r, 24; I Pierre, 11, 10. — 26. Osée, 1, 10. — 27. Isaie, x, 22. — 29. Isaie, 1, 9. 


18. Dieu endurcit le cœur, non point en lui inspirant le mal, mais en ne lui accor- 
dant pas la gráce, qui est purement gratuite de sa part. 

21. Si la comparaison du potier et de l'argile n'est pas juste sous tous les rapports, 
puisque l'argile ne concourt pas à la forme qu'on lui donne, tandis que l'homme 
concourt à la sainteté que Dieu lui communique, elle l'est au moins sous ceux pour 


lesquels l'apótre en fait usage ici. 


22. Que si Dieu, etc. Le raisonnement qui commence ici, et qui se poursuit à travers 
diverses phrases incidentes, l'apótre le conclut au vers. 30. 

28. Celie parole; cette prophétie d'Isaie. — L'abrégera; c'est-à-dire il réglera le 
temps de son accomplissement; il l'accomplira promptement. 

29. Sabaoth, mot hébreu, que l'on traduit ordinairemunt par armées; mais dont le 
sens primitif est: ce que le ciel et lu terre renferment. Compar. Gen., 11, 4. 

30. Saint Paul reprend ici le raisonnement qu'il a commencé au verset 22, 


9114 


les gentils qui ne cherchaient 
point la justice ont embrassé la 
justice ; mais la justice qui vient 
de la foi. 

91. Et qu'Israél, au contraire, 
en recherchant la loi de justice, 
n'est point parvenu à la loi de 
justice. 

32. Et pourquoi? Parce que ce 
n'est point par lafoi, mais comme 
par les œuvres qu'ils l'ont re- 
cherchée; car ils se sont heurtés 
contre la pierre de l'achoppe- 
ment, 

33. Comme il est écrit : Voici 
que je mets en Sion une pierre 
d'achoppement et une pierre de 
scandale; et quiconque croit en 
lui ne sera point confondu. 


CHAPITRE X. 


Zèle sans science des Juifs. Ils s'efforcent 
d'établir leur propre justice, et re- 
jettent celle qui vient de Dieu par la 
foi. Il faut que la bouche confesse ce 
que le cœur croit. Prédicateurs en- 
voyés. Election des gentils. Incrédulité 
des Juifs. 


4. Assurément, mes frères, le 
désir de mon cœur et mes sup- 
plications à Dieu ont pour objet 
leur salut. 

2. Car je leur rends ce témoi- 
gnage qu'ils ont du zèle pour 
Dieu, mais non selon la science, 

3. Parce que, ignorant la jus- 
tice de Dieu, et cherchant à éta- 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


[(Η. x.] 


blirla leur, ils ne sont pas soumis 
à la justice de Dieu. 

4. Car la fin de la loi est le 
Christ, pour justifier tout croyant. 

5. Aussi Moise a écrit que 
l'homme qui accomplira la justice 
qui vient de la loi y trouvera la 
vie. 

6. Mais pourla justice qui vient 
de la foi, il en parle ainsi : Ne dis 
point en ton cœur : Qui montera 
au ciel? c'est-à-dire pour en faire 
descendre le Christ : 

7. Ou qui descendra dans l'a- 
bime? c'est-à-dire pour rappeler. 
le Christ d'entre les morts. 

8. Mais que dit l'Ecriture ? Près 
detoiestla parole, dans tabouche 
et dans ton cœur; c’est la parole 
de la foi que nous annoncons. 

9. Parce que si tu confesses de 
bouche le Seigneur Jésus, et si 
en ton cœur tu crois que Dieu l'a 
ressuscité d'entre les morts, tu 
seras sauvé. 

10. Car on croit de cœur pour 
la justice, et on confesse de bou- 
che pour le salut. 

11.. En effet, lEcriture dit : 
Quiconque croit en lui ne sera 
point confondu. 

12. Attendu qu'il n'y a point de 
distinction de Juif et de Grec, 
parce que c'est le méme Seigneur 
de tous, riche pour tous ceux qui 
l'invoquent. 


33. Isaie, viri, 14; xxvur, 16; I Pierre, 1 7T. — Car. X. 5. Lév., xvi, 5; Ezóch., 
xx, 11. — 6. Deut., xxx, 12 — 8, Deut., xxx, 14. — 11. Isaie, xxvii, 6. 


33. En lui; c'est-à-dire en celui qui est représenté par la pierre d'achoppement et 


de scandale. 


9. Confesser que Jésus-Christ est le Seigneur, et invoquer son nom, ce n'est pas 
seulement professer la foi en la personne de Jésus-Christ, mais cela implique de plus 
une croyance de toute la doctrine, et la soumission à sa loi, sans quoi l'invocation 


de son nom ne nous sauverait pas. 


10. Pour la justice; c'est-à-dire pour obtenir la justice, pour étre justifié. — Pour 


le salut; c'est-à-dire pour obtenir le salut. 


[cu. Σι.] 


13. Car quiconque invoquera le 
nom du Seigneur sera sauvé. 

14. Mais commentinvoqueront- 
ils celui en qui ils n'ont point cru? 
Ou comment croiront-ils à celui 
qu'ils n'ont pas entendu ? Et com- 
ment entendront-ils, si personne 
ne les préche ? 

15. Et comment préchera-t-on, 
si on n'est pas envoyé ? comme il 
est écrit: Qu'ils sont beaux les 
pieds de ceux qui annoncent la 
paix, qui annoncent le bonheur! 

16. Mais tous n'obéissent pas à 
l'Evangile. C'est pourquoi 15816 a 
dit : Seigneur, quia cru à ce qu'il 
| 8 oui de nous? 

17. La foi donc vient par l'au- 
dition, et l'audition par la parole 
du Christ. 

18. Gependant, je le demande: 
Est-ce qu'ils n'ont pas entendu ? 
Certes, leur voix a retenti par 
toute la terre, et leurs paroles 
jusqu'aux extrémités du monde. 

19. Je demande encore : Est-ce 
qu'Israël ne la point connu? 
Moise le premier a dit : Je vous 
rendrai jaloux d'un peuple qui 
n'en est pas un; je vous mettrai 
en colere contre une nation in- 
sensée. 

20. Mais Isaie ne craint pas de 
dire : J'ai été trouvé par ceux qui 
ne me cherchaient pas, je me 
suis montré à ceux qui ne me 
demandaient pas. 

21. Et à Israélil dit : Tous les 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


2719 
jours jai tendu les mains à ce 
peuple incrédule et contredisant. 


CHAPITRE XI. 


Dieu s'est réservé un reste d'Israél, tan- 
dis que l'autre reste est demeuré dans 
l'endurcissement. Juifs rejetés à cause 
de leur incrédulité. Gentils entrés en 
leur place par miséricorde. Rappel fu- 
tur des Juifs. Profondeur des juge- 
ments de Dieu. 


1. Je dis donc : Est-ce que Dieu | 
a rejeté son peuple? Non, sans 
doute; car moi-méme je suis Is- 
raélite, de la race d'Abraham, de 
la tribu du Benjamin ; 

2. Dieu n'a point rejeté son 
peuple quil a connu dans sa 
prescience. Ne savez-vous pas ce 
que l'Ecriture dit d'Elie, com- 
ment il interpelle Dieu contre 
Israél, disant : 

3. Seigneur, ils ont tué vos 
prophètes, démoli vos autels; et 
moi, je suis resté seul, et ils re- 
cherchent mon âme? 

4. Mais que lui dit la réponse 
divine? Je me suis réservé sept 
mille hommes qui n'ont point 
fléchi le genou devant Baal. 

5. De méme donc, en ce temps 
aussi, un reste a élé sauvé, selon 
l'élection de la grâce. 

6. Mais si c'est par la grâce, ce 
n'est donc point par les œuvres; 
autrement la grâce ne serait plus 
grâce. 

1. Qu'est-il donc arrivé? Ce que 
cherchait Israël, il ne l’a pas trou- 


13. Joël, ,זז‎ 32; Actes, 11, 21. — 15, Isaïe, Lit, 7; Nah., 1, 15. — 16. Isaie, 1111, 1; Jean, 
xr, 38. — 18. Ps. ΧΥΠΙ, 5. — 19. Deut., xxxu, 21. — 20. Isaie, Lxv, 1. — 21. Isaie, 
Lxv, 2. — Car. XI. 3. III Rois, xix, 10. — 4. III Rois, xix, 18. 


11. Par la parole du Christ; c'est-à-dire par la prédication de la parole du 


Christ. 


3. Ils recherchent mon dme; ma vie pour me l'óter. 
4. * Devant Baal. Baal était le dieu supréme des Phéniciens 


2116 
vé; mais ceux qui ont été choisis 
lont trouvé; les autres ont été 
aveuglés, 

8. Selon quil est écrit : Dieu 
. leur a donné jusqu'à ce jour un 
esprit de torpeur; des yeux pour 
ne point voir, et desoreilles pour 
ne point entendre. 

9. David dit encore : Que leur 
table devienne pour eux lacet, 
piége, scandale et rétribution. 

10. Que leurs yeux s'obscur- 
cissent pour qu'ils ne voient 
point, et faites que leur dos soit 
toujours courbé. 

11. Je dis donc : Ont-ils trébu- 
ché de telle sorte qu'ils soient 
tombés? Point du tout. Mais par 
leur péché, le salut est venu aux 
gentils qui devaient ainsi leur 
donner de l'émulation. 

12. Que si leur péché est la ri- 
chesse du monde, et leur dimi- 
nution, la richesse des gentils; 
combien plus encore leur pléni- 
tude? 

13. Car je le dis à vous, gentils : 
Tant que je serai apótre des gen- 
1115, j'honorerai mon ministère, 

14. M'efforgant d'exciter l'ému- 
lation de ceux de mon sang, et 
d'en sauver quelques-uns. 

15. Car si leur perte est la ré- 
conciliation du monde, que sera 
leur rappel, sinon une résurrec- 
tion? 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


[cu. xr.] 


16. Que si les prémices sont 
saintes, la masse l'est aussi ; et si 
la racine est sainte, les rameaux 
aussi. 

A7. Si donc quelques-uns des 
rameaux ont été rompus, et si 
toi, qui n'étais qu'un olivier sau- 
vage, tu as été enté en eux et fait 
participant de la racine et de la 
graisse de l'olivier, 

18. Ne te glorifie point aux dé- 
pens des rameaux. Que si tu te 
glorifies, sache que tu ne portes 
point la racine, mais que c'est la 
racine qui te porte. 

19. Tu diras, sans doute : Les 
rameaux ont été brisés pour que 
je fusse enté. 

20. Fort bien. C'est à cause de 
leur incrédulité qu’ils ont été 
rompus. Pour toi, tu demeures 
ferme par ta foi, ne cherche pas 
àt'élever, mais crains. 

91. Car si Dieu n'a pas épargné 
les rameaux naturels, il pourra 
bien ne pas t'épargner toi-même. 

22. Vois donc la bonté et la sé- 
vérité de Dieu : sa sévérité en- 
vers ceux qui sont tombés, et sa 
bonté envers toi, si toutefois tu 
demeures ferme dans cette bon- 
té; autrement tu seras aussi re- 
tranché. 

93. Mais eux-mêmes, s'ils ne 
demeurent point dans l'incrédu- 
lité, seront entés; car Dieu est 


8. Isaie, vr, 9; Matt., xi, 14; Jean, xir, 40; Act., xxviit, 26. — 9. Ps. LxviIn, 23. 


8. Torpeur; c'est le sens qu'a ici, comme en plusieurs autres endroits, le mot 
, 


componclion de la Vulgate. 


9. Et rélribulion de leurs œuvres; c'est-à-dire un juste châtiment. Ces paroles et 
les suivantes n'expriment pas un désir de vengeance, mais une prédiction du chà- 
timent qui devait frapper les Juifs qui, au lieu de reconnaitre le Messie, l'ont mis 


à mort. 


10. Que leur dos soit toujours courbé contre terre; c'est-à-dire qu'ils restent atta» 
chés à l'amour des choses terrestres, et à la recherche des biens périssables. 
22. Dans cetle bonté; c'est-à-dire dans l'état οὐ t'a mis cette bonté divine. 


(cu. xir.) 


puissant pour les enter de nou- 
veau. 

94. En effet, si tu as été coupé 
de l'olivier sauvage, ta tige natu- 
relle, et enté contre nature sur 
l'olivier franc, à combien plus 
forte raison, ceux qui sont les ra- 
meaux naturels seront-ils entés 
sur leur propre olivier? 

95. Car je ne veux pas, mes 
freres, que vous ignoriez ce mys- 
tère (afin que vous ne soyez pas 
sages à vos propres yeux), qu'une 
partie d'Israël est tombée dans 
l'aveuglement, jusqu'à ce que la 
plénitude des gentils soit entrée; 

26. Et qu'ainsi tout Israél soit 
sauvé, selon qu'il est écrit : 1 
viendra de Sion celui qui doit dé- 
livrer, et qui doit bannir l'impié- 
té de Jacob. 

97. Et ce sera là mon alliance 
avec eux quand j'aurai effacé 
leurs péchés. 

98. Il est vrai que, selon l'Evan- 
gile, ils sont ennemis à cause de 
vous; mais, selon l'élection, ils 
sont très aimés à cause de leurs 
peres. 

29. Parce que les dons et la 
vocation de Dieu sont sans re- 
pentir. 

30. Comme donc autrefois vous- 
mémes n'avez pas cru à Dieu, et 
que maintenant vous avez obtenu 
miséricorde à cause de leur incré- 
dulité 

31. Ainsi eux maintenant n'ont 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


2741 
pas eru, pour que miséricorde 
vous füt faite, et qu'à leur tour 
ils obtiennent miséricorde. 

32. Car Dieu a renfermé tout 
dans l’incrédulité, pour faire mi- 
séricorde à tous. 

33. O profondeur des trésors 
de la sagesse et de la science de 
Dieu! Que ses jugements sont 
incompréhensibles et ses voies 
impénétrables ! 

34. Car qui a connu la pensée 
du Seigneur? ou qui a été son 
conseiller? 

35. Ou qui, le premier, lui 8 
donné, et sera rétribué? 

96. Puisque c'est de lui, et par 
lui, et en lui, que sont toutes 
choses; à lui la gloire dans les 
siècles. Amen. 


CHAPITRE XII. 


Préceptes de morale. Nos corps hostie 
vivante. Renouvellement de l'esprit. 
Nous sommes tous un méme corps, 
dont chaque membre a ses fonctions 
propres qu'il doit remplir. Principaux 
devoirs de la vie chrétienne. 


1, Je vous conjure donc, mes 
freres, parla miséricorde de Dieu, 
d'offrir vos corps en hoslie vi- 
vante, sainte, agréable à Dieu, 
pour que votre culte soit raison- 
nable. 

9. Et ne vous conformez point 
à ce siècle, mais réformez-vous 
par le renouvellement de votre 
esprit, afin que vous reconnais- 


26. Isaïe, Lix, 20. — 34. Sag., 1x, 13; Isaie, וא‎ 13; I Cor., ir, 16. — Cap. XII. 1. Phil., 


1v, 18. — 2, Eph., v, 17; 1 Thess., 1v, 8. 


98. Ils sont ennemis de Dieu. 


32. Dieu a permis que tous, Juifs et gentils, devinssent incrédules, afin que devenant 
tous l'objet de sa miséricorde aucun ne püt s'attribuer à lui-méme le mérite de sa 
justification et de son salut. Le texte porte /ous parce que le genre neutre donne à 
l'idée une plus grande extension. Ainsi il s'agit ici de tous les hommes sans excep- 
lion aucune. 


2718 
8162 combien la volonté de Dieu 
est bonne, agréable et parfaite. 

3. Car je dis, en vertu de la 
gráce qui m'a été donnée, à tous 
ceux qui sont parmi vous, de 
ne pas étre sages plus qu'il ne 
faut, mais de létre avec mo- 


| dération, et selon la mesure de 


la foi que Dieu a départie à 
chacun. 

4. Car, comme dans un seul 
corps, nous avons beaucoup de 
membres, et que tous les mem- 
bres n'ont point la méme fonc- 
tions, 

9. Ainsi, quoique beaucoup, 
nous sommes un seul corps en 
Jésus-Christ, étant tous en parti- 
culier les membres les uns des 
autres. 

6. C'est pourquoi, comme nous 
avons des dons différents, selon 
la gráce qui nous a été donnée, 
que celui qui ἃ reçu le don de 
prophétie en use selon l'analogie 
de la foi ; 

1. Que celui qui est appelé au 
ministère, s'y applique; que celui 
qui a recu le don d'enseigner, 
enseigne ; 

8. Que celui qui a le don d’ex- 
horter, exhorte; que celui qui 
fait l'aumóne, /a fasse avec sim- 
plicité ; que celui qui préside soit 
attentif; que celui qui exerce les 
œuvres de miséricorde les exerce 
avec joie. 

9. Charité sans déguisement, 
ayant le mal en horreur, vous 
attachant au bien ; 


EPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


[cu. ii.) 


10. Vous aimant mutuellement 
d'un amour fraternel; vous ho- 
norant les uns les autres avec 
prévenance; 

11. Empressés au devoir, fer- 
vents d'esprit; servant le Sei- 
gneur; 

12. Vous réjouissant par l'es- 
pérance; patients dans la tri- 
bulation; persévérants dans la 
prière ; 

13. Dans les besoins des saints, 
partageant avec eux; aimant à 
donner l'hospitalité. 

14. Bénissez ceux qui vous 
persécutent; bénissez, et ne 
maudissez point; 

15. Réjouissez-vous avec ceux 
qui se réjouissent, pleurez avec 
ceux qui pleurent; 

16. Vous unissant tous dans les 
mémes senliments; n'aspirant 
point à ce qui est élevé, mais 
vous inclinant vers ce qu'il y a de 
plus humble. Ne soyez point sa- 
ges à vOS propres yeux; 

17. Ne rendant à personne le 
mal pour le mal; ayant soin de 
faire le bien, non seulement de- 
vant Dieu, mais devant tous les 
hommes. 

18. S'il se peut, el autant qu'il 
est en vous, ayant la paix avec 
tous les hommes ; 

19. Ne vous défendant point 
vous-mémes, mes bien-aimés, 
mais donnez lieu à la colere; car : 
il est écrit : A moi est la ven- 
geance ; c'est moi qui ferai la ré- 
tribution, dit le Seigneur. 


3. I Cor., xir, 11; Ephés., rv, 7. — 9. Amos, v, 15. — 10. Ephés., iv, 3; I Pierre, 
n, 11. — 13. Hóbr., xur, 2; I Pierre, 1v, 9. — 17. II Cor., vir, 21. — 18. Hébr., זא‎ 14, 
— 19. Eccli., xxvi, 1,2, 3; Matt., v, 39; Deut., xxxii, 35; Hébr., x, 30. 


6. Selon, etc. ; c'est-à-dire en ne disant rien que de conforme à la loi. 


13. Des saints. Voy. Act., 1x, 13. 


reu. xur.] 

20. Au contraire, si ton ennemi 
a faim, donne-lui à manger; s'il 
a soif, donne-lui à boire ; car, fai- 
sant cela, tu amasseras des char- 
bons de feu sur sa tête. 

91. Ne te laisse pas vaincre par 
ie mal, mais triomphe du mal 
par le bien. 


CHAPITRE XIII. 


Ob4ir aux puissances comme étant éta- 
blies de Dieu. Payer le tribut aux 
princes; rendre à chacun ce qui lui est 
dà. Amour du prochain, abrégé de la 
loi. Sortir de l'assoupissement : quit- 
ter les œuvres de ténèbres; se revêtir 
de Jésus-Christ. 


4. Que toute âme soit soumise 
aux puissances supérieures, car 
il ny 8 point de puissance qui ne 
vienne de Dieu ; et celles qui sont 
ont été établies de Dieu. 

9. C'est pourquoi qui résiste à 
la puissance résiste à l'ordre de 
de Dieu. Or ceux qui résistent 
attirent sur eux-mêmes la con- 
damnation ; 

3. Car les princes ne sont pas 
à craindre pour les œuvres bon- 
nes, mais pour les mauvaises. 
Veux-tu donc ne pas craindre la 
puissance? fais le bien, et elle te 
louera; 

4. Car elle est le ministre de 
Dieu pour le bien. Que si tu fais 
le mal, crains; car ce n'est pas 
sans motif qu'elle porte le glaive, 
puisqu'elle estle ministre de Dieu 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


2719 
dans sa colère contre celui qui 
fait le mal. 

5. IL est done nécessaire de vous 
y soumettre non seulement par 
crainte de la colere, mais encore 
par conscience. 

6. C'est aussi pour cela que 
vous payez le tribut ; carles prin- 
ces sont les ministres de Dieu, le 
servant en cela méme. 

7. Rendez donc à tous ce qui 
leur est dû : à qui le tribut, le 
tribut; à qui l'impót, limpót; à 
qui la crainte, la crainte; à qui 
l'honneur, l'honneur. 

8. Ne devez rien à personne, 
sinon de vous aimer mutuelle- 
ment; car qui aime le prochain a 
accompli la loi. 

9. En effet : Tu ne commettras 
point d'adultére, tu ne tueras 
point, tu ne déroberas point, tu 
ne porteras point de faux témoi- 
gnage, tu ne convoiteras point; 
et s'il est quelque autre comman- 
dement, tout se résume dans 
cette parole : Tu aimeras ton 
prochain comme toi-même. 

10. L'amour du prochain n'o- 
pere pas le mal. L'amour est 
donc la plénitude de la loi. 

11. De plus, nous savons par le 
temps qu'il est déjà l'heure de 
sorlir de notre sommeil; car 
notre salut est maintenanl plus 
prés que lorsque nous avons em- 
brassé la foi. . 


20. Prov., xxv, 21. — Caar. XIII. 1. Sag., vi, 4; I Pierre, ir, 13. — 7. Matt., xxt, 21. 
— 9. Exode, xx, 14; Deut., v, 18; Lóv., xix, 18; Matt., xxit, 39; Marc, xir, 31; Gal., 
v, 14; Jac., 11, 8. 


20. Tu amasseras des charbons sur sa tête, parait être une locution proverbiale. 
Les Pères grecs l'entendent des charbons de colère; de manière que si on fait du bien 
aux ennemis, on est irréprochable, et ils sont eux-mémes la seule cause de leur pu- 
nition. Mais saint Jéróme, saint Augustin, etc., l'entendent des charbons d'amour et 
de charité, qui font qu'un ennemi a honte de sa propre malice, et qu'il cherche à se 
réconcilier 


1 


2720 


19. La nuit est déjà fort avan- 
cée, et le jour approche. Reje- 
tons donc les œuvres des ténè- 
bres, et revétons-nous des armes 
de la lumière. 

13. Comme durant le jour, 
marchons honnêtement, non 
dans les excès de table et les 
ivrogneries, non dans les disso- 
lutions et les impudicités; non 
dans l'esprit de contention et 
l'envie; 

14. Mais revétez-vous du Sei- 
gneur Jésus-Christ, et ne cher- 
chez pas à contenter la chair 
dans ses convoitises. 


CHAPITRE XIV. 


Ceux qui sont forts dans la foi doivent 
supporter les faibles; et les faibles ne 
doivent pas condamner les forts. Ne 
point se condamner les uns les autres. 
Eviter le scandale. S'entr'édifier en 
toutes choses. Dieu est le juge de tous. 


1. Accueillez celui qui est faible 
dans la foi, sans disputer sur les 
opinions. 

2. Carl'un croit qu'il peut man- 
cer de tout, et l'autre, qui est 
faible dans la foi, ne mange que 
des légumes. 

3. Que celui qui mange ne 
méprise pas celui qui ne mange 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


[cu. xiv) 


point ne condamne pas celui qui 
mange; car Dieu l'a accueilli. 

4. Qui es-tu, toi qui juges le 
serviteur d'autrui? C'est pour son 
maitre qu'il demeure ferme ou 
quil tombe; mais il demeurera 
ferme, parce que Dieu est puissant 
pour l'affermir. - 

5. L'un fait différence entre un 
jour et un jour; un autre les 
juge tous pareils : que chacun 
abonde en son sens. 

6. Celui qui distingue les jours, 
les distingue en vue du Seigneur. 
Gelui qui mange, mange en vue 
du Seigneur, car il rend gráces à 
Dieu; et celui qui ne mange 
point, ne mange point en vue du 
Seigneur, et il rend aussi gráces 
à Dieu. 

7. Car aucun de nous ne vit pour 
soi, et nul ne meurt pour soi. 

8. Mais, soit que nous vivions, 
nous vivons pour le Seigneur; 
soit que nous mourions, nous 
mourons pour le Seigneur. Soit 
done que nous vivions, soit que 
nous mourions, nous sommes au 
Seigneur. 

9. Car c'est pour cela que le 
Christ est mort et qu'il est ressus- 
cité, afin de dominer et sur les 
morts et sur les vivants. 


point, et que celui qui ne mange | 10. Toi donc, pourquoi juges-tu 


13. Luc, xxr, 34. — 14. Gal., v, 16; 1 Pierre, 11, 11. — Cuar. XIV. 4. Jac., 1v, 18. — 
10. II Cor., v, 10. 


19. La nuit marque souvent dans l'Ecriture les temps d'ignorance, et /e jour, le 
temps de l'Evangile. 


2. Quelques chrétiens faibles d'entre les Juifs convertis n'osaient pas manger des 
viandes déclarées impures par la loi; les chrétiens, moins faibles, en mangeaient 
sans scrupule, ce qui occasionnait des contestations entre eux. Saint Paul, pour les 
mettre d'accord, exhorte les premiers à ne point condamner les derniers, qui usent 
de leur liberté chrétienne, et il engage ces derniers à ne pas mépriser ou scandaliser 
leurs fréres faibles, soit en les portant à manger de ce que, en conscience, ils ne 
croient pas pouvoir manger, soit en les offensant au point de les exposer au danger 
d'une apostasie. 


[cu. xv.] 
ton frère? ou pourquoi méprises- 
tu ton frére? Car nous paraitrons 
tous devant le tribunal du Christ; 

11. Il est écrit, en effet : Je vis, 
moi, dit le Seigneur; tout genou 
fléchira devant moi, et toute 
langue confessera Dieu. 

19. Ainsi chacun de nous ren- 
dra compte à Dieu pour soi. 

13. Ne nous jugeons donc plus 
les uns les autres; mais songez 
plutót à ne pas mettre devant 
votre frère une pierre d'achop- 
pement ou de scandale. 

14. Je sais, et j'ai cette foi 
dans le Seigneur Jésus, que rien 
n'est impur de soi-méme, et qu'il 
n'est impur qu'à celui qui les- 
time impur. 

15. Mais si, à cause de ce que 
tu manges, ton frère est coniris- 
té, dès lors tu ne marches pas se- 
lon la charité. Ne perds pas, à 
cause de ce que tu manges, celui 
pour qui le Christ est mort. 

16. Qu'on ne blasphème donc 
point le bien dont nous jouis- 
sons. 

11. Car le royaume de Dieu 
n'est ni le manger ni le boire; 
mais il est justice, paix et joie 
dans l'Esprit-Saint. 

18. Or celui qui en ces choses 
sert ainsi le Christ plait à Dieu, 
el est approuvé des hommes. 

19. C'est pourquoi, recherchons 
ce qui tientàla paix, et obser- 
vons à l'égard les uns des autres 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 2721 


ce qui contribue à l'édification. 

20. Ne va pas, pour le manger, 
détruire l’œuvre de Dieu. A la 
vérité, tout e% pur; mais c'est 
mal à l'homme de manger avec 
scandale. 

21. Il est bon de ne point man- 
ger de chair, de ne point boire de 
vin, et ne rien faire de ce qui 
choque, scandalise, ou affaiblit 
ton frere. 

22. As-tu lafoi, aie-la en toi-mé- 
medevantDieu. Heureux celui qui 
ne se condamne pas lui-méme en 
ce qu'il approuve. 

23. Mais celui qui fait une dis- 
tinction et qui mange est condam- 
né, parce qu'il n'est pas de bonne 
foi. Or tout ce qui ne se fait pas 
de bonne foi est péché. 


CHAPITRE XV. 


Condescendance et charité mutuelles. Jé- 
sus promis aux Juifs, et annoncé par 
grâce aux gentils. Saint Paul apótre 
des gentils. 11 promet aux Romains 
d'aller les voir, leur demande le secours 
de leurs priéres et leur souhaite la 
paix. 

1. Nous devons donc, nous qui 
sommes plus forts, supporter les 
faiblesses des infirmes, et ne pas 
nous complaire en nous-mémes. 

9. Que chacun de vous ait de 
la complaisance pour son pro- 
chain en ce qui est bien, pour 
l'édification. 

3. Car le Christ ne s'est point 
complu en lui-méme; mais, 


11. Isaie, xLv, 24; Philip., τι, 10. — 15. I Cor., viu, 11. — 20. Tit., 1, 15. — 21. I Cor., 


vri, 13. — (παρ. XV. 3. Ps. rxvir, 10. 


11. Je vis, moi; formule de serment qui veut dire : J'en jure parla vie qui est en 
moi essentiellement, et nécessairement, par ma vie éternelle. 


13. Ou de scandale. Compar. 1x. 33. 


23. Il n'est pas de bonne foi; il agit contre sa persuasion, contre sa conscience. Il 
est évident, par le contexte, que tel est le vrai sens de ce passage, et qu'il ne s'agit 
nullement ici de la foi qui nous fait chrétiens. 


NT. 


171 


2122 
comme il est écrit : Les outrages 
de ceux qui vous outrageaient 
sont tombés sur moi. 

4. Car tout ce qui est écrit a été 
écrit pour notre instruction, afin 
que par la patience et la consola- 
tion des Ecritures nous ayons 
l'espérance. 

5. Que le Dieu de patience et 
de consolation vous donne donc 
d'étre unis de sentiments les uns 
aux autres, selon Jésus-Christ; 

6. Afin que d'un méme cœur 
et d'une méme bouche vous ren- 
diez gloire à Dieu et au Père de 
Notre Seigneur Jésus-Christ. 

7. C'est pourquoi, soutenez- 
vous les uns les autres, comme le 
Christ vous à soutenus pour la 
gloire de Dieu. 

8. Car je dis que le Christ Jésus 
a été le ministre de la circonci- 
sion, pour justifier la véracité de 
Dieu et confirmer les promesses 
faites à nos peres; 

9. Et afin que les nations glori- 
rifiassent Dieu de sa miséricorde, 
selon qu'il est écrit : C'est pour 
cela, Seigneur, que je vous con- 
fesserai parmi les nations, et que 
je chanterai votre nom. 

10. L'Ecriture dit encore : Ré- 
jouissez-vous, nations, avec son 
peuple. 

11. Et ailleurs : Nations, louez 
toutes le Seigneur; peuples, exal- 
tez-le tous. 

19. Et 18816 dit aussi : Viendra 


ÉPITRS DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


[cu. xv.] 


la racine de Jessé, et celui qui s'é- 
lèvera pour gouverner les na- 
tions, et c’est en lui que les na- 
tions mettront leur espérance. 

13. Que le Dieu de l'espérance 
vous remplisse donc de toute joie 
et de toute paix dans votre foi, 
afin que vous abondiez dans l'es- 
pérance et dans là vertu de l'Es- 
prit-Saint. 

14. Pour moi, mes freres, je 
suiscerlain, encequi voustouche, 
que vous étes pleins de charité, 
remplis de tout savoir, en sorte 
que vous pouvez vous instruire 
les uns les autres. 

15. Cependant je vous ai écrit 
ceci, mes frères, avec quelque 
hardiesse, comme pour réveiller 
votre mémoire, en vertu de la 
grâce que Dieu m'a donnée, 

16. Pour étre le ministre du 
Christ Jésus parmi les nations; 
en préchant la sainteté de l'Evan- 
gile de Dieu, afin que l'oblation 
des gentils soit acceptée et sanc- 
üfiée dans l'Esprit-Saint. 

11. J'ai donc sujet de me glori- 
fier aupres de Dieu, dansle Christ 
Jésus. 

18. Car je n'ose parler d'aucune 
des choses que le Christ ne fait 
pas par moi pour amener les Gen- 
tils à l'obéissance, par la parole 
et par les ceuvres; 

19. Par la vertu des miracles et 
des prodiges, parla puissance de 
l'Esprit-Saint; de sorte que j'ai 


5. 1 Cor., 1, 10. — 9, II Rois, xxii, 50; Ps. xvn, 50. — 11. Ps. cxvi, 1. — 12. Isaie, 


xi, 10. 


8. Le Christ Jésus a été le ministre, etc.; c'est-à-dire il a été le dispensateur et le 
ministre de l'Evangile à l'égard des Juifs circoncis. 

19. * Jusqu'à l’Illyrie. L'Illyrie est le pays situé entre l'Italie, la Germanie, la Macé- 
doine et la Thrace, entre le Danube à l'est et la mer Adriatique à l'ouest, C'était une 
province romaine. S. Paul la nomma comme le point extréme où il avait à cette 
époque porté l'Evangile. 


[cu. xvr.] 


annoncé partout l'Evangile, de- 
puis Jérusalem et les pays d'alen- 
tour jusqu'à l'lllyrie; 

90. Mais j'ai eu soin de ne point 
précher cet Evangile, làoülenom 
du Christ avait déjà été annoncé, 
afin de ne point bátir sur le fon- 
dement d'autrui; mais, comme il 
est écrit : 

91. Ceux ἃ {πὶ on nel'avait point 
annoncé, verront; et ceux qui ne 
lont point entendu, compren- 
dront. 

22. C'est pourquoi j'ai été sou- 
vent empéché d'aller vers vous, 
et je ne l'ai pas pu jusqu'à pré- 
sent. 

93. Cependant, rien maintenant 
ne me retenant en ces contrées, 
et ayant, depuis bien des années 
déjà, un grand désir d'aller vous 
voir, 

24. J'espère que lorsque je par- 
lirai pour l'Espagne, je vous ver- 
rai en passant, et que vous my 
conduirez, après que j'aurai un 
peu joui de vous. 

95. Maintenant je vais à Jérusa- 
lem pour servir les saints. 

26. Car la Macédoine et l'Achaie 
ont trouvé bon de faire quelques 
collectes en faveur des pauvres 
des saints qui sont à Jérusalem. 

Or il leur 8 plu ainsi, parce‏ .דפ 
qu'ils leur sont redevables. Car‏ 
si les gentils sont entrés en par-‏ 
tage de leurs biens spirituels, ils‏ 


21. Isaïe, 111, 15. — 27. I Cor., 1x, 11. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


9795 
doivent aussi leur faire part de 
leurs biens temporels. 

28. Lors done que j'aurai ter- 
miné cette affaire et que je leur 
aurai remis le fruit des collectes, 
je partirai pour l'Espagne, en 
passant par chez vous. 

99. Or je sais qu'en venant vers 
vous, c’est dans l'abondance de 
la bénédiction de l'Evangile du 
Christ que j'y viendrai. 

30. Je vous conjure donc, mes 
freres, par Notre Seigneur Jésus- 
Christ et par la charité du Saint- 
Esprit, de m'aider par les prières 
que vous ferez à Dieu pour moi, 

31. Afin que je sois délivré des 
infideles qui sont dans la Judée, 
et que l'offrande que je me fais 
un devoir de porter soit bien re- 
cue à Jérusalem par les saints, 

39. Pour que je vienne vers 
vous avec joie par la volonté de 
Dieu, et que je goüte avec vous 
quelque consolation. 

33. Cependant, que le Dieu de 
la paix soit avec vous tous. Amen. 


CHAPITRE XVI. 


Saint Paul recommande 210326, diaco- 
nesse. 1[ salue diverses personnes de 
Rome. Il exhorte les Romains à éviter 
les discussions. Il les salue de la part 
de plusieurs personnes. Il leur souhaite 
la gràce de Jésus-Christ. 


1. Je vous recommande Phobé, 
notre sceur, attachée au service 


24. * Pour l'Espagne. D'aprés un grand nombre de témoignages anciens, S. Paul 
alla en effet précher la foi en Espagne, après sa première captivité à Rome, ce que 
de nombreux critiques modernes refusent d'admettre. 

25. Pour servir les saints; c'est-à-dire pour porter aux chrétiens pauvres les aumónes 
que j'ai recueillies. — Pour 16 mot saints, voy. Act., 1x, 13. 

26. * La Macédoine et l’Achaïe. Voir Actes, xvi, 9 et xvii, 19. 


1. * Phobé, dont le nom signifie la brillante, la lune, était diaconesse. — Cenchrée, 
un des ports de Corinthe, du cóté de l'Asie, sur le golfe Saronique. Plusieurs ont 


2724 
de l'Eglise qui est à Cenchrée, 

2. Afin que vous la receviez 
dans le Seigneur d’une manière 
digne des saints, et que vous l'as- 
sistiez dans toutes les choses où 
elle pourrait avoirbesoin de vous; 
car elle en a elle-méme assisté 
un grand nombre, et moi en par- 
ticulier. 

3. Saluez Prisque et Aquila, 
mes coopérateurs en Jésus-Christ 

4. (Qui, pour mon âme, ont 
exposé leur tête; à qui je rends 
grâces, non pas moi seulement, 
mais toutes les Eglises des gen- 
tils), 

ὃ. Et aussi l'Eglise qui est 
dans leur maison. Saluez Epé- 
nète qui m'est cher, et qui a été 
les prémices des chrétiens de 
l'Asie. 

6. Saluez Marie, qui abeaucoup 
travaillé pour vous. 

1. Saluez Andronique et Junie, 
mes parents et compagnons de 
mes liens, qui sont illustres par- 


Cap. XVI. 3. Actes, xvii, 2, 26. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


[cn. xvi.] 


mi les apótres, et qui ont été au 
Christ méme avant moi. 

8. Saluez Ampliat, qui m'est 
trés cher dans le Seigneur. 

9. Saluez Urbain, mon coopéra- 
teur en Jésus-Christ, et Stachys, 
qui m'est cher. 

10. Saluez Apelle, fidele servi- 
teur du Christ. 

11. Saluez ceux de la maison 
d'Aristobule. Saluez Hérodion, 
mon parent. Saluez ceux de la 
maison de Narcisse, qui sont au 
Seigneur. 

19. Saluez Triphene et Tri- 
phose, lesquelles travaillent pour 
le Seigneur. Saluez notre cher 
Perside, qui a aussi beaucoup 
iravaillé pour le Seigneur. 

13. Saluez Rufus, élu du Sei- 
gneur, et sa mère, qui est aussi 
la mienne. 

14. Saluez Asynerite, Phlégon, 
Hermas, Patrobe, Hermès, et nos 
freres qui sont avec eux. 

45. Saluez Philologue et Julie, 


pensé que Phæbé, qui allait certainement à Rome d'après ce passage, fut chargée par 
S. Paul de porter son Epitre aux chrétiens de cette ville. 

3. * Prisque ou Priscille, qui n'est que le diminutif de Prisque et Aquila. Voir 
Actes, xviii, 2. On voit par ce passage qu'Aquila et Priscille étaient retournés à Rome. 

9. * Epénéte, le premier converti de la province proconsulaire d'Asie. D’après la 
tradition, il devint le premier évéque de Carthage. 

6. * Marie, chrétienne probablement d'origine juive. 

1. * Andronique et Junie, de la même tribu que S. Paul, peut être méme ses cousins. 
Junie, d'aprés un certain nombre de critiques, est une abréviation de Junilius ou 
Juninianus et par conséquent un nom d'homme. On ignore en quelles circonstances 
Andronique et Junie avaient été prisonniers avec S. Paul. 

8, 9. * Ampliat, Urban, Stachys sont inconnus. La tradition fait de Stachys un des 


soixante-douze disciples. 


10. * Apelle, d’après la tradition, devint évêque de Smyrne ou d'Héraclée. 

11, 12. * Aristobule, Hérodion, Narcisse, Triphæne, Triphose, Perside, inconnus. 

13. Qui est aussi la mienne; que je regarde comme la mienne, à cause du respect 
que j'ai pour elle, et de l'amour qu'elle a pour moi. — * Rufus, probablement un des 
fils de Simon le Cyrénéen. Voir Marc, xv, 21. 

14. * Asyncrile, Phlégon, Patrobe, Hermés, inconnus. Hermas, d'après quelques-uns, 
serait l'auteur de l'écrit célèbre intitulé 26 Pasteur, mais on croit généralement le 


Pasteur moins ancien. 


15. * Philologue et Julie. D'après la tradition, Julie était la femme de Philologue, 
d’après les autres, c'est un nom d'homme (Julias). — Nérée, Olym»?ade, inconnus. 


xv.]‏ .זזס] 


Nérée et sa sceur, et Olympiade, 
et tous les saints qui sont avec 
eux. 

16. Saluez-vous les uns les 
autres par un saint baiser. Toutes 
les Eglises du Christ vous saluent. 

17. Mais je vous prie, mes frè- 
res, d'observer ceux qui sèment 
des dissensions et des scandales 
contre la doctrine que vous avez 
apprise, et détournez-vous d'eux. 

18. Car de tels hommes ne ser- 
vent point le Christ Notre Sei- 
gneur, mais leur ventre; et par 
de douces paroles et des flatto- 
ries, ils séduisent les âmes sim- 
ples. 

19. Votre 026188800 est connue 
en tout lieu. Je me réjouis donc 
pour vous, mais je désire que 
vous soyez sages dans le bien et 
simples dans le mal. 

20. Que 16 Dieu de la paix broie 
Satan sous vos pieds au plus tót. 
Que la gráce de Notre Seigneur 
Jésus-Christ soit avec vous. 

21. Timothée, compagnon de 
mes travaux, vous salue ; comme 


21. Actes, xvi, l. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. 


2129 
aussi Lucius, Jason, ét Sosipatre, 
mes parents. 

92. Moi, Tertius, qui ai écrit 
cette lettre, je vous salue dans le 
Seigneur. 

93. Caius, mon hóte, et toute 
l'Eglise, vous saluent. Eraste, 
trésorier de la ville, et Quartus, 
notre frere, vous saluent. 

24. Que la grâce de Notre Sei- 
gneur Jésus-Christ soit avec vous 
tous. Amen. 

25. Et à celui qui est puissant 
pour vous affermir dans mon 
Evangile et la prédication de 
Jésus-Christ, selon la révélation 
d'un mystère qui, étant resté 
caché dans tous les siècles passés 

96. (Qui maintenant a été dé- 
couvert par les écritures des pro- 
phètes, suivant l'ordre du Dieu 
éternel, pour qu'on obéisse à la 
foi), est connu de toutes les na- 
tions, 

97. À Dieu, seul sage, honneur 
et gloire, à lui par Jésus-Christ 
dans les siècles des siècles. 
Amen. 


91. * Timothée. Voir l'Introduction aux Epitres à Timothée. — Lucius est peut-être 
Lucius de Cyrène, l'un des docteurs de l'Eglise d'Antioche, Act., ,ןא‎ 1. — Jason. 
Voir Actes, xvii, 5. — Sosipatre. Voir Actes, xvir, 10 et xx, 4. 

22. * Terlius était probablement un chrétien de Corinthe qui servit de secrétaire à 


S. Paul, en écrivant sous sa dictée. 


23.* Caius était un chrétien de Corinthe, le seul, avec Crispus que S. Paul eût 
baptisé dans cette ville (1 Cor., 1, 14). — Eraste. Ce nom se lit aussi dans les Actes, 
xix, 22, et II Tim., 1v, 20, mais nous ignorons s'il désigne la méme personne. — Quar- 
Lus, avtre chrétien de Corinthe, portant un nom romain, comme Tertius. 

25. Mon Evangile, etc.; c'est-à-dire l'Evangile que j'annonce, et la doctrine de 


Jésus-Christ. 


21. A lui, littér.: A qui; mais le pronom relatif a évidemment ici, comme en plu- 
sieurs autres endroits de l'Ecriture, le sens du pronom personnel. 


OS CS ESS 


PREMIERE EPITRE DE SAINT PAUL 


AUX CORINTHIENS 


——2200E€0 0-0-2— 


INTRODUCTION 


Corinthe, relevée par Jules César et déclarée colonie romaine, était la capitale 
de l’Achaïe, et la première ville de la Grèce. Elle pouvait avoir quatre cent mille 
habitants de toute nationalité, grecs, latins, Juifs, etc. Aussi riche que popu- 
leuse, elle brillait surtout par son activité et par son luxe. Sa position dans 
l'isthme qui unit le Péloponèse à la Grèce, entre la mer Egée à l'Orient et la 
mer Ionienne à l'Occident, à égale distance de l'Italie et de l'Asie, en faisait le 
centre d'un commerce considérable. Le commerce lui donnait l'opulence, et 
l'opulence procurait à ses habitants de quoi satisfaire leur goüt pour les arts et 
pour le plaisir. A peu de distance de ses murs, on célébrait tous les cinq ans 
des jeux fameux auxquels l'Apótre fait allusion; et la ville elle-même était un 
théâtre d'amusements et de dissolution continuels. On n'y célébrait guère 
d'autre culte que celui de Vénus. Aussi la vie qu'on y menait était-elle passée 
en proverbe, et disait-on indifféremment, « vivre en Corinthien, » ou s'aban- 
donner à la volupté. Malgré les obstacles que de telles habitudes devaient 
mettre à la foi chrétienne, et en dépit de l'opposition des Juifs, S. Paul, animé 
par une vision céleste, avait réussi à y fonder une église; et aprés dix-huit 
mois de travaux, il l'avait laissée si ferme dans la foi et si fervente qu'elle 
faisait sa consolation et qu’elle servait de soutien et de modèle aux chrétientés 
voisines. La plupart des convertis étaient paiens d'origine et d'une condition 
assez humble. Néanmoins, les détails où entre l’Apôtre sur la manière dont se 
faisait la céne et sur les secours à donner aux chrétiens de Jérusalem, supposent 
qu'il y avait aussi des chrétiens d'une classe plus élevée. Lui-méme, dans son 
Epitre aux Romains, distingue entre les autres Eraste, l'intendant de la cité, et 
Caius, qu'il appelle son hóte. 

L'authenticité des deux Epitres de S. Paul aux Corinthiens est attestée par la 
tradition. Qu'il suffise de citer S. Clément, pape, qui, dans une Lettre adressée 
par lui aux Corinthiens, une trentaine d'années plus tard, de 92 à 97, leur rap- 
pelle la première de ces Epitres comme une œuvre connue et respectée de tous. 
« Prenez en main, dit-il, l'Epitre du bienheureux Paul. ll n'y a pas de doute 
que l'Esprit-Saint ne lui ait inspiré ce qu'il vous a écrit sur lui-méme, sur 
Céphas et sur Apollo, dans un temps oü vous étiez divisés comme aujourd'hui. » 


INTRODUCTION. 9707 


Cette Lettre de S. Clément est le plus ancien monument que nous ayons de la 
tradition, et l'un de ceux dont l'authenticité est le mieux établie. On la lisait 
publiquement dans l'Eglise de Corinthe et dans beaucoup d'autres. 

La première Epitre aux Corinthiens fut écrite d'Ephése. On en a la preuve dans 
l'Epitre méme oü 5. Paul dit qu'il restera encore quelque temps chez Aquila et 
Priscille, établis en cette ville depuis son passage à Corinthe. 

On voit, au méme endroit, que la Pentecóte approchait et que l'Apótre son- 
geait à un départ prochain. C'était dans sa derniére mission, l'an 56 probable- 
ment. 5. Paul était arrivé au milieu de sa carrière apostolique. Il y avait dix 
ans qu'il préchait la foi, et quatre ou cinq ans qu'il avait fondé l'Eglise de 
Corinthe; mais un grand nombre de disciples, de ceux méme qui avaient vu le 
Sauveur aprés sa résurrection, étaient encore en vie. 

Ce qui lui donna lieu d'écrire cette première Epitre, ce fut : — 19 Un rapport 
épistolaire sur les divisions naissantes, rapport qui lui avait élé adressé par la 
maison chrétienne de Chloé. — 29 Un récit oral que venaient de lui faire Sté- 
phanas et ses coadjuteurs dans le gouvernement de cette église, au sujet d'un 
scandale et de quelque abus. — 3° Certaines questions de morale et de disci- 
pline, dont les Corinthiens lui avaient demandé la solution. — L’Apôtre fait 
allusion à ces renseignements, et même, ce semble, aux termes dont on s'était 
servi pour le consulter, en divers endroits de son Epitre. 

On distingue dans cette Epitre deux parties, qui répondent au double dessein 
qu'avait S. Paul de réformer et d'instruire. — Dans la première, il s'efforce de 
réformer les abus qui se sont glissés parmi les fidèles de Corinthe. Ces abus 
sont des divisions, causées par un engoüment irréfléchi pour certains prédica- 
teurs, 1-1v, et divers scandales donnés à l'Eglise par des particuliers, v-vi. — 
Dans la seconde, vu-xv, il répond successivement à cinq questions qu'on lui 
avait posées : sur le mariage et le célibat, vu; sur les mets consacrés aux 
idoles, virr-x; sur l'ordre qui doit régner dans les assemblées religieuses, x1; 
sur l'usage des dons surnaturels, xi-xiv; sur la résurrection, xv. 

Comme on le voit, cette Epitre diffère beaucoup par son objet et par sa forme 
de l'Epitre aux Romains, Elle ne ressemble en rien à une dissertation ni à un 
traité dogmatique. C'est une suite d'avis, de réflexions, de solutions, inspirées 
par les circonstances et réparties en sept articles. 1! n'est pas d'écrit qui fasse 
mieux connaitre, soit l'esprit de l'Apótre, soit la discipline et les mœurs de ces 
' premiers temps. (L. BAcugz.) 


1 


1 


PREMIÈRE ÉPITRE 


DE SAINT PAUL 


AUX CORINTHIENS 


CHAPITRE PREMIER. 


Saint Paul salue les fidèles de Corinthe. 
Il rend grâces à Dieu des dons surna- 
turels qu'il a répandus sur eux. Il les 
exhorte à éviter les divisions. Sagesse 
humaine réprouvée de Dieu. Croix, 
scandale aux yeux des Juifs, folie aux 
yeux des gentils, force de Dieu pour 
sauver ceux qui croient. Dieu confond 
les puissants par les faibles, afin que 
nul ne se glorifie qu'en lui. 


1. Paul appelé à l'apostolat de 
Jésus-Christ par la volonté de 
Dieu, et Sosthène, son frère, 

2. A l'Eglise de Dieu, qui est à 
Corinthe, aux sanctifiés en Jésus- 
Christ, appelés saints, avec tous 
ceux qui invoquent le nom du 
Seigneur Jésus-Christ, en quel- 
que lieu qu'ils soient ou que nous 
soyons nous-mêmes, 

3. Grâce à vous, et paix par 
Dieu notre Père, et par le Sei- 
gneur Jésus-Christ. 


CuaP. I. 9. I Thess., v, 24. 


7 


1. * Sosthène. Voir Actes, xvm, 11. 
2. Appelés saints. Voy. Act., 1x, 13. 


4. Je rends gráces à mon Dieu 
pour vous sans cesse, à cause de 
la gráce de Dieu, qui vous a été 
donnée dans le Christ Jésus. 

9. Dece que vous avez été faits 
en lui riches en toutes choses, en 
toute parole et en toute science 

6. (Ainsi le témoignage du 
Christ a été confirmé parmi 
vous); 

7. De sorte que rien ne vous 
manque en aucune grâce, à vous 
qui attendez la manifestation de 
Notre Seigneur Jésus-Christ, 

8. Qui vous affermira même 
jusqu'à la fin, pour que vous 
soyez sans reproche au jour de 
l'avènement de Notre Seigneur 
Jésus-Christ. 

9. Il est fidele, le Dieu par qui 
vous avez été appelés à la société 
de son fils Jésus-Christ Notre 
Seigneur. 

10. Je vous conjure donc, mes 


5-1. Les éloges que saint Paul donne ici aux Corinthiens, et les faveurs dont il parle, 
s'adressent au corps de l'Eglise de Corinthe, et non point à chacun des membres en 
particulier. Les éloges sont pour les parfaits, les lecons et les reproches pour les 
imparfaits. Cette observation suffit pour justifier l'apótre de la contradiction que 
plusieurs lui ont reproché sur ce point. 

6. Le témoignage du Christ; c'est-à-dire le témoignage qui a été rendu au Christ 
par la prédication de l'Evangile. 


[cn. 1.] 


freres, par le nom de Notre Sei- 
gneur Jésus-Christ, de n'avoir 
tous qu'un méme langage, et de 
ne pas souffrir de schismes par- 
mi vous; mais d'étre tous affer- 
mis dans le méme esprit et dans 
les mémes sentiments. 

41. Car j'ai été averti, mes 
freres, par ceux de la maison de 
Chloé, qu'il y a des contestations 
parmi vous. 

19. Or, je parle ainsi, parce que 
chacun de vous dit : Moi, je suis 
à Paul, et moi à Apollo, et moi à 
Céphas, et moi au Christ. 

13. Le Christ est-il divisé? Est- 
ce Paul qui a été crucifié pour 
vous? ou est-ce au nom de Paul 


PREMIÉRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


2129 
que je n'ai baptisé aucun de vous, 
si ce n'est Crispus et Caius ; 

15. Afin que nul ne dise qu'il a 
été baptisé en mon nom. 

16. J'ai baptisé aussi la famille 
de Stéphanas: au reste, je ne sais 
si j'ai baptisé quelque autre per- 
sonne ; 

11. Parce que le Christ ne m'a 
point envoyé pour baptiser, mais 
pour précher l'Evangile, non pas 
toutefois selon la sagesse de la 
parole, afin de ne pas rendre 
vaine la croix du Christ. 

18. Car la parole de la croix 
est folie pour ceux qui se perdent, 
mais pour ceux qui se sauvent, 
c'est-à-dire pour nous, elle est 


vertu de Dieu. 
19. Car il est écrit : Je perdrai 


que vous avez été baptisés? 
14. Je rends grâces à Dieu de ce 


19. Actes, xvin, 24. --,14. Actes, xvir, 8. — 17. II Pierre, 1, 16; Infra, 11, 4. — 
18. Rom., 1, 16. — 19. Isaie, xxix, 14. 


11. * Chloé ne nous est connue que par ce passage. 

12. * Apollo, Céphas. « Plusieurs pensent que ce sont là des noms fictifs, mis en 
avant par l'apótre pour éviter aux véritables chefs de parti la confusion de se voir 
désigner publiquement. Mais ce sentiment s'accorde mal avec ce qu'on lit dans la 
première épitre de S. Clément. S. Paul a bien pu omettre certains noms; mais ceux 
qu'il cite ne paraissent pas imaginaires. On sait par S. Luc qu'Apollo avait séjourné 
à Corinthe, qu'il avait succédé à S. Paul pour la prédication, et qu'on avait applaudi 
à son éloquence. Quant à S. Pierre, S. Denys, évéque de Corinthe vers le milieu du 
second siécle, nous apprend que son Eglise le tenait pour son fondateur aussi bien 
que S. Paul. Il est probable que le chef des Apótres avait passé par cette ville en se 
rendant à Rome, ou qu'il s'y était retiré avec Prisque et Aquila, au moment οὐ un 
décret de Claude obligea tous les Juifs à s'éloigner de la capitale de l'empire. — 
Quoi qu'il en soit, le reproche que S. Paul fait ici aux Corinthiens ne saurait fournir 
aucun appui à la fable du pétrinisme et du paulinisme, imaginée par Baur et son 
école. Les partis dont parle S. Paul sont de simples coteries qui n’accusent aucun 
dissentiment en maniére de croyance, et qui n'ont pu avoir de durée ni s'étendre au 
delà de Corinthe. Les Apótres y restent complétement étrangers. » (L. BACUEZ.) 

14. * Crispus était le chef de la synagogue de Corinthe. Voir note sur Act., xvii, 8. 
— Caius donnait l'hospitalité à S. Paul à Corinthe (Rom., xvi, 23). Origene dit qu'il 
devint évéque de Thessalonique. 

16. * Stéphanas est mentionné de nouveau plus loin, xvi, 16, 17, comme l'un des 
premiers convertis de l'Achaie. Il était avec S. Paul à Ephése, quand l'apótre écrivit 
cette première Epitre aux Corinthiens. D'après S. Jean Chrysostome, Stéphanas s'était 
rendu à Ephése pour consulter S. Paul sur des questions de discipline. D'autres 
croient que le motif du voyage avait été un but charitable. Peut-être les assemblées 
des fidéles avaient-elles lieu dans sa maison à Corinthe. 

11. Parce que le Christ, etc. Ces paroles ne signifient pas que le baptéme n'est 
pas la fonction et l'objet principal de la mission des apótres, mais que la prédication 
était l’œuvre principale de la mission de saint Paul. 


as 
NN 
SEES d 


2190 
la sagesse des sages, et, la pru- 
dence des prudents, je la réprou- 
verai. 

20. Où est le sage? Où est le 
Scribe? Où est l’investigateur de 
ce siècle? Dieu n’a-t-il pas con- 
vaincu de folie la sagesse de ce 
monde? 

21. En effet, puisque, dans la 
sagesse de Dieu, 16 monde, par 
88 sagesse, n'a pas connu Dieu, 
il a plu à Dieu de sauver les 
croyants parla folie de la prédi- 
cation. 

22. Carles Juifs demandent des 
miracles, et les Grecs cherchent 
la sagesse; 

93. Et nous, nous préchons le 
Christ crucifié, pour les Juifs, il 
est vrai scandale, et pour les 
gentils, folie; 

24. Mais, pourceux qui sontap- 
pelés, soit Juifs, soit Grecs, vertu 
de Dieu et sagesse de Dieu; 

95. Car ce qui est folie en Dieu 
est plus sage que les hommes, et 
ce qui est faiblesse en Dieu est 
plus fort que les hommes. 

26. En effet, voyez, mes freres, 
votre vocation, ce n'est pas un 
grand nombre de sages selon la 
chair, ni un grand nombre de 
puissants et de grands, 

97. Que Dieu a choisis, mais ce 
qui est insensé selon le monde, 


PREMIÉRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[cu. 11,[ 


pour confondre les sages; il a 
choisi aussi ce qui est faible se- 
lon le monde, pour confondre ce 
qui est fort; 

28. Enfin, Dieu a choisi ce qui 
est vil et méprisable selon le 
monde, et les choses qui ne sont 
pas, pour détruire les choses qui 
sont ; 

29. Afin que nulle chair ne se 
glorifie en sa présence. 

90. Et c'est par lui que vous 
étes dans le Christ Jésus, que 
Dieu a fait notre sagesse, notre 
justice, notre sanctification et 
notre rédemption ; 

91. Afin, comme il est écrit, 
que celui qui se glorifie, se glori- 
fie dans le Seigneur. 


CHAPITRE II. 


Saint Paul n'emploie ni l'éloquence, ni la 
sagesse humaine. Il préche toutefois la 
sagesse, mais c'est celle de Dieu, cachée 
au monde et révélée par l'Esprit de 
Dieu. Il n'y a que ceux qui sont éclai- 
rés par l'Esprit de Dieu qui puissent 
comprendre cette sagesse. 

1. Pour moi, mes frères, lors- 
que je suis venu vers vous, je ne 
suis point venu vous annoncer 
le témoignage du Christ dans la 
sublimité du discours et de la sa- 
gesse. 

2. Car je n'ai pas jugé que je 
susse parmi vous autre chose que 


20. Isaie, xxxii, 18. — 30. Jérémie, xxii, 5. — 91. Jérémie, 1x, 23, 24; 11 Cor., x, 17. 


— .ג‎ Il, 1. Supra, 1, 17. 


22. Les Juifs ne demandaient pas de simples miracles, car Jésus-Christ et les apótres 
en opéraient un grand nombre qu'ils reconnaissaient et qu'ils proclamaient eux- 
mémes, puisqu'ils les attribuaient au démon, mais ils demandaient, sans aucun droit, 
des prodiges d'un certain genre, des prodiges qui vinssent immédiatement du ciel. 

25. Ce qui, dans les voies de Dieu, parait folie au monde, est certainement trés 
sage, et ce qui parait faiblesse est au-dessus de toute force humaine. 

28. Les choses qui ne sont pas; c'est-à-dire de peu de valeur, de rien. 

39. Nulle chair, aucun homme. Voy. Matt., xxiv, 22. 


1. Le témoignage du Christ. Compar. 1, 6, 


ne 


[cu. m.] 
Jésus-Christ, et Jésus-Christ cru- 
cifié. 

8. Aussi, est-ce dans un état de 
faiblesse, de crainte, et d'un 
grand tremblement, que j'ai été 
parmi vous; 

4. Et mon discours et ma pré- 
dication ont été, non dans les pa- 
rolespersuasives de la sagesse hu- 
maine, mais dans la manifesta- 
tion de l'esprit et de la vertu ; 

5. Afin que votre foi ne soit pas 
établie sur la sagesse des hom- 
mes, mais sur la vertu de Dieu. 

6. Cependant nous préchons 
la sagesse parmi les parfaits, non 
la sagesse de ce siecle, ni des 
princes de ce siècle, qui péris- 
sent; 

7. Mais nous préchons la sa- 
gesse de Dieu dans le mystère, 
sagesse qui ἃ été cachée, que 
Dieu a prédestinée pendant les 
siecles pour notre gloire; 

8. Qu'aucun prince de ce siecle 
n'a connue; car s'ils l'avaient 
connue, jamais ils n'auraient 
crucifié le Seigneur de la gloire. 

9. Mais, comme il est écrit : Ce 
que l'œil n'a point vu, ce que l'o- 
reille n’a point entendu, ce qui 
n'est point monté dans le cour 


PREMIERE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


2131 
de l'homme, ce que Dieu a prépa- 
ré à ceux qui l'aiment; 

10. C'est aussi ce que Dieu 
nous à révélé par son Esprit; car 
l'Esprit pénètre toutes choses, 
méme les profondeurs de Dieu. 

11. Qui des hommes sait ce qui 
est dans l'homme, sinon l'esprit 
de l'homme qui est en lui? Ain- 
si, ce qui est en Dieu, personne 
ne le connait, que l'Esprit de 
Dieu. i 

19. Pour nous, nous n'avons 
point regu l'esprit de ce monde, 
mais l'Esprit qui est de Dieu, afin 
que nous connaissions les dons 
qui nous ont été faits par Dieu, 

43. Et que nous annoncons, 
non avec les doctes paroles de la 
sagesse humaine, mais selon la 
doctrine de l'Esprit, traitant spi- 
rituellement les choses spiri- 
tuelles. 

14. L'homme animal ne percoit 
pas ce qui est de l'Esprit de Dieu; 
c'est folie pour lui, etil ne le peut 
comprendre, parce que c'est par 
l'esprit qu'on doit en juger. 

15. Mais l'homme spirituel juge 
de toutes choses, et il n'est jugé 
de personne. 

16. Gar qui a connu la pensée 


8. Actes, טא‎ 1. — 4. II Pierre, 1, 16. — 9. Isaie, Lx1v, 4. — 13. Supra, 1, 17; ni, 
1, 4; II Pierre, 1, 16. — 16. Sag., ix, 13; Isaie, xr, 13; Rom., xi, 34. 


6. Les princes de ce siécle sont les sages, les savants, les philosophes, ou les démons 
dont l'empire se détruit de plus en plus par l'établissement du régne de Jésus-Christ. 

1. Dans le mystère, mystérieusement, dans le désert; ne préchant cette sagesse 
divine qu'au petit nombre des sages. Compar. le vers. 6. 

14, 15. L'homme animal est celui qui s'adonne aux plaisirs des sens, à ses affections 
charnelles et mondaines, ou celui qui ne juge des choses célestes que par la raison 
naturelle, les sens et la sagesse humaine. L'homme spirituel est celui qui né se 
laisse emporter ni par les plaisirs des sens, ni par ses affections charnelles, etc., et 
qui, dans ce qui regarde la religion, ne prend pas la raison humaine pour guide, 
mais la grâce divine, la foi de l'Eglise et l'Esprit de Dieu. 

15. Juge de toutes choses, ctc. Il est faux de dire, avec les ennemis de nos Livres 
saints, que ces paroles consacrent le fanatisme ou la révolte. L'apótre dit seulement 
que ceux qui ont recu le don de discerner les esprits ont seuls le droit de décider si 
celui qui prétend étre inspiré est fanatique ou prophéte. 


2732 
du Seigneur pour pouvoir l'ins- 
truire ? mais nous, nous avons la 
pensée du Christ. 


CHAPITRE Ill. 


Les Corinthiens, étant encore charnels, 
n'ont pu recevoir des instructions spi- 
rituelles. Les ministres plantent et ar- 
rosent; c'est Dieu qui donne la crois- 
sance. Jésus-Christ est le seul fonde- 
ment de la prédication évangélique. 
L'ouvrage bâti sur ce fondement sera 
éprouvé par le feu. Les chrétiens sont 
le temple de Dieu. La sagesse du monde 
est une folie. Ne pas mettre sa gloire 
dans les hommes. 


1. Aussi, mes frères, je n'ai pu 
moi-même vous parler comme à 
des hommes spirituels, mais com- 
me à des hommes charnels. Com- 
me à de petits enfants en Jésus- 
Christ, 

9. Je vous ai abreuvés de lait, 
mais je ne vous ai point donné à 
manger, parce que vous ne le 
pouviez pas encore; οἱ à présent 
méme, vous ne le pouvez point, 
parce que vous étes encore char- 
nels. 

3. Car, puisqu'ily a parmi vous 
jalousie et esprit de contention, 
n'étes-vous pas charnels, et ne 
marchez-vous pas selon l'homme? 


PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[cu. nr.) 


4. En effet, puisque l'un dit : 
Moi je suis à Paul; et un autre : 
Moi à Apollo; n'étes-vous pas 
des hommes? Qu'est donc Apol- 
lo? et qu'est Paul? 

5. Des ministres de celui en qui 
vous avez cru, et chacun l'est se- 
lon le don que le Seigneur lui ἃ 
départi. 

6. Moi, j'ai planté, Apollo ἃ ar- 
rosé; mais Dieu a donné la crois- 
sance. 

7. C'est pourquoi, ni celui qui 
plante n'est quelque chose, ni ce- 
lui qui arrose; mais celui qui 
donne la croissance, Dieu. 

8. Or celui qui plante et celui 
qui arrose sont une seule chose. 
Mais chacun recevra son propre 
salaire selon son travail. 

9. Gar nous sommes les coopé- 
rateurs de Dieu; vous étes le 
champ que Dieu cultive, l'édifice 
que Dieu bâtit. 

10. Selon la grâce que Dieu m'a 
donnée, j'ai, comme un sage ar- 
chitecte, posé le fondement, et 
un autre a bâti dessus. Que cha- 
cun done regarde comment il y 
bátira encore. 

41. Car personne ne peut poser 


Cua». III. 8. Ps. rxr, 18; Matt., xvi, 27; Rom., 11, 6; Galat., vi, 5. 


1. Des hommes spirituels. Voy. ,זו‎ 14. 
4. * A Apollo. Voir 1 Corinthiens, τ, 12. 


11-15. Le fondement de l'Eglise de Dieu est Jésus-Christ et sa doctrine, ou la vraie 
foi en lui agissant par la charité. L'édifice d'or, d'argent, de pierres précieuses, bâti 
sur ce fondement, c'est la plus parfaite prédication et la pratique de l'Evangile. 
L'édifice auquel on a mélé le bois, le foin, la paille, signifie la prédication des doc- 
teurs Corinthiens, qui, à la vérité, n'erraient pas dans la foi, mais ajoutaient à leurs 
discours une vaine pompe de paroles et des questions inutiles. Le jugement de Dieu, 
soit particulier, soit général, manifestera de quelle sorte aura été l’œuvre de chaque 
homme, œuvre dont il est difficile de porter un jugement en cette vie. Toute doc- 
trine qui pourra résister à l'épreuve du feu de ce jugement attirera au prédicateur 
la récompense éternelle de son travail. Toute doctrine contraire sera consumée et 
anéantie. A la vérité, le prédicateur, s'il est d'ailleurs irréprochable, ne périra pas 
avec son ouvrage; il sera sauvé parce qu'il aura bâti sur le vrai fondement. Mais il 
ne sera que comme un homme qui se sauve à travers un incendie, en conservant sa 
vie, et en perdant toute le reste. Ainsi il souffrira la perte de son travail, en ne re- 


fca. 1v.] 


d'autre fondement que celui qui 
ἃ été posé, lequel est le Christ 
Jésus. 

19. Que si on élève sur ce fon- 
dement un édifice d'or, d argent, 
de pierres précieuses, de bois, de 
foin, de chaume, 

19. L'ouvrage de chacun sera 
manifesté; car le jour du Sei- 
gneur le mettra en lumière, et il 
sera révélé parle feu ; ainsi le feu 
éprouvera l’œuvre de chacun. 

14. Si l'ouvrage de celui qui a 
bàti sur le fondement demeure, 
celui-ci recevra son salaire. 

15. Si l'œuvre de quelqu'un 
brüle, il en souffrira la perte; 
cependant il sera sauvé, mais 
comme par le feu. 

16. Ne savez-vous pas que vous 
ètes le temple de Dieu, et que 
l'Esprit de Dieu habite en vous? 

17. Si donc quelqu'un profane 
le temple de Dieu, Dieu le per- 
dra. Car le temple de Dieu est 
saint, et vous êtes ce temple. 

18. Que personne ne s'abuse : 
si quelqu'un d'entre vous parait 
sage seloncesiecle, qu'il devienne 
fou pour étre sage ; 

19. Attendu que la sagesse de 
ce siecle est folie devant Dieu. 
Car il est écrit : J'enlacerai les 
sages dans leurs propres ruses. 

20. Et encore : Le Seigneur sait 


PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 2733 


que les pensées des sages sont 
vaines. 

21. Que personne donc ne se 
glorifie dans les hommes. 

22. Car tout est à vous, soit 
Paul, soit Apollo, soit Céphas, 
soit vie, soit mort, soit choses 
présentes, soit choses futures; 
oui, tout est à vous; 

23. Mais vous au Christ, et le 
Christ à Dieu. 


CHAPITRE IV. 


Comment on doit regarder les ministres 
de l'Evangile; ne point les juger, ne 
point se glorifier en eux. Tout discer- 
nement vient de Dieu. Souffrances et 
humiliations des apótres. Sévérité pa- 
ternelle de saint Paul contre ceux qui 
s'enflaient d'orgueil. 


1. Queles hommes nous regar- 
dent comme ministres du Christ, 
et dispensateurs des mystères de 
Dieu. 

2. Or ce qu'on demande dans 
les dispensateurs, c'est que cha- 
cun soit trouvé fidèle. 

9. Pour moi, je me mets fort 
peu en peine d'étre jugé par vous 
ou par un tribunal humain ; bien 
plus, je ne me juge pas moi- 
méme. 

4. A la vérité, ma conscience 
ne me reproche rien, mais je ne 
suis pas pour cela justifié ; celui 
qui me juge c'est le Seigneur. 


47. Infra, νι, 19; IL Cor., vr, 16. — 19. Job, v, 18. — 20. Ps. xciu, 11. — Crap. IV, 


1. II Cor., vr, 4. 


cevant point la récompense du prédicateur évangélique, il n'entrera méme dans le 
ciel qu'aprés avoir expié par le feu du purgatoire les fautes qu'il ἃ commises dana 
l'exercice du ministère évangélique. 

22, * Apollo, Céphas. Voir 1 Cor., 1, 12. 


3. Par un tribunal humain; littér.: par aucun jour humain. Le mot jour, qui si- 
gnifie évidemment ici le jour fixé pour un jugement, se prend pour le jugement lui- 
méme ; comme nous disons : Journée sanglante, journée de Poitiers, pour bataille 
sanglante, bataille de Poitiers, à l'imitation des Latins qui se servaient de dies, pour 
exprimer l'action qui rendait une journée mémorable. Compar. Jérém., xvi, 16, 


2751 

5. C'est pourquoi, ne jugez pas 
avant le temps, jusqu'à ce que 
vienne le Seigneur, qui éclairera 
ce qui est caché dans les ténè- 
bres, et manifestera les pensées 
secrètes des cœurs; et alors cha- 
cun recevra de Dieu sa louange. 

6. Au reste, mes frères, j'ai 
personnifié ces choses en moi et 
en Apollo à cause de vous, afin 
que vous appreniez, par notre 
exemple, à ne pas, contrairement 
à ce que je vous ai écrit, vous 
enfler d'orgueil l'un contre l’autre 
pour autrui. 

1. Car qui te 6180090 ? et qu'as- 
tu que tu n'aies reçu? Que si tu 
l'as reçu, pourquoi t'en glorifies- 
tu, comme si tu ne l'avais pas 
recu ? 

8. Déjà vous êtes rassasiés, 
déjà vous étes riches, vous régnez 
sans nous; et plaise à Dieu que 
vous régniez en effet, afin que 
nous régnions avec vous. 

9. Car il me semble que Dieu 
nous a présentés, nous les der- 
niers des apótres, comme desti- 
nés à la mort, puisque nous 
sommes donnés en spectacle au 
monde, aux anges et aux hom- 
mes. 

10. Nous sommes, nous, insen- 
sés à cause du Christ; mais vous, 
vous étes sages dans le Christ ; 
nous sommes faibles et vous 
forts; vous étes honorés, mais 
nous méprisés. 

11. Jusqu'à cette heure nous 
souffrons et la faim et la soif, 
nous sommes nus, déchirés à 


PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[ἐπ΄ 1v.]. 
coups de poing, et nous n'avons 
pas de demeure stable; 

19. Nous nous fatiguons, tra- 
vaillant de nos mains; on nous 
maudit, et nous bénissons; on 
nous persécute, et nous le sun- 
portons ; 

13. On nous blasphème, et nous 
prions; nous sommes devenus 
jusqu'à présent comme les ordu- 
res du monde, et les balayures 
rejetées de tous. 

14. Ce n'est point pour vous 
donner de la confusion que j'écris 
ceci, mais je vous avertis comme 
mes fils trés chers. 

15. Car eussiez-vous dix mille 
maîtres dans le Christ, vous n'a- 
vezcependantpas plusieurs peres; 
puisque c'est moi qui, par l'Evan- 
gile, vous ai engendrés en Jésus- 
Christ. 

16. Je vous en conjure donc, 
soyez mes imitateurs, comme je 
le suis du Christ. 

17. C'est pourquoi, je vous ai 
envoyé Timothée, qui est mon 
fils bien-aimé, et fidele dans le 
Seigneur; il vous rappellera mes 
voles en Jésus-Christ, selon ce 
que j'enseigne partout dans tou- 
tes les Eglises. 

18. Quelques-uns s'enflent en 
eux-mémes, comme si je ne de- 
vais plus venir vous voir. 

19. Mais je viendrai vers vous 
bientôt, si le Seigneur le veut; et 
je connaitrai non quel est le lan- 
gage de ceux qui sont pleins 
d'eux-mémes, mais quelle est 
leur vertu. 


12. Actes, xx, 34; I Thess., 11, 9; 11 Thess., uir, 8. 


6. Contrairement à ce que, etc. Compar. ui, 3-9; rv, 1. 
11. Nous sommes déchirés, etc. Voy. Matt., xxi, 35. 
41. * Timolhée. Voir l'introduction aux Epitres pastorales. 8 


fou. v.) 


90. Car ce n'est pas 085 108 pa- 
roles que consiste le royaume de 
Dieu, mais dans la vertu. 

91. Que voulez-vous? que je 
vienne à vous &vec une verge, 
ou avec charité et mansuétude? 


CHAPITRE V. 


Incestueux dans lEglise de Corinthe. 
Saint Paul le livre à Satan. 1] recom- 
mande aux Corinthiens de se séparer 
de ceux qui se rendent coupables de 
grands crimes. 


1. Il n'est bruit que d'une for- 
nication commise parmi vous, 
d'une fornication telle, qu'il n'en 
existe pas chezles gentils mêmes; 
jusque-là que quelqu'un a la 
femme de son père. 

2. Et vous êtes gonflés d'or- 
gueil! et vous n'étes pas plutót 
dans les pleurs, pour faire óter 
d'au milieu de vous celui qui a 
commis cette action! 

3. Pour moi, absent de corps, 
il est vrai, mais présent d'esprit, 
jai déjà jugé, comme si j'étais 
présent, que celui qui a commis 
un tel attentat, 

4. Vous et mon esprit étant réu- 
nis au nom de Notre Seigneur Jé- 
sus-Christ, soit par la puissance 
de Notre Seigneur Jésus 

ὃ. Livré à Satan pour la mort 


PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


2739 


de sa chair, afin que son esprit 
soit sauvé au jour de Notre Sei- 
gneur Jésus-Christ. 

6. C'est bien à tort que vous 
vous glorifiez. Ne savez-vous pas 
qu'un peu de levain corrompt 
toute la páte? 

1. Purifiez-vous donc du vieux 
levain, afin que vous soyez une 
páte nouvelle, comme vous étes 
des azymes. Car notre agneau 
pascal, le Christ, a été immolé. 

8. C'est pourquoi, mangeons 
la pâque, non avec un vieux le- 
vain, ni avec un levain de ma- 
lice et de méchanceté, mais avec 
des azymes de sincérité et de vé- 
rité. 

9. Je vous 81 écrit dans la lettre : 
N'ayez point de commerce avec 
des fornicateurs ; 

10. Ce qui ne s’entend pas des 
fornicateurs de ce monde, non 
plus que des avares, des rapaces, 
des idolâtres ; autrement vous de- 
vriez sortir de ce monde. 

11. Mais je vous ai écrit de ne 
point avoir de commerce avec 
celui qui, portantle nom defrère, 
est fornicateur, ou avare, ou ido- 
lâtre, ou médisant, ou ivrogne, 
ou rapace, et même de ne pas 
manger avec un tel homme. 

12. En effet, m'appartient-il de 


Cap. V. 1. Lév., xvii, 7, 8; xx, 11. — 8. Coloss., 11, Ὁ. — 6. Galat., v, 9. 


20. Le royaume de Dieu; c'est-à-dire In vertu, la perfection chrétienne. Compar. 
Matt., vir, 21. 


9. Livré à Satan; c'est-à-dire retranché de la société des fidéles, excommunié pour 
un temps. 

6. Corrompt loute la pâte. Cette expression, que l'on retrouve encore dans l'épitre 
aux Galates, v, 9, doit, comme tout ce qui suit le prouve clairement, étre restreinte 
au temps de la pâque, pendant lequel en effet les Juifs tenaient pour souillée une 
masse entière de pâte, pour peu de levain qu'il y entrât. Car, dans tout autre cas, non 
seulement, il ne gáte pas la pâte, mais il la rend meilleure. 

1. * Notre agneau pascal. Voir Matt., xxvr, 2. 

9. Dans la lettre; c'est-à-dire dans cette lettre. Compar. les vers. 3, 6. 

12. Ceux qui sont dehors de l'Eglise, les paiens, par opposition à ceux qui sor 


2190 
juger ceux qui sont dehors? Et 
ceux qui sont dedans, n'est-ce 
pas vous qui Jes jugez? 

13. Car ceux qui sont dehors, 
Dieu les jugera. Otez le méchant 
d'au milieu de vous. 


CHAPITRE VI. 


Saint Paul reproche aux Corinthiens de 
s'appeler en jugement devant les infi- 
déles. Il les exhorte à fuir les procès. 
Il leur rappelle les péchés qui ferment 
l'entrée du ciel. Il leur recommande de 
fuir la fornication. Nos corps sont les 
membres de Jésus-Christ et les temples 
du Saint-Esprit. 


1. Quelquun de vous ayant 
avec un autre un différend, ose 
l'appeler en jugement devant les 
infideles et non devant les saints! 

2. Ne savez-vous pas que les 
saints jugeront ce monde? Or si 
le monde doit étre jugé par vous, 
étes-vous indignes de juger des 
moindres choses? 

3. Ne savez-vous pas que nous 
jugerons les anges? Combien 
plus les choses du siecle? 

4. Si donc vous avez des dif- 
férends touchant les choses du 
siecle, établissez, pour les juger, 
ceux qui tiennent le dernier rang 
dans l'Eglise. 

5. Je 16 dis pour votre honte : 
N'y a-t-il donc parmi vous aucun 
sage qui puisse être juge entre 
ses freres? 

6. Mais un frère plaide contre 


PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[cu. vil 


son frère, et cela devant des in- 
fideles? 

1. C'est déjà certainement pour 
vous une faute, que vous ayez 
des proces entre vous. Pourquoi 
ne supportez-vous pas plutót 
d'étre lésés? Pourquoi ne suppor- 
tez-vous pas plutót la fraude? 

8. Mais vous-mémes, vous lé- 
sez, vous fraudez, et cela à l'égard 
de vos freres. 

9. Ne savez-vous pas que les 
injustes ne posséderont pas le 
royaume de Dieu? Ne vous abu- 
sez point : ni les fornicateurs, ni 
les idolàtres, ni les adultères, 

10. Niles efféminés, ni les abo- 
minables, ni les voleurs, ni les 
avares, ni les ivrognes, ni les 
médisants, ni les rapaces, ne pos- 
séderont le royaume de Dieu. 

41. C'est ce que quelques-uns de 
vous ont été, mais vous avez été 
lavés, mais vous avez été sancti- 
fiés, mais vous avez été justifiés 
au nom de Notre Seigneur Jésus- 
Christ, et par l'Esprit de notre 
Dieu. 

19. Tout m'est permis, mais 
tout ne m'est pas avantageux. 
Tout m'est permis, mais je ne 
serai l'esclave d'aucune chose; 

13. Les aliments sont pourl'es- 
tomac, et l'estomac pour les ali- 
ments ; mais Dieu détruira l'un et 
l'autre : or le corps n'est point 
pour la fornicalion, mais pour le 


Cua. VI. 7. Matt., v, 39; Luc, vr, 29; Rom., xi, 17; I Thess., 1v, 6. 


dedans; c'est-à-dire aux chrétiens, parmi lesquels on doit compter les hérétiques οἱ 
les schismatiques qui, conservant le caractère indélébile du baptême, demeurent par 
là même soumis à la juridiction de l'Eglise. 

1. Les saints. Voy. Act., 1x, 13. 

1. On peut appliquer ici l'observation de saint Thomas, qu'il faut distinguer ce qui 
est interdit aux parfaits et ce qui l'està tout le monde. D un autre cóté, on voit rare- 
ment des procés dans lesquels l'une des parties au moins se conserve exempte de 
faute. 


[cu. vir.) 


Seigneur, et le Seigneur pour le 
corps. 

14. Car, comme Dieu a ressus- 
cité le Seigneur, il nous ressus- 
citera aussi par sa puissance. 

15. Ne savez-vous pas que vos 
corps sontles membres du Christ? 
Enlevant donc les membres du 
Christ, en ferai-je des membres 
de prostituée? A Dieu ne plaise. 

16. Ne savez-vous pas que celui 
qui s' unit àune prostituée devient 
une méme chair avec elle? Car 
(dit-il) ils seront deux en une 
seule chair. 

17. Mais celui qui s'unit au Sei- 
gneur est un seul esprit avec 
lui. 

18. Fuyez la fornication. Tout 
péché, quel qu'il soit, que fait 
l'homme est hors de son corps; 
mais celui qui commet la fornica- 
tion peche contre son propre 
corps. 

19. Ne savez-vous pas que vos 
membres sont le temple de l'Es- 
prit-Saint, qui est en vous, que 
vous avez recu de Dieu, et 
qu'ainsi vous n'êtes plus à vous- 
mémes? 

20. Car vous avez été achetés à 
haut prix. Glorifiez et portez 
Dieu dans votre corps. 


PREMIERE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


219 


CHAPITRE VII. 


Régles de conduite touchant le mariage, 
la viduxté et la virginité. Chacun a son 
don particulier et doit demeurer dans 
l'état où il était lorsque Dieu l'a ap- 
pelé. Avantages de la virginité; peines 
du mariage; bonheur des veuves. 


1. Quantaux choses dont vous 
m'avez écrit, il est avantageux à 
l'homme de ne toucher aucune 
femme; 

2. Mais, à cause de la fornica- 
tion, que chaque homme ait sa 
femme, et chaque femme son 
mari. 

3. Que le mari rende à la fem- 
me ce qu'il lui doit, et pareille- 
ment la femme à son mari. 

4. La femme n'a pas puissance 
sur Son corps; cest le mari. De 
méme le mari n'a pas puissance 
sur son corps, c'est la femme. 

9. Ne vous refusez point l'un à 
lautre ce devoir,si ce n'est de 
concert, pour un temps, afin de 
vaquer à la prière; et revenez en- 
suite comme vous étiez, de peur 
que Satan ne vous tente par votre 
incontinence. 

6. Or je dis ceci par condescen- 
dance, et non par commande- 
ment. 


16. Genèse, π, 24; Matt., xix, 5; Marc, x, 8; Ephés., v, 31. — 19. Supra, ni, 17; 
II Cor., vr, 16. — 20. Infra, vir, 23; I Pierre, 1, 18. — Cnar. VIII. 3. I Pierre, ir, 7. 


1. Il est avantageux, etc. Saint Paul n'improuve nullement ici le mariage, et par 
conséquent il n'est pas en contradiction avec cette parole de Dieu dans la Genèse, 
i, 18: Il n’est pas bon que l'hoiame soit seul, etc. L'apótre, en effet, ne considérant 
icile mariage que par rapport à l'individu, abstraction faite de l'espéce, veut dire 
seulement que le mariage apporte des génes et des dangers aux individus qui le 
coniractent; inconvénients qu'il évite, si Dieu lui accorde la gráce de conserver la 
chasteté dans la continence. De plus, saint Paul n'envisage ici que le bien spirituel, 
tandis que dans le paradis terrestre, quand Dieu dit: 1/ n’est pas bon, etc., il avait 
surtout en vue le bien temporel de l'homme. 

2. Que chaque homme ait sa femme, etc.; c'est-à-dire vive avec su femme. Saint Paul 
n'exhorte pas ici les célibataires à se marier, puisqu'aux versets, 1, 8, il les engage à 
demeurer dans leur état. 


179 
N. T. - 


2198 

7. Car je voudrais que vous 
fussiez tous comme moi; mais 
chacun regoit de Dieu son don 
particulier, l'un d'une maniere et 
l'autre d'une autre. 

8. Mais je dis à ceux qui ne 
sont pas mariés et aux veuves, 
qu'il leur est avantageux de res- 
ter ainsi, comme moi-méme. 

9. Que s'ils ne peuvent se con- 
tenir, qu'ils se marient. Car il 
vaut mieux se marier que de 
brüler. 

10. Pour ceux qui sont mariés, 
ce n'est pas moi, mais le Sei- 
gneur, qui commande que la 
femme ne se sépare point de son 
mari; 

11. Que si elle en est séparée, 
qu'elle demeure sans se marier, 
ou qu'elle se réconcilie avec son 
mari. Que le mari, de méme, ne 
quitte point sa femme. 

19. Mais aux autres, je dis, 
moi, et non le Seigneur : Si l'un 
de nos fréres a une femme infi- 
dele, et qu'elle consente à demeu- 
rer avec lui, quil ne se sépare 
point d'elle. 

18. Et si une femme fidèle a 
un mari infidèle, et qu'il consente 
à demeurer avec elle, qu'elle ne 
se sépare point de son mari; 

14. Car le mari infidèle est 
sanctifié parla femme fidèle, et 


PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[cu. vir.] 


la femme infidèle est sanctifiée 
parle mari fidèle; autrement vos 
enfants seraient impurs, tandis 
que maintenant ils sont saints. 

15. Que si l'infidéle se sépare, 
qu'il se sépare ; car notre frere ou 
notre sceur n'est plus asservie en 
ce cas; mais Dieu nous a appelés 
à la paix. 

16. Car,quesavez-vous, femme, 
si vous sauverez votre mari? ou 
que sais-tu, homme, si tu sauve- 
ras ta femme? 

17. Seulement, que chacun 
marche selon que le Seigneur lui 
a départi, et selon que Dieu l'a 
appelé, et c'est ce que j'enseigne 
dans toutes les Eglises. 

18. Un circoncis a-t-il été appe- 
16? Qu'il ne se donne point pour 
incirconcis. Est-ce un incirconcis 
qui ἃ été appelé? Qu'il ne se 
fasse point circoncire. 

19. La circoncision n'est rien, et 
l'incirconcision n'est rien, mais 
lobservation des commande- 
ments de Dieu est tout. 

90. Que chacun persévere dans 
la vocation oü il était quand il à 
été appelé. 

21. As-tu été appelé étant es- 
clave, ne t'en inquiète pas; et 
méme, si tu peux devenir libre, 
profites-en plutót. 

22. Car celui qui a été appelé 


10. Matt., v, 32; xix, 9; Marc, x, 9; Luc., xvi, 18. — 20. Ephés., 1v, 1. 


9. L'Apótre parle ici des personnes qui sont libres; car celles qui, par vœu, se sont 
données à Dieu, ne doivent chercher le remède à leurs passions que dans la prière 


et la pénitence. 


14. Car le mari infidèie, etc. Cela ne veut pas dire que la foi du mari ou de la 
femme soit suffisante pour faire passer le conjoint infidèle à l'état de grâce ou de 
salut; mais c'est souvent une occasion de leur sanctification et de leur retour à la 


vraie foi. 


11. Que chacun marche. Nous avors déjà fait remarquer que les Hébreux em- 
ployaient les verbes aller, marcher, dans le sens moral de se conduire, vivre. 
20. Dans la vocation; c'est-à-dire dans l'état, dans la situation. Compar. vers. 24. 


(cn. vir.) 
au Seigneur, lorsqu'il était es- 
clave, devient affranchi du Sei- 
gneur; de méme celui qui a été 
appelé étant libre, devientesclave 
du Christ. 

98. Vous avez été achetés chè- 
rement; ne vous faites point es- 
claves des hommes. 

94. Que chacun, mes freres, 
persévere devant Dieu dans l'é- 
tat où il était, lorsqu'il a été 
appelé. 

95. Quant aux vierges, je n'ai 
pas recu de commandement du 
Seigneur, mais je donnerai un 
conseil, comme ayant obtenu de 
la miséricorde du Seigneur d'étre 
fidele. 

26. J'estime done que cela est 
avantageux, parce qu'à cause de 
la nécessité pressante il est avan- 
tageux à l'homme d'étre ainsi. 

27. Es-tu lié à une femme? ne 
cherche pas à te délier. N'es-tu 
point lié à une femme ? ne cher- 
che pas de femme. 

98. Cependant, si tu prends une 
femme, tu ne pèches pas; et si 
une vierge se marie, elle ne peche 
pas. Toutefois ces personnes au- 
ront les tribulations de la chair. 
Pour moi, je vous pardonne. 

29. Voici donc, mes frères, ce 
que je vous dis : Le temps est 
court; il faut que ceux méme 
qui ont des femmes soient comme 
n'en ayant pas; 

30. Et ceux qui pleurent, 
comme ne pleurant pas; ceux qui 
se réjouissent, comme ne se ré- 


29, Supra, vi, 20; I Pierre, 1, 18. 


PREMIERE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS 18 


jouissant pas : ceux qui achetent, 
comme ne possédant pas ; 

31. Et ceux qui usent de ce 
monde, comme s'ils n'en usaient 
pas; car elle passe, la figure de 
ce monde. 

32. Je voudrais que vous fussiez 
exempts de soucis. Celui qui est 
sans femme met sa sollicitude 
dans les choses du Seigneur, 
comment il plaira au Seigneur. 

33. Au contraire, celui qui est 
avecune femme metsa sollicitude 
dans les choses du monde, com- 
ment il plaira à sa femme; et il 
se trouve ainsi partagé. 

34. De méme la femme non 
mariée et la vierge pensent aux 
choses qui sont du Seigneur, afin 
d'étre saintes de corps et d'esprit; 
mais celle qui est mariée pense 
aux choses du monde : comment 
elle plaira à son mari. 

35. Or je vous parle ainsi pour 
votre avantage, non pour vous 
tendre un piége, mais parce que 
c'est une chose bienséante, et 
qui vous donnera un moyen de 
prier le Seigneur sans empéche- 
ment. 

36. Si quelqu'un donc pense 
que ce lui soit un déshonneur 
que sa fille, déjà plus qu'adulte, 
reste vierge, et qu'il la doit ma > 
rier; quil fasse ce qu'il voudra, 
il ne péchera point si elle se ma- 
rie. 

37. Mais celui qui, sans néces- 
sité, et étant pleinement maître 
de sa volonté, juge en son cœur 


mo 


26. D'étre ainsi; c'est-à-dire de ne point se marier. 
28. Pour moi, je vous pardonne; je ne vous en fais pas un crime, je suis au con- 
traire touché de compassion des maux auxquels vous vous exposez en entrant dans 


l'état du mariage. 


2740 
de conserver sa fille vierge, fait 
bien. 

38. Ainsi celui qui marie sa 
fille vierge fait bien; et celui qui 
ne la marie pas fait mieux. 

39. La femme est liée à la loi 
aussi longtemps que vit son ma- 
ri; que si son mari s'endort, elle 
est affranchie; qu'elle se marie à 
qui elle voudra, mais seulement 
selon le Seigneur. 

40. Cependant elle sera plus 
heureuse si, selon mon conseil, 
elle demeure comme elle est : or 
je pense que j'ai, moi aussi, l'Es- 
prit du Seigneur. 


CHAPITRE VIII. 


Des viandes immolées aux idoles. La 
science enfle, la charité 60106. 86 
n'est rien, mais celui qui scandalise les 
faibles, péche contre Jésus-Christ. 


1. Quant à ce qu'on offre en 
sacrifice aux idoles, nous savons 
que nous avons tous une science 
suffisante. La science enfle, mais 
la charité édifie. 

9. Si quelqu'un se persuade 
savoir quelque chose, il ne sait 
pas encore comment il doit sa- 
voir. 

3. Mais si quelqu'un aime Dieu, 
celui-là est connu de lui. 

4. À l'égard des viandes qui 
sont immolées aux idoles, nous 
savons qu'une idole n'est rien 


39. Rom., vir, 2 


PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


(en. vur.] 


dans le monde, et qu'il n'y a nul 
Dieu que l'unique. 

5. Car, quoiqu'il y ait ce qu'on 
appelle des dieux, soit dans le 
ciel, soit sur la terre (or il y a 
ainsi beaucoup de dieux et beau- 
coup de seigneurs); 

6. Pour nous, cependant, il 
n'est qu'un seul Dieu, le Père, de 
qui toutes choses viennent, et 
nous surtout, qu'il a faits pour 
lui;et qu'un seul Seigneur, Jésus- 
Christ, par qui toutes choses sont, 
et nous aussi par lui. 

1. Mais cette science n'est pas 
en tous. Car, méme jusqu'à cette 
heure, quelques-uns, dans la per- 
suasion de la réalité de l'idole, 
mangent des viandes comme 
ayant été offertes à l'idole : ainsi 
leur conscience, qui est faible, 
s'en trouve souillée. 

8. Ce nesont point les aliments 
qui nous recommandent devant 
Dieu. Car si nous mangeons, nous 
n'aurons rien de plus; et si nous 
ne mangeons pas, rien de moins. 

9. Mais prenez garde que cette 
liberté que vous avez ne soit aux 
faibles une occasion de chute. 

10. Car si quelqu'un voit celui 
qui a la science assis à table dans 
un temple d'idoles, sa conscience, 
qui est faible, ne le portera-t-elle 
pas à manger des viandes sacri- 
fiées? 


39. S'endort. Dans l'Ecriture, le sommeil se met souvent pour la mort. 
40. Comme elle est, c'est-à-dire dans son état de veuve. 


1- Nous savons, etc., que ce qu'on immole aux idoles ne contracte par cette immo- 
lation aucune souillure qui en interdise l'usage. 

1. Mais cetle science n’est pas en tous. Au vers. 1, saint Paul parle des chrétiens 
qui savaient tous que les viandes n'étaient souillées d'aucune impureté, mais qui 
abusaient de cette connaissance; mais ici il a en vue des chrétiens faibles qui ne 
croyaient pas qu'il füt permis de manger des viandes immolées, mais qui, séduits par 
l'exemple des autres, en mangeaient comme eux. 


[eu. 1x.) | PREMIERE ÉPITRE DE S. 


11. Ainsi, par votre science, 
périra votre frere encore faible, 
pour qui le Christ est mort. 

12. Or, péchant de la sorte con- 
tre vos freres, et blessant leur 
conscience faible, vous péchez 
contre le Christ. 

13. C'est pourquoi, si ce que je 
mange scandalise mon frere, je 
ne mangerai jamais de chair, afin 
de ne point scandaliser mon 
frere. 


CHAPITRE IX. 


Celui qui préche l'évangile a droit de 
vivre de l'Evangile. Saint Paul met sa 
gloire à ne pas user de ce droit. Il se 
fait tout à tous pour les attirer à Jésus- 
Christ. Nous courons tous dans la lice. 
Saint Paul nous y anime par son 
exemple. 


1. Ne suis-je pas libre? Ne suis- 
je pas apótre? N'ai-je pas vu Jé- 
sus-Christ NotreSeigneur? N'étes- 
vous pas mon œuvre dans le 
Seigneur? 

2. Et si pour d'autres je ne suis 
pas apôtre, je le suis cependant 
pour vous ; car vous étes le sceau 
de mon apostolat dans le Sei- 
gneur. 

3. Ma défense contre ceux qui 
m'interrogent, la voici : 

4. N'avons-nous pas le pouvoir 
de manger et de boire? 

9. N'avons-nous pas le pouvoir 
de mener partout avec nous une 
femme sœur, de méme que les 


PAUL AUX CORINTHIENS. 9744 


autres apôtres et les frères du 
Seigneur, et Céphas? 

6. Ou moi seul et Barnabé, n'a- 
vons-nous pas le pouvoir de le 
faire? 

7. Qui jamais fait la guerre à 
ses frais? Qui plante une vigne et 
ne mange pas de son fruit? Qui 
pait un troupeau et ne mange 
point du lait du troupeau? 

8. N'est-ce que selon l'homme 
que je disces choses? Laloi-méme 
ne les dit-elle pas? 

9. Car il est écrit dans la loi de 
Moïse : Tu ne lieras pas la bouche 
au bœuf qui foule les grains? 
Est-ce que Dieu asouci des bœufs? 

10. N'est-ce pas plutôt pour 
nous qu'il dit cela? Car c'est pour 
nous qu'il a été écrit, que celui 
qui laboure doit labourer dans 
l'espérance de recueillir, et celui 
qui bat le grain dans l'espérance 
d'y avoir part. 

11. Si nous avons semé en vous 
des biens spirituels, est-ce une 
grande chose que nous moisson- 
nions de vos biens temporels? 

19. Si d'autres usent de ce pou- 
voir à votre égard, pourquoi pas 
plutôt nous-mêmes? Cependant 
nous n'avons pas usé de ce pou- 
voir ;au contraire, nous souffrons 
tout pour ne pas mettre d'obs- 
tacle à l'Evangile du Christ. 

18. Ne savez-vous pas que les 
ministres du temple mangent de 


Car. VIII. 11. Rom., xiv, 15. — 13. Rom., xiv, 21. — βαρ, IX. 9. Deut., xxv, 4; 
I Tim., v, 18. — 11. Rom., xv, 27. — 13. Deut., xvii, 1. 


5. Une femme sœur; une femme chrétienne; comme un frère signifie un chrélien. 

Or, selon l'usage de la nation juive, des femmes pieuses suivaient les prédicateurs 
; : ה‎ : t 

de l'Evangile, et fournissaient à tous leurs besoins. — Et les frères du Seigneur. Voy. 


Matt., xu, 46. — * Céphas, S. Pierre. 
6. * Barnabé. Voir Actes, 1v, 36. 


8, 9. Dans la Palestine, on foulait les blés sous les pieds des animaux, et surtout 


des bœufs. 


2742 
ce qui est offert dans le temple, 
et que ceux qui servent à l'autel 
ont part à l'autel? 

44. Ainsi le Seigneur lui-même 
a prescrit à ceux qui annoncent 
l'Evangile de vivre de lEvan- 
8116. 

15. Pour moi, je n'ai usé d'au- 
cun de ces droits. Je n'écris donc 
pas ceci pour qu'on en use ainsi 
envers moi ; car j'aimerais mieux 
mourir que de laisser quelqu'un 
m'enlever cette gloire. 

16. Car si j'évangélise, la gloire 
n'en est pas à moi; ce m'est une 
nécessité, et malheur à moi, si je 
n'évangélise! 

47. Si je le fais de bon cœur, 
jen aurai la récompense; mais 
si je ne le fais qu'à regret, je dis- 
pense seulement ce qui m'a été 
confié. 

48. Quelle est donc ma récom- 
pense? C'est que, préchantl'Evan- 
gile, je le préche gratuitement, 
pour ne pas abuser de mon pou- 
voir dans l'Evangile. 

19. Aussi, lorsque j'étais libre 
àlégard de tous, je me suis fais 
l'esclave de tous, pour en gagner 
un plus grand nombre. 

90. Je me suis fait comme Juif 
avec les Juifs, pour gagner les 
Juifs; 


PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[cH. 1x.] 


91. Avec ceux qui sont sous la 
loi, comme si j'eusse été sous la 
loi (quoique je ne fusse plus assu- 
jetti à la loi), pour gagner ceux 
qui étaient sous la loi ; avec ceux 
qui étaient sans loi, comme si 
jeusse été sans loi (quoique je 
ne fusse pas sans la loi de Dieu, 
mais que je fusse sous la loi dn 
Christ), afin de gagner ceux qui 
étaient sans loi. 

22. Je me suis rendu faible avec 
les faibles, pour gagner les fai- 
bles. Je me suis fait tout à tous, 
pour les sauver tous. 

23. Ainsi, je fais toutes choses 
pour l'Evangile, afin d'y avoir 
part. 

94. Ne savez-vous pas que ceux 
qui courent dans la lice courent 
tous; mais qu'un seul remporte 
le prix? Courez done de telle sorte 
que vous le remportiez. 

25. Tous ceux qui combattent 
dans l'aréne s'abstiennent de 
toutes choses : eux, pour recevoir 
une couronne corruptible, nous, 
une incorruptible. 

20. Pour moi, je cours aussi, 
mais non comme au hasard ; je 
combats, mais non comme frap- 
pant l'air; 

27. Mais je chátie mon corps, 
et le réduis en servitude, de peur 


À— — M € Á———— —— 2‏ וו 


18. De mon pouvoir dans l'Evangile; c'est-à-dire du pouvoir qui m'est accordé 
comme prédicateur de l'Evangile. 

24. * Dans la lice, appelée en grec stade, parce que le champ oà l'on courait avait 
primitivement un stade de longueur (185 mètres). Le stade était l'enceinte où l'or 
disputait le prix de la course dans les jeux publics. Le premier qui atteignait le but 
marqué recevait la récompense. Toutes les villes grecques importantes avaient un 
stade. 

25. * S’abstiennent de toutes choses. > Les athlètes se soumettent à un dur régime 
afin d'accroitre leur force. Ils gardent la continence, sont sobres dans le manger et 
le boire; ils se soumettent à toute espèce de privations et de fatigues. » (TERTULLIEN.) 

26. * Je combats. Le verbe employé dans le texte original signifie lutter au pugilat, 
c'est-à-dire combattre à coups de poings, les mains armées de cestes, espèces de 
gantelets en cuir de bœuf. 


]08. x.] 
qu'après avoir préché aux autres 
je ne sois moi-méme réprouvé. 


CHAPITRE X. 


Juifs ingrats exterminés dans le désert. 
Tout ce qui leur est arrivé est figuratif 
et écrit pour notre instruction. Celui 
qui croit étre ferme doit craindre de 
tomber. Unité des chrétiens par l'Eu- 
charistie. Ne point chercher son propre 
avantage, mais celui des autres. Faire 
tout pour Dieu. 


1. Car je ne veux pas que vous 
ignoriez, mes fréres, que nos 
pères ont tous été sous la nuée, 
el qu'ils ont tous passé la mer; 

2. Qu'ils ont tous été baptisés 
sous Moise, dans la nuée et dans 
la mer; 

3. Qu'ils ont tous mangé la 
méme nourriture spirituelle, 

4. Et qu'ils ont tous bule méme 
breuvage spirituel (car ils bu- 
vaient de l'eau de la pierre spiri- 
tuelle qui les suivait; or cette 
pierre était le Christ); 

ὃ. Cependant la plupart d'entre 
eux ne furent pas agréables à 
Dieu; car ils succomberent dans 
le désert. 

6. Or toutes ces choses ont été 
des figures de ce qui nous re- 
garde, afin que nous ne convoi- 
tions pas les choses mauvaises, 
comme eux les convoiterent ; 


PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS 9719 


1. Et que vous ne deveniez point 
idolâtres, comme quelques-uns 
d'eux, selon qu'il est écrit : Le 
peuple s'est assis pour manger 
et pour boire, et s'est levé pour 
se divertir. 

8. Ne commettons pas la for- 
nication comme quelques-uns 
d'entre eux la commirent, et il 
en tomba vingt-trois mille en un 
seul jour. 

9. Ne tentons point le Christ 
comme quelques-uns d'eux le 
tentèrent, et ils périrent par les 
serpents. 

10. Et ne murmurez point 
comme quelques-uns d'eux mur- 
murerent, et ils périrent par l'ex- 
terminateur. 

11. Or toutes ces choses 1eur 
arrivaient en figure, et elles ont 
été écrites pour nous étre un 
averlissement à nous pour qui 
est venue la fin des temps. 

12. Que celui donc qui se croit 
étre ferme prenne garde de tom- 
ber. 

13. Qu'il ne vous survienne que 
des tentations qui tiennent à 
l'humanité. Or Dieu est fidèle, 
et il ne souffrira pas que vous 
soyez tentés par-dessus vos for- 
ces; mais il vous fera tirer pro- 
fit de la tentation même, afin 


ὕπαρ. X. 1. Exode, xir, 21; Nom., 1x, 21; Exode, xiv, 22. — 3. Exode, xvi, 15. — 
4. Exod., xvir, 6; Nom., xx, 11. — 5. Nom., xxvi, 64, 65. — 6. Ps. cv, 14. — 7. Exode, 
xxxiI, 6. — 8. Nom., xxv, 1. — 9. Nom., xxi, 5, 6. — 10. Nom., ,זא‎ 1; xiv, 4. 


1. * Sous ia nuée qui, dans la péninsule du Sinai, garantissait les Israélites contre 


ardeur du soleil. — La mer Rouge. 


3. * La méme nourriture spirituelle, la manne, appelée spirituelle dans le sens de 
surnaturelle, miraculeuse, produite par le Saint-Esprit. 

4. * Le méme breuvage spirituel, l'eau miraculeuse que Moïse fit jaillir du rocher. 

1. * Allusion à l'adoration du veau d'or et aux fêtes idolâtriques par lesquelles on 


l'honora. 


8. * Allusion à l'initiation au culte impur de Béelphégor. 
9-10, * Dieu punit ceux qui murmuraient contre Moise en envoyant contre eux dee 
serpents venimeux, par le feu et par la peste. 


2744 
que vous puissiez persévérer. 
14. Cest pourquoi, mes bien- 
aimés, fuyez le culte des idoles. 
15. C'est comme à des hommes 
sages que je parle; jugez vous- 
mémes de ce que je dis. 

16. Le calice de bénédiction 
que nous bénissons n'est-il pas 
la communication du sang du 
Christ? et le pain que nous rom- 
pons n'est-il pas la participation 
au corps du Seigneur? 

11. Car, quoique en grand 
nombre, nous sommes un seul 
pain, un seul corps, nous tous 
qui participons à un seul pain. 

18. Voyez Israél selon la chair; 
ceux qui mangent des victimes 
ne participent-ils pas à l'autel? 

19. Quoi done? Veux-je dire 
que ce qui est immolé aux idoles 
soit quelque chose? ou que l'idole 
soit quelque chose ? 

20. Mais ce qu'immolent les 
gentils, ils l'immolent aux dé- 
mons et non à Dieu. Or je désire 
que vous n'ayez aucune société 
avec les démons : vous ne pouvez 
boire le calice du Seigneur et le 
calice des démons. 

91. Vous ne pouvez avoir part 
à la table du Seigneur et à la table 
des démons. 

22. Voulons-nous provoquer le 


PREMIÈRE ÉPITRE DE 5. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[cu. x.) 


Seigneur? Sommes-nous plus 
forts que lui? Tout m'est permis, 
mais tout ne m'est pas avanta- 
geux. 

93. Tout m'est permis, mais 
tout n'édifie pas. 

24. Que personne ne cherche 
son propre avantage, mais celui 
des autres. 

25. Mangez tout ce qui se vend 
à la boucherie, ne faisant aucune 
question par conscience. 

26. Car au Seigneur est la terre 
et toute sa plénitude. 

97. Si un infidèle vous invite, 
et que vous vouliez aller, mangez 
de tout ce qu'on vous servira, ne 
faisant aucune question par cons- 
cience. 

28. Mais si quelqu'un dit : Geci 
ἃ été immolé aux idoles, n'en 
mangez point, à cause de celui 
qui vous a averlis, et par cons- 
cience. 

29. Or je dis la conscience, non 
la tienne, mais celle d'autrui. Gar 
pourquoi ma liberté serait-elle 
condamnée par la conscience 
d'un autre? ) 

30. Si je mange avec actions de 
grâces, pourquoi me laisserai-je 
maudire pour une chose dont je 
rends grâces ? 

91. Soit donc que vous man- 


22. Supra, vi, 12. — 26. Ps. מזואא‎ 1; Eccli., xvir, 31. — 31. Col., ri, 17. 


18. * Ne parlicipent-ils pas à l’autel? Ceux qui offraient des sacrifices, autres que 
l'holocauste, recevaient pour la manger une partie de la victime qui avait été offerte 
sur l'autel. 

21. Ce que dit ici saint Paul n'est pas en opposition avec ce qu'avaient décidé les 
apôtres, qu'i! fallait s'abstenir de manger ce qui avait été offert aux idoles (4ct., xv, 29); 
parce qu'ils n'en avaient fait la défense qu'aux fidéles d'Antioche et à leurs voisins 
(Act., xv, 25); et cela dans la vue de conserver la paix et la concorde entre les gentils 
et les Juifs qui se trouvaient en grand nombre à Antioche, et qui avaient une invin- 
cible horreur pour les idoles et tout ce qui leur était consacré. Si plus tard, dans les 
pays méme les plus éloignés d'Antioche, on se conforma à cette décision des apótres, 
ce ne fut pas en vertu d'une obligation quelconque, mais spontanément et par res- 
pect pour eux. 


[cu. xi.] 


giez, soit que vous buviez, ou 
que vous fassiez quelque autre 
chose, faites tout pour la gloire 
de Dieu. 

39. Ne soyez une occasion de 
scandale ni pour les Juifs, ni pour 
les gentils, ni pour l'Eglise de 
Dieu; 

33. Comme moi-méme je com- 
plais à tous en toutes choses, ne 
cherchant pas ce qui m'est avan- 
tageux, mais ce qui l'est au grand 
nombre, afin qu'ils soient sauvés. 


CHAPITRE XI. 


Les hommes en priant doivent avoir la 
téte nue, et les femmes la téte voilée. 
Les Corinthiens sont repris de ne pas 
célébrer la féte du Seigneur avec assez 
d'ordre. Institution de l’Eucharistie. 
S'éprouver soi-méme avant de s'en ap- 
procher. Se juger pour ne pas étre 


jugé. 

1. Soyez mes imitateurs, 
comme moi je le suis du Christ. 

9. Je vous loue, mes freres, de 
ce qu'en toutes choses vous vous 
souvenez de moi, et gardez mes 
préceptes tels que je vous les ai 
donnés. 

3. Or je veux que vous sachiez 
que le chef de tout homme est le 
Christ; le chef de la femme, 
l'homme; et le chef du Christ, 
Dieu. 

4. Tout homme qui prie ou 


PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


9715 
prophétise la tête couverte dés- 
honore sa tête; 

5. Et toute femme qui prie ou 
prophétise la tête découverte 
déshonore sa tête; car cest 
comme si elle était rasée. 

6. C'est pourquoi si une femme 
ne se voile pas, qu'elle soit ton- 
due. Or s'il est honteux à une 
femme d'étre tondue ou rasée, 
qu'elle voile sa tête. 

1. Pour l'homme, il ne doit pas 
voiler sa tête, parce qu'il est 
l'image et la gloire de Dieu ; mais 
lafemme estlagloire del'homme. 

8. Car l'homme n'a pas été tiré 
dela femme, mais la femme de 
l'homme. 

9. Et l’homme n'a pas été créé 
pour la femme, mais 18 femme 
pour l'homme. 

10. Cest pourquoi la femme 
doit avoir une puissance sur sa 
téte, à cause des anges. 

11. Cependant, nil'homme n'est 
point sans la femme, ni la femme 
sans l'homme, dans le Seigneur. 

12. Car, comme la femme a été 
tirée de l'homme, ainsi l'homme 
est par la femme : mais tout vient 
de Dieu. 

13. Jugez vous-mémes : Sied-il 
à la femme de prier Dieu sans 
étre voilée ? 

14. La nature méme ne vous 


Cuar. XI. 3. Ephés., v, 23. — 7. Genèse, 1, 26. — 9. Genèse, 1 23. 


1. Ce verset est la conclusion du chapitre précédent. 


8. * Adam a été créé directement par Dieu; Eve a été formée d'une cóte d'Adam. 

10. Ure puissance; une marque, un syfnbole de la puissance, que l'homme 8 sur 
elle; c'est-à-dire un voile, par respect pour les saints anges qui sont présents. 

13, 14. Saint Paul parle ici dans le sens de la discipline recue de son temps; ainsi 
son raisonnement n'a rien d'absolu, et le mot nature qu'il emploie doit s'entendre 
d'une coutume presque universelle, parmi les peuples les mieux connus, et qui par 
Jà méme forme une espéce de droit naturel. Remarquons de plus, qu'il n'est honteux 
à un homme de laisser croitre ses cheveux, que quand il le fait par vanité, ou sans 
aucun motif raisonnable, mais qu'il en est tout autrement lorsqu'il le fait par reli- 
gion, comme par exemple les Nazaréens. 


2746 
apprend-elle pas que si un 
homme entretient sa chevelure, 
c'est une ignominie pour lui? 

15. Que si, au contraire, la 
femme soigne sa chevelure, c'est 
une gloire pour elle, parce que 
les cheveux lui ont été donnés 
pour voile? 

16. Si quelqu'un paraît aimer à 
contester, pour nous, ce n'est 
point notre coutume ni celle de 
l'Eglise de Dieu. 

11. Voici ce que je vous fais 
observer maintenant, sans l'ap- 
prouver, c’est que vos assemblées 
se font, non point à votre avan- 
tage, mais à votre préjudice. 

18. Premièrement, j'entends 
dire que quand vous vous assem- 
blez dans l'Eglise, il y a des scis- 
sions parmi vous, et jele crois en 
partie. 

19. Car il faut qu'il y ait méme 
des hérésies, afin qu'on découvre 
ceux d'entre vous qui sont éprou- 
vés. 

20. Lors donc que vous vous 
réunissez, ce n'est plus manger 
la cène du Seigneur. 

21. Car chacun anticipe le temps 
de prendre son repas. Et ainsi 
l'un souffre de la faim et l'autre 
regorge. 


PREMIÉRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[cn. xr.] 


22. N'avez-vous pas des mai- 
sons pour y manger et boire? ou 
méprisez-vous l'Eglise de Dieu, 
et voulez-vous faire honte à ceux 
qui n'ont rien? Que vous dirai-je? 
Vous en louerai-je? non je ne 
vous en loue point. 

23. Car j'ai reçu moi-même du 
Seigneur ce que je vous ai aussi 
transmis; que le Seigneur Jésus, 
la nuit où il était livré, prit du 
pain, 

24. Et rendant gráces, le rom- 
pit et dit : Prenez et mangez; ceci 
est mon corps qui sera livré pour 
vous : faites ceci en mémoire de 
moi. 

95. De méme 7] prit le calice 
après qu'il eut soupé, disant : Ce 
calice est le nouveau testament 
en mon sang; faites ceci, toutes 
les fois que vous boirez, en mé- 
moire de moi. 

26. Car toutes les fois que vous 
mangerez ce pain et boirez ce ca- 
lice, vous annoncerez la mort du 
Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne. 

27. C'est pourquoi quiconque 
mangera ce pain ou boira le ca- 
lice du Seigneur indignement 
sera coupable du corps et du 
sang du Seigneur. 

98. Que l’homme donc s'é- 


24. Matt., xxvi, 26; Marc, xiv, 22; Luc, xxii, 17. — 27. Jean, νι, 59. — 28. II Cor., 


xii, 5. 


18. * Il y a des scissions. Ceux du méme parti se réunissaient ensemble et tandis 
que les uns faisaient bonne chère, les autres avaient à peine de quoi manger. ' 

19. C'est l'orgueil et la perversité du cœur de l'homme qui rendent les hérésies 
nécessaires; mais Dieu, qui sait toujours tiref le bien du mal, montre en cette cir- 
constance qui sont les bons chrétiens, en rendant leur foi et leur fermeté plus re- 
marquables. 

20. La cene du Seigneur; le repas de charité ou agape, qui se faisait en commun 
aprés qu'on avait participé au corps et au sang du Seigneur. 

27. Ce passage démontre la présence réelle du corps et du sang de Jésus-Christ, 
méme pour ceux qui communient indignement; autrement ils ne sauraient étre cou- 
pables du corps et du sang de Jésus-Christ, ni condamnés justement pour n'avoir pas 
discerné le corps du Seigneur. 


(en. xti] PREMIÈRE ÉPITRE DE 5 
prouve lui-méme, et qu'il mange 
ainsi de ce pain et boive de ce 
calice. 

29. Car quiconque en mange 
et en boit indignement, mange 
et boit son jugement, ne discer- 
nant point le corps du Seigneur. 

30. C'est pour cela qu'il y a par- 
mi vous beaucoup d'infirmes et 
de languissants, et que beaucoup 
s'endorment. 

31. Que si nous nous jugions 
nous-mémes, nous ne serions 
certainement point jugés. 

32. Et lorsque nous sommes 
jugés, c'est par le Seigneur que 
nous sommes repris, afin que 
nous ne soyons pas condamnés 
avec ce monde. 

33. C'est pourquoi, mes frères, 
quand vous vous assemblez pour 
manger, attendez-vous les uns 
les autres. 

34. Si quelqu'un a faim, quil 
mange dans sa maison, afin que 
vousne vous assembliez pas pour 
votre condamnation. Quant aux 
autres choses, lorsque je serai 
venu, je les réglerai. 


CHAPITRE XII. 


Il y a divers dons du Saint-Esprit qui les 
distribue comme il le juge à propos 
pour l'utilité de l'Eglise. Toute l'Eglise 
est un seul corps; chaque membre a 
sa fonction ; tous ont besoin les uns des 
autres et doivent travailler à l'utilité 
commune. 


1. Quant aux dons spirituels, 
je ne veux pas, mes frères, que 
vous soyez dans l'ignorance. 

2. Or vous savez que quand 


. PAUL AUX CORINTHIENS. 


2747 
vous étiez gentils, vous couriez 
aux idoles muettes, selon qu'on 
vous y conduisait. 

3. Je vous déclare done que 
personne parlant dans l'esprit de 
Dieu, ne dit anathème à Jésus. 
Et personne ne peut dire Seigneur 
Jésus, que par l'Esprit-Saint. 

4. Α la vérité, il y a des gráces 
diverses, mais c'est le méme Es- 
prit. 

5. 11 y a diversité de ministezes, 
mais c'est le méme Seigneur; 

6. Et il y a des opérations di- 
verses, mais c'est le méme Dieu 
qui opère tout en tous; 

1. Or à chacun est donnée la 
manifestation de l'Esprit pour 
l'utilité. 

8. Car à l'un est donnée par 
l'Esprit la parole de sagesse; à 
un autre la parole de science, se- 
lon le méme Esprit; 

9.A unautrela foi, parle méme 
Esprit; à un autre 18 grâce de gué- 
rir par le méme Esprit; 

10. À un autre, la vertu d'opé- 
rer des miracles; à un autre, la 
prophétie; à un autre, le discer- 
nement des esprits; à un autre, 
le don des langues diverses; à un 
autre, l'Interprétation des dis- 
cours. 

11. Or, tous ces dons, c'est le 
seul et méme Esprit qui les opere, 
les distribuant à chacun comme 
il veut. 

12. Car, comme le corps est un, 
quoique ayant beaucoup de mem- 
bres, et que tous les membres du 
corps, quoique nombreux, ne 


CuaP. XII. 3. Marc, 1x, 38, — 11. Rom., xir, 3, 6; Ephés., 1v, T. 


)ןוו 


80. S'endorment; c'est-à-dire meurent. Compar. vir, 39, 
3. Ne dit anuthème, etc.; ne profère des blasphèmes, 


2748 
soient cependant qu'un seul 
corps : ainsi est le Christ. 

43. Car nous avons tous été 
baptisés dans un seul Esprit, pour 
former un seul corps, soit Juifs, 
soit gentils, soit esclaves, soit 
libres; et tous nous avons été 
abreuvés d'un seul Esprit. 

14. Ainsi le corps n'est pas un 
seul membre, mais beaucoup. 

15. Si le pied disait : Puisque 
je ne suis pas main, je ne suis pas 
du corps; ne serait-il point pour 
cela du corps? 

16. Etsi l'oreille disait: Puisque 
jene suis pas ceil, je ne suis pas 
du corps; ne serait-elle point 
pour cela du corps? 

17. Si tout le corps était œil, 
oü serait l'ouie? S'il était tout 
ouie, où serait l'odorat? 

18. Mais Dieu a placé dans le 
corps chacun des membres 
comme il a voulu. 

19. Que si tous n'étaient qu'un 
seul membre, où serait le corps? 

20. Il y a done beaucoup de 
membres, mais un seul corps. 

91. L'eil ne peut pas dire à 
la main : Je n'ai pas besoin de 
ton office; ni la téte dire aux 
pieds : Vous ne m'étes pas néces- 
saires. 

99. Mais, au contraire, les 
membres du corps, qui paraissent 
les plus faibles, sont le plus né- 
cessaires, 

93. Et les membres du corps 
que nous regardons comme plus 
vils, nous les revétons avec plus 


28. Ephés., 1v, 11. 


PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[cu. xir] 


de soin, et ceux qui sont honteux, 
nous les traitons avec plus de 
respect. 

24. Nos parties honnétes n'en 
ont pas besoin; mais Dieu, a ré- 
glé le corps de maniere à accor- 
der plus d'honneur à celle qui 
n'en avait pas en elle-méme; 

25. Afin qu'il n'y ait point de 
scission dans le corps, mais que 
tousles membres aientlesmémes 
soins les uns pour les autres. 

26. Aussi, dés qu'un membre 
souffre, tous les autres souffrent 
avec lui, ou si un membre est 
glorifié, tous les autres se ré- 
jouissent avec lui. 

27. Or vous étes le corps du 
Christ, et les membres d'un 
membre. 

98. Ainsi Dieu a établi dans 
l'Eglise, premièrement des apó- 
tres, secondement des prophètes; 
troisiemement des docteurs, en- 
suite des miracles, puis la grâce 
de guérir, l'assistance, le don de 
gouverner, les langues diverses, 
et l'interprétation des discours. 

99. Tous sont-ils apótres? tous 
sont-ils prophétes? tous sont-ils 
docteurs? 

30. Tous opérent-ils des mi- 
racles? tous ont-ils la gráce de 
guérir? tous parlent-ils diver- 
ses langues? tous interprètent- 
ils? 

31. Aspirez aux dons les meil- 
leurs. Mais je vais vous mon- 
trer une voie plus excellente en- 
core. 


E םת‎ 


91. Et les membres d'un membre; c'est-à-dire vous êtes membres les uns des 


autres. 


xu.)‏ .אס] 


CHAPITRE XIII. 


Bans la charité tout est inutile pour le 
salut. Caractére de cette vertu. Elle ne 
finit jamais. Connaissance de Dieu im- 
parfaite en cette vie. Charité, vertu su- 
périeure à la foi et à l'espérance. 


1.Quandje parleraisleslangues 
des hommes et des anges, si je 
n'ai pasla charité, je suis comme 
un airain scnnant ou une cym- 
bale retentissante. 

2. Et quand j'aurais le don de 
prophétie, que je connaitrais tous 
les mystères et toute la science; 
quand j'aurais toute la foi, au 
point de transporter des mon- 
tagnes, si je n'ai point la charité, 
je ne suis rien. 

3. Et quand je distribuerais tout 
mon bien pour la nourriture des 
pauvres et que je livrerais mon 
corps pour étre brülé, si je n'ai 
point la charité, cela ne me sert 
de rien. 

4. La charité est patiente; elle 
est douce; la charité n'est point 
envieuse ; elle n'agit pas insolem- 
ment; elle ne s'enfle point; 

9. Elle n'est point ambitieuse, 
elle ne cherche point son propre 
intérét; elle ne s'irrite point ; elle 
ne pense pas le mal; 


PREMIERE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


2719 

6. Elle ne se réjouit pas de l'i- 
niquité, mais elle met sa joie dans 
la vérité ; 

7. Elle souffre tout, elle croit 
tout, elle espere tout, elle endure 
tout. 

δ. La charité ne finira jamais, 
pas méme lorsque les prophéties 
s'anéantiront, que les langues 
cesseront, et que la science sera 
détruite. 

9. Car c'est imparfaitement que 
nous connaissons, et imparfaite 
ment que nous prophétisons. 

10. Mais quand viendra ce qui 
est parfait, alors s'anéantira ce 
qui est imparfait. 

11. Quand j'étais petit enfant, 
je parlais comme un petit enfant, 
j'avais les goûts d'un petit enfant, 
je raisonnais comme un petit en- 
fant; mais quand je suis devenu 
homme, je me suis dépouillé de 
ce qui était de l'enfant. 

19. Nous voyons maintenant à 
travers un miroir en énigme; 
mais alors nous verrons face à 
face. Maintenant je connais im- 
parfaitement; mais alors je con- 
naitrai aussi bien que je suis con- 
nu moi-méme. 

13. Maintenant demeurent tou- 
tes les trois, la foi, l'espérance, 


1. * Les langues... des anges, le langage incompréhensible aux hommes par lesquels 
les purs esprits se communiquent leurs pensées. — Un airain sonnant. Quand on 
frappe sur l'airain, il produit un grand bruit, mais ce bruit n'a aucune signifi- 
cation, — Une cymbale. On appelle cymbales un instrument de musique en métal, 
consistant ordinairement en deux disques, concaves au milieu, et qu'on frappe l'un 
contre l'autre. 

1. Elle croit tout; c'est-à-dire que simple et droite, la charité n'a pas de défiance, 
et croit facilement ce qu'on lui dit, sans soupconner qu'on veuille la tromper, toutes 
les fois qu'elle peut, sans risque de péché, livrer sa confiance; ce qui n'a rien 
de commun avec 66/16 crédulité précipitée que l'auteur de l'Ecclésiastique im- 
prouve, xix, 4. 

12. A travers un miroir. Par miroir, il faut entendre ici une de ces pierres que les 
anciens employaient au lieu de vitres, et qui, quoique transparentes, ne laissaient 
apercevoir les objets extérieurs que d'une manière confuse et avec une certaine obs- 
curité. 


΄ 


2100 
la charité : mais la plus grande 
des trois est la charité. 


CHAPITRE XIV. 


Le don de prophétie préférable au don 
des langues, et le don des langues inu- 
tile aux fidéles sans le don d'interpré- 
tation. Règles pour l'usage de ces dons. 
Les femmes doivent garder le silence 
dans les Eglises. 


1. Recherchez avec ardeur la 
charité; désirez les dons spiri- 
tuels, et surtout de prophétiser. 

2. Car celui qui parle en une 
langue ne parle pas aux hommes, 
mais à Dieu, puisque personne 
ne l'entend; mais par l'Esprit il 
dit des choses mystérieuses. 

3. Mais celui qui prophétise 
parle aux hommes pour l'édifica- 
tion, l'exhortation et la consola- 
tion. 

4. Celui qui parle une langue 
s'édifie lui-même, tandis que ce- 
lui qui prophétise édifie l'Eglise 
de Dieu. 

5. Je voudrais que vous pussiez 
tous parler les langues, mais en- 
core plus prophétiser. Car celui 
qui prophétise est au-dessus de 
celui qui parle les langues; à 
moins qu'il n'interpréte, afin que 
l'Eglise en reçoive de l'édifica- 
lion. 


PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


(on. xiv.] 

6. Aussi, mes frères, si je viens 
à vous parlant les langues, à quoi 
vous serai-je utile, si je ne joins 
à mes paroles ou la révélation, 
ou la science, ou la prophétie, ou 
la doctrine? 

7. Les choses qui sont inani- 
mées quoique rendant des sons, 
comme la flûte et la harpe, si elles 
ne forment des tons différents, 
comment saura-t-on ce qu'on 
joue sur la flûte ou sur la harpe? 

8. Et si la trompette rend un 
son incertain, qui se préparera 
au combat? 

9. De même vous, si vous ex- 
primez par la langue des mots 
qui ne sont pas clairs, comment 
saura-l-on ce que vous dites? 
Vous parlerez en l'air. 

10. ll y a, en effet, tant de sortes 
de langues dans ce monde; et il 
n'en est aucune qui n'ait des sons 
intelligibles. 

11. Si donc j'ignore la valeur 
des mots, je serai barbare pour 
celui à qui je parle, et celui qui 
parle, barbare pour moi. 

12. Ainsi, vous-mémes puisque 
vous désirez si ardemment les 
dons spirituels, faites que pour 
l'édification de l'Eglise vous en 
abondiez. 

13. C'est pourquoi, que celui 


1. Le raot prophétiser, outre le sens de prédire l'avenir, a celui plus étendu d’être 
divinement inspiré et de parler de la part de Dieu. Dans ce chapitre, il signifie plus 
particulierement, découvrir des choses secrétes et inconnues, comme expliquer les 
mystères, et interpréter les Ecritures. 

2. Dans tout ce chapitre, le mot /angue veut dire langue étrangère, inconnue, que 
l'on ne comprend pas. 

7-8. * La flèle et la harpe étaient les instruments de musique les plus communs 
chez les anciens, avec la érompetle. 

13. Dans ce verset et les suivants, il s'agit évidemment non d'une priére publique, 
telle qu'elle se pratique dans l'Eglise, mais des prières composées par les particuliers 
et récitées par eux publiquement pour l'édification de l'assemblée. Il fallait donc 
nécessairement que ces prières fussent comprises, pour que les fidèles qui les enten- 
daient pussent répondre en toute sûreté Amen. Ainsi saint Paul ne condamne pas 
l'usage de l'Eglise latine, qui prie dans une langue que le peuple n'entend pas, ni 


[cm. xiv.] PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 2751 


qui parle une langue demande 16 | sont un signe, non pour les fide 
don de l'interpréter. les, mais pour les infideles; au 
14. Car si je prie en une langue, | contraire, les prophéties sont, 
mon esprit prie, mais mon intel- | non pour les infidèles, mais pour 
ligence est sans fruit. les fidèles. 

15. Que ferai-je donc? je prie- 23. Si donc une Eglise étant 
rai d'esprit, mais je prierai aussi | réunie en un seul lieu, tous par- 
avec l'intelligence. Je chanterai | lent diverses langues, et qu'il 
d'esprit des canliques, mais jeles | entre des ignorants ou des infi- 
chanterai aussi avec l'intelli- | 08108, ne diront-ils pas que vous 
gence. étes fous? 

16. D'ailleurs si tu ne bénis que 24. Mais si tous prophétisent, 
d'esprit, comment celui qui tient | et que quelque ignorant, ou quel- 
Ja place du simple peuple répon- | queinfideleentre,ilestconvaincu 
dra-t-il Amen à ta bénédiction, | par tous et jugé par tous; 
puisqu'il ne sait pas ce que tu 25. Les secrets de son cœur 
dis ? sont dévoilés, de sorte que, tom- 

11. Pour toi, tu rends bien | bant sur sa face, il adorera Dieu, 
grâces, mais l'autre n'est pas | déclarant que Dieu est vraiment 
édifié. en vous. 

18. Je rends grâces à mon Dieu | 20. Que faut-il donc, mes frè- 
de ce que je parle les langues de | res? Que quand vous vous assem- 
vous tous. ! blez, l'un ayantle chant, un autre 

19. Mais dans l'Eglise, j'aime | l'enseignement, un autre la révé- 
mieux dire cinq mots que je com- | lation, un autre les langues, un 
prends, pour en instruire les au- | autre l'interprétation, tout se 
tres, que dix mille en unelangue. | fasse pour l'édification. 

20. Mes frères, ne devenez pas 27. S'il y en a qui parlent les 
enfants par l'intelligence; mais | langues, que deux seulement 
soyez petits enfants en malice, et | parlent, ou au plus trois, et tour 
uommes faits en intelligence. à tour; et qu'un seul interprete. 

21. Il est écrit dans la loi : Je 28. S'il n’y a point d'interprete, 
parlerai à ce peuple en d'autres | que chacun se taise, et qu'il parle 
langues et avec d'autres lèvres; | à lui-même et à Dieu. 
et ainsi ils ne me préteront méme 29. Quant aux prophètes, que 
pas l'oreille, dit le Seigneur. deux ou trois parlent, et que les 

22. C’est pourquoi les langues | autres jugent. 


CuaP. XIV. 21. Isaïe, xxvin, 11. 
ב הנ‎ 0 40/8 00008 i eo M EROR MOL PN Ὁ EAN 


d'une prière publique consacrée par la liturgie reçue ct admise. D'ailleurs comment 
l'aurait-il fait? Il savait parfaitement que de son temps les psaumes et les cantiques 
se chantaient en hébreu dans le temple. quoique pourtant cette langue ne füt plus fa- 
milière aux Juifs d'alors. Sans cela, il aurait condamné ce que Jésus-Christ avait lui- 
méme respecté et consacré par son assiduité aux fêtes judaiques. 

21. On comprenait sous le nom de loi tous les livres sacrés. — En d'autres langues; 
c'est-à-dire en des langues autres que la sienne, 

22. Sont un signe; Vers, en sigae; ce qui est uu pur hébraisme. 


2702 

30. Que s'il se fait une révé- 
lation à un autre de ceux qui 
sont assis, que le premier se 
taise. 

31. Car vous pouvez tous pro- 
phétiser l'un après l'autre, afin 
que tous apprennent et soient 
| exhortés ; 

32. Et les esprits des prophètes 
sont soumis aux prophetes. 

33. Car Dieu n'est pas un Dieu 
de dissension, mais de paix; 
comme je l'enseigne dans toutes 
les Eglises des saints. 

94. Que les femmes se taisent 
dans les Eglises, car il neleur est 
pas permis de parler, mais elles 
doivent étre soumises, comme la 
loi elle-méme le dit. 

35. Si elles veulent s'instruire 
de quelque chose, qu'elles inter- 
rogent leurs maris dans leur mai- 
son. Car il est honteux à une 
femme de parler dans l'Eglise. 

36. Est-ce de vous qu'est sortie 
la parole de Dieu? Est-ce à vous 
seuls qu'elle est parvenue? 

31. 8i quelqu'un croit étre pro- 
phète, ou spirituel, qu'il recon- 
naisse que les choses que je vous 
écris sont des commandements 
du Seigneur. 

38. Si quelqu'un l'ignore, il sera 
ignoré. 

39. C'est pourquoi, mes freres, 
employez tout votre zèle à pro- 


PREMIERE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


(cu. xv.] 
phétiser, et n'empéchez point de 
parler les langues. 

40. Mais que tout se fasse dé- 
cemment et avec ordre. 


CHAPITRE XV. 


Résurrection des morts prouvée par celle 
de Jésus-Christ. Conséquences impies 
auxquelles s'exposent ceux qui nient 
la résurrection. Ordre de la résurrec- 
tion. Comment elle se fera. Qualités des 
corps ressuscités. Homme terrestre; 
homme céleste. Mystère de la résurrec- 
tion. 


1. Mais je vous rappelle, mes 
freres, l'Evangile que je vous ai 
préché, que vous avez requ, dans 
lequel vous demeurez fermes, 

2. Et par lequel vous étes sau- 
vés, si vous le gardez comme je 
vous l'ai annoncé ; à moins que 
vous n'ayez Cru en vain. 

3. Car je vous ai transmis en 
premier lieu, ce que j'ai reçu 
moi-méme : que le Christ est mort 
pour nos péchés, selon les Ecri- 
tures; 

4. Quil a été enseveli, et qu'il 
est ressuscité le troisieme jour, 
selon les Ecritures ; 

9. Qu'ila été vu de Céphas, puis 
des onze; 

6. Qu'ensuite il ἃ été vu par 
plus de cinq cents frères ensem- 
ble, dont beaucoup vivent encore 
aujourd'hui, et quelques-uns se 
sont endormis; 


34. Genèse, 11 16. — ὕπαρ, XV. 1 Gal., 1, 11. — 3. Isaie, 1111, Ὁ, — 4, Jon., 11, 1. — 


5. Jean, xx, 19. 


33. Des saints. Voy. Act., 1x, 13. 


34. Elles doivent; ce verbe, ou tout autre d'une signification analogue, est néces- 
sairement sous-entendu. Voy. ce que nous avons dit à ce sujet, I Timoth., 1v, 3. 

31. Spirituel; c'est-à-dire inspiré, éclairé par l'Esprit-Saint. 

5. De Céphas, etc.; c'est-à-dire de Pierre et des onze apótres. Saint Paul considere 
ici le nombre ancien et ordinaire des apótres avant l'apostasie de Judas. 

6. Se sont endormis; scnt morts. Compar. vu, 39. — * Cette apparition n'est pas 


racontée dans les Evangiles. 


[cn. xv.] 


1. Qu'apres il a été vu de Jac- 
ques, puis de tous les apôtres; 

8. Et qu'enfin, après tous les 
autres, i| s'est fait voir aussi à 
moi, comme à l'avorton. 

9. Car je suis le moindre des 
apótres, et je ne suis pas digne 
d'étre appelé apótre, parce que 
j ài persécuté l'Eglise de Dieu. 

10. Mais c'est par la grâce de 
Dieu que je suis ce que je suis, et 
sa grâce n'a pas été stérile en 
moi, mais plus qu'eux tous, j'ai 
travaillé, non pas moi toutefois, 
mais la grâce de Dieu avec 
moi ; 

11. Ainsi, soit moi, soit eux, 
voilà ce que nous préchons et 
voilà ce que vous avez cru. 

19. Mais si on préche que le 
Christ est ressuscité d'entre les 
morts, comment quelques-uns 
disent-ils parmi vous qu'il n'y a 
point de résurrection des morts? 

13. Or s'il n'y a point de résur- 
rection des morts, le Christ n'est 
point ressuscité. 

14. Et si le Christ n'est point 
ressuscité, notre prédication est 
done vaine, et vaine est aussi 
votre foi; 

15. Nous nous trouvons méme 
être de faux témoins à l'égard de 
Dieu, puisque nous rendons ce 
témoignage contre Dieu, qu'il a 
ressuscité le Christ, qu'il n'a 
pourtant pas ressuscité, si les 
morts ne ressuscitent point. 

16. Car si les morts ne ressus- 


PREMIÈRE ÉPITRE DE 5. PAUL AUX CORINTHIENS. 


2793 
citent point, le Christ non plus 
n'est pas ressuscité. 

11. Que si le Christ n'est pas 
ressuscité, votre foi est vaine; 
vous étes encore dans vos pé- 
chés. 

18. Donc ceux aussi qui se sont 
endormis dans le Christ ont péri. 

19. Si c'est pour cette vie seule- 
ment que nous espérons dans le 
Christ, nous sommes les plus 
malheureux de tous les hommes. 

20. Mais très certainement le 
Christ est ressuscité d’entre les 
morts, comme prémices de ceux 
qui dorment; 

21. Car par un homme est ve- 
nue la mort, et par un homme la 
résurrection des morts. 

22. Et comme tous meurent en 
Adam, tous revivront aussi dans 
le Christ; 

23. Mais chacun en son rang; 
le Christ comme prémices, puis 
ceux qui sont au Christ, qui ont 
cru en son avénement. 

24. La fin suivra, lorsqu'il au- 
ra remis le royaume à Dieu et au 
Père; qu'il aura anéanti toute 
principauté, toute domination et 
toute puissance. 

25. Car il faut qu'il regne jus- 
qu'à ce que le Père ait mis tous 
ses ennemis sous ses pieds. 

26. Orledernier ennemi détruit 
sera la mort; caril lui a mis tout 
sous les pieds. Quand donc l’Ecri- 
ture dit : 

297. Tout lui a été soumis, elle 


8. Actes, 1x, 8. — 9. Ephés., ur, 8. — 20. Col., 1, 18; Apoc., 1, 5. — 23. I Thess., 1v, 15. 
— 25. Ps. cix, 1; Hebr., 1, 13; x, 19. — 26. Ps. vir, 8; Hóbr., u, 8. 


T. * De Jacques le Mineur, cousin de Notre Seigneur, premier évêque de Jérusalem, 
22. * En Adam, par suite de la punition infligée à Adam, à cause de son péché. 
21. Tout lui a été soumis. C'est la répétition, mais en d'autres termes, de la citation 


du Psaume cix, 1, faite au vers. 25. 


ΝΟ. 


173 


2754 
excepte, sans doute, celui qui lui 
a tout soumis. 

98. Et lorsque tout lui aura été 
soumis, alors le Fils lui-même 
sera soumis à celui qui lui a sou- 
mis toutes choses, afin que Dieu 
soit tout en tous. 

29. Autrement, que feront ceux 
qui sont baptisés pour les morts, 
si réellement les morts ne res- 
suscitent point? Pourquoi sont-ils 
baptisés pour les morts? 

30. Et nous, pourquoi à toute 
heure, nous exposons-nous au 
danger ? 

31. Chaque jour, mes frères, je 
meurs, je le jure, par la gloire 
que je reçois de vous en Jésus- 
Christ Notre Seigneur. 

32. Que me sert (humainement 
parlant) d'avoir combattu contre 
les bêtes à Ephèse, si les morts 
ne ressuscitent point? Mangeons 
et buvons, car nous mourrons 
demain. 

33. Ne vous laissez point sédui- 
re, les mauvais entretiens cor- 
rompent les bonnes mœurs. 

34. Justes, veillez, et ne péchez 
point, car quelques-uns sont dans 
l'ignorance de Dieu; je vous le 
dis pour votre honte. 

35. Mais, dira quelqu'un : Com- 
ment les morts ressuscitent-ils? 
ou avec quel corps reviendront- 
ils? 


32. Sag., 11, 6; Isaie, xxr, 18 et Lvr, 12. 


PREMIERE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


(cu. xv.] 


36. Insensé, ce que tu sèmes 
n'est point vivifié, si auparavant 
il ne meurt. 

87. Et ce que tu semes n'est 
pas le corps méme qui doit venir, 
mais une simple graine, comme 
de blé, ou de quelque autre chose. 

98. Mais Dieu lui donne un 
corps, comme il veut, de méme 
quil donne à chaque semence 
son corps propre. 

39. Toute chair n'est pas la 
méme chair ; mais autre est celle 
des hommes, autre celle des bre- 
bis, autre celle des oiseaux, 
autre celle des poissons. 

40. Il y ἃ aussi des corps céles- 
tes et des corps terrestrese mais 
autre est la gloire des célestes, 
autre celle des terrestres. 

41. Autre est la clarté du soleil, 
autre la clarté de la lune, autre 
la clarté des étoiles. Une étoile 
méme differe d'une autre étoile 
en clarté. 

49. Ainsi est la résurrection 
des morts. Le corps est semé dans 
la corruption, il ressuscitera dans 
l'incorruptibilité. 

43. ll est semé dans l'abjection, 
il ressuscitera dans la gloire ; il 
est semé dans la faiblesse, il res- 
suscitera dans la force. 

44. Il est semé corps animal, il 
ressuscitera corps spirituel, com - 
me il est écrit : 


99. Du temps de saint Paul, il y avait des hérétiques et peut-être méme des fidèles 
peu instruits qui se faisaient baptiser pour les morts qui n'avaient pas recu le bap- 
tème pendant leur vie. Sans approuver cette pratique, l'apótre en tire une preuve 
contre eux, en montrant qu'elle suppose nécessairement l'immortalité de l'àme, et par 
conséquent la résurrection des corps, parce que ces deux dogmes sont inséparables. 

89. 4 Ephése. Voir Actes, xvin, 19. S. Paul écrivit d'Ephése la présente Epitre. — 
Contre les béles, expression métaphorique pour désigner des hommes aussi cruels 
que des animaux féroces. 

40. La gloire; c'est-à-dire l'éclat. 


[cu. xvi.) 


45. Le premier homme, Adam, 

a été fait âme vivante; le dernier 
Adam, esprit vivifiant. 

- 46. Non d'abord ce qui est 

spirituel, mais ce qui est ani- 

mal. 

47. Le premier homme tiré de 
la terre est terrestre; le second, 
venu du ciel, est céleste. 

48. Tel qu'est le terrestre, tels 
sont les terrestres; tel qu'est le 
céleste, tels sont les célestes. 

49. Comme donc, nous avons 
porté l'image du terrestre, por- 
tons aussi l'image du céleste. 

50. Or je dis cela, mes freres, 
parce que ni la chair ni le sang 
ne peuvent posséder le royaume 
de Dieu, et la corruption ne pos- 
sédera point l'incorruptibilité. 

91. Voici que je vais vous dire 
un mystère. Nous ressusciterons 
bien tous, mais nous ne serons 
pas tous changés. 

52. En un moment, en un clin 
d'ceil, au son de la dernière trom- 
pette; car là trompette sonnera, 
et les morts ressusciteront incor- 
ruptibles, et nous, nous serons 
changés. 

53. Puisqu'il faut que ce corps 
corruptible revéte l'incorruptibi- 


PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


2799 
lité, et que ce corps mortel revête 
l'immortalité. 

94. Et quand ce corps mortel 
aura revêtu l’immortalité, alors 
sera accomplie cette parole qui 
est écrite : La mort a été absorbée 
dans sa victoire. 

59. O mort, où est ta victoire? 
où est, à mort, ton aiguillon ? 

56. Or l'aiguillon de la mort, 
c'est le péché ; et la force du pé- 
ché, 18 loi. 

57. Ainsi, grâces à Dieu, qui 
nousa donnéla victoire par Notre 
Seigneur Jésus-Christ! 

98. C'est pourquoi, mes freres 
bien-aimés, soyez fermes et iné- 
branlables, vous appliquant tou- 
jours de plus en plus à l’œuvre 
du Seigneur, sachant que votre 
iravail n'est pas vain dans le 
Seigneur. 


CHAPITRE XVI. 


Saint Paul recommande aux Corinthiens 
les pauvres de l'Eglise de Jérusalem. 
Il leur promet d'aller les voir. Il leur 
recommande Timothée. Dernier avis 
qu'il leur donne. Autres recommanda- 
tions. Salutations. 


1. Quant aux aumónes que l'on 
recueille pour les saints, faites, 


49. Genèse, 11, 7. — 54. Osée, xur, 14. — 57. Jean, v, 5. 


49. Fait dme vivante; littér., en dme vivante; hébraisme. Compar. iv, 22. — * Le 


dernier Adam, Jésus-Christ. 


90. La chair et le sang signifient l'homme animal, l'homme de péché. 


91. Mais nous ne serons pas tous changés. En effet, les corps des réprouvés, loin de 
recevoir la transformation qui fera la gloire de ceux des saints, resteront, comme 
ils étaient, un objet d'horreur et de dégoût, en même temps qu'un sujet de toutes 
sortes de douleurs pour les àmes auxquelles ils seront attachés. 

94. Cette parole qui est écrite; cette parole qui fait partie de l'Ecriture sainte, cette 
parole de l'Ecriture. Ce passage est d'Isaie, xxv, 8. Mais remarquons que la méme 
expression hébraïque que saint Jérôme a traduite dans Isaie par pour toujours, a été 
rendue dans la version grecque d’Aquila par pour victoire, en victoire, et que c'est 
le sens qu'elle a en chaldéen. En mourant pour nous, Jésus-Christ a vaincu la mort 
et l'a détruite pour toujours. 


4. * Galalie. Voir Actes, xviu, 23. 


-΄ 


2196 
vous aussi, comme je l'ai réglé 
pour les Eglises de Galatie. 

2. Qu'au premier jour de la se- 
maine, chacun de vous mette à 
part chez lui, et serre ce qui lui 
plaira ; afin que ce ne soit pas 
quand je viendrai que les collec- 
tes se fassent. 

3. Lorsque je serai présent, 
jenverrai ceux. que vous aurez 
désignés par vos lettres, porter 
vos charités à Jérusalem. 

4. Que si la chose mérite que 
jy aille moi-même, ils viendront 
avec mol. 

5. Or je viendrai vers vous 
lorsque j'aurai traversé la Macé- 
doine; car je passerai par la Ma- 
cédoine. 

6. Peut-étre m'arréterai-je chez 
vous, et y passerai-je méme l’hi- 
ver, afin que vous me conduisiez 
partout où j'irai. 

7. Car ce n’est pas seulement en 
passant que je veux vous voir 
cette fois, j'espère demeurer 
quelque temps avec vous, si le 
Seigneur le permet. 

8. Je demeurerai à Ephèse 
jusqu'à la Pentecôte ; 

9. Parce qu'il y a une grande 
porte qui m'est visiblement ou- 
verte, et un grand nombre d'ad- 
versaires. 

10. Si Timothée va chez vous, 
veillez à ce quil y soit sans 
crainte; car il travaille comme 
moi à l'œuvre du Seigneur. 


PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[cH. xvr.] 


11. Que personne done ne le 
méprise; mais conduisez-le en 
paix pour qu'il vienne vers moi ; 
car je l'attends avec nos frères. 

19. Pour ce qui est d'Apollo, 
notre frère, je vous préviens que 
je l'ai beaucoup prié d'aller vers 
vous avec nos frères ; mais il n'a 
pas voulu y àller maintenant : il 
ira lorsqu'il en aura le loisir. 

13. Veillez, demeurez fermes 
dans la foi, agissez courageuse- 
ment, et fortifiez-vous ; 

14. Que toutes vos ceuvres se 
fassent en esprit de charité. 

15. Je vous conjure, mes freres, 
puisque vous savez que. Stépha- 
nas, Fortunat et Achaique, dont 
vous connaissez la famille, sont 
les prémices de PAchaie, et se 
sont consacrés au service des 
saints, 

16. D'avoir dela déférence pour 
de telles personnes, comme pour 
tous ceux qui cooperent et. tra- 
vaillent. 

11. Je me réjouis dela présence 
de Stéphanas, de Fortunat et d'A- 
chaique; parce qu'il ont suppléé 
à ce que vous ne pouviez faire 
par vous-mémes ; 

18. Car. ils ont. consolé mon 
esprit aussi bien, que le vótre. 
Sachez donc ce que sont de tels 
hommes. 

19. Les Eglises d'Asie vous sa- 
luent, Aquila et Priscille, chez 
qui je demeure, et l'Eglise qui 


2. Ce premier jour de la semaine est le dimanche. 


5. * La, Macédoine. Voir Actes, xvr, 9. 
8. *A Ephèse. Voir Actes, xvii, 19. 


15-17, * Stéphanas, voir plus haut, 1, 16. — Fortunat et Achaique faisaient proba- 
blement partie de la maison de Stéphanas. Il est question de Fortunat dans la lettre 
de S. Clément, pape, aux Corinthiens, r, 59. — L'AcAaie. Voir Actes, xvii, 12. 

16. Qui coopèrent et travaillent, à l'œuvre du Seigneur. 

19. * Les Eglises d'Asie, de la province romaine de ce nom. Voir Actes, 11, 9. — 


Aquila et Priscille. Voir Actes, xv, 2. 


xvi.] PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 2797‏ .מס 


est dans leur maison vous font 22. Si quelqu'un n'aime point 
beaueoup de salutations. Notre Seigneur Jésus-Christ, qu'il 
20. Tous nos freres vous sa- | soit anathème, Maran Atha. 
luent. Saluez-vous les uns les 23. Que la grâce de Notre Sei- 
autres par un saint baiser. gneurJésus-Christ soit avec vous. 
21. La salutation est de 18 main 24. Mon amour est avec vous 


de moi, Paul. tous dans le Christ Jésus. Amen. 


22. Maran Atha sont des mots syriaques qui signifient: Noíre Seigneur vient. 1 
parait que c'était le plus grand des anathémes par lequel on dévouait un homme au 
dernier malheur en le menaçant de la venue et du jugement du Seigneur. 


ב 


DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PAUL 
AUX CORINTHIENS 


INTRODUCTION 


On convient que cette Epitre a été écrite peu de temps aprés la première, 
l'an 57, suivantle plus grand nombre. 

S. Paul était en Macédoine, probablement à Philippes. L'émeute excitée par 
Démétrius l'ayant forcé de quitter Ephése, il était passé à Troas, puis en Macé- 
doine. C'est là que Tite, qu'il avait envoyé précédemment à Corinthe, vint le 
rejoindre. L'Apótre apprit de lui dans quel état se trouvait l'Eglise de cette 
ville, la sincére affection que lui gardaient la plupart de ceux qu'il avait con- 
vertis, mais en méme temps l'animosité croissante de ses antagonistes, les im- 
putations dont il était l'objet, le reproche que plusieurs lui faisaient d'étre 
inconstant dans ses desseins, ambitieux dans ses vues et mal intentionné à 
l'égard de sa nation. Sur ces informations, il s'empresse d'écrire celte seconde 
Epitre, et il charge son disciple de la porter à Corinthe, en attendant qu'il 
puisse s'y rendre lui-méme. 

On trouve en cette Lettre une longue apologie de sa conduite et de son mi- 
nistère : apologie voilée d'abord, modérée au début, mais bientôt ouverte, vive, 
et à la fin acérée et véhémente. Elle n'est interrompue qu'un instant, vers le 
milieu, par une digression sur l'aumóne et une exhortation à venir au secours 
des fidèles de Jérusalem. D’où trois parties ou trois sections : 1° Apologie 
calme et contenue, 1, 15-vir. — 2° Digression, viui, ΙΧ. — 3° Apologie animée et 
véhémente, x-xu. Dans chacune de ces parties, l'habileté de l'Apótre, son talent 
oratoire, la souplesse de son esprit, la délicatesse de son langage se montrent 
avec éclat. ll s'y propose trois choses : — 1? Dissiper toute prévention dans 
l'esprit de ses disciples. — 2° Presser la réforme des abus et l'exécution des 
mesures dont il est question dans sa première Lettre. — 3° Confondre les faux 
Docteurs par une justification éclatante. (L. Bacuez.) 


DEUXIÈME ÉPITRE 


DE SAINT PAUL 


AUX CORINTHIENS 


CHAPITRE PREMIER. 


Saint Paul salue les fidèles de Corinthe. 
Il est affligé et consolé pour leur con- 
solation et leur salut. Maux excessifs 
qu'il a éprouvés : sa confiance en Dieu. 
Il s'excuse de ce qu'il n'a pas été les 
voir. Vérité invariable de l'Evangile. 


1. Paul, apôtre de Jésus-Christ, 
par la volonté de Dieu, et Timo- 
thée, son frère, à l'Eglise de Dieu 
qui est à Corinthe, et à tous les 
saints qui sont dans toute l'A- 
chaie. 

9. Grâce à vous, et paix par 
Dieu notre Père, et par Notre Sei- 
gneur Jésus-Christ. 

3. Béni le Dieu et Père de Notre 
Seigneur Jésus-Christ, le Père 
des miséricordes et le Dieu de 
toute consolation! 

4. Qui nous console dans toutes 
nos afflictions, afin que nous puis- 
sions nous-mémes, par l'encou- 
ragement que Dieu nous donne, 
consoler aussi ceux qui sont sous 
le poids de toute sorte de maux. 


CnaP. I. 8. Ephés., 1, 3; 1 Pierre, 1, 3. 


5. Car, comme les souffrances 
du Christ abondent en nous, c'est 
aussi par le Christ que notre con- 
solation abonde. 

6. Or si nous sommes dans l'at- 
fliction, c'est pour votre encoura- 
gement et votre salut; si nous 
sommesconsolés, c'est pour votre 
consolation ; si nous sommes en- 
couragés, c'est pour votre encou- 
ragement et votre salut qui s'ac- 
complit par votre patience à sup- 
porter les mêmes souffrances que 
nous supportons nous-mêmes. 

7. Ce qui nous donne une ferme 
espérance pour vous, sachant 
que, comme vous avez part aux 
souffrances, vous l'aurez aussi à 
la consolation. 

8. Car nous ne voulons pas, 
mes frères, que vous ignoriez, 
touchant la tribulation qui nous 
est survenue en Asie, que le poids 
en a été excessif et au-dessus de 
nos forces, au point que nous 
étions las de vivre. 

9. Mais nous, nous avons reçu 


1. A tous les saints; c'est-à-dire à tous les chrétiens. Compar. Act., 1x, 13. — * Dans 
toute l'Achaie. Du temps de S. Paul, l'Achaie était le nom de la province romaine qui 
comprenait toute la Gréce à l'exception de la Thessalie. 

8. * En Asie, dans l'Asie proconsulaire, Voir Act., xvt, 6. 


2760 
en nous-mêmes l'arrêt dela mort, 
afin que nous ne meltions pas 
notre confiance en nous, mais en 
Dieu qui ressuscite les morts, 

10. Qui nous a délivrés de si 
grands périls, qui nous en délivre, 
et qui. comme nous l'espérons 
de lui, nous en délivrera encore, 

11. Surtout vous nous aidant 
en priant pour nous, afin que, 
comme le don qui est en nous a 
été fait en considération d'un 
grand nombre, un grand nombre 
en rende gráces pour nous. 

19. Car notre gloire, la voici : 
Le témoignage de notre cons- 
cience, que c'est dans la simpli- 
cité du cœur et dans la sincérité 
de Dieu, et non point selon la 
sagesse de la chair, mais avec la 
gráce de Dieu, que nous nous 
sommes conduits dans ce monde, 
mais plus particulierement en- 
vers vous. 

13. En effet, nous ne vous écri- 
vons que les choses que vous avez 
lues et reconnues. Or j'espere que 
vous reconnaitrez jusqu'à la fin, 

14. Comme vousl'avez reconnu 
en partie, que nous sommes votre 
gloire, de méme que vous serez 
lanótreau jour de Notre Seigneur 
Jésus-Christ. 

15. C'est dans cette confiance 
que je voulais venir d'abord vous 
Voir, pour que vous recussiez une 
seconde gráce; 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[cu. t.] 


16. Passer par chez vous en al- 
lant en Macédoine, et revenir de 
de Macédoine pres de vous, et par 
vous étre conduit en Judée. 

17. Ayant done eu ce dessein, 
ai-je été inconstant? ou bien, ce 
que je projette, le projetai-je se- 
lon la chair, de sorte qu'en moi il 
y ait our et νον 

18. Mais Dieu est 10816 
que la parole quenous vous avons 
annoncée n'a point été dans ce 
OUI et NON. 

19. Car le fils de Dieu, Jésus- 
Christ, que nous vous avons pré- 
ché, moi, Silvain et Timothée, 
ne fut point our et NON; mais 1 
fut seul en lui. 

20. En effet, toutes les pro- 
messes quelconques de Dieu sont 
en lui le our; c’est pourquoi nous 
disons aussi par lui Amen à Dieu 
pour notre gloire. 

21. Or celui qui nous affermit 
avec vous dans le Christ, et qui 
nous ἃ oints, c'est Dieu, 

22. Qui nous a aussi marqués 
de son sceau, et a donné le gage 
de l'Esprit dans nos cœurs. 

93. Pour moi, je prends Dieu à 
témoin sur mon âme, que c'est 
pour vous épargner, que je ne 
suispointencore venu à Corinthe ; 
ce n'est pas que nous dominions 
sur votre foi; au contraire, nous 
coopérons à votre joie, car vous 
étes fermes dans la foi. 


16. * En Macédoine. Voir Actes, xvr, 9. — En Judée. La Judée désigne proprement 
la Palestine du sud, dont Jérusalem était la ville principale, à l'exclusion de la Sa- 
marie et de la Galilée. 

19. * Silvain, le Silas des Actes. Voir Actes, xv, 22. 

20. Puisqu'il n'y a en Jésus-Christ que vérité pure, et qu'aecomplissement parfait 
des promesses de Dieu, nous devons dire hautement à Dieu Amen, c'est-à-dire, cela 
est vrai; vos promesses ont été parfaitement accomplies; ce qui est pour nous un 
sujet de gloire, parce que v'est en vertu de cet accomplissement que nous avons été 
rachetés. 


[can] 


CHAPITRE II. 


Charité de saint Paul envers les fidèles de 
Corinthe. Son indulgence envers l'inces- 
tueux pénitent. Apótres, odeur de vie 
aux uns, et odeur de mort aux autres. 
Falsificateurs de la parole de Dieu. 


1. Je résolus donc en moi-même 
de ne point venir vers vous de 
nouveau dans la tristesse. 

2. Carsi c'est moi qui vous con- 
iriste, qui aurai-je pour me ré- 
jouir, si ce n'est celui qui est 
contristé à cause de moi? 

9. C'est aussi ce que je vous ai 
écrit, afin, quand je viendrai, de 
n'avoir pas tristesse sur tristesse, 
de la part de ceux qui auraient dû 
étre ma joie, ayant cette con- 
fiance en vous tous, que ma joie 
est la vótre à tous. 

4. Car je vous ai écrit, dans l'at- 
flietion et l'angoisse du cœur, 
avec beaucoup de larmes, non 
pour que vous soyez contristés, 
mais afin que vous sachiez la cha- 
rité surabondante que j'ai pour 
vous. 

5. Que si l'un de vous m'a con- 
contristé, 11 ne m'acontristé qu'en 
partie, pour ne pas vous charger 
tous. 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


2461 

6. Quant à celui qui s'est mis 
dans ce cas, il suffit de cette cor- 
rection faite par un grand nom- 
bre; 

1. De sorte que vous devez, au 
contraire, user avec lui d'indul- 
gence et le consoler, de peurqu'il 
ne soit accablé par une trop 
grande tristesse, se trouvant dans 
une pareille situation. 

8. C'est pourquoi je vous con- 
jure de redoubler de charité en- 
vers lui. 

9. C'est pourquoi aussi je vous 
écris, afin de connaitreàlépreuve 
si vous étes obéissants en toutes 
choses. 

10. Ge que vous lui avez par- 
donné, je 16 lui 81 aussi pardonné ; 
car si j'ai moi-méme usé d'indul- 
gence, j'en ai usé à cause de vous 
dans la personne du Christ ; 

11. Afin que nous ne soyons 
point circonvenus par Satan ; car 
nous n'ignorons pas ses desseins. 

12. Lorsque je suis venu à Tro- 
ade pour l'Evangile du Christ, et 
qu'une porte m'y fut ouverte par 
le Seigneur, 

18. Je n'ai point eu de repos 
en mon esprit de ce que je n'y 
avais pas trouvé Tite, mon frere; 


S. L'un de vous, l'incestueux (I Cor., v, 1, 2). — Ne m'a contristé qu'en partie, parce 
que j'étais consolé d'ailleurs par la considération que le plus grand nombre d'entre 
vous était demeuré ferme dans 18 foi et dans la vertu. — Devant la phrase pour ne 
pas, ete., il faut sous-entendre: Ce que je dis, genre d'ellipse assez commun dans la 
Bible. C'est donc comme si l'apótre disait : Je me garderais bien de vous charger 
tous du crime d'un seul. 

10. L'apótre accorde ici un pardon au nom et par l'autorité de Jésus-Christ à l'in- 
cestueux de Corinthe, qu'il avait soumis à la pénitence. Ce pardon consistait dans la 
remise d'une partie de la punition temporelle due à son péché. 

12, * A Troade ou Troas. Voir Actes, xvi, 8. À 

13. * Tite, gentil converti, à qui est adressée l'Epitre qui porte son nom, avait peut- 
étre porté à Corinthe avec un autre disciple la premiére Epitre de S. Paul adressée 
à-cette Eglise. 11 est certain dans tous les cas que S. Paul envoya Tite à Corinthe à 
la fin de son séjour à Ephèse, pour y recueillir des aumónes en faveur des fidèles de 
Jérusalem et juger de l'effet qu'avait produit sa premiére Epitre. Nous apprenons ici 
que S. Paul n'ayant pas trouvé Tite à Troade, s'est rendu en Macédoine. Là il le ren- 


2762 


mais, prenant congé d'eux, je 
suis parti pour la Macédoine. 

14. Mais gráces à Dieu, qui tou- 
jours nous fait triompher dans le 
Christ Jésus, et répand par nous 
en tous lieux l'odeur de sa con- 
naissance ; 

15. Parce que nous sommes 
pour Dieu une bonne odeur du 
Christ à l'égard de ceux qui se 
sauvent, et à l'égard de ceux qui 
périssent : 

16. Aux uns odeur demort pour 
la mort; mais aux autres odeur 
de vie pour la vie. Or qui est ca- 
pable d'un tel ministère? 

17. Car nous ne sommes pas 
comme beaucoup, qui corrom- 
pent la parole de Dieu; mais c’est 
avec sincérité, comme de la part 
de Dieu, devant Dieu, en Jésus- 
Christ que nous parlons. 


CHAPITRE IIT. 


Lettre vivante écrite sur les tables du 
cœur par le Saint-Esprit. Nulle bonne 
pensée, si Dieu ne la donne. Ministère 
de la lettre et de l'esprit, de mort et 
de vie. Voile sur le cœur des Juifs. 
Transformation par le Saint-Esprit. 


1. Commencerons-nous de nou- 
veau à nous recommander nous- 
mémes? ou (comme quelques- 
uns) avons-nous besoin de lettres 
de recommandation auprès de 
vous, ou méme de vous? 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[cu. [.זזז‎ 


9. Vous êtes vous-mêines notre 
lettre, écrite dans nos cœurs, la- 
quelle est connue et lue de tous 
les hommes, 

3. Etant manifestement recon- 
nus pour être la lettre du Christ 
écrite par notre ministère, non 
avec de l'encre, mais avec l'Esprit : 
du Dieu vivant; non sur des tables 
de pierre, mais sur les tables 
charnelles du cœur. 

4. Or, une telle confiance nous 
l'avons en Dieu par le Christ; 

5. Non que nous soyons suffi- 
sants pour former aucune pensée 
par nous-mêmes, comme de 
nous ; mais notre suffisance vient 
de Dieu, 

6. Qui nous ἃ même rendus 
propres à être les ministres de la 
nouvelle alliance, non par la 
lettre, mais par l'Esprit; car la 
lettre tue, tandis que l'Esprit vi- 
vifie. 

7. Que si le ministère de mort, 
gravé en lettres sur des pierres, 
aété environné d'une gloire telle, 
que les enfants d'Israél ne pou- 
vaient regarder la face de Moise, 
à cause de la gloire de son vi- 
sage, laquelle devait s'évanouir; 

8. Comment le ministère de 
l'Esprit ne serait-il pas plus glo- 
rieux ? | 

9. Car si le ministère de con- | 
damnation est glorieux, le minis- 


contra, fut réjoui des nouvelles que Tite lui donna des Corinthiens et le renvoya 
dans cette ville avec sa seconde Epitre pour y recueillir encore des ו‎ comme 
nous 16 lisons plus loin, vu, 6, 7, 13; vin, 6, 16-18, 23,24. 


3. * Non sur des tables de pierre. Le Décalogue avait été gravé sur des tables de 


pierre, au Sinat. 


6. Par la lettre mal entendue et prise sans l'esprit. — Outre la peine de mort que 
la loi inflige, elle tue encore, en ce qu'elle fait connaître le péché, sans donner la 


force de l'éviter. 


9. Glorieux; littér. gloire. En vertu d'un hébraisme que nous avons déjà fait re- 
marquer, les écrivains sacrés mettent souvent l'abstrait pour le concret. 


[cn. 1v.] 


tere de justice est beauccup plus 
abondant en gloire. 

10. Et méme ce qu'il y a eu d'é- 
clatant dans le premier, n'a pas 
été véritablement glorieux à 
cause de la gloire éminente du 
second. 

41. Car si ce qui disparait a de 
la gloire, ce qui demeure en à 
bien davantage. 

19. Ayant donc une telle espé- 
rance, nous usons d'une grande 
liberté ; 

13. Et non comme Moise, qui 
mettait un voile sur son visage, 
pour que les enfants d'Israél ne 
regardassent pas sur sa face ce 
qui devait disparaître; 

14. Aussi leurs esprits se sont 
hébétés. Car jusqu'à ce jour le 
méme voile demeure sans étre 
levé, lorsqu'ils lisent l'Ancien 
Testament (parce que c'est parle 
Christ qu'il s'enleve). 

15. Ainsi jusqu'à ce jour, lors- 
qu'ils lisent Moise, ils ont un voile 
posé sur le cœur. 

16. Mais lorsque /sraël se sera 
converti au Seigneur, le voile 
sera enlevé. 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


2163 

17. Or le Seigneur est l'Esprit, 
et où est l'Esprit du Seigneur, là 
est la liberté. 

18. Pour nous tous, contem- 
plant à face découverte la gloire 
du Seigneur, nous sommes trans- 
formés en la méme image de 
clarté en clarté, comme par l'Es- 
prit du Seigneur. 


CHAPITRE IV. 


Sincérité des apótres dans l'exercice du 
ministére évangélique. Incrédulité des 
réprouvés. Force des apótres au milieu 
des persécutions. Récompense éternelle 
pour les peines si courtes de cette vie. 
Les choses visibles passent. 


4. C'est pourquoi, chargés de 
ce ministère en vertu de la misé- 
ricorde que nous avons obtenue, 
nous ne perdons pas courage ; 

2. Mais nous repoussons de 
nous les passions honteuses qui 
se cachent, ne marchant point 
dans l'artifice, et n'altérant point 
la parole de Dieu, mais nous re- 
commandant, par la manifesta- 
tion de la vérité, à toute conscien- 
ce d'homme devant Dieu. 

8. Que si notre Evangile aussi 


Cuar, HI. 13. Exode, xxxiv, 33. — 17, Jean, 1v, 24. 


10.. Dans le premier ministère, dont il est question au verset précédent. 
16. Israël est expressément nommé au vers. 13. 


A1. * « Où est l'esprit du Seigneur, là est aussi la liberté. L'amour de la liberté, 
dit Fénelon, est une des plus dangereuses passions du cœur humain; et il arrive de 
cette passion comme de toutes les autres, elle trompe ceux qui la suivent, et au lieu 
de la liberté véritable, elle leur fait trouver le plus dur et le plus honteux esclavage. 
On eroit étre libre, quand on ne dépend plus que de soi-méme. Folle erreur! Y a-t-il 
un état oà l'on ne dépende pas d'autant de maitres qu'il y a de personnes à qui l'on 
a relation? Y en a-t-il un oü l'on ne dépende pas encore davantage des fantaisies 
d'autrui que des siennes propres? Tout le commerce de la vie n'est que géne, par 
la caplivité des bienséances et par la nécessité de plaire aux autres. D'ailleurs nos 
passions sont pires que les plus cruels tyrans. O mon Dieu, préservez-moi de ce 
funeste esclavage, que l'insolence humaine n'a pas de honte de nommer une liberté. 
C'est en vous seul qu'on est libre, » | 


2. Saint Paul fait connaitre et relève le ministère qu'il a reçu de Dieu, afin de 
combattre avec plus de succès les faux apôtres qui cherchaient à détruire son au- 
torité et les fruits de sa prédication. 


2764 
est voilé, c'est pour ceux qui 
périssent qu'il est voilé ; 

4. Pour les infideles, dont le 
Dieu de ce siècle a aveuglé l'es- 
prit, afin que ne brille pas pour 
eux la lumiere de l'Evangile de 
la gloire du Christ, qui est l'image 
de Dieu. 

9. Car nous ne nous préchons 
pas nous-mémes, mais Jésus- 
Christ Notre Seigneur; quant à 
nous, nous déclarant vos servi- 
teurs par Jésus; 

6. Parce que le même Dieu qui 
commanda que des ténèbres jail- 
lit la lumiere, a lui dans nos 
cœurs pour répandre la lumière 
de la science et de la gloire de 
Dieu, sur la face du Christ Jésus. 

7. Mais nous avons ce trésor 
en des vases d'argile, afin que la 
grandeur appartienne à la vertu 
de Dieu, et ne vienne pas de 
nous. 

8. En toutes choses nous souf- 
frons la tribulation, mais nous ne 
sommes pas accablés ; nous nous 
trouvons dans des difficultés ex- 
trèmes, mais nous n'y succom- 
bons pas. 

9. Nous souffrons la persécu- 
lion, mais nous ne sommes pas 
délaissés ; nous sommes abattus, 
mais nous ne périssons pas; 

10. Portant toujours et partout 
dans notre corpsla mort de Jésus, 
afin que la vie de Jésus se mani- 
feste aussi dans notre corps; 

11. Car nous qui vivons, nous 


(ΒΑΡ. IV. 13. Ps. cxv, 1. 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[cu 1v.) 


sommes à toute heure livrés à 
la mort pour l'amour de Jésus, 
afin que la vie de Jésus se mani- 
feste aussi dans notre chair mor- 
telle. 

19. Ainsi la mortopéere en nous, 


et la vie en vous. 


13. Mais ayant le méme esprit 
de foi, comme il est écrit : J'ai 
cru, C’est pourquoi j'ai parlé, et 
nous aussi nous croyons, et c’est 
aussi pourquoi nous parlons ; 

14. Sachant que celui qui a res- 
suscité Jésus nous ressuscitera 
nous aussi avec Jésus, et nous 
établira avec vous. 

15. Car toutes ehoses sont pour 
vous, afin quelagráce qui abonde, 
abonde pour la gloire de Dieu, 
par le grand nombre de ceux qui 
lui rendront grâces. 

16. C'est pourquoi nous ne per- 
dons point courage, mais, bien 
qu'en nous l'homme extérieur se 
détruise, cependant l'homme in- 
térieur se renouvelle de jour en 
jour. 

11. Car les tribulations si cour- 
tes et si légeres dela vie présente 
produisent en nous le poids éter- 
neld'une sublimeetincomparable 
gloire; 

18. Parce que nous ne considé- 
rons point les choses qui se 
voient, mais celles quine se voient 
pas ; car les choses qui se voient 
sont passagères, mais celles 
qui ne se voient pas sont éter- 
nelles. 


== החדהה‎  -ὃὍἜ͵ς͵. -΄-. ς-ϑἥὲ)..Ῥς-:-.-ΘΞ...ς.ςε-ς.ΒΞὕ5.-.-..-.--- Ἐτς-ςςς.».- 


6. De la gloire de Dieu, empreinte, resplendissante, sur /a face du Christ Jésus. 
1. Afin que la grandeur et la gloire de notre ministère soient attribuées à Dieu, 


et nullement à nous. 


[cu. v.] 


CHAPITRE V. 


Exil de cette vie. Soupirs vers le ciel. 
Tribunal de Jésus-Christ. Tous doivent 
vivre pour lui. C'est par lui que nous 
sommes réconciliés avec Dieu. Les 
apótres sont des ambassadeurs. 


1. En effet, nous savons que si 
cette maison de terre que nous 
habitons présentementse dissout, 
nous avons une autre maison 
construite par Dieu, non par la 
main des hommes, et éternelle 
dans 168 cieux. 

2. Et pour cela nous gémissons, 
désirant d'étre revétus de notre 
habitation qui est du ciel ; 

3. Si toutefois nous sommes 
trouvés vétus, et non pas nus. 

4. Car, pendant que nous som- 
mes dans cette tente, nous gé- 
missons tous sous sa pesanteur, 
parce que nous ne voulons pas 
étre dépouillés, mais revétus par- 
dessus, en sorte que ce qu'il y 
ἃ de mortel soit absorbé par la 
vie. 

5. Or celui qui nous a formés 
pour cet état méme, c'est Dieu, 
qui nous a donné le gage de l'Es- 
prit 

6. Ainsi, toujours pleins de 
confiance, sachant que, pendant 
que nous sommes dans 00 Corps, 
nous voyageons loin du Seigneur 

7. (Car c'est par la foi que nous 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


2765 
marchons, et non par une claire 
vue); 

8. Oui, pleins de confiance, 
nous aimons mieux sortir de ce 
corps, et aller jouir de la présence 
du Seigneur. 

9. C'est pourquoi, soit absents, 
soit présents, nous faisons tous 
nos efforts pour lui plaire. 

10. Car nous devons tous com- 
paraitre devant le tribunal du 
Christ, afin que chacun recoive 
ce qui est dû à son corps, selon 
ce qu'ilafait ou de bien ou de 
mal. 

11. Sachant donc combien le 
Seigneur est redoutable, nous 
tàchons de persuaderleshommes, 
mais nous sommes connus de 
Dieu. Or j'espere que nous som- 
mes aussi connus dans vos cons- 
ciences. 

12. Nous ne nous recomman- 
dons pas de nouveau aupres de 
vous, mais nous vous donnons 
occasion de vous glorifier à notre 
sujet, afin que vous ayez quoi 
répondre à ceux qui se glorifient 
en apparence, mais non dans le 
cœur. 

18. Car si nous sommes empor- 
tés comme hors de nous-mêmes, 
c'est pour Dieu; si nous sommes 
plus retenus, c'est pour vous. 

14. Parce que la charité du 
Christ nous presse; considérant 


(ΒΑΡ. V. 3. Apoc., xvi, 15. — 10. Rom., xiv, 10. 


4. Parce que nous ne désirons pas précisément nous voir dépouillés de notre corps 
par la mort, mais parce que nous souhaitons de revêtir par-dessus ce corps une 
gloire telle, que tout ce qu'il y a de mortel en nous soit absorbé par l'immortalité. 

10. Ce qui est dû à son corps; c'est-à-dire ce qui lui est dû pour le bien ou le mal 
qu'il a fait pendant qu'il était dans son corps. 

12. Qui se glorifient, etc.; c'est-à-dire au dehors, vis-à-vis des autres, mais non 
point dans leur intérieur, en eux-mêmes. Ou bien, en supposant un genre d'ellipse 
commun aux écrivains sacrés : 175 mettent leur gloire dans ce qui parait à l'extérieur, 
et non dans ce qui est dans le cœur. 


2166 
que si un seul est mort pour tous, 
donc tous sont morts; 

15. Et le Christ est mort pour 
tous, afin que ceux qui vivent ne 
vivent plus pour eux, mais pour 
celui qui est mort pour eux, et 
est ressuscité. 

16. C'est pourquoi, dès ce mo- 
ment, nous ne connaissons plus 
personne selon la chair. Et si 
nous avons connu le Christ selon 
la chair, maintenant nous ne le 
connaissons plus ainsi. 

11. Si donc quelqu'un est en 
Jésus-Christ, il est une créature 
nouvelle; les choses anciennes 
ont passé : voilà que tout est de- 
venu nouveau. 

18. Et le tout vient de Dieu, qui 
nous ἃ réconciliés à lui par le 
Christ, et nous a confié le minis- 
lere de la réconciliation ; 

19. Car c'est Dieu qui était 
dans le Christ, se réconciliant 
le monde, ne leur imputant 
point leurs péchés, et qui a. mis 
en nous la parole de la réconci- 
liation. 

20. Nous faisons donc les fonc- 
tions d'ambassadeurs pour le 
Christ, Dieu exhortant par notre 
bouche. Nous vous en conjurons 
par le Christ, réconciliez-vous à 
Dieu. 

21. Car celui qui ne connais- 
sait point le péché, il l'a rendu 
péché pour l'amour de nous, afin 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[cu. vi.] 


qu'en lui nous devinssions jus- 
tice de Dieu. 


CHAPITRE VI. 


Ne pas recevoir en vain la gráce de Dieu. 
Caractére des ministres de l'Evangile. 
Saint Paul aime et veut étre aimé. Jé- 
sus-Christ et Béliz! inalliables. Les en- 
fants de Dieu doivent fuir ses ennemis. 


1. Or, comme coopérateurs, 
nous vous exhortons à ne pas 


recevoir en vain la grâce de 
Dieu; 

2. Car il dit : En un temps fa- 
vorable je t'ai exaucé, et en un 
jour de salut je l'ai secouru. 
Voici maintenant un temps favo- 
rable, voici maintenant un jour 
de salut. 

3. Ne donnant à personne au- 
cun scandale, afin que notre mi- 
nistère ne soit pas décrié, 

4. Montrons-nous, au contraire, 
en toutes choses, comme des mi- 
nistres de Dieu, par une grande 
patience dans les tribulations, 
dans les nécessités, dans les an- 
goisses, 

9. Sous les coups, dans les pri- 
sons, dans les 86010108, les 
travaux, dans les veilles, dans 
les jeünes; 

6. Par la pureté, par la science, 
parla longanimité, par la man- 
suétude, par lEsprit-Saint, par 
une charité sincere; 

7. Par la parole de la vérité, 


17. Isaie, xLur, 19; Apoc., xxi, 5. — Car. VI. 2. Isaie, xuix, 8. — 3. I Cor., x, 32. 


— 4, I Cor., tv, 4. 


21. I] l'a rendu péché; c'est-à-dire il l'a traité comme s'il eût été le péché méme. 
— Justice de Dieu; c'est-à-dire justes de Dieu, reconnus justes par Dieu. Compar., 


pour l'expression grammaticale, nr, 9; 
Rom, ,זוז‎ 21 et suiv.; tv, 6 et suiv. 


et, pour le sens de la pensée de l'apótre, 


3. Ce verset se lie évidemment au premier, dont il continue le sens. Ainsi le 
deuxième doit être considéré comme une parenthèse. 


(en. vir.] 


par la force de Dieu, par les ar- 
mes de la justice, à droite et à 
gauche; 

8. Dans la gloire et l'ignomi- 
nie, dans la mauvaise et la bonne 
réputation, comme séducteurs et 
cependant sinceres; comme in- 
connus, et toutefois très connus; 

9. Gomme mourants, et voici 
que nous vivons ; comme chátiés, 
mais non mis à mort ; 

10. Gomme tristes, mais tou- 
jours dans la joie; comme pau- 
vres, mais enrichissant beaucoup 
d'autres; comme n'ayant rien, et 
possédant tout. 

11. Pour vous, ὃ Corinthiens, 
notre bouche est ouverte, notre 
cœur s'est dilaté. 

19. Nous ne nous resserrons 
point pour vous, mais vous, vous 
resserrez vos entrailles. 

13. Rendant donc selon que 
vous recevez (je vous parle com- 
me à mes enfants), dilatez-vous 
aussi. 

14. Ne trainez point le méme 
joug que les infideles. Car quoi 
de commun entre la justice etl'i- 
niquité ? ou quelle alliance entre 
la lumiere et les ténèbres? 

15. Quel accord entre le Christ 
et Bélial? ou quel commerce 
entre le fidèle et l’infidèle? 

16. Quel rapport entre le tem- 
ple de Dieu et les idoles? Car 


DEUXIÈME ÉPITRE DE 5. PAUL AUX CORINTHIENS. 


2167 
vous étes le temple du Dieu 
vivant, comme Dieu le dit : J'ha- 
biterai en eux,et je marcherai 
au milieu d'eux, et je serai leur 
Dieu, et ils seront mon peuple. 

11. C'est. pourquoi sortez d'au 
milieu d'eux, et séparez-vous, 
dit le Seigneur, et ne touchez 
point à ce qui estimpur; 

18. Et je vous recevrai, et je 
serai votre pere, 66 vous serez 
mes fils et mes filles, dit le Sei- 
gneur tout-puissant. 


CHAPITRE VII. 


Saint Paul témoigne aux Corinthiens 
l'affection qu'il a pour eux. Consolation 
qu'il ἃ recue de leur part. Double tris- 
tesse : heureux effets de celle dont ils 
ont été touchés. Il les remercie de la 
bonne réception qu'ils ont faite à Tite, 


1. Ayant done ces promesses, 
purifions-nous, mes bien-aimés, 
de toute souillure de la chair et 
de l'esprit, et achevons notre 
sanclification dans la crainte de 
Dieu. 

2. Donnez-nous place. Nous 
n'avons lése personne, corrompu 
personne, fraudé personne. 

9. Ce n'est pas pour vous con- 
damner que je vous parle ainsi; 
car je vous ai déjà dit que vous 
êtes dans nos cœurs à la mort 
et àla vie. 

4.J'use d'une grande liberté 


16. I Cor., ur, 16, 17; vr, 19; Lév., xxvi, 12. — 17. Isaie, uit, 11, — 18. Jérém., 


xxxi, 9. 


15. Bélial ; c'est-à-dire le démon qui est devenu le prince de tous les méchants, que 
l'Ecriture appelle pour cette raison fils de Bélial, parce qu'ils sont regardés comme 
ayant 16 diable pour père. Jean, vin, 44. Selon l'étymologie, Bélial signifie sans utilité, 
vaurien. 

2. Donnez-nous place; c'est-à-dire, ou recevez-nous, accueillez-nous, ou comprenez, 
saisissez-nous, ou donnez place dans vos esprits à nos avertissements. Compar. 


Matt., xix, 11. Le grec et la Vulgate sont également susceptibles de ces diverses in- 
terprétations. 


2105 
envers vous; je me glorifie beau- 
coup de vous; je suis rempli de 
consolation, je surabonde de joie 
dans toutes nos tribulations. 

9. Car, lorsque nous sommes 
venus en Macédoine, notre chair 
n'a eu aucun repos, mais nous 
avons souffert toute sorte d'af- 
flictions : au dehors, combats ; 
au dedans, frayeurs. 

6. Mais celui qui console les 
humbles, Dieu, nous à consolés 
par l'arrivée de Tite; 

7. Non-seulement par son arri- 
vée, mais encore par la consola- 
tion qu'il a reçue de vous; nous 
ayant raconté votre désir, vos 
pleurs, votre zèle pour moi, de 
sorte que ma joie en a été plus 
grande. 

8. Car quoique je vous aie con- 
tristés par ma lettre, je ne m'en 
repens point; et si je m'en suis 
repenti, en voyant que cette 
lettre vous avait (bien que pour 
peu de temps) causé de la tris- 
tesse, 

9. Maintenant je me réjouis, 
non de ce que vous avez été con- 
tristés, mais de ce que vous avez 
été contristés de maniere à faire 
pénitence; car vous avez été con- 
tristés selon Dieu, de sorte que 
vous n'avez recu de nous aucun 
dommage. 

10. Car la tristesse qui est selon 
Dieu produit pour le salut une 
pénitence stable; mais la tristese 
du siecle produit la mort. 


Cuae. VII. 10. I Pierre, τι, 19. 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[cu. vir.] 


11. Voyez, en effet, combien 
cette tristesse selon Dieu que 
vous avez ressentie a produit en 
vous non-seulement de vigilance, 
mais de soin de vous justifier, 
mais d'indignation, mais de 
crainte, mais de désir, mais de 
zele, mais de vengeance ; de toute 
maniere, vous avez montré que 
vous étiez purs dans cette affaire. 

12. Si donc je vous ai écrit, ce 
n'était, ni à cause de celui qui a 
commis linjure, ni à cause de 
celui qui l'a soufferte, mais pour 
vous faire connaitre la sollieitude 
que nous avons pour vous 

13. Devant Dieu; c'est pour- 
quoi nous avons été consolés. Or 
dans notre consolation, notre joie 
s'est accrue de celle de Tite, parce 
que vous avez tous contribué au 
repos de son esprit. 

14. Et si je me suis glorifié de 
vous aupres de lui, je n'ai pas eu 
à en rougir; mais comme nous 
vous avions dit toutes choses se- 
lon la vérité, aussi le témoignage 
elorieux que nous avions rendu 
à Tite a été justifié. 

15. C'est pourquoi, dans le fond 
de ses entrailles, il redouble d'af- 
fection pour vous, lorsqu'il se 
ressouvient de lobéissance de 
vous tous, et avec quelle crainte 
et quel tremblement vous l'avez 
recu. 

16. Je me réjouis done de ce 
qu'en toutes choses je puis me 
fier à vous. 


5. * En Macédoine. Voir Actes, xvi, 9. 


6. * Par l’arrivée de Tite. Noir plus haut, u, 13. 
11. Vengeance; c'est-à-dire ardeur à venger le crime de l'incestueux: 


[.זזוץ .זוס] 


CHAPITRE VIII. 


. Aumónes abondantes des Eglises de Ma- 


cédoine pour les saints de Jérusalem. 
Saint Paul exhorte les Corinthiens à 
imiter la charité de ces Eglises. Il rend 
témoignage à leur bonne volonté. Il 
leur recommande ceux qu'il envoie 
pour reeueillir leurs aumónes. 


1. Nous vous faisons connaitre, 
mes freres, la gráce de Dieu, qui 
a été accordée aux Eglises de Ma- 
cédoine : 

2. C'est que dans les épreuves 
nombreuses de la tribulation, ils 
en ont eu une joie abondante, et 
que leur pauvreté extréme a ré- 
pandu avec abondance les ri- 
chesses de leur charité sincère. 

3. Car je leur rends ce témoi- 
enage qu'ils ont donné de leur 
propre mouvement autant qu'ils 
pouvaient, et méme plus qu'ils 
ne pouvaient, 

4. Nous conjurant avec beau- 
coup d'instances d'accepter leurs 
aumónes, et leur part à la dis- 
pensation qui se fait pour les 
saints. 

5. Et surpassant notre espé- 
rance, ils se sont donnés eux- 
mémes, premierement à Dieu, 
ensuile à nous par la volonté de 
Dieu; 

6. En sorte que nous avons 
prié Tite que, selon qu'il a déjà 
commencé, il achéve parmi nous 
celte bonne œuvre, 

7. Et que comme vous abondez 


; en toutes choses, en foi, en pa- 


role, en science, en toute sollici- 


DEUXIÈME EPITRE DE S. 


PAUL AUX CORINTHIENS. 2769 


tude, et de plus en affection pour 
nous, vous abondiez aussi en 
cette sorte de grâce. 

8. Ce que je ne dis pas comme 
faisant un commandement, mais 
pour que, voyantl'empressement 
des autres, vous fassiez preuve 
de la sincérité de votre cha- 
rité. 

9. Car vous connaissez la bonté 
de Notre Seigneur Jésus-Christ, 
qui s'est fait pauvre pour vous, 
bien qu'il füt riche, afin que par 
sa pauvreté vous fussiez riches. 

10. C'est donc un conseil que je 
vous donne ici, parce que cela 
vous est d'autant plus ulile, que 
non-seulement vous avez com- 
mencé à faire cette charité, mais 
que vous en avez conçu le dessein 
dès l’année précédente. 

41. Maintenant donc, achevez 
votre œuvre, afin que, comme 
votre cœur a été si prompt à la 
vouloir, il le soit aussi à l'accom- 
plir d'après ce que vous possé- 
dez. 

12. Car lorsque la volonté est 
prompte, elle est agréée, selon 
que chacun possede, non selon 
ce qu'il ne possede pas. 

13. Ainsi, qu'il n’y ait pas pour 
les autres soulagement, et pour 
vous surcharge, mais égalité. 

14. Que pour le moment pré- 
sent votre abondance supplée à 
leur indigence, afin que leur 
abondance supplée aussi à votre 
indigence, de sorte qu'il y ait 
égalité, comme il est écrit : 


4. Le latin communicalio désigne en général tout travail fait pour aider, office, 
charge quelconque; mais ici il signifie évidemment dispensulion, distribulion, puis- 
qu'il s'agit de l'envoi des aumónes à Jérusalem. 

6. Cette bonne œuvre; littér., celte grâce. Il s’agit toujours d'aumónes. Compar. 


L'Cor., xvi, 1. 


N. T. 


174 


911) 
45. Celui qui recueillit beau- 

coup n'eut pas plus, et celui qui 

recueillit peu n'eut pas moins. 

16. Grâces à Dieu qui a mis la 
méme sollicitude pour vous dans 
le cœur de Tite! 

17. Car non-seulement il a bien 
reçu ma prière, mais, comme il 
était fort empressé, il est parti 
de son propre mouvement pour 
aller vers vous. 

18. Nous avons aussi envoyé 
avec lui un de nos freres dont on 
fait l'éloge, à cause de l'Evangile, 
dans toutes les Eglises, 

19. Et qui, de plus, a été dési- 
gné par les Eglises comme com- 
pagnon de notre voyage pour 
cette aumóne dont nous sommes 
les dispensateurs pour la gloire 
de Dieu, et pour seconder notre 
bonne volonté. 

20. Evitant ainsi que personne 
ne nous blàme au sujet de cette 
grande abondance de dons que 
nous dispensons. 

91. Car nous tàchons de faire 
le bien, non-seulement devant 
Dieu, mais devant les hommes. 

22. Nous avons encore envoyé 
avec eux un de nos frères, qu'en 
beaucoup d'occasions nous avons 
reconnu étre tres zélé, et qui 
l'est encore bien plus mainte- 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[CH 1Χ.7 


nant par sa grande confiance en 
vous, 

23. Soit à l'égard de Tite, qui 
est mon compagnon et mon coo- 
pérateur auprès de vous; soit à 
l'égard de nos frères, apôtres des 
Eglises et gloire du Christ. 

24. Montrez done bien à la face 
des Eglises quelle est votre cha- 
rité envers eux, et le sujet de 
notre gloire par rapport à vous. 


CHAPITRE IX. 


Saint Paul exhorte les Corinthiens à pré- 
parer leurs aumónes. Donner libérale- 
ment et avec joie. Qui séme peu mois- 
sonnera peu. Avantages de l'aumóne. 


1. Quant à la dispensation qui 
se prépare pour les saints, il se- 
rait superflu de vous en écrire, 

2. Car je connais votre bon 
vouloir, pour lequel je me glorifie 
de vous pres des Macédoniens ; 
parce que l'Achaie s'est préparée 
des l'année passée, et que votre 
zèle a provoqué celui du plus 
grand nombre. 

3. Aussi ai-je envoyé nos frè- 
res, afin que ce ne soit pas en 
vain que je me sois glorifié de 
vous sur ce point, et que (comme 
je l'ai dit) vous soyez tout préts ; 

4. De peur que si les Macédo- 
niens qui viennent avec moi, ne 


Cnar. VIII. 15. Exode, xvr, 18. — 21. Rom., xr, 17. 


15. Celui qui recueillit, etc. 11 s'agit dela manne que les Israélites recueillirent dans 


le désert. 


18. A cause de l'Evangile; c'est-à-dire à cause de la prédication de l'Evangile qu'il 
avait faite, — * Beaucoup croient que celui dont parle ici S. Paul est Silas. Voir 


Actes, xv, 92. : 


19. Cette aumóne; littér., cette gráce. Compar. vers. 6. 

22. * Un de nos fréres. On ignore qui c'était. 

93. Apôtres; c'est-à-dire envoyés, députés, selon l'étymologie de ce mot grec. 

4. * La dispensation, les aumónes et leur distribution. 

2, * Les Macédoniens. Au premier siècle de notre ère, la province romaine de Ma- 
cédoine comprenait l'ancienne Macédoine, la Thessalie, l'Epire et une partie de 111- 
lyrie. — L’Achaïe comprenait le reste de l'ancienne Grèce. 


|ca. x.] 


vous trouvaient pas préts, nous 
n'ayons (pour ne pas dire vous) 
à rougir à ce sujet méme. 

5. J'ai donc jugé nécessaire de 
prier nos frères de me prévenir 
pres de vous, et de faire que l'au- 
móne promise soit préparée, mais 
préparée comme une aumóne, et 
non comme un don arraché à 
l'avarice. 

6. Or je vous le dis : Qui 
sème peu moissonnera peu; et 
qui seme dans les bénédictions 
moissonnera 81188: dans les béné- 
dictions. 

7. Que chacun donne comme il 
l'a résolu en son cœur, non avec 
tristesse ou par nécessité; car 
Dieu aime celui qui donne avec 
joie. 

8. Et Dieu est puissant pour 
faire abonder toute gráce en vous; 
afin qu'en toutes choses, ayant 
toujours tout ce qui vous suffit, 
vous abondiez en toutes sortes 
de bonnes œuvres, 

9. Comme il est écrit : Il a ré- 
pandu, il a donné aux pauvres; 
sa justice demeure dans les sie- 
cles des siècles. 

10. Celui donc qui donne la 
semence au semeur lui donnera 
aussi le pain pour manger, et il 
multipliera votre semence, et 
donnera l'accroissement aux 
fruits de votre justice ; 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


2174 

11. Afin que, riches en toutes 
choses, vous abondiez en toute 
sincère générosité, laquelle opère 
par nous des actions de gráces à 
Dieu. 

12. Maisla dispensation de cette 
collecte, non-seulement supplée 
à ce qui manque aux saints, mais 
produit avec abondance un grand 
nombre d'actions de gráces en 
vers le Seigneur; 

19. Car, ayant la preuve de 
votre charité par cette dispensa- 
tion méme, ils glorifient Dieu de 
votre obéissance à l'Evangile du 
Christ que vous confessez, et de 
votre sincére générosité à faire 
part de vos biens et à eux et à 
tous les autres, 

14. Prient pour vous et vous 
désirent, à cause de l'éminente 
gráce de Dieu en vous. 

15. Gráces à Dieu de son inef- 
fable don! 


CHAPITRE X. 


Apologie de saint Paul contre les faux 
apôtres. Puissance du ministère évan- 
gélique. Vanité des faux apótres. Saint 
Paul ne s'attribue point les travaux des 
autres. Nul ne doit se glorifier qu'en 
Dieu. 


1. Et moi-même, Paul, je vous 
conjure par la mansuétude et la 
modestie du Christ, moi qui, étant 
présent, parais humble parmi 


Caar. IX. 7. Eccli., xxxv, 14. — 9. Ps. cxr, 9. 


EE 4. 


5. L'aumóne, littér., la bénédiction ; mot qui en effet se prend, dans le Nouveau 
comme dans l'Ancien Testament, pour don, largesse, libéralité. Par extension il si- 
gnifie aussi don copieuz, largesse abondante, et de là abondance, comme dans le verset 


suivant. 


9. Justice. Ce mot signifie ici, comme dans le Ps. cxi, 9, d’où cette citation est 
tirée, et dans plusieurs autres endroits de l'Ecriture, bienfaisance, libéralite, aumóne. 

12. Mais la dispensatwn. Voy. viu, 4. — De cette collecte; littér., de cet office, de ce 
devoir. ll s'agit incontestablement des aumónes qui devaient étre recueillies à Co- 
rinthe et portécs à Jérusalem. — Aux saints. Voy. Act., 1x, 13. 


: 2772 


vous, tandis qu'absent je suis 
plein de hardiesse, 

2. Je vous prie que, quand je 
serai présent, je n'aie pas à user 
sans ménagement de cette har- 
diesse qu'on m'impute, à l'égard 
de quelques-uns qui se persua- 
dent que nous marchons selon la 
chair. 

3. Car, quoique vivant dans la 
chair, nous ne combattons pas 
selon la chair. 

4. Les armes de notre milice ne 
sont point charnelles, mais puis- 
santes en Dieu pour la destruc- 
tion des remparts ; détruisant les 
projets, 

5. Et toute hauteur qui s'élève 
contre la science de Dieu ; et ré- 
.duisant en servitude toute intel- 
ligence, sous l’obéissance du 
Christ; 

6. Ayant en main de quoi punir 
toute désobéissance, quand votre 
obéissance sera complète. 

7. Jugez au moins des choses, 
selon qu’elles paraissent. Si quel- 
qu'un se persuade à lui-même être 
à Jésus Christ, qu'il pense aussi 
en lui-même que, comme il est au 
Christ, il en est ainsi de nous. 

8. En effet, quand je me glori- 
fierais encore un peu plus de la 
puissance que le Seigneur nous a 
donnée pour votre édification, et 
non pour voire destruction, je 
n'en rougirais pas. 

Cnap. X. 13. Ephés., iv, 1. 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


x.]‏ .8ס] 

9. Et pour qu'on ne pense point 
que je veux vous effrayer par 
mes lettres ; 

10. Parce que, dit-on, ces let- 
tres sont graves et fortes; mais, 
quand il est présent, il parait 
chétif de corps et vulgaire de 
langage : 

11. Que celui qui est dans ce 
sentiment considere quetels nous 
sommes dans le langage que 
nous tenons par lettres, étant 
absents, tels aussi nous sommes 
de fait, étant présents. 

19. Car nous n'osons pas nous 
mettre au rang de plusieurs qui 
se recommandent eux-mêmes, 
ou bien nous comparer à eux; 
mais nous nous mesurons sur 
nous-mêmes, et nous nous com- 
parons à nous-mêmes. 

13. Ainsi, nous ne nous glori- 
fierons point démesurément, 
mais selon la mesure du partage 
que Dieu nous a mesuré, mesure 
qui consiste à être parvenus jus- 
qu'à vous. 

14. Car nous ne dépassons pas 
nos limites, comme si nous n'é- 
tions pas parvenus jusqu'à vous, 
puisque nous sommes réellement 
arrivés jusqu'à vous en préchant 
l'Evangile du Christ. 

19. Nous ne nous glorifions 
done point démesürément dans 
les travaux d'autrui; mais nous 
espérons, votre foi croissant, de 


2. Que nous marchons; c'est-à-dire que nous nous conduisons, nous vivons. 


4. Les armes de la milice des apôtres étaient la connaissance que Dieu leur donnait 
des vérités de l'Evangile, l'autorité spirituelle dont il les avait revétus, et le don des 
miracles. 

13. Le mot grec rendu dans la Vugate par règle, signifie aussi espace, lieu mesuré; 
de là, portion, partage. Saint Paul veut dire qu'il ne se vantera pas d'avoir parcouru 
le monde entier pour y précher l'Evangile, d'avoir converti des millions d'hommes, etc., 
mais qu'il se glorilie de sa mission, qui s'est étendue seulement jusqu'à Corinthe. 


[ση. x1.] 
grandir en vous de plus en plus 
selon notre partage, 

16. Et méme d'évangéliser au- 
delà de vous, sans nous faire 
gloire, dans le partage des au- 
tres, de ce qu'ils ont préparé. 

11. Que celui qui se glorifie, se 
glorifie dans le Seigneur. 

18. Car ce n'est pas celui qui 
se recommande lui-méme qui est 
approuvé, mais celui que Dieu 
recommande. 


CHAPITRE XI. 


Saint Paul est obligé de se louer pour 
confondre ses calomniateurs. Son zèle 
pour les Corinthiens. Pourquoi il veut 
exercer gratuitement son ministère à 
leur égard. Faux apótres. Saint Paul 
se glorifie dans ses souffrances. 


1. Plüt à Dieu que vous sup- 
portiez quelque peu de mon im- 
prudence! mais supportez-moi; 

2. Car je suis jaloux de vous 
d'une jalousie de Dieu. En effet, 
jevous ai fiancés à un époux 
unique, au Christ, pour vous 
présenterà lui comme une vierge 
pure. 

3. Mais je crains que comme le 
serpent séduisit Eve par son as- 
tuce, ainsi vos esprits ne se cor- 
rompent et ne dégénèrent de la 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


2718 
simplicité qui est dans 16 Christ. 

4. Car si celui qui vient vous 
préchait un autre Christ que celui 
que nous avons préché, ou si 
vous receviez un autre Esprit que 
celui que vous avez recu, ou un 
autre Evangile que celui que vous 
avez accepté, vous le souffririez 
avec raison. 

9. Mais j'estime que je n'airien 
fait de moins que les grands 
apótres. 

6. A la vérité, je suis inhabile 
pour la parole, mais non pour la 
science; puisque en toutes choses 
nous nous sommes entièrement 
fait connaître à vous. 

1. Est-ce que j'ai fait une faute 
en m'humiliant pour vous élever? 
en vous annoncant gratuitement 
l'Evangile de Dieu? 

8. J'ai dépouillé les autres 
Eglises en en recevant ma subsis- 
tance pour vous servir. 

9. Et quand j'étais pres de 
vous, et que je me trouvais 
dans le besoin, je n'ai été oné- 
reux à personne; car ce qui me 
manquait, nos fréres venus de 
Macédoine l'ont fourni; ainsi en 
toutes choses, j'ai pris et je pren- 
drai soin de n'étre pas à charge. 

40. La vérité du Christ est en 


17. Jérém., 1x, 23; I Cor., 1, 31. — Cnar. XI. 3. Genèse, ur, 4. 


2. D'une jalousie de Dieu; c'est-à-dire de la jalousie la plus forte, la plus véhémente. 
On sait que les Hébreux employaient le nom de Dieu pour exprimer le superlatif à 
son plus haut degré. D'autres traduisent: Par zèle pour Dieu; c'est-à-dire que la 
jalousie que je vous porte est uniquement pour Dieu. 

3. * Le serpent. Le démon sous la forme du serpent. 

4. Vous le souffririez avec raison; c'est-à-dire vous auriez raison de l'écouter, s'il 
venait vous annoncer un Messie que nous eussions dü vous annoncer nous-mémes, 
et que nous ne vous avons réellement pas annoncé, ou s'il vous donnait un autre 
Esprit-Saint supérieur à celui que vous avez recu par notre ministère, ou enfin s'il 
vous enseignait un meilleur Evangile que celui que nous vous avons prêché. 


9. * De Macédoine. Voir Actes, xvi, 9. 


10. Est en moi; c'est-à-dire m'est témoin. — * Dans les contrées de lAchaie, de 


l'ancienne Gréce, sauf la Thessalie. 


aii 
moi, que cette gloire ne me sera 
pas ravie dans les contrées de 
l'Achaie. 

11. Pourquoi? Parce que je ne 
vous aime pas? Dieu le sait. 

12. Mais je fais cela et je le ferai 
encore pour ôter l'occasion à 
ceux qui cherchent une occasion 
de paraitre semblables à nous, ce 
dont ils se glorifient. 

13. Car cette sorte de faux apó- 
tres sont des ouvriers trompeurs 
qui se transforment en apótres 
du Christ. 

14. Et cela n'est pas éton- 
nant, puisque Satan lui-méme 
se transforme en ange de lu- 
miere. 

15.Il n'est donc pas étrange 
que ses ministres se transfor- 
ment en ministres de justice; 
leur fin sera selon leurs œu- 
vres. 

16. Je le répète (que nul ne me 
juge faible de sens, ou du moins 
souffrez-moi comme peu sensé; 
desorte que moi aussi je puisse 
me glorifier un peu), 

41. Ce que je dis sur ce sujet 
de ma gloire, je ne le dis pas se- 
lon Dieu, mais comme homme de 
peu de sens. 

18. Puisque beaucoup se glori- 
fient selon la chair, moi aussi je 
me glorifierai. 

19. Car vous supportez volon- 
tiers les insensés, étant sages 
vous-mémes. 


DEUXIEME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[cu. xr.] 


20. Vous souffrez méme qu'on 
vous asservisse, qu'on vous dévo- 
re, qu'on prenne votre bien, 
qu'on vous traite avec hauteur, 
qu'on vous déchire le visage. 

21. Je le dis avec honte, com- 
me si nous avions été faibles sur 
sur ce point. Au reste, ce que 
quelqu'un ose (je parle peu sage- 
gement) je peux l'eser moi- 
méme. 

22. Ils sont Hébreux, et moi 
aussi; Israélites, et moi aussi; 
de la race d'Abraham, et moi 
aussi ; 

23. Ils sont ministres du Christ 
(je parle bien peu en sage), je le 
suis plus qu'eux, ayant enduré 
plus de travaux, plus de prisons, 
uue infinité de coups, et ayant 
été fréquemment exposé à divers 
genres de mort. 

24. Cinq fois j'ai recu des Juifs 
quarante coups de fouet, moins 
un; 

25. J'ai été trois fois déchiré de 
verges; j'ai été lapidé une fois; 
trois fois j'ai fait naufrage; j'ai 
été un jour et une nuit au pro- 
fond de la mer; 

26. Et souvent dans des voya- 
ges, dans des périls sur des fleu- 
ves, périls de voleurs, périls du 
cóté de ceux de ma race, périls 
du cóté des gentils, périls dans 
des villes, périls dans des dé-' 
serts, périls sur mer, périls par- 
mi de faux frères; 


24. Deut., xxv, 3. — 25. Actes, xvi, 22; xiv, 18; xxvi, 41. 
m — —— I NE 


19. Je fais cela, je vous préche gratuitement. Voy. vers. 10. j 

21. L'apótre ne regarde pas précisément comme une honte pour lui de n'avoir pas 
maltraité les Corinthiens, comme l'avaient fait les faux apôtres, mais, par une pi- 
quante ironie, il montre qu'il n'est inférieur à ces faux apôtres qu'en une seule chose, 


dans le mal qu'ils ont opéré. 


24. Comme la loi défendait de passer le nombre de quarante coups, les Juifs, pour 
ne pas se méprendre, l'avaient fixé à trente-neuf. 


[ἀπὸ xu.] 


97. Dans le travailet les soucis, 
dans des veilles nombreuses, 
dans la faim et la soif, dans des 
jeünes fréquents, dans le froid et 
la nudité. 

98. Et outre ces choses, qui sont 
du dehors, tout ce qui m'assaillit 
chaque jour, la sollicitude de 
toutes les Eglises. 

29. Qui est faible, sans que je 
sois faible? Qui est scandalisé, 
sans que je brüle? 

30. S'il faut se glorifier, c'est de 
ce qui regarde ma faiblesse que 
je me glorifierai. 

31. Le Dieu et Père de Notre 
Seigneur Jésus-Christ, qui est 
béni dans tous les siècles, sait 
que je ne mens pas. | 

32. À Damas, le gouverneur du 


pays, établi par le roi Arétas, fai- 


sait garder la ville des Damascé- 
niens pour me prendre, 

33. Et l'on me descendit par 
une fenétre dans une corbeille, 
le long du mur; et c'est ainsi que 
j échappai de ses mains. 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S, PAUL AUX CORINTHIÉNS. 


2775 


CHAPITRE XII 


Sentiment de saint Paul. Dieu l’humilie 
de peur qu'il ne s'éléve. Plus il est 
faible, plus il est fort. Son désintéres- 
sement et celui de ses disciples. Son 
zèle pour les Corinthiens. 


4. S'il faut se glorifier (cela ne 
convient pas sans doute), je vien- 
drai aux visions et aux révéla- 
tions du Seigneur. 

2. Je sais un homme en Jésus- 
Christ, qui, il y ἃ quatorze ans, 
fut ravi (si ce fut dans son corps 
ou hors de son corps, je ne sais, 
Dieu le sait) jusqu'au troisième 
ciel, 

ὃ. Et je sais que cet homme 
(si ce fut dans son corps ou hors 
de son corps, je ne sais, Dieu le 
sait) 

4. Fut ravi dans le paradis, et 
entendit des paroles mystérieuses 
qu'il n'est pas permisà unhomme 
de dire. 

5. Je me glorifierai au sujet 
d'un tel homme; mais pour moi, 


32. Actes, 1x, 24. — Cnar. XII. 2. Actes, 1x, 3. 


30. Ma faiblesse; c'est-à-dire ce qui parait faible, bas, méprisable en moi. Compar. 


xin 5. 9, 40. 


32. * A Damas. Voir Actes, 1x, 2. — Arétas. Ce nom a été porté par plusieurs rois 
de l'Arabie Pétrée. Celui dont il est question ici est vraisemblablement Arélas Ænéas, 
qui monta sur le tróne l'an 7 avant notre ére. Il donna sa fille en mariage à Hérode 
Antipas, le meurtrier de ₪. Jean-Baptiste. Antipas ayant répudié cette princesse 
pour complaire 8 Hérodiade (voir Matt., xiv, 3), Arétas lui fit la guerre et lui infligea 
une défaite sanglante. Lorsque S. Paul se convertit à Damas, Arétas était maitre de 
cette ville et la faisait administrer par un gouverneur. On ne sait si elle était tombée 
en son pouvoir lorsqu'il avait fait la guerre à Hérode ou si elle lui avait été donnée 


par les Romains. 


2. Quoique l'àme exerce ordinairement ses opérations par le moyen du corps, il 
est hors de doute cependant que Dieu puisse faire que l'àme restant unie au corps 
ait néanmoins un exercice indépendant de lui. — Le íroisiéme ciel est apparemment 
ce que l'apótre désigne au vers. 4 par le mot paradis, ou le séjour des bienheureux. + 
Quant à la dénomination de froisième ciel, ce n'est point une réverie des rabbins, 
comme on l'a prétendu; elle trouve sa justification dans ces paroles du Sauveur : 
Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. Le bonheur dans le ciel 
est proportionné aux mérites des saints. Dieu ἃ donc pu faire connaitre à l'apótre 


celui qu'il réserve au plus grand mérite. 


2116 
je ne me glorifierai que dans mes 
faiblesses; 


6. Que si je voulais me glorifier, | 


je ne serais pas insensé, car je 
dirais la vérité; mais je m'abs- 
tiens, de peur que quelqu'un ne 
m'estime au-dessus de ce qu'il 
voit en moi, ou de ce qu'il entend 
dire de moi. 

7. Et de peur que la grandeur 
des révélations ne m'éleéve, il m'a 
été donné un aiguillon dans ma 
chair, un ange de Satan pour me 
donner des soufflets. 

8. C'est pourquoi j'ai prié trois 
fois le Seigneur qu'il se retirát de 
moi; 

9. Et il m'a dit : Ma grâce te 
suffit, car ma puissance se fait 
mieux sentir dans la faiblesse. 
C'est donc bien volontiers que je 
me glorifierai encore plus dans 
mes faiblesses, afin que la puis- 
sance du Christ habite en moi. 

10. C'est pourquoi je me com- 
plais dans mes faiblesses, dans 
les outrages, dans les nécessités, 
dans les persécutions, dans les 
angoisses pourle Christ, puisque, 
quand je suis faible, c'est alors 
que je suis fort. 

41. J'ai été peu sage, c'est vous 
qui m'y avez contraint; car vous 
deviez merecommander, puisque 
je n'ai été en rien inférieur aux 
plus éminents des apótres, quoi- 
que je ne sois rien. 

19. En effet, les marques de 
mon apostolat ont été empreintes 
sur vous par une patience à l'é- 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[cH. xm.) 
preuve de tout, par des miracles, 
des prodiges et des vertus. 

13. Car en quoi avez-vous été 
inférieurs aux autres Eglises, si- 
non en ce que je ne vous ai point 
étéàcharge?Pardonnez-moi cette 
injure. 

14. Voici qu'une troisieme fois 
je suis prêt à venir vers vous, et 
je ne vous serai pas à charge; 
car je ne cherche point ce qui est 
à vous, mais vous; puisque les 
enfants ne doivent point thésau- 
riser pour les pères, mais les 
peres pour les enfants. 

15. Pour moi, je sacrifierai tout 
volontiers, et je me sacrifierai 
encore moi-même pour vos âmes, 
quoique, tout en vous aimant 
plus, je sois moins aimé. 

16. Eh bien, soit! Je ne vous ai 
point été à charge; mais, comme 
je suis artificieux, je vous ai pris 
par ruse. 

47. Vous ai-je circonvenus par 
quelqu'un de ceux que je vous ai 
envoyés? 

18. J'ai prié Tite, et j'ai envoyé 
avec lui un de nos frères. Tite 
vous a-t-il circonvenus? N'avons- 
nous point marché par un méme 
esprit? sur les mémes traces? 

19. Pensez-vous encore que 
nous nous excusions près de 
vous? Nous parlons devant Dieu, 
en Jésus-Christ; mais tout, mes 
bien-aimés, est pour votre édifi- 
cation. 

20. Car je crains qu'à mon arri- 
vée, je ne vous trouve pas tels 


9. Ma puissance. Le mot ma, qu'on lit dans le grec, est nécessaire à la liaison des 


idées. 


18. J'ai prié Tite et j'ai envoyé, etc., pour: J'ai prié Tite d'aller vers vous, et j'ai 
envoyé, etc.; genre d'ellipse qui n'est pas seulement propre au style biblique, mais 


qu'on retrouve dans toutes les langues. 


[cu. xir] 


que je voudrais, et que vous ne 
me trouviez pas non plus tel 
que vous voudriez; qu'il n'y ait 
parmi vous des contestations, 
des jalousies, des animosités, 
des dissensions, des médisances, 
des délations, de l'oreueil, des 
troubles; 

91. Que, venant de nouveau, 
Dieu ne m'humilie parmi vous, 
et que je n'aie à pleurer beau- 
coup de ceux qui, ayant déjà pé- 
ché, n'ont point fait pénitence 
des impuretés, des fornications 
et des impudicités qu'ils ont com- 
mises. 


CHAPITRE XIII. 


Saint Paul menace de punir avec sévé- 
rité ceux qui n'auront point fait péni- 
tence de leurs péchés. Il souhaite de 
n'étre pas obligé d'user de sa puissance. 
Salutations. 


1. Voilà que pour la troisieme 
fois je viens vers vous; sur le 
témoignage de deux ou trois té- 
moins tout sera jugé. 

2. Je l’ai déjà dit, et je le dis 
encore, absent, comme si j'étais 
présent, que si je reviens, je 
n'aurai aucune indulgence pour 
ceux qui ont péché auparavant, 
ni pour tous les autres. 

3. Est-ce que vous voulez éprou- 
ver celui qui parle en moi, le 
Christ, qui n'est pas affaibli, mais 
qui est puissant parmi vous? 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX CORINTHIENS, 


2771 

4. Car, quoiqu'il ait été cruci- 
fié selon la faiblesse, il vit cepen- 
dant par la puissance de Dieu. 
Nous aussi nous sommes faibles 
en lui; mais nous vivrons avec 
lui, par la vertu de Dieu parmi 
vous. 

5. Examinez-vous vous-mémes, 
si vous étes dans la foi : éprou- 
vez-vous vous-mémes. Ne con- 
naissez-vous pas vous-mémes 
que le Christ est en vous? à 
moins que vous ne soyez dignes 
d'étre rejetés. 

6. Mais j'espere que vous con- 
naîtrez que pour nous, nous ne 
sommes pas dignes d'étre reje- 
tés. 

7. Nous prions Dieu que vous 
ne fassiez rien de mal, non pas 
pour que nous paraissions nous- 
mêmes approuvés, mais que 
vous fassiez, vous, ce qui est bon, 
et que nous, nous passions pour 
dignes d’être rejetés. 

8. Car nous ne pouvons rien 
contre la vérité, mais pour la 
vérité, 

9. Aussi nous nous réjouissons 
de ce que nous sommes faibles 
et dece que vous, vous étes forts. 
Et ce que nous demandons, c'est 
votre perfection. 

10. C'est pourquoi je vous écris 
ceci, absent, afin que présent, je 
n'agisse pas plus sévèrement, 


selon la puissance que le Seigneur? 


Cxap. XIII. 1. Deut., xix, 15; Matt., מזנטא‎ 16; Jean, vr, 17; Hébr., x, 28. 


9. Eprouver le Christ; c'est-à-dire la puissance du Christ. 
4. Selon la faiblesse dela chair dont il était revêtu. — Par la vertu de Dieu qui se 
manifestera parmi vous ou contre vous, ce que semble favoriser le texte grec, et le 


sens du vers. 10. 


3-1. Dignes d’être rejetés, comme des hommes qui ne sont pas purs, sincères. C'est 
le sens de la Vulgate aussi bien que du texte grec; et le mot approuvé exprime l'idée 


contraire. 


| 


\ 
\ 


2718 
m'a donnée pour l'édification et 
non pour la destruction. 

11. Du reste, mes frères, ré- 
jouissez-vous, soyez parfaits, 
exhortez-vous les uns les autres, 
n'ayez qu'un sentiment, conser- 
vez la paix, etle Dieu de paix et 
de dilection sera avec vous. 


DEUXIÈME ÉPITRE DE 5. PAUL AUX CORINTHIENS. 


[cH. xur.] 


49. Saluez-vous les uns les au- 
tres par un saint baiser. Tous les 
saints vous saluent. 

13. Que la gráce du Seigneur 
Jésus-Christ, etla charité de Dieu, 
et la communication du Saint- 
Esprit soient avec vous tous. 
Amen. 


ב 


EPITRE DE SAINT PAUL 


AUX GALATES 


— 52-0 0:9 €:0 0-0 


INTRODUCTION 


La Galatie était la Gaule de l'Orient. Des Gaulois, ayant quitté leur pays trois 
siécles avant Jésus-Christ, passérent d'abord dans le nord de la Gréce, puis, 
bientôt aprés, allérent s’élablir en Asie, et se fixèrent aux environs d'Ancyre, 
oü on leur donna le nom de Galates. Assez restreint d'abord, leur territoire 
s'agrandit peu à peu. Au temps de S. Paul la Galatie était une province ro- 
maine, qui occupait le centre de l'Asie Mineure. L'Apótre y était venu deux 
fois, d’abord au commencement de sa seconde mission apostolique, pour y 
précher l'Evangile et y établir la foi, ensuite au début de latroisiéme, pour com- 
pléter et perfectionner son œuvre. C'est peu de temps après, vers 57, pendant 
son dernier séjour à Corinthe, qu'il écrivit cette Lettre. Elle se rattache ainsi 
par sa date à son troisième voyage, aussi bien que l'Epitre aux Romains et 
les Epitres aux Corinthiens, avec lesquelles elle a des rapports visibles. Celles-ci 
la précédérent; et celle-là parait l'avoir suivie d'assez prés. 

Les Galates étaient intelligents, d'une grande franchise, mais d'une mobilité 
d'esprit et d'une impétuosité de caractére qui les exposaient à des démarches 
irréfléchies et à des déceptions. On venait de faire à l'Apótre un rapport trés 
inquiétant à leur sujet. On lui apprenait que depuis son passage, des Docteurs 
judaisants étaient venus de Jérusalem, et avaient pris sa place en Galatie; que, 
sous prétexte de compléter son œuvre, ils alléraient son enseignement et im- 
posaient à ses disciples de nouvelles pratiques, empruntées au rituel judaique. 
Peut-étre étaient-ce les mémes qui avaient déjà soulevé les esprits contre lui à 
Antioche. Au moins préchaient-ils, aussi hautement qu'on avait jamais fait, 
la nécessité des œuvres légales et de la circoncision pour les Gentils comme 
pour les Juifs. > C'est là, disaient-ils, ce qui s'enseigne et ce qui se pratique à 
Jérusalem, dans l'Eglise-mére, sous les yeux et par les soins des principaux 
Apótres. Sans ces observances, on ne fait pas partie du peuple de Dieu et l'on 
ne peut avoir part aux biens promis à Abraham. » 

Les Galates avaient d'abord opposé à cette prédication l'autorité de celui qui 
leur avait apporté l'Evangile; mais ces nouveaux venus la récusaient, ou du 
moins ils disaient qu'elle était loin d'égaler celle des Apótres de Judée avec 
lesquels ils étaient en relations, celle de Pierre, de Jacques et de Jean, que le 


9720 ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES. 


Seigneur avait instruits en personne et à qui il avait révélé tous ses mystères. 
Ils affirmaient que saint Paul lui-méme avait reconnu la supériorité de leurs 
lumières et de leur pouvoir, el qu'en leur présence, à Jérusalem, il avait dû 
renoncer à ses principes et se déclarer pour la circoncision. Ebranlés par ces 
raisons ou séduits par ces artifices, un certain nombre de fidéles semblaient 
disposés à joindre l'observation des lois de Moise à la profession de la religion 
chrétienne. 

A celle nouvelle, l'Apótre prend la plume pour revendiquer son autorité et 
rétablir la vraie doctrine; et il écrit, comme d'un seul trait, cette lettre où son 
caractère se peint avec tant de vivacité, et où respire toute l'ardeur, toute la 
sollicitude, toute la tendresse de son zéle. Il traite ces prédicants, non comme 
des hommes de bonne foi involontairement égarés, mais comme des séducteurs, 
des docteurs de mensonge, qui ne cherchent qu'à surprendre et à asservir les 
ámes crédules. Pour les fidéles, il les rappelle à lui, les reprend et les encourage 
tour à tour. Nulle part il n'est plus concis dans ses raisonnements, plus sévère 
dans ses reproches, plus affectueux dans ses exhortations. 

On distingue trois parties en cette Epitre : — 1? La premiére est apologétique, 
1, 11-11, 16. L'Apótre établit la réalité de son apostolat et la conformité de sa 
doctrine avec celle de ses collègues. — 2° La seconde est dogmatique, 11, 17-v, 
13. Il montre que la justification est attachée à la foi en Jésus-Christ, non à la 
loi de Moise, dont l'observance est superflue et méme nuisible ou dangereuse. 
— 3? La troisième est morale, v, 14-v1 : elle a pour objet de corriger quelques 
abus et d'affermir les esprits dans la foi. (L. BAcuEz.) 


EPITRE 


DE SAINT PAUL 


AUX GALATES 


CHAPITRE PREMIER. 


Saint Paul salue les Galates. 1] leur re- 
proche de s'écarter de l'Evangile qu'il 
leur a annoncé. Il relève sa mission. Il 
rappelle ce qu'il a fait avant et aprés sa 
conversion. 


1. Paul, apótre, non par des 
hommes, ni par un homme, mais 
par Jésus-Christ et Dieu le Père, 
qui la ressuscité d'entre les 
morts, 

2. Et tous les freres qui sont 
avec moi, aux Eglises de Gala- 
tie. 

3. Grâce à vous et paix par Dieu 
notre Pére, et par Notre Seigneur 
Jésus-Christ, 

4. Qui s'est donné lui-méme 
pour nos péchés, afin de nous 
arracher à ce siecle mauvais, se- 
lon la volonté de notre Dieu et 
Pere, 

.9. À qui est la gloire dans les 
siècles des siècles. Amen. 

6. Je m'étonne que vous ayez 
passé si vite de celui qui vous a 


appelés à la grâce du Christ, à un 
autre Evangile ; 

7. Quoiqu'il n'y en ait point 
d'autre; seulement, quelques 
personnes sèment le trouble par- 
mi vous, et veulent renverser 
l'Evangile du Christ. 

8. Mais si nous-mêmes ou un 
ange du ciel vous évangélisait 
autrement que nous vous avons 
évangélisés, qu'il soit anathème. 

9. Comme nous l'avons déjà 
dit, ainsi je le répète : Si quel- 
quun vous annonce un autre 
Evangile que celui que vous avez 
reçu, quil soit anatheme. 

10. Car est-ce des hommes ou 
de Dieu que je désire maintenant 
l'approbation?  Cherchai-je à 
plaire aux hommes? Si je plai- 
sais encore aux hommes, je ne 
serais point serviteur du Christ. 

11. Car je vous déclare, mes 
frères, que l'Evangile que je vous 
ai préché n'est point selon 
l'homme. 

12. En effet, ce n'est point d'un 


Cuap. I. 11. I Cor., xv, 1. — 12. Ephèse, 111, 8. 
oo 


6, 1. Un autre Evangile. Saint Paul a ici en vue l'Evangile que préchaient les faux 
docteurs. C'était au fond celui de Jésus-Christ, auquel ils joignaient la pratique de 
la loi de Moïse, mais cette addition suffisait, comme le dit l'apótre, pour renverser 


l'Evangile du Christ. 


2782 
homme que je l'ai reçu ni appris, 
mais c'est par la révélation de 
Jésus-Christ. 

13. Car vous avez oui dire que 
j'ai vécu autrefois dans le judais- 
me ; qu'à toute outrance j'ai per- 
sécuté l'Eglise de Dieu et l'ai ra- 
vagée, 

14. Et que je me signalais dans 
le judaisme au-dessus d'un grand 
nombre de mes contemporains 
au sein de ma nation, me mon- 
trant zélateur outre mesure des 
traditions de mes peres. 

15. Mais lorsqu'il plut à celui 
qui m'a choisi des le sein de ma 
mere, et m'a appelé par sa grâce, 

16. De me révélerson Fils, pour 
que je l'annoncasse parmi les na- 
tions ; aussitót, sans acquiescerà 
la chair et au sang, 

17. Et sans venir à Jérusalem 
prés de ceux qui étaient apótres 
avant moi, je m'en allai en Ara- 
bie, et je retournai encore à Da- 
mas. 

18. Ensuite, aprés trois ans, je 
vins à Jérusalem pour voir Pierre, 
et je demeurai avec lui quinze 
jours. 

19. Mais je ne visaucun apótre, 
si ce n'est Jacques, le frère du 
Seigneur. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES. 


(cu. πι 


90. Je vous écris ceci, voici! 
devant Dieu, je ne mens pas. 

21. Ensuite je vins dansles pays 
de Syrie et de Cilicie. 

92. Or j'étais inconnu de visage 
aux Eglises de Judée, qui étaient 
dans le Christ. 

93. Seulement elles avaient oui 
dire : Celui qui autrefois nous 
persécutait annonce maintenant 
la foi qu'il s’efforçait alors de dé- 
truire. 

24. Et elles glorifiaient Dieu à 
mon sujet. 


CHAPITRE II. 


Saint Paul confère avec les apôtres. On 
ne l'oblige point à observer la loi. Il est 
reconnu l'apótre des gentils. Il résiste 
à Céphas. Nul n'est justifié que par la 
foi en Jésus-Christ. 


1. Quatorze ans après, je mon- 
tai de nouveau à Jérusalem avec 
Barnabé, ayant pris Tite aussi 
avec moi. 

2. Or, j'y montai d'après une 
révélation ;etj'exposaiauxfidèles 
l'Evangile que [6 préche parmi 
les gentils, et en particulier à 
ceux qui paraissent étre quelque 
chose, de peur que je ne cou- 
russe, ou n'eusse couru en vain. 

3. Mais Tite, qui m'accompa- 


14. * Des traditions de mes pères. Voir Matt., xv, 2. 

17. * En Arabie. Peut-être le désert d'Arabie, dans les environs de Damas. Le nom 
d'Arabie désigne la contrée qui s'étend entre l'Egypte, la Palestine, la 571160, la 
Mésopotamie, la Babylonie, le golfe Persique et la mer Rouge. — 4 Damas. Voir 


Actes, 1x, 2. 
18. * Trois ans après sa conversion. 


19. Le frère; c'est-à-dire le cousin. Voy. Matt., xir, 46. 

90. Voici! devant Dieu, etc.; c'est-à-dire prenant Dieu à témoin que je, etc. 

21. * Syrie. Voir Matt., 1v, 24. — Cilicie. Voir Actes, v, 9 et xv, 41. 

22. Qui élaient dans le Christ; c'est-à-dire qui croyaient en Jésus-Christ, qui s'étaient 
convertis au christianisme. — * De Judée, non compris Jérusalem, capitale de la 


Judée. 


1. * Avec Barnabé. Voir Actes, 1v, 36. — Ayant pris Tite. Voir II Cor., n, 13. 
2. Qui paraissent étre quelque chose; c'est-à-dire des plus considérables, Compar. 


Act., v, 36 


ἴσα. n.] 


gnait, étant gentil, ne fut pas 
forcé de se faire circoncire; 

4. Et la considération de quel- 
ques faux freres, qui s'étaient 
furtivement introduits pour ob- 
server la liberté que nous avons 
dans le Christ Jésus, et nous ré- 
duire en servitude, 

5. Ne nous fit pas consentir, 
méme un seul instant, à nous 
soumeltre à eux, afin que la vé- 
rité del'Evangile demeurát parmi 
nous. 

6. Mais quant à ceux qui parais- 
saient étre quelque chose (quels 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES. 


2183 
ils furent autrefois, peu m'im- 
porte, Dieu ne fait point acception 
delapersonne del'homme);ceux, 
dis-je, qui paraissaient étre quel- 
que chose, ne me communi- 
querent rien. 

1. Au contraire, ayant vu que 
l'Evangile de l'incirconcision m'a- 
vait été confié, comme à Pierre 
celui de la circoncision 

8. (Car celui qui a opéré en 
Pierre pour l'apostolat de la cir- 
concision, a opéré en moi aussi 
parmi les gentils); 

9. Et ayant connu la gráce qui 


Cua». II. 6. Deut., x, 17; Job, xxxiv, 19; Sag., vi, 8; Eccli., xxxv, 15; Actes, x, 34; 
Rom., 11, 11; Ephés., vi, 9; Col., iu, 25; I Pierre, 1, 17. 


6. Rien de nouveau, rien qui füt en opposition avec ce que je leur avais exposé. 

1. Comme à la naissance de l'Eglise chrétienne, les Juifs conservaient encore une 
sorte d'horreur pour les gentils, saint Pierre et saint Paul se partagèrent le ministère 
évangélique, de manière que le premier fut chargé de précher les Juifs, et le second 
les gentils; mais cela n'empéchait pas chacun d'eux d'annoncer indistinctement 
l'Evangile aux Juifs et aux gentils, toutes les fois que l'occasion s'en présentait. 

8. Qui a opéré; c'est-à-dire qui a fait paraître sa puissance. — * L'apostolat de la 
circoncision, c'est-à-dire parmi les Juifs. 

9. Céphas est le méme que saint Pierre. Voy. Jean, r, 42. — * « Quelques auteurs 
ont prétendu que Céphas, avec lequel S. Paul eut un différend à Antioche, n'était 
pas S. Pierre; d'autres que ce dissentiment était purement fictif; mais ces sen- 
timents sont inadmissibles. Le premier d'abord. — 19 Il a la tradition contre lui. 
A la vérité, quelques docteurs ont émis un doute sur l'identité de S. Pierre et de 
Céphas; mais, comme le remarque S. Jéróme, ce n'était de leur part qu'une con- 
jecture, et ils ne la faisaient que pour montrer la faiblesse des objections qu'on pré- 
tendait tirer du conflit d'Antioche. — 29 Céphas est bien le même nom que Pierre : 
il ἃ en syriaque la même signification que Petros en grec. S. Pierre le portait en 
Judée, et c'est le premier que le Sauveur lui ait donné. S. Paul le lui donne indubita- 
blement ailleurs. — 3° 1] est évident que le personnage dont il s'agit est un person- 
nage éminent, égal, sinon supérieur à S. Paul, par conséquent apótre comme lui. 
Son exemple fait fléchir Barnabé et menace d'entrainer toute l'Eglise d'Antioche. 
S. Paul fait un acte de courage en lui adressant une représentation. D'ailleurs, quel 
moyen de le distinguer du Céphas nommé plus haut, entre S. Jacques et S. Jean, 
comme étant, aussi bien qu'eux, une colonne de l'Eglise? Le second sentiment n'est 
ni plus suivi ni plus solide. S. Jérôme, qui l'avait d'abord proposé, d'après Origène 
et S. Chrysostome, fut obligé d'y renoncer. Il est bien vrai que les mots grecs, 
rendus dans la Vulgate par in facie, pris isolément, pourraient se traduire par: 
en apparence. I] est vrai aussi qu'il est parlé de dissimulation ou de défaut 
de franchise. Cela ne suffit pas néanmoins pour justifier l'hypothése d'une scéne 
concertée entre les deux Apótres, ou d'une discussion feinte pour l'instruction de 
leurs disciples. Ni cette interprétation ni cette hypothése ne sont naturelles. On n'y 
a recouru que dans une intention apologétique, afin de couper court aux objections 
et de mettre en méme temps à couvert la conduite de S. Pierre et de S. Paul. Mais 
on ἃ pris le change, et on a substitué un tort véritable, un défaut de droiture dans 
l'un et l'autre Apótre, à une pure inadvertance ou à une erreur de procédé de la 
part de S. Pierre; car le mot de S. Paul, que Pierre était répréhensible, n'entraine 


2784 
m'a été donnée, Jacques, et Cé- 
phas, et Jean, qui paraissaient 
être les colonnes, nous donnèrent 
14 main, à moi et à Barnabé, en 
signe de communion; afin que 
nous préchassions, nous, aux 
gentils, et eux aux circoncis. 

10. Seulement, nous devions 
. nousressouvenir des pauvres : ce 
que j'ai eu aussi grand soin de 
faire. 

11. Or Céphas étant venu à An- 
tioche, je lui résistai en face, 
parce qu'il était répréhensible. 

19. Car avant que quelques- 
uns, envoyés par Jacques, fussent 
arrivés, il mangeait avec les gen- 
tils; mais quand ils furent venus, 
il se retirait et se séparait, crai- 
gnant ceux qui étaient circoncis. 

18. Et, à sa dissimulation, ac- 
quiescerent les autres Juifs; de 
sorte que Barnabé lui-même fut 
entrainé dans cette dissimula- 
tion. 

14. Mais quand je vis qu'ils ne 
marchaient pas droit selon la vé- 
rité de l'Evangile, je dis à Géphas 
devant tous : Si toi, étant Juif, tu 
vis à la maniere des gentils et 


16. Rom., זז‎ 20. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES. 


[οἱ]. [.ז1‎ 


non en Juif, comment forces-tu 
les gentils à judaiser? 

15. Nous, de naissance nous 
sommes Juifs, et non pécheurs 
d'entre les gentils. 

16. Sachant que l'homme n'est 
point justifié par les ceuvres de 
la loi, mais par la foi en Jésus- 
Christ, nous croyons nous-mémes 
au Christ Jésus pour étre justifiés 
par la foi du Christ, et non par 
les ceuvres de la loi, attendu que 
par les ceuvres de la loi ne sera 
justifiée nulle chair. 

11. Que si, cherchant à étre 
justifiés dans le Christ, nous 
sommes nous-mémes trouvés 
pécheurs, le Christ n'est-il pas 
ministre du péché? Nullement. 

18. Car si ce que j'ai détruit je 
le rétablis, je me constitue moi- 
méme prévaricateur. 

19. En effet, moi-méme par la 
loi je suis mort à la loi, afin de 
vivre pour Dieu avec le Christ : 
j'ai été cloué à la croix. 

20. Mais je vis, non plus moi, 
mais le Christ vit en moi. Car si 
je vis maintenant dans la chair, 
jy vis en la foi du Fils de Dieu, 


pas d'autre conséquence et n'a pas plus de portée. Il signifie seulement que la con- 
duite suivie par S. Pierre donnait lieu à des interprétations fácheuses, que ses égards 
pour les préjugés de ses compatriotes étaient, contre son gré, de nature à confirmer 
les Juifs dans leurs prétentions, ainsi qu'à inquiéter et à rebuter les Gentils. Rien 
n'indique qu'il οὐδ en cela blessé sa conscience le moins du monde. Dieu voulut qu'en 
cette occasion il füt averti de ce qu'il avait à faire, non par une vision comme à 
Joppé, mais par un collègue et un subordonné, afin que son humilité püt servir à 
l'édification de tous. » (L. BACUEZ.) 

11. Saint Paul avait reproché à saint Pierre de s'étre retiré de la table des gentils, 
dans la crainte de scandaliser les Juifs convertis; ce qui pouvait faire croire aux 
gentils qu'ils étaient obligés de se conformer à la manière de vivre des Juils, et 
par là méme gêner la liberté chrétienne. Mais ce reproche n'attaque nullement la 
suprématie du prince des apótres; car, dans de pareils cas, un inférieur peut et 
quelquefois doit avertir avec respect son supérieur; et, comme le remarque saint 
Augustin, saint Pierre le souffrit avec une douceur, une humilité, une patience dignes 
de celui à qui le Sauveur avait dit : T» es Pierre, el sur loi je bátirai mon Eglise. 

16. Nulle chair; Voy. Matt., xxiv, 22. 


[cu. [.זזז‎ 
qui m'a aimé, et s'est lui-même 
livré pour moi. 

21. Je ne regrette point la grâce 
de Dieu; car si c'est par la loi 
qu'est la justice, c'est donc en 
vain que le Christ est mort. 


CHAPITRE III. 


Ne pas finir par la chair, ayant com- 
mencé par l'esprit. C'est par la foi 
qu'Abraham et ses vrais enfants sont 
justifiés. La loi ne justifie pas. Le juste 
vit de la foi. C'est par la foi que les 
promesses faites à Abraham sont ac- 
complies. Tous une seule chose en Jé- 
sus-Christ. 


1. O Galatesinsensés, qui vous 
a fascinés, pour ne pas obéir à la 
vérité, vous aux yeux de quia 
été dépeint Jésus-Christ crucifié 
au milieu de vous? 

2. Je veux seulement savoir de 
vous ceci : Est-ce par les œuvres 
de la loi que vous avez recu l’Es- 
prit, ou par l'audition de la foi? 

3. Etes-vous si insensés, qu'ay- 
ant commencé par l'esprit, vous 
finissez maintenant par la chair? 

4. Est-ce en vain que vous 
avez tant souffert? Si cependant 
c'est en vain. 

ὃ. Celui donc qui vous commu- 
nique l'Esprit et qui opère parmi 
vous des miracles, le fait-il par 
les œuvres de la loi ou par l'au- 
dition de la foi? 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES. 


2785 

6. Ainsi qu'il est écrit : Abra- 
ham crut à Dieu, et ce lui fut im- 
puté à justice. 

1. Reconnaissez donc que ceux 
qui s'appuient sur la foi, ceux-là 
sontles enfants d'Abraham. 

8. L'Ecriture prévoyant que 
c'est par la foi que Dieu justifie- 
rait les nations, l’annonça d'a- 
vance à Abraham : Toutes les na- 
tions seront bénies en toi. 

9. Ceux donc qui s'appuient sur 
la foi seront bénis avec le fidèle 
Abraham. 

10. Et tous ceux qui s'appuient 
sur les œuvres de la loi sont sous 
la malédiction. Car il est écrit : 
Maudit quiconque ne persévére- 
ra point dans tout ce qui est 
écrit dans le livre de la loi pour 
l'aecomplir! 

11. Gependant, que nul n'est 
justifié devant Dieu par la loi, ce- 
la est manifeste, puisque le juste 
vit de la foi. 

19. Or la loi ne s'appuie pas 
sur la foi, puisque au contraire : 
Celui qui observera ces précep- 
tes, vivra par eux. 

13. Le Christ nous a rachetés 
de la malédiction de la loi, deve- 
nu malédiction pour nous, selon 
qu'il est écrit : Maudit quiconque 
est pendu au bois! 

44. Afin que la bénédiction 


Cuar. III. 6. Genèse, xv, 6; Rom., 1v, 3; Jac., 11, 23. — 8. Genèse, xir, 3; Eccli., 
XLIV, 20. — 10. Deut., xxvi, 26. — 11. Hab., 11, 4; Rom., 1, 17. — 19, Lév., xvii, 5. 


— 13. Deut., xxi, 23. 


4. Si cependant, etc. ; c'est-à-dire je veux espérer que ce ne sera pas en vain. 

1. Ceux qui s'appuient sur la foi; littér.: Qui sont de (a foi, ou par la foi, en vertu 
de la foi. L'apótre veut dire que c’est la foi qui fait les véritables enfants d'Abraham. 

12. Avant les paroles celui qui observera, etc., il faut restituer l'ellipse de la formule 
lEcriture dit, qui est 101 évidemment sous-entendue. 

14. La promesse de ÜlEsprit; c'est-à-dire l'Esprit qui avait été promis implicite- 
ment, Genèse, xxu, 17, 18; mais explicitement, 15046, xuv, 3; Ezóch., xxxix, 39" 


Joél, τι. 28. 
בא‎ 


179 


2/186 
donnée à Abraham füt communi- 
quée aux gentils parle Christ Jé- 
sus, pour que nous reçussions 
par la foi la promesse de l'Esprit. 

15. Mes freres (je parle à la ma- 
niere des hommes), quand le tes- 
tament d'un homme est ratifié, 
personne ne le rejette, ou n'y 
ajoute. 

16. Or les promesses ont été 
faites à Abraham et à celui qui 
naîtrait de lui. Il ne dit pas: A 
ceux qui naitront, comme par- 
lant de plusieurs, mais comme 
d'un seul: Et à celui qui naitra 
de toi, c'est-à-dire au Christ. 

11. Voici donc ce que je dis : 
Dieu ayant ratifié une alliance, la 
loi qui a été faite quatre cent 
trente ans apres, ne la rend pas 
nulle au point de détruire la pro- 
messe. | 

18. Car si c'est par la loi qu'il y 
a héritage, dès lors ce n'est pas 
en vertu de la promesse. Cepen- 
dant c'est par la promesse que 
Dieu l'a donné à Abraham. 

19. Pourquoi donc la loi? Elle a 
été établie à cause des transgres- 
sions, jusqu'à ce que vint le re- 
jeton pour lequel Dieu avait fait 
la promesse; et remise par des 
anges dans la main d'un média- 
teur. 

90. Or le médiateur n'est pas 
pour un seul, et Dieu est un seul. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES. 


(eu. nr.) 


91. Laloiest donc contraire aux 
promesses de Dieu? Nullement. 
Car si une loi eüt été donnée qui 
püt vivifier, la justice viendrait 
vraiment de la loi. 

22. Mais l'Ecriture a tout ren- 
fermé sous le péché, afin que la 
promesse füt accomplie par la foi 
en Jésus-Christ, en faveur des 
croyants; 

93. Et avant que la foi vint, 
nous étions sous la garde de la 
loi, réservés pour cette foi qui 
devait étre révélée. 

94. Ainsi la loi a été notre 
pédagogue dans le Christ pour 
que nous fussions justifiés par la 
foi. 

95. Mais la foi étant venue, nous 
ne sommes plus sous le pédago- 
gue. 

96. Car vous étes tous enfants 
de Dieu par la foi qui est dans le 
Christ Jésus. 

97. Car vous tous qui avez été 
baptisés dans le Christ, vous avez 
été revétus du Christ; 

98. Il n'y a plus ni Juif, ni 
Grec; plus d'esclave, ni de libre; 
plus d'homme, ni de femme. Car 
vous n'étes tous qu'une seule 
chose dans le Christ Jésus. 

99. Etsi vousétestousau Christ, 
vous étes donc la postérité d'A- 
braham, héritiers selon la pro- 
messe. 


15. Hébr., 1x, 17. — 22 Rom., rir, 9. — 27. Rom., vr, 3. 


—A‏ ...יי 


16. Il: c'est-à-dire Dieu. 


22. Le mot fout est pour fous les hommes. Nous avons déjà fait observer que cette 
énallage de genre avait pour but d'exprimer la généralité la plus complète. L'apótre 
ne fait que répéter ici ce qu'il a dit précédemment, Rom., ur, 9, savoir que les Juifs 
el les Grecs (c'est-à-dire tous les gentils) étaient tous sous le péché. 


98. Grec; c'est-à dire gentil en général. 


[cu. τν.] 


CHAPITRE IV. 


Juifs en tutelle sous la loi, libres par la 
foi. Galates entrainés dans le judaisme. 
Leur premiere affection pour saint Paul. 
Tendresse de saint Paul pour eux. Agar 
et Sara figures des deux alliances. 


1. Je dis de plus: Tant quel'hé- 
ritier est enfant, il ne differe 
point d'un serviteur, quoiqu'il 
soit maitre de tout. 

2. Mais il est sous des tuteurs 
et des curateurs jusqu'au temps 
marqué par son pere. 

3. Ainsi, nous aussi, quand 
nous étions enfants, nous étions 
asservis aux premiers éléments 
du monde. 

4. Mais lorsqu'est venue la plé- 
nitude du temps, Dieu a envoyé 
son Fils, formé d'une femme, 
soumis à la loi, 

5. Pour racheter ceux qui 
étaient sous la loi, pour que nous 
recussions l'adoption des enfants. 

6. Et parce que vous étes en- 
fants, Dieu a envoyé dans vos 
cœurs l'Esprit de son Fils criant : 
Abba, Père! 

7. Ainsi nul n'est plus servi- 
teur, mais fils. Que s’il est fils, il 
est aussi héritier par Dieu. 

8. Autrefois, à la vérité, igno- 
rant Dieu, vous étiez asservis à 
ceux qui par leur nature ne sont 
pas dieux. 

9. Mais maintenant que vous 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES. 


2187 
connaissez Dieu, ou plutót que 
vous étes connus de Dieu, com- 
ment retournez-vous à ces faibles 
et pauvres éléments, auxquels 
vous voulez de nouveau vous as- 
servir? 

10. Vous observez certains 
jours, certains mois, certains 
temps, et certaines années. 

11. Je crains pour vous d'avoir 
en vain travaillé parmi vous. 

19. Soyez comme moi, parce 
que moi j'ai été comme vous, je 
vous en conjure, mes frères : 
vous ne m'avez offensé en rien. 

13. Au contraire, vous savez 
que je vous ai autrefois annoncé 
l'Evangile dans la faiblesse de la 
chair; or, cette épreuve à laquelle 
vous avez été mis à cause de ma 
chair, 

14. Vous ne l'avez ni méprisée 
ni repoussée, mais vous m'avez 
recu comme un ange de Dieu, 
comme le Christ Jésus. 

15. Où doncest votre bonheur? 
Car je vous rends ce témoignage 
que, s’il eût été possible, vous 
vous seriez arraché les yeux et 
vous me les auriez donnés. 

16. Je suis done devenu votre 
ennemi en vous disant la vérité? 

17. Ils vous montrent un atta- 
chement qui n'est pas bon, car 
ils veulent vous éloigner de nous, 
afin que vous vous attachiez à 
eux. 


3. Aux éléments du monde, donnés au monde; c’est-à-dire aux cérémonies de la loi 
en usage parmi les Juifs charnels, et qui étaient des instructions grossières et figu- 


ratives que Dieu donnait au monde. 


4. La plénitude du temps; c'est-à-dire le temps de la majorité. 


6. Abba, Pére. Voy. Marc, xiv, 36. 


10. L'apótre parle ici soit de l'observation des jours heureux ou malheureux, soit 
des fétes juives, à l'observance desquelles les docteurs juifs cherchaient à amener 


les Galates. 


13. Dans la faiblesse de la chair ; c'est-à-dire au milicu des tribulations que 


i 'éprouvais. 


217098 

18. Au reste, attachez-vous au 
bien pour le bien, en tout temps, 
et non pas seulement lorsque je 
suis présent parmi vous. 

19. Mes petits enfants, pour qui 
je sens de nouveau les douleurs 
de l'enfantement, jusqu'à ce que 
le Christ soit formé en vous, 

, 90.Jevoudrais être maintenant 
(prés de vous, et changer mon 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES. 


v.]‏ .זוס] 


la délaissée seront plus nom- 
breux que les fils de celle qui a 
un mari. 

98. Nous done, mes freres, 
nous sommes, comme Isaac, les 
enfants de la promesse. 

29. Mais comme alors celui qui 
était né selon la chair persécutait 
celui qui l'était selon l'esprit, de 
méme encore aujourd'hui. 


30. Mais que dit l’Ecriture? 
Chasse la servante et son fils ; car 
le fils de la servante ne sera pas 
héritier avec le fils de la femme 


; langage, car je suis embarrassé 
i à votre égard. 

] 21. Dites-moi, vous qui voulez 
* être sous la loi, n'avez-vous pas 


lu la loi? 

99. Car il est écrit : Abraham 
eut deux fils, l'un de la servante, 
et l'autre de la femme libre. 

23. Mais celui de la servante 
naquit selon la chair, et celui de 
la femme libre, en vertu de la 
promesse. 

24. Ce qui a été dit par allégo- 
rie. Car ce sont 108 deux alliances: 
lune sur le mont Sina, engen- 
drant pour 18 servitude, est Agar; 

95. Car Sina est une montagne 
d'Arabie, qui a du rapport avec la 
Jérusalem d'à présent, laquelle 
est esclave avec ses enfants : 

26. Tandis que la Jérusalem 
d'en haut est libre ; c'est elle qui 
est notre mere. 

97. Car 11 est écrit : Réjouis-toi, 
stérile, qui n'enfantes point; 
pousse des eris de jubilation et 
d'allégresse, toi qui ne deviens 
pas mère, parce que les fils de 


libre. 

91. Ainsi, mes frères, nous ne 
sommes pas les fils de la ser- 
vante, mais de la femme libre ; 
et c'est par cette liberté que le 
Christ nous a rendus libres. 


CHAPITRE V. 


Qui s'appuie sur la loi est déchu de la 
grâce. C'est la foi qui nous sauve. Ga- 
lates séduits. La loi consiste dans l'a- 
mour. OEuvres de la chair. Fruits de 
l'esprit. 


1. Demeurez donc fermes, et 
ne vous courbez pointde nouveau 
sous le joug de la servitude. 

2. Voici que moi, Paul, je vous 
dis que si vous vous faites cir- 
concire, le Christ ne vous servira 
de rien. 

3. Je déclare de plus à tout 
homme qui se fait circoncire, 
qu'il est tenu d'aecomplir toute 
la loi. 


Cuar. IV. 22. Genèse, xvi, 15; xxi, 2. — 97. Isaïe, tiv, 1. — 28. Rom., 1x, 8. — 
30. Genèse, xxr, 10. — Cape. V. 2. Actes, xv, 4. 


22. * Deux fils, Ismael et Isaac, le premier de la servante égyptienne, Agar, le se- 


cond, de la femme libre, Sara. 


24. * Le mont Sina où ka loi fut donnée au peuple d'Israél, dans la péninsule du 


Sinai. 
26. * La Jérusalem d'en haut, le cic]. 


[cn. v.] 


4. Vous n'avez plus de part au 
Christ, vous qui étes justifiés par 
la loi: vous étes déchus de la 
gráce. 

5. Pour nous, c'est par l'Esprit, 
en vertu de la foi, que nous es- 
pérons recevoir la justice. 

6. Car, dans le Christ Jésus, ni 
la circoncision, ni l'incirconcision 
ne servent de rien; mais la foi 
qui agit par la charité. 

7. Vous couriez si bien : qui 
vous a arrétés, pour que vous 
n'obéissiez pas à la vérité ? 

8. Ce qu'on vous a persuadé ne 
vient pas de celui qui vous ap- 
pelle. 

9. Un peu deferment corrompt 
toute la pâte. 

10. J'ai en vous cette confiance 
dans le Seigneur, que vous n'au- 
rez point d'autres sentiments ; 
mais celui qui vous trouble en 
portera la peine, quel qu'il soit. 

11. Pour moi, mes freres, si je 
préche encore la circoncision, 
pourquoi suis-je encore persé- 
cuté ? Le scandale de la croix est 
done anéanti ? 

12. Plût à Dieu que ceux qui 
vous iroublent fussent méme 
mutilés. 

13. Car vous, mes freres, vous 
avez été appelés à la liberté; 
seulement ne faites pas de cette 
liberté une occasion pour la 
chair, mais soyez par la charité 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES. 


2789 
les serviteurs les uns des autres. 

14. Car toute la loi est renfer- 
mée dans une seule parole : Tu 
aimeras ton prochain comme toi- 
méme. 

15. Quesi vous vous mordez et 
vous dévorez les uns les autres, 
prenez garde que vous ne vous 
consumiez les uns les autres. 

16. Or je dis : Marchez selon 
l'esprit, et vous n'accomplirez 
pas les désirs de la chair. 

17. Car la chair convoite contre 
l'esprit, et l'esprit contre la chair : 
en effet, ils sont opposés l'un à 
lautre, de sorte que vous ne 
faites pas tout ce que vous vou- 
lez. 

18. Que si vous étes conduits 
par l'esprit, vous n'étes pas sous 
la loi. 

19. Or on connait aisément les 
œuvres de la chair, qui sont : la 
fornication, l'impureté, l'impudi- 
cité, la luxure, 

20. Le culte des idoles, les em- 
poisonnements, les inimitiés, les 
contestations, les jalousies, les 
coleres, les rixes, les dissensions, 
les sectes, 

21. Les envies, les homicides, 
les ivrogneries, les débauches de 
table, etautreschosessemblables. 
Je vous 16 dis, comme je l'ai déjà 
dit, ceux qui font de telles choses 
n'obtiendront point le royaume 
de Dieu. 


9. I Cor., v, 6. — 14. Lév., xix, 18; Matt., xxir, 39; Rom., זוא‎ 8. — 16. I Pierre, 


TUE 


12. Fussent même mutilés. Puisqu'ils tiennent tant à se faire circoncire, qu'ils se 
fassent aussi entièrement amputer. C'est ainsi qu'ont traduit saint Augustin, saint Jé- 
róme, saint Chrysostome, Théophylacte, Théodoret, et la plupart des anciens; 
d'autres : Qu'ils soient retranchés de l'Eglise; d'autres : Qu'ils soient exterminés du 
monde. Il est certain que le texte grec est susceptible de ces diverses interprétations. 

13. Pour la chair; c'est-à-dire pour vivre selon la chair, en cherchant à satisfaire 
vos passions aux dépens méme de vos frères. 


2190 

29. Au contraire, les fruits de 
l'esprit sont : la charité, la joie, 
la paix, la patience, la douceur, 
la bonté, la longanimité, 

93. La mansuétude, la foi, la 
modestie, la continence, la chas- 
1616. Contre de pareilles choses, 
il n'y a point de loi. 

24. Or ceux qui sont au Christ 
ont crucifié leur chair avec ses 
vices et ses convoitises. 

25. Si nous vivons par l'esprit, 
marchons aussi selon l'esprit. 

26. Ne devenons pas avides 
d'une vaine gloire, nous provo- 
quant les uns les autres, envieux 
les uns des autres. 


CHAPITRE VI. 


Corriger avec douceur, s'entre-supporter. 
Croire qu'on n'est rien. Semer pour re- 
cueillir. Saint Paul ne se glorifie que 
dans la foi. Salutations. 


1. Mes freres, si un homme est 
tombé par surprise dans quelque 
faute, vous qui étes spirituels, 
instruisez-le en esprit de douceur, 
regardant à toi-méme, de peur 
que toi aussi tu ne sois tenté. 

2. Portez les fardeaux les uns 
des autres, et c'est ainsi que 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES. 


(cn. vi.] 


vous accomplirez la loi du Christ. 

3. Carsiquelqu'uns'estime étre 
quelque chose, comme il n'est 
rien, il s'abuse lui-méme. 

4. Or que chaeun éprouve ses 
propres œuvres, et alors il trou- 
vera sa gloire en lui-méme et non 
dans un autre. 

5. Car chacun portera son far- 
deau. 

6. Que celui que l'on catéchise 
par la parole communique tous 
ses biens à celui qui le catéchise. 

7. Ne vous y trompez pas : on 
ne se rit point de Dieu. 

8. Car ce que l'homme aura 
semé, ille recueillera. Ainsi, celui 
qui seme dans sa chair recueillera 
dela chair la corruption; et celui 
qui sème dans l'esprit recueillera 
de l'esprit la vie éternelle. 

9. Or faisant le bien, ne nous 
lassons point; car en ne nous 
lassant pas, nous recueillerons la 
moisson en son temps. 

10. C'est pourquoi, tandis que 
nous avons le temps, faisons du 
bien à tous, et principalement à 
ceux qui sont de la famille de la 
foi. 

11. Voyez quelle lettre je vous 


Crap». VI. 5. I Cor., זז‎ 8. — 9. II Thess., 11 13. 


1. Spirituels. Voy. 1 Corinth., 11, 14. — Regardant à toi-même. Ce passage brusque 
d'un nombre à un autre se rencontre assez fréquemment dans les écrivains sacrés. 

5. Chacun porlera son fardeau. Cette maxime n'est nullement en opposition avec 
celle du vers. 1, qui a rapport au monde présent dans lequel les hommes doivent, en 
bons fréres, s'aider mutuellement de leurs conseils, supporter leurs faiblesses et leurs 
imperfections mutuelles; elle se rapporte évidemment au jugement de Dieu, oü 
chacun recevra le prix de ses propres œuvres, bonnes ou mauvaises, et rendra compte 
non de ce que son frére aurait fait, mais de ce qu'il aura fait lui-méme, sans que 
les fautes d'autrui puissent justifier les siennes. 

10. Faisons du bien, etc. L'apótre n'exempte personne de faire du bien au prochain. 
Ainsi la différence de religion ne saurait être un titre qui nous exempte de faire du 
bien à ceux qui n'appartiennent pas à notre communion, quoique dans la distribu- 
tion de nos charités et de nos aumónes nous devions, comme le dit saint Ambroise, 
commencer par ceux qui nous sont unis par les liens d'une méme foi. 

11. Voyez quelle lellre, etc.; c'est-à-dire, selon le Grec, quelle longue lettre. 
Saint Paul dictait et souscrivait ordinairement ses lettres. C'est pourquoi il fait re- 


fcu. νι] 
ai écrite de ma propre main. 

19. Tous ceux qui veulent plaire 
selon la chair vous obligent à 
vous faire circoncire, et cela uni- 
quement afin de ne pas souffrir 
persécution pour la croix du 
Christ. 
. 13. Car eux, qui se font cir- 
concire, ne gardent pas 18 loi; 
mais veulent que vous soyez cir- 
concis, pour se glorifier en votre 
chair. 

14. Pour moi, à Dieu ne plaise 
que je me glorifie, si ce n’est dans 
la croix de Notre Seigneur Jésus- 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX GALATES. 2791 


LAS] 


Christ, par qui le monde m'est 
crucifié, et moi au monde. 

15. Car en Jésus-Christ la cir- 
concision n'est rien, ni l'incircon- 
cision, mais la créature nouvelle. 

46. Quant à tous ceux qui sui- 
vront cette règle, paix sur eux et 
miséricorde sur l'Israël de Dieu! 

11. Àu reste, que personne ne 
me fasse de la peine; car je porte 
sur mon corps les stigmates du 
Seigneur Jésus. 

18. Que 18 grâce de Notre Sei- | 
gneur Jésus-Christ soit avec votre 
esprit, mes frères. Amen. 


marquer aux Galates que celle qu'il leur adresse, est écrite de sa propre main; par 
où ils peuvent voir l'amour tout particulier qu'il leur porte. 
16. L'Israél de Dieu; le véritable lsraél, c'est-à-dire tous ceux qui sont les vrais 


Israélites par l'esprit de foi. 


17. Je porte, etc. Anciennement on imprimait sur le corps des soldats et des ser- 
viteurs certains caractères pour les distinguer. — * Les stigmates, les marques que 
porte S. Paul, serviteur de Jésus-Christ, ce sont les cicatrices des plaies. des bles- 
sures, des souffrances qu'il a endurées pour son maitre. Voir 11 Cor., xi, 23-27. 


i SO) m 


EPITRE DE SAINT PAUL 


AUX ÉPHÉSIENS 


—— 900 €00o-^—— — 


INTRODUCTION 


Ephése, métropole de l'Asie proconsulaire, était célébre par son commerce, 
son opulence, et surtout son temple de Diane, l'une des sept merveilles du 
monde. S. Paul, qui n'avait fait que la visiter à sa seconde mission, y séjourna 
près de trois ans à la dernière, de 55 au commencement de 58; et il eut la con- 
solation d'y convertir un bon nombre de Juifs et de Gentils et d'y fonder solide- 
ment le christianisme. C'est ce qu'il nous apprend lui-méme, dans le discours 
qu'il adresse au clergé de cette ville, accouru pour l'entendre à Milet, quelques 
jours avant son entrée à Jérusalem et son arrestation au Temple. Cette lettre 
ne fut écrite que quatre ans plus tard. L'Apótre était à Rome prisonnier de 
Jésus-Christ, mais toujours appliqué aux soins de l'apostolat. S. Epaphras, 
évéque de Colosses, était venu lui apporter des nouvelles de son Eglise, de celle 
d'Ephése et de toute sa province. 

On commencait à voir se réaliser dans cette partie de l'Asie les prédictions 
que l’Apôtre avait faites, lors de son dernier passage à Milet. Là, comme en 
Galatie, de faux docteurs cherchaient à surprendre la confiance des fidèles 
et mettaient leur foi en péril; mais les questions qu'ils agitaient avaient 
un caractére particulier plus théorique que pratique. Quoique judaisants, ils 
ne réclamaient pas en faveur des pratiques mosaïques : ils tàchaient d'éblouir 
les fidéles par de hautes spéculations sur les attributs de Dieu et sur sa con- 
duite à notre égard. Ils se demandaient quelles étaient la raison de ses œuvres 
et la suite de ses desseins relativement au salut des hommes. Les Gentils con- 
vertis avaient peine à comprendre comment la divine bonté avait abandonné si 
longtemps la presque totalité du genre humain aux erreurs du paganisme pour 
donner tous ses soins aux seuls enfants d'Israél; et les Juifs baptisés, tout 
chrétiens qu'ils étaient, ne pouvaient se faire à la pensée qu'ils étaient déchus 
de tous les privilèges dont leurs pères s'étaient glorifiés. Pour ceux-ci, la diffi- 
culté était dans la conduite. actuelle de Dieu; pour ceux-là, elle était surtout 
dans sa conduite passée; les uns et les autres avaient peine à les mettre d'accord 
et demandaient des éclaircissements. 

S. Paul entreprend de calmer cette inquiétude et de résoudre ces questions. 
Ce quii se propose dans sa Lettre, ce n'est pas de montrer la nécessité et 


INTRODUCTION. 2193 


l'efficacité de la foi, comme dans l'Epitre aux Romains, ni l'inutilité des obser- 
vances légales, comme dans l'Epitre aux Galates; c'est d'exposer aux fidèles 
d'Ephése, ce qu'ils désirent connaitre, le plan concu par Dieu dans l'éternité et 
réalisé dans le temps, pour la rédemption du monde et pour la gloire des élus. 

« Dieu, dit-il, n'a pas varié dans ses vues; il a eu de toute éternité le dessein 
qu'il accomplit aujourd'hui. Il s'est. proposé de racheter tous les hommes par 
son Fils incarné, et de glorifier en sa personne, en les adoptant pour enfants, 
tous ceux que ce divin Fils attirerait à lui, qu'il animerait de son Esprit et dont. ἡ 
il ferait ses membres. Il a résolu de réunir en une méme Eglise tous ses enfants 
adoptifs, de quelque nationalité qu'ils fussent, les Gentils aussi bien que les 
Juifs, et de faire de tous les chrétiens un seul corps ou une méme personne 
morale, dont Jésus-Christ serait le chef: mystére adorable que l'Esprit saint a 
révélé à l'Apótre, qu'il est chargé de faire connaitre et qu'il travaille à réaliser. » 

Voilà la vérité que S. Paul énonce d'abord, et dont il développe ensuite les 
conséquences. Rien de plus magnifique que le tableau qu'il trace de l'Eglise 
chrétienne. Il déroule avec une sorte d'enthousiasme le plan divin dela rédemp- 
tion. ll le montre s'étendant à tous les âges en méme temps qu'à tous les 
peuples. Il fait voir l'Homme-Dieu, bien au-dessus des Anges, comme le centre 
où tout aboutit, comme le lien qui unit toutes choses, l'homme à Dieu, la terre 
au ciel, les Juifs aux Gentils, de sorte que tout se consomme en sa personne 
pour la gloire de son Pére et le salut du monde. Il insiste sur la divinité du 
Sauveur, sur la valeur et l'étendue de sa rédemption, sur l'unité de la sainte 
Eglise, sur son universalité surtout. 1[ demande à Dieu de faire comprendre 
à ses disciples l'éminence de leur vocation et la valeur infinie des grâces dont 
ils sont comblés. Cependant il n'entend pas faire ici un exposé du christianisme : 
il se borne à rendre hommage à sa sublimité, à en faire entrevoir les mer- 
veilles. 

L'Epitre a deux parties. Dans la première, l'Apótre fait ressortir la grandeur 
de l'œuvre accomplie en Jésus-Christ, 1-11, 11 : tous les peuples et tous les indi- 
vidus appelés à l'adoption divine, et l'Eglise destinée à les réunir tous en son 
sein, ,זז‎ 42-01, 21. Dans la seconde, il trace aux chrétiens des règles de conduite, 
et donne des conseils généraux, 1v-v, 21, et particuliers, v, 22-vr, pour les 
divers états de la vie chrétienne. 

Le style peut sembler obscur et embarrassé en quelques endroits de la pre- 
miére partie : mais les idées sont profondes et les sentiments sublimes. 

Bien qu'il y ait quelque différence entre cette Epitre et les précédentes, au 
point de vue des idées aussi bien que du style, les esprits impartiaux et com- 
pétents ne laissent pas d'y reconnaitre le cachet de l'Apótre, — ses préoccupa- 
tions ordinaires touchant l'universalité de la rédemption et la catholicité de 
l'Eglise; — le sentiment qu'il a du Sauveur, de sa mission, de l'opération de sa 
grâce dans les âmes; — l'ardeur de son zèle pour la propagation de l'Evangile 
et pour la sanctification de ses disciples; — l'étendue et sublimité de ses vues 
sur la vie chrétienne, sur la nécessité et la vertu de la gráce, sur le sacrement 
de mariage, sur l'Eglise. On sent partout, dit Erasme, l'esprit et le cceur de 
S. Paul. Le tableau qu'on remarque à la fin, du soldat chrétien et de son armure 
spirituelle, a dà lui étre suggéré, dit Michaélis, parla vue du prétorien sous la 
garde duquel il était placé. 

Ceux qui ont tenté d'ébranler, dans ces derniers temps, l'autorité de cette 


2794 JPITRE DÉ SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS. 


Epitre, lui ont reproché surtout, aprés l'absence de tout détail personnel, ses 
coincidences nombreuses avec l'Epitre aux Colossiens, ses allusions au gnosti- 
cisme, au pléroma et aux éons, des expressions insolites, des pensées obscures 
et vagues, un style làche, embarassé, mystique, chargé de répétitions et de 
mots superflus. Nous ne dirons pas que toutes ces particularités sont imagi- 
naires; mais nous croyons que, si on ne les exagère pas, on pourra les expli- 
quer aisément, soit par la date de l'Epitre, soit par la nature du sujet, soit par 
la rapidité de la composition. 

19 Cette Epitre fut écrite durant la premiére captivité de l'Apótre, peu de 
temps avant sa mise en liberté. Tychique qui se rendait à Colosses en méme 
temps qu'Onésime l'emporta avec elle aux Colossiens. Il est naturel de penser 
qu'elles ont été écrites le méme jour ou à peu d'intervalle l'une de l'autre, dans 
le méme dessein, sous la méme impression et avec les mémes idées. Loin donc 
de rendre leur authenticité douteuse, la conformité qu'on remarque entre elles 
est de nature à la confirmer. Si, comme on l'avance, l'Epitre aux Ephésiens 
paraphrase celle aux Colossiens, qu'on dise que celle-ci a été écrite la pre- 
miére. Mais il répugne absolument d'admettre qu'un faussaire, voulant attri- 
buer à S. Paul une Epitre de sa composition et la faire recevoir à Ephèse 
comme de l'Apótre, l'ait ainsi semée de passages empruntés à une Epitre bien 
connue que S. Paul avait écrite peu auparavant à une église voisine. Un faus- 
saire s'efforce d'imiter, mais il n'a garde de copier ; il évite les coincidences qui 
le feraient accuser de plagiat. Quel intérét aurait-on d'ailleurs à supposer un 
écrit pour attribuer à un homme ce que cet homme a déjà dit, et dans les 
mémes termes? La date de l'Epitre explique donc ses rapports avec l'Épitre 
aux Colossiens. — Elle explique également son caractère doctrinal, ses allusions 
au langage gnostique ou les emprunts que ces hérétiques ont faits à son voca- 
bulaire. Retenu depuis deux ans à Rome, loin des églises qu'il a évangélisées, 
l'Apótre devait avoir un peu perdu de vue les combats qu'il avait eus d'abord 
à soutenir, les oppositions des faux fréres, leur engoüment pour la loi de 
Moise, leurs rivalités, leurs artifices. Aussi n'en est-il pas question dans cette 
lettre. Ce quile préoccupe, ce sont les périls dont l'hérésie menace l'Église; ce 
sont les doctrines erronées et perverses qui commencent actuellement a enva- 
hir l'Asie-Mineure; ce sont les Antechrists qui se soulévent de tous cótés et qui 
s'efforcent de détruire ce qu'il a fait pour la gloire de l'Homme-Dieu. De là, 
l'ardeur qu'il éprouve et les efforts qu'il tente pour faire comprendre et appré- 
cier de plus en plus le mystère du Christ. De là, cette révélation plus complète 
de ses grandeurs et de ses desseins. De là, cette insistance à proclamer que 
Jésus-Christ est le Créateur et le chef supréme des hiérarchies du ciel, aussi 
bien que des membres de l'Eglise; qu'il est l'unique médiateur de Dieu et des 
hommes, qu'en lui tout se rapproche, tout s'unit, tout se purifie, tout se per- 
fectionne et s'achéve; qu'il possède tous les trésors de la science et tous les dons 
du ciel, que toute doctrine différente de la sienne est frivole ou erronée, que 
pour empécher ses dieciples d'étre emportés au souffle des doctrines humaines, 
il a confié à un corps enseignant le dépót de la foi, avec la charge d'éclairer 
les fidéles et de communiquer à tous les gráces du salut. Quand une vérité est 
contredite, altéréc, amoindrie, n'est-ce pas pour l'Apótre le moment de la 
proclamer, de la défendre, d'en faire sentir l'importance, l'excellence, la certi- 
tude? 


et 


INTRODUCTION. 9190 


2° Ce n'est pas dans la partie morale, c'est dans la partie dogmatique seule- 
ment qu'on peut trouver le langage de l'Apótre moins net et moins précis que 
dans l'Epitre aux Corinthiens. Mais est-il étonnant qu'en matiére de dogme, 
sur les questions si élevées et si neuves que soulevaient les Gnostiques, S. Paul 
ait eu moins de facilité à rendre ses idées, qu'il n'ait pas échappé tout à fait à 
lembarras et au vague des auteurs mystiques, qu'il ait senti, comme tant de 
Saints, la difficulté d'exprimer dans le langage des hommes les lumiéres dont 
l'Esprit de Dieu éclairait son àme? A la sublimité et à la nouveauté des idées, 
joignez la rapidité de la composition. L'Apótre n'avait pas pour écrire ses 
Lettres le loisir qu'ont les académiciens pour composer leurs livres. En bien 
des cas, il était forcé de s'en tenir au premier jet, et de songer moins au mérite 
de sa composition qu'aux besoins de ceux qu'il voulait instruire. D'ailleurs, 
dans ces passages mémes que les littérateurs ordinaires jugent obscurs, les 
hommes habitués à méditer l'Ecriture et qui participent aux gráces comme aux 
vertus de l'Apótre, ne trouvent-ils pas souvent des lumières aussi abondantes 
que sublimes? Et si négligé qu'on le trouve, qui oserait dire que l'auteur sacré 
n'est pas incomparablement plus net, plus précis, que les réveurs gnostiques 
qu'il réfute? 

Concluons que l'Epitre aux Ephésiens n'a rien qui ne soit digne de S. Paul, 
conforme à son caraclére, et qu'on ne voit pas de raison pour récuser le témoi- 
gnage que l'Eglise rend de son origine apostolique. (L. Bacuez.) 


ÉPITRE 


DE SAINT PAUL 


AUX ÉPHÉSIENS 


CHAPITRE PREMIER. 


Saint Paul salue les Ephésiens. Il bénit 
le Seigneur qui nous ἃ comblés de 
grâces et prédestinés en Jésus-Christ. 
Réunion du ciel et de la terre, des Juifs 
et des gentils, en Jésus-Christ. L'apótre 
demande à Dieu, pour les Ephésiens, 
l'esprit de sagesse et de lumière, et leur 
fait remarquer le supréme degré de 
gloire auquel Jésus-Christ a été élevé. 


1. Paul, apótre de Jésus-Christ 
parla volonté de Dieu, à tous les 
saints qui sont à Ephèse, et aux 
fideles en Jésus-Christ. 

2. Grâce à vous et paix par Dieu 
notre Pere et par le Seigneur Jé- 
sus-Christ. 

3. Béni le Dieu et Père de Notre 
Seigneur Jésus-Christ, qui nous 
a bénis de toute bénédiction spi- 
rituelle, des dons célestes dans 
le Christ! 

4. Comme il nous a élus en lui 
avant la fondation du monde, afin 
que nous fussions saints et sans 
tache en sa présence dans la cha- 
rité ; 

5. Qui nous a prédestinés à l'a- 


Cua». 1. 3. II Cor., 1, 3; I Pierre, 1, 3. 


doption de ses enfants par Jésus- 
Christ, selon le dessein de sa vo- 
lonté ; 

6. Pour la louange de la gloire 
de sa gráce dont il nous a grati- 
fiés par son bien-aimé Fils, 

7. En qui nous avons la ré- 
demption par son sang, et la ré- 
mission des péchés, selon les ri- 
chesses de sa grâce, 

8. Qui a surabondé en nous en 
toute sagesse et toute intelli- 
gence; 

9. Pour nous faire connaitre le 
mystere de sa volonté, selon sa 
bienveillance, par laquelleilavait 
résolu en lui-méme, 

10. Dans la dispensation de la 
plénitude des temps, de restaurer 
dans le Christ tout ce qui est dans 
les cieux, et tout ce qui est sur la 
terre : en lui-méme, 

11. En qui nous aussi nous 
avons été appelés par le sort, 
ayant été prédestinés selon le 
décret de celui qui fait toutes 
choses suivant le conseil de sa 
volonté; 


of 


1. A tous les saints. Voy. Act., 1x, 13. 


8. En loute sagesse, etc.; c'est-à-dire en nous remplissant de toute sagesse, etc. 


[cu. [.זז‎ 


19. Afin que nous soyons la 
louange de sa gloire, nous qui les 
premiers avons espéré en Jésus- 
Christ, 

13. En qui, vous aussi, vous 
avez espéré, apres avoir entendu 
la parole de vérité (l'Evangile de 
votre salut), en qui, après avoir 
embrassé la foi, vous avez été 
marqués du sceau de l'Esprit de 
la promesse, qui est saint, 

14. Qui est le gage de notre 
héritage pour 16 rachat de son ac- 
quisition, pour la louange de sa 
gloire. 

15. C'est pourquoi, moi aussi, 
apprenant quelle est votre foi 
dans le Seigneur Jésus, et votre 
amour pour tous les saints, 

16. Je ne cesse de rendre grâces 
pour vous, faisant mémoire de 
vous dans mes prières; 

17. Afin que le Dieu de Notre 
Seigneur Jésus-Christ, le Père de 
la gloire, vous donne l'esprit de 
sagesse et de révélalion, pour le 
connaitre ; 

18. Qu'il éclaire les yeux de 
votre Cœur, pour que vous sa- 
chiez quelle est l'espérance à la- 
quelle il vous a appelés, quelles 
sont les richesses de gloire de 
l'héritage destiné aux saints; 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS. 2797 


19. Et quelle est la grandeur 
suréminente de sa vertu en nous, 
qui croyons, selon l'opération de 
la puissance de sa vertu, 

90.Qu'ilaexercée dansle Christ, 
le ressuscitant d'entre les morts, 
etle placant à sa droite dans les 
cieux, 

91. Au-dessus de toute princi- 
pauté, de toute puissauce, de 
toute vertu, de toute domination, 
et de tout nom qui est nommé 
non-seulement dans ce siècle, 
mais aussi dans le futur. 

99. Et il a mis toutes choses 
sous ses pieds, et il l'a établi chef 
sur toute l'Eglise, 

93. Qui est son corps, et le 
complément de celui qui se com- 
pléte entierement dans tous ses 
membres. 


CHAPITRE II. 


L'homme mort par le péché est ressuscité 
en Jésus-Christ. Nous sommes sauvés 
par sa gràce. Les gentils, étrangers 
aux promesses, en sont devenus héri- 
tiers. Jésus-Christ réconciliateur des 
deux peuples. Edifice de l'Eglise. 


1. Et vous, Z vous a ₪ 
lorsque vous étiez morts par vos 
offenses et par vos péchés, 

2. Dans lesquels autrefois vous 


19. Infra, i, 7. — 22. Ps. vi, 8. — .גצ‎ II. 1. Coloss., τι, 13. 


13. L'Esprit de la promesse qui est saint; c'est-à-dire l'Esprit-Saint promis. 


14. Le rachat de son acquisition, veut dire la délivrance parfaite du peuple que 
Jésus-Christ s'est acquis. — Pour la louange de sa gloire. Compar. les vers. 6, 12. 

19 Pour tous les saints. Voy. Act., 1x, 13. 

16. Faisant mémoire de vous. Voy., sur cette locution, Rom., r, 9. 

19. Les mots puissance, vertu, sont des synonymes réunis ici pour exprimer le 
degré supréme de la puissance divine. 


1. Il vous a vivifiés. Ces mots, exprimés au vers. 5, sont évidemment sous-entendus 
dans celui-ci. 

2. Vous avez marché. Comme nous l'avons déjà remarqué, les Hébreux se servaient 
du verbe aller, marcher, pour exprimer l'idée de vivre, se conduire. — Fils de la 
PA oi c'est-à-dire de l’incrédulilé; hébraisme, pour défiants, incrédules. Compar. 

olos., 11, 6. 


2198 
avez marché, selon la coutume 
de ce monde, selon le prince des 
puissances de l'air, de l'esprit qui 
agit efficacement à cette heure 
sur les fils de la défiance, 

3. Parmi lesquels nous tous 
aussi nous avons vécu, selon nos 
désirs charnels, faisant la volonté 
de la chair et de nos pensées; 
ainsi nous étions par nature en- 
fants de colére comme tous les 
autres; 

4. Mais Dieu, qui est riche en 
miséricorde, par le grand amour 
dont il nous a aimés, 

5. Et lorsque nous étions morts 
par les péchés, nous a vivifiés 
dans le Christ (par la gráce duquel 
vous étes sauvés), 

6. Nous a ressuscités avec lui, 
et nous a fait asseoir dans les 
cieux en Jésus-Christ ; 

7. Pour manifester dans les 
siecles à venir les richesses abon- 
dantes de sa gráce, par sa bonté 
pour nous dans le Christ Jésus. 

8. En effet, c'est la gráce qui 
vous a sauvés par la foi, et cela 
ne vient pas de vous, car c'est un 
don de Dieu, 

9. Ni des œuvres, afin que nul 
ne se gloritie. 

10. Car nous sommes son ou- 
vrage, ayant été créés dans le 
Christ Jésus pour les bonnes 
œuvres que Dieu a préparées, 
afin que nous y marchions. 

41. C'est pourquoi souvenez- 
vous qu'autrefois, vous gentils 
selon la chair, vous étiez appelés 
incirconcision, par ce qu'on ap- 


18. Rom., v, 2. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS. 


(cu, 11] 


pelle circoncision, à cause de la 
circoncision dans la chair faite de 
main d'homme; 

19. Parce que vous étiez en ce 
temps-là sans Christ, séparés de 
la société d'Israël, étrangers aux 
alliances, n'ayant point l'espé- 
rance de la promesse, et sans 
Dieu en ce monde. 

19. Mais maintenant que vous 
étes dans le Christ Jésus, vous 
qui étiez autrefois éloignés, vous 
avez été rapprochés par le sang 
de ce méme Christ. 

14. Car c'est lui qui est notre 
paix, lui qui des deux choses en 
a fait une seule, détruisant dans 
sa chair le mur de séparation, 
leurs inimitiés ; 

15. Abolissant par sa doctrine 
la loi des préceptes, pour des 
deux former en lui-méme un seul 
homme nouveau, en faisant la 
paix, 

16. Et pour réconcilier à Dieu 
par la croix les deux réunis en 
un seul corps, déiruisant en lui- 
méme leurs inimitiés. 

11. Ainsi, venant, il a annoncé 
la paix et à vous qui étiez loin, 
et à ceux qui étaient près; 

18. Parce que c'est par lui que 
nous avons acces les uns et les 
autres auprés du Pére, dans un 
seul Esprit. 

19. Vous n'étes donc plus des 
hótes et des étrangers, mais des 
concitoyens des saints, et de la 
maison de Dieu; 

90. 08/18 sur le fondement des 
apôtres et des prophètes, le Christ 


6. En Jésus-Chrisl; ou, selon d'autres, avec Jésus-Christ. 
19. Sans Christ; puisque les idoles que vous adoriez n'étaient réellement pas Dieu. 
14. Des deux choses; c'est-à-dire des deux peuples, juif et gentil. 


(en. [.זזז‎ 
Jésus étant lui-même pierre prin- 
cipale de l'angle, 

91. Sur lequel tout l'édifice 
construit s'éléve comme un tem- 
ple sacré dans le Seigneur; 

22. Sur lequel vous êtes bâtis 
vous-mémes pour étre une de- 
meure de Dieu par l'Esprit. 


CHAPITRE III. 


Le mystére de la vocation des gentils est 
révélé à saint Paul, et l'exécution lui 
en est confiée. C'est pour eux qu'il est 
dans les liens. 11 demande à Dieu pour 
les Ephésiens deux sortes de grâces, 
dont les unes regardent ie cœur et les 
^utres l'esprit. 


1. C'est pour cela que moi, 
Paul, je suis le prisonnier du 
Christ Jésus, pour vous gentils; 

9. Car vous avez appris sans 
doute que Dieu m'a confié la dis- 
pensation de sa grâce en votre 
faveur; 

3. Puisque, par révélation, il 
m'a fait connaitre ce mystere, 
comme je vous l'ai écrit plus haut 
en peu de mots; 

4. De sorte que lisant, vous 
pouvez comprendre l'intelligence 
que j'ai du mystere du Christ, 

9. Mystere qui, dans les autres 
généralions, n'a pas été décou- 
vert aux enfants des hommes, 
comme il est maintenant révélé 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS. 799 


par l'Esprit aux saints apótres et 
aux prophètes, 

6. Que les gentils sont cohéri- 
tiers, membres d'un méme corps, 
et participants avec eux de sa 
promesse en Jésus-Christ par 
l'Evangile, 

1. Dont j'ai été fait le ministre, 
en vertu du don de 18 grâce de 
Dieu, qui m'a été donnée par l'o- 
pération de sa vertu. 

8. A moi, le moindre des saints, 
a été donnée cette gráce d'annon- 
cer parmi les gentils les richesses 
incompréhensibles du Christ, 

9. Et d'éclairertous les hommes 
touchant la dispensation du mys- 
tere caché, des l'origine des siè- 
cles, en Dieu qui a créé toutes 
choses ; 

10. Afin que les principautés et 
les puissances qui sont dans les 
cieux connussent par l'Eglise la 
sagesse multiforme de Dieu, 

11. Selonle décret éternel qu'il 
a accompli dans le Christ Jésus 
Notre Seigneur, 

12. En qui nous avons la liberté 
et 180068 auprès de Dieu, avec 
confiance par la foi en lui. 

13. Aussi je vous demande de 
ne vous point laisser abattre à 
cause de mes iribulations pour 
vous, car c'est votre gloire. 


Caae. III. 7. Supra, 1, 19. — 8. I Cor., xv, 9. 


22. Par l'Esprit; c'est-à-dire par l'Esprit-Saint qui vous a été donné pour vous 


rendre dignes de cet honneur. 


1. Je suis. Ces deux mots sont nécessaires pour lier ce verset aux suivants, lesquels 
forment une parenthèse qui ne se termine qu'au quatorzième, commençant comme 
le premier par: C'est pour «ela. — * Prisonnier. S. Paul écrit cette Epitre de Rome, 
oü il est prisonnier pour la cause de Jésus-Christ. 

6. De sa promesse; c'est-à-dire de la promesse de Dieu nommé au verset 2. On peut 
remarquer d'ailleurs que tout ce qui est dit ici dépend du méme vers. 2, et explique 


la gràce divine dont il est question. 


12. La liberté et l'accés, pour le libre accès; figure grammaticale en usage chez 
les écrivains grecs aussi bien que chez les auteurs sacrés, 


980U 


14. C'est pour cela que je flé- 
chis les genoux devant le Pere 
de Notre Seigneur Jésus-Christ, 

15. De qui toute paternité tire 
son nom au ciel et sur la terre; 

16. Afin qu'il vous accorde, se- 
lonles richesses de sa gloire, que 
vous soyez puissamment forti- 
fiés par son Esprit dans l'homme 
intérieur; 

17. Que le Christ habite par la 
foi dans vos cœurs, et qu'enraci- 
nés et fondés dans la charité, 

18. Vous puissiez comprendre 
avec tous les saints, quelle est 
la largeur et la longueur, la hau- 
teur et la profondeur, 

19. Et connaitre aussi la charité 
du Christ, qui surpasse toute 
science, afin que vous soyez rem- 
plis de toute la plénitude de Dieu. 

20. Mais à celui qui est puissant 
pour tout faire bien au delà de 
ce que nous demandons ou con- 
cevons, selon la vertu qui opère 
en nous, 

91. A lui la gloire dans l'Eglise 
et dans le Christ Jésus, dans tou- 
tes les générations du siècle des 
siecles! Amen. 


CHAPITRE IV. 


Exhortation à la charité. Dons de Jésus- 
Christ. Economie de son corps mys- 
tique. Vie paienne, vie chrétienne. Se 
dépouiller du vieil homme, et se revé- 
tir de l'homme nouveau. 


1. Je vous conjure donc, moi 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS. 


[cir. 1v.] 


chargé de liens pour le Seigneur, 
de marcher d'une manière digne 
de la vocation à laquelle vous 
avez été appelés, 

2. Avec toute humilité et toute 
mansuétude, avectoute patience, 
vous supportant mutuellement. 
en charité ; 

3. Appliqués à conserver l’u- 
nité d'esprit, par le lien de la 
paix. 

4. Soyez un seul corps et un 
seul esprit comme vous avez été 
appelés à une seule espérance 
dans votre vocation. 

5. Il y a un seul Seigneur, une 
seule foi, un seul baptéme, 

6. Un seul Dieu et Père de tous, 
qui est au-dessus de tous, et au 
milieu de toutes choses, et en 
nous tous. 

Or à chacun de nous a été‏ .ד 
donnée la gráce, selon la mesure‏ 
du don de Jésus-Christ.‏ 

8. C'est pourquoi l' Ecriture dit: 
Montant au ciel, il a conduit une 
captivité captive ; il a donné des 
dons aux hommes. 

9. Mais qu'est-ce : 11 est monté, 
sinon qu'il est descendu aupara- 
vant dans les parties inférieures 
de la terre? 

10. Celui qui est descendu est 
le méme qui est monté au-dessus 
de tous les cieux, afin qu'il rem- 
plit toutes choses. 

11. Et c'est lui qui a fait les uns 
apôtres, les autres prophètes, 


IV. 4. I Cor., vir, 20. — 3. Phil, 1, 27. — 6. Mal., m, 10. — 7. Rom., xit, 3;‏ שג 
,זא I Cor., xit, 11; 11 Cor., x, 13. — 8. Ps. rxvir, 19. — 11, 1 Cor.,‏ 


pM MM ll d 


14. C’est pour cela. La longue parenthèse qui commence au vers. 3 étant terminée 
avec le treizième, saint Paul reprend ici son discours. 

19. De qui toute paternité; c'est-à-dire que Dieu est le principe et le chef de toute 
la grande famille qui est dans le ciel et sur la terre. 

18. La largeur, etc.; en un mot l'immensité du mystère de l'Incarnation, 


8. Captivilé captive; hébraisme, pour captivité nombreuse. 


feu. 1v.] 


pasteurs et docteurs, 

12. Pour la perfection dessaints, 
pour l'œuvre du ministère, pour 
l'édification du corps du Christ, 

13. Jusqu'à ce que nous parve- 
nions tous à l'unité de la foi et de 
la connaissance du Fils de Dieu, 
à l'état dun homme parfait, à 

la mesure de l’âge de 18 plénitude 
du Christ; 

14. Afin que nous ne soyons 
plus comme de petits enfants qui 
flottent, ni emportés çà et là à 
tout vent de doctrine, par la mé- 
chanceté deshommes, par l'astuce 
qui entraîne dans le piége de l'er- 
reur. 

15. Mais que pratiquant la 
vérité dans la charité, nous crois- 
sions en toutes choses dans celui 
qui est le chef, le Christ, 

16. En vertu duquel tout le 
corps uni et lié par toutes les join- 
tures qui se prêtent un mutuel 
secours, d'aprés une opération 
proportionnée à chaque membre, 
recoit son accroissement pour 
étre édifié dans la charité. 

17. Je vous dis donc, et je vous 
conjure par le Seigneur de ne 
plus marcher comme les gentils, 
qui marchent dans la vanité de 
leurs pensées, 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS. 
d'autres évangélistes, d'autres | 


2801 


18.Qui ontl'intelligence obscur- 
cie de ténébres, entierement 
éloignés de la vie de Dieu, par 
l'ignorance qui est en eux, à 
cause de l'aveuglement de leur 
cœur; 

19. Qui, ayant perdu tout es- 
poir, se sont livrés à l’impudicité, 
à toutes sortes de dissolutions, à 
l'avarice. 

20. Pour vous, ce n'est pas 
ainsi que vous avez été instruits 
touchant le Christ ; 

91. Si cependant vous lavez 
écouté, et si vous avez appris de 
lui, selon la vérité de sa doctrine, 

22. A dépouiller, par rapport à 
votre premiere vie, le vieil 
homme qui se corrompt par les 
désirs de l'erreur. 

93. Renouvelez-vous dans l'es- 
prit de votre âme, 

94. Et revétez-vous de l'homme 
nouveau, qui a été créé selon 
Dieu dans la justice et la sainteté 
de la vérité. 

25. C'est, pourquoi, quittant le 
mensonge, que chacun dise la 
vérité avec son prochain, parce 
que nous sommes membres les 
uns des autres. 

20. Irritez-vous et ne péchez 
point; que le soleil ne se couche 
point sur votre colère. 


17. Rom., 1, 21. — 22. Coloss., nr, 8. — 23. Rom., vi, 4. — 24. Coloss., 11, 13. — 


25. I Pierre, 1 1; Zach., viir, 16. — 26. Ps. 


IVO d. 


13. A la mesure, etc.; c'est-à-dire à l’âge viril du Christ. Jésus-Christ se forme en 
nous par degrés; il est enfant, il est faible, il grandit, il devient parfait, à proportion 
du progrès que nous faisons dans la perfection. 

19. A l’avarice. D'autres, se rapprochant du Grec, traduisent: Avec ardeur. 

29. L'esprit de votre áme; toutes les facultés, toutes les puissances, tous les sen- 


timents de votre âme. 


24. La justice et la sainteté de la vérité; hébraisme et hellénisme, pour la vraie 


justice et la vraie sainteté. Compar. ui, 11. 


26. Si vous éprouvez un mouvement d'irritation mauvaise, ou méme de juste indi- 
gnation, réprimez ou réglez-le, pour ne pas pécher. Le texte hébreu du Psaume, iv, 5, 
cité par l'apótre, signifie à la lettre: frémissez, ou tremblez, mais ne péchez pas. 


N. T. 


176 


2802 

97. Ne donnez point lieu au 

diable. 
. 98. Que celui qui dérobait ne 
dérobe plus, mais plutót qu'il 
s'occupe, en travaillant de ses 
mains, à ce qui est bon, pour 
avoir de quoi donner à qui souf- 
fre du besoin. 

99. Qu'aucun discours mauvais 
ne sorte de votre bouche; que 
s'il en sort quelqu'un, qu'il soit 
bon pour édifierla foi, et donner 
la grâce à ceux qui l'écoutent ; 

80. Et ne contristez point l'Es- 
prit-Saint, dont vous avez reçu 
le sceau pour le jour de la ré- 
demption. 

31. Que toute amertume, toute 
colere, tout emportement, toute 
clameur et toute diffamation soit 
bannie de vous, avec toute ma- 
lice. 

39. Mais soyez bons les uns 
enverslesautres, miséricordieux, 
vous pardonnant mutuellement, 
comme Dieu lui-même vous ἃ 
pardonné en Jésus-Christ. 


CHAPITRE V. 


Imiter Dieu et Jésus-Christ. Bannir l'im- 
pudicité. Vivre en enfant de lumière. 
Fuir les œuvres de ténèbres. Racheter 
le temps. Se remplir du Saint-Esprit. 
Se respecter mutuellement. Sainteté 
du mariage. Devoirs du mari et de la 
femme. 


1. Soyez dono les imitateurs de 
Dieu, comme enfants bien-aimés; 
9. Et marchez dans lamour, 
comme le Christ nous a aimés et 
s'est livré lui-même pour nous 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS. 


(cn. v.] 


en oblation à Dieu, et en hostie 
de suave odeur. 

9. Que 18 fornication et toute 
impureté, ou l'avarice ne soit pas 
méme nommée parmi vous, 
comme il convient à des saints. 

4. Point de turpitudes, de fol- 
les paroles, de bouffonneries, ce 
qui ne convient point; mais plu- 
tót des actions de gráces. 

5. Car sachez comprendre qu'au- 
cun fornicateur, ou impudique, 
ou avare, ce qui est une idolàtrie, 
n'a d'héritage dans le royaume 
du Christ et de Dieu. 

6. Que personne ne vous sé- 
duise par de vains discours, car 
cest pour ces choses que vient 
la colere de Dieu sur les fils de la 
défiance. 

7. N'ayez done point de com- 
merce avec eux. 

8. Car autrefois vous étiez té- 
nèbres, mais maintenant vous 
étes lumiere dans le Seigneur. 
Marchez comme des enfants de la 
lumiere 

9. (Or le fruit de la lumière con- 
siste en toute bonté, justice et 
vérité), 

10. Examinant ce qui est agréa- 
ble à Dieu. 

11. Ne vous associez point aux 
œuvres infructueuses des té- 
nèbres, mais plutôt réprouvez- 
les; 

12. Car ce qu'ils font en secret 
est honteux même à dire. 

13. Or tout ce qui est répréhen- 
sible se découvre par la lumière; 


27. Jac., 1v, 7. — 32. Coloss., ur, 13. — Cnuap. V. 2. Jean, זוא‎ 34; xv, 12; I Jean, 1v, 21. 
— 3. Coloss., m, 5. — 6. Matt., xxiv, 4; Marc, xir, 5; Luc, xxt, 8; 11 Thess., 11, 3. 


i Ó— — ——  —— 


6. Les fils de la défiance ou de l'incrédulité. Voy. sur cet hébraisme, n, 2. 
13. Est lumière; c'est-à-dire devient lumière; hébraisme, vour devient tout brillant 


de lumiere, tout lumineux. 


[cn. v.) 


car tout ce qui se découvre est 
lumiere. 

14. C'est pourquoi l' Ecriture dit: 
Leve-toi, toi qui dors; lève-toi 
d'entre les morts, et le Christ 
t'illuminera. 

15. Ayez donc soin, mes freres, 
46 marcher avec circonspection, 
non comme des insensés, 

16. Mais comme des hommes 
sages, rachetant le temps, parce 
que les jours sont mauvais. 

17. Ne soyez done pas impru- 
dents, mais comprenez quelle est 
la volonté de Dieu ; 

18. Et ne vous enivrez pas 
de vin qui renferme la luxure; 
mais soyez remplis de l'Esprit- 
Saint ; 

19. Vous entretenant entre vous 
de psaumes, d'hymnes et de can- 
tiques spirituels, chantant et psal- 
modiant du fond de vos cœurs à 
la gloire du Seigneur; , 

90. Rendant grâces toujours et 
pour toutes choses, au nom de 
Notre Seigneur Jésus-Christ, à 
Dieu et Père; 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS. 


2503 

91. Soumis les uns aux autres 
dans la crainte du Christ. 

22. Que les femmes soient sou- 
mises à leurs maris comme au 
Seigneur; 

23. Parce que l'homme est le 
chef de 18 femme, comme le Christ. 
est le chef de l'Eglise, et il est 
aussi le Sauveur de son corps. 

94. Comme donc l'Eglise est. 
soumise au Christ, ainsi le soient 
en toutes choses les femmes à 
leurs maris. 

95. Maris, aimez vos femmes, 
comme le Christ a aimé l’Église, 
et s'est livré lui-même pour elle, 

26. Afin de la sanctifier, la pu- 
rifiant par le baptéme d'eau, par 
la parole de vie, 

27. Pourla faire paraître devant 
lui une Eglise glorieuse, n'ayant 
ni tache, ni ride, ni rien de sem- 
blable, mais pour qu'elle soit 
sainte et immaculée. 

28. Ainsi les maris doivent ai- 
mer leurs femmes comme leur 
propre corps. Celui qui aime sa 
femme, s'aime lui-méme. 


15. Coloss., 1v, 5. — 17. Rom., xir, 2; I Thess., 1v, 3. — 22. Genèse, im, 16; Coloss., 
nr, 18; 1 Picrre, irr, 1. — 23. 1 Gor., xr, 3. — 25. Coloss., ri, 19. 


14. L'Ecriture dit. Trois passages différents d'Isaie ont beaucoup de rapport avec 
la citation que fait ici l'apótre; ce sont: 1x, 2; xxvi, 19; Lx, 1, 9. Mais il faut se 
rappeler que saint Paul cite rarement les textes de l'Ecriture dans leurs propres 
termes. 

16. Rachetant le temps; c'est-à-dire le faisant tourner à notre profit; métaphore 
tirée de ce qui se pratique dans le commerce. On est attentif à toutes les occasions 
qui se présentent de faire un bon marché, et d'acheter quelque chose de précieux. 
On ne néglige rien pour acheter ou vendre à profit. — Les jours sont mauvais; c'est- 
à-dire pleins de tentations et de périls, qui nous exposent à toute heure au danger 
de nous perdre. 

24. L'Eglise, selon saint Paul, obéit toujours à Jésus-Christ; par conséquent elle 
ne se séparera jamais de lui, et ne deviendra jamais adultére. 

26. Par /a parole de vie, les Pères, en général, entendent les paroles que l'on pro- 
nonee en baptisant, et qui constituent la forme du baptéme. 

21. Non seulement l'Eglise triomphante, mais l'Eglise militante elle-même réunit 
les qualites décrites ici par l'apótre, si on la considére par rapport à son chef, Jésus- 
Christ, à sa doctrine, à ses sacrements, à ses lois, à ses membres méme, tels que 
les âmes justes et tidéles qui, malgré quelques imperfections légères, sont cependant 
ornées de la grâce sanctitiante. 


ἰ 


980^ 


290. Car personne. n'a jamais 
hai sa chair, mais il la nourrit 
et la soigne, comme le Christ 
l'Eglise; 

30. Parce que nous sommes 
les membres de son corps, formés 
de sa chair et de ses os. 

31. À cause de cela l'homme 
laissera son père et sa mère, et 
s'altachera à sa femme; et ils se- 
ront deux dans une seule chair. 

39. Ce sacrement est grand, je 
dis dans 16 Christ et dans l'Eglise. 

33. Que chacun de vous donc 
aime sa femme commelui-même ; 
mais que la femme craigne son 
mari. 

CHAPITRE VI. 


Devoirs mutuels des enfants et des pères, 
des serviteurs et des maîtres. Armes 
spirituelles des chrétiens contre les dé- 
mons, Saint Paul se recommande aux 
priéres des Ephésiens; il leur envoie 
Tychique. Salutations. 


1. Enfants, obéissez à vos pa- 
rents dans le Seigneur; car cela 
est juste. 

2. Honore ton père et ta mère 
(c'est le premier commandement 
fait avec une promesse), 

3. Afin que bien t'arrive, et 
que tu vives longtemps sur la 
terre. 

4. Et vous, pères, ne provoquez 
point vos enfants à la colère, mais 
élevez-les dans la discipline et la 
correction du Seigneur. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS. 


(ca. vi.] 


5. Serviteurs, obéissez à vos 
maîtres selonlachair, aveccrainte 
et tremblement, dans la simpli- 
cité de votre cœur, comme au 
Christ méme, 

6. Les servant, non à l'œil, 
comme pour plaire aux hommes, 
mais comme des serviteurs du 
Christ, accomplissant de cœur la 
volonté. de Dieu ; 

7. Faisant votre service de bon 
gré, comme pour le Seigneur et 
et non pour les hommes, 

8. Sachant que chacun recevra 
du Seigneur la récompense de 
toutle bien qu'il aura fait, qu'il 
soit esclave ou libre. 

9. Et vous, maîtres, faites de 
méme envers eux, leur épargnant 
les menaces, sachant que, le 
même Seigneur, le leur et le 
vôtre, est dans le ciel, et qu'il n'y 
a pas chez lui acception des per- 
sonnes. 

10. Du reste, mes freres, forti- 
fiez-vous dans leSeigneur et dans 
la puissance de sa vertu. 

11. Revétez-vous de l'armure 
de Dieu, afin de pouvoir tenir 
contre les embüches du diable ; 

19. Parce que nous n'avons 
point à lutter contre la chair et le 
sang, mais contre les princes el 
les puissances, contre les domi- 
nateurs de ce monde de ténèbres, 
contre les esprits de malice ré- 
pandus dans l'air. 


31. Genèse, it, 24; Matt., xix, 5; Marc, x, 7; I Cor., vr, 16. — (ΠΑΡ. VI. 2. Exode, 
xx, 12; Deut., v, 16; Eccli., rrr, 9; Matt., xv, 4; Marc, vir, 10; Col, rir, 20. — 5. Coloss., 
nr, 22; Tit., 1t, 9; I Pierre, rz, 18: — 9. Deut., x, 17; 11 Par., xix, 1; Job, xxxiv, 19; 
Sag., vr, 8; Eccli., xxxv, 15; Actes, x, 34; Rom., rr, 11; Coloss., ir, 25; I Pierre, x, 17. 


4. Dans la discipline, etc. ; c'est-à-dire en les instruisant et en les corrigeant selon 
les régles que le Seigneur prescrit dans l'Evangile. 
10. Dans la puissance de sa vertu; hébraisme et hellénisme, pour dans la vertu 


puissante. 


12, Contre les esprits, etc. Compar. τι, 2. 


[cu. vi.] 

13. C'est pourquoi, prenez l'ar- 
mure de Dieu, afin qu étant 
munis de tout, vous puissiez, 
au jour mauvais, résister, et 
en toutes choses demeurer par- 
faits. 

14. Soyezdoncfermes, ceignant 
vos reins de la vérité, et revétant 
la cuirasse de la justice, 

15. Et chaussant vos pieds pour 
vous préparer à l'Evangile de la 
paix; 

16. Prenant surtout le bouclier 
de la foi, dans lequel vous puis- 
siez éteindre tous les traits en- 
flammés du malin. 

11. Prenez aussi le casque du 
salut, et le glaive de l'Esprit (qui 
est la parole de Dieu), 

18. Priant en esprit en tout 
temps, par toute sorte de prières 
et de supplications, et dans le 
méme esprit veillant en toute 
instance et supplication pour tous 
les saints ; 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS. 


2805 


19. Et pour moi, afin que, lors- 
que jouvrirai ma bouche, des 
paroles me soient données pour 
annoncer avec assurance le mys- 
tere de l'Evangile, 

20. Dont j'exerce la légation 
dans les chaines, et qu'ainsi j'ose 
en parler comme je dois. 

91. Et pour que vous sachiez les 
circonstances oü je me trouve, 
et ce que je fais, Tychique, notre 
frere, et fidèle ministre du Sei- 
gneur, vous apprendra toutes 
choses. 

29. Je l'ai envoyé vers vous 
exprès pour que vous sachiez ce 
qui nous concerne, etqu'ilconsole 
VOS cours. 

25. Paix à nos frères et charité 
avec la foi, par Dieu le Père, et 
par le Seigneur Jésus-Christ. 

24. Que la grâce soit avec tous 
ceux qui aiment Notre Seigneur 
Jésus-Christ dans l’incorruptibi- 
lité. Amen. 


17. Isaie, rix, 17; 1 Thess., v, 8. — 48. Coloss., rv, 2. — 19. Coloss., 1v, 3; II Thess., 


rit, 4. 


13. Au jour mauvais; au jour de la tentation et du péril. Compar. v, 16. — De- 
meurer parfaits; c'est-à-dire complètement vainqueurs, sans avoir rien perdu dans 


le combat. 
16. Du malin esprit, du démon. 
21. * Tychique. Voir Actes, xx, 4. 


24. Dans l'incorruptibilité; d'un amour incorruptible, ou bien en se conservant purs 
de la corruption de ce monde. Compar. Jac., 1v, 4. 


EPITRE DE SAINT PAUL 


AUX PHILIPPIENS 


———29-0-0 0:2€0 0-0-0——— 


INTRODUCTION 


Philippes est la première ville d'Europe où S. Paul ait préché la foi. C'était 
une place de moyenne importance, mais à laquelle le pére d'Alexandre avait 
donné son nom et qu'Auguste éleva au rang de colonie romaine aprés la vic- 
toire qu'il avait remportée sous ses murs. L'Apótre s'y rendit en venant de 
Troade, au début de sa seconde mission, l'an 57. Il s'y arréta pour célébrer la 
Pâque, dans son dernier voyage à Jérusalem, en 58. A l'exemple de Lydie, qui 
se montra si généreux à son égard dès le moment de sa conversion, les fidèles 
de cette Eglise lui témoignèrent leur reconnaissance en lui envoyant des secours, 
d'abord à Thessalonique et à Corinthe, puis à Rome, dans sa premiére captivité. 
C'est de cette dernière ville, et par l'intermédiaire d'Epaphrodite, leur. évêque, 
qui lui avait apporté leur offrande, que S. Paul leur adresse cette Lettre. 

On n'y trouve ni exposition doctrinale proprement dite, ni discussion polé- 
mique, ni enchainement d'idées bien marquées. C'est une simple Lettre, assez 
courte, une effusion de cœur, une communication spontanée et toute paternelle, 
pleine de détails intimes, d'encouragements, de bons conseils, d'exhortations 
et d'actions de grâces. En la lisant, on sent quelle est la tendresse de S. Paul 
pour ses enfants en Jésus-Christ, et combien leur foi, leurs vertus, leurs progrés 
dans la sainteté lui sont chers. Quand il parle de leur affection pour lui, son 
âme déborde de consolation et de tendresse. Il espère recouvrer bientôt sa 
liberté; mais en attendant, il n'a pas lieu de se plaindre de son état : Dieu fait 
servir au progrès de l'Evangile sa captivité même. Quoiqu'il n'ait pas, pris en 
commençant son titre d'Apótre, il ne néglige pas de profiter de cette occasion 
pour affermir ses disciples dans la foi en Notre Seigneur et les animer à la 
ferveur, et l’on peut remarquer que ses exhortations ne sont mélées d'aucun 
reproche. L'Eglise de Philippes est sa joie et sa couronne. Il ne parait pas que 
la zizanie s'y mélàt au bon grain. L'Epitre a bien quelques mots à l'adresse des 
judaisants, mais rien ne prouve leur présence à Philippes. Aussi voyons-nous 
dans les Actes que les Juifs y étaient peu nombreux. Ils n'y avaient pas méme 
de synagogues, et l'Evangile ne dut pas faire beaucoup de conquétes dans leurs 
rangs. 

On n'a jamais contesté l'authenticité de cette Epitre. Elle est nommée dans 
le Canon de Muratori et citée par les Péres les plus anciens, S. Irénée, Clément 
d'Alexandrie, Tertullien, etc. S. Polycarpe en fait une mention expresse dans sa 
Lettre à l'Eglise de Philippes. Elle offre au lecteur moins de difficultés que de 
sujets d'édification. On la divise en deux sections : 1* Félicitations et actions de 
grâces, 1; 2° Avis et exhortations, tt-iv. (L. Bacuez.) 


ÉPITRE 


DE SAINT PAUL 


AUX PHILIPPIENS 


CHAPITRE PREMIER. 


Affection de saint Paul pour les Philip- 
piens. Les liens de saint Paul fortifient 
les fidèles. Vérité prêchée par esprit 
d'envie. Confiance de saint Paul. Il est 
partagé entre Dieu et ses fréres. Grande 
gràce de souffrir pour Jésus-Christ. 


1. Paul et Timothée, serviteurs 
de Jésus-Christ, à tous les saints 
dans le Christ Jésus, qui sont à 

hilippes, et aussi aux évéques et 
aux diacres. 

9. Grâce à vous et paix par 
Dieu notre Père et par Notre Sei- 
gneur Jésus-Christ. 

3. Je rends grâces à mon Dieu 
en plein souvenir de vous 

4. (Priant toujours avec joie 
pour vous tous en toutes mes 
prieres), 

5. De votre participation à 
l'Evangile du Christ, depuis le 
premier jour jusqu'à présent; 

6. Ayant cette confiance, que 
celui qui ἃ commencé en vous 
la bonne cuvre, la perfection- 


nera jusqu'au jour du Christ Jé- 
SUS; 

1. Etil est juste que j'aie ce 
sentiment pour vous tous, parce 
que je sens dans mon cœur que, 
soit dans mes liens, soit dans la 
défense et l'affermissement de 
lEvangile, vous êtes tous parti- 
cipants de ma joie. 

8. Car Dieu m'est témoin com- 
bien je soupire aprés vous dans 
les entrailles de Jésus-Christ. 

9. Et ce que je demande, c'est 
que votre charité de plus en plus 
abonde en science et en toute 
intelligence ; 

10. Pour que vous choisissiez 
les meilleures choses, pour que 
vous soyez purs et sans reproche 
jusqu'au jour du Christ, 

11. Remplis des fruits de justice 
par Jésus-Christ, pour la gloire et 
la louange de Dieu. 

19. Or je veux que vous sa- 
chiez, mes frères, que ce qui 
m'est arrivé ἃ servi à un plus 
grand progres de l'Evangile, 


1. A tous les saints, Voy. Act., 1x, 13. 


3. En plein souvenir; c'est-à-dire avec un souvenir incessant, ne vous oubliant pas 


un seul instant. 


5. A l'Evangile du Christ; c'est-à-dire à la foi et à la doctrine évangélique, aussi 
bien qu'aux peines et aux tribulations que j'ai éprouvées dans la prédication de 


l'Evangile, 


2808 


13. En sorte que mes liens sont 
devenus célèbres par le Christ 
dans tout le prétoire et partout 
ailleurs ; 

14. Et que plusieurs de nos 
freres dans le Seigneur, encoura- 
gés par mes liens, ont beaucoup 
plus osé annoncer sans crainte la 
parole de Dieu. 

15. Quelques-uns toutefois pró- 
chent le Christ par envie et par 
esprit de contention, d'autres par 
une bonne volonté ; 

16. Les uns par charité, sachant 
que j'ai été établi pour la défense 
de l'Evangile ; 

17. Les autres annoncent le 
Christ par esprit de contention et 
non sincerement, croyant me 
susciter des tribulations dans mes 
liens. 

18. Mais qu'importe? Pourvu 
que le Christ soit annoncé de 
quelque maniere que ce puisse 
étre, ou par occasion, ou par un 
vrai zele, je m'en réjouis et je 
continuerai à m'en réjouir. 

19. Car je sais que ceci tournera 
à mon salut par vos prières et par 
le secours de l'Esprit de Jésus- 
Christ, 

90. Selon mon attente et mon 
espérance que je ne serai con- 
fondu en rien; mais que par- 
lant avec toute liberté, le Christ, 
maintenant comme toujours, 
sera glorifié en mon corps, soit 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX PHILIPPIENS. 


[cu. 1.] 


par ma vie, soit par ma mort. 

91. Car pour moi, vivre c'est le 
Christ, et mourir un gain. 

99. Que si je vis dans la chair, 
jai le fruit de mon travail; et 
ainsi je ne sais que choisir. 

93. Car je me sens pressé des 
deux côtés, désirant d'être dis. 
sous et d'être avec Jésus-Christ, 
chose bien meilleure pour mot; 

24. Et de demeurer dans la 
chair, chosenécessaire pour vous. 

95. Aussi, confiant en cela, je 
sais que je resterai et que je de- 
meurerai encore avec vous tous, 
pour votre avancement et pour 
la satisfaction de votre foi, 

26. Afin que vos félicitations à 
mon sujet abondent dansle Christ 
Jésus par mon retour chez vous. 

27. Seulement vivez d'une ma- 
niere digne de lEvangile du 
Christ, afin que, soit que je vienne 
et vous voie, soit qu'absent, j'en- 
tende dire que vous demeurez 
animés d'un méme esprit, travail- 
lant de concert pour la foi de 
l'Evangile, 

98. Et sans que vous soyez ef- 
frayés enriem parnosadversaires, 
ce qui est une cause de perdition 
pour eux et de salut pour vous; 
or cela vient de Dieu, 

29. Puisqu'il vous a donné tou- 
chant le Christ, non-seulement de 
croire en lui, mais aussi de souf- 
frir pour lui, 


Cua. I. 27. Ephés., 1v, 1; Coloss., 1, 10; 1 Thess., 11, 12. 


——»—O Án‏ תת רברב ' ii...‏ ורוו וו ה 


13. Les Péres grecs et la plupart des commentateurs entendent ici par prétoire, le 
palais de l'empereur, qui était alors Néron. Il est certain qu'on donnait ce nom à 
l'hôtel des gouverneurs des provinces, où l'empereur lui-même logeait dans ses 
voyages. On a donc pu le donner aussi au palais où il demeurait étant à Rome. 

22. L'apótre veut dire que bien que mourir pour Jésus-Christ, soit un gain pour 
lui, en le mettant tout de suite en possession du ciel, il doute néanmoins de ce qu'il 
choisirait, parce qu'en demeurant plus longtemps dans la chair, c'est-à-dire dans son 
corps, il pourrait encore être utile au salut de ses frères. 


[cu. τι. 


30. Soutenant le méme combat 
que vous avez vu en moi, et que 
maintenantvous entendez de moi. 


CHAPITRE II. 


Union. Humilité Abaissement et gloire 
de Jésus-Christ. Opérer le salut avec 
erainte et tremblement. Zéle de saint 
Paul. Vertu de Timothée. Louange 
d'Epaphrodite. 


1. Si donc il est quelque conso- 
lation dansle Christ, quelque dou- 
ceur dans la charité, quelque 
communion d'esprit; s'il est des 
entrailles de commisération, 

2, Comblez ma joie, étant dans 
les mémes sentiments, ayant la 
méme charité, la méme âme, la 
méme pensée; 

3. Rien par esprit de contention, 
ni par vaine gloire, mais par hu- 
milité, croyant les autres au-des- 
sus de soi, 

4. Chacun ayant égard, non à 
ses propres intéréts, mais à ceux 
d'autrui. 

5. Ayez en vous les sentiments 
qu'avait en lui le Christ Jésus, 

6. Qui, étant dans la forme de 
Dieu, n'a pas cru que ce füt une 
usurpation de se faire égal à Dieu; 

7. Mais il s'est anéanti lui- 
méme, prenant la forme d'es- 
clave, ayant été fait semblable 
aux hommes, et reconnu pour 
homme par les dehors. 

8. Il s'est humilié lui-même, 
s'étant fait obéissant jusqu'à la 
mort de la croix. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX PHILIPPIENS. 


2809 


9. C'est pourquoi Dieu l’a exalté 
et lui a donné un nom qui est au- 
dessus de tout nom; 

10. Afin quau nom de Jésus, 
tout genou fléchisse dans le ciel, 
surla terre et dans les enfers, 

11. Et que toute langue con- 
fesse que le SeigneurJésus-Christ 
est dans la gloire de Dieu le 
Père. 

19. Ainsi, mes bien-aimés 
(comme vous avez été toujours 
obéissants), non-seulement en 
ma présence, mais bien plus en- 
core en mon absence, comme en 
ce moment, opérez votre salut 
avec crainte et tremblement. 

13. Car c’est Dieu qui opere en 
vous et le vouloir et le faire, selon 
sa bonne volonté. 

14. Faites tout sans murmure 
et sans hésitations ; 

15. Afin que vous soyez sans 
reproche et sincères, comme des 
enfants de Dieu, sans répréhen- 
sion au milieu d'une nation dé- 
pravée et perverse, parmi la- 
quelle vous brillez comme des 
astres dans le monde, 

16. Gardant la parole de vie 
pour ma gloire au jour du Christ, 
parce que ce n'est pas en vain 
que j'ai couru, ni en vain que j'ai 
travaillé. 

47. Et si je suis immolé sur le 
sacrifice et l'oblation de votre foi, 
je m'en réjouis et m'en félicite 
avec vous tous; 

18. Mais vous-mémes, réjouis- 


Cap. II. 8. Hébr., π, 9. — 10. Isaie, xLv, 24; Rom., xiv, 11. — 14. I Pierre, ιν, 9. 


————————— M — —— —MÀ———áá——À. 


30. Et que maintenant vous entendez de moi; c'est-à-dire et dans lequel vous en- 
tendez dire que je suis encore maintenant engagé. 


6. La forme de Dieu, c'est l'étre, la nature de Dieu. 
12. Opérez votre salut, etc.; c'est-à-dire défiez-vous de vous-mémes, et attendez tout 


secours du ciel, de la protection divine. 


2810 


sez-vous-en et vous en félicitez 
avec moi. 

19. J'espère dans le Seigneur 
Jésus vous envoyer bientót Ti- 
mothée, afin que moi aussi, je 
sois consolé, ce qui vous regarde 
m'étant connu. 

20. Car je n'ai personne qui me 
soit aussi intimement uni et qui 
s'inquiète autant de vous par une 
affection sincère. 

91. En effet, tous cherchent 
leurs intéréts et non les intéréts 
de Jésus-Christ. 

22. Or jugez-le par l'épreuve 
quienaété faite, puisque, comme 
un fils aide son père, il m'a. aidé 
dans la prédication de l'Evangile. 

23. J'ai donc dessein de vous 
l'envoyer dès que j'aurai pourvu 
à ce qui me regarde. 

24. Et j'ai cette confiance dans 
le Seigneur, que moi-méme je 
viendrai bientót vers vous. 

25. Cependant j'ai jugé né- 
cessaire de vous envoyer Epa- 
phrodite, mon frére, compagnon 
de mes travaux et de mes com- 
bals, votre apótre et mon aide 
dans mes nécessités ; 

26. Parce qu'il désirait vous 
voir tous, et qu'il était affligé que 
vous l'aviez su malade. 


19. Actes, xvi, 1. — 21. I Cor., xii, 5. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX PHILIPPIENS. 


[cu. 1π.} 


97. Car il a été malade jusqu'à 
la mort, mais Dieu a eu pitié de 
lui, et non-seulement de lui, mais 
de moi aussi, afin que je n'eusse 
point tristesse sur tristesse. 

28. Je vous l'ai donc envoyé en 
grande hâte, pour quelerevoyant, 
vous vous réjouissiez, et que je 
ne sois plus moi-méme dans l'af- 
fliction. 

29. C'est pourquoi recevez-le 
en toute joie dans le Seigneur, 
et honorez ceux qui sont tels. 

30. Car c’est à cause de l’œuvre 
du Christ qu'il a été tout pres de 
la mort, livrant son âme pour 
accomplir envers moi le service 
que vous ne me pouviez rendre 
vous-mémes. 


CHAPITRE ΠῚ. 


Chrétien vrai circoncis. Justice de la loi 
et de la foi. Participation aux souf- 
frances de Jésus-Christ. Saint Paul ne 
se croit pas arrivé à la perfection, mais 
il y tend. Faux apótres ennemis de la 
croix. Chrétiens citoyens du ciel. 


1. Au reste, mes freres, réjouis- 
sez-vous dans le Seigneur. Vous 
écrire les mémes choses n'est pas 
pénible pour moi, mais c'est né- 
cessaire pour vous. 

2. Gardez-vous des chiens, gar- 


25. * Epaphrodite était un Philippien que ses compatriotes avaient envoyé à Rome 
pour y porter des aumónes à ₪. Paul prisonnier. Là il avait été trés malade. Après 
sa guérison, il fut chargé par l'apótre de porter à Philippes la présente: Epitre. 

30. Livrant son âme. On ἃ pu remarquer déjà plusieurs fois que dans l'Eeriture 
l'àne se prend souvent aussi pour la vie, la personne. Compar. Matt., x, 39. 


2. Des chiens. Jésus-Christ traitait les gentils de chiens, à cause de la corruption 
de leurs mœurs (Matl., x, 26); saint Paul appelle ainsi les faux apôtres, soit à cause 
de l'impudence 6% de l'acharnement avec lequel ils déchiraient par leurs médisances 
les vrais apótres de Jésus-Christ, soit parce qu'aprés avoir quitté le judaisme pour 
devenir chrétiens, 118 y revenaient, en quelque sorte, en voulant conserver la circon- 
cision et les autres pratiques dela loi, imitant en cela les chiens, qui reviennent à 
ce qu'ils ont vomi, comme il est dit dans les Proverb., xxvi, 41, — De la mutilation, 


[ση. π|.} 


dez-vous des mauvais ouvriers, 
gardez-vous de la mutilation. 

3. Car c'est nous qui sommes 
la circoncision, nous qui servons 
Dieu en esprit, qui nous glorifions 
dans le Christ Jésus, et ne met- 
tons pas notre confiance dans la 
chair. 

4. Quoique j'aie moi aussi de 
quoi me confier dans la chair; si 
quelqu'un croit pouvoir se confier 
dans la chair, je le puis davan- 
tage, moi, 

9. Circoncis le huitième jour, 
moi de la race d'Israel, de la tribu 
de Benjamin, Hébreu de peres 
hébreux; quant à la loi, phari- 
sien; 

6. Quant au zèle, persécutant 
l'Eglise de Dieu; quant à la jus- 
tice de la 101, ayant vécu sans re- 
proche. 

7. Mais ce qui était un gain pour 
moi, je l'ai jugé perte à cause du 
Christ. 

8. Bien plus, j'estime que 
tout est perte, auprès de l'émi- 
nente connaissance de Jésus- 
Christ Notre Seigneur, pour qui 
je me suis dépouillé de toutes 
choses, et je les regarde comme 
du fumier, afin de gagner le 
Christ, 

9. Et d'étre trouvé en lui pos- 
sédant non ma propre justice qui 
vient de la loi, mais celle qui 
vient de la foi dans le Christ Jé- 


CnaP. III. 5. Actes, xxii, 6. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX PHILIPPIENS. 


2811 
sus, la justice qui vient de Dieu 
par la foi, 

10. Pour le connaître ainsi que 
la vertu de sa résurrection, et 
la participation de ses souf- 
frances; m'étant conformé à sa 
mort; 

11. Afin que je puisse parvenir 
de quelque manière à la résurrec- 
tion d'entre les morts; 

12. Non que déjà j'aie atteint 
jusque-là, ou que déjà je sois par- 
fait; mais je poursuis, pour at- 
teindre de quelque manière le 
but auquel j'ai été destiné par le 
Seigneur Jésus. 

13. Non, mes freres, je ne pense 
pas lavoir atteint. Mais seule- 
ment, oubliant ce qui est en ar- 
rière, et m'avancant vers ce qui 
est devant, 

14. Je tends au terme, au prix 
de la vocation céleste de Dieu 
dans le Christ Jésus. 

15. Ainsi, tantque noussommes 
parfaits, ayons ce sentiment, et 
si vous en avez quelqu'autre, 
Dieu vous éclairera sur celui-là 
aussi. 

16. Cependant, par rapport à 
ce que nous connaissons, ayons 
les mémes sentiments, et persé- 
vérons dans la méme regle. 

17. Mes frères, soyez mes imi- 
tateurs, et observez ceux qui 
marchent selon le modele que 
vous avez en nous. 


EE 


ou du retranchement; terme de mépris par lequel l'apótre désigne les mêmes Juifs 
qui soutenaient la nécessité de la circoncision. 


ὃ, Hébreu de péres hébreuz; c'est-à-dire de péres non hellénistes, ou qui ne s'étaient 
pas mélés avec les Grecs, avaient conservé la langue même de leurs pères. Compar. 


Aet. Yu, M. 


,12. Le but, etc., littér.: Ce en quoi, pour quoi j'ai élé pris, saisi. L'apótre fait allu- 
sion à ce qui lui est arrivé sur le chemin de Damas, Voy. Act.. ix, 2 et suiv. 


2812 

18. Caril y en a beaucoup dont 
je vous ai souvent parlé (et je 
vous en parleencore aveclarmes), 
qui marchent en ennemis de la 
croix du Christ ; 

19. Dont la fin sera la perdition, 
dont le Dieu est le ventre, qui 
mettent leur gloire dans leur 
ignominie, et qui n'ont de goût 
que pour les choses de la terre. 

20. Pour nous, notre vie est 
dans les cieux : c'est de là aussi 
que nous attendons le Sauveur, 
Notre Seigneur Jésus-Christ, 

21. Qui réformera le corps de 
notre humilité en le conformant 
à son corps glorieux, par cette 
vertu efficace, par laquelle il peut 
s'assujettir toutes choses. 


CHAPITRE IV. 


Saint Paul exhorte les Philippiens à de- 
meurer fermes dans le Seigneur. Il leur 
recommande ses coopérateurs. 11 leur 
souhaite la paix. Il loue leur libéralité, 
et leur souhaite la récompense. Salu- 
tations. 


1. C'est pourquoi, mes freres 
très chers et très désirés, ma 
gloire et ma couronne, demeurez 
ainsi fermes dans le Seigneur, 
mes bien-aimés, 


18. Rom., xvi, 1T. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX PHILIPPIENS. 


[cH. 1v.] 


2. Je prie Evodie et je conjure 
Syntyche d'avoir les mêmes sen- 
timents dans le Seigneur. 

3. Je te prie aussi, toi, mon 
fidèle compagnon, aide celles qui 
ont travaillé avec moi pour l'E- 
vangile, avec Clément et mes 
autres coopérateurs, dont les 
noms sont dans le livre de vie. 

4. Réjouissez-vous toujours 
dans le Seigneur; jele dis encore, 
réjouissez-vous. 

ὃ. Que votre modestie soit 
connue de tous les hommes; le 
Seigneur est proche. 

6. Ne vous inquiétez de rien, 
mais que dans toutes vos prieres 
et dans toutes vos supplications 
ce soit avec des actions de gráces 
que vos demandes paraissent de- 
vant Dieu. 

1. Et que la paix de Dieu, qui 
surpasse toute pensée, garde vos 
cœurs et vos esprits dans le Christ 
Jésus. 

8. Enfin, mes frères, que tout 
ce qui est vrai, tout ce qui est 
pur, tout ce qui est juste, tout 
ce qui est saint, tout ce qui 
est aimable, toute bonne répu- 
tation, tout ce qui est vertueux, 
tout ce qui est louable dans les 


90. Notre vie est dans les cieux; nous vivons déjà dans les cieux en esprit, par nos 
sentiments et notre espérance. 


4. Et très désirés; c'est-à-dire aprés qui je soupire trés ardemment. Compar. 1, 8. 

2. * Evodie, Syntyche. C'étaient ou deux diaconesses ou deux femmes de haut 
rang que S. Paul exhorte à la concorde. On ignore en quoi consistaient leurs divi- 
sions. 

3. * Mon fidèle compagnon. Compagnon et en grec syzyge, qu'il faudrait prendre 
d’après plusieurs pour un nom propre. En tout cas, on ignore qui il est. — Avec Clé- 
ment. Origene et S. Jérôme nous apprennent que ce Clément est celui qui devint le 
pape S. Clément. On croit qu'il naquit à Rome, vers l'an 30 de notre ère, et qu'il fut 
le second successeur, d'autres disent le successeur immédiat de S. Pierre sur le siège 
de Rome. Pendant son pontificat, il écrivit une lettre célèbre aux Corinthiens. ll 
souffrit le martyre sous l'empereur Trajan. 

4. Réjouissez-vous, était la formule ordinaire de salut chez les Grecs. 


(cu. 1v.] 


meeurs, soit l'objet de vos pen- 
sées. 

9. Ce que vous avez appris, et 
recu, et entendu de moi, et vu en 
moi, praliquez-le, et le Dieu de 
paix sera avec vous. 

10. Au reste, je me suis gran- 
dement réjoui dans le Seigneur 
de ce que vos sentiments pour 
moi ont enfin refleuri : vous les 
aviez toujours, mais vous étiez 
occupés. 

11. Ce n'est pas à cause du be- 
soin que j'en ai que je parle ainsi; 
car j'ai appris à étre satisfait de 
l'état où je me trouve. 

19. Je sais étre humilié, et je 
sais aussi vivre dans l'abondance 
(e me suis habitué partout et à 
tout) ; être rassasié et avoir faim ; 
étre dans labondance et dans 
l'indigence. 

13. Je puis tout en celui qui me 
fortifie. 

14. Cependant vous avez bien 
fait en prenant part à mes tribu- 
lations. 

15. Or vous savez, vous aussi, 
Philippiens, quau commence- 
ment de ma prédication de l'E- 
vangile, quand je partis de la 

04. IV. 18. Rom., xit, 1. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX PHILIPPIENS. 


2813 
Macédoine, aucune Eglise ne m'a 
fait part de ses biens à litre de 
compensation, si ce n'est vous 
seuls; 

16. Car vous m'avez envoyé une 
fois, et méme deux, à Thessalo- 
nique, ce qui m'était nécessaire. 

11. Non que je recherche vos 
dons, mais je désire le fruit qui 
en abondera par rapport à vous. 

18. Car j'ai tout, j'abonde; je 
suis comblé, ayant recu par Epa- 
phroditece que vousavez envoyé, 
oblation de suave odeur, hostie 
acceptée, agréable à Dieu. 

19. Mais que mon Dieu rem- 
plisse tous vos désirs, selon ses 
richesses en gloire, dans le Christ 
Jésus. 

20. A Dieu notre Père, gloire 
dans tous les siecles. Amen. 

91. Saluez tous les saints en 
Jésus-Christ. 

22. Les frères qui sont avec moi 
vous saluent. Tous les saints vous 
saluent, mais principalement 
ceux qui sont de la maison de 
César. 

23. Que la grâce de Notre Sei- 
gneur Jésus-Christ soitavec votre 
esprit. Amen. 


10. Vous étiez occupés ; tenus occupés au point de ne pouvoir me donner des preuves 
de ces sentiments; c'est-à-dire vous en étiez empéchés. Autrement, selon le texte 
grec: Vous n'avez pas eu la commodité, l'occasion favorable. 

15. A titre de compensation, littér.: En raison du donné ct du reçu; c'est-à-dire 
aucune Eglise, la vótre exceptée, ne m'a donné de ses biens temporels pour les biens 
spirituels qu'elle avait reçus de moi. — * De ia Macédoine. Voir Actes, xvi, 9. 

16.* A Thessalonique. Voir Actes, xvit, 1. 

18. * Epaphrodite. Voir plus haut, u, 25. 

21, 22. Tous les saints. Voy. Act., 1x, 13. 

22. De César; c'est-à-dire de Néron, dans la cour duquel l'apótre avait fait des con- 
versions. — * De la maison de César. 11 s'agit de chrétiens au service de l'empereur, 
mais on ignore qui ils étaient. 


EPITRE DE SAINT PAUL 


AUX COLOSSIENS. 


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INTRODUCTION 


Colosses était une ville de Phrygie, peu éloignée de Laodicée, d'Ephése et 
d'Hiérapolis. La foi chrétienne parait y avoir été préchée, non par S. Paul lui- 
méme, qui ne se donne nulle part pour l'Apótre des Colossiens, mais par un de 
ses disciples, Epaphras, qui en devint probablement évêque après la mort d'Ar- 
chippe. Aussi cette Lettre contient-elle peu de détails personnels. 

Ce qu'on y remarque surtout, ce sont les rapports nombreux qu'elle présente 
avec l'Epitre aux Éphésiens. On n'y trouve pas seulement la méme doctrine, ce 
qui serait peu surprenant, mais une série d'idées paralléles, et un grand nombre 
de pensées et d'expressious identiques. 

Cette conformité s'explique par cette considération, qu'ayant été envoyées 
dans la méme occasion, ces deux Épitres auront été écrites à la méme date, 
sous la méme impression, dans le méme dessein, pour remédier aux mémes 
désordres ou prévenir le méme péril. A Colosses comme à Ephèse, le dan- 
ger qui menacait l'Église avait pour cause les prédications et les mancu- 
vres de docteurs soi-disant chrétiens, mais avant tout judaisants et déjà 
quelque peu gnostiques. Sans égaler peut-étre la loi à la foi, comme ceux 
que l'Apótre avait combattus en Galatie, ils recommandaient les pratiques 
légales, les fétes juives, l'abstinence de la chair et du vin. En méme temps, 
ils tâchaient de rabaisser l'idée que S. Paul avait donnée du Sauveur. Ils 
usaient d'arlifices pour réduire son róle dans l'Eglise et dans le monde; ils 
disaient que le Fils de Dieu est trop grand pour s'étre fait lui-méme notre mé- 
diateur, que c'est par les anges que notre salut doit s'opérer et que nous devons 
offrir à Dieu nos hommages. Sur la nature, le nombre, les fonctions des anges, 
ils avaient une théorie trés étendue, trés détaillée; ils se plaisaient à en dire les 
noms, les variétés, les occupations. Ils parlaient souvent du culte qu'on leur 
devait. L'Apótre répudie sans équivoque l'enseignement de ces faux docteurs, 
et oppose à leurs fantaisies superstitieuses la vraie doctrine chrétienne. Il in- 
siste avec une rare élévation de pensée et une grande ardeur de sentiments sur 
les principaux dogmes, la divinité du Sauveur, l'universalité de la Rédemption, 
la nécessité du christianisme pour arriver au salut. Sa Lettre devait étre com- 
muniquée à l'Eglise de Laodicée, aprés avoir été lue à Colosses. 


INTRODUCTION. 2815 


Cette Epitre 8 été citée, aussi bien que celle aux Éphésiens, comme un docu- 
ment apostolique, par les Péres les plus anciens, S. Justin, S. Théophile d'An- 
tioche, S. Irénée, Tertullien contre Marcion et Marcion lui-méme. Les noms 
d'Onésime, d'Archippe et d'Aristarque la relient à l'Épitre. ἃ Philémon, qui 
devient garante de son authenticité. D'ailleurs l'Apótre s'y révèle par l'élévation 
de ses vues, la ferveur de sa foi et l'inégalité de son style. Aussi les doutes 
récemment émis à cet égard n'ont-ils pas trouvé d'écho. 

Outre l'exorde, 1, 1-12, et la conclusion, tv, 7-18, on y distingue deux parties : 
l'une dogmatique, 1, 11-11; l'autre morale, r-1v, 6. (L. Bacuez.) 


ÉPITRE 
DE SAINT PAUL 


AUX COLOSSIENS 


CHAPITRE PREMIER. 


Saint Paul, après avoir salué les Colos- 
siens, rend grâces à Dieu, et prie pour 
eux. Jésus-Christ est l'image de Dieu, 
le créateur de toutes choses, le chef de 
l'Eglise, le pacificateur entre le ciel et 
la terre. Paul ministre de Jésus-Christ 
et de son Eglise. Mystère de la vocation 
des gentils. 


1. Paul, apótre de Jésus- 
Christ par la volonté de Diez, et 
Timothée son frere; 

2. Aux saints et aux freres fidè- 
les en Jésus-Christ qui sont à 
Colosse, 

3. Grâce à voüs et paix par 
Dieu notre Père, et par Notre Sei- 
gneur Jésus-Christ. Nous rendons 
grâces à Dieu le Père de Notre 
SeigneurJésus-Christ, priant sans 
cesse pour vous; 

4. Depuis que nous avons ap- 
pris votre foi dans le Christ Jésus, 
ella charité que vous avez pour 
tous les saints, 

9. À cause de l'espérance qui 


vous est réservée dans les cieux, 
et dont vous avez eu connais- 
sance par la parole de la vérité 
de l'Evangile, 

6. Qui vous est parvenu, com- 
me ilest aussi répandu dans le 
monde entier, où il fructifie et 
croit, ainsi qu'en vous, depuis le 
jour où vousl'avez entendu, et où 
vous avez connu la grâce de Dieu 
dans la vérité ; 

7. Selon que vous l’avez appris 
du très cher Epaphras, notre 
compagnon dans le service de 
Dieu, et ministre fidèle du Christ 
Jésus à votre égard; 

8. Lequel nous ἃ fait connaître 
aussi votre charité toute spiri- 
tuelle. 

9. C'est pourquoi, du: jour où 
nous l’avons appris, nous ne ces- 
sons de prier pour vous, et de 
demander ὦ Dieu que vous soyez 
remplis de la connaissance de sa 
volonté, en toute sagesse et intel- 
ligence spirituelle; 


9. Aux saints. Voy. Act., 1x, 13. 


1. Dans le service de Dieu. Compar. iv, 1. — * Epaphras était de Colosses et l'un 
des premiers qui avaient préché l'Evangile dans cette ville. Il fut prisonnier avec 


S. Paul à Rome. 


8. Toute spirituelle; c'est-à-dire produite uniquement par l'inspiration du Saint- 


Esprit. 


9. En toute sagesse, etc., ou avec loule sagesse; en vous donnant toute sagesse, etc. 


[cu. 1. 


10. Afin que vous marchiez 
dune maniere digne de Dieu, 
lui plaisant en toutes choses, 
fructifiant en toutes sortes de 
bonnes œuvres, etcroissant dans 
la science de Dieu; 

11. Corroborés de toute force 
par la puissance de sa gloire, de 
toute patience et de toute longa- 
nimité accompagnée de joie; 

19. Rendant gráces à Dieu le 
Père qui nous a fait dignes d'a- 
voir part à lhéritage des saints 
dans la lumiere ; 

13. Qui nous ἃ arrachés de la 
puissance des ténèbres, et trans- 
férés dans le royaume du Fils 
de sa dilection, 

14. En qui nous avons la ré- 
demption par son sang, la rémis- 
sion des péchés; 

15. Qui est l'image du Dieu in- 
visible, le premier-né de toute 
créature. 

10. Car c’est par lui que tou- 
tes choses ont été créées dansles 
cieux et sur la terre, les visibles 
et les invisibles, soit trônes, soit 
dominations, soit principautés, 
soit puissances : tout a été créé 
par lui et en lui; 

11. Et lui-même est avant tous, 
et tout subsiste en lui. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX COLOSSIENS. 


2817 

18. Et lui-même est le chef du 
corps de l'Eglise; 11 est le prin- 
cipe, le premier-né d'entre les 
morts, afin qu'en toutes choses il 
garde la primauté. 

19. Parce qu'ila plu au Pére que 
toute plénitude habitát en lui; 

20. Et par lui de se réconcilier 
toutes choses, pacifiant par le 
sang de sa croix, soit ce qui est 
sur la terre, soit ce qui est dans 
les cieux. 

91. Et vous, qui autrefois étiez 
adversaires et ennemis en esprit 
par vos œuvres mauvaises, 

22. 11 vous a maintenant récon- 
ciliés dans le corps de sa chair 
par la mort, pour vous rendre 
saints, purs et irrépréhensibles 
devant lui ; 

23. Si toutefois vous demeurez 
fondés et affermis dans la foi, et 
inébranlables dans l'espérance de 
l'Evangile que vousavez entendu, 
qui a été préché à toute créature 
qui est sous le ciel, et dont j'ai 
été fait ministre, moi Paul, 

24. Qui maintenant me réjouis 
dans mes souffrances pour vous, 
et accomplis dans ma chair ce qui 
manque aux souffrances du 
Christ, pour son corps qui est 
l'Eglise, 


I. 46. Jean, 1, 3. — 18. I Cor., xv, 20; Apoc., r, 5.‏ .גא 


1. Par la puissance de sa gloire, pour sa puissance glorieuse. Nous avons déjà fait 
remarquer que les Hébreux, aussi bien que les Grecs et les Latins, employaient fré- 
quemment le substantif au lieu de l'adjectif, pour donner plus de force à l'expression. 

19. Au Pére. Le contexte prouve que ces mots sont sous-entendus. Voy. au vers. 12. 

24. La passion de Jésus-Christ, considérée en elle-méme, n'a rien d'imparfait, rien 
qui demande qu'on y supplée. Le Sauveur a parfaitement accompli l'œuvre de la 
réconciliation, et il n'a rendu l'esprit sur la croix qu'aprés avoir dit que tout était 
consommé. Mais si on l'envisage par rapport à l'homme, il en est autrement. Jésus- 
Christ en souffrant pour nous n'a pas prétendu nous dispenser de souffrir, de porter 
notre croix, d'expier nos fautes par la pénitence; puisque, au contraire, il nous en 
a fait un commandement. Aussi saint Pierre nous a-t-il avertis que le Sauveur a 
souffert pour nous donner l'exemple, afin que nous suivions ses traces (I Pierre, u, 91). 
On peut donc dire en ce sens, qu'il reste encore à Jésus-Christ quelque chose à souf- 
frir, non dans sa personne, mais dans ses membres, 


ING 177 


9813 

95. Dont j'ai été fait ministre, 
selon la dispensation de Dieu, 
qui m'a été confiée pour que je 
vous annonce complètement la 
parole de Dieu; 

26. Le mystère qui a été caché 
dès l’origine des siècles et des 
générations, et qui est mainte- 
nant révélé à ses saints, 

97. Auxquels Dieu a voulu faire 
connaitre quelles sont les riches- 
ses de la gloire de ce mystère 
parmi les nations, lequel est le 
Christ, pour vous l'espérance de 
la gloire, 

98. Christ que nous vous an- 
noncons, reprenant tout homme, 
etenseignant à tout homme toute 
sagesse, afin de rendre tout 
homme parfait dans le Christ Jé- 
Sus : 

99. Ce à quoi je travaille en 
combattant selon l'énergie qu'il 
produit puissamment en moi. 


CHAPITRE Il. 


Sollicitude de saint Paul pour les Colos- 
siens. Il les exhorte à demeurer fermes 
dans la doctrine qu'ils ont reçue, et à 
se garder des faux docteurs. Grandeur 
de Jésus-Christ; son triomphe par la 
croix. Culte superstitieux des anges. 
Vaine attache aux observances légales. 


1. Car je veux que vous sachiez 
quelle sollicitude j'ai pour vous, 


CuaP. I. 5. I Cor., v, 3. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX COLOSSIENS. 


[CHAP. 1I.) 
pour ceux qui sont à Laodicée, et 
pour tous ceux qui n'ont pas vu 
ma face dans la chair; 

2. Afin que leurs eceurs soient 
consolés, et qu'ils soient instruits 
eux-mémes dans la charité, pour 
parvenir à toutes les richesses 
d'une parfaite intelligence, et à 
la connaissance du mystère de 
Dieu le Pere et du Christ Jésus, 

3. En qui tous les trésors de la 
sagesse et de la science sont ca- 
chés. 

4. Je dis ceci afin que nul ne 
vous trompe par la sublimité des 
discours. 

9. Car, quoique absent de corps, 
je suis cependant avec vous en 
esprit, me réjouissant en voyant 
l'ordre qui est parmi vous, et la 
solidité de votre foi dans le 
Christ. 

6. Comme donc vous avez recu 
Jésus-Christ, le Seigneur, mar- 
chez selon lui, 

1. Enracinés en lui, édifiés sur 
lui, vous affermissant dans la foi, 
telle qu'elle vous ἃ été ensei- 
gnée,etluirendant en abondance 
des actions de grâces. 

8. Prenez garde que personne 
ne vous séduise par la philoso- 
phie, par des raisonnements 
vains et trompeurs, selon la tra- 
dilion des hommes, selon les élé- 


pa———— A ₪ גג ע‎ 


4. Qui n’ont pas vu ma face dans la chair; c'est-à-dire qui ne me connaissent pas 
de visage, qui ne m'ont jamais vu. — * Laodicée, ainsi nommée de Laodice, femme 
d'Antiochus II, roi de Syrie, était une ville d'Asie Mineure, en Phrygie, sur le Lycus, 
à l'ouest de Colosses et au sud d'Hiérapolis. Elle était trés commercante. Vers l'é- 
poque oü S. Paul écrivit aux Colossiens, Laodicée avait eu beaucoup à souffrir d'un 
tremblement de terre. 

8. Les éléments du monde. Voy. Galat., iv, 3. — * Selon la tradition des hommes. Voir 
Matt., xv, 2. — La philosophie dont il est ici question est vraisemblablement la théo- 
sophie d'origine juive, mêlée de toute espèce de superstitions orientales, qui était 
surtout répandue en Phrygie et que le peuple appelait philosophie. 


(eu. n.] 
ments du monde, et non selon le 
Christ ; 

9. Car en lui toute la plénitude 
de la divinité habite corporelle- 
ment ; 

10. Et vous étes remplis en 
lui, qui est le chef de toute 
principauté et de toute puis- 
sance ; 

11. Et c'est en lui que vous 
avez été circoncis d'une circonci- 
sion non faite de main d'homme 
par le dépouillement de votre 
corps de chair, mais de la circon- 
cision du Christ; 

19. Ayant été ensevelis avec 
lui dans le baptéme, dans lequel 
vous avez été aussi ressuscités 
par la foi en la puissance de Dieu 
qui l'a ressuscité d'entre les 
morts. 

19. Et vous, lorsque vous étiez 
morts dans vos péchés et dans 
l'incirconcision de votre chair, il 
vous a fait revivre avec lui, vous 
remettant tous vos péchés ; 

14. Effacant la cédule du décret 
porté contre nous, qui nous était 
contraire, et qu'il a abolie, en 
l'attachant à la croix ; 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX COLOSSIENS. 


2819 

15. Et dépouillant les princi- 
pautés et les puissances, il les a 
menées caplives avec une noble 
fierté, triomphant d'elles haute- 
ment en lui-méme. 

16. Que personne donc ne vous 
juge sur le manger ou sur le 
boire, ou à cause des jours de 
féte, ou des néoménies, ou des 
sabbats ; 

11. Choses qui ne sont que 
lombre des futures, tandis que 
le Christ en est le corps. 

18. Que personne ne vous sé- 
duise, affectant l'humilité et le 
culte des anges, s'ingérant dans 
ce qu'il n'a point vu ; vainement 
enflé des pensées de sa chair, 

19. Et ne tenant point à la téte 
par laquelle tout le corps, servi 
et relié au moyen des jointures 
et des ligaments, croît de lac- 
croissement de Dieu. 

90. Si done vous étes morts 
avec le Christ aux éléments de ce 
monde, pourquoi décidez-vous 
encore comme si vous viviez dans 
le monde? 

91. Ne mangez pas, ne goütez 


pas, ne touchez pas, 


13. Ephés., 1, 1. — 18. Matt., xxiv, 4. 


10. Remplis en lui. Compar. Ephés., ur, 19. 

41. Saint Paul ne dit pas que Jésus- Christ n'ait pas recu la circoncision de la chair; 
il dit seulement que la circoncision que ce divin Sauveur exige de nous est une 
circoncision spirituelle, qui consiste dans le retranchement de. nos affections déré- 
glées, de nos inclinations criminelles et de nos mauvaises habitudes, comme tout le 
contexte le prouve. 

12. Dans le baptéme, dans lequel, elc. Selon d'autres: Et dans lequel (Jésus-Christ), 
etc.; mais cette construction semble moins naturelle. 

16. L'apótre veut dire que personne ne doit donner du scrupule aux Colossiens, 
sur certaines observances de la loi mosaique, en prétendant qu'elles sont obligatoires 
pour les chrétiens. 

18. Le cuite des anges. Depuis le retour de la captivité, les Juifs, curieux de bien 
connaitre les anges, de les distinguer par leurs noms et par leurs fonctions, en 
vinrent jusqu'à leur rendre un culte superstitieux. — Des pensées de su chair; c'est- 
à-dire des pensées charnelles. 

19. De l'accroissement de Dieu; c'est-à-dire de l'accroissement que Dieu leur donne. 

20. Aux éléments de ce monde. ΝΟΥ. Galat., tv, 3. 


2920 


2 ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX COLOSSIENS. 


22. Toutes choses qui périssent 
par l'usage méme, et n'existent 
qu'en vertu des préceptes et des 
ordonnances des hommes, 

23. Lesquelles ont cependant 
une apparence de raison dans un 
culte exagéré et une humilité 
affectée, dans la mortification du 
corps, et un certain mépris pour 
le rassasiement de la chair. 


CHAPITRE III. 


Amour des choses du ciel. Vie cachée en 
Dieu. Vieil homme; nouvel homme. 
Abrégé des vertus chrétiennes. Devoirs 
des femmes et des maris, des enfants, 
des péres et des serviteurs. 


1. Si donc vous étes ressuscités 
avec le Christ, recherchez les 
choses d'en haut, où le Christ est 
assis à la droite de Dieu. 

2. Goütez les choses d'en haut, 
et non les choses de la terre ; 

3. Car vous étes morts, et votre 
vie est cachée avec le Christ en 
Dieu. 

4. Quand le Christ, qui est votre 
vie, apparaitra, alors vous aussi 
vous apparaitrez avec lui dans la 
gloire. 

5. Faites donc mourir vos mem- 
bres qui sont sur la terre : la for- 
nication, l'impureté, la luxure, 


icu. uu.] 


les mauvais désirs, et l'avarice, 
qui est une idolátrie; 

6. Choses pour lesquelles la co- 
lere de Dieu vient sur les fils de 
l'incrédulité, 

7. Et dans lesquelles vous aussi 
vous avez marché autrefois, lors- 
que vous viviez parmi eux. 

8. Mais maintenant, éloignez 
de vous aussi toutes ces choses, 
la colere, l'indignation, la malice, 
la diffamation, et de votre bouche 
les paroles honteuses. 

9. Ne mentez point les uns aux 
autres, dépouillez le vieil homme 
avec ses œuvres, 

10. Et revétez le nouveau qui 
se renouvelle à la connaissance, 
selon l'image de celui qui l'a créé : 

41. Renouvellement où il n'y a 
ni gentil, ni Juif, ni circoncision, 
ni incirconcision, ni barbare, ni 
Scythe, ni esclave, ni libre, mais 
où le Christ est tout en tous. 

12. Revétez-vous donc, comme 
élus de Dieu, saints et bien-aimés, 
d'entrailles de miséricorde, de 
bonté, d'humilité, de modestie, 
de patience; 

13. Vous supportant mutuelle- 
ment, vous pardonnant les torts 
que l'un pourrait avoir envers 
l'autre ; comme le Seigneur vous 


(βαρ. 111. 5. Ephés., v, 3. — S. Rom., vi, 4; Ephés., 1v, 22; Hébr., ,זוא‎ 1; 1 Pierre, x, 


1; 1v, 2. — 10. Genèse, 1, 26. 


22, Qui périssent, ou bien qui donnent la mort; ce qui paraît moins conforme au 


contexte. 


6. Les fils de l’incrédulité; hébraisme, pour les incrédules. 


1. Parmi eux; c'est-à-dire parmi les fils de l’incrédulité; ou, selon d'autres : Dans 
ces choses, ces désordres; ce qui forme une tautologie par trop choquante. 

10. Qui se renouvelle, etc.; c'est-à-dire qui va se renouvelant et se perfectionnant 
chaque jour dans la connaissance de Dieu et de sa volonté pour l'accomplir, — Se/on 
l’image, etc. Par ce renouvellement continuel, le chrétien devient semblable à son 
parfait et divin modéle, Jésus-Christ, à l'image duquel il a été nouvellement créé. 

11. * Pour les Juifs, le monde se divisait en Juifs et en Hellènes ou Gentils; pour les 
Hellénes ou Grecs, le monde se divisait en Grecs et barbares, les barbares désignant 
ceux qui ne parlaient pas Grec. — Le Scythe est nommé comme occupant le plus 
bas degré parmi les barbares. | 


[cn. 1v.] 


a pardonné, pardonnez aussi 
de méme. 

14. Mais au-dessus de tout cela 
ayez la charité, qui est le lien de 
la perfection. 

15. Et qu'en voscceurs triomphe 
la paix du Christ, à laquelle vous 
avez méme été appelés en un seul 
corps, et soyez reconnaissants. 

16. Que la parole du Christ ha- 
bite en vous avec plénitude, en 
toute sagesse, vous instruisant et 
vous exhortant les uns les autres 
par des psaumes, des hymnes et 
des cantiques spirituels, chantant 
en action de gráces, du fond de 
vos cœurs, à la louange de Dieu. 

11. Quoi que vous fassiez en 
parole ou en cuvre, faites tout 
au nom du Seigneur Jésus-Christ, 
rendant gráces par lui à Dieu et 
père: 

18. Femmes, soyez soumises à 
vos maris, comme il convient 
dans le Seigneur. 

49. Maris, aimez vos femmes 
et ne soyez point amers avecelles. 

90. Enfants, obéissez en tout à 
vos parents, car cela plaît au Sei- 
gneur. 

21. Pères, n'irritez point vos 
enfants, de peur qu'ils ne de- 
viennent pusillanimes. 

99. Serviteurs, obéissez en 
tout à vos maîtres selon la 
chair, ne servant point à l’œil, 
comme pour plaire aux hom- 
mes, mais avec simplicité 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX COLOSSIENS. 


2821 


de cœur, en craignant Dieu. 

93. Tout ce que vous faites, 
faites-le de bon cœur, comme 
pour le Seigneur, et non pour les 
hommes; 

24. Sachant que vous recevrez 
du Seigneur l'héritage pour ré- 
compense; c'est le Seigneur Jé- 
sus-Christ que vous devez servir. 

95. Car celui qui fait une injus- 
tice recevra selon ce qu'il a fait 
injustement, et il n'y a point ac- 
ception des pesonnes devant 
Dieu. 


CHAPITRE 1V. 


Devoirs des maitres. Persévérance dans 
la priére. Sagesse dans les discours. 
Plusieurs personnages loués par saint 
Paul. L'apótre salue les Laodicéens; il 
donne un avis à Archippe. 


1. Maitres, rendez à vos servi- 
teurs ce qui est juste et équi- 
table, sachant que vous aussi 
vous avez un maitre dans le ciel. 

2. Persévérez dans la priere, et 
veillez-y en action de grâces; 

3. Priant aussi en méme temps 
pour nous, afin que Dieu ouvre 
une vole à notre parole, pour pu- 
blier le mystere du Christ (pour 
lequel aussi je suis dans les liens), 

4. Et que jelemanifeste, comme 
il convient que j'en parle. 

5. Gonduisez-vous avee sagesse 
envers ceux qui sont dehors, en 
rachetant le temps. 

6. Que vos paroles soient tou- 
jours gracieuses, assaisonnées de 


47. I Cor., x, 31. — 18. Ephés., v, 22; I Pierre, ΠΙ, 1. — 20. Ephés., vr, 1. — 21. Ephés., 
vi, 4. — 22. Tit., π, 9; I Pierre, ir, 18. — 25. Rom., m, 6. — (ΠΑΡ. IV. 2. Luc, xvii, 1; 
I Thess., v, 17. — 3. Ephés., vi, 19; II Thess., 111, 1 — 5. Ephés., v, 15. 


15. En un seul corps; comme ne formant tous qu'un seul corps, ou selon d'autres, 
mais d'une maniére moins autorisée par les termes du Grec et de la Vulgate: Pour 


former un seul corps. 


16. Chantant en actions de grâces. Compar. Ephés., v, 19, 20. 
5. Ceux qui sont dehors. Voy. I Corinth., v, 12. 


2822 
sagesse, en sorte que vous sachiez 
comment il faut que vous répon- 
diez à chacun. 

7. Pour ce qui me concerne, 
Tychique, notre frère bien-aimé, 
fidèle ministre, et mon compa- 
gnon dans le service du Seigneur, 
vous apprendra toutes choses. 

8. Je l'ai envoyé vers vous ex- 
prés, pour qu'il sache ce qui vous 
concerne, et console vos cœurs; 

9. De méme qu'Onésime, notre 
fidèle et bien-aimé frère, qui est 
votre concitoyen. Pour tout ce 
qui se passe ici, ils vous le feront 
connaitre. 

10. Aristarque, mon compa- 
enon de captivité, vous salue, et 
Marc, cousin de Barnabé, au sujet 
duquel vous avez recu des ordres 
(s’il va chez vous, recevez-le), 

11. EtJésus, quiestappelé Juste; 
lesquels sont de la circoncision : 
ce sont les seuls qui travaillent 
avecmoi pourleroyaume de Dieu, 
et ils ont été ma consolation. 

19. Epaphras, qui est votre con- 

14. II Tim,, 1v, 11. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX COLOSSIENS. 


[cu. 1v.] 


citoyen, vous salue; serviteur du 
Christ Jésus, et toujours plein de 
sollicitude pour vous dans ses 
prieres, afin que vous demeuriez 
parfaits, et pleins de toutes les 
volontés de Dieu. 

13. Car je lui rends ce témoi- 
gnage, qu'il prend beaucoup de 
peine pour vous et pour ceux qui 
sont à Laodicée et à Hiérapolis. 

14. Luc, le médecin bien- "aimé, 
vous salue, et Démas. 

15. Saluez nos frères qui sont 
à Laodicée, et Nymphas, et l'E- 
glise qui est dans sa maison. 

16. Et quand cette lettre aura 
été Iue parmi vous, faites qu'elle 
soit lue aussi dans l'Eglise de 
Laodicée; et celle des Laodi- 
céens, lisez-la vous-mémes. 

A7. Dites à Archippe : Vois le 
ministère que tu as reçu dans le 
Seigneur, afin de le remplir. 

18. La salutation est de moi, 
Paul. Souvenez-vous de: mes 
liens. Que la grâce soit avec vous. 

Amen. 


1. * Tychique. Noir Actes, xx, 4. 


9. * Onésime est l'esclave de Philémon, dont il est question dans l'Epitre de S. Paul 


adressée à ce dernier. 


40. Des ordres ; c'est-à-dire des recommandations, des lettres de recommandation. -- 
* Arislarque. Voir Actes, xix, 29. — Marc. Voir Actes, xn, 12. 
11. * Jésus qui est appelé Juste, différent de Juste de Corinthe (Actes, xvin, 1); il 


devint plus tard évéque d'Eleuthéropolis. 

12. Pleins de toutes les volontés de Dieu; c'est-à-dire pleins de la connaissance de 
toutes, etc. Compar. 1, 8. — * Epaphras. Voir plus haut, 1, 1. 

13. * Laodicée. Voir plus haut, u, 1, — Hierapolis, ville importante de Phrygie, au 
nord-ouest de Colosses, célébre par ses eaux minérales et par une caverne méphi- 
tique appelée Plutonium. 

14. * Luc l'évangéliste. — Démas, un des collaborateurs de S. Paul, fut avec: lui à 
Rome pendant sa captivité, mais l'abandonna plus tard, II Tém., 1v, 10. 

15. * Nymphas était probablement de Laodicée et une personne d'importance, 
puisque les fidéles se rassemblaient dans sa maison. 

17. Dans le Seigneur. Cette expression est rendue par les uns : Par le Seigneur, 
par le moyen du Seigneur, du Seigneur ; par d'autres: Devant le Seigneur, dans 
l'Eglise du Seigneur; et par d'autres : Pour le Seigneur. La première interprétation 
nous semble la plus probable. — * Archippe était diacre à Colosses et faisait sans 
doute partie de la maison de Philémon. Il souffrit plus tard le martyre à Chones et 
l'Eglise grecaue fait sa féte le 23 novembre. 


EPITRES DE SAINT PAUL 


AUX THESSALONICIENS 


— — 9900/€ 000 


INTRODUCTION 


Thessalonique était devenue la capitale de la Macédoine et le port le plus 
commercani de la Méditerranée : elle avait dans l'Empire la qualité de ville 
libre. S. Paul s'y rendit, dans sa seconde mission, à sa sortie de Philippes. ll 
y trouva une synagogue, oü il précha durant trois semaines et jeta les fonde- 
ments d'une petite chrétienté. Mais bientôt, chassé par les intrigues des Juifs, 
il'se retira à Bérée, puis à Athènes, et de là à Corinthe. C'est de cette dernière 
ville qu'il adressa à l'Eglise. naissante de Thessalonique, vers l'an 52, à peu 
d'intervalle l'une de l'autre, deux Epitres, les premiéres que nous ayons de lui. 
Elles sont d'une authenticité incontestable et toujours reconnue, trés simples et 
très claires, sauf deux difficultés d'exégése qu'on ne peut attribuer à un autre 
qu'à l'Apótre. La premiére de ces Epitres ne contient guére que des encourage- 
ments, 1, un tableau de sa conduite et de ses dispositions, 11, ur, avec quelques 
instructions morales, 1v-vi. L'autre, plus courte encore, a pour objet de sup- 
pléer à la visite que S. Paul voulait d'abord faire aux Thessaloniciens et de 
rectifier cette idée, dont plusieurs étaient préoccupés, que la fin du monde était 
proche. (L. Bacuez.) 


PREMIERE ÉPITRE 


DE SAINT PAUL 


AUX THESSALONICIENS 


CHAPITRE PREMIER. 


Saint Paul salue les Thessaloniciens; il 
rend grâces pour eux, et prèche parmi 
eux avec un grand succès. 115 ont servi 
de modèle aux peuples voisins, chez 
qui leur foi est devenue célèbre. 


1. Paul, Silvain et Timothée, 
à l'Eglise des Thessaloniciens, en 
Dieu le Pére, et le Seigneur Jé- 
sus-Christ. 

2. Grâce à vous et paix. Nous 
rendons continuellement grâces 
à Dieu pour vous tous, faisant 
sans cesse mémoire de vous 
dans nos prieres, 

3. Noussouvenant devant notre 
Dieu et Père des œuvres de votre 
foi, des travaux de votre charité, 
et de la constance de votre espé- 
rapnce en Notre Seigneur Jésus- 
Christ, 

4. Sachant, mes freres chéris de 
Dieu, quelle a été votre élection, 

5. Et que notre Evangile ne 
vous a pas été annoncé en pa- 


roles seulement, mais avec des 
miracles, avec l'Esprit-Saint et 
une grande plénitude de ses dons; 
car vous savez quels nous avons 
été parmi vous pour votre bien. 

6. Et vous, vous étes devenus 
les imitateurs de nous et du Sei- 
gneur, recevant la parole au mj- 
lieu de beaucoup de tribulations 
avec la joie de l'Esprit-Saint ; 

7. En sorte que vous êtes deve- 
nus un modèle pour tous les 
croyants dans la Macédoine et 
dans l'Achaie. 

8. Car par vous la parole du 
Seigneur s'est répandue, non- 
seulement dans la Macédoine et 
dans lAchaie, mais la foi que 
vous avez en Dieu améme péné- 
tré en tout lieu, de sorte que nous 
n'avons nullement besoin d'en 
rien dire; 

9. Puisqu'eux-mémes  racon- 
tentquelleentrée nous avonsfaite 
chez vous, et comment vous vous 
étes convertis des idoles à Dieu, 


1. * Silvain ou Silas. Voir Actes, xv, 22. 


9. Faisant sans cesse mémoire de vous. Voy., pour le vrai sens de cette locution, 


Rom., 1, 9. 


9. Avec des miracles; littér., en vertu, avec vertu. Nous avons déjà fait remarquer 
que le mot vertu, dans le Nouveau Testament, signifiait souvent le pouvoir de faire 


des miracles, l'opération des miracles. 


1. * Dans la Macédoine et dans lAchaie. Voir Actes, xvi, 9 et xvin, 12. 


[cn. u.] 


pour servir le Dieu vivant et vé- 
ritable, 

10. Et attendre du ciel son Fils 
Jésus (qu'il a ressuscité d'entre 
les morts), qui nous a délivrés de 
la colère à venir. 


CHAPITRE Il. 


Pureté, désintéressement, sollicitude de 
saint Paul dansla prédication de l'Evan- 
gile. Fidélité des Thessaloniciens. Juge- 
ment terrible sur les Juifs. Affection de 
saint Paul pour les Thessaloniciens. 


1. Car vous-mémes, mes freres, 
vous savez que notre entrée par- 
mi vous n'a pas été vaine, 

2. Puisque d'abord ayant souf- 
fert (comme vous le savez) et subi 
des outrages dans Philippes, nous 
avons eu en notre Dieu la con- 
fiance de vous annoncer l'Evan- 
gile de Dieu avec beaucoup de 
sollicitude. 

3. En effet, notre prédication à 
été exempte d'erreur, d'impureté 
et de fraude; 

4. Mais comme nous avons été 
trouvés dignes par Dieu que l'E- 
vangile nous füt confié, ainsi nous 
parlons, non pour plaire aux 
hommes, mais à Dieu qui sonde 
08 

9. Car jamais nous n'avons usé 
de paroles de flatterie, comme 
vous le savez, ni de prétextes 
d'avarice : Dieu en est témoin; 

6. Ni recherché la gloire aupres 
des hommes, soit auprès de vous, 
soit aupres des autres. 

7. Nous pouvions être à votre 
charge, comme apôtres du Christ ; 


PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX THESSALONICIENS. 


2825 
mais nous nous sommes faits 
petits parmi vous, comme une 
nourrice qui soigne ses enfants. 

8. Ainsi dans notre affection 
pour vous, nous aspirions à vous 
donner, non-seulementl'Evangile 
de Dieu, mais nos àmes mémes, 
parce que vous nous étes devenus 
très chers. 

9. Car vous vous souvenez, 
mes frères, de notre peine et de 
notre fatigue, puisque c'est en 
travaillant nuit et jour pour n'être 
à charge à aucun de vous, que 
nous vous avons préché l'Evan- 
gile de Dieu. 

10. Vous étes témoins, vous et 
Dieu, combien a été sainte, juste 
et sans reproche, notre conduite 
envers vous, qui avez embrassé 
la foi. 

11. Ainsi que vous le savez, 
traitant chacun de vous (comme 
un père ses enfants); 

19. Vous exhortant, vous con- 
solant, nous vous avons conjurés 
de marcher d'une maniere digne 
du Dieu qui vous a appelés à son 
royaume et à sa gloire. 

18. C'est pourquoi nous aussi 
nous rendons grâces à Dieu sans 
cesse de ce qu'ayant recu la parole 
de Dieu que vous avez ouie de 
nous, vous lavez recue, non 
comme la parole des hommes, 
mais (ainsi qu'elle l'est véritable 
ment) comme la parole de Dieu, 
qui opére en vous qui avez em- 
brassé la foi. 

14. Car, mes freres, vbus étes 
devenus lesimitateurs des Eglises 


Cuar. II. 2. Actes, xvi, 19. — 9, Actes, xx, 84; I Cor., 1v, 12; 11 Thess., mt, 8. 


2. * Dans Philippes. Voir Actes, xvi, 12. 


11. Traitant. Ce mot, qui ne se trouve pas exprimé dans le texte, représente le 
verbe nous avons conjuré, du verset suivant, verbe qui régit chacun de vous. 


2826 


de Dieu qui sont en Judée, unies 
au Christ Jésus; puisque vous 
avez souffert de ceux de votre 
nation ce qu'elles ont souffert 
elles-mémes des Juifs, 

15: Qui ont tué méme 16 Sei- 
gneur Jésus et les prophètes ; qui 
nous ont persécutés; qui ne plai- 
sent point à Dieu, et qui sont en- 
nemis de tous les hommes; 

16. Nous empéchant de parler 
aux nalions pour qu'elles soient 
sauvées, afin de combler toujours 
la mesure de leurs péchés; car la 
colere de Dieu est venue sur eux 
jusqu'à la fin. 

47. Pour nous, mes frères, 56- 
parés de vous pour un peu de 
temps, de corps, non de cœur. 
nous avons mis le plus grand 
empressement pour voir votre 
face, poussés par un vif désir; 

18. Aussi avons-nous voulu (au 
moins moi Paul) une ou deux fois 
venir vers vous; mais Satan nous 
en a empéchés. 

19. Car quelle est notre espé- 
rance, ou notre joie, ou notre 
couronne de gloire? N'est-ce pas 
vous devant Notre Seigneur Jé- 
sus-Christ en son avènement ? 

20. Oui, c'est vous qui êtes notre 
gloire et notre joie. 


CHAPITRE III. 


Timothée envoyé aux Thessaloniciens 
pour les fortifier dans leurs tribula- 
tions. Témoignage avantageux qu'il 
rend de leur foi et de leur charité, 
Saint Paul désire aller les voir. Il leur 
souhaite l'accroissement dans le bien. 


1. C'est pourquoi ne suppor- 
Car, III. 2. Actes, xvi, 1. 


PREMIERE ÉPITRE DE S. PAUL AUX THESSALONICIENS. 


[cr nt. ] 


tant pas un plus long délai, nous 
préférâmes demeurer seuls à 
Athènes, 

2. Et nous envoyämes Timo- 
thée, notre frère, et ministre de 
Dieu dans l'Evangile du Christ, 
pour vous affermir et vous encou- 
rager dans votre foi; 

3. Afin que personne ne fût 
ébranlé dans ces tribulations; car 
vous savez vous-mémes que c'est 
à cela que nous sommes des- 
tinés. 

4. Etlors méme que nous étions 
près de vous, nous vous prédi- 
sions que nous aurions à souf- 
frir des tribulations; ce qui est 
arrivé, en effet, comme vous le 
savez. 

ὃ. Pour moi donc, ne suppor- 
tant pas un plus long délai, j'en- 
voyai pour connaitre votre foi, 
de peur que celui qui tente ne 
vous eüt tentés, et que notre tra- 
vail ne devint inutile. 

6. Mais maintenant Timothée 
étant revenu d’auprès de vous. 
vers nous, et nous ayant annoncé 
votre foi, votre charité, et que 
vous avez toujours un bon souve- 
nir de nous, désirant nous voir, 
comme nous le désirons nous- 
mémes, 

7. Nous avons été ainsi consolés 
en vous par votre foi au milieu 
de toutes nos peines et de toutes 
nos tribulations. 

8. Car maintenant nous vivons, 
si vous demeurez fermes dans le 
Seigneur. 

9. Et quelles actions de grâces 
pourrions-nous rendre à Dieu 


1.* A Athènes. Voir Actes, xvit, 45. 


9. Toute la joie dont nous nous réjouissons; c'est-à-dire la joie complète dont nous 


feu. ל‎ PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX THESSALONICIENS. 


pour toute la joie dont nous nous 
réjouissons devant notre Dieu à 
cause de vous, 

10. Demandant avec instance 
nuit et jour de voir votre face, et 
de compléter ce qui manque à 
votre foi? 

11. Que ce méme Dieu donc, 
notre Pere, et Notre Seigneur Jé- 
sus-Christ dirige notre voie vers 
vous. 

19. Et que le Seigneur vous 
multiplie, et fasse abonder la cha- 
rité que vous avez les uns envers 
les autres et envers tous, comme 
la nôtre abonde envers vous; 

13. Pour fortifier vos cœurs 
sans reproche en sainteté, devant 
notre Dieu et Père, à l'avènement 
de Notre Seigneur Jésus-Christ 
avec tous ses saints. Amen. 


CHAPITRE IV. 


Fuir la fornication; garder la chasteté 
conjugale; s'entr'aimer tous; se conso- 
ler de la mort de ses fréres par l'es- 
pérance de la résurrection. Ordre dans 
lequel se fera la résurrection. 


1. Au reste, mes frères, nous 
vous prions et vous conjurons 
dans le Seigneur Jésus, que, puis- 
que vous avez appris de nous 
comment il faut que vous mar- 
chiez pour plaire à Dieu, vous 


2821 
marchiez en effet de telle sorte, 
que vous avanciez de plus en 
plus. 

2. Attendu que voussavez quels 
préceptes nous vous avons don- 
nés de la part du Seigneur Jésus ; 

3. Car la volonté de Dieu, c'est 
votre sanctification, c'est que 
vous vous absteniez de la forni- 
cation ; 

4. Que chacun de vous sache 
posséder son corps saintement et 
honnétement, 

9. Et non dans la passion de la 
convoitise, comme les gentils 
eux-mêmes, qui ignorent Dieu; 

6. Et que personne n'opprime 
et ne trompe en cela son frere, 
parce que le Seigneur est le ven- 
geur de toutes ces choses, comme 
nous vous l'avons déjà dit et at- 
testé, 

7. Car Dieu ne nous a point 
appelés à limpureté, mais à la 
sanclification. 

8. Ainsi, celui qui méprise ces 
préceples, méprise, non pas un 
homme, mais Dieu qui nous a 
donné méme son Esprit-Saint. 

9. Quant 818 charité fraternelle, 
nous n'avons pas besoin de vous 
en écrire, puisque vous-mémes 
avez appris de Dieu à vous aimer 
les uns les autres. 


Cab. IV. 3. Rom., xir, 2; Ephés., v, 11. — 9. Jean, xu, 34; xv, 12, 17; I Jean, rr, 40; 


iv, 12. 


sommes comblés. Ce genre de répétition, qui se retrouve généralement dans toutes 
les langues, a pour but de donner de l'énergie au discours. 
12. Que le Seigneur vous multiplie, en augmentant votre nombre par la conversion 


des infideles. 


13. Pour forlifier, etc.; c'est-à-dire pour fortifier en sainteté vos cœurs qui sont 


déjà irréprochables. 


4. Son corps; littér., son vase. Compar. Il Cor., 1v, 1; ou, selon d'autres, sa femme, 
parce que les écrivains juifs donnent cette signification au mot hébreu keli, qui cor- 
respond en effet à vase. Compar. I Pier., ut, 7. 

6. En cela. Le Grec porte, en effet, dans l'affaire, la chose dont il est question; 
c’est-à-dire l'adultére. ou un autre genre d'impudicité plus horrible encore. 


9828 

10. Et c'est aussi ce que vous 
faites à l'égard de tous nos frères 
dans toute la Macédoine. Mais, 
mes frères, nous vous exhortons 
à le faire de plus en plus, 

41. Et à vous appliquer à vivre 
en repos, à vous occuper de ce 
qui vous est propre, à travailler 
de vos mains, comme nous vous 
l'avons recommandé; enfin à 
vous conduire honnêtement en- 
vers ceux qui sont dehors, et à 
ne désirer rien de personne. 

19. Mais nous ne voulons pas, 
mes freres, que vous soyez dans 
l'ignorance touchant ceux qui 
dorment, afin que vous ne vous 
attristiez pas, comme font tous 
les autres, qui n'ont point d'espé- 
rance. 

18. Car si nous croyons que 
Jésus est mort et ressuscité, Dieu 
amènera de même avec Jésus 
ceux qui se seront endormis en 
lui. 

44. Aussi nous vous affirmons 
sur la parole du Seigneur, que 
nous qui vivons, et qui sommes 
réservés pour l'avènement du 
Seigneur, nous ne préviendrons 
pas ceux qui se sont déjà endor- 
mis. 


PREMIERE ÉPITRE DE S. PAUL AUX THESSALONICIENS. 


[cH. v.] 


15. Car le Seigneur lui-méme, 
au commandement, et à la voix 
de l'archange, et au son de la 
trompette de Dieu, descendra du 
ciel; et ceux qui seront morts 
dans le Christ ressusciteront les 
premiers. 

16. Ensuite nous qui vivons, 
qui sommes restés, nous serons 
emportés avec eux dansles nuées 
au-devant du Christ dans les airs; 
et ainsi nous serons à jamais 
avec le Seigneur. 

17. Consolez-vous donc les uns 
les autres par ces paroles. 


CHAPITRE V. 


Jour du Seigneur incertain. Surprise des 
méchants. Enfants du jour etde la nuit. 
Armes spirituelles. Honneur des pas- 
teurs. Support des faibles. Joie et priè- 
res continuelles. Régles de conduite à 
l'égard des opérations surnaturelles. 
Salutations. 


1. Mais pour ce qui est des 
temps et des moments, vous n'a- 
vez pas besoin, mes frères, que 
nous vous en écrivions ; 

2. Parce que vous-mémes savez 
très bien que le jour du Seigneur 
viendra comme un voleur dans 
la nuit. 

3. Gar lorsqu'ils diront : Paix 


44. 1 Cor., xv, 23. — Cuap. V. 2. II Pierre, riz, 10; Apoc., πὶ, 3; xvr, 19. 


10. * Dans toute la Macédoine. Voir Actes, xvi, 9. 
11. Ceux qui sont dehors. Voy. 1 Cor., v, 12. 
12. Ceux qui dorment; qui sont morts. Voy. I Cor., vir, 39. 


13. Dieu amènera. Devant ces mots sont sous-eutendus ceux-ci: Croyons aussi que; 
genre d'ellipse trés fréquent dans les raisonnements de l'apótre. 

14. L'apótre se propose ici comme exemple de ce qui arrivera à ceux qui existeront 
lors du jugement général. C'est donc comme s'il disait aux Thessaloniciens : Sup- 
posons que le jugement arrive de notre temps, ni vous ni moi ne précéderons ceux 
qui sont morts depuis longtemps ; tous les hommes ressusciteront ensemble, et nous 
qui vivons et que nous supposons étre réservés en vie jusqu'à ce jour, nous serons 
changés dans un moment, et nous deviendrons comme ceux qui sont morts depuis 
plusieurs siècles (1 Cor., xv, 52). 

16. Qui vivons, qui sommes reslés. Voy. le vers. 14. — Saint Paul ne parle pas de 
la mort, mais cependant, ceux mêmes qui seront vivants au moment où Jésus-Christ 
viendra faire le jugement général mourront pour ressusciter aussitót aprés. 


[eu. v.] PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PAUL AUX THESSALONICIENS. 


et sécurité, alors méme viendra 
sur eux une ruine soudaine, 
comme la douleur sur une femme 
enceinte qui enfante, et ils n'é- 
chapperont pas. 

4. Pour vous, mes freres, vous 
n'étes point dans des ténèbres, 
de sorte que ce jour vous sur- 
prenne comme un voleur. 

5. Car vous étes tous des en- 
fants de lumière et des en- 
fants du jour : non, nous ne 
sommes point de la nuit ni des 
ténèbres. 

6. Ne dormons donc point 
comme tous les autres, mais 
veillons et soyons sobres. 

7. Car ceux qui dorment, dor- 
ment de nuit; et ceux qui s'eni- 
vrent, s'enivrent de nuit. 

8. Mais nous, qui sommes du 
jour, soyons sobres, revétant la 
cuirasse de la foi et de la charité, 
et pour casque l'espérance du sa- 
lut. 

9. En effet, Dieu ne nous a 
point réservés pour la colere, 
mais pour acquérir le salut par 
Notre Seigneur Jésus-Christ, 

10. Qui est mort pour nous, afin 
que, soit que nous veillions, soit 
que nous dormions, nous vivions 
avec lui. 

11. C'est pourquoi, consolez- 
vous mutuellement, et édifiez- 
vous les uns les autres, comme 
vous faites. 


2829 
19. Mais nous vous recomman- 
dons, mes frères, de considérer 
ceux qui travaillent parmi vous, 
qui vous sont préposés dans le 
Seigneur, et vous instruisent, 

43. Et d'avoir pour eux une 
charité plus abondante, à cause 
de leur œuvre; conservez 18 paix 
avec eux. 

14. Nous vous en prions aussi, 
mes frères, reprenez les turbu- 
lents, consolez les pusillanimes, 
soutenez les faibles, soyez pa- 
tients envers tous. 

15. Prenez garde que quelqu'un 
ne rende à un autre le mal pour 
le mal; mais cherchez toujours 
le bien les uns des autres, et ce- 
lui de tous. 

16. Soyez toujours dans la 
joie. 

17. Priez sans cesse. 

18. Rendez grâces en toutes 
choses; car c'est la volonté de 
Dieu dans le Christ Jésus, par 
rapport à vous tous. 

19. N'éteignez point l'Esprit. 

20. Ne méprisez pas les pro- 
phéties. 

91. Eprouvez tout; retenez ce 
qui est bon. 

22. Abstenez-vous de toute ap- 
parence de mal. 

23. Que le Dieu de paix vous 
sanctifie lui-méme par tous les 
moyens, afin que tout votre es- 
prit, votre àme et votre corps se 


8. Isaïe, Lix, 17; Ephés., vr, 14, 17. — 15. Prov., xvi, 18; xx, 22; Rom., xit, 17; 
I Pierre, ΠΙ, 9. — 17. Eccli., xvii, 22; Luc., xvii, 1; Coloss., 1v, 2. 


19. N'éleignez pas l'Esprit de Dieu, en mettant obstacle à son opération en vous, 
a 5 empêchant ceux qu'il a enrichis de ses dons de s'en servir pour l'utilité de 
'Eglise. 

23. Par tous les moyens, ou en loute manière, ou en toutes choses, en tout ce qui 
vous arrivera, ou enfin entièrement. Le Grec porte absolument tous, en rapportant 
cet adjectif au pronom vous. — L'esprit ou l'entendement, et láme ou la volonté, 
désignent les deux principales facultés de l'âme. 


2830 
conservent sans reproche à l'ave- 
nement de Notre Seigneur Jésus- 
Christ. 

24. ILest fidele celui qui vousa 
appelés; aussi est-ce lui qui fera 
cela. 

95. Mes freres, 
nous. 


priez pour 


24. I Cor., 1, 9. 


PREMIÈRE EPITRE DE S. PAUL AUX THESSALONICIENS. 


[ca. v.] 


26. Saluez tous nos frères par 
un saint baiser. 

97.16 vous adjure par le Sei- 
gneur, que cette lettre soit lue à 
tous nos saints freres. 

98. Que la gráce de Notre Sei- 
gneur Jésus-Christ soit avec vous. 
Amen. 


DEUXIÈME ÉPITRE 


DE SAINT PAUL 


AUX THESSALONICIENS 


CHAPITRE PREMIER. 


Saint Paul salue les Thessaloniciens. Il 
rend grâces à Dieu de leur foi et de 
leur constance dans les maux. Il an- 
nonce les vengeances qui seront exer- 
cées sur les méchants, et la gloire dont 
les justes seront comblés à l'avènement 
de Jésus-Christ. 


1. Paul et Silvain, et Timothée, 
àl'Eglise des Thessaloniciens, en 
Dieu notre Pere, et en Notre Sei- 
gneur Jésus-Christ, 

9. Grâce à vous, et paix par 
Dieu notre Père et par Notre Sei- 
gneur Jésus-Christ. / 

3. Nous devons, mes frères, 
rendre sans cesse à Dieu pour 
vous de dignes actions de gráces, 
de ce que votre foi augmente de 
plus en plus, et que la charité de 
chacun de vous devient abon- 
dante pour tous les autres. 

4. De sorte que nous-mémes 
nousnousglorifiions aussien vous 
dans les Eglises de Dieu, à cause 
de votre patience, et de votre foi, 
et de toutes les persécutions et 


tribulations que vous supportez, 

5. En exemple du juste juge- 
ment ide Dieu, pour que vous 
soyez trouvés dignes du royau- 
me de Dieu, pour lequel aussi 
vous souffrez; 

6. Car il est juste devant Dieu, 
qu'il rende l'afflietion à ceux qui 
vous affligent, 

7. Et à vous qui étes affligés, 
le repos avec nous, lorsque du 
ciel se révélerale Seigneur Jésus 
avec les anges de sa puissance, 

8. Et que, dans une flamme de 
feu, il se vengera de ceux qui 
ne connaissent point Dieu, et qui 
n'obéissent point à l'Evangile de 
Notre Seigneur Jésus-Christ; 

9. Lesquels subiront les peines 
de la perdition éternelle, àla vue 
de la face du Seigneur et de la 
gloire de sa puissance; 

10. Lorsqu'il viendra pour étre 
glorifié dans ses saints, et admiré 
dans tous ceux qui auront cru; 
puisque vous avez eru à notre té- 
moignage touchant ce jour. 


1. * Silvain, le Silas des Actes. Voir Actes, ,טא‎ 
1. Les anges de sa puissance; c'est-à-dire les anges qui sont les ministres de sa 


puissance. 


\ 


10. Touchant ce jour, ou bien en vue, dans l'attente de ce jour. Ce sont les seules 
interprétations compatibles avec les Bibles latines autorisées. D'autres, conformé- 
ment au texte grec. traduisent avec une parenthèse : Ef admiré dans lous ceux qui 


9832 

41. C'est pourquoi nous prions 
sans cesse pour vous, que notre 
Dieu vousrendedignes 46 58 voca- 
tion, et qu'il accomplisse tous 8 
desseins de sa bonté, et l'eeuvre 
de la foi par sa puissance. 

12. Afin que le nom de Notre 
Seigneur Jésus-Christ 5011 6 
en vous, et vous en lui, par la 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX THESSALONICIENS. 


(er. 1i.) 
frères, par l'avènement de Notre 
Seigneur Jésus-Christ, et par 
notre réunion avec lui, 

2. De ne point vous laisser 
si vite ébranler dans vos sen- 
timents, ni effrayer, soit par 
quelque esprit, soit par des dis- 
cours, soit par des lettres sup- 
posées venir de nous, comme 


si le jour du Seigneur était 
proche. 

3. Que personne ne vous só- 
duise en aucune manière; car 7 
ne viendra point, qu'auparavant 
ne soit venue l'apostasie, et que 
n'ait paru l'homme du péché, le 
fils de la perdition, 

4. Qui se pose en ennemi et 
s'élève au-dessus de tout ce qui 
est appelé Dieu, ou qui est adoré, 
jusqu'à s'asseoir dans le temple 


gráce de notre Dieu et de Notre 
Seigneur Jésus-Christ. 


CHAPITRE II. 


Apostasie qui précédera l'avènement de 
Jésus-Christ. Mystère d'iniquité jusqu'à 
l'avénement de l'Antechrist. Caractère 
de cet homme de péché, qui doit étre 
exterminé par l'avènement de Jésus- 
Christ. Saint Pau] rend grâces de la foi 
des Thessaloniciens, et les exhorte à 
garderles traditions qu'il leur a laissées. 


1. Or nous vous conjurons, mes 


Cuae. II. 3. Ephés., v, 6. 


auront cru (puisque vous avez cru à notre témoignage) à ce jour; ce qui enlève toute 
difficulté grammaticale. 

11. Tous les desseins de sa bonté, ou, en vertu d'une figure de grammaire dont nous 
avons déjà vu beaucoup d'exemples: Toute sa bonlé, sa bienveillante volonté. 


2. Par quelque esprit prétendu divin ou prophétique, par révélation qu'on préten- 
drait faussement avoir reçue de l'Esprit-Saint. — * > Le jour du Seigneur signitie 
souvent dans l'Eeriture la fin du monde, le jugement universel, où le Seigneur se 
montrera avec sa grandeur, sa puissance et sa justice souveraines; mais les auteurs 
sacrés désignent aussi quelquefois par ce terme les grands événements dans lesquels 
la majesté divine se manifeste d'une maniére frappante, et qui sont comme des 
images de la catastrophe finale. S. Paul avertitles fidéles de Thessalonique de ne pas 
se laisser troubler par ceux qui annoncent que ce jour est proche, en alléguant à 
cet égard certaines révélations qu'ils prétendent tenir directement du ciel ou qu'ils 
attribuent à l'Apótre, sinon au Sauveur lui-même. Loin de confirmer ces prédictions, 
S. Paul enseigne qu'on ne doit pas s'attendre à voir sitôt l'accompliseement des 
divins oracles. Il assure qu'il doit se produire auparavant de grands événements, 
« la séparation », c'est-à-dire suivant l'explication la plus commune, l'apostasie des 
peuples chrétiens qui se sépareront de l'Eglise, et l'apparition du « fils de perdition », 
de l'homme de péché, de cet ennemi du vrai Dieu, qui se fera rendre à lui-même les 
honneurs divins. Ce qui portait l'Apótre à donner cet avis à ses disciples, ce n'était 
pas seulement le désir de leur épargner une inquiétude sans fondement, c'était sur- 
tout la prévision du péril auquel leur foi serait exposée par les déceptions qui résul- 
teraient de semblables illusions. C'est la méme raison qui a porté l'Eglise à défendre 
sous peine d'excommunication d'annoncer pour une époque déterminée la venue de 
l'Antechrist ou le jour du jugement. » (L. BAcuzz.) 

3. Cette 020810806 est la révolte de toutes les nations contre l'Eglise catholique, 
révolte qui a commencé, et qui deviendra plus générale dans les jours de l'Antechrist. 

4. Dans le temple de Jérusalem que quelques-uus croient qu'il rebàtira, ou dans les 


[cir. זז‎ [ 


de Dieu, se faisanl passer lui- 
méme pour Dieu. 

5. Ne vous souvient-il pas que, 
lorsque j'étais encore avec vous, 
je vous disais ces choses? 

6. Et vous savez ce qui le retient 
maintenant, afin qu'il paraisse en 
son temps; 

7. Car déjà s'opère le mystère 
d'iniquité; seulement, que celui 
qui tient maintenant, tienne jus- 
qu'à ce qu'il disparaisse. 

8. Et alors apparaitra cet impie 
que le Seigneur Jésus tuera par 
le souffle de sa bouche, et qu'il 
détruira par l'éclat de son avène- 
ment. 

9. Il viendra par l'opération de 
Satan, au milieu de toute sorte 
de miracles, de signes et de pro- 
diges menteurs, 

10. Et avec toute séduction d'i- 
niquité pour ceux qui périssent, 
parce qu'ils n'ont pas reçu l'amour 
de la vérité afin d'étre sauvés. 
C'est pourquoi Dieu leur enverra 
une opération d'erreur, de ma- 
nière qu'ils croirontau mensonge ; 

11. En sorte que soientcondam- 
nés tous ceux qui n'ont pas cru à 
la vérité, mais ont acquiescé à 
l'iniquité. 

19. Mais nous, mes frères ché- 


DEUXIÈME ÉPITRE Dii S. PAUL AUX THESSALONICIENS. 


2833 


ris de Dieu, nous devons sans 
cesse rendre grâces à Dieu pour 
vous, de ce qu'il vous a choisis 
comme des prémices, pour vous 
sauver par la sanctification de 
l'Esprit et par la foi de la vérité, 

13. A laquelle il vous a appelés 
par notre Evangile, pour acqué- 
rir la gloire de Notre Seigneur 
Jésus-Christ. 

14. C'est pourquoi, mes freres, 
demeurez fermes, et gardez les 
traditions que vous avez apprises 
soit par nos discours, soit par 
notre lettre. 

15. Que Notre Seigneur Jésus- 
Christ lui méme, el que notre 
Dieu et Père, qui nous a aimés et 
nous ἃ donné une consolation 
éternelle et une bonne espérance 
par sa grâce, 

16. Ranime vos cœurs, et vous 
affermisse en toute bonne œuvre 
et toute bonne doctrine. 


CHAPITRE III. 


Saint Paul demande aux Thessaloniciens 
le secours de leurs prières. Il les aver- 
tit de se retirer de ceux qui vivent 
d'une manière déréglée. Il leur recom- 
mande le travail. Il leur souhaite la 
paix. Salutations. 


1. Au reste, mes frères, priez 


8. Isaie, xr, 4. — (παρ. III. 1. Ephés., vr, 19; Coloss., 1v, 3. 


Eglises chrétiennes qu'il consacrera à son culte, comme Mahomet a fait des églises 


d'Orient. 


7. Seulement, que celui qui tient la foi, qui possède la foi, {a tienne, la conserve 
jusqu'à la mort de l'Antechrist; ou bien : Seulement, que celui qui retient 'Antechrist 
(vers. 6), le vetienne jusqu'à ce qu'il meure; car le texte grec est comme la Vulgate, 


susceptible de ces deux interprétations. 


10. Une opération d'erreur. Dieu permettra qu'ils soient séduits et trompés par des 
prodiges mensongers, en punition de ce qu'ils n'ont pas entretenu l'amour de la vérité. 
14. L'apótre donne ici la méme autorité à ce qu'il a enseigné, soit de vive voix, soit 
par écrit. C'est pour cela que l'Eglise recoit avec le méme respect les vérités ren- 
fermées dans les Ecritures, et celles qui sont venues des apótres jusqu'à nous par le 


canal de la tradition. 


1. Comme aussi parmi vous; c'est-à-dire qu'elle se répande, etc., aussi parmi vous, 


ou bien, comme elle l'esL parmi vous 


I. d. 


178 


2834 
pour nous, afin que la parole de 
Dieu se répande et soit glorifiée, 
comme aussi parmi vous ; 

9. Et afin que nous soyons dé- 
livrés des hommes fàâcheux et 
méchants; car la foi n'est pas à 
tous. 

3. Mais il est fidele le Dieu qui 
vous affermira et vous gardera 
du malin. 

4. Et nous avons dans le Sei- 
gneur cette confiance, que ce 
que nous commandons, vous le 
faites et vous le ferez. 

5. Quele Seigneur dirige donc 
vos cœurs dans l'amour de Dieu 
et la patience du Christ. 

6. Or nous vous ordonnons, 
mes freres, au nom de Notre Sei- 
gneur Jésus-Christ, de vous sépa- 
rer de tous nos freres qui se con- 
duisent d'une maniere déréglée, 
et non selon la tradition qu'ils ont 
recue de nous. 

7. Car vous savez vous-mémes 
comment on doit nous imiter, 
puisque nous n'avons pas été fà- 
cheux parmi vous, 

8. Et que nous n'avons mangé 
gratuitementle pain de personne, 
mais que nous avons travaillé 
jour et nuit avec peine et fatigue, 
pour n'étre à charge à aucun de 
vous. 

9. Ge n'est pas que nous םוז‎ 
eussionsle pouvoir, mais c'était 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PAUL AUX THESSALON!CIENS. jeu. ut.] 


pour vous donner en nous un Τη0- 
dèle à imiter. 

10. Aussi, lorsque nous étions 
parmi vous, nous vous avons 
déclaré ceci : Si quelqu'un ne 
veut pas travailler, qu'il ne mange 
point. 

11. Nous avons appris, en effet, 
que quelques-uns parmi | vous 
s'en vont jetant le trouble sous 
leurs pas, ne faisant rien, mais 
suivant leur curiosité. 

12. Or nous ordonnons à de 
telles personnes, et nous les con- 
jurons de manger leur pain en 
travaillant paisiblement. 

13. Pour vous, mes frères, ne 
vous lassez point de faire du bien. 

14. Que si quelqu'un ἢ obéit 
pas à ce que nous ordonnons par 
cette lettre, notez-le et n'ayez 
point de commerce avec lui, afin 
qu'il en ait de la confusion. 

45. Cependant ne le regardez 
pas comme un ennemi, mais re- 
prenez-le comme un frère. 

16. Que le Seigneur de la paix 
vous donne lui-même 18 paix en 
tout temps, en tout lieu. Que le 
Seigneur soit avec vous tous. 

17. La salutation est de moi, 
Paul; c'est là mon seing’ dans 
toutes mes lettres; j'écris ainsi. 

18. Que la grâce de Notre Sei- 
gneur Jésus-Christ soit avec vous 
tous. Amen. 


8. Actes, xx, 34; I Cor., 1v, 19; I Thess., 11, 9. — 18, Gal., vi, 9. 


a ——————————————— 


9. Car la foi n’est pas à tous, n'est pas commune à tous; bien que Dieu accorde à 
tous les moyens de croire, tous n'en profitent pas. 

3. Du malin esprit; c'est-à-dire du démon. 

6. Tous nos frères qui se conduisent; littér. : Tout frère qui se conduit. Le mot tout 
est un véritable collectif; c'est pour cela qu'on lit au pluriel immédiatement aprés : 


Ils ont reçue. 


3. * Saint Paul gagnait sa vie en fabriquant des tentes. Voir Actes, xvn, 3. 


LES 


EPITRES PASTORALES 


a Me Loo Dep 


On désigne sous ce titre trois Epitres de S. Paul à ses disciples de 
prédilection. Deux sont adressées à Thimothée et une à Tite. On les 
nomme pastorales, parce qu'elles traitent de sujets relatifs au saint 
ministere, en particulier du choix, des devoirs et des vertus des pas- 
teurs. 
= Timothée avaitsuivi S. Paul dans une grande partie de ses voyages, 
et reçu de lui diverses missions, en Macédoine, en Grèce, à Philippe, 
à Thessalonique, à Corinthe. 11 lui était aussi attaché qu'un fils peut 
l'être à son père; néanmoins, l'Apótre l'avait placé à la tête de 
l'Eglise d'Ephèse, pour se conformer à une révélation du ciel. Quant 
à Tite, il l'avait aussi élevé à l'épiscopat, apres plusieurs missions, 
et l'avait chargé spécialement d'achever son œuvre dans lile de 
Crète, en y organisant le ministère ecclésiastique. 

La date de la seconde Epitre à Timothée ne parait pas douteuse. 
On la rapporte aux derniers temps de la vie de l'Apótre. L'Epitre 
elle-même nous apprend quil est à Rome, prisonnier pour la 
foi, qu'il a passé récemment à Troas, à Milet et à Corinthe, qu'il 
n'a plus à ses cótés qu'un seul disciple, S. Luc, et qu'il s'attend à une 
mort prochaine. 

Pour les deux autres Epitres, il ne parait pas possible d'en fixer la 
date d'une maniere précise. Néanmoins on a lieu de croire qu'elles 
sont à peu pres de la méme époque et qu'elles ont été écrites peu de 
temps avant la dernière captivité de l'Apótve. Ce qui le fait penser, 
c'est l'analogie frappante et toute exceptionnelle qu'elles ont avec la 
seconde à Timothée, pour le fond comme pour la forme. Non seule- 
ment l'auteur y traite des mémes sujets, mais il est placé au méme 
point de vue, il ἃ les mêmes préoccupations, il voit l'Eglise dans le 
méme état. Mémes périls pour la foi; méme goüt des nouveautés 
dans les fidèles; mêmes défauts dans la prédication; les avis et les 
recommandations sont presque identiques. C'est aussi le méme style, 
plus pur, plus coulant et moins chargé d'hébraismes qu'à l'ordinaire: 
ce sont les mèmes loculions et souvent les mêmes termes, qu'on lit 


2836 LES ÉPITRES PASTORALES. 


dans chacune de ces Epitres, et qu'on ne trouve nulle part ailleurs. 
Aucune d'elles ne ressemble à un traité dogmatique ou polémique. 
Ce sont des Lettres proprement dites, des communications affec- 
tueuses, des instructions toutes pratiques, telles que l'áge de l'Apótre, 
sa dignité et ses relations avec ses disciples le mettaient en position 
de leur en adresser. Convaincu qu'ils ne demandent qu'à connaître 
ses sentiments pour entrer dans ses vues, il leur écrit au courant de 
la plume, sans se préoccuper d'ordre ni de méthode. Les préceptes, 
les exhortations, les maximes, les pressentiments, les détails intimes 
arrivent. pêle-mêle et se pressent sur le papier comme. dàns. son 
esprit. Aussi serait-il difficile d'en faire un résumé ou une analyse 
proprement dite. 

Ajoutons que diverses indications, fournies par ces Lettres mêmes, 
ne permettent guère de leur fixer une place dans la partie de la. vie 
de S. Paul que les Actes nous retracent. Ainsi, dans la premiere à 
Timothée, on. voit que, lorsqu'il l'écrivit, l'Apótre venait de quitter 
Ephése pour se rendre en Macédoine, qu'il avait laissé à son disciple 
le soin de cette Eglise et qu'il espérait l'y rejoindre bientót. Or, ceci 
n'a pu avoir lieu au moment où les Actes nous montrent S. Paul 
quittant Ephèse pour passer en Europe; car alors Timothée le devan- 
çait en Macédoine et l'Apótre n'avait pas l'intention de revenir à 
Ephèse. À ce moment d'ailleurs, S. Paul ne fait encore que prédire 
l'apparition des faux Docteurs dont il expose et combat les principes 
dans les deux Lettres ἃ Timothée. De méme quand il écrit à Tite : 
il vient de passer dans l'ile de Crète, où il l'a laissé. 11 ne saurait étre 
ici question de son passage en Crete avec le vaisseau qui l'emmenait 
captif à Rome : comment eüt-il pu dire qu'il se proposait de passer 
l'hiver à Nicopolis? On ne voit donc pas où placer cette Epitre, 
sinon dans l'intervalle de ses deux captivités, intervalle doat nous 
ignorons le. détail, mais qui n'a pas été imaginé pour soutenir 
l'authenticité de ces écrits et durant lequel nous sommes. fondés à 
croire qu'il parcourut de nouveau l'Orient, après avoir évangélisé 
l'Espagne. 

Quelques auteurs objectent le jeune àge de Timothée, à l'époque 
où fut écrite la première Epitre, S. Paul lui recommandant de faire 
respecter sa jeunesse. Mais il faut tenir compte de l'âge avancé de 
l'Apótre, qui se qualifie de vieillard et qui avait au moins une soixan- 
taine d'années, de l'habitude oü il était de parler à Timothée comme 
à son disciple, et de la pratique commune au premier siecle de n'ap- 
pliquer aux fonctions pastorales que les hommes qui touchaient à la 
vieillesse. (L. BacuEz.) 


* 


PREMIERE EPITRE 


DE SAINT PAUL 


A TIMOTHÉE 


EE e 
INTRODUCTION 


Dans cette Epitre, le dessein de S. Paul est d'avertir l'évéque d'Ephése des 
principaux devoirs attachés à sa charge, et del'animer 8 les bien remplir, rr, 45. 
Dans ce but, il indique briévement à Timothée les obligations les plus graves 
de l'épiscopat. Il lui dit : — 4° Comment il doit instruire son peuple et com- 


battre les mauvaises doctrines, 1, 4-20. — 2° Avec quel soin il doit s'acquitter 
de la priére publique:et des exercices du culte divin, 11, 1-15. — 3» Comment il 
doit choisir ses coopérateurs, mr, 1-10. — 49. Quel zèle il doit avoir pour se 


sanclifier lui-méme, 1v, et pour maintenir la discipline dans son église, v et vi. 
Α ces instructions, qui conviennent à tous les pasteurs, se mêlent des exhor- 
tations et des avis personnels, avec certains détails sur la vie de lApótre. 
(L. Bacuez.) 


2. A Timothée, son fils chéri 
CHAPITRE PREMIER. dans la foi. Grâce, miséricorde et 


Saint Paul salue Timothée, Questions non | Paix par Dieu le Père, et par Jé- 
édifiantes. Charité, fin.des commande- | sus-Christ Notre Seigneur. 


panty Sainteté et tes de la (er Toy 3. Comme je t'en ai prié en par- 

donné pour exemple de In miserie? | tant pour la Macédoine, demeure 

à Ephèse, afin d'avertir certaines 

1. Paul, apótre de Jésus-Christ, | personnes de ne point enseigner 
selon le commandement de Dieu | une autre doctrine, 

notre Sauveur, et du Christ Jésus, 4. Et de ne point se préoccuper 

notre espérance, de fables et de généalogies sans 


CuaP. I. 2. Actes, xv1, 1. — 4. Infra, 1v, 7; 11 Tim., 11, 23; Tit., ur, 9. 


3. Une autre doctrine; une doctrine différente de la nôtre. — * Pour la Macédoine. 
Voir Actes, xyr, 9. — À, Ephése, Voir Actes. xvni, 19, ὁ 


2838 
fin; qui élèvent des disputes plu- 
tôt que l'édifice de Dieu, qui est 
fondé sur la foi. 

ὃ, Car la fin des préceptes est 
la charité qui vient d'un cœur 
pur, d'une bonne conscience, et 
d'une foi non feinte. 

6. Quelques-uns s'en étant dé- 
tournés, se sont égarés en de 
vains discours, 

7. Voulant être docteurs de la 
loi, et ne comprenant ni ce qu'ils 
disent ni ce qu'ils affirment. 

8. Or nous savons que 18 1 
est bonne si on en use légitime- 
ment : 

9. En reconnaissant que la loi 
n'est pas établie pour le juste, 
mais pour les injustes, les insou- 
mis, les impies, les pécheurs, les 
scélérats, les profanes, les meur- 
triers de leur pere, et les meur- 
triers de leur mere, les homici- 
des, 

10. Les fornificateurs, les abo- 
minables, les voleurs d'hommes, 
les menteurs, et pour toute autre 
chose opposée à la saine doc- 
trine, 

41. Qui est selon l'Evangile de 
la gloire du Dieu bienheureux, 
lequel m'a été confié. 

19. Je rends grâces à celui qui 
m'a fortifié, au Christ Jésus Notre 
Seigneur, de ce qu'il m'a estimé 
fidèle, en m'établissant dans son 
ministere, 


PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE. 


].1 .8ס] 


13. Moi qui élais auparavant 
blasphémateur, persécuteur et 
outrageux; mais j'ai obtenu mi- 
séricorde de Dieu, parce que j'ai 
agi par ignorance, dans l’incré- 
dulité. 

14. Et méme la gráce de Notre 
Seigneur a surabondé avec la foi 
et la dilection qui est dans le 
Christ Jésus. 

15. C'est une vérité certaine et 
digne d'étre entiérement recue, 
que le Christ Jésus est venu en 
ce monde pour sauver les pé- 
cheurs, entre lesquels je suis le 
premier. 

16. Mais aussi j'ai obtenu misé- 
ricorde, afin qu'en moi, le pre- 
mier,leChristJésus montráttoute 
sa patience, en sorte que je ser. 
visse d'exemple pour ceux qui 
croiront en lui pour la vie éter- 
nelle. 

47. Au roi des siècles, immor- 
tel, invisible, au seul Dieu, hon- 
neur et gloire dans les siècles des 
siècles. Amen. 

48. Voici la recommandation 
que je te fais, mon fils Timothée, 
cest que d'après les prophéties 
faites de toi autrefois, tu com- 
battes, en les accomplissant, le 
bon combat ; 

19. Conservant la foi etla bonne 
conscience que quelques-uns ont 
repoussée, et ils ont fait naufrage 
dans la foi ; 


8. Rom., vit, 12. — 15. Matt., 1x, 18; Marc, זז‎ 17. 


9. La loi, en tant qu'elle menace, intimide et punit, n'est pas établie pour le juste; 
c'est-à-dire qu'elle ne le regarde pas, mais qu'elle regarde seulement le pécheur; 
parce que le juste, lui obéissant sans violence, sans contrainte, et l’accomplissant 
méme avec plaisir et avec amour, n'est nullement sujet aux peines dont elle menace 
ceux qui la violent, 

10. Les voleurs d'hommes ; ceux qui enlevaient les hommes et les vendaient comme 
esclaves, crime que la loi mosaïque punissait de mort. Voy. Exode, xxi, 16. 

43. Dans l’incrédulilé; c'est-à-dire privé des lumières de la foi. 


[cu. π.] 


90. De ce nombre sont Hymé- 
née et Alexandre, que j'ai livrés 
à Satan pour qu'ils apprennent à 
ne point blasphémer. 


CHAPITRE II. 


Prier et rendre gráce pour tous. Volonté 
de Dieu à l'égard. du salut. Médiation 
et rédemption de Jésus-Christ. Paul, 
apótre des gentils. Conditions de la 
prière. Modestie et soumission recom- 
mandées aux femmes. 


1. Je demande donc instam- 
ment avant tout, qu'on fasse des 
supplications, des prieres, des 
demandes, des actions de grâces 
pour tous les hommes, 

2. Pour les rois et tous ceux 
qui sont en dignité, afin que nous 
menions une vie paisible et tran- 
quille, en toute piété et chasteté. 

9. Car cela est bon et agréable 
à notre Sauveur Dieu, 

4. Qui veut que tous les hom- 
mes soient sauvés, et viennent à 
la connaissance de la vérité, 

5. Car il n'y a qu'un Dieu et 
qu'un médiateur entre Dieu et 
les hommes, le Christ Jésus 
homme, 

6. Qui s'est livré lui-même, 
pour la rédemption de tous, 


ὕπαρ. II. 9. I Pierre, 111, 3. — 12. I Cor., 


ri, 6. 


PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTIIÉE. 


2839 
comme un témoignage en sou 
temps. 

7. C'est pourquoi j'ai été établi 
moi-méme prédicateur et apótre 
(je dis la vérité, je ne mens 
point), docteur des nations dans 
la foi et la vérité. 

8. Je veux donc que les hom- 
mes prient en tout lieu, élevant 
des mains pures, sans colère et 
sans contention. 

9. Pareillement, que les fem- 
mes, en vétements décents, se 
parent avec pudeur et modestie, 
et non avec des cheveux frisés, 
ou de l'or, ou des habits somp- 
tueux ; 

10. Mais comme il convient à 
des femmes qui font profession 
de piété par de bonnes œuvres. 

11. Que la femme écoute en 
silence et dans une entière sou- 
mission. 

19. Je ne permets point à la 
femme d'enseigner ni de dominer 
sur l'homme ; mais qu'elle garde 
le silence. 

13. Car Adam fut formé le pre- 
mier, ensuite Eve, 

14. Et Adam ne fut point séduit, 
mais la femme séduite tomba 
dans la prévarication. 


xiv, 34. — 13. Genèse, 1, 27. — 14. Genèse, 


20. * Hyménée et Alexandre avaient été excommuniés par S. Paul. Il est de nou- 
veau question d'Hyménée II Tim., i, 17. Quant à Alexandre, il doit être différent de 
celui qui est mentionné 11 Tim., 1v, 14, car ce dernier est qualifié d'ouvrier en airain. 


8. Bien que Jésus-Christ soit l'unique médiateur de la rédemption, on peut recourir 
aux prières et à l’intercession des fidèles sur la terre, et des anges et des saints dans 
le ciel, pour obtenir miséricorde, grâce et salut par Jésus-Christ, comme saint Paul 
lui-même demande le secours des prières des fidèles, sans faire aucune injure à la 
médiation de Jésus-Christ. 

6. Comme un témoignage; c'est-à-dire rendant ainsi témoignage à la vérité (vers. 5). 
— En son temps, par lui-méme, par sa mort; ou bien, dans le temps qui lui avait été 
marqué par son Père. 

10. Qui font profession de piélé par de bonnes œuvres; c'est le seul sens conforme 
au texte autorisé de la Vulgate. 


2810 


15. Toutefois elle sera sauvée 
par la génération des enfants, si 
elle demeure dans la foi, la cha- 
rité et la sainteté jointe àla tem- 
pérance. 


CHAPITRE III. 


Qualités des évéques et des prétres, des 
diacres et des diaconesses. L'Eglise 
est la maison de Dieu, la colonne et la 
base dela vérité. Grandeur da mystère 
de Jésus-Christ. 


1. Voici une vérité certaine : Si 
quelqu'un désire l'épiscopat, il 
désire une œuvre bonne. 

9. L'évéque doit donc être irré- 
prochable, n'avoir épousé qu'une 
seule femme, étre sobre, prudent, 
grave, chaste, hospitalier, capable 
d'enseigner ; 

3. Non porté à boire et à frap- 
per; mais modéré, ennemi des 
contestations, désintéressé, mais 
surtout 

4. Gouvernant bien sa maison, 
tenant ses enfants soumis, en 
toute chasteté 

5. (Car si quelqu'un ne sait pas 
gouverner sa propre maison, 
comment gouvernera-t-il l'Eglise 
de Dieu?) 

6. Non néophyte, de peur qu'en- 
flé d'orgueil, il ne tombe dans la 
condamnation du diable. 

7. Il faut aussi qu'il ait un bon 
témoignage de ceux qui sont de- 


(Βα ρ. III. 2. Tit., 1, 7. 


PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE. 


[cn. nr.] 


hors, afin qu'il ne tombe pas dans 
lopprobre et dans les filets du 
diable. 

8. Que les diacres, de méme, 
soient pudiques, qu'ils n'aient pas 
deux langues; qu'ils ne soient 
pas adonnés au vin, qu'ils ne 
courent pas aprés un gain sor- 
dide ; | 

9. Qu'ils conservent le mystère 
de la foi dans une conscience 
pure. 

10. Et qu'eux aussi soient d'a- 
bord éprouvés ; et qu'ensuite ils 
exercent le ministère s'ils sont 
sans reproche. 

11. Que pareillement les fem- 
mes soient pudiques, non médi- 
santes, mais sobres, fideles en 
toutes choses. 

19.Queles diacres n'aient épou- 
sé quune seule femme; qu'ils 
gouvernent bien leurs enfants et 
leurs propres maisons. 

13. Car ceux qui auront bien 
rempli leur ministere, acquerront 
un rang honorable et une grande 
confiance dans la foi qui est dans 
le Christ Jésus. 

14.Jet'écrisceschoses, quoique 
j'espère aller bientôt te voir; 

15. Afin que, si je tarde, tu 
saches comment te conduire dans 
la maison de Dieu, qui est 6 
du Dieu vivant, la colonne et le 
fondement de la vérité. l 


SN mm το 


2. Ceux qui prétendent que l'apótre défend seulement à un évêque d'avoir plusieurs 
femmes ne pensent pas que cette défense serait sans objet, puisque, de son temps, 
או‎ polygamie était interdite même aux simples fidèles. D'ailleurs, si cette prétention 
était fondée, il faudrait dire aussi que saint Paul a permis aux veuves qui n'étaient 
pas appelées au service de l'Eglise d'avoir plusieurs maris (V, 9); asscrtion aussi fausse 


que révoltante. 


6. Néophyte ; c'est-à-dire nouvellement baptisé. 
1. Ceux qui sont dehors. Voy. 1 Corinth., v, 12. 
12. N'aient épousé qu'une seule femme. Voy. vers. 2. 


[cg τν.Ἷ 


16. Et il est manifestement 
grand ce mystère de piété. qui 
s'est révélé dans la chair, qui a 
été justifié par l'Esprit, dévoilé 
aux anges, annoncé aux nations, 
cru dans le monde, recu dans la 
gloire. 


CHAPITRE IV. 


Hérésies annoncées. Timothée exhorté à 
se nourrir de la bonne doctrine, à fuir 
l'erreur, à s'exercer à la piété, à se 
rendre le modèle des fidèles, à lire et 
à enseigner, à ne pas négliger la gráce 
de son ordination. 


1.. Or l'Esprit dit manifeste- 
ment que, dans les derniers 
temps, quelques-uns abandon- 
neront la foi, s'attachant à des es- 
prits d'erreur, et à des doctrines 
de démons, 

2. Parlant le mensonge avec 
hypocrisie, et ayantla conscience 
cautérisée ; 

3. Défendant le mariage, et or- 
donnaní de s'abstenir des ali- 
ments que Dieu a créés pour étre 
reçus avec actions de grâces par 
les fidèles et par ceux qui ont 
connu la vérité ; 

4. Car toute créature de Dieu 
est bonne, et on ne doit rien reje- 
ter de. ce qui se prend avec ac- 
tions de grâces, 

5. Parce qu'il est sanctifié par 


PREMIERE ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE. 


2541 
la parole:.de Dieu et par la prière. 

6. Enseignant ces choses à nos 
freres, tu seras un bon ministre 
du Christ Jésus, nourri des pa- 
roles de 18 foi:et. dela bonne doc- 
trine que tu as reque. 

1. Mais les contes insensés des 
vieilles femmes, rejette-les, et 
exerce-toi à la piété. 

8.Car les exercices corporels 
servent peu; mais la piété test 
utile à tout, ayantles promesses 
de la vie présente et de celle à 
venir. 

9. C'est une vérité certaine et 
digne d'étre entierement recue. 

10. Car, si nous prenons tant 
de peine, si nous sommes mau- 
dits, c'est que nous espérons 
dans le Dieu vivant, qui est le 
Sauveur de tous les hommes, et 
prineipalement des fideles. 

11. Commande et annonce ces 
choses. 

19. Que personne ne méprise 
ta jeunesse; mais sois l'exemple 
des fideles, dans les discours, 
dans la maniere d'agir, dans la 
charité, dans la foi, dans la chas- 
teté. 

48. Jusqu'à ce que je vienne, 
applique-toi à la lecture, à l'ex- 
hortation et à l'enseignement. 

14. Ne néglige pas la gràce qui 


Cap! IV. 1. זז‎ Tim., ri, À ; 11 Pierre, 11, 3; Jud., 18. — 7. Supra, 1, 4; II Tim., τι, 23; 


Tit., ur, 9. 


3. Ordonnant. Cette expression est évidemment sous-entendue. On remarque une 
ellipse semblable, I Cor., xiv, 34, et on en trouve des exemples dans les écrivains 
profanes. — Saint Paul parle ici de certains anciens hérétiques tels que les encratites, 
les ébionites, les manichéens, etc., qui soutenaient que le mariage était interdit 
comme chose impure, tandis qu'ils se permettaient eux-mémes la communauté des 
femmes et toutes les horreurs qu'elle entraine à sa suite; et qui de plus défendaient 
l'usage de la viande, prétendant qu'elle venait du principe du mal. 

13. * Applique-toi à la lecture des Saintes Ecritures. 

14. D'une prophélie; c'est-à-dire d'une révélation prophétique. — Des prétres; littér. 
du presbytère; assemblée des prêtres. ou plutôt des évêques qui concoururent à l'or- 
dination dont saint Paul fut lui-même le principal ministre (1I Timoth., 1, 6). 


2842 


est en toi, qui t'a été donnée en 
vertu d'une prophétie avec l'im- 
position des mains des prétres. 

15. Médite ces choses, sois-y 
tout entier, afin que ton avance- 
ment soit connu de tous. 

16. Veille sur toi-méme et sur 
la doctrine; veilles-y sans relà- 
che. Car agissant ainsi, tu te sau- 
veras toi-même et ceux qui t’é- 
coutent. 


CHAPITRE V. 


Règles de conduite à l'égard des per- 
sonnes ágées ou jeunes. Veuves qui 
méritent d'étre assistées. Veuves qui 
méritent d'étre employées pour le ser- 
vice del'Eglise. Récompense des prêtres. 
Accusation des prêtres; leur ordination. 


1. Ne reprends point durement 
les vieillards, mais avertis-les 
comme tes pères; les jeunes 
hommes, comme tes freres ; 

2. Les femmes âgées, comme 
tes mères; les jeunes, comme tes 
sœurs, en toute chasteté. 

3. Honore les veuves qui sont 
vraiment veuves. 

4. Si quelque veuve a des fils 
ou des pelits-fils, qu'elle leur ap- 
prenne, avant toute chose, à gou- 
verner leur maison, et à rendre 
à leurs parents ce qu'ils ont recu 
d'eux; car cela est agréable à 
Dieu. 

9. Que celle qui est vraiment 
veuve et délaissée espere en 
; Dieu, et persiste jour et nuit dans 
! les supplications et les prières. 


PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE. 


[cu. v.] 


6. Car celle qui vit dansles dé- 
lices est morte toute vivante. 

7. Et ordonne-leur cela, afin 
qu'elles soient irréprochables. 

8. Si quelqu'un n'a pas soin des 
siens, et surtout de ceux de sa 
maison, il a renié la foi, et il est 
pire qu'un infidele. 

9. Que la veuve qu'on choisira 
n'ait pas moins de soixante ans; 
qu'elle n'ait eu qu'un mari; 

10. Qu'on puisse rendre témoi- 
enage de ses bonnes œuvres : si 
elle a élevé ses enfants, si ellea 
exercé l'hospitalité, si elle a lavé 
les pieds des saints, si elle à se- 
couru les affligés, si elle s'est 
appliquée à toute sorte de bonnes 
œuvres. 

11. Mais écarte les jeunes veu- 
ves; car après s'être abandon- 
nées àla mollesse dans le service 
du Christ, elles veulent se ma- 
rier ; 

12. S'attirant ainsi la condam- 
nation, puisqu'elles ont violéleur 
premiere foi. 

13. Mais de plus, oisives, elles 
s'habituent à courir les maisons, 
et elles sont non-seulement oisi- 
ves, mais causeuses et curieuses, 
parlant de ce qu'il ne faut pas. 

14. Je veux donc que les jeunes 
se marient, qu'elles aient des en- 
fants, qu'elles soient méres de 
famille, et qu'elles ne donnent à 
notre adversaire aucune occasion 
de blàme. 


9. Qu'elle n'ait eu qu'un mari. Compar. wi, 2. 


10. Si elle a lavé, ete. Le lavement des pieds a toujours été considéré dans l'anti- 
quité comme faisant partie de l'hospitalité. 

12. Leur premiere foi; le vœu par lequel elles s'étaient engagées en Jésus-Christ. 

14. Notre adversaire; ou plus littér. l'adversaire. C'est le démon, comme semble 
l'indiquer le verset suivant. Compar. 1 Pierre, v, 8. D'autres, prenant le mot adver- 
saire pour un nom collectif, traduisent : Nos udvers uires; c'est-à-dire les ennemis de 
notre foi, de notre religion, les hérétiques et les paiens. 


[cn. vi.] 


15. Déjà, en effet, quelques- 
unes sont retournées à Satan. 

16. Si quelque fidèle a des 
veuves, qu'il les assiste, et que 
l'Eglise n'en soit pas chargée, afin 
qu'elle puisse suffire à celles qui 
sont vraiment veuves. 

17. Que les prêtres qui gouver- 
nent bien soient regardés comme 
dignes d'un double honneur, sur- 
tout ceux qui s'appliquent à la 
parole et à l'enseignement. | 

18. Car l'Ecriture dit : Vous ne 
lierez point la bouche du bœuf 
qui foule le grain; et : L'ouvrier 
est digne de son salaire. 

19. Ne reçois pas d'accusation 
contre un prêtre, si ce n'est de- 
vant deux ou trois témoins. 

20. Reprends ceux qui pèchent, 
devant tout le monde, afin que 
les autres en conçoivent de la 
crainte. 

21. Je te conjure devant Dieu, 
devant le Christ Jésus, et les an- 
ges élus, d'observer ces choses 
sans préjugé, ne faisant rien en 
inelinant d'un autre côté. 

29. N'impose légèrement les 
mains à personne, et ne participe 
en rien aux péchés des autres. 
Sois toujours chaste toi-méme. 

23. Ne continue pas à ne boire 
que de l'eau; mais use d'un peu 
de vin, à cause de ton estomac 
et de tes fréquentes infirmités. 

24. Les péchés de quelques 
hommes sont manifestes, et les 
devancent au jugement; mais 


PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE. 


2845 
ceux de certains autres les sui- 
vent. 

25. Et pareillement les œuvres 
bonnes sont manifestes, et celles 
qui nele sont pas ne peuvent res- 
ter cachées. 


CHAPITRE VI. 


Devoirs des serviteurs. Faux docteurs. 
Pauvreté contente. Pièges des richesses. 
Vertus d'un homme de Dieu. Avéne- 
ment de Jésus-Christ. Avis pour les 
riches. Dépót de la foi. 


1. Que tous les serviteurs qui 
sont sous le joug estiment leurs 
maitres dignes de tout honneur, 
afin que le nom du Seigneur et 
la doctrine ne soient pas blasphé- 
més. 

2. Que ceux qui ont des maîtres 
fideles ne les méprisent point, 
parce qu'ils sont leurs frères; 
mais plutôt qu'ils les servent, 
parce qu'ils sont fidèles et chéris, 
participants du même bienfait. 
Enseigne ces choses et exhor- 
tes-y. 

3. Si quelqu'un enseigne autre- 
ment, et n'aequiesce point aux 
saines paroles de Notre Seigneur 
Jésus-Christ, et à la doctrine qui 
est selon la piété, 

4. C'est un orgueilleux, qui ne 
sait rien; mais qui languit sur 
des questions et des disputes de 
mots, d'oü naissent les jalousies, 
les contestations, les diffama- 
tions, les mauvais soupcons, 

9. Les querelles d'hommes cor- 


CAP NAISSENT. ΣΤΥ 47 00r, 1x; 9; Matt., X, 10: buc; X, ἐς 


11. A la parole; c'est-à-dire à la prédication. 


19. Devant, etc.; sur la déposition, etc. 


24. L'apótre veut dire qu'il est certains hommes dont les péchés sont déjà connus, 
avant l'examen qu'on pourrait en faire et le jugement qu'on pourrait en porter, 
tandis qu'il y en a d'autres dont les fautes ne se découvrent que par suite de cet 
examen 


98AA PREMIERE ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE. [πὸ στ. 

0 . . r . 
rompus d'esprit, et qui sont pri- | sous Ponce-Pilate témoignage à 
vés de la vérité, estimant que la | sa divine prédication, 


piété est un moyen de gain. 14. De garder ces préceptes, en 
6. C'est, en effet, un grand gain | te conservant sans tache, irrépro- 

que la piété avec ce qui suffit. chable, jusqu’à l'avènement de 
7. Car nous n'avons rien ap- | Notre Seigneur Jésus-Christ, 

porté en ce monde; et nul doute | 15. Que manifestera en son 

que nous ne pouvons rien en em- | temps le bienheureux et seul 

porter. puissant, le Roi des rois, et le 
8. Ayant donc la nourriture et Seigneur des seigneurs, 

le vétement, contentons-nous-en ; 16..Qui seul possède l'immor- 


9. Parce que ceux qui veulent | talité, et qui habite une lumiere 
devenir riches, tombent dans la | inaccessible; qu'aucun. homme 
tentation et dans les filets du | n'a vu, ni ne peut voir; à qui 
diable, et dans beaucoup de dé- | honneuretempireéternel!Amen. 


sirs inutiles et nuisibles, qui plon- 17. Ordonne aux riches de ce 
gent les hommes dans la ruine | siecle de ne point s'élever d'or- 
et la perdition. gueil, de.ne point se confier en 


10. Car la racine de tous les | des richesses. incertaines, mais 
maux estla cupidité; aussi, quel- | dans le Dieu vivant (qui mous 
ques-uns y ayant cédé, ont dévié | donne abondamment ‘toutes 
de la foi, etse sont engagés dans | choses pour en jouir) ; 
beaucoup de chagrins. 18. De faire le bien, de.devenir 

41. Pour toi, homme de Dieu, | riches en bonnes ceuvres, de don- 
fuis ces choses, et recherche la | ner de bon cœur, de partager, 


justice, la piété, la foi, la charité, 19. De se faire un trésor qui soit 

la patience, la douceur. un bon fondement pour l'avenir, 
19. Combats le.bon combat de | afin d'acquérir la véritable vie. 

la foi; remporte la vie éternelle, 20. O Timothée, conserve le 


à laquelle tu as.été appelé, ayant dépôt, évilant les nouveautés pro- 
si glorieusement confessé la foi | fanes de paroles, et les. opposi- 
devant un grand nombre de té- | tions de la science, faussement 
moins. nommée, 

13. Je t'ordonne devant Dieu, 21. Dont quelques-uns, faisant 
qui vivifie toutes choses, et de- | profession, sont déchus de la foi. 
vant le Christ Jésus, qui a rendu | Que la grâce soit avec toi. Amen. 


Cuap. VI. 7. Job, 1, 21; Eccle., v, 14. -— 8. Prov., xxvir, 26. — 13. Matt., xxvi, 2; Joan, 
xvii, 33, 37. — 45. Apoc., xvi, 14; xix, 10. — 16. Jean, 1, 18; I Jean, 1v, 12, — 17. Luc, 
XIL 19. 


—ÓMÓÓM————————————————————— 


42. Combats le bon combat; c'est-à-dire soutiens vaillamment le bon combat; genre 
de répétition qui a pour but de douner de la force et de l'énergie au discours. 

13. Qui a rendu, etc.; plus littér.: Qui a fait de sa divine prédication un tlémoi- 
gnage, c’est-à-dire qui a confirmé par. son, témoignage. sa divine prédication. — 
* Ponce Pilate. Voir note sur Matt., xxvii, 2. 


DEUXIEME ÉPITRE 


DE SAINT PAUL 


A TIMOTHÉE 


— ———  -——— 
INTRODUCTION 


La seconde Epitre à Timothée est plus personnelle et plus intime encore que 
la première. C'est comme le testament de l'Apótre, sa dernière communication 
avec son disciple. Aux avis et aux exhortations, il méle des prophéties sur 
l'avenir de l'Eglise, et quelques détails relatifs à sa personne. La disposition 
des chapitres répond assez bien à celle des idées : — 19 S. Paul exhorte Timo- 
thée à mettre en pratique la grâce du sacerdoce. — 2° Il dit de quelle manière il 
convient d'instruire les fidèles. — 3? Il signale à son disciple les hérésies qu'on 
aurà bientót à combattre. — 4^ Enfin il conclut ses exhortations et ses avis. 
La tendresse et l'émotion que respire cet écrit rappellent le discours de la der- 
niére Cène, et font sentir la prévision que l'Apótre ἃ de sa mort prochaine, 
iv, 6-8. (L. Bacuez.) 


promesse de vie, qui est dans le 
Christ Jésus ; 
9. A Timothée, son fils bien- 


CHAPITRE PREMIER. 


Saint Paul salue Timothée, lui témoigne 


son affection, l'exhorte à ranimer en 
lui la grâce de son ordination, et à ne 
point rougir du Seigneur. Plusieurs 
labandonnent. Il rend témoignage à 
Onésiphore. 


1. Paul, apótre de Jésus-Christ 
par la volonté de Dieu, selon la 


aimé, grâce, miséricorde, paix 
par Dieu le Père et par le Christ 
Jésus Notre Seigneur. 

3. Je rends grâces à Dieu, qu'à 
lexemple de mes ancétres, je 
sers avec une conscience pure, 
de ce que, nuit et jour, je fais 


1. Selon la promesse de vie; c'est-à-dire pour annoncer aux hommes 18 promesse 
de la vie éternelle, qui s'obtient par Jésus-Christ. 

3. Avec une conscience pure. Lorsque saint Paul persécutait l'Eglise avant sa con- 
version, il ne le faisait que par ignorance et par un zèle mal entendu pour la verité 


et la justice. Voy. I Timoth., 1, 13. 


2846 
continuellement mémoire de toi 
dans mes prières; 

4. Désirant, au souvenir de tes 
larmes, 46 voir, pour être rempli 
de [0:9 ; 

5. Rappelant en ma mémoire 
cette foi non feinte, qui est en 
toi, et qui a 616 premièrement 
dans ton aïeule Loïde, et dans ta 
mère Eunice, et qui, j'en ai la 
certitude, est aussi en toi. 

6. C'est pourquoi je t'engage à 
ranimer la grâce de Dieu, qui est 
en toi par limposition de mes 
mains. 

7. Car Dieu ne nous a pas donné 
un esprit de crainte, mais de 
force, d'amour et de modération. 

8. Ne rougis donc point du té- 
moignage de Notre Seigneur, ni 
de moi son caplif; mais prends 
part aux travaux de l'Evangile, 
selon la puissance de Dieu, 

9. Qui nous à délivrés, et nous 
a appelés par sa vocation sainte, 
non selon nos œuvres, mais 
selon son décret et la gráce qui 
nous ἃ été donnée dans le Christ 
Jésus avant le commencement 
des siècles, 

10. Et qui a été manifestée 
maintenant par l'apparition de 
notre Sauveur Jésus-Christ qui ἃ 


DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE. 


[Ἐπ 1.) 


détruit la mort, et fait luire la vie 
et lincorruptibilité par l'Evan- 
gile. 

11. C'est pourquoi j'ai été établi 
moi-méme prédicateur, apótre et 
maître des nations. 

12. Et c'est pour cela aussi que 
j'endure ces souffrances ; mais je 
n'en rougis point. Car je sais à 
qui je me suis confié, et je suis 
sûr qu'il est puissant pour garder 
mon dépót jusqu'à ce jour. 

13. Prends pour modèle les 
saines paroles que tu as enten- 
dues de moi dans la foi etl'amour 
qui est en Jésus-Christ. 

14. Conserve le précieux dépót, 
par l'Esprit-Saint. qui habite en 
nous. | 
15. Tu sais que tous ceux qui 
sont en Asie m'ont abandonné ; 
de ce nombre sont Phigelle et 
Hermogène. 

16. Que le Seigneur répande sa 
miséricorde sur la maison d'Oné- 
siphore, parce qu'il m'a souvent 
soulagé, et qu'il n'a point rougji 
de mes chaines ; 

17. Mais que, lorsqu'il est venu 
à Rome, il m'a cherché avec 
beaucoup de soin, et m'a trouvé. 

18. Que le Seigneur lui donne 
de trouver miséricorde devant 


Cab. I. 7. Rom., vii, 15. — 9. Tit., ur, 5. — 11. I Tim., 1, 7. — 16. Infra, 1v, 19. 


5. * Loide était peut-être la mère d’Eunice. Nous savons par les Actes, xvi, 1, 


qu'Eunice était une Juive fidèle. 


8. Du témoignage de Notre Seigneur; c'est-à-dire qui doit être rendu à Notre Sei- 
gneur, en le confessant hautement, en préchant hardiment l'Evangile. — Selon la 
puissance de Dieu; selon la force, la puissance que tu recevras de Dieu. — * Moi son 
caplif. S. Paul écrit étant prisonnier à Rome. 

12. Ce jour. Saint Paul désigne ainsi le jugement, où chacun recevra selon ses 


œuvres. 


15. * Ceux qui sont en Asie. Dans l'Asie proconsulaire. Voir Act., xvi, 6. — Phi- 
gelle et Ilermogène. On ne sait sur eux que ce qui est dit ici. 
16. * Onésiphore était un bon chrélien d'Ephése. Le langage de S. Paul semble sup- 


poser qu'Onésiphore était déjà mort. 


18. En ce jour. Voy. le vers. 12, — * 4 Ephèse. Voir Actes, xvii, 19. 


[en. 11.) 
lui en ce jour. Car combien de 
services ne m'a-t-il pas rendus 
à Ephèse? Tu le sais parfaite- 
ment. 


CHAPITRE II. - 


Dépót de doctrine. Vie laborieuse des 
ministres de l'Evangile. Souffrir avec 
Jésus-Christ pour régner avec lui. 
Vaines disputes. Doctrine contagieuse. 
Solide fondement de Dieu. Vases d'hon- 
neur et d'ignominie. Fuir les contesta- 
lions. 


1. Toi done, ὃ mon fils, fortifie- 
toi dans 18 grâce qui est en Jésus- 
Christ ; 

2. Et ce que tu as entendu de 
moi, devant un grand nombre de 
Lémoins, confie-le à des hommes 
fideles, qui soient eux-mémes 
capables d'en instruire les au- 
tres. 

3. Travaille comme un bon sol- 
dat du Christ Jésus. 

4. Quiconque est enróló au 
service de Dieu, ne s'embarrasse 
point dans les affaires du siecle, 
afin de satisfaire celui à qui il 
s'est donné. 

ὃ, Et celui qui combat dans 
l'arène n'est point couronné, s’il 
n'a légitimement combattu. 

6. Le laboureur qui travaille 
doit avoir la première part des 
fruits. 

7. Comprends bien ce que je 
dis; car le Seigneur te don- 
nera l'intelligence en toutes 
choses. 

8. Souviens-toi que le Seigneur 


DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE. 


2847 
Jésus-Christ, de la race de David, 
est ressuscité d’entre les morts, 
selon mon Evangile, 

9. Pour lequel je souffre jus- 
qu'aux chaînes, comme un mal- 
faiteur ; mais la parole de Dieu 
n'est pas enchainée. 

10. C'est pourquoi je supporte 
tout pour les élus, afin qu'eux- 
mêmes aequierentle salut qui est 
en Jésus-Christ avec la gloire 
céleste. 

41. Voici une vérité certaine : 
Car si nous mourons avec lui, 
nous vivrons avec lui ; 

12. Si nous souffrons, nous ré- 
enerons avec lui; si nous le re- 
nions, lui aussi nous reniera; 

13. Si nous ne croyons pas, lui 
reste fidèle; il ne peut se nier 
lui-même. 

14. Donne ces avertissements, 
prenant le Seigneur à témoin. 
Evile les disputes de paroles; car 
cela ne sert qu'à pervertir ceux 
qui écoutent. 

15. Prends soin de te montrer 
à Dieu digne de son approbation, 
ouvrier qui n’a point à rougir, 
dispensantavec droiture la parole 
de la vérité. 

16. Evite les entretiens pro- 
fanes et vains; car ils profitent 
beaucoup à l'impiété ; 

11. Et leur discours gagne 
comme la gangrene; de ce nom- 
bre sont Hyménée et Philète, 

18. Qui sont déchus de la vérité, 
disant que la résurrection est dé- 


Cuap. II. 12. Matt., x, 33; Marc, vui, 38. — 13. Rom., 11, 3. 
r—————— Re ὃ ὃ Ὃς 


8. Mon Evangile; c'est-à-dire l'Evangile que je préche. 

11. Et leur discours; le discours de ceux dont les entretiens sont profanes et 
vains. — De ce nombre sont, etc. Compar. I Timoth., r, 20. — * Philèle n’est pas 
nommé dans la première Epitre à Timothée. C'était probablement un Juif comme 
Hyménée. 


2848 
jà faite, et ils ont subverti la foi 
de quelques-uns. 

19. Mais le fondement solide de 
Dieu reste debout, muni de ce 
sceau : Le Seigneur connait ceux 
qui sont à lui; et: Qu'il s'éloigne 
de l'iniquité, quiconque invoque 
le nom du Seigneur. 

90. Au reste, dans une grande 
maison il n'y a pas seulement des 
vases d'or et d'argent, mais aussi 
de bois et d'argile; à la vérité, 
les uns sont des vases d'honneur, 
mais les autres d'ignominie. 

91. Si quelqu'un donc se tient 
pur de ces choses, il sera un vase 
d'honneur sanctifié et utile au 
Seigneur, préparé pour toutes 
les bonnes œuvres. 

99. Fuis les désirs de jeune 
homme, et recherche la foi, la 
charité et la paix, avec ceux qui 
invoquent le Seigneur d'un cœur 
pur. 

93. Quant aux questions impru- 
dentes et qui n'apprennent rien, 
évite-les ; sachant qu'elles engen- 
drent des. querelles. 

24. I] ne faut pas qu'un servi- 
teur du Seigneur dispute, mais 
qu'il soit doux envers tous, ca- 
pable d'enseigner, patient, 

25. Reprenant modestement 
ceux qui résistent à la verité, 
dans l'espérance que Dieu leur 
donnera un jour l'esprit de péni- 
tence, pour qu'ils connaissent la 
vérité, 

90. Et qu'ils se dégagent des 
filets du diable qui les tient captifs 
sous sa volonté. 


DEUXIÈME ÉPITRE. DE SAINT PAUL ἃ TIMOTHÉE. 


(ou. us. ] 


CHAPITRE ΤΙ. 


Faux docteurs annoncés et caractérisés. 
Il faut les fuir, leur progrès aura des 
bornes. Saint Paul exhorte Timothée 
à suivre son exemple, à souffrir la per- 
sécution, à conserver le dépôt de la foi, 
à s'instruire par l'Ecriture. 


1. Or, sache qu'àla fin des jours, 
viendront des temps périlleux. 

2. Ill y aura des hommes s'ai- 
mant eux-mémes, avides, arro- 
gants, orgueilleux, blasphéma- 
teurs, n'obéissant pas à leurs pa- 
rents, ingrats, couverts decrimes, 

3. Sans affection, implacables, 
calomniateurs, dissolus, durs, 
sans bonté, 

4. Traitres, insolenis, enflés 
d'orgueil, aimant. les voluptés 
plus que Dieu; 

9. Ayant toutefois une appa- 
rence de piété, mais en repous- 
sant la réalité. Evite encore ceux- 
là; 

6. Caril y en ἃ parmi eux qui 
pénètrent dans les maisons et 
trainent captives de jeunes fem- 
mes chargées de péchés, et mues 
pàr toute sorte de désirs, 

7. Lesquelles apprennent tou- 
jours, et ne parviennent jamais 
à la connaissance de la vérité. 

8. Or, de méme que Jannès.et 
Mambres résisterent à Moise, de 
méme ceux-ci résistent à Ja vé- 
rité ;hommes corrompus d'esprit, 
qui n'ont pas été éprouvés dans 
la foi. 

9. Mais ils n'iront pas au delà ; 
car leur folie sera connue de tout 


23. 1 Tim., 1, 4, 7; Tit., an, 9. — Cap. III. 4. I 'Fim., 1v, 1; 11 Pierre, ut, 3; Jud., 


18. — 8, Exode, vir, 11. 


.-...............ς.-.-.-.-.Ἐ MA Ld 


8. Jannès οἱ Mambrès. Ces noms ne se trouvent pas dans l'Ecriture; ils ont été con- 


gervés par la tradition. 


[cu. 1v.] 


le monde, comme celle de ces 
hommes le fut aussi. 

10. Pour toi, tu as compris ma 
doctrine, ma manière de vivre, 
mon but, ma foi, ma longanimité, 
ma charité, ma patience, 

11. Mes persécutions, mes souf- 
frances, comme celles que j'ai 
éprouvées à Antioche, à Icone et 
à Lystre; quelles persécutions 
jaisubies; mais le Seigneur m'a 
délivré de toutes. 

12. Ainsi tous ceux qui veulent 
vivre pieusement en Jésus-Christ 
souffriront persécution. 

13. Mais les hommes méchants 
et séducteurs s'enfonceront tou- 
jours plus dans le mal, s'égarant 
et égarant les autres. 

14. Pour toi, demeure ferme 
dans ce que tu as appris, et qui 
t'a. été confié, sachant de qui tu 
l'as appris, 

15. Et que dès l'enfance, tu 
as connu les saintes lettres qui 
peuvent t'instruire pour le sa- 
lut par la foi qui est en Jésus- 
Christ. 

16. Toute Ecriture divinement 
inspirée est utile pour enseigner, 
pour reprendre, pour corriger, 
pour former à la justice, 

11. Afin que l'homme de Dieu 
soit parfait οἱ préparé à toute 
bonne œuvre. 


16. II Pierre, r, 20. 


DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE. 2849 


CHAPITRE IV. 


Devoirs d'un évêque. Faux docteurs au- 
noncés. Saint Paul prédit sa mort pro- 
chaine. Il prie Timothée de venir le 
trouver, -et l'instruit de son état pré- 
sent. Salutations. 


1.Je t'en conjure donc devant 
DieuetdevantJésus-Christ quidoit 
juger les vivants et les morts, par 
son avenement et par son regne, 

2. Annonce la parole, insiste à 
temps et à contre-temps, re- 
prends, supplie, menace en toute 
patience et doctrine. 

3. Car viendra un temps oü les 
hommes ne supporteront plus la 
saine doctrine; mais, selon leurs 
désirs, ils amasseront des maîtres 
autour d'eux, éprouvant une vive 
démangeaison aux oreilles ; 

4. Et détournant l'ouie de la 
vérité, ils se tourneront vers les 
fables. 

9. Mais toi, veille, et ne te re- 
fuse à aucun travail ; fais l'œuvre 
d'un évangéliste, remplis ton 
ministère. Sois sobre. 

6. Car, pour ce qui me regarde, 
on a déjà fait des libations sur 
moi, et le temps de ma dissolu- 
tion approche. 

1. J'ai combattu le bon combat, 
jai achevé ma course, j'ai gardé 
la foi. 


11. * A Antioche de Pisidie. Voir Actes, xui, 14. — À Icone. Voir Actes, xur, 51. — 
A Lystre. Voir Actes, xiv, 6. 


2. En toute patience et doctrine; c'est-à-dire sans jamais perdre patience et cesser 
d'instruire. 

6. On a déjà fait, etc. Chez les paiens, les libations sur la victime se faisaient avant 
l'immolation. Or saint Paul devant mourir de la main des paiens, a pu faire allusion 
à cet usage. Mais comme chez les Hébreux les libations ne se pratiquaient que sur 
la victime déjà immolée, les Péres grecs et la plupart des commentateurs expliquent 
ainsi ce passage : J'ai été immolé, on a déjà fait les libations sur moi; il ne me reste 
que d'étre consumé par le feu. 

1. J'ai combattu, etc. Voy. 1 Timoth., v». 49 


BEC, 179 


2850 

8. Reste la couronne de justice 
qui m'est réservée, que le Sei- 
gneur, juste juge, me rendra en 
ce jour; et non-seulement à moi, 
mais encore à ceux qui aiment 
son avenement. Háte-toi de venir 
près de moi; 

9. Car Démas m'a quitté, par 
amour de ce siècle, et 1] s’en est 
allé à Thessalonique; 

10. Crescent, en Galatie; Tite, 
en Dalmatie. 

11. Luc seul est avec moi. 
Prends Marc, et amene-le avec toi, 
caril m'estutile pourle ministère. 

12. Pour Tychique, je l'ai en- 
voyé à Ephèse. ; 

18. Apporteavee toi, en venant, 
le manteau que j'ai laissé à Tro- 
ade chez Carpus, et les livres, et 
surtout les parchemins. 

14. Alexandre, l'ouvrier en ai- 
rain, m'a fait beaucoup de mal : 
le Seigneur lui rendra selon ses 
œuvres. 

15. Evite-le, car il a fortement 
combattu nos paroles. 


DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PAUL A TIMOTHÉE. 


[cn. 1v.] 


16. Dans ma première défense, 
personne ne m'a assisté : au con- 
traire, tous m'ont abandonné : 
qu'il neleur soit point imputé. 

17. Mais le Seigneur a été près 
de moi, et m'a fortifié, afin que 
par moi s'aecomplisse la prédica- 
tion, et que toutes les nations 
l'entendent : ainsi j'ai été délivré 
de la gueule du lion. 

18. Le Seigneur m'a délivré de 
toute ceuvre mauvaise, et il me 
sauvera en m'introduisant dans 
son royaume céleste, lui à qui 
gloire dans les siècles des siècles. 
Amen. 

19. Salue Prisque et Aquila, 
et la famille d'Onésiphore. 

20. Eraste est demeuré à Co- 
rinthe. Quant à Trophime, je l'ai 
laissé malade à Milet. 

91. Hâte-toi de venir avant l’hi- 
ver. Eubule, Pudens, Lin, Clau- 
die, et tous nos frères te saluent. 

22. QueleSeigneurJésus-Christ 
soit avec ton esprit. Que la gráce 
soit avec toi. Amen. 


Cuap. IV. 11. Coloss., 1v, 14. — 19. Supra, 1, 16. 


8. En ce jour; c'est-à-dire au grand jour du jugement, comme le contexte le montre 
assez clairement. Compar. d'ailleurs I, 12, 48. 
9. * Démas, voir Col., 1v, 14. — A Thessalonique. Voir Actes, xvi, 1. 


10. * Crescent, personnage inconnu. — En Galatie. Voir Actes, xvrtr, 23. — Tite: Voir 
II Cor., 11, 13. — En Dalmatie, partie de l'Illyrie, sur la côte orientale de l'Adriatique. 

41. * Luc l'évangéliste. — Marc, voir Actes, ,זוא‎ 12. 

12. * Tychique. Voir Actes, xx, 4. — A Ephése. Voir Actes, xvin, 19. 

13. Les livres dont parle ici saint Paul sont probablement les saintes Ecritures 
traduites en grec, et les parchemins, les rouleaux qui contenaient le texte hébreu 
écrit sur du parchemin, comme on en voit encore aujourd'hui chez les Juifs. — * A 
Troade ou Troas. Voir Actes, xvi, 8. — Carpus n'est mentionné que dans ce passage. 
— Le manteau, penula, était une sorte de manteau long, sans manches, avec une 
simple ouverture pour la téte. 

14. * Alexandre. Voir 1 Tim., 1, 20. 

19. * Prisque ou Priscille et Aquila. Voir Actes, xvur, 2. — La famille d'Onésiphore., 
Voir plus haut, 1, 16. 

20. * Eraste. Voir Actes, xix, 22. — Trophime. Voir Actes, xx, 4. — A Corinthe. Voir 
Actes, xvi, 1. — À Milet. Voir Actes, xx, 15. 

21. * Eubule, Pudens, Claudie. On ne connait sur eux rien de certain. On suppose 
que Claudie était la femme de Pudens et Pudens, d'aprés plusieurs savants, était uu 
sénateur romain, le père de sainte Praxède et de sainte Pudentienne, vierges et mar- 
tyres — Lin devint pape et fut le successeur de ₪. Pierre sur le siège de Rome, 


ÉPITRE 


DE SAINT PAUL 


A TIT& 


INTRODUCTION 


Tite avait été placé par S. Paul à la tête de l'Eglise de Crète. L'Epitre qui lui 
est adressée rappelle la premiére à Timothée, non seulement par sa forme et 
son style, simple, naturel, plein d'onction, mais encore par les idées qu'elle ex- 
prime et par les termes dans lesquels elle est concue. — Les avis qu'elle contient 
se rapportent aussi à trois points: le choix des ministres, la défense de la foi, 
l'instruction des fidèles. — Les doctrines qu'elle réprouve sont celles des ju- 
daisants. Mais le péril parait moins grand en Crète qu'à Ephése. (L. Bacuez.) 


CHAPITRE PREMIER. 


Saint Paul salue Tite. Devoirs des prétres 
et des évéques. Saint Paul exhorte Tite 
à reprendre les faux docteurs. Tout est 
pur pour ceux qui sont purs. On re- 
nonce Dieu en vivant mal. 


1. Paul, serviteur de Dieu et 
apótre de Jésus-Christ, selon la 
foi des élus de Dieu, et la connais- 
sance de la vérité, qui est selon 
la piété, 

2. En espérance de la vie éter- 
nelle, que Dieu, qui ne ment 


point, a promise avant tous les 
siècles, 

3. Et qui a manifesté en son 
temps sa parole dans la prédica- 
tion qui m'a été confiée, d'apres 
le commandement de Dieu notre 
Sauveur, 

4. A Tite, son fils chéri, dans 
une commune foi : Grâce et paix 
par Dieu le Père, et par le Christ 
Jésus notre Sauveur. 

ὃ. Si je t'ai laissé en Crète, c'est 
pour que tu établisses les choses 
qui manquent, et que tu consti- 


1. Selon la foi des élus; c'est-à-dire pour annoncer la foi des fidèles chrétiens. 
Voy. une locution semblable, 11 Timoth., 1, 4. 


ὃ. * En Crèle. Voir Actes, xxvii, 1. 


9952 
tues des préólres dans chaque 
ville, ainsi que je te l'ai prescrit, 

6. Si donc quelqu'un est sans 
reproche, n'ayant épousé qu'une 
seule femme, et si ses enfants 
sont fideles, non accusés de dé- 
bauche, ou indisciplinés, cAho:s?s- 
le. 

7. Car l’évêque doit être irré- 
prochable, comme dispensateur 
de Dieu; nullement altier, ni co- 
lere, ni porté à boire et à frap- 
per, ni avide d'un gain honteux; 

8. Mais hospitalier, bon, sobre, 
juste, saint, continent; 

9. Fortement attaché aux véri- 
tés de la foi, qui sont conformes 
à la doctrine, afin de pouvoir ex- 
horter selon la saine doctrine, et 
confondre ceux qui la contre- 
disent. 

10..Car il ץ‎ ἃ beaucoup de re- 
belles, beaucoup de semeurs de 
vaines paroles, et de séducteurs; 
surtout parmi les circoncis. 

H-Hfautleur fermer 18 bouche, 
parce qu'ils causent la subversion 
de toutes les familles, enseignant 
ce qu'il ne faut pas, pour un gain 
honteux; 

12. Un d'entre eux, leur propre 
prophète, ἃ dit : Les Crétois sont 


ÉPITRE DE SAINT PAUL A TITE. 


[ca. n.] 


toujours menteurs, méchantes 
bétes, ventres paresseux. 

13. Ce témoignage est vrai, 
c'est pourquoi reprends-les dure- 
ment, afingqu'ils se conservent 
purs dans la foi, 

14. Sans s'arréter à des fables 
judaiques, et à des ordonnances 
d'hommes qui se détournent de 
la vérité. 

15. Or tout est pur pour ceux 
qui sont purs; mais, pour les 
impurs et les infideles, rien n'est 
pur;leuresprit et leur conscience 
sont souillés. 

16. Ils confessent qu'ils con 
naissent Dieu, et ils le nient par 
leurs œuvres, étant abominables, 
incrédules et incapables de toute 
bonne œuvre. 


CHAPITRE II. 


Avis que Tite doit donner aux vieillards 
et aux jeunes gens de l'un et de l'autre 
sexe. Conduite qu'il doit garder lui- 
méme. Avis qu'il doit donner aux ser 
viteurs. Abrégé de tout le christianisme 
renfermé dans l'économie des deux 
avènements de Jésus-Christ. 


1. Pour toi, enseigne ce qui est 
conforme à la saine doctrine : 
2. Aux vieillards, d'être sobres, 
pudiques, graves, prudents, purs 


GnuaP. 1. 6. 1 Tim., uu, 2. — 45. Rom., xiv, 20. 


9. À la doctrine véritable qu'on lui a enseignée. 


12. Les paiens donnaient le titre de prophète à leurs poétes. Saint Paul parle ici 
d'Epiménide. — * Epiménide était né en Crète, à Cnosse ou Gortyne. Platon l'appelle 
un homme divin. On dit qu'il fut prêtre, poete. et devin, qu'il visita Athénes vers 596 
avant notre ére et qu'il mourut bientót aprés, ágé de plus de 150 ans. Callimaque 
répéta le vers d'Epiménide dans son hymne à Jupiter et les anciens assurent que les 
Crétois ne méritaient que trop le reproche que leur avait fait leur compatriote Epi- 
ménide. up 4 

15. Saint Paul ne veut pas dire que toutes les ceuvres des chrétiens sont pures ou 
bonnes, et toutes celles des infidéles, impures ou mauvaises; mais il condamne-la 
doctrine de plusieurs judaisants, qui prétendaient, les uns, que certains aliments 
étaient impurs de leur nature; 168 autres,qu'il y avait des viandes que les chrétiens 
ne devaient pas manger, non pas qu'elles, fussent impures en. elles-mémes, mais 
parce qu'elles l'étaient devenues depuis la loi mosaïque, qui les. défendait. 


— 


[eu. [.זזז‎ 
dans la foi, dans la charité, dans 
la patience; 

9. Et de méme aux femmes 
85608, d'avoir un maintien qui 
respire la sainteté, de n'être ni 
médisantes ni adonnées au vin, 
de bien instruire, 

4." D'enseigner la sagesse aux 
jeunes filles, d'aimerleurs maris, 
de chérir leurs enfants, 

8. D'étre prudentes, chastes, 
sobres, ‘appliquées au soin de 
leur maison, bonnes, soumises 
à leurs maris, afin que la parole, 
de Dieu ne soit point blasphémée. 

6. Exhorte égalementles jeunes 
hommes à étre tempérants. 

7. Montre-toi toi-même, en 
toutes choses, un modèle de 
bonnes œuvres, dans la doctrine, 
dans l'intégrité, dans la gravité. 

8. Que ta parole soit saine, 
irrépréhensible, afin que notre 
adversaire rougisse, n'ayant au- 
cün mal à dire de nous. 

9. Exhorte les serviteurs à être 
soumis à leurs maîtres, à leur 
complaire en tout, à ne les point 
contredire, . 


10- A ne rien dérober, mais à 


montrer en tout une fidélité par- 
faite, afin qu'en toutes choses ils 
fassent honneur à la doctrine de 
Dieu notre Sauveur. 

11. Car la grâce de Dieu notre 
Sauveur, est apparue à tous les 
hommes, 

19. Nous enseignant à renoncer 
àl'impiété et aux désirs du siècle, 


ÉPITRE DE SAINT PAUL A TITE. 


2858 
et à vivre sobrement, justement 
et pieusement dans ce monde, 

13. Attendant la bienheureuse 
espérance et l'avenement de la 
eloire du grand Dieu et de notre 
Sauveur Jésus-Christ, 

44. Qui s'est livré lui-méme 
pour nous, afin de nous racheter 
de toute iniquité, et de se faire 
un peuple pur, agréable et zélé 
pour les bonnes œuvres. 

15. Dis ces choses, exhorte et 
reprends avec une pleine auto- 
rité. Que personne ne te méprise. 


CHAPITRE 1II. 


Soumission aux princes. Effusion de la 
grâce de Jésus-Christ. D'où Jésus-Christ 
nous.a tirés; ἃ quoi il nous destine. 
S'appliquer, aux bonnes œuvres.:Fuir 
les disputes. Eviterles hérétiques, Saint 
Paul prie Tite de venir le trouver. Sa- 
lutations. 


1. Avertis-les d'étre soumis aux 
princes et aux puissances, d'obéir 
81 commandement, d'étre préts 
à toute bonne œuvre; 

2. De ne diffamer personne, de 
fuir les contestations, d'étre mo- 
dérés, et de montrer la plus 
erande douceur envers tous les 
hommes. 

9. Gar nous étions nous-mêmes 
autrefois insensés, incrédules, 
égarés, esclaves de toute sorte 
de désirs et de voluptés, vivant 
dans la malignité et l'envie, hais- 
sables, nous haissant les uns les 


autres. 


"4" Mais lorsqu'est apparue la 


Il. 9. Ephés., vr, 5; Col., rr, 22; I Pierre, 11, 18. — 14. Infra, 11, 4, — Cab. III.‏ .שג 


4. Supra, ri, 11. 


8. Notre adversaire. Compar. I Timoth., v, 44. 
9. Exhorte. Ce mot est évidemment sous-entendu; il se trouve exprimé au vers, 6, 


1. Avertis-les; c'est-à-dire les fidèles. 


4. L'humanité; c'est-à-dire l'amour, la charité pour les hommes. 


9854 


bonté et lhumanité de notre 
Sauveur Dieu, 

5. Ce n’est point par les œuvres 
de sa justice que nous avons 
faites qu'il nous a sauvés, mais 
selon sa miséricorde, c'est par 
le baptéme de régénération et 
de renouvellement de l'Esprit- 
Saint, 

6. Qu'il a répandu sur nous 
abondamment par Jésus-Christ 
notre Sauveur, 

7. Afin que, justifiés par sa 
gráce, nous soyons héritiers se- 
lon notre espérance, de la vie 
éternelle. 

8. C'est une vérité certaine, et 
je veux que tu assures fortement 
ces choses, afin que ceux qui 
croient en Dieu aient soin de se 
mettre à la tête des bonnes œu- 
vres. Voilà ce qui est bon et utile 
aux hommes. 

9. Quant aux questions impru- 
dentes, aux généalogies, aux 
contentions, aux disputes sur la 


ÉPITRE DE SAINT PAUL A TITE, 


(cn. mnt.) 


loi, évite-les ; car elles sont inu- 
tiles et vaines. 

10. Evite un homme hérétique, 
aprés une premiere et une se- 
conde admonition ; 

11. Sachant qu'un tel homme 
est perverti, et qu'il peche, puis- 
qu'il estcondamné par son propre 
jugement. 

19. Lorsque je t'aurai envoyé 
Artémas ou Tychique, háte-toi de 
venir prés de moi à Nicopolis; 
car j'ai résolu d'y passer l'hiver. 

13. Aie soin d'envoyer devant 
Zénas, le docteur dela loi, et Ap- 
pollo, et querien ne leur manque. 

14. Et que les nótres aussi ap- 
prennent à se mettre àla téte des 
bonnes ceuvres, lorsque la néces- 
sité le demande, afin qu'ils ne 
soient pas sans fruit. 

15. Tous ceux qui sont avec 
moi vous saluent : saluez ceux 
qui nous aiment dans la foi. La 
gräce de Dieu soit avec vous tous. 
Amen. 


9. II Tim., 1, 9. — 9. 1 Tim., 1, 4; 1v, 7; II Tim., 11, 23. 


12. * Arlémas est inconnu. — Tychique. Voir Actes, xx, 4. — À Nicopolis. Il y avait 
trois Nicopolis, une premiére en Cilicie, une seconde en Thrace, sur le Nestus et une 
troisiéme en Epire; il est difficile de décider quelle est celle dont il est question ici, 
mais les probabilités sont en faveur de la dernière, qui était la plus importante des 
trois. Elle avait été bâtie par Auguste, après la bataille d'Actium. 

13. * Zénas, Juif converti. == Apollo. Voir 1 Corinthiens, 1, 12. 


EPITRE DE SAINT PAUL 


A PHILÉMON 


— 0-0 € OOo ems 


INTRODUCTION 


Philémon était un homme de qualité de la ville de Colosses, que l’Apôtre, ou 
son disciple Epaphras, avait gagné au christianisme, Un de ses esclaves, Oné- 
sime, ayant pris la fuite, la Providence le conduisit à Rome ; et l'Apótre, l'ayant 
aussi converti, ne voulut ni le garder auprés de lui sans le consentement de 
son maitre, ni le renvoyer à Colosses, sans recommander à Philémon ce frére 
repentant, et lui assurer un bon accueil. En la personne de cet esclave, S. Paul 
plaide la cause de tous ceux qui se trouvaient dans la méme condition, c'est- 
à-dire de l'immense majorité du genre humain. 

Suivant toute apparence, l’Apôtre écrivit cette Lettre en méme temps que les 
Epitres aux Ephésiens et aux Colossiens. Il y fait mention, comme dans l'Epitre 
aux Colossiens, d'Epaphras, de Timothée, d'Aristarque, de Marc, de Démas et 
de Luc. Peut-étre est-ce par intérét pour Onésime qu'il fait aux Colossiens de si 
vives recommandations en faveur des esclaves. 

L'Epitre à Philémon est la plus courte de toutes celles de l'Apótre. Aprés une 
salutation où il remplace son titre d'apótre par celui de captif de Jésus-Christ, 
vient comme exorde et sous forme d'actions de grâce, l'éloge de Philémon, 4-7. 
Ensuite il énonce son sujet, sans réticence, mais en s'appuyant sur des raisons 
qui doivent lui faire espérer un heureux succès, 8-16. Il finit en se substituant 
à Onésime, comme le Sauveur s'est substitué aux pécheurs, et en priant Philé- 
mon de l'agréer pour son débiteur. Tout cela est dit avec l'onction, la dignité, 
la simplicité qui caractérisent le chrétien et qu'inspire la charité du Sauveur. 
Rien de plus affectueux, de plus touchant, de plus propre à faire impression sur 
un fidèle. Rien aussi de plus insinuant. «Peu de pages, dit M. Renan, ont un 
accent de sincérité aussi prononcé. Paul seul, autant qu'il semble, a pu écrire 
ce petit chef-d'œuvre. » Nous ajouterons avec S. Jérôme : Un billet d'un Apôtre 
pouvait seul avoir cette fortune d'étre conservé, admiré, pris pour régle de 
conduite par toute la terre jusqu'à la fin des temps. (L. Bacuzz.) 


ÉPITRE 


DE SAINT PAUL 


A PHILÉMON 


CHAPITRE UNIQUE. 


Saint Paul exhorte Philémon à recevoir 
Onésime, son esclave, qui, s'étant en- 
fui de chez lui, était venu trouver l'A- 
pótre à Rome, et y avait recu le bap- 
téme. 


1. Paul, prisonnier du Christ 
Jésus, et Timothée, son frère, à 
Philémon, notre bien-aimé et 
notre coopérateur, 

9. Et à Appia, notre sœur très- 
chère, et à Archippe, le compa- 
gnon de nos combats, et à l'Eglise 
qui est dans ta maison : 

3. Gráce à vous, et paix par 
Dieu notre Pére, et par Notre 
Seigneur Jésus-Christ. 

4. Faisant sans cesse mémoire 
de toi dans mes prières, je rends 
gráces à mon Dieu, 

5. En apprenant la foi que tu 


as dans le Seigneur Jésus-Christ, 
et ta charité pour tous les Saints; 

6. En sorte que ta participation 
à la foi est manifeste par la con- 
naissance de tout le bien qui se 
fait parmi vous en Jésus-Christ. 

7. Car j'ai ressenti une grande 
joie et une grande consolation, 
en voyant, 6 mon frère, combien 
tu as soulagé les cœurs des saints. 

8. C'est pourquoi, bien que 
ayant en Jésus-Christ une entière 
liberté de t'ordonner ce qui con- 
vient, 

9. Gependant j'aime mieux te 
supplier par charité, puisque tu 
es tel que moi le vieux Paul, qui 
de plus suis maintenant prison- 
nier de Jésus-Christ; | 

10.Je te conjure donc pour mon 
fils que j'ai engendré dans mes 
liens, Onésime, 


1. Philémon était 16 maitre d'un esclave nommé Onésime, lequel, s'étant enfui de 


sa maison, se réfugia prés de saint Paul. 
Philémon, et en fit un apótre. 


L'apótre le convertit, le réconcilia avec 


2.* Appia était trés probablement, comme 18 supposé S. Jean Chrysostome, la 
femme de Philémon. — Archippe devait être leur fils. — À Eglise qui est dans ta 
maison. La maison de Philémon servait d'église ou de lieu de réunion pour les fidéles. 

4. Faisant sans cesse mémoire de toi. Voy., pour le vrai sens de cette expression, 


Rom., 1, 9. 
5. Pour tous les saints. Voy. Act., 1x, 13. 


6. Ta participation à la foi. Compar. Philipp., 1, 5. D'autres traduisent: La libéra- 
lité qui naît de ta foi, qui est un effet de ta foi; sens dont la Vulgate, en effet, est 


susceptible aussi bien que le texte grec. 


[cH. 1.] 


11. Qui t'aété autrefois inutile, 
mais qui maintenant est utile et à 
moi et à toi. 

19. Je te le renvoie; recois-le 
comme mes entrailles. 

13. J'avais eu dessein de le re- 
tenir auprès de moi, afin qu'il 
m'assistât en ta place dans les 
liens de l'Evangile. 

14. Mais je n'ai voulu rien faire 
sans ton avis, afin que ta bonne 
ceuvre ne füt pas comme forcée, 
mais volontaire. 

15. Car peut-être t'a-t-il quitté 
pour un temps, afin que tu le re- 
couvrasses pour jamais, 

16. Non plus comme un esclave, 
mais au lieu d'un esclave, comme 
un frère très cher, à moi en par- 
ticulier, mais combien. plus en- 
core à toi, et selon la chair, et 
selon le Seigneur? 

11. Si done tu me consideres 
comme étroitement uni à toi, 
regois-le comme moi-même; 


ÉPITRE DE SAINT PAUL A PHILÉMON. 


2857 

18. Que s'il t'a fait tort, ou s'il 
te doit quelque chose, impute-le- 
moi. 

19. C'est moi Paul, qui écris de 
ma main; c'est moi qui te satisfe- 
rai; pour ne pas dire que tu te 
dois toi-méme à moi ; 

20. Oui, mon frère. Que j'ob- 
tienne cette jouissance de toi 
dans le Seigneur; ranime mes 
entrailles dans le Seigneur. 

21. Confiant en ta soumission, 
je 060118, sachant que tu feras 
méme plus que je ne dis. 

22. Prépare-moi aussi un loge- 
ment, car j'espere, partesprieéres, 
t'étre bientôt rendu. 

23. Epaphras, prisonnier comme 
moi pour le Christ Jésus, te sa- 
lue, 

24. Ainsi que Mare, Aristarque, 
Démas et Luc, mes auxiliaires. 

95. Que la grâce de Notre Sei- 
gneurJésus-Christ soit avec votre 
esprit. Amen. 


13. Les liens de l'Evangile; c'est-à-dire les liens dont je suis chargé pour l'Evangile. 
20. Oui, mon frère. D'après l'édition autorisée de la Vulgate, ces mots se rattachent 
aux précédents, et confirment ce que l'apótre vient de dire. 


23. * Epaphras. Voir Coloss., t, 1. 


24. * Marc, voir Actes, xit, 12. — Aristarque. Voir Actes, xix, 29. — Démas. Voir 


Coloss., 1v, 14, — Luc l'évangéliste. 


99-0 Og (=> O 0-00 


EPITRE DE SAINT PAUL 
AUX HÉBREUX 


= 02-000 0-0-0————— 


INTRODUCTION 


On trouve cette Epitre comptée parmi les écrits inspirés dans presque tous 
les Canons. On ne saurait donc en nier l'inspiration et le caractère divin sans 
se mettre en opposition avec la croyance de l'Eglise et avec ses définitions. 
Mais on la met au nombre des livres deutéro-canoniques, parce qu'il y a eu en 
Occident, au second et au troisiéme siécle, un certain nombre d'Eglises et de 
docteurs qui ne se tenaient pas assurés de son authenticité. 

S. Paul n'étant nulle part nommé dans cette Epitre, on pouvait dire qu'elle 
n'est pas de lui, sans se mettre d'une maniére expresse en contradiction avec elle. 
Les théologiens enseignent encore qu'il n'est pas de foi qu'il en soit l'auteur. 

Néanmoins, on convient qu'il y aurait témérité à contester aujourd'hui cette 
Epitre à l'Apótre, contre le sentiment unanime des pasteurs et des fidéles. 

Le sentiment de l'Eglise, exprimé dans ses Canons des Livres saints, a tou- 
jours été que cette Epitre fut composée pour des chrétiens d'origine juive. 

Mais à quelle partie du peuple hébreu l’Apôtre s'adresse-t-il? Est-ce aux 
Hébreux convertis de Jérusalem ou à ceux de la dispersion? 

Le sentiment commun des Péres et des Docteurs est qu'il écrit à ceux de 
Jérusalem et de la Palestine. Il est vrai que le titre ad Hebræos n'exclut pas 
absolument les Juifs établis parmi les Gentils, mais il désigne spécialement les 
Hébreux de Judée, ceux qui parlaient le langage de leurs pères; et quand on 
étudie la Lettre avec attention, qu'on en examine les détails, on reconnait que 
l'auteur les avait directement en vue. En effet, il écrit à une église particuliére 
dont les pasteurs ont souffert pour la foi, à laquelle il a été enlevé, qu'il se 
propose de revoir bientôt; et il lui envoie les salutations d'une autre église. 
Les détails dans lesquels il entre sur le temple et sur les cérémonies du culte, 
ΙΧ et x, semblent supposer que ses lecteurs les ont sous les yeux. Il en est de 
méme de ses allusions à la passion et au crucifiement du Sauveur. Les fidèles 
auxquels il s'adresse ont été instruits parles disciples du Sauveur ; ils possèdent 
déjà depuis longtemps les éléments du christianisme. Ils ont été persécutés 
dés l'origine, et les persécutions qu'ils éprouvent encore les exposent à retomber 
dans le judaisme. Il n'est question nulle part des Gentils, soit infidéles, soit 
chrétiens, au milieu desquels les Hébreux auraient à vivre. 


INTRODUCTION. 2859 


Ce qui a porté S. Paul à écrire aux Hébreux, ς᾽ ἃ été : Sa charité pour tous les 
hommes et le zèle particulier qu'il avait pour le salut de ses compatriotes, selon 
le témoignage qu'il en rend en divers endroits. L'étendue de la mission qui lui 
avait été donnée. Les Gentils lui sont désignés comme premier objet de son 
apostolat, mais les Juifs ne sont pas omis. Dans sa prison de Rome, il pouvait 
se dire qu'il avait porté le nom du Sauveur devant les nations et devant les 
magistrats de l'empire; mais il devait regretter de n'avoir pas pu jusque-là le 
précher à ceux qui auraient dà le reconnaitre avant tous les autres. S. Pierre 
ayant fixé son siége au centre méme de la Gentilité, la convention qu'il avait 
faite autrefois avec S. Paul ne devait plus empécher celui-ci de s'occuper de la 
Judée. Arrété à Jérusalem dans son dernier voyage, au moment oü il espérait 
vaincre les préventions de ses compatriotes, il était naturel qu'au sortir de sa 
prison l'Apótre reportát ses vues de ce côté, qu'il se proposát de faire aussitôt 
qu'il le pourrait ce qu’il avait tenté plus tôt, et que pour disposer les esprits à 
sa venue, il se fit précéder à Jérusalem, comme il avait fait à Rome, par une 
sorte de traité, composé à loisir et renfermant l'abrégé de sa doctrine ou le 
programme de ses prédications. 

Ce qui a déterminé S. Paul à traiter dans sa Lettre la question qu'il y traite, 
c'est l'embarras oü il savait que se trouvaient un grand nombre d'Hébreux con- 
verlis, relativement au culte extérieur. Les Juifs incrédules cherchaient à les 
détacher des réunions chrétiennes et à les ramener à eux. Ils représentaient 
aux fidèles la pauvreté de leur religion, sans éclat et sans prestige. Ils faisaient 
valoir la renommée du temple, la multitude des adorateurs aux grandes solen- 
nités, le nombre et l'autorité des prétres, la pompe des cérémonies : autant 
d'objets pour lesquels les Israélites, méme baptisés, avaient conservé beaucoup 
d'estime et d'affection. Aux sollicitations, ils joignaient les menaces, les vexa- 
tions et quelquefois la violence. S. Jacques venait de subirle martyre. On pou- 
vait élre en 62 ou 63. S. Paul, justifié au tribunal de l'empereur, sortait de 
prison ou se voyait à la veille d'en sortir et songeait à repasser bientót en 
Orient. Informé de l'état des esprits, il croit de son devoir d'instruire, d'exhor- 
ter, d'encourager les fidéles de Judée qui ont confiance en lui. Sans condamner 
ceux qui jugeraient devoir pratiquer encore quelques-unes des observances 
anciennes, il fait sentir à tous quelle serait leur erreur de s'y croire obligés et 
quel tort ils se feraient en revenant en arriére par respect humain, aprés les 
engagements qu'ils ont pris et les faveurs dont ils se voient comblés. Il montre 
que l'Ancien Testament n'était que la figure et l'ébauche de la religion véritable 
et que le christianisme en est la perfection. La gloire du peuple juif, c'était sa 
loi et son culte : sa loi qui lui venait de Dieu par les anges et par Moise, son 
culte dont Aaron avait recu la charge et exercé le Pontificat. Mais le peuple 
chrétien a, dans le Fils de Dieu, un législateur bien supérieur aux anges et à : 
Moise, et un Pontife bien plus parfait qu'Aaron et toute sa race. Cette derniére ^ 
considération est celle sur laquelle l'Apótre insiste le plus. Aprés avoir montré 
lexcellence du Pontificat du Sauveur et le mérite infini de son sacrifice, il 
arrive à cette conclusion que l'Ancien Testament n'avait que des ombres; 
tandis que nous avons la réalité. Tel est l'objet de la premiére partie, 1-x, 18. 
La seconde, moins étendue et toute morale, résulte de la première; elle a pour 
but de faire sentir la nécessité de la foi, x, 18-x1, 40, et des bonnes œuvres, 
xit, 1-xirr, 25. Elle est aussi énergique que la première est sublime. (L. Bacuez.). 


ÉPITRE 


DE SAINT 


PAUL 


AUX HÉBREUX 


CHAPITRE PREMIER. 


Supériorité de Jésus-Christ sur les pro- 
phètes qui ont paru dans l'ancien 
peuple, et sur les anges par qui la loi ἃ 
été donnée à ce peuple. 


1. Dieu, qui ἃ parlé autrefois à 
nos pères par les prophètes, bien 
souvent et en bien des manières, 
dernierement, 

2. En ces jours, nous a parlé 
par son Fils, qu'il a établi héritier 
en toutes choses, par qui il a fait 
méme les siecles; 

9. Et qui étant la splendeur de 
sa gloire et l'empreinte de sa 
substance, et soutenant toules 
choses par la puissance de sa pa- 
role, apres avoir opéré la purifi- 
cation des péchés, est assis à la 
droite de la Majesté, au plus haut 
des cieux. 

4. Ayant été fait d'autant supé- 
rieur aux anges, que le nom qu'il 
a reçu en partage est bien diffé- 
rent du leur. 


9. Car auquel des anges Dieu 
a-t-il jamais dit. : Vous êtes 
mon Fils, je vous ài engendré 
aujourd'hui? Et encore : Moi je 
serai son Père, et lui sera mon 
Fils? 

6. Et lorsqu'il introduit de nou- 
veau son premier-né dans le 
monde, il dit: Et que tous les 
anges de Dieu l'adorent. 

7. À la vérité, PEcriture dittou- 
chant les anges : Qui fait de ses 
anges des vents, et de ses mi- 
nistres une flamme de feu; 

8. Mais au Fils : Votre tróne, ὃ 
Dieu, est dans les siecles. des 
siecles; un sceptre d'équité est le 
sceptre de votre empire. 

9. Vous avez aimé la justice et 
hai l'iniquité : c'est. pourquoi 
Dieu, votre Dieu, vous a oint 
d'huile de joie, plus qu'il ne l'a 
fait à ceux qui ont été oints avec 
vous. 

10. Puis : C'est vous, GeignióhnS; 
quiau commencement avez fondé 


₪. I. 3. Sag., vir, 26. — 5. Ps. ir, 7; II Rois, vi, 14. — 6. Ps. xcvi, 7. — 7. Ps. 


CIII, 4. m Ps. xii, 4. — 10. Ps. ci, 26. 


1. L'Ecriture. On a pu remarquer déjà que ce mot'est souvent sous-enteridu e 


les citations empruntées des livres saints. 


9. C’est pourquoi, Dieu; ou bien 6 Dieu, au vocatif, — Ceux qui ont élé binis avec 


vous; 168 saints et les prophètes. 


[ca. u.] 
la terre; et les cieux sont l’ou- 
vrage de vos mains. 

11. Ils périront, mais vous, vous 
demeurerez, et tous vieilliront 
comme un vétement; 

19. Et vous les changerez 
comme un manteau, et ils seront 
changés; mais vous, vous étes 
toujours le méme, et vos années 
ne finiront point. 

13. Aussi, auquel des anges a- 
t-il jamais dit : Asseyez-vous à 
ma droite, jusqu'à ce que je fasse 
de vos ennemis l'escabeau de vos 
pieds? 

14. Ne sont-ils pas tous des es- 
prits chargés. d'un ministère, et 
envoyés pour l'exercer en faveur 
de ceux qui recueilleront lhéri- 
tage du salut? 


CHAPITRE II. 


Obligation importante et indispensable 
d'obéir à l'Evangile qui a été annoncé 
par Jésus-Christ méme. Autres preuves 
de la supériorité de Jésus-Christ. sur 
les anges. Principes qui servent à lever 
le scandale de sa mort. 


1. C'est pourquoi nous devons 
garder avec d'autant plus de soin 
les choses que nous avons enten- 
dues, de peur de les laisser écou- 
ler. 

2. Car si la parole annoncée 
parlesanges est demeurée ferme, 
el si toute prévarication et toute 
désobéissance a reçu sa juste ré- 
tribution, 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 


2864 

3. Comment l'éviterons-nous, 
51 nous négligeons un moyen si 
puissant de salut, quele Seigneur 
a commencé d'annoncer, et qui a 
été, confirmé parmi nous, par 
ceux qui l'ont entendu, 

4. Dieu y ayant rendu témoi- 
gnage par des miracles, par des 
prodiges, par différents effets de 
sa puissance, et par les dons de 
l'Esprit-Saint, qu'il a. distribués 
selon sa volonté. 

9. Car ce n'est pas aux anges 
que. Dieu à soumis le monde fu- 
tur dont nous parlons. 

6. Aussi quelqu'un l’a-t-il af- 
firmé dans un certain endroit, di- 
sant : Qu'est-ce quun homme 
pour que vous vous souveniez 
de lui? ou le fils d'un homme, 
pour que vous le visitiez? 

7. Vous lavez abaissé un peu 
au-dessous des anges : vous l'avez 
couronné de gloire et d'honneur, 
66 vous lavez établi sur les ou- 
vrages de vos mains. 

8. Vous avez mis toutes choses 
sous ses pieds. Or en lui assu- 
jettissant toutes choses, il n'a 
rien laissé qui ne lui füt assu- 
jetti. Cependant nous ne voyons 
pas encore que tout lui soit assu- 
jetti. 

9. Mais ce Jésus, quia 8 6 
un peu au-dessous des anges, 
nous le voyons, à cause de la 
mort qu'il ἃ soufferte, couronné 
de gloire et d'honneur, ayant par 


13. Ps, cix, 1; I Cor., xv, 25. — Cnar. II. 4. Marc, xvi, 20. — 6. Ps. virt, 5. — 8. Matt., 


xxvur, 18; I Cor., xv, 26. — 9. Phil., rr, 8. 


13. * L'escabeau de vos pieds. Voir Matt., xxit, 44. 


1. De peur de, etc.; c'est-à-dire de peur que nous ne soyons semblables à des vases 
entr'ouverts, qui laissent échapper la liqueur qu'on y a mise. 


9. Le monde, ete: Compar. 1, 11-12, 


6. Ou le fils d'un homme. Jésus-Christ se donnait lui-même (Matt., vit, 20) le nom 
de le Fils de l'homme, c'est-à-dire le Fils par excellence de l'homme. 


2862 
la grâce de Dieu goûté de la mort 
pour tous. 

10. Car il était digne de celui 
pour qui et par qui sont toutes 
choses, qui voulait conduire une 
multitude d'enfants à la gloire, 
de consommer par les souffrances 
l'auteur de leur salut. 

11. Car celui qui sanctifie et 
ceux qui sont sanctifiés sont tous 
d'une seule nature. C'est pour- 
quoi il ne rougit pas de les appe- 
ler freres, disant : 

19. J'annoncerai votre nom à 
mes frères; jé vous louerai au 
milieu de l'assemblée. 

13. Et encore : Je me confierai 
en lui. Et de nouveau : Me voici, 
moi et mes enfants que le Sei- 
gneur m'a donnés. 

14. Comme donc les enfants ont 
participé à la chair et au sang, il 
y a lui-même également parti- 
cipé, afin de détruire par la mort 
celui qui avait l'empire de la mort, 
le diable ; 

15. Et de mettre en liberté ceux 
qui, par la crainte de la mort, 
éta ent pour toute la vie soumis 
à la servitude. 

16. Car nulle part il ne prend 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 


[cu. vm.) 


les anges, mais c'est la race d'A- 
braham qu'il prend. 

47. D’où il a αὐ être en tout 
semblable à ses frères, afin de 
devenir auprès de Dieu un pon- 
tife miséricordieux et 10816, pour 
expier les péchés du peuple. 

18. Car c’est par les souffrances 
et les épreuves qu'il a lui-même 
subies, qu'il est puissant pour se- 
courir ceux qui sont aussi éprou- 
vés. 

CHAPITRE III. 
Supériorité de Jésus-Christ sur Moise 

Saint Paul exhorte les Hébreux à s'af- 

fermir dans la foi, et à demeurer atta- 

chés à Jésus-Christ. Exhortation que 


l'Esprit-Saint leur adresse dans le livre 
des Psaumes. 


1. Vous donc, mes freres saints, 
parlicipants àla vocation céleste, 
considérez l’apôtre et le pontife 
de notre confession, Jésus, 

2. Qui est fidele à celui qui l'a 
établi, comme Moise lui-méme 
l'a été dans toute sa maison. 

3. Carluiaété jugé digne d'une 
gloire aussi élevée au-dessus de 
celle de Moise, quel'est l'honneur 
du constructeur par rapport à A 
maison qu'il a bâtie. 


19. Ps. xxi, 93. — 13. Ps. xvi, 3; Isai., var, 18. — 14. Osée, xir, 14; 1 xv, 54, 


- Cuar. 11. 2. Nom., xir, 7. 


10. Dieu, créateur de toutes choses, et à qui toutes choses doivent se rapporter, a 
voulu, par un effet de sa sagesse et de sa justice, que son Fils unique, quil avait 
destiné pour être notre Sauveur, consommát son sacrilice par ses souffrances, et 
méritát ainsi le salut des élus, en méritant pour lui-même la gloire infinie dont il 
est revétu. 

11. D'une seule nature; selon d'autres, d'un seul principe; c'est-à-dire Dieu; ou bien 
d'un seul homme, Adam, mais la première interprétation parait plus conforme au but 
de l'apótre. 

16. Nulle part, dans l'Ecriture il n'est dit qu'il ait pris. Ce genre d'ellipse est assez 
commun parmi les écrivains sacrés. — I/ ne prend la nature des anges, il ne s'unit 
à la nature angélique. C'est l'explication des Péres de l'Eglise, et celle que semble 
clairement indiquer le verset suivant; et quoique le verbe grec que la Vulgate a 
rendu par apprehendit signifie primitivement prendre la main, et de là secourir, il a 
aussi le sens de prendre, saisir, embrasser, sans exclure l'idée de secourir. 


1. De notre confession ; c'est-à-dire de la foi, dela religion que nous professons. 


[cu. 1] 


4. En effet, toute maison est 
bátie par quelqu'un : or celui qui 
a créé toutes choses, c’est Dieu. 

5. Moise, à la vérité, a été fidele 
dans toute la maison de Dieu, 
comme serviteur, pour rendre 
témoignage de tout ce qu'il de- 
vait dire; 

6. Mais le Christ est comme 
fils dans sa maison ; et cette mai- 
son c'est nous, si nous conser- 
vons fermement jusqu'à la fin la 
confianee et la gloire de l'espé- 
rance. 

7. C'est pourquoi, selon ce que 
dit l'Esprit-Saint : Aujourd'hui, 
si vous entendez sa voix, 

8. N'endurcissez pas vos cœurs, 
comme dans l’irritation au jour 
de la tentation dans le désert, 

9. Θὰ vos pères me tentèrent, 
m'éprouverent, et virent mes 
œuvres 

10. Pendant quarante ans ; aussi 
je me suis courroucé contre cette 
génération, et j'ai dit : Leur cœur 
s'égare toujours. Ils n'ont point 
connu mes voies : 

11. Ainsi, j'ai juré dans ma co- 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 


2863 
lère : Ils n'entreront point dans 
mon repos. 

19. Prenez donc garde, mes 
fréres, qu'il ne se trouve dans 
aucun de vous un cœur mauvais 
d'incrédulité, qui vous éloigne 
du Dieu vivant 

13. Mais exhortez-vous chaque 
jourles uns les autres, pendant 
ce qui est appelé Aujourd'hui, de 
peur que quelqu'un de vous ne 
s'endureisse par la séduction du 
péché. 

14. Car nous avons été faits par- 
ticipants du Christ, si cependant 
nous conservons inviolablement 
jusqu'à la fin ce commencement 
de son étre. 

15. Ainsi, tant qu'on dit : Au- 
jourd'hui, si vous entendez sa 
voix, n'endurcissez pas voscœurs, 
comme en cette irritation-là. 

16. Car quelques-uns layant 
entendue, irritèrent le Seigneur; 
mais ce ne fut pas tous ceux que 
Moise avait fait sortir de l'Egypte. 

47. Or qui sont ceux contre les- 
quelsilfutirrité pendant quarante 
ans? N'est-ce pas contre ceux qui 


7. Ps. xciv, 8; Infra, iv, 7. — 17. Nom., xiv, 37. 


6. La gloire de l'espérance; hébraisme, pour l'espérance dans laquelle nous mettons 
notre gloire, ou bien l'espérance d’être un jour gloriliés. 

1. Dans lirritation; c'est-à-dire dans le lieu de l'irritation, où arriva l'irritation. 
Or ce lieu est Raphidim, où les Israélites murmurérent, parce qu'ils manquaient 
d'eau (Exode, xvi, 1 et suiv.); ou, selon d'autres, l'endroit du désert de Pharan, où 
ils se révoltèrent, quand on leur annonça ce qu'étaient les Chananéens et le pays de 
Chanaan (Nombr., xiv, 2 et suiv.); ou bien encore, Cadès, où le manque d'eau excita 
une nouvelle sédition parmi eux (Nombr., xx1, 1 et suiv.). 

11. Ils n'entreront point; littér. : S'ils entreront. Voy. Ps. xciv, 11. Dans les formules 
de serment, les Hébreux employaient la particule si, quand ils juraient qu'ils ne 
feraient pas une chose, et ils y ajoutaient la négation lorsqu'ils juraient qu'ils 
la feraient. Cette maniére de s'exprimer vient de ce qu'ils omettaient par euphémisme, 
l'imprécation qui suit le mot jurer; par exemple: Je veuc qu'il m'arrive tel mal, 
tel malheur, si, etc. 

14. Ce commencement de son élre; c'est-à-dire le commencement de l'être nouveau 
qu'il a mis en nous, la foi, selon saint Chrysostome, Théodoret, Théophylacte, etc. 

15. Comme en celle irritation-là ; c'est-à-dire comme au jour où eut lieu l'irritation 
dont il est parlé aux vers. 8, 9. 


2804 ÉPITRE DE SAINT. PAUL AUX HÉBREUX. 


péchèrent, et dont les corps fu- 
rent abattus dans le désert? 

18. Et qui sont ceux auxquels il 
jura qu'ils n'entreraient pas dans 
son repos, sinon ceux qui sont 
incrédules? 

19. Aussi voyons-nous qu'ils ne 
purent y entrer, à cause de leur 
incrédulité. 


CHAPITRE IV. 


Saint Paul continue d’exhorter les Hé- 
breux à s’affermir dans la foi. Il leur 
montre les conséquences qu'ils doivent 
tirer du texte qu'il vient de citer. Il 
excite leur vigilance et ranime leur 
confiance. 


1. Craignons donc que, négli- 
geant la promesse d'entrer dans 
son repos, quelqu'un de vous ne 
s'en trouve exclu. 

2. Car elle nous a été annoncée 
comme à eux. Mais la parole 
qu'ils entendirent ne leur servit 
point, n'étant pas jointe à la foi 
dans ceux qui l'entendirent. 

3. Mais nous entrerons dans le 
repos, nous qui avons cru, selon 
ce qu'il dit : Comme je l'ai juré 
dans ma colere : lls n'entreront 
point dans mon repos; or c'est 
certainement le repos des ceuvres 
accomplies depuis la création du 
monde. 

4. Car, dans un endroit, 1 Ecz;i- 
ture dit du septième jour : Et 
Dieu se reposa le septième jour 
de toutes ses œuvres. 


[cur.. 1v. | 

5. Et de nouveau, en cet en- 
droit : Is n'entreront point dans 
mon repos. 

6. Puis done que quelques-uns 
doivent encore entrer, et que 
ceux qui les premiers furent 
évangélisés n'y sont pas entrés, 
pour cause d'incrédulité, 

7. Dieu détermine encore un 
certain jour, Aujourd'hui, disant, 
par David, mais bien longtemps 
aprés, comme il a été dit plus 
haut : Aujourd'hui, si vous enten- 
dez sa voix, n'endurcissez pas vos 
cœurs. 

8. Car si Jésus leur avait donné 
le repos, David n'aurait point 
parlé d'un autre jour apres celui- 
là. 

9. Ainsi, il reste encore un jour 
de repos pour le peuple de Dieu. 

10. Car celui qui est entré dans 
son repos, lui aussi s'est reposé 
de ses œuvres, comme Dieu des 
siennes. 

11. Hâtons-nous donc d'entrer 
dans ce repos, de peur que quel- 
qu'un ne suive cet exemple d'in- 
crédulité. 

12. Car la parole de Dieu est 
vivante, efficace, et plus péné- 
trante que tout glaive à deux 
tranchants ; elle atteint jusqu'à la 
division de l'àme et de l'esprit, 
des jointures et des moelles ; et 
elle discerne les. pensées et les 
intentions du cœur. 

13. Et aucune créature n'est 


Cnar. IV. 3, Ps. xciv, 11. — 4. Genèse, 11, 2. — 7. Supra, ui, 7. — 13. Ps. xxxur, 16; 


> Eccli., xv, 20. 


1. La promesse d'entrer; c'est-à-dire la promesse qui nous est faite d'entrer. 


3. Ils n’entreront point, Compar. ur, 11. 


5. En cet endroit; c'est-à-dire au vers. 11 du Psaume xciv, qui vient d’être cité ici 


&u vers. 3. 


8. Jésus; c'est-à-dire Josué. Voy. Act., vit, 43. 


(cn. v.] 


invisible en sa présence; mais 
tout est à nu et à découvert aux 
yeux de celui dont nous parlons. 

14. Ayant done un grand pon- 
tife, qui a traversé les cieux, 
Jésus, Fils de Dieu, retenons 
fermement ce que nous confes- 
sons. 

15. Car nous n'avons point un 
pontife qui ne puisse compatir à 
nos infirmités, ayant éprouvé 
comme nous toutes sortes de 
tentations, hors le péché. 

16. Allons donc avec confiance 
au tróne de la gráce, afin d'obte- 
nir miséricorde et de trouver 
grâce dans un secours opportun. 


CHAPITRE V. 


Jésus-Christ est vraiment notre pontife; 
comment cette qualité lui convient et 
lui appartient. L'apótre reproche aux 
Hébreux auxquels il écrit leur peu de 
disposition à entrer dans les grandes 
vérités de la religion. 


1. Car tout pontife pris d'entre 
les hommes est établi pour les 
hommes en ce qui regarde Dieu, 
afin quil offre des dons et des 
sacrifices pour les péchés, 

2. Et qu'il puisse compatir à 
ceux qui sont dans lignorance 
et dans l'erreur, étant lui-méme 
environné de faiblesse. 

3. Et c’est pourquoi il doit offrir 
pour lui-même aussi bien que 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HEBREUX. 


2860 
pour le peuple, des sacrifices en 
expiation des péchés. 

4. Or nul ne s'attribue à lui- 
méme cet honneur, sinon celui 
qui est appelé de Dieu, comme 
Aaron. 

9. Ainsi ce n'est pas le Christ 
qui s'est glorifié lui-méme pour 
devenir pontife, mais c'est celui 
qui lui a dit: Vous étes mon Fils, 
c'est moi qui aujourd'hui vous ai 
engendré. 

6. Comme aussi dans un autre 
endroit il dit : Vous étes prétre 
pour l'éternité, selon l'ordre de 
Melchisédech. 

7. Dans les jours de sa chair, 
ayant offert aveclarmeset grands 
cris des prières et des supplica- 
tions à celui qui pouvait le sauver 
de la mort, il a été exaucé pour 
son humble respect ; 

8. Et méme, quoiqu'il fàt le 
Fils de Dieu, il a appris l'obéis- 
sance, par ce qu'il a souffert ; 

9. Et par sa consommation, il 
est devenu pour tous ceux qui 
lui obéissent là cause du salut 
éternel, 

10. Nommé par Dieu pontife 
selon l'ordre de Melchisédech. 

11. Sur quoi nous aurions beau- 
coup de choses à dire, et difficiles 
à expliquer, parce que vous étes 
devenus peu capables de les en- 
tendre. 


Car. V. 4. Exode, xxvii, 1; 1] Paral., xxvi, 18. — 5. Ps. 11, 7. — 6. Ps. cix, 4. 


1. Les évangélistes ne disent pas que Jésus-Christ ait pleuré au jardin des Oliviers, 
ou sur la croix: mais l'apótre a pu apprendre cette particularité de la tradition ou 
par révélation. Remarquons qu'il n'y a pas de contradition entre ce qui est dit ici, 
que Jésus-Christ fut exaucé, et ce cri qu'il poussa sur la croix : Mon Dieu, mon Diea, 
pourquoi m'avez-vous abandonné? Parce que quoiqu'il eüt été exaucé dans sa demande 
à son Père d'accomplir sa volonté, par rapport à sa passion; c'est-à-dire de mériter 
par sa passion et sa mort de ressusciter et d'obtenir pour nous-mémes notre salut 
éternel, il a été réellement abandonné de son Pére sur la croix, en ce sens que son 
Père l'a livré lui, Fils unique, aux douleurs, aux tourments et à la mort même. 


INST 180 


2866 

19. Car lorsqu'en raison du 
temps, vous devriez étre maitres, 
vous avez encore besoin qu'on 
vous enseigne les premiers élé- 
ments de 18 parole de Dieu : ainsi 
vous étes devenus tels que vous 
avez besoin de lait, et non de 
nourriture solide. 

13. Or quiconque se nourrit de 
lait, est privé des paroles de la 
justice, parce qu'il est encore pe- 
tit enfant. 

14. Mais c'est pour les parfaits 
qu'est la nourriture solide; pour 
ceux qui ont habituellement 
exercé leur esprit au discerne- 
ment du bien et du mal. 


CHAPITRE VI. 


L'apótre exhorte les Hébreux à s'élever 
avec lui aux grandes vérités dont il 
doit les instruire, et il leur fait sentir 
le danger de l'apostasie à laquelle les 
conduisait leur affaiblissement dans la 
foi. Il ranime leur confiance, et il excite 
leur zèle et leur courage par le motif 
de l'espérance dont il montre les fon- 
dements inébranlables. 


1. C'est pourquoi, laissant l'en- 
seignement élémentaire sur le 
Christ, passons à ce qui est plus 
parfait, sans poser de nouveau le 
fondement de la pénitence des 
œuvres mortes, et de la foi en 
Dieu, 

2. Dela doctrine des baptémes, 
comme aussi de l'imposition des 
mains, de la résurrection des 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 


[ci. vr.] 


morts et du jugement éternel. 

3. C'est ce que nous ferons, si 
toutefois Dieu le permet. 

4. Car il est impossible à ceux 
qui ont été une fois illuminés, 
qui ont goüté le don du ciel, qui 
ont été faits participants de l’Es- 
prit-Saint, 

5. Qui ont goûté également la 
bonne parole de Dieu et les ver- 
tus du siecle à venir, 

6. Et qui, apres cela, sont tom- 
bés, d'étre renouvelés par la pé- 
nitence, crucifiant en eux-mémes 
de nouveau le Fils de Dieu, et 
l'exposant à l'?gnominie. 

7. Car une terre qui boit la pluie 
venant souvent sur elle, et qui 
produit une herbe utile à ceux 
qui la cultivent, reçoit la bénédic- 
tion de Dieu. 

8. Mais quand elle produit des 
épines et des ronces, elle est 
abandonnée et bien près de la 
malédiction; sa fin est la combus- 
tion. 

9. Nous nous promettons de 
vous, bien-aimés, deschoses meil- 
leures et plus étroitement liées à 
votre salut, quoique nous vous 
parlions ainsi. 

10. Car Dieu n'est pas injuste 
pour oublier vos œuvres et la 
charité que vous avez montrée 
en son nom, par l'assistance que 
vous avez donnée et que vous 
donnez encore aux saints. 


Cuar. VI, 4. Matt., xir, 45; Infra, x, 26; II Pierre, τι, 20. 


13. Est privé; d'autres, selon le texte grec, n'est pas apte, susceptible. — Des pa- 
roles de la justice; c'est-à-dire de l'enseignement, des leçons de la perfection chré- 


tienne. 


4. Illuminés; c'est-à-dire baptisés. Le baptéme s'appelait autrefois l’illumination. 
6. D'étre renouvelés par la pénitence; de recevoir la rémission de leurs péchés par 
voie de rénovation ou de régénération, telle qu'ils Pont reçue par le baptéme. 


10. Aux saints. Voy. Act,, ix, 13. 


(cg. νπ.] 


11. Mais nous souhaitons que 
chacun de vous montre la méme 
sollicitude jusqu'à la fin, pour 
que votre espérance soit com- 
plète ; 

12. De sorte que vous ne soyez 
point indolents, mais les imita- 
teurs de ceux qui, par la foi et la 
patience, hériteront des pro- 
messes. 

13. Car dans les promesses qu'il 
fit à Abraham, Dieu n'ayant per- 
sonne de plus grand par qui il 
+ jurer, jura par lui-même, 

14. Disant : Je te comblerai de 
bénédictions, et je te multiplierai 
à l'infini. 

15. Et ayant ainsi attendu pa- 
tiemment, il obtint ce qui était 
promis. 

16. En effet, les hommes jurent 
par celui qui est plus grand 
qu'eux; etla fin de toutes leurs 
contestations a pour confirmation 
le serment. 

11. C'est pourquoi Dieu voulant 
montrer avec plus de certitude 
aux héritiers dela promesse l'im- 
mutabilité de sa résolution, a in- 
terposé le serment, 

18. Afin que dans ces deux 
choses immuables, dans les- 
quelles il est impossible que Dieu 
mente, nous ayons une consola- 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HEBREUX. 


2861 
tion puissante, nous qui nous 
sommes réfugiés dans l'acquisi- 
tion del'espérance qui nous a été 
offerte, 

19. Que nous retenons pour 
notre âme comme une ancre sûre 
et ferme, et qui pénètre jusqu'au 
dedans du voile, 

20. Où Jésus, comme précur- 
seur, est entré pour nous, ayant 
été fait pontife pour l'éternité, 
selon l’ordre de Melchisédech. 


CHAPITRE VII. 


Caractère de Melchisédech, dont le sacer- 
doce est le symbole du sacerdoce de 
Jésus-Christ. Changement du sacerdoce 
lévitique et de la loi mosaique, fondé 
sur leur insuffisance. Excellence de l'al- 
liance nouvelle, et de Jésus-Christ qui 
en est le médiateur par son sacerdoce. 
Jésus-Christ est un prétre saint et im- 
mortel. 


1. Car ce Melchisédech, roi de 
Salem et prétre du Dieu trés haut, 
qui alla au-devant d'Abraham, 
comme il revenait de la défaite 
des rois, et qui le bénit; 

2. Auquel aussi Abraham donna 
la dime de tout; dontle nom s'in- 
terprète premièrement par roi 
de justice, el ensuite aussi par 
roi de Salem, c'est-à-dire roi de 
paix ; 

9. Qui est sans père, sans mère, 


14. Genèse, xx11, 17. — (ΠΑΡ, VII. 1. Genèse, xiv, 18. 


14. Je te; littér., si je ne te. Voy. ur, 11. — Je te comblerai, etc. ; littér.: Te bénissant, 
je le bénirai; te multipliant, je te mulliplierai. Nous avons déjà fait observer que 
dans la Bible, comme dans les auteurs profanes, ce genre de répétition a pour but 
de donner de la force et de l'energie à l'expression. 

18. Ces deux choses; la promesse et le serment. 

19. Et qui pénétre, etc. Notre espérance dans les promesses de Dieu pénétre au 
delà du voile tendu dans le teinple devant le Saint des Saints, c'est-à-dire jusqu'au 


ciel, représenté par le Saint des Saints. 


1. * Salem signifie paix. D'aprés le plus grand nombre des interprétes, c'est la ville 


de Jérusalem. 


3. Qui est sans père; c'est-à-dire qui est présenté dans l'Ecriture sans père, etc. 
Remarquons aussi que les anciens disaient souvent de quelqu'un qu'il était sans 


2868 
sans généalogie; n'ayant ni com- 
mencement de jours ni fin de 
vie, ressemblant ainsi au Fils de 
Dieu, demeure prétre à perpé- 
tuité. 

4. Or considérez combien est 
grand celui à qui Abraham, pa- 
triarche, donna méme la dime 
des plus riches dépouilles. 

5. A la vérité, ceux des fils de 
Lévi qui ont recu le sacerdoce ont 
ordre, selon la loi, de prendre la 
dime du peuple, c'est-à-dire de 
leurs freres, quoique ceux-ci 
soient sortis d'Abraham aussi 
bien qu'eux. 

6. Mais celui dont la génération 
n'est point comptée parmi eux a 
pris la dime d'Abraham et a béni 
celui qui avait les promesses. 

7. Or, sans aucun doute, c'est 
linférieur qui est béni par le su- 
périeur. 

8. Ici, en effet, ceux qui recoi- 
vent la dime sont des hommes 
mortels; mais là l'un d'eux n'est 
représenté que comme vivant. 

9. Et Lévi, qui a recu la dime, 
la payée lui-méme (pour ainsi 
dire) en la personne d'Abraham; 

10. Car il était encore dans son 
pere, quand Melchisédech alla au- 
devant de lui. 

11. Si donc le sacerdoce léviti- 
que (sous lequel le peuple recut 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 


fcu. vu.] 


la loi) devait donner la perfection, 
qu'était-il besoin qu'il s'élevát 
encore un autre prêtre selon 
l’ordre de Melchisédech, et non 
selon l'ordre d'Aaron? 

19. Car, le sacerdoce changé, 
il est nécessaire que la loi soit 
aussi changée. 

13. Or celui dont ces choses 
sont dites est d'une autre tribu de 
laquelle nul n'a servi l'autel ; 

14. Puisqu'il est manifeste que 
Notre Seigneur est sorti de Juda, 
tribu dont Moise n'a rien dit tou- 
chant le sacerdoce. 

15. Et cela est plus manifeste 
encore, s'il s'élève un autre pré- 
tre qui est semblable à Melchisé- 
dech, 

16. Et qui n'est point établi 
selon la disposition d'une loi 
charnelle, mais selon la vertu de 
sa vie impérissable. 

47. Car Y Ecriture rend ce té- 
moignage : Vous étes prétre pour 
l'éternité, selon l'ordre de Mel- 
chisédech. 

18. Ainsi l'ancienne disposition 
est abolie, à cause de son impuis- 
sance et de son inutilité ; 

19. (Car la loi n'a rien amené à 
la perfection); mais elle a été une 
introduction à une meilleure es- 
pérance, par laquelle nous appro- 
chons de Dieu. 


5. Deut., xviu, 3; Jos., xiv, 4. — 17. Ps. cix, 4. 


père et sans mère, quand ses parents étaient inconnus. Sénèque, Tite Live et Horace 


nous en fournissent des exemples. 


1. L'inférieur... le supérieur. Le neutre, qui est dans le texte, a pour but de géné- 


raliser l'idée. Compar. Rom., xi, 32. 


8. Ici; c'est-à-dire dans ce qui est plus rapproché de nous, sous la loi mosaique, 
dans le sacerdoce lévitique. — Mais là; dans un temps plus éloigné, à l'époque 


d'Abraham et de Melchisédech. 


10. Son père; c'est-à-dire son aieul. On ne doit pas oublier que les Hébreux don- 
naientle nom de père à tous les ancétres, comme ils étendaient celui de frère à tous 


les collatéraux. 


[cn. vrr.] 


90. Et de plus, ce n'a point été 
sans serment (car les autres pré- 
tres ont été établis sans serment; 

91. Mais celui-ci l'a été avec 
serment, par celui qui lui a dit : 
Le Seigneur a juré, et il ne s'en 
repentira point: Vous étes prétre 
pour l'éternité); 

29. Tant est plus parfaite l'al- 
liance dont Jésus a été fait média- 
teur. 

23. Il y a eu aussi successive- 
ment beaucoup de prétres, parce 
que la mort les empéchait de 
l'être toujours ; 

24. Mais comme celui-ci de- 
meure éternellement, il possède 
le sacerdoce éternel. 

25. C'est pourquoi il peut 
même sauver perpétuellement 
ceux qui, par son entremise, s'ap- 
prochent de Dieu, étant toujours 
vivant, afin d'intercéder pour 
nous. 

96. Car il convenait que nous 
eussions un tel pontife, saint, 
innocent, sans tache, séparé des 
pécheurs, et devenu plus élevé 
que les cieux ; 

97. Qui n'a pas besoin, comme 
les prétres, d'offrir des victimes, 
d'abord pour ses propres péchés, 
ensuite pour ceux du peuple ; ce 
qu'il a fait une fois en s'offrant 
lui-méme. 

98. Car la loi établit pour pré- 
tres des hommes faibles ; mais la 
parole jurée, qui est postérieure 
àlaloi, constitue le Fils éternel- 
lement parfait. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 2869 


CHAPITRE VIII. 


Excellence du sacerdoce de Jésus-Christ 
qui, assis dans le ciel àla droite de son 
Pére, offre dans le sanctuaire céleste 

à une victime céleste. Insuffisance de 
l'ancienne alliance prouvée par la pro- 
messe méme d'une alliance nouvelle. 


1. Mais voici l'abrégé de ce que 
je dis : Nous avons un pontife tel, 
qu'il est assis à la droite du tróne 
de la Majesté dans les cieux, 

2. Ministre du sanctuaire et du 
vrai tabernacle, que le Seigneur 
a dressé, et non pas un homme. 

ὃ. Car tout pontife est établi 
pour offrir des dons et des vic- 
times; d’où il est nécessaire que 
celui-ci ait aussi quelque chose à 
offrir. 

4. Si donc il était sur la terre, 
il ne serait pas méme prétre, y 
en ayant déjà pour offrir les dons 
selon la loi, 

9. Quisont ministres d'un culte, 
modele et ombre des choses cé- 
lestes; comme il fut répondu à 
Moise, lorsqu'il devait dresser le 
tabernacle : Vois (dit Dieu), et fais 
toutes choses selon le modele qui 
t'a été montré sur la montagne. 

6. Mais celui-ci a été investi 
d'un ministère d'autant plus ex- 
cellent, qu'il est médiateur d'une 
alliance plus parfaite, établie sur 
de meilleures promesses. 

7. Car si la première eût été 
sans imperfection, il n'y aurait 
certainement pas eu lieu d'en 
rechercher une seconde. 


21. Ps. cix, 4. — 27. Lév., xvi, 6. — Cuar. VIII. 5. Exode, xxv, 40; Actes, vit, 44, 
oo EUN 


30. Ce n'a point été sans serment. Pour avoir la liaison des idées, il faut rappro- 


cher ces mots du vers. 17. 


25. Afin d'intercéder pour nous. Jésus-Christ, comme homme, intercéde continuel- 
lement pour nous, en représentant sa passion à son Pére. 


281 

8. Or, se plaignant d'eux, Dieu 
dit : Voici venir des jours, dit le 
Seigneur, où j'accomplirai avec 
la maison d'Israël et avec la 
maison de Juda une nouvelle al- 
liance ; 

9. Non selon l'alliance que j'ai 
faite avec leurs pères, au jour où 
je les pris par la main pour les 
tirer de la terre d'Egypte : parce 
qu'ils n'ont point eux-mêmes 
persévéré dans mon alliance, moi 
aussi je les ai délaissés, dit le 
Seigneur. 

40. Et voici lalliance que je 
feraiavec la maison d'Israël après 
ces jours, dit le Seigneur : Je 
mettrai mes lois dans leur esprit, 
et je les écrirai dans leur cœur; 
et jeseraileur Dieu, et eux seront 
mon peuple ; 

11. Et chacun n'enseignera plus 
son prochain, ni chacun son frere, 
disant : Connais le Seigneur; 
parce que tous me connaitront 
depuis le plus petit jusqu'au plus 
grand; 

19. Car je pardonnerai leurs 
iniquités, et je ne me souviendrai 
plus de leurs péchés. 

13. Mais en disant une nouvelle 
alliance, il ἃ déclaré la premiere 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 


[ci. 1x.] 


vieillie. Or ce qui devient ancien 
et vieillit est prés de sa fin. 


CHAPITRE IX. 


Insuffisance de l'ancien sacerdoce, et per- 
fection du sacerdoee nouveau, prouvées 
par les cérémonies mémes de l'ancien 
culte. Médiation de Jésus-Christ fondée 
sur ce qu'il est en méme temps prétre 
et victime. Nécessité de la mort de Jé- 
sus-Christ. Prix infini de son sang. 


1. La première alliance a eu 
aussi des ordonnances relatives 
au culte, et le sanctuaire ter- 
restre. 

2. Car on fit le premier taber- 
nacle, dans lequel se trouvaient 
les chandeliers, la table et l'expo- 
sition des pains; ce qui s'appelle 
le Saint. 

9. Apres le second voile, était 
le tabernacle appelé le Saint des 
Saints, 

4. Oüilyavaitun encensoir d'or, 
et l'arche de l'alliance couverte 
d'or de tous cótés, dans laquelle 
se trouvaient une urne d'or con- 
tenant la manne, la verge d'Aa- 
ron, qui avait fleuri, et les tables 
de l'alliance ; 

5. Et au-dessus étaient des ché- 
rubins de gloire qui couvraient 


le propitiatoire; mais ce n'est pas 


8. Jér., xxxr, 31. — (παρ. IX. 2. Exode, xxvi, 1; xxxvi, 8. — 4. Lóv., 16; Nom., 17; 


III Rois, vir, 9; II Par., v, 10. 


8. D’eux; de ceux de la première alliance. 
10. Je mettrai; littér., je donnerai. Le verbe hébreu traduit dans la Vulgate par 
donner signifie aussi mettre, poser. 


2. Le premier tabernacle; c'est-à-dire le tabernacle antérieur, la première partie du 
tabernacle. — Les chandeliers; le pluriel est mis pour le singulier, parce que l'auteur 
fait allusion aux sept branches du chandelier. — L'exposition des pains; c'est-à-dire 
les pains exposés, les rangées de pains; hypallage dont on trouve assez d'exemples 
dans les auteurs grecs aussi bien que dans les écrivains hébreux. Partout ailleurs le 
texte sacré porte pains de proposition. — Ce qui s'appelle; littér., laquelle s'appelle. 
Ce pronom relatif féminin ne peut se rapporter grammaticalement qu'au mot ex- 
position, qui précéde immédiatement: mais, pour le sens logique, il se rapporte à 
tout l'antécédent. Or ce genre de construction n'est pas rare dans l'Ecriture. 

3. * Le second voile. Voir Matt., xxvir, 51. 


[cu. 1x.] 


le moment d'en parler en dé- 
tail. 

6. Or ces choses ainsi dispo- 
sées, les prétres entraient en tout 
temps dans le premier tabernacle, 
lorsqu'ils exercaient les fonctions 
de la sacrificature. 

7. Dans le second, au contraire, 
le pontife seul entrait une fois 
lannée, non sans y porter du 
sang, qu'il offrait pour son igno- 
rance, et pour celle du peuple; 

8. L'Esprit-Saint montrant par 
là que la voie du sanctuaire n'é- 
tait pas encore ouverte, le pre- 
mier tabernacle subsistant tou- 
jours. 

9. Ce qui est une image du 
temps présent, d'apres laquelle 
on offre des dons et des hosties, 
qui ne peuvent rendre parfait se- 
lon la conscience celui dont le 
culte consiste seulement en des 
viandes et en des breuvages; 

10. En diverses ablutions et en 
des cérémonies charnelles, impo- 
sées jusqu'au temps d'une réfor- 
mation. 

11. MaisleChrist, venantcomme 
pontife des biens futurs, c'est par 
un tabernacle plus grand et plus 
parfait, qui n'a point été formé 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 


2871 
de main d'homme, c'est-à-dire 
qui n'est pas de cette création, 

19. Et non avec le sang des 
boucs et des veaux, mais avec 
son propre sang, qu'il est entré 
une fois dans le sanctuaire, nous 
ayant aequis une éternelle ré- 
demption. 

13. Car si le sang des boucs et 
des taureaux, et l'aspersion de la 
cendre d'une génisse sanclifie 
ceux qui ont été souillés, en pu- 
rifiant leur chair, 

14. Combien plus le sang du 
Christ, qui par l'Esprit-Saint s'est 
offert lui-méme à Dieu, comme 
une victime sans tache, purifiera- 
t-il notre conscience des œuvres 
mortes, pour servir le Dieu vi- 
vant? 

15. C'est pourquoi il est le mé- 
diateur du nouveau testament, 
afin que la mort intervenant pour 
la rédemption des prévarications 
qui existaient sous le premier 
testament, ceux qui sont appelés 
reçoivent l'éternel héritage pro- 
mis. 

16. Car là où il y a un testament, 
il est nécessaire que la mort du 
testateur intervienne ; 

17. Puisque le testament n'a de 


7. Exode, xxx, 10; Lév., xvr, 2. — 13. Lévit., xvi, 45. — 14. I Pierre, 1, 19; I Jean, 


I, 1; Apoc., 1, 5. — 15. Galat., 111, 15. 


7. Son ignorance. L'Ecriture comprend assez ordinairement sous ce mot toutes 
sortes de péchés; parce que le péché est toujours un égarement, une erreur, mais 
volontaire, et par conséquent coupable. 

10. Des cérémonies; littér., des justices; c'est-à-dire des moyens de justification. 

11. Qui n’est pas de cette création; de la création de ce monde, qui ue fait point 
partie des ceuvres de ce monde. 

12. Par le seul sacrifice de son sang offert une fois sur la croix, Jésus-Christ nous 
a acquis une rédemption dont l'effet est permanent et éternel; au lieu que l'effet des 
sacrifices de la loi n'était que passager, ce qui obligeait de les réitérer. Aussi, lorsque 
l'Eglise offre à Dieu Jésus-Christ présent sur l'autel, elle ne croit pas pour cela qu'il 
manque quelque chose au sacrifice de la croix; elle le croit au contraire si parfait et 
si suffisant, qu'elle n'offre celui de la messe que pour en célébrer la mémoire, et pour 
nous en appliquer la vertu. 


LOT? 
force que par les morts; il n'est 
pas encore valide tant que vit le 
testateur. 

18. De là vient que le premier 
méme ne recut pas sa consécra- 
tion sans effusion de sang. 

19. Moise, en effet, ayant lu au 
peuple tous les préceptes de la 
loi, prit du sang des veaux et des 
boues avec de l'eau, de la laine 
écarlate et de l'hysope, et il as- 
pergea le livre méme et tout le 
peuple, 

20. Disant : Ceci est le testa- 
ment que Dieu vous a confié. 

91. Il aspergea encore avec le 
sang, le tabernacle et tous les 
vases servant au culte. 

99. Car presque tout, selon la 
loi, se purifie avec le sang; en 
sorte que, sans effusion de sang, 
il n’y a point de pardon. 

93. Ill est donc nécessaire que 
les modèles des choses célestes 
soient purifiés par ces hosties; 
mais les choses célestes elles- 
mémes par de plus excellentes 
que celles-là. 

94. Aussi, n'est-ce point dans 
un sanctuaire fait de la main des 
hommes, modele du véritable, 
que Jésus-Christ est entré; mais 
c'est dans le ciel méme, afin de 
paraitre maintenant pour nous 
devant la face de Dieu; 

95. Non pas pour s'offrir lui- 
méme plusieurs fois, comme le 
grand prétre entre chaque année 
dans le sanctuaire, avec un sang 
étranger; 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 


]08. x.] 


26. Autrement il aurait fallu 
qu’il souffrit souvent depuis 6 
commencement du monde, tan- 
dis qu'il a paru une seule fois à 
laconsommation des siècles, pour 
détruire le péché, en se faisant 
lui-méme victime. 

27. Et comme il est arrété que 
les hommes meurent une fois, et 
qu'ensuite ils sont jugés, 

98. Ainsi le Christ s'est offert 
une fois pour effacer les péchés 
d'un grand nombre; etla seconde 
fois il apparaitra sans le péché à 
ceux qui l'attendent, pour les sau- 
ver. 


CHAPITRE X. 


Insuffisance des victimes légales; leur 
abolition. Efficacité du sacrifice de Jé- 
sus-Christ. L'apótre exhorteles Hébreux 
à s'approcher de Dieu avec confiance, 
à demeurer fermes dans 18 foi, à s'en- 
tr'aider et s'entr'exhorter. Il les presse 
par le double motif des maux qu'ils 
auraient à craindre, s'ils ne persévé- 
raient pas, et des biens qu'ils ont à es- 
pérer, s'ils persévérent. 


1. Carlaloin'ayant que l'ombre 
des biens futurs, et non l'image 
méme des choses, ne peut jamais, 
parles mêmes hosties quis'offrent 
continuellement chaque année, 
rendre parfaits ceux qui s'appro- 
chent de l'autel, 

9. Autrement on aurait cessé 
de les offrir, puisque, une fois 
purifiés, ceux qui rendent ce culte 
n'auraient plus la conscience du 
péché ; 

3. Gependant chaque année on 
y fait mention des péchés. 


20. Exode, xxiv, 8. — 28. Rom., v, 9; 1 Pierre, 11, 18. 


e € —— M M M —————  η| τα 


26. A la consommation des siècles; c'est-à-dire lorsque 18 plénitude du temps mar- 
quée pour la venue du Sauveur a été accomplie. Compar. I Cor., x, 11; Galat., IV, 4. 

38. D'un grand nombre. Voy., pour le vrai sens de cette expression, Matt., xx, 28. 
— Sans le péché; c'est-à-dire sans avoir encore à expier le péché. 


(cu. x.) 


4. Parce qu'en effet, il est im- 
possible que les péchés soient 
effacés par du sang de taureaux 
et de boues. 

5. C'est pourquoi, en entrant 
dans le monde, il dit : Vous n'avez 
pas voulu d'hostie ni d'oblation, 
mais vous m'avez formé un corps. 

6. Les holocaustes pour le pé- 
ché ne vous ont pas plu : 

1. Alors j'ai dit: Me voici; je 
viens (c'est écrit de moi en téte 
du livre) pour faire, ὃ Dieu, votre 
volonté. 

8. Ayant dit d'abord : Vous n'a- 
vez voulu ni d'hosties, ni d'obla- 
tions, ni d'holocaustes pour le 
péché ; et ce qu'on offre selon la 
loi ne vous a point plu; 

9. J'ai dit ensuite : Me voici, je 
viens pour faire, Ó Dieu! votre 
volonté; il abolit ainsi le premier 
sacrifice, pour établir le second. 

10. C'est en vertu de cette vo- 
lonté que nous avons été sancti- 
fiés par l'oblation du corps de Jé- 
sus-Christ faite une seule fois. 

11. A la vérité, tout prétre se 
présente chaque jour pour ac- 
complir son ministère et offrir 
souvent les mêmes hosties, qui 
ne peuvent jamais ôter lespéchés; 

19. Mais celui-ci ayant offert 
une seule hostie pour les péchés, 
est assis pour toujours à la droite 
de Dieu, 

13. Attendant, pour le reste, 
que ses ennemis soient posés en 
escabeau sous ses pieds. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 13 


14. Car, par une seule oblation, 
il a rendu parfaits à jamais ceux 
qui ont été sanctifiés. 

15. C'est ce que nous atteste 
l'Esprit-Saint lui-même;  puis- 
qu'apres avoir dit : 

16. Voici l'alliance que je ferai 
avec eux apres ces jours-là, dit 
le Seigneur : Je mettrai mes lois 
dans leur cœur, et je les écrirai 
dans leur esprit. 

17. Il ajoute : Et je ne me sou- 
viendrai plus de leurs péchés, ni 
de leurs iniquités. 

18. Orlà oü il y a rémission des 
péchés, il n'y a plus d'oblation 
pour le péché. 

19. Ainsi, mes freres, ayantl'as- 
surance d'entrer dans le sanc- 
tuaire par le sang du Christ, 

20. Voie nouvelle et vivante, 
qu'il nous a ouverte à travers le 
voile, c'est-à-dire sa chair, 

21. Et un grand prétre préposé 
sur la maison de Dieu, 

22. Approchons-nous avec un 
cœur sincere dans la plénitude de 
la foi, le cœur purifié, par l'asper- 
sion, des souillures d'une mau- 
vaise conscience, etle corps lavé 
d'une eau pure; 

29. Conservant inébranlable la 
confession de notre espérance 
(car il est fidèle celui qui a pro- 
mis), 

24. Et considérons-nous les 
uns les autres, pour nous exciter 
à la charité etaux bonnes œuvres; 

25. N'abandonnant point nos , 


CHAP. X, 5, Ps, XXXIX, T. — ἢ Ps. xxxIx, 8. — 498.-Ps.-c1x,-9;-I-Cor., xv, 25. = à 


16. Jérém., xxxi, 33; Supra, vir, 8. 


13. * En escabeau sous vos pieds. Voir Matt., xxit, 44. 

18. Là où il y ἃ rémission entière des péchés, comme dans le baptême, il n'y a 
aucun besoin d'offrir un sacrifice pour de pareils péchés déjà remis; et quant aux 
péchés commis aprés, ils ne peuvent étre remis que par la vertu de l'oblation et de 


la mort de Jésus-Christ. 


2874 
assembiees, comme quelques-uns 
en ont prisla coutume, mais nous 
consolant d'autant plus que vous 
voyez que le jour approche. 

26. Car si nous péchons volon- 
tairement aprés avoir recu la con- 
naissance de la vérité, il ne nous 
reste plus d'hostie pour expier 
les péchés, 

; 27. Mais l'attente terrible d'un 
jugement et l'ardeur d'un feu qui 
doit dévorer les ennemis. 

28. Celui qui viole la loi de 
Moise, meurt sans aucune misé- 
ricorde, sur la déposition de deux 
ou trois témoins. 

29. Combien donc pensez-vous 
que mérite de plus affreux sup- 
plices celui qui aura foulé aux 
pieds le Fils de Dieu, tenu pour 
profane le sang de lalliance, 
par lequel il a été sanctifié, et 
fait outrage à l'esprit de la 
gráce? 

30. Car nous savons qui a dit : 
A moi est la vengeance, et c'est 
moi qui ferai la rétribution. Et 
encore : Le Seigneur jugera son 
peuple. 

31. Il est terrible de tomber aux 
mains du Dieu vivant. 

32. Or souvenez-vous des an- 
ciens jours, où après avoir été 
éclairés, vous avez soutenu le 
grand combat des souffrances; 

33. D'une part, donnés en spec- 
tacle d'opprobres et de tribula- 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 


[cg. xi.) 


tions; et de l'autre devenus les 
compagnons de ceux qui ont été 
ainsi traités. 

34. Car vous avez compati à 
ceux qui étaient dans les liens, 
et vous avez supporté avec joie 
lenlevement de vos biens, sa- 
chant que vous avez une meil- 
leure et durable richesse. 

35. Ne perdez donc pas votre 
confiance, laquelle a une grande 
récompense. 

36. Car la patience vous est né- 
cessaire, afin que, faisant la vo- 
lonté de Dieu, vous obteniez l'ef- 
fet de la promesse. 

97. Encore un peu de temps, et 
celui qui doit venir viendra, et il 
ne tardera point. 

38. Orle juste qui m'appartient 
vit de la foi; que s'il se retire, il 
ne plaira plus à mon àme. 

39. Pour nous, nous ne sommes 
pas les fils de la défection, pour 
la perdition, mais de la foi pour 
l'acquisition de l'àme. 


CHAPITRE XI. 


Définition, excellence, avantages et mo- 
deles de la foi. 


1. Or la foi est le fondement 
des choses qu'on doit espérer, et 
la démonstration de celles qu'on 
ne voit point. 

2. Car c'est par elle que les an- 
ciens ont recu témoignage. 


26. Supra, vi, 4. — 28. Deut., xvir, 6; Matt., xvi, 16; Jean, vin, 17; 11 Cor., xui, 1. 
— 30. Dceut., xxxir, 35; Rom., xir, 19. — 38. Hab., ri, 4; Rom., 1, 17; Galat., זז‎ 11. 


26. L'apótre veut dire que, puisque les hosties de la loi ne peuvent, comme il l'a 
parfaitement prouvé, effacer les péchés, et qu'il n'y a que le sang de Jésus-Christ qui 
sit cette vertu, il suit nécessairement que ceux qui y renoncent n'ont point de salut 


4 espérer. 


39. Nous ne sommes pas les fils de la défeclion, hébraisme, pour : nous n'aimons pas 
la défection, nous ne sommes nullement disposés à nous retirer, à abandonner par une 
láche apostasie le parti de la vérité. Compar. Luc, xvi, 8. 


[cu. x1.] 


3. C'est par la foi que nous 
savons que les siecles ont été for- 
més par la parole de Dieu; de 
maniere que ce qui était invisible 
est devenu visible. 

4. C'est par la foi qu'Abel offrit 
une meilleure hostie que Cain; 
par elle il recut le témoignage 
qu'il était juste, Dieu rendant 
témoignage à ses dons; et par 
elle, mort, il parle encore. 

9. C'est par la foi qu'Hénoch 
fut enlevé, pour qu'il ne vit point 
la mort, et on ne le trouva plus, 
parce que Dieu l'avait transporté; 
car avant son enlévement il reçut 
le témoignage d'avoir plu à Dieu. 

6. Or, sans la foi, il est impos- 
sible de plaire à Dieu. Carilfaut 
que celui qui s'approche de Dieu 
croie qu'il est, etqu'il récompense 
ceux qui le cherchent. 

7. Cest par la foi que Noé, 
ayant reçu une réponse touchant 
ce qu'il ne voyait pas encore, et 
saisi de crainte, prépara, pour le 
salut de sa famille, une arche par 
laquelle il condamne le monde; 
et il fut institué héritier de la 
justice qui vient de la foi. 

8. C'est par la foi que celui qui 
estappelé Abraham obéit et partit 
sans savoir oü il allait. 

9. C'est parla foi qu'il demeura 
dans la terre de la promesse, 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 


2879 


comme dans une terre étrangere, 
habitant sous des tentes, avec 
Isaac et Jacob, cohéritiers de la 
méme promesse. 

10. Car il attendait la cité quia 
des fondements dont l'architecte 
et le fondateur est Dieu. 

11. C'est par la foi aussi que 
Sara, stérile, recut la vertu de 
concevoir un enfant, méme apres 
avoir passé l’âge, parce qu'elle 
crut fidèle celui qui en avait fait 
la promesse. 

12. C'est pourquoi d'un seul 
homme (et déjà éteint) sont sortis 
des descendants semblables en 
multitude aux astres du ciel et au 
sable innombrable qui est sur le 
bord de la mer. 

18. Tous ceux-ci sont morts 
dans la foi, n'ayant pas recu les 
biens promis, mais les voyant et 
les saluant de loin, et confessant 
qu'ils étaient étrangers et voya- 
geurs sur la terre. 

14. Car ceux qui parlent ainsi 
montrent qu'ls cherchent une 
patrie. 

15. Et certes, s'ils s'étaient sou- 
venus de celle d'oü ils sortirent, 
ils auraient eu certainement le 
temps d'y retourner. 

16. Mais maintenant ils en dé- 
sirent une meilleure, c'est-à-dire 
la céleste. Aussi Dieu ne rougit 


₪5. XI. 3. Genèse, 1, 3. — 4. Genèse, 1v, 4; Matt., xxur, 35. — 5. Genèse, v, 24; 
Eccli., xuiv, 16. — 7. Genèse, vr, 14; Eccl., xuiv, 17. — 8. Genèse, xit, 1. — 11. Genèse, 


xvir, 19. 


3. Les siécles; c'est-à-dire ce qui est du temps, le monde. 

1. Ayant regu une réponse du ciel, ayant été averti de Dieu. 

8. Qui est appelé Abraham; c'est-à-dire qui est appelé maintenant Abraham. 
Saint Paul fait cette réflexion, parce que le patriarche s'appelait d'abord Abram, qui 
signifie pére élevé, et qu'il ne recut que plus tard, à cause de sa grande foi, le nom 
d'Abraham, ou père d'une grande multitude. Voy. Gen., xvit, 5. 

15. S'ils s'étaient souvenus, etc. ; c'est-à-dire s'ils s'étaient regardés comme citoyens 
d'Ur ou de Haran, ils y seraient aisément retournés. 


2876 


point d'étre appelé leur Dieu, 
parce quil leur ἃ préparé une 
cité, 

17. C'est par la foi qu'Abraham 
offritIsaae,lorsqu'ilétaitéprouvé, 
et qu'il offrait ce fils unique, lui 
qui avait reçu les promesses, 

18. Lui à qui il avait été dit: 
C'est en Isaae que sera ta posté- 
rité. 

19. Parce qu'il pensait que Dieu 
est puissant, méme pour ressus- 
citer d'entre les morts ; aussi le 
recouvra-t-il comme une figure. 

20. C'est par 18 101 qu'Isaac bé- 
nit pour l'avenir Jacob et Esaü. 

91. C'est par la foi que Jacob 
mourant bénit chacun des fils de 
Joseph en particulier, et s'inclina 
profondément devant le sommet 
de son sceptre. 

22. C'est par la foi que Joseph 
mourant parla du départ des en- 
fants d'Israél, et fit des disposi- 
tions touchant ses os. 

93. C'est par la foi que Moise 
étant né, fut caché pendant trois 
mois par ses parents, parce qu'ils 
avaient vu que l'enfant était beau, 
et qu'ils ne craignirent pointl'édit 
du roi. 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 


]68. x1.) 

24. C'est par la foi que Moïse, 
devenu grand, nia qu'il fût fils de 
la fille de Pharaon, 

25. Aimant mieux être affligé 
avec le peuple de Dieu, que de 
goûter pour un temps le plaisir 
du péché, 

26. Estimant l'opprobre du 
Christ une richesse plus grande 
que 16 trésor des Egyptiens ; parce 
qu'il envisageait la récompense. 

27. C'est par la foi qu'il quitta 
l'Egypte, sans craindre la fureur 
du roi; car il demeura ferme 
comme s'il avait vu celui qui est 
invisible. 

98. C'est par la foi qu'il fit la 
pâque et l'aspersion du sang, afin 
quel'exterminateur des premiers- 
nés ne touchát point aux Israé- 
lites. 

29. C'est par la foi qu'ils traver- 
serentla mer Rouge, comme sur 
une terre ferme; ce qu'ayant 
tenté, les Egyptiens furent en- 
gloutis. 

30. C'est par la foi que les murs 
de Jéricho tombèrent, apres 
qu'on en eut fait le tour pendant 
sept jours. 

31. C'est par la foi que Rahab, 


17. Genèse, xxir, 4 ; Eccli., xuiv, 21. — 18. Genèse, xxr, 12; Rom., 1x, 7. — 20. Genèse, 
xxvir, 21, 39. — 21. Genèse, xrvim, 15; נטתא‎ 31. — 22. Genèse, r, 23. — 23. Exode, 
i, 2; r, 17. — 24. Exode, 11, 11. — 28. Exode, xir, 21. — 29. Exode, xiv, 22. — 30. Jos., 


vi, 20. — 31. Jos., τι, 3. 


19. Comme une figure de la mort et de la résurrection du Sauveur. 

91. Et s'inclina, etc. ; envisageant par la foi dans 16 sceptre de son fils la puissance 
souveraine du Messie, dont Joseph était la figure. 

22. Du départ; c'est-à-dire de la sortie d'Egypte. — " Joseph demanda que ses 
restes fussent transportés en Palestine quand Israél quitta l'Egypte, ce qui fut fidé- 


lement exécuté. 


95. Aimant mieux, etc. Il préféra la vie pénible des Hébreux aux délices de la cour, 
qu'il ne pouvait goüter sans péché; il aurait cru pécher s'il s'était livré aux plaisirs, 


sans se mettre en peine de ses fréres. 


98. * Il fit et institua la Páque. Voir Matt., xxvr, 2. 

31. Pacifiquement, ou en silence, sans les découvrir, sans les dénoncer, ou avec 
bienveillance, sans leur faire aucun mal, les conservant sains et saufs; car telle est la 
vraie signification du mot hébreu que l'on rend ordinairement par paix. 


(cn. xu.] 
femme de mauvaise vie, ne périt 
point avec les incrédules, ayant 
recu pacifiquement les espions. 

32. Et que dirai-je encore ? Car 
le temps me manquera pour par- 
ler de Gédéon, de Barac, de Sam- 
son, de Jephté, de David, de Sa- 
muel et des prophètes, 

33. Qui par la foi ont vaincu des 
royaumes, pratiqué la justice, 
obtenu l'effet des promesses, 
fermé la gueule à des lions; 

34. Arrété la violence du feu, 
échappé au tranchant du glaive ; 
qui ont été guéris de leurs mala- 
dies, sont devenus forts dans la 
guerre, ont mis en fuite des ar- 
mées étrangères; 

35. Par qui des femmes ont re- 
couvré leurs morts ressuscités; 
dont les uns ont été torturés, re- 
fusant leur rachat, afin de trouver 
une meilleure résurrection ; 

36. Et les autres ayant souffert 
les moqueries, les verges, et de 
plus les prisons, 

31. Ont été lapidés, sciés, mis 
à la question, sont morts frappés 
par le glaive, ont couru çà et là 
sous des peaux de brebis et des 
peaux de chèvres, dans le besoin, 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 


2877 
dans l'angoisse, dans l'affliction; 

38. Eux, de qui le monde n'é- 
tait pas digne; errant dans les 
déserts, dans les montagnes, les 
antres et les cavernes de la terre. 

39. Ortousceux-làayantobtenu 
un bon témoignage pour leur foi, 
n'ont cependant pas recu l'effet 
de la promesse, 

40. Dieu nous ménageant quel- 
que chose de meilleur, afin qu'ils 
ne recussent pas sans nous leur 
complete félicité. 


CHAPITRE XII. 


A tous ces exemples par lesquels il 
exhorte les Hébreux à courir avec pa- 
tience dans la carrière qui leur est ou- 
verte, l'Apótre ajoute celui de Jésus- 
Christ, en insistant sur un texte du livre 
des Proverbes. Tácher d'avoir la paix 
avec tout le monde; mais en méme 
temps conserver la pureté de l'âme. 
Combien il serait dangereux d'aban- 
donner l'alliance divine. 


1. Etant donc environnés d’une 
si grande nuée de témoins, dé- 
chargeons-nous de tout poids et 
du péché qui nous enveloppe, et 
courons par la patience au com- 
bat qui nous est proposé; 

2. Contemplant l’auteur et le 


Caap. XII. 1. Rom., vi, 4; Ephèse, iv, 22; Coloss., וז‎ 8; I Pierre, 1 1; 1v, 2. 


33. * Ont vaincu des royaumes, comme Gédéon, Barac, David. — Fermé la gueule 
des lions, comme Daniel qui, jeté dans la fosse aux lions, n'en recut aucun mal. 

34. * Arrélé la violence du feu. Les trois compagnons de Daniel jetés dans la four- 
naise ne furent point brûlés. — £chappé au tranchant du glaive, comme Elie et 
Elisée, échappant à leurs ennemis. — Ont élé guéris de leurs maladies, comme le 
saint roi Ezéchias. — Sont devenus forts dans la guerre, comme les Machabées. 

35.* Des femmes ont recouvré leurs morts, leurs enfants, ressuscités par Elie et Elisée. 
— Les uns ont été torturés, le saint vieillard Eléazar et les sept frères Machabées. 

31. * Ont été lapidés. Zacharie, fils du grand-prétre Joiada, fut lapidé. Jérémie le 


. fut aussi, selon une ancienne tradition. — Sciés. D’après la tradition juive, Isaie fut 


scié en deux. 

40. Dieu nous ménageant, etc.; c'est-à-dire Dieu ayant voulu, par une faveur sin- 
gulière qu'il nous a faite, que leur félicité complète füt différée jusqu'à ce que nous 
jouissions nous-mêmes de la nôtre. Mais ce retard de leur béatitude ne l'a pas di- 
minuée; au contraire, en les animant à une plus grande patience et à une espérance 
pius vive, il ἃ augmenté le mérite de leur foi, 


2878 ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 


consommateur de la foi, Jésus 
qui, dans 18 vue de la joie qui lui 
était proposée, a souffert la croix, 
méprisant la honte, et qui est 
maintenant assis à la droite du 
tróne de Dieu. 

3. Pensez donc à celui qui a 
supporté une telle contradiction 
de la part des pécheurs soulevés 
contre lui, afin que vous ne vous 
lassiez point, et que vous ne soyez 
défaillants en vos àmes. 

4. Car vous n'avez point encore 
résisté jusqu'au sang en combat- 
tant contre le péché ; 

5. Et vous avez oublié la conso- 
lation qui vous parle comme à 
des fils, disant : Mon fils, ne mé- 
prise point le chátiment du Sei- 
gneur, et lorsqu'il te reprend, ne 
te laisse pas abattre. 

6. Car le Seigneur châtie celui 
qu'il aime, et il frappe de verges 
tout fils qu'il recoit. 

7. Ne vous découragez pas dans 
le chátiment. Dieu vous traite 
comme ses fils; car quel est le 
fils que ne corrige pas son pere? 

8. Que si vous étes hors du 
châtiment auquel tous ont élé 
soumis, vous étes donc des en- 
fants illégitimes, et non des fils. 

9. De plus, nous avons recu la 
correction des pères de notre 
chair, et nous les révérions; ne 
nous soumetlrons-nous pas beau- 


5. Prov., nr, 11; Apoc., ur, 19. — 14 
17. Genése, xxvir, 38. 


[cu. xu.) 
coup plus au Père des esprits, 
afin que nous vivions? 

10. Car quant à eux, c'était 
dans l'espace de peu de jours, et 
selon leur volonté qu'ils nous 
corrigeaient; mais celui-ci, c'est 
en vue de ce qui est utile pour 
que nous recevions sa sanctifica- 
tion. 

11. Tout chátiment parait étre 
dans le présent un sujet de tris 
tesse et non de joie ; mais ensuite, 
il produit pour ceux qu'il a exer- 
cés un fruit de justice plein de 
paix. 

19. C'est pourquoi, relevez vos 
mains languissantes et vos ge- 
noux défaillants, 

13. Et faites des voies droites 
pour vos pieds, afin que le boi- 
teux ne s'égare point, mais plu- 
tót qu'il se redresse. 

14. Recherchez la paix avec 
tous, et la sainteté sans laquelle 
nul ne verra Dieu; 

15. Veillant à ce que personne 
ne manque 8 la grâce de Dieu, à 
ce qu'aucune racine amère, pous- 
santen haut ses rejetons, n'em- 
péche /a bonne semence, et ne 
souille l'âme d'un grand nombre; 

16. Et à ce qu'il n'y ait point de 
fornicateur, ou de profane comme 
Esaü, qui, pour un seul mets, 
vendit son droit d'ainesse. 

47. Car sachez que méme après 


. Rom, xi, 18. — 10. Genèse, xxv, 35. — 


—M— M M  — M M € — --- -- “οὗ »Ό Ὰχ,α..: 


5. La consolation qui vous parle; c'est-à-dire ces paroles consolantes, qui vous sont 


adressées dans l'Ecriture. 


6. Tout fils qu'il regoit au nombre de ses fils 

9. Les péres de notre chair; de notre corps. 

16. * Pour un seul mets, un plat de lentilles. 

11. Il ne trouva pas lieu au repentir de son père; ou plus littér.: 11 ne trouva pas 
lieu à pénitence auprés de Dieu; sa pénitence, quoique accompagnée de larmes, ne 
fut pas reçue de Dieu, parce qu'elle manquait d'autres conditions nécessaires. C'est 


fen. [.זווא‎ 


cela, désirant hériter de la béné- 
diction, il futrejeté ;etil netrouva 
pas lieu au repentir, quoiqu'il 
l’eût sollicité avec larmes. 

18. Vous ne vous étes pas ap- 
prochés d'une montagne sensible, 
d'un feu brélant, d'un tourbillon, 
d'un nuage ténébreux, d'une 
tempéte, 

19. Du son d'une trompette, 
d'une voix proférant des paroles, 
ettelle que ceux quil'entendirent, 
demandèrent qu'on ne leur parlât 
plus; 

20. Carils ne pouvaientsuppor- 
ter ce qui leur était dit : Et si un 
animal touche la montagne il sera 
lapidé. 

91. Et en effet, ce qu'on voyait 
était si terrible, que Moïse s'écria : 
Je suis effrayé et tremblant. 

99. Mais vous vous êtes appro- 
chés de la montagne de Sion, de 
la cité du Dieu vivant, de la Jéru- 
salem céleste, d'une troupe de 
beaucoup de milliers d'anges; 

93. De l'Eglise des premiers- 
nés, qui sont inscrits dans le ciel, 
de Dieu le juge de tous, des es- 
prits des justes parfaits; 

94. Du médiateur de la nouvelle 
alliance, Jésus, et d'uneaspersion 
de sang plus éloquente que celle 
du sang d'Abel. 

95. Gardez-vous de rejeter ce- 
lui qui vous parle. Car s'ils n'ont 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 


2879 
pas échappé, ceux qui rejetèrent 
celui qui leur parlait sur la terre, 
nous échapperons bien moins, 
nous qui écartons celui qui nous 
parle du ciel; 

26. Celui dont la voix alors 
ébranlala terre, et qui maintenant 
s'annonce, disant : Encore une 
fois, et j'ébranlerai non-seule- 
ment 18 terre, mais 16 ciel méme. 

97. Or en disant : Encore une 
fois, il indique le changement des 
choses muables, comme étant 
accomplies, afin que les immua- 
bles subsistent. 

98. C'est pourquoi, prenant 
possession du royaume immua- 
ble, nous avons la grâce par la- 
quelle nous puissions, étant agré- 
ables à Dieu, 10 serviravec crainte 
et respect. 

29. Car notre Dieu est un feu 
consumant. 


CHAPITRE XIII. 


L'Apótre donne encore aux Hébreux 
quelques avis particuliers. Il les con- 
sole de la peine qu'ils avaient de se voir 
chassés de la synagogue. Il se recom- 
mande à leurs prières. Prière admirable 
qu'il fait lui-même pour eux. 


4. Que la charité fraternelle 
demeure en vous : 

2. Et ne négligez pas l'hospi- 
talité, car c'est par elle que 
quelques-uns ont donné, sans 


18. Exode, xix, 12; xx, 21. — 20. Exode, xix, 19. — 20. Agg., 1 7, — 29. Deut., 
1v, 24. — Cap. XIII. 2. Rom., xii, 13; I Pierre, 1v, 9; Genèse, 3011 3; xix ,2. 


le sens donné à ce passage par saint Chrysostome, par plusieurs auteurs anciens, et 


par des interprétes modernes. 


20. Ce verset et le suivant forment une parenthèse. 
22. * La montagne de Sion, la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, l'Eglise. 
23. Parfaits; à qui rien ne manque plus, puisqu'ils sont arrivés au ciel où est la 


perfection de la sainteté et de la gloire. 


24. D'une aspersion de sang, etc.; ou, selon d'autres, d’après la leçon du Grec, qui 
parait la plus autorisée : D'uu sang d'aspersion, lequel parle mieux que celui d'Abel. 


8880 


le savoir, 
anges. 

3. Souvenez-vous de ceux qui 
sont dans les liens, comme si 
vous y étiez avec eux ; et des af- 
fligés, comme demeurant vous- 
mémes dans un corps. 

4. Que le mariage soit honoré 
en toutes choses, et le lit nuptial 
sans souillure ; car les fornica- 
teurs et les adulteres, Dieu les 
jugera. 

5. Que votre vie soit sans ava- 
rice, vous contentant de ce que 
vous avez; car lui-méme a dit : 
Je ne t'abandonnerai ni ne te dé- 
laisserai. 

6. Ainsi, disons avec confiance : 
Le Seigneur m'est aide; je ne 
craindrai point ce qu'un homme 
peut me faire. 

1. Souvenez-vous de vos prépo- 
sés qui vous ont préché la parole 
de Dieu ; et considérant la fin de 
leur vie, imitez leur foi. 

8. Jésus- Christ était hier, il est 
aujourd'hui, et il sera le méme 
dans tous les siècles. 

9. Ne vous laissez point empor- 
ter à des doctrines diverses et 
étrangeres. Caril est bon d'affer- 
mir le cœur par la grâce, et non 


ב 


l'hospitalité à des 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 


[cu. xur.] 


par des distinctions de viandes, 
lesquelles n'ont pointserviàceux 
qui s'y conformaient. 

10. Nous avons un autel dont 
n'ont pasle droit de manger ceux 
qui servent dans le tabernacle. 

11. Carles corps des animaux 
dontle sang est porté parle pon- 
1116 dans le sanctuaire sont brülés 
hors du camp. 

19. C'est pourquoi Jésus lui- 
méme, pour sanctifier le peuple 
par son sang, a souffert hors de 
la porte. 

18. Allons donc à lui hors du 
camp, portant son opprobre. 

14. Car nous n'avons point ici 
de cité permanente, mais nous 
cherchons la cité future. 

15. Par lui donc offrons à Dieu 
une hostie de louange, c'est-à-dire 
le fruit de lévres qui confessent 
son nom. 

16. N'oubliez point non plus la 
charité et la communication de 
vos biens ; car c'est par de telles 
hosties qu'on se concilie Dieu. 

17. Obéissez à vos préposés, et 
soyez-leur soumis (car ce sont 
eux qui veillent, comme devant 
rendre compte de vos àmes), afin 
qu'ils le fassent avec joie, et non 


5. Jos., 1, 5. — 6. Ps. cxvir, 6. — 11. Lév., xvi, 21. — 14. Mich., ,זג‎ 10. 


4. En toutes choses; ou bien parmi vous tous, c'est-à-dire parmi tous les époux; 
car le texte sacré est susceptible de ces deux sens. 

7. Vos préposés; c'est-à-dire les évêques et les prêtres, comme l'indiquent assez 
clairement les mots qui suivent. Le grec porte vos conducteurs; ce qui confirme cette 


interprétation. 


9. A ceux qui s'y conformaient; littér.: À ceux qui y marchaient. On ἃ pu remar- 
quer plus d'une fois que les Hébreux employaient aller, marcher, dans le sens moral 


de se conduire, vivre. 


10. Saint Paul veut dire ici que les Juifs convertis au christianisme, qui rendent 
encore un culte au tabernacle, c'est-à-dire qui continuent à observer les pratiques 
du judaisme, perdent par là méme le droit de participer à la divine Eucharistie. 

12. * Hors de la porte de Jérusalem. Du temps de Notre Seigneur, le Calvaire était 


en dehors de la ville de Jérusalem. 
A1. Vos préposés. Voy. au vers. 1. 


[cg. xi.) 


en gémissant ; cela ne vous serait 
pas avantageux. 

18. Priez pour nous ; car nous 
croyons avoir une bonne cons- 
cience, voulant en toutes choses 
nous bien conduire. 

19. Et je vous conjure, avec 
une nouvelle instance, dele faire, 
afin que je vous sois plus tót ren- 
du. 

20. Que le Dieu de paix, qui, 
par le sang du testament éternel, 
a retiré d'entre les mortsle grand 
pasteur des brebis, Notre-Sei- 
gneur Jésus-Christ, 

21. Vous rende propres à tout 
bien, afin que vous fassiez sa vo- 


ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX. 


2881 
lonté; lui-même faisant eu vous 
ce qui lui est agréable, par Jésus- 
Christ à qui est la gloire dans les 
siècle 068 3180108. Amen. 

22. Je vous prie, mes frères, 
d'agréer cette parole de consola- 
tion, car je ne vous ai écrit qu'en 
peu de mots. 

23. Sachez que notre frère Ti- 
mothée est en liberté ; c'est avec 
lui (s'il vient bientót) que je vous 
verrai. 

24. Saluez tous vos préposés 
et tous les saints. Les freres d'Ita- 
lie vous saluent. 

25. Que la grâce soit avec vous 
tous. Amen. 


22. Cette parole de consolation; ce que je vous dis ici pour vous consoler dans vos 


peines. 


24. Tous vos préposés. Voy. au verset 1. — Les saints. Voy. Actes, 1x, 13. 


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LES 


EPITRES CATHOLIQUES 


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On donne le nom d'Epitres catholiques à un groupe d'Epitres apos- 
toliques, que l'Eglise a placées à la suite de celles de S. Paul dans le 
Nouveau Testament. On en compte sept, une de S. Jacques, deux de 
S. Pierre, trois de S. Jean et une de S. Jude. Pour le rang qu'on a 
donné à chacune, on a eu moins égard à leur date qu'à leur étendue; 
car la Lettre de S. Jude est bien antérieure aux Epitres de S. Jean. Il 
est vrai que certains exemplaires du Nouveau Testament placent 
celles-ci en dernier lieu, sans doute pour les joindre à l'Apocalypse, 
comme venant du méme Apótre. 

Le titre de catholiques, donné dès le second siècle à certaines 
Epitres, parait signifier qu'elles sont adressées à l'Eglise entiere, ou 
du moins qu'elles n'ont pas, comme celles de S. Paul, de destina- 
taires bien déterminés. Du temps d'Euseébe (325) nos sept Epitres 
avaient déjà cette qualification et formaient un recueil distinct; mais 
il n'est pas aisé de dire à quelle époque s'était faite cette collection. 
Une fois insérées au Canon, ces Epitres furent nommées Canoniques, 
surtout par les Pères latins, qui les distinguent ainsi des Epitres apo- 
cryphes attribuées aux Apótres. 

Ces Epitres tendent au méme but; elles sont inspirées par un méme 
état des esprits et des choses, et l'on peut dire qu'elles ont toutes un 
objet semblable ou presque identique. L'avantage qu'elles procurent 
à l'Eglise, ce n'est pas d'accroître les dogmes par de nouvelles révé- 
lations ; c'est d'éclaircir, d'inculquer et de défendre les vérités préa- 
lablement révélées, d'en faire voir le sens et la portée, d'en signaler 
les conséquences pratiques. 

L'hérésie commençait à lever la tête. Dans l'Orient surtout, où ces 
Leitres ont été écrites, la docirine des Apótres était menacée par 
une foule de prédicateurs qui l'altéraient, sous prétexte de la com- 
pléter, et qui semaient partout la division et l'inquiétude. Simples 
judaisants d'abord, c'est-à-dire Israélites mal convertis, qui voulaient 


9884 LES ÉPITRES CATHOLIQUES. 


être chrétiens sans cesser d’être juifs et asservir aux pratiques 
légales les Gentils baptisés, bientôt dogmatiseurs, chefs de sectes, 
révélateurs ou adeptes de toutes sortes de systèmes aussi disparates 
que bizarres, sous les noms de Simonites, de Nicolaïtes, de Cérin- 
thiens, d'Ebionites, etc., ils ne craignaient pas de nier ou de com- 
battre les points les plus essentiels de la foi et de la morale chré- 
tiennes. Plusieurs Epitres de 5. Paul nous ont déjà fait voir, en ces 
hérétiques, la prétention orgueilleuse de substituer « la science » à 
la foi pure et simple, avec une tendance plus ou moins manifeste à 
rabaisser la dignité du Sauveur et l'importance de son œuvre. Les 
Epitres catholiques nous prouvent, ce que confirme la tradition, 
qu'ils en vinrent jusqu'à nier la divinité de Jésus-Christ, son Incar- 
nation, la réalité de sa nature humaine, la rédemption; et qu'après 
avoir substitué à sa doctrine les réveries les plus absurdes, ils osèrent 
soutenir que la foi, une foi éclairée comme la leur, était la seule 
condition du salut, les œuvres étant une chose absolument indiffé- 
rente devant Dieu. 

Ces sept Epitres s'accordent à flétrir ces docteurs, à défendre la 
divinité du Sauveur et la réalité dela rédemption ; mais surtout elles 
insistent sur la nécessité d'avoir une foi pratique et d'unir à des 
convictions fermes et vraies la fuite du péché et la pratique des 
vertus. Elles sont donc, à la différence de celles de S. Paul, moins 
dogmatiques que morales. Aussi est-ce le ton de l'exhortation qui y 
domine, plutót que celui de la démonstration. 

Au point de vue de l'histoire, ces écrits fournissent des renseigne- 
ments importants sur les temps apostoliques et sur le caractere des 
premieres hérésies. 118 montrent en outre comment se sont éclaircis 
et complétés les enseignements des Apótres; et l'on peut constater 
des ce moment cette loi providentielle que les contradictions dont la 
doctrine de l'Eglise a été l'objet onttoujours pour résultat de mettre 
en relief les vérités contestées, et de leur faire acquérir toute la 
netteté et la certitude désirables. (L. Bacuez.) 


ÉPITRE DE SAINT JACQUES 


— —À5Àoo092€00o«— — 
INTRODUCTION 


L'auteur de cette Epitre ne peut être S. Jacques, fils de Zébédée, mis à mort 
une dizaine d'années aprés la Pentecóte. C'est donc S. Jacques, fils d'Alphée, 
apótre comme le premier, et parent de Notre Seigneur, selon que l'affirme le 
concile de Trente. 

Quelques auteurs ont voulu distinguer du fils d'Alphée, Jacques, évéque de 
Jérusalem, parent de Notre Seigneur et auteur de cette Lettre; mais ce senti- 
ment, contraire à la persuasion commune, ne peut étre justifié par de bonnes 
raisons. S. Luc et S. Paul parlent bien de Jacques, évéque de Jérusalem : or, 
l'Epitre aux Galates dit nettement qu'il était parent de Notre Seigneur, qu'il 
fut du nombre des Apôtres et qu'on le regardait comme l'une des colonnes de 
l'Eglise. D'ailleurs, nous savons que l'Apótre Jacques était fils d'Alphée ou de 
Cléophas, qu'Alphée ou Cléophas était marié à une parente de la sainte Vierge 
et qu'il en avait eu un fils qu'on nommait Jacques le Mineur. Il n'y a donc pas 
moyen de justifier cette distinction. 

Etant fils de Cléophas et de Marie, l'auteur de cette Lettre était frére de Jude, 
de Simon et de Joseph. Le Sauveur lui apparut en particulier, aprés sa résur- 
rection ; et plusieurs ont cru, dit S. Jéróme, qu'il l'avait lui-méme établi évéque 
de Jérusalem. L'importance de cette église, l'affluence des Juifs et des chrétiens 
qui y venaient de toutes parts, l'opposition que la foi chrétienne ne pouvait 
manquer d'y rencontrer demandaient bien les soins et la présence assidue d'un 
apótre. Il est certain que S. Jacques exerca cette charge de bonne heure. La 
premiére fois que S. Paul se rend à Jérusalem, aprés s'étre présenté à S. Pierre, 
le chef du collège apostolique, il rend visite à Jacques, le frère du Seigneur. 
Au Concile, il le retrouve, et dans son Epitre aux Galates, il le nomme comme 
l'une des principales colonnes de l'Eglise. Il parait que S. Jacques occupa son 
siége pendant plus de trente ans. Sa sagesse et sa vertu lui acquirent l'estime 
des Juifs incrédules eux-mêmes ; ce qui n'empécha pas qu'il ne 101 victime de 
sa foi et qu'il ne rendit au Sauveur, comme ses collègues, le témoignage du 
sang. Il fut mis à mort en l'an 62 ou 63, sous le pontificat d'Ananie, dans un 
soulèvement populaire dont les Scribes et les Pharisiens étaient les instigateurs. 
Eusébe nous a transmis la tradition qu'Hégésippe avait recueillie sur ce sujet. 
Il nous apprend de plus que les fidéles de Jérusalem avaient conservé par véné- 
ration et qu'ils montraient encore, de son temps, la chaire de leur premier 
évéque. C'est un des plus anciens monuments du culte des reliques dans l'Eglise. 


DEA: ÉPITRE DE SAINT JACQUES. 


Ce qui parait avoir donné lieu à l'Epitre de S. Jacques, ce sont les enseigne- 
ments antichrétiens de certains docteurs simonites ou nicolaites. D'aprés ces 
hérétiques, hommes présomptueux qui abondaient en paroles, pour avoir part 
à l'héritage de Jésus-Christ, il n'était besoin pour personne, ni de changement 
de vie, ni de bonnes œuvres; il suffisait d'adhérer aux oracles divins et d'en 
avoir l'intelligence. En cela seul consistait le mérite aussi bien que la sagesse. 
Ils citaient, à l'appui de leur système, quelques paroles de S. Paul qu'ils inter- 
prétaient à leur maniére. Averti du scandale et peut-étre consulté sur ce sujet 
par les chrétiens israélites ou gentils, dont un grand nombre venaient chaque 
année à Jérusalem, S. Jacques se crut d'autant plus obligé de défendre la 
vérité que le crédit particulier dont il jouissait parmi ses compatriotes le met- 
tait à méme de s'en faire écouter et de leur donner d'utiles avis. 

L'objet de la Lettre répond naturellement à la fin que l'auteur se propose. 
Bien qu'il touche plusieurs points de morale, entre autre la vanité des richesses 
et la nécessité de la patience, les vérités sur lesquelles il insiste le plus sont 
celles-ci : qu'on ne doit pas se flatter de se sauver, si l'on néglige les ceuvres de 
salut, qu'il faut veiller sur ses paroles, ne pas faire ostentation de science ni 
s'arroger la charge de Docteur, mais observer avec soin les devoirs de la justice 
et de la charité. 

On peut distinguer trois parties dans cet écrit : — 1° S. Jacques exhorte les 
fidèles à la constance, 1. — 2^ Il reprend les faux Docteurs, u-1v, 7, — 3? Il 
indique les devoirs des divers états, 1v, 8-v, 20. 

Cette Epitre a plutót la forme d'une instruction morale ou d'une exhortation 
que celle d'une lettre. Elle commence par une salutation aux tribus d'Israël, 
comme il convenait à une instruction de l'évéque de Jérusalem ; mais on n'y 
voit rien qui ressemble à une conclusion épistolaire. Peut-être S. Jacques 
voulait-il en faire son testament spirituel. Bien que Jésus-Christ n'y soit 
nommé que deux fois, cet écrit respire toute la ferveur du christianisme. Il 
porte cependant l'empreinte de la sagesse et de la modération de son auteur. 
Nulle part la nécessité d'une vertu effective et le caractère obligatoire de la loi 
de Dieu ne sont plus fortement inculqués. Pour la méthode, il rappelle moins 
les Epitres de S. Paul que les discours du Sauveur et surtout le sermon sur la 
montagne. S. Jacques ne procéde pas par raisonnements, mais par affirmations, 
par sentences; il énonce simplement ses idées, sans chercher à les déduire d'un 
principe ni à les lier ensemble, et pour l'ordinaire il en a un certain nombre 
sur chaque sujet et il les donne d'un ton qui annonce l'autorité, Ses maximes 
dénotent un esprit vif, cultivé, poétique méme, accoutumé à la lecture des 
prophétes. Le style, quoique simple, est non seulement correct, mais noble, 
élégant, énergique. Les fortes pensées, les images, les interrogations, les tours 
vifs et frappants, les antithèses abondent et donnent à cet écrit une physio- 
nomie à part. Quoique les pensées soient toutes bibliques, le grec est trés pur. 

Cette Epitre doit avoir été composée vers 62, peu de temps avant la mort de 
S. Jacques. Elle suppose non seulement que S. Pierre avait quitté la Judée et 
peut-être écrit déjà aux fidèles de l'Asie-Mineure, mais que les Epitres même 
de S. Paul aux Romains et aux Galates étaient connues et commentées. Du 
moins les remarques de S. Jacques sur la nécessité des bonnes œuvres semblent 
motivées par la fausse interprétation qu'on donnait à certains passages de ces 
Lettres. 11 est également probable que S. Paul n'était plus dans l'Asie-Mineure 


INTRODUCTION. 2881 


et qu'il se trouvait éloigné des lieux oü l'on dénaturait ainsi le sens de ses 
paroles. D'un autre côté, il n'est pas possible de renvoyer la composition de 
cette lettre aprés la ruine de Jérusalem, ni méme à l'époque du siége, lorsque 
les chrétiens étaient retirés à Pella ou surle point de quitter la ville. Rien n'y 
ressent l'agitation de cette époque. On sait d'ailleurs que S. Jacques ne dépassa 
pas l'an 62. 

Quant au lieu où cette Epitre fut écrite, il n'y a aucune raison de douter que 
ce ne soit Jérusalem, cette ville à laquelle l'auteur était attaché par tant de 
liens, et d'oà il semble qu'il ne s'est jamais éloigné. On trouve dans son lan- 
gage la maniere, les souvenirs et toutes les images d'un habitant de la Palestine, 
versé dans la connaissance de la loi et des prophétes. (L. Bacuez.) 


EPITRE 


DE SAINT JACQUES 


CHAPITRE PREMIER. 


Joie dans les souffrances. Demander à 
Dieu la sagesse. Prier avec foi. Pauvres 
élevés, riches abaissés. Souffrances heu- 
reuses. Dieu ne tente point. Il est l'au- 
teur de tout bien. Ecouter volontiers : 
parler peu. Pratiquer la vérité. Carac- 
tère de la vraie piété. 


4. Jacques, serviteur de Dieu et 
de Notre Seigneur Jésus-Christ, 
aux douze tribus qui sont dans 
la dispersion, salut. 

2. Considérez comme sujet 
d’une joie complète, mes frères, 
lorsque vous tombez en diverses 
tentations, 

3. Sachant que l'épreuve de 
votre foi produit la patience; 

4.Orla patiencerendles œuvres 
parfaites, de maniere que vous 


soyez parfaits, accomplis, et ne 
manquant de rien. 

9. Que celui à qui manque la 
sagesse, la demande à Dieu qui 
donne à tous en abondance, et ne 
reproche rien, et elle lui sera 
donnée. 

6. Mais qu'il demande avec foi, 
sans aucun doute; car celui qui 
doute est semblable au flot de la 
mer, qui est agité et poussé cà et 
là par le vent. 

7. Que cet homme donc ne s'i- 
magine pas recevoir quelque 
cnose de Dieu. 

8. L'homme double d'esprit est 
inconstant dans toutes ses voies. 

9. Que celui de nos freres qui 
est dansl'abaissementseréjouisse 
de son élévation, 


Cnar. I. 3. Rom., v, 3. — 6. Matt., vu, 7; xxi, 22; Marc, xi, 24; Luc, xr, 9; Jean, 


XIV. 19: XVI, 29,024. 


4. Qui sont dans la dispersion; c'est-à-dire qui sont dispersés. Le mot dispersion se 
trouve quelquefois dans l'Ecriture pour désigner les Juifs dispersés par suite de la 
captivité. — " Voir Jean, vu, 35. 

3. L'épreuve produit la patience; saint Paul dit au contraire que c'est /a patience 
qui produit l'épreuve (Rom., v, 3). Mais outre que deux choses peuvent être mutuel- 
lement cause l'une de l'autre, le mot épreuve n'est pas pris dans le méme sens dans 
les deux passages. La patience, c'est-à-dire la souffrance des afflictions, produit 
lépreuve, et nous rend éprouvés et agréables à Dieu. Εἰ épreuve, c'est-à-dire les 
maux et les tribulations par lesquels Dieu nous éprouve, produit la patience, et nous 
rend plus humbles, plus soumis, plus patients. C'est par l'exercice des souffrances 
que nous acquérons la patience. 

8. L'homme double d'esprit; c'est-à-dire qui en a un pour la foi, et l'autre pour l'in- 
crédulité; l'homme qui est partagé entre la foi et l'incrédulité, entre Dieu et le 
monde. 


[cn. 1.) 

10. Et le riche de son abaisse- 
ment, parce qu'il passera comme 
la fleur de l'herbe, 

11. Car le soleil s'est levé avec 
ses ardeurs, et il a desséché 
l'herbe, et sa fleur est tombée, et 
le charme de sa beauté s'est éva- 
noui : ainsi le riche, lui aussi, se 
flétrira dans ses voies. 

19. Bienheureux l'homme qui 
souffre patiemment la tentation, 
parce qu'après avoir été éprouvé, 
il recevra la couronne de vie, que 
Dieu a promise à ceux qui l'ai- 
ment. 

13. Que nul, lorsqu'il est tenté, 
ne dise que c'est Dieu quiletente; 
car Dieu ne tente point pour le 
mal, et il ne tente lui-méme per- 
sonne; 

14. Mais chaeun est tenté par 
sa concupiscence, qui l'entraine 
et le séduit. 

15. Puis la coneupiscence lors- 
qu'elle ἃ concu, enfante le péché, 
et le péché, quand il a été con- 
sommé, engendre la mort. 

16. Ne vous y trompez donc 
point, mes frères bien-aimés. 

17. Toute gráce excellente et 
tout don parfait vient d'en haut 
et descend du père des lumières, 


ÉPITRE DE SAINT JACQUES. 


Q889 
en qui il n'y a ni changement, ni 
ombre de vicissitudes. 

18. Car c'est volontairement 
qu'il nous a engendrés par la pa- 
role de vérité, afin que nous fus- 
sions comme les prémices de ses 
créatures. 

19. Vous le savez, mes frères 
bien-aimés. Ainsi, que tout hom- 
me soit prompt à écouter, lent à 
parler, et lent à la colère; 

20. Car la colère de l’homme 
n'opere point la justice de Dieu. 

21. C'est pourquoi, rejetant 
toute impureté et tout exces de 
malice, recevez avec docilité la 
parole entée en vous, qui peut 
sauver vos âmes. 

22. Mais pratiquez cette parole, 
et ne l'écoutez pas seulement, 
vous trompant vous-mémes. 

23. Car si quelqu'un écoute la 
parole et ne la pratique pas, celui- 
là sera comparé à un homme qui 
regarde dans un miroir le visage 
qu'il a recu en naissant. 

24. Il s'est regardé, et s'en est 
allé, et aussitót il a oublié quel il 
était. 

25. Mais celui qui examine à 
fond 18 loi parfaite, la 101 de la li- 
berté, et qui s'y attache, n'écou- 


10. Eccli., xiv, 18; Isaïe, xr, 6; I Pierre, 1, 24. — 12. Job, v, 11. — 19. Prov., xvi, 27. 


— 22. Matt., vu, 21, 24; Rom.,. 1, 13. 


13. Quoique Dieu ait tenté autrefois Abraham, quoique Moise ait dit aux anciens 
Hébreux : Le Seigneur votre Dieu vous lente (Deut., xin, 3), l'apótre saint Jacques a pu 
dire avec vérité que Dieu ne tente personne, parce que le mot enter a deux sens bien 
différents : dans l'un, il signifie séduire pour porter au mal; et dans l'autre, éprouver, 
pour porter au bien, pour affermir dans la vertu, et pour procurer des occasions de 
mériter. Or c’est dans le premier sens que Dieu ne tente personne, et c'est dans le 
second quil a pu tenter Abraham et les anciens Hébreux, et qu'il peut tenter tous 
les hommes. 

23. * Dans un miroir. Les miroirs étaient communs chez les anciens. Ils éiuient en 
métal poli. 

25. C'est la 101 évangélique que l'apótre appelle /a loi de ἴα liberté, parce qu'elle 
nous affranchit de la servitude des cérémonies, en opposition avec la loi de l'Ancien 
Testament, dont saint Paul dit qu'elle n'était propre qu'à former des esclaves 
(Galat., 1v, 24). 


ÉPITRE DE SAINT JACQUES. 


tant pas pour oublier, mais pour 
agir, celui-là sera bienheureux 
dans ce qu'il fera. 

26. Si quelqu'un eroit étre reli- 
gieux, et ne met pas un frein à sa 
langue, mais séduit son propre 
cœur, sa religion est vaine. 

27. La religion pure et sans 
tache devant Dieu le Père, la 
voici : Visiter les orphelins et les 
veuves dans leurs afflictions, et 
se conserver sans étre souillé par 
ce siecle. 


CHAPITRE II. 


L'acception des personnes condamnée. 
Estime pour les pauvres. Ne violer la 
loi en aucun point. La foi sans les 
œuvres est inutile pour le salut. Abra- 
ham justifié par ses œuvres jointes à 
la foi. 


4. Mes frères, ne joignez pas 
l'acception des personnes à la foi 
que vous avez en Notre Seigneur 
Jésus-Christ, le Seigneur de la 
gloire. 

2. Car s’il entre dans votre as- 
semblée un homme ayant un 
anneau d'or et un vêtement splen- 
dide, et qu'il y entre aussi un 
pauvre mal vétu, 

3. Et que vous 81261102 la vue 
sur celui qui ale vétement splen- 
dide, et lui disiez : Assieds-toi 


[cm. 11.[ 


bien 101 ; tandis qu'au pauvre vous 
disiez : Tiens-toi là debout, où 
assieds-toi sur l'escabeau de mes 
pieds; 

4. Ne jugez-vous pas par vous- 
mémes, et ne vous faites-vous 
pas juges avec des pensées d'ini- 
quité ? 

5. Ecoutez, mes frères bien-ai- 
més; Dieu n'a-t-il pas choisi: les 
pauvres en ce monde pour étre 
riches dans la foi, et héritiers du 
royaume que Dieu a promis à 
ceux qui l'aiment? 

6. Mais vous avez, vous, dés- 
honoré le pauvre. Ne sont-ce pas 
les riches qui vous oppriment par 
leur puissance, eteux-mémes qui 
vous trainent devant les tribu- 
naux? 

7. Ne sont-ce pas eux qui blas- 
phèment le saint nom qui a été 
invoqué sur vous? 

8. Si cependant vous accom- 
plissez la 101 royale selon les Ecri- 
tures : Tu aimeras ton prochain 
comme toi-même, vous faites 
bien. 

9. Mais si vous faites acception 
des personnes, vous commettez 
un péché, et vous étes condamnés 
par la loi comme transgresseurs. 

10. Car quiconque a gardé toute 


II. 1, Lévit., xix, 15; Deut., 1, 17; xvi, 19; Prov., xxiv, 28; Eccli., xum, 1. —‏ .שה 
Gal., v, 14. — 9. Lóv.,‏ ;9 מזוא Rom.,‏ ;31 זא Lévit., xix, 18; Matt., xxir, 39; Marc,‏ .8 


xix, 19; Supra, 1. — 10. Matt., v, 19. 


2. * Un anneau d'or. Les bagues en or ou autres métaux précieux étaient com- 


munes chez les anciens. 


8. La loi royale; c'est-à-dire qui domine toutes les autres, la loi supréme. 


10. Lorsque cette Epitre fut écrite, il y avait des Juifs qui croyaient que violer la 
loi sur un point ou sur un petit nombre de points, et la pratiquer sur tous les autres, 
n'était pas un péché grave qui püt attirer la colère de Dieu, qu y avait méme un 
certain mérite en cela. Saint Augustin dit que c'était aussi l'erreur de quelques 
chrétiens de son temps. C'est donc contre cete erreur que saint Jacques s'éléve; et 
quand il dit toute, c'est qu'il considère la loi comme un tout pris dans son ensemble. 
Ainsi, qu'on viole tel ou tel précepte en particulier, c'est toujours la loi elle-méme 
qui est violée. 


[cn. [.זו‎ 


la loi, et l'a violée en un seul 
point, devient coupable de tous. 

11. En effet, celui qui a dit : Tu 
ne commettras point d'adultère, 
a dit aussi : Tu ne tueras point. 
Si donc tu ne commets pas d'a- 
dultère, mais que tu tues, tu es 
violateur de la loi. 

12. Parlez et agissez comme de- 
vant étre jugés par la loi de la li- 
berté. 

13. Car le jugement est sans 
miséricorde pour celui qui n’a pas 
fait miséricorde; mais la miséri- 
corde s'éléve au-dessus du juge- 
ment. 

14. Que servira-t-il, mes freres, 
que quelqu'un dise qu'il a la foi, 
s’il n'a point les œuvres? Est-ce 
que la foi pourra le sauver? 

15. Si un de vos frères ou une 
de vos sœurs sont nus, et s'ils 
manquent de la nourriture de 
chaque jour, 

16. Et qu'un de vous leur dise: 
Allez en paix, réchauffez-vous et 
rassasiez-vous, sans leur donner 
ce qui est nécessaire au corps, à 
quoi cela leur servira-t-il? 

47. Ainsi la foi, si elle n’a pas 
les œuvres, est morte en elle- 
même. 

18. Mais, dira quelqu'un : Toi, 


EPITRE DE SAINT JACQUES. 


2891 
tu as la foi, et moi j'ailes œuvres; 
montre-moita foi sans les œuvres, 
et moi je te montrerai ma foi par 
mes œuvres. 

19. Tu crois qu'il n'y a qu'un 
Dieu, tu fais bien; mais les dé- 
mons croient aussi, et ils trem- 
blent. 

20. Or veux-tu savoir, ὃ homme 
vain, que la foi sans les œuvres 
est morte? 

21. Abraham, notre père, ne 
fut-il pas justifié par les œuvres, 
lorsqu'il offrit son fils Isaac sur 
l'autel? 

22. Tu vois que la foi coopé- 
rait à ces œuvres, et que c'est 
par ses œuvres que la loi fut 
consommée. 

23. Et ainsi fut accomplie l'Ecri- 
ture, qui dit : Abraham crut, et 
ce lui fut imputé à justice, et il 
fut appelé ami de Dieu. 

24. Vous voyez donc que c'est 
par les œuvres que l'homme est 
justifié, et non par la foi seule- 
ment. 

25. De même Rahab, cette 
femme de mauvaise vie, n'est-ce 
pas par les ceuvres qu'elle fut jus- 
üifiée, recevant les espions et les 
renvoyant par un autre chemin? 

26. Car comme le corps sans 


15. 1 Jean, ri, 17. — 21. Genèse, xxir, 9. — 23. Genèse, xv, 6; Rom., tv, 3; Gal., ,זוז‎ 6 


— 95. Jos., u, 4; Hóbr., ,זא‎ 


14 et suiv. L'apótre n'est nullement en contradiction ici avec ce que dit saint Paul 
aux Romains (1, 17; rir, 20 et suiv.); car saint Paul s'attache à montrer que les œu- 
vres prescrites par les lois cérémonielles de Moise ne servaient par elles-mémes de 
rien pour le salut depuis la prédication de l'Evangile, à moins qu'elles ne fussent ani 
mées de la foi et de la charité, tandis que la foi animée elle-même de la charité, 
pouvait, sans les ceuvres cérémonielles de la loi, nous rendre justes et nous mériter 
le salut. Saint Jacques, au contraire, parle de la pratique des œuvres morales, telles 
que la justice, la miséricorde, et toutes les autres vertus. Or comment saint Paul 
aurait-il voulu exclure ces sortes d'œuvres, lui qui remplit toutes ses lettres d'ex- 
hortations à bien vivre et à mettre en action les vérités que Jésus-Christ nous a 
enseignées ? 

25. * Rahab... recevant à Jéricho 708 espions de Josué. 


9892 
l'esprit est mort, ainsi la foi elle- 
méme sans les ceuvres est morte. 


CHAPITRE III. 


Craindre de devenir maitre. La langue 
source de maux; difficulté de la con- 
tenir. Sagesse terrestre amie des dis- 
putes. Caractére de la sagesse qui vient 
d'en haut. 


4. Ne vous faites point maîtres 
en grand nombre, mes freres, 
sachant que vous vous chargez 
d'un jugement plus sévere. 

9. Car nous faisons tous beau- 
coup de fautes. Si quelqu'un ne 
peche point en paroles, c'est un 
homme parfait, etilpeut conduire 
méme tout son corps avec le frein. 

3. Si nous mettons un mors 
dans la bouche des chevaux pour 
qu'ils nous obéissent, nous fai- 
sons tourner tout leur corps de 
cóté et d'autre. 

4. Et comme les vaisseaux, 
quoique grands, et quoique chas- 
565 par des ventsimpétueux, sont 
portés, au moyen d'un petit gou- 
vernail, partout où le veut celui 
qui les dirige; 

5. Ainsilalangue est à la vérité 
un petit membre, mais elle fait 
de grandes choses. Voyez com- 
bien peu de feu embrase une 
grande forêt! 

6. La langue aussi est un feu, 
un monde d'iniquité. La langue 
est placée parmi nos membres, et 
souille tout le corps, et enflamme 
tout le cours de notre vie, enflani- 


Cuae. III. 4. Matt., xxii, 8. 


ÉPITRE DE SAINT JACQUES. 


[cg. ni.] 
mée elle-méme par la géhenne. 


7. Car toute nature de bétes 
sauvages, d'oiseaux, de reptiles, 
et d'autres animaux, se dompte 
et elle a été domptée par la na- 
ture de l'homme. 

8. Mais la langue, nul homme 
ne peut la dompter : c'est un mal 
inquiet ; elle est pleine d'un venin 
mortel. 

9. Par elle nous bénissons Dieu 
le Père ; et par elle nous maudis- 
sons les hommes qui ont été faits 
à l'image de Dieu. 

10. Dela méme bouche sortent 
la bénédiction et la malédiction. 
I] ne faut pas, mes frères, qu'il 
en soit ainsi. 

11. Une fontaine fait-elle jaillir 
par la méme ouverture l'eau 
douce et l'eau amère ? 

19. Un figuier peut-il, mes frè- 
res, produire des raisins, ou une 
vigne, des figues? Ainsi une 
source salée ne peut donner de 
l'eau douce. 

13. Qui parmi vous est sage et 
instruit? Que par une bonne con- 
duite il montre ses œuvres dans 
une sagesse pleine de douceur. 

14. Que si vous avez un zele 
amer, et si des différends existent 
dans vos cœurs, ne vous glorifiez 
point, et ne soyez pas menteurs 
contre la vérité. 

15. Ce n'est point là la sagesse 
qui vient d'en haut, mais wne sa- 
gesse terrestre, animale, diaboli- 
que. 


6. Par la géhenne. Voy. Matt., v, 22. 


1. Et d'autres animaux. Le grec porte: Et d'animaux marins. Beaucoup d'inter- 
prètes pensent qu'on lisait autrefois dans la Vulgate cetorum au lieu de ceterorum. 
13. Dans une sagesse pleine de douceur; littér. et par hébraisme: Dans une douceur 


de sagesse. 


—— 


[cu. 1v.] 


16. Car oü est l'envie et l'esprit 
de contention, là est l'inconstance 
de toute œuvre perverse. 

11. Mais la sagesse d'en haut 
est premierement chaste, ensuite 
pacifique, modeste, facile à per- 
suader, cédant au bien, pleine de 
miséricorde et de bons fruits, ne 
jugeant point, et n'étant pas dis- 
simulée. 

18. Or le fruit de 18 justice se 
seme dans la paix par ceux qui 
cultivent la paix. 


CHAPITRE IV. 


Divisions produites par les passions. On 
n'obtient point, parce qu'on demande 
mal. Amitié du monde ennemie de 
Dieu. Se soumettre à Dieu; résister au 
démon. S'affliger par la pénitence. Ne 
point médire, ne point juger. Ne point 
s'appuyer sur la vie, parce qu'elle est 
incertaine. 


1. D'où viennent les guerres et 
les proces entre vous? N'est-ce 
pas de là? de vos convoilises qui 
combattent dans vos membres? 

9. Vous convoitez et vous n'a- 
vez point; vous tuez, vous étes 
envieux, et ne pouvez obtenir; 


ÉPITRE DE SAINT JACQUES. 


2893 
vous plaidez et faites la guerre, 
et vous n'avez point, parce que 
vous ne demandez point. 

3. Vous demandez et ne recevez 
point, parce que vous demandez 
mal, pour satisfaire vos convoi- 
tises. 

4. Adultères, ne savez-vous 
point que l'amitié de ce monde 
est ennemie de Dieu ? Quiconque 
donc veut être ami de ce monde 
se fait ennemi de Dieu. 

ὃ. Pensez-vous que ce soit en 
vain que l'Ecriture dise : C'est 
apres l'envie que soupire ardem- 
ment l'esprit qui habite en vous? 

6. Mais il donne une grâce plus 
grande. C'est pourquoi elle dit : 
Dieu résiste aux superbes, mais 
aux humbles il donne la grâce. 

1. Soyez donc soumis à Dieu et 
résistez au diable, et 11 s'enfuira 
de vous. 

8. Approchez-vous de Dieu, et 
il s'approchera de vous. Purifiez 
vos mains, pécheurs, et purifiez 
vos cœurs, vous doubles d'es- 
prit; 

9. Sentez votre misere, et gé- 


Cab. IV. 6. Prov., ii, 34; 1 Pierre, v, 5. 


&. Adultères. L'Ecriture appelle souvent ainsi non seulement les idolâtres et les 
impies déclarés, mais encore tous les hommes qui sont attachés aux biens terrestres 
et aux plaisirs illicites, parce qu'ils brisent ainsi l'union qui doit toujours exister 
entre eux et Dieu leur créateur et bienfaiteur. 

9 L’Ecrilure, etc. Ce passage ne se trouve pas en termes exprès dans la Bible; 
mais l'Apótre fait allusion aux divers endroits où elle parle du péché originel, ou de 
la concupiscence et du penchant qui nous porte constamment au mal. — C’est après 
l'envie, etc.; 16 chagrin qu'on ressent du bonheur, des succès d'autrui; c'est en effet 
le sens du texte grec. — L'esprit qui habite en vous; c'est-à-dire l'esprit malin, le 


, démon. Compar. le vers. 1, où il est dit: Résistez au diable, et il s'enfuira de vous; et 


cet autre passage de l'Ecriture: C’est par l’envie du diable que la mort est entrée 
dans le monde (Sugesse, x, 24). D'autres traduisent : L'esprit (de Dieu) qui habite en 
vous, vous aime d'un amour de jalousie. Mais, outre que cette traduction est peu con- 
forme à la vraie signification des mots employés par l'Apótre, elle ne s'accorde pas 
avec le verset suivant. 

6. Mais il donne ; c'est-à-dire Dieu, ou comme porte la version syriaque, Notre Sei- 
gneur. 

8. Double d'esprit. Compar. 1, 8. 


2894 
missez et pleurez ; que votre rire 
se change en deuil, et votre joie 
en tristesse. 

10. Humiliez-vous devant le 
Seigneur, et il vous exaltera. 

11. Mes frères, ne parlez point 
mal les uns des autres. Celui qui 
parle mal de son frère, ou qui 
juge son frère, parle mal de la loi 
et juge la loi. Or si tu juges la 
loi, tu n'en es pas l'observateur, 
mais le juge. 

19. Il n'y a qu'un législateur et 
qu'un juge qui peut perdre et 
sauver. 

13. Mais qui es-tu, toi qui juges 
le prochain? Voyez maintenant, 
vous qui dites : Aujourd'hui ou 
demain nous irons dans cette 
ville; nous y demeurerons un an; 
nous trafiquerons et nous gagne- 
rons beaucoup ; 

14. Vousquine savez pas même 
ce qui sera demain. 

18. Car qu'est-ce que votre vie? 
C'est une vapeur qui parait pour 
un peu de temps, et qui ensuite 
sera dissipée. Au lieu de dire : 
Si le Seigneur le veut; et : Si 
nous vivons, nous ferons ceci ou 
cela. 

16. Mais maintenant vous vous 
complaisez dans vos vaines pré- 
somptions. Toute complaisance 
semblable est mauvaise. 

47. Celui donc qui sait le bien 
àfaire et qui ne le fait pas, est 
coupable de péché. 


10. I Pierre, v, 6. — 13. Rom., xiv, 4. 


ÉPITRE DE SAINT JACQUES. 


[ca. v.) 


CHAPITRE V. 


Riches injustes sévèrement punis. Pa- 
tience dans les afflictions. Souffrances 
des prophètes et de Job. Eviter le jure- 
ment. Extrème-Onction. Confession des 
péchés. Prière du juste. Conversion du 
pécheur. 


1. Et maintenant, riches, pleu- 
rez, poussant des hurlements à 
cause des misères qui vous sur- 
viendront. 

2. Vos richesses sont tombées 
en pourriture, et vos vêtements 
ont été mangés par les vers. 

3. Votre or et votre argent se 
sont rouillés, et leur rouille ren- 
dra témoignage contre vous, et 
dévorera vos chairs comme un 
feu. Vous vous étes amassé des 
trésors de colère pour les derniers 
jours. 

4. Voilà que le salaire des ou- 
vriers qui ont moissonné vos 
champs, et dont vous les avez 
frustrés, élève la voix, et leur 
clameur a pénétré jusqu'au Sei- 
gneur Sabaoth. 

5. Vous avez vécu sur la terre 
dans les délices et les voluptés, 
et vous avez nourri vos cours 
comme en un jour de sacrifice. 

6. Vous avez condamné et tué le 
Juste, etil ne vous a point résisté. 

7. Soyez donc patients, mes 
frères, jusqu'à l'avénement du 
Seigneur. Voyez, le laboureur es- 
père recueillir le fruit précieux 


4. Sabaoth. Voy., sur la vertu de ce mot, Rom., 1x, 29. 


5. Comme. Ce mot est évidemment sous-entendu; il se trouve d'ailleurs dans le 
Grec. 

1. Celui (le fruit) de la premiere, etc. C'est le seul sens dont soit susceptible la 
Vulgate, et c'est aussi le plus favorable au contexte. D'autres, conformément aux 
exemplaires grecs qui portent, comme 1a version syriaque, le mot pluie, traduisent : 
Jusqu'à ce qu'il regoive lu pluie de la premiére. etc. 


[ca. v.] 


de la terre, attendant patiem- 
ment jusqu'à ce qu'il recoive ce- 
lui de la première et de l'arriere- 
saison. 

8. Soyez done patients, vous 
aussi, et affermissez vos cœurs; 
car l'avènement du Seigneur est 
proche. 

9. Ne vous plaignez point les 
uns des autres, mes frères, afin 
que vous ne soyez pas condam- 
nés. Voilà que le juge est à la 
porte. 

10. Prenez, mes frères, pour 
exemple de mort cruelle, de souf- 
frances et de patience, les pro- 
phètes qui ont parlé au nom du 
Seigneur. 

11. Voyez, nous appelons heu- 
reux ceux qui ont souffert. Vous 
avez appris la patience de Job, et 
vu la fin du Seigneur; combien 
le Seigneur est miséricordieux et 
clément. 

12. Mais avant tout, mes frères, 
ne jurez ni par le ciel, ni par la 
terre, et ne faites aucun autre 
serment que ce soit. Que tout dis- 
cours soit : Oui, oui; non, non; 
afin que vous ne tombiez pas sous 
le jugement. 

43. Quelqu'un de vous est-il 


ÉPITRE DE SAINT JACQUES. 


2895 
triste? qu'il prie. Est-il content? 
qu'il chante des cantiques. 

14. Quelqu'un parmi vous est- 
il malade? qu'il appelle les prétres 
de l'Eglise, et qu'ils prient sur 
lui, l'oignant d'huile au nom du 
Seigneur; 

15. Et la prière de la foi sauvera 
le malade, et le Seigneur le sou- 
lagera, et s'ila des péchés, ils lui 
seront remis. 

16. Confessez donc vos péchés 
l'un à l'autre, et priezles uns pour 
les autres, afin que vous soyez 
sauvés; carla prière assidue du 
juste peut beaucoup. 

17. Elie était un homme sem- 
blable à nous, passible ;cependant 
il pria avec instance qu'il ne plût 
point sur la terre, et il ne plut 
pas pendant trois ans et six mois. 

18. Et il pria de nouveau, et le 
ciel donna de la pluie, et la terre 
donna son fruit. 

19. Mes frères, si quelqu'un de 
vous s'égare de la vérité, et que 
quelqu'un l'y ramene, 

20. Il doit savoir que celui qui 
ramènera un pécheur de l'égare- 
ment de sa voie, sauvera son âme 
de la mort, et couvrira une mul- 
titude de péchés. 


Cuar. V. 12. Matt., v, 34. — 17. III Rois, נטא‎ 1; Luc, 1v, 25. 


11. La fin du Seigneur; c'est-à-dire, selon saint Augustin et beaucoup d'interprètes 
aprés lui, la passion et la mort du Sauveur sur la croix. D'autres l'entendent de 18 
fin heureuse que le Seigneur accorda à Job. 

14. Sur lui. L'Apótre emploie cette expression, parce que pendant la prière, le prêtre 
tenait 18 main étendue sur le malade. (Compar. Matt., xix, 13; Act., v1, 6); ou bien, 
parce qu'en priant, 1] faisait les onctions sur lui. Ce passage exprime une promul- 
gation claire du sacrement de l'Extréme-Onction institué par Jésus-Christ. 

16. L'un à l'autre; c'est-à-dire le malade au prétre de l'Eglise, qu'il doit appeler 
auprès de lui, d’après le vers. 14, et qui a le pouvoir d'absoudre. 

11. Pria avec instance; littér., pria par la prière; sorte d'hébraisme, dont le but 
est, comme on l'a remarqué plusieurs fois, de donner de la force au discours. 

20. Son âme; celle du pécheur. — Couvrira, etc. Il effacera les péchés de celui 
qu'il convertit en l'amenant à faire pónitence et à se confesser; et les siens propres, 
parce qu'en exercant ainsi la charité, il se rend digne de recevoir la gráce de la ré- 
mission de ses fautes. 


PREMIÈRE ÉPITRE DE S. PIERRE 


—90-0073€O 0-0-2— 


INTRODUCTION 


On n'a jamais contesté l'authenticité de cette Epitre. Eusèbe Ja met immé- 
diatement après les Epitres de S. Paul, dans la liste des homologoumènes avec 
la premiére de S. Jean. Elle a été citée dés le premier siécle par S. Clément. 
S. Pierre lui-même en fait mention dans sa seconde Lettre; et tous les carac- 
tères de cet écrit, sa forme, sa destination, son objet, confirment le témoignage 
de la tradition. S'il convenait à l'Apótre des nations d'instruire et de diriger par 
ses Epitres les Eglises qu'il avait fondées parmi les Gentils, n'appartenait-il 
pas à S. Pierre, l'Apótre des circoncis, de veiller sur ses compatriotes, de pour- 
voir à leurs besoins spirituels, et d'envoyer à ceux qu'il avait évangélisés les 
instructions et les avis que rendaient nécessaires leurs dispositions, leurs ha- 
bitudes et les épreuves par lesquelles ils devaient bientót passer? C'est ce qu'il 
fait dans cette Lettre, avec une dignité, une élévation de sentiments, une éten- 
due de vue, une solidité et une plénitude de doctrine qui répondent à la hauteur 
de sa position, et qui font de son écrit un monument de sagesse et une source 
d'édification pour les fidéles de tous les temps et de tous les lieux. 

Elle est datée de Rome; car le nom de Babylone désigne Rome, ici comme 
dans l'Apocalypse. | 

Plusieurs croient qu'elle fut écrite peu d'années après l'arrivée de S. Pierre 
dans cette ville, vers 45, parce qu'il y parle de S. Marc comme étant encore 
auprés de lui. Mais cette raison n'est pas décisive; car si ce disciple quitta 
Rome de bonne heure pour aller fonder l'Eglise d'Alexandrie, nous voyons par 
l'Epitre aux Colossiens qu'il y est revenu au temps de la captivité de S. Paul ; 
et c’est à ce moment que le plus grand nombre des commentateurs renvoient 
la composition de cette premiére Epitre. 

S. Pierre, aussi bien que S. Jacques, écrit aux tribus dispersées; mais i! 
adresse son Epitre aux Israélites converlis du Pont, de la Galatie, de la Cappa- 
doce, de l'Asie, et de la Bythinie, en leur associant dans sa pensée ceux des 
Gentils qui professent la méme foi dans les mémes contrées. Les uns et les 
autres se mélaient, dit Origéne, dans ces pays, oü S. Paul avait préché auss: 
bien que S. Pierre. Cette Lettre fut confiée aux mains de Sylvanus. 

Le but de cette Epitre est d'affermir les chrétiens dans la foi et dans la vertu, 
de les soutenir contre les épreuves, de les préparer à la persécution et de les 
animer à se rendre dignes du ciel par une vie parfaite. Le Sauveur avait recom- 
mandé particuliérement ce soin à son Vicaire. 


INTRODUCTION. 2897 


Dans ce dessein, S. Pierre leur atteste la vérité de la doctrine qui leur a été 
préchée. Il exalte la grandeur du chrétien et la sublimité de sa vocation en ce 
monde et en l'autre; puis il anime à la perfection les fidéles et les pasteurs. 
En méme temps qu'il signale les obligations des divers états, il exhorte au 
courage et à la constance; il rappelle la passion du Sauveur, et il assure que 
s'assocler généreusement à ses souffrances, c'est mériter d'avoir part à sa 
gloire. 

La doctrine de cette Epitre est simple et pratique, mais non moins énergique 
et surnaturelle. Comme S. Paul, S. Pierre fait reposer toute sa morale sur la 
dignité du chrétien, sur l'union que cette qualité lui donne avec Jésus-Christ, 
sur les souffrances que le Sauveur a endurées pour le racheter. C'est pour nous 
tirer de l'esclavage et de la mort qu'il a répandu son sang. Ceux dont il a brisé 
les fers doivent étre, au milieu du monde, comme un peuple à part, commo une 
nation sainte, comme la famille des enfants de Dieu. 

Quant à la forme, on peut remarquer dans cette Epitre, comme dans tous les 
discours de S. Pierre, un style ferme et digne, de la concision, de l'élévation, 
un ton d'autorité doux et paternel qui répond à la position de l'auteur, une 
humilité profonde, un zéle sincére et une émotion qui se font sentir chaque 
fois que sa pensée se reporte vers son Maitre, qu'il rappelle sa passion ou ia 
gloire du ciel, prix de ses souffrances. Cet écrit se distingue encore par un 
grand nombre d'allusions à l'Ancien Testament, et par de fréquents hébraismes. 
(L. Bacuez.) 


PREMIERE ÉPITRE 


DE SAINT PIERRE 


CHAPITRE PREMIER. 


Saint Pierre rend gráces à Dieu de la vo- 
cation des fidèles. Afflictions, épreuves 
de la foi. Salut annoncé par les pro- 
phétes. Sainteté de conduite. Estime 
du prix de nos ámes. Charité pure et 
sincére. Régénération par la parole de 
l'Evangile. 

4. Pierre, apôtre de Jésus- 
Christ, aux étrangers de la dis- 
persion dans le Pont, la Galatie, 
la Cappadoce,l'Asie etlaBithynie, 
élus, 

2. Selon la prescience de Dieu 
le Père, pour être sanctifiés par 
l'Esprit, pour obéir et être arrosés 
du sang de Jésus-Christ : qu'en 
vous la grâce et la paix s'accrois- 
sent. 

3. Béni soit Dieu, le Père de 
Notre Seigneur Jésus-Christ, qui, 
selon sa grande miséricorde, 
nous ἃ régénérés pour une vive 
espérance, par la résurrection de 
Jésus-Christ d’entre les morts, 

4. Pour un héritage incorrup- 
tible, qui n'est pas souillé, qui ne 


(ΠΑΡ. I. 3. II Cor., 1, 3; Ephés., r, 3. 


peut se flétrir, réservé dans les 
cieux pour vous, 

ὃ. Qui parla vertu de Dieu étes 
gardés au moyen de la foi pour 
le salut qui doit étre révélé à la 
fin des temps, 

6. Où vous serez transportés 
de joie, bien qu'il faille mainte- 
nant que pour peu de jours vous 
soyez contristés par diverses ten- 
tations, 

7. Afin que l'épreuve de votre 
foi, beaucoup plus précieuse que 
l'or (qu'on éprouve par le feu), 
soit trouvée digne de louange, de 
gloire etd'honneur àla révélation 
de Jésus-Christ, 

δ. Que vous aimez, quoique 
vous ne l'ayez point vu; en qui 
vous croyez sans le voir encore 
maintenant; or, croyant ainsi, 
vous tressaillirez d'une joie inef- 
fable et glorifiée; 

9. Obtenant comme fin de votre 
foi le salut de vos âmes; 

10. Salut qu'ont recherché et 
scruté les prophètes qui ont pré- 


1. De la dispersion. Voy. dans Jacq., 1, 1, la note relative à ce mot. — * Le Pont. Voir 
Act., 11, 9. — La Galalie, province de l'Asie Mineure bornée au nord par la Paphla- 
gonie et la Bythinie, à l'ouest par la Phrygie, au sud par la Lycaonie et la Cappadoce, 
à l'est par le Pont. — La Cappadoce. Voir Actes, 11, 9. — L'Asie, la province pro- 
consulaire de ce nom. Voir Actes, 11, 9. — La Bythinie. Voir Actes, xvi, 7. 

1. À la révélation; c'est-à-dire à l’avènement. »u jour du jugement. 


[cn. 1.) 
dit la gráce que vous deviez rece- 
voir. 

11. Et, comme ils cherchaient 
quel temps et quelles circonstan- 
ces l'Esprit du Christ qui était en 
eux indiquait, en prédisant, les 
souffrances du Christ et les gloi- 
res qui devaient les suivre, 

19. Il leur fut révélé que ce 
n'était pas pour eux-mêmes, 
mais pour vous, qu'ils étaient 
dispensateurs des choses qui 
vous sont annoncées maintenant 
parceux qui vous ont évangélisés 
par l'Esprit-Saint envoyé du ciel, 
et que les anges désirent contem- 
pler. 

18. C'est pourquoi, ayant ceint 
les reins de votre àme, et étant 
sobres, espérez entierement en 
cette grâce qui vous est offerte 
pour la révélation de Jésus- 
Christ ; 

14. Comme des enfants d'obéis- 
sance, ne vous conformant pas 
aux anciens désirs de votre igno- 
rance ; 

15. Mais, comme celui qui vous 
a appelés est saint, vous aussi 
soyez saints dans toute votre 
conduite ; 

16. Car il est écrit : Soyez 
saints, parce que moi je suis 
saint. 

11. Et, puisque vous invoquez 
comme Père celui qui, sans ac- 
ception des personnes, juge selon 
les ceuvres de chacun, vivez dans 


PREMIERE ÉPITRE DE SAINT PIERRE. 9899 


la crainte durant le temps de vo- 
ire pelerinage ; 

18. Sachant que ce n'est point 
avec des choses corruptibles, de 
l'or ou de l'argent, que vous avez 
été rachetés des vaines pratiques 
que vous teniez de vos peres; 

19. Mais parle sang précieux 
du Christ, comme d'un agneau 
sans tache et sans souillure, 

20. Déjà connu avant la fonda- 
tion du monde, mais manifesté 
dans les derniers temps à cause 
de vous; 

21. Qui par lui croyez en Dieu, 
qui la ressuscité d'entre les 
morts, et lui a donné la gloire, 
afin que votre foi et votre espé- 
rance fussent en Dieu. 

22. Rendez vos àmes chastes 
par l'obéissance de la charité, 
par une dilection fraternelle; 
portez la plus grande attention à 
vous aimer les uns les autres 
d'un cœur simple ; 

93. Etant nés de nouveau, non 
d'une semence corruptible, mais 
incorruptible, par la parole du 
Dieu vivant et qui demeure éter- 
nellement. 

24. Car toute chair est comme 
l'herbe, et toute sa gloire comme 
la fleur de l'herbe ; l'herbe a sé- 
ché, et sa fleur est tombée. 

25. Mais la parole du Seigneur 
demeure éternellement; or c'est 
cette parole qui a été annoncée 
parmi vous. 


16. Lévit., xi, 44; xix, 2; xx, 7T. — 17. Deut., x, 11; Rom., 11, 11; Galat., 11, 6. — 
19. I Cor., vi, 20; vir, 23; Hébr., 1x, 14; I Jean, 1, 7; Apoc., 1, 5. — 24. Eccli., xiv, 18; 


Isaie, xb, 0 


13. Qui vous est offerte, etc. ; qui vous sera donnée à l'avénement de Jésus-Christ. 
14. Auz anciens désirs de votre ignorance; aux passions auxquelles vous vous aban- 
donniez autrefois, quand vous viviez dans l'ignorance. 


2900 


CHAPITRE II. 


Croitre en Jésus-Christ; s'approcher de 
lui comme de la pierre angulaire. Il est 
une source d'honneur pour ceux qui 
croient, et une pierre d'achoppement 
pour les incrédules. Caractères du chré- 
tien. S'abstenir des passions charnelles. 
Etre soumis aux puissances. Gloire du 
chrétien, souffrir comme Jésus-Christ. 


1. Ainsi, vous dépouillant de 
toute malice et de toute fraude, 
des dissimulations, des envies et 
des médisances, 

9. Comme des enfants qui 
viennent de naitre, désirez ar- 
demment un lait spirituel et pur, 
afin que par lui vous croissiez 
pour le salut ; 

3. Si toutefois vous avez goûté 
comme le Seigneur est doux. 

4. Et vous approchant de lui, 
pierre vivante, rejetée des hom- 
mes, mais choisie et honorée de 
Dieu, 

5. Soyez vous-mémes posés sur 
lui, comme pierres vivantes, mai- 
son spirituelle, sacerdoce saint, 
pour offrir deshosties spirituelles, 
agréables à Dieu par Jésus-Christ. 

6. C'estpourquoi ontrouve dans 
l'Ecriture : Voici que je pose en 
Sion la pierre du sommet d'un 
angle, choisie, précieuse; et qui- 
conque aura foi en elle ne sera 
point confondu. 

7. Ainsi, c’est un honneur pour 
vous qui croyez; mais pour les 
incrédules, elle est la pierre 


PREMIERE ÉPITRE DE SAINT PIERRE. 


(cu. [.זז‎ 
qu'ont rejetée ceux qui bâtis- 
saient, et qui est devenue un 
sommet d'angle, 

8. Une pierre d'achoppement et 
de scandale pour ceux qui se 
heurtent contre la parole, et qui 
ne croient pas méme ce à quoi 
ils ont été destinés. 

9. Mais vous êtes, vous, une 
race choisie, un sacerdoce royal, 
une nation sainte, un peuple con- 
quis; afin que vous annonciez les 
grandeurs de celui qui des té- 
nèbres vous a appelés à son ad- 
mirable lumiere : 

10. Vous, qui autrefois n'étiez 
point son peuple, mais qui étes 
maintenant le peuple de Dieu; 
vous qui n'aviez point obtenu mi- 
séricorde, mais qui maintenant 
avez obtenu miséricorde. 

11. Mes bien-aimés, je vous 
conjure de vous abstenir, comme 
étrangers et voyageurs, des dé- 
sirs charnels qui combattent con- 
tre l'àme; 

12. Ayez une bonne conduite 
parmi les gentils, afin qu'au lieu 
de vous calomnier comme des 
malfaiteurs, vous considérant par 
vos bonnes œuvres, ils glorifient 
Dieu au jour de sa visite. 

13. Soyez donc soumis à toute 
créature humaine à cause de 
Dieu; soit au roi, comme étant 
au-dessus des autres, 

14. Soit aux gouverneurs, 
comme envoyés par lui pour la 


Cuar. Il. 1. Rom., vr, 4; Ephés., rv, 22; Coloss., mr, 8; Hébr., xu, 1. — 6. Isaie, 
xxvi, 16; Rom., 1x, 33. — 7. Ps. נטאס‎ 22; Isaie, virt, 14; Matt., xxt, 42; Actes, tv, 11. 
— 10. Osée, 1 24; Rom., 1x, 25. — 11. Rom., xui, 14; Gal., v, 16. — 18. Rom., xri, 1. 


8. Et qui ne croient pas, etc. Il y a quelques divergences dans la manière d'expli- 
quer cette fin de verset; mais la pensée dominante de l'Apótre se retrouve dans 


chaque interprétation. 


12. Au jour de sa visite: lorsque Dieu, dans sa miséricorde, leur ouvrira les yeux 
et leur donnera une grâce lumineuse qni les attirera à la foi. 


[cu. π|.} 


punition de ceux qui font mal, et 
18 louange des bons; 

45. Parce que telle est la vo- 
lonté de Dieu, que pratiquant le 
bien, vousfassieztairelignorance 
des hommes insensés; 

16. Etant libres, non pour faire 
de votre liberté un voile à votre 
malice; mais comme des servi- 
teurs de Dieu. 

11. Rendez honneur à tous; ai- 
mez la fraternité; craignez Dieu; 
honorez le roi. 

18. Serviteurs, soyez soumis 
en toute crainte à vos maitres, 
non-seulement bons et modérés, 
mais méme fâcheux. 

19. Carc'est un mérite, sien vue 
de Dieu, quelqu'un supporte des 
peines, souffrant injustement. 

20. En effet, quelle gloire y a- 
t-il, si c’est pour vos fautes que 
vous supportez les soufflets? Mais 
si, faisant le bien, vous souffrez 
patiemment, c’est un mérite de- 
vant Dieu. 

91. Car c'est à quoi vous avez 
été appelés, parce que le Christ 
méme a souffert pour nous, vous 
laissant un exemple, afin que 
vous suiviez ses traces; 

22. Lui qui n'a pas commis de 
péché, et en la bouche de qui n'a 
pas été trouvée la tromperie; 

23. Lui qui, étant maudit, ne 
maudissait point; qui, maltraité, 
ne menacait point, mais se livrait 


PREMIERE ÉPITRE DE SAINT PIERRE. 


2901 
à celui qui le jugeaitinjustement; 

24. Lui qui a porté nos péchés 
dans son propre corps sur le bois, 
afin que, morts aux péchés, nous 
vivions à la justice; qui, par ses 
plaies, vous a guéris. 

25. Car vous étiez comme des 
brebis égarées; mais vous étes 
retournés maintenant au pasteur 
et à l'évéque de vos àmes 


CHAPITRE III. 


Devoirs des femmes envers leurs maris, 
et réciproquement. Charité mutuelle. 
Bénir ceux qui maudissent. S'estimer 
heureux de souffrir pour la justice. 
Souffrance de Jésus-Christ. Eaux du 
déluge, figure des eaux du baptéme. 


1. Pareillement, que lesfemmes 
aussi soient soumises à leurs ma- 
ris; afin que si quelques-uns ne 
croient pas à la parole, ils soient 
gagnés sans la parole, par la con- 
duite de leurs femmes, 

2. En considérant votre con- 
duite chaste, jointe à une crainte 
respectueuse. 

3. Qu'elles n'aient pasau dehors 
une chevelure habilement arran- 
gée, ou des ornements d'or, ou 
de riches vétements pour pa- 
rure, 

4. Mais au dedans, l'homme ca- 
ché dans l'incorruptibilité de l'es- 
prit calme et modeste, qui est d'un 
grand prix aux yeux de Dieu. 

5. Car c'est ainsi qu'autrefois 


17. Rom., xri, 10. — 18. Ephés., vi, 5; Coloss., ur, 22; Tit., 11, 9. — 22. Isaie, rrr, 9. 
— 24, Isaic, Lri, 5; I Jean, ΠΙ, 5. — (ΒΑΡ. III. 1. Ephés,, v, 22; Col., ur, 18. — 3. I Tim., 
10: 


1. Ne croient pas à la parole; c'est-à-dire ne se rendent pas à la prédication de 
l'Evangile. 

4. Dans l'impossibilité οὐ nous nous trouvions de rendre en notre langue la lettre 
du texte sacré, nous avons dû chercher à reproduire fidèlement la pensée de l'apótre. 
Ainsi l'expression au dedans répond au mot cœur du Grec et dela Vulgate. — 
L'hommé caché; c'est-à-dire l'homme intérieur. Voy. Rom., vir, 22 


2902 
les saintes femmes, espérant en 
Dieu, se paraient, étant soumises 
àleurs maris. 

6. Telle était Sara, qui obéissait 
à Abraham, lappelant son sei- 
gneur, et dont vous étes les filles, 
en faisant le bien, et ne craignant 
aucun trouble. 

7. Vous aussi, maris, vivez sa- 
gement avec vos femmes, les ho- 
norantcomme un vase plus faible, 
et comme cohéritières de la grâce 
de vie; afin que vos prieresn'aient 
point d'empéchement. 

8. Enfin soyez tous unis d'un 
méme cœur, compatissants, vous 
aimant en freres, miséricordieux, 
modestes, hnmbles, 

9. Ne rendant point mal pour 
mal, ni malédiction pour malé- 
diction; mais, au contraire, bé- 
nissant parce que c'est à cela que 
vous avez été appelés, afin de 
posséder la bénédiction en héri- 
tage. 

10. Que celui done qui veut ai- 
mer la vie, et voir des jours bons, 
défende sa langue du mal, et que 
ses levres ne proferent point les 
paroles de tromperie; 

11. Qu'il se détourne du mal et 
fasse le bien; qu'il cherche la 
paix et la poursuive; 

19. Parce que les yeux du Sei- 


PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PIERRE. 


[cu ui] 


gneur sont sur les justes, et ses 
oreilles à leurs prières; mais la 
face du Seigneur est sur ceux qui 
font le mal. 

13. Et qui est-ce qui vous nuira, 
si vous avez le zèle du bien? 

14. Et si méme vous souffrez 
pour la justice, vous serez bien 
heureux. N'ayez donc aucune 
crainte d'eux, et ne vous en trou- 
blez point. 

15. Mais glorifiez dans vos 
cœurs la sainteté du Seigneur 
Jésus-Christ, toujours préts à sa- 
tisfaire quiconque vous deman- 
dera la raison de l'espérance qui 
est en vous; 

16. Toutefois, avec modestie et 
respect, conservant une bonne 
conscience, afin qu'ils soient con- 
fondus pour le mal qu'ils disent 
de vous, ceux qui calomnient 
votre bonne conduite dans le 
Christ. 

17. Car il vaut mieux souffrir 
(si Dieu le veut ainsi) en faisant 
le bien qu'en faisant le mal; 

18. Puisque le Christ lui-méme 
est mort unefois pour nos péchés, 
le juste pour les injustes, afin de 
nous offrir à Dieu, ayant été mis 
à mort selon la chair, mais étant 
ressuscité selon l'esprit, 

19. En lequel il vint aussi pré- 


6. Genèse, xvii, 19. — 7. I Cor., vir, 3. — 9. Prov., ,טא‎ 13; Rom., xir, 17; I Thess., 
v, 15. — 10. Ps. xxxii, 18, — 11. Isaie, 1, 16. — 14. Matt., v, 10. — 10. Supra, n, 12. 


— 18. Rom., v, 6; Hébr., 1x, 28. 


1. Sagement; littér., selon la science. Les écrivains sacrés emploient souvent le mot 


science pour sagesse, prudence. 


12. La face du Seigneur veut dire ici, comme en plusieurs autres endroits, sa colère, 


son courrouzc. 


14. N'ayez aucune crainte d'eux; littér.; Ne craignez pas leur crainte; hébraisme 
d'une grande énergie. Le mot eux se rapporte aux méchants mentionnés au vers. 12. 
15. Mais glorifiez dans vos cœurs, etc. Cette traduction de Bossuet rend parfaite- 
ment l'expression qui, dans la Vulgate comme dans le grec, répond à l'hébreu dé- 


clarer, proclamer saint. 


19. En prison; c'est-à-dire dansles limbes. 


[cH. 1v.] 


cher les esprits retenus en prison, 

90. Qui avaient été incrédules 
autrefois, lorsqu'aux jours de Noé 
ils se reposaient sur la patience 
de Dieu, pendant qu'on bátissait 
l'arche dans laquelle peu de per- 
sonnes, c'est-à-dire huit seule- 
ment, furent sauvées par l'eau. 

91. Ce qui vous sauve mainte- 
nant vous-mémes, c'est un bap- 
téme semblable : non pas une 
purification des souillures de la 
chair, mais l'engagement d'une 
bonne conscience envers Dieu 
par la résurrection de Jésus- 
Christ, 

99, Qui est à la droite de Dieu, 
apres avoir absorbé la mort, pour 
que nous devinssions héritiers de 
la vie éternelle; et qui est monté 
au ciel, les anges, les puissances 
et les vertus lui étant assujettis. 


CHAPITRE IV. 


Vivre non selon les passions des hommes, 
mais selon la volonté de Dieu. Veiller 
et prier. Pratiquer la charité. Parler et 
agir par l'esprit de Dieu. Se réjouir 
dans les souffrances, Dieu juge ici les 
siens et leur est fidèle. 


1. Le Christ donc ayant souffert 
pour nous en sa chair, armez- 


PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PIERRE, 


2903 


vous aussi de la méme pensée, 
car celui qui a souffert en sa chair 
cesse de pécher; 

2. En sorte que ce n'est plus 
selon 165 convoitises des hommes, 
mais selon la volonté de Dieu 
qu'il vit, durant ce qui lui reste 
de temps dans la chair. 

3. Car c'est assez de temps con- 
sacré à satisfaire la volonté des 
gentils, pour ceux qui ont vécu 
dans les impudicités, les convoi- 
tises, la crapule, les excès du 
manger et du boire, et le culte 
sacrilege des idoles. 

4. Sur quoi ils s'étonnent que 
vous ne couriez plus avec eux à 
cette méme confusion de dé- 
sordres, et ils blasphèment. 

5. Mais ils rendront compte à 
celui qui est prét à juger les vi- 
vants etles morts. 

6. Car c'est pour cela que l'E- 
vangile a été préché aux morts 
eux-mémes, afin que jugés de- 
vant les hommes selon la chair, 
ils vivent devant Dieu selon l'es- 
prit. 

7. Or la fin de toutes choses est 
proche. Soyez done prudents et 
veillez dans la priere. 

8. Mais avant tout, ayez les uns 


20. Genèse, vir, 7; Matt., xxiv, 87; Luc, xvii, 26. — (ΠΑΡ. IV, 2, Ephés., 1v, 23. — 


8. Prov., x, 12. 


20. Par l'eau. Les eaux du déluge sauvèrent en effet la famille de Noé en soulevant 
l'arche, et en l'empéchant ainsi d'étre submergée. 

21. Le baptéme est semblable au déluge sous le rapport de l'eau employée pour 
figurer la gráce qui purifie l'àme, et qui, en la purifiant, lui procure le salut. — 
L'engagement; littér., linterrogation, mot qui se prend aussi quelquefois pour la 
promesse que l'on fait, l'engagement que l'on prend à la suite d'une question. Ainsi 
saint Pierre fait allusion, soit aux questions que l'on adresse à ceux qui se présentent 
pour recevoir le baptéme, s'ils sont bien résolus à renoncer au démon et à embrasser 
la foi chrétienne, soit aux promesses solennelles que ceux-ci font en réponse à ces 
questions. 


6. Aux morts; c'est-à-dire à ceux qui étaient retenus dans les limbes, et qui avaient 
été incrédules au temps de Noé (Supra ni, 19, 20); ou bien aux gentils, qui étaient re- 
gardés comme des morts ensevelis dans les ténèbres de l'erreur et de l'ignorance. 


2004 
pour les autres une charité cons- 
tante; car la charité couvre la 
multitude des péchés. 

9. Exercez l'hospitalité entre 
vous sans murmure ; 

10. Chacun de vous mettant au 
service des autres la grâce qu'il 
a reçue, comme de bons dispen- 
sateurs de la grâce multiforme de 
Dieu. 

41. Si quelqu'un parle, que ce 
soit comme des paroles de Dieu; 
si quelqu'un exerce un ministere, 
qu'il le fasse comme par la vertu 
que Dieu donne; afin qu'en toutes 
choses Dieu soit glorifié par Jé- 
sus-Christ, à qui est la gloire et 
l'empire dans les siècles des siè- 
cles. Amen. 

19. Mes bien-aimés, ne soyez 
pas surpris du feu ardent qui sert 
à vous éprouver, comme si quel- 
que chose d'extraordinaire vous 
arrivait; 

43. Mais participant ainsi aux 
souffrances du Christ, réjouissez- 
vous, afin qu'à la révélation de 
sa gloire vous vous réjouissiez 
aussi, transportés d'allégresse. 

14. Si on vous outrage pour le 
nom du Christ, vous serez bien 
heureux, parce que l’honneur, la 
gloire, la vertu de Dieu et son 
Esprit reposent sur vous. 

15. Mais qu'aucun de vous ne 
souffre comme homicide, ou vo- 
leur, ou médisant, ou avide du 
bien d'autrui. 

16. Et si c'est comme chrétien, 
qu'il ne rougisse point, mais qu'il 
glorifie Dieu en ce monde. 

47. Car voici le temps où doit 


PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PIERRE. 


[cu. v.) 


commencer le jugement par la 
maison de Dieu. Or s'il commence 
par nous, quelle sera la fin de 
ceux qui ne croient pas à l'Evan 
gile de Dieu? 

18. Et si le juste est à peine 
sauvé, l'impie et le pécheur, où 
se présenteront-ils? 

19. Ainsi, que ceux-là mémes 
qui souffrent selon la volonté de 
Dieu, remettentau Créateur fidele 
leurs âmes avec leurs bonnes 
œuvres. 


CHAPITRE V. 


Avis aux ministres de l'Evangile. Avis à 
tous les fidèles. S'humilier devant Dieu; 
se reposer en lui. Veiller sur soi; résis- 
ter au démon. Salutations. 


1. Je conjure donc 168 8 
qui sont parmi vous, prêtre 
comme eux et iémoin des souf- 
frances du Christ; moi qui suis 
participant à la gloire qui doit 
être révélée un jour; 

2. Paissez le troupeau de Dieu 
qui vous est confié, veillant sur 
lui, non par nécessité, mais spon- 
tanément selon Dieu; non point 
en vue d'un gain honteux, mais 
de plein gré, 

3. Et non comme dominant sur 
l'héritage du Seigneur, mais vous 
faisant de cœur le modèle du 
troupeau. 

4. Et lorsque paraitra le prince 
des pasteurs, vous obtiendrez la 
couronne de gloire qui ne se flé- 
irit jamais. 

8. Vous aussi, jeunes gens, 
soyez soumis aux prétres. Inspi- 
rez-vous tous l'humilité les uns 


9, Rom., xir, 18; Hébr., נא‎ 2; Phil., ri, 14. — 10. Rom., xir, 6; I Cor., 1v, 2. — 
18. Prov., x1, 81. — .גנ‎ V. 5. Col., 111, 12; Jac., 1v, 6. 


19. Avec leurs bonnes œuvres; c'est-à-dire en lui montrant leurs bonnes œuvres, 


[cu. v.] 


aux autres, parce que Dieu résiste 
aux superbes, et que c'est aux 
humbles qu'il donne la gráce. 

6. Humiliez-vous donc sous la 
puissante main de Dieu, pour qu'il 
vous exalte au temps de sa visite, 

7. Rejetant en lui toute votre 
sollicitude, parce qu'il alui-méme 
soin de vous. 

8. Soyez sobres et veillez, car 
votre adversaire, le diable, 
comme un lion rugissant, róde 
autour de vous, cherchant qui il 
pourra dévorer. 

9. Résistez-lui, forts dans la foi, 
sachant que la méme affliction 
est commune à vos frères qui 
sont dans le monde. 

10. Maisle Dieu de toute gráce, 
qui nous a appelés par le Christ 


PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PIERRE. 


2905 
Jésus à son éternelle gloire, apres 
que vous aurez souffert un peu 
detemps,vous perfectionnera lui- 
méme, vous fortifiera et vous 
affermira. 

11. A lui la gloire et l'empire 
dans les siècles des siècles. Amen. 

19. Je vous ai écrit brievement, 
ce me semble, par Silvain, notre 
frère fidèle, vous suppliant et 
vous protestant que la vraie 
gràce de Dieu est celle dans la- 
quelle vous demeurez fermes. 

13. L'Eglise qui est dans Baby- 
lone, élue comme vous, et Marc, 
mon fils, vous saluent. 

14. Saluez-vous les uns les au- 
tres par un saint baiser. Gráce à 
vous tous qui étes dans le Christ 
Jésus. Amen. 


6. Jac., 1v, 10. —- 7. Ps. Liv, 23; Matt., vi, 25; Luc, xit, 22. 


19. La vraie gráce de Dieu, etc. La vraie religion, la vraie voie du salut, celle que 
nous vous avons annoncée, et dans laquelle vous persévérez, malgré les persécutions 
qui vous ont été suscitées. — * Par Silvain. C'est probablement le Silvain ou Silas, 
compagnon de saint Paul. Voir Actes, xv, 22. 

13. Par Babylone, tous les anciens, suivis de la plupart des interprétes catholiques, 
et méme de quelques protestants trés célébres, tels que Grotius, Cave, Lardner, etc., 
ont entendu la viilede Rome, d’où l'Apótre a écrit cette lettre. Voy. notre Abrégé d'in- 
troduction, etc., p. 480. — Marc est saint Marc, l'Evangéliste, que saint Pierre appelle 
son fils, parce qu'il l'avait engendré à Jésus-Christ, en le convertissant, qu'il l'avait 
instruit et qu'il le regardait comme un de ses principaux disciples. 


— 2-0 0 04€ 0 0o o-9——— 


DEUXIÈME ÉPITRE DE S. PIERRE 


A OO NOU d US 
INTRODUCTION 


ΤΙ n'est pas permis de mettre en doute l'authenticité de cette Epitre, ni d'en 
placer la date aprés la mort de S. Pierre, puisqu'elle-méme désigne cet Apótre 
comme son auteur, et qu'elle est reconnue par toute l'Eglise comme inspirée. 
Cependant elle ne s'est pas propagée aussi vite que la première; et l'on voit 
qu'au deuxième et au troisième siècle, elle était l'objet de certaines hésitations. 
Dans plusieurs églises, on doutait qu'elle füt du Prince des Apótres, non qu'on 
nele jugeát pas digne de lui, mais parce qu'elle semblait avoir un style différent 
de celui de la précédente et qu'on y trouvait renfermée une partie de celle de 
S. Jude. Aussi est-elle du nombre des livres deutérocanoniques, comme l'Epitre 
de S. Jacques. Ces doutes n'ont pourtant pas empéché qu'elle n'ait été recue 
généralement en Occident comme en Orient, dés le milieu du quatrième siècle. 
Si elle diffère de la précédente à quelques points de vue, si elle a un style plus 
énergique et plus vif, elle s’en rapproche aussi sous certains rapporls, par ses 
citations de l'Ancien Testament, par ses allusions fréquentes aux mystères de 
Notre Seigneur, par des expressions singulières et pittoresques, par plusieurs 
de ses pensées, par la construction de ses périodes et par la manière dont sont 
énoncées ses maximes. D'ailleurs, quelque différence qu'il y ait sous ce rapport 
entre l'une et l'autre, on s'en étonnera peu, si l'on tient compte de ce que 
rapporte la tradition, que S. Pierre s'est servi de divers secrétaires pour rendre 
ses pensées. Des auteurs du second siècle ont nommé 5. Marc et Glaucias 
comme lui ayant servi d'interprétes. Peut-étre Sylvanus a-t-il été son secrétaire 
comme son messager pour sa première Epitre. 

Comme les hérétiques qu'il combattait dans sa première Epitre continuaient 
à nier la nécessité des bonnes œuvres, S. Pierre, averti par Notre Seigneur de 
la proximité de sa mort, crut qu'une seconde Lettre, laissée comme son testa- 
ment aux fidéles dont il avait la contiance, serait le moyen le plus efficace 
pour les détourner de l'erreur et les maintenir dans la bonne voie. Telle est 
l'idée qui a inspiré ce dernier écrit. Le prince des Apótres ne se contente pas 
de condamner l'erreur et de la flétrir : il démasque les séducteurs; il dénonce 
à l'avance ceux qui se préparent à désoler l'Eglise ; il réfute leurs erreurs et en 
signale les funestes effets. 

On remarque une certaine gradation dans l'exposé de ses idées. — Au pre- 
mier chapitre, il inculque les grands principes qui obligent les chrétiens à la 
pratique des vertus, et il fait sentir la certitude de la doctrine des Apótres. Elle 


INTRODUCTION. 2907 


ne repose pas sur des imaginations ou des théories savantes, comme celles des 
gnostiques, mais sur des faits, c’est-à-dire, sur des miracles dont ils ont été 
témoins et sur des prophéties dont l'accomplissement est manifeste. — Dans le 
second, il dévoile et flétrit les maximes et les mœurs des hérétiques et surtout 
des hérésiarques. — Dans le troisiéme, il réfute les raisons par lesquelles ils 
cherchaient à ébranler la foi des chrétiens; et parce qu'ils abusaient de certains 
passages de S. Paul pour autoriser leurs erreurs, il invoque lui-méme le témoi- 
gnage de l'Apótre, caractérise ses Epitres et en fait sentir la divine autorité. 


(L. Bacuez.) 


DEUXIÈME EPITRE 


DE SAINT PIERRE 


9. Apportez aussi tous vos soins 
pour joindre à votre foi la vertu; 
à la vertu, la science. 

6. A la science, la tempérance; 
à la tempérance, la patience ; à 
la patience, la piété ; 

7. À la piété, l'amour de vos 
freres; à l'amour de vos frères, la 
charité. 

8. Car si ces choses sont en 


CHAPITRE PREMIER. 


Dons de Dieu accordés aux fidéles. En- 
chainement des vertus qui commencent 
par la foi et qui se terminent par la 
charité. Affermir son élection par les 
bonnes œuvres. Transfiguration de Jé- 
sus-Christ. Usage des prophéties. 


1. Simon Pierre, serviteur et 
apótre de Jésus-Christ, à ceux qui 
ont reçu en partage la méme foi | vous et y dominent, elles feront 
que nous, par la justice de notre | que vous ne serez pas dépourvus 
Dieu et Sauveur Jésus-Christ. ei sans fruit dans la connaissance 
2. Que la gráce etla paix abon- | de Notre Seigneur Jésus-Christ. 
dent en vous par la connaissance 9. Mais celui en qui elles ne se 
de Dieu et du Christ Jésus Notre | trouvent pas, est aveugle et mar- 
Seigneur. che à tàtons, oubliant qu'il a été 
3. Comme tout ce qui est de sa | purifié de ses anciens péchés. 
divine puissance par rapport à la 10. C'est pourquoi, mes freres, 
vie et à la piété, nous a été donné | appliquez-vous davantage à ren- 
par la connaissance de celui qui | dre certaines par vos bonnes œu- 
nousaappelésparsapropregloire | vres votre vocation et votre élec- 
et sa propre vertu, lion; car agissant ainsi, vous ne 
4. Et par qui il a accompli les | pécherez jamais. 
grandes et précieuses promesses, 11. Et par ce moyen, vous sera 
afin que par elles nous devins- | largement donnée l'entrée au 
sions participants de la nature | royaume éternel de Notre Sei- 
divine, en fuyant la corruption | gneur Jésus-Christ. 
de la concupiscence qui est dans 12. C'est pourquoi j'aurai soin 
le monde ; de vous avertir toujours de ces 


5. Apportez aussi, etc., est l'apodose de Comme tout ce qu est, etc., du vers. 3. 

10. Ainsi notre vocation et notre élection sont liées l'une à l'autre et dépendent 
de nos bonnes œuvres. Dieu, en nous prédestinant à la béatitude éternelle, ne nous 
y à prédestinés qu'autant qu'il a prévu que nous coopérerions à sa grâce par nos 
bonnes œuvres. 


]68. [.זז‎ 
choses, bien que vous les sachiez, 
et soyez confirmés dans la vérité 
dont je vous parle présentement; 

13. Car je crois qu'il est juste 
que pendant que je suis dans cette 
tente, je vous ranime par cet 
avertissement; 

14. Gertain que bientôt se fera 
l'enlèvement de ma tente, comme 
Notre Seigneur Jésus-Christ me 
l'a signifié. 

15. Mais j'aurai soin que vous 
puissiez souvent, méme aprés ma 
mort, vous rappeler le souvenir 
de ces choses. 

16. En effet, ce n'est point en 
vous attachant à d'ingénieuses 
ficlions, que nous vous avons fait 
connaitre la puissance et l'avene- 
ment de Notre Seigneur Jésus- 
Christ; mais c'est apres avoir été 
les spectateurs de sa majesté. 

47. Car il reçut de Dieu le Père, 
honneur et gloire, lorsque des- 
cendant de la gloire magnifique, 
vint à lui cette voix : Celui-ci est 
mon Fils bien-aimé en qui j'ai 
mis mes complaisances : écou- 
iez-le. 

18. Et cette voix apportée du 
ciel, nous l'avons entendue nous- 
mémes, lorsque nous étions avec 
lui sur la montagne sainte. 


DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PIERRE. 


2909 


19. Et nous avons la parole 
plus ferme des prophètes, à la- 
quelle vous faites bien d'étre at- 
tentifs, comme à une lampe qui 
luit dans un lieu obscur, jusqu'à 
ce que le jour brille, et que l'étoile 
du matin se lève dans vos cœurs; 

20. Sachantavant tout que nulle 
prophétie de l'Ecriture ne s'ex- 
plique par une interprétation par- 
ticulière. 

21. Car ce n’est pas par la vo- 
lonté des hommes que la prophé- 
tie ἃ jamais été apportée; mais 
c'est inspirés par l'Esprit-Saint, 
qu'ont parlé les saints hommes 
de Dieu. 


CHAPITRE II. 


Faux docteurs, châtiment qui leur est ré- 
servé. Exemples de la justice de Dieu 
sur les démons, sur le monde par le 
déluge, sur Sodome et Gomorrhe. Faux 
docteurs caractérisés, Rechute pire que 
le premier état. 


1. Mais il y a eu aussi de faux 
prophètes dans 16 peuple, comme 
il y aura également parmi vous 
des maîtres menteurs, qui intro- 
duiront des sectes de perdition, 
et renieront le Seigneur qui nous 
a rachetés, attirant sur eux une 
prompte perdition. 

2. Et beaucoup verront leurs 


Cab. I. 14. Jean, xxr, 19. — 16. I Cor., 1, 17. — 17. Matt., xvur, 5. — 20. 11 Tim., in, 16. 


14. Jésus-Christ avait prédit à saint Pierre qu'il mourrait d'une mort violente; 
mais outre cette révélation générale, saint Pierre en eut d'autres particuliéres, selon 
plusieurs Pères. 

17. De la gloire magnifique; c’est-à-dire de la nuée où la gloire de Dieu parut avec 
un grand éclat. 

19. La certitude des anciennes prophéties était plus affermie dans l'esprit des Juifs, 
qui avaient toujours cru au témoignage des prophètes, mais qui avaient peine à 
croire au témoignage des apótres, et à qui les apótres étaient obligés de dire pour 
les convaincre : Ce ne sont pas des fables que nous vous préchons, mais ce que nous 
vous disons, nous l'avons vu de nos yeux, et c'est ce que les prophétes mémes vous 
ont annoncé. 

20. Nulle prophétie. On a pu déjà remarquer que, dans le langage des Hébreux, le 
mot fout, suivi d'une négalion, signifiait pas un seul, nul, aucun. 


9910 
déréglements, et par eux la voie 
de la vérité sera blasphémée. 

9. Et, dans leur avarice, ils tra- 
fiqueront de vous au moyen de 
paroles artificieuses : leur juge- 
ment déjà ancien n'est pas inter- 
rompu, ni leur perte endormie. 

4. Car si Dieu n'a pas épargné 
les anges qui ont péché ; mais si, 
chargés des chaines de l'enfer et 
précipités dans l'abime, illes a 
livrés afin d'étre tourmentés et 
réservés pour le jugement ; 

ὃ. S'il n'a pas épargné l'ancien 
monde, mais n'a sauvé que sept 
personnes avec Noé, prédicateur 
de la justice, amenant le déluge 
sur le monde des impies; 

6. Si, réduisant en cendres les 
villes de Sodome et de Gomorrhe, 
il les a condamnées à la ruine : 
exemple pour ceux qui vivraient 
dans l'iniquité ; 

1. Si enfin il a délivré le juste 
Lot opprimé de l'outrage des in- 
fâmes et de leur vie dissolue. 

8. (Car il était pur de ses yeux 
et de ses oreilles, habitant cepen- 
dant au milieu de ceux qui tour- 
mentaient chaque jour son âme 
juste par leurs œuvres détes- 
tables), 

9. C'est que le Seigneur sait dé- 
livrer les justes de la tentation, et 
réserver les méchants au jour du 


DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PIERRE. 


[cu. m.] 


jugement pour étre tourmentés; 

10. Et surtout ceux qui suivent 
la chair dans sa convoitise d'im- 
pureté, qui méprisent les puis- 
sances, sont audacieux, épris 
d'eux-mémes, et ne craignent 
point d'introduire des sectes, en 
blasphémant; 

11. Tandis que les anges, quoi- 
qu'ils soient supérieurs en force 
et en puissance, ne portent point 
les uns contre les autres des juge- 
ments de malédiction. 

19. Mais ceux-ci, comme des 
animaux sans raison, destinés 
naturellement à devenir une proie 
et à périr, blasphémant ce qu'ils 
ne connaissent pas, périront dans 
leur corruption, 

18. Recevant ainsi le salaire de 
l'iniquité, regardantcomme jouis- 
sance les plaisirs d'un jour : souil- 
lures et saletés, regorgeant de 
délices, dissolus dans leurs festins 
avec vous; 

14. Ayant les yeux pleins d'a- 
dultère et d'un péché qui ne cesse 
jamais; attirant les âmes incons- 
tantes; ayant le cœur exercé à 
l'avarice; fils de malédiction; 

15. Laissant la voie droite, ils 
se sont égarés en suivant la voie 
de Dalaam de Bosor, qui aima le 
prix de l'iniquité, 

16. Mais qui reçut le châtiment 


CuaP. II. 4. Job, 1v, 18; Jud., 6. — 5. Genèse, vri, 1. — 6. Genèse, xix, 25. — 15. Jude, 11. 


-- 16. Num., xxi, 28. 


4. Dans l’abime; littér., dans le tartare, mot que saint Pierre a pu employer pour 
exprimer l'enfer, puisqu'il rend parfaitement l'idée que la religion nous donne de 
l'enfer. 11 l'a pris sans doute des Juifs hellénistes devenus chrétiens. 

8. Ce verset forme évidemment une parenthése; c'est pour cela que nous l'avons 


enfermé entre des crochets. 


13. Souillures et saletés, pour pleins de souillures et de salelés; ce qui est bien 


moins énergique. 


14. Fils de malédiclion; hébraisme, pour: Voués à la malédiction. 


15. * Balaam, fils de Bosor ou Beor. 


16. * Une béte de somme muetle, l'ànesse de Balaam. 


[cg. [.זזז‎ 
de sa folie : une béte de somme 
muette, parlant d'une voix hu- 
maine, réprima la démence du 
prophèle. 

11. Ceux-là sont des fontaines 
sans eau, des nuées agitées par 
des tourbillons; l'obscurité pro- 
fonde des ténèbres leur est réser- 
vée. 

18. Car parlant le langage or- 
gueilleux de la vanité, ils attirent 
par les désirs de la chair de luxure 
ceux qui peu de temps aupara- 
vant se sont retirés des hommes 
vivant dans l'erreur. 

19. 115 leurs promettent la liber- 
té, quoiqu'ils soient eux-mêmes 
esclaves de la corruption; car on 
est esclave de celui par quion a 
616 vaincu. 

20. Si donc après avoir cherché 
un refuge contre les souillures 
du monde, dans la connaissance 
de Notre Seigneur et Sauveur 
Jésus-Christ, et s'y être engagés 
de nouveau, ils sont vaincus, 
leur dernier état devient pire que 
le premier. 

91. Il eüt mieux valu pour 
eux de ne pas connaitre la voie 
de la justice, que de l'avoir con- 
nue et de revenir ensuite en 
arriere, s'éloignant du saint com- 
mandement qui leur avait été 
donné. 

22. Car il leur est arrivé ce que 
dit un proverbe vrai : Le chien 


DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PIERRE. 


2911 


est retourné à son vomissement: 
et : Le pourceau lavé s'est vautré 
de nouveau dans la boue. 


CHAPITRE TII. 


Imposteurs qui mépriseront la promesse 
du second avénement de Jésus-Christ. 
Embrasement du monde. Patience de 
Dieu. Avènement de Jésus-Christ. 
Monde renouvelé. Saint Paul loué; dif- 
ficulté de ses Epitres. Croitre en gráce 
et en science. 


1. Voici, mes bien-aimés, la se- 
conde lettre que je vous écris; 
dans l'une et l'autre je réveille 
vos âmes sincères par mes aver- 
tissements ; 

2. Afin que vous vous souveniez 
des paroles des saints prophètes, 
que je vous ai rappelées, et des 
commandements que vos apótres 
vous ont faits au nom du Seigneur 
et Sauveur. 

3. Sachant avant tout qu'il vien- 
dra à la fin des jours des impos- 
teurs artificieux, marchant selon 
leurs propres convoitises, 

4. Disant : Où est la promesse 
ou son avènement? Car depuis 
que nos pères se sont endormis, 
tout demeure comme au com- 
mencement de la création. 

ὃ. Mais ils ignorent, le voulant 
bien, que par la parole de Dieu, 
existerent d'abord les cieux et la 
terre qui sortit de l'eau, et qui 
subsiste par l’eau; 


17. Jude, 12. — 19. Jean, virr, 34; Rom., vi, 16, 20. — 20. Hébr., vi, 4; Matt., xir, 45. 
— 22. Prov., xxvi, 11. — Cab. HII. 3. I Tim., 1v, 1; II Tim., 111, 1; Jude, 18. — 4. Ezéch., 


KIT Te 


21. Le saint commandement; c'est-à-dire la loi évangélique. Le sens du verset est: 
Ils auraient été moins criminels s'ils n'avaient jamais connu la vérité; car ils n'au- 
raient pas eu au moins à se reprocher l'infidélité, l'ingratitude et l'apostasie. 


4. La plupart des hérétiques qui parurent du temps de saint Pierre et aprés sa 
mort, niaient l'avénement futur du Sauveur, Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., 


Ρ. 484. 


2912 

6. Par oüle monde d'alors périt 
inondé par l'eau. 

7. Quant aux cieux qui exis- 
tent maintenent, et à la terre, 
c'est par la méme parole qu'ils 
sont conservés, étant réservés au 
feu pour le jour du jugement et 
de la ruine des hommes impies. 

8. Mais il est une chose que 
vous ne devez pas ignorer, mes 
bien-aimés, c'est qu'un seul jour 
devant le Seigneur est comme 
mille ans, et mille ans comme un 
seul jour. 

9. Ainsi le Seigneur ne retarde 
pas sa promesse, comme quel- 
ques-uns se limaginent; mais il 
agit patiemment à cause de vous, 
ne voulant pas méme que quel- 
ques-uns périssent, mais que tous 
recourent à la pénitence. 

10. Car le jour du Seigneur 
viendra comme un voleur; et 
alors, avec un grand fracas, les 
cieux passeront, les éléments 
embrasés seront dissous, et la 
terre, et tout ce qui est en elle 
sera consumé par le feu. 

11. Puis donc que toutes ces 
choses doivent être détruites, 
quels ne devez-vous pas être en 
sainteté de conduite et en piété, 

19. Attendant et hâtant le jour 
du Seigneur; jour où les cieux 
embrasés seront dissous, et les 
éléments fondus par l'ardeur du 
feu? 


DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PIERRE. 


[cu. 1u.] 


13. Car nous attendons, selon 
sa promesse, de nouveaux cieux 
et une nouvelle terre, dans les- 
quels la justice habite. 

14. C'est pourquoi, mes bien- 
aimés, attendant ces choses, met- 
lez tous vos soins à ce qu'il vous 
trouve en paix, purs et sans au 
cune tache. 

15. Et croyez quelalonganimité 
de Notre Seigneur est un moyen 
de salut, comme notre très cher 
frère Paullui-méme vous l'a écrit 
selon la sagesse qui lui a été 
donnée, 

16. Comme il le fait aussi en 
toutes ses lettres, où il parle du 
méme sujet, et dans lesquelles il 
a quelques endroits difficiles à 
entendre, que des hommes igno- 
rants et légers détournent à de 
mauvais sens, aussi bien que les 
autres Ecritures, pour leur propre 
perte; 

17. Vous done, mes frères, qui 
en étesinstruits d'avance, prenez 
garde à vous, de peur qu'entrai- 
nés par l'erreur des insensés, 
vous ne perdiez de votre propre 
fermeté. 

18. Croissez au contraire dans 
la grâce et dans la connaissance 
de Notre Seigneur et Sauveur 
Jésus-Christ. Α lui la gloire, et 
maintenant, el jusqu'au jour de 
l'éternité. 

Amen. 


10. I Thess , v, 2; Apoc., in, 3; xvi, 15. — 13. Isaie, Lxv, 17; Lxvr, 22; Apoc., xxt, 1 


-- 15. Rom., r1, 4. 


6. Par où; littér., par lesquelles choses; c'est-à-dire par les cieux et la terre qui 


fournirent les eaux du déluge. 


10. Et tout ce qui est en elle; littér.: Tous les ouvrages qui sont en elle; c'est-à-dire 
toutesles productions de la nature et des arts. 


PREMIERE EPITRE DE S. JEAN 


— 002€ 000 
INTRODUCTION 


L'authenticité de cette Epitre n'a jamais été contestée, et elle ne pourrait 
l'être sérieusement. D'ailleurs, il suffit de la lire pour être convaincu que 
S. Jean en est l'auteur. S'il ne se désigne pas par son nom ou par ses préroga- 
lives, il ne s'en révéle pas moins dela maniére la plus manifeste. Il affirme 
qu'il a été témoin de tout ce que le Verbe de vie a fait lorsqu'il était sur la 
terre. Il parle comme étant bien connu de ceux à qui il s'adresse. Il s'exprime 
en docteur, en maitre, en pére. Aux erreurs qu'il combat, on peut voir l'épo- 
que où il a écrit : ce ne peut être que la fin du premier siècle. Les vérités qu'il 
enseigne et la maniére dont il les énonce font reconnaitre l'auteur du quatriéme 
Evangile. Le fond des idées est le méme dans les deux écrits et ne diffère pas 
de celui de l'Apocalypse. De part et d'autre, ce sont les mémes dogmes : la 
divinité du Sauveur, l'universalité de la rédemption, la réalité de la vie future. 
C'est le méme accent, la méme conviction, la méme candeur, la méme ten- 
dresse, le méme zéle à confesser la foi et àla communiquer. C'est aussi le 
méme style : méme simplicité dans les constructions, mêmes expressions favo- 
rites, mêmes parallélismes, mêmes répétitions, mêmes maximes ei mêmes 
images. Enfin, c'est un langage que S. Jean seul a parlé, langage de la spiri- 
tualité la plus sublime et de la bonté la plus paternelle, tout de lumiére, de 
pureté et d'amour. 

On admet assez communément que cette Epitre a été écrite à l'occasion du 
quatriéme Evangile, pour en annoncer la publication et en indiquer le but. Ce 
fait n'est garanti par aucun témoignage bien exprés; mais l'Epitre répond 
bien à ce dessein : elle est comme le sommaire de cet Evangile et elle pourrait 
en étre la préface. 

D'anciens Péres ont supposé que S. Jean s'adressait à des Juifs convertis, 
résidant chez les Parthes. Mais la Lettre ne fournit aucune base à ce senti- 
ment. On n/y trouve rien qui en restreigne la destination : elle ne contient 
aucune salutation, ni au commencement ni à la fin, de sorte qu'elle semble 
plutôt avoir été destinée, comme l'Evangile méme, à l'Eglise entière. On peut 
présumer seulement que l'une et l'autre auront été publiés, d'abord à Ephése 
où devait être l'Apótre, puis dans l'Asie-Mineure où dogmatisaient les héré- 
tiques qu'il combat. 

On connait les circonstances qui l'ont déterminé à prendre la plume, si long- 
temps aprés les Synoptiques et les autres écrivains sacrés. Dés l'origine de 


N. T. 185 


9914 PREMIERE ÉPITRE DE SAINT JEAN. 


l'Eglise, un grand nombre de judaisants, à demi convertis, s'éprirent du désir 
de se faire fondateurs de religions, ou plutót réformateurs et chefs de sectes. 
Chacun se composa à son gré un systéme oü il mélangea à divers degrés les 
dogmes du christianisme, les traditions juives et les idées philosophiques de 
l'Orient. De là un commencement de gnose, assez indécis d'abord, qui se diver- 
sifia suivant les lieux et les personnes, mais dont la tendance générale était de 
rabaisser la dignité du Sauveur et de reporter sur les spéculations philoso- 
phiques l'importance que la religion chrétienne attachait à la pratique de la 
vertu. Cérinthe (80-100) ne voulut voir en Jésus-Christ qu'une union morale et 
passagère du Christ ou du Dieu suprême avec une personne humaine. D'autres 
ne reconnurent méme pas la réalité de cette courte union. Selon eux, la chair 
ayant pour auteur le principe du mal et étant mauvaise de sa nature, le Verbe 
n'avait pu s'unir à elle : il n'avait pris qu'une forme humaine pour nous don- 
ner des instructions et des exemples. ἢ n'existait donc pas d'Homme-Dieu. 
Quant à la rédemption, elle n'avait pas eu lieu non plus. Il est vrai qu'elle 
perdait sa raison d'étre, l'homme n'ayant pas besoin d'étre racheté, mais seu- 
lement d'étre instruit; car c'était une maxime admise par tous ces novateurs, 
que pour plaire à Dieu, il suffisait de le connaitre et d'avoir l'intelligence de 
ses mystères. A leurs yeux, la science et la sainteté étaient une méme chose. 
La vertu ne contribuait en rien à la perfection, et le péché n'y mettait aucun 
obstacle. 

S. Paul, passant prés d'Ephése en l'an 58, avait annoncé l'apparition pro- 
chaine de ces hérésies, et, un peu plus tard, écrivant à Timothée, évéque de 
cette ville, il lui inculquait l'obligation oü il était de les combattre. Mais ce 
fut surtout l’œuvre de S. Jean qui vint lui-même s'établir à Ephése après la 
mort de la sainte Vierge. Il s'en acquitta, en affirmant, avec toute l'énergie et 
la netteté possibles, dans cette Epitre comme dans son Evangile, les dogmes 
les plus essentiels du christianisme, la nature humaine du Sauveur, sa divinité 
et surtout l'union personnelle de son humanité et de sa divinité. Aussi se 
trouve-t-il avoir réfuté par avance les hérésies plus dangereuses et plus puis- 
santes qui allaient bientôt déchirer l'Eglise, et altérer, chacune à sa manière, 
le mystére de l'Incarnation : l'arianisme, le nestorianisme, l'eutychianisme, etc. 

Nul écrit ne se préte moins à une analyse proprement dite. On voit bien 
néanmoins le but de l’auteur : il est à la fois dogmatique et moral. En méme 
temps qu'il affermit les fidèles dans la croyance à la divinité du Sauveur, à la 
réalité de son sacrifice et à l'universalité de la Rédemption, S. Jean s'efforce de 
les convaincre de la nécessité de pratiquer la vertu et surtout de l'importance 
de la charité. Ainsi les exhortations se mêlent à la polémique et aux enseigne - 
ments doctrinaux. Jésus-Christ est montré tour à tour comme vrai Dieu, comme 
vrai homme, comme médiateur, comme victime, comme source de toute gràce 
et de tout pardon. Le péché est présenté comme incompalible avec 18 6 
sanctifiante, et les bonnes œuvres comme indispensables pour le salut. De l’en- 
semble de l'Epitre résulte cette conclusion : Que la vocation du chrélien est de 
participer à la vie de Dieu, en s'attachaat à Notre Seigneur par la foi et en 
s'appropriant ses mérites par une vie pure et sainte. (L. Bacuez.) 


PREMIERE ÉPITRE 


DE SAINT JEAN 


CHAPITRE PREMIER. 


Jésus-Christ vie éternelle apparue aux 
hommes. Société entre Dieu et nous. 
Marcher dans la lumière, pour être en 
société avec Dieu. Se dire sans péché, 
c'est mentir et accuser Dieu méme de 
mensonge. 


1. Ce qui était dés le commen- 
cement, ce que nous avons en- 
tendu, ce que nous avons vu de 
nos yeux, ce que nous avons con- 
templé et touché par nos mains, 
du Verbe de la vie 

9. (Car la vie s'est manifestée, 
nous l'avons vue, nous l’attes- 
tons, et nous vous l'annoncons, 
cette vie éternelle qui nous est 
apparue); 

3. Ce que nous avons vu et en- 
tendu, nous vous l’annonçons, 
afin que vous entriez vous-mémes 
en société avec nous, et que notre 
société soit avec le Père et avec 
son Fils Jésus-Christ. 

4. Et nous vous écrivons ceci, 
afin que vous vous réjouissiez, 


et que votre joie soit complete. 

9. Or ce que nous vous annon- 
cons apres l'avoir entendu, c'est 
que Dieu est lumiere, et qu'il n'y 
a point en lui de ténèbres. 

6. Si nous disons que nous 
sommes en société avec lui, et 
que nous marchions dans les té- 
nèbres, nous mentons et nous ne 
suivons pas la vérité. 

1. Mais si nous marchons dans 
la lumière, comme lui-même est 
dans la lumière, nous sommes 
ensemble dans la même société, 
et le sang de Jésus-Christ, son 
Fils, nous purifie de tout péché. 

8. Si nous disons que nous n'a- 
vons pas de péché, nous nous 
trompons nous-mêmes, et la vé- 
rité n'est pas en nous. 

9. Si nous confessons nos pé- 
chés, il est fidèle et juste pour 
nous remeltre nos péchés, et 
pour nous purifier de toute ini- 
quité. 

10. Si nous disons que nous 
n'avons point péché, nous le fai- 


Cuap. I. 5. Jean, vri, 12. — 7. Hóbr., 1x, 14; I Pierre, 1, 19; Apoc., 1, 5. — 8. III Rois, 
vii, 46; II Par., vr, 36; Prov., xx, 9; Eccl., vit, 21. 


2. Ce verset forme évidemment une parenthèse, c'est pour cela que nous l'avons 


enfermé entre des crochets. 


10. Nous le faisons menteur; puisque nous soutenons 16 contraire de ce que l'Ecri- 
ture nous enseigne, savoir que nul n'est sans péché. Voy., en effet, Ps. cxv, 2; 
Job, xiv, 4; Proverb., xxiv, 16; Eccl., vii, 21. 


2910 
sons menteur, et sa parole n’est 
point en nous. 


CHAPITRE II. 


Jésus-Christ victime de propitiation pour 
les péchés de tout le monde. Qui de- 
meure en lui doit marcher comme lui. 
Qui hait son frère est dans les ténèbres. 
Qui aime le monde n'aime point Dieu. 
Triple concupiscence. Plusieurs Ante- 
christs. L'onction divine enseigne tout. 


1. Mes petits enfants, je vous 
écris ceci pour que vous ne pé- 
chiez point. Cependant, si quel- 
qu'un peche, nous avons pour 
avocat auprès du Père, Jésus- 
Christ le Juste. 

2. Et il est lui-méme propitia- 
tion pour nos péchés ; non-seule- 
ment pour les nótres, mais aussi 
pour ceux de tout le monde. 

3. Or ce qui nous assure que 
nous le connaissons, c'est si nous 
gardons ses commandements. 

4. Gelui qui dit le connaitre et 
ne garde pas ses commandements 
est un menteur, et la vérité n'est 
pas en lui. 

5. Mais celui qui garde sa pa- 
role ἃ vraiment en lui l'amour 
parfait de Dieu; et c'est par là 
que nous connaissons que nous 
sommes en lui. 

6. Celui qui dit qu'il demeure 
en lui doit marcher lui-méme 
comme il a marché. 

7. Mes bien-aimés, ce n'est pas 
un commandement nouveau que 
je vous écris, mais le comman- 


PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT JEAN. 


[cu. 11.] 


dement ancien que vous avez 
recu dès le commencement; et ce 
commandement ancien, c'est la 
parole que vous avez entendue. 

8. Cependant je vous écris un 
commandement nouveau, qui est 
vrai en lui et en vous, parce que 
les ténèbres sont passées, et que 
déjà luit la vraie lumiere. 

9. Celui qui dit étre dans la lu- 
miere, et qui hait son frère, est 
encore dans les ténèbres. 

10. Celui qui aime son frere 
demeure dans la lumiere, et le 
scandale n'est point en lui. 

11. Mais celui qui hait son frere 
est dans les ténèbres, marche 
dans les ténèbres, et ne sait οἱ il 
va, parce que les ténèbres ont 
aveuglé ses yeux. 

12. Je vous écris, petits enfants, 
parce que vos péchés vous sont 
remis en son nom. 

13. Je vous écris, peres, parce 
que vous avez connu celui qui est 
des le commencement. Je vous 
écris, jeunes gens, parce que vous 
avez vaincu le malin. 

14. Je vous écris, enfants, parce 
que vous avez connu le Père. Je 
vous écris, jeunes hommes, parce 
que vous êtes forts, que la parole 
de Dieu demeure en vous, et que 
vous avez vaincu le malin. 

15. N'aimez point le monde ni 
ce qui est dans le monde. Si quel- 
qu'un aime le monde, la charité 
du Père n'est pas en lui. 


Cuar. 11. 8, Jean, xri, 34 et xv, 12. — 10. Infra, ur, 14. 


1. Le Juste. Le titre de Juste par excellence est donné à Jésus-Christ dans plusieurs 
passages de l'Ecriture. 

1, 8. Le commandement d'aimer le prochain est aussi ancien que le monde, c'est 
une loi de la nature méme; mais il est devenu un commandement nouveau par la 
perfection que Jésus-Christ y a attachée. 

13. Le malin esprit, le démon. 


[cu. n.] 


16. Parce que tout ce qui est 
dans le monde est convoitise de 
la chair, convoitise des yeux, or- 
gueil de la vie; or cela ne vient 
pas du Père, mais du monde. 

17. Or le monde passe, et sa 
concupiscence aussi; mais celui 
quifaitlavolonté deDieu demeure 
éternellement. 

18. Mes petits enfants, cette 
heure-ci est la dernière heure; et 
comme vous avez entendu que 
l'Antechrist vient, il y a mainte- 
nant beaucoup d'Antechrists 
d’où nous savons que c'est la der- 
niere heure. 

19. Ils sont sortis d'avec nous, 
mais ils n'étaient pas de nous; 
car s'ils avaient été de nous, ils 
seraient certainement demeurés 
avec nous. 

90. Pour vous, vous avez recu 
du Saint l'onction, et vous con- 
naissez toutes choses. 

21. Aussi je ne vous ai pas écrit 
comme si vous ignoriez la vérité, 
mais comme la connaissant, et 
sachant qu'aucun mensonge ne 
vient de la vérité. 

99. Qui est le menteur? si- 
non celui qui nie que Jésus 
soit le Christ? Celui-là est l'Ante- 


PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT JEAN. 


2917 
christ, qui niele Pére etle Fils. 

23. Quiconque nie le Fils ne re- 
connait pas le Père; qui confesse 
le Fils reconnait aussi le Pere. 

24. Pour vous, que ce que vous 
avez entendu dés le commence- 
ment demeure en vous, vous de- 
meurerez, vous aussi, dans le 
Fils et dans le Père. 

25. Et la promesse qu'il nous a 
faite lui-méme, c'est la vie éter- 
nelle. 

26. Voilà ce que je vous écris 
à l'égard de ceux qui vous sé- 
duisent. 

27. Pour vous, que l'onction 
que vous avez recue de lui de- 
meure en vous. Vous n'avez pas 
besoin que quelqu'un vous ins- 
truise; mais ce que son onction 
vous enseigne de toutes choses 
est vrai, et n'est pas un men- 
songe. Ainsi, comme il vous l'a 
enseigné, demeurez en lui. 

28. Oui, mes petits enfants, de- 
meurez en lui, afin que lorsqu'il 
apparaitra, nousayons confiance, 
et que nous ne soyons pas con- 
fondus à son avènement. 

29. 51 vous savez qu'il est juste, 
sachez aussi que quiconque pra- 
tique la justice, est né de lui. 


18. * Il y a maintenant beaucoup d'Antechrisis, c'est-à-dire de pécheurs et d'héré- 
tiques. 

19. Is n'étaient pas de nous; ils n'étaient pas des nôtres, parce qu'ils n'étaient pas 
sincèrement chrétiens. 

20. Du Saint. Les prophétes ont appelé Jésus-Christ le Saint par excellence; plu- 
sieurs écrivains sacrés lui ont donné le nom de Juste, notamment saint Jean dans 
cette méme Epitre (i, 1). Saint Pierre réunit ces deux titres dans un de ses dis- 
cours (Act., 111, 14). — Les vrais enfants de l'Eglise, participant à l'onction de l'Esprit- 
Saint, y trouvent toutes les connaissances, toute l'instruction nécessaire, sans avoir 
besoin de les chercher ailleurs. 

21. Comme il vous, etc.; selon d'autres, comme elle; c'est-à-dire l'onction. A la 
vérité, le Grec et la Vulgate sont amphibologiques; mais la version syriaque porte 
il, c'est-à-dire le Fils de Dieu, nommé aux versets précédents. 

28. Oui. Nous avons déjà fait remarquer (Jean, xvir) que dans beaucoup de pas- 
sages la particule du texte que l'on traduit généralement par maintenant était pure- 
ment enclitique. 


9918 


CHAPITRE III. 


Les chrétiens enfants de Dieu. Quicommet 
i le péché est enfant du diable. Qui est 
!  nédeDieu ne pèche point. Qui n'aime 
point son frére demeure dans la mort. 
Aimer non de parole, mais réellement. 
Dieu demeure en nous par son Esprit. 


1. Voyez quelle charité le Pere 
a eue pour nous, de vouloir que 
nous soyons appelés, et que nous 
soyons réellement enfants de 
Dieu! Si done le monde ne nous 
connait pas, c'est parce qu'il ne 
le connait pas. 

2. Mes bien-aimés, nous som- 
mes maintenant enfants de Dieu; 
mais on ne voit pas encore ce 
que nous serons. Nous savons 
que lorsqu'il apparaitra nous se- 
rons semblables à lui, parce que 
nous le verrons tel qu'il est. 

3. Et quiconque a cette espé- 
rance en lui se sanctifie, comme 
lui-méme est saint. 

4. Quiconque commet le péché 
commet l'iniquité; car le péché 
est l'iniquité. 

9. Et vous savez qu'il estapparu 
pour ôter nos péchés; et il n'y a 
pas de péché en lui. 

6. Quiconque done demeure en 
lui ne peche point, et quiconque 
peche ne l'a point vu et ne l'a 
pas connu. 

1. Mes petits enfants, que per- 
sonne ne vous séduise. Qui pra- 
tique la justice est juste, comme 
lui-même est juste, 


PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT JEAN. 


[cn. m.] 


8. Celui qui commet le péché 
est du diable, parce que le diable 
peche dès le commencement. S° 
le Fils de Dieu est apparu, c'est 
pour détruire les œuvres du 
diable. 

9. Quiconque est né de Dieu ne 
commet point le péché, parce que 
la semence divine demeure en 
lui, et il ne peut pécher, parce 
qu'il est né de Dieu. 

10. C'est à cela qu'on connait 
les enfants de Dieu et les enfants 
du diable. Quiconque n'est pas 
juste n'est pas de Dieu, non plus 
que celui qui n'aime pas son frère. 

11. Car ce qui vous a été an- 
noncé et que vous avez entendu 
des le commencement est que 
vous vous aimiez les uns les au- 
tres; 

19. Non pas comme Cain, qui 
était du malin, et qui tua son 
frère. Or pourquoi 16 7? 
Parce que ses œuvres étaient 
mauvaises et celles de son frère 
justes. 

13. Ne vous étonnez point, mes 
frères, si le monde vous hait. 

14. Noussavons que nous avons 
passé dela mort à la vie, parce 
que nous aimons nos freres. Ce- 
lui qui n'aime pas demeure dans 
la mort. 

15. Quiconque hait son frère 
est homicide. Or voussavez qu'au- 
cun homicide n'a la vie éternelle 
demeurant en lui. 

16. Nous avons connu la charité 


Car. III. 5. Isaïe, Lir, 9; 1 Pierre, מז‎ 22. — 8. Jean, viu, 44. — 11. Jean, וזא‎ 34; 
xv, 12. — 12. Genèse, iv, 8. — 14. Lóv., xix, 17; Supra, 11, 10. — 16. Jean, xv, 13. 


6. Ne péche point; c'est-à-dire qu'il ne tombe point dans des péchés graves, qu'il 
ne se laisse pas aller au crime; s'il commet quelque faute par fragilité, il a soin de 


les expier par la pénitence. 


8. Est apparu dans le monde, est venu dans le monde. 
12. Du malin esprit, du démon. — * Cain... !ua son frère Abel 


[ca. 1v.] 


de Dieu en cela qu'il a donné sa 
vie pour nous; ainsi nous devons 
de méme donner notre vie pour 
nos freres. 

47. Si celui qui a des biens de 
ce monde voit son frère dans le 
besoin, etlui ferme ses entrailles, 
comment l'amour de Dieu demeu- 
rerait-il en lui? 

18. Mes petits enfants, n'aimons 
point de parole ni de langue, mais 
en ceuvres et en vérité. 

19. C'est par là que nous con- 
naissons que nous sommes de la 
vérité, et c'est devant Dieu que 
nous en persuaderons nos CŒœurs. 

90. Que si notre cœur nous con- 
damne, Dieu est plus grand que 
notre cœur, et connait toutes 
choses. 

91. Mes bien-aimés, si notre 
cœur ne nous condamne point, 
nous avons confiance en Dieu. 

22. Et tout ce que nous deman- 
derons, nous le recevrons de lui, 
parce que nous gardons ses com- 
mandements, et que ce qui lui est 
agréable, nous le faisons. 

23. Or voici son commande- 
ment: c'est que nous croyions 
au nom de son Fils Jésus-Christ 
et que nous nous aimions les uns 
les autres, comme il en a donné 
le commandement. 

24, Et qui garde ses comman- 


PREMIÉRE ÉPITRE DE SAINT JEAN. 


2019 


dements demeure enDieu,etDieu 
en lui; et nous savons qu'il de- 
meure en nous par l'Esprit qu'il 
nous a donné. 


CHAPITRE IV. 


Discernemeut des esprits. S'aimer les uns 
les autres. Amour de Dieu envers nous, 
modèle de l'amour que nous devons à 
nos fréres. Celui qui demeure dans la 
charité demeure en Dieu. Confiance 
qu'inspire la charité. Celui qui hait son 
frére n'aime point Dieu. 


1. Mes bien-aimés, ne croyez 
point à tout esprit, mais éprouvez 
les esprits, 5115 sont de Dieu; 
parce que beaucoup de faux pro- 
phètes se sont élevés dans le 
monde. 

2. Voici en quoi se connait 
l'Esprit de Dieu : Tout esprit qui 
confesse que Jésus-Christ est 
venu dans la chair est de Dieu ; 

9. Et tout esprit qui détruit 
Jésus n'est point de Dieu, et celui- 
là est l'Antechrist, dont vous 
avez oui dire qu'il vient; or il est 
déjà dans le monde. 

4. Vous, vous étes de Dieu, mes 
petits enfants, et vous l'avez 
vaincu ; parce que celui qui est 
en vous est plus grand que celui 
qui est dans le monde. 

9. Eux sont du monde, c'est 
pourquoi ils parlent du monde, 
et le monde les écoute. 


17. Luc, ur, 11; Jac., 1 15. — 22. Matt., xxt, 22. — 23. Jean, vi, 29; xvi, 3; xui, 


34; xv, 12. — Cuap. IV. 5. Jean, vri, 47. 


1. Eprouver les esprits, c'est, par exemple, examiner si leur doctrine est conforme 
à la foi catholique, à l'enseignement de l'Eglise. 

2. Tout esprit, etc. Ce n'est pas dire que la confession de ce point de foi seul soit 
dans tous les temps et dans tous les cas suffisante; mais cela se rapporte à ce temps- 
là et à cette partie de la doctrine chrétienne qu'on devait particuliérement alors 
confesser, enseigner et maintenir contre les hérétiques qui avaient paru; c'était la 
meilleure marque à laquelle on püt distinguer les vrais des faux docteurs. 

3. Qui détruit ou qui divise Jésus-Christ, soit en niant sa nature humaine, ou sa 
divinité, soit en niant qu'il soit le Messie promis et envoyé de Dieu. 


2920 

6. Nous, nous sommes de Dieu. 
Qui connait Dieu nous écoute; 
qui n'est pas de Dieu ne nous 
écoute point; et c'est à cela que 
nousconnaissonsl'esprit de vérité 
et l'esprit d'erreur. 

7. Mes bien-aimés, aimons- 
nous les uns les autres, parce que 
la charité est de Dieu. Ainsi qui- 
conque aime est né de Dieu et 
connait Dieu. 

8. Qui n'aime point ne connait 
pas Dieu, parce que Dieu est cha- 
Dile 

9. La charité de Dieu a paru en 
cela qu'il a envoyé son Fils uni- 
que dans le monde, afin que nous 
vivions par lui. 

10. Et cette charité consiste en 
ce que ce n'est pas nous qui avons 
aimé Dieu, mais que c'est lui qui 
nous a aimés le premier, et quia 
envoyé son Fils, propitiation pour 
nos péchés. 

41. Mes bien-aimés, si Dieu 
nous ἃ ainsi aimés, nous devons, 
nous aussi, nous aimer les uns 
les autres. 

19. Personne n’a jamais vu 
Dieu. Si nous nous aimons les 
uns les autres, Dieu demeure en 
nous, et sa charité en nous est 
parfaite. 

13. Nous connaissons que nous 
demeurons en lui, et lui en nous, 
en cela qu'il nous a donné de son 
Esprit. 


PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT JEAN. 


[cir. 1v.] 


14. Et nous, nous avons vu et 
nous attestons que le Père a en- 
voyé son Fils, Sauveur du monde. 

15. Quiconque confesse que 
Jésus est le Fils de Dieu, Dieu 
demeure en lui, et lui en Dieu. 

16. Quant à nous, nous avons 
connu la charité que Dieu a pout 
nous, et nous y avons cru. Dieu 
est charité ; et qui demeure dans 
la charité demeure en Dieu, et 
Dieu en lui. 

11. Or la charité de Dieu n'est 
parfaite en nous, de manière que 
nous ayons confiance au jour du 
jugement, qu'autant que nous 
sommes en ce monde tels qu'il 
est, 

18. Car il n'y a point de crainte 
dans la charité ; mais la charité 
parfaite chasse la crainte, parce 
que la crainte est accompagnée 
de peine ; ainsi, celui qui craint 
n'est point parfait dansla charité. 

19. Nous donc, aimons Dieu, 
parce que Dieu nous a aimés le 
premier. 

20. Si queiqu'un dit : J'aime 
Dieu, et qu'il haisse son frère, 
cest un menteur. Car celui qui 
n'aime point son frere qu'il voit, 
comment peut-il aimer Dieu qu'il 
ne voit pas? 

21. De plus, nous avons ce 
commandement de Dieu : Que ce- 
lui qui aime Dieu aime aussi son 
ו‎ 


9. Jean, rrr, 10. — 12. Jean, r, 18; I Tim., vi, 16. — 21. Jean, xui, 34; xv, 12; Ephés., v,2. 


11. Tels qu'il est. Jésus-Christ étant saint et sans tache, nous devons, nous aussi, 
nous maintenir dans ce monde purs de toute tache du péché. 

18. La charité parfaite, ou l'amour, chasse la crainte des hommes, comme aussi 
toute inquiétude qui nous porte à douter de la miséricorde de Dieu, et cette crainte 
servile qui nous fait appréhender la punition du péché plutót que l'offense de Dieu. 
Mais elle n'exclut pas la crainte salutaire des jugements de Dieu, si souvent recom- 
mandée dans les Livres saints, pas plus que cette crainte et ce tremblement avec 
lesquels saint Paul (PAilipp., 1, 12) nous recommande d'opérer notre salut. 


[ca. v.] 


CHAPITRE V. 


Amour de Dieu et du prochain. Com- 
mandements de Dieu non pénibles. Foi 
victorieuse du monde.+Témoins qui dé- 
posent pour Jésus-Christ. Qui ne croit 
pas en Jésus-Christ fait Dieu menteur, 
et n'a point la vie. Demandes exaucées. 
Péché qui conduit à la mort. Jésus- 
Christ vrai Dieu. 


1. Quiconque croit que Jésus 
est le Christ est né de Dieu. Et 
quiconque aime celui qui ἃ en- 
gendré aime aussi celui qui est 
né de lui. 

2. Nous connaissons que nous 
aimons les enfants de Dieu lors- 
que nous aimons Dieu et que nous 
gardons ses commandements. 

3. Car l'amour de Dieu, c'est 
que nous gardions ses comman- 
dements : et ses commandements 
ne sont pas pénibles. 

4. Parce que tous ceux qui sont 
nés de Dieu triomphent du 
monde ; et la victoire qui triom- 
phe du monde, c’est notre foi. 

5. Quel est celui qui triomphe 
du monde, sinon celui qui croit 
que Jésus est le Fils de Dieu ? 

6. C’est celui qui est venu avec 
l'eau et le sang, Jésus-Christ; 
non pas avec l’eau seulement, 
mais avec l’eau et le sang. Et 
c’est l'Esprit qui rend témoignage 
que le Christ est la vérité. 

7. Car ils sont trois qui rendent 
témoignage dans 16 ciel : le Pere, 
le Verbe et l'Esprit-Saint ; et ces 
trois sont une seule chose. 


PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT JEAN. 


2921 

8. Et ils sont trois qui renderit 
témoignage sur la terre, l'esprit, 
l'eau et le sang : et ces trois sont 
une seule chose. 

9. Si nous recevons le témoi- 
gnage des hommes, le témoi- 
gnage de Dieu est plus grand ; or 
ce témoignage de Dieu, qui est 
plus grand, est celui qu'il a rendu 
de son Fils. 

10. Qui croit au Fils de Dieu a 
le témoignage de Dieu en soi. 
Qui ne croit pas au Fils fait Dieu 
menteur, parce qu'il ne croit pas 
au témoignage que Dieu a rendu 
de son Fils. 

11. Et ce témoignage est que 
Dieu nous a donné la vie éter- 
nelle. Or cette vie est dans son 
Fils. 

19. Celui qui a le Fils a 18 vie ; 
celui qui n'a point le Fils n'a point 
la vie. 

13. Je vous écris ces choses afin 
que vous sachiez que vous avez 
la vie éternelle, vous qui croyez 
au nom du Fils de Dieu. 

14. Et nous avons cette con- 
fiance en lui, que quelque chose 
que nous demandions selon sa 
volonté, il nous écoute. 

15. Et nous savons qu'il nous 
écoute dans tout ce que nous 
demandons : nous le savons, 
parce que nous obtenons les de- 
mandes que nous lui faisons. 

16. Si quelqu'un sait que son 
frère a commis un péché qui ne 
va pas à la mort, qu'il prie, et la 


(ΒΑΡ. V. 5. I Cor., xv, 57. — 10. Jean, r1, 36. 


2. Tous ceux qui; littér., tout ce qui. Voy. Rom., xi, 32. 


16. Qui ne va pas à la mort, qui ne conduit pas à l'impénitence finale, laquelle 
cause à l’âme la mort éternelle. — Ce n’est pas, etc. Saint Jean ne défend pas de 
prier pour ceux qui commettent un tel péché; car il n’y a pas de péché absolument 
irrémissible, mais il n'ose donner aux fidèles la confiance d'être exaucés pour celui-ci, 
confiance qu'il leur a inspirée à l'égard de tous les autres. 


2922 


vie sera accordée à celui dont le 
péché ne va pas à la mort. Il y a 
un péché qui va à la mort; ce 
n'est pas pour celui-là que je dis 
que quelqu'un doive prier. 

47. Toute iniquité est péché, 
et il y a un péché qui va à la 
mort. 

18. Nous savons que quiconque 
est né de Dieu ne pèche point; 
mais la génération divine le con- 
serve, et le malin ne le touche 
pas. 


20. Luc, xxiv, 45. 


PREMIÉRE ÉPITRE DE SAINT JEAN. 


v.]‏ .אס] 

19. Nous savons que nous som- 
mes de Dieu; et le monde est 
tout entier sous l'empire du ma- 
lin. ; 

20. Nous savons encore que le 
Fils de Dieu est venu, et nous a 
donné l'intelligence, pour que 
nous connaissions le vrai Dieu, 
et que nous soyons en son vrai 
Fils. C'est lui qui est le vrai Dieu 
et la vie éternelle. 

21. Mes petits enfants, gardez- 
vous des idoles. Amen. 


meta Sita Ὁ) fiir roe 


IF ET IT EPITRES DE SAINT JEAN 


INTRODUCTION 


On a hésité, en certaines Eglises, à insérer ces Epitres dans le Nouveau Tes- 
tament, sans doute à cause de leur peu d'importance et de notoriété. Cepen- 
dant, elles ont été citées de bonne heure comme de S. Jean par le canon de 
Muratori, S. Irénée, Clément d'Alexandrie, Tertullien, Origéne; et dés le qua- 
trième siècle, on les voit généralement inscrites, comme la précédente, dans la 
liste des Livres saints. On convient, du reste, qu'elles ont tous les signes d'au- 
thenticité et de fraternité désirables, et que jamais personne n'a eu intérét à les 
supposer. C'est le méme style et la méme doctrine. 

Ni l'une ni l'autre Epitre ne contient le nom de S. Jean; cependant il est 
impossible d'en méconnaitre l'auteur. C'est bien là le vieillard d'Ephése, bon et 
doux, mais tout brülant de zéle pour la foi et ne séparant jamais, dans son 
esprit et dans son langage, la vérité de la charité. Le titre de senior qu'il s'at- 
tribue indique l'époque à laquelle ces Lettres furent écrites; car ce titre semble 
moins désigner le sacerdoce et l'autorité de S. Jean révérés par toute l'Asie, 
que son âge avancé, qui reportait sur lui, comme sur le dernier survivant du 
collége apostolique, tout le respect et toute l'affection dont les Apótres étaient 
l'objet. Il vécut jusqu'à la fin du premier siécle. 

Dans la premiére Epitre, S. Jean félicite Electe des vertus de ses enfants; 
puis il lui donne pour elle et pour sa famille divers avis relatifs aux hérétiques 
et à leurs doctrines antichrétienues; il les exhorte à persévérer dans la pureté 
de la foi, la ferveur de la charité et le zèle des bonnes œuvres. Dans la seconde, 
il témoigne à Gaius la joie qu'il éprouve du bien qu'il entend dire de lui. Il lui 
recommande les ouvriers apostoliques et le met en garde contre le mauvais 
esprit de Diotréphès, évéque ambitieux et indocile. La sévérité avec laquelle il 
censure les défauts de cet évéque est remarquable dans l'Apótre de la charité, 
aussi bien que son énergie à condamner les hérétiques et le soin qu'il prend 
d'interdire leur société aux fidèles; mais elle répond à l'idée que l'Evangile et 
lApocalypse nous donnent de S. Jean, et elle rappelle qu'il accompagnait 
S. Pierre quand celui-ci anathématisa Simon de Samarie. Gaius devait étre un 
chrétien riche et zélé, et Electe une mére de famille veuve et d'un rang dis- 
lingué. 

Comme Electe signifie élue et que S. Jean parle encore d’une autre Electe, 
sœur de la première, on s’est demandé si ce n’était pas un nom mystique donné 
à une Eglise, à celle d'Ephése, par exemple, ou à celle de Rome, appelée col- 
lecta par S. Pierre. Les versets 4-7 de la Ile Epitre se préteraient à cette inter- 
prétation; aussi de graves commentateurs ont pris eiecía pour un qualificatif, 
et Domina, équivalent du mot syriaque Martha, pour le nom de la personne à 
qui écrit S. Jean. (L. Bacuez.) 


DEUXIÈME EPITRE 


DE SAINT JEAN 


CHAPITRE UNIQUE. 


Saint Jean exhorte Electe et ses fils à de- 
meurer fermes dans la charité et dans 
la foi; à éviter les hérétiques et à n'a- 
voir point de commerce avec eux. 


1. Le vieillard à la dame Electe 
etàses enfants que j'aime dans 
la vérité, et non pas moi seul, 
mais aussi tous ceux qui connais- 
sent la vérité, 

9. A cause de la vérité qui de- 
meure en nous, et qui sera avec 
nous éternellement. 

3. Qu'avec vous soit grâce, 
miséricorde, paix par Dieu le 
Père, et par Jésus-Christ, Fils du 
Père, dans la vérité et la cha- 
rité. 

4. J'ai eu beaucoup de joie de 
trouver de vos enfants marchant 
dans la vérité, comme nous en 
avons recu le commandement du 
Père. 

5. Et maintenant je vous prie, 
madame, non comme vous écri- 
vant un commandement nou- 
veau, mais celui que nous avons 


5. Jean, xir, 34; xv, 12. 


recu des le commencement, que 
nous nous aimions les uns les 
autres. 

6. Or la charité c'est de mar- 
cher selon les commandements 
de Dieu; et c'est làle commande- 
ment que vous avez reçu dès le 
commencement, afin que vous y 
marchiez. 

7. Car beaucoup d'imposteurs 
se sont introduits dans le monde, 
lesquels ne confessent pas que 
Jésus-Christ soit venu dans la 
chair; ceux-là sont les imposteurs 
et les Antechrists. 

8. Veillez sur vous-mémes afin 
que vous ne perdiez pas votre 
travail, mais que vous en receviez 
pleine récompense. 

9. Quiconque se retire et ne 
demeure point dans la doctrine 
du Christ ne possède point Dieu ; 
quiconque demeure dans sa doc- 
trine, celui-là possède le Père et 
le Fils. 

10. Si quelqu'un vient à vous 
et n'apporte point cette doctrine, 
ne le recevez pas dans votre mai- 


—Ó———— M— —————— M ————————— 


1. A la dame Electe. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 494. — * Le vieillard, 
S. Jean qui était avancé en áge. Le mot grec presbyteros, employé ici par S. Jean, 
indique d'ailleurs tout à la fois sa dignité épiscopale et son âge. 

1. Ceux-là sont, littér. : Celui-là est l'imposteur et l'Antechrist; hébraisme pour 


chacun de ceux-là est, etc. 


DEUXIEME ÉPITRE DE SAINT JEAN. 


son, ne lui dites pas méme SA- 
LUT. 

11. Car celui qui lui dit SALUT 
communique à ses ceuvres mau- 
vaises. 

12. Ayant plusieurs autre cho- 
ses à vous écrire, je n'ai pas voulu 


2925 


le faire avec du papier et de l’en- 
cre; car j'espère être bientôt près 
de vous, et vous parler de bouche 
à bouche, afin que votre joie soit 
pleine. 

13. Les enfants de votre sœur 
Electe vous saluent. 


CAPES (À C federe 


TROISIÈME ÉPITRE 


DE SAINT JEAN 


CHAPITRE UNIQUE. 


Affection de saint Jean pour Gaius, dont 
il loue la piété. Diotréphe ne reconnait 
point saint Jean. Témoignage de la 
vertu de Démétrius. Saint Jean espére 
aller voir Gaius. 


1. Le vieilard, au tres cher 
Gaius que j'aime dans la vé- 
rité. 

2. Mon bien-aimé, je prie pour 
que toutes tes affaires e* ta santé 
soient en aussi bon état que ton 
áme. 

3. Je me suis fort réjoui, nos 
freres étant venus, et ayant rendu 
témoignage de ta sincérité et de 
la maniere dont tu marches dans 
la vérité. 

4. Je n'ai pas de plus grande 
joie que d'apprendre que mes en- 
fants marchent dans la vérité. 

5. Mon bien-aimé, tu agis fidè- 
lement dans tout ce que tu fais 
pour nos frères, et particulière- 
ment pour les étrangers, 

6. Qui ont rendu témoignage à 


ta charité en présence de l'Eglise; 
tu agiras tres bien si tu leur fais 
une conduite digne de Dieu. 

1. Car c'est pour son nom qu'ils 
sont partis, n'ayant rien requ des 
gentils. 

8. Nous donc, nous devons ac- 
cueillir ces sortes de personnes, 
afin de coopérer à l'avancement 
de la vérité. 

9. J'aurais peut-être écrit à 
l'Eglise, mais celui qui aime à y 
tenir le premier rang, Diotrèphe, 
ne veut pas nous recevoir. 

10. C'est pourquoi, si je viens, 
je lui rappellerai les ceuvres qu'il 
fait en tenant contre nous des 
discours malins ; et comme si c’é- 
tait encore trop peu pour lui, non- 
seulement il ne reçoit pas lui- 
même nos freres, mais 11 808 
ceux qui voudraient les recevoir, 
et il les chasse de l'Eglise. 

11. Mon bien-aimé, n'imite 
point le mal, mais le bien. Qui 
fait le bien est de Dieu ; qui fait le 
mal n'a pas vu Dieu. 


1. * Voir II Jean, 1. 


6. Si lu leur fais une conduite. Compar. Act., xv, 3; Rom., xv, 24. — Digne de Dieu; 
comme si tu la faisais pour Dieu lui-même, ce qui semble être une allusion à ce 
qu'enseigne Jesus-Christ dans l'Evangile (Matt., xxv, 35), qu'il faut le recevoir et le 
servir dans la personne des étrangers. Selon d'autres : Comme si Dieu, proportion 
gardée, la faisait lui-même; c'est-à-dire le mieux possible. 

9. * Diotréphe, d'aprés ce qui est dit dans ce passage, était un homme influent, 
mais d'ailleurs inconnu, dans la partie de l'Asie Mineure oü se trouvait Gaius. 


[cu 1.] TROISIÈME ÉPITRE DE SAINT JEAN 2927 


12. Pour Démétrius, témoi- | t'écrire; mais je ne veux pas t'é- 
gnage lui est rendu par toutle | crireavecdel'encreetune plume; 
monde et parla vérité elle-méme; 14. Parce que j'espere te voir 
mais nous aussi nous lui rendons | bientôt, et alors nous parlerons 
témoignage, et tu sais que notre | de bouche à bouche. Paix à toi. 
iémoignage est véritable. Nos amis te saluent. Salue nos 

13. J'ai beaucoup de choses à | amis par leur nom. 


12. * Démétrius, dont on ne sait que ce qui est dit ici de lui, fut probablement 
chargé de porter cette lettre de saint Jean à Gaïus. 
44. Par leur nom; c'est-à-dire chacun en particulier. 


RIT estes — 


EPITRE DE SAINT JUDE 


—— —o002€00o«—— 
INTRODUCTION 


L'auteur de cette Epitre est l'Apótre S. Jude, qu'on appelait aussi Thaddée ou 
Lebbé. Il se dit lui-méme frére de Jacques, ce qu'il faut entendre de S. Jacques 
le Mineur, l'autre apótre du méme nom, frére de S. Jean, ayant subi le martyre 
depuis longtemps et étant alors beaucoup moins connu. S. Jude prend ce titre, 
plutót que celui d'apótre, soit parce qu'un autre apótre ayant porté son nom, 
la qualité d'apótre ne le désignerait pas d'une maniére aussi précise, soit parce 
que sa parenté avec l’évêque de Jérusalem est de nature à le rendre plus cher 
aux Juifs convertis auxquels il parait s'adresser. Cette Lettre a toujours fait 
partie de la version italique. Elle est mentionnée dans le canon de Muratori, 
comme dans ceux des Conciles de Laodicée (363) et d'Hippone (393). On la 
trouve citée dés les premiers temps par Tertullien (200), Clément d'Alexandrie 
(165-200), Origéne (186-255), S. Pamphile, etc., et l'on ne la voit rejetée posi- 
tivement nulle part. Néanmoins, ce qu'elle dit de la lutte de S. Michel contre 
Satan, 9, et de la prophétie d'Enoch, 14, excitait quelque défiance, de sorte 
qu'elle a été placée par Eusébe parmi les antilégoménes, et qu'on la compte 
aujourd'hui au nombre des deutérocanoniques. 

Le but de S. Jude, comme celui de S. Pierre, dans sa seconde Epitre, est de 
prémunir les fidéles contre les séductions des docteurs gnostiques. Il part de 
ce principe, que la foi a été livrée aux saints une fois pour toutes, 3, et que 
c'est pour s'en étre écarté, 4-7, et pour avoir abandonné la société qui en fait 
profession, que les sectaires sont tombés dans des abimes d'erreur, d'impiété et 
d'immoralité. En conséquence, il exhorte les fidéles à se souvenir des vérités 
qui leur ont été annoncées au commencement par les Apótres, à s'édifier eux- 
mémes sur le fondement de leur trés sainte foi, à persévérer dans l'espérance et 
la charité, et à sauver tous ceux qu'ils pourront soustraire au feu de la ven- 
geance divine, 19-23. 

.Les coincidences de l'Epitre de S. Jude avec la seconde de S. Pierre ne peuvent 
sexpliquer que par une imitation volontaire de la part de l'un ou de l'autre 
Apôtre. Un certain nombre de commentateurs attribuent cette imitation à 
S. Pierre, en alléguant pour raison que, dans sa premiére Lettre, il a reproduit 
pareillement plusieurs pensées de S. Paul. Néanmoins, la supposition contraire 
parait plus vraisemblable. En effet : — 1° Il n'y a pas de parité entre les allu- 
sions que S. Pierre a pu faire dans sa première Epitre à certains passages de 
saint Paul et un emprunt si littéral et si étendu, qui comprendrait la plus grande 


INTRODUCTION. 2929 


partie de l'Epitre de S. Jude. — 2° S. Pierre n'avait pas d'intérêt à s'approprier 
la Lettre de S. Jude. S. Jude, au contraire, trouvait un avantage à citer 
S. Pierre : il ajoutait à sa considération et à son autorité personnelles celle du 
Prince des Apótres et du chef de l'Eglise. — 3° L'Epitre de S. Pierre parait avoir 
été écrite la première. Elle parle au futur; elle prédit les hérésies qui vont bien- 
161 paraître, 11, 1-3 : celle de S. Jude parle au passé, elle donne les faits qu'elle 
décrit pour l'accomplissement des prophéties faites par les Apótres. Par suite, 
S. Jude combat les sectaires avec plus de force et les caractérise d'une maniére 
plus précise. — 4° Le style de S. Jude est meilleur, plus soigné, plus soutenu. 
On y voit moins de répétitions. — 5? S. Jude parait commenter et expliquer 
S. Pierre. Au verset 10, il développe et éclaircit ce que S. Pierre avait laissé 
dans l'ombre, et au verset 9, sa citation du livre de l'Assomption de Moïse 
semble avoir pour but de confirmer un fait qu'a avancé S. Pierre. L'Epitre de 
S. Jude nous semblerait donc postérieure et d'une date assez rapprochée de la 
ruine de Jérusalem. 

Quoi qu'il en soit, du reste, la ressemblance si visible qui existe entre ces 
deux Epitres est une preuve de leur authenticité. On ne se fait pas faussaire 
pour le plaisir de transcrire, et l'on n'a pas d'intérét à s'approprier ce qui est 
sans autorité. (L. BAcuzz.) 


N. qu 184 


EPITRE 


DE SAINT JUDE 


CHAPITRE UNIQUE. 


Combattre pour la foi et pour la tradi- 
tion. Exemples de la justice de Dieu, 
Faux docteurs caractérisés. Contesta- 
tion touchant le corps de Moise. Pro- 
phétie d'Hénoch. Foi, prière, confiance, 
amour de Dieu, haine de la chair. 


1.Jude,serviteur deJésus-Christ 
et frere de Jacques, à ceux qui 
sont aimés de Dieu le Père, et 
conservés et appelés en Jésus- 
Christ. 

2. Que la miséricorde, la paix 
etla charité abondent en vous. 

9. Mes bien-aimés, me sentant 
pressé de vous écrire touchant 
votre salutcommun, j'ai dà écrire 
afin de vous exhorter à combattre 
pour la foi qui a été déjà trans- 
mise aux saints. 

4. Car il s'est introduit parmi 
vous quelques hommes impies 
(qui depuis longtemps ont été 
prédestinés à ce jugement), chan- 
geant la grâce de notre Dieu 
en luxure, reniant notre seul 


Maître et Seigneur, Jésus-Christ. 

ὃ. Or je veux vous rappeler, à 
vous qui savez déjà toutes ces 
choses, que Jésus ayant délivré 
le peuple de la terre d'Egypte, 
perditensuite ceux qui ne crurent 
point; 

6. Que, quantaux anges qui ne 
conservèrent pas leur première 
dignité, mais qui abandonnèrent 
leur propre demeure, il les mit 
en réserve pour le jugement du 
grand jour, dans des chaînes 
éternelles et de profondes ténè- 
bres. 

7. C'est ainsi que Sodome et 
Gomorrhe, et les villes voisines 
livrées aux mêmes excès d'impu- 
reté, et courant aprés d'infàmes 
débauches, sont devenues un 
exemple, en souffrant la peine 
d'un feu éternel. 

8. Et. cependant c'est de la 
méme maniere que ceux-ci souil- 
lent encore leur chair, qu'ils mé- 
prisent la domination, et qu'ils 
blasphèment la majesté. 


5. Nom., xiv, 37. — 6. II Pierre, 11, 4. — 7. Genèse, xix, 24. 


3. Aux saints. Voy. Act., 1x, 13. 


6. Les démons ne peuvent sortir de l'enfer que par la permission de Dieu, et pour 
terter les hommes que Dieu veut bien qu'ils tentent. Leur supplice dure depuis le 
moment de leur révolte; ils sont déjà jugés, mais leur sentence sera alors prononcée 


et confirmée pour toute l'éternité. 


8. Ceux-ci; c'est-à-dire les faux docteurs contre lesquels l'apótre cherche à 016- 


munir les fidèles auxquels il écrit, 


[cu. 1.] 


9. Lorsque l’archange Michel, 
disputant avec le diable, lui con- 
testait le corps de Moise, il n'osa 
paslecondamneravec des paroles 
de malédiction, mais il dit : Que 
le Seigneur te commande. 

10. Mais ceux-ci blasphèment 
tout ce qu'ils ignorent, et dans 
tout ce qu'ils connaissent natu- 
rellement comme les animaux 
muets, ils se corrompent. 

11. Malheur à eux parce qu'ils 
sont entrés dans la voie de Cain, 
et que s'égarant comme Balaam, 
ils ont, pour le gain, rompu toute 
digue, et se sont perdus dans la 
rébellion de Coré. 

19. Ils font le déshonneur de 
leurs festins, se gorgeant sans 
retenue, se paissant eux-mémes; 
nuées sans eau que les vents em- 
portent çà et là; arbres qui ne 
fleurissent qu'en automne, sté- 
riles, deux fois morts, déraci- 
nés; 

13. Vagues furieuses dela mer, 
jetant l'écume de leurs infamies; 
astres errants auxquels une tem- 
péte de ténèbres est réservée 
pour l'éternité. 

14. Cest deux qu'Enoch, le 
septième après Adam, a prophé- 
tisé, disant : Voici venir le Sei- 
gneur avec ses milliers de saints, 


ÉPITRE DE SAINT JUDE. 


2931 

15. Pour exercer son jugement 
contre tous les hommes, et con- 
vaincre tous les impies touchant 
toutes les œuvres d'impiété qu'ils 
ont faites, et toutes les paroles 
dures qu'ont proférées contre 
Dieu ces pécheurs impies. 

16. Ce sont des murmurateurs, 
se plaignantsans cesse, marchant 
selon leurs désirs; leur bouche 
profère des paroles d'orgueil, et 
ils admirent les personnes en vue 
d'un profit. 

11. Mais vous, mes bien-aimés, 
souvenez-vous des paroles qui 
ont été dites déjà par les apótres 
de Notre Seigneur Jésus-Christ, 

18. Qui vous disaient qu'à la fin 
des temps viendront des impos- 
teurs, marchant selon leurs désirs 
dans l'impiété. 

19. Ce sont des gens qui se sé- 
parent eux-mémes, hommes de 
vie animale, n'ayant pas l'Esprit. 

90. Mais vous, mes bien-aimés, 
vous édifiant vous-mémes sur 
votre trés sainte foi, priant dans 
l'Esprit-Saint, 

91. Conservez-vous dans l'a- 
mour de Dieu, attendant la misé- 
ricorde de Notre Seigneur Jésus- 
Christ pour la vie éternelle. 

22. Reprenez ceux-ci apres les 
avoir convaincus ; 


9. Zach., 1x, 2. — 11. Genèse, 1v, 8; Nom., xxii, 23; Nom., xvi, 32. — 12. II Pierre, 
,זז‎ 17. — 14. Apoc., 1, 7. — 16. Ps. טא‎ 10. — 17. I Tim., rv, 1 ; II Tim., πὶ, 1; 11 Pierre, 


IIS 


9. Que le Seigneur te commande fortement, qu'il te réprimande avec menaces. C'est 
le vrai sens dv texte. Compar. Matt., viu, 26: Marc, 1v, 39; Luc, viri, 24. Ceci n'est pas 
rapporté dans l'Ecriture; saint Jude le savait par 18 tradition. 

14. Le seplième aprés Adam; c'est-à-dire le septième patriarche. — 4 6 
La prophétie qui est rapportée ici ne se trouve pas dans l'Ecriture; l'apótre l'a con- 
nue par la tradition ou par une révélation particulière de Dieu. 

18. Dans l'impiété; littér., dans les impiélés. D'autres, se conformant au Grec, qui 
porte des impiétés, au génitif, comme régime de désirs, traduisent : Selon leurs désirs 


impies. 


19. L'Esprit; c'est-à-dire l'Esprit de Dieu. 


2932 


23. Sauvez ceux-là en les arra- 
chant au feu. Pour les autres, 
ayez-en pitié par crainte, prenant 
même en haine cette tunique de 
chair qui est souillée. 

24. Mais à celui qui peut vous 
conserver sans péché, et vous éta- 

blir en présence de sa gloire, purs 


ÉPITRE DE SAINT JUDE. 


(cn. 1.] 


et pleins de joie à l'avènement de 
Notre Seigneur Jésus-Christ; 

95. Au seul Dieu notre Sauveur, 
par Jésus-Christ Notre Seigneur, 
gloire et magnificence, empire 
et puissance, avant tous les siè- 
cles, et maintenant, et dans tous 
les siècles des siècles. Amen. 


23. Prenant méme en haine, etc.; c'est-à-dire ayant méme horreur. L'apôtre semble 
faire allusion à ce qui est dit dans la loi mosaique des vétements souillés par la lépre 
ou d'autres impuretés légales, dont on ne pouvait se purifier qu'en lavant non seu- 
lement le corps, mais encore le vêtement. Voy. Lévitiq., xur, 47 et suiv. Il veut donc 
dire par cette comparaison : Fuyez avec le plus grand soin méme les apparences de 


tout ce qui pourrait souiller vos àmes. 


cn ו‎ d 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN 


——0002€00-0-—— 
INTRODUCTION 


L'auteur de ce livre est l'Apótre S. Jean. Le fait est incontestable et méme 
reconnu pour tel par les rationalistes les plus outrés; il ἃ en sa faveur toutes 
sortes de preuves d'autorité et de critique. 

S. Jean a écrit l'Apocalypse durant son exil à Patmos ou immédiatement 
aprés. Or, il fut relégué dans cette ile sur la fin du régne de Domitien, la qua- 
torziéme année, dit S. Jéróme, en 95. 

1° Tel est en effet le témoignage exprès des Pères les plus anciens et les plus 
graves, notamment celui de S. Irénée, si bien instruit par S. Polycarpe de ce qui 
concernait S. Jean. 

Le régne de Domitien est bien l'époque que semble indiquer l'Apocalypse 
elle-méme. On ne peut pas placer plus tard la composition de ce livre : l'état 
des Eglises, encore organisées de la maniére la plus simple, et ce qui est dit 
des Juifs et des judaisants indique sürement le siécle des Apótres. Cependant on 
n'était plus aux temps des prédications de S. Paul. Les Eglises d'Asie, fondées 
par S. Pierre et par lui, s'étaient reláchées de leur première ferveur. Elles 
devaient donc étre établies depuis un certain temps, depuis quinze ans au 
moins. Le martyre d'Antipas, «le martyr fidèle, » indique une époque de 
persécution, non seulement à Rome, mais dans les provinces, dans l'Asie 
Mineure en particulier; or, il ne parait pas qu'il y ait eu des persécutions sem- 
blables avant le régne de Domitien. Cet empereur, appelé par Tertullien comme 
par Juvénal un second Néron, qui fit mourir en haine de la foi Flavius Clément, 
son parent, dont il avait adopté les enfants, fit aussi rechercher en Palestine, 
pour les mettre à mort, tous ceux qui appartenaient à la famille de David; et 
comme les petits-fils de S. Jude, marié avant son apostolat, furent dénoncés à 
ce litre, selon Hégésippe, on les conduisit à Rome pour y subir leur jugement; 
« mais le tyran les épargna, parce que ses interrogatoires et leurs mains cal- 
leuses lui prouvérent que ce n'étaient que de pauvres cultivateurs dont la for- 
tune n'excédait pas neuf mille deniers. » Il est à croire que S. Jean y aura été 
transporté à la méme époque. C'est d'ailleurs sous Domitien qu'on commenca 
d'infliger aux prêtres et aux fidèles la peine de la déportation. Nerva, qui lui 
succéda l'an 96, révoqua ses édits et rappela les exilés. 

On exagére beaucoup les obscurités de l'Apocalypse. Les difficultés qui lui 
sont propres ne se trouvent que dans les prédictions : or, ce livre contient bien 
autre chose que des prédictions. Le prologue, les avis aux Eglises et à leurs 


2094 APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


pasteurs, les descriptions du ciel, des anges, des martyrs, etc., n'ont pas 
lavenir pour objet, et sont aussi clairs que frappants. « Les avertissements 
moraux et les sentiments de piété, d'adoration, d'actions de grâces envers Dieu 
et envers Jésus-Christ sont admirables dans ce livre, » dit Bossuet. — Et méme 
dans la partie prophétique, il s'en faut bien que tout soit obscur, ou que l'obs- 
curité soit si grande. Il est vrai qu'à l'origine il n'était pas facile d'en préciser 
le sens; mais les événements ont fait le jour, et les interprétes ont expliqué le 
texte. Nous avons à cet égard sur les chrétiens des premiers siécles le méme 
avantage que ceux-ci avaient sur les Juifs pour les prophéties messianiques. 
Celles qui nous semblent les plus claires ont passé d'abord pour des énigmes. 
Aujourd'hui nous admirons la vérité du tableau et la précision des traits. Pour 
ce qui reste à accomplir, « je le laisse, dit Bossuet, à ceux qui en savent plus 
que moi : car je tremble en mettant les mains sur l'avenir; » néanmoins, on ἃ 
une certaine vue des événements prédits et de leurs principaux caractéres. 
Par exemple, on ne saurait dire au juste quels faits précéderont la fin du 
monde, ce que sera l'Antechrist quand il viendra, ce que c'est que Gog et Magog, 
comment aura lieu la résurrection, etc. Mais on comprend trés bien que la 
résurrection et le jugement mettront fin à la durée du monde, qu'il y aura 
auparavant des épreuves terribles, un grand séducteur et un grand persécuteur: 
n'est-ce pas assez pour craindre et louer Dieu, pour s'attacher à son service, se 
conlier en sa providence, se détacher de tout et aspirer au ciel? » 

Il est certain néanmoins que ce livre a ses difficultés. Ce n'est pas une his- 
toire, comme les Evangiles, ni un traité ou une exhortation, comme les Epitres: 
c'est un livre prophétique, rempli de prédictions et de symboles, double source 
d'obscurité, double écueil pour les esprits peu accoutumés aux figures de la 
Bible, peu versés dans l'histoire ecclésiastique ou qui portent dans cette étude 
des préoccupations de système ou de parti. 

Les prédictions n'ont jamais la clarté des récits. Souvent elles n'offrent qu'une 
esquisse, un apercu, un sommaire des événements à venir. Quand elles seront 
réalisées, les faits en feront ressortir la signification el écarteront les imagina- 
tions erronées, Mais jusque-là, il est naturel qu'elles donnent lieu à des conjec- 
tures et qu'elles se prétent à diverses combinaisons. C'est ce qui est arrivé. 
avons-nous dit, aux prophéties de l'Ancien Testament. 

La nature du langage symbolique ajoute à la difficulté pour ceux qui ne sont 
pas familiarisés avec le style prophétique. Comme S. Jean découvre l'avenir en 
vision, il le décrit sous forme de tableaux, d'images emblématiques. Sous sa 
plume, les choses les plus spirituelles prennent un corps; les êtres inanimés 
eux-mémes agissent et parlent. Les ministres de Dieu deviennent des anges, des 
astres, des êtres fantastiques. L'empire est une cité, l'Eglise un temple, les 
arréts du Sauveur un glaive. Un nom s'exprime en chiffre. Un chiffre recoit une 
valeur indéterminée, purement relative. Mille ans signifient une période trés 
longue. Dix jours indiquent un court espace de temps. Ce langage a son mérite: 
il est vif, rapide, frappant; mais il a aussi ses défauts. S'il met les objets en 
relief, c'est en un point seulement, en laissant dans l'ombre les contours. Les 
esprits aventureux s'y donnent libre carriére; les esprits minutieux, qui veulent 
qu'on leur précise chaque chose, se plaignent de ne rien saisir. Ceux qui ont 
peu étudié les prophétes s'étonnent qu'on ne prenne pas à la lettre toutes les 
figures : la terre qui tremble, les montagnes qui chancellent, les astres qui 


INTRODUCTION. 2935 


tombent, les martyrs qui revivent, les statues qui parlent, le démon qu'on 
enchaine, etc. 

Le défaut de connaissance sur l'histoire de l'Eglise, sur les persécutions des 
premiers siècles, sur l'invasion et les ravages des barbares, sur la décadence de 
l'empire romain, enfin sur tout ce qui fait l'objet de la plupart des prédictions, 
est encore une nouvelle cause d’obscurilé pour un certain nombre. Ceux-là 
renyoient communément à la fin du monde les tableaux méme les moins voilés 
de la chute de l'empire et de Roine. 

Enfin, les préoccupations, l’attache au système ou au parti, l'amour de la 
nouveauté, ont beaucoup contribué à multiplier les interprétations singuliéres 
et extravagantes. L'esprit est aisément la dupe du cœur. Si cette maxime trouve 
son application dans les sujets méme les plus clairs, combien plus doit-elle se 
vérifier dans l'étrude des symboles, dans l'interprétation des termes vagues, inso- 
lites, énigmatiques? C'est ce qui explique comment un certain nombre de pro- 
testants en sont encore à faire à l'Eglise romaine l'application de ce que S. Jean 
a écrit sur Rome infidéle et persécutrice. * 

Les nombres ronds, si fréquemment répétés, dans la partie symbolique de 
ce livre, participent évidemment de la nature du symbole. De là résultent deux 
conséquences remarquables : — 1° On ne doit pas leur attribuer une significa- 
tion trop précise. Comme les symboles sont de simples similitudes qui ne se 
réalisent jamais qu'approximativement, les nombres qu'ils renferment ne sau- 
raient avoir une valeur bien déterminée et la signification en est toujours plus 
ou moins vague. Ce serait donc se hasarder de dire qu'il doit y avoir entre les 
choses dénombrées un rapport identique à celui qui existe entre les nombres. 
Il n'est pas certain, par exemple, que telle durée évaluée à sept ans doive étre 
exactement le double de telle autre durée évaluée à trois ans et demi. — 2° Le 
rôle que ces nombres, deux, trois, sept, douze, etc., remplissent dans l'énoncé 
de certains dogmes, de certaines lois, de certains faits très connus, les suggèrent 
naturellement à l'esprit lorsqu'il s'agit de dénombrer des choses, des lois, des 
faits semblables; et fait par la raison méme qu'ils éveillent d'eux-mémes, la pensée 
de choses du méme genre. De là pour chacun d'eux une signification accessoire, 
qui les rend propres à entrer dans la composition de tels ou tels symboles. 
Ainsi au nombre deuz, qui est celui des témoignages requis pour légitimer une 
sentence judiciaire, s'est attachée l'idée d'accord, de confirmation, de certitude 
en matiére de déposition; c'est pourquoi les Apótres doivent toujours étre deux 
à précher, et il y a deux témoins ou deux martyrs qui rendent témoignage à 
Jésus-Christ dans la persécution. Le nombre trois, qui est celui des personnes 
divines, fait penser à la divinité. Il prend place naturellement dans tout ce qui est 
consacré à la Trinité ou qui a rapport à elle. Quatre dont le carré est la figure, 
donne l'idée de l'étendue limitée ou du monde physique; d'oü la division de la 
terre en quatre parties, les quatre points cardinaux, les quatre vents du ciel, etc. 
Joint à trois, ce nombre donne sept; or la religion est ce qui unit les trois per- 
sonnes divines avec les quatre parties du globe; c'est donc aux objets religieux, 
considérés comme tels, que ce nombre sept convient particulièrement. De là 
l'emploi si fréquent de ce nombre dans les énumérations relatives au culte ou 
aux œuvres de Dieu. Comme sept indique la totalité, sept moins un, ou sir, 
donne l'idée d'un nombre imparfait, comme d'une semaine sans sabbat. Répété 
trois fois, c'est le nombre de la bête, 666. Trois et demi, moitié de sept, suggère 


9936 APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


la pensée d'une chose incomplète, tronquée, malheureuse; douze au contraire 
donne l'idée d'universalité dans le temps ou dans l'espace. 

Ces significations fondées sur l'association des idées semblent impliquer le 
principe que toutes les œuvres de Dieu se font avec nombre, poids el mesure, 
suivant des régles uniformes; mais il ne faut pas trop presser ce principe. En 
fait de termes et de signification, la grande loi c'est l'usage; et bien qu'ils 
aient parlé par inspiration, les auteurs sacrés, pour se faire entendre, ont dû 
prendre le langage de leur temps, avec ses imperfections comme avec ses qua- 
lités, et s’en servir de la méme manière que d'autres auraient fait dans les mêmes 
circonstances. 

L'Apocalypse a trois parties : — La première, r-ri, contient le prologue, avec 
des avis pour sept Eglises de la province d'Asie. Ces avis ont pour but de for- 
tifier la foi des chrétiens et de ranimer leur ferveur. Notre Seigneur signale aux 
évéques un double péril : l'hérésie dans le présent et la persécution dans un 
avenir prochain. — La troisième partie, xx-xxir, offre le tableau des événe- 
ments qui précéderont immédiatement la résurrection générale, puis l'annonce 
du triomphe final de Jésus-Christ et des saints, avec une conclusion assez courte 
qui fait comme le pendant du prologue. — La seconde, celle du milieu, 1v-xix, 
est, sans comparaison, la plus étendue. C'est là que sont rapportées les visions 
prophétiques dont S. Jean fut favorisé. Elles ont pour objet les terribles épreuves 
par lesquelles l'Eglise doit bientót passer, mais surtout le triomphe du Sauveur 
sur l'empire idolâtre et les chátiments réservés aux persécuteurs. Ces visions 
sont mentales et symboliques, du genre de celles que S. Thomas appelle ima- 
ginatives, c'est-à-dire qui, sans affecter les sens extérieurs, ne sont pas néan- 
moins purement intellectuelles. (L. Bacuez.) 


APOCALYPSE 


DE SAINT JEAN 


CHAPITRE PREMIER. 


Révélation faite à saint Jean. Saint Jean 
salue les sept Eglises auxquelles il écrit. 
Jésus-Christ lui apparait; description 
de cette vision. Paroles de Jésus-Christ 
à saint Jean. 


1. Révélation de Jésus-Christ 
que Dieu lui a donnée pour dé- 
couvrir à ses serviteurs ce qui 
doit arriver bientót, et il l'a fait 
connaitre, en l'envoyant par son 
ange à Jean, son serviteur, 

2. Quia rendu témoignage à la 
parole de Dieu, et le témoignage 
de Jésus-Christ en tout ce qu'il a 
vu. 

3. Bienheureux celui qui lit et 
écoute les paroles de cette pro- 
phétie, et garde les choses qui y 
sont écrites; car le temps est 
proche. 


4. Jean, aux sept Eglises qui 
sont en Asie : Gráce à vous et 
paix par celui qui est, qui était, 
et qui doit venir, et par les sept 
esprits qui sont devant son tróne: 

9. Et par Jésus-Christ qui est le 
témoin fidèle, le premier-né des 
morts, et le prince des rois de la 
terre, qui nous a aimés et nousa 
lavés de nos péchés dans son 
sang, 

6. Et nous a faits le royaume 
et les prêtres de Dieu son Père : 
à lui la gloire et l'empire dans les 
siecles des siecles. Amen. 

1. Le voici qui vient sur les 
nuées, et tout cil le verra ; et 
méme ceux qui l'ont percé. Et 
toutes les tribus de la terre se 
frapperont la poitrine à cause de 
lui. Oui. Amen. 

8. Je suis l’Alpha et 'OÓméga, le 


Cuar. I. 4. Exode, 111, 14. — 5. I Cor, xv, 20; Coloss., 1, 18; Hébr., 1x, 14; I Pierre, 
1, 19; I Jean, 1, 7. — 7. 18816, זז‎ 13; Matt., xxiv, 30; Jude, 14. — 8. 18810, זא‎ 4; xL1v, 6; 
בע ה 12 הח דב‎ | xxr, (6; xxi, 49. 


1. Révélation est la traduction du mot grec Apocalypse. Dans notre Abrégé d'intro- 
duction, etc., nous avons exposé les principes que l'on doit suivre, et les régles que 
l'on doit observer dans l'explication de l’ Apocalypse. Une lecture attentive de cet 
exposé aidera beaucoup à comprendre les endroits difficiles de ce livre. — * A Jean, 
son serviteur. Saint Jean qui ne s'était nommé ni dans son Evangile ni dans ses 
Epitres, se nomma dans l'Apocalypse, parce que ce livre est une prophétie et que le 
prophéte doit attester la réalité et l'authenticité de ses révélations en les signant, 
pour ainsi dire, de son nom. 

2. Le témoignage de Jésus-Christ, etc.; c'est-à-dire qui a rendu témoignage de tout 
ce qu'il a vu de Jésus-Christ. 

ἅ, Aux sept Eglises. Ces Eglises sont nommées au vers. 11. 

ὃ *L'Alpha et l'Oméga sont la première et la dernière lettre de l'alphabet grec. 


2938 


commencement et la fin, dit le 
Seigneur Dieu, qui est, qui était 
et qui doit venir, le Tout-Puis- 
sant. 

9. Moi, Jean, votre frère, qui 
ai part à la tribulation, au règne 
et à la patience en Jésus-Christ, 
j'ai été dans 1116 de Patmos, pour 
la parole de Dieu et pour le té- 
moignage de Jésus. 

10. Je fus ravi en esprit le jour 
du Seigneur, et jentendis der- 
riere moi une voix éclatante 
comme d'une trompette, 

11. Disant : Ce que tu vois, 
écris-le dans un livre et envoie-le 
aux sept Eglises qui sont en Asie: 
à Ephèse, à Smyrne, à Pergame, 
à Thyatire, à Sardes, à Philadel- 
phie et à Laodicée. 

19. Et je me tournai pour voir 
la voix qui me parlait ; et m'étant 
tourné, je vis sept chandeliers 
d'or ; 

13. Et au milieu des sept chan- 
deliers d'or, quelqu'un qui res- 
semblait au Fils de l'homme, vétu 
d'une longue robe, et ceint au- 
dessous des mamelles d'une cein- 
ture d'or. 

14. Sa téte et ses cheveux 
étaient blancs comme de la laine 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


[cm. 1.) 


blanche et comme de la neige, et 
ses yeux comme une flamme de 
feu. 

15. Ses piedsétaient semblables 
à de l'airain fin, quandil est dans 
une fournaise ardente, et sa voix 
comme la voix de grandes eaux. 

16. 11 avait sept étoiles dans sa 
main droite ; de sa bouche sortait 
une épée à deux tranchants, et 
son visage étaitlumineux comme 
le soleil dans sa force. 

17. Et lorsque je l'eus vu, je 
tombai à ses pieds comme mort. 
Mais il mitsa main droite sur moi, 
disant : Ne crains point, je suis le 
premier et le dernier, 

18. Et celui qui vit; jai été 
mort, mais voici que je suis vi- 
vant dans les siècles des siecles, 
et j'ai les clefs dela mort et de 
l'enfer. 

19. Ecris donc les choses que 
tu as vues, celles qui sont, et 
celles qui doivent arriver ensuite. 

20. Voici le mystère des sept 
étoiles que tu as vues dans ma 
main droite, et des sept chande- 
liers : Les sept étoiles sont les 
sept anges des sept Eglises, et les 
sept chandeliers sont les sept 
Eglises. 


17. Isaie, xLr, 4; xL1V, 6; xLvinr, 12; Infra, xxi, 13. 


9. Pour le témoignage de Jésus-Christ; c'est-à-dire pour avoir rendu témoignage à 
Jésus, pour avoir préché le nom de Jésus. — * Dans l'ile de Patmos. Petite 116 de la 
mer Egée, l'une des Sporades, à l'est de la Carie, au sud de Samos. Ce n'est qu'un 
rocher, presque partout aride, de trente milles romains de circonférence. On montre 
dans l'ile une grotte où l'on croit que saint Jean a écrit l'Apocalypse. 

10. Le jour du Seigneur ; le jour du dimanche, premier de la semaine. 

11. * En Asie, dans la province romaine qui portait ce nom et comprenait une 
partie de l'Asie Mineure: — 4 Ephèse. Voir Actes, xvii, 19. — À Smyrne. Voir plus 
loin, n, 8. — A Pergame. Voir plus loin, ir, 12. — A Thyalire. Voir Actes, xvi, 14. — 
A Sardes. Voir plus bas, m, 1. — A Philadelphie. Voir plus bas, ur, T. — À Laodicée. 
Voir Col., 11, 1, 

11. Je suis le premier et le dernier. Voy. le vers. 8. 

20. Les sept anges, etc.; c'est-à-dire les sept évêques, qui sont en effet les anges 
visibles de Dieu, ou ses envoyés. Compar. Malach., n, T. 


).11 .זו6] 


CHAPITRE II. 


L'ange d'Ephése loué de sa vertu, blàmé 
de son relâchement. L'ange de Smyrne 
riche dans sa pauvreté et heureux dans 
sa persécution. L'ange de Pergame ac- 
cusé de ne pas combattre assez les er- 
reurs. L'ange de Thyatire blàmé de lais- 
ser séduire les fidéles. 


4. Ecris à l’ange de l’église d'E- 
phèse : Voici ce que dit celui qui 
tient les sept étoiles dans sa 
main droite, qui marche au mi- 
lieu des sept chandeliers d’or. 

9. Je sais tes œuvres, et ton 
travail et ta patience, et que tu 
ne peux supporter les méchants; 
tu as éprouvé ceux qui se disent 
apótres et ne le sont point, et tu 
les as trouvés menteurs. 

9. Tu es patient, et tu as souf- 
tert pour mon nom, et tu ne t'es 
point découragé. 

4. Mais j'ai contre toi, que tu es 
déchu de ta charité premiere. 

5. Souviens-toi donc d'oü tu es 
tombé; fais pénitence, etreprends 
tes premières œuvres, sinon je 
viendrai bientôt à toi; et si tu ne 
fais pénitence, j'óterai ton chan- 
delier de sa place. 

6. Mais tu as cela, que tu hais 
les actions des Nicolaites, que moi 
aussi je hais. 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


2939 


7. Que celui qui a des oreilles 
entende ce que l'Esprit-Saint dit 
aux Eglises : Au vainqueur, je 
je donnerai à manger du fruit de 
l'arbre de vie, qui est dans le pa- 
radis de mon Dieu. 

8. Et à lange de l’église de 
Smyrne, écris : Voici ce que dit 
celui qui est le premier et 16 der- 
nier, qui a été mort et qui est vi- 
vant. 

9. Je sais ton affliction et ta 
pauvreté; mais tu es riche, et 
tu es calomnié par ceux qui se 
disent Juifs et ne le sont pas, 
mais qui sont de la synagogue 
de Satan. 

10. Ne crains rien de ce que tu 
auras à souffrir. Voici que le dia- 
ble và mettre quelques-uns de 
vous en prison, afin que vous 
soyez éprouvés; et vous aurez 
des tribulations pendant dix 
jours. Sois fidèle jusqu'à la mort, 
et je te donnerai la couronne de 
vie. 

11. Que celui qui a des oreilles 
entende ce que l'Esprit-Saint dit 
aux Eglises : Celui qui sera victo- 
rieux ne souffrira rien de la se- 
conde mort. 

19. Et à l'ange de l'église de 
Pergame, écris : Voici ce que dit 


6. Nicolaites; hérétiques qui avaient pris leur nom de Nicolas, l'un des sept diacres 
de Jérusalem, qui fut l'auteur, ou plutót l'occasion de cette secte. 

1. Cet arbre de vie au milieu du paradis, c'est Jésus-Christ présent dans le ciel ; 
le fruit de cet arbre, c'est la possession de Dieu. 

8. * Smyrne, ville ionienne, port de la mer Egée, dans l'Asie Mineure, à 320 stades 
romains au nord d'Ephése, célèbre par son commerce. 

9. Qui se disent, etc. Ils se disaient Juifs, et ne l'étaient pas, parce que le vrai Juif 
bip pas celui qui le parait au dehors, mais celui qui l'est intérieurement. Rom., 
1, 38, 29. 

11. La seconde mort est la damnation éternelle, comme la premiere est la mort du 
corps. 

12. * Pergame, ville de la grande Mysie, en Asie Mineure, au confluent du Caique et 
du Cétius, renommée pour son temple d'Esculape et pour sa riche bibliothéque, ainsi 


que pour ses fabriques de parchemin. Le mot parchemin n'est qu'une altération du 
nom de Pergame, 


2040 
celui qui porte l'épée à deux 
tranchants : 

13. Je sais où tu habites, où est 
le tróne de Satan. Tu as conservé 
mon nom, et tu n'as pas renoncé 
à ma foi, méme en ces jours oü 
Antipas, mon témoin fidèle, a 
souffert la mort parmi vous, oü 
Satan habite. 

14. Mais j'ai quelque chose con- 
tre toi: c'est que tu as pres de 
toi des hommes qui tiennent la 
doctrine de Balaam, qui apprenait 
à Balac à jeter des pierres de 
scandale devant les enfants d'ls- 
raél,à manger et à commettre la 
fornicalion. 

15. Toi aussi, tu as des hommes 
qui tiennent la doctrine des Nico- 
laïtes. 

16. Faispareillement pénitence, 
sinon je viendrai bientót à toi, et 
je combattrai contre eux avec 
l'épée de ma bouche. 

17. Que celui qui a des oreilles 
entende ce que l'Esprit dit aux 
Eglises : Au vainqueur, je donne- 
rai la manne cachée ; je lui don- 
nerai une pierre blanche, et un 
nom nouveau écrit sur la pierre, 
lequel nul ne connait, que celui 
qui le recoit. 

18. Et à l'ange de l'église de 
Thyatire, écris : Voici ce que dit 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


u.]‏ .אס] 
le Fils de Dieu, qui a les yeux‏ 
comme une flamme de feu, et les‏ 
pieds semblables à de l'airain fin.‏ 

19. Je connais tes œuvres, ta 
foi, ta charité, tes aumónes, ta 
patience, et tes dernières œuvres 
plus abondantes que les premie- 
res. 

20. Mais j'ai quelque chose 
contre toi; tu permets que Jéza- 
bel, cette femme qui se dit pro- 
phétesse, enseigne et séduise mes 
serviteurspourqu'ils commettent 
la fornication, et qu'i:s mangent 
des viandes immolées aux idoles. 

21. Je lui ai donné un temps 
pour faire pénitence, et elle ne 
veut pas se repentir de sa prosti- 
tution. 

22. Voici que vais la jeter sur 
un lit de douleur; et ceux qui 
commettent l'adultére avec elle 
seront dans une trés grande afflic- 
tion, s'ils ne font pénitence de 
leurs ceuvres. 

93. Je frapperai ses enfants de 
mort, et toutes les Eglises con- 
naitront que je suis celui qui 
sonde les reins et les cœurs, et je 
rendrai à chaeun de vous selon 
ses œuvres. Mais je dis à toi 

24. Et à vous tous qui étes à 
Thyatire : Tous ceux qui n'ont 
point cette doctrine, el qui ne 


II. 44. Nom., xxiv, 3; xxv, 2. — 23. I Rois, xvi, 7; Ps. vir, 10; Jér., xi, 20;‏ .ג 


xx, 12.‏ ;10 מנטא 


13.* Antipas, d'après certaines hypothèses, aurait été évêque de Pergame avant 
celui à qui s'adressa saint Jean. Les martyrologes nous apprennent qu'il consomma 
son martyre dans les flancs d'un taureau d'airain brülant. 

18. * Thyatire. Voir Actes, xvi, 14. 

19. Tes aumónes; littér., {on ministère; mot qui, comme on l'a déjà vu, signifie 
quelquefois la dispensalion, la distribution des aumónes. Compar. II Corinth., virt, 4; 
[6:35 00 4122 19: 

90. * Jézabel était sans doute une femme chrétienne influente qu'on avait entrainée 
dans le parti de l'erreur. Ce nom de Jézabel pourrait du reste n'étre pas véritable, 
mais bien une appellation déguisée, empruntée à la femme impie d'Achab, roi 
d'Israél. 


[cn. [.זזד‎ 


connaissent pas les profondeurs 
de Satan, comme ils disent, je ne 
ne mettrai point d'autre poids 
sur vous. 

95. Toutefois, ce que vous avez 
gardez-le jusqu'àce queje vienne. 

26. Et celui qui aura vaincu, et 
aura gardé mes œuvres jusqu'à 
la fin, je lui donnerai puissance 
sur les nations; 

27. ἢ les gouvernera avec une 
verge de fer, et elles seront bri- 
sées comme un vase de potier. 

28. Comme je l'ai obtenu moi- 
méme de mon Père, et je lui don- 
nerai l'étoile du matin. 

29. Que celui qui a des oreilles 
entende ce que l'Esprit dit aux 
Eglises. 


CHAPITRE III. 


L'ange de Sardes mort devant Dieu, quoi- 
qu'on le croie vivant. L'ange de Phila- 
delphie aimé de Dieu pour sa fidélité 
et sa patience; celui de Laodicée me- 
nacé d’être rejeté comme tiède. 


1. Et à l'ange de léglise de 
Sardes, écris : Voici ce que dit 
celui qui ales sept Esprits de Dieu 
et les sept étoiles : Je sais tes œu- 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


2041 


vres; tu as la réputation d'étre 
vivant, mais tu es mort. 

2. Sois vigilant, et confirme 
tous les restes qui étaient près de 
mourir; car je ne trouve pas tes 

uvres pleines devant mon Dieu. 

3. Souviens-toi donc de ce que 
tu as reçu et de ce que tu as en- 
tendu, et garde-le, et fais péni- 


tence; car si tu ne veilles, je 


viendrai à toi comme un voleur, 
et tu ne sauras à quelle heure 
je viendrai. 

4. Tu as toutefois un petit nom- 
bre de noms à Sardes qui n'ont 
point souillé leurs vétements ; or 
ils marcheront avec moi revétus 
de blanc, parce qu'ils en sont di- 
gnes. 

5. Celui qui aura vaincu sera 
ainsi vêtu de blanc, et je n'efface- 
rai point son nom du livre de vie; 
et je confesserai son nom devant 
mon Pere et devant ses anges. 

6. Que celui qui a des oreilles 
entende ce que l'Esprit dit aux 
Eglises. 

1. Et à l'ange de l'église de 
Philadelphie, écris : Voici ce que 
dit le Saint et le Véritable, qui a 


21. Ps. τι, 9. — (ΒΑΡ. 111. 3. I Thess., v, 2; II Pierre, 11 10; Infra, xvi, 15. — 7. Isaie, 


xxi, 22; Job, ,זא‎ 


26. On voit ici que les saints aprés leur mort vivent avec Dieu, et ont puissance 
sur les contrées et les nations. 

28. C'est Jésus-Christ lui-même qui est l'éfoile du matin (xxit, 16), qui se lèvera 
daus nos cœurs (II Pierre, 1, 19), en se manifestant à nous, et qui se donnera à nous, 
en nous communiquant l'éclat de sa gloire. 


1. * Sardes, métropole de la Lydie, en Asie Mineure, tout adonnée aux plaisirs, 
sur la pente du Tmolus, baignée par le Pactole, ancienne capitale de Crésus. Il y avait 
beaucoup de Juifs. 

2. Tous les restes. 11 y a dans le texte le genre neutre, ce qui est un pur hébraisme 
. qui a pour but de marquer une universalité complète, qui n'admet aucune exception. 

4. Noms. Dans les énumérations, le mot nom se prend pour £éfe, individu, personne. 
Compar. Act., 1, 15, où la Vulgate elle-même a rendu par Aommes le terme grec qui 
signifie noms. 

1. * Philadelphie était en Lydie, comme Sardes, au pied du mont Tmolus, sur le 
Caistre. Elle avait été bâtie par Attale II Philadelphe qui lui avait donné son nom. 
Depuis l'an 132 avant Jésus-Christ, elle était soumise à la province romaine. 


2942 


la clef de David, qui ouvre et per- 
sonne ne ferme; qui ferme et 
personne n'ouvre. 

8. Je sais tes œuvres. J'ai posé 
devant toi une porte ouverte, que 
personne ne peut fermer, parce 
que tu as peu de force, et que 
cependant tu as gardé ma parole, 
et tu n'as pas renoncé mon nom. 

9. Voici que je produirai quel- 
ques-uns de la synagogue de Sa- 
tan, qui se disent Juifs, et ne le 
sont pas, mais qui mentent. Je 
ferai qu'ils viennent, qu'ils ado- 
rent à tes pieds, et qu'ils sachent 
que je t'aime. 

10. Parce que tu as gardé la 
parole de ma patience, moi aussi 
je te garderai de l'heure de la 
tentation, qui doit venir dans 
tout l'univers éprouver ceux qui 
habitent sur la terre. 

11. Voici que je viens bientót : 
Garde ce que tu as, de peur que 
quelque autre ne recoive ta cou- 
ronne. 

12. Celui qui aura vaincu, j'en 
ferai une colonne dans le temple 
de mon Dieu, et il n'en sortira 
plus; et j'écrirai sur lui le nom 
de mon Dieu et le nom de la cité 
de mon Dieu, de la nouvelle 16- 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


(cu. 1π. 


rusalem, qui descend du ciel d'au- 
prés de mon Dieu, et mon nou- 
veau nom. 

13. Que celui qui a des oreilles 
entende ce que l'Esprit dit aux 
Eglises. 

14. Et à l'ange de l'église de 
Laodicée, écris : Voici ce que dit 
Amen, le témoin fidèle et véri- 
table, qui est le principe des créa- 
tures de Dieu. 

15. Je sais tes œuvres; tu n'es 
ni froid ni chaud : plüt à Dieu 
que tu fusses froid ou chaud! 

16. Mais parce que tu es tiède, 
et que tu n'es ni froid ni chaud, 
je suis prés de te vomir de ma 
bouche. 

11. Car tu dis : Je suis riche et 
opulent, et je n'ai besoin de rien; 
et tu ne sais pas que tu es mal- 
heureux, misérable, pauvre, 
aveugle et nu. 

18. Je te conseille d'acheter de 
moi de l'or éprouvé au feu, afin 
de t'enrichir, et de te vétir d'ha- 
bits blancs, de peur que la honte 
de ta nudité ne paraisse; applique 
aussi un collyre sur tes yeux, afin 
que tu voies. 

19. Pour moi, je reprends et je 
chátie ceux que j'aime. Rallume 


44, Jean, xiv, 6. — 19. Prov., nr, 12; Hébr., xir, 6. 


8. J'ai posé; littér., j'ai donné. Le verbe hébreu correspondant réunit ces deux 


significations. 


9. Je produirai, je poserai, j'établirai. Voy. vers. 8. — Qui se disent, etc. Voy. 11, 9. 
— Qu'ils adorent. On a déjà vu que dans le style des Hébreux, le mot adoration signi- 
fiait souvent un simple hommage de respect. 

10. La parole de ma patience. Le mot parole est mis pour préceple. Saint Jean, en 
effet, emploie souvent la phrase garder la parole, pour garder la loi. De plus, l'ex- 
pression la parole de ma patience, est une hyperbate hébraïque; la coustruction ré- 
guliére est: Ma parole, ou mon précepte de la patience, touchant la patience. 

14. Des créatures. Le texte porte au singulier de La créature, mais c'est évidemment 
un nom collectif; ou bien ce mot doit se prendre ici, comme en plusieurs autres pas- 
sages, dans le sens de création. — * Laodicée. Voir Colos., r1, 4. 

18. Cet or éprouvé au feu est le symbole de la charité; ces habits blancs, celui de 
l'innocence, des vertus chrétiennes, des œuvres saintes (xix, 8), et ce co/lyre, celui 
de l'humilité qui nous ouvre les yeux, en nous faisant connaitre nos défauts, ; 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


donc ton zèle, et fais pénitence. 

20. Me voici à la porte et je 
frappe; si quelqu'un entend ma 
voix et m'ouvre la porte, j'entre- 
rai chez lui, et je souperai avec 
lui, et lui avec moi. 

91. Celui qui aura vaincu, je le 
ferai asseoir avec moi sur mon 
tróne; comme moi j'ai vaincu 
aussi, et me suis assis avec mon 
Père sur son trône. 

22. Que celui qui ἃ des oreilles 
entende ce que l'Esprit dit aux 
Eglises. 


2943 
voilà une porte ouverte dans le 
ciel, et la première voix que j'a- 
vais entendue comme une voix 
de trompette qui me parlait, dit : 
Monte ici, et je te montrerai 
ce qui doit arriver apres ces 
choses. 

2. Et aussitôt je fus ravi en es- 
prit, et je vis un tróne placé dans 
le ciel, et quelqu'un assis sur le 
tróne. 

3. Celui qui était assis paraissait 
semblable à une pierre de jaspe 
et de sardoine; et il y avait au- 


tour du tróne un arc-en-ciel sem- 
blable à une émeraude. 

4. Autour du tróne étaient en- 
core vingt-quatre trónes, et sur 
les trónes vingt-quatre vieillards 
assis, revétus d'habits blancs, et 
sur leurs tétes des couronnes 
d'or. 


CHAPITRE 1V. 


Le Seigneur parait assis sur son tróne; 
il a quatre vieillards autour de lui, et 
sept lampes devant lui. Mer transpa- 
rente devant le tróne. Quatre animaux 
antour du tróne; leur cantique. Can- 
tique des vingt-quatre vieillards. 


1. Aprés cela je regardai, et 


20. Dieu frappe à la porte de notre cœur par les avertissements qu'il nous donne; 
il entre en nous par la charité qu'il répand dans nos cœurs; il soupe avec nous par 
les grâces dont il nous comble en cette vie, considérée comme le soir qui précède le 
grand jour de l'éternité. 

1. * Le ciel, l’Agneau, le livre aux sept sceaux, v, v. > Le chapitre quatrième contient 
la description du ciel, siége de la grandeur, de la puissance et de la justice divines. 
C'est là que sont portés tous les arrêts qui s'exécutent sur la terre. On y voit Dieu 
assis sur son tróne, comme sur un tribunal; au-dessous est une mer de cristal, 
calme, immense, transparente, comme le firmament. A l'entour sont vingt-quatre 
vicillards ou prêtres, toujours en adoration devant la majesté infinie. Ils ont 
le titre de prétres, parce qu'ils remplissent la fonction la plus essentielle du sacer- 
doce, qui est d'adorer, de bénir, de célébrer ses infinies perfections. Ils sont assis 
sur des trónes, parce qu'ils se reposent dans la gloire, fixés pour toujours dans l'es- 
sence méme de Dieu. Ils portent des couronnes, parce qu'ils sont associés à sa puis- 
sance et à sa souveraineté. En avant est le Sauveur, l'Agneau divin, debout et vivant, 
mais comme égorgé, portant les marques d'une double immolation, celle qu'il a 
subie en sa personne et celle qu'il souffre dans son corps mystique. C'est sa mission 
et sa gloire de révéler tous les secrets et de lever tous les voiles. C'est donc lui qui 
reçoit des mains du Père éternel le livre des décrets divins; qui révèle à S. Jean les 
événements que celui-ci prédit. Il est, comme le Fére, l'objet des adorations de toute 
créature. Cette vision est par rapport aux suivantes, ce qu'est celle du chapitre pre- 
mier par rapport aux révélations faites aux évéques des sept Eglises. C'est le prélude 
des sentences qui vont être portées au ciel et exécutées sur la terre. » (L. 20082.( 

4. * Les vingt-quatre vieillards. « Les meilleurs interprétes pensent que ces vingt- 
quatre vieillards qui rendent hommage au Seigneur, au nom de toutes les créatures, 
représentent la totalité des élus, en tant qu'appliqués aux louanges de Dieu. Comme 
ils remplissent l'office principal des prétres, ils en portent le nom. Ils sont au 
nombre de vingt-quatre, comme les chefs des familles sacerdotales de l'ancien 
peuple. Suivant Bessuet, douze représentent les saints de l'Ancien Testament, issus des 


2944 


5. Et du trône sortaient des 
éclairs, des voix et des tonnerres; 
et il y avait devant le trône sept 
lampes ardentes, qui sont les sept 
esprits de Dieu. 

6. Et devant le tróne, comme 
une mer de verre semblable à 
du cristal; et au milieu du tróne, 
et autour du tróne quatre ani- 
maux pleins d'yeux devant et 
derriere. 

7. Le premier animal ressem- 
blait à un lion, le second à un 
veau, le troisi&me avait un visage 
comme celui d'un homme, et le 
quatrieme était semblable à un 
aigle qui vole. 

8. Ces quatre animaux avaient 
chacun six ailes, et autour et au 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


(cg. 1v.] 


etils ne se donnaient du repos 
ni jour ni nuit, disant : Saint, 
saint, saint, estle Seigneur, Dieu 
tout-puissant, qui était, qui est, 
et qui doit venir. 

9. Et lorsque ces animaux ren- 
daient ainsi gloire, honneur et 
bénédiction à celui qui est assis 
sur le tróne, qui vit dans les 
siècles des siècles, 

10. Les vingt-quatre vieillards 
se prosternaient devant celui qui 
est assis sur le trône, et ils ado- 
raient celui qui vit dans les siecles 
des siecles, et ils jetaient leurs 
couronnes devant le tróne, di- 
sant : 

11. Vous étes digne, Seigneur 
notre Dieu, de recevoir la gloire, 


dedans ils étaient pleins d'yeux; | l'honneur etla puissance, parce 


Cap. IV. 8. Isaie, vi, 3. 


patriarches, et douzeles saints du Nouveau, dont les Apótres sont comme les péres. 
lis n'ont qu'une voix pour louer Celui qui est sur le trône et l'Agneau. » (L. BACUEZ.) 

6. * Les quatre animaux symboliques. > La plupart voient en eux une personnification 
des quatre Evangiles, en tant qu'animant et inspirant les prédicateurs de la foi 
chrétienne. On les distingue à peine les uns des autres. Toute leur intelligence, toute 
leur activité, tout leur zéle sont employés à faire connaitre les perfections et les 
desseins de Dieu; ils sont les dépositaires de tous ses décrets; ils reflètent toutes 
ses pensées sur l'avenir comme sur le passé. Leur aspect annonce la grandeur aussi 
bien que l'activité. Leurs ailes indiquent la rapidité de leur course et leur élévation. 
115 remplissent le monde des louanges de la majesté divine. — Pour se former une 
idée dela cour céleste, telle qu'elle fut montrée à S. Jean, il faut joindre à ce tableau 
celui de la multitude des élus, tracé au chapitre vri. Rien de plus solennel, de plus 
animé, de plus ravissant que cette description qui semble avoir inspiré à l'auteur du 
Te Deum ses plus magnifiques versets. — J1 est impossible de n'étre pas frappé du 
rapport qui existe entre les honneurs rendus à Dieu dans le ciel, 1v et v, et le culte 
que nous lui offrons dans nos églises. Chaque dimanche, depuis l'origine du chris- 
tianisme, nous avons dans nos églises des réunions semblables à cette assemblée 
céleste dont S. Jean fait ici le tableau. Un vieillard préside, entouré de ministres 
sacrés, de prétres, vétus de robes blanches et portant des couronnes. On voit au 
milieu, un autel; sous cet autel, des reliques; sur l'autel, l'Agneau immolé qui fait 
office de Médiateur et qui reçoit des adorations; devant l'autel, des parfums, des 
prostrations, des cantiques à deux chœurs, un livre qu'il n'est pas donné à tous de 
lire et de comprendre. — Soit que l'Esprit saint nous donne à entendre par cette 
vision que nous sommes appelés à contempler au ciel ce qui existe en figure ou sous 
des voiles dans nos sanctuaires, soit que l'Eglise de la terre ait pris dans cette vue 
du ciel, comme Moise autrefois, l'idée de ses rites liturgiques, on peut toujours en 
conclure que nos principales cérémonies remontent à l'origine du christianisme, et 
qu'elles ont leur sanction dans l'autorité de Dieu. » (L. BAcuez.) 

8. Saint, saint, saint. Les Hébreux formaient un de leurs superlatifs en répétant 
trois fois l'adjectif positi* 


(cu. v.] 


que vous avez créé toutes choses, 
et que c'est par votre volonté 
qu'elles étaient et qu'elles ont été 
créées. 


CHAPITRE V. 


Livre scellé de sept sceaux. Nul n'est 
trouvé digne de l'ouvrir. Jésus parait 
sous le symbole d'un agneau immolé, 
mais plein de vie; il prend le livre. 
Cantique des saints, des anges et de 
toutes les créatures à sa louange. 


1. Je vis ensuite dans la main 
droite de celui qui est assis sur 
le tróne, un livre écrit dedans et 
dehors, scellé de sept sceaux. 

2. Je vis encore un ange fort 
qui criait d'une voix forte : Qui 
est digne d'ouvrir le livre, et d'en 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


2945 

3. Et nul ne pouvait ni dans le 
ciel, ni sur la terre, ni sous la 
terre, ouvrir le livre, ni le regar- 
der. 

4. Et moi je pleurais beaucou» 
de ce que personne ne s'était 
trouvé digne d'ouvrir le livre ni 
de le regarder. 

9. Mais l'un des vieillards me 
dit : Ne pleure point; voici le lion 
de la tribu de Juda, la racine de 
David, qui a obtenu par sa vic- 
toire d'ouvrir le livre et d'en dé- 
lier les sept sceaux. 

6. Et je regardai, et voilà au 
milieu du tróne et des quatre ani- 
maux, etau milieu des vieillards, 
un Agneau debout comme im- 


délier les sceaux? molé, ayant sept cornes et sept 


1. * « On voit apparaitre successivement trois groupes de symboles: sept sceaux, 
sept trompettes et sept coupes. S'il est manifeste que tous ces symboles ont rapport 
au méme objet, la destruction du monde idolátre, il ne l'est pas moins que leur suc- 
cession indique la durée et le progrès de l’œuvre. Ainsi chaque nouveau groupe 
ajoute à la signification du groupe précédent. La levée des sceaux montre que l'arrét 
vengeur est porté, sans être encore promulgé; le son des trompettes est 18 promul- 
gation de l'arrét; l'effusion des coupes sera comme l'application de la peine au cou- 
pable. A la derniére on entendra éclater dans le ciel cette parole: « C'est fait », 
Apoc., xvi, 17, auquel fait écho le cri de l'Apostat expirant: « Tu as vaincu, Gali- 
léen. » — Il est clair qu'il s'agit de fléaux ou de chátiments divins. Ces fléaux tombent 
sur l'empire idolátre comme les plaies d'Egypte sur le royaume de Pharaon. Reste 
la dificulté d'assigner à chaque signe un sens particulier, ou d'indiquer avec pré- 
cision à quelle date il s'accomplit, à quel événement il se rapporte. Il nous semble 
quil y a une mesure à garder dans cette détermination, qu'il ne faut pas vouloir 
tout distinguer ni trop descendre dans le détail, que divers signes peuvent avoir pour 
objet des faits d'une méme époque et parfois les mémes faits considérés sous divers 
aspects. Evidemment, c'est moins pour s'accorder avec les faits de l'histoire que 
pour se conformer aux habitudes du langage symbolique, que les signes se succèdent 
d'une maniére réguliére, en nombre septénaire. « Le nombre sept, dit S. Augus- 
tin, est celui de la totalité. » Plusieurs interprètes n'ont pas assez tenu compte 
de cette considération. Non seulement ils ont assigné à chaque série de symboles 
une signification particuliére, mais ils ont donné pour objet à chaque signe un fait 
déterminé. Ainsi ils se sont jetés dans la conjecture, et le désir de la précision leur 
ἃ fait perdre jusqu'à la vraisemblance. Les symboles sont, comme les paraboles, 
moins précis que frappants. « Prise dans son ensemble, dit le P. Lacordaire, la pro- 
phétie de S. Jean est d'une extréme clarté; mois elle échappe aux efforts de ceux 
qui veulent la suivre pas à pas et en appliquer toutes les scénes aux événements 
accomplis. » (L. Bacukz.) 

2. D'en délier les sceauz. Anciennement on scellaitles livres, les tablettes, en les 
enveloppant et les liant avec du lin ou toute autre matière semblable, et en y appli- 
quant le sceau par-dessus. Voy. Isaïe, vin, 16. 

5. A obtenu, etc. ; littér. : À vaincu, l’a emporté d'ouvrir Le livre, pour ouvrir le livre; 
c'est-à-dire a été assez puissant pour ouvrir, etc. 


N. T. 185 


2046 


yeux, qui sont les sept esprits de 
Dieu envoyés par toute la terre. 

7. Et il vint, et prit le livre de 
la main droite de celui qui était 
assis sur le trône. 

8. Et lorsqu'il eut ouvert le 
livre, les quatre animaux et les 
vingt-quatre vieillards tombèrent 
devant l'Agneau, ayant chacun 
des harpes et des coupes pleines 
de parfums, qui sont les prières 
des saints. 

9. Ils chantaient un cantique 
nouveau, disant: Vousétes digne, 
Seigneur, de recevoir le livre et 
d'en ouvrir les sceaux, parce que 
vous avez été mis à mort, et que 
vous nous avez rachetés pour 
Dieu par votre sang, de toute 
tribu, de toute langue, de tout 
peuple et de toute nation. 

10. Et vous avez fait de nous un 
royaume et des prètres pour 
noire Dieu; et nous régnerons 
sur la terre. 

11. Je regardai encore, et j'en- 
tendis autour du tróne, et des 
animaux, et des vieillards, la voix 
de beaucoup d'anges : leur nom- 
bre était des milliers de milliers, 

19. Qui disaient d'une voix 
forte : Il est digne, l'Agneau qui 
a été immolé, de recevoir la 
vertu, la divinité, la sagesse, la 
force, l'honneur, la gloire et la 
bénédiction. 

Cap. V. 11. Dan., vir, 40. 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


[cu. vi. 


13. Et j'entendis toutesles créa- 
tures qui sont dans le ciel, sur la 
terre, sous la terre, et celles qui 
sont sur la mer et en elle; je les 
entendis tous disant : A celui qui 
estassis surletróneetàlAgneau, 
bénédiction, honneur, gloire et 
puissance dans les siecles des 
siecles! ) 

14. Et les quatre animaux di- 
saient : Amen. Et les vingt-quatre 
vieillards tombèrent sur leurs 
faces, et adorèrent celui qui vit 
dans les siècles des siècles. 


CHAPITRE VI. 


Ouverture des sept sceaux. Premier sceau, 
un cavalier monté sur un cheval blanc. 
Deuxième sceau, un cavalier monté sur 
un cheval roux. Troisième sceau, un 
cavalier monté sur un cheval noir. Qua- 
trième sceau, up cavalier monté sur un 
cheval pâle. Cinquième sceau, plaintes 
des martyrs. Sixième sceau, la colère 
de l'Agneau. 


1. Et je vis que l’Agneau avait 
ouvert un des sept sceaux, et 
j'entendis l’un des quatre ani- 
maux disant comme avec une 
voix de tonnerre : Viens et vois. 

2. Je regardai, et voilà un che- 
val blanc, et celui qui le montait 
avait un arc, et une couronne lui 
fut donnée, et il partit en vain- 
queur pour vaincre. 

3. Lorsqu'il eut ouvert le se- 
cond sceau, j'entendis le second 


8. Qui sont les priéres des saints. Ce texte prouve clairement que les saints dans le 
ciel offrent à Jésus-Christ les prières que les fidèles font sur la terre. 
18, Sur la mer; c'est le sens de la Vulgate expliquée par le Grec. 


2-8. Ce guerrier monté sur un cheval blanc représente Jésus-Christ allant soumettre 
le monde à son Evangile; les autres chevaux, les jugements et les châtiments qui 
devaient tomber sur les ennemis de Jésus-Christ et de son Eglise; le cheval roux 
signifie les guerres; le noir, la famine; et le pâle monté par la Mort, les plaies et la 
peste. Voy. les explications que nous avons données de ce chap. vt et des suivants, 
dans notre Abrégé d'introduction, etc., p. 501-513, 


[cn. vi.) 
animal qui dit : Viens et vois. 
4. Et il sortit un autre cheval 
qui était roux; et à celui qui le 
montait, il fut donné d'óter.la 
paix de dessus la terre, et de faire 
que les hommes 5 entre-tuassent; 
et une grande épée lui fut don- 
née. 
. 9. Quand il eut ouvert le troi- 
sieme sceau, j'entendis le troi- 
sième animal qui dit : Viens et 
vois. Et voilà un cheval noir; or 
celui qui le montait avait une ba- 
lance en sa main. 

6. Et jentendis comme une 
voix au milieu des quatre ani- 
maux, disant : Deux livres de 
blé pour un denier, et trois livres 
d'orge pour un denier, et ne gâte 
ni le vin ni l'huile. 

1. Lorsqu'il eut ouvert le qua- 
trième sceau, j'entendis la voix 
du quatrieme animal, disant : 
Viens et vois. 

8. Et voilà un cheval pâle; et 
celui qui le montait s'appelait la 
Mort, et l'enfer le suivait; et il 
lui fut donné puissance sur les 
quatre parties de la terre, de 
tuer par l'épée, par la famine, 
parla mortalité et par les bétes 
sauvages. 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


9047 


^id 1 

9. Lorsqu'il eut ouvert le cir- 
quieme sceau, je vis sous l'autel 
les àmes de ceux qui ontété tués 
à cause de la parole de Dieu, à 
cause du témoignage qu'ils 
avaient. 

10. Et ils criaient d'une voix 
forte, disant : Jusques à quand, 
Seigneur (16 saint et le véritable), 
ne ferez-vous point justice et ne 
vengerez-vous point notre sang 
de ceux qui habitent la terre? 

11. Et une robe blanche fut 
donnée à chacun d'eux ; et il leur 
fut dit qu'ils attendissent en re- 
pos encore un peu de temps, 
jusquà ce que füt aecompli le 
nombre de ceux qui servaient 
Dieu comme eux, οἱ celui de 
leurs frères qui devaient être 
tués comme eux. 

19. Et je regardai lorsqu'il ou- 
vrit le sixième sceau: et voilà 
qu'un grand tremblement de terre 
se fit; le soleil devint noir comme 
un 580 de poils, et la lune tout 
entiere devint comme du sang. 

13. Et les étoiles tombèrent du 
ciel sur la terre, comme un fi- 
guier laisse tomber ses figues 
vertes, quand il est agité par un 
grand vent. 


6. Deux livres. Voy. Ibid., p. 541. — Un denier. Voy. Ibid., p. 543. — * Deux livres. 
Le texte original porte deux chœnix. Le chœnix était une mesure de capacité con- 
tenant 1 litre 079. — Le denier valait environ 80 centimes. 

9. Sous l'autel. Jésus-Christ, en tant qu'homme, est cet autel sous lequel les 
àmes des martyrs vivent dans le ciel, comme leurs corps sont ici déposés sous nos 


autels. 


10. Le saint et le véritable. Compar. ur, 1. — Ne ferez-vous point, etc. Les saints ne 
demandent pas cela par haine pour leurs ennemis, mais par zéle pour la gloire de 
Dieu, désirant que le Seigneur hâte le jugement universel, et la 268112006 8 


de ses élus. 


11. * Une robe blanche, 81016. Voir Luc, xi, 22. 
12. Noir comme un sac de poils. Les sacs de deuil dont se servaient ordinai- 
rement les prophétes étaient faits de poils noirs ou bruns, soit de chévre, soit de 


chameau. 


13. * Ses figues. Les figues sont ordinairement nombreuses sur les figuiers, et un 


grand vent les (ait tomber en abondance, 


2918 

14. Le ciel se replia comme un 
livre roulé, et toutes les mon- 
tagnes et les îles furent ébranlées 
de leurs places. 

15. Alors les rois de la terre, 
les princes, les tribuns mili- 
taires, les riches, les puissants, 
et tout homme esclave ou libre, 
se cachèrent dans les cavernes et 
dans les rochers des montagnes. 

16. Et ils dirent aux montagnes 
et aux rochers : Tombez sur 
nous, et cachez-nous de la face 
de celui qui est assis sur le tróne, 
et de la colère de l'Agneau, 

47. Parce qu'il est arrivé le 
grand jour de leur colere, et qui 
pourra subsister? 


CHAPITRE VII. 


Quatre anges retiennent les quatre vents. 
Douze mille Israélites de chacune des 
douze tribus sont marqués du signe de 
Dieu. Troupe innombrable de toute 
nation devant le tróne. Cantique des 
anges. Quelle est cette troupe? Récom- 
pense dont elle jouira éternellement. 


1. Aprés cela, je vis quatre 
anges qui étaient aux quatre coins 
de la terre, et qui retenaient les 
quatre vents de la terre, pour 
qu'ils ne soufflassent point sur la 
terre, ni sur la mer, ni sur aucun 
arbre. 

2. Et je vis un autre ange qui 
montait de l'orient et portait le 
signe du Dieu vivant; et il cria 
d'une voix forte aux quatre anges 
auxquels il à été donné de nuire 
à la terre et à la mer, 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


(cu. vir.] 


3. Disant : Ne nuisez ni à la 
terre ni à la mer, ni aux arbres, 
jusqu'à ce que nous ayons mis le 
sceau sur le front des serviteurs 
de notre Dieu. 

4. Et j'entendis le nombre de 
ceux qui avaient été marqués du 
sceau cent quarante-quatre 
mille de toutes les tribus des en- 
fants d'Israël ; 

5. Dela tribu de Juda, douze 
mille marqués du sceau; de la 
tribu de Ruben, douze mille 
marqués du sceau; de la tribu de 
Gad, douze mille marqués du 
sceau ; 

6. De la tribu d'Azer, douze 
mile marqués du sceau; de la 
tribu de Nephtali, douze mille 
marqués du sceau; de la tribu de 
Manassé, douze mille marqués du 
sceau ; 

7. De la tribu de Siméon, douze 
mille marqués du sceau; de la 
tribu de Lévi, douze mille mar- 
qués du sceau; de la tribu d'Issa- 
char, douze mille marqués du 
sceau : 

8. De la tribu de Zabulon, 
douze mille marqués du sceau; 
dela tribu de Joseph, douze mille 
marqués du sceau; de la tribu de 
Benjamin, douze mille marqués 
du sceau. 

9. Apres cela, je vis une grande 
troupe que personne ne pouvait 
compter de toutes les nations, de 
toutes les tribus, de tous les 
peuples et de toutes les langues, 
qui étaient debout devant le 


Car. VI. 16. Isaie, 11, 19; Osée, x, 8; Luc, xxu, 30. 


14. Comme un livre roulé, Les livres anciens étaient de grands rouleaux de papier 


ou de vélin. 


9, 13. * De robes blanches, stolai. Voir Luc, xit, 22; 


[cu. vur.] 


trône et devant l'Agneau, revétus 
de robes blanches ; et des palmes 
étaient en leurs mains. 

10. Et ils criaient d'une voix 
forte, disant : Salut à notre Dieu 
qui est assis sur le tróne, et à 
l'Agneau! 

41. Et tous les anges se te- 
naient debout autour du tróne et 
des vieillards, et des quatre ani- 
maux, et ils tombèrent sur leurs 
faces devant le trône, et ils ado- 
rèrent Dieu, 

19. Disant : Amen; la bénédic- 
tion, la gloire, la sagesse, l’action 
de grâces, l'honneur, la puissance 
et la force à notre Dieu dans les 
siècles des siècles. Amen. 

18. Alors un des vieillards prit 
la parole et me dit : Ceux-ci, qui 
sont revêtus de robes blanches, 
qui sont-ils? et d’où viennent-ils? 

14. Je lui répondis : Mon Sei- 
gneur, vous le savez. Et il me 
dit: Ce sont ceux qui sont venus 
de la grande tribulation, et qui 
ont lavé et blanchi leurs robes 
dans le sang de l'Agneau. 

15. C'est pourquoi ils sont de- 
vant le tróne de Dieu, et ils le 
servent jour et nuit dans son 
temple, et celui qui est assis sur 
le tróne habitera sur eux. 

16. Ils n'auront plus ni faim ni 
soif; et le soleil, ni aucune cha- 
leur ne tombera sur eux ; 

11. Parce que l'Agneau qui est 
au milieu du tróne, sera leur 
pasteur; il les conduira à des 
fontaines d'eau vive, et Dieu es- 
suiera de leurs yeux toute larme. 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


2949 


CHAPITRE VIII 


Ouverture du septième sceau. Sept anges 
paraissent avec sept trompettes. Pre- 
miére trompette, gréle accompagnée de 
feu et de sang. Deuxiéme trompette, 
montagne tout en feu jetée dans la mer. 
Troisième trompette, étoile d'absinthe 
qui corrompt les eaux. Quatrième trom- 
pette, la troisième partie de la lumière 
est obscurcie. Annonce des trois m al- 
heurs qui vont suivre. 


1. Lorsque l'Agneau eut ouvert 
le septième sceau, il se fit un si- 
lence ^ans le ciel d'environ une 
demi-heure. 

2. Et je vis les sept anges qui 
se tiennent debout en présence 
de Dieu; et sept trompettes leur 
furent données. 

3. Alors un autre ange vint, et 
il s'arrêta devant l'autel, ayant 
un encensoir d'or; et une grande 
quantité de parfums lui fut don- 
née, afin qu'il présenlàt les prie- 
res de tous les saints sur l'autel 
d'or qui est devant le tróne de 
Dieu. 

4. Et la fumée des parfums 
composée des prieres des saints 
monta de la main de l'ange de- 
vant Dieu. 

ὃ. Et l'ange prit l'encensoir; il 
le remplit du feu de l'autel, et le 
jeta sur la terre; et il se fit des 
tonnerres, des voix, des éclairs, 
et un grand tremblement de 
terre. 

6. Alors les anges qui avaient 
les sept trompettes se prépa- 
rerent à en sonner. 

7. Ainsi le premier ange sonna 


(παρ. VII. 16. Isaie, xrix, 10. — 17. Isaie, xxv, 8; Infra, xxi, 4. 


——————————————————————MM——— 


15. Habitera sur eux; il les couvrira comme un pavillon, une tente. 
1. Toute herbe verte; c'est-à-dire toute sorte d'herbe indistinctement, mais non pas 


généralement toute l'herbe. 


2950 
de la trompette; il se forma une 
gréle et un feu mélé de sang ; ce 
fut lancé sur la terre, et la troi- 
sième partie de la terre et des 
arbres fut brülée, et toute herbe 
verte fut consumée. 

8. Le second ange sonna de la 
trompette, et comme une grande 
montagne tout en feu fut lancée 
dans la mer, et la troisième 
partie de la mer devint du 
sang, 

9. Et la troisième partie des 
créatures qui avaient leur vie 
dans la mer mourut, et la troi- 
sieme partie des navires périt. 

10. Le troisieme ange sonna de 
latrompette, et unegrande étoile, 
ardente comme un flambeau, 
tomba du ciel sur la troisième 
partie des fleuves et sur les 
sources des eaux. 

11. Le nom de l'étoile est Ab- 
sinthe ; or la troisième partie des 
eaux devint de labsinthe; et 
beaucoup d hommes moururent 
des eaux, parce qu'elles étaient 
devenues amères. 

19. Le quatrième ange sonna 
de la trompette, et la troisième 
partie du soleil fut frappée, et la 
troisième partie de la lune et la 
troisième partie des étoiles; de 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


(ca. 1x.] 
sorte que leur troisième partie fut 
obscurcie, et que le jour perdit 
la troisième partie de sa lumiere, 
et la nuit pareillement. 

13. Alors je regardai, et j'en- 
tendis la voix d'un aigle qui vo- 
lait au milieu du ciel, disant d'une 
voix forte : Malheur, malheur, 
malheur aux habitants de la terre? 
à cause des autres voix des trois 
anges qui allaient sonner de la 
trompette. 


CHAPITRE IX. 


Cinquième trompette, chute d'une étoile 
qui ouvre le puits de l'abime; fumée 
épaisse qui en sort; sauterelles qui se 
répandent sur la terre : premier mal- 
heur. Sixième trompette, quatre anges 
liés sur le fleuve de l'Euphrate sont 
déliés; cavalerie nombreuse qui fait: 
périr la troisiéme partie des hommes : 
commencement du second malheur. 


1. Le cinquième ange sonna de 
la trompette, et je vis qu'une 
étoile était tombée du ciel sur la 
terre; et la clef du puits de l'a- 
bime lui fut donnée. 

2. Et elle ouvrit le puits de l'a 
bime, etla fumée du puits monta 
comme la fumée d'une grande 
fournaise; et le soleil et l'air 
furent obscurcis par la fumée du 
puits. 


4, Une étoile; c'est-à-dire un grand hérétique. — Lui fut donnée; c'est-à-dire fut 
lonnée à l'étoile qui s'en servit pour ouvrir le puits de l'abime, et non à l'ange. 
C'est le sens indiqué par la construction méme de la phrase. Ajoutons que les quatre 
anges précédents ne paraissent que pour sonner de la trompette, et qu'ils laissent 
agir les fléaux, quand ceux-ci sont appelés. — * « Au son de la cinquième trompette, 
saint Jean voit d'abord un étre sublime et brillant, qui a été précipité du ciel, ouvrir 
l'abime, demeure des démons et des exécuteurs dela justice divine. La fumée qui 
s'en échappe donne l'idée d'une éruption volcanique, et rappelle celle du Vésuve qui 
avait effrayé le monde dix-huit ans auparavant. Immédiatement aprés, apparait une 
multitude innombrable de sauterelles, semblables à des escadrons de cavalerie 
armés en guerre, lesquelles répandent partout la désolation, sans nuire pourtant à 
la société de ceux qui portent sur le front le signe du Dieu vivant. Cette peinture 
rappelle celle de Joel, 1 et 11, et doit avoir une signification analogue. Comme Joel 
annoncait sous cette figure l'invasion des Assyriens, saint Jean prédit la grande in- 
vasion des barbares qui doit dévaster l'empire. » (L. BAcukz.) 


]6₪. 1x.) 


3. Et de la fumée du puits sor- 
tirent des sauterelles qui se ré- 
pandirent sur la terre, et il leur 
fut donné une puissance comme 
la puissance qu'ont les scorpions 
de la terre. 

4. Il leur fut commandé de 
ne point nuire à l'herbe de la 
terre, ni à rien de vert, mais 
seulement aux hommes qui n'au- 
raient pas le signe de Dieu sur le 
front. 

5. Et il leur fut donné non 
de les tuer, mais de les tour- 
menter durant cinq mois; or 
la douleur qu'elles font souf- 
frir est semblable à celle que 
cause un scorpion, lorsqu'il pique 
l'homme. 

6. En ces jours-là les hommes 
chercheront la mort, et ils ne la 
trouveront pas, ils souhaiteront 
de mourir, et la mort s'enfuira 
d'eux. 

1. Orcessauterelles apparentes 
étaient semblables à des chevaux 
préparés au combat; et sur leurs 
têtes étaient comme des cou- 
ronnes semblables à de l'or, et 
leurs faces étaient comme des 
faces d'homme. 

8. Et elles avaient des cheveux 
comme des cheveux de femme, 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


2951 


et leurs dents étaient comme des 
dents de lion. 

9. Elles avaient des cuirasses 
comme des cuirasses de fer, et le 
bruit de leurs ailes était comme 
le bruit des chariots à beau- 
coup de chevaux, courant au 
combat; 

10. Elles avaient des queues 
semblables à celles des scorpions, 
et àleurs queues étaient des ai- 
guillons ; or leur pouvoir était de 
nuire aux hommes durant cinq 
mois. 

11. Elles avaient au-dessus 
d'elles, pour roi, l'ange de l'a- 
bime, dont le nom en hébreu est 
Abaddon, en grec Apollyon, et 
qui s'appelle en latin l'Extermi- 
nateur. 

19. Le premier malheur est 
passé, et voici encore deux mal- 
heurs qui viennent aprés ceux- 
ci. 

13. Le sixième ange sonna de 
la trompette, et j'entendis une 
voix partant des quaire coins 
de lautel d'or qui est devant 
Dieu ; 

14. Elle dit au sixième ange qui 
avait la trompette : Délie les 
quatre anges qui sont liés sur le 
grand fleuve d'Euphrate. 


Car. IX. 6. Isaie, π, 19; Osée, x, 8; Luc, xxii, 30. — 7. Sag., xvi, 9. 


13. * > Au son de la sixième tromyelte, l'Apótre voit une véritable armée de deux 
cents millions de cavaliers, qui passent l'Euphrate et qui font périr un tiers de la 
population, sans que le reste des infidéles en devienne moins impie. Aussi un ange 
annonce-t-il que la fin est proche, et que Dieu n’accordera plus aucun délai aux cou- 
pables. Les signes deviennent de plus en plus précis. Comme on a vu plus clairement aux 
derniers sceaux ce que signifiaient les sceaux précédents, on reconnait ici ce qu'annon- 
cent les premières trompettes. Il s'agit toujours de chàtiments destinés à l'empire. 
La seconde armée montre quelle a dû être la première. Celle-ci exprime la voracité 
des barbares et leurs déprédations, celle-là leur férocité et leur amour du carnage. 
L'Euphrate, frontiere de l'empire en Orient, était le rempart naturel de Babylone : or, 
Babylone figurait Rome idolátre, pour S. Jean comme pour 5. Pierre. » (L. Bacuez.) 

14. * Le grand fleuve d'Euphrate a sa source en Arménie, arrose la Syrie, la Méso- 
potamie et la Babylonie et aprés s être mêlé au Tigre se jette dans le golfe Persique. 


995? 


15. Et aussitót furent déliés 
les quatre anges, qui étaient 
préts pour l'heure, le jour, le 
mois et l'année, oü ils devaient 
tuer la troisième partie des 
hommes. 

16. Et le nombre de cette ar- 
mée de cavalerie était de deux 
cent millions; car j'en entendis 
le nombre. 

47. Etles chevaux me parurent 
ainsi dans la vision. Ceux qui les 
 montaient avaient des cuirasses 
de feu, d'hyacinthe et de soufre; 
etles tétes des chevaux étaient 
comme des tétes de lion, et de 
leur bouche sortaient du feu, de 
la fumée et du soufre. 

18. Et par ces trois plaies, le 
feu, la fumée et le soufre, qui 
sortaient de leur bouche, la troi- 
sieme partie des hommes fut 
tuée. 

19. Car la puissance de ces che- 
vaux est dans leurs bouches et 
dans leurs queues; parce que 
leurs queues sont semblables à 
des serpents, et qu'elles ont des 
tétes dont elles blessent. 

20. Et les autres hommes qui 
ne furent point tués par ces plaies 
ne se repentirent pas des ceuvres 
de leurs mains, pour ne plus ado- 
rer les démons et les idoles d'or, 
d'argent, d'airain, de pierre et de 
bois, qui ne peuvent ni voir, ni 
entendre, ni marcher. 

91. Ainsi ils ne firent péni- 
tence ni de leurs meurtres, ni 
de leurs empoisonnements, ni de 
leurs impudicités, ni de leurs lar- 
cins. 

CuaP. X. 5. Dan., xit, T. 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


[cu. x.] 


CHAPITRE X. 


Un ange descend du ciel pour annoncer 
qu'il n'y aura plus de temps; que le 
mystère de Dieu va être consommé et 
les prophéties accomplies. Il donne un 
livre à saint Jean, en lui commandant 
de le manger; ce livre est à le fois 
doux et amer. 


1. Je vis un autre ange fort, qui 
descendait du ciel, revétu d'une 
nuée, et ayant un arc-en-ciel sur 
la téte; son visage était comme 
le soleil, et ses pieds comme des 
colonnes de feu. 

2. 1] avait en sa main un petit 
livre ouvert; et il posa son pied 
droit sur la mer, etle gauche sur 
la terre. 

3. Puis il cria d'une voix forte, 
comme quand un lion rugit. Et 
lorsqu'il eut crié, sept tonnerres 
firent entendre leurs voix. 

4. Et quand les tonnerres eu- 
rent fait entendre leurs voix, moi 
j'allais écrire; mais j'entendis une 
voix du ciel qui me dit : Scelle ce 
qu'ont dit les sept tonnerres et ne 
l'éeris pas. 

5. Alors l'ange que j'avais vu 
se tenant debout sur la mer et 
sur laterre, leva sa main au ciel, 

6. Et jura par celui qui vit dans 
les siècles des siècles, qui a créé 
le ciel et ce qui est dans le ciel, la 
terre et ce qui est dans la terre, 
la mer et ce qui est dans la mer, 
disant : 11 n'y aura plus de temps; 

7. Mais aux jours de la voix 
du septième ange, quand il com- 
mencera à sonner de la trom- 
pette, se consommera le mystere 
de Dieu, comme il l'a annoncé 


6. Disant; c'est la traduction fidéle de la particule parce que, le discours qui suit 
étant direct. La Bible présente des exemples nombreux de cet idiotisme. 


[cu. xr.] 


par les prophètes ses serviteurs. 

8. Et j'entendis la voix qui me 
parla encore du ciel, et me dit : 
Va et prends le livre ouvert dela 
main de l'ange qui se tient debout 
sur la mer et sur la terre. 

9. J'allai donc vers l'ange, lui 
disant qu'il me donnát le livre. 
Et il me dit : Prends le livre et le 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


2053 


CHAPITRE XI. 


Le parvis du temple et la ville sainte sont 
abandonnés à la profanation des gen- 
tils. Prédication des deux témoins. 
Puissance que Dieu leur donne. Ils sont 
mis à mort par la béte qui monte de 
l'abime. Ils ressuscitent et montent au 
ciel. La persécution dans laquelle ils 
sont mis à mort estla consommation d u 
second malheur. Septiéme trompette : 


dévore, et il te causera de l'amer- 
tume dans le ventre, mais dans 
ta bouche il sera doux comme du 
miel. 

10. Je pris le livre de la main 
de lange, et je le dévorai ; il était 
dans ma bouche doux comme du 
miel ; mais quand je l'eus dévoré, 
il me causa de l'amertume dans 
le ventre. 

41. Alors il me dit : Il faut en- 
core que tu prophétises à un 
grand nombre de nations, de peu- 
ples, d'hommes de diverses lan- 
gues, et de rois. 

9. Ezéch., ri, 1. 


troisième malheur, qui est l'anathém e 
dont le souverain Juge doit frapper la 
terre au jour de son avénement. 


1. Et un roseau long comme 
une perche me fut donné, etil me 
fut dit : Lève-toi et mesure le 
temple de Dieu, et l'autel, et ceux 
qui y adorent. 

2. Mais le parvis qui est hors du 
temple, laisse-le, et ne le mesure 
pas, parce quil a été abandonné 
aux gentils, et ils fouleront aux 
pieds la cité sainte pendant qua- 
rante-deux mois ; 

9. Et je donnerai à mes deux 


1-2. * > Le temple qui est montré à S. Jean n'est certainement pas celui de Jérusalem, 
détruit depuis longtemps; c'est l'image de l'Eglise, la cité céleste, le sanctuaire par 
excellence du vrai Dieu. Aussi est-ce au ciel que S. Jean le voit. Il en prend la me- 
sure sur la parole de l'Ange, comme Ezéchiel avait pris la mesure du temple de 
Jérusalem, pour faire entendre que le Seigneur veut le conserver dans toute son 
iutégrite, qu'il n'y sera fait aucun retranchement. Ce symbole répond à celui du 
sceau, dont sont marqués les cent quarante-quatre mille élus que Dieu veut tirer des 
douze tribus. Quant au parvis extérieur, c'est-à-dire ce qui appartient à l'Eglise sans 
être l'Eglise elle-même, S. Jean n'a pas à le mesurer, parce qu'il est abandonné aux 
fureurs des Gentils, pour étre dévasté et foulé aux pieds. Ainsi Dieu se réserve l'es 
sentiel, l'intérieur, la foi, le culte, les choses saintes: rien ne pourra les détruire ni 
les changer. Mais les dehors seront saccagés, les édifices matériels abattus, les biens 
pillés, les prêtres et les fidèles maltraités ou mis à mort, les faibles renversós. » 
(L. BACUEZ.) 

2. * Hors du temple, en grec naos. Voir Matt., xxt, 12, — « La cité sainte, livrée aux 
Gentils et saccagée par les infidéles, c'est l'Eglise considérée dans sa plus grande 
extension, comme comprenant avec le temple toutes ses dépendances, jusqu'aux 
demeures des chrétiens. Des commentateurs modernes veulent voir là Jérusalem; 
mais outre que Jérusalem était en ruines et dévastée depuis longtemps, S. Jean 
n'aurait pas donné le titre de cifé sainte à la ville déicide, si dürement châtiée par 
Dieu, ni celui de temple de Dieu au siège d'un culte réprouvé. D'ailleurs, l'affliction 
de Jérusalem dure toujours, et celle de cette cité doit cesser aprés trois ans et demi, 
quarante-deux mois, douze cent soixante et des jours, l'espace de temps que dura 
en Israël la sécheresse miraculeuse demandée et obtenue par le prophète Elie, » 
(L. BACUEZ.) 


3. Mes deux témoins. Les Pères et les interprètes ont entendu communément par 


2954 
témoins de prophétiser pendant 
mille deux cent soixante jours, 
revétus de sacs. 

4. Ce sont les deux oliviers 
et les deux chandeliers dres- 
sés devant le Seigneur de la 
terre. 

5. Et 51 quelqu'un veut leur 
nuire, il sortira de leur bouche 
un feu qui dévorera leurs enne- 
mis; et si quelqu'un veut les 
offenser, c’est ainsi qu'il doit être 
tué. 

6. Ils ont le pouvoir de fermer 
le ciel pour qu'il ne pleuve point 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


[cu. xr.] 
durant les jours de leur prophétie, 
et ils ont pouvoir sur les eaux 
pour les changer en sang, et pour 
frapper la terre de toutes sortes 
de plaies, toutes les fois qu'ils 
voudront. 

7. Et quand ils auront achevé 
leur témoignage, la béte qui 
monte de labime leur fera la 
euerre, 168 vaincra etles tuera, 

8. Et les corps seront gisants 
sur la place de là grande cité, qui 
est appelée allégoriquement So- 
dome et Egypte, où méme leur 
Seigneur a été crucifié. 


ces deux témoins Hénoch et Elie. Voyez la remarque que nous avons faite à ce sujet 
dans notre Abrégé d'introduction, p. 510. — De prophétiser; littér. : Et ils prophé- 
Liseront; ce qui est un pur hébraisme. —* «Les deux témoins, qui prophétisent, tandis 
que la cité sainte est foulée aux pieds, ce sont les ministres de l'Eglise, qui ne ces- 
sent de confesser et de prócher la vérité. On en voit deux, parce que Notre Seigneur 
a voulu que ses prédicateurs ne fussent jamais isolés, et parce que, d’après la loi, 
pour faire autorité, il fallait au moins deux témoignages. La résurrection de ces deux 
témoins est l'expression en langage symbolique du mot de Tertullien : Le sang des 
marlyrs est une semence de chrétiens. Ils sont comparés à des candélabres ou à des 
oliviers qui s'élévent sous les yeux de Dieu, parce que les pasteurs sont destinés à 
répandre la lumiére et la ferveur dans l'Eglise. Bossuet entend par ces deux témoins 
les pasteurs et les fidèles, l'ordre ecclésiastique et l’ordre laïque, qui ont rivalisé 
d'ardeur pour confesser la foi. — On pourrait voir dans ce passage une allusion au 
retour d'Énoch et d'Elie; mais ce serait méconnaître le caractère symbolique de 
l'Apocalypse de prétendre qu'il s'agit ici de deux personnages seulement. D'ailleurs 
on ne dirait pas de deux hommes que leurs corps jonchent les places de la grande 
cité, nommée Sodome et l'Egypte, à la vue de toutes les nations du monde. » 
(L. Bacuez.) 

1.* « La béle ou monstre aux sept tétes, qui sort de l'abime ou de la mer et qui 
apparait en tant d'endroits, c'est l'idolátrie personnifiée dans Rome et ses empereurs, 
et exerçant sa tyrannie sur le monde. On peut voir dans Daniel les quatre empires 
représentés sous des images semblables. La robe du léopard, les pieds de l'ours et 
la gueule du lion, que S. Jean remarque en cette béte, signifient que Rome paienne 
réunit la ruse, la férocité et la force des trois monarchies, grecque, persane et baby- 
lonienne, auxquelles elle succède. 5. Jean explique un peu plus loin ce qu'il faut en- 
tendre par les sept tétes et les sept cornes qui s'élévent de la béte. Le cri poussé par 
la multitude en l'honneur de la bête est le méme que l'Esprit saint a inspiré au 
Psalmiste pour exalter la prudence infinie de Dieu. Au chapitre xui, 11, on voit une 
autre béte sortir un moment de la terre pour faire adorer la béte principale au moyen 
de ses prestiges, 14. C'est la fausse sagesse, la philosophie ou la théurgie qui vient 
au secours du paganisme et combat avec lui la religion de Jésus-Christ. » (L. Bacuez.) 

8. * « La grande cilé que S. Jean désigne par les noms mystiques de Sodome et 
d'Egyple, où il dit que le Seigneur a été crucifié, ne peut pas davantage être Jérusa- 
lem. Jamais cette ville n'a été appelée la grande cité. A l'époque oü S. Jean écrivait, elle 
l'était moins que jamaës. Cette cité, opposée à la cité sainte qui est l'Eglise, cette cité 
qui est à la fois une ville et un royaume, puisqu'on l'appeMe indifféremment l'Egypte 
ou Sodome, c'est celle dont nous verrons plus loin la ruine, Rome, dont les citoyens 
étaient répandus par tout le monde, ou l'empire romain dans l'enceinte duquel le 
Sauveur a été immolé et où l'on continuait à torturer ses membres. » (L. BACUEZ.) 


[cn. x1.] 


9. Et des hommes de toutes 
les tribus, de tous les peu- 
ples, de toutes les langues et 
de toutes les nations, verront 
leurs corps étendus trois jours et 
demi, et ils ne permettront pas 
quils soient mis dans un tom- 
beau. 

10. Les habitants de la terre se 
réjouiront à leur sujet ; ils feront 
des fêtes, et s'enverront des pré- 
sents les uns aux autres, parce 
que ces deux prophètes tourmen- 
taient ceux qui habitaient sur la 
terre. 

11. Mais aprés trois jours et 
demi, un esprit de vie venant de 
Dieu entra en eux. Et ils se rele- 
verent sur leurs pieds, et une 
grande crainte saisit ceux qui les 
virent. 

19. Alors ils entendirent une 
voix forte du ciel, qui leur dit: 
Montez ici. Et ils monterent au 
ciel dans une nuée, et leurs en- 
nemis les virent. 

13. A cette méme heure, il se 
fit un grand tremblement de 
terre; la dixième partie de la 
ville tomba, etsept millehommes 
périrent dans le tremblement de 
terre; les autres furent pris de 
frayeur et rendirent gloire au 
Dieu du ciel. 


14. Le second malheur est 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


2955 


passé, et voici que le troisième 
viendra bientôt. 

15. Le septième ange sonna de 
la trompette ; et leciel retentit de 
grandes voix, qui disaient : Le 
royaume de ce monde est devenu 
le royaume de Notre Seigneur 1 
de son Christ, et il règnera dans 
les siècles des siècles. Amen. 

16. Alors les vingt-quatre vieil 
lards qui sont assis sur leurs 
trónes devant Dieu tombèrent sut 
leurs faces et adorèrent Dieu, di 
sant : 

17. Nous vous rendons gráces, 
Seigneur Dieu tout-puissant, qui 
6168, qui étiez, et qui devez venir, 
parce que vous avez saisi votre 
grande puissance, et que vous 
régnez. 

18. Les nations se sont irritées, 
et alors est arrivée votre colère, 
et le temps de juger les morts, et 
de donner la récompense aux 
prophétes vos serviteurs, aux 
saints et à ceux qui craignent 
votre nom, aux petits et aux 
grands, et d'exterminer ceux qui 
ont corrompu la terre. 

19. Alors le temple de Dieu fut 
ouvert dans le ciel, et l'on vit 
l'arche de son alliance dans son 
temple, et il se fit des éclairs, des 
voix, un tremblement de terre et 
une grosse gréle. 


9. De toutes les tribus, etc. Les mots foules, fous, ne sont pas exprimés dans la 
Vulgate, mais ils se trouvent dans le Grec suffisamment représentés par l'article dé- 
terminatif, lequel, en effet, placé devant les noms de classe, de catégorie, etc., in- 


dique, comme en hébreu, l'universalité. 


13. Sept mille hommes; littér., sept mille noms d'homme. Le mot nom, comme on 
l'a déjà vu (tu, 4), répond dans les enumérations à 16/6 individu, personne, home. ' 
Etant joint ici au mot homme, il devient pléonastique. 

18. Le temps de juger les morts; littér., le temps de l'étre jugé des morts; construc- 
tion hébraïque mise pour: Le temps auquel les morts sont jugés. 


CHAPITRE XII. 


Femme revétue du soleil. Dragon à sept 
tétes. Enfant mále qui doit gouverner 
les nations, et qui est enlevé vers Dieu. 
Combat de bons et de mauvais anges. 
Dragon précipité du ciel en terre. Il 
poursuit la femme, jette un fleuve aprés 
elle, va faire la guerre à ses enfants, et 
est forcé de s'arréter sur le sable de la 
mer. 


1. Et un grand prodige parut 
dans le ciel : Une femme revétue 
du soleil, ayant la lune sous ses 
pieds, et sur sa tête une couronne 
de douze étoiles. 

9. Elle était enceinte, et elle 
criait, se sentant en travail, et 
elle était tourmentée des dou- 
leurs de l'enfantement. 

3. Et un autre prodige fut vu 
dans le ciel : Un grand dragon 
roux, ayant sept têtes et dix cor- 
nes, et sur ses sept têtes, sept 
diadèmes. 

4. Or sa queue entrainait la 
troisieme partie des étoiles, et 
elle les jeta sur la terre; et le dra- 
gon s'arréta devant la femme qui 
allait enfanter, afin de dévorer 
son fils aussitót qu'elle serait dé- 
livrée. 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


[cu. xim.) 


5. Elle enfanta un enfant mâle 
qui devait gouverner toutes les 
nalions avec une verge de fer; 
et son fils fut enlevé vers Dieu 
et vers son tróne. 

6. Et la femme s'enfuit dans le 
désert où elle avait un lieu pré- 
paré par Dieu, pour y être nour- 
riemille deux cent soixante jours. 

7. Alors il se fit un grand com- 
bat dans le ciel : Michel et ses 
anges combattaient contre le 
dragon, et le dragon combattait, 
et ses anges aussi; 

8. Mais ils ne prévalurent pas; 
aussi leur place ne se trouva plus 
dans le ciel. 

9. Et ce grand dragon, l'ancien 
serpent, qui s'appelle le Diable et 
Satan, et quiséduittoutl'univers, 
fut précipité sur la terre, et ses 
anges furent jetés avec lui. 

10. Et j'entendis une voix forte 
dans le ciel, disant : C'est main- 
tenant qu'est accompli le salut 
de notre Dieu, et sa puissance et 
son regne, et la puissance de son 
Christ, parce qu'il a été précipité, 
laecusateur de nos frères, qui 
les accusait devant notre Dieu 
jour et nuit. 


1. * « La femme revétue du soleil, couronnée de douze étoiles et dans le travail de 
l'enfantement, c'est l'Eglise. Le soleil dont elle est parée, c'est Notre Seigneur, dont 
elle partage la gloire et dont elle fait rayonner la lumière dans le monde. Elle a la 
lune sous ses pieds, pour montrer qu'elle domine toutes les agitations et les vicissi- 
tudes de ce monde. Sur sa téte est une couronne de douze étoiles, parce que sa 
gloire et son autorité lui viennent des douze Apôtres. Elle est dans l'enfantement 
parce que, parmi tant de persécutions et de martyres, il faut qu'elle donne naissance 
à un peuple nouveau, le peuple chrétien, destiné à dominer sur les nations infideles. 
Ce n'est pas sans de grands efforts et sans exciter les soulévements de l'enfer qu'elle 
le mettra au monde. Elle sera forcée de se dérober bien des fois à la rage de Satan; 
et sa prudence n'empéchera pas le démon d'entrainer dans le méme abime que lui 
un certain nombre de chrétiens et de pasteurs. Les saints docteurs ont eu raison 
d'appliquer cet emblème à la sainte Vierge. Etant la reine de l'Eglise, Marie doit en 
posséder tous les dons et en partager toutes les prérogatives. On peut dire que l'idée 
de l'une et de l'autre se présente ici à la fois. » (L. BACUEZ.) 

1. * Michel. A cet archange était confiée la conduite du peuple juif. — Daniel, ,א‎ 

9. Diable veut dire calomnialeur, et Satan, adversaire. 


(eu. xm.) 


11. Et eux l'ont vaincu par le 
sang de l'Agneau et par la parole 
de leur témoignage; et ils ont 
méprisé leurs vies jusqu'à souf- 
frir la mort. 

19. C'est pourquoi, cieux, ré- 
jouissez-vous, et vous qui y ha- 
bitez. Malheur à la terre et à la 
mer, parce que le diable est des- 
cendu vers vous, plein d'une 
grande colere, sachant qu'il n'a 
que peu de temps. 

43. Or après que le dragon eut 
vu qu'il avait été précipité sur la 
terre, il poursuivit la femme qui 
avait enfanté l'enfant mâle. 

14. Maisles deux ailes du grand 
aigle furent données à la femme, 
afin qu'elle s'envolát dans le dé- 
sert en son lieu, oü elle est nour- 
rie un temps et des temps, et la 
moitié d'un temps, hors de la pré- 
sence du serpent. 

15. Alors le serpent vomit de 
sa bouche, derriere la femme, de 
l'eau comme un fleuve, pour la 
faire entrainer par le fleuve. 

16. Mais la terre aida la femme; 
elle ouvrit son sein, et elle en- 
gloutit le fleuve que le dragon 
avait vomi de sa bouche. 

11. Et le dragon s'irrita contre 
la femme, et il alla faire 18 guerre 
à ses autres enfants qui gardent 
les commandements de Dieu, et 
qui ont le témoignage de Jésus- 
Christ. 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


2951 
18. Et il s'arrêta sur le sable 
de la mer. 


CHAPITRE XIII. 


Béte à sept tétes et à dix cormes, qui 
monte de la mer. Le dragon lui donne 
sa puissance; elle fait la guerre aux 
saints; elle est adorée par les hommes. 
Une autre béte s'éléve de la terre, ayant 
deux cornes semblables à celles de l'A- 
gueau. Elle séduit les hommes par ses 
prodiges. 


1. Et je vis une bête montant 
de la mer, ayant sept têtes et dix 
cornes, dix diademes sur ses 
cornes, et sur ses tétes dix noms 
de blaspheme. 

2. Et la béte que je vis était 
semblable à un léopard : ses pieds 
étaient comme les pieds d'un 
ours, et sa bouche comme 1a 
bouche d'un lion. Et le dragon 
lui donna sa force et sa grande 
puissance. 

3. Et je vis une de ses tétes 
comme blessée à mort; mais 
cette plaie mortelle fut guérie. 
Aussi toute la terre émerveillée 
suivit la bête. 

4. Ils adorèrent le dragon qui 
avait donné puissance à la bête, 
et ils adorèrent la bête, disant : 
Qui est semblable à la bête, et 
qui pourra combattre contre elle? 

5. Et il lui fut donné une bouche 
qui proférait des paroles d'or- 
gueil et des blasphèmes; et le 
pouvoir d'agir pendant quarante 


11. E! par la parole de leur témoignage; c'est-à-dire par la confession qu'ils ont 


faite de leur foi. 


14. Des temps; c'est-à-dire deux temps; en tout 42 mois (xi, 2), ou 1260 jours 


(xt, 3). 


11. Qui ont le témoignage de Jésus-Christ; ce que l'on explique généralement par: 
Ceux qui ont conservé fidélement le témoignage qu'ils ont rendu à Jésus-Christ, qui 
sont demeurés fermes dans la confession qu'ils ont faite de Jésus-Christ. Compar. 


vers. 11. 


4. Ils; c'est-à-dire les habitants de la terre. Compar. le vers. 8, 


2958 
deux mois lui fut aussi donné. 

6. Elle ouvrit sa bouche à des 
blasphèmes contre Dieu, pour 
blasphémer son nom et son ta- 
bernacle, et ceux qui habitent 
dans le ciel. 

7. Il lui fut donné de faire 8 
guerre aux saints et de les vain- 
cre: et il lui fut donné puissance 
suf toute tribu, sur tout peuple, 
sur toute langue, et sur toute 
nation ; 

8. Et ils l'adorerent, tous ceux 
qui habitent la terre, dont les 
noms ne sont pas écrits dans le 
livre de vie de l'Agneau, qui ἃ 
été immolé dès l'origine du 
monde. 

9. $i quelqu'un a des oreilles 
quil entende. 

10. Celui qui aura mené en cap- 
tivité sera caplif; celui qui aura 
tué par le glaive, il faut qu'il soit 
tué par le glaive. C'est ici la pa- 
tience et la foi des saints. 

11. Je vis une autre béte mon- 
tant dela terre; elle avait deux 
cornes semblables à celle de l'A- 
gneau, et elle parlait comme le 
dragon. 

12. Elle exergait toute la puis- 
sance de la premiere béte en sa 
présence, et elle fit que la terre 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


(cu. xum.] 


et ceux qui l'habitent adorerent 
la premiere béte dont la plaie 
avait été guérie. 

13. Elle fit de grands prodiges, 
jusqu à faire descendre le feu du 
ciel sur la terre en présence des 
hommes. 

14. Et elle séduisit ceux qui ha- 
bitaient sur la terre par les pro- 
diges qu'elle eut le pouvoir de 
faire en présence de labéte, disant 
aux habitants de la terre de faire 
une image à la béte qui ἃ recu 
une blessure du glaive, et qui a 
conservé la vie. 

15. Il lui fut méme donné d'a- 
nimer limage de la béte, de 
faire parler l'image de la béte, et 
de faire que tous ceux qui n'ado- 
reraient pas l'image de la béte 
seraient tués. 

16. Elle fera encore que les pe- 
tits et les grands, les riches et les 
pauvres, les hommes libres et les 
esclaves, aient tous le caractere 
de la béte en leur main droite et 
sur leur front; 

17. Et que personne ne puisse 
acheter ni vendre, que celui qui 
aura le caractere, ou le nom de 
la béte, ou le nombre de son 
nom. 

18. C'est ici la sagesse. Que ce- 


Cuar. XIII. 10. Genèse, 1x, 6; Matt., xxvi, 52. 


8. Qui a été immolé dès l’origine du monde; soit par rapport au décret éternel de 
sa passion et de sa mort, soit par rapport aux souffrances des justes de l'Ancien 
Testament, lesquelles étaient autant de figures des siennes, soit enfin par rapport 
au mérite de sa mort, qui a été appliqué aux saints dés le commencement du 
monde. D'autres, en vertu d'une hyperbate assez ordinaire au style biblique, tra- 
duisent : Dont les noms ne sont pas écrils dès l'origine du monde dans le livre de 
l'Agneau qui a été immolé. Cette interprétation est encore fondée sur un passage de 
saint Jean lui-même, qui dit xvu, 18 : Dont les noms ne sont pas écrits dans le livre 
de vie dés la fondation du monde. 

16. Les paiens avaient coutume de porter sur leur poignet ou sur leur front le nom 
de la fausse divinité à laquelle ils se consacraient. 

18. * Son nombre est 666. > Les anctens aimaient à désigner les personnes par dea 
caraciéres mystérieux et par des chiffres. Ce dernier mode de désignation était 


(cu. xtv.] 


lui qui a de l'intelligence compte 
le nombre de la béte ; car c'est le 
nombre d'un homme, et son 
nombre est six cent soixante-six. 


CHAPITRE XIV. 


L'Agneau sur la montagne de Sion. Evan- 
gile éternel porté à toutes les nations. 
Ruine de Babylone annoncée. Supplice 
de ceux qui auront adoré la bête ou 
son image. Avènement de Jésus-Christ. 
Moisson et vendange de la terre. 


4. Je regardai encore, et voilà 
que l'Agneau était debout sur la 
montagne de Sion, et avec lui 
cent quarante-quatre mille qui 
avaient son nom etle nom de son 
Pére écrit sur leurs fronts. 

9. Et jentendis une voix du 
ciel, comme la voix de grandes 
eaux, et comme la voix d'un 
grand tonnerre, et la voix que 
jentendis était comme le son de 
joueurs de harpe qui jouent de 
leurs harpes. 

3. lls chantaient comme un can- 
tique nouveau devant le tróne et 
devant les quatre animaux et les 
vieillards; et nul ne pouvait chan- 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


2959 


ter ce cantique, que les cent qua- 
rante-quatre mille qui ont été 
achetés de la terre. 

4. Ce sont ceux qui ne sont pas 
souillés avec les femmes; car ils 
sont vierges. Ce sont eux qui 
suivent l'agneau partout où il va. 
Ce sont ceux qui ont été achetés 
d'entre les hommes, prémices 
pour Dieu et pour l'Agneau; 

5. Et dans leur bouche, il ne 
s’est point trouvé de mensonge; 
car ils sont sans tache devant le 
tróne de Dieu. 

6. Je vis un autre ange qui vo- 
lait dans 16 milieu du ciel, ayant 
l'Evangile éternel pour évangéli- 
ser ceux qui habitent sur la 
terre, toute nation, toute tribu, 
toute langue et tout peuple; 

1. Il disait d'une voix forte : 
Craignez le Seigneur et rendez-lui 
gloire, parce que l'heure de son 
jugement est venue; et adorez 
celui qui a fait le ciel et la terre, 
la mer et les sources des eaux. 

8. Et un autre ange suivit, di- 
sant : Elle est tombée, elle est 
tombée, cette grande Babylone, 


Cnap. XIV. 7. Ps. cxLv, 6; Actes, xiv, 14. — 8. Isaie, xxt, 9; Jér., ,זז‎ 8. 


d'autant plus naturel parmi eux que chaque lettre avait sa valeur numérale. De là 
ces mots : « Son chiffre est 666, » c'est-à-dire on trouve en son nom des lettres 
dont la valeur équivaut à ce chiffre. Une telle donnée suffit-elle pour préciser ce 
nom? Evidemment elle est insuffisante, car il y a une foule de noms qui répondent 
à cette indication, par exemple : Τειταν, Titan, qu'on rapprochait de Titus, OvXztavo:, 
Ulpianus, prénom de Trajan, Αντιμος, IIonori contrarius, Λαμπετις, Splendidus, o 
Νιχήτης, Victor, Αμνος αδιχος, Agnus nocens, Kaxoc οδηγος, malus dux, Γενσηρικος, Gen- 
séric, Gentium seductor, Ἀποστατῆς, Apostata, Μαομετις, Mahomet, Λατεινος, Latinus, 
en hébreu et en grec; Nero Cesar, Caius Cesar Caligula et Diocles Augustus, en 
latin; etc, — Aussi plusieurs commentateurs ont-ils été conduits à dire que ce 
nombre n'a qu'une valeur mystique; que le nombre 6, symbole du iour de 
l'homme, indique l'imperfection, tandis que le chiffre 8, symbole du iour de Dieu, 
indique la perfection de l'éternité. D'où ils déduisent que 666, nombre de l'Antechrist, 
signifie l'imperfection radicale, comme 888, nombre de Jésus, eignifie la perfection à 
la plus haute puissance. » (L. BACUEZ.) 


3. Qui ont été achetés de la terre; c'est-à-dire qui, au prix du sang de l'Agneau, ont 


été rachetés, de manière qu'en quittant la terre ils sont entrés dans son royaume, 
8. * Celle grande Babylone, Rome. 


2960 


qui a fait boire à toutes les na- 
tions du vin de la colère de sa 
prostitution. 

9. Et un troisième ange suivit 
ceux-ci, criant d'une voix forte : 
Si quelqu'un adore la béte et son 
image, et en recoit le caractere 
sur son front ou dans sa main, 

10. Il boira lui aussi du vin de 
la colere de Dieu, vin tout pur, 
préparé dans le calice de sa co- 
lere; et il sera tourmenté par le 
feu et par le soufre en présence 
des saints anges et en présence 
de l'Agneau. 

41. Et la fumée de leurs tour- 
ments montera dans les siècles 
des siècles; et ils n’ont de repos 
ni jour ni nuit, ceux qui ont 
adoré la béte et son image, ni ce- 
lui qui a reçu le caractere de son 
nom. 

19. Ici est la patience des saints 
qui gardent les commandements 
de Dieu et la foi de Jésus. 

13. Alors j'entendis une voix 
du ciel qui me dit : Ecris : Dien- 
heureux les morts qui meurent 
dans le Seigneur! Que dès à pré- 
sent, dit l'Esprit, ils se reposent 
deleurs travaux, carleurs ceuvres 
les suivent. 

44. Et je regardai; et voilà une 
nuée blanche, et surla nuée, assis 
quelqu'un semblable au Fils de 
l'homme, ayant sur sa tête une 
couronne d'or, et en sa main une 
faux tranchante. 

15. Alors un autre ange sortit 
du temple, criant d'une voix forte 
à celui qui était assis sur la nuée: 


15. Joël, πι, 13; Matt., xir, 9. 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


]68. xv.] 


Jette ta faux et moissonne; car 
est venue l'heure de moissonner, 
parce que la moisson de la terre 
est seche. 

16. Celui done qui était assis 
sur la nuée jeta sa faux sur la 
terre, etla terre fut moissonnée. 

17. Et un autre ange sortit du 
temple qui est dans le ciel, ayant 
lui aussi une faux tranchante. 

18. Et un autre ange sortit de 
lautel, qui avait pouvoir sur le 
feu, etil cria d'une voix forte à 
celui qui avait la faux tranchante : 
Jette ta faux tranchante, et ven- 
dange les grappes de la vigne de 
laterre, parce que les raisins sont 
mürs. 

:49. Et l'ange jeta sa faux tran- 
chante sur la terre, et vendangea 
la vigne de la terre; et il jeta 8 
raisins dans la grande cuve de la 
colere de Dieu. 

20. Et la cuve fut foulée hors 
de la ville, etle sang montant de 
la cuve jusqu'aux freins des che- 
vaux, se répandit sur un espace 
de mille six cents stades. 


CHAPITRE XV. 


Mer transparente sur laquelle les vain- 
queurs chantent le cantique de Moise 
et le cantique de l'Agneau. Sept coupes 
de la colére du Seigneur sont données 
à sept anges. 


1. Je vis dans le ciel un autre 
prodige grand et merveilleux : 
septangesayantlessept dernieres 
plaies, puisque c'est par elles que 
la colere de Dieu a été consom- 
mée. 


0 


15. Jette ta faux. L'expression jeler, ou envoyer, mettre la faux, s'emploie dans les 
textes hébreu et grec aussi bien que dans la Vulgate, pour dire faucher la moisson, == 
La moisson est sèche; c'est-à-dire qu'elle est müre. 


[cu. xvi.] 


2. Et je vis comme une mer de | 
verre mélée de feu, et ceux qui 
avaient vaincu la béte, son image 
et le nombre de son nom, qui 
étaient debout sur cette mer de 
verre, ayant des harpes de Dieu, 

3. Et qui chantaient le cantique 
de Moise, serviteur de Dieu, et le 
cantique de l'Agneau, disant : 
Grandes et admirables sont vos 
œuvres, Seigneur Dieu tout-puis- 
sant! Justes et véritables sont 
vos voies, ὃ Roi des siècles! 

4. Qui ne vous craindra, 0 Sei- 
gneur ? et qui ne glorifiera votre 
nom? car vous seul étes miséri- 
cordieux, et toutes les nations 
viendront et adoreront en votre 
présence, parce que vos juge- 
ments se sont manifestés. 

9. Après cela je regardai, et 
voilà que le temple du tabernacle 
du témoignage s'ouvrit dans le 
ciel ; 

6. Et que du temple sortirent 
les sept anges, ayant les sept 
plaies, vêtus d’un lin pur et blanc, 
et ceints sur la poitrine de cein- 
tures d’or. 

7. Alors un des quatre ani- 
maux donna aux sept anges sept 
coupes d'or pleines de la colère 
du Dieu qui vit dans les siècles 
des siècles. 

8. Et le temple fut rempli de 
fumée à cause de la majesté de 
Dieu et de sa puissance ; et nul ne 
pouvait entrer dans le temple 
jusqu'à ce que fussent consom- 
mées les sept plaies des sept 
anges. 


Car. XV. 4. Jéróm., x, 7. 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


2901 


CHAPITRE XVI. 


Effusion des sept coupes; les quatre pre- 
miéres sont versées sur la terre, sur 
les eaux et sur le soleil; ia cinquième 
sur le tróne de la béte; la sixiéme sur 
l'Euphrate; la septième est répandue 
dans l'air; mais elle est précédée de 
l'annonce de l'avénement du Seigneur. 


1. Et j'entendis une voix forte 
du temple, disant aux sept anges: 
Allez et répandez les sept coupes 
de la colère de Dieu sur la terre. 

2. Et le premier s'en alla, et 
répandit sa coupe sur la terre ; et 
il se fit une plaie cruelle et per- 
nicieuse sur les hommes qui 
avaient le caractère de la bête, et 
ceux qui adoraient son image. 

3. Le second ange répandit sa 
coupe sur la mer, et elle devint 
comme le sang d'un mort; et 
toute àme vivante mourut dans 
la mer. 

4. Le troisième répandit sa 
coupe sur les fleuves et sur les 
sources des eaux, et elles devin- 
rent du sang. 

9. Et j'entendis l'ange des eaux, 
disant: Vous étes juste, Seigneur, 
qui êtes, et qui avez été; vous 
êtes saint, vous qui avez jugé 
ainsi. 

6. Parce qu'ils ont répandu le 
sang des saints et des prophètes, 
vous leur avez aussi donné du 
sang à boire; car ils en sont di- 
gnes. 

7. Et j'en entendis un autre qui 
de l'autel disait : Oui, Seigneur 
Dieu tout-puissant, ils sont vrais 
et justes, vos jugements. 


2. Des harpes de Dieu; c'est-à-dire semblables à celles qui étaient en usage dans 
le temple pour le service divin; ou bien des harpes excellentes, divines, dignes de 
Dieu; ce qui serait simplement un superlatit hébreu, 


N. T. 


186 


2963 


8. Le quatrième ange répandit 
sa coupe sur le soleil; et il lui fut 
donné de tourmenter les hommes 
par l'ardeur du feu. 

9. Et les hommes furent brülés 
d'une chaleur dévorante, et ils 
blasphémèrent le nom du Dieu 
qui à pouvoir sur ces plaies, et 
ils ne firent point pénitence pour 
lui donner gloire. 

& 10. Le cinquième ange répandit 

sa coupe sur le trône de la bête, 
elson royaume devint ténébreux, 
et les hommes mordirent leurs 
langues dans l'excés de leur dou- 
leur; 

11. Et ils blasphémerent le 
Dieu du ciel à cause de leurs dou- 
leurs et de leurs plaies, et ils ne 
firent point pénitence de leurs 
œuvres. 

12. Le sixième ange répandit 
sa coupe sur ce grand fleuve de 
l'Euphrate, et dessécha ses eaux 
pour ouvrir le chemin aux rois 
d'Orient. 

13. Et je vis sortir de la bouche 
du dragon, de la bouche de la 
béte, et de la bouche du faux 
orophéte, trois esprits impurs, 
semblables à des grenouilles. 

14. Or ce sont des esprits de 
démons, qui font des prodiges, 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


(eu. xv1.] 
et qui vont vers les rois de toute 
la terre, pour les assembler au 
combat, au grand jour du Dieu 
tout-puissant. 

15. Voici que je viens comme 
un voleur. Bienheureux celui qui 
veilleet qui garde ses vétements, 
de peur qu'il ne marche nu, et 
qu'on ne voie sa honte. 

16. Et il les rassemblera dans 
le lieu qui s'appelle en hébreu 
Armagédon. 

11. Le septieme ange répandit 
sa coupe dans l'air, et il sortit du 
temple, du cóté du tróne, une 
voix forte, disant : C'est fait. 

18. Aussitót il se fit des éclairs, 
des voix et des tonnerres, et il se 
fit un grand tremblement de 
terre, tel qu'il n'y eut jamais de- 
puis que les hommes sont sur la 
terre, un tremblement de terre 
pareil, aussi grand. 

19. Et 18 grande cité fut divisée 
en trois parties, et les villes des 
nations tombèrent, et Dieu se 
souvint de la grande Babylone 
pour lui donner le calice du vin 
de sa colère. 

20. Et toutes 168 1108 s'enfuirent, 
et l'on ne trouva plus les mon- 
tagnes. 

21. Et une gréle, grosse comme 


Cuap. XVI. 15. Matt., xxiv, 43; Luc, xu, 39; Supra, ur, 3. 


8. Par l'ardeur du feu; littér.: Par l'ardeur et par le feu; figure grammaticale en 
usage chez les Grecs aussi bien que chez les Hébreux. 


| 


| 12. * L'Euphrate. Voir plus haut, 1x, 14. 


15. Saint Jean fait allusion aux voleurs qui enlevaient les vêtements des baigneurs. 

16. C'est le dragon qui, par le ministère des esprits impurs, rassemblera les .rois. 
— Armagédon; c'est-à-dire montagne de rassemblement, ou montagne de Maggédo, 
ville située au pied du mont Carmel, célébre par deux sanglants combats (Juges, 1, 21; 
v, 19; IV Rois, 1x, 21; xxur, 29. Mais ce mot a tant de variantes, qu'il est impossible 
d'en connaitre la vraie leçon, et par conséquent la véritable signification. 

11. C'est fait. Tout ce que Dieu avait résolu par rapport à la chute des persécuteurs 


de son Eglise est accompli. Compar. xxi, 6. 


21. Grosse comme un talent; pour dire d'une grosseur extraordinaire, prodigieuse; 


le talent étant le poids 16 plus fort. 


(cu. xvir.] 


un talent, tomba du ciel sur les 
hommes, et les hommes blasphé- 
mèrent Dieu à cause de la plaie 
de la gréle, parce que cette plaie 
était extrèmement grande. 


CHAPITRE XVII. 


Béte à sept tétes et à dix cornes, sur la- 
quelle est assise une femme nommée la 
grande Babylone. L'ange, qui montre à 
saint Jean cette femme et cette bàte, lui 
explique le mystère del'uneetdel'autre. 


1. Alors vint un des sept anges 
qui avaient les sept coupes, et il 
me parla, disant: Viens, jete mon- 
trerai la condamnation de la 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


2963 


2. Avec laquelle les rois de la 
terre se sont corrompus, et les 
habitants de la terre se sont eni- 
vrés du vin de sa prostitution. 

3. Il me transporta en esprit 
dans un désert, et je vis une 
femme assise sur une béte de 
couleur d'écarlate, pleine de 
noms de blasphème, ayant sept 
tétes et dix cornes. 

4. La femme était vétue de 
pourpre et d'écarlate, parée d'or, 
de pierres précieuses et de perles, 
ayant en sa main une coupe d'or 
pleine de labomination et de 
l'impureté de sa fornication, 


5. Et sur son front un nom 


grande prostituée, qui est assise 
écrit : Mystère; la grande Baby- 


sur les grandes eaux, 


5. * La grande Babylone. « Le nom que porte la femme assise sur les grandes eaux, 
indique qu'elle est une personnification, un symbole dont il faut saisir le sens: mys- 
tére. Or, la béte représentant l'empire idolátre et persécuteur, la femme qui est assise 
sur la bête doit figurer la capitale de cet empire, Rome, centre du pouvoir et siège 
principal de l'idolátrie. En effet, chaque trait du tableau la désigne; et l'on peut dire 
que toutle monde aujourd'hui la reconnait, màme les protestants, dont un petit 
nombre seulement y voudraient voir la Rome des Papes. — Que cette femme repré- 
sente une ville, S. Jean le dit expressément. Bien plus, il ajoute que cette ville est 
la ville par excellence, la reine des villes, la grande cité, qu'elle a sept montagnes et 
sept rois, qu'elle étend sa domination sur tous les peuples et sur tous les princes. 
Une telle indication suffirait à elle seule; car Rome n'était pas désignée autrement à 
cette époque, et nulle autre ville n'a été désignée ainsi. — Cette grande ville est repré- 
sentée comme le principal soutien de l'idolátrie, comme une source d'erreurs et de 
dépravation pour l'univers entier. Elle est pleine d'abominations et d'impuretés, c'est- 
à-dire d'idoles et de temples paiens. Elle est couverte d'inscriptions sacrilèges et 
blasphématoires. C'est une nouvelle Babylone, pour la tyrannie, aussi bien que pour 
l'orgueil, la puissance 6% l'impiété. Elle persécute le christanisme; 6116 s'enivre du 
sang des saints et des martyrs du Sauveur. Elle a fait périr des Apótres et des pro- 
phétes, et tout le sang qui se verse dans le monde pour la cause de la vérité est ré- 
pandu par elle. — Qui pourrait méconnaitre à ces traits la Rome des empereurs, 
telle qu'elle était sous Domitien, au moment du martyre de S. Jean et de son exil à 
Patmos? Nous avons déjà vu que les chrétiens la nommaient Babylone. On l'appelait 
aussi Sodome ou l'Egypte. Non contente de professer l'idolátrie, 60/6 s'attribuait à 
elle-même la divinité. — Elle se disait éternelle; et comme ses empereurs, vivants et 
morts, elle avait ses temples, ses statues, ses autels. Elle en avait dans ses murs 
aussi bien que dans les provinces. — Quant à sa cruauté envers les chrétiens, à ses 
persécutions, au nombre de ses victimes, les catacombes en sont un monument irré- 
cusable. — Cette nouvelle Babylone devait tomber comme l'ancienne, pour ne jamais 
se relever. Elle était destinée à étre la proie de ceux qu'elle opprimait, à passer par 
le fer et par le feu, comme un criminel voué au châtiment divin, et enfin, à être 
ruinée de fond en comble. Sa chute devait jeter par toute la terre l'effroi, la stupeur, 
la désolation, mais en méme temps étre le signal du triomphe de l'Eglise dans le 
monde entier. Les chrétiens échapperaient au chátiment, comme ils avaient échappé 
à la corruption. — 11 suffit d'avoir lu l'histoire du quatrième et du cinquième sièc’e 


lone, la mere des fornications et 
des abominations de la terre. 

6. Et je vis cette femme enivrée 
du sang des saints et du sang des 
martyrs de Jésus. Or je fus sur- 
pris, quand je l'eus vue, d'un 
grand étonnement. 

7. Alors lange me dit : Pour- 
quoi t'étonnes-tu? C'est moi qui 
te dirai le mystère de la femme 
et de la béte qui la porte, et qui 
a sept 16168 et dix cornes. 

8. La béte que tu as vue, a été 
etelle n'est plus; elle doit monter 
de l'abime, et elle ira à la perdi- 
tion, et les habitants de la terre 
(dont les noms ne sont pas écrits 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


[cn. xvir.] 


dans le livre de vie dés la fonda- 
lion du monde) seront dans l'é- 
tonnement, en voyant la béte qui 
était et qui n'est plus. 

9. Or en voici le sens, lequel 
renferme de la sagesse : Les sept 
têtes sont sept montagnes, sur 
lesquelles la femme est assise; 
ce sont aussi sept rois. 

10. Cinqsont tombés ; un existe, 
et l'autre n'est pas encore venu; 
et quand il sera venu, il faut qu'il 
demeure peu de temps. 

11. Et la béte qui était et qui 
n'est plus est 18 huitième; elle est 
des sept, et elle vaà la perdition. 

19. Les dix cornes que tu as 


pour reconnaitre dans la ruine de Rome l'accomplissement de ces prédictions. Prise, 
pillée, saccagée quatre fois, par Alaric, roi des Goths (409), par Gensérie, roi des Van- 
dales (455), par Odoacre, roi des Hérules (466), par Totila, roi des Ostrogoths (546), 
la capitale de l'empire finit par disparaitre sous ses débris avec ses Dieux et ses 
temples. L'empire devint la proie des Barbares. Il ne resta de la population de Rome 
qu'un petit nombre de chrétiens qui bátirent une nouvelle cité, à la place et des 
ruines de l'ancienne. — Rien de plus étonnant que de semblables prédictions, pu- 
bliées sous le règne de Domitien, au moment où l'on jurait par l'éternité de Rome, 
si ce n'est la précision avec laquelle on les a vues s’accomplir, trois siècles plus tard. 
« Qu'on dise encore, après cela, s'écrie Bossuet, qu'il n'y a pas de Providence, ni de 
prophéties! Pour moi, je trouve dans la révélation de S. Jean le caractère de toutes 
les autres prédictions prophétiques. Je m'y sens conduire insensiblement du plus 
obscur au plus clair, des idées les plus générales et les plus confuses aux plus nettes 
et aux plus distinctes. Surtout depuis le chapitre xr, on va de lumière en lumière. 
Quand on arrive par tous ces progrès au chapitre xviI, on croit voir les cieux ou- 
verts et tout le secret de la destinée de Rome révélé. Ce n'est plus une prophétie, 
mais une histoire. » (L. BACUEZ.) 

10-13. * « Ces trois versets sont bien l'endroit le plus obscur du livre : l'auteur lui- 
même les donne pour une énigme, 9. On en place communément l'accomplissement 
au temps de Dioclétien, où lon compta sept Césars à la fois. Est-il bien sûr néan- 
moins qu'il faille donner ici au nombre sept une précision mathématique, que ces 
sept rois doivent exister simultanément, qu'il ne puisse y avoir aucun intervalle 
entre leurs régnes? Cela ne nous semble pas incontestable. Quoi qu'il en soit, on 
peut traduire: « Rome aura sept princes, ou du moins sept de ces princes se dis- 
tingueront entre tous par leur puissance et leur haine contre la religion. De ces sept, 
cinq sont tombés, le sixième règne, et le septième est encore à venir, mais il régnera 
peu de temps. Quant au huitiéme, il ne fait qu'un avec les sept; c'est comme le 
corps dont chacun d'eux est la téte. C'est le peuple-roi lui-màme : il marche à sa 
perte comme ses empereurs. » En parlant ainsi, S. Jean se transporte suivant son 
habitude à l'époque dont il fait le tableau. C'est sans raison et contre toute vraisem- 
blance que les rationalistes veulent qu'on applique ces paroles au temps où il écri- 
vait, c'est-à-dire, selon eux, à l'époque de l'empereur Galba. » (L. Bacuez.) 

12. Pour une heure ; pendant une heure; d'autres traduisent : À la méme heure, 
dans une même heure; mais la première interprétation est plus conforme au texte 
sacré. — * Les dix cornes. « Ce sont les chefs des nations barbares. Ces rois, ou ces 
puissances, ces cornes, n'avaient pas de royaume à l'origine. Presque tous commen- 


[cu. χυΠΙ.] 


vues sont dix rois qui n'ont pas 
encore reçu leur royaume; mais 
ils recevront la puissance comme 
rois pour une heure apres la 
béte. 

13. Geux-ci ont un méme des- 
sein, et ils donneront leur force 
et leur puissance à la béte. 

14. Ceux-ci combattront contre 
l’Agneau, mais l'Agneau les vain- 
cra, parce qu'il est Seigneur des 
Seigneurs et Roi des rois; etceux 
qui sont avec lui sont appelés élus 
et fidèles. 

15. Il me dit encore : Les eaux 
que tu as vues, et où la prosti- 
tuée est assise, sont des peuples, 
des nations et des langues. 

46. Les dix cornes que tu as 
vues dans la bête, ce sont ceux 
qui haïront la prostituée; ils la 
réduiront à la désolation et à la 
nudité; ils la mettront à nu, ils 
dévoreront ses chairs, et ils les 
brüleront dans le feu. 

11. Car Dieu leur a mis dans le 
cœur de faire ce qui lui plait; de 
donner leur royaume à la béte, 
jusqu'à ce que soient accomplies 
les paroles de Dieu. 

18. Et la femme que tu as vue 
est la grande ville qui règne sur 
les rois de la terre. 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


2905 


CHAPITRE XVIII 


Un ange annonce la chute de la grande 
Babylone. Le peuple fidéle est exhorté 
à en sortir. Jugement prononcé contre 
elle. Effroi, étonnement et consterna- 
tion de ceux qui étaient liés avec elle. 
Cause de sa ruine. 


4. Après cela je vis un autre 
ange qui descendait du ciel, ayant 
une grande puissance; et la terre 
fut illuminée de sa gloire. 

2. Et il cria avec force, disant : 
Elle est tombée, la grande Baby- 
lone, et elle est devenue une de- 
meure de démons, et une retraite 
de tout esprit impur, de tout oi- 
seau immonde et qui inspire de 
l'horreur; 

3. Parce que toutes les nations 
ont bu du vin de la colere de 
sa prostitution; et les rois de 
la terre se sont corrompus avec 
elle, et les marchands de la terre 
se sont enrichis de l'exces de son 
luxe. 

4. J'entendis une autre voix du 
ciel, qui dit : Sortez de Babylone, 
mon peuple, de peur que vous 
n'ayez part à ses péchés, et que 
vous ne receviez de ses plaies; 

9. Parce que ses péchés sont 
parvenus jusqu'au ciel, et que 


(ΒΑΡ. XVII. 14. I Tim., vi, 15; Infra, xix, 16. — Cuar. XVIII. 2. Isaie, xxr, 9; 


LI, 8; Supra, xiv, 8. 


cèrent par servir l'empire, en qualité d'auxiliaires. On les voit à la solde de Cons- 
tance, de Valens, de Théodose, de Valentinien, qui les emploient à garder les fron- 
tières, à interdire l'entrée de l'empire aux autres barbares qui voulaient les suivre. 
A cette époque, ils professent le paganisme comme les Romains, et ne sont pas 
moins qu'eux ennemis du nom chrétien. Mais bientót ils changent de sentiments et 
de conduite. L'empire idolátre leur devient odieux; ils tournent leurs armes contre 
lui, le dévastent, se forment des Etats de ses débris. Puis, à mesure qu'ils prennent 
pied et qu'ils se fortifient, leurs mœurs s'adoucissent; ils se réconcilient avec le 
christianisme et se soumettent au joug de l'Agneau. N'est-ce pas, en effet, dit Paul 
Orose (420), ce que nous admirons de ce cóté? Les Eglises d'Orient comme celles 
d'Occident sont remplies de barbares convertis » (L. Bacuez.) 
18. * La grande ville, Rome. 


2966 


Dieu s’est souvenu de ses iniqui- 
tés. 

6.Rendez-luicommeelle-même 
vousarendu,rendez-luiau double 
selon ses œuvres; dans la coupe 
où elle vous a fait boire, faites-la 
boire deux fois autant. 

7. Autant elle s’est glorifiée et 
a été dans les délices, autant 
mullipliez ses tourments et son 
deuil; parce qu'elle dit en son 
cœur : Je suis reine, je ne suis 
point veuve, et je ne serai point 
dans le deuil. 

8. C'est pourquoi en un seul 
jour viendront ses plaies, et la 
mort, et le deuil, et la famine ; et 
elle sera brülée par le feu, parce 
qu'il est puissant le Dieu qui la 
jugera. 

9. Et ils pleureront sur elle, et 
ils se frapperont la poitrine, les 
rois de la terre qui se sont cor- 
rompus avec elle, et qui ont vécu 
avec elle dans les délices, quand 
ils verront la fumée de son em- 
brasement ; 

10. Se tenant au loin, dans la 
crainte de ses tourments, disant : 
Malheur! malheur! Babylone, 
cette grande cité, cette cité puis- 
sante ! En une heure est venu ton 
jugement. 

4. Isaie, xLvit, 8. 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


[cu. xvuir.] 


11. Et 168 marchands de la terre 
pleureront et gémiront sur elle, 
parce que personne n’achètera 
plus leurs marchandises ; 

19. Ces marchandises d'or et 
d'argent, de pierreries, de perles, 
de fin lin, de pourpre, de soie, 
d'écarlate (et tous les bois odo- 
rants, tous les meubles d'ivoire, 
et tous les vases de pierres pré- 
cieuses, d'airain, de fer et de 
marbre, 

13. Et le cinnamome), de sen- 
teurs, de parfums, d'encens, de 
vin, d'huile, de fleur de farine, 
de blé, de bétes de charge, de 
brebis, de chevaux, de chariots, 
d'esclaves et d'àmes d'hommes. 

14. Quant aux fruits si chers à 
ton àme, ils se sont éloignés de 
toi; tout ce qu'il y a d'exquis et 
de splendide est perdu pour toi, 
et on ne le trouvera plus. 

45. Ceux qui lui vendaient ces 
marchandises, et qui se sont en- 
richis, se tiendront éloignés d'elle 
dans la crainte de ses tourments, 
pleurant, gémissant, 

16. Et disant : Malheur! mal- 
heur! cette grande cité, qui était 
vétue de fin lin, de pourpre et 
d'écarlate, parée d'or, de pierre- 
ries et de perles! 


6. Rendez-lui, etc., rendez-lui la pareille, traitez-la comme elle vous a traité. 


19. * Tous les bois odorants. Le texte les appelle bois de lhyin. C'était un bois odori- 
férant, célèbre chez les anciens, qui croissait dans l'oasis de Jupiter Ammon, dans 
la Cyrénaique et en Mauritanie. Les Romains l'appelaient citronnier. C'est le cédre 
blanc désigné sous le nom de cupressus thyioides. 

13. L'expression ámes d'hommes se prend dans l'Ecriture tantôt pour esclaves, tantôt 
pour hommes en général. « Mais ici, dit Bossuet, comme saint Jean oppose les 
hommes aux esclaves, il faut entendre par hommes, les hommes libres; car on vend 
tont, esclaves et libres, dans une ville d'un si grand abord. » 

14. Tout ce qu'il y a d'exquis; littér., toutes les choses grasses. Les Hébreux dési- 
gnaient par graisse, ce qui est gras, non seulement les meilleures productions de la 
terre, mais encore les mets les plus fins et les plus délicats. Nous pensons donc que 
saint Jean fait allusion ici aux plaisirs qu'offrent une table bien servie et un festin 
splendide. 


[cu. xix.] 

47. En une heure ont été ané- 
anties de si grandes richesses! 
tous les pilotes, tous ceux qui 
" naviguent surlelac, les matelots 
et tous ceux qui font le commerce 
sur la mer, se sont tenus au loin, 
18. Et ont crié, voyant le lieu 
| de son embrasement, disant : 
Quelle cité semblable à cette 
grande cité? 

19. Et ils ont jeté de la pous- 
sière sur leur tête, et ils ont 
poussé des cris mélés de larmes 
et de sanglots, disant : Malheur ! 
malheur ! cette grande cité, dans 
laquelle sont devenus riches tous 
ceux qui avaient des vaisseaux 
sur la mer, en une heure, elle ἃ 
été ruinée! 

20. Ciel, réjouis-toi sur elle, et 
vous aussi, saints apôtres et pro- 
phétes, parce que Dieu vous a fait 
pleinement justice d'elle. 

91. Alors un ange fort leva en 
haut une pierre comme une 
grande meule, et la jeta dans la 
mer, disant : Ainsi sera précipitée 
Babylone, cette grande cité, et à 
l'avenir elle ne sera plus trouvée. 

29. Et la voix des joueurs de 
harpes, des musiciens, des jou- 
eurs de flüte et de trompette, ne 
sera plus entendue en toi ; et nul 
artisan d'aucun métier ne sera 
trouvé en toi; et le bruit de la 
neule ne sera pas entendu en toi 
ἱ ésormais, 

23. Et la lumiere des lampes ne 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


2967 


luira plus en toi désormais, et la 
voix de l'époux et de l'épouse ne 
sera plus entendue en toi, parce 
que tes marchands étaient des 
princes de la terre, et que par tes 
enchantements se sont égarées 
toutes les nations. 

94. Et dans cette ville a été 
trouvé le sang des prophètes et 
des saints, et de tous ceux qui ont 
élé tués sur la terre. 


CHAPITRE XIX. 


Joie et cantique des saints sur la ruine 
de Babylone. Le Verbe de Dieu apparait 
suivi des armées du ciel. Dernier com- 
bat de la béte et du Verbe de Dieu. 


1. Après cela j'entendis comme 
la voix d'une grande multitude 
dans le ciel, disant : Alleluia. Le 
salut, la gloire et la vertu sont à 
notre Dieu, 

2. Parce quesesjugements sont 
véritables et justes, qu'il a fait 
justice de la grande prostituée 
qui a corrompu la terre par sa 
prostitution, et qu'il a vengé le 
sang de ses serviteurs répandu 
par ses mains. 

3. Et une seconde foisils dirent: 
Alleluia. Et safumée monte dans 
les siècles des siècles. 

4. Alors les vingt-quatre vieil- 
lards et les quatre animaux tom- 
bèrent et adorèrent Dieu qui est 
assis sur le trône, disant : Amen, 
alleluia. 

ὃ. Et une voix sortit du trône, 


17. Le lac est évidemment ici un nom collectif exprimant tous les lacs avoisinant 


la ville, et lui fournissant le poisson. 


20. Dieu vous a fait pleinement justice d'elle; littér.: Dieu a jugé votre jugement 
par rapport à elle. Nous avons déjà fait remarquer que ce genre de répétition, dans 
toutes les langues, a pour but de donner de la force et de l'énergie au discours. 
Ainsi le sens est : Dieu vous a vengés de tout le mal qu'elle vous a fait. 

21. * Comme une grande meule. Voir Matt., xvii, 6. 


3. EL sa fumée; c'est-à-dire la fumée de son embrasement. 


- 


2005 
disant : Louez notre Dieu, vous 
tous ses serviteurs, et vous qui le 
craignez, petits et grands. 

6. J’entendis encore comme la 
voix d'une grande multitude, 
comme la voix de grandes eaux, 
et comme de grands coups de 
tonnerre, qui disaient : Alleluia ; 
il regne le Seigneur notre Dieu, 
le Tout-Puissant. 

7. Réjouissons-nous, tressail- 
lons d'allégresse, et donnons-lui 
la gloire, parce qu'elles sont 
venues les noces de l'Agneau, 
et que son épouse s'y est pré- 
parée. 

8. Et il lui a été donné de se 
vétir d'un fin lin, éclatant et 
blane. Car le fin lin, ce sont les 
justifications des saints. 

9. Il me dit alors : Ecris : Bien- 

heureux ceux qui ont été appelés 
au souper des noces de l'Agneau! 
Et il ajouta : Ces paroles de Dieu 
sont véritables. 
7 10. Aussitôt je tombai à ses 
pieds pour l'adorer; mais il me 
dit : Garde-toi de le faire; je suis 
serviteur comme toi et comme 
tes frères qui ont le témoignage 
de Jésus. Adore Dieu, car le té- 
moignage de Jésus est l'esprit de 
prophétie. 

11. Je vis ensuitele ciel ouvert; 
et voilà un cheval blanc; celui 
qui le montait s'appelait le Fidèle 
et le Véritable, qui juge et com- 
bat avec justice. 

12. Ses yeux étaient comme 
une flamme de feu ; et sur sa tête 
étaient beaucoup de 601808108 ; 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


[cu. xix.] 


il avait un nom écrit que nul ne 
connait que lui. 

18. IL était vêtu d'une robe 
teinte de sang, et le nom dont on 
l'appelle est le Verbe de Dieu. 

14. Les armées qui sont dans 
le ciel le suivaient sur des che- 
vaux blancs, vêtus d'un fin lin, 
blane et pur. 

15. Et de sa bouche sort un 
glaive à deux tranchants pour en 
frapper les nations; carilles gou- 
vernera avec un sceptre de fer, 
et c'est lui qui foule le pressoir 
du vin de la fureur et de la colère 
du Dieu tout-puissant. 

16. Et il porte écrit sur son vé- 
tement et sur sa cuisse : Roi des 
rois, et Seigneur des Seigneurs. 

11. Et je vis un ange debout 
dans 16 soleil; et il cria d'une voix 
forte, disant à tous les oiseaux 
qui volaient au milieu de l'air : 
Venez et assemblez-vous pour le 
grand souper de Dieu; 

18. Pour manger la chair des 
rois, la chair des tribuns mili- 
taires, la chair des forts, la chair 
des chevaux et de ceux qui les 
montent, et la chair de tous les 
hommes libres et esclaves, petits 
et grands. 

19. Et je vis la béte et les rois 
dela terre, et leurs assemblées 
pour faire la guerre à celui qui 
montait le cheval et à son armée. 

20. Mais la béte fut prise, et 
avec elle le faux prophète qui 
avait fait les prodiges devant elle, 
par lesquels il avait séduit ceux 
qui avaient reçu le caractère de 


CuaP. XIX. 9. Matt., xxr, 2; Luc, xiv, 10. — 18. Isaie, Lx, 1. — 15. Ps, ,זז‎ 9. — 


16. I Tim., vr, 15; Supra, וטא‎ 14. 


8. Les juslificalions des saints sont les bonnes œuvres par lesquelles les hommes 


deviennent justes et saints. 


[cn. xx.] 


la béte, et qui avaient adoré son 
image. Les deux furent jetés vi- 
vants dans l'étang du feu nourri 
par le soufre. 

21. Tous les autres furent tués 
par l'épée qui sortait dela bouche 
de celui qui montait le cheval, et 
tous les oiseaux furent rassasiés 
de leurs chairs. 


CHAPITRE XX. 


Le dragon est enfermé dans l'abime pour 
mille ans. Les ámes des saints vivent 
et régnent avec Jésus-Christ. Satan est 
délié pour un peu de temps. Guerre 
contre les saints. Satan précipité dans 
l'enfer. Résurrection. Jugement. 


1. Et je vis un ange qui des- 
cendait du ciel, ayant la clef de 
l'abime, et une grande chaine en 
sa main. 

2. Et il prit le dragon, l'an- 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


2960 


Satan , et il le lia pour milie ans, 

3. Et il le jeta dans l'abime, et 
ly enferma, et il mit un sceau 
sur lui, afin qu'il ne séduisit plus 
les nations, jusqu'àce que fussent 
accomplis les mille ans; car après 
ces mille ans il faut qu'il soit dé- 
lié pour un peu de temps. 

4. Je vis aussi des trónes (et il 
y en eut qui s'y assirent, et le 
pouvoir de juger leur fut donné), 
et les àmes de ceux qui ont eu la 
téte tranchée à cause du témoi- 
gnage de Jésus, et à cause de la 
parole de Dieu, et qui n'ont point 
adoré la béte ni son image, ni 
recu son caractere sur le front ou 
dans leurs mains; et ils ont vécu 
et régné avec Jésus-Christ pen- 
dant mille ans. 

9. Les autres morts ne sont 
pas revenus àla vie, jusqu'à ce 


cien serpent, qui est le diable et | que fussent accomplis les mille 


2. Qui est le diable et Satan. Voy. xu, 9. — * « Ce passage signifie qu'après le 
triomphe définitif du christianisme sur Rome idolátre et sur les fausses divinités, 
Jésus-Christ régnera dans le monde avec son Evangile pendant une période de temps 
considérable, indiquée par 16 chiffre de mille années. Mais la période désignée par 
ce chiffre rond n'est pas mesurée avec plus de précision que les périodes désignées 
par sept années, trois ans et demi, une semaine, soixante-dix années ou semaines 
d'années. On peut dire seulement qu'elle sera beaucoup plus longue. Durant cette 
période, il ne sera pas donné à l'enfer de restaurer le culte des idoles, et les martyrs, 
associés au culte de Jésus-Christ, sembleront sortir de leur tombe pour mener sur 
la terre une nouvelle vie. — Cette interprétation, adoptée par les plus sages com- 
mentateurs, est fondée sur de solides raisons. — 19 Prendre ces mots à la lettre, ce 
serait supposer une disparate dans le style de S. Jean et s'éloigner des explications 
recues dés l'origine. Eusèbe nous apprend que dans le palais méme de Constantin 
et sous son régne, le triomphe du Sauveur sur l'idolátrie était représentée par une 
croix dressée et radieuse, au pied de laquelle le démon était écrasé ou enchainé 
sous la forme d'un dragon. — 20 Par la seconde mort, 14, 15, il est constant que 
S. Jean entend la damnation ou la perte éternelle de l'àme en enfer. On en doit 
conclure que la première résurrection, dont il est parlé aux versets 4 et 5, celle qui 
préserve de la seconde mort, ne peut étre que le régne spirituel des martyrs durant 
cette période de paix assurée à l'Eglise, et que la seconde résurrection est celle des 
corps à la fin des temps. C'est dans le même sens métaphorique que le mot de ré- 
surrection a été pris plus haut, en parlant des deux témoins du Sauveur. Du reste, 
il résulte clairement du commencement du chapitre xx que cette période d'un millier 
d'années doit précéder la résurrection générale, et non pas la suivre, comme le pré- 
tendent les Millénaires. > Que la fable des mille ans cesse donc », dit S. Jérôme. » 
(L. Bacuez.) 

4. A cause du témoignage, etc.; c'est-à-dire parce qu'ils ont rendu témoignage à 
Jésus-Christ, qu'ils ont préché son nom et la parole de Dieu. Compar. 1, 9. 


2910 
ans. C'est ici la premiere résur- 
rection. 

6. Bienheureux et saint est ce- 
lui qui a part à la première résur- 
rection, la seconde mort n'aura 
pas de pouvoir sur eux; mais ils 
seront prétres de Dieu et de Jésus- 
Christ, et ils régneront avec lui 
pendant mille ans. 

7. Et lorsque seront accomplis 
les mille ans, Satan sera relâché 
de sa prison et sortira, et il sé- 
duira les nations qui sont aux 
quatre coins du monde, Gog et 
Magog, et il les assemblera au 
combat, eux dont le nombre est 
comme le sable dela mer. 

8. Et ils montèrent sur toute la 
face de la terre, et ils environ- 
nèrent le camp des saints et la 
cité bien-aimée. 

9. Mais il descendit du ciel un 
feu venu de Dieu, et il les dévora; 
et le diable qui les séduisait, fut 
jeté dans l'étang de feu et de 
soufre, oü la béte elle-méme, 

10. Et le faux prophète seront 
tourmentés jour et nuit dans les 
siècles des siècles. 

11. Je vis aussi un grand trône 
blanc, et quelqu'un assis dessus, 
et devant la face duquel la terre 
et le ciel s'enfuirent, et leur place 
ne se trouva plus. 

19. Et je vis les morts, grands 
et petits, debout devant le trône; 
des livres furent ouverts, et un 
autrelivre fut encore ouvert, c'est 
lelivre de vie; et les morts furent 


CuaP. XX. 7. Ezéch., xxxix, 2. — ג‎ 
iri, 19. — 4. 18810, xxv, 8; Supra, vit, 17. 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


[ca. xxt.) 


jugés sur ce qui était dans les 
livres, selon leurs œuvres. 

13. La mer rendit les morts qui 
étaient en elle; la mort et l'enfer 
rendirent aussi les morts qui 
étaient en eux; et ils furent ju- 
gés chacun selon ses œuvres. 

14. L'enfer et la mort furent 
jetés dans l’étang de feu. Celle- 
ci est la seconde mort. 

15. Et quiconque ne se trouva 
pas écrit dans le livre de vie fut 
jeté dans l'étang de feu. 


CHAPITRE XXI. 


Ciel nouveau, terre nouvelle. Jérusalem 
céleste. Récompense des saints; sup- 
plice des réprouvés. Description de la 
Jérusalem céleste; les Apótres en sont 
les fondements, Dieu est son temple; 
l'Agneau est sa lampe; rien d'impur n'y 
entre. 


1. Et je vis un ciel nouveau et 
une terre nouvelle; car le pre- 
mier ciel et la première terre 
sont passés, et la mer n'est déjà 
plus. 

2. Et moi, Jean, je vis la sainte 
cité, la nouvelle Jérusalem, des- 
cendant du ciel, d'aupres de Dieu, 
parée comme une épouse et or- 
née pour son époux. 

8. Et j entendis une voix forte 
sortie du tróne, disant : Voici le 
tabernacle de Dieu avec les 
hommes, et il demeurera avec 
eux. Et eux seront son peuple, et 
lui-méme, Dieu, au milieu d'eux, 
sera leur Dieu. 

4. Et Dieu essuiera toute larme 


. XXI. 4. 15010, Lxv, 17; Lxvi, 22; Il Pierre, 


6. Celui qui; est, par un pur hébraisme, pour chacun de ceux qui; voilà pourquoi 
on trouve immédiatement aprés le pluriel sur euz, iis seront, etc. 

1. Sous le nom de: Gog et de Magog, célèbres par la prophétie d'Ezéchiel, saint Jean 
désigne ici tous les ennemis de Dieu et de son Eglise. 


(cu. xx1.] 


de leurs yeux, et il n'y aura plus 
ni mort, ni deuil, ni cris, ni dou- 
leur, parce que les premieres 
choses sont passées. 

9. Alors celui qui était assis 
sur le trône dit : Voilà que je fais 
toutes choses nouvelles. Et il me 
dit: Ecris, car ces paroles sont 
très dignes de foi et véritables. 

6. 11 me dit encore : C'est fait. 
Je suis l'Alpha et l'Oméga, le 
le commencement et la fin. A ce- 
lui quia soif, je donnerai de la 
source d'eau vive. 

7. Celui qui vaincra possédera 
ces choses ; et je serai son Dieu, 
et lui sera mon fils. 

8. Mais pour les timides, les in- 
crédules, les abominables, les 
homicides, les fornicateurs, les 
empoisonneurs, les idolâtres et 
tous les menteurs, leur part sera 
daus l'étang brülant de feu et de 
soufre; ce qui est la seconde 
mort. 

9. Alors vint un des sept anges 
qui avaient les sept coupes des 
dernieres plaies, et il me parla, 
disant: Viens, et je te montrerai 
l'épouse, la femme de l'Agneau. 

10. Et il me transporta en es- 
prit sur une montagne grande et 
haute, et il me montra la cité 
sainte, Jérusalem, qui descendait 
du ciel, d’auprès de Dieu, 

11. Ayant la clarté de Dieu; sa 


5. Isaie, זוזא‎ 19; 1] Cor., v, 17. 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 2971 


lumiere était semblable à une 
pierre précieuse, telle qu'une 
pierre de jaspe, semblable au 
cristal. 

12. Elle avait une grande et 
haute muraille, ayant elle-méme 
douze portes, et aux portes douze 
anges, et des noms écrits, qui 
sont les noms des douze tribus 
des enfants d'Israël. 

43. A orient étaient trois 
portes, auseptentrion trois portes, 
au midi trois portes, et à l'occi- 
dent trois portes. 

14. La muraille de la ville avait 
douze fondements, et sur ces fon- 
dements étaient les douze noms 
des Apôtres de l'Agneau. 

15. Celui qui me parlait avait 
une verge d'or pour mesurer la 
ville, ses portes et la muraille. 

16. La ville est bátie en carré ; 
sa longueur est aussi grande que 
sa largeur elle-méme. Il mesura 
donc la ville avec sa verge d'or, 
dans l'étendue de douze mille 
stades; or sa longueur, sa lar- 
geur et sa hauteur sont égales. 

17. ll en mesura aussi la mu- 
raille qui était de cent quarante- 
quatre coudés de mesure d'hom- 
me, qui est celle de l'ange. 

18. La muraille était bâtie de 
pierres de jaspe; mais la ville 
elle-méme était d'un or pur, sem- 
blable à du verre ties clair. 


6. C'est fait; c'est-à-dire tout ce que Dieu avait résolu de toute éternité par rap- 
port au monde, aux élus et aux réprouvés, est accompli. Compar. xvi, 17. — * L’Alpha 
et l'Oméga, la première et la derniere lettre de l'alphabet grec. 

16. Douze mille stades. Voy. notre Abrégé d'introduction, etc., p. 545. — * Douze 
mille stades. Le stade avait 185 métres. 

11. Qui est celle de l'ange; qui est celle dont se servait l'ange pour mesurer. Saint 
Jean fait cette remarque pour indiquer que les coudées et les stades dont il est ici 
question ne différent en rien de ceux que nous connaissons et que nous employons 
ordinairement. — * La coudée avait 52 centimètres, 


2072 


19. Et les fondements de la mu- 
raille de la ville étaient ornées de 
toutes sortes de pierres pré- 
cieuses. Le premier fondement 
était de jaspe, le second de sa- 
phir, le troisième de chalcédoine, 
le quatrième d'émeraude, 

20. Le cinquième de sardonix, 
lesixième 6 le septième 
de chrysolithe, le huitième de 
béryl, le neuvième de topaze, le 
dixième de chrysoprase, le on- 
zième d'hyacinthe, le douzième 
d'améthyste. 

91. Les douze portes étaient 
douze perles; ainsi chaque porte 
était d'une seule perle, et la 
place de la ville était d'un or 
pur comme un verre transpa- 
rent. 

99. Je ne vis point de temple 
dans la ville, parce que le Sei- 
gneur tout-puissant et l'Agneau 
en sont le temple. 

93. Et la ville n'a pas besoin de 
soleil ni dela lune pour l'éclairer, 
parce que la gloire de Dieu l'é- 
claire, et que sa lampe est l'A- 
gneau. 

24. Les nations marcheront à sa 
lumière, et les rois de la terre y 
apporteront leur gloire et leur 
honneur. 

25. Ses portes ne se fermeront 
point pendant le jour; car là 1] 
n’y aura pas de nuit. 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


[cH. xxm.) 


96. Et l'on y apportera la gloire 
et l'honneur des nations. 

27. Il n'y entrera rien de souillé, 
ni aucun de ceux qui commettent 
l’'abomination et le mensonge, 
mais ceux-là seulement qui sont 
écrits dans le livre de vie de l'A- 
gneau. 


CHAPITRE XXII. 


Suite de la description de la Jérusalem 
céleste. Conclusion de ce livre. Paroles 
véritables ; heureux qui les garde. Ado- 
rer Dieu. Prophétie non scellée. Avè- 
nement du Seigneur. Heureux qui se 
purifie dans le sang de l'Agneau. Té- 
moignage de Jésus-Christ; désir de son 
avènement. Ne rien ajouter au livre de 
l'Apocalypse, n'en rien retrancher. Avé- 
nement promis. Salut de l'Apótre. 


1. Il me montra aussi un fleuve 
d'eau vive, brillant comme du 
cristal, sortant du tróne de Dieu 
et del'Agneau. 

2. Au milieu de la place dela 
ville, sur les deux rivages du 
fleuve, était l'arbre de vie por- 
tant douze fruits, et, chaque mois 
donnant son fruit; et les feuilles 
de l'arbre sont pour la guérison 
des nations. 

3. Il n'y aura plus là aucune 
malédiction; mais le tróne de 
Dieu et de l'Agneau y sera, et ses 
serviteurs le serviront. 

4. Ils verront sa face et son 
nom sera sur leur front. 

5. Il n’y aura plus là de nuit, el 


23. Isaie, Lx, 19. — 25. Isaie, Lx, 11. — (παρ, XXII. 5. Isaie, Lx, 20. 


5. * « Que peut-on conclure de l'Apocalypse, relativement à la fin du monde, à ses 
circonstances, à sa date? Saint Jean cherche moins à satisfaire notre curiosité qu'à 
fortifier notre foi et à exciter notre vigilance. ll nous apprend peu de choses relati- 
vement à la fin du monde. On voit bien dans les derniers chapitres de l'Apocalypse, 
qu'il y aura une résurrection génerale et un jugement universel, que les méchants 
seront la proie de l'enfer et que les élus entreront en possession du ciel. On y. 
apprend encore que, dans les derniers temps du monde, le démon sortira de l'abime, 
qu'il séduira les peuples et reprendra son empire, que la cité des saints ou l'Eglise 
sera environnée d'ennemis et en butte à toutes sortes d'attaques, et que ses ennemis 


]68. xxi.) 


ils n'auront pas besoin de lampe, 
ni de la lumière du soleil, parce 
que le Seigneur les éclairera, et 
ils régneront dans les siècles des 
siecles. 

6. Et il me dit : Ces paroles sont 
tres dignes de foi et véritables. 
Et le Seigneur Dieu des esprits 
des prophétes a envoyé son ange 
pour montrer à ses serviteurs ce 
qui doit arriver bientót. 

7. Et voilà que je viens promp- 
tement. Bienheureux celui qui 
garde les paroles de la prophétie 
de ce livre! 

8. C'est moi, Jean, qui ai enten- 
du et vu ces choses. Et après les 
avoirentendues et les avoir vues, 
je suis tombé aux pieds delange 
qui me les montrait, pour l'ado- 
rer. 

9. Mais il me dit : Garde-toi de 
le faire; car je suis serviteur 
comme toi, comme tes freres les 
prophétes, et comme ceux qui 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


2973 


gardent les paroles de ce livre : 
adore Dieu. 

10. Π me dit encore : Ne scelle 
point les paroles de la prophétie 
de ce livre, car le temps est 
proche. 

11. Que celui qui fait 16, 
la fasse encore; que celui qui est 
souillé, se souille encore; que 
celui qui est juste, devienne plus 
juste encore; que celui qui est 
saint, se sanctifie encore. 

19. Voilà que je viens bientót, 
et ma récompense est avec moi, 
pour rendre à chacun selon ses 
œuvres. 

13. Je suis l'Alpha et 101668, 
le premier et le dernier, le com- 
mencement et la fin. 

14. Bienheureuxceux quilavent 
leurs vétements dans le sang de 
l'Agneau, afin qu'ils aient pouvoir 
sur l'arbre de vie, et que parles 
portes ils entrent dans la cité! 

45. Loin d'ici les chiens, les 


13. Isaie, ,(טזזא ;4 ,זזא‎ 6; xLviur, 12; Supra, 1, 8, 17; xxi, 6. 


seront miraculeusement abattus. De plus, on a lieu de croire que ce qui a été dit 
des dernières persécutions de l'empire romain, et des séductions causées par la 
fausse sagesse et ses opérations théurgiques, se renouvellera alors avec un scandale 
encore plus grand. Mais c'est à peu prés tout ce qu'on peut conclure. Le reste n'est 
que conjecture ou imagination. — Sur la date de la fin du monde, en particulier, 
l'Apocalypse ne fournit qu'une seule donnée, et il en résulte qu'elle doit avoir lie: 
bien longtemps aprés la fin des persécutions etla chute de Rome. Entre l'enchaine- 
ment de Satan, qui suit la ruine de l'empire, et le jugement dernier, saint Jean place 
une période de paix, puis un certain temps durant lequel Satan reprendra son em- 
pire et séduira les nations. Or, la période de paix doit durer un millier d'années, 
c'est-à-dire un espace de temps trés long, incomparablement plus long que les per- 
sécutions, quoique le nombre rond d'un millier ne doive pas s'entendre d'une 
manière plus littérale que les nombres sept, douze, trois, etc. Et pour la période de 
séduction et d'impiété, qu'on croit devoir étre celle de l'Antechrist, il n'est pas dit 
que le jugement universel doive la suivre immédiatement. » (L. Bacuez.) 

11. Que celui qui fait l'injustice, la fasse encore, etc. Ce n'est pas une permission 
ou un conseil donné au méchant de faire le mal, mais une simple supposition. Le 
vrai sens est donc : Si l'homme injuste continue ses injustices, il ne tardera pas à 
en subir la peine; de méme que si celui qui est juste le devient encore davantage, 
il en recevra bientót la récompense. Au reste, le verset suivant suffit pour justifier 
cette interprétation. Ajoutons que notre propre langue fournit des exemples de ce 
genre de construction. 

15. Loin d'ici les chiens. Chez les Hébreux, le chien passait pour un animal immonde; 


2914 


empoisonneurs, les impudiques, 
les homicides, les idolâtres, et 
quiconque aime et fait le men- 
songe. 

16. Moi, Jésus, j'ai envoyé mon 
ange pour vous rendre témoi- 
gnage de ces choses dans les 
Eglises. Je suis la racine et la race 
de David, l'étoile brillante du 
matin. 

17. L'Esprit et l'épouse disent : 
Viens. Que celui qui entend dise : 
Viens. Que celui qui a soif vienne; 
et que celui qui vient reçoive 
gratuitement l’eau de la vie. 

48. Car je proteste à tous ceux 
qui entendent les paroles de la 


17. Isaie, Lv, 1. 


APOCALYPSE DE SAINT JEAN. 


[cu. χχα ἢ 
prophétie de celivre, que si quel- 
qu'un y ajoute, Dieu aceumulera 
sur lui les fléaux écrits dans ce 
livre; 

19. Et si quelqu'un retranche 
quelque parole du livre de cette 
prophétie, Dieu lui retranchera 
sa part du livre de vie, et de la 
cité sainte, οἱ de ce qui est écrit 
dans ce livre. 

20. Celui qui rend témoignage 
de ces choses dit : Oui, je viens 
bientót. Amen. Venez, Seigneur 
Jésus. 

91. Que la gráce de Notre Sei- 
gneur Jésus-Christ soit avec vous 
tous. Amen. 


on ne pouvait donc marquer un plus profond mépris et une plus grande horreur 


pour quelqu'un que de l'appeler chien. 


16. Je suis la racine; en tant que créateur et source de la vie. — La race; c'est-à- 


dire le descendant. 


19. De ce qui est écrit dans ce livre; c'est-&à-dire des promesses qui sont contenues 


dans ce livre. 


D τὸ (rq Ae δος > azar 


ANCIEN TESTAMENT 


APPENDICE 


Note 1, p. 13. — LA COSMOGONIE MOSAIQUE. 


La beauté et la grandeur du récit de la création ont frappé tous les esprits. Yl était 
impossible d'en tracer un tableau plus grand et plus digne. Les savants ne l'ont 
pas moins admiré que les philosophes. « Ou Moise avait dans les sciences une ins- 
truction aussi profonde que celle de notre siècle, a dit Ampère, ou il était inspiré. » 
La supériorité du récit biblique est surtout frappante quand on le compare aux cos- 
mogonies des autres peuples, lesquelles sont pleines de réveries. Quant à la beauté 
littéraire du premier chapitre de la Genése, il n'est personne qui n'eu soit frappé. 
Tout le monde connait la réflexion du paien Longin : « Le législateur des Juifs, qui 
n'était pas un homme ordinaire, ayant fort bien concu la grandeur et la puissance 
de Dieu, l'a exprimée dans toute sa dignité, au commencement de ses lois, par ces 
paroles : Dieu dit: Que la lumiere se fasse, et la lumière se fit; que la lerre se fasse, 
el la terre fut faite. » 

L'organisation du monde est partagée par Moïse en six actes qu'il appelle jours 
et qui se distinguent les uns des autres par un soir et un matin. Le premier acte 
distinct de l'organisation de l'univers est la création de la lumière; le second fut la 
séparation des eaux inférieures et des eaux supérieures, c'est-à-dire la condensation 
d'une partie des vapeurs ou eaux proprement dites, nommées eaux inférieures, 
lesquelles se séparèrent de celles qui restèrent à l'état de vapeurs ou eaux supé- 
rieures; le troisième, c'est la production des plantes; le quatrième, la création ou 
la manifestation des astres; le cinquième, la création des reptiles et des oiseaux; 
le sixième, celle des mammifères et de l'homme. Depuis ce dernier acte, la Provi- 
dence n'a pas introduit de nouvelles espéces de créatures sur la scéne du monde, 
ce que la Genèse indique en disant que le septième jour Dieu se reposa, c'est-à-dire 
cessa d'agir. 

Ce mot de repos appliqué à Dieu est certainement métaphorique, tout le monde 
en convient. Il est à croire que le mot « jour, » yôm, « soir,» est également méta- 
phorique. Yóm désigne ordinairement l'espace compris entre deux levers de soleil; 
cependant plusieurs raisons, qui ne sont pas sans importance, semblent indiquer 
que ce terme ne doit pas être pris ici dans le sens propre, mais dans un sens figuré. 
A une époque où tout s'exprimait en images, l'emploi de métaphores dans la Genèse 
ne doit pas surprendre celui qui connait les habitudes du langage oriental. 

Le mot yóm, jour, signifie trés probablement iei époque ou période. Dieu n'a cer- 
tainement pas mis vingt-quatre heures à créer la lumiére, ni viugt-quatre heures à 
créer les astres, les plantes ou les animaux; il lui a suffi, pour que tous ces êtres 
fussent produits, d'un acte instantané de sa volonté. Puisque Dieu n'a pu employer 
une journée entière à donner l'existence à chacune des espèces de créatures qui ont 
apparu pendant les jours génésiaques, il y a tout lieu de penser que le mot jour est 
ici une expression figurée désignant une de ces périodes d'uue longueur indéter- 
minée que nous fait connaitre la géologie. 

L'étude géologique de notre globe montre qu'il se compose de couches superposées, 
distinguées les unes des autres par des éléments qui leur sont propres, et en parti- 
culier par des fossiles différents. Ces couches se sont formées successivement parent 
une longue suite de siècles. 


2976 | APPENDICE. 


On peut partager l'œuvre de la création en trois périodes principales: la période 
astronomique ou cosmique, la période cosmogéogénique, et la période géologique 
pure. 

I. La période cosmique embrasse la cosmogonie en général ou création des élé- 
ments de la matière; elle comprend le long espace de siècles résumé dans les cinq 
premiers versets de la Genèse, et correspond au temps qui a précédé le premier 
jour mosaïque ainsi qu'à ce premier jour lui-même. La science ne connaît rien de 
cette période que par induction. 

D'après le système communément admis par les savants, l'éther, principe de la 
matière, ou des « cieux et de la terre, » a été créé tout d'abord. L'analyse spectrale 
et les belles découvertes du P. Secchi, d'Huggins, de Miller, etc., démontrent que la 
composition chimique des corps célestes et terrestres est foncièrement la méme. Au 
commencement, les ténèbres sont complètes. Des centres d'attraetion se produisent 
ensuite sur divers points de l'espace et deviennent le germe des nébuleuses cosmiques 
et le principe du mouvement. 

Le mouvement de concentration et de rotation des nébuleuses améne les premiers 
dégagements de chaleur. L'élévation croissante de la température produit de la 
lumière; les nébuleuses, en se condensant, jettent autour d'elles des lueurs phos- 
phorescentes; elles se fractionnent, et leurs fragments deviennent des étoiles qui 
finissent par être incandescentes. La terre est une de ces étoiles. Moïse dépeint l'état 
primitif de la terre à cette époque, en disant : Terra erat inanis et vacua, « sans 
ordre, » et il caractérise la période pendant laquelle s'accomplissent les phénomènes 
dont nous venons de parler, quand, en les considérant par rapport à notre globe, 
il dit que, le premier jour, Dieu créa la lumiere et la sépara des ténébres. 

IT. L'époque cosmogéogénique, pendant laquelle la terre s'organise et se couvre 
de plantes, répond aux second, troisième et quatrième jours de Moïse, Gen., 1, 6-19. 

19 C'est pendant cette époque que se forment la croûte solide de la sphère em- 
brasée et l'atmosphère Le globe terrestre passe de l'état gazeux à l'état de liquide 
incandescent; sa surface commence ensuite à se durcir par le refroidissement. Une 
atmosphère ténébreuse, sursaturée de vapeurs métalliques et aqueuses, se forme 
autour de la terre. L'atmosphère devient ainsi distincte du sphéroide terrestre. C'est 
la séparation des eaux inférieures et supérieures par le firmament, dont parle la 
Genése, c'est-à-dire le second jour mosaique. Cette période de formation de l'univers 
est appelée par les géologues âge primaire ou azoïque, parce qu'elle n'offre pas de 
traces de vie. 

20 Le troisième et le quatrième jours génésiaques correspondent à ce que les géo- 
logues appellent âge paléozoique ou de transition. Cet âge est ainsi nommé, parce 
que c'est celui où l'on retrouve les traces les plus anciennes de vie, des débris d'une 
flore et d'une faune sous-marine, des cryptogames, des algues et des invertébrés, 
crustacés et mollusques, oursins et coraux. 

Au commencement de cette période, la croûte solide est partout recouverte par 
les eaux précipitées. Les premières îles émergent par suite de la contraction de 
l'enveloppe terrestre. L'atmosphère, grossièrement épurée, ne laisse parvenir au sol 
qu'une clarté diffuse; mais cette clarté est suffisante pour les premiers développe- 
ments de la végétation terrestre. Aucune autre époque n’a laissé de traces d'une 
végétation comparable à celle-là. C'est alors que se produit la flore carbonifère et 
houillére. 

Pendant cette période, il n'y avait encore, comme nous le dit Moise, aucun mam- 
mifère, ni aucun oiseau. Il y avait cependant déjà, mais en petit nombre, quelques 
amphibies rampants, des poissons et quelques animaux inférieurs, dans les bas- 
fonds marécageux, oü ils étaient couverts par une épaisse végétation. La flore houil- 
lére se composait de plantes colossales, mais sans vives couleurs; elles avaient 
surtout besoin d'ombre et d'humidité. Ce caractere de la végétation houillére fournit 
la réponse à une des objections sur lesquelles on a le plus insisté contre le récit de 
Moise, et en devient méme une sorte de confirmation. Comment, a-t-on dit, ces plantes 
ont-elles pu se développer sans l'action des rayons solaires? Un savant allemand, 
M. Pfaff, a répondu avec beaucoup de précision et de justesse : « Ce n'est pas du 
soleil que les plantes ont besoin, mais seulement de lumiére et de chaleur. Or, la 
lumiere et la chaleur existaient incontestablement avant le soleil : c'est là un fait 
certain en histoire naturelle. » 


APPENDICE. 2977 


Quelques bairaciens, des animaux amphibies et des poissons commencent alors à 
paraitre, mais ils sont rares, surtout relativement au grand épanouissement de vie 
que nous rencontrerons bientôt. Moïse a donc pu n'en pas tenir compte et les passer 
sous silence; il ne mentionne, dans chaque époque, que la classe d'étres qui la 
caractérise. 

Le quatrième jour mosaïque est celui où Dieu complète l'organisation de notre 
système solaire par rapport à la terre. Quelques exégètes pensent que le soleil exis- 
tait déjà dans les âges précédents comme corps lumineux, mais que ses rayons 
n'arrivaient pas jusqu'à la terre. Rien dans la science ne s'oppose à ce qu'on accepte 
purement et simplement le récit de la Genése : « Notre soleil est une véritable étoile 
fixe, dit M. Pfaff. Par conséquent, sa manifestation comme astre distinct peut coin- 
cider avec celles des autres étoiles fixes. L'astronomie n'a rien à opposer à cette 
affirmation... Il ne saurait donc étre question sur ce point d'une contradiction entre 
l'astronomie et la Bible. » M. Faye pense que 18 terre a été réellement créée avant 
le soleil. 

Cette époque, qui est la moins ancienne de l'áge paléozoique, est caractérisée par 
un ralentissement trés sensible de la création végétale. Une nouvelle flore apparut 
plus tard dans l’âge tertiaire et fut le résultat de l'influence nouvelle du soleil; mais 
Moise, qui avait indiqué le premier grand épanouissement de vie végétale, n'est pas 
revenu sur les flores successives : il s'est partout contenté d'indiquer les traits les 
plus saillants de chaque période. 

IIT. L'ére géologique comprend trois âges : l'âge mésozoïque ou secondaire, l'âge 
cænozoïque ou tertiaire, et l'âge quaternaire, celui dans lequel nous vivons. L'âge 
mésozoique correspond au cinquième jour génésiaque; les âges tertiaire et quater- 
naire correspondent au sixième jour. 

1° Le cinquième jour, nous dit la Genèse, Dieu créa d'abord les reptiles et les 
volatiles, puis les grands cétacés. L'inspection des couches géologiques confirme ces 
données. < 

L'âge mésozoique ou secondaire comprend trois étages de terrains : l'étage tria- 
sique, l'étage jurassique et l'étage crétacé. Il est caractérisé par une abondance 
prodigieuse de vie animale. La végétation houillére de l’âge paléozoique avait absorbé 
une quantité énorme d'acide carbonique et l'avait changé en combustible, Elle avait 
ainsi purifié l'atmosphére et rendu la terre propre 8 la vie animale. 

Pendant que les coraux et les infusoires formaient le terrain jurassique, les am- 
monites et les bélemnites vivaient au fond des mers; les tortues et les lézards se 
promenaient sur les bords des riviéres et des océans; d'immenses reptiles, armés 
d'effroyables moyens de destruction, étaient les rois des animaux. Cette époque, à 
laquelle Moïse rapporte la création des reptiles, est tellement caractérisée par cette 
classe d'étres vivants que les géologues l'ont appelée « ére des reptiles. » 

La premiére apparition des oiseaux correspond à l'époque de ces grands sauriens, 
conformément à ce que nous apprend Moïse. Les terrains jurassiques et crétacés 
présentent des empreintes de grands échassiers et de grands oiseaux dans le genre 
de l'autruche. Mais jusqu'ici, comme pour confirmer le récit de la &enése, on n'a 
rencontré dans ces terrains nul mammifére, à part un trés petit rongeur insectivore, 
et plus tard, dans la craie, une espéce de sarigue. Les mammiféres n'apparaissent 
qu'à une époque postérieure; c'est au début de l’âge tertiaire que commence vérita- 
blement leur règne : ils sont l'eeuvre du sixième jour. 

2e Moise nous apprend, en effet, que ce fut le sixiéme jour que Dieu créa les 
mammifères, les animaux d'abord et l'homme ensuite. Cette dernière création core 
respond à l’âge cænozoïque ou tertiaire et à l’âge quaternaire. La plupart des géo- 
logues ne placent des fossiles humains que dans le terrain quaternaire. Ce n'est 
qu'alors qu'on trouve des traces certaines de sa présence. Conformément à la Ge- 
nèse, l'homme paraît le dernier sur le théâtre de la création. C'est là la dernière 
confirmation que la géologie apporte au récit biblique. Ainsi la science, dans ses 
grandes lignes, est d'accord avec la cosmogonie de Moise. Qui n'admirerait cette 
frappante harmonie? « Si nous comparons les données scientifiques avec l'histoire 
biblique de la création, dit M. Pfaff, nous voyons que cette dernière concorde avec 
ces données autant qu'on est en droit de l'attendre. Nous découvrons en effet [dans 
la science et dans la Bible] les mêmes règnes, également distincts en eux-mêmes, en 
ne tenant pas compte des variotions historiques qu'ils ont pu subir; la suite chrono- 


187 


2078 APPENDICE. 


logique de leur apparition est exactement donnée par Moïse. Le chaos primitif ; la 
terre couverte d'abord par les eaux, émergeant ensuite; la formation du régne 
inorganique suivi du règne végétal, puis du règne animal qui a pour premiers re- 
présentants les animaux vivant dans l'eau, et, aprés eux, les animaux terrestres; 
l'homme apparaissant enfin le dernier de tous : telle est bien la véritable succession 
des étres, telles sont bien les diverses périodes de l'histoire de la création, périodes 
désignées sous le nom de jours. » 


Note 2, p. 16. — DE LA DATE DE LA CRÉATION DU MONDE. 


Les savants placent la production de la matiére à une époque trés reculée. La 
Genése ne nous fournit aucune donnée précise sur ce commencement dans lequel elle 
place la création proprement dite de la matiére. La Sainte Ecriture ne nous dit nulle 
part que l'univers ἃ été créé en telle année ou à telle époque. Il est vrai que l'on 
trouve, dans les livres d'histoire, des dates qui se rapportent à « l'ére de la création 
du monde, » mais cette dénomination manque de justesse, comme il est facile de 
s'en convaincre en considérant par quels procédés ont été formées les chronologies 
bibliques. 

Les chronologies bibliques différent par leurs chiffres, selon qu'elles les ont em- 
pruntés à tel ou tel texte ancien, mais elles ont toutes été constituées d'une manière 
identique. On a pris les áges des patriarches qui nous sont donnés dans les cha- 
pitres v et xi de la Genèse, on les a additionnés ensemble, en tenant compte seule- 
ment des années pendant lesquelles ils n'avaient pas vécu simultanément, et l'on a 
formé de la sorte une chronologie suivie. Tous ces calculs ont, par conséquent, pour 
point de départ, la création de l'homme et non la création du monde, et, si l'on 
voulait s'exprimer avec exactitude, il faudrait dire « l'ére de la création d'Adam, » 
et non > l'ère de la création du monde. » Cette dernière expression confond l'origine 
du temps avec l'origine des années humaines : le temps commence bien avec la 
production de la matiére, mais la chronologie ne commence qu'avec la formation 
de l'homme. 

On n'avait pas, autrefois, il est vrai, à tenir compte, dans la supputation des 
années, des six jours génésiaques, que l'on regardait comme étant de vingt-quatre 
heures; mais, si l'on y avait pris garde, on aurait dà remarquer que la création des 
éléments de la matière étant distincte de l’œuvre des six jours, il pouvait s'étre 
écoulé un intervalle plus ou moins grand entre les deux opérations divines de la 
production ex nihilo et de l'ordonnance du monde, selon la juste observation du 
P. Petau. Quoi qu'il en soit, il est admis aujourd'hui par la presque unanimité des 
interprétes que Moise ne nous dit rien sur l'espace de temps qui s'est écoulé entre 
la création primitive et la production de la lumiére au premier jour génésiaque. 
Nous ignorons donc quelle en a été la durée, et il nous est impossible de savoir, 
d'après le texte sacré, quelle est la date de la création du monde; cette question 
est également insoluble, soit que l'on admette les jours-époques, soit que l'on dé- 
fende les jours de vingt-quatre heures. Nous en sommes réduits là-dessus à nous 
en rapporter aux savants. 

Mais les calculs des savants eux-mémes sont loin d'être certains et ne reposent pas 
sur des bases bien fermes. On ne peut faire que des conjectures, sur l'ancienneté de 
la terre et la date de la création. Tout ce que l'on peut affirmer, c’est que la terre 
est extrémemenr ancienne et que la Bible ne nous apprend pas à quelle époque elle 
& été créée. 


Note 3, p. 46. — DE LA DATE DE LA CRÉATION DE L'HOMME. 


On fixe généralement, parmi nous, la création d'Adam à l'an 4,004 avant l'ére 
chrétienne, mais il faut observer 19 que ce chiffre repose sur des calculs contes- 
tables, et 29 qu'il est actuellement impossible de résoudre, avec une entière certi- 
tude, le probléme de l'époque de l'apparition de l'homme sur la terre. 

Il existe 06 nombreux systèmes de chronologie biblique, mais, en un certain sens, 
il n'existe pas de chronologie biblique proprement dite. 1[ n'existe pas non plus de 


APPENDICE. 2979 


chronologie ecclésiastique officielle. > C'est une erreur de croire, dit Mgr Meiguaa, 
que la foi catholique enferme l'existence de l'homme dans une durée qui ne peut 
dépasser six mille ans. L'Eglise ne s'est jamais prononcée sur une question aussi 
délieate. » L'Ancien Testament ne connait point d'ére, c'est-à-dire de point de départ 
lixe choisi pour compter les années et servir de terme de comparaison à tous les 
autres événements, comme par exemple la date de la naissance de Jésus-Christ. Il 
contient néanmoins des données chronologiques, c'est-à-dire des éléments de calcul 
dont on peut se servir pour construire une chronologie, quoique aucun auteur ins- 
piré ne nous présente une chronologie toute faite. Ces éléments sont les générations 
des patriarches et le nombre d'années pendant lesquelles ils ont vécu. Dans l'état 
où ils nous sont parvenus, ils sont insuffisants pour établir une chronologie rigou- 
reuse et absolument certaine. 

Pour supputer, en effet, exactement les années depuis la création de l'homme, à 
l'aide des tableaux des générations des patriarches, il faudrait : 19 posséder les vrais 
chiffres écrits par les auteurs sacrés dans le Pentateuque et dans les autres livres 
inspirés; 20 avoir des listes généalogiques complètes, c'est-à-dire sans lacunes. — 
1o Il est évident que si les chiffres bibliques ont été altérés et que si nous manquons 
des moyens nécessaires pour les rétablir dans leur intégrité, nous ne pouvons plus 
affirmer que tel chiffre est vrai. — 29 De plus, comme la chronologie sacrée a été 
construite artificiellement par l'addition de l’âge des patriarches et en partant de la 
supposition que la liste des générations est complète, si cette hypothèse est fausse 
et que Moïse ait omis 6מט‎ ou plusieurs générations, on voit aisément qu'il est im- 
possible de savoir quel temps s'est écoulé, par exemple, de Noé jusqu'à Abraham; 
il résulte aussi de là que toutes les chronologies données jusqu'ici sont trop courtes. 
Or 19168 chiffres bibliques ne nous sont pas parvenus sans altération et 29 il n'est 
pas constaté que les listes généalogiques soient complètes. 

19 Nous n'avons aucun moyen efficace et infaillible de savoir quels ont été les 
chiffres primitifs de la Genèse, car tous les textes anciens que nous possédons sont 
en complet désaccord entre eux. Rien ne s'altére dans les manuscrits aussi facile- 
ment que les chiffres, parce que le sens de la phrase ne permet pas au copiste de 
discerner quel est le véritable signe qu'il doit lire dans l'original, quand cet original 
est mal écrit; aussi tous les chiffres qu'on rencontre dans les copies diverses des 
auteurs anciens, quels qu'ils soient, grecs, latins, hébreux, sont plus ou moins con- 
tradictoires. Dieu n’a pas voulu faire un miracle pour garantir de toute altération 
les dates du texte sacré. Elles n'intéressent ni le dogme ni la morale, et il a jugé, 
dans sa sagesse, qu'il n'y avait aucun inconvénient à ce que nous restions dans 
l'ignorance sur la véritable chronologie. Il n'a pas voulu nous apprendre dans les 
Evangiles si le ministére public de Notre Seigneur avait duré un, deux, trois ou 
quatre ans et plus, et l'on peut apporter des raisons qui ne sont pas sans force en 
faveur de chacune de ces opinions; il n'a pas jugé non plus nécessaire de nous 
faire savoir le nombre exact d'années qui s'est écoulé depuis la chute d'Adam jusqu'à 
la venue du Rédempteur. 

Ainsi, par exemple, il existe une divergence d'environ 2,000 ans entre la chrono- 
logie des Septante et celle de la Bible hébraïque, reproduite par notre Vulgate. Le 
texte grec, qui estla plus ancienne version de l'Ancien Testament, compte 2,262 ans 
avant le déluge; l'hébreu et notre Vuigate, 1,656; le Pentateuque samaritain n'en 
compte que 1,301. De Noé à Abraham, les Septante ont 1172 ans, l'hébreu et le 
latin 292 et [6 samaritain 942. De ces chitfres si divers, quels sont les vrais? Tous 
méme ne sont-ils pas altérés? C'est 18 une question à laquelle personne ne peut ré- 
pondre. La critique est impuissante à résoudre le problème. L'Eglise ne se prononce 
pas. Pendant les six premiers siècies de notre ère, les écrivains ecclésiastiques grecs 
et latins ont admis la chronologie des Septante. L'Eglise grecque l'admet encore 
aujourd'hui. Le martyrologe romain l'a également conservée; il place la création 
5,199 ans, le déluge 2,957 ans avant J.-C. Depuis le xvr: siècle, les critiques ont réussi 
à faire prévaloir généralement la chronologie du texte hébreu, qui place !a création 
4,000 ans et le déluge 2,500 ans avant J.-C.; mais chaque savant a plus ou moins 
modifié ces chiffres : on compte plus de 200 systèmes chronologiques, tous fondés 
sur les données bibliques, diversement combinées entre elles ou modifñées d’après 
les variantes des textes. 


2° Non seulement nous ignorons quels sont les vrais chiffres primitifs des listes 


APPENDICE. 


généaiogiques ae la Bible, mais nous ignorons si ces listes mêmes sont tout à fait 
complètes. Tous les chronologistes ont admis, jusque dans ces derniers temps, qu'il 
n'y avait pas de lacunes dans la chaine des générations patriarcales, et la pensée 
de soulever un doute sur ce point ne s'est méme pas présentée à leur esprit. Cepen- 
dant, de nos jours, des exégétes se sont demandé si Moise n'avait pas fait des 
omissions dans ses énumérations des premiers hommes, et ils se sont prononcés 
pour l'affirmative. 

Il ne faut pas considérer, bien s'en faut, l'hypothèse des lacunes dans les listes 
généalogiques de la Genése comme un fait démontré, excepté pour Cainan, dont 
l'existence est attestée par S. Luc; mais la seule possibilité des omissions permet de 
répondre à toutes les objections qu'on peut soulever au nom des diverses sciences, 
histoire, paléontologie, etc., contre la chronologie biblique. Si les savants par- 
venaient à prouver que la date qu'on assignait généralement à la création de l'homme 
n'est pas assez reculée, il en résulterait que les systémes des chronologistes sont 
faux, mais le texte biblique demeurerait toujours lui-méme hors de cause 


Note 4, p. 16. — LE PARADIS TERRESTRE. 


Nos premiers parents furent placés dans un jardin de délices que nous appelons 
le Paradis terrestre. Moïse nomme la contrée où il était situé Eden, Gen., i, 8; tv, 16, 
et le paradis lui-même porte dans la Bible hébraïque le nom du lieu où il était situé. 
Eden signifie joie, délices. Notre mot paradis se retrouve en hébreu sous la forme 
pardés, pour signifier, comme dans l'ancien perse (pairadaéza), « parc, jardin planté 
d'arbres, enclos. » 

Le texte sacré détermine la situation du paradis en disant qu'Eden était au levant 
(d'après le texte original, Gen., 11, 8), et qu'une rivière, qui y jaillissait pour arroser 
le jardin, se divisait ensuite en quatre cours d'eau, capiía, appelés le Phison, le 
Géhon, le Tigre et l'Euphrate. L'identification du Tigre et de l'Euphrate n'offre aucune 
difficulté : ce sont les fleuves qui ont toujours été connus sous ce nom; celle du 
Phison et du Géhon au contraire est encore aujourd'hui un probléme. Il est dit du 
Géhon qu'il coule autour de la terre de Kousch, nom qui est traduit par les Septante 
et la Vulgate comme signifiant l'Ethiopie, parce que l'Ethiopie a été habitée, après 
la dispersion des peuples, par les Kouschites; mais ces derniers habitaient aupara- 
vant en Asie. et Kousch désigne certainement ici une contrée d'Asie. 

La plupart des commentateurs, jusque dans ces dernières années, ont eru que le 
Paradis terrestre était situé dans l'Asie occidentale. Les uns placent Eden dans l’Ar- 
ménie, les autres prés du golfe Persique, au-dessous du confluent de l'Euphrate et 
du Tigre, lorsque ces deux fleuves ont formé le Schat-el-Arab. Un certain nombre 
de savants modernes pensent, au contraire, qu'il faut le chercher dans l'Inde ou sur 
le plateau de Pamir. D'aprés eux, Havila, le pays qu'arrose le Phison, et oü l'on 
trouve l'or, ie bdellium et l'onyx, c'est l'Inde qui est, pour les Hébreux, une contrée 
s'étendant indéfiniment au sud-est. Cette explication n'est pas conciliable avec le 
texte biblique. 

Le déluge et les révolutions diverses qui ont bouleversé certaines parties de la 
terre peuvent avoir modifié notablement la topographie des lieux oü était situé le 
Paradis terrestre et rendu ainsi insoluble la question de son emplacement. L'opinion 
qui semble la plus vraisemblable est celle qui le place en Arménie, dans les riches 
vallées de cette contrée qui est encore aujourd'hui l'une des plus ferliles du monde. 
L'Euphrate et le Tigre ont leur source dans cette région; le Tigre naît à une heure 
environ de l'Euphrate, au nord de Diarbékir. C'est en ce lieu qu Adam dut être placé. 
Le Phison est ou bien le Phase des auteurs classiques, qui coule d'est en ouest et 
se jette dans la mer Noire, ou bien le Kur, !e Cyrus des ancieus, qui prend sa source 
dans les environs de Kars, non loin de la source occidentale de l'Euphrate, et se 
jette ensuite dans la mer Caspienne après avoir mêlé ses eaux à celles de l’Araxe, 
Havila, qu'arrose le Phison, c'est la Colchide, le pays des métaux précieux, oü les 
Argonautes allèrent chercher la toison d'or. Quant au Géhon, c'est l'Aras d'aujoure 
d'hui, l'ancien Araxe, appelé par les Arabes Djaichun, (ou Géhon) er Ras, lequel sort 
du voisinage de la source occidentale de l'Euphrate et va, comme nous l'avons dit, 
se jeter avec le Kur daus la mer Caspienne. La terre de Kousch qu'il traverse, d'après 


APPENDICEs 2981 


la Genèse, c'est le pays des Kosséens. « Que l'Eden... doive être cherché aux sources 
de l'Euphrate et du Tigre, dit un savant philologue allemand, M. Ebers, cela nous 
parait au-dessus de toute contestation : c'est ce qu'établissent l'éthnographie et la 
géographie, l'histoire hébraique et les chroniques arméniennes, et, de nos jours, 
avec une autorité particulière, la philologie comparée. » 


Note 5, p. 23. — LONGÉVITÉ DES PATRIARCHES. 


Adam mourut à l’âge de neuf cent trente ans. Tous les premiers hommes vécurent, 
comme lui, pendant de longues années. « Il faut bien l'avouer, dit M. Glaire, cette 
durée prodigieuse de la vie des premiers hommes, surtout lorsqu'on la compare avec 
la brièveté de la nôtre, est une des choses les plus étonnantes qu'on trouve dans 
l'histoire du monde avant le déluge. » Déjà du temps de S. Augustin on avait essayé 
de réduire la durée de la vie des patriarches, en prétendant que leurs années 
n'étaient que de trente-six jours, mais « l'auteur de la Genése ne dit pas un mot 
qui fasse soupconner que le mot année, dont il se sert, ait une valeur différente, 
selon qu'il se trouve dans tel ou tel chapitre de son ouvrage. » La mention du 
septième et du dixième mois de l'année du déluge, Gen,, vir, 11 et viri, 4-13, montre 
au contraire que les mois étaient trés distincts de l'année et que celle-ci se composait 
au moins de trois cent soixante jours. S. Augustin a d'ailleurs justement observé 
que Seth ayant engendré à cent cinq aus et Cainan à soixante-dix, si l'on appliquait 
à ces chiffres la réduction supposée, on les abaisserait au nombre inacceptable de 
dix ou sept. 

« Le résultat des études de l'exégése, à cet égard, doit donc être, dit M. Reusch, 
que, selon la Genése, les patriarches vivaient beaucoup plus longtemps qu'à présent; 
la durée de leur vie, à l'époque antédiluvienne, était dix fois celle d'aujourd'hui... 
Flavius Joséphe déjà rapporte que les historiens des autres anciens peuples, tels que 
Manéthon et Bérose, parlent de la longue durée de la vie des premiers hommes, 
comme un fait conservé par la tradition dans les contrées oü ils vivaient. Ces tra- 
ditions étaient également répandues chez un grand nombre d'autres peuples dont 
Josèphe ne parle point. » 

Mais, assure-t-on, cette longévité est physiquement impossible. « Je crois que 
nous pouvons répondre tout simplement, dit M. Reusch : « La question de la possi- 
» bilité d'une vie de cinq, six et neuf cents aus dans les premiers temps du genre 
» humain n'est point du ressort de la physiologie actuelle. Le physiologiste qui parle 
» d'impossibilité sur ce point sort de la réserve que lui commande la véritable 
» science (Kunrz). » La seule règle d’après laquelle la physiologie puisse déterminer 
la durée de la vie, c'est l'expérience; or ses observations portent exclusivement sur 
le présent, et ses conclusions doivent se réduire à ceci : dans les conditions actuelles 
de la nature, l'homme ne peut arriver à un áge aussi avancé que celui auquel les 
patriarches sont parvenus... 

» Du reste, on trouve quelquefois maintenant encore des exemples suffisamment 
constatés de personnes qui ont dépassé de beaucoup l’âge ordinaire et ont vécu de 
150 à 200 ans : Prichard cite beaucoup d'exemples de ce genre. Au dire des voya- 
geurs modernes, cette longévité n'est pas rare chez les Arabes qui habitent les 
déserts de l'Afrique. Or, si à notre époque, la durée de la vie peut, dans des cir- 
constances trés favorables, atteindre le double ou le triple de la durée fixée comme 
moyenne par la physiologie, qui voudrait affirmer qu'il n'y a pas eu des circonstances 
plus favorables encore, oü les hommes arrivaient à un áge dix fois plus avancé? 
En ne s'appuyant que sur les faits actuels, il est aussi impossible de nier que de 
démontrer la réalité de ces circonstances extraordinaires dans la haute antiquité. 

» Nous ne savons non plus rien de certain sur la nature des causes qui permet- 
taient aux hommes de parvenir à un âge avancé. Le milieu dans lequel l'homme 
vivait, et sa constitution physique elle-méme, n'étaient probablement pas les mémes 
qu'aujourd'hui et en différaient assez pour rendre possible une telle longévité... 
Avant le déluge, les conditions climatériques étaient probablement différentes de 
celles d'aujourd'hui; peut-étre cette circonstance entra-t-elle pour quelque chose 
dans la longue durée de la vie des premiers hommes, si méme elle n'en fut pas 
l'unique cause. » "Hà 


0032 APPENDICE, 


Note 6, p. 27. — LE DÉLUGE. 


On peut entendre l'universalité du déluge en ce sens que les eaux couvrirent toute 
la terre habitée par les hommes, mais non toute la terre habitable. Au moment où 
eut lieu la grande catastrophe, toute la terre habitable n'était pas encore peuplée. 
Noé et Moise n'entendaient pas, par la terre entiére, le globe terrestre tel qu'il nous 
est connu aujourd'hui, depuis la découverte de l'Amérique et aprés toutes les explo- 
rations modernes, mais la partie du monde alors habitée. « Nous ne sommes pas 
injustes envers Noé et ses fils, non plusqu'envers 16 libérateur d'Israel, dit le P. Pian- 
ciani, quand nous supposons que, comme leurs contemporains et leurs descendants, 
ils ignoraient l'existence de l'Amérique et de l'Australie, qu'ils ne savaient rien sur 
ces contrées et sur les parties les plus éloignées du monde ancien, par exemple, le 
cap de Bonne-Espérance; qu'ils n'avaient pas, en un mot, sur la forme particulière 
de ces pays et en général sur la géographie et la zoologie, des connaissances plus 
étendues qu'Aristote, Hipparque, Ptolémée et Pline. » 

L'étude comparée des divers passages de la Bible, en particulier du Pentateuque, 
montre bien que c'est dans ce sens restreint qu'il faut entendre son langage. En 
parlant de la famine qui eut lieu du temps de Jacob, Moise nous dit: « Dans tout 
l'univers, la famine prévalut... La famine augmentait chaque jour sur toute la terre... 
Toutes les provinces venaient en Egypte pour acheter des vivres. » Gen., xut, 54, 
56, 51. Ces passages ne doivent certainement pas s'entendre de l'univers entier, 
mais des geuples connus alors des Hébreux. Il en est de méme de plusieurs autres 
passages de l'Ecriture. 

Les termes employés par la Genèse dans le récit du déluge s'appliquent donc seu- 
lement à la terre connue alors de Noé et des Hébreux, aux montagnes qu'ils avaient 
vues, aux animaux avec qui ils étaient familiers ou dont au moins ils avaient entendu 
parler. Par conséquent, rien n'oblige d'admettre que les plus hauts sommets de I'Hi- 
malaya, les volcans de l'Amérique centrale et méridionale et les montagnes de l'in- 
térieur de l'Afrique ont été couverts par les eaux, puisque les anciens ne les connais- 
saient pas. « Quand nous lisons que toutes les hautes montagnes, sous le ciel, furent 
couvertes par les eaux, nous ne sommes pas plus forcés de prendre ces mots dans 
un sens rigoureusement littéral, dit M. Reusch, que tant d'autres expressions ana- 
logues que nous lisons dans la Bible. En placant ces paroles dans la bouche de Noé, 
nous devons entendre par ces montagnes celles qu'il avait pu voir de ses yeux. » 
Pour Noé, toutes les montagnes qu'il connaissait avaient été inondées par le 
déluge. 

Le déluge n'a donc été universel que pour la terre habitée; cette hypothése, plus 
en harmonie avec les données des sciences naturelles, coupe court à toutes les objec- 
tions soulevées de ce chef contre le récit de Moise. 


Note 7, p. 28. — L'ARC-EN-CIEL. 


Comme signe de l'alliance qu'il fait avec Noé, Dieu lui donne l'arc-en-ciel. « La 
phrase de l'Ecriture suppose, a-t-on dit, que l'arc-en-ciel ne paraissait pas avant le 
déluge et que le Trés-Haut n'avait pas jusque là ouvert son arc. Or, ce phénomène 
est un effet naturel qui a dü se produire toutes les fois que les rayons solaires sont 
tombés sur des nuages qui se dissolvaient en gouttes de pluie. Et comment un 
phénomène naturel et ordinaire peut-il être un signe propre à rassurer contre la 
crainte de catastrophes aussi extraordinaires? — En premier lieu, j'observe, dit le 
P. Pianciani, répondant à l'objection aprés l'avoir posée, que les Septante ne tra- 
duisent pas au futur comme la Vulgate, je poserai, mais au présent, 7e pose, et 
l'hébreu a le prétérit, j'ai posé... Je remarque, de plus, que, quoique quelques-uns, 
comme Alcuin et la Glose, aient déduit de ce passage qu'avant le déluge l'arc-en-ciel 
ne paraissait pas, la plupart des commentateurs sont d'un avis différent et pensent 
que, quoique un phénoméne ne soit pas nouveau, il peut étre choisi comme un 
signe, de méme qu'une pierre ou une colonne déjà existante peut devenir la marque 
d'une limite ou d'une frontière entre deux possessions... Souvent, dit le P. Grapelli, 


APPENDICE. 2983 


Noé avait vu l'arc-en-ciel, mais quand il l'avait vu, le déluge n'avait pas encore 
désolé la terre; pendant le déluge, cet arc n'avait point brillé. C'était donc un signe 
trés bien choisi qui, par l'expérience du passé, pouvait rassurer contre la crainte du 
cataclysme, » 


Note 8, p. 34. — LA TABLE ETHNOGRAPHIQUE. 


T. Les Chamites furent les premiers, des trois grandes familles, qui s'éloignèrent 
du centre commun de l'humanité, se répandirent surla plus vaste étendue du terri- 
toire et fonderent les plus antiques monarchies. — 19 Cousch et les Couschites 
s'étendirent depuis la Babylonie, le long des cótes de l'Océan indien, jusqu'en 
Ethiopie, au sud de l'Egypte. Les inscriptions hiéroglyphiques confirment le récit 
de la Genése : elles désignent toujours les peuples du Haut-Nil sous le nom de 
Cousch. Nemrod, le premier conquérant, le fondateur d'Erech et de Chalanné, était 
amssi un fils de Cousch, Gen., x, 8. — 20 Misraim peupla l'Egypte. Les Arabes ap- 
pellent encore aujourd'hui ce pays et sa capitale Misr. Les Psaumes appellent 
l'Egypte la terre de Cham, Ps. ,טאצ‎ 51; civ, 23; cv, 22, sans doute parce que c'était 
le pays où la race de Cham s'était élevée au plus haut degré de puissance et de 
civilisation. — 39 Phut peupla les cótes septentrionales de l'Afrique. On trouve, dans 
les inscriptions égyptiennes, des Africains nomades ainsi appelés. — 4» Chanaan 
habita la contrée qui prit son nom. Les Chananéens comprenaient les Phéniciens ef 
les tribus nombreuses qui occupaient le pays renfermé entre la Méditerranée et la 
mer Morte avant l'établissement des Hébreux. 

II. Les descendants de Sem occupérent cette partie de la terre qui s'étend entre la 
mer Méditerranée et l'Océan indien d'une part, et, de l'autre, depuis l'extrémité 
nord-est de la Lydie, jusqu'à la péninsule arabique: au sud, Aram habita la Syrie; 
Arphaxad, la Chaldée ; Assur, l'Assyrie; Elam, l'Elymaide, qui devint plus tard une 
province de la Perse; Jectan, l'Arabie. 

ΠῚ. De Japhet sortirent : 19 Gomer, père des races kymris ou celtes; 2» Magog, des 
races scythes et teutoniques; 3° Madai, des races iraniennes (Bactriens, Mèdes et 
Perses) ; 4? Javan, d'Elisa, Tharsis, Kithim, Dodanim (ou Rodanim), races pélasgiques, 
hellénes, italiotes, etc.; 5° Thubal, des Thubaliens, lbères ; 69 Mosoch, des Cappa- 
dociens, etc.; 79 Thiras, d'une partie des races scythes ou slaves. — La tradition 
grecque avait conservé le souvenir de l'origine asiatique de Japhet, puisqu'elle disait 
que Japet était l'époux de l'Asie. 


Note 9, p. 137. — SORTIE D'ÉGYPTE. 


Quand Dieu, par la main de Moise, frappa l'Egypte des dix plaies, la cour du 
Pharaon était à Tanis. Les Hébreux habitaient au sud de cette ville, à Ramsés et à 
Pithom, aujourd'hui, Tell-el- Maskhuta, et dans les environs. C'est de là qu'ils partirent 
aprés avoir célébré la première Páque, lorsque, après la mort de tous les premiers- 
nés des Egyptiens, Menephtah eut enfin consenti à leur départ. Ils se dirigèrent 
d'abord vers le nord-est, pour aller prendre la route directe de la Palestine qui 
longeait le bord de la Méditerranée, jusqu'à Gaza, ville qui faisait partie de la Terre 
Promise; mais au bout de deux jours de marche, Dieu leur ordonna de revenir sur 
leurs pas, vers le sud. Ils étaient arrivés à l'extrémité de la mer Rouge, au nord-ouest 
de la pointe septentrionale de ce que nous appelons aujourd'hui le golfe de Suez, 
lorsque Menephtah, regrettant de leur avoir permis de partir, se mit à leur pour- 
suite avec ses chariots. Il atteignit les Hébreux, qui se trouvérent enfermés ainsi 
au sud par les eaux de la mer, à l'ouest par la chaine du Djébel Attaka, au nord, et 
à l'est par l'armée égyptienne. Tout était humainement perdu; mais Dieu n'avait 
voulu les réduire à cette extrémité que pour se les attacher à jamais par une recon- 
naissance éternelle. Sur son ordre, Moïse commanda à la mer, et Israël passa de 
l'autre cóté du golfe, entre deux murailles d'eau, qui se refermérent sur leurs en- 
nemis pour les engloutir quand ils essayérent de suivre la méme route. Tel fut le 
Peer de la mer Rouge, l'un des plus grands miracles qu'enregistrent nos Saints 

ivres. 


2984 APPENDICE. 


Note 10, p. 146. LE MONT SINAI. 


« Aucun endroit du monde n'était plus propice que le mont Sinaï à l'établissement 
de la religion mosaique. Cette chaine de montagnes d'une hauteur vertigineuse, avec 
ses cimes et ses crêtes nues et bouleversées; le profond silence de la solitude, le voi- 
sinage des gorges étroites, enclavées entre de grands murs de rochers, tout invite 
à la contemplation de l'Eternel. Combien ce peuple facilement impressionnable, si 
accessible aux émotions religieuses, dut-il étre subitement saisi d'une sainte terreur, 
lorsque, aprés des marches accablantes, il trouva là le repos et le loisir nécessaires 
pour se livrer à ses méditations pieuses! » (SCRENKEL) 

Le mont Sinai porte aujourd'hui le nom de Djébel Mouca ou Montagne de Moïse. 
C'est un massif élevé, de forme oblongue, d'environ 3,200 métres de long sur 
1,600 métres de large, dirigé, dans sa plus grande dimension, du nord-ouest au sud- 
est. Son altitude est d'une hauteur moyenne de 2,000 métres au-dessus du niveau 
de la mer; 450 métres au-dessus des ouadis environnants. Sa créte est hérissée d'une 
multitude de pics et de dómes de granit de syéne, et terminée aux deux extrémités 
par des pics plus élevés; au sud, par un pic unique, de 2,244 mètres, appelé Djébel 
Mouca, comme la montagne elle-même; au nord-ouest, par trois ou quatre escar- 
pements, nommés collectivement Ras-Soufsaféh, du nom du plus haut d'entre eux, 
qui a 2,114 mètres au-dessus du niveau de la mer. De tous les côtés, à l'exception 
du sud-est, la pente est trés abrupte et trés rapide Le pic méridional du Djébel 
Mouca s'appelait autrefois Djébel Moneidjah ou mont de la Conférence. 

Le Sinai est entouré de toutes parts par des vallées; au nord-est, par l'ouadi ed- 
Déir, appelé aussi ouadi Schoeib, c'est-à-dire Hobab, nom du beau-frère de Moïse; 
au sud-ouest par l'ouadi el-Ledja. Ces deux ouadis se dirigent vers le nord; le second, 
pour tourner autour du Ras-Soufsaféh au septentrion, et se jeter dans le premier, 
au point oü celui-ci commence à prendre la direction du nord-est. 

Au nord-ouest du Ras-Soufsaféh se déploie la large plaine d'er-Rahah, formée par 
louadi de ce nom; elle commence à environ deux kilomètres du pied de 18 mon- 
tagne, et vient, par une pente douce, se confondre avec l'ouadi el-Ledja et l'ouadi 
ed-Déir. Elle est partout couverte d'herbages; de tous ses points, on voit distinc- 
tement le pic du Ras. 

Du cóté du sud-est, les pentes sont moins abruptes; il y a là, pendant plus d'un 
kilométre et demi d'étendue, une agglomération de collines rocheuses et de ravins, 
laquelle sépare les rochers escarpés du Djébel Mouca proprement dit du lit de l& 
vallée voisine, l'ouadi Sebayéh. Deux crétes basses relient ici la montagne avec les 
chaines contigués et séparent les bassins de l'ouadi ed-Déir et de l'ouadi el-Ledja de 
celui de l'ouadi Sebayéh. A part cette exception, le Djébel Mouça-Soufsaféh est com- 
plétement isolé. 

« Quoique les moines de Sainte-Catherine, suivant une tradition qui date d'une 
époque fort ancienne, n'attachent point d'importance au Ras-Soufsaféh et regardent 
le pic du Djébel Mouca proprement dit comme la véritable montagne de la loi, l'ins- 
pection des lieux empêche d'établir aucune connexion entre ce pic et la promul- 
gation des commandements à Israél. Du cóté méridional de la montagne, il n'existe 
point de terrains où une multitude puisse s'assembler, et le pic lui-même est com- 
plétement invisible de la plaine d'er-Rahah, qui est le seul endroit capable de con- 
tenir une grande foule; de là, le pic est masqué par les hauteurs intermédiaires du 
Ras-Soufsaféh. Aussi l'hypothèse, que 16 Ras-Soufsaféh et la plaine d'er-Rahah doi- 
vent avoir été le théâtre des événements racontés dans l'Exode, xix, XX, XXXII, a- 
t-elle été, dans ces derniers temps, généralement adoptée; l'impossibilité de trouver 
au sud une position convenable et l'adaptation parfaite du site du nord sont défini- 
tivement établies par les plans, les photographies et les modèles rapportés en Angle- 
terre par l'expédition du Sinai. 

» Du reste, le caractére sacré du Djébel Mouca n'est point atteint par cette expli- 
cation. Ce lieu peut avoir été associé à bon droit, par la tradition, avec la manifestation 
de Dieu à Moise dans le buisson ardent et dans les événements postérieurs de la 
communication de la loi et des ordres pour la construction du tabernacle, comme 
le supposent son ancien nom de Moneidjah ou de la Conférence, et les autres légendes 


APPENDICE. 2985 


indigènes. ll a été, sans doute, d'abord révéré simplement comme le lieu où Moïse 
eut la vision de Dieu, sans relation avec des événements plus généraux, et cela 
suffit pour expliquer sa sainteté primitive; mais, considéré comme la scène de la 
promulgation du Décalogue aux tribus assemblées, non seulement le site du sud-est 
manque des qualités topographiques les plus essentielles, mais il ne peut soutenir 
un seul instant la comparaison avec er-Rahah et le Ras-Soufsaféh. » (H. S. PALMER.) 

La plaine d'er-Rahah a une superficie d'environ 160 hectares; on peut méme la 
porter à 250 hectares, en comptant les parties par lesquelles 6116 s'unit aux ouadi: 
ed-Déir et el-Ledja; et à 310, en additionnant les 60 hectares de terrain plus ou 
moins uni formé par les pentes basses des collines qui bordent la plaine : l'incli- 
naison y est si douce qu'on voit jusqu'à cette distance la cime du Ras Cette aire de 
310 hectares forme un excellent théâtre, placé vis-à-vis du Ras-Soufsaféh, de partout 
visible : elle était plus que suffisante pour permettre à toute l'armée d'Israél de 
manœæuvrer et de se mouvoir en liberté, quelque considérable qu'on suppose qu'elle 
ait été. Dans les vallées, à quatre ou cinq kilométres à la ronde, l'espace était aussi 
amplement suffisant pour que toute la multitude d'Israël pût y camper à l'aise; de 
leurs tentes mêmes, la plupart pouvaient jouir de la vue du Ras. Les chaines grani- 
tiques qui l'entourent lui donnent, de plus, des propriétés acoustiques remarquables. 

Un voyageur francais, qui a visité les lieux depuis l'expédition anglaise, M. Lenoir, 
décrit le Ras-Soufsaféh dans les termes suivants : « Le sommet du Sinai forme un 
plateau presque uni, dont un des versants est à pic du haut jusqu'en bas de la mon- 
tagne, dans la direction de Thor. De cette plate-forme, le panorama le plus étendu 
que j'aie jamais embrassé se déroulait tout autour de nous : les deux bras de la 
mer Rouge et du golfe Arabique se reliant à l'extrémité de la presqu'ile et laissant 
apercevoir les rives opposées des deux mers dans un brouillard argenté qui se con- 
fondait avec l’eau A notre gauche et à notre droite, les crêtes convergentes de toutes 
les chaines sinaitiques de la péninsule. Le mont Serbal et le Djébel Catherine sem- 
blaient dominer de beaucoup le Sinai lui-méme, quoique ne présentant pas un 
aspect aussi imposant que la montagne sainte. 

» Une dalle immense, formée naturellement, est indiquée comme l'endroit oà Dieu 
apparut à Moise et οὐ les tables de la loi furent données. » 

D’après ce que nous avons déjà dit, cette dernière tradition doit être probablement 
restreinte à la promulgation de la loi. 

Le versant à pic du Ras est élevé de 600 mètres environ. Les personnes réunies au 
bas sont littéralement au-dessous dela montagne; celles qui sont à l'extrémité de la 
plaine, quoique éloignées, ont encore la vue entiére du sommet. N'est-ce pas à cause 
de cet isolement complet de la montagne par trois de ses cótés, et à cause de ce 
mur. qui se dresse presque perpendiculairement au-dessus de ce vaste amphithéátre, 
que Moise l'a caractérisée en disant qu'on pouvait la toucher et qu'on pouvait aisé- 
ment l'entourer de barrières? Il était impossible de trouver un lieu mieux adapté à 
la scène mémorable de la promulgation de la loi : la cime du Ras-Soufsaféh, 8 
plaine d'er-Rahah, les chaines granitiques qui l'entourent, forment un immense 
théâtre naturel, également bien disposé pour contenir une grande foule, pour lui 
parler et être entendu d'elle, et il n'y a pas, sans doute, un seul autre endroit au 
monde qui eüt été capable de rivaliser avec celui-ci. 

Les formes hardies des montagnes, leur magnifique perspective, leurs proportions 
colossales, la vaste plaine qui se déploie comme un immense éventail à mesure 
qu'elle s'approche du Ras-Soufsaféh, 16 Ras lui-même s'élevant brusquement, comme 
une tribune gigantesque, à 600 métres de hauteur, le calme et la tranquillité mer- 
veilleuse de la solitude, les teintes gracieuses du paysage, variant à chaque heure 
du jour, tout se réunit pour produire une impression qu'on ne saurait éprouver à 
un tel degré nulle part ailleurs. 

On y trouve, du reste, toutes les commodités désirables à un campement de nomades. 
Les Hébreux purent aisément y séjourner plusieurs mois, parce que l'eau y abonde 
pour les hommes, et les pâturages y sont suffisants pour les troupeaux qu'avaient 
avec eux les enfants d'lerael. Tous les alentours de Djébel Mouca sont plus riches 
en herbages qu'aucune autre partie de la péninsule. Le Djébel Mouca lui-méme, les 
collines et les vallées environnantes sont sillonnés de sources et de ruisseaux per- 
pétuels. Un de ces ruisseaux, qui coule dans l'ouadi Schreich, peut trés bien être 
celui dans lequel Moise jeta le veau d'or réduit en poudre. 


2986 APPENDICE. 


Il est impossible, on le concevra sans peine, de localiser avec certitude, après plus 
de trois mille aus, tous les incidents divers de l'histoire du séjour des Israélites au 
pied du Sinai. Cependant, plusieurs des points de cette région cadrent si parlaitement 
avec les détails fournis par l'Exode, qu'on peut les désigner à peu prés à coup sür 
comme les lieux où se sont accomplis les faits racontés par Moïse. 

Ainsi, le Djébel Moneidjah actuel, montagne peu élevée, située à la :ו‎ :issance de 
l'ouadi ed-Déir, à l'est du Djébe! Mouca, et visible de toute la plaine d'er-Rahah offre 
un endroit si commode pour l'érection du tabernacle, que l'on ne peut douter qu'il 
n'y ait été effectivement érigé. Il était hors du camp et à une certaine distance, mais 
placé de telle sorte que les fsraélites, de la porte de leur tente, dans la plaine, pou- 
vaient voir Moise quand il y entrait. Le Djébel Moneidjah remplit exactement cette 
condition, et, à cóté, l'ouadi ed-Déir offre un espace suffisant pour que le peuple 
püt se réunir auprès du tabernacle. 

Le Djébel Mouca actuel proprement dit, appelé autrefois simplement mont Sinai, 
est vraisemblablement le mont Horeb, sur lequel Moïse eut la vision du baisson 
ardent et la révélation de l'essence divine, en méme temps que celle du nam de 
Jéhovah. 


Note 41, p. 157, 181 et 336. — L'ARCHE D'ALLIANCE. 


L'arche était un coffre en bois de siélim ou acacia, couvert intérieurement et exté- 
rieurement de lames d'or; elle avait environ 1 mètre 15 de longueur et 0,80 de lar- 
geur et de hauteur. Tout autour de la partie supérieure était une sorte de couronne 
d'or. Aux quatre angles étaient attachés quatre anneaux d'or, dans lesquels étaient 
passés des bâtons en bois d'acacia doré, pour la transporter plus facilement, à la 
téte d'Israel, d'un campement à l'autre, Num., x, 33-36. Deux chérubins d'or, placés 
vis-à-vis l'un de l'autre, aux deux extrémités du couvercle, que nous appelons pro- 
pitiatoire, le voilaient de leurs ailes déployées. Le propitiatoire était comme le tróne 
oü résidait la majesté de Dieu. et l'arche elle-méme, un signe sensible de sa présence 
au milieu de son peuple. Le Seigneur l'avait donnée à la race de Jacob pour satisfaire 
le besoin légitime des hommes d'avoir sous les yeux un objet matériel qui symbolise 
le culte et excite la piété. Placée dans le Saint des Saints, dans le lieu le plus sacré 
du sanctuaire, et d'ordinaire invisible à tous les regards comme la diviuité qu'elle 
représentait, elle excluait ainsi efficacement toute idole du centre de la religion 
mosaïque. 

L'arche s'appelait l'arche d'alliance, parce qu'elle contenait les tables de la loi, 
Ex., xxxIv, 29; xr, 20; Deut., xxxi, 26; Heb., ix, 4, c'est-à-dire les deux tables de 
pierre sur lesquelles étaient inscrits les préceptes du décalogue, et qui étaient comme 
le résumé des conditions de l'alliance de Dieu avec son peuple. Le Seigneur avait 
voulu qu'elles y fussent renfermées, pour précher en quelque sorte à Israël, d'une 
manière permanente, la fidélité à la loi. 


Note 19, p. 404. — DE L'EXPLICATION NATURELLE DU PASSAGE 
DU JOURDAIN ET DE LA PRISE DE JÉRICHO. 


On a voulu expliquer naturellement le passage du Jourdain comme la prise de 
Jéricho. Ces explications sont en contradiction formelle avec les textes, qui font 
tomber les murailles de la ville devant l'arche et aux sons des trompettes sacrées, 
Jt, 1-17; vi. « On a essayé, dit M. Munk, de donner différentes explications du récit 
merveilleux de la prise de Jéricho, que les croyants se sont obstinés à prendre à la 
lettre et que les sceptiques ont cru devoir tourner en ridicule, mais qui est emprunté 
sans doute à un antique poème. Les uns ont supposé un tremblement de terre qui 
aurait fait crouler les murs; d'autres ont pensé que Josué avait fait miner les murs 
et que les promenades inoffensives autour de la ville avaient pour but de masquer 
les opérations. L'hypothèse la plus probable me paraît être celle d'un assaut auquel 
le son des trompettes et le cri de guerre avaient servi de signal. Dans le langage 
poétique de la tradition, on ἃ pu dire que les murs de Jéricho s'écroulérent au son 
retentissant des trompettes de guerre. » — Si cette explication était vraie, le récit 


APPENDICE. 2987 


du livre de Josué serait un mensonge. Il suffit de lire le chapitre vi, pour se con- 
vaincre qu'il est inconciliable avec cette interprétation et que l'auteur entend bien 
raconter un miracle, humainement inexplicable; de méme qu'en lisant le chapitre mm, 
on est convaincu que le narrateur n'a pas voulu parler d'un passage à gué du fleuve, 
comme l'insinue M. Munk, et comme l'ont soutenu plusieurs rationalistes, mais d'un 


passage miraculeux. 


Nole 13, p. 443. — SOLEIL ARRÊTÉ PAR JOSUÉ. 


La bataille de Macéda fut signalée par un grand miracle : l'arrét du soleil. Ce pro- 
dige est un des faits de l'histoire sacrée contre lequel on a soulevé le plus d'objec- 
tions. Nous devons reconnaitre que nous ignorons de quels moyens Dieu se servit 
pour l'accomplir, mais les objections ne sont pas pour cela plus fondées. 

« Le récit biblique mentionne en quelques mots le fait du miracle, mais il ne 
décrit aucune circonstance particuliére qui nous puisse diriger dans le choix d'une 
explication. Nous ne pouvons donc à ce sujet que hasarder des conjectures. 

» Qu bien 19 Dieu a réellement arrété le globe terrestre dans sa révolution diurne, 
ou bien 2» il a fait que 16 soleil demeurát réellement visible pour Josué tout le temps 
nécessaire, sans que la terre s'arrétàt. 

Contre la première explication, on objecte que l'arrét subit de la terre aurait‏ *1 כ 
amené un bouleversement universel des objets terrestres, et une perturbation consi-‏ 
dérable des corps célestes, particulièrement en jetant la terre hors de son orbite,‏ 
en troublant le mouvement de la lune. — La réponse est bien facile : Celui qui aurait‏ 
arrêté ainsi la terre dans son mouvement est assez sage et assez puissant pour pré-‏ 
venir et empêcher les suites naturelles de cet arrêt. D'ailleurs l'objection tirée des‏ 
perturbations des corps célestes est mal fondée, car le mouvement annuel de la terre‏ 
autour du soleil et le mouvement de la lune autour de la terre sont indépendants‏ 
de la rotation de notre globe sur lui-même : alors même que la terre cesserait sa‏ 
révolution diurne, sa translation dans l'espace et celle de la lune n'en seraient point‏ 
troublées.‏ 

» 2* Pour ceux qui préféreraient la seconde explication, savoir une station appa- 
rente du soleil sans arrêt réel de la terre, il faut qu'ils admettent une déviation 
miraculeuse des rayons solaires pour les amener à éclairer la Palestine. Or, cette 
déviation, on peut concevoir que Dieu la produise immédiatement en dirigeant par 
sa toute-puissance, suivant une ligne convenable, la propagation des ébranlements 
lumineux dans l'espace; ou bien on peut imaginer qu'il emploie pour cet effet des 
êtres matériels agissant sur ces rayons par réfraction ou par réflexion. On peut faire 
d'ailleurs beaucoup d'hypothéses différentes sur la nature, l'origine et le mode 
d'action de ces réfracteurs ou réflecteurs miraculeux. 

» En résumé, tout est possible à Dieu dans l'ordre physique; mais il ne lui a pas 
plu de nous faire connaitre comment sa puissance est intervenue dans l'événement 
dont nous parlent les Saints Livres. » (M. BoisBourni.) 

Depuis que les progrés de l'astronomie ont fait mieux ressortir combien le miracle 
opéré à la priére de Josué était extraordinaire, on a essayé d'en révoquer en doute 
la réaiité. « Mais, toutes les objections qu'on a imaginées contre la réalité ou la 
possibilité de ce prodige se réduisent à rien quand on les examine de prés. 

» Ainsi 19 l'objection que les annales des autres peuples de la terre sont muettes 
sur un événement qui aurait dü étre remarqué dans tout lunivers, est sans valeur 
puisque les annales des peuples de cette époque n'existent point et qu'il n'est pas 
certain que la prolongation du jour ait existé en dehors de la Palestine. 

» 2e Les lois réguliéres auxquelles sont soumis les mouvements des astres ne 
prouvent pas non plus l'impossibilité du' miracle. Les lois de la nature sont des 
régles établies par la volonté libre du Créateur, dont personne ne peut contester la 
puissance. Est-ce que l'auteur de la nature et des forces qui la régissent pourrait 
manquer du pouvoir nécessaire pour la diriger à son gré, de telle sorte qu'elle rem- 
plisse ses vues et ses desseins ? 

» 39 Il faut observer, du reste, que tout en prenant les paroles du texte à la rigueur 
de la lettre, rien n'oblige à admettre, avec les Péres de l'Eglise et les anciens théo- 
logiens, un arrét miraculeux du soleil lui-méme, mais seulement un arrét apparent. 


2088 APPENDICE. 


L'auteur sacré parle conformément au langage vulgaire, sans se préoccuper de 
théories astronomiques, au milieu du feu de la bataille. » (Kerr) 

On allégue contre les réponses que nous venons de rapporter la condamnation de 
Galilée par le Saint Office. Mais la décision du Saint Office ne nous force pas à in- 
terpréter ce passage de Josué comme il l'a fait. Un éminent canoniste, M. Bouix, 
dans son travail sur La condamnation de Galilée, a établi et démontré les proposi- 
tions suivantes, qui suffisent pour justifier le sens donné aujourd'hui à ce texte par 
tous les exégètes : « Le système du mouvement terrestre est beaucoup plus ancien 
que celui de Ptolémée. L'enseignement en avait toujours été permis jusqu'à l'affaire 
de Galilée; le tort de la congrégation fut de ne pas continuer cette tolérance. — La 
congrégation des cardinaux s'est trompée en déclarant fausse et opposée à l'Ecriture 
Sainte l'opinion du mouvement terrestre, et en procédant contre Galilée à cause de 
cette opinion. Mais son erreur ne prouve point que l'institution du Saint Office soit 
mauvaise. Elle ne prouve rien contre l'infaillibilité du Pape. — Le tribunal du Saint 
Office eut tort d'exiger de Galilée qu'il abjurát l'opinion du mouvement terrestre. — 
Aucun acte pontifical ex cathedra n'a jamais approuvé ni confirmé le décret de 1616 
ni la sentence de 1633. » 


Note 14, p. 419. — DU DROIT DE CONQUÉTE DES HÉBREUX ET DE 
L'EXTERMINATION DES CHANANÉENS. 


On s'est demandé de quel droit les Hébreux avaient chassé les Chananéens de la 
terre qu'ils oecupaient et les avaient exterminés. — La question du droit de conquéte 
des tribus ou des peuplades qui émigrent en pays étranger, s'en emparent de vive 
force et en chassent les anciens habitants, soit parce qu'elles ont été expulsées elles- 
mémes de leur propre patrie et refoulées par d'autres émigrations, soit parce que 
leur trop grand nombre les a contraintes d'aller chercher ailleurs des moyens de 
subsistance qu'elles ne trouvaient plus sur le sol natal, cette question est insoluble 
pour la science humaine, comme la question de la guerre elle-même. Elle est une 
conséquence de l'existence de l'homme sur la terre, une condition de la vie et de 
la régénération des sociétés, une sorte de loi de l'humanité, loi mystérieuse que 
l'histoire constate à toutes ses pages sans pouvoir l'expliquer. Il n'existe guére au- 
jourd'hui, sur notre globe, de terre habitable oü les colons primitifs n'aient été 
supplantés par des envahisseurs plus forts, venus aprés eux. Les invasions des bar- 
bares aux 1v? et ve siècles ne sont pas un fait isolé; il s'était produit souvent dans 
les siècles antérieurs, et il se répétera encore dans les siècles futurs : les mêmes 
causes ramèneront les mêmes effets. 

Nous n'avons ni à expliquer ni à justifier une loi sociale dont le motif, connu de 
Dieu seul, échappe à nos faibles yeux. Quand les peuples ne peuvent plus étre contenus 
dans leurs anciennes limites, leurs flots débordent comme un fleuve grossi, en inon- 
dant et ravageant tout sur leur passage. Ils ne se posent point de questions théo- 
riques, ils ne songent pas au droit des gens; ils suivent une sorte d'instinct, ils 
veulent vivre. Les Israélites, opprimés en.Egypte, trop nombreux pour se fixer dans 
l'étroit désert du Sinai, suivent la loi qui règle les migrations humaines, ils vont 
chercher dans la terre de Chanaan ce qu'ils n'ont pas ailleurs : l'indépendance reli- 
gieuse et politique, en s'affranchissant d'un joug injuste, et des champs à cultiver 
pour se nourrir, Ce qui rend compte des migrations de tous les autres peuples peut 
rendre compte aussi de la migration d'Israel, et les incrédules ne peuvent lui refuser 
un certain droit de se faire, méme par les armes, comme les autres peuples, une 
place au soleil. 

Cependant il faut observer, de plus, qu'en dehors du besoin d'avoir une patrie 
propre, les Hébreux avaient un titre particulier de possession à la terre de Chanaan, 
titre dont ils avaient connaissance et qu'ils invoquaient pour justifier leur conquête : 
la Palestine, c'était pour eux la Terre Promise; Dieu leur en avait fait don. Or, on 
ne saurait contester à Dieu la propriété de la terre qu'il a créée, Ps. xxin, 4. Tout 
ce qu'on peut demander, c'est qu'il ne voue point sans motif des nations entiéres 
à l'extermination, et ce motif, Dieu l'avait, et il nous l'a fait connaitre. S'il condamnait 
les Amorrhéens à périr sous les coups des enfants de Jacob, c'est parce que la mesure 
de leurs crimes était comble, et qu'il voulait les châtier de leurs monstrueuses pré- 


APPENDICE. 2989 


varications. La société ἃ le droit de punir les individus de leurs fautes, à plus forte 
raison Dieu a-t-il celui de punir les particuliers et les peuples, selon qu'il le juge 
à propos dans sa justice : 

Remarquons d'ailleurs que les Hébreux firent la guerre comme on la faisait de 
leur temps. Le livre des Juges note expressément qu'on n'infligea à quelques-uns des 
rois vaincus que le traitement qu'ils avaient infligé eux-mêmes à d'autres. 

Enfin, il faut observer que les Hébreux n'exterminérent pas tous les Chananéens, 
comme on l'a dit quelquefois. Quoique leur propre sécurité dans l'avenir et les ordres 
mémes de Dieu dussent les y pousser, il resta, de fait, un grand nombre de Chana- 
uéens dans le pays conquis. 


Note 45, p. 588. — JÉRUSALEM. 


Jérusalem peut être considérée comme le centre et le cœur de la Palestine. Du Mont 
des Oliviers, à l'est de la ville, on voit Gabaa sur sa montagne en pain de sucre et 
les collines d'Hébron, dans la Palestine du sud. Jérusalem est bátie sur la créte la 
plus saillante de la chaine qui traverse tout le pays depuis la plaine d'Esdrelon au 
nord jusqu'au désert de Juda au midi. C'est la ligne de séparation des eaux qui 
coulent à l'est vers le Jourdain, à l'ouest vers la Méditerranée. Tous ceux qui tra- 
versent l'intérieur de la Palestine du nord au sud doivent passer par le plateau de 
Jérusalem: Abraham pour aller de Béthel à Hébron, Jacob de Bersabée à Béthel, 
Josué de Jéricho à Gabaon, les Philistins de leur plaine de la Séphéla à Machmas, 
Pompée en venant de la vallée du Jourdain, les croisés en venant de Tyr. 

C'est pour cela que Jérusalem, sur ses collines avec son temple où Dieu habite, a 
fourni l'image si belle et en méme temps si naturelle du Psalmiste : 


La montagne de Sion ne chancellera point, 


car Dieu l'entoure pour ainsi dire du regard, comme un garde qui, du haut de son 
observatoire, examine tous les points de l'horizon. 


Des montagnes sont autour d'elle (de Jérusalem) 
Et le Seigneur est (comme) autour de son peuple (Psaume cxxiv, 2). 


Jérusalem est remarquable par son élévation (Hébron est cependant plus élevée 
encore). Excepté du côté du sud, où, en venant d'Hébron, on descend, de tous lea 
autres cótés, on monte à Jérusalem. Ce n'est pas qu'elle soit bàtie sur le sommet d'une 
montagne, comme tant d'autres villes et bourgades de la Palestine, mais elle est εἰ- 
tuée à l'extrémité d'un des plus hauts plateaux du pays. Plus qu'aucune autre capitale 
au monde, plus qu'aucune autre ville importante de l'univers, elle est une ville de 
montagne. C'est pourquoi dans les Psaumes elle s'appelle simplement ₪ 
sainte ou (a montagne de Dieu (Psaume xLvur, 2; מווצא‎ 3). On y respire l'air pur et 
frais de la montagne, en comparaison des rivages de la Méditerranée ou de la vallée 
brülante du Jourdain. Elle est assise sur ses montagnes comme sur une forteresse, 
au lieu d'être ouverte à tous, comme Jéricho ou Damas, Gaza ou Tyr. Elle résume 
en perfection le caractère de toute là contrée dont elle est devenue la capitale, elle 
est la montagne-tróne, la montagné-sanctua?re de Dieu, la montagne où il désire 
habiter. Psaume Lxvn,1%. Voir tout 16 Psaume vxxxvt. Comme Dieu habite au milieu 
d'elle, elle ne sera jamais ébranlée. Psawme cxxiv, 4; xvv, 6. 

Jérusalem se composait de deux villes, là ville haute et la ville basse, d'ou sans 
doute la forme duelle de son nom en hébreu : Yerouschalaim. La ville haute, c'était 
Jébus ou Sion, pris souvent pour Jérusalem elle-méme dans les prophétes et dans 
les Psaumes, la cité dite de David. La ville basse, c'était le mont Moria ou la cité 
de Salomon, au pied de laquelle était une source intarissable, le fons perennis aquæ, 
dont parle Tacite (Hist., v, 12), le Fluminis impetus lælificut civitatem Dei, que chante 
le Psalmiste, Psaume xiv, 9. Voir aussi Psaume vxxxvi, 1 hébreu; Isaie, xu, 3; 
Ezéchiel, xvvu, 1-5; Jéan, vu, 31-38. C'est sur le mont Moria que s'éleva le temple du 
vrai Dieu. 

Ce qui fait la force de Jérusalem et l'a rendue digne de devenir la capitale de la 
Judée, e'est, avec sa position élevée, les deux ravins qui l'entourent et la rendent 


0 
₪ APPENDICE. 
inabordable de trois cótés. Sa situation est tellement forte qu'elle fut la seule qui 
put résister aux Hébreux jusqu'av *emps de David. Une vallée lui forme un fossé 
naturel et très profond au sud; c'est la vallée de Gé-Hinnom, Ben Hinnom ou du fils 
d'Hinnom. Une autre vallée, également profonde et plus sombre, d'où son nom de 
Vallée noire ou Cédron, enveloppe la ville à l'est et va rejoindre la vallée de Ben 
Hinnom, pour se rendre de là, par d'étroits défilés, dans la mer Morte. Du temps 
de David, ces gorges devaient être encore plus profondes, avant que les débris accu- 
mulés de tant de siécles n'en eussent haussé le niveau. Elles font de Jérusalem 
une sorte de camp retranché et comme imprenable. En méme temps, elles l'ont 
toujours empéché de s'étendre au nord-est, à l'est et au sud. Ces deux ravins de- 
vinrent comme sa nécropole et ils sont aujourd'hui tout remplis de tombeaux. Le 
Cédron et le Gé-Hinnom, en resserrant la capitale de la Judée dans leurs étroites 
limites, lui donnèrent cette unité compacte, que chante le Psalmiste : 


Jérusalem est comme une ville 
Dont les parties sont bien liées ensemble (Psaume ΟΧΧΙ, 3). 


Elle renfermait néanmoins plusieurs quartiers, séparés dans la partie méridionale par 
la vallée de Tyropæon ou des Fromagers, aujourd'hui à peu prés complètement 
comblée. Elle pouvait d'ailleurs s'agrandir à l'ouest et au nord-ouest, et c'est ce qui 
a eu lieu. C'est là un avantage qu'elle avait sur plusieurs autres villes de Palestine 
qui, báties sur la créte d'une montagne, comme Hébron, Samarie, Jezrael, ou dans 
une étroite vallée, comme Sichem, ne pouvaient pas facilement se développer. Elle 
avait un débouché pour son excédent de population dans ce plateau occidental qui 
la joint δὰ plateau central de la Judée, malgré une légére dépression. Dés le temps 
de Sàlomon, les jardins devaient s'étendre sur ce plateau. 

Du reste, méme de ce côté, Jérusalem est défendue par une barrière de hauteurs 
qui en masquent la vue jusqu'à une très courte distance de la ville et qui ont dû 
toujours lui servir comme un rempart ou comme des forteresses avancées. 

En tout temps, la force naturelle de Jérusalem a été augmentée par les murailles 
et les fortifications artificielles qu'elle a toujours eues et qui lui ont toujours été : 
nécessaires pour la protéger contre ses ennemis, autrefois comme aujourd'hui contre 
les Bédouins, dont les razzias ne sont arrétées que par des murs et, à diverses épo- 
ques, contre les conquérants qui ont voulu s'en rendre maîtres. Ni la nature ni les 
hommes n'ont pu la sauver de tous ses assaillants : elle a été prise dix-sept fois et 
la profondeur des ruines des maisons et des débris de toute espéce sur lesquels s'é- 
lève la ville actuelle est de 10 à 15 mètres. Voir Lamentations, 1v, 1; Psaume rxxvi, 1. 
Il est vrai que les tremblements de terre ont contribué pour leur part à amonceler 
les décombres, Amos, 1, 1; Zacharie, xiv, 5. 

La véritable histoire de Jérusalem ne commence guére qu'à David. Jusqu'à ce 
prince, elle n'avait pas été une ville israélite et elle n'avait joué aucun rôle dans la for- 
mation du peuple de Dieu. Tandis que la plupart des peuples célèbres se sout élevés 
et ont grandi autour de la ville qui les a vu naitre et qui leur a servi comme de 
berceau, les Babyloniens à Babylone, les Assyriens à Ninive, les Egyptiens à Thébes, 
Jes Athéniens à Athénes, les Latins à Rome, au contraire, les Israélites ne sont pas 
devenus une nation à Jérusalem. Cette cité, de même que Paris dans les Gaules, n'a 
été pour rien dans leur premier développement. Dans les temps primitifs, Hébron, 
Béthel, Sichem étaient célébres, comme aux commencements de notre histoire, Lyon, 
Marseille, Narbonne, et Jérusalem était encore à peu près inconnue. Josué, Othoniel, 
Débora, Samuel, Saül avaient souvent passé dans son voisinage, vu ses tours et ses 
fortifications, mais ils n'y avaient jeté qu'un regard et avaient été loin sans doute 
de soupçonner l'avenir magnifique qui lui était réservé et la place importante qu'elle 
devait occuper dans leur histoire politique et religieuse. Si, en effet, l'origine de 
Jérusalem avait été basse et obscure, comme le dit Ezéchiel, xvi, 3-5, la suite de son 
histoire devait avoir un éclat incomparable, et cette cité d'origine chananéenne était 
appelée à devenir la reine des cités. Ce qui lui valut une si grande gloire, c'est qu'elle 
devint la capitale du peuple élu et surtout que ce fut dans son sein que s'éleva le 
temple du vrai Dieu. Les livres historiques de l'Ancien Testament nous racontent le 
róle politique que joua Jérusalem à partir du régne de David; ils nous font con- 
naître aussi son importance religieuse, mais c'est surtout dans les Psaumes et dans 
les prophètes qu'elle nous apparait, sous ce dernier rapport, dans son véritable jou 


« Tous les chants nationaux, dit Herder, semblent avoir pris pour programme l'éloge 
de Jérusalem et de Sion. » Une foule de Psaumes sont consacrés à célébrer ses 
louanges, ΟΧΧΙ, LXXXVI, XLvit, CXxIV, CXX, etc., etc. Dans les prophètes, elle devient 
comme la capitale du monde entier et son nom est celui méme de l'Eglise que doit 
fonder le Messie. Belle est sa situation; elle est comme [8 joie de toute la terre, 
Psaume xvii, 2. Centre de la théocratie et centre du monde ancien, elle deviendra 
le point d'attraction dé tout l'univers, la montagne où afflueront tous les peuples, 
Jérémie, mt, 11; Isaie, τι, 2-4; Zacharie, x, 10, 11; xiv, 16-21. Sa gloire ne finira méme 
pas avec l'histoire de Juda et d'Israel; l'Eglise s'appellera la Jérusalem nouvelle et 
S. Jean, dans l'Apocalypse, nous dépeindra le ciel sous les traits de Jérusalem. « J'ai 
vu la cité sainte, la Jérusalem nouvelle descendant du ciel, parée comme une épouse 
qui va recevoir son époux. » Apocalypse, xxt, 2. 


Note 16, p. 648. — LE TEMPLE DE SALOMON. 


La plus grande œuvre de Salomon fut la construction du temple de Jérusalem. Il 
importe, pour l'intelligence de tous les livres de la Sainte Ecriture postérieurs à 
cette époque, d'en avoir une idée nette et précise. 

Le temple fut construit sur le mont Moriah, dans la partie nord-est de Jérusalem, 
sur des fondements qui nécessitèrent des travaux gigantesques. Il consistait en un 
édifice de proportions relativement restreintes et en plusieurs grandes cours. L'édi- 
fice, Beth Yehovah ou maison de Dieu, était rectangulaire; il comprenait trois parties : 
un vestibule, 'ouiam; le Saint, Qodesch ou Hékal, et le Saint des saints, Debir ou 
Qodesch haqqodaschim. Le Saint des saints, ayant dix métres environ dans ses trois 
dimensions, était séparé du Saint par un mur et par une porte devant laquelle était sus- 
penduun voile ou tapis. Il contenait l'arche d'alliance, que deux chérubins, de forme 
colossale, couvraient de leurs ailes étendues, et les tables de la loi. Le Saint, élevé 
de quinze métres et long de vingt, renfermait l'autel des parfums, dix chandeliers 
d'or à sept branches et dix tables d'or sur lesquelles on placait les pains de pro- 
position. En avant du Saint s'élevait le veslibule ou portique. de cinq mètres de lon- 
gueur, de dix de largeur, et probablement de trente de hauteur. Il était séparé du 
Saint par une porte à deux battants, en bois de cyprés doré. Aux cótés latéraux de 
l'édifice étaient adossées de petites cellules. 

La maison de Dieu n'était pas destinée à servir, comme nos églises. de lieu de 
réunion aux fidèles : c'était exclusivement la demeure du Seigneur, inaccessible aux 
mortels. Aucun Israélite ne pouvait y entrer. Seuls, les prêtres avaient le droit de 
pénétrer dans le Saint. Quant au Saint des saints, il était fermé à tous, au grand- 
prétre lui-méme, qui n'y avait acces qu'une fois paran. 

Les cérémonies du culte et les assemblées des adorateurs de Jéhovah avaient lieu 
dans les parvis ou cours fermées qui entouraient le sanctuaire. 19 Une première cour 
était réservée aux prétres et aux lévites. Là était l'autel d'airain ou autel des holo- 
eaustes, sur lequel brülait un feu perpétuel et sur lequel on offrait les sacrifices san- 
glants. A côté, étaient la mer d'airain et les divers ustensiles nécessaires pour l'im- 
molation des victimes. 2e Une autre cour appelée Parvis extérieur, d'un niveau plus 
bas que la précédente, nommée Parvis intérieur, était réservée, à l'exclusion des 
incirconcis, aux Israélites, qui assistaient de là à la célébration des sacritices. 
Salomon n'eut pas le temps de l'achever; elle ne fut terininée que par ses successeurs, 


PLAN DU FEMPLE DE SALOMON 


2902 APPENDICE. 


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COUPE LONGITUDINALE DU TEMPLE DE SALOMON 


Note 17, p. 907. — JÉRUSALEM AU TEMPS DE NÉHÉMIE 


La topographie de l'ancienne Jérusalem est fort mal connue. ll est trés difficile de 
se faire une idée exacte de la ligne que suivaient les murailles de la ville et de la 
position des portes ouvertes dans ces murailles. Voici ce qu'on peut dire avec vrai- 
semblance sur ce sujet, pour rendre plus intelligible les livres d'Esdras et quelques 
autres livres de l'Ecriture. 

« Jérusalem, avant sa destruction par les Romains, était environnée de trois murs: 
le premier ou l'ancien mur; le second mur, et le mur nouveau ou d'Hérode Agrippa. 
— Le premier et le plus ancien de ces trois murs commençait au nord près de la 
tour Hippicus; il courait de cette tour, sur le penchant septentrional de Sion, jus- 
qu'au Xystus, ou pont jeté sur le Tyropéon, et se terminait à la vallée, à l'ouest du 
Temple. De 18 méme tour Hippicus, ce premier mur allait du côté opposé, autour de 
Sion, jusqu'à la porte du Fumier ou des Esséniens; de là, il tournait, du cóté du 
sud, vers la fontaine de Siloé, faisait ensuite un coude en tournant vers le nord, 
au-dessus de l'étang de Salomon et finissait à la vallée à l'orient du Temple. Ce mur 
avait soixante tours. 

» Le second mur commençait à la porte du premier mur qui était appelé Gennath; 
il environnait à l'ouest et au nord l'Akra ou la ville basse et se terminait à la for- 
teresse Antonia. Cette forteresse était placée au nord-ouest du Temple; la porte 
Gennath à peu prés à l'est de la tour Hippicus et prés de cette tour. Sur ce second 
mur étaient quatorze tours. 

» Le troisième mur, appelé aussi le mur d'Hérode Agrippa, parce qu'il fut bâti ou 
du moins commencé par ce prince, prenait aussi son origine à la tour Hippicus, 
courait de là, vers le nord, jusqu'à la tour Pséphinas, le point le plus au nord de 
la ville, passait prés du monument d'Hélène, et enfin se rattachait à l'ancien mur 
dans la vallée de Cédron. Ce troisième mur embrassait ainsi toute la partie de la 
ville formée, depuis son rétablissement, au nord de l'Akra et du mont Moriah. 

» Maintenant pour ce qui regarde les portes, nous remarquerons d'abord que le 
deuxième livre d'Esdras ou 18 livre de Néhémie donne trois fois tout le pourtour des 
murs de Jérusalem. Premièrement, d’après le chapitre II, 13-15, Néhémie fait le tour 
de Jérusalem en partant de la porte de la Vallée, et aprés avoir visité l'enceinte de 
la ville, il revient à la méme porte. La direction que suivit Néhémie est assez claire- 
ment indiquée en cet endroit, vers. 15; puisqu'il remonta le torrent de Cédron, il 
allait du sud au nord. En second lieu, d’après le chapitre III, où est racontée la 
reconstruction des murailles, cette reconstruction commence par la porte des Brebis, 
que construisirent les prétres (vers 1), et finit par la méme porte des Brebis (vers. 32). 
La porte des Eaux (vers. 26) est placée au levant Entin le chapitre XII, 31-40, fait 
connaitre comment, après l'achévement des murs, deux chœurs les parcoururent 
dans la cérémonie de la dédicace, en partant d'un méme point et allant dans des 
directions opposées. Les deux chœurs se rencontrèrent prés du Temple (vers. 40), 
et par conséquent à l'orient de la ville. Ils partirent done d'un point situé au cou- 
chant (vraisemblablement de la porte de la Vallée); le premier chœur se dirigea à 
droite, c'est-à-dire vers le midi, en faisant le tour de Sion; le scond choeur prit sa 
direction vers le nord. Or, si l'on compare ces trois passages de Néhémie, voici, 
ce semble, l'ordre qu'on peut établir dans la position des portes: 


APPENDICE. 2.193 


» Au. nerd : 1° La porte Ancienne, vraisemblablement à l'angle au nord-est (in, 8; 


0 


xir 38). — 29 La porte d'Ephraim (de Benjamin) (xu, 38. Comparez Jérémie, xxxvii, 1; 
xxxvi, 13; II Parulipomènes, xxv, 23). — 3» La porte de l'Angle, à l'angle au nord- 
ouest (nr, 11. Comparez II Paralipoménes, xxvi, 9; IV Rois, xiv, 13; Zacharie, xiv, 10). 

Au couchant : 4° La porte de la Vallée (rr, 13; x, 13. Compar. II Paralipomènes,‏ ג 
XXVI, 9).‏ 

» Au midi : 5° La porte du Fumier (la porte des Esséniens (?) (11, 13; ,זוא‎ 31). — 69 La 
porte de la Fontaine au sud-est (1r, 14; ir, 15). La porte de la Fontaine était proche 
de l'étang du roi (π, 14), proche aussi de l'étang de Siloé (nr, 15); deux étangs qui 
peuvent bien étre le méme. C'est une question de savoir sila porte de la Fontaine 
n'est pas la méme que la porte d'Argile ou du Potier qui conduisait dans la vallée 
d'Hennom (Jérémie, xix, 2), ou si peut-être elle n'était pas située plus près de l'em- 
bouchure du Tyropéon, et la porte du Fumier au méme endroit, mais un peu plus 
haut. 

» Au levant: 79 La porte des Eaux (nt, 26; vin, 4). — 89 La porte de la Prison et 
la porte des Chevaux vers le Temple (xu, 38-39; mr, 18). — 99 La porte des Brebis 
[ou du Troupeau], (proche de l'etang des Brebis (?) (uz, 4, 32; xu, 38). — 100 La porte 
des Poissons, tout à fait au nord (ur, 3; xit, 38. Comparez Sophonie, 1, 11; II Parali- 
poménes, xxxi, 14). — Entre la huitième et la neuvième porte étaient les tours 
Hamméah et Hananéel (nr 1; xir, 38. Compar. Zacharie, xiv, 105 Ezéchiel, xLvn, 4, 
note 2; Matthieu, xxvi, 66). « (GIMAREY.) 


Note 18, p. 1015. — JOB SUR SON FUMIER. 


Le texte original dit qu'il était assis, là, sur la cendre, et S. Jean Chrysostome rap- 
porte qu'on allait de son temps en pélerinage vénérer l'endroit oü s'était retiré alors 
le saint patriarche. > On sait, dit M. Edm. Le Blant, que, d'apres le texte hébreu, Job 
était assis sur la cendre et non sur le fumier, ce qui explique mieux de la part des 
anciens l'admission d'une longue existence pour cet objet de vénération, » Le pas- 
sage suivant fera connaitre en quel endroit s'était retiré Job et expliquera en méme 
temps comment les Septante et la Vulgate ont pu traduire par fumier ce que l'hébreu 
appelle cendre, et comment le lieu sanctifié par la présence de Job s'est conservé et a 
pu devenir un lieu de pélerinage : « A l'entrée de tous les villages du Hauran, dit 
M. Wetzstein, il y à un emplacement désigné pour déposer les immondices enlevées 
des étables. Ces immondices forment à la longue un monceau, qu'on appelle mezbelé 
et qui surpasse en volume et en hauteur les bátiments les plus élevés du village... 
Le fumier qu'on porte au mezbelé n'est point mélangé avec de la paille; dans ces 
pays trés chauds, sans humidité, la litière est inutile pour les chevaux et les ânes, 
qui sont les principaux habitants des étables, parce que le menu bétail et les tau- 
reaux passent ordinairement la nuit dans les pàturages. Ce fumier est donc sec et 
on le transporte dans des corbeilles à l'endroit qui sert de dépót, à l'entrée du vil- 
lage. On l'y brüle ordinairement tous les mois, en ayant soin de choisir, pour cette 
opération, une journée favorable, où le vent ne pousse pas la fumée du côté des 
maisons. Comme le sol chaud et fertile de ces contrées n'a pas besoin d'engrais,... 
les cendres, produites par la combustion de ces immondices, restent là entassées e* 
s'y accumulent pendant des siècles. Les mezbelé finissent ainsi par atteindre une 
grande hauteur. Les pluies d'hiver durcissent ces couches de cendre en masse com- 
pacte et les transforment peu à peu en une sorte de colline, dans l'intérieur de la- 
quelle on creuse ces remarquables fosses à grains appelées bidr-el-galle qui garan- 
tissent le froment des ravages de la chaleur et des insectes, et le conservent pendant 
plusieurs années. Le mezbelé sert aux habitants du village comme de tour et de lieu 
d'observation; c'est là qu'ils se réunissent, pendant les soirées étouffantes d'été, 
pour jouir un peu du vent frais qui souffle sur cette hauteur. Les enfants vont y 
jouer; le malheureux qui, frappée d'une maladie repoussante, n'est plus supporté 
dans l'intérieur du village, s'y retire pour demander, le jour, l'aumóne aux passants, 
et se coucher la nuit dans les cendres échauffées par le soleil. On y voit souvent 
aussi les chiens du village, attirés par l'odeur des animaux morts qu'on a coutume 
d'y porter. Plusieurs localités du Hauran ont perdu leur nom primitif et s’appellent 
aujourd’hui Umm-el-mezäbil, à cause de la hauteur et de la multitude de collines de 


188 


2004 APPENDICE. 


te genre qui les entourent et qui indiquent qu'elles sont depuis fort longtemps na- 
bitées. Quelques villages modernes sont bâtis sur d'anciens mezbelé, parce que l'air 


y est plus pur et plus salubre. » 
Note 19, p. 1092. — DE LA POÉSIE HÉBRAIQUE. 


1. De la poésie hébraïque en général. 


On ne compte d'ordinaire, d'aprés les Juifs, que trois livres proprement poétiques, 
Job depuis rr, 2 jusqu'à xui, 6, les Psaumes et les Proverbes; mais les Lamentations, 
le Cantique des cantiques, Isaie et une grande partie des prophètes sont, aussi 
écrits dans une forme poétique particuliére ou contiennent des morceaux en vers. 

On s'est donné beaucoup de peine pour classer les poèmes hébreux dans les genres 
littéraires connus des Grecs et des Latins. Cette peine est assez inutile. La Poétique 
d'Aristote ne donne pas la forme nécessaire de toute poésie, et Job, pour n'étre pas 
un drame selon le type hellénique, n'en est pas moins un magnifique poème. 

La poésie de la Bible est en général lyrique. On peut la subdiviser en didactique, 
gnomique, élégiaque, dramatique méme, si l'on veut, mais aucun de ces genres n'est 
parfaitement tranché; toutes les subdivisions rentrent plus ou moins les unes dans 
les autres, et tous les poètes d'Israel sont des lyriques, en ce sens qu'ils expriment 
toujours les sentiments personnels qu'ils éprouvent. 

Le véritable caractère des chants hébreux, c'est qu'ils sont religieux. Dieu, qui les 
inspire, y occupe toujours la première place, quand il n'en est pas le sujet unique. 
Les Psaumes, en particulier, sont remplis de Dieu. De là l'enthousiasme, le lyrisme 
des poètes d'Israël, et cet accent particulier qui a fait de leurs chants les chants de 
l'univers chrétien. 

La poésie hébraique a cela de commun avec toutes les poésies du monde, que son 
langage est plein d'éclat et de magnificence. Dans toutes les littératures, les poètes 
se distingrent des prosateurs par un style plus brillant, plus vif, plus harmonieux 
et plus imagé. Les poétes orientaux ne différent, sous ce rapport, de nos poétes occi- 
dentaux que par une plus grande hardiesse, une profusion plus abondante de mé- 
taphores, des hyperboles plus fortes, un coloris plus riche, dont la vivacité égale 
celle de leur soleil : tous ces traits se remarquent dans la poésie biblique. 

Aucune partie du globe n'offre, dans un aussi petit espace, une variété pareille à 
celle de la Palestine. On y trouve tous les climats, les montagnes et les plaines, la 
mer et le Jourdain, les champs fertiles et l'anide désert, une flore et une faune 
variées. Quelle abondance d'images offre au poéte d'Israél cette terre béniel Les 
comparaisons pleines de gráce ou de grandeur s'offrent en foule à son imagination, 
depuis les cédres du Liban et les pics neigeux de l'Hermon jusqu'aux lis de la vallée 
et aux plantations de roses de Jéricho. Il peut contempler tous les grands spectacles 
de la nature, l'orage qui gronde au sommet des montagnes et les soulévements 
majestueux des flots de la mer. La langue qu'il a à sa disposition, et qui est toute 
composée de termes concrets, vient enrichir encore d'innombrables figures le lan- 
gage du poéte et fournir d'inépuisables couleurs à sa palette. L'hébreu n'est pas un 
idiome riche; il a cependant de nombreuses expressions pour peindre la nature et 
exprimer les sentiments religieux, et quel admirable usage sait en faire un artiste 
comme David ou comme l'auteur de Job! Leur poésie est toujours une peinture; 
elle est souvent aussi urie musique. Des mots bien formés, des sons imitatifs, donnent 
à la pensée un merveilleux relief. Enfin, la simplicité de la syntaxe imprime aux 
poémes hébreux un cachet particulier qui en augmente le charme. 

Un certain nombre d'images reviennent fréquemment dans la poésie hébraique, et 
il importe d'en connaitre exactement la signification pour bien comprendre. nos 
livres sacrés. — Avant que le Christianisme eût adouci les mœurs, la guerre était 
beaucoup plus cruelle et plus sanglante qu'aujor.ed'hui; elle n'était que meurtres et 
rapines sans fin; la guerre et la violence sont par conséquent synonymes du. plus 
grand des maux, et la paix, au contraire, signifie le bonheur et l'ensemble de tous 
les biens. — En dehors de la guerre à main armée, les maux dont les hommes d'alors 
avaient le plus à souffrir étaient d'abord l'oppression du faible par le fort, du petit 
par le puissant, et ensuite la tromperie et la fourberie, vices trés communs en Orient, 


nme mcm 


APPENDICE. 2995 


"Aussi ces deux espèces de péchés sont-elles considérées dans les Psaumes et dans 
les prophètes comme celles qui résument tous les autres, tandis que la 7uslice, 00- 
posée à 18 violence qui opprime, et la sincérité ou la fuite du mensonge sont re- 
gardées comme la perfection, Ps. xiv, etc. La lumière du jour, grâce à laquelle on est 
en sécurité, est l'embléme du bien; les ténèbres de la nuit, pendant lesquelles le 
méchant peut nuire plus aisément, sont le symbole du mal. L'eau qui rafraîchit, 
la source qui fertilise le sol qu'elle arrose, l'arbre et l'ombre qui reposent, dans ces 
pays brûlés par le soleil, sont l'image du bonheur et de la joie; la sécheresse, V'aridité 
du désert, celle de l'a/fliction et de la souffrance. 

Mais, dans toutes les langues, la poésie ne se distingue pas seulement de la prose 
par le style, elle s'en distingue aussi par la forme. A ce langage divin il faut un 
rythme, une cadence particuliére, je ne sais quelle harmonieuse symétrie qui rende 
mieux que le terre à terre de la langue vulgaire les sentiments dont déborde l'àme, 
transportée par l'enthousiasme dans une région supérieure et voulant exprimer par 
une manière de parler extraordinaire des idées et des émotions qui ne sont pas 
communes. De là des règles plus ou moins difficiles auxquelles s'astreint le poète, 
un moule artificiel dans lequel il doit couler sa pensée. 

Si le fond du style est le méme chez tous les poètes, la forme de la poésie n'est pas 
semblable chez les différents peuples : elle varie selon le génie des langues et de 
ceux qui les parlent. Le vers grec et latin est mesuré par la quantité des syllabes 
qui le composent; le vers francais est essentiellement constitué par le nombre des 
syllabes et par la rime. Chez les Hébreux, nous ne rencontrons pas la rime; d'après 
‘plusieurs orientalistes, on y trouve une certaine mesure prosodique; mais, de l'avis 
“de tous, ce qui distingue particulièrement la poésie hébraïque et lui donne une 
physionomie propre, tout à fait distincte de celle de la poésie des langues occi- 
dentales, c'est le parallélisme. 


> Π. Du parallélisme. 


C'est Lowth qui, le premier, dans ses Leçons sur la poésie sacrée des Hébreux, pu- 
bliées en 1153 à Oxford, oü il était professeur, a établi l'existence du parallélisme 
dans la poésie hébraïque. Il n'avait pas été soupconné par les anciens; du moins 
ne l'ont-ils pas signalé en tant que mécanisme poétique, et n'en ont-ils tiré aucun 
parti pour l'interprétation de l'Ecriture. 

Lowth détinit le parallélisme la correspondance d'un vers avec un autre. 1] l'appelle 
le parallélisme-des membres, parce que la répétition de deux ou trois membres paral- 
lèles est un des caractères constitutifs de la poésie hébraïque, où il n'y a jamais de 
vers isolé. C'est une sorte de rime de la pensée, une symétrie de l'idée, exprimée 
ordinairément deux fois, ou quelquefois trois, en termes ו‎ tantót syno- 
nymes, tantót opposés: 


Langue Cœur 
du-juste : des-méchants 
argent choisi sans valeur. Prov., x, 20, 


On a comparé le parallélisme au balancement d'une fronde; on pourrait le com- 
parer peut-étre plus justement au mouvement d'un balancier qui va et revient sur 
lui-même. Ces répétitions de la méme pensée décèlent un trait du caractère oriental 
qui est plus lent que vif, qui n'a jamais attaché au temps la méme valeur que nous, 
et s'est toujours complu- dans 18 méditation des mêmes idées. Il faut d'ailleurs re- 
connaitre que le parallélisme est jusqu'à un certain point dans la nature des choses, 
au moins pour le chant, puisque les refrains sont de toutes les époques et de tous 
les pays. 

Nous avons dit qu'on peut comparer le parallélisme au Εν νει ἐπε d'un balancier. 
Rien n'est plus monotone en soi que la régularité de ce va-et-vient qui ne change 
jamais. La variété est cependant un élément nécessaire de la beauté. La monotonie 
ne devait-elle donc pas devenir lécueil fatal de toutes les compositions poétiques 
d'Israël? Ce danger a été évité beaucoup mieux que dans nos poèmes en vers alexan- 
árins, -gráce à la souplesse du génie hébraïque et à la diversité des combinaisons 

"la su introduire dans 6 parallélisme. Il y en.a quatre espèces principales. qu'on 
appelle parallélisme synonymique, antithétique, synthétique et rythmique, 


2098 APPENDICE. 


19 L2 parallélisme est synonymique quand les membres parailéles se correspondent 
en exprimant en termes équivalents le même sens. Assez fréquemment, il y ἃ gra- 
dation dans la pensée, quoique elle reste substantiellement la même dans les deux 
membres. On trouve de nombreux exemples de cette espéce de parallélisme dans les 
psaumes. Lowth a signalé déjà, comme un des plus beaux, le psaume טואס‎ (selon 
lhébreu, premiere partie du psaume cxur, selon la Vulgate): 


Quand Israël sortit de l'Egypte, 

La maison de Jacob, [du milieu] d'un peuple barbare, 
Juda devint son sanctuaire, 

Israël, son royaume. . 

La mer [le] vit et elle s'enfuit, 

Le Jourdain recula en arrière, 

Les montagnes bondirent comme des béliers, 

Les collines, comme des agneaux. 

Pourquoi t'enfuir, ó mer? 

[Pourquoi], Jourdain, reculer en arrière? 
[Pourquoi] bondir comme des béliers, ₪ 
[Et vous], collines, comme des agneaux? 

Tremble devant la face du Seigneur, ὁ terre! 
Devant la 186% du Dieu de Jacob, 

Qui change la pierre en sources abondantes; 

Et le rocher en ruisseaux d'eau [vive]. 


20 Le parallélisme est antithétique quand les deux membres se correspondent l'un 
àl'autre par une opposition de termes ou de sentiments. Cette espéce de parallé- 
lisme est surtout usitée dans les Proverbes, parce qu'elle est conforme à l'esprit de 
la poésie gnomique : l'antithèse fait mieux ressortir la pensée qui est le fond de la 
sentence et de la maxime: 


Les coups de l'ami sont fidéles, 

Les baisers de l'ennemi sont perfides, 

L'homme rassasié 8688106 le miel. 

L'affamé [trouve] doux méme ce qui est amer. Pnov., xxvir, 6-7, 


JD en rencontre aussi de beaux exemples dans les Psaumes : 


Ceux-ci se confiaient dans leurs chariots, ceux-là dans leurs [coursiers]. 

Et nous dans le nom de Jéhovah, notre Dieu. 

Ils ont fléchi, ils sont tombés; 

Et nous, nous sommes debout, nous sommes fermes, Ps. xix (xx), 8-0. 


30 Le parallélisme est synthétique quand il consiste seulement dans une ressem- 
blance de construction ou de, mesure : les mots ne correspondent pas aux mots et 
les membres de phrase aux membres de phrase comme équivalents ou opposés par 
le sens, mais la tournure et la forme sont identiques : le sujet répond au sujet, le 
verbe au verbe, l'adjectif à l'adjectif et la mesure est la méme. La seconde partie 
du Ps. xvni (xix), Coli enarrant gloriam Dei. contient des exemples remarquables de 
parallélisme synthétique : 


La loi de Jéhovah est parfaite, 
Récréant l'âme; 
Le précepte de Jéhovah est fidèle, 
lustruisant le simple; 
Les commandements de Jéhovah sont justes, 
Réjouissant le cœur; 
Le décret de Jéhovah est pur, 
Eclairant les yeux... 
Plus désirable que l'or, 
Que des monceaux d'or; 
Plus doux que le miel, 
Que le rayon de miel, 


& Le parallélisme est néanmoins quelquefois simplement apparent et ne consiste 
que dans une certaine analogie de construction ou dans le développement de la 
pensée en deux vers. Il est alors purement ry//mique et se prête par là même à des 
*ombinaisons infinies. Les poétes hébreux en font un usage assez fréquent, et, c'est 


APPENDICE. 2997 


surtout grâce à lui et aux formes multiples qu'ils savent lui donner qu'ils ont réussi 
à éviter la monotonie à laguelle semblait les condamner fatalement la forme méme 
de la poésie hébraique. 

Ils ont su introduire la variété dans toutes les formes de parallélisme par une 
multitude de procédés ingénieux dont nous n'énumérerons qu'un petit nombre. 

1o Tantót le verbe exprimé dans le premier membre est sous-entendu dans le se- 


cond : 
Quand Israël sortit de l'Egypte, 
La maison de Jacob — [du milieu] d'un peuple barbare, 
Juda devint son sanctuaire, [ 
Israël — son royaume. Ps. cxur, 1-2, 


20, Tantót le sujet du premier hémistiche devient régime du second : 


she 5 2 


Et dans le péché ma mére m'a concu, Ps. 1, 7. 


39 Ou bien le discours direct est substitué à l'indirect : 


Il est bon de louer Jéhovah, 
Et de chanter ton nom, ó Trés-Haut, Ps. xci, 9. 


40 Le parallélisme strict est rompu par l'emploi de diverses figures, de l'inversion, 
de l'interrogation, de l'exclamation, de l'ellipse : 


Mon àme est troublée, beaucoup, 


Et toi, Jéhovah, jusqu'à quand? Ps. vr, 4, 
Ils crient au secours... et point de sauveur, 
Vers Jéhovah... et il ne leur répond pas. Ps. xvii, 42, 


5» Le sens, suspendu dans le premier membre, n'est terminé que dans le second, 
et le parallélisme est indiqué par la répétition des mêmes mots : 


Louez, serviteurs de Jéhovah, 
Louez le nom de Jéhovah. Ps. cxit, 4. 


Ces moyens de varier le parallélisme, empruntés à la grammaire et à la rhétorique, 
ne sont pas les seuls qu'aient employés les poétes d'Israél. Ils ont eu recours eneore 
à d'autres, qui modifient davantage la forme poétique et produisent une diversité 
plus grande. 

1° La pensée que veut exprimer le poete embrasse quelquefois quatre membres, et 
alors, par un procédé analogue à celui de nos vers à rimes mélées ou croisées, les 
membres paralléles ne se suivent pas deux à deux, mais sont intervertis, de sorte 
que, par exemple, le premier est parallèle avec le dernier et le second avec l'avant- 


dernier. 
Mon fils, si ton cœur est sage, 
Mon cœur se réjouira. 
Mes reins tressailliront d'allégresse, 
Quand tes lèvres proféreront des paroles sensées. Pnov., xxi, 15-16, 


Dans l'exemple suivant, le premier membre répond au troisième, et le second au 
quatrième : 
J'enivrerai mes flèches de sang, 
Mon épée se nourrira de chair, mcd 
Du sang des morts et des captifs, bite: 
De la téte des chefs ennemis. : DEUT., ,זזאאא‎ 


2e Les parallélismes synonymique et antithétique sont quelquefois employés si- 
multanément : 
La vérité germera de la terre, 
La justice poindra des cieux. Ps. Lxxxiv, 12, 


89 Le nombre des membres parallèles peut être multiplié et porté à trois ou même 
à quatre. Il est de trois dans cette imprécation de David, Ps. vu, 6: 


Que l'ennemi me poursuive et m'atteigne, 
Qu'il foule ma vie aux pieds, 
Qu'il me réduise en poussière 1 


29708 APPENDICE. 


Le Psaume zc, 5-6, nous présente quatre membres וז‎ consécutifs, combinés 
deux à deux avec beaucoup d'art : 


Ne crains point les terreurs de la nuit, 
Ni la flèche lancée dans le jour, 
Ni la peste qui s'avance dans l'obscurité, 


Ni la contagion qui exerce ses ravages en plein midi. 
) 


4* Enfin Ja diversité de mesure dans le vers, c'est-à-dire du nombre de mots ou 
de syllabes mesurées qui le composent régulièrement, permet d'introduire un nouvel 
élément, de variété dans le parallélisme, en alternant les vers de diverses mesures 
ou en les mêlant au gré du poète. Nous en avons cité plus haut un exemple, tiré du 
psaume Cali enarrant gloriam Dei, à propos du parallélisme synthétique; ‘en! voici 
un autre exemple, emprunté au Ps. xiv (Vulgate, xim) : 


L'insensé a dit dans son cœur : 
Dieu n'est pas, 

Ses œuvrés sont corrompues, abominables; 
Nul n’agit bien. 

Seigneur, du haut du ciel, jette les yeux 
Sur les enfants des hommes, 

Pour voir s’il est un homme sage, 
Cherchant Dieu. 

Tous ont dévié, tous sont pervertis; 
Nul n'agit bien! 


Tout ce. que nousavons dit jusqu'ici du parallélisme montre clairement que! avan- 
tage offre cette forme particulière de la poésie hébraïque, pour faire passer cette 
derniere dans une langue différente, sans lui enlever completement. son cachet. Célles 
des formes poétiques qui consistent. exclusivement dans là mesure prosodique ou 
la rime des mots, disparaissent nécessairement dans les traductions; au contraire, 
le parallélisme existant d'ordinaire, non dans les sons, mais dans la pensée méme, 
peut étre aisément conservé. On dirait que Dieu, qui voulait que les poèmes qu'il 
avait inspirés aux chantres d'Israël devinssent le chant et la priere de l'Eglise uni- 
verselle et du monde entier, voulut aussi qu'ils fussent jetés dans un moule poés 
tique capable d’être facilement transporté dans toutes les langues parlées sous le ciel; 

L'étude du parallélisme a donc une véritable importance littéraire, et puisque 
Dieu a voulu qu'une partie de la. parole révélée nous füt trausmise sous forme de 
poèmes, il ne peut pas être indifférent pour un chrétien de connaitre les'régles et 
les lois qui le régissent. Mais là n’est pas cependant le principal intérêt de-cette 
étude. Elle a une utilité plus grande encore. S'il nous est avantageux de connaitre 
les beautés littéraires de la Bible, il l'est bien davantage d'en pénétrer le sens. Or, 
Ja connaissance du parallélisme est un moyen puissant de mieux saisir la significa- 
tion d'un grand nombre de passages, qu'on rencontre précisément dans les livres 
les plus. obscurs et les plus difficiles de la Sainte Écriture. Bien des endroits des 
Psaumes, par exemple, deviendront clairs et intelligibles à qui leur appliquera pour 
les comprendre les regles du parallélisme synonymique ou antlithélique, Ainsi le 
sens d'in virtute (ua, dans le passage suivant du Ps. cxxi, 7 $ 


Fiat pax in virtute tua 
Et abundantia in turribus tuis 


est déterminé par le parallélisme. Puisque in virtute correspond à in turribus, il doit 
avoir un sens analogue et désigñer par conséquent ce qui fait la force: de Jérusalem 
et lui assure la paix, c'est-à-dire ses murailles, comme l'a traduit S. Jérômé dans 
sa version des Psaumes sur l'hébreu, in muris tuis. De méme, Ps. Lxxv, 3: 


Et factus est in pace locus ejus; 

Et habitatio ejus in Sion, 
le mot in pace doit désigner Jérusalem, Salem, séjour de la paix, parce qu "ilc corres- 
pond à Sion. Le parallélisme sert méme quelquefois à déterminer la vraie lecon. 
Ainsi il prouve que dans le verset 17 du Ps. xxt, qui a une si grande portée, il faut 


APPENDICE, 2099 


tire &vec.nowe Vulgale, ká'arou, « ils ont percé, » et non Kó'ari, « comme un|lion, » 
ainsi que le porte le texte massorétique, parce que cette dernière leçon détruit le pa- 
raliélisme : 

Ils ont percé mes mains et mes pieds, 

115 ont compté tous mes os, 


IH. Le vers hébreu 


L'existence d'un vers hébreu, constitué soit par la quantité prosodique des mots, 
soit par le nombre des syllabes, est tellement évidente dans le texte original, qu'on 
ne peut sérieusement la contester, quoiqu'on n'ait pas songé pendant longtemps àla 
remarquer. Chaque membre du parallélisme forme un vers dans la poésie hébraique. 

L'élément constitutif du vers hébreu, c'est la quantité prosodique, selon les uns, 
le nombre des syllabes, selon les autres. Cette dernière opinion est la plus probable. 

Le vers le plus usité chez les Hébreux semble être le vers hepíasyllabique ou de 
sept syllabes. Le livre de Job, ui-xun, 6, et celui des Proverbes tout entier, ainsi que 
la plupart des Psaumes, sont en vers de cette mesure. Il y a des vers de quatre, de 
cinq, de six et de neuf syllabes, etc., alternant quelquefois avec des vers de mesure 
différente. 


IV. Des strophes. 


Un trés grand nombre de poèmes de l'Ancien Testament sont partagés en strophes 
La strophe est comme une prolongation du parallélisme, une sorte de rythme sou- 
tenu pendant une série de vers et superposé au rythme de chaque vers particulier. 
Ce qui constitue essentiellement la strophe, c'est qu'elle renferme une idée unique 
ou particulière, dont l'ensemble de vers qui la forment contient le développement 
complet. Chaque vers n'est qu'un anneau de la chaine totale, qui est la strophe. La 
strophe est une des règles de la poésie lyrique, dans la plupart des langues. En 
hébreu, on ne la rencontre pas seulement dans les Psaumes, où le chant en chœur 
la rendait indispensable, mais aussi dans lelivre de Job, oü les pensées se partagent 
en groupes tres distincts, mais naturellement moins réguliers pour la longueur que 
dans l'ode. : 

F.-B. Kæster est le premier qui ait remarqué, en 1831, l'existence des strophes 
dans la poésie hébraïque. Aujourd'hui elle est ad mise par tous les orientalistes. On 
peut être en désaccord pour la détermination des strophes dans un poème donné; 
on est unanime à accepter le principe. Dans quelques psaumes, la division strophique 
est si évidente qu'il suffit de les lire pour qu'elle s'impose. Tel est, par exemple, I: 
Ps. i, qui se compose de quatre strophes de quatre vers (sauf la quatrième qui en a 
cinq) exprimant chacune une idée particulière : 


Jéhovah, que mes ennemis sont nombreux! 
Nombreux ceux qui s'élévent contre moi, 
Nombreux ceux qui disent de moi : 

Point de salut pour lui en Dieu. — Sé/aA. 


Mais toi, Jéhovah, tu es mon bouclier, 
' Ma gloire, celui qui relève ma tête. 
Ma voix invoque Jéhovah 
Et il m'exauce de sa montagne sainte, — Sélan 
Moi je me couche et je me réveille sans inquiétude, 
- Parce que Jéhovah est mon soutien. 
Je.ne crains pas la multitude du peuple 
. Qui tout autour de moi me tend des pièges. 
Léve-toi, Jéhovah | sauve-moi, 6 mon Dieu‘ 
Frappe mes ennemis à la joue, 
Brise les dents des méchants. 
4 Jéhovah le salut! 
Bur ton peuple ta bénédiction. — Sélah. 


V. Poèmes acrostiches ou alphabétiques. 


Il existe en hébreu un poeme d'une forme particulière, dont il nous reste 8 parler 
pour achever de faire connaître l’art poétique d'Israël; c’est le poème alphabéticeuo, 


9000 APPENDICE. 


dans lequel chaque vers ou chaque série paralléle de vers commence par une lettre 
de l'alphabet, reproduit selon l'ordre recu. C'est donc une sorte d'aerostiche. Ce 
genre de composition parait avoir été adopté, de préférence, pour aider la mémoire. 
à retenir les vers, quand la suite des idées n'était pas trés marquée. 

Les Ps. cxi et זזאס‎ sont composés chacun de vingt-deux vers, commençant par les 
vingt-deux lettres de l'alphabet. Les membres parallèles sont doubles dans les huit 
premiers versels, formés par les seize premieres lettres. Le parallélisme a trois 
membres dans les deux derniers versets, et par conséquent six vers, commençant 
par les six dernières lettres. Dans le Ps. cxix (Vulgate. cxvir, il y a vingt-deux 
slances de seize vers chacune. Le premier membre parallèle de chaque stance com- 
mence parla méme lettre. Ce sont là les seuls exemples de Psaumes alphahétiques 
parfaitement réguliers. L'éloge de la femme forte dans les Proverbes, xxxr, 10-31, 
est aussi un poeme alphabétique tout à fait régulier, de méme que les deux pre- 
miers chapitres et le quatrième des Zamentulions. Dans 16 troisième chapitre, chaque 
lettre de l'alphabet est répétée trois fois et l'ordre est exactement suivi, excepté 
pour le phé, qui est placé avant l'ain, au lieu de le suivre. Les Psaumes Xxv, xxxiv, 
xxxvit, CXLV et surtout ix-x sont des poemes alphabétiques irréguliers. 


Not^ 20, p. 1111. — EXPLICATION, PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE, DES MOTS 
DIFFICILES DE LA VULGATE ET DES TEMPS HÉBREUX ET LATINS 
CONTENUS DANS LES TITRES DES PSAUMES. 


*Alamóth (‘al), pro arcanis, xiv, 1. Cette expression très obscure 65% 6 
par beaucoup de critiques comme signifiant une voix de soprano et indiquant que 
le Psaume est destiné à étre chanté par une voix de ce genre. — Les Péres ont en- 
tendu pro arcanis (et pro occullis, 1x, 1), tantôt des mystères, de la passion, de la 
mort et de la résurrection de Notre-Seigneur, tantôt de la manière dont il conduit 
son Église. 

Arcana, pro arcanis, xwv, 1. Voir *Alamoth. 

‘Ayyéleth asch-schakhar (αἰ), Vulgate, pro susceplione matutina, «la iche de 
l'aurore, = xxt, 4. Ce titre indique qu'il faut chanter 16 Psaume sur l'air, connu des 
Hébreux, du chant qui commencait par ces mots. 

Caeticum. Voir Schir. 

Carmen. Voir Veginôih. s 

Commutare, Pro iis qui commulabuntur, xu, 1; חזוצצם‎ 1; Lxxix, 4, Voir Scho- 
schannim. 

Confessio, confiteri, louange; louer. — In coníessione, dans le titre du 
Ps. xcix, voir Thôdah. í 

Corrumpas (ne), Lxxiv, 1. Voir TAaschkét! . 

Deg'é. Voir Ma‘aloth. 

Disperdas (ne). Voir Thaschkélh. 

Doctrinam (in). Dans le titre du Ps. vix, pour l'enseignement, l'instruction. 

Edoûth, témoignage, mémorial ou déclaration, mot, obscur; Vuigate, testimo- 
nium, Lxxix, 1 (et ,אוו‎ 1, où la Vulgate l'omet). 

Extase, extasis, grec ἔχστασις, enlèvement hors de soi, xxx, 1. Ce mot n'a pas 
de correspondant dans le texte hébreu, 

Fin, finem (in). La Vulgate a traduit par ces mots, d'apres le grec, l'hébreu 
lamnatséakh, qui se lit en 4616 de 55 psaumes, et signifie au chef de chœur, ou au 
maítre de musique. C'est une sorte de dédicace ou d'envoi, signifiant que le psaume 
doit étre remis à celui qui présidait le cheeur des Lévites pour le faire chanter. La 
traduction des Septante, εἰς τὸ τέλος, in finem, est expliquée par quelques commenta- 
teurs dans le sens d'une indication musicale équivalente au fortissimo de la musique 
moderne. ll est plus probable que l'auteur de la version appliquait par là le psaume 
à la fin des temps, c'est-à-dire au Messie. 

Gittith (‘al), Vulgate : pro lorcularibus, vir, 15 Lxxx, 1; rxxxur, 1. Signification 
incertaine. Cithare de Geth, telle qu'elle était en usage à Geth, ou d’après un mode 
musical en usage dans cette ville philistine que David avait habilée. Les Seplante 
ei, par suite, la Vulgate ont traduit comme s’il y avait 60000072 au lieu de GillAith, 


APPENDICE. 3001 


pour les pressoirs, dans la pensée sans doute que les psaumes où on lit ce mot 
avaient été composés pour les fêtes des vendanges, Jud., ix, 21; /s., xvi, 8, 10; 
Jér., xLvir, 33. 

Gradus. Voir Ma‘aloth. 

Héritage, Heereditas, pro ea que haereditatem consequitur. Voir Nekhilóth. 

Hymne, Hymnus. Voir Schír, 

Idithun (ipsi et pro); xxxviii, 45; ,זאד‎ 1. Ce titre indique que 16 Psaume est adressé 
à Idithun, l'un des trois chefs de chœur du temps de David, I Par., xvi, 4. 

Immutare, ux, 1. Voir Commulare. 

In finem. Voir Finem. - 

Inscriptio (tituli). Voir Mikthäm. 

Intellectus, intelligentia. Voir Maskil. 

Lamnatséakh. Voir Menatséakh. 

Laudatio, nom du Ps. cxuv. Voir Thehillâth. 

Lehazkir. Voir Rememorationem. 

Ma alóth, Vulgate (canticum) graduum. Nom donné à 15 Psaumes, cxix-exxxut, 
et expliqué de façons très diverses. Quelques-uns ont pensé qu'il désignait un rythme 
particulier, le rythme par gradation, consistant en ce que le sens avance par degrés 
et monte en quelque sorte de verset en verset, comme dans le Ps, cxx: 


1. Levavi oculos meos in montes, 
Unde veniet auxilium mihi. 

9. Auxilium meum a Domino, 
Qui fecit coelum et terram. 

8. Non det in commotionem pedem tuum, 
Neque dormitel qui custodit te. 

4. Ecce non dormilabit neque dormiet, 
Qui custodit Israel. 

5. Dominus custodit te, 
Dominus protectio tua.... 

6. Dominus sustodil te ab omni malo, 
Custodiat animam tuam Dominus. 

7. Dominus custodiat introitum tuum et exitum tuum, 
Ex hoc nunc et usque in seculum. 


Le rythme par gradation est assez fréquent dans la poésie hébraique, et il se ren- 
contre en particulier dans les psaumes graduels; il n'est pas certain cependant 
que leur nom dérive de cette particularité. L'opinion la plus commune est que les 
psaumes graduels, généralement courts, et exprimant, pour la plupart, la reconnais- 
sance d'Israél envers son Dieu, sont ainsi nommés parce qu'ils étaient chantés 
par les Juifs quand ils allaient en pèlerinage à Jérusalem. Ma'aló(h signifie chant 
des montées; or, les voyages à Jérusalem sont appelés montées dans la Bible, à causc 
de la position élevée de la ville et du temple, 1 Esd., vit, 9 et SulV« Ps. .CXXL 14; 
cf. cxx, 1; cxxiv, 1-2. Cette explication est confirmée par le contenu des Psaumes 
graduels et parles anciennes versions d'Aquila, de Symmaque et de Théodotion, qui 
ont traduit ma‘alôlh par ἀναδάσεις. 

Maëleth. Voir MakhalalA. 

Maheleth. Voir Makhalath. 

Makhalath, Vulgate : Maheleth, Maëlelh, Lu,1; Lxxxvi, 1, signifie probablement 
maladie, et s'applique à un psaume composé à l’occasion d'une maladie. 

Maskil, Vulgate : intellectus, intelligentia; maskil signifie proprement intelligens, 
intelligentem faciens; poème didactique, instructif (xxxi, 8; Vulg., χχχι, 8, 
je Vinstruirai, intellectum, Libi dabo. Cf. xuvr, héb., xrvir, 8). C’est le nom de 13 
Psaumes : XXXI; XLI; XLI; XLIV; LI; LII; LII; LIV; LXXII; LXXVIT; LXXXVII; LXXXVIII; 
CXLI. 

Menathséakh, /amnatséakh, Vulg. in finem, au chef de chœur, iv, 4, et dans 
91 autres Psaumes. Cf. I Par , xv, 21; 11 Par., it, 1, 17; Hab., im, 19. Voir Finem. 

Mikthám, Vulgate: (ituli inscriptio (fait pour être gravé sur une stèle), nom de 
6 psaumes, xv ; Lv-Lix (et du chant d'Ezéchias, /s., xxxvur, 9) Le sens de ce mot est 
obscur. Quelques-uns pensent qu'il veut dire poème doré et indique l'excellence du 
chant D'autres l'expliquent comm signifiant psaume d'un sens profond, caché. 


3002 APPENDICE. 


Mizmôr, Vulgate, psalmus, composition rythmique :destinée à être chantée avec 
accompagnement de musique et spécialement de la ‘harpe. Ce nom est donné à 
$1 psaumes qui ont pour objet de célébrer les louanges de Dieu. 

Mouth labbén (‘al), Vulgate ; pro occullis, 1x, 1. Les Septante (et la Vüljate), 
Théodotion et Aquila ont lu ‘alamôth, comme xLv, 1. Voir ‘alamôth. Le sens de ‘al 
moulh labbén, « sur la mort du fils, = si cette leçon est exacte; est peut-étre I le 
Ps. 1x devait se chanter sur l'air connu qu'on désignait par.ces mots. 

Neginóth (δὲ ou ‘al), Vulgate : in carminibus, ; vi; Lu; Liv ; LX; in hymnis, 
LXVI ; in laudibus, ,טאצ‎ avec accompagnement d'insitusionts à cordes. 

Nekhilóth ('el), Vulgate : Pro ea que hereditatem consequitur. On croit aujour- 
d'hui communément que nekAilóth désigne la flûte et indique, dans le titre v, 4, que 
le psaume devait étre chanté avec accompagnement de cet instrument. Les Septante 
et la Vulgate ont pensé, dans leur traduction, au peuple d’Israëliqui est l'héritage 
de Dieu; Deut., 1v, 205 1x, 26 ; Ps. xxvii, 9, et à l'Eglise, Act., xx, 28; Rom., viit, 17; 
Gal., iv, 726 sq. 

Occultis (pro). Voir ‘Alamôth. 

Octava (pro). Voir Scheminith. 

Oratio, nom de cinq psaumes. Voir Thephilläh. 

Fsalmus, psaume. Voir Mizmór et Schiggayón. 

Rememorationem (in), hébreu lehazkir, pour faire souvenir, XXXVII ; LXIX. 

Sancti. Qui a sanctis longe factus est. Voir Yonath 'élem rekhogim. 

Scheminith (:a/) Vulgate, pro oclava, vi, 1 ; xr, 1, à l'octave, avec des voix de 
basse; Cf. 1 Par., xv, 21. — Les Pères ont entendu pro octava du dimanche, de la 
régénération par la pénitence, du bonheur du ciel qui suit les sept époques que doit 
durer 16 monde présent, 06.18 perfection, etc. 

Schiggayón, Vulgate, psalmus, ode irrégulière et dithyrambique, nom donné 
au Ps. vu. 

Schir, Vulgale, canticum et hymnus, chant en général, et plus spécialement chant 
d'action de grâces, soit pour un bienfait privé, xxix, soit pour des bienfaits publics, 
XLV ; XLVII ; LxIv, etc. Joint souvent 8 mizmor. 

Schoschannim (‘al), ou Schouschan, tix, 1. Vulgate, pro üs qui commutabun- 
lur, xiiv, 1; xvin, 1. Schoschannim signifie proprement les lis, et désigne d’après 
les uns un air connu, d’après d'autres, un instrument de musique. Les Septante ont 
lu schéschónim au lieu de schoschannim, d'où la traduction : pro iis qui commula- 
buntur, c'est-à-dire pour les hommes qui seront changés par la venue du Messie. 

Sélah, 71 fois dans 39 Psaumes, La signification de ce mot. n'est pas (sûrement 
connue ; c’est un signe musical qui correspond au for/e de la musique moderne ou 
bien indique une pause. 

Susceptio matutina, Voir ‘Ayyelelh asch-schakhar. 

Thaschkhéth (αἰ), Vulgate : ne disperdas ou ne corrumpas, vi, 4, etc. Sur l'air 
du chant connu sous le nom de “αὐ thaschkhelh. 

Thehillim, Thehillàh, Vulgate : /audalio, nom donné par les Hébreux à la 
collection des Psaumes et au Ps. cxLiv. 

Thephiliah, Vulgate : oralio, prière; nom. donné aux Ps. xvi, LXXXV3; LXXXIX ; 
ci, אס‎ Cf. LXxI, 20. 

Thódah, mizmor lethôdah, titre du Ps. xcix : Psaume de louange. Vulgate : Psal- 
mus in confessione. 

Titulus. Voir Mikihäm. 

Torcularibus (pro). Voir Gittih. : 

Yonath 'élem rekhogim (‘al), la colombe muette du lointain, Vulgate * quia 
sanctis longe factus est, v, 1, indique l'air sur lequel le Ps. tv devait être chanté, 

Les instruments de musique mentionnés dans les Psaumes sont, parmi les instruments 
à corde, le kinnor et le nébel, c'est-à-dire la harpe et la lyre; parmi les instruments à 
vent, les trompettes et la flüte, et parmi les instruments à percussion, le tambourin et 
les cymbales. Tous ces instruments sont énumérés dans le psaume cr. La figure ci-jointe 
représente des musiciens susiens, du temps d'Assurbanipal, roi de Ninive, jouant de la 
harpe, de la flüte et du tambour, et suivis de chanteurs. Bas-relief retrouvé à Koyoundjik 
et conservé aujourd'hui au Musée britannique, à Londres. 


APPENDICE. 3005 


ΟΝ ἕν, Z5 ל‎ SN | EN, 0 SN 
Ve 0 y 2 3 LENS 
3 AU DIES | à À | 
ti סו‎ T ss x BN 2 x א‎ ν n 
LU E ee Ἢ i (resesss 


MUSICIENS DE SUSE 


Note 21, p. 1564. — POIDS ET MESURES DES HÉBREUX. 


I. Poids. 


L'unité de poids des Hébreux était le sic/e. — Le sicle se subdivisait en 5égah ou 
lemi-sicle, de baqu‘, « diviser, partager ,כ‎ et le 5béqah -en gérah; grain, Vulgate, 
obole; il fallait dix gérah pour faire un bégah et deux bégah, pour faire un sicle. 


E ES | 
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δὴ | 
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ES. \ x / 7 
m 55 / 
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1. — MINE D'ANTIOCHUS IV ÉPIPHANE. 


Du temps des rois, et aprés pe captivité de Bétigtóné, l'Ecriture mentionne aussi 
la mine, en latin, mina, mna; en hébreu, máneh (1). Sa valeur était probablement de 


(1) Pour la mine du temps des Machabées, voir Fig. 1 : Poids én plomb du Cabinet des médailles. ‘On 
lit autour : BAZIAEQX ANTIOXOY OEO[Y] EIIIGANOYZ MNA (mine du roi Antiochus Théos 
Bpiphane). La. Victoire, debout, entre deux étoiles, tenant dans la main droite une couronne et dans 
בי‎ gauche une palme, Mine de poids faible, pesant 516 grammes, 


3994 APPENDICE. 


50 sicies, ae sorte qu'il en fallait 60 pour faire un talent (1). Sous les Machabées, 
elle équivalait à cent sicles. — Le talent, {alentum, était le poids le plus élevé; fl 
s'appelait en hébreu kikkar, c'est-à-dire, rond, objet rond, parce qu'il avait sans 
doute une forme ronde. Il valait 3,000 sicles. 

Les poids étaient primitivement des 
pierres, 'abdnim. Pour en assurer la ré- 
gularité et prévenir les contestations ou 
y mettre fin, Moise fit déposer dans le 
tabernacle des étalons qu'on appelait 
poids du sanctuaire. Ces étalons furent 
déposés plus tard dans le temple de 
Jérusalem et confiés à la garde des pré- 
tres. Nous ignorons quelle était la forme 
de ces étalons. Chez les Assyriens et les 
Egyptiens, ils avaient la forme d'ani- 
maux (2). Dans les transactions ordi- 
naires, le vendeur et lacheteur se .ser- 
vaient de balances, qu'ils portaient tou- 
jours à la ceinture, avec des pierres d'un 

2. — POIDS ASSYRIEN DE DEUX MINES poids déterminé. 
(DU PALAIS DE SENNACHÉRID). Le rapport des poids hébreux avec 
notre systéme décimal a été établi par 
les sicles d'argent des Machabées que l'on a retrouvés et qui étaient probablement 
de méme valeur que ceux de Moise. 


4 Gérah — e mw LU AMI. bj eir 0 gr. 708 
10 |1 Béqah ΞΞ .: 5. ee ee ee * 9 e 1 100 

20 הסוב | | | ל‎ = XN eS. edil e] δ. τ 14 200 
1,000 100 DOSE 4 Mine sue" SU Qui. 108 850 
60,000 6,000 3,000 60 | 1 Talent = . . 42 k. 533 gr. 100 


Le Nouveau Testament mentionne une espéce de poids inconnu aux anciens Juifs, 
la λίτρα ou libra (livre). C'était un poids romain qui se subdivisait en douze onces 
et est estimé 326 gr. 321. Il était représenté primitivement par une masse de cuivre 
qu'on appelait as et d’où vint la monnaie de ce nom. 


II. Mesures. 


40 MESURES DE LONGUEUR ET DE SUPERFICIE, 


L Mesures de longueur dans l'Ancien Testament. — Les Hébreux, comme tous les 
autres peuples de l'antiquité, se servirent d'abord, pour mesurer les longueurs, de 
diverses parties du corps humain. — 19 On peut considérer comme unité de mesure 
la coudée, hébreu, ammáh, équivalant à la longueur de l'avant-bras ou à la distance 
du coude à l'extrémité du médius ou troisième doigt. L'évaluation n'en est pas cer- 
taine; on peut l'estimer approximativement à (0m525. — 29 La coudée se divisait en 
deux empans ou grands palmes, hébreu, zéreth (Septante : spithama), mot qui signi- 
fie paume de la main et marque la distance comprise entre le pouce et le petit doigt 
étendus(3). — 39 Le zéreth se subdivisait en trois, ééfakh ou tofakh, palmus, petit 
palme, mesure-de la largeur de la main ou de quatre doigts, comme le rend quel- 


(1) La mine, d'après Ezéchiel, xtv, 12, aurait valu 70 sicles, mais la leçon que nous lisons dans la 

waduction. grecque du passage de ce prophète, et qui porte 50 au lieu de 70, parait préférable, 
- (2) Voir Figures 2 et 4, 

(3) Ex., xxvur, 16; xxxix, 19; I Sam. (I Rois), מוטא‎ 4; Ez., χει, 13. La Vulgate a toujours traduit 
zéreth par palmus, ne distinguant pas explicitement cette mesure du téfakh, ou petit palme, mais elle 
a entendu par là le spithama ou grand palme, qui avait douze doigts, Vitruve, זז‎ 1. Pour éviter la 
confusion, elle a rendu 16 petit palme, féfakh, par quatre doigts, Ex., xxv, 25; xxxvu, 12, et par tres 
unci2, qui équivalent à quatre doigts, 11] Rois, vir, 26; cependant, dans les autres passages, elle 8 
employé le mot palmus, et Ἰὰ il faut attribuer à ce mot la valeur du petit palme, 


Dee 


APPENDICE. 2003 


quefois la Vulgate. Le {éfakh est employé métaphoriquement pour désigner quelque 
chose de trés court : 


Tu m'as donné des jours de [quelques] palmes. Ps. xxxvrir, 6, 


— 4» Le doigt ou pouce, hébreu, 'elsba', était le quart du féfakh ou palme et équi- 
valait à l'épaisseur du doigt. Dans le texte hébreu, ce mot ne désigne une mesure 
qu'en-un seul passage, et encore y est-il question de quatre doigts, c'est-à-dire d'un 
téfakh. — 5e Dans le livre des Juges, pour déterminer la longueur de l'épée à double 
tranchant d'Aod, il est question d'une mesure appelée en hébreu, gómed, laquelle 
n'est mentionnée nulle autre part dans les Livres Saints. La Vulgate la traduit par 
paume. de la muin; les versions orientales, par aune. La dimension en est incertaine, 
Plusieurs savants croient qu'elle est la méme que celle de la coudée. — 69 Ezéchiel 
parle dans ses prophéties, pour mesurer les bâtiments, d'une mesure particulière 
de plus grande dimension que les précédentes, qánéh, calamus mensura, la canne (1). 
On croit généralement qu'elle était de six coudées ou 3 mètres 15. — 79 Le mot hé- 
breu, {sémed, rendu. dans la Vulgate par jugerum, est employé deux fois (2) comme 
mesure agraire; il désigne l'étendue d'un champ qui peut étre labourée en un jour 
par une paire de bœufs. 


1 Doigt Cue 418. e e. C 79 9. 0.9 75 Ὁ ὦ 9r ἃ. δῆ, e. ג5‎ ἢ Om 0218 
1 Téfakh ou ἢ > ὁ 
4 petit palme ] neam 4 . . . . . . . . . . . 0m 0875 
12 M1 ו‎ 
24 6 2 100060 — =! :]ה יההסןו שה‎ 320 
144 36 12 6 | A. Canne = {enr ! 1824 50 
.זו‎ Mesures de longueur dans le Nouveau Testament. — Les mesures particulières 


que nous trouvons employées dans les Evangiles sont : une mesure spéciale aux 
Hébreux, le chemin du sabbat, et deux mesures, l'une grecque et l'autre romaine, 
le stade et le mille. — 1» On appelait chemin du sabbat (3) la distance qu'il était léga- 
lement permis de parcourir sans violer la loi du repos prescrit ce jour-là par la loi 
mosaique. Elle était de deux mille pas d'après les rabbins, envion 1392 mètres. — 
20 Le stade (4) valait 600 pieds grecs ou 625 pieds romains, égaux à 125 pas romains, 
en mètres, 185. Huit stades faisaient un mille. — 3° Le mille (5) était une mesure iti- 
néraire d'origine romaine, ainsi nommée parce qu'elle correspondait à une distance 
de mille pas. Elle équivalait à un peu plus de 1480 mètres. — 4? Les Actes des Apó- 
tres mentionnent la brasse, mesure marine de 1m60 (6. 


29 MESURES DE CAPACITÉ. 


1e Les mesures de capacité étaient les mêmes pour les solides et pour les liquides, 
avec cette seule diférence que l'unité de mesure des premiers s'appelait 'épAáA et 
celle des seconds balh, mais leur contenu était identique. — 19 Le mot ’éphdh signi- 
fie «mesure. » La Vulgatele rend tantôt par épAhi (1), tantôt par modius (8), tantôt par 
amphora (9), tantót par mensura (10). Les rabbins, qui ont pris comme terme de com- 
paraison les ceufs de poule dans les évaluations de leurs mesures de capacité, disent 
que l'éphah en contenait 432. Dans notre système, sa contenance est de 38 litres 88. 
— 29 Le mot bath signifie probablement aussi « mesure » : c'est celle qui, égale pour 
la quantité à l'éphuh, comme nous l'avons déjà remarqué, était destinée à mesurer 


(1) Ez., xL, 5-8; χει, 8 et suiv. ; xLi1, 16-19 (Apoc., xxr, 15). 

(2) 1 Rois, xiv, 14; et Is., v, 10. 

(3) Act,, 1, 12. 

{4) Luc, xxiv, 13; Jean, vr, 19; Apoc., xxr, 16 (II Mac., xr, 5; xir, 10, 29), 

(5) Matth., v, 4t. 

(6) Act., xxvir, 28. La brasse d'aujourd'hui est de 1 mètre 6245 celle des anciens était, on le voit, à 
peu prés la méme. 

(7) Ex., xvi, 36; Lév., v, 11; Ez., χων, 10, 11 etc, 

. (8). Deut, xxv, 14; Is., v, 10, etc. 

(9) Zach., v. 6, 7, 8,9. 

(10) Prov., xx, 10; Amos, vit, 5; Mich., vr, 10; dans ces derniers passages, S. Jérôme a rendu très 
exactement le sens Au mat héhran, parce qu'il 08% employé en effet dans le sens général de mesure. 


8006 APPENDICE, 


Ies liquides (4). Le bath n'est pas nommé avant l'époque des rois. La Vulgate le rend 
par batus (2), laguncula (3), cadus (4), metreta (5). Ce dernier mot est celui qui désigne 
l'amphore attique. c'est-à-dire, la mesure grecque qui correspond exactement à la 
capacité du bath, et qui est mentionnée en S. Jean (6). L'amphore de Daniel (1) est la 
méme chose que le metreta ou le bath. — 39 La mesure de dix éphas s'appelait 
chomer; elle reçut aussi plus tard le nom de cor. Chomer ou khómer veut dire mon- 
ceau (8) ; cor signifie vase rond. La Vulgate rend toujours 16 second mot par corus (9); 
elle se sert aussi ordinairement de corus pour traduire chomer (10); mais dans deux 
passages (11), elle donne l'équivalent en mesures romaines, frente boisseaux. — 4o Le 
demi-chomer, valant cinq éphas, avait un nom particulier, /éthek, Vulgate, corus di- 
»nidius. 11 n'est nommé qu'une seule fois dans la Bible, dans Osée (12). — 50 L'éphah se 
subdivisait en plusieurs mesures de moindre dimension. Et d'abord en se'áh, dont 
la contenance était d'un tiers d'éphah (13); le se'áh est mentionné deux fois dans les 
Evangiles (14); notre texte latin traduit d'ordinaire satum, dans l'Ancien comme dans 
le Nouveau Testament (15). — 69 Le Ain, d'origine égyptienne (16), était la moitié du 
se'üh, le 6e de l'éphah ou du bath. — 19 Le gomor, *ómer, Vulgate gomor, était la 
dixième partie de l'éphah (11), d’où le nom de ‘issérôn ou dixième, Vulgate, decima 
pars, decima, qui désigne souvent cette mesure, dans le Pentateuque (18). ἢ contenait 
la ration quotidienne de manne de chaque Israélite dans le désert (19). Les rabbins 
disent qu'il tenait 45 œufs et demi. — 89 Le ca^, cabus, « petit vase, coupe, » tiers 
du hin, 6e partie du se‘ 4h, 18e de l'éphah (20). — 9» Enfin le log, 12? partie de l'éphah, 
12e du hin (21). S. Jérôme le traduit par sextarius. — 105 Dans le dernier chapitre de 
Daniel (22), que nous n'avons plus qu'en grec, il est questiou d'une mesure persane 
appelée arlabe; elle équivalait à peu prés au médimne attique, c'est-à-dire à 51 li- 
tres 19. — 419 L'Apocalypse (23) emploie une mesure grecque, la seule étrangère que 
nous rencontrions dans le Nouveau Testament, le chœnix. On la regardait comme 
équivalente à la quantité de nourriture quotidienne d'un homme sobre. On évalue le 
chœnix à 1 litre 079. La Vulgate le traduit par bilibris. 

99 En comparant entre elles les diverses mesures de capacité des Hébreux, on re- 
marque qu'elles peuvent se diviser en deux systèmes, l'un décimal, l'autre duodé- 
cimal, 19 Système décimal : 


Chomer. . . 1 
Bath ou épháh 10 1 
Gomor . . . 100 10 1 


(1) Ez., מא‎ 11. Cf. III Rois, vit, 26, 38; 1 Esd., vir, 22, etc. 

(2) 111 Rois, vir, 26, 38; I Esd., vir, 22; Ez., χων, 10, 11, 14, 

(3) Is., v, 10. 

(4) Dans l'Evangile de S. Lue, xvi, 6 (δάτους). 

(9) 11 Par., τι, 10 ; 1v, 5. 

(6) Jean, 11, 6. 

(7) Dan, xiv, 2. L'amphora de la Vulgate, I Rois, τ, 24, est employée pour rendre nébe/ yaïn, une 
outre de vin, qu'on lit dans le texte hébreu; Lue, xxi, 10, amphora correspond à χεράμιον, vase d'ar- 
gile, vas fictile, urceus, ou bien lagena, comme traduit notre version latine dans S. Mare, xiv, 13. 

(8) Ex., vri, 14, j 

(9) III Rois, 1v, 32;v, 11 ; II Par., 11, 10; xxvir, ὃ; Ez., xLv, 14. 

(10) Nomb., xi, 32; Ez., χων, 11, 13, 14, et Osée, 118 2. 

(11) Lév., xxvi, 16, et Is., v, 10. 

(12) Osée, וז‎ 2, \ ) 

(13) Gen., xvrit, 6; 1 Rois, xxv, 18; III Rois, xviit, 32; IV Rois, vit, 1, 16, 18; Is., xxvit, 8. 

(14) Matth., וזא‎ 335 Lue, ,וזא‎ 21. La forme σάτον vient du nom chaldéen de cette mesure, s'ath'a, 
parce qu'au temps de Notre-Seigneur on parlait syro-chaldéen en Palestine. 

(15) Excepté 111 Rois, xvitr, 32 (aratiuncula); IV Rois, vi, 1,16, 18 (modius); et Is. xx v1t, 8 ( mensura). 

(16) Le mot Ain est conservé dans la Vulgate, excepté Lév., xix, 30, où il est rendu par sectarius, 
*omme étant la 6° partie de l'éphah. 

(17) Ex., xvi, 30. 

(18) Ex., xxix, 4); Lév., xiv, 10, 21, etc. 

(19) Ex., xvi, 16. 

(20) Mentionné seulement IV Rois, vi, 25. | 

(21) Il en est question seulement dans le Lévitique, xiv, 10 et suiv., au sujet de la loi concernant la 
purifieation des lépreux. 

(22) Dan, xiv, 2. 

(23) Apoc., ץ‎ 6. 


APPENDICE, 3007 


92» Système duodécimai : 


Épháhoubath 1 

Seal, oo ene 3 ו‎ 

Min. on cp. 6 2 1 

Cab νυ τονε 19 5 3 ו‎ 

Lag. ope. p.12 - ל‎ 1.7 SA ir, 0e 1 1 


3e Voici maintenant le tableau combiné de toutes les mesures et de leur valeur: 


1 Log == . . . . . . . . . . . . . . . . . 0 lit. 53 
4 ἘΝ ΠΝ CS PRO MISSE MN וא‎ 2 19 
Πρ ν τοένινν ha wicrual 1» And το sac 
12 3 $53/3;| 5 מגה‎ = «nl esbe tous ob 12:8 loué) 
24 6 bri ug'ij 000 EDR ENTRER PAU 
DUREE OÙ 
72 18 10 6 3 | ephahou | — . . 38 88 
metreta 
720 180 100 60 | 30 | 10 [!Chomer.— 338 ' go 


Note 22, p. 1634. — LE MIRACLE DU CADRAN D'ÉZECHIAS. 


Pendant la maladie d'Ezéchias, Isaie, pour lui donner un signe de la guérison mi- 
raculeuse qu'il lui annonçait, fit rétrograder sur la demande du roi un cadran 
solaire de dix lignes, Isaie, xxxvin. Ce miracle a donné lieu à des diíficultés sur les- 
quelles il est nécessaire de dire quelques mots. « On doit recourir, pour expliquer ce 
miracle, aux mémes hypothéses que nous avons proposées à l'occasion du miracle 
de Josué, carles deux faits présentent une grande analogie. Il y a cependant entre 
eux une différence qu'il convient de bien remarquer. Dans le cas de Josué, c'est le 
soleil méme que la lettre du texte nous présente comme arrété dans sa marche, ce 
qui suggère l'idée d'une perturbation importante dont les conséquences s'étendraient 
à toute Ja terre. Dans le cas présent, les textes nous parlent surtout de la rétrogra- 
dation de l'ombre sur 16 cadran, et si le soleil est une fois nommé, 1826, xxxvir, 8, il 
parait considéré moins en lui-méme que dans l'effet produit par sa lumiére sur le 
cadran. C'est là un phénoméne trés particulier, étroitement localisé et qui n'intéresse 
pas les lois générales de l'astronomie. De là résulte que la dérogation aux lois de la 
nature est moindre et plus faeile à expliquer. Il n'est donc pas nécessaire d'admelttre 
quil y ait eu réellement une rétrogradation du soleil dans sa marche diurne. Sans 
doute cela n’est pas impossible; mais rien ne le donne à croire, et toutes choses 
s'expliquent plus facilement et plus naturellement d'une autre manière. — Il suffit 
d'admettre un phénoméne local se réduisant au déplacement momentané d'une 
ombre portée. Cela suppose une déviation miraculeuse des rayons lumineux qui 
éclairent le cadran, et cette déviation se peut expliquer, comme pour le miracle de 
Josué, soit par une aclion directe de la puissance divine sur la propagation des 
rayons, soit par linterposition de corps réfracteurs ou réflecteurs dont la nature 
demeure indéterminée. Quoi de difficile en tout cela, quand Dieu daigne mettre la 
main à l'œuvre? Lui est-il plus difficile de dévier un rayon de lumière que de retenir 
le cours d'un fleuve ou de guérir subitement une maladie? Et est-il nécessaire que le 
mécanisme de l'effet produit nous soit entiérement connu pour que nous croyions, 
sur bonnes preuves, à la possibilité et à la vérité de l'intervention divine? » (M. 2018- 
BOURDIN.) 


Note 23, p. 1636. — SECONDE PARTIE D'ISAIE, xL-Lxvi. 


. Cette seconde partie date de la fin de la vie d'Isaie. Elle ne forme qu'un tout, 
réguliérement divisé, dans lequel le prophète prédit aux Juifs leur délivrance de la 
eaptivité de Babylone et le règne futur du Messie. C'est le livre des consolations 
Cowme l'annoncent les mots par lesquels il s'ouvre et qui en sont comme le titre e 


2008 APPENDICE. 


le résumé : Consolez-vous, mon peuple, consolez-vous, dit votre Dieu, xv, 1. ll se par. 
tage en trois séries de discours, symétriquement divisés par groupes de neuf, 3 X 3. 
— Première section : xz-xLvur. Discours : 19 xr; 29 xzr; 39 xuu-xrur, 13; 49 xui, 14- 
xuv, 5; 50 xLIv, 6-23; 6° xLIV, 24-x,v; 79 xtv; 89 והזא‎ ; 90 xLvitt. — Seconde section : 
xux-Lvir. Discours : 19 xx; 29 1; 30 Lr; 49 rr, 1-12; 59 rur, 13-Lur; 69 Liv; 10 Lv; 
89 Lvr, 1-8; 9» Lvr, 9-Lvrn. — Troisième section : Lvrrr-txvr. Discours : 19 rvrm; 20 prx; 
30 Lx; 40 Lxi; 50 Lxir; 69 χη, 1-6; 79 rxir, 7-LXIV; 80 Lxv; 90 LxvI. — On peut regarder 
comme certaines les subdivisions de la seconde et de la troisième sections; au milieu 
de la première, il n’est pas aussi aisé de voir où commencent et où finissent les dis- 
cours particuliers. La fin de la première et de la seconde sections est marquée par le 
méme verset final : 11 m'y a point de paix pour les impies, dit le Seigneur, xivin, 22; 
Lvir, 21; celle de la troisiéme reproduit la méme pensée, en termes plus énergiques : 
Leur ver ne mourra pas et leur feu ne s'éteindra pas, vxvr, 24. 

Voici quel est le sujet de la seconde partie.« Les prophéties contenues dans ses 
trois sections ne sont que des variations d'un méme thème, mais elles ont cependant 
chacune une pensée fondamentale particuliére et une modalité propre, annoncée du 
reste dés les premiers mots. Elles ont pour sujet principal de consoler le peuple et 
de l'exhorter à la pénitence, en lui annoncant le salut qui est proche. De plus, dans 
chaque section, le Prophéte établit un contraste et une sorte d'antithése qu'il met au 
premier plan; dans la première, xL-xLvim, c'est la lutte de Jéhovah et des idoles, 
d'Israël et des paiens; dans la seconde, xux-Lxn, c'est l'opposition entre les souf- 
frances du serviteur de Jéhovah [le Messie] dans. le présent et sa glorification dans 
l'avenir; dans la troisième, c'est la contradiction d'Israël lui-même, hypocrite, impie, 
apostat d'une part, et de l’autre, fidèle, malheureux, persécuté. La première section 
annonce la délivrance de la captivité de Babylone; cette délivrance est l'accomplis- 
sement des prophéties, la honte et la ruine des idoles et de leurs adorateurs. La 
seconde nous montre les humiliations profondes du serviteur de Jéhovah devenant 
la source de sa gloire et élevant en même temps Israël lui-même à la hauteur de sa 
vocation divine. Enfin ce n'est pas sans raison que Hahn a trouvé le résumé des idées 
principales des trois sections dans les trois propositions du vers. 2 du ch. xL : Sa 
malice est arrivée au terme, son iniquilé a été pardonnée, elle a recu de la main du 
Seigneur une double peine pour tous ses péchés. La fin de la captivité de Babylone est, 
en effet, l'idée-mére de la première section; l'expiation du péché par le sacrifice 
volontaire du serviteur de Jéhovah, l'idée-mére de la seconde, et la gloire, surpas- 
sant de beaucoup les souffrances expiatrices, l'idée-mére de la troisième. La pro- 
messe s'éléve ainsi par degrés dans les discours 3 X 9, jusqu'à ce qu'elle atteigne 
enfin son apogée, Lxv-Lxvi, oü le temps et l'éternité se confondent ensemble. » 
(D&Lrrzscn.) 

La première section annonce donc la délivrance des Juifs captifs par Cyrus. « Mais 
ce roi terrestre ne fera que peu de choses, comparativement à ce qu'il y a à faire : 
un autre joug, bien plus pénible que celui de Babylone, pèse sur Israël et sur l'hu- 
manité entiére, c'est le joug du péché. Un libérateur paraitra, plus puissant que 
Cyrus et que tous les rois de la terre, il délivrera son peuple de la servitude du 
péché et fondera un royaume dans lequel entreront tous ceux qui voudront le servir 
et reconnaitre son empire. Ce ne sera qu'une partie du peuple, au reste, qui retour- 
nera à Jéhovah et sera une semence sainte, Isuie, x, 22; vi, 13. C'est à ce faible reste 
que Jéhovah adresse d'une manière toute particulière ses prophéties sur l'œuvre 
qu'accomplira son Serviteur... Les ch. xr-xLvur mettent en lumière la majesté de 
Jéhovah qui se manifeste par la délivrance matérielle de son peuple; mais déjà 
apparaissent les promesses de la délivrance spirituelle. La personne du Serviteur 
de Dieu forme le centre et le point culminant dans les ch. xux-Lvn. Enfin nous 
contemplons les résultats de l'œuvre du Serviteur et la félicité de ses élus, 1 -זז‎ » 
(Scnurrz.) 

« helativement au langage, il n'y a rien de plus achevé, de plus lumineux dans 
tout l'Ancien Testament que cette trilogie de discours d'Isaie. Dans les ch. r-xxxix, 
le langage du prophète est géneralement plus concis, plus lapidaire, plus plastique, 
quoique déjà, là aussi, son style sache prendre toutes sortes de couleurs. Mais ici, 
XL-LXVI, Où il n'est plus sur le terrain du présent, où, au contraire, il est rayi dans 
un lointain avenir comme dans sa patrie, 16 langage lui-même prend en quelque sorte 
le caractère de l'idéal et je ne sais quoi d'éthéré ; il est devenu semblable à un large 


APPENDICE. 3009 


^ 

fleuve; aux eaux brillantes et limpides, qui nous transporte comme dans l'éternité, 
sur ses flots majestueux et en méme temps: doux et clairs. Dans deux passages seu- 
lement, il est dur, trouble, lourd, c'est uir et Lvr, זטת-9‎ 11», Le premier reflète le 
sentiment de la tristesse, le second celui de la:colére. Partout, du reste, se manifeste 
l'influence du-sujet traité et des sentiments qu'il produit. Dans rxim, 7, le prophète 
prend le ton: du Tefilla (ou de la prière) liturgique; dans Lxm, 195-rxiv, 4, la tris- 
lesse entrave le cours de sa parole; dans Lxiv,5, comme dans Jérémie, mt, 25, on 
entend le ton: du Viddui (la confession) liturgique: » (DELITZSCH.) 

Relativement à son contenu, la seconde partie d'Isaie est également incomparable. 
Elle commence par une prophétie, xt, 3-4, qui met dans la bouche de saint Jean- 
Baptiste le sujet de sa prédication; elle se termine par la prophétie de la création 
d'un nouveau ciel et d'une nouvelle terre, comme la dernière page de l'Apocalypse 
qui, dans le Nouveau Testament lui-même, n'a pu aller au delà ; au milieu, Lu, 13- 
nur, elle annonce les souffrances et la gloire de Jésus-Christ avec autant de clarté 
que si le-prophéte avait assisté à sa mort au pied de là croix et avait été témoin de 
sa résurrection. Ainsi, en commencant, il se place aux premiéres années du Nou- 
veau, Testament, comme les Evangélistes eux-mêmes; il décrit ensuite la mort et la 
résurrection de Jésus-Christ, comme si c étaient des faits accomplis et avec la méme 
clarté que saint Paul dans ses Epitres; enfin, sortant de ce monde, il pénétre dans 
le ciel, comme l'Apocalypse de saint Jean, de sorte que, sans sortir des barrières où 
l'enferme l'Ancien Testament, il réunit, dans sa seule personne, l'évangéliste, . l'a- 
pôtre et l'écrivain apocalyptique. Les souffrances du Messie, qu'annoncent. plusieurs 
psaumes de David, sont ici prédites plus expressément encore. Dans 15816, il ne nous 
apparait plus seulement comme roi et fils de David; c'est le serviteur de Dieu, de 
Jéhovah, qui est tout à la fois roi et pontife, parce que, persécuté à mort par les 
siens, il s'immole volontairement, et Dieu le récompense de son sacrifice en le glo- 
rifiant et le rendant le sauveur de son peuple et des Gentils. Isaie a légué à Israël 
ses sublimes discours pour qu'ils pussent le consoler au milieu. de la captivité de 
Babylone. On les ἃ comparés aux derniers discours que prononca Moise dans la 
plaine de Moab et qui nous ont été conservés dans le Deutéronome; bien mieux en- 
core, aux discours, de Notre-Seigneur, aprés la Céne, que nous lisons dans l'Evan- 
gile de saint Jean. Par leur élévation, leur profondeur, ils comptent en effet parmi 
les plus belles pages de nos Saintes Ecritures. 


Note 24, p. 1953. — EXTERMINATION DE GOG ET DE SON ARMÉE, 


Ezech., xxxvir-xxxix. 


« Cette prophétie, est une des plus difficiles de l'Ancien Testament, dit Calmet. Il 
y ena très peu qui aient plus partagé les anciens et les nouveaux interprètes. » 
Voici l'explication la plus vraisemblable et la plus communément admise aujourd’hui. 
— 19 006 roi de Rósch (Vulgate : chef), de Mosoch et de Thubal, dans la terre de 
Magog, est un chef Scythe. Rósch désigne une peuplade scythe qui habitait les en- 
virons du Taurus; Mosoch et Thubal, les Mosques et les Tibaréniens des auteurs 
classiques. Gog réunit ses soldats, et, sur l'ordre de Dieu, les conduit du septentrion 
contre la Palestine; il a dans son armée des habitants de presque tout le. monde 
, ancien : des, Perses, des Ethiopiens et des Lybiens, des fils de Gomer et/de Thogorma, 
| Cest-à-dire des. Cimmériens et des Arméniens, xxxvi, 4-9. — 2o Son but est de piller 
et de dévaster la Terre Sainte redevenue prospère, 10-16. — 39 Mais cette invasion 
de barbares ne servira qu'à apprendre aüx'paiens quelle est la puissance du vrai 
Dieu, car il anéantira la formidable armée de Gog, 17-23. — 4e Elle périra sur les 
montagnes d'Israél; xxxix, 1-8. — 5» II faudra aux habitants sept années pour brüler 
les, armes des morts et sept mois pour ensevelir leurs cadavres, pendant que les 
oiseaux de proie se rassasieront, de leur. chair, 9-20. — 6° Toutes les nations appren- 
dront ainsi que si Dieu a puni son peuple et l'a livré aux paiens, parce qu'il avait 
péché, il s'est maintenant réconcilié avec lui el ne l'abandonnera plus, 21-29; — Gog 
est la figure des ennemis et des persécuteurs de l'Eglise, Apoc., xx, 7. 
Dans les dernières années du vue siècle avant J,-C., les Scythes avaient fait dans 
l'Asie occidentale une invasion formidable qui avait rendu leur nom redouté et exé- 
cré. Chassés des montagnes du Caucase, qu'ils habitaient, par les Massagètes, ils 


189 


3010 APPENDICE. 


étaient descendus dans l'Asie Mineure; armés de l'arc et montés sur des chevaux, 
comme nous les représente Ezéchiel, xxxix, 3, et xxxvin, 15, ils avaient pris Sardes; 
puis se tournant vers la Médie, ils. défirent Cyaxare, roi de ce pays; de là, ils. se 
dirigèrent vers l'Egypte. Psammétique parvint à les éloigner, à force de présents; 
revenant donc sur leurs pas, ils pillérent le temple d'Ascalon; mais ils furent enfim 
battus et détruits, non. pas cependant sans laisser leur nom aprés eux comme un 
synonyme de. terreur et d'épouvante. La tradition rattache le nom de Scythopolis, 
l'ancienne Bethsan, à la scène de leur désastre. Le souvenir de leurs ravages et de 
leurs. cruautés était encore récent et présent à toutes les mémoires quand écrivait 
Ezéchiel; voilà pourquoi Dieu lui inspira de prendre les Scythes comme l'emblème de 
la violence contre le peuple de Dieu, et de montrer dans leur défaite le signe pro« 
phétique de la défaite de tous les ennemis de son nom | 


Note 25, p. 2282. — MONNAIES MENTIONNÉES DANS L'ÉCRITURE. 


10 La monnaie frappée était inconnue aux Hébreux avant l'époque des Machabées. 
La plupart des échanges se faisaient en nature, c'est-à-dire qu'on donnait un objet à 
la place d'un autre, une brebis, par exemple, en échange d'une étoffe, des sandales 
pour un vase de liqueur (1). Les métaux précieux, dont on se servait aussi, n'étaient 
pas marqués d'une empreinte, mais simplement divisés en lingots, barres, anneaux 
ou fragments d'un poids déterminé; s'ils pesaient un talent, un sicle, etc., on les 
appelait talent, siecle, etc., de sorte que 16 système monétaire correspondait exacte- 
ment à celui des poids et que le nom de ces derniers était aussi celui des monnaies, 
comme on peut voir par le tableau suivant, dans lequel leur valeur est évaluée d'une 
maniére approximative (2). 


OR. ARGENT, 
('alenp = 1 TM 8.500 » 
Mine — 2 eue 2.200 » 141 » 
Scio — d E do eU 2, 83 
BbudbD EE ו‎ 1, 059 
Gérah (obole) . - 2. ep 1i 0, 414 


Le sicle est déjà mentionné dans le Pentateuque (3), de méme que le béqah ou demi- 
sicle (4), le gérah ou vingtième de sicle (5), et le talent (6). Les Hébreux, dans tous 
les échanges, pesaientles métaux précieux pour en déterminer exactement la vaieur, 
dela même manière que le faisaient les Egyptiens, ainsi que nous l'apprennent les 
monuments figurés (1). — La Genése, Josué et Job (8), mentionnent une monnaie 


(1) Voir Figure 3, un marché égyptien, peint sur les piliers d'un tombeau de la v* dynastie (antérieur 
à l'époque! d'Abraham). Sur le registre supérieur, dans la première scène à droite, un marenand est 
assis devant un grand panier, placé sur un support et contenant trois vases. Les hiéroglyphes nous font 
connaitre la conversation du marchand et de l'acheteur. « Voici pour toi de la liqueur sat douce, » dit 
le premier. au second. Celui-ci, qui tient dela main droite une paire de sandales, lui répond : « Voici pour 
toi des sandales solides.» Un second acheteur s'avance, portant à la main droite un petit, coffret. — Dans 
la scene suivante, une femme marchande des poissons à un homme qui prépare un poisson; une nasse 
placée devant lui contient quatre autres poissons. L'acheteuse porte sur son épaule un coffret carré qui 
renferme ce qu'elle và donner en échange au marchand. — Sur le registre inférieur, à droite, deux ache- 
teurs sont debout devant un grand panier rempli de légumes. > Donne voir, donne l'équivalent, יי‎ le 
vendeur au premier acheteur qui tient sous le bras gauche une sacoche et qui en échange présente de 
la main droite au marchand un chapelet 86 verroterie; il a un autre fil de: verroterie dans la main 
gauche. Le second acheteur achéte les légumes en échange d'un éventail qu'il tend de la main droite; 
dans la main gauche, il a un attise-feu. — Plus loin, dans la scène suivante, nous voyons deux hommes 
debout en pourparlers : l'un tient trois hamecons de la main droite. La femme qui suit porte un coffret 
sur l'épaule et est en train de faire des achats à un marchand d'habits. 

(2) Une pièce d'argent de 1 franc pèse 5 grammes; une pièce d'or de 5 fr., 1 gr. 6129; de 10 fr., 
8 gr..2268; de 20 fr., 6 gr. 4316; une pièce de cuivre de 0,05 cent, pèse 5 grammes, 

(3) Gen,, xx, 16. 

(ἢ Ex., xxx, 18. 

(5) Ex., xxx, 13. 

(6) Ex., xxxvii, 24. AT ו‎ 

(7) Voir Figure 4. Le monument est fruste. 42] Vel Filo 10e Md 


(8) Gen., ,זזואצא‎ 10; Jos., xxiv, 32; Job, ,זז זא‎ 6 : 
הלד‎ 1 | a oA 


APPENDICE. 3011 


3, — MARCHÉ ÉGYPTIEN, DANS 


3012 APPENDICE. 


particulière appelée gesilâh, que la Vulgate a traduit par agneau ou brebis; 8 
ignore quel en était le poids et par conséquent la valeur (4). 


—— ו 


4, — ÉGYPTIENS PESANT. DES MÉTAUX PRÉCIEUX, COUPÉS EN FORME D'ANNEAUX, DANS UNE BALANCE, 
AVEG-DES POIDS FIGURANT UNE ANTILOPE COUCHÉE ( THEBES ). 


20 Après la captivité et avant l'établissement de la dynastie hasmonéenne, les Juifs 
comptaient par dariques, célébres monnaies perses, en or pur, portant d'un cóté 
l'efügie du roi tenant une javeline ou un sceptre dans sa main droite et un arc dans 


5.-- DARIQUE. OR (2). 


la gauche; sur le revers est gravé une sorte de carré irrégulier (3). Le nom hébreu 
de ces pièces est darkemón et 'adarkemón, et il est traduit dans la Vulgate par 
solidus, drachma (4). L'évaluation de la darique est incertaine. Paueton l'estime 
25 fr. (5). 


| (1) On a souvent supposé, à cause de la traduction de la: Vulgate, que le gesitäh portait l'empreinte 
* d'un agneau, mais comme la monnaie frappée était complètement inconnue à l'époque de Jacob, cette 
supposition est inadmissible, Cependant il est possible que le gesitáA eüt la forme d'un agneau ou füt 
équivalent à un poids figuré par un agneau, analogue aux poids assyriens et égyptiens, ayant la forme 
de lions, de bœufs, de canards, etc. On explique aussi le 068/10 par la coutume de plusieurs peuples 
de l'antiquité de prendre une brebis comme une sorte d'élalon monétaire, 

(2) Les monnaies que nous. donnons 101 ont été dessinées par M, l'abbé Douillard et gravées par 
M. Gusman, d'après les plus beaux spécimens du cabinet des médailles. de la Bibliothèque nationale. 

(3) Voir Figure 5. Le roi, agenouillé, porte la couronne; il est vêtu de la/longue robe perse; sa barbe 
et ses cheveux sont longs. — On attribue à Darius l'introduction de la monnaie en Perse, d'où le nom de 
darique qui lui fut donné. Le type des dariques fut le méme, à peu de choses prés, pendant toute le 
durée du royaume perse, 

(4) I Esd;, 11, 69; vrir, 27; II. Esd., vir, 70, 71, 72; 1 Par., xxix, 7. Dans ce dernier passage, le mot 
darique est, employé par anticipation, puisqu'il s'agit du temps de David; mais Esdras, qui 68% proba- 
blement l'auteur des Paralipoménes, se sert du mot qui avait cours à son époque, comme nous expri- 
mons quelquefois aujourd'hui en francs la valeur des monnaies anciennes; comme l'a fait la Vulgate 
elle-méme pour les dariques, qu'elle a rendues par « drachmes, » II Esd., vir, 70, 71, 72. 

(5) La darique était la 60* partie de la mine babylonienne et pesait 8 gr. 40. 


APPENDICE. 8018 


30 L'an 440 avant J.-C., Simon Machabée recut d'Antiochus VII Sidétes, δαὶ de 
&yrie, le droit formel de battre monnaie (1). Nous possédons de Simon Machabée t 


6. — SICLE, ARGENT, DE SIMON MAGHABÉE (2), 


de plusieurs des princes qui gouvernérent après lui la Judée, des sicles et des demi- 
sicles d'argent ou de bronze. Le poids moyen du sicle-est de 14 gr. 2; celui du demi- 


7. — DEMI-SICLE, ARGENT. DE SIMON MACHABÉE (3). 


sicle de 7 gr. 1. Ils portent d'ordinaire, d'un côté, une inscription en anciens 
caractères hébreux, sic/e d'[sraél ou demi-sicle, avec l'indication de la date, et sur le 


8, — GRAND BRONZE. DE SIMON MACHABÉE (4), 


revers : Jérusalem la sainte, ou : l'affranchissement de Sion. En observation de la loi, 
aucune de ces monnaies ne porte d'effigie humaine, mais sur les deux faces sont re- 


(1) 1 Mac, xv, 6. 

(2) Une coupe est représentée sur le siele, On lit autour, en vieux caracteres hébreux : Schégél Tarael, 
> sicle d'Israël. Au-dessus de la coupe est la lettre aleph, employée numériquement, désignant da pre- 
miére année où Simon Machabée battit monnaie. Cette année est probablement l'an 141-140 av, J.-C. — 
à. (Revers). Rameau avec trois fleurs, représentant peut-être la verge d'Aaron, Zerouschalem gedoschah, 
« Jérusalem sainte. » 

(3) Une coupe, ornée de pierreries. KAatzi ha-schégel, « demi-sicle, » Au-dessus de la coupe, sche- 
nath ὃ, > année 2 » de Simon Machabée, c'est-à-dire 140-139 avant J.-C. — À. Verge fleurie. Zerous- 
chaleim ha-qedóschah, « Jérusalem la sainte, » 

(4) Deux faisceaux de branches avec feuilles appelés /ou/ab, entre lesquels est un citron appelé &throg. 
Schenath *arba' khatsi, > année quatrième. Demi-sicle. » — À. Un palmier portant des dattes. De 
chaque côté, une corbeille remplie de fruits. Lig'ullath Tsion, > l'affranchissement de Sion, » Le /oulab, 
composé de branches de palmier, de saule et de myrte, représente avec l'éfhrog, citron, les rameaux 
que les Tzraélites devaient porter à la fête des Tabernacles. Lev., xxir, 40; cf. II Esd., vin, 15, 
Les:corbeilles remplies de fruits figurent sans doute les offrandes des prémices, Deut, xxiv, 2; Jér., 
vi, 9. 


- 


8014 APPENDICE. 


présentés, tantôt un vase et une verge fleurie, tantôt un palmier, des épis, une 
grappe de raisin, etc. Les dernières monnaies juives sont celles du roi Agrippa et de 


9, — PETIT BRONZE. DE SIMON MACHABÉE (1). 


Barchochébas. Leur valeur était la méme que celle que nous avons indiquée plus 
haut, au 19. Aprés la ruine de Jérusalem, les Romains firent frapper des monnaies 


40. — MOYEN BRONZE. JUD/EA CAPTA (2), 


représentant au revers la Judée captive sous la forme d'une femme assise sous un 
palmier. 

Du temps de Notre-Seigneur, on se servait surtout, en Palestine, des monnaies 
grecques et romaines. Le Nouveau Testament mentionne une espèce de monnaie 
juive, cinq espéces de monnaies grecques et quatre espéces de monnaies ro- 
maines. 

I. Monnaie juive, — Argenteus, ou monnaie d'argent (3), désigne le sicle. 

11. Monnaies grecques. Elles sont toutes d'argent. — 19 La drachme (4), monnaie 


11, — DRACHME. ARGENT (5). 


d'argent, équivalait au denier romain; elle était la 6,000e partie du talent attique, la 
1006 partie de là mine, et se divisait en 6 oboles. Au siècle de Périclès, 6116 


(1) Une coupe. — à. Lig'ullath Tsion, > l'affranchissement de Sion, » — À. Faisceaux.de branches 
avec feuilles (/ou/ub) entre deux citrons (ethrog). Schenath 'arba*. > année quatrième.» 

(2) Tête laurée de Titus à droite. T. CAES. IMP. AVG. F. TR. P. COS. VI. CENSOR, — à. La Judée 
en pleurs, assise sur des boucliers auprès d'un palmier ; derrière, une cuirasse, un bouclier, un casque 
et un étendard, IVDAEA CAPTA. En exergue ₪, C, (Senatus consulto.) (77 ou 78 de notre ère), 

(3) Matth., xxvt, 15; xxvii, ὃ et suiv. 

(4) Lue, xv, 8, 9. | 

(5) Tête de Pallas casquée, à droite. — ἢ, Chouette sur une amphore dans une couronne d'olivier, A 
gauche, une ancre, ΘῈ (Des Athéniens), TIMA. NIK. APXE (Timarque Nicagoras, magistrat mo“ 
nétaire), 


APPENDICE. 3015 


d'après Letronne, 4 gr. 363 et valait environ 0,92 cent.; après Alexandre le Grand, 
elle descendit jusqu'à 4 gr. 103 ou 0,87 cent. — 20 Le didrachme (1), valait deux 


12, — DIDRACHME. ARGENT (2). 


drachmes ou un demi-sicle ou un demi-statére. — 39 Le s{atère (3), appelé aussi té- 
tradrachme, parce qu'il valait quatre drachmes, était équivalent au sicle. ἢ portait 


13. — STATÈRE OU TÉTRADRACHME. ARGENT (4). 


d'un côté la tête de Minerve, et de l'autre, la chouette, attribut de cette déesse, — 
4* La mine, mna (5), valait, chez les Grecs, cent drachmes. — 39 Le /alent, talentum, 


14. — sTATÉRE. OR (6). 


τάλαντον (7), était d'or ou d'argent. Son poids et sa valeur ont beaucoup varié selon 
les temps et les lieux. Le talent d'or valait dix talents d'argent. Le talent attique 
d'argent était de 70 mines ou 6,000 drachmes, c'est-à-dire de 26 ker. 101 ou 5,560 fr. 
environ; celui de Corinthe ou d'Egine était de 100 mines. 


HI. Monnaies romaines. — 15 Le denier, en latin denarius, pièce d'argent ainsi 


15. — DENIER DE L, ANTESTIUS GRACULUS. ARGENT: (8). 
(4) Mattb., xvir, 23. 
(2) Tête de Pallas casquée, à droite, — ἢ, Chouette dans un carré creux. Deux feuilles d'olivier. AOE,. 
(3) Matth., xvi, 26. 


(4) Tête de Pallas casquée, à droite. — À. Chouette sur une amphore portant la lettre de série A, 
Dans le champ, deux monogrammes; ils désignent le nom de magistrats monétaires qu'il est impossible 


de restituer. Le tout dans une couronne d'olivier, Tétradrachme postérieur à Alexandre le Grand, 
(5) Luc, xix. 13 et suiv. 


(6) Tête de Pallas casquée, à droite, — À. Chouette. Deux feuilles d'olivier et un croissant, à gauche, 
A droite, AOE., 


(7) Matth., xvii, 24; xxv, 15 et suiv.; cf. Apoc., xvi, 21. 
(8) Tête 06 la déesse Rome à droite, avec le casque 8116. GRAG (Graeulus). = À. Jupiter dans aa 


9016 APPENDICE. 


appelée parce qu'elle avait primitivement la valeur de dix as; plus tard elle en valut 
seize. Elle est souvent mentionnée par les Evangélistes (1). Son poids était le méme 
que celui de la drachme ou quart de sicle. Du temps de Notre-Seigneur, le denier 


16. — DENIER D'AUGUSTE. ARGENT (2). 


équivalait à 0,78 cent. environ. Cette monnaie représentait d'abord, d'un cóté la 
déesse Rome ou la Victoire, et de l'autre un char, attelé de quatre chevaux; sous 
l'empire, on la frappa à l'effigie de César (3). Elle constituait la solde quotidienne du 
soldat romain, au rapport de Tacite, comme la drachme celle du soldat athénien, au 
rapport de Thucydide. C'était également la paie qu'on donnait pour leur journée aux 
ouvriers qui travaillaient à la vigne, d'aprés la parabole évangélique (4). C'était aussi 


17. — AS DE FABIUS BUTEO. BRONZE (5). 


enfin la taxe que chaque Juif était tenu de payeraux Romains comme capitation, et 
que saint Matthieu appelle numisma census (6). — 29 L'assarius, diminutif d'as (1), 


46, — ASSARIUS, BRONZE (8). 


quadrige au galop à droite, tenant un eceptre et lançant la foudre, — L. ANTES, — ROMA (Lucius An- 
testius — Roma). Vers 124 avant J.-C. 

(1) Matth., xvni, 28; xx, 2, 9, 10, 13; χχιι, 19; Marc, vr, 37; xit, 15; xiv, 5; Luc, vu, 44; x, 85; 
xx, 24; Jean., vi, 7; xir, 5; Apoc., צ‎ 6. ; M d 

(2) Téte laurée d'Auguste à droite, CAESARI AVGVSTO. — ἢ. Quadrige orné de la Vietcire, mar- 
chant au pas à droite et surmonté de l'image d'un autre quadrige. A l'exergue : SPQR (Ser-zfus popu- 
lusque Romanus). 

(3) Matth., xxir, 19-24, 

(4) Matth., xx, 2 et suiv. 

(5) Tête laurée de Janus, — À. Proue de navire à droite, sur laquelle est posé l'oiseau appelé buteo 
(héron ou cigogne), FABI. ROMA. Vers 89avantJ.-C. 

(6) Matth., xx1r, 19; cf. Marc, τι, 15; Luc, xx, 24. 

(7) Matth., x, 29; Luc, xit, 6. 

(8) Tête radiée d'Auguste à gauche. DIVVS. AVGVSTVS. PATER, — ἢ. Un autel. IMP, T, VESP. 


APPENDICE, 3017 


était une monnaie de cuivre, présentant, de face, la tigure ae Janus, puis, pius tard, 
celle de César, et, sur le revers, une proue de navire. 1l valait de 6 à 7 centimes. 6 


1V. — QUADRANS DE SERVILIUS, BRONZE )( 


Vulgate rend ἀσσάριον, par as (2), et deux 08507776, par dipondium (3). — 30 Le qua= 
drans (4), était un quart d'as en cuivre et valait un peu moins de deux centimes. — 


90. — LA PLUS PETITE MONNAIE DE BRONZE SOUS AUGUSTE (5). 


4» Le minutum, λεπτόν (6), monnaie de cuivre, était la moitié du quadrans, comme 
l'explique saint Marc (1), le huitiéme de l'as, un peu moins de 1 centime. 


AVG. REST. Zmperator Titus Vespasianus Augustus restituit. Dans le champ : ₪, C, (Senatus con- 
sulto). A l'exergue : PROVIDENT (NT est en monogramme), 

(1) Téte d'Hercule, coiffé de la peau de lion, à droite; derrière, trois points, — ἢ, Proue de navire, 
sur laquelle on lit : SERVILIVS; en haut, deux épis. — Caius Servilius ou Serveilius fut magistrat 
monétaire vers 123 avant J.-C. 

(2) Matth,, x, 29. 

(3) Lue, xit, 6. Du temps de Notre-Seigneur, un as représentait en Palestine le prix de deux passe- 
reaux, Matth., x, 29. Pour deux as (de douze à treize centimes), on avait cinq passereaux, Luc, xii, 6, 

(4) Mattb., v, 26; Marc, xir, 42. 

(8) Une enelume. MESSALA. APRONIVS, III. VIR. — À. GALVS. SISENNA. A, A. A. F. F, Dans 
le champ : S. C. — Cornelius Sisenna, vers l'an 12 avant J.-C., üt partie d'un collége monétaire avec 
Volusus Valerius Messalla, Apronius et Galus. 111 VIR signifie ériumvir; A. À, À, Ἐν F., are argento 
auro flando feriundo ; S. C. senatus consulto. 

(6) Luc, xir, 59; xxi, 2 ; Marc, xit, 42, 

(7) Marc, xii, 42, 


NOUVEAU TESTAMENT 


APPENDICE 


Note 1, p. 2326 et 2475 (Matt., 1, 1-17 et Lu^, πὶ, 23-33). — LA DOUBLE GÉNÉA- 
LOGIE DE NOTRE SEIGNEUR EN 8. MATTHIEU ET EN S. LUC. 


Pour rendre compte des différences qu'on remarque entre ces deux généalogies, il 
y ἃ deux sentiments : 

Le premier tient que S. Matthieu a donné la généalogie de S. Joseph, et S. Luc 
celle de la sainte Vierge. Cette hypothése semble plausible pour deux raisons : 

19. Il était naturel que S. Matthieu, écrivant pour les Juifs, fit voir que Jésus était 
l'héritier. de David, et qu'il prouvát, par sa généalogie légale ou paternelle. qu'on 
ne pouvait contester au Christ le droit de succession. Il convenait également que 
S. Luc, qui écrivait pour les Gentils, considérât le Sauveur comme né de la femme, 
et qu'il exposát sa généalogie réelle. Aprés avoir annoncé si expressément que Jésus 
n'avait pas de père sur terre, il serait étonnant qu'il eût donné sa généalogie légale 
par son pére putatif. Ajoutez que, dans le cas οὐ il aurait voulu la citer, on ne 
verrait pas pourquol il n'aurait pas suivi la méme ligne que S. Matthieu. 

2*Les termes employés par S. Luc : Jesus était, comme l'on croyait, fils de Joseph,qui 
le fut d' Héli, se prêtent sans etfort à cette explication, soit qu'on traduise simplement : 
Jésus passait pour étre fils de Joseph, lequel l’élait d'Héli, en rapportant à Joseph 
le relatif qui, soit qu'on entende: Jésus était regardé comme né de Joseph, mais il 
létait d'Héli, en rapportant le pronom relatif au mot Jésus énoncé précédemment. 
— Dans le premier cas, il faut admeltre que Joseph tient la. place de Marie son 
épouse ou qu'il est. nommé comme gendre d'Héli, mais on sait que tel était l'usage 
chez les Hébreux; et S. Luc n'avait pas à craindre 06 tromper personne par cette 
substitution, les chrétiens étant avertis par S. Matthieu. que le véritablé pére de 
S. Joseph était Jacob, et la tradition assignant au père de la sainte Vierge préci- 
sément le nom de Joachim, synonyme d'Eliachim ou d'Héli. — Dans le second cas, 
les termes de la traduction écartent la difficulté et l'empéchent méme de s'offrir à 
lesprit. Il est vrai que ces mots: Qui fut d'Héli, ne doivent pas s'entendre d'une 
filiation stricte, mais d'une simple descendance, puisque Héli serait l'aieul de 
Notre Seigneur et non son pére proprement dit; mais c'est le sens qu'on donne à 
ces mots dans une foule d'endroits de l'Ecriture et le seul qui s'offre ici, si l'on 
continue de rapporter à Jésus les mots qui suivent: Qui fut de Mathat, qui fut de 
Dieu. ll est vrai encore que cette traduction aurait peine à s'accorder avec le grec, 
si l'on s’attachait au texte recu; mais l'aecord devient facile si l'on admet une lecon 
qui ne parait pas avoir moins d'autorité, celle des manuscrits du Vatican et גו‎ | 
Sinai, les plus anciens de tous. 

Un second sentiment, trés ancien et très commun chez les Docteurs jusqu'au 
quinzième siècle, regarde les deux généalogies comme propres à S. Joseph, et elle 
en explique les différences par un usage juif, celui du lévirat. En Judée, quand une 
femme restait veuve et sans enfant, elle devenait l'épouse de son beau-frére ou d'un 
de ses proches, et les enfants qui naissaient de cette union prenaient le nom du 
premier mari défunt; ils étaient censés les siens. De là pour un grand nombre la 
pluralité des généalogies, les lignes fictives ou légales s'adjoignant aux lignes na- 
turelles ou à la descendance réelle. De là pour S. Joseph une double filiation, Jacob 


APPENDICE. ! 3010 


étant son pere naturel indiqué par S. Matthieu, et Héli, frère utérin de Jacob et 
mort avant lui sans enfant, étant son père légal. désigné par 8. Luc. De méme pour 
Salathie]. (L. BACUEZz.) 


Note 2, p. 2327 et 2469 (Matt., τι, 1 et Luc, 11, 8). — BETHLÉEM. 


Bethléem, « la maison de pain », ainsi appelée sans doute à cause de la fertilité 
de son territoire, était la patrie de David et de Notre Seigneur Jésus-Christ. Elle 
appartenait à la tribu de Juda et avait été surnommée Ephrata, « la fertile », pour 
la distinguer d'une autre Bethléem de la tribu de Zabulon. 

« Bethléem est bâtie: [à 822 mètres d'altitude] sur un monticule qui domine une 
longue vallée. Cette vallée s'étend de l'est à l'ouest: la colline du midi est couverte 
d'oliviers clair-semés sur un terrain rougeátre, hérissé de cailloux; la colline du 
nord porte des figuiers sur un sol semblable à celui de l’autre colline. » (CHATEAU- 
BRIAND.) 

« La colline occidentale a des pentes abruptes du cóté du midi et beaucoup plus 
douces vers le nord; vers le couchant, elle n'est presque plus escarpée, et vers 
l'orient, la pente est plus douce encore. La seconde colline, qui lui fait face de ce 
cóté, est moins haute, mais plus large. La ville est ainsi partagée en deux parties 
qui se répondent, et comme sur trois points elle est environnée de vallées, elle offre 
aux regards un horizon très étendu et trés varié. Jadis entourée de murs, elle est 
actuellement ouverte, et c'est plutót un grand village qu'une ville proprement dite. 
Sa longueur de l'ouest à l'est atteint à peine neuf cents pas, et sa largcur en moyenne 
ne dépasse point deux cent cinquante pas. » (V. GoÉRIN.) 

Ainsi élevée sur sa double colline, avec les champs de blé et les vignobles qui 
s'étendent à ses pieds, Bethléem est comme le type du village juif. Le puits, dont 
David désirait boire de l'eau, est non loin de la porte. A l'est sont les collines sau- 
vages où paissaient les troupeaux de David, du prophète Amos et des autres pasteurs 
bethléémites. 

Le climat de Bethléem est assez froid, à peu prés identique à celui de Jérusalem. 
La neige y tombe de temps en temps en hiver, mais elle fond vite. L'air y est assez 
vif et le vent y souffle quelquefois avec violence. 

L'église de la Nativité s'élève aujourd'hui au-dessus de la grotte où est né 
Jésus-Christ. Elle est située dans la partie septentrionale de la colline orientale, au- 
dessus de la vallée des caroubiers. C'est dans la crypte de l'église, sous le chœur, 
qu'est la grotte de la Nativité. Elle a 12 métres 40 de longueur de l'est à l'ouest sur 
3 m. 90 de largeur et 3 de hauteur, et servait d'étable au temps de Notre Seigneur. 
Les parois du rocher, ainsi que le pavé, disparaissent actuellement sous un revé- 
tement de marbre. Dans une petite chapelle, à l'est, on voit sous l'autel une étoile 
d'argent avec cette inscription : Hic de Virgine Maria Jesus Christus natus est. Tout 
auprès, du côté du midi, est la chapelle de la Crèche, où l'on descend par trois 
marches. On y voit une créche de marbre avec un enfant Jésus en cire. La véritable 
crèche, ou plutôt les fragments qui en restent, ont été transportés à Rome en 642 et 
sont conservés aujourd'hui dans la basilique de Sainte-Marie-Majeure, dans la cap- 
pella del Presepe. Ces fragments sont cinq petites planches minces, d'un bois noirci 
par le temps, dont les plus longues ont environ vingt-cinq centimétres de longueur. 
Elles sont liées ensemble et placées dans deux belles coquilles en cristal simulant 
un berceau. 

A l'est de Bethléem s'étend une petite vallée, nommée Ouadi el-Scharábéh, qui 
se dirige vers la mer Morte. Elle a une lieue de longueur environ et est trés fertile. 
C'est là que s'élevait la Tour du Troupeau, Migdal Heder (Gen., xxxv, 21) auprès de 
laquelle Jacob fit paitre ses brebis, et où, dit S. Jérôme, veillaient, à environ mille pas 
de Bethléem, les bergers qui entendirent le Gloria in excelsis au moment de la Nativité 
(Luc, 11, 14). Sainte Hélène fit construire en ce lieu une église dédiée aux saints Anges. 
On n'y voit plus qu'une grotte formant une chapelle souterraine où l'on descend par 
vingt-une marches; on y remarque les restes d'un pavé en mosaïque, des peintures 
sur bois et des débris de colonnes; elle est située au milieu d'une plantation d'oliviers 
entourée d'une clôture. Dans le voisinage est un champ appelé le champ de Boos 


APPENDICE,‏ חל 


(Ruëh, u-u1). À dix minutesrde la grotte est le village de Deir er-Haouat ou Couven: 
des pasteurs. On croit que c'est de là qu'étaient les bergers à qui !es anges annon- 
cérent la naissance du Sauveur. Le village d'oü ils étaient porte aujourd'hui le nom 
de Beit-Sahour; il est situé à quinze minutes vers l'est-sud au-dessous de Bethléem, 
sur une colline assez basse qui s'étend de l'ouest à l'est. On y remarque d'anciennes 
cavernes qui servent encore maintenant d'habitation à quelques familles ou d'abris 
à quelques troupeaux. 

Les coutumes et les mœurs antiques se sont conservées jusqu'à présent à Bethléem 
«Le costume des Bethléémites, s'il faut en croire l'opinion commune, dit le P. de 
Géramb, est 8 peu prés ce qu'il était au temps de Notre Seigneur Jésus-Christ. Celui 
des femmes, soit à la ville, soit aux environs, m'a particulièrement frappé. Elles sont 
habillées absolument comme la sainte Vierge, dans les tableaux qui la représentent; 
ce sont, non seulement les mêmes formes de vêtements, mais les mêmes couleurs : 
robe bleue, manteau rouge, ou robe rouge, manteau bleu, et un voile blanc .par- 
dessus. La première fois qu'il m'arriva d'apercevoir de loin une Bethléémite portant 
dans ses bras un petit enfant, je ue püs m'empêcher de tressaillir : il me semblait 
voir venir à moi Marie et l'enfant Jésus. — Une autre fois, mon émotion ne.fut pas 
moins vive: je voyais un vieillard à cheveux blancs et barbe blanche, conduisant un 
âne le long de la montagne sur laquelle Bethléem est située; il était suivi d'une jeune 
femme habillée de bleu et de rouge, et parée d'un voile blanc. J'étais à Bethléem ; 
je me crus au temps de Gésar-Auguste. Un instant, les deux personnages furent pour 
moi Joseph et Marie, venant, pour obéir aux ordres du prince, se faire enregistrer. 
— Le costume des paysans reporte aussi la pensée vers des souvenirs touchants: 
il est, assure-t-on, tout à fait semblable à celui des bergers du temps de la naissance 
du Sauveur, et dâte de plus de deux mille ans. C'est une espèce de chemise ou tu- 
nique serrée autour du corps par une courroie, et un manteau par-dessus. Point.de 
chaussure: on va ordinairement pieds nus. » 


Note 3, p. 2528 (Matt., 11, 2). — L'ÉTOILE DzS M^GES. 


S. Matthieu rapporte que des mages vinrent à Bethléem pour adorer Jésus-Christ, 
et qu'ils y furent conduits par une étoile qui allait devant eux et qui s'arréta à 
lendroit oü était l'enfant. Or, disent les adversaires de nos divines Ecritures, 
personne n'ignore que les étoiles, à raison de leur immense élévation, ne peuvent 
indiquer une ville, pas méme un pays, bien moins encore une maison. 

La difficulté des incrédules tombe d'elle-méme, dés que l'on considére que le 
terme asíer employé dans le texte grec, et le mot latin stella de la Vulgate, sont sus- 
ceptibles non seulement du sens d'étoile proprement dite, mais encore d'un simple 
météore lumineux qui, vu à une certaine distanee, a toutes les apparenees d'une 
étoile... Le mot grec aster se trouve employé par Homère dans le sens d'un météore, 
auquel il compare la descente de Minerve sur la terre. Aristote s'en ést également 
servi avec la méme signification... « Nous pouvous méme, sans sortir de notre 
langue, dit Bullet, donner un exemple de cette double acception. On appelle parmi 
nous étoile un météore qui parait souvent en été en forme d'une étoile qui tombe 
(étoile filante), et ce n'est pas seulement le peuple qui parle ainsi; nos philosophes, 
qui se piquent d'une grande exactitude dans leurs expressions, ne s'expliquent 
point autrement. Les Arabes appellent aussi étoiles ces météores lumineux qui sem- 
blent tomber du ciel. » (J.-B. Grains.) - 


Note 4, p. 2330 (Matt., ,זו‎ 22). — LA GALILÉE. 


La Galilée, « cercle, circuit », qui joue un si grand rôle dans l'histoire évangélique, 
est à peine mentionnée dans l'Ancien Testament. On l'appelait « la Galilée (ou le 
cercle, l'habitation) des Gentils » (Matt., iv, 15), parce que les Gentils ou paiens y 
habitaient en grand nombre. A l'époque des Machabées, ils y étaient plus nombreux 


- 


APPENDICE. 3091 


que les Juits eux-mêmes. Ils venaient princrpalement de la Phénicie et étaient attirés 
par la richesse de cette fertile contrée. 

Au commencement, on ne donnait le nom de Galilée qu'à la partie haute du pays, 
qui s'étend vers l'ouest au nord du lac de Tibériade, et qui était occupée par les tribus 
d'Aser, de Zabulon et d’Issachar (d'où l'application de la prophétie d'Isaie faite par 
S. Matthieu, 1v, 14-16). Après la captivité, les Juifs reprirent peu à peu possession 
du pays, en s'établissant d'abord au sud, mais la population fut toujours une popu- 
lation mixte. ₪ 

Du temps de Jésus-Christ, la Galilée formait une province particulière et 56 1% 
en Galilée supérieure et en Galilée inférieure. Joséphe nous a laissé une description 
des deux Galilées : « Au couchant, dit-il, elles ont pour limites les frontières du ter- 
ritoire de Ptolémais et le Carmel, montagne appartenant autrefois aux Galiléens et 
maintenant aux Tyriens; au midi, la Samarie et Scythopolis (voir la note sur la 
Décapole) jusqu'aux rives du Jourdain; au levant, l'Hippéne et la Gadaritide, ainsi 
que la Gaulanitide et les frontières du royaume d'Agrippa; au septentrion enfin, 
Tyr et toute la région des Tyriens. La Galilée inférieure se développe en longueur 
depuis Tibériade jusqu'à Zabulon, qu'avoisine sur la cóte Ptolémais, et, en largeur, 
depuis le bourg de Xaloth, situé dans la Grande Plaine, jusqu'à Bersabée, où com- 
mence la Galilée supérieure. Celle-ci s'étend de là en largeur jusqu'à Baka, qui la 
sépare du pays des Tyriens, et en longueur depuis Thella, bourg voisin du Jourdain, 
jusqu'à Meroth. » | : 

Les montagnes les plus hautes de la Galilée inférieure s'élévent à peine à six cents 
métres au-dessus de la. Méditerranée. « Parsemées d'innombrables vallées généra- 
lement trés fertiles, elles étaient elles-mémes autrefois cultivées jusqu'à leur sommet, 
et sur leurs pentes s'étageaient de belles plantations d'oliviers, de figuiers, de vignes 
et d'autres arbres fruitiers que des broussailles ont en partie remplacées depuis 
longtemps; à leur pied croissaient, comme maintenant encore, du blé, de l'orge et 
d'autres céréales. » (V. GUÉRIN.) 


Note 5, p. 235) (Mall, 11, 23). — NAZARETH. 


Nazareth, dont le nom signifie vraisemblablement « rejeton », est une bourgade 
de.Galilée qui n'est pas mentionnée une seule fois dans l'Ancien Testament. Elle doit 
toute sa célébrité au séjour qu'y a fait Notre Seigneur. 08/16 en étages sur un amphi- 
théâtre entouré de toutes parts de collines, elle est à 210 mètres environ au-dessus 
de la plaine d'Esdrelon. C'est un des endroits les plus agréables et les plus gracieux 
de la Palestine. Ses maisons à toits plats et toutes en pierre, avec leurs murs d'un 
blanc. éblouissant, sont encadrées dans la verdure. Partout des jardins, des oliviers, 
des figuiers et des cactus. 

Sur l'emplacement de la maison de la sainte Vierge s'éléve aujourd'hui l'église de 
l'Aunonciation, au sud de la ville. Cette église a été construite dans sa forme actuelle 
en 1130; elle a reçu divers embellissements en 1817. La maison qu'avait habitée la 
sainte Famille fut transportée miraculeusement à Lorette à la fin du פוווצ‎ siècle. Elle 
était auparavant à l'endroit qui porte aujourd'hui le nom de Chapelle de l’Annon- 
cialion, dans la erypte de l'église, du même nom. > Cette chapelle est divisée par 
un mur en deux parties. La première partie contient lautel de l'Annonciation. En 
face de l'autel, à gauche, on voit deux colonnes en granit qui marquent, selon la 
tradition, la place où se tenaient l'ange Gabriel et Marie à l'heure de l'Annonciation. 
L'autel, fort simple, orné seulement d'un tableau moderne représentant l’Annoncia- 
lion, est entouré de lampes d'argent, et sur la table de granit qui forme la paroi du 
fond, on lit ces mots : VERBUM CARO RIG FACTUM EsT. À droite de l'autel, une petite 
porte conduit dans une arrière-salle (chapelle de S. Joseph), où l'on trouve un autre 


, autel adossé au précédent, et orné d'un tableau représentant la Fuite en Egypte, 


(Sur l'autel on lit cette inscription : Hic ERAT sUBDITUS iLLIS.) De là un escalier de 
quelques marches monte dans une petite chambre taillée dans le roc, qui représente 
la cuisine de la sainte Vierge. » (ISAMBERT.) 

Au nord-est de l'église de l'Annonciation, dans le quartier musulman actuel, est 
situé l'Atelier de S. Joseph. On croit qu'une église avait été construite sur cet empla- 


APPENDICE. 


tes Croisés. Il. n’en reste que quelques débris, sur une, partie desquels 
ו‎ ont élevé une chapelle de 1858 à 1859. Il est impossible de savoir au 
juste comment était disposé ce lieu du temps de Notre Seigneur. \ 

A quatre minutes de Nazareth, au nord-est, est la Fontaine de la Vierge, dont la 
source est enfermée aujourd'hui dans la partie septentrionale de l'église de 5 Gabriel 
qui appartient aux Grecs. L'eau passe dans un canal devant l'autel de l'église, à 
gauche, et est ainsi conduite à la Fontaine proprement dite, où l'on voit toujours 
des femmes qui viennent y remplir de grandes urnes à forme antique. Cette eau est 
bonne et abondante et. sert à arroser les jardins de Nazareth en méme temps qu'elle 
abreuve ses habitants. Comme c'est l'unique fontaine qu'on rencontre dans toute Ja 
localité, on ne saurait douter que la sainte Vierge et l'enfant Jésus ne s'y soient 


rendus souvent 


3022 


Note 6, p. 2332 (Matt., ut, 7). — LES PHARISIENS. 


Les Pharisiens ne passaient pas pour alléger le joug de la loi. En général, leur 
doctrine était exacte. Cependant Notre Seigneur leur reproche de s'écarter, sur des 
points importants, de la justice et de la vérité : « Ce sont des aveugles, dit-il, et 
des conducteurs d'aveugles. » Tandis qu'ils poussaient jusqu'au scrupule l'exactitude 
aux petites choses, ils se mettaient peu en peine du grand précepte de la charit®. 
Is disaient: « OEi! pour œil et dent pour dent, » ce que S. Augustin appelle justt?4 
injustorum. lls comptaient pour peu de chose les fautes intérieures. Ils éludaient 
certaines obligations par des subtilités. Ils en exagéraient d'autres au-delà de toute 
mesure, surtout la loi du sabbat. 

Leur caractére était bien plus répréhensible que leur enseignement. Sauf un petit 
nombre, dont la vertu contrastait avec les défauts de la secte, entre autres Nico 
dème, neveu de Gamaliel, ils étaient orgueilleux, fiers de leur savoir, pleins de pré 
tention, de dédain pour leurs fréres, insensibles aux faiblesses et aux besoins du 
prochain, avares, hypocrites. Ils disaient et ne faisaient point. Ils affectaient l'aus 
térité, le jeûne, les ablutions fréquentes, les longues prières; mais tout cela pat 
amour-propre et par intérêt. Il leur fallait partout les premières places et les témoi 
gnages de respect. Ils rendaient eux-mêmes des honneurs aux prophètes, quand ils 
étaient morts; mais durant leur vie, quand ceux-ci les reprenaient de leurs vices, 
ils les persécutaient et cherchaient à les perdre. lls passaient les mers et parcou 
raient le monde pour faire des prosélytes, mais dans la seule vue de les attacher à 
leur secte et de leur inoculer leurs principes et leurs vices. En somme, Notre Seigneur 
leur préférait les publicains, quoique odieux au peuple et regardés, dit Tertuilien 
comme des pécheurs de profession. Aussi les frappe-t-il, peu de temps avant sa mort 
des plus terribles malédictions. De leur cóté, les pharisiens ne pouvaient le souffrir, 
lis étaient jaloux de sa réputation, de son influence et de ses miracles. Aprés lui 
avoir tendu toutes sortes de pièges et lui avoir suscité toutes sortes d'oppositions 
ils finirent par le faire attacher à la croix. (L. BACUEZ.) 


Note 7, p. 2332 (Matt., ux, 7). — LES SADDUCÉENS. 


L'origine du nom des Sadducéens est douteuse. D'aprés la tradition commune ues 
Juifs, les Sadducéens étaient ainsi appelés de Sadoc, disciple d'Antigone de Socho, 
lequel avait recu la loi orale de la bouche de Simon le Juste, le dernier membre de 
la Grande Synagogue. Quoi qu'il en soit, du temps de Notre Seigneur, la secte des 
Sadducéens se composait surtout des membres de l'aristocratie juive. Sur la plupart 
des points, ils étaient en opposition avec les Pharisiens. Ceux-ci affirmaient que 
Moise, outre la loi écrite, avait donné aux lsraélites une loi orale, qui s'était con- 
servée par tradition. Les Sadducéens le niaient. Leur priucipale erreur, qui leur est 
reprochée expressément dans l'Evangile, consistait à rejeter le dogme de la résurrec- 
tion des morts. 115 n'admettaient pas non plus l'existence des anges. Les Sadducéens 
disparaissent de l'histoire avec le premier siécle et cédent la place aux Pharisiens 
dont les croyances deviennent bientôt tout à fait prédominantes parmi les Juifs. 


AbPENDICE. 3023 


Note 8, p. 2334 (Matt., 1v, 18). — LA MER DE GALILÉE OU LAC DE TIBERIADE 
ET DE GÉNÉSARETH. 


« Ce lac, auquel les Hébreux donnaient aussi le nom de mer, comme à tous les amas 
d'eau un peu considérable, s'appela. d'abord 100 de Cennérelh, de Génésarelh ou de 
Génésur : dénominations qui, bien que diverses, ne désignaient qu'une seule et même 
ville, מט‎ seul et méme pays à l'extrémité méridionale de la Galilée. On le nommait 
encore mer de Galilée, parce que vers le nord et l'orient il était enveloppé de cette 
province. {l ne prit le nom de Tibériade que lorsqu'Hérode eut fait bâtir cette ville, 
sur l'emplacement, dit-on, de Génésareth, en l'honneur de Tibère, lors de l'élévation 
de-ce prince à l'empire. — Quoique dépouillé des villes, des villages et des magni- 

‘ques maisons! qui l'embellissaient il y a deux mille ans, et malgré la nudité des 
montagnes qui l'entourent, ce lac n'en offre pas moins encore aujourd'hui un aspect 
délicieux. Bordé de tous côtés de lauriers-roses, qui inclinent leurs branches toufïues 
et fleuries sur la tranquille surface de ses ondes limpides, il présente l'image char- 
mante d'un immense miroir encadré dans une guirlande de verdure et de fleurs. 
C'est une miniature du lac de Genève. » (Dg GÉRAMB.) 

Tous ceux qui l'ont visité ont été ravis d'admiration par sa beauté. « La mer de 
Galilée, large d'environ une lieue à l'extrémité méridionale, s'élargit insensiblement, 
dit Lamartine, les montagnes qui la resserrent [au sud] s'ouvrent en larges golfes 
des deux cótés, et lui forment un vaste bassin [ovale], où elle s'étend et se déve- 
loppe dans un lit d'environ quinze à douze lieues de iour. Ce bassin n'est pas 
régulier dans sa forme, les montagnes ne descendent pas partout jusqu'à ses 
ondes: tantót elles s'écartent à quelque distance du rivage et laissent entre elles et 
cette mer une petite plaine basse, fertile et verte comme ג1‎ plaine de Génésareth; 
tantôt elles se séparent et s'entr'ouvrent pour laisser pénétrer ses flots bleus dans 
des golfes creusés à leur pied et ombragés de leur ombre. 

» La main du peintre le plus suave ne dessinerait pas des contours plus arrondis, 
plus indécis et plus variés que ceux que la main créatrice a donnés à ces eaux et à 
668 montagnes; elle semble avoir préparé la scène évangélique pour l'œuvre de grace, 
de paix, de réconciliation et d'amour qui devait une fois s'y accomplir. A: l'orient, 
les montagnes forment, depuis les cimes du Gelboé, qu'on entrevoit du côté du midi, 
jusqu'aux cimes du Liban, qui se montrent au nord, une chaine serrée, mais ondulce 
et flexible, dont les sombres anneaux semblent de temps en temps prêts à se dé- 
tendre et se brisent méme çà et là pour laisser passer un peu de ciel. 

» Au bout du lae, vers le nord, cette chaine de montagnes s'abaisse en s'éloignant; 
on distingue de loin une plaine qui vient mourir dans les flots, et, à l'extrémité de 
cette plaine, une masse blanche d'écume qui semble rouler d'assez haut dans la mer. 
C'est le Jourdain qui se précipite de là dans le lac. Toute cette extrémité nord de la 
mer de Galilée est bordée d'une lisière de champs qui paraissent cultivés. 

» Les bords de la mer de Galilée, de ce cóté dela Judée, n'étaient, pour ainsi dire, 
qu'une seule ville. Les débris multipliés devant nous et la multitude des villes et la 
magnificence des constructions que leurs fragments mutilés témoignent, rappellent 
à ma mémoire la route qui longe le pied du Vésuve, de Castellamare à Portici. 

' Comme là, les bords du lac de Génésareth semblaient porter des villes au lieu de 

inoissons et de forêts. » (LAMARTINE.) 


Note 9, p. 2358 (Mait., xu, 46). — LES FRÈRES DU SAUVEUR. 


Matt., xit, 46, ses rréres, c'est-à-dire ses cousins ou ses proches en général. Chez 
les Hébreux, comme chez les autres peuples de l'antiquité, le mot frére se prenait 
souvent dans ce sens plus étendu Ainsi dans la 662686, xiu, 8, Abraham et Lot sont 
appelés fréres; cependant Lot n'était que le neveu d'Abraham, puisque celui-ci était 
frère d'Aran, le père de Lot (Gen., xi, 21). De méme dans la Genèse, xxix, 15, Laban 
est dit frére d'Abraham; mais ce méme Laban était petit-fils de Nachor, le propre 
irére d'Abraham, et, par conséquent, son petit-neveu. Dans le livre de Tobie, vn, ἃ, 


3024 APPENDICE. 


Raguel donne le nom de frère à Tobie, son véritable cousin (vers. 2). Dans le méme 
livre, vir, 9, le jeune Tobie, parlant à la fille de Raguel. qui était simplement sa 
cousine, lui dit: Ma sœur. On peut voir d'autres exemples daus le Lévilique, xxv, 48; 
Deutéron,, v, 4, 8, etc. Pour n'en citer qu'un seul pris d'un autre peuple, nous ferons 
remarquer que, dans Quinte-Curce, Amyntas est appelé frére d'Alexandre, bien qu'il 
ne fût que son cousin germain, du côté de son père. Ainsi l'Evangile a pu donner le 
nom de frères et de sœurs de Jésus à des personnes qui étaient simplement) ses 
proches; mais la-t-il donné réellement? ll nous semble qu'il n'y a pas lieu: d'en 
douter. — Toute l'antiquité chrétienne, comme le remarque justement D. Calmet, 
a toujours cru que Marie avait conservé sa virginité aprés, comme avant et pendant 
lenfantement miraculeux de son divin fils Jésus. Quant à l'objection de quelques 
anciens hérétiques, tels qu'Eunomius et Helvidius, prédécesseurs des protestants et 
| des rationalistes modernes, nous y avons suffisamment répondu. (page 2), par des 
arguments qu'une saine critique ne saurait légitimement récuser. Toutefois nous 
croyons devoir en ajouter ici un nouveau en faveur de ceux de nos lecteurs qui ne 
sont pas étrangers à la philologie sacrée. Tl est certain que le terme hébreu becór, 
rendu dans le texte grec par prôtotokos, et, dans la Vulgate, par primogenitus ou 
premier-né, signifie proprement, comme phéler réhem (ou simplement phéter), qui 
lui sert souvent d'explicatif, fente, ouverture, et ce qui fend, ce qui ouvre un. sein 
(quod aperit vulvam). Or il ny a rien là qui prouve que la trés sainte Vierge ait eu 
d'autres enfants aprés Jésus-Christ. — Nous ajouterons, avec Aberlé (Dict. della 
Théol. cathol.), que si ces frères de Jésus-Christ, dont parle l'Evangile, avaient été 
ses véritables frères selon la chair, il serait très singulier que jamais Marie n'eüt été 
appelée leur mére; il serait tout à fait inconcevable que Jésus eüt recommandé sur 
la croix sa mère à saint Jean (Jean, xix, 26, 21), tandis qu'ayant d'autres fils, c'eüt 
été le devoir naturel de ceux-ci de la recueillir, et ils n'y auraient certainement pas 
manqué. — On ne voit daus le Nouveau Testament, comme fils de Marie, que Jésus, 
et c'est précisément par opposition avec ceux qui sont appelés ses fréres, qu'il est 
désigné comme le fils de Marie (Marc, vr, 3). — La manière dont Jésus, du haut de 
la croix, recommande sa mére à saint Jean prouve encore qu'il. était le fils unique 
de Marie, car il est dit littéralement : Voilà le fils de vous; avec l’article détermi- 
natif, qui aurait évidemment manqué, s'il y avait encore d'autres fils de Marie. — Un 
nouvel argument en faveur de notre thése est la possibilité de démontrer quelle fut, 
en dehors de la trés sainte Vierge, la véritable mére de ceux qui sont appelés les 
frères du Sauveur. Saint Matthieu cite (xxvii, 56), parmi les femmes présentes au 
crucifiement, une Marie, mère de Jacques et de Joseph; saint Marc le dit également 
(xv, 40), et, de plus, il distingue ce Jacques d'un autre Jacques, fils de Zébédée, par 
le surnom de 76 petit (o0 mikros) ou le mineur. Comme il ne parait en général dans 
le Nouveau Testament que deux Jacques, il n'y a pas de doute que le premier ne 
soit celui que saint Paul nomme (Galat., 1, 19) le frère du Seigneur, celui à qui sa 
position comme premier évéque de Jérusalem, donnait alors une haute importance; 
celui enfin dont l'épitre fait partie du Nouveau Testament. — Saint Jude, au com- 
mencement de son 'épitre, se nomme /rère de ce Jacques. Ainsi on trouve dans le 
Nouveau Testament pour trois des frères du Seigneur, Jacques, Joseph-et Jude, une 
Marie qui est leur mère, et qui est différente de la mère de Jésus. Or, cette Marie est, 
sans aucun doute, identique avec la Marie nommée par saint Jean (xix. 25) la femme 
de Cléophas et la sœur de la mère du Seigneur. Cléophas, ou selon une autre: forme 
de ce méme nom, Alphée, était par conséquent le pére de Jacques, de Joseph et. de 
Jude; et, en effet, Jacques est, en plusieurs circonstances (Matt., x, 35 Marc; ut, 48; 
Luc, νι, 15; Act., 1, 18), nommé 76 fils d'Alphée. Pour Simon ou Siméon, il est expres- 
sément désigne comme le fils de Cléophas par Hégésippe, le plus ancien historien de 
l'Eglise. 11 est donc incontestable que les quatre frères de Jésus étaient simplement 
ses cousins du côté de sa mère; et si, d'après la donnée d'Hégésippe, Cléophas tait 
un frère. de; saint Joseph, ils l'étaient aussi vraisemblablement du côté paternel, — 
On a objecté que deux, sœurs vivantes n'ont pas pu porter le méme now. Mais il 
fallait prouver que cela n'avait jamais lien chez les Juifs, surtout dans les derniers 
temps. Cet usage existait incontestablement chez les Latins, puisque, sur les quatre 
filles qu'avait Octavie, la sœur de l'empereur Auguste, et. qui vécurent en méme 
temps, deux se nommaient, sans autre surnom, Marcella, et les deux autres Octavie. 
— On a dit encore que, d'aprés saint Hilaire, saint Epiphane, Théophilacte et plu- 


— 4 


3095 איה 


sieurs autres anciens, saint Joseph avait eu des enfants d'une autre femme avant son 
mariage avec la sainte Vierge, et que ce sont ces enfants que l'Ecriture appelle lea 
fréres de Jésus-Christ. Origéne remarque à ce sujet que c'est le faux évangile de 
saint Pierre ou celui de saint Jacques qui ἃ donné lieu à cette opinion. Il est certain 
qu'elle n'est nullement fondée sur la tradition, et il est trés vraisemblable que ceux 
qui, l'ont adoptée l'ont fait uniquement parce qu'ils ont cru devoir prendre ici le 
mot-frére dans sa signification propre, en l'étendant seulement aux fréres de lits 
différents. Les interprètes ont donc pu avec raison dresser le tableau généalogique 
suivant, lequel montre que les prétendus fréres de Jésus n'étaient que ses cousins. 


Anne. — Joachim. 
ן‎ 


Cléophas ou 410266, — Marie. Marie. = Joseph. 
| 
Jacques, Joseph, Jude, Siméon, Jésus, 
apôtre. Spa évéq. 
e 
Jérusalem. 


Nos adversaires, nous ne l'ignorons pas, ont opposé à nos arguments des dif- 
ficultés plus ou moins spécieuses; mais ils sont forcés de convenir que ces difficultés 
ne dépassent pas les limites de l'hypothése, et que sous ce rapport méme notre 
sentiment est le mieux fondé en raisons. Quoi qu'il en soit, nous avons pour nous 
toute l'antiquité chrétienne, qui a toujours cru que Marie avait conservé 0 RES 
après avoir enfanté Jésus-Christ. Or, un pareil témoignage, si on consu ih ἃ uo 
critique, doit l'emporter sur toutes les hypothéses, méme les plus séduisantes. 


(J.-B. GLAIRE.) 


Note 10, p. 2358 (Matt., xit, 8). — LES PARABOLES DE L'ÉVANGILE. 


« La beauté et le charme, même littéraire, des paraboles de l'Evangile m'ont attiré... 
La parabole évangélique est un petit drame, et je n'hésite pas à dire qu'à considérer 
la vérité des caractéres et de l'action, ces drames sont plus vivants et plus animés 
que les apologues les plus admirés. Ils représentent la vie du monde et de la terre 
aussi bien que s'ils n'étaient pas destinés à nous enseigner la vie du ciel... Les ca- 
ractères que j'admire dans les paraboles évangéliques [sont] la variété des détails, 
la vivacité de l'action, et, de plus, l'élévation et la pureté de la morale; c'est là 
ce qui fait la divine supériorité de la parabole évangélique sur l'apologue oriental... 
La lecon que donne la fable est d'une morale médiocre et toute mondaine: la lecon 
évangélique indique à l'homme la voie à suivre pour arriver au ciel. La parabole a 
toutes les formes et tous les agréments de la fable; elle a de plus une morale toute 
divine... Nulle part ce caractère de la parabole, égale à l'apologue pour la forme, 
supérieure pour la morale, n'éclate mieux que dans les grandes paraboles de l'enfant 
prodigue ou du mauvais riche. L'enfat prodigue est passé en tradition dans la lit- 
érature; le mauvais riche est entré dans la peinture, dont il est devenu un des 
sujets favoris... L'action est vive et frappante; elle grave profondément dans l'esprit 
la morale qu'elle contient; c'est un drame que personne n'oublie une fois qu'il l'a 
vu et qui rappelle à chacun de nous la lecon qu'il exprime... ll y a dans les auteurs 
anciens bien des récits allégoriques destinés à exprimer des vérités morales ou méta- 
physiques. La Gréce aimait ces mythes, à ce point méme qu'elle en oubliait le sens 
pour la forme; Platon se servait souvent de ces fables symboliques; mais il n'y a 
aucun de ces récits mythologiques qui, même dans Platon, puissent étre comparés 
aux paraboles évangéliques. Ils n'ont ni la simplicité ravissante, ni la vérité expres- 
sive, ni l'utilité et la clarté morale de la parabole. א‎ (SaiNrT-MaRC GIRARDIN.) 


190 


HISTOIRE 
DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST 


SELON LES QUATRE ÉVANGILES 


| S. Matth. | S. Marc. S. Luc. S. Jean. 


t. Préface à Théophile. | ל‎ | Sopa ae 3 Uude os 
PREMIÈRE PARTIE 
wie cachée de Notre Seigneur : Scs trente premiéres années 
9. Le Verbe : sa génération éternelle, τ δέπας π΄. SION copier ΗΕ 1 1-14 
3. S. Jean Baptiste annoncé à Zacharie. 1... - . . 4 4919) 4 5-25 
4. Annonciation de la sainte Vierge. ULTRI ITA 1 26-38 
5. La Visitation. .. 5 e 9» * * δ... 1 39-56 
6. Naissance de saint Jean-Baptiste. DEAL ΡΊΔΕ RAS 1 51-80 
7. Soupcons de saint Joseph. 1 19-25 
8. Naissance du Sauveur. «teu vo MANIERE 
9. Circoncision. «m VIN. Omita כ‎ 1 
10. Adoration des Mages. 2 1-12 
11. Présentation au temple. | +... sr V הו‎ 
19. Fuite en Egypte. Massacre des Innocents. | 2 13-18 
13 Genéalogies. 1 4T PEN L9 24-95 
14. Retour d'Egypte. 219-23 Mi. ἘΠ τὶ 
45. Jésus parmi les docteurs. —— δδ)Ὃᾳὔά [ τ: 1: si etel ey J^. HEU 
16-54 vie A Nazareus ו של‎ AIRES US Rs GEAR nre fet ΠΕΣ 2 50-52 
17. Prédication et baptéme de saint Jean. 3 1-10] 1 1-6 3 1-14 98 
18. 1er témoignage de S. Jean à .א‎ ₪. 311-12! 1 7-8 3 15-11 |. 1.15 
19. Daptéme du Sauveur. 313-11| | 9-11, 3 21-23 
20. Jeûne et tentation au désert. 4 1-10| 112-13| 4 1-13 
21. Second témoignage de Jean-Baptiste. — | - «ss | ..... | ..... | 8 
22. Troisième témoignage. eue τ ee וי‎ 
DEUXIÈME PARTIE 
Vie publique de Notre Seigneur : Sa prédication 
(An 30-33.) 
93. Premiers disciples à la suite de N. S. PAPE AN IEEE || 
25. Jésus fait son premier miracle à Cana. 9 Ἐ UU, 21028 0U4EA 
25. ἢ} se retire à Capharnaüm. Ἐπ 030 41303 #9 “5.16 
Première Pâque. 
96. Jésus-Christ se rend à Jérusalem. SALUE | UT | RERUM. συν 
27. || chasse les vendeurs du temple, es. |... ee ANNEE) 


JÉSUS-CHRIST SELON L'ÉVANGILE. 30?7 


S. Matth. S. Marc. 


28. Ses paroles et sa conduite aprés cette 


action. 5 C-o m n. ecole 
29. Son entretien avec Nicodème. societe 
30. 4e témoignage de Jean-Baptiste. | ..... |... .. 
31. Emprisonnement de S. Jean-Baptiste. 1% 3-4 Ὁ 17-18 
32. Entretien avec la Samaritaine. {| «| ..... 
33. Retour en Galilée. & 12 4 14 
34. Second miracle à Cana. | +. . .. S ἴον... Ὁ 
35. Retour à Capharnaüm. 4 13-16 | 122 
36. Prédication aux alentours. 4 17 sortait, 
37. Synagogue de Nazareth. ΠῚ ..... |... 
38. Démoniaque de Capharnaüm. ה[‎ 
39. Belle-mére de saint Pierre guérie. 8 14-11 | 4 29-34 
40. Tournée dans la Galilée, 4 23-25 | 1 35-39 
41. Avis aux disciples. 5כל-819‎ | ₪ 
49. Péche miraculeuse de S. Pierre. 4 18-22 | 1 16-20 
43. Tempête apaisée. 8 23-26 | 4 36-40 
44. Possédés de Gadare. 8 38-34 | ὃ 1-20 
45. Retour à Capharnaüm. gr 2 
46. Guérison d'un Paralytique. 9 2-8 2 2-19 
47. Vocalion de S. Matthieu. 9 9-48 | 2 13-11 
48. Fille de Jaïre et hémorrhoisse. 918-26 | 5 21-43 
49. Deux aveugles guéris. 9 27-31 
50. Possédé muet. 9 ו‎ 4 


51. ד ^7 1 - :== .מס הטטק סתטגוק‎ Die sn. à ג עב‎ ME te D 1-41 
52. Epis rompus le jour du sabbat. 12 18 PROS [501 1-Ὁ 
53. Main aride guérie le jour du sabbat. 12 9-14 | 3 4-16! 6 1 
54. Miracles et bonté du Sauveur. 12 15-96 | 8 1-12 
אנחה.6.כם‎ des Apôtres. . |00 [-----. 3 13-19 | 6 6 
56. Sermon sur la montagne. 5 1-1 | n 617-19 
57. Lépreux guéris. 8 2-4 1 40-45 | ὃ 12-44 
58. Serviteur du centurion guéri. S513. | cg 7 1-10 
59. Le fils de la veuve de Naim ressuscité. 6 | . .... estate M ILES 
60. Disciples de saint Jean-Baptiste devant 

Notre Seigneur. || 1201... 7 18-35 
61. .א‎ 5., Simon et la pécheresse. | ..... wu ong 7 36-50 
62. Les femmes pieuses et leurs libéralités. | ..... | . . .. 8 2 
63. Ses parents veulent s'emparer de lüi. προ | 20-2 
64. Démoniaque aveugle et muet. 12 99-50 | 3 22-25 | 11 14-32 
65. Blasphéme contre le Saint-Esprit. 12 30 
66. Signes de Jonas. 12 39-41 
67. Ninivites et reine de Saba. 12 42 
68. Esprit immonde chassé de son repaire. | 12 43 
69, Beatus venter! 12 45-50 |." T8 90-8 
10. Parabole de la semence, 18. 8599} 4 23-25] 8 8 
71. Lampe sous le boisseau. 9 15 4 21 8 16 
72. Zizanie. 13 24-43 
73. Graine qui germe. >) 
74. Sénevé. 13 31-32 | 4 30-34 
15. Levain. | 13 33 
76. Trésor caché, 13 44 
17. Perle. 13 45-46 
78. Filet. 13 41-54 


19. Jésus revient à Nazareth, 13 53-58] 6 1-6 


5028 CONCORDE DES ÉVANGILES. 


S. Matth. S. Marc. S. Luc. S. Jean 
80. Discours aux apôtres; mission. 9 35-14 | 6. 7-13 | 9 1-6 
81, Mort de saint Jeau-Baptiste. 14 1-12| 6 14-29 | 9 9 
82, Multiplication des cinq pains. 14 13-21 | 6 30-44 | 9 109-17 | 6 1-15 
83. Jésus fuit les honneurs et marche sur les 
flots. 14 22-36 CAES ו‎ ΩΣ 6 46-21 
8%. Promesse de l'Eucharistie. Ὁ ele JUS ae ו‎ 6 22-72 


Troisième Pâque (Jean, vr, 4). 


85. La vraie pureté est intérieure. 15 1-20| 7 8 
86. Chinanéenne aux environs de Tyr. 15 91-28 | 7 0 
87. Sourq 0011066 guéF-69 D] le pes 7 32-31 
88. Multiplieation des sept pains. 15 31-39 | 8 4-10 
89. On demande des signes. 16 1-4 8 11-13 
90. Levaim des pharisiens. 16 5-12 | 8 14-21 
91. Aveugle guéri à Bethsaide. NE 8122-26 
92. Pierre, fondement de l'Eglise. 16 13-20 | 8 21-30 | 41 
93. Passion prédite; Pierre repris. 16 21-28 | 8 31-39 4..9.22-81 
94. Transtiguration. 17 1-13| 9 1-6 
95. Lunalique guéri. 17 14-20 | 9 13-28. | 31-43 
96. Nouvelle prédiction de la Passion. 17 21-22 | 9 29534119 44945 


97. Dernier séjour à  Capharnaüm; di- 


drachme. 17 23-36 
98. Rivalité des apôtres. 18 1-5 | 9 32-10 | 9 46-50 
99. Scandale. 18 6-11| 9 41-50 
100. Drebis perdue; drachme; prodigue. ו‎ 19 1-32 
101. Correction fraternelle. 18 15-90 
102. Pardon des injures. 18 21-35 | 
103. Fête des tabernacles. Jésus à Jérusalem. | + . . . . ELSE 9 51 7 2-10 
104. Il passe par là Samarie. εἰ ὦ epe iei ean P EARS 
105. Les dix lépreux. COCO) «ἰδία ΡΝ MIRE 
106. Il préche au temple : ses ennemis di- 
visés. οὗτος perna. 7 11-53 
107. Il revient au temple. Femme adultére. | ..... soc | SEE 
£08. [| affirme:sa divinité 07 |] UNIES e ci. ו‎ Me EE 8 12-50 
109. Guérison de l'aveugle ué. PITT, ER On essere 9. 1-41 
410. Bon pasteur. Spese iege niteat hy ddr me δ 10 1 
111. Mission des 72 disciples et retour. 2 שק‎ | «ge mu ae M 
112. N. S. rend grâces à son Père. || 25-30 | τ c I dLOT- OE 
140. .]הסימה מ‎ ^ | 1] "'".. Dress Ἢ 3ouced sa PU DOC: 
114. Jésus chez Marthe et Marie. — [| ..... en ne tlL0,38-42 
115. Maniére de prier : persévérance. סיב‎ DICO] S ee roD Edna? 
116. .א‎ S. chez un pharisien : Ve/ | ..... pete lo dd. dz 4 
117. Exhortation : Riche qui a fait une bonne 
récolte. egentes mede TEASE 
118. Pénitence, figuier stérile; parabole. — | ..... ἘΠΕ 2h el AO RAR 
119. Porte étroite. Piège d'Hérode. 2331-99 | . : Ten 
120. Notre Seigneur chez un pharisien un jour {ll 
de Sabbat. 10 37-42 | ..... | 14. 4-35 
191. Féte de la dédicace. .. | ל‎ 
122. L'économe infidèle. «99. 9 Le co ee e PRG 
123. Le mauvais riche, ! es s ois | ...:.| 
124. Avénement du règne de Dieu. capes ו‎ | 
125. Prière; veuve; pharisien et publicain. eed... | 18 17-14 
126. Mariage et célibat. 19 1-12 | 10 1-12 | 16 8 
197. .א‎ S. hénit des enfants. 19 13-15 | 10 13-16 | 18 15-17 


128. Jeune homme bon, mais riche, 19 16-26 | 10 17-27 | 18 13-21 


JÉSUS-CHRIST SELON L'ÉVANGILE. 8029 


S. Matth. S. Marc. S. Luc. S. Jean. 


199. Récompense assurée aux apótres. 19 27-30 | 10 28-31 | 18 28-30 
130. Ouvriers de la vigne 20 1-16 . 
131. Maladie et résurrection de Lazare. elec eel +... ..3Π} 0, 6d 6520s 58 


TROISIÈME PARTIE 


Derniers jours du Sauveur : Sa vie souíírante et glorteuse 
(An 33, mars-avril.) 


49 PRÉLUDES 


132. Mauvais desseins des Juifs. . 66} . ..9}9 10} 8.45. 9290910 46460156 
133. Jésus annonce sa passion. 20 17-19 | 10 32 18 31-34 
134. Demande des fils de Zébédée. 20 20-28 | 10 35-45 
135. Aveugles de Jericho. 20 29-34 | 10 46-53 | 18 35-43 
136. Zachée. .|.h lub 1187204 20 0 
1987. Parabole dé» fides. | | . . . delle. כ‎ C0 MM S 2T 
138. Jésus chez Lazare à Béthanie. — — | ..... 14 3 Quas? , Manto 
139. Repas chez Simon. 26 6-13| 15 3-9 4 
140. SEMAINE ΒΑΙΝΤΕ. Dimanche. Entrée à 

Jérusalem. 21 1-11 | 11 1-11 | 19 29-14 | 12 12-19 
141. Retour à Béthanie. 21 11 1413 
142. Lundi. Jésus rentre à Jérusalem. Fi- 

guier maudit. 41 11-19 | 11 12-14 
143. I chasse les vendeurs du temple. 21 12-16 | 11 15-18 | 19 45-48 
15%. Reto à Béthanie, | . . . - . 1... 4..}..... 14 19 
1435. Mardi. Figuier desséché. 21 20-22 | 11 20-26 
146. « Par quelle autorité ? » 21 23-21| 11 21-33 | 20 1-8 
147. Les deux fils. 21 28-32 
148. Les locataires de là vigne. 21 33-46 | 12 1-12 | 20 9-19 
149. Les invités aux noces. 21 1-14 
150. Les hérodiens et l'impót. 22 15-22 | 12 13-11 | 20 20-26 
151. Les sadducéens et la résurrection, 22 23-33 | 12 18-21 | 20 21-40 
152. Le grand commandement. 22 34-40 | 12 98-34 
153. Le Christ, Fils et Seigneur. 22 41-46 | 12 35-31 | 20 41-44 
154. Sur les scribes et les pharisiens. 29 1-39 | 12 38-40 | 20 45-41 
155. La veuve etsesdeux deniers. . —.. . | . . . .. 12 41-44 | 21 1-4 
156. Prophétie sur Jérusalem. 24 1-51|13 1-37] 21 5-28 
157. Parabole des dix vierges, 25 1-13 
158. Parabole des talents. 25 14-30 
159. Le jugement dernier. . 20 31-46 
160. Des Gentils veulent voir Jésus. «οἱ sl.23hlnade D 250 42494 ָ 2690-36 
161. Réflexion de saint Jean. כ ל‎ | 1236-50 
169. Jésus prédit sa mort prochaine. 26 1-2 
163. Mercredi. Conspiration contre Jésus. | 26 3-5 | 14 1- 2|22 1-2 
164. Judas s'engage à livrer son maitre. 26 14-16 | 14 10-11 | 22 6 

Quatrième Pâque. 

165. Jeudi. Cène légale. 26 17-20 | 14 17-25 | 22 14-18 
166. Le Sauveur lave les pieds des apôtres sd... | .. 6, 0 
167. Institution de l'Eucharistie. 26 26-28 | 14 22-24 | 22 19-20 
168. Quel sera le traitre? 26 21-25 | 44 18-21 | 99 21-23 | 13 21-22 
169. Notre Seigneur l'indique à Pierre. |... .. ss. | 371019 | 0 
170. Prétention et débat des apôtres, solos | ..... 8 


171. Commandement nouveau. “οἷο se | oce caps 1! 5 


2020 CONCORDE DES ÉVANGILES. 


S. Matth. S. Marc. S. Luc. S. Jean. 
472. Fuite des apótres et reniement de Pierre 
.  prédits. 26 31-35 | 14 21-31 | 99 81-33 8 
173. Discours aprés la Céne. οἷο non . Miete 8b a10129712221-19| Sf 60 
474. Prière solennelle du Sauveur. efe tene) | epie lex leti] ete eme mE 
$* PASSION 

175. Jardin des Oliviers. 26 36 14 32 22 39-40 18 1 
176. Prière et agonie du Sauveur. 26 31-46 | 1# 32-42 | 22 41-46 
177. Arrestation du Sauveur. 20 41-56 | 14 33-52 | 22 41-53 18 2-12 
418. Il est conduit devant Anne. א‎ CN 1 = er USE La 18 13-14 
179. Et aussitót aprés, devant Caiphe. 20 51-58 | 14 53-54 | 92 54 {δ 15-16 
480. Ibest interrogé et souffleté., . { . . . ||... een 2. [718 19-93 
481. Faux témoins. 20 60-62 | 14 55-61 
182. 1] se dit fils de Dieu et est condamné. | 26 63-63 | 14-61-65 
183. Reniement et repentir de S. Pierre. 26 69-15 | 14 66-72 | 22 55-62 | 18 95-21 
184. Outrages faits au Sauveur durant la 

nnt, ΠΡ ORI s ER tes dede cq asl Meg eds 22 63-65 
485. Vendredi. Sanhédrin. 21 1 15.4 22 66-11 
186. Jésus amené à Pilate, 94 9 15 1 23.4 18 98 
187. Mort de Judas. 21 3-10 
188. Jésus devant Pilate. 2111-14 | 15 2-5 |23 2-5.|48 29-38 
189. Jésus devant Hérode; — b || | —— {ὺ MAJ. sse d mers 23 6-12 
190. Barabbas préféré à Jésus. 27 15-26 | 15. 6-15 | 23 13-25 | ₪8 0 
191. Flagellation et couronnement d'épines. | 27 26-31 | 15 15-20 | . «ὦν 19 3 
492. Ecce homo; - δὶ 0t | gr-zt 11 T 91-5/ ב‎ «i5. δ. ἡ πον eal 8 
193. Nouvel interrogatoire de Pilate.. | 22 | inst Ki $0019 
194. Condamnation du Sauveur. 27 26 15 15 23.23 19 13-16 
195. Simon de Cyrene. 21 32 15 21 23 25 
356. Saintes femmes. | — | ל‎ Ie... ... | PAS ΔΙ τῆ 
197. Cracifiement. 21 32-38 | 15 22-38 | 23 33 19 17-24 
198. La mére de Jésus. bbs |] 000 19 25-21 
199. Insultes au Sauveur. 27 39-44 | 15 29-32 | 23 25-39 
200. Le bon larron. LE e «ss | 23: 40-43 
201. Dernier soupir du Sauveur. 21 50 15 37 23 46 19 28-30 
202. Ténèbres et autres prodiges, 27 45-53 | 19 33-38 | 23 44-45 
903. Centurion et autres spectateurs. 27 54-56 | 19 39-41 | 23 41-49 
904. Le.côté ouvert: 19 | 3-12 CET 2l. LC | « ESOS 850 «5« 1o |] 
205. Sépulture. 27 51-61 | 15 49-47 | 23 50-55 | 19. 38-42 
206. Garde du Sépulcre. 27 62-66 
207. Les saintes femmes achètent des aro- 

mates. EEG ee ere ein 
208. Samedi. Repos; achats d'aromates le 

EU n ων. PAL κὸν ΡΥ AEST SENE 16 4 

8. GLORIFICATION 

209. Dimanche. Résurrection. Saintes femmes 

au tombeau. 28 1-2 |16 2-4 | 24 1-2 [20 1 
910. Apparition d'anges. 28 9-1 |16 5-1 |94 4-8 
211. Pierre et Jean au sépulere. ו‎ 24 19 20 3-10 
219. Jésus apparait à Madeleine. —. —. | ..... 46 9-19. |; οὐ 6. 1520:431-18 
213. Il apparait aux saintes femmes. 28 8-10 
214. Les gardes et les princes des prétres. | 28 11-15 
215.08pparttjoa à Pierre, | 2. : . eleven .....| 24 35 
216. Apparition d'Emmaüs. ele 16 12-13 | 24 13-35 


917. Apparition aux dix apôtres. Seres oss A 9% 36-43 1 20 19-23 


JÉSUS-CHRIST SELON L'ÉVANGILE. 3)31 


S. Matth. S. Marc. S. Luc. S. Jean. 


ARMAR. ἀμ o otim 


. Apparition à Thomas et aux dix autres. | ..... | ..... | . .... | 9 


. Apparition du lac de Tibériade. ה‎ | .....| 21 4 
. Apparition sur une montagne de Ga- 
lilée. 28 16-20 

. Apparition à Jérusalem; dernières pa- 

roles de Jésus. e. | 16 14-18 | 24 44-50 
. Ascension. .....| 69 24 51-53 
. Travaux des apôtres. ..... | 16 20 

ΜῊΝ 20 30-31 

. Epilogue. ... ..... - 


(L. Bacug.) 


CITATIONS PAR ORDRE ALPHABETIQUE 


DES TEXTES DE LA BIBLE QUI ÉTABLISSENT LE DOGME CATHOLIQUE 


CONTRE LES ERREURS DES PROTESTANTS 


ABsoLuTION. Le pouvoir de donner l'absolution promis et accordé aux pasteurs de 
l'Église : Matth., xvr, 19; xvii, 18. Jean, xs, 22, 23. 

ANGES. Nous sommes confiés à leurs soins : Matth., xvi, 10. Hébr., 1, 14; voy, 
aussi : Exod., xxii, 20, 21. Ps. xc, 11, 12, elc. ; ils offrent nos prières : Apoc., VII, 
3, 4; ils prient pour nous: Zachar., 1,19; nous sommes en communion avec eux : 
Ilébr., xu, 22; ils ont été honorés par les serviteurs de Dieu : Josué, v, 13 à 16, 
et invoqués : Genése, נוא‎ 15, 16. Osee, xu, 4. Apoc., 1, 4. 

BaperEMF. ll est prescrit par le Christ : Malth., xxvi, 19; nécessaire au salut : 
Jean, 11, 5; administré par les apôtres avec de l'eau : Actes, viu, 36, 38; x, 47, 
48; de plus, Éphés., v, 26. Hébr., x, 22. I Pierre, ut, 20, 21. — Pour le baptême des 
enfants : Luc, xvi, 16, comparé avec Jean, 111, 5. 

BIENHEUREUSE VIERGE MARIE. Voy. VIERGE MARIE (LA BIENHEUREUSE). 

BoNNES ŒUVRES. Voy. OEUVRES (BONNES). 

CHEFS OU GOUVERNEURS DE L'ÉGLISE ET LEUR AUTORITÉ : Deuléron., xvit, 8, 9, etc. 
Matth., xvi, 17, 18; מונצצא‎ 18, 19, 20. Luc, x, 16. Jean, xiv, 16, 17, 26; xvi, 13; 
xx, 21, etc. Ephés., 1v, 11, 12, etc. Hébreux, xui, 7, 17. 1 Jean, iv, 6. 

CnnisT (LE). Il est le Fils unique de Dieu, le vrai Fils de Dieu par nature, le seul en- 
gendré de Dieu : Matth., xvi, 16. Jean, 1, 14; ut, 16, 18. Rom., vin. 32; 1 Jean, 
ιν, 9; — le méme Dieu que son Pére et égal à lui : Jean, v, 18, 19, 23; x, 30; 
XIV. 9, etc.; מטא‎ 14, 15; xvi, 10; Philipp., x, 9. 6: vrai Dieu. : Jean; n MS XX, 
28, 29. Actes, xx, 25. Rom., 1x, 5. Tite, it, 13. I Jean, וז‎ 16; v, 20; de plus : Isaie, 
IX, 6; xxxv, 4, 5. Matth., 1, 23. Luc, 1, 16, 17. Hébr., 1, 8; — il est le Créateur de 
toutes choses : Jean, t, 3, 10, 11. Coloss., 1, 5, 16, 17. Hébr., t, 2, 10, 41, 12; in, 4; le 
Seigneur de la gloire : 1 Corinth., τι, 8; le Roi des rois et Seigneur des seigneurs: 
Apocal., xvii, 14; xis, 16 : le premier et le dernier, l'alpha et l'oméga, le commen- 
cement et la fin, le Tout-Puissant : Apocal., 1, 8, 17, 18; m, 8; xxi, 12, 13; Il est 
mort pour tous : Jean, ut, 13, 17. Rom., v, 18. II Corinth., v, 14, 15. 1 Timoth., 11, 
3, 4, 5, 6; Hébr., τι, 9. I Jean, τι, 1, 2; méme pour les réprouvés : Rom., xiv, 15. 
I Corinth., vin, 11. II Pierre, τι, 1. 

COMMUNION SOUS UNE SEULE ESPÈCE. Elle est suffisante pour le salut : Jean, vi, 51, 
92, 58, 59; le corps et le sang de Jésus-Christ sont maintenant inséparables : Ro- 
mains, vi, 9; mention d'une espéce seulement : Luc, xxiv, 30, 31. Actes, 1t, 42, 
46; xx, 7. I Corinth., x, 17. 

CoNCILES DE L'ÉGLISE (LES) assemblés au nom du Christ sont assistés par le Christ : 
Matth., xxvi, 20, et par le Saint-Esprit: Actes, xv, 28; leurs décrets doivent être 
soigneusement observés par les fidèles : Actes, xv, 41; xvi, 4; voy. CHEFS ou 
GOUTERNEURS DE L'ÉGLISE. 

Conression DES PÉCHÉS : Nombr., v, 6, 7; Malth., 11, 6. Actes, xix, 18. Jacques, v, 
16; l'obligation de la confession est une conséquence du pouvoir judiciaire de 


2033 


CITATIONS PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE. 


lier et de délier, de retenir les péchés, donné aux pasteurs de l'Église du Christ ; 
Matth., xvur, 18. Jean, xx, 22, 23. 

CONFIRMATION. Elle a été administrée par les apôtres : Actes, viu, 15, 17; xix, 6; 
voy. aussi II Corinth., 1, 21, 22. Hébreux, νι, 2. 

COoNTINENCE. Elle est possible : Matth., xix, 11, 12; le vœu qu'on en fait engage : 
Deutéron., xxii, 21; la violation du vœu est condamnable.; 1 Timoth., v, 12; la 
pratique en est recommandée : I Corinth., vit, 8, 27, 37, 40; pour des motifs qui 
regzardent particulièrement le clergé : vers. 32, 33, 35. 

ÉCRITURE SAINTE. Elle est difficile à comprendre, et beaucoup en corrompent le 
sens pour leur propre perte : M Pierre, πι, 16; elle ne doit pas s'expliquer par une 
interprétation particulière : Il Pierre, τ, 90; elle est corrompue par les héré- 
tiques : Malth., xix, 11. I Corinth., vi, 9; 1x, 5; xr, 27. Galat., v, 17. Hébreux, 
XH 2l. 

ÉcusE (v') DE Jésus-Curisr. Elle subsistera à jamais : Malth., xvi, 18; xxvi, 2). 
Jean, xiv, 46; 17.. 08. κυνε 9; nxsr, 9, 7; rxxxvil, 9, 4, 29, 36, 37; צאצ0‎ 13, 
14. Isaie, 1X; 7; 11v, 9, 10; rix, 20, 215 1x, 15, 18, etc.; Ext, 6. Jérém., xxxr. 35, 
36; xxxi, 17, etc. Éxéch., xxxvir, 21, 26. Daniel, 1t, 44; l'Église est Le royaume 
du Christ, : Luc, 1, 33. Daniel, w, 44; 76 cité du grand Roi : Ps. xLviIr, 2: son 
repos et son, habitation ἃ jamais : Ps. oxxxt, 13, 14 ; la maison du Dieu vivant : 
I Timoth., ut, 15; le bercail, dont le Christ est le berger : Jean, x, 16; le corps 
dont le Christ est chef : Coloss., 1, 18: Ephés., v, 23; l'épouse dont il est l'époux : 
Éphés., v, 31, 32; toujours soumise à lui : v, 24; toujours aimée. et chérie. de 
lui : v, 25, 29: et unie à lui d'une union indissoluble : v, 31, 32 ; l'Église est.la 
colonne et le fondement (ou. le puissant appui) de la vérité : Y Timoth., ur, 15; le 
pacte de Dieu avec elle est un pacte, éternel de paix : Exéch., xxxvu, 96; 
pacte confirmé par un serment solennel, immuable comme celui fait avec Noé : 
Isaie, iv, 9; comme celui fait avec le jour et avec la nuit pour toutes les géné- 
rations : Jérém., xxxin, 20, ?1: Dieu sera son éternelle lumière : Isaie, Lx, 18, 
19; tous ceux qui se réuniront contre elle tomberont; et la nation qui ne voudra 
pas la servir” périra : Isaie, vx, 12, 15, 17; — l'Église est toujours une : Cantiq., 
vi, 8, Jean, x, 16. Éphés., 1v, 4, 5; toujours visible : Isaie, τι, 2, 3. Michée, 1v, 1, 2. 
Matth., v, 14; elle s'étend partout et enseigne un grand nombre de nations: 
Ps. 11, 8; xxr, 28. Isaie, ,אהזא‎ 6; Liv, 1, 3: Daniel, n, 35, 44. Malach., 1, 11, etc. ; 
— l'Église est infaillible en matière de foi : c'est une conséquence des pro- 
messes divines qui lui ont été faites : voy. en particulier : Matth, xvr, 18; 
xvni, 19, 20. Jean, xiv, 16, 17, 26; xvi, 18. 1 Timoth., ni, 14, 19. 150/06, xxxv, 8; 
Liv, 9, 10; ,או‎ 19, 20, 21, etc. 

EsPRIT-SAINT. Voy. SAINT-ESPRIT (LE). 

ÉTERNITÉ DES PEINES DE L'ENFER : Ma'/fh., ni, 12; xxv, 41, 46. Marc., 1x, 42 à 47. 
Luc., nr, 17. Il Thessal., 1, 7, 9. Jude, 6, "i. Apocal., xiv, 10, 11; xx, 10 ,, voy; aussi 
Isaie, XXXIH, 14. 

EUCHARISTIE. Le présence réelle du corps et du sang de Jésus-Chrst, et la £rans- 
substantiation prouvées par : Matth., xxvt, 26 à 28. Marc, xiv, 22, 24. Luc, ,אא‎ 
Jean, v1, 51,52, etc. I Corinth., x, 16; ,זא‎ 23 à 29. 

ÉVÈQUES. Voy. CHEFS DE L'ÉGLISE. 

EXTREME-ONCTION : Jacques, v, 14, 13. 

FEMMES. Elles ne doivent ni précher ni enseigner : I Corinth., xiv, 34, 35. 1 Ti- 
moth., 11, 2 à 12. 

For. La vraie foi est nécessaire au salut : Marc, xvi, 16 ; Actes, tr, 47; vv, 19 ; Hébreux, 
xr, 6; — la foi sans les bonnes œuvres est une foi morte : Jacques, 11, 44, 17, 
20, etc., la foi seule ne justifie pas : vers. 24, mais la foi agissant par la charité < 
Galat., v, 6; la foi n'implique pas l'assurance absolue de l'état de gráce, et beau- 
coup moins encore du salut éternel: Rom., xi, 20, 22. I Corinth., 1x, 27; x, 12. 
Philipp., ,זו‎ 12. Apocal., ut, 11. 


3031 CITATIONS PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE. 


GOUVERNEURS DE L'ÉGLISE. Voy. CHEFS DE L'ÉGLISE. 


IMAGES recommandées par Dieu : Exode, xxv, 18, etc. Nombres, xxi, 8, 9, et placees 
des deux côtés du propitiatoire, dans le sanctuaire : Exode, xxxvi, 7; et dans 
le temple de Salomon : II Paralip., n1, 10, 11. IIl Rois, vi, 23, 32, 35; et cela par 
une ordonnance divine : I Paralip., xxvii, 18; honneur relatif aux images du 
Christ et des saints autorisé : Hébreux, ΧΙ, 21; voy. aussi: 11 Rois, vi, 12 à 15. 
II Paralip., v, 2, etc. Ps. xcvi, 5. Philipp., τι, 10. 


INDULGENCES. Le pouvoir de les accorder : Malth., xvi, 18, 19; l'usage de ce peuvoir: 
1 Corinth., u, 6 à 8, 10. 


INTERCESSION DES SAINTS. VOy. SAINTS. 
JÉSUS-CHRIST. Voy. CHRIST (LE). 


JEUNE. Il est recommandé dans l'Écriture : Joël, 1 12; pratiqué par les serviteurs 
de Dieu : I Esdras, vii, 23. 1] Esdras, 1, 4. Daniel, x, 9,3, 1, 12, etc.; il porte Dieu 
à la miséricorde : Jonas, 111, 5, etc.; il est d'une grande efficacité contre ledémon: 
Marc, 1x, 28; il doit être observé par tous les enfants de Jésus-Christ : Matthieu, 
IX, 19. Marc, 11, 20. Luc, v, 35; voy. encore : Actes, xii, 35 xiv, 22. Il Corinth., NI, 
5, ΧΙ, 27; jeûne du Christ de quarante jours : Matth., 1v, .ל‎ 


LIBRE ARBITRE : 000056, 1V, T. Deutéron., xxx, 19. Ecclésiastique, xv, 14; il résiste sou- 
vent à la grâce de Dieu : Proverb., 1, 24, etc. Isaie, v, 4. Éxéch., xvi, 23, 31,32; 
xxxii, 11. Mat£h., xxut, 37. Luc., xut, 34. Actes, vu, 51. Hébreux, xi, 15. II Pierre, 
ur, 9. Apocal., Xx, 4. 


MARIAGE, sacrement représentant l'union indissoluble de Jésus-Christ et de l'Eglise: 
Éphésiens. v, 32; voy. aussi I Thessalon., 1v, 3 ἃ 5; le mariage ne doit être dissous 
que par la mort : Genèse, τι, 24. Matth., xix, 6. Marc, x, 11, 12. Luc, xvi, 18. 
Romains, vit, 2, 3. I Corinth., vu, 10, 11, 39. 


MESSE. Le sacrifice de la messe figuré d'avance : Genèse, xiv, 18; prédit : Malachie, 
1, 10 11; institué et célébré par Jésus-Christ lui-même : Luc, xxi, 19, 20; attesté : 
1 Corinth., x, 16, 18, 21. Hébreux, xut, 10; voy. EUCHARISTIE, etc. 


OEUVRES (BONNES). Les bonnes œuvres sont méritoires: Genése, 1v, 7; xxm, 16 à 18. 
Ps. xvu, 21, 23, 24; xvm, 8, 11. Mat(h., v, 11, 19; x, 42; xvi, 27. I Corinth., 111, 8. 
VW Timoth., 1v, 8. 

ORDRES (LES SAINTS). Ils ont été institués par Jésus-Christ : Luc, Xxit, 19. Jean, xx, 
22, 23; conférés par l'imposition des mains : Actes, vi, 65 xii, 3; XIV, 22; ils 
donnent la grâce : I Timoth., tv, 14. II Timoth., 1, 6. 

PAPE οὐ ÉVÉQUE, chef des autres évêques; saint Pierre fut élevé à cette dignité par 
l'ordonnance de Jésus-Christ : Matth., xvi, 18, 19. Luc, xxit, 31, 32. Jean, xxi, 15, 
16, 17, etc.; voy. aussi : Matth., x, 2. Actes, v, 29. Galat., τι, Ἴ, 8. 

PÉCHÉ ORIGINEL : Job, χιν, 4. Ps. L, 7. Romains, v, 12, 15, 19. 1 Corinth., xv, 21, 22. 
Éphésiens, τι, 3. 

PÉNITENCE, sacrement, Voy. ABSOLUTION, CONFESSION. 

PRIÈRES POUR LES MORTS : II Machab., xi, 43, etc. 


PURGATOIRE ou état moyen des âmes souffrant pour un temps en expiation de leurs 
péchés; il est prouvé, par les textes nombreux de l'Écriture, qui afSrment que 
Dieu rendra à chacun selon ses œuvres; de telle sorte que ceux qui meurent étant 
coupables méme des moindres fautes, n'échappent pas au chátiment. Pour cela 
voy. encore Matth., xu, 36. Apocal., xxi, 27; de méme que Malth., v, 25, 26. Luc, 
xir, 58, 59. I Corinth., ur, 18 à 15. I Pierre, ,זז‎ 20. 

RELIQUES MIRACULEUSES : 1 Rois, π, 13, 14; xur, 21. Matth., 1x, 20, 91. Actes, xix, 
M, 12. 


SaiNTE-ÉCRITURE. VOy. ÉCRITURE SAINTE. 
SAINT-ESPRIT (LE). Sa divinité : Actes, v, 3, 4; xxvir, 25, 26. I Corinth., 11, 10, 115 
vi, 11, 19, 20; voy. aussi : Matth., xit, 31, 32. Actes, xi, 2; xx, 98, etc. Il Corinth., 


CITATIONS PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE. 3035 

EP a 

xin, 13; et la forme solennelle du baptême : Matthieu, xxvii, 19, 20; il procède 
du Père et du Fils : Jean, xv, 26. 


SaiNTS. Les saints qui ont quitté ce monde nous secourent par leurs prières : Luc, 
XVI, 9. I Corinth., xiu, 8. Apocal., v, 8; nous sommes en communion avec eux : 
Hébreux, xu, 22, 23; ils ont un pouvoir sur les nations: Apocal., it, 26, 27; v, 10; 
ils connaissent ce qui se passe parmi nous : Luc, xv, 10. 1 Corinth., xut, 12. 
| Jean, πὶ, 2; ils sont donc avec le Christ dans le ciel avant la résurrection gé- 
nérale : 11 Corinth., v, 1, 6 à 8. Philipp., 1, 23, 24. Apocal.,1v, 4: vi, 95 vir, 9, 13, 14, 
15, etc.; xiv, 1, 8, 4; xix, 1, 4, 6; xx, 4; pour leur invocation, il faut consulter 
soit les textes cités au sujet des anges, soit ceux qui, en montrant le grand pou- 
voir qu'ont auprès de Dieu les priéres-de.ses serviteurs, nous autorisent par là 
méme à réclamer leurs prières. Pour cela voy. Exode, xxxit, 11, 14. I /iois, vit, 
8 à 10. Job, xiu, 7, 8. Romains, xv, 30. Éphés., vi, 18, 19. I Thessalon., v, 25. Hé- 
breux, xim, 18. Jacques, v, 16. 

TRADITIONS APOSTOLIQUES : 1 Corinth., xt, 2. II Thessalon., τι, 5, 14; 11, 6. II Tàmoth., 
I, 13; r1, 2; ui, 14; voy. encore Deutéron., xxxi, % Ps. xix, 5, 7. 

TRANSSUBSTANTIATION. Voy. EUCHARISTIE. 

Triniré de personnes en Dieu : Ma£th., xxvii, 19. II Corinth., xut, 13. 1 Jexn, v, 7. 


ViE&RGE MARIE (LA BIENHEUREUSE). Sa dignité : Luc, 1, 28, 42; toutes les générations 
des vrais chrétiens lappelleront bienheureuse : Luc. r, 48; pour les droits 
qu'elle a d'être vénérée et invoquée, voy. ce qui est dit au sujet des anges et 
des saints. 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE, 


HISTORIQUE 


ET GÉOGRAPHIQUE . 


DE L'ANCIEN ET DU NOUVEAU TESTAMENT (9 


Exc P e a 


A 


ABANA, fleuve. IV Rois, v, 12. 

ABARIM, montagne. Nombres, xxvit, 12; 
Deut, xxxit, 49. 
ABDÉMÉLECH, nom 

XXX VIII, 1. 
ABDÉNAGO. Étymologie et sens de ce 
mot. Dan., 1, 7. 
ABDON, ville inconnue. Josué, xxr, 30. 
ABEILLES DE SAMSON. Juges, xiv, 8. 
ABEL, fils d'Adam. Genèse, rtv, ל‎ 
ABEL (la grande), pierre 1 Rois, vr, 18. 
ABELA, ville. Il Rois, xx Alt 
ABELMAIM ou ABELA, ‘ville. IT Paralip., 


d'un esclave. Jér., 


XVI, 4. 

ABELMAISON DE MAACHA, ville. IV Rois, 
XV 20) 

ABELMÉHULA, ville. Juges, vir, 23. 

ABBLSATIM ou SETTIM campement des 
Hébreux. Nombres, xxxmiir, 49. 

ABJA, prêtre juif. Voir Zacharic. 

ABIATHAR, grand prêtre. III Rois, tv, 4. 
Marc, 11, 26. 

ABIB, plus tard Nisan, un des mois du ca- 
lendrier hébraique. Exode, XII, 2. 

ABILÈNE, ABILA, pays, ville. Luc, 111, 1. 

ABIME, enfer. Luc, VIII, 31. 

ABIMÉLECH, roi de Gérare. Genèse, XXVI, 


ABÍRON, descendant de Ruben. Nombres, 
xvI, 1. Voir note sur Genèse, של‎ 4. 

ABIU, fils d'Aaron. Exode, xxiv, 

ABOMINATION DE LA DESOLATION, 
probablement une idole. Matth., xxiv, 


15. 

ABRAM, ABRAHAM. Étymologie de ces 
noms Genèse, xvi, 5. Dieu d'Abraham. 
Matth., xxu, 32. — Sein d'Abraham. 
Luc, xvi, 32. — Être d'Abraham. Jean, 
VIII, 58. 

ABSINTHE en Palestine. Prov., v, 4. 

ACACIAS (vallée des). Joël, rr, 18. 


ACCARON, ville. Josué, χη, 3. 

ACCHO, ville. Juges, 1, 31. 

ACHAB, nom d'un faux prophète. Jér., 
8 

ACHABOR, nom d'homme. Jér., xxvr, 22. 

ACHAIE, province de la Grèce. Actes, 
ו‎ 

ACHAIQUE, nom d'homme. 1 Cor., xvi, 
15. 

ACHAZIB, ville. Juges, 1, 31. 1 

ACHILA (la. colline d'). I Rois, xxr, 19. 

ACHOR, nom d'une vallée. Josué, vir, 24. 
Osée, rr, 15. 

ACHSA PH, localité inconnue. Josué, xr, 4. 

ACRABATHANE, nom de lieu. 1 Mach., 


V0: 

ACTES DES APOTRES. Voir 
tion à ce livre. 

Étymologie de ce nom. Genése,‏ ו 


l'introduc- 


T. 
ADAM, ville de la Pentapole. Osée, xr, 8. 


ADAR, mois du calendrier hébraique. 
| Esdr., vi. 13. 
ADARSA, ville de la tribu d'Éphraim. 


] Mach., VII, 40. 

ADAZER. Voir Adarsa. 

ADDUS, ville de la Palestine méridionale. 
Ι Mach. SEXIIDMJ 

DEN ER nom d'homme. II Rois, xxt, 


ADIADA, ville de la Palestine méridionale. 
I Mach., xir, 38. 

ADOM, ville inconnue. Josué, rir, 16. 

ADONAI, un des noms divins Exode, VI, 


3. 

ADOR, ville de la Palestine méridionale. 
I Mach., xir, 20. 

ADRAMÉLECH, faux dieu. IV Rois, xvu, 
31. 

ADRIATIQUE (mer). Actes, xxvi, 21. 

ADRUMETTE, port de mer. Actes, מזטאא‎ 


2: 
ADURAM, ADONIRAM, ville. III Rois, tv, 
6 II Paralip., xt, 9 


(1) Cet Index à pour but de faciliter la recherche des notes qui accompagnent la traduc- 
tion de l'Ancien et du Nouveau Testament. A cet effet, il contient, par ordre alphabétique, 
tous les noms d'bommes, de lieux et de choses auxquels ces notes se rattachent, et il 
marque, à la suite de chaque mot, le passage du texle où ce mot est annoté. 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 
1: ANETH, anis, plante. Matth., xx111, 23. 


AFFRANCHIS, Actes, vi, 9. 
AFRICUS, vent du 5.-0. Ez., xx, 46. 
AFRIQUE (I), contrée d'Arabie. Nahum, 
Itt, 9. 
AGABUS, prophète. Actes, xr, 28. 
AGARÉNIENS (les), tribu à l'est de Ga- 
laad. Ps. xxxi, T. 
AGNEAU PASCAL. Voir Päque. 
AGRAFE D'OR, marque de 
I Mach., x, 89. 
AGRIPPA IL Actes, xxv, 13. 
AHALAB, ville inconnue. Juges, 1, 31. 
AHAVA, localité inconnue. 1 Esdr., viri, 15. 
AHICAM, nom d'homme. Jér., xxvi, 24. 
AIALON, ville. Josué, x, 12: 
AIATH, ville de Palestine, Isaie, x, 28. 
AIGLE, Ses meeurs. Job, xxxix, 30. Matth., 
XXIV. 28. 
AILA ou ELATH, ville. IV Rois, xvi, 6. 
AILATH, port. 11 Paralip.. vri, 1T. 
AIN-REMMON, ville. Josué, xix, 1. 
AION ou AHION, ville. IV Rois, xv, 29. 
ALCIME, prétre juif. | Mach., vrr. 5. 
ALEXANDRE, roi de Macédoine. 1 Mach , 1, 


distinction, 


1 

ALEXANDRE, contemporain de ₪. Paul. 
] Tim., 1, 20, 

ALEXANDRE BALAS, roi de 
I-Mach.,.x, ls;xI, 11,418; 

ALEXANDRIE, ville. Actes, XxvII, 6. 

ALEXANDRINS, juifs d'Alexandrie. Actes, 
Ὁ מ‎ 

ALMON, ville inconnue. Josué, xxr, 18. 

ALOES, bois aromatique, Ps. xuiv, 9. 

ALUS, campement des Hébreux. Nombres, 
XXGUI 10. 

AMALEC, tribu au sud de la Palestine 
Nombres, xim, 30; I Rois, xiv, 48. 

AMAN, Esth., 111, 1. 

AMANA, montagne. Cant., 1v, 8. 

AMASIAS, prêtre idolàtre. Amos, vir, 10. 

AMMAUS, nom de ville I Mach., ix, 50. 

AMMON (les enfants d') Deut., 11, 19. 

AMORRHÉENS (les), un des peuples du 
pays de Chanaan. Genése, xv, 16. 

AMPHIPOLIS, ville de Macédoine. Actes, 
xvi, À. 

AMPLIAT, nom. d'homme, Rom., xvi. 8. 

AMULETTES,  ornemenít. superstitieux. 
Isaie, 111, 20. 

ANA, ville inconnue. IV Rois, xvi, 34. 

ANAB, ville. Josué, ,זא‎ 21. 

ANAMÉLECH, faux dieu. IV Rois, xvi, 31. 

ANANIE, grand prêtre juif. Actes, xxii, 2. 

ANANIE, époux de Saphire. Actes, v, 2. 

ANATHOTH ou ANATOTH. ville de Pales- 
tine. Josué, xxi, 18; II Rois, xxxiu, 21; 
ΠῚ Rois, 1r, 26 ; Isaie, x, 30; Jér., 1, 1. 

ANCIENS (les), chez les Égyptiens. Genèse, 
IV, 1. — Chez les Hébreux Exode, rmi, 
16. Les anciens du peuple. Matth., xvi, 
21; Luc, vir, 3. — Anciens (tradition des). 
Matth., xv, 2. — Anciens, prétres. Actes, 
XV, 4; א‎ 30; xx, 11. 

ANDRONIQUE, gouverneur d'Antioche, II 
Mach.. 1v. 31. 

ANDRONIQUE, nom d'homme 1] Mach., 
'v, 99 ; Rom., xvi, 1. 


Syrie. 


3037 


ANGÉ (les montagnes d'). Judith, ,זז‎ 19, 
ANIMAUX symboliques ‘Apoc., 1v, 6. 
ANNE, grand prêtre. Luc, rir, 2. 

ANNEAU ‘aux narines. Prov., xr, 99, — 
Servant de sceau, Jér., xxtt, 24. — passé 
dans le nez. Ez., xvi, 12. 

ANNEAU D'OR. Jac., זז‎ 2. 

ANTIMOINE. Son usage en Orient. Jér, 


IV, 30. 
ANTIOCHE, capitale de la Syrie. ‘Actes, 


X599. 

ANTIOCHE de PISIDIE, ville de Phrygie. 
Actes, xiu, 14. 

ANTIOCHIDE, nom de femme. 1] Mach., 


Iv, 90. 

ANTIOCHUS III LE GRAND. Son titre de 
roi d'Asie. I Mach., vin, 6. — Sa mort. 
II Mach., 1v, 1. 

ANTIOCHUS IV EPIPHANE, roi de Syrie. 
ו‎ ve 

ANTIOCHUS V EUPATOR, roi de Syrie. 
I Mach.. vr. .ד‎ 

ANTIOCHUS VII SIDÈTES, roi de Syrie. 
I Mach., xv, 1, 9, 27. 

ANTIPAS, évêque Apoc., rm, 5. 

ANTIPATER, nom d’homme. 1 Mach., זזצ‎ 
16. 

ANTIPATRIDE, ville de Palestine. Actes, 
XXII, 31. 

APHARSATHACHÉENS (les). I. Esdr., 1v, 


9. 

APHARSÉENS (les). 1 Esdr , 1v, 9. 

APHEZC, position inconnue. Josué, xir, 18. 

APHEM, ville située dans la Palestine sep- 
tentrionale Juges, r, 31. 

APHEC, ville située dans la Palestine cen- 
trale. 1 Rois, xxix. 1. 

APHEC, ville située à l'est du lac de Tibé- 
riade. 111 Rois, xx, 26. 

APOCALYPSE. Voir Jean 

APOLLO, nom d'homme. Rom., xvr, 10. 

APOLLONIE, ville de Macédoine. Actes, 
XVI, 1. 

APOLLONIUS, gouverneur de la Cœlésyrie. 
I Mach , x, 69. 

APOLLONIUS, fils de "'harsée. I Mach., 
IN, 

fils de Mnesthée. II Mach.,‏ ו 
IMP.‏ 

APOLLONIUS, fils de Gennéus. II Mach , 


.2 וא 
ARRLEODBANES, nom d'homme. II Mach.,‏ 
ses‏ 
APOLOGUE de JOATHAM Juges, 1x, 1.‏ 
APPIA, nom de femme. Philém., 9.‏ 
AQUEDUC du roi (LU). II Esdr., m, 14.‏ 
AQUILA, juif converti. Actes, xvii, 2.‏ 
AR, ville. Nombres, xxt, 15 ; Deut., 11, 9.‏ 
ARABES, Actes, 11, 11.‏ 
ARABIE. Sa position géographique. II Pa-‏ 
relie, IX, 14; 111 Rois, x, 15; Galat., 1,‏ 


ARACH, ville sur le bas Euphrate. Genèse, 

x0. 

ARAD, ville. Nombres, xxr, 1. 

ARAD, ile sur les côtes de Phénicie. Ez., 
xxvn, 8. 


9038 


ARADA, campement des Hébreux. Nom- 
bres, ,]אא‎ 24. 

ARADE ou ARADON, ile près des côtes de 
Syrie. I Mach., xv, 23. 

ARAM, pays à l'ouest de l'Euphrate. Nom- 
bres, xxi, 7. 

ARAPHA (la race d', race de géants. 
II Rois, xxr, 16, 22. 

ARARAI ancienne Arménie. 15810, xXXVIII, 
38. 

ARATUS, poète grec. Actes, xvir, 28. 

ARBATES, nom de lieu. 1 Mach., v, 23. 

ARBÉE. Voir Hébron. 

ARBRE (I) de la science du bien et du 
mal. Genèse, 11, 17. 

ARC (chant de lI). II Rois, 1, 18. 27. 

ARC-EN-CIEL. Voir note 7, p. 2982. 

ARCHE D'ALLIANCE Voir note 11, p. 2986. 

ARCHELAUS Matth., 11, 22. 


ARCHIPPE, diacre. Coloss., 1v, 17; Phi- 


lém , 2. 

ARCTURUS, la grande ourse. Job, 1x, 9; 
Amos, v, 8. 

ARÉTAS, roi arabe. II Mach., v, 8; 


ΠΡ ΟΡ". πὶ. 99: 

ARÉUNA, son aire sur le mont Moriah. 
II Rois, xxiv, 16. 

ARGENT, richesse, 
Voir Mammon. 

ARGOB, la Trachonitide. Deut., 111, 4. 

ARGOB, nom d'homme. IV Rois, xv, 25. 

ARIÉ, nom d'homme. IV Rois, xv, 33. 

ARIEL, nom symbolique de Jérusalem. 
Isaie, XXIX, 1. 

ARIMATHIE, ville de Palestine. Matth., 
XXVII, 51. 

ARIOCH, nom d'homme. Dan., 11, 14. 

ARISTARQUE, nom d'homme. Actes, xIx, 
99. 

ARISTOBULE, précepteur de Ptolémée VI. 
I Mach., r, 10. 

ARISTOBULE, nom d'homme. Rom., xvi, 


dieu des richesses. 


ARMAGÉDON, montagne. Apoc., XVI, 16. 
AMEN (montagnes de l'). Genèse, vit, 


ARNON, rivière. Nombres, xxt, 13 ; Deut , 
I, 24; 111, 8; Josué. xm, 1; Juges, xI, 
13; Isaie, xvi, 2; Jér., זא‎ vim, 20. 

AROER, ville située sur l'Arnon. Nombres, 
xxxn, 34; Deut., 11, 36; Josué, xn, 2; 
xut, 9; Juges, 5 26; IV Rois, x, 33; 
1 Paralip., v, 9; Jér., "XL vir, 49. Aroer 
(les cités d). Isaie, xvit. 2. 

AROER, ville de Juda. I Rois, XXX US. 

AROER, ville de Gad. Juges, xr, 33; II 
Rois, xxiv, 5. 

ARPHAD, ville. IV Rois, xvir, 34; Isaie, 
xe 

ARPHAXAD. 
Judith. 

ARSACES, Mithridate Ier, roi des Parthes. 
I Mach., xiv, 2, 3. 

ARTAXERXES ler, Longuemain. I Esdr., 


Voir introduction au livre de 


ARTANERNES LE GRAND. Esth., xir, 2. 
ARTÉMAS, RAN Tite, ru, 12. 
AS, monnaie. Matth., v, 26; Marc., xit, 42. 


ATHEN RLUPR nom d'homme. 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 


ASAN, lieu inconnu. 1 Rois, Xxx, 30. 


ASARAMEL, localité inconnue. I Mach., 
XIV, 21. 

ASARHADDON, roi d'Assyrie. IV Rois, 
XIX, 31. 


ASASON- THAMAR, ou Engaddi, ville. Ge- 
nèse, ,טזא‎ 1; IL Paralip., xx. 2. 

ASCALON, ville. Jüges; "D 18S XLV T1 
II Bois, 1, 20. 

ASCHÉRA, fausse divinité. IV Rois, xxi, 
1; Isaie, xvir, 8. 

ASÉDOTH, Josué, XII, 3. 

ASÉMONA, ville. Nombres, 
Josué, xv, 4. 

ASÉNAPHAR, nom d'homme. Esdr., 1v, 10. 

ASIARQUE. Actes, XIX 

ASIE PROCONSULAIRE Actes, 1 9. 

ASIMA, faux dieu. IV Rois, xvir, 30. 

ASIONGABER, campement des Hébreux. 
Nombres, xxx, 35. — Port de mer. 
III Rois, 1x. 20 ; ,זזאא‎ 49. 

ASMODÉE. démon. Tob. MIT: 

ASMONÉENS, surnom des 
I Mach., 11, 1. 

ASOR, ville. Josué, xr, 1; 
Iv Rois, xv, 29. 

ASOR-HADDAN, roi de "Ninive. I Esdr., 
TV. τὰ 

ASOR, contrée de l'Arabie. Jér., XLIx,. 28. 

ASPIC, serpent Ps xc, 13; Isaie, xr, 8. 

ASSIDÉENS, Juifs fidèles. ] Mach., Ir 49. 

ASSON, port de Mysie. Actes, xx, 13; 
ibid , xxvil, 13. 

ASSUÉRUS, Xerxès 19 I Esdr, 1v. 6; 
Esth., r, 1. Voir introduction au livre 
d'Esther. 

ASSUR. l'Assyrie. Nombres, xxiv, 22. 

ADIT idoles d'Astarthé. Juges, 2 

] Rois, ,אאא‎ 10. 
ASTAROTI! ville. Deut., 1, 4. 
ASTAROTHCARNAIM, Ville. Genèse, xiv, 


XXXIV, 4; 


Machabées. 


Juges, , Iv, 2; 


ASSRCRITÉ nom d'homme. Rom., xvi, 
14. 

ATAD l'aire d"). Genèse, r, 10. 

ATAROTH., ville Nombres xxxi, 3. 

ATAROTHADDAR, ville. Josué, xvii, 13. 

ATHACH., lieu inconnu. 1 Rois, xxx, 30. 

ATHENES. Actes, xvir, 15. 

I Mach., 

98. 

ATHLÉTES. I Cor.. 1x, 25. 

ATTALE II PHILADELPHE, roi de Cappa- 
doce. I Mach., xv, 22. 

AUGURES, espèce de devins. Isaie, 11, 6. 

AUGUSTA (la cohorte). Actes, xxvir, 1. 

AUTEL D'AIRAIN (1 Ez., ix, 2. 

AUTRUCHE Son cri. Job, xxx, 29. — Ses 
moeurs. 100. xxxix, 13-18. 

AZAEL ou Hazaël, roi de Damas. Amos, 1, 


4. 

AZARIAS, pseudonyme de l'ange Raphaél. 
Tob., v, 18. 

AZAR!AS, nom d'homme. I Mach., v, 45. 

AS:CHA, ville de Juda. I Rois, XVII, 1: 
Jém xxx] 

AZOR (la plaine d'), à l'ouest du lac Mé- 
rom. I Mach., xr, 67. 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 


AZOT, ville. Josué, xr, 22; 
Actes, viii, 40. 
AZYMES (les), fête. Matth, 


I Rois, v, 1; 


XXVI, 11. 


B 


BAAL, BAALIM, idoles. Juges, 11, 11; vi, 
95 ; IV Rois, 11, 2; Rom.. ΧΙ, 4. 

BAAL-HERMON., pic de l'Hermon. 1 Para- 
lip; v.,28: 

BAALBERTTH. I Juges, 1x, 4. 

BAALHASOR, ville. II Rois, xir, 23. 

DAALATH, ville. III Rois, 1x. 18. 

BAALGAD, ou BAAL-HERMON, ville. Jo- 
sué, XI, 17. 

BAAL-PHARASIM, nom de lieu. II Rois, 


v, 20. 
BAALSALISA, nom de lieu, IV Rois, 1v, 


43. 
BAALTHAMAR, ville. Juges, xx, 33. 
BABEL. Son emplacement. Genèse, ΧΙ, 9. 
BABYLONE. IV Rois, xvit, 24. — Sa ruine. 
Isaie, x, 20. — Tapis de Babylone. 
13810, xiv, 11. — Son emplacement et 
fertilité de ses terres. Jér., Li, 13, 25. 
— Nom symbolique de Rome. I Pierre, 
v, 13; Apoc , xiv, 8; XVII, 5. 
BABYLONIE (la). Sa stérilité actuelle. Jér., 


L, 38. 

BABYLONIENS (les). I Esdr., 1v, 9. 

BACCHIDE, général syrien. I Mach., vit, 8. 

BAHEN, objet offert en présent. I Mach., 
XII, 91. 

BAHURIM, nom de lieu. 
XVI, 5 ; xvi, 18. 

BALA, ville moabite. Voir Ségor. 

BALAAM, devin. Nombres, ,]אא‎ 5. 

BALAATH ou BAALATH, ville. Il Para- 
lip., virt, 6. 

BALDAD, un des amis de Job. Job, vri, 1. 

BALISTES, machines de guerre. I Mach, 
vi, 51. 

BALTASSAR, nom chaldéen de Dauiel. — 
Forme et sens de ce mot Dan., 1, 1. 

BALTASSAR, fils de Nabonide. Dan., v, 1. 

BAMOTH, montagne. Nombres, xx1, 19. 

BANDELETTES dont on enveloppait les 
morts. Jean, xt, 44. 

BARABBAS, voleur. Matt., xxvir, 16. 

BARACHIE, pére de Zacharie. Matth., 
XXIII, 35. 

BARAD, ville. Genèse, xvi, 14. 

BARASA, ville du Hauran. I Mach., v, 26. 

BARBARES (les). Actes, xxvii, 1; Rom.. 
1, 14. 

BARILS d'huile. Luc, xvr, 6. 

BABJÉSU. Actes, ΧΠΙ, 6. 

BARTHÉLEMY (saint), apôtre. Voir Natha- 
naàl. n. Nom- 

BASAN, pays à l'est du Jourdai 
bres, xxI, 33. 

BASCAMAN, ville de Galaad. I Mach., 
XIII, 23. 

BASILIC, serpent. Ps. xc, 13; 15810, xr, 8; 
xxx, 6. 

BAT, mesure de capacité. 11| Rois, vil, 


II Rois, nt, 16; 


3030 


BAUME de Judée. Sa réputation. Eccli., 
xxIv, 20. 

BAUME de. Galaad. Ez., xxvii, 
Résine. 

BDELLIUM, gomme résineuse. Nombres, 
XI, 1; 

BÉAN, ville. 1 Mach., v, 4. 

BÉATITUDES (montagne des), Matth., v, 
1: Jean, vit, 10. 

BEELPHEGOR, faux dieu. Nombres, xxv, 
3: Deut., 1v, 3; Juges, vr, 95. 

BEELSÉPHON, massif au POI ouest de la 
mer Rouge. Exode, xiv, 2. 

BÉELZÉBUB, faux dieu. IV Rois, r 2: 
nom d'une idole des Philistins. Matth. , 
.א‎ 251 

BÉHÉMOTH, 
19. 

BEL ou BÉLUS, roi et divinité des Baby- 
loniens 18810, xcvi, À. 

BÉLIAL Deut., xi, 49: Rois, xxm, 5; II 
Corinth., vi, 15. — Les fils de Bélial, 
Juges, xix, 22; II Corinth , vi, 15. 
Le démon. lI Cor., vt, 45. 

WDR machine de guerre. I Mach., 


11. Voir 


lhippopotame. Job, xr, 10- 


BÉNAD AD, nom de plusieurs rois de Syrie. 
168, xi1x, 271304 mó8:' 1. ₪ 

BÉNENNOM ou GÉENNOM, vallée au sud 
de Jérusalem. II Paralip., טצא‎ 3; 
ΧΎΧΙ 6. 

BEN-HINNOM (la vallée de) ou Géennom, 
lieu de sacrifices humains. Tsaic, PNIS. 

BEON ou BAALMEON, ville. Nombres, 
AXXII, 2, 98. 

BÉRA, ville. Juges, 1x, 21. 

BERCAIL. Jean, x 51 

BÉRÉE, ville de Macédoine. I Mach. 5 
4 : Actes, טא‎ 10. 

BÉRÉNICE, femme d' Agrippa. Actes, 
13. 

BÉRODACH BALADAN, 
IV Rois, xx, 12. 

BÉROTH, ville. 
ד‎ VIII 8. 

BERSABÉE, ville située au sud de la Pales- 
tine. Genèse, XXI, 14; IV Rois, xx111, ὃ. 

BÉSÉCATH, ville. IV Rois, xxi, 4. 

BÉSÉLÉEL, constructeur de l'Arche d' 8 
liance. Exode, xxvi, 1. Voir note 11, 
la fin du volume. 

BESOR, torrent. I Rois, xxx, 9. 

BESRA, ville. Josué, xxt, 27. Voir Asta- 
roth. 

BETCHAR, nom de lieu. I Rois, vir, 11. 

BETÉ ou THEBATH, ville. 11 'Rois, VIII, 
8: I Paralip., מזוטצ‎ 8, 

BÉTE (la). Apoc , XI, 1 

BETHACAREM, ville de Palestine. Jér., 
VENUS 

BETHAMATH, ville inconnue Juges, 1, 33. 

BÉTHANIE, village non loin de Jérusalem. 
Matth , xxr, 11. 

BÉT HANIE, localité sur les bords du Jour- 
dain. Jean, 1, 98. 

BETHARAN, ville. Nombres, xxxit, 36. 

BETHAVEN, ville de Béthel. Osée, iv, 
15; I Rois, ,זוא‎ 5, 


roi de Babylone. 


Josué, 1x, 17; II Rois, 


ΕΣ 


3040 


BETHBÉRA, localité située sur 
dain. Juges, vir, 24. 
BETHBESSEN, nom de ville. 1 Mach., ix, 


le Jour- 


62. 

BÉTHEL, auparavant LUZA. Genèse, Xil, 
8; Josué, vir 2; ΠῚ Rois, xvi. 44. 
Sa position géographique. II Paralip., 


xi, 19. Jér., xrvin, 43. 
BÉTHER, montagne. Cant., 11. 
BETHGAUL, ville beso EC PE, XLVIHI, 
ZR MAN 
BETHLEEM. Ruth, 1, 43 Matth., 11, 4. — 


(La citerne de). I Paralip., xi, 11. 
BETHMAACHA, ville. ἢ Rois, xx, 14. 
BETHMAON, ville moabite. Jér., xrvirt, 23. 
BETHNEMRA ou NEMRA, ville. Nom- 

bres, ΧΧΧΙΙ, 36. 

BETHORON, ville. Josué, x, 10; I Rois, 
xnr, 18; 11 Rois, n, 21. — Sa position 
stratégique. 11 Paralip., vu, 5; 1 Mach., 
XVI, 24. 

BETHPHAGÉ, village près de Béthanie. 
Matth., xxi, 1. 

BETHSAIDE, ville de Galilée, Matth., xt, 
21. 

bETHPHOGOR ou PHOGOR, ville. Deut., 


IV, 46. 

BETHSAMES, ville. 16; IV 
Rois, xiv, 11. 

BETHSAN, la Scythopolis des Grecs. Jüges, 
1. 2 1. 1 ΒΌϊ5., ΧΧΙ 10-11 
Τ Mach , xu; 29. 

BETHSETTA, ville. Juges, vir, 23. 

BETHSIMOTH, campement des Hébreux. 
Nombres, xxxHt, 4". 

BETHSUR, ville. 11 Paralip., xr, 1. 

BETHSURA, Bethsur, ville de la tribu de 
Juda. I Mach., 1v, 61; 1[ Mach., xr, 65. 

BÉTHULIE, ville. Judith, vi, 7. 

BETHZACHARA, nom de lieu. I Mach., 


Josué, XXI, 


v, 52; 


Vati σῶς 
BETHZÉCHA, nom de ville.I Mach., vit, 19. 


BETSER, tranche de métal servant de 
monnaie Job, xxit, 24. 


BÉZEC, ville. Juges, TU 

BÉZECH, nom de lieu. 1 Rois, xi, 8. 

BÉZÉTHA, mont. ΠῚ Rois, v, 15. 

BEURRE en Orient. Prov., xxx, 33. 

BIBLIOTHÈQUE du roi. Antiquité et dé- 
couverte. I Esdr., v, 11. 

BICHE ou GAZELLE. "Prov., ד‎ 

BLANC, symbolisme de cette couleur. Isaié, 
I..18. — Vêtements. Actes, x, 30. 

BOEUF en Orient. Prov.. xxr, 31. 

BOIS qui rendit potables les eaux de Ma- 
rah. Exode, xv, 25. 

BOIS odorants Apoc., xvi, 12. 

BOIS sacré. Exode, xxxiv, 12 ; IV Rois, 
XXI, 1. — Symboles idolátriques. 1| Pa- 
ralip., XxxIII, 3. 

BOISSEAU, mesure de capacité. Lévitique, 
xix, 36; IV Rois, vr, 1 ; Matth., v, 15. 

BONSPORTS, port de Crète. Actes, XXVII, 


8007. colonne du temple. II Rois, vir, 91. 
BORITH, plante. Jór., 11, 23. 

BORNES d héritages Deut., XIX, 14, 
BOSOR, ville de Galaad. Deut., 1v, 43. 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 


BOSOR, ville inconnue de la tribu de Ru- 
ben. Josué, xxr, 36. 

BOSPHORE, pays inconnu. Abd., τ, 20. 

BOSRA, ville de 11000166. Genèse, xxxv, 
BIB Isaie, XXXIV, 6. 

BOSRA, ville du Häuran. Jér., xrvir, 24. 

00% représentant le démon. Son culte. 
15810, xu, 91 ; xxxrv, 44. 

BOUCLIERS d'or de Salomon. III Rois, x, 
16. 

BOUQUET de MYRRHE. Cant., 1, 19. 

Su. mesure delongueur. Actes, XXVII, 
2 

BRIDE des chevaux. Zach., χιν, 90: 

BRIQUE ‘molle. Son emploi, Exode, v, 7, 
JO EZ ERU MC 

BRUCHUS, chenille, Jér: | 

BUB Le 
XVI, 

BUBASTE, ville de la Basse Égypte. Ez., 
Xxx, ir 

BUL, nom d'un mois du calendrier hé- 
braique. III Rois, vr, 38. 

BULLE, ornement. 10508, vim, 24; 

BUFFLE, bœuf sauvage Amos, νι, 10. 

BYTHINIE, province. Actes, xvi; 1. 


τὴ, 4. 


espèce d'antilope. |. Paralip., 


C 

CAA'TH. Sa postérité. 10506, xxr, 4 

CAB, kab ou qab, mesure de capacité. 
IV Rois, vr, 25. 

CABANES de garde. Ps. Lxxvitr, 
Tour, 

CACHET ‘terre à). Job, ,זא אא‎ 14. 

CADES, ville-de Nephtali. I Mach.; xr, 63. 

CADES, ville frontière de l'Idumée. Ge- 
nèsC. xXx. 1 : — ou Cadesbarné, campe- 
ment des Hébreux. Nombres. xx, 4. 

CADRAN d Ezéchias. fsaïe, XXXVIII. 

CADUMIM (le torrent de). Juges, v, 21. 

CAIPHE, prince des prêtres. ? Ma. th., XXVI, 
Yi; Jean, xr, 49. 

CAIUS, nom d'homme: Rom., xvi, 23; I, 
Cor; 1.114 

CALANO, ville de Babylonie. 15810, x, 9. 

CALEB. Ses possessions. I Rois, xxx, 14. 

CALEB, fils d'Hur. I Paralip., 11, 50. 

CALENDES juives. Nombres, זוא‎ EUR 
Í Rois, XX, 5; IV Rois. tv, 33/1! 

CALLISTHÈNE, nom d'homme. I Mach., 
VIII, 33. 

CAMON, nom delieu. Juges, x, 5. 

GANA, Village de Gälilée. “Joan, 1t, 1. 

CANATH. ville Nombres, xxx, ₪ 

CANDACE, reine d'Éthiopie. Actes, virt, 23. 

CANNE. plante. Son usage. 1saie, וו‎ 24, 

CAPH 3RNAUM. Matth., 1v, 13. 

CAPHARSALAMA, lieu inconnu. I Mach., 
vit, 31. 

CAPHETÉTRA. partie de l'enceinte de Jé- 
rusalem I Mach , 87: 

CAPHIRA, ville. Josué, TX le 

CAPPADOCE (la), pays de l'Asie Mineure. 
Actes, τι, 9. 


1. Voir 


GAPPADOCIENS ou CAPHTORIM;- Deut., 


In, 24. 


INDEX ARCHEOLOGIQUE. 2041 


CARCAN, ornement de femme. Isaie, 111, 4. 
CAREX, espèce de jonc. Job, vu, 11. 
ו‎ ville. Nombres, xxxn, 91. 
Jér., xrvirr., 
CARIATH- ARBE, 


CARÍATHIARIM, ville. Josué, 1x, 17 ; Ju- 
es, XvIII, 12; Jér., xxvi. 20. 
CARIATH-SÉPHER ou DABIR, ville. Ju- 
ges, 1, 11; ; Josué, x: 198. 
CARIE, province de l'Asie 
aT Mach., xv, 23. 
CARIOTH, ville moabite. Jér., xLvIII, 24, 
4. 
CARMEL, ville. I Rois, xv, 12. — Montagne. 
III Rcis, xvii, 19 ; 11 Paralip., xxvi, 10. 
CARNAIM ou CARNION, ville située à 
l'est de la mer Morte. 1 ‘Mach. v, 26. 
CAROUBIER, arbre. Luc, xv, 16. 
CARPUS, nom d'homme. 11 Tim., 1v, 10, 
CARTHA, ville inconnue. Josué, xxr, 34. 
CARTHAN, ville inconnue. Josué, xxt, 32. 
CASBON ou CASPHOR, ville du pays de 
Galaad. | Mach , v, 26. 
CASLEU, nom d'un mois dans le calen- 
drier hébraïque. II Mach., r, 51. 
CASPHIN, nom de ville. 1 Mach., 
CASSE, plante. Exode, xxx, 24. 
CASTORS (les). Actes, xxvir, 41. 
CAUDA, ile. Actes, xxvii, 16. 
CAVERNES, lieux de refuge. 18816, 11, 10 ; 
Jér., xrvim, 28 ; xLIX, 16. 
CAVERNES des TROGLODYTES. Job, xxx, 


ville. Josué, xiv, 15; 


Mineure. 


XIF, 13. 


6. 

CAVERNE DOUBLE, tombeau patriarcal. 
Son emplacement. Genése, xxi, 9. 

CÉDAR, nom de lieu. Ps cxix, 5. — Ré- 
gion de l'Arabie déserte. Jér., xr1x, 28. 

CÈDRE. III Rois, v, 6. 

CÉDRON (le torrent de). Ii Rois, xv, 23; 
III Rois, ,זז‎ 31. — Vallée. Jean, xvi, 4. 

CÉDES, ville. Juges, 1v, 6. 

CEILA, ville. 1 Rois xxi, 1. 

CEINDRE ses reins. Luc. xir, 35. 

CEINTURE. Forme et usage de ce véte- 
ment. Jér., xri, 1. 

CELLIER chez les anciens. Cant., 1, 3. 

CENACLE. Marc, xiv, 15. 

CENCHRÉE, port de Corinthe. Actes, xvilI, 
18; Rom , xvi, 1. 

CENDÉBÉE, nom de ville. I Mach., xv, 38. 

CENDRES chaudes (le supplice des), usité 
chez les Perses. 11 Mach., xur, 5. — Cou- 
tume de 165 répanûre. Lévitique, Iy, 12. 

CENE (la) de N.-S. Jean, xiv, 4. 

CÉNÉRETH (la mer de), le lac de Tibériade. 
Nombres, xxxiv, 11 ; Deut , rit, 11. Voir 
introduction au livre. de Josué. 

CÉNÉROTH. ville. Josué, x1, 2. 

CÉNI, pays des Cinéens. 1 Rois, xxvur, 10. 

CENTURION. Matth.. vin, 5. 

CÉPHAS, S. Pierre. Galates. 11, 9. 

as instrument de supplice. Actes, XVI, 


2 MR serpent à cornes. Genèse, xLIX, 


CÉRÉTHIENS, tribu philistine. [ Rois, xxx, 
14 ; IL. Rois, vii, 18. 


CÉSAR (Auguste). Luc, τὰ, 1. 

CÉSAR (Tibére). Matth., XXE LM TS 
ni, 1. 

CÉSAR (Néron). Actes, xXàv4/11. 

CESARÉE de Philippe, ville de Palestine. 
Matth., xvr, 13. 

CÉSARÉE (Caesarea Augusta), ville de Pa- 
lestine. Actes, xi. 90. 

CÉSION, ville inconnue. Josué, xxi, 28. 

CÉTHIM (la terre de), l'ile de Chypre. Isaie, 
,ודצ‎ 19 427; TMach:,1r, 1. 

CHACAL. Son cri. Job, xxx, 29, — Cha- 
c 5 de Samson. Juges, xv, 4. 

CHALDÉENS (les), habiles astrologues. 
15810, xLvi, 13. 

CHAM (la terre de). Ps. σιν, 23. 

CHAMAAM, nom d'homme. Jér. וד‎ 

CHAMOS, fausse divinité, Nombres, ἜΣΤΙ 
29; Juges, xi, 24 ; ΠῚ Rois, x1, 7 ; Jér., 
XLVIU, T. 

CHANAAN, fils de Cham. Genèse, 1x, 25. 
— Terre de Chanaan. Voir description et 
partage dans l'Introduction au livre de 
Josué. 

CHANANÉENS. Leur extermination. Voir 
note 14, p. 2988. 

CHANDELIERS D'OR. 111 Rois, vir, 49. 

CHARACA, vile ou camp  retranché. 
II Mach., xu, 17. 

CHARCA MIS, ville. II Paralip., xxxv, 20; 
Isaie, x, 9. 

CHARIOTS communs en Orient. I Rois, 
VIRE 

CHARMEURS de serpents. Jér., vum, 17. 

CHARS de guerre. Josué, xr, 4. 

CHASPHIA, localité inconnue. I Esdr., 
vit, 11. 

CHAUSSURES. II Rois, x1, 8. — Voir San- 
dales. / 

CHÉBRON ou HÉBRON, 
I Mach., v, 65. 

CHEF de festin. Eccli., xxxInx, 1. 

CHELMAD, nom de province. Ez., xxvil, 
22: 

CHENÉ, en Mésopotamie. Ez., xxvir, 23. 

CHÉRÉAS, nom d'homme. II Mach., x, 32. 

CHÉROGRYLLE, porc-épic. Lé vitique, XI, 


Luc, 


ville de Juda. 


CHÉRUBINS. I Paralip., xxvi, 18. 

CHEVAL en Orient. Prov., Seu Bla 

CHÈVRE. Son lait. Prov., XXVII, 23. 

CHEVREAU de l'hospitalité. I Rois, xvt, 
20. 

CHIEN chez les Hébreux. Eccli, xri, 22. 

CHIEN, terme de mépris. Apoc., xxi, 15. 

CHIEN- LOUP. Ps. rvin, 7. 

CHIO, ile. Actes, xx, 15. 

CHLOÉ, nom de femme. I Cor., 1, 11. i 

CHOBAR, fleuve. Ez., 1, 4. | 

CHODCHOD, matière brillante, Ez., טאאא‎ | 


CHODORLAOMOR, roi d'Elam. Genèse, 


XIV, ἢ. 
CHOBRRÉENS, peuplade des environs de 
Pétra Genèse, xiv, 6. 
CHRIST, le Messie. I Rois, זז‎ 10. 
CHRIST, le Roi. [ Rois, 11, 35. 
CHUB, nom de peuple, Ez , xxx, 5. 


191 


3042 

CHUSA, trésorier d'Hérode Antipas. Luc, 
VIIT, 3. 

CHUSAN-RASATHAIM, roi. Juges, rir, 8. 


CHYPRE, ile de la Méditerranée. 1 Mach., 
X2. 
CIBSAIM, ville inconnue. Josué, xxr, 22. 


CILICE. Il Rois, xxr, 10. 
CILICIE, province de l'Asie Mineure. Actes, 


VI 97 
CINÉENS, peuplade au sud-est de Chanaan. 
Genèse, xv, 19; I Rois, xv, 6. 


CINNAMOME, la cannelle. Eccli.; xxiv, 
20. 
CIRCONCISION, sens spirituel. Genèse, 


X Vir, 40): LUC, 110215 

UISON. torrent, Juges, 1v, 1. 
ITÉ SAINTE (la). Apoc. j XI, p. 

CITÉ (la grande) Apoc., xr. 8 

CITERNES, leur forme. Genèse, XXXVII, 
20. 

CLAUDE, empereur romain. Actes, xr, 28. 

CLAUDE Lysias Actes, xx111, 26. 

CLAUDIE. nom de femme. 11 Tim., 1v, 21. 

CLÉMENT (saint). Philip., 1v, as 

CLÉOPATRE, reine de Syrie. I Mach., x, 
δὴ. 

CLEOPHAS, disciple de N.-S. Luc, xxiv, 
18. 

CNIDE, ville de la Carie. Actes, ,אא‎ 1. 

COA, ville ou région. 11] Rois, x, 28. 

COCYTE, fleuve fabuleux. Job, xx, 33. 

COELÉSYRIE, province de Syrie. 1 Mach, 
ἘῸΝ 

COEUR DE PIERRE. Ez., xr, 19. 

COHORTE romaine. Matth., xxvi, 21; 
Jean, xVII, 3, 12. 

COLLIER d'or, décoration en usage à la 
cour des Pharaons. Genèse. ΧΕΙ. 42. 

COLOQUINTE, plante. IV Rois, 1v. 59. 

COLOSSE. COLOSSIENS. Voir introduction 
à l'Épitre aux Colossiens. 

CONCUBINE. 11 Rois, πὶ, T. 

CONSEIL, tribunal souverain. 
DD Ex INO 

COO, ile et ville de la Carie. I Mach., xv, 
pa 

CORBEAUX, oiseaux. Luc. xit, 24. 

CORDEAU à mesurer. Michée, 11, 5. 

COR descendant de Lévi. Nombres, XVI, 


Matth , v, 


CORIANDRE, plante. Exode, xvi, 31. 

CORINTHE, ville grecque. Actes, XVIII. À. 

CORINTHIENS. Voir Introduction aux Epi- 
tres aux Corinthiens. 

9 > (les dix) de la bête. Apoc , XVII, 


COROZAIN, bourgade de Galilée. Matth., 
xI221* 
COS, ile. Actes, xxr, 1. 


COSMOGONIE  mosaique. Voir note 1, 
p. 39715. 
COUDEE. mesure de longueur. Exode, 


χαν. LOL 
COUDÉE. III Rois, vi, 2. 
COUPS de bastonnade. Deut., xxv, 2, 9. 
COURONNE d'épines. Matth.. xxvrr, 29. 
ΠΟΙ ner données en tributs. I Mach. 
x2 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 


COUSSINS. Er., 
ἘΠῚ 18. 
CRESCENT, nom d'hommes. 11 Tim., iv, 


Leur usage cn Orient. 


10. 

CRÉATION DU MONDE. Sa date. Voir 
note 2, p. 2918. 

CRÉATION DE L'HOMME. Sa date. Voir 
note 3, p. 2918. 

CRÈTE, ile. Actes, xXvIL, 7. 

CRÉTOIS (les). Actes, Ir 44. 

CREVER LES YEUX, genre de supplice. 
IVSROIS EI TE 

CRISPE, chef de synagogue. Actes, xvi, 
8. 

CROIX (supplice de la). Matth., xxvir, 26. 
— Croix (la) de N.-S.. ibid., 32. — Croix 
(la), tombeau des suppliciés, ibid., 58. 

CRUCIFIXION. Matth, xxvir, 35. 

CUMIN, plante. [saie, xx vint, 25, 27 ; Matth., 
XXII, 23. 

CUTHA. ville. IV Rois, xvit, 24. 

CYMBALE, instrument de musique. I Cor., 
xnr. 1. 

CYPRE, arbrisseau. Cant., 1, 13. 

CYRENE, pour Kyr, nom de pays. IV Rois, 
xvi, 9. — Province soumise à l'Assyrie. 
Amos, r 3. — Province d'Égypte. 
I Mach. 3 Xv 99. 

CYRÉNÉENS, juifs de Cyrène. Actes, vi, 9. 

CY ἈΙΧῸΣ, gouverneur de la Syrie. Luc, 
ו‎ 

CYRUS, roi de Perse. II Paralip., XXXV, 
226 Isaie, XLIV, 28. 


D 


DABÉRETH, ville. Josué, xxr, 28. 

DABIR ou CARIATH-SÉPHER, ville. Josué, 
x, 398; Juges, r, 11. 

DAGON, faux dieu. Juges, xv1, 23 ; 
Ὡς 

DAIM. Sa timidité. Isaie, xr, 14. 

DALMANUTHA, village des environs du 
lac de Tibériade. Marc, vin, 10. 

DALMATIE, contrée. II Tim., 1v, 10. 

DAMARIS, Grecque convertie. Actes, XVII, 
34. 

DAMAS, capitale de la Syrie. Genèse, xiv, 
5; UI Rois, xt, 24. Actes, 1x, 2. 

DAMNA, ville inconnue. Josué, xxr, 35. 

DAN, ville situóe au nord de la Palestine. 
Genése, XIV, 14 ; II Rois, ./ ΕΖ, 
xxvi, 19. 

D APHCA, campement des Hébreux. Nomb., 
כל‎ AU, 12. 

DAPHNÉ, localité voisine d'Antioche. 1] 
Mach., 1v,,33. 

DARIQUE, monnaie perse. I Esdr., vri, 21. 

DARIUS. le Perse. 1] Esdr., xit, 22. 

DARIUS CODOMAN, roi de Perse. I Mach., 
154. 

DATHAN, descendant de Ruben. Nombres, 
xvi. 1. Voir note sur Genèse, xLIx, 4 

DATHEMAN., forteresse. 1 Mach., v, 9. 

DAVID (maison de) Luc, r, 69. 

DEBBORA. prophétesse. Juges, IV, 4. — 
Son cantique. Juges, v, 31. 


; I Rois, 


INDEX ARCHEOLOGIQUE. 3043 


JEBLATHAIM, ville moabite. Jér., א‎ 
22. 

DÉCAPOLE (la). Matth., 1v, 25. 

DÉCIME, mesure de capacité. Nombres, 
XXVIN, 13. 

DÉDAN, ville de l'Idumóée. Jér., xLix, 8. 

DÉDAN, nom d'une tribu issue d'Abraliam. 
Ez xxvi, (10. 

DÉDAN, nom d'une tribu issue de Chus. 
Ez., xxvi, 20. 

DÉDANIM, région de l'Idumée. 15816, xxi, 


19. 

DÉDICACE des maisons. Deut., xx, 5. — 
(Féte de la). Jean. x, 32. 

DÉLOS, ile de la mer Égée. I Mach., xv, 
23 


DÉLUGE. Voir note 6, p. 2982. 

DÉMAS. nom d'hommce. Coloss., 1v, 14. 

DÉMÉTRIUS I SOTER, roi de Syrie. IMach., 
uu 1: 1010, x. 2. 50. 

DÉMÉTRIUS II NICATOR, roi de Syrie. 
I Mach., x, 67. 

DÉMÉTRIUS, nom d'homme. Actes, xix, 24; 
III Jean, 12. 

DÉMON du Midi. Ps. xc, 6. 

DEMOPHON, nom d'homme. II Mach., 
ןוק‎ 

DESERT de Juda, de Ziph. I Rois, xxii, 14. 

DÉSERT de Maon. I Rois, xxi, 24. 

DÉSERT de l'Idumée, IV Rois, rir, 8. 

DÉSERT de la Quarantaine. Mattl., 1v, 1. 

DENIER, monnaie. Matth , xvm, 28. 

DENYS (saint) l'Aréopagite. Actes. x VII, 34. 

DERBE, ville de l'Asie Mineure. Actes, 
XIv. 6. 

DEUIL. Manière de le prendre et de lc 
quitter. 11 Rois. 1, 11 ; xir, 20. — Public. 
Isaie, xv, 2-3; Zach., xii, 12. 

DEVIN, homme doué de sagacité. Isaie, 111, 
2 


DIANE, déessc. Actes, xix, 24, 28. 

DIBON, DIBON-GAD, ville. Nombres, xxt, 
SÜSPEXXII, C35 sale, xv, 2. 

DIDYME, surnom de l'apótre saint Thomas. 
Jean, xi, 16. 

DIEU inconnu. Actes, xvu. 23. 

DIÉVÉENS ou DIVÉENS (les). | Esdr., 1v, 9. 

DINÉENS (les), habitants de Din. I Esdr., 


IV, 9. 

DIOSCORUS, nom d'un mois dans le calen- 
drier grec. II Mach., xi, 21. 

DIOTRÈPHE, nom d'homme 11] Jean, 9. 

DIPLOIDE, vêtement. Baruch, v, 2. 

DIPSAS ou DIPSADE, serpent. Deut., vit, 
15 


DISCIPLES (les 72) de N.-S. Luc, x, 1. 

DISPERSION (Juifs de la). Jean, vu, 35. 

DIVISION administrative sous Salomon. III 
Rois, tv, 19. 

DIVORCE chez les Juifs. Mal., 11, 16. 

DOMMIN ou PHESDOVIM, ville. I Rois, 
XVII, 1 ; I Paralip., xr, 13. 

DONS du Saint-Esprit. Leur signification. 
Isaie, xr, 2-3. 

DOR, ville. Josué, x1. 2. 

DORCAS. Voir Tabithe. 

HORE (porte). Matth., xxr, 10 ; Actes, rir, 


— ————————————————————————————————————————————————————————— 


DOSITHÉE, lieutenant de Judas Machabée. 
II Mach.. xir, 19. 

DOSITHÉE, autre personnage. 1] Mach., 
XII, 35 

DOTHAIN, localité située au sud-est de 
la plaine d'Esdrclon. Genèse, xxxvii, 11. 

DOUAIRE, chez les Hébreux. I Rois, xvii, 


29: 
DRACHME, voir Darique. — Monnaies. 
Luc., xv. 8; Matth., xvir, 23. 
DRAGON, serpent brülant. Sag., xvr, 10. 
DRAGON, cétacé. Ps. cir, 26; ץצ‎ 
DROITE (rue). Actes, 1x, 11. 
DRUSILLE, femme. Actes, xxIII, 24. 
DUMA, ville inconnue. 15810, xxr, 11-12. 
DURA, plaine de Babylone. Dan., ri, 1. 


E 
ÉCARLATE (manteau d'). Matth., xxvit, 
28 


ECBATANE (le château d, en Médie 
1 ה‎ 

ÉCOLE ROYALE de Babylone. Dan., 1, 4. 

ECRASEMENT des enfants par les Assy- 
riens 13816, xui, 16. 

EDEN, lieu inconnu. 1% Rois, xix, 12. 

EDOM ou SÉIR, l'Idumée. Genèse, xxxi, 3. 
Voir la note sur Marc, 111, 8. 

EDRAL, capitale de Basan. Nombres, ΧΧΙ, 33. 

EGLON, ville. Josué, x, 3. 

EGYPTE. Morcellement du territoire. Isaie, 
XIX, à 

ELAM. la Susiane. 15810, xi, 11. 

ELAMITES (les). I Esdr.. iv, 9. 

ELASA, personnage inconnu. Jér., xxix, 2. 

ELATH, ville. Deut., n, 8; IV Rois, xiv, 22. 

ELCES. village de Galilée. Nahum, 1, 1. 

ÉLÉALÉ, ville. Nombres, xxxii 3; Isaie, 
Xv, 4. 

ÉLÉAZAR Son exploit. | Mach., vr, 43. 

ÉLÉAZAR, scribe. Son martyre. 11 Mach 
v1, 18. 

ÉLÉPHANTS. Leurs goüts et leur force 
I Mach.. vi, 34, 31. 

ÉLEUTHERE, fleuve. 1 Mach., x1, 7. 

ELIE. Son retour. Mal., 1v, 5. — Prophète. 
Matth., xr, 14; Luc, 1v, 26; Jean, 1, 21; 
Apoc., ΧΙ, 3. 

ÉLIM, campement des Hébreux. Exode, xv, 
21 


, 


ÉLISABETH, mère de S. Jean-Baptiste. Luc, 
109: 

ÉLISÉE, prophète. Luc, 1v, 21. 

ELMATHAN, nom d'homme. Jér., xxvr. 22 

ELOHIM. Emploi de ce nom divin. ] Rois, 
xxvii, 13. 

ELTHÉCO, ville inconnue. Josué, xxr, 23 

ELYMAIDE, province de Perse. 1 Mach., 


VI, À. 

EMATH, ville et pays. Nombres, xxxiv, 8 ; 
IL Rois, vii, 9; IV Rois, xvii, 24; [1 Pa- 
ralip., vir. 8 ; Isaïe, x. 9. 

EMATH-SUBA, ville. II Paralip., vii, 3. 

EMIM, race de géants. Deut.. 11, 41. 

EMMAUS, bourg de Juda. I Mach., 111, 40; 


Luc, xxiv, 13, 


3044 


ENAC. géant. Deut., 1, 28. 

ENCENS. Sa provenance et ses espèces. 
Exode, xxx. 34. 

ENCHANTEMENTS magiques. Ps. vit, 5, 6. 

ENCHANTEUR. Isaie, 111. 3. 

ENDOR. nom de lieu. I Rois, xxvrrt, 7. 

ENFOUISSEMENT des récoltes Jér., +4. 

ENGADDI, ville I Rois, xxiv, 1. — Désert. 
TR OTS SV 2 EIZ ΠΛ RAIDE 

ENGALLIM, à l'embouchure du Jourdain. 
7 10. 

ENGANNIM, ville. Josué, xxr, 29. 

ENIGME. Usage qu'en font les Orientaus. 
Juges, xiv, 14. 

ENNOM (la vallée du fils d"). IV Rois, ΧΧΤΙ, 
10 

ENNON, localité des bords du Jourdain. 
Jean. זז‎ 23 

ENSEVEL!SSEMENT des morts chez les 
Juifs. Actes, v, 6. 

EPAPHRAS, nom d'homme. Coloss.. 1, 1 

EPAPHRODITE, nom d'homme. Philip., It 
25 

ÉPAULE des Philistins (1), partie du littoral 
méditerranéen. Isaie, xr, 14. 

ÉPÉNETE, nom d' homme. Rom., xvr, 5. 

rPERVIER. Ses mœurs: Job, xxxix, 26. 

EPHAH, mesure de capacité. Lévitique, אזצ‎ 


36 

ÉPHÉBIE, établissement destiné aux jeunes 
gens. II Mach., 1v, 9 

ÉPHÈSE, ville de l'Asie Mineure. Actes, 

ΠΟΙ Ἐν. 92:‏ יי 

ÉPHI, mesure de capacité. Exode, ,טא‎ 36. 

EPHOD, ornement du grand prétre. Exode, 
xxvi, +. 

EPHRA, nom de lieu. Juges, vr, 11; I Rois, 
xut d rl 

EPHRAIM. Puissance de cette tribu. Deut., 
את‎ 

EPHRATA (Bethléem). Genése, xxxv, 19. 
Voir la note sur Matthieu, 11, 1. 

EPHREM, ville de la Palestine. Jean, ΧΙ, 
51, 

EPHRON, ville. II Paralip., vir, 8 ; 11 Mach., 
v, 46. 

ÉPICURIENS, secte de philosophes. Actes, 
xvir, 18. 

ÉPIMÉNIDE, poète grec. Tite, 1, 12. 

EPIS arrachés. Matth., xm, 1. 

EPOUX, épouse, mariage chez les Juifs. 


Matth 6 

ÉRASTE, nom d'homme. Actes, xix, 22; 
Rom.. xvi, 23. 

ERCHUEENS (les). Esdr., 1v, 9. 


ESCABEAU. Matth., xxir, 14. 

ESCLAVES juifs. Deut., xxvim, 68; 
traite des). I Mach., זז‎ 41. 

ESDRAS, nom d'homme. Mach., vri, 23. 

ESPAGNE. Ses relations avec les Romains. 
I Mach., vrir, 3; Rom., xvi, 24. 

ESTHAOL, nom de lieu. Josué. xvr. 31. 

ESTHÉMO, ESTHAMO ou ISTHEMO, ville. 
Josué, xxt, 14; I Rois, xxx, 28. 

ESTHER. Esth., 11, 1. 

ETAM, rocher. Juges, xv, 8. 

ETHAM, premier cempement des Hébreux. 
Exode, xin, 20. 


— (la 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 


ETHANIM, ou TISCHRI, nom d'un pops du 
calendrier hébraïque ΠῚ Rois, vir, 2. 
ÉTHIOPIE, pays de Cousch, en Afrique. 
Genèse, 11, 13. — Ses rclations avec l'É- 

gypte. Nahum III, 8. 

ÉTIENNE (saint). Actes, vi, 5. — Ibid., vu, 
ὍΝ 

ÉTOILE des Mages. Voir note 3, p. 3020. 

ETROTH, ou SOPHAN, ville inconnue. 
Nomb., ,ןא אא‎ 

EUBULE, nom d'homme. II Tim. TIVA. 

EUMENE II, roi de Pergame. Ses relations 
avec les Romains. 1 Mach. , VIII, 8. 

EUNICE. nom de fenime. II Tim., pa 

EUNUQUES. Leur condition à la cour. Jér., 
XXIX, 2 

EUPHRATE, fleuve. Genèse, xv, 18; Apoc., 
ΤΕ A 

EUPOLEMUS, prêtre juif. I Mach., vir, 17. 

EUTYQUE, nom d'homme, Actes, xx, 9. 

EVANG.LE de saint Paul. Rom., 11, 16. 

EVAPORATION sur la mer Morte. Sag., x, 


7l: 
EVILMERODACH, roi de Babylone. IV Rois, 
vera PATER T [Sao urine aL 
EVODIE, diaconesse. Philip., 1v, 2. 
EXACTEURS égyptiens, surveillants des tra- 
vaux. Exode, v, 14. 
EXCREMENTS d'animaux. Leur 
comme combustible. Ez., 1v, 15. 
EZECIAS, nom d'homme. Soph., 1, 1, 


emploi 


F 


FALARIQUES flèches incendiaires. I Mach , 
VITRO le 
FAMILLE hébraïque. Nombres, r, 2. 
o gouverneur romain. Actes, XXXIII, 


FE ME, emploi de ce mot chez les anciens. 
Jean, 1, 4. — Femmes qui suivaient N.- 
S. Luc, xxii, 49. — Femme revétue du 
soleil. Apoc., xir, 1. 

pere gouverneur romain. Actes, XXIV, 


FÊTE DES TROMPETTES. Nombres, xxIx, 
1" 


FÉTES QUINQUENNALES (les). II Mach., 
Iv, 18. 

FÉTE, la féte par excellence chez les Juifs, 
celle de 28006. Matth., xxvir, 15. 
FEU, supplice du feu. Dan, mr, ὃ, 
Brasior pour se chauffer en plein air. 

Marc, xiv, 54. : 

FIGUES (récoltes des). Cant , 11, 13. 

FIGUIER séché, figues. Matth., xxr, 19; 
Luc, xm, 6; Apoc., vr, 13. 

FILLES des hommes, de la race de Cain. 
Genèse, vi, 2. 

FILS de Dieu, descendants deSeth. Genèse, 
vi, 2 

FILS DE L'ORIENT (les), 
les Bédouins nomades. 
Jér., xr1x, 28. 

FILS de l'époux. Matth., 1x, 15. — Fils da 
la perdition. Jean, xvit, 19. — Fils du 
siècle, de la lumière. Luc, ΧΥ͂Ι, 8. 


les Arabes ou 
Isaie, xr, 14; 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 


FIN du monde. Apoc., xxi, 5. 

FLAGELLATION (supplice de 
xxii, 16. 

FLEUVE d'Égypte ou de la terre des Phi- 
listins. Genèse, xv, 18; III Rois, tv, 21; 
virt, 65. 

FLUTE, instrument de musique. L Cor., 
xIv, 1. — Voir joueurs de flüte. 

FONTAINE de l'invoquant. Juges, xv, 19. 
— De Gihon. II Paralip , xxxi 30. — 
Du Dragon. 1] Esdr , 11, 13. 

FONTAINE SCELLÉE (la). Cant., 1v, 12. 

FORÊT du roi (la), parc royal. II Esdr , 


la). Luc, 


II. 8. 
FORTUNAT, nom d'homme. 1 Cor., xvi, 
155 
FORTUNE (la), divinité chananéenne, Isaie, 
ταν 1. 
FORUM D'APPIUS. Actes, xxvii, 15. 
FOULON (le champ du). IV Rois. xvi, 17. 
FOURMI en Orient. Prov., vt. 6-8. 
FRANGES de vêtements. Matth., 1x, 20. 
FREIN à la bouche des prisonniers de 
guerre. Job, xxx, 11. 
FRELONS, insectes. Josué, xxiv, 12 ; Sag,, 


XH, 9,9. 

FRÈRES (les) de N.-S. Voir note 9, 
p. 3023. 

FRUITS (les premiers). Deut., xx, 6. 

FUMIER sur lequel Job était assis. Job, 11, 
1. Voir note 18, p. 2993. 


G 


GABAA de Saül, de Benjamin, ville. Juges, 
שה‎ dB oS, xm; ἀν xIngpSoexhv. 25 
IV Rois. xxi, 8. 

GABAATH, ville. Josué. xxiv, 33; Isaie, 
x, 29. Voir note sur ] Rois, ,זא‎ 4. 

GABAÉ ou GABÉE, ville Josué, xxr, 11. 

GABAON. ville. HI Rois, 111, 4. 

GABATHON, ville inconnue. Josué, xxr, 23. 

GABIM, localité inconnue. Isaie, x, 31. 

GABRIEL, archange. Luc, 1, 19. 

GAD, caractere de cette tribu. 
זזצצא‎ 20. 

GADER. ville. Josué, xir, 13. 

GADGAD, campement des Hébreux. Nom- 
bres, xxxrl, 32. 

GAIUS, nom d'homme. 
ibid., xx, 4. 

GALAAD, montagne. Genèse, xxxi, 21. 
Voir l'introduction au livre de 10806. — 
Pays. Nombres, xxx11, 1. — Nom d'hom- 
me et de lieu. [ Paralip., 11, 21. — (les 
troupeaux de). Cant., 1v, 1. 

GALATIE, province de l'Asie/Mineure. Ses 
relations avecles Romains. 1 Mach., vit, 
2; Actes xvn, 23. — (Galates. Voir 
Introduction à l'épitre aux Galates. 

GALBANUM, résine Exode, xxx, 34. 

GALERIE du Temple Jean, x, 23. 

GALGAL, site inconnu. Josué, xir, 23. 

GALGALA, ville située dans la Palestine 
centrale. Deut., xr, 30. — Ville située 
près de Jéricho. Juges, 11, 1; I Rois, 
ΣΙ, 14; xi, 4; Michée, vi, 5. 


Deut., 


Actes, XIX; 120; 


3045 


GALLLEE. 
p. 3020. 

GALLIM, ville. 1 Rois, xxv, 44; Isaie, x, 
30. 

GALLION. proconsul. Actes, xvru, 12. 

GAMALIEL, docteur juif. Actes, v, 34. 

GAMARIAS, personnage inconnu. 16% 
XXIX, 3. 

GAREB, nom de lieu. Jér., xxxi, 39. 
GARIZIM, montagne. Deut., xr, 29; Juges, 
Ix, 1; lI Mach ,. v, 23; Jean, 1v; 20. 

GAULON, ville. Josué, xxr. 21. 

GAVER, nom de lieu IV Rois, 1x, 21. 

GAZA, ville. Deut.. 11, 23; Josué, x, 44. 

GAZABAR, titre d'emploi. 1 Esdr.. 1, 8. 

GAZARA, ville du pays des Philistins. 
IMMach xtv5134 

GAZELLE. Sa timidité. Isaie, ,זוא‎ 14. 

GAZER, ville. Josué, xxr, 21: Juges, r, 29. 

GAZER, ou GÉZER, ou GÉZERON, ville de 
la tribu d'Éphraim. I Mach., 1v, 15. 

GAZOPHYLACIUM, tronc. Marc, xm, 41 

GEBAL, nom de lieu. Ps. LXXxII, 8. — 
Ville de Phénicie, Ez., xxvir, 9. 

GEBBETHON, ville. HI Rois, xv, 27. 

GÉDOR. forteresse appelée aussi Cédron 
I Mach , xvi, 8. 

GÉENNOM. Voir Béennom. 

GÉHENNE. vallée de Géennom, prés de 
Jérusalem, enfer. Matth., v, 22. — Fils 
de la Géhenne. Matth., xxrm, 15 

GELBOÉ, montagne..Juges, vir, 3; I Rois, 
ΧΧΨΙΙ, 4. — Fontaine. Juges, vir, 1. 

GENÉSAR on GÉNÉSARETH, ville, pays, 
situés sur les bords du lac de ce nom. 
Matth., χιν, 34. 

GENET. Abondance de cette plante. Job, 
DOUÉ 

GENTILS. Colos., zx, 1. 

GERARA, ville Genèse. xx, 1. 

GERARE, ville. IT Paralip., xiv, 14. 

GÉRASA ou GERGÉSA, ville de la Pales- 
tinc. Matth., vri, 28. 

GERRENIENS (les), les habitants de Gé- 
rara. II Mach. , xim, 24. 

GERZI, dans l'Arabie. I Rois, xxvir, 8. 

GESSEN (la terre de), habitée par Jacob 
et sa descendance. Genèse, xzv, 10. 

GESSURI. Deut., x, 14. Voir l'Introduction 
au livre de Josué. 1 Rois, xxvii, 8. 

GETH, ville du pays des Philistins. Josué, 
XD 

GETH en Opher, ville de la Galilée. IV 
Rois, xtv, 25. 

GETHREMMON, site inconnu. Josué, xxi, 


94. 

GETHSÉMANI, jardin, grotte. Matth, 
XXVI, 36. 

GIBLOS, ville. ΠῚ Rois, v. 18. 

GIHON (la fontaine de). ΠῚ Rois, 1, 33. 

GILO, ville. II Rois, Av, 12. 

GLAIVE. Luc, 11, 35. 

GNIDE. Ile voisine de Rhodes. I Mach., 
XV, 23. 

GOATHA, peut-être le Golgotha. Jér., 
XXXI, 39. 

GOB, ville. II Rois, xxr, 18. 

GODOLIAS, gouverneur de la Judée pour 


Josue, xii 2. Voir note 4 


«016 


les Chaldéens. 

12: XD, 5. 
GOG, nom d'homme. Ez., xxx vint, 9. — Son 

extermination. Voir note 24, p. 3009. 


JET, XXII. וו‎ XENINS 


GOLAN, ville. D::+,1v, 43. 

GOLGOTHA ou le Calvaire. Matth... xxvu, 
33. 

GOMER. Ses descendants. Ez . זנטאאא‎ 6. | 


GOMOR, mesure de capacité. Exode xv', 


16. 

GOMORRHE, ville située au sud dela mer 
Morte. Genèse, xii, 10 

GORTYNE, ville de l'ile de Crète. 1 Mach., 
xv, 23. 

GOSEN, ville. Josué, x, 41. 

GRAVURE, dans l'antiquité. Job, xix, 22. 

GRECE. Actes, xx. 2. 

GRECS. Actes, vi, 1; ibid., Ix, 29. 

GRENADE. Cant., 1v, 3. 

GROTTE du Gallicante ou des pleurs de 
saint Pierre. Matth., xxvr, 75. 

4 7 du tombeau de Lazare. Jean, ΧΙ; 


GUERRE. Droit du vainqueur. IV Rois, 
VI, 22. 


GUÉS du Jourdain. Juges, 11, 31; vi, 24. 


aue aim localité inconnue. lI Paralip , 
XXVI, 

GYWNASES. Leur destination. 1 Mach., 1, 
13. 


H 


HABOR, affluent de l'Euphrate. IV Rois, 
XVII, 6. 

HACELDAMA le champ du sang. Matth., 
xxvII, 8; Actes, 1, 19. 

HADRACH, ville de Syrie. Zach , 1x, 1 

HAI, ville. Josué, vir, 2; Jér., xLIX, 3. 

HAIE, servant de clóture. Isaie, ἵν: 2. 

HALA, nom de pays. IV Rois, xvir, 6. 

HALICARN ASSE, ville de Carie. ] Mach., 
SAT 

HAMVÉ\H (la tour). II Esdr., זז‎ 1. 

HAMMOTH-DOR, ville. Josué, xxr, 32. 

HANAÉEL (la tour d). ἢ Esdr., n1; 
Jér , xxx1, 38. 

HANANIAS, nom d'homme. Jér., xxvrir, 4. 

HANES, ville d'Egypte. Isaie, xxx, 4. 

HARAN, situation de cette ville. Genèse, 
x1, 31: IV Rois, xix, 12; Ez., xxvir, 23. 

HARET, site inconnu. 1 Rois, XXII, 5. 

HAROSETH, ville. Juges, Iv, 2. 

HARPE. Job, xxi, 41; l Cor. , XIV, T. 

HASÉRIM, diverses localités. Deut. 1123. 


HASEROTH, campement des Hébreux. 
Nombres, ΧΙ. 34: xxxii, 11. 
HAUTS LIEUX. Nombres, xxu, 41; Ez, 


VI. 3 ; XVI, 31. 

HAVOTH-JAIR, villes. Juges, x, 4. 

HAZER (maison de Tichon), près du Hau- 
ran. Ez., xLvit, 16. 

HÉBAL. montagne. Deut., xi, 29; xxvit, 4 

HÉBREUX. Voir introduction à l'Épitre 
aux Hébreux. 

HÉBRON, ville située dans la Palestine 
méridionale, Genèse, xir, 18; Luc, 1, 39. 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 


HEBRONA, campement des Hébreux. 
Nomb., XXXIII, 34. 

HÉLAM, ville inconnue. II Rois, x, 17. 

HELBA, ville inconnuc. Juges, 1, 31. 

HELCATH ou HALCATH,- site incertain. 
Josué, xxi, 31. 

HELCIAS, nom d'homme. Jér. ו‎ 

HÉLODORE, personnage syrien. 11 Mach... 


1 

HELIOPOLIS, ou ON. ville d'Egypte, si- 
tuee ren loin du Caire. Genèse, ,זא‎ 45, 
— Son temple. 15810, xix, 19. 

HELMINTHIASIS, maladie dont mourut 
Antiochus Épiphane. II Mach., xr, 9. 

HÉLON, ville moabite. Jér., XLVIH, 21. 

HÉMORROIDES, fléau des  Philistins. 
I Rois, v, 6. 

HERCULE, dieu tutélaire de Tyr. II Mach., 
ιν, 9. 

HÉRED, ville. Josué, xir, 14. 

HÉRISSON, animal. Isaïe, xiv, 23. 

HERMAS, nom d'homme. Rom., xvr, 14. 

HERMES, nom d'homme. Rom., xvi, 14. 

HERMOGÈNE, nom d'homme. זר‎ Tim., 1, 
15. 

HERMON (T), montagne. Deut., זז‎ 8; Ps. 
Lxxxvil, 13. 

HÉRODE LE GRAND, Hérode Antipas et 


Hérode Agrippa. Matth., 1, 1; Actes, 
xir, 1 
HÉRODIADE. Matth., xiv, 3. — La fille 


d'Hérodiade, ibid., 6. 

HÉRODIENS, partisans d'Héroae. Matth., 
XXII, 16. 

HÉRODION, nom d'homme. Rom., xvi, 11. 

HÉSÉBON, ville. Nombres, xxt, 25; Josué, 
xr. 2: 6 XV, 4: Jér., ונא‎ 2. 

HÉTHALON, ville inconnue Ez. ΧΙ IE 

HÉTEÉENS (les) ou HETTIM, peuple de 
Chanaan. Genèse, xxii, 3; ἸΠ Rois, x, 
99. — Puissance de ce peuple. IV Rois, 
VII. 

HEURES (manière dont les anciens comp- 
taient les). Luc, xxr, 44. 

HÉZER ou Hazor, ville, 11] Rois, 1x, 15. 

HIBOU, oiseau. Ps. xci, 7. 

HIÉRAPOLIS, ville de Phrygie. Colos., 1v, 
13. 

HIN, mesure de capacité. Exode, xxix, 40; 
Ez. PRIVADA 

HIÉRON. Voir Temple. 

HIRCAN-TOBIE, personnage juif. II Mach., 
TIT 

HODSI, nom de pays. II Rois, xxiv, 6. 

HOLDAI, nom d'homme. Zach., vr, 10. 

HOR. montagne. Nombres, xx, 22. 

HOREB, montagne du Sinai. Exode, πι, 1. 
— Pierre. Exode, xvi, 6. 

HORMA, HERMA. ou ARAMA, localité du 
désert où les Hébreux essuyèrent une dé- 
faite. Nombres, xiv, 45; Josué, xit, 14; 
I Rois, xxx, 30. 

HORRÉEN. Genèse. xxxvi, 20. Voir Chor- 
réen. Genése, xiv, 6. 

HOSANNA, mot pour acclamer. 

ΧΙ. 09! 

HOTE, hótellerie. Luc, x, 34, 35. — Maitre 

d'hótel. Jean, 11, 8. 


Matth., 


-— τῶν m 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 


HUILE. Isaie, 1, 6. — Employée avec le vin 
pour panser les blessures. Luc, x, 34, 
HUS (la terre de). Job, 1, 1. Voir l'intro- 

duction à Job. 

HYACINTHE, couleur. 
Mach., 1v, 25. 

HYMÉNÉE, nom d'homme. 1 Tim., 1 20. 

HYMNE, chant d'action de gráces. Matth., 
XXVI, 30. 

HYSOPE (bouquet d')  aspersoir servant 
dans les sacrifices mosaiques. Exode, xir, 
22; III Rois, rv, 33. — Plante, Jean, 
xix, 29. 


Exode, xxv, 4; 


ICONE, ville de l'Asie Mineure. Actes, xi, 
51 


IDAIA, nom d'homme. Zach., vr, 10. 

IDOLATRIE. Participation au culte. IV 
Rois, v, 18. 

IDOLES, servant de trophées. Isaïc, x, 10. 
— Portées aux processions. Ibid., זא‎ 


1 

IDOLES ASSYRO-CHALDÉENNES. Ba- 
ruch. vr, passim. 

IDUMEE. Marc, πὶ, 8. 

ILLYRIE, contrée. Rom., xv, 19. 


IMAGES. Leur prohibition chez les Hé- | 


breux. Deut.. iv, 12. 


| 
IMMORTALITÉ. Croyance à ce dogme. I 


Rois, xxvit, 20. 

IMPURETÉ légale chez les Juifs. I Rois, 
XX, 26. 

INCISIONS, rites du culte de Baal. III 
Rois, xvi. 28. 

INNOCENTS /saints). Matth., rr, 16. 

INSCRIPTIONS cunéiformes. Dan., 1v, 27. 

ISMAEL, fils d Agar. Genèse, xvI. 11. 

ISMAELITES (les), tribu nomade de l'Ara- 
bie. Ps. אאא‎ 1. 

ISMAHEL, nom d'un prince. Jér., xr, 8. 

ISRAEL, ISRAELITES. Origine de ces 
noms. Genèse. xxxir, 28. 

JSTOB, pays inconnu. II Rois, x, 6. 

ITALIQUE (cohorte). Actes, x, 1. 

ITURÉE, région montagneuse à l'est de la 
Palestine Luc, mir, 1. 

IVRAIE, plante. Matth., xir, 25, 29, 4 


J 


JABES, localité inconnue. I Paralip.. τι, 55. 
JABES-GALAAD, ville. Juges, xxi, 8. 
JABNIE, nom de lieu. lI Paralip., xxvi, 6. 
JABOC, JEBOC, affluent du Jourdain. Ge- 
nèse, xxxi, 22; Nombres, xxi, 24. 
JACOB. Son voyage en Mésopotamie. Ge- 
nèse, xxvir, 46. — Son testament. Ge- 
nése, XLIX. 
JACHANAN du Carmel ou JECNAN, site 
inconnu. Josué, xir, 22 ; xxr, 34. 
JACHIN, colonne du temple. III Rois, vit, 
21 


JACQUES (saint) le Majeur. Actes, ,זזא‎ 2. 
JACQUES (saint) le Mineur, Matth., xir, 


3047 


55; Actes, xir, 17. Voir Introduction à 
son Epitre. 
JAHADDAI, nom d'homme. I Paralip., 11, 


41. 

JAIRE, chef de synagogue. Matth., ix, 
18; Mare, v, 22. 

JALOUSIE (idole de la). Ez., vint, 3. 

JAMBES rompues aux suppliciés. Jean, 
xix, 14. 

JAMNIA, ville du pays des Philistins. 
I Mach., 1v, 15. 

JANNES, nom d'homme. II Tim., 111. 8. 

JANOE. ville. IV Rois, xv. 29. 

JAPHET, fils de Noé. Genèse, x. 5. 

JARAMOTH ou RAMETH, ville. 
550 OS 

JARDIN DU ROI. Son emplacement. Jér., 
XXXIX, 4. . 

JARDIN FERME (le). Eccl., 11, 5. 

JASA, ville moabite. Jér., xrvim, 21. 

JASER, ville. Nombres, xxr, 32; Josué, 
xx1202 

JASON, personnage juif. 1 Mach, vuir, 17. 

JASON le Cyrénéen, historien. 1I Mach., 11, 
24. 

JASON, père d'Onias III. II Mach., 1v, 7. 

JASON, nom d'homme Actes, xvir, 5. 

JAZER, ville. Nombres, xxr, 32; Josué, 
.XXI, 31; Isaie, xvr, 8. 

JEABARIM, campement des 
Nombres. xxt, 11. 

JEAN-BAPTISTE (saint). Matth., mr, 1; 
ibid., 4. 

JEAN (saint), apótre. Voir introductions à 
son Eavngile, à ses Epitres et à son 
Apocalypse. 

JEAN HYRCAN, prince des Juifs et grand 
prêtre | Mach., xvi, 1. 

JEAN-MARC. Actes, xir, 12. 

JEANNE. femme de Chusa. Luc, virt, 3. 

JÉBLAAM ou BALAAM, ville. Juges, T, 
21; IV Rois, 1x, 21; 1 Paralip, vi, 10. 

JEBUS, ancien nom de Jérusalem. Zach., 
צן‎ 1 

JEHOVAH. Prononciation et sens de ce nom 
divin. Exode, mr, 14. 

JEPHTÉ (la fille de). Juges, xt, 31. 

JÉRAMÉEL. ville. I Rois, xxvit, 10. 

JÉRÉMIE. Ses écrits perdus. II Mach., 11, 1. 

JÉRICHO, ville de Palestine. Luc, x, 30. 
Josué, vr, 1. — Prise de cette ville. 
Voir note 12, p. 2986. 

JÉRIMOTH, ville. Josué, rx. 3. 

JÉROME, nom d'hommo. II Mach., rm, 1. 
JÉRUSALEM. Voir note 15, p. 2989. — 
Sa topographie. Voir note 17, p. 2992. 

JÉSANA, ville. II Paralip., xr, 19. 

JÉSUS. Signification de ce nom, Matth., r, 
21. — Généalogie de N.-S. Jésus-Christ. 
Voir note 1, p. 3018. — Jésus avancait 
en áge Luc, ir 52. — Jésus, roi des 
Juifs. Matth, xxvir, 37; Jean, xix. 19. 
— Jésus (date de sa mort). Ibid., 50. — 
Son corps est gardé par un centurion. 
Ibid., 54. 

JÉTA ou JOTA, ville. Josué, xxr, 16. 

JÉTHER, ville. Josué, xxr, 14; I Rois, 
xXX, 21. / 


Josué, 


Hébreux. 


9048 


JETHSON, ville inconnue. Josué, ΧΧΙ, 36. 

JEZRAEL ou JEZRAUEL, vallée et plaine. 
Juges, vi, 33; Osée, 11, 22. — Fontaine 
Juges, vr 5; I Rois, xxix, 1; 11 Rois, 
a. 9. — Ville. 111 Rois, xxt, 1. 

JEZABEL, nom de femme. Apoc., 11, 20. 

JOAKIM, nom d'homme Baruch, 1. 7. 

JOARIB, père de Mathathias 1 Mach , n, 1. 

JONAS, prophéte. Matth., vir, 39, 40. 

JONATHAN, pour JOHANAN. Jér., xr, 8. 

JONATHAS, un des Machabées. Son habi- 
leté politique. I Mach., 1x,28. 

JONATHAS. Son souverain pontilicat. 1 
Mach; x; 21. 

JOPPÉ. Jaffa. II Paralip., 11, 16; Actes, 
TX 80. 

JOSAPHAT (la vallée de). Joël, ,זז‎ 2. 

JOSEPH. Son tombeau. Josué, xxiv, 32. 

JOSEPH, nom d'homme. 1 Mach., v, 18 

JOSEPH, personnage de la parenté des 
Machabées lI Mach , vir. 22 

JOSEPH ou JOSES, cousin de N.-S. Matth., 
xim. DD. 

JOSEPH d'Arimathie ensevelit le corps de 
N.-S. Matth., xxvir, 59. 

JOSEPH, père nourricier de N.-S. Luc, 11. 
99: 

JOSEPH Barsabas, un des 72 disciples. 
Actes, I, 23. 

JOSEPH, surnommé Barnabé. Actes, iv, 
36. 

JOSEPH, patriarche. Hébr., xr, 22. 

JOSIAS, nom d'homme. Zach., vr, 10. 

JOUEUR de flüte. Matth., 1x. 23. 

JOURDAIN. Voir l'introduction au livre de 


Josué. — Ses crues, Josué, mr 15; 
Eccli., xxiv, 36. — Passage de ce fleuve. 


Voir note 12, p. 2986. — Vallée qu'il 
traverse ΠῚ Rois, vir, 465 Matth., ΠΙ, 5. 

JUDA (le désert de). I Mach., ir, 29. 

JUDAS Iscariote. Matth., x, 4. 

JUDAS le Galiléen ou le Gaulonite. Actes, 
M reote 

JUDE (saint), apótre. Matth., xir, 55. Voir 
Introduction à son épitre. 

JUDE Barsabas. Actes, xv, 22. 

JUDÉE (désert de). Matth., ur, 1. 

JUDÉE. Actes 1, 8. 

JUGEMENT, tribunal. Matth., v, 21, 22. — 
Jugements chez les Romains. Actes, xvi, 


JUIFS exorcistes. Actes, xix, 13. 
JULIE, nom de femme. Rom., xvr, 15. 
JUNIE, nom de femme. Rom , xvi, 1. 
JUSTE, nom d'homme. Colos., 1v, 11. 
JUPITER hospitalier. l1 Mach., vr, 2. 
Honoré à Lystre. Actes, xiv, 11. 


K 


KALI, herbage comestible. Job, xxx, 4. 
KARITIH, torrent. 11] Rois, xvrr, 3. 
KOR, mesure de capacité. Luc, xvi, 1. 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 


L 


LABAN טס‎ LEBNA, ville. Nombres, xxxii, 
29 -Deufosr 4: Josue 29. 

LAC (de Génésarcth) Voir note 8, p. 3023. 

LACEDÉMONIENS (les). Leurs relations 
de parenté avec les Juifs. II Mach., v, 9. 

LACHIS, ville. Josué, x, 3; IV Rois, xiv, 
19; xvi, 145 Il Paralip., xxx11, 9 ; Jér., 
XXXIV, 1. 

LAHÉLA, ville. 1 Paralip., v, 26. 

LAIS, ville. Juges, xvni, 2T. 

LAISA, site inconnu./Isaie, x, 30; 1 Mach, 
DX). 

LAIT caillé. Juges, 1v, 19. 

LAME d'or du grand prétre, sorte de dia- 
deme Exode, xxvi, 36. 

LAMIE, démon nocturne. Isaie, xxxiv, 14. 

LAMPE de Dieu (la). le chandelier à sept 
branches. | Rois, nr, 3; Matth , xxv, ὃ. 

LAMPSAQUE, ville de Mysie. I Mach., xv, 
23. 

LANCE. Jean, xix. 34. 

LANGUE d'Azot (la). II Esdr., xii, 24. 

LAODICÉE, ville de Phrygie. Gol.. xt, 4. 

LASTHÈNE, personnage crétois. I Mach, 
x1, 91. 

LAVEMENT des pieds en Orient. Cant, v, 
3 


LAZARE, mendiant. Luc, xvr, 20. 

LAZARE, ami de Jésus (son tombeau). 
Jean. xr, 33. 

LÉBONA, ville. Juges, xxr, 19. 

LEGION, corps de troupes chez les Ro- 
mains. I Mach., 1x, 12 ; Matth., xxvi, 
ל‎ Marc Vnd 

LÉPREUX. Matth.. vii, 2. 

LÉSEM-DAN, ville Josué. xix. 41. 

LÉVI. saint Matthieu, apôtre. Voir, Intro- 
duction à l'Évangile de saint Matthieu. 

LÉ VI, fils d'Alpbée. Mare, 11, 14. 

LÉVIATHAN, le crocodile. Job, xr, 18-28; 
XT 

LÉVITES (les). Leurs classes.  Paralip., 
XXII, 6. 

LEVRAUT, daman de Syrie. Prov., xxx, 
26. 

LÉZARD. Prov., xxx, 28. 

LIBAN (le). Deut., 111, 25. Voir Introduc- 
tion au livre de Josué. . 

LIBYE, province à l'ouest de l'Égypte. 
Nahum, rrr, 9. 

LIBYE, province de l'Afrique septentrio- 
nale. Actes, r1, 10. 

LICORNE, bœuf sauvage. 15810, xxxiv, 1. 

LICTEURS, officiers publics. Actes, XVI, 

LIERRE de Jonas. Jon., tv, 6. 

LIERRE, plante servant au culte de Bac- 
chus. Il Mach , vr, 7. 

LIÈVRE, animal impur chez les Juifs. Lé- 
vitique, xr, 6. 

LIN. Sa culture et ses usages en 
Isaie, xix, 9. 

LIN, premier successeur de Pierre. 11 Tim., 
IV, 21 


Égypte. 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 3049 


LIS, ornement de femme. Judith, x, 3. 

LIT de table. Tob., ,וז‎ 3. 

LITHOSTROTOS, pavé de pierres. Jean, 
xIX. 13. 

LIVRE, poids. Jean, xir, 3. 

LOBNA, ville II Paralip., xxr, 10. 

LODABAR, ville. II Rois, vir, 18; טא‎ 
2 

LOIDE, aienle de Timothée. 11 Tim., 1, 5. 

LONGÉVITÉ des patriarches. Genèse, v, 
5; Exode, xx, 12. Voir note 5, p. 2981. 

LUC, évangéliste. Voir l'Introduction au 
troisiéme évangile. 

LUCIFER. Signification de ce mot. Isaie, 


X512. 

LUCIUS CALPURNIUS PISON, consul de 
Rome. I Mach., xv, 16. 

LUCIUS de Cyréne. Actes, זזא‎ 1 ; Rom., 
XVI, 21 

LUITH, ville moabite. Isaie, xv, 5. 

LUNE, son influence sur la température. 
PSMcXx GO. 

LYCAONIE, province de l'Asie Mineure. 
Actes, xiv, 6. 

LYCIE, province voisine de la Pamphylie. 
I Mach., xv : 

LYDDE, localité située dans la tribu de 
Benjamin. Actes, 1x, 32. 

LYDIE, province d'Egypte. Ez., xxx, 5. 

LYDIE, marchande. Actes, xvr, 14. 

LYSANIAS. Luc, מז‎ 1. 

LYSIAS, général syrien. I Mach , 111. 32. 

LYSIMAQUE, personnage juif. II Mach., 


Iv, 29. 
LYSTRE, ville de Lycaonie. Actes, xiv, 6. 


M 
MAACHA, territoire du pays de Basan. Jér., 


SUE 

MACÉDA, ville. Josué, x. 17. 

MACÉDOINE, pays au nord de la Grèce. 
Actes, XvI,.9 ; M Cor., 1x,:2: 

MACHA BÉE, surnom de la famille de Ma- 
thathias I Mach., ri, 1. 

MACHATI ou MAACHA. Deut., nr, 14. 
Voir l'intreduction au livre de Josué. 

MACHMAS, ville. I Rois, xi, 2; xiv 
315 Isaie, x, 28 ; 1 Mach., 1x, 13. 

MADABA, ville moabite. I Mach., 1x. 36. 

MADIAN, pays. Actes, vir, 29. 

MADIANITES. Nombres, xxxi, 9 ; ILE Rois, 
X1, 18. 

MADON, localité inconnue. Josué, xr, 1. 

MAGALA, nom de lieu. I Rois, xvrr, 20. 

MAGDALUM, forteresse. Exode, xiv, 9 
.זר‎ 

MAGÉDAN, Magdala, ville de la Galilée. 
Matth., xv, 39. 

MAGEDDO (le champ de), 1] Paralip., 
XXXV 22. 

MAGEDDON ou MAGEDDO, ville. Josué, 
xm, 21; Juges, r, 27; 11] Rois, 1x, 45 ; 
IV Rois. זזזאא‎ 29; Zach., זא‎ 41. 

MAGICIENS dela cour de Pharaon. Exode, 
SIL. 

MAGIE (la) en Chaldéc. Dan., ,זז‎ 2, 10. 


9 
CRT) 


8 


MAGISTRATS. Luc, xxi, 4. 

MAGOG, nom de pays. Ez., xxxvii, 2. 
MAGOG. Ap., xx, 1. 

MAGRON, nom de lieu. I Rois, xiv, 2. 
MAHANAIM, nom de lieu. Genèse, xxxii, 


2. 

MAISON renversée par Samson. Juges, 
XVI, 25 

MAISON DU SOLEIL. Matariéh. Jér., א‎ 


13. 

MAITRE D'HOTEL. Jean, 11, 8. 

MALADIE de Job. Description et effets. 
Job, xxx, passim. 

MALASAR, titre de dignité. Dan., 1. 11. 

MALLO ou MALLUS, ville de Cilicic. 
II Mach., 1v, 30. 

MALTE, ile. Actes, xxvi, 1. 

MAMBRÉ, torrent, Judith. 11, 14. 

MAMBRES, magicien. 11 Tim., xx, 8. 

MAMMON, richesses. Luc , xvi, 9, 43. 

MANAHEN, docteur d'Antioche. Actes 
XIII; ME 

MANAIM, village. Josué. xxr, 31. 

MANDRAGORE, plante. Genése, xxx, 14; 
Cant., זט‎ 13. 

MANNE. Exode, xvi. 36. 

MANTEAU des femmes. 
Matth., v, 40. 

MAOZIM, nom d'une divinité. Dan.. xr, 38. 

MARA. MARAH, campement des Hébreux 
Exode, xv, 23. 

MARC, évangéliste. Voir Introduction à son 

vangile. 

MARC (Jean). Actes, xi, 12; ] Pierre, v; 

13 


MARDOCHEE. Esth , 11, 5. | 

MARESA, ville. Il Paralip., xiv, 9; II 
Mach.. xir, 35 

MARIAGE. Coutumes orientales. 
xA 12: 

MARIE-MADELEINE. Matth , xxvir. 55. 

MARIE, mére de Jacques ct de Joseph. 
Matth., xxvir, 56 

MARTHE, sœur de Lazare. Luc. x, 36. 

MASAL ou MESSAL, ville. Josué, xcu Sys 

MASALOTH, ville. [ Mach., 1x, 2. 

MASÉRÉPHOTH, localité inconnue. Josué, 
SIUS. 

MASPHA ou MASPHE, ville inconnue. 
Josué, ΧΙ, 8. 

MASPHA, ville de la tribu de Benjamin. 
1 Mach , m, 46. 

MASPHA de Galaad, ville. Juges, x, 17: 
I Mach., v, 35. 

MASPHA ou MASPHATH, ville de Benja- 
min. I Rois, vit, 5; 111 Rois, xv, 22. 
MASPHA en Moab, site inconnu. I Rois. 

XXIE:S. : 
MATHIAS, apôtre. Actes, r, 23. 
MATTHANA, localité du désert. Nombres, 


Gant evo E: 


Juges 


XXI, 18. 
MATTHIEU, apótre et évangéliste. Voir In- 
troduction à son Évangile. 
MEDABA, ville. Nombres, xxr, 30; Josué, 
xil, 9; 1] Rois, x, 8; Isaie, xv, 12. 
MEDEMENA, localité inconnue. lsaie, x, 31. 
MEDES (les). Leurs relations avec les 
Perses. I Mach., vir, 8; Actes, ,זז‎ 9. 


9050 


MELCHIAS, nom d'homme. Jér., xxxvii, 6. 

MELCHOM, dieu des Ammonites. I Pa- 
LAND xx ΘΕ XEIX M 

MELCOM. Voir MOLOCH. 

MELLO, vallée. II Rois, v, 9. — Citadelle. 
III Rois, rx, 15. 

MÉLOTHI, ville. Judith, 1r, 13. 

MEMPHIS, capitale de l'Egypte. Isaie, xix, 
13: ΒΖ 5x93 19. 

MÉNÉLAUS, frère de Simon. II Mach., 1v, 
23. 

MENTHE. Matth., xxii, 23. 

caue ville inconnue. Josué, xxi, 


MEUHAATH. ville moabite. Jér., xr.vrri, 94. 
MER (de Galilée) Voir note 8, p. 2023. 
M divinité babylonienne. Jér., 


MÉRÓM, lac. Josué, xr, 5. 

MÉROZ, nom de licu. Juges, v, 23. 

MERRHA, ville d'Arabie. Baruch. 111, 23. 

MER ROUGE Station des Hébreux. Nom- 
bres, xxxi. 10. 

MÉSA, roi de Moab. II Rois, ΠΙ, ₪ 

MÉSOPOTAMIE, contrée d'Asie. Genèse, 
xxiv, 10; Actes, 11,9: 

MESSIE. Le dominateur. 11 Rois, xxr, 3. 

MESURE (la premiere), ancienne coudée. 
II Paralip., rir, 2. 

MESURES hébraiques. Isaie, v, 10. Voir 
note 21, p. 3003. 

MESURES chaldéennes. Dan., xiv, 
note 21, p. 3003. 

MESURE. Matth., xir, 33; Jean, 11, 6. 

:METALLURGIE. Job, xxvur, 2. 

'METEOROLOGIE (questions de). 
XXXVII. 

METRETE. Sa capacité. II Paralip., 1v, 5. 

MEULE et moulin à bras. Deut., xxiv, 6; 
Juges, xvi, 21. — (Le bruit de la). Eccl., 
Xil, 4. 

MICHEL, archange. Ap., xit, 1. 

MIEL, en Palestine. Prov., v, 3. — Son 
emploi en médecine. Ibid., xvr, 24. 

MIGDOL, ville d'Egypte. Ez. , XxiX, 10. 

MIGRON, localité de la tribu de Benjamin. 
Isaie, x, 28. 

MIKTHAM. Voir note 20, p. 3001. 

MILET, localité inconnue au sud d'Ephèse. 
Actes, xx, 15. 

MINE. Somme d'argent. Luc, xix, 13. 

MINE d'or. III Rois, x, 11. 

MINES métallifères. Leur 
Job, xxvi, 1. 

MIROIRS de bronze. Job, טאאא‎ 18. 

MIROIRS métalliques. Isaie, 1m, 23. 

MISACH, signification inconnue. Dan., 1, T. 

MISOR, "plaine inconnue. Josué, xxi, 6. 

MISPHAT ou CADES, ville. Nombres, xx, 1. 

MITRE, coiffure de cérémonie. Judith, x, 3. 

MITYLENE, ville de Lesbos. Actes, xx, 44. 

MNASON, de Chypre. Actes, xxr, 46. 

MODIN, ville 0 la Palestine méridionale. 
I Mach., In: 

MOISE, poète Deut., xxxit, 1. 

MOISSON (époque de la). Isaie, xvi, 4. 

MOISSONNEURS en Palestine. Ruth, זז‎ 
III, passim. 


9. Voir 


Job, 


exploitation. 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 


MOLOCH, idole des Ammonites, dieu du 
feu. Lévitique, xvin, 21; III Rois, xr, 
7; Actes, vir, 43. 

MONNAIES HEBRAIQUES. I Mach., 
Voir note 25, p. 3010. 

MONT des Béatitudes, au nord-ouest de 
Tibériade. Matth., v, 1; — de la trans- 
figuration, Matth., xvir, 1; — de la pré- 
cipitation, Luc, rv, 29. 

MONTAGNE du testament. [saïe, xiv, 13. 

MONUMENTS prohibés chez les Juifs. Lé- 
vitique, xxvi, 1. 

MORASTHIE, localité de la tribu de Juda. 
Michée, 1, 1. 

MORIA (la montagne de). II Paralip., מזז‎ 
1. — Etat actuel de ce mont. Jér., xxvi, 


xv, 6. 


18. 

MEAE à broyer le grain. Nombres, 
XI, 

MOSEL, lieu inconnu. Ez., xxvir, 19. 

MOSOCH, nom de peuple. Ez., xxvi, 13. 

MOULIN. ' Matth., XVII, 6; xxtv, #1. 

MOUSTIQUES. Ps. CIV, 81. 

MUR de BRIQUES, ville moabite. 
XLVIII, 31. 

MURIER, sycomore à figues. Ps. rxxvir, 
47; Luc, xvii, 6. 

MUSACH, nom hébreu. IV Rois, xvi, 18. 

MYNDOS, ville de Carie. I Mech.. xv, 23. 

MYRRHE, résine odorante. Exode, xxx, 
23; Ps. xr1y, 8, 9; Jean, xix, 99. 

MYSIE, province de l'Asie Mineure. Actes, 
XVI, T. 


Jér., 


N 


NAALOL, ville inconnue. Josué, xxr, 35. 

NAAMAN, officier syrien. IV Rois, v, 1; 
Luc, 1v, 21. 

NAASSON, localité inconnue. Tob., 1, 1. 

NABLE, instrument de musique. I Paralip., 
xv, 16. 

NABO ou NEBO, ville. Nombres. xxxir, 3, 
38; Isaie, xv, 2; Jér., xrvim, 1. — Mon- 
tagne. Deut., xxxir, 49. — Divinité des 
Babyloniens. "Isaie, XLVI, 14. 

NABUCHODONOSOR. IV Rois, xxiv, 1. — 


Ses campagnes. Jér., xxr, 2. — Ses suc- 
cesseurs. lbid., XXVII, 1. — Sa maladie. 
Daniel, 1v, 30, 

NABUSEZBAN, titre de dignité. Jér., 


xxxIx, 13. 
NABUTIÉENS (les). Leur origine. 1 Mach., 


NABUZARDAN, général babylonien. Jér., 
xxxix, 8. 

NADAB, fils d'Aaron. Exode, xxiv, 1. 

NAHALIEL, localité du désert. Nombres, 
XXI, 10. 

NAIM, ville de Galilée. Luc, vir, 11, 12. 

NAIOTH, écoles de prophètes. I Rois, xix, 


18, 
NAISSANCE du roi. Comment elle était 
fètée en Orient. II Mach., vr, 1. 
NANÉE, la Diane des Grecs. II Mach., 


13. 
NAPHTE, huile minérale, Dan., 111, 46. 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 


NARCISSE, nom d'homme. Rom., xv1, 11. 

NARD, parfum. Marc, xiv, 3 

NATHANAEL, l'ap;tre saint Barthélemy. 
Jean, r, 45. 

NATHINEENS /les), serviteurs du Temple. 
I Paralip., 1x, 2; I Esdr., vu, 17, 

NAZAREEN. Signification de ce mot Ge- 
nèse, xLIX, 26; Juges. 11א‎ 5. — Les 
Nazaréens, leur manière de vivre. La- 
ment., Iv, 7. Voir Nomb., vi. 

NAZARETH. Voir note 5, p. 3024. 

NEBAHAZ, faux dieu. IV Rois. טא‎ 31. 

NECHAO 18, roi d'Egypte. IV Rois, xxii, 
29: JOD XLVI) 9$! XLVIE,U: 

NEIGE. Son emploi comme réfrigérant. 


Prov., xxv, 13. — (Chute de). lbid., 
XXVI. d. 

NEMRA ou BETHNEMRA, ville. Nombres, 
XXXIE9. 


NEMRIM. ville prés de la mer Morte. Isaie, 


xv, 6. 

NÉOMÉNIE, féte de la nouvelle lune. 
Nomb., xxvir, 11; 1 Rois, xx, 5. 

NÉRÉE, nom d'homme. Rom., xvi, 45. 

NEPHTHALI (la terre de). Isaie, 1x, 4. 

NEPHTOA (la fontaine de). Josué, xv, 9. 

NÉRÉGEL-SÉRÉSER, titre de dignité. Jér., 
XXXIX, ὃ. 

NERGEL ou NERGAL, faux dieu. IV Rois, 
XVII, 20. 

NESROCH, divinité 
XXXVIIL, 38. 

NETOPHATHI, ville de Juda. Jér., xr, 8. 

NICANOR, général syrien. ] Mach., 111, 38. 

NICANOR, gouverneur de Chypre. II Mach., 
XII, 2. 

NICANOR, diacre. Actes, vr, 5. 

NICODEME, membre du Sanhédrin. Jean, 
11}. 

NICOLAITES, hérétiques. Ap., 11, 6. 

NICOLAS, diacre. Actes, vi, ₪ 

NICOPOL'S. Tite, 111, 12. 3 

NIGELLE, plante. lsaie, xxvii, 25, 21. 

NIL. Source de fertilité. 15810, xix, 5. — 
Ses canaux. Ez., xxx, 12. 

NINIVE, capitale de l'Assyrie. Genèse, x, 
11. — Sa ruine. Tob., xiv, 6; Jonas, 1, 
2; ΠΙ, 3. — Canaux qui la traversaient. 
Nahum, m, 8. — Époque de sa ruine. 
Ibid., rir, 19. 

NITRE. Son usage dans l'antiquité. Prov., 
xxv, 20. — Son gisement. Jér., 11, 22. 

NO, ville de Thèbes. Jér., xLvi, 25. 

NOBE, nom de lieu. I Rois, xxi, 1. 

NOIR. espèce de fard. IV Rois, 1x, 31. 

NOPHE, ville inconnue Nombres, xxi, 30. 

NUAGE DE ROSEE. Isaie, xvii, 2. 

NUMÉNIUS, nom d'homme. I Mach., xm, 


16. 
NY MPHAS, nom de femme. Col , tiv, 45. 


assyrienne. 6 


0 


020111, campement des Hébreux. Nomb., 
xx1,10: 

ODAREN, nom d'une tnbu arabe. I Mach, 
ix, 66. 


3054 


ODOLLAM, ODULLAM ou ADULLAM, 
ville de Juda. Genèse, xxxvii, 1; I Rois, 
xxm, 1; 1] Mach.. זז‎ 38. 

OFFRANDE des bois. II Esdr., x, 34. 

OISEAUX DE NUIT dans les cavernes. 
Baruch, vr, 21. 

OLIVIERS (la montagne des). Il Rois, xv, 
30; Matth., xxr, 1; xxiv, 3. 

OLON ou HOLON, ville. Josué, xxt, 15. 

OLYMPIADE, nom d'homme. Rom., xvi, 
15. 

ONAGRE, âne sauvage. Job, ΧΙ, 5 ; xxxix, 
:ו‎ cim; 1. 

ONCTION royale. I Rois, x, 1, 24. 

ONESIME, esclave de Philémon. Col., tv, 


ἢ: 

ONESIPHORE, éphésien. II Tim , 1, 16. 

ONIAS. Les quatre grands prétres de ce 
nom 1 Mach, xii, 1. 

ONO. campagne. II Esdr., vr, 2. 

ONYX, coquille odorante. Exode, xxx, 34. 

OPHA, site inconnu. Josué, xr, 11. 

OPHAZ, pays inconnu. Jér., x, 9. 

OPHEL, colline du Temple. II Paralip., 
XXVII, 3. 

OPHIR, pays de l'Inde. III Rois, 1x, 98 ; 
xxii, 49. — Son identification. 11 Paralip., 
vri, 16. 

ORACLE du temple. IIl Rois, vi, 5, 19. 

ORFEVRES en Orient. Mal., rir, 3. 

ORGUE. Job, xz, 12. 

ORIENT (terre d), la Mésopotamie. Ge- 
nèse, xxIX, À. . 
ORIENT, nom du Messie. Zach., 111, 8 ; vr, 

12 


ORION. constellation. Amos, v, 8. 

ORNEMENTS. II Rois, τ, 10. 

ORNEMENTS de la main droite, bracelets. 
Judith, x, 3. 

ORONAIM, ville moabite. Isaie, xv, 5 ; Jér., 
XLVIII, 3. 

ORTHOSIADE, ville de Phénicie. I Mach, 
XV, 81. 

ORYX, bœuf sauvage. Isaïc, 11, 20. 

OSÉE, premier nom de Josué. Nombres, 
xni, 17. 

OURS en Syrie. Prov., xvi, 12. 

OUTRE. Matth., 1x. 17. 

OZIAS (son rang dans la généalogie de 
N.-S.). Matth., 1, 8. 


P . 


PACTE de sel. Nombres, xvri, 19. 

PALESTINE, description et partage. Voir 
Introduction au livre de Josué. — Les 
sites montagneux. Ez., xxxvi, 12, 

PALESTINIENS, Philistins. I Paralip., x, 1. 

PALME. Sa longueur. 1] Paralip., tv, 5. 

PALMES (la ville des). Juges, 1, 16. 

PALMIER. Cant., vir, 8. 

PALMYRE. ville. 11] Rois, 1x, 18. 

PAMPHYLIE, province et ville de Cilicie. 
I Mach., xv, 23 ; Actes, 11, 10. 

PAPHOS, port de l'ile de Chypre. Actes, 
xri, 6. 

PAPYRUS (barques de). Isaie, xvix, 2. 


3052 


PAQUE. Matth., xxvi, 2. 
PARABOLE. Voir note 10, p. 3025. 
PARADIS TERRESTRE. Voir note 4, t. I, 


JAUNE 
PARALYTIQUE. Matth., vir, 6. 
PARASCEVE, veille du sabbat. 
xxvII, 62. 
PARFUMS. Usage qu'en font les Orien- 
| taux. Genèse, ,]טאאא‎ 25. 
PARMENAS, diacre. Actes. vr, 5. 
PARTHES, peuple d'Asie. Actes, rr, 9. 
PARVIS. Ps. xxvirt, 2. 
PATARE. ville de Lycie. Actes, xxr, 7. 
PATROBE, nom d'homme. Rom., XVI, 4. 
PAVILLON ou RIDEAU, moustiquaire, 
Judith, x, 19 : xiu, 10 ; χιν, 13. 
PAVILLONS de Cédar. Cant. 303147 
PECHE (instruments de) en Egypte. Isaie, 
EXON 
PERSE sur les murailles. Ez., 


Matth., 


XXI, 
PÉDERINAGE de cette vie. Genèse, xLvil, 


PELICAN, oiseau. Ps. xc1, 1. 

PELUSE, "ville d' Egypte. Ez., XXX 

PENTECOTE. Actes, πὶ 1. 

PERES (aller, retourner vers ses). Gen?se, 
xv, 15. — Signification de ce mot en 
Orient. IV Rois, v, 13. 

PERGAME, ville de la grande Mysic. Ap., 
11, 12% 

PERGB, 
XIII, 9e 

PERISCELIDES, parures des 
Nomb., xxxi, 50 ; Isaie, rir, 20. 

PERSÉE, dernier roi de Macédoine. I Mach., 


PERSEPOLIS, une des capitales de la 
Perse. II Mach., rx. 2. 

PERSES (les). Voir MEDES. 

PERSIDE, nom d'homme. Rom., xvi, 2. 

PHALANGE, corps 66 treupes chez les Ma- 
cédoniens. 1 Mach., 1x, 12 

PHANUEL, situation de cette localité. Ge- 
nése, XXXII 90. 


; apitaln de la Pamphylie. Actes, 


femines. 


PIIARA, ville de la tribu d'Ephraim. 
I Mach., 1x, 50. 
PHARAN, désert. Deut., 1, 1; Hab., nr, 3. 


— Montagne. Deut., xxxui, 2. 

PHARAON, titre des rois égyptiens. Ge- 
nese, xr, 19. — Le Pharacn du patriar- 
che Joseph. Genèse, וא‎ 1. — Les Pha- 
raons de Moise. Exode. 1, 8; 11, 23; ut, 
10. — Psousennès 11. III Rois, 111, 1. — 
Le Pharaon d'Ezéchias. IV Rois, xvi, 21. 

PHARAON Apries, Ephrée, ou Ophra. Jér., 
XXXVII, 45 XLIV, 30. 

PHARISIENS. Matth., ur, 7. Voir note 6, 
p. 3022. 

PHARPHAR, fleuve. IV Rois, v, 12. 

PHARURIM, endroit des portiques du Tem- 
ple. IV Rois, xxu, 11. 

PHASELIDES ou PHASELIS, ville de Lycie. 
I Mach.. xv, 23. 
PHASERON, nom 
1 Mach., 1x, 66. 
PHASGA, chaine de montagnes. Nombres, 

xu 20. 


d'une tribu arabe. 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 


PHASSUR, nom d'homme. Jér., xx, 1; Xx1, 4. 

PHATURES, canton de la Haute Egypte. 
1 

PHELETHIENS. ]I Rois, vir, 18. 

PHENICE. port de Crète. Actes, xxwir, 12. 

PHENICIE. Son commerce avec l'Égypte. 
Isaie, xxir, 3; Actes, xr, 19. 

PHESDOMIM ou DOMMIM, ville. 1 Rois, 
xvi, 1; I Paralip., xr, 13. 

PHETROS, la Haute Egypte. Isaie, ,זא‎ 11. 

PHICOL, titre du ministre d'Abimélech. 
Genèse, XXI, 22. 

PHIHAHIRO TH, deuxième campement des 
Hébreux. Exode, XIV, 2. 

PHILADELPHIE, ville de Lydie. Ap., n, 7. 

PHILARQUE, nom d'homme. Il Mach. 
VIII, 32. 

PHILEMON. Voir l'Épitre de ce e 4 1. 

PHILETE, personnage juif. II Tim., AT 

PHILIPPE, א ו‎ syrien. 1 "Mach ; 
IIT 9255V 

PHILIPPE m ΣΙ de Macédoine. I Mach., 
VIII, 5. 

PHILIPPE, diacre. Actes. vi, 5. 

PHILIPPES, ville de Macédoine. Actes, x v1, 
19. 

PHILISTINS. Leur terre. Josué, 3111, 2. —- 
Leur histoire. Juges. xir, 1. 

PHILOLOGUE, nom d'homme. Rom , xvr, 


15. 
PHITHOM, ville bátie par les Hébreux dans 
la terre de Gessen. Exode, 1, 11. 
PHLEGON, nom d'homme Rom., xvi, 14. 


PHOEBE, diaconesse. hom. αν. 
PHOGOR, montagna. Nombres, zxilt, 28. 


— Ville. Voir Bethpiio gor. 
PHRYGIE, province de PAsie Mineure 
orientale. Actes, 11, 10. 
PHUL, roi d'Assyriec. IV Rois, xv, 19. 
EHE: PHURIM, sorts. Esth., In EX, 


PHY LACTÈRES, bandes de parchemin. 
Matth , Xxxll, 9 

PIERRE pour la circoncision, couteau de 
silex Exode. 1v. 25 

PIERRE DU SECOURS. I Rois, rv, 1. 

PIERRE DU DESERT, capitale de l'Arabie 
Pétrée. Isaie. xvi. 1. 

PIERRE ANGULAIRE (la) Isaie, xxvii, 16. 

PIERRES à peser. Prov., xvr, 11. 

PIERRE (saint). Matth., xvr. 18. 

PILA. nom de lieu. Soph., 1, 11. 
PISCINE inférieure. Isaïe, xxir, 9. — An- 
cienne. Ibid., זצא‎ 11. 
PISCINE supérieure. Son 
Isaie, vit, 3. 

PISCINE probatique. Jean. v, 2. 

PISIDIE, province de l'Asie Mineure. Actes, 
XIV. 23. 

PLACES publiques, bazars. 11] Rois, xx, 


emplacement, 


34. 
PLAIES d' Egypte. 
Sag., XVI-XIX. 
PLA'E de Job. Job, rr, 1. 
PLAT. Matth., xxvi, 23. 
PLATANE. arbre. Eccli., ,טזאא‎ 19. 
PLEUREUSES. Leur rôle dans les funéraii- 
les? ΤΟ 1x47. 


Notes égyptologiques. 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 


PLUIE en Palestine. Deut., xr, 44. — En 
Egypte Zach., xiv. 18. 
PLUIES de saison. Job, xxxix, 23. — Fin 

des pluies Cant., 11, 11; Jér., 111, 2. 
POELE DE FER Son emploi Ez., 1v, 3. 
POIDS public ou du Roi. 11 Rois, xtv. 26 
POIDS (mesures et) hébraiques. Voir 

note 21, p. 3003. 

POINTS CARDINAUX. Job, xxii, 9. 
POISSON de Tobie. Tob., vr, 2, 8-9. 
POISSON de Jonas. Jon., 11, 4. 

POMMES de Sodome. Sag , x, 7. 
PONCE-PILATE. Matth., xxvir, 2 ; Luc, xii, 


T. 

PONT (le), province de l'Asie Mineure. 
Actes, rr, 9 

PONT, Larsa en Babylonie. Genèse, xiv, 1. 

PORTE (la) des Poissons. IT Paralip.. xxx111 
14; Il Esdr , i11, 3. — De la vallée IT Esdr., 
11, 13. — Du fumier. lbid. — De la fon- 
taine. 1] Esdr., τι, 14. — Du troupeau. 
I] Esdr., 111, 1. — Ancienne. 1] Esdr., 
nr, 6. — Des eaux. II. Esdr., 111, 26 
Des chevaux. II Esdr., nr, 28. — Des 
Juges. 11 Esdr., 117, 30. — D'Ephraim. 
II Esdr., xir, 38. — De la prison. Ibid. — 
De la fille de la multitude. Cant., vir, 4. 
— D'argile (la). Jér., xix, 2. — Haute de 
Benjamin. lbid., xx, 2. — Neuve. lbid., 
xxvI, 10. — De Benjamin, lbid , xxxvit, 
13. — Du milieu. lbid., xxxix, 3. — 
Entre les deux murs. Ibid., xxxix, + 

PORTES, lieu de justice. Deut., xvr, 18; 
Juges, xvi, 3. — La structure et le ser- 
vice des portes. Juges, xvr, 3. — Lieu 
d'exposition des suppliciés. IV Rois, x, 8. 

PORTES D'AIRAIN, chez les Assyriens. 
l|saie. ,טא‎ 2. 

PORTES de Jérusalem. Voir 
ול‎ OUO 

PORTIQUE du temple. III Rois, vr, 3. 

PORTIQUE de Salomon. Jean, x, 23. 

POTEAUX pour la suspension des cadavres. 
Josué, x, 26. 

POURPRE marine. I Mach., iv, 23. 

PREPOSES au service du roi. I Paralip., 
XXVII, 1. 

PRESENTS. Leur usage en Orient. I Rois, 


note 17, 


IX. 

PRESENTS diplomatiques. I Mach., x1v, 24. 

rRESSOIR. Juges, vi, 11; vir, 25; [saie, 
Iv. 2; Matth., xxr, 33. 

2RESSOIR à vin. Prov., ur, 10. 

PRETOIRE. Matth , xxvir, 27. 

PRETRE (grand\. Matth., xxvi, 3. 

l'RINCE (des prêtres). Matth, 11, 4; xxr, 
23 — Du sanctuaire de Dieu. I Paralip , 
XXIY, 5. 

PRIS!:ILLE, femme d'Aquila. Actes, .א‎ 

PRISON (de saint Jean-Baptiste). Matth., 
ΧΙ ΡΝ 

PRISQUE, voir Priscille. 

PHOCORE diacre. Actes, vi, 5. 

PROPHETES. Matth., vir, 15; Actes, xv, 


32. 
PROPHETES (faux). Matth., xxiv, 11. 
PROPHETES (les fils des). IV Rois, 1v, 38. 
PROPHETISER. I Rois, xix, 20. 


היו . 
3059 


PROPITIATOIRE, 
Exode. xxv, 18. 

PROPOSITION (les pains de). Exode, xxv, 
30. 

PROSÉLYTES (les). 1 Paralip., xxir, 9. — 
Leur situation chez les Juils. Ez., X1v, 7; 
Matth . xxur, 145; Actes, τι. 11. 

PSALTERION, instrument de musique. 
| Paralip., תנזצ‎ 8. 

PTOLEMAIDE. plus tard Saint-Jean-d'Acre 
I Mach. v. 15: Actes, אא‎ 1. 

PTOLEMEE VI. Esth., xr, 1. 

PTOLEMEE MACRON, personnage syrien. 
I Mach.. rir, 38. : 

PTOLEMÉE PHILOMÉTOR, roi d'Égypte. 
I Mach . x, 51. 

PTOLEMÉE. fils d'Abobi. I Mach., xvr, 11. 

PUBLICAINS, collecteurs d'impóts. Matth 
v, 46. 

PUDENS, sénateur romain. II Tim., Iv, 21. 


couvercle de l'arche. 


י 


PUITS du vivant. Genèse, xvi, 14. — Du 
serment, à Bersabée Genèse, xxr, 32. — 
De la calomnic. Genèse, xxvi, 20. — Du 


feu sacré. Son emplacement. II Mach., 1, 
19% 

PUITS. Luc., xiv, 5. 

PURIFICATION, Jean, im, 6 ; 111, 25. 

PUTIPHAR, eunuque de Pharaon. Sens éty- 
mologique de ce nom. Genése, xxxvir, 
36. 

PYGARGUE. espèce de gazelle. Deut., x1v, 5. 

PYGMEES, troupes de Phénicie. Ez., xxvi, 
du 

PYTHON (esprit de). Lévitique, xx, 27; 
Actes, xvi, 16. 

PYTHONIENS. Leur popularité. 15810, 1 
19. 


Q 
QUARANTAINE (Désert de la). Matth., tv, 
1. — (Montagne de la). Josué, ir, 16; 


Matth., 1v, 1. 

QUARTUS, chrétien de Corinthe. Rom., 
xvi, 23. 

QUESTION ou TORTURE. Ses effets phy- 
siques Eccli., xxr, 11. 

QUINTUS MEMMIUS, romain. II Mach., ΧΙ, 


34. 
QUIRINUS, voir Cyrinus, 


R 


RABBA ou RABBATH-AMMON, ville. 
Debt: ximo ו‎ HEURoOlIsy σα, τ χα 21; 
ו‎ 

RABBI Jean, 1, 38. 

RABSACES, dignitaire assyrien. IV Rois, 
XVIII, 1T. 

RABSARES, titre de dignité. Jér., xxxix, 


RABSARIS, dignitaire assyrien. IV Rois, 
xvi, 11. 

RACHAL, ville. I Rois, xxx, 29. 

RA'HEL (son tombeau) Matth., 1 48. 

RAGES, ville. Tob., r, 16. 

RAGES, ville. Tob., uz, 7. 


3054 


RAMA, nom doe lieu. di 1v, 5; III Rois, 
Xv, ₪ II Paralip., xvr, 1. — Ville de la 
tribu de Benjamin ae x, 29; 

RAHAB, nom de ἔρθη). Jac., 11, 25. 

RAMATHA ou RAMATHAIMSOPHIM, ville. 
I Rois, 1, 1, 19. 

RAMESSES, ville construite par les Hé- 
breux dans la terre de Gessen. Genése, 
xLvII, 11 ; Exode, 1, 41 ; Nombres, xxxiii, 
3 


RAMOTHR, ville de la Palestine méridionale. 
I Rois, xxx, 21. 
RAMOTH-GALAAD, 
Josué, xxi, 31. 

RAPHAEL, ange de Tobie. Tob., 111, 25. 

RAPHAIM, géants. I Paralip., xxr, 4. 

RAPHAIM (la vallée de). 15816, xvir, 5. 

RAPHIDIM, campement des Hébreux. 
Exode, xvir, 4, 8; Nombres, xxxin, 14. 

RAPHON, ville de la Décapole. I Mach., v, 
QUE 

RATIONAL, ornement du grand prêtre. 
Exode, xxviir, 4. 

RATS, en Palestine. I Rois, v, 6. 

RÉBLA ou RÉBLATHA, ville. 
ΧΧΤΙΠΙ τον 0», ΧΈΧΙΝ de 

REBMAG, titre de dignité. Jér., xxxix, 3. 

RÉCHABITES (les). Leur origine et leur 
genre de vie. Jér.. xxxv, 32. 

RÉEMA, province de l'Arabie Heureuse. 
Ez , xxvi, 22. 

REINE DU CIEL, la déesse Astarté. Jér., 
vir, 18. 

REINE DU MIDI, reine de Saba. Matth , 
xi, 42. 

REMMON (le rocher de). Juges, xx, 47. 

REMMON, ville de la Palestine méridio- 
nale. Zach.. xiv, 10. 

REMPHAN, fausse divinité. Actes, vir, 43. 
RENARDS de Samson. Voir Chacals. 

REPHAIM, trérassés. Isaie, x1v, 9. 

RÉSEPH. ville. IV Rois, χιχ, 19. 

RÉSERVOIRS d'eaux sous le Jardin fern;é. 
Eccl., rr, 6. 

RÉSINE. Son emploi en médecine 
virt, 22. 

RES TAURATION d'Israël. 


ville. Deut., 1v, 43; 


IV Rois, 


Jér., 
Ez, תשא‎ 1- 


RETHMA, campement des Hébreux. Nomb., 
XXXIII, 18. 

RHÉGIUM, localité située dans le royaume 
de Naples. Actes, xxvii, 13. 

RHINOCÉROS. Job, xxxix, 9. 

RHODE, jeune fille. Actes, xir, 13. 

RHODES, ile de la Méditerranée et ville 
du méme nom. I Mach., xv, 23; Actes, 
XXX 

ROBE nuptiale. Matth., xxi, 11. 

ROBE blanche donnée à N.-S. par Hérode. 
Luc הזד‎ 

ROGEL (la fontaine de). 
ΧΥΙΙ, 11. 

ROGELIM, nom de lieu. Il Rois, xvi, 21. 

ROGOMMELECH, nom d'homme. Zach., 


VIL. 2. 

ROHOB, ville de Syrie. Nombres, xri, 22; 
Juges, xvin, 28. 

ROHOB, ville inconnue. Josué, xxr, 31. 


III. Rois, 1, 9; 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 


ROUE du potier. Eccli., xxxvur, 32. 

ROUGE. Symbolisme de cette couleur. 
Isaie, r. 8. 

ROULEAU, écrit. Esth., 

RUE, plante. Luc, xr, 42. 

RUFUS, fils de Simon de Cyrène. 
VA 91 : Rom, xvi, 13. 

ΠΟ ville. Juges, 1x, 41; IV Rois, xxii, 
36. 


IX, 26. 


Marc, 


S 


SABA, province del'Arabie Heureuse. Ez , 
xxvH, 22; Ps. rxxr, 15: Matth., xm, 
42. — Ville. III Rois, x, 4. 

SABA, contrée voisine de l'Idumée. Ez., 
xxvi, 23 

SABAMA, ville moabite. Nombres, xxxil, 
38; Isaie, xvr, 8. 

SABAN, ville Nombres, XXXII, 3. 

SABARIM, ville. Ez., x, vu, 16. 

SABA'TH, nom d'un mois dans le calendrier 
hébraïque. 1 Mach., xvr, 44. 

SABBAT. Luc , xxiv, 1. 

SABOT des chevaux. Isaie, v, 28. 

SACRIFICE d'Abraham. Genèse. xxir, 2. 

SACRIFICES humains chez les  Chana- 
néens. Sag., זא‎ 4, ὃ. — A Carthage. 
Lb EIE 

SADDUCÉENS. Matth., ur, 7; Voir note 7, 
p. 3022. 

SADOC, grand prêtre. III Rois. 1v, 4. 

SAFRAN, plante aromatique. Cant. ., IV, 14. 

SAINT D'ISRAEL 15910, r, 4. 

SALAMINE, port de l'ile de Chypre. Actes, 
XIII, D: 

SALEM, village situé pres de Sichem. Ge- 
nèse, xxxiv, 18. — Jérusalem. Héb, 
vit, 1. 

SALIM, localité inconnue. 1 Rois, Ix, 4. 

SALINES (la vallée des). 11 Rois, vir, 13. 

SALINES (les), à l'ouest de la mer Morte. 
Ez., xr vim, 11. 

SALISA, nom de lieu. I Rois, ΙΧ, 4. 

SALMANA. nom d'homme. Osée, x, 14. 

SALMANASAR, jo d'Assyrie. IV Rois, 
xvit, 3; Tob., 

SALOMÉ, Sinis ds Zébédée. Marc, xv, 
40. 

SALOMON. Personnel de sa cour. III Rois, 
Iv, 23. — Sa prière. III Rois, vir, 23. 

SALTUS, nom propre. II Rois, xxr, 19 

SAMARIE. III Rois, xvi, 24. — La porte 
de Samarie. 11] Rois, xxir, 10; IV Rois, 
vn, 11. — La piscine de Samarie. ILE 
Rois, xxi, 38. — Le pays de Samarie. 
I Esdr., 1v. 10; Actes, 1, 8; vim, 5. 

SAMARITAINS. Matth., 1x, 5. 

SAMBUSQUE, espèce de harpe. Dan., 111, 5. 

SAMIR, nom de lieu. Juges, x, 1. 

2 ile pres del'Asie Mineure. I Mach , 

23; Actes, xx, 15. 

SAMOT HRACE. ile de la mer Égée. Actes, 
sew AUS 

SAMSON. Son tombeau. Juges, xvi, 31. 

SAMUEL. Evocation de son ombre. I Rois, 
xxvII, 12; Actes, זז‎ 24. 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 


BANABALLAT, 
Esdr.. 11, 10. 

BANCTIFIER. Sens de ce mot. 1 Esdr., 
xit, 46. 

SANDALES. Matth., ri, 11; Marc, vi, 9. 

SANGLIER. Ps. Lxxix, 1L. 

SANIR, l'Hermon. Cant., 1v, 8; Ez , xxvir, 


chef de la Samaric. 1 


5. 

SARA, mère d'[Ísaac. Rom., 1v, 19. Voir 
Sarai. 

SARAA, village. Juges, xii, 2. 

SARAI, nom de peuple. 1 Paralip., 11, 5* 

SARAI, Sara. Etymologie de ces noms. 
Genèse, xvi, 15. 

SARAIAS, nom d'homme. Jér., 1.1, 59. 

SARASAR, nom d'homme. Zach., vir, 2. 

SARDES, métropole de la Lydie. Ap., 111, 


1. 

SAREDA, ville inconnuc. 111 Rois. xr, 26. 

SAREPHTA ou SAREPTA, ville. 111 Rois, 
מנטא‎ 19; Luc, 1v, 26. 

SARGON, roi d'Assyrie. IV Rois, xvir, 24; 
Isaie, xx, 1, 4 ; xxt, 1-10, 13-16. 

SARON, ville. Josué, xi, 18. — Plaine. 
Isaie, xxxii, 9. 

SARTHAN, lieu inconnu. Josué, ur, 16 

SASSABASAR, nom chaldéen. 1 Esdr.. 1, 8. 

SATRAPES, chefs des Philistins. I Rois, 
V3. 

SAUL. Son élévation. I Rois, xix, 12. — 
Sa manie. ] Rois, xv, 14. — Son châti- 
ment. I Paralip., x, 13. 

SAUL. Depuis l'apótre saint Paul. Actes, 
XO ROTE 

SAULE. arbre. Ps. cxxxvI1, 2. 

SAUTERELLES. Prov., xxx, 21; Joël, 1, 
4365 I9 X5 14.8 50011190. 

SAVE CARIATHAIM, ville. Genèse, xiv, 5. 

SCEAU chez les Orientaux. Eccl., xvir, 18. 

SCEAU des livres. Isaie, xxix. 11. 

SCENOPEGIE, féte des Tabernacles. Jean, 
Ait CA 

SCEVA, prince des prêtres. Actes, χιχ, 14. 

SCHACALS. Juges, xv, 4. 

SCHEMA, mot hébreu commencant le pas- 
sage écrit sur les phylactéres. Deut , Ix, 
35 


9. 

SCHENE, mesure de distance. II Mach., 
XI. 5. 

SCHEOL, séjour des àmes aprés la mort. 
Genèse, xxxvi, 35. 

SCORPION. Eccli., xxvi, 10. 

SCRIBE. Sens de ce mot. I Esdr., vir, 6 ; 
Bite x57 Matth., Ir, 4. 

SCRIBE (d'Ephése), fonctionnaire. Actes, 
ו‎ 

garde du corps. III Rois, xiv,‏ הש 


SCYTHES (les). Leur barbarie. II Mach , 
IV, 47; CoL, mi, 11. 

SEBOIM, localité inconnue. I Rois, xii, 
לו‎ 


SEBOIM, ville de la Pentapole. 00560, xr, 8. 

SECOND de Thessalonique. Actes, xx, 4. 

SEDADA, ville. Nombres, xxxiv, 8; Ez., 
xLvi, 19. 

SEDECIAS, nom d'un faux prophète, Jér., 
XxIx, 21. 


3055 


SEGOR, ville. 01080, xii, 10. 

SEGOR, ou BALA, ville moabite. Genèse, 
xiv. 2; xix, 22; Deut, xxxiy, 3. 

SEGOR, ville de la Palestine méridionale. 
Isaie, xv, 5. 

SEIR ou IDUMÉE, contrée. Genèse, xiv, 
6; xxxii, 3. — Montagne. Deut., xxxill, 
2. Voir la note sur Marc, rir, 8. 

SEIRA, localité inconnue. IV Rois, vri, 21. 

SEIRATH. localité inconnue. Juges, 111, 26. 

SELEUCIDES (ére des). I Mach., r, 41. 

SELEUCIE prés de la mer, ville voisine 
d'Antioche. 1 Mach., xr, ὃ ; Actes, xiii, 4. 

SELEUCUS IV Philopator, roi de Syrie. II 
Mach., rij, 3. 

SELLA, inconnu. IV Rois, xir, 20. 

SEM. fils de Noé. Genèse, 1x, 26. 

SEMAIA, faux prophéte. II Esdr., vr, 10. 

SEMAILLES en Palestine. Prov., xx, 4. 

SEMET, nom d'homme. 111 Rois, r, 8. 

SEMEIAS, nom d'un faux prophéte. Jér., 
XXIX, 24. 

SEMERON, localité inconnue. Josué, xr, 1. 
— (La montagne de) 11 Paralip., xii, +. 

SENEVE, plante. Matth., xir, 31. 

SENNAAR (la terre de), en Babylonie. Ge- 
nèse, ,א ,15816 ;2 ,זא‎ 

SENNACHERIB, roi d'Assyrie. IV Rois, 
XVIII, 13; Tob., 1, 18. 

SENNIM. lieu de campement Juges, tv, 11. 

SEPARATION du peuple juif. Lévitique, 
xx, 26. 

SEPHAATH, ville, Juges, r, 17. 

SEPHAMOTH, ville inconnue. I Rois, xxx, 

8 


28. 
SEPHARVAIM, ville IV Rois, xvir, 24. 
SEPHATA, ville. 1] Paralip., x1v, 10. 
SEPHET, ville. Tob., 1, 1. 
SEPHELA (la plaine de). Josué, 1x, 1. — 
Sa fertilité. Juges, xv, 5. 
SEPHORA, femme de Moise. Exode, ,א‎ 
2 


SEPULCRE. Matth., vri, 98. 

SEPULCRE (saint). Matth.. xxvir, 60. 

SEPULCRES de la concupiscence, Nom- 
bres, xr, 34. 

SEPULCRES taillés. Isaie, xx1r, 16. 

SERAPHIN. Signification de ce mot. Isaie, 
V2 

SERGIUS Paulus, proconsul en Chypre. 
Actes, xit, T. 

SERON, général syrien. I Mach , זז‎ 13. 

SERPENTS en Palestine. Amos, v, 19. 

SESAC, nom d'un pharaon. 11] Rois, xi, 
40; xiv, 25. 

SETIER, mesure de capacité. Lévitique, 
xiv, 10. 

SETIM (bois de), acacia. Exode, xxv, 5. 

SETIM ou ABELSATIM, ville. Josué, 11, 1. 

SETIM, à l'est du Jourdain. Michée, vi, 5. : 

SETTIM, campement des Hébreux. Nom- 
bres, xxv, 1. 

SICAIRES, assassins. Actes, xxI, 38. 

SICELEG, ville I Rois. xxvii, 6. 

SICHAR, ville de Samarie. Jean, 1v, 5. 

SICHEM, ville de la Palestine centrale. Ge- 
nèse, xil, 6; Josué, xxr, 21. — La mo- 
derne Naplouse, en Samarie. Actes, vir, 16, 


3056 


SICLE (valeur du) d'argent. Genèse, xxiii, 
15. — D'or. Genèse, xxiv, 22; Exode, 
xxxvii, 24; Nombres, xxxi, 52; IL Rois, 
xvri. 11. — Son poids. II Paralip , 111, 9. 

SICYONE, ville d'Achadie. | Mach., xv, 23. 

SIDE. ville de Pamphylie. 1 Mach., xv, 25. 

SIDON, ville. Josué, xr, 8; Juges, 1, 1 
Rois. xxiv, 6; Ez., xxvrm, 24; Marc. 
III, ὃ. 

SIESTE. Cant., r, 6. 

LN D'EGYPTE, ouadi. 


| Paralip. Xt, 


SIDRAGU: Signification inconnue. Dan., 1, 
SIL AS ou SILVAIN, pon de saint 


Paul. Actes, xv, 22 ; I1 Cor.. xr, 19. 
SILO Emplacement du tabernacle. Josué, 


xvni, 1. — Les vignes de Silo. Juges, 
XVI, 20. 

SILOE (tour de). Luc, xri, 4. --- (Piscine). 
Jean. xr, 41. 

SIMEON (le vieillard. Luc, u. 25. 

SIMON, intendant du temple. Il Mach., 
III, 4. 


SIMON, pére de saint Jacques le Mineur. 


Matth., וזא‎ 55. 
SIMON 16 lépreux. Matth., xxvt, 6. 
SIMON de Cyrene. Matth., xxvir. 32. 


SIMON le Magicien. Actes, vim, 9. 

SIMON le Noir, docteur d'Antioche. Actes, 
dept) do 

SIN (le désert de). Exode, xvr, ! 
הדא‎ UE 

SINA. le mont Sinai. Actes, vri, 3. 

SINAI. Voir note 10, p. 2984. 

SION, état actuel de ce mont. 
18. — Cité. Héb., xri. 22. 

SIRA (la citerne de). IE Rois, 11, 26. 

SIS, nom de lieu. 11 Paralip., xx, 16. 

SISTRES, instrument de musique. I Rois, 
XVIII, 6. 

SIVAN, nom d'un mois dans le calendrier 
hébraique. Baruch, 1, 8. 

SMYRNE, ville d'Ionie  Ap., 11, >. 

SOBA, province. 1 Rois, xtv, 41; 
VIII, 3. 

FODNA, officier de la cour. Isaie, xxir, 12- 


: Nombres, 


JOD DUST, 


II Rois, 


SODE fleuve. Baruch, 


SOCCOTH, la ville de 0 Exode, 
xit, 20. 
SOCCOTH, ville située à l'est du Jourdain. 


Juges, vir, ὃ. 
50010. ville. I Rois, xvir, 1. 
SOCOTH, ville de la tribu de Gad. Genèse, 
XXXI LT 
SOCOTIIBENOTH , 
IV Rois, xvit, 30. 
SODO»E, ville située au sud de la mer 
Morte. Genèse, xir, 10; Matth., x, 15. 
SODOME, d mystique de Rome paienne. 


SOEUR A Voir note 9, p. 3024. 

SOLEIL (arrêt du) par Josué. Voir note 13, 
p: 2987 

SOLENNITES juives. Exode, xxxiv, 18. 

SOLIDE, poids. 1 Paralip.. xx1x, 1. 

SOPATER ou SOSIPATER, de Béréc. 


divinité | assyrienne. 


INDEX ARCHÉ LOGIQUE. 


e 
Actes, xx, 4, Rom, xvi, 21 ; 11 Mach., 
XII, 19 
SOPHAN ou ETRHROTII, ville inconnue. 
Nomb., xxXn, 35. 


SOREC, vallée. "Juges, XVI, 4. 

SOR'TIE d'Egypte. "Voir note $9. ASE 

SOSTHENE, Corinthien. Actes, xvilt, 4T. 

SOSTRATE, chef syrien. 11 Mach , 1v, 27. 

SOUFFLET, pour la purification des mé- 
taux. Jér , vi, 29. 

STACHYS, nom d'homme. hom., xvi, 9. 


PAD gomme odorante. Exode, xxx, 
H : Eccli., XXIV, 21. 
STADE. mesure de longueur. Jean, ΧΙ, 18. 
STATERE, monnaie. 1V Rois, vi, 1; 
Matth., xvir, 26 
STATUES CHALDÉENNES. Leur gran- 
decur. Dan., זז‎ 4. 
שק‎ chrétien de l'Achaie. I Cor., 
sr MpUZANAL, personnage persan. 
»sar 


STOICIENS, 1 Actes, xvm, 18. 
STYLE, instrument pour écrire. Jér., viu, 
8 


SUA ou SCHABAK, roi d'Ethiopie. IV Rois, 
וא‎ 4. 

SUAL. nom de lieu. 1 Rois, xim, 11. 

SUGCIN, sorte d'émail. Ez., 1, 4. 

7 ₪ féminin de Salomon. Cant., 
vis 12: 

SUNAM Qu SUNEM, nom de lieu. I Rois, 
XXVIII, 

SUPH (la ais de). I Rois, 1x, 5. 

SUR (le désert de). Genése, xxvr, 18. Voir 
la note sur Exode, xv, 22. 

SURINTENDANT. III Rois, 1v, 6. 

SUSANECHÉENS (les). 11 Esdr , iv. 9. 

SUSE. capitale de la Susiane. Esth, 1, 2; 
Dan., vr, 3. 

SUZANNE, nom de femme. Luc, virr, 3. 

SYCOMORE, figuier-mürier. Luc, xix, 4; 
Ill Rois, x, 21; Luc, xIx, 4^; Amos, vit, 
14. 

SYENE, ville de la Haute-Egypte. Ez., 
xxIx. 10. 

SYNAGOGUE. Matth., 1v, 23; Actes, XIII, 
5; — (chef de la). Mare, v, 22; Actes, 
ΧΠῚ 10: 

SYNTYCHE, nom d'homme. Philip., rv, 2 

SYRACUSE, capitale de la Sicile. Actes, 
XXVIII. 12. 

SYRIE de Damas. 11 Rois, vurr, 5 ; Matth., 
IV, 24. 


T 


TABEEL, nom d'homme. Isaie, vir, 6. 
TABITHE, femme de la ville de Joppé. 


Actes. 1x, 36 
TABLE  ethnographique. Voir note 8, 
9953. 


TABLE ‘de change). Matth., xxr, 12. 
TABLETTES (à écrire). Luc; r, 63111 
TALENT. Matth., XVIII, 24 ; xxv, 15 
TALENT d'argent. Sa valeur. Exode, 
xxxvi, 26. / 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 2057 


TALENT d'or. Sa valeur. Exode, xxv, 39 ; 
xxxvur, 24: III Rois, 1x, 14. — Son 
poids. Il Rois, xit, 90 ; 11 Paralip., 111, 8. 

TAMARIS, plante. Jér., XVI, 6. 

TANIN ou TANIS, ville de la Basse Egypte. 
Nombres, xim, 23 ; Isaie, XIx, 11. 

TAPHETH, nom de femme. III Rois, 1v, 11. 

TAPHNIS. Ses ruines. Jér., ,וזא‎ 9. 

TAPHSAR, titre de gouverneur. Jér., LI, 


21. 
TAPHNA, site inconnu. Josué, xir, 11. 
TARSE, capitale de la Cilicie. Actes, ΙΧ, 


30. 

TAVERNES (les trois), sur la voie Ap- 
pienne. Actes, xxviIr, 15. 

TEBBATH, localité inconnue. Juges, vil, 


23. 

TEMPÊTE en Orient. Isaie, xxi, 1. 

TEMPLE de Salomon. III Rois, Ix, 10. Voir 
note 16, p. 9991 ; Matth., xxr, 12. — Sa 
reconstruction. Jean, II, 90. 

TENEBRES extérieures. Matth , vin, 12. 

TENTE. 11 Rois, vri, 2; Ps. cru, 2. 

TEREBINTHE (la vallée du). I Rois, xvir, 
o xBeclis xxrv, 92. 

TERRE DU MIDI, l'Idumée. 18810, xxt, 14. 

TERTIUS, secrétaire de saint Paul. Rom., 
XVII 22. 

TERTULLUS, avocat. Actes, xxiv, 1. 

TETRARQUE. Matth., xiv, 1. 

THABOR (le mont). Juges, tv, 6. 

THALASSE, presde Bonsports. Actes, xxi, 
8 


THAMNAS ou THAMNA, localité située 
dans les montagnes de Juda. Genèse, 
XXXVIIL, 19. 

THAMNATHA, ville. Juges, xiv, 
I Mach., 1x, 50. 

THAMNATH-SARA, ville. Josué, xix, 50. 

THANAC, ville. Juges, r, 2T. 

THAPHSA, ville située sur 
111 Rois, 1v, 24. 

THAPSA, ville de Palestine. IV Rois, xv, 16. 

THARSIS. III Rois, x, 22 ; Isaie, 11, 16. 

THARTHAC, faux dieu. IV Rois, xvir, 31. 

THARTHAN, dignitaire assyrien. IV Rois, 
XVn הב‎ Xx, i. 

THATHANAL, gouverneur perse. I Esdr., 


1, 2, 5; 


l'Euphrate. 


V. 3. 
METH, ou Beté, ville. 1 Paralip., xvii, 
Tries, ville. Juges, 1x, 50; Nahum, rit, 


THÈGUE, ville de la tribu de Juda. Jér., 
vi, 1. — (Le désert de). II Paralip., xx, 
30; 1 Mach., 1x, 33. 

THELASSAR, ville. IV Rois, xix, 12. 

THEMAN, ville de l'Idumée. Jér., ,זא‎ 1. 

TUE ou THAANACH, ville. Josué, XII, 


THEODAS, faux prophète. Actes, v, 25 

THEOPHILE, nom d'homme. Luc, 1 . 

THERAPHIM, idoles. I Rois, xix, pu 
Osée. rr, 4. 

THERPHALÉENS (les). I Esdr., iv, 9. 

THERSA, site inconnu. Josué, xit, 24. 

THESBITE (le), de Thesbé, patrie d'Elie. 
IT Rois, xvit, 1. 


TII ESSALONIQUE, 
Actes, XVIL, 1. 
THOGORMA, nom d'une contrée d'Asic. 

Ez., xxvir, 14. 

THOPHEL, localité. Deut., 1, 1. 

THOPO, nom de ville. I Mach., ix, 50. 

THUBAL, nom de peuple. Ez., xxvii, 13. 

THUMMIM, mot hébreu gravé sur le ra- 
tional. Exode, xxvi, 30. 

THYATIRE, ville de Lydie. Actes, אא‎ 14. 

THYPHON, vent d'entre est et nord. Actes, 
xxvi, 14. 

THYRSES, branches de verdure portées 
dans les réjouissances publiques. 11 Mach., 
XUI 

TIBÈRE (César). Luc, rr, 1. 

TIBERIADE, ville de Galilée. Jean, vr, 23. 

TIMON, diacre. Actes, vr, 5 

TIMOTHÉE, général syrien. I Mach., , 6 

TIMOTHÉE, nom d'homme. I Mach , 

TIMOTHÉE, disciple de S. Paul. yi in- 
troduction aux Epitres pastorales. 

TITAN (les fils de). Judith, xvr, 8. 

TITE. II Cor., 11, 15. Voir Introduction aux 
Epitres pastorales. 

TITE Juste, Corinthien. Actes, xxii, ἢ 

TITUS Manilius, Romain. II Mach., xr, 34. 

TOB (la terre de). Juges, xt, 3. 

TOBIE, nom d'homme. Zach., vr, 10. 

TOIT. Marc, 11, 4. 

TOPHETA, lieu situé prés de Jérusalem. 
Isaie. xxx, 33 ; Jér., vir. 31. 

TORRENT d Egypte. _Josué, Ἐν κα; 
4; IV Rois, xxiv, 11; {saie, ,זוטאא‎ 
TORRENT de la uber de raisin. Nom- 

bres, xii, 24. 

TOUR, son usage en agriculture. Isaie, 1v, 

2 


vile de Macédoinc. 


TOURBILLON du Midi, 
Zach., 1x, 14. 

מצצא dans le désert. IT Paralip.,‏ כ 

TOURS de Jérusalem. Voir note 17, p. 2992. 

TOURTERELLE en Palestine. Cant., 11, 12. 

TRACHONITE la), pays situé au sud de 
l'Antiliban. Luc, nt, 1. 

TRADITION. Matth. SEXO 

TRÉSOR. Matth., xxvi, 6. 

TRIBUN. Marc, vi, 21 ; Jean, xvrirt, 12. 

TRIBUNAL du roi. IV Rois, xt, 14. 

TRIBUNS, chefs militaires. Exode, טא‎ 
21. 

TRIBUS israélites. Territoire échu à cha- 
cune d'elles. Voir Introduction au livre 
de Josué. à; 

TRIPHOENE, nom d'homme. Rom., 


violente tempéte. 


XVI, 


12, 
TRIPHOSE, nom d'homme. Rom., xvi, 12. 
TRIPOLI, ville de Phénicie. 11 Mach., 


NUE 
TROAS ou TROADE, port près de l'Ielles- 
pont. Actes, xvi, 8 ; IL Cor., 11, 12. 
TROGLODYTES. II Paralip., xit, 3. 
TRONC. Marc, זא‎ 41. 
TROPHIME, chrétien d'Ephèse. Actes, xx, 


4. 
TRYPHON, officier syrien. I Mach., ΧΙ, 
39. — Sa cruauté. Ibid., x1, 31. 


192 


3058 


TSALTSAL, mouche. Isaie, אא‎ 1. 

TSIN, désert. Nombres, xxxiir, 11. 

TUBIANEENS (les) juifs de 
ΠΕ ΒΟΙΝ TNT: 

TUBIN, localité du pays de Galaad. 1 Mach., 
Voile 

TUNIQUE, Matth., v, 40. 

TYCHIQUE, chrétien d'Asie. Actes, xx, 4. 

TYR. Il Rois, xx1v, 7. — Sa position to- 
pographique, Sa ruine. Isaie, תזואא‎ 1- 
18. — "Tyr, métropole de Sidon. Ibid , 
4. — Son opulence. Sa ruine. Ez., XXVL, 
2: Marc, rir, 8. 

TYRAN, nom d'homme. II Mach., iv, 40; 
Actes, xix, 9. 


Tubin. 


U 


ULAI. fleuve. Dan., vut, 2. 
UR, ville de Chaldée. Genèse, xr, 28. 
URIE, nom d'homme. [saie, viu, 2. 
CRI prophete. Jér. , XXVI, 20. 
URIM, mot hébreu gravé sur le rational. 
Exode, xxvi, 30, 


V 


VALLÉE des géants. IT Rois, xx11t, 43 

VALLÉE des ouvriers. 1 Paralip., 1x, 14. 
— De larmes. Ps. .אאא‎ 

VALLEE DE VISION, Jérusalem. Isaie, xxit, 
1-14. 

VALLÉE (la) illustre. Sa situation. Genese, 
xit, 6. 

VALLÉE du roi. 1! Rois, 

VASES de terre. Leur 
ו‎ 

VASES égyptiens emportés par les Israé- 
lites. Exode, 111, 22; xm, 35. 

VASTHI. femme d'Assuérus. 
Voir l'introduction à Esther. 

VEAU D'OR. Exode, xxxi, 4; ΠῚ Rois, 
xir, 28. 

VEAU gras. Luc, xv, 22. 


xvit, 18. 
usage particulier. 


Estliz5 1,9. 


INDEX ARCHÉOLOGIQUE. 


VEILLE DE LA NUIT. Matth., xtv, 25, 

VENT violent. Ses effets. Ps. XVII, us 

VENTES 5 Borg chez les Juifs. Lévi- 
tique, xxv, 14. 

VENTRILOQUES. Isaie, xxIX, 4. 

YER MILL N chez les anciens. Sag., xiii, 

4 

VESCE, plante. Isaie, xxvriz, 25, 27. 

VETEMENT DE NUIT. θοὰς, XXIV, 13; 
Juges, rv, 18. 

VIGNE, 'VIN en Egypte. Genèse, xr, 9, 11; 
— Dans la tribu de Juda. Genése. XLIX, 
11. — Vin artificiel. Isaie, v, 11; Jean, 
XV, 1. 

VIPERES en Arabie. 18816, xxx, 6. 

VISION du char. Ez., 1, 4-28. 

VOILE du temple Matth., xxvu, 51. 

VOYAGES dans l'antiquité. Eccli., xxxiv, 
12 

VOYANT. II Rois, xv, 21. 


X 


XANTHICUS, nom d'un mois dans le ca- 
lendrier macédonien. 11 Mach., xr, 30. 


Z 


ZABADÉENS. I Mach., 
théens. 

ZABULON (la terre de). Isaie, 1x, 1. 

ZACHARIE, prophète Matth., xxr, 35. 

ZACHAR!E, père de Jean-Baptiste. Luc, 


xi, 91. Voir Nabu- 


ΤΣ 
ZACHÉE, nom d'homme. lI Mach., x, 19. 
ZAMBRI, nom de province Jér., xxv, 23 
ZARA, pharaon. ll Paralip., xiv, 9. 
ZARED. torrent. Nombres, xxt, 12. 
ZEBEDEE, père de Jean et Jacques. Matth., 
xx, 20. 
ZENAS, juif converti. Tite. 111, 13. 
ZIO ou ZIV, nom d'un mois du calendrier 
hébraique. HI Rois, vi, 1. 


TABLE DES MATIÈRES 


ἌΝΙΞΕ = + καὶ le ו‎ es see se -οὶ 010 
A Sa SAINTETÉ PIE ΙΧ s. ee + ופה"‎ ΟΊ Ὁ ונ‎ 
פאסוד התסהה‎ τ ΄- שש בי‎ οἱ se ₪ ue xe) ae. κα {ποῖοι 
AVERTISSEMENT . . — - - - > εἰ egeo Mb 
PRÉFACE . - - וס יס -ב‎ 05 nist 

Introduction au estate w1»2ni-2vb £9 םה‎ 0 
ItuGenbSepe כ‎ Ue cesi peii re Dole DID Y. ELT 
RERO ה ששכ‎ quede ue ow + ne um sue 001150 à 
gexEevilique. - .— 8 € 990 << > ופט !פה‎ 
ΠΡ omhresr-u NE שב‎ edere Ter pe ir. weder ule. 8 
6 Dentéronomes i.snnsa agis VI sen οἷν 4321] ez dup rsliuns:. 
iu ΠῚ ΟΠ ΠΟ 10π). A - שו‎ 2 R63 03099 À 
Itesiugessüntroductton)- s שש שש השוע הש‎ 
BEonhüntroduction). 22 5 € s. eipoleubosdnb usc. 
EesHoiswntroduction) - . 7 2 - τ רטפו‎ DO fs 
EE... o.c. voror ov Lnod9BDe12l) ou | 
בסו‎ uL o o9 o foto  [aotombotinl) 46914 
ΠΗ M... sc: :0:op + » + Godsnbond 
MARGE יי -« « 4 4 ב‎ 

Les Paralipomènes ו‎ ΠΟΘ ΠΣ eni 
LSParalipoménes. . . 7.4050 πο π ensi 

251014 :011 2:14 - .בהמהתסקהגזה ו 


LEsdras (Introduction) . . . . ג‎ 
Il bsdras (Introduction) . . . . (moiopboaniol ὁ 


10016 (Introduction) . . . . 8 

Judith (Introduction) . . 

Esther (Introduction) . . .'poilepbowal) 8 

Job (Introduction) . Mic; e 

Les Psaumes TUE bé uemiT iust 
Les Proverbes de Salomon Vice rerums diomkiT 6 5% 4 
L’Ecclésiaste (Introduction). . . Π SHT ἡ 


Cantique des cantiques br dS מ‎ 

La Sagesse (observations préliminaires) 

L'Ecclésiastique (observations préliminaires . . . . . . , 
Les Prophètes (observations préliminaires) . . . . . . 
Isaie (Introduction) : 

Jeremie (fntroduetian). . . . . ./. tm honinihanreld.jniex 
Lamentations de Jérémie (Introduction) . . . . . . . . 
Baruch (observations générales) . . . . . . . . « 
Ezéchiel (Introduction) 


3060 TABLE DES MATIÈRES. 


Partage de la terre d’Israël d’après la description d'Ezéchiel (chap. x,v-xuvur) 1974 


Daniel introduction) «5-18. 1 291 XI dents os 000000 0 0 1968 
3 üstreduetion). Ποὺ 0 ב השרי‎ XS 
Je&l"(Introdüction) ς΄. πες ב שש יב ב‎ 
Amos (Introduction) 6] ΠΕ ΕΠ’. > 4 )1 1] FES 2068 
Abdias(Introductrünp מ ה‎ TU. . שו‎ 2 v o וש שש‎ 
Jonas (Introduction) ב ב שת ו‎ ρος τ Ie EE 


Michée(Introduction] 2 7 שו ו ןש שב‎ OTI ER ELE 


Nahum (Introduction) LN stu PIS 
Habaceuc(Introduetion) ms, τος τε ON 10.2 7 5 κα οὐ T ὴὴ 
Sophonie (Introduction) RMS Jes Dr o à rds. te Tet NOTER EC LO, 
Aggée (Introduétion) . . . . . . . . τοῦ Nee MEC ODER LL 
Zacharie (Introduction) . . . . כ‎ . L WEIT cM τ 
Malachie (Introduction) . ...... : לו ו‎ un Ash 
Les 1186082668. — 1 8989 ו‎ on) ב"‎ δι δον see - © © PO 
Il Machabées (Introduction) . . Ὁ τὴν Ἐν ἔτος Ἀν כפינר‎ eco cy GU 
Dédicace de la Traduction du Horse: Lu 7 state Les T. OR E ל‎ 
Lettres épiscopales. . . . 2291 
Jugement des critiques les uS ues εἰ des interpretis fes pias tavi d du 

protestantisme)sur la Vulgate-. «. « * «i € ISO. VOLANT ו ו ל שו‎ 
Avertissement. de la seconde édition. « 4 « v s של שה שש‎ V מל‎ ET) 
Avertissement de, lafpremière édition + €. « « «& 5.5 שש‎ = ANRT 
Préface" 2309 
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LES EvANGILES . ttis : πὰς ו‎ 
Evangile selon saint Matthieu ו‎ um שי‎ eee te le τ... 2:2} 
Evangile selon saint Marc (Introduction) . . . . . . . . LV 1.77983 
Eyangile selon’saint Lue (Introduction) . τ * 4 « . 5 ה 5 1 ב‎ 
Evangile selon saint Jean (Introduelion) - . . . . . . . .. ... . 9581 
Agles des Apôtres.(Introduction) + : * 3 :.* : . τς 5 S  ππΠ 


L'EPrrRE DE SAINT PAUL. — Saint Paul . . . . OM Or ed or co RO 
Epitre de saint Paul aux Romains 0 שור םס ו ו‎ oo DE 
Première épitre de saint Paul aux Corinthiens Ππ e: Ts el RENS τσ δῦ 
Deuxième épitre de saint Paul aux Corinthiens (Introduction) . . . . . . 8 
Epitre de saint Paul aux Galates (Introduction) . . . . . . .. . . . 9119 


Epitre de saint Paul aux Ephésiens (Introduction). . . . . . . . . , . 2192 
Epitre de saint Paul aux Philippiens (Introduction) . . . . . . . . . . 92806 
Epitre de saint Paul aux Colossiens (Introduction) . . . . . . . . . . 9814 
Epitre de saint Paul aux Thessaloniciens (Introduction) . . . . . . . . 92823 
LES EPÎTRES PASTORALES . . . LE ME DRAC o © δ: 
Première épitre de saint Paul à Timothée (introduction } PME 
Deuxième épitre de saint Paul à Timothée (Introduction). | . . . . . . 2845 
Epitre ge saint Paul ב‎ Tite (Introduction). 4°"... (TOR 
Epitre de saint Paul à Philémon (Introduction) . . . . . . . . . . . 9855 
Epitre de saint Paul aux Hébreux (Introduction) . . . . . . . . . . 9860 


Lrs EPÎTRES CATHOLIQUES . . . ב‎ ME mare Vie Ne aude Me UI unio V 
Epitre de saint Jacques (Introduetion) m וק א וש‎ UE 
Premiere épitre de saint Pierre (Introduction) 5 NOD 


DbeuxiemexepitrevdessaintsPierredIntroduetion) 9-292290 7 72 0 2 202208 
Première épitre .de.saint Jean- (Introduction 7 "0115. OPEN n e T EE 
Deuxième épitre de saint Jean (Introduction) M :502 0: בו‎ 
‘Troisième ‘épitre de saint#Jean τ CRE τὺ, TN Or 020 


TABLE DES MATIÉRES. 


9001 
Epitre de saint Jude (Introduction). - EE AC 5 
Apocalypse de saint Jean (Introduction) 2933 
APPENDICE. — Notes complémentaires : : 228529115 
Histoire de Notre-Seigneur Jésus-Christ selon TS TD SES : . 3026 


Citations des textes de la Bible qui établissent le dogme catholique . . . . 3032 
. כ ה ה‎ vo on o ov o v ἢ On Se à! + à 3036 


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